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IN THECUSTODY OF TliE
BOSTON PUBLIC LIBRARY.
DICTIONNAIRE
UNIVERSEL
FRANÇOIS ET LATIN,
VULGAIRE ME NT APPELÉ
DICTIONNAIRE DE TRÉVOUX.
TOME TROISIEME
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DICTIONNAIRE
UNIVERSEL
FRANÇOIS ET LATIN,
VULGAIREMENT APPELÉ
DICTIONNAIRE DE TRÉVOUX,
Contenant la Signification & la Définition des mots de l'une &r de l'autre IanQ;i!e;
avec leurs diiférens ufages; les termes propres de chaque Etat v\' de chaque l^oftllion :
La Defcriptionde toutes les chofes naturelles & artificielles; leurs figures, leurs efpèces
leurs propriétés : L'Explication de tout ce que renferment les Sciences ôc les Arts ^ foie
Libéraux , foie Méchaniques , SCc.
AVEC DES REMARQUES DÉRUDITION ET DE CRITIQUE ;
Le tout tiré des plus excellens Auteurs, des meilleurs Lexicographes y Etymolcifles
êC Gloffaires , qui ont paru jufquici en diff'érentcs Langues.
NOUVELLE ÉDITION.
Corrigée et coNsioiRÀBLEMENT augmentée.
TOME TROISIEME.
A PARIS,
PAR LA COMPAGNIE DES LIBRAIRES ASSOCIÉS.
M, DCC LXXt
AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROL
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UNIVERSEL
CONTENANT TOUS LES MOTS
DELA
LANGUE FRANCOrSE,
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DES SCIENCES ET DES ARTS,
y^vec les termes latins qui peuvent y convenir.
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C R E
M
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RÉ ANGE. f. f. Terme de Ju-
rifprudence. Somme due par un
débiteur à un créancier. Debi-
tum fides creduori data. Créance
«Se dette adive font termes fy-
nonymes : dette qu'en a droit
dexiger de quelqu'un. On lui
contefte fa créance. On doit
colloquerdansun ordre les créanciers fuivant la date
ou le privilège de leurs créances. Foye\ Dette &
Créancier.
Créance , dans le droit politique , fignifie l'inftruc-
tion fecrète d'une négociation qu'un Souverain con-
fie à fon Miniftre pour en traiter avec un autre
Souverain. Mandatum alteri fidcm facïens. Ce Mi-
niftre a expofé fa créance , c'eft-à-dire , ce que fon
Souverain lui a confié pour en traiter.
C R E
On appelle Lettre de créance , ou en créance , une
Lettre qui porte créance , c'eft à-dire , dont eft por-
teur celui qui eft cliargc de quelque négociation ,
afin qu'on ajoute foi à ce qu'il dira. Elle ne contienc
autre chofe linon qu'on peut ajouter foi à celui qui
la rend. Linerii mandamïs Jidem arrogances. Les Am-
balfadeurs prcfentent leurs kttres cle créance.
On appelle encore Lettre de créance celle que donne
un Banquier , ou un Marchanda un homme qui voya-
ge , pour lui fervir de lettre de change quand il aura
befoin d'argent. Lictern Jaciences jidem ad pecuniam
ab
clio accip
<iendam-
'ifir Créance , fynonymede fcntiment.Croyance qu'on
1 a pour des railons folides ou apparentes. La raifon
i ne fert qu'à augmenter la créance du périls lorfqu'oii
eft épouvanté. Sarr. Dans cette acception où ce mot
ficnifie la perfuafion où l'on eft de la vérité de quel-
^ A
2,CRE CRE
que cliofe , il n'eft plus ufué. On dit croyanct.\ Ce mot vieRt de ricalien «vaw , fignifiant la mê-
La croyance des Chrétiens, des Myftetes. ^tjq me chofe.
Croyance. CREATEUR, f.m. Qui tire un être du néant. Au pro
Caïance, lignifie quelquefois, Confiance. /"/Vatia.
hn déclarant à une peilonne ce qu un autre nous a
confie, nous lui failons entenare par- là qaon a
f/cû.re en nous^ qu'on nous eltime, & qu'on nous
confulte. BouH. Avoir de la creuncc parmi les peu-
ples, c'eft un iens renverle, iSi par- U très élcgant ,
pour dire de quelqu'un, que les peuples le croient,
&c liu détirent. Charp.
ÇuEANGi., en termes de fauconnerie, eft un nom qu'on
donne à la fiaèie, ou ficelle avec laquelle on re-
tient l'oifeau qui n'ell pas encore bien allure, sxabena
aucupacoria.Ei on appelle un oileau de peu de créance,
celui qui n'eft ni bon, ni loyal , qui eft lujet à s'el-
forer &: à fe perdre , qui n'eft pas affuré.
Créance, fe dit, en termes de Chafte , des chiens
qui ont plus d'adrelfe & d'obéilfance que les autres.
Memoria dijcïpLïrust, atque objequium. Les chiens bauds
font de bonne créance , font aifés â conduire à la
chalfe.
CREANCER, v. a. Vieux mot. AlTurer, promettre.
jéjjtrere, promiccere, fidcjubcre ,Jlipulari. Le Comte
de Hainault appela fon fils , & lui fit créancer par la
foi de fon corps qu'il tiendroit cette alliance. Voyez
encore le c. 5)7., &: Villehardoum, n. 15. 58.60. 110.
i4Sî. 250. &: Du Frefne dans fon GlolL fur cet
Auteur.
CREANCIER, iere. f. Celui à qui il eft dû quel-
que chofe par un autre, une fomme d'argent, une
tente , du grain , ou autre elpece , pourquoi il
a contre fon débiteur une adion perfonnelle qu'il
peut valablement intenter. Créditer, creditrix \ es
créanciers chirographaues j font ceux qui n'ont de
leur débiteur qu'un fimple billet fous lignature p 1-
vée : iss créanciers hypothécaires j font ceux dont les
obligations font munies de toutes les formes nécel
faites pour emporter une hypothèque , & pour être
colloques en ordre félon la date de leur obligation.
Les créanciers privilégiés font colloques félon la qua-
lité de leurs privilèges. Les créanciers chirographaires
viennent fut les meubles à contribution. Une direc-
tion de créanciers , eft une aflemblée qui fe fait entre
les créanciers À' nnt perfonne qui leur a abandonné fon
fcien pour fe faire payer à l'amiable , & empêcher les
Frais de Juftice- Conviclus creditorum. Créancier en^a.-
gifte, eft celui qui prête fur gages. Créancier délégué,
eft celui qui doit recevoir le prix d'une chofe vendue
par fon débiteur, qui l'a ainli ftipulé par le contrat.
La Loi des douze Tables permettoit au créancier de
mettre fon débiteur en pièces.
Le pâle créancier que l'on voit au palais
Plaide pour un argent qui fe confume en frais. Vill.
Ce mot vient de credentiarlus. Mén. Du Cangedit
qu'on difoit autrefois créant ^ créanter ^ dérivés du
mot de c/ea/zrare , qui fignifioit/'ro//2er/'re &C Jiipulcr.
CREANT, f. m. Vieux mot. Terme de Jurifprudence
féodale. C'eft une promeffe de rendre fervice. Voyez
M. Du Cange , dans fon GlolTaire fur le mor crean-
tare,S<. dans fon GlolTaire fur ViHehardouin. f-iducia,
fihjujfw. Ne il ne puet çaiens entrer trofque adonc
qu'il ara fait notte créant des convenz qu'il nos a.
CR'-^NTER. v. a. Terme de Jurifprudence féodale.
Promettre, alTurer avec ferment; Créancer, affu-
rer. Voyez le GlolTaire de M. Du Cange fur ViHe-
hardouin, A(ferere ifidejuhere jyjiiculari, promittere.
Cette convenance créanta Melîire 'Willaumes , dans
les preuves de XUiJl. de Bethune ^ p. 164. Du Cange,
Glojf. de Villehard, Le peuple Champenois dit en-
core, créanter une fille , la promettre , l'accorder en
mariage. Glof], des Poéf. du Roi de Nav.
CREAT, f m. Terme de Manège. Gentilhomme qui
eft élevé dans une Académie pour fe mettre en
état d'enfeigner l'art de monter à cheval. Il fert
aufti de Sous-Ecuyer. Magiftri locum tenens infchola
equejlri.
pie il ne fe dit que de Dieu feul, quia tiré toub les
êttes du néant, qui eft le Créateur du Ciel &; de la k'^-
leuhunai ejjectvr, motitor , artijex , opijex, ttdijicator ,
Dcusjcreatorjprocreator. Il faut rendre grâces cent fois
le jour à fon Créateur. Dans les afflidlions il faut avoir
recours à fon Dieu, à fon Créateur. Le monde ne peut
pas être éternel y donc il y a eu un Créateur. Nicol.
Dieu n'agit point avec nous par des règles arbitraires, _
ni en vertu de fon droit , Se de fon pouvoir abfolu
de Créateur -y fa juftice fouveraine eft la règle de fa
conduite. Sherlock. Le feul afpeét de la vafte
machine de l'Univers nous prouve allez que c'eft li
l'ouvrage d'un Créateur fage & intelligent. S. EvR.
On ne peut écouter fans indignation ces excès où
tombent quelques Prédicateurs, qui comparent la
ciéature au Créateur, & qui font brûler le même
encens pour l'un & pour l'autre. Fléch.
On dit. Recevoir fon Créateur, pour dire, rece-
voir la fainre Communion.
Créateur. Se dit figurément & par extenfion de celui
qui eft inventeur original de quelque chofe. Inve^tory
ûrr.ye.y.Ménagedifoit qu'il étoit l'Auteur de fes autres
ouvrages, mais qu'il étoit le Crdvzrcar de fon fiiftoire
de Sablé. Pour compofer une fable parfaite, & ornée
de tout ce qui peut la rendre agréable, ilfaurêtre,pc>ur
ainfidire, le Creare^/r de fon ouvrage. M. Scud.
On le dit aulfi adjeétivement génie Créateur.
CREATION, f f. Adion par laquelle Dieu tire les
êtres du néant, les produit fans les tirer d'une ma-
tière préexiftante. Creatio. La création du monde eft
décrue dans la Genefe,Chap. i. Dieu a partagé en fix
jours fon ouvrage de la cr£?ario«.L'inftirution du Sab-
bat nous conduit à la création , dont elle perpétue la
mémoire. Abad. La confervationdes créatures eft une
création continuée. Maleb. Une démonftration in-
vincible de \^ création, & à laquelle l'impie n'oppo-
fera jamais rien de rolérable , c'eft celle qui le tire
de l'exiftence de l'ame : en voici les principes & les
élémens- J'ai, & je me fiiis témoin à moi - mê-
me que j'ai en moi un être qui n'eft point matière ,
c'eft un efprit: cet efprit n'eft point éternel, il a
conmiencé d'êrre. Si certe fubftance a commencé
d'être, ou elle s'eft produite elle- même & par
elle - même , ou elle a été produite par un au-
tre. Elle ne peut s'être donnée l'êtte à elle-même ,
elle l'a donc reçu d'un autre : fi elle l'a reçu d'un au-
tte , cet autre ne peut être qu'efprit ou matière , &
elle ne peutêtre produite cjue par voie de génération
ou de propagation , ou pat voie d'éduéfion, comme
on parie dans l'école, c'eft-à-dire , étant tirée d'un
autre fujet, ou par voie de création. Si elle vient d'un
efpiit, ce ne peut être ni par voie "de généra-
tion ou de propagarion , ni par voie d'éduélion. Ui\
elprit eftindivilible & n'a point de patries ; on n'en
peut tuer un autre efprit. Elle ne peut venir de la
matière en aucune façon , ni par voie dé génération
*• ou de propagation, ni par voie d éduétion. La ma-
tière ne peut produire , & l'on n'en peut tirer ce
qui n'y eft pas. il faut donc néceirairement que mon
ame exifte par création.
Création, fe prend quelquefois, mais rarement,
pour la réproduélion qui fe fait de l'humanité de J.
C. par les paroles de la confécration. Quelques Petes
l'ont employé en ce fens. T^oye^ la Liturgie facrée
de Grimaud.
Création, fe dir figurément des nouveaux ctablilTè-
mens de droits, de charges, d'impôts, que font les
Rois & les Princes dans leurs Etats. Creatio. Il y a eu
une nouvelle création de Cardinaux- La fonction
de ces charges eft conrenue dans l'Edit de leur c/j'iZ-
rio/z.C'eft-làun droit, un impôt de nowvtWe création.
On le dit aufli des Particuliers _, quand ils fonrdes
dettes, quand ils confti tuent des rentes , des penfions..
Ces rentes font d'une ancienne création. Il n'a rien
jeçu de fa penlîon depuis fa création.
On le dit auffi des mots nouvellement fabriqués^
C R E
Prendre des cngagcmens avec quelqu'un j font des ]
termes de nouvelle création. Bouh.
CREATURE, f. £ Erre qui a été créé , riré du néant.
Crc.uunz :, res creata , res à Deo etfeâa,, perjcàa.
L'iiomme ne doit ufer des créatures , &c ne les auner
que par rapport à Dieu. S. EvR. Toutes les créatures
annoncent la gloire du Créateur. Il y a une diltance
infinie entre le Créateur Se la créature. Toutes les
créatures s'élèvent en témoignage , & portent des
traces de la main de l'Ouvrier tout-puiirant qui
les a formées. S. EvR. H y a une caule lupérieure &
intelligente , à qui toutes les créatures doivent leur ;
être. Jac, Le Démon fe cache dans toutes les créatures-^
il les arme toutes contre nous. Nie. Les créatures
retourneroienc dans le néant d'où elles font fer-
ries , fi la main toute - puiiTante du Créateur
ne lès confervoit. S. EvR. Quelque vertu que les
créatures aient reçue dans leur origine , pour remplit
leurs fonctions, elles attendent néanmoins une nou-
velle influence du Créateur pour agir. Le delFein de
Dieu en donnant l'être à fes créatures étoit de les ren-
dre toutes heureufes,& de ne les point aifujétir à tant
de maux, & à tant de miferes. Les créatures, fans
fortir de leur balfelfe, & fans blelfer la fouveraineté
de Dieu , peuvent avoir une force mouvante qui leur
ell propre & naturelle. Font.
C R. E 3
caufe que fa voie rellemble au bruitdecetinftrumenr.
Palquier croit que c'ell le Ion qu'il hiit qui ell caule
qu'on l'appelle ainli. !vlcnage prétend qiiil vient de
ciecarelLa , qui eft le nom d un oifeau dont la voix eft
fort aiguc , & dont cet inftrument imite le bruit. Ma-
gius, dans fon livre des cloches , dit, que ks Chré-
tiens Grecs fe fervent d'un certain inftiument de bois
qu'ils :^pp(il[em Jymafidre : ce n'efl; qu'un ais fort fur
lequel on trappe avec deux maillets de bois , qui font
le même eftet que la. crécerelîe , & qui en tient lieu
quelquefois.
Ils prennent la crécelle, & par d'heureux efforts ,
Du lugubre ïnjïiumcnt font crier les r efforts. Boil.
Les arbres , & les plantes
Sont devenus chei moi ctéztaves parlantes. La Font.
Créature , fignifie aulfi une perfonne individuelle , &
particulièrement au (émmïn. Homo j /nortalis ,Jemi-
na j mulier. On 4it qu'Hélène étoit la plus belle créa-
ture qui tùt jamais. Cet homme n'a eu garde de vous
oft'enfer,c'eft la meilleure creatureqai foit fur la terre.
Scaron a dit en parlant de Caron :
// ne fut jamais créature
De plus mal plaifante flruclure.
Créature, fe dit quelquefois par mépris d'une femme
de mauvaife vie. Cet homme a une créature qui le
ruine. Il fe dit aulîî par familiarité , & en bonne part.
Ah : la jolie créature. Cette créature me plairoit fort.
Créature , fignifie figurément celui qui eft attaché
étroitement à un fupérieur , à celui qui a fait fa for-
tune, à qui il doit fon élévation. Cliens y alicujus olfe-
(juio addiàus j devotus y mancipatus. Les Miniftres font
puilfans par le grand nombre de créatures qu'ils fe!
font tous les jours. On ne fonge prefque point à
ctre des Favoris, pourvu qu'on foit de leurs créatures.^
S. Evr. Les créatures du Cardinal de Richelieu avoient
à la Cour après fa mort les mêmes avantages qu'il
leur avoir procurés pendant fa vie. Roc. On le dit
p.articulierement des Cardinaux qui ont été créés par
le même Pape. Les créatures d'un tel Pape font les plus
forts dans le conclave.
CRÉCERELLE,CRÉCELLE& QUERCERELLE,f. f.
Oifeau de proie de couleur fauve , de race d'épervier,
efpèce de faucon bâtard qui fait fon nid dans de vieil-
les tours ,qui fe prend au vent, qui a le bec bleu, les
jambes hautes Se la queue longue. Tinnunculus , cen-
chris. Les Provançaux l'appellent ratier j & les Ita-
liens fûttiventi.
Jules Scaliger dérive ce mot de querquerella ou
^uerquedula, à caufe que les Anciens appeloient quer-
querumun cri lamentable. Saumaife le dérive de crepi-
racella à caufe du bruit que cet oifeau fait en volant.
jMénage le fait venir de crecarella , qui a été fait du
Grecxjd, forte d'oifeau, dont la voix eft fort aiguc.
Crécerelle ou Crécelle , eft aufli un petit infini-
ment de bois qui fait beaucoup de bruit en tournant
une manivelle, & dont on fe iert au lieu de cloches
le jeudi & le vendredi de la Semaine Sainte , pour
appeler à l'Office. Crepitaculum. Sonner la Crécelle.
Prenons du Jeudi-Saint la bruyante crécelle. Boil.
Son nom lui eft venu de l'oifeau ainfi appelé, à
CRECHE, f. f. Mangeoire, cii l'on met le foin , les
fourrages des bœufs , vaches , moutons. Prafepe j
pr^fcpis , prdfepium. On le difoit autrefois des che-
vaux \ mais ce mot eft maintenant banni des Ma-
nèges. Ménage dérive ce morde l'Italien greppia,
qu'il prétend avoir été fiiit du Latin prxfepe. D'au-
tres le dérivent du mot Latin crater. Le grand ufagè
du mot de crèche eft dans l'article fuivant.
CRhCHE , en termes de dévotion, fe dit du lieu où fut
mis Notre-Seigneur ennailfant , &c où il hu adoré
des Rois &: des Bergers. Sacrum Chrijîi Domini pr&-
ftpe. C'étoit en effet la crèche d'une étable, ou
Dieu voulut naître, pour nous apprendre l'humilité.
Crèche , eft encore en Archireélure une efpèce d'épe-
ron bordé d'un fil de pieux , & rempli de maçonne-
rie devant & derrière les avant-becs de la pile d'un
pont de pierre. Anteris , crifma. La crèche d'aval doit
être plus longue que celle ci 'amont , parce que l'eau
dégravoie davantage à la queue de la pile. On appe-
lé crèche de pourtour, celle qui environne toute une
pile , & qui eft faite en manière de bâtardeau, avec
un fil de pieux à fix pieds de diftance.
CRECI. Nom de lieu qu'il feroit peut-être mieux d'é-
crire Crefji , mais l'ufage eft pour Creci , petite ville
de France dans la Brie. Crejjiùcurn ou Creciacuni. Elle
eft firuée fur le Grand-Morin. Creci, bourg de France
en Picardie, fur l'Authie. On l'appelle Creci en Pon-
thieu. Les Rois Mérovingiens y avoient un Châtcitu
Crifciacum j Crifcuigum . Crijcecum. C'eft là que Phi-
lippe de Valois perdit, contre Edouard III. Roi d'An-
gleterre, la fameuie bataille de Crccven i34<S- le 2(j.
d'Août. La forêt de Creci, Crefciacenjis ftha. Il y a eu
encore Creci fur Serre dans le Laonnoîs.Cr//ûc///£, ou
1 Criciaturn. Le P. Sirmond & d'autres, à fon exejn-
ple, ont cru que Créa fur Serre étoit le Carfiacum
ad Ifararn, fameux dans l'Hiftoire Eccléfiaftiquedit
IX. fiécle. Valois les réfute, & montre que Cari-
fiacum eft Chierfi ^ ou Quierfi.
CRÉDENCE. f. f. Petite table qu'on met de chaque
côté de l'Autel , où l'on pofe les chandeliers , badin ,
burettes , linge , & autres ornemens ou vaifleaux qui
fervent au Sacrifice & aux cérémonies de l'AuteL
Menfa ad utrumque latus ars. adflrucla. Credenria.
Ce mot vient de l'Italien credenia , fignifiant la
même chofe.
On a dit auiîî dans la baflè Latinité credcntia dans
le même fens.
Crédence, eftaufiî fynonyme à buffet, où l'on met
la vaiffelle d'argent. Ahacus argentca vcifa ad convi-^
viorum magnifcent/am fufifieris. Foye^ Buffet.
Crédence, fignifie aufli la chambre où l'on ferre les
vivres. Cella cibaria. D'où vient qu'on appelle queU
quefois CréJenàer, un Sommelier. Proinus-condus.
En Normandie on appelle témoins de crédence, les
témoins qui dépofent qu'ils croient que la chofe eft
ainli comme ils la difent.
CREDIBILITE, f. f. Terme de Théologie & de Morale,
raifons humaines qui nous portent à croire les révéla-
tions divines , qu dite par laquelle une chofe eft ren-
due croyable ou di^ne d'êtie crue. Voyei Croyable
& L.ROYANCE. Credlhilltas. C'eft le mot dont on fe
fert dans l'Ecole . quoiqu'il ne foit pas fort Latin.
Quand on veut convertit lesPayens, il faut établir
d'abord la vérité de l'Eciiture par dos motifs de cré-
A ij
4 C R E
dibilite. Jesus-Christ dit lui-mcme qu'il eft Dien j
& il le prouve en taifantdes miracles : cela n'ajoure-
til pas un degré de cradibilicé qui nous ôte toute la li-
berté d'en douter.
^fZT CRÉDIT, f. m. Signifie en général la faculté de
faire ufage ,de la puilFance d'autrui.
Dans le commerce c'eft un prêt mutuel qui fe fait
d'argent &: de marchandifes lar la réputation de la
probité & de la folvabilité d'un négociant, ou faculté
d'emprunter fur la réputation qu'on a d'être lolvable.
Fides.ll a bon crédit chez les Marchands,fur la place.
Conferver, perdre fon cre'c/^^ Faire crédit^ vendre à
crcdit^ achetter à crédit, emere, vendere Jme préifence\
pecu?iiâ ,Jed accepta tantum emptorisJide.Ne pas payer
comptant ce qu'on achette.
A CREDIT , lignifie quelquefois envain , fans profir.
Perfonne ne vous fait gré de ce que vous faites , vous
travaillez à cr^ic. Quelquefois il fignifie, lans preu-
ve , fans fonoement. Tout ce que cet Avocat allè-
gue eft à crédit, fans preuve.
On dit proverbialementque cr/i/ir eft mort,ou qu'on
fait avo'/r depuis la main jufqu'à la bourle, pour dire
qu'on veut être payé comptant, & d'une fille qui eft
groife avant le mariage, qu'elle a pris à crédunn pain
iur la fournée. Les lettuesde crédit [ont différentes des
lettres de change,& cependant s'exigent par les mêmes
voies. Ce font des lettres millives qu'on donne à des
gensde confiance pour prendre de l'argent fur des cor-
refpondansen des lieux éloignés, en cas qu'ils en aient
befoin. Foye^ Créance j lettre de créance.
CrÉi>it j fe dit aulîi du cours que les papiers ou effets
de commerce ont dans le public & parmi les Négo-
cians. On dit que les billets d'une compaj»nie ont pris
crédit, lorfque les Marchands ne font aircune diffi-
culté de les recevoir. Prendre crefl'if fignifie pareille-
ment dans le né joce des aftions de compagnie, lorf
qu'elles font achetées à plus haut prix qu'elles n'ont
été créées.
Dans un fens métaphorique , ce mot eft employé
comme fynony me de confidération,de pouvoir : Auclo-
ritasj gratiu.C'eù. une relation perfonnelle fondée fur
la connoiffance du mérite ou fur l'inclinarion j dont
l'effet eft de pouvoir faire ufage de la puilTance d'un
aurrequia quelque fupériorité fur nous. Car il faut re-
marquer que le mot de crédit emporte néceiTairement
l'idée d'infériorité Se de dépendance.On ne dit point
d'un Souverain qu'il a du crédit furl'efprit de fon Mi-
niftre : mais on le dit du Miniftre à l'égard du Souve-
rain.
On dit , à la vérité , qu'un Souverain a du crédit
parmi les autres Princes les alliés puais alors , étant
pris folitairement, il eft regardé comme inférieur aux
autres Princes , confiderés comme formant enfemble
lin même tout. Ce Miniftre a acquis un grand crédit
fur l'efprit de ce Prince. Ce Piéfident s'eft mis en cré-
dit dans fa compagnie. Perdre fon crédit. Employer
fon crédit. Ufer de tout fon crédit. Abuferde foncredit.
Quand fur un jeune cœur un Amant qiîon ejlime
A pris quelque crédit ,
On commence à douter fi T amour eft un crime
Aufti grand qu'on le dit. B. Rab.
On le dit de même du pouvoir que l'on a fur
foi- même, fur fon propre efptit.
Quoi! l'homme fur foi-même a fi peu de crédit
Qu'il devient fcélérat quand Delphes l'a prédit ? Corn.
On le dit dans un fens plus étendu de la confidé-
ration,de la réputation & de l'autorité qu'on acquiert
dans le public par la vertu, la probité j la bonne foi,
le mérite. ExiJUmatio. Les Grecs fe font mis en crédit
par les fciences qu'ils cultivoient^les Romains par leur
valeur;lesChrétiens par la faintetéde leur doétrine &
la pureté deleurs mœurs. L'éloquence croit nécellaire
à Rome pour fe donner du crédit. S. Eyr. Cet habile
hypocrite jouit de tout le crédit ({mq donne la vertu, id.
Crédit, terme de coutumes. C'écoit autrefois un droit
C R E
que les Seigneurs avoient fur leurs fujets , & qui
confiltoit en ce que pendant un certain tems ils
pouvoient les contraindre à leur prêter de l'argent. Il
s'appeloit aufli droit d'emprunt. L'Evêcjue de Nantes
avoir crédit -pt^à^Lni 1 5 jours fur fes fujcrs i-: fur ceux
du Prince, c'eft-à-dire, qu'il pouvoir pendant ce
temps-là les contraindre à lui piêterde l'argent, & le
Duc de Bretagne avoir auftl le même crédit , ou droit
d'emprunt, pendant 15 jours, fur its hommes &
ceux de l'Evêque. Lobineau , T. I. p. 204.
CREDITER, v. a. Coucher par écrit fur le Mémorial,
fur le Journal, ou fur le Grand- Livre , la fomme que
l'on doit à quelqu'un, ou une fomme que quelqu'un
a payée,
CREDITEUR, f. m. Terme dont les Négocians fe
fervent affez fouvent, pour fignifier un créancier,
ou, comme ils difent, celui qui doit avoir.
CREDO, f. m. Le Symbole des Apôtres qui contient les
articles principaux de notre Foi. Apojlolorum fym-
bolum pr&cipuJ fidei capita compleciens. Il fe met entre
les oraifons du Bréviaire & des Heures. L'Office
commence par un Pater, un Ave , & un Credo. Les
Curés fon: tenus de faire apprendre à tous leur Pa-
roifliens leur Credo. La Meffe en eft au Credo, qui
eft un autre Symbole drellé au Concile de Nicée ,
qu'on chante au milieu de la Melle.
Credo, (le mont) montagne de France j dans le
Bugey. C'eft une partie du mont Jura qui eft aulîi
nommé le grand Credo, & qui s'étend entre la Fran-
che-Comté & le Rhône.
CREDULE, adj. m. &c f. Qui croit trop facilement &
légèrement. Crcdulus. Les enfans, les femmes, les
peuples font crédules , ont l'efpftt crédule. Qu'un
Amant eft crédule &c qu'il fe laiffe aifément perfua-
der ce qui lui puoît agréable. Il fe perdit par la
crédule & fuperftitieufe opinion qu'il eut du cour-
roux des Dieux. S. Evr. Nous ne fommes pas fi
fimples , ni fi crédules , dans les chofes temporelles,
que quand il s'agit de confcience & de foi. Port-R.
CRÉDULITÉ, f f. Difpolition, ou plutôt foiblelfe
d'efprit qui le porte à croire légèrement &c fans exa-
men tout ce qu'on nous propofe. Credulitas. L'incré-
dulité qui rejette tout, n eft pas plus dangereufe que
la crédulité <\u\ admet tout indiftinétement. Les Char-
latans abufent de la crédulité des peuples.
Je me plais dans l'erreur ; laiffe^-moi ce que j'aime.
Et jouir des douceurs de ma crédulité. Corn.
Du Cange dit qu'on a appelé autrefois Crédulité , la
profeftion de la Foi Chrétienne, qu'on a depuis appe-
lée Croyance.
CREER, v. a. Tirer du néant, faire quelque être de
rien , & fans matière préexiftante. AUquid è nihilo
creare j procreare , efficere ; conficere. C'eft Dieu feul
quia creV toutes chofes. Dieu .t créé les âmes des hom-
mes après leur conception , félon l'opinion de S. Au-
guftin.
Créer. Réproduire l'humaniré de Jesus-Christ dans
l'Euchariftie par la confécration. Foye\ Création.
Créer , fe dit par extenfion des hommes à l'égard
des chofes dont ils font les inventeurs. Invenire _,
excogitare , fingere. Boileau femble créer les penfées
d'autrui par le tour qu'il y donne. La Bruy. Si la
Nature n'a pas formé les Sirènes, ou les Néréides ,
on ne peut pas du moins en contefter l'exiftence aux
Poètes qui les ont créées,^ qui leur ont donné l'être.
Ab. Nicaise.
Créer , fedit figurément & abufivement des nouveaux
établilTemens d'Officiers que font les Rois & les
Princes fouverainsdans leurs Etats. Creare. On 3. créé
bien des Offices pour faire des levées de deniers ex-
traordinaires. Créerais Charges, des Offices , c'eft
établir des Charges nouvelles , des Offices nouveaux.
§Cr On dit auifi créer des rentes, crcVr une penfion,
conftituer fur foi-même une renre , une peu (ion. lia
créé, conftitué des rentes fur lui , fur tout fon bien.
Créer une penfion fur un bénéfice, fe dit du Pape qui
o6troie rétablilfementd'unepenfionfur un bénéfice.
ÏL
C R
Créer , fo dit aiifli des dettes que font les particuliets.
Coritrahtire. L'homme n'eft point tenu des dettes accès.
par fa femme avant Ion maiiage.
Crée , ee. paît. Creatus, prooreucus. Il a les fignifica-
tion de ion verbe.
C?-^''c.VL.Crid'diu:n , Credelium, comme Valois l'appellej
oi non pas Creodumy ni Crclonïu^n, Petite ville de
riilede r tance dans le Comté de Senlis. Ce nom s'eil
formé du Latin Crciuium, en retranchant le d, cam-
me en beaucoup d'autres. Prononcez en une feule
fyllabe, & mouillez l'i, fans faire fentir /'■'-f.
CRELL'^Lr. C'elt le cri d'armes de la maifon de Craon, Crèaie d'Orge. Décodion d'orge dépouillé de fon en
C R E i"
cette entreprife. On a fait un recueil qu'on a intitulé,
la Crème des beaux veis. Ce Marchand a eu toute la
Ci'ème des tableaux de ^ e cabinet.
On appelle encore h -urément crème fouettce,\m Ou-
vrage, un livre, un diicours, & même une perlonne,
loriqu'on y trouve de belles paroles, queiqu'j choie d'a-
greable,& au tond rien de folide, par une métaphore
tirée de lai.rt/7Zi;,quis'enBepiodigieulement quand on
la touttte. Ali^uid levions operut. , levions nianus.
ifT Tout cela ne peut paffer que dans le difcours
familier.
Je ne fai pour quelle raifon les de Craon ont pris le
mot de Creliau pour leur cri d'armes. Ménage , HtJL
de Sdbli. Rem, p. 544.
CRÉMAILLÈRE, f £ Quelques-uns difent Crémillere,
& anciennement cru/Tzu^^df^e. inlhument de fer plat
& délié, large d'environ trois ou quatre pouces,
ayant pludeurs crans ou hoches , qu'on attache à la
chimmée pour y pendre des marmitei, des chaude
rons qu'on veut inetre fur le feu. Cremathra , eau la
ferrea ad Jujlinendutn unco pendeatem injoco iebctem.
On dit proverbialement , lotfqu'un homme chan-
ge de maiion ou prend fou ménage, qu'on ira pen-
dre la crémaillère chez lui, pour due, qu'on ira man-
ger & fe réjouir chez lui.
Nicod dérive ce mot. du Grec «.^tiitta , & Ménage
de avzOTata/ar/ij , qu'on trouve dans les Capitulaites
de Charlemagne. Du Cange dit qu'en la baife Liti
niréon l'a app'iiée cruca, & crem.ijier , à^ l'Anglois
aoûky qui fignifie crochu^ou plutôt du xjE^aa.yii/^d/ii/.i.
Cremaihère, fe dit audi de ces garnitures de ter qui
lonc en travers derrière les portes des grandes mai-
fons , qui fervent à leur donnet telle ouverture qu'on
veut par le moyen d'une barre qu'on fiche dans leur
divers crans- On le dit aulfi de ces fers qu'on met _
aux chaifes & lits de repos, pour en hautferou baif-
fer le dollier tant & (i peu qu'on veut. On le du aulli
des crans qui fant en pluiîeur's machines ii reiforts.
CREMAILLON, ouCREMILLON. f m. Petite cré-
maillère qu'on attacha a la grande, ^o\x pour l'alon-
ger, fou pour faire cuire quelque choie à côté.
CREMASCou CREMASv'UE. Cremenjls agcr. Pro-
vince de 1 Etat de Venife en Italie, qui tire fon nom
de Crème fa capitale, & la feule vdle qu'elle ait.
Le Cremafc eft enclavé dans le Milanois, dont il
dspendoit autrefois.
Ce mot s'elT: formé de l'Italien Cremafco.
CRE\iASTES.ES. adj. Terme d'Anatomie. C'ell: une
epithète qu'on donne à deux mufcles appelés autre
nmnt/ufpenfores, qui tiennent les tefticales fufpen-
dus. Cremafieres. Ils prennent leur origine d'un liga
nient qui eft à l'os pubis , & s infèrent à la partie ex-
térieure de la tunique vaginale des tefticules.
C^ mot vient du Grec xp£«S» , fufpendre.
CRiiME. f f. La partie la plus épailfe, la pins délicate,
la plus gralTe du lait, & dont fe fait le beurre. Spuma.
Lactis pinguior y cremor laciis. Les bons fromages ion;
faits de crème.LQS tartes , les tartelettes font faites de
crème douce.
Ce xnotcreme, vient du Latin cremor, qui fignifie la
mémechofe. On trouve auffidansla balTe Latinité cr <;-
ma laais.YoyyAcla SS.April. /". II. p. 175. 2.77. D.
|J3" Crème Fouettée. Crème qu'on fait élever en
moulle en la fouettant avec des brins d'ofîer & qu'on
mange avec du fucre , de l'eau de Heur d'orange &:
autres ingrédiens.
Crème, fe dit figurément de ce qu'il y a de plus fubtil j
de plus fpiritueuxdans un corps naturel, de fes par-
ties les plus déliées & les plus volatiles. Spiritus , par-
tes fuhnlijjlms,. Il fiut qu'un des principes deseaux de
Bourbon , qui en eft comme l'ame, & qui les rend li
animées. Il pénétrantes , fi expanfives, foit une crème
de foufre , une fleur de bitume , une quintelTence de
baume extrêmement exaltée. Mém. de Tr.
^fT Crème , fe dit figurément de ce qu'il v a de meil
leur dans une affaire d'intérêt, dans un livre, dans
une fcience. Quod e^ melius , quod e(l exquijttius.
Un tel a eu , a pris toute la crème de cette affaire, de
veloppej qu'on fait dans une quantué proportionnée
d'eau. Un 1 appelle aulli orge monde j ou orge pajj'é.
Les anciens l'appeloient crcmor ptijandt, ^ crème de
ùjanc.
^fTOn fait de même de la Crème de md'uneconfif-
tance moyenne entre la tilane liquide & la bouillie.
Crème de Tartre, ett le taitre purifié & coagulé
en forme de crittaux. Voye^ Cristal de Iartre.
C'cll la même chofe.
Crème. Liqueur lacrée. Voye\ Chrême.
CREME, f m. Terme de Coutumes. Il fe prend dans
quelques livres qui traitent de Jurifprudence féodale
pour 'Jioceje , étendue de Juuldiétion fpiruuelle.
CREME. Crtma. Vdle de l'Etat de Venife en Italie,
&L capitale du Crémalc, fituée fur la rivière de Se-
rio. L'Evêque de Crème eft fuffragant de Boulogne,
Cr^me eft tiès-bien fortifiée. Il y a une Hilloire de
Crune écrite avec beaucoup de juftelfe & d'élégance
par Alemano f ino au XVl'. fiècle.
CREMELIN. t^oyei CREfviLiN.
CREMENT. f m. Terme d'Ordonnance qui fignifie une
augmentation ou accroilfement de terrein qui fe for-
me dans les rivières ou fur les rivages,du verbe Latm
crefcere.
Crement , en terme de Grammaire , eft en Latin ou en
Grec l'augmentation d'une ou de plufieurs fyllabes
qui furviLuncnt d un mot dans la formation des
temps d'un veibe, ou des cas d'un nom, comme
dans amabam, de amo , copias de d-pur.
CRÈMER. V. n. 5l'e dit du lait , quand il fait de la crè-
me. Il y a du lait qui crème plus que d'autre. Le .lait
qui crcme le plus elt toujours le meilleur.
Cremer. f m. C'eft le nom dune maladie qu'on die
être endémique en Hongrie, & qui paroû à en juger
par la defcription qu'on en fait, n'être autre chofe
qu'une fiiire de la crapule ou de l'ivrelTe. Cn en gué-
rit en buvant une petite quantité de quel pie eau
cordiale, j-^icl. de James.
nCFCRÈMIÈRE. f f G'eft le nom qu'on donne à Paris
aux femmes qui vendent de la crème.
CREMIEU. Ville de France en Dauphiné , dans le
Viennois, à cinq lieues de Lyon.
CREMILLÉE. f f On appelle ainfi une certaine garde
qui eft dans les fetrures.
_;REMIR. v. a. Vieux mot. Craindre.
Si doicon de paour frémir j
Et le puijfant Juge cremir.
on a dit auffi crémer. On trouve encore aémeteux 5
pour dire, craintif, &: crémeur , pour crainte.
:REMLIN, ou CREMELIN. f. m. Terme de Rela-
tion. Nom du Palais du Czar à Mofcou. Cremlinum,
Cremeiinum. Ce bâtiment confifte en diverfes greffes
malfes encaifées les unes fur les autres fans aucun
ordre. LErr. Moscov. /7. 71.
CRÉMONE. Cremona. Ville du Duché de Milan, fi-
tuée furie Pô,& capitale duCrémonois.Crewo'/'eefl
une Ville très ancienne. On croit qu'elle fur fondée
par les Gaulois Senonois l'an de Rome 445. Aujour-
d'hui c'eft un Evê:hé fuflfragant de Milan. La manière
dont hs troupes du Roi, qui renoient Crémone pour
Philippe V. Roid'Efpagne, chafferent le Prince Eu-
gène ;*..' les Allemans, qui s'en étoientfécrettement
emparés pendant la nuit du 1 Février 1701. eft une
des plus belles & des plus mémorables actions donc
on aie oui parler.
6 C R E
CRÉMONOIS. Petit pays d'Italie qui prend fon nom!
de Crémone la capitale, Cremonenjis ager. Le Crd/no- \
nois eft entre le l'ô, lOglio & l'Adda, ayant pour!
bornes au Couchant le Lodelan &: le Crémafc, au
Nord le Brellan , au Levant le Mancouan, éi le
Duclié de Parme au Midi
Çremonois , OISE. 1. m. &i f. Qui eft de Crémone.
CremonenJiS.
CRENEAU, f. m. Terme de guerre. Dentelure, en-
taillure faite au haut d'un parapet , dune muraille,
d'une tour, pour avoir la liberté de regarder parLi,ou
de tirer. Puma. Toutes les villes , les tours tk les châ-
teaux fortifiés à l'antique, étoient entourés de uc-
neaux. Les créneaux font proprement des ouvertures
pratiquées dans les murs des ouvrages de fortification
pour palier le fuiîl & ruer fur l'ennemi. Les embra-
lurcs lerv.;nt pour le Canon.
Ce mot vient de tTe«e;//.7w, diminutif de crf/?iî, qui
lîgnifie/d«fi;. MEN.MaisFauchet le dérivede cran^o^w
fîgnifie /zocAe. Du Cange le dérive àtquarnillus^ parce
que c'eft une efpece de fenêtre carrée qui fert aux fol-
dats à tirer. On a dit autrefois carneaux, & on dit en-
core Ciirnt , en parlant de l'angle d'un corps carré.
CRENEES. f. f. pi. On donnoit ce nom aux Nym-
phes des Fontaines ou Nayades, du mot Grec x^w,
Fontaine,
CRENELAGE. f. m. Terme de Monnoyeur, Donner le
crc:/2(;/t7^£ à une monnoie, c'eft fure un cordon , ou
grenetis fur l'épailfeur d'une Pièce de monnoie, ou
y mettre l'empreinte de la légende ordonnée par les
Edits du Prince,
CRENELER, v. a. Faire des créneaux aux tours, aux
murailles Mûri JaJUgiumpinnis dijhnguere. Créneler
une muraille.
Créneler, fîgnifie aufli, Denteler, faire des dents,
des entai'lures à une roue de montre, de moulin, de
machine. Incidete. On eft obligé de créneler des loues
pour les faire entrer les unes dans les autres, ou dans
des pignons. Crt^Wer, terme de monnoie , donner
à un flanc le cordonnet ou la légende fur tranche.
Crénelé , ée. part. On appelle une monnoie crénelée ,
ou carnelee , quand il y a un cordon ou grenetis relevé
fur l'épaiffeur de la monnoie, comme on voit aux
pièces d'Angleterre. Coronatus. On y a mis depuis
quelque temps une légende.
En termes de Blafon on appelle crénelé,tom ce qui
eft fait ou taillé en créneaux. Pinnisdi/lincius.l\ porte
d'azur à la tour crénelée d'argent. Il y a des chefs, des
fafces , des pals , des bandes crénelées &c brételfées.
Onditaulîî crénelé de tant (le pièces, pour dire de
tant de créneaux.
CRÉNELURE. f. f. Manière de dentelure fiire à cré-
. neaux. DentkuU. Il y a des plantes dont les feuilles
font à crénelure , en crénelure.
CRENEURE. f. f. Vieux mot. Coupure par dentelles ,
félon Nicod.
CRENNEOLIIN. f. m. C'eft , dit Nicod, comme quel-
ques-uns l'interprètent j une efpece d'habillement di-
têre de l'homme de guerre à cheval, alfcz femblable
au heaume. Galea , a(//7j. Ainfi pris il viendroit du
Grecxçawf, tète, duquel Ariftote & Hérodote ont
ufé Aulh v,ç^v(»» eft le têt de la tête , & on dit têtière,
& l'Efpagnol capacete.
CRENNEQUINIER. f m.Nomd'une ancienne milice.
Soldat portant un crennequin. Èques galeatus , ou caf-
fidatus. Le Duc de Bourgogne avoir fix cens Crenne-
quiniers dans fon armée. Gollut , Z. X. c. 96. Les
jjaiges du Crennequinier à cheval feront par mois de
cinq francs. Id.
CRENQUINIER. f m. Terme de Coutumes. On ap-
pelle en quelques endroits Crenquiniers , des Officiers]
qui peuvent faire exécution.
CREOISON. f f Mot du vieux langage, qui fignifioit
création & créature.
CRFOLE. Voyei CRIOLE.
CREPAGE, f m. Apprêt que l'on donne aux crêpes que
l'on veut crêper, c'eft-à-dire, qu'on ne veut pas qui
reftent hlfes.
CREPE, f m. Etoffe claire faite de foie crue & gommée ,
C R E
& torfe fur le moulin, rannus bonibycïnus tenais &
crijpus. Le cr^pe trile le met lur les habits pour por-
ter le grand deuil. Lec/cpe hlfe, ou uni, eft celui donc
la loie n eft pas li torle que l'autre & qui fait l'étofte
plus douce cjue le cri.pt ciepé. (jn appelle abfolumenc
(.répe celui qui ieit de cordon au chapeau. Le crcpe
leul qu'on appelle autrement voi;e, eft uneétofFed'une
loie déliée & retorle , qui eft plus claire que le cré-
pon & la ciêpodaïUe. Le crêpe, lelon Philon Juif, eu
ion 1 radudteur , eft une toile de très-fin Un lerors.
Ce mot vient du Latin crijpus. Men. Boitl le dé-
rive de cr,.yii.e , qui eft une elpcce de cocfîuve de fem-
me , d'où eft venu aufti crapaudaille j qui ètoit forr en
ulageen Languedoc, où l'on fabrique beaucoup de ces
étoftes. Dans la vie de SteBathilde, Reine de Ftancejà
la fin du §.4^.on trouveque la Sainte Reine fit faire
une cr^j e j crepam , adninable d'or & d'argenr pour
mettre lur le corps de St Eloi. Les BoUandiftes difenc
qu'ils n'ont point trouvé ccquec'étoitque ac/ t:-Bmec
dit que c'ètuit une chàlle pour enfermer le corps du
Saint;maison ne diroit pas que c'étoit feulement pour
mettre lur les reliques , ou lur fes membres. Je crois
que c'étoit ime étufte d'or & d'argenr forr claire , afin
que l'on put voir a rravers les Saintes Reliques j &
que c'eft de crêpa qu'eft venu crêpe.
Crêpe fe dit aufti figurèmenr, & fur-tout en Pocfie,
pour fignifier la nuir. Jeneèraj nox.
Dès que l'ombre tranquille
Viendra d'un crêpe noir envelopper la ville. BoiL.
DCFCrêpe. Terme de Perruquier. Les Perruquiers ap-
pellenr crêpe ,\es cheveux qu'ils ont nattés & tortillés
dans leur longueur, après les avoir frilés par le bout,
& avant que de les mettre en pâté. Cette opération les
fait bouffer. Encyc.
^fT Crêpe. Terme de Jardinage. Efpece de laitue , qui
fe cultive comme les .autres. La petite crêpe S>l lagrolfe
ne tardent pas à pommer lur couche &: fans cloche.
Pluche.
fCTCREPE eft auffi une efpece de pâti fterie, fort connue
dans quelques Provinces. Elle eft faite de farine dé-
layée avec de l'eau ou du lait,, où l'on mêle quelques
jaunes d'œufs. On en fait une pâte femblable à celle
des beignets , & on la fait cuire de même dans la
pocle , en mettant chaque fois une certaine quantité
de cette pâte qu'on étend fur toute la capacité de la
pocle
CRÊPELU , UE, vieux adj. Crépu, crêpé, Crifpatus ^
a , uni.
CRÊPER. V. a. Frifer doucemenr & à la manière de
ciêpe. Crifpare. Crêper une étoffe Crêper les che-
veux. Il eft aufli réciproque. Les cheveux fe
crêpent, quand on a foin de les mettre fous le
boimet.
Crêpé, it- part. & ad). Crifpatus. Ce qui tient de la
nature & qualité du crcpe ou du crépon. Lne étamine
c-êpee eft une étamine fabriquée à la manière du
crépon. Cheveux crêpés.
Ce mot pris au figuré n'eft pas d'ufage.
Et la vague à l'entour hlanchijfante & crêpée
Grondant fous l'aviron dent elle etoit coupée j
ne figure bien que dans les ouvrages du P. Le
Moine.
CRÉPEREIUS, CRÈPÉREIA. Nom propre d'une fa-
mille de r.nncienne Rome. Gens crepercia. Les mé-
dailles de la fimilie Crepereia font en petit nombre.
On y trouve Q. Crêper. M. F. Rocus , ou Q. Cre-
PEREi Rocus , & dans une ancienne infcription citée
par Patin , L. Creperius Heraca vi vir. Et Cre-
PERiA patera- avec L. Creperius Celer, fa fille &
fon petit fils. C'étoit une famille de Chevaliers Ro-
mains ; c'eft Ciccron qui nous l'apprend , L. I. in
Verrem.
CREPI. Crifpeium y Crifpiacum , Chrifpeiacum , Crif-
piacenfe Cafiellum , Crifpiniacum. Ville de l'Ile de
France , dans le Comté de Valois , appelée commu-
C RE
C R E
nhmtnt Crcpl en Faloîs. Elleefl: entre Meaiix & Com-'* Le nie i Heur fe fair à N pies. Les Italiens l'appelient
piegne. Valois croit que l'on ancien 6i véritable nom '; mont. Le crcpon de Zurich ell: une étoffe toute de
eil Crifpeium &c Crïfpiacum \ mais qu'il femblequon \ laine tortillée , dont les hommes s'habillent. Crcpon
l'ait appelé Cnjpinlacwn _, comme li Ion fondateur ou j de Caitres , elt une même .étoffe de laine plus claire ,
fon Sci'^îneur avoir eu nom Criipm. Il ell: quelquefois] qui efl unpeu fnféejdont les femmes font des iiabits.
parlé dans l'Antiquité de la monnoie de Crépi. Solidi 5 CRÉPU , u£j adj. très-frifé. Çrifpus. Les cheveux des
Crifpiacenfis rnonctA. N Ahois , Noc. Galûar. | Nègres- font crépus. C'elHa même chofe q^ue crêpé :
CREPI, f. m. Enduit ou mortier qu'on met j qu'on ! mais on ne le dit que des.cheveux.
couche fur une muraille avec le balais fans palier iajCRliPU , ue, adj. Frifé. Crlfpacus. Les cheveux qui
truelle deffus , &c. Arenatum. On fait des crcpls à^ reviennent fous la perruque font plus beaux & plus
chaux & de fable, déplâtre, de ftuc , &c. On fait
aux Indes un cr.pi de la chaux vive mêlée avec du lait
&dufucre, dont on enduit les murailles, qu'on polit
avec une agathe: ce qui les fait unies &; luifantes com-
me une glace de miroir , & les rend plus propres par
dedans , qu'aucune de celles qu'on voit en Europe.
Relations du Recueil deThevenot.
CREPI , lE. adj. Ce mot fe dit d'une muraille enduite
de mortier, ou de plâtre. Incrujîatus , ar&tuud inducius.
On le dit auffi d'an cuir auquel on a fait venir le
grain. Muraille crépie , cuir cnpi.
CREPIN. f. m. &: nom propre d'homme. Crifpinus. S.
Crepin fut maityrifcà^Soiffons avec fon frère S.'Crépi-
nien l'an 1S7. de J. C. S.Crepin eft le Patron des C©r-
donnniers. Crifpinus. Ce mot a paffé dans la langue
dans cts phrafes familières. Perdre fon Saint Crépin^
porter tout fon Saint Czépin. Perdre, porter tour ce
qu'on a. Façon de parler qui vient de ce que les gar-
çons Cordonniers qui courent le pays Se vont de ville
en ville pour travailler, portent avec eux tous leurs
ounls dans un fac qu'ils appellenr un Saint Cre'pin.
CREPINE, f. f. Ouvrage à jour par le haut, par en bas
pendant en grands hlets , ou franges . qu'on travaille
avec des fufeaux. iieticulata fupernè fimbria. On en
fait de fil , de Jaine , de foie , d'or ou d'argenr. On
met des crépines aux dais, aux pentes des lits, aux
impériales des carrolfes.
Crépine , eft auilî un terme de Rôti (Teur & de Boucher.
C'eft une manière de petite toile de graiffe , qui cou-
vre la panfe de l'agneau, & qu'on étend fur les roi-
giions , lorfque l'agneau eft habillé. La crépine ne
ferr qu'à parer les roignons.
CREPINIEN. f. m. & nom propre d'homme. Crifpi
nianus. Voyez CREPIN.
CREi^IR. v. a. Enduire une muraille de chaux & de
fable, de plâtre, de ftuc ; employer le mortier avec
le balai fans paffer la truelle par-deffus. Incrujlare ,
arenato parietem induere, parïetem trulliffare. Le bas
d'une muraille fe gâte , fi on le laiffe quelque temps
fans le crépir. Il vient de crifpare , frifer.
Crépir, eft aullî un terme de Corroyeur, qui fe dit
du cuir auquel on fait venir le grain, quand il eft
forii de l'eau. Crépir un cuir.
CREPIR LE CRlN. Préparation que les Cordiers don-
nent au crin du cheval ou du bccuf , en le faifant
bouillir dans l'eau, après l'avoir cordé pour le frifer,
& le mettre en ctat'd'ètie employé par les tapiffiers,
felliers & autres artifans.
CREPISSURE. f. m. L'aétion décrépir. Trulliffatio , in-
cruftatio. Il a tant coûté pour la crcpijfure de cette
muraille.
CREPITATION, f. f. Bruit que les bouts ou pièces d'os
font en fe froiffint enfemble, lorfque le Chirurgien
remue le membre pour s'affurer de l'exiftence d'une
fradture, par l'organe de l'ouie. Un des fignes fenfi-
bles des fraélures eft celui de la crépitation. M. le Ch.
DE Jaucourt.
Crépitation dans les fractures, crai^uement qn on {ent
en preffanc les tumeurs emphyfémateufes, & cliquetis
dans les articulations.
Crépitation fe dit au.HR du bruit redoublé d'une
Hamme vive qui pétille. Crépitas. Crepitantibu's urere
flammis.
CKEPODAILLE , ou CRAPAUDAILLE. f. f. Crêpe
fort délié dont on fait des cocffes de femmes fc des
voiles de Religieufes. Le peuple prononce crapadMle.
Pannus hoinbyclnus crifpus & tenuis.
CR.ÊPON. f. m. C'eft une étoffe de foie cuite, qui eft
exceilivement tortillée. Pannus bombycinus cr'ifpatus.
crépus qu'ils n'étoient. Il le à\x. aulfi de la moulle, que
La Quintinie dit être une petite herbe hifée & crépue.
CREPUSCULAIRE, adj. Cercle crépufculaire, c'eft le
cercle terminateur des crépulcules. Voyez CREPUS-
CULE.
CREPUSCULE, f. m. Lumière foible qui précède le
lever du foleil, ou qui relie après fon coucher jufqu'à
ce que la nuit foit venue. Crepufculum. On prétend
que le crépulcule commence «Se finit lorfque le fo-
leil eft environ iS degrés au- deffousde Ihoiifon.
Les parties les plus raréfiées de l'air réiléchillenc
la lumière 5 ^ tant que le ioleil en éclaire quelques-
unes, elles font vihbles à ceux à qui la convexité
de la terre n'en dérobe pas la vue. Les crépufcules font
plus longs dans les folftices que dans les Equinoxes j
dans la Sphère oblique que dans la Sphère dioite. La
caufe des crépufcules ne doit pas être attribuée entiè-
rement à notre air, puifqu'il y aune certaine matière
éthérée qui environne le foleil, comme s'il avoir lui-
même une efpéce d'atmofphère \ ce que l'on peut re-
marquer , par exemple , après le coucher du foleil ,
car elle eft toujours plus de tems que le foleil à fe
lever, ou à fe coucher. Avant le lever elle paroît de
figure circulaire , parce que c'eft un fegment de i'at-
mofphère du foleil coupé par l'horifon. En un mot i"a
lumière ell: tout-à-Iait difterente de celle qui naît de
l'atmofphêre terreftre. injiit. Jftronom.pag. j^oi.
Les Crépufcules d'hiver font plus courts que ceux
d'été , parce que l'air eft plus condenfé en hiver & a
conféquemment moins de hauteur. Par la même rai-
fon les crépulcules du matin f mt plus courts que
ceux dufoir. La chaleur du jour dilate & raréfie l'air,
augmenre fon volume & fa hauteur.
Papiasdérive ce mot de creperus ^ qu'il dit avoir fig-
nifié autrefois incertain &c douteux , comme étant une
lumière incertaine-
Crépuscule fe dit au figuré de l'efprit & de la raifon.
M. du Bois, Auteur des Conférences d'Angers, le
prend pour les premiers tems où l'on commence à
avoir l'ufage de la raifon. Plufieurs Docteurs croient
que dans ce crépujcule de la raifon le manque de con-
noilfance excufe les enfans de péché mortel (s'ils ne
font pas des acLes d'amour de Dieu.) Conf. d'Ang.
CREPUSIUS , CREPUSI A. f m. & f. Nom propre d'une
famille de l'ancienne Rome. Crepujiagens. La famille
Crepufia eft peu connue : il y a une médaille de cette
famille qui a d'un côté deux figures deMagiftratsalîîs
fur deux chaifes curules, devaiireux un épi, derrière
Pa. dans l'exergue m. tani cri. De l'autre côté une
tête de femme couronnée d'épis deblé. Aed. Pl. c'eft-
à-dire, Aeddis plehis. Ces derniers mots font juger à
M. Patin que fi cette médaille eft d'un Crepufus,c&nQ
fauMlle étoit plébéienne.
CRÉQUI. Cr<f^i/iw«. Bourg ou village en Artois, à trois
lieux au Nord d'Hefdin. C'eft de ce bourg, qui a titre
de Duché, que l'illuftre maifon de Créqui a pris fon
nom. Baudouin l^t Créqui, Chevalier célèbre, avoic
pçur devife Nul ne s'y frotte.
CRÉQUIER. f. m. Prunier fauvage , ou cerifier croif-
fant dans les haies de Picardie : Prunus vel cerafus Jll-
vejlris. Il eft devenu terme de Blafon, à caufe que la
Maifon de Créqui poae dans fes armes un Créquier
de gueules en champ d'or. On^e repréfente avec fept
branches en forme de chandelier, portant des petits
fruits comme des câpres. Quelques-uns croient que
c'eft uri arbre imaginaire. D'autres alTiirentqu'il vient
fur les bords d'une rivière qui arrofe les prés de la
Maifon de Créqui. Les Picards appellent fon fruit
crèqucs , & dans leur vrai Yi?i^o\s Jourderaincs. Dom
s
C R E
Dupleiïîs , dans fa Defcnption Géogr. Sc HlJ. de la
Haute Norm. f. Ijf. lyx. prccend que Crequi vient
abfolument de Kenh j inoc Teutonique qui fignitie
une Ealije , & que Créquier fignifie un candélabre ou
un giand chandelier à lept branches , tel qu'on en
voit dans un grand nombre d'Lghles.
CRES. Sorte de toUes de lin qui le fabriquent à Mor-
laix en Bretagne , & aux environs.
CRESCENTINO. Ville du Piémont dans le Verceil-
lois , fur le Pô, prife par les François en 1704, &: re-
prife par les Alliés en 1706. Crefcentinum. Elle eft à
huit lieues de Turin.
CRESCENZAGO. Bourg d'Italie à trois lieues de Mi-
lan , qui donne fon nom à une Congrégation de Cha-
noines Réguliers, donc le premi^er Monaftère fut bâti
dans ce bourg en 1 140, La F«.éforine de Latran y fut
introduite l'an 1502. Hiji. des Ordres MonajL &c.
T. Ilpag. 4S (S- 49.
CRESEAU, que quelques-uns écrivent Crézeau. f. m.
Etoffe de laine croifée ^ qui elt une efpéee de grolfe
ferge à deux envers^ couverte de poil des deux côtés.
CRESME. Voyez CREME.
CRESPE. Voyez CRÊPE.
CRESPER. Voyez CRÊPER.
ÇRESPHONTE. f. m. Arriere-petit-hls d Hercule , &
Chef des Héraclides , rentra avec fes deux treres Té-
mène 8c Ariftodcme dans le Péloponnefe huit ans
après la guerre de Troye, &c fe lit Roi de Melfénie. Il
y a une l'ragédie de M. Gilbert , Secrétaire des com-
mandemens de la Reine Chtiftine de Suède , inti-
tulée : Crejphonte , ou le recour des HeratUdes. Elle
fut repréfentée en 1659.
CRESPI. Voyez CREPI.
CRESPIN. Voyez CRÈPIN.
CRESPINE. Voyez CREPINE.
ÇRESPINETTE. f. f. Sorte de cocfTute dont on s eft
fervi autrefois.
Et par dejfous la crefpinette
Une couronne d'or pourtruue,
CRESPINIEN. Voyez CRÉPINîEN.
CRESPiR. Voyez CREPIR.,
CRESPISSURE. Voyez CREPISSURE.
' CRESPODAILLE. Voyez CREPOÛAILLE
CRESPON. Voyez CREPON.
CRESPU. Voyez CRÉPU.
CRESSELLE. Voyez CRECERELLE.
CRESSERETTE. f. f. Nom d'un oifeau. Les œuts des
faifans & des cre(ferettes font rouges. FAULTRitR.
CRESSI. Ville de France dans la Brie , au Diocèfe de
Meaux. Voyez CRECI.
CRESSON, f. m. Terme de Botanique. Le crejjon
Alénois & le crejfon d'eau ne font point du même
genre , quoiqu'ils aient tous les deux leurs fleurs en
croix. Leur fruit fert fur-toutà les diftinguer.
Le crefjon Alénois , ou le Nalitor , Najlurtiujn hor-
■tenfe , eft annuel j fa racine eft blanchâtre , limple ,
quelquefois branchue, ligneufe & chevelue : fa tige
eft droite, haute de deux pieds environ, ferme, bran-
chue à fon extrémité, &: garnie de feuilles découpées
en des fegmens plus étroits à mefure qu'elles appro-
chent duTommet de la tige. Ses fleurs font petites ,
compofées de quatre pétales blancs lavés un peu de
pourpre,&difpofcs en manière de croix. Elles font ra-
mallées par bjtits bouquets. A ces fleurs fucccdent des
fiuits féparés en deux loges commedans leThlafpijiSc
la feule différence qu'on ccablilFe entre cesdeux plan-
te^ne fe rire que des feuilles qui font entières dans le
Th'lafpi.Toute la plante eft couverte d'une Heurgrifâ-
tre qui rend glauque la couleur de fes feuilles & de fa
tige.LeNafitor eft apéritif: bon pour le fcorbut. Cette
Î liante donne plufieurs variétés; car tantôt fes teuil-
es font découpées en des fegmens plus larges , &
tantôt ces fegmens font crénelés & frifés.
l.ecrd^/ô^i d'eau, Sifywhrluin i2Ç2^ar/V«m, diffère du
précédenr: i°- Par fes racines traçantes &^tilamenteu-
fes. 2°. Par fes tiges creufes, couchées fur l'eau. j°.
Par fes feuilles qui fpnt découpées en fegmens arron-
C R E
dis, & qui reffemblenc à des feuilles compofées. 4"*.
Par fes ii^urs , qui font tout-à-fait blanches. 5°. Par
Ion huit , qui eft une filiqiie longue d'un pouce fur
une dcmi-iigne de largeur , & compofée de deux
lames,qui s'appliquent lur une cloifon nntoyenne qui
divile la filique en deux loges ; fes femences i'onr pe-
tites & brunes. Le i.TeJ]on d'eau a un goût piquant
& agréable. On emploie le aejju/^ d'eau contre le
fcorbut ôc contre l'hydropilie , &: loilqu'il s'agit de
purifier le fang. On le fert en falade , & fous les
volailles rôties. On le met auifi dans les bouillons.
Il y a plufieurs autres plantes de cette famille qui
ont un goût acre Se piquant , & auxquelles on a don-
né le nom de crcljon fauvage , ou de cardamine. La
plante qu'on a voulu appeler c/t;//è« des Indes,A'ij/?;^r-
tium Indieuin , n'eft point dugenredu crejjofi. Voyes
Capucine.
Ce mot vient du Latin crefco j à crefcendlcelerkate,
MÉNAG.
On trouve dans la bafle Latinité criffonium, ou
crijonium , pour fignifier une herbe marécageufe.
CRESSONNIÈRE, f. f. Lieu où croît le crelfon. Locus
Najlurtiï ferax. Il y a peu de crejjonnières où il n'y ait
de la berie.
^C? Cressonnière, dans Rabelais , femme qui vend
du crelfon.
Le CREST. Ville de France en Dauphiné , fur la Drô-?
me , à fix lieues de Valence. Crifia.
CRESTEAUX. f. m. pi. Ce mot fe difoit autrefois au.
lieu de créneaux , & on le nommoit ainfi à caufe
qu'ils étoient à pointes par intervalles, comme les
crêtes des coqs.
CRESUS. Voyez CRCESUS.
CRESTON. f. m. En quelques Provinces frontière*
c'eft un chevreau, Cupreo/us.
CRÊTE, f. f. Excroilfancede chair rouge extraordinai-
rement , dentelée qui vient fur la tête des coqs &
des poules & de quelques autres oifeaux de la même
efpèce. Crifia, apex. Les friands aiment les crêtes
de coq.
0CF Crête , fe dit pat relTemblance d'un toupet de
plumes que quelques oifeaux ont fur la tête, comme
les alouettes. Alors il eft fynonyme avec Huppe. Une
crête d'alouette.
C'eft encore cette partie relevée qu'on apperçoit fur
laj tête de quelques fetpens.
On donne aufli ce nom .1 une rangée d'acrêtes que
quelques poi'fons ont vers la tête.
On appelle crcte de morue un certain endroit
du dos de la morue qui fe coupe entre le collier &
l'encre-deux.
Crête , fe dit par la même raifon de la partie des armes
défenfives de la tête, qui s'élève par delfus en formé
de crue. La crue d'un armet, d'un motion, d'ui*
cafque.
On appelle actes, en termes d'Anaromie, de»
excroilUmce tiui fiuviennent antour du fondement.
On peut ôter les crêtes, ou par ligature , ou par cauté-
rifation, ou par amputation. Ces excroilfànces ng
s'appellent crêtes que quand elles reflembknt à des
crêtes de coqs : elles ont d'autres noms quand elles
ont une autre figure. Voyez M. Uionis , des opéra-
tions de Chirurgie. On appelle encore crcte une
éminence tortue & courbée qui eft au milieu de
l'épine de l'omoplate. On la nomme aufli l'aile de la
c*hauve-fouris , à caufe de la relfemblance qu'elle a
avec ces deux chofes.
Crête de coq. Crijla galli. Terme d'Anatomie. Emi-
nence de l'os ethmoïde qui avance dans la cavité du
crâne, «Se à laquelle s'attache la partie de la dure ■
mère qui fépare le cerveau en deux , & que l'on nom-
me h J aulx. Cette éminence eft appelée crcte de coq^
parce qu'elle a de la reflemblance avec la crcte d'un
coq.
Crête de coq , fe dit aufli d'une plante dont la racine
eft petite & blanche. Ceft une efpèce de pédkulaire.
Pedkularis pratenfis lutea , ou crifia galli. Voyeï
Pédiculaire.
Crête cb qo<i. Ternie de Conchyliologie. Nom d'une
deî
C R E
des efpcces de coquilles de mer. CrJlagaUi , coucha. \
Une crête de coq dune efpèce peu commune , à poin- i
tes rondes & feuiliées. Geiu- Un groupe de deux]
crêtes de coq parfaites. Id. Une i^re de coq à pointes.
Id.
Crête marine. Plante qui eft une efpèce de crith/numJ
ou bacille. Les Fiançois & les Italiens l'appellent
herbe de S. Pierre. Ses feuilles font étroites , mais plus !
larges & plus courtes que celles du tenouil, charnues,
fubdiviiées trois à trois, &■ d'un ;^oùt(alé. Sa tige elt
C R E 9
Rois, dont les derniers qu'on connoit furent Idomé-
néeS: Merion fon hère, la Crece le gouverna en Répu-
blique. Dans la fuite la C>er.ï, vaincue par Metellus le
donna à l'ompce.i^'ans la divilîon de lempireelle vint
au pouvoir des LmpereuisdeConttaruinople, & leur
fut ioumile julqu'eu 815. cjtie les Sarralms la prirent,
t?c y bâtirent la ville de Candie , qui lui fit perdre Ion
nom. Voyez Candie. Vigenere paile de cette île
dans fon Célar. Quand on parle de l'Antiquité il faut
toujours dire
la Oc
Lommefait M. de Fcnelon ,
cannelée , verte comme un porreau. Ses fleurs font ra- 1 dans le V^. Livre de Téiémaque , <Sc jamais Candie
malfees en parafol & de couleur jaune. Sa femence eft CRETELER. v. n. C'eil le terme dont on fe fert pour
' '^ exprimer la manière dont les poules crient quand
elles ont pondu. Cerce poule a pondu, car elle créteile.
Lorfqu'elles veulent pondre, elles caquettent, de lorl-
qu'elies couvent, eWes glouij en t , glo[jent ^ glocijj'erd,
ou clocloquent. CrtteUr elt fans doute un terme ufité
dans quelque Province.
femblable à celle du tenouil \ mais plus grande. Sa
ocine ell grolfe , longue , d'une odeur &: d un goût
agréable, âcrc & aromatique. Cette plante croit dans
lès lieux pierreux le long de la mer. Ou la couht dans
la faumure. Elle eft bonne pour l'eftomac, & pour
exciter l'appétit : elle fait aulîi uriner , &" ouvre les
obftrutfions. Crithmum :,jxnLculum maritinium minus, \(Z'9^^T^^^'l-'^. m. On a appelle CrcV.-Ww des Ecclc-
ou crijtii marina. Voyez Bacille.
Crête , fignifie aulli en termes d'Agriculture, la terre
quia été tirée en faifant une folfe de clôture , & éle-
vée fur le bord du champ. C'ell; aulli le fommet d'une
butte qu'on abat quelquefois pour jouir de la vue.
Crète, croûte -, crute. On appcloit ainfi en Norman-!
die des terres inutiles autour des marions. | „
Ce mot vient du mot Saxon crofia, qui eft fort com- f CRE 1 ENISTE. f i. Cretemfta. S
mun dans les anciens titres d'Angleterre. Huet. \ gation de S. Joleph. Nom_ c
Crêtes, on appelle ainli en bâtiment, les cueillies,
ou arrctieres de plâtre, dont on Icelle les tuiles lai-
tières.
Crêtes. Les Marchands de blé appellent à Paris une'
fuiliques que M. Crétenet érigea en Communauté
vers le milieu du dernier liècle , avec la pi^rmif-
lîon de M. le Cardinal de Richelieu , Archevêque
de Lyon. Us ont été fondés par M. le Prince de
Conti & M. le Aîarquis de Coligny. On voit fort
au long leur origine &i leur établifFemeiu dans la
vie de M. Crétenet, imprimée à Lyon en i5So.
'œur de la Congrega-
que Ton a donné en
quelque lieu aux Sœurs de la Congrégation de S.
Jofeph , parce qu'elles ont été inftituées par un
Chirurgien natif du bourg de Champhte, au Comté
de Bourgogne , & nommé Crétenet.
crête à^ blé, ce qu'on appeleroit ailleurs un tas de ;;CRE'l INE. 1". f. Alluvio. Ce mot fe trouve dans une
:'eft ,
blé. Cumulus. Ainli , mettre le blé en cr^tc
félon eux, l'élever en forme pyramidale.
§Cr On dit hgurément levçr la crête, s'enorgueillir
bailTer la crête , perdre de fon orgueil , de 'es forces
Rabattre la crête de quelqu'un , lui donner fur la crête, j
rabattre Ion orgueil, le mortifier. Superbiam retun-
dere. Toutes ces exprellionis font tout au plus du
difcours familier.
CRÊTE, LE. adj. Qui a une crête. Criflaïus. Un coq,
un dragon crête. Il fe dit particulièrement en Blafon ,
de ce qui eft fur la tête des coqs d'une autre couleur
que le corps entier. On le dit pareillement des na-
geoires des poilfons , comme de celles des dauphins.
CRÈTE. Ancien nom de l'île qu'on nomme aujour-
d'hui Candie. Creta. C'eft une Ile de la mer Méditer-
ranée , iituée à l'entrée de l'Archipel. Elle le nomme
Aërie, Aêria\ Curétide, ou Pays des Curetés, Cure-
tis -, Hécatompole , ou l'Ile à cent villes , Hecatompo-
lis \ riieureufe Macaros , ou llle heureufe, Macaro-
neCos. Cette Ile a 170. milles de long & 50. de large-
La Crèrc a été célèbre dans l'antiquité par bien des en
droits. Jupiter y régna ^ & , .1 I'oh en croit les Poètes,
il y fut caché par Cybèle fa mère, pour empêcher
que Saturne Ion père ne le dévorât comme fes autres
enfans ; il y fut élevé par les Curetés. Avant Minos
l'hiftoire de Crète eft incertaine ou fabuleufe. Ce
Prince j fils d'Europe & d'Aftérius, Roi de Crète,
félon Eufèbe, & félon ApoUodore , de Jupiter, &
frère de Rhadamante & deSaipédon, eft le premier
Roi de Crète dont on facile quelque chofe de plus
certain. D'autres remontent jufqu'à Teftamus, fils de
Dorus , petit-fils d'Hellen , & arrière-peric-fils de
Deucalion. Il y vint, difent-ils , avec les Eoliens &
lesPelafges, & s'y fit reconnoître Roi. Il époufa la
fille de Cretheus, dont peut-être, difent-ils, vient
le nom de Crète, & il en eut l'Aftérius dont nous
avons parlé , & fous le règne duquel Jupiter enleva
Europe, dont il eut Minos, Rhadamante &Sarpédon.
Aftérius enfuite époufa Europe, & adopta fes fils ,]
auxquels il laifla fon Rovaume , parce qu'il n'en eut '
point d'enfans. La Crète fut encore fameufe par le fage
gouvernement & les fages loix de Minos , l'enlève
ancienne traduction des Inlacuts de Juftinien. C'eft
un accroillement qui fe fait peu-à-peu.
CRETOIS, f m. & f. Qui eft de Crète. Cres , Cretenfis
aint Paul rapporte , La. 1. 1 1. qu'un de ceux de
cette île difoit d'eux : Les Cretois font roujours
menteurs , ce font de méchantes bêtes , qui n'ai-
ment qu'à manger & à ne lien faire. Port-R. Les
Cretois étoient bons foldats , habiles- fùr-tout à tirer
de l'arc. A peine le vaiffeau Phénicien fut arrivé ,
que les Cretois donnerenr à Téiémaque & à Mentor
toutes les marques d'amitié lincere. Fénelon. Ou
dit Cretois , en parlant des anciens Habitans de
l'ile de Crète ; & Candiots , en parlant des Habitans
de la même île , depuis qu'elle s'appelle Candie.
Ces mots, félon quel {ues-uns, viennent de Cretheus^
comme nous l'avons dit \ mais ce que l'on en dit
iVeft p.as lur. Bochard , dans fon Chanaan. L. I. C.
15. prétend que c'eft un nom Phénicien. Dans la
Paleltine, dit il , on appeloit THD , Cretki ou Creti ,
un Archer , un homme h:\bxlc à nrer de l'arc Les Ha-
bitans de cette lie étoient très- habiles dans cet art;
c'eft pourquoi on" leur donna ce nom. Grotius, &:
d'autres encore, adoptenr ce fentiment,en parlant,
des Céréthi & Piélett , dtmt rEcruu.re fait men-
tion dans l'hiftoire de David. Voyez Ceretien.
CRETONNE, f f. Sorte de toile blanche, qui fe fa-
briqué en Normandie du côté de Lifieux. Ces toiles
ont été ainfi appelées du nom de celui qui en a fa-
bnque le premier.
CRETONS. f m. pi. Petits morceaux de graille de
porc, frits dans la pocle.
CREU. Vovez CRÛ.
CREUE. Voyez CRUE.
CREV AILLE, f f Repas où l'on mange par excès ,
& jufqu'à être prêt à crever. Jmmodcratum epulum.
Les fréquentes cr£vailles ruinent la fanté. Ce mot
eft des plus bas. Rabelais s'en eft fervi.
Crevaille, eft aufti un terme de Poclie , félon quel-
ques perfonnes , qui appellent crevaille la pièce de
Saint-Amand , qui a pour titre la Débauche , ou le
Cabaret. EpuU j convivium j compotatio , helluatio ,
perpotatio.
ment d'Europe , les amours de Pafiplnc, le tribut CREVANT j ou GRAVANT. Petite ville de France
impolé par Minos aux Athéniens de douze jeunes en Bourgogne , au Diocêfe d'Auxerre, proche le con-
hommes par an , le Minotaure , le Labyrinthe bâti fluent de la Cure & de l'Ionne, fameufe p.ir la ba-
par Dédale, la victoire de Théfée, &c. Après les taille qui s'y donna entre les François & les Aa
Tome ni. "
B
ïo C R E
glois. Crevennum. Elle ell à quatre lieues d'Auxerre.
CREVASSE, f. f. Fente qui fe fait à une choie qui
s'entrouvre ou qui crève , rima , fi(fura. Il y a plu-
fieurs crevajjes dans ce mur. Les aevajjes de la terre
font produites par la fécherelle. Les engelures font
des C!eVii[jei fur les lèvres.
Crevasse en maicchalleiie, c'eft auffi une fente qui
fe fait aux pâturons & aux boulets d'un cheval, d'oii
fort une eau rouife S>c puante, t^^'uru in capronis
equiriA fu^dginis.
CREVASSER, v. a. Faire des fentes , des crevaifes. Ri-
mas agere. Le grand froid crevajj'e la peau. Le grand
chaud fait que la terre fe creviiffe. Il fe dit auflî
des navires, & figniFie, s'entr'ouvrir. /^ii^r^.
Le navire comblé de morts & de mourans,
S'entrouve &c Je crevalïè. Breb.
CaEVASsi, ÉE. Part.
CREVHCFiÉ. f m.Cemots'efl: dit autrefois pour couvre-
chef , qu'on a dit dans la fuite.
CRÈVECCËUR. Nom de lieu. Crepicordium. Crèvecœur
dans le Cambrefis eft une petite ville que la vidoire
que Charles Martel y remporta en 717. a rendue cé-
lèbre. Elle éroit autrefois défendue par un château
nommé Vinchy, Vinciacum, &c elle avoit un pont
fur \Efcauty qu'on appeloit Pons Julius ^ le Pont
Jules; comme s'il avoitété conftruitpar Jules-Célar;
aujourd'hui ce n'ell plus qu'un bourg. Crèvecœur ^
dans le Beauvailis, eft un bourg à quatre lieues de
Beauvais, dans l'Ile de France. Crèvecœur, ou comme
difent les Italiens , Crevocare , eft un bourg qui a
titre de Marquifu j il eft enclavé entre les Etats de
Milan , & ceux de Savoie , fur la rivière de Selfera.
Crèvecxur , en Hollande, étoic une forterelfe fur le
bord méridional de la Meufe , à l'endroit où elle
reço« la Diéfe. Le Roi la prit en iJyz, & la ht rafer
en i(î74.
CRÈVE-CŒUR, f m. Dépit qu'on a d'une chofe, qu'on
voit , qu'on fouffre à regret. Douleur mêlée de dépit.
. Terme familier. Dolor j mœror acerbus. Ceft un grand
■crève-cùcur à une aînée de voir marier fa cadette la
première.
CREVER. V. a. Rompre, ouvrir avec effort & violence.
Rumpere , dirumpere , difrumpere. La chute des glaces
a crevé \;x chaulfée de cet étang. Ces bas de foie font
Il étroits , qu'on ne peut les chauller fans crever.
Cet homme eft fi pefant, qu'il crève les lièges oii il
s'afiied. Ce coup de balle a crevé les filets du jeu de
Paume. Crever les yeux aux criminels fut un fup-
plice allez ordinaire fous la 11^ race de nos Rois, &
dont l'ufage étoit venu de l'Empire d'Orient, où il
éroit fort commun. P. Daniel. Aiicujus oculos con-
iïscre.
Ce mot vient de crepo. *
IJCF Crever, v. n. fignifie s'ouvrir, fe rompre par
. un effort violent, tiumpi , dirumpi. La foudre ne
tombe que' quand la nuée crève. Un feu trop vio-'
lent fait crever les matras & les autres vaifleaux de
chimie. Son fulil creva à la chalfe. On le dit tie
même en parlant des bombes. Dijjïlire, Les éclats
d'une bombe qui crève font fort dangereux.
Crever , fe dit aulfi par les Fleuriftes des œillets, &
de leur étui , lorfque la quantité des feuilles les fait
ouvrir & éclater ; ce qui arrive prefque toujours
aux œillets dont l'érui eft gros & court. Rumpi ,
difrumpi. Il eft difficile d'avoir de beaux œillets j &:
de les empêcher de crever. Cult. des Fleurs.
0\\ ditfi;;urémentjil eft temps que l'apoftème crève j
pour dire qu'une affaire éclatie, qu'elle finiffe. Tem-
pus'utres erumpjtpalàm. On dit auliiqu'une chofecrève
les yeux , tant au propre qu'au figuré , quand elle eft
fous les yeux, ou li évidente qu'il eft impoilible qu'on
ne la voie. Res aperça , manijcjta. Notre propre
intérêt eft un merveilleux mftrument pour nous
crever agréablement les yeux. M. Pascal.
Crever, fignifie aulli fouler, faire manger par excès.
Ingurp^icare cibis. Cet homme nous a crevés j tant il
nous a fait faire bonne chcre. Se crever, c'eft manger
& boire avec excès. Il eft d foui, qu'il crève. Ce
CRE
cheval eft crevé d'avoine. Un écornifleur mange à
crever. Dans cettte acception il eft bas , au moius
familier.
Crever, fe dit auÛi en parlant des efforts extraor-
dinaires qu'on fait ou qu'on fouffre. Kumpi ^di'umpi.
Il crève de faim &c de foif II crève de chaud. Il
crève de rire. On dit aulli qu'un homme crève feus
un fardeau c^u'il porte; & figurément, fous le faix
des charges qu'on lui impole. Une double charge
met un canon en danger de crever. Les fiors les plus
élevés viennent crever fur le rivage. La vague crève
GOD.
Crever, fignifie auflî, être trop plein, regorger Re-
dundare. Ses granges, les greniers crèvent de grains.
Ce Partifan crève d'argent. Ce fac eft (i plein qu'il
crève. Cet homme crève de grailfe. Tout crevé de che-
nilles cette année.
Un crros
_ îrcon qui crève de fanté,
Maisquidejens a bien moins qu'une bu'^e y
De m'atta'quer a la témérité ,
En médifant de ma gentille mufe. Mar.
CR.EVER, fignifie auffî, mourir, & fur-tout d'une mort
violente Interire ^ penre, occldere. On a mis le feu
à une tour où les ennemis s'étoient fauves ^ on les
a tous fait crever. Cette médecine étoit trop forte,
elle l'a fait crever. Il a eu le plailir de voir crever
tous fes envieux, tous ceux qui le chicanoient. Touc
cela eft banni du ftyle noble. Crever un cheval, c'eft-
à-dire , l'outrer à la courfe , le poulfer julqu'à ce
qu'il en meure , ou qu'il ne puille plus lervir.
On dit. Se crever de travail , de fatigue, pour dire ,
travailler avec excès , s'outrer de travail. Ac. Fr,
Crevïr, fe dit aulli figurément en chofes moiales, des
pallions violentes, qui nous touchent le cœur, qui
nous piquent vivement. Rumpi, dirumpi. Cet homme
crève d'orgueil. Ce rival crève d'orgueil. Cela fera
crever de rage & de dépit tous fes envieux. Quand
un homme charitable voit la mifere des pauvres ,
le cœur lui crève de tendrelfe , de pitié. On dit d'un
impatient, qu'il crève dans fa peau, dans fes pan-
neaux c]uand il ne voit pas alfez tôt l'effet de ce
qu'il fouhaite. Le fecret eft infupportable aux fem-
mes ; elles crèvent, elles étouffent fi elles ne parlent.
BouH. Je crèverais plutôt que d'abandonner mon
opinion. A^ioL. M. Guéret fait dire à un célèbre Co-
médien , Il vaut mieux crever de rire en divertilïant
le Bourgeois , que crever d'une belle paffion pour fa-
tisfaire les beaux efprits. Tout cela eft du difcours
familier.
Crevé , ee. Part.
On dit d'un gros homme , d'une grofle femme, que
c'eft un gros crevé , une grolfe crevée. Il fe dit par
mépris.
IfT CREVET. f m. Sorte de lacet qui ne peut être
que de trelfe , ferré par un bout en forme de croix ,
& pare l'autre à l'ordinaire, avec lequel les femmes
fe lacent en échelle. Encyc.
CREVETTE, f f Efpècc d'écrevilTe de mer. M. Huet
foutient qu'on a dit crevette pour chevrette , parce
que ce poiifon relfemble à la chèvre par fes cor-
nes , Il y a même des endroits où tout le monde
dit chevrette. On dit manger de la crevette _, la cre-
vette eft li déUcate qu'on ne peut la tranfporter à
Paris des côtes de la balle normandie , fans qu'elle
fe coirompe, à moins qu'on ne la falïe cuire à mi-
chemin, en la portant par la pofte. Elle eft blan-
châtre, & elle devient rouge fur le feu , comme l'é-
creviife. Il y en a une autre efpèce, qui ne rou-
gir pas à la cuilTon , qu'on appelle cardon ; l'autre
s'appele la crevette franche. Lémery nomme Chevrette
ce petit poiifon de mer. On l'appelle encore yr;//'cor,
faiicoqiie , fallicoque &: foUcoque , ce dernier nom lui
eft donné, parce qu'on prétend qu'elle engendre les
foies , ou du moins que leur frai s'y attache. En effet
fous l'eftomac de la crevette pcchée récemment, on
remarque plufieurs petites vellies inégales collées par
une liqueur gluante. Vues au microfcope ce font des
embryons de foies : cela a été confirmé par l'expé-
CRE
rience. On a pris des crtvenes que l'on a gardées dans
l'eau de la mer j au bout de quelques jours on y
trouva de pences foies : on mit d'un côté des crevet-
tes avec des loles j d'un autre côte des foies lans
crevettes : les foies trayerent des deux côtés ; les cre-
vectes avec des foies donnèrent des loles \ les foies
fins crevettes ne donnèrent rien.
fîCT CREUSAGE, f. m. Terme de gravure en bois. Ceft
dans la nouvelle manière de préparer le bois pour
giaver les lointains , tx. l'adion de le creufer aux
places nécellaires avec la gouge, &: de le polir avec
le grattoir , afin de pouvoir delliner dellus & les
graver. M. Papillon.
CREUSE, ou CREUZE. Nom de deux rivières de Fran-
ce. Croja^ CroJîa^yMne qui s'appelle la Grande Creufe,
ou fimplement la Creufe , porte ce nom , félon Valois,
Not. G ail. p. i6j. parce qu'elle elt creufe , c'eft-à-
dire profonde j &: félon d'autres, parce que c'eft ce-
lui de fa fource. Elle prend fa fource dans la iiaute
Marche , & va en Touraine fe jeter dans la Vienne ,
après avoir fcpaié le Berry du Limoulin & du haut
Poitou. "Ltl Petite Creufe, Crofa minqj-, fe décharge
dans la grande , au-dcllous des Frolfelines , aux con-
tins de la Marche & du Berry.
CREUSE, f. f. Fille de Priam , fur mariée à Énée ,
& fut mère de Jule ou Afcagne. Comme elle périt
djns l'incendie, Virgile fait par.oître fon ombre
à Enée qui la cherchoit , & lui fait dire que la mère
des Dieux & Vénus l'avoient enlevée aux Grecs.
CREUSEMENT, f m. Aétion de creufer Cavado, exca-
vatio. Faire rellimation du creufement d'un canal.
Gault.
CREUSER. v> a. Rendre creux, faire profond. Cavare.
Les eaux ont creufe la terre. Souvent on eft oblige
en Orient de creufer des puits pour trouver à boire.
PuteSm jodcre. Creufer un port. Ab. Les Indiens creu-
fent des bouUeaux, des troncs d'arbres, pour faire
leurs canots. On creufe, on perce les aunes, pour en
faire des tuyaux de fontaine.
Selon E. Guichard , creux , & creufer, s'eft fait de
l'Hébreuxma, charak j qui fignifis en effet, creu-
fer , fouir e i terre. Il eft mieux de le tirer de ï;^^,
^Atir^j/c/î, labourer, remuer la terre.
tfT Creuser, v. a. Graver en bois. F'oyei Creu-
sage.
On dit figurémenten Morale, qu'un homme creuCe
fafolTe, fon tombeau j pour dire, qu'il avance fa
mcrt par un excès de travail, de débauche, &cc.
En vain affermis dans h vice ^
Vous vous cac'n.e\ le précipice
Que vous creufe l'impiété ;
Dieu va combler votre mifere ;
C'efi du tréfor de fa colère
Que fort votre incrédulité. DuchÉ.
§3" On dit .abfolument & fans régime, creufer en terre.
Creufer bien avant. Creufer jufque fous les fonde-
mens. En creufant on trouvera un puits.
§Cr Dans un fens figuré , on le dit adlivement pour
approfondir , pénétrer dans l'intérieur des chofes.
On dit creufer une fcience , une affaire j & abfo-
lument, creufer dans une affaire, dans une fcience.
Les Modernes ont creufe bien plus avant que les
Anciens dans la Phyfïque, dans les fciences. On n'a
pas encore alfez creufe àins ce procès criminef pour
découvrir les complices. On dit qu'un homme s'eft
aeufe le cerveau, pour dire, qu'il s'eft donné beau-
coup d'application , de fatigue, à approfondir cer-
taine matière. Ac. Fr.
Creusé, te. Part.
CREUSET, f m. Petit vailTeau de terre cuite Si fort
feche, qui n'a d'ordinaire ni anfe ni poignée, &
qui fert aux Monnoyeurs, aux Orfèvres & aux Chi-
miftes , paur fondre & calciner l'or , l'argenr iSc les
méraux. Catillus in quo liquatur aurum. Catinus. Il
eft fait en forme de cône renverfé. Il y a des creu-
fecs de différentes matières : dans nos monnoies il
CRE
II
y en a de terre & de fer. Ce qu'on appelle creufec
de terre , n'eft autre chofe qu'un vaiiTeau en ma-
nière de pyramide ou de cône renverfé , qui eft fait
de rerre glaiie &; de pots de grais piles &; tamifés-,
on s'en fert pour fondre l'or, i'aigent & les autres
méraux. Qiiant au crcufct de fer, ceft un vailicau en
manière de petit leau lans anfe, qui eft de ier forgé,
& qui eft propre à fondre les métaux , à la réferve
de l'or, parce qu'il s'y aigriroit. Boiz. Il y a des
cvvi^erj de terre qui tiennent julqu'àtroisàquatre cens
marcs j mais on ne fe fert dans les monnoies que de
ceux de cent marcs pour fondre l'or. Les creujets de
fer font ordinairement plus grands que ceux de terre.
Il y en a qui tiennent jufqu'à 1400 à 1500 marcs.
J'en ai même vu dans la Monnoie de Pans qui te-
noient jufqu'à 1700 marcs & plus , & qui y ont
lervi long-remps. Id. On obferve de mettre toujours
dans le creufet moins d'or ou d'argent qu'il n'en pput
tenir. 1°. Parce que l'or pécdle beaucoup lorfqu'il
eft au plus haut degré de chaleur, i". Parce que le Fon-
deur en pourroit répandre en le retirant du feu pour
le jettecen lames. 5°. Afin que fi rElfayeurne trouve
pas l'argent du titre qu'il faut , on puitfe remettre
dans le creufet, ou du fin, ou de l'alliage. 4". Afin
qu'on puilfe plus aifément braller les matières quand
elles /ont en bain. Il fe.fait aufli de grands creufets
pour les fourneaux de Verriers , qui ont beaucoup
de capacité.
Charger le creufet, c'eft en terme de Monnoie, quand
il eft au plus haut degré de chaleur , &; qu'il pa-
roit blanc, y jetter les matières que l'on veut fon-
dre. Faite relfuer le creufet, autre rerme de Monnoie.
Quand un creufet de ter n'eft plus en état de fer-
viij on le met le fond en haut lut les barreaux d'un
fourneau à vent, & on fait un grand feu, afin de
faire fondre l'argent qui eft attaché au creufet; c'efl
ce qu'on appelle faire relTuer le creufet..
Creuset, s'eft dit figurément des épreuves que Dieu
envoie. C'elt une vertu éprouvée dans le creufet. Il a
été mis au creufet de la tcibulation. Ces métaphores
ont vieilli, & ne fe diroient plus que dans le ftyle
familier, ou en fait de fpirirualité.
Ce mot vient de l'Hébreux keres , qui fignifie tefla ,
ficiile. Du Cange le dérive de crufelinum , qui a
fignifié dans . la balTe Latinité , un petit vaiffeau à
boire.
CREUSON. f. m. On nomme ainfi à Milan l'écu on
piaftre du pays. Il vaut env'ron j livres 17 foldis
Milanois.
fer CREUSURES. Cavités pratiquées fur différentes
matières, & qui , félon qu'elles font plus ou moins
profondes, s'appellent trair, crenelures, cannelure,
rigole , rainure, àc.
§3=- CREUTZNACH ou CREUTZENACH. Cn^cinia-
cumoa Crucinacium. Ville d'Allemagne, au Palatin du
Rhin fur la Nave,, qui la partage en deux parties ,
avec un château fur une hauteur.
liCrCREVURES ou CREVASSES, en gravure. Endroit
où les tailles font confondues dans l'ouvrage ; dé-
faut qui provient, ou de l'eau forte, ou des coups
de burin.
CREUX, euse. adj. Profond. Altus, profundus. Les
puits des mines ne font pas bien creux. Il faut faire
des tondemens bien creux dans des terres fablon-
neufes. Plus les rivières font creufes , plus elles font
navigables.
On le dir aufîi des chofes étendues en longueur. Pro-
tenfus, extenfus. Cette maifon eif fort creufe, fort
profonde. Cette forêt eft fort creufe ^ fort étendue.
%fT En terme de chalTe trouver buiflon creux , c'eft ne
trouver plus dans l'enceinte la bête que l'on avoir
détournée; & au figuré, l'on dit familièrement qu'on
a trouvé builTon creux, quand on n'a pas trouvé la
chofe ou la perfonne que l'on cherchoit.
[Creux, fignifie auflî , qui eft vide , qui a une cavité
intérieure, foit naturellement, foir par art. Vacuus
; intus & inanis. Les colonnes, les ftatues de métal
font creufes en dedans.
ifT On dit qu'un homme a les yeux creux pour dire
Bij
pour
ïi C R. E
enfoiicés.-d-ansJa tête : qu'on a le ventre creux
dire qu'on a belom de manger.
Le peuple appelle creux ce que les Géomètres appel-
, lent cj'.cave.
Creux, le dit figurcm:nt des viandes légères. îevis.
.Les cornets de métier, les periti choux, la crème
fouettée, font des viandes crcujes , par oppohcion
à nourriture foiide. (jn du autîi de lalvîudque, des
longs récits de vers &ç de profe , que ce font des
viandes creujcs. On dit d'nn repas où il n'y a pas
iuliifamment à manger, qu'il n'y en a pas pour la
' dent crc:jfe de quelqu'un j pour dire qu'il en man-
. geroit bien davantage.
Creux , fe ditaulli au fubftanrif-, cavité, vide , pro-
fondeur. Cavus j cavum. Il eft tombé dans un creux ,
pour dire , dans -un trou. On fe peut cacher dans
■ '\t creux d'un arbre. Le creux delà main. l^Q creux
de l'eftomac \ cavité extérieure qui eil; entre l'efto-
-.mac & la poitrine.
Je ne puis arracher du creux de ma cervelle j
Que des vers plus forces que Ceux delà PuceLle.^ow.,
r. .
G,AEux , en terme de Droit , fe dit des droits cafuels
des Curés, & de tout ce qu'ils reçoivent au-delà
, du gros ou de leur portion congrue. Les creux font
principalement ce qui elt donné aux Curés pour l'ad-
niiniftration des Sacremens, ôc pour les fépultures ,
., les offrandes, les rétributions des MelFes , les fonda-
^ tions, à'c. Le creux s'appelle aulii honoraire.
Creux, fignifie chez les Mulîciens , un voix qui def-
cend fort bas. Ima vox j gravis. Ce Chantre a un beau
, creux de voix.
Creux, chez les Fondeurs , eft un moule dans lequel
. ils jettent leurs figures , ou leurs autres ouvrages.
Typus J jorma. Un creux fert aiifli à ceux qui mou-
lent ei> plâtre & en cire. On a apporté à Paris tous
les creux des plus belles figures de Rome \ les creux
de la colonne Trajane , qu'on a fait mouler. On
^ appelle colonne cnufe , celle qui eft dans un efca-
lier à yis , pour monter jufqu'au deiïlis. Ori le die'
. a-uAî des poinçon^ & coins gravés dont l'empreinte
fait des figures en relief.
ÇaEUx, fe dit figiirément en chofes fpirituelles amo-
rales, & fignifie, vain, léger, peu folide. ïnanis ^
; -va/uis'j y'açuui,Jaifus j levis. C'eft i^rt^rVeàu g eux ,
pu vide j_ un.efprit creux , ou villonnaire j une pen-
fée creuj'e , qui n'a point de folidité. Il le repaie de
vaines cfpérances , d'imaginations crei^è.«. Il ne faut
CRI
long & noir, ainfi que les jambes & toute la tête;
mais le delîous du cou & de la poitrine , &: le dei-
ius des épaules eft blanc. Le relie du corps eft de
couleur cendrée. Ses ailes font brunes ou noirâtres,
avec une ligne blanche fur chaque coté en travers.
L'on n'en voit pas en France. Quelques-uns veulent
que ce loit un Corlieu ou une Barge. Il le nourrie
de petits infeties qu'il trouve fur la terre, & de
mouches qu'il attrape en l'air, ainli que le Vanneau.
Il fait beaucoup de bruit en volant. Le Crex étoit
de mauvais augure chez les Anciens, fur-tgut pour
les mariages. Foye:^ Meziriac, p. it/i.
Cre:^. C'cll auill le nom qu'on donne au cri de FAvo-
ieta, qui eft un oifeauque l'on voit en Italie. Je viens
d'entendre le crex d'un Avofeta.
C R I
CR.I. f. m. Voix haute & pouliée avec effort : grande
élévation ou eftort de voix. Clamor. On le dit des
hommes & des animaux. Les douleurs de la goutte
font jetter dg hauts cris. Dans le fac d'une ville ou
entend plufieurs cns & lamentations. Les Vidoneux
pouiient des cris d'allégrelfe.
|CF Clameur & cri, mots fynonymes par l'idée géné-
rale mais diftingués par l'idée particulière qu'ils pré-
fentent à l'efprit. Cndéfigne limplement une éléva-
tion de voix, fouvent modifiée par des cpithètes. Cla-
meur A\x. quelque chofede tumultueux , d'excefiif , ôC
prefque toujours fans fondement. Refpeéfer le cri
public; méprifer les clameurs des fots, delà populace.
Ce mot eft ancien dans la langue. Il eft Celtique
ou bas Breton. Cri fe dit de la voix ordinaire &:
naturelle de certains oifeaux. Le cri des hiboux, des
orfraies eft de mauvais augure. Le cri de la corneille
annonce la pluie.
On le die aulïï d'une voix plaintive & quelque-
fois balTe , qui fert à témoigner l'oppreffion qu'on
foufFre. Clamor. Un bon Prince ne doit par fermer
l'oreille aux cm , aux plaintes de fon peuple. L'ame
accablée par la douleur , fe foulage & fe relâche par
des pleurs & par des cris. îvîont. L'afïliétion lui
caufoit des cris. S. EvR.
Sio/ij le jour approche oà le Dieu des armées
Va de fon bras puisant faire éclater l'appui j
Et le cri de fo-n peuple ejc monté jufqu.' à lui. Rac<
, prelquc point fonger d'abord aux paroles ; il ne faut Cri public , fignifie, ban, publication qui fe fait !iau
, longer qu'aux chofes, fans lefquelles le difcours eft tement, & après avoir amaiTé le peup
creux & vide de fens. Bouh. Les ponfées creufes Sc
profondes font en quelque façon fejnblables aux aby-
mes , dont la profondeur étonne & trouble la vue.
.iDi Ce qui parqit trop recherché pafle aifément pour
creux, C-c pour chimérique. S. Real. Il ne fe peut
■ rien voir de plus creux ni de plus frivole que cette
penfc-e :c'ell du, faux tout par. Bouii.
On , dit ea ce -fens d'un mélancholique , que c'eft
un fonge-creuxj un rcveur. Inanihus pajat Je Jbm-
i.aiif. ,. ■. , ^-,
Creux, ;eti terme de Marine, eft la hauteur ou dif-
- tancç jQui ,eft entre les b;igx Sç les varangues d'un
: ; yaUîe^ii v.ou^ depuis le dcirqus dti . pont jufqu'à; la
quille : on l'appelle anffi pomal. Il fe prend quel-
- quefois pour le iein d'une yoile qui reçoit «Se enferme
: le yent. : ,.
Creux, en terme de jeu de cartes, fe dit d'un jeu
dont les cartes, ne font point dé fuite. Lesjeux:cre^;c
font les plus difficiles à tenir. :
CREUXER, oiiKREUX. f. m. C'eft en Allemagne tout
, enfemble tiné monnoie courante, <5c une monnpie
de compte.-.',. : , _.:.:'.
.CREX. f.jm. C'eft unoifeati-,,,ajriîî' appelé à caufe de
fon cri, & qu'il répète fonvent «-cv, crex. Cet oi-
. feau eft auirr appelé Avofeta. Il eft haut monté fur
fes jambes comme un chevalier , mais un peu plus
pie , foit en
guerre, foit en fait de police. Promu! gatio auclorc
Magijlratu^ Principis cdiclum ^ Rcgium cdiclum pro-
mirxiatum publiée. On a publié un tel ord^e, un tel
règlement, à fon de trompe, & cr/ public, au fon
du tambour. Les cris fe font dans \ts carrefours &
lieux publics.
Scaliger, dérive ce mot de qiuritare. On appelle
cri public, ce qui eft publié à fonde trompe, par
ordre de Juftice.
Cri , fe- dit anfli en parlant de ces petits Marchands
qui vont vendre ou acheter par la ville de menues
denrées Ou marchandifes , qui annoncent à haute
voix plufieurs chofes pour la commodité du public.
Propolarum venaluia pr&conia , rerum venalium prs.co-
nium. Ainfi on appelle les cris de PariSj ceux des
Gazetiers , des Gagne-petits j des Ramonneurs, des
Revendeufes, &c.'
Cri, en terme de chaffe, fe dit premièrement du cri
naturel de plufieurs animaux, comme du léopard,
de la panthère, de la giraffe, du tigre, du loup-
■cervier , du lièvre, du lapin, du chevreuil & di»
flion. Clamor. Mais à Féga.rd du loup, on dit qu'il
hurle. Ululât. Que le cerf, le daim brament. 'Clamât.
Que le fanglier grumèle. Frendet. Que le boeuf, le
buil-j iSi l'ours beuglent. Mugiunt. Le cheval hennit.
Hinnlt. L âne brair. Rudit.
gros , -moindre néanmoins que le.coriis. Il a le bec ' Cri , fe dit aulli à l'égard des chaftsurs , du bruit qu'ils
c Pc î _ c a. I îi
font quand ils parient aux chiens pour !es fucterj
ou' les aranier à pourluivre la bcice. Clamât: Comme
hcurvùt.-, eft un ai pour fairs letouiner les chiens,
quand ils font hors des voies ;^a'-!j A^/^, <:« poul-
ies faire requérez quand' ils l'oni eii début 5 /lari j . , „ _ ^
/U.77, pour les faire craindre quand lis branlent du'iJCr CRIARD, arde. adj. Qui eà iujec à criei , qui
change. H.iriou eli le cri qu'on fait à la vue du loup ; fe plaint ou gronde louvcnt & fans iujet. CVL.w-i^yw,
& houj hou, qifand on l-e pouruiit. f^ cueau , eli: lej
clice de l'aiguille de l'Opérateur. Sonans :, refonaïui
En réiccrant cette opération tie la cararacfe lui l'oeil
droit, après avoir plongé 1 aigudle à l'oidinuue j fO-
pérareur fencit fous (on aiguule une membrane dura
& criante i qui rélutoi: à l'ar^uiile. Pinson.
cri qu'on fait ans chiens courans, à la vue du re- 1
rard ou du lièvre \ tayau , quand on lance le cerf,]
c:c.
Cri ou Cri d'armes, en terme de Dlafon, eft un
certain mot qui ferc de devife, & qu'on met au cimier
des armes: ce qui vient d'un certain cri, ou lignai
que les chefs de maifons, ou les foldars crioient à
la ouerre. ALchgmus g&ntilitius. Autreloisnul n'étoit
reconnu pour Gentilhomme de nom, d'Armes & de
cri, que celui qui avoiî droit de lever bannière; l'un!
& l'autre fervant à mener des gens à la guerre j à
les rallier, & à les aflembler près du drapeau. Il
y avoir quatre fortes de cris. Le premier pour le ral-
lier pendant ou après le combat : le fécond étoïc
un cri d'heureux préfage ou d'invocation , comme
celui de Cdovis, qui voyoit balancer la vidoire à
la bataille de Tolbiac j Mûiicjoie S, Denis. Le troi-
ficme étoit un défi qui tenoit de la rodomontade 5
& lequ.itrieme fervoit .à fe reconnoître , & à fe dil-
tinguer des ennemis. Le P. Anselme. L'ancien cri
des Rois de France étoit Montjoie S. Denis. Il y avoir
autli des cris de défi, d'invocation , d'exhortation ,de
téfolution, d'év ènement , de commandement , &c. les
cris fervoient aulîi aux Hérauts dans les tournois, pour
appeler lesChevaliers , parce que le cri de plufieurs
étoitceluide leurs noms, de leurs maiioiis iScde leurs
villes. On dit en proverbe àis Maifons d'Ally , Ivlailly
& Crequy , Tel nom, telles Armes, & tel cri. Dans
les tournois, chaque Chevalier avoir fon cri, mais
dans les occafions de guerre, il n'y avoir que les
Chefs qui en pouvoient avoir. Le cri fervoit à fe
rallier : à prcfent le cri de guerre n'eft plus que le
mot du giiet. M. Du Cange a fait une dllfertation
c.urieufe du en d'Armes.
On dit proverbialement qu'il n'y a qu'un cri après
une perfonne \ pour dire qu'on la fouhaite, qu'on
l'actend avec empreirement. On dit aulîî qu'il n'y a
qu'un cri fur quelque chofe, fur une perlonne, pour
que chacun en parle de même manière. On dit :
challer a cor & à cri ■ pour direj chaiîer avec le
cor & les chiens. On dit iigurément, chercher quel-
qu'un à cor & à cri , pour dire, le chercher, en de-
mandast par- tout de fes nouvelles.
CRI AGE. f. m. Pr^co. Crieur public, O.ïcier de la
ville de Paris, qui après le fon de la trompette ou
du tambour, proclame, annonce, déclare quelque
choie au public. Ce mot n'eit plus en ufage. Foye^
de Lnuriere fur Raguea'u.
^' CRIAILLER. V. n. Crier fouvent , faire du bruir à
plulieurs reprifes & fans fujer. Clamicajc. Les fem-
mes font fujettes à criailler. Elle criaille tantôt après
fon mari , tantôt après fon enfant , tantôt après fa
fervante.
ÇCF CRIAILLERIE. f m. Bruit qu'on fait en criant à
différcnres reprifes , foit en contenant , foit e'n fe
plaignant , foit en réprimandant. Clamicatio _, cla-
mor importunas , cucritatio. Un homme ell fouvent
obligé d'éviter fa maifon à caufedes criailleries de fa
femme. Socrate ne fe foucioit pas des criailleries de
la femme Xantipe. Ablanc. \.q% criailleries à.\x '^21-
reau. I».
CRIAÎLLEUR, euse.L Qui criaille, qui fait du bruir.
Ciamator , clamojus. il n'y a point de plaiiir à dif-
purer avec des criailleurs. Il faut ces menus créanciers
cjui font des criailleurs. Ces trois mots font du dii-
cours familier.
§C? CRIANT j ANTÉ. adj. qui fait crier, qui excite
à fe plaindre hautement. Une injuflice criante.
On fur ufage de ce mot en parlant d'une can-
taâe ou membrane dure & qui fait du b.uit tou-
oblatr.itor. C'eit un terme familier. On le dit particu-
lièrement des enfans. Les enlans lont criants, l-'tmma
cruVuC, Les plus grands cnaras ont le plus d'avantags
dans leurs alïemblces. Abl.
^fj" On appelle oifeaux criards ceux qui cricnÈ
beaucoup, comme le geay , la corneille j ixc.
On appelle dctie criardes^ les pentes fommcs qu'on
doit au.x Marchands & Artifans pour de menues four-
nitures de bouche & autres choies j celles des créan-
ciers qui font du bruit, & viennent importuner leurs
débiteurs à force de cris iv de plaintes. Cu:mj'j de:ita.
, Les plus méchans payeurs ont ioin d'acquitter les
dettes critirdes,
m
M-fmcire jufie & bref de nos dettes criardes; Regn»
On dit en Fauconnerie, quand l'oifeau mord, &
qu'il eli criard , il lui faut mettre un chaperon à bec
couverr comme un érui.
CRIARDES, ad), f. pi. On appelle ainlî des rolles extrê-
mement gommées , dont les iemmes font des eipèces
de jupons , pour foutenir & eomnie euHer leur jupes
de delFous. Ce nom leur vient d'un biuit que ces toiles
font, lorlque celles qui en portent, font obligées de
faire quelque mouvement.
CRIBLE, f. m. Infrrument à vanner , à nettoyer le gram ,
le blé, l'avoine. Inllrument tau pour l'ordinaire d'une
peau tendue au dedans d'un cercle , & percée dâ
plufieurs petits trous, pour féparer le bon grain davce
le mauvais, ^ d'avec les ordures. Crihrum , crp'fe-
rium. _, incerniculum. Il y a des cribles à pied dans les
greniers qui font compofés d'une grande auge élevée ;
oLi l'on verfe le grain , qui en coulant fur des petites
planchettes de bois , &• lur pkilîeurs rangs de fil^d'ar-
chal , s'évenie ^ fe nettoie , tandis que la poudre 6c
les ordures coulent le long d'une peau qui eil au der-
rière. , , , , 1
Ifidore dit que crilrum a cré appelé aece nom , quci
ibi currat jnunenv.im. ^
Il y a un crible de main dont on fe fertdans ics écuries
pournettoyer l'avoine chaque foisqu'on la donne aux
chevaux. Il eli compofé d'un grand cercle de bois large
de trois doigts , & d une peati de parchemin enrière-
remeiit percée par des trou, de dilîérenres ligures. Il
y a auilî des cribles qu'on fufpend nu plancher avec
des cordes , afin de pouvoir s'en fervir avec moins de
fatigue. .
^ CRIBLE, dai, s l'économie animale ,& en matieies
de Phyfique , fe dit d'un plan percé de petits trous ^
qui, en refufant palfage à certaines parties groflières ,
en féparent les plus fines , & les admettent. Les Car-
téfiens fe fervent de la comparailon du cr/i'/j pour
expliquer comment les lues de la terre font drlîcrens
fruits , qu.rnd ils montent dans les aibres ; en luppo-
fantque les arbres font percés, cornme les crMes, de
diflc-rente efpèce de trous , qui n'admettent que les
atomes des figures qui leur relfemblent.
Crible^ en teïmes de Pharmacie, eil; un inftrumeuc
dont on fe fert , après avoir pilé quelque drogue dans
un mortier , pour féparer ce qui eli délié d'avec ce qui
efî grollier. On pile de nouveau ce qui n'a pu palfer
6c on le rem.et d'us le crible. Comme il but que le9
poudres foient plus ou moins fubtiles , il a fallu aufli
inventer plufieurs fortes de cribles. Il y en a qui font
faits avec des écorees de tillet coupé , déliées égale-
ment, IcfqueUes on entrelace en façon de treillis. On
en fair d'autres avec un tilfu de crin de cheval , ou de-
foie , tendu d'un côté & d'aucie avec deux ci:.c\zi de!
Crible des Coquilles. De leur variété peut dépendra
celle des coquilles.
î4 CRI
On dit d'une ckofe,qu'elle efl: percée comme un cri- ^
hle , pour dire, quelle w plulieurs trous. Cette tapilFe-
rie elt vieille Repercée comme nncrible. Cet homme
xcciu mille coups en cecre défaite , on le trouva percé
comme un crible. On dit au iigurc. Il taudroit taire
pa'.Fer tout cela par le cnlle. Tout cela elt tamilier.
CRIBLER , V. ad. Nettorer du grain , du blé , de l'a-
voiiie. Cribrare. L'àne de Rabelais difoit qu'il man-
gcoit fort bien de l'avoine fans cribler , & que tant
d'honneur ne lui appartenoit.
Cribler, en termes de Marine, fe dit d'un vailTeau
•qui eft percé , foit par des trous de vers , fou par le
canon dans les œuvres vives , &c qui ell en danger de
couler à fond.
Cribler , fe dit figufémenten chofes morales , & figni-
fie , Eplucher , éprouver , examiner de près & avec
foin. Il fe dit des perfonnes & des chofes. Excutere j
perfcrutari , probare , explorare. Vous n'avez qu'à vous
attendre à être crible comme il faut. Quand Satan
crible les hommes par la permiflion de Dieu, il fe
trouve plus de paille que de bon grain. Herman. On
a bien crible cette affaire , cette propohtion, avant de
prononcer.
Je crible mes raiforts pour en faire bon choix. Rf.aH.
Il ne fe dit plus dans cette acception.
CmsLER , lîgnihe aulli , Prendre tout le meilleur , toute
la fubiîance d'un négoce , d'une ferme. Il n'y a
plus rien à gagner dans va\ tel trafic , dans iin tel parti,
ils ont été tiop bien i.r/i'/c'.i. Terme peu ulité , même
dans le difcours familier.
Cribler , en termes de Pharmacie , fignifie, -Séparer
ce qui ell: délié d'avec ce qui elt groliier. Cribrare. Ce
mot fe dit proprement des choies féches ; & couler
fe dit des liquides. Lorfqu'on veut cnbler quelque
chofe j on prend le crible par le cercle de dellous , &.
on le fecoue contre quelque choie.
Crible, ée , part. Cribratus. Ce mot dans le fens propre,
fe dit du grain qui a palfé par le crible qu'on anertoyé
& féparé du refte de fes immondices en le criblanr.
Un vaifleau criblé àe. coups de canon. Des voiles cri-
blées font des voiles percées , déchirées en pluheurs
endroits par les boulets de canon. Crible fe du auiîi
figurément d'un homme percé de plufieurs coups.
Perjoracus, vulneratus , faucius. Un Officier c/7/!'/e de
coups. Ch. de Riûr. Il a le corps tout crible des coups
qu'il a reçus en quinze batailles.
Criblé, au figuré. On dit d'une Religion où il y a du
bon & du mauvais, qu'elle auroit befoin d'être criblée
pour retenir le bon, en lailfant échapper le mauvais.
Tout cela eft du difcours faivnlier.
On dit proverbialement: Criblé comme unepocle à
châtaignes.
CRIBLEUR, f. m. Celui qui crible le blé. Cribrarius
agitacor. Par un Edit du mois de feptembre 1704,
le Roi a créé en titre d'Offices cinquante Jurés Cri-
bleurs de blé, froment, feigles & orges , fur tous
les ports , halles & marchés de Paris.
CRIBLEUX. adj. m. Terme d'Anatomie. On appelle
os cribleux , un petit ©s qui eft au haut du nez , qui
eft percé comme un crible , pour laiffer palfer plu-
fieurs petites fibres qui viennentdes produèlions mam-
niillaires , & qui vont fe répandre dans les membra-
nes qui tapiffent les cavités des narines. Os cribrarium,
os cxcufforium. Il eft auffi nommé échmoïde. Voyez
Ethmoi'de.
CRIBLURE. f. m. Le mauvais grain 5c les ordures qui
reftent après qu'on en a retiré le meilleur par le
grancl crible.' Excraum. Je ne veux pas acheter ce
tas de blé autant que l'autre , ce ne font que des
criblures.
CRIBRATION , ou CRIBELLATION. f. f. Terme de
Pharmacie , eft une fépararion des parties les plus
déliées des médicamens fecs ,& généralement de tout
corps pilé , d'avec les plus groOières , qui fe fait par
le moyen de différens cribles & tamis. Cribraria ex-
cufflo
CRI'
fait une chofe qu'on déchire. Crepitus ,fragor ,flridor.
Il fe joint ordinairement avec trac. On prononce le c
final dans tous les deux. Quand on rompt une choie
avec violence , elle fait cric , crac. Les ivrognes difent
aulh dans la débauche , cric Se crac , pour s'inviter à
boire , ce qui eft tiié du Jargon de i'Argot , où il
lignifie, ye boi à coi. Nous avons porté auttefois en
France des fouliers au cric , crac , qiu faifoient quelque
eipèce d'harmonie. Vign. Marv.
CRIC. f. m. ( ne prononcez point le c final. ) Terme de
Aiéchanicpe. C'eftune machine qui fert à lever de
très-pefans £irdeaux. Machina tollendis ponderibus.
Elle eft compofée d'une roue dentée , ou pignon qui
fe meut avec une manivelle j &C qui fait élever une
groife barre de fer aulli dentée , quand les dents du
pignon entrent dans les dents de la barre. Le tout
eft enfermé dans une bocte qui eft aufli de fer. Cec
inftrument fert aux Charrons , à l'artillerie , & ordi-
nairement pour foulever le train d'un carolfe.
CRiCO ARITENOÏDIEN. Terme d'Anatomie. C'eft un
nom que l'on donne à deux paires de raufcles ouvreurs
du larynx. Il y a les cricoariténoïdiem poftérieurs , &
les cricoariténoïdiens latéraux. Les premiers font la
première paire des ouvreurs du larynx, dont les fé-
conds font la féconde paire. Les cricoariténoïdiens
poftérieurs font ceux qui ptennent leur origine à la
partie poftcrieure & intérieure du cartilage cricoide
&: qui s'infèrent à la partie fupérieure & poftérieute
de î'ariténoide. Lts latéraux prennent leur origine
du bord de la partie latérale 6c «fupérieure du cri-
coide , s'infèrent à la partie latérale & fupérieure
de I'ariténoide. On voir dans ce que nous venons
de dire la raifon & l'étymologie de ce nom.
CRICOÏDE. adj. quelquefois employé fubftantivement.
Terme d'Anatomie. C'eft un cartilage du larynx ap-
pelé cricoide y c'eft-à-dire, annulaire, par ce qu'il eft
rond comme un anneau, & qu'il environne tout le
larynx. Cricoides. Ce mot eft formé de Kç/xos^ qui
s'eft dit par métathèfe ou tranfpofition , pourx/{xw,
cercle, & de ù^ct,Jorme , qui a la forme d'un cercle
ou anneau. Le cricoide qui eft le fécond cartilage du
larynx , eft étroit par devant, large & épais par der-
rière , fert de baie à tous les autres cartilages , &C
eft comme enchafte dans le tiroïde. C'eft par fon
moyen que les autres cartilages font joints à la tra-
chée-artère \ c'eft pourquoi il elt immobile.
CRICO- PHARYNGIEN, adj. & fubft. m. Qui fe dit
en Anatomie de quelques mufcles du pharynx. Crico-
pharyngius. Les crico-pharyngiens fonr attachés cha-
cun au bas du cartil.age cricoide. Ils ne fonr qu'une
fuite des thyro-pharyngiens, & ne donnent autre mar-
que de diftinétion que les attaches & une direction
un peu différente, en ce qu'en allant en arrière, ils
deicendent un peu. C'eft ce qui m'a fait quelquefois
prendre ces deux mufcles pour un feul, & le nom-
mer thyro-crico-pharyngicn. 'VVinslow. Les plus in-
férieures de ces fibres fonr un contour entier en ar-
rière depuis un côté de la bafe du carrilage cricoide ,
jufqu'à l'autre côté, lequel contour fait le commen-
cement de l'œfophage , & a donné occation à quel-
ques - uns de le regarder comme un mufcle parti-
culier fous le nom de mufcle œfophagien. Id.
CRICO-THYRO-HYOÏDIEN. adj. & f. Terme d'A-
natomie. On dit auili cricothyroidien &cricothyroide.
M. 'Winflow emploie les deux premières indifférem-
ment. Les Crico-rhyrohyoldiens , ou Cricorhyro'i-
des , font deux petits mufoles placés au bas du car-
tilage thyroïde l'un près de l'autre ; & par leurs ex-
trémités fupérieures ils font attachés latéralement
au bord inférieure du cartilage thyroïde, l'un écarté
de l'autre. Par cette fituation oblique ces deux pe-
tits mufcles reprcfentent un V romain. W^inslow.
Crico - thyroïdien eft un nom que l'on donne à
des mufcles du larynx. Les crico-thyroïdiens font la
première paire de mufcles propres du larynx. Leuc
nom vient de ce qu'ils prennent leur origine de
la partie latérale & antérieure du cricoide. Se vont
GRIC Terme indéclinable , qui exprime le bruit que s'inférer à la partie inférieure de l'aile du tytoide
CRÏ
CRIE. f. f. Promulgatio. Ce mot, qui n'ed plu? en ula-}
ge, fe difoit aunefois pour cri^ proclamation. Il y a
encote à Bourges la pierre de la aie , c'ell à-dire , ou
fe faifoieiit les cris publics.
§C? Il y avoit autrefois à Paris la pierre de mar-
bre dans la cour du Palais qui fervoit au même uia-
ge : il y en avoit nicme dans les autres Villes que 1 on
appeioit crie de la Ville.
CRIHE. f- f- Publication en Juftice des chofes à met-
tre à l'enchère ou au rabais. A'uàio. La cride des
meubles exécutés fe doit faire en place publique ,
& les jours de marché. On tera la crije &: l'adju-
dication de cette terre à une telle heure à la barre
de la Cour. Quand on a réiolu lentreprife d'un bâti
ment public, on en tait la crije au rabais.
CRIEE Parisis. Augmentation de prix des meubles
qui s'achectent fur la piitée de l'inventaire. Quand
on prend des meubles lur le pied de la pritce d un
inventaire, on ell obligé d'y joindre le paiitis, qu'on
appelle autrement crije. Voyez Parisis. Une veuve
peut prendre fon préciput en meubles, fuivant la
prifée , en y ajoutant la t/vte.
CaiÉt , fe àii plus particulièrement de cette forma-
lité elfentielle aux décrets qui conlille en quatre pu-
blications qui fe font à la porte des Eglifes Paroif-
lîalcs, des immeubles dont on pourfuit la vente en
Juftice. Prôicù.'tiiW! ^ promui^ûtto. La première j la fé-
conde criée, &c. On les
CRÎ if
On dit plumer la poule fans crier ; pour dire, exi-
ger des choies qui ne font pas dues d'une iws.niere
adroite, fîiis bruit iSi fans éclat.
|C7" On dit encore criera pleine tète, comme un
fou, comme un enragé, comme un aveugle qui a
perdu ion bâton : crur à tue- tète. Exprefiions pro-
verbiales & familières.
^fT Crier, dans la fignihcation de gronder, répri-
mander en élevant la voix. Gbjuroare ^ increpini ^
vocijerari. Cette femme crie toujours après fou mari,
elle_ ne fait que crier, laiiTez-la aier. C'eft un maître
difficile, de mauvaife humeur, qui fans cefle crie
après fes domeftiques.
|fCr C'eft encore élever la voix pour fe plaindre,
quelquefois avec aigreur. Queri , conqueri , expojlu-
lare. On crie d'une chofe, d'une in juftice, contre une
injuftice. Il ell accoutumé à entendre critr contre lui.
On crie depuis long temps contre la dureté &; l'in-
folence des Traitans. Le peuple cric contre les im-
pôts. Il eft fi naturel de fe plaindre ^ de crier,
qu'il y autoit de la ftupidité à fouffrir fans dire
mot.
ffT Crier, élever la voix pour donner confeii. ^d-
monere. Il y a long-temps qu'on lui crie qu'à fon
âge il devroit être plus fage.
Et que f en ci Cotin la raifon qui lui crie ,
N'écris plus j guéris -toi de ta vaine Jolie ? Boit.
appelle autrement Les qua-
tre quator-^aines , parce qu'il faut qu il y au quatorze
jours d'intervalle entre chacune. En ^ays de Droit I/O" Crier, blâmer publiquement. Les ptédicateurs
cent on fait une quinte & futabondante crite, Ln
ce fens on tiit, certilicanons Azciices , certificateur
de cri-ics , en parlant de l'atteftation de ceiax qui at-
teftent que les criées ont été faites dans les règles.
Un procès verbal de criées.
Criées , fe prend quelquefois pour toute la fuite de
la procédure du décret. En ce fens on appelle un
pourluivant cnVej , celui lous le nom duquel fe fait
toute la procédure. On dit qu'un bien eft en criées,
quand il eft failî réelL^ment. Il faut s'oppofer du-
rant le cours des criées pour conferver ion hypo-
thèque.
CRIEE, ancien Bourg de la Vicomte d'Eu , qui a eu
auttefois trois ParoilTes , réduites aujourd'hui à une
feule. Defcript. Geogr. & Hijl. de lu haute Norm. T.
l.p. 6ô.
^CT CRIER, v. n. Elever la voix avec effort ^ poufter
un ou plufieurs cris. Clamare 3 clamorem edere. Il
crioit de toutes fes forces. Il crioit (î fort qu'on l'en-
tendoit de bien loin. Ne faites point crier ces en-
fans.
IKJ" On dit que les boyaux crient à quelqu'un,
pour dire qu'ils font du biuit. Jntejtina murmurant.
En parlant d'une chofe dure qui frotte rudement
contre une autre , on dit figutément qu'elle crie ,
c'eft à-dire cju'clle rend un fon aigre & défagiéable.
Stridere, Jîridorem edcre. Cette porte cne quand on
la ferme. Cet eftîeu crie, Virgile a dit _, Jlridemia
plaujlra , des chariots dont les roues font mal graif
£èes.
Nicod dérive ce mot du Grec «.fl^^ , lignifiant
la même cliofe. Ménage le dérive du latin quâ.rita-
re J d'où les Italiens ont fait aufti gridare. D'autres
croient qu'il vient de l'Allemand /cVireje/î, lignifiant
s'écrier.
ffT Crier , fe dit aufii de cette élévation de voix pré-
cipitée par laquelle on demande du fecours dans
un accident inopiné. Crier au feu. Clamare aquam.
Crier au meurtre, aux voleurs , à l'aide , au fecours.
Inclamare. On dit de même crier merci , crier mi-
féricorde.
Crier, fignifie aulli prononcer fes paroles d'un
ton de voix élevé, vocern tollere. Il y a des gens qui
veulent l'emporter fur les autres à force de crier j
qui ne fauroient difputer fans crier.
Tai des forces, du feu, de l'efprit , de l'étude;
Et jam.iisjur les bancs on ne vit Bachelier ,
Qui fût plus à propos interrompre & crier. Vili.
dans les chaires crient contre la débauche , contre le
luxej, contre le vice.
fiCFOn dit figurément qu'unechofe cn'evengeance,
pour dire qu'elle demande vengeance. Cette injuftice
crie vengeance.
fCTCRiER, jetter certaincri, foitpourrallierles troupes
dans un combat, foit pour témoigner fa joie dans
une occafion particulière. Les François en allant au
combat criaient autrefois Montjoie Saint-Denis. V.
Cri. On crie vivat, vive le Roi. On crie le Roi boit,
le jour des Rois.
On dit proverbialement: on a tant cnV Noël qu'il
eft venu ; pour dire, t]u'on a tant demandé &c defiré
une chofe , qu'elle eft arrivée.
Crier . v. a. fignifie , Proclamer en Juftice pour trou-
ver des enchérilfeurs- Publicare, aliquid per auclio-
ncm vende re , praconiurnjacere alicujus rei , auclionari.
Ces meubles ont été criés &c vendus au plus offrant.
& dernier enchériîîeur. On a crie ces ouvrages , ces
réparations au rabais. On le dit plus particulièrement
des immeubles. On a crié cette terre dans les formes ,
on a fut les quatre quatorzaines. Au Châtelet de
Paris il faut avoir un congé de crier , avant que de
procéder aux ctiécs.
Crier, fignifie encore, Publier folemnellement dans
les places publiques, & à fon de trompe , des régle-
mens , des ordonnances , ou autres chofes qu'il faut
que tout le monde fâche. Aliquid , auclore magiflratu,
principe y promulgare, denunciare , edicere. On a crié
l'ouverture de la Foire. On a crie un tel à trois briefs
jours.
Crier dans a lous , lignifie citer quelqu'un , & lui
ordonner de comparoître devant le Juge dans le temps
marqué.
Crier , dans la même fîgnification , fe dit pour pro-
clamer en Juftice pour retrouver une chofe égarée
ou perdue. On fait crier un enfant perdu. On a crie
ce bijou.
On le dit aulîîdeceuxqui vont vendre quelque chofe
par les rues. On cric de la falade , des choux, des na-
vets J des fruits.
Crier Haro, eft un nfiige de Normandie, qui £iit
qu'on arrête un homme , on faifit une chofe d'auto-
rité privée , pour les conduire fur le champ devant
le Juge , ou en prifon. On a crié haro fur lui & fur fa
bête. Voy. Haro.
On dit aulli figurément. Crier haro fur une per-
fonne ; pour dire , Se plaindre hautement d'elle ,
lui dire des injures partoutoù on la trouve. Ohjurgare.
r^
C R 1
Crier, fe dit auffi des chiens de chalFe , & fignifie,^
abboyer en chairant. Adlatrdn , oblatraic. J'ai des \
. chiens qui crhnt comaie il faut. i
Crié , EE.parr. S
CllIE'rlI£ , f f. Action de celui qui crie , le bruit qu'il \
tait en criant. On n'eiicend en cette mailon que des
crierhs perpccueiies. Lfn bon Juge ne doit pas s'émou-
voir par les cr^trus des parties. C'elc un ternie fa-
milier.
CRIEUR, EUSE. f. Qui fait du bruit foir en querellant
foit, en ie plaignant , foit d'autre manière. Claniator,
clamofa:nuLicr. Dans les diiputesles plus grands i-.ridi/rj
ont le plus iouvent l'avantage. C'elt un ctieur psrpé
tuel. Cette femme ne peut garder de domelliques ,
c'ePc une trop grande crieufc.
Crieor , le dit auiîi de ceux qui vendent , ou qui
achettsnt de menues marchandifes en criant par les
rucs. Pr6xo reru'm venaiium. Un crieur de gazette. Un
cricur àz vieux paifemens d'argent. Un aïf/^r de vieux
louliirs ic de chapeaux.
Cf.ieur , eil aulli un Oiiicier public qui va publier par
les carrefours les ordres delà JufticCj les réglemens ,
.le-3 défenfes, les aiîî^ijnanons à trois briefs jours. Pr.zco.
Le Juré Crieur c'a aiîiltéde trois Trompettes , quand
il tait un cri public.
Chez les Romains il y avoir au Théâtre une efpèce
de Crkur public , dont l'otfice éroit de publier de
dellus le théâtre , ce que le Prince , ou le Migill:iat
oidonnoit ciui le fût j & de lire ce que les Comé-
diens kudonnoientà lire^ foit pour demander quel-
que chofe au Prince, ou au peuple , foit pour avertir
de quelque choie , et hure les Annonces. Foye^
Martial, dans la Préface de Ion lecond livre \ & Tur-
nèbe , Adverf. L. XXV. c. b'.
Crieurs de corps et de Vins. C'étoit autrefois des
Officiers de Ville qui étoient établis pour annoncer ie
vin qui étoità vendre , les enfins, les papiers , ou
les autres ciioles égarées ou perdues , afin qu'on les
. pût recouvrer , & pour avertir qu'on eût à prier Dieu
pour quelqu'un , & à fe trouver à fes funérailles.
Pritco. Maintenant leurs fonctions font réduites à
faire les cérémonies des enterremens. FefpUlo. Aux
■fervices des i^rinces les Jurés Crieurs vont faire la
fémonce avec leurs habits de cérémonie & leurs clo-
chettes- Les Maîtres Peintres ont fut défenfe à tous
Cr/Vt/rj d'entreprendre & de frire aucunes armes ^ ou
banderoUes , pour les funérailles & cérémonies.
;CR1M. Cn/nea , autrement CRIMENDA , Cnme/hla ,
de SOLAT. Sûlatiim. Ville autrefois , maintenant
village des petits Tartares en Europe ^ elle eft dans
la Crimée , à laquelle on donne fon nom , fur la
rivière de Gérukélu. Quelques-uns veulent que Crl;;i
i'oir. le Ciinmerium des Anciens. D'Herbelot en parle.
CRIME, f. m. Signifie en général une faute énorme,
une aéfion faite contre la prohibition de !a loi, foit
naturelle , foit divine , fou eccléiiallique , foit civile,
laquelle alfujettit à quelque peine. Crimen. Les Ko- !
mains dillinguoienr deux efpèces de crimes : [escrimes I
privés , qui ne regardoient q-ue les particuliers , & !
•dent la pourluite n'éioit pennife par les Loix qu'à]
ceux qui y éroienc intérelfés : &C les crimes publics ,
dont la pouriuite écoit permife à toutes fortes de
perfonncs , bien que non intéreifées. En France les s
crimes fe divifent en capicaux ou cas royaux , corn- \
me les criâmes d'Etat & de lèze Majefté , ainHinat ,|
vol, fudieté, qui méritent la mort, qui font de la:
tonnoilîance des Juges Royaux ; & en délies communs , ;
comme fimple fornication, violation de vccu , &!
autres dont le Juge Ecclédaitique peut connoîrre. Il
y a des crimrs pour lefquels nos Rois ont déclare
qu'ils ne vouloient point donner ni oèlroyer d'abo-
lition ni de grâce. Bp.uneau. Ces cri.-res font le par-
ricide, le duel , l'aflaliinat , l'empoifonnement , le
rapt commis par violence, l'outrage fait aux Magif-
trats & Officiers dans l'exercice de leurs charges , 6r.
Le mot de cime, pris dans une lignification moins
étendue, dans le fens grammatical, peut être conli-
déré comme une adion énorme qui blcile les loix
de la niture.
C R I
Lu faute :, ait M. l'Abbé Girard, tient de la foi-
bielle humaine \ elle va contre les régies du devoir.
Le crime patt de la malice du cœur : il ell contre les
loix de la nature. Lq pcchériQ fe dit que par rapport
aux préceptes de la Religion. Il va proprement contre
les mouvemsns de la confcience. Le délit part de !a
défobéiiiance ou de la rébellion contre l'autorité lé-
gitime. Il eft une tranfgredion de la loi civile \ voilà
pourquoi il^ft du ftyle du Palais. Le for/air viim de
la fcélérateiie , ôc d'une corruption entière du cœur ;
il blelfe les fentimens d'humanité, viole la foi , &C
attaque la futeté publique. Il faut pardonner hfauie^
punir le cnme, ne point décider fur le péché, exa-
miner la nature du dét'ic , Savoir horreur daforfaic.
Les intrigues de galanterie font des Jcutes : les alfafli-
nats font des crimes : les menfonges font àts péchés :
les duels & les contrebandes font des délits : les em-
poifonnemens font des Jorjairs.
Ainii le mot faute peut être regardé comme le mot
générique : il dit moins que les autres , quand il n'eft
point modifié par des épithètes aggravantes. Foye}[^
tous ces mors.
Le nom de crime renferme en foi l'idée d'une dé-
termination Se d'un deifein formé de faire injure :
ainh ce n'eft pas l'aifion extérieure qu'il faut punir
dans le cnme , c'ell l'intention intérieure. Le Mait.
La iimple conception du crime , Ik même le confen-
tement de la volonté , n'ert point du rellort de la.
Jullice humaine. De launay. Sous le règne de Tibère
le crime étoit moins dangereux que la vertu. S. EvR.
Il y a des crimes qui deviennent innocens , & même
glorieux par leur éclat : de là vient que prendre des
Provinces injudement, s'appelle faire des conquêtes.
P.ocH. Ses ennemis lui ont fait des trimes de tout
ce qui leur déplaifoit. Nicol. Lucrèce, cette prude
farouche , ne put fe pardonner le crime d'un autre.
S. EvR. Le crime trouve moins d'averfion dans les
efprits , lorfqu'on met tant d'adrelle & de dextérité
à le conduire. Id. Dans le Droit les crimes les plus
atroces s'appellent du nom de crimes , & les moindres
s'appellent délits. Lange.
Donnez-moi des confeils tjui foient plus légitimes ,
Et plaigne^ mes malheurs fans m' ordonner des crimes.
Corn.
C'ejl un crime d'Etat que d'en pouvoir commettre. Id.
Ce mot vient du Latin crimen , qui vient dq Grec
»»/v« , judicû , comme qui diroit , aéVion digne d'être
déférée au Juge , & d'être punie.
On dit qu'un homme elf atteint & convaincu de
crime , lotfqu'il a été condamné juridiquement : voye':ç_
au mot convaincu y ôc qu'il eft pré/enu de crime y
lorfqu'il elt feulement accufé , & qu'il n'y a qu'un
Imiple décret contre lui.
Crime , en termes de Dévotion , fe dit de tous les
grands péchés , ou péchés mortels qu'on commet
contre Dieu. Il y en a qui fe croient gens de bien ,
feulement parce qu'ils s'abftiennent des crimes les
plus crolîiers. Claud.
Quelles excufes ne trouverois je pas en votre per-
fonne , fi le crime pouvoit s'excufet ? Abad. Il fentoic
les remords que l'on fent lorfqu'avec beaucoup de
vertu l'on ell fur le point de commettre un grand
crime. Vill. Une femme s'affermit dans \e crime y
quand on lui ravit la honte qui la pouvoit retenir,
ViLL.
De mes crimes pa[fés , je fais un faint ufage.
L'Abbé Tétu.
Crime, fe dit auflî dans la converfation ordinaire,
d'une faute que l'on commet, ou dans la conduite,
ou contre le devoir, oucontre l'amitié. Vous n'avez
pu fans crime violer les loix d'une li étroite amitié.
S. EvR,
CRIMEE. Crhnéia, Tartaria Crim&a , ou Procopenjis ^
Tcurica Ckerfonefus, C'eft la plus confidérable partie
de
CRI
■âe la petite Tartûriej État d'Europe tributaire du'^
Grand Seigneur. La Crimée eft la prelqu'île que les ,
Anciens ont connue fous le nom de Cherlbneie Tau- j
rique, ouScythique, ouCimmériene, parce qu'ils!
appeloient les peuples qui l'occupoient Tauriques,
Scythes , ou Cimmcriens. Ils l'apeioient encore Cher-
fonele Pontique, parce qu'elle s'avance lur le Pont,
ou Pont-Euxin, c'elt-à-dire, la Mer Noire, qui la]
baigne au midi & au couchant. Elle a au levante
le détroit de CafFa , qui la fcpare de la Circalvie ,
& au nord la Mer de Zabache , le lac de Suco-
Morzi, & un petit Illhme de demi - lieue de lar-
geur, qui la joint au pays des Tartares Nogais.
Les Tartares ont encore tire dans cet Illhme un tolFé
du lac Morzi au GolFe de Nigréppli, pour couper
cet IlHime & rendre la Çrimcc plus inacceffible.
On nomme encore ce pays Crim , Tartarie de Cnm ,
ou Tarrarie de Précop, ou Précopenfe j à caufe d'une
ville qui eft dans l'Illhme , & que les Polonois ap-
pelienc Piécop,ou Krimski. Mais le nom le plus
ordinaire en François eft Crimée, comme l'a remar-
qué d'Herbelot, & non pas Cnm. P^oye\ fur la Cn-
mee les Mémoires des Miffloris du Levant, imprimés
en 171 5. où l'on écrit Crimée. Il y a dans ce livre un
voyage de Crimée tait en 1701. par le Sieur Fer-
rand, Médecin François : il y a des chofes curieufes
dans cette relation.
CRIMINALISER. v. a. Terme de Pratique, qui fe
dit lorfque d'un procès civil, on en ix\z un cri-
minel. Criminalifer une affaire, la rendre crimi-
nelle.
Criminalisé, ée. Part*
CRIMINALISTE. f. m. Auteur qui a écrit fur les ma-
tières criminelles. J'ai dit que les peines félon l'é-
normité des crimes funt marquées par le Droit Ro-
main. Parmi nous on pourra lire Maluer , Jean
Imber, &:c. & les autres CriminaliJIes. Brun.
Criminaliste , fe dit aulli de celui qui eft inftruit
fur les matières criminelles. C'eft.un bon Crimi-
nalifie.
Naudé s'eft fervi de ce mot dans fon Mafcurat
pour figniher Juge Criminel , Juge du criminel ,
Lieutenant Criminel, lierum capitalium cognicor, Ju-
dex. Cela montre bien, dit-il, que tous les Juges
n'ont pas lu ce qui arriva au Cardinal Paulo Are-
fio , lorfqu'il n'étoit encore que Criminalijie à Na-
ples. Il quitta enfuite la judicature , & prit l'habit
de Théatin , fous lequel il vécut h religieufement,
que Pie V, lui donna le bonnet rouge. Masc. p. j2j.
En parlant de -nos Juges de France j il ne faudroit
peint fe fervir de ce mot, mais dire Lieutenant
Criminel.
CRIMINEL, ELLE. adj. Ce qui appartient au crime,
&c fe du tant de la méchante action qui eft com-j
mife, que de la Juftice des Officiers établis pour s
la punir. CriiriinaHs-. L'intention, les circonftancesj
font qu'une chofe eft tantôt innocente , tantôt cri-
mineile. L'action criminelle eft éteinte & prefcrire
par le temps de 10. années , à l'égard de la peine ,
• & non pas à l'égard des intérêts civils. Un Juge
Civil & Criminel, un Greffier Criminel, font les
Officiers qui inlVruifent les procès des accufés. Le
Code Civil, le Code Criminel.
(fT Autrefois on décidoit les procès criminels par
*^^ combat & par le duel, f^oyei Combat.
§CF Dans cette acception il fe prend quelquefois
fubftantivement, en parlant foit de matière cnmi-
nelle y foit de procédure criminelle. On dit tirer une
affaire au criminel. Il eft plus en peine pour le cri-
minel que pour le Civil.
On diftingue au Palais le grand criminel & le
petit criminel. Le grand criminel fe dit des procès
qu'on juge à la Tournelle Criminelle , & fur lef-
quels il peut intervenir condamnation à peine af-
fliétive : & en ce fens on les appelle injlruits à
l'extraordinaire. Berum capitalium Tribunal. Le petit
crirninel fe dit de ceux où il ne s'agit que de répa-
rations, ou d'amendes qu'on peut juger aux En-'
quêtes ; & en ce cas on dit qu'un homme eft reçu i
Tome IIL
C R ï 17
en procès ordinaire , pour dire, que fon affaire eft
civihlée. lierum crtminalium Icviurum Tribunal. Il y
a au Parlement un Greffe parriculier pour le petit
criminel.
%T On dit proverbialement & hgurément, pren-
dre quelque chofe au criminel, s'en tenir offenfé.
Aller d''abord au criminel, juger malignement d'une
chofe fur la moindre apparence.
Criminel , fe dit auffi figurément des organes ,
des inftrumens du crime. Crimmalis , noccns. L'E-
vangile confeille d'arracher les yeux criminels qui
nous fcandalifent. Il a trempé fes mains criminelles
dans le fang du jufte.
Criminel , fe dit auiiî par rapport aux aéticns , ou
aux pallions mauvaifes , ou illicites. Une femme,
parce qu'elle eft aimabre, eft -elle obligée en bonne
confcience .à fe féqueftrer du monde , dé peur d'al-
lumer des delirs criminels ? S. EvR.
B.ien ne peut
Régler de nos dejirs la pente criminelle.
Pavillon.'
J)'un criminel amour détruijè^ le pouvoir.
L'Abbé Tétu.
CRIMINEL, ELLE. f. m. &: £ Celui, ou celle qui a
commis un crime. Nocens , fons. Un accufé fe rend
criminel par la fuite. Il vaut mieux pardonner à un
criminel , que de punir un innocenr. Courtin. Sous
un règne plein de foupçons, c'eft être criminel à' E-
tat , que d'être capable de le troubler. Le Gend.
Un Juge qui ne pu;iit que pour exécuter les loix ,
ne fe repaît point du lupplice des criminels , &c ne
s'en tait point un fpeétacle de plaihr. Jur. Nous
fommes ici-ba? comme des criminels dans leur pri-
fon , toujours incertains de leur fupplicc Nicot.
A Venife , comme anciennement à Rome , les
criminels font détendus par des plaidoyers pleins
de ligures, pour émouvoir la pitié des Juges. S,
Didier,
Ec parmi les pauvres mortels _,
Quelque] ois ceux que l'on encenfe
Ne J'ont que de grands criminels jï
A qui notre feule ignorance ,
Au lieu de chàtimens , décerne des autels.
I/C? En jurifprudence, on appelle criminel, celui
qui eft atteint Se convaincu de quelque crime , juf-
qu'au jugemenr il n'eft qualifié que d'accufé.
iCT Un Prélident du Parlement de'Bourdeaux a
fait un traité fur la manière dont on faifoit à Rome
le procès aux criminels. Le Concile de Mayence
de l'an S47. ordonne au 7^ Can. que les criminels
condamnés à mort ne feront privés ni des prières
de l'Eglife après leur morr, ni de la communion
pendant qu'ils vivent encore , s'ils font vraiment
pénitens : quelques-uns par le mot de communion
n'entendent que l'abfolution.
On dit d'un homme qui interrage trop particu-
lièrement un autre, qui lui veut tirer les vers du
nez, que c'eft un bon Lieutenant Criminel. On die
aulli d'un homme qui interprête mal les chofes ,
qu'il prend tout au criminel , qu'il va toujours au
criminel.
CRIMINELLEiMENT. adv. D'une manière criminelle.
Crim.inalitcr , cfiminose , capitaliter. Ce qui ^ fuivanc
les différentes acceptions du mot criminel, fignifie
par procédure criminelle, d'une manière qui rend
criminel devant Dieu, ou d'une manière odieufe,
avec malignité , en mauvaife part. Cette affaire
fe pourfuir criminellement. On aime une femm^,
on la regarde criminellement. On prend, on inter-
prête une chofe criminellement. Le peuple , cette
bête féroce , n'entre dans aucune difcuftion des
chofes mêmes dont elle juge criminellement. S. Real.
CRIMNUM. f.m. Voyc:^ FROMENTÉE. c'eft la mê-
me chofe.
i8 CRI
CRIM-TARTARE. f. m. Ik f.Nom depeupIe.Habitant
de Crimée. Cnmieus Tartarus, Les Cnm - Tartares
écrafen: le nez de leurs entans , & croient que c'eft
une folie de porter un nez devant les yeux. Vign.
Marv.
CRIN. 1". m. Long poil qui vient au cou & à la queue
des chevaux & de quelques autres animaux. Juba.
Quand le cheval fe cabre, on le prend aux crins.
Le crin lert à plulierus utages, à garnir des fom-
miers , des matelas , des felles , des chaifes , à faire des
bouries, des boutons, des cordons de chapeau , &c.
Ce mot vient de crinis , Nicod. Et crlnis , félon le P.
Pezron, eft pris fur le crin des Celtes, qui veut dire,
aride , n'y ayant rien de plus fsc & aride que les
cheveux. Pezron.
^fT On dit populairement prendre quelqu'un au
crin &c aux crins, le prendre aux cheveux. Se prendre
aux crins , fe prendre aux cheveux. Ces deux hom
mes fe font pris aux crins & fe lont battus.
Crin d'Archet. Terme de Luthier. Crin qu'on frotte
avec de la colophane, & dont on fe fert pour faire
refonner quelques iiilhumens de Muiique, comme
violes, violons, &c. Pleclrum.
•JCTCrin. Terme de Métallurgie. C'eft ainfi qu'on ap-
pelle dans l'exploitation des mines une interruption
de la mine ou du filon , caufée par l'approche d'un
ban de pierre.
CRINAL. f. m. Crinale, is. Inftrument de Chirurgie
pour comprimer la fiftule lacrymale, f^oye^ le Did.
de M. Col de Villars.
CRINIER. f. m. Artifan qui accommode le crin., & le
met en état d'être employé par les Selliers, Tapif-
fiers & Bourreliers. Qui jubasaptat in opus quodliber.
CRINIÈRE, f. f. En terme de ALanège, eft le crin qui
eft fur le haut de l'encolure du cheval, tout le crin
qui eft depuis le toupet jufqu'au f arot. Juba. Les cri-
nières larges font moins eftimées que les autres. Ce
cheval a une belle crinière. On dit ironiquement de
ceux qui ont de vilains cheveux , qu'ils ont une
vilaine crinière.
Crinière eft aulïî une couverture de cheval qu'on met
fur les crins depuis le haut de la tête jufqu'au furfaix.
Jubtzjlragulum. On en ufe en Angleterre, & en plu-
fieurs autres endroits.
Crinière j fedit plus particulièrement du crin qui eft
fur le cou des \ions. Juba. Un lion en fureur fecoue
d'abord fa crinière.
On appelle quelquefois la Comète , une étoile à
longue crinière. Crinitus cometa. Voy. Comète.
CRI NON. f. m. Sorte de petits vers qui viennent fous
la peau des enfans, & qui font en forme de gros
cheveux courts, ou de foie de fangliers. Par le moyen
du microfcope ils paroiirent de couleur de cendre,
ayant deux longues cornes, les yeux ronds & grands,
la queue longue & velue au bout; en un mot , hor-
ribles à voir. Ils occupent ordinairement les parties
mufculeufes du dos , des épaules \ du gras de la jam-
be au- dedous de l'épiderme, & caufent une deman-
geaifon continuelle & fâcheufe, qui eft très-fenfible,
& des inquiétudes , des cris & des infomnies aux
enfans , qui s.'aimaigriflent & tombent enfin en lan-
gueur : ce qui fait dire à plufieurs mères que leurs
enfans font enforcelés. Les enfans foibles & délicats
y font le plus fujets. La caufe des crinons eft la fup-
preffion de la tranfpiration infenfible ,: la matière
retenue fe pourrit , & les femencesou les œufs qu'elle
contient venant à éclorre par une chaleur douce &:
modérée, fe converriftent en ces petits vers. On les
découvre, & on guérit l'enfant en le mettant dans
lin bain , où on le frotte bien avec du miel. Les cri-
nons fortent avec la fuenr, & il eft facile de les racler
& de les arracher avec un rafoir, ou une croûte de
• pain , tandis qu'ils montrent la tète. Quelques-uns ,
au lieu de ce bain, mettent les enflms jufqu'au cou
dans une ledive où ils tout bouillir de la fiente de
poule , & les y lailfent fuer , en excitant les crinons
avec leurs main'; enduites de miel. Sitôt qu'ils paroif-
fent , on les racle de la même manière : ce qu'il faut
coniinuer deux ou trois jours , jufqu'à ce qu'on n'en
CRI
voye plus fortir. On les appelle comedones , du verbe
Latin comedercy manger, à caufe de la maigieur des
entans dont ils mangent la nourriture \ ou crimones,
de crinis, chcveuj parce qu'ils fortent d'ordinaire par
les pores de la peau, en forme de cheveux courts, ou
de poils noirs, ^oye^ DliAij UA'CVlUS.
CRIOBOLE. f. m. Terme d'Antiquaire. Sacrifice d'un
mouton , d'un bélier. Crioboliurn. Le Criohole fe fai-
foit autrefois chez les payens à l'honneur d'Atys ,
comme leTaurobole fe faifoit à l'honneur de Cybèle
mère des Dieux. Ce facrifice fe trouve marqué fur
plufieurs bas-reliefs anciens par une tête, ou crâne
de bélier , avec des feftons de fleurs & de fruits.
On f-aifoit fouvent le Taurobole h. le Criobole en-
femble à Cybèle & à fon favori, comme on le voit
dans de vieilles infcriptions , où ils font appelés
Grands Dieux, & où le Taurobole & le Criobole
font prefque toujours joints enfemble. Cet Atys
eftj à ce que l'on croit, le même que le Soleil,
c'eft pour cela qu'il eft appelé Mcnotyrannus j M?»»-
Tiifanùf , Roi des mois.
M. D. M. I.
ET ATTIDI SANCTO
MENOTYRANNO
Q. CLODIUS FLAVIANUS
V. CL. PONT. MAJOR.
XV. VIR S. F. SEPTEM
VIR EPULONUM
TAUROBOLIO CRIOBO
LIOQUE PERCEPTO.
^oye\ Saumaife fur Lampridius , C. VIL de fes
Notes, édit. de Paris in-folio , p. ijç). & iSo. Dans
cette infcription je crois qu'à la première ligne il
faut M. D. M. D. au lieu de M. D. M. L & je
l'explique, Magnis Diis , Matri Deûm , &c. comme
on le voit tout au long fur beaucoup d'autres qui
font dans Gruter.
CRIOLE. f. m. Terme de Relations. C'eft un nom que
l'on donne aux familles des defcendans des pre-
miers Efpagnols qui s'établirent en Amérique dans
le Mexique. Les Efpagnols qui viennent d'Efpagne
font grands ennemis des Crioles , & empêchent
qu'ils ne parviennent aux charges, yoye:^ Hornius.
Orb. Polie. On dit plus ordinairement en François
Créole que Criole.
^fT On donne généralement le nom de Créole
à tout Européen d'origine qui eft né en Améri-
que.
CRIOPHORE. adj. m. Paufanias parle du Tçmple
de Mercure Criophore , ou porte-bélier , ainfi ap-
pelé j parce que Mercure avoir empêché que la
pefte ne défolât la viile de Thebes , en portant
un bélier tout autour des murailles. De là ve-
noit qu'à la Fête de Mercure j le mieux fait des
jeunes garçons de la ville faifoit le tour de fes mu-
railles, portant un bélier ou un agneau fur fes épau-
les.
CRIQUE, f. f. Les matelots appellent criques de pe-
tits ports fansart , ou plutôt de petits enfoncemens
que la mer fait dans la côte, où de petits vaif-
feaux fe peuvent retirer , & fe mettre l'abri. Scatio
tuta.
CRIQUET, f. m. petit cheval de peu de valeur. |Afo/2-
nulus. Il a acheté un petit criquet pour monter un
laquais.
Que plut- à-Dieu que faute de Pe'gafe ,
Je puje au moins , monté fur un cnquet ,
A travers monts voler au Bourniquet,
Et voir de près le Patron de la Café !
P. Du Cerc.
Ménage dérive ce mot de kerkettus , dérivé dix
GrecxeçKW. M. Huet croit qu'on appelle criquet j,
un petit cheval , par une comparaifon hyperboli-
que avec le grillon , qu'on appelle criquet.
^ CRISE, f. f. Ce mot dans fa propre hgnification
CRI
eft fynonyme à jugement étant forme du Grec x^lia,
judico, juger.
Ip" Les Médecins entendent par là un changement
fubit de la maladie en mieux ou en pis \ un effort ,
pour ainli dire, que fait la nature, ordinairement
accompagné d'une Tueur ou de quelque autre fymp-
tôme qui donne à- juger de l'événement de la ma-
ladie. Crifis. La doctrme des cri/es étoit la partie la
plus importante de la Médecine des anciens ^ elle
a été dans dans tous les tems , & eft encore au-
jourd'hui attaquée .5c défendue par les Médecms de
la plus grande réputation.
La crife fe fait ou par excrétion , comme flux
de fang, d'urine, de ventre, ou par fueurs & vo-
jiiilTemens , ou bien par abcès. Les crifes viennent
d'ordinaire le 7. & le 14. ou le zo*-'. jour. Les ma-
ladies fort aiguës fe jugent la plupart dans le fep-
tieme jour.
Crise, fe dit. aufli de l'accident qui eft alors caufé
par la nature. Ce malade eft en fa cnfe , en fa
fueur , il ne faut pas le découvrir.
Crise, fe dit ligurément en chofes morales. Cridcus
dics. Cette intrigue eft dans fa crife, nous en ver-
rons bientôt le dénouement. Ce procès eft dans fa
crife, il eft fur le point d'être jugé. Je ne fais quelle
humeur maîtrife' nos volontés, eft la crife de nos
pallions. ThÉoph.
CRISPATION, f. f. Terme de Chirurgie, qui exprime
l'eftet que produit le feu appliqué lur des chairs ,
des mukles, &c. C'eft un relferrement àes parties
extérieures qui fe replient fur elles même à l'approche
du feu. Les anciens Chirurgiens avec des ferremens
rougis au feubrûloient les vailleaux , pour les fermer
par la crifpation que caufe la bridure. Mem.del' Acad.
des Sciences.
On le dit en Médecine d'un effet à-peu-près fem-
blable qui arrive aux entrailles , aux mufcles , &c.
à l'occalion de quelque chofe qui les irrite , les pi-
cote & les contracte.
CRISSER, verb. neut. Qui fe dit proprement des dents,
quand elles lont un btuit aigre , lorfqu'on les ferre
fortement. Stridere.
Ce mot eft apparemment formé du bruit que font
les dents. S'il eft en ufage , ce ne peut être que dans
quelcjues Provinces.
CRISTAL, f m. (on peut écrire cryftal. ) Pierre tranf-
parente & blanche comme le diamant , mais qui n'en
a ni la dureté , ni la vivacité , ni l'éclat. Cryjlallus ,
Cryftallum. On l'appelle criflal de roche ou de mon-
tagne , quand il eft net , fans tare , pailles , atomes ,
petits nuages , rouille , ou quelques autres imper-
fecTrions. La nature l'a formé hex.agone ; & il a les
angles fi liftes , fi polis & fi unis , que les Lapidaires
n'en fauroient faire de pareils. Les anciens ont cru
qu'il venait de congélation. Mais il patoit certain que
c'eft une terre très-fine & très-déliée , imprégnée de
particules criftallines , qui nage au milieu de l'eau.
Cette eau, trouvant une ilfue , abandonne ces parti-
cules cfiftallines , qui fe dépofent les unes fur les
autres , fe durcilîent & frorment le criftal. Il eft bien
vrai que l'eau en eft le véhicule , èc tient les parties
Îiierreules & criftallines en fufion , de même que
es fontaines qui font des incruftations autour des
objets qu'on leur oppofe. De plus fi le criftal étoit
formé d'eau , il devroit fe confumer ou fe fondre
dans le feu ', il fe réduit au contraire en une terre
friable , dégagée de tous fels , de laquelle on peut
former de nouveaux criftaux, en y ajoutant des fels
alkalis fixes.
Il fe trouve dans les Alpes , en Italie j en Bohême,
& en divers autres lieux de l'Europe- Le criflal a
une qualité aftringente. On s'en fertdans ladiarrhée,
dans la dyffenterle , & dans plufieurs autres indifpo-
fitions. On s'en fert aulli pour augmenter le lait aux
nourrices. Le criftal de roche mis en poudre efteftiiné
le meilleur remède contre l'arfenic.
_ Il y a des criftaux rouges appelés frux rubis ; de
violets , ou fauffes améthyftes ; de jaunes, ou faulTes
ïppafes \ de bleus , ou faux faphirs i d'un rouge
CRI 19
jaunâtre , ou fauffes hyacintes \ de verts , on faulles
cmeraudes , qui font des criftaux naturellement co-
lorés, fans mélange.
Ce mot vient de k^IktIuxMç , glacies , qui vient de
xfà«f , jrigus , rrsAPio.Kai , concrefco. On a donné ce
nom au criftal, parce qu'il relfemble à la glace. Pour
xpuV , il vient, lelonleP.Pezfon , du Celtique Crou,
ou Grou.
Cristal , eft auffî un corps fadtice, ou un verre fort
clair & fort net qui fe fait dans les verreries. Les
beaux verres de cnfal, les belles glaces de crifal ,
fe font à Mourran auprès de Veniîe : c'eft ce qu'on
appelle crifal de Vemfe. Un œil de crifal ^ eft un
faux œil qu'on met quand on eft borgne, & il fe
fait par les Emailleurs. Oculus cnfialUnus. Pline dit
en parlant des verres de criflal , que leur fragilité
même leur donne du prix , & qu'on a mis la gloire
du luxe à avoir des choies qui puiifent tout d'un
coup périr entièrement. Il y a des amis fi pointil-
leux , qu'il faut vivre avec eux avec la même précau-
tion qu'avec des verres de crifal , tant leur amitié eft
fragile. S. Evr.
Cristal, en termes de Chimie , fe dit des fels & de
quelques autres matières qu'on fait congeler en ma-
nière de criflal. ^
Cristal de tartre ,eft du tartre purifié & coagulé en
forme de criftaux. C'eft la même chofe que crcmede
tartre. Pour le préparer on prend du tartre qu'on fait
bouillir dans l'eau : on ôte l'écume , & on le paffe
par la chaulfe : quand on l'a laiffé refroidir j on trouve
des petits criflaux blancs & brillans aux côtés & au
fond du vailfeau. On rrouve auffi une pellicule ou
crème qui nage fur la liqueur. On la ramalfoit autre-
fois j & on la croyoit différente du crifal de tartre ;
mais c'eft une même matière. Le crifal de tartre eft
purgatif & apéritif ; il eft propre pour les hydropi-
ques , pour les afthmatiques & pour les fièvres in-
termittentes. Le crijlal de tartre de chalibe , eft un
criflal de tartre empreint des parties les plus dilfelubles
du fer. Le criflal de tartre émétique , eft un criflal de
tartre chargé des parties fulfureufes de l'antimoine ,
qui le rendent vomitif.
On appelle criflal d'alun , de l'alun purifié & réduit
en criftaux de la même manière que le rartre. On
criftallife tout de même le nitre, le vitriol &c les
autres fels. Les criflaux d'alun fonr quadrangulaires ,
& brillans comme le diamant. Ceux de nitre font
blancs & oblongs. Ceux de vitriol font verts , qua-
drangulaires Ik éclatans.
Cristal Minéral , eft du falpêtre préparé avec le
foufre. On prend du flilpêtre , par exemple , demi-
livre \ on le met dans un creufet qu'on place dans
un fourneau entre les charbons ardens. Lorfque le
falpêtre eft en fuiion , on y jette à diverfes reprifes
deux drachmes de fleur de foufre. Après que la
flamme eft palfée j on renverfe le creuier dans une
bafline d'étain plate , & on la remue , afin que le
fel s'étende. C'eft ce qu'on appelle criflal minéral ,
ou anodin minéral. On le uoxnmQ zuffi fcl prunelle,
ou ftl de prunelle, parce qu'il eft bon contre l'ef-
quinancie qu'on ncmtmQ.pruna on prunella.
On appelle Criflaux d'argent ou de lune, un ar-
gent pénétré & réduit en forme de fel par les poin-
tes acides de l'efprit de nitrR On s'en fert pour faire
efcarre en touchant la partie. On en fait prendre
aulTi intérieurement pour les hydropifies, & pour
les maladies du cerveau.
On appelle Criflaux de Mars , un fer pénétré ?C
réduit en forme de fel par une liqueur acide. C'eft
un admirable remède pour toutes les maladies qui
viennent d'obfttudtion. On les appelle aufli yt/, ou
vitriol de Mars.
On appelle Criftaux de Vénus, du cuivre péné-
tré & réduit en forme de vitriol par l'efprit de ni-
tre. Ils font cauftiques. On s'en fert pour confumer
les chairs baveufes. On les appelle aufli vitriol de
cuivre , ou de Vénus.
Cristaux de Verdet , c'eft du vert de gris criftaU
lifé.
Cii
îLo C R I
Cristal d'Islande Corps diaphane, pierre rranfpa-
rente que l'on apporte d'Illande. Cetce pierre relfem-
ble au cale ; elle eft molle comme le talc. On re-
marque des réfractions tout-à-hiit particulières dans
ce crijlal. i. Dans les autres corps il ne le lait qu'une
réfraction , dans celui-ci il y en a deux ditîéren-
tes , enforte que les objets parollfent doubles à tra-
vers ce crijlal. 2. Dans les corps tranfparens le rayon
qui tombe perpendiculairement lur leur furface ,
palFe tout droit, fans foutïrir de rchadionj & le
rayon oblique fe rompt toujours ; mais dans le aif-
tal d'IJlande le rayon perpendiculaire fouffre ré-
fradrion , & il y a des rayons obliques qui pallent
tout droit. Vûye-{ M. Huygens, qui a traité exprès
des rcfradions extraordinaires de ce crijlal.
Cristal , fe dit figurément & poétiquement des eaux
fort claires. Aqua limpida. Cette lource répand le
crijlal de fes eaux dans' cette prairie. Daphné, ne
cherchez point le crijtal des fontaines, pour vous
inliruire de vos appas , mes loupiis vous en inf-
îruiront affez. Font.
DansUcn^dX des eaux fouvcnt Philisfe mire ^
Et là. contre mon azur elle apprête Jes traits. Id.
' Couchés près du criftal d'une onde vive & pure ,
Nous n'étions jamais las d^ admirer la nature.
NOUV. CHOIX Dfc VSRS.
CRISTALIER. f. m. Ouvrier qui taille ou qui grave
le criftal.
CRISTALLIN , ine. adj. Pur , clair & tranfparent
comme du criftal. Crijlallmus. La cafcade naturelle
de ce ruiireau eft une eau pure & c'rijialline.
Cristallin , f. m. Efpece de verre que l'on fait avec
de la fonde d'Alican j & du fablon vitrifiés en-
femble.
Cristallin , en termes d'Optique , eft une humeur
épaiftie en forme de petite boule pofée au milieu
de l'œil , dans laquelle fe fait la rétradtion des
rayons de lumière, afin qu'ils fe réunillent dans
la rétine , & y formenr l'image de l'objet qui doit
produire la vilion. Humor criJlaUinus. C'eft la
configuration du crijlallin , qui eft caufe que la
vue eft plus courte ou plus longue. Quelques-
uns difenc crijlalline i féminin. Crijlallin eft plus
en ufage , & beaucoup mieux. Voye^ (Eil , Vi-
sion.
En Aftronomie on appelle les cieux crijlallins deux
oibes qu'on s'eft imaginé être entre le premier
mobile & le firmament, dans l'hypothtfe de Pto-
lomée, félon laquelle on croyoit les cieux folides
& fufceptibles d'un feu! mouvement propre. Ccelum
crijlallinum. Ils ont été imaginés par Alphonfe Roi
d'Efpagne , pour expliquer deux mouvemens qui
ont été appelés de trépidation , ou de titubation , ou
de variation. Le premier crtflallin, félon l'hypothèfe
de Ptolomée & de Regiomontanus ^ fert à expli
quer le mouvement tardif des étoiles fixes j qui
les fait avancer d'un degré en 70. ans , félon la
fuite des fignes, c'eftà-dire, vers l'Orient: ce qui
caufe la préceiîion des fignes. Le fécond crijlallin
fert à expliquer le nTOuvement de libration, ou de
trépidation , par lequel la fphere célefte eft portée
d'un pôle à l'autre ; ce qui caufe de la différence
dans la plus grande déclinaifon du foleil. Les Mo-
dernes expliquent ces divers mouvemens d'une ma-
nière plus facile-
CRISTALLINE, f. f. Terme de Chirurgie. C'eft une
maladie qui vient à la partie honteufe de l'homme
par une fluxion d'humeurs , cpi la font paroitre com-
me de criftal.
Cristalline, f. f. Efpece de poire. Crijlallina. Pyrum
crifiallinum. La Quintinie met la Crijlalline parmi
les mauvaifes poires. Elle fe mange en Février &: en
Mars.
CRISTALLISATION, f. f. Terme de Chimie & d'Hif-
toire N.rturelie. On entend en général par ce mot un
C R I
phénomène phyfique, par lequel les parties folides
d'un corps , d'une pierre, par exemple, dilloutedans
un liquide , fe rapprochent & forment une malle
folide d'une figure régulière & déterminée. Congela-
tio. Crijlal ujatio. Plus particulicremeiit , on entend
par ce mot , des amas de pierres d'une forme régu-
lière & conltante.
En Chimie ^ la criftalllfation eft une opération
chimique, par laquelle les parties ou molccules des
fels difiousdans un menftrue convenable , fe rappro-
chent & forment des malles différemment figurées ,
fuivant la nature des diftércns fels.
§3° Crispallisation Terme de Lithologie. Ce font
des pierres dures , ou des cailloux , dans lefquels il
fe trouve des parcelles de criftal en trop pente quan-
tité pour former du vrai criftal , mais fuinlammenc
pour produire un effet brillant aux yeux. En rom-
pant de certains cailloux , on les trouve ordinaire-
ment remplis de ces particules de criftal j & c'eft:
ce qu'on nomme cailloux criftallifés.
§3° Cristallisation. Terme de Gabelle. C'eft l'épaif-
iilTèment de l'eau marine, foit dans les marais falans,
foit dans les chaudières , cuves, plombs , où l'on tait
lefel.
CRISTALLISER, v. a. Terme de Chimie. Réduire en
criftal après l'évaporation de l humidité. Congelare.
On fait bouillir le falpctre pour le crijlallifer. Quand
on fait le fel des puits lalans , on fau évaporer l'eau
jufqu'au fec, & ce fel fe uouve crijfallje. Le tartre
le crijiallije autour des tonneaux. L'alun fondu dans
• l'eau fe crijiallije autour des bâtons qu'on y jette , &
fait plufieurs petits corps pyramidaux.
Cf3" Cristalliser eft quelquefois neutre. Faire crif-
tallifer un fel. Il eft plus fouvent actif Se réciproque.
Cristallisé , ée. part.
CRISTALLOM ANCE, ou CRISTALLOM ANTIE. f F.
Art de deviner , de connoîrre les chofes fécrettes &
cachées , par le moyen d'un miroir , en les faifanc
voir dans un miroir. Autrement Catoptromantie.
Crijlallomantia. Catoptromantia. On dit qu'il y a des
devins qui font voir dans un miroir la perfonne que
l'on veut connoître. j par exemple , celui qui a volé ,
ou fait quelque autre chofe que l'on veut favoir.
C'eft ce qui s'appelle Crijlallomance ^ ou Catoptro-
mancè , de xpiîo-raAAc? , glace , eau gelée , & crijlal , ■
verre , glace de miroir j ou x.KTc?rTfDv miroir & /umnla ,
divination.
CRISTE-MARINE. Plante. La même ciiofeque Crête-
Marine, f^oy. ce mot.
CRIT. {. m. Petit poignard de 1 1 ou 1 5 pouces de long,
dont la lame eft plate & en onde par les côtés , qui
eft en ufage chez les Siamois, ou plutôt les Macaf-
fars. La plupart de ces armes fonr d'un acier ëmpoi-
fonné d'un poifon lî fubtil & li puilFant , que La
moindre égratignure qu'il fait eft mortelle, princi-
palement en été. Le Père Tachard dit qu'il y a de ces
lames qui coûtent près de mille éeus. Rendre le crit
parmi les Macalfars , c'efl: inhimie ; le rirer & ne
tuer perfonne , eft la dernière des lâchetés. Id. Le
Chevalier de Forbin envoya à l'inftant lui demander
le crit de la part du Roi. Id.
CRITHOMANCE. f. f. Crichomantla. Sorte de divi-
nation , qui confiftoit à conhdérer la pâte ou la ma-
tière des gâteaux '.{u'on offroit en facrifice , & la^
farine qu'on répandoir fur les viétimes qu'on dévoie
égorger \ &c parce qu'on fe fervoit fouvent de farine
d'orge dans ces cérémonies fuperftitieufes , on a
appelé cette forte de Divination Crithomance , de
xçiS-f' , orge , & de ^«»™« , divination. Voy. Peucer
des Divinations , & fon Traduéleur.
CRITHOPHAGE. f. m. & f. ou adj. Mangeur d'orge ,
qui vit d'orge. Crithophagus. S. Macédoine, Pictre
d'Antioche& Solitaire, i\\xwovL\\wk\Q.Ckrithophage,
croit Syrien de nation , & il vint au monde vers
l'an 320. Il vécut 45 ans fur le haut des montagnes
des environs d'Anrioche , fans autre cellule que les
trous qui s'y trouvoienc ; & il en pafîa 40 fans fs
nourrir d'aucune autre chofe que de l'orge broyée &:
détrempée dans de l'eau avec le fon. Cailli-t , 24.
CR
C R I
Jan. & CîiASTELAiN, au même jour ^ p. 593 & 59S ,
Ce nom vient de «.^i^^ j orge , & Çctyùfta, ^jemange. j
Ainlî pour êrre exact, il hiiic écrire CrkJiophage ,\
comme l'Abbé Chalk-lain , & non pas Crhophage ,
comme Bailler j mais dans ces mots Grecs Tulage ôte
fouvent l'h.
CP.ITIQUABLE. ad), de t. g. Que l'on peut critiquer.
Pour quelques endroits critiquables du Payfanparvenu
Szds-Manan.'ie , par M. de Marivaux, vous trouverez
certainement des penfées originales , des manières
de s'exprimer qui furprennent l'efpnt , Se happent
agréablement l'oreille ; des portraits li bien toiichés ,
qu'ils vous font connoitre les gens comme li vous
les aviez vus toute votre vie ; des récits dont les
circonftances font ménagées li habilement , qu'il
vous femble être préfent à tout. AJerc. d'Ocî. 1737.
IITÎQUE. adj. m. & i. Terme de Médecine , fe dit
d'un iymptome , d'un accident qui fait juger de l'é-
vénement de la maladie. On le dit des jours où ces
accidens arrivent ordinairemenr. Dits cruici. Le fep-
tième jour eft un jour critique.
Critique. Ternv^ d'horlogerie. Moment où les Lima-
çons d'une répétition changent de fuuation. S'ils ont
quelques défauts , & que l'on poulie la répétition au
moment du changement, la répétition mécomptera 5
c'ell pourquoi une partie le meut par laut pour éviter
le moment critique.
Critique, f. m. Se dit de celui qui porte fon jugement,
ou fur le texte , ou fur le fens , ou fur l'Auteur de
quelque ouvrage. Criticus. Les grands Critiques des
derniers fiècles ont été les Scaligers , Cafaubon ,
Lipfe , Erafme, Turnèbe , &c. Les Critiques font des
bcces faro.uches. Bal. Saumaife a été un judicieux
Critique. On appelle grands Critiques , les notes de
divers Auteurs fur la Bible. Politien , au rapport de
Scioppius, a été le premier des Critiques modernes
qui ait examiné & corrigé les anciens Auteurs en les
faifint imprimer. Audacieux Critique, Critique outré,
téméraire, trop hardi; Critique judicieux, fenfé ,
ingénieux , habile. •
Critique , fe dit particulièrement de celui qui reprend
les fautes d'autrui , quelquefois avec févérité. Criti-
cus j Cenjor. En qualité de Critique l'on s'engage à
avoir évidemment raifon , autremenr il n'ell pas
permis d'infulter un Auteur fur une faute douteufe
& ambiguë. S. Real. Plutarque étoit férieux S>c cri-
tique, BoUH.
Craignez-vous pour vos vers la cenfure publique ?
Soye-^-vous a vous-même unfévère critique. Boil.
1^ Critique , fe prend quelquefois dans une lîgnih- |
cation plus étendue pour un homme de mauvaife I
humeur qui trouve à redire à tout. Dans ce fens , \
il ne fe du qu'en mauvaife part. Moleftus cenjor , '
Ariftarchus. Le moyen de vivre avec un critique , & un 1
cenfeur perpétuel , à qui rien ne plaît ? C'eft un vrai j
critique j un fâcheux critique.
Je ne /aurais foufjrir qu'un cagot de cririque ,
Vienne ufurper céans un pouvoir tyrannique. Mol.
Critique , eft aulîî adjeéfif dans tous ces divers fens.
Criticus. Ouvrage critique , Diicours critique , Dilfer-
tation critique , où l'on examine avec foin un ou-
vrage pour en porter fon jugement. Il y a une Hif-
rojre critique du V. & du N. Tellament , par le
P. Simon. Humeur critique , efprit critique : alors ce
mot annonce une difpolîtion à critiquer trop légè-
rement. Redoutez ces dévots chagrins &: critiques ,
qui ne pardonnent rien : toujours plus fatisfaits de
trouver une faute à reprendre , qu'une vertu à imiter.
Gardez-vous , dira l'un , de cet efprit critique ;
Onne fait bien fouvent quelle mouche le pique. Boil.
Critique, f. f. Se dit du goût , du difcernement , de la
CRI 21
fcience , de la capacité qu'on a de juger , de faire
un bon ouvrage critique. Dcjcriptis ]udiainais ars _,
Critice. La Critique el1: l'art de juger des faits qui
compofent l'hilfoire , des ouvrages d'efprit , des dif-
férentes leçons qui s'y rencontrent, de leur Ûyle ,
& de leurs Auteurs. Tout cela eft du rellort de la
Critique , Se M. le Clerc en a donné une idée impar-
faite , quand il la délînit, l'art d'entrer dans le iens
des anciens Auteurs , & de faire un jufte difcerne-
ment de leurs véritables ouvrages. D'autres vou-
droient qu'on la définît fîmplement l'arr de juger.
C'eft fa véritable notion , & la lignification propre
de fon nom. Rien n'eft plus propre que la Critique
à former le bon fens, à donner de la juftclTe à l'ef-
prit. La Critique fouvent n'eft pas tant une Icience
qu'un métier , où il faut plus de fanté que d'efprit,
& plus de travail que de capacité. La Bruy. La
Critique Sacrée de Cappel fur le texte Hébreu , eft
très-fage & très-exaéte. S. Evr. Il faut autant de bon
fens que d'érudition , pour bien réuflir dans la Cri-
tique. La Critique d'un tel eft lure & judicieufe. La
Critique eft le dernier effort de la réllexion & du
Jugement. Dac. Il y a telle obfervation de Critique
qui demande plus de fagacité & d'invention qu'une
belle penfée. S. Evr.
On peut appeler Critique Philofophique , l'art de
juger des opinions de Philofophie \ Critique Théclo-
gique, l'art de juger des explications des dogmes ;
Critique Merale , l'art de juger des aéfions , des in-
tentions, du mérite des perfonnes \ Critique politique ^
l'art de juger des moyens de gouverner , d'acquérir,
de conferver fes Etats. Mais on n'appelle commu-
nément Critique que la Critique Littéraire , qui ren-
ferme pludeurs efpèces \ car elle comprend l'arr de
juger des faits \ efpèce de Critique fort étendue , qui
ne regarde pas feulement l'hiltoire , mais encore le
difcernement des véritables ouvrages d'un Auteur ,
du véritable Auteur d'un Ouvrage , de la véritable
manière de lire un texte \ l'art de découvrir la fup-
polîtion des monumens antiques , des chartes , èr.
Les autres parties de la Critique littéraire font la cri-
tique des ouvrages d'efprit, qui eft l'art de juger de
leur excellence , ou de leurs défaurs \ la Critique
grammaticale, ou l'art d'interpréter, de découvrir
le Iens des mots & des difcours d'un Auteur \ la
Critique des Antiquaires , qui conlifte à diftinguer
les vraies médailles , les cliftérens goûts que l'on
y remarque , félon les difiérens peuples , les dif-
férens pays , les diftérens rems où elles ont été
frappées , à reconnoître ce qui eft moulé de ce qui eft
frappé , &: ce qui eft retouché & réparé , ou ajouté,
de ce qui eft véritablement antique , le véritable
verni du faux, &c. à les déchitrer , & à les expliquer.
La Critique facrée en général , eft celle qui travaille
fur les matières Eccléfiaftiques , hiftoire de l'Eglife ,
ouvrage des Pères , Conciles , vie des Saints , i-c.
Et plus en particulier celle qui s'occupe de ce qui
concerne les livres de l'Ecrirure. Quelqu'un a die
fagemenr de celle-là quelle devoir aidet la Théo-
logie , mais que la Théologie devoit la gouverner ;
Adjuvanlam Criticà Theologiam j moderandam Theo-
logiâ Criticarn.
Ariftote , fi l'on en croit Denys d'HalicarnalTe , eft
le premier inventeur de cet art. Ariftarque, Denys
d'Halicarnalfe lui-même , Varron & Longin , s'y
fignalerent en leur tems. Le Chriftianifme , dès les
premiers rems , n'a pas manqué de Critiques. Ori-
gène , S. Denys d'Alexandrie , Lucien , Héfychius ,
Eufcbe , Tichonius , S. Jérôme , Théodoret , ont
été de grands innitres en cet art. Le Décret du Pape
Gelafe fur les Livres Apocryphes n'a pu êtte fait fans
le fecours de la Critique. Elle tomba avec les autres
arts ; elle fe rétablit enfuite fous l'empire de Charle-
magne, & fous celui de fes enfans. Les foins des
Religieux de Citeaux pour corriger les manufcrits
de la Bible , prouve que les règles &c l'ufage de la
Critique n'étoient pas inconnus dans le onzième fiè-
cle. Les Ouvrages de Jean Salisbery, d'EuftathiuSj de
2,1 CRI C RO
Tzetzès, montrent qu'on la cultivoitdans !e douziè-
me. Les manulciits de la Bible corriges par les Domi-
ivicains de Paris , & par les Dodeurs de Sorbonne
dans le XIII'. liècle montrent qu'elle fubfiftoit en-
core. Elle fut cultivée avec plus de loin encore dans
les liècles fuivans ; le XVi*-'. & le XVII''. fur-tout
l'ont beaucoup pertedionnée , & aujourd'hui tout
le monde veut s'en mêler. Le P. Honoré de Sainte
Marie , Carme Dcchaulfé , a fait des Réflexions
■fur les règles & fur l'ufage de la Cr nique. Foye^
•cet Ouvrage. De tout ceci il s'enfuit que la Criù-
que fuppole une grande connoillance des matières
■far lelquelles on l'exerce, & des principes des arts
&c des iciences qui en traitent j mais que la Critique
elle-même n'ell pourtant autre chofe que le bon fens
peiieclionné par la Logique.
"CtvItique. Se dit, en terme de Palais, de l'examen
que l'on fait des moyens que propofe la partie ad-
verle, des réponfes qu'on y fait, des témoins que
l'on produit, dans une enquête, & des reproches
qu'on y oppofe , delà réfutation qu'on en fait. Con-
Jutano, rcjutado. On a fait une cruique des témoins
qui confilte à trouver de la contradiclion dans ce
qu'ils ont propofé. Durand.
Critique, fignitie encore, Cenfure maligne, examen
rigoureux, foit des adbions, foit des Ouvrages.
Cenfura. Les hommes ne doivent point fe jugera
toute rigueur y perlonne ne peut arriver à un dé-
gré de perfection qui foit au-delTus de la plus fé-
vere critique S. Real. Après avoir invoqué en vain
la critique la plus chagrine , la plus dégoûtée &
la plus piquante, il n'a pu s'empêcher d'admijer
vorre ouviag^. La critique eft une arme offenfive
dont il faut fe fervir avec précaution. Id. Il ne faut
pas outrer la critique. Bouh. Rien n'échape à fa cri-
tique.
Sans crainte & fans inquiétude j
Je livre mes amufemens
A la critique la plus rude. Des-Houl.
f3° Le mot de critique s'applique proprement
aux Ouvrages lutcraires: celui de ctf/T/Z^/d, aux Ou-
vrages Théologiques , à la dodrine , aux mœurs.
CRITIQUER, v a. Juger d'un Ouvrage ^ en exami-
ner, en corriger les défauts. Alicujus fcripta cenfo-
foriâ virgulâ notare. Les meilleurs Auteurs ont été
critiques par les Grammairiens. Critiquer un tableau ,
un bâtiment.
Critiquer, fe prend odieufementj pour dire cen-*
furer , reprendre fans celle , ne trouver rien de bien
fait à fa tantaifie. Reprshendere , carpere. Les fem-
mes font fujettes à fe critiquer les unes les autres.
Les gens qui critiquent fur tout font infupportabies.
Perfonne ne lit pour apprendre ,
On ne lit que pour critiquer. Des-Houl.
Critiqué, ée. Part. Cenforiâ virgulâ notatus.
CRITIQUEUR. f. m. Celui qui reprend, qui critique.
Cenfor. Ce mot fe trouve dans Richelet & dans
La Fontame.
CRITOMANCE. Foye-^ CRITHOMANCE.
CRITOPHAGE. Foyei CRITHOPHAGE.
■\ C R O.
CROACER. V. n. C'^ft ainfi qu'il fuidroit écrire, &
non pas croajjer. La première manière me paroît
; plus naturelle , étant plus conforme au latin crocire ,
crodtare j dont on a fait croacer ; mais l'ufige eft
d'écrire croa[]er.
SO-CROAILLEMENT. f. m. Cri des Corbeaux.
Crocitus. Ce mot fe trouve dans le Didionnaire de
C. Etienne : Croailler , crier comme des Corbeaux.
Crocire. Id.
CROASSEMENT, f. m. Cri des Corbeaux. Crocitus.
CROASSER. V. n. Crier comme les Corbeaux Croare.
Ce mot vient du latin crocitare.
C R O
Croasser, fignifie figurémenr, criailler, c'eft un ter-
me de mépris. Clamitarc , croiuaic.
Si-tôt que d'Apollon un gcnie infpiré ^
Trouve loin du Fulgaire un chemin ignoré^
Ses rivaux objiurcis au tour de lui cioafTent.
BoiLEAU.
Laijfons chanter fur ce fullime ton ,
Chaulicu j la Mothe y & tel autre Génie _,
Qui de la Lyre a reçu l'harmonie ,
ht n'allons point, Poètes croalfans ,
JDe leur concert troubler les doux accens.
P. DU Cerc;
Or à préfent que le Parnaffe
Eji vilainement injcclé ,
Et n'eji plus qu'un mont déferté ,
Ou maint & maint Corbeau croalTe ,
N'efpere plus de telle race
La louange qu'as mérite. M. DE LA Fare.
CROATE. Nom de Peuple. Corbas , Chrovatus, Croa~
tus. Les Croates, que Cédrénus appelle Corhatcs,
font les peuples qui habitent la Croatie , dont nous
allons parler. Quelques - uns prétendent qu'on les
appelle indifféremment Croates , on Cravates , ou
même Corvates j & Ctobavates ^ cela n'ell pas vrai :
" quand on parle, en terme de guerre, de foldats de
Croatie, il tàut dire Cravate, c'eft l'uilige en no-
tre langue. Une compagnie de Cravates , un régi-
ment de Cravates. Un Capitaine de Cravates. Les
Cravates furent commandés pour attaquer ce pofte,
& l'emportèrent. Foyei Cravate. Qu.and on parle
des habitans de Croatie en d'autres matières. Croa-
tes paroît mieux. Les Croates font bons foldats.
Les Croates font originairement les Chrovates , qui
vinrent fur la fin du IX. fiècle s'établir en Croatie,
& lui donnèrent leur nom.
CROATIE , Province du Royaume de Hongrie. Croa- -
tia , Corbavia. Elle eft bornc"e an couchant par la
Carniole , au nord par la Save , rivière qui la iépare
de l'Hfclavonie. Elle a la Bofnieau levant , &: au midi
le Comté de Zara & le Golfe de Catnero. La Croatie
fe divife en deux parties ; l'une , qui eft le long dit
Golfe de Carnero, s'appelle Morlaquie ; l'autre , qui
eft au nord & à l'orient de la Moilaquie , s'appelle
Corbavie. La Morlaquie & la partie occidentale de
la Corbavie eft à la Maifon d'Autriche. Les Turcs
font maîtres de la Corbavie orientale- L'ancienne
Croatie y comprejioit encore la Bofnie occidentale ,
une partie de la Dalmatie & l'Efclavonie ; &. elle
avoir fesRois particuliers. Charles, Roi de Hongrie ^
s'en empara en 131 o. Le Ban de Croatie. Foye\ Ban.
La première Hiftoire particulière que nous ayons*
eue de la Croatie parut en \GGG. in-Jol. Amfterdam.
Joannis Lucii Dalmatici de Regno DalmatiA & Croatiz
Libri FI.
CROC, f m. ( le cfinal ne fe prononce point. ) Uftenfiler
de cuihne qui a plufieurs pointes recourbées 011 l'on
attache de la viande. 'Uncus. Lin croc toujours bien
garni de volaille, de gibier. C'eft un ancien mot
François qui fe trouve dans la Loi Salique. Ménage.
^^fT Croc fe dit généralement de tout inftrument à
plufieurs pointes courbées dont on fe fert pour y
pendre ou pour y attacher quelque chofe. Uncus ^
Hamus Pendre quelque chofe au croc.
On dit figurémenr & populairement , pendre les
armes au croc, fon tpée au croc , pour dire quitter le
métier de la guerre.
On dit de même qu'un procès eft pendu au croc ,"
pour dire qu'on ne le pourfuir plus. Les vers & la
profe font au croc. Gomb. C'eft-à-dirCj qu'on iieveuc
plus écrire ni en vers ni en profe.
Ze Paradis vous efl hoc:,
Pende^ le Refaire au croc. Furet.
Croc , fe dit aulli de tout autre inftrument de fer ayant
C KO •
des pointes recoinbées , avec lequel on tire j on artère,
on pêche quelque choie. Harp^igo j huma. Les Bate-
telieis tirent , pouirent , arrêtent les bateaux avec
des crocs. L&s crocs des Bateliers oiu une pomte
de fet alongée outre le croc qui leur donne leur nom.
Le leau étoit toir.bé dans Je puirs , on l'a péché
avec un croc. On le dit aulli dijs harpons & mains
ce fer. Les crocs de la ville , dont on le lert pour
ariêrer le cours du feu , en abattant les endroits où il
a pris.
On appelle crocs , de grandes mouftaches recour-
bées en forme de crochet.
Arquebuse a caoc , eft une arme àfeu plus pefante
que l'ordinaiie , qu'on tiroit autrefois lur une four-
chette, ou par les petites ouvertures d'une muraille.
On l'appeloit ainil , patce que le tût étoit recourbé.
FerrcaJiJîulafurc'dUJuperpoJUa.
Crocs , en termes de Manège , font quatre dents au-
deli des coins, ficuées fur les barres , où elles pouf
fent à chaque côté des mâchoires , deux deiTus & deux
dellous j 6c cela entre trois ou quatre ans. Dentés
unci i uncinati. On les appelle aulli crochets.
On dit en termes de Nlarine Croc de Pompe \ c'efl:
un crochet de fjrquiellau bout d'une longue vergue,
qui fert à retirer 1 appareil de la pompe , quand on
y veut raccomm.oder quelque choie. Croc de cande-
ictte , eft un c^oc avec lequel on prend l'ancre pour la
remettre à fa place. Crocs de Palais , font deux crocs
de fer mis àchaque bout d'une corde loit courte ,
que l'on met au bouc du palan , quand on a quelque
chûfe à embarquer. Crocs à brcjjins ou crocs de palans
di^canon , font des crocs attachés au bout des palans \
ils fervent à arrêter les canons par le moyen des autres
crocs qui font à la herfe de l'affût , ou aux côtés des
fabords , auxquels on les accroche. Crocs de palan-
quins, font de petits crocs de fer qui fervent à la ma-
nœuvre dont ils pottent le nom.
On le dit auiîi des dents pomcues qui viennent aux
chiens. Caninl dentés uncinati. Et à l'égard des hom-
mes-, on le dit de certaines petites pointes qui reftent
d'une dent rompue fur les gencives.
Croc , eft auiîî un terine bachique , qui exprime l'ac-
tion de celui qui avale promptement un verre de
vin , ou quelque gros morceau. Statim , repente , in
ipj'opuncio temporis. Il a avalé cela croc. On l'emploie
en plufieurs chanfons bachiques. Ainfi Collecet a du
de Flotte à table :
Et toi faifant cric & croc
Plus que tout le monde ,
Paroîtras-là comme un roc
Qui miprife l'onde.
Il fert auflî, dans le ftyle familier j à exprimer le
bruit que les choies féches & dures font fous la dent
quand on les mangé : &c alors le C final fe prononce
fortement.
C R O 2.5
Donner le croc-en-jambe à quelqu'un , c'eft le fup-
planter. Supplantare. ,
D'un tour d'adrejfe tout nouveau ,
Enlui donnant le cioc-Qn-]2LmhQ,
LatraitreJJe le fit tomber dans le tombeau. MÉN.
CROC-AU-SEL. Voyei CROQUE-AU-SEL.
CROC. f. m. lilou, Efcroc. Au lieu d'Efcroc , cfiidic
populairement C/orpar une apherèle ou fouftraétion
qui arrive quelquefois dans les langues. Je me tiou-
vai avec trois ou quatre crocs qui avoient bien envie
de me bonneter. 11 y a néanmoins c^uelque différetice
encre ces deux termes. Celui ^ Efcroc n'eft pas fi in-
jurieux. Un Croceft un filou de profelîion , qui s'en-
tend avec d'autres qu'il ne fait pas femblant de
connoître j qui fréquente les Académies de Jeu ,
pour y chercher des dupes , qui prend beaucoup de
mefures pour tromper , qui ne s'occupe que de cela ,
^- qui n'a point d'autre métier. Un £/croc ne s'alïocie
avec perfonne, &: ne travaille que pour lui : il attend
plus patiemment les occafions , & fait feulement ea
profiter , lorfqu'elles fe préfentent.
Croc , fe dit aulli des fuppôts de mauvais lieux & de
jeux défendus.
Croc-de-chien. Arbre des îles Antilles, qui eft tout
armé de petites épines faites en tonne de crochets.
Il n'ell: pas fort gros \ mais fes branches fe traînent
jufques fur les arbres les plus hauts. Ses feuilles font
pentes , en fort petit nombre , affez femblables à
celles du prunier. Son fruit eft jaune, gros comme
de perites prunelles. Ce nom lui a été donné , parce
qu'il accroche les chiens , lorfqu'ils vont à la challe ,
& les arrête tout court.
CROC ANS. f m. Nom de fadion. Voye\ Croquant.
CROCANT£. Patillerie. Voye\ Croquante.
CROCÉ , ÉE. adj. 'Vieux mot- Qui eft de couleur de
fafran , de crocus , fahan.
CROCHE, adj. Qui eft courbé & tortu. Jambe croche ,
main croche. Il vieillit.
CROCHE, f f. Terme de Mufique. Note qu'on figure
ordinairement avec une tête noire & un crochet au
bout de la queite : dans le triple double on fe fert
fouvent de croches àont la tête eft blanche. La croche
à tcce blanche vauc la moitié de la valeiu d'une
blanche : la croche à cêce noire vaut la moitié de la
valeur d'une noire. La double-croc/^e eft figurée par
deux crochets à la queue, ce qui diminue fa valeur
de la moitié de celle de la crocl^e. Dans la mefute
à i ou à 4 tems , il faut huit croches , ou feize dou-
h\s-croches pour faire une mefure \ dans le Triple il
ne faut ordinairement quefix croches, ou douze dou-
h\t-croches. Brossard. La note noire pointée vauc
trois croches. Montecl. l.^ croche pointée vaut trois
double-croches. Id. Il y a des mefures où les croches
font égales & d'autres où elles font inégales. Id. On
dit croche pointée, triple-croche , fextuple àQcroches ,
nonuple de croches j &c.
CrcTc, s'eftdicfiguréinenc de ce qui accroche, qui faicl Croche, f f . Petite monnoie de billon j qui fefabri-
romber. Uncus. Comme on voit dans cette vieille que à Bâle en Suiife , qui n'a cours que dans ce leul
Epitaphe Acarde. Canton.
CROCHEE. f. f. Terme de Mufique. M. de Brollard
An croche, ou crochée ; c'eft la même chofe. f^oye:[
Croche. CrdcAfc eft peu en ufage.
CROCHET. {. m. fignifie quelquefois la même chofe
que crocj comme le crochet, ou le croc où l'on pend
de la viande , les crochets ou les crocs de dents d'ua
cheval. Uncinus , harnus , hamulus. Quelquefois il eft
feulement diminutif de croc, &: fignifie un petit fer
arrondi ou recourbé , comme le crochet d'un Serru-
rier, avec lequel on ouvre des ferrures qui ne font
pas fermées à double tour -, ou qui eft: recourbé à
plomb , comme un clou à crochet , qui fert à fou-
tenir des rapifteries , ou à pendre route autre chofe.
On dit figurémenr en ce fens , Aller aux mûres fins
crochet, pour dire , entreprendre quelque chofe fans
avoir ce qu'il faut pour réuffir. ^
On appelle aulli Crochets d'enfauement 8c à chai-'
neaux , ceux qui fervent à foutenir les parties d'un
bâtiment. Ce font des fets plats & coudés.
Croc de la mort quefcaper ne pouvons _,
Croqua l'Elu Croquet qui croquoit les capons.
Le fens eft que la mort a accroché ou pris l'Elu
•Croquet, comme il accrochoir les chapons. Croqua
fignihe ici accrocha , & croquoit, accrochoit. Les Pi-
cards difent croquer ^goix^c crocher , comme ils difent
nu compofé accroquer pour accrocher ; efcaper , au
lieu d'échapper, 6c capon, au lieu de chapon.
Croc-en-Jambe , eft un tour d'adrelfe dont fe fervent
les Lucceurs pour renverfer leur adverfaire , en lui
accrochant les jambes. Adverfarii crus crure implicare
ad euni proflernendum.
Croc-en-Jambe , fe dit figurément & familièrement
d'un tour d'adrelTe de ceux qui ruinent un projet,]
une affaire, la fortune de leur ennemi , de leur rivai , j
d; leur compétiteut , Fraus, dolus j fallacia ^ infî-
di^.. Il a donné le croc-en-jambe à Cupidon. Ablanc.
14 C R O
Crochex , lignifie aufll , Agraffe. Fibula. Le crochet
d'une montre. On lui a donné un crochecàc diatnans.
On appelle aulïi crochet , la balance Romaine , à
^raufe que la choie qu'on pefe s'attache à un crochet
pofé à peu de diftance du centie de la balance.
Stùtera.
Çn le dit auITi de certaines dents aiguës de quel-
ques animaux , paiticulicrement des chiens & des
chevaux. Voye:^ Croc
Crochet , en termes de Boucherie , fe dit d'une partie
du trumeau de bœuf qui eft coupée du côté du pied.
On le nomme aulîi crojfe.
Crochet, en terme d'Iniprimerie, fe dit de certains
traits ou lignes , tantôt droits , tantôt faits en S , &
recourbés par le bout, qui fervent à lier & accoler
quelques articles qu'il faut lire enfemble , avant que
d'aller à des fubdiviiions qui fe mettent à côté avec
de femblables ou de moindres crochets. Nexus. j
vincula. On s'en fert dans Ids Généalogies , 8^ fîir-
tout dans les Traités qu'on veut faire par abrégé ,
'& difpofer en forme de Tables pour en faciliter les
difpohtions.
On appelle auffi crochets des figures courbes pour
marquer les parenthèfes.
Crochet , eft aulîi un nom que les Tourneurs don-
nent à pkifieurs de leurs cifeaux , à caufe qu'ils
font faits en crochet. Il y a crochet plat , crochet
rond, crochet çomivi j àoi\\i\.Q crochet rond , double
crochet plat, doabli crochet pointu.
Crochet. Terme d'Agriculture. Foyei Courson ;
c'eft la même chofe.
Crochet à tirer du fumier. Inftrument compofé de
deux dents de fer de fept à huit pouces , &
, recourbées. Au bout de ces dents eft un gros an-
neau de fer , dans lequel on met un manche de
bois de la longueur de trois pieds & demi, & d'en-
viron quatre pouces de tour. On fe fert de cet outil ,
lorfqu'il eft queftion de remuer du fumier entallé ,
&c. Hn quel4Ues lieux ce crochet s'appelle lire-fienu
LlGER.
Crochets , au pluriel , fe dit d'une petite machine
de bois dont les Portefaix de Paris le fervent poui
porter plus commodément les fardeaux & les meu-
bles. ^rumnuLéi. Elle eft faite de deux bâtons liés
enfemble par deux traverfes , qui s'appliquent le
long du dos avec des bretelles j &: par le bas il y a
•deux aunes petits bâtons en pointe qui remontent ,
& qui arrêtent les meubles qu'on pofe entre deyx.
Il eft étrange que dans les Provinces on ne fe ferve
pas de crochets _, attendu la grande commodité qu'ils
apportent.au tranfport des meubles & des marchan-
oiies.
Dans la coëffure des femmes , on appelle cro-
chets, des petites boucles de cheveux, ou naturels
■ou poftiches qu'elles mettent fur le front auprès des
temples.
Crochets de retraite. Terme d'Artillerie. Ce font
■dans Tatfr.t d'un camion des fers crochus qui fervent
à traîner la pièce. Vnci. L'ufage des plus élevés ,
c'eft de la faire avancer , & celui des plus aballFés ,
eft de la faire reculer.
Crochets d'armes. Termede Marine. Sont des croc/^erj-
en forme de râtelier , qui fervent à foutenir des
armes dans les chambres des vaiffeaux , dans les
corps de garde , &c.
•Crochet d'établi. Terme de Ménuifier. Eft une
efpèce de crochet de fer à dents , enfance par le
pied dans un morceau de bois carré qui fert à l'élever
ou à l'aballFer : ce crochet ■àxxx.x.Q l'ouvrage fur l'établi,
tandis que les ouvriers travaillent.
Crochet. Terme de Fortification. Dans l'attaque d'une
place il faut embralfer tout le polygone attaqué j
affurer les flancs de •l'attaque par des crochets , Se
même par des redoutes fermées. M. De Feuquiéres-
L'Ingénieur habile fait fe défiler par des crochets &:
traverfes tournantes , & par ce moyen il fupplce
fouvent au blindage , qu'il faut éviter , autant qu'il
tft poflible. Idem.
C R O
Crochet. Uncinus. Inft- umerit de Chirurgie , qui eft
de deux fortes i l'un pour accrocher & tirer la tête
du fœtus reftée dans la matrice , l'autre pour extraire
les pierres qui font au paft'age , dans l'opération de
la taille. Col de"Villars.
Crochet. En termes de Fauconnerie , on appelle les ■
ongles des griftes des aigles , des crochets. En général
on appelle ces ongles ou griftes dans les oifeaux de
Fauconnerie , &c même de l'aigle , ferres j mais le
propre nom de ceux des aigles, c'eft crochets.
Crochet. Terme de Doreur. Les Doreurs fur métal
fe fervent d'un crochet quand ils veulent dorer d'or
moulu. Il eft de fer , fort recourbé j avec un bouton
aufli de ter par un bout , &c un manche de bois à
l'autre. C'eft avec cet inftrument que l'on remue l'ot
& le vif argent , quand on les a mis dans le creufet,
pour les amalgamer.
Crochet. Terme de Vannier. Les 'Vanniers-Clôturiers
ont aulTl un crochet de fer , long d'enviren fepc
pouces , pointu & recourbé par les deux bouts ,
en iorte que les pointes fe regardent. Us s'en fer-
vent pour tourner les bords de leuis hottes & de
leurs vans.
Crochet. Terme de Chandelier. On appelle , en ter-
mes de Chandelier , le crvchet du culot d'un -moule
à, chandelle , une petite lame de métal , qui s'avance
jufqu'au milieu de cette partie d«s moules , qu'on
nomme culot. C/eft par le moyen de ce crochet, au-
quel la mcche s'attache , qu'elle fe maintient jufte-
ment au milieu de la tige du moule où fe jette le
fuif liquide.
Crochet. Terme de Couvreur. Les Couvreur? ap-
pellent le crochet d'une tuile , cette efpèce de petit
rebord , ou mentonnet , qui eft au haut de chaque
tuile , & qui fert à l'arrêter fur la latte.
Crochet. C'eft, en termes de Charpentiers , une des
marques dont ils fe fervent , pour ligner , ou mar-
. quer les bois des bâtimens , à mefure qu'Us les fa-
çonnent , pour les reconnoître , lorfqu'ils veulent
les mettre en place. Cette marque eft faite en crochet,
avec la roinette, ou les tracherets.
Cri>chets. Terme de Fondeur de caractères d'Impri-
merie. Ce font deux morceaux de gros fil de fer ,
recourbés par le bout , qui font attaciiés au haut
des moules , dans lefquels le fondent les lettres. Leur
ufage eft pour retirer du moule le caractère quand
il eft fondu.
Crochet. C'eft le nom qu'on donne en plufieurs en-
droits , & principalement en Normandie , au mar-
ché où fe vendent certaines denrées , comme les
laines , les fils &c les filaiïes , & autres thofes qui fe
pèfent avec la petite romaine portative. On a meil-
leur marché d'acheter au crochet que chez les mar-
chands débitans. Les " Marchands filoutiers courent
tous les crochets circonvoifins. Ces marches tirent leur
nom du crochet de la romaine qu'on nomme aufli
crochet , foit parce qu'elle a un croc où l'on attache
les marchandifes qu'on veut pefer , ou parce que les
Marchands coureurs de marchés ont chacun une de
ces petites romaines qu'ils accrochent à la ceinture
de leur culotte.
On dit aufli figurément & familièrement , Allons
dîner enfemble , chacun fur nos crochets , c'eft-à^
dire , à nos dépens , Se chacun payant fon écor.
NoJIris ïmpenjis , fumtïhus. Etre fur les crochets de
quelqu'un , c'eft vivre à fes dépens.
CROCHETER, v. a. Ouvrir luie ferrure de porte ,
de coffre , &c. avec un crochet. Uncino rejerare ,
aperire. Les voleurs ont crocheté (a. porte.
Crocheté , ée. part.
CROCHETEUR. f. m. Qui crochette des portes , des
ferrures. Qui arcas unco aperu j, référât. On a pendu
le Serrurier avec un écriteau au dos. Crocheteur de
portes.
Dans cette acception il ne fe dit qu'avec une ad-
dition , Crocheteur As ^onc, de ferrure.
Crocheteur fignifie aufli un Portefaix qui tranfporte *
des fardeaux fur des crochets. Bajulus. Ce Laquais
eft
R O
eft trop chargé , on lui a donné la chargs d'an
Crocheceur.
Crocheteur , fe die aii!iî par extenfion , des gens d-;
balfe condition qui font des chofes indignes des
honnêtes gens. Il n'appartient qu'aux Crochcccurs de
battre leurs femmes. On nous a donné à ce repas
du vin de Crocheceur. Homère fait dire à les Héros
des injures de Crocheteur. G. G. On di: une flintc
de Crocheteur , pour dire une fanté torte & robuîle.
CROCHETON. 1". m. Les deux petites branches des
crochets du Portefaix. Unanus.
CROCHU , UE. Ce qui eft recourbé, qui eft fait en
crochet.. Uncus , aduncus, reduncus ^ huma tus ^ un-
cinatus. Ce clou ne vaut plus rien , il ell tout cro-
chu. Les cagneux ont les jambes crochues. Mains
crochues.
Crochu , en termes de Manège , elt un cheval qui a
les jarrets rrop proches l'un de l'autre.
On dit hgurément ^ proverbialement d'un hom-
me , qu'il a les mains crochues, pour due qu'il eil:
fujet à dérober.
CROCODILE, f. m. Efpèce ISe grand lézard amphi-
bie qui fe nourrit dans les joncs fur le rivage des
grandes rivières. Crocodilus. Les Crocodiles font cou-
verts d'écaillés difficiles à percer, excepté lous le
ventre où ils ont la peau tendre. Leur gueule elt
grande, avec cies dents aiguës & féparées qui en-
trent l'une dans l'autre , & il y en a pluiîeurs rangs.
Ils font fort bas fur les pieds, rampant prefqu'à terre.
Ils vivent long-tems, &c font leurs œuts quelque-
fois jufqu'au nombre de 60. qu'ils dépofent dans le
fable : la chaleur du foleil fait éclote les petits fans
incubation. Us ont des yeux de pourceau , & leurs
pattes armées d'ongles aigus & rranchans. Il y en
a de fi grands aux Indes , qu'un homme de la
plus grande taille pouiroit demeurer debout entre
leurs mâchoires , quand leur gueule eft ouverte.
En 16^1. le S''- du Veiney dilléquaà Verfailles un
petit crocodile. Son eftomac étoit rempli de quantité
de pierres, & d'ailleurs lemblable à celui des oifcaux.
Avant ce temps - là on n'avoit point vu de croco-
dile vivant en France. Pendant deux mois que ce-
lui-ci avoir été à 'Verfailles , il n'avoit rien mangé.
Il étoit long de près de quatre pieds, avoir tout le
corps couvert d'écaillés , à la rête près. Il ne re-
muoit que la mâchoire inférieure, la fupérieure
étoit immobile. Vers le milieu de l'inférieure , il
avoir des deux côtés deux glandes, d'où fortoit une
liqueur d'une odeur très-défagiéable. Voliius parle
des crocodiles dans fon IIP. livre De Idolol. C. 47.
55. 56. 59. (58. 73. 74. & examine différentes pro-
priétés de ces animaux , ou qu'on leur attribue.
Pline s'aveugle lui-même, lorfqu'en traduifant Dé-
mocrite , il dit que le caméléon eft fait comme le
crocodile, &i qu'il eft aulli gros que lui. Il ne fon-
geoit pas que le mot KjkotJ'si;,»; , dont s'eft fervi
Democrite, fuivant le langage des Ioniens, ne li-
gnifie pas un crocodile , mais un lézard ^ V i g n.
Marv. Le crocodile eft le fymbole du Nil & de
l'Egypte qu'il arrofe, parce qu'il naît dans ce fleuve.
Quelquefois il marque ( fur les médailles ) des fpec-
tacles , où l'on avoit donné au public le plaifir de
voir de ces animaux extraordinaires. P. Joobert.
Ce mot vient du Gtec «foW , fajrun. Se de J'eiAs^,
participe qui fignifie craignant. Les crocodiles ap-
préhendent le fafran à le voir feulement, & en-
core plus à le fentir. Quelques-uns aiment mieux
le dériver de »^m.yi , litus ou ripa , bord, rivage, parce
que cet animal accoutumé dans les eaux , n'aime
guère à venir à terre , où les hommes lui dreffent
ordinairement des embûches. En l'Ile de Bâton il
yen a pUifieurs qu'on apprivoifc, qu'on engraille,
& qu'après on tue , dont on frit un mers très-dcli-
cat. Loifqu'on les blclfe , ou qu'on les éventre,
leurs entrailles fentent fort bon, 8c parfument l'air
tout-au-tour. Cette odeur reffemble à celle du mufc,
. Se quelquefois elle eft fi f-trte qu'elle eft capable
dé faire tom'oer en foiblelfe ceux qui la fentent :
^eci n'eft vrai que des crocodiles d'eau douce ,
Ton:e III.
C R O 15
les crocodiles de mer n'ont aucune odeur. On a
trouvé quelquefois dans le ventre de ces animaux ,
des cailloux qu'ils avalent pour appelantir leur
corps, & aller à fond \ parce qu'ils n'y peuvent
pas defcendre bien avant fans ceia. Aux Indes Oc-
cidentales on les appelle cayma.-is , tic û y en a
delî forts j qu'on en a vu un fe défendre coatie
trente hommes , qui lui tirèrent Çx-^ coups d'arque-
biile fans le pouvoir percer. Herrera. On n'en
trouve que dans les grands fleuves Ck' dans les pays
chauds, comme le Nil , le Gange, l'Orénoque, &c.
Thomas Gage dit qu'il s'eft garanti d'un crocodile
en fuyant & tournoyant tantôt d'un côté, tantôt
d'un autre, fans aller tout droit, parce qu'il ne
fîuroit tourner Ion corps que diliicilement, à caufe
qu'il eft roide & pelant, '< que d'ailleurs il court
en avant aulli vite qu'une mule. Les Egyptiens
iionoroient le crocodile dans une ville qu'ils appe-
loient la ville des crocodiles , Crocodilopolis , don:
parle Strabon. En langage hiéroglyphique le croco-
dile fignifioit la tyrannie dans le Gouvernement
politique. I oyei Kirker , (Ed. tgypt, T. I. p. ijp.
Le crocjdile étoit un animal ficré chez plufiéurs
d'entre les Egyptiens. Ceux de Thebe's & du Lac
Mœris Lii rendoienc un grand cuire. Ils en pre-
noient un qu'ils apprivoifoient : ils lui mettoient
aux oreilles des pierres précieufes & d'auties orne-
mens d'or , & l'attachoient par les pieds de devant :
ils lui donnoient pour fa nourrirure une certaine
•quantité de viandes qu'ils appeloierSt facrées. Les
Egyptiens croyoient que les vieux crocodiles avoient
la vertu de deviner, & que c'éroit un bon préfage
lorfqu'ils prenoient à manger de la main de quel-
qu'un ; & au contraire un mauvais, lorfquils le re-
fufoient. Lorfque le crocodile qu'on avoit élevé étoit
mort, on l'embaumoit, & on le mettoir dans des
urnes facrées que l'on portoit dans le Labyrinthe,
où étoit la iépulture des Rois. Ces mêmes ani-
maux étoient regardés avec horreur dans tout le
refte de l'Egypte & on y en tuoit autant qu'on pou-
voit en attraper. La Religion leur infpiroit cette
haine. Ils croyoient que Typhon, meurtrier d'O-
refte s'étoit transformé en crocodile.
Crocodile , eft aulli un petir animal qu'on appelle
autrement Stmx , qui eft allez femblable au lézard,
ou à de petits crocodiles. Il vit partie dans l'eau,
& partie fur la terre. Il a quatre jambes courtes
& menues. Son nuiieau eft lort pointu, fa queue
, courte & menue. Il eft alfez beau à voir, parce
qu'il eft couvert de pentes écailles fort bien arran-
gées, de couleur argentine, brunies en divers en-
droits, de couleur dorée, particulièrement fur le
dos. Il demeure toujours petit, & naît en Egypte
vers la Mer rouge , en Lybie & aux Indes. On en
prend les reins & le ventre pour les faire entrer en
la compolîtion du Mithridate. Il a une raie rirée le
long de fon corps depuis la tête juqu'à la queue.
II relfemble à nos lézards.. Diolcoride l'appelle crc-
codlle terrejlre.
Crocodile j fe prend figurément & Eimilieremenc
pour méchant, traitie, p;rnde. Nequam , irr.prolus ,
perjidus. Ah crocodile! qui luitte les gens pour les
étrangler. Mol.
On appelle des larmes de crocodile , les larmes
par lefquelles on veut émouvoir quelqu'un pour le
tremper, une feinte douleur qui ne tend qu'à fur-
prendre quelqu'un. Crocodili lachryms.. Les pleurs
. des Courtilannes font des larmes de crocodile.
CROCODILIUM. f m. Plante qui eft Semblable, fe*-
lon Diofcoride, au caméléon noir : elle croîr parmi
les bois, & a la racine longue, lilTe, un peu large,
d'une odeur comme le crelTon. Cette racine cuite
dans de l'eau, & prife en breuvage, fair fortir le
fang par le nez. On s'en fert dans les obftrucfions
de la rate. Sa graine qui eft ronde, pro.^oque
l'urine. Les Botaniftes ne conviennent point quelle
eft cette plante- Quelques-uns croient que c'eft
le caméléon noir -^ d'autres, une efpèce de char-
D
i6
CR O
don j qn'on appelle /phtcroiephalas. Il y en a qui la
prennent pour ïeringium marin,
CROCODILOPOLIS. Crocodilorum Cmuis ; c'eft-à-
dire. Ville des crocodiles. Il y en a deux dans l'an-
tiquité qui portent ce nom : l'une dans la haute
Egypte, on dans la Thébaïde , fur le bord du Nil ,
ainfi appelée , parce que les crocodiles y étoient
adorés. Strabon en parle dans fon VII*. Livre. L'autre
ctoit aux contins de la Phénicie, & de la Palelline
dans le JVlont Carmel , au rapport de Pliue , L, V.
c. 9.
CR0COM AGM A. f. m. Terme de Pharmacie. Ce font
des trochifques compofés avec le fahan, la mirrhe,
les rofes rouges , l'amydon , & la gomme Arabique.
Ce mot vient du Grec k^Uo; , fafran , & de
fJtyfi», qui iignifie le marc de quelque matière qu'on
a épreinte.
CROCOTE ou CROCOTON. f. m. Terme d'Anti-
quaire. Crocoton ou Crocota. C'eft un habit ancien.
Apulée parle de gens habillés de crocous Phrygien-
nes. Crocotifque Fhrygiis induti , dans la defcrip-
tion de la Pompe d'Ihs. C'ell ce au'il appelle ail-
leurs dans le même Livre Stola Olympionica , dé-
■crite ainfi dans un autre endroit : floride depicîâ
vejle confpicuus , paré d'une velle à Heurs. Les La-
tins ont aufli appelé ce vêtement PalU Se Lacerna,
comme Ovide parlant d'un Joueur de flûte :
f^enit humum Tyriâ faturatà murice Pallâ,
Dune vefte de pourpre il balaye la terre. Ce qui
ert: proprement le crocoton. D'où vient que Vopif-
cus dans la vie de Carinus appelle Tyrianthinum.,
à Heur de couleur de pourpre , le manteau du
Joueur de flûte. Paltium ChorauU. Baudelot. HiJI.
de Ptol. Aul, P. U.C. F. p. 26^ , t6û Au refte on
ne voit pas pourquoi faire orocote féminin , & pour-
quoi due la crocote & le crocoton • il paroît mieux
de ne point changer le genre. Le crocote ctoit un ha-
bit à frange, comme l'expliquent les Lexiques, vejlis
Jimhriata , un habit de foiej léger, de couleur de
Kalran, à l'ufage des Comédiens, des femmes g.a-
lantes , &c. Baudelot en voit une repréfentation
dans un deiTein tiré d'un Manufcrit du Vatican ,
& que Bartholin a publié dans fon traité des flûtes.
CpvOcote, f. f. animal des Indes. Sa couleur efl: mêlée
de celle du Lion & de celle du Tigre , & la con-
formation de fes parties tient quelque chofe du
Chien, & quelque chofe du Renard. Parmi quan-
tité de bêtes amenées à Rome pour les jeux célé-
brés à l'occafion du retour de l'Empereur Sévère,
la dixième année de fon règne & de fes viéloi-
res , il y avoit une crocote qui fut, comme on
■ croit, la première qui eût jamais été vue à Rome.
M. Cousin , p. m. jçS. de fa Trad. de l'HiJl. Rom.
de Xi phi lin.
CROCUS, f. m. Mot Latin qui fignifie/r/r^/?. Quel-
ques-uns lui donnent le même nom en François.
I' oyc^l Safran.
Crocus, en termes de Chymie , fe dit de plufieurs
préparations à caufe de leur couleur rouge. Le crocus
Martis eft une préparation de fer. Il y a le crocus
Martis apéritij , &C le crocus Martis ajlringent. V.
Safran de Mars. C'eft la même chofe. Le crocus
metallorum eft une préparation d'antimoine, qu'on
appelle autrement y^/ru^ des métaux , ou foie d'an-
timoine. On en fait le vin émétique Foye^ Anti-
moine.
CRODON. f. m. Faufle Divinité des anciens Saxons.
Crodo, Crodus , ou Krodo , Krodus. Saxon le Gram-
mairien , L. I. le nomme le premier entre les
Dieux des Saxons , qui font , dit-il , Codrus , Hama ,
Jrmus , Flivius & .S/'/'j. Crantzius , Saxonict , L. II.
,c.Ii. dit qu'il étoit honoré lur-tout .à Harsbourg.
Quelques - uns croient que Crodon étoit Saturne.
George Fabricius, au premier Livre de fes Origines
Saxones , rapporte la manière dont on le repréfen-
toit , qui convient en efiet alfez à Saturne. Il avoit,
dit-il, la hgute d'un moiflonneur qui eft ceint d'un
C R O
morceau de linge. Il tenoit de la main droite un
petit vafe plein de rofes , & une roue de char de
la main gauche, qu'il élevoit en l'air. Il fouloit
aux pieds une perche, poilfon hérilTé d'écaillés «Se
de piquants. C'eft une penfée bien raifonnable de
croire que le culte de ce Dieu avoit pafl'é de la
Grèce aux Germains voifins du Danube, de là dans
la Saxe _, & que , de même que le Dieu Irmus fem-
ble avoir été fliit de I'e^^w des Grecs , je nom Cr,-
dus pouvoir bien aufli venir du icçoW des Grecs,
qui eft le Temps, ou Saturne. Charlemagne abolit
le culte de ce Dieu, aufli - bien que de toutes les
autres Divinités Saxones. I oyer Voflius , de Idol.
L. II. c. ;?.
CRCESUS ou CRÈSUS. f. m. Nem propre d'un Roi de
Lydie , le plus riche dont il y ait mémoire dans
l'antiquité. Crœfus. Ce mot eft fort en ufage dans
notre langue , pour fignifier un homme pmflam-
ment riche. On dit tous les jours, c'eft un Cr^Jus ;
il eft riche comme un Créfus ; il a des richefles de
Créfus. ^
Doué en biens j tel fut Créfus tenu ,
Qui tout-à-coup un Job eft devenu. Marot.
CROIE. Ville capitale de l'Albanie. Croia, ancien-
nement. Antigenia , ou Erïbonea. Elle eft fituée
fut la rivière d'Hifmon , ou de Lifance. C'étoit au-
trefois une ville Epifcopale de la "Province de Du-
razzo. Cette ville eft nommée dans l'Hiftoire de
Scanderberg. Vbye:{ la vie de ce Prince écrite en
notre langue par le P. du Poncet Jéfuite, & d'Herbe-
lot au mot Croya.
CROILER. Terme de Fauconnier, qui fe dit des oi-
feaux qui fe vident par le bas. Subter fe alvum
reddere. On dit aufli emeutir. Quand un oifeau de
proie croile , c'eft marque de fanté.
|Cr CROIRE. V. a. quelquefois n. Ainfi on dit qu'un,
homme croit on nQ croit, & qu'il croir les myftères.
Dans le fens vulgaire, c'eft être perfuadé de la vérité
d'une propofition ou d'un fait. Donner fon aflentimenc
à une chofe que l'on eftime vraie , foit après un exa-
men fuftifant , foit qu'on n'ait point , ou qu'on aie
mal examiné. Credere. On prononce je croi ; mais
il n'y a que les Poètes à qui il foit permis d'écrire
je croi. On écrit je crois en Profe. Vaug. Corn.
Remarquez encore qu'on met rarement de après le
verbe croire: il a cra bien faire , eft mieux que, il
il a cru de bien faire. Il faut encore remarquer que
croire étant une chofe pofitive , exige l'indicatit , &
qu'il taut dire , je crois qu'elle eft aimable , & non
pas qu'elle foit. Plufieurs Provinciaux ne font point
cette remarque. Corneille lui-même a dit dans le
Menteur.
■gCF La plus belle des deux , je crois que ce foit U autre
C'éroit une faute de Grammaire du temps même
de Corneille. Mais pourquoi dit-on , je crc^z qu'elle
eft aimable , qu'elle a de l'efprit ? Et aoy<rç-vous
qu'elle foit aimable, qu'elle ait de l'efprit? C'eft, die
M. de Voltaire , que cr<3ye^-vous n'eft point pofitif.
Croje^-vous , exprime le doute de celui qui interro-
ge. Je fuis fur qu'il vous fatisfera : êtes-vous fur qu'il
vous fatisiafle.
Vous voyez par cet exemple que les règles de la
Grammaire font fondées la plupart fur la raifon Se
fur cette logique naturelle , .avec laquelle naiflent
tous les hommes bien organiféà.
^fT Croire , en termes Théologiques , & en parlant
de la foi , c'eft , dit l'Auteur des Conférences d'An-
gers, donner fon approbation & fon confentemenc
aux vérités révélées dont on a la connoiflance \ c'eft
y adhérer , parce que Dieu les a révélées à fon
Eglife, qiii nous les propofe. Ce n'eft pas proprement
approbation Se confentement , c'eft adhéfion d'efprit
&: de cœur ^ d'efprit , pour juger qu'elles font vraies ,
puifque Dieu , qui ne peut , qui ne veut nous trom-
per , nous les a révélées i de cœur , pour vouloir.les
CRO ^ CRO %j
emtraffèr , les profeiler , &c. Car la foi comprend, croire comme le peuple. La Bruy. Le monde a des
cet acla de volonté que les Théologiens appellent
fius a^'ccius-^ & par-là la foi de l'homme chrétien
eft différente de celle des démons , qui , comme
dit Saint Paul , croient 8c tré mi lient de crainte ,
credunt & contremifcunt ; &: de la foi de bien des
Apoltats qui , quoiqu'ils foient perfuadés des vérités
de la foi , fe laillent vaincre par la crainte des
fupplices j ou par quelque autre conlidération hu-
maine.
Ne croire que ce que l'on voit , ou ce que l'on
connoît par l'évidence naturelle \ ne confulter là-
delfus que foi-même , & ne déférer à nul autre qu'à
foi-même , voilà le premier principe de l'orgueil
humain. Bourdaloue. Ex. II. Il laut croire les ar-
ticles de la Foi , l'Evangile , la Sainte Ecriture.
Dieu a voulu accoutumer l'homme à croire fans
connoître , afin de le tenir dans la dépendance &
dans la fervitude. Il y a des dévots qui aiment Dieu
fans y bien croire. S. Evr. Celui qui croira , Se qui
fera baptifé fera fauve. A moins que la Foi n'adu-
jetcilfe notre raifon , nous palFons la vie dans une
contrariété perpétuelle , à croire, & .i ne croire point.
S. EvR. Les perfonnes pieufes embrairent d'abord le
parti de croire ; qui iîxe & arrête les courfes de l'i-
magination. ViLL. Les gens qui fe bornent à une foi
fpéculative & fuperficielle , croient tom ce qu'on veut
fims répugnance ^ ils n'y tout pas alfez d'attention
pour fe rendre ditîiciles. ÀIoni. jles prudens du fiècle
fe font un honneur de ne rien croire , pour fe diftin-
guer du vulgaire , &. ne pas bazarder leur créance.
Tail. En quel temps (î malheureux a-t-il été permis,
ou de faire dans la République j ou de croire dans
l'Eglife ce que l'on veut .'" Peliss. Croire n'efl: pas
imaginer. Nous croyons Dieu en tous lieux , & tout
entier, fans qu'il occupe aucun lieu; mais nous ne
l'imaginons pas , parce que nous n'avons jamais rien
vu de femblable. id. Croire n'eii pas comprendre ,
c'efl: plutôt ne pas comprendre ; mais recevoir par une
autorité fupérieure ce que l'on ne comprend pas, & fe
perfuader feulement qu'il eft poUîble , tant par cette
autorité fupérieure qui nous l'ordonne , que par la
comparaifon que nous faifons de cette merveille
avec d'autres dont nous ne pouvons douter, ou par
la proportion entre la merveille 5c fon auteur, id.
Préfume\- vous pouvoir détruire
Une loi qui fut vous injîruire j
Dès que le monde a commencé "i
Et ce qu'ont cru les plus habiles j
Des aveu°les , des indociles j
Croiront-//^ L'avoir effacé ? Duché , Ode fur
l'imin. de l'ame.
Croik^e, fe dit aufli de l'imagination qu'on a qu'une
chofe eft vraie , quoiqu'elle foir faulfe. Les petits
efprits croient a.\ix Devins , aux Sorciers , aux Songes,
aux Aftrologues , ajoutent foi à tout ce qu'ils leur
difent d'extraordinaire. On dit en converfation , cet
homme eft fi fimple , qu'on lui fait croire que des
veilles font des lanternes. Cet homme eft fi jaloux
de fa femme , qu'il ne la cnvr pas où il la voit.
Croire , lignifie aulfi Ajouter foi à ce qu'on nous dit \
témoigner qu'on eft perfuadé de quelque chofe , fur
le rapport d'autrui. Fidere alicui. On doit croire un
halnme fur fa parole. Cela eft vrai , fi l'on en croit
les Hiftoriens. En l'état où je fuis _, je lui dois par-
donner ; mais je ne la dois pas croire. Rochef.
Cefl un homme, entre nous ^ à mener par le ne-^ ,
Et je l'ai mis au point de voir tout fans rien croire.
Molière.
Croire , fe dit aulTî des opinions qu'on fe met dans
la tête , fondées fur plulîeurs raifonnemens & con-
jeilures. Il n'y a point d'opinion fi extravagante ,
que quelques Philofophes ne la croient. Ily a des
hommes qui s'imaginent qu'avec une certaine éten-
due d'efprit , & de certaines vues , il ne faut pas
apparences bien trompeufes, ce n'eft pas tout ce qu'on
croit. Entre les iciences il n'y a que la Géométrie qui
oblige à croire fes démonftrations.
Quoi ! le foihle intérêt de ce quon pourra croire
D'une bonne aclion empêchera la gloire} Mol.
Croire , fignifie encore , fuivre l'avis , le confeil dô
quelqu'un , déférer , fe rapporter à quelqu'un. Si
vous m'en croye^ , vous n'entreprendrez point cette
affaire. Mon droit eft li bon , que j'en croirai qui l'on
voudra. Il ne faut pas croire ion icns , fa paillon. Il
ne laut pas quelquetois même croire»à fes yeux.
Croire , en termes de Palais, fignifie , Recevoir pour
preuve , admettre .à un ferment en Juftice. On ne
cTo/r point les limples allégations des Avocats, mais
les preuves , hs titres qu'ils rapportent. On doit en
croire le ferment du Défendeur.
Crue , ue. parr. Il a les fignifications de fon verbe.
On dit ablolument au Palais , après qu'on s'eft
rapporté au ierment de quelqu'un , qu'il viendra cru ,
c'elt .l-dire , qu'il gagne fa caufe en taiiant Ion affir-
mation en Juftice.
Croire. Etre du croire , demeurer du croire , c'eft être
garant à fon correfpondant pour les dettes que l'on
contracte pour fon compte , ou pour les Lettres de
change qu'on lui remei^
CROISADE, f f. Guerre entreprife par les Chrétiens
pour recouvrer les Lieux Saints , ou pour l'extirpa-
tion de l'héréfie &■ du paganifme. Sacrum bellum ,
facra crucis miiitia. On y alloit autrefois par dévotion,
& ceux qui avoient deffein d'y aller fe'diftinguoient
des autres en mettant des croix de différentes couleurs
fur leurs habits , fuivant leur nation. Les François
la portoient rouge , les Angloisblainhe, lesFlamands
verte , les Allemands noire , & les Italiens jaune.
On compte huit Crtijodes pour la conquête de la
Terre Sainte. La première hit entreprife en 1055
au Concile de Clermont. La féconde en 1 144 fous
Louis VII. La troifième en 118S par Philippe Au-
gulle & Henri II. Roi d'Angleterre- La quatrième
en 1195 P^"^ Is l^'ips Céleftm III. & l'Hn-.pereur
Henri "VI. La cinquième fut publié* en 119S par
ordre d'innocenr Ili. Les François, les Allemands «Sc
les Vénitiens fe croifèrent. La fixième , fous le même
Pape, commença tumultuairem^nt en lii?, & finit
en 1244 par la. victoire des Cotafmins lur les Chré-
tiens. La feptième fut réfolue au Concile de Lyon
en 1145 ; c'eft la première de S. Louis. La huitième,
qui eft la féconde de S. Louis , & la dernière de
toutes, fut entreprife en liôS. Les Religieux de
Citeaux formèrent le projet de ces Croifades : Phi-
lippe Augufte en follicita l'exécution auprès du
S. Siégé , & Innocent III. leva le premier l'étendard
de la Croix. Il fut ordonné au Concile de Clermont
qu'on mettroit dans les drapeaux le figne de la Croix,
& que ceux qui voudroient s'enrôler , le porteroient
fur leur habir. L'ufage le plus ordinaire fut de porter
une croix d'étoffe fur l'épaule droite , ou au chape-
ron ; & c'eft de là que vint le nom de Croifade.
C'eft Pierre l'Hcrmite qui le premier prêcha là
Croifade. Tous n'alloient pas aux Croifades pour la
gloire de Dieu : les uns partoient pour accommoder
leur dévotion à leurs intérêts , & les autres , pour
ne palfer pas pourdes lâches. Chev. T'o\. M.Fleury.
Les Croifades ont été inftituées d'abord pour aller
conquérir la Terre- Sainte ; mais depuis, les Papes
les ont employées contre les Infidèles & contre
les Hérétiques. L'Abbé Juftiifiani dans fon Hifîoria
de gl'Ordini milit. T. I ^ c. 20 , fiir un Ordre de
Chevalerie des Croifés qui fervoicnt dans les Croi-
fades. #
"Vers le milieu du XIF. fiècle il v eut une Croi-
fade des Saxons contre les j'nvens du Nord , de la-
quelle les Chefs furent Frideric , Archevêque de
Magdebourg , les Evêques d'Halberftat , de Munfter,
de Mersbourg , de Brandebourg , d'Havelberg & de
Moravie , ou d'Olmuts , ^ l'Abbé de Corvei , avec
Dij
.s
C RO
C R O
plufieurs Seigneurs laïques. Vers le commencenient qui fe fabrique à Marfeille , & qui eft principale-
da XII^ fiècie de l'Eglife, fous le Pontificat d'In-
nocent III , Se fous le règne de Philippe Augufte ,
î'héréfie des Albigeois devine fi puiilance dans le
Languedoc & dans les Provinces voifines , que les
Catholiques ne virent plus d'autre remède eriicace
à lui oppofer que celui d'une Croifade. P. Langlois.
Cet Auteur nous a donné en notre langue une
Hiftoire exade des Croifadcs contre les Albigeois, à
Rouen 1705. Tout le monde fait que Maimbourg
a cent celle des Croifades de la Terre-Sainte.
■Croisade j en termes d'Aflronomie , eft une Conf-
tellation qui eft vers le Pôle Anrarctique, compoice
de quatre étoiles difpofées en croix j par le moyen
de laquelle les Navigateurs peuvent trouver le Pôle
Antarctique. Sydiis crucis Jignum rejerens.
CROISAT, f. m. Efpèce de monnoie d'argent , valant
environ un écu &c demi. Moneta figno cruas Jignata.
Les Cruifats fe fabriquent à Gênes , & font marqués
d'un côté d une Croix , & de l'autre ils ont une image
de la Sainte Vierge.
fp" CROISE, adj. pris fubft. Terme de Manufadures.
Foyei Croiser.
CROISÉE. Fenêtre , grande ouverture qu'on lailFe dans
une muraille en l'élevant, pour éclairer les appar-
temens. Fenejira. On ne fait plus de croifee avec des
meneaux , parce qu'ils défigurent tout un bâtiment \
c'eft cependant de ces tnéneaux qui formoient une
croix dans l'ouverti^re M la fenêtre qu'elt venu le
nom de croifee , que les fenêtres retiennent encore
aujourd'hui : on les appelle en ce fensfcapi per me-
diamjencjlram projecU. Une croifee cueillie en plâtre.
UuQ croifee partagée, eft celle qui a 4. à 6. ou 8-
jours. Croifee cintrée , eft celle dont la fermeture eft
en plein cintre, ou en anfe de pannier.
On appelle auffi croifee , le chaffis de menuiferie
qui fert à boucher cette ouverture , avec les vitres
Oc les volets qu'on y applique. Cancelli.
Demi-croisée , eft une petite fenêtre qui n'a que la
moitié de la largeur d'une croifee ^ ou fenêtre , quoi-
qu'elle en ait toute la hauteur. Media feenejlr a pars.
Croisée , dans les Egliles , eft cette repréfentation de
croix qui fe fait dans la voûte des grandes Eglifes ,
quand les ailes font élevées au milieu auflî haut que
le chœur & la net. Quatuor angulorum tcmpli _, junc-
tura , commifeura, pofeuio. Ainfi on appelle croix le
travers que forment les deux bras d'une Eglife bâtie
en croix.
<;:aoisEE d'OcivES. Terme d'architedture. On appelle
amfi les arcs , ou nervures qui prennent nailfmce des
branches^ d'ogives , & qui croifent dtagonalement
dans les voûtes Gothiques. Arcus decuffhdm crajecli.
Croisée de l'Ancre. Terme de Marine.' C'eft la partie
de l'ancre qui en fait la croix , laquelle eft fondée
au bout de la verge ^ c'eft fur les bras , ou la croix
de l'ancre que les deux pattes font foudées. Pars
extrema anchorx m crucem confermaza.
Croisée. Terme de Tilferand. C'eft un entrelacement
de fils bien ferrés enfemble. Stamen ac febtegmen
directb tranfverjum.
Croisée. Terme de Danfeur de corde. Ce font quatre
percbes à quelque diftance les unes des, autres ,
croifees vers le haut , & fur lefquelles on bande la
grolTe corde fur laquelle on danfe avec un contre-
poids. Mettre les croifees , &: bander la corde. Peràc£
decufeatin.
Croisée , fe dit de petits bâtons croifés au haut de
la ruche , par dedans , autour defquels les abeilles
font leur eue. BaciUi decuffaci.
Croisée. Terme d'Horlogerie. Rayons qui maintien-
nent le centre d'une roue.
Croisée. Terme de Co^verturier. C'eft un petit inftru-
ment de bois fait en croix , fur lequel font montées
les bolfes de chardon , dont on fe fert pout lainer
une couverture. Les autres ouvriers en laine l'appel-
lent une croix.
CROISELLE , ji^ CROISETTE. f. f. On appelle en
France , Papier à la eroifeelle , uns efpèce de papier ifCF Croiser eft auftî verbe n. & dans cette accspùon
ment pour le commerce du Levant.
CROISEMENT, f. m. Terme de Maître d'armes. Le
croijement confifte à mettre fon épée en forme de
croix fur l'épée de celui contre qui on fe bat. Enfees
deculjact. Faire un croifement d'epte. Liancourt.
Croisement. Terme de Phyfique. Action de fecroifer,
de fe mouvoir en fens différent d'un autre mobile.
Motus in di-verfe. Defcartes n'a jamais expliqué la
pefanteur & larrondiftement des tourbillons que
par les mouvemens du tourbillon & du refiux de la
matière fubtile aux pôles , & des pôles à l'équateur.
Ce croifement n'a rien de convenable ni de naturel.
Mém. pour les Sciences 17 40^. 1991.
Croisement. Terme de filage, ou devidage de foies.
Cet apprêt fe fait en palfant , ou croifant les uns fur
les autres , les dix ou douze petits fils dont on forme
le premier fil de foie , qu'on deftine à la fabrique
des étoffes.
CROISER, v. a. Mettre une chofe de travers fur une
autre , en forte qu'elle repréiente une croix , en la
coupant ou traverfant. Decujjure , canceiiarc. Ces
deux lignes , ces deux diamètres fe croifent , c'eft-à-
dire , le rraverfent à angles droits , à angles aigus.
Les fils de la toile, de la ferge , fe croifeem, palfent
les uns fur les autres. Croifer les piques , les épées.
Les Tailleurs croifentles jambes quand ils travaillent.
Les Vanniers croifent les ofiers. Les Jardiniers croifeent
les branches des efpaliers , ce qui eft quelquefois une
beauté , & quelquefois un défaut. Les parelfeux onc
fouvent les bras croifees.
^fT On dit aurti que deux chemins fe croifent, pour
dire qu'ils fe rraverfent j que deux lignes fe croifent ,
qu'elles fe coupent.
Croiser , fe dit auffi de ce qui traverfe le chemin
devant quelqu'un, f'iam feecare in tranfeverfeum. Ces
Cavaliers font venus croijer le chemin pour nous
reconnoître. Nous avons vu un fanglier qui a croifee
notre route. On dit à la chafle , croifer les chiens ,
quand on traverfe le chemin où ils courent.
Se Croiser fe dit proprement de deux perfonnes qui
vont l'une par un chemin & l'autre par un autre,
en forte que ces deux chemins foient traverfés ou
coupés perpendiculairement. De-là on l'a dit pour
aller par des chemins oppofés en quelque manière
qu'ils le tcMent , ou par le même chemin, en le
faifant en fens contraire. Ainfi l'on dit , le Courier
du Pape (Si celui du Roi fe font croifees , c'eft-à-dire ,
l'un allant & l'autre venant par la même route. Ils
fe font croifees à Lyon , c'eft-à-dire , qu'ils fe foiit ren-
contrés à Lyon j l'un allant & l'autre venaiar.
Croiser , fedit prefque dans le même fens au figuré,
pour dire , Se traverfer les uns les autres , s'oppofer
à quelqu'un , fe nuire mutuellement dans les mêmes
vues, ou dans les mêmes prétentions. Sibi mutua
adverfeari, obfeiftere , nocere. Ces deux rivaux fe croi-
feent , & fe traverfenr par-tout. On a tranfporté ce
verbe aux fentimens &c aux Auteurs , pour fignifier
fe contredire. M. Languet ôc quelques autres l'ont
pris en ce fens. Ces deux Auteurs font tellemeat
oppofés, qu'ils fe croifent continuellement.
Croiser, fignifie aufli , Rayer quelque partie d'une
écriture, en la traverlant avec un trait de plume eo
forme d'une croix. Litieas canceliatim inducere j fecrip-
tum aliquod cancellare. Ne faites pas fond fur la claufe
de ce contrat , il y a trois lignes de croifeées , de rayées ,
de barrées.
Croiser. Terme de Palais & de Finance , fignifie aulîi
Marquer quelque chofe d'une croix, pour montrer
qu'il y a quelque chofe à redire, ou à refaire. Cruce
aiiquidfegnare. On a croife cet arrêt , pour empêcher
qu'on ne le délivrât , que le procès ne fût un peu
mieux examiné. Quand on eft appelant d'une taxe
de dépens , le Procureur eft pourfuivi pour coter,
& croifetr , c'efl-à-dire, marquer d'une croix les ar-
ticles dont il eft appelant. Cr:iifer des dépens j en ce
fens , c'eft mettre des croix à côié des articles que l'on
veut contefter.
C R O
il fe dit des vêtemens &c des chofes donc les corés
palfenc l'un fiif l'aucie. On die qu'un rabat cro/jè ,
qu une
C R O
2.9
camifûle croiji trop , ne croijè pas allez.
Croiser , avec le pronom peifonnel, sV-lt die du temps
des guerres fainces , de ceux qiu taïf oient vœu dy
aller , qui fe cro{foiem , âc qui prenoient la marcjiLe
d'une croix fur leurs habits. S.i-crjm muiàdm projeter:,
facr.z m'ditU nomen date. Philippe de Valois propola
à fes Sujets de fe croifer, Ik commença lui-mtme à
prendre la croix. De Pkade.
Croiser, en termes d'Art Alilitaire,fedit de laconduire
de la tranchée qui va en zigzag. Il ne bat pas s'é-
loigner des capitales prolongées, donc il tauc renoii-
vefer les piquets de tems en tems , & les coëtîer
d'un bouchon de paille , même de quelque mèche
allumée pendant la nuit , pour les reconnoîcre , ahn
de ne s'en pas éloigner, Se delà fréquemment cvo/yè/-.
Desprez de s. Savim.
Croiser, en termes de Marine, fignilîe , Rôder fur
une côte , y faire diverfes bordées & traverfes \ aller
& venir fur une mer pour la garder , & empêcher
les Corfaires de piller les Marchands, de faire des
defcences. Il fe dic aulli des ennemis qui cherchent
à pirater, & qui attendent les vallfeaux à l'encrée
ou à k fortie des ports. Maria percurrere , ohlldtrc
ad eadem mtanda vel injejïanda. L'armée a palfé une
partie de l'été à croijcr fur les côtes de Barbarie.
En termes de Jardinage on dit qu'il huit ie donner
de garde de croijcr les branches d'un arbre qui efl
enefpalier, c'eft-à-dire , de les faire palFer les unes
^r les autres. Une branche croifde a mauvaife grâce.
Croiser les foies. C'ell: les tordre légèrement par le
moyen d'un moulin , ou métier à tuer les foies-
Croiser une étoffe. C'eft la travaillera quatre marches,
pour en ferrer les fils , &c faire ce qu'on appelle la
croifure.
Croise , ee. part. Il a les lignifications de fon verbe ,
en Latin , comme en François.
Croise , en termes de Blafon, fe dit du Globe Impé-
rial , ôc des bannières chargées d'une croix. Crace
ihjiractus.
Croisé , ée. En termes de Pocile Françoife , on ap-
pelle des rimes croijies ou des vers croifts , ceux
donc les rimes lont alternées j comme dans les llances
où elles font éloignées & entremêlées, à la différence
du poëme héroïque , de l'Elégie , & autres ouvrages
qui ne louffrent point la croifure des vers.
Je ne fin Jï je dois par des rimes croifées
Conjlruijlinc d'abord un quatrain j
Joindre de deux tercets les phrafes repofées
Dans un terme égal & certain. La Motte.
M. Corneille dans l'examen de fon Andromède
dit : la diverfité de la mefuie & de la croifure àzi
vers que j'y ai mêlée , me donne occafion de les
jullifier.
Croisé. En termes de Guerre on appelle feu croifé ,
quand on charge l'ennemi en tête & en queue , ou
fimplement quand l'ennemi fe trouve encre deux
feux.
Croisé , en terme de Danfe , fe dic des pas qui fe
font en allant de côté , foit à droit , foit à gauche.
Pajfus , ou gradus obliquas. La cinquième poficion
du corps eft pour les pas croifes. Rameau.
Croise, f m. Celui qui eft de la Croifade , qui a pris
la croix pouraller Liire laguerreaux Infidèles. Sacram
militiam projeffus. Il alla au fecours des Croifés.
Croiset. f. m. Terme populaire. Jour de l'Invention
de la Sainte Croix le troifième de Mai. Ce mot ne
fe dit que dans ce proverbe du peuple. Georget ,
Marquer, Croifet de Urbmet font des jours funeftes
aux biens de k terre par la gelée. Foyer au mot
GEORGET.
CROISETTE , ou CROISILLE. f. f. Diminutif de
croix. Ce mot n'a guère d'ufage qu'en termes d.
Blafon, où on voit fou vent des Ecus femés de aoi-
fettes , ou de petites croix ; & les fafces ou autres
pièces honorables chargées ou accompagnées de croi-
jfettes. Crux miner. Les woix mêmes abouti llcnc
fouvent en croifcttes , & font appelées alors a-cJ/è^tci
ik rccroifettees.
CROISETTE. f. f. Cruciata. Plante qui a tiré fon nom
de la dii'pofition de les feuilles. L'elpèce la plus
commune cil celle qui eff toute veiue. Cruciatu hcr-
Jura. C. B. Ses racines lont menues , jaunâtres , &
pûnlfentphilieuis petites tigescarrées , velues, garnies
a chacun de leurs noeuds de quatre leuiiles dilpoiees
en croix, comme arrondies , velues, &: des ai'.ielles
delquelles nailfent des fleurs qui torment comme
des verciciUes. Ces fleuis (ont tort petites , jaunâtres ,
d'une ieule pièce découpée en quatre ou cinq parties.
Le calice qui les foucienc devient un huit compofé
de deux très-pecices femences rondes , <?i appliquées
l'une contre l'autre. On met cette plante au nombre
des apéritives & aftringentes. Des Médecins la lont
palfer pour une antiépilepcique. Elle eft très connnune
à la campagne.
Croiseïte. "ferme de Marine. Quelques-uns appellent
croijettes la ciel ou les chevilles qui joignent &: en-
tretiennent le bâton du pavillon avec le mat tjui eft
au dclfus. ,
CROISETTE, ÉE. adj. Terme de Blafon. On appelle
croix croijettee , celle ciont les quatre extrémités font
terminées par des cioiietres.
|KF CROISIC, ou CROISIL ( le ). Petite Ville de
France eii Brecigne, dans le Pays Nantois : c'eft un des
poits de la Loue.
CROISIE. f. f. Crux. Vieux mot qui s'cft dit en quel-
ques endroits en parlant des croix qu'on ivit iur des
écritures , pour en contcfter quelques articles.
CROISIER. 1. m. Nom d'an Ordre Religieux , qui eft
une Congrégation de (chanoines Réguliers , qu'on
appelle Croijiers, ou Porce-croix. CruciataSj Cruciger.
11 y a trois Ordres qui ont porté ou portent encore
ce nom. L'un eft d'Italie ; le féconda pris fon ori-
gine aux Pays-Bas i & le troifième en Bohême. îls_
prétendent venir de S. Glet \ que S. Quiriace , Juif
qui montra à Sainte Hélène le lieu de k vraie Croix ,
&c qui fe convertit, les réforma. Ce qu'il y a de
certain , c'eft que cet Ordre étoit établi en Italie
avant qu'Alexandre III ir.oncâc fur la chaire de Saint
Pierre, puifque ce Pontife fuyant la perfécution de
l'Empereur Frédéric Barberouffe , trouva un aide
dans les Monaftères des uw7?e;\r, & après que l'Eglife
fut en paix, l'an 1 16<; , il renouvela cet Ordre , lui
donnant une Règle & des conftitutions , & le pre-
nant fous la protedion. Pie V. l'an 1 5 iS , l'approuva
de nouveau , & confirma les privilèges. La dikiplma
étant encore aftoiblie , Alexandre Vlil
régulière s y
la
leTupprima tout-à-fait en 16^6. Ils avoient la qua-
lité de Chanoines Réguliers , la Règle de Saint Au-
guftin , & cinq Provinces toutes en Italie , celle de
Boulogne-, de Venife , de Rome , de Milan & de
Naples. ils étoient aufti Hofpitaliers.
M. Allemand , dans fon Hijî. Mon. d Irlande y dit
qu'il y avoit quatorze Monaftères de Croijlas en Ir-
lande , & qu'ils étoient venus de ceux d'Italie , puii-
que ceux de France & des Pays-Bas ne les recon-
noiffoient point pour membres de leur Ordre. D au-
tres croient qu'il y a lieu d'en douter.
Mathieu Paris dit que des CroiJiers , ou rveligieux
Porte-croix , portant des . bâtons au bout delquels
il y avoit une croix , vinrent en Angleterre en 1 244 ,
fe préfenter au fynode que tenoit l'Evêque de Ro-
chefter , pour être reçus. Dodfworth & Dugdale ,
dans le Monajiicon Anoiicanum , parlent de^ deux
Monaftères de cet Ordre en Angleterre , Tun à Lon-
dres , l'autre au Bourg de Rigat , celui-ci londc en
11^5 , &c l'aucre en 1198. Us en avoient encore un
.à Oxfort, où ils furent reçus en 1549. Ces trois
maifons ont fubfifté jufqu'au fchifme.
Croisiers de France & des Pays-Bas, qu'on nomme
auffi de Sainte-Croix , & à Paris de Sainte Croix de
la Brctonr.erie , autre Congrégation de Chanoines
Réguliers fondée fous le Pontificat d'Innocent III ,
l'an 121 1 , p:ir Théodore de Celles , fils du Baron
de Celles , ilfu des Ducs de Bretagne. Le P. Verduc,
Religieux de fainte- Croix, qui a écrit la vie du
5 0 C R O
Peie Théodore , die que ce jeune Baron s 'étant croifé
en 1 iSS , & ayant été iervir en Paleftine , il y con-
nut de ces Croijlers^ inftitués , à ce que l'on prétend ,
par S. Clet , & conçut dès lors le dellcin d'en inlluuer
une Congrégation dans fon pays. Ce qu'il y a de
certain, c'eit que Théodore, étant retourné de Palef-
tine , tut engagé dans l'Etat EccléiialUque par Raoul
Evcque de Liège j qu'il alla en qualité de Millionnaire
à La Ctoilade contre les Albigeois j qu'étant retourné
en Ion pays en izii , l'Evêquc de Liège lui donua
l'Eglife de Saint Thibault , fituée fur.une coUinne
appelée Çlairlieu proche de la ville d'Huy j que ce
fut là qu'avec quatre compagnons il jeta les fonde-
mens de fon Ordre , qu'Innocent III & Hononus III ,
confirmèrent. Théodore envoya de les Religieux à
Touloule qui fe joignirent à Saint Dominique , pour
combattre les Albigeois^ & cette Congrégation s'é
lablit & fe multiplia depuis en France. Les Papes
ont voulu foumettre les Cro'ifiers d'Italie à ceux de
Flandre, dont le Général fait ordinairement fa réfi-
dence à Çlairlieu, quleft leChef-d'Ordre.
Ces Religieux portoient dans le commencement
une foutajie noire avec un fcapulaire gris , &: par
delTus une grande chape noire avec un grand capu-
chon : ils changèrent la foucane noire en blanche ,
par une Bulle de Clément VIIÏ ; & fur la tin du der-
nier fiècle ils changèrent encore leur habillement,
qui confiile à préfent en une foutane blanche & un
Icapuiaire noir chargé fur la poitrine d'une croix
rouge & blanche. Lorfqu ils font au chœur , ils ont
Tété un furplis avec une aumulïe noire ; &: lorfqu'ils
vont en ville , ils mettent un manteau noir comme
les Ecclélîalliques. Ils mettent encore dans quelques
Provinces le furplis fur le capuchon , & le capuchon
à U tête au lieu de bonnet carré ; & , en mémoire de
leur ancien habillement , les Novices portent la fou-
tane noire pendant deux mois.
Croisier , ou Porte-croix avec l'étoile. Autre Con-
■grégation de Chanoines Réguliers de Sainte-Croix
établis en Bohème , qui prétendent faire remonter
leur origine jufqu'au temps de Quiriace , puifqu'ils
difent qu'ils font venus de Paleftine en Europe, où
ils ont embraifé la règle de S. Auguftin j qu'ils bâ-
tirent pluheurs Monaftères ou Hôpitaux , entre
autres celui de Sorzik proche de Prague \ que la
bienheureufe Agnès de Bohème en tirades Religieux
pour fonder celui de Prague ; & qu'afin que ces
Cro'ifiers fulfent diftingués des autres , cette Prin-
cefTe obtint d'Innocent IV" , qu'ils ajouteroient une
étoile à la croix qu'ils portent. Mais ce que l'on dit
de S. Quiriace n'eft point fondé ; c'eft la bienheu-
reufe Agnès, fille de Primiflas, ou d'Ottocare I,
Roi de Bohème , qui inllitua cet Ordre à Prague
en 1134, &: leur donna l'hôpital qu'elle y fonda
auprès du pont. Ils ont maintenant deux Généraux ,
l'un à Prague , auquel une partie obéit , & l'autre
à Breflav; , auquel une autre partie des Cro'ifiers de
Bohème , & ceux de Pologne & de Lithuanie font
fournis, l'^oyc-^ les Bollandiftes dans la vie de la bien-
heureufe Agnès , T. I. de Mars, p. 5 18 , àc:. f^oye:^
aulli fur tous ces Croifiers , ÏHiJÎ. des Ord. Mon. &
Relig.P.H, C.35.
Croisier avec le Navire. Le P. Anaftafe de S. Agnès ,
Auguftin Déchaufie , fait mention de certains Reli-
gieux Croifiers en Bohème j qui ont lur le côté gauche
un navire , & qu'il dit avoir été établis en 1400.
Pontanus parle aufli de ces Croifiers avec U navire,
qui, dit-il, ont trois maifons en Bohême, f^. ÏHifi.
des Ordr. Mon. & Relig. P. II ^ C. 3 5. Pontanus, Bo-
henïia Sacra.
CROISIÈRE, f. f. en termes de Marine, eft une cer-
taine étendue de mer , où les vailîeaux vont croifer
& faire des courfes. Injefidi, p'iratis or a. Staûo , locus
obfiervationis. Cette frégate femble avoir établi fa
croifière depuis Livourne julqu'à Nice. Gazette ,
1740, p. 550. Dès que le temps lut plus calme , je
revins iâir ma cro'fière. Forbin. En revenant fur ma
cro'ifiicre ^ j'eus ordre de retourner à Cadix. Idem.
C R O
Etre en bonne croifière , c'eft être en un bon endroit
pour attendre les vailfeaux & pour les attaquer.
VailFeaux en croifière , font des vailfeaux qui font
dans le parage qu'on doit ou qu'on veut tenir pour
croifer.
CROISILLE. f. f. Terme de Cordier. Petite pièce de
bois taillée en portion de cercle , qui eft lur le rouet
des trieurs , &c qui porte les molettes.
Croisille. Terme populaire. Petite croix. Crucicnla.
CROISILLON, f. m. Le bras, le travers d'une croix.
Cruc'is brachia.
Croisillon, eft auiîî une partie, foit de pierre, foit
de bois 3 qui fépare une croifée en deux par fa
hauteur & par fa largeur. Fenefirs. tranfiverfius fcapus.
Il lignifie aulli une demi -croifée. On appelle cro/-
fiilions de chafiis , de petits morceaux de bois croifés
qui féparent les carreaux d'un challis de verre.
CROiSOIRE, qu'on nomme aulli quelquefois /Je/j^nc.
Inftrument de fer ou de bois , dont on fe fert pour
faire, fur les galettes de bifcuit de mer , diverfes fa-
çons en forme de croix.
CROISSANCE, f f. Augmentation qui fe fait de La
taille ou de la hauteur des animaux , ou des arbres ,
jufqu'à un certain âge. Acaetio yincremei:tum , accre-
mcntum. On pardonne aux jeunes gens, s'ils mangent
beaucoup , jukju'à ce qu'ils aient pris leur croijjai.ce.
Les chênes lur leur retour ne font plus en état de
croijjance.
Ce mot vient de creficent'ia , qu'on forme de crefi
cere. Il vieillit un peu dans le propre , & dans le
figuré , il eft furanné. C'eft un jeune efprit qui|Ji'a
pas encore pris toute fa croifjance. L'amour & l'eftime
que j'ai pour vous , ont déjà pris toute leur croi(]'ance.
COSTARD.
On appelle aulfi croijfances 3 certaines herbes
congelées qui fe prennent fur les rochers , & dans
la mer, dont on orne les grottes. Il y a de ces croifi
fiances qui font en forme de crête-de-coq , qu'on
appelle cro'ijjances des Indes. Elles font un très-bel
effet.
IfT CROISSANT, f. m. La figure de la nouvelle
Lune , jufqu'à fon premier quartier. Elle préfente
alors un petit rayon de lumière aboutilTant en pointe.
Luna crejcenns cornua.
On appelle improprement cro'ijfant , la même
figure de la lune en décours \ mais alors les pointes
font tournées du côté de l'Occident, au lieu qu'elles
font du côté de l'Orient pendant le cro'ijjant. Voy.
Lune.
Avant que les Turcs fe fulTent rendus maîtres de
Conftantinople , & de toute antiquité ', la ville de
Byzance avoitpris un cro'ifiant pour fymbole , comme
il paroît par les médailles des Byzantins , frappées
à l'honneur d'Augufte , de Trajan , de Juha Domna ,
de Caracalla.
Croissant , fe dit aufti de ce qui a la figure de cette
nouvelle lune. Ainfi S. Amand a dit d'un fromage.
Pourquoi toujours s'appet'ififiant _,
De lune dev'ient-'d croilîànt ?
Croissant, fe dit figurément & poétiquement de
l'Empire du Turc , qui a un croijjant en fes armes ,
& qui le fait mettre fur tous les toits & lieux élevés ,
comme nous mettons les girouettes en Occident,
Turcicum Imperium cujus luna creficens infigne efi. Faire
pâlir le Croiffiant. Boil. C'eft- à-dire , Epouvanter les
Turcs.
Croissant , eft aiifli un inftrument tranchant , & fait
en arc , dont fe fervent les Jardiniers pour tondre
leurs palilFades. Falcis genus creficentis in morcm luna
conjormatum. On le dit aulîî des autres ferremens
taillés de cette manière , comme ceux qui fervent
à tenir la garniture du feu dans une cheminée.
On donne le même nom aux branches recourbées
de fer ou de cuivre ordinairement doré , dont on fe
fert pour arrêter les portières & les rideaux de fe-
nêtres.
CRÛ
Croissant , en termes de Luthier , eft un enfoncement
fait en foime de demi-cercle aux côtés des violons ,
des violes , des baffes , 6't. FiJJura crefcencts ui more/n
luns, citharis adacla.
Croissant, f. m. Ornement de tête des Dames &
Demoifelles. C'eft une partie de la cocffure que l'on
nommoit Commode.
Croissant. Papier aux trois aoiffans. C'ell: ainfi qu'on
nomme à Conftantinople , une elpéce de papier de
, France, qui le fabrique dans plulîeurs lieux de la
Provence.
Ordre du Croissant. Ordre de Chevalerie militaire
fondé par René d'Anjou , Roi de Sicile j & Comte de
Provence, en 1448. Ordo militaris a crejjente luna
nuncupatus. Les Chevaliers portoient iur le bras
un croiff'ant d'or émaillé, duquel pendoient autant
de petits bâtons travaillés en façon de colonnes ,
que chacun de ces Chevaliers s'ctoient trouvés ou
à des batailles , ou à des fiéges. Le P. Anselme.
Ce qui donna o«ca(ion à l'établilTement de cet Or-
dre, c'eft que René avoir pris pour devife un croif-
fam, fur lequel étoit cent le mot Los ; ce qui,
en ftyle de rébus, vouloir dire, Los en croijjanc-^
c'eft-à-dire , qu'en avançant en vertu, on mérite des
louanges.
Croissant double , double croissant. Autre Or-
dre de Chevalerie, appelé autrement l'Ordre du
Navire. Foye^ Navire. Le P. Hélyot, T. VIU.
c. 3 S. prétend que cet Ordre ell chimérique & fup-
poié , quoi qu'en dife l'Abbé Giuftiniani, dans fon
Hiltoire des Ordres militaires , & quelques au-
tres Auteurs. Il parle de l'Ordre que ces Auteurs pré-
tendent avoir été inftitué par S. Louis , & porté
à Naples par fon frère Charles d'Anjou , Roi de
Naples \ car pour l'Ordre du Croijjant que l'on
nomme aulli du Navire , ou des Argonautes de S.
Nicolas , il convient qu'il a été plus réel , qu'il
fut inftitué par Charles de Duras, Roi de Naples,
que Jeanne L qui n'avoir point d'enfans avoit adop-
té, & à qui elle avoit bit épaufer fa Nièce Mar-
guerite , dont il voulut rendre la cérémonie du cou-
ronnement plus augufte par l'inftitution de l'Ordre
du Croijjant &: du Navire. Le collier de cet Or-
dre étoit compofé de coquilles & de Croijffans , au
bas duquel étoit attaché un navire , avec cette de-
vife : Non credo Tempori. L'habillement de ces
Chevaliers, félon le P. Bonnani, confiltoit en un
grand manteau parfemé de fleurs de lys en brode-
rie, au côté gauche duquel il y avoit un navire
flottant fur les eaux. Leur toque étoit de velours
noir, couverte par-devant d'une plaque d'or, qui
repréfentoit auffi un navire.. Après la mort de ce
Prince, qui arriva en 13815. cet Ordre fut aboli
dans des tems de troubles.
En terme deBlafon, on appelle croijfant montant,
celui dont les pointes font tournés en haut vers
ie chef-, qui eft fa plus ordinaire repréfentation.
Lunula refupina. Les Ottomans portent de iinople
au Croiffant montant d'argent Les Croiffuns adojfes
font ceux qui ont leurs parties les plus greffes &:
les plus pleines à l'oppofite l'une de l'autre, & dont
les pointes regardent le flanc de l'Écu. LunuU ob-
yerf&. Le Croijjant renverféow couché, eft celui dont
les pointes lont au rebours du montant. Inverfa.
Les Cmijfans tournes fe pofent comme les adoffés:
la diflérence eft, qu'ils tournent toutes leurs pointes
d'un même côté vers le flanc dextre de l'Écu ,
foitentafce, foit en bande, les contournés au con-
traire ont leurs pointes vers le côté gauche de l'Ecu.
Lunuls, vcrjis in [cuti latus cornibus. Les CroiJJans
ajfrontés , ou appointés, ont leur alTiette contraire
à celle des adoffés, parce que leurs pointes fe re-
gardent, & font oppofées les unes aux autres. Lu-
nuU advcrjîs cormbus pojics.. Du Tillet dit que Clo
•vis porta autrefois trois CroiJJans, Saint Louis infti-
tua l'Ordre du double Croisant. La devife d'Henri
IL étoit auffi un double Croijjant.
CRÛISSET. Lieu de Normandie , fitué à une lieue
de Rouen.
C R O
^î
CROISSIER , V. n. Vieux mot , qui a fignifié /e
croifer, c'eft-à-dire, mettre une croix fur fon
habit , pour marquer qu'on va faire le guerre aux
Infidèles.
CROISSIR. V. n. Se rompre. Vieux mot , d'où font
venus en Languedoc crouijji & s'ccroujjlr, pour due,
craqueter en fe rompant.
CHOISI. Foyei CROIT.
CROISTRE. Foyei CROÎTRE.
CROISURE. f. f. La tiffure de la ferge qui fe fait
. en croix. Stamuûs ac J'ubtegminis direclo tranj'verfa
pojitio. Celle du drap s'appelle Jîlure. On connoît
la fîneffe d'une ferge à la croifure , Se celle du drap
à la filure.
Croisure, eft auiïi un terme de Pocfie Françoife ,
qui fe dir des vers dont les rimes font alternées.
^oye^ Croisé , terme de Pocfie.
CROIT, f. m. Augmentation d'un troupeau par le
moyen de petits qui y nailfent. Accretio , incremcn-
tum , accrementum , accejjïo. Dans tous les baux à
chepteil des beftiaux , après qu'on a remplacé le
premier nombre qu'on en a donné d'abord , le maî-
tre & le métayer partagent le croit, c'eft-à-dire,
les beftiaux qui fe font multipliés, & qui font le
profit du bail.
§C? Dans Montagne ce mot fe trouve comme
fynonyme à croiffince. Dans la fleur de fon crcijî.
CROITON. f. m. Nom que l'on donne à une pri-
fon , dit M. Bruncau , dans fes obfervations & Ma-
ximes furies matières criminelles. Carccr , ergaf-
. tulum.
CROITRE V. n. Prononcez crêtre. Je crois , je croij-
fois, je crûs ^ j'ai crû , je croîtrai ^ que je croijjc,
croijjant. Augmentation en hauteur , en groffeur ,
en étendue j devenir plus gros ou plus grand. Cref-
cere, accrejcere, excrejcere , increjcere. Tous les ani-
maux & les plantes croijjent jufqu'à un certain âge ,
jufqu'à un certain état de hauteur & de groffeur ,
qui eft différent félon leur efpèce. On dit que le
crocodile croit pendant toute fa vie. L'enfant croit
dix mille fois plus vite au ventre de la mère, qu'a-
près qu'il eft né. Andri.
Ce mot n'eft pas tellement neutre que les an-
ciens Auteurs ne le faffent quelquefois aétif, &
alors il lignifie, faire croître. Ort'en trouve divers
exemples dans la Poèflcj &: quelques - uns dans la
Profe.
A des cxurs bien touches tarder la jouijjance ,
■ C'cjl injailliblement leur cïomQ le dejîr. Malh.
Corneille a dit :
ALiis la plus belle mort Jouille notre mémoire ,
Quand nous avons pu vivre 6' croître notre gloire.
§C? Et dans le Cid.
M'ordonner du repos _, c'ejl croître mes malheun.
Auxquels on peut ajouter Racine , qui a dir : les
I Dieux m'ont didé cet oracle, qui croîtra fa gloiie
& fon tourment. Ces phrafesj où croître eft dans
une lignification active , ont été blâmées par de
bons Auteurs.
|!CF Voltaire fur Corneille, dit '• croître aujour-
d'hui n'eft plus actif, on dit accroître ; mais il
femble , continue- 1- il, qu'il eft permis en vers de
d'\ie croître mes tourmens, mes ennuis, mes dou-
leurs, mes peines.
fC? A la bonne heure dans la Pocfie où il y a
affez d'autres difficultés à furmonter ; mais , hors de
là , on ne doit point iifer de cette licence,
Croître, fe dit auffi des parties des animaux ôC
des végétaux qui ne leur font point effentielles ,
ou néceffaires , des ongles , des cheveux , de la
barbe , &c. Les Moines Grecs laiffent croître leur
barbe & leurs c\\Qws\ix.'Barbam , crines promittere.
Croître, s'employe aufli en parlant de» herbes, des
plantes, des fruits, & fignilie veniY , être produit
31 CRO
dans un lieu. Les blés de Fiance ne croijfent point '
en An>crique, ni n'y peuvent venir. WcrouAw tabac, ,
des cannes de fucie en Languedoc , mais ils n'y |
mûriirent pas bien. Telle plante croît dans les ma- ]
rais , qui ne croît pas dans les montagnes. Il croît ;
plulieurs gommes, de la moulle, & autres chofes
fembLibles fur les aibres.
C R o i T R E j le dit pareillement des chofes qui
s'entlent, qui s'augmentent, qui deviennent plus
grandes. Crtfare^ augefccre. Les eaux j les rivières
a-ûi\j'-ent à la fin de l'hiver. Les marées croijjcnt en
pleine lune, & dans les équinoxes. Les jours cro//^
fent en été. La lune croit julqu'à ion plein. L'eau
croît , en termes de Manne , c'eft-à-dire , il y a
flux , la marée monte.
Croître , fe dit aullî des maladies qui empirent ,
qui augmentent. Ingravefcere. Sa fièvre croît au lieu
de diminuer. Ce cancer , cette louppe croijjent tou-
jours. La gangrène croît eu peu de temps , fi-l'on n'y
remédie.
CRbÎTRE, s'applique aullî aux corps politiques, & fi-
gnifie j multiplier , augmenter en nombre. Accrefce- \
re y crefcere , è-c. Le peuple croît tous les jours à Paris. »
Son revenu croît tous les jours. La rivière eft crae ,
a crû d'un pied. Son armée eft crue par la défertton
des ennemis. Dieu , après avoir imprimé à l'homme
fc penchant qui le porte au mariage, lui ordonna
encore de croître & de multiplier. S. EvR.
CroÎiRE, fe dit figurément des chofes morales &
incorporelles. L'amour, la colère cro///ê«r par la pré-
fence des objets. Cette maifon a bien crû en hon-
neur & en dignité depuis fa faveur. Les difcours,
le commerce des gens du fiecle lont cro/Vc, malgré
nous, une foule de delirs féculiers dans nos cœurs.
Flech. Les réflexions doivent être placées dans un
tel ordre, que les plus fortes Se les plus fenhbles
foient les dernières, afin que le difcours aille tou-
jours en croijfant. Claud.
Je vois mes honneurs croître j & tomber mon aidit.
Racine.
Puijfe durer , puijfe croître ,
L'ardeur de mon jeune Amant,
C'imme jeront fur ce hêtre ,
Ces marques de mon tourment. Des-Houl.
Crefcent ilU , crefcetls amores.
Voyez d'autres exemples de ce fens figuré dans
les vers qu'on a cités au milieu du premier auicle.
?,fT Les chofes matérielles croijjent par la nour-
riture qu'elles prennent , par une addition inté-
rieure & méchanique, qui fait l'effence la nourri-
ture propre & réelle ; elles augmentera par la fim-
ple addition extérieure d'une nouvelle quantité de
même matière.
§Cr Les chofes fpirituelles croiffènt p:\r une efpece
de nourriture prife dans un fens figuré ; elles au-
gmentent par l'addition des degrés jufqu'où elles
font portées.
§Cr Mieux on cultive un terrein , plus les ar-
bres y croijjent J &plus les revenus augmentent.
ify L'amour qui fe tonne dans l'enfance croît
avec l'âge. Le vrai courage n'eft jamais fanfaron;
il augmente à la vue cm péril. L'ambition croît à me-
fure que les biens augmentent. Voye^ au mot Adg-
menter, la différence dléicate qui fe trouve entre
ces deux mots, dans les cas même où ils paroif-^
fent abfolnment fynonymes, expliquée par M. l'Abbé
Girard.
Croître, fignifie aullî fe répmdre, en parlant des
bruits. Le brait de la pelle , de la guérie , croît tous
les jours. Increbrefcerc.
Croître, fignifie aullî naître. Corneille a dit de Pa-
ris : il y croît des badauts autant & plus qu'ailleurs.
Nafci.
Croître , ft dit proverbialement en ces phrafes : à
C RO
chemin battu il ne croît point d'herbes. On die
aux jeunes gens qui croijjent, qui font devenus
grands , Mauvaife herbe croît toujours. On dit ,
quand on veut louer une perfonne ou quelque cho-
ie, qu'elle ne fait que croître & embellir. On dit
d'un homme de néant qui a fait une grande for-
tune en peu de temps, qu'il eft cru comme un cham-
pignon, tout en une nuit.
CRÛ, ÛE. Part.
CROIX , f. f. Pièce de charpente compofée de deu.x
morceaux de bois j dont l'une traverfe & coupe
l'autre ordinairement à angles droits. Crux. Elle Ici-
voit autrefois de lupplice pour les malfaiteurs & les
efclaves. Les Romains faifoient élever des cn-ix ,
pour faire peur aux loldats , comme on fait ici
des potences. Vers l'an 311. Conftantin abolit par
une loi le lupplice de la croix ufité chez les Ro-
mains. SozojM. Hijt. hccl. L.I. CCI.
Crux, une croix, un gibet, prend fon origine du
Celtique , croug & croas. Pezron. Si (.roug Hc croas
ne viennent pas de crux , une croix.
Cr-oix j fignifie parmi les Chrétiens les myfteres de
la Rédemption du genre humain. Saiutare repara-
tionis human& Myjterium. La croix a été un fcandale
pour les Juifs J une folie dans l'opinion des Payens,
dit S. P.U1I.
Croix, fignifie auflî le bois facré qui a fervi d'inf-
trument au Myftere delà Rédemption, .ijcv «7« cra-
cis Lignam. La croix a été en une grande vénération
depuis que J.C. y a voulu être attaché pour nos pé-
chés. On dit, la vraie croix, adorer la croix, l'é-
tendard de la croix ; & l'on dit figurément, en ce
fens, mettre fes injures, fes relleatimens au pied
de la croix, pour dire les offrir à J. C. pendant a
l'arbre de la croix.
Il y a des fentimens difFérens fur la manière dont
fe faifoit l'exécution du fupplice de la croix ^ lî l'on
clouoit avec quatre doux, ou feulement avec trois 9
fi les pieds ctoient immédiatement attachés à la
croix , ou s^ils portoient fur uh petit morceau de
bois ou efpèce de marche - pied , ou de foutien
attaché à la croix, & auquel on les clouoit: Ci l'oa
plantoit la croix en terre avant que le patient y
fût cloué , l'y attachant enfuite par le moyen d'un
échafaut élevé à la hauteur de l'endroit où les pieds
dévoient être attachés , lut lequel on faifoit mon-
ter le patient : ou fi on n'élevoit & on ne plan-
toit la croix qu'après qu'il y avoit été cloué j comme
nos Peintres le fuppofent : enfin, h le Patient y
étoit attaché tout nu , ou s'il étoit couvert j & tou-
tes ces queftion fe font fur-tout par rapport à J. C.
crucifié.
On demande fi J. C. fut attaché à la croix avec
trois clous feulement, ou avec quatre. Il femble
que le fentiment de ceux qui difent qu'il ne fut
attaché qu'avec trois clous , foit aujourd'hui le plus
répandu.* Au moins prefque toutes les images du
Crucifix , n'ont que trois clous. Ce fentiment eft
auHi très-ancien. S. Grégoire de Nazianze, ou Apol-
linaire, ou quel que foit l'auteur de la Tragédie de
J. C. fouffrant , appelle la croix T^irxhn iUm ,
un bois à trois clous. Et Nonnius , fur S. Jean C.
XIX. V. iS. dit que les pieds du Sauveur furentat-
tachés avec un feul clou a^i-y» r»!^^». Daniel Mallo-
nius tâche de confirmer ce fentiment dans (qs no-
tes fur Alphonfus Pala'otus, C. 19 De Jligmatibus
Chrifli. Il paroît cependant plus probable qu'il y eue
c]uatre clous. C'eft le fentiment de Grégoire de
Tours , Z. /. De Glor.Mart. c. 6. On voit par l'ade
II. Scène I. du Moftellaria de Plante que c'étoit la
coutume des Romains. Nonnius lui-même, fur S.
Jean C. XIX. v. 15. repréfente les Juifs pleins de
fureur j criant à haute voix que J. C. fût mis en
croix, & qu'il y fût attaché rsTp«y«n hs-fia , d'un qua-
druple lien. Enfin il y a beaucoup d'anciennes ima-
ges du Crucifix qui ont quarte clous, comme on
peut le voir dans le Romu fubterranea de Paulus
Arringhius. L. III. C. 41.
Grégoire
CRO
Grégoire de Tours êft le premier qui ait parlé
d'un foLUien pour les pieds des crucitiés, w^y^a,
ieion la remarqué de Nanlius fur la Paraphrafe
de Nonnius lur S. Jean XIX. S. ôc de Vollîus
dans l'on Harmo.i. Evang. L. H. c. 7. §. 28. Bien des
gens ont embralTé ce fentimenr , entre autres Feuar-
denr dans fes Notes fur S. Irénée, L. II. c. 41. où il
le prouve par plufieurs très- anciennes Images du
Crucihx, qu'il avoir vues à Verdun j à Cologne,!
Trêves, (Sv. & qui avoien: toutes cerre efpèce de
petit banc. On allure que l'on conierve dans le Mo-
naftère de Liefties en Hainaut, une Médaille Grecque
dont Juite Lipfe a parlé, L. II. De Cruce , c. 10.
où l'on voit ce marche-pied, auHl-bien que dans plu-
lieurs autres Images dont il elt fait mention dans le
lioma fuburranea de Paulus Arlnghius. Cependant,
malgré cette nuée de témoins, plufieurs gens ha-
biles fouriennent le contraire. Saumaife, dans fa
première épitre fur la Croix , foutient que ce petit
banc ell de l'invention de Grégoire de Tours. George
Callixte, dans l'Addition qu'il a faite au livre de
Lipfe fur la Croix , Dilherus dans fes Nores furie
Crucifiement, & Vofiius dans ion Harmonie Evan-
gélique , font du même ientiment. Voye^ encore
Anton. Binxus L. III. De Morte J. C. c. 5. 1 1. ] 2.
où il le prouve avec beaucoup de foin.
Il étoit î\ difficile aux exécuteurs de ce fupplice
d'avoir à élever une croix chargée d'un corps, que,
quand on voudroit qu'ils n'eullenr point eu d'égard
aux douleurs atfreufes que les fecoulFes de la croix
auroient caufées au patient , on ne peut prefque
douter que pour s'épargner à eux mêmes be.uicoup
de peine , ils n'élevairent & n'atfermillenr 'oien la
croix dans fon trou , avant que d'y attacher celui qui
y étoit condamné.
Quant à la dernière queftion , S. Ambroife, Hé-
fychuis, S. Augultin , S. Bonaventure, & d'autres
anciens \ &, parmi les modernes, Saumaife , Gérard-
Jean 'Volîius, Bynxus, &c beaucoup d'autres veu-
lent que J. C. fut attaché tout nu à la croix ; que ,
c'étoit la coutume des Anciens ; qu'Artémidore le
dit pofitivement dans fon fécond livre des fonges,
c. 58. yc-^»«( y«|) 5-T«!/^3»r«( ; qu'Arrieu monrre la même
chofe dans fa Dillertation fur Epidète L. IV c. t.6.
quand il dit qu'on fort du bain tout nu , & qu'on
s'étend comme les crucifiés , pour être frotté. Mais
on répond à cela que les paroles d'Artémidore ne
fignifient pas qu'on fût entiéremenr nu à latro/.v;
que pour Arrien fa comparaifon tombe , non fur
ce qu'on eft nu au bain comme un crucifié, mais
fur ce que pour fe faire frotter on s'étend comme
un crucifié. Ainfi plufieurs Savans croienr que le
fentiment contraire ell plus probable ; que la pu-
deur ne permettoit pas qu'on en usât autrement ,
que les Images du Crucifix fonr toutes couvertes,
au . moins en partie; qu'à Aix-la-Chapelle on
croit encore avoir le Hni^e dont le Sauveur fut ceint;
que plufieurs anciennes Images ou ftarues le repré-
fentent même vêtu d'une efpèce de jupon qui prend
à la ceinture, & defcend jufqu'aux genoux; que
dans l'Eglife de Nantes, que Félix Evêque de Nan-
tes fit bâtir, &C qui fut confacrée en 568, il y fit
mettre un Crucifix d'argent , ceint d'un jupon d'or,
embelli de pierres précieufes ; & que ce font les
Peintres qui ont introduit la coutume de ne met-
tre au Crucifix qu'un linge autour de la ceinture.
On appelle Invention de Sainte Croix , la fêre
qui fe fole'mnife le 5 de Mai en mémoire de ce
que Sainte Hélène mère de Conllantin trouva la
vraie croix de Nôtre-Seigneur bien avanr en terre
fur le Calvaire, où elle fit bâtir une Eglife pour
y en laifler une partie , l'autre ayant été depuis ap-
portée à Rome en l'Eglife de Sainte Croix de Jé-
rufalem. Pia inventa Sancld Crucis mer:toria , cele-
hritas ,fejlivitas. Théodoret raconte qu'on trouva les
trois croix, de J. C. iSc des deux brigp.nds crucifiés
avec lui , & que pour faire le difcernemenr, on
toucha une Dame malade , qui fe fcntit guérie pat
l'attoudiement de la vraie Croix. Cousin. Eufèbe
Tome III.
CRO
3
rapporte que le_ Grand Conllantin vit en fonge une
Cru:x luniineufe, avec ces paroles, w vaincras à la
javeur de cejigne. lu. f-'oye^ fur l'invention de la
Croix J Théodoret, II/JI. Ecd. L. 1. c. 18. Rufiiii
L. I. c. 7. 8. Socrare L. i. c. 17. Sozom. L. il. c. i. S.
Ambroife De obitu Theod. n. 41. S.Cyrille de Jéiu-
lalem , Epitre à l'Emp. Conft.
Exaltation de la Sainte Croix, eft une autre
Fcte qui fe tait le 14 Septembre en mémoire de ce
qu Héraclius rapporta fur le Calvaire la vraie Cro/x
que Cofroès Roi des Perfes avoir enlevée quatorze
ans auparavant , lorfqu'il avoit pris Jérufalem fur
l'Empereur Phocas. lu/ata a Perjis SancU Crucis
memoria.
Croix, fe dit aufli des repréfenrations &: figures de
la Croix , qui font dans les Eglifes & les maifons
chrétiennes , & fur les chemins. Crux. On va à la
Procelîion avec la Croix & les chandeliers. On porre
des croix d'argent aux enterremens des perfonnes
riches. On appelle ces croix procclkomielUs ; &
quand elles lonr d'argent , elles doivent être con-
tremarquées à la douille. On dit en ce fens, qu'il
laur avoir la croix S< la bannière , la croix &l l'eau
bénue pour avoir quelqu'un ; pour dire , qu'on a
de la peine à en jouir. On dit auili qu'il faut faire
\x croix À la cheminée, quand on reçoit cjuelque
vifite qui furprend, ou lorfqu'il arrive quelque choie'
d'extraordinaire. On dit en ce fens bgurément, d'un
homme .à qui on difpute un bénéfice dont il ell
en polTellion , qu'il fe défend avec le bâton de la
croix, des pierres du clocher.
Julqu'à Conitantm , jufqu'au quatrième fiècle ,
on ne grava point \.\ croix par-tout comme on le
fait : comme la Religion n'avoit pas encore la li-
berté qu'elle eut depuis, on ne le pouvoit faire;
mais J depuis que Conftantin l'eut embralfée , 011
grava , on peignit , on mit des croix prefque par-
tout, fur les temples J fur les vafes facrés j fur tous
les habits facerdotaux, & jufque fur la couronne
des Céfars & des Auguftcs.
Macaire , Patriarche de Jérufalem , ordonna le
premier que la croix feroit placée dans un lieu for:
élevé de l'Eglife. On a toujours adoré, c'eft-à-dire,
honoré la croix dans l'Eglife ; & comme les Fiéré-
tiques nous le reprochent j les Payens le repro-
choient aux premiers Chrétiens , ainfi qu'il paroic
par Minutius Félix &c par Tertullien, Apolog. c.
16. Autrefois les rémoins qui lignoient dans les
Aéles J ajoutoient quelquefois des croi.v à leurs
feings. ^oye^ la Diplomatique du P. Mabillon,p.
265. Il paroîr par les vingt-neuvième & trentième
canons du Concile de Clermont en 1095. que les
croi.x plantées dans les grands chemins étoient alors
des ailles comme les Eglifes.
Croix, fe dit aufli des mêmes figures qui fervent
d'ornemens &C de marques pour quelque Dignité.
Les Evêques , les Abbés Réguliers , portent une
croix peêlorale , une petite croix
d'or
pendue au
cou. La coutume de porter un croix pendue au coij ,
eft torr ancienne. S. Procope, Martyr fous Dioclé-
tien J en porroit une, félon le témoignage de Ni-
céphore , L. VII. C. 15. du Concile àt Nicée Ad.
IV. & de Métaphrafte d.ins Surins au huitième de
Juillet. Le P. Gretfer Jéhiite , De Cruce , L. I.
c. 5 S. L. II. c. ij. (S* 34 & Rofweid, Onom. en rap-
portent beaucoup d'auttes exemples.
Croix de Caravaca. Voye-^ CARAVACA.
Porte-Croix, eft l'Aumcnier d'un Archevêque, d'un
Primar, qui porte une croix devant lui dans les
cérémonies. Crucifer. Un Patriarche porte une croix
double J & le Pape une croix triple dans leurs Ar-
mes. Le Pape fait porrer la croix par- tout. Les
grands Pacriarclies la font aufii porter par- tour,
hors de Rome ; les Primats & Métropolitain? , &
ceux qui ont droitde Pailium,dans leurjurifdiélion.
Grégoire XI. a tait défenfe aux Patriarches, Pré-
lats & Evêques , de la faire porter en préfence des
Cardinaux.
Les Archevêques font porter la croix devant eux
3 4
C R O
par un Ecc\éCu\(i\que nommé Porte -Croix. Dans la
vie de S. Samfon , premier Evcque de Dol en Bre-
tagne , L. II. C. IV. il eft marque que ce Saint fai-
foic porter devant lui une croix bénite, & ornée
d'or & d'argent & de pierreries. M. l'Abbé Fleury
en conclut en général , Hijf. EccL L. XXXI IL p. 41 5 .
que l'onportoit devant les Evêques une croix bénite ,
tk ornée d'or & d'argent. Ce feul exemple fuiBt-il
pour prouver cet ufage ? Il pareit parla narration que
c'croit par une dévotion particulière que i). Samibn
avoir fait faire , &c avoir béni cette croix , & qu'il
la hiifoit porter devant lui. V'oyç^i Acia Sancl. Bc-
nedicî.f£c, I ,p. 165.
Croix j on ce lens , fe dit auflî des mêmes figures que
portent les Chevaliers de divers Ordres , foit à leur
cou , au bout d'un ruban en écharpe , foit fur leurs
habirs. Elles Ion t différentes par leurs ligures , ou par
.'leurs émaux. La croix des Chevaliers du S. Efprit j
de S. Lazare, de Malte ; & on appelle Chevaliers
Grands-Croix, , ceux qui tiennent le premier rang
dans l'Ordre de Malte.
Croix PEcroRALE. Terme d'Evêque. Crux pecioralis.
C'eli une croix d'or que les Evêques & les Abbés
Réguliers portent au cou, qu'ils prennent après avoir
pris leur aube, avant que de mettre l'étole.
Grand-Croix. La première dignité de l'Ordre des
Chevaliers de Malte aprcs celle de Grand-Maître.
■Primaria inter Mtlitenfes équités dignitas ^ & c'eft
parmi les Criinds-Croix qu'on clioiht le Grand-Maître
cie l'Ordre. Le corps du Grand-Maître d'Aubulfon
fut porté à l'Eglile de S. Jean fur les épaules des
principaux Grands Croix. Bouh.
Grand-Croix. Chevaliers de l'Ordre de S. Louis ,
inftitués en 1695. Primarii Ordinis S ancii Ludovic:
Equités. Il y a huit Grands-Croix ; ils ont le privilège
de porter la croix de l'Ordre attachée à un large
ruban rouge qu'ils portent en écharpe. Ils portent
aulli une croix en broderie fur le manteau , & fur le
jufte-aucGips.
Croix. Se dir des guerres entreprifes autrefois par les
Princes Chrétiens pour chalfer les Infidèles de la
Terre-Sainte , parce que ceux qui s'engageoient à
ces guerres portoient une petite croix fur leur habit.
En ce fens prêcher la croix , c'eft exhorter les Fidèles
à ces guerres. Prendre la crvix , c'eft s'enrôler dans
■ces guerres , & pour marque de fon engagement .
mettre la figure d'une croix fur fes habits. On ne
le dit en ce fens que dans ces deux phrafes. Au
facrum bellum proficifci ,facr£. rnilitia nornen dare. La
croix , félon le P. Meneftrier , a été non -feulement
la marque des Croifades & des voyages d'Outremer ,
mais encore la marque de la liberté, fur-tout dans
1 Itaiie._ C'ctoit autrefois une efpèce de pénitence
qu'on impofoir , de fe tenir long-temps les bras
étendus en cr\)ix. C'a été aulli un" examen dont on
s'eft fervi pour vérifier les crimes dont on ne pouvoir
avoir de preuves. Dans ce comique jugemenr de la
croix , on donnoit gain de cauie à celui des deux
Plaideurs qui tenoit le plus long temps fes bras élevés
e_ncA)/.v. Il étoitenufage en France dans le neuvième
iiècle.
On le dit aulli des Ordres de Religieux qui fe
•diftinguent par diverfes figures de croix. La croix
àçs Mathurins a les branches comprifes fous des arcs
de cercles. \jnQ croix de S. Antoine ell faite en ferme
He T , G'c.
-Croix ( Ordre de la vraie ) ou de la Croisade . ou
de la Croisée. En 1668, un grand incendie ayant
confumé tous les bijoux de l'Impératrice Eléonore
de Gonzague, femme de l'Empereur Ferdinand III ,
qui l'époufa en 16,1 , cette Princelfe étoit inconfo-
lable de la perte d'une petite croix d'or , dans La-
quelle étoient renfermés deux petits morceaux de
la vraie croix ^ lorfqu'un Cavalier l'ayant cherchée la
trouva au milieu des cendres, l'étui , dans lequel elle
éroit , brûlé j le crifcal dont elle étoit -ornée , fondu ,
& le bois de la fainte croix aulli entier que s'il
Ji'avoit pas été pluf»curs jours au milieu d'un brafier
C R O
de chaibons ardens. L'Impératrice , en reconnoiiïance
du recouvrement miraculeux de cette précieufe reli-
que , qui ert aujourd'hui dans i'Ahbaye de S. Germain
des i-'rés à Paris , inftitua un Ordre , ou une Société
de Dames , lous le nom de Conftellation de la croix
pour marquer que la croix doit être la conftellaticn
qui nous conduit dans le chemin du-falut , comme
l'étoile polaire conduit ceux qui vont au nouveau
monde. Foye^ l'Abbé Juftiani , T. IL' C. 91. Cet
Ordre ne fut inftitué que fous Léopold en i6é8.
Sainte-Croix de rontavelle. ( Ordre de ) Ordo Sancla
Crucis de Jonte Avellano. Le B. Liulolf, Evêque de
Gubio au Duché d'Urbin en Italie , eft l'Inftituteur
de l'Ordre de Sainte- Caw.v de Fontavelle , fous la
Règle de S. Benoît. Cet Ordre a pris fon nom du
lieu où il a commencé comme beaucoup d'autres.
Ce lieu , qui eft au Dioccfe de Gubio j & non pas
d'Eugube, comme dit M. Chaftelain \ ce lieu , dis-je,
fe nommoit origin.airement Font - Avelines. Fons
Avellinus , parce qu'il y a là une fontaine qui étoic
entourée de noyers , dit M. Chaftelain 5 il falloic
dire d'Aveliniers , ou de Coudriers. S. Pierre Damien
étoit Moine de Sainte Croix de Fontavelle.
Croix de S. Dominique & de S. Pierre Martyr.
(Chevalier de la ) Il y a eu un Ordre militaire de-
ce nom que les Inquiliteurs Dominicains donnoienr.
Les ftatuts de cet Ordre portent pour titre : Règle &
Jlatuts des Chevaliers du Jaint Empire de la Croix de
Jefus. Il y a bien de l'apparence que cet Ordre n'étoic
que celui de la Milice de Jefus. Voyei le P. L^éylot ,
:/.///, C. 22.
Croix rouge (Ordre de la J. Chevalier de la Croix
rouge. Ordre de Chevalerie du Royaume de Bohême.
Ordo , ou Equités Crucis rubrA. Les Chevaliers de la
Croix rouge ont une Eglife à Prague. Voyc\ la Ga-
zette 1725 , /». 52v5.
Croix (Filles de la). Nom de Congrégation de filles
qui inftruifent les jeunes perfonnes de leur fexe. La
première de ces Congrégations fut étabbe en Picardie
l'an i<î2 5 , lous la direétion de M. Guérin , Curé de
.... qui leur prefcrivit des réglemens. En i<î3<î, la
guerre & des perfécutions ayant oblige les quatre
filles qui la compofoient , de fe réfugier à Paris ;
le P. Lingendes , Jéfuite , les adrelTa à Madame de
Villeneuve , Marie Luillier , qui les plaça à Brie-
Comte Robert. Cette Dame obtint l'an i(34ode Jean-
François de Gondy, Archevêque de Paris, l'éreétion
de cette Compagnie de Filles en Congrégation , fous
le nom de filles de la Croix. Elle fut autorifée par
Lettres-Patentes du Roi vérifiées au Parlement de
Paris l'an 1642. Alors Madame de Villeneuve & les
Filles qui demeuroient avec elle à Vaugirard , firent
les vœux fimples de pauvreté, chafteté, obéillance &
ftabilité entre les mains de M. Froyer , Curé de
S. Nicolas du Chardonnet , que l'Archevêque de
Paris leur donna pour Supérieur. Toutes les filles
de la Croix ne font pas ces vœux , mais toutes s'e-
xercent aux œuvres de charité fpirituelle qui leur
conviennent , auprès des perfonnes de leur fexe.
P. HÉLYOT, T. FUI, C. 17. _
Demi-Croix, f. m. Qui ne fe dit pas feulement dans
l'Ordre de Malte , mais encore en d'autres Ordres
militaires , comme dans celui de S. Etienne en Tof-
cane , où il y a aulli des Demi-Croix.
La confraternité de Ste Croix des Luquais eft une
Société ou Confrérie de Pénitens établis à Luques
en Italie.
Sainte-Croix de Conimbre en Portujjal (Chanoines
Réguliers de). Congrégation de Chanoines Réguliers
formée fur celle de S. Ruf , dont elle a pris les Conf-
titutionsj les réglemens , la forme & la manière de
gouvernement. Elle commença en 1151 , par le zèle
d'un Chanoine &c Archidiacre de la Cathédrale de
Conimbre j nommé Tellon , aidé par onze perfonnes
de piété. Don Paterne , Evêque de Conimbre , lui
donna l'habit de Chanoine Régulier dans fa Cathé-
drale. Il prit la réfjlution de réformer les Chanoines
Réguliers en établiinuu une nouvelle Congrégation,
CRO
En 1131 , ïa première Communauté fe forma à
Coiumbre. Après la more de Telloii arrivée eu 1 1 3 6 ,
ils piiretit les règles des Chanomes Réguliers de
S. Ruf. Ces Chanoines font vêtus de blanc : ils ont
un furplis fermé déroutes parts , qui n'clt point phllé
autour du coa,,^s portent en tout temps des au-
niuifes de drap noir fur les épaules , les Novices en
ont de blanches. HijL des Orures Mon. o- ^Uttg. r'. ii-,
Ch. 29. ....
Croix , fignifie quelquefois la doéirine de la Foi
Chrétienne , & la marque qu'on laiife aax lieux où
G»i l'a plantée. S. Xavier eil allé planter la croix ,
élever la croix dans les Indes. On y a arboré la
croix en pUi.'ieurs endroits , quand on a pris pol-
felfion de la terre que les Chrétiens ont découverte.
On appelle aulfi , Planter la Croix , commencer
la fondation , l'etablilFement d'un xMcnallère en quel-
que lieu. Il n'y a qu'à planter la croix , ik. lailler
le foin du relie à la Providence.
Croix ( Si;;ne.de ) ou Signe de la Croix, fe prend en
deux manières. Premièrement , il fignifie cette com-
mémoration qu'on fait du myftère de la Palfion
de Notre-Seigneur , un mouvement de la main
droite, par lequel on exprime la figure dune croix ,
en allant de h uit en bas j puis de gauche à droite ;
on le fait fur foi en portant la main à la tête ,
puis cà l'eftom-ic , à l'épaule gauche , & enfin à la
droite. Les Piètres font fouvent le /g-ie de iu croix
dans la célébration des Sainrs Myltéres. Les Mi-
niftres des Sacremens font aufli fouvent \i Jigne de
la croix en les aJminiltrant. On donne la bénédiétion
en faifaiu le Jigne de la croix avec la inain , ou
avec le S. Sacrement. Tous les bons Chrériens l'ont
le figne de la croix en commençant toutes leurs
acl:ions. La première chofe qu'on apprend aux en-
fans , c'ell à faire le Jîg'ie de la croix , & en leur
parlant , l'on appelle fouvent ce figne \ In nomine
Facr:s , parce qu'en le faifant on prononce ces pa-
roles In nornhie Pacis , & F du , ù" Spiritùs Sandi ,
Amen i comiiie nous appelons l'Oraifon Oomini
cale , le Pacer nojler j la Salutation Angélique j
\Ave Maria , parce que c'en font les premières
paroles j & ainfi le CreJo , le Conficeor, le le Deu/n,
&CC. On fait quelquefois dans les cérémonies de
l'Egliie le /^gne de la croix d'un feul doigt , c'eft
celui que l'on fait de la main. Les Evcques donnent
leur bénédiction en levant l'index & le doigt du
nulieu , & abailTint les autres j & faifant ainfi le
Jîg-e de la croix fur le peuple. Au refte , quoi qu'en
aient voulu dire quelques mauvais Théologiens, la
coutume de faire le Jîgne de la croix eft très - an-
cienne , & en ufage dans les premiers fiè^les de
1 Eglife. A toutes nos démarches , dit Tertullien
dans le Livre delà Cour ^ à tous nos mouvemens,
en entrant, & en fort.mt, en nous h ibillant , en
nous chaulfaiic , en nous baignant, en n.nis mettant
à table, en entrant au Ut , en prenant un fiège ,
en allumant une lampe , à quelque action que nous
falfions , nous marquons notre front à\x figne de la
croix. Origene en parle aulli , Hom. 5 fur les Nom-
bres. S. Epiphuie, Hir. 50 , n. ^ , dans le récit de
la ipiverfion du Comte Jofeph , marque que le
Jîgne de la croix rendoit les charmes inutiles. L'Em
pereur Julien s'étanc livré à un Magicien qui lu:
fit apparoître les Démons , il eut peur , S< ayant
fait fur fon front le figne de la croix , aullî tôt l s
Démons difparurent. L'enchanteur s'en plaignit a
Julien oui avoua fa peur
CRO , _ ys
ne point îire^^;ze ^e croix , comme on fait fouvent
dans la première lignification.
En termes de manège on dit , Faire la croix à
courbettes , à ballot ides, quand on fait de ces fauts
avant , en arrière , &c aux côtés tout d'une haleine,
parce que cela fait la figure d'une croix. Equum
m tranjvcrjas dirccio panes agere j cruccm faitikus
exhibere.
Croix , fe dit aufîi de toutes les lignes ou autres
choies qui le coupent ou cjui fe traverfent les unes
les antres. V ranfverfas direcio lineas ponere. Il y a des
fuperititieux qui ne veulent p.as qu'on mette des
couteaux en croix. Deux diamètres qui fe coupent
font une croix.
Croix , ell aulli une petite marque qui fe fait à la
hâte par deux petites lignes qui le coupent fuc
quelque chofe. Comptez jufqu'à dix , & puis faites
une croix. Les croix dans le Milfel marquent qu'il
faut faire des lignes de croix ëc des bénédiélions en
ces endroits là. Les croix dans l'imprellion marquenc
des renvois. En Algèbre la cto^a- fignifie //:^j- , & eil
une marque qu'il faut ajouter.
On fait au Palais des croix à la marge des Dé-
clarations de dépens, ou de dommages & intérêts
qu'on a taxés, pour marquer les articles dont on veut
être appelant. Une appellation fous deux croix eft
unç caufe d'Audience \ ions trois crutx , elt un procès
par écrit.
Croix , ell auffi une marque qu'on met d'un côté à la
plupart des rnonnoies des i-'rinces Chrétiens. On dic
aufii croix , pile , pour lignifier les deux côtés de la
monnoie. dverja i^' obverja nun^n.i ji des ^ ou caput^
lilia \ Se en ce fcns on dit qu un homme n'a ni croix
ni pile , pour dire , qu'il n'a point du tout d'argent.
On dit aulîi , jeter à croix 6c à pile, pour dire ,
mettre une chofe au hazard. Cmnem aleam fulire ,
adiré. Les Anglois appellent le côte de la tête King
Jide , le côté du Koi j & le revers , Crojjjide, le côté
de la croix , comme nous. Cet ufige vient de ce que
fur leur anciennes monnoies , auili bien que fur les
nôtres , il y avoir une croix au revers.
Croix , fignfie figurément , Peine , alTliélion que
Dieu nous envoie. jEaus-diRisT veut que chacun
porte fa croix. Il n'y a guère de gens qui ne portent
leur croix en ce monde. Dieu envoie des' croix , des
afflidions aux pécheurs. C'eft une grande croix qu'une
méchante femme.
& témoigna admirer
qui avoua la p:
la vertu de la croix. ThÉodoret , HiJL L. III ^
C. 3.
Secondement , figne de la croix fignifie quelque-
fois la croi.Vj parce que plufieurs ont entendu du luge-
ment dernier ^ de la croix ce que J. C. dit en
S. Matth. XXIV , jo. c^mqXq figne du fils de l'Homme
paroitra fur les nues , on entend par-là la croix , &
on appelle quelquefois la croix , le figne de la croix ;
& au lieu du figne du fils de l'homme , on dir, le
fiigne de la croix ^ dans des fermons & des livres fpiri-
tuels J mais alors il faut toujours mettre l'article , &c
Celui qui veut fuivre mes loix ,
En tout temps doit porter fi croix ,
Se détacher de tout , Je 1 énoncer foi-même.
L'Ae3É Te ru.
Croix de par Dieu , eft une croix qui eft au devant
de l'Alphabet du livre où l'on apprend aux enfans à
connoître leurs lettres. On le dit aulli de l'Alphabec
même , Literarum elementa , & du livre qui le
contient , Codicilli puerorum literas appellare difi-
centium , ahecedarium. Je vous enverrai par le
premier ordinaire une croix de par Dieu. Siamoife^
De Choisi.
Les fouets auront bientôt lieu 3
Dès quatre ans la croix de par Dieu ,
Croix de tous enfans abhorrée ,
p^a vous apprendre à votre dam j
Que vous êtes né fils d'Adam.
P. DU Cerceau.
On dit auflî au figure , quand il faut recommencer
une affaire , ou quelque procédure mal faite, qu'on
eft encore à \i croix de par Dieu.
On dit encore croix de par Dieu dans un fens figure,
en parlant des chofes qu'on fait le mieux, qu'on .-i
apprifes dès fajeuneffe, & dans lefquelles on s'ett
exercé, des commencemens, des rudimens d'un art,
ou d'une fcience.
Eij
3(î C R O
Le touc dépend des momens & du tour ,"
Vous l'apprendre\ des Rheceurs de la Cour ,
Point ne connais pour l'art de la parole ^
De plus adroite iy plus fubtde Ecole j
Le beau parler vint au monde en ce lieu^
' Et compliment ejl leur croix de par Dieu
P. DU Cerceau.
Croix ^ fe dit auffi en termes de Blafon, quand la
croix eft toute feule dans un Ecu , & fans être
accompngnée ni cantonnée. Elle doit en occuper
juftemenc le tiers j parce qu'elle eft mife au rang
Aes pièces honorables qui font la divifion de l'Ecu.
Croix alésée , ou racourcie, etl celle qui ne s'étend
pas jufqu'au bord de l'Ecu. Crux accifa.
Croix ancrée, qui a des ancies , dont les branches
finllfent & fe terminent en ancres de navire, yln-
chorata. ,
Croix S. André , en termes de Charpenterie , eft aufli
un alTemblage de poteaux ou de pièces de bois in-
clinés l'un vers l'autre , qui fe coupent diagonale-
inent , & qui arcboutent les pièces d'un pan de
charpente. DecuJJis. On s'en fert fur-tout dans les
clochers , combles & autres charpenres maffives.
Croix S. André j qu'on appelle autrcinent Sautoir ^
ou Croix Bourguignone , ell une croix qui n'eft point
à angles droits , ni à plomb , & dont il y a deux
pointes qui pofent fur la ligne horifontale. Decujfata.
La Croix de S. André , que portent les Rois d'I^colfe
dans leurs armes , leur vient des Rois Pides , dont
ils joignirent les armes aux leurs quand ils réunirent
les deux Royaumes. Les Rois Pides la pottoient de-
puis que ce Saint apparut la veille d'une bataille con-
tre les Saxons à Achaius qui gouvernoit les Pides fur
la lin du VIIF. fiècle.
Cr.oix de s. Antoine, ou tau, eft celle qui n'a que
trois branches, celle de delhis étant retranchée. In
morem literni. T.
Croix bordée, eft celle qui atout autour un filet d'au-
tre couleur , ou métal que le corps de la croix. Cincla
limbo.
Croix bourdonnée , eft celle qui a , aux extrémités
& au milieu , des cercles qui repréfentent les pom-
mes d'un bourdon. On l'appelle 2.\xS\ pommée. Glo-
bata.
Croix bretessÉe , eft celle qui a les branches garnies
de breteflès, compofcede crénaux qui fe rapportent
les uns aux autres. U trinque pinnata.
Croix câblée , eft une croix qui eft compofée ou
chargée de plufieurs tortils de cables j de cordes , ou
de cordons. Funibus implicata.
Croix cantonnée ,eft celle qui a aux cantons quelques
iigures qui rempliirent les vides de l'Ecu. Angulata ,
fiipata. Et croix chargée, Q^ceWe quia fur fes branches
des coquilles, des étoiles , ou autres meubles de l'Ecu.
Iinprejja. Il y a aulîi des croix cpi font chargées d'une
autre croix plus' étroite.
Croix cercelée , eft celle dont les bouts fe recourbent
en demi-cercle , comme une volute. Curvata.
Croix clavelée , eft celle qui eft compofée de barons
tronçonnés qui femblent être enclavés dans le bois
principal de la croix. Clayiculata. On l'appelle aulli
croix baconnée.
Croix componée , eft celle qui eft faite de divers
émaux, dont les parties font d'un métal, ou d'une
couleur différente. Compojua.
Croix croisée , ou recroifettée , eft celle qui a de pe-
tites croix aux quatre extrémités. Crucibus repetita.
Croix a degrés , eft une croix haulTée , dont le pied
eft pofé fur la maçonnerie en forme de dégrés , com-
me font celles des grands chemins. Gradihus julta.
On dit aulli wwq croix enterrée de quatre dégrés ,c^-x\-\i\
à chaque bout de fes branches il y a trois dégrés figu-
rés , comme à celui qui lui fert de marche-pied.
Quelques-uns appellent aulli cette croix , denchée ,
dentée , endenchée , endentée , ou dentelée. Denficulata,
Jlriata. Cette dernière a les dents plus petites. L'en-
grêlée ne diffère de l'endentée , que parce que l'en-
denture elt différente de l'engrélure.
C R O
Croix bq-obie. Le P. Meneftrier dans fon Origine des
Armoiries , croit que l'origine des croix doubles vient
de ce que, la croix étant devenue le fceptre des Em-
pereurs Chrétiens de Comlantmople , quand ils
étoienten même temps deux Empereurs fur le thrô-
ne , au lieu de mettre deux croix d'un même coté
de leurs monnoies , ils mertoient Ine feule croix ,
mais à double traverfe j & chacun d'eux la te.noic
d'une main.
Croix écartelée , eft celle qui eft divifée par une
ligne tirée tant de haut en bas , que de travers de
droite à gauche;, & dont les parties divifées font de
diftérens émaux , foit couleur , foit métal. Quadnfida.
Croix Écottée , eft une croix dont le montant & les
branches ont plufieurs chicots , nœuds , ou inégalités.
Nodofa.
Croix enhendÉe , eft celle qui a les branches termi-
nées en façon de croix ancrée , & qui a entre les
deux crochets une pointe comme un fer de lance.
Anchorata 3 fpiculata. Celle-ci eft cemmune chez les
Efpagnols , qui lui ont donné ce nom.
Croix echiquetÉe , qui eft chargée de carrés pofés en
échiquier. Teffelata.
Croix e endue , eft celle qui eft entr'ouverte &: féparée
en deux. Fiffa.
Croix florencée, owfleuronnée, owfleurdelifée , eft
celle qui a des Heurs j ou des fleurs de lis à fes ex-
trémités. Liliata. Croix treflée , qui a des trèfîes.
Trifoliata.
Croix fourchée , eft celle dont les branches fe termi-
nent par rrois poinres qui font deux angles entrans ;
S^ croix Jourchetee celle dont les branches fe terminent
en fourchettes, dont on fe fervoit pour porter un
moufquet. Bifida.
Croix frétée qui eft compofée ou plutôt chargée de
cotices qui fe traverfent , & laifTent un vide en
forme de carrés pofés en pointe comme des lofanges.
On l'appelle autrement croix coticée ôc recoticée.
Clathnita.
Croix «ivrÉe, ou gringolée , eft celle qui finit fes
branches par des têtes de ferpens recourbées de parc
Se d'autre de la manière des croix ancrées. Binis an-
guibus in quadruplici extremo anchoratis a^ecla.
Croix d'hermine j celle qui eft chargée d'hermines.
Muftelis Ponticis affecta. Il y a aulîi des croix à quatre
queues d'hermine, & aboutées en croix qui abou-,
tifPent à un centre, & forment une crai.v.
Croix de Lorraine , eft celle quietl double , comme
les croix Patriarchales j qui a deux travers , chacun à
l'endroit de chaque tiers du montant , celui d'en
bas un peu plus long que l'autre. Lotliaringica ,feu
tranfiro gemino affecta. Ainfi la portent les Religieux
de l'Ordre du S. Efprit , & autrefois les Templiers.
Cette croix à double travers eft proprement appelée
la croix des Grecs , parce qu'ils l'ont fouvent ainfi
repréfentée à l'imitation de celle de Porphyre , que
Conftantin fit drelFer au milieu du marché de Conf-
tantinople.
Croix losangÉe j qui eft compofée ou chargée de lo-
fanges de métal ou de couleur , qui en font le plein
& le vide. Scutulata.
Croix nillée , ou de moulin. On l'appelle auffi n^ée ,
nil , ou nigle , qui eft flrite de deux bandes féppées
& crochues par le bout , telle qu'en porte la Maifon
d'AubulFon Anchorata. Elle eft ancrée & fort déliée
comme eftl'anille ou le ter de moulin.
Croix ondée, eft celle dont les branches fe tournent
en ondes. Undata.
Croix partie , qui eft divifée par en bas par une
ligne qui fépare les émaux diftérens de deux côtés.
Partita.
Croix patéé , eft celle qui s'élargit vers l'extrémité
des branches, comme celle des Mathurins , ou qui
eft un peu croifée en quart de vouffure. Pedata. Il
y en a. qui ont les bouts des brancires plus larges trois
fois que leur racine , & qui font vidées fur les Bancs
par un trait d'ovale.
Croix au pied fiché eft celle quia l'extrémité d'en bas
aiguifée en pointe, & qui eft d'ordinaire un peu plus
CRO
haute que large. Spkulacu. £n ce cs.s on l'appelle
croix kuujjie , ou croix de Cuiv^ire.
Croix poxencee , eft celle dont les extiémités font
faites en potence double , ou félon la rigure de la
IcttieT , comme celle de Jéiulalem. jc atwuLata.
Croix re.'arcelee , clt unecru.-.v divifée en fa largeur
par le moyen d'un tilet d'un autre cinail qui règne tout
le Ion" de ÎQ^ bords- Laancus uitiaca.
C:ioix DE Toulouse , ell une croix vidée, tr.flée, &
pommelée d'or ^ c elt-à-dire , cpi parou cruuie, qui
a pour chef aux extrémités quatre peats carres , tk
à chacun trois pommettes, iv.ojunu Jeu ctavicuiata ^
trijûiutJ. j glùbacd. On met la croix de ■ l'oulouje
entre les Aimoiries qu'on prétend ctie defcendues
du ciel.
Croix de vair , ou vairce j qui eft chargée de vair ,
ou de pots ou de cloches vairees. t'ct^jata.
Croix , en termes de Tondeurs de draps , fe dit d'une
petite cou.ioie de cuir j qui tait partie de linlliument
que ces Ouvriers appellent Manicle.
Croix geome trique. Terme de Marine. C'eft un
inlkument compofé d'un long bâton , & d'un autre
plus court mis en croix , dont les pilotes le Icrvenc
pour mefurer les hauteurs. On l'appelle auiîi An^u-
Utrilie , bacon de Jacob , R-adiomecre , ArbaLcte , &cc.
Croix , ou Croijele du Sud. C'elt une conltellation de
quatre étoiles difpofées en croix , ou le . pilotes pren-|
nent hauteur dans la mer Méridionale. Sidusjiguram |
crucis rejerens ., exhibens.
Croix Indienne, f. f. C'eft une des Conftellations
noavellement découverte dans la partie méridionale
du ciel , & qui ne paroît jamais fur notre horifon.
Croix de cerf. C'eit l'os que l'on trouv _■ dans Ion cœur ,
' qui approche de la figure d'une croix.
Les Chimiftes ont appelle Frères de La Bofe-Croix ,
certains Vihonnaires qui cherchoient la Pierre Phi-
lofophale , qui etoienc fi cachés , qu ils palfoient
pour invUibles j & leur cabale étoïc marquée par
ces lettres F. R. C. que quelques-uns d'entr eux ont
interprétées , i-ratres Uoris Cocii , à caufe qu'ils
prétendoieut que la matière de la pierre étoit la rofee
cuite, ^'oye^ Gabriel Naudé , qui a fait un très
docfe livre contr'eux, quoiqu'ils n en vaiulfent guère
la peine.
Cp-Oix , en Botanique , eft employé pour exprimer
l'arrangement des pétales de certaines fleurs qu'on
appelle plantes à fleurs en croix. Piano, jlore cruci
formi. Telles font les girofl'iets , les choux , le cref-
fon, &c. Les fleurs ne doivent avoir ni plus ni moins
de quatte pétales , leur calice n'eft autîî compofé
que de quatre pièces. Le piftile devient prefque
toujours un fruic qu'on nomme filique , ou lilicule.
Croix de Jér-ufalem. Le fimple eft peudechofe j mais
la double eft une belle fleur. Le lieu où elle croît ,
ne doit être ni trop chaud , ni trop humide.
Croix , en termes de Serrurier , ledit des gardes qu'on
mit dans les pannetons des clefs : ces gardes , quand
elles font en forme de croix , ont difl^érens noms
pris de leur figure & de leur fituation. Pleine croix ,
fimple, matquée, pleine cro^A: renverfée en dehors ,
pleine cr&ix en fond de cuve & en bâton rompu ,
pleine croix hâtée en dedans , pleine croix hâtée en
dehors & renverfée en dedans , pleine croix hâtée en
dedans & renverfée en dehors , pleine croix renverfée
en dedans , pleine crâix renverfée au fond de cuve ,
pleine croix en fond d^cuve renverfée des deux côtés
en dehors &: en dedans, l^oye^ \'Ait de la Serrurerie
de Mathurin Joulle , où il y a des figures de toutes
fortes de croix.
La Pierre de Croix. Lapis Crucifer. Sur un fond
■blanc , elle repréfenre une croix en noir, ou en gris ,
lur chaque tronçon , dans lefquels on la coupe ordi-
nairement ; il y en a une efpèce plus ferrugineufe où
la croix eft extérieure & en reliefs , laquelle refte
dans fon entier, & ne fe coupe point.
Croix du tiroir à Paris y c'eft une croix auprès de
laquelle il y a une fontaine , dont le robinet fort
du picdeftal de la croix , ce qui lui a fait apparem
CRO ^j
ment donner ce nom. Brunehaut, Reine de France .,
fut condamnée par les Etats Généraux des François
d'être attachée par un bras & une jambe à la queue
d'une jument indomptée , & traînée par la ville de
Pans , où elle mourut ccraféc au lieu où depuis une
croix a été élevée, due la croix duTrahoir,^: crakendo
& par le vulgaire, lu Cu.ùx du liyoir.ï-WYn ^ Rifi.
de iV'rfv. L. 1 ,p. 37. On appelle aufii Crc)i.v du Tiroir^
le carrefour où eit cette Croix &; les environs. Il de-
meure à la Croix du 1 iroir,
L'Ile de sainte Croix , eft une des Antilles de Barlo-
vento , ou la dernière de celles de delîous le vent-.
Elle eft entre celle de S. Jean de Porto- Rico, & celle
de S. Chrillophe. Son circuit eft de 30 lieues. Elle
appartient aux François depuis 1650. Elle eft à la
hauteur de 10 d. «Se quelques minutes. Les Car.aibes ,
qui en turent challés par les Elpagnolsla nommoieuc
Agay. Le Chevalier de Poinci la décrit dans fon Hi[l.
acs Antilles , L. I. C. 5 , att. 7.
CROLER. V. n. Terme de Fauconnerie, f'^oy, CROI^
LER.
Crôler Marot a dit crôler au lieu de crouler.
Qu'il fuit crôler les tours du lieu infâme,
CROLIS. f. m. 'Vieux mot. Fondrière, il vient de crouler^
qui fe dit d'une tetre c^ui n'eft pas ferme , qui s'en-
fonce lous les pieds. '
la- CROMASTY. Petite Ville de l'Ecoiïe Septen:rio-
nale j dans la province de Roif.
CROMATIQUE. Foyci CHROMATIQUE.
CROMMYGN. f m. Le troifième des combats de
Théfée fut fon combat contre le fanglier. Cronimyon^
félon Diodore.
CROMORNE. f m. Terme de mufique. C'eft un jeu
de l'orgue accordé à l uniilon de la trompette. Ordc^
Luborum oraani muj.ci tuba confo.-^us. Il a quatie pieds
depuis fon noyau jufqu'.iu fomrret , dont le premier
demi-pied va en élargilfanc julqu'à cin^pouees ,&C
puis il continue tout droit , ayant un pouce & demi
de diamètre.
On appelle aulfi cromornes en général , les tuyaux
qui font longs , &: qui ne s'élargilfent pouit par en
haut. .
On uouve quelquefois ce mot écrit avec un h ait
commencement , cnroinorne , & quelquefois avec
deux h , Fune au commencement , & 1 autre au mi-
lieu , chromhorue. l'^oye^ M. de Brolfard.
IP'CRONAGH. Ville d'Allemagne au Cercle dePran-
conie , dans l'Evèché de Bamberg.
CRONE. f. m. Terme de marine. C'eft fur le bord d'un
port de mer , une tour ronde j & balTe , avec ua
' chapiteau , comme celui d'un moulin à vent , qui
tourne fur un pivot , & a un bec oui , par le moyen .
d'une roue à tambour , & des cordages , fert à char-
ger & à décharger les marchandifes. furrii depreffior.
CRONE. Terme de pêche. Ce font des endroits qui
font au fond de Feau , garnis de racines d'arbres , de
grands herbages , &C autres chofes de cette nature.
C'eft ordinairement où fe retire le poilfon.
CRONENBOURG. Ville de Finlande. Foyei THA-
VASTUS.
CRONIES. f f. pi. Fêtes â l'honneur de Saturne, qui en
Grec s'appelle Kj.'yjf , Cronos , d'où fe forme le nom
de Kfivicc, Cronies. Les Sronies font chez les Grecs ce
que les Romains .ippeloient Saturnales. Confultez
Macfobe , L. I. des Saturnales ,C. 7 , & voyei SA-
TURNALES.
CRONIQUE. Foye^ CHRONIQUE.
CRONIQUER. /^oje- CHRONIQUER.
IfT CHRONOS. f. m. La même chofe que Saturne.
T'''oye~ ce mot.
CROON. f. m. Ancienne monnoie d'argent qui fe fa-
bnquoit autrefois en Hollande. Le croon vaut deus
florins ^ ce qui revient à 4liv. i f. 3 den. argent de
France.
CROONE, ou COURONNE, f. f. Monnoie de compta
du Canton de Berne,
38
CRO
CROPIERE. Curdpetra. Petite Ville de France dans la
balle Auvergne , à llx lieues de Clermont , vers
Lyon.
CROPIOT. f. m. Petit fruit de l'Amérique , ridé ,
renfermant une femence noire , femblabie au poivre
d'Etliiopie , d'un goCutrès-âcre. Les Indiens en mêlent
avec leur tabac j quand ils veulent fumer ; il foulage
le mal de tête j comme fait quelquetois le tabac.
Clufius & Bauliin en font mention.
CROQUANT. Nom de fadion de payfans révoltés
en cjuelques Provinces au-delà de la Loire pendant
la ligue lous Henri IV. Il fe fit en 1595 un foule-
vement de payfans dans le Périgord , le Limoufin
& le Poitou, ils s'attroupèrent , fe firent des Chefs ,
& des Officiers , refuferent de payer les impôts ,
coururent la campagne, tk ne fiifoient aucun quar-
tier aux Gentilshommes qui tomboient entre leurs
mains, pour fe venger, difoient-ils, des violences
qu'on leur avoit fait fouffrir, & des extorfions des
Gouverneurs des villes & des châteaux. On leur
donna le nom de Croquants , parcequ'ils croquoient,
c'ell le terme populaire, c'eft-à-dire, qu'ils man-
geoient & buvoieiit tout ce qu'ils trouvoient à
manger & à boire dans les maifons des Gentils-
hommes, &c que tout leur butin étoit employé à
faire bonne chère. P. Daniel , dans Henri IK. T.
III. p. 16 4,%.
Croquant , fe dit par extenfion d'un homme de
néant j d'un gueux, d'un miférable , C'eft un Cra-
quant , un pauvre croquant. Ce terme eft populaire.
Croquant, ante. Se dit neutralement des fruits &
des mets durs, (ses, fermes qui croquent ou font
du bruit j en fe brifant fous la dent.
CROQUANTE. Se dit abfolument d'une tourte ou
pièce de patitferie compofée d'amandes , mince,
fechée au four, & qui croque fous la dent.
CROQUE, f f. On dit manger quelque chofe à !a
cru^z/e-au-fel , pour dire, manger quelque chofe fans
aune apprêt flue le fel , ou comme on la trouve.
Dans le fens figuré , on dit qu'un homme en
mangeroit un autre à la cTO^wc-au-fel , pour dire '
qu'il eft beaucoup plus fort que lui. Expreflion fa-
milière. I
CROQUE-LARDON, f m. AflT^m^. ^rnrnifleur decui-
fine. Terme populaire. {
CHOQUER. V. n. C'eft en parlant des chofes dures '
ou feches qu'on mange , faire du bruit fous la dent.
Crepitare fub dentibus. Le bifcuit de mer , les aman-
des à la praline croquent fous la dent. Les mou- i
les , les laitues qui ne font pas bien lavées j croquent^
quand on y a lailfé du gravier. Quelquefois ce
verbe eft ailif, & fignifie manger des chofes qui
font du bruit fous la dent. Croquer du petit métier.
Adivement il fignifie auffi manger avec avidité.
Glutire., deglutire, v 01 are. Ce cadet a bon appétit,
il auroit bientôt croqué ce poulet. Il croquera toute
notre collation , fi l'on n'yprend garde. La fontaine
fait dite par le Renard au Lion :
Et bien , manger moutons , canaille ^fotte efpece ,
EJl-ce un péché? non^ non. -vous leur fîtes ^Seigneur,
En les croquant beaucoup d'honneur.
AjJaiUir un poulet hér':J[é de lardons j
Fripper un bon morceau ^ croquer des macarons.
Nouv. Choix de vers.
Croquer, fignifie encore, d'ffiper, perdre. Ahligu-
rire bona , nummos comedere , patrimonium conficere j
dijjipare. C'eft un homme qui a croqué^ qui a dif-
fipé tout fon bien. Vous avez prêté votre argent
à cet infolvablej c'eft autant de croqué.
Croquer J figurément fignifie , dérober avec adrefie
& promptitude. Suffurari ajiutè. JelaiiTai mon livre
fur la table, il fut incontinent croqué. Tout cela eft
du Ityle familier ou populaire.
Croquer , en termes de Peinture, fignifie , tracer fur
le papier à la hâte les premières idées, les premiers
traits d'un deffein, dans l'intention de lescoriger.
CRO
de les reûifier à loifir. Aliquid adumlrare levifer^
leviore manu , rudiore pcrdciUo. On le dit aulîi des
vers , & de tous les ouvrages d'efpiit qui ne font
pas achevés , où l'on n'a pas mis la dernière main.
Cet ouvrage n'eft que croque , c'eft dommage.
Croquer. Terme de Marine, il le du pour accro-
cher. Croquer le croc de palan , c'eft le paifer dans
l'arganeau de l'ancre.
On dit proverbialement , qu'un homme a été
long-temps à croquer le marmot j pour dire qu'on l'a
lailfé long-tems à attendre fur les degrés , dans un
veftibule. Ce proverbe vient apparemment des com-
pagnons Peintres qui, quand ils attendent quel-
qu'un , fe défennuient à tracer fur les murailles
quelques marmots, ou traits grofiiers de^ quelque
figure : ce qu'on appelle croquer le marmot, fuivanc
la phrafe qui vient d'être expliquée.
Croqué , ée. Part. Il a les fignificaiions de fon verbe.
CROQUET, f m. Efpece de pain d'épice qui eft
fort mince, fort fec & fort dur, qui par confé-
quent croque fous les dents. Dulciarius parus dura-
tus ac Jiccatus igné , qui fub dentibus crépitât , cùm.
jrangLtur.
Croquet, Pomme de croquet. Nom d'une efpece de
pomme. La pomme de croquet eft une efpète de
châtaigne.
CROQUEUR. f. m. Celui qui prend, qui attrape,
qui mange , qui croque.
Un vieux renard , mais des plus fins ,
Grand croqueur de poulets, un jour Jut pris au piège.
La Font.
CROQUIGNOLE. f. f Quelques-uns difenc
craquinole \ mais mal. C'eft une eipèce de chique-
naude ou de nafarde. C'eft un coup qui fe donne
fur le vifage, en lâchant avec violence un doigt
qu'on a poIé fur un autre, lalitrum. Donner des cro-
quignoles. L'un en pailant me donnoit une nalarde,
& l'autre une croquignole. Ablanc. Choililfez d'a-
voir trente croquignotes. Mol.
CROQUIGNOLER. v. a. Donner des croquignoles à
quelqu'un. 1 .liitris illudere. Il n'eft pas uiité.
0Cr CROQUIS, f m. Terme de Peinture. Efquiffe
faite à la hâte^ moins finie que les efquiffcs ne le
font ordinairement. /''oye^ Pensée, Esquisse.
CROSSE, i. f. Bâton crochu, ou recourbé par le bout,
avec lequel les enfans jouent & s'échauftent en hi-
ver , en pouffant & fe renvoyant une balle, une
pierre. Baculus extremorum altero recurvus.
Crosse, eft aufli la partie du fût du moufquer, d'un
fufil , qu'on appuie contre l'épaule en tirant. Sclo-
peti majoris pars incurva. Ce loldat a achevé de tuer
fon ennemi avec la crojj'e de fon moufquet.
0C? Crosse , eft aulfi un bâton Paftoral que portent les
Archevêques, Evêques & Abbés réguliers, ou qu'on
porte devant eux dans les cérémonies. C'eft un bâ-
ton d'argent ou d'or, recourbé &z ouvragé par le
haut. Pedum Poniificum, Pontificale ^ Pafiorale. C'eft
le fymbole de la corredrion Epilcopale. Les Evêques,
les Abbés , Abbelfes, la font porter devant eux ; &
ils la tiennent à la main , quand ils donnent la
bénédiélion en cérémonie. La crojfe d'Evêque d'un
côté eft pointue, de l'autre courbe : ce qui eft ligni-
fié par ce vers.
Curva trahit mites ^ pars pungit acuta rebelles.
L'ufage de porter un bâton paftoral devant les
Evêques eft très -ancien, comme il paroît par la
vie de S. Céfaire d'Arles, L. IL n. ii. ce Saint vt-
voit vers l'an 500. & par la vie de Saint Germain ,
Evêque de Paris qui mourut en 571J. Mais on ne
trouve point de mention de croffe avant le XI^
fiècle. Chez les Grecs il n'y avoit que les Patriar-
ches qui euftent le droit de porter la crojje. Les pre-
mières crojjes n'étoient que de fimplcs hâtons de
bois , qui d'abord eurent la forme d'un Tau , T. Se
dent on fe fervoit pour s'appuyer. Enfuite on les fi:
C R O
me
plus longues , & peu-à-peu elles ont pris la foin
que nousléui: voyons. Conîulcez le P.ThoniaiUln.
UiJ\ipl. Ecacf. Tom. 1. 1. II. C 5 S. §. 2. Coquille
rapporte cette efpcce de proverbe qui écoïc de
Ion tems dans la bouche du Peuple.
^u tems pajfé du fie de d'or ,
Crolle de bois ^ hveque/d'or ,
Alaintenant changent les loix ,
CrolTe d'o/'j Evé^jue de bois.
Les Abbés Réguliers peuvent officier avec la crojje
Se la mure. La lanterne d'une croJ.le.
Du Cange du qu'on l'a appelée en Latin , cam-
■buca 8c cambuta, ou cambucurn ôi petdlum ; ik. Su^n-
Suca^ ou Çambucarius , celui qui porte la cro[\e ,
oii la croix. On l'a appelée aulli en h^wnpedum &
crocia , & erol/u dans la plus balLe Latinité, J^Lz
SS. Mart. F. I. p. m. t. Papias croit que ce mot
vient à fitniiitudine Cruas. Les crojjes , comme on l'a
dit, n'étoient anciennement qu'un long bâton de bois,
qui par en haut le terminoit en croix. Y)c là vient
que dans la balFe Latinité on appelle du même nom
croffa & crucca , croca j crocia j crocàa, les béquil-
les , ou potences donc les gens perclus ie fervent
pour marcher en les mettant lous leurs aillelles , &
s'appuyanc defliis. Camhotta , qui étoit le nom pro-
pie dune crojje. Te prend aulii pour une béquille,
par Gocelm , ivloine de la tin du XF. iiècle , dans
i'Hiftoire de la Tranllation de S. Augullin , Arche-
vêque de Cantorberi , C. 3. ^cla SS. Maii.T.V.
p. 418. A. Tout cela montre que Papias a raifon.
Cependant cjnelques Auteurs prétendent qu'il vient
de camoc , qui en ancien Saxon lignitîe quelque
chofe de courbé. D'autres veulent que l'on ait dit
cambotJ. , qui vient de "■«■f/.Tslce , je courbe, f^oye^ Du
rand , Rationale Off. L. III. 1 5 & le Glojjar. Ar-
chs.olog. de Spelman,
Crosse fedit, en termes d'Anatomie, des parties dos
vaifTeaux du corps animal , qui fe recourbent en
forme de croffe ou de demi-cercle. Curvatura. La
aoffe de l'aorte afcendante. La crojj'e de l'aorte
defcendante. La crojje droite , la crojje gauche de
l'attère du poumon. Toutes ces exprellions font
de ^L Du Verney, dans la deicnption du cœur de
la tortue.
Crosse d'Eguière, c'eft une anfe d'éguière en
forme de crojfe. Anja. Les égciières à crojj^e font à
la mode.
^CF Crosse j terme de Rivière 3 pièce de bois qui
fert au gouvernail d'un bateau foncer.
CROSSE , EE. adj. Qui ne fe dit que des Prélats (Se
dignités qui ont droit de porter la crolfe j & de
la mettre au-detTus de leurs armes. Pomifidi pcdi
jus habens. Tel Abbé el1: croffé &; mitre.
|p= CROSSEN. Ville de Siléfie', au confluent du Bo-
ber &de rOdei;^j capitale de la Principauté de Crof-
fen j aux confins de la Marche de Brandebourg.
CROSSER. V. n. Jouer avec une crolfe , pouffer une
balle avcx une z'ioS^i^.Baculo rëcurvo pïLim pulj'arc. Les
laquais j les petits gatçons j c7û//c« pendfant l'hi-
ver. Il y a des défenles de tirer de l'arc , de jouer
au mail _, à la paume ^ crojjer , ou faire quelque
autre exercice dangereux dans les rues , places pu-
bliques , ou autres lieux fréquentés &c palfins. De
L4 Mare , Tr. de la Pol. L. I. T. XI. c. 7.
Crosser , fe dit figurément & populairement , pour
dire , Traiter avec un grand mépris. C'elf un homme
à crojjer. Ac. Fr.
CROSSETTE. f. £ Terme d'Agriculture. Branche de
vigne taillée , oii il refte un peu de bois de l'an-
née précédente. Decifus de vite malUolus. Ces crof-
feues reprennent facilement racine quand on les
fiche en terre. Les crojfettes de figuier font des bran-
ches coupées de deflus un figuier, 6c auxquelles
diniers difent , j'ai beaucoup de croffettesàe figuier*
à planter. LigeRj ôc la Quint.
tfl' Crojjectes tll lynonyme à bouture ; mais bou-
ture eft un terme générique. Crojj'ette le dit parti-
culièrement de la vigne ôc du figuier ; plancon des
laules.
Crosshttes, en Architeéture , font les retours aux coins
des chambranles de porte j ou de croilée qu'on
nomme aulii oreilles j ou onllons. Acones. On ap-
pelle crojjettes de lucarne , des plâtres de couver-
ture à coté des lucarnes.
§CT Crossettes. Terme de Marine, f^oye:^ Vous-
SOIRS.
CROSSEUR. f. m. Qui poutfe une balle avec une crolle.
Qui pilam pulfat baculo recurvo. On a de la peine à
le garantir des crojjeurs durant la gelée.
§3- CROSSILLON. f m. Terme d'orfèvre en grolfe-
rie. C'eft l'extrémité recourbée d'une crolle j & la
fin des tours qu'elle tait au- dedans. \.e crojjillon
eft terminé ordinairement par un ornement qui lui
donne de la grâce.
CROSSON. f. m. Berceau , Cun&. Ce mot n'eft en
ulage t)u'en Dauphiné , &: peut-ctte dans les lieux
voilins. Il vient de K|»5-ro; , mot Grec, qui lîgm-
fioit une forte de vailleau \ & les berceaux en ont
la lorme. Chor. HijL de iJauph. L. H. p. 10 1.
CPvOTALAIRE. i. h Plante qui nous eft venue d'Afie.
Sa tige eft de la hauteur d'un pied & demi ou da-
vantage , anguleufe , noueufe , & jetant beaucoup
de rameaux diipofés en rond. Ses feuilles nailfenc
alternanvement &: feules le long des branches , com-
me celles du genêt. Elles lont longues d'un donii
doigt , ts; larges d'un bon pouce, obrufes , nerveules,
verres endelTus, blanchâtres en delfous, parfemées
de verrues J & ondées en leurs bords. Ses fieurs font
difpoléesen épis au haut des rameaux, légumineufes,
femblables à celles du genêt , de couleur bleue. Il
leur luccéde des goulfes enllées & arrondies comme
celles de l'arrête - boeuf , noirâtres & garnies de
quelques poils éloignés- Elles renferment de petites
femences jaunes , qui ont la figure d'un petit rein ,
d'un goût un peu âcro & ingrat , & qu'on eftime
purgatives. Lemery.
CROTALE, f. m. Terme de Médaillifte. Crotalum.
Elpéce de tambour de Bafque qu'on voit fur les
médailles dans les mains des Prêtres de Cibcle. Le
crotale étoit diftérent du liftre , quoiqu'on lémble
avoir conlondu quelquefois ces noms. Le crotale
confiftoit en deux petites lames , ou petits bâtons
d'airain , que 1 on remuoit de la main , & qui en
fe choquant , failoient du bruit. On en faifoit aulli
d'un roleau fendu en deux , dont on frappoit les
deux parties l'une contre l'autre; &, comme cela
falloir à peu près le même bruit que celui du bec
d'une cigogne , on appeloit cet oifeau Crotalijiria ,
joucuj'e lie crotales. Aujourd'hui nous avons des
triangles faits de trois verges de cuivre , dans lefquels
il y a plulieurs anneaux , &: qu'on frappe par dedans
en cadence avec une baguette de fer. ÎJn Ancien
dans Paufanias dit qu'Hercule ne tua pas^ les oifeaux
du lac Stymphale , mais qu'il les challa en jouant
des crotales. Si cela eft vrai , les crotales étoient en
ufage dès le temps d'I lercule. Clément d'Alexandrie
en attribue l'invention aux Siciliens , & en détend
l'ufage aux Chrétiens , à caufe des mouvemens &
des geftes indécens que l'on faifoit en jouant de cet
inftrument. Saumaife patle des crotales dans fes notes
fur Vopifcus, p. 491 de l'Hiftoire d'Augufte ; &i le
P. Abraham Jéf. dans fes notes lur l'Oraifonde Cicéron
In Pi l'on , n. 10.
CROTAPHITE. adj. Terme d'Anatomie , qui fe dit
du mufcle temporal qui occupe la cavité àts tem-
pes i & qui tire la mâchoire intérieure en haut.
Crotaphit£.
Ce mot vient du Grec i^'Ua^of, qui fignifie, la. tempe,
royc:^ Temporal.
on obferve de lailfer an talon un peu de vieux bois 1 CROTE. (. f & fon diminutif Croro^. Il y a à Chartres
de l'année prccédenre , Se ce font ces forres de bran- 1 deux Notrc-Damcs , dont l'une eft dans le Temple ,
ches dont on fe fett pour boutures. Ainfi les Jar- j l'autre dclTous. Celle qui eft dedans s'appelle Notrt -
40 C R O
Dame d'en haut ; l'autre , Notre-Dame d'en-bas ,
eu Notre-Dame fous terre , ou Notre-Dame des Cio-
tes , non pas qu'elle foit crottée , mais parce qu'elle
eft en un creux fous rerre, fair en façon de cave ;
car ce mot crocc en cette fignification vient du Grec
Crypca. Encore en quelques lieux on ufe du mot
Crocon dans les prifons , comme qui dirait balfe-foire.
Apol.pour Hérodote , c. 38 , arc. 16 , t. j , p. z6^ de
l'idiuon de la Haye , 1735. (^''ote pour Grote j caverne ;
& Croton ou G-roton pour cachot , prifon obfcure ,
font dans Pomey.
Croie, Croter. C'eft ainfî qu'on devroit écrire ces
mots , parce qu'ils tirent leur étymologie de crufia j
félon Nicod, ou de creta ^ félon Ménage. Voye^
Crotte.
CROTIN. Voyei CROTTIN.
Ci<.OTOI( le). Bourg iuué à l'embouchure de la Somme
eji Picardie , vis-à-vis de S. Valeri. Adrien de Valois
croit que ce doit être le Corocotinum des Anciens.
Dom Dtiplellîs croit que ce doit être plutôt Har-
fleur , à moins que l'Itinéraire d'Antonin qui en
fait mention , n'ait été altéré en cet endroit-là par
les Copilles. Defcnpt. Geogr. & Hijî. de la. Haute-
Njy:n. T. 1 ,p. ^ Cl" II.
CROTONE. Ville ancienne d'Italie , qu'on nomme
aujourd'hui Cc.rtjne. Crjco. Elle étoit dans le pays
des Brutiens , l'ur l'Efaro. Croto.-^e étoit fur la côte
de la Mer Ionienne, dans un très-bon air; ou du
moins dans un lieu dont l'air pallait pour être
excellent , parce qu'il fortoit de cette ville beau-
coup d'Arhieres vigoureux. Le Scholialle de Théo-
crice dit que Crotoue l'emportoit fut toutes les villes
d'Italie en courage & en toutes fortes de richelfes.
On croit que cett« ville fut bâtie par les Achcens ,
& par Diomède , ou Melille , la troifième année
de la X^ Olympiade. Selon Eufèbe , c'eft la féconde
année de la XIX^. Olympiade ; & félon Denys
d'Haï icarna (Te , L II. la rroifième année de la XVIl"^.
Olympiade. Crotone étoit une très-grande ville de
quatre lieues de tour. Elle eft encore très-grande.
Foye^ les médailles de Crotone dans la grande
Grèce de Gohzius. Tab. XXVIII. XXIX.
KPOTONIATAN.
CROTONI ATE. f. m. & f. Cfotonias. Qui eft de li ville
de Crotone. Citoyen , habitant de Crotone. Les
Crotoniatcs étoient excellens Arhlèces , & bons
guerriers. Milon Crotoniate fut fix fois vainqueur
aux jeux Olympiques. Il y porta une fois un bœuf
fur fes épaules & , après l'avoir mis bas j il le tua
d'un fenl coup de poing qu'il lui donna. Mais toi ,
Croconiats groifier , crois-tu que fe vanter de porter
un bœuf, ce ne foit pas fe vanter de lui relfembler
beaucoup. Fonten. Le Milon Crotoniate , qui eft
dans les Jardins de Verfailles, eft une ftatue admi-
rable. Milon Crotoniate flonlfoit vers la LXIF.
Olympiade , Se fut difciple de Pithagore. Il y eut
des Jeux Olympiques où tous les fept prix furent,
remportés par des Crotoniates. Delà vint le pro-
verbe : Le dernier des Crotoniatcs l'emporte fur le
premier de tous les autres Grecs-
CROTONS. f m. pi. On nomme ainfi dans le rafinage
des lucres , les morceaux de fucre qui n'ont pu
pairer par l'hébichet.
CR.OTTE. f f. boue , finge , qui eft dans les rues ,
& dans les chemins j formée par la poulîière dé-
trempée par les eaux de pUiie. Lutum. On ne fau-
roit marcher pendant la pluie , qu'on ne foit plein
de crottes. Les Perfans ne fauroient fouffrir une
feule crotte fur leurs habits j ils fe tiennent im-
mondes , quand cela leur arrive. On dit prover-
bialement & populairement, quand la gelée a féché
les rues , les chiens ont mangé les crottes.
Nicod dérive ce mot de crujla ; Ménage de creta^
terre gluante & rémce.
Crotte , fe dit aufti des excrémens de certains ani-
rnaux. Fimus. Des crottes à& fouris, de lapins, de
lièvres, de chats, &c. Les crottes de fouine fcntenr
bon.
•CROTTER. V. ad. Éclaboulfer , faire jaillir de 1
C R O
crotte fur quelque chofe , falir avec de la crotte,
Luto afpergere , inficcre. Cette Dame marche fi pro-
prement, qu'elle ne Îq, crotte point. Un cheval qui
galoppoit m'a tout crotté , éclaLoufle. Il ne faut
pas lailVer entrer ces p.ayfans dans les chambres ,
ils crofxroient le plancher , les meubles.
On dit proverbialctrrent qu'un homme eft crotté
comme un barbet , crotté julqu'au cul , jufqu'à l'é-
chine , juiqu'aux oreilles , pour due qu'il eft fort
crotte. On dit aulïi , crotté en Aichidiacre , parce
qu'autretois les Archidiacres faifoient leurs vifites
à pied. On appelle un Poëte crotté ., un méchant Poète
qui fe crotte en allant à pied. On dit de mcmemufe
crottée.
Quand on efi en pays barbare ^
Sans douceur j fans foùeté ^
Pa£e qu'on ait l'efprit bifarre _,
Et que d'écrire on foit tenté ;
Alais qu'en ces lieux , mais qu'à Lucienne j
L'envie ou la fureur me vienne
De vivre en Poëte crotté ,
Je parourois bien dégoûté. P. di; Cerceau.
Crotté , ée. part. palT. & adj. Un Pédant crotté. Lutofus,
luto injeclus.
On dit , il fait bien crotté , plus ordinairement j il
fait bien de \i. crotte dans les rues, pour dite j que
les rues font bien fales.
CROTTIN, f. m. qui fe dit des excrémens de certains
animaux , du cheval j du mouton , t'c. La fienre
haîche du cheval s'appelle crctdn. Fimus j ftercus.
Le crottin de mouton hc de chèvre. La Quint. Le
crottin de mouton eft de tous les fumiers celui
qui aie plus de difpofition à fertilifer la terre. Id.
Les fels de cet engrais font très-aéliis \ c'eft pour-
quoi il faut avoir la précaution de le laifler repofer
long-temps , & perdre à l'air fon trop de chaleur
avant que de l'employer.
CROTTON , ou CROTON. D'autres difent GRO-
TON. f. m. Cachot. Ce mot ne fe trouve que dans
Pomey.
CROU , ou CARROA. Efpèce de Monnoie de com-
pte , dont on fe fert à Amadabath , &c prefque dans
tous les Etats du Grand Mogol- Chaque crou fait
quatre arebs.
fC? CROU. Petite rivière de France j qui a fa fource
, près de Louvres en Parifis , palfe à Gonelfe , à
St. Denis, & fe rend dans la Seine.
CROUCHAUT. f. m. Terme de Charpenterie j qui
fe dit des pièces de bois qui pottent fur le chef d'un
bateau. Foyei Chff.
CROULANT , ante. adj. Qui croule ^ qui eft prêt
à tomber. Un édifice croulant , une maifun cron-
lante.
CROULARD. f. m. Oifeau nommé autrement Tra-
quer & Tarier. Voye\ Traquet.
CROULEMENT. f m. EhouUmcm. Le croulement des
terres ^ d'une terradè. Le crouïement d'un baftion.
CROULER, v. n. Tomber en s'affaifant. Concuti ^
nutare. Cette terre n'eft pas ferme, on la fent crouUr
fous les pieds. Les fondemens de cette maifon
croulèrent tout d'un coup j & la maifon tomba.
Nicod dérive ce mot du Grecxçoîa, c'eft-à-dire ,
pulfo J. je poujje.
Crouler J eft auffi quelquefois aélifj & fe dit des
arbres qu'on fecoue pour en faire tomber le fruit.
concutere. Croule-^ ce pommier, ce poirier _, ce prunier.
PoM. Danet. Ce mot n'eft ufité que dans quelques
provinces.
Crouler. Terme de Marine. Cioulerwn bâtiment j un
vaiireau J c'eft le rouler pour le lancer à l'eau. Dans
ce {iin% il eft audi aétif.
^CJ" Crouler la queue. Terme de chafte j fe dit
du mouvement que l'animal fait de cette partie j
lorfcju'il fuit.
CROULIER, ÈRE. adj. Qui fe dit des terres qui ne
font pns fermes fous les pieds , àe% fables mou-,
vans où l'on enfonce. Terra treniula j vacill.tns ,
dèhifcens. .
C RO
C R O
4^
dehlfcens. On ne peut bâtir en ce champ-là , parce i domeftiques. Ecole du monde. L'auteur neft pas d'un
que ce font des terres croulières. On dit auili des' grand poids.
mis crouUers. On appeloit autrefois croidis les | Croupe. Vieux mot. Epais , de l'Allemand C-rub,
s . ., „ .-■> 1 - ■\ ._ _L-_j-- I r-'-Ai. J.- l> -..> Il j. 1 1
fondrières , & croulières , des ornières prorondes
CROUPADE. f. f. Terme de Manège. La croup^ide e(k
C'ell de-là qu'eft venu croupe de cheval , & crou-"
pion.
un faut plus relevé que lacourbecte^ & qui tient CROUPETONS (à), adv. Terme populaire , relatif
le devant Se le derrière du cheval en une égale
hauteur j en forte qu'il troulfe fes jambes de der-
rière fous le ventre , fans les alonger ni montrer
fes fers. EquifaUus erectis Aqualker tam antcrioribus j
^uàm poflerioribus pedibus. Hautes croupades j ce
font des croupades plus relevées que les croupades
ordinaires. Manier à croupades. Mjttre un cheval .1
l'air des croupades. Cheval qui fe préfente à crjupades.
CRO JPE. f f. La partie de derrière du cheval , qui
comprend depuis l'endroit cù la felle porte jufqu'à
la queue, fergum. Il fe dit de toutes les bêtes de
monture &c de fomme. Ce cheval porte en croupe.
Le poftillon met la valife fur la croupe. Les Meuniers
ne montent que fur la croupe de leurs mulets. Monter
en croupe derrière un autre.
âCT On appelle crj«:'c de mulet , \xnQ croupe pointue
& aiguë. Ce cheval a la croupe de mulet.
Ce mot vient de crouppa , qui fe trouve dans les
Glofes , iSi ell: formé de l'Allemand grub , qui fignitie
gros , gras , épais. Men. On trouve Cruppa equi dans
le procès des miracles de S. Yves , fait l'an 1321.
C. 15. Acla Sancl.Maii, T. IK p. 567. F. Bochart
croit que ce mot a été fait par retranchement de
croupion. Du Cange le dérive de l'Italien groppa ,
qui lignifie Jejje.
Croupe j fe dit figurément dans quelques façons de
parler , comme lorfque Voiture dit que l'Hymen
porte d'ordinaire en croupe le repentir & la miière ,
pour due que le mariage entraîne fonvenr après lui
la pauvreté Si les chagrins.
JJnjou rempli (i'eris.ui\s qucle trouble accompagne y
En vain monte à cheval pour tromper fon ennui ;
Le chagrin monte en croupe , & galope avec lui.
BoiLEAU.
Pojl equïtemfedetatra cura. Horace.
Croupe , fe dit auili ironiquement & populairement'
du derrièie d'une femme. Cette femme a une belle
croupe.
On dit figurément d'un homme fort délicat , &
qui fe fâche aifément & fans iujet , qu'il eft cha-
touilleux fur la croupe.
On dit aulîi , Gagner la croupe du cheval de fon
ennemi, pour dire, l'approcher par derrière.
Croupe , fe dit auili du haut, du fommet d'une mon-
tagne. Vertex ^ apex , Jugum. Cette maifon a belle
vue J elle eft fur la croupe de la montagne. Ils s'é-
toient faifis de h croupe du mont. Vaug. Ils firent
des feux fur la crouse des montagnes. Ab.
Croupe , en Architectu'-e , fignifie aulfi le derrière du
chevet d'une Eglife , qui etl arrondi. Tejludo. La
croupe de l'Eglife Njtre-Dame eft belle à voir de
delTus le Pont-Marie.
Croupe , fe dit auili de la partie d'un bâtiment , ou
pavillon ordinaire , qui n'eft pomt bâtie en pignon ,
mais qui eft coupée obliquement & couverte en
penchant comme le refte du comble , & qui eft
garnie d'arrêtiers qui font d'ordinaire de fept à dix
pouces de gros , compris le délardement. Teclum
tejludinatum. On dit auili des entraits de croupe , des
chevrons de croupe , des fermes de croupe.
Croupe au Mur. Terme de Manège , qui fignifie
faire aller un cheval de côté , ayant la croupe placée
du côté de la muraille ou de la barrière , & la tête
& les épaules vers le centre du Manège. Voy. l'Ecole
de Cavalerie de M. de la Gueriniere , p. 109.
CROUPE , ÉE. adj. Cheval bien croupe qui a une belle
croupe. Philargyre a une maifon bien réglée , un bon
carrofTe uni , deux chevaux bien croupes j deux
laquais vêtus d'un bon drap gris , une fervante pro-
pre , un ordinaire bien jufte pour lui Se pour fes
Tome Illi
à la manière de fe tenir, lorfque la plante des pieds
touchant à terre j le derrière touche les talons.
Apprejfis humi clurûbus accubare y incubare.Qn ^\t ^
Etre a croupetons ^ pour dire. Etre afîîs à terre fur
fa croupe. Marcher à croupetons , pour dire j Marcher
en fe traînant contre terre. On dit auÛi qu'un lièvre
en forme eft à croupetons j (k. qu'on le prend à
l'accroupie.
CROUPIADER. V. n. Terme de Marine. Il fignifie
mouiller en croupière, ^oytj CROUPIÈRE.
CROUPIAT. f m. Terme de Marine. Ceft un nœud
qu'on lait fur le cable. Nodus in June.
CROUPIER, f. m. Celui qui eft alfocié avec nn autre
qui tient le jeu ou le dé. Ludijoàus. Cet homme ne
pourroit pas jouer fi gros jeUj s'il n'avoir des croupiers
avec lui. En terme de Bailette & de Pharaon , croupier
eft un homme que le Banquier choifit pour l'avertir
des cartes qu'il oublie, & pour lui aider à recevoir
& à payer : quelquefois le croupier eft intéreifé à
la banque.
Croupier, fignifie auili un allocié fecret en un traité,
en une ferme , qu'il laiife mettre & régir fous le
nom d'un autre, dont il partage le gain , ou la perte;
à propoition de ce qu'il y a avancé. Aùcujus ncgotii
focius.
Croupier, fe dit auili en Jurifprudence Canonique,
d'un conhdenriaire qui prête fon nom à celui qui
plaide pour un Bénéfice. Confidentiarius. Ceft ainfi
qu'on l'appelle dans le Droit. Quand on fe défie
dfl Tnii ri roi r , on tait obtenir un dévolut lur foi-
même , afin de l'obtenir en tout cas fous le nom d'un
croupier.
Croupier , vient fans doute de croupe ; parce que
celui qui ell monté en croupe derrière un autre , eft
cenfé fon compagnon de fortune.
CROUPIÈRE, f f. Longe de cuir qui paiTe au-deiTons
de la queue du cheval , ou autre bête de montiye,
qui s'attache à la felle pour la tenir en état. PoJliUna j
quaji pojl celia , dit Papias.
On dit figurément & proverbialement , Tailler
des croupières à quelqu'un , pour dire , le pourfuivre
vivement , le faire bien aller , & courir , lui donner
bien de l'exercice. Aiiquem acriter infequi j perfequi.
Croupière , ou Croupias , eft une corde qui tient le
vaitTeau arrêté par fon arrière. Navis rctinacu.um.
Ainfi on dit en termes de Marine , Mouiller en
crouvicre , ou en croupe , pour dire , Jeter un
ancre du côté de la poupe pour maintenir les an-
cres de l'avant , & empêcher un vaiiïe.-.u de fe tour-
menter , ou pour lui faire préfenter toujours le même
côté.
CROUPION, f. m. Os pointu qui eft à l'extrémité de
l'épine du dos & proche du fondement. Vropyglum.
Il eft compofé de trois os j dont le plus grand
touche l'os facrum \ le fécond eft plus petit ; & le
troifième eft le moindre de tous. Au bout de ce der-
nier eft attaché un petit cardLige. Cet os eft autre-
ment appelle coccys , parce qu'il reiîemble au bec
du coucou. Il s'eft démis le croupion.
Croupion fe dit auffi particulièrement de cette partie
des oifeaux , où font attachées les l'iumes de leur
queue. Croupion de poularde , de chapon.
Garnir un Croupion. Ceft, parmi les Rôtitfeurs j
Mettre proprement fous la peau du croupion plu-
fieurs petits lardons , pour faire paroitte le chapon
plus gras.
CROUPIR. V. n. Demeurer dans une même fituation j,
fe corrompre faute de mouvement. Defidere .^Jiagna-
re , (lare. On le dit particulièrement des chofes
qui fe corrompent faute de mouvement. L'eau qui
croupit eft bientôt puante. On le dit auiTi des per-
fonnes qii'on n'a pas foin de changer aifez fouvenc
de liasse- t-'ri malade j un paralytique , un enfant ,
F
41 C R O
eroupîroknt dans leur ordure , fi l'on n'avoit foin de
les nettoyer.
Croupir j fe dit figurcment en chofes morales , pour
dire , languir honceuienienc dans l'oifivecé , dans ia
nonchalance , ou dans cjuelque état trifte. Demeurer
long-temps dans le même état. Languere in orW, lan-
guejcere , inerùu manejcere. Les pécheurs croupiraient
reujours dans le péché , fans la grâce. Comment
Dieu qui eft lî miféricordieux , a-t'il laifTé li long-
temps croiivir les nations idolâtres dans l'ignorance
de ia Loi de grâce. Tay.
Las de vous fignaler ^ & de vaincre en tous lieux j
Allc\, aà'e^ cvoupii daris un calme odieux. Breb.
Croupi , ie. parr.
CROUPISSANT j ANTE. adj. Qui croupit. Stagnans ,
de/es j pig<^''. L'habitation dans les lieux marécageux
n'ell pas faine , à caufe des eaux croupi£'antes qui y
font d'ordinaire.
|p;CROUPISSEMENT. f. m. Etat des différentes ma-
tières qui croupifTent. Le croupijfement des ahmens
dans les intellins.
CROUPON. f m. Les Tanneurs j & ceux qui font
commerce de gros cuirs , appellent ainli les cuirs de
bœuf & de vache tannés , lorfqu'ils n'ont ni tête ni
ventre , comme quidiroit , cuit de croupe. Un crou-
pon de bœuf.
CROUSTILLE, f f. Petite croûte de pain. Crufiula.
Dans ce mot & les fuivans , prononcez \s , quoiqu'ils
viennent de croûte , où l'on ne la prononce point , &
mouillez les deux //.
CROUSTILLER, v. n. C'eft manger de petites croûtes
en buvant , pour refter plus long-temps à table.
CruJluU frujium comedere j roJerc. Ne voulez-vous
. pas crouimUr ayez nous ? Il eft familier
CROUSTILLEUSEMENT. adv. D'une manière crouf-
tilleufe , boufonne , plaifante. Lepidè ^ facetè. Il
faitj il dit toutes chofes croufiilleufement. Cela eft
populaire.
CROUSTILLEUX , euse. adj. Terme populaire &
vieux, boufon, plaifant , qui fait rire. Lepidusfacetus.
Cet homme eft croujiillcux.
Croustilleux. Ce mot fe prend encore pour extraor-
dinaire , ridicule , impertinent. Incptus , infutjus.
On dit quelquefois dans le difcouis populaire &
familier en fe Lâchant , ou en fe mocquant d'un
homme : Voilà un plaifmt corps , ou crouJhlUux
perfonnage.
CROÛTACou demi-DANTZ'KHORS. f.m. Monnoie
d'argent qui a coursa Dantzick, & en d'autres villes
du Nord. Les croûtacs valent neuf gros , à prendre
le gros pour i8 penins.
CROUTE, f.f. Partie extérieure du pain j endurcie par
la cui(ron,& principalement par celle du four. On le
dit aullî de plufieurs autres chofes. Crujia. La croûte
d'un pain , la cro;/r« d'un pâté. La cro.vre hne eft celle
où il y a du beurre mêlé avec de la fleur de farine.
La croûte bife eft celle où l'on n'emploie que la grolle
farine.
Croûte , fe dit aufll de tout ce qui fe féche , s'endurcit
fur la furface de quelque chofe. Il fe fait fur le fel
qu'on garde une croûte qui eft fort dure & cpailfe. La
fécherelfe avoir fait une croûte fi dure fur la terre,
qu'on avoit de la peine à la labourer.
On appelle aufti croûte en Chirurgie , cette gale
qui vient fur les plaies , quand elles fe cicatnfent ;
éc aulîi ce qui vient fur les boutons , dartres &
autres maladies de la peau. On du d'un homme
couvert de gale , que fon corps n'eft qu'une croûte.
Croûte. Terme de Conchyliologie. Foy. EPIDERME.
CroÛte de fucre. ^o)'£:|' Sucre.
Croûte, figniiîe auftl , en terme de Peinture , un ta-
bleau douteux , une copie qu'on voudroit faire palfer
pour original, iSc généralement tout tableau noir,
écaillé j & donc le plus grand mérite eft le plus fou-
vent d'être fort ancien.
Croûte. On nomme cuir en croûte , le cuir de vache ,
de cheval & de veau, quia été plané, coudre &;
C R O
tanne, & qu'on a fait fccher , après l'avoir tiré delà
fofte au tan.
On appelle auflî , Parchemin en croûte , ou par-
chemin en cofte , celui qui n'a point été raturé fur le
fomnner par le Parcheminier.
Croûte veloutée. Terme d'Anaroniie. Willis , dans
la Pharmaceutice rationalis , prétend que la croûte
veloutée, qu'on prend feulement pour l'épiphyfe de
la tunique nerveufe , eft véritablement une tunique
particulière alfez épaiife de fa nature \ &: on peut
l'appeler proprement une tunique glanduleufe , à
caufe du grand nombre de glandules dont fa fuper-
lîcie extérieure eft couverte.
On dit d'un avare , qu'il ne mange que du pain
& des croûtes , pour dire , qu'il fait très-petite chère.
On dit aulîi , que croûte de pâté vaut bien pain.
Pour dire , qu'on portera la peine de quelque chofe,
on dit proverbialement qu'on en aura les croûtes à
ronger.
CROUTELETTE. f. f. Synonyme zl Crouftille , moins
ulité. Crujiuld.
CROÛTIER. f. m. Ce mot fe dit dans le même
fens que Brocantent qui ne fe charge que de mau-
vais tableaux , & "qui voudroit vendre fes copies
pour des originaux. Ce Peintre n'eft qu'un vrai
Croutier.
CROUTON, f. m. Morceau de croûte de pain. Crujîa j
Crujlula. Manger un croûton.
CROWN , ou COURONNE. Monnoie d'argent d'An-
gleterre.
CROY , ou CROUY. Car c'eft ainfî que l'on prononce.
Bourg fitué proche le Monaftère de Saint-Médard
dans le Soiflonnois. Croviacum , Croniacum j Croi-
ciacum. Valois. Notit. Gall. C'eft de ce Bourg que
la Maifon de Crouy tire fon nom. Henri IV. l'érigea
en Duché l'an 1 598 , en faveur de Charles de Croy
Duc d' Arfchor. Foyei Imhoff", Not. Imp. i. /^. C. 1 3 .
fur la Maifon de Croy.
CROYABLE, adj. m. & f. Digne d'être cru , qui mérite
d'être cru. Credibilis. Il fe dit des perfonnes & des
chofes. C'eft un Auteur grave , & qui eft fort croyable
quand il dit quelque chofe. Cet Ôratelir a reçu tanc
d'applaudiflemens , que cela n'eft pas cvoytz^/e. Tout
cela n'eft pas croyable.
Ce que je viens d' entendre ^ 6 Ciel ^ efi-il croyable !
Molière.
|KJ" Le mot de croyable s'applique aux chofes qui
ne font pas évidentes par elles-mêmes , ni évidem-
ment déduites de leur caufe ou de leur effet , mais
dont la vérité eft établie par d'autres preuves. On
ne dit pas qu'il eft croyable qu'on croit que la neige
eft blanche , que le tout eft plus grand que fa partie j
mais on du que cela eft évident. On voit , on connoît
que cela eft ainfi.
lia- CROYANCE, f. f. Ce mot fignifie proprement la
perfuafion où l'on eft de la véiicc d'une chofe , d'une
propofition quelconque. Le confentement que l'efpric
donne à quelque choie. Confidéré comme fynonymei
z. foi , il en diffère par fa génétalité. Le mot de/o
pris feul , exprime la perfiiafion où l'on eft des
myftères de la religion. La croyance des vérités
révélées conftitue la/o/. ChriJlianA fidei capita. Bien
que croyance &c créance foientdeux chofes différentes,
on prononce toujours créance j à la fin on n'écrira
plus autrement ^ c'eft déjà l'opinion de plufieurs , &
j'y foufcris. Vau. Peu de perfonnes écrivent préfen-
tement croyance. La dclicateffe de la prononciarion
a pallc dans l'orthographe. Corn. Ces Auteurs ont
mal vu la deftinée des mors croyance & créance. Oa
écrit croyance & créance , fuivant les cas. Les prudens
du fiècle fe font un honneur de ne rien croire , pour
fe diftiiigner du vulgaire , & ne pis hazarder leur
croyance. Tall. Dans la plupart des Chrétiens l'envie
' de croire tient lieu de croyance : la volonté leur fait
une efpèce de foi par les defirs ,.que l'entendement
leur rcfufe par fes lumières. S. Evr. Parmi les No-
vateurs , diacun s'eft fait un tribunal à foi-même ,
CRO
CRU
CRU
& s'efl: reixln l'arbitre de fa croyance. Flech. La
croyance des Chrétiens eft contenue dans le Symbole.
Les Idolâtres ont eu des croyanas ridicules 6c extra
vagantes. |
Croyance , lignifie auflî , opinion qu'on s'eft mife
dans l'elpric iur des railbnnemens & desconjeda-j
res. Opinio, Scncentij. Lu. croyance à' ^.n^oiaùion ,
que le monde ctoir intini &c éternel. Il arrive bien
des chofes contre la croyance générale. Il y a des
hyperboles ir.oins hardies , & qui ne vont pas au-
delà des bornes bien qu'elles foieuc au-delHzs de la
croyance commune. Bouh.
Croyance, fe die encore de la confiance qu'on a en
une perfonne à laquelle on ajoute pleine loi. h'i-
des , fiducia. Ce Prince a une entière croyance en
fes Miniftres. La vertu fouple & maniable d'Atticus
lui attiroit fouvent une croyance &c une approbation
qu'il ne méritoit pas. S. Real.
^CT Corneille dans Poiyeuiite a dit j donner de la
croyance à quelque chofe. Cette expreffion , dit M.
de Voltaire, n'cft pas d'un françois pur.
^CT En etFet, la croyance eft dans celui qui croit ,
& non pas dans la chofe qu'on croit.
fçCr CROYANT, ante. f Qui lignifie littérale-
ment celui ou celle qui croit. Ce mot ne s'emploie
guère parmi nous qu'en parlant de celui qui croit
ce que la religion enleigae. Qui Chrijl'ianin, Fïdci
capuibus credu , fidein habei. Les Juifs appeloient
Croyons, ceux qui faifoienc profeflion de la Reli-
gion Judaïque , par oppofition aux incrédules.
Abraham ei'c appelé dans lEcriture , le Père des
Croyans. Credendum Pater. Les Turcs fe font appro-
priés le titre de Mufulmans , qui veut dire en leur
langue Vrais Croyans.
Les Albigeois, ou du moins quelques-uns parmi
ces Hérétiques , ont été appelés Croyans. Voyez
jaa SS. Mail, Tom. VU. p.' t%i. B. Ceux des
Albigeois qu'on nommoit Croyans ^ menoient une
vie déplorable, parce que, mêlant avec les plus énor-
mes crimes une auftérité apparente, ils s'alluroient
d'être fauves par la feule foi, fans être obligés ,
à ce qu'ils prétendoient , ni à la confeflion de leurs
péchés , ni à la reftitution de cequ'ils avoient pillé
par les ufures , les rapines , les brigandages dont ils
ne fe faifoient aucun fcrupule , non plus que de
tous les autres déréglemens de la volupté , à la-
quelle ils s'abandonnoient avec une liberté effré-
née , ne doutant pas de leur falut , pourvu qu'a-
vant de mourir ils pulfent recevoir l'impohtion des
mains de quelqu'un de ceux qu'ils appeloient les
Bons-hommes ou les Parfairs. P. Benoit.
CROYE. f. f. Terme de Fauconnerie, qui fe dit
d'une mal.adie des oifeaux de proie j ou efpèce de
gravelle qui leur caufe de l'obllrudion dans la veifie.
CRU.
fk? CRU. f. m, Produit d'un fonds de terre qui ap-
partient à quelqu'un, ou plutôt un terroir où quel- 1
que chofe zïoii. Fundus. On le dit particulièrement'
du blé, du vin, des fruits , & généralement de cou-
res fortes de denrées. Ces fruits font de mon cru.
Il ne boit que du vin de Ion cru, c'eft-à-dire ,'
tiré des vignes & vignobles qui lui appartiennent.
\fT Quelquefois il fignifie la même chofe qu'ac- '
crollfement. Ces aibrcs ont bien poulfé j voilà le,
cru de cette année. 8
fit? Dans le ftyle figuréj mais familier, on dit;
qu'une chofe eft du cru de quelqu'un j pour dire;
qu'elle vient de lui , que c'efî lui qui l'a inventée.-
Toutes les circonftances du fait que vous nous con-i
tez, font de votre cru. Cet écrivain ne nous donne'
rien de fon au, il ne fait que compiler. >
ifT Qkm. Part, du verbe croître. Champignon]
€ru en une nuit. Natus , orcus. Voye:^ Croître.
IJC? Cru. Part, du verbe croire. Foye\ ce mot.
§Cr Cru , par oppofition à cuit. Voye^ Crud.
Cru ScCrud. Terme de Fauconnerie. Le cru du
builfon, c'eft-à-dire , le milieu du builfon où fej
43
met la perdrix pour fe garantir des chiens. On ui'c
auiîî le creux du buiifon.
CRUAUIE. f. f. Paifion féroce qui exclut tout ien-
timent d'humanité, & nous porte à faire du mal
aux autres , fans avoir delfcin de les rendre meil-
leurs , par pure infenfibilité , ou par le plauir de les
voir foutî"rir. /'"t'}t-;{ Barbarie, Inhumanité. i.ru-
delàds j Jkvuia. L2. cruauu leroit naturelle aux hom-
mes, h la vertu n'en étoit le correé^if. Il anûa
le cours d'une cruauté li barbare &: fi deteftabiC.
S. EvR. L'amour que nous avons pour la vie, le-
double notre averlion pour la cruauté. M. EbP. il ne
faut pas prendre une cruauté lâche & alfouvie j pour
la clémence. Ib. Les Anglois avides de la ciucuté
du fpeéfaele, veulent avoir des mtUitres is; des
corps fanglans fur la fcene. S. EvR. Dans Tacite
la cruauté eft prudente, & la violence avifée. 1d.
L'humeur chagrine du Roi dégénéra en cruauté. S.
EvR.
Engrai^e-toi, mon fils , du fuc des malheureuK ,
Vas par tes cruautés mériter la jortune.
BoitEAU.
Dans le fond de la Thrace un barbare enfanté ^
EJl venu dans ces lieux fouffier la cruauté.
Racine.
Cruauté , fe dit des bêtes fanguinaires & féroces.
La cruauté des tigres , des ours, des lions.
^fT On dit auifi la cruauté Ai\ fort, du deftin, de
la fortune & de chofes femblables que l'on paroît
perfonniher.
Cruauté, fignifie auffi l'aétion même qui eft cruelle.
Les Turcs ont fait foufFrir d'étranges cruautés aux
Chrétiens.
Cruauté, fe dit figurément en chofes morales, &
fur-tout dans les exprelîions amoureufes, 5: fignifie j
dureté , rigueur , infenlibilité. Tous les amans fe
plaignent eus uudutts de leurs maicreffes. Vos yeux
exercent une grande tyrannie fur mon cœur. Hé-
las ! vous appelez votre cruauté le foin de votre
repos P. Di Cl. Quoi ! vous voulez éprouver ma
conftancc par un ellai de toutes vos cruautcs. S. Evr-
La cruauté n'eft point fi dangereufe que des bontés
prodiguées, ôc mal ménagées. Id.
// ne faut point qu'une rare beauté
Ait trop d'amour J ou trop de cruauté j
L'une dégoûte j & l'autre defefpere. Main.
Haï de tous 'les Grecs ^ preffé de tous côtés j
Me faudra-t-il combattre cncor vos cruautés?
Racine.
Cruauté j fignifie quelquefois une chofe fâcheufe ,
odieufe, inlupportable C'eft une crwjwrirde lai'ler
jouer cet homme - là avec ces filoux , il perdra
tout fon argent. Il fignifie quelquefois fimplcment,
c'eft dommage. C'eft une cruauté d'abattre cette belle
allée qui vient fi bien, de couper ce taillis qui n'a
que quatre ans , de ruiner ce pavillon qui eft fi bien
bâti.
§Cr CRUCHE, f. f.Vailfeau ordinairement déterre ou
de grès \ large par le ventre , étroit par le cou , fer-
vant à puifer de l'eau, à mettre ou tranlporter des
liqueurs. Il a une anfe. Hydria. Remplir une cru-
che d'eau. Vider, calfer fa cruche. Les Danaides font
repréfentées avec des cruches , &: occupées à remplir
leur tonneau.
Ce mot vient de l'Allemand krug, fignifiant la
même chofe.
Cruches fÉcondï s , qui viennent du Levant. Le Sr.
Paul Lucas en a apporté en France. Les meilleures
fe fabriquent dans une ville de la H.iute -Egypte,
nommée Kana , près des mines de Dindera. Ces
cruches rafraîchilfent les liqueurs en très- peu de
temsj &C l'on y fe me fur l extérieur de la falade,
qui y croîtj & eft bonne à manger en 4. ou 8. jours
1- ij
CRU
CRU
On dit que l'eau qui a été quelque temsT àale, çoviV dire Une incifioa faite en forme dé croix.
crrat/zcjj a la vertu de guérir les dylfente-j
dans'ces cruches ^ a la vertu de guérir les dyirente-] Cruels Jormam rejcrens.
ries & pertes de fang caufées par quelque vailfeau CRUCIATA. f. f. Plante. Fcyei Croisette. Ceft la
xom-^n ànm \q CQi^s. Toy âge de Paul Lucas. \ même çhofe.
CruchEj fignifiehguréinent ^populairement un hom- CRUCIFERE, adj. m. & f. On appelle colonne a^ci-
me bète &. ftupiJe , qui ne fait point taifonner.! /ère toute colonne qui porte uiie croix, & qui e 11
Stolidus j fiupidus j plumbeus. | pofée fur un piédeftal , ou fur des degrés pour fer-
On dit proverbialement i tant va la cr/^cAe àreau,! vir de monument de piété dans les cmiétièresj ou
quà la fin elle fe brife^ pour dire, qu'à force dej devant les EgUfes, ou dans les places publiques,
«'expoier aux dangers , on y demeure à la fin. On ] Crucijcr.
dit auflià ceux qui veulent trop s'opmiâtrer, trop ' |^j Crucifère, adj. Terme de Botanique, qui s'ap-
tourmenter un homme, vous le feriez devenir cru-
che.
CE.UCHÉE. f. f. Plein une cruche. Ce que peut con-
tenir une cruciie. Une cruchce d'eau fraîche. Il a
une crachée d'huile. pour fa provifion. Les Artichaux
d'un an ou de deux doivent être arrofés régulière-
ment deux ou trois fois la femaine à une crachée
dans chacjue pied. La Quin.
CRUCHER^E. f. f. Terme du difcours familier, qui ne
fe dit qu'en riant,. & fignifie, folie, bctife , ftu-
pidité. Stultiùa_, infanïa ^ ftoMitas. On deman-
doit un jour à Madame la Marquife de Sablé ,
pourquoi elle prenoit des précaurions fingulières
• pour fa fanté , &; pourquoi elle avoir tant d'appré-
henfion de la mort, c'elt là ma crucherie^ répon-
dit elle. Dank
plique aux plantes dont les fleurs font difpofées en
forme de croix , comme dans le crelfon , le thla-
fpi , le chou , 6'c.
CRUCIFIEMENT, f. m. Le fupplice qu'on faifoit au-
trefois endurer fur la croix. Cruels fupplicïum. Le cru-
cijiemcnt de J. C.
Le Grand Con{l.antin , après avoir embralfc la
Foi Chrétienne défendit de faire endurer aux cri-
minels le fupplice de la Croix , par le refpeét qu'il
avoir pour le crucifiement de J. C. Voye\ au mot
Croix , comment fe faifoit le crucifiement chez les
Anciens.
On le dit auflîdes tableaux qui repréfentent le
crucfiement de J. C. Les Peintres ont lait des cru-
cifiemens de diverfes manières. Chrfiu In Cruce mo~
rïentïs in tahella adumhratio , delineatio.
CRUCHON, f m. Petite cruche. J7rW<2. Dans les caves! Crucifiement, fe dit figurément en chofes mora-
on fe fert de cruches & de cruchons.
CRUCIAUE. Bulle de la Cruclade. Ce mot fe trouve
dans l'hiftoire de Jérôme Acofta , touchant l'origine
& le progrès des revenus Ecclélialliques. Voici ce
qu'il en dit_, p. 175. Les Rois d'Efpagne tirent encore
aujourd'hui un très-grand revenu de la Bulle qu'on! » 1 ^1 • c-
nomme la Cmciade. L'on fait que les Bulles des CRUCIFIER, v. a. Attacher a la croix, faire moarir
Papes pour avoir la permillion de manger pendant
les des pallions , des fentimens & des inclinations
de la nature, pour marquer leur extin(5tion. Ceft
alors un terme de fpiritualité. Extinciio j reprejflo.
L'oraifon eft le crucfiement de toutes nos paflions ,
la mort de notre amour propre. Madame de la
"Vall.
le Carême, des œufs , du fromage , & quelques au-
tres chofes femblables , ont beaucoup de cours en
en croix. In Crucem tôlier e^ agere y Cruce afficere,
Cruci affigere , fî^ere. Nos péchés ont érc caufe que
les Juifs ont crue fié i. C. qu'ils l'ont fait mourir en
croix.
Efpagne. Celle de la Cruciade fe publie folennel-S r ^ r i- r
lement, & dure trois ans, du jour qu'elle a été l Crucifier, avec le pronom perfonnel, fe dit figu-
publiée. L'on fait trois prédications dont la pre-
mière s'appelle fiufpenfion, parce qu'elle fufpend
toutes les autres Bulles qu'on auroit pu prêcher \
enforte que ceux qui veulent jouir des permif-
fions que leur donnent les autres Bulles, font
obUgés de prendre celle- ci. La féconde prédica-
tion fe nomme compofition , parce qu'elle contient
une claufe qui remet l'obligation de reftituer juf-
qu'à la fomme de 1 5. ou 20. ducats , quand on ne
fe fouvient pas à qui l'on doit reftituer. On nomme j
la troiheme reprédication ^ parce qu'on prêche de]
nouveau .la première & la féconde. 1
rément des perfonnes dévotes qui ont renoncé au
monde pour s'attacher à Dieu. Chrifti in Cruce mo-
rientis dolores &mulari ; fie totum Chrifiti in Cruce mo-
rientis ohfiequio ^voluntati mancipare. Ils itioni cru-
cifiés en elprit.
On dit hyperboliquement, qu'un homme fe fe-
roit crucifier pour de l'argent, pour fervir fes amis,
plutôt que de faire une telle chofe ; pour dire qu'il
feroit capable de faire tout pour fes amis, pour de
l'argent 3 qu'il cndureroit toutes fortes de lourmens
plutôt que de faire une telle chofe.
Crucifié, ee. Part. Saint Paul ne vouloit rien fa-
„ /1- ■ . I yoiïmcomxoitïQ mQhCcrucifié.Crucifii.\-us,affixuSy
Outre ces prédications, on en aioute une qua-i r n^
trieme, 6i Ion publie au moins nx Jubiles, ^.^^i ril^lr^v^l
font taxés à huit maravedis par tête, & à quatre
pour les morts. Chaque Jubilé produit au Roi d'Ef-
pagne plus de vingt -cinq mille ducats par an. Les
Efpagnols font monter le revenu que le Royaume
tire, tant des Bulles que des Jubilés, pendant les
trois ans de la Cruciade , à un million vingt-quatre
mille ducats, tous frais faits, c'eft-à-dire^ fans comp-
ter la dépenfe des Prédicateuts , des Exécuteurs
èc des Imprimeurs des Bulles.
Les Papes ont fouvent accordé aux Rois d'Ef-
gne & de Portugal, des Bulles de la Cruciade,
pour lever des décimes fur les Eccléfiaftiques, fous
prétexte des guerres qu'ils avoien: contre les In-
fidèles. Nous apprenons des Hiftoriens Portugais,
que leur Roi Jean II. en ayant obtenu une d'In-
nocent VIII. pour le fecourir dans la guerre qu'il
avoir en Afrique j ce Pape la lui vendit bien cher j
car il ôta au Royaume la liberté qu'il avoit de ne
recevoir aucune Bulle venant de Rome j qu'elle
• ne fût auparavant examinée dans le Conleil du
Roi de Portugal, f^oye:^ Emanuel Telles dans la vie
de Jean II. imprimée à Lisbonne en 16S9.
CRUCIAL, ALE. adj. Terme de Chirurgie qui ne fe
dit guère que dans cette phrafe. Une incifio» -cru-
\ CRUCIFIX, f . m. Croix où J. C. eft repréfenté at-
taché. Chrifii in Cruce pendentis effigies j imago. On
met un Crucifix dans toutes les Eglifes fur l'entrée
du Chœur. Il y a des Chapitres ou J. C. eft le
premier Chanoine , il a les fruits d'une Prébende. Il
y a dans l'Eglife ParoKriale de Caudebec un Crucifi.x
hngulier, 6c peut-être unique dans fonefpece. Ce
n'ert ni la Sainte Vierge, ni Saint Jean l'Évangelifte,
ni la Madeleine , qui fe tiennent au pied de la
croix , comme dans prefc[ue toutes nos autres Egli-
fes ^ c'eft notre premier père Adam qui en em-
I bralfe le pied , un genouil en terre , fans autres
vêtemens qu'une ceinture de feuilles d'arbre j Se
tenant de la main droite un calice ou une coupe,
pour recevoir le fang qui coule des plaies du Sau-
veur. Deficript. Géogr. & Hifl. de la Haute-Norm. T, I.
On dit proverbialement des dévots outrés , &
des hypocrites, que ce font des mangeurs de Cru-
cifix.
On dit, mettre les injures qu'on a reçues, met-
tre fes reftentimens aux pieds du Crucifix , pour di'
re, oublier pour l'amour de Jéfus-Chrift crucifié
les reftentimens, les injures qu'on a reçues. Ac ad.
Fr.
CRU
•On dit populairemenc , faire le demi - Cr^ayf.v , '
pour dire , demander l'aumône , parce qu'ordinaire-
ment les gueux alongen: un bras de côté pour de-
mander la charité.
Crucifix. Confraternité j ou Archiconfraternité du
Crucifix à S. Marcel à Rome , eft une Société ou
Confrérie qui s'exerce en diftérens^ aétes de cha-
rité. On appelle ceux qui y font allociés, les Con-
frères du Crucifix. Foye^ le P. Helyot , T. FUI.
p. 3^5.
CRUCIFIXION, f. f. Crucifiement. L'adion de cruci-
fier j d'attacher à une croix ^ l'état d'un homme at-
taché à la croix. Crucifixio. Le P. Joieph , Capu-
cin , ayant établi l'Ordre de Notre-Dame du Cal-
vaire , donna à l'un des Monafteres de Paris , le
nom de Crucifixion , afin d'imiter & d'honorer le
Myllère de la compalîîon de la Sainte Vierge aux
douleurs de J. C. Il ordonna qu'à cet effet il y_ eut
jour & nuit , fans interruption , une Religieufe au
pied de la croix , afin de réparer par une efpèce
d'amende honorable , & par des aétes d'amour &
de reconnoillance , les outrages que font les pé-
cheurs à cet arbre de vie. P. Heliot, Tome F
Chap. 46.
Prefque tous nos Auteurs fe fervent de Crucifie-,
ment; mais M. Bayle & quelques autres , & prin-
cipalement les Proteftans , atteclent de dire tou-
jours Crucifixion. Milfon , parlant de S. Pierre qui
fut crucifié la tète en bas , du que le tableau de
cette Crucii'ixion fe voit à lEglife de S. Paul aux
trois fontaines, de la main du Guide. Lorfqu'on con
facroit l'Euchariftie dans l'ancienne Eglife , on rom-
poit toujours le pain à l'exemple de J. C. pour re-
préfenter fa Paillon & fa Crucifixion. De la Ro-
che. Si l'on ajoute tout ce qui fe palfa entre la con-
damnation & la Crucifixion^ ainli que S. Matthieu le
raconte , il s'enfuivra qu'il étoit bien huit ou neirl'
heures quand le Seigneur fut attaché à la croix.
Le Clerc.
^CJ" CRUD, ue. adj. On ne prononce pas Xod. Il fe-
roit plus hmple de ne point le mettre j on ell même
obligé de le retrancher au féminin. Crud eft l'op-
pofé de cuit, & fe dit généralement des fruits, des
viandes , des alimens qui n'ont pas encore reçu
par l'adion du feu ou par un certain degré dj
chaleur , la préparation nécelfaire pour pouvoir
lervir de nourriture à, l'homme. Crudus, Les fruits
cruds ne font pas fi fains que les fruits cuits. La chair
crue fe conferve moins que la cuire.
^C7 Crud, fe dit dans les arts & métiers de plufieurs
chofes qui n'ont pas encore reçu la préparation ,
1 apprêt neceilaire pour être employées.
La colle ne vaut rien crue , il faut là cuire. Du
chanvre tr^/c^qui n'a pas encore été trempé dans l'eau.
Canabis nondum macerata. De la foie crue , qui n'elt
ni lavée ni teinte. Bombyx nondum abluta , non-
dum tincla. Les petits velours à un poil , crêpes &
crêpons fe lont de foie teinte fur le crud. Les fa-
lins, damas &: vénitiennes, ne doivent point être
faits de foie teinte fur le crud. Toutes ces étoffes
doivent être de foie cuire en chaîne , trame, poil ou
broche \ ou toutes de foie crue , fans aucun mélange
de crue Se de cuite. Teindre fur le crud, ou teindre
à demi- bain, ne fe dit que de la teinture des
foies. C'eft mettre les foies à la teinture , fans les
avoir auparavant parfaitement décreufces.
Teindre fur le Fil crud, qu'on nomme plus com-
munément Fil écru. C'eft celui qui n'a point été mis
à la lellive , foit pour le blanchir, foit pour le tein-
dre.
On le dit encore de ce qui eft indigefte. Le me-
lon eft crud fur l'eftomac.
En Chimie on appelle de l'antimoine crud, quand
il eft tel qu'il fort de la mine , fans préparation.
Du mercure crud, &c.
En Médecine 9n dit que les humeurs font crues ,
• lorfque la chaleur naturelle eft folble, & qu'elles
n'ont
CRU 4;
nés entendent par des humeurs crues,'' des humeurs
qui ne font pas broyées comme elles le doivent être.
Ce font ceux qui veulent que dans le corps tout
fe falfe par trituration.
Crud , fe dit aulîi d'un cuir qui n'a reçu aucune
préparation ni apprêt.
Crud, fe dit figuiément des dilcours défobligeans
auxquels ou n'apporte aucun adouciflement pour
ôter ce qu'ils ont de rude ou de choquant. Durus ^
afiper ^ rigiJus _, feverus. Faire un pareil reproche à.
quelqu'un, cela eft bien crud. Ne nous établillons
point d'opinion fur l'opinion de nos maîtres, & no
recevons pas leur doclirine toute crue. S. Evr. il lui
conta cette nouvelle toute crue.
Crud , fe dit aulli des ouvrages , des compcfitions
d'efprit qui font encore informes , qui n'ont pas la
perfeétion requile. Impexus , impolitus , imperjcclus.
Cet Auteuf a lailfé ion ouvrage imparfait, il eft
encore tout crud , il n'y a pas mis la dernière
main. .
ifT Crud , & mieux Cru , eft encore un terme da
Peinture qui s'applique aux lumières , lorfque les
grands clairs font trop près des bruns , & aux cou-
leurs, lorfqu'elles font trop entières & trop for-
tes.
A Crud , fe dit adverbialement. Un homme armé
à crud. Cataphracius 3 concinuo Jerro teclus Jinè inte-
riorivefie , ocreatus fine ûbialibus ; botté à crud, c'eft-
à-dire, fans habits, fans bas fur la peau. Monter
un cheval à crud, c'eft-à-dire , fans felle , ou à poil.
Nudo cquo infidere.
Crud , f m. En termes de Fauconnerie. Foyc-{ Cru.
CRUDELITE. i. f. Mot formé du Latin Crudelitas ,
qu'on employoït autrefois pour cruauté. On difoit
aulli Cruex j crueux &c crueufement j pour cruel ôc
cruellement.
CRUDITE, f. f. Qualité des fruits & des viandes qui
n'ont pas encore reçu par l'adion du leu , par
la cuilfon proprement dite , la préparation nccef-
faire pour pouvoir fcrvir de nourriture. On le dit
de même de ce qui eft indigefte. Cruditas. La-cra-
diCi du melon ,^dc la châtaigne , des coins , eft plus
dangereufe que celle des autres fruits. La bille d'a-
cier qu'on tair bouillir dans l'eau, ôte (zcrudice.
L'eau pannce, où l'on a trempé du pain j perd fa
crudité
Ip" Crudité des humeurs en Médecine , c'eft la mau-
vaife qualité des humeuis qui ne font pas digérées.
On entend proprement par crudita , les humeurs
crues contenues dans les premières voies , produites
par des alimens mal 'digérés. Saburra cruda ; &ç
cTMc/^Vi d'eftomac , fi elles font fentir leurs mauvais
effets dans- l'eftomac. Ces viandes engendrent des
crudités. Il a des crudités dans l'eftomac.
§0" Crudité des couleurs &: des lumières. F. Crud,
terme de Peinture. .
CRUE. i. f Quand il vient de croître , il fignifie,
augmentation. Incrementum , ûccrejfio , accejp.o. La
crue des rivières vient de la fonie des neiges. Les
Anciens admiroient la crue du Nil en été, parce
qu'ils n'en connoilfoient point encore la fource.
Crue fe du particulièrement des augmentations des
rivières, caufées parles pluies ou parla fonte des nei-
ges. Les crues des rivières ont caufé dans toute l'Eu-
rope à la fin de 1746. des inondations affreufes ,
& des dommages infinis. Voilà une terrible crue.
Cette crue a inondé toutes les vallées. La Loire eft
dangereufe dans fes grandes crues.
Crue", eft encore la féconde partie de la taille. Oa
l'impofoit ci-devant par une commiftion particulière
fur le pied de la grande taille. Irihuti acce(fio. On
diftinguoit, taille ,'taillon, crue, fubfiftance, étapes,
te qui font à préfent confondues
Crue, fe dit aulli pour croiflance , augmentation de
grandeur. Cet arbre a pris toute fa crue. Par exten-
fion , il fe dit auflî des hommes. Cet enfant n'a
pas pris toute fa crue. Foye^ Croissance.
acquérir
pas la préparation que la d!c;eftion leur fait Crue, en termes de Palais, eft iin parifis, ou cin-
:ir ordinairement. Quelques Médecins moder- 1 quième denier qu'on ajoute à l'eftimation des
4^
CRU
1
CRU
meubles prifés par un huillier, & qui feit de fup-'CRUELISER. v. a. Mot nouveau & peu en ufage ,
plémcnc puui. les remetne à leui: julte valeuc. ^'^c-
cejjw. Quand Il-s meubles d'un invencaue n'ont point
cte vendUi a l'encan j on les eiluiie avec la crue
<lans un compte , dans un partage. Les veuves ont
d'ordmaire Ihpulé l'avantage de prendre leiu" prc-
ciput en meubles, fuivant la pniée, & hnscrue.
fer CRUEL , tLLh adj. Celui qui ie plaît à faire du
mal aux autres par inrenlibilité de cœur, ou par
le plailir de les voir fouffru". Crudeiis. On le dit
des peri'onnes & des adions. Les peuples fauvages
font cruels. 'Voilà une action crueile ôc fanguinaire.
Les gens cruels font d'ordinaire des lâches j qui
cherchent leur fûretc en exterminant ceux qui IcS
pour due , traiter avec cruauté. J'aime les btiies
cruelles ; mais je ne veux pas qu'elles me crutlijent
longuement. 'Vasconia. U elt peu de femmes ca-
pables de crueùjer un amant couronné. Maa'-' Dv
NoYhR.
CRUELLEMENT, adv. D'une manière cruelle. Cru-
deiicer ^ inhumanker , atroàicr. Il l'a tait mourir
cruclkment. Ces Auteurs le font déchirés cruede-
menc dans leurs écrits. Je hais crueUcment ceux qui
n ont de l'elprit que pour déplaire. Ch. dh Mer.
V aide 3 muxiiîiè, pej^ime. Ce critique s'attache cruel-
lement lur tous leî Ouvrages , & ne trouve rien
de fuppoi table dans les livres. Balz.
pourroient blelfer. Mont. La ReUgion nous com-'CRUEMENT. adj. D'une manière duie, fans qu'on
fe donne la peine d'adoucir ce quil y a de mal
ou de fâcheux dans ce qu on dit ou dans ce qu'on
fait. Aujierè , J'everè j parum comittr. Il ne faut pas
dire aux gens tout cruement leurs vérités , quand
on veut qu'ik en profitent. Les Grecs le piUoient
tout cruement les uns les autres. Chaicp. Omràno ,
palùm , audacltr.
toute 'fa vie. C'eft mourir d'une mort traeZ/e, que CRUPELLAIRE. f. m. Crupellarius. Les Crupellaires
de mourir de la pierre. C'eft une toile imagina-
tion de croire que la vertu adoucit la rigueur des
mande des chofcs ditficiles, mais elle n'eft m attreu- ,
fe, ni cruelle. Ben. _ !
Cruel, fe dit auiîi des animaux féroces. Les tigres;
d'Hircanie font fort cruels.
Cruel, fe dit encore des chofes douloureufes. Durus,
afpcr ^acerhus , crudeiis , moleftus. C'efl un tourment
cr^e/que la ialoulie. Une deftin cruel l'a perfécuté
fupplices les plus ct.Wj , M. Esp. Le Magiftrat qui
punit un fcélérat par Ic-s plus cruels fupplices , ne
ccoient chez les anciens Gaulois des Soldats armés
de toutes pièces , de pied en cap. CaCùpkrucii mUi-
tes.
CRUPÉZIA. yoye^ Castagnettes.
doit avoir pour fa perfonne aucun mouvement de 3 CRURAL, ale. adj. Terme d'Anatomie. Eft l'épi
haine
Cruel, fe dit aufii pour, dur, fâcheux, nuifible ,
accablant.
Que les Dieux fontcuxsh, quand ils font trop faciles !
Helas ! que les refus font quelquejois utiles ! Mol.
Les Stoïciens fe piquoient d'une fermeté intrépide
dans les plus cruelles difgraces. S. Evr. Il avoir
routes les apparences d'une entière liberté d'efprit
dans les plus cruelles agitations. S. Reaï,. Un Ipec-
tacle fi funerte & fi cruel ôta l'ufage des pleurs à
ce per.e délolé. Fel.
Le Ciel a pour nos vœu.x une bonté cruelle ;
II devrait être fourd aux aveugles fouhaits.
La Font.
Cruel , fe dit aufli des chofes qui font fimplement
rudes , fâcheufes. Les Amans difent que lablence
eft une chofe cruelle , que leur Mairrelfe eft cruelle ,
quand elle ne fatisfiit pas leurs defirs. On le dir
même des fimples paroles. Epargnez - moi de ii
cruelles converlations. P. de Cl. Quand on eft ac-
coutumée à être jeune 6^ belle , c'eft une cruelle
chofe de fe voir vieille & laide. M. Scud.
Ne m'affhjjîne^ point de vos ciueh adieux. Corn.
Ah ! pour jamais adieu: fonge^-vous en vous-même.
Combien ce mot ctuel ef affreux quand on aime.
Racine.
Cruel , fe dit fimplement pour mauvais. Voilà un
cruel tems , pour dire , un vilain tems.
On ne voit plus qu Alcefle^ou Théfee , ou Cadmus j
Quoiqu'on n'y trouve point de machines nouvelles ,
Que les vers foient mauvais ^ que les voix foient
cruelles , Se. La Font.
thète qu'on donne à la groffe artère & à la grollè
veine de la cuilfe. Crurum artcriA. L'artère crurale
vient de l'iliaque , ou plutôt c eft l'artère iliaque
qui change de Hom, i?c qui s'appelle crurale, dès
qu'elle eft entrée dans la cuilfe. Elle porte le fing
dans toute cette extitmité par un grand nombre
de branches. La veuie crurale elt formée de iîx au-
tres veines, qui font la fphène, la grande c?i la
petite iciatique , la mufcule , la poplitique , ou la
jarietierre , & la kirale. Elle reporte le fang de
toute lextrémitc inférieure daus la veine iliaque.
Il y a aulli un mulcle c]u'on appelle crural, qui
eft attaché à l'os de la cuifte , comme le branchial
l'cft à l'os du bras, & qui va s inférer au haut du
gros os de la jambe.
CRUSCA. Ce mot eft Italien , & fignifie le fon, ou
ce qui refte quand la farine elt biutce. Il n'eft ea
ufage que dans cette phrafe \ l'Académie de la
Crujca. C'eft une Académie établie à Florence pour
la perfeélion de la langue Tofcane. Elle a pris fon
nom de Ion etiiploi , 5: de la tin qu'elle fe piopo-
fe , qui eft d'épurer la langue Tofcane, & pour ainii
dire, d'en fcparer le fon. Sa dcvife eft un bluteau,
avec ce mot italien , Il pià bel Jior ne ccgue , c'eft-
à-dire, Il en recueille la plus belle fleur. Dans la fille
où fe tient cette Académie tout fait allution à fon
nom Ck à fa devife. Les lièges ont la forme d'une
hotte à porter du pain, leur dolher celled'une pèle à
remuer le blé ; les grandes chaifes font faites en fa-
çon de cuves d'oher, ou de paille, où l'on garde
le blé j les couflins des chailes font de fatin gris
en forme de facs ; les étuis dans lefquels on met
les flambeaux, reflèmblent aulli à des facs. C'eft ce
que rapporte Monconis dans fon premier voyage
d'Italie.
Le Diéfionnaire de la Crufca , eft un Didion-
naiie Italien compofé par cette /académie.
CRUSTACE & mieux CRUSTACEE. adj. Animal qui
n'a point de fang , & qui eft couvert d'écaillés divi-
fées par des jointures différentes. Cr^iîrec7z^j. M. Wod-
re
r on.
v/ard dans fon Hiftoire Naturelle, remarque que pour
On dit qu'un homme fait le cruel quand il ne tous les coquillages î>c les nautiles , & dans toutes
pond pas bien aux cajoleries qu'on lui fait ; &' les couches de différentes matières que l'on tire de la
au contraire , qu'une femme n'eft pas cruelle, pouri terre, il ne fe rencontre prefqu'aucun de ces poif-
d re honnêtement, qu'elle eft de facile compoii- fonsC/vz/^iZc/w ou couverts d'une écaille, tels que les
écreviiïes, dont la raifoneft,dit cet Auteur, que
CCS fortes de poiftons étant plus légers que les co-
quillages, ils ont dû au déluge refter à la furface
de la terre, après l'aftaiftement de différentes cou-
ches, Se s'y corrompre, enforte qu'il n'en eft de-
meuré prefque aucun veftige. Jcurn. des Sav.
Cruel, pour le mafculin , &c Cruelle, pour l-^ fé-
minin, eft aulli quelquefois fubftantif. Néton étoic
un C'uel.
Jamais Surintendant ne trouva de cruelles. Eoil.
CRU C R Y
' L ecrévifTe eft un poifloii Cru[iacée , fait à peu
piès fomme le Icoipion. Andry.
13" On dit fublbncivemen:, les Crujiacées. Le
homar eft du genre des Crujiacces.
CRUYS-DAELDLR. f. m. Monnoie d'argent qui fe
fabrique à Conisberg , ville de la Pruire Ducale,
& qui a cours dans les Etats du Roi de Prulfe, Hc
tlans plulîeurs autres. Le Cruys vaut trois tiorins <Sc
feize gros.
CRUZADE. f. f. Monnoie d'argent de Portugal, bac-i
tue d'abord fous Alphonfe V. vers 1457. dans le
tems que Callilte IIL y envoya la Bulle d'une cro;
fade contre les Infidèles. Elle étoit frappée aux ar
mes de Portugal, & portoit une croix fur le revers
ce qui la fit appeler cruiade. Une cru:[adc vaut
quarante fous. Les pewples ont accordé un million
de cruiades pour l'entretien des Minières que l'on
envoyé dans les Cours étrangères , pour celui des
garnifons, & pour le paiement de quelques dettes
contradécs durant la guerre. Le Quien de la neuf.
En Portugais on dit CV«^aifo , de Cra.Vj croix. Les
nouvelles cruiades ne valent que trente fous de
notre monnoie. Mariana dit dans fon fliftoire, Liv.
22. Ch. ij. que la cru:;^ade, monnoie de Portugal a
été fabriquée fur le motif de la Croilade accordée
par Nicolas V. au Roi de Portugal.
CRUZE. Nom d'une Peuplade de l'Ifthme de Pa-
nama , fur la rivière de Chagres, à quinze ou dix-
huit lieues de ce port. Cette Peuplade eft com-
pofée d'une centaine de cafés. Elle devint conli-
dérable par plufieurs habitations des environs. Il
y a un Alcade, nous dirions en François un
Bailli, qui dépend du Préfident de Panama. Cru-:ie
eft à fept lieues de Panama. Le chemin eft affreux j
ce ne font que roches pointues , qu'il faut monter
^ dcfcendre.
C R Y.
CRYPTE, f. f. Lieu fouterrain ménagé, pratique fous
terre , & principalement fous une Eglife , ordinai-
tement pour enterrer les morts. Crypta. M. Ciam-
pini , dans fon Traité de Sacris édifiais à Conf-
tantino M. conftniclis , en parlant des dehors de l'E-
glife du Vatican , décrit la Crypte de S. André ,
celle de fainte Pétronille, celle de Sainte Marie
aux Fièvres , &c les Cryptes de Saint Paul dans la
voie d Oftie , & de Saint Laurent, On trouve dans
l'hiftoire de l'Eglife de Meaux, T. I. p. 41. &Juiv.
la delcripiion de's Cryptes, ou des catacombes de
Jouarre. Les Cryptes étoient voûtées. Dans Vitru-
ve, c'eft une partie d'un bâtiment qui répond à-peu-
près à ce que nous appelons cave , ou caveau. Juve-
ï\z\,fdt.P'.v. io6. a pris ce mot pour cloaque, égoûr,
parce que les égoûts font des lieux cachés ious terre,
& voûtés , que l'on pratique pour conduire les or-
dures dans une rivière. L'Abbé de Maroles l'a tra-
duit vcûte.
Ce mot vient de x^iiilij , ahfcondo , je cache, d'où
s'eft fait «juotIij Crypta , une Crypte, un lieu caché
fous terre.
^fT Crypte , en termes d'Anatomie , fe dit de cer-
taines parties qui préfentent un orifice en forme de
petite foffe.
CRYPTOGRAPHIE, f. f. L'art d'écrire d'une ma-
nière cachée , inconnue à tout autre que celui à
qui on l'adrelfe. L'art des chiffres , l'art d'écrire
en chiffres. Cryptographla. La Cryptographie eft né-
cedaire dans les Bureaux des Secrétaires d'Etat.
Ce mot eft grec, compofé de x.^ivrcs , ahfcondi-
tus j occuhus , de y.çâsr» j ahfcondo j occulta , &
y^it(pa, fcriho.
CRYPTÔGRAPHIQUF. adj. m. & f Qui appar-
tient .à la cryptographie. Cryptographicus ,a, um.
Un Mémoire cryptographique , un mémoire en chif-
fres ; des lettres' cryptographiques.
CRYPTONYME. f & adj. C'eft le nom que les Sa-
vans donnent aux Auteurs qui fe font cachés ou
déguifés. Les Auteurs Cryptonymes font de plufieurs
C R Y eu B
fortes , les uns font imprimer leurs ouvrages fans y
mettre leur nom , &; on les appelle Anonymes , les
autres y mettent un nom faétice & inventé à plai-
fir, & on les appelle /yèW(j«jTOej .• d'autres le ca-
chent fous le nom véritable de quelque Autour de
réputation, & cherchent à leur attribuer di.s ou-
vrages qu'ils n'ont pas faits, comme a fait pUiiieurs
fois le Dominicain Annius de Viterbe , ôc on les
appelle Allonymes , ou impoftcurs ^ (^ d'autres ne
font que tranfporter les lettres de leur nom, &
en trouver un autre dont ils fe fervent, & tjui eft
l'anagramme du véritable. Ce font ceux là qui font
les véritablci: Cryptonymes , ôc qui ont donné ce
nom à tous les autres. Adrien Eaillet avoit com-
mencé un ouviMge avec le recueil de tous les »-' )/>-
tonymes j mais il nui a fait imprimer que la pre-
mière partie, fous le titre d'Auteurs aeguijcs , Le
mot de Crypconyme vient du Grec «pi-Vra, je cache^
&C ota^f, , nom.
CRYPTO-PORTIQUE, f m. Lieu fouterrain Se voûté,
arc pns par fous-œuvre dans un vieux niur j Sc
au-delTous du rez - de-chauifée. Cripto- porticns.
Crypto-portique fe dit aulli de la décoration de l'en-
trée d'une grotte. Il vient du Grec xçisrxof , caché, &
du Latin porticus,
CRYSALIDL. Foyei CHRISALIDE. C'eft ainfi qu'il
faut l'écrire.
CRYSTAL , CRYSTALLIN, CRYSTALLISER. C'eft
ainfi qu'il faudroit écrire j mais on écrit ordinai-
rement cnJJal , &c.
CRYSTALIEK. foye,^ Cristalier.
fSTALLIN. Voye:^ Cristallin.
CRYSTALLISATIÔN. Foye-^ Cristallisation.' '
CRISTALLISE, ÉE. Foye^ Cristallisé.
CRYSTALLOMANTIE. Foye^ Cristallomantik.
CRYSTAUX de Verdet. Foye:^ Cristal.
fpy CRYSTINE. f f. Monnoie d'argent qui a cours en
Suéde elle vaut 14 fous 11 deniers de France.
fp3' C- SOL -UT. Terme de Mufique, par lequel
on défigne un ton d'ut. Un air en c-Jbl-ut. La clef
de c -fol -ut.
C T E.
CTÉSIPHON. Ville d'Afic fur le Tigre , vis-à-vis de
Séleucie. Ctefiphon. On croit que Ctefiphon fut bâtie
par les Parthes , pour l'opporer à Séleucie. Pline
dit, L. IV. c. iG. qu'elle fut la capitale du Royaume
deBabylone.
CTESIPHON. f m. Fameux Arcbitede ^ qui eft auffi
nommé Cherfiphron , donna les delfeins du Tem-
ple de Diane dEphefe, qui furent exécutés en par-
tie fous fa conduite, <Sc en partie fous fon fils
Méragène &: d'autres Architeétes. CrcZ/T/'/io/? inventa
une m.achine dont il fe fervit pour tranfporter les
colonnes qui dévoient fervir d'ornement à ce Tem-
ple j les ayant fait amener depuis les carrières où
on les avoir taillées, jufqu'à Ephefe. Dicl.de Peint.
& d'Architecl,
eu. Foye-^ CUL,
C U.
C U A.
CUADAC. Ville e\- Port d'Afie , dans le Tonquin j
fur la rivière de même nom.
CUATI. Foyci COATI.
C U B.
CUBA. île de l'Amérique, la plus gr.md,; des An-
tilles. C/^/^^z. Chrirtophe Colomb découMtir l'Ile de \
Cuha\ fon fécond voyage, l'an 149^- ^ ^■^ nom-
ma Juana , en l'honneur de la Reine Jeanne j &
enfuite Ferdinanda, en l'honneur de Ferdin.-!nd ,
Roi d'Arragon. Quelques-uns difenr qu'elle fut
encore appelée A Sc O. Elle a repris fon ancien
C U B
nom de Cuba , qu'elle conferve encore aujourd'hui.
Sa capitale eft la Havana. Elle ell dans la mer du
Mexique, & s'étend du couchant au levant, ayant
environ 150. lieues de longueur. Dans la monidre
largeur elle a douze à qumze lieues, &c quarante
dans la plus grande. C'ell dans l'Ile de Cuba que
l'on trouve le Caninga^ arbre qui a le goîit de la
cannelle & du girofle. On trouve de l'or dans les
rivières , & il y a des mines de cuivre très-abon-
<lantes. La chair de cochon y elt la plus faine de
routes, lly a entre la ville de Saint - Salvador & celle
de Saint -lago, une vallée toute pleine de cail-
loux li ronds j qu'on s'en fert pour des boulets
de canon. Il y a des tortues très grandes. On en
tire du gingembre, de la cafle , du maftic, de
l'aloës , de la {aifepareille , du fucre , des peaux ,
du cuivre & de l'or.
CUBA , ou CUBE. f. f. Terme de Mythologie. An-
cienne DéelTe des Romains, ainfi nommée de Cuba,
je fuis couché , parce que c'étoit la Divinité qui
avoir foin de ceux qui étoient au lit , qui étoient
couchés. On metttoit les enfans fous la protedion
de la DéelFe Cuba , de la Dcelfe Edufe & de la
Déiïè Potinejafin qu'ils bulfent j qu'ils mangeaflent
■6c qu'ils dormiirent bien.
CU-By\S. f. m. Jeu de cartes qui a quelque rapport
au Commerce , excepté que dans le Commerce
on cherche à amafler des cartes, & à celui-ci on
cherche à s'en défaire. On joue avec le grand jeu j
& l'on donne aux joueurs chacun cinq cartes j puis
on en étale à découverr fur le tapis huit autres du
talon. Lorfqut; le premier en carte apperçoic une
carte dans ces huit, femblable à une des liennes,
comme s'il a un valet , & qu'il en voie un dans
les huit cartes, il le couple avec le fîen , &
hs met bas devant lui j c'en eft déjà une dont
il eft défait. Les autres en font de même à leur
tour : puis il recommence. Ceux qui n'en ont au-
cune dans leur jeu pareille à l'une des huit, met-
tent bas leurs cartes à découvert, ce qu'on apelle
mettre cu-bas. Cette augmentation aide encore aux
autres à fe défaire de leurs cartes. Celui qui s'eft
plutôt défait de fes cinq carres j gagne ce que cha-
cun a mis pour \e cu-bas.
eUBATURE, ou CUBATION. f. f. Terme de géo-
métrie, l'adion de cuber, ou la méthode de cu-
ber une quantité , de la réduire en cube Aciio
vel methodus cubandi quantitatem aliquam ; Cubatura.
Dans les Mémoires de l'Académie 1714, il y a un
article des cubaturcs fphériques.
fCF La cubature confifte à mefurer la folidité des
corps , comme la quadrature confifte à en mefurer
la lurface. Quand on a déterminé cette folidité ,
on trouve enfuite un cube qui foit égal au folide
propofé, &c'eft-là proprement ce qu'on appelle
cubature.
CUBE, f. m. Corps folide régulier, qui eft compofé
de fix faces carrées , & qui a toutes fes faces éga-
les j aulfi-bien que fes angles. On l'appelle aufli
hexaèdre , à caufe de fes fix faces. Cubus j qua-
dratum undique Jolidum. Les dez font des petits
cubes.
Ce mot vient du Grec kÙ^os , qui fignifie tejfera^
ou de-{. La duplication du cube eft un des problêmes
fameux , recherché inutilement par les Géomètres.
Voye^ Duplication.
Le cube eft le fymbole de la fermeté Sfde laconf-
tance , & peut faire le corps d'une devife.
C U B
Un cube qui s'y voit de quatre vents battu ,
De fon ame immobile exprime la vertu.
P. LE M.
Cube j, eft un.tetme premièrement de Géométrie , 2°.
d'Arithmétique , tant ordinaire que fpécieufe ,
c'eft- à-dire d'Algèbre. Cube en termes d'Arithmé-
tique , eft un nombre produit par deux multipli-
cations. La première eft la multiplication d'un nom-
qui fait \6 carré de quatre. La féconde eft la mul-
tiplication de ce produit i(S par le même nomme
4j ce qui produit 64, qui eft le nombre cube,
ou le cube de quatre. En un mot , le cube eft le
produit d'un quatre multiplié par fa racine, c'eft-
à-dire , par le nombre qui l'a produit \ \G par 4.
Le cube eft la troifième puilTance de l'Algèbre. 64
eft un nombre cube produit par la multiplication
de 4, qui eft fa racine cubique, par lui-même,
ce qui fait 16. à fon carré, & de ce carré 16 mul-
tiplié derechef par 4.
En Algèbre le cube fe marque en écrivant trois
fois de fuite la même lettre -, ddd eft le cube de
d :, ou bien en écrivant 3 après le ^ , ou toute autre
lettre quelconque en forme de létrine. Ainfi (j?? w'j^
àc. font les cubes de </, de /tz, de jy ; &; le cule s'ap-
pelle en Algèbre la troifième puilTance du nombre
par lequel il eft produit. La première eft la ra-
cine , la féconde eft le carré , & la troifième eft le
cube. La première eft d^ , la féconde a-, & la troi-
fième t/'.
Cube cubique, f. m. Terme- d'Arithmétique. C'eft le
cube d'un nombre cubique. C'eft le produit d'un
nombre cubique muliipUé par lui -même , & mul-
tipliant le produit de cette première multiplication j
8 eft le cube de 1. Multipliez 8 par 8 , vous aurez
<Î4 par 8 , il vous donnera 512. Ce produit, ou
512, eft un cube cubique. L'expofant àw cube cubi-
que eft <5.
Cube , eft auffi quelquefois adjedif, & fignifie cubi-
que. Undique y ex vmni parte quddrutus. Un pied
cube, une toife cube, font les mefures des corps
folides. Ce muid contient tant de pieds cubc^ d'eau.
Ce rempart a tant de toifes cubes de terre.
CUbÈBE f. f. 1 erme de Pharmacie. Fruit qu'on ap-
porte de Java, qui elt m-ic He dp<: ind^a Cucii-
tales. Ce font des grains qui rellemblent en forme
& en grolTeur, au poivre rond, qui croilleiu en-
taffés de m.ême que les baies de lierre , & qui ont
une petite queue. Leur goût eft acre & aiomati-
que. Les habitans de Java les font bouillir avant
de les vendre , afin qu'on ne les puilfe pas femer
dans d'autre pays. L'arbre qui les porte elt fembla-
ble au pommier , & a des feuilles qui approchent
de celles du poivre. Les cubèbes fortifient tous les
vifcères, & fur-tout le cerveau. On en met en di-
verfes compofitions.
CUBICULAIRE. f m. Valet de chambre. Du Latin
Cubicularius. Saint Ambroife fut engagé à écrite fon
Traité du Myftère de l'Incarnation par deux Cubi-
culaires. Valets de chambre de l'Empereur Gratien,
qui étoient Ariens. Fleury.
CUBIQUE, ou CUBE. adj. Qui appartient au cube,
qui en a la figure. Ex omni parte quadratus. Quel-
ques Anciens ont attribué à la terre la figure cubi-
que. Un pied cubique. Les nombres cubiques font
ceux qui peuvent fe ranger en cubes, comme 8 ou
27 , dont les côtés font 2 & 5 , &: les baies font
49. Tout nombre cubique multipliant un nombre
cubique, produit un autre nombre cubique. La racine
cubique eft un nombre lequel étant premièrement
mulriplié par lui-même, & multipliant enfuite fon
carré , produit celui dont il eft la racine cubique^.
Par exemple, la racine cubique de 125. eft 5 , parce
que 5. multipliant fon carré 25, produit le cube
§3° Extraire la racine cubique , c'eft Trouver un
nombre , lequel étant multiplié deux fois de fuite
par lui- même, donne le cube propofé. Par exemple,
2 par rapport à 8 ; 2 fois 2 , 2 fois 4.
En termes d'Anatomie , on ne dit point cubique
pour marquer ce qui a la forme cube , mais cu-
Doïde. Vcye-;^^ ce mot.
CUBISTÉTER. f. m. Les anciens appeloient ainfi
ceux qui danfoient les pieds en haut & la tête en
bas. Cette efpèce de dnnfe ctoit admife dans la fête
appel ée Confularia. Kv€itr1y,T>i^.
tre par lui-même, comme 4 multiplié par 4, cejCUBIT. f. m. ou COUDEE, f. £ C'eft une des mefu-
res
-C U B eue
res applicitives , dont on fe Terc en Angleterre , .
pour mefurer les longueurs.
|p"CUBiTAL, ALE. adj. Cubuaiïs , du mot iatin cu-
bitus^ qui ligmhe le coude , partie du corps humain,
& coudée, mefure d'un pied 6c demi. Le mot latin
euhuaiis fe prend dans ces deux feiis \ mais le ii\\\-
çois cubital ne fe dit que de ce qui .appartient au
coude. En anatomie,on du muicle, md cubital ,
artère cubitide.
On appelle cuhitd externe , cubital interne , deux
mufcles du bras , dont le dernier elt le premier des \
fléchiireurs, qui ell placé le long de l'os cubitus, &c
qui eft en-dedans du bras ^ raifous pour lefquelles
on lui a donne ces deux noms. Il prend Ion origine
du condyle inférieur &: interae_de l'humérus, &
couché le Ion'; de la partie inférieure de l'os du
coude, il palIe par-deilous le ligament annulaire,
^' va s'inférer par un gros tendon au petit os du
carpe , qui elt fitué fur les autres. Le cubital externe
eft le premier des extenfeuis. Son nom lui vient de
ce qu'il eft placé le long de l'os cubitus, & extérieu-
rement. Il prend l'on origine de la partie polléneure
du coude, palfe fous le ligament annulaire , &c va
s'inférer à la partie fupérieure & externe de l'os du
métacarpe qui foutient le petit doigt. L'artère ç^-
bitale s'enfonce entre l'os du coude , & les parties
fupérieures des mufcles pronateur , rond , fublime ,
palmaire &■ radial interne. Enfuite elle quitte l'os,
& fe glilfe tout le long , entre le mufcle fublime, &
le mufcle cubital interne jufqu'au poignet , pour al-
ler gagner le ligament tranfverfal interne , ou gros
ligament du carpe. Dans ce trajet elle hiit plufieurs
rameaux en ferpentant , & donne plulîcurs bran-
ches. Wi>4SLOW. Le nerf cubital naît de l'union de
la feptième paire cervicale & de la première paire
dorfale. Il communique avec la racine intérieure du
nerf médian. Id.
CUBITUS, f. m. Terme d'Anatomie. Cubitus. Ce mot
eft Latin , mais on l'a introduit dans la Langue Fran-
çoife: les Chirurgiens s en lervent en parlant & en
écrivant. L'os cubitus eft cet os de l'avant bras, long,
* irrégulièrement triangulaire, dont l'extrémité fu-
périeure fe termine par deux apophyfes , dont l'une
fjrm; le coude. Cubitus.
CL'3 JÏDE. f. m. Terme d'Anatomie. Os du pied qui
a la forme d'un cube. Cuboides. Ce inot eft Grec ,
& viint de xvôof, cuhus 3 cube, & ei'^o?, forme. Le
cuboide eft carré, & a prefque la figure d'un cube.
Quelques- uns le nomment Multijorme. Il eft (itué
au devant du calcaneum , auquel il eft joint par une
fuperhcie inégale \ il s'articule encore avec le fep-
tième o^ du tarfe j & fi on l'examine feul , on y
trouve fix faces comme à un dé. Dionis.
CUBOCU3IQUE. Terme d'Algèbre. Ceft la neuviè-
me puilfance des nombres, ou un nombre multiplié
huit fois par lui-même. Ainfi le nombre de ^iz eft
un cubocubtquc , dont la racine eft i multiplié huit
fois.
CUBOSAMA. f. m. Nom de dignité au Japon. Général
d'armée. Dux ^ Imperator. C'étoit autrefois la pre-
mière dignité de l'Empire Japonois. Cubo veut dire
Chef de Klilice , cSc Sarrra fignihi Seigneur, Un Cu-
bofama avant ufurpé l'empire fur le Dairo, lui lailfa
fon nom Se tous les dehors de la royauté , & retint
U titre de Cubofama avec prefqne toute l'autorité
royale.
eue.
eue A. f^oye^ Coca, c'eftla mêmechofe.
CUCCICAPIGI. f. m. Terme de Relation. Portier du
Serrail. roye-^; CAPIGI.
CUeCINC IMBHOORBASSL f. m. O^cier de la
Maifon du Grand - Seigneur , premier Ecuyer de ce
Prince. Primas (lahuli Magifler apud Turccis. Le
Cuccing ImbroorhaJJi , en l'abfence de l'Imbroorbadi,
c'eft-à-dire, du Grand Ecuyer, commande la petite
Ecurie, tant pour les chevaux de felle que pour les
mulets , chameaux , & autres bètes de voiture qui
Tome III.
eue 49
portetit réqiiipage de l'Empereur quand il eft en
campagne , 6i de même dans le Serrait. U a foin en-
core de faire lournir les fourrages Hc munitions à
ceux .i qui il en eft du, pour leurs chevaux ou autres
voitures.
CUCERON. f. m. Petit infedke qui fe met dans les
lentilles , les pois , les téveroles & autres légumes ,
excepté la fève blanche ou haricot, qui n'eft fujet à
aucune vermine ni lulede , pas même aux rats ni
aux louris.
CUCI. f. m. Fruir des Indes Orientales donc 'parle
Lémeiy après Pline & Lmfchot. Il eft rond, oblung
& d'une grolfeur capable de remplir la main. U eft
de couleur jaunâtre , &: d un goût doux & agréable ,
renfermant un gros noyau très -dur. Il croît à une
èfpéce de palmier que ceux du pays nomment cucio-
Jera.
CUCIOFERA. f. f. Plante qui eft décrite par Théo-
phrafte, & qu'il dit être lemblable au palmier par
le tronc 6c par Ls leuill-.s : elle en eft différente en
ce que le palmier ne fait qu'un feul tronc , au lieu
que hcuciqfera, étant un peu élevéede terre , en fait
deux , qui en font deux autres &c produifent enfuite
beaucoup de petites branches. Son huit eft alfez
gros pour remplir la main, rond, doux & de bon
goût , fans être en grappe comme celui du palmier,
il eft jaunâtre comme un coin , auquel il relTemble
alfez, excepté qu'il n'eft pas cotonné & que fi chair
eft nerveufe. Son noyau eft gros comme une noix,
de forme quadrangulaire j large delîous , pointu au
bout, de même couleur que les coquilles d'aveline,
& couvert dune autre plus grande coquille, qui eft
dure & velue, & de couleur roulfe & noirâtre. Cu-
àojera palm& jade ; palina cujus Jruclus cuci.
CLICUBALE. f. m. Cucubalus. Plante qui pouffe plu-
fieurs tiges de la hauteur de cinq ou kx pieds , grê-
les, flexibles, rondes, nouées & rampantes, fi elles
ne font foutenues par les arbres voifins ou par des
perches. Ceft pour cela qu'on l'appelle aulli la Pa-
reljeufe ou la Couchée. Il îort de chaque nœud deux
feuilles oppofées , femblables à celles de la marjo-
laine, mais plus grandies, & égalant celles de la pa-
riétaire. Ses fleurs fortenc d'une enveloppe ou folli-
cule , & font compofées de cinq ou fix feuilles blan-
ches - verdâtres , difpofées en oeillet. Il leur fuccêde
des baies groiïes comme celles du lierre , ordinai-
rement ovales , vertes au commencement, puis noi-
res & molles. Elles renferment des femences le plus
fouvent de la figure d'un petit rein , entaflees en-
femble , noires & luifantes. Cette plante croit aux
pays chauds , comme en Efpagne , en Italie & en
Languedoc, aux lieux humides & ombrageux , con-
tre les haies, dans les builTons & proche des fontai-
nes. Elle eft humeétants, rafraichiifante & propre
pour les pertes de fang. Lemery.
eUCUFAT. C. m. Nom d'homme. CucupHas. La mé-
moire de S. Cucujat, que le vulgaire de France ap-
pelle en quelques endroits S. Couquenfat, en d'au-
tres , S. Cougat , & encore autrement , a été célébrée
par le Pocte Prudence , Perijieph. hymn. 4. v. 55. Il
fouffritle martyre l'an 504. Baillet, ou vers l'an
300. Le Martyrologe d'Efternach le nomme Locufas
& Cucubas ; celui de S. Vandrille Loquunfas & Q,uo-
quofas ; celui de Corbie Logunfas Se Cucujas ; 6c
celui de Corbie une fois Cuentas , félon que l'a lu
Florenrinius. Au Martyrologe imprimé par Plantin
en I ^64, il eft nommé Cuxupas dans l'éloge de Tte
Eulalie. Son nom n'a pas moins de diverfité en fran-
çois , félon la différence des lieux où on l'honore \
Cogat , Cougat y Couquefat , Couquenfat , Quiqifen-
fat jQuiqueJal , Guiquefat , Guiguefat , Gt-ignefat ^
Gurgnefoâ, Guigncfort , Gunefort , G uni fort ^ Gouni-
fort, &■ même tout court Fort. Chastelain , au 1 5^
de Février , p. 6^6.
§CF eUCUJO. f. m. Efpèce d'Efcarbot ou de Scara-
bée d'Amérique, ^^oyei Scarabée
CUeULE. f m. & f. C'étoit .autrefois une efpèce dr
cappe ou chappe de Voyageur, qu'on appeloit aulTt
coule j ou goule , ou gulcj dont le nym a pafte depuis
jo eue GUE
aux Moines pour figiiifier leur froc & leur cliappé.lCUCURMA.f. m. Plante. Voyez curcuma. C'efi: ainfi
Cucullus. Les Religieux de Citeaux appelieiir encore I qu'il t-auc écrire.
coules leurs chappes. ils n'imaginèrenc poinc de CODE, f.h On nommoit aurrefois ainli une foire de
-moyen plus prompt que de prendre des habits de
Aiumes, & la tête enveloppée d'une cu<:ule , ik. le
corps couvert du refte de l'alîortiment, ils partirent
à pied de Florence. Le Noble. Le mot de oiculc ,
dans cet exemple, eft féminin. Quelques-uns, com-
me Chorier , HiJL de Dauph. L. X.p. 6ii , conton-
dent cucule & capuchon.
Ce mot vient de ce qu'on portoi: autrefois des
habits rebordés fur le cou Se fur les manches , de
peaux rouges teintes de gueules, qu'on nommoit
par cette raifon gules , gouLes j caules oc cucules , du
mot approchant de cujculium ^ qui lignifie graine d'c-
carlaie. S. Bernard condamne ces peaux de gueules
fur les habits.
%F CUCLFLE , dans l'Ordre des Chartreux, fe dit
pour ce qu'on appelle ailleurs Scapulaire.
Quelques - uns font venir ce mot de colluin ,
parce que la Cucule couvre le cou.
CUCCJLLAIRE. adj. Mitfrle cucullaire , ou trapèze.
Mufculus cucuUaris. Ce mufcle e!l; un grand plan
charnu, large & mince , qui eft litué entre l'occiput
& le bas du dos , & de-là s'étend julqu'à l'épaule, à-
peu-près comme un grand carré inégal & irrégulier.
C'eft de cette figure que les Grecs ont tiré le mot
trapèfe. Il forme avec celui de l'autre côté une ef-
pèce de lofange. f^oy. le Dici. de James.
CUCUPHE ou CUCUFE. f. f. Cucupha , cucullus :,
pileolus , hyrethum Sc berrechus. Terme de Pharma-
cie. C'elt une calotte odoriférante pour la tête. C'eft
un fachec qu'on s'applique dans les maux de tête :
ce fachet eft fait en bonnet de nuit , & rempli de
poudres céphaliques , pour fortifier le cerveau. Voy.
en la defcription dans le Diétionnaire de James. On
s'en fert peu aujourd'hui.
CUCURBITACEE. ad. de t. g.^ Cucurbitaceus. C'eft le
nom générique qu'on donne à toutes les plantes qui-
portent des fruits qui ont quelque rapport à la cour-
ge ou calebalîe , qui fe nomme en latin cucurb'ua ;
en forte que les plantes qui portent les courges , ca-
lebaffes j citrouilles , melons, potirons, concombres,
pommes d'amour, artichaux de Miftîllipi , & autres
femblables fruits , font routes plantes cucurbnacées.
Leurs fteurs font ou ftériles ou fertiles. Celles-ci
nouent & donnent des fruits charnus de différente
padoue , qui le tabriquoit à Lyon. Il ne s'en fait plus.
ffO- C U D R E T i N. Petite Ville' de iuilfe , dans le
canton de Berne j .\ une lieue de Neuf-Châtel.
CUDuPARITL i. m. Petit arbrilfeau qui croît dans le
Malabar , qui s'élève à deux fois la hauteur de
l'homme, & qui porte des fieurs pendanc toute
l'année. Ses feuilles broyées , mifes dans du lait , &
appliquées luriatête enforme d'onguenc , procurent
lelommeil &: calment les maux de tcte&: les vertiges.
Son truit broyé & pris dans de 1 eau , arrête la dyllen-
terie , guérie les gerçures de la bouche. Ray ,
HijK Plant.
CUE.
|::TCUEILLAGE.f. m. Terme de Verrerie. C'eft !a
portion de matière vitrifiée qu'a tiré' fucceflivemenc
à quatre repriies le Gentilhomme apprenti d'une ver-
rerie , laquelle eft néceilaue pour hure un Plat. f^.
CuEiLLEUR 6i Cueillir en Verrerie.
CUEILLE. 1. f. Termede Marine. C'eft un des lez , ou
^^s bandes de toile qui compofent une voile.
CdEILLERET, f. m. Terme de Pratique. Etat des
cens & rentes dues & reconnues par les Tenanciers
d'un Seigneur.
%fT Cet Extrait du papier terrier fert au Receveur
pour fe faire payer des cens & rentes dues à la Sei-
gneurie. Le mot de Cuedlerec vient de Cueillette au-
trefois fynonvme à Eeceite.
CUEILLETTE.' f. f. Récolte des bleds , des fruits,
rentes & autres droits qui compofent le revenu
d'une terre , d'une métairie. Mejjis ,frugum colleclio.
On donne les baux à ferme pour fix ou neuf ans,
c'eft-à-dire , pour autant de cuelUettes , de dépouil-
les de fruits.
La Quintinie&Ligerdifent que cueilleîte fignifie non
pas la récolte , mais le temps de la récolte \ & Ligec
alTure qu'on dit en ce fens , Nous approchons de la
cueillette des Iruits. La cueillette des fruits eft venue.
§3° Cueillette , fignifie proprement les fruits qu'on
retire 'tous les ans o'une iQut ^Jrucius annui , fru-
ges. Au refte ce mot vieillit dans cette acception ,
& n'eft prefque plus d'ufage qu'à la campagne &:
dans les baux.
figure , & qui renferment intérieurement pluheurs Cueillette , fe dit aufli d'une quête , de la recette
d'une contribution volontaire qu'on fait pour quel-
que œuvre pie, pour quelque néceihté publique.
CW/fc/iî. Le MarguiUier de village eft Celui qui fait
\:i cueillette pour le Prédicateur j pour la léfeétion
de l'Eglife.
on, le concombre, &cc. font plantes Cucurbi- Cueillette , en termes de Marine, eft l'amas dedifFé-
rentes marchandifes , qu'un Maître de navire cher-
che Ik. reçoit de divers particuliers pour faire le
ciiargement de fon vailleau , qui de cette manière
eft dit chargé à cueillette fur l'Océan \ on àii au quin-
tal fur la Méditerranée.
CUEILLEUR, EusE.f. m. & f. Celui, ou celle qui
cvxQÛie. Qui fruclus decerpit,legit ex arhoribus , Le-
gulus. On le dit en cette phr.afe proverbiale. Il eft
femences aplaties & placées dans trois ou quatre io
ges , ou même dans un plus grand nombre. Ces fe-
mences ont ordinairement une amande blanche &
douce , & font la plupart du nombre de celles qu'on
nomme froides majeures. La citrouille, le potiron,
le m ' '
tacées. PJantsL Cucurbitacea , à Cucurhità fie dicÎA ,
parce qu'elles ont toutes un rapport Lonfidérable
avec la calebalfe ou la courge , qui doit être mife à
la tète de cette famille. On dit Cucurbitacée ^ tant au
inafculin qu'au féminin, & jamais Cucurbitace.
CUCURBITE. f f. Terme de Chymie. Vallfeau de
terre ou de verre , où l'on met les matières qu'on
veut diftiller. Cucurhità. Il y en a aufti d'étain & de
cuivre étamé. Lorfqu'on veut faire quelque diltil-l toi
lation on y adapte un chapiteau de verre qui a une Cuei
toujours troulfé comme un cueilleur de- pommes.
LLEUR uo:i. DE Pailloles. C'eft ainfi que les
y aaapte un cnapiteau de verre qu
embouchure proportionnée & un bec. La cucurhite ordonnances appellent ceux qui tirent de l'or des
fert aufti à d'autres opérations. torrens & des fleuves qui en enrraînenr. Boizard.
CUCUR3ITE. f f. Ec'aites fioridus. Pierre très-pefan- Cueilleur. Terme de 'Verrerie. C'eft celui qui prend
te, quoiqu'argilleufe , dont la figure approche de] le verre les quatre premières fois dans les pots à
celle du concombre.
CUCURBITIN. f m. Terme de Médecine. On ap-
■ pelle ' cucurbltins ou cucurhitaim -certains vers qui
s'engendrent dans les inteftins, & qui font de la lon-
gueur des afcarides , mais plus larges. Cucurbitini.
Cucurbltins ou cucurbitaires font des vers plats, ova-1
cueillir.
CLIEILLIE. f. f. Terme de Maçon. C'eft une traînée
de plâtre étendue le long d'une régie , qui fert de
repère pour lambrilTer , enduire de niveau, faire à
plomb les piédroits des portes , des cheminées ,
des croifées.
les, blancs, femblables à de petits pépins de cour-' CUEILLIR, v. aét. Je cueille , je cueillais , je eu eillis ,
ge , d'où vient leur nom , à cucurhità , courte. Ce ''• jai cueilli , je cueillerai Se non pas /e cueillirai , coi'U-
ne font que des pornons du t^nia , ou ver folitaire,i me prétend Vaugelasi Men. Bouh. Que je cueille ^
qui fe font détachées de leurs articulations. Foyci\ que je cueilliffe , je cueillcrois. \\ fignifie. Détachée
Solitaire. j avec la main des fruits , des fleurs, des herbes de
C UE
leur tige , de leurs branches. Carpcre , deccrpcfé ,"
iegcrc.l^n cuelile dss fleurs au Printemps j & des
fruits en Automne; cueillir àss rofes, cueillir un bou-
quet , cueillir des légumes.
te mot vient -'u Lacin colligere.
Cueillir , fe dit aulli des gros truirs, quand on parle
en général de ce qu'on a retiré dans une récolte ,
dans une vendange, coliigere. L'été a été Cec , on
n'a pas cueilli beaucoup deblé , mais en récompenle
oncueillera beaucoup de vin.
On dit aulîl qu'on a prépofé un homme pour cueillir
ladime, pour en faire la recette, l'enlèvement des
geibes. Cueillir les aumônes , pour dire , en faire la
cueillette, la recette.
Ceux qui s'en fervent dans ces deux dernières
fîgnihcations , ont tort. Cueillir ne fe dit que des
fleurs , des fruits , des légumes qu'on détache de
leurs branches ou de leurs tiges. On cueille des fleurs ,
des pommes, des poires, des légumes, & on re-
cueille du vin 3 du blé &c on levé la dîme j on fait
la recetre des cens , des droits Seigneuriaux . on fait
la quête dans l'Eglife , dans les mailons pour les
Pauvres , pour le Prédicateur &c. Dans ce dernier
fens , on dit auOî quelquefois cueillette , que je
n'aime pas.
Dans le figuré , cueillir des Palmes j des Lauriers ,
c'ell remporter des vizkouQS.P aimas ^laureasmctere,
viclurias reportare.
En ftyied; galanterie jCae/Z/Zr un baifer fur les lè-
vres d'Iris Cueillir la fleur de la virginité d'une hlle.
Cueillir le verre , Terme de verrerie. C'eft le prendre
avec la felledans le pot où les matières ont été entiè-
rement vitrifiées , ( ce qui fe fait à quatre reprifes
dirférentes , quand la matière attachée au bout de la
felle à chaque fois eft alfez refroidie \ ) pour enfuite
les foufder , & en faire des plats de verre, ou du
verre en rable.
Cueilli , ie. part. Il a la lignification de fon verbe.
On dit en Maçonnerie, qu'une porte ou unecroifée
eft cueillie. Qn plâtre j quand fur le mur fimplement
hourdi on fait une petite bordure de plâtre , qu'on
applique avec la régie , afin de fervir de niveau &
de régie pour enduire le tableau de la porte , ou
de la croiféfe.
CUEILLOIR, f. m. Petit panier long d'environ un
pied , large de cinq à lix pouces , n'ayant point d'an-
les , &c fiit pour l'ordinaire d'oher vert aflez grolliè-
remenr rangé. C'eft dans ces fortes de cueilloirs qns
les gens de la campagne apportent au marché leurs
piuncs , cerifes j grofeilles , &:c. La Quint. Qua-
lus , canij'rum , calathus. Un cueilloir de cerifes,
de prunes , de grofeilles , &c. Apporte ce cueilloir
pour y mettre des cerifes. J'ai befom de ce cueilloir
pour mettre des figues. Liger.
Cueilloir _, en terme de pratique, fignifie la même
chofe que Cueilleret.
CUENÇA , Ville Epifcopale de la nouvelle CaftiUe
en Elpagne, rituée fur les hautes montagnes fort
rudes appelées La fierra de Cuença. Elle fe nomme
en Latin Concha. M. l'Abbé Chaftelain , dans fon
Martyrologe au 2o^ de Janvier, p. 454, &: 445. dit
toujours Couencjue , au lieu de Cuenca. Alphonfe
IX'. grar.d-pere maternel de S. Louis , avant pris
furies Maures la ville de Couenque en Caftillc , y fit i
ériger un Evêché. Les Chanoines de Couenque , tkc.
Je ne fais où il a pris ce mot. Nous difons Cuenca,
comme en Efpagnol.
U va une autrevilledece nom dans l'Amérique
Méridionale au Pérou , dans l'audience de Quito.
On la nomme aullî Bamba.
CUENS. f. m. Vieux mot très-ufité dans notre lan- j
sue, qui s'eft dit pour comte , Cornes. Vi.Cuens
de Flandre , li Cuens ce Champagne.
^ftl^CU^A. Ville d'Ane , dans les états duTurc,
fur l'Euphrate , dans l'iraque. j
^ CUHIUNG. Ville de la Chine, qu.arrièine Mé-
tropole de la Province de Sunnan. Elle eft de i'5. d.
24 min plus occidentale que Peking. Lat. Z4d. $6.' i
C u î
CUL
5î
CUJAVA. f m. Terme de Relation. Efpèce de chaifé
fermée en ufage aux Indes. On en met deux fur un
chameau , une d'un côté, & une féconde de l'autre,
comme nous mettons ici des paniers , ou des man-
nes fur des chevaux : on renferme dedans les fem-
mes , & on s'en iert pour les tranfporter d'un lieiî
en un autre fans qu'on les voie. Sella Indorum gefia^
toria. Aft-kan voulant furprendre la citadelle de
Dolt.abad , & la mettre entre les mains du Mogol foil
maître , feignit un mécontenteilient , & fe réfugia
chez le Roy de Vifapour : à qui il demanda la pd-
miflion de fe retirer avec dix ou douze de fes femmes ,
& autant de gens à lui , dans la Citadelle de Dolt.a-
bad ; l'ayant obtenue , il y entra avec huit ou dis
chameaux , les deux cujavixs cjui font de côtés &
d'autres du chameau étant bien fermés , félon la
coutume , afin que l'on ne pût voir les femmes que
l'on met dedans ^ mais, au lieu de femmes, on avoic
mis deux foldats dans chaque cujava tous gens d'exé-
cution , tels qu'érôient auili ceux qui conduifoieni!
les 'chameaux. Ainfi il leur fut aifé d'égorger la gar-
nifon, qui n'étoit pas fur fes gardes , &<. defe rendre
maîttes de la place. Tavernier , Foyage des Indes ,
T. II. L. I. C. 0.
CLUAVIE. Province de la grande Pologne. Cujavia.
Elle a au Nord le Duché de Prufie , au couchant le
Palatinat de Kalisk , au midi ceux de Lancici & d&
Rava , Se au levant celui dePloczko. La Capitale de
Cujavie eft Uladillaw.
CUÎDER. V. n. Vieux mot qui fi«nifio;t autrefois pen-
fer. Putare , cogitare , ex'ijiiinare. Il cutdoit bien
faire fes affaires , il a cuidî tout gâter ; il n'eft plu3
du tout en ufage , fi ce n'eft dans le ftyle burlefque.
Le Comte Duc mourir cu'ida. Voit.
Ce mot vient du Latin cogitare, Nicod.
CUIDEREAUX. f. m. pi. Vieux mot. Amans. On
trouve dans Villon j
A cuidereaux £ amour tranjîs.
CUILLER, ou CUILLIER. f f On prononce forte-
ment l'r finale comme dans_/£r & mer. Uftenfile dâ
ménage , qui a un creux , ou demi-globe concave 3
qu'on nomme cuilleron , & qui eft par un bout at-
taché à un manche. Cochlear , cochleare.
§3° Il ya des cuillers iho\.\r\\Q, dont on fe ferti
table pour manger le potage & autres chofes.
Il y en a de plus grandes donr on fe fert à la
cuifine pour drelfer le potage & pour divers autres
ufages. Cuiller à pot, cuiller à potage , à ragoût-
cuiller à olives.
Il y en a de plus petites dont on fe fert pouc
prendre le Café.
On appelle cuiller couverte , une forte de
grande cai//fr dont on fe fert pour faire prendre des
bouillons ou des médecines aux enfans, aux ma-
lades.
Il y a auflî des cuillers dont les Arrifans fe fervent
pour difterensufages. Elle fert aux Ciriers à verfer
de la cire 5 aux Fondeurs à verfer du plomb & des
métaux. En grand volume , elle fert à vuider des
fables , &:c.
Quelques nureurs écrivent c«e///er, mais félon l'ufa-
ge le plus ordinaire, & la'prononciation généralement
reçue , ce premier £ eft inutile ic mal ajouté. Cac
on ne prononce point la première fyllabede cemot ,
comme celle ds cueillette , cueillir ^ &c. où l'on met
un e entre \u & 1'/ ; mais on prononce fimpleinent
\'u & Vi comme dans cuider , cuir , cuiraffe , &c.
fC Cemot étoit autrefois mafcuiin. Aiiiourd'hut
il eft féminin 5 & bien des gens l'écrivent avec un e
à la fin : ce qui paroît plus analogue au génie de la
langue \ que dé terminer un nom féminin en er pur ;
chofe donr il n'y a guère d'exemple.
L'ufage de ta «/V/er pour adminiftrer la communion
aux Laïques eft une preuve de l'attention pleine dé
G ij
S^
CUI
CUI
refped ( qu'ont les Orientaux )pourles fainrs myflè^
tes. L'opulion cOinmune des Giecs eil que la cou- î
lume en fut établie pat S. Jean Chryrollôme \ Sc '
quoique cette Tradition ne fou pas certaine j au i
moins lanti-juitc de cette pratique eli: incontelhble , |
puifque les Nelloriens & les Jacobites La conferven: j
pareillement, ce qui fait voir quelle e(l plus an-
cienne que les fclul'ines deces deux fectes. Tous les]
Auïeurs qui en ont parlé , conviennent t]ue la com-j
nuinion donnée' de cette manière a été introduite
pour prévenir l'cfFufion du calice , précaution fort
inutile , qui ne peut venir dans l'efprit à ceux qui ne
cioient pas qu'il contienne autre chofe que du vin ,
&^que les Proteftans n'ont jamais prife. Le nom de
A«=(y, qui fignifie une pincette , & qui fait allu-
lion au charbon que le Chérubin prit fur l'autel
pour toucher les lèvres d'ifrie , fait alfez voir l'opi-
m
evant
îr pour
mon qu'ils en ont , suffi bien qne la confervation
qu'ils en font, dans laquelle , félon le Rituel du Pa-i
triarche Gabriel , i\ el\ an qn elle firvird à conte-
nir les membres où les parties du Corps de Jefus Chrifl.
RfcNAUDûl-.
Les Cuillers desTurcs font dé bois, avec un manche
long d'un demi-pied. pour le moins , & ils n'en-ufent
guere^que pour s'empêcher de fe brûler les doigts.
Aullirôt qu'ils le peuvent, ils fe fer\;ent d'une main
poar auUtrS<. pour fourchette , & du creux de l'au-
tre pour ailîetce j avec laquelle en même temps ils
portent le manger à la bouche. Du Loir./j. \6'i.
On appeloit autrefois cuiller un morceau de fer q
embrairoir le bout de l'effieu des roues de d
d'un caroife. Une cuiller du carolîé fe rompit .
CuiLLHR A CANON , cfi matière d'Artillerie • c'eft une
feuille de cuivre arrondie de différente groiTeutj
qui fert à retirer la gargoulfe d'un canon.
Cuiller, a brai , eft une grande cuiller de fe
prendre le brai chaud.
Cuiller de Pompe , c'eft un inftrument de fer acéré ^
& tranchant , avec lequel oncreufe les pompes.
Cuiller , Coquille longue, ou polifon à têt dur.
Rond. Concha longa
Cuiller , ou Cuillier , Inftrument de Chirurgie.
C'eli une petite cuiller d'argent dont on couvrel'œil ,
• quand on fiit l'opération de la filhile lacrymale.
Col de Villars.
CuiLLÇR , ou Cuillier, Oifeau femblable au héron ,
hormis qu'il a le bec en forme de cuiller , ou de fpa-
tule. On l'appelle autrement Palle ou Spatule. Voye-{
Pal le.
Cuiller, lux Pelottes. Les cuillers des Fondeurs en
fable ne relfemblenc que par leur long manche aux
cuillers des l-lombiers j & par le nom qu'elles ont
confervé , à caufe qu'on s'en fert pour porter les
pelotres de cuivre dans le creufet où le métal ell
en fulîon.
CUILLEREE, f f. Plein une cuiller, cochlear cumu-
latum Ce malade n'a pris qu'une cuillerée de aelée ,
de bouillon. Il ne faut qu'une cuillerée de vinaigre
pour faire une chopine d'oxycrac.
CuiLLERiiE. Herbe, Cochlearia. Pomey.
CUILLEMON. f. f. La partie creufe de la cuiller atta-
chée au manche , & qu'on met dans la bouche ,
quand on mange. Cockkaris pars cuva. Il y a des
cuillerons en ovale , comme ceux qui fervent à table ,
d'autres ronds j comme ceux delà cuifine ; d'autres
av c un bec , comme ceux des Ciriers , &c.
Ip* On fe fert de ce terme en Botanique pour défi-
gner les parties qui ont la forme d'une cuiller. Feuille
creufée en cdilleron.
CUIPOUNA., f. m. Nom d'un arbre qui croît au
Brélil. Il y en a de pluiieurs efpèces. Le fuç de l'écorce ;
de celui qui porte des fleurs jaunes , exprimé &
mêlé avec de l'eau claire , déterge &: incarne les ul- \
cères invétérés. Ray , Hift. Plant.
^fT CUINE j f. f. Terme de Chimie. VailTeau de
rerre j fervant à dilliller de l'eau forte.
|C? CUIR J f. m. On le dit en général de la peau
de l'animal, corium , pellis. On dit qu'un homme a
le t'wrdur , rude. L'âne a le cuir dur & épais. Avoir
des férofités entre cuir & chair. Aqua Imcrcus j aquam
intercutem.
On le dit plus ordinairement delà peau des ani-
maux , féparce de la chair qu'on corroie j à qu'oa
prépare pour fervir à divers ufxges , particulière-
ment à faire des bottes j des fouliers , a couvrir des
carolfes j des meubles j des livres j &c. Corium.
Tous Marchands font obligés de porter leurs cuirs
à. la Halle aux cuirs. Les cuirs de Hongrie font faits
de peaux de Bœuf & de cheval ; ceux de Rufiie j
de peaux de Vaches, ceux de Maroc ou de marro-
quin , de mouton. Le cuir d'un âne ell: le meilleur
pour taire du chagrin. Il y a plufieurs fortes de Mar-
chands de cuir. Les Tanneurs vendent les gros cuirs
pallés à la tannerie. Les Corroyeurs préparent le
cuir zw se des grailles pour le rendre plus maniable.
Les Peauffiers vendent des peaux de mouton de toutes
fortes de couleurs , des peaux pour faire des gants,
& des peaux de truie pour couvrir des coffres Se
des livres d'Eglife. Les Mégilliers préparent les
peaux de mouton , ôc en ôtent la laine. 11 y a aufli
\ de-. Marchands de marroquin , de vache de Rulîîe ,
& de mouton de Limoges j tjui n'ont point de grain
de l'autre côté. On appelle cuirs verts , les cuirs qui
n'ont aucune préparation , & tels qu'ils fortent
de^delfus le corps. Les Romains fe fervuenr dans les
commcncemens de monnoie de cuir, Philippe de
Commines dit qu'après les levées faites pour la ran-
çon du Roi , on fut obligé de ie fervir en France
d'une monnoie de cuir, où il y avoir feulement un
pftir cloud'argent. Un Arrêt du confeil de 1649,
attribue deux muids de fel aux Tanneurs de Paris
pour la fabrique des c:«i« de Hongrie. M. de la Mare,
dans fon Traite de la Pol. L. V. T. XX. C. 10. traite
ce qui regarde la falailon & la confervarion , la
vente & le débit des cuirs des abaiis de Bouchers.
Cuir vert. Cuir crud , ou Cuirjrais. Ce font certains
cuirs qui ne font point apprêtés , & qui fe mettent
fur les écoutiiles de la fainte Barlje , de crainte du
feu ; on en couvre auffi les hunes.
Cuir de Poule. C'eft un nom que'les Gantiers don-
nent à une forte de petit cuir très- mince & très-lé-
ger , qu'ils emploient à faire des gants de femmes
pour l'été.
Cuir doré. On appelle ainfi des pe.iux de mou*
ton pallées en bafanne , fur lefquelles font répréfen-
tées en relief diverfes fortes de grotefques relevées
d'or ou d'argent , de vermillon ou autres couleurs.
On en fair des tapifferies.
Cuir bouilli. C'elf une préparation de cuir, qui par
les réglemens de Police , n'appartient qu'aux Gai-
niers &: Bourreliers qui font bouillir le cuir avec plu-
fieurs gommes , réhnes & colles , donr ils font un
fecret entr'eux. Corium decoclum j coctum.
iPr Ce mot vient du Latin corium , qui , fi l'on en
croit Rochefort jS'eft dit pour Carium , de caro chair,
parce qu'il couvre la chair.
On dit figurément & proverbialement. Rire entre
cuir &c chair. Jurer entre «/r& chair j pour dire.
Rire , Jurer en foi-même , fans ofer éclarer , fans
en faire rien paroîrre au-dehors. On dit auffi , Faire
du cuir d'autrui large courroie ; pour dire , faire lar-
geffe aux dépens d'autrui. Ce proverbe ell tiré du
Latin , De alieno corio ludere. Etre libéral du bien
d'autrui. On appelle ironiquement & populaire-
ment un Savetier , un Orfèvre en vieux cuir. On
appelle un vifage de cuir bouilli, un vifage extrê-
mement laid.
CUIRASSE, f f. Arme défenfive faite d'une lame de
fer fort battu , qui couvre le corps depuis le cou
jufqu'à la ceinture ; tant par devant que parderriere,
^c qui doit être à l'épreuve au moins du piftolet.
Lovica. Les Piquiers font armés d'un pot & d'une
cuirajfe ; c'eft un bon corps de cuirujje qui eil à
l'épreuve. Les Cavaliers ne prirent une cuirajffe que
vers l'an 1 300. Le Gendre.
Quelques- uns croient que ce mot a été dit par cor-
rnption de cucurajfe , parce qu'elle couvre le corps.
D'autres le dérivent de «ir, ou de coriaceus , parce
CUI CUÎ 53
Bue les armes défenfives eLoieat £iices anciennement 5 Cuire des cheveux j terme de Perruquier. C'ed met-
fle cuir. I tre des cheveux au four, roulés autour des meules
ou bilboquets , &c enter mes dans de la pâte , pour
leur hure prendre la fnfure.
IJC?" QfeiRE j fe dit auiiî au neutre. Le fouper cuit.
de cuir
Cuirasse jfe dit quelquefois pour Cuiraffier. Equcs
Lrk.uus. Comme Alazann étoit fort ami de l^ico-
lommi , maintenant Archevêque de Sienne, il rît
grande liaifon avec fon frère , qui étoit lors Major
de Cavalerie dans le Régiment de Papenhein j lequel
lui perfuada de prendre une Compagnie de CuiraU'es
dans le même régiment. Mascuk. En ce lens on ne
le dit qu'au pluriel , (Si il eft un peu vieux.
On dit proverbialement , endolfer la aarajje ,pour
dire, embralfer la profelîion militaire. 'MiUdam
fequ'i. On dit le défaut de la cuiniji'e , pour dire où
hcuirajjé finit i & au figuré, l'endroir foible d'un
homme, d'un écrit. Il atrouvé le défaut de la cuirajjc,
CUIRASSER. V. a. Couvrir , revêtir j armer d'une
cuiralle. Lorkâ indue/ e, annare. On vaicuirjjjcr toute
la Cavalerie.
Cuirassé ,EE. part. & adj. Qui a une cuiralTe. Lorkâ
procdclus , iorkdtus. Lorlqu'il y avoir des Piquiers dans
les compagnies d'Inhinterie , ils étoient cu/rjjj : s. Tou-
tela Cavalerie Allemande eft cukaljée. Saint Domi-
nique le Cuirajjy , ou l'EncuirafTé j eft un Saint du
onzième fiècle , ainfi nommé , parce qu'il porcoit
toujours une cuiralle de fer par pénitence. Saint Pierre
Damien fon ami a écrit la vie.
Ilfe dit aulli figurément , pour dire , un homme
bien préparc à tout. Il ctoyoït le furpiendre , maiï
il l'a trouvé cuirûjje,
CUIRASSIER, f. m . Cavalier arme de cuiralfe. Ion-
c\iius equis. Les Allemands font grand état des Cui-
rjjjlers de l'Empereur. Il y a en France un Régiment
de Cuirajjlcrs. Ce mot fe dit auiîi d'un fimple Fan
talfin qui porte la cuiralFe èc la pique. Lorkûtus.
CUIRATIER. f. m. On nomme ainii en quelques en-
droits du Languedoc , particulièi ement à Beaucaire ,
ceux qui travaillent à la préparation des cuirs.
CUIRE. V. a. Je cuis , eu cuis , il cuit , nous cuifons ,
je cuijis , j'ai cuit _, je cuirai ; que je cuife , que je cut-
Jîjji , je cuirais. Donner aux alimens une préparation
convenable pat le moyen de la chaleur , pour les
rendre plus faciles à digérer. Coquere j concoquere.
On le dit tant de ce qui fe cuit dans le pot avec de
l'eau , que de ce qu'on rôtit à la broche j dans le
four, fous la cendre , ou d'autre manière; & tant
des chofes folides , comme le pain , les viandes , les
fruits, que des liqueurs,, comme le vin, les fyrops,&;c.
IJCT Cuire, fe dir iulli dans la lignification â^e/tTire
cuire. On cuifoi: du pain dans tous les environs pour
l'armée.
On ledit quelquefois abfolument pour cuire du
pain. Cuire au fourbannal Les Boulangers ne ft^i/^«r
point demain. Tel Boulanger cuit deux fois , trois
fois pat jour.
Cuire, fignifie au(Ii Digérer; & fe dit de cette fé-
conde préparation des alimens qui fe fait dans l'el^o-
mac pour les rendre propres à être convertis en J
notre fubltance. Il y a des alimens que l'ellomac a
peine à cuire.
On le dit à peu-près dans le même fens de l'adion
de la chaleur naturelle fur les humeurs. Telle chofe
elT: bonne pour cuire les humeurs j il faut que la cha-
leur naturelle cuije\cs humeurs , cuijè le rhume. On
le dit encore de l'adion du Soleil fur les fruits ; le
foleil cuit les fruits , la chaleur du foleil n'eft pas alfez
grande chez nous pour bien cuire les melons. Foye^
Suc, fruir , maturité.
(3UIRE J dans différens arts Se métiers j fe dit en gé-
néral de la préparation qu'on donne par le
moyen du feu ou de la chaleur à cercaines chofes
pour les rendre propres à l'ufage auquel on les deifi-
ne , foit en leur donnant plus de confiftance ^ foit
en faifant fortir tout-à-fait l'humidité. Ainfi on dit
cuire du fil, de la foie , de la colle; cuire de la chaux j
du plâtre. En Orient les briques fe cuifent au foleil ,
en France dans des fourneaux.
§CF Cuire , Terme de Doreur ^ c'eft mettre une
pièce rougir fur le feu pour la rendre plus maniable
& plus douce. Encyc. •
cela doit cuire dans ion jus. On du que des icgumes j
des pois , des fcves &c. cuijcnc bien , ou ne cuijent
pas bien , pour dire qu'ils lonr faciles , ou difficiles
à cuire.
Cuire le dit hypcrboliquement d'une chaleur ou dou-
leur exceflîve qu'on loufi're. Uri. Le foleil eit ii ar-
dent" en cette failon, qu'on cuit dans cette campagne.
Ceux qui foulfrent une grande migraine j dilcnt
que la tête leur cuit.
Cuire , fe dit aulH en patlant des plaies , des excori.a-
tions , fluxions , infiammations j &c. pour caufec
une douleur femblable à celle que caufe le feu qui
touche quelque partie. i7/c7<; , dolorem ajferre j crca~
rc. Une plaie qui eR expolée à l'air a/f/ davantage,
que quand elle elf bandée. Quand le pus fe forme
dans une plaie , cela cuit beaucoup. Les yeux cui-
fent quand ils font rouges & enfiamjnés. Dans ces
cas il eft au(li neutre*
Cuire , fe dit figurément dans le ftyle fimple & en-
joué , des n^-auvaifcs fuites des affaires j qui eau-
fent de la douleur & du repentir, i'o/erd. Il a dit
une parole , il a fait une lottife ; il lui en cuira
long-temps. Oh ! qu'il vous en cuira. Bens.
On appelle un boute-tout-cT/ir^, un homme qui
mange , quidilîipe tout. Expreilion populaire.
On dit proverbialement & par nienace^ Vous
viendrez cuire à notre four : pour dire , vous aurez
quelque jour affaire de moi.
Cuit , ite. part. Il a toutes les fignifications de fou
verbe. Coctus. Du pain cuit. De la viande culte. On
dit, en parlant des chofes bouillies, qu'elles font
pourries de cuire j pour dire, excelîivement cuites.
Du vin cuit. De la crème cuite. Son rhume n'eft pas
encore cuit. Les humeurs ne font pas cuites.
On dit proverbialement , Il eft trop cuit, ou alfez
cuit , pour manger cru j quand on a une telle impa-
tience de manger , qu'on ne veut pas donner le
loifir à !a viande de ci^.rc;. On dit qu'un homme eft
cuit , qu'il eft fricalfé , pour dire , que fa fortune eft
ruinée , que fon crédit , que fa réputation font per-
dus. On dit , qu'il n'a pas la tête bien ta/rf , pour
dire, qu'il eft un peu extravagant; qu'il n'eft pas
alTez mût. On dit, qu'un homme a du pain cuit ^
pour dire , qu'il a beaucoup de bien , qu'il fe peut
palîer de rravailler. On dit aulfi qu'un hamme a du
pain cuit, pour dire , qu'il a une bonne provifion de
ce qui lui eft nécelfaire. Ce prédicateur a deux ou
trois Carêmes , il a du pain cuit. Acad. Fr.
On dit encore , Trop gratter f«.-r , rropparlernuit ;
pour dire j qu'il faut s'abrtcnir de fe giarter , Se de
parler. On dit d'une place mal fortifice , qu'on la
prendroitavec des pommes cuites ; Se auiîi de celui
qu'on menace de battre , Je lui rendrai le viGige plat
comme une pomme cuite. On dit auffi Liberté &
pain cuit ; pour dire , que les deux plus grands biens
font d'être libre , & d'avoir ce qui elt nécelHiire pour
la vie. On dit populairement & balfement : Je^fais
* où il m'en cuit : c eft-à-dire , je fais ce qui me grève ,
ce qui me fait peine. Il a cuit &* moulu , pour dire ,
qu'on ne veut plus entendte parler de quelqu'un ,
dont on a lieu d'être mécontent.
CUIRE, É£. adj.Terme enufage chez les Maîtres Coffre-,
tiers -Malletiers , une malle bien cuirce eft une malle
de bois , dont les joints , avant qu'elle foit couverte
de cuir, ont été radoubés , foit en dedans foit en de-
hors , avec une toile épailTe , enduite de colle forte.
CUIRBT. f. m. Signifie en termes de Chapeliers, ua
petit morceau de cuir que l'on met entre la chan-
terelle & la corde de l'arçon , dont fe ferveur les Ar-
çonneurs pour faire voguer l'étcifFe. ^
CÙIRIE. f. f. 'Vieux mot qui a fignifie un collet d»
cuir , ou un colletin de bufle.
%T CUISANT , ante. adj. Synonyme d'âpre , piquanc.
Acer,pungens. Douleur cuifante.-Vioià cuifanc.
;4 C U I
Au figure, on le du en parlant des peines d'efprlt, 1
pour douloureux , lenlible. Acabus , molejcus. Le
péché lailfe des remords & des foucis cuijans. Son '
'cuijhnc délefpoir fe changea en une tranqtlillité •
pleine d'horreur , S. Real. Combien de cuijans dé- 1
plaihrs craverfenc fouvent la fortune la plus tran- ;
quille? Abad. Les Phiîofophes ont fait confi'Ite-r la
fermeté d'ame à recevoir lans émotion les chagrins
les plus cuijans , & à regarder d'un air tranquille
les pertes les plus douloureules. S. Evr.
Qui peut dire les Joins cuifans
Qui travaillent les Courtifans r Id.
Jefens au fond du cœur mille remords cuifans. Corn.
U amour n'a point de peine & de tourment,
DeJeucuiÇàni , ni de cruel martyre ,
Que de bon cœur je ne vouluffè élire ,
Pour vos beaux yeux qui me vontconjiimant. Voit.
IP* CUISEAU. Petite ville de France j dans la Brefle
Châlonnoife j du Diocèfe de Lyon , fur les frontières
du Comté de Bourgogne.
#Cr CUISERY. Petite ville de France :, dans la Brefle
Châlonnoife , Diocèfe de Châlons.
CUISINE, ff. La partie du logis où l'on cuit j & où
l'on prépare les viandes , Culina. Les bourgeois ont
des fervantes de cuifine. Les grands ont des Ecuyers
de cuifine , des chefs de cuifine. H y a auili une
cuifine fur les vailfeaux. Dans les vaiiîeaux de guer-
re on la place ordinairement au fond de cale , dans
les vailTeaux marchands fous le premier pont , quel-
quefois dans le château d'avant , ou aux côtés , &c.
Chaque nation fuit en cela fes vues particulières.
La beauté ^ les attraits j l'efiprit, la bonne mine ^
Echauffent bienlecxur, mais non pas la cuifine. Corn.
Ce mot vient de cucina , qui fe trouve pour coquina
dans les anciennes Glofes. Ménage.
Les Italiens difent en leur \nng\xt cucina. Il grande
.Apparechio délia Cucina.
Coquina Cs prononçoit cokina, d'où il s'efl; fait cu-
cina , qui eft la même chofe que cucina. Pour co-
^uina j le P.Pezron prétend qu'il eft pris du Celtique
queguin : mais il eft au moins douteux fi queguin n'cft
pas plutôt du Roman formé du Latin coquina. On
trouve aufîî dans la baftV latinité cocina _, & cocina-
rlus^ pour dire, cuifinier. Voyez Acîa SS. April. Tom.
III. p. 11 i F.
On appelle batterie de cuifine , tous les uftenfiles
de cuivre & de fer qui fervent à faire cuire , rôtir ,
griller , ou autrement préparer les viandes, f^afia
coquinaria. Couteaux de cuifine j table de cuifine ,
linge de cuifine.
C^ On appelle familièrement Latin de cuifine ,
un fott mauvais Latin.
CCT On dit populairement nier en cuifine ^ pour
dire , goinfrer.
IJCT Faire la cuifine, c'eft apprêter à manger. Appa
rijr^. Bonne cuifine j mauvaife cuifine j pour dire j^i
bonne chère, mauvaife chère. Chercher les bonnes
cuifines , les cuifines bien fondées j les maifons où
l'on fait bonne chère j faire rouler , aller la cui-
fine , donner ordre que la table aille bien ; fonder
■ la cui/Ine , pourvoir à ce qui regarde la nourriture.
Cuisine , fe dit auOi pour le métier de Cuifinier , pour
l'art fimple d'apprêter les mets pour fatisfaire aux
befoins de la vie. Ars coquinaria. Mais aujourd'hui
que la délicateffb 5c la volupté préfident dans les
cuifines, c'eft l'art pénible de donner aux mets,
par les différens apprêts , un goût plus agréable ,
d'aiguifer l'appétit, & de faire manger au-delà du
nécelfaire. C'eft, en ftyle de Montagne , la fcience de
la gueule . Apprendre la cuifine. Savoir la cuifine.
F.t MaVnerbe £' Bal-^acfii favans en beaux mots ,
En caïCms peut-être auraient été desfiets. Mol.
C u I
On appelle aufli , la cuifine , les Officiers qui fer-
vent dans une cuifine. Il a lailîé fa cuifiine à Paris.
On appelle chez le Roi , cuifine-bouche , le lieu où
l'on prépare les viandes pour fa table. Culina menfk
regiii. j cuifi'ne du commun , celle où l'on prépare pour
les Officiers. Domefiicorum menfâ, culina.
Le Grand Maître des cuifines de Pologne eft un Of-
fice important qui fe donne à un homme de condi-
tion.
On dit proverbialement , qu'Un homme eft fort
chargé de a///«c ,pour dire , qu'il eft fort gras , &
fur-tout qu'il a un gros ventre, raldè obej'um ejje.
On donne encore le nom de cuifine à une efpècô
de bocte à différens compartimens , dans lefquels on
met des épices & autres^ drogues aromatiques j dont
on fe fert dans les ragoûts. Les cuifines font comme
un cylindre de cinq à fix pouces de long, qui s'ou-
vre à vis par cinq ou fix endroits , qui font autanc
de couplets Se autant de petites boctes pour les épi-
ceries. Ces fortes de cuifines fe portent dans la poche.
Un tel a toujours fa ctf////2e dans fa poche.
Qui de livres de Droit toujours débarraffé ,
Ponec\x\.{\\\Q en poche , & poivre concajjé. Regn.
CUISINER. V. n. Faire la cuifine , apprêter à manger,
Coquinariam artem exercere. On a mis ce garçon
chez un Traiteur pour apprendre à cuifiner. Il cuifine
fort bien. Il n'eft d'ufage que dans le iiyle familier.
Il eft dans Charles Etienne.
CUISINERIE. f. f. Manière de faire la cuifine ,d'apprê-
rer à manger. Il eft vieux. L'art de cuifinerie au mon-
de de la Lune , eft de renfermer dans de grands vaif-
feaux moulés exprès , l'exhalaifon qui fort des vian-
des en lescuifant j & quand on en a ramalfé de plu-
fieurs fortes & de différens goûts , félon l'appétit de
ceux que l'on traite , on débouche le vailleau où
cette odeur eft alTemblée ; on en découvre après
cela un autre; & ainfi jufqu'à ce que la compagnie
foit repue. Cyrano.
CUISINIER, lEiiE. f. Qui fait la cuifine & apprête les
j viandes. Coquus , coqua. Les Traiteurs doivent être
reçus Maîtres cuifiniers : c'eft une maîtrife particu-
lière différente desRotifteurs & des Pâtiflîers. Leurs
titres font de Maîtres Queux & Porte -chappes. Les
Cuifiniers ont réduit en art & en méthode le fecret
de Hatter le goût , & de faire manger au-delà du
nécelfaire. La Bruy. On donne fouvent le furnom
àe Cuifinier , coquus , à Martial , foit parce que lui ,
ou fon père l'a voient été , foitpatce qu'il parle fou-
vent de fauce & de bonne chère.
§3" On a donné le nom de Cuifîniere ^ f. f. à un
uftenfile de fer blanc j qui fert à faire rôtir la viande.
CUISSART. f. m. Armure de lacuifie , qiiifertau fol-
data le défendre des atteintes ou des effets du coup,
dans cette partie. Le cuiffarteH attaché au bas du de-
vant de la cuiralfe. Fémorale j femoris tegumentum
ferreum.htscuifiarts n'ont commencé d'être en ufage
que vers 1 300. Le Gendre , Mœurs des François p.
104.
CUISSE, f. f. Partie du corps de l'homme , ou des
animaux à quatre pieds , & des oifeaux , qui eft
entre la jambe ou jarret , & le tronc du corps. Fé-
mur. On a donné différens noms aux différentes par-
ties de la cuijfe. Le devant de fa partie fupérieure fe
nomme Xaîne j inguen , le côté de dehors la hanche,
coxa 3 coxcndix , &c le derrière hfiefie j clunis. Sa
partie inférieure & poftérieure s'appelle jarret, po-
ples, àepofi & ;?/ifo , parce qu'il fe plie par der-
rière ; & l'antérieure s'appelle genou, genu, qui vient
du Grec '/t>v , fignifiant angle. L'os de la cuiffe eft le
plus grand & le plus fonde tous les os du corps hu-
main , parce qu'il en poite tout le fardeau ■, d'où
vient qu'il a été aufli appelé fiemur j du mot Latin
fero . qui fignifie porter. Les Payens croyoient que
Bacchus étoit né de la cuiffe de Jupiter , où il avoit
été enfermé. On eftime la cuijfe dans Les bécaflès^
& l'aile dans les perdrix.
C U I
Ménage , après Saumaife , dérive le mot François ■
cui(Je du Latin coU'a , qu'on a dit pour coxa.
On dit au Manège , les aides des cu/Jjes , pour
dire j les mouvemens des aùy'es j par lefquels le
Cavalier tait obéir le cheval à ce qu'il lui demande.
Femcrum motu equum regere j moderari.
A la boucherie on appelle la cuijje de bœuf j la
partie de derrière du bœuf qui fe divile en quatre,
le cimier , le gue j la cuîoae , 6: le trumeau.
On appelle aufli cuijj'es j certaines parties ou
divilîons de fruits coupés par quartiers.. Une cuijfe
de noix. Quairipanits, in nucleo dijlinclionis pars
quéiHhet.
On dit accoler la cuijjc à un homme, quand on
le va faluer à fon arrivée en delcendant de cheval.
Aliad defcendend ex equo gratulari j blandiri.
Cuisses , en termes de Verrerie , font des manières
de piliers qui fupportent la couronne & l'arche.
\^z% ferruriers appellent cuiQe de grenouilles cer-
tains anneaux de clefs qui font limés &arrondis,
enforte que ce qui touche la tige eft plus menu
que le milieu de l'anneau , lequel eft partagé avec
la lime par une efpèce de cilelure qui forme comme
les deux cuijj'es.
Cuisse de triglyphe. Terme d'Archireélure. C'eft la
nervure , la côte élevée entre deux glyphes ou ca-
vités dans un triglyphe. Vitruve l'appelle Fémur.
CUISSE - MADAME, f. f. Efpèce de poire. Pymm
Onychinum, La Cuijje- madame q'X une efpèce de rouf-
felet j elle en a la ligure & le coloris ; elle a la
chair entre tendre & calfante , accompagnée d'une
eau alfez abondante , un peu mulquée , & fort
agréable quand elle eft bien mûre. Elle mûrit au
commencement de Juillet. Son arbre fait de fort
beaux buiflons ; il eft très -difficile à fe mettre à
fruit; mais aulli fait -il merveilleufement des qu'il
a commencé. La Quint. L'arbre & le ttuit pot-
tent ce nom , comme la plupart des autres fruits.
CUISSETTE. f. f. Terme de Manutaclure de lainage.
Il fe dit de la moitié des fils d une portée.
CUISSON, f. h Manière de faire cuire une chofe , &
le degré convenable auquel il faut taire cuire. Cociio,
coclura. On a tant payé pour la cui[fon des viandes.
Les viandes doivent être fervies dans une certaine
fleur de cuijjon qui palTe en un moment. Citri.
IJCF On appelle pain de cuijfon , le pain de mé-
nage qu'on tait chez foi.
tfS' Cuisson fe dit principalement, parmi les conti-
feurs des différentes préparations du fucre qu'on
fait palier au feu. Foye^ Caramel, Casse, Lisse j
Plumé, Soufflé.
Cuisson, Te dit auffi paffivement de la douleur que
caufe une brûlure, une inflammation, une plaie j
une excoriation. Urens doloris fenfus. Il fent une
Jurande cuijffon da.ns l'œil, dans les reins, dans les ure-
tères.
CUISSOT, f. m. Cuifte de cerf , de fanglier , de che-
vreuil, il ne fe dit qu'en parlant de vénaifon. Ferin<t
fémur. Il m'a fait pvéfent d'un cuij'foc de cerf. Ce
cuijfot de chevreuil fera bon en pâte.
CUISSY. Abbaye de Prémontrés. CuiJJiacum. Elle eft
au pied de la montagne de Cuijjy , aftez près de la
rivière d'Aifne, à quatre lieues de Laon. Elle doit
fes commencemens à Luc, Doyen de la Cathédrale
de Lion , qui quitta le monde , (?c fe retira dans une
Chapelle au lieu où eft cette Abbave. L'Evèque de
Laon Barthelemi, à qui cette Chapelle appartenoit,
en fit la donation à Luc par un Acte de 1 1 17. J^oye^
la Vis de S. Norbert par le P. Hugo, p. 1945-155.
1^ CUISTRE, f. m. C'eft le nom qu'on donne ordi-
nairement aux valets de Collège.
|3" C'eft aufti un terme d'injure dont on fe fert
pour défigner un pédant ruftre &c gvollier. C'eft un
cuiflre , un vrai cuifire , un cuiJJre fieftc.
Plufieurs dérivent ce mot "de l'Allemand hujier ,
qui fignifie un ferviceur d'Eglife. Mais il vient plutôt
du Latin coauere.
CUIT , iTE. Foxe-r CUIRE.
CUITAPERL Montagne de Laponie, près du bord
. C U I jj
oriental du fleuve de Torno, à 4 ou 5 lieues au Sud
d'Avalaxa. Cuicaperus AJons. à. 4 lieues d'Avalaxa
nous quittâmes nos bateaux , & ayant marché envi-
ron une lieue dans la torèt , nous nous trouvâmes
au pied de C«/r.i/;e/7, montagne tort efcarpce, donr le
fommet n'eft qu'un rocher couvert de mouife , d'où
la vue s'étend tort loin de tous côtés, & d'où l'on
voit au midi la Mer Boti^a. Maupert.
§CJ" CUITE, f. t. Quantité de pain ou d'autre chofe qui
a été mile au four , & retirée chaque fois. Du pain
de la première, de la féconde cuice. Dans ce fens il
faut dire du pain de la première ou de la féconde
fournée.
On le dit aufll du degré de cuilfon. Coclura. La
cuiie de ces briques n'a pas été allez torte. La cune
de la chaux, du verre, la première , la féconde cuite.
Les Chimiftes tiennent que le fuccès de leurs opé-
rations dépend de la cuice , de la manière de donner
le teu pendant la cuice.
On a dit à cu'uc dans le vieux langage , pour dire à
force. Brochent à cuice d'éperon.
CUIVRE, f. m. Métal qu'on tire de plufieurs mines
de l'Europe , mais particulièrement de Suède, u^s
cyprium , cuprum. Il eft dur, kc ik pefant , & le
plus ductile après l'or Si l'argent. Il abonde en vi-
triol tk en foufre. Les Chimiftes l'appellent Femis ,
croyant qu'il a du rapporr à cette planète. Ils di-
fent qu'il eft compote d'un ioufre mal digéré, d'un
mercure jaune & d'un tel rouge. On le trouve en
poudre (5c en pierres , lefquelles on lave bien pour les
nettoyer d'unevterre qui y eft mêlée. On les tait ton-
dre enfuitepar le moyen d'un feu très-vif, & l'on jette
la matière tondue dans des moules. C'eft le cuivre or-
dinaire. Pour le rendre plus dur cS: plus beau, on
le fait refondre une ou deux fois ; il s'en fépare à
chaque fulion quelques parties grollières & terref-
ties. On l'appelle alors cuivre de rofecce. Toute la
fonte ou le bronze eft de cuivre avec quelque mé-
lange d'étain ou d'antimoine. Le cuivre jaune eft
un mélange de cuivre_ avec de la calamine , qui eft
une terre jaune que l'on trouve vers le Pays de
Liège, avec laquelle on le fond; & il augmente
fon poids de dix pour cent. On l'appelle auffi lai-
ton , & en Latin aurichalcum , comme qui dirait
âLs aureum. On en fait la plupart des uftenliles du
ménage & de cuiline. On reblancint le cuivre jaune
avec de l'elprit d'arfenic & d'orpiment. Pline die
qu'il y a du cuivre naturellement blanc, & qu'il fe
trouve au-dellous de la mine d'argenr.
%fT On connoît à la Chine le cuivre blanc & le
noir.
f~C? U y a au Japon du aijvre couleur de feu , qui
eft extrêmement fin & .calîant.
tfT II y a à la Chine un ttès - beau cuivre vert ,
qui eft par petites aiguilles, velouté & foieux ; on
diroit qu'il chatoyé.
On appelle cuivre vierge j celui qui fort de la
mine , qui n'a point été fondu.
Les Chimiftes appellent [afran de Venus , celui
qui fe fait de lames de cuivre ftratifiees avec du fel
décrépité en poudre dans un creufet, quand on lésa
éteintes dans l'eau, & ratilTéesavec des broiles de fer.
Ce fafran eft très-rouge , & on en fait des emplâtres
pour mondifier les plaies & les ulcères. On a pré-
tendu que l'efprit de Vénus étoit un véritable al-
kacft capable de dilfoudre totalement les perles ,
les coraux , les yeux d'écrévilïè , plus facilcmenc
?[ue tous les autres dilFolvans , fans rien perdre de
a force ; mais l'expérience eft contraire. On donne
aulli le nom de fajran de Venus à Xits uftum. On
appelle le vert de grisou rouillure de cuivre, arugo.
Le cuivre rouge fondu avec vingt- deux à ving- trois
livres d'étain fin par quintal , eft appelé mecal , 5c
c'eft celui dont on fait les cloches. Quand le cui-
vre rouge Se le jaune font fondus enfembls quintal
pour quintal, alors on l'appelle bronze , & on en
fait les figures , les ftatues , & les autres ornemens.
Dans la ptovince de Fokien à la Chine , il y a un
SG CUÎ CUL
iac , difent les Chinois, dont l'eau ell vcrti , &
qui change le ter en cuivre. P. le Comte.
M. Bekerj premier Apothicaire du Roi de Dan-
nemark , croit qu'il e(l dangereux pour la lantéde
manger ou de boire des choies acides dans des vafes
<l'argent commun , où il y a beaucoup de cuivre ,
&: plus dangereux encore de fe fervir dans ces oc-
cafions des vaifleaux cfe cuivre.
ffZT Aucun métal ne fe rouille plus facilement
à l'air Se dans l'eau. Cette rouille qui efl; verte, ôc
qui s'appelle verdet , communément vert de gris ,
tend les vailfeaux de cuivre très-dangereux, à moins
qu'ils ne foient bien étamés , &i fi l'eau y a féjourné,
elle contradte le goût de cuivre , & en dilfout quel-
que partie, qui peut être très- préjudiciable à la
fan té.
Les Médecins Indiens font grand cas du talc &:
<3u cuivre jaune , qui confume , à ce qu'Us difent ,
les hu meurs les plus vifqueufes , &: qui levé les obf-
truétions les plus opiniâtres. Let. Cur. et édif.
Tom. IX.
Ce motdecan"-^ vient du Latin <::yp;wn, ainfi ap-
pelé , quafi izs Cyprium , parce qu'il a été trouvé pre-
mièrement dans l'Ile de Chypre, comme dit Phne.
Cuivre de Corinthe , ce métal ii fameux étoit un
alliage d'or & d'argent, oii le cuivre l'emporte, ^s
Corinthiacum. Ce mélange fe fit à l'embrâfenient de
Corinthe. Les diftérens métaux fondus formèrent
un alliage fortuit qui a gardé le nom de cette ville
laccagee.
Ç3" Plufieurs regardent comme une fable cet
alliage accidentel des trois métaux qui fe fit dans
l'embrâfement de Corinthe, fuivant quelques Hif-
toriens , & prétendent que le cuivre de Corinthe étoit
réellement une compoluion d'un mélange At cuivre.,
d'or & d'argent fait par art.
Savot a parlé plus exaétement du cuivre de Corin-
the , il en marque trois efpèces \ l'une où l'or eft le
iiiétal dominant ^ l'autre où l'argent prédomine, &
la troifieme , où l'or , l'argent & le cuivre font en
égales portions. Il prétend même qu'on imitoit le
vrai cuivre de Corinthe en alliant ces trois métaux.
Chez les Médailliftes le c^^ivre, dans la diftin£tion
des fuites des médailles dont les cabinets font com-
pofés, porte le nom de bronze. On voit plufieuts
médailles de cuivre rouge dès le tems d'Augulte ,
qu'on range parmi le moyen bronze. Il y en a
aufli de cuivre pune parmi le grand & le moyen
bronze.
Cuivre. Terme de Carrier. Les Carriers appellent
banc de cuivre, une pierre dure & jaunâtre, qui
ne peut fervir qu'à faire du rabot , & à paver les
cours des maifons.
CUIVRE, adj. On appelle, en termes de Doreurs, Ou-
vrage cuivré, une faulTe dorure, c'eft-à-dire, une
dorure faite avec du cuivre en feuille, employé de
la mt-me manière que l'or fin.
CUWRETTE. f. f. C'eft une petite anche de cuivre
qu'on applique fur les balfons ou hautbois , lorfque
leur longueur empêche de les emboucher commodé-
ment. Liugula ex <tre cyprio. On appelle aulli cuivrette
le petit morceau de cuivre fur lequel on attache &
on lie les petits morceaux de cuivre qui compo-
fent une anche.
CUWREUX. adj. Terme de Teinturier. Ce font des
reflets qu'aune pellicule prefque toujouts très-min-
ce j que l'on voit dans la fermentation de l'indigo.
Ces reflets font appelés cuivreux , parce qu'on y
voit les couleurs de l'iris , où le rouge & le jaune
dominent. Mémoires de l'Académie des Sciences 1 740.
pag. 15^.
fO^ CUIVROT. f f. Outil d'Horlogerie. Petite pou-
lie de laiton qui a un trou pour entrer fur les ti-
ges de différentes pièces que l'on veut tourner. Enc.
Il y en a de plufieurs façons.
CUL.
§CF CUL. f. m. L'/ ne fe prononce point , Se on le fup-
CUL
prime fouvent dans l'écriture. Le denière, cette
partie de l'homme , qui comprend les klfes & le
fondement. Tomber fui le eut. S'alfeoir fur le cul.
Donner des coups de pied au cul. Un poftillon a fou-
vent le a// écorché. L.et enfant s'ell mis à cul nud.
Culus , nates, dunes. On le dit auili de l'anus même,
par où l'animal décharge fon ventre.
^fT On dit proverbialement qu'un homme mon-
tre fon cul , qu'on lui voit le cul , pour dire que
fes habits font mauvais.
|Cr On dit aufli proverbialement & figurément,
montrer le cul , pour tourner le dos , montrer de la %
foiblefle où il faut de la fermeté. Tergum vertere.
On dit d'un homme, qu'il a toujours le cul fur
lafelle, pour dire qu'il ell vigilant, qu'il eft tou-
jours à cheval. Semper equo injidens. On le dit aufli
de celui qui eft allidu à l'étude, à fon travail,
qui efl fédentaire. On l'appelle autrement cul de
piomb.
On dit aulîi que quelqu'un a été arrêté fur cul ,
pour dirCj tout court, & qu'on l'a empêché de paf-
fer outre. Repente. On le dit aufli des autres obf-
tacles qu'on met à la pourfuite des affaires. On al-
loit fine adjuger cette terre \ mais les dettes de
l'Etat ont fait arrêter fur cul le pourfuivant.
On dit au jeu , jouer à «-levé, dans les jeux
où l'on ne peut jouer que deux , lorfque celui qui
perd quitte la place à un troifieme pour' jouer à
fon tour. On dit aullî, jouer à coupe-c«/, quand
on joue à la charge de ne point donner de revanche.
On appel au Lanfquenet un coupe-c///, quand celui
qui a la main , tire fa carte la première , & perd
toutes les autres.
Qu'ils fe gouvernent comme au jeu.
Quand on leur coupe cul , qu'ils modèrent leur feu .
Nouv. CHOIX BE 'Vers.
Cul, fe dit par extenfion du fond de la partie infé-
rieure d'un vailfeau. Fundus. Le cul d'un verre, d'une
bouteille. Le cul d'un chapeau , c'eft la forme d'un
chapeau. Cul de chapeau fe dit vulgairement d'un
chapeau dont on a coupé les bords au nœud, c'eft-
à-dircj au bas de la tête. Le cul d'un chaudron j
le c'.'// d'un panier, d'une pocle, d'une hotte, &c.
Mettre hu tonneau fur «/, c'eft-à-dire, le vider
&: le renverfer après. Dolium, cadum invertere , ver-
tere. On dit aulil , boire fur le cul d'un tonneau ,
pour dire, fe fervir d'un tonneau renverfé au lieu
de table. On dit, mettre une charrette à cul , pour
dire, la mettre les limons en haut. Acad. Franc
On dit fut la mer, mettre cul en vent, c'efl-à-
dire , mettre vent en poupe, fans voiles, ou au-
trement, par un gros tems. Fuppim ventis ohver-
tere. Les matelots appellent <:«/ c/e/^or double ou fim-
ple, certains nœuds qu'ils font au bout des cor-
des.
On appelle un ci^Z-de-baffe-folTe, un cachot creufé
dans la balfe - foife même , l'endroit le plus bas
d'une prifon. Locus in carcere deprejjlor.
ffT Cul, en matière de Modes , on a donné ce nom
à des embourremens d'habits, ou à certains gros
bourrelets qui entouroient tout le corps , dont les
Dames fe fervoient pour paroître plus grolles de
la ceinture en bas. Elles ne mettoient ces culs que
quand elles vouloient fortir j & elles difoient , ap-
portez-moi mon cul. On ne trouve point le cul de
Madame. Le cul de Madame eft perdu. Dialogue
du nouveau langage , p.io^.
Cul, fe dit aufli du derrière de quelque chofe. Ter-
gum. On fouette les coupeurs de bourfe au ca/ d'une
charrette. Le ci// d'une aiguille , elt le derrière, le
trou où l'on palfe le fil. Foramen acùs. Le cul d'un
artichaut eft la partie du fond qui touche la tige.
Cinarx, ima pars.
CuL-BAs. Sorts de jeu de cartes qui fe joue à cinq
ou lix perfonnes, plus ou moins. Koye\ Cu-bas ,
en fuivant l ordre ortngraphique.
CuL-DE-LAMPB, fc dit HQn - fculement de la partie
extérieure
CUL
extérieure & plus balFe de ia lampe , mais aufll par
comparaison des oinemens darchicedure & de me-
nuiîerie, quon mec aux voûtes & aux planciaeis,
pour tinir oc terminer le dcllous d un ouvrage, &
qui ont la ligure de l'excicmité d'une lampe, i cf-
■tu^ifiecuus luurn& junius. On appelle cm-ac-Lampe.
une efpèce de pendentif qui tombe d(;s nervures
des voûtes gothiques. /^c;«if/^J àjornke gochicj orna-
mcntum tejiuaintaco lucerns. Juridù Jimuc. On ledit
auffi en Imprimerie de ces figures qu'on met au
bas des pages à demi-vides. Imprejju l'ypis ima-
guncuLa , cejcudineau lucerm Jundi in mùrem dejuiens.
Et encore de ces lignes qui aboutilfent en pointe à
la hn dun chapitre j dun ttaicé, qui ne vont pjs
CUL
57
julqu'au bouc de la page. Cul-de-iampe en encor
bellement, eft une faillie de pierres rondes par
leur plan j qui porte en encorbellement la retom-
bée d'un arcdoubleau, d'une tourelle, d'une gué-
rite, &CC-
Cul- DE -FOUR. Voûte fphcrique. On appelle c://-</e-
Jour un pendentit, une voûte fphérique rachetée
par quatre fourches ou pendentifs , & qu'on nom-
me aaiîi pendentit de Valence, fejîudo. Cul-de-
jour de niche j la fermeture cintrée d'une niche
fur un plan circulaire.
Cul - DE -JATTE eft un homme qui n'a ni jambes ni
cuilFes , & qui marche lur le eut enfermé dans une
jatte. Captus cruribus idebque coaclus j'tdcre Jèmper
tanquam. in gabaza. Le Poète Scarron avoit pris le fur-
nom de cul-dn-jatce , parce qu'il étoit paralytique,
& étoit toujours dans la chaife.
CuL-DE-PouLE , fe dir par comparaifon d'une petite
grimace qui fe fait , quand on avance les levées en
rond pour faire la moue , parce que cela reprélente
un cu'-de-poulè. A^eclata quidam Labrorum projecuo.
On le dit aulïï , quand on joint les cuiq doigts de la
main enfembie , enforte qu'ils ne tallcnt qu'un;,
pointe. Coacli in ununi eum^em apic&m quinque dig:ri.
CuL-DE-SAc, fe dit non -feulement au propre du tond
d'un fac, mais encore ilhgnifieunbout de rue qui n'a
point d'ilfue. Angiporcus j Angipùrcum.
Cul - DE - SAC - Royal. Terme de Géographie. C'ell;
le principal & le meilleur port de la Martinique j il
eft défendu par un bon fort.
Cul - BLANC , f. m. Oifeau qui fréquente les rivières ^
gris par-delfus , & blanc par-dclFous. Il eft bon à
-manger. On l'appelle Cul-blanca caufe de la blan-
cheur des plumes de fbn croupion. Le Cul-blanc n'a
qu'un petit cri lorfqu'on le fait partir. Il ne fait
pas un vol fort long , & ne s'élève pas beaucoup ,
volant feulement à fleur d'eau. Il eft un peu plus pc
titquela bécalîine. La couleur de fon pennage eft
d'un gris cendré \ mais les grandes plumes des aiks
font un peu obfcures. Leventre , les cuiires , &: gé
noralement toutes les parties de deffous font blan-
châtres. Son bec eft noirâtre , long & menu , les
jambes noirâtres aufli , &: moins longues que celles
de la bécalîîne. On dit qu'il fe cache pendant les jours
caniculaires , & qu'il revient aulîi-tot qu'ils font
paires.
Il y a encore trois autres efpèces de cul-blancs. La
première s'appelle Vitrée. f^oye\ ce mot.
La féconde eft un oifeau un peu plus petit que le
V itrec , & un peu plus grand qu'un palfereau. Sa
lète , fon cou , fon dos , les petites plumes de fcs
ailes, fa poitrine & fon ventre , font d'un roux
jaui>âtre , plus coloré fur le dos , & plus clair par la
poitrine. Ses yeux font noirs : derrière les yeux i! a
une tarhe noire alFez grande , qui a la figure d'un
croiliant. Son bec eft d'une moyenne longueur ,
grêle , & noir. Les grandes pennes de fes ailes font
pareillement noires, & jaunâtres à leurs exnémités ,
ainfi que les plumes de fa queue. On l'appelle en
Grec Oen.uithe , & en Latin Vittiflora.
La troilièine efpèce eft commune en Italie. Oe-
nantha , Vittiflora Italica. Cet oifeau a le bec très-
aigu , & une fiçon d'oreilles alTez grandes. Sa tèrc-
eft d'une couleur cendrée , tirant fur le brun \ fon
dos eft de mèm.e couleur , mais marqué de taches
Tome m.
plus noires. Son ventre eft tacheté démarques de cou-
leur de rouille. Sa gorge , la poitrine , & le refte de
fon ventre, lont d un gris cendré j comme 1 alouette;
fes aiks de même. Les plumes qui font à 1 extré-
mité des côtés font plus pâles. Les petites plumes
du lecond rang j qui couvrent les grandes pennes
des ailes , fonr leir.ées de blanc. Sa queue eft longue
de trois doigts J &c garnie de douze plumes, qui
ont chacune une cache blanche à leur extrémité,
qui eft placée en dedans refpedlivement de part &
d'autre. Elles lonc oppoiées les unes aux autres avec
un bel oidre. Les plumes qui garnilïent le croupion ,
lont b.ancliâtres à l'extrémué.Ses ongles font grands,
robuftes, &: bien pioporcionnés.
Aux environs de Boulogne en Italie , il y a encore
un petit oifeau qui a la queue & le cul prefque
tout blanc , la cèce éi le dos d'un jaune tirant fur la
rouille, les pennes de fes ailes moitié noires, & moi-
tié jaunes ; Ion bec long & biun , fa gorge , fa poi-
trine & fon ventre , d'un blanc qui tue un peu lue
le jaune. Sa queue proche du crt)Upion , eft jaune \
le refte eft noirâtre- Les Cifeliers l'appellent Stra-
pafio. On pourroit l'appeler en Latin Oenanthe ou
. i^ ittifiora Eononica-.
On appelle populairement culs-blancs , les petits
merciers qui vont par la campagne vendre de me-
nues marchandifcs qu'ils porcenc dans une balle fur
le dos. Dans les Ordonnances ils font nonmiés Porte-
Balles,
Cul-rouge , f. m. Sorte d'oifeau. Voyez Epeiche , ou
PiC-ROUGE.
Cul-dan e , f. m. Efpèce de poiflbn , autrement nom-
mé Ortie de mer.
CuL , fe dit proverbialement en ces phrafes. Il eft de-
meuré entre deux féUes le cul à terre , pour dire »
Il a manqué les deux occafions qui s'étoientpréfeu*
tées , & fur lefquelles il avoit compté.
Je vois ces héros retournés
Che\ eux avec un pied de ne\ ,
Et le protecleur des rebelles
Le cul à terre entre ceux Jeiies. La font.
Comme un homme , qui voulant s'affcoir , aa
lieu de le mettre fur un fiège, s'alîied entre deux chai-
fes & tombe à terre.
On dit aulli qu ui» homme en a dans le cul , pour
dire qu'il a fait une grande perte , loit en procès,
fou au jeu, foit en autre afiaire : &: on an aufii ,
qu'il eft à cul , pour dire, qu'il eft rmne lans rcftour-
ce. On dit aufti de celui qui eft tombé en bas la tête
la pveni:ere , que la tête a emporté le cul. On dit
deplufieuts gens alliés en même famille, qu'ils fe
tienncnr tous par le cui comme des hannetons : on
dit aulli , comme des Juifs. On dit de celui qui n'ofe
achever une affure , après l'avoir entrepnle avec
br.ivade , qu'il a montré le cul. On ledit même d'un
poltron, oudesfoldats qui fuient. On dit d'un hom-
me fort crotté, qu'il eft crotté jufqu'au c///. On dit
de celui qui marche mal en tiaîiiant les jambes ,
qu'il a le cul rompu. On dit auiîi , renverfer cul par
delFus tête. On appelle bout-de-cul, un petit homme
gros & trapu. On dir d'un homme qui fe tourmente
extrêmement pour venir à bout de quelque chofe ,
qu'il y vadec.v/ & de tête comme une corneille qui
abat des noix. On dit d'un homme qui joue , & qui
perd tour ce qu'il a J qu'il perdroit fon cul , s'il ne
tenoit. On dit , faire une choie à ecorche-cul , pour
dire, la faire à regret & en rechignant. On dit qu'un
homme tire le cul en arrière , pour dire , qu'il a de
la peine à fe réfoudre à faire une chofe. On dit d'une
perfonne qui a grand'pcur , qu'on lui boucheroit le
cul d'un grain de millet. On dit , bnifer le cal à quel-
qu'un ; pour dire, lui rendre îles foumilîions ferviles
éi lâches ; il ne faut pas vouloir péf r plus haut que
le cul J pour dire qu'il ne faut pas entreprendre plus
qu'on ne peut.
On dit proverbialement Tenir quelqu'un au m/ &
aux chauries, pour dire , le tenir d'une manière qu'il
H
jS CUL
fie puiiTe écliapper. On le die auffi au figuré , pour
dire , qu'on agite quelque choie qui concerne iaper-
l'onne , fes biens, ia vie , ion honneur.
CULAGE. /^£>_yt'^CuLLAGE.
CULANT. Ville de Berry j qui a titre de Baronie,
Culentum. La Ville de Culant eft iituée à quatre lieuei
de Dun-le-roy à dix lieues de Bourges , & porte de
tems immémorial le titre de Baronie. Elle a donné
ion nom à une des plus lilullres Maifons de Berry ,
qui a pollédé cette Baronnie juiqu'en 1582, que Jean
de Cidant , Seigneur de Brecy , la vendit à Jean de
Beauforc , Marquis de CaniUac. Voye-[ la Thau-
mailîere. Hifi. de Berry. L. IX. C 6. Se fuiv.
CULASSE, f. F. C'eft la partie du canon comprife entre
les tourillons , & l'extrémité de la pièce où elle eft
renforcée de métal & la plus épaifFe. Ferreajzjïula
cauda, pojhca pars. Elle comprend la lumière, la
platfe-bande & le bouton. On a trouvé l'invention
de faire des canons qu'on charge par la cula-Je.
COULASSE , fe dit auiîl des autres armes à feu. On
démonte les moufqaets par la culafje. Elle tient au
canon par une vis.
On àïz proverbialement & baffement , qu'une
femme eft renforcée fur la culdjje , quand elle a
les hanches larges , & de greffes felfes.
Culasse. Terme de Marine. Ce mot fe dit aiifli du
derrière d'un vailfeau. Tergum navigii. Pouey.
CULBUTE, f. h On prononce l'/.Saut périlleux, où
les pieds font le tour du corps , tandis que la tcteell:
en bas. AppUcato in terram capite totius corporis rota-
tio y rotdtus , circumacliù. Les Baladins fontplufieurs
culbutes io\:iià'i fuite. Pourquoi a-t-on établi ces exer-
cices j & de quoi fervent à la vertu tous ces fauts,
& toutes ces culbutes ^ Abl.
Culbute, fignifie auffi unechute. Prolapjlo in caput.
Il eil tombé du haut du rempart , il a fait une étran-
ge culbute.
§CF On dit figurément d'un homme qui d'une grande
fortune eft tombé dans la mifère , dans la difgrace ,
qu'il a tait une grande culbute. Lapfus , prolapjîo.
Culbute , ou CuLEBUTE , fe dit aulli d'un nœud de
rubans de couleur que les jeunes Demoifelles por-
toient prefque fur le derrière de la coëtfe-cornette.
Cette culbute s'appelle auffi une renvetfe. T&nia oc-
cipïti impojita , ou t£ma pojllca.
CULBUTER, v. a. Faire tomber , renverfer quelqu'un
d'un lieu haut, cul par delfustète. Aliqucm pronuin in
taput dejicere. Les ennemis étoient entrés dans la de-
mi-lune, mais on les a culbutés & renverfés dans le
folfé. Il le pouffa fi rudement qu'il le culbuta.
Culbuter^ fe dit auilî au figuré, & fignifie, abba-
tre , détruire ; mais on ne le dit qu'en riant. Dejicere ,
evertere.
La mort qui fe plan à la lute ,
Et qui les plus forts culebute. Ménage.
|p~ Culbuter quelqu'un , c'eft renverfer , détruire fa
fortune.
Culbuter, eft auffi quelquefois neutre, & fignifie,
tomber en faifant la culbute. Pronum In caput vo/vi.
Il fit un faux pas , & culbuta le plus plaifamment
du monde. Lespetits enfans culbutent fouvent.
On le dit auffi figurément ,pour dire , être ruiné,
perdre fa fortune. Ce Banquier a culbuté.
Culbuté j ée. Part.
CULE. Terme de Marine. C'eft un commandement
pour dire, recule , par aphérefe , ou le retranche-
ment de la première fyllabe.
CULEE, f f. Terme d'Architeârure. C'eft une groflTe
maffi; de pierre qui foutient la voûte de la" der-
nière arche d'un pontj &c toute fa poulfée. Moles
faxea cui pontis arc'is ultimus totlufque vis pontis
.incumbit. On appelle auffi culée , ou butée , la
palée de pieux qui retient les pierres derrière ce
maffif.
Culée d'arc-boutant. Dans l'Architedure c'eft un
pilier fort & folide qui foutient la voûte des grands
CUL
bâtimens , par exemple , des Églifes , en recevant
les retombés des arcs-boutans d'une Eglife.
Culee. Terme de Mer. Donner des culées^ fe dit lorf-
que le vailfeau qui touche à terre , ou fur le fable ,
donne des coups de fa quille fur le fond. Navis
iniprejjio,
CULEE. Terme de commerce de cuirs. On nomme
ainfi la partie du cuir , qui eft la plus proche de l'en-
droit où étoit la queue de l'animal. On l'appelle
auffi croupe.
CULEMBACH. Culembackium. Ville du Cercle de
Franconie en Allemagne , capitale du Marquifat de
même nom , fituée au confluent des deux fources
du Mein. Le Marquifat de Culemkach eft borné au
couchant par l'Evcché de Bamberg , & au midi par
le territoire de Nuremberg, au levant par le Pala-
tinat de Bavière & de Bohême , & au nord par le
Voigtlandj qui eft une partie du cercle de la Haute
Saie. Culenibacnius traclus , ager ., pagus. Marchiona-
tus CuLenibacenfis. Le Marquifat de Culcmbach. eft
la partie fupérieure du Burgraviar de Nuremberg ,
dont le Ivlarquifac d'Onfpach eft l'inférieure. Voilà
pourquoi on les appelle la Principauté inférieure ôc
la Principauté fupérieure. Maty.
.Ip; CULEMBOURG. Petite Ville des Pays-bas avec
titre de comté ; aux confins du Duché de Gueldres
& de la Province d'Utrecht.
CULER. V. n. Terme de Marine. C'eft aller en ar-
rière. Il eft peu ufité.
CULERON. f. m. Terme de Sellier & de Bourelier.
PoflUena . C'eft la partie de la croupière qui eft
faire en rond & fur laquelle pofe la queue du cheval.
|CF CULEYATELMUHAYDIN. Ville d'Afrique , au
Royaume de Maroc ^ dans la Province de Hea ,
fituce entre des écueils.
CULIACAN. Ville de l'Amérique Seprentrionale 3
dans le Mexique , au Pays de même nom , fur le
bord oriental de la mer Vermeille.
|icr CULIER. adj. Terme d'Anatomie , qui n'eft d'u-
fage que dans cette phrafe , boyau culier , celui qui
fe termine à l'Anus. Il eft fitué entre le ctzcum &c le
reclum, Voye-^ Colon.
CULIERE , f. m. C'eft une pierre platte j creufée en
rond ou en ovale , de peu de protondeur , avec une
goulette qui reçoit l'eau d'un tuyau de defcente , &
la conduit dans un ruilîeau pavé. Cavatus velin orbem
vel in ovatam figuram lapis ; cujus per canaliculum
exceptas è fiftulis imber in incile pavimentatum dedu-
chur ; cavatus in orbem , ou in ovum lapis.
CULLAGE, ouCULLIAGE.f m. Droit honteux &
injufte ufurpé par les Seigneurs fur leurs valfaux ,
& établi par une bizarre courume , qui leur donnoit
la première nuit des nouvelles mariées. Delibatio
pudicitite , violatio , defloratio virglnitatls. On pré-
tend que ce droit , qui choque le bon fens & les
bonnes mœurs , fut établie par Even Roi d'Ecoffe ,
& aboli par Malcolm III , & converti en une prefta-
tion. L'ufagede ce droit a caufé quelquefois des ré-
voltes des iùj'ets contre leur Seigneur : aujourd'hui
ce droit eft aboli par-rout , & peut-être en quelques
endroits converti en autre chofe. Il y a encore en
quelques endroits des Seigneurs qui ont des droits
qui ont quelque chofe d'obfcène & de bizarre , mais
qui n'approchent pas de ce qui vient d'être rap-
porté. Voye\ de Lauriere fur Ragueau.
CULM. CÙLME. Petite ville de la Pruffie Royale j
capitale du PaLatinat de Cw//72f. C;///wia. Les Cheva-
liers de l'Ordre Teuronique en jetèrent les fonde-
mens l'an iizj.&la fortifièrent enfuite contre les
irruptions des Prullieus. L'Evcque de Culm fut d'a-
bord fuft^ragant de l'Archevêque de Riga ; mais en
i46(î , on le reftitua à celui de Gnefne. Depuis com-
me la ville a été prefque ruinée par les guerres , il
a été transféré à Colmenfée , ville du mêm e Pala-
tinat.
CULMINANT, adj. mafc. Terme d'Aftronomie qui
fe dit du point du méridien , par lequel pafiè une
étoile. Le point culminant. Punclum culminans. On
ne fe fert point de ce mot qu'il ne foit précédé de
CUL
CUL
59
celui de vo-nt. Le point culminant ^ c'efl: l'endroiri feu feioit que le cuivre d^sculois s'y .attacheroic : en
^ i,/i- ,x ' 1_ .- ' ■ I- 1 .,,„. I /-.,j- ;ii, ^ ,- • .- 1
par où Iccliptique ell coupée par le méridien , dans
la partie qui ell:iur l'horizon. Le poinr oppofc de 1 e-
clipuque elt pareillement coupé par le même mé-
ridien ; mais c'ell fous Thonzon j & il s'appelle le
fond du Ciel. Ce mot vient du nom latin culmen ,
qui hgnilié le fommet , la plus haute partie de quel-
que chofe que ce fou , & on le donne au point du
méridien où palfe un allre parce que c'eft le point du
Ciel où cet allie eft le plus haut lur l'horizon.
CULMlNAÏiON. f. f. La plus grande élévation d'u-
ne étoile. f"'o)ci Elévation.
CULMINER, v.n. Terme d'Adronomie , qui fe dit
des Aitres. C'eft la même chofe que palier par le
méridien. Cuiminare. Sirius , ou le grand Chien
culmlnoit cette nuit à i h. 30'. 50' .
|Cr CULOT, f. m. On appelle ainfi l'Oifeau le der-
nier éclos d'une couvée, & le dernier né des autres
animaux : & dans le ftyle tamilier & populaire ,
on donne le même nom au dernier né d'une fa-
mille rmtu mhiunus j &: fîgurément on appelle cutot
d'une comp.agnie , celui qui ell; le dernier reçu , ou
le plus jeune de la compagnie. Aliquam in JbcUta-
tem recencijjlmus ommum aggregatus. Dans quelques
Provinces on dit clos-cul ^ terme également banni
du ftyle honnîte & poli.
Culot , elt aulli le petit rond qui forme la plus baiïe
extrémité d'une lampe d'Eglife-f^^aW lucaiiét. teftu-
^dintatus.
GuLOT , en termes d'Architedure & de Sculpture,
eft un ornement relfemblant à une tige , à un cor-
net ,d'où nallFent des feuillages : on emploie cet or-
nement dans les grotefques , ôc dans les cabinets,
pour porter quelque pièce curieule.
CuLOT , en termes dOrlévre j fe dit des parties rondes
de plulieurs ouvrages, ou de leurs parties inférieures
comiTie des réchauts à culot. Les calFolettes doivent
être marquées au culot , au balle , au dôme & au
chaudron \ les lampes aux cores , au chapiteau , &
au culot , qui eft ce petit rond qui forme la plus balle
extrémité des lampes d'Eglile.
Culot, fe dit aulli d'un creufet à fondre de l'or & de
de l'argent. Catillus in quo liquatur aurum. Pomey.
f^ Il y a apparence que cet auteur s'eft trompé.
Culot ne Çq dit point d'un creufet , mais d'un petit
plateau cyHndrique de terre cuite, fur lequel on
pofe le creufet dans le fourneau , pour le garantir de
l'acbon trop vive du feu.
§3" Culot, fedit encore, en termes de monnoie , des
matières métalliques qui , après la fulion , relient
au fond du creufet , féparces des fcories.
Quand l'argent eft tondu , & que le troifième
feu qu'on y a donné eft palTc , on découvre le four-
neau , on v lailfe refroidir le creufet fans y toucher ,
on le retire enfuite \ on le calfe & on y trouve un
culot àoBX. le fond eft d'argent iin , & le delfus de
cralTes de lalpctr 3 avec l'alliage de l'argent , & même
quelque partie d'argent que le falpêtrey a attirées
pendant l'opération. Boizard. On fait rondre après
cela le ca/or d'argent fin dans un autre creufet , &c.
Id. Quand on a lailfé refroidir le creufet où l'on a
fondu l'or , & jeté l'antimome nccellaire , on le
retire , on le calfe , & on trouve un culot dont le
fond eft d'or fin , & le delTus de crafles d'antimoine,
avec l'argent &c le cuivre de l'alliage, & même
quelques parties d'or que l'antimoine y a aulli
attirées pendant l'opération. Il eft à remarquer
que , bien que l'or de ce culot foit fin , il eft
néanmoins de couleur grizàtre , & eft fi aigre & fi
caffant qu'on le réduiroit tacilemerit en poudre avec
le marteau , parce que l'antimoine lui communique
fes qualités. Id. Pour retirer le plomb, l'argent &
le cuivre dont ces cu/ow font compofcs , on fe fert
d'une manière de fourneau qu'en appelle Relïïiage.
Quand on veut féparer les métaux des culots , ce
?|ue l'on appelle faire relfuer les culots , on fait un
eu de charbon pour bien recuire la cafl'e ; en fait
une grille avec des bûches au-delfus du relfuage :
cette grille n'ert pas de fer , parce que l'ardeur duj
met les ci^/ow fur cette gtille , on fait un feu clair
deilous , qui fait allumer lecharbon qui eft lardé en-
tre les pavés dont le relluage eft compofé. Quand les
cu/ots lont bien échauffés j le plomb & laigent fe
fondent prefqu'en même temps , & coulent dans
la calïè ; mais comme le cuivre eft plus difficile à
fondre , il refte fur la grille , & on voit le reftc des
culots percés comme des éponges , aux endroits
dont le plomb & l'argent ont été détachés par l'ac-
tion du feu. On retire après cela les reftes des culots ,
on les fait fondre &on les met en lingots. Id.
A la Boucherie on appelle culot le derrière du ci-
mier de bœuf qui contient depuis les hanches juf-
qu'à la queue, iergum Bovinum.
CULOT, en termes de Miroitier, fignifie une ef-
pèce d'efcabelle fans fond , fur laquelle fe pofe la
lebille , où le conferve le vif argent , pour mettre
les glaces au teint.
Culot. Terme de Chandelier. On appelle dans la fa-
brique des chandelles moulées le cuLct du moule ,
un eipèce de petit entonnoir mobile , fait de fer
blanc ou d'etain.
Culot. Terme d'Artificier. C'eft la bafe mobile du
moule d'une fufée quelconque , lur laquelle on ap-
puie Ion cartouche , par le moyen d'un bouton en
hcmilphere qui entre dans la gorge , du milieu du-
t^uel fort fouvent une petite broche de fer.
CULOTTE, f. f . Partie de notre vêtement qui cou-
vre depuis la ceinture , jufqu'aux genoux , fur les
côtés defquels elle fe boutonne, & fe lerreparune
boucle de Jarretière. Braccs. ^jcmoralia.
Culotte , fignifie aulli des tioulles de Page qui font
ferrées &: plilfées 3 6c qui ne couvrent que le haut
des feifes. Brèves & complicatx Epheborum caliga.
C'eft aulh le haut-dechaulle des Chevaliers de l'Or-
dre du Saint-Elprit , & celui que les gens-d'armes
portoient autrefois à cheval.
Culotte iN-roLio. On appelle ainfi , dit-on, une
efpèce de ci^/owe qui defcend juiqu'au basées jam-
bes , & les couvrent toutes ou prefque toutes j com-
me la culotte des Turcs & autres Orientaux. Cette
expreliion ne convient qu'au Ityle badin & bouton.
Culotte en Pantalon , c'eft une culotte quitientau bas
des chaulles.
Culotte. Terme de Fleurifte. Il fe dit de l'anémone j
c'eft la moitié de delfous des grandes feuilles , qui
eft le plus proche de la queue , & qui eft d'ordinai-
re de différente couleur que le bout de ces grandes
feuilles. Purs ima calicis. La culotte aide à connoître
quand une anémone doit augmenter en coloris. Cul-
ture DES Fleurs.
Culotte , ou Calotte. Terme d'Arquebuzier. L'un
&: l'autre fe difent , mais culotte eft le plus ufité. C'eft
un fer délié , rond &: creux en manière de petite ca-
lotte , que l'on attache au bout de la poignc-e d un
piftolet. On en fait aulli d'autre métal. Peur la culotte
ou la calotte d'un piftolet.
On appelle encore culotte de bœut le derrière du
cimier.
CuL^li-TE de Pigeon. Le derrière. On fert le derrière
d'un pigeon par diflin£i:ion , iSc non pas le devant,
qu'on appelle brallières.
CULOTTIN. f m. Efpèce de haut-de-chaulle , qui eft
étroit Z< Julie par la cuiife , qui ferre par le bas ,
&: qui quelquefois a des boutonnières à côté du
genou J & tout autour au-delîus du genou , des
aiguillettes & des rubans. Braccarum genus quoi'
dam JlricUorum.
Culottin , eft un nom que l'on donne populaire-
ment aux petits enfans nouvellement en culotte 3 &C
en ce fens on dit un petit culottin.
CULTE, f. m. Hommage j honneur religieux
qu'on rend à Dieu par des adles de religion, par
des prières, des facrifices , des cérémonies Sec. C«/-
tus : rendre fon culte à. Dieu. Rétablir le culte Divin.
Quel étonant fpeclacîe que cette différence infinie
de cultes qui partagent iL^nivers ! Ce Quiétifme
aboutit à anéantit le culte de la Religion. Dos. Ceux
Hij
t
^o
eu L
qui font accoatumés à vivre <ie raifon & d'intelli-
gence , ne peuvent s'accommodei d'un culte où l'cl-
prit n'a point de part. Port-R. Ce cuite qu'on rend
aux Saints ne peut être regarde comme un culte pro-
fane & mondain , parce qu'il fe rapporte à Dieu
FlÉch. Ce ca/re extérieur ne fauroit plaire à Dieu,
lorlqu'il eft féparé des mouvemen;» intérieurs de
l'ame. S. EvR. Les Siamois tiennent que la diver-
fité des Religions eft agréable à Dieu, & que les
«lifFérens cultes ibnt diftérentes manières de l'ho-
norer qui ne lui déplaifent point , parce qu'elles
tendent toutes à une mêine fin , & qu'elles ont tou-
tes les mêmes objets. Id. Les Payens rendoient
un culte fuperftitieux à leurs fauires Divinités. Epi-
cure trouvoic que ces Dieux oififs , ces êtres impuif-
fans donc il ne voyoic rien à efpérer ni à craindre ,
ne méritoient pas la peine de Ion culte. Id. Le cuLte,
fe divife thez les Théologiens en trois lortes j le
culte de latrie , celui qui fe rend à Dieu j le cul-
te de dulic , celui qui fe rend aux Saints j le cwte
d'hyperdulie , celui qui fe rend à la Sainte Vierge.
J^oyei Latrie, Dulie, Hyperdulie.
§CirOn dit aulli en parlant de l'idolâtrie : le culte
des Idoles j le culte des Faux-Dieux.
Culte, feditaulH figurément de l'attachement qu
nous avons pour certaines chofes dont nous nous
faifons des efpèccs de Divinités. Les femmes font
flattées agréablement par la vanité d'attacher les
hommes j & d'être , pour ainfi-dire , l'objet de
leur culte , & de leur adoration. Boursaut. Sou-
miilions , balfelfes , voilà le culte agréable aux
Idoles à qui notre ambition nous tait facritier. S.
Real. Foye:( Adoration , Adorer.
CULTELLATION. f m. Terme de Géométrie. Ma-
nière de mefureraiïez fimple par le moyen de l'inf
trument univerfel qui mefute les diliances & les
hauteurs pièce par pièce , &c non tout à- la fois pat
une feule opération. Cultellandi ratio,
CULTIVATEUR, f m. Celui qui cultive. Cultor. Il a
été trouvé jufte de tout tems de donner une partie
des fruits de la tetre au propriétaire du fonds , &
l'autre au cultivateur. Les Efpagnols ont traité la
queftion , fi , après que le Curé avoir dîmé fur le
monceau des gerbes provenues au champ, il pou
voit, après le partage fait entre le cultivateur & le
propriétaire , redînjer encore lur la portion du pro
priétaire tirée e.v tzcervo. Fevret.
CULTIVER, v. a. Labourer , amender une terre j lui
donner les façons néceifaires pour la rendre plus
fertile. Colère , culturam adhitere. La terre ne rap-
porteroitque des plantes inutiles, fi elle n'étoitcw/-
tlvée. F'oye^ Labourer j Fumer , Ensemencer.
Cultiver , fe dit aufli des arbres & des plantes ,
quand on a loin de les tailler j t monder , déchauf-
fer, & de les garantir des mauvais vents & des in-
jures du ciel J pour les faire mieux venir, & les faire
mieux rapporter. Cultiver en ce fens , c'eft labourer ,
arrofer & conduire un arbre. l^oye-{ ces mots. Les
plantes qui naiiTent dans les pays chauds, ne^ cul-
tivent p:is fans peine dans les pays froids.
Cultiver, fedit figurément de l'efprit , de la mé-
moire, &CC. pour dire , les exercer , apporter du foin à
les perfedionner. Il faut cultiver l'efprit des jeunes
gens , leur mémoire , en leur donnant de bonnes
inftruélions. Depuis cent ans on a bien cultive les
arts & les fcienccs dans l'Occident. On dit en ce
fens cultiver l'amitié , la connoiffance , la bienveil-
lance de quelqu'un, pour dire, prendre foin de les
conferver , de les ménager. Scipion avoir toute la
■vertu des anciens Romains ; mais polie & cultive'e.
S. EvR. Vous avez un ei^nt cultive qui réveille le
mien. M. de Scud. Je me fuis fait un plaifir de c:^/-
^iver un beau naturel que le hazard offre à mes foins ,
& que je ne veux point lailfer ftérile. Vill. On eft
trop didipé dans le monde pour cultiver l'amitié :
on fe donne à tout fuperficiellement, &; on ne s'atta-
che à perfonne. Le Ch. de Mer. Le plus heureux
naturel a befoin d'êtr» cultivé ^^t l'ufage du monde.
CUL C U M
Bell. La fcience rouille l'efprit en cultivant le juge-
ment. S. EvR.
On dit, c'cft un homme qu'il faut c^/river , pour
dire, c'eft un homme dont il faut ménager , entre-
tenir la bienveillance. Acad. Fr.
Cultive , eé. part. Cultus.
CULTURE. Soin qu'on prend de rendre une terre
fertile par le labour , par l'amendement j d'élever
un arbre , une plante. Cultura, cultioj cultus. La cul-
ture delà terre eft l'occupation la plus honnête & la
plus innocente. J^oye^ Cultiver.
Culture J fe du figurémentde l'efprit, des mceurs,
des arcs & des fciences. La culture de fon efpric j
eft fon unique application. Le plus beau naturel
uns culture , eft comme un champ négligé, qui ne
produit que des plantes inutiles. Vaug. La culture
des fciences forme l'eiprit. Le peu de connoilfanca
que j'ai ^ je le dois à la culture des bonnes lettres.
Patr. Il faut fonger à la culture des arts &des fcien-
ces. Ablanc. Travailler à la culture de fon efprir.
Culture , & par corruption , Couture , s'eft dit
pour un lieu cultivé, un lieu plein de jardins , de
prez , de vignes j &c. Colonia j ager , ou campus
colonicus. Il y avoir autrefois aux environs de Paris ,
la Culture S. Eloy,aux environs de l'Eglife Saint-
Paul , la Culture de Sainte Catherine , qui a donné
foVi nom au quairier qui a été bâti dans fon éten-
due , & qui s appelle encore la Couture , la rue de
la Courure , Sainte Catherine de la couture. Die
même Cultures^ ou Coutures de Saint Gervais , dii
Temple , de Saint Martin j de Saint Lazare , de
Sainr l'.j.i^jloire , del'Evêque.
tfT CULVbRTAGE. Terme de coutume j dont la fig*
nifîcacion eft ignorée: on fait feulement que c'^
toit une fervicude ignominieufe.
eu M.
CUMANA. f. m. Arbre Indien qui relïemble beau-
coup au mûrier , tant par la forme , que par fon
fruit, dont on a fait un fyrop y qu'on dit être fore
bon pour la toux & pour l'enrouement. Son bois
eft fi dur , qu'il fait feu comme le cailloux.
CUMANDA-f 7UACU. f m. Nom de certaines fèves
Indiennes loit groffes. On les fait rôtir , on les broie ,
& on en donne dans un œuf pour le flux du ventre.
Bouillies , miles en cataplafme , & appliquées fur
le ventre j elles pallenr pour guérir la colique. On
s'en fert aulli fous cette forme pour réfoudre les
abcès.
CUMBERLAND. Nom d'une Province du Nord
d'Angleterre qui a titre de Comté. Cumbria. Le
Comté de Cumherland eft féparé de l'Ecoliè j par
le Golfe de Solway j & par les monts Cheriotes qui
la confinent du côté du Nord. U a le Comrc de Nor-
tumberland au levant ; ceux de Veftmorland & de
Lancaftre au midi j & la mer d'Irlande au Cou-
chanr. Maty. Sa Capitale eft Carlie. Les Ifles de
Cumberland , Cumbria infuU j font trois grandes
Ifles de l'Amérique Seprcnrrionale j entre le détroit
de Hudfon & celui de Davis. Id.
CUMBULU. f. m. Grand arbre qui croît au Malabar.
Sa racine prife en décodlion avec une addition lé-
gère de riz j palfe pour un bon remède dans les
fièvres fympcomatiques qui accompagnent la goutte.
Voye-[ le Dtctionaire de James.
CLIMEE , adj. fcm. Qui ne fe dit qu'au féminin &
delà Sybille Italique, qu'on appelle aufli Cumee ^
parce qu'elle étoit de Cimmérie , petit bourg près
de Cumes , ville de la Campanie en Italie. Cum&a.
Enée :, au Livre VI*^. de l'Enéide , vaconfulter la
Sybille Cumée, qui le conduit aux enfers. La Sybille
Cumée eft diflérente de la Sybille Cumane j qui vi-
voit fous le règne de Tarquin le Superbe. Voye^
Onuphrius & Gallœus De Sybillis-
CUMEEN, ÉENE. i. m. &f. Qui eft de Cumes. Cu-
mius y a. hlérodote écrit dans la vie d'Homère que
les Cuméens font les premiers Fondateurs de Smyrne.
Du Loir. , pag. 13.
C U M
eUMElN. f. m. Ërnom propre d'homme. Cumenus.
Voyez M. Chaftelain , Manyrol.au 12.. de janvier.
CUMES. Ancienne ville d'Italie j dans la Cam-
panie , près de Naples & de Pouzoles. Elle fuc bâtie ,
li l'on en croie Virgile , avanC la guerre de ïroye.
Ce fut , dit-on , par les Cuméens , Cum<i,i , peuples
d'Aliej & par les Chalcidiens. Us y coilduifirent
une Colonie de l'Eubée^ que nous appelons Né-
grepont. Foye^ Léaucier Alberti , Clavier & Vige-
iiere fur T. Liv. Tom. I. p. lyiSi. 1762.
Il y avoir encore une ville de ce nom dans l'Eo-
lie fur le Golfe de Smyrne.
CUMIN, f. m. Cuminum ^ ou Caminum , Cyminum.
Plante ombellifere. Le vrai Cumin , F&niculum orien-
tale , Cuminum dicium Injl. R. herb. e!l annuel ^ &
©n le cultive à Malte : fa tige , qui n'a guère qu'un
pied de hauteur , ell garnie de feuilles découpées
en quelques lanières fort étroites. Ses fleurs qui
font en ombelles , font blanches & très-perires j à
ces fleu;s fuccèdent des femences oblongues can-
nelées légèrement furie dos , de couleur blanchâtre ,
ou cendrée , & d'une odeur & d'un goût très-aro-
matiques. Cette femence eft employée dans plu-
fi.nirs compofitions \ elle eft très-carminative.
Diofcoride décrit un cumin fauvage , qui eft une
herbe petite & branchue , qui poulfe des tiges grê-
les de la hauteur d'une palme , avec quatre ou cinq
feuilles menues , dentelées comme une fcie , & dé-
chiquetées comme celles du certeuil. A la cime de
fes branches il produit cinq ou fix boutons , aude-
d.ansdefquels ily aune graine écaillée qui eft plus
acre au goût que celle du cumin cultivé.
Cumin j fe prend le plus fouvent pour la femence
de la plante de Cumin. Le Cumin eft en ufage dans
la Médecine. Il eft propre pour dilliper les vents.
On s'en fert dans la colique, dans la tympanite ,
& dans le vertige.
CUMUL, f. m. Droit qui eft d'ufage dans quelques
Coutumes, comme dans celle de Bourbonnois. Ce
droit de Cumul a lieu lorfque les meubles & ac-
quêts font cbnfidérables , & que les propres font en
petite quantité \ en ce cas l'héritier demande le
Cumul, c'eft-à-dire , qu'on accumule les meubles &
acquêts avec les propres , & qu'on donne les deux-
tiers du tout aux héritiers du fang. Le Brun, des
(O* Pour que ce droit de Cumul ait lieu , il faut
que les meubles &c acquêts excédent des trois quarts
la valeur des propres.
fCF Ce Cumul eft réel dans les lieux où il eft éta-
bli j ainfi les propres qui font litués dans d'autres
Coutumes n'y font point lujets.
CUMULATIF, VE. adj. Terme de Jurifprudence. Qui
fe fait pat accumulation. Cumulacus. Il étoit déjà
pourvu de ce Bénéfice par réfignation , il aeu en-
core le droit d'un obituaire , c'eft un droit cumu-
latif.
CUMULATIVEMENT.^ adv. Terme dogmatique &
de Droit. D'une manière cumulative , Cumulatim ,
Accumulative. Les Officiers Royaux font la Police
cumulativement avec les Juges ordinaires. Les Inter-
prètes ont tiré cette conclufion , que puifque le
Pape avoir tranfmis la Jurifdiction aux Ordinaires
cumulativement , & non privativement , il pouvoit ,
^uant à la volontaire, non- feulement conférer par
concours avec eux, mais encore les prévenir. Fe-
VRET. Ces deux exemples font voir que cumulative-
ment veut dire conjointement, & eft oppofé à pri-
vativement ,ou exclufivement \ de forte qu'une per-
fonne faifant quelque adle d'autorité, de Jurildic-
tion , elle ne prive point certaines autres perfonnes
du droit de faire la même chofe.
CUMULER. V. a. Terme de Jurifprudence. AfTem-
bler J réunir plufieurs droits pour fortifier une pré-
tention. Cumulare. M. Courtin.
C U N.
CUNANE. f. f. Nom d'un fruit Indien j alTez gros ,
C U N
$1
\ qui croit fut un petit arbre appelé Morremor. Les
I habitans de la contrée où il croit le font cuire, ôc
I le mangent pour guérir les maux de tête. Ray. Hijï,
' Fiant.
CUNARIA. Foyex CUNINE.
CUNEGONDE. f. f. Et nom propre de femme. Cune^-
I gondis. Sainte Cunegonde étoit fille de Sigefroi ,
ou Sifroy , Seigneur Palatin du Pays de la Mofells
au Diocéfe de Trêves ou de Metz , qui fut tait pre-
mier Comte de Luxembourg en 9^3 . Elle fut mariée
au Duc de Bavière Saint Henri , qui après la more
d'Ochon III. tut élu & proclamé Roi des Romains ,
&c couronné à Mayence le 6, Juin i©02. Baillet,
J. de Mars.
CUNEIFORME, adj. Terme d'Anatomie, qui fignifie»
qui a la torme d'un coin ; du Latin cuneus , coin ,
àcjurma, torme. C'eft une épicb.ète, ou nom que
l'on donne aux 5^, 6*^ & 7* os du tarfe, parce qu'ils
ont en ettct l.i figure d'un coin à fendre du bois. Ils
font de diftérente grandeur, & s'articulent tous
trois à l'os fcaphoide par une de leurs extrémités,
îk par l'autie ils loutiennent chacun un des os du
métatatfe. Dionis.
fCr On donne aufti ce nom au 3^. os du carpe,
à caufe de fa figure. Cette épithcte peut générale-
ment s'appliquer à tout ce qui a la figure de coin.
CUNETTE ou CUVETTE, f. f. Terme de Fortifica-
tion. yoye-{ Cuvette.
CUNGCHANG. Grande ville de la Chine, cinquième
Métropole de la Province de Chenh ou Xenli. Elle
eft de 1 1. d. 54'. plus occidentale que Peking , fous
le 3<^. d. 51'. de lat.
CUNINE ou eu NINA. f. f. Nom d'une fauffe Di-
vinité. Cunina. Cette Divinité avoir foin des petits
enfans ^ & félon les ditîérens ioins qu'elle avoit d'eux
ou de ce qui les regardoit , elle étoit tantôt Dieu &
tantôt Déelle , & prenoit ditlérens noms. En tant
qu'elle préfidoit à leurs premiers cris , c'étoic utt
Dieu qui s'appeloit Vatican , Faticanus Deus j
parce que le premier fon qu'ils pouftent eft la pre-
mière fyllabe de ce mot. Fa, d'où vient qu'on
appelle leurs cris vagitus. Parce que cette Divinité
étoit cenfée les lever de terre j les difpofer à faire
les premiers pas, elle s'appeloit DèaLevana, Déeire
Lévane. Enfin parce qu'elle avoit foin de leur ber-
ceau , elle fe nommoit Dea Cunina , Déefle Canine
ou Cunaria , Cunarie , c'eft-à-dire Déeife du ber-
ceau. Varron en parle ainh dans Aulu-Gelle, Liv.
XVI. c. 17. & Laitance , Liv. I.c. lo. Struviusj^/2f.
Rom. Synt. C. i. p. 155.
CUNINGHaM ou CUNNINGHAM. Province ds
l'Ecolfe méridionale, au couchant de celle de Clydf-
dale. Capitale, Itwin.
CUNNOLITES. Efpèce de pierre qui paroû être un
oftement d'animal terreftre ou marin pétrifié. Cette
nature olfeufe en dedans fe fait remarquer dans la
décompcfition de la pierre. On en voit la figure qui
eft circulaire elliptique , un peu élevée en cône par
le deftiis & platte en delfous , avec des cercles con-
centriques qui fe bornent à la fuperhcie. Cette
pierre fe trouve en Rouflillon , dans la vallée de
Cuftuia.
CUNTUR, CONTAUR ou CONDOR, f. m. C'eft
un oifeau fameux au Pérou , & que les peuples ont
adoré comme un de leurs principaux Dieux. Il y
en a de fi grands, qu'ils ont cinq à fix aunes de
long, à les mefurer d'une pointe de l'aile à l'aurre, &
qui font fi furieux, qu'il s'en eft trouvé qui ont tué
des Efpagnols. C'eft un oifeau de proie qui n'a au-
cunes ferres comme les aigles. Ses pieds reifemblenc
à ceux des poules- Il a un bec d fort & fi dur , qu'il
en perce le cuir d'un bœuf, & que quand ils font
deux, ils combattent un taureau & le mangent. Il
eft tacheté de noir & de blanc, comme les pies , &
a fin la tête une crête faite en façon de rafoir , dif-
férente de celle d'un coq , en ce qu'elle n'a aucune
pointe. Son vol eft fi effroiable, que du grnnd bruit
qu'il fait , il étourdit ceux qui le voient fondre à
terre. Les Efpagnols le nomment condor. HisT. cas
6i
C U P
iKcAs. Le P. Jeronimo Lobo die qu'on trouve aufïi
des oifeaux condor dans la région de Sophala, des
• Catfies & de Monomotapa j julqu'au Royaume
d'Angola. Ils font femblables à l'aigle. Ils ont des
plumes qui ont viiigt-hui: paumes de long, &
trois de large , dont le tuyau ert long de cinq pau-
mes , & de la grolleur du bras , lequel eft blanc ,
& la plume nou'. U y en a qui ont la grandeur
de' deux éléphans joints enfemble, qui ont em-
porté des vaches & autre bétail ^ & cjui ont d'é-
tendue d'un bouc d'une aile à l'autre julqu'à trente
pieds. On en a vu qui ont vomi jufqu'à deux cens
livres de chair. C'eit peut-être le rouch des Arabes.
Cela eft tiré de l'Hiftoire d'Ethiopie du Père Bo-
livar. On garde dans le Tiéfor de la Sainte Cha-
pelle, une ferre d'oifeau j qui fait voir qu'il y en a
de bien grands.
C U P.
CUPAYBA, ou COPAÏBA. f. m. Arbre du Bréfil dont
le bois ert fort rouge, & auflî dur que celui du
hêtre. On en fait des ais larges qui fervent à dit-
• férens ufages. Ses feuilles font ovales , longues
de quatre ou cinq doigts, & larges de deux ou de
deux & demi , dans leur plus grande largeur. Il
porte une fleur médiocre, compofée de cinq feuil-
les prefque rondes. Son fruit eft une filique aulfi
prefque ronde, grofle comme le doigt, & de cou-
leur brune : elle contient un noyau de la figure d'une
noiferte , qui eft couvert d'une petite peau noire.
Lorfqu'on incife l'écorce de cet arbre , il en fort
une IniiJe lort claire, qui a l'odeur & la conliftance
<ie l'huile de thérébentine. On l'appelle fr.umeyou
huile de Copayba , qui eft admirable pour confoli
der & pour mondifier les plaies. Les Juifs s'en fer-
vent dans la Circonciûon pour arrêter le fang. On
en prend aufti trois ou quatre gouttes dans un œuf
contre la dyirenterie j & les autres flux de ventre.
•CUPIDE, adj. m. & f. Vieux mot , qui lignifie de-
lîreux.
IC? Ce mot, hazardé par quelques-uns, n'a pas
réulli : il paroit tout au plus être admis dans le
flyle Maiotique , où. tout eft bon.
CUPIDIQUE. Vieux adj. m. & f. Qui appartient à Cu-
pidon , à l'amour. Cupidineus , a , um.
§3° CUPIDITE, f. f. Delîr immodéré, convoitife, du
Latin cufid'uas , qui (ignifie la même chofe ; mais
le mot François ne va pas à tout comme le mot
Latin. Céfar a dit _, cupiditas cihi , pour dire , l'ap-
pétit, l'envie de manger ; & Ciceron , cupidkas ho-
noris , pour exprimer le defir d'honneur. Vaugelas
dit que de fon tenrs les bons écrivains préféroient
convoitife à cupidité ; mais pour parler franchement,
ajoute-t-il, je ne crois pas le mot de cupidité îon
bon , & convoitife ne vaut guère mieux. Le mot
convoitife eft approuvé dans le Di6tionnaire de l'A-
cadémie , où l'on dit , la convoitife des honneurs ,
la convoitife des richelfes. J'aimerois mieux dire avec
Vaugelas, defir, avidité de gloire, de biens, des
honneurs.
Bouhours ajoute avec raifon que le mot de ca-
pidité \')ci\z palTer dans un fens Théologique, & que
les écrivains qui l'emploient, ne le prennent guère
que pour concupifcencc^ hors de-là , dit-il,jene
voudrois pas m'en iervir , ni dire, la cupidité das
richelTes. Cette dernière phrafe ne pourroit- elle
pas trouver place dans un Sermon , dans un dif-
cours Moral , pour dire un defir immodéré ?
Cupidité, fe prend aufïi abfolument pour la
concupifcence en général. Nous mefuions nos
defirs par la cupidité, &: non par la raifon. Flé-
CHiEn. Il n'y a rien dont on tire de plus grands
fervices j que de la cupidité des hommes. Nicol.
Preifé d'un côté par la grâce qui m'appelle, &
de l'autre par la cupidité qui m'entraîne , je fais
fouvent le mal que je voudrois éviter. FlÉch. Il eft
à craindre que fi les hornmes ne repouflent pris la
cupidité avec afl'ez de vigu.ur, elle ne fe rende la
CUP CUR
maitreiïe. Nicol. L'ame eft ingénieufe à défendre
l'innocence de la cupidité , & à juftifier les objets
de les pallions. Abad. Les gens du m.onde conçoi-
vent la charité comme une vertu flatteufe qui n'in-
commode ni la cupidité, ni l'amour propre. Port-
Royal. La terre n'a point d'endroits h cachés, où
pour trouver l'or & les diamans , la cupiaitj des
hommes ne faife fouiller Ce qu'on croit ne fou- ,
haiter que pour la chanté, la cupidité s tn empare
quand on eft parvenu â l'avoir. M. le Duc de
BouRQ.
CUPIDON. Dieu fabuleux de l'amour. Cupido. On
le peint avec des ailes , un arc & un carquois ,
pour blelfer les cœurs. On repréfente Cupidon fous
la figure d'un entant , parce que ceux qui s'aban-
donnent à leurs pallions agiifent fans raifon comme
les cnfans. On lui donne des ailes j pour montrer
que rien n'eft plus inconftant ni plus léger qu'un
amant. Enfin , les flèches dont il eft armé appren-
nent que les plaifirs font fuivis de remords &c de
chagrins.
Cupidon fous les loix de la fimple nature
Régit tout te qui fait foupirer ici - bas ;
Il ne punit jamais rebelle ni parjure ^
C'eji un empire qui ne dure
Qu autant que les amans y trouvent des appas.
Des Hool.
Héfiode , dans fa Théogonie j v. 201. & Ana-
créon , Ode 51. diftinguent Cupidon de l'Amour,
l'un eft i/îrçof, &c l'autre ^^k. Le Lièvre étoit coniacré
à Cupidon. I\iarot a tait un Pocme fort ingénieux
du Temple de Cupidon : c'eft le premier de its opuf-
cules.
Cupidon , terme de Fleutifte. Tulipe j violet d'Evê-
que , pourpre slair &; blanc. Morin.
CUPIENNIUS, CUPIENNIA. f. m. & f. Nom pro-
pre d'une ancienne famille Romaine. Cupiennia gens.
Les médailles de la tamille Cupiennia font rares. Qirx
y litC. CVP. & L. CVP. Cùius Cupiennius ^^ Lucius
Cupiennius.
CUR.
CURABLE, adj. m. & f. Qui peut recevoir guérifon.
Scn.ibiiis. Tous les maux font curables pour des
Charlatans. Ce mot ne fe dit guère 5 mais Ion con-
traire incurable eft fort en ufage. InfanahiUs.
CURACA. f. m. Terme de Relation. C'eft un nom
que les Efpagnols ont donné aux Seigneurs & aux
Gouverneurs du Pérou , qui eft la même chofe que
ce qu'ils ont nommé Cacique dans les Iles au Me-
xique.
CURAGE, f. f. Plante qui eft une efpece àe perfîcaire.
On l'appelle autrement/^oivre d'eau, Perjlcaria urens,
feu Hydrupiper. foyej Persicaire.
Curage, f. m'. L'aûion de curer ^ nettoyer, ou l'ef-
fet de cette adion. Le curage d'un puits, d'un foflc,
&c.
IfJ- CURATELLE, f. f. Charge de Curateur ^ com-
million donnée à quelqu'un d'adminiftrer les biens
d'un autre, qui ne peut y veiller par foi -même,
foit à caufe de la foiblelle de fon âge, foit pour
quelque autre empêchement. Bonorum pupiUicura-
tiû , procuratio. *•'
Les Académiciens François font exempts de tu-
telle & de curatelle. Un prodigue , un interdit eft
mis fous la curatelle d'un parent. Les Conciles d'A-
frique indiqués par Saint Cyprien , Epitre i Pa-
mel. (>('. exempcoient les Clercs de tutelle & de eu-
râtelle.
CURATEUR, f. m. Celui qui eft élu ou nommé pour
avoir foin des biens & des atîiiires d'une perfonne
émancipée , ou interdite. Pupilli curator. En pays
de Droit écrit, aptes l'âge de quatorze ans on donne
un curateur aux mineurs jufqu'à vingt - cinq ans:
jufqu'à 14. an'î ils ont un tuteur. On dit d'un homme
qui fiit des dépenfes excelîives , & qui g«uverne
: A
c u
mal fonbienj qu'il lui ûat donner nncuri:teur. Acad.
Franc.
C
u a
^j
Curateur d'Académie. C'eft dans les Provinces-Unies
une charf'e életbve j donc la fonction elt de dniger
les affaires des Académies ^ comme d'admimftrer les
revenus , d'appeler les ProtelFeurs , & en général de
veiller pour le bien & l'avantagée de l'Univeriité. Cu-
rator Jcddcmu. Ces Curateurs lonc élus par les Ecats
de" chaque Province. L'Académie de Leyden a trois
Curateurs. Celui qui eft pris du corps des Nobles eft
le premier. Les quatre Bourguemeltres de la ville
font une quatrième voix dans le Collège des Cu-
rateurs.
On dit aufTi, un Curateur aux caufes ; pour dire ,
celui qui a loin des affaires de quelqu'un, loit inter-
dit j foit mineur. Un Curateur aux biens vacans , ce-
lui qui eft élu pour détendre &; pour régir une luc-
celfion abandonnée. Un Curateur à un corps mort ,
ou à un muet, celui qu'on nomme pour défendre
un corps mort, un muet, pour la torme & la vali-
dité d'une procédure criminelle.
•|tCT II y avoic à Rome pluiieurs fortes de Curateurs.
Curatores omnium tribuum : Syndics qui étoient com-
me lesprotefteurs des quartiers de Rome , auxquels
répondent les Quartiniecs de Pari s.
^3' CuRATORhS operuinpublkorum, les Surintendans
des ouvrages publics , qui en prenoienr loin.
^pr CUKATORES aivei liberis & Cloacorum j Com-
miffaires pour le nettoyement du canal public & des
égoîits de la ville j qui furent établis par Augutle.
IJC? Cu&ATOREs viaru.Ti, extra urbcm , CommUlaires
des grands chemins hors de Rome , & des ponts &
chauffées.
^fT Curatores denariorum fiaTidorum ,déligncspa.ï
ces trois lettres dans les infcriprions antiques C.U. F.
ALiîtres des monnoies , qui font encore appelles iv/v
Monetarum , qui avaient foin de faire battre mon
noie. On trouve dans les infcriptions des pièces d'or
&. d'argent anciennes, ces cinq lettres A. A. A. F. F
qui fignitient ^re, Argento , Auro j^aado ^jerïundo ,
Commis à faire fondre & battre les efpèces de cui-
vre , d'argent & d'or.
^CT Curatores Kalendarii, ceux qui donnoient l'ar-
gent de la maifon de ville à ufure , & qu'on payoi:
aux Calendes , ou le premier jour du mois j d'où
ils ont été nommés Kalendarii. Antiquités Grecques
& Romaines.
CURATIF , ivE. Terme de Médecine, épithète que
l'on donne aux remèdes qu'on emploie pour la cure ,
la guérifon d'une maladie déjà formée , pour les dil-
tingeur des palliatifs & des préfervatits. Curativus j
curationi , janationi ferviens. Il y a des remèdes pré-
fervatifs , & des remèdes curatijs. Dans la pefte tous
les remèdes curatijs doivent tendre à favorifer les
éruptions critiques j comme dans la petite vérole.
Didier. Ceux qui feront curieux de recueillir un
grand nombre de remèdes, tant pcéfervatifs aue cu-
ratijs contre la pefte, peuvent lue le livre de M. Pef-
talofti , intitulé : Avis de précaution contre la maladie
de Marfeille. Journal des Sav. 1711.
§Cr Ce mot s'applique , non feulement aux re-
mèdes employés d.ins le traitement d'une maladie,
mais encore aux indications qui fe préfentent à rem-
plir dans ce traitement même. Indication curative ,
méthode curative, remèdes curatijs. C'eft l'indication
curative qui détermine le Médecin à faire ufage de la
méihodQ curative & desremèdesc::/rjr{/j, qui peuvent
détruire la maladie , ou en faire ceffer les effets.
CURATION. f. f. Terme de Médecine. Cure , traite-
tement d'une maladie, manière dont il faut la guérir.
Curatio. En comparant les différentes defcriptions
avec les fymptomes qui caradérifent telle ou telle pef-
te aduellement régnante , on peut découvrir descon-
formitcs fufïifahtes pour établir plus sûrement une
méthode de curation. Journal des Sav. On dit plus
|i3" Le mot de cure eft équivoque lui-même. U eft
quelquefois lynonyme à guerilon , quelquefois il dé-
ligne fmiplement le traitement d'une maladie. C'eft
dans cette dernière acception que le mot cure peut
être regardé comme fynonyme à curation. Foye^
Cure.
Ce mot vient du Latin Curatio.
CURATRICE, f. f. Celle quia la curatelle de quelque
perlonije. Ta veuve eft ordmanement curatrice de
fes enfans. A^oje^ Curateur & Curatelle.
CURCAS. 1. m. C'eii: le nom d un fruit de 1 Amérique,
dont parle Lémery apiès oarzias du Jardin. Il efi
gros connne une aveline avec iâ coque , mais il eft
moins lond. U eft bianc , & a le goût d'une truffe
cuite. Il croît en Malavar & en Cambaya. On envoie
aulli au Caire , mais il ne garde pas par-tout le nom
de curcds. Lémeiy du qu'en (^ambaya on l'appelle
Carpata , & que celui du Caire eft peut-être ce que
Sérapion appelle liatelcuicui.
CURCE. f. m. Nom propre d'homme. Curtius. Il ne
faut due Curce que iorfqu'on parle de l'Hiftcrien
Quinte-Lurce j hors de-!à il faut toujours dire Curtius %
de plus il ne faut pas dire Curce tout feu! , mais y
joindre fon prénom, à qui nous doutions auffi une
forme Françoile '^uint-Curce , & plus ordinairement
{Îuince-Curce. Foye^ Curtius j & Quinte-Curce,
& les^marques de Vaugelas, p. 68. de l'édition
];UR.CHUS. f. m. Faux- Dieu des anciens hr.birans cle la
Pruffe. Curclius. U préiidoit au boue ■>: :tu manger.
Après la récoke des bien^ de la terre on lui en oSî oic
les prémices. Fiartfnoch qui, dans fa dilTertation fur
les Dieux des anciens Pruffiens , parle de celui ci ,
ajoute qu'ils entretenoient un feu perpétuel en fon
honneur, 5c que tous les ans on briioit fa ftatue, &:
qu'on lui en érigeoit une nouvelle \ apparemment
parce que les fruits fe renouvellent tous lesr>ns.
1.URCUMA. f. m. Plante que quelques Botaiiiftes ap-
pellent/iac/iur d'Inde , & d'autres terra mérita. Sa ra-
cine eft femblable à celle de la gentiane , <5c de cou-
leur jaune , au dedans : elle teint auffi en jaune com-
me le fafran, d'où vient qu'elle eft encore appelée
fdjrati d' Inde. Ses feuilles reftcmblent à celles de l'el-
lébore blaîic. Sa fleur eft d'une très- belle couleur de
pourpre. Ses fruits font des hériffons de même que
nos châtaignes , dans lefquels leur felrience eft ren-
fermée , qui eft ronde comme des pois. On fe fert
en Médecine de fa racine , qui eft amère & apériti-
ve, dans la jauniffe, dans l'hydropifie , &" dans la
cachexie. Les Chinois en mettent dans leurs fternura-
toires. Curcuma , cyperus Indicus ,^ ou crocus Indicus.
Il eft venu à M. cle Juftîeu de l'île de Bourbon des
pieds de Curcuma ou Terre-Mérite , qui étoient (ï
frais , qu'ayant été plantés au jardin du Roi _, ils s'y
font confervés près de deux ans :, ce qui a donné lieu
de fe convaincre que c'étoit de vraie terre-mérite ,
dont la racine fraîche donne un beau fuc jaune , cou-
leur qu'elle conferve étant feche , & qui eft très-né-
ceffaire pour les teintures de cette couleur. Elle eft
bonne aulli pour la guérifon de la jauniffe. De Juss.
Mém. manufcr.
CURDE. f. m. & f. Nom des 'peuples du Curdiftanj
Curdus. Les Emirs des Curdes font fous la protec-
tion du Roi de Perfe. La langue des Curdes appro-
che de celle des Perfans. Les Curdes font moitié Ma-
hométans , «Se moitié JéfideSj c'eft -à-dire, difc'ples
de Jefus, Chrétiens. Maty. Les Curdes font origi-
naires des monts Gordiens, brandie du mont Tau-
rus ^ qui fépare l'Arménie de la Haute-Médie. Les
anciens ont appelé ces montagnes & les peuples d'a-
lentour Corduci & Corduchi. Cette nation s'eft rép ^n-
due dans l'Affyrie le long de l'Euphraté & du Tigre,
& a donne à ce pays le nom de Curdiftan. Ils n'ont
reçu que fort tard la Loi Mahométane. D'H e rb*
Voye-:^ cet auteur au mot Curd.
ordinairement cure , cependant on trouve le mot eu- CURDISTAN. Pays des Curdes. CurJorurti régto , Cur^
ration dans les Médecins. Il n'y a rien qui faffe di , Curdia, Cw^//?j«/i?. C'eft une contrée de l'Afie ,
plus de peine à un Chirurgien dans la curation d'un fituée entre l'Empire du Turc & celui du Sophi de
ulcère , que lorfque la carie y eft jointe. Degori. Perfe. Le Curdijlan s'étend le long du bord orientai
64
C U R C U R
du Ti^re , depuis les-lburces du lEuphrate jufqu au Parochia alterï injutjidium annexa. Pour être pour-
vu d'une Cure , il n'elt pasHéceiFaiie d'être Prêtre;
Chulutan. ^
1^ CURE. f. f. Ce terme eO: quelquefois fynonyme a
giiéviion , finuaj , quelquefois à traitemenc d'une
maladie , ou application des remcdcs , & iiianieie ^
de traiter une maladie. Curacio. \
g3° Dans le premier cas le mot cwr^, exprime le
fuccès ou le bonhjur d'un Médecin dans le traue-
inenc d'une maladie longue ou invétérée , ou re-
gardée comme très diiîicile à guérir.
|Ï3° Dans" le fécond cas le mot cure défigne la ma-
nière de traiter une maladie, en employant les re- •
mèdes propres pour en procurer la guérilon. Ainn
un Médecin du qu'il a employé tel ou tel remède
dans la cure d'une maladie. Dans ce cas le mot cure
ne fuppofe point uécellairement le rétabhllcmcnt de
la fanté. !
§Cr Nous ajouterons ici les remarques de M. l'Ab- 1
bé GuMrd, pour tixer , autant qu il elt poiîible , la
vraie fignihcacion de ces deux mots. On tau amcure ,
dit-il, on procure une ^^^.''•{/U'v. La première a plus
de rapport au mal &C à l'acbion de celui qui traite
le malade. La féconde a plus de rapport à la lanté
& à l'état du malade qu on traue. On dit de 1 une
qu'elle eft belle \ alors elle fau honneur à celui qui
l'a entrepnfe : on dit de l'autre qu'elle ell prompte
& parfaite \ c'ell tout ce qu'on doit délirer dans la
maladie \ !k Ion dit de routes les deux qu'aies font
faciles ou diffic-iles.
IP" U femble que la cure n'ait pour objet que les
maux opiniâtres "^ d'habitude \ au lieu que la gué-
rifoi regarde aulîi les maladies légères & de peu de ^
tiurée. i
ifT Plus le mal eft invétéré , plus la cure eft dif- ,
ficile. C'eft fouvent p!us à la force du tempéra- ;
ment qu'à l'effet des remèdes qu on doit la gué- j
rijon.
. I
Cure , en termes de Fauconnerie , eft un certain ^
remède que les Fauconniers donnent a leurs oiieaux ^
en forme de petites boules d'étoupcs , de coton, ou l
de plumes , pour dellecher leur Hegme. / urwida
buccajiufeci. Les oifeaux fe portent bien quand ils
ont rendu leur cart;. On du qu'un oifeau tient (i. cure ,
quand la pilule fait fon devoir. La cure de l'oifeau
doit être de plume , ou d'ollel.ts d'oifeaux froilfes ,
ou d ,- pieds de lapins , ou de lièvres , dont on a rom-
pu les ongles , & ôcé les gros os. La cure de coton
n'ert pas bonne à ufer j car elle bride &c confomme
le poumon , & fait mourir l'oifeau \ & principale-
ment quand elle eft donnée laus être lavée ou bai-
gnée. ..-uand ell'.^ eft lavée ou baignée en eau j elle
élargit plus qu'autre chofe le boyau de l'oiieauj &c
lui ôte la fupcrfluité des humeurs. La cure jetée au
matin par l'oifeau , qui eft nette & non féche , &
qui eft fans mauvaife odeur, montie que l'oifeau
eft fain. La cure molle , pâreule &i puante , marque
flegme & indigeftion à l'oifeau. Quand l'oifeau
garde trop fa cure , le moyen de la lui faire rejeter
& rendre eft de ne L' paître point qu'il ne l'ait ren
due; fi ce jour-là il ne la jette, le lendemain il
la lui faut faire rendre en la manière qui iuit : Pre-
nez du gras de lard bi^n rafraîchi , & lavé en deux
ou trois eaux bien nettes & bien fr.iîches , & un peu
defelmenu&: de poudre de poivre, faites-en une
■ pilule, & la faites avaler à l'oifeau, & attend z
qu'ill'ait jetée. S'il ne la jette pas, prenez de ce
qu'il aura jeté , broyez le & le mouillez , puis met-
tez le dans un drapeau j & le faites flairera l'oifeau,
&: alors il rendra fa cure.
Guhe j eftauHi un vieux mot François , qui fignifioir
foin. Cura. îl n'a plus d'ufage qu'en cette phrafe pro-
verbiale : On a beau prêcher à qui n'a cure de bien
faire , en parlant de ceux qui n'ont aucun foin de
profiter des inftruftions qu'on leur donne.
Cure . en matière bénéficiale , eft un bénéfice dont le
titulaire a foin de la conduire des âmes dans une_
certaine étendue de pnvs qu'on appelle unePHrollfe, "
Parochia. Une Cure eft un Bénéfice à charge d'ames r
qui requiert réfidence. Une Cure avec fon annexe j I
il lutat de le faire promouvoir à l'Ordre de Prêtriie
dans l'an, à compter du jour des Piovihons. Onap'
pelle 1 raurcs-i-u/es des Cures qui font pollédées
pat des Religieux , comme font celles qui ont été
données aux chanoines Réguliers de bt. Auguftin.
Lesbvcquesde Fr.ince ont fait quelques tenta-
tives aans leurs alîemblées de i68i Se de 1700,
pour rendre les Cures amovibles ; mais cela n'a eu
aucun etiet. Le P. Thomallin j dans la LiJ'cipline
htclejiajticjue , p. 4. 1. 1. ch. 6. montre par raiitcrité
de plulieurs Conciles, que les Bcnéficiers , & même
les Curés, n'ont jamais été amovibles au gré des
Evêques; que pour les deftituer il falloir un Juge-
ment Canonique, il produit là-delfus un Canon du
Concile tenu à Plailance en 1095, où il eft arrêté
que les Clercs feront attachés pour toujours aux
Egliles pour lefquelles ils auront été ordonnés , &C
qui leur ferviront de titres. Qrdinatio in qua quiii-
bet taulaïus eji ^ in ea perj.etuo pcrfeverec. On ne
peut rien voir de plus decifit pour la Ifabilité des
Curés , que le Canon iX. d'un Concile de Nifmes
en 10915. Il y eft dit en termes formels , que les
Prêties auxquels les Evêques auront donné des Cures
les dfclfeiviront pendant toute leur vie , à moins
qu ils ne foient deftitués par un jugement en forme.
Plulieurs autres Conciles confirment la même chofe ,
de lotte qu'il eft évident que les Curés n'ont point
été deftituables à la volonté des Evêques j comme
quelques-uns le prétendent.
Il y a de la difficulté pour les Cures de Norman-
die ou le dépôt t elt en u âge : favoir , fi ceux qui^
en lont poui vus font obligés de fe faire Prêtres dans
l'an , à compter du jour de leurs pi ovifions. La rai-
fon eft que l'Evêqne jouit des revenus de la Cure j 5c
que même il y commet un Prêtre pour le ipirituel ,
avec défenle au pourvu d'y faire aucunes fonéhons
Ecclcfiaftiques ; & ainfi il femble n'être obligé de
fe faire Prêtre que dans l'an , à compter du jour que
hnit le déport , puifque les loix lui donnent une
année entière pour opter.
Cure aétuelle eft oppofée à Cure primitive. La
C:/r<f adlutlle eft celle que polféde le Cure qui a. la
chaige des amcs, qui exerce les fondlions curiales, &
qui eft Vicaire perpétuel d'un Curé primitif, f' oye:^
mémoire de M. Sariazin pourl'Eglife de Paris, 5c
l'union de S. Germain l'Auxerrois , p. 9. Il a droit
de prêcher lans être fujet à prendre aucuns pouvoirs
de l'Ordinaire , non pas en qualité de Curé primi-
tif, qui n'autoiile pas à prêcher, mais à titre de
Curé aduel. Mannori. Voye^ Curé primitif &. Vi-
caire perpétuel.
Cure , fignifie auffi la maifon deftinéeà loger le Curé.
Curialis domus. Ce Curé a établi un petit Sémi-
naire dans fa Cure,
CURE. f. m. Prêtre pourvu d'un Cure , quia la charge
& la conduite des âmes d'une Parodie, t-urochus^fa-
rochiat. palior j reclor. Pour être Cure û faut avoir 25
ans commencés. Les Cures n'ont que la Jurifdiéliioiî
pénitentielle , & pour le forextéiieur ils peuvent
feulement uler de mcnitions & de cenfures Ecclé-
fiaftiques j mais ils n'ont point la puillance d'excom-
munier , ni d'exercer la Junfdiition contentieufe.
Leur office n 'eft qu'une émanation du pouvoir de
l'Evêque, qui neput pourtant réunira fon minif-
tère les fondions attribuées aux Cures. Du Bois. Les
Cures ont la conduite du peuple de Dieu fous les
Evêques : ce (ont les vrais Pafteurs , à qui l'Evangile
ordonne de donner leur vie pour le falut de leur
troupeau. Le Mait. Les Coiiftitutions Canoniques
qualifient les Curés de ces divers noms, Capcllanus ,
l'.eaort' Parochus , qui marquent leurs fonctions,
&leur autorité dansl'Eglife. Anciennement les Cures
des Paroilfès delà ville conipofoient leConfeilde
l'Evêque, ik le Clergé de fa Cathédrale. Théodul-
phe, Evêque d'Orléans , donne d'excclleps avis aux
Curés dans fon capitulaire,
Ce
C U R
Ce mot vient de Curacus , que les Auteurs de la
balFe Latinité on dit pour Curuior. Ménage.
Curé Primitif , eft celui qui s'ell réfervé les gros
fruits d'une Cure , les droits honorifiques, & quel-
. ques marques de prééminence , tandis qu'il la fair
deffervir par un Vicaire perpétuel, auquel il donne
une portion congrue pour lublifter. Parochus prnni-
genius. Le Concile de Mérida , tenu en 666. permet
dans fon can. i z. à l'Evêque de prendre dans les Pa
roilfes les Prêtres & les Diacres qui le pourront fou-
lager, & de les mettre dans (on Eglife Cathédrale ,
fansnéanmoms qu'ils doivent celFer d'avoir inipec-
tion fur les EgUfes dont ils feront tirés , & d'en re-
cevoir le revenu. Ils y établiront feulement des Piè-
tres choifis par l'Evcque pour y fervirà leur place ,
èc ils leur donneront des Pennons Quelques-uns
croient que c'eft là l'origine des Curés Prïmïûjs. Il
y a beaucoup d'Abbés , de Chapitres, de Commu-
nautés , qui font Cun:. Primitijs. Un Cure Primi-
tif, ell celui qui a dtoit de jouir des fruits d'un Bé-
nétîce uni , lequel avoit charge d'ames félon fa pre-
mière &c priminve inftitution j mais ayant été con-
verti en Bénéhce iimple, le foin des âmes a été
transféré à un Vicaire perpétuel. Le Mait. Le nom
de Curé Primitif a été inconnu aux Anciens , il ne
fe trouve point dans le Droit Canonique. 1d. La qua-
lité de Cur^: Prininj eft odieufe ; elle lépare le Bé-
néfice d'avec l'Office ; elle dépouille le C^rt; de la ré
compenfe légitime due à fon travail j & à fes foins ;
& ne lui lailfe qu'un revenu médiocre , avec le titre
de Ficaire perpcmel. Id.
CurÉ fignifie en Bretagne ce que nous appelons Vi-
caire , & ce que le relie du Ps.oyaume appelle Cure ,
les Bretons l'appellent ReCteur.
Cure , fedit proveibulement en ces phrafes , il faut
faire Carême - prenant avec fa femme , & Pâque
avec fou Cure. On dit aulli , vous allez trop vite à
. l'offrande, vous ferez cheoir Monfieur \q Curé ,t3.
ceux qui s'emprelfent trop de faire quelque chofe ,
&c fur- tour de manger à table. On dit auîîi , il a af-
faire au Curé & aux Paroi ifiens , pour dire, à plu-
fieurs parties enfemble. On ditauili.
Qui croitfa femme & fon Curé ,
Efien hufard d'être damné ,
On dit que c'eft gros Jean qui remontre à fon Curé,
pour dire , que c'eft un ignorant qui veut inftruire
un homme qui en fait plus que lui.
CURE, f f. Terme de Fleurifte. Nom de tulipe. Cure
printanière eft gris de lin fort pâle & blanc. Cure
tardive de même. Morin.
CURE AU. f m. Terme de Tondeurs de drnps. C'eft un
peut inftrument de bois , fembbble à la tête d'un
maillet , dont ces ouvriers fe fervent pour faire
agir celui des deux couteaux des forces à tondre,
que l'on appelle le Mâle. Ce même inùrument s'ap-
pelle mailleau qaand il eft emmanché.
CURE-DENT. f. m. Petit inftrument , ou aiguille
dont on fe cure , on fe nettoie les dents. Dentifeal-
pium. On fait des cure-dents d'or , d'ivoire , de bois ,
de plume. LesEfpagnols font àts cure-dents de paille,
d'où eft venu ce proverbe qui leur eft fort familier ,
En un da ca la paja j En un donne-moi la paille ,
ouïe cure-dent , pour dire j En un clin d'ceil.
Cure dent d'Efpagne. f. m. Plante dont la racine eft
fibreufe & annuelle- Ses feuilles font plus larges ,
plus courtes & plusémoulfées que celles du fenouil.
Son ombelle eft ordinairement retrécie & ferrée ,
& fes femences font oïdinairement plus petites que
celles du fenouiL Vijhaga. Cette plante croît d'elle-
même en Italie, en Sicile & dans les contrées méri-
dionales de la France. Il y a beaucoup de per-
fonnes , fur-tout en Efpagne , qui font des pédicu-
cules roides & odoriférans , des ombelles du vifna-
ga j_ des cure-dents.
CUREE, f. f. Terme de Vénerie, eft le repas qu'on
fait faire aux chiens & aux oifeaux , en leur faifint
manger la bête qu'ils ont prife. Efca pradacea , pars
Tome III.
C U R
Sj
prs.ds. canibus à venatore j vel accipitrï ab aacupc por-
recid. Curée chaude , eft quand on leur donne fur le
champ quelque partie de la bête. On diioit ancien-
nement cuiree , d'où le mot de curée a été fait paf
corruption _, à caule que la curée fe fait dans le cuir
de la bête. Men. Curée Jroide , eft celle qu'on leur
prépare d'ailleurs. Cette curée fe fait de morceaux
de pain trempés dans le fang de la bête , qu'on
met lur la peau avec quelques morceaux de chair j
qu'on appelle le droit des chiens , comme la cervelle
& le cou. Les chiens font quelquefois la curée du gi-
bier avant que le Veneur arrive.
On appAin /ouail.e , la curte du fanglier , carells
fe fait avec du feu. Quelques-uns difent cuirie. La
curée du lièvre fe fait avec pain , fromage & frian-
dife , brunis dans le fang du lièvre. Aux- chiens niais
& jeunes on donne la tête & les épaules. Les curées
baignées font la'iatives ; les curées effuyées.
|K? On dit , en parLint des chiens , qu'ils font
curée , lorfque , fans attendre le Veneur , ils man-
gent la bête qu'ils ont prife.
On du , mettre les chiens en curée , pour dire ^
leur donner plus d'ardeur à la chalfeparlac/^rtfiî qu'on
leur fait, Et l'on dit dans le même fens qu'ils font
en curée. On dit , défendre la curée j pour dire , Em •
pêcher à coups de gaule cjue les chiens n'appro-
chent rrop tôt de la cur:e.
fCT Dans le fens figuré , on le dit des hommes
lorfque le butm & le profit qu'ils ont faits , les ani-
ment davantai'^e à quelque entreprife. Ce petit avan-
tage a mis les treupes en curée , elles font en cureë.
Il a fait curée à lun armée du pillage de cette ville.
Le profit qu'il a trouvé d abord en cette affaire j l'a
mis en curée. Acad. Fr.
IJCF Je refpccle beaucoup une pareille autorité ;
mais je ne conieillerai à penonne de fe iervir de cette
exprellion. Non-feulement ell= eft baffe, mais elle
préfente encore quelque choie de dégoûtant.
CURE-ORElLLE. f m. Petit inftrument d'or, d'ar*
gent , ou d'ivoire , qui clt plat &c délié , avec un
peut rebord creux à lun des bouts qui fert à net-
toyer l'oreille Ik à d'autres opérations relatives à
cette partie. Aurfcalpium.
CURÈCTIS. f m. C'étoit le troifième jour des Apa-
turies , auquel les jeunes gens cjui entroient dans
l'âge de puberté faifoient couper leurs cheveux dans
le Temple de quelque Divinité , & les confacroient
à Diane ou à Appollon. De K.ïïp.? , jeune homme.
CURE-PiED , f m. Inftrument de fer crochu qui fert
à nettoyer le dedans du pied des chevaux , à en ôtet
la terre , la crotte , ou le fable. Pedifcalpium.
CURER. V. a. Nettoyer quelque lieu profond , quel-
que chofe de creux , en ôter les ordures. Purgare.
curer un puits , des folfés , un canal j un étang , un
privé, &c.
Curer , fe dit aulli des dents & des oreilles , qu'on net-
toie de l'ordure qui s'y attache j avec des plumes,
ou quelques autres petits inftrumens propres à cela j
qu'on appelle cure-dent, ou cure-oreille. Quand il
s'agit des dents &; des oreilles, il eft félon l'ufage
dédire nettoy er , p\\toz i\\.\e curer.
Curer , eft aulfi un terme de laboureur , qui fe dit de
la charrue qu'on nettoie avec le curoir.
Curer. Terme d'Agriculture. Curernne vigne en pied,
c'eft ôter du pied des feps tout le bois inutile que
l'ignorance d'un vigneron y avoit lailfé dans lé-
bourgeonnement. Ain li* les vignerons difent ; je
viens de curer en pied , j'ai déjà trois arpens de
vignes curés en pied, liger.
Curer. les Couverturiersfe fervent auftî de ce mot,
pour dire , Nettoyer. Curer des chardons.
Curer , en terme de Chaffe , fe dit des oifeaux qu'on
purge en leur donnant une cure. U ne faut point paî-
tre oifeau qu'il n'ait curé , ou rendu fes cures-
Vo\e\ Cure.
Curer ^ en ce fens , fignifie rendre gorge ; & les Vé*
neurs ont abufc du terme de cvrc'c , qu'ils ont em-
ptunté des Fauconniers , pour l'appliquer aux repas
^6
C U R
qu'ils donnent à leurs chiens. Smegmatlcas glan-
des vomere, reddere.
Curé, ée. part. - .
CURES, f. m. pi. Vieux mot qu'on a dit pour figni-
fier des charriots. Il vient du Latin currus.
CURETES, f. m. pi. Peuple de l'île de Crète , qu'on
appeloit autrement Corybantes. Ils étoient j difent
quelques Auteurs , originaires du mont Ida en Phry-
gie, & on les nommoit encore pour c&\a. Idai Dac-
tyli. Pour le nom de Carère^, on le leur donaj dit
Strabon , parce qu'ils fecoupoient les cheveux par
devant j ahn de ne point donner de prifeà leurs
ennemis , car ce nom eR Grec, Koupi^Tï?, & vient de
Kocifa , qui fignifie l'adiion de couper les cheveux ,
de x"(i» , tondeo. D'autres difent que ce nom leur fut
donné de TCxpoTfoipia , qui fignifie nourriture d'un
enfant , parce qu'ils furenr les nourriciers de Jupi-
ter , félon la fable. Ovide dit qu'ils naquirent d'une
grande pluie. Lucien & Diodore de Sicile font les
feuls qui difent qu'ils avoient l'art de lancer des flè-
ches \ tous les autres ne leur donnent pour armes ,
que des boucliers & des piques. Tous leur donnent
auiîi des tambours de bafque , & rapportent qu'ils
avoient coutume de danfer au bruit des armes & de
leurs tambours. Quelques-uns prétendent qu'ils
étoient Etoliens d'origine. On dit encore qu'ils quit-
tèrent l'Ile de Crète , «Se qu'ils allèrent s'établir dans
la Grèce au-deffus du fleuve Achèloiis , où , parce
qu'ils avoient les cheveux coupés par devant , on
les appela Acarnanes.
Autre opinion. Les Curetés , fi fameux parmi les
Titans , & qui eurent foin de l'éducation de Ju-
piter j & du corps defquels fut Crès fon frère ,
les Curetés n'écoient autre chofe du temps de Satur-
ne , de Jupiter & des autres Titans , que ce qu'ont
été dans les fiècles fuivans les Druides Sk les Bardes
fi célèbres parmi les Gaulois. C'écoient les Prêtres &
les Sacrificateurs , qui avoient foin de ce qui regar-
doit la Religion & le culte des Dieux. Et , comme on
s'imaginoit alors que l'on communiquoit avec les
Dieux par l'art des divinations &c des augures , &
par les opérations de la Magie , cela étoit caufe que
tous CCS Curetés étoient Magiciens , Devins, & En-
chanteurs j comme on l'a tort bien reconnu. Ils joi-
, gnoient à cela la fcience des Aftres , de la Nature ^
& de la Poëfie ; ainfi ils étoient encore Aftronomes ,
Phyficiens , Poètes & Médecins. Voilà quels ont
été les Curetés , , Ik après eux les Druides ; avec
cette différence , que les Curetés , du temps des Ti-
tans J ne manquoient pas d'aller à la guerre : c'eft
pourquoi ils étoient armés ^ ils fautoient même,
& danfoient fi habilement avec leurs armes j frap-
pant leurs boucliers de leurs javelots , que c'eft de
ce frappement, fi j'ofe ainfi parler, qu'ils ont été
appelés Curetés ; car euro , en langue Celtique , eft
la même chofe que le xaj» des Grecs ,. qui en a été
formé par la tranfpofition d'une lettre. Pezron.
Selon le P. Kirker les Curetés font dans Orphée
ce qLie font les Puiffances dans Saint Denis , le
jiim, ou Efprits chez les Cabaliîtesj les Anges
chez les Pjatoniciens , & les Génies chez les Egyp-
tiens.
yolfius diftingue trois fortes de Curetés ; ceux
d'Étolie , ceux de Phrygie 5c ceux de Crète, qui
étoient originaires de Phrygie , & une efpèce de
colonie^ de ceux-ci , que Rhéa fit venir de Phrygie
dans l'île de Crête, lorlqu'elle fut prête d'accou-
.cher de Jupiter. Le nom de ceux d'Étolie vient de
XKÇ<i, tonfure , & il leur fut donné parce que , depuis
que dans un combat leurs ennemis les prirent p.ar
leurs cheveux qu'ils portoient fort longs , ils fe
les coupèrent. Ceux de Phrygie & de Crète furent
appelés Curetés , de x«ï{«r , jeune homme , parce qu'ils
étoient jeunes , ou parce qu'ils élevèrent Jupiter en-
core jeune. Vossius , De Jdolat. L. II. C. 55. au
commencement. ^
CURÉTIDE. Ancien nom de l'Ile de Crète , aujour-
d'hui Candie. Curetis. Elle avoir pris ce nom des
Curetés , qui l'habitoient. Foye^ Curète.
C U R
|Cr CURETTE, f. f. Inftrument de Chirurgie, fait en
forme de petite cuiller alongée , dont on fe fert
pour ramalfer Ik tirer de la vellie les matières étran-
gères , les fragmeras de pierres , les fables qui peuvent
demeurer dans la veilie après l'extradion de la
pierre.
Curette , eft auflî un terme de Couverturier. C'eft
un petit inftrument qui a un manche de bois & des
dents de fer, dont on fe fert pour curer les chardons
qui font remplis de laine.
Curette. Terme de Mécanique. C'eft un inftrument
de ferj court & plat j & emmanché de dix ou dou-
ze pieds de long , qui fert à nettoyer la pempe après
qu'on l'a percée.
Curette. Terme d'agriculture , inftrument qui fert à
nettoyer le courre de la charrue. Huila , * , ou ruUum.
CUREUR. f. m. Celui qui cure les puits, les canaux ,
les retraits. Forkarius. Cureur de puits. Purgator pu-
tei , latrlnarum j &c.
CUREURES. Voyei Curures.
CURIAL , ALE. adj. Qui concerne la Cure. CurlaUs.
Ce Prieur fait toutes les foncl:ious Cunales dans
fon bénéfice. Les droirs Curïaux font dus au Curé à
Pâquej ils croient anciennemenr raxés à un blanc,
ou cinq deniers par chaque chef de famille.
CuRiAL , fignifioit autrefois : Qui appartient à la Cour,
qui eft à la Cour. Les Clercs Curïaux étoient les Ecclc-
fiartiques qui étoient à la Cour.
CuRiAL. f. m. On appelle dans les Coutumes de Brefle,
& dans les Ordonnances anciennes pour cette Pro-
vince, du nom de curïaux , des Officiers de ville qui
fervent de fcribes fous les Châtelains & Officiers des
lieux. Cufïalis ifcrïba urbanus.
§C? Chez les Romains le mot de Curialïs , adj.
fignifioit , qui eft de la même Curie , ou ce qui con-
cerne une Curie.
§3° Le même mot pris fubftantivement , figni-
fioit le chef d'une Curie.
CURIATIUS , CURIATIA. f. m. & f. Nom propre
d'une famille Romaine. Gens Curïatïa. Denys d'Ha-
licarnalTe , L. III. dir que la famille Cariaf/a étoit
plébéienne , origin.aire d'Albe , & que c'étoit le Roi
TuUus Hoftiliusqui luiavoit donné ledroirde bour-
geoifie Romaine. On ne lui voit point d'autre pré-
nom fur les médailles & dans les infcrijjtions , que
C. Caïus. Les Trigeminus étoient de la famille Cu~
riatïa j car les médailles ont d'un côté une quadrige
conduite par une figure qui tient de la main gauche
une petite figure ailée , ou une efpèce de mafle d'ar-
mes , & qui eft couronnée par la viétoire avec ces
mots , c. cuR. F. ou G. cuR. feulemenr, &; dans l'exer-
gue RoMA. De l'autre côté la tête de Rome armée
d'un cafque ailé , & terge.
CURIE, f. f. Portion , fubdivifion de la Tribu chez les
Grecs Se chez les Romains. Curia. Du temps de Ro-
mulus , une Tribu étoit compofée de dix Curies ,
c'eft-à-dire de mille hommes. Romulus divifa le
peuple en trente Curies. Enfuite on appela Curia, Cu-
ries , ou Domus Curialïs , Maifon Curiale , le lieu
oti chaque Curie tenoit fes aflemblées. De-là ce nom
Curia paflà au lieu où le Sénat fe tenoit ; & c'eft de
là qu'eft venu le nom de Cour , Curia , pour figni-
fier tout corps de Juges , ou de Magiftrars. Le peu-
ple s'affembloit par Curies. Curiatim. Voye\ Vigenere
fur T. Live , T. I p. 103 5.
Quelques Canoniftes dérivent le mot Curia ; Curie
de CruorJe n'en vois pas la raifon. Varron dit qu'il
vient de Cura , foin , comme qui diroit une affem-
blée de gens chargés du foin des affaires publiques j
ou qui fe tient pour en prendre foin , d'autre préten-
denr qu'il vient du Grec, & qu'on appeloit à Athè-
nes KffÎH , le lieu où le Magiftrat tenoit fes aflifes ,
& où le peuple avoit coutume de s'affembler. Kuçi«
venoit de »ûç«r , autorité , pouvoir , comme fi l'on
avoit voulu appeler ce lieu le lieu du pouvoir , le
fiége de l'autorité , parce que c'étoit la que fe créoient
les Magiftrats , que fe faifoient les loix , que fe ren-
doit lajuftice. Les Romains prirent ce nom des Grecs,
comme beaucoup d'autrçs.
C U R _ C U R . ^7
CURIEUSEMENT, adv. Avec ciirioficé , ou biert I ^ curkux. ^. 'Evr. Cette femme eft fort cî<r/tayè en
avec foin, avec exaâruude. Curiosè ,JIudiosè , curacè ,' habits , en dentelles.
accuratè. \\ 3. ohisi^é curkufement lowz le cours delà: Curieux, f. ni. Terme d'hiftoire ancienne. Officier
Comète. Il a ta ce livre fort curieujement , pour en
obfetver tous les défauts , tous les beaux endroits.
Nous ne fommes point en droit d'examiner trop eu-
rieufemenc les voies de la providence. S. EvR. Curiosè.
Conferver curieufemencqneii{ae chofe.
fyT CURIEUX , £USE. adj. (Quelquefois employé fub-
ftantivement , quand il cft appliqué aux perfonnes
Ce mot défigne celui qui a une grande envie , un
grand emprelfement de voir , d'apprendre quelque
chofe. Curiûjus, cupidus ^Jîudiojus. Curieux de voirj
d'entendre. Quelquefois il fe prend en mauvaife
part, pour celui qui veut indiicrctement pénétrer
dans les fecrets d'autrui. Vous êtes bien curieux d'é-
couter ce qu'on dit. Et fubftantivement , curieux in-
difcret. Le monde eft plein de ces curieux impertineas,
qui ne font occupés que du delir d'apprendre tout ce
qui fe palfe. S. Evr.
Si nous pouvions pénétrer tout ce que les autres
penfent de nous , nous en ferions mortilîés , & je
ne doute point que l'Empereur Adrien , qu'on dit
avoir été le plus curieux de tous les hommes , n'ait
été le plus miférable. Moth. Vay. Un filence lef-
pedueux eft plus sur qu'une recherche trop curieufe
de la conduite de Dieu. Sherlock. Mais pourquoi
fuis je fi curieufe , & pourquoi veux-je lire dans une
ameoù je ne trouverois quede la tiédeur, & peut-
être de l'infidélité? Ce n'eft ni l'habitude de voue
voir, ni la crainte de vous fâcher en ne vous voyant
pas , qui m'oblige à rechercher votre vue , c'eft une
avidité curieufe qui part du cœur fans arc & fans
réflexion. Id.
Ha! que vous enflamme^ mon dejîr curieux. Rac.
Et d'un œil curieux ,
Dans fon cœur palpitant confukera les Dieux. Id.
Curieux, fe dit en bonne part de celui qui a défit d'ap-
prendre , de voir de bonnes chofes j les merveilles de
l'ait 6: delà nature, litrum recondicarum fiudiofus
indagator, C'eft un curieux qui a voyagé par toute
l'Europe j un curieux qui a feuilleté tous les bons
livres , tous les livres rares. C'eft un Chimifte cu-
rieux j qui a fait de belles expérience , de belles dé-
couvertes.
Curieux , fe dit auiïl de celui qui amaiïe des chofes
rares, fingulières , excellentes, ou qu'il regarde com-
me telles j car tous les curieux ne font pas connoif-
feurs; rerumJinguLiriumyrecondicarum & exquifitarum
conquijitorfludiofus.Ce^ un curieux de livres, de mé
dailles, d'eftampes, de tableaux, de fleurs, de coquil-
les , d'antiquités , de chofes naturelles. Dans ce cas il
eft pris fubftantivement.
Curieux, fe dit encore de la chofe rare qui a été ra-
malïée , ou remarquée par l'homme curieux. Jiarus ,
Jîngularis, exquifitus. Ce livre eft «ma.v; c'eft-àdire,
eft rare ,ou contient bien des chofes lingulieies, qu.
peu d'hommes favent. Ce fecret eft curieux. Cette
expérience, cette remarque eft curieufe. Le cabinet
de cet homme eft fort curieux , rempli de chofes cu-
rieufes.
On appelle les fciences curieufes , celles qui font
connues de peu de perfonnes , qui ont des fecrets par-
ticuliers , comme la Chimie j une partie de l'optique ,
qui fait voir d^s chofes extraordinaires avec des mi-
roirs &c des lunettes j Se plufieurs vaines fciences ou
l'on penfe voir l'avenir , comme l'Aftrologie Ju-
diciaire, la Chiromance , la Géomance, & même on
y joint la Cabale, la Magie, &c. Resj ou ânes abfîru-
féL ac reconditic.
Curieux , fignihe quelquefois Recherché. Le Titien
ctoit curieux dans fon coloris ; Raphaël étoit curieux
dans le choix & dans les accommodemens des dra-
peries.
Pétrone dépenfoit fon bien , non pas dans la dé-
bauche , mais en homme délicat, dans un luxe poli
de l'bmpire Romain fous les Empereurs du moyen
âge, Curufis. Les Curieux étoient des gens commis
pour empêcher les fraudes & les malver.ations , fur-
tout en ce qui regardoit les poftes & les voitures pu-
bliques , pour donner avis à la Cour de tout ce
qui fe palfoit dans les Provinces j ce qui les ren-
doit redoutables , & leur donnoit moyen de faire
beaucoup plus de mal qu'ils it'en empêchoient ^ c tft
pourquoi 14onoiius les calîa fur les côtes de Dalma-
tie l'an 41 5 de J. C. On les appeloit Curieux ,du mo£
Cura , foin , qubd curis agendis O evcclionihus curfùs
publia infpiciendis operam darent. Ce nom revient à
peu près à ce que nous appelerions Contrôleurs des
poftes. Ils étoient encore chargés de donner avis
aux Juges des crimes qui fe commettoient , à ce
qu'il paioît par le Code, L. i. de Curiofs. Tertu-
lien eft le premier que je fâche qui en ait parlé au
L. defugâ in perjec, yoye\ fur les Curieux le Code ,
L. 1 5 cie Curf. publ. L. 2. de CurioJ. &: L. J. de OJf.
Magijîr. Ojficior. Et L. ulti. §. 4. /. de Muner. &
honor. Le Jurifconfulte Jean Laurent fur Phèdre, L.
IV. f. 12. V. 1 2. Godefroy fur le Code Théododen au
Titre de Curiojis j Scaliger , fur Manilius , L. V. Til-
lemontj Hijh des Emper. T. V. p. 62.6. Ces Prêtres
& ces Diacres adreflerent un autre aéfe au Préfet
Philagre j à Pallade le Curieux , &: à Antoine Biar-
que, centenier des Préfets nu Prétoire.
CURION. f m. Chef £: Prêtre d'une Curie. Curio.
Romulus divifa le peuple Romain tn trois Tribus,
& en trente Curies , dont chacune étoit de cent
hommes. Il donna à chaque Curie un chef, qui étoit
le Prêtre de cette Curie , & qu'on appela Cunon , Cu-
rio, Se Flame/i Curialis.Ccto'n lui qui fai/oit les la-
crifices de la Curie , qui s'appeloient Cunonies ,
Curioiiia. Sa Curie lui donnoit quelque lomme d'ar-
gent pour cela. Cette penhon ou ces appointemens
s'appeloient Curicnium. C'étoit chaque Tribu qui
choifiifoit fon Curion j mais tous ces Curions parti-
culiers avoient un fupérieur Se un Chef, un Curion
Général , qui étoit à la tête du Corps , Se qui gou-
vernoit les autres : on l'appelloit Grantl Curion. Cu-
rio Maximus. Celui-ci étoit élu par toutes les Cu-
ries aflemblées dans les Comices qu'on nommoit
Curiata, Toutes ces inftitutions furent faites par Ro-
mulus, & confirmées par Numa , au rapport de De-
nys d'Halicarnaire , L. II. Godv/in , Ant. iioni. L. II.
Se£t. II. C. 5. prétend qu'il y avoit deux Curions dans
chaque Curie. Rofin parle des Curions, L, III. Antiq.
l'om. C. 13. & Vigenere fur Tite-Live.
CURIONIES. f. pi. Curionia. Sacrifice d'une Curie
que faifoit le Curion dans la Curie, ou Mai fon Cu-
riale, Se après lequel la Ci^rie faifoit un feftin.
CURIOSITE, f f. Défit emprefte de favoir j d'appren-
dre des chofes nouvelles. Ce defir eft louable ou blâ-
mable. Se fe prend en bonne ou mauvaife part,Iui-
vant les objets auxquels il fe porte. Curiofitas. L'E-
vangile apprend à l'homme à connoître fa propre
foiblelfe , Se à n'avoir qu'une curiofité refpeéfueufe.
S. Evr. Les Théologiens contribuent eux mêmes i
nous donner des curiofites qui mènent infenfible-
ment à l'erreur. S. Evr. Rien n'échappe à la curio-
fité des yeux jaloux. Bouh. Il y a diverfes fortes
de curiofites; l'une d'intérêt, qui nous porte à defi-
rer d'apprendre ce qui nous peut être utile , Se l'au-
tre d'orgueil , qui vient du delir de favoir ce que
les autres ignorent. Rochef. Une curiofité indif-
crète marque prefque toujours une légèreté d'ef-
prir. MoTH. Vay. Employons aux afRiires de no-
tre falut toute cette curiofité qui fe répand au de-
hors. Flech. Une curiofité bien dirigée Se bien mé-
nagée , eft un defir louable qui conduit à la con-
noiflTance des fciences. S. Evrem. La curiofité d'un
mari jaloux eft imprudente i il ne devroit point
chercher à s'éclaircir d'un mal où il n'y a point de
remède. Mont. C'eft afFoiblir les loix que d'en
rechercher les motifs avec trop de curiofité. S. Evr.
é8
C U R
C U R
Les chofes extraordinaires &c peu communes tiej voie parle c"ùT/'t7i;& le clouj le but oii l'on tire. Ibem.
font pas 11 utiles que notre vame curiojice nous le Cbrseur Apostolique, f^oyei Courier Apostoli-
fait vou". Maleb. Térence n'cnfiamme pas la curio-
fiiî, & ne jette pas l'elprit dans 1 impatience de voir
le dénouement de les aventures. Dac.
IC Ce mot fe prend quelquefois plus particuliè-
rement pour une trop i;rande envie de lavoir les
lecrets 6î. les affaires des autres. C'eli avoir trop de
tunojité que de vouloir pénétrer dans le lecret de
fes amis malgré eux.
%T Ce mot, principalement au pluriel j eft fou-
vent fynonyme à choies rares & cuiicufes, en fait
de tableaux , de delFeins , d'eftampes , marbres ,
bronzes , médailles , 0-f. Rcs /inguiares , eximïs. ,
rar&. Il y a à Pans pluiieurs cabinets de cur'u'jltcs.
Curiosité. Il fe prend aulîi pour la recherche des
curïofaés. Cet homme donne dans la cunojue. Acad.
Franc.
M. Mariette a dit : le nom de M.Jabach fubfiftera
long-tems dans la cunojnc ^ c'eft-à-dire , pajrmi les
curieux Defc. du Cabinet de M, Croisât. Ce mot ell
reçu parmi le Amateurs des Arts. On dit familié
rement \ comment va la curïfiot': ? Les Brocanteurs
s'affemblent pour trafiquer entr'eux, & ils appel-
lent cela, le trouver à la cluoJiu.
Curiosité fe dit aufli d'une manière de grande boîte,
que certains Savoyards portent derrière le dos ,
6c où ils font voir aux enfans , ou la ville de
Conftantinople, ou quelque bataille, ou autre chofe
de cette nature. Ces Savoyards crient ordinairement
par les rues, la raretc , la cunojue , la merveille.
CURLANDE. Le Duché de Curlande. Curia, Curonia,
Curlandia. Petite Contrée d'Europe fituée entie la
mer Baltique au couchant, la Lithuanie au levant ,
la Samogitie au midi , «Se la Livonie au nord. On la
<livife en Curlande propre , qui ell au couchant , &
Semigalle , au Levant. La capitale de Curlande eft
Mittaw. Le Duché de Curlande appartenoit autre-
fois aux Chevaliers de l'Ordre Teutonique de Li-
vonie. Quand ils apoftafierent pour embraffer le
Luthéranifme , ils fe rendirent maîtres de tou-
tes les Commanderies. Le Grand - Maître fut fait
Duc de Cur/iî/zc/e , à condition d'en faire hommage
au Roi de Pologne , auquel il céda ce qu'il pof-
fédoit de la Livonie.
CURLES. Voye\ Molettes.
CURMI. f. m. Sorte de boiiïon qu'on faifoit avec
l'orge, & qui avoir beaucoup de rapport avec la
bierre. Curmï. Les Anciens en buvoient au lieu de
vin. Diofcoride dit que le curmi eft nuihble aux
nerfs , qu'il caufe des maux de tête , oC qu'il en-
gendre de mauvaifes humeurs.
CUR.OIR. f. m. Terme de Laboureur. Bâton avec le-
quel on cure, on nettoie la cliarrue. ''-.egula lignea
ad aratrum detergendum. Liger rappelle curon, F.
l'article fuivant.
CURON. f. m. Terme de Labourage. Curon de char-
rue. C'eft; une efpèce de ferpe attachée à quelque
endroit de la charrue , & dont les Laboureurs fc
fervent lorfque la terre trop humide s'attache à l'o
reille de leur charue. En bien des endroits ce n'eft
qu'un morceau de bois, un bâton, & non une ferpe,
comme on l'a dit au mot curoir. Peut-être aufli
que curon Ç<ià\i dans l'Auxerrois, patrie de Liger^
curoir ailleurs j ce dernier paroît mieux , & plus fé-
lon l'analogie.
CUPvSEUR. f. m. Terme de Marine. On appelle Cur-.
feurs j des bois qui traverfent la flèche de 1 arbalète ,
qui fe nomment aulTi marteaux.
Curseur. Terme de Mathématique. Pattie d'un inf-
trument de Mathématique, laquelle coule ou courr
fur un autre, s'avance & fc recule, Curfor. Une équer-
re ordinaire qui porte fur l'un de fes côtés un curjeur.
De la Hire , Acad. des Se. Jjoo. Mém.p. loo. Au
long du demi-diamètre il y a fur la platine une fente,
dans laquelle palfe ou coule un curfeur qui a une
tête pointue. Id. /'. io2. On placera le curfeur .iu
nombre des toifes , & mirant pat le curfeur &c par le
clou , on fera couler le clou fur la règle , tant qu'on
QUE.
CURSOLAIRES. C'eft un peloton de cinq petites Iles ,
que les Italiens appellent Cur^alari , & que les An-
ciens nonunoienc tchinades , fituées dans le Golfe
de Patras j à l'entrée de celui de Lépante. tchinades.
Elles appartenoient à l'Acarnanie , & s'étoient for-
mées du fable que pouffe l'Achéloiis j .à l'embouchure
duquel elles lont. Les Poètes ont feint que c'étoient
des Naïades qu'Achéloiis & Neptune avoient méta-
morpholées en lies. P'oye^ Oviuz, Mctam. h. VllI.
V. 590. ù'fuiv. C'eft à la hauteur des Curfolaires c^\q
fe donna en 1571. la fameufe bataille de Lépante-
ifT CURTICONE. f. m. Terme de Géométrie >
la même chofe que cône tronque. f-^oye\ ce mot qui
eft plus en ufage.
CURTIEN. Foye-:^ CYRTIEN.
CURTIUS , ou CURTIA. f. m. & fem. Nom propre
d'une famille Romaine. Curtia gens. On ne lait II
la famille Curtia étoit plébéienne, ou patricienne.
Quand on parle de l'Auteur qui a écrit en Latin l'hif-
toire d'Alexandre^ il faut dire Quinte-Curce^ ou Quint-
Curce. Vaugelas. Hormis en ce feul cas , il faut
toujours dire Curtius.
Curtius. Chevalier Romain , qui par amour pour fa
patrie fe jeta dans un gouffre qui s'étoit lormé à Ro-
me dans la place publique.
CURVATURÉ. i. f. Vieux mot. Etat, qualité d«
ce qui eft courbé. L'adion de courber quelque choie.
Curvatura , curvario.
CURUCUCU. f m. Serpent du Bréfil long de quinze
pieds. Son venin eft fort dangereux.
CURVILIGNE, adj. m. & f. Terme de Géométrie,
qui fe dit d'un angle , ou d'une figure qui a une ,
ou pluûeurs lignes courbes. Angulus ex curva &
recla vel ex curvis lincis duabus coalefcens ; curvdi-
neus. La tangente avec le cercle qu'elle touche fait un
angle curviligne. L'ellipfe , la patabole & l'hyper-
bole , font des figures curvilignes. Tous les trian-
gles fphériques font curvilignes , quoiqu'ils aient des
angles droits.
CURVITÉ. f. f. Terme de Géométrie. Figure de ce
qui eft courbe , qualité de ce qui eft couibe. Curvi-
tas. Il y a dans les Mémoites de l'Académie 17©! ,
p. 192. un Mémoire de M. Varignon de la figure ou
curvke às% fufées des horloges à refforr.
§Cr Ce mot eft fynonyme de courbure, qui eft
plus ufité.
CURULE. adj. Chaife curule. C'étoit un fiége d'ivoire,
fur lequel certains Magiftrats de Rome avoient droit
de s'alieoir. Curulis. Les Sénateurs qui avoient exer-
cé les premières Magiftratures curules , fe faifoient
porter au Sénat fur ces chai fes curules. Ceux qui
triomphoient étoient aulli fur une chaife pofée fur
une efpèce de char , currus , d'où eft venu le mot
curule. La chaife curule ( fur les médailles ) marque
la magiftrature, foit des Ediles, foit du Préteur,
foit du Confui -y car tous avoient droit à une chaife
d'ivoire en forme de pliant. Quand elle eft traver-
fée par une hafte, c'eft le fymbole de Junon , donc
on fe fert pour marquer la confervation des Priii-
ceffes. P. JoBtRT.
CURUPICAIBA. f. m. Arbre qui croît dans le Brcfil ,
& dont la feuille rend une certaine liqueur de lait
femblable à celui des figues. C'eft un fingulier re-
mède pour les plaies & les puftules. Son écorce étant
incifée diftile une manière de glu, dont les Sau-
vages fe fervent quand ils veulent piendre des
oifeaux.
CLTRURES. f. f. pi. Boues, vafes qu'on trouve au fond
d'un puits, d'un étang, des foffés Sr qu'on defTe-
che , qu'on nettoie. Egefta , educla/ordes , purga-
menta. Les curures qui ont été expofées au foleil
font très-propres pour faire hudlifier les arbres. Les
Curures ^y.\nt été mifes en état, & long- tem» ex-
pofées au foleil , font une efpèce de terre neuve
propre à être employée, foit pour des arbres, foie
eu R eus
peur des légumes, principalement dans les terres qui
font trop Teches. La Quint.
CURURU-APE. f. m. C'eit le nom d'un arbre ram;
pant qui croit au Bréfil. Il porte des gouHes qui
contiennent des femences femblables à des fèves.
Ses fèves jetées dans l'eau, font mourir les poillons.
On dit que fes feuilles vertes, broyées & appliquées
fur les blelfures récentes, les guérilfent en unnHint
leurs lèvres dès la première application. Dic. de
James.
CURURYVA. f. m. Serpent du Brélil. Il y en a de
25 ou 50 pieds de longueur. Il a de longues dents,
& déchire les hommes ôc les bètes.
CURUTU-PALA. f. m. C'elt le nom d'un arbriireau
qui croît dans le Malabar. L'écorce de fa racine
broyée Se prife dans de l'eau chaude, arrête la diar-
rhée; & dans du lait, elle foub.ge la dylfenterie.
Broyée dans de l'eau, & appliquée fur les abcès,
on dit qu'elle les réfout. Dic. de James.
CURUTZETI. f m. Pfuite qui fe trouve en Améri-
que dans la Province de Méchoacan. Sa racine ert:
nbreufe & odorante : elle fent le mufc. Ses tiges
eus 69
CUShFORNE. f. m. Terme de Rekrion, C'eft un
petit bâtiment du Japon, dont on fe fert pour la
pèche de la baleine. Il n'tft point ponté , il ell long
& aigu par le bas , on y met beaucoup d'hommes
pour ramer.
CUSISTAN. f^oye^ Chusistan.
CUSOS. f. m. Animal, des Iles Molucjues. Il reffem-
ble à un lapin. Il demeure dans les arbres, & vit
de fruit.
0CJ" CUSSET. 'Ville de France dans le Bourbonnois ,
Diocèfe de Clermonr.
CUSSONE , É£. adj. fe dit du bois qui ed mangé de
vers appelés cojjons. Coffus &c cujus fignihenc un
colfon j ver qui ronge le bois. A vermibus corrojus.
CUSTODE, f m. Terme Eccléfiaftique , qui fe dit du
Saint Ciboire oii l'on garde les HolHes conlacréei ,
qui eft couvert d'un petit pavillon. Il fe dit aufli
du pavillon même qui couvre le Saint Ciboire,
Fyxis Euchariftica , J^icra Chrijii corpori ajffervando
fyxis. Quelquefois on le garde dans an tabernacle.
Mais dans les Eglifes Cathédrales & Abbatiales on
le fufpend au-delfus du maître-autel
font hautes d'une coudée, polies & flexibles. Ses Custode, fe dit auifi des rideaux qui font dans quel-
feuilles relfemblent à celles de la vigne. Ses tleuis
font jaunes , & fes femences noires Se fort menues.
La poudre de cette racine prife avec du vin, ou
avec de l'eau de buglofe ou de citron , nettoie les
reins, appaife les douleurs néphrétiques , tortihe l'ef-
tomac, & ouvre les obftrudlions. C'eft un excellent
remède contre les venins.
eus.
CUSCO. Quelques Auteurs écrivent Cuzco. Ville de
l'Amérique Méridionale, capitale du Pérou. Jofeph
à Colla dit, dans fon rujcoire des Indes , que cette
ville fut fondée vers l'an 1 zoo. par les habitans du
lieu , fous la conduite d'un Inca , nommé Manco
Capac , c'eft-à-dire. Riche en efpr'u.
CUSCUTE, f f. Cufinfa, f.f. Plante parafite qui ne
donne jamais de feuilles, & qui ne poulie que des
filets longs , aulli déliés que des cheveux rougeâ-
tres, qui s'attachent aux corps voifins, & qui font
chargés d'efpace en efpace de petits pelotons de
fleurs. Elles font d'une feule pièce , taillées en ma-
nière de godet, compofé en quatre quartiers , blan-
châtres , alfez fouvent de couleur de chair. A ces
fleurs fuccèdent de petites capfules rondes, mem-
braneufes , Se qui renferment quatre ou cinq fe-
mences brunes aullî menues que celles du Pavot.
On appelle Epithym, f. m. la petite efpèce de Cuf-
cute , qui s'attache aux plantes du Thym , Cuf-
cuta mïnoT , five Epithymum. On s'en fert en Mé-
decine , & on la donne dans les obflructions du
foie , & pour purger la bile. Les filamens de cette
Cufcute font très-déliés , & fes fleurs font fort pe-
tites. On trouve cette efpèce non-feulement fur le
Thym , mais encore fur d'autres plantes. On nom-
me ordinairement Cufcute, Cufcuca major', CuJJura.,
ou Cafficha , l'efpèce qui a des filamens plus gros
que les cheveux , Se des paquets de fleurs aflez con-
fidérables. Celle ci s'attache à toute lotte de plan-
tes 3 aux Vignes j au Genêt , au Lin , &c. Comme
l'on a cru qu'elle n'avoit point de racines , on a
penfc qu'elle tiroit toute fa nourriture des plantes
fur lefquelles elle s'entortille, & l'on s'eft imaginé
qu'elle devoit par cette raifon participer de la ver-
tu de la plante fur laquelle on la trouvoit; maison
ne doute plus à préfent qu'elle n'ait des racines ,
puifqu'elle vient de femences \ Se on ne voit pas
que l'Epithym tienne beaucoup du Thym j fi l'on
met cette Cufcute au nombre des purgatifs \ qualité
qui ne convient point au Thym.
Ce qu'on appelle Goutre de lin , Pod^irra Uni ,
n'eft autre chofe que la Cufcute ordinaire , qui eif
encore nommée dans les Injiitutions de Botanique
de Tournetort. Cufcute de Venife.
fS" CUSEAU. Petite ville de France dans la Bre/Te ,
aux confins de la Franche-Comté, près de St Amour.
ques Eglifes à côté du grand autel , & qui y fer-
vent d'ornemens: & même on appelle quelquefois
ainlî les rideaux des lits des particuliers \ mais en
ce fens il eft vieux. Vélum conop&um.
Custode , eft aulfi un terme de SelUer. C'eft le cha-
peron ou le cuir qui couvre les fourreaux des pif-
tolets pour empêcher qu'ils ne fe mouilleur. Cujlo-
di.i. Et en ce fens cujiode eft moins ufité que cha-
peron.
Custode, eft encore un terme de Sellier-Carrolîîer.
C'eft la partie garnie de crin qui eft à chaque côté
du fond du carolfe , Se fur quoi on peut appuyer
la rête & le corps.
On appelle aulli Cujlodes , quelques Supérieurs
de certains Ordres de Religieux , comme Capucins ,
Cordeiiers &e autres. Cujlodes. Ce font ceux qui font
l'office du Provincial en fon abfence. Chez les Ré-
collets le CuJlode eft Supérieur d'une petite iTiaifon
où il y a peu de Religieux.
On dit auili donner le fouet fous la cuflode ,
c'eft-à-dire en fecret & dans la piifon , fub cuflodiâ^
pour épargner au criminel la honte dufupplicepu-
bUc. Autrefois les Confelfeurs donnoient à leurs
Pénitens la difcipline fous la cw/?o^ej c'eft- à-dire ^
en particulier , en fecret : cet ufage a été fagement
aboli.
CUSTODE. Au lieu de fe fervir de ce mot, qui eft
prapre aux Capucins, on retient le mot latin cujios ,
pour lignifier en termes d'Hiftoire Eccléliaftique,
celui qui eft pourvu de la Cultodie d'une Eglife ,
qui exerce la Cuftodie ou Coutrerie d'une Eglife.
C'eftainfiqu'onenaufédanslaDiirertation fut l'Ab-
baye de Saint Bertin. Cujios, jEdituus. S'acquitter
de toutes les fonctions de Cujios. Ibid. p. 218. Le
Cujios étoit la même chofe que le Contre. Les Sta-
tuts du Chapitre nous apprennent que les fondions
du Courre ou Cuflos regardoient le Prévôt , fon
Vicaire ou Cuftos.U.p- 219. Il appartient aU Pré-
vôt d'établir le grand Se le petit Cujios ^, ou Cou-
tre. Ib. p. 222. Le Prévôt étoit chargé de toutes
les foniflions qu'on attribue ordinairement aux Cuf-
tos ou Sacriftains des Eglifes. Il établiflbit le grand
& le périr Cujios ou Contres, qui exerçoient fous
lui cet office. Ib. p. 227.
llfe trouve encore préfentement des Eglifes Col-
leiçiales , dans lefquelles le Cujios , le Sacriftain ou
le Tréforier à qui le droit attribue prefque les mê-
mes fondions , font la première dignité du Chapi-
tre , quoique dans d'autres Eglifes elle ne foit que
la féconde , la troifième, quelquefois même la qua-
trième , félon lufrge des lieux. Telles font l'Eglife
Collégiale de Saint Nizier à Lyon ^ les Saintes Cha-
pelles" de Paris, de Vincennes Se de Bourges, Ib.
p. 225.
Ip" Dans le Chapitre de Lyon il y a un Cha-
noine qui porte le titre de grand Cuftode j & 1 E-
/
CUL
glifede Salnre-Croix, Pacoilie unie à la Cathédrale,!
elt delFervie par deiax Curés , qui portent tous deux
le nom de Cuftodes.
Le B. Amedée ayant reçu le Couvent d'Antignado,
& trois autres dans la Lombardie , en fit une Cuf-
todie avec ceux qu'il avoir déjà , & il en fut fait
Cujiode l'an i^C><)- par Paul II. P. Helyot, T. VU.
p lOç),
Custode. On a donné ce nom au chef, ou première
dignité de la Collégiale, de Windfor en Angleterre.
Edouard III. Roi d'Angleterre, en 1348. voulant
augmenter le nombre des Chanoines & des autres
Mlniftres de cette Eglife , ordonna qu'on ajoute-
loit au.x huit Chanomes qui y étoient déjà un Cuf-
tode pour être leur chef, quinze autres Chanoines,
& vingt-quatre pauvres Chevaliers , avec à&s Cha-
pelains qui obéiroient au Cujiode P. Hélyot, T.
VIII. p. 500. Le Ca/?cj(^e avoir toute jurifdiftion fur
les Chanoines , &c. Id. Henri VIII. changea ce nom
en celui de Doyen. Id.
Custode. C'eft le Préfident de l'Académie des Arca-
diens à Rome.' Foye^ le Dictionnaire au mot Eglo-
gue.
|C? CUSTODERIE. f. f. Ceft ainfi qu'on appelle
à Lyon la maifon où logent les deux Curés ou Cuf
rodes de Sainte-Croix.
tfT CUSTODES. Cuftodes. On donnoit ce nom à
certains Officiers Romains , qui prenoient garde
qu'on ne fit quelque fupercherie en donnant les
bulletins dans les éledions des Magiftrats. Ane. Grec.
& B.o-n.
CUSTODIAL , ALE. adj. qui appartient à une Cufto-
die. Cullodialis 3 e. Un Chapitre Cujlodial. Le dé-
finitoire cuftodial. Les Cultodies indépendantes du
Provincial tiennent leur Chapitre en particulier.
Elles ont un définitoire cuftodial, & fe gouvernent
d'elles-mêmes fous l'autorité d'un Cuftode. P. Hé-
lyot , T. FIL C. t.
CUSTODIE. f. f. La partie d'une Province de Ca-
pucins, de Cordeliers & autres. Cuftodia. C'eft le'
terme dont on fe fert ordinairemenr parmi eux.
Chez les Récollets on appelle Cuftodie , une cer-
taine quantité de maifons qui eft trop petite pour
faire une Province.
CUSTODIE. Terme en ufage dans l'Ordre de Saint
François- LTnion de quelques Couvens gouvernés
par un CuftoJe. Cuftodia. L'Ordre de S. François
eft divifé en deux familles , la Cifmontaine & l'Ul-
tramontaine. Ces familles fonr divifées en Pro-
vinces, Vicairies & Cujlodies. On appeloit au com-
mencemenr de l'Ordre CM/?oc^/ej quelques Couvens,
qui faifoient partie d'une Province , qui , à caufe
de fa trop grande érendue , ne pouvant être gou
vernée par un Provincial , étoit divifée en plufieurs
Cuftodies , gouvernées par des Cuftodes dépendans
toujours néanmoins d'un Provincial de cette Pro-
vince , qui étoit obligé d'y faire la vifite tous les
ans. Maintenant les Cuftodies ont fuccédé aux Vi-
cairies , & celles qui ne dépendent d'aucun Provin-
cial, font immédiatement fujettes au Général. P.
HÉLYOT, T. FIL C. 2. Eriger une Cuftodie. Id,
T. FIL p. 109. Il y a aufti des Cuftodes &: des
Cuftodies dans le Tiers Ordre de S. François. Dans
lin Chapitre de cet Ordre , tenu en i(So8 j il fut
réfolu de divifer les Couvens de France en quatre
Cuftodies , gouvernées la première par le Gardien
de Picpus près de Paris , la féconde par celui de
Rouen , la troisième par celui de Lyon , & la qua-
trième par celui de Touloufe. Id. t. fil p. i-j6.
CusTODiE ne fe dit pas feulement dans l'Ordre des
Capucins, il fe dir encore d'un office & d'une ef-
pèce de fupénorité établie en quelques Eglifes. Cuf-
todia. Hugues , frère de Louis le Débonnaire , &
Abbé de S. Bertin , obtint que l'Abbaye de S. Ber-
tin auroit la Cuftodie de l'Eglife de S. Orner, c'ert-
à-dire , qu'elle nommeroir un de fes Religieux pour
en être le chef, appelé Aidituus ou Cuftos y avec
le droit d'officier quatre fois l'année dans cette
Eglife ; favoir , la troifième Férié des Rogations ,
C U S , C U T
les jours de S. Jean Baptifte , de la dépofition de
S. Orner & de la Touiiamts , & d'y percevoir les
oftiandes. LiJJ. Jur lAhb. de S. Bertin^ p. 1S5. La
Cujùidic ou Ldihté de cette Eglile. Ib. p. iSo. L'E-
dilité ou Cujiodie de TEglife de la Sainte Vieree ou
S. Onaer. JEdiiitas feu Cuftodia. L'Office de \^ Cuf-
todie ou de l'Edilité fut réellement exercé par un
Moine de S. Bertin , nommé Morus. Ib. /?. 113. La
Cuftodie s'appelle aufti quelquefois Coutrerie j mais
alors elle eft différente de la Cuftodie dont nous
venons de parler.
CUSTODI-NOS. {. m. Terme Latin , dent on fefert
en Jurifprudence Canonique, en parlant d'un Con-
fidentiaire qui eft: Tirulaire d'un Bénéfice , pour le
remettre à un autre dans un certain tems , & qui
lui prête fon nom pour en recueillir les fruits, on-
fidendarius. Ce mot eft du ftyle familier.
U^ CusTODi-NOS fe dit aufti de celui qui fait les
fonctions d'un Office pour celui qui en eft pourvu ,
mais qui ne peut pas l'exercer à caufe de Ion bas
^ âge.
CUSTOS.f. m. Mot Latin tranfponé dans notre lan-
gue, & en ufage dans l'Ordre des Trinitaires. La
mort du Général arrivant , le Prieur de Cerfroi
étoit autrefois Cuftos de plein droir, c'eft- à-dire,
que toute l'autorité du Général lui étoit dévolue ,
jufqu'à l'élediion de fon fucceffeur j mais aujour-
d'hui on élit le cuftos comme le Général. Rijl. de.
i' Eglife de Meaux , T. I.p. 178.
CUSTOTE. Vieux mot quife difoit des manches d'un©
robe, faites d'une certaine manière femblable aux
manches d'un Prêtre. L'Ordonnance de créer &c
faire les Chevaliers du Bain porte que le Che-
valier fera revêtu d'une robe de bleu , & les man-
ches de cuftotc en guile d'un Prêtre.
eu T.
IP" CUSTRIN. Ville d'Allemagne au cercle de la
haute Saxe j dans la nouvelle marche de Bran-
debourg , fur l'Oder.
CUTAMBULES. adj. m. pi. Certains vers qui ram-
pant ou fur ou fous la peau , caufent une fen-
iation défagréable. Cutambuli. On donne auflî cette
épithète à certaines douleurs fcorbutiques erran-
tes , qui font très-cruelles , & qui produifenr en
ceux qui en fonr afteCtés , une fenfation qui rient
beaucoup de celle qui eft caulée à la peau par
les vers cutamhules. Dict. de James.
CUTANÉE, adj. m. 6c f. qui appartient à la peau.
Cucaneus , a j um. Le palmaire cuiance eft une
mufcle qu'on appelle communément le court pal-
maire. WiNSLOW. Ce mot s'eft formé en François
de cutis , peau. Je dis en françois , car cucaneus
ne fe dit point en Latin , quoiqu'en Anaromie on
puilfe le forger de même qu'en françois , &c s'ea
fervir.
Lenerf a/w/zee interne eft fort délié. Il naît de
l'union de la feptième paire cervicale avec la pre-
mière paire dorfale , mais principalement de celle-
ci. Il palfe fur les autres nerfs brachiaux j &: def-
cend tout le long de la partie interne du bras , en-
tre les régumens & les mufcles. Id. Les Médecins
& Chirurgiens fe fervent de ce mot pour expli-
quer toutes les chofes qui appartiennent ou qui dé-
pendent de la peau. La rougeole ,' la perite vé-
role , les dartres , &c. font des maladies cutanées.
Le pani ou le charme eft un mufcle cutanee.Dî'o-
Nis. Le dartot eft un mn^de cutanée du fcrotum.
Ce mot , ainfi que tous ceux qui fonr fairs des
adjeétifs latins en eus, doivent avoir deux e à la
fin, même au mafculin ; par exemple ., Jponca-
riée i teftacée\ Si quoique cutaneus ne foit pas bon
latin J il eft ufité en Médecine j & de-lù on en
fait cutanée.
M Andry fe fert de cutanée dans fon Traité de
la génération des xers , pour marquer ceux qui riaif-
fent dans la peau, ou fous la peau. Qui in cute ^
fub cute nafciiur. Car il diftihgue douze fortes de
CUT CUV
vers , les encéphales , les pulmonaires, les hépa-
tiques j les fpléniques , les cardiaiies , les pén-
cardiaues , les fanguins , les vélkulaires , les hé-
léopha^es , les cutanccs j les ombilicaux &: les véné-
riens.
CUTHÉEN , ENNE. f. m; & f. Quelques-uns écri-
vent Chutéen j mais premièiement il taudrou écri-
re Cuthéen. i°. Les Bibles Latines écrivent Cuchcus ,
&c nos interprètes Cuthcen ; celui-ci ait plus félon
l'uiage , iSc par conféqiient il faut le luivrc. Les
Ciuhicns étoient des peuples de l'Orient ainii nom
mes de la contrée appelée Cutha , Province du
Royaume d'AlFyrie. Il y eut une colonie de Cu-
theens tranfplantée à Samarie après la deftruélion
de ce Royaume par SaUnanafar. Tourmentés par
des lions , ils crurent que pour s'en délivrer il lal-
loit adorer le Dieu de ce pays. Ils obtinrent du
Roi d'AiFyrie un des Prêtres Ifraclites emmenés
captifs. Il leur apprit la loi de Moife , & ils joi-
gnirent le culte du vrai Dieu à celui de leurs idoles.
Ils adoroient une Idole que l'Ecriture nomme Nergel,
4. L. des Rois XVII , 28. & luivans. Voyci furies
Cuthecns le P. Soucier Jéfuite , Dilfert.fur les Mé-
dailles Htbmiques ,p. 58.
CUTICULE.. f. f. Terme de Médecine, qui fe dit
de la petite peau qui couvre la peau. C'ell: une
membrane très-mince qui enveloppe extérieurement
tous les corps. On l'appelle autrement Epiderme ,
& plus commaném.^nzj'ur- peau. Cutkula. Riolan ,
&C quelques autres après lui , on dit que la cuckulc
des femmes n'avoir point de porcs : Molinette lou-
tient le contraire , par la raifon qu'elles fuent auiii-
bien que les hommes ; mais il remarque que cela
elt vrai des chiens &des chats, qui ne fuent jamais ,
quelque fatigue qu'ils aient.
CUTZUBITE, ou CUZUBITE. f. m. & f. Nom
de fette. Cut\ubha, Cu\ubha. On donna ce nom à
Rome aux Donatilfes , comme nous l'apprend S.
Auguftin dans fa lettre 175'. des anciennes éditions,
T. II. p. 187. On croit que ce nom vient de Cu^uba ,
Cu^ubka , Se Cu^ubita , nom du Monaftcre des Do-
natiftes. Quoique plufieurs manufcrits écrivent Cut-
:çuphtt dans S. Auguftin j ce n'efl: point une preuve
fuffifante pour croire qu'il faut dire Cut\upn& , plu-
tôt que Cu^upke. Le fon du \ qui équivaut à tf
ou t-^ J dfj ou t/{ , a pu faire ajouter ce ( aux Co-
piftes , fur- t»ut quand on leur diétoit ce qu'ils
écrivoient.
CUV.
CUV AGE. f. m. Terme de pratique. Lieu où l'on met
les cuves , ou les cuves mêmes dont un hérirage doit
être garni. Celui qui baille à terme un bien de
campagne , doit fournir ce qui ett porté par le
bail , pour le ménagement des héritages , & pour la
récolte des fruits , comme les granges , cuvages ,
prelfoirs & autres chafes , félon qu'il eft convenu
ou réglé par l'uiage. Domat. Loix civiles.
CUVE. f. f. Grand vailleau de bois , rond , compofé
de docles j ou douvelles exaéfement appliquées
l'une à l'autre J & entourées de cerceaux qui lient
ces dob'les , garni d'un fond feulemenr. On fe fert
des cuves pour mettre la vendange & fouler le rai-
fin que l'on y lailTe, plus ou moins , félon que l'on
veut lailTer prendre plus ou moins de couleur au
vin. Lacus vinarius , cupa. On dit que la cuve de
Clairvaux tient quatre cent muids. Abbreuver une
«/vc , c'eft y mettre de l'eau pour la laver , la net-
toyer, l'imbiber J & faire renfler le bois afin que
les fentes que la féchereffe y a faites depuis qu'elle
n'a fcrvi , fe bouchent , & que le vin ne s'é-
coule point.
Ce mot vient de cupa. Nicod. Mais Ménage ,
aptes Saumaife , obferve que ce mot de cuve vient
de cupa avec un firnple/? , mais quand il y a deux
p , il fignifie un vaifTcau à boire , telle qu'eft une
coupe.» D'autres le font venir du mot habel Alle-
mand , fignihant la même chofe. Dès le XII*^. Iié-
cle ce mot ctoit dans la langue , comme il paroît
CUV
/
par les Aftes de S. Outrille Archevêque de Courges,
écrits en ce fiècle , C. i. n. S. Aàa SS. Mail T. ■
V. p. 150; * D. ivlais ce mot «/'a fignifioit alors
un tonneau , dans lequel on entonne , & l'on
conferve le vin j i5c non point le grand vaie où
Ton met la vendange avant que de la preilurer.
ifT On donne le mcme nom aux grands vailîcaux
dans lefquels les Bralfcurs fone fermenter les
grains avant que de les cuire dans les chaudières.
Cuvt , le dit aulli des autres vailfcaux amples pour
recevoir des liqueurs. Labrum. Une cuve pour fe
baigner, qu'on appelle autrement une baignoire,
ou cuve de bain. On baptiloit autrefois dans uns
cuve.
tfT Cuve chez les Teinturiers , eft un grand vailTeau
dont ils fe fervent pour teindre les étoiles.
Cuve , fe dit aulli de la teinture même qui y
eft contenue. Une cuve de cochenille , une cu\&
de fleurée.
On appelle des fofiTés à fond de cuve , des folTés
efcarpés , & qui ont peu de talus , dont les deux cô-
tés font prefqu'à plomb. lojj'iz cujus latus pauLuni dé-
clive eft.
On dit proverbialement , Déjeuner à fond de
cuve , pour dire , Déjeuner amplement.
CUVEAU. f m. Petite cuve , LabeUum. Un cuveau
fuliit pour ma vendange de cette année.
Cuveau, eft aulli , félon Liger , un vailfeau de bois ,
entouré de cerceaux , mais beaucoup plus petit
qu'une cuve , dont on fe fert pour recevoir le vin
qui coule de delFus le prelfoir. Hâtez-vous de
porter le vin du cuveau , autrement il fera trop
plein. Liger.
CUVÉE, f f. La quantité de vin qui fe fait en une feuIâ
fois dans une cuve. Plénum vindcmià Ichum. Les
Marchands diftinguent leur vin par cuvées , car elles
ne font jamais également bonnes. Vin de la pre-
mierej de la féconde cuvée. Je veux du vin de l.^
même cuvée.
On dit figurément & familièrement de deux
contes ou hiiloires qui font ptefque d^un même
genre , de même nature , ils font tous deux de la.
même cuvée. Ey: eodem Jonte.
ifj" On dit aulli en voici d'une autre cuvée , pour
dire , voici une hiftoire , un conte qui ne vaut pas
mieux que le premier.
|Cr CUVER, v. n. demeurer dans la cuve. On le die
du vin qu'on lailfe quelques jours dans la cuve avec
la grappe. Ce vin n'a point cuvé. Fermentcfcere.
Faire cuver du vin , c'eft lailfer fermenter dans la
cuve le raitin avec le moût j pour faire le vin j 8c
■ lui donner par-là le corps, la couleur & la qualité
qu'il doit avoir.
^ Cuver fon vin , fe dit pour dormir après avoir bu
avec excès. Dans ce cas il elt adif. Vinum , crapularn
edormire , exhalare , difcutere , edormifcere , ohdor-
mifcerc. Ne difputez point avec un homme ivre ,
lailîez-lui cuver fon vin.
On dit figurément &: familièrement d'un homme
qui eft extrêmement en colère , qii'il but lui lailîef
cuver fon vin; pour dire, qu'il lui faut lailfer paf-
fer fa colère.
Cuvé, ée. Part. Le vin trop cuvé fent la grappe.
CUVETTE, f f. Petit vailTeau en forme de cuve , fait
de cuivre , d'argent, de marbre, ^c. qu'on mec
dans les falles où l'on mange pour y jeter l'eau
dont on s'eft javé les mains, ou dont on a rincé
les vêts. labellum.
Cuvette ou Cunette , en termes de Fortification,
eft un petit folTé allez fouvent plein d'eau , prati-
qué dans un folfé qui eft fec d'ailleurs. Il eft d'or-
dinaire large de 17 à 10 pieds , &c profond. Il fert
pour empêcher l'ennemi de traverfer fi facilement
le folTé. Fojjula aquâ plena in aridâ JoJJ'à rr.ajcre
cavata. Remarquez néanmoins que fouvenr ce foile
eft fec , ou avec très-peu d'eau , & que celle qu'il
a communément^ n'eft pour l'ordinaire qu'un amas
forruit.
Cuvette. Terme ds Plombier. C'eft dans les bâtimens
7^ CUV C Y B
un vaifTeau de plomb qui reçoi: l'eau des toits qui
coule le long des cheneaux qui lont autour des
couvertures , d'où elle defcend par les tuyaux,
de plomb qui font le long des murs. Compiuvium.
Il y a des cuveucs en entonnoirSj il y en a en hottes.
§C? Cuvette, en Jardinage, elt un vjiffeau de plomb
ou de cuivre, qui reçoit leau d'une lource pour
la diltribuer enfuite à diiférens endroits.
C U V I E R , le dit aulli des vailFeaux femblables
pour tiret les fels lexiviels des terres. Dans cette
lalpêtrière il y a tant de cuviers , où l'on fait coulei
continuellement le falpêtre. Les tripières , les poif-
fonnières lont ordinairement allifesdans des cuviers,
fer CUZISTAN. Foyei Kousistan.
CY. Foyei, CI.
CY.
C Y A.
CYANÉES. Petites iHes , ou plutôt rochers du Bof-
phore de Thrace. Cyatiein. irîjuU. Les ifles Cyanees
étoient li proches l'une de l'autre, que lesPoëtesont
dit qu'elles étoient mouvantes , & qu'elles s'appio
choient l'une de l'autre, parce qu'en les regardant
d'un côté j elles paroilfoient féparées, 5c qu'en s'éloi-
gnant un peu de l'autre côté , elles fembloient s'ap-
procher éc fe joindre. Valerius Flaccus , dans fes Ar-
gonautes , les appelle tantôt Cyanees &C tantôt Sym-
plégades. Au relie , ne vous étonnez point li je ne
vous marque point ici les illes Cyanees. Busbequius
ne fut pas plus heureux que moi à les rencontrer .
& Il vous portez alfez de refpedt aux Poètes pour
croire que ce qu'ils en difent eft véritable j vous ex-
cuferez bien ces vagabonds, quiétoient allés fe pro-
mener ailleurs. Du Loir, /^. 74.
^fJ CYATHE. f. m. Mefure Romaine qui contenoir
autant de vin qu'on en pouvoit boire d'un feul trait
Cyathus. C'étoit un petit vafe avec lequel onpuifoit
le vin dans un autie plus gtand.
CYB.
CYBAR. f. m. & nom propre d'homme Eparchius.
Eparchius , que nous appelons i. Cybar , fils de Fe
lix d'Oriol & de Principe j naquit à Pcrigueux de
l'une des meilleurs familles de la ville. Baillet. Il
fut reclus à Angoulème , &c mourut en 581. Ce
mot s'ell formé du Latin Eparchius , ou plutôt de
Saine & d'Eparchius , Saint Epar, Saint Par j Sypar,
Cyéar, par une étrange corruption.
CYBEBÉ. f. f. & nom de Divinité. Cyhebe Cykehiu.
La Dtelfe Cyhéhé hoK la même que Cybèle , appe-
lée Cybébé, Ka^b,, , Ku^.Sx , Ku^^?»? , de >cvS>;Su<i , tour-
ner, remuer violemment la tête, parce que les
Prêtres Gaulois de cette Déelfe , la remuoient , &
la tournoient ainfi dans leurs enthoufiafmes &; leurs
cérémonies. Foye^ Voiîius , De Idol. L. IL c. u-
CYBÈLE. f. f. Nom propre d'une Déelfe Phrygienn-
Cyiè:e. On l'appeloit encore la Grande Mère ,
Magna Mater , la Mère des Dieux , Mater Deorum ■■,
Ops^ Ops , Rhée, Rhea ; Vefta , P^ejla ; la Mère
Idéene, Idxa mater -^ Dindymène , Dindiinène , &
Bérécynthe, Berecymhia. Cybèle étoit fille du Ciel
& de la Terre , Ik femme de Saturne. On l'appela
Cybèle , d'une montagne de Phrygie du même nom ,
Cybelus mons , au fentiment d'Hefychius i & c'eft ,
dit on , parce qu'elle futexpofée fur cette montagne,
& nourrie par des bêtes. Feftus croit que ce mot vient
de Kuî/ffT» r«» Y^ï(paxm , ce qui fi^nihe danfer fur la
tête ; en effet les Prêtres Gaulois de cette DéelTe ,
CYB C Y C
la cymbale. Le Pin lui étoit confacré , parce que le
jeune Achys qu'elle auKoii , lut meiaii,o>pliole ca
cet arbre j ou quil le punit lui-même lous cet arbie
de fon infidélité à i'egaid de cette L-éelic. C> elt pour
cela que dans les lacrihces qu on lui lailoïc tous les
ans, & dont Prudence , uans 1 hymne ue S. i\o-
niain v. i()6, & Firmicus , i^e errvre prij. j ei:g.
parlent, on coupoit un Pin , &i onlioit au milieu la
hgured un jeune homme. Vers 1 an 550. de Kume ,
fur un mot que l on trouva dans les Sybiiks , en y
cherchant autre choie , «Se lur une réponse de l'O-
racle de Delphe, les Romains demandeient au i<oi
Attalus la JVicieldéenne. Ce Prince leur fit donner
une pierre que Ion confervoit à Pellinunte enPhiy-
gie , &C que les habitans ditoient être la Ivitiedes
Dieux j on 1 apporta a Rome avec beaucoup tie cé-
rémonie , & on la plaça dans le Temple de la Vic-
toire qui étoitlnr le mont Palatin. Titc Live raconte
cet événement. L.XXiX. C. 10. 11. 14. iilius Ita-
licus le décrit envers dans fon XVli^. Livre. Sttabon
L. X, & Suctonedans Tibère , C. 2. en parlent auili.
Tous les ans les Préteurs lui faifoicnt un iaciifice
d'une tiuie. Un Prêtie & une Prêtrelle Phrygienne
en étoient les Minières. Habillés d'une robe de dif-
férentes couleurs à la manière de leur pays , ils por-
toient la Itatue de la Déelle en Piocefiion dans les
rues de Rome, frappant leur poitrine, jouant du
tambour de baique, 6c demaïKlant 1 aumône à tous
ceux qu'ils rencontroient. / oye:^ Rosin , Antiq.
Rom, i.. II. C. 4. & les augmentations de Dempfter.
Voir. De Idol. L. I. C, zo. L, II, L. 51. 53, 54.
Les Prêtres de Cybèle s'appeloient Galles j (jaiii ^
leur Chel Archigalle , Ari.ru gallus. (Jn lui conacroit
le cœur des animaux , pour montrer qu elle etoit
la caule de leur génération j dit Phurnutus, oti
parce que c'eft le principe de la vie \ ou , comme
dit Voihus, pour marquer qu'on fe dévouoità elle
de tout Ion cœur.
Servius a cru que Cybèle avoir été appelée ainfi «;r»
Ki/ff/s-iv t»it »£<P«aJi», de ce que les Prêtres tournoient &
agitoient violemment la tête dans fes facrifices ; mais
Strabon, dont "Voihus préfère en celai autorité à celle
de Servius , dit que ce nom lui fut donné de la mon-
tagne Cybelus en Phrygie. Etienne de Byzance , Fef-
tus , Suidas , & l'Etymologirte j font du même
fentiment.
CYBENDIS. Foyei Calcis.
CYBERNÉSIES. f f. pi. Fêtes que Théfée inftitua en
1 honneur de Naulrthée & Pheax , qui failoient l'of-
fice de Pilotes en fon expédition de Crète. Du Grec
n.(/j3£j»«(» , je gouverne,
C Y C.
CYCÉON. f. m. Ki/xeà» , de icunlui, mêler. Les Latins ren-
dent ce mot par ciîumm. Le fentiment le plus corn-
mun eft que le cyaon des Grecs croit une compoli-
tion faite de vin, de miel, de fine ficur de farine
d'orge , d'eau _, de fromage , & de la confiftance de
la bouillie. Il paroît qu'il y en avoir de deux ef-
pèces : l'une grolhère, fiite d'eau & de farine j l'au-
tre plus fine & plus délicate , faire de vin , & de
différentes efpèces de farine , de fromage & quel-
quefois de miel. Les Grecs entendoient aulfi par
ce mot , toute boifton ou mélange compofé d'm-
gré(3iens de différence nature, félon le genre de la
maladie & l'intention du Médecin. Foye^ le DicL
de James.
Ctrj- CYCINNIS. f. f. Nom d'une danfe des Grecs,
moitié grave , moitié gaie.
faifoientde ces fortes dedanfes. D'autres difent que CYCLADES. C'eft le nom ancien d'une des îles d
ce nom vient de Kv?of , un cube , qu'il fur donne a
Cyi'^/e, parce que Cy/^è/e étoit la Terre. Cependant
elle croit fille de la Terre ; mais il fe pourroit faire
que dans la fable on les eût fonvent confondues
enfemble , comme bien d'autres Divinités ; & cer-
tainement on les confondoif, puifqu'on l'appelle
Ops ; car Ops étoit la Terre , dit Ciceron. On lui
attfibuoit l'invention du tambour , de la HCue & de
l'Archipel , qui font une cfpèce de cercle au tour de
Delos , ce qui leur fit donner ce nom. kJxAcj en
Grec fiîjnifie cercle ^ & de là x.vK^âç , xux.xû^c; , c\ clas ^
cycladis , un amas de plufieurs chofes dilpofces en
rond , en cercle. Bochard va plus loin , &• veut que
ce nom leur ait été donné par les Phcnitiens , &
qu'il vienne du Phénicien ; cnr, dit-il, ChanaanL.
I. c, 14. nSju, Cigla, pour w'73, fignifie en Phéni-
cien
C YC
cieii un cercle. Les principales Cydades étoienr |
Andro , Andros ; Zéa , Cca j bdille , Delos j Micolij !
Micone-^ Naxiaou N;ixi , iS/axud-^ Qiiinanco, Olia
ros ; Pario , Paras ; À-iorgo, ou iihenia j Zorphaïuo,
Seriphus ; Ciphano , Siphuus\ Siro , Siros \ Thine,
Thlnos. Elles font aujoiud'hui lous la dûniination
du Turc, peuplées de Chrétiens qui luivent le rie
Grec, & dont plufieurs (ont Scliifinatiques j &
d'autres Catholiques, Il y a aulîi des Egliles du rit
Latin.
CYCLAMEN, f. m. ^ojej Patn de Pourceau. Cy-
dùiniiium. C'eil: la même plante.
Ce mot vient de xu^iAor , cercle \ & l'on a donné
ce nom à ces foires de plantes à caufe de la ligure
de leurs feuilles & de leur racine.'
CYCLAMOR. f. m. Terme de Blafon, qui fe dit
d'une manière de bordure que quelques-uns nom-
ment OrUrond. Lanbus. LaMaifon de barbare .à
Venife porte d'argent à un cercle , ou cyclamor de .
gueules.
Ce mot vient de ce qu'il repréfente la bordui*
d'or d'une robe qui s'appeloit fycVaj chez les Grecs
& les Latins , à caufe de fa figure ronde , comme
qui diroit cycle en or-^ & on appeloit auilî autre-
fois une robe cyclée j pour dire j bordce.
CYCLE, f. m. Eft une période, une révolution d'un
certain nombre d'années \ après leiquellcs le loleil ;
& la lune font cenfés revenus au même point du j
ciel d'où ils étoient partis. Les Juifs ont un cycle
de 84. ans J ou une ogdoécontatelfaraétéride , com- j
ir.e S. Epiphane nous l'apprend dans l'hérélie LLi
qui e(t celle des Alogiens. Le P. Petau & le P. j
Boucher ont donné des traités fur le cycle des Juifs , ]
ou l'ogdoécontatellaraétéride. Il y a maintenant trois
cycles principaux. Le cycle folaire ou des lettres
Dominicales , le cycle lunaire & le cycle de l'in-
dittion.
CYCLE SOLAIRE. Terme du comput Eccléfiaftique.
Cyclus fclaris. Pair le mot cycle, on entend une iuite
de certains nombres qui vont luccellivement , &
fans interruption l'un après l'autre dans leur ordre,
depuis le premier jufqu'au dernier j d'où retour-
nant immédiatement au premier , il fe fait une
efpèce de circulation perpétuelle. Ainfi le cyc/eyù-
laire, c'eft la révolution de 1^. ans qui commence
toujours par i. & finit par 28. après laquelle tou-
tes les lettres qui marquent le Dimanche &c les au-
tres Fériés, reviennent dans le même ordre où elles
■ctoient. La réformation du Cslendiier par le Pape
Grégoire XIII. apporta un grand changement dans
\q cycle folaire. Il eft ainfi appelé, non pas à caufe
du cours du foleil , qui ne contribue rien à celte
fuppolition j mais parce que le Dimanche eft appelé
par les Agronomes , \s jour du foleil , Se que la lettre
Dominicale el1: celle qu'on cherche principalement
dans cette révolution. Les lettres Dominicales qui
font les fept premières lettres de l'Aiphabeth, ont
été fubftitiiées en la place de huit lettres Nundi-
nales des Romains, f^oye:^ Dominicale.
Le cycle foldirc ou d'2s lettres Dominicales eft de
28. ans, parce qu'après iS. ans les lettres Domi-
nicales recommencent à fe trouver aux mêmes jours
de l'année qu'elles ctoient la première année de ces
iS ans, &C qu'elles ont été pendant tout le cycle,
enforte que (i la première des zS. années étoit bif-
fexiile, & qu'elle eût pour lettre Dominicale GF
l'année fuivante E , & ainfi des autres , après 28.
ans ou la 29*^ année fuivante aura encore GF , la
fuivante J E , &c.
Pout trouver le cycle folaire en telle année qu'on
voudra, il faut ajouter 9. à l'année propofée, &
divifer le tout par i3. & le refte fera le nombre des
années du cycle folaire , & le quotient fera le nom-
bre des révolutions depuis Jesus-Christ. S'il ne
refte rien à la divifion, on fera à la zS. & dernière
année du cycle folaire. Par exemple à 1740. ajoutez
9, la fomme eft i74'5i divifez 1749 P^i' ''■'^ ■> ^'^'^'^
aurez 15 de refte après la divifion. Ainfi 15 eft le
cycle folaire de l'année 1740 de J. C. Voici deu.\
Tome III.
CYC 73
vers teclmiques qui peuvent fervir à retenir cette
métlioùe.
Junge -annis Doniini ter ternes , perque viginti
Veto feca funimam j -cyxlusjblaris tiatetur.
Voil.l pour les années depuis J. C. Pour celles
qui précèdent la naillairce' de J. C. prenez l'année
de la période Julienne , qui répond à l'année avant
Jefus-Chrift propofée. Dryifez cette année de la pé-
riode Julienne par 28 , k reliant après la divifion
taite eft le cyci^e folaire de cette année- là. Cette
règle peut encore fervir pour les années après J. C.
& gér.éralement pour trouver le cycle J'olaire de
quelque année que ce foit avant ou après J. C. f^cyei
quelle eft cette année-là dans la période Julienne,
îx" divifez cette année de la période Julienne par
28, le reftant après la divifion eft le cycle folaire.
Pour favoir quelle eft une année quelconque dans
la période Julienne , il n'y a qu'à fe fouvenir que
la première année de J. C. eft l'année 4714 de la
pénode Julienne. Ainli de 47 14 reti^nchez l'année
av.inr J. C. propofée, &i ajoutez, à 4715 l'année
ap. es J. C. propofée , & vous aurez l'année de U
période Julienne qui y répond.
Cycle Lun'aire, autrement appelé le Nombre d'or ,
ou Eccléfialiique. Cyclus Luriaris. C'eft une période
de la révolution de 19 années lunaires, & de 7 mois
tmbolifmiques , ou intercalés , qui reviennent à
19 années folaires, laquelle fut inventée par Mé-
thon Athénien, lequel obferva qu'au bout de ce
tenis la lune recommencoit à
faire 1
es mêmes
lu-
naifons. Avec le tems il s'eft trouvé un peu d'er-
reur dans cette obletvation ^ car les nouvelles lu-
nes reiournoient bien au même jour après le cours
de ces 19 années; mais près d'une heure & demie
plutôt. Ce cyae eft de 1 9 nombres , qui fe fuivent
fucceftivemenr , fans interruption dans leur ordre
naturel, depuis le i jufqu'au 19 l'on continue la
même ciuulation julqu'à l'infini. Chacun de cas
nombres répond à une année du cycle de 19 ans.
Il fut reçu par les premiers Chrétiens pour déter-
miner par un ordre certain les jours des nouvelles
lunes Pafchales dans le cours des -années. Ceux qui
ont travaillé au Calendrier de l'Eglife ont arrangé
les nombres du cycle lunaire , en fuppolant que les
nouvelles lunes dévoient précifément retourner au
même point & à la même heure, de 19 ans en 19
ans \ & cela à perpétuité. L'ufage de ces nombres
étcit tel J que chacun d'eux enleignoit les nouvel-
les lunes au jour où il fe trouvoit , & dans les an-
nées dont il étoit le nombre d'or. Comme les Orien-
taux commencèrent à fe fervir du nombre d'or au
tems du Concile deNicée, ils prirent pour la pre-
mière année du cycle la nouvelle lune Pafchale qui
fe rencontra au 13 de Mars, & ils donnèrent à ce
jour-là le nombre d'or i. Or en lupputant fur ce
pied-là, le cycle lunaire 3 tombeau 1 de Janvier de
la 5^. année. Au contraire les Chrétiens d'Occident
appoferent le nombre i au 1 de Janvier , & cette
différence en apportoit beaucoup dans le tems de
la célébration de la Pâque. C'eft pourquoi Denys
le Petit , en drellant une nouvelle forme de Calen-
drier, perfuada aux Chrétiens d'Occident , pour faire
cefier cette diverlité , de le conf-ormer à l'ufage de
ceux d'Alexandrie, ou d'Orient , en plaçant le cycle
3 au I de Janvier. D'où s'enfuit que le nombre 3
fe trouvant à la i année du cycle, celui de la 19
eft nécellaitement le 2 d'où l'on retourne à la pre-
mière année du cycle fuivant , marqué par le nombre
3 en confervant le même ordre par une circulation
perpétuelle. Blondel. Obfervez que, dans la dif-
triTîution du cycle lunaire dans chaque mois du Ca-
lendrier j chaque nombre précède de onze jours
celui qui eft moindre que lui d'une unité. Ainfi
■ en mettant le nombre 12 au 12 de Janvier, le
nombre i qui eft moindre d'une unité ne fe trou-
vera qu'au 23 de Janvier ; c'eft-à-dire, onze jours
après. Id. Le cycle lunaire ^ dans l'ancien Calea-
K
74 C Y C
cjrier , montioit le joui- des nouvelles lunes àe cha-
que année ; mais il ne fert dans le nouveau qu'à
trouver les épades , lefquellcs tonc voir dans cha-
que Calendrier que les nouvelles lunes aruvenc cous
les ans onze jours plus tard. Le cycle lunaire a été
appelé enncadecditendt , ou la période de Mcthon.
Le nombre d'or , ou cycle lunaire l'ervoit à marquer
les nouvelles lunes , & à fixer la célébration de la
Pâque dans l'ancien Calendrier; mais il etl: inutile |
dans le nouveau. On y a fubftitué les épades.
Cycle de l'Indiction, ell: une révolution de trois luf-
tres , ou de 1 5 années , après lefquelles on recom-
mence à compterj par une révolution continuelle,
comme dans tous les autres cycles. Cyclus Ind;c-
tionis. Ce nouveau cycle fut établi par le Grand
Conftantin, qui voulut que l'on comptât à l'avenir
ciyc;
par Indidions , & non plus par Olympiades. /
fur les cycles le P. Petai: , de Docl. cemp. L. Vil.
C. J, & Ration. Temp L. I.C. 3. Dodwel imprima
en 1701 à Londres un in 4*^. De veteribus Grdco-
runi Romanorumque cyclis , obicerque de cyclo Jud&O'
ruin Atate Qhrifti.
Cycle , le dit non feulement en général de tous
les nombres qui le compofenc , mais auffi en par-
ticulier de chacun de ces nombres. Ainfi on compte
que la première année de notre époque commune
& ordinaire depuis la naillance de Jesus-Christ ,
avoir le cycle lunaire 1 , le cycle folaire 1 o avec la
lettre dominicale Bj & le cycle de l'indidion 4. La
première année de Denys le Petit avoir le cycle lu-
naire I & 9 du cycle folaire , &c.
Cycle lunifolaire. /-^ojfç Lunisolaire. C'efl un tyc/d
conciliant les mouvemens de la lune & du foleilj
en forte qu'à la fin de ce cycle ils fe trouvent tous
les deux au même point du ciel d'où ils étoient
partis au commencement du cycle,
CYCLEE, f. m. Terme de Mythologie. Cj'c/ew. Ha-
bitant de Placée dans la Béotie, que fes compatriotes
honorèrent comme un Dieu : Ce fut la PrctrelTe
d'Apollon Pythien qui le leur ordonna pendant la
guerre contre les Médes. Vojfius j Idolacria , L. i j
CYCLIQUE, adj. de t. g. Qui appartient aux cycles j
ce qui les regarde & les concerne. Le Journal des
Savans du 15 Mai 1679; '^•'^' ^" parlant de la
nouvelle méthode pour tracer des cadrans folaires
fur toutes fortes de furfaces planes , que ce qu'il y
a de plus particulier dans cet ouvrage j ell la ma-
nière de conilruire un cadran, cyclique tort curieux.
Cyclique. C'ell le nom que l'on donne également à
certains Poètes &: à de certains Pocmes. Un Pocte
Cyclique eft celui qui fait des Vaudevilles & autres
vers qui fe débitent & fe chantent au coin des rues,
& les Pocmes cycliques iowx. les Vaudevilles mêmes.
Horace appelle Scriptor cyclicus , un auteur qui va
lire fes ouvrages dans les compagnies , dans les cer-
cles. L'exemple d'Ovide que Giraldi allègue en fa
faveur & celui des autres Poètes cycliques^ qu'il
pouvoit aulîi alléguer , ne le juftifient pas. Huet.
Les parties qui compofent les Pocmes cycliques
étant toutes des adions détachées. Id.
CYCLOÏDAL , ALE. adj. Terme de Géométrie. Qui
appartient à la Cycloide. Cycloïdalis , e. M, Ber-
noulli , Proi'eireur à Groningue , a donné des feg-
mens & des fedeurs cycloidaux quarrables , au mois
de Juillet des ades de Leipfik de 1(^09. Ac. d. S.
1781. Mefurer l'efpace cycloidal. L'efpace cjcloïdal
ell: triple de fon cercle générateur. Carré , Ac. des
Se. 1701 Mém. pag. 164. &c.
CYCLOÏDE. f f. Terme de Géométrie. C'eft une ligne
courbe qui eft décrite par l'extrémité fupévieure
du diamètre d'un cercle, lorfqu'il fe meut perpen-
diculairement fur une ligne droite: ou pour parler
populairement : ce n'eft autre chofe que la ligne
courbe qu'un clou fiché dans le haut d'une roue trace
dans l'air, lorfque la roue fe ment. M. Huygens a
démontré que j de quelque point'qu'un corps pefant
puifle coiTunencei à defcendre, tandis qu'il fe meut
C Y D
d.ms une cjv c/oic/e, les temps de ladefcente font égaux
entr'eux. Cyclois. C'eft fur le fondement de cette
ligne qu'on a trouvé le moyen de faire une horloge
à pendule , dont le même Mr. Huygens a fait un
grand volume inûiiûè Horologium OjciUatoriuir..V\\ï-
Jippede laHire,& le Père de la Loire, Jéfuite ,
ont fait chacun un Traité de la Cycloïde. Quand
les plus grands Géomètres du XVII*^. fiècle fe muent
à étudier une nouvelle courbe qu'ils appelèrent la
Cycloïde , ce ne fut qu'une pure fpécularion , où
ils s'engagèrent par la feule vanité de découvrir à
l'envie les uns des autres des théorèmes difficiles.
Us ne prérendoient pas euA-mêmes travailler pour
le bien public ; cependant il s'eft trouvé en appro-
tondilfanr la nature de la Cycloïde, qu'elle étoit def-
tinée à donner aux pendules toute la perfedion
pollible ; & à porter la mefure du temps jufqu'à
fa dernière précifion. Fonten. îiiJI. de l' Acad. Fréf.
Ce mot vient du Gïqc y-UMç ,circulus. On l'ap-
pelle aulîi roulette. On en attribue linvencion au
• ■]-*. Merlenne.
Ck? CYCLOMÉTP.IE. f f. L'Art de mefurer des cer-
cles uc des cycles.
CYCLOPE. i. m. C'eft un nom que les Poètes ont don-
né à des habitans de Sicile , qu'ils ont feint être
des ouvriers cy.ii travailloient fous Vulcain pour for-
ger les loudres de Jupiter , & qui avoient fait les
armes d'Achille & d'Enée. Cyclops. Ils ont été amfî
nommés , parce qu'ils n'avoient qu'un œil rond
au milieu du hont. Ulyffe fut longtemps engagé
dans la caverne du Cyclope Poliphême. Selon Théo-
phiafte les Cyclopes étoient des peuples de Phéni-
cie qui avoient appris à employer le ter à diftérens
ufages J ic c'eft ce qui a donné occafion à la fable
des Poètes. Les Cyciopes , difenc les fables , étoient
fils de Neptune & d'Amphitrire 5 Hcliode , Theog.
V. 199. dit de la Terre & du Ciel. Les principaux
& les feuls dont la fable talle mention font Brontès y
Stéropès & Argès dans Héfiode , L'hiog. y. 140.
Au lieu d'Argès, Virgile, hneide j L. VIII. v. 4IJ.
ôc Claudien , de Tert. Honorii confulatu , v. 195. met-
tent Pyracmon , & Ovide , L. IV. des Faftes , v.
2S7. Acmonides. Polyphème eft encore fameux dans
Homère , L. IX. de l'OdyAce , dans Virgile , En.
L. III. v. 118. dans Apollonius, Argon. L. I. On
dit qu'ils étoient cent en tout.
Les Cyclopes font les premiers habitans de Sicile.
Leur taille gigantefque , leur barbarie , leur bri-
gandage <Si leur voifinage du Mont Etna donnèrent
lieu aux fables. Ceux qui veulent que la Phyhque
foit cachée fous les fables , difent q^u'on a fignihé
par là les vapeurs qui produifent les foudres, le ton-
nerre & les éclairs, comme on peut le voir dans
les notes de Barlé fur l'endroit d'Héliode que j'ai
cité. Thucidide , L. I. Juftin, L. IV, c. i. Leander
Alberti , dans fa defcription d'Italie , & Natalis
Comes , L. IX. c. 8. de fa Mythologie , parlent aulli
des Cyclopes.
Ce mot vient de «■/'"Aof, circulus , &:de<i'^î', ocu-
lus. Quelqses - uns croient que ce mot eft formé
de x-iy-xc; 3 cercle :, qui au troifieme cas, tiy.y^a , figni-
fie tout-au-tour , à la ronde , &: de oa7v"", je vois,
d'où fe forme a^ , ou 0^ ; deforte que Cyclope fi-
gnifîe un homme qui eft toujours aux aguets, qui
jette toujours l'œil çà & là, & que ce nom fut
donné aux premiers habitans de Sicile , grands pi-
rates , parce qu'ils étoient toujours fur la côte à
confidérer s'il ne paifoit point quelqu'un à la ronde,
pour le voler.
En 17x2. On dit qu'il naquit à Coppenhague un
Cyclope, c'eft-à-dire un enfant qui n'avoit qu'un
œil au milieu du front.
On appelle un borgne , en raillant, un Cyclocc.
Ah le vilain Cyclope\
C Y D.
CYDIPPE. f. f. Prêcrelfe de Junon j mère de Clébis &
de Biton.
C Y G
CvDippE. Une des Nymplies compagnes âe Cytène ,
meied'Aiiftée.
Cydîppe , Nymphe de l'Ile de Dclos.
CYDONITE, L f. Pierre blanche & friable , qui a
l'odeur du coisnaflier.
C Y G.
CYGNE, f. m. Gros oifeau aquatique , agréable à
voir, qui a le cou long & tore droicj & qui eft
fore blanc, excepté quand il ell jeune. Cygnus. Son
cou eft long, & compofc de i'3 vertèbres. Ses jam-
bes, i'es pieds & fon bec font nous :, (on bec appro-
che de celui de roie'i mais il eft un peu plus rond ,
& un peu crochu en bas par le bout , & a fur le
fonimet une bolle noire proche de la tcte. Les deux
côtés du dcffous de fes yeux font noirs i'c éclatans
comme de lebene. Cet oifeau étend fes ailes à la
manière des voiles , afin que le vent le poulfe quand
il eft dans l'eau. Le cygne n'a que l'aigle pour en-
nemi j mais l'on alfure qu'il en eft toujours vain-
queur. Michel Ghca dit qu'il mange des grenouilles
pour le garantir d'une maladie qui le tourmente
quclquetois. Il s'appatie au printems, & fait plu-
fieurs petits. Il vit d'herbes à la manière des oies ,
& de quelques grains j & fe plaît dans les lacs,
dans les étangs fangeux ,• & dans les lieux écartés
& folitaires , plus q"ue dans les rivières. Les cygnes
Vont en troupe peur l'ordinaire. V/iiloughby, dans
fon Ornithologie , parle d'un cygne qu'on dit avoir
\écu 500 ans.
Il y a une efpèce de cygne qui a le pied droit
comme les ferres d'un oifeau de proie, lien prend
& arrête fa proie en plongeant. Son pied gauche
eft comme celui des autres cygnes , & il ne lui lert
qu'à nager. Il y en a beaucoup de cette efpèce en
Amérique. On en tua un en 1654 dans l'étang de
l'Abbaye de Sully près de Dammartin. Cette efpèce
m fe piuît que dans l'eau , & né peut être appri-
voifée.
M. Rédi , Médecin de Florence &: Académicien de
laCrufca, fur ce qu'Horace appelle les cygnes <\a\
traînent le char de Vénus , Purpurci j obferve qu'il
y a véritablement une race de cv^/^fi- dont perlonnei
ii'a encore parlé, & qu'il a fouvent vue dans les
Chalfcs de M. le Grand-Duc , lefquels ont toutes
les plumes de la têtCj &du cou & de la poitrine ,
marquées à l'extrémité d'une pointe jaune comme
de l'or, tirant fur le rouge.
On dit que les cygnes ne chantent que quand ils
font prêts de mourir , & qu'alors ils chantent lort
inélodieufement. C'eft une erreur populaire. Le
cygne étoit conCrcré à Apollon , comme au Dieu
de la Muhque, par la raifon de l'opinion , ou du
conte dont ont vient de parler.
Ce mot vient du Grec «xx»?, cygnus: Cygnus,
un cygne , eft pris du Celtique Cyn, ou cin. Phzron.
On appelle figurément les Poètes , les cygnes du
ParnalTe. On appelle chant du cygne, les dernieis
vers qu'un Pocte a faits peu de tems avant fa mort.
On dit d'un homme fort vieux , qu'il eft blanc
tomme un cygne, quand il a les cheveux blancs, ^i
li barbe blanche.
Un de no7 Poètes a pris ce nom dans le même
fens que nous prenons oifon, pour dire un homme
fans efprit, une bète.
Orcan prlte au Génois des oreilles avides ;
Car malgré le bonheur qui le mie fur les rangs ,
C'écoic un cygne des plus francs ,
Qui fût jamais forti des Palus Méotides.
Nouv. CHOIX DE Vers.
On dit proverbialement , faire un cygne d'un oi-
fon , c'eft-à-dire , louer quelque chofe excelfive-
ment.
Un Cygne , avec ce mot cutis nigerrima fubter ,
feroit une for: bonne devife pour un hypocrite.
C Y G C YL
7S
CVGNE. Ordre de Chevalerie inftitué , dit-on, au
VIIl"^. liècle dans les Etats de Clèves. iji;atux , iiib
unique da Thierry, *Duc de Clèves , qui lui avoit
lailfé fes Etats en mourant, injultemenc pedecucée
par fes voilins, qui vouloient la dépouiller de les
biens, 'fe retira dans le Château de Nieubourg, où
elle fut défendue par un Chevalier nommé Elie ,
qu'elle épouîa. Les armes de ce Chevalier écoicr.t un
Cygne p::int fur fon bouclier. C'eft de là que lut
pris le nom de l'Ordre dont nous parlons , & qui
fut alors inftitué par Beatrix & par tlie. Favyn ,
ThédC. d'hon. & de Citev. i.I. L. 1. p. 137,'. Mcné-
nius, Jof dei Michieli , & J. L. Godcfroi j dans
fon Archomol. Cofmica , écrivent que cet Ordre fut
inftitué par Salvius Brabon, qu'ils appellent aufli
Charles, Duc deBrabant, &qui, félon eux, don-
na ion nom à cette Province, qu'il gouvernoit 50
ans avant Jefus-Chrift , félon la Chronologie du P*
Riccioli. roye:( l'Abbé Justiniani , Hijl. de tuid
gli Ord. rr.ilic. C. 7. T.i.p. U.& fuiv. Cette opi-
nion e!'t fondée fur les Antiquités de Flandre de
Vaifenibourg. P^oyc:; encore Michieli , Iheforo Mi^
lit. fol. 61. Caram'uel, Théolog. Ilegut. Cette anti-
quité de cet Ordre eft fibuleufe.
Cygne, ou la poule , eft un nom que les AftronomeS
donnent à l'une des 11 conftellations feptentnona-
les. Les étoiles des ailes du cygne, celle de fa queue-^
tk la petite rougeàtre de foii bec j font une efpèce
de grande croix.
C Y L.
CYLINDRE, f m. Terme de Géométrie. Corps folide
terminé par trois furfaces, étendu en une longueur
également ronde, & dont les extrémités font des
cercles égaux : ou bien c'eft un corps décrit par
une ligne qui parcourt de telle forte la circonfé-
rence de deux cercles égaux & parallèles , qu'ells
foit toujours parallèle à celle qui eft tirée du cen-
tre de ces cercles à l'autre, c'eft-à-dire j à l'eiîieuj
lequel palTe par les centres des deux cercles qui
lui fervent de bafes. En.ftyle vulgaire, c'eft un
corps d'une figure ronde & longue , & d'égale grol-
fcur par-tout. Cylindrus. Ily avoit au deiîus du tom-
beau d'Arcliimede une petite colonne avec la figure ,
d'une fphere & d'un cylindre , pour marquer qu'il
avoit été l'inventeur de ces deux inftrumens. Felib.
Archimedea fait un excellent livre de la fphere &C
du cylindre. Les tours des machines, du cabeftan j
de la calendre, des prelfes, font àtis cylindres. Lori-
que le parallélogramme, par la circonvolution du-
quel autour de l'un de fes côtés fe fait le cylindre j
eft rcélangle , le folide qui eft décrit par fon mou-
vement. Te nomme cylindre droit parce que fon
axe eft perpendiculaire à fes deux bafes 5 mais quand
du même parallélogramme les angles font obliques ,
le cylindre que fa circonvolution produit , s'ap-pelle
cylindre oblique. On dit que deux cylindres font fem-^
blablement inclinés, lorfque leurs axes font avec
leurs bafes des angles égaux; & que deux cylindres
font femblables quand ils font femblablement in-
clinés , lorfque leurs axes font avec leurs bafes des
angles égaux; ^- que deux cylindres font femblables^
quand ils font femblablement inclinés , & que leurs
axes font proportionnels aux diamètres de leurs
bafes. On :i^y>e[\e cylindre cube , celui doiu la hau-
teur eft égale au diamètre de fa bafe. Le Sieur Petit
a frit un traité du cylindre Arithmétique , qu'il
appelle liabdolope , qui font des bandes de car-
toas arrangées fur un cvUndre qu'ori a feulement
la peine de tourner. Cette invention vient de Néper,
Ecoilois.
Cylindre, eft aufli un gros rouleau de bois mobib'
fur deux pivots, qu'un homme ou un cheval tireur,
& font palier par delfus un champ labouré, pour
calfer les mottes, par delfus les avoines , pour le?
douçoyer , par dcffus les allées d'un jardin , pouf
les ufvir ou applanic.
K 1/
7kS
C Y L CYM
"" rme de Conchiliolo^ie. Nom d'une
(CF Cylindrs. T
cLilFe de coquillage , qu'on nomme auili rouleau.
f^, ce mo t.
CYLINDRIQUE, adj. Qui a la figure d'un cylindre.
Cyiindraceus , cylindncus. On taie des miroirs &
<adrans cylindriques.
On appelle aulli colonne cylindrique , celle qui
n'a ni rcnlîemenc ni diminution , comme les piliers
Gothiques.
CYLINDROÏDE. f. m. Terme de Géométrie. C'eft
proprement ce qui a la ligure d'un cylindre. Cy-
lindroides. C'ell une figure folide avec des bafes el-
liptiques, parallèles, & fituées également. Harris.
Ce mot efl compofé de xixmè'^ts , cylindre, e<^oy,
frrme.
CYLLÈNE. Nom de lieu. Cyllene. i°. Cj/Zèw fut au-
trei'ois le nom d'un quartier de l'Elide , Province
du Pcloponnefe. z''. Cyllène Fut une ville &: un port
<le mer de cette contrée , & qui lui donna Ion nom.
Mêla prétend , L. II. C. j. que c'elt cette ville qui
a donné le jour à Mercure. 3°. Cyllène étoit une
monrav'jie d'Arcadie qui prit Ion nom de Cyllène,
fille d'Elatus , Roi d'Arcadie. D'autres au contraire
,^ veulent que ce fut de la montagne Cyllène que
cette Pnnceire , qui fut un prodige d'elprit & de
beauté , prit Ion nom. Quoi qu'il en foit , cette
montagne eli fameufe chez les Poètes , parce que ;
ce fut-'li que Mercure hit conçu de Jupitsr & de
Maïa. C'elb pour cela c]u'ils l'appellent ii fouvent
Cyllénien , Cyilenius.G. Hornius , Hiji. Philol.L.
I. C. 7. ne croit pas cependant que cette épithète
de Mercure vienne de là. Il la dérive de l'Hébreu
^'73, chelil , qui Çigni^Q parfait.
CYLLÉNIEN. adj. Epithète de Mercure. Foye:i
Cyllène
CYM.
CYMAISE, f. f. Terme d'Architeébure. Moulure on- 1
dée par Ion profil. C'eft la partie la plus haute
de la corniche &: qui la termine , qu'on appelle
autrement gorge ou gueule droite , ou douane , &
gueule renvcrfle, ou talon. Cymatium. La première
de it% parties cft convexe , & l'autre concave \
f ce qui la rend dune figure ondoyante. La Cymaijc
Tofcane eft un ove , ou quart de rond. La Cy-
maife Dorique ell un cavec j ou moulure en creux ,
oppofée au quart de rond. La cymaije Lesbienne ,
fe prend pour un talon ^ c'e(t-à-dire , que la partie
d'en haut eft convexe , & celle d'en bas concave.
Quelques-uns prétendent qu'elle a pris Ion nom
de «.ufiirtûn , Grec , qui lignifie j petite onde : ou
plutôt on l'appelle cymaifc , parce que c'eft la der-
nière moulure , & qu'elle eft comme à la cime de-
là corniche.
CYMBALARIA. f. f. Plante qui eft une efpèce de li-
naire , & qui croît fur les murailles & fur les
mafures. Elle pouife une infinité de petites tiges
menues , pendantes, fouples & fort tendres, en
iorme de cheveux , de la longueur d'un pied ,
ou d'un pied & demi-. Il fort de ces tiges des feuil-
les femblables à celles du lierre , découpées , mol-
les , lilfes , attachées à des queues longues &
menues. Ses fleurs font de couleur de pourpre,
attachées aufti à des queues forr menues. Cette
plante eft fort bonne dans le flux blanc des femmes ,
fi elles en mangent en falade , à ce que Matthiole
afllire. Voye^ Lin aire.
CYMBALE, f. f. L'inftrument que les Anciens appe-
loient cymbale , en Latin cymbalum , & en Grec
x'jf.txMç , étoit d'airain comme nos tymbales ^ Jofe-
phe le dit exprelfément , & fouvent les Poètes l'in-
finuent j mais il n'étoit pas Ii grand: il en avoir la
forme. C'eft pour cela que Cafliodore & Ilidore les
a^^sWsni acctabules , c'eft-à-dire, l'emboîture d'un
os , 1^1 cavité ou la finuofité d'un os dans laquelle
un autre os s'emboîte, parce (ju'elle relfembloit àj
cette finuolîté. C'eû encore pour cela que Properce I
CYM
les appelle des inftrumens d'airain qui font ronds ,
& que Xénophon les compare cà la corne d'un che-
val, qui eft creufe. Cela paroît encore , parce que
cymbale s'eft pris, non- feulement pour un inftru-
ment de mulique , mais encore pour un baflin ,
un chaudron, un gobelet, un cafque , & même pour
un fabot, tels que ceux qu'Empédode portoit , &c
qui étoient de cuivre. Du refte ils ne reîlembloienc
point à nos rymbales , tk 1 ufage en étoit tout dif-
férent. Les cymbales avoient un manche attaché à
la cavité extérieure : ce qui fait que Pline les com-
pare au haut de la cuiffe, coxendicibus , & Raban '
à des phioles. On les frappoit l'une contre l'autie
en cadence, & elles faiioient un fon nés - aigu.
Selon les Payens , c'étoit une invention de Cybèle.
De- là vient qu'on en jouoit dans fes facrifices &
dans fes fêtes : hors de-là il n'y avoir que des gens
mous& efteminés quijoualfent de cet inftrument./^.
Ciceron , Or. in Pifon. n. 2.0. & xi.
M. Lampe en attribue l'invenrion aux habitans
du mont Ida dans l'Ile de Crète. Les Corybantes ,
milice qui lormoit la Garde des Rois de Crète ,
les Curetés, peuple de Crète, les Telchiniens, peu-
ple de Rhodes , & les Samotliraces, ont été célè-
bres par le fréquent ufage qu'ils faifoient de cet
inftrument , &c leur habileté à en jouer.
Raban décrit les cymbales dan^ fon commentaire
fur Judirh J Laurent Pignorius, dans fes commen-
taires , de Servis. Le P. Abraham, Jefuite, en traite
dans fes Notes fur l'endroit de Ciceron , dont j'ai
parlé. M. Lampe donna en 1705. à Maeftricht un.
Traité fur cette matière , en trois livres, qu'il acheva
à l'âge de 17. ans & qu'il imprima à 19. Frederici-
^dolphi Lampe de cymbalis veterum libri très. K.
encore Turnebe , Adverf. L. XXV L c. 55. &: la 29*^
note du P. Goar , fur le V^ C. de Codin , où ils
marquent une plante dont les feuilles repréfenrenc
la figure de la cymbale. C'eft le nombril de Vénus.
Cotylédon.
Ce mot cymbale vient du Latin cymbalum , qui
venoit du Grec xu^ffaAoir, que l'Etymologifte de Syl-
burgius tire de trois racines diftérentes. Car 1°. il die
qu'il eft dérivé de «u^f, courbe. 1°. De xJb-îAoi., une
talfe i un gobelet ; car il faut remarquer avec Sau-
maife, Remefius & M. Lampe, que fouvent les Grecs
ajoutoient ou retranchoient le ^. devant le ,8 , ou les
lettres qui y répondent , comme le ■^. Témoin x.'j^Zn
& xtïi), la tète ; xaicafityi^ &cx-aKaÇcs , qui fe ttouvent
dans Paul d'Egine pour lignifier un plat, un balfin 5
dans Homère & dans Catulle, Ti/Vav»v , pour t»;«-
î3-«fo», & cent autres. Ainfi de xjoteAo» s'eft pu faire ,
félon l'Etimologifte , Xï^aA»», xaÇa^oy, xu^»«?io». 3°. Il
le tire de <p»v>i , voix j parce qu'une cymbale réfonne.
Ilidore, L. III. c. zi. tire cymbalum àt cum ^ avec,
& ballematica, danfe immodefte , qui fe danfoit en
jouant de cet inftrument. La véritable étymologie de
ce mot eft xû^k^o? , cavité.
Dans les fiecles poftérieurs de la bafle Latinité ,
& chez les Auteurs Chrétiens , cymbale, cymbalum,
ne lignifie fouvent que cloche j & la cloche de
l'Eglile & celle du réfedoire y font appelées cym^
baies. On en trouvera des exemples dans le Glof-
faire de Mr Du Cange.
Les Juifs avoient auftl des cymbales qu'ils ap-
peloient i^h'^X ou Ln».nViD, ou du moins un inf-
trument que les anciens Interprêtes Grecs & Latins
nomment cymbales, Pf CL. 5. Et quoique, félon
la remarque de De Muis fur cet endroit, il foie
impoflible au jufte de favoir ce que c'étoit que
cet inftrumenr , il femble néanmoins qu'il étoit
plus approchant des nôtres, que ceux des Grecs
& des Romains. Car De Muis lui- même , & tous
les Commentateurs conviennent qu'il faifoir beau-
coup de brait , & que c'eft le fens de l'épithète
que David leur donne à l'endroit que j'ai cité, ou
il les appelle ara »7ï^ï, tfeltfeli fchemag ,àQ% cym-
bales , qui fe font entendre & font beaucoup de
bruit ^ aufli-bien que celui de l'Apôcre qui l'appelle
C Y M € Y N
tlnn'iens , ce que l'on croie revenir à l'Hébreu
I?nn Si*Sï5 r/i^Irjal thervaa, qui figniHe une cymbale
qui fait un bruit éclatant, un grand bruit. Au refte,
1» les Q'nSïO 5 Metfiicnmm y dont il eft parlé i. Parai.
XV. 19. étoient, comme on le veut communément
& avec beaucoup de raifon^ le même inftrument,
ils n'étotent point d'airain chez les Hébreux , mais
de fer ou d'acier, mvnj, comme ajoute l'Auteur
facrc : mais on jouoit avec deux enfemble, comme
on le fait encore à préfent. Ce duel O'nbxa femble
ne pouvoir pas en laifler douter.
En vain ]e parlerais le langage des Anges ;
En vain j mon Dieu , de tes louanges
Je remplirais coût l'Univers :
Sans amour ma gloire ri égale
Que la gloire de la cymbale
Qui d'un vain bruit jrappe les airs.
NOUV. en. DE VERS.
La cymbale moderne eft un inftrument dont les
gueux accompagnent le fon de la vielle. Cymha-
lum. C'eft un hl d'acier de ligure triangulaire , dans
lequel font palTés cinq anneaux , qu'on touche , &
qu'on promené dans ce triangle avec une verge de
fer j dont on frappe de cadence les côtés de ce
triangle.
Cymbale , fe dit auflî de deux jeux de l'orgue. La
grolFe cymbale a trois tuyaux- fur marche, dont le
premier eft ouvert , & long d'un pied ^ le lecond
de huit pouces & demi, & le troifieme de demi-
pied.
Il y a une féconde Cymbale , qui a deux tuyaux
fur marche, dont le premier eft ouvert, long de
deux pieds , & le fécond de quatre pouces. Duran-
dus dit que les Moines ont aulh appelé cymbale,
le timbre qui eft fufpendu dans le Cloître pour les
appeler au réfectoire.
CYMBALER. Vieux v. n. Faire du bruit comme ce-
lui d'une cymbale ou d'un tambour.
Fuye'^ l'infâme , inhumaine perfonne j
E)e qui le nomji mal cymbale <^Jonne ,
Qu abhorré efi de toute orèillefainte, Marot.
CYMBALIUM,f. m. Plante qu'on appelle autrement
cotylédon , ou nombril de Venus. Umbilicus Feneris.
Voye-^ Cotylédon.
CYME, f. f. Tige des plantes &C des herbes. Ce mot
vient du Grec x.iux , que Les Latins ont imité en
écfivant cyma , comme on peut le voir dans Charlos
Etienne , Budée &c tous les bons Auteurs. Il li.i^ni-
fie le germe, \i pouffé \ Se comme cette fignifica-
rioii elt bien différente du mot cime , cacumen ■,
Danet Se le P. Monet ont cru devoir les différen-
cier dans l'orthographe , en écrivant cyme, tige , ik
cime , fommet.
CYMETTES. Nicod appelle cymettes , & Pomey cy-
mes , ce que les Italiens appellent éroco/w , c'eft-à-
dire , des rejetons que les troncs du chou poulfent
au printemps. Cyma , cauUculus. Un tendron de chou.
CYMENDIS. Voye-:^ CALCIS.
CYMODOCE. f. f. Nymphe de la mer , fille de Né
rée & de Doris.
CYN.
CYNANCHIQUES. adj. & f m. pi. CynancKka me-
dicamenta. Remèdes qui conviennent dans cette
efpèce terrible d'efquinancie , qui eft accompagnée
d'inflammation à la gorge , d'une difficulté exccf-
fîve d" refpirerj & qu'on appelle cynanche , des
CYN 77
ouverte & ecumaute ; il grince les dents: ot l'ef-
pcce d'elquinancie en queftion étant accompagnée
de fymptômes allez femblables à ceux-là , on lui a
donné le nom de cynanche. f'ûye~ le Dict. de Ja-
mes. l'o)e\ aulli Angine dans le Supplément.
CYNANTHROPIE. f. f. Cynanthropia. Déhre dans
lequel les malades fe croient changés en chiens , .
Si. eu imitent les aétions. C'clt un fymptôme de
la mélancholie hypocondriaque &c de la rage. Ce
mot eft Grec , formé de xu'vaïCfawi'a , formé de «lî»» ,
chien \ & ds a'-puryc; , homme. Col de Villars.
CYNEGETIQUE, adj. Qui concerne la chalfe. Ménage
fefertdece terme pour exprimer les Poèmes de
Gratins & Nemefianus lur la chalfe j intitulés C>/z£;-
geticum ou Cynegeticon. Ménage auroit pu joindre à
ces deux Poètes Calpurnius & Oppien j qui font
deux Auteurs anciens qui ont fait aufli desPocir.es
cynégétiques. l'ierre Angcli dans le XVI*^. fiècle com-
pofa des cynegctiques. Le livre que le Fouilloux a
fait en François eft Un ouvrage cynégétique. Lor.' ■
qu'on dit fimplement les cymgetiqucs d'Oppien ,
le cynégétique de Gratius j &c. ce mot elt pour
lors fubftantif , mais il devient adjettif , quand
on dit des ouvrages ou des Pocmes cynégétiques.
CYNIQUES, f. m. pi. On délîgne par ce nom une
feéte de Philofophes , a qui 1 on reprochoir d'ttre
mordans &: fans pudeur , comme les chiens.
Cette fcéte méprifoit toutes chofes , & fur-tout
les grandeurs & les riclrefies , les ans & les fcien-
ces , à la réierve de la morale. Elle avoir pour chef
Antifthéne. Cynicus. De cette Seâ:e étoit le fameux
Diogène qu'on appelle le Cynique. Leurs leçons de
fagelfe tenoient plus ne l'infulte que de la remon-
trance; & pour décrier le vice j ils le reprochoient
avec fcandale. S. Evr. Voudroit - on pour rétablir
l'Ordre des Cyniques 3 cette Philofophie médifante ,
cette profellion publique de japper , de mordre ,
& de déchirer, & cette métamorphofe d'hommes
en chiens? Balz. Cen'eftpas la pauvreté qui nous
reiïd fages : les haillons des Cyniques necontnbuenc
ni à la tranquillité , ni à la modeftie. S. Evr. On
aainfi nommé ces Philofophes,. àcauie qu'ils éroienC
mordans , & parce qu'ils aboyoient après tout le
monde , comme des chiens. D'autres difent que
ce nom leur fut donné à caufe de Cynola^gts ,
fauxbourg d'AthCnes où ils fe retirèrent en quittant
le Pvrée. D'autres encore, parce que ces Philofo-
phes n'avoient honte de rien j & qu'ils tenoient
qu'il éroit permis de tout faire , faiis pudeur & lans
retenue , à la vue de tout le monde \ lans excepter
même les aétes du mariage.
Dans cefens, on dit d'un homme fans pudeur,
c'eft un cynique , un vrai cynique.
ffT II eft aufli adj. Diogène, étoit un Philofophe
cynique.
iCT Les manières effrontées des Cyniques ont fait
donnet l'épithète de cynique aux exprelîîons trop
hardies , qui blelfent la pudeur : difcours cyniquc\
vers cyniques.
Régnier du fon hardi dcfcs rimes cyniques ,
Allarme trop fouvent les oreilles pudiques. BoiL.
Cynique, adj. m. & f. Terme de médecine. On ap-
pelle fpafme ou convullion cynique , une convul-
fion particulière des mufcles maxillaires qui tirent
de côté la bouche, le nez &: l'œil , & par confe-
quent la moitié du vifage. On la nomme auflî ai/T-
torfîsn de bouche. Ku^kW canin. Il vient de xî^ï ,
chien \ parce que cetteconvulfion imite la conrord'iu
de gueule que les chiens font quand ils font irrités.
Col de Villars..
' mots Grecs »i«»,cAie/2, Sc^'y-aj/îi^o^r/er, parce que; CYNITE. f f. Pierre figurée répréfenrant un chien,
iorlqu'un chien eft pendu y comme fon corps ne; CYNOCÉPHALE, f. m. Animal fabuleux qu'on a
fufSt pas ordinairement pour tendre la corde alfez
fortement j i5cinrercepter fubîtement la refpiration ,
il lutte pendant un temps confidérable contre la
mort. Ses yeux & fa langue fe gonflent, ils font
plombés i la langue lui fort de la gueule , qu'il a
feint avoir une tête de chien , que i:s Egyptiens
,9,r
de chier
ont eu on grande vénération HC qu ils reveroieni
comme un Dieu. Cynocephcdus. Us Tappeloienr au-
trement y^fi«^'jj comme témoigne Plût-irque. Ter-
tullien, Apolog. C. G. &: S. Auguftinde la clzé d
/
S C Y N
Dieu , L. IT. C. 13. témoignent que l?s Egyptiens
ont acioré ce Dieu j & Pietro Deila Valle , T. IV.
du que les habitans de lui Zone Toiricie l'honorent
encore. On doute li le Cynocéphale eft Anubis ,
ou Meixure , ou un fymbole de l'un ou de l'autre.
Ceux qui prétendent que c'e't Anubis , difenr
qu'on le repréfentoit avec une tcte de chien , is:
que c'tft pour cela que Vin^ile , hmïdc , L. VIII.
V. 698. l'appelle latrator , aboyeur. Ceux qui veu-
lent que ce foit Mercure , dilent que le chien lui
croit confacrc j que Strabon dit que le Dieu Cync-
cephalc étoit adoré chez les Herinapolitams- Ce
qu'il y a de certain , c'ell que l'Anubis des Egyp-
tiens étoit le IVlercure des Grecs & des Romains.
Voyei ANUBIS ci-delfus , & Voflius , De Idoioi.
L. I. C 27.
L'animal Cynocéphale étoit une efpèce de finge ,
mais plus grand & plus farouche que les linges or-
dinaires , tk qui a la tète plus approchante du chien ,
comme Ariftote le dit au L. II. de l'HiJl. des Anim.
C. 8. cert celui que les Italiens appellent i?j/^«i/2o j
les François Babouin ^ & les l-lamands Bavi/ien. Un
Cynocéphale aiîis étoit chez les Egyptiens l'hiéro-
glyphe des deux Equinoxes. f^oye^ fur cet animai
Voilius , De îdolol. L. 111. c. 74. Saumaife fur
Solin , p. (Î44. & fuiv. On a dit de cet animal
qu'il rendoit fon urine douze fois la nuit par in-
tervalles égaux, & que c'elt ce qui a donné lieu à
la divifion des heures.
Cynocéphale , a auiîi été un nom de peuples fa-
buleux de l'Inde j dans Pline L. VII. c. 1. dans Aulu-
Gelle L. IX. c, 4. dans Solin, c. 51. qui difentd'aprè
Mégafthène , que dans pluheurs montagnes de l'Inde
& de l'Ethiopie j il y a des nations qui ont la tête
d'un chien \ S. AugulHn le dit aulli. Ils ajoutoient
qu'ils aboyoient comme des chiens, qu'ils étoient
farouches , & que leur morfure étoit dangereu-
fe , mais les Relations de tous les modernes n'en
font aucune mention. C'étoient des peuples qui
jie vivoient que de la chalfc : voilà ce qui donna
occafion à cette fable.
Cynocéphale eft- encore une ville des Locriens
& un château des Thébains : & Cynocéphales au
pluriel , Cynocephalz , des montagnes de Thellalie.
CYNOCRAMBE. f m. Plante qui e"ft une efpèce de
Mercuriale , &que quelciues-uns appellent mercuriale
Jauvc-rge , ou choux - dc-x:hien. Elle a beaucoup de
petites racines fibreufes , d'un goût défagréablej
& qui rampent par terre. Il en fort pluheurs tiges
longues d'un pied , rondes & nouées. Ses feuilles
nailfent de les nœuds deux à deux par intervalles :
elles font cotonnées j plus longues que celles de
la mercuriale commune , pointues au bout , décou-
fiées par les bords , &c cl un goût qui fait foulever
e cœur. Ses fleurs font de couleur d'herbe , com-
pofées de trois petites feuilles. Le Cynocrambé ,
fe divife en mâle iS: en femelle. Il a les mêmes qua-
lités que la mercuriale. Il purge doucement les fé-
rohtés. On en ufe par la bouche , le failant cuire
de même que les herbes potagères. On en met aulîi
dans les lavcmens , pour les rendre purgatifs.
' f^oyei MERCURIELLE.
Ce mot vient des mots Grecs «mit, génitif de
xBÏi» , chien , & »?«,«?» , chou , comme qui diroit chou
de chien. Quelques Botaniftes donnent ce nom à
une autre plante qui ell: autrement appelée apo-
cynum Jolio fubrotundo.
CYNOGLOSSE. f. m. Plante qu'on appelle autrement
langue de chien. Cynoglo(fus , cynog/offum. Foye:^
Langue-de-Chien.
Ce mot vient des mots Grecs >!o»of , génitif de xuS»,
chien , & yASo-ï-a , langue , comme qui diroit lan-
gue-de-ckien. Foye^ Langue de Chien.
CYNOPHONTIS'; f. f. Fête qu'on cclébroit à Ar-
gos aux jours caniculaires , durant laquelle on tuoit
tous les chiens qu'on rencontroir. De «"îv, x.«n; ,
chien.
CYNORRHODON. f m. Efpèce de rofe fauvage, qu'on
appelle aulfi rofe-de-chien. Cynorrhodon. Le fruit du
C Y N C Y P
Cynorrhodon. elt un bouton qu'on ramafTe en au-
tomne , quand il eft bien rouge. On l'emploie dans
les tilanncs apérinves j on en tait aulîi de la con-
ferve , qui eft bonne pour la gravelle , pour les cra-
chemens de fang , oc pour fortifier l'eltomac. Foy.
Rose.
Ce mot vient de deux mots Grecs , y-f^ls , génitif
de x-uiv , chien & fî^o' y rôle.
CYNOSARGË. f m. Gymnafe dans l'Attique , où
Anthiftène , Chef de la led:e Cynique , donnoic
fes leçons. Ce mot (ignilie chien hlanc , à caufe qu'un
chien de cette couleur emporta dans cet endroit
une victime immolée à Hercule, nviv, chien, ë< «ç-
"/ci , blanc.
CYNOSARGÈS. f. m. Surnom donné à Hercule à
cette occaiion. Un citoyen d'Athènes , nommé Di-
dyrnus , voulant oftrir un facrifice à Hercule , un
chien bLanc laifit la victime &; 1 emporta. Didymus
ne favoit qu'en penfer , lorfqu'il entendit une voix
qui lui ordonnoit d'élever un aurel dans l'endroic
où le chien sétoit arrêté ; ce qu'il exécuta, (S: donna
à Hercule le nom de Cynofargès j qui vient de
xoîv , chien, & «çyo? , blanc.
CYNOSORCHIS. f. m. Plante dont il y a plufieurs
efpèces. CynoJ'orchis Celle que C. Bauhin appelle
cynojorchis latifolia , hiantc cucuUo major , a fes
feuilles graftes , larges , prefque femblables à celles
des Us \ la tige de la hauteur d'un pied , ou davan^
tage , & anguleuie , garnie de beaucoup de fleurs
diipofées en lorme d'épi de couleur de pourpre
clair , femblables à un capuchon , ou à un morion
ouvert , defquelles il fort par le bas quelque chofe
de ftangé qui femble de peau de chien , ou de
quelque autre bête à quatre pieds , qui eft aulli de
couleur de pourpre clair j mais il eft marqueté
de points plus purpurins. Ses racines font deux bul-
les qui relLemblent à deux tefticulesun peu longs,
dont l'un eft bien nourri , &: l'autre tout ridé. Foy.
Orchis.
Ce mo t vient de t!-»/?, génitif de "«î» , chien, 6i 'ofx'St
tefticule , comme cjui diroit tefiicule de chien.
CYNOSURE. f m. Terme d'Aftronomie. C'eft un
nom que les Grecs ont donné à la petite ourfe. Il
lignifie queue de chien. Cynojura. C'eft une conf-
tellation la plus voifine de notre Pôle, qui a fept
étoiles , dont quatre font difpofées en carré com-
me les cjuatres roues d'un charriot j & les trois au.
très en long, qui reprélentent un timon : ce qui lait
que les Payfans appellent ces étoiles le charriot ;
& c'eft du nom de ces fept étoiles qu'on a appelé
le Pôle Septentrional , & toute la partie du Ciel
qui s'étend jufqu'à la Ligne, feptem triones.
CYNTHIEN ^ CYNTHIENNE. Cymhius & Cyn.
thia. Surnoms d'Apollon & de Diaiie , ainfi appe-
lés du mont Cynthus , dans Lille de Délos , où
ils avoient été élevés , & où le premier avoit un
Temple.
CYP.
CYPARISSE. f. m. Jeune homme de l'île de Cos,
favori d'Apollon , qui fut changé en cyprès.
CYPERUS LONG , ou SOUCHET LONG , qu'on
nomme aufli G alanga fauvage. f. m. Efpèce de pe-
tite racine , dont l'ufige le plus ordinaire eft pour
la Médecine. Il y a un Cypérus rond , ou Jouchct
qui eft pareillement une racine médecinale.
CYPHI. Mor Arabe , qui fignifie une efpèce de par-
fum fortifiant. Cyphi. Mithridate donna ce nom à
des trochifques dont les Prêtres d'Egypte parfii-
moicnt anciennement leurs dieux pour en obtenir
ce qu'ils leur demandoienr. Il les fit aufli entrer
dans la compofition du Mithridat , p.irce qu'ils font
excellens contre les venins , contre la pefte , con-
tre les maladies froides du cerveau, & contre les
fluxions fur la poitrine. Ils font compofcs de rai-
fins fecs, de térébenthine , de myrrhe , de fcœnan-
the , de cannolle , de canne adorante, de bdellium^
C Y P
âe fpic-nard , àe cjffïa Hgnea , difouchet , del
grains de genièvre , d'afpalatli & de fahan ; à ^
quoi on ajoute du miel & un peu de vin pour en
former une malfe. \
CYPHOMC. f. m. & CYPHOSH. f. f. Terme d'A- :
natomie. Courbure de l'épine du dos , dans laquelle
les vertèbres s'mclinenc contre nature , & promi-
nent en dehors. Rvipa^/j & x^faM» , de >»?>», je cour-
be. DicT. DE James.
C Y R 79
l'olivier & du lotus fauvage. Ceft pour cette rai-
fon que les Anciens en tailoient des ftatuesj com-
me celle de J.ipiter au Capitole. En Candie & au
mont Ida le cyprès vient li naturellement qu'en
quelque heu qu'en remue la terre , il y vient des
cyprès fans femer , c]uoiqu'ailleurs on ait grande
peine à les élever. Les cyprès hailîènt le hunier ,
qui les fait mourir , aulîi-bien que; les heux aqua-
tiques. Mathiole.
CYPiHONISME. i". m. Cyphonifmus. Ceft le nom ' Petit Cyprès , eft une plante aromatique. Foye^
d'un fupplice autrefois en ufiige. On ne fait point
quel ilétoit. Quelques-uas croient, dir Rolweid dans
fon Onomajlkùn , que c'eft celui dont parle S. Jé-
rôme dans la vie de S. Paul, Hermite, C. II- 6:
qui confilloit à frotter de miel le corps du patient,
&c à l'expofer à un foleil ardent les mains liées
derrière le dos, afin que les mouches le piquaf-
fenc fans qu'il pût les chaffer. Foye^ Galonius. ,
De Tormends , C. I.
CYPPLTS. f. m. Capitaine Romain , qui fj retira
de Rome , parce que les Devins lui avoient prédit
que s'il rentroit dans cette ville , il feroit déclaré
Roi. Le Sénat , pour récompenfer fa générofité ,
lui décerna des terres hors de Rome , &: fit éle-
ver un monument en fon honneur.
CYPRE , ou CHYPRE. Voyci ce mot. , _ ^
Il y a une Poire que la Quintinie appelle Az] ou Cypre.Cy/^rwj j «. Quoiqu'on dife Chyprcj on ne
Poire de Cypre , 5c qu'il met au rang des mauvai-l dit point ChypricCj, mais Cypriot. On a dit autre-
fes.
CYPRÈS, f
Garde-Robe.
•|f3" Le Cyprès étoit confacré à Platon. On le
plantoit autour des tombeaux. A Rom? on mettoic
des rameaux de cyprès devant les maïf ,ns des morts :
c'eft pourquoi il eft appelé funefte, éc en Poëlia
Cyprès fe prend quelquefois pout le lymbole de
la mort. Les tuneftes cyprès.
Ec de cette mai/on , de ce bois agrJable ,
Que les fiècUs Jîrem exprcs ,
Tu n'en remporteras , po[fcJfeurpeu durable ,
Qu'un /unc/ie cyprès.
Nouv. cH. DE Vers.
? CYPRINS. Foye^ CvrRis.
; CYPRIOT, OTTE. f. m. & £ Qui eft de l'île de Chypre,
fois Cypr/ens j comme on le voit dans Paradin ,
_. _.__ Cupreffus. Aibve toujours vert , &1 y^nnales de Bourgogne , p. 2j^.
qu'on diftingue en deux efpèces , qui ne différent C^T CYPRIS , ou CYPRINE. Surnom donné à Vénus,
que par la direction de leurs branches. L'une par i ainfi appelée de l'Ile de Cypre qui lui étoit confa-
la direétion de fes rameaux prend tk. conferve une ^ crée.
forme Pvramidale j de c'eft le cyprès femelle des C Y R.
Botaniftes. CuprelJus Jajligiata fivejemina. C'eft or. \
dinairement cette efpèce que l'on élevé dans les CYR. f m. Et nom propre d'homme. Cyriacus.
jardins , foit pour des pahlfades , foit pour for- ; Cyr. Se dit aufli pour Cyrique j, Cyricus , autre nom
mer des pyramides. L'autre efpèce prend une forme] d'homme. Sainte Julitte , ilfue du fang des anciens
toute oppofée , & étend fes branches de côté. Cu-
prejfus Jufa , fivè mas. Mais comme chacun de ces
arbres porte des fleurs & des fruits, il eft en même
tems mâle & femelle , & la diftinélion des Bota-
niftes eft chimérique.
Cet arbre eft plus ou moins haut , fuivant fon
âge. Le grand hiver de 1709. fit périr tous les 9-
près du Royaume. Il arriva à peu près la même
Rois d'Alie, il l'on en croit ceux qui fe vantoienc
d'être delà race au tems de l'Empereur Juftinien,
avoit un fils nommé Cyric, appelé parmi nous S.
Ce nîbt vient de xi^ixtç , dominicus , de y.vfi'n , do-
minus , qui vient de »j^os , aucloritas- Baillct le tire
de x^çn? , prxco ; d'où il prétend que l'on a faic
Qutricus , Cirgues , Ciergues , Cire , oc.
chofe en l'îSj. mais heuueufement cet arbre levé Saint CYR. Lieu célèbre htué dans le parc de Ver-
fort bien de graine, & il croît allez vite. Son bois
eft dur, un peu rougeâtre, pâle cependant , veiné,
d'une odeur douce & d'un goût un peu aromati-
que. Ses feuilles couvrent prefque toutes les bran-
ches , qui font divifées en une infinité de petites ra-
mifications. Ces feuilles font dans les jeunes bran-
ches de petites écailles vertes & pointues ; mais \
dans les vieilles ces mêmes écailles font collées les
unes fut les autres , & font plus obtufes. L'extré- \
mité de quelques - unes de ces ramifications eft ter- j
minée par de petits cHarons roufsâtres , qui n'ont '■
pas quatre lignes de longueur, fur une ligne &i
demi de largeur ; ils font formés par des écailles i
qui font chargées de fommets dont la poulliere ]
eft jaune. Les fruits naiifent dans des endroits fé- i
parés \ ils font ronds & gros comme des noix dans
leur maturité , couleur d'olive.
Les Latins l'appellent conus , à caufe de fa figure ;
ils s'ouvrent de la circonférence au centre en quel-
ques pièces coniques femblables à des écailles :
elles cachent dans leurs fentes de petites femences
aplaties & anguleufes. On appelle ces fruits des j
noix. On s'en fert dans les décoétions aftringentes
pour les hernies , les cours de ventre , pour arrê-
ter les hémorrhoides ; ces mêmes noix prifes in-
térieurement guériftent quelquefois des fièvres , '
comme font la plupart des aftringens.
CypRès'', feditdu bois de l'arbre de cyprès. Cupref-
yî^jfeditde même en Latin. Le boisde cyprès eft fort :
mafhfiS: de bonne odeur, quafi comme le fantal. Il]
n'eft jamais pourri, ni vermoulu, non plus que j
celui du cèdre, de l'ébène j de l'if, du buis, de/
failles. Louis le Grand y a fait conftiuite une belle
maifon pour y élever de pauvres De^r.oilelles lous
la conduite de Religieules. Ces Rciideuies s ap-
pellent les Dames de oaiui Cyr , ik les filles no-
bles qu on y ciève les Demoilelles de ^'iui/it Cyr.
Les Lettres patences pour Téreétion de cette maifon
font du mois de Juillet i6S(5j & en forme d'Edit.
Le Roi y ordonne que les Dames de S. Cyr feront
au nombre de trente-fix j & que ce nombre ne pour-
ra êt:e augmenté ■, que les Demoilelles feront au
nombre de deux cens cinquante j que quand il vien-
dra à vaquer une place des Dames , elle ne pourra
être remplie que par une des Demoifelles qui fera
choifie par la Communauté à la pluralité des fuf-
frages , $c âgée au moins de 18 ans accomplis pour
être reçue au Noviciat j & le tems du Noviciat
paffé, à la Profenion. Que ces Daines feront les
vœux fimples ordinaires de pauvreté , chafteté de
obéillance; & un vœu particulier decon'acrer leur
vie à l'éducation & à 1 inftruéfion des Demoifelles.
L'Evêque de Chartres nomme un Supérieur Ecclé-
fiaftique, qui doit être agréable au Pv.oi. Sa Ma-
jefté fe réferve Se aux Rois fes fuccelfeurs la nomi-
nation & entière difpohtion par fimple brevet des
deux cens cinquante places des demoifelles , qui
ne fauroient être admifes qu'elles n'aient fait preu-
ve de noblelTe de quatre degrés du côté parernel ,
à compter le père.
Elles ne peuvent être reçues avant fept ans , ni
au deftbus de douze, & ne peuvent demeurer dans
la maifon après vingt ans accomplis. Il y a 14
fœur converfes , qui font les mêmes vœux que les
So
C Y R
Dames. Les unes & les autres, auffi bien que les
Demoilelies, font entretenues des revenus de la Mai-
fon à laquelle le Roi attribue la MaiTon de 6. Cyr ,
^ tous les meubles dont il l'avoit pourvue , la
Terre & Seigneurie de^. Cyr, cinquante mille li-
vres de retue en fonds de terre , «Si la menfe abba-
tiale de l'Abbaye de S.Denys. En 16941e Roi per-
mit à la Communauté d'augmenter les Dames &
les Converfes julqu'au nombre de quatre vingts , &
que il quelqueiois Une fe trou voit point parmi les
Demoilelies de fille qui eût les qualités nécelfaires |
pour remplir une place de Dames vacante, la Çom- 1
nninauté pourroit en choifir ailleurs. Innocent XII, ]
donna le 2.5 Janvier 1691 une bulle d'approbation |
& de contîrmation de l'inftitut & Communauté de |
S. Louis de S. Cyr , &c pour l'union de la menfe
abbatiale de l'Àbbaye de S. Denys. Par Lettres
patentes de Mars & Juillet i<^yS , le Roi a aflîgné
un fonds jjour doter les Demoifelles qui fortir'onc j
de cette maifon , Se qui auront contenté la Com- 1
nninauté. l
Jufqu'en 1(^92 les Dames de les Converfes ne •
firent que des vœux fimples. Elles fupplierent le
Auguilin; le Roi y confcncit. Innocent XII. leur
accorda leur demande par un bref du ^oSeptem-j
bre i6ç)i. Et quoique le Pape eût cenfenti qu'elles
confervalfent leur habit fcculier, elles le changè-
rent en habit régulier l'an 1707 le jour de l'Aifomp-
tion. J'^oye^ le P. HÉlyot , T. IV. C. 56. Cette]
Maifon s'appelle la Royale Maifon de S. Louis de !
S. Cyr, & plus communément .5'. Cyr. La maifon de '
S. Cyr. Dans tous les aétes publics les Religieufc^
font nommées Dames , mais entre elles elles le
nomment ma fœur, avec leur nom de famille, & la
Supérieure ma mère , & les fœurs converfes, fœurs
avec leur nom de baptême.
CYRAN. Voye-:^ Siran.
CYR13ASIE. f r. Cyrbafia. Bonnet pointu , en ufage
chez les anciens Perfes, qui le portoient penché,
le droit de porter la Cyrbajle toute droite étant
réfervé au Roi. HÉsichius.
CYRBES & AXONES, f. m. pi. Termes de l'Hi-
floire ancienne d'Athènes. Cell le nom que l'on
donna aux loix que fit Solon , comme les Lacédé-
moniens donnèrent celui dsllhetra à celles que leur
donna Lycurgue. Les Cyrbes contenoient ce qui
regardoit le culte des Dieux , & les Axones ren-
fetmoient toutes les autres loix civiles & politiques.
Ces loix étoient dépofées en original dans l'Acro-
polis qui étoit une Fortereiïe , & l'on avoir feule-
ment des copies au Prytanée. Ces loix étoient écrites
fur des tables de bois , & d'une manière bujirophc ,
c'eft à-dire, qu'au lieu que chacune de nos lignes
commencent à la main gauche & finit à la main
droite, leur première ligne fe recourboit & reve-
noit de la droite- à la gauche j puis fe recourboit
de rtiême pour retourner de la gauche à la droite j
& aind de fuite jufqu'à la fin, p.ar une feule li-j
gne continuée, comme on fait les filions du la-'
bour-age. Plutarque dit que de foii tems on voyoit
encore des rell:es de ces tables. "
CY.ŒNAIQUE. Nom d'une ancienne province de
la Lybie propre , ainfi nommée , parce que Cyrcne
en étoit la capitale. Cyrenaua. La Cyrémiiquc avoit
la Marmaiique au levant, la Lybie intérieure au
midi, la province Tripolitaine avec la grande Syrte
au couchant j & la mer Méditerranée au nord.'
"VoUius, dansfes Notes fur Mêla, L. I. C. 8, re-|
marque que les Anciens ne donnent pas tous les'
mêmes bornes à la Cyréndiquc \ que ce nom fe
prend même tantôt pour la contrée appelée Pen-'
tapolej & quelquefois qu'il s'étend beaucoup plus
loin ; que ceux qui lui donnent plus d'étendue la
continuent depuis la grande Syrte jufqu'à l'Egypte.
i'RENAÏQUE. n m. Nom d'une feéte d'anciens Phi-
lûfophes, CyrendUus. Le Chef des Cyavw/^aci fut
CYR
AriAippe de Cyrène , difciple de Socrate.. C'eft de-
là qu'ils furent appelés C)/'f«tz/t7aej. Ariftippe t;^ui
vivoiten la 96 Olympiade, c'eft-à-dire près de 400
ans avant J. C. Ariitippe, dis-je, & fes difciples,
taifoient conlilier la fin de l'homme & fa félicité
dans le plaiiir j & ils n'eftimoient la vertu louable
qu'autant qu'elle pouvoit fervir à la volupté, com-
me on n'eltime une médecine , qu'autant c]u'elle eft
utile à la fanté. C'étoit-là leur comparaiion ordi-
naire. Ils entendoient par plaifir, ou volupté, non
pas feulement la privation de la douleur & la tran-
quillité de l'aine \ mais l'alTemblage de toutes les
voluptés particulières , tant de l'ame que des lens ,
& iur-tout celle-ci. Trois difciples d'Ariftippe di-
vifercnt dans la fuite fa feéte en trois branches ,
qui convinrent cependant toutes trois de ce prin-
cipe. L'une fur appelée Hégéliaque, Hegejlaca , l'au-
tre Annicérie, îk la troiiième Théodorie , du nom
de leurs Auteurs. Cicéron parle fouvent de l'Ecole
d'Ariliippe , & dit qu'il en fortoit des débauchés.
CYRÈNE. Quelques-uns écrivent CIRÉNE. Ville d'A-
frique , l'une des cinq, dont la petite contrée , nom-
mée Pentapolis avoit reçu fon nom Cyrcuii. Poftel
a cru que c'étoit Carvan , ou Cairoan ; mais cette
ville eft plus moderne, plus à l'oueft , & plus avant
dans la terre terme- Elle étoit entre la grande Syite,
ou le grand banc des côtes d'Egypte, &: le Palus
ALiréotide, mais dans les terres tk. non fur la côte.
Cyrlne fut la patrie de plulieurs grands hommes ,
Arirtippe, Callimaque , Eratoftène , Carnéade , Sy-
nefius , &c. On croit que cette ville fut bâtie par
Arcéfilas, fécond Roi d'une Colonie de Grecs qui
.«'étoit établie proche de la fontaine du foleil , de
Y bâtit d'abord la ville de Zoa fous Battus fon
premier Roi. Cyrène fut bâtie par Battus & les
Théréens , félon Hérodote, L. IV. Callimaque,
L. XVI. Strabon, & Paufanias dans fes Laconi-
ques , l'an 90 de la fondation de Rome, fi nous
nous en voulons rapporter à Eufêbe ; mais Pline j
qui efl plus fur en cet endroit, L. IX. c. 3. le met
en l'an 144. Vigenere.
Cyrîne, f. f. Terme de Mythologie. Nymphe de Th 1-
ce, fut aimée du Dieu Mars , qui la rendit mere^ la
fameux Diomède, Roi de Thrace.
Cyréne , maîtrefle d'Apollon & mère d'Ariftée.
CYRÈNEEN, éenne. adj. Qui eft de Cyrène. Cyren :us.
Comma Simon le Cyrenéen fouiageoit J. C. en ap-
parence , parce qu'il avoit une force divine qui ne
lailToit affoiblir fon corps qu'autant qu'il vouloir,
ainfi c'eft nous qui paroilTons porter la croix lUe
Dieu nous impofe ; mais fi nous foutfrons par 1 jf-
prit de J. C. c'eft lui en effet qui la porte , & qui
nous empêche d'y fuccomber en la proportionn.inc
à notre iolbleffe. Royaum. On diroit que tousnos
nouveaux Traducteurs du N. T. aient évité ce mot.
Ils ont toujours dit un homme de Cyrène , ceux
de Cyrcne. Cependant Cyrenéen , fur-tout en par-
lant de Simon qui aida J. C. à porter fa croix , eft
fort en ufage. Les Cyrénéens étoient très-voluptueux.
Les Cyrénéens excelloient dans l'art de drelfer les
chevaux , & de conduire un char dans la lice.
CYRIAQUE. f. m. Voye^ Quiriace.
CYRIC, ou CYRIQÙÉ. Car c'eft ainfi qu'il faut
écrire, & non pas Cyric, comme fait Bailler /'V) e:j
Cyr.
CYRNUS. Ancien nom de l'Ile de Corfe. Cyrnus.
Lors qu'Harpagus vint alfiéger Phocée , une partie
des Phocéens fe retirèrent à Alalie , qu'ils avoienc
bâtie 20 ans auparavant dans Cyrnus, qui eft l'Ile
de Corfe : mais y étant inquiétés par les Carthagi-
nois & les Tyrrhéniens, ils furent contraints 5 ans
après de chercher des lieux de repos , qu'ils trou-
vèrent le long des côtes d'Italie & de France , où
ils bâtirent Marfeille. Du Loir, p- Ji-
CYRRHE. Nom de deux villes, l'une en Syrie, ca-
pitale de la Cyrrcjlique ; & l'autre dans la Phocide ,
Cyrrhus. La première s'appelle aujourd'hui Qz-jî/j,
ou félon d'autres Carin • & la féconde Kcrr.
CYRRHESTIQUE. Cyrrefdca. Contrée de Syrie, qui
prenoic
Y
C YT
prenok fon nom de ù capitale appelée Cyirus ,
ou Cyms, aujourd'hui Quais ou Caiin.
CYRTIÉN, ENNE. r. Nom de Sede. Cyrdanus ^ d.
Lq% Cjiiiens éioiQni une branche d'Ariens, à la-
quelle un cercaui CyrciuSîleur chef donna fon nom.
L'an 3ç)j de J. C les A riens de Conllancinople
clevcienc une quclHou qui caula bien des troubles
&i des diviilons parmi eux. Il s'agilioit de favoir
Il Dieu le père pouvait erre appelé père' avant la
proùudtion de ion fils. Les uns tenoient pour la
cc"acive , les autres pour l'affirmative. Ils fe fépa-
rerent à ce fujec les uns des autres , & hrent cha-
cun bande à part. La divihon palla de Conflanti-
nople dans d'autres Eglifes , & principalement à
Antioche , où ils furent appelés Pfathyriïns. 'Vingt-
cinq ans après, l'an 419 fous le Confulat de Mo-
naxius Hc de Plintha, & fous l'empire de Théo-
dofa le jeune les divilions cclferent en partie. Les
Pfathvriens convaincus par les raifons de leurs ad-
verfiu-es , fe réunirent à eux ; il y en eut cepen-
dant qui fe féparerenc d'eux avec un certain Cyr-
rius, petit homme fort contrefait qui leur donna
fon nom. Foye^ Thepdoret, lidiet. FatuL L. If .
C. 4. Ceft le feul Ancien que je fâche qui parle
des Cyrcicns. Quelques - uns j comme M. Fleury,
L.XIX. n. 35. écrivent Curticns. Comment diroient-
ils , fi ce petit bollu s'étoit appelé Ksvpnoj , & non
pas Ku;)3-io» , comme le nomme Théodoret, qui du
aufli Ki/fTjami , & non pas "Hon^Tituci.
* C Y S.
CYSTHÉP ATIQUE. adj. de tour genre. Conduit
cjiîtipacique. CyjihepMcus c/aJïiij. C cit- à-dire j qui
porte la bile du foie daiis la véficule du fiel. Ijici.
de James. Ce canal efl: h petit qu'il eit inipercep-
rible , dans prefque tous les animaux , en loite
qu'on l'a long-tems cherché en vain \ mais enfin
M. Perrault, le Médecin, perfuadé que ce conduit
exiftoit nécelfauement , & que pour l'appercevoir
il falloit le chercher dans les boeufs , l'y cher-
cha en effet, & l'y trouva en 1680. Il ell: vrai que
l'on ne l'apperçoic pas indiftinétement dans tous
les boeufs ; mais une dilpolition khirreufe avoir tel-
lement endurci & élargi tous les conduits biliai-
res de celui-ci, que ce canal y était tres-vifiblc.
Il entroit par un bout dans l'hépathique, fans être
bouché d'aucune valvule ; mais l'autre extrémité
qui entroit dans la vélicule étoit fermée d'une val-
vule. C'eil à ce canal qu'en a donné le nom de
c^fihépacique. Ce mot vient de xaVu , vejjle j iSc
»V«T<r.5s J qui concerne le foie.
CYSTHEOLITHRE. f. m. Efpèce de pierre marine
qu'on trouve dans les grolles éponges.
CYSTIQUE. adj. de tout genre. Terme d'Anatomie ,
qui vient de '^kiç, vellie. Cyjlkus , Kyjîicus , a^ um.
Les Médecins diftinguent la bile hépatique & la
bile cyftique , c'eft-à-direj la bile qui eft dans le foie -,
& qui ell fort douce, & ne contient qu'une petite
portion des véritables parties bilieufcs , ëc celle
qui ell dans la vélicule du foie. Il n'y a point d'ob-
fervations ou d'expériences qui prouvent que la jau-
nilfe foit produite fans le concours de la bile cy/^
tLjue. Demoors , Jcad. d'Ed. T. I. p. 575. Si une
petite pierre rombe dans le canal cyftique , il ne
lailfe pas de palfer toujours une grande portion de
bile. iD. pjg. 581. Le canal cyftique eft le canal de
la vedie du foie par lequel la bile fe décharge dans
l'inteftin.
§Cr Cystiques. f. f. pi. pris adjedivemenr. On donne
ce nom à des artères qui viennent de 1 hépatique ,
& vont à la véficule du fiel.
C Y T.
CYTHARE. f. f. Ancien nom d'un Inftrument de
Mufique. Cythara. La lythare étoit un inftiument
rriaiv^ulaire , en forme de Delta Grec Les Poètes
difent qu'Apollon ea fut l'inventeur.
Tome III,
C Y T C Y Z 8 1
CYTHERE. Ç.f.Cythcr'a , orum. C'étoit .ilitrefois le
nom d'une Ile du Péloponèfe, vis-à-vis de Crète.
On la nomme aujourd luii Clnoo , Sophiano. Hé-
fiode dit que Vénus, ayant été produite de l'écume
de la mer , fut portée d'abord à cette Ile fur
une conque marine. Ceft de- là qu'elle eft fi fou-
vent appelée Cyrhérée , Cythéréenne, par les Poè-
tes Grecs de Latins , & par les nôtres k Déelfe de
Cythcre. ,^.
Anft Couvent les fis ennuyés à Cythère j
Pou/ iaj'uivre en ces lieux alnindùnnent leur nietéi
Nouv. Ch. de Vers»
Bien étonné fut r enfant t/e Cythere. Ibid,
Bochart, L. Le. ^^. prétend que ce mot vient du
Phénicien 'inp , Cethri^ qui fignifioit pierre, rocher ,
comme il paroît par 1« Chaldéen. Cette île étoit
toute entourée de rochers.
CYTHÉRÉE. adj. m. <S: f. ou CYTHEREEN,.éenne.
adj. Epithète qui fe donne à Vénus, pour la rai-
fon que nous avons dite au mot Cythere ; & a
Cupidon , à caufe de Vénus la mère.
Cythéree, fe prend àulîi fubllancivement pouC
Vénus.
Au fond du Temple eft un réduit j
Où la Deejje recirée
Jugeait des époux divifés :
Voilà, y û'ir-d/Zf , C\th:rée,
Les querelles que vous euuje'^.
De la F'jseliere.
< ■ '
CiTHÉRIADES. f. f. piur. Surnom des Grâces qui
accompagnent Vénus. Elles étoient honorées à Cy-
there.
CYTHERON. f m. Mont qui fèpare la Béotie dô
l'Attique , conficré à Bacchus & aux Miifes. Ceft
fur ce mont que les Poètes ont mis la fible d'Ac-
téon , les Orgi;s de Bacchus, Amphion jouant de
fa lyre, le Sphinx d'CEdipe.
CYTiNUS ou CYTINE. f.m. Terme de Pharmaciô
qu« Diofcoride donne à la fleur du grenadier do-
meftique , comme il donne celui de halauftium ,
à la fleur du grenadier fauvage. Cytinus. Les Apo-
thicaires appellent balauftes , les fleurs de l'un &
de l'autre grenadiers indifFéremmc-.it. Pline dit que
ces fleurs font bonnes pour teindre en cette forte
de couleur rouge qu'on appelle en Latin /'^/«/'tcuj-,
de punica , qui fignihe grenadier. Le cytinus réper-
cute & reftrêint i il eft propre pour arrêter le fang
& toutes fortes de fluxions , & pour cicatrifer les
plaies. Il eft aufil ftomachique.
CYTISUS. f. m. Plante, roye-z Citise.
CYURAN. Nom. d'homme fait par corruption Ad
celui de Cyprien. Cyprianus. Il y a eu aux en-'
virons de Poitiers un Monaftere de la Congréga-
tion de Tiron , fous le nom de S. Cyprien , dit
vulgairement S. Cyuran. P. Hélyot^ Tome VI*
<r. 15.
C Y Z.
CYZICÈNES. f. m. pi. C'étoient chez les Grecs les
plus magnifiques fallesà manger. Cœnacula^cy-^icena.
Ce mot vient de Cyzique , ville d'Afie , célèbre
par la magnificence des bâtimens.
Cyzicènes , eft encore une efpèce de médaille ,
ou de monnoie valant deux drachmes , fort cfti-
- mée autrefois pour la beauté de fon coin. Elle re-
préfentoit d'un côté la Déelfe Cybèle, & de.l'aiura
un lion. Cy^iceniftaures.
CYZIQUE. Ville ancienne de Myfie fur la Propon-
tide. Cyrjcaj. Cy^'quc fut bâtie par les Aîiiéfi.-ns,
l'an troilieme de la feptieme Olympiade, félon
quelques-uns , & félon d'autres , la féconde année
de la XXIV^. Olympiade. Elle prit, dit - on , fon
nom du Roi Cynique j que Jafon tua imprudem-
Si
CZ A
ment. C'étoit une des plus belles Se des plus gran- ^
des villes d'Alie. Cynique a frappé plufieurs me- '
dailles fur lefquelles on voit KYZ. Les habiians de
Cy\ique palToient pour être mous & lâches, /^oyeç
Cafaubon fur le douzième Livre de Strabon , Se
Grelot dans fon Koyage de Confiandnople. HofF-
man donne à Cynique 54. degrés 50 min. de long.
& 41. d. 15. m. de latitude.
La Divinité prétendue Tutelaire de Cynique étoit
fans doute Hercule : car il étoit leur fondateur j
comme ils le déclarent eux-mêmes fur une médaille
de Domitien ou Hercule eft au revers , avec cette
iniVription , ton Ktis thn Kïzikhnon. P. Hard.
Mân. de Trév. lyi}. p. 1439.
CZA.
CZAR. f. m. Roi. Cefl un nom ou titre d'honneur
que prend le Grand Duc de Mofcovie. En fonpays
on prononce TZar , ou Zaar , & cela eft corrom-
pu de Cmfar , ou Empereur. Car il prétend defcen-
dr€ d'Augufte. Il réfide à Moskou fa ville capi-
tale. Le premier qui a cris le titre de C^ar a été
Balîle , fils de Jean Bafdide : c'eft lui qui vers
l'an 1470 , commença à faire parler de la puif-
fance des Mofcovites. Les grands Ducs de Mofco-
vie ont auffi pris l'aigle , pour marque de l'em-
pire. Ce fut vers la hn du XV^. fiècle que le Duc
Jean fecoua le joug des Tartares , dont les Princes
de Rulîîe , jufques là , avoient été tributaires ,
& donna à cet Empire la forme que nous lui
voyons. Ces Princes , dit M. Sperlingius , dans
une DilTertation fur la majefté du nom Konning,
Roi , ces Princes n'ont porté le nom de C\ar que
depuis que les Ruffiens , ou Mofcovites , ont
embralTé la Religion des Grecs. Il prétend qu'au-
paravant ils s'appeloient Konger, Roi.
Les Mémoires de Trévoux écrivent depuis quel-
ques années T^ar, au lieu de C^ar. Il paroît néan-
moins que ce n'eft point encore l'ufage , fmon dans
le Nord. Nos gazettes 5c tous nos autres livres
difent C'^ar.
CZARAFIS , ou CZAROWITZ. Nom qui fignifie
Prince , ou fils de Czar , chez tous les Tartares j
comme en Mofcovie, car le mot de C^ar vouloit
dire Rei chez les anciens Scythes , dont tous ces
CZ À
peuples font defcendus ; & ne vient point des Cé-
ïars de Rome , fi long-temps inconnus à ces bar-
bares. M. de Koltaire j Hijt. de Charles Xil. Roi
de Suède. Je ne vous difputerai point l'étymologie
du mot Ci^ar , ou de C^arafis : je me contente de
dire que je n'ai jamais entendu appeler Ci^ar que
le Souveram de Mofcovie , dont le fils aine eft
toujours appelé C-^arowici. M. de la Mocraye à M.
de f^oltaire. P'oyez Czarowitz.
CZARÉE. adj. f. Majefté C:jart(;. M. Potenkin ,Am-
balfadeur de Mofcovie , demanda en 1681. que
Louis XIV. traitât le Czar de Majefté C:![^arce. Le
Czar prenoit lui-même cette qualité dans la let-
tXQ de créance de fon Amballadeur. Le Roi ne
voulut point lui accorder fa demande.
CZARIEN , ENNE. adj. Qui appartient au Czar. Ctt-
farianus. Les Auteurs des Mémoires de Trévoux
difent T-^^arien , félon l'ufage du Nord. Il eft forti
de l'Imprimerie T\arienne une Géographie univer-
felle. MÉM. DE Tr. La Princefle C^arienne , c'eft-
à-dire la fille du Czar , époufe le Duc d'Holfteia.
Sa Majefté C\arienne , c'eft le Czar. Leurs Majeftés
. C\ariennes , en parlant du Czar , & de 'la
Czarine.
CZARINE. f. f. Titre qu'on donne à l'époufe du
Souverain de Ruflie , ou à la Princefle qui en
eft fouveraine de fon chef. Regina , ou Magna
Ducifja Mofcov'u. Eckard a recherché les ancien-
nes alliances de la Maifon de Brunfwick avec
les Czars. Il en a ttouvé deux. La premièfe vient
de Marie , femme de l'Empereur Andronic : elle
étoit fille d'Anne de Brabant, & petite fille de Fré-
déric Barberoufte : d'elle font defcendus les der-
niers Empereurs Paléologues , & Sophie Paléolo-
gue Clarine de Mofcovie femme de Jean Bafi-
lowitz , furnommé le Grand, L'autre alliance vient
d'Hélène de Danemarck mère d'Othon , premier
Duc de Brunfwick. Mém. de Tr.
CZAR O WI TZ. f. m. Fils du Czar , & héritier
préfomptif de fa Couionne Ctefaris Mofcov'nid
films. Le Czar Pierre Alexiowitz , mécontent du
C-^arowici fon fils , le Prince Alexandre Petrowitz ,
le fit condamner à mort en 1718. par tous les Or-
dres de la Monarchie alTemblés pour le juger. Il
fit aufli punir de mort différentes perfonnes , cjui
avoient donné au Ciarowif:[ des confeils de délo-
béilfance. Ce nom fignifie Prince RoyaL
D
Siibftantif mafculiii & indéclina-
ble, que nous prononçons c/^', tant
au pluriel qu'au hiigulier. Quatriè-
me léfcrc de l'Aiphaber j Se la croi-
iième des confonnes. M. l'Abbé de
Dangeau appelle le d une lettre pa-
latiale : les autres legardçnt com-
ilTunéinent cette lettré comme une
lettre de la langue, c'eft-àd ire dont la langue èft le
principal organe, oiiàla prononciation de laquelle
la langue concourt plus que les autres parties de la
bouche i car, pour prononcer cette lettre, il faut que
le bout de la langue frappe contre le palais vers
l'endroit où les dents d'en-haut fortentde la gencive.
Le d conferve fa prononciation dans la plupart
dés mots , lors même qu'il eft devant une confonne
ou un J èc un v confonne , comme dans adjecUJ ^
admettre.^ adverbe j Sec. Il faut pourtant excepter
quelques mots de cette règle générale , comme
advis ^.advocat , &c. mais aulîî l'ufige aujoiird'hui
letraricKe prefque toujours dans l'orthographe le (/,
lorfqu'il eft retranché d'ans la prononciation , &
l'on écrit comme on prononce, avis ^ Avocat, &c.
Le d a la fin des mots ne fe prononce pas quand
il n'y a point d'autre mot qui fuive j comms grand ,
fécond , fécond yjond, Sic. excepté dans les mots
ties laiigues étrangères que la langue Françoife a
adoptés fans y rien changer, comme iod ,, iamed ,
GaUiad , Aod , David ^ &c. Le d fijial dans les
mots François ne fe fait point fentir , fi le mot
fuivant commence par une confonne , comme
grand bonheur , fécond chef , &c. mais^ qiiand le mot
qui fuit le d lihal comrnence par une voyelle, le
à fe prononce comme un c \ exemple , grand ef
■prit , prononcez grant efprit : il en eft de même du d
£nal devant un mot qui commence par une h qui
li'eft point afpirée , conmie grand homme , on
Îirononœ grant homme :^ quand l'/z eft afpirée le d
é perd dans la prononciation , comme grand héros ,
prononcez gran héros. Le d final fe perd aufli dans
quelques monofyllabcs devant un mot qui com-
mence par une voyelle , comme dans les exem-
ples fuivans , fourd animal , jond inepuifable , on
prononceyittr&yè/z j mais, dans cette phrafe , de
jond en comble., l'ufage change le c'en r& on pronon-
ce de j ont en comble • on prononce aulîi/roi^avecun
t , jrbit épouvantable, il taut encore remarquer que
dans quelques mots, comme ^raW Se fond , lorf-
qu'on retranche le d dans la prononciation j on al-
longe la fyllabe , ce qui ne fe fait pas dans les
autres mots , comme fécond , fécond y fourd.
Dans les noms féminins ïe final fe retrj
retranche
clans la prononciation devant une voyelle , mais
le d qui précède cet e conferve fa prononciation ,
& ne fe change point en t. Il arrive alors que le d
eft prononcé dans le temps même que \e muet
va fe perdre dans la voyelle qui fuit. Ainfi l'on
prononce Grand' ame , fécond' ohfervation, & non
pas Grande ame , féconde obfervation.
La raifon qui lait qu'on change en certaines oc-
c.lfions dans la prononciation le ^ en r , eft qu'en
François il faut foutenir beaucoup plus les confonnes
finales devant les voyelles qu'ailleurs, /'oje^ les re-
marques de Vaugelas, Se les obfervations de M.
Mén.agefurla langue Françoife , la Grammaire de
M. TAbbé Régnier, & le difcours de M. l'Abbé
de Dangeau fur les confonnes.
•Cette lettre d en Hébreu , en Chaldéen , en Sa-
maritain , en Syriaque , en Grec Se en Latin , eft
la quatrième de l'Ali^baber. Dans les cinq premiè- !
(«s langues ells a le mêuieiiom , énonfçe cepen-1
D
dant «fifféremment , en Hébreu 5c en CÎialdéetH
daleth : en Syriaque dolath , en Grec delta. Les Ara-
bes ont trois ^dans leur langue, le premier fe nom-
me dûl , c'eft la huitième des ving-huit lettres de
leur Alphabet. La neuvième, qu'ils nomment dhfal^
ne fe diftingue de la précédente pour la forme cpe
par un. point que l'on met delFus, mais quant an
Ion J il eft mêlé de celui du ^. Le troificme ^des
Ar.ibes qui tient la dix-feptième place de leur Al-
phabet , fe nomme da; il a le fon dé notre d j mais
la figure du Ta Arabe , dont il ne diifere cjue par
un point que l'on met delfus,
La forme de notre D, eft celle du Z) des Latins ^
comme il paroît par toutes les médailles &: les inf-
criptions anciennes. Le D des Latins ri'eft autre
chofe que le A des Grecs arrondi j en le faifant plus
vue, & en deux traits feulement. Le A des Grecs eft
pris du daleth de l'ancien caraétère Hébreu , tel
qu'il fe conferve encore fur les médailles Hébraï-
ques, appelées communément médailles Samaritai-
nes , comme on le peut voir dans la première des
Dillertations du P.' Soucier, Jeluite , qui eft fur les
médailles Samaritaines , &e fur les premières let-
tres Hébraïqaes,/'. \}.&ep. 241. Seulement lés Grecs
en ont retranché une petite ligne, Se l'ont penché.
Il feroit aifé de montrer que je dolath Syriaque ,
& le dal Arabe viennent auOi de cet ancien Hé-
breu, comme le T, da/et/i du nouvel Hébreu ou
de l'Hébreu carfé'jc'éft- à-dire du caradere Chal-
déen ou Alfyrien.
Quelques-uns néanmoins prétendent que le A,
delta des Grecs, leur eft venu des Egyptiens, qui
marquoient cette lettre par trois étoiles mifes ea
triangle ; hiéroglyphe qui chei eux.déiîgnoit Dieu,
l'Ltre Souverain, cohime s'ils avoient connu la Tri-
nité des perfonnes en Dieuj Se qu'il l'euflent ainiî
expr:mée. Tout cela eft fans apparence ; mais c'eft
le réfuter mal , que de dire que l'ancien A , delta
Grec , étoit rond , Se non pas en triangle : car comme
on l'a dit ci-delFus, c'eft le triangle du daleth de
l'ancien caraétère Hébreu. Les médailles , tous les
plus anciens monumens, & en particulier les Inf-
criptions tirées d'Athenafi par les foins du Marquis
de Nointel, Ambalîadeur de France à la Porte,
ont le A en triangle. Il eft vrai que fur deux co-
lonnes qui font au Palais Farnefe il eft arrondi ;
mais ces colonnes font fort poftérieures , faites â
Rome & pour l'Italie , mifes dans le chemin d'Ap-
pius, tout près de Rome. Ainfi il n'eft par extraor-
dinaire qu'il y ait un D Romain pour un A Grec,
comme il y a beaucoup d'autres chofes peu con-
formes à l'ufage Grec. Voflius croit que ces colon-
nes n'ont été faites que fous Antonin Pie, ou Marc
Aurèle J Se le P. Montfaucon, tout au plus Cdus
Trajan.
Le D & le T fe changent fouverrt l'un en l'au-
tre ; ce qu'il importe de remarquer pour les éty-
mologies. Les Bretons les confon-dent aufti dans la
pronohciarion. Se n'y mettent prefque point de dif-
férence.
r? Le Z> eft la foible du T, Se le T eft la forte
du Z>; ce qui fait que ces lettres fe trouvent fou-
vent l'une pour l'autre.
Le D mis feul en notre langue fignifie Dom. Le
Roi D. Pedre; c'eft-à-dire , le Roi Dom Pedre ;
mis après un N, il veut dire Dame N. D. Notre-
Dame-, c'eft-.à-dire la Sainte Vierge.
ifZF' Cette lettre avoir différentes fignifications
dans les infcriptions. D. M. fe prenoit pour Diis
Manibus. D. pour Divus. D. N. pour Dominut
Nofer, en parlant des Empereurs Romains.
L ij
84 DADAB DABDAC
D , eft aufii un caradère de chiffre Romain,^ qui' DABERT. f. m. & nom d'homme. Dagobenus. A
Bourges , S. Daben , Evêque , donc le corps re-
pofe à Saint Outrille du château. Chast. Martyr.
T.l.p. 339. Quoique le nom de ce Saint Evêque
de Bourges fou le même que Dagobert , il ne fauc
pas cependant l'appeler ainli , mais Dabert, qne
i'ufage a fait de Dagobert , par corruption & pac
fyncope.
DABES. f. f. Terme de Relation. C'eft le nom du fi-
xième des dix mois dont l'année des habitans de
l'Ile Formofe eft compofée. f^oye^ la Defcriptioa
de cette Ile, imprimée à Amfterdam en 1705.
DABIR ou DEBIR. Ville dans la Terre Sainte. Dabir^
Debir. Il y en avoit deux de ce nom. L'une étoit
dans la tribu de Juda. Jof. XII. 13. ç'avoit été
une ville Royale fous les Chananéens : elle fut prife,
& fon Roi défait par Jofué. Jof. X. }■&. XII. 13.
Elle fut donnée à la Tribu de Juda , comme il
paroît par Jofué XI. 21. XIII. 16. &c XV. 7. Le P.
Lubin prétend qu'elle paffa enfuite à la Tribu de
Siméon. Je ne fais fur quoi il fe fonde. Quoi
qu'il en foit , elle fut enfin Lévitique aflîgnée aux
enfans d'Aaron. Jof. XIII. 15. i. Parai. FI. 58.
Dabir eut encore deux autres noms j Carioth-Sennay
Jof. XF. 4c;. & Cariath-Sepher, Jof XV. 1 5 . Jug. I.
II. Foyei ces mots. Dabir étoit dans les monta-
gnes.
L'autre Dabir , que les Septante appellent Aa!Sà> ,
Daibon ^ étoit à l'orient du Jourdain dans la Tribu
de Gad , JoJ] XIII. x6. Elle avoit été aux Amor-
rhéens d'au - delà du Jourdain , comme Adricho-
mius l'a remarqué.
Ce nom vient de l'Hébreu 13t , dabar 3 c'eft-à-
àhe parler, & fignifie parole, difcours , oracle 'y
peut-être parce que , fous les Chananéens idolâtres,
il y avoir des oracles dans ces villes.
DABO. Voye\ Dachsbourg.
D'ABONDANT, adv. De plus, outre cela. Pntereà ,
infuper. Il vieillit ; & n'eft plus en ufage qu'en
ftyle de Bulles , d'Ordonnances j de Réglemens ,
&c.
$T D'ABORD, & mieux dabord fans apoftrophe ,
F. Abord.
D'ABORD -QUE. conjonél. Auffi-tôtque. Foye^
Abord.
DABOUIS. f. m. Toile de coton qui fe fabrique aux
Indes Orientales.
DABOUL. Foye^ Dabul.
DABUH ou DABACH. f. m. Sorte d'animal qui naîe
en Afrique, qui eft de la grandeur d'un loup ^ ôc
prefque de la même forme ; mais il a des pieds
ôc des mains comme un homme. Il tire les corps
morts des fépulchrcs , & les mange. Il eft fi charme
du fon des trompettes & des tymbales, que c'eft
en jouant de ces inftrumens que les Chaflèurs le
prennent. Ablanc.
$zr Les Arabes le nomment Hyène , les Afri-
cains Tefif.
DADUL ou DABOUL. Ville de la prefqu'lle de l'Indô
deçà le Gange. Elle eft dans le Royaume de Décan
à l'embouchure de la rivière d'Halevrako. Dabul a
un fort bon port ", elle eft marchande ôc fortifi.ée.
Maty. F. Mandeflo , Foyage des Indes. Lat. nord
iS.d. felonDelifle.
DABUSIJAN ou DABUSCA. Ville de la grande Tar-
tarie. Dabufcia. D'Herbelot dit qu'Abulfeda la placQ
a 8S. d. 5 5. min. de longitude, & 39. d. 40. ou 50. m.
de latitude.
fC? DABUSIYAH ou ALDABUSIYAH. Ville de la
petite Tarcarie , dans la Tranfoxane , entre Bochara
ôc Samarkande.
D A C.
DACA. f. f. Grande Ville des Indes fur le bord dtt
Gange , Foye^ Tatbrnier , Foyages des Indes ^.
T. II. Liv. I. ch. 8.
D'ACCORD. Efpèce d'adverbe. Terme de commerce
ôc de compte. C'eft une confeioiité & égalité daa|
fignifie cinq cens : ce qui vient de ce que le D eft
la moitié d'une M en caradtère Gothique, qui a li-
gnifié mille : fur quoi on a fait ce Vers.
Littera D velut A qulngentos fîgnifîcabit.
Si on met au-delTus du D une barre, elle fignifie
cinq mille.
Le D majufcule dans les baftes continues marque
le dejfus ou le bas-defjus. C'eft un catadère de Mu-
lîque en cette cccaiion.
D. C'eft la quainême Isctre des fept Domini-
cales.
D. C'eft par ce caradcre qu'on diftinguî la mon-
noie de Lyon.
D, dans l'Alphabet Chimique, dénote le vi-
triol.
D A.
DA. On écrivoit autrefois De:i. Interjeéïion qui fert
à augmenter l'affirmation ou la négation ; c'eft un
terme familier. Plane ^ omninb. 0\x\-da y Nenni-
La dévote Califle ,
De fon mari a fait un Jean :
Oui-Aï, un Janfenifte, ScAa.
Ouï- ai i je ferai ce qu'il me plaira. Moi.
Ménage, après Bochart, dit que ce mot vient
du Grec Aia, comms , par Jupiter. Borel le dérive
de la particule Grecque .^» , qui fignifie profeclo , &
M. Huet du Chaldéen vn, hic j hac , hoc.
D A A.
DAALDER. f. m. Monnoie d'argent qui fe fabrique
en Hollande, & qui a cours pour un Horin & demi ,
c'eft- à-dire pour environ 37. fols fix deniers de
France.
DAARlN , AINE. ad). Vieux mot, qu'on trouve dans
quelques Coutumes , il veut dire dernier. Sitôt
comme la terre a fa daraine roie pour femer bled.
De Beauman.
D A B.
^DABACH. royc^DABUH.
Ip" DABARITH. Foye^ Daberetm.
DABBASETH ou DABBASCHETH. Foye^ Dêba-
SETH
DABBAT. f. f. Nom que les Mufulmans donnent à la
bête de l'Apocalypfe, qu'ils croient devoir paroître
avant le Jugement dernier j aulïï bien que l'Ante-
chrift , qu'ils appellent daggial-. Ils appellent Dab-
bath al ardh j c'eft-à-dire Bête de la terre, la
féconde bête de laquelle il eft auffi fait mention dans
l'Apocalypfe.
' H^ Ce mot dabbat j fignifie en Arabe bête ; d'où
vient qu'ils appdlem Dabèat al mis le , la bête qui
porte le mufc ; Dabbat al Zabbad, la civette. Ils
appellent par excellence la bête de l'Apocalypfe,
bête Amplement.
DABERETH ou DABARITH. Ville delà Tribu d'If-
fachar fur les confins de la Tribu de Zabulon. Da-
bereth. Le torrent de Cilfon l'arrofe ^ & elle fut ville
de Refuge Ôc Lévitique. Foye^ Jofué XIX. 12. 20.
XXI. 28. 7. . Par. VI 72. Les Septante l'appellent
Aafija'S-j Dabiroth , AtSSâ , Debba, AtStf) , Deberi.
Le P. Lubin croit que c'eft la Rabboth dont il eft
parlé au chap XIX. de Jofué, v. 20. parce que les
Septante appellent cette ville Aafjf»», nom qui ap-
proche de AafjçaîS-, qu'ils donnent à celle-ci. /)«^<;-
reth s'appelle aulfi Dabareth. Jofephe l'appelle Da-
harith éc Dasbath. Zieglerus croit que c'eft Pah-
rath.
D AC
le calcul que foiu deux marchands 5ç Négociatls. !
Un Marchand écrivant à fon Correfpondanc, ditj
qu'il a trouvé la fadlure de Ion ami d'accord, &'
que Ion compte à lui envoyé s'ell trouvé d'accord ,
c'ell-à-dire tout coiitoimeau hen. !
§Cr D'accord eft aulli une expreOion adverbiale par
laquelle on fait entendre qu'on approuve, que
Ton ne contefte point ce qu'on dit. /''y<?{ Accord.
DACE. f. f. Impolition ou taxe qui le met fur le
peuple Irikutum.
Nicod croit que ce mot vient de tributum ind'tcere.
Vollius croit qu'il vient du Latin datidi j à dando ,
comme tribuium à uibuendo \ parce qu'autrefois elles
étoicnt gratuites j lîîc fe payoïent volontairement
aux Seigneurs. On l'a appelé auili en Latin moderne
data & dado.
DACE. f. m. & f. Peuple qui habitoit là Dacie. -Dti-
cus. Les Daces étoient voilms du Danube & de
la forêt Hercinie. On dit qu'ils fe retirèrent dans
la fuue fur les côtes de Norwége. Dion , Strabon ,
&c Appien , difent que les Daces étoient Gères ,
que les Romains appeloicnt Daces les Gères d'au-
delà du Danube. Les Gètes croient Scythes , ainfi
les Daces l'ctoient au(li , comme dit Cluvier j
întrod. Ge'og. L. Ip^. c. 18. Strabon , dit qu'ils
s'étoient appelés auparavant Daves , Davi \ que
c'eft pour cela que Dave chez les Athéniens , &r
dans les Comédies , eft un nom d'efclave. Les
Daces eurent leurs Rois jufqu'à la fin du premier
fiècle de l'Eglife. Le dernier fut Décébale , que
Trajan vainquit. Cette vidroire lui acquit le nom
de Dacique , que nous lui voyons fur fes médail-
les la 7^. annâe de fa PuilTance Tribunitienne \
l'année d'avant fon V^. Confulat. Imp. C^s. Ner-
VA Trajanus Aug. Germ. Dacicos p, m. ) ( Tr.
p. VII. Imp. iiii. cos. un. des. v. p. p. dansMez-
zabarba , p. 151. Alors la Dacie fut réduite en
Province Romaine. Les Daces étoient brutaux &
' cruels. On dit qu'ils furent converris par St. Ni-
cétas. Ils s'imprimoient des marques fur le corps
par la pondlion , comme encore plufieurs Améri-
cains. Quelques-uns difent que les Daces étoient
ceux que les Grecs ont appelés àan , Dai ^ Sau-
maife le nie. Pline j Liv. IV. c. 12. & XXII. c. i.
Ptolomée , Liv. III. c. 8. Dion , Liv. LXVIII. Clu-
vier , Germ. Ait. Saumaife fur Solin j p. 3 S. 39.
7P5. parlent des Daces.
DA(..E, ou DACIE. Ancien nom d'un pays de l'Eu-
rope. Dada. La Dacc ctoit bornée au nord par le
mont Darphate , & par une partie de la rivière
de Tyras j ou Niefter , qui la féparoient de la Sat-
matie Européenne. Au couchant le Tibifque , ou
la Teilfe la féparoitdes JazigesMetanaftes. Au midi
le Danube la féparoit de la haute & bafife Méfie :
au levant cette même rivière avec rHiéralTus , au-
ieurd'hui le Pruth, la fépatoit des Gètes. Ainfi
l'ancienne Dacie renfermoit toute la partie de la
haute Hongrie qui eft à l'orient de la Teilfe ,
avec la Tranhlvanie , la Valaquie , & la Molda-
vie. Maty. Trajan réduifit la Dacie en Province ,
& c'eft en mémoire de cette expédition qu'on lui
éleva la colonne Trajanne. Aurélien en tira une
Colonie à laquelle il fit pafter le Danube j & qu'il
plaça entre les deux Mœfies. Il lui donna fon nom ,
& pourladiftinguer de l'ancienne Dtjce , il l'appe-
la Dacie Auréliennc , Dacia AurcLiana. La Capi-
tale de l'ancienne Dacie , étoit Zarmifogétufe ,
que Trajan nomma Ulpia Trajana ; & que l'on
a aulTi appelée Varheli. La Dacie Aurclienne fe
divifoiten Alpeftre , Alpejlrisic en Ci-Inftrienne ,
Cis - inflrienfis , laquelle fe diviLoit en Ripenfe ,
RipenCis , ou Pannodacie , comme qui diroir Da-
cie Pannonienne & en Méditerrannée ou Gé-
pide. Cluvier dans fon Germania Antiqua , p. 14.
croit que les Daces & les Gétes étoient le même
peuple.
Hadrien , Antonin Pie &: Trajan Dèce , ont au
zevers de quelques-unes de leurs médailles Dacia.
Le type dans celle d'Hadrien eft uns figure virUe
DAC Sj-
fur des montagnes & des rochers , tenant de U
main droite une aigle légionaire , & d la gauche
une palme , ou quelque choie de iemblable j &C
dans l'exergue Dacia. /"tij-eij Patin j T. I. p. lyi.
if)i. Mezabaiba , p. 173. Sur celles d'Antomn ,
cette figure de foldat tient de la main droite uncaf-
que rc-nverfé , & de la gauche un labarum. Dans
Trajan Dèce il y a Dacia , Dacia capta, Dacia
FELIX.
Un des fleuves principaux qui ariofent la Dace ,
eftleMarife, Marijus , que les AUcmans appellent
Marish , & les Hongrois Maros , ou Marons. Pline ,
L. IV. c. I i. Ptolomée , L. 111. c 8. Strabon, L.
VII. Cluvier , Introd. L. IV. c. 18 décrivent la
Dacie Mêla n'en dit pas un mot.
DACE. f. m. Nom d'homme. Dacius. S. Dace , Evê-
quc de Milan, mourut à Conftantinople, où il
ctoit allé pour l'affaire des trois Chapitres. S. Gré-
goire parle de ce voyage, en fes Dialogues. C'eft
à lui que s'adrefle la féconde lettre du XI P. Livre
du Regiftre de ce même S. Pape. On garde à
Milan une Chronique en manufcrit , qu'on nom-
me la Chronique de Saint Dace , & qui a été ci-
tée fous fon nom par Polfevin , par Aubert le
Mire & par LTghel , quoiqu'elle ne foit pas de lui.
On peur voir le jugement qu'en porte D. Ma-
billon au commencement du premier Tome de fes
Annak-s. Cette Chronique eft de trois Auteurs ,
un ancien Landulf , un Arnou & un autre Landulf ;
ce qui a donné occafion de l'attribuer à S. Dace ,
c'eft la conformité de fon nom avec celui d'Idace ,
grand Chronologue , Evêque en Efpagne. Chajîc
lain Martyr. T. 1. p. 145.
Il y a encore un autre S. Dace , Dacius , dans
le Martyrologe Romain au vingt-feptième de Jan-
vier , mais c'eft une faute de Galéfmius , qui a
lu Dacius pour Dativus , Datif, f^. ChastElaiN.
DACHA'W. Petite Ville d'Allemagne dans le Duché
de Bavière , fur la rivière d'Amber ou Amper :
à deux milles de Munich.
DAGHSBOURG , ou DABO. Petite Ville de la haute
Alface. Dachspurgum , Dachsburgum. Cette place eft
fituée fur un rocher , ?>i appartient au comte de
Linage. Maty.
DACHSTEIN . ou DAGOBERSTEIN- Petite ville
de la balfe Alface dans l'Evêché de Strasbourg.
Dachfleinum \ Dagoberti Saxum. Cette ville , qui
a pris fon nom de Dagobert Roi de France , loa
Fondateur , avoir un bon château , que les Fran-
çois ont ruiné. Maty.
DÂCÎE. adj. royei DACE.
DACIQUE. f. m. & f. Titre d'honneur accorde â
un Général pour avoir vaincu l«s Daces. VainqueuC
des Daces. Dacicus. Ce titre , comme nous l'avons
dir , fut déféré à Trajan l'année VIF, de fa puif-
fance Tribunitienne. Juvénal parle de la guerre des
Daces , Sat. IV. m. & du titre de Dacique joint
à celui de Germanique fur la monnoie. Sat. VI.
104.
' Cum lance beatâ
Dacicus & fcripto radiât Germanlcus aura.
L'Auteur du Commentaire à la Dauphine pré-
tend que cela marque une monnoie de Domitien ,
fur laquelle il avoir les titres de Dacique &c da
Germanique : c'eft une erreur. Domitien a le titre
de Germanique , mais jamais celui de Dacique ;
Trajan eft le premier qui l'ait porté : & ceci eft
une preuve que Juvénal non-feulement a vécu fous
I Trajan , mais que fa IV^ & fa VI=. fatyre n'ont
I été faites qu'après l'année VIF. de la puiflanceTri-
î bunitienne de ce Prince. Quand dans un riche baf-
; fin on voit rayonner fur l'or cifelé l'image de Do-,
' mitien Dacique & Germanique. Ds Marolles.
3? DACOS. Foye? Dax .
DACROIDE. adj." Terme de Médecine , ou de Chir-
rurgie , qui fe dit des ulcères qui jettent continuel
lement de la matière. Blanchard , HarRis._
Ce mot vienî du Grec A'H"" , larme. Si «»^?;
86
D AC
Jormc. Ces ulcères pleurea: une matière en for-
me àz larmes.
DACTE. {. f. Voye-{ DATTE \ c eft la mcme chofe.
DACRUE. Ville d'Afrique clans la Nubie.
DACTYLE. 1". m. Nom que porcoient les premiers
i'rèrres de la Deelfe Cibèie. On les appeloit Dady-
ics Idéens , Dactyii Id&i^ comme on appeloit Cybele
Idéenne, Id.ta , parce qu'elle étoit pnncipaiemeni
honorée fur le mont Ida en Phrygie. On leur donna
ie nom de Daciyles , parce que , pour empêcher
que Saturne n'entendit les cris de Jupiter que Cy-
bele leur avoir confié , ils chantoient je ne lais quels
vers de leur invention , & dont les mefures iné-
gales imitoient les temps du pied appelé Ddc'yie.
Cell au moins ce qu'en di: le Grammairien Dio
niède. UnSopliocle cité par Strabon. L. X. préten-
tloit qu'on les appela Z^^^Sy/t'^ du mot Grec ^M'^^i^oî ^
lignifiant doi^^t , parce tju'ils étoient d'abord au-
tant que l'homme a de doigts aux mains ; c'eîi à-
dire dix , cinq garçons & cinq filles. Il aiputoii
qu'on leur devoit l'invention du fer j & l'art de le
fabriquer , tk de plufieurs autres chofes utiles à la
vie. D'autres en mettoient plus ou moins de dix ,
& vanoient fur leurs noms , comme fur le nom-
bre de ces premiers adorateurs de Cybèle. Les uns
les fiifoienc originaires de Phrygie au pied du mont
Ida, d'autres difoienc qu'ils y croient venus d'ail-
leurs.
Du refte tous les Auteurs que Strabon avoir vus
convenoienr i°. Qu'ils avoient les premiers travail,
lé en ter près du monr Ida ; que c'ctoient des im-
pofteurs j qu'ils avoient été Miniftres de la mère
des Dieux , ou de Cybèle , qu'ils demeuroient
au pied du mont Ida en Phrygie, en comprenant
Ja Troade dans la Phrygie , ils conjedturoient aufli ,
non pas comme on le dit communément , que
les Curetés & les Corybantes étoient les mêmes que
les Daciyles Idéens , quoitiue cela puilfe aulîi
avoir un bon fens ; mais que les Curetés & les
Corybantes étoitnt leur poftérité ; que d'abord
cent nommes nés en Crète furent appelés Daciyles
Idéens, que ceux- ci eurent neuf enfans qui furent les
■ Curetés \ & que chacun des Curetés eut deux fils ,
qui {-urent aulIi appelés Dr.cïyles Idéens. Strabon ne
rapporte les noms que de quatre , qui font Sala-
minus , Dammance , Hercule , & Acirion. Je ne
£iis encore où l'on prend les autres. M. Beger fut
les Daciyles inventeurs de l'att de lancer des
flèches.
DAcrYLE. f m. Terme de Profodie Grecque & Latine.
Pied ou mekire de vers, compoféed une fyllabe lon-
gue fuivie de deux brèves. Daclylus. Les vers hexa-
mètres doivent finir par un Dacîyle & un fpondée.
Le Daclyle étoit , dit-on, une invention de Denys ,
qui rencfoit des oracles à Delphes avant Apollon j
en vers de cette mefure.
Dactyle, étoit encore chez les Grecs une forte de
d.mfe , que danfoient fur-tout les Athlètes , dit
Héfychius.
Dactyle , eft aulîi le fruit du palmier. On l'appelle
pUis, communzmani daue. Daclylus. ^ijye:;' Datte.
DACTYLE, f. f. Coquillage, f^oyci Manche de cou-
teau.
DACTYLIOMANCE ou DACTYLIOMANTIÉ. f. f
Sorte de Divination qui fe fait par les anneaux fon-
dus durant le temps de cerraines conlfellations ,
ou auxquels quelques paéles , ou quelques char-
mes font arrachés. Daclyliamanùa. La Daclylïo-
D AC D AD
bits de linge ; fa chauflure étoit de toile ; il avoîc
la tète ralée tout-autour , il portoit en main des
verveines. Il appaiioit le Dieu par des formules do
prières laites exprès. Aminien Marcellin décrit
ces lupeiftitions dans fon XXIX^ Livre, en par-
lant du luccelleur de Valens ^ & il en parle en-
core dans fon XXXl*^. Livre.
^fT On rapporte à la Daétyliomantie tout ce que
l'on dit du fameux anneau de Gygès , par le moyen
duquel ilfe lendoit invifible , en tournant le chaton.
içj- DACTYLIOM ANCIEN , ou DACTYLIOM AN-
TIEN, adj. Celui qui fe vante de deviner par le
moyen des anneaux.
Ce mot Grec, eft compofé de e'!,'""""'^''''' j anneau ,
qui vient de <!iày.TjXo; ^ doigt ^ & de fMvrd» ^ divi-
nation , dérivé de /^ànt! , devin.
DACTYLIQUE. adj. Qui appartient au daâiyle ,
qui a rapport au daétyle , qui eft compofé de dac-
tyles . Uaclylicus. Il y avoit autrefois des flûtes dac-
tyliques , comme il y en avoit de fpondaïques. Les
flùtis daclytiques avoient des intervalles inégaux,
comme le pied nommé daélyle a des temps iné-
gaux ; & c'étoit là ce qui leur avoit fait donner le nom
de 'libiA daclylicit. , flûtes daclyliques. yi->ye\ ScA-
L1GER , Poetic. L. I. c. zo. On pourroit appeler dac-
tyliques les vers hexamètres qui finilTent par un dac-
tyle au lieu d'un fpondée j comme on appelle fpon-
daïques ceux qui ont un fpondée au cinquième
pied , au lieu d'un dâélyle qu'ils devroient avoir,
Enéide FI. }}.
Bispatria cecidere manus
P a legerent oculis.
quin pwtinus omnia
Eft un vers daclylique.
DACTYLOMANCE. Foye^ DACTYLIOMANCE.
DACTYLONOMIE. f. f. Science de compter par les
doigts. Dacly lonomia. On donne i , au pouce de
la main gauche^ 2, à l'index, & ainli de fuite
jufqu'au pouce de la main droite qui eft le dixièiae ,
& qui a par conféquent le zéro o. Manière de
compter fort incommode. Ce mot eft forme de
deux mots Grecs ^'•'"^"Aor j doigt , &c ufils , loi,
DAD.
DADA., f. m. Terme enfantin , qui fignifie un che^
val,S>c\e plus fouvent un cheval de carte. Equus.
On a mis cet enfant à dada ^ pour dire, à che-
val. Voiture Ta employé quand il a dit :
. . . . fon dada
Demeura court à Le'rida,
IP" Ducerceau a aufli employé ce mot dans le
flyle badin.
Foilà déjà mon volontaire ;
Suivi de fon papa mignon , . «
/i da.da. fur un grand bâton.
DADAIS, f. m. On appelle ainfi un niais j un nigaud i
un homme décontenancé. C'eft un dadais, ce n'eft
qu'un grand dadais. Il eft du ftyle familier. Laif-
fons-là le pauvre Jupiter, c'eft bien le plus fot da-
dais de tous les Dieux qu'on introduit dans la Co-
médie de Momus Fabulifte. Merc.de Janv. 1720.
/Tzawr/e confiftoit eifentiellement à tenir un anneau] DADES. f. pi. ou Dadis.^tii^is. Fête célébrée tous les
fufpendu p.ir un fil délié au-deffus d'une table
ronde, fur laquelle il y avoit différentes marques
■& les 14. lettres de l'alphabet peintes fur le bord
de la table. On fiifoit fauter l'anneau j qui venoit
enfin s'arrêter fur quelqu'une des lettres, & ces lettres
alfemblécs conipofoient la réponfe que l'on deman-
doir. Cela étoir précédé & accompagné de plufieurs
cérémonies fùpedfirieufes. L'anneau étoit confacré
auparavant avec bien des myftères & beaucoup
• d'art -y celui qui le tenoit , n'étoic vèîu que d'ha-
ans durant trois jours avec des torches allumées ap-
pelées en Grec <i[àSis , d'où elle a pris fon nom.
( Lucian. in Pfeudomante. ) Le premier jour croit
confiera à faire mémoire des douleurs de Latone
dans fon enfantement , & de la naiflànce d'Apollon
& de Diane. Le fécond on célébroit la nailfance
de Glycon & des Dieux ; le troifième étoit deftinc
à honorer le mariage d'Odalire , fils d'Efculape ,
&d'OlympiaSj mère d'Alexandre. PQtteriij , Wr-
ch&clog. Cr£c. L. x. c. la.
D AD D AG
DADON. f. m. Dado^on AUDEON. Judo'énus. S.
Dadon, natif de Sens, hls de S. Autaire , & de
Ste. Aige , & compagnon de S. Eloi , tue confi-
déré à la Cour de Da^oberc I. & élu Archevêque
de Rouen en (Î46. Il alVilla en 65O. au Concile de
Chàlons , & en 6(îz. à celui de Clichi-la-Garcnne.
C'eft lui qui eft Auteur de la vie de S. Eloi , l'on
ami , rapportée par Suiius : & à ce que l'on dit ,
d'une de S. Remi , qui eft dans l'Abbaye de S. Gai
en Suiife. S. Dadon mourut le 24. Août 677.
Apparemment de S. Audeon on a fa:r lucelîî-
vement Saint Audon^ Saïn-ïaLdon , Sain-Tadon,
Sain-Dadon , Saint-Dadon.
|CF DADON , ou Dedon. Ville d'un Pays de l'Afri-
que intérieure , que les Arabes appellent Vaconack.
DADUQUE ou DADOUQUE. L m. Terme de My-
thologie. Prêtre de Cérès. Daduchus. Cérès , ayant
perdu fa fille Proferpine , fe mit à la chercher au
commencement de la nuit , difent les fables. Pour
le faire dans les ténèbres , elle alluma une torche ,
& commença ainfi fes courfes par le monde. C'eft
pour cela qu'on la repréfentoit toujours un flam-
beau à la main. C'eft auffi pour cela , & en mé-
moire de ce prétendu fait , que dans les facrifices
& dans les fêtes de cette Déelfe , fes Prêtres cou
roienc dans fon temple une torche à la main en
cette manière. L'un d'eux prenoic fur l'Autel une
torche allumée, & la tenant à la main , il couroit
jufqii'à an certain endroit du Temple , où il la don
iioità un autre , en lui difant .• Tibi aado.<Zéi\x\-
ci conçoit de même & la donnoit à un troifième j
& ainfi des autres. Cette cérémonie fit donner à
CCS Prccrcs le nom de Daduques , qui lignifie porU-
flambcdu , pone-torche. Au refte , les Daduques
étoient des gens honorables & diftingués , & il ne
faut pas les contondre avec d'autres Miniftres delà
jiiéme Divinité appelés Métragyrtes , qui étoient
vih & méprifés.
Ce mot eft Grec , formé de 4«^ , qui fignifie
proprement un bois onétueux &c rélineux , tel que
le picea , le pin , & les autres dont les anciens
faifoient leurs torches , & de-là il fe prend peur
une toiche & un flambeau \ & de 'iz" \ J'ai j je
tiens, je porte \ Aahz'c , Daduque Porte-flambeau.
DADUQUE, ctoit aufil , félon Alex, ab Alex. II.
C. 8. le Grand Prêtre d'Hercule chez les Athéniens.
C'étoit la coutume de porter dc:s flambeaux ,
Non-leulcment dans les facrifices de Cérès , mais
encore dans les Panathénées , les fêtes de Vulcain ,
& celles de Prométhée. Ce fut même dans celles
de Vulcain que cette cérémonie fut d'abord pra-
tiquée , parce qu'on le regardoit comme l'inven-
teur Se le Dieu du feu. Mais je ne trouve point
que les miniftres de ces fêtes aient été appelés Da-
duques.
DAËZAJIE. f. f. Monnoie d'argent , qui a cours en
Perfe. Elle vaut cinq mamoudis.
DAFAR. Daphar: C'ccoit la capitale des Homérites ,
peuples de l'Arabie heureufe , aujourd'hui l'Yé-
men , fitués fur la côte orientale de cette contrée ,
au-delà du détroit du Golfe Arabique , aujourd'hui
détroit de Babel-Mandel , ou de la Mscque. Le
Prince des Homérites fit bâtir trois Eglifes , l'une
dans la ville capitale de toute la nation , nommée
Dafar , ou Tafar. Fleury.
D A G.
DAGGIAL , ou DEGGIAL. f. m. C'eft le nom que
les Mahométans donnant à l'Anrechrift, qu'ils ap-
pellent ou fimplement Dag°ijl , c'eftàdire men-
teur , impofleur ou almajjl al Dixggial , c'eft à-dire
/aux Meffie. Les Mahométans croient que Daggial
doit venir à la fin du monde , &: que Jésus-Christ ,
quin'eftpas mort , félon eux , viendra le combat-
tre dans fon fécond avènement \ qu'après l'avoir
vaincu, il mourra eftcdtivement. Foyc-{ Ilfa. D'Her-
£ELOT.
Ce mot V ient de l'Arabe hit , dagiala , qui figni-
D AG 87
fie propremenr , enduire quelque chofe de poix,
& par métaphore , couvrir quelque chofe fous de
faulfes apparences , mentir , tromper, iexnjd.-
fâ fpecie , decepït , mentitus eft. Les Arabes écrivent
cenom^Nj"^; Daggial. Il fignifie autli un homme
qui n'a qu'un oeil, & qu'un fourcil , un Cyclopej
éc les Mahométans s'imaginent en eftet que l'Àa-
techrift fera tel.
DAGHESTAN. Province d'Afie entre la mer Caf- '
pienne qu'elle a à l'Orient, & le mont Caucafe,
qui la borne à l'Occident. Elle a. au Septentrion
les CircalFes , & au midi le Schirwan , Province de
Perfe. Les habitans de ce pays fe nomment Da-
geftan Tatar , Taitares de Dagheftan , ou Tarrares
montagnards. Les Perfes les appellent Lefgi. Taïka
eft la ville principale du Dagkejlan.
DAGHO,ou DAGO, Ile de la mer Baltique , fur
les côtes de la Livonie , dont elle dépend. Daghoa.
DAGIE, ou THAGIE. Ville d'Afrique, dans la Pro-
vince de Tremecen , au Rovaume de Fèz.
DAGNO , ou TERMIDAVÂ. Petite ville de Tur-
quie en Europe , Dagea , Termidava. Elle eft dans
l'Albanie.
DAGOBERT. f. m. 5i nom propre d'homme. Dago-
bertus. Il y a deux de nos Rois qui ont porté le
nom de Dagobert. Dagobertl. régna 14. ans , fé-
lon quelques-uns , & 1^. félon d'autres. Il com-
mença en 631. félon la Chronique de Du Tillec.
Sous Dagobert 1. qui avoit cinq femmes à la fois ,
& un Serrail de concubines , on fe plongea dans
la débauche. Le Gendre. ZJtrj'Oi^erc aimoit les let-
tres. Id, Dagobert II. commençai régner en 716.
Du TiLLET. On appelle Dabert un Saint Evêque
de Bourges , nomme Dagobert. l^oyei Dabert.
Pour marquer qu'une chofe eft fort vieille , an-
tique , ufée , on dit proverbialement & populai-
rement qu'elle eft du temps de Dagobert.
DAGON. f. m. Faux Dieu des Philiftins. Dagort.
Ce Dieu étoit honoré fur tout à Azot , où il
avoit un temple , comme il paroît par le Ch. V. du
I. L. des Rois. C'eft-là que l'Arche de Dieu fut
amenée & placée , après que les Philiftins l'eurent
prife , fous le Grand-Prêtre Héli , Juge du peuple
d'Ifracl. Les Philiftins ayant donc pris l'Arche de
Dieu , l'emmenèrent de la Pierre du fecours à Azot.
Ils mirent l'Arche de Dieu qu'ils avaient prife dans
le Temple de Dagon , Si la plax:eient auprès de
Dagon. Le lendemain ceux d'Azot s'étant levés
dès le point du jour , trcuverent Dagon qui écojt
tombé le vifage contre terre devant l'Arche du Sei-
gneur , ils le relevèrent & le remirent à fa place.
Le jour fuivant s'étant encore levés de bon matin ,
ils trouvèrent Dagon couché par terre fur le vifage
devant l'Arche du Seigneur ; mais la tête & les deux
mains en ayant été coupées, étoient fur le feuil de la
porte, & le tronc feul de Z)<.'^o/z étoit demeuré en fa
place. C'eft pour cette raifon que les Prêtres de Da-
gon.S: tous ceux qui entrèrent dans fon temple dans
Azot, ne marchent point fur le feuil de la porte.
Sacy. 1. des Rois i. F. 1. j. 4. 5.
On prétend, après les Rabbins, que ce Dieu
étoit repréfenté comme on repréfénte les Tritons:
c'eft-à-due fous la forme d'homme depuis la tête
jufqu'à la ceinture , & le fefte en forme de poilTon.
Cela eft fondé fur la fignification de ce mot , qui
en Hébreu veut dire poillon. Au Ch. V. du I. L.
des Rois , v. 4. où nous traduifons , & le tronc
feul de Dagon étoit demeuré en fa place , il y a
dans l'Hébreu ^h]} lifv: JUT pi , feulement Dagon
étoit demeuré fur lui. R. David Kimhhi veut qu'on
tr.adiiife • feulement la forme de poijjon étoit rejtée
en lui , c'oft-à'-dire qu'il n'étoit refté à fa place que
la partie d'en-bas , femblable à un poifTon.
Le mot Dagon eft mafculin en Hébreu ", ainfi
Dagon croit un Dieu. Les Septante & la Vulgate fui-
vent ce fentiment, auflî-bien que Phiion de Biblos
qui interprcxc Dû^on, blé, froment j Aayxi Zirii , ôc
qui veut qu'il fût fils du Ciel , & qu'il eût cré ainfi
appelé, parce qu'il ctoit l'inventeur du blé. Cai
88 D A G
pt , dagan^ en Hébrea, (\gmhG blé, froment. Ceti
ainii, &i pour la même railbn , que ceux de Sy-
racule appeloient, Cerès Sirà. Le même Wiilon du
que Daaon palFoit aulli pour être l'iuventeur de la
charrue, & que pour cette railon on le nommoir
Xaf AgoVfioç. C'eft une erreur de Philon de dériver
Dagon de pi, dû.gan, blé, froment j il vient de
JT 3 dag i ou njl , ditgdh j poillon.
Selden , DeDiis Syr. Syncag. IL C..,\ où il traite
de ce Dieu , croit qua l'Oannis des Babylomens ,
dont Bérofe, Apollodore & Polylul^or failoienc
mention , eft la même chofe que Dagon. Il pré-
tend encore que Dagon eil la même cliofe que
Atergads, Adardaga ôc Derceto , noms que les Eu-
ropéens ont fait , félon lui , par corruption de Adir-
Dagan, c'eft-à-dire, le grand, le mAg\n^M\n<i Dagon \
qu'il n'étoit point extiaordinaire que la même Divi-
nité fut Dieu en un endr9it & Déelfe en un au-
tre j ou Dieu en un tems & Déeiîe en un autre.
Mais Bochart & d'autres Auteurs croient que Z>iZ-
gon & Atergads font deux Divinités lort diftéren-
tes \ que dans Philon de Biblos , Dagon elt frère
de Saturne , Ater<;ate eft fa femme. Au fentiment
de Vollius, ce Dieu contenoit le Dieu Lunus , ou
la Lune j comme principe adif, & la Mer comme ,
principe pallif. A raifou de l'un il étoit mâle , &
c'étoitun Dieu; à raifon de l'autre, il étoit fe-
melle & Déetfe. Saumaife croit -que Dagon eft la
même chofe que Kijràj qui étoic une elpèce de
grand poillon, Cete j & que le Dagon d'Azor , le
Céto de Joppé , & le Derceto des Aicaloniies ,
n'étoit qu'une même Divinité. Voye^i Bochart ,
Chan. L. IL C. i. Selden, i:»« Diis Syr. Synt. IL
C. 3. Voffius de Idbl. L. L C. x-l.L. IL C.76. L.
IX. C. 10. Saumaife fur Solin , p. 574. & ci-delTus
au mot AxERGATis.Drufius croit que le château que
l'Auteur du premier Livre des MachabéeSj XVL 1 5.
appelle Doch , ou Aà», eft le même que Jofephe
nomme Dagon, Antiq. Jud. L.XIII. C. 15. Ainfi
Doch & Dagon feroient le même nom , ou deux
noms du même Dieu ., mais voye^ Doc.
Le Temple de Dagon s'appeloit Beth Dagon ,
nom purement Hébreu , qui fignifie Mai/on de
Dagon, il étoit à Azor, & il en eft parlé au L
Livre des Machabécs X. 85. & au L Livre des Rois
C. 5. ci-delfus. Les Philiftins faifoient des Fêtes en
l'honneur de ce Dieu : elles conùftoient en facnh-
ces & en feftins , comme il eft marqué Jug. XVL
DAGORNE. f. f. Une vache a qui on a rompu une
corne. Facca cornu altero mutdata.
DagÔrne , eft auflî un terme populaire & injurieux
qu'on dit à une femme vieille , laide & de mau-
vaife humeur \ ce qui vient d'un vieux mot Lor-
rain, <iui fignifie une couenne de lard, à caufe que
les vieilles ont d'ordinaire la peau fort vilaine. Anus
morofa.
M. Huet prétend qu'on a dit dagorne pour dra-
gor^.
|fCr DAGOUTHAH. Ville d'Afrique, la dernière de
ces Pays , & la plus proche de l'embouchure du
grand fleuve nommé Niger , aujourd'hui Senega.
Elle eft à 50 milles de l'Ile de Comor.
DAGUE, f. f. Gros poignard dont on fe fervoit autre-
fois dans les combats finguliers. Ska , Pugio. Il
lui donna plufieurs coups de dague. Il rapporta qu'il
avoir trouvé force traits , force dagues j (Se force
c;)ées émoulues. Taleman.
Caîue a rouelle, f. m. C'étoit un an:ien poignard
alfez long , qui étoit monté d'i'ne rouelle fort
large , qui lui fervoit de garde. Il fut introduit par
Louis XI. Il croit aboli du temps At Marot , &
palîoit déjà pour un antiquaille \ & c'eft en ce
i'ens que ce Pocte l'applique à une vieille médi-
fante. Notes fur Cl. Marot.
Ce mot félon Ménage , vient de ï kWem^x^-^a daghe
& dûggen ; qui fignifie la même chofe. La balfe
Latinité s'eft fervie auiîi du mot de daga, dagger ,
daggerius , dagardum. D'autres difent qu'il vient
D A G D AI
de taga , quod Jh ad tangendum paratlor , ou de
dagua , quod acuta Jit. Du Cange dit que ce mot
vient du Bas-Breton dager , tk. qu'on 1 appeloit en
vieux François Badelaire , en Latin pugio. D'autres
le dérivent à Dacis , parce que c'étoit leur ar-
me ordinaire ; d'autres de l'Hébreu dacack j qui
fignifie acuere j d'autres enfin , comme Guichart ,
de dacar , qui fignifie conjodere.
Dague , en termes de Vénerie , eft le premier bois
^;^ue porte le cerf de deux ans , & où commence les
fierthes ciui font fans cors ni chevillures. lerula. On
es appelle ainfi , parce qu'elles font pointues com-
me des dagues.
Dagues , en termes de chaffe , eft un nom qu'on
donne quelquefois aux dctenfes du fanglier. Apri
dentés jalcati.
Dague j en termes de Marine, eft un bout de corde
dont le Prévôt donne des coups aux Matelots qui
ont fait des fautes.
Dague. Terme de Relieur. Demi-efpadon emmanché
par les deux bouts d une poignée de bois , dont
on fe fert pour racler les veaux & en enlever ce que
le Tanneur y a lailfé d'ordure. On dit une dague
à ratiifer. Encyc.
On dit proverbialement d'un homme grofîier qui
fait faire le fin , qu'il eft fin comme une dague de
plomb.
Daguer.. V. a. Frapper avec une dague. Alïqueni Jlcâ ,
pugione configere. Ce mot eft vieux & hors d'ufage.
Daguer. v. n. Terme de Fauconnerie , fe dit de l'oi-
feau qui va à tire d'aile , qui vole de touti. fa force ,
8c travaille diligemment des pointes des ailes. Pt;-
mcijfunis ails dejerfi.
Daguer.v.h. Terme de Vénerie. C'eft le terme dont on
fe fert pour exprimer l'aétion du cerf lorfqu'il s'ac-
couple avec la biche pour la génération.' Le cerf
eft il chaud , qu'un Piqueur alfura le Roi Louis
XIV. qu'il en avoit vu un daguer quatorze fois
dans une nuit. Ce mot , félon Ménage ( Dicl. Ety m. )
eft tiré de la reiremblance du membre du ceif à
une dague. C'eft peut-être de ce mot qu'on ap-
pelle un cerf d'un an Daguet.
Daguet. Terme de Vénerie. Jeune cerf qui eft à fa
première tête , c]ui pouffe fon premier bois. Cer-
vus bimus , fubulo.
D'aguet. adv. Sourdement , en cachette. Clam ,fur-
t'im , occulté. Il s'en eft allé , il a tiré fes chauf-
fes d'aguet.
Il n'eft point d'ufage.
D A r.
DAIBUTH , ou DAIBOTH.f. m. Si l'on en croit Iss
Auteurs du Motéri , c'eft un faux Dieu desJàpo-
nois , qui eft honoré principalement à Méaco ,
où il a un temple ; mais fi l'on confulte les Hif-
toriens du Japon, Daibuth dgniûe un Temple dans
lequel il y a une Idole; ôc ce {prétendu Dieu ho-
noré principalement à Méaco , étoit un temple que
Taicofama bâtit à Méaco , & qui brûla. Foye:^
Bartoli , Dell. Hijl. délia Camp, di Giefu Afia P. II.
DAIGNER. V. n. Avoir la bonté , vouloir bien faire
une chofe en faveur de quelqu'un , s'abailfer juf^
qu'à vouloir bien la faire. Dignari. Il fe dit d'un
fupérieurà un inférieur. Je ne mérite pas que vous
entriez chez moi , mais j Seigneur j daignez dire
une parole , & ma fille fera guérie j difoit le
Centurion , en Saint Mathieu. Ce que je vous de-
mande eft fi peu de chofe , que je ne daigne pas
vous en prier. Daigner'u\-yo\\% bien vous abaiffet
jufqu'à moi.''
Daignerez-voBJ compter les jours de monaèftneei
Rac.
Avec deux mots que vous daignâtes dire ,
F'ous fûtes arrêter mes peines pour jamais. Voit.
^ ■ DAIC
D AI
DAn. f. m. Terme de Conchiliologie. C'efl: le nom
d'un coquillage dont il ell: p.irlé dans l'hiiioire de
JiAcadémie des Scienc. de 1710. p. 14. d après M.
de Reaumur. Le dai/ ne fe neuve jamais qu'en-
Foncé dans la gl.dfe , ou dans la banche qui n'elt ,
félon M. de Reaumur, que de la glaiie durcie. La
figure du dui/ 6i de ion rrou eft à peu-pies celle
d'un cône tronqué , dont la petite bafe ell: tou-
jours en haut , & par conléquent il ne fort jamais
de fon trou, il l'augmente par le bas à proportion
qu'il croît, par le moyen d'une efpece de pied fait
en lofange qu'il iait fottir par le bas de ia coquille.
M. de Reaumur conjecture que les dails vivent long-
tems, & juge de la profondeur ou ils ie tiennent
par la longueur des tuyaux dont ils fe fervent pour
rejeter l'eau, ainlà que tont le coutelier, le four-
don j le iavignon , (!?; autres coquillages.
§3" D'AILLEURS elt quelquefois adverbe de lieu,
& fignitie d'un autre côté , d un autre endroit. Je
ferai venir u ailleurs ce que vous demandez.
1^ Quelquefois il iîgnitîe la même chofe que
d'une aut.ecaufe, d'un autre principe. Vous avez
tort d'attribuer votre difgrace aux propos qu'il a
tenus i elle procède d'ailleurs
Quelquefois ce mot eft fynonyme à de plus &:
outre cecu. Ils fignihent tous trois lurcroît ou aug-
mentation, avec cette dittérence , dit M. l'Abbc
Girard , que de plus s'emploie fort à propos lorfqu'il
eft queftion d ajouter encore une railon à celles
qu'on a déjà dues. Il lert précifément à multiplier ,
ti n'a rapport qu'au nombre. D'ailleurs eft à la
place, lorlqu'il s agit de joindre une autre raifon
de différente clpèce à celles q^u'on vient de rappor-
ter. Il ferr proprement à raftembler , & a un rap-
port particulier à la diverlité. Outre te/ j il eft d'un
ufage ties - convenable , lorfqu'on veut augmenter
par une nouvelle ration la force de celles qui fuf-
fifoient par elles feules. Il lert princi^ialement à
rencliéiir , & a un rapport fpécial à l'abondance.
lïCT il y aura touiours des guerres entre les hom-
mes parce qu'ils font ambitieux , que l'intérêt les
gouverne, Se que d ailleurs le zèle de la religion
les rend cruels.
DAlLLOTb ou ANDAILLOTS. f m. pi. Terme de
Marine Ce lont des anneaux qui fervent à amar
rer a voile, qu'on met de beau tems fur le grand
étai , & qui font le même effet que les garcettes
fur la vergue. Annuli.
DAIM, f m. Bète fauve <Sr fauvage, de grandeur
moyenne , entre le cei;f & le chevreuil , portant
cornes tournées en avant , mais dont les perches
& chevillures font. larges &; plittes & non pas ron-
des. Le ^liiw eft de pelage plus blanc que le cerf, il
porte plus de cors fur fa tête, qui eft oïdinaite-
ment paumée j ôi fa vsnaifon eft plus friande quand
il eft jeune, tendre, gras & bien nourri \ mais
quand il eft vieux , fa chair eft difficile à digérer.
11 y a des daims mâles &; des daims femelles. Dama
mas y divna Jcemina. On fait des gants de daim. Le
daim eft naturellement fort timide & fort peureux,
agile & léger à la courfe. On tient que fa chair eft
nourriffante , qu'elle fait un bon fuc , qu'elle eft
propre pour la paralyfie, &: pour appaifer les dou-
leurs de la colique. Son fang bu auliî-tôt qu'il eft
tiré , appaifc les vertiges. Son fiel eft déterlif , &
propre à emporter les catarades, & à diih'per les
nuages des veux. Son foie arrête le cours de ven-
tre, l' oye-^ M. Lémery , Traite des alimens.
On dit en proverbe , vite comme un daim. Il
faute comme un daim.
DAINE. {. f. La femelle d'un daim. Salnove.
DAINT ER. f. m. Terme de Vénerie , qui fe dit des
tefticiiles des cerfs. Cervinus tejliculus. On dit aulfi
Dintier.
DAIRE. f. f. Nom propre d'une Nvmphe. Daira. Elle
etoit fille de j'Océan : elle eut de Mercure un fils,
nommé Eleuds. Paufanias en parle in Attiàs.
DAÏRE ou DAÏRO. f m. C'eft le nom de l'Empe-
_ reur Souverain du Japon. Dalr ., Daïrus. Il s'appelle
D A I
89
aiitrement Vo ou Teio , Maff. Hijl. Ind. L. Xlï.
C'eft le titre de la Souveraine Puiffance ; ainfi l'af-
lure Mafté , à l'endroit que je viens de citer j le
P. Sacchin, Jéiuire, dans le IL Tome de Vktjl.de
la Compag/ue de Jejus. L. IV. n. 282. Le P. Bartoli ,
dans fon Hiftoire Italienne du même Ordre , T. L
de l'Afie, L. IIL p. 191. Hornius, Orbis hnp. Se
après lui Holîman. Je ne fais où les Auteurs du
Moréri ont pris que Daire eft le Souverain Pon-
tife des Japonois. D'abord, le Japon fut gouverné par
des Rois qu'ils appeloient /Wic-or/jc'eft-à-dire, hauts,
jublimes. Il y a douze de ces Rois qu'ils honorent
encore fous le nom de Camis. Ils croient qu'ils
étoient la poftérité du folcil. De ces Camis étoient
defcendus les Princes qui régnèrent enfuite dans
le Japon. Le premier vivoit GGo. ans avant la naif-
fance de J. C. Cent onze Princes tous de la même
race ont gouverné le Japon après lui j-avec le titre
de Teio ou Vô , Dalre. Ils étoient Empereurs Sou-
verains de tout le Japon, & tous les autres Rois
leur obéiffoienr. Leur famille fubfifte encore au Ja-
pon , mais elle ne tient plus le même rang. Il y
a deux cents & quelques années > ôc félon Bartoli ,
}6o.Sc plus j & près de quatre cents ans, comme
dit Sacchin , que fous un Daire fainéant & in-
dolent, le Cubofama, c'eft à-dire , le Connétable,
ou Commandant Général des armées-, s'empara de
toute l'autorité. Se les Rois fournis au Datre , à
l'exemple du Cubofama, fe révoltèrent, & fe mi-
rent en liberté. Jufqu'au commencement du XVI'.
iiécle, les Cubofama reconnurent cependant & confer-
verent lapuilfance &c la dignité du Daire, ne gouver-
nant en apparence que fous fon nom & fon autorité;
mais l'an 1600. le Daire ayant donné fa dcmilfion ,
Taicolama fut déclaré Empereur du Japon, & com-
mença une nouvelle forme de Gouvernement. Ainfî
le Daire, aufti-bien que le Cubo, font deux di-
gnités féculières , pour parler avec Bartoli. Il eft vrai
que les Japonois ont auffi leur Souverain Pontife ,
mais ils le nomment Zazzo , & non p^s Daïre. Au
refte , en changeant la forme de l'Empire , ils n'ont
point changé les noms de Dalre & de Cubofama ;
de forte qu'aujourdhui l'Empereur du Japon ne
porte plus le i\ue de Datre , mais celui de Cubo-
fama , qui n'étoit que celui d'un grand Officier de
l'Empire Japonois fous les anciens Daïres.
Le mot de Dairo eft Japonois , & fignifie , dit
Bartoli , la Cour. Jlula.
DAIS. f. m. Meuble précieux qui fert de parade & de
titre d'honneur chez les Princes & les Ducs. C'eft
une efpèce de pocle fait en forme de ciel de lu,
avec un dolfier pendanr. Vmhella , umhraculum. Il
n'y a des dais que chez les Rois , chez les Princes,
les Ducs , & les Ambaffadeurs.
Le dais fe met auprès de la cheminée dans les
chambtes de parade. On tend un dais dans la grand'-
Chambre quand le Roi y tient fon lit de Juftice.
Dais , fe prend encore pour un ouvrage d'Architec-
ture & de Sculpture, qui eft un ornement de bois,
de bronze , de fer, qui ferr à couvrir, à couron-
ner un autel , un trône , un tribunal , une chaire
de Prédicateur, une œuvre d'Eglife , &c. Ces for-
res de dais font fairs en forme de pavillon , de cou-
ronne fermée , de confoles adoflées. Voye-:^ encore
Baldaquin.
Il y a auffi des dais portatifs fur quatre colonnes ,
fous lefquelles on porte le S- Sacrement. On les
appelle aufti le ciel. Les plus notables bourgeois
portent le ciel ou le dais à la Procelfion de la Fêre-
Dieu. On préfente aufn un dais aux Rois , aux Reines
& aux Lét;ats qui font leur entrée en cérémonie
en quelque ville. Les Echevins ont préfenté, ont
porté le dais , &c.
Haut dais , eft un trône ou un liey élevé où
le Rois donnent leurs audiences, & où ils fe
tiennent dans les cérémonies publiques, /oit qu'il
y ait un dais delTus foit qu'il n'y en ait point.
Ce mot vient de ce qu'anciennement on les fai-
foit comme un couvercle d\iis ou de Menuiferie,
M
lu
90 DAI DAL
qu'on revècoit de riches étoffes. On a prononce au-
trefois dcrs. NicoD.
Ménage dit qu'il vient de dojjlum fait de dorfum ,
d'où l'on a fait dois &c dais. On dit aufli qu'on a
appelé dois une table entourée de bancs à dos , &c
couverte par en haut pour garantir de la poudre du
plancher : il étoit en ufage dès le tems des Romains.
On trouve dans la balle bcinitc, dagus , qu'un vieux
glotlaire explique par \i!ln?^M<)t , la garniture d'une
chaife , d'un tauteuil , le tapis que l'on met delFus.
Meuriius prétend que dagus eft le mot François
dais:^ car un dais n'eft pas ce qui fe met fur un
fiége pour le couvrir, mais ce qui s'étend audelTus
de la tête de celui qui eft alîis. Au refte , dais n'eft
pas un mot nouveau dans la langue \ Matthieu Paris
le rapporte dans les vies des Abbés de S. Alban,
pag. ^2.. .
L'origine & le premier ufage des dais vient de ce
ju'on expoioit les corps des Princes après leur mort
(ur des lits ou des dais magnifiques & de parade,
comme on fait encore à préfent. Ainfi Conftantin
fut expofé durant plulîeurs jours, & fervi avec les
mêmes cérémonies que s'il eut été vivant. Les Payens
expoloienr aufli lur des lits ou des dais les images
de leurs Dieux , on leur falloir de magnifiques ref-
tins ; & les Prêtres qui préfidoient à ces feftins, qui
en avoient l'intendance, étoient z^^qMs Epulones.
F'ove-^f ce mot.
DAISCaOU ou DAISSAT. Terme de Relation. Nom
de la douzième partie des vingt-quatre , dans lef-
quelles l'année des Cathaiens eft divifée. Chaque
partie eft de quinze jours, Se tient lieu à ces peu-
ples de femaine , deforte que leur année eft de j6o.
jours.
DAISSAT. F'oye^ le mot précédent.
DAKON. f. m. Pierre bleue femblable à du corail ,
que les femmes de Guinée portent dans les cheveux,
pour fervir d'ornement.
DAL.
DALANGUER ( Montagnes de ). Grande chaîne de
montagnes dans les Etats du Mogol. Dalanger s. mon-
tes. On les appelle aufli montagnes de Naugracut ,
patce qu'elles environnent cette Province du côté
du nord , & en partie du côté du couchant. Naugra-
cuciï montes.
DALÉBOURG. Petite ville de la Dalie, Province de
Suède Daleburgum. Maty.
DALECARLIE. Province de la Suède propte. Dale-
carlia. La Dalécarlie eft bornée au couchant & au
nord par les montagnes de Norwège, au levant pat
l'Helfmgie & la Geftricie, au midi par la Weft-
manie & la Wermelande. La Dalécarlie eft très-
vafte , mais toute convertie de hautes montagnes ,
& n'a que des bourgs & des villages , dont Idra eft
le principal. On y trouve quantité de mines de fer &
de cuivre, dont quelques-unes font d'une prodigieufe
profondeur. Ses habitans font rudes, belliqueux , ro
buftes , & on remarque que les grandes révolutions
arrivées en Suède, ont prefque toujours commencé
& fini par cette Province.
DALEM. Petite ville des Pays-Bas dans le Limbourg
Hollandois. Dalemum. Elle eft capitale d'un Comté
qui a eu autrefois fes Comtes particuliers ; c'eft
pour cela que les Flamands la nomment encore
Gravendale, c'eft-à-dire^ la Dalcm, ou la vallée
des Comtes. Morin.
DALEPON. Terme de Fleurifte. Tulipe couleur de
brique , le fond noir. Morin.
DALIE. Province de Suède dans la Weftfogothie, c'eft-
à-dire , dans la partie occidentale de la Gorhie.
Dalia. Elle s'érendoit autrefois jufqu'en Norwège.
Elle a aujourd'hui des bornes plus étroites. Hoff-
MAN , Maty.
DALKETH. Petite ville de l'EcolTe méridionale dans
la Lokiane , fur la rivière d'Esk. Dalketum.
DALLE ou DARNE, f. f. Tranche ou morceau de
Poiflbn, entr'auttes du Saui^ion i:. de l'Alofe.
DAL
Ménage après Bochart , dérive ce mot de l'An-
glois deaL , qui fignifie portion. En quelques lieux
on dit une darne de Saumon, & l'Académie le pré-
fère à dalie. Borel dit qu'en Normandie on dit dale ,
ou dtle , pour fignifier une tranche , & qu'il vient
du Latin taleola. Du Caxige dit que dara eft
un mot Bas - Breton , qui fignifie une partie , &
ainfi il faut dire, darne de Saumon , & non pas
dalle, comme on dit abulivement à Paris. En Au-
vergne on dit dearne. Offa , offella, Mr. Huet dit
que ce mot vient de l'Anglois deal , qui fignifie
portion j & deal j du mot Allemand theil , qui fi-
gnifie partie.
Dalle. Terme de Marine. Petite auge qui fert dans
un brûlot à conduire la poudre aux chofes com-
buftibles. F'as , vafculum. On appelle auffi dalle ,
un petit canal qu'on met fur le pont d'un vaiflcau
pour recevoir l'eau.
Dalle, eft encore une grande pierre de liais, tel-
les que font celles qui font élevées dans les cuifi-
nes, qui fervent à laver. Lapis ad expurganda vafa
coquinaria.
Dalle fe dit plus généralement des pierres dures dé-
bitées par tranches de peu d'épailfeur , dont on cou-
vre les tous des bâtimens , les terralfes , les bal-
cons , & d'où l'eau s'écoule par les têtes de lion ,
& par les gargouilles & gouttières taillées fur la
plus haute cymaife de la corniche des murs, Stil"
licidia lapidea. On fait aufli du caireau de dalles.
On appelle dalles à joints recouverts, celles qui
étant feuillées avec une moulure deflus en ma-
nière d'ourlet en recouvrement , fervent de cou-
verture.
Dalle j eft aulTî une pierre dure qui fert à aiguifet
les faulx à faucher, dont on fait grand trafic en
Lyonnois, en Auvergne, & ailleurs. Cos.
Dalle a encore en Normandie la fignification d'mer,
égoût J trou par où les eaux s'écoulent.
Dalle en ce fens pourroit venir de l'Anglois dalle j
vallée. Huet.
Dalle. Monnoie de compte , dont on fe fert dans
plufieurs villes d'Allemagne, pour tenir les livres de
commerce & de banque. La dalle vaut trente-deux
fous lubs , ce qui revient à quarante fous de France ,
le fou lub valant un peu plus que le fou tournois.
Dicl. de Commerce. On exaltoit le labeur de M. de
Lyon , qui forgeoit une loi fondamentale par la-
quelle il feroit porré que quiconque parleroit de paix
de vingt ans , ou demanderoit le commetce libre ,
& regretteroit le bon tems pafle , feroit envoyé en
exil à Soiflbns , comme hérétique & maheutre, ou
paieroit à la bourfe de l'Union certaine quantité
de Dalles, pour l'entretenement des Dodeuis. J'af.
Mén. t. ï.p. 198.
Dalle & Dallée. Dans c^uelques Coutumes ces roots
fignifient/ô/Ze, en La.tm JoJJa.
DALLER , qu'on appelle aufli Dallet ou Tallet. f. m.
Monnoie d'argent à-peu-près de la valeur de l'écu
de France de 60 fous. Les dallers fe fabriquent ea
plufieurs états de la haute & bafle Allemagne.
|p= DALLON. Foye^ Dalot.
DALMACE. Nom d'homme. Dalmatius. Cefhftantius
Chlorus avoit eu Jules Conftantius d'une autre mer*
que Conftantin le Grand, c'eft- à -dire de Théo-
dore ; & de la même femme Conftantius Chlorus
avoit un autre fils Dalmace, furnommé Hanniba*-
lien, que Conftantin fon frère fit Cenfeur. Celui-ci
avoit laifle deux fils , Jules Dalmace &; Claude
Hannibalien. Conftantin avoit donné à Dalmace le
titre de Céfir avec la Thrace y la Macédoine &
l'Achaie. Fleury. Les Antiquaires difent toujours
Dalmatius , & point Dalmace. Il y a aufli un Sainc
Dalmace ou Dalmatius , Abbé.
DALMANUTHA. Lieu ou petite contrée fituée entre
le lac de Généfireth & la Décapole. Dalmanu-
tha. Le P. Lubin croit que ce pouvoit être une ville.
Communément on prend Dalmanutha pour un petic
pays. Quoi qu'il en foit, Dalmanutha iio\ià3.n% la
demi-Tribu de Manalfé , au-delà du Jourdain. Dans
D
D AL
Saint Marc VIII. lo J. C. api es avoir nourri quatre
milie hommes de fept pams lïi quelques petits poil-
fons , palla Ijlac ae (jenefaieth & al'a du côté de
Dalmanuih. Dans Saint Matthieu, XV> 59. ce fui
du côté de Magédan. Cela tau voir que ces deux lieux
fe tournoient i car il ntlt point ncceilaire que ce
fût le même lieu, comme le P. Lubin foupçoune
que cela pourtoit être.
Ce mot eft communément appelé portion ou
herk.fc du pauvre, de ht, ^'^^, pauvre, & D23 ,
port'.û-i , qui vient du verbe nit2, inanahh , numeravtt.
AL M A V E. f. m. & f. Noai de Peuple. Dalmata.
Les Dalmates étoient origuKurement Illyriens. Il
prirent ce nom du pays qu'ils occupèrent j ou ai
la ville principale de ce pays. Les Anciens & les
Infcripnons les nomment Ddmaccs j Dclmata ,
comme nous le dirons en rapporrant l'origine de
ce nom au mot Dalmatie. Quoi qu'il en loit du
Latin , l'ulage François eft de àiisDa/mare. Les Z>^/-
maces vivoientdans les Forêts, ôc étoient fort adon-
nés au larcin 8c au pillage ; ils éroienr braves &
belliqueux. Dioclétien étoit Dalmau. Saint Jérôme
l'étoit aulli. La Cavalerie D.Jmace s'acquit de la
réputation dans les armées Romaines lous l'Empe-
reur Claude- Treb. Pollion. Une vieille infcnp-
tion qui eft à Mayence hut mention d'un loldat
de la cinquième cohorte des Dalmates. Les Dalmates
furent convertis à Jéfus-Chrift en %66. par Métho-
dias foutenu de Louis , Roi de Germanie.
DALMATIE. Région d'Europe J voifine delà Macé-
doine. Dalmatia. La Dalmatie étoit la partie orien
taie de l'iUyrie, & avoit à l'occident & au midi
la mer Adriatique, la partie occidentale de l'illy
rie, ou l'iUyrie propre, & la Pannonie au lep
,tenaion ; la Mœlie, la Dardanie & la Macédoine
au levant. Ce qu'on appelle aujourd'hui Dalmatie ,
comprend l'une & l'autre Ulyrie & la Liburnie , &
fe nomme Efclavonie. Elle obéit prefque route au
Turc , à la réferve de quelques villes qui font en-
core aux 'V^énuiens.
Pour en parler jufte, il faut diftinguer la Dal-
matie ancienne & la Dalmatie nouvelle. La Dal-
matie ancienne fut d'abord compofée de vingt villes,
& de leur territoire j que prirent les Dalmiens aux
habitans de Dalmium , qui le révoltèrent courte le
Roi Gentius. C'eft de cette vUle de Daimium ou Dei-
minium, qu'ils furent appelés Delmates ou Dalmates ,
& le pays Delmatie & Dalmatie. Juiques-là \-x Dal-
matie éroit toute au milieu des terres ; mais ils
pouffèrent plus loin leurs conquêtes , prirent en-
core foixante autres villes j & s étendirent jufquà
la mer Adriatique. Leurs voilins inquiets & ja-
loux de ces conquêtes, appelèrent les Romains, qui
vainquirent les Dalmates , & réduifirent la Dalma-
tie en P'-ovince. Mais les Dalmates fecouerent le
joug quelque tems après , enlevèrent aux Libur-
niciis leur pays ^ &C aux Romains l'iUyrie. hx Dal-
matie s'étendit même beaucoup davantage. Mais , à
proprement parier, aujourd'hui la Dalmatie qù. bor-
née au couchant par les Iles du golfe de Carnéro j
au nord par la Morlaquie , la Croatie j la Lîofnie
& la Servie ; au levant par l'Albanie, & au midi
par le golfe de 'Venife. La Dalmatie a dépendu du
Royaume de Hongrie. Elle peut avoir eu quatre-
vingt-dix lieues fur les côtes, mais elle ne s'avance
pas beaucoup dans les terres. La Dalmatie eft par-
tagée entre trois Souverains. La République de
Ragufe poflede une petite parrie de la Dalmatie
orientale. Les Turcs tiennent le refte , à quelques
villes confidérables près , que les Vénitiens polfe-
denr avec toute la Dalmatie occidentale. Au refte,
on donne quelquefois moins d'étendue à la Dalma-
tie , que nous n'avons fait \ car on la termine au
couchant par la rivière de Kurka , ou Cherca, où
commençoir anciennement la Liburnie. Quelque-
fois audi on l'ctend au-delà des bornes que nous
lui avons données , & on y renferme vers le cou-
chant toute la Morlaquie , & vers le levant la par-
lie de l'Albanie qui eft au- deçà de la Boyana , &
DAL 9î
quelquefois même tout ce qui eft aU-deçà du Drini,
La iJaimutie fut érigée en Royaume l'an 1076. Dé-
métrius en lut créé Roi. La capirale de Liaimatie ,
félon Vigénere fur Céfar _, eft Jadera j que Ville-
hardouin appelle Jadras.
La mer de ualmatie ^ Dalmaticunï , LibufnicuM.
mare , eft la partie du golfe de Vende qui baigne
les côtes de Moilaquie ts; de Dalniutie , & qui
s'étend depuis l'iftne julqu'au golfe du Dnn.
(Quelques-uns difent que ce pays a pris le nom
de Dalmatie 3 de Dalmium ^ qui en écok la capi-
tale. Cela eft plus vraifemblable que de le tirer
de l'Hébreu cdVd , Taeleni , c'eft-à-dire, un c^Z/c^/z^
& figurément par fynecdoque labàitrage \ &c de dire
que ce pays lut amlî nommé parce qu'il eft labou-
rable , t<c qu'il écoit bien cultivé.
Dy\LMATIE. Nom dune République de l'iUyrie^
dans les liècles prccédens. Ualmatia. Delminio j
ville autrefois puUlante, étoit la capitale de la Dal-
matie ou de la République appelée Dalmutic. Elle
conquit toute la partie de l'iUyrie qui eft le long
du golfe de Venife , entre les rivières de Cherca
& de Bojana \ &C ce pays en prit le nom de Dal-
matie, qn'û conferve encore aujourd'hui. Maty. Ce
fut fous Guitius, Roi d'illyrie , que les habitans
de Delminio fecouerent le joug, fe mirent en liberté j
&c commencèrent à former cette République com-
pofée d'abord d'une vingtaine de villes, qu'ils pri-^^
rent ou qu'ils attirèrent dans leur parti.
DALMATIQUE. f f Ornement d'Eglife j efpèce de
tunique que portent les Diacres & les Soudiacres j
quand ils afliftenr le Prêtre à l'Autel j en quelque
Procellion , eu autre cérémonie. Dalmaiica. On peint
S.Etienne revêtu à'nne d al m a tic] ue. DuCangedit quô
les Empereurs & les Rois , dans leurs facres &c au-
tres grandes cérémonies , étoient vêtus de dalmati-
ques. Cet ornement n'appartenoit autrefois qu'aux
Diacres de l'Eglife de Rome. Les autres ne la pou-
voient porter que par un induit & conceflion du
Pape dins quelque grande folemnité : depuis on l'a
accordée même aux Moines j quand ils ont reçu
le Diaconat , comme on le peut voir par un Ponti-
fical rapporté par le P. Martenne , dans foh ouvrage
des anciens rits de l'Eglife ; & c'eft aujourd hui l'u-
fage qu'ils la reçoivent lorfqu'on les fait Diacres »
& loffqu'ils alîiftent le Prêtre à l'Autel. Herbert
dit que la tunique étoit le propre des Soudiacres ji
la dalmatique des Diacres , & la chafuble des Prê-
tres. Le Pape Zacharie avoit coutume de la por-
ter fous fa chafuble, & les Evêques en portent en-
core. C'étoit un ornement facerdotal qu'on a pris
fouvent pour la chafuble , qui ttoit blanc mou-
cheté de pourpre , & c'étoit autrefois un habir mi-
litaire , à ce que dit Amalarius. Alcuin dit que le
Pape Silveftre en introduifit le premier l'ufage dans
l'Eglife i mais elle étoit différente de celle d'à
préfent. Elle étoit faite en forme de croix , avoit
du côté droit des manches larges , & du côte gau-
che de grandes franges j lefquelles fignifioient, fui-"
vaut ce que dit Durandus , les foins & les fuper-
fluités de cette vie. On n'en mettoit point par con-
féquent au côté droit , à caufe que l'autre vie en
eft exempte. C'eft aujourd'hui l'ufage de donner aux
Diacres une dalmatique dans la cérémonie de leur
ordination : cet ufage , félon le P. Martenne, n'eft
univerfellemenr établi que depuis environ cinq cens
ans; d'où il conclut, contre Médina, que don-
ner la dalmatique n'eft point une chofe eftentielle à
l'ordination des Diacres. On trouve dans l'ouvrage
du P. Martenne pluheurs Pontificaux ou Rituels des
Eglifes de Rome, de Mayence, de Befançon , de
Tours , où la cérémonie qu'on fait , & les paroles
qu'on récite ou qu'on chante en donnant la dalma~
tique aux Diacres , font marquées. C'étoit la cou-
tume au tems de Saint Grégoire, lorfqu'on portoic
en terre le corps du Pape, le peuple le couvrît de
dalmatiques , qu'il partageoit enfuite , & qu'il gar-
doif comme des reliques. Saint Grégoire le défena
dans le Concile Romain tenu en 595. H paroît qui
Mij
92-
D AL DAM
la fin du VF. fiècle les Evêques de France n'a-
voient point le droit de porter de dalmatïqucs ; car
S. Arige , Evêque de Gap , ayant demandé cette
grâce à S. Grégoire , ce Saint Pape lin en envoya ,
à lui & à fon Archidiacre, en 585. avec la per-
milFion de s'en fervir ; il en parle comme d'une grâce
qui ne s'accordoit pas ailément.
La dalmatique elt un vêtement dont l'ufage efl:
venu originairement de Dalmatie. Capitolin , dans
la vie de i^ertinax, c. 8. dit qu'on tenoit parmi les
meubles de l'Empereur Commode, tunicas , penu-
lafque , lacernas 6" chindatds Dalmaiarum. Lam-
pride, dans la vie de Commode, c. 8. dit de ce
Prince , qu'il parut en public vêtu d'une dalmati-
que : Dalmaticus in puhlico procejjîc-^ ce qui pailoit
alors pour une choie infâme , les gens graves &
modelles ne parollFant jamais avec des dalmatiqucs :
& le même Hiltorien alFure, c. 14. de la vie d'Hé-
liogabale , que cet Empereur avoir fouvent paru
fur la place en dalmatique après fon foupé. Dal-
maticatus in foro pojè cœnam. Mercure, Mai
^755-
Les chappes des Crieurs & des Maîtres de Con-
frairie font faites en forme de dalmatiqucs ou de tu-
niques. En Berry & en Touraine on l'appelle cour-
tihaut. Les payfans de Berry & autres lieux au-delà
de la Loire ont des habits faits en forme de cafa
ques longues , qu'ils appellent *daumais , ce qui
apparemment eft un mot corrompu de dalmatique.
Voye\ dans les Acta Sanci. Propyleum Menf. Maii
Conat. Chronol. pag. 89. (S* pag. 97. la forme des
dalmatiques anciennes. Voye^ encore , Tom. Fil.
Maii Parai, pag. 97 & 108. des dalmatiques de
Diacre.
DALON ou DALONE. Abbaye de l'Ordre de Cî-
teaux, dans le Limoufin , fondée en 11 20.
DALOT. f. m. Terme de Marine. Canal pour faire
écouler les eaux d'un vailfeau. Les dalots font des
morceaux de bois percés & difpofés en pente le long
du tillac, qui palfent au travers du bordage , &
fervent à faire fortir & écouler l'eau de's pompes
bc des gouttières. Ces trous ont quatre pouces de
diamètre. On les appelle auffi orgues , dallions eu
dallons,
D A M.
^C? DAM. f. m. Terme de Théologie dont on fe fert
pour défigner la peine que les damnés ont d'être
privés de la vue de Dieu. Les Théologiens dilHn-
guenr la peine du dam & la peine du fcns. Aiterna
Divine pmfentiiz poft mortem priyatio , damnum ,
pœna damni.
Dam j en langage ordinaire, fignifioit autrefois perte
& dommage j & n'eft plus en ufige qu'en cette
phrafe. S'il lui arrive du mal , à fon dam , pour
dire , ce fera lui qui en fouffrira le dommage. Dam-
jio fuo. En ce fens il vient du Lmui damnum. Au-
trefois on diloit à fon dam , comme on dit main-
tenant à fes dépens. Il a appris à être fage à fon
dam J c'eft-à-diie , à fcs dépens j il lui a bien coûté
pour cela.
Dam. Vieux mot. Titre d'honneur qu^on donnoit au-
trefois aux perfonnesdiftinguées, tant hommes que
femmes , &C qui vient de Dominus 8c Domina.
On difoit Dam Dieu, pour dire. Seigneur Dieu j
comme les Italiens on dit Domene Dio \ & Vi-
dame pour Vicedominus. On a dit auffi , Dam Che-
valier , pour dire , Seigneur Chevalier.
On a fait auffi Dom de Dominus , nom que les
Moines ont confervé , & enfuite Damoifcau, Da-
moifel & Damoifelle. Ce nom entre dans la com-
poluion de plufieurs noms de lieux j & dans ces
noms il précède ordinairement le nom propre du
Seigneur à qui ce lieu a appartenu , & dont il a pris le
nom j comme Damgillon , Dammartin^ Dampierre,
ôcc.
pAM , dans la langue Flamande , lignifie une levée
de terre, une forte de digue pour retenir les eaux
DAM
de la mer , d'une rivière, d'un canal. Il entre dans
la compofition d'un grand nombre de noms Géo-
graphiques , & ell particulier aux villes des Pays-
Bas. Ce mot défigne prefque toujours un lieu fuué
fur une de ces digues , & l'on y joint d'ordinaire
le nom de la rivière qui palFe en cet endroit , comme
Rotterdam , Amjierdam : ou le nom de ceux qui
l'ont faite, comme Monihendam , &c.
DAM. Autrefois ville, maintenant gros bourg de
la Province de Groningue dans les Pays - Bas. Z><z-
mum.
|Cr DAM ou DAMME. Dammum. Ville de Flandre ,
dans le Franconnat , à une lieue de Bruges. Quelques-
uns l'appellent Hondtsdamme.
§5° DAM. Petite ville d'Allemagne dans la Poméra-
nie, fur l'Oder j à une lieue de Stetin. On la nom-
moit autrefois Vadam.
DAMAGE, f. m. Vieux mot dont on s'eft fervi pour
dire dommage. On a dit aulli damag&nt , pour dom-
mageable.
DAM AL A. Petite ville appelée autrement Pleda.
Damala,Plcda, anciennement iroc^en, Iroe^eux.
Elle eft dans la Scavié en Morée près de la côte.
C'étoit autrefois une ville Epifcopale. Maty.
DAA'IAN. Ville d'Afie dans les Etats du Mogol. Elle
efl: dans le Royaume de Guzarate , iicuée dans la
Pieiqu'Ile de deçà le Gange. Elle a un bon porc
fur le golfe de Cambaye : elle efl: aux Portugais,
qui la conquirent en 1559. Foye^ Davity , Man-
deflo & Carré j dans le fécond tome de ion Voyage
des Indes Orientales.
DAMAR. Ville de l'Arabie heureufe dans le Royaume
d'Yémen.
DAMARAS. f. m. Taffetas des Indes. C'eft une efpèce
d'armoifin.
DAMARIN. f m. Nom d'homme , Marinus , félon
le Martyrologe de Baronius , & Amarinus , félon
Monfieur Chaflelain au vingt -cinquième de Jan-
vier. Ce dernier efl: plus vrai. De Saint- Amarin ,
en changeant le t en d, s'eft: fait Sain - Damarin,
pour Saint-Amarin.
DAM AS. Nom d'une ville très-ancienne &célèbre. Da-
majcus. Elle eft dans la Syrie, au pied du mont Liban,
dans une plaine très- fertile & très-agréable , qui s'é-
tend entre le mont Liban & les montagnes que l'Ecri-
ture appelle Galaad. Damas e{\. fur une petite rivière
nommée par les anciens Chryforroas. On ne fait
quel fut le fondateur de Damas. Jofephe j Antiq.
Jud. I. I.c. 6. dit qu'elle fut bâtie par Us , fils d'Am-
ram. D'autres difent que Damafcus , fils de Mercure
& de la Nymphe Alcimede , étant venu d'Aicadie
en Syrie, y bâtit cette ville, à laquelle il donna
{on nom. D'autres veulent qu'elle l'ait pris d'un
Géant nommé Afcus , qui ayant lié Denys , le jeta
dans la rivière avec Licurge \ ou de ce que Denys
pourfuivit & atteignit là un certain Damafcus ,
qu'il écorcha tout vif, parce qu'il avoir coupé les
vignes. Enfin , l'on dit qu'elle a pris le nom d'un
Prince nommé Damafcus , qui y a régné. On peuc
regarder tout cela comme autant de fables , ou de
fentimens avancés fans fondemens fuffilans. Quoi
qu'il en foit , Damas étoit déjà du tems d^ Abra-
ham, c'efl-à-dire, environ deux mille ans avant
J. C. Cette ville fut capitale de Syrie jufqu'à ce
que Seleucus eut achevé de bâtir Antioche, qu'An-
tigonus avoit commencée, c'efl:-à-dire, jufqu'environ
300. ans avant J. C. Elle fut encore foumife aux Sé-
leucides , & puis aux Romains. Omar , fucceflfeur
d'Abubecher, la prit l'an 636. comme le marque
Guillaume de Tyr, L. I. c. 2. Depuis ce tems-là
elle a toujours été aux Mufulmans , ayant palTé des
Sarradns aux Sultans d'Egypte , auxquels les Turcs
l'enlevèrent il y a près de leo. ans. Malgré tant de
révolutions , elle ell encore une des plus confidé-
rables de l'Orient. On y fait beaucoup de commerce,
& fes foies , fes laines , fes prunes, fes raihns, fes
eaux de fenteurs , & fes lames d'épées la font con-
noîtte par-tout. Damas eft une des premières villes
où le Chriltianifme ait été porté. Saint Paul y alloit
D À M
perféciiter les fidèles environ deux ai« après la mort
de J. C. lorfqu'il fut renverfé & converti en ap-
prochant de la ville. Dans la fuite Damas fut une
Métropole dépendante du Patriarche d'Antioche.
Aujourd'hui le Patriarche Grec d'Antioche y réiide,
aulîi-bien que le Beglierbey de la Phénicie ou de la
Judée, dont elle eft capitale. V. Thevenot , Voyage
du Levcorî , P. IL c. /J'. Coppin , Voyage de Plie
nide , c. 1 5 .
Il y a trois endroits de l'écriture , où le nom de
cette ville eft un peu différent en Hébreu de ce
qu'il eft communément. Car i'^. I. Paralip. XVIII. 5.
& 6. elle eft appelée non pas p'i'ai, JJammeJch ^
à l'ordinaire , mais pDOm , Darmecjek. z°. Au 4^.
L. des Rois , XVI. i o. elle eft nommée pDOn , Dumer-
fek , quoiqu'il n'y ait point de Keri ou de variante
dans ces endroits, ce font apparemment des fautes
de Copiftes, qui ont d'abord ajouté un 1 j & qui
l'ont enluite pris pour un "•, comme cela eft arrive
foiivent.
Si l'on en croit le Géographe Etienne, Damas
a tiré ce nom de fon Fondateur Damajcus , fils de
Mercure & d'Alcimède ; & félon Juftin, de Da-
mafcus , qui y régna. S. Jérôme dit que c'eft de l'In-
tendant de la maifon d'Abraham , nommé ( Gen.
!XV. 1. ) Elié^cr Damefek\ mais il eft bien plus vrai-
femblable qu'il faut dire Hliézer de Damas, & que
cela fignihe qu'il étoit de la ville ou du teriitoue
de Damas.
Damas vient du mot Hébreu de cette ville
pfai, Dammefek , mais fon origine & fa figni-
ihcation font fort incertaines. Quelques-uns l'mrer-
prétent fac de farig , de tlDTj dam , fang j & pv ,
J'ak , fac \ mais ils varient lut la raifon qui lui fit
donner ce nom. Les uns diient que ce tat parce
qu'il croilloit d'excellent vin dans fon territoire j
mais de bonne foi, que veut dite fac de v;u .^Peut-
être pourroit-on luivre ce fentiment j fi l'on avoit
nommé cette ville Tonneau de vin , Cuve de vin :
mais un fac eft-il un vafe à mettre du vin ? Si donc
ce nom vient de pu?, fac, il n'y a pas d'apparence
que ai, û'tî/72 défigne le fang de la vigne , c'eft- à-
dire du vin. D'autres prétendent que Damas fut
appelé fac de fang , à caufe du fang d'Abel qui y
fut répandu par Gain ; mais cela eft fondé fur le
fentiment faux de ceux qui croient que le Para-
dis Terreftre & la terre voifine qu'habita Adam
après en avoir été chalfé j eft le pays de Damas
& les environs. La plus commune opinion des
Orientaux , tant Chrétiens que MufulmanSj eft que
Damas a tiré fon nom de Dimfchak ou Damafchk
Eliéfer . ferviteur d'Abraham , & que c'eft ce Patriar-
che qui en eft le Fondateur. D'Herbelot. Dans
Damas , nom de ville j le dettiier a eft long , &
l'on fait fentir \s finale. **
Dans l'Ecriture Damas fe prend , 1°. Pour la
ville de Damas, capitale & Métropolitaine de Sy-
rie ; comme Gen. XIV. 1 5. II. des Rois , VIII. 5.6.
III. des Rois , X. 34. XI. 2.3. IV. des Rois , V 12
VIII. 7. XIV. i8. XVI. cj. XIX. 15. Cant. VIL 4
If. VIL 8. &c. Ad. IX. 2. 3. XXII. 5. 10. XXVI. 12.
Galat. I. 7. 2°. Pour la Province dont Damas
ctoit capitale , qui s'appelle Syrie de Damas , en
Latin, Syria Damafci, & en Hébreu , pvn'X CinN,
Aram Dammefek , Sc quelquefois Damas tout court,
comme III. des Rois, XX. 34. Amos, V. 27. IL
Cor. XL 32. 33.
Acier de Damas. V. AciER.
1^ DAMAS, f. m. Damafcenus acinaces. Sorte de fa-
bre fait d'un acier très-fin, d'une trempe excellente,
& fort tranchant. Les ptemiers ont été faits à Damas.
Mon fabre eft un vrai damas.
Damas, f m. Etoffe faite de foie , qui a des patries
élevées qui repréfentent des fleurs ou autres figu-
res.^ Damafccni operis pannus hombycinus. C'eft une
efpèce de moire (.<^ de fatin mêlés enfemble en
DAM 9^
de l'autre fait le fonds. Les fleurs ont le grain de
latin J & le fonds a un grain de taffetas.
Elle eft ainfi nommée, à caufe qu'elle eft venue
originairement de Damas en Syrie. On fait de beaux
ameublemens de damas de Gènes, de Lucques & de
Venile : celui-ci eft le plus exquis.
Damas c a f f a r t j eft un damas dont les trames
lont de fil ou de fleuret , & les chaînes de foie.
Damafceni opeiïs pannus , partim lineus , pardm bom-
bycïnus.
Damas ou grand Caën. f. m. Nom que l'on donne
à une forte de linge ouvré qui fe manufacture dans
la balle Normandie.
ffT Damas fe dir aufi d'une efpèce de prunes dont
le plant nous eft venu de Damas. C'eft un fruit
•d'une médiocre grclTeur, aflez fucré, &: qui quitte
le noyau. Pruna Damafcena.
%fT II y en a de cinq ou fix efpèces , qui dif-
férent par la gtolFeur, la couleur, la figure j ou par
le tems de leur maturité,
^,fT Le damas violet j le rouge & le blanc font au
nombre des bonnes prunes, qui ont la chair fine j
tendre & fondante, l'eau douce & fucrée , le goi'.c
alfez relevé. Le damas noir hâtif a la chair aigre-
lette. Le damas mufqué l'a feche j plufieurs l'ont ver-
reule.
^fT Damas, efpèce de raifin dont la grappe eft fort
grofle & longue , le grain très - gros , long & ambré ,
qui n'a qu'un pépin. La Quint. Nous efiayons , pac
le moyen de nos murs bien expofés, de procurer
autant de chaleur qu'il eii faut aux pergolèfes &
aux damas.
Ce mot de damas, dans toutes les fignifications
qu'il a , fe prononce ainfi j le premier a a un ion
bref, le fécond a a un fon obfcur qui allonge la fé-
conde fyllabe, Vs finale ne doit point fe faire fentif
dans la prononciation. Il faut en excepter Damas ,
nom de ville, de la prononciation duquel nous avons
parlé en fon lieu".
DAMASAN. Petite ville de France dans leBazadois,
fur la frontière de l'Agenois , Eledion de Condon.
DAMASCENE. adj. Qui eft de Damas. Damafcenus.
Ce mot n'eft en ufage en François que pour Saine
JeanManlur, qui étoit de Damas, & que nous
nommons S. Jean Damafcene , 5C quelquefois S.
Damafcène. S. Jean Damafcene eft le S. Thomas des
Grecs. Le nom Arabe de fa famille, qui étoit con-
hdérable , étoit Manfur. Il vivoit vers le milieu dri
VIII^ fiècle. Le P. Le Quien , Dominicain j adonné
une belle édition des Ouvrages de S. Jean Damaf-
cene , à Paris 171 2. avec des dilTertations &: de
favantes notes. Il y a beaucoup d'autres Grecs qui
ont porté le nom de Damafcine en Grec & en Latin,
comme l'a remarqué Léo Allatius au commencement
de fes Prolégomènes fur les ouvrage de ce Saint ;
mais , comme ils font moins connus , ce nom n'é*!!:
en ufage ordinairement en François que pour ca
Saint. Il ne faut pas le dire en général des habi-
tans de Damas. Quelquefois, au lieu de S. Jean Da-
mafcene , on dit S. Jean de Damas.
Ce mot vient du Latin Damafcenus, qui figni-
fie , un homme de Damas.
Damascène. Partie de Syrie, Province de Syrie dont
Damas étoit capitale. Damafcene. C'étoit la même
chofe que la Cœléfyrie.
DAMASE. f. m. Nom d'homme. Damafus. Le Pape
Damafe , élu en ^66, & mort en 584, condamna
en 369. Urface & Valens, Ariens, &lcs Apollinarif-
tes en 377. Il y eut encore dans le XV. fiecle un
Pape de ce nom, qui mourut 25. jours après fon
telle forte que ce qui n'eft pxs fatin d'un côté , l'eft
de l'autre. L'élévation qui fait le fatin d'un côté.
DAMASÉE. adj. m. Linge fabriqué en façon de da-
mas. On écrit & on prononce damaffé. Voye:^ ce
mot.
DAMASIEN. adj. qui n'eft en ufage que dans cette
phrafe ; les monts Damafiens : ce font des monta-
gnes d'Afie, vers la fource des rivières de Hoang
& de Kiang , qui s'étendent du nord au fud j entre la
Chine & l'Inde da de-là le Gange. Damafù montes.
94
DAM
DAM
DAMASINE. f. f. Terme de Fleutifte. Anémone în-f damafceni arûfidum. Cette ^a/w^^rfi eft fort belle i
carnare & blanche , panachée dilHndement. C'eft j fort agréable.
une des plus belles anémones qu'on puilfe voir.- DAMASTÈS. f. m. Géant fameux par fa cruauté, fur-
MoRiN , Culture des fleurs. _ j nommé Procufte , parce qu'il obligeoit fes hôtes
DAMASONIUM. f. m. Plante qui pouffe des feuil-1 de s'égaler à la mefure de fes lits.
les femblables à celles du plancin aquatique, mais DAMATER. f. f Nom de la Prêtrelfe de Cybèle.Dii-
beaucoup plus petites, attachées à des queues lon-5 matris. Voye^ Damias & Damie. Quelques-uns
gués. Il s'élève d'entre elles des petites tiges de la' ' ' ./-«.. .. . -,
hauteur de la main, rondes j vides, portant des fleurs
ordinairement à trois feuilles difpofées en rofe. Il
leur fuccède un fruit en étoile , compofé de plu-
lîeurs pièces creufes , dont chacune renferme une ou !
veulent qu'on dife Damiacrix , au lieu de Damatris.
Foyei fur ce nom Scaliger j dans fes notes fur Fef-
tus j ALcxanicr ab Alex. Génial, dkr. VI. 8. Pan-
vin , de Civ, Konu C. îy. Gruter. De ver. Jur. Pont,
IV. %.
deuxfemences oblongues. Ses racines font menues,' DAMATRIUS. f. m. Dixième mois de l'année chez
fibreufes, comme celles du plantin aquatique. Cette
plante eft déterfive , aftringente , rafraîchi ffante ,
& fait perdre le lait aux femmes , étant appliquée
fur le fein.
DAMASQUETTE. f. f. Efpèce d'étoffe à fîeurs d'or
& d'argent, ou feulement de foie, qui fe fabri-
que à Venife , & fe débite dans le Levant , parti- ;
culièrement à Conflantinople. '
DAMASQUIN. f. m. Que l'on nomme plus ordinaire-^ f:T DAMAVEND. Ville d'Afie , autrefois dans la Pro
ment Hotte. Poids dont on fe fert dans le Levant , j vince d'Adherbigiane en Medie , aujourd'hui com-
particulièrement à Seyde. | prife dans la Province nommée Gebal ou Iraque
DAMASQUINER, v. a. Terme de FourbifTeur&d'Ar-l Perfienne.
mûrier. Tailler ou cifeler le fer, enforte qu'il reflefDAMBEA. Province, ou Royaume d'Afrique j qui fait
plufîeurs raies ou entailles de diverfes li'jures dans j partie de l'empire d'Abylfmie. Damhea. Vollius Si
i„r ii-_ L"/r_ J-. Cl... j>_ . _ i> i i<,o „^., .,„!!„. u.,K..; i i i„„ r„.,-_„^
les Thébains & les Béotiens. Damatrius. Junius,
dans fon livre de anno & menfihus ^ le confond mal-
à-propos avec le mois d'Oétobre \ il répondoit au
mois de Juin & partie de Juillet j & tiroit fon nom
de hr,fi,nri% , en Béotien Aa^âni) , qui eft celui de Cé-
rès en Grec, parce que c'eft dans ce mois qu'elle
donne fes biens , que l'on fait la récolte des blés,
dont ils rendoient grâces à cette Déeffe.
lefquelles on enchâfïe des filets d'or ou ^'argent.
^C? Quand on veut damajljuiner le fer ou l'acier ,
on le met au feu, pour lui donner le paife- violet,
qui efl ce qu'on appelle couleur d'eau : puis on
defllne légèrement delfus avec un poinçon de cui-
vre jaune fort délié l'ornement qu'on veut figu-
ter , & on le taille avec un couteau à tailler des
limes.
Cela étant fait , on prend du fil d'or , on le con-
duit félon le deffein qu'on a formé, on l'enfonce
proprement avec une touche de cuivre , on le fait
revenir avec de l'eau forte : on prend une fanguine ,
pour abattre toutes les hachures j & on remet le
fer ou l'acier au feu pour lui donner la couleur
d'eau. Damafquiner une lame d'épée. Damafquiner
le canon d'un fufil ou d'un pif^olet. Encaufto da-
mafceno adnacem , fiftulam jerream difiinguere. Les
cimeterres font d'ordinaire damafquinés. Un étui à
damafquiner , c'efl un étui garni de fer pour tra-
vailler à cette forte d'ouvrage.
Damasquiné , ée, part. Couteau damafquiné. Cuiraffe
damafquinée.
DAMASQUINERIE. f. f. L'Art de damafquiner.
DAMASQUINEUR. f. m. Celui qui damafquiné. Po-
MEY. Damafcenus encaufles.
DAMASQUINURE. f. f. Travail de ce qui eft damaf-
quiné , orneiiient d'une arme damafquinée 3 ou
d'une autre pièce de fer damafquinée. Damafceni
anificLi opus. Onditaufîî damafquiné.
DAMASSER, v. a. Fabriquer une étoffe ou du linge en
façon de damas. Faire de petites ligures fur du linge,
comme des oifeaux, & autres. Lintcum opère damaf-
ceno variare.
^5* Damasser, chez les Vanniers, c'eft former fur
une pièce des ornemens femblables à ceux qu'on
voit fur le linge damajfé,
^Cr Damassé , ée. adj. Linge deftiné ordinairement au
fervice de la table^ qui eft à fleurs ou à perfonnages,
où l'on remarque un fond&: un deffein ; ainfî ap-
pelé 3 parce que le travail en eft le même que celui
du damas. Linteum opère damafceno variatum. Un
fervice de table damaffé. Une nappe damaffee.
On appelle aulli une étoffe de foie dàjna(Je'e ,
celle qui paroît de dam.is d'un côté , & qui a un
envers tout uni. Pannus bombycinus opère damaf-
ceno diftinclus.
Damassé , fe dit aufîî fubftancivement pour dire da
linge damaffc. Un fervice de damaffé. Ac. Fr.
|iC? DAMASSIN. f m. Petit damas moins chargé de
chaîne & de trame que les damas ordinaires.
DAMASSURE. f. f. L'ouvrage du linge damatré. Operii
les nouvelles Relations le placent vers les fources
du Nil. Quelques-uns difenr, félon Maty , que le
Nil pafle dans ce Royaume , qu'il y a même fa
lource 1 mais la carte faite fur le pays par les
PP. Manuel d'Almeida Alfonfo , Mendez , Pero
Pays, & Jeronimo Lobo , Jéfuites, qui découvri-
rent les fources du Nil vers l'an 1629. & la relation
qu'en a donnée le dernier 3 placent le Royaume de
Dambea au nord du Nil , qui coule d'abord d'Oc-
cident en Orient j & les fources du Nil ne font
point dans le Lac de Dambea , mais à cinq jour-
nées de chemin. Voye^ Nil. M. Corneille dïzDam-
bée ou Dambea j mais la Traduûion Françoife de
la relation du P. Jérôme Lobo , & les autres difenc
Dambea ëc non Dambée.
Le lac de Dambea , c'eft un grand lac dans la
Province de Dambea 3 lequel a vingt -cinq lieues
de long du Sud au Nord & environ quinze dans
l'endroit où il eft le plus large. Il fait plufîeurs Iles,
les unes déferres, les autres habitées. Le Nil, à cinq
journées de fes fources , entre avec rapidité pat
une des extrémités de ce lac j & s'ouvrant le paf-
fage dans le vafe du lac , en reffort par un autre
endroit, après avoir traverfé un quart de lieue de
fa largeur.
fC? DAME. f. f. Titre autrefois très-diftingué parmi
nous , & qui ne s'accordoit qu'aux femmes du pre-
mier rang. Celles des hommes les plus qualifiés,
portoienc fîmplement le nom de mademoifelle. Do-
mina , illuftris matrona. On le donna enfuite aux
femmes qui poffédoient quelque Seigneurie , puis
à : toutes les femmes de qualité, aux femmes des
gens de robe , des financiers j & par un abus fin-
gulier, que l'ufage autorife, cette qualification
s'eft tellement multipliée & avilie , qu'on la pro-
digue aux femmes des fimples bourgeois , & à toutes
celles qui veulent la prendre.
^3" Ainfi ce nom marque quelquefois feigneurie,'
droit d'autorité fur des vaffaux. C'eft ainfi que l'on
dit : cette veuve eft dame d'un tel château , d'un
tel bourg , d'un tel marquifat. AUcujus loci do-,
mina,
fC? C'eft quelquefois un fimple titre que l'on
donne par honneur aux femmes de qualité. Dame à
Carreau , qui a droit de fe faire porter un carreau k
l'Eglife , & à qui l'on porte la robe. On dit de la
femme d'un homme qualifié : haute & puiffante Da-
me ; les Dames de la Cour.
^fj Ce nom eft quelquefois fynonyme à maître/Iè
de la maifon. Je voudrois parler à la Dame de céans.
Hera.
^fT Quand on le die àes perfonoes de k pim
DAM
baffe condition , c'eft comme une efpéce de titre
qu'on Ijiu donne j & qu'on joint ordmauement
à leur nom , foit en parlant d'elles , foit en parlant
à elles. Dame Françoife, i3^/ne Jeanne.
^3" Dame fe prend quelquefois généralement pour
toutes les Femmes d'un état, bcinina. Les Dames Ro-
maines coupèrent leurs cheveux dans une nécellitc
publique pour faire des cordages de navires. Les
Dames de Lacédémone excitoient leurs enhms à
combattre vaillamment pour la patrie.
^3" Dans un fens à-peu-prcs femblable , nous
étendons ee nom à toutes les femmes Si à toutes les
filles d'une condition un peu honnête j quoiqu'il
foit particulièrement réfervé à celles qui par leur
nailFance ou par leur mérite , font diftinguéesdes au-
tres. iMaire aux Dames, aimer \q% Dames. Les Da-
mes font la plus belle moitié du monde. Le goût des
Dames attire d'ordinaire celui du reftedes auditeurs.
Corn. Les anciens Chevaliers foutenoient Ihcwineur
des Dames. C'ell dans ce fens qu'on dit Dame fage,
Dame vertueufe , prude , &c.
§5" En courant la bague , on dit que la première
courfe ell: pour les Dames , ôc elle n'eit point com-
prife dans le nombre de celles qu'on doit courir pour
le prix. ProlufiQ equeflris.
^Cr Voilà pour les Dames j c'eft-à-dire pour
faire honneur aux Dames. C'eft la même choie au
jeu de paume , où l'on appelle donner les Dames ,
le premier coup qui fe fert fur le toît , qui n'eft
compté pour rien , ainfi que les autres balles qu'on
fert enfuite , & qui font balles de cérémonie , juf-
qu'à ce que celui qui fert dife , tout de bon. Prolujio
fdar'is.
îfT Aufetios les Dames préfidoient aux Tour-
nois, i'^os Dames Françoifes ont été peu parées pen-
ila;K huit à neuf cents ans : leur coiffure étoit iim-
pie j peu de frifure , nulle dentelle , du linge uni ,
mais du plus fin \ leurs robes étoient fort fer-
rées , & couvroient tout-à- fait la gorge. Les Veuves
étoient habillées à-peu-près comme les Religieufes.
Cet air de modeftie continua jufqu'à Charles VI,
fous fon règne les Dames commencèrent à fe décou-
vrir les épaules ; fous Charles VII elles prirent des
pendans d'oreille ^ des coliers & des bracelets. Sous
François premier elles furent appelées & introduites
à la Coût. Par un rafinement de politique, Cathe-
rine de Médicis y établit des Filles d'honneui*, mais
la trille aventure d'une des Filles d'honneur de la
Reine Mère Anne d'Autriche , aventure alFez con-
nue par le fameux fonnet de l'Avorton , donna lieu
à un nouvel établiirement j & l'on fubftitua douze
Dames du palais aux douze Filles d'honneur.
§C? On appelle Dame d'honneur, Z^^zz/ze d'atours.
Dame du palais , des Dames revêtues de certaines
charges qui leur donnent ces fortes de titres chez la
Reine &: chez les Princelfes. Dame d'honneur eft
la première Dame de la maifon & de la fuite de la
Reine. Honoraria Reghis ajj'eda. Dame d'atours ,
celle qui prend foin de la parer. Regina cultuij mun-
doque pr&jecla. Dame du palais. Palaûo pràtfecla.
On peut ajouter à ces exprelfions, illujlris matrona ,
femina.
Ce mot vient de Dominus & Domina, dont on a
fait Dam, titre d'honneur, qu'on donnoit autrefois
aux hommes aufil-bien qu'aux femmes. Mén. Voye\
Dam , ci deflus.
Borel dit que quelques-uns font venir le nom de
Dame àz. l'Hébreu dama, qui figniheyF/tre, parce
qu'il eft de la gravité des Dames de parler peu.
Chorier croit que Dame & dama , comme l'on pro-
nonce en Dauphiné , vient du Grec 4i««j , qui ligni-
fie une femme mariée. Avant Chorier , Guichard
avoi: été de ce fentiment. Le P. Papebroch ne veut
.point que l'on dérive le mot Dame du Latin Domi-
nus, Domina. Il croit que c'eft plutôt un mot Franc
ou François originairement. Voye-^ Acta Sasct.
April. I cm. J.p. ryp.
Dame eft aulFi un titre d'honneur qu'on donne par ex-
cellence à U Vierge Marie , qu'on appelle abfolu-
DAM
9S
ment Notre-Dame. Nojlra Domina. Les Eglifes de
Notre-Dame, l'OfHce de A'^orrc-Z>t;/;:e j le Salut de
Notre-Dame , les Fêtes de Notre-Dame, la Notre-
Dame de Mars, de mi- Août. Notre-Dame lignifie
aulli fouvent une Eghfe de la Sainte Vierge j une
Eglife confacrée à Dieu fous l'invocation de la ^ainte
Vierge. Notre-Dame de Paris , Notre-Dame d'A-
miens j Notre-Dame de Chartres, ce font les Egli-
fes Cathédrales de ces villes. Il tft cert.iin que ]Soire-
Dame de Paris a été b.îtie fous Chiidebert , & que
ce prince n'en a commencé le bâtiment que vers les
derniètes années de fon règne. Baudelot. La Nef de
Saint Etienne de Bourges, la Croifée de Notre-Dame
d'Amiens, le Chœur de Beau vais j & le Portail de
Rheims , font les plus beaux morceaux d'Architec-
ture qu'il y ait en fait d'Eglifes Gothiques.
Il y a de mtme plufieurs Ordres Religieux qui
portent le nom de Notre-Dame. Les filles de l'Af-
fomption de Notre-Dame. Voycr^ Haudriette.
Notre-Dame de la Viéloire. Voye:[ V^icToiRt. No-
tre-Dame de la Merci, Voye-[ Merci. Les Religieux
Hofpitaliers de la Charité de Notre-Dame. V oye'^
Charité. Notre-Dame de Gonzagues. Foye\ Gon-
ZAGUES. Notre-Dame du Refuge. Koye':^ Refuge.
Notre-Dame de Mifericorde. Foye^ Miséricorde.
Notre-Dame du Rofaire. Foye^ Rosaire. Nutrc-^
Dame de Lorète. Voye\ Lorète.
Dame , eft auili un nom qu'on donne aqx Religieu-
fes Prolellès dans les Abbayes , & aux Chanoinellès
établies en plufieurs endroits, lllujlres moniales. Les
Dames de Longchamp. Le Pont- aux-Dames. Le Fort-
ciux-Dames : c'eft une prifon auprès du Grand-Châ-
telet , qui dépend des Dames de Montmartre. Les
Dames ChanoinelFes de Remiremont en Lorraine.
Les Dames du Chœur j à la différence des Sœurs
ConverfeSjOU Laies
Pauvre Dame. Nom que l'on donne aifx Clarif-
fes ou Religieufes de Sainte Claire, qui fuj^voient la
Règle de Saint François , réformée par Grégoi-
re IX.
Dame-de-la-hache. Les Dames -de-h-hzche , ou la
compagnie des Z)a/72ej-de-la- hache, ou du Palfe-
tems , à Tortofe en Catalogne. Efpèce de Cheva-
lerie de Dames, p^oye^ Hache.
Dame , en termes de Médecine , ou plutôt de rapport
de Matrones, eft une petite pellicule qu'on a cru au-
trefois être la vraie marque du pucelage, que les
Matrones appellent la dame du milieu, les Latins,
Hymen. Mais on a depuis découvert qu'elle ne fe
trouvoit pas aux filles du plus bas âge , &c que ce
n'étoit qu'une union des caroncules qui font près de
l'orifice externe de la matrice. _
Dame. Terme d'Aftrologie judiciaire, qui fe dit des
planètes féminines qui dominent dans quelque en-
droit d'un thème célefte. Cet homme a la Lune
dame du milieu du ciel , & Vénus dame de l'af-
cendant.
Dame ou Demoiselle. Terme de fortification C'eft
une pièce de bois ayant des bras qu'on tient à deux
mains pour battre la terre ou le gazon qui fe met-
tent dans un mortier.
§Cr C'eft aulïï un inftrument de Paveurs. F'oyei
Demoiselle.
En termes de mines , une terre qui refte ifolce
entre les fourneaux lorfqu'ils ont joué , s'appelle
aufïi dame.
Dame. Terme d'Architeéture. On appelle ainfi dans
un canal que l'on creufe certaines digues du ter-
rain même, qui étant laifTées d'efpace eo efpace,
y font entrer l'eau, comme on le juge à propos,
& empêchent qu'elle ne gagne les travailleurs. Moles
terra.
On donne le même nom de dame à certaines
petites langues de terre qui font couvertes de leur
gazon , & qu'on laifie dediftance en diftance. Elles
fervent de témoins de la hauteur des terres qu'on
a fouillées, afin d'en roifer les cubes. Dame en ce
fens vient du Flamand </(7OT , qui figmûe chaujffee ,
&c qui entre dans U compofition du nom de plu-
96
DAM
lleurs villes du Pays - B.xs , comme Amjleriam^ Ro-
terdaiii , ëcc.
Dame , le die auffi en plufieurs foi'tes de jeux. Reghia.
Aux Cartes on die, le Roi, la £>u//!c & le Valet.
CÇ? La Dame ell la carte fur laquelle elt peinte
la ligure d'une Darr.e , & l'on donne .i ces ligures
le nom de Dame de cœur , Dame de pique , Dana
de trèfle & de Z^t/wedecarreau,
Au jeu du Hoc, la Dame dépique & le Valet
de carreau font Hoc.
Dame, eft aulli un petit palet rond ou une petite
tranche platte <Sc cylindrique, d'ivoire , d'ébeae ou
de bois, qui fert à jouer fur un tablier ou un
trictrac. Scrufi hiforu. Le jeu de dames fe fait avec
douze dames blanches & douze noires fur le x.a.-
hYïQï.Scruforum ludus. Celui du tridrac avec quinze
dames de chaque forte dans le revers du tablier avec
deux dez. On y joue diverfement, à dames rabat-
tues, au cocquimbertj à toutes tables, ou au fimple
tridrac.
Dames rabattues. Nom d'un jeu de tables des
plus faciles. Le jeu de dames rabattues fe joue dans
un tridrac avec quinze dames de chaque couleur,
deux cornets & deux dez. On ne joue que deux
aux dames rabattues. Chacun met toutes fes dames
dans la table du tridrac la plus près du jour, 6>:
Elit fix piles ou tas de fes dames fur toutes les
flèches qui font de fon côté. Sur chacune des trois
premières Bêches proche du jour il faut mettre deux
dames , & fur chacune des trois autres flèches juf-
qu'à la bande de féparation il faut mettre trois
dames, qui, avec les fix précédentes, compofcnt
les quinze de chaque joueur. On met toutes ces
dames l'une fur l'autre, & non point accouplées
en m.anière de café. A chaque coup de dé on joue
deux dames félon le nombre qu'on amené ; mais
on ^ne* peut prendre l'as que fur la première café ,
le àc\3f^ fur la deuxième j le trois fur la troilième,
&c. Quand on a doublet, on n'en joue qu'un, &
l'adverfaire joue l'autre , mais on garde le dé. Tout
ce qui n'eft point joué par l'un des joueurs , l'au-
tre le joue. Quand on a abattu toutes fes dames,
on levé à chaque coup deux dames , dans le même
ordre qu'on les a jouées, & celui qui le premier
a levé toutes fes dames, a gagné la partie.
Les dames, au jeu de tridrac, fe nomment aufli
tables. Une dame aventurée j au jeu de tridrac,
ell; une dame qu'on avance d'abord beaucoup route
feule , fans être alfuré de la pouvoir couvrir promp-
-tement.
^ Au tridrac, une dame couverte efl: une dame qui
n'ea pas feule fur la flèche, qui en a une autre avec
-elle. Qui du dame couverre ^ dit café. Qui dit dame
découverte, dit demi-cafe.
On appelle au tridrac une dame découverte, celle
qui eft i"eule fur une lame : s'il y en a deux accou-
plées j elles font couvertes , ferment le paffage ,
Se font un obltacle pour battre une dame plus éfoi-
gnee.
Dame palTée en retour , c'eft une dame pafTée
dans le jeu de l'adverfaire. Dame paiFée quant au
plein j eà une dame qui ne peut plus fetvirà faire
le plein parce qu'elle fe trouve au-delà des flè-
ches vides, qu'il faut garnir pour le faire.
Dams furnumcraire"eft une dame qui fe trouve
dans une café déjà faite , qui eft la troilième fur
une flèche.
Dame j au jeu des échecs , s'appelle autrement la
reine. /iegina. C'eft la féconde pièce du jeu , & la
principale pour le mouvement^ car elle a celui du
fou & de la tour. Le chevalier donne échec au roi &
à la dame. Il joue mieux que vous , il vous don-
neroit la dame.
, ^" ."^^} ^" '^" '^"'^ '. '''"-'^ ^ dame, quand un pion
d'un côté peut parvenir au dernier rang des cafés du
parti oppofé.
On dit proverbialement en ces jeux , dame tou-
chée, dame jouée ; pour dire, que dès qu'on a tou-
ché une pièce , on eft obligé de la jouer. On dit
DAM
aux échecs j dame blanche a le cul blanc ; pour
dire j que le roi blanc doit être placé d abord fur
une café noire.
On appelle aufll une Dame faite à la hâte , une
perlonne qui prend la qualité de Dame, qui fait la
Dame, quoiqu'elle ne le foit point.
Dame. Sorte d'interjedion donr fe fert le peuple pour
marquer de la furpnfe Se de l'étonnement , ou pour
mieux affirmer quelque chofe. Papa. Dan.e! je n'en-
tends pas le Latin. Mol.
Dame-Dame. f. m. Sorte de fromage entre le lèbe & la
côte-rouge.
Dame- Jeanne. Nom que les matelots donnent à une
grolfe bouteille de verte couverre de natte. Lagena.
ampllor , capacior. On le dit familièrement d'une
groflè bouteille qui fert à garder ou à tranfporter du
vin ou autre liqueur.
Dame (Bonne). Plante. Voye-{z.\x mot Bon ci-defllas.
fT DAMEGAN, ville d'Afie , aujourd'hui capitale
d'un petit pays nommé Cornus , reiferré entre le
Ghilan & le Korafan.
DAMEL. Petit Royaume d'Afrique, voifin de Corée,
un des départemens du Séiiégal.
DAMELOPRE. f. m. C'eft une forte de bâtiment
dont on fe fert en Hollande pour naviger fur les ri-
vières iSc les canaux.
|Cr DAME-MARIE. Domna Maria. Bourg de France
dans laBviej fur le chemin de Montereau- faut-
Yonne à Provins, Généralité de Paris, Election de
Montereau.
DAMEN. f. m. Terme de Relation. Second mois des
habitans de l'Ile Formofe. Voye^ la Defcription de
Citte ÏJle qui parut à Amfterdam.
DAMER. V. a. Terme de jeu de dames , fe dit d'une
pièce qui a pu parvenir à l'extrémité oppofée du ta-
blier, c'eft- à-dire fur la bande d'en haut de l'adver-
faire ; on la couvre d'une aurre dame pour ladif-
tinguer des dames iîmples j & c'eft ce qu'on appelle
dame damée ^ alors elle va & prend en tout fens ^
à droite à Gauche , en avant & en arrière Scrupos
geminare. Aux Echecs , c'eft changer un pion avec la
meilleure pièce qu'on a perdue, quand il a été poulTé
jufqu'aux dernières cafés du côté oppofé.
On dit proverbialement & figurément, t/^OT^r le
pion à quelqu'un , pour dire renchérir fur lui , avoir
avantage fur lui , le fupplanter : c'eft par une mé-
taphore tirée du jeu des Echecs , qui s'eft pourtant
tournée en un fens contraire.
Damer. En termes d'Architedure , c'eft donner un
demi-pied de pente. Abrégé de Vitr.
Damé , ée. part. Il a la lignification de fon verbe , en
Latin comme en François.
DAMERET. f. m. On appelle ainh un jeune homme
qui fait le beau , un galant de profeflion qui affede
des'attacher à plaire aux Dames. Concinnitatis nimius
ajfeclator. N'allez pas peindre Brutus galant, 6c Ca-
ton dameret. Boil.
// ejl d'autres maris volages , infidèles j
Fati°ans Damerets j tyrans nés des ruelles.
^fT DAMERI. Bourg de France , en Champagne ,
fur la Maine, entre Ay & Châtillon , renommé par
les bons vins que fon territoire produit. Dame-
riarum.
DAMGARTEN. Petite ville de la Poméranie Royale,
en Allemagne, à l'embouchure de la rivière de Re-
kenitz, dans le Comté de Bardr. Damgardia.
DAMGILLON. La Chapelle Dam.gillon,o\x Dangîllon.
Petite Ville du Berry. Capella Domini Gillonis. Cette
ville a pris fon nom d'un Seigneur de Sully nommé
Gillon , qui en jeta les premiers fondemens : ainiî
ce nom eft compofé de Dom , ou Dam , qui vient
de Dominus , Seigneur , & Gillon ; d'où il fuit qu'il
faut dire & écrire Damgillon, Se non pas Angillon,
comme a tait du Chêne dans fes Antiq. des Villes de
■ Fr. P. I. C. 113. & après lui M. Corneille , nid'An-
gillon, comme écrit encore celui-ci. On peut auflî
écrire
i
DAM
écrire Dangillon , que l'ufage approuve ; mais le
vrai nom elt DamgUij::.
DAMIANISTE. f. ni. & t. Nomdsfeda. Dj.t::Un\ft&.
Lts -Oamia/i/jUs étaient une btanche des Acépiiaies
Sévérités. Ils recevoient le I V^. Concile avec les Ca-
tholiques, mais rejetoient toute diftérence de perfou-
nes en Dieu , n'admettant qu'une leule nature inca-
pable d'aucune dilbiicbon. ils ne lailloicnt pas d'ap-
peler Dieu , Père, Fils j & Saint Efprit. C'cll pour
cela que les Sévérités Pétrites, autre feéles d'Acé-
phales, les appeloient Sabeiianiùes, &c quelquefois
Tétrédites. v^'eil Nicéphore Cailifte qui nous ap-
prend ceci, L. X\'III. C. 49.
Les Damlanijles furent ainiî nommés de Damienj
Damianus j, Evêque , qui fut leur chef. Niccph. acj
par Baroiûus à l'an 555./.'. 1 4.
DAMIANISTE. f. f. Nom que l'on donna au com-
mencement aux Clarilfes ou Religieules de Sainte
Claire , parce qu'elles avoient pris leur origine du
Monaftere de S. Damien, où vivoir Sainte Claire
fous la dircdion de S. François. P. Heliot. Tom.
VI. C. 15. Damianifta. Innocent IV. par un Bref
du 15. Avril 1153. défendit au Général des Frè-
res Mineurs & à tous les autres, de contraindre
les religieufes Damianijles à l'obfervance d'une au-
tre règle que celle qui avoir été donnée par Saint
François. Id.
DAMIAS. f. f. Prctreirede la bonne Déeiïe, ainfi nom-
mée parce que cette Déelîe s'appeloit Damie. Da-
/Tzijj. C'eft ainfi qu'on lit dans Feftus. Dcnys Gode-
froy, & après lui I\l. Dacier ^ djlent que d'autres ii-
fent Damiaciix. Vigénere en eftet lu ainfi , & d'au-
tres encore, f=lon Godehoy , Demiatrix. V. Damie.
ffj" DAMIATE. Corneille en hait une petite ville
de France , dans le Languedoc , Dioccfe de Caf-
tres. Dans le dénombrement de la France ce n'eft
qu'un village.
DAMIE. f. f. Surnom de la bonne DéelFe \ c'eft-à-dire,
de Cybèle ou de Maia , comme dit M. Dacier ,
T>j.mia. Ce nom eft Grec , & vient de J^JiiJ.-Ui , &
félon le dialecte Dorique 4''.''°? > peuple. De -là «î»'-
fuits ou Jlkiiiii , public.
§3° Cefurnomfut donné àCibèleparantiphrafe,
iî l'on en croît Feftus, qui dit politivement que le
facrifice que l'on faifoit à cette Déeile ie nommoit
Damium, àc qi\i ces noms étoient pris du mot Grec
Jluftinn pour «'li^oo-fan , qui fignifie public, pour ex-
primer .par contre-vérité , celui de tous les ia-
crifices qui etoit le moins public & le plus fe-
cret j car on ne lacntioit à la bonne Déelîe que
dans des mailons particulières , portes S< fenêtres
fermées, fans qu'il fût permis à aucun homme d'être
préfeut au factifice , & il étoit défendu aux fem-
mes ^ qui feules pouvoient y allifter, de révéler ce
qui s'y palfoit. C'eit peut-être pour cela qu'on a
u peu de connoilfancc de ce qui regarde la bonne
Déetre.
Mais M. Dacier , dans fes notes fur cet Auteur j
prétend qu'il (e trompe \ que ce n'e(l point par
contre - vérité que ce lacrihce fe nommoit ainfi ,
mais parce qu'il fe faifoit pour le peuple ^ & il
cite fur cela Cicéton , qui écrit li Atticus , L. I.
Ep. 10. Je crois que vous avez appris que pendant
?^ue l'on faifoit le facrifice pour (e peuple chez Cé-
ar , il y entra un homme en habit de temme : il
allègue aulli le GlolTiiire Latin &: (uec , qui dé-
finit ce facrifice , un facrifice qui fe falloir à l'air ,
en lieu découverr, expofé à l'air.
IJCT Quelques-uns difent que cette Damie étoit
une Dryade , femme de Faune, qui fut h challe<S: h
retifée , qu'elle ne vit jamais ni n'entendit aucun
homme que fon mari : de -là venoit ce grand foin
d'exclure les hommes de fes fêtes j 6i de voiler
même dans la chambre où on les célébroir , tour ce
qui pouvoir avoir la forme de mâle, peinture, gra-
vure, Iculpture, &c. les femmes feules magnifi-
quement parées, fe donnoient toute forte de li-
■ cence pendant neuf jours & neuf nuits, danfant ,
chantant, & faifant tout ce qui leur plaifoit. i
Tome III.
DAM
97
DAMIEN. f. m. Nom d'homme. Damianus. S. Côme
& Saint Damien ctoient frères & Aîédecins , ils
naquirent à Egée, ville d'Arabie, <k. furent mar-
tyrilés fous l'Empire de Dioclétien & de Maxi-
mien. L'Eglife fait la fête de S. Damien le 27. de
Septembre.
Damien. Ordre, ou Chevaliers de S. Côme & de S.
Jjainien Vojej CÔme.
Damien. Nom d'homme. Damianus. Ermites de Saint
Damien. Sancii Damiani Ertmits.. Les Céleltins ont
porté ce 'nom au commencement de leur Ordre.
P. HÉLioT, T. VI. C. 15.
DAMIER, f. m. Echiquier, tablier divifé en <Î4. car-
reaux noirs & blancs , qu'on appelle cafés j & fur
lefquels on joue aux échecs & aux dames. Alvcclus
luforius.
On dit que ce mot fe dit du livre des Infpec-
teurs dt.s troupes & de ceux des Colonels , où font
les noms des Soldats.. C,e livre a été apparemment
nommé de la forte , parce qu'il eft conimunémcnc
quatre comme un damier.
Damier Terme de Conchyliologie. Efpêce de coquil-
lage marin marqueté de petits carrés de dillcren-
res couleurs comme un jeu de dames. Deux^damiers
à bandes jaunes. Gep.saint. Deux grands damiers à
bandes jaunes t^ autres volutes. Id.
DAMIE'i'TE. 'Ville maritime d'Egypte ■., fur le bras le
plus oriental du Nil. l'hamiatis , Dcmiqta, Dc.mieta.
Cette ville efl grande, marchande ,, peuplée. Da-
micite s'efi: agrandie des ruines de l'elofe, qui étoit
vis-à-vis de l'autre côté du Nil. Les Cioifés ont pris
deux fois Damictte\ en iiiiS'. ils l'alLégerent la
première fois, oc l'année fuivante ils la forcèrent.
En liii. elle fut rendue au Sultan. En 1149. S.
Louis la repnt après deux jours de liége j mais
ayant été fait prilonnier en 11 50. il la rendit pour
fi rançon. Les Infidèles la brûlèrent, pour empê-
cher les Chrétiens de s'en emparer de nouveau ;
mais elle s'ell rétablie , à caufe de la commodité
de la rade. Damietie , avant que les Mufulmnns
s'empatalFent de l'Egypte, avoit un fiége Archiépif-
copal , fous le Patriarchat d'Alexandrie.
DAMITES f.m.pl.*u DAMITONS.f. f. pi. Toiles de
coton qui fe fabriquent dans l'Ile de Chypre.
DAMIUM. Sacrifice à la bonne Déefle. Vo^ ei^ Damie,
& Vigenere , Annot. fur Tite-Live p. S09.
DAMMA. Voyci DUMMERZÉE.
DAMMARTIN ou DAMP - MARTIN. Dominium
Martini, Cajlrum Demi ni Martini , Dominus Marti-
nus , Dammartinum. Bourg confidérable de France
avec titre de Comté. U eft dans l'île de France j
entre Meaux & Senlis.
DAMMIN. /^oye:{-DoMMiM.
DAMNA. Quelques - uns , comme Ziéglérus & les
Defmarais , difent Dimna , Dimnach. C'eft la pro-
nonciation Hébraïque. Damna. C'étoit une ^viHe
de la Tribu de Zabulon, qui fut donnée aux Lévites
de la famille de Merari. Jof. XXI. 54- 3 5- ^^s Sep-
tante en cet endroit ni le I. des Parai. C. VI. n'en
parlent point.
Î3T, d'où pourroit venir riJDT, Dimnich , figni-
fie en Hébreu junuer.
DAMNA. Voye-:{ Delmino.
DAMNABLE^ adj. m. & f. ( On n'v prononce pas \m ,
non plus que dans tous les dérivés du verbe dam-
ner:, mais elle allon.ge h première fyllabe. ) Qui peut
attirer la damnation \ faire mériter les peines éter-
nelles de l'enfer. Damnandus. Adlion, doélrine dam~
nahlc.
L'autre pour s'exempter d'un rigoureux devoir ^
Alet CCS loix au-de[fus de fon joible pouvoir j
Etfuivant de Calvin les damnables maximes ,
A l'Auteur de fon être il impute fes crimes.
• Nouv. cH. de Vers.
§Cr Dans une fignification plus étendue , dam-
nable fe dit de ce qui eft pernicieux, déteftable.
Deffein , entreprife damnahle.
DAMNABLEMENT. adv. D'une manière damnahle.
• N
98 DAM
Damnandum in morem. C'eft un malheiueux qui ^
a danmabkmcnt abufé de la confiance publique. |
DAMNATION, f. f. Peine écernelle de l'enter, puni-j
tion des damnés. Sempiterna in improbos conjtituia 5
à funimo Judice JuppUcia. Sur peine de damnation. 3
Cell: un .défaut univerlel que de prononcer desar-;
rets définitifs fur le falut & fur la damnation des au- j
rres. S. Evr. |
- DAMNER. V. a. Condamner aux peines éternelles de^
ïtnfei. Cliquent Aternis Juppliciis addicere. Lemau-!
vais riche a été damné pour n'avoir pas allillé le]
Lazare. On fe fait honneur de damner les autres'
DAM DAN
Pafquier dit que Damoifeau eft un diminutif de
Dam, comme Oamoifd l'ert de Dame, ^oye^ Dam.
La qualité de Damoifeau eft fort ordinaire en Gaf-
cogne. Ceux qui ont poliédé la Seigneurie de Cora-
nieici l'ont eue fous le nom de Damoifeau , on les
appelle encore ainli aujourd hui. Damoifeau de
Commerci. yoyc\ M. de la Roque, ïraitJ de ia
NohUg'e.
Ce mot vient de Domicellus ou Domniceilus , di-
minutif de Dominas , quaji parvus Dominus. On les
a aulli appelés Do/neng;rs &c tcuyers. Du Cange.
On trouve aulïï Donculus pour Domicellus.
de plein pouvoir \ mais l'on ne témoigne pas la Damoiseau étoit autrefois un titre de Seigneurie ,
aufli-bien que celui de Fidame. L'un & l'autre ne
font plus guère en ulage.
M. de Àlarca, dans Von ///y?, de Béarn. L. FI. C.
14. dit que la NobleUe de Béarn fe divife en trois
corps ; les Barons, les Cuers , & les Damoifeaux ^
Domicellus , qu'on appelle Domengers en ce pays.
Les fils des Rois de Danemaick & ceux de Suède
ont porté le même titre j comme il paroît par l'Hif-
toue de Danemarck d'Ifaac Pontanus j L. VIL
& VIII. & par Henri d Upfal , >V. i>uec. L. III.
Des fils des Rois ce titre palla aux fils dos Grands
Seigneurs & des Barons , & enfin aux fils des Gen-
tilshommes qui n'étoient point encore Chevaliers.
même ardeur dans l'obfervation de la morale dej
Jéfus - Chrill. Il y a fi peu de plaihrs au monde ,
qu'ils ne valent pas la peine de fe damner. B. Rab.
Dans la Chaire jamais n'introduis lafatire^
Et de peur de damner ne vas point faire rire :
Ne vas point, Cafuifie ignoraiic & chagrin ,
Damner pour un ruban ton innocent prochain. ç
ViLL.
|C? Damner, fignifie hyperboliquement & dans le ftyle '
familier , importuner , tourmenter excellivement.
Vous me faites damner. Vous ferez da,mner cet
homme-là à force de plaider. Le ferment ordinaire Damoiseau, fe dit aulîi ironiquement d'un homme
des Gafcofis eft j Dieu me damne. Dieu me damne ^
voilà fon portrait véritable. Mol.
Rabelais a dit proverbialement, vous vous dam-
nc-( comme une ferpe, c'eft-à-dire, vous vous pré-
cipitez aveuglément la tcte la première dans l'en-
fer , parce que quand une ierpe tombe , le fer , qui
en eft la principale partie, tombe le premier j à
caufe de fa pelanteur.
Damner. Ce mot fignifioit autrefois condamner. On
difoit aufll damnement&c damnation pour condam-
nation.
Damné , ée. Part, pris quelquefois fubftantivemenr.
u^ternis fuppliciis addicius. Souffrir comme une ame
damnée, comme un damne. Dieu ne fe plaît point
aux fupplices des damnes j jf^ ne fe plait qu'en
l'ordre de fa Juftice,qui les punit, & qui a réglé
leurs peines. M. Esp.
Le funeflc lieu
Que réferve aux damnés la Juflice de Dieu.
Malherbe.
On appelle figurément un ame damnée, un homme
entiéiement dévoué à toutes les volontés d'une per-
fonne puilfante. Ce valet eft l'ame damnée de ion
Maître. On le dit aulli d'un méchant homme. Homo
nequam. Ce Procureur eft l'ame damnée du Palais.
Il faut remarquer que le mot de damné figni-
fioit autrefois condamné en Juftice , foit civile-
ment, fort criminellement ■• on le trouve encore
en cette fignification en plufieurs endroits de la Cou-
tume de Normandie : & dans un plaidoyer de l'U-
niverfité , il eft dit, que par les Conciles de Conf-
iance 6-: de Bâle avoient été extirpés , dam.nés & abo-
lis les Annates, déports de Bénéfices, comme abu-
fives exaûions.
Damnée (Terre). Damnata terra. En termes de
Chimie , c'eft la même chofe que caput mortuum ;
je veux dire, c'eft toute la terre, toute la malfe
qui demeure au fond de la cornue, après qu'on a
tiré par le feu tous les autres principes d'un corps.
DAMNIO. Foye^ DELMINO.
DAMOISEAU , DAMOISEL. f. m. Jeune Gentil-
homme qu'on appeloit ainfi avant qu'il fût Che-
valier. Dans l'Amadis , Noranfel demandant à êtrei
reçu Chevalier , eft appelé Damoifel. Ce nom fe
donnoit non - feulement aux fils des Chev.a4iers & |
des Barons, mais même aux fils Jes Rois. Ainfi on
qui fait le beau , qui affetle trop de propreté ; un
galant de protelfion. Nimix concinnitatis fludiofus
ajfeclator, compoftus _, calamiflratus muliebriter.
Qui voyant arriver che~ lui le Damoifeau ,
Prend Jort honnêtement fes gants &fon manteau.
Dit Molière, en parlant d'un mari corrunode,
dans l'Ecole des femmes.
Il efi des Damoifeaux dont l'œillade amoureufe
Accompagne toujours la phrafe précieufe.
Sanlecque.
DAMOISEL. f. m. Foye^ le premier article de Damoi-
seau.
DAMOISELLE. f. f. Vieux mot qui fignifie///e noble.
Nûbilis Jemina. Il ne fe dit plus qu'en terme de
Pratique , & dans les Aéles publics. Partout ailleurs
on du DeiHoifelle. Foye:;^ ce mot.
^CT Damoiselle. Terme de Marine. Foye\ Lisses
DE porte -HAUBANT.
DAMOT ou DAMOUT. Foye-{ Damut.
DAMPIhRRE. Nom de lieu. Il y a Dampierre dans
l'Ile de France , & Dampierre dans le pays d'Aunis.
|KJ" Il y a aulli plufieurs Villages en Champagne
nommes Dampierre.
DAMREMY ou DOMREMY-la-Pucelle. Dam-Remi^
gium. Village du Duché de Bar, fameujf pour avoir
été la patrie de Jeanne d'Arc, dite la pucelle d'Ot-
léans. Damremy eft fur la Meufe , entie Neufcha-
tel & Vaucouleurs. MatYj Corn.
DAMVILLE. Gros bourg de France dans la Hante-
Normandie, fur la rivière d'Iton , dans le Diocèfe
d'Evreux. Damville fut érigé en Duché-Pairie en
16 lo. Il appartient à M. le Comte de Touloufe,
Amiral de France.
DAMVILLIERS.- Petite ville du Duché de Luxem-
bourg , enclavée dans la Lorraine. Damvillerium.
Damvilliers , qui eft entre Verdun & Montmedy,
fut pris par les François en 1637. & cédé à la
France par la paix des Pyrénées. Ils en démoli-
rent les fortifications en 1675. HOFFMAN J MatY ,
Corn.
DAMUT, DAMOT ou DAMOUT. Royaume de
rAbvftînie en Afrique. On y met une ville capitale
du même nom. Maty j Corn.
DAN.
trouve dans l'Hiftoire Damoifel Pépin , Damoifel
Louis-le-Gros, le Damofel K\ù\-xià Prince de Gai- '
les. On appelle aulli Damoifeau un Seigneur moins DAN. L'une des douze Tribus des Ifraclites , qui croit
confidéiabie par rapport à an plus confidérable. , enclavée dans celle de Juda, &: avoir à l'orient la
D AN^
iri'^rre Tribu , à roccident les Pniluuns , ou I.i mer
mcditerranée, au midi la Tribu de Siméon , au
feptcnttion celle d'Ephraïm. Rzéchie! , XXVII. 19.
du que les liraclitjs do la Tribu de Dan cravail-
loienc bien en fer , & qu'ils en crailquoieuc à Tyr ,
rai.'îi-bien que de caiïe &: de cannelle.
Dan étoic aulH une ville nommée autrement La''"'-.
C'étoic jon premier nom qu'elle avoir avant que
les Ifraëlices s'en emparalîenr. Elle étoit iuuce au
nord de la Terre- Sainte j vers le Liban j dans un
pays fort abondant qu'on appeloit Rohob \ Jof. XIX.
47' Jug. XVIil. tout entier. II. des llois,III. 10. Celt
là que Jéroboam mit un des veaux qu'il h: adorer ,
^. des Rois XII. 19. 50. Amos VIII. 14. Comme
cette ville étoit à l'extrémité de la Terre - Sainte ,
du côté du nord \ de même Berfabée du côté du
midi, quand l'Ecriture veur*8ire , d'un bout à. l'au-
rrc de la Terre Sainte , elle dit, depuis Dan jiifqu'à
Berfabée, comme Deut. XXXIV. i.Jérémie, VIII.
\G. oc.
L'Ecriture n'appelle point cette ville le Camp de
Dan, M-ahane i:>.w. Jug. XIIL 25. XVIII. 1;. iz.
,, camme quelques-uns l'ont cru. C'efc un lieu tout
différent, qui étoit dans la Tribu de Juda près de
Cariathiarim. Jug. XVIII. 11. 12.. On dit au'.Ii com-
munément que l'une des fources du Jourdain s'ap-
pelle Dan J mais je ne trouve point cela dans l'E-
criture ; & le 14. V. du Chap. XIV. de la Gtnèfe ,
que l'on cite , ne le dit point.
Ce nom efl: Hébreu, f-j, da/i , Juge ou Juge-
ment de pi, àun J Juger.
Dan. f. m. Nom d'homme. Dan j Danus. Dan efl le
cinvyaième des fils de Jacob j félon l'ordre de la
nailunce, & l'un des douze Patriarches des IlVac-
lires. Jacob l'eut de Bala ou de Bilha j fervance de
R.achel J Gen. XXX. 5. 6. Dan fut_chef d'une des
douze Tribus- L'Ecriture fait le dénombrement de
fa poftérité, Gen XLVL 23. XLIX. 16. 17. lîî.
Nombre L 12. 59. II. 25. 2.5.31. VIII. 6<î. XXVII.
42. 43. Deutéron. XXVIL 15. XXXIIL 22. Jof.
XIX. 40. Jug. I. 34. v. 7. XIII. I. 17. 19.
Dan ou Den. 1. m. Terme de Mythologie. Ancien
Dieu des Germains. Cluvier prétend , Germ. Ant.
L. I. pag. 224. que c'eft le même que Tlieut , &:
Zîiï J par conféquent ; car comme, lelon lui, de
Theut s'eft fait ZtU, Jupiter, de même de ZtU s'ell
fait A«» , Dan ; caj on a dit zùs , z« , & en Do-
rique, zàf : des cas obliques ZmU, Z;;/* , (Se s'eil
formé le nominatif Zî,», & en Dorique Zay, puis
D A N
9Ô
>>
•].;
fe changeant, comme il arrive fouvent en A,
/sâv, Dan, qui étoit le Grand Theut ou le Grand
ilercure. Encore aujourd'hui dan & den, en Scla-
von , Se félon une autre prononciation, d^en &
d'î'n, fîgnifie jour^ comme dies, qui vient de 4lsî,
géniiif de Tc.f.
IVANACE ou" DANAQUE. f. f. Nom d'une ancienne
nîonnoie barbare , du lEtymologifte. Danace. Elle
valoit un peu plus d'une obole. Suidas dit que la
danace étoit la moiinoie que les Grecs mettoient
dans la bouche des morts pour payer à Caron leur
palHigc aux enfers.
Dan ACTES, f. m. Nom d'homme. Danax , aclis. S.
Danad.es eft dans les Menées au \G. de Janvier j &
dans Maxime deCytlière. CnASTEL,/». 503.1lfemble
que l'analogie demandoit que l'on dît Danax j &
non pas Danacles : nous difons Aflianax & non pas
Aftianade.
DANAE. f. f. Fille d'Acrifîus Roi d'Argos, fut enfer-
mée fort jeune dans une tour d'Airain. Jupiter deve-
nu amoureux de cette Princeffe, fe changea en pluie
aor , &: la rendit mère de Perfée.
DANAÏDE. f. f. Fille de Danaiis. Danais. Les Danaï-
des ctoien: cinquante , & font fameufcrs dans la fa-
ble i filles de Danaiis , 1X^ Roi d'Argos , & frère
d'Egyptus; elles épouferentlescinquantes filsde leur
oncle Egyptus , & par conféquent leurs coufins ger-
mains. Danaiis qui craignoit l'accomplifTement d'un
oracle qui lui avoir prédit qu'il feroit chalfc du trô-
ne par un gendre, psrfuada à fes filles de tuer chacu-
ne fou mari la première nuit de leurs nôj:es. T-"r^-5
obéirent à leur père , excepté Hypermneft're , >qui
épargna fon mari, nommé Lyncée. En punition d*j
cecriniiî, les Poètes les ont condamnées d.ms fenfec
à remplir continuellement liiironneau percé. Les Oa^
naidcs s'appeloicnt auffi Béiides. Voyez ce mot. Leur'
-pcre Danaiis étoit fils de Bélus i'Egyptien. Les u-
naidcs apportèrent d'Egypte en Grèce les Thefmo-
phones ou têtes & fiicrihccs de Cérès.
Ify DANAQUE. Foyei Danacè.
DANAX. yo\c:i Danactes.
DANCALl ou DANKALi & DANGALÎ. Royaume
de l'Ethiopie en Ahique, dans la partie méridionale
de la côted'Abex , vers le coinirsiicement du détroit
Arabique , ou de la mer rouge.
IfT DANCENOIR , Dancenorium. Petite ville ds
France dans la Champagne , fut la rivière d'Aube ,
vers les confins de la Bourgogne.
DANCHE, ÉE. adj. Terme de Blafon. Pièce honorable
de l'Ecu , dentelée d'un côté en forme de fcie. Serra-
rus , dentkulatus. On le dit du pal ^ du chef, de l.i
face & autres pièces femblables , iorfqu'elles font
terminées ainfi.
DANDA. Ville des Indes dans le Royaume de Décan j
lur la rivière de Deri , qui entre dans la mer , au-
près des lOes que les Portugais nomment IJlas Que-
maUas.
DANDIN. f. m. Efpèce de fot & de ni.ais , qui n'a
point de contenance ; ce mot n'eft que du flyle fa-
milier. Homo injhlfus Ù' ineptus j incompofitï oris ac
gtjlus homo. Rabelais a écrit une Hiftoire de Perriu
Danàin , & de Thenot Dandin , dont on tiie une
moralité qui eft d un grand ufage dans le monde
pour ceux qui veulent accommoder les procès. Mo-
lière a fiiir une comédie intitulée George- Dandin.
Quelques-uns le dérivent par mctathefe de l'Kébrea
iiaiad ow danah j qui hgnifie aller deçà & delà. Paf-
quier le dérive de dindan , qui eft un fon de cloches
agitées qui vont deçà & delà comme les danduis.
DANDINEMENT, f. m. Mot nouveau qui fignifie le
balancement ou l'agitation de quelque choie j com-
me d'un carofFe. Des tireboures d'acier pour arrctei^
le dandinement &i cahot des berlines , chaifes de pof-
t?* , (Se phaétons. Merc. Juin 1725.
DANDINER, v. n. Faire le dandin , marcher en re-
muant le corps comme les gens qui n'ont point de
contenance. Incompojitè , inepte , rujlicè fe gerere. Il
dandine du cul comme un fonneur de cloches. S-
Am. Il fe du auifi avec le pronom perfonnel , & ligni-
fie fe balancer en fot & en b^nêt dans une chaite. Il
n'eft que du ftyle familier.
Cejl pour parler tout à fon aifè ,
^e dandiner dans une chaife.
Etfe donner des rendei-vous. D£S-FioUL.
1^ DANEBROY ou DANNEBORG. P'ojei DAn-
NEEROCK.
DANExMARCK ou iimplement Danemarc , Royaume
de l'Europe Septentrionale. Dania. Le Danemdrck
eft renfermé entre le 54. d. 45. m. de latitude , & le
5 8. & environ entre le 29. degré & demi de longitu-
de & le 34. & demi. Mai Y. Ses bornes font au midi
le Duché de Holllein,au couchant & au nord la mer
d'Allemagne, & au levant la Alanche AeDanemard ,
&: la mer Baltique. Le Royaume de Danemarck fe di-
vife en deux parties. Lapins confidérable eft la p'ef-
qu'ile de Jutlande; l'autre confifte en plufieurs Iles
lituées dans la Manche de Danemarck , & dans la
mer Baltique , & dont les principales fontZéelande ,
Fionie, Falfter ^ Mone, Laland , Longeland, Atroc,
Al.Qu J Sai-nfoc , & Bornholm. La Capitale du
P>.oyaume eft Copenhague, qui eft dans Tlle ds Zée-
lande. L'hiver dure environ huit mois en Dane-
.viarck ; le refte eft prefque tout été , & les chaleurs
y font très-grandes , parce que les jours y font fort
longs. Le terroir de Danemarck eft alfez fertile. On
en tire des blés qu'on ne fème qu'après l'hiver,
& oui viennent en marurué en trois ou quatre mois.
Ni]
loo DAN DAN
II produit des chevaux & des bœufs d: fort grande . §CF DANGER, f. m. Terme relatif à la fituation d'un
taille.
Le Royaume de Dancmarck , fi l'on en croit les Hido- '
riens Danois, commença lojS.ansavantJefus-Chril},
& par conléquent à peu près aulli-tôt que celui des
llraëlites. Comme euKJalques-la les Danois n'avoient
eu que des Juj;es. Les dillentions hrenc élire Dan ,
tils d'Humblus Seigneur de Zcelande , de Fallter , de
Laland & de Mone. Les Goths le créèrent Roi. Ils
prétendent que depuis tant de ficelés il n'y a eu que
trois laces lur le trône. Lapremièie depuis Danjul-
qu'à Ungmn j la leconde depuis Ungum jufqu'à Fré-
déric L qui mit la maifon d Oldenbourg fur le trône
en 1511. Jufqu'à Frédéric IiL le Royaume de i5i2-
ncmarck avoir été éledif: : il le rendit héréditaire en
\GGq. &C les tilles même le peuvent polféder.
hcDanemarck fe féparade l'Eglife Romaine fous
Frédéric L qui commença de régner en 1 521. & em-
bralfa la Contelîion d'Ausbourg , qu'il fuit encore.
Il y a fix Sur-intendans Eccléiiaftiques, auxquels on
donne le nom d'Evêques. Ce font ceux de Zéelande ,
de Fionie , d'Alborg, de Wiborg, de Ripen j &:
d'Arhus.
Les Etats de Danemarck ne comprennent pas feule-
ment le Danemarck , mais encore le Royaume de
Norv/ège ; en Allemagne, le Comté d'Oldenbourg,
de Delmenhorfl: , & une partie du Duché de Holf-
tein j dans l'Océan feprentrional, les Iles d'Iflande,
de Fero, & de Scherland \ dans l'Amérique Septen-
trionale , le nouveau Danemarck , l'Ile de S. Thomas
aux Antilles, le Forr de Chriftianbourg fur la côte
de Guinée , & un autre fur celle de Cdromandel.
Queques-uns croient que Dania, , Danemarck ,
vient du Latin dare , & qu'il a été donné à ce pays ,
parce qu'il donne beaucoup de biens. Daniam quajl
prolijicam parentem & muhorum honorum datricem ap-
pellari. D'autres , avec aulfi peu d'apparence , croient
que marck , marchia , a été formé de maris archia ^
c'eft-à-dircj Empire de la mef, comme fi l'on avoir
voulu marquer par ce nom , que le pays qui le porte
avoir l'Empire de la mer. D'autres veulent que Z^a-
/zf/n^rc/t foit compoféde Danus, nom du fondateur
de la Monarchie dont nous avons parlé & , de rnarch
qui en langue du pays fignifie champ , campagne ,
territoire ^ de forte que Danemarck foit la même
chofe que territoire ou terre de Dan. Mais il efl: plus
vraifemblable que Dan eft le nom du peuple qui ha-
bitoit ce pays, & non de ce prétendu Roi Dan. Il en
efl: qui veulent que ce nom vienne àsAha, de l'eau,
& qu'il fignifie des gens aquatiques , qui demeu-
rent dans les eaux j ils difent qu'ils s'appellent eux-
mêmes Daneman j qui veut dire la même chofe.
Le nom du peuple eft Danois. Voye-;^ ce mot.
La Mer de Danemarck. Terme de Géographie. Mare
Danicum , anciennemenr Cimbrïcum. C'eftla partie
de la mer d'Allemagne qui baigne la côte occiden-
tale & feprentrionalc de la Jutlande , ou de l'ancien-
ne Cherfonefe Cimbrique.
La Manche de Danemarck. Terme de Géogra-
phie- C'èft un golfe de la mer d'Allemagne, renfer-
mé enrre la côte orienrale de la Jutlande fepten-
trionale, celle de Suède , & les îles an Danemarck ,
homme qui eft menacé de quelque malheur , 6c
qui exprime particulièremenr le n-al qui peut arri-
ver, heril 6c ri/que , regardent le bien qu'on peut
perdre, avec quelque différence pourtant, /^oyeç ces
deux mots. Dif-rumn. Le Soldat qui a l'honneur en
récommandarion , se craint poinr le danger j s'ex-
pofe au péril , & court tranquillement tous les
rifques du métier. Le plus lâche s'expofe au dan-
ger par la honte de reculer. S. EvR. Darius di-
foit que les dangers le rendoient fage , parce qu'ils
réveillent l'attention , & qu'ils augmentent l'ex-
périence. Ablanc. On ne fait d'ordinaire entre-
voir aux malades le danger où ils font , qu'au tra-
vers de quelques efpérances de guérifon. Fi^ch.
L'ame fe familiarife infenfiblement avec le danger y
quelque affreux qu'il foit, à force de le confdércr.
S. REAL.
Ce mot vient j félon Nicodj de damnum gerens 5
& félon Ménage , de angarium , en y prépofant un
d , ou de damnarium , ou de damniarium.
Danger. , fe dit aufli pour fignifier un inconvénient.
Incommadum. il n'y a point de danger de fonder fes
intentions avant que de lui propofer cette affaire. Il
n'y a point de danger d'envoyer quelque valet au lo-
gis pour nous faire préparer à dîner.
Tiers & Danger , eft un droit que le Roi prend fur
plufieurs bois , Se entre autres en ceux de Norman-
die, lenia 6' décima pars Jilvaûcorum jrucLuum. Il
confifte au tiers du prix de la vente ,& à la dixième
partie de la venre qu'on prélève d'abord au profir du
Roi : ainfi fur foixante Ions le Roi prend vingt fous
pour le tiers ^ &fix fous pour le danger ^ c'eft l'exem-
ple qui eft rapporré dans une ancienne Ordonnance
de la Cham.bre des Comptes de 1454.
Ce mot de danger en ce fens eft la même chofe
que la dixme, ôc il vient vraifemblablement du La-
tin denarius.
D'autres difent que ce mot de danger pris pour
un droit , vient de ce que pour avoir permiflion de
vendre des bois, on donne au Roi le dixième du
prix de la venre, & que par ce moyen on évite le
danger qu'il y avoit à les vendre fans la permiflion
du Roi.
Il y a des bois qui ne font fujets qu'au tiers fans
danger, &c d'autres au danger fans riers. En général
on appelle danger , ce qui eft de droit étroit , & fu-
jet à confifcation. Ainfi on a appelé fief de danger
celui dont on ne pouvoit prendre polTeflion qu'après
avoir fait foi & hommage au Seigneur j à peine de
commife ou de confifcarion , comme il y en a plu-
fieurs dans les Coutumes de Troyes & de Chau-
mont.
Dangers. Terme de mer. On appelle dangers fur la mer,
les roches , les bans de fable qui font cachés fous
l'eau , & fur lefquels un vaiffeau peur fe brifer en
donnant delfus. Scopuii _, vada , arenarix. moles. Il
faut envoyer des chaloupes fur tous les dangers qui
font cachés fous l'eau. Bouguer. Etant fur un dan~
ger, il faut prendre des marques à terre, comme des
arbres , des clochers j des montagnes , & c. pour le re-
connoître.
qui le fépare de la mer Baltique, avec lequel il a^lJCFOn voir par là que le mot danger a trois fignifica-
communication parles dérroirs duSund , du grand rions différentes fuivant la diverfité des étymolo-
& du petit Belt. On l'appelle autrement le Schager-
Raak , ou le Catcgat , Sinus Scagenfis _, ou Da-
nicus.
Le Nouveau Danemarck. Contrée des terres arc-
tiques. Dania nova. Il eft dans les Cartes ordinai-
res fur le bord occidental de la mer Chriftiane , au
nord du pays nommé la mer glaciale. Le P.
Hennepin alfiire dans fes nouvelles découvertes, que
c'eft une terre ferme. Maty. Ce fut Jean MonoK,
Danois , qui découvrit cette conttée fous Chrif-
tianlVj l'an 1619. Corn.
|a° DANGALA. Ville d'Afrique dans le Royaume de
Sennar ou de Nubie, fur la rive orientale du Nil.
DANGEAU. Bourg de France dans le Perche, fur la
Douzaine. Dangellum ^ Dangeolïum , DanjoUum.
gies. Quelquefois il eft fynonyme à péril & rifquc>
avec la différence que nous avons expliquée.
Autrefois ils'eft pris pour Puilfance, Domination^
Seigneurie , comme dans le Roman de la Rofe.
Et Ji maijl Dieu , auffi S. Jacques ,
Si vous ne me voule^ à Pafques
Bailler le corps notre Seigneur,
Sans vous faire prejfe Greigneur ,
Je vous lairai fans plus attendre ,
Et Virai tantofi de lui prendre ,
Car hors fuis de votre danger.
. ?fT Alain Charrier : Ainfi fere-[ en fervitude comme
efclave 3 & ta renommée en danger d'efiravges gen^.
DAN
§5° Jean Cîmeliers j ancien Pocce François , dit
qu aniour lui a emblé le cœur pour le mettre en la
piiiflance de fa Dame ; & puifqu'il elc en ion dan-
gef, il ne peut l'en retirer.
En ce fens danger eft corrompu de dominai i , ï'9
changé en .-7, comme les Latins prononçoient de
ifttss ^ arduus, de cl-J^nt , aceium, &c nous de fiiora ,
viande. Et ce qu i app rtient encore mieux à ce pro-
pos, Dam & Dame de Dominus , & Dan j on d«
Dominium ou Dominicum , duquel nos Ancêtres ap-
peloient le logis du Maître.
On le pienoir jadis pour congé ou indulgence,
comme dans Alain Charrier.
Poine j paour j pauvreté , perte & doute
Ont occupé Jl ma penfée toute ,
Q^ii'il n'en faut rienjors que par leur danger.
Ainlî les deniers qu'on paye aux Seigneurs féo-
daux pour obtenir congé de vendre la terre qui re-
levé d'eux, lefquels deniers s'appellent communé-
ment ventes , & en Normandie , treizièmes , fou-
loient être appelles dangers \ en quel fens je l'ai lu
en un vieux recueil d'Arrêts des Efchiquiers de
Normandie , au rapport d'un prononcé à la S. Mi-
chelj l'an 1299. î?c d'un autre de 1501. & les fiefs
en polfeirion defquels n'eft loilible d'entrer fans
congé du Seigneur de qui ils relèvent , font pour
même raifon appelés fiefs de danger, c'ell-à-
dire fieh de congé. En cette fignification danger
eft corrompu de indulgere j la première fyllabe
oraife.
C'eft en cette troifième fignification qu'en ter
mes des Eaux & Forêts il fe dit du profit que le Roi
tire du congé qu'il donne de couper fon bois à la
commodité du Tréfonfier. Pour le droit de gruerie
il prend le tiers ou autre portion , & une autre
pour le danger , c'eft-à-dire pour le congé, indul-
gence ou permifTion de couper le bois à l'appétit du
Trétonlier. Cristophe Bérault, Avocat au Par-
lement de Rouen , des droits de tiers & de danger ,
gruerie & grairie.
Danger. Dans toure notre ancienne Pocfie efl: une
perfonne fâcheufe, qui s'oppofe à nos volontés j à
nos defirs.
DANGEP.EUSEMENT. adv. Avec danger. Periculosé
Cet homme a été dangereufement blelFé. Ablanc.
Il eft dangereufement malade. La Chamb.
DANGEREUX, euse. adj. Qui met en danger, qui
expofe au danger. Pcriculofus. Les combats de
mer font fort dangereux. Les chemins par les mon-
tagnes iont dangereux , pleins de précipices & de
brigands. De tendres entretiens font trop dangereux
pour les fpedateurs. S. Evr. J'approuve le delfein
que vous avez fait de vous défabufer de la fortune &
delà quitter comme une maîtrelTe dangereufe. Voit.
Les plaifirs fonr des amufemens dangereux. Boss.
Une perfonne fage méprife les froides & dangereu-
fes fidions des Romans. Id. Les vertus font plus
dangereufes que les vices , quand on en fair un mau-
vais ufage. TiLL. De tout tems rien n'a été plus dan-
gereux parmi les hommes qu'un mérite éclatant.
S. REAL.
Vnplaifir indifcret efi toujours dangereux. Vill.
Vos yeux fcavent lancer de trop dangereux traits.
Corn.
On dit aufli , qu'un homme eft dangereux _, pour
dire qu'il ne fair pas bon s'attaquera lui. On dit
auiîi , qu'il eft dangereux , lorfque fa doéVrine ou
fes mœurs font corrompues , & qu'il y a danger à
le fréquenter.
Foible ouperfi.de ami, quand il eft écouté.
Dangereux ennemi , quand il eft rebuté.
VUL.
D A N toî
ify On le dit à peu près dans le même fens
d'un homme que l'on croit propre à fe faire ainiec
des femmes.
En termes d'Eaux & Forêts , on appelle Sergens
dangereux , des Sergens traverfiers qui ailoient au-
trefois faire des vifites de forêts en forêts extraor-
dinairement, pour voir fi les Sergens & Gardes or-
dinaires frifoient leur devoir. Ils avoient infpedtion
lur les forêts où le Roi a le droit de tiers & de
danger , & c'eft de-li qu'on leur a donné le nom de
dangereux. Foye^ dc Lauriere fur Ragueau, Appari-
tor falcuarius.
En termes de Fauconnerie j on appelle un oifeau
dangereux à dérober les fonnettes , celui qui eft fujec
à s'écarter.
IfT DANGILON. Foyei Damgillon.
DANGU. Bourg du Vexin Normand fur la petite
rivière d'Epte. Dangutum. Guillaume le Breton en
parle. L. V.
DANIEL, f. m. Nom d'homme. Daniel. Le Prcphêtô
Daniel , qui eft le quatrième des grands Prophètes »
comme on parle , étoit de la Tribu de Juda &c
de la tamille Royale. Daniel étant encore entant,
fut emmené en captivité à Babylone , la troilièma
année du règne de Joakim , qui eft la 3518"^. du
monde. Il vécut jufqu'à l'an 3416. du inonde, au-
quel tems Cyrus le Grand étoit Roi de Perfe , &c
Darius Médus Roi de Babylone. La Prophétie de
Daniel, dans le texte original, eft écrite partie
en Hébreu , partie en Clialdaique. yoyej S. Jé-
rôme j S, Epiphane , les PP. Pereri'as, Salien , Pe-
tau, Labbe, Jéfuites , le Cardinal Bellarmin , aulIi
Jéfuite.
Le nom de Daniel eft un mot Hébreu , qui veut
dire. Dieu eft mon Juge.
DANIEL ( Le Port ). Port de mer dans la baie des
Chaleurs , fur la côte orientale de l'Acadie. Portus
Danielis. Son entrée a une bonne demi-lieue d'ou-
verture ; les deux côtés ne font que rochers alfez
hauts, fa gauche en entrant a des rochers qui s'avan-
cent vers l'eau j enforte qu'il faur ranger la côte à
droite pour y entrer, un navire n'y peut entrer plus
avant qu'un bon quart de lieue : on y peut mouiller
l'ancre.
DANISMEND. f. m. Term« de Relation, templorum
Turcicorum Minifter. Les Danifmends font en Tur-
quie les gens de loi qui font le fervice dans les
Mofquées fous l'Iman , qui eft leur chef & comm^
le Curé de la Mofquée j les Danifmends font
comme les Prêtres habitués des Paroiftes chez nous.
DANK ou DANEK. Terme de Relation. Le premier
eft Perfien , & le fécond a la prononciaton Arabe.
C'eft la fixième partie d'une drachme Arabique ,
qui pèfe douze carats j ce font donc deux carats ,
que les Arabes appellent Kerath , au plurier Ke-
rathtth , dont chacun pefe quatre de nos grains*
D'Herbelot.
C'eft aulIi une petite monnoie d'argent, dont fix
font la drachme d'argent, qui revient à notra gros.
Hégiage fut le premier qui en fit battre. Le plu-
riel de daneh eft daovanik. Id. Voye^ auftî Caftel ,
au verbe pJ7, daneka, qu'il interprète: minutias
rerum Jecîatus fuit _, obolatim numeravit : & d'où il
tire dank ou danek. Le dank ou danek , réduit à
nos monnoies, vaut un fou un denier & un tiers de
denier.
gCTDANKON. 'Vaille de Perfe, grande, mais peu
confidérable. Longitude 78 degrés 15'. latitude 37.
degrés zo'.
DANNA. "Ville de la Terre-Sainte , dans h Tribu
de Juda, Jof. XV. 49. Danna. Les Septante l'appel-
lent r;»>«, parce qu'ils ont pris un -\, pour un T j
ou que les Copiftes avant eux croient tombés dans
cette faute. Adrichomius la place au midi de la
Tribu de Juda , du côté de la mer mfditerranée.
Zieoler l'appelle Doumach , ôc d'autres Edenna.
DANNEBERG. Ville d'Allemagnedans la Balfe-Saxe,
capitale d'un Comté de même nom. Danncberga ^
Dannorum mons. Ce nom fait croire que les Danois
101 . , D An .
l'ont bâtie ou habitée. Danncberg efl: ficu(r3 fur la
rivière de Tetza à une lieue de fon embouchure dans
l'Eibe.
Le Comté de Danneherg eft iin petit pays du
Cercle de la BalTe - Saxe. Danncbtrgcrjis Comua-
tus. Il eft borné an couchant par le Duché de
Lunebourg, & au nord par ceux de Lavembourg
& de Meckelbourg. Les Etats de Brandebourg le con-
finent des autres côtés. Ce Comté a eu autrefois
fes Comtes particuliers ; le dernier, nommé Nico-
las, le donna à Othon le BeUiqueux, DucdeBrunf-
wick , moyennant une penhon viagère de douze
marcs d'argent, Maty.
DANNEBROCK. L'Ordre de Danntbrock. Qrdo Dan-
mbrogicus. Ordre de Chevalerie en Danemarck,
Quelques écrivains, amateurs des fables j font re-
monter l'origine de cet Ordre juiqu'au tems de Dan,
fils du Patriarche Jacob, qui, lelon eux, fut le
premier Roi de Danemarck, & donna ion nom
■ à ce Royaume. Ils difent que ce Roi prétendu étant
fur le point de livrer une bataille l'an du monde
zSpS. vit defcendre en l'air une grande croix blan-
che , qui fut le ligne de la viéloue qu'il remporta j j
ce qui fut caufe qu'il inftitua un Ordre, auquel il
donna fon nom , & celui de hroge, qui en Danois
(ignifîe peinture.
D'autres plus raifonnables , comme Bartholin ,
dans fa dilîerration fur l'origine de cet Ordre,
croient que Waldemar IL en a été l'Inftittiteur vers
l'An IZI9. Cet Ordre, fi cela eft, s'abolit dans la
fuite. Chriftierne V. le rétablit en 1672. & il y a
même plus d'apparence qu'il en fut l'Inllituteur
plutôt que le reftaurateur. Ce fut à l'occafionde la
iininTmce de fon fils Chriftierne-Guillaume qu'il l'é-
tablit. Foyei le P. Héliot , T. FUI. C. 6ï.
DÂNNEMARC. Foye\ Danemarck.
DANOIS, OISE, f m. & f. Nom d'un peuple d'Europe
qui habite le Danemarck. Danus. Les anciens ha- 1
bitans de ce que nous appelons aujourd'hui Da-
nemarck j étoient les Cimbres. C'ell pour cela que
la Jutlande étoit appelée par les anciens Cherfonèi'e
Cimbrique ; mais depuis plulieurs fiècles \qs Danois
ne font qu'un peuple mêlé de plulleurs autres qui
s'y font jetés : car on di: que. le ChriPcianifme ayant
chafle l'Idolâtrie des bords du Rhin & de toute l'Al-
lemagne, ce qu'il y a eu de Payens opiniâtres parmi
les Saxons Scies autres peuples de Germanie s'étoient
jetés dans ces pays feptentrionaux , où ces nouveaux
D A N
854. il reparurent, non plus en pirates j mais en
conquérans. Leur flotte forte de cent cinquante voi-
les ht defcente à l'embouchure de la Tamife \ ils
s'emparèrent de Cantorbery& de Londres , Igs pil-
lèrent, & y mirent garnifon \ battirent Bertulphe,
Roi de Mercie , & malgré trois batailles qu'ils per-
dirent fur terre ou fur mer j fe logèrent dans la
pente Ile du Thanet, que forme la rivière de Stour ,
vers l'embouchure de la Tamife , & qui étoit alors
un havre conhdérable , où leur florte hiverna. Ils
battirent les Anglois , qui les en voulurent chalTec
&s'y maintinrent malgré eux. Enfin, après différen-
tes defcentes, en 867. ou 86»). profitant du foule-
vement des petits Rois de Mercie & de Northiim-
brie, ils commencèrent à s'établir, donnèrent un
Roi aux Northumbriens, tuèrent l'année fuivante
S. Edmond, donnèrent neuf batailles en 871. ou 87 z.
& combattirent toujours ainli jufqu'environ 9 12. que
le Roi Edouard foumit à la Monarchie Ângloife
tous ceux qui s'étoient établis en Angleterre. Mais
en 1002. Ethelrede, par le confeil de fon Géné-
ral d'armée nommé fiueux, ayant fait mairacrec
en un même jour les Danois dans toute l'Angle-
terre , Swenon , Roi de Danemarck j vint en 1004.
pour venger ce malfacre , & après une guerre de
neuf ans , en ici 3. conquit route l'Angleterre,
après avoir vaincu Ethelrede , qui fut abandonné
de fon armée, .& obligé de fe retirer en Norman-
die. Le règne des Danois en Angleterre finit en
1042, & dura plus de deux cens ans j à compter
depuis la première irruption l'an 83 ^. Voye\ Camb-
den p. loi. (S' fuiv.
Les Anciens ayant connu les peuples de la Cher-
fonele Cimbrique fous le nom de God.anes, ou
Codanes , celui de Danois en eft venu , & eft rerté
api es eux aux peuples des lies autrefois habitées.
CiiORiER. mjc. de Dauph. T. I. p. 1 57. Selon Clu-
vier. Germ. Ant. L. II i. €. 34. p. 140. le mot de
Danois vient àsDan, qui eft , comme nous l'a-
vons dit au mot Dan , le nom du Dieu Theuth.
Bien plus ^Dan &c Tkeuth, félon lui, font un même
nom j ils ont une nrême fignification , même ori-
gine. Ce font feulement: deux différens dialectes.
De Theuth , ©sï.9-, on a fait ïtW, zàs , puis de
ZÙs , Xêius J AîW , 4i? , Ziy , Zc<s , 2:)V , Zà» , Ain , A«v. Dan 5C
Theuth étant donc le même motj Danus ou. Da-
jiois , &c Thuto ,Tlieutorz , font le même nom ; &
les Danois ôc les Teutons , le même peuple,
hôtes trouvèrent des hommes aulli féroces qu'eux ,?DANS. Prépofition de tems & de lieu. In. avec J'acc,
£c aulTi entêtés du culte de leurs Idoles. Quoi qu'il j quand il eft joint à des verbes qui hgnifientdu moa-
en foitj ces peuples fe trouvant trop refterrés dansj
leurs Iles & leur prefqu'île , fortirent fouvenr de
leur pays dans la fuite , & inondèrent les pays voi-
iins. Cependant les Danois conquérans de l'An-
gleterre au commencement du IX*. fiècle, n'étoient^
pas feulement des Danois, mais des Corfaires qui :
venoient de la Norwege , de la Scandinavie & de
la Vindélicie, ou 'Vandalie, aufti bien que du Da-i
nemarck. Il y a de l'apparence , dit un Hiftorien -
moderne , qu'ils prirent eux-mêmes le nom de Da- :
ncis , comme le plus fameux, & leurs flottes n'ar-
boroient point d'autre pavillon que celui de Dane-
^narck. Ils parurent des l'an 7S7. & firent defcente
dans le Royaume de Weftfex ; mais ils furent chaf- \
fés. Ils revinrent en 794. & débarquèrent dans la
Northumbfie , d'où ils turent encore repoullés. En |
854 leur flotte compolée de vingt-cinq vailfeaux
aborda les côtes d'Angleterre j & y débarqua des
troupes. Ils combattirent Egbert & le vainquirent
vement \ avec l'ablatif quand les verbes ne figni-
fient point de mouvement : il faut excepter \qs
occafions où la prépofition dans fe trouve avec un
nom de ville j car alors on la fupprime en Latin ,
félon les règles de la Grammaire Latine. Ces deux
prcpofitions dans &c en ont tant de rapport & de
relïemblance, qu'il eft aftez difficile de dire préci-
fément quand il f'aut mettre l'une plutôt que l'au-
tre.
§;?■ On metj par exemple, toujours en devant
les noms de Royauir.es & de Provinces ; jamais
devant les noms propres des villes, & il n'eft ja-
mais fuivi des articles Le , la \ & dans ne fe met
jamais devant un mot d'où l'article eft retranché.
Ainfi l'on dit, en Efpagne , dans l'Efpagne j dans
Paris , ûfij/zj la ville. Je fuis en peine j je imsdans
la peine.
Ce mot vient de de Se intus , félon Nicod Sc
Ménage.
L'année fuivante ils firent encore defcenre dans ^CT Dans j fe dit en plufieurs occafions, quand il eft
l'oueft du pays de Galles. Les habitans fe joigni-j queftion de marquer la difpofition du corps, de
i^nt à eux, mais ils furent battus. En S 5 8. une
flotte de trente voiles fit defcente à Southampton , S>c
un autre à Portfmouth. L'année fuivante ils firent en-
core deux defcences , & en S40. une autre à l'embou-
chxire de la Tamife. On combattitl'an 84;. Ethe-
lulphe , fuccefTeur d'Egbert J, commandoit fi flotte
en perfonne "• il fut vaincu. En 845. ou félon d'au-
n'es, (jn S4S. les Anglois eurent leur revanche. Eu,
l'efprir ou àss moeurs , l'état de la fortune. Il eft dans
le deffein de fe marier. Il languit dans une grande
misère Je ne donne pas dans votre fens. Il eft dans
la joie de fon cœur. 'Vous n'avez jamais rencontré
dans mes yeux qi:: de l'amour. On oit aulfi qu'un
homme a une airaire dà.ns la main , dans fa poche ,
dans fa m.anche , pour dire qu'il .en eft aftlué , qu'il
en eft le maître. Dans Plutarque , pour dire ,
DAN
^itns les Œuvres de Pliitarque , & non pas chez Pki-
tarque , comme quelques-uns dil-.-nc. Vaug. Kem.
|KJ" Lorlqu'il s'agic du lieu, du M. l'Abbe Gnaid.
dans z un Icns précis & déniu, qui tait entendre
qu'une choie contient ou rcnkrme l'autre , &i mar-
que un rapport du dedans ou du dehors. On ell
dans la chambre , dans la mailon , dans la ville ,
dans le Royaume , quand on n'en eft pas lorti , ou
qu'on y elt rentre.
|G" tn a un fens vague & indéfini , qui indique
feulement en général uu 1 on ell , (S: marque un
rapport du lieu où l'on le trouve à un autre oii l'on
pourroit être; on efl: en ville lorfqu'on n'eil pas à la
maifon j en campagne ou en province quand on a
quitté Pans. On met en prilbn , &: l'on met dans
les cachots.
|iC? Lorfque ces mots font employés pour indi-
quer l'état ou la qualiiication , dans ell otdinaire-
ment d'uiage pour le fens particulanie , & en pour
le fens général ; ainh l'on dit , vivre dans une en
tière liberté, être dans uns turent exttémej tom-
ber dans une profonde léthargie ; mais on dit , vi-
vivre en liberté , ctie en fureur , tomber en lé-
thargie.
Cette prépolîtion mife devant nn nom de temps,
marque quelquefois un temps à venir , le temps
où une chofe commencera, ou fe tera , le temps
au bout duquel elle fe tera. Il arrive dans trois
jours , dans trois femaines , dans trois mois.
Cette ville fera prife dans vingt jours de tran-
chée ouverte. Incra. Mais dans , mis ainli de-
vant un nom de temps , ne marque point la durée
du temps ; ainfi un Pocte , en parlant des derniers
événemens de la guerre qui finit par la paix d'U-
trechc , ne s'eft pas aifez bien exprimé tjuand il
a dit :
Grand Roi , rien ne t' arrête ; & tes écarts puijjans
Reparent dans trois mois les pertes de trois ans.
Il falloit dire en trois mois , & non pas dans trois
mois.
§3" Lorfqu'il eft queftion du temps , dans mar-
que plus particulièrement celui où l'on exécute
les chofes , i^: en marque plus proprement celui
qu'on emploie à les exécuter. La mort arrive dans
le temps qu'on y penfe le moins , &c l'on palfe en un
inftant de ce monde en l'autre-
Dans , fe met quelquefois pour la prépofition avec.
Il faifoit cela dans la penfée d'en tirer de l'utilité. Il
alla à Paris dans le delfein , dans la vue de s'y éta-
blir. Eo conJiUo , eo animo.
Dans, s'emploie auifi pour pendant. Per. Il fera hono
ré dans toute la poltérité. Port-R. Que ne ferois
je point j fi j'étois contente de vous , puifque je
fuis tranlportée d'amour, dans le temps où j'ai le
plus de lujet de m'en plaindre. Let. Portug.
^fZP II ell quelquefois fynonyme à f<:ion. Cela eft
eft vrai dans les principes d'Ariftote. Il entend cela
dans le fens de S. Auguftin.
1^ Dans l'idée , dans la tète. On a dans l'idée ce
qu'on penfe j on le croit. On a dans la tête ce
qu'on veut ; on y travaille. Les imaginations font
dans l'idée , lesdelfeins dans la tite. Les Courtilans
fe mettent ailément dans f idée que le Prince doit
faire leur fortune; mais il en eft peu qui fe mettent
dans la tête de le mériter par des fervices nrarqués
au coin de la vertu.
Ce qui vient d'être dit de la prépofition dans fe
réduit à-peu-près aux chofes fuivantes. Elle marque
1°. le lieu : être dans un jardin , dans une bibliothè-
que ; de l'argent qui eft dans une calfette- z°. Le
temps : dans la failbn où nous fommes , dans deux
jours, dans un mois. 3°. La fituation du corps : être
dans une pofture incommode j peinrlre une figure
dans une belle attitude. 4°. La difpofition du corps :
ccre dans une partai-te fanté j dans le redoublement
de la fièvre. 5°. La manière d'agir & de vivre : vivre
dans la débauche , dans l'oifiveté , dans la retraite.
6°, La profellion & les différens états de la fortune :
DAN
103
être dans le miniftèrej dans l'épée j dans la robe ,
être dans la taveur , dans la dilgrace , dans la mi-
sère , dans l'abondance. 7°. La dilpofuion de l'ame :
être dans la crainte , dans la joie , dans le doute ,
dans l'afflicliion. 3°. Le motif «Si l'intention : faire
quelque choie dans la vue de plaire à Dieu , dans
la crainte de lui déplaire , dans le dellein , dans
l'eipérance. 9°. La manière de taire les chofes , de
les prendre: Juger dans la rigueur , prendre dans un
bon fensj dans un lens moral, dans \i\ penlée de
l'auteur, &c. f'oye^ la Grammaire FranIjOISe de
M. l'Abbé Régnier. Le P. Bouhours , dans fes Re-
marques NOUVELLES SUR LA LANGUE , obfervc que
lorfqu'il s'agit d'autre chofe que de la demeure , 011
fe fert d'ordinaire de da/is , comme, on cherche par-
tout un tel, fans qu'on le puille trouver , il eft néan-
moins dans Paris. Le même Auteur remarque que
Il deux perfonnes qui font dans Paris fe parlent ,
il y a plus de délicatclfe & de perfection à dire. Il
n'y a perfonne dans Pans que j'eftime plus que
vous , qu'à dire , il n'y a perfonne .i Paris j mais que
la dernière façon de parler eft meilleure fi les deux
perfonnes font hors de Paris ; & de même de tous
les autres noms de villes, Rome, &c.
DANSE, f f. Asouvemens réglés du corps, fauts & pas
mefurés qui fe font en cadence , au Ion des inftru-
mens ou de la voix. Saltaùo , faltatus. Danfe no-
ble. Danfe figurée. On a vu des danfes de chevaux
au Caroufel du Roi Louis XIII. Les Sybarites font
les premiers qui ont inventé cette forte de danfe.
Ce mot vient de l'Allemand danf^ , fignifiant
la même chofe , & danj'er de dant^en. Bochard le dé-
rive de l'Arabe tan-^a , fignifiant aulfi la même cho-
fe, d: Guichart de l'Hébreu pi donts , qui fignifie à-
peu-près la même chofe. ^oj t^ Danser.
La danje eft en ulage chez tous les peuples j tant
civilifés , que barbares.. Elle a été pourtant ertimée
chez quelques-uns , Se méprilée par les autres. La
danJe de foi n'eft point mauvaife. Il y a , dit l'Ecclé-
fiaftique , un temps pour danfer ; quelquetois même
on en a fait un aCte de religion \ ainfi David dan-
fa devant l'Arche , pour honorer Dieu, Se pour mar-
quer l'excès de la joie qu'il avoic de voir venir l'Ar-
che dans la ville de Sion. Socrate apprit à danfer
d'Afpafia. Ceux de Sparte & de Crète alioient à l'af-
faut en dan faut. Au contraire , Cicéron tait repro-
che à Gabinius, homme Confulaire j d'avoir danfé.
Tibère chall'a de Rome les Danleurs. Domitien ôta
du Sénat quelques Sénateurs pour avoir danlé.
Les anciens avoient trois fortes de danj'es : l'une
grave, nommée £OT/wt7/'e , qui répond à nos balles
uanfes , & pavanes. La féconde était gaie , qu'ils
nommoient Cordax , qui répond à nos gaillardes,
voltes, courantes, & gavottes. La troilieme nommée
Siccinnis , entremêlée de gravité & de gaieté, qui
répond à nos branles. Néoptolémus , fils d'Achille ,
enfeigna à ceux de Crète une danfe, appelée, Pyrri-
ckie , ou la danfe armse ., pour s'en aider à la guerre.
Pyrrichia , arniata faitatio. Mais la table dit que
les Curetés inventèrent cette danfe pour amufer le
petit Jupiter avec le bruit de leurs épées, dont ils
fr.appoient fur leurs boucliers. DioJore de Sicile , au
IV^ L. de fa Bibliorhègue , dit que Cybèle , fille
de Ménon , Roi de Phrygie , & de Dindymène fa
femme , inventa beaucoup de chofes , & entre au-
tres le flageolet compofc de plufieurs chalumeaux ,
la danfe , le tambourin (^' les cymbales. Numa inf-
titua aufti une da'fe pour les Saliens , Piètres de
Mars, qui fervoient avec des armes. Saltatio Sa-
liaris Et de ces danfes on en a compofé une qu'on ap-
pelle des Boufons ou Matajfms, dont les Danleurs font
vêtus de petits corcelets avec des motions dorés ,
des fonnettes aux jambes , avec l'épée &: le bouclier
à la main. Mimicè filtare. On y fait plufieurs
palTages dont Thoinot Arbeau a donné la t.ibiaturqt
en fon Orchéfographie. Lucien en a fait un Traité ,
Se Julius Pollux un Chapitre. Il en eft aiiHi parlé
dans Athénée , Ctlius Rhodiginus , Si Scaliger,
Quelques-uns ont dit que Caftor S< Pollux furent
ï04 DAN
ceux qui apprirent l'art de la danfe aux Cariens.
D'aLictcs dilen: qu'elle ftit inventée par Minerve,
qui ilania de joie après la détaite des Titans.
La danfe elt un etfec &c une marque de joie chez
la piùpair des peuples. Il y a quelques nations dans
rAiaérique méiidionale qui danfent pour marquer
leur triileire. i-'oye^ le P. Pelleprat dans la leconde
partie de les Relations.
Thoinot Atbcau adonné une Orchéfographie. Il
y a quelque temps qu'un Maître ds Da/iJ'e à Paris
donna une Oichélogiaphie , ou l'art marque les
daiijes & les pas j comme on marque les tons en
Plainchanc & en mulique. Le fameux Beauchamp
prétendit être l'inventeur de ce fecret , & il y eut un
Arrêt en fa faveur. Vigenere traite fçavamment des
danjes antiquesdans ks Annot.fur Iue-Lhc,p. 125)1.
& fuiv.
-^CT Danse , fe dit au:]i d'un air à danfer. On dit d'an
bon Danfeur, qu'd danfe toutes lortes de duajes.
Tells danfe dt grave.
Danse , fe dit aiillî quelquefois pour la manière de
danfer. Sdhano. 11 a une danfe contrainte. Il y a
plaifir à voir danfer ce jeune Seigneur, Li danfe elt
noble , libre, ailée.
On dit proverbialement Si figurément , commen-
cer la d.infe, pour dire , être le premier attaqué,
foir en guerre, foit en procès, &c. Entrer en danjc ,
pour dire , s'y mêler , s'y embarraiïer , quand l'af-
faire efl conimencce. On dit aulii, après la panle
vienr la danfe ; pour dire , qu'après avoir bien bu &:
mangé, on veut rire d'uns autre manière. En 1513.
Guy Comte de Forés, après s'être croifé avec Pin-
lippe le Bel dans la grande alTemblée que le Roi
tinr à Paris à la Pentecôte , retourna chez lui en
Fores avec un grand nombre de Gentilshommes de
fon pays , qui l'avoient fuivi j il leur donna une
grande fère , accompagnée de bals, danfes, & autres
réjouiîlances ; mais pendanr qu'on danfoit, le plan-
cher de la falle tomba , écrafa la plûparr de ceux qu;
étoient de cette alfeniblce, blella les autres qui en
moururent quelque temps après. De-làvintle pro
verbe , danfe de loi es j pour marquer une joie excef-
fîve fuivie d'une malheureuie Hn. Paradin, Annal.
de Bourg. L. II. p. joS.
On dir: Ne doit point fe mettre en danfe qui ne
veut point dan (er, pour dire que lorfqu'on s'eit em-
barqué dans une afl.;ire, il en faut elluyer les mau-
vais événemens comme les bons.
Dasse-basse. Saltatio compofaa. On appeloit ainf;
autrefois les danfes régulières or communes, toile)
que font celles des honnêtes gens : ces lortes de dan-
fes turent ainh nommées , pour les diihnguer dos
danfes irrégulicres , accompagnées de iauts , de
mouvemens violens, de contorlions extraordniaires,
telles que font les danfes des Pantomimes & des Sal-
timbanques : ces dernières fortes de danfes fe nom-
moient danfes par haut. Saltado fubliniior.
Danse du Trihory. Danfe ancienne de France.
Saltatio trichorica. Eurrapel dans i<is contes en parle
ainfi: La danfe du Trihory ell trois fois plus magif-
trale & gaillarde «jua nulle autre. Et plus bas. La
voix <?i le mot font par entrolaceures , petites pau-
fes & intervalles rompus, joints avec le nerf &
corde de i'inllrument , enforte que la force de fa
parole & fa grâce y demeurent prins &■ englués, fans
efpérance de les pouvoir icparer, pour demeurer
en vrai ravllfcmenc d'efprit , foit à joie , foit à
pitié.
Danse Suisse. Saltatio Hehetica. Sorte de danfe pro-
pre des Suiffes , qui confide dans un continuel traî-
nement de jambes, ^oye:^ les Notes fur Rabelais ,
p. irÏ4. liv. IV. c. 38.
DANSER, V. n. Mouvoir fon corps en cadence , à
0 pas mefurés au fon de la voix ou des inllnmiens.
Saltare , movcre corpus ad numéros. Salulle repro-
che .à Sempronia , qu'elle fçavoit danfer avec
plus d'arr & de curiofité , qu'il n'eft bien féant à
une honnête femme. S. Evr. Sans mentir cette Da-
D AN
me d'hier au foir ell bien laide , & danfe d'un mé-
chant air. Let. Port.
|tCf On le dit aétivement. Danfer une cou-
rante , une farabande, un branle, une'bourée. Dan-
fer un ballet.
Ménage j après Saumaife , dit que ce mot vient
de t/ew/ii/e, (ignitiant co/iûftfAyér &:_/(Jtt/Vr, parce que
les Foulons avoient coutume de lauter &: de danfer
en foulant leurs draps. Le mor danfer vient de l'Al-
lemand danf2^en , qui veut dire la même chofe.
/^'oje^ les étymologies rapportées ci delïus au mot
Danse.
On dit proverbialement , qu'on fera bien danfer
quelqu'un , pour dire , le menacer de lui donner
bien de l'exercice , & qu'on le mettra bien à la rai-
fon. On dit auili d'un homme qui ell entré dans
une méchante afiaire ,. qu'il en danfera , pour dire
qu'il lui en coûtera bon. On diraufîi, cju'un hom-
me ne fait plus fur c|uel pied danfer, paur dire ,
qu'd ne lait plus où trouver de quoi vivre , qu'il ne
lait plus que faire. On dit auffi , qu'un hom-
me a. danfe un branle de fortie, quand il s'en eft
allé de quelque lieu , ou quand on l'en a chaflé.
On dit qu'un homme paye les violons, &c que les
autre Jiarfcnt , pour dire , qu'un homme fait tous
les frais d une atfaire , & que les autres en ont tout
le profit , ou ont Thonneur &c le plaifir de la
fête. On dit , toujours va qui danfe , pour dire ,
t^u^'il n'importe pas de bien danjer , pourvu qu'on
ait la camplaifance de danfer av^c les autres. On le
dit figurément d un homme qui fait tant bien que
mal , inais le mieux qu'il peut , ce qu'il a à faire.
On die encore j il la danfera tout du long, c'ell-ài-
dire , on le traitera à la rigueur , on ne lui donnera
point de quartier.
Déjà plus d'une fois je vous avais /ait grâce ;
Mais puifquc pour le coup je vous tiens dansmanaffe ,
J out du long vous la danferez. La Font
Danser la pâte. Terme de Boulanger , particulière-
ment en uiage dans les Boulangeries où l'on cuit le
bilcuit de mer. C ell après que la pâte a été lulli-
famment pêuie dans le pétrin , la retourner à plu-
fijurs lois iur une table , jufqu'â ce quelle loit bien
ferme &: reliuyée ; on la dai'fe ordinairement pen-
dant un quart- d'heure.
Danse, E£. part. Un ballet bien danfé.
DANSEUR , EusE. Nom qu'on donne généralement
à tous ceux qui danfenr. Salti.tor ^fattatrix. Voilà
un bon danfeur. Cette Dame ell la meilleure dan-
feife du monde. Cependant il fe dit plus ordinaire-
ment d'un homme dont la profellion ell de danfer.
Danfeurs , Danjeujes de l'Opéra.
DANiEUR DE Corde. Homme qui danle fur une corde
tendue en l'air. Schxnobates. Un Profelfeur de Phi-
lofophie de Di.ntzic fit en 1701 une dilfertarion
Iur les danfeurs de corde , dejunambulis , pleine d'é-
rudition & de grande connoilTance de l'antiquité.
Il définie un danfeur de corde , un homme qui mar-
che fur une grolTe corde attachée à deux poteaux
oppofés j c'eft là précifément ce que fignifie le mot
Latin junamlulus j compofé de Junis , une corde, &C
d'amiu/o, je marche : mais nos danfeurs de corde font
plus, non- feulement ils marchent J ils danfent en-
core & voltigent fur la corde.
Les Anciens ont eu leurs danfeurs de corde auflî-
bien que nous j les nom de Neurobates , Schcenoba-
tes , éc en Larin Junambulus , qui marche fur U
corde, fe trouvent part-tout. Ils avoient encore des
Cremnobates &: des Oribates , ceti.-a.-dhe , des gens
qui marchoient fur le bord des précipices. Bien
plus, Suétone dans Galba, c.6. Séneque , dans fon
Epitre 85. & Pline , L. VIII. c. 2. parlent d'Eléphanj
auxquels on apprenoit à marcher fur la corde. Acron ,
ancien Grammairien & Commenrareur d'Horace ,
dit fur la Satyre X"^. du premier Livre , que MelTala
Corvinus s'ell le premier fervi du moi Junambulus ,
&c Térence enfuite. M. Grodeek , qui eft le Pro-
felfeur donc nous avons parlé, prétend a u'ilfe trompe.
Si
DAN
Se que MélFala ne vivoit qu'après Térence. Il a
raifon, & Acion confond Valeruis Melîala, à qui
l'on donna le nom de Corvinus dans la guerre con-
tre les Gaulois l'an de Rome 405. deux cens ans
environ avanr Térence : il le contond, dis-je, avec
lui de les delcendans, qui tut unOraceur fameux du
tems d'Horace.
Les Danjeurs de corde des Anciens exerçoient leur
art de quatre différentes manières. Les premiers vol
tigeoienc autour d'une corde , comme une roue au-
tour de Ion ellleu, & s'y fulpendoient par les pieds
ou par le cou. Les féconds y voloient de haut en
bas, appuyés fur t'eftomac, ayant les bras & les
|ambes étendues Les troilièmes couroient fur la
corde tendue en droite ligne, ou du haut en bas.
Les derniers enfin non -feulement marchoient lur
une corde, mais ils y faifoient aullî des lauts péril-
leux, & piulîeurs tours. La Mare , Tr. de Pol. T. I.
p. 434. F'oyei SCHOENOBATE.
Les Danjeurs de torde qui font en Orient , font
des fauts & des tours plus extraordinaires & plus
périlleux cent lois que ceux d'Occident.
DANTE, f. m. Animal qui naît en Afrique, ■& qui
eft fort vite. Il elt gros comme un petit bœuf.
Il a les jambes courtes & le cou fort long : fes
oreilles reifemblenc à celles des chèvres, <k il a
une corne au milieu de la tète qui fe courbe en
rond comme un anneau , S<. qui ell façonnée. Le
dame elt blanchâtre , iSc il a les ongles des pieds
noirs & fendus: fa chair eft très- bonne, & de fa
peau on fait de très - belles rondaches , dont les
meilleures font à l'épreuve des flèches. Ad.
DANTZICK , DANZIC ou DANTZIG. Ville de Po-
logne dans la Prulle Royale , fur l'embouchure oc-
cidentale de la Viftule. Gedanum, Dantïfeuin. C'elt
une des villes Anfeatiques. Elle palfe pour une des
plus grandes villes de l'Europe. On la divife en
vieille & nouvelle. C'cll Pnmiflas, Roi de Pologne,
qui en 1295. la fortiha \ mais on croit que ce font
les Danois qui l'ont fondée, & qui d'abord bâtirent
là une fortereile qu'ils nommèrent Dans Wick. Da-
noruni vkus. Bourg des Danois : félon Cluvier néan-
moins, Germ. Aru. L. III. c. 54. du nom Daij
Dieu des Germains , on a fait Codan , Godan,Go-
danshr, d'où elt venu en Latin Godanum^ Godanske,
Danske, ZJj/zM/tt;, & par corruption, Dant^ig. V.
au mot Danois, ce que c'eft que Dan., & d'oii
vient ce mot. Z>iwq/ceft, félon Meilleurs de l'A-
cadémie des Sciences, au 54"^. degré 22. min. de
latitude, ôc au 38^. de longitude, différent de lo.
degrés de la longitude de Paris , qui eft 20 degrés.
R. Curiker a fait en Allemand une Defcription
de Dant-^Lck , qui contient auflî l'hiltoire de cette
ville. Elle fut imprimée à Amfterdam en i68<î.
DANTZICK - HOR. f m. Monnoie d'argent qui fe
fabrique à Danrzick , ville de la Prulle Royale ,
& qui a cours à Riga, à Conisberg, & prefque dans
tour le Nord.
DANTZICOIS, OISE. Qui eft de Dantzick. Ctda-
nenjis. Cluvier étoit Danaj-coïs.
DANUBE. Danubius , IJler. Le Danube eft le plus
grand fleuve de l'Europe après le Volga. Il prend
Ta fource à Efchingen , village de la Principauté
de Furftemberg , rraverfe la Suabe, la Bavière, l'Au-
triche , la Hongrie, la Servie & la Bulgarie , & fe
décharge dans la mer noire par deux embouchures.
Il en avoir autrefois fîx, mais quatre ont été bou-
chées par les fables. Il parcoutt fix à fept cens lieues
de pays, & commence à porter bareau à Ulm dans
la Suabe. Il reçoit un grand nombre de rivières :
en Allemagne, le Lech j l'Ifer & l'Inn à droite \ le
Nab & la Morave à gauche : en Hongrie le Raab j
la Drave &: la Save à droite ^ & la TeilFe à gauche :
en Servie , la NilTava \ & en Bulgarie du curé gau-
che, l'Oit, le Mifowo &; le Pruth. Il baigne un
fort grand nombre de villes confidérables \ en Al-
lemagne, Ulme, Donawert, Neubourg, Ingolftat,
Ratisbone , PalTaw, Lints , Krembs & Vienne ; en
Hongrie , Presbourg , Javarin , Cran, Vicegrad,
Tome III.
DAN DAP 10;
Budcj Vacie , Pcft, Colocz & Bodiog j en Servie,
Belgrade, Sémendrie & Widdin j & en Bulgarie,
Axiopoli & Siliftrie.
Homère n'a point parlé du Danube, mais Hé-
fiode en parle , 1 heogon. v. 3 39. & c'eft le plus an-
cien Auteur qui en ait fait mention. Des deux noms
que ce fl juve a eu dans l'antiquité , Danubius Ik.
iji-er , le premier fe donnoit depuis fa fource juiqu'à
Be.'gr.u!'.', oujufqu".à Axiopoli, & le fécond depuis là
jufquVi la' mer. Le Géographe Enenne dit que les
Scydies i'nppeloient Macoas ., qui fjgnitîoit la même
chofe en leur langue que à7iof , en Grec, c'eft-à-dire.
Qui ne jait yoint mal ; & qu'ils lui donnoient ce
nom, parce qu'ils le palloient tiès -fouvent , &
toujours fans danger ; mais qu'ayant une fois fait
quelque perte en le trayerlant j ils le nomraerenc
iil-~tii?iç , ifiu-innç , qui veut dire. Auteur de dommage.
C'eft de-là , lelon cet Auteur j que s'eft fait Z/ij-
nulius ^ mais ce n'eft-là qu'une fable. Caton , dans
fes Origmes , vouloir qu'il eût pris ce nom des
Danois, qui vivoient fur fes bords. Quelques-uns
difent que ce mot s'eft fait de Tonnam^ mot Al-
lemand formé de Tonna, Ton*nerre , & qu'il iiii
fut donné à caufe du bruit que four fos eaux, llhé-
nanus iSc Vadianus difent <\\.\q Danubius s q^ dit pour
Abnobms on Abnovius ^ & que ce nom lui ett venu
du mot Abenow, Abnoba, en Suabe j duquel il
prend fa fource. Cette opinion eft la plus proba-
ble & paroît lùre ; car on difoit autrefois Abn^w
pour Atinow : en ajourant l'article die, le fleuve s'eft
appelé die Abnaw , & par contraction , Danaw j
comme en effet les Allemands l'appellent encore
à prélent. Ajoutez que c'étoit vers fa fource, comme
on l'a dit ci-delTus, qu'il avoir ce nom. Ilîdorc
prétend que c'eft la quantité de neiges qui grofiif-
fent ce fleuve qui l'a fait appeler Danubius , comme
fi l'on difoit Danivius. D'autres , qu'il s'eft appelé
Danuf , parce qu'il coule las, c'eft-à-dire j vers
des lieux plus élevés que fa fource. On peut voir
les différentes opinions des Anciens fur la fource
du Danube, dans Guillaume Stuck , fiir Arrien, /?.
164. & dans Hoflman au mot Danubius ., où
il a ramaffé prefque tout ce qui fe peut dire de ce
fleuve.
DANZEL. f. m. Vieux mot , qu'on a dit pour Damoi-
feau, nom qu'on donnoit autrefois aux jeunes gens
de grande maifon.
D AO.
DAOLO. f. m. Terme de Mythologie. Faux Dieu des
Tunquinois. C'eft le Dieu des voyageurs. Lespay-
fans & le menu peuple , quand ils fe mettent en
colère, invoquent ordinairement un Démon qu'ils
nomment Dao-Lô ^ & qui eft le Dieu tutélaire
de ceux qui voyagent ; & ils le prient qu'il les faf-
fe périr auparavant que de joindre la fin de leur
carrière, ou qu'il les remette en la puilfance d'un
autre Démon, qu'ils appellent 7/a/2/t/e«.MARiNi.
D A P.
DAPHCHA, DAPHCA. Et félon la prononciation
Hébraïque Dophca. Lieu de l'Arabie Pétrée , où
les Ifral-lites firent leur neuvième ftation , Nombr.
XXXIII. 11. 13. Ce lieu étoit dans le défert de
Sin , entre Sin & Alus. Les Septante difent r«^«,i,
Raphana , mais la Vulgate eft conforme à l'original
Hébreu.
DAPHNE. Nom d'un fauxbourgd'Antioche , dans le-
quel il y avoit un Temple & un Oracle fameux
d'Apollon. Daphne. Il étoit du côté du midi de
la ville. Il en eft parlé Machab. II. IV. 35. C'é-
toir un lieu délicieux près de l'ancienne Anrioche.
Ce lieu étoit en Syrie ce qu'étoit Bayes en Italie,
& Canopus ptès d'Alexandrie en Egypte j c'eft à-
dire, très-agréable; mais très-décrié pour la dé-
bauche & la dlffolution des mœurs- S. Jean Chry-
foftome , dans fon homélie fur Saint Babylas , &c
O
ïo6
DAP
Sozomène difent qu'un homme qui avoit de l'hon- 1
neur & de la pudeur n'y pouvoir aller.
ifj' Tout confpiroïc à raire de ce lieu un fé-
jouv délicieux : l'air y étoit le meilleur du monde ;
le territoire admirable de fa nature, le devenoic
encore plus par l'arc , & fournilfoit toutes fortes
de fruits ; des bois de haute futaie , de petits
bofqucts , des eaux excellenies, toutes les commo-
dités de la vie y attiroient une infinité de ces gens
qui veulent goûter les douceurs d'une vie tran-
quille &. aifée j de-là le proverbe : Daphnicis mon-
bus vivcre.
Il y a plufieurs loix ou refcrits des Empereurs j
dans le Code , qui défendent de couper ce bois j
cjui étoit compolé principalement de cyprès & de
lauriers. On y voyou une Idole fameufe d'Apollon
qui reiidoit des or.-iclesj &c qui tut rendue muette,
comme Sozomene le rapporre, L. V. c. i8. Il y avoïc
un autre temple conGcré à Diane. Les Juifs y avoient
audi une fameufe Synag'ogue, dont S. Jean Ch ryfof-
tome parle fouvenc dans fes Homélies contre les
Juifs d'Antioche.
■ Ce nom fut apparemment donné à ce lieu du
mot GrecAàt^vjj, l auras , parce qu'il y avoit beau-
coup de lauriers. Bochart j dans fon Chanaan , L.
I. c. I. prétend que ce mot eft Hébreu & Phéni-
cien , & qu'on a drt Daphne pour Taphne ^ les
Grecs ajuitant les mots Hébreux , de ibrte qu'ils
femblent être nés chez eux. Quoi qu'il en foit , ce
lieu changea de nom dans la fuite j & prit celui
de -'^-''-"'y, qiiij quoi qu'en dife Hoffman, ne vient
pas vrailemblablement du Grec '&y,^oi ^ qui fignifie
un lieu humide & aquatique, ni du Syriaque 13 j
qui ne fc dit peut-être point, mais de l'Hébreu
nn: j nathdr, dans la forme Syriaque , 1,13 ^ nehar,
& Kinj , nehara , qui lignifie un ruilleau, une ri-
vière, & figurément, un lieu bien arrofc.
Daphne , eil aufii un lieu d'Egypte proche de Pélufe j
dont parle Etienne de Byzance.
Daphne efl encore une montagne de l'Attique, ainfi
nommée à caufe de la quantité de lauriers - rofes
qui y croilîènt. Il y a un Monaftère de Caloyers ,
auffi appelé Daphne , du nom de la montagne.
y'oyei M. Spon , dans fon J^'oyage de la Grèce , P.
II. pag. 175. & Wheler, Voyapc d'Athènes, T. II.
Liv.lII.
Dai'hne. f. f Terme de Mythologie. Fille de Tiré-
(îas, dont parle Diodore, prophétifa à Delphes ,
& y acquit le nom de Sibyle. On dit qu'elle n'em-
ployoit dans fes réponfes que des vers d'Homère.
Dapiiné. Fille du Fleuve Pénée, laquelle fut méta-
morphciée en Laurier.
Daphne, autre Nymphe de la montagne de Delphes ,
qui fut choifie, félon Paufinias, par la DéelfeTel-
lus , pour préfider à l'Oracle qu'elle rendoit en ce
lieu , avant qu'Apollon en fût en poîfedion.
^T DAPHNEEN. Surnom donné à Apollon , à caufe
du célèbre temple qu'il avoit à Daphne j Fauxbourg
d'Antioche.
DAPHNE L.EON. f m. Laurinum, ou huile de baie
de laurier. Voyez en la préparation dans le Didt.
de James. Ce mot vient de 4«ip») , /u^rie/-, & 'ixaiov^
huile.
DAPHNÉPHORIES. C f. pi. Terme de Mythologie.
Fêtes que l'on célébroit tous les neuf ans dans la
Grèce, en l'honneur d'Apollon, Un jeune homme
choifi parmi les meilleures familles, bien fait, fort
&: robufte, portoit en pompe une branche de lau-
rier chargée d'un globe de cuivre , duquel pen-
doient plufieurs autres petits globes. Le premier dé-
fîgnoit le Soleil \ le fécond un peu plus petit défi-
gnoit la Lune , & les autres les étoiles. Les couronnes
qui environnoienc ces globes marquoient les jours
de l'année. Le jeune homme miniftre de cette fête
s'appeloit Daphncphore.
DAPHNIS. i. m.'Nom d'homme. Daphnis. C'eft un
nom de Berger célèbre par les idylles, les eglogues
des Pocces de toutes les nations. M. d'LTrfé a fait le
mot de jDtJi'/i/ià du genre féminin dans fon Aftrée.
DAP
Le Cavalier Mann a fait la même chofe, & ils
ont attribué tous deux aux femmes ce nom , que
les autres n'ont donné qu'aux hommes. Théocrite
(Se Virgile ont pleuré dans leurs ouvrages bucoli-
ques la mort de JJaphnïs. Daphnis étoit fils de Mer-
cure , il fut changé en rocher.
DAPHNIS. Fontaine voifine de Réblatha, ville de la
Tribu de Nephthali , & des eaux du Méron. La
Vulgare feule donne le nom de Daphnis à cette
fontaine \ car le texte Hébreu & les Septante ne
lui en donnent point.
DAPHNITE. f f Pierre figurée qui imite les feuilles
du laurier.
DAPHNOîvlANCIE. f. f Divination par le feurier
confacré à Apollon. On la pratiquoit de deux ma-
nières.
|!Cr La première, en jetant une branche de lau-
rier dans le feu , fi elle pétiUoit en brûlant, on
en tiroit un heureux prélage \ fi elle ne faifoit point
de bruit, c'étoit un mauvais figne.
fc? La féconde, en mâchant des feuilles de
laurier, qui infpiroit, difoit-on, le don de pro-
phétie.
iO- DAPHNOMANCIEN^ enne. Celui ou celle
qui fe vante de deviner par le laurier.
DAPIFER. f. m. Nom de dignité & d'Office , Grand-
Maître de la maifon de l'Empereur. Dapijer. Ce
nom eft Latin , compofé de daps j dapis , qui figni-
fie un was , une viande qui le fert fur la table,
dans un repas ,& qui fe mange j & dejero , je porte.
Auili il fignifie piopremenc Porte- - mecs , Porte-
viande , un Officier qui porte les metSj qui fert
la table. Quoique ce nom foit purement Latin, on
ne laille pas de s'en fervir en François, comme a
fiit M. de Marca , dans fon Hi/l. de Bearn , Liv.
VI. c. 2. Ce titre de dcpijer eA un nom de dignité
& d'office dans la Maifon Impériale, que l'Empereur
de Conftantinople donna au Roi de Ruffie , comme
une marque de faveur. Cet office étoit nommé en
France anciennement dapiférat & SénéchaulTée ,
qui comprenoit l'intendance fur tous les offices do-
meftiques de la Maifon Royale, ainfi que Hugues
de Clcriis , ancien Auteur , a explique dans le Com-
mentaire qu'il en fit il y a fix cens ans , en faveur de
Foulques Comte d'Anjou, à qui le Roi Robert don-
na enjiéritage l'inveftiture du dapiférat de la Mai-
fon Royale ou laSénéchaulIce du Royaume, comme
parle ce Hugues, que le P. Sijmond a publié en
les notes fur Géoflroy de Vendôme, De Marca.
La Maifon de Moncade, en Catalogne, a pris in-
différemment le furnom de Moncade & celui de
dapijer. Le titre de dapijer eft même le furnom le
plus ordinaire dans les aéfes publics , & le plus
ancien dans cette illuftre Maifon , qui reprcfenre
l'ancienne dignité du dapiférat de France , dont le
premier de cette race avoit été pourvu fous Char-
lemagne. Id. C'eft de la qualité de dapijer , qui eft
originaire dans cette maifon, qu'elle a pris le fu-
jet du blafon de fes armes , qui font fix tourteaux.
ÎD. Voye:{ encore le Glolfaire de Du Cange & Hoff-
man.
Au refte, le d.ipifer n'étoir pas feulement uil Offi-
cier delà maifon des Princes, les particuliers avoient
auffi des dapijers , comme ils ont aujourd'hui des In-
tendans & des Maîtres -d'hôtel. Quoiqu'il paroifle
par ce qu'on a rapporté de M. de Marca, & par las
preuves qu'il en donne à l'endroit cité, & qui font
audi indiquées par Surita , en fes Annales j Liv. I. c
2. & par Fra-Francifco Diego, dans fon Hijloirc des
Comtes de Barcelone j quoiqu'il paroide , dis-je ,
par-là, que le dapiférat étoit établi fous Charle-
magne , on n'en trouve aucune menrion plutôt , Sc
Hincmar lui - même n'en parle point dans le dé-
nombrement des offices du Palais de ce Prince ; ainfi
il'paroît que c'eft l'époque de l'inftitution de cet Office.
Sous les Ofcons le nom ôc le titre de d ap if er devint
plus commun. Il eft encore rcfté jufqu'à ce tems-ci
en Allemagne, & le Comre Palatin a été dapijer de
l'Empire. Limn.cuî & Hofeman. Depuis nîzj.
I
D AP
c'eft l'Electeur de Bavière ^ il prend le titre d'Jnhi-
dapijer de l'Empire. Son oriiceeil:, au couronnement
de l'Empereur , de porter à cheval les premiers
plats à la table de l'Empertiur. Les ditlérences Fonc-
tions de la charge de dapijer lui ont fait donner par
les Auteurs anciens plufieurs noms diftérens , parce
qu'il airembloit les Otiiciers de la cuiline à leur
table, H que de-là il portoit & hailoit porter les
mets à la table du Prince ; on l'a appelé EAe<'«r(iof en
Grec , & cUaur en Latin , de'.v.eo» , table de cuiline ;
dipnodecor , celui qui alièmble les OtHciers pour
le repas , de «''ùît»»* , cxna ^ epulutn, abus j & xxMoi ^
voco ; Convocator , parce qu'il avoit l'intendance
de la table : Trapeiovœus , de rfaîreÇa , menfa , ta-
ble , & wo(£« , je jais , je ire\}'e-^ Archicridinus :, Maî-
tre, Intendant de la falle à manger : parce qu'il goû-
to't les viandes avant que de les faire fervir, on
le nomme Progiujia , Protogcu/la , de ^f, antc , ou
■nfmcs^ primas, 6c yivx , ^ujio ; & Pragujiator , mot
Latin qui lignifie la même choie , de pra ôc gujio.
Dans des teins plus bas on l'a nommé en Orient
domeftiqae , domejuats , Mégadomeltique , iMegj-
domefticus ^magnus domejiicus, (Econome, Œconom-
mus , Majordome, Majordomus, Sénéchal, Je-
mjinullus. f^oyei Domestique. Schalcus, Gajlal-
dus, AllelTeur, A(]ejfûr, Pr\tjcclus , onPr^pofaus
v.cnfî Intendant de la table , Princeps Coquorum ,
Prince ou Maître des Cuiiiniers , &c même Magyrus,
du Grec Mic/cfiif , Cuijinier.
Sous la troihéme race de nos Rois , il y avoit
^\\.\(\t\xxs Dapiters ,&c le Grand ZJa/^i/erportoit à l'ar-
mée la bannière royale.
Le Dapijcr des Barons & des Gentilshommes j
connollFoit autrefois des caules qui étoient du
relfort & de la Jurifdidion de fon maître j & il
étoit chef de fa Juftice ; & dans la fuite il fut ap-
pelé Sénéchal de la Cour du Baron ou Sénéchal du
jnanoir, Senefchallus Curϣ Baronis, Senefchallus ma-
neru. Sigebert , .à l'an iKjo , parle d'un Robert
de Neubourg qu'il cjualifie Dapijer &c JuiHcier de
toace la Normandie. Le Duc de Suabe ne dédaignoit
pas autictois d'être L>Lpi/er de l'Abbé de Saint Gai ,
& de le fervir , lorfqu'on le faifoit Prince à la Cour
Impériale. / oje^ Conrad ànFahuxùa , Her. A/ieman.
Tom. I. part. i. Il étoir aufli du devoir du Dapijer de
• porter l'étendard de fon Maître , & par conféquent
d'airembler 6c de conduire fes valFaux à la guerre.
En Angleterre la Charge de Dapijer a été peu
illuftre. Dans les fubicripnons des anciennes Char-
tres de ce Royaume , le Dapijer ell toujours un
des derniers. yoye\ fut tout ceci M. du Cange ,
Glojj.
DAPIFERAT. f. m. OSiCQ , Charge, Dignité , qualité
de Tii^^ieT. Dapijeri munus , offidum , dignitas. Da-
pifèratus. Le Dapijerat étoit une ancienne dignité
dans la maifon des Empereurs , & dans cellf de nos
Rois , au moins depuis Charlsmagne. Voyei^^ Dapi-
FER. ^oye:^ aufli Lymnxns, Jus public. Imp. L. III. c.
p. §. 20. & fuiv. Imhoff. Noc. Imp. L. II. c. 6. Ce der-
nier , Liv. 'VII. c. i8. §. 9. traite encore du Dapi-
férat, &c pour me fervir de fon terme dafous-dapi-
/eracàe l'Empire.
DAPIKEN. Terme de Relation. 'Vingt-quatrième Se
demiete partie de l'année des Cathaïens , dont
chacune eft de quinze jours, & leur tient lieu de
mois &defemaine. D'Herbelot.
D'APRÈS. Sorte d'adverbe &c de prépofition. Delliner
d'après l'antique , d'après nature. Colorier d'après
le Titien. De Pilles. Ad exemplum alicujus pingerc <,
Piclorem aliquem imitari. Vo\e^ au mot Apres.
On fe fert aulFi de cette exprellion dans un fens
métaphorique : Je ne vous ai loué dans mes vers, je
ne vous ai dépeint que d'après la renommée , c'eft .v
dire, je n'ai rien dit de vous que ce que tout le monde
en fait, ce que la rénommée en publie , je n'ai rien
mis du mien, je n'ai rien inventé pour vous flatter.
D A R.
|!C? DARA. Foyei Daiuia.
DAR Î07
DARABGUIERD. Ville de Perfe. On trouve .aux en-
virons de cette ville du lel de toutes couleurs,
blanc, noir, rouge 6c vcrd. long. iio. d. 1 5'. lat. 5 y.
d. 15'.
DARAkIEN , ENNE. f. m. & fcm. Nom de fecle par-
mi les Arabes. D'Herbtlot l'appelle Darariorum.
C'ell une fecle d'impies & d hérétiques, qui ont pris
leur origine d'un importeur nommé Darari , lequel
étant venu de Perfe en Egypte fous le Kalifat de Ha-
kcm j vouloit perluader au peuple, que Hakem
croit Dieu \ mais le peuple le tua. Cette feéle s'é-
tendit fort i'ui la côte maritime de Syrie, C5c dans
le mont Liban. D'Herb.
DARAS. Ville de la Mélopotamie. Théodore le Lec-
leur qui vivoit dans le VI'^ hécle , nous allure que
l'Empereur Anartafe ayant bâti vers Tan 508 la ville -
de Daras en Méfopotamie , il y fit tranfporter le
corps de Saint Barthélemi. Tillïmoni.
DARBI ou DERBY. Province d'Angleterre , qui a ti-
tre de Comté. Darbia. Elle a la Province de Staf-
ford au couchant, &: celle de Leicefter au midi , cel-
le dYorck au feptentrion, & le Nottingham au le-
vant. Le Comté de Darby ^ en Anglois Darby-Shire,
eft arrolé par la rivière de Darvent j qui le coupe
en deux parties , dont l'une eft le Darhy oriental ,
& l'autre le Darby occidental.
DARCE & DARCINE. Voy. Darse.
DARD. f. m. Javelot j arme de trait, qui eft un bols
ferré & pointu par le bout , qu'on lance avec la
main. Jaculum. Décocher un dard. Lancer un dard.
Mers nous apprend l'ufage
Des flèches (S' des dards ,
La vidoire eft fon ouvrage.
Il a formé les Céfars. P. du Cerceau.
Ce mot vient de dardas , qui fe trouve dans quel-
ques Auteurs Latins. Ménage. D'autres croient qu'il
vient du mot arc , auquel on joint l'article de apof-
trophe. Borel le dérive du Grec ««'5'»? , M. Huet re-
marque que le mot dard fe trouve dans la langue
de Galles dans la même fignification.
Dard, eft auffi une efpèce de demi-pique que les pe-
tits garçons qui vont à S. Michel portent pour fe
défendre.
Les dards {ont un ornement particulier d'Architec-
ture , on en met aux corniches alternativement avec
des oves j ces dards font fort courrs , & il n'y a pro-
prement que le fer du dard dans chaque figure.
§Cr Dards, en Serrurerie. On en place fur les portes
de fer & fur les grilles pour fervir de chardons &c
de défenfes.
Dards , fe dit auln en Jardinage de certains filets lojigs
& menus qui font vers le milieu de certaines fleurs,
comme ceux qui fortent du fond d'un lis , d'un œil-
let, d'une tulipe , & qui font autour du piltil ou
tuyau où eft la graine, ^camina. Les arrofemens frais
& gras font du bien à l'œiller , quand il commen-
ce à poufler fon dard. Culture des Fleurs.
|,f5"Ce n'eft pas là prccifément ce qu'on entend
par dard. Les Jardiniers &; les Fleuriftes appellent
proprement dard ce que les Botaniftes nomment
le piftil des fleuts -, & de ce mot ils ont fait dardil-
1er , qui fignifie pouftcr le dard, f^oye^ Pistil.
Dard , rerme d'Aftronomie. C'eft le nom d'une des
Conftellations feptentrionales , qui s' .appelle autre-
ment \x flèche ou le javelot. Elle n'eft compofée que
de cinq étoiles.
Dard-a-Feu , terme d'Artificier. Sotte de feu d'aiti-
fice qu'on jette fur les ouvrages , ou dans les vail-
féaux des ennemis. Jaculum i^nitum, igniferum.
Dard , fe dit figurément en chofes morales , d'une ac-
tion , d'un tiait j d'un tour rempli de malignité,
qui caufe beaucoup de mal. Tela , jacula. Vous avez
ouï dire quelles flèches & quels dards le Diable
décocha contre Job fans le pouvoir ébranler. Mau-
croix.
Dard, eft aufti un petit poilTon de rivière, qui eft
blanc & de la longueur du hareng , qui va fore
O ij
ïoS
D AR
vite dans l'eau , & eft fort fain ; car on dit , fain
comme un darJ. On l'appelle autiement vendoije ,
en Latin jaculus\ parce qu'il le lance comme un
d^rd.
DARDA , ou TARDA. Petite ville de la BalTe Hon-
grie, dans le Comté deBaraniwar, du côté de la
Ville de ce nom. C'eft untiès-petit endioit.
DARDANAIRE. f. m. Ufurier , Monopoleur j nom
que l'on donnoit anciennement à ceux qui cau-
ioient la cherté des marchandifes , éc iur-cout des
grains , en les achetant , &c en les relferrant , pour en
faire augmenter le prix , Se les revendre enfuite
très-cher. L'ardananus , dtrufcator , direclanus , Jho-
capelus y annon^ Jiugeilutor , fcplafiarius. Ils fu-
rent appelés Dardanaires d'un certain fcélérat nom-
mé Dardanus , qui faifoit périr les biens de la terre
par maléhces , V oye^ Tumébe. Z. IX. C. //. L. Xi.
C. 4. Philpltrate, Apollon, vità L. I. C. i r. L. XXXV II.
^. de pœnïs. Cujas , Cbf. L. X. C. 1 1. Godefroy ,
Leg. 6.Jf. de exiraord. crim Calv. Lexic. Celfus Bur
galius, i racl. de dolo, L. III. C. j. n. S. Columelle,
L. X. de cultu horcor. Henrigius , de Dardanariïs à
uî,rufcacoribus, Solon fit une loi contre les Darda-
naires. Voyei de la Mare, Tr. de Pol. T. II. p. q^S.
(j Juiv.
DARDANELLES, f. f. plur. DardanelU.Ce^ le nom
de deux Châteaux qui font fur le détroit de Galli-
poli, ou des Dardanelles ^ l'un en Afie , nommé
le Lhâteau de Natolie , & l'autre en Europe , ap-
pelé le Château de Romanie. Ces deux Châteaux ,
de'.bnés à garder le palfage du détroit , ne font qu'à
un mille, d'autres difent à une demi- lieue l'un de
l'autre. lU font garnis d'une trentaine de gros ca-
nons , chacun de foixante livres de calibre, & tou-
jours prêts à tirer, l^lulieurs croient que ces Châ-
teaux font au lieu où croient autrefois Seftss &
Abydos ; mais Whtler prétend que c'eft à une lieue
de là au nord. Voye^ ABYDt. Tous les vaideaux
Chrétiens qui paifent ce détroi; doivent aller abor-
der au Château d'Alie, &y payer cent pilloles.
On ne fouftre pas qu'il en palTc plus de cinq chaque
fois. C'eft Mahomet IL qui les ht bâtir. On a don-
né à ces châteaux le nom de Dardanelles ^ de Dar-
danus , aiicicn Rui de i'hrygie. .
Cn a encore donné dans la fuite le nom de Dar-
ddueiles à deux autres Châteaux qui font dans une
lituation pareille aux deux dont on vient de parler,
& deftinés au même ufage. Ce font les Châteaux
qui font lur le pallage du golfe de Patras dans ce-
lui de Lépante j donc l'uneill: en Grèce, Se s'appelle
le Château de Romélie , & l'autre en Morée , qui
fe nomme le Château de Morée. Les 'Vénitiens ont
été jufqu'en 1715 les maîtres de ces dernières Dar-
danelles. On les appelle encore les Châteaux de
Lépante , & ils font oîi étoient autrefois l^Scliiurn
& XAnû-Rh'ium des Anciens.
Le détroit des Dardanelles , ou de Gallipoli , fre-
tum Dardanellarum , ou Gallipolitanum , c'eft le ca-
nal de la mer Méditerranée qui joint la mer de Mar-
mara à l'Archipel, qui prend fes noms de la viUede
Gallipoli & des Dardanelles ç{\\i font fur fes côtes.
C'eft l'Hellefpont des Anciens. Hellefpontus.Ce dé-
troit eft entre la prefqu'île de la Romanie en Eu
rope , & l'Anatolie en Afie ; il a environ quin-
ze lieues de long du feptentrion au midi. Son entrée
du côté de l'Archipel n'a pas plus de cinq quarts
de lieue de largeur , & elle eft gardée par deux
Châteaux que Mahamet IV y fit conftruire l'an
11558, &c dont l'un porre le nom de Château Neuf
d'Europe, & l'autre de Château- Neuf d'Alie. Il eft
encore plus étroit entre les Dardanelles , tk plus en-
core à une lieue an nord , oi'i font les reftes de
Seftos & Abvdos, félon 'Wheler. La mer de Zaba
che , la mer Noire, Si celle de Marmara , fe déchar-
gent par ce canal d.ms l'Archipel ; car lorfque l'on
palTe de l'Archipel dans la mer de Marmara j on
ienr N rcfiftance de In mer, & l'on a befoin d'un vent
favorable pour In vaincre & pour avancer Au con-
traire quand on vient de la mer de Marmara à l'Ar-
D AR
chiDcl 5 on fe fent porté par les eaux , quand on man-
querOJi le vent.
DARD AN lE. Nom ancien de pluheurs lieux dif-
térens. Durda/iia. La Dardanie étoit une petite Pro-
vince du Roy^Hime des Troyens , htuée au fepten-
trion de la Troude. La capitale de cette petite con-
trée s'appeloit aulii Dardante , & étoit htuée à la
lource du Simois. Dardanie étou auiîi l'ancien nom
de la Samothiace , fi l'on en croit Etienne de By-
zance.
On a encore appelé Dardanie une contrée de
l'ancienne Mœfie , qui fut enfuite la Dacie méditer-
ranée , & qui eft aujourd'hui la partie méridionale
de la Servie. Les peuples qui l'habuoient s'appeloient
Dardaniens. Quant au nom des deux premiers lieux,
il venoit de Dardanus , fils de Jupiter ôi d'Eleâre ,
qui ayant tué fon frère Jafius, s'enfuit de Crète,
ou , lelon d'autres, d'Italie en Samothrace , puis en
Alie , où il bâtit la ville de Dardanie , à laquelle il
donna fon nom , aufti bien qu'à tout Ion territoire.
Apparemment que c'eft aulii de lui que la Samothra-
ce porta le même nom^
DARDANIEN, ENNE.f m. & f Nom d'un ancien peu-
ple de rUlyrie. Dardani ou Darda/iii. Les Dardw-
niens habitoient la partie méridionale de ce que
BOUS appelons la Servie. Voye^ Dardanie.
DARDANIER. f m. 'Vieux mot. Uiuiier , qui cache
le blé &c recèle d'autres provihons en attendant la
cherté. Ce font les termes de Nicod.
DARDANUS. i. m. Terme de Mythologie. Fils de Ju-
piter Se d'Eledre , une des filles d'Atlas , époufa la
fille du Roi Teucer, Se lui fuccédadans fon Royau-
me. Il bâtit au pied du mont Ida une ville qu'il
appela de fon nom Dardanie , Sc qui fut la célèbre
Troye. Son règne fut long <k heureux. Après fa mort ,
fes lujets reconuoiifans le mirent au nombre des im-
mortels.
DAPvDARIEN, enne. f. m. Sc f. Ancien peuple barba-
re qui habitoit le long des Palus Méotides. Conful-
tez les Tables Géographiques du P. Lnbin.
DARDE. {. f. 'Vieux mot , qui fe difoit pour flèche.
SagitCJ.
DARDER. V. a. Lancer avec la main un dard, un ja-
velot , ou autre arme. Jaculari.
On dit figurément que le foleil darde fes rayons 4
pour dire , qu'il lance fes rayens fur quelque chofe»
Fibrarc radios.
On dit auftî darder un regard. ScAR. La belle darde
de fes yeux mille trépas. Voix.
Au deffous , & non loin , une nymphe hautaine ,
Au travers de doui^e canaux ,
Avec murmure au ciel j poujje & d^vàçfes eaux. ■
P. BuFflER.
Darder, fignifie auffi frapper d'un dard. /<zi:«/oyêrirô.
On eut bien de la peine à darder la baleine.
DARDE, ÉE. part.
DARDE LfR. C m. Celui qui darde quelque trait. Ja-
culacor. Il rangea les dardeurs devant fon aîle gau-
che. Adlanc.
DARDILLE. C f Terme de Fleurifte. C'eft la queue
d'un œillet. Morin j Cuit, de fleurs. En Latin Ca-
riophyli cauda.
DARDÎLLER. v. n. Terme de fleuriftç , fe dit de cer-
taines fleurs , poufler fon dard. Projerre , efferre.
flaniina. L'œillet dardille. Voye\ Darçu.
§CrDAR-EL-HEMARA. Ville d'Afrique,, dans la
Province de Fez , fur la montagne de Zarhan.
%T DARGAN. Ville d'Afie , dans" la contrée de Khua-
rezm , en Perfe. Les Géographes du pays lui donnent
8(î d. 26' de long. Se 40 d. 50' de lat. Sept.
DARHA , ou DARÀ. Grande région d4Çiledulgétid,
en Afrique. On la borne au nord par le Royaumç de
Maroc \ an levant par la Ségelmelïè \ ^^i couchant
& au midi par le Telfct. Le Darha propre eft aii
couchant.
La rivière de Darh<i eft une rivière qui fort du
• DAR
mont Atlas, parcourt le Darha propre, & va fe jeter
dans un lac du Teiret.
Darha étoit encore une ville, capitale du pays de
Darha. On. l'appeloit autreaitnc ïétut: elle eii; rui-
née.
DAllIABADIS. f. m. pi. Toile de coton blanche que
l'on tue de Surate.
DARIDAS. f. m. Sorte de Taftvîtas des Indes, qui eft
fait avec de la foie qu'on tire des herbes.
DARIE. f. f. Nom de femme. Oaria. Sainte Chryfante
& Sainte Daric font trcs-célcbres dans l'Eglile. Elles
foutfnrent à Rome, & l'on met communément l?ur
mort fous l'Empereur Numérien , dont le règne com-
mença en 1^)3. &; fiait en 184. dans l'elpace de huit ou
neuf mois. Baillet.
Il ne faut point fe fervir de ce mot Darie pour
les hommes qui ont porté le nom de Darius j il tiiut
retenir le mot Latin, comme a tau Vaugelas dans
fon Quinte-Curce &c comme on fait toujours.
DARIEN- Ville de l'Amérique méridionale, dans la
terre-ferme proprement dite , fur le bord occidental
du Golfe d lir.iba. Durie/iaj Dariene. (Jézoïi autre-
fois une ville Epifcopale , &: confidérablei mais les
Efpagnols l'ont abandonnée , & fon Evéché a été
transféré à Panama.
Darien. Grande rivière de l'Amérique méridionale.
Darienusjiuvius, Darkna.LQ Darun a (a fource &
une partie de fon cours dans le Gouvernement de
Popayan , il traverse une partie de celui de Cartha-
gene, & fe décharge dans le lond du Golfe deDanen,
autrement d'Uraba.
DARINS. f. m. pi. Toiles de chanvre qui fe fabriquent
en Champagne. ^ rr r 1 a
DARIOLE. f f Pièce de Patilferie faite de crcme ,
enfermée dans un petit rond de pâte j & couverte pat
delfus de bandelettes de pâte. Li/>i ac placenu aenus.
Les enfans font friands de dario.'es. Rabelais eiximoit
les darioUs d'Amiens-
|CF DARIOLETTE. f f Terme dont on fe fervoit au-
trefois pour défigner une confidente d'une Héroïne
de Roman, Suivante qui a la confidence de la Maî-
treffe , qui la fort dans fes inrrigues amoureufes , &
lui en procure de nouvelles. Ces fortes de perlbn-
nages n'ont fait que changer de nom.
DARIQUE. f. m. Monnoie d'or , battue en Afie par
l'ordre de l'un des Darius Rois de Perfe. Darkus.
Les Antiquaires ont'fupputé que le darïque valoit
deux drachmes Attiques , ou treize livres cinq fous
monnoie de France.
Le dariquc érant fuppofé deux drachmes Atti-
ques, pefoit 134. de nos grains. Foyc^ au mot
Dragme. Or, en fuppofant l'or des dariques au
même karat que le nôtre , & prenant le nôtre à
500 liv. le marc, 134. grains d'or, ou i gros 2
deniers , 4 grains , poids de darique , valent 1 9 livres
3 f. I. denier &: demi.
Les danques étoient marqués d'un Archer, ou
tireur d'arc , c'eft pourquoi Plutarque , dans les
Apophth'-gmes ou bons mots d'Agéfilas , rapporte
qu'if fe plaignoit d'avoir été chalFé d'Alîe par triante
mille Archers du Roi de Perfe, entendant par-là
des dariques marqués d'un Archer.
f^DARLINGTON. Ville d'Angleterre dans le
Comté de Duram.
DARMO (JTH. Quelques- uns écrivent Dermout ,
en faveur de la prononciation. Ville d'Angleterre
en Devonshire. Longitude 14. deg. 2. m. latitude
50. deg. 16. m.
DARMSTAT. Ville d'Allemagne dans le Landgraviat
de Darmffat , à deux lieues du Rhin, & à cinq
lieues au midi de Francfort. Darmftadium. Le Land-
grave de Darmjîat, que nous appelons en France
le Prince de Darmjlat ^ eft de la famille de HelTe.
Ceorge L fils de Philippe le Magnanime , com-
mença cette brai-iche vers le milieu du feizième
(îécle.
DARNAMAS. f m. C'eft la meilleure toile de coton
qui vienne de Smyrne.
DARNE. Foye^ Dalî^.
DAR 109
DARNETAL. Gros bourg de Frruice en Normandie.
DAROCA. Ville d'Arragon , Province d'Elpagne. Da-
roca. Elle ell fur la rivière de Xiloca.
DAROGA. terme de Relation. Voyei Daruga.
DARON. Ville de Paleftine en Afie. Darona , J^rip-
fias. Elle eft fur la mer Méditerranée, à trois lieues
de Gaze au midi. Elle donne fon nom à une con-
trée woiCinQ. Daron étoit autrefois une ville Epif-
copale & confidérable. Hérode le Grand la nomma
Agrippias en l'honneur d' Agrippa. Il femble que ce
ne loit pas l'ancienne Anthedon j comme on le croit ;
car Pline tait entendre que celle-ci n'étoit point fur
la côte comme Gaze, mais dans les terres. Ga^a,
dit-il j L. V. C. I 3. il? intus Anthedon.
DARREINEREMENT. adv. Vieux mot. Dernière-
ment. Pojiremo , iiuper. Le Roi darrtincremenc tref-
palle. JoiNVILLE.
DÂRRÉNIER, ERE. adj. Vieux mot. Dernier. Ultimus,
pojlrerjius, a, um. Dès l'entance jufqu'au darrénkr
point. JoiNVILLE.
DARRIER. adj. Vieux mot. Dernier.
DARSE, f. f. La partie d'un port de mer la plus avancée
dans la ville, bordée d'un quai , &: termée d'une
chaîne qui fert à retirer les bâtimens de mer, & à
tenir à flot les bâtimens défatmés. Stutio. La darfc
de Toulon , de Gênes. Quelques-uns écrivent darœ
& darcine , pour darfe 6* darjine. On l'appelle auflî
darfine fur la Méditerranée \ mais fur l'Océan y
ces lieux retirés du grand port j où les navires font
plus en fureté s'appellent paradis , chambre , bajjin.
DARTOS. f. m. Terme d'Anatomie. Mufcle cutané du
fcrotum.ZPt!7«j, Dartus, Il eft tilfu de beaucoup de
fibres charnues. On croyoit autrefois que le dartos
croit une continuation du pannicule charnu. Le dar^
tos a plufieurs veines & plufieurs artères ; il enve-
loppe les deux tefticules , & s'avance entr'eux pour
les féparer. Voye-:^ M. Diohis.
Ce mot eft purement Grec , ^-'f-^j excoriatus ,
pelle nudatus , de «iV'", excorio , peut être parce que
ce mufcle eft fous la peau , fous le fcrotum.
DARTRE, f. f. Maladie de lapeau en forme de croûte ,
qui rend la peau galeufe & farineufe. Impétigo , li-
chen. On dit auffi fierpe. Herpès , etis ,ferpigo jpa-
pula. C'eft une tumeur éréfipélateufe, moins rouge
que l'éréfipèle, accompagnée de petites puftules qui
rongent la peau & la rendent inégale. On la diltingue
endeux efpèces, XwnQJimple , l'autre viv«. La fimplo
s'appelle kerpe ,ou dartre miliaire j herpès miliaris ,
herpès cenchrias. Elle eft farineufe ou cruftacée. La
dartre vive , herpès férus , papulajera , efihiomenos ,
eft rongeante Si coulante , ou maligne & chancreufe.
Les dartres font quelquefois fymptomatiques , &
prennent le nom des maladies dont elles dépendent.
Telles font les dartres fcorbutiques , véroliques. Les
dartres caufent de grandes demangeaifons.
Herpfs eft un mot Grec qui vient du verbe '^f^n' ,
ferpere 3 ramper, s'étendre, parce que la ^arrr^ s'é-
tend de plus en plus fur la peau. Cenchrias vient de
Ké.xpcj ^ milium, millet, à caufe de la figure de fes
puftules. EJlhiomenos eft autfi un mot G rec quifigni-
fie exedens , depafcens , rongeant.
Dartre , en maréchallerie , fe dit des ulcères qui vien-
nent à la croupe & à l'encolure des chevaux : elle
leur caufe une demangeaifon , qui les oblige à grat-
ter & à augmenter l'ulcère.
DartreuXj euse, adj. Qui eft de la nature des
dartres , qui tient de la dartre. Impetiginofus , a^ um.
Une éréhpèle dartrcufe. Duverney , Âc. des Se,
1703. Mem. p. 18.
DARUGA. r m. Terme de Rel.^tion. Le Daruga eft un
Officier de Juftice chez les Perfes- C'eft comme le
Lieutenant Criminel & de Police. Pxrum capita-
llum , . 6- ad urbanam adnvn'ftratlonem pertinentium
cognitor. Il y en a un dans chaque ville.
^fT C'eft encore le nom d'une Cour Souveraips
oii l'on juge les Officiers chargés du recouvrement
des deniers publics , quand ils font accufés de mal-
verfation.
I ïo
D AS DAT
D A s.
DASSERÎ. f. m. Terme de Relation. Dodeur , Mi-
niitre de la Religion aux Indes. Difcipledu Gourou
qui eft le chef de la B.eligion. lieligionis apud Indos
Minifler. Pluiieurs iJajjens difciples du Gourou ^qui
eft le childe la Lleligioii auprès du '■loi deCagonci ,
vinreiic de la part trouver le Millionnaire pour en-
trer avec lui en difpute. Leitr. Eo. et Cur.
DASYME. (.m. Terme de Chirurgie. Maladie des
yeux j qui ne diffère point du trachoma. Aan/a» de
alaa-ûs, rude.
DAT.
DATAINO. Foyeç Dittaino.
DATAIRE. f. m. Officier le plus confidérable de la
Chancellerie Romaine , dont eft pourvu un Prélat :
& quand c'ait un Cardinal , on l'appelle Prodataire ,
par les mains duquel palFent tous les Bcnérices va-
cans (hors les Conliltoriaux) j lefquels il conteie de
plein droit. Ce nom vient de ce qu'il mettoit autre-
fois lui-même la date à toutes les luppliqnes : Datum
Romit j &c. Il y a aulîi un Sousdataire &c un Dacaire ,
un Officier particulier pour le per obïtum. Il a une
infinité d'Officiers Tous lui, comme les Révifeurs ,
Officiers de petites dates , de la componende , vingt
Régiftrateurs , & quatre Maîtres du Régillre, qui
mettent la marque de leur régiftrement par une
grande R au dos de toutes les fignatures , «jcc. Voy,
lur le Dacaire Baronius aux années 3 14 , n. 71 , 5 1 9 ,
n. 50 , } j i , n. 25. Godefroi dans fes Prolégomènes
fur le Code Théodofien j C. 9. DuCange & les Ma-
cri dans leurs Glolfaires.
DATE. f. f . Délignatioii du tems & du lieu où
une action a été taite , où un aéle a été donné &
palfé. Pies in epijiold , ia iicteris adfcripta. Les Let-
tres de Chancellerie de vieille date & lurannées ne
fervent plus de rien. J'ai des nouvelles de plus frai
chc d^:e. La dût; de ce contrat eft faulfe , il a été
antidaté. l'Egliie ne mettoit point autreiois de date
à fes confelfions de foi. Les Evêques Catholiques du
■Concile de Rimmi difent aux Hérétiques : Que veuf
dire votre Formule datée de l'année & du jour du
mois ? En a t-on jamais vu de femblable ? N'y at-il
point de Chrétiens avant cette dace ? Et tant de
Saints , qui avant ce jour-là fe font endormis au
Sei:,'neur, ou qui ont donné leur fang pour la Foi,
ne favoient ils ce qu'ils dévoient croire ? C'eft une
preuve que vous laiifcz à la poftérité delà nouveauté
de votre dodrine. Les Ariens vouloient foutenir leur
date p-K l'exemple des Prophètes , mais on leur ré-
pon .loir qu.' les prophètes , &c. . . L'Eqlife a bien
accoutumé de dater les ndtes des Conciles Se les ré-
gl'.mens pour les affaires fujettes aux changemens,
mais non pas les confeftions de Foi , où elle ne
fait que déclarer ce qu'elle a toujours cru. Fleur.
Voye:^ iaint Athanafe , De Syn. & Socrate , L. II.
C. S7- .
On dit qu un homme eft le premier en date , pour
dire qu'il eft le premier , qu'il a l'avantage du tems.
^nciquior. On colloque les créanciers en ordre fui-
vantla dcte de leurs contrats , les premiers en date
font préférés. Lao'jre eft iiécciraire dans les contrats.
La date prouve la perfection de l'aéte. Dans l'nfage
l'omiffion de la date n'einpèche pas que le contrat
lie foit exécuté contre celui qui l'a palfé.
ijZr' Une amitié de longue date , contraétée de
longue main ,un événement d'ancienne date , arrivé
depuis long-tems.
V amitié qui nous lie efl d'affe^ vieille date. R.
On dit figurément : Retenir if rc, pourdire , pren-
dre un certain tems pour faire ou pour exiger quel-
cjue chofe. Vous ne m'avez pu faire cette grace-là , je
retiens date pour la première. Acad. Fr.
Ce mot vient de ce qu'au bas d'une lettre, ou d'un
ade Latin on mettoit Datum ^ ou data tali loco ,
tali die , &c. c'eft-à-dire , donné en tel liiu ^ tel jour :
DAT
comme on le met encore dans les Déclarations , les
Ordonnances, lesEdits, Donné à S.Germain-en-
Lay e , donne à p erjailles j le . . du mois . . de l'an . .
C'elt delà que cette formule pour le lieu, & fur-
tout pour le jour auquel un a6te a été fait , s'eft ap-
pelée i/r2ie , & il n'y faut qu'un r : de-là on fait dater ^
ôc l'on trouve dacure en ce fcns dans la plus balle La-
tinité du quatorzième liecle. Voy. Acta Sancl. Maii ,
T. FIL p. 6^)7,.. 4.
Date , en Chancellerie Romaine , eft une infcription
qu'on fait faire fur un Régiftre lors de l'arrivée
•d'un Courier , qui porte une procuration de réfigna-
tion , ou une autre demande de Bénéfice. Aclorum
in codice dies adjaipta pojlulati per nuncium Bene-
jicH. Quand une provilion eft accordée , elle porte
la date du jour qu'elle a été retenue. On a cou-
tume de retenir plufieurs dates pour empêcher le
concours des impétrations \ car quand il y en a plu-
fieurs d'ime même date , elles le détruifent l'une
l'autre.
Petite date. C'eft une date retenue en Cour de Rome
fans envoyer la procuration pour réfigner , ou la ré-
tention de plufieurs dates inutiles, dont les provi-
fions ne font point levées- Procurata diei cujufdam
adfcriptio nullà negotii gerendi pramijjd potejiate.
Il y a un grand Traité de Dumoulin contre les abut
des petites daus. Il y a un Edit du Roi I4enri II
de 1 5 50 , qu'on appelle des petites dates , qui règle
plufieurs chofes touchant les prifes de poflèflion.
pour empêcher qu'on ne rende les Bénéfices héré-
ditaires.
DATER. V. a. Mettre la date , ou nommer la date. In
litteris , in acîis diem adj'critere , apponere. On ne
datait autrefois les arrêts par rapport j que du fa-
medi, qui étoii le jour de la prononciation. Les
Edits ne fe datent que du mois où ils ont été donnés ,
fans coter le jour. Les déclarations & autres lettres
ont \qut date du jour du fceau qui eft marqué au dos
des lettres.
On ditfig. qu'un homme date de loin , pour dire
qu'il parle d'une chofe arrivée il y a long-tems ,
éi. cela ne fedit ordinairement que quand celui qui
en parle a pu en être témoin , & qu'av.ec quelque
reproche de vieillelfe. Ac. Fr.
Dater fe dit figurément pour dire , commencer d'un
certain tems à faite ou d compter fur quelque chofe.
Incipere j initium fumere. Un Duc voulut regagner au
fiége deMons l'eftime de Louis-le-Grand qu'il avoir
perdue. Il alla au feu en plufieurs occafions avec un
iang-froid , une inttcpidité & un jugement de Hé-
ros. Le Roi lui rendit alors fon eftime, & lui dit :
M. le Duc , vous n'étiez pas content de moi , fe n'é-
tois pas content de vous \ oublions le palfé , & doré-
navant datons de Mons.
DATERIE. f f. Office du Dataire ^ & le lieu où il
exerce fa jurifdiétion. Diarii adfcriptoris munus j
offxina. Cette fupplique dèit pafTer par la Daterie ,
comme font celles qui concernent tous les cas pu-
blics ; & celle-là par la Pénitencerie , comme celles
qui regardent le fecret de la confcience. La Daterie
eft compofée de trois Officiers , dont le premier eft
le Dataire , ou Prodataire \ le fécond eft le Sousda-
taire \ Se le tioihème le Préfet des vacances per
obitum.
DATHEMAN. Nom d'un fort fîtué dans la terre de
Galaad , à l'orient du Jourdain. Datheman étoitdans
la Tribu de Gad entre Bofor & Mafpha. i. Machab.
DAT 1ER. f. m. Nom ufîté dans l'Ordre de Fontévraud,
pour dire , l'Annonce du jour de la Lune du Marty-
rologe. Chastelain. Indict. ajjignatio diei Lunaris ,
Monido de die lunx.
Ce mot vient de date , parce que cette annonce eft
\2 diite delà Lune.
DATIF, f. m. Terme de Grammaire. C'eft le troifième
cas de la dcclinaifon du nom. Dandi cafus. Il marque
ce à quoi la chofe , ou l'adion a du rapport. C'ed
proprement le cas de l'attribution ou de la deftina-
tion. Du moins c'eft là fon ufage le plus fréquent.
DAT
Le nominatif, le génitif, \q datif. Ce verbe gou-l
verne XqcIuc.j. Deux J.ï-t-^j de luue choquent extiê-
mement les oreilles délicates , quand ils ont loiis
deux le même arcicle ; &: ceux qui veulent écrire
poliment doivent ies éviter avec foin ; comme j On
remtdie - 1 attache à Ion lens. Si ies deux arcitles
n'étoient pas lesiucmes , cela ne choqueioir pas tant.
Paitxeniple , lenoncer a l'attache au leu. Lioun.
ÇC? Daiif, en Jurilpaidence j n ell d'ulagc que
dans CCS phtalcs : Tuteur &c Curateur dutij , tutelle
Ëc curatelle ^uùvc. On appelle tutelle Hc curatelle du-
tivis , cell.s qui foncoraonnéesd'autoiitéde Jultice,
par oppoiition aux tutelles 6i curatelles légitimes tSc
teitamjntaires , qui font déférées par la Loi ou parle
; teftanienc. On dit dans le même lens luteur &i Cu-
rateur a..tj de celui auquel la tutelle ou cuiatelle ell
delérée par le Juge. Cj^v/nijjs, dejignata tuteca.
Quand un propriétaire eft mineur , on lui donne
un 1 uteur pour lonrief. Cela s'appelle dans le Droit
; d'Allemagne tutelle ^jf/Ve. Spener a fait un Traiié
. de la tutelle daiivc des arriéres- Valîliux de l'Empi. c
.. Qu.M [U;s Auteurs piéendcnc que c'elt à l'Empereur
à à mner un Tuteur à ces arriéres- Valfaux : aauties
foutiennent que c'efl au Seigneur Féodal im iiédun
à le donner pour le hef qui dépend de lui. Spener eft
p >ai ce dernier fenriment.
Da i if. f. m. Nom d'homme. Dati.ms. ^■''oyc\ M. Chaf-
t'.'Um , /.'ji.riyroio^e J au 17' de Janvier, iSc au on-
zième de Février , p. (îi i & 6 14.
§Cr D\.ri3N. f. f. Terme de iurifprudence, ade
par i .-qu.l on donne quelque choie. uaciclLilii diffère
de/la aj/ijr;j,7 J en es que ceile-ci ell gratuite, au
li'.u que la j.acion conhite à donner quelque choie ,
laus qu il y ait aucune libéralité. Dation cie Tuteur ,
d- ti.t ■ en pavement
DATiiMH I. m. Maniè.e de parler , qui confiile à
diiw- la même chofeen pluliturs mots , &c à accumu-
ler ivn.mvmei (ur (ynonymes. uatijinui. Ce mor le
torma autrcRjis en Grec du nom d'un Satrape Ferfan
nom né Oaos , (jui étant en Grèce, & afteétanc de
pi lec Grec , enrtirjit lynonymes lur fynonymes
p.KU dire la même chjfe \ de forre que pour dire ,
pa- exemple , qu'il avo.t de la joie de quelque
c'i <lc , d difoit : J'ai bien de la joie, je me réjouis ,
je M. s ravi , je iuis bien aile , & je triomphe de ce
qu,; J &c. croya u par la donner à Ion dilcours plus
ûe fo ce & plus exp.eflîon , 6Cc. Les Grecs appelè-
rent ces fortes de bartologies ou d'inutilités des Da-
tiimij . mais ce :: ot n'eft point en ufage en François.
On ne s'en ferc que aans des ouvtages d'érudition.
A.iitophane,dansfa pièce intitulée la Faix j appelle
le iJtij.iH le tamage ou le chant de Datis.
DATIVÈ. adj. f. yjeç Datif.
Da rivE, ell nulli un nom propre de femme. Il y a une
lainre Dative du cinquième ficcle. y'oyt:\ liaillet
aa lixième de Décembre.
DATTE, f f. On écrit aulli date , &c on devroit écrire
Da :i. C'ell le fruit du palmier. Puima, palmula y
palms. pomum , daclylus , pmtuUi : halanus. Ce fruit
fe eu --iie en auromne avanr qu'il foit mûr , & ell
fembiabie à nos pruneaux de Tours : alors il elt vert
en couleur , âpre i5f aitnngent. Quand les duCtis font
mûres, elles deviennent rouir.'S ^ ayant un noyau
dur , longuet tk fendu par en bas , de couleur grife ,
& enveloppé d'une pellicule déliée , mince 6c blan-
che. Son écorce ou fa couverture , que les Anciens
appeloiente/ fc', ou ,^iîm, quand elles font en fleur,
font forr différenfes , & ont autant de diverllté de
couleurs qne les finies. ?l y en a de noires , de blan-
ches Si de rouir.-s. Il v en a de rondes comme des
pommes , ie^ fo't grolTes. Ordinairement elles font
rondes & obiongues, charnues, jaunes, un peu
plus grolfes )ue le po'ice , & alTez agréables au goût.
Il yr-n a dr pentes comme des pois rhiches ; d'rtUtres
grolfes comme un? grenade. Les meilleures font les
dattes rovdes. Il v en a une lutre efpèce qu'on ap-
pelle ca/yt-rej , q'ii font au!ï fort bonnes. Les unes
ont des os , on novaux ; les autres n'en ont point- Les
unes les ont mous j les autres , tendras. Les dattes
DAT III
font aftring€Btes , fur-tout quand elles ne font pas
mures. Les dattes ne font guère en ufage dans la
plupart dos Provinces de France , que pour la \lé-
decine i elles adoucilfent les âpretés du goller , foi-
iilient 1 ciiiaiit au ventre de ià mère , appaifent tou-
tes loties de dux de ventre , i!k font un tort bon re-
mède pour les incommodités des reins & de la
velue. Ce qu'elles ont de mauvais , c'ed qu'on les
digère difnciiement , qu'elles caufent des douleurs
de têre, Hl qu'elles produilent un fang crafle & mé-
lancolique. Ces ellets viennent des principes qu'elles
contiennent , car on en tire médiocrement d huile ,
beaucoup de llegme & de iel ellentiel : l'huile & le
Hegme les renaent humeélantes & nourrillantes ,
propres à adoucir les âcretés de la poitrine, & à
appai.er la toux •, le flegme & le Iel les rendent dé-
teilives , allringcntes , & convenables pour les ma-
ladies de la gorge : du refte , elles font un aliment
groHier , pLm d'un fuc terreftre , & cauiein des obf-
trudlions dans les vilcères \ c'ell pour cela que ceux
ciui vivent de datte-s deviennent fcorbutiques , & per-
dent leurs dents de bonne heure.
Les ductcs nous viennent d'Egypte , de Syrie ,
d'Afrique & des lndi;s. On dit qu'elles ne viennent
point à marurité en Italie j tic qu'ejles confervent
toujours un goût âpre &délagréable dans les endroits
de 1 tlpagne qui iont fitués fur le bord de la mer.
On ditauth que quelques peuples d'Orient font du
vin ic du pain de aattcs. La iHovenc- fournit d'aifez
bonnes dattes , mais elles ne ie confervent pas , ÔC
les vers s'y engendrent aifcivicnt. Foyt^ M. Lémery ,
Trait.: des aiiii.cfis.
Les dattes font le plus excellent fruit de tous
ceux de l'erfe. Llles palfent en grolleur, en couleur
îS: en goCit toutes les autres que la nature fait croî-
tre en toutes les parties du monde. Celles de Jarum
te de Horuin , iont les meilleures de toute la Perfe.
Ambajjade de Gardas de 6ylva 1 igueraa, p. 5}. &
94. O^c. De grofles grappes de auttes. Au h.^mc
endroit. Celles de Lura font aufli excellentes. Elles
font grolfes comme les prunes que les Efpa-
gnols appellent Ciruelas de Jrayles. Il y en a '^"î
brunes & d'autres noires. La diverfité en étoit fi
grande , que 1 on étoit étonné de voir tant d'ef-
fièces différentes d'une même forte de fruit j car
es unes étoient longues, les autres plus ou moins
rondes j les unes d'une forme toute particulière ,
que l'on n'avoir pas encore vue, & les autres fort
petites , & rondes comme des griottes \ mais
fans comparaifon meilleures & plus excllentes
que les autres. Id. Il dit qu'une grappe des plus
petites pefoit jufqu'à trente livres. Ils appellent les
dattes J Tamaras. Id.
Le nom de datte, qu'on dit pour celui de dacle.,
vienr de daclylus , formé de êûx.luXit, doi^t, parce
que les dattes reiremblent au bout du doigt, étant
rondes & oblongues.
Datte. L i. Ell aulli le nom d'une efpèce de prunes.
Les dattes font du nombre des prunes qui ont la
chair aigrette & durette, dit la Quintinie ; c'eft-
à dire_, un peu aigre & un peu dure- La grolîe datte
ell blanche , on l'appelle autrement Impériale blan-
che. Id.
DATTIBES. f m. Terme de Relation. Cinquième
mois chez les habitans de l'Ile Formofe. F'oYe:^ la
defcriprion de certe Ile imprimée à Amftetdam en
1705.
DATTIER, f m. Arbre qui porte les dattes. Palma. V.
Palmier.
DATTlLLE. f f. Nom d'une efpèce de prunes. Les
dactilles Çom des prunes longuettes. La QuiNr. La
dattdle e(l rouge. Id-
DATCJRA. f f Planre qui ell une efpèce de Jframo^
nium , &c qui vient de la hauteur d'un homme. Ses
tiges font grolfes & fes feuilles larges, échancrées
comme celles du pied d'oie, mais plus dentelées,
& quatre ou cinq fois plus grandes, & d'une puan-
teur abominable. Ses fleurs fonr blanches, femblables
en quelque manière à un verre à boire, à: d'une
m DAT DAU
odeur agréable , mais foible. Son fruit eft une fois
aiiii gros qu'une noix commune avec Ion écorce,
un peu long, de la ligure d'une poire, & garni
de piquans : il contient beaucoup de femence noue,
appLuie , &c d'une odeur délagrcable. Sa racine
eit compofce de quantité de fibres. Les Heurs &: la
femence de la datura troublent &: aliènent l'elprit ,
& caulent une eipèce de tohe qui dure 14. heures:
pendant le tems que dure cette ivrelfe ou cette folie,
on ne fait que danfer, nre, ou pleurer. Les voleius
en jettent dans les viandes de ceux qu'ils veulent
voler. Les femmes de mauvaile vie en lont prendre
auHi à leurs Amans , &:quelques-unes à leurs ma 1 .
afin de {-aire en toute liberté tout ce qu elles vou
DAU
On l'a bien daubé. Se dauber. Pugnis certarCy con-
tendere. Il eft populaire.
C'AtiBER, lignifie hgurément, médire de quelqu'un,
le railler, le jouer. Il eft populaire, quelquefois
employé dans le ftyle familier. Detrectare de cdïquo ,
maiedicere j aiicuL Uludere. C'eft un homme qui
daube tout le monde ; mais li-tôt qu'il eft forti ,
les autres dautenc iur lui. Je les dauberai tant qu'ils
fe rendront fages. Mol.
De tout: tcms votre langue a daubé d'importance.
loEM.
Daubé , ée. part.
dront. Le meilleur remède contre ce poifon, eft DALIBEUR. Lm. Joculator. Ne fe prend guère que
de faire vomir ceux à qui l'on en a donné. On dit
auiîî que pour les faire revenir plutôt à eux, il
n'y a qu'à leur plonger les pieds dans de l'eau froide.
Solanum Jœtuiurn pomofpinofo obioi.go.
La plante datura eft celle que les Espagnols ap-
pellent ducroa , les Arabes buriatoria , les Perfans
& les Turcs marona.
D A U.
DA'VANTAGE. adv. En termes de comparaifon , plus.
Magis j plus j ampLius. Il ne faut pas aimer davan-
tage un enfant que l'autre. Régulièrement davan-
tage ne régit rien , &c n'a point de que après lui. Ainfi
l'exemple qui précède eft vicieux. Cependant quel-
ques uns en font un comparatif. lia h'iQn davan-
tage de peine à fe venger d'une injure, qu'à l'ou-
blier. Maucr. Dès qu'on eft un homme de bien ,
on ne doit rien louhaiter davantage. On ne s'hu
mille point pat humilité , ce 11'eft que pour fe faire
eftimer davantage. S. Evr. Les premiers plaifirs de
chaque engagement ont je ne fais quoi de piquani
qui excite le defir de s'engager davantap^e. Je vois
bien le remède à tous mes maux , 6c je ferois bien-
tôt guérie fi je ne vous aimois plus ; mais j'aime
mieux fouffnr encore davantage , que de vous ou-
tlier. Lettres Portugaises.
Un certain amour de refpecl ^
Amour d'ordinaire jufp ecl ,
Et qui demande davantage j
Qu'il ne paraît fur J on vijhge. Saras.
§Cr Davantage & plus, fynonymes. Davantage fe
jiiet à la fin de la phrafe , plus ne s'y met point. Il a
plus de fcience que fon frère. H a peu de vertu ,
Ion frère en a davantage. On parleroit mal en di-
fant ; il a davantage de bonne foi que fon frère :
il a peu de vertu, fon frère en a plus.
^Zt Dans certains endroits on peut mettre da-
vantage ou plus devant que. Vous me reprochez
que je fuis emporté, je ne le fuis pas davantage que
vous. Cependant Ç\ l'on répétoit l'adjeélif, il fau-
droit mettre plus. Je ne fuis pas plus emporté que
vous. En général, quand il y a un que qui fuit , il
vaut mieux fe fervir de/V^^ ; mais éloigné du que ,
davantage a bonne grâce au milieu du difcours. U
n'y a rien qu'il faille éviter davantage en écrivant ,
que les équivoques. Lorfqu'il n'y a point de que
qui fuive , on met davantage au milieu & à la fin.
BouH.
Davantage ., fignifie encore plus long-tems. Je ne
vous romprai pas davantage les oreilles. Je ne vous
en parlerai point davantage.
dans le fens figuré , pour un homnie qui prend
plaifir à médire des autres, a les railler, à leur
nuire par de faux rapports. M de la Fontaine s'eft
heureulement lervi de ce mot dans fa Fable du
Lion , du Loup & du Renard. Il applique cette
Fable aux Courtifans , qui fe daubeut les uns les
autres. Au refte , ce mot n'eft que du ftyle fami-
lier.
MeJJieurs les Courtifans y ceffe^ de vous détruire 3
F aites ,fi vous pouve:^ i votre cour fans vous nuire ^
Le mai Je rend ché^ vous au quadruple du bien ,
Les daubeurs ont leur tour d une ou d'autre manière,
Kous êtes dans une carrière
Où l'on ne fe pardonne rien,
DAUCUS. f. m. Plante qu'on appelle autrement ca-'
rotte , dont il y a plulieurs elpèces. Le daucus des
Apothicaires , qui eft le panais fauvage de Diofco-
ride, a (a racine d'un goût piquant &c de la grof-
feur du doigt : fes tiges d'une coudée & demie,
cannelées , velues & moclleufes j fes feuilles décou-
pées tort menu , & d'tm vert obfcur j fes fleurs
blanches , difpofées en parafol j elles font fuivies de
Icmences , qui font petites, arrondies fur le doSj
& garnies de poils. Le daucus eft diurétique , &
propre pour les afteétions de la matrice, On s'en fert
dans la toux , dans la pleuréfie , & pour provoquer
les mois. La- femence eft le plus en ufage. Dau-
cus ûjficinarum , ou pajlinaca fylveflris tenuifoiia
Diofcoridis. U y a une plante qui eft en ufage en
Médecine j tSc qu'on appelle daucus de Candie.
C'eft une efpèce de liveche , ou ligufticum. Sa tige
eft de la hauteur d'un pied & demi , ou environ ,
ronde & velue. Ses feuilles font alfez femblables
à celles du fenouil. Ses Heurs font petites, blanches
& difpofées en paralol. Sa femence eft longue , blan-
châtre, velue, acre & aromatique : fa racine lon-
gue , & de la grolfeur du doigt. Il n'y a que la
lemence qui loit en ufage \ elle eft bonne dans les
obftruékions &. dans la fufîocacion de la matrice ,
dans la colique venteufe , dans le hoquet & dans
l'ardeur d'urine- En Latin , daucus creticus ^ ou dau-
cus foliis Jccniculis tenuifjimis. Voye\ Carotte.
■Vin de daucus. Daucites vinum. On prépare ce vin
en mettant fix onces de daucus pilé dans un cera-
miuni de moût, &c en les coulant enfuite. Ce vin
eft bon pour les maux de la poitrine , des hypo-
condres & de l'utetus. Il excite les règles & les
éruétations, & eft fort utile pour la toux, les con-
vulfions & les ruptures des vaillèaux capillaires.
DioscoRiDE. L. V.c. 10.
DAUDAU. Foyei DODO.
DAVERIDION. i. m. Huile d'afpic.
fCT Davantage fignifie quelquefois de plus. Pr<«- DAUFERS, ou TAUFERS. Petite ville du Tirol en AI-
terea. En ce fens il eft vieux & hors d'ufage. lemagne. Daujeria. Elle a titre de Comté, & elle
DAUBE, f f.CuifTon d'une viande qu'on larde au gros eft liruée dans l'Evêché de Brixen , fur la rivière
lard, avec des aftaifonnemens convenables. Condita^ d'Aycha , au-delfous de la ville de Brixen.
lardo y vino ^ & aromatis caro. Un gigot à la daube. DAUGREBOT. f m. Petit vailfeau à un pont dont fe
Uno daube d'une oicj &c. fervent les HoUandois pour la pêche fur le Droge-
Daube fe prend auflî pour la viande qui eft aftai- banc. Navigiolum pifcatorium. Quelques-uns écri-
fonnée de cette forte. Servir une a^tîwÂe. Académie \em dogrebat , & d'autres difent fimplement degré.
Françoise. j Les daugrebots ont un réfervoir dans le fond de
DAUBER, v. a. Battre à coups de poing. Pugnis ferire,-. cale , une fougue de beaupré, une grande voile.
^D AU D A V
& un hunier au - deiTas : leur pont efc pl.it y ils
n'ont point de chambre à rariieie , mnis ils en ont
une à l'avant : ils font bas &c étroits à l'avant ôc à
l'arrière.
DAVID, f. m. Nom que donnent quelques Menuifiers
à une barre de fer carrée qui a un crochet en bas, Se
un autre qui monte &: dekend le long de la barre.
C'efi: ce qu'on appelle plus communément Sergent.
David Géorgien , enne. f. m. &i f. Nom de Sedaiic.
Foye^ DAVIDIQUE.
DAVIDAN. Lieu des Indes, où fe retirent la plupart
des habitans de Gomron pendant les grandes cha-
leurs : il efl: à quatre ou cinq journées de Schiras j iSc
l'un des plus agréables de la Perfe.
DAVIDIQUE. f m. i^ f. Nom de Secle. Seélateur de
David George. Davidicus. David George , Vitrier ,
ou félon d'autres , Peintre de Gand , & lils d'un Ba-
telier j commença en 1525 à prêcher une nouvelle
îeéle. Il publioit qu'il étoit le vrai Mellie , qu'il étou
envoyé pour remplir le ciel qui étoit vide, taute
de gens qui le méritalFent. Il nioit la réfurrection ,
comme ks Saducéens ; il rejetoit le mariage , avec
les Adamites ; il foutenoit avec Manèsj que lame
n'ctoit point fouillée par le péché ; ilfe moquoit de
l'abnégation tant recommandée par J. C. & du mar-
tyre , auffi bien que de ceux qui le fouftroient. Telles
étoient Tes principales erreurs. Il fe fiuva de Gand ,
& fe retira d'abord en Frile, puis vint à Bâle , où
il déguifa fon nom , ^' prit celui de Jean Bruck. Il
mourut en 1 5 5^. Il lailHi quelques dilciples cachés ,
auxquels il avoit promis de relîufciter trois nus après
fa mort. Il ne fut p.as tout-à-fait faux Prophète ; car
les M.igirtrats de Bâle ayant été informés au bout de
trois ans de ce qu'il avoit enfeigné, le firent dé-
terrer , & brûler avec fes écrits par le minilUre du
bourreau. Il y a encore des reiles de cette feéle ridi-
cule dans le Holllein, fur-tout à Fridérikftadt , où
ils font mêlés avec les Arminiens, f^oye^ Gautier,
Chronk. Sac. XVI. c. i>. & Alexander Rplïa.'us An-
glois.
DAVIER, f. m. Terme de Dentifte.Inftrument de Chi-
rurgie qui fert à arracher les dents. Dentarpaga , for-
cep s , on forceps dendducus. Il eft fait en forme de
tenailles, dont les pointes font fourchues, & en
trent l'une dans l'autre. Le bout du davier qui em-
bralfe la dent elt recourbé , & tendu en fourchette ,
pour la tenir avec plus de terineté. Le davier eft un
inftrument des plus anciens de la Chirurgie j duquel
on s'eR fervi de tout tems. Dionis.
Davier , eft auflî un outil de fer à bec crochu , dont
fe fervent les Tonneliers pour faire entrer les cer-
ceaux autour du tonneau. Forjcx doliarius.
ifT Les Imprimeurs donnent aulli le nom de
davier à une petite patte de fer ou de bois , qui pla-
cée entre les deux couplets, fert, au moyen d'une
vis qui traverfe le grand tympan , à maintenir par
en-bas le petit tympan dans l'embrafure du grand.
DAVIS. Le détroit de Davis eft un bras de mer entre
les Iles de Cumberland &: la côte de Groenland. Il
s'étend depuis la baie de Bafin, qu'il a au couchant
& à la mer du Nord, qu'il joint vers l'île de S. Ja-
mes , ou de S. Jacques. Il a pris fon nom de Jean
Davis , Angloisj qui le découvrit en 1 585 , & qui
y fit trois voyages, pour chercher un paffage dans la
met du Sud : ce qu'on a encore tenté depuis bien des
fois, & toujours inutilement. Rochefott, dans fon
Voyage des Antilles , T. I , fait une grande defcrip-
tion du pays & des peuples voifins de ce détroit.
DAULET-ABAD. /^oy^^ DOLTABAD.
DAULIES. f. f. pi. Fêtes que célébroient les Argiens ,
pour renouveler le fouvenir du combat de Jupiter-
Protée , contre Acrifius au fujet de Danaé.
DAULLONTUS. f. m. C'eft unarbriftau de l'Amé-
rique , haut comme un homme , fort fameux , dont
les branches s'étendent tellement , qu'il les faut fou-
vent couper. Ses feuilles reiïemblent à la balfamine ,
découpéesen leuts bords. Ses fleurs naiflent en grappe
comme le fureau , auxquelles fuccèdent des baies
amères- Cette plante a l'odeur & les qualités de la
Tome III,
D AU
113
camomille. On fe fert des baies pour l'afthme 5c
pour la colique.
DAUMA. Royaume d'Afrique , dans la Nigritie. Il a
pour bornes celui de Madra à l'orient j le délert de
Seht au feptentdon , celui deSeu à l'occident j & le
Royaume de Semen au midi.
Dauma. Ville des Indes j dans la grande Java.
DAUMUR. f. m. C'eft une efpèce de ferpeni qui en-
tre dans la compofition de la ihériaque. Johnson.
%Cr DAUN. Petite ville de rElcdiorat de Trêves ,
fur la Lezer, à cinq lieues île J.lontroyai. Dauna.
DAVOS ou TAFAAS. Communauté des GrifonSj &
la première de la troiiième Ligue^ qui eft celle des
dix Droitures ou Jurifdictions. Elle tire fon nom
de fon principal village, & occupe une partie dii
quartier oriental de la Ligue.
DAUPHIN, f m. Poillon de mer voûté fur le dos j &
couvert d'un cuir lice & fans poil. Il a le mufeau
rond & long ^ la fente de la bouche longue , avec
des petites dents aiguës , la langue charnue, fortanc
dehors , Se un peu découpée ai'entout, le dos noir,
le ventre blanc, une nageoire au milieu du dos ,
deux au milieu du ventre. Sa chair relfemble à celle
du bœuf ou du pourceau. Ro^d. Delpkinus.Ls. chair
du Dauphin eft folide , compacte & gtofiière , elle
ne laille pas d'être eftimée en quelques endroirs , où
on la fert fur les meilleures tables j elle nourrie
beaucoup , mais elle ne fe digère pas aiiément. La
langue Se le toie du dauphin lont d'un goût plus dé-
licat que fes autres parties j mais le foie eft un aifez
mauvais aliment, la langue eft meilleure pour la
fanté. On dit que le dauphin eft ami de l'homme ,
qu'il n'en eft point épouvanté , & que pour en voir
il va au devant des vailleaux, & joue tout autour
en fautant. Les Poètes ont feint qu'Arion hit fauve
par un dauphin qu'il avoit attiré par le Ion de fa
lyre ; Se depuis que la fable eft inventée j on a dit
que le dauphin aime la mufiquc Se le fon des infttu-
mens.
Le Dauphin eft nommé la flèche de la mer , &
quelquefois oie de la mer , parce que fon mufeau
a quelque reifemblance avec le bec d'une oie. Il eft
agréable à la vue, & d'une couleur qui change félon
les divers mouvemens qu'il fait. Ses écailles lont fore
petites. Il eft de meilleur goût que tous les autres
poilfons. Sa chair a un goût de fauvagine. Il fuit les
vailfcaux plutôt pour profiter de ce qu'on jette hors
le bord j que pour aucun amour qu'il ait pour les
hommes. Les poiftons volans font la proie des dau-
phins Se des bonites. On dit que quand ils font en
amour , ils s'accouplent comme les hommes. Ils vont
en troupe, & fe montrent fréquemment fur la furtace
de l'an quand la mer eft calme. On prit des dauphins
d'une groffeur h prodigicufe , qu'il n'y avoit point
de cheval qui approchât de leur taille. On en prit
aufti à Gravefend qui n'étoient gueres noins grands.
On ne doit donc point douter de l'exiftence du
poiiron dauphin ; mais le dauphin eft un poiflbn chi-
mérique S: fabiileux, fi l'on entend p.ar ce mot un
poifton tout-à-fait ftmblable aux figures de dauphins
que l'on voit dans les armes Se fur la couronne du
Dauphin de France , dans les tableaux , dans les
eftampes ,& dans les ouvrages de broderie , de fculp-
ture. Sec. mais il y a de véritables poilfons qu'^n ap-
pelle dauphins : ce mot eft génétique , Se comprend
plufieurs efpèces de poiftons cétacés , qui font le
dauvhin proprement dit , le marfouin , le thon ,
l'arnia, le lamantin. Le Z)i7Zi/7Az« proprement dit ,
dont il eft patlé ci-defTus, eft très-agile, il nage
avec beaucoup de vitelfe , & faute fort haut hors
de l'eau , il va quelquefois avec tant d'impétuofité ,
fur-tout quand il pourfuit fa proie , qu'il s'avance
trop ptès des terres , ce qui le fait prendre aifément ,
parce qu'il ne peut plus retourner en pleine mer.
Quelques Naturaliftes difent que la nicme choie lui
arrivCj lorfqu'il eft piqué par certains petits poif-
fons, qui le poutfuivent Se le tourmentent d'un-e
maniète fi infupportable , qu'il eft obligé de fe jeter
hors de l'eau pour les éviter. Les Ancien^ , Ovide Se
P
ÎI4 D A U _
Pline, difent que le dauphin meurt auflï tôt qu'il eft
hors de l'eau, mais l'expérience elt contraire à ce
qu'ils avancent ; Rondelet dit qu'il a vu des dau-
phins vivans qui avoient été tranfporrés de Mont-
pellier à Lyon. Le dauphin a la vue très-bonne , & il
découvre les poilïons qui lui fervent de proie ,
quelque cachés qu'ils loient. On dit que fon en
relTemble à la voix d'une perfonne qui gémit, Se qui
fe plaint \ qu'il fe trouve quelquefois des dauphim
dans l'eau douce, quoiqu'ils foieiit ordinairement
dans la mer : il s'en voit dans toutes les mers du
monde \ ils font dix ans à prendre leur accroilïe-
ment, & vivent trente ans.
Le nom dauphin vient du Latin delphinus , formé
du Grec MX(p)s , ou A£A(f)i» . On trouvera dans Vollius
tout ce que l'antiquité a dit des dauphins j De Idol.
L. IF. C. 3. 8.9. 12.14. 16. 19. 21. 32. 37. 48.
Sur les médailles le dauphin entortillé à un tri-
dent, ou à une ancre , marque la liberté du com-
merce & l'empire de la mer. Quand il eft joint à
un trépied d'ÀjxjUon , il marque le facerdoce des
Quindecemvirs , qui pour annoncer leurs iacritices
folennels portoient la veille un dauphin au bout
d'une perche par la ville , & regardoient ce poillon
comme confacré à Apollon. P. Joubert.
Le dauphin célefte eft une conftellation de l'hé
mifphère feptentrional , qui confifte en dix étoiles
de la nature de Saturne , venteufes & or.ageufes.
Delphinus cxlejlis.
DAUPHIN, f. m. Titre des Princes du Viennois en
France. Delphinus. Guigues André eft le premier
qui s'eft fait un titre d'honneur de celui de Dauphin.
Chorier. T, II. p. 38. La plupart de ceux qui ont
cherché l'origine au nom de Dauphin & Dauphiné j
ont trop donné de liberté à leur imagination. Les
uns ont cru qu'il eft venu des Auffinates , ancien
peuple dont Ptolemée & Pline font mention ; mais
ces Auteurs logent les Auffinates au-delà des Alpes ,
dans la Gaule Cifalpine. D'autres écrivent que les
Allobroges l'ont apporté de Delphes en ce pays.
D'autres , que la Hgure d'un dauphin a occupé le
champ de 1 écu du Roi !3ofon. D'autres , que les l'rin-
ces , qui ont dominé dans le Viennois après Bofon ,
ont choifi ces armes , comme un fymbole de leur
douceur & de leur humanité. D'autres , qu'elles fu
rent données par un Empereur qui hiifoit la guerre
•en Italie , mais qu'ils ne nomment point , à un Gou-
verneur de cette Province , qui lui avoir amené un
puiftant fecours en une néceflité preiranre ^ avec tam
de vitelTe qu'elle mérita d'être comparée à celle d'un
dauphin. Thaboét s'eft figuré que ce mot eft Gothi-
que. Il donne la même origine à ceux de Breife , de
Savoie, de Beaujeu & de Forez. Claude de la Grange
croit que ce mot s'eft formé de celui de Viennois
qui étoit le nom ajicien de cette Province , Provincia
Viennenfîs. Quand on demandoit, dit - il j à un
homme de cette Province d'où il étoit , il répondoit
Du Kiene,&i.\Q Prince de ce pays s'appeloit le Prince
Do Viene , & l'v fe changeant en 7^, à l'ordinaire ,
le Prince Dofiene , & les deux e étant retranchés, le
Pïince Dauphin , ou plutôt i e , ne fe prononçant
que comme un/longj ainfi que font encore les Alle-
mans , & puis fe changeant en un feul i, parce que
l'e étoit inutile ; enfuite le dernière étant féminin &
muet , & ne fe prononçant point, on l'aaufti retran-
ché. Ainfi s'eft fait Dofiene , Dofien , Xyo\\\\ , Dau-
phin. L'opinion où l'on a été que ce nom venoit de
Delphinus, a faitmettreun au èc unph. Chorier pré-
tend que ce n'eft là qu'une ingénieufe anagramme iJc
une fubtilité ridicule. D'autres difent que Gui le
Gras eut une fille qu'il aima beaucoup ; qu'elle s'ap-
peloit Dauphiné , &: que pour immortalifer fon
nom il le donna à fon pays. L'opinion de quelques
autres eft que le dernier Comte d'Albon , de qui les
'oiens entrèrent , comme ils difent , dans la maifon
des Comtes de Gréfivaudan , par le mariage de fa
fille unique avec le premier Gui j s'appeloit Dau-
phin, L'aîné de fon gendre étant obligé de prendre
fon nom , comme lui , fut appelé Dauphin , &c porta
D AU
un Dauphin dans fes armes. Andié du Chefne veat
que ce loit le petit-fils de Guile-Gras qui ait eu le
premier le nom de Dauphim'A ne croit pas néanmoins
que ce fort pour la raifon qu'on vient de dire , mais
parce qu'il lui fut impolé au baptême j & joint
à celui de Gui , qu'il porta auifi. Chorier ne trouve
rien de folide dans toutes ces opinions. Il remarque
donc que Guillaume , Chanoine de Notre-Dame de
Grenoble, qui a compofé la vie de Marguerite fille
d'Etienne, Comte de Bourgogne, mariée à Gui,
fils de Gui-le-Gras , nomme limplement celui-ci ,
Gui-le-Vieux ; dczouiomsComze Dauphin, celui-là j
que nul Auteur , nul monument n'attribue le titre
de Dauphin à Gui-le-Gras ni à aucun de fes Prédé-
ceileurs ; de forte qu'il faut nécelfairement qu'il ait
commencé à fon fils , dont lesiuccefteurs fe le font li
conftamment attribué , qu'il eft devenu le nom pro-
pre de leur famille. Il mourut l'an 1 142 en la Heur
de fa jeunelfe ; fi bien que c'eft environ l'an 1 1 20 que
ce ritre a commencé, & fans doute, dit-il, dans
quelque occafion célèbre. Il remarque en lecond
lieu que ce Prince étoit très-belliqueuîc , n'aimant
que la guêtre. Il remarque en troifième lieu que
c'étoit la coutume des Chevaliers de charger leurs
cafques j leurs cotes d'armes j & la houire de leurs
chevaur , de quelque figure qui leur étoit particu-
lière, & par laquelle on les diftinguoit des autres qui
entroient comme eux dans un combat j ou dans un
tournoi. De tout cela il conjeélurequece Gui choifit
le Dauphin, qu'il en fit le timbre de fon cafque ,
qu'il en chargea fa cote d'armes & la houlFe de fon
cheval en quelque tournoi célèbre , ou en quelque
grand combat où il fe diftingua ; qu'il y fut appelé
le Comte du Z?d;/'^/^//2, 5c puis le comte Dauphin , &
il ne doute nullement que ce ne foit de-là que ce
nom eft venu à lui & à fes defcendans.
M. le Préfident de Valbonnet parle plus jufte fur
cela. Guigues - le-Gr.as, fils deGuigues-Ie-Vieux ,
époufa Mathilde j que l'on a cru fortie d'une Maifoa
Royale , parce qu'elle a le nom de Résina dans plu-
fieurs titres. Ils eurent un fils nommé Guigues, qui
eft appelé Delphinus dans un aéte palTé entre lui Sc
Hugues II J Evcque de Grenoble , vers 1 140. Guigo
Cornes , qui vocacur Delphinus. C'eft ce qui a fait dire
à quelques Hiftoriens , qu'il n'étoit pas néceftaire
pour découvrir l'origine du nom de Dauphin & de
Dauphiné , d'avoir recours à des voyages d'outre-
mer , où les Comtes de Gréfivaudan aient pris pour
armes ou marques de diftinârion fur leurs écus un
Dauphin, &c s'en foient fait enfuite un nom de di-
gnité. En effet , cette conjeéture n'eft appuyée d'au-
cune preuve. Il n'eft pas vrai d'ailleurs que la pre-
mière Se la féconde race de ces Princes aient eu pour
armes un Dauphin,pin[qud peine en peut-on trouver
aucun avant Humbert 1 qui l'ait mis dans fon écu.
Il eft plus vraifemblable que le furnom de Dauphin ,
que ce Guigues porta le premier , plut alFez à fes
fuccefteurs pour l'ajouter à leur nom, & pour s'en
faire un titre , qui s'eft confervé enfuite parmi fes
defcendans. Rien n'étoit plus commun en ces rems-
là que de voir les noms propres devenir des noms
de famille, ou de dignité. Les Ademars, les Ar-
thauds J les Aynajds , les Allemans , les Bérengers ,
& une infinité d'autres , ne doivent leurs noms qu'à
quelqu'un de leurs ancêtres, qui a tranfmis dans fa
famille un nom qui lui croit particulier. Valbon-
net ,p. 2 (S- 3.
Les Seigneurs d'Auvergne ont auflî porté le nom
de Dauphin, 8c l'on dit Dauphin d'Auvergne , com-
me Dauphin ds Viennois. Mais les Dauphins d'Au-
vergne n'ont eu ce nom qu'après les Dauphins de
Viennois , & l'ont même reçu d'eux ; voici com-
ment. Gui VIII^ , Dauphin de Viennois eut de Mar-
guerite , fille d'Etienne , Comte de Bourgogne , un
fils & deux filles ; le fils fut GuilX*^ , fon fucceftèur.
Béatrix , l'une de fes filles , fur mariée au Comte
d'Auvergne , qui fut , au r.ipport de Blondel j Guil-
laume V, ou plutôt, comme le croient Chriftophe
Juliel & Chorier , Robert VI , père • de Guillaume
DAU
V. Ce prince perdit la plus grande partie du Comté
d'Auvergne , que fon oncle Guillaume lui enleva
à la faveur des armes de Louis le jeune ; & ne refta
îsnaîcre que d'une petite partie , dont Vodable efl
la capitale. Il eut de Béatrix la temme un fils qu'il
nomma Dauphin , à caule du Dauphin Gui , ou
Guignes , fon aïeul maternel. Depuis lui , fes fuc-
ceffeurs cjui polïédèrent cette petite partie de l'Au-
vergne , fe font qualifiés Dauphins d'Auvergne , &
ont porté un Dauphin dans leurs armes , lemblable à
celui des Comtesde Forez. Robert & Bcatrix vivoient
vers la fin du XIII' fi^^cle ; ain(i l'époque du titre de
Dauphin d'Auvergne n'elt que du commencement
du XIII' fiècle ou environ. Voyei^ Chorier , Hijl. de
Dauphins^ L. XI, T. I , p. 778 & 799 , & T. II ,
pag. 104.
Dauphin. Titre qu'on donne à l'aîné des enfans de
France, à l'héritier préfomptif di la Couronne , à
caufe du Dauphiné j qui fut donné à cette condition
par Humbert , Dauphin de v^iennois , en 1345, fous
le règne de Philippe de Valois. Ddphinus , Frinceps
Gallidt Regii filius nacu major. M. le Dauphin dtxns
fes Lettres-Patentes fe qualifie, Par la gracede Dieu,
Fils aîné de France , Dauphin de Viennois. 11 ne
cède qu'aux Têtes couronnées.
Pour votre coup d'cjfai , Dauphin , quelle matière !
tt que cette carrière ,
Fous promet de lauriers ! Mil' de Scudery.
Il parut en 1 68 5 à Paris une Hiftoire généalogique
& chronologique des Dauphins de Viennois. Sous
Charles VII , quoique le Dauphin eût le Dauphiné
comme fon appanage , en qualité de fils aîné du Roi
de France , le Roi néanmoins , coinme on le voit par
une de fes médailles , portoit lui-même le titre de
Dauphin , & écarteloit les armes du Dauphiné avec
celles de France- P. Daniel.
On appelle figurément chez les Bourgeois un
Dauphin , le fils unique de la maifon, ou celui de la
perfoane duquel on a grand foin.
En termes de Blafon j on fait différence entre le
Dauphin vif, f'ivus &c le Dauphin pâmé, Expi-
rans. Les armes du Dauphin de Viennois font d'or
au (/dw/'Ai/z vit- d'azur \ &c celles du Dauphin d'Au-
vergne font d'or au dauphin plmé d'azur. Il y a cette
différence que le dauphin vit a la gueule clole j & le
pâmé a la gueule bée ou béante , comme évanoui
ou expirant. Le vif a un œil , des dents & les bar-
bes , crêtes & oreilles d'émail différent. Le pâmé e!t
d'un feul émail. On dit que les dauphins font cour-
bés , quand ils ont la tête &c la queue tournées vers
la pointe de l'Ecu.
Dauphin ( le Fort ) , -^rx à Delphino dicia. Ce Fort
fut bâti par les François l'an 1643 fur la côte méri-
dionale de l'Ifle de Madagafcar.
Dauphin. Terme de Fleuiilte. Nom d'un œillet. C'eft
un très-beau pourpre lur un fin blanc. Il elt fort
large , & bien garni de feuilles , rond & bien tran-
ché , fes fanes larges & fortes. Ses marcottes ne
fitennentpas bien racine, & pouffent à dur avant
e tems. Ses panaches font de pièces emportées.
MoRIN.
Dauphin Triomphant. Autre terme de Fleurifte.
C'efl: un œillet fo- 1 beau. On dit que le blanc en ell
très beau , & fon violet admirable , très-bien rran-
ché &de gros paniches. On vend fa marcotte à Lille
onze flotins. Morin.
Dauphin, f. & adi. En termes de Librairie : on ap-
pelle Critiques Dauphins ou fcholialles Dauphins ,
les Commentaires fur les anciens Auteurs Latins ,
qui furent entrepris par l'ordre du Roi Louis XIV
pour l'ufage de Monfeigneur j par le confeil de M.
le Duc de Montauzier , fon Gouverneur, & fous la
direétionde M" Bo fuet &:Huet fes Précepteurs. Les
critiques Dauphins font d'une grande utilité pour
ceux' qui commencent à entrer dans la carrière des '
■ Belles-Lettres. On nomme quelquefois abfolumenc 1
DAU
ii;
ces Ouvrages , les Dauphins , Si alors il e(t fubltan-
tif J'ai tous les XJauphins dans mon cabinet. Il ne
me manque cju'un des Dauphins. La dépenfc des
Dauphins coûta quatre cens mille livres au Roi.^
Dauphin. Terme d Artificier. On appelle ainfi vulgai-
rement cet artifice d'eau que les gens de l'art ap-
pellent Genouillieie, parce qu'on le voit entrer &
fortir de l'eau j à-peu-près comme ces poUfons de
mer qu'on appelle Dauphins , ou plus généralement
Marjbuins.
Dauphin. Terme d'artillerie , nom qui fe donne à une
des parties d'un canon.
Dauphin eff encore le nom d'un rocher fitué à l'en-
trée de Catwater , fur la côte méridionale d'Angle-
terre.
Dauphins des Anciens. C'étoit une malTè de fer fondu
fuf'pendue au haut des antennes des vailfeaux , on
la laiiloit tomber fur les vailîeaux ennemis , qu'ells
perçoit depuis le pont jufqu'au fond de cale. Cette
machine appelée Dauphin , parce qu'elle en avoir
la figure, étoit en uiage chez les Grecs. Dans le
fameux combat donné dans l'un des ports de Syra-
cufe , les Athéniens ayant été battus , les Syracufains
les pourluivirentjufques vers la terre , & furent em-
pêchés de palfer outre , dit Thucydide , par les an-
tennes des navires qu'on abaifla fur le paffage , ou
pendoient des Dauphins de plomb j capables de les
fubmerger, & deux galères qui s'emportèrent au-
delà fuient brifées.
DAUPHINE. f f. Ddphina. Ce mot a trois fcns ■■, car
1°. Il fignifie la femme d'un des anciens Daupliins.
Ifabeau de France , fiUe de Philippe-le-Long , Roi
de France , Dauphiné &c femme de Gui XIl'^ , n'en
eut point d'enfans. 2°. Dauphinc fignihe héritière
du Dauphiné , Dame du Dauphiné. Béatrix j Dau-
phiné de Viennois , fœur de Gui XI' , mort fans en-
fans , porta le Dauphiné à Hugues III' , qu'elle
époufa en 11 94. Anne Dauphinc, fille unique de
Gui XII' , époufa Humbert I , Seigneur de la Tour-
du-Pin , & lui porta lés Etats. ^". Aujourd'hui la
Dauphiné , Madame la Dauphiné , efl la femme du
Dauphin, fils aîné du Roi de France, ou du fils
aîné , ou du petit-fils aîné d'un Dauphin , ou en un
mot de l'héritier préfomptif de la Couronne.
Dauphiné ( l'Ile ). /•''o_yeç Madagascar.
DAUPHINE. f. f. Etoffe. Les laines dont cette étoffe
eft compofée , font teintes & mélangées avant que
d'être cardées \ mais on carde ce mélange de cou-
leurs teintes. On file le même mélange j & enfuite
on le travaille fur le métier , 6c c'elt ce qui fut la
jafpure des étoffes appelées Dauphines. C'eff une
efpèce de petit droguet très-léger tout de laine , qui
fe trouve par la préparation précédente impercepti-
blement jafpé de diverfes couleuis. Le non^ de
Dauphiné vient d'un Ouvrier Dauphinois qui a in-
venté cette étoffe à Reims.
Dauphiné. C'eft le nom d'une forte de poire qui s'ap-
pelle autrement Lanfac. f^oye^ Lansac.
DAUPHINÉ. Province de France , &c l'un des douze
Gouverneinens généraux du Royaume. De/phinatus ,
De/finatus , félon Valois. Le Rhône borne le Dau-
phiné au couchant , & le fépare d'une partie du
Lyonnois & des Cévennes , ou du Vivarais qui en
fait partie. La Provence le confine au midi , le Pié-
mont & une pattie de la Savoie au levant ; il a en-
core au nord la Savoie avec la Breffe. On divife
cette Province en Haut Se en Bas-Dauphine'. Le Bas-
Dauphiné' s'étend le long du Rhône j & renferme le
Viennois & le territoire de Valence. Le Haut-Dau-
phiné a beaucoup plus d'étendue , & renferme le
Bailliage de Buis, dit autrement les Baronnies, le
Diois , le Gréfivaudan qui eft le teriiroire de Gre-
noble, le Briançonnois , l'Embrunois, le Gapençois
& le Roannez. Ces pays font appelés le Haut-Dau-
phine' , parce qu'ils font tous dans les Alpes. Les
vallées y font très-fertiles , & les montagnes four-
niffent d'excellens pâturages pour les befliaux. Les
rivières qui arrofent le Dauphiné Çont le Rhône &:
l'Iferej toutes deux très-rapides. Il v a dans le Dau-
Pij
î i6
D AU
phinî tîeux Archevêchés , Vienne & Embrun , &
cinq Evtichés , qui font Gap, Valence , S. Paul trois-
Châceaux , Die Hc Grenoble la Capitale , où elt auiii
la Généralité de toute la Province j ik le Parlement.
1.QS autres villes de Dauphins font Montelimar , le
CrelT: , Romans , Saint-Marcellin , Briançon & le
Bais. Les bourgs & les villages y font très-fréquens ,
même dans les plus hautes montagnes.
Lq Dauphins eft l'ancien pays des Allobroges,
des Viennois _, des Caturiges , des Ebroduniens , ou
Enibrunois j des Ségalauniens j des Valencinois ,
des Vocontiens, des Diois, des Gratianopohtains ,
des Tricaftins , des Vapincennois , & des Brauno-
viens. Cette Province a eu enfuite fes seigneurs par-
ticuliets , d'abord fous le titre de Comtes , dont le
premier fut Gui ^ ou Guignes, qui vivoit vers l'an
iiSc) , (Se qui lail^^ ce nom de Gui à tous les (uccef-
feurs , qui portèrent le titre de Comtes d'Albon&
de Grenoble. Dans la fuite Berthold de Zeringhin
ayant cédé (qs droits fur la ville de Vienne à Gui
VII, ils prirent le nom de Comtes de Vienne. Quant
au nom de Dauphin , on n'en fait pas l'origine , ni
le tems qu'ils le prirent. Les uns le tirent du Dau-
phin que Bûfon fit peindre dans fon écu , pour mar-
quer la douceur de fon gouvernement. D'autres veu-
lent qu'il aie été pris du Château-Dauphin , bourg
que ces Princes firent bâtir dans le Briançonnois.
D'autres l'attribuent à Gui VII , dit le Vieux, qui
pour flrite honneur à Albon , Comte de Vienne ,
furnommé Dauphin , dont il avoit époufé la fille ,
voulut que les terres fuffent appelées Dauphiné. Le
Dauphim palFa en 1 194 de cette famille dans celle
de Bourgogne par le mariage de Béatrix Dauphiné ,
fœur de Gui X , mort fans enfans , avec Hugues III ,
Duc de Bourgogne , & enfuite dans celle de la
Tour-du-Pin par le mariage d'Anne Dauphiné , ar-
rièrepetite-fillede Béatrix &deHugues , quiépoufa
Humbert I , Seigneur de la Tour-du- Pin. Gui XIP ,
leur petit-fils , n'ayant point lailfé d'enfan» , eut pour
fucceifeur Humbert II , qui ayant perdu fon fils aîné
à la bataille de Crcci, 6c ayant vu mourir en 1338
le fécond, qu'il lailfa tomber d'une fenêtre du palais
de Grenoble en badinant avec lui , fe retira dans le
Couvent des Jacobins à Paris , & donna fes Etats
à Philippe de Valois , à la charge que les fils aînés
des Rois de France porteroient !e nom de Dauphin ,
& qu'ils écarteleroient de France & de Dauphiné ,
comme ils le font. L'aôte de donation fut paiïe à
Romans le 30 Mars 1349. Nicolas Chorier , Avocat
au Parlement de Dauphiné , a écrit l'Hiltoire du
Dauphiné Qn deux volumes ^«-/o/. imprimés , le pre-
mier à Grenoble en \G6\ , & le fécond à Lyon en
1671^ & M. le Prélldent de Valbonner a donné
d'excellens Mémoires pour fervir à l'Hiftoire du
Dauphiné. Ils furent imprimés à Paris en 1711,
in-fol. ^
Dauphiné d'Auvergne. Petite contrée de la Baiïe-
Auvergne. Delphinatus Arvani&. Elle ellprès de la
rivière d'AUier & de la ville d'IlFoire. Le bourg de
Vodable en eft le lieu principal. Chorier j Maty,
Corn.
DAUPHINOIS , OISE. f. m. & f. Ddphinas. La pof-
rérité des Gaulois , qui avoient fuivi Ségovêfe en
Allemagne , ravagea la Macédoine , défola la Grèce ,
prit & faccagea la ville 5c le temple de Delphes \ il
y avoit dans cette expédition des Allobroges , qui
de-là revinrent en leur pays ^ &, fi l'on en veut
croire quelques Auteurs , qui ne font fondés que fur
la relTemblancedes noms, ils en rapportèrent le nom
de Delphinates, ou Dauphinois. Voyc\QX\oi\zi\
Hift. de Dauphiné , L. III. §. 3 , p. 1 27.
DAURADE. Voye^ DORAEiE.
D'AUTANT, adv. beaucoup : il eft en ufage en cette
phrafe, du ftyie familier , Boire à'aucam , pour dire
beaucoup , plurimhm , immoderatè. Il fe dit auflî
d'une fomme fixe & certaine. Quand vous me don-
nerez cette fomme fur ce que vous me devez , vous
ferez quitte Sautant. Hâc fummâ , hâc debiti pane
Uiierabcris.
D AU
D'awtant plus, d'autant mieux. Adv. de comparai-
Ion. i:ù melius , eu ma gis ,tanto magis , taiico meiïus.
La vertu eft d' autant pins à eftimer , qu'elle donne la
tranquillité de l'ame en ce monde , outre la récom-
peaie qu'elle reçoit en l'autre. Je vous aime d'au-
tant mieux , que je vois que vous vivez en honnête
homme. On pèche d'autant plus , qu'on penfe moins
à Dieu. Pasc. Ce fentiment dans le fens des Janfé-
niftes eft faux & condamné. L'injuftice de cet ingrat
accufateur devroit être d'autant plus grande, qu'il
ne peut avoir aucune connoilfance de la misère de
ceux qui font dans le péché. Port. R.
D'autant que. conjoncl:ion. Parce que. Et d'autant
^ueceù. mon pupille j il flrut que je veille à fes in-
térêts. Il ne le dit guère qu'en ftyle de Pratique &
de Chancellerie.
D A X.
DAX. Ville de France , dans la Gafcogne. j4^ii£ Ju~
guj'id. J Aqu£ 1 arbellicd. j Tajla , Datii , Dafcii. On
l'appelle , ou l'on écrit auili Acqs , Dacqs , &
d'Àcqs. Un mauvais ufage a confondu l'article avec
le nom. Dax eft dans le pays d'Aunbat , qui fait
partie de la Gafcogne particulière. Corn. Dax eft
Capitale de la contrée des Landes. Il eft fitué fur
l'Adour , que l'on y paiïe fur un beau pont de pierre.
Maty. Il y a à Dax une Sénéchaulfée & un Êvêclié
fuftragant d'Auch. Il y a à Dax une fontaine d'eaux
très-chaudes , & qui fentent le fouffre. Du Chefne
dit qu'elles font filées. C'eft de-là que lui viennent
fes deux premiers noms Latins , & à la Province le
nom à'Aquitania qui lui fut donné par les anciens
Romains avant Jules -Cefar. Eaux Thermales de
Dax. Aquéi TarbcHicA. Voye\ le Diû. de James ,
article Jhcnnx, ^ au fujet de la fontaine minérale de
cette ville , qu'on appelle communément la Fontaine
chaude , oa la Fontaine du bain. Dax a eu des Sei-
gneurs particuliers qui ptenoient la qualité de Vi-
comtes d'Acqs. Dax & Bayonne font les deux pre-
miers lieux où les Gafcons deicendus des Pyrénées
s'établirent. Du Chefne , Antiq. des Filles de Fr. P.
II. C. 19. Le même Auteur dit que Dax a été nom-
mé la ville des Nobles , parce qu'avant la réduction
de la Guyenne , il étoit gouverné par douze Sei-
gneurs & Gentilshommes du pays j lefquels y
avoient tous chacun une tour enrichie des qualités de
leur famille. Charles VII l'unit à la Couronne en
Septembre »451.
D A Y.
DAY. f. m. Foyer Dey.
DAFAR. Ville de l'Arabie Heareufe , dans le Royaume
d'Yémen. Long. 70. lat. 15.
DÉ.
fCF DÉ, f. m. Petit cube d'os on d'ivoire, marqué
d'un différent nombre de points fur fes fîx faces,
depuis un jufqu'à fix. Se qui fert à jouer. Talus j
teJJ'era. Jouer aux dez , perdre fon argent aux dez.
Ludere talis.
Les Grecs inventèrent les échecs & les de^ pour fe
défennuyer au fiége de Troye. Le Gendre. Cette
queftion eft fi problématique , que je la voudroi»
décider à trois de:(. C'eft ce cjue les Anciens ont en-
tendu par ce mot aléa judiciorum , ou le ha:fard des
jugemens. On trouve proche de Bade une infinité de
pierres qu'on prendroit pour des de^. On ne conçoit
pas quelle caufe peut avoir marqué fur des pierres
les mêmes chiffres avec tant de régularité. Foyei^^
BADE.
Ce mot vient de dati, qu'on a dit par corruptioi»
àe dadi , à dando y qui fe trouve dans les Auteurs.
Ménage. Acrifius le dérive à digitis , parce qu'on
le joue avec les doigts : d'où vient qu'on a dit aulîî
digitale y pour dire un dé à coudre. D'autres difent
que c'eft un vieux mot Gaulois , parce qu'en Bas-
Breton on appelle encore dis , un cube , un t/q à
D E
jouer. Du Canine croit qu'il vient t^u vieux G.nilois
jus de De , oii de judiaum Dsi, celt-à-diie , Is ju-
gsinenc da fore, du hafard, de la providence ; car
on difoit autrefois , 7H'''«/7z pom judkium, & les
Poïc;s on: dit De pour Dlc-.i^ ce depuis Des , ou
Dies , d'où l'on .1 fait Ddus & Dec'ius , qui e!\ un
nom qu'on a donne au de.
DÉ , fe dir particutic'-ement de plufieurs jeux où l'on
mec fon argent au hafp.rd du lorc des de-^ : comme ,
jouer à trois de-^ , à la rafle , à la chmce , à quinque-
nove , &e. Ludere tciferis j-aU^Jc permittere.
On appelle de^ pipes , ou charges , des de^ où l'on
a mis du plomb , ou du vif-argent en un des côtés ,
Four les faire arrêter fur un ponit plutôt que far
autre. Dans les Académies de jeu on les appelle des
boutons. Tejfers <idii'iterin&,
\]\\ dé en /'air a.\i jeu de Trictrac efl: un a'/ qui
n'eft pas droit fur fon cube. On die aulfi qu'il eft
à cheval. Dé l'un fur l'autre n'efl: pas bon. De
drelfé l'un contre l'autre n'eft pas bon non plus , ni
celui qui eft fauté hors du tricl:fac , ou qui etl refté
fur le bord.
ft? Avoir le de , Jouer le premier , flatter le de ,
le poudèi doucement. Rompre le (/<;', arrêter les de:^
avant qu'on ait vu les points qu'ils portent , afin de
rendre le coup nul.
On dit figurément tenir le dé , pour dire , fe ren
dre maître d'une converfation . & y vouloir parler
toujours. Dominari in circulis.
Oui Madame a jafer tient le dé tout le jour. Mol.
Rompre le dé, interrompre quelqu'un , prendre
. la parole lur lui , & le contredire. interpeUcrc ali-
quon. Quitter le c^t;', pour dire , Quitter la partie , ou
donner gagné .à celui qui difpute quelque chofe. Vic-
tumjéjaîeri. Flatter le dé , pour dire , Ne pas parler
franci>ement & librement de quelque chofe. Ambiguë
loqui. On le dit auili pour adoucir quelque chofe de
fâcheux par des termes qui en cachent une partie ,
ou qui font le mal moins grand. On dit auOi , Le
de en efc jeté , pour dire , la réfolution en eft prife 5
il en laut tenter le hafard : ce qui répond au pro-
verbe Latin , Jacla eft aléa. On dit : Je jeterois cela
à trois c^s^. Je jouerois cela à trois o'ej , pour mar-
?^u^r l'indtftérence où l'on eft du choix qu'on peut
aire entre deux ou plufieurs chofes. Ac. Fr.
Coup et Dez. Terme de Triélrac. Voye^ Coup.
De , en termes d'Architediure , eft un cube de pierre
qu'on met fous les pieds d'une ftatue , & fur fon pié-
deftal , pour l'élever & la faire paroître davantage.
On le dit auHi de la partie d'un piédeftal qui eft
entre fa baie &: fa corniche qu'on appelle le vifàvx
piédeftal , & des petits cubes de pierre dans lefquels
on fcelle les barreaux montans des berceaux , & des
cabinets de treillage , & les poteaux des angars.
Dé , iignifie aufti un morceau de cuivre , d'argent ou
d'ivoire , avec plufieurs petites hachures j ou petits
creux, que ceux qui travaillent en linge ou en cou-
ture mettent auboutdes doigts pour arrêter le eu de
leur aiguille ^ & leur aider .à la poufter fans qu'ellj
entre dans la chair. Digitale.
Ç3" Dé à emboutir. Morceau de cuivre à fix faces,
fur chacune defquelles font pratiques des trous de
forme & de grandeur différentes , dans lefquels s'em-
boutilfent les fonds des chatons , en frappant deffus
avec des morceaux de fer appelés bouteroles. Encyc.
DÉ DE FER. C'eft un morceau de fer carré dont on em-
plit les cartouches. Cubusferreus.
DE. Article du génitif , qui fert quelquefois de pré-
pofition , & fouvent d'adverbe. Quoi qu'en dif;nt
les Gr.ammairiens , de n'eft point article , mais fim-
ple prépofition ^ comme à , fi ce n'eft peut - être
quand il eft mis devant un nominatif. Voye-:^ ce que
nous avons dit fur les particules A & AU. Le tils
de Pierre , de Jacques. Oii dit aufti : Il eft ne de bon
lieu, de bon père & de bonne mère. Je tiens cela de
lui. Il eft allé de Paris .à Lyon. De cent ans en cent
ans cette comète reparoît. Cela eft diftant de cent
DE 117
lieues. Vous ne me verrez de trois mois. Apres les
noms de nombre , il fiut mettre de : Il y en a eu
cent de tués. Cette étofte a une aune de large. Cette
allée a cent toifes ^e long. On navige de ]onv ^ de
nui:. Il eft mort de pleuréfie. Cela eft de bon or, de
bonne étoffe. De bond & de volée. De gré à gré.
De pied ferme. Zî'aventure. De par le Roi. D'on
venez-vous ? Toutes les fois que cette particule dé
eft un article ou un adverbe, elle ne fe rend poinÉ
en latin par aucune autre particule ; mais le nom
auquel elle eft jointe fe conftruit dans les cas difl'érens
que demande la Grammaire Latine. Qu.and de èft
une prépofition ^ elle fe rend par de , ex , è ,à , ab ^
& quelquefois même on la fupprim.e enrièrement.-
Conlultez la Grammaire.
Cet article de veut toujours être lini immédiate-
ment à fon nom j fans qu'il y ait rien d'étranger qui
les fépare. On blâme cette conftruétion : J'ai fuivi
l'avis de prefque tous les Jurifconfultes ; il falloiÉ
cjue de fût attaché à fon nom tous. Remarquez en-
core qu'au nominatif & à l'accufatif ^e fe met devant
l'ajedif pluriel au nominatif , au datif & à l'accufa-
tit. Ce font de vaillans foldats. Ils firent des funé-
railles à leurs morts comme à de vaillans hommes.
Ablanc- Dieu réferve de précieufes couronnes pour
honorer la vertu de les ferviteurs. Maucroix. Àlais
au génitif &: à l'ablatif^ il faut toujours mettre des
devant l'adjetllf. Vaug. La conftance & la fermeté
des grands hommes n'eft pas tout ce que l'on s'ima-
gine. Je me fuis arraché des cruelles mains de ceS
barbares. Il en doit être de même des fubftantifsi
La conftance des Martyrs a quelque chofe d'admi-
rable. Il s'eft arraché des mains de fes ennemis.
De , fe joint aux adverbes en cette manière , de près ^
de peu , de beaucoup. Avec cette licence d'imagina-
tion il n'eft pas difficile d'être abondant ; mais le
jugement & le goût refierrent de beaucoup ceà
richeftes. De la ÀIotte.
De , fe joint quelquefois à l'article défini , & avec
cet article de marque le nominatif èc l'accufatiE.
Faut- il que de la canaille vous falfe la loi ? De la
réfolution fufîit. Il lui manque i/e /'argent. Emprun-
ter de /argent. Avoit de /'honneur. Abcé Regn<
Quelquefois le même de fans article fe met avec les
nominatifs & les accufatifs. Donner de bon argent.,
De grands Philofophes tiennent. Id. De fe met aufli
avec le génitif , & en eft la marque , aufti bien que
de l'ablatif. Un grain ,fe blé. Avoir befoin d"argenr.
Agir de tête. Id. Ces remarques ne fonr vraies qu'au-
tant qu'on fuit les notions établies par les Grammai-
riens Grecs & Latins , & qu'on les applique à la
langue Françoife \ &c quand on dit que de fe mec
avec l'ablatif, il eft alors prépofition, i^: répond aux
prépofitions Latines à ^ ex , è , de , & eft formé de
la dernière.
De , fuivi d'un infinitif j fe met pour que avec un fub-
jondif j par exemple , il m'a dit dejaire , pour , il
m'a dit que jcfijfe. Le P. Bouhours appelle cette fa-
çon da parler un gafconifme, qui eft en ufage
dans la converfation^ mais il dit qu'il ne voudroic
pas l'employer en écrivanr.
De , étant après les titres de Monfeigneur &: Mon-»
fieur j comme Monfieur de Chaftillon , de Luxem-
bourg \ 5cc. fe retranche lorfqu'on retranche le titrfl
de MonfeigneiK j ou de Monfieur ^ par exemple,
Chaftillon , Luxembourg, &c. La Ferté-Séneterre ,
accompagné de Ruvigni & de Piennes fes Maré-
chaux de Camp , étoit parti de Béthune avec toutes
fes troupes. Sarasin. L'univetfilité jointe à l'émi-
nencedes vertus guerrières étoit le caradère de l'in-
vincible Condé. P. BouRD. Ce fut alors pour la pre-
mière fois que l'on vit Luxembourg reculer les ar-
mes à la main devant le Prince d'Ornnge ; mais k
la honte du Prince même. P. de la Rue. On con-
ferve néanmoins ce de devant les noms qui ne fonÊ
que d'une fyllabe , comme de Thou , ou qui font de
deux avec un e muet à la fin ^ comme de Vardes , de
Rades ■, ou qui commencent par une voyelle ,comma
d'Etouteville , (/'Ufez ; on difoit Stoup Se Lée , ècc.
iiS
DE D E A
DE A D E B
DEARTUER. v. a. Vieux nioc. D vifer , anatcnufcr.
il vient du latin artus , qui veut duc , u-ciiibic- ,
comme qui auoit , déiiituibrer.
JLAUlE. 1. h Vieux mot. Remède , ou récoiriptnfe.
Si tu te tiens en lo alté j
Je te donrai tel déauté ,
i^ue de tes pieu:, te gucrira.
DE AUX. Vieux mot dont on s'eftfervi pour dire Dieu.
Un a dit aulli iJex & L>iex.
fans l'article ae ^ loit avec le titie de Mon(îeur,foit
fans ce ture.
De , fe met encore après le mot de rivière devant L ,
noms propres de iivière qui lont du genre ri;nunin ,
la uviere ^'£ Seine, de Loue, t/t5omnie, ae Ga-
ronne , (Sic. bt api es le mot de montagne devant le
nom propre des montagnes. ^ ontagne de Tarare
Voye-^ la Grammaire du i^. Bufîier.
Cetieprcpoli. ion, en termes deAlarine, marque le
temps ou l'état de la mer. Quum , duin. cette baie
alTeche de balfe mer , les chaloupes n'y peuven
entrer que de h nue mer j de pleine mer. DtNrs. /'.
/. C j.c'eR-à-dire, lorlque J.a mer eft balfe, lorique D E B.
la mer eft haute.
De , prcpolition , ngnifie fouvent la m.inière , les DÉBÂCLAGE f. m. terme de rivière &: de marine.
accidens , les circonltances d'une aôlion. Un d'eux \ Adtion de débâcler , travail , peine uc ceux qui
joua toujours de h grand malheur , qu'il perdit tout \ debâclcnt. SubauciLO i.avïum j Jub.MiCuùuiLm ,.u\ium
fon argent. BouH. XrtT'. i. /y/. Il fe préfenta ^ un air | lator. Les dcbâcleurs ne doivent rien pitiidrc des
fi grand, h vif, li touchant, qu'on ne put s'empêcher j Marchands pour le dcbucLagc. Uruon. de luf auj C.4.
de l'admirer en même temps & de le plaindre. lUDEBA-^Lh. 1. f. terme de rivière & de marine.
AcAion par laquelle on GébarialFe les ports , & on en
retire les vailleaux vides , pour app. i cher au nv,i ge
ceux qui font chargés. Su^>uuùùj v^cu. ru.i, ;.. v^um ad
one! arias extiy e.idas. Il y a un jour piécis ou or-
donné pour taire la dcbacie.
accorde les grâces , il refufe même d'une manière fi
pleine de bonté , qu'on ne peut lui vouloir de mal.
Deceq'je, conjjiiit.jn caulanve dont fe fert ordi-
nairement M. Defcartes. Ex eo quoi , i-x. De ce que
nous VOYOUS un tel effet , il s'enfuir , &c. Il me liait
davantage de ce qiixX m'avoit témoigné de la haine J Débâcle , fe dit aulli par cxtenfion,de la rupture
inatil.ment. Bussi Rab. des glaces qui fe f-ait tout à coup, & qui lont tni-
De , entre aulîi dans la compolirion de plufieurs moB , | portées par le courant de la riv^èie. CorKetjium gia-
tant noms , que verbes , adverbes dont il change la ! ciejiumtnum repedùna jolutio. La dihàcle fait louvent
lignification , comme on verra à leur ordre. Il em- un grand dcfordre. La débâcle d'une telle année a
porte d'ordinure la deftruétion , ou le contraire de' emporté plulieurs ponts & moulins.
ce que fignihe le verbe , ou le mot hmple , comme ' D E B A C L £ M E N T. f m. moment de la débâcle
demeuhler j dénouer ^ Sec. Quelquefois il donne plus 'i des glaces , tk adion de débâcler des vailfeaux , des
d'étendue, ou plus de force à la lignification du mot, 1 bateaux.
coriime démontrer j, dévorer, &c. | DEBÀCLER. v. a. Débarralfer les ports. Porr^j/ô/vcrc
De MOI, eft une tranlirion , dont Malherbe , & autres ? vacuis navîbus.
Poct s plus anciens fe font fervis. On dit maintenant , Debacler , v. n. fe dit abfolument des rivières donc
pour moi. Equidem j ego verb j ad me verb quod atd- jj les glaces viennent à ie rompre tout-à-coup. 6olvi.
net. Cette nuit la rivière a débâcle j & a caulé bien du
délordre.
Debacler, fignifie aufli , Oter les barres des
portes &: fenêtres des maifons qui croient fermées,
& les ouvrir. Lxeferarejenejlrasùojtia aUcu}usdomàs.
On a debàclé cette maifon pour l'aérer , il y avoit
long - temps qu'elle étoit fermée 8c bâclée. Dans ce
fens il eft du rtyle familier.
DEBACLER, fe dit aulli dans un fens neutre de
plufieurs perfonnes ou marchands qui déménagent ,
qui ôtent leurs meubles & leurs marchandiles en
même temps. Ahjcedere j excedere. Le terme de la
Foire eft expiré aujourd'hui , tous les Marchands dé-
bâcient. La crainte des eaux fait qu6 tout le monde
débâcle fur le Pont-au-Change.
DEBÂCLEUR. f m. Officier de ville qui commanda
fur le porr quand il faut débâcler , pour faire fortir
les vailfeaux vides qui font fur le rivage , &: en faire
approcher les autres qui en font plus éloignés. PrdL-
feaus fkhduclioni yacuarum navium. Les Ordonnances
de la Ville, C. 4. portent les réglemens fur la ch.irge
des Dehâcleurs j &. entte autres , qu'ils ne doivent
rien prendre des Marchands pour le débâclage.
DEBADINER. v. n. Terme de jeu d'Impériale. C'eft
démarquer les points que l'on avoit amaffés , quand
celui contre qui l'on joue a une Impériale en main,
ou qu'il en achevé une avec fes points ; car alors
l'autre eft obligé lie ^^i^'ûd'i/zerj c'eft à-dire, dedé-
marquer fes points.
DÉBAGOnLER. v. a. Vomir, dégueuler. V orner e 3
evomere. Ce mot n'eft plus en ufage que parmi le
peuple , où on le dit aufli au figuré ; & il fignifie
alors. Dire indifcrètemenr tout ce qu'on fait. De-
bLiterare. On a confronté à ce criminel fon complice ,
qui a tout déhc°oulé , qui n dit tout le fecrer de l'af-
faire. Z)<f'/'«^o///Êrdesrapfodies. Ab. Ileft &pQpulaire
De moi , que les refpecls obligent au fîlence ,
J'ai beau me contre] aire j & beau diffimuler j
Les douceurs où je nage ont une violence
Qui ne fc peut celer. Malherbe.
De par , prépofition compofée de la prépofition de j\
& de la prépolition par. Elle fignifie , par ordre , par ■
autorité. De par le Koi je vous arrête, du un Officier ,
de Jufticeen arrêtant un homme. Les Marchands de ■
Tabic mettent à leur enfe gne_, De par\^ Roi vente
& diftiiburion du T.ibac. On s'en fert aufli en ftyle
burlefque , p.mr exprimer un jurement , un ferment.
J'avo'is juré , quelque cher qu il m' en coûte ,
De par le chef de Afon/icur Saint Martin j
Que pour guérir les douleurs de ma goutte
Je m boirais de meshuiplus de vin.
Nouv. CHOIX DE Vers.
D E A.
DÉALBATION. f. f Terme de Chimie. Dealbatio.
Changement de couleur noire en cowleur blanche ,
qui arrive par li force du feu à la matière de la
pierre nîiilofophale.
§3" DEALDER. f. m. monnoie d'argent qui fe fabri-
que en Hollande , & qui vaut trois livres trois fols
quatre deniers argenr de France.
DÉ A LE. Château d'An',;lererre. Deala. Il eft fur la
côte de Kent , entre les châteaux de Sandowne , &
de Walmer , fur une grande placée (^ue les Anglois
appellent les Dunes , &: que des châr».iiTx défendent.
PIufî°urs croient que Déale eft l'endroit oii Céfar
sboi'da.
DÉAN on DÉANE-FOREST. Grande forêt dAngle- &: bns.
rerre , dans la Province de Glocefter. • D^bagouî.!; , éf. orirt.
fer DÈARTICULATION. terme d'anatomie. Voyei DÉBAGOULEUR! f m. Qui déba-oule. Pomey. Bla-
DiARTHROSE. • tîTS .
D E B
DÉ3AIL. f. m. Terme de Coutumes. Ecar d'une femme ■
qui devieiic libre par la mort de Ion mari. Déhall eft '
oppofé à baU. Quand une femme ou une iille fe mi-
ne , il y a bdil-, parce qu'elle ell en la puiiiance de
fon mari ; quand le mari meurt , &: que la l^emme '
furvit , il y a deba'd. Soluta ejl mulier. Bail lignihe :
garde & gardien. , \
DEBALLER , ou DESEMBALLER, v. a. Ouvrir , dé-
faire une balle. Striclas mercium jaràius Joivcre j re- |
fûlvae.\\ faut t/^'^j/Zerlesmarchandifes aux Douanes.
1^ Déballer , fe dit dans une lignification contraire
des marchands qui quittent une foire , il faut dc-
W/sr , c'ell-à-dire , remballer les marchandiles.
DÉBALLE , EE. part,
DEBANDADE, f. f. Qui ne fe dit plus qu'adverbiale-
ment en ces phrafes , Aller à la dcbandude ; vivre à
la djb ini.idt ; c'eft-à-dire , à la manière des foldats
qui le débandent , qui vivent fans difcipline ou
qui marclient en confuiion fans garder aucun ordre.
JJiljolucè y inordinatè j incompojut-.
On dit auili tigurément , Mettre , lailTer tout à la
</cf'éj«ij^t; ; pour dire , Abandonner le fom de fon
bien , ou de quelque aftaire comme une choie dé
fefpérée.
DÉBANDEMENT. f. m. L'adtion de fe débander. Rc
laxatio , re/nijjlo. Pomey. Les torces communiquées
par les dcbandemens du relforr , font comme les car
rés des inflexions. Elcmens Mathématiques de Fhy-
Jiquc de S'Gravefande.
gC? On le dit particulièrement des troupes. Il y
eut un débandement général.
DEBANDER, v. a. Oter la bande d'une plaie , le ban-
deau de delfus les yeux. Vulnus obligacum folvere.
Pour débander la partie , il faut que le Chirurgien
la mette dans la même fituation qu'elle étoic quand
il l'a bandée. Dionis.
fCT On dit auili débander quelqu'un, ôtei le ban-
deau qu'on lui a mis devant les yeux , débander un
colin -maillard.
Débander , fe dit auili des chofes qui font reflTort.
Celt les détendre. Débander un arc , un piftolet.
Arcum remktere.
Débander , fe dit neutralement delà celîation de l'é-
reétion naturelle. i\emitti.
^3" Débander , avec le pronom perfonnel fe dit en
parlant des armes dont le relfort fe détend de lui-
même. Son tufil fe débanda. Son arbalète s'étoit dé-
bandee.
',fT On le dit d'une troupe de gens de guerre qui fe
fépare du gros de l'Armée confufément & fans ordre.
Les toldars fe débandèrent pour aller piller. Le man-
que de vivre a fait débander l'armée, ùjignis d/Jce-
dcre j à cajiris dilahi , difcedere.
§3° On le dit aulli d'un corps de gens de guerre
qui fe difperfe fans ordre pour fe retirer ou pour
s'enfuir.
On dit figurément fe débander l'efprit; pour dire, Se
relâcher l'efprit après une longue application. ^/2i-
mum relaxare. L'efprit ne peut être dans une conten-'
tion perpétuelle , il a befoin de fe débander de temps
en temps.
Débander , fe dit aufTi figurément de la gelée & du
^roid , quand il fe radoucit. Le temps s'eft débandé
depuis le matin. Rcmïfit frigus.
Marot a dit proverbialement:
Débander l'arc ne guérit point la plaie.
Débandé , ée. part.
DEBANQlJER. v. a. Terme du jeu de BalTette ou de
Phar.aon. Ceft épuifer le banquier , lui gagner tout
l'argent qu'il a devant lui.
Finette en racontant le bonheur de Julie fa Maî-
treffe, qui avoit joué contre Cléon, finit fon récit par
ces vers :
Jufqu'au trente-&-Ie-va leur fureur les conduit y
Plus Cléon rifque & tient > plus It malheur le fuit j
Debarbou'dLf^ cet en-*
DEB 119
D''unfang froid merveilleux ma prudente Maitrejje
Pour le mettre au néant épuifefon adrcffe y
Enfin elle a gagné tout ce qu'elle a rifque ^
Et j ufqu à quatre Jois elle l'a débanqué.
Le Didîpateur , Com. de^d. DeJIouches,
DÈPABTISER. v. a. terme familier. Perdre la grâce du
Baptême, y renoncer. Acccptam per bapvfmum gra-
tiani ahdicare y abjurare. Il ne fe dit qu'en cette phrafe
odieufe , Je veux être déhaptifé , je me ferois debap-
tij'er y plutôt que de faire une telle affaire. Molière
s'en elt iervi dans un autre fens , pour lignifier ,
Changer de nom , quand il dit dans fon Ecole des
Femmes ,
Qui Diable vous a fait auffi vous avifer y
A quarante & deux ans de vous dcbaptifer ?
Mutarenomen, il ell du ftyle familier.
DÉpaptisé , Ée. part.
DEBARBOUILLER, v. a. Otet la faleté , la crafTe, c<s
qui rend fale. Maculas abjtcrgere y eiuere , detergere.
Cette femme palle la moitié du jour à ia toilette ,
à fe parer & à le dcbarbouïUer.
fant. On le dit particulièrement du vifage.
DÉBARBOUILLÉ , ée. part.
DEBARCADOUR. f m. Lieu propre à débarquer ce
qui ell dans un vailfeau ou pour tranlporter les mar-
chandifes avec plus de facilité du vailTeau à terre.
Locus exfcenfiùni commodus y idoneus.
DÉBARDAGE. f m. Sortie des marchandifes hors d'utt
bateau , lorfqu'on le décharge. On l'emploie parti-
culièrement pour l'adlon de décharger un bateau de
bois. Lignorum in terram expojitio. Les Marchands
de bois , de fagots &: de cotrets , doivent payer le
débardage y Se livrer le bois à terre.
DÉBARDER, v. a. Terme de Marchand de bois. Dé-
charger un bateau de bois , Se l'apporter fur le rivage
pour l'empiler , ou pour le tranlporter ; ce qui fa
faifoit autrefois avec un bard , & ce qu'on fait main-
tenant fur des crochets. Ligna in terram cxponere. On
dit aulli débarder un train.
ifF Débarder , fe dit aulli en termes de forêts , des
bois que l'on tranfporte hors du taillis où ils on; été
coupés , afin que les voitures n'y entrent point , ca
qui pourroit endommager les nouvelles poulfes.
Débardé , Ée. part.
DEBARDEUR, f m. Celui qui décharge les bateaux St
met à terre les marchandifes dont ils font chargés ,
principalement le bois. Bajulus. Ce font les Mar-
chands qui payent les Débardeurs. Par une Ordon-
nance du Magirtrat de Police du 30 Mars 1635, i^ ^^
défendu à tous Courtiers , Débardeurs , Trieurs de
foin , leurs femmes , enfans & ferviteurs , Se i
toutes autres perfonnes , de s'entremettre de vendre
le foin pour les Marchands , à peine de cent livreâ
parifis d'amende. De la Mare , Tr. de la Pol. L, I. T,
ri U.C. x,.p. 1Z4.
DÉBARETER. v. a. Vieux mot. Décoëffer , mettre en
défordre.
UC? DEBARQUEMENT, f m. Sortie des marchandi-
fes hors du vailfeau pour les mettre à terre. On ledit
aulli des troupes deftinées à quelque expédition , i
faire une defcente. Exfcenfio. Les ennemis retranches
furie rivagenousattendoient au débarquement.
ifT DÉBARQUER, v. a. Oter les marchandiles d'un
vaiffeau pour les mettre à terre , ou mettre à terre du
monde , des troupes , merces , copias in terram cx-
ponere. Exfcenfionemfacere. Débarquer l'Infanterie ,
du canon,des marchandifes.
et? Ce verbe eft aulli neutre , & fignifie fortir du
vailfeau arrivé au lieu de fa deflination. De navi
egredi. Nous débarquâmes à Breft.
|!Cr On dit au débarquer , pour dire dans le tem«
même du débarquement. Il fe trouva au débarquer.
12.D DEB
Di E ARQUÉ , îH. part. De navi egrejfus j emiffus.XJn
nouveau dcbarque j pour dire , Un homme nouvel-
lein^nc arrivé de la province.
DEHAKivASSLR, ou DESEMBARRASSER, v. a. Le
premier eil^slus ulirc , ôcer l'embarras , tirer d'un
embarras j délivrer de quelque chofe qui embarralle,
qui incommode, qui elt inutile.
ICJ" On le dit louvent au réciproque. Expedire
' aliqucm , expedire fe ab aliquà re. Debarrajjer les
- rues , les chemins. Je n'ai point encore debarraHe
mon cabinet. Se dib^rrJfjeràii. la foule, des carrollcs,
des importuns , s'en déiaire.
Veux-tu qu'à retenir chaque point foi t facile :
De ce fatras de mots va te dtbarrairer ,
Etpour t'expnmcr jufe , apprensà bien penfer. Vill.
DÉB.iRRAssER , fe dit au figuré comme au propre. I!
faut fe mettre en retraite pour le debarrajjerûts in-
tfigues du monde , & vaquer à la contemplation. Il
s'elt d-Jbarr^ifç: l'elpri: de toutes affaires. Je préfère
une certaine ûmpiici;é qui ddbarrajje la Religion
d'un d-hors faflueux , & d'une pompe étudiée. S.
EvR.
DÉBARRASSÉ, ÉE. part.
DEBA'vRER. v. a. Otet les barres d'une porte , d'une
fenèv:c. Obices'j repaguia rcveiiere. Prononcez deta-
rer.
"^3" DÉ3ARRER , au figurc , terme de palais. Décider
entre plulieurs perfonnes dont les avis font partagés.
Loifque les Juges d'une chambre font barrés , c'eft-
à-dire, lorfque les avis font partagés, le Rapporteur
5i le Compartiteur portent le procès dans une autre
Chambre pour les debarrer. IL y foutiennent chacun
leur fenriment , & c'efl: cette chambre qui donne
r.^rrèt. /'"o>r~ Co.'ilI'ARTITEUR.
DÉbapvRÉ , ÉE. part.
On dit d'une épinette , d'un luth ou autre inftru-
ment de Mulîque , qu'il eft debarré , quand on a
ôté ce qui en ioutient la table.
IJCT DÉBAT, f. m. Contellation tumultueufe entre plu
/leurs perfonnes, ra/2fÊ/2riOj concertatio. Le Parlement
d'Angleterre eft lujet à de grands débats. Les voifins
cjui aiment à chicanner, font fouvenc en débats. V.
Conceftation j Difpute, Querelle, Procès.
^fT En parlant de deux hommes qui font en con-
tefUtion j on dit proverbialement entre eux le débat ,
pour dire qu'on ne veut point s'en mêler.
Solennités & loix n empêchent pas
Qu'avec l'Hymen Amour n'ait des débats.
La Font.
Début vient de battre^ 8c de la prépofition de. On
trouve debatum dans des A6tes du commencement
du quinzième liècle. Voye^ Acla Sanci. Jun. T. V.
|]3" Débat, en Jurifprudence, fignifie généralement
une conteftation que l'on a avec cjnelqu'un , & la dil
cuffion que l'on a par écrit d'un poinr contefté. Exa-
rat£fcripto partis utriufque rationes.
Débats de compte. Sont les conteftations que forme
celui auquel le compte eft rendu fur quelques arti-
cles de dépenfe mis dans le compte, ou qui auroienr
été omis au chapitre de recette, demandant qu'ils
foient rayés , modérés & reformés , ou ajoutés. Les
réponfes que le rendant fait aux débats de compte ^
font appelées foucénemens. On a appointe les Parties
à fournir des débats &c des fouténemens.
fC? DÉBAT DE TENURE. Couteftation entre deux Sei-
gneurs pour la mouvance d'un héritage.
ffT C'eft audi le mandement d'un Juge Royal
donné au valHil , à l'effet d'alîigner les deux Seigneurs
qui conteftent fut la mouvance , pour s'accorder
entre eux.
DÉBÂTER, v. a. Ôier le bât d'un mulet, d'un cheval ,
d'un âne. Clitellas demcre , eximcre mulo , equo _,
qfîno.
DésAté , ÉE. part. On dit populairement d'un homme
DEB
dangereux pour les femmes, que c'eft un vrai âne
debaté.
DEBATTRE, v. a. Il fe conjugue comme battre. Con-
tefter , plaider. Contendere , concertare j agitare.
Débattre un compte , un teftament , une fucceftion.
Cette queftion a été long-temps débattue 6âns l'Eglife.
Se DEBATTRE. Se tourmenter, s'agiter. P'ehemeruerjac-
tari J agitari. Ce prifonnier s'eft bien débattu entre
les mains des Sergens. Un faumon pris dans les filets
les rompt louvenc en fe débattant. Il n'a fait que fe
débattre , & roidir les jambes. Ab. Ces Orateurs qui
s'emportent & fe débattent mal-à-propos devant les
gens qui ne iont point émusj fe rendent ridicules §C
infupportables. Boil.
DÉBATTRE , ie dit figurément en chofes fpirituelles.
DiJ'putjre acriter, agitare rem aliquam. Les Philofo-
phes fe débattent (buvent fur plulieurs queftions
vaines , & impolîibles à décider. Sur ce vers de Cor-
neille dans Nicomède :
Amufe\-le du moins à débattre avec vous.
^fT Voltaire obferve que débattre eft un verbe
réfléchi qui n'emporte point fon action avec lui. Il
en eftainli àepiaindre,Jou\ enir.OnÀnie ^li'màïe , fe
fouvenir, fe débattre. Mais quand débattre eft aéfif ,
il faut un fujet, un objet, un régime. Nous avons
débattu ce point : cette opinion fut débattue.
On dit proverbialement, fe débattre de la chape
à l'Evêque, pour dire contefter fur des chofes qui
ne nous regardent point j d'où il ne nous vient
aucun profit. Foye^ Chaph. On dit aulîi il fe débat
comme un Procureur qui fe meurt.
DEBATTU , LIE. parr. On dit un compte bien débattu,
une caule bien débattue., pour dire un compte bien
exannné , une caule bien dilcutée. L'affaire fut long-
temps débattue. Fl.
DEBAUCHE, f. f. Dérèglement, ufage immodéré du
vin , des fcmines, du jeu & des autres plaifirs. Dcen-
tior vita , liberior vivendi liceniia , perpotatio , commef-
fatio, libido , luxuries. On dit painculièrement, faire
débauche de vin , de femmes : pour dire , en ufer
avec excès. 11 faut renoncer à la fortune dès qu'on
fe plonge dans la débauche. Les douleurs & la misère
fuivent la débauche &c le luxe. S. Evr- La débauche
d'Henri IV. pour les femmes alloit fi loin, qu'on
ne peut pas même lui donner le nom d'amour &
de galanterie. Mez. La débauche fe fait voir toute
nue fur les théâtres Anglois. S. Evr.
UCT La crapule eft une débauche habituelle &
exceffive qui ne fuppofe ni choix dans les objets j ni
modération dans la jouilfance. Débauche dit moins,
& n'exclud que la modération.
DÉBAUCHE , en termes de Marine, fe dit du dérègle-
ment qui arrive quelquefois aux marées. Perturbatio.
Les vents d'Oueft portent les marées de la rivière de
Bordeaux en czv3.ng,e débauche , jufque-là qu'on voit
fouvent deux ou trois fois la pleine mer en une même
marée.
DÉBAUCHE, fe prend quelquefois en bonne part, d'une
petite réjouiiiancc enrre honnêtes gens^ d'un repas j
dune promenade, d'une partie de divertiflèmenr.
Obleclatio. Faifons une petite débauche. Quand on
fait la débauche comme vous, l'on n'eft pas capable
de s'y oublier. S. Réae.
DÉBAUCHE , fe dit aulli de ce qui fe fait au-delà de
l'ordinaire. Cet homme eft fobre & réglé , c'eft une
débauche pour lui de boire du vin. Cet Auteur ne
fort point de fon cabinet, c'eft une débauche pour
lui d'aller à Vaugirard. J'ai fait débauche de melons ,
de mufcats : c'eft-à-dire, j'en ai mangé beaucoup.
Il fe dit aulli quelquefois au figuré. Il y a des gens
accoutumés aux débauches , & aux ç\ccs des Poètes
modernes , qui n'admirent que ce qu'ils n'entendent
point. BoiL. Les débauches de ledlure & d'efprit ne
font guère moins dangereufes que celles des lens. S.
Evr.
DÉBAUCHER, v. a. Corrompre les bonnes habitudes
de quelqu'un , le jeter dans la débauche. AUquem.
depravare ,
D E B
dipTAvaft^ cornunpere , ad nequidam adducere. Les
mauvaifes compagnies débauchent la jeuneile. Quand
on donne trop de liberté aux jeunes gens cela fert à
les dibauchir.
Débaucher , dans le fens propre , c'eft ôrcr de
deflus les murs l'enduic qu'on appelle bauchd ; ^ par
Kiétaphore débaucher fe prend pour dépouiller quel-
qu'un des principes de fagefle ôc de vertu, dont on
avoir tâché de le levètir. Hue^^.
Débaucher, le dit particulièrement des filles qu'on
ïuborne , qu'on corrompt, à qui l'on ôte l'honneur.
Corrumperc , vhiare. On doit punir féveremenc ceux
qui font métier de débaucherais fiUss & femmes
de contribuer à leur débauche.
DÉBAUCHER j ilgnihe au(li, perfuader à quelqu'un de
changer de maiirCj de parti, de profellion : corrom-
pre la fidélité de quelqu'un. SoLLlchare allquem vcr-
tis ,Jpe , rnercedc. C'elï une adrelle de Capitaine de
deb..Mcher les foldats des ennemis. On lui a débauche
i'es meilleurs amis. Les valets fe débauchent [qs uns
les autres pour changer de condition. Cela 'n'eft ni
beau, ni honnête, de nous débaucher nos laquais.
Mol. Vraiment je vous trouve bien vaine de me
débaucher mes beautés. Sar.
^fT Débaucher, fignifie aulli détourner quelqu'un
de fon devoir. Ab ojficio abducere, avcrtere, avocare.
Débaucher un écolier de l'étude. Débaucher un ou-
vrier de iow travail.
Débaucher , (ignifie auiïi , faire faire à quelqu'un
quelque chofe qu'il n'a pas coutume de faire; lui
faire quitter fon travail pour un divertilfement hon-
nête. Perfuadere. J'ai débauché mon Avocat , je l'ai
mené à la Comédie. On a de la peine à débaucher
ce barbon , à le faite fortir de fon cabinet , à le faire
rire.
Débaucher , fe dit figurcment en chofes morales.
Depravoje , corrumpere. Les efprits fe débauchent
autîi-bien que les corps, ils fe jettent dans le liber-
tinage. On dit d'un ellomac foible & indigefte ,
qu'il eft débauche. On dit d'un homme indifpofé,
«dont la fanté commence à s'altérer , qu'il fe fent tout
débauché.
DÉBAUCHÉ, ÉE, part.
DÉBAUCHÉ , £E. f. m. & f. Qui aime la débauche j
qui fe livre aux plaifirs ians contrainte & fans modé-
ration. Popino , ganeo. Un vieux débauché, qui s'eft
livré à la débauche toute fa vie. Une débauchée , fille
de joie, qui fe prolhtue. Mcretrix ^ fconum. Foye^
Libertin &: Crapuleux.
Quand ce mot ell accompagné d'une épithète
favorable, il fignifie, qui aime les plaifirs honnêtes,
une vie libre. Amator , feclator voluptatis. On dit
d'un homme agréable dans la débauche , c'eft un
agréable débauché.
DEBAUCHEUR , euse. f. m. & f. Qui débauche , qui
corroinpt les filles & les femmes. Corrupcor, vitiator.
La plupart des revendeufes font des débaucheufes de
femmes. Il n^eft en ufage ni au mafculin ni au
féminin.
DEBBASETH ou DABBASETH. En Hébreu Debbaf-
chah. Lieu de la Tribu de Zabulon. Adrichomius,
Se d'autres après lui, difent que c'étoit une ville
• qu'ils placent proche de la mer. S. Jérôme l'appelle
Dasbath. Jofué en parle, XIX. ii. Les Septante la
iiomment Betharaba.
DEBELLATOIRE. adj. de t. g. Vieux mot. Vidorieux.
DebeUatorius , a, um. Les débellatolres effets de la
fîenue très-glotieufe & très-triomphante viûoire de
Genne«. J. Marot.
DÉBELLER. v. a. Vieux mot formé du latin debellare^
vaincre , domptet , mettre hors d'état de faire la
guerre. M. l'Abbé du Bos fait voir clairement que
les Gaulois & les Romains n'ont point été débellés
& fubjugucs par les François, & par conféquent
n'ont point été réduits à la condition de ferfs <5c
d'efclaves par ces prétendus vainqueurs. Le Pour et
Contre.
DEBENTUR. f. m. Mot Latin qu'on a francifé. C'eft
la quittance que chaque oficier des Coûts Souve-
Tome III.
D E B izi
raines donnoit au Roi, lorfqu'il recevoir les gages
qui luiétoient dus. ^i/>(J(.-A^. Cette quittance s'appelle
debeiitury parce que dans le tems qu'on rédigeoit les
ades en latin , elle cemmençoit par ces mondebencur
mUd , (Sec. Ces debentur n'onr plus lieu depuis qu'il y
a des crats des gages des officiers.
DEBERA , félon l'Hcbicu DEDIRA. Ville de la Tribu
de Juda, au nord, proche des confins de la Tribu de
Benjamin. Il en eft fait mention, Jof. XV. 7. Quel-
ques uns la confondent mal-à-propos avec Dabir,
à l'exemple de Wolfgand de Weifiembourg , Sc
en font une ville Lévitique. Elle étoit encre la
vallée d'Achor au nord, & le rocher de Bohen au
midi.
D E B ET. f m. Terme de Finance, qui fe dit de ce
qui fe trouve dû par un comptable après l'arrêté de
Ion compte. Summa quâ obligan qu'il piam convinci-
tur cxpenfis ejufdem rationibus. On tait la recherche
des débets des comptables.
§Cr DÉBET de Quittance, à la Chambre des Comp-
tes, fe dit lorfqu'un comptable doit rapporter quit-
tance. Beaucoup de Parties faifies demeurent en débet
de quittance.
^fT DtBET DE Clair eft la même chofe que dette
liquide.
§3" Payer fa charge en débets ^ c'eft la payer en fe
chai"geant de la payer à l'acquit de fon prc-décelfeur.
ifT Débet, fe dit aulli dans le commerce des Parties
données à crédit qui font fur les livres des ^L'lr-
chands.
DÈBIFFER. V. a. Gâter, mettre en défordre. Stomachum
dijfûlvere. La débauche continuelle l'a tellement
débiffe, qu'il ne s'en faiiroic remettre. Il a l'eftomac
tout débiffe ; c'eft-à-dire, qu'il fait mal fes fondions.
Ce mot eft tout-au-plus du difcours familier.
DÉBIFFÉ, ÉE. part. Eftomac ^i'A/^. Vifage déiijffé.Vi-
fage ou eftomac d'un homme qui paroit aftoibli par
quelque excès.
DÉBILE, adj. de t. g. Foible, fans forces, languilfant,
Debilis , imbec'diïs. On a les jambes débiles après de
longues maladies. Un eftomac debue doit obferver
un grand régime. Un arbrifieau débile. Boil.
DÉBILE , le dit figurément en chofes fpirituelles. Un
efprit débile eft celui qui eft foible, avec peu de con-
noillance & de fermeté. Une xnimoiiQ débile , qui ne
retient pas facilement.
DÉBILEMENT. adv. D'une manière débile. Débiliter.
Ce convalefcent marche encore fort débiletiient.
DEBILlTATION.f. f. AfFoibliiremenc, debilitation de«
nerfs. Debiluatio. Il fe fait une iiifenfible débilita-
tion du sorps & de i'efprit à melure que l'on vieil-
lit.
DÉBILITÉ, f f- Défaut de forces, foiblefi'e du corps
en général , qui aftéde également tous les mufcles ,
enforte qu'on ne peut exécuter les mous^emens qui
dépendent de la volonté , remuer ou lever les mem-
bres , quoiqu'on en ait envie, fans cependant qu'oa
éprouve aucun fentiment de douleur : car la difficulté
d'exercer les mouvemens du corps , accompagnée
d'un fentiment de douleur, comme dans la goutte, n'eft
point c^e'W/V; non plusquedanslaparalyfie ,qui n'af-
feéte pas également tous les mufcles , & qui d'ailleurs
fuppofe une impuiffance abfolue de remuer certains
membres, au lieu que dans la débilité cette impuif-
fance n'eft pas invincible. Un homme affoibli par
une longue maladie , alité par la fièvre eft dans un
état de débilité. Débilitas. Un bon régime , des ali-
mens choifis, des remèdes fortifians, un exercice
modéré conviennent dans la dibilité; mais il faut
aller lentement pour produire un changement d'état.
Débilité de vue. Débilité de jambes, d'eftomac, &
au figuré, t/d'/^/7^f£;'d'efprit; pour dire , imbécillité.
Il n'eft point d'ufage au figuré.
DÉBILITER, v. a. Rendre foible, afFoiblir. Débilitare.
Le trop de leéture débilite la vue. Les bains, le vin ,
débilitent\ç,% nerfs. Les trop fréquentes faignées débi-
litent un malade. Il crovoit qu'un fouvenir fi funefte
débïliteroit le courage des foldats. Ablanc Affaiblir
eft bien plus ufité que débiliter. Débiliter eft plus
îii DEB
un terme de Médecine que de i'iif.iige ordinaire. Les 1
piiries dc-hiliUfic ik. relâchent beaucoup. Lemery. Il
y a heu de conjecturer que les fels acides lonc unis à
des particules terreltres propres à abfoiber les huiin-
dités iuperHues tjui relâchoient îk. qui dibiluoLnu les
fibres des parties, io.
DÉBILITÉ, EE part. Del^ilicatus.
DEBILLARDEMENT. f. m. Terme de Charpenterie.
L'aftion de débiUarder. KeJaJJio. V. Débillakder.
C'ert dans la coupe des bois ce que le delardement
elt dans celle des pierres.
DEBILLARDER. v. a. Terme de Charpenterie. Cou-
per d'une pièce de bois ce qui elt inutile , ce qu'il
en faut ôtcr pour former la courbe rampante d'un
efcalier à noyau évidé. Refàndere , cdderc. Quand la
courbe eft tracée fur une pièce de bois , il faut débil-
iardcr cette pièce. DebilLirder eft dans la coupe des
bois enlever une partie en efpèce de prifme trian-
gulaire, ou approchant, compnle entre des lignes qui
renferment une futface gauche. Frézier. '
DÈBILLER. V. a. Terme de rivière. Détacher les che-
vaux qui tirent les bateaux fur les rivières. Dijj'ol-
vere. Il y a plufieurs ponts à palfer en cette navi-
.gation , il faut dtbiUtr à tout moment. Voye^ Bille.
DEBÎR. Veyci Dabir.
DEBIT, f m. Vente facile & prompte des marchandifes.
Fadiïs mcrc'mm vendiûo , dijîraclio. Leur bonne qua-
lité ou le bon marché en facilite le débit. La nou-
veauté d'une étoffe lui donne un grand débit. Les
livres de bagatelles font d'un plus prompt débit que
les livres férieux.
Débit. Terme de teneur de livres. Il fe dit de la page
à main gauche du grand livre , ou livre d'exrr.iit , ou
de railon, qui eft intitulée doit , où. l'on porte toutes
les parties ou articles que l'on a fournis ou payes
pour le fujet d'un compte, ou tout ce qui eft à la
charge de ce compte. Je vous ai donné débit. J'ai
palîé à votre débit telle fomme que j'ai payée pour
vous.
§CT Débit. Terme de mufîque. Manière rapide de
rendre un rôle de chant en y mettant beaucoup de
variété. Le débits?!, une grande partie du chant Fran
cois. Sans le débit jh fcène la mieux faite paroît infi-
pide.
§;? On dit dans le fens figuré qu'un homme a un
beaw débit ^ le débit aifé Sc .agréable, pour dire qu'il
parle avec grâce &c avec facilité. Cette expreilîon eft
du difcours familier. Expeditè loqui ^ oratio facilis .
txpedita.
ifT Débit bu Bois. L'art d'exploiter le bois relative-
ment aux ulages auxquels il eft propre. On débite
le bois pour le fciage, pour la charpente, pour le
charronnage, &c. f^oyei Bois.
CC?^ DEBITANT , ante. f. Marchand qui vend en
détail. Dcbit..mt de Tabac : celui qui vend en détail
le Tabac qu'il va prendre en gros dans le Bureau gé-
néral. Voyc\ Entreposeur.
DÉBITER. V. a. Vendre promptement & facilement
fa marchandife. Fendere, diliribuere. On débite plus
en un jour de Foire , qu'on ne fiit à la boutique en
un mois. Quelquefois débiter fe prend dans une
fignifîcatioti plus particulière j & iigmÇis vendre en
détail.
Ce mot vient de débet; car la première fignifica-
tion de débiter étoit de vendre à crédit : ce qui eft le
vrai moyen de faciliter une vente.
DÉBITER. En termes de forêts, fignifie aufïi couper de
longueur du bois .abattu, pour en faire du bois d'ou-
vrage ; c'eft-à-dire, du bois de fente, de latte, tant
carrée que voligs, échalas, merrain à futaille , con-
tre-lattes, planches, membrures, chevrons, poteaux,
folives, battans, limons d'efcaliers, gouttières, rais ,
cordes , cornets, fagots Se charbon \ fuivant fa def-
tination. Lignum varias in ufus defaibere ^ fcindere ^
dijjecare.
DÉbitfr, fe dit de même du marbre, des pierres,
&c. Lapides varias in ufus ferra defeçarc. Une fcie i
débiter.
Débiter, une partie, un article, fur un Livre , dans
DEB
lin cofT.ptej c'eft la porter à la page à main gauch«
du Livre j que l'on appelle le côté du débit. Je vous
ai débiteront telle lomme.
On dit Hgurément , qu'un homme débite h'i^a,
pour dire, qu'il du bien ce qu'il dit, qu'il récite,
cjuil parle agréablement, & avec facilité. Fadlej
commode j concinné j elegantcr loqui^; qu'il débite des
nouvelles, narrare res nova s ; pour dire , qu'il les
répand, qu'il les publie. Débiter des vérités. J^cra
loqui. Débiter des menlonges. tabulas , nugas ven-
dere. Débiter de beaux fentimens. Les philolophes
les plus réfolus ne font que des Charlat.ins , qui
avalent le poiion un peu île meilleure grâce que les
autres , ahn de mieux débiter leurs drogues. S. Eyr.
Mes vers paroijfent fi mauvais ,
Paul , de l'air dont tu les débites j
Qu il femble quand tu les récites ,
Que ce fait toi qui les a faits,
Foye:[ Ménage , T. II j p. 178,
1^ Débiter, en mulîque , c'eft rendre un rftle de
chant avec rapidité, avec jurtelfe, avec préci(ion 6c
variété.
Débité , ée. part. Il a tout les fens de fon verbe en
François & en Latin.
DEBITEUR , EUSE. f. m. & f. Qui ne fe dit qu'efl
cette phtafeau figuré. C'eft un débiteur, ou une dé-
hiteuje de nouvelles. Celui qui a coutume de dire ,
de débiter des nouvelles. Kerum novarum narrator ,
nugivcndus.
DEBITEUR, f. m. Débitrice, f. f. Homme, femme
qui doit. Débiter , jemina aliquo nomine olligata.
\indébiteur<\o\K. fatisfaire autant qu'il peut fes créan-
ciers. Je fuis votre débiteur ^ elleejl votre débitrice.
§C? En matière civile nous n'avons point aujour-
d'hui en France de peine contre les débiteurs qui ne
fatisfont pas à leurs créanciers , que la condamna-
tion aux dépens & la condamnation d'intérêts ; en-
core les intérctsne font-ils dûs que du jour que la
demande en a été faite en juftice par le créancier j
& de plus , il faut que cette demande ait été fuivie
de condamnation.
DÉBITIS. f. m. Terme de Chancellerie. C'eft un man-
dement général , ou compulfoire obtenu à la Chan*
ceilerie Royale pour contraindre les débiteurs par
faifie, vente & exploitation de leurs biens , à payer
ce qu'ils doivent à l'impétrant félon qu'ils y font
obligés. On fe fervoit de ces lettres , quand l'obli-
gation étoit palfée par d'autres Notaires que de Cour
Laie , parce que c'étoit un inftrument qui ne portoic
point d'exécution ni d'hypothèque ; & qua-nd il y
avoit appel interjeté de telles exécuti»ns , il reffor-
tilToit à la Cour du Parlement , & non pas parde-
vant le Juge Royal. Ces lettres font maintenant hors
d'uf.ige J parce qu'il eft rare que les Juges refufent
leur permiflîon pour faire exécuter les contraintes.
Les lettres de débitis ont le même effet dans l'étendue
d'un Parlement , que les lettres de p^reat/s hors l'é-
tendue d'un Parlement. L'Auteur du petit GlofTaire
fur les arrêts de Jean le Cocq , dit , que les lettres de
débitis font celles qu'on appelle aujourd'hui les lettres
de committimus , débitis , Utterarum genus , quA
hodie vucantur , lettres de committimus. Le mêm«
Aureur donne une formule des lettres de débitis.
DÉBLAER , ou DEBLAVER. Vieux terme de Cou-
tumes J qui fignifie couper les blés. Metere , fegetes
refecare. Mes pères moururent faifis & vêtus, tenant
& ptenant , blaans & déblaans , & les biens dé-
pouillans. Établiss. de France. Foy Déblayer.
§Cr DEBLAI, f. m. Terme familier & de converfa-
tion , qui fignifie l'aéliion de fe débarrafler de quel-
que chofe. Il n'eft d'ufage que dans cette phrafe :
Voilà un beau déblai , pour dire qu'on s'eft heureu-
fement débarralfé d'un homme incommode ou d'une
chofe fâcheufe.
^ZT Déblai , dans les travaux d'Archiredure ,
fignifie le rranfport des terres qui proviennent des
feuilles qu'on fait pour k couftrucliori d'ua. bâti-
DEB
ment. Tcrrarum deponaùo , exportatlo. M. de Feu-
quieres dans fcs Mémoiies a employé ce mot. Si
iennemi a fait un abbacis dans une forêt dont le
fonds eft marécageux , &c où il n'y a que quelques
chemins fecs : comme les déblais de ces abbatis lonc
longs à faire fous le feu de 1 ennemi , cet ouvrage
coûtera bien des honimt-s.
DÉBLATHA , ou DIBLA , ou DEBLATHAÏM , ou
DIBLATHAÏM , & DIBLAÏM. Nota d'une petite
région de l'Arabie Déferre , îk qui faifuic la partie
feptentricKiale de laTeire de Moab , ou des Moa-
bites i elle touchoit à la Tribu de iluben, il y avoit
dans cette petite contrée un lieu nommé Btch-Dc-
blathaïm, c'ell-à dire ^ Maifon de Débladuiim , que
quelques-uns croient avoit écé une ville, d'autres le
nient. Foy. Ezech VI. 4. Jérem. XLVIII. iz.
Ip" DEBLAYER, v. a. Débarraifer d'une chofe qui
incommode. Expedire ab aliquâ re. Déblayer une
Biaifon , une falle, &c. des chofes qui fonr incom
modes , qui embarralfenr. Ce mot sert du origi
naircment des Marchands de blé qui s'étoieni
défaits du blé qui occupoit & embarralfoit leurs
greniers : & on a dit auttefois déblayer au propre ,
pour fignifier motionner un champ , en coupe-
& ôter le blé j Mccere , comme l'on a dit embla-
ver (Se ahlayer une terre , pour dire l'enle
mencer en blé ; &: ablais Se emblée &C debicure , poui
dire , le blé pendant par les racines , comme l'on
voit en plufieurs Courûmes , qui difent aulfi bUet
ou debizer.
DÉBLAYER. Se dit aulTi en termes de guerre- Il fallu
pluliiurs jours pour déblayer le camp des bielles
M. de Feuqmeres dans les Mémoires.
Ce mot vienr de bladare, ou de bladiare , qu'on .
dit en la baffe Latinué , pour ligniHer , moijjonne
des blés.
DÉBLAYE , ÉE. part. Expedicus ^ Uheratus ab aliquo , a'
aliquâ re.
Ip-DEBLEURE, on EA^»^^ ETîRF. f f Term*- d
Coutumes. Voy. l'art ptécédent. Ces mots fignifienr
non feule nenc les Dieds pendans pir U-. racines ,
mais quelque OIS la récolte ou l.i levée des blcvis.
^ DEBLOC^UER. v. a. Terme d'Imprimerie. Ce-
remerrre dans une forme les lettres qui , ayan
manqué dans la calfe , ontérébloquées , c'eft-à-dire
dont les places ont été remplies par d'autres lettres
mais que l'on a renvetfées.
Deboete , ou Déboîté , ée. part. palT. & adj. Os me-
fimjede fuâ.
DEBOÊTEMENT , ou DÉBOÎTEMENT, f m. Il '.
dit d'un os qui eft hors de fa place. C'eft la même
chûfe que dirtocation. OJJîs de fcde fuâ depuljlo.
DEB ;)ÈTER , ou DÉBOÎTER, v. a. Difloquer un os .
le Hire forrir de fa p'ice. Os fcde 'uâ movere.
Déboeter , fe dit auiïl des pièces de bois alTemblées ,
qui font forties de leurs mortoifes. Compagcm ali-
quam , coagmentum dijjolvere. Cette bordure de ta-
bleau eft deboctée.
On le dit aulfi en hydraulique , pour féparer de<;
tuyaux endommagés , pour en remettre de neufs.
fCF Deboéfer eft aulli réciproque. Un os fe debo'ète.
Une cloifon fe déboéce.
DEBOIRE, f. m. Mauvais goût qui refte de quelque
liqueur après qu'on l'a bus. Ingratus fapor. Il fe
dit aulli de la qualité ou de la faveur même qui
caufe ce mauvais goût. Ce vin a u 1 déboire affreux
BoiL.
Déboire , fe dit figurément du déplaifîr j des chagrins
occalionnés par li mauvais fuccès d'une affaire , on
des mortifications que l'on reçoit d'un Supérieur.
Moleflia. Les Courtifans font fouvent fujets à avoir
de fâcheux d:hoires. C'eft un furieux déboire que de
fe voir pé'érer un fat infolsnt. S. Evr.
DEBONDER, v. a. & n. Lâcher , ou ôter la bonde d'un
étang j d'un tonneau , &rc. Sublato objeclacu'o aq'.u-.m
eminere. Qinnd on veut pêcher un étanu , il fuir le
débonder Se lâcher la bonde, afin de lailTer écouler
les enux. Avec le pronom perfonnei , il fe dit en
parlant des eaux q«i fe répandent avec impétuofité
DEB 11^
ou abondance par ies ouvertures qu'elles trouvent.
hjfluere , aijfluere , ejjundi. Cette chauffée eit rom-
pue , les eaux le débondent dans les prairies, (^uand
les éclules & les digues de Hollande font rompues ,
la mer le débonde dans les campagnes.
On dit aulli ncutialement que l'eau d'un étang
debjnde par quelque ouveiture.
Débonder j fe dit aulli des humeurs qui font dans le
corps, tffijere , e^fundi , d/jjundi. Quand la bile fe
débonde -, elle fait de grands ravages. Quand le ventre
fe débonde &c fe décharge , le coips en eft fortlou-
Tranfporté au figuré , ce mot n'eft que du ftyle
familier, bes pleurs onr enfin débonde. Après s'être
lait violence pendant long - temps , il fallut enfin
débonder , & uonner un iibte cours à la colère , à
ies larmes. Erumpere in , 6c.
iff Débondé , ée. part.
DEBONDONNEMENT. f. m. L'aftion de débon-
uonner. Pomey. Soluùo, operculi detracuo.
DEBONDONNER. v, a. Oter le bondon. Suum dolio
opereulum detrahcre. On a trop tôt débondonné ces
muids , il les faut débondonner , les lailfer débondon-
ncs durant quelque tems.
Débondonné , ée. part. paff. & adj. Solutus operculo.
DEBONNAIRE, adj. m. & f. Doux , Bienfaifant. C'eft
là proprement l'idée que prclente ce mot. Plus ,
lents , humanus : mais il n eft d'ufage que dans le
ftyle noble ou férieux , en parlant des Princes : par-
tout ailleurs il fe prend en mauvaifc part , ou en
plailantant. Louis le Débonnaire , ou le Pieux , Roi
de France, étoit fils de Charlemagne. M. Châre-
l.^in , dans fon Martyrologe , dit aulli Antonin le
JJebonnaire. Nos Antiquaires difent Anton m Pie. Le
même Auteur avec Baillet dit : Saint Sulpice le Dé-
bonnaire , d'autres difent le Pieux.
Saint Louis ctoit un ^nncQ débonnaire. Un homme
debonr.aire eft un homme tacile j foible , & bon juf-
qu'à l'excès. M Esp. Il n'eft plus guère en ufage en
bonne part, luivant ce qu'a dit Balfac : Ils ont nommé
le debo, maire j celui qu'ils n'ont ofé nommer le for.
En parlant de cette vertu , que J. C. a canonifée , SC
qui va a fouffnr & à pardonner les plus grands ou-
trages , on peut dire : Les vrais Chrétiens font de'~
bonr2air£S. tiois de-là, je ne voudrois pas m'en fer-
vir j & aujourd'hui un vifage débonnaire fignifie une
phyfionomie nmife. Du tems de Montagne il figni-
fioit quelque choie de doux & d'humain. Il y a,
dir-il J quelque art à diftinguer les vifages débon-
naires , d avec les niais. Bouh. Quand on appelle
quelqu'un débonnaire , on ne fait li c'eft pout le
louer , ou pour le blâmer. M. Esp. La mollefTe des
perlonnes débonnaires fait leur débonnaireté. Id.
On appelle un mari débonnaire , un mari qui
fouffre patiemment la mauvaife conduite de fa
fenune-
Pafquier, après Henri Etienne , dit que ce mot
eft coinpofé de ces trois mots , de bon aire. Mais
Ménage, à caufe que cette lignification eft trop
éloignée, tient qu'il vient de bonus (y bonarius.
DEBONNAIREMENT. adv. Avec douceur ^ avec
bonté. Bénigne , clefnenier. Un vainqueur doit riaitet
fes ennemis débonnairemenc. Il qÙ. vieux &c hors d'u-
fage.
DEBONNAIRETE. f. f. Qualité de celui qui eft d'hu-
meur débonnaire. Clementia j manfuecudo , benigni-
t s. La débonnaireté fied bien à un Prince. Il vaut
mieux dire la douceur , ou la clémence, que \a dé-
bonnairetz j car lorfque la debcnnairete n'eft pas une
vertu du Chriftianilme , elle fe prend d'ordinaire
pour un manque de vigueur & de courage. BouH.
Dans le monde on fe moque de la débonnaireté , 8c
de la forte patience de ceux qui fe laifTènt opprimer
fans réfiftance. S. Evr.
La débonnaireté a quelque chofe de vil & de mé-
prifable. M. Esp. Ce mot eft vieux.
DÉBORD. f. m. Ce qui fort ou qui pifTe sudelà du
bord. Projeclura , em''' entia. On le dit en termes d«
monnoie , de cette faillie qui eft hors le bord des
Qij
114 DEB
flancs des monnoies , qui eft au-delà du cordon de
la légende , entre la tranche & le greneti.
Debord , fe dit aufli par les Médecins , pour déborde-
ment. Projujior humorum cerebrum inundandum ej-
flucncia. Debord d'husieurs. Debord de bile. Da-
NET.
DEBORDEMENT, f.m. Elévation des eaux au-delfus
des bords de leur lit. Exundacio. Les Anciens fe font
vainement tourmentés à trouver les caufes du débor-
dement du Nil , quoiqu'il fût aifé de le trouver,
comme l'on a tau depuis.
^fT DÉBORDEMENT & INONDATION ne font fy-
nonymes que par l'idée générale que préfentenc ces
deux mot:; , d'une cerraine tiuancité d'eaux qui s'é-
lèvent au-delTus des bords de leur lit. C'ell-là l'idée
. propre du mot débordement. Inondation ajoute à cette
idée celle d'un terrein diftingué des bords , & cou-
vert par les eaux qui le répandent en forçant de leur
lie. yoye^ ce mot. •
On le dit de même des humeurs du corps humain
qui fe dégorgent. Le débordement de la bile caufe la
jaunilfe. On appelle débordement de cerveau une
chute extraordinaire de pituite qui coule du cerveau
& des conduits falivaires par le nez & par la bouche.
EffLuvium , effujio.
Dans un fens figuré , débordement fe dit de l'ir-
ruption d'un peuple barbare qui vient avec des ar-
mées nombreufes ravager les Provinces. Irruptio.
L'Empire Romain n'a pu foutenir le débordeme nt àts,
nations du Nord , des Goths, des Vandales , &c. L'An-
gleterre feroic inondée par le débordement effroya-
ble de mille feétes bifarres. Boff". Seclarum coUuvies ^
effluvium.
DÉBORDEMENT , fe dit aufli figurément pour épanche-
• ment , etfufion. Effu/io , effiuentia. Je ferois au défef-
poir d'avoir perdu tant de paroles paflîonnées que
M. de S. Cyran appeloit des effufionsde cœur & des
debordemens d'amitié. Balz.-
DÉBORDEMENT , figuific figutément , débauche, dérè-
glement. Vivendi Uc&ntia , morum Licentia ^ corrup-
teia. Le débordement des mœurs avoir befoin d'une
forte digue. Patru. Il ne peut ignorer ce déborde-
ment honteux. Maucroix. L'Ordonnance a relevé
du rombeau l'autorité paternelle enfevelie fous les
vices & les debordemens du lîécle. Le Mait.
DÉBORDER, v. a. Dans les aits méchaniques ,c'eft en
général ôter les bords d'un chapeau , d un man-
teau , d'un habit , d'une jupe. Limbum tollere.
IJC? Déborder les tables. Terme de Plombier ,
c'eft avec un débordoir rond rogner les bords des
tables de plomb , pour les unir des deux côtés. Re-
fecare.
Déborder, v. n. Et fe déborder, palier par-deffiis les
bords. Il fe dit des eaux qui fortent de leur lit , qui
s'enflent , qui fe groliHrent trop , & qui s'écoulent.
La tonte des eaux tait déborder les rivières, fait que
les étangs fe débordent. La mer a beau fe remplir de
fleuves , elle ne fe déborde point. Maucroix.
On le dir dans le même fens des humeurs du corps
humain, particulièrement de la bile, lorfqu^elles
font en fi grande abondance , qu'elles ne peuvent
plus être contenues dans les vaideaux. Effluere , dif-
fundi. Quand la bile fe déborde , elle fait de grands
ravages.
Déborder , fe dit auffi des chofes qni avancent au-
delà d'une autre j quand le bord de l'une pafle celui
de l'autre. Eminere , prominere. Il fliut rogner cette
doublure, elle déborde d'un grand doigt, tes paffe-
mens , les palfepoils débordent au-delà "des coutures.
Cetre maifon deborde^ dans la rue. Le cordon déborde
tout le long d'un bâtiment.
On le dit de même adivement en termes de guerre
d'une ligne qui a plus de fronr & d'étendue que la
ligne qui lui eft pppofée. La première ligne des en-
nemis t/e^cr^oir la nôrre.
On le dit même de tous les corps qui en débor-
dent d'autres.
Déborder , en termes de Marine , .fe dit d'un vaiiïeau
DEB
qui fe dégage du bord d'un autre qui l'avoit abordé ,
& qui y étoit attaché par un grapin , ou autres amar-
res , ou qui le détache d'un brûlot pour fe fauver
de i'infulte de l'abordage. Expedtre , cxplicare, dif-
Jolvere. £)eborder , fe du aulli d'un bâtiment qui s'é-
loigne d'un autre pour quelque caufe que ce foit.
Une chaloupe ne déborde point du vailTeau fans que
le Capitaine en fou intormé.
§C? Déborder lignihe encore , en termes de Ma-
rine , tuer les écoutes d'une voile pour la caiguer. Le
Manoeuv.
C!C? Déborder , terme de Plombier. C'eft couper
les deux côtés des tables de plomb avec la plane.
hefecare. Déborder les cables de plomb.
On dit figurément fe déborder tn injures, vomir
des injures , exhaler fa colère en injures Evomere
iram j virus aceibitatisfuct. Sa cruauté le déborda fut
toutes fortes dâges. Vaug. Se déborder en paroles
impures & licencieufes. Erumpere in objcœnas voces.
M.'vucRoix. Plus la cupidité trouve d'ouvertures,
plus elle fe déborde. Roy.
Déborder fignifie encore , fe répandre , venir en
foule j coneuirere , irrumpere. Les nations barbares
ont débordé dans toutes les Provinces de l'Empire
Romain.
Paris voit tous les ans ,
Les auteurs à grands flots déborder de tout temps. BoiL.
Débordé , Ée. part. Exundans , effufusj diffujus.
On appelle une perfonne débordée celle qui eft
déréglée , qui fort des bornes que l'honnêteté &c la
Religion prefcnvent. C'eft un jeune homme débordé.
Il mené une vie débordée. Dijjolutus , Ubidinofus ,
liheriùs vivens.
DÉBORDOIR. f.m. Inftrument de fer , tranchant ,
avec une poignée de bois , tait en forme de plane ,
dont fe fervent les Plombiers pour rogner les bords
des tables de plomb. Voye-^ Déborder.
DÉBOSSER le cable, v. a. Terme de Marine. C'eft
démarrer la bolfe cjui tient le cable.
DÉBOTTER , ôter les bottes à quelqu'un. Ocreas alicui
detrahere. Se debotter , c'eft tirer l'es bottes avec un
tirebotte. Ocreas exuere.
On le dit auftî fubftantivement : Il fe trouva au
débotter du Roi. Acad. Fr.
Débotté ,É£. T^i^it. Soiutus ocreis.
DÉBOUCHÉ, f. m. On appelle un débouché , un
moyen , un expédient pour fortir de quelque affaire ,
de quelque embarras. Trouvez-moi un débouché , &c
je ni 'en lervirai. Le Confeil ne trouva point de meil-
leur débouché pour les billets de banque j que de les
faire mettre au vifa , pour être liquidés à perre , fui-
vant leur nature, Reconvertis en rente viagère au
denier io , ou perpétuelle au denier 50.
DÉBOUCHÉ, le dit dans le même fens dans le con>-
merce pour exprimer la facilité qu'on a de fe dé-
faire de fes marchandifes. J'ai un débouché pour me
défaire de telles marchandifes.
Débouché. Lieu par où l'on fort d'un défilé , d'une
gorge , & d'un col de montagne. Le Lieutenant-Co-
lonel auta foin aux défilés de faire faire halte à
la tête du Régiment au delà du débouché , pour
faire réformer les rangs & les divifions , de fâçoi»
qu'elles foient toujours en bon ordre. Bombelles.
DÉBOUCHEMENT. f. m. Aélion de déboucher. Le
débouchement des égoiits , des canaux , &c.
DÉBOUCHEMENT , fignifie aufli figurément , moyen ,
expédient de fe défaire utilement des chofes dont on
ne trouve pas aifément l'emploi ou le débit. Il a
trouvé un débouchement 'ponz fes billets. J'ai des mar-
chandifes dont je cherche le débouchement. Dans ce
fens il eft fynonyme à débouché.
DÉBOUCHER, v. a. Oter ce qui bouche. Recludere ^
aperire. On a débouché ces bouteilles. Souvent en
confervant fon idée principale , il fignifie débarraf*
fer, ôter les obftacles. Déboucher les chemins, un
cgoût , les paflages , &c. En médecine il fignifie la
nicmechofe qu'évacuer. Cette médecine l'a débouché.
DEB
DÉBOUCHER , fe dit neutralement pour , Soitir d'un
déhlé , d'une gorge , & d'une montagne. A peine
avions nous deboucne dans la plaine , que la tête des
ennemis parut fur les montagnes oppofées. Nous
dcbouchions par le col , ou le pas de Suze , pour
entrer dans la plaine de Turin.
gC? Dans ce fens l'inlinitiif efl: fouvent employé
comme fubftantif , & l'on du au dcbouchci ài\ dchlé
des rçontagnes , pour dire à la fortie.
DÉBOUCHÉ , ÉE. part.
|Cr DEBOUCHOIR. f.m. En termes de Lapidaire ,
c'eft; un morceau de fer fur lequel elt creulé la f-orme
de la coquille & de la queue , qu'on repoulfe avec
un poinçon hors de cette coquille , lorlqu'elle ell
calice.
DEBOUCLER, v. a. Oter les boucles de ce qui eft
bouclé. Diffibulare. Déboucler un ceinturon. Débou-
cler des bottines ; débouder des fouliers.
DÉBOUCLER, Oter les boucles qu'on a mifesà la nature
d'une cavale pour l'empèclier d'être faillie, tquam
diffibulare. Il faut déboucler cette cavale.
Déboucler , fignilîe aulli , Détaire quelques boucles
de cheveux , les déftifer , Cirros dijjolvere. Dé-
boucler une perruque. Cette perruque s'ell toute
débouclée.
Débouclé, ée. part.
DEBOUILLL f. m. Epreuve que l'on fait de la bonté
ou faulTeté d'une couleur , ou teinture , en taiiant
bouillir les étoffes dans de l'eau avec de certaines
drogues. Si la couleur foutient le debouiUi , c'eft-à
dire , il elle ne fe décharge point , ou très-peu ,
& que l'eau n'en refte point colorée , la teinture eft
jugée de bon teint.
DÉBOUILL4R. v. a. Terme de Teinturier. C'eft éprou-
ver la bonté ou la fauffecé d'une teinture. Tincla ,
infecla probare , experirï. On fait bouillir des échan-
tillons d'étoffe demi-heure dans des eaux sûres avec
un poids égal d'alun & de tartre , ou de favon , ou
de jus de citron : & alors les couleurs fe changent.
Par exemple , l'échantillon noir qui aura été guédé
deviendra bleuâtre tirant fur le verd brun. S'il a été
guédé &: garance , il deviendra minime. Et celui qui
n'aura été ni guédé, ni garance ^ ne verdira point ,
mais deviendra d'une couleur entre jaune & tauve.
On voir aailî par le déboudli (i les étoffes ont été
bien engallées & noircies. On fait aufli dcbouiUïr wa
échantillon de la couleur matrice qui fe garde au
Bureau, qui a été teinte dans les règles, pour en
juger par la comparaifon des uns aux autres. Le bleu
ne manque jamais dans le debouillï , li la teinture
en eft bonne. On fait des àtm\-débouillis & des
quarts de débouillis , en mettant moins pefant d'alun
& de tartre , ou en les faifant bouillir moins de
temps. La manière de fahele débouilli eft amplement
décrite dans les Statuts des Teinturiers de l'année
DÉBOUILLI , lE. part, on dit auftî fubft. Un débouilli.
DEBOUÇ^UEMENT. f. m. Action de débouquer.
Egreffhs , exjcus. Sortie des bouches , ou canaux qui
réparent les îles.
D^ Ce mot ne fignifiant autre chofe qu'un paffage
formé par plulieurs Iles j entre lefquels un vaiffeau
eft obligé de palier , paroît fynonyme à détroir & à
canal ; mais il s'applique particulièrement aux An-
tilles & aux Iles qui font au Nord de S. Domingue.
f^oy. Desembocadero.
DEBOUQUER. v. n. Terme de Mer. C'eft fortir des
bouches ou^des canaux qui font entre deux îles, ou
entre une Ile & la Terre-ferme. Pomey. Expedire
Je , exccderc.
DEBOURBER. v. a. Oter , tirer de la bourbe une roue ,
ou autre chofe femblable. Danet. E cce.no excrahere ,
evellere j avcllere.
DÉbourber. Se dit auffi pour. Faire jeter la bourbe.
Pour manger de bon poiffon , il le faut faire dcbour-
ber dans de l'eau claire. Danet. On dit aufii , Dé-
hourber un étang , pour dire , en tirer la bourbe. L'A-
CAD. Cœnopurgare, expurgare.
DEBOURGEOISER. y. a Ocer à quelqu'un les manié-
DEB 115
Tes bourgeoifes, lui faire voir le beau monde. M.
Regnard , Scène 'VI du Recour imprévu , fait ainli
parler leAiarquis au fujet de Clitandre : Il n'eft pas
connoiilable depuis qu'il me hante, ce petit homme.
Il eft vrai que je n'ai pas mon pareil pour debour-
geoifer un enfant de famille , le mettre dans le
monde , le pouffer dans le jeu , lui donner le bon
goûc pour les habits , les meubles , les équipages. Je
n'ai trouvé ce mot dans aucun Dictionnaire , ex-
cepté Pomey.
DEBOURRER, y. a. Au propre lignifie ôter la boiirre.
2 ormcmum ex ephippio decrahere , eximerc ; mais
il n'eft guère en ufage qu'au figuré, & fignihe ap-
prendre à vivre à quelqu'un , le façonner , lui iaire
perdre le mauvais ton , les mauvaiies manières , ÔC
dans ce fens il eft aufti réciproque. Aliquem erudire ,
inflauere , perpolire. Cet homme étoit fort greffier
quand il vint à Paris , mais il s'eli bien débourré à. la
Cour. La héquentation du beau monde c/fiioi^;;f bien
les Provinciaux. Il n'eft que du ftyle familier.
§Cr DÉBOURRER un cheval , terme de manège. C'eft
rendre les mouvemens d'un jeune cheval fouples Se
lians.
DÉBOURRÉ ,ÉE. part.
DEBOURSEMENT, f. m. Payement (ju'on fait des
deniers qu'on tire de fa bourfe. Pecunid dinumeratio.
Le rembourfement des frais n'égale jamais ceux du
dibourfement , ou ce qu'on a débourfé.
DEBOURSER, v. a. Tirer de l'argent de fa bourfe pour
faire quelque dépenfe , quelque payement , quelque
achat. Pecuniam è marfupio promere , depromere. Il a
débourfé tant d'argent pour les affaires de fon maître.
Déboursé , ée. parr. & adj. & quelquefois fubft. De-
proinca e marfupio pccunia. Il faut rendre l'argent
débourfé par notre ordre. On ne peut rien rabbatre
fur le débourfé. \\ lui faut allouer Ion debourfe. Il fe die
ordinairement des petites fommes qu'on avance pour
les autres.
DEBOUT, adv. Sur fes pieds. StansX^ts Juifs étoient
obligés de manger l'Agneau Pafcal tout debout. Quand
vous priez , ne faites pas comme les hypocrites , qui
affedent de prier en fe tenant debout dans les Syna-
gogues. PoRT-R. On a dit qu'il falloit qu'un Em-
pereur mourût debout., c'eft-à-dire , qu'il tût tou-
jours adif & vigilanr. Il faut être debout & tête nue
devant ceux à qui l'on doit du refpeél. Le bois qui
eft debout dans les forêts , c'eft celui qui n'eft point
abattu.
%fj' On eft debout :, lorfqu'on eft fur fes pieds. On
eft droit , lorfqu'on n'eft ni courbé, ni panché. Syn.
Fr. La bonne grâce veut qu'on fe tienne droit.LQ ref-
peft fait quelquefois tenir debout.
Debout , fe dit auffi de ceux qui ne font point couchés.
Scare. Cet homme a été long-temps alité , mais
maintenant il eft debout. Les Soldats d'Alexandre
couchent fur la terre j & jamais le jour ne les trouve
que debout. 'Vaug. On dit auffi d'un homme fore
affoupi , qu il dort tout debout. Quand on éveille
quelqu'un à la hâte , on lui ctie : Debout , debout j
fus , debout , il eft grand jour.
Debout , fe dit des bâtimens anciens qui fubfiftent
encore. Le Colifée eft encore debout , quoiciueRome
ait été fept tois prife par les Barbares ou les Etran-
gers. La muraille de la ville étoit encore debout.
Ablanc.
§Cr On dit mettre du bois debout, lorfqu'on le
met de fa hauteur : un tonneau debout, quant on le
met fur un de fes fonds.
Debout , fe dit proverbialemenr en ces phrafes , On
eft plus couché que debout, pour dire que la vie eft
bien plus courre que l'éternité. On dit qu'un homme
ne fnuroit tomber que debout, quand il a tant de
rclTources , que fi l'une lui manque, l'autre ne lui
manquera pas. On appelle aulTi des contes à dormir
debout , des contes avec lefquels on amufe & on
endort les enfans. On dit pareillement à ceux qui
font' de vaines promeffe's auxquelles on n'ajoute pas
foi , ou qui font de vains raifonnemens qui ns
Ï3.6 DEB
perfuadent' point , que ce font des contes à dormir
debout.
Debout , en termes de Blafon , fe dit des animaux
qu'on repréfente tout droits & pofés fur les pieds de
derrière. Ereclus. On voit des écus où il y a des
ours , de^écureuils , des boucs , &c. qui font debout,
ou peints de cette force.
En termes de Marine , donner debout Itens , veut
•dire courir droit à terre. Avoir venr debout, aller
debout au. vent, être debout ^a vent ^ c'eft avoir vent
contraire j avoir vent par proue, aller contre le
vent , préfenter l'avant du navire au vent. Debout à
la lame , naviger debout à la lame j fe dit quand la
lame ptend le vaiiïeau pat l'avant, &c qu'il la coupe
pour avancer. Aborder un vaiiïeau ^e/i-o/^f au corps ,
c'eft lui mettre l'cperon dans le flanc.
Debout, adv. Il fe dit des marchandifes qui paflTenr
dans une ville fans décharger.
Debout et costes. Termes qui fe trouvent dans quel-
# ques Coutumes , ils fignifient aux deux bouts, aux
deux côtés, Utrinque , ex ucraque parte.
Debout a éteinte de chandelle. Termes de Cou-
tumes. Bail qui le tait à éteinte de chandelle ^ adju-
dication d'héritages qui fe fait en faveur du plus of-
frant & dernier enchérilTeur qui s'eft piéfenté pen-
dant que brûîoit un petit bout de bougie ou de
chandelle , qu'un Sergent Crieur avoir allumé de-
vant le Juge qui tait l'adjudication. Foye\ la Cou-
tume de Bretagne.
DÉBOUTER, v. a. Terme de Palais. Rejeter la re-
quête, la demande qu'on fait en Jullice , déclaterpar
fentence , par arrêt que quelqu'un eft déchu de la
demande qu'il avoit faite en Juftice. Aclorem aclione
fuâfuhmovere. Ce chicaneur a été débouté par arrêt
de toutes fes prétentions. La formule de prononcer
■cil: telle : La Cour a déboute & déboute le demandeur
de fa demande , de l'entérinement de fes lettres , &
l'a condamné aux dépens.
On dit auiîi débouter quelqu'un de fes efpérances ,
■de fes prétentions : cette expreflion eft du ftyle flr-
milier, ou du ftyle du Palais. Aiiqucm de juâ fpt
dejicere.
DÉBOUTÉ , ÉE. part. Il a les fignificationsde fon verbe ,
& fîgnihe la même chofe que déchu.
Débouté de fa demande, de fon oppofition , à quoi
le Juge ajoute toujours une condamnation aux dé
pens , en quoi le débouté eft diftcrent de ce qu'on ap
pelle ho!s de Cour.
Débouté, f. m. Terme de Palais. On appelle nn d<^'
boute de défenfes , un jugement qui fe donnoit avant
la dernière Ordonnance , par lequel un défendeui
croit déboute^ de donner des défenfes , faute de le
avoir données en temps & lieu : & le demandeu;
étoit reçu à vérifier fa demande tant par titres, qiK
par témoins, h'acultate & copia omni tuendâ, de.jen-
fionis multatus. Les déboutés de défenfes font abrogés
par l'Ordonnance de 16^57.
DÉBOUTONNER, v. a. Faire fortir les boutons de
leurs ganfes , ou boutonnières. Aftrlclum globuin
thoracem laxare. Déboutonner h foutane , fon jufte-
au-corps. On le dit aufti avec le pronom perfonnel.
Se déboutonner.
On dit figurcment , dans'le ftyle familier, fe û't-'-
houtonner zstç. fes amis , pour dire parler librement
avec eux , leur ouvrir fon cœur.
DÉBOUTONNÉ, ÉE. part. Qui a le pourpoint ouverr.
Thorax glohulis laxatus , vejlis glohulls laxata. Il eft
mal féant de paroître dans une compagnie tout dé-
boutonné.
On dit proverbiilen-ienr , Rire à ventre débou-
tonné, pour dire , rire de tonte fa force , & manger
à ventre déboutonné , manger avec excès.
DEBRAILLEE. , qui nefe dit qu'avec le pronom per-
fonnel. Sedébrji/ler. //'oye^ Récip. Se découvrir trop
lagorge , l'eftomac ; être mal boutonné , ou attaché ,
montrer ce qui a coutume d'être caché. Peclus j col
lum nudare.^ Les grandes chaleurs obligent quelque-
fois à fe débrailler. C'eft une indécence de paroître
DEB
débraillé devant les honnêtes gens. Il n'eft que da
difcours familier.
DÉBRAILLÉ, EE. part. Il a Ics fignifîcations defon vcrbc.
Mon dinerfait ^ ne vous déplaife j
Je dors & ronfle dans ma cha'tje ;
Je me mets en déshabillé ,
Devant mon Jeu , ro«f débraillé.
De Malézjeu.
DÊBREDOUILLER. v. a. Terme de Joueurs de Tric-
trac. Oter la bredouille , empêcher qu'un homme
ne puilfe gagner partie double. Debredouiller quel-
qu'un. Il eft aulli neutre & réciproque. Débredouil-
ler &c fe debredouiller. Quand on gagne quelques
points après celui qui avoit marqué bredouille,
on le (un debredouiller , on lui fait ôter la marque
de la bredouille. Jus admerum duplex adimere.W fe dit
de la petite & de la grar.de bredouille. Pour la pe-
tite , c'eft entrer avec deux jetons , tandis que le
premier joueur n'en a qu'un , parce que vous lui ôtez
le droit de partie bredouille \ ou ôter un jeton à
celui qui en a deux , pour lui ôtei également la \m-
douille. Debredouiller la grande bredouille , c'eft em-
pêcher qu'un joueur ne gagne douze trous de fuLre,
ce qui fe fait en l'interrompant , &c gagnant un trou
au moins avant qu'il en ait gagné douze, f'^oyer
Grande Bredouille. Il eft d'un honnête hom-
me de fe débredouiller , fans attendre que fon adver-
faire le lui dife.TaAiTÉ duTrictrac. On le dit par
extenfion à toutes fortes de jeux , ou en d'autres oc-
cafîons , quand on commence à gagner, ou à faire
quelque chofe à fon tour pour la première fois. Certe
femme eft revenue du bal fans debredouiller •, c'eft-à-
dire, qu'elle n'a point danié.
DÉbredouillÉ, ÉE, part. Jurelucri duplicisprivatus^ a.
Quand celui qui a été débredouillé vient à faire un
grand coup, par lequel il a de quoi marquer trois trous
à la fois, cela s'appelle rentrer en bredouille.
|Cr DEBREZEN. Ville de la Haute Hongrie, dans 1«
Comté de Zabotez, au midi de Tokay. Debreci-
num.
DÉBRIDÉE, f. f. Prix qu'on paye à l'Hôtellerie pour
un cheval , lorfqu'on ne s'y arrête que le temps da
fon diner. Voilà une belle débridée, dit-on d'une
folle entreprife. On le dit auflî d'une grande compa-
gnie qui defcend chez quelqu'un. Il a eu toute la
débridée j c'eft à-dire, ils ont tous logé chez lui. Ce
mot n'eft pas d'ufage.
DEBRIDEMENT. f.'^'m. Aéfion de débrider. Pomey.
Freni folutio. Il n'eft pas d ufage.
DÉBRIDER. V. a. ôter la bride à un cheval. Equofre-
nos ditrahere. Débride^ mon cheval , je ne veux plus
fortir. Ce cheval s'eft débridé tout feul. On le dit
abfolument. Nous avons fait dix lieues fans débrider,
tout d'une traite, il eft itxVi^sàQ débrider.
Débrider, lignifie fouvent ouvrir, dégager, élargir,
defterrer, &ic. Laxare, aperire^ deducere , &c. Je
me fervis de la pointe d'une lancette pour débrider
cette partie du conduit de l'uretère. Dionis. Ce ter-
me eft en u(age dans les Arts dans le fens qui vient
d'être expliqué.
CÉriRiDER une pierre. Terme de Carrier. C'eft en ôter
le cable, quand elle eft arrivée en haut, & qu'on
veut la décharger fur la forme, ou raccommoder le
cable fur la pierre , quand dans les premiers tours
de la roue on s'apperçoit qu'elle eft mal bridée,
DÉBRIDER, fe dit figurément en parlanr de plufieurs
travaux qu'on fait fans difcontinuation. Ces ma-
nœuvres ont travaillé continuellement, & fans dé-
brider. Il nous a fait vingt contes fans débrider. J'ai
dormi fept heures fans débrider. Continenter y ajjîduè,
fine ullâ intermijjîone. Cet homme a parlé deux heu-
res fans débrider, c'eft-à- dire, fans cefter, fans laiflTer
un moment aux autres pour parler. Cela n'eft bon
que dans le ftyle familier.
DÉBRIDER , fe dit populairement de plufieurs chofes
qu'on fait à la hâte, Si avec une extrême précipita-
tion. Deproperare. /^aye^; comme ces gens- là débri-
D E B
denc. On dit d'un homme qiti dit trop précipitam-
ment foii Bréviaire, qu'il a bientôt débride Ion
Bréviaire. Ac. Fil.
Débride, ee , parr. Il a la fignitîcation de fon verbe ,
en Latin comme en François. ;
DÈBRIDEUR. 1". m. Qui iait quelque chofe vite, à la '
hâte. Deproperdtt.-r. Rabelais appelle hère Jean un
bun ddrideur de Matines. Ox\ le dit encore en lem- |
blables phraies en llyle bas & familier. ]
IK? DÉBRIS. 1. m. Relies d'une choie détruite. R'ii-i
DEB 117
folîde. On le dit particulièrement des glaces, des
miroirs, &c.
DEBTF.UR. f. m. Vieux mot. Débiteur. Debicor.
DEBUCHER, v. n. Terme de Vénerie. Soiti^ du bois.
Il ne Te dit que du gios gibier , quand il iorc du bois
où il s'étoit retiré, ou de l'on builîon , de Ion tott.
Al/grare è fi/va j è Iiijtrj. Mon ccit ddùuche i & palle
une allez longue plaine. NIol.
ify On le dit lubltantivement. Se trouver au
déhuch cr.
nés &c décombres i £e dit principalement des^édih- DÈBUSC^UEMENT. f. m. L'aélion de débufquer. Po-*
Ç.QS. Foye\ ces vnots \ lieliquLt. On voit encore en j ut.^. hxacïio, ejecllo.
Orient , les t/c(^r«, les pitoyables reftes des villes de DEBUSQUER, v. n. Sortir du bois. Exire , egred:.
l'antiquité. Ce font là les trilles débris de la guerre
civile. Chercher Rome en ces valles débris. Main.
^C? Débris, fe dit plus particulièrement des relies ou
des pièces difperfées d'un vailleau qui a fait nautrage,
&: des etfets qui étoient dans le vailfeau que la mer
jette fur le rivage. En termes de marine , on du bris,
iracla^ lacera navis ^jraclét, navis rcliquid. Il n'a laq-
vé que peu de chofe Aw débris à^ fon nautrage. La
mer jeta fur les bords plulieurs pièces du décris de
ces vailfeau X.
§CF Débris , fe dit au figuré, de ce qui relie de bien
après un revers de fortune, & de ce qui relie de
troupes après une délaite. Reliquis. trifles , rtâns.. Il
a fauve beaucoup de bons effets du dibris de fa for-
tune. Il a rallié le débris de fon armée, pour tenter
encore une fois le combat. Si vous vous élevez iui
les ruines d'autrui , un plus puilïant que vous s'élè-
vera à fon tour fur les débris de votre grandeur.
Fléch. Il avoir recueilli trois cens écus d'or du débris
de fon patrimoine. Id. Les Millénaires fe figurent
que Dieu tirera du débris du monde un plus bel
édifice, &c une conilirution de toutes chofes plus
heureule j & moms fragile. S. Evr. Lors même que
la pudeur ell vaincue , l'on aime encore à en voir les
relies & les débris. Id.
Débris, fe dit aulîi de ce qui fe calTe Se fe brife dans
une maifon , où il aborde beaucoup de monde. Frac-
tura , ruptio , dctrimentum. Il faut qu'un Hôtelier falfe
état de telle fomme tous les ans pour le débris qui
fe fait en fa maifon. En plulieurs lieux on fait payer
tant pour le débris des maifons où on loge. Quand
le Roi loge quelque part, il fait payer tant pour le
débris.
DEBROUILLEMENT. f. m. Aftion par laquelle on
démêle, on débrouille une chofe embrouillée. fAr/^/i-
cado. Le débrouillenient du chaos. Il n'y avoir que cet
Intendant qui fut capable du débrouillemenc des affai-
res de cette maifon.
IJCFDÉBROUILLER. v. a. Démêler, mettre l'ordre dans
les choies qui ptoient en confuhon. Explicare, expc-
dire. J'ai débrouillé nos papiers qui étoient mal en
ordre. Ce hit l'amour, difent les Poètes, qui de-
èrouilla le chaos.
Débrouiller , fe dit au figuré en parlant d'affaires ,
de fciences, dequellions, pour dire , les démêler, les
cclaircir,&c. Un habile Rapporteur fait bien débroui-
Icr une affaire, la mettre en fon jour. Les Scaliger,
Lipfe, Cafaubon, & autres Critiques du dernier
fiècle , ont fort débrouillé les fciences.
Deprouillé , Ée. parr.
DÉBROUTIR. f^oyei Débrutir.
DÈBRUTALISER. v. a. Ôter la brutalité ; faire qu'un
homme btutal ne le foit plus. Aliquem à rujlicis j
ferinis inoribus ad humanitacem traduccre. Madame la
Marquife de Rambouillet a fait ce mot , qui eft affez
heureufement inventé. Vaug. Mais quoiqu'il dût
être reçu avec applaudiffement, l'ufage ne l'a point
confirmé.
DÉBRUTIR , ou DÉBROUTIR. v. a. Terme de Mi-
Dès que le loup eut debufquéj on mit les chiens après
lui. \
Débusquer, v. a. Chalfer un homme d'un lieu qu'il
occupe , d'un polie avantageux. Aliquem ex cliquo
loco detrudcre , depellere , e/icere. Ce Capitaine avou
occupé ce château , mais on l'en a débufquer
|tT On le dit figurément d'un rival , d'un conçut- .
rent qui en dépolféde un autre. Z)cf/-:/y(^«er quelqu'un
de fa plate, du minillcre. Il n'ell que du llyle tami-
lier.
DÉBUSQUÉ, ÉE. pM:t. Depuljus ) ejecîus , detrufus.
DEBUT, f m. Commencement d'une partie, le pre-
mier coup à certain jeu, au mail, à la boule, &cc,
Ludendi itniium. Dès que j'ai vu fon dibut , j'ai bien
jugé qu'il petdroit la partie.
On dit qu'une chofe ell en beau début\ pour dire
qu'on la peut miter, abattre facilement, ou la jetei"
loin du but. De meta dcjici , depelli jaciUs.
^fT Début, fe dit en gcr.cral d'une chofe qu'on fait
pour la première fois, ou du commencement d'une
attion. IJebut d'un aéleur. Z)t'/':^f d'un orateur. De la
première démarche dans uneentrefirife, du commen-
cement d'une affaire , d'un difcours , &c. alors il le
prend au figuré. I/iitium,exordiuin. Quand on vient à
la Cour, on prend garde au début. Le début de ca
livre ell beau , mais il ne fe foutient pas long- temps.
Que le àéhmfoitjimple, & n'ait rien d'affeclé. Boit.
DÉBUTER. V. a. Ôter du but, d'auprès du but, une
boule. Globulum de meta depellere. C'eft un avantage
de jouer le dernier à la boule , car on débute les
autres.
Débuter , fignifie aufli , Commenceî une partie , jouec
le premier coup. Ludendi initium facere. Ce joueur a
fi bien débuté , que je parierois pour lui. Il a débuté
par un beau coup.
DÉBUTER, fe dit figurément pour commencer quelque
chofe , faire les premières démarches dans une entie-
prifc, dans une profellion , &c. Dicendi jaare ini-
tium , agendi initium facere. Cet Avocat a plaidé fa
première caufe,& a delutépur une lotcile. Il importo
en toutes chofes de débuter zvcc efprit. Ac.Il a mnl-
heureufement débuté auprès d'elle- La belle galante-
rie que la leut! quoi! débuter pzi le mariage, &: en
venir de but-en-blanc à l'union conjugale ? Mol,
Toute la fortune d'un homme qui entre à la Cour,
conhlle à bien débuter ^ à fe mettte d'abord en bonne
réputation : car on juge de fa conduite pat les pre-
miers pas.
§Cr On le dit particulièrement aujourd'hui des
Aéleurs qui jouent pour la première fois fur un théâ-
tre. Tel Adleur a débuté d^ns telle pièce.
DÉBUTER, fe dit fouvent ironiquement, de ceux qui
font, ou qui difent mal-àpropos quelque chofe
qu'on défapprouve. Facere aiiquid perpcram , malè.
Vous croyez avoir fait une bonne affaire, voilà bien
débuté.
DÉBUTÉ, ÉE. part.
DEC.
roitier. Commencer à polir les glaces, en ôter d'abord
ce qu'il y a de plus brute , commencer à les dégrolfir.
Speculi cryjlailum l&vigare. Débrutir une glace de DEÇÀ. Prépofition qui marque lin lieu plus proche de
rairoir. On le dit aulTi du marbre. | nous qu'un autre , qui eu ell fépavé p.u quelque
%ï DEBRUTISSEMFNT. f. m. L'art de débrutir , de \ montagne , où rivière , ou qui en eft plus éloigr.é ,
polir jufqu'à uo certain point la furface d'un corps & qu'on défigne par la pvcpoluion delà , qui eft op-
z%
DEC
pol
dira. La Provence eft deçà les Monts.
La Franche-Comte elt déçu le Rhin.
U elc plus ordinairement adverbe de temps & de
îreu, & etl oppulé à delà. Le loleii retourne en deçà
en etc. Sous 1 Empire d'Augulle , & long-temps en
</tcà la l3n.gue Latine floriiroit. Tournez -vous en
deçà, vers moi. Venez par deçà. Ce mur penche en
deçà. Les p.iys de deçà \ c'eft-à-dire , voiluis. Il n'y a
rien de nouveau en decà,pav deçà. Je vous enver-
rai toutes les nouvelles de deçà. Il vieillit en ce fens.
On dit d'un inconltant, qu'il eft tantôt deçà , tan-
tôt delà, qu'il nicline deçà ù delà j d'un coureur, d'un
inquiet , qu'il va deçà 6- delà. Uitrb c'uibque.
DÉCACHETER, v. a. Ôter , rompre le cachet. Il fe
dit paiticulièrement des lettres &c paquets, quand
on les ouvre. Rejignare. On eft exempt de payer le
port des lettres décachetées.
DÉCACHETÉ, ÉE. part.
IJÉCADARQUE , ou DÉCADUQUE. f. m. Magiftrat
que Lyfandre établit dans les villes de la dépendance
d'Athènes, après Ta vidoire fur les Athéniens. Deçà-
darc/ms j Decaducus. Lyfandre créa dix Magiftrats
dans chacune des villes Athéniennes , après en avoir
chalTé tous les partifans d'Athènes, & il n'admit per
fonne parmi ces Magiftrats qui ne fiit fon hôte &
fon ami, ou qui ne lui jurât fidélité. Ainfiilfe rendu
maître de tout le Gouvernement : c'eft ces dix Ma-
giftrats qu'on appela Decadarques & Decuduques ,
de è'iKa, dix , 8c de «ça;".» Commandement , Magijira-
\ ou de <^i*«r , ^ttx^o; , Décade , & de ^x" > 7 "^' > /^
tare:
pofsède , je contiens. Dans Athènes il en mit trente
^3° DÉCADE, f. f. Terme dont on fe fervoit autrefois
en arithmétique pour fignifiec dixaine. Decasàw mot
grec qui (îgnifie la même chofe. Il ne fe dit plus que
pour dédgner les livres d'hiftoire qui font partagés
par dixaines. Les Décades de Tite-Live. L'hiftoire
Romaine de Tite-Live eft divifée par Décades.
DÉCADE. Ouvrage compofé de dix Livres. Decas.
DÉCADENCE, f. f. Difpofition à la chute j état de ce
qui tend à fa ruine , tant au propre qu'au figuré.
Âinfi le mot ruine dit plus que décadence, & en eft
diftingué comme l'eftèt l'eft de fa caufe. Ad ruinam
inclinatio. Les bâtimens qui ne font point habités,
tombent bientôt en décadence. Que j'aime à voir la
décadence de ces vieux palais ruinés. S. Amand. Le
P. Bouhoius , dans fes nouvelles remarques fur la
langue Françoife, avertit que décadence ne s'emploie
fuère qu'au figuré, Ç\ ce neft en vers, comme dans
exemple de S. Amand, qui vient d'être rapporté;
i& que quand on dit la décadence d'une maifon , une
maiton qui tombe en décadence , alors maifon fe
prend powtjamille , & non pas pour bâtiment.
DÉcAi>E NCE , fe dit figurément dans la même fignifica-
tion de tout ce qui va vers le déclin. Res incUnata,
ûb exaltatd jortunà ad inclinatam & prope jacentem
dejici ; imperii
, regm .
Reipublicî occafus , feneclus ;
nrwn inclinatio. Le crédit de cet homme va en déca-
dence. Toutes les chofes du monde vont en déca-
dence, c'eft-à-dire, de mal en pis. Cette famille
tombe en décadence. Vigenere a écrit l'Hiftoire de la
Décadence d'e l'Empire d'Orient, & le P. Maim-
bourg celle de l'Empire d'Occident après Charlema-
gne. Diért loin que les fciences foiertt allées en déca-
dence dans ce fiècle, elles ont au contraire reçu de
confidérables accroilfemens. S. EvR. La décadence
des arts ii fuivi la chiite de l'Empire Romain. ïô.
Les hommes ne regardent pas volontiers les chofes
dont la décadenceXzwrxtxvi^i devant les yeux la nccef-l
ficé inévitable de mourir. Bouh. Les femmes laiflen-
aller leurs charmes en décadence , dès qu'elles on
«nchaîné un mari. S. Evr. Depuis ce malheur roir
alla vifiblement en décadence, & les affaires furent
fans retour. Boss. Dom Mabillon , dans les Acla
Sancl. Sened. Sac. IF. Pr&f. §. VI. traite des caufes
de la décadence de l'Ordre de S. Benoît.
DÉGAGER, v. a. Ôter, tirer d'une cage. Me voilà donc
décagé pour la troifième fois , dit Cyrano dans fort
Hiftoire comique de l'Empire de la Lune. Mais un
Écrivain fi libre dans fa manière de penfer, peut
DEC
bien l'être dans fes expreflions : encore celle-ci n'eft-
eile pas la plus hardie.
DECAGONE, f. m. Terme de Géométrie. Figure plane
qui a dix angles & dix côtés. Decagonus. Un Déca-
gone régulier. Il eft aulli adjedif. Le balîin de cette
fontaine eft décagone.
En matière de Fortification on appelle auffi un
décagone , un ouvrage compofée de dix baftions.
DECAISSER, v. a. Terme de Jardinier. C'eft tirer
quelgues plantes, quelques arbres, quelques fleurs
de la caiife. Plantas Jiiis de capfuUs extrahere. Decaif-
Jér un jafmin. Decafjjer un oranger , &c.
DÉCAISSER des march.andifes. Terme de commerce ,
plus ufité que défencaillèr. C'eft les tirer hors de la
caiffe où elles font renfermées. Il ne fe dit que de la
première ouverture que l'on fait d'une caifle.
DÉCALENGE, ée, adj. Terme de Coutumes. Qui n'eft
point accufé , ou qui n'eft point appréhendé. On dit
aufli des biens & des meubles décalengés , & déchar-
gés de la faifine.
DECALITRE, ou DÉCALITRON. f. m. Ancienne
monnoiede la ville d'Egine. Decalitron. \.q Décalitre
des Eginètes valoit deux ftateres Corinthiens , au
rapport de Pollux , c'eft-à-dire , qu'il valoir dix obo-
les d'Egine , ou feize oboles d'Athènes , & les deux
tiers d'une obole d'Athènes. Saumaife ^ de M. U.fur.
c. 6. prétend que lu Décalitre ne valoit que i6. oboles
& un tiers d obole d'Athènes ; mais il fe ttompe :
car 6. oboles d'Egine en valoieni dix d'Athènes. Ainfi
1. obole d'Egine égale à une obole d'Athènes, plus •;
obole, plus-j d'obole. Or-j+«*»,| & h"^^- Donc i.
obole d'Egine valoit i + ? d'oboles d'Athènes. Il
s'enfuit encore de-làj contre le fentiment de quel-
ques Auteurs que le Décalitre valoit plus de deux
drachmes d'Athènes , car la drachme, ou dragme
d' Athènes j ne contenoit que fix oboles, & confé-
quemment les deux dragmes n'en faifoient que i2.
Se le Décalitre 1 6. qui font i. dragmes & * de dragma
d'Athènes. Il paroît par-là que fi l'on appelle quel-*
quefois le Décalitre d'Egine une dragme, c'eft un
abus de ce nom ^ ce n'eft pas parler jufte. Il y avoit
auifi un Décalitre ds Conmhe j & un de Syracufe»
qui étoient l'un & l'autre de même poids que celui
d'Egine. Voye^ Gronovius, L. III. De Pec. Fec. C.
Pour réduire maintenant le Décalitre z notre mon-
noie, fuppofons que i". l'argent eft à jz. livres
le marc ; le grain vaudra un denier, plus j de denier.
Suppofons en fécond lieu, ce que tout le monde ac*
corde, que la dragme d'Athènes pefoit un huitième
de l'once Romaine , c'eft-à-dire , 6y. de nos grains-
comme nous l'avons dit au mot Dragmi. Soixante
& fept grains ou la dragme Attique valoit 9. f. j.
d. 7 de denier, comme nous l'avons montré au
même endroit. Donc deux dragmes & f de dragine,
c'eft-à-dire j le Décalitre , valoit i. liv. i. f. 8. d. i d*
denier.
Ce mot eft Grec compofé de J'é»* , dix , & >JT^a ,
lit<'e , qui étoit, félon Pollux, une petite monnoie,
laquelle, comme il paroît parce que nous avons dit,
valoit deux fous deux deniers plus y de denier , puif-
qu'il y a dix litres dans le Décalitre.
DÉCALOGUE. f. m. Les dix Commandemensde Die»
gravés fur deux tables données à Moife fut le Mont
Sinaï. Decalogus. Ce nom eft Grec, compofé de ^f>«,
dix j & /<V<if j parole , comme qui diroit dix paroks ;
& on a donné ce nora aux Commandemens que
Dieu grava fur les deux tables qu'il donna à Moïfe j
parce que ces Commandemens font au nombre de
dix, ou qu'on les a divifés en dix. Les Juifs les
appellent auflî aniai mï?y, les dix paroles, ic ce
nom eft très-ancien. Il n'y a que les Samaritains qui,
& dans leur texte Hébreu , & dans leur Verfion ,
ajoutent après le v. "17. du XX. C. de l'Exode, &
après le 2 1. v. du C. V. du Deutéronome j un onziè-
me précepte, de bâtir un auiel fur le mont Garizim ,
&;c. Mais on Voit ma;ntfeftement que c'eft une addi-
tion qu'ils ont fïite au terte , pour s'autorifer à avoir
un autel & un temple, & à onrir des facrifices fur le
mont
DEC DEC ri^
ttiont Garizim , comme ils faifoient, 8i pour dtcré- j Chastelain. Ce ii'étoit pas feulement à la Cour qua
diter s'ils avoiehc pu, le temple de Jciulalein, & j ce mocétou en ufa^e j on appelou i l armée Décun
le culte qu'on y rendoit à Dieu Du relie, quoiqu aux
Samaritains près, tous, JuiKs &c Chrétiens, convien-
nent du nombre de dix préceptes, il y a quelque
diftérence pour la manière de les divifer. Le Dcca-
loaue eft un abrégé de ce que nous devons faire ,
somme le fymbole eft un abrégé de ce que nous
devons croire j & l'Orailbn Dominicale un abrégé
de ce que nous devons demander à Dieu. Confer.
d'Ang. Le decalogue eft un abrégé des loix de Dieu ,
qui contient les devoirs de l'homme envers Dieu &:
envers le prochain. Il hu donné à Moife écrit fur
deux tables , dont la première contenoit les trois pre-
miers préceptes qui regardent Dieu , & la féconde
les fept autres j qui concernent le prochain.
Les T.ilmudiftes,&: après eux Poftel dans fon traité
De Phxnkum liaeris j, difent que le Decalogue , ou
ces dix Commandemens étoient gravés d'outre en
outre fur les Tables que Dieu donna à Moife , & que
néanmoins le miliifu du a , man tinal , & du 'ù.,U-
demeuroit miraculeufement fufpendu Lu
ns
la Diifert. fur les Médailles Sa-
mech
tenir à rien. / Qyc\
marit. imprimée à Paris en 1715. Us dilent encore
que le Dicalogue étoit écrit en lettres de lumière ,
c'eft-à-dire, lumineules & brillantes.
DECALQUER., v. a. Terme de Peintre & de Graveur.
Tirer une contre-épreuve d'un delfein. On pofe
pour cela un papier blanc delTus, &: on le frote avec
quelque chofe de dur , afin de lui faire recevoir
l'imprellion. Foye^ ci-devant Contrê-Epreuve.
DÉCAMERIDE. f. m. Decameris. Ce mot , qui veut
dire dixième partie, eft employé par M. Sauveur,
dans fon Traité des principes d' Acoujlique ^ pour dé li-
gner, raefurer, connoître les intervalles 6i. les rap-
ports des fon s.
%fT il divife l'oflave en quarante-trois parties j
qu'il appelle Me W(i'ej-,&: chaque Meride en fept parties
qu'il appelle Eptamerides , & enfin chaque Eptamé-
ride en dix autres parties, qu'il appelle Dccamcridcs.
Ainlî l'odave fc trouve divifé en ?oio. parties, par
le moyen defquelles on peut exprimer les rapports
de tous les intervalles de la Mulique.
Ce mot Décaméride vient de <^£»«, dix , 8c de /^H'',
f>ars , partie , portion.
DÉCAMÉRON. (. m. Ouvrage qui contient les ac-
tions, ou les entretiens de dix journées, iierum per
dies decem geftarum aut diclarum narratig. Le Déca-
méron de Bocace contient cent Nouvelles racontées
en dix Journées.
DHCAMPEMENT. f. m. A6tion de quitter un camp,
pour en aller occuper un autre. Voyf[ Camp. Le
décampement fe fit avec ptécitation.
DÉCAMPEIl. V. n. Lever Ij camp, quitter le camp
f)Our en aller occuper un autre- Cajlra. inovere. C'eft
e plus fouvent la nuit qu'on décampe ^ quand on eft
près des ennemis.
On dit figurément dans un difcours ordinaire,
qu'on a fait décamper quelqu'un lorfqu'on lui a fait
quitter la place, qu'on l'a mis en fuite, Ejicere,
expellere. Dès qu'il a fu qu'on avoit décrété contre
lui , il a décampé. Excedere ^ evadere.
DÉCAMYRON. f. m. C'eft le nom d'un cataplafme
dont il eft parlé dans Oribafe , auquel on a donné ce
nom , parce qu'il eft compofc de dix aromates diffc-
rens. De (^éx« , dix , &z f'ff» , onguent, f^oye^ en la
çompofition dans le Did. de James.
DECAN. Royaume de l'Alîe , dans la prefqu'lle de
l'Inde deçi le Gange. Decanum , Dccanum Regnum.
Le Décan eft borné au midi par le Royaume de Bif-
nagar , au couchant par 1 Océin Indien, au nord par
les Etats duMogol \ au levant les montagnes de Gâte
leféparentdu Royaume de Golconde. Maty dit que
la Capitale eft Vifapnur j & le P. Catrou , dans
fon Hijloire générale du Mogol , dit que c^eft Oram-
gabad.
DECAN. f. m. Decanus. Les Décans croient de petits
Oflficietsfous le Chambellan de l'Empereur de Conf-
taminople,qui commandoient chacun à neuf autres.
' Tome m.
un foldat qui commandoitàdix autres (Nous diions
Dixainier, ou Dizainier ) dans les Monaltères , un
.Moine qui avoit loin de dix autres j dans les grandes
Eglifes, un Prébende, ou Chanoine, qui en avoic
dix à fa charge , & qui étoient ordinairement dix
Prêtres , d'où vient que ce/>'cca//pairoit pour Archi-
prêtre. Dans la divilion d'un Evcché , un Prêtre qui
avoit infpedlion fur dixCleics, ou dix Paroiftes ,
étoit aulli Decan. C'eft ce que nous appelons Doyen
rural , quoiqu'à préfent ils ne foient pas reftreints à
dix Parodies, mais qu'ils en aient fouvent plus ou
moins. Sur les Decans militaires , voyc\ Végèce, L.
II. C. 8. Hc fur Xqh Décans Monaftiques, S. Augultin ,
De Moribus tccl. Cath. L. I. C ji. Il y a dans
le Code un titre DeDecanis. S. Jean L-hryfoftome ,
hom. 13. fur leCh. VII de 1 Epitre aux Hébreux j &:
S. Ambroife, L. V. ép. 55. parlent aulli des Dcc^ns.
Conftantin fit à Conftannnople un corps de 950
perfonnes ou familles prifes dediveis métiers , qu^il
donna à l'Eglife cathédrale , en les déchargeant de
toutes fortes d'impoficions pour qu'ils rendilfent gra-
tuitement aux morts les devoirs de la fepulture, par-
ticulièrement aux pauvres. On les appeloit Decani
&c Leclicarii , peut-être parce qu'ils étoient divifés
par dizaines , dont chacune avoit une bièie , ou li-
tièrepour porter les corps. On croit que ce font ceux
que l'on commença fous Conftance à appeler Copiâ-
tes , c'eft à dire , des Colères deftinés au travail ; car
on leur donne ordinairement rang parmi les (clercs ,
même avant les Chantres. On les a aulli nommés fof-
foyeurs à caufe qu'ils avoicnt foin de faire les folfes
pour les morts. Il paroît par une loi de l'an 557. qu'il
y avoit à Rome de ces Copiâtes: on le voit de même
des Gaules fous Hononus Mais Lut nom qui eft
tout Grec , fait juger qu'ils venou-nt originairement
de l'Orient , & peut - être de réiablillenicnt que
Conftantin en avoit fait dans fa nouvelle viUe.TiL-
LEM.
Ce nom vient de Decanus ^ dérivé de decem , dix.
Et quoique de Decan nous ayons f.iit Doye/i en Fran-
çois, on croit cependant que, quand il s'agit de ces
Offices anciens J tant Ecclclialhques que Livils, on
fait bien de dire Dtcan à l'exemple des Auteurs cités
ci-deifus, & non pas Z)c})eT, lufage a attaché une
fignification particulière au mot Doyen , qui necon-
viendroit pas à ces autres Officiers. Cejendanc i'Abbe
de la Tiappeen a ufé autrement au C'h.ipitre XXI.de
la Règle de S. Benoit, où il eft traité des Décans des
Monartères que cet Abbé appelle Doyens.
DÉCANAL, ALE , adj. Qui appirticnt à un Dccanat.
Decanaiis , e. Chez lesBarthélemites tous les ans le
Préfident du confentement de l'Ordinaire , doit s'af-
fembler avec tous les fupérieursdu diftritt ^-^/2^/,
pour traiter des affaires qui regardent 1 Inftitut. P.
Heliot , Tome Vlïl. C. 6.
DÉCAN AT. f. m. Décanar&c Doyenné font la même
chofe & lignifient la dignité , la qualité de celui qui
eft Doyen d'un Corps ou d'une Compagnie \ mais il
faut diftinguer les Corps ou Compagnies Ecclélîafti-
ques , comme un Chapitre , un Monaftère , <Sv' les
Corps ou Compagnies civiles &c politiques, comme
un Préhdial ,un Parlement, un Confeil , Ikc. Dans les
Compagnies Eccléliaftiques on dit communément
Doyenné , & en quelques endroits feulement Dcca-
nat. Dans les Compagnies civiles ou politiques on
dit toujours Décanat , & jamais Doyenné. Ainfi on
ncdira point le Doyenné du Confeil , le Doyenné du
Parlement, &c. mais le Dccanat du Confeil du Roi ,
le Dccanat àa Parlement , &c. On pai vient au Dcca-
nat du Parlement par Antiquité. Il v a eu une grande
queftion furie D.xanat du Confeil, favoir fi les Con-
feillers d'Ernt ordinaires pouvoient prcrendre au
Décanat di\ Confeil à l'exclufion d-is Confeillers fé-
meftres , fi le plus ancien Conleiller d'Etat ordi-
naire doit être Doven du Confeil prcférablement à
un Confeiller fémeftre, quoiqu'il foit dans le Con-
feil avant le ConfeiUet ordinaire. Le Confeiller ordi-
R
I30 DEC
naire difoit que le Confeil da Roi efl: ordinaire &
perpétuel , qii'ainli la fonction de Doyen devant être
continuée pendant toute l'année ne peut are remplie
par un Confeiller d'Erat fémeftre dont la tondion
eft bornée à lix mois leulement; qu'un Confeiller
fémeftre ne peut le prévaloir de ce qu'il eft plus
ancien dans le Confeil, parce que la prérogative que
donne la date de la réception n'a lieu que quand il
y a parité de droit entre les Officiers. Le Coufeiller
îemeftre répondoit que le Decanac du Confeil eft
donné à l'ancienneté , qii'ainfi le Doyen des Confeil-
1ers d'États eft toujours le plus ancien : que l'inten-
tion du Roi n'a point été d'exclure du Décanat les
Confeillers fémeftres , qu'ils font en parité de droit
avec les ordinaires , puifque le Confeiller fémeftre
précède au Confeil 5£ en particulier le Confeiller
d'Etat ordinaire qui eft plus jeune que lui. Le Roi
par un Arrêt du y Décembre KÎ85. ordonna que le
Confeiller fémeftre & l'ordinaire qui difputoient le
Décanat, feroient Doyens du Confeil pendant lîx
mois chacun , mais qu'à l'avenir le Décanat venant
à vaquer , le plus ancien des Confeillers d'Etat , fût-
il fémeftre, y fera admis, <5c que s'il étoit fémeftre,
il fera ordinaire du jour que le Décanat zmi vaqué.
Un Eccléfiaftique peut polféder le Décanat du Con-
feil. Decariatus , Decarù mu nus , ojjicium,
Jufqu'ici on n'avoir pu parvenir au Décanat du
facré Collège que l'on ne fe trouvât actuellement à
Rome, lorfqu'il venoit à vaquer 5 mais en 1714. le
Pape Benoît XIII. fit un Décret en date du 7 Septem-
bre par lequel il déclare que le Décanat du facré
Collège venant à vaquer j dans la fuite il fera donné
au plus ancien Cardinal de promotion, quand même
il feroit pour lors abfent de Rome, pourvu qu'il foit
aétuellement dans fon Diocèfe.
^3" DÉGANAT fe dit aulli de la durée du temps de cette
dignité pendant fon Décanat.
DÉCANAT , chez les Barthélemites fe dit d'une maifon
ou d'un diÛriél gouverné par un Supérieur, Les Su-
périeurs des Décanats font exécuter dans leurs pro-
pres Maifons les réglemens faits dans leurs alTem-
blées. P. HÉlyot, Tome. VIII. C 16.
DÉCANISER. v. n. Terme de Palais. Tenir la place ,
^ faire les fondions de Doyen. Decanum agere.
Tous les jours les Confeillers-Clercs du Parlement
préfident & Décanifent en l'abfence des Préfidens.
DÉCANISER , fe dit aufîi des Docleurs de Sorbonne qui
font affez avancés en âge pour être Doyens aux exa-
mens particuliers des Bacheliers & Licentiés.
DÉCANONISER, v. a. Ôter de delfus le catalogue des
Saints. Un Moine, nommé Fra Matthio , fi j'ai
bonne mémoire, fut quafi aulTi-tôt décanonlfé que
canonifé , en la ville de Venife, il y a environ treize
ans. Henri Etienne, Apol.pour Hérodote; ch. 3«). 10.
:? . /7. 5 5 7. i/e l'Edlt. de la Haye , 1735.
DECANTATION, f. f. Terme de Chimie. Ceft l'ac-
tion par laquelle on verfe quelque liqueur, en incli-
nant doucement le vaifleau par fon goulot , ou
canthus , d'où ce mot eft dérivé. Injujlo.
DÉCANTER, v. a. Terme de Cliimie. Verfer douce-
ment par inclination la liqueur qui s'eft clarifiée
d'elle-même, par le dépôt qui s'eft fait au fond du
vafe où elle eft contenue. Injundefe, decapulare.
DÉCAPER. V. a. Terme de Chimie. Ceft ôter le vert
de gris ou la rouille du cuivre. Après avoir décapé le
cuivre avec de l'eau forte. Mém. de l'Ac. des Sciences
}l-\^.p. §4>
DECAPITATION, f. f . Adion de décapiter. Ce mot
nous manque. Celui de décollation n'eft en ufage
qu'en cette phrafe : la décollation de S. Jean , pour
dire un tableau où eft peinte la tête de S. Jean-Bap-
tifte qu'on a décollé, ou la Fête qu'on fait en hon-
neur de fon martyre. Fur. Sur la décapitation de
François de Thou avec fon ami Cinq-Mars , on peut
confulter Bayle à l'article de Louis XIII. rem. R. au
fécond alinéa. Gui Patin y eft relevé au fujet de ce
qu'il dit dans fes lettres touciiant le prétendu motif
de vengeance du Cardinal de Richelieu.
La décapitation eft le fupplicc des Gentilshom-
DEC
mes qui n'ont pas commis de crime dérogeant. Les
Aftrologues prétendent que la décapitation eft ordi-
nairement l'ouvrage de Mars , pour peu que fon in-
fluence , portée d'elle-même au mal j foit rendue
plus malfaifante. S. Aubin, Décapitation lignifie en
Chimie l'adion de décaper.
DÉCAPITER, v. a Couper la tête à quelqu'un par
ordre de Juftice. Aliqucm/ccuri jcrire, aiicujus caput.
à cervicibus abfcindere j à cervicihus revellere , decol-
lare. En France on décapite les Nobles qui ont méri-
té la mort j & c'eft un fupplice qui ne déroge point
à la Nobleffe. Il fit pendre les uns ,& décapiter les au-
tres- ABLANC.La raifon pourquoi les Saints qui ont
été décapités, font repréfentés portant leurs têtes
dans leurs mains, n'eft pas qu'ils les y aient reçues,
comme le peuple mal inftruit fe l'imagine ; c'eft
qu'on a voulu marquer par-là le genre de mort
qu'ils avoient fouftert, & que le tronc feul d'un
corps auroit trop choqué la vue. Ménage. Un Am-
balfadeur de France à Conftantinople fit voir à l'Em-
pereur des Turcs , Mahomet II, un chef de S. Jean
très-bien repréfenté. Le Grand Seigneur n'y trouvoit
d'autre défaut, linon que le Peintre n'a voit pas ob-
fervé que quand un homme eft décapité , la peau fe
retire un peu en arrière 5 & afin d'en convaincre
l'Ambalfadeur j il fit fur le champ décapiter \xn hom-
me, & apporter la tête ; voilà une barbare exaditu-
de , & une cruelle autopfie. Catherinot j Traité
de Peinture. Décapiter nt^ pas fi ufité que couper le
cottjdu moinsen parlant de chofesqui fefontpallées
de notre temps j mais en fait d'antiquité , en par-
lant des martyrs, &:c. décapiter {q dit tout autant que
couper le cou.
DÉcAriTÉ, ée, parc. Capite truncatus.
DÉCAPOLIS. Décapolis. Petite Province de la Cœlc-
fyrie , en comprenant dans la Cœléfyrie une partie
de l'Arabie déferre , comme on le fait fouvent , c'eft-
à-dire, le plat pays qui eft entre le Liban , les mon-
tagnes de Galaad & le Jourdain ; & une partie de la
Galilée. Le pays de Décapolis étoit à l'Orient du
Jourdain , & s'étendoit du nord au midi , depuis le
Liban, ou plutôt l' Antiliban , jufqu'à la mer de Gali-
lée. Dans l'ufage ordinaire j'ai fouvent oui -dire
Décapole ; on dit Pentapole \ néanmoins tous nos
Tradudeurs du Nouveau-Teftament, tant anciens
que modernes, dans S. Mathieu, IV. 25. & dans S.
Marc , V. zo. VII. 3 1. & Pinet , dans fa Tradudion
de Pline, &c. difcnt toujours Décapolis, & non
point Dccapole.
Ce nom fut donné à cette contrée par les Grecs
depuis l'Empire d'Alexandre. Il vient de «^Îk*, dix ,
& îj-oAiî, ville , & ce pays fut ainfi nommé, à caufe
de dix villes principales qu'il renfermoit; mais les
Auteurs ne conviennent pas du nom de ces dix vil-
les , ni de leur fituation. Éufèbe dans fon Onomafti-
con , les place au-delà du Jourdain , & en effet Jo-
fephe y en mec aulîi une partie en deçà. C'eft une
remarque de M. Simon fur S. Marc, V. 20. qui eft
très-vraie, comme ilparoît par le même Evangélifte,
VII. 3 1. cité ci-delfus. Pline décrit le pays de Déca-
polis , Hijl, Nat. L. V. C. 1 8. & dit que tout le mon-
de ne convient pas fur ces villes. Celles, dit-il , dont
le plus grand nombre convient, font Damas, Opo-
tos, Philadelphie, Raphana, Nyfa, ou Scytopolis,
Gadara , F^ippodion , Pella , Galafa & Cantha. Bo-
charten nomme d'autres; &; il les met toutes dans la
Galilée, en quoi il fe trompe, dit très- bien M.
Simon. Les Hébreux difent que c'eft Sephet, Tibé-
riade, Nephtali, ou Cedes-Nephtali, Azor, Céfa-
rée de Philippe, Capharnaiim, Beihfaide, Coro-
zain, Bethfan & Joropata.
DÉCAPROTE. f m. Officier qui levoit les tributs, ou
recueilloit les taxes. Dccaprotus , Deccmprimus.
Les Décaprotes étoient obliges de payer pour les
morts; de répondre à l'Empereur fur leurs biens de
la quote-part de ceux qui mouroienc. Voye-^ le Di-
gefte, /. 5. & L ult. De Muner. & honor. Ec l. 10. De
poUiçitat. Ciccron les appelle Decemprimi dans fon
DEC
mr&Kon pro Rofcio. f^oye\ le Di(îtionnairc de Droit
de Calvin.
Ce mot vient de <^£««jdix,& wfàroj-, premier j
apparemment parce qu'on choififlou les dix pre-
miers, ou les dix principaux des communautés pour
fliire CQS levées.
DÉCARGIRE. f. m. Pièce de Monnoie ancienne dans
l'Empire de Conrtantinople. Decargyrum, Le décar-
gyre s'appeloit autrement majonne , & valoic dix
pentes monnoies d'argent \ & c'eft de-là que lui ve
noit fon nom. Ainli c'étoit la fixième partie de la livre;
car il y avoir 60. de ces petites monnoies d'argent à
la livre, comme il paroît par la loi I. du Cod
Théod. de expenf. Lud. Ôc la livre étant de douze
onces, le d::cargyre en pefoitdeux. En fuppoHint
que la livre Romaine d'aujourd'hui e.^ la même ,
mettant l'once Romaine , à 5 j6 de nos grains , com-
me GalFendi , dans la vie de M. Peyrclc \ le décar-
gyre , qui étoit dedeux onces, devoit pefer loyi
grains, c'eft-à-dire , 14- gros 2. deniers 19. grains
félon notre poids ; & fuppolé qu'il fût de même
aloi que nos monnoies , & que le prix de l'argent
eft 3 I. livres le marc, le décargyre valoir 7. 1. 8. f.
10. d. 'j de denier.
DÈCARRELER. v. a. Oter les carreaux d'une falle
d'une chambre. Lacères ^ larerculos avellere j extra
hère. J'ai fait décarreler ma chambre.
DÉCARREL5, ée , part.
DECASTYLE, f.& adj. Terme d'Architeâure. Qui a
dix colonnes de face. Bâtiment qui a une ordonnan-
ce de dix colonnes de front. Decajlylus. Le temple
de Jupiter Olympien étoit décajiyle. Davilers écrit
décajlde avec un / contre l'étymologie, dont on con
ferve pour l'ordinaire des traces dans les mots pro-
pres des Sciences & àts Arcs. Voy. M. Perrault
trad. de Vitruve 1. j. Davilers t. z.
Le nom de de'caJiylewÏQnt de ^«<e, dix, & de »■"■''«?,
colonne.
DECASYLLABIQUE. adj. De dix fyllabes. Le Traduc-
teur en vers François de la boude de cheveux enlevée ,
Pocme ingénieux de M. Pope, a employé en hom-
me d'efptit les vers déc^fyllahiques qui font les plus
libres , & par conféquent il lui a été plus facile de
léufilr. Obj. fur les Ecrits mod. to. ^o. p. 230, 23 i.
Ç'eft ce que M. de Volraire appelle dijjyllabe dans
le titre de fa Comédie de l'Enfant prodigue; mais
ce mot lignifiant proprement de deux fyllahes , il
vaut mieux fe fervir da dccafyllahe, ou decafyllabi-
^"<; , qui n'efl; pas équivoque, ou écrire au moins
dixfyilabique.
DECE. f. m. Nom d'homme. Decius. C'efl: ainfi que
nous nommons l'Empereur C. Maiîius Quinnis Tra-
janus Decius : nous difons aulfi Frajan Dèce. l'Em-
pereur Dèce croit nitif de Bubale, dans la Balle
Pannome. Il s'éleva par les armes & par fes fervices.
L'armée Romaine de la Mœfie & de la Pannonie,
ou l'Empereur Philippe l'avoir envoyé commander'
le proclama Empereur l'an 249. Dèce fut un cruel
perfécuteur àss Chrétiens. Il ne gouverna l'Empi-
re qu'environ 50. mois. Les médailles de Trajan
Dèce font rares en or, mais communes en argent &
en bronze. On dit aulîi l'Empereur Decius , comme
a Elit M. deCordtmoy. Quand on parle des autres ,
qui ont porte en Latin le nom de Decius, on confer-
ve communément ce nom Latin dans notre langue;
on pourroit cependant dire Dèce, & les Dèces. D,.
cius Junius Brutus. Decius Jul^us Syllanus , &c,
^ecius eft un prénom de la famille Junia.
^fT DECEDER, v. n. Mourir de mort naturelle. C'ePr
proprement être retranché du nombre des mortels
Dccedere , evuâdecedere.Ct mot tient un peu di
Ityle du Palais.Cu homme eft if/ccr'.i'tf'aDrès une annc
de langueur. Décéder &c trépaner, ne fe dit que de
l'homme :/72j«r/V,fe dit à rég.ard de tous les .animaux.
DtcEDÉ, ÉE , parr. Se adj. Qui eft morr. Mortuus ,
vitâjunclus. Dicedé en fa mai fon un tel jour. Ce
mot eft en ufagedans tous les billets d'enterremens.
Il eft un peu vieux.
BECEINDRE. y. a. Vieux mot. Oter une ceinture.
DEC i3t
DECEINT, EiNTF., part. & adj. Il fe dit de celui à qui
l'on a oté la ceinture ou qui fe l'eft ôtce à Uu-même.
%-!- DECEINTRER. v. a. l^oye^ Decintrer.
03- DECINTROIR. f. m. Voye^ Deciniroir.
DECELEE. Ancienne ville de Grèce. Decelia ^ Dece-'
leia. C'étoit une des douze villes queCécrops fonda,
ou commença j «Se que les Laccdémoniens prirent
par le confeil d'Alcibiade , lorfqu'il étoit exilé, par-
ce que cette ville étoit lort importante pour le paifa-
,gc de Négrepont en Attique, Du Loir, p. 309.
DECELEMENT. f m. Adion de déceler. Proditio.
On eft oblige au déaUment des fecrets qui regardent
la vie du Prince ou le falut de l'Etat.
IfT DECELER, v. a. Qui fe dit des chofes & des pet-
fonnes. Dans fa fignihcation générale, c'eft faire con-
noître ce qui étoit ignoré. On deceie up coupable.
On décèle les vices. Prodere.
Ce? Mais , fuivant la remarque de M. l'Abbé
Girard, ce motconlidéré relativement à l'idée qui le
caractéiiie & le diftingue des autres vcrbes^ dccla-
rer, dccjuvrir ^manifejler , rdVe/dr j fignifie nommer
celui qui a fait la chofe, mais qui ne veut pas en
être cru l'auteur. Patefacere ., indiccire. Quand on ne
veut pas être dccelé, il ne faut avoir aucun témoin
de fon aétion. P^oye\ aux autres mots les nuances
qui les diftinguent
DÉCELÉ, EE, part.
DECEMBER. f m. Nom d'homme. Decemler. Quoi-
que ce nom foit la même chofe que Décembre , il
faut dire December quand c'eft un nom d'homme ,
& Décembre feulement quand c'eft le nom du der-
nier mois de l'année. Candidus Dccemhet a traduit
Appien Alexandrin à la follicuation d'Alphonie 'V.
Roi d'Arra^on, & a écrit avec plus de fucccs la vie
de Philippe Vifconti Duc de Milan.
DECEMBRE, f m. Dernier mois de l'année , dans le-
quel le foleil entre au Capricorne & fait le Sulftice
d'hiver , ou plutôt la terre entre réellemenr au (igné
du Cancer, oppofé au Capricorne. C'étoit le dixiè-
me mois de l'année de Romulus. December. C'eft
pour cela qu'il fur appelé décembre, de dccem , dix ,
December:^ car les Romains commençoienr dans les
premiers temps leur année par le mois i^eMirs Le
mois de Décembre étoit fous la protedion ue Vefta.
Romulus d'abord lui donna -trente jours , Numa le
réduilirài9. & Jules Céfar lui en aHîgna 31. Les
Romains célébroient dans ce mois differetitis iz.ti,
le jour des K.ilendes j la fête de la Fortune, qui fut
enfuite tranlportée au mois de Juill.-t ; le jour des
Nones, 5*^. la fête de Faune ; le 3. devant les Ides
ou le onzième du mois, les Agon.iles; le iS devant
les Kalendes de Janvier , c'eft à-dire !ei 5^. du mois,
les Saturnales; le 15^. dev.mc les mêmes Kdendes,
ouïe 18. du mois, les Opales, ou fêtes d'Cps; le
lendemain commençoit la fête des Sigillaires;ie len-
demain des Divales, ou Angéromles, & outre cela
un facrifice à Hercule & àCerès. Le zi*^. étoit con-
facré aux Lares, le 21^. étoient les Larentinalcs; le
2j'. les Jeux de la Jeunelfe, Juvenale^. C^n cclé-
broit encore en ce mois une fête appelée Septimo-
nium , dont Varron fair menrion , Z. f^. De ling. Lat.
Lei7'^.deZ)c^'te/72^;eonLélébroirlaF-iedesSaturnales.
Dans le Chriftianifme ce mois a 31. jours, S)C
l'on y célèbre l'Avent & la Fête de Nticl. L'année ea
bien des endroits a commencé dans ce mo:s.
DECEMMENT, adv. D'une manière décente. D-jcen-
rer , t/ewr^. On eft fcandahfé devoir un Prêtre qui
n'eft pas vêru décemment- Vous ne croyez p.is être
logés décemment, ii vous ne joignez à la prppreré le
luxe &c la magnificence. Flech.
^ECEMPÈDE. f f Te me d'Hiftoire ancienne. Inf-
rriiment dont les Anciens fe fe, voient pour mefurer.
Règle de dix pieds. Deamveda. La déce'v.cde étoit
un inftrument .à arpenter les terres, une perdis lon-
gue de dix pieds, d où elle a pris fon no.m, 6( en
Grec ^ixâmi, l^'/gcnere , Annot.jur Titc-Live , 1 5 14.
Les Architectes s'en fervoient aulîî pour donner aux
bâtimens & à leurs parties les grandeurs & les pro-
portions convenables. Horace, L. II. Od. 15. y. 14.
R ij
j ;^Z DEC
fe plaignant de la magnitîcence des bâtimens de fon
iîècle , dit qu'il n'en croit pas ainfi au temps de Ro-
miilus & de Caton , & qu'on ne voyoit point alors
dans les maifons des païticuliers, des portiques me-
furés avec la dcccmpede , & tournés au Nord pour
prendre le frais. Saumaile lur Solin, p. 383. parle
■de la déccinpcdc.
Ce nom vient de decem , dix , & pcs , pedis , pied.
UCT Les Encyclopédiftes conlervent le nom latin
& le font mafculin. Le dcccmpeda croit une verge ou
règle diviice en dix pieds.
DECEMVIR. I". m. Magiftrat des Romains, qui fut
créé avec autorité fouveraine pour hiire des loix au
peuple. Dccemvir. Il fut ainli appelé parce que ce
pouvoir fut attribué à dix perfonnes enlemble. On
déféra aux Décemvirs toute la puilTance qu'avoient
eue les Rois, & après eux les Confuls. Un feu!
d'entr'eux avoir les honneurs, & les marques de
l'autorité, & les autres enfuite tour-à-tout, pendant
l'année que durcit le Décemvirat. Les Décemvirs
drelFèrent la Loi des Douze tables , qu'on appela les
loix DécemviraUs , en quoi conliltoit d'abord tout
Je Droit Romain. L'an 302. les Confuls Appius
Claudius Craliinus &T. Genucius Augurinus furent
contraints d'abdiquer, 6: on créa les premiers Z>t;'-
cemv'irs. L'année fuivante dix autres leur fuccédè-
rent ; l'an 304. ils voulurent continuer, mais le
peuple fe fouleva. On les fit abdiquer, & l'on reprit
des Confuls. Les débauches d'Appius Claudius Craf-
finus, qui avoir été un des Conluls qu'on avoir
fait abdiquer deux ans auparavant, &: que l'on
avoit fait depuis trois fois premier Décemvir, en
furent la principale caufe. Tite-Live, L. IIL Denys
d'Halicarnaire , L. X. Fiorus, L. L C. 14. Cicéron ,
L. 1. deJbuD. en rapportent l'hiftoire.
Il y eut auflî des Z)tfVeOTv/rj militaires, & en dif-
férenres occafions on créoit des Décemvirs , pour
régler ^ conduire cerraines alîaires ; de même qu'à
préfent on fait des Bureaux , on nomme des Com-
mllfaires, pour certaines affaires. Ainfi il y avoit
des Décemvirs ço\ix conduire une colonie, des Dé
cemvirs pour faire préparer & prélider aux feftins
que l'on faifoit de tenips-cn-temps à l'honneur de
Jupiter & des autres Dieux ^ des Décemvirs pour
avoir foin des facrifices ^ c'étoient eux qui gardoient
les livres des Sibylles ; & quelquefois ce n'étoient
que des Septemvirs, ou des Triumvirs, c'eft-à-dire,
que c'étoient des Commillaires que l'on créoit pour
ces chofes j &: que l'on nomnioit Décemvirs _, Sep-
temvirs , Triumvirs j ou Duumvirs , félon qu'ils
étoient dix, fept, trois, ou feulemenr deux, J'^oye-^
encore Quindecemvir. f^oye:[ aufli Vigenere dans
fes Notes fur T. L. p. 1 570. 1(^53. Cet Auteur écrit
toujours au pluriel Décemvircs ; mais mal. Comme
on ne dit point au fingulier Décemvire mais Dé-
cemvir ^ il faut dire au pluriel Décemvirs , 5i non pas
Décemvircs.
DÉCEMVIR , eft encore un autre Magiftrat de Rome.
On établit dix Juges , qu'on nomma Décemvirs ,
pour rendre la juftice en l'abfence du Préteur.
DECEMVIRAL , ale , adj. m. & f. Qui a rapport aux
Décemvirs. DécemviraUs ^ e. Cicéron appelle le corps
des Décemvirs, le Collège décemviral. Les loix dé-
cemvirales. La puilTance décemvirate. L'adminiftra-
tion décemvirale ne prit pas (on commencemenr lorf-
que l'autorité des Confuls paiïa entre les mains des
Déicmvirs , car après la mort de Romulus, durant
l'interrègne, le irsaniment des affaires que prit alors
le Sénar jufqu'à l'éledion deNuma, eft appelé par
Denys d'Halicarnafle , L. II. decemvirai-, parce que
les Sénateurs partagés par dixaine commandèrenr à
tour de rôle, fçavoir un de chaque dix.ùne cinq jours
defuirej ayant les faifceaux de verges &c les Liéieurs ,
ainfi que les Rois. Er cette dixaine étant finie j'une
autre commençoit. Vigenere , Annoc. fur T. L. p.
DECEMVIRAT. f. m. Magiftrature des Décemvirs j
ou le temps qu'elle duroit. Decemviraats, Décemvi-
raUs votejîas. Exercer le Décemvirat. C'cft l'an 302.
DEC
de Rome que le Décemvirat commença. Voyc:
DÉCEMVIR.
DÉCENCE, f. f. Honnêteté , bienféance qu'on eft
obligé de garder à l'extérieur dans le gefte, dans les
habits j &c. Conformité des aétions extérieures avec
les loix , les coutumes, les ufages de la Société dont
on eft membre. Décorum, decentia. Il eft de la décen-
ce d'un Eccléliaftique d'avoir un habit long, des
cheveux courts. Il eft de la décence d'être à genoux
dans l'Eglife, d'être chapeau bas devant fes fupé-
rieurs. Les cérémonies de l'Eglife font édifiantes &
vénérables quand on les fait avec gravité & décence.
Fléch. Eccléfiaftiques, fages, humbles, retenus j
ennemis d'une propreté affeétée , & ne voulant que
la pure décence de leur état. Bouiidal. Exhort. L . I.
p. 148. Voyei Décorum.
DÉCENNAÏRE. adj. m. & f. Qui eft de dix, qui pro-
cède par dix. Decennarius, a^ um. L'Arithmétique
qui elt en ufage eft décennaire , elle procède de dix
en dix. M. Leibnitz a voulu changer l'Arithmétique
décennaiie en une Arithmétique binaire.
On ne dit point un enfant décennaire , pour dire
un enfant de dix ans, decennis , quoiqu'on dife un
homme fexagénaire & un vieillard feptuagcnaire.
DÉCENNAL, ale , adj. Qui eft compofé de dix. Qui
dure dix ans, ou qui revient tons les dix ans. Magif-
trature décennale. Fêtes décennales. Le Tribunal dé'
cennal de Venife eft fort haï dans la nobleife, parce
que c'eft lui quiconnoît de leurs affaires criminelles.,
& qui les juge avec beaucoup de févérité. La charge ,
d'Archonte qui étoit perpétuelle , fut réduite à,
dix ans j & il y eut lept Archontes décennaux. Le P.
Brumoy.
DÉCENNALES, f. f. pi. Fêtes que les Empereurs Ro-
mains célébroient tous les dix ans de leur règne par
des facrifices, & par des largeffes au peuple. Decenna^
liajejia. Augufte fut l'auteur de cette coutume j &
fes fuccefteurs l'imitèrent. On faifoit aufli dans le
même temps des vœux pour l'Empereur , en lui
confirmanr l'Empire j & ces vœux s'appeloient aufli
à^i vœux décennales ^ ou décennaux. Depuis Antonin
Pie, on trouve ces jeux &ces vœux marqués fur les
médailles. Primi décennales. Secundi décenna-
les. VOTA SOL. DECEN. IL VOTA SUSCEP. DECEN. IIL
Ces vœux fe faifoient au commencement de chaque
dixaine d'années; car fur les médailles de Pertinax
qui eut à peine quatre mois d'Empire, on trouve
VOTA DECEN. & VoTIS DECENNALIBUS , & fut ceîlcS
de Pupien j dont l'empire ne dura pas deux ans ,
VOTIS DECENNALIBUS auftl.
StruviuSj Antiq. Roman. Sy magma. C. 4. p. 247.
croir que ces vœux avoient pris la place de ceux que
les Ccnfeursavoient coutume de faire au temps de
la République pour fa félicité. En effet, on ne les
faifoit pas feulement pour le Prince^ mais encore
pour l'Etat, comme Dion, Liv. VIII. & Pline le
Jeune, L. X. ép. ici. le marquent.
Augutle établit cette fête pour conferver l'Empi-
re & l'autorité abfolue fans choquer le peuple ; catj
durant la célébration de cette fête , ce Prince avoit
courume de remettre au peuple toute l'autorité que
le peuple rempli de joie, & charmé de la bonté
d'Augufte, lui rendoit auffi-tôt.
DÉCENT, ENTE , adj. Ce qui eft dans les termes de
la décence, félon les règles de l'honnêteté extérieure,
conforme aux loix, aux ufages, aux coutumes, même
aux préjugés généralement reçus. Deccns. Un Magif
trat ne doit aller fiéger qu'en habit décent. Devant
les gens graves, dans les honnêtes compagnies, il
faut être en pofture décente. On le trouve en habit
décent^ compolant Lettre Marotine. Sarras.
DÉCEPTE. f. f". Vieux mot qu'on a dit pour trompe-
rie. Il vient du Latin decipere, tromper.
DÉCEPTIF, ivE, vieux adj. Trompeur. Fallax , de.
ceptivus , a , um. Un cœur faux & déceptif. Marot.
DÉCEPTION, f. f. Tromperie. Fallacia., captio ,fraus.
Il ne fe dit qu'au Palais. Cela eft fait avec fraude &:
déception.
DEC
Au lieu defquds entrèrent fiaterle ,
Déception, trahi/on j menterie. Marot.
DE CE QUE. Efpèce de conjondion , qui fignifie ,
Parce que, à caufe que. Eo quod, propuua quod, quia.
Seigneur, je vous rendrai d éternelles adions de
"races de ce que vous avez hiit juftice. Port-R.
DÉCERCLÈ. EE. adj. Vieux mot quia fignifié, rom-
pu, dont le bord eft défait.
DÉCERNER, v. a. Ordonner quelque chofe par une
délibération de Sénat, d'AlIemblée de ville, par
autorité publique. Decerncre. Le Sénat de Rome
décernoït le triomphe à ceux qui avoient étendu les
bornes de l'Empire. On lui décerna les honneurs di-
vins. Vaug. Le petit triomphe hit décerné à Germa-
nicus. Ab. On lui décerna les honneurs funèbres au
foir. Patru. On nefe fert guerede décerner dans les
difcours familiers , mais feulement dans les difcours
graves, & dans les livres.
Et parmi les mortels ,
Quelquefois ceux que l'on encenfc ,
Ne font que de grands criminels
A qui notre feule ignorance ,
Au lieu de châtiment décerne des autels.
Nouv. CH. DE Vers.
DÉCERNER, fe dit auflî des ordonnances & décrets qui
fe font dans les Conciles , dans les alfemblées Ecclé-
fiaftiques. Le Saint Concile a décerné que doréna-
vant les mariages ne fe feraient qu'après trois publi-
cations de bans.
Décerner, fe dit encore en termes de Palais, des dé
crets qu'on donne en matière criminelle pour arrêter
& ajourner perfonnellement un accufé. La Cour a
décerné fon décret de prife de corps contre tels S<
tels. On ne décerne qu'un ajournement perfonnel
contre un domicilié, quand il n'y a ni meurtre, ni
mutilation de membres. On dit auOi en termes de
Finances j Décerner une contrainte pour le paye-
ment de quelques femmes, & fur-tout des taxes &i
deniers Royaux. L'Intendant de la Province a décerné
une contrainte au bas d'un tel rôle, d'une telle
taxe.
DÉCÈS, i. m. Morr. Mors, oUcus. Il a fait un legs à
cette Eglife pour faire prier Dieu pour lui après fon
décès. Il a fait faire inventaire dans les 40 jours après
\i décès de fa femme. On ftipule plulieurs condi-
tions dans un contrar de mariage en cas du décès de
l'un des conjomts. Elles'eft mariée iîxiemaines après
le décès de fon mari. Le Mait. Ce mot ne fe du
guère qu'en termes de Palais.
icr Le mot trépas eft poétique , & emporte dans
fon idée le palfage d'une vie à l'autre. Mort eft du
ftyle ordinaire , & fignifie précifément la ceiTation
de vivre. Décès eft d'un ftyle plus recherché, tenant
un peu de l'ufage du Palais, & marque proprement
le retranchement du nombre des mortels. Le fécond
de ces mots fe dit à l'égard de toutes fortes d'ani-
maux : les deux autres ne fe difent qu'à l'égard de
l'homme.
ïfT Les Encvclopédiftes ajourent à ces remarques
de M. l'Abbé Girard, que décès & trépas ne s'em-
ploient qu'au ftyle fimple, & que trépas qui eft no-
ble dans le ftyle poétique a fait trépafjé qni ne s'em-
ploie point dans le ftyle noble.
îfT Le trépas ne préfente rien de laid à l'imagi-
nation ; il peut même faire envifager quelque chofe
de gracieux dans l'éternité. Le décès ne fait naître
que l'idée d'une peine caufée par la féparation des
chofes auxquelles on étoit attaché. Mais la mort pré-
fente quelque chofe de laid & d'affreux.
Ce mot vient de deceffus, dérivé de decedere, s'en
aller , fe retirer.
DECEVABLE. adj. de t. g. Vieux mot qui fignifie.
Facile à être trompé.
Nicod a employé ce terme que nous avons lailTé
DEC
M
abolir, &qui méritoit d'être confervé. Il eft à crain-
dre que décevant n'ait le même fort.
DÉCEVANCE. f. f. Vieux mot. Déception , trom-
perie, hraus ,fallacia, deceptio.
DÉCEVANT , ANTe. adj. Propre à tromper par quel-
que chofe de fpécieux&d'engageant.Fi://iî.v. Le mon-
de n'a que des appas décevans. Le calme décevant de
la mer nous avoit invités à la promenade. Il n'eft
guère ufité , mais il ne laifTe pas d'avoir de la grâce ,
lur-tout en poche.
Ne t'avons-nous pas vu démafquer la nature ,
Pénétrer à travers fes dehors décevans ,
Et l'ouvrir toute entière à tes regards favans ?
Nouv. CH. DE Vers,'
^L Bofiruet,à la fin de fes avertiffemenSjaditen par-
lant de M. Patin : Il donnoit tout au raifonnement ,
& il n'avoit rien alors qui pût l'empêcher d'ouvrir
une vafte carrière à fes fentimens , ni de jouir du
charme t^tceviz/zr qui accompagne naturellementcette
liberté. Il n'en eft pas moins vrai, comme on la dit,
que ce mot n'eft guère en ufage, & que le charme
trompeur fe dit plus ordinairement que le charme
décevant. M. Boftuet afFedoit quelquefois des mots
un peu furannés , qui n'ont pas mauvaife grâce ,
pourvu qu'ils ne foient pas trop tréquens , & qu'ils
foient placés à propos , comme décevant l'eft en
cet endroit.
DÉCEVOIR. V. a. Je déçois , je déçus , j'ai déçu , je dé-
cevrai, que je déçoive , que /e déçujje. Tromper par
quelque chofe de fpécieux , d'engageant. / altère , de-
cipere. Il ne faut pas fe lailfer iiecevo/V aux belks ap-
parences. Les hommes fe laiifenr fouvent ..eVevo/rpar
l'amour propre. Cette fille s'eft lailfée .recevoir par
l'efpérance d'un bon parti. Ses fouplelfes continuelles
ne tendent qu'à nous décevoir. Gomb.
Deçu, ue. part. Deceptus, Les Anglois déçus par le nom
de liberté , en ont à la fin détefté les excès. Boss.
Malgré mes vœux honteufementdéqus. Racine.
Que vous êtes à plaindre étant f fort déçu. CoRN.
T^ous verre:^ votre crainte heureufement déçue. Id.
DÉCHAGRINER, v. a. Faire cefier, diffiper le chagrin.'
Il n'eft pas en ufage.
Ce Berger enjoué , ce doux Magicien ,
Qui connaît tous les morts des vieux temps & dufien ;
S'envajufquaux Enfers déchagriner les ombres.
Eglogue de M. Renault au Furetieriana.
DÉCHAÎNEMENT, f. m. Adion d'ôter la chaîne à
quelqu'un , de lui donner la liberté ;_ mais il n'eft
point d'ufage dans le fens propre. Au figuré il figni-
fie emportement de colère ; emportement contre
quelqu'un en paroles \n]nncu(es. Immoderata , effre-
nata maledicendi ltcentia.C'ii(^ an étrange déchaîne-
ment que celm des pexfécMems comiehs enfans de
Dieu. Lei fauffes prudes tâchent de trouver dans
leur modeftie forcée , ôc dans leur déchaînement con-
tre toutes les jolies femmes, le dédommagement de
leur beauté ufée. Bell.
DÉCHAÎNER, v. a. Oter la chaîne à quelqu'un , lui
donner la liberté. Aliquem ex catenâ folvere , catenâ
exfohere. On déchaîneXes n-\Mns\2L nuit, pour gar-
der la maifon. On a déchaîné ce galérien.
t)C? Déchaîner au figuré , fignifie exciter , animer
quelqu'un contre un autre, ^xftimulare , commovere
aliquem in alium. Vous avez déchaîné contre moi' un
homme redoutable.
{CFOn dit aulli au figuré avec le pronom perfonnel,
fe déchaîner contre quelqu'un , s'emporter avec vio-
lence , en paroles injurieufes , fans garder aucune
mefure. MalediUis confcindere ,infeclari. Cet homme
eft fi violent , qu'il fe déchaîne par-tout contre moi
fans fujet. Sq déchaîner en inventives.
134
DEC
03* On dit de même en parlant d'une tempcte j que
tous les vents font déchaînes,
PÉcHAÎNÉ j ÉK. part. lia les lignifications de fou ver-
be. Il femble que tout l'enfer en cette trille journée
fût dichaîné, BouiiDAL.Exhon.II. p. 104.
Pais un chacun contre moi déchaîné j
Je Jus honni j réprimande' ^ berne ;
Des malheureux c'ejlajfc:( le parcage. P. Du Cerc
|CJ" On die d'un méchant homme qui ne qarde
aucune mefure , qui fe permet tout, que ceft un dia-
ble déchaîne. Acad. Fr.
DÉCHALANDER , ou DÉSACHALANDER. v. a.
Terme de commerce , faire perdre les chalands à
quelqu'un. Emptores ah alicujus tabernà avertere^ alie-
nare _, removere. Déchalander un Marchand.
DÉCHALANDÉ , ÉE.ParC.
§CrDECHALASSER, dans l'Orléanois DECHAR-
NELER. V. a.TermedeVigneron.Oter les échalas des
vignes, ^ojdç Echalas.
^Cr DÉcHALAssÉ, ÉE. Part.
DÉCHANT, f. m. Difcantus. Terme de l'ancien chant.
Cétoitla mufique du XU"" fiécie & des fuivans. Le
Credo noté à deux parties dans un des Milfels du
XIII' fiécle en eft une preuve. On chantoit encore à
Sens ce déchant o\x mulique ancienne fur les O de
Noël en 1 5 5 5. & en cette année le Chapitre d'Au-
xerre fit une conclufion le iG Décembre , où il y a
Quitlibet earum Antiphonarumcantabitur bis in mujka-
libusjlve difcamu & cum organis , ùc. C'étoit ce qu'on
appelle aujourd'hui faux bourdon ou contrepoint.
M. l'Abbé le Bœuf j dans fon traité du Chant Ecclé-
fiaflique , parle du déchant &c de fori origine. Il y ex-
plique aum tous les changemens que le déchant a
caufés dans le chant Grégorien. Les règles de ce chant
ent été écrites en François dès le treizième fiécle.
// me fuffira d'une Meffe
De Requiem haulte chantée
Au cueur me ferait grand-lyejfe
Se ejlre pouvait ÀQichzïiKQ. Jean Rsgnier.
Ce Poëte demandoit l'impofllble en fait de dé-
chant y i'ufage n'étoit pas de l'employer aux MelTes
de Requiem , félon les preuves qu'en donne M.
l'Abbé le Bœuf dans fon Traité Hijiorique fur léchant
EccLfiaflique.
DECHANTER, v. n. Changer d'avis , d'opinion. Pa-
Unodiam canere , mutare fententiam. Cet homme
eft maintenant de cet avis j mais quand il aura ap-
profondi cette affaire , il y aura bien à déchanter. On
l'emploie de même dans quelques phrafes familiè-
res, pour dire rabattre de fes prétentions j de fes ef-
pérances , de fa vanité. Il (audta. déchanter. Il efpère
en tirer de grands avantages; mais ilaura bien à dé'
chanter.
Tu vois qu'à chaque influât il te fait déchanter.
DÉCHAPERONNER, v. a. Terme de Fauconnerie-
Oter le Chaperon d'un oifeau de proie , quand on
le veut lâcher. Nudare , exuere accipurem capicio.
DÉCHAPERONNÉ , ÉE. Patt.
§cr DECHARGE, f. f.Adion par laquelle on ôte un
fardeau du lieu où il étoit. Oneris detraciio. On le
dit en ce fens des bêtes de fomme , des charrettes &
autres chofes fur lefquelles des marchandifes font
chargées. Ainfi l'on dit la décharge d'un navire , d'un
bateau. Mercium ex navi educlio, in terram expofitio.
La décharge d'une voiture , d'un coche. Je me trou-
vai à la décharge du coche. Je fus préfent à la <//c-^ar-
^e de mes ballots. Le voiturier fit la décharge de fes
marchandifes en tel endroit.
DÉCHARGE & labourage des vins. Ceft la fondfion des
Maîtres Tonneliers-Déchargeurs de vins , à qui feuls
il appartient de décharger & labourer les vins qui ar-
riventà Paris par la rivière , c'eft-à-dire ,de les fortir
des bateaux , & les mettre <à port.
En parlant des armes à feu décharge fe dit de l'ac-
DEC
tionde tirer , faire partir le coup. La fentinelle fit fa
décharge & fe retira. La décharge des machines de
guerres. Balifarum cmilfio.
Dans cette acception ce mot eft employé comme
fynonyme de canonnade & moufqueterie pour ex-
primer plufieurs coups de canon ou de mouiqueû ti-
rés à la tois. Foye:^ ces mots. Nous elfuyâmes une fu-
neufe décharge. La décharge du canon îk. de la mouf-
queterie.
Il eft aufli fynonyme de falve , c'eft-à-dire qu'on
s'en fert pourdéiigner plulieurs canons ou moufquets
qu'on tire en même temps en certaines occafions,
loit pour fiire honneur à quelqu'un, foit dans un*
réjouillance. Foye^ Salve.
DÉCHARGE de coups de bâton , fynonyme de bafton-
nade. Fuftuarium. Foye^ Bastonnade.
DÉCHARGE. Terme de marine. Ceft un commande-
ment de marine qu'on hiit lorfqu'on donne vent de-
vant, pour ôter le vent de deHus le hunier de mi-
faine , & le tenir au plus près du vent. Décharger
les voiles , c'eft ôier le vent de delfus pour le mettre
dedans.
DÉCHARGE , en termes de Palais , fe dit de la quittance,
de la libération qu'on donne à un créancier , ou
qu'on écrit fur le regiftre de celui qui croit commis
à la garde de quelque chofe. Décharge en ce fens eft
un adfe par lequel celui qui étoit engagé à quelque
chofe,en eft quitte. Un débiteur eft mal afligné quand
il a une déchargehennQ & valable. La décharge d'une
écrou , d'une minute. La décharge d'un Greffier.
DÉCHARGE , fe dit aulli d'une libération qu'on obtient
par arrêt , ou à l'amiable j de quelque commiflion
onéreufe. Liberatio. Décharge en ce fens eft un aûe
par lequel celui qui étoit chargé de quelque chofe,en
eft déchargé. Il a obtenu la décharge de cette tutelle j
on a nommé un autre Tureur \ la décharge de ce re-
couvrement qui étoit dangereux.
DÉCHARGE , fignifie aufli, ordre, pouvoir , précaution
que l'on prend J lorfqu'on fait les affaires, ou qu on
exécute les commandemens d'autrui j afin d'éviter
les affaires , les pourfuites , ou , s'il y en a , afin
qu elles retombent fur celui par les ordres duquel on
zgxi. Perfcripta negociigerendifacultas ^aucloritas. Il
ne taut pas faire une enchère fans une procuration fpé-
ciale, c'eft une décharge , une sûreté.
DÉCHARGE , fe dit aufli d'un jugement qui déclare un
accufé pleinement abfous du crime qu'on lui impu-
toit. Un hors de Cour n'emporte pas la décharge de
l'accufé. Purgatio. Liberatio. Cet accufé a obtenu la
décharge des crimes qu'on luiimputoit , tous les té-
moins qu'on lui a confrontés ont été à fa décharge.
Ici décharge fignifie le témoignage que les témoins
f)ortent en faveur de l'accufé , les chofes qui vont à
e juftifier. Ceft en co fens que l'Ordonnance veut
que les témoins foient ouïs , tant à charge qu'à dé-
charge.
On dit en Fauconnerie , la décharge d'un héron ,
vomitus , lorfqu'il vomit en fuyant tout ce qu'il a
goulûment avalé , afin de fe rendre par ce moyen
plus léger en fa fuite,
DÉCHARGE, fe dit auflîd'un cabinet, ou d'un lieu pro-
che de foi pour y ferrer les meublas ou autres chofes
qui incommodent , dont on a fouvent affaire , & qui
empêchent qu'on ne tienne une chambre propre. Re-
ceptaculum. Ce petit cabinet fert de décharge à cet ap-
partement.
DÉCHARGE , en charpenterie , eft une pièce de bois po-
fée obliquement dans l'afiTemblage d'un pan de bois,
ou d'une cloifon pour foulager la charge. Poflis U-
gneus oblique pof tus.
DÉCHARGE , en Serrurerie, eft dans une porte de fer
une grolTe barre pofée obliquement en manière de
traverfe pour entretenir les barreaux , ôc empêcher
le chaflîs de fortir de fon équerre. Pojtisfeneus obli-
qué pof tus.
On fair des décharges au-delTous des portes , &:
quelquefois au-delfous des fenêtres, pour les foula-
ger , & les décharger d'une partie du poids qui eft
au-deffus. Ces décharges font de deux fortes : les unes
DEC
font faites en fronton angulaire , & confiilenr en
deux pièces de bois qui fe joignent en pointe parle
__ haut, Se dont chacune a par-eii-bas un bout polc fur
le piédroit de la fenêtre ou de la porte : les autres
foiît faites en arc de voût2 , & portent de même fur
le piédroit de la porte ou de la te nêtre.
^3"DECHARGE,en Orfèvrerie, eft un poinçon qui s'ap-
plique fur les ouvrages, quand ils font 'finis , qui
marcjue que les droits impofés fur lefdits ouvrages
ont été payés.
|p° DÉCHARGE, en parlant de l'endroit par où les eaux
s'écoulent. C'efl; en général un endroit , un trou, une
rigole j un conduit, &cc , par où les eaux fe déchar-
gent. EmijJ'drium, effluviuin. Cette fontaine a fa dé-
charge en tel endroit. Décharge d'un lac. Hmijjurium
lacùs. Le trou , {^.décharge d'un évier.
Décharge d'eau, c'eft un nom commun à deux tuyaux
dans un regard ou balïin de fontaine , dont l'un avec
foupape fert à décharger ou faite écouler entière-
ment l'eau quand on veut vider le bailin. L'autre elt
fondé au bord du regard ou balîîn , & lett à régler la
fuperficie de l'eau à une certaine hauteur, lubusper
qucm aquu dcfluït. Décharge de fond , dcchargc de fu-
perficie.
§CF On dit en ce fens la décharge des humeurs ,
pour dire l'écoulement des humeurs du corps hu-
main. Humorum dcfluvïum.
§3" DÉCHARGE, efl encore fynonyme de foulagement
dans certaines occafions. Levamen , Uvamentum. La
rcduftion des rentes eft ant décharge pour l'Etat , ell;
fouvent une charge pour les particuliers. Ses deux
filles fe font fait Religieufes , c'eft une décharge
pour fa famille.
On dit en ce fens la décharge de laconfcience pour
dire Vaajuk. f^oye^ ce mot. Je fais cela pour la dé-
charge de ma confcience.
DÉCHARGEMENT , f m. L'aétion par laquelle on dé-
charge. Ce mot n'eft en ufage que dans les ports,
dans la Marine , &c fe dit des effets que l'on débarque
&:quiformoient la cargaifon du vailfeau.
DÉCHARGEOIR. f m. Terme de Tilferand entoiles.
C'eft un cylindre , ou pièce de bois ronde , autour de
laquelle on roule la toile qui eft faite ,& que l'on le-
vé de delfus la poitrinière. C'eft une efpèce d'en-
fuble.
DECHARGER, v. a. Oter le fardeau , diminuer la
charge qui pefe fur quelque chofe. Exonerare , onus
eximerv. Les marchands jettent leurs raarchandifes
en mer pendant la tempête pour décharger le vaif-
feau. On dit de même décharger un crocheteur , un
cheval , &:c.Oter le fardeau qu'il porte.
1^3° En termes de jardinage , décharger un arbre ,
en retrancher quelques branches j quand il eft trop
chargé de bois. Exonerare.
On dit proverbialement décharger fon ventre ,
le foulager par quelque évacuation. La bétoine dé-
charge le cerveau , le dégage des humeurs qui l'in-
commodent. Décharger \a. malfe dufang.
On dit aulli proverbialement décharger le plan-
cher , pour dire s'en aller , fe retirer.
Décharger un fuhl , un piftolet,&c, c'eft le tirer,
faire partir le coup. Emhcere , difplodere : ou bien
c'elf en ôter la charge avec un tire-bourre. Voye:^ ces
mots.
Décharger un coup de poing , de bâton j &c , donner
de toute fa force un coup , &c. Pugnum iinpingerc.
On dit aulli décharger \xn coup de fufil , le tirer. On
dit auili que les Charpentiers déchargent les poutres
par le moyen des poinçons , arcboutans , & autres
moyens qui les foulagent, quand elles ont trop de
portée , ou portent un trop grand fardeau. On ap-
pelle aulli dans un pan de charpente , des poteaux de
décharge, des poteaux inclinés qui arcboutent & qui
• foutiennent les autres. Poflis oblique pofitus.
Ce mot vientdu Lmndifcargare on difcaricare. Du
Cang. Papebroch. Ce dernier difcaricare fe trouve
dans la vie de Saint Médard par Venantitus Fortuna-
tus, contemporain de Grégoire de Tours. Acl. SS.
Junii^T.IZ.p.^o.E.Zi.E.
D E C 13;
Décharger , fe dit au figuré dans le même fens. Exo-
nerare. Poaïccharger i\ mémoire , il faut écri e f;s
affaires fur un agenda. Décharger fa confcience, faire
une chofe à laquelle on eft obligé en confcience.
C'eft dans le fein de fesamis qu'il faut décharger fon
cœur; d.'clarer avec franchife lesfujets de plainte j
de chagrin , &c. Décharger fa colcrc fur quelqu'un,
lui en faire relfentir les efters. Jram effundere. Dé-
charge^ mon cœur de l'ennui que vous lui donnez.
Voit. Rien ne peut décharger de l'obligation de ref-
tituer , quand on le peut. On ne peut décharger les
hommes de l'obligation d'aimer Dieu- Il alla decnar'
^cr fa douleur dans le cœur de fes filles. Mad. l'HÉ-
RITIER.
décharger , en termes de Palais , lignifie aufîl décla-
rerquitte , délivrer d'une demande , d'une dette ,
d'une taxe, d'une obligation qui eftonéreufe. Z./^eri;rcr,
eximere. LTn Tuteur n'eft point décharge d'une tu-
telle , qu'il n'ait rendu compte, & payé le reliqua.
Il faut prouver fa noblelfe, fon exemption , pour être
décharge àss tailles. Il a payé cent écus fur cette obli-
gation , il en eft décharge d'autant. En ce même lens
on dit , décharger un regiftre , une groffe , une mi-
nute d'un contrat , pour dire , en écrire la décharge ,
en mettre la quittance au bas , au dos , à la marge.
décharger, fignitie auftiabfoudre. Ab/olverepurgarcy
extra culpam poncre. lia été décharge , renvoyé quitte
Se abfous de l'accufrtion qui avoitété intentée contre
lui. Cette fentence l'a déchargé pleinement de l'ac-
cufation. De Sacy. Ces termes , décharge de l'accu-
Jaiion, contenus dans un jugement rendu en matière
criminelle , déclarent l'-accufé pleinement abfous du
crime dont il étoit prévenu \ de manière que cette
décharge en diftipe toute l'idée , & anéantit tous les
indices. En quoi cette prononciation eft bien diffé-
rente sle celle qui met hors de Cour.
Décharger , fe dit aufîi des dépoluions des témoins y
ou complices, qui tendent à cette ablolution. Tous
ceux dont on le croyoit complice l'ont décharge d La
mort. Liberare culpâ. Les témoins à la confrontation
fe font dédits j l'ont décharge.
En tetmes de Marine , décharger les voiles , c'eft
ôter le vent de delfus pour le inettre dedans \ c'eft
lorfqu'elle eft cocftée la changer de fituation j en lui
faifant prendre le vent en dedans , foit qu'on la re-
vente du même bord , ou du bord oppofé. Dcchar-
gcr\Q petit hunier , c'eft ôter le ventdedeffus le hu-
nier de mifaine, &: le tenir au plus près du vent.
Décharger. Terme de Manufaéture de lainage. C'eft
ôter le trait j après avoir fait aller & venir le peigne
droit fur le gauche, & le gauche fur le droit
Décharger et labourer des vins. C'eft les tirer hots
des bateaux ,.& les mettre à terre.
Décharger la pierre de delfus les bois. Terme de Car-
rier. C'eft la faire tomber de delfus les étais , avec
lefquels on la foutientj à mefute qu'on la fou-
lève.
Décharger, avec le pronom perfonnel , fignilîe , Met-
tre fur autrui une charge, le foin de quelque chofe.
Curam rei alicujus in aliqucm transfert e. Les grands
Seigneurs fe déchargent du foin de leurs affaires fut
leurs Miniftres , fur leurs Intendans.
DÉCHARGER, figiiific aufli , s'cxcufet. Pz^r^t7re/è , cul-
pam in alium rcjunderc. On l'accufoit d'une telle fau-
te , mais il s'en eA déchargé {aï les Commis , fur les
Clercs.
Se DÉCHARGER , fe dit aullî de l'écoulement des eaujr.
Influere , exonerare fe , exundare. Le Nil fe decharoe
dans la Méditerranée par fept embouchures ; la
Marne fe décharge dans la Seine. Le bailin de cette
fontaine fe décharge dans cet étang. Les eaux de cette
niaifon Ce déchargent d^ns la coût de ce voifin.
Se DECHARGER , fe dit aulli des couleurs , quand elles
perdent leur première vivacité. Remittere. Il faut
prendre le gris fort brun , il fe décharge toujours
alfez. J^s^
On dit aullî que le temps fe décharge , quand il
pleut après que le ciel eft demeuré long-temps cou-'
vert. Pluerc.
15^ DEC
Décharge , ée. paît.
On du dans le Manège , qu'un cheval efl bien dé-
chargé 3 qu'il a la taille déchargée , qu'il ell décharge
d'encolure , pour dire , qu'il n'a point le cou trop
chargé de grailfe j qu'il l'a menu & droit. GracUis.
Onleditaulîi desperfonnes qui font d'une taille
déliée & aifée.
Déchargé , ée , adj. Terme de Blafon. Armes déchar-
gées eft le contraire d'armes chargées , ôc une ef-
pèce des armes diftamées. Ce font des armes aux-
quelles on a retranché quelque chofe en punition
d'un crime de celui qui les porte, yoyc^ DIFFAME.
DÊCHARGEUR.f. m. Officier de ville, commis fur
les ports pour décharger les bateaux. Les Déchargeurs
de vin font des Tonneliers , qui , après que les Bour-
geois ont acheté des vins dans les bateaux , les dé
chargent & mettent à terre par le moyen de grolles
pièces de bois qu'ils appellent chemins: car il leur eft
défendu de palier fur les planches mifcs par les Offi-
ciers Planchéïeurs. Il y a auffi des Déchargeurs d'artil-
lerie qui ont foin de décharger les poutres & les autres
munitions.
DÉCHARMER, v. a. Otec un charme à quelqu'un.
PoMEY. F afclnadonein ab aliquo amovere , aliquem
magicls carminibus ilUgatum , adjîriclum Jblvere. Il
n'ell pas ufité.
Ip-DÉCHARNELER. v. a. Terme ufité dans TOr-
léanois , la même chofe que DechalaJ/'er.
DÉCHARNER. v. a. Oter la chair dedelllis les os. Car-
ne nudare,e.xuerc. Il a fallu décharner l'os pour pan-
fer ce nodus.
DÉCHARNER, fignifie auffi , amaigrir, ôter l'embon-
point. Macie conficere , tenuare , macilentum rcddcre ,
emaciare. Cette maladie l'a décharné.
Ce vieillard n a fauve des ravages du temps
Qu'un peu d'os & de nerfs qu'ont décharné cent ans.
Corneille.
DÉchArner , fe dit aufli fîgurcment du ftyle, delà
langue , &c même des difcours entiers , pour fignifier,
Delîecher , dépouiller d'agrémens & d'ornemens.
Spoliare fermonemlcpore fao ,fuàélegantiâ. Il eft à
craindre qu'à force de ranner fur la langue , & de la
vouloir purger de tout ce qui n'eftpas du bel ufage ,
on ne la â'etÀtîr/îe trop. CaiL. Les Sermons de Nef-
torius font fecs & décharnés. Do Pin. Il faut éviter
unefaulFe délicatelTe qui déckarnele difcours ,& qui
lui ôte fa fubftance & fa folidité. S. EvR.
Décharné ,ÉE.part. Ne fc dit guère que dans le fens
d'amaigrir. Vifage décharné.
, On dit aulfi figurément du ftyle , qu'il eft déchar-
né. Jejuna cratio , exfucca ; pour dire maigre , i^ec.
DECHÂRPIR. v. a. féparer deux perfonnes qui fe bat-
tent , qui fe tiennent faifis au corps &c aux cheveux.
Duos colluclances , & injauces invicem involantes di-
vellerc. Ces gens étoient li animés qu'on a eu bien
de la peine à les décharpir. Mol. ce mot eft bas.
DECHASSER. v. a. Terme de Tourneur. Trudere , de-
pellere , detrudere. Déchaffer une clef de bois j c'eft la
faire fortir.
DÉCHAUMER. v. a. Terme d'Agriculture. ZPeVAaz^/Tzer
une terre , c'eft ouvrir avec la bêche ou la charrue ,
une terre qui n'a point encore été cultivée. Arare ,
aratro primîun profcïndere. Liger fe fert de ce mot
qu'on ne dit point ici.
DÉCHAUSSEMENT. f. m. Terme d'Agriculture, qui
fe dit de la façon qu'on donne aux vignes & aux ar-
bres lorfqu'on les déchaufte , ou qu'on laboure &
qu'on fume la terre qui eft au pied. Ahlaqueatio.
DÉCHAUSSER, v. a. Oter la chaulfLire, les bas , ou les
fouliers à quelqu'un. Un laquais déchaufte fon maî-
tre. Excalccare. En Orient c'eft un ligne d'humilité
de fe dcchauffer en entrant dans le Temple. On dé-
chauffe fes éperons quand on va rendre la foi & hom-
mage à un Seigneur.
Déchausser des bas , des fouliers , tirer des fouliers ,
des bns. Detrahere.
Déchausser fe dit en Agriculture des arbres fruitiers
DEC
& des vignes qu'on laboure au pied, où l'on meî
du himier , ou dont on change la terre, pour leur
f-aire rapporter plus de fruit. On déchaufje la vigne
en hiver dans les p.iys chauds , pour la faire hiver-
ner , & aux froids on la chaulfe , c'eft-à-dire , qu'on
enterre les brins de fa«?îiens pour les préferver du
froid. Denys , P. II. C. I. Quand un arbre eft ma-
lade , ou fait la même opération : on le déchauj/eà'nn
côté , c'eft-à- dire , qu'on fait un petit cercle àfon
pied , & on en tire la terre , pour viliter les racines ,
& connoître la caufe de la maladie de l'arbre. Cec
examen ne fe fait point pendant la fève. Ablaqueare.
gcr Déchausser une dent, terme de Chirurgie, c'eft
avec un inftrument nomme Déchauffoir ,\?iiiècoii~
vrir en féparant la gencived'autour de la dent. Scal-^
père.
UCT On dit que les dents fe déchaulTent quand les
gencives font rongées, foitpar la carie , fou par les
drogues qu'on emploie pour les nettoyer.
Déchausser j fe dit auffi en Archireéture , des mU'
railles dont les fondemens font dans l'eau , qui les
lave , les dégrade, & les détruit infenliblement. ^'/{/^
fodere. Il y a une pile duPont-auChange qui eft tou-
te déchaujjée.
On du proverbialement, qu'un homme n'eftpas
digne d'en t^d'c/ziz/y//^/- un autre , quand il vaut beau-
coup moins que lui. Toutes vos Angéliques ne font
pas dignes de déchauffer la fans-pareille Caroline. S.
EvR. On le dit même des chofes. Cette étoffe n'eft
pas digne de déchau fer celle que j'ai vue ailleurs. On
appelle pied déchau.x j un homme de néant qui veuc
paroître quelque chofe , Si qui n'a pas le moyen d'a-
voir des fouliers.
Déchaussé , ée. Part. Sans chaulTure , fans fouliers.
Excalceatus j difcalceatus.
On appelle desCarmes, des Auguftins Déchauff'és,
des Religieux Auguftins , ou Carmes , qui vivent
dans une étroite réforme , & qui ne portent point de
chauffes , mais feulement des landales. Il y a auffi des
Pères de la Merçy déchaujjés. Il y a eu des Domini-
cains déchaufjés inftitués par le P. le Quien , des Tri-
nitaires déchaufés , & de même pour les filles des
Auguftines déchaujjées , des Carmélites déchauffées ,
des Religieufes déchaujjées de laMercy , des Trini-
taires déchaufées. yoye^ fur ces Congrégations Reli-
gieufes l'HiJloire des ordres Religieux par le P. Hc-
lyot, P. I. C. 57.48.4:;. 50. P. II. C. 47. 48. 49. P. III.
C. 6. 8. 27. 56. Il y a auffi des Frères Mineurs déchauf-
fés. On dit plus ordinairement Carmes décTiaux. On
ne dit point Auguftins déchaux , ou Frères Mineurs
déchaux , mais Auguftins déchaujjés , Frères Mineurs
déchauffés. Sur ceux-ci voye^ FRERE MINEUR.
IfT Déchaussé , ÉE.adj. Les Romains défignoient par
cette cpithète les pièces qui étoient jouées par les Mi-
mes , parce que ces Aébeurs n'avoient point de
chauffure , c'eft-à-dire , de brodequins.
DÊCHAUSSOIR. f. m. Inftrument de Chirurgie , qui
eft un fer pointu & taillant qui fert à féparer les gen-
cives d'autour des dents qu'on veut arracher. Dencis-
calprum. Foye^ Déchausser. On l'ouvre doucement
& avec grande circonfpedion , en fe fervant du dé-
chaujfoir , ou du fcalpel. Dionis. Il y a auffi des dé-
chaujj'oirs pour écarter, féparer les chairs, les mem-
branes , &CC. dans la cure des plaies, dans les ouver-
tures qu'on fait au corps , à l'abdomen j au thorax , à
la poitrine , & aux autres parties , pour guérir ou ex-
tirper certaines maladies , comme la bubonoccle j la
varicomphale , &c. Scalpellum ^fcalpellus ^fcalprum.
DECHAUSSURE.f.f. Terme de Vénerie , qui fe dit
du lieu où a gratté le loup , où il s'eft déchauffé , &
où il gîte. Fovea , lupi cubile.
DÉCHAUX J adj. m. qu'on écrit auffi fans s. Déchauf-
fé , qui n'a point ou qui ne porte point de chauf-
fes, ni de bas , quoiqu'il porte des fandales. Difcal-
ceatus. On ne le dit guère , ou plutôt on ne le dit
quedes Religieux. Les Carmes Déchaux. Toutl'Or-
dre des Obfervantins Déçhaux. Chastel. 5 Févr.
Foye-^ Déchaussé qui eft plus en alage. p. 150.
DÉCHÉANCE, f. f. Terme de Jurilprudence , perte
de
DEC
^c quelque droit acquis. DeceJJlo, dinûnuûo. Mw dc-
vokiraiic ell obIij;é de prendre poir^llion j de con-
telter & de donner caution dans l'année de ion. im-
péttation, a peine de déchéance de les droits. La ré-
bellion d'une ville emçonQ\a.decheance de les privi-
lèges.
DECHEOlU. On écrit communément comme on pro-
nonce 5 Déchoir j v. n. Je déchois ,je déchus , jefuis
déchu ,je décherrai, je décherrois j/e déchujje. Au plu-
riel du prélent de l'indicatif il y en a qui dilcat ,
nous déchoyons, vous dechoye^, ils déchoient , &d'au-
très , nous déchéons , ils déchéent: peut ■ être que la
féconde formation n'ell point dans l'orthographe,
mais feulement dans la prononciation j car il y a des
perfonnes qui prononcent la féconde (yllabe de dé-
choyons, (<ic. comme la première de tro/'eir. Aller en
décadence jfe détériorer dans fon état; tomber dans
un état pire que celui où l'on étoit ; diminuer en
biens , en crédit , en faveur. Decidere , dejicere , ini-
minui. Déchoirai fon rang, de fa taveur , de fa di-
gnité , de fes privilèges. Il eft déchu de fa réputa-
tion. Ce malade déchoit de jour en jour. Ce Banquier
lell bien déchu , a bien perdu de fon crédit. Les Ro-
mains étoient tellement nés pour commander , que
ce peuple magnanime aimoit autant périr que dé-
choir. S. EvR. Judas déchue de l'Apoftolat par fon
crime. Port-R.
§CF On dit d'un hornme avancé en .^ge qu'il com-
mence à déchoir, pour dire que Ion corps ou fon ef-
prit s'affoiblit.
^^ On le dit de même de l'efprit , de l'éloquen-
ce , Sec. Cetefprit ell bien déchu, a bien perdu de fi
force avec l'âge. Dès que la forme du gouvernement
de Rome fut changée , l'on vit déchoir l'élocjuence.
S. EvR. Dejicere , immutari.
On dit z.w'Xx déchoir de ^qs efpérances , pour dire ,
voir (fis efpérances , {q% prétentions tvom^cQS.De fpe
decidere ,fpe labi.
Ï)echeoir. , en termes de Marine , lignifie j Sortir de la
route , ou dériver. Defleclere ,decLindre. Les courans,
les flux & les reflux plus ou moins violens , & la va-
riation de l'aiguille font les caufes qui lont déchoir
ou dériver un vaiifeau; à quoi il faut que le Pilote
prenne garde dans fon eftime.
Décheoir, en termes d'Agriculture, fe dit des blés &
des autres biens de la terre , dont la récolte n eft
pas fi abondante , qu'ils fembloient le promettre.
Minus ejje fertilem quàmfpes erac , fpemaaricoU jal-
U'e. Les blés font déchus de moitié. Il eft fâcheux de
voir déchoir les vignes de la manière qu'elles font ,
c'eftà-dire , de voir que les vignes ne donnent pas
tant de raifin, qu'elles promettoient d'en donner.
LiGER.
DÉCHU J UE. part.& adj. Lapfus. La véritable vertu dé-
-chue une fois , fe rétablit difficilement dans une ame
abâtardie. S. Evr. Le Roi étoit feul , abandonné ,
& tellement déchu dans l'efprit des liens , qu'il de-
vint l'objet de leur mépris. Boss.
DÉCHU. Terme de Palais. Un appelant eft dit déchu de
l'appel , quand il lailfe prendre un congé par l'Inti-
mé. Z^ecVî/^ (S" débouté, font deux termes de Palais
dont la fignihcation a quelque chofe d'approciiant :
ilsdiftèrent en ce <\\\q déchu fe dit de l'apfH^l, &: dé-
bouté, de la demande , ou de l'oppofition ; par exem-
ple , un tel eft déchu de fon appel , un tel eft débouté
de fa demande , de fon oppofition.
DECHET, f. m. Perte , diminution qui fe fait fur la
totalité d'une fubftance , foit dans la qu.intité , foit
dans la qualité. Diminution d'unechofe ou en elle-
même , ou dans fa valeur. DeceJJio , imminutio , di-
minutio. On ne peut garder du blé en grenier , du
vin en cave , fans beaucoup de déchet. Il y a toujours
quelque déchetA^ns la fonte des métaux. Intertrimen-
tum. Il n'v a guère de marchandifes auxquelles il
n'arrive du déchet. Déchet A\i fel , du vin , de l'huile
DÉcHtT. En matière de Gabelle, fe dit d'une diminu-
tion qui furvit^nt au fel en malTe , pendant le temps
qu'il reftc dans le grenier. Le^sLAtf ordinaire eft ré
glé à deux minots fur chaque muld de fel vendu î>i
Tome III,
DEC 137
diftribué dans les greniers du Roi. Le déchet extraor»
dinaire eft celui qui le trouve au delFus des duuS
minots qu'on accorde pour le déchet ordinaire , tSC
que les Grénetiers , Receveurs & Contiôieurs lonc
tenus de payer en argent, fur le même pied qu'il fe
vend dans les greniers où ils font établis. Ordonn.deS
Gabelles de i6io.
DÉCHET. Terme de Marine' , fignifie dérive , biaife-
ment d'un vaifleau qui ne porte pas à la route , 6c
qui le fait aller par un autre rhumb de vent que ce-
lui par lequel il doit aller. Declinatio , defiexus. Il
eft de la prudence d'un bon Pilote de donner plus
ou moins de déchet à la route. Par exemple , li un
vaifleau veur laire voile au Nord , <5i qu'il foit dans
un parage où l'aigu; lie décline au Nord Eft de cinq
à lix degrés , & que les courans portent aufli au Nord-
Eft \ il faudra que ce vailfeau , pour faire le Nord , &
s'empêcher de déchoir , gouverne au Nord-Oueft ,
afin que fa route vaille Nord. Mais fi l'aiguille varie
d'un côté , &: les courans portent de l'autre, enforta
que ce qui leroit de déchet ^xx les courans , fut ôtc
par la vari.ition , il faudroit balancer judicieufemenc
toutes chofes , en compenfant un a'c'V/îff par l'autre.
On dit proverbialement qu'il y a bien du dé.het
fur lafilafle , pour dire qu'un homme n'eft pas fi ri-
che qu'il étoit , ou qu'une luccelfion , ou un emploi
ne font pas aulli confidéc.ibles qu'on penfoit, oïl
qu'une chofe n'a pas réuflî comme on 1 elpcroit.
DÉCHET , fe dit aulli au figuré, pour décadence , oii re-
lâchement. L'Eglife voit maintenant avec compallion,
& à fon dommage, le àéhet àt pliifieurs compa-
gnies régulières. Hermant. Dans ce fens il n'eft pas
uhté.
|Cr DÉCHEVELER. v. a. Déranger la chevelure. On
ne le dit guère que des femmes. Déchevcler une
femme, lui arracher fa cocffure , enforte que fes
cheveux foient épars & en délordre. iieticulum ^
capitis tegmen revellere j capillosque dejicere ^ dijlur-
bare. Ces deux femmes fe font dechevelées.
U3"DÉcHEVELÉ , ÉE. patt. C'eft la même chofe qu'é-
chevelé. On peint les furies dechevelées j pajjis cri-
nibus, dans un état conforme à la fureur qui les
tranfporte.
Mainte veuve fouv eut fait la déchevelée ,
Qui n'abandonne pas le foin du demeurant ,
Ht du bien quelle aura j ait le compte en pleurant.
La Font.
J'almerois mieux échevelée.
DÉCHEVÊTRER. v. a. Oter le chevêtre d'une bête
de fomme. Jumentum capifiro exuere. Ce mulet s'eft
déchevêrré tout feul.
On dit aulfi figurément & ban~ement , qu'un
homme s'eft a'éf'c/zcvtW d'une méchante affaire où il
étoit embarralfé , quand il s'en eft tiré , & d'une
méchante compagnie où il étoit engagé. Expedire fc
ex diffîcili negotio.
DÉCHIFFRABLE, adj. de t. g. Que l'on peut déchiffrer
ou lire aifément. Cette ancienne écriture n'eft pas
déchiffrable.
DÉCHIFFREMENT, f. m. L'aétion de déchiffrer ,
l'art d'expliquer un chiffre , de deviner le fens de ce
qui eft écrit en caractères dilférens des caradères
ordinaires. I.iterarum occultis notis exaratarum expli~
catio. Le déchiffrement t^ une chofe où l'on ne réuflîc
pas toujours. Il faut avoir un certain génie pour le
déchiffrement des lettres. Jacques de Gevri a fait un
Traité du déchiffrement de la langue Françoife. La
Bibliographie èft le déchiffrement des anciens ma-
nufcrits fur l'écorce des arbres , fur le papier & fur
le parchemin. Spon. Chaque langue a des règles
particulières du déchiffrement. Le livre de Gevri
contient celles qui font propres à la langue
Françoife. Les principales font que lorfqu'un
caraétère fe trouve feul , il faut que ce foit tin A ,
un Y, ou un O , parce qu'il n'y a que ces trois let-
tres qui fafTent un mot à part en françois. 1". Le
caradère qui fe rencontre le plus fouvent dans l'é-
criture qu'on veut déchiffrer eft ordinairement lUi
* S
138 DEC
£ ; car c'eft la lettre la plus commune de toutes en
notre langue. 3°. Pour conno'ure un A^, il faut pren-
dre le caractère qui eft toujours précédé d'un certam
autre , qui fera le Q. 4°. L'/ fe connoit auifi par le
moyen duQ; car comme QUE & QUI font les
feuls en notre langue qui, commençant par un Q j
n'ont que trois lettres , lorfqu'on trouve un mot de
trois caraârères , dont la première eft un Q , &c
dont la dernière n'eft pas un E , c'eft un J. 5°. Dans
les mots de deux caractères l'un ou l'autre eft une
voyelle. 6°. Des trois premiers caracStères d'un mot
l'un eft une voyelle. 7°. Les voyelles étant une fois
déchiffrées , on connoît aifcment les confonnes par
la liaifon qu'ont ordinairement certaines confonnes
avec certaines voyelles.
DÉCHIFFRER, v. a. Trouver l'alphabet d'un chiffre ,
l'explication d'une lettre écrite en chiffre, tuerai
cccuuis fions exaratjs explkare. On a intercepté des
lettres ; mais jamais on ne les a pu déchiffrer. Les
anciens n'ont guère connu l'art de chiffrer , ni de
de'chffrer.Foy. CHiîfKER.LesModeinQb l'ont pouffe
bien avant , & l'ont appelle Po/ygraphie &z Stéga-
nographk. Trithême , Vigenere , Àporta , Nicéron ,
ont écrit de l'art de déchiffrer.
DÉCHIFFRER , fignific auflî lire un titre , un ade doni
l'écriture eft ancienne, ou à demi effacée , ou (i mal
écrite , qu'il femble qu'elle foit écrite en chiffre.
Caracïeres veieres , & deletos pxnè diucurnitate tein-
poris légère-. Ce curieux eft un favant Antiquaire j
<\m déchiffre \es plus vieilles infcriptions , les titres
les plus effacés. Les Sergens de village écrivent fi
mal , qu'on a bien de la peine à déchijf'rer leurs ex-
ploits. Pour déchiff^rer les écritures effacées, il faut
taire tremper de la noix-de galle dans du vin blanc ,
ou de l'eau-de-vie ^ & de la liqueur il en faut frotter
l'écriture ; elle deviendra noire & lifible.
EÉcHiFFRtR J fe dit auffi tigurément, pour dire péné-
trer dans le fond d'une affaire fort difficile j la dé
brouiller ; & auffi , expliquer ce qu'il y a de plus
obfcur ou de plus fubtil dans un Auteur , dans une
fcience , expliquer un terme obfcur. Du moins
i faudroit-il déchiffrer en marge tous ces termes in-
connus , mais le plus sûr eft d'en mettre d'autres qui
foient intelligibles à tout le monde. Bouh. Abjlruja
quique & maxime recondita 6' imricata indagare , ex-
plicare , expedire , involutam ambagibus Jcriptorum
meniem perzetrare j introjpicere ^perfpicere. Scaliger ,
Cafaubon , Lipfe , Eraime & autres Critiques du
fi»cle palfé ont déchiffré bien des paffages des An-
ciens. H faut un habile Rapporteur pour déchiffrer
ce procès , tant il eft embrouillé j déchiffrer une in-
trigue.
fer On le dit auffi des perfonnes. Déchiffrer qasl
qu'un , dit l'Académie , c'eft faire connoître un
homme , en découvrant fes inclinations , & ce qui
lui eft arrivé de plusfecret. Il fe prend plus ordinai-
rement en mauvaife part. On a parlé de lui dans une
Compagnie où on l'a bien déchiff/é. Nudare aUcujus
arùmum yfacla , &c. Je ne crois pas cette façon de
parler bien noble , ni fort en ufage , même dans le
ftyle familier.
DâcHUFFRE, EE. part. Il a les fens de fon verbe en
Latin & en François.
DÉCHIFFREUR. f. m. Celui qui a la clef d'un chiffre,
ou qui déchiffre les lettres , fans en avoir le chiffre.
Exp/icator , indagator. On le dit auffi de celui qui
découvre les chofes cachées , foit dans les fciences ,
foit dans les affaires. C'eft un grand déchiffreur.
DECHIQUETER, v. a. Couper en menus morceaux.
Mitmtatim incidere. Cet homme a été aflalliné , &
fon corps a été déchiqueté en mille pièces. Déchi-
queter la peau avec des lancettes, avec des fers à fca-
rifier. Les foldats déchiquetèrent les corps morts
d'une étrange façon. Ablanc.
DÉCHIQUETER , fe dit aulîl des taillades & coupures
qu'on fait fur desétofîes pour leur fervir d'ornement.
La mode eft paffée de déchiqueter les habits.
L'origine de ce mot peut venir du mot chiquet .
qui fignifie un petit morceau ; ou d'échiquier , parcu
DEC
qu'on a pu commencer à déchiqueter par menus car-,
reaux.
DÉCHIQUETÉ, Éfi. part.
DECHIQUETURE. f. f. Découpure , moucheture ,
taillades faites fur une étofte. Jnci/io,
DECHIRAGE. f. m. On appelle à Paris Bois de déchi-
rage , le bois qui provient des vieux bateaux que l'on
dépèce.
DÉCHIREMENT, f. f. Adion de mettre en pièces,
mptate. S ciffura , laceratto. N'avoit-on pas raifon
de reprocher au Grand Prêtre fon animolîté & fon
emportement , qu'il avoit ludifamment fait paroîtrc
par le déchirement àq fes habits? M. Fleury. Ce
mot eft rarement employé au propre. Il eft plus en
ufage au figuré : déchirement de cœur , douleur vive
Se amère j déchirement de confcience. Le P. Bou-
hours ne l'approuve pourtant point. Déchiremens
d'entrailles caufés par la colique.
On trouve déchirement pris dans un fens propre
en parlant de la folution de continuité faite en lon-
gueur dans les parties raembraneufes du corps hu-
main. Lacaufe des hernies ventrales eft toujours un
déchirement qui ne fur viendra que par quelque ef-
fort très-rude , & qu'aux endroits où il y aura eu
abicès , ou plaie , qui n'ayant pas été bien cicatrifée,
laillera le péritoine fujet à fe déchirer , ou à fe r'ou-
vrir. DioNis.
DÉCHIRER, v. a. Metti-e en pièces fans ufer d'inftru-
mens tranchans. Lacerare , /arâure , d/fcerpere. On
ne le dit au propre que des étoffes j de la toile , da
papier, de la peau, des chairs &c autres chofes de
cette nature. Les Juifs déchiraient leurs vêtemens
quand ils entendoient blafphémer. Il a fallu prefque
lui déchirer le manteau pour le retenir à dîner. Ils
commencèrent à crier qu'on leur laiffât déchirer le
parricide. Vaug. On le déchirait de coups. Mau-
CROix. Je veux cependant que vous fâchiez qus
je me fens depuis quelques jours en état de déchirer
& de brûler ces gages de votre amour qui m'étoienc
fi chers. Let. Portug. Les Cailloux & les ronces
lui avoient déchiré les pieds. Bouh. Xav. L. V.
Nicod tient que ce mot vient du Latin dilacerare ,
ou du Grec rx'.l.a , qui fîgnifie la même chofe.
Déchirer un bateau. C'eft le mettre en pièces , le dé-
pecer.
Déchirer la cartouche avec les dents. Neuvième com-
mandement de l'exercice. On porte la cartouche X
la bouche , le bras tendu à la hauteur du bout dit
canon , le bout déchiré ^n haut à un demi- pied éloi-
gné du bout du canon.
Déchirer , fe dit figurément des chofes fpirituelles &
morales , pour fignifier Agiter , tourmenter par des
mouvemens différens. Lacerare , dilacerare , laniare.
La jaloufie déchire le cœur de ceux qui en font pof-
fédés. Orefte fe fentit déchiré p'xx. de cruels remords.
S. Evr. L'effort que nous faifons pour arracher le
trait qui nous blelTe , l'enfonce encore davantage :
l'ame fe déchire elle-même par cette nouvelle agita-
tion.
Trop rigoureux devoir j
Qui déchire ffzo/2 caur^ & ne n'ébranle pas. CoRN.
^fT On dit dans ce fens , des douleurs vives &
aiguës, qu'elles </ecy^i/-e«rreftomac, qu'elles déchirent
les entrailles.
§Cr On dit encore figurément qu'une chofe i/ecAirc
le cœur , les entrailles , pour dire qu'elle touche fen-
fîblemenr.
Déchirer flgnifîe encore , Partager , divifer , ruiner ,
défoler. Mifcere ,perturhare ^ depopulari , devajlare ,
defolare. L'Eglife a été déchirée par fes propres en-
fans. Boss. Les Nations barbares déchirèrent l'Em-
pire , & le mirent en pièces. La guerre civile déchira
cruellement le Royaume, & le mit fur le penchant
de fa ruine.
DÉCHIRER. Déchirer la robe , la tunique de Jefus-
Chrift , en ftyle dogmatique fîgniiie divifer l'E-
gUfe , rompre l'unité , faire fchifme. C'eft que
dans le langage des Pères de l'Eglife , la robe ou
DEC Dec iy^
la tunique de Jefus-Chrift qui écoit toute d'une pièce fCf Décider s'emploie encore neucralement , comme
ôc fans coutures , repréfentoic l'Eglife & fon unité. {ynonyme d'ordonner, difpofer. C'efl à vous à déd-
On dit dans le llyle dogmatique déchirer an Auteur,
déchirer un pafTage , pour dire l'expliquer à contre-
fens , lui taire dire ce qu'il ne dit pas. Detorqucre ,
corrumvere.
I)ÉcHiRER fignifie aufli médire , calomnier , outrager
par des médifances. MaledicTis aliquem profcinJcrc.
Les femmes font fujettes à fe déchirer l'une l'autre, i ,
Les Auteurs dans leurs critiques fe déchirent cruelle- UC?-Décid£r , juger j fynonimes. On décide une con-
ment. On fe fauve à déchirer le monde en général : , teftation, une qutftion. Onjuge une peifonne , un ou-
mais on fe damne à déchirer les particuliers. B. Rab. ' vr.agQ, Les particuliers décident. Les Magiflrats jugent.
Vous ne celiez de me déchirer. Boss. Vous allez par- j Décider , fe dit aulli en morale pour , Terminer ce
dcr de mon fort , de ma fortune. De aliqud re /ta-
tuerc.
Il n'eft dans ce vajic univers
Rien d'ajfuré ni dcfoUdc;
Des cho/cs d'ici tas /^ jortur,c décide
Selon fcs caprices divers- Deshoul.
tout me pleurer comme un hérétique , & vous me
déchire- en rne pleurant. Fenel. La Philofophie mé-
difante des Cyniques faifoit protellion de japper,
de mordre , & de déchirer tout lé monde. Balz. On
hait les médifans comme des bhes féroces qui de-
chire.u tout le monde- Bell.
Decikré, ee. adj. Laceratus , laniatus , defolatus. J'c
tois bien aife de n être plus expofé j à voir mon cœur
déchiré par la douleur de votre abfence. Let. Port.
Déchirée pat mille mouvemens contraires , je ne
fais ni ce que je fais , ni ce que je dis. Id. Biens des
gens ne pouvant plus reconnoître le Religion dé-
chirée par tant de feétes , font allés chercher un
funefte repos dans l indifférence des Religions.
Flech.
On dit qu'une femme n'eft pas trop déchirée ,
pour dire qu'elle eft encore alfez jolie &c affez fraî-
che , pour qu'on cherche à lui plaire. On dit en pro-
verbe, qu'un chien hargneux a toujours les oreilles
déchirées , pour dire qu'un querelleur a toujours des
affaires dcfigréables.
^ DECHIREURS de bateaux, f. m. pi. Ouvriers qui
dépècent les vieux bâteauxj pour en vendre les plan-
ches Se les débris.
§3° On donne encore le nom de déckireurs à cer-
tains Officiers établis pour empêcher qu'on ne dé-
chire aucun bateau propre à la navigation, Encye.
DÉCHIRURE, f. f. Rupture qui s'eft faite en déchi-
rant. Scijfura, laceratio. La déchirure d'une plaie.
Déchirure faite à un habit.
DÉCHOIR. ^oye^DECHEOIR.
DECHOUER. v. n. & a. Terme de Marine, qui dans
la fignihcation aciive lignifie remettre à flot un na-
vire qui eil: échoué fur un fond où il n'y a pas alfez
d'eau pour lui. Navim relcvare. Pour déchouer un
pareil navire , il faut l'alléger, en lui ôtant une
f)artie de fa charge. Dans la lignification neutre ,
orfqu'un navire échoué fe met à voguer de lui-
même. La marée étant venue , le navite déchoua \,
Se l'on recommença à manœuvrer. Quand mes deux
Corfiires furent déchoués , je fis brûler une barque
marchande que j'avois prife dans cette rade. Chev.
DE FoRBiN. Nous travaillâmes toute la nuit à allé-
ger ces deux bâtimens , afin de les déchouer. Id.
^ DÉCHU. Foy^î Decheoir.
DÉCIDER. V. a. Déterminer , porter fon jugement
fur une chofe douteufe ou conteilce. Quajlionem ^
controverjiam decidere j decidere de comroverjlà ,
quifiionem perfolvere. On ne doit point douter des
articles que l'Eglife a décidés. Cette loi décide notre
queftion.
^3" On le dir neutralement pour fignifier porter
fon jugement avec trop de confiance. On dit qu'un
homme décide dans les compagnies j quand il donne
fon jugement , foit bon , foit mauvais , avec har-
dielfe & témérairement fur tout ce qu'on propofc.
Si les hommes ne fe hâtoient point de décider après
un examen fuperhciel j ils ne fe tromperoient pas
fi fouvent. S. Évr. Un liomme fage eft toujours fort
retenu à décider. Le Ch. de Mer.
Crol ce que croit l'Eglife ;
Si fonfilence laijje une chofe indécije.
Ne la décide pas ^ fur un point conte fé ,
Tu ne peux décider qu'avec témérité. Vill.
qui étoit en conteftation. yne bataille décide fou-
vent une guerre. La mort a décidé ce procès. L^n
coup de dé peut décider une partie , pour dire qu'ils
terminent la guerre, le procès, le jeu.
Décider. Avec le projiom perlonnel le dit pour pren-
dre fon parti fur une chofe douteufe. St^tuere, capere
confilium. C'eft fur la foi de ce titre que cet Auteur
& les aurtes Ecrivains de l'Abbaye fe font décidés.
Diffcn. fur l'orig. de l'Abb. deS. Bertin. Il s'eft décidé
bien légèrement.
DÉCIDÉ , ÉE. part. & adj. On dit qu'un homme eft dé-
cidé, pour dire qu'il eft d'un caraélère ferme , &
qu'il a des principes dont il ne s'écarte pas.
Jfje:^ d' articles fùrs & de points décidés ,
Donnèrent aux pécheurs des fcrupulcs fondés. Vill.
DÉCIDÉ , tout paflif qu'il eft , fe dit dans un fens adif ,
pour décifif , qui prend aifément fon parti , & eft
oppofé à foible , chancelant , indéterminé , irréfolu.
Certus , conjlans. Antoine de Bourbon , Roi de Na-
varre , père du plus intrépide 6c du plus terme de
tous les hommes , fut le plus toible & le moins dé-
cidé. Voltaire. Si toutefois on pouvoit s'aflurer
d'un caradlère autli peu décidé que le fien. Mém. de
Trév. L'incrédule Dogmatifte le donne 'poMX décidé y
pour perfuadé , & il ne l'eft pas. P- Tournemine.
Décide , ée j fe dit depuis quelque temps pour déclaré
& reconnu manifeftemenr pout ce qu'il eft , cjui
n'eft point douteux ou diilimulé , qui eft certaine-
ment & ouvertement ce qu'il eft. Notior , notf^nius ,
clarè ac manijcfè talis. On ne fait ce que c\-lc que
cet Abbé par rapporta la Religion. S'ila/oit eié plus
décidé , on l'auroit bit Evèque. Ses larmes, qui tr.a-
hirent fa douleur ( du Princes des Afturies, ioifque
le Roi Philippe V lui déclara qu'il vouloir lui re-
iiK-ttre lacouionne) aux yeux de toute la Cour , ne
trahirent point fa difcrétion , & dès lors le père
reconnut dans fon fils un Roi décide, &c cap.ible de
porter feul le poids de l'Etat , dont il portoit déjà
le fecret avec tant de fagelfe. Mongin. La plupart
des hommes ne favent fe prêter qu'aux idées dont ils
font déjà prévenus , le hafard a fixé leur choix , ils
fo n t décidés .Gamaches.
-^ DÉCIDÉMENT, adv. D'une manière décidée. Il
veut décidément telle choie.
DÉCIL ou DEXTIL. adj. Terme d'Aftronomie, ou
plutôt d'Aftrologie. Arped de deux planètes éloi-
gnées l'une de l'autre de la dixième partie du Zodia-
que.
DECILLER. Foye^ Dessiller.
DÉCIMABLE. adj. de t. g. Qui eft fujet aux décimes ,
à la ilixme. Decumanus ^ decimis ohnoxius. Les héri-
tages que les Religieux de Citeaux cultivent par
leurs mains , ne font pas décimahles j ils ont un pri-
vilège qui les exempte des décunts , de la dixme.
Ch;;mp àitz:m7^Kf{t.Decumar.us ager.
DECIMAL, ALE. adj. Terme de Jurifprudônce. Qui
regarde les dixmes. ZJecamtz/îtti'. Une matière déci-
male. Par l'article 3. de la Coutume de Norn-ia,ndie,
le Bailli connoit des matières décimales, à lexclu-
lion du Haut-Jufticier.
DÉCIMAL, eft aulS un terme d'Arithmétique. Fraction
décimale. On rrouve dans les tables des Ant;!ois les
logarithmes des nombres entiers, avec les fradions
décimales. Nombre décimal eft un nombre erities
Si)
ï^o DEC
réduit en parties «//aV/îiï/e^, & les parties décimales
font les parties dans leftjuciles, ce nonibie eft réduit.
Pour entendre ceci, il taut favoir que pour la com-
modité des calculs , on partage l'unité en dix parties,
chacun de ces dixièmes en dix parties qui fonc des
centièmes de l'unité, chaque centième en dix parties,
qui font des millièmes de l'unité, chaque millième
en dix parties , & ainli de fuite à l'inhni. Quand un
.nombre contient un nombre entier d'unités ^ &
qu'il contient de plus de ces fortes de parties , qui
font des dixièmes de l'unité, des centièmes,, des
milhèmes, &c. l'on ajoute les chiffres qui marquent
ces parties dans la même ligne au devant de l'unité ,
en allant dans ce cas de gauche à droite , & quand il
manque un chiffre dans l'un des rangs , on marque
o dans ce rang- là pour diftinguer les rangs qui font
plus à droite.
Pour diffinguer ces parties décimales , des unités
entières, on marque un point, ou une virgule, ou
une petite ligne, ou un petit arc entre les unités en-
tières , & les parties décimales. On peut aulli mar-
quer en haut du dernier chiffre , à droite des parties
décimales, le chiffre en petit caradtère, qui exprime
le rangoùileff, comme l'on voit ici, ce que l'on
néglige ordinairement'comme inutile.
v^
Centaines.
4.
Dixaines.
w.\
Unités.
V**
Dixièmes.
■-4
Centièmes.
0
Millièmes.
^»'
Dixmillièmes.
>>^\
Centmillièmes
C\
Millionièmes.
00
6v.
^
M
0
4^
X
pour réduire un nombre entier en dixièmes, fans
en changer la valeur, il n'y a qu'à ajouter un zéro ,
en mettant un point entre le nombre & le zéro que
l'on ajoute. Par exemple j fi vous voulez changer
304 en dixièmes, il faut mettre 304. o. car 304 en-
tiers valent 3040 dixièmes.
Pour le réduire en centièmes j il faut lui ajouter
deux zéro , en millièmes trois zéro , & ainfi de
* fuite 304. oo. trente mille quatre cents centièmes
font la même chofe que 304 entiers; Se 304. 000.
trois cents qiiatre mille millièmes font égaux à 304
entiers; & ainfi du refte.
De même ^ pour réduire un nombre qui exprime
des parties décimales de l'unité , c'eft-à-dire , des
dixièmes , des centièmes , des millièmes , &c. en
parties décv:.j.les plus petites , il n'y a qu'à ajouter à
ce nombre qui exprime des parties décimales , autant
de zéro qu ilen faut pour lui donner le rang qui lui
convient , par rapport aux parties décimales plus
petites auxquelles on le veut réduire. Ainfi pour
réduire o. » 3.c'eft-à-dire, 13 centièmes en millioniè-
mes il faut écrire o. 1 30000.
Si dans un nombre décimal quelconque , par
exemple, 131. 456578. on avance le point qui dif-
tingue les parties décimales d'avec les entiers d'un
rang vers^ la droite , le nombre 1^4. 5^578. vau-
dra précifément dix fois plus que le précédei:t ; car
chacun des chiff^res vaudra par-là dix fois plus qu'il
ne valoir. Si l'on avance le point de deujc rangs , le
nombre 1 3145. (Î37S. vaudra précifément cenr fois
plus qu'il ne valoir ; car chacun des chiffres vaudra
par-là cent fois plus qu'il ne valoir. Si l'on avanie
le point de trois rangs , le nombre i U4Ç6. 37S. vau-
dra mille fois plus qu'il ne valoir , & ainfi de fuite.
Si au contraire on recule lepoint qui diftingue les
entiers d'avec les parties décimales vers la gauche
DEC
d'un rang , de deux rangs, de trois rangs , &c. le
nombre propolé vaudra par ce changement dix fois
moins , cent iois moins , mille fois moins , &c. qu'il
ne valoit. A'ojei le P. Reyneau , Science du Calcul ,
L.I.Sea.I.
Tout nombre entier pouvant être confidéré comme
une fradion , dont le nombre entier eff le numéra-
teur, & l'unité le dénominateur, fi l'on .ajoute le
même nombre de zéro au numérateur ik au déno-
minateur , le nombre enrier , confidéré comme frac-
tion , fera changé en nombre aécimal ians changer
de valeur. Ainii 345 =if— 5^5°^°- • car par cette
opération on multiplie le numérateur & le dénomi-
nateur par le même nombre dans notre exemple par
1 000000, ce qui ne change point la valeur de la
fraétion. Mais au lieu d'écrire le dénominateur, oa
a trouvé plus court pour le calcul d'exprimer ces
fractions décimales en lupprimant le dénominateur,
& en marquant fimplement un point entre les entiers
& les parties décimales. Ainfi i^î^°°ii^ — 345,
000000. Id.
On voit par tout cec\c{UQ décimal nQ^k. pas la même
chofe que dixième , & que les parties décimales ne
font pas des dixièmes parties , mais des dixièmes ,
des centièmes , des millionièmes , &c. & générale-
ment ce font toutes les parties qui vont en augmen-
tant de dix en dix : dix fois nn font dix , dix fois dix
font cent, dix fois cent font mille dix fois cent mille
font un million. Ces dixièmes , centièmes j milliè-
mes , millionièmes j &c. font des parties décimâtes ,
& un nombre décimal eft un nombre qui contient
quelques - unes de ces parties , par exemple , o.
1 5G000 , c'eft-à-dirc , 1 3 millionièmes, eft un nom-
bre décimal , bien qu'il ne contienne point de di-
xième , mais de nnllionièmes.
DÉCIMATEUR. f. m. Celui qui a droit de percevoir
les dixmes d'une paroillèj ou d'un certain canton.
On appelle gros décimateur celui qui a les grolfes
dixmes , le Curé n'ayant que les menues dixmes &:
les novales. Cui jus ejl in décimas , qui decimandi jus
haket. Cet Abbé eft le Collateur de cette Cure , en
eft le gros Décimateur. Les gros Décimateurs doivent
donner aux Curés une poition congrue ; ils font
de plus chargés des réparations du Chœur & Can-
cel , & de fournir les ornemens & livres néceffai-
res , au moins quand la fabrique n'eft pas en état
d'en fournir. Les Seigneurs Laies qui ont des dix-
mes inféodées font auifi gros Décimateurs. Quand
il y a des dixmes à partager entre le Curé& les gros
Décimateurs , c'eft au Curé à choifir.
DÉCIMATION. f. f.^ Aélion de décimer les foldats ,
pour punir le dixième d'un Corps , d'une Légion
qui a failli. Decimi cujuf que forte ducti animadverjio.
Decimatio.
%fT Le Romains ufoient de cette peine envers les
foldats qui avoient abandonné leur pofte , ou excité
quelque émeute dans le camp j ou qui s'étoienc
comportés lâchement dans le combat. Le Général
affembloit toutes les troupes : alors le Tribun lui
amenoit les coupables , & leur reprochoir leur lâ-
cheté & leur perfidie en préfence de toute l'armée.
Enfuite mettant leur nom dans une urne ou dans
un cafque, il en tiroir cinq , dix , ou vingt, fuivanc
leur nombre , & le cinquième , le dixième , ou le
vingtième paifoit par le fil de l'épée , le refte étoit
fauve.
DÉCIME, f. f. Terme de Mythologie. Décima. C'eft
le nom de l'une des trois Parques ; car ces DéefTes ,
que l'on appelle communément Clotlio , Lachefis &
Atropos , félon Varron & Cœfellius Vindex, cités
par Aulu-Ge!ie , L.III. C. i<j. fe nommoienr , None,
Décime & Morte : Parque, a partu , c'eft à- dire,
de l'enfantement , où commençoit leur empire fur
la vie de chaque homme; None & Décime, à caufe
âes neuf ou dix mois que l'enfiint eft dans lefeinde
fa mère ; comme Varron l'explique.
Décime étoit encore le nom que les Grecs don-
noient au dixième jour après la nailHince , auquel
on donnoit le nom à l'enfant ; ils appeloient ^ufS
DEC
Décime^ Uxkr^ , le facrifice qu'ils faifolent en mêms
temps. Voycii Rofeus, Ardiaoiog. Aulca , L. F ,
C. s-
DECIME, f. f. fing. ou DECIMES, l.f. plur. Le pluriel
fe dit plus ordinairement. On verra néanmoins dans
la fuite de cet article que le fingulier fe dit aulîî.
Ddcima , Decimdi. Ancien droit , ou fubventipn que
les Rois ont levée fur leurs fujets , tant Laics'qu'Ec-
cléfialtiques , dans les grandes nécelîités de l'Etat ,
comme au temps de Charles-Martel, pour fe dé-
fendre contre les Sarrafins ; au temps de Philippe-
Augufte contre les Infidèles : & cette taxe fut alors
appelée Saladine.C&ztiiconznbmïon, qu'on appeloit
décimes , fe prenoit fpécialement j & même unique-
ment dans la fuite , fur les Eccléfialliques. Sous quel-
que prétexte les Rois l'exigeoient du Clergé , mais
par la permilfion du Pape , & quelquefois les Papes
d leur tour , & du confentement du Roi. Pour les
décimes que les Papes levoien: comme un tribut pief
que ordinaire , fur-tout tant qu'ils réfidèrent en
Avignon , le Concile de Conllance les retrancha, 5c
ordonna qu'on ne les leveroit plus à l'avenir que du
confentement univerfel des Prélats. A l'égard de
celles qu'on payoit au Roi , on les accorda li fré-
quemment , qu'elles devinrent un fubfide ordinaire.
Le Clergé n'y confentoit que pour dix ans , que l'on
continuoit quand ils étoient expirés.
La première Ordonnance qui porte inftitution de
décimes , eft de Philippe-Augufte , à qui elles fu-
rent accordées l'an 1 188 dans un Concile tenu à Pa-
ris. Louvet rapporte cette Ordonnance dans fon Hif-
toire de Beauvais , T. II p. 309. Elle eft en Latin
fuivant l'ufage de ce temps-là : le mot décima s'y
trouve plufieurs fois au iingulier. Sous le règne de
S. Louis en i i6j. les décimes furent encore levées
pour la conquête de la Terre- Sainte. En 1174 le II.
Concile de Lyon les ordonna pour le même fujer.
Philippe-le-Haidi les leva en 1175. Philippe- le-Bel
les leva aullî en 1504. Paul-Emile rapporte dans
fon Hiftoire la Chartre ou l'Ordonnance qui les éta-
blit 5 elle eft du 12 Avril 1 304. Le Roi l'adreffe aux
Evêques , Abbés , Doyens , Prieurs , &c. de fon
Royaume : cette Ordonnance eft en Latin. Les dé-
cimes iwïQnt encore levées en 1306, 1312J 1315,
1337. FroilTard parle à la page 55 du premier vo-
lume de fon Hiftoire d'une décime qui fut levée en
1355. fous le règne du Roi Jean. Cet Auteur l'ap-
DEC
141
^ gler les taxes &<. les difficultés qui arrivent fur U
payement des â^ïtv,;:^. Leurs appellations reftortiirent
en un Bureau général établi à Paris , qui fe tient au
Palais.
Décimes j dixmes & dixième j font trois mots qui
ont la même origine , ils viennent de decimu^ , mot
formé de decem , dix ; mais dans l'ufage ils ont une
lignification diftérente. Décimes ligiiifie ce que les
Eccléfiaftiques donnent de leurs bien:) Eccléfiaftiques
au Roi pour les guerres faintes, ou pour les befoins
del'Etar. Dixmes lignifie ce que les fidèles donnent
aux Miniftresde l'Eglife pour les entretenir. Z)/.viè;;z£;
ou dixième denier lignifie la dixième partie des re-
venus que le Roi levé fur fon peuple» yoye^ Dixme
&r Dixième.
DECIMER. V. a- Terme de l'ancienne Milice des Ro-
mains , qui, pour punir les Légions entières qui
avoient manqué à leur devoir , faifoient tirer au
fort chaque dixième foldat , & le faifoient mourir ,
pour donner l'exemple aux autres. Decimare j deci-
mum quemque forte duclum pleclcre ,fuppHcio ajficere.
On l'a quelquefois fait en France.
Décimé , ée. part. pa(T. & adj. Decimus quifque forte
duclus.
DÉCIMEUR. f. m. Le P. Sanlecque s'eft fervi de ce
mot pour Décimateur , qui feul eft en ufage.
DECINTRER, ou DECEINTRER. v. a. Terme de
Maçonnerie. Oter les cintres de charpenre fur lef-
quelson a conftruit une sov.iQ.ArcumLigneiimflruendo
defuper jornici accornmoddtum deflruere , evertere j
tollere. Il ne faut décintrer que quand les voûtes
font féches & bien affermies.
DECINTROIR , ou DECEINTROIR. f. m. Efpèce
de marteau qui a deux taillans , mais qui font tour-
nés en divers fens , dont les maçons fe fervent pour
équarrir les trous commencés avec le têtu , ou pour
écatter les joints des pierres dans les démolitions,
MalUi genus.
DÉCIRER. V. a. Oter la cire. Nous n'osâmes nous ha-
farder d'embralTer notre ami d'Aubevillè en l'état
qu'il étoit. Mais fi-tôt
• Quau logis il fut retiré ^
Débotté ,Jrotté , déciré ,
Ec qu'il nous parut dAnjfé y
Ilfutpromptement emhrajjé.
Voyage de Bach. & CHAPEttE.
pelle dixième. Enfin ces taxes font devenues perpé-
tuelles fur le Clergé par des tranfadtions faites en \ DÉCISIF, ive. Qui décide, qui réfoud j qui prononce
1516, avec le Roi François I. Cette taxe a été ap-
pelée Pafcaline. Depuis par un contrat fait à Poillî
en 15^1. elles ont été converties en rentes de feize
cens mille livres , qui font les rentes de l'Hôtel de
Ville fur le Clergé. Dans les Mémoires du Clergé
on trouve que ces décimes ■, de la façon qu'elles fe
lèvent aujourd'hui , ont été accordées par'une Bulle
du Pape Léon X. de l'an 1 5 16. fous prétexte d'une
Croifade pour aller faire la guerre au Turc, où le
Roi devoir aller en perfonne avec le titre d'Empe-
reur d'Orient , que le Pape lui accorda ; & cette
décime fut accordée pour un an feulement. Le Roi
envoya alors dans les Provinces des Commillàires
pour en faire la taxe j qui dure encore aujourd'hui.
Les décimes extraordinaires confiftent en une autre
taxe qu'on fait tous les cinq ans fur les Bénéfices pour
le préfent , ou don gratuit que le Clergé fait au Roi
pour les frais de l'alfemblée , pour les penfions &
grarifications que fait le Qlergé à diverfes perfon-
nes , aux Séminaires , &c. Le Clergé accorda trois
fois au Roi Louis XIII. des décimes extraordinaires ,
ou donsgratuits:favoir, en 1611 , ifiitî, iiîiS.Cet
argent fut employé à faire la guerre aux Huguenots.
Depuis ce temps là il ne s'eft point tenu d'alTemblée
ordinaire du Clergé qui n'ait fait au Roi un préfent
confidérable.
Les Receveurs & Contrôleurs des décimes font des
Officiers commis par le Clergé pour recevoir ces
deniers. Le Bureau des décimes eft une Chambre
Eccléfiaftique établie en chaque Diocèfe pour ré-
en dernier relîoit. Decretorius LIne loi , une auto-
rité , une pièce , une raifon décifvc , fonr les chofes
qui décident un procès. Combat décifif. Fuona decre-
torid.Y os manières fougueufes & déciflves lontinfup-
portables. S. EvR. Cescenleurs qui fe donnent voix
décifve fur tous les Ouvrages , découragent les Au-
teurs par la chaleur de leurs préventions. La Bruy.
Quand on eft médiocrement fage , on ne s'avife
point de faire le déàfif. P. Rap. L'humeur ferme &
décifve du Cardinal étoit propre à furmonter toutes
les difficultés. Fléch. C'eft un défaut trop crdinaire
que de prononcer des arrêts déciffs fur le falut &:
la damnation des autres. S. EvR. Il eft dangereux de
déférer à la raifon l'autorité décifve dans les matiè-
res de foi. Id. Remarquez que ces pieux ignorans ,
qui vantent tant leur humilité, font d'ordinaire les
plus déciffs. Id. Rien n'eft plus incivil que le ton
décifif (\\x(i prennent les Savans dans la converfation.
Ils s'imaginent être en droit de prononcer en der-
nier refTort fur tout. Bell. On dit un air décifif , non
pas pour marquer l'air du vifage , mais le caraâcre
d'efprit d'un Auteur qui décide librement, hardi-
ment. On a reproché à Lambin fon :in déc/ff âtins
l'explication des chofes les plus obfcures , &: les
plus difficiles qui fe rencontrent dans les Anciens.
Ménage. Ton décifif 1 fouvent le même fens , &c
l'on entend par cette expr-jffion le caradère déciff
de l'efprit d'un homme j le ton déc'ff Ae fa voix,
ou le ton de fa voix qui frappe les oreilles. Bacon ,
ancien Doifteur Anglois de l'Ordre des Carmes ^ elt
î4i DEC
lurnommc le Dotteur deafif y ou le Dodeui: réfolu ,
L>ocl'ir rcjblutus. Ce mot appliqué aux perfonnes fe
prend rarement; en bonne part.
DECISION, f. 1. Loi d'un Supérieur qu'on doit fuivre.
Decijio. Les dédjions de lEglile l'ont les règles de
iiotre croyance. Les dédjions du droit font les fuii-
demens delà Jurifprudence. Les dcdfions de l'Em-
pereur Julunien font les 50 Ordonnances qu'il ht
après la publication du premier Code , pour décider
lés grandes conteftations qu'il y avoir entre les Jurif-
coniultes.
DicisiON , fe dit quelquefois des avis , des réfolu-
tions , des autorités des Savans qui aident aux Juges
à décider. Les dédfwns de la Rote font les arrêts de
la Jurifdiction établie .i Rome. Les dédfiûns de^oë-
tius , & d'autres Jurifconfulres. Le Parlement a déjà
fait la dcdjion de notre aftaiie par un arrêt rendu fur
la même efpèce.
DicisioN , fe dit aufiî de certains préjugés , ou avan-
tages qu'on tire dans quelque affaire par quelque
incident quil y furvient. Cet arrêt interlocutoire ell
la déajioii de mon procès. Ce titre j que le hafard
m'a fait trouver , eft la dédfion de notre différent.
Ce coup doit faire la dédifion de la partie. Du fuccès
de cette querelle dépendoit la dédfion de tout ce
qu'il y avoir de différens à vider. Vaug.
IJCr Ce mot confidéré com.me fynonyme de réfolu-
tion , déiigne un acte de l'efprit qui fe déclare après
avoir examiné une affaire. U eft rare que les dédifions
aient chez les femmes d'autre fondement que l'ima-
gination &: le cœur.
|C? Décision , rcfolution. La. dédfion, dit M. l'Abbé
Girard , eft un ade de l'efprit , & fuppofe l'examen.
La réfoluâon eft un acte de la volonté, & fuppofe la
délibération. La première attaque le doute j &: fait
qii'on fe déclare. La féconde attaque l'incertitude ,
& fait qu'on fe détermine. Nos didjions doivent être
juftes , pour éviter le repentir. Nos réfoiutions doi-
vent être lermes , pour éviter les variations.
|fc? Il femble que la nfoLuûon emporte la déd-
fion , & que celle-ci puilfe être abandonnée de l'au-
tre; puifqu'il arrive quelquefois qu'on n'eft pas en-
core rejbùi à entreprendre une chofe pour laquelle
on a déjà dddJe -y la crainte , la timidité, ou quel-
que autre motif s'oppofant à l'exécution de l'arrêt
prononcé.
^^ En- fait de fcience, on dit la dédfion d'une
queftion , Se la rjoludon d'une difficulté. C'eft or-
dinairement dans les endroirs où l'on dedde le plus
^ ^u on prouve le moins. Dans les Ecoles on répond
;^ a toutes les difficultés , & on y en /f/cJW très- peu.
DECISIONNAIHE. f. m. Qui décide avec alfurance.
Je me trouvai l'autre jour dans une compagnie , où
je vis un homme bien conrentde lui. Dans un quart-
d heure il décid.i trois queftions de morale , quatre
problêmes hiftoriques , & cinq points de phyfique :
je n'ai jamais vu un dédfiionnaïre lî univerfel : fon
efprit ne fut jamais fufpendu par le moindre doute.
Leur. Perf.
DÉCISIVEMENT. adv. D'une manière décifive. Il
n'eft pas rare de trouver des ignorans qui parlent
deafiivement fur une affaire. Les gens de Cour pré-
tendent juger dédfivement de la dclicateffe des plai-
firs, S. EvR. Le Duc de Créqui eut ordre de parler
dédifiivantm au Nonce, tant fur l'affaire de Caftres,
,que fur les autres points dont , &c. L'AbbÉ Regn.
DECISOIRE. adj. m. Se du feulement au Palais , du
ferment d'une partie qui décide le différent. Deae-
tonus. La patrie s'en eft rapportée au ferment dédi-
foire du défendeur.
DECIUS. i. m. Nom d'homme. Dédits. U faut con-
ferver ce nom , comme nous l'avons dit , excepté
pour l'Empereur Dèce. Les Z)ei,7i\r ccoient une fi-
Ti-iille plébéienne , mais confidérable dans Rome , &
qiù donna pliifieurs Confuls à la République.
DÉCIZE. Ville de Frnnce ^dans le Nivernois. Decetia,
Deceda. EWe e{ï firuéednns une île à l'embouchure
<5e la rivière d'Atron , dans la Loire. On a trouvé
âins Ded{e p\afieu':s médailles Romaines , qui font
DEC
connoître qu'il eft ancien. On prononce communé-
ment D^i:^e.
DECIZELER. v. a. Terme des Eaux & Forêts. On fait
deci^eier & empiler les bois qui ont été enfoncés
dans l'eau.
DECKENDORFF , ou TECKINDORFF. Ville d'Al-
lemagne , dans la Balfe-Bavière , à une bonne portée
de fflfil du Danube.
DECLAIRER. v. a. Mot de la façon de Marot. Décla-
rer. Dedarare.
Voix argentine j haute & claire j
Ta bonne grâce me déclaire
Que tu ne chantes pasjans art. Marot.
La rime l'a porté à faire ce mot pour déclarer.
Ç:TDÉCLAMATEUR. f. m. Qui déclame , qui pro-
nonce un difcours , un ouvrage j qui récite en pu-
blic. Declarnator. C'eft un eictllent, un mauvais
déclamatcur. Ce mot n'a rapport qu'au ton & aux
geftes. Bon déclamateur , qui prononce avec les tons
. & les geftes convenables.
^fT Chez les Romains on appeloit déclamateurs ,
les Rhéteurs qui faifoient des e-^ercices d'éloquence
dans leurs écolesi
^fj" Nous appelons auffi déclamateur ^ un Orateur
plus occupé du choix des paroles , du ton & des
geftes J que des penfées & de la compofition. Dans
ce fens il fe prend toujours en mauvail'e part. Cec
Avocat n'eft qu'un dec.amateur. Juvénal s'emporte
fort contre les déclamateurs de fon temps. Juvénal
n'eft lui même dans l'es fatyres qu un déclamateur.
GoD. Lucien a cela des déclamateurs , qu'il veut
tout dire , & qu'il ne finit pas toujours où il faut.
Ablanc. La plupart des déclamateurs fe perfuadenc
qu'il eft de l'ellenced'un beaudilcours de durer plus
d'une heure j & qu'on eft obligé de les écouter fans
s'ennuyer. S- Evr. Les i^^c/a/Tzarearj ont été les pre-
miers corrupteurs de l'éloquence. Id. Un déclama-
teur n'eft pas obligé d'alléguer un argument démonf-
tratif J mais feulement un raifonnement vraifem-
blable, ou éblouilfant. Jufqu'à ce qu'il revienne un
homme qui prêche avec un ftyle nourri des Saintes
Ecritures , les Déclamateurs feront fuivis. La Bruy.
On ne fauroit affez blâmer ces Hiftoriens qui veu-
lent faire les Déclamateurs , & qui interrompent le
cours de la narration pour faire valoir leur élo-
quence. Fléch.
Tous ces pompeux amas d'exprejjîons frivoles
Sont d'un Déclamateur amoureux de paroles. Boii..
On appelle ftyle de Déclamateur j un ftyle plus
figuré &; plus ampoulé qu'il ne convient au fujet.
AcAD. Fr.
DÉCLAMATION, f. f. Difcours fait pour être pro-
noncé en public , & fur le ton d'Orateur. Déclama-
tio. Les déclamations de Quintilien. U fe dit parti-
culièrement de ces exercices &c déclamations qui fc
font par les écoliers pour apprendre à parler en pu-
blic. Une Déclamation contre Annibnl , contre Pyr-
rhus J &C. La déclamation parmi les Grecs étoit de-
venue un art de parler indiftin6tement lur toutes
fortes de matières , de faire paroître jufte ce qui
étoit injufte, & de triompher des meilleures raifons.
Ce genre de déclamations étoit très-propre à cor-
rompre les efprirs , en les accoutumant à cultiver
l'imagination, plutôt îju'à former le jugement, Sc
à. chercher plutôt des vraifemblances pour éblouir ,
que de folides raifons pour perfuader. S. Evr Les
déclamations n'ont été introduites que pour exercer
l'efprit des jeunes gens fur des fujets qui puiffent
tomber dans l'ufage ordinaire. S. EvR.
Déclamation. Dans quelques Collèges lignifie une
petite pièce de Théâtre , compofée ordinairement
de quelques fcènes feulement , fans diftinétion ni
pluralité d'ades , qui fe fait pour exercer les éco-
liers , & les former à parler en public. Declamatîo.
DEC
On ne fait des DédamanonsQ^&w Rhétorique tc en!
Seconde. ,, ,
^ DECLAMATIC3N. Se prend aulii pour 1 art de pro-
noncer un diicours avec les tons & les geltes conve-
nables j prononciation & adrion de celui qui dé-
clame. Ceft une des pruicipales parties de l'Orateur.
Cet Orateur a la dédamadon belle, noble, &c. froide
& mauvaile.
§Cr On le dit en mauvaile part des termes pom-
peux & figurés employés dans un ouvrage , &: dans
un fujet qui ne les comporte pas. L'Orateur a mis
trop de dedamationà3.nsctlx.t pièce. Projidc ampui-
lasi}'j'cfquipedalïa\'erha.
%J Déclamation iîgnifie encore^ invedive contre
une perfonne ou une cliofe. Infedado , ohjurgado ,
ûccrrima rcpr^henfio. Vos dédamauons font trop ai-
gres ; elles'^irritent , &c ne corrigent perfonne. Tout
le plaidoyé de cet Avocat n'a été qu'une perpétuelle
décLamation contre fes parties.
DECLAMATOIRE, adj. Qui appartient à la déclama-
tion. Dcdarnacorius. Il y a de grands mots qui n'ap-
partiennent qu'au llyle dédamatolrc , de d'autres qui
ne fe difent qu'en ftyle familier.
DECLAMER, v. a. Réciter en public , ou fur un théâ
tre quelque difcours , quelques vers avec les gelles
Se les tons convenables. Deddmare. Cet Auteur dé-
dame bien les vers , mais il n'entre pas dans les
pallions. Ce Prédicateur fait bien dédamer ^ mais i!
ne fait pr.s émouvoir.
DÉCLAMER fignifie aulîiparler avec clialeurcontre quel
qu'un , ou contre quelque choie. In aliqucin invehi j
aliqucm infeclari , contra , in aliquem dcdamare. Les
Dévotes ne manquent jamais de déclamer contre les
coquettes ; elles les déchirent en toutes les com-
pat;nies. On foutlre qu'un homme dédame en géné-
ral contre les vices j mais il ne faut pas qu'il dédame
contre les perlonnes. Je n'entends pas dédamer
contre un Ordre que je révère. Patru. Dans ce fens
il eft neutre.
DÉCLAMÉ, EE. Difcours bien dédamé.
DECLARATIF , ive. adj. Terme de pratique Aéle
qui déclare quelque chofe. Dedarans , Jignificans ,
dedarandi , Jignijicandi vim habens. Il y a eu un Bref
dédaradj\ une Bulle du S. Père dédaravvc de fon
intention fur l'affaire qui lui a été propofée. Un titre
qui n'eft pas attributit du droit , mais feulement
dédaradj.
C'eftauiïi un terme de Grammaire. J'appelle con-
jonctions dédaradves, celles dont on fe fert d'or-
dinaire pour mieux faire entendre , & pour mieux
éclaircir quelque chofc \ &c ces conjonctions font ,
Javolr, àj'avoir , cejl-à-j'avoir , comme ^par exemple ,
cejî-à-dirc , &c. L'As. Régnier.
fier DECLARATION, f f. C'eft en général un .aéle ,
un difcours par lequel on déclare quelque chofe , un
âéte par lequel on tait connoître ce qui étoit ignoré.
Dedarado. Dédaradon d'amour , de mariage. Les
paroles les plus oblcures d'un homme qui pbir
donnent plus d'agitation , que des dédaradons ou-
vertes d'un homme qui ne plaît pas. Cet homme a
fait fa déclaration à fes amis qu'il ne fe mêleroit
point de leur différent.
^CT Déclaration du Roi. C'dl une loi par laquelle
le Roi explique , réforme , ou révoque une Ordon-
nance , ou un Edit. Ce font des Lettres-patentes du
Prince , par lefquelles il déclare fa volonté fur l'exé-
cution d'un Edir , ou d'une Ordonnance précédente,
pour l'interpréter , la changer , l'augmenter , ou la
diminuer. Dcdaratio , fïgnificatio , dcnunciatïo. Il y
a des Déclarations de François I. fur l'Ordonnance
de l'abréviation des procès. Les Déclarations font
datées du jour qu'elles font données \ au lieu que
les Edits ont feulement la date du mois. Les Décla-
rations fe fcellent ieulement en cire jaune , & les
Edits en cire verte. La Dédaradon eft fort différente
des Edits, Loix, Ordonnances & Conftitutions. Foy.
ces mots.
ifT Déclaration deguerre.C étoit chez les Romains
nn actî public fiit par les Hcraux ou Féciaux , qui
DEC
H3
fîgnifioient aux ennemis les griefs -tfae l'on avoïc
contr'eux , & qu'on les exhortoit à reparer j ians
quoi on leur déclaroit la guerre. Si ces premières
démarches étoient inutiles , la guerre étoit réfolue
dans le Sénat ^ après tjuoi un des féciaux poitoit
une javeline , brûlée par le bout &. ferrée , lur les
frontières des ennemis \ 6c en préfence au moius de
trois perfonnes âgées de 14 ou i j ans , il leur dé-
claroit la suerre , en lançant cette flèche ou javeline
lur leurs terres : ce qui etoit regarde comme le
premier aéted'holtilité. f^oyei Héraut Hc Fecial.
§3" Aujourd'hui \es dédaradons de guerre fe font
avec moins de cérémonies. Les Rois ne font que
publier des manifeftes , dans lefquels ils expolenr
leurs griefs & les taifons qu'ils ont de faire la guerre.
Dedaratio , denunciatio bedl. Les actes d'hoftilitc
précédent fouvent la déclaration de guerre.
Déclaration , en termes de Palais , eft un ade de
démilîiondequelque droit en faveur de quelque au-
tre. Ahdicatio. Ce Procureur a été adjudicataire de
cette terre, & en a fait fa dcdaration en faveur d'un
tel.
Déclaration fignifie quelquefois une contre- lettre.
Cet homme a fait une obligation fimulée de deux
mille écus fous le nom d'un de fes amis , lequel en
mcme temps lui en a donné la déclaration , pour
dire une contre-lettre. Scrivtum contrarium , contra,
fcriptum. On du aulli au Palais , qu'un homme a tait.
[a. déclaration à l'Audience ; qu'on lui a donné aéte
de fa déclaration-^ qu'il a été renvoyé abfous après fa
déclaration. Deciaratio.
On dit aulîi , intenter une adion en dédaradon
d'hypothèque , quand on fait alîigner un tiers acqué-
reur d'un héritage pour le voir déclarer afteèté & hy-
pothéqué aux dettes de fon vendeur.
Déclaration de dépens , ou de dommages & inté-
rêts, eft un dénombrement ou mémoire qu'on donne
par articles , des frais faits en un procès , ou des
dommages foufferts à fen occafion , & dont on a
obtenu condamnation contre fa partie , afin de les
taxer. Dedaratio ,Jîgn}Jkatio , denunciatio.
On dit aulli en ce même fens , donner une déda^
ration de fes biens &: effets , une déclaration par
tenans & aboutillans des héritages d'une telle Sei-
gneurie, pour dire , en donner un mémoire & un
dénombrement exact , avec délignation des bornes
&des limites.
Déclaration. Terme de commerce & de douaire,
état ou fadure des marchandifes qui font dans les
balles , ballots , ou caiffes que les Marchands font
entrer dans le Royaume , ou en font fortir. Les Mar-
chands , Voiruriers ou conduéteurs des marchan-
difes font obligés de faire leur déclaration fur le
regiftre du Bureau des Fermes , ou d'en apporter
une lignée du Marchand ou propriétaire , qui de-
meurera au Bureau j& qui fera encore tranfcrite fur
le regiftre , & lignée des Voituriers , s'ils favenc
écrire.
DECLARATOIRE. adj. m. te f. Ade , ou claufe qui
déclare juridiquement quelque chofe. Significans ,
dedarans. Il y a eu plufieurs ades dédaratoires de la
volonté du Teftatcur qui confirment fon teltament.
Sentence dédaratoire.
tfT DECLARER, v. a. Dans la fignification la plus
étendue , c'eft faire connoître ce qui étoit ignoré ;
c'eft fous ce point de vue qu'on peut le regarder com-
me fynonynie des verbes découvrir , inanifefter j
révéler, déceler, que nos Dictionnariftes confon-
dent. Mais déclarer ci^ proprement dire les chofes
exprès & de deffein , pour en inftruire ceux à qui
on ne veut pas qu'elles demeurent inconnues. Dc-
darare , indicare. Les criminels déclarent prefque
toujours leurs complices. Confcios prodere. /^i]ye~ les
autres verbeS à leurs articles parriculiers. Un tel n
déclaré {on mariage, après l'avoir tenu long-temps
fecret. Déclarer fes deffeins. Conjilia promerc.
ifJ' Un Souverain déclare un ijénéral , déclare des
AmbalTadeurs , pour dire quil les nomme publique-
ment pour exercer ces fondions. Rsnunciare. Prodi'
144
DEC
tus Impcrator. Généqal nommé , déclaré. Il déclare
le joiîf de fon déparc, il annonce, il déclare tout
haut qu'il partira tel jour. Indicere.
§Cr Déclarer figiiitie auill faire coiinoître par un
acte public , par autorité publique. Une Bulle con-
traire aux anciens Canons & à nos libertés ell décla-
rée abuiivc. Un criminel eft ^ccA^'t; atteint & con-
vaincu du crime don: il étoit acculé. \Jn mariage où
les cérémonies de l'Eglife n'onc pas été oblervées,
eft déclaré nul , eft callé , rompu , diirous.
Ç5" DÉCLARER , avec le pronom perfonnel j fe prend
dans diiWrentes acceptions. Se ^fc/^^rfr lîgnihe quel-
quefois s'expliquer-, dire ce qu'on penfe. Il n\\ pas
voulu (e dédartr la delfus. Mentemfuam aperire.
^fT En parlant des maladies , c'eft fe montrer, fe
maniferter. Manijcjlum ejje. La maladie s'eit dcda-
ree\ c'eft une fluxion de poitrine. La petite vérole
commence à le déclarer.
^3" Se déclarer (îgnitîe encore faire connoître par
quelque atl:e extérieur , par quelque démonftration ,
qu'on prend le parti de quelqu'un contre un autre ,
qu'on fe tourne de l'on côté. Patrocinari alicui ,fuj-
fragari. Dans les difputes littéraires le public fe û'c-
clare toujours pour celui qui a raifon , ou fe déclare
toujours pour les malheureuA. Se déclarer pour
le ientiment de c|uel.}u'un. Ad allcujus fententiam
tranjikfi. La viéloirealloit le déclarer ^^onz nous, lorf-
que , &c.
53° C'eft encore prendre parti dans une guerre
commencée. Ce prince voudroit bien garder la neu-
tralité ^ mais on le irorceraà fe déclarer.
DÉCLARÉ , ÉE. part.
DECLAVER. v. n. & a. Terme de Mufique. Oter une
clef, pour en fubftituer une autre. Clavan mutare,
clavem clavi J'ubjiituere. Le changement de clefs fe
fait en mufique pour réduire au mode naturel le
mode le plus Hguré , fins toucher aux notes. C'eft ce
qui a tait appeler cette opération déclarer. En France
éc en Italie on s'eft habitué A déclaver mal certains
modes lansqu'ily ait en cela aucun prolrc.
DECLENCHER, v. a. Déclencher wnc^oviz, c'eftiever
la clenche pour l'ouvrir.
Ce mot eft compofé du nom clenche , & de la prc-
pofitioa ou fyllabe de.
DÉCLIC. Efpece de reiTôrt qu'on attache à un bélier
ou mouton d'une pefanteur extraordinaire , dont on
fe fert pour enfoncer des pieux. On élevé ce mouton
avec un tour entre deux ou quatre pièces de bois ,
longues de 15 ou de 30 pieds. Quand ce bélier eft
monté en haut , on tire une petite corde qui décache
un déclic , & fait tomber le mouton fur la tête du
pieu. Voy. Mouton.
DECLIN. 1. m. Diminution de force & de vigueur j
l'état d'une chofe qui tire vers fa hn. Il eft fur le dé-
clin de fon âge , de fa vie. Ingravefcens xcas. Le déclin
du jour, f'ejper, inclinans in vefperum dies. Nousfom-
mes fur le déclin de la lune. Decrcfcenûa. L'Empire
Romain éroir fur fon déclin , quand les Franijois con-
quirent les Gaules. Imperiifenecîus. Le jugement n'eft
tout-à-fait formé , & n'arrive guère à fi perledfion ,
quequand les autres puilFances de l'amefont fur leur
déclin ôc fur leur retour. Costar. On s'en fervoit
autrefois pour dire le penchant d'une montagne. En
ce dernier fens il eft vieux.
DÉCLIN. En médecine, c'eft le temps d'une maladie
en général , ou d'un paroxyfme en particulier , dans
lequel la nature gagne le deftus fur la maladie, &
où il fe fait une rémillion des fymptômes, à la fuite
du plus haut période de la maladie. DecUnado j de-
crementum. Dict. de James. Il le pria de fe donner
un peu de repos , du moins jufqu'à ce que la fièvre
fut fur fon déclin. Boun.
IJCTDÉCLIN fe dit encore du reftort d'une arme à feu ,
par lequel le chien s'abat fur le ballinet. Le déclin
du piftolet , du fufil fe débande.
CCTDÉcLiN de la fève , en .agriculture , eft quand la
fève relfe d'être fort abondante. Certaines greffes ne
réuPiîireiu c^ue quand on les fait au dédia de 1%
fève.
DEC
DÉCLINABLE, adj. qui s'applique aux noms qu'on
peut décliner. ISomcn quod dedinari , quod infiecli
potejl. Ce nom n'eft pas déclinable en plufieurs cas.
DECLINAISON, f. f. Terme de Grammaire. Bedi-
natio. Inflexion des noms félon leurs divers cas ,
comme nominatif , génitif , &c. Première, féconde
dedinaifon. Dedinaifon , par rapport aux langues
dont les noms reçoivent ditférens changemens , foie
au commencement , loit au milieu, loit à la fin, eft
l'exprellion de rous ces changemens dans un certain
ordre, &: par certains degrés qu'on appelle cas : SC
par rapporc aux langues , donc les noms ne reçoi-
vent point de changemens dans un même nombre ,
la dedinaifon eft l'exprellion des diftérens états où
un nom le trouve , & des différens rapports qu'il a;
cette diftérence de rapports le marque par des parti-
cules qu'on appelle articles , /e j la^de ^ du ^ de la ,
à _, des , aux.
DÉCLINAISON, en termes d'Aftronomie, eft l'éloigne-
ment ou la diftance des aftres de l'équateur. La aécli-
nmfon du Soleil , quand il eft au Solltice , eft de 25
degrés (?i demi. On peut lavoir chaque jour la dé-
dmaijbn du foleil. Koh. La dédinaij'on méridionale
eft la diftance d'une étoile à l'éciuateur vers le pôle
méridional. La decUnaifon feptentrionale eft la dif-
tance d'une étoile à l'équateur vers le pôle méridio-
nal. La didinaifon eft vraie ou apparente. La déclic
naifon vraie d'une planète eft la diftance du vrai lieci
d'une planète à l'équateur. La decUnaifon apparente
eft la diftance du lieu apparent d'une planète à l'é-
quateur, V^>y. Apparent. Tous les grands cercles de
la fphère, qui palfent par les deux pôles &: par une
étoile , s'appellent cercles de decUnaifon , parce que
l'on compte fur eux la diftance des étoiles à l'équa-
teur, que l'on nomme decUnaifon , qui eft le complé-
ment de leur diftance aux pôles. Le cercle de decU-
naifon qui palfe par les pôles & le zénith , s'appellç
plus particulièrement méridien. Cassini.
En termes de Gnomonique , on dit que la dtcii-'
naifon d'un mur , d'un cadran vertical , eft de tant
de degiés, quand il s'en manque tant de degrés qu'il
ne regarde direétement un des quatre points cardi-
naux de l'Horifon. Ainfi la decUnaifon d'un plan eft:
l'arc de l'Horifon compris entre le méridien du lieu,
&: le vertical perpendiculaire au plan.
DÉCLINAISON , en termes de Marine, eft la variation
de l'aiguille aimantée, quand elle ne fe tourne pas
précifément vers le Nord, & qu'elle décline ou vers
rOrient ou vers l'Occident. On dit que Robert
Norrman , Anglois, eft le premier qui ait découvert
la dédinaij'on de l'aimant. Elle eft inégale & incer-
taine , jufques-là qu'elle varie dans le même Méri-
dien ou Parallèle. La decUnaifon de l'aimant fe fait
différemment en diftérens endroits de la terre; c'eft-
à-dire, qu'il décline plus dans un endroit que dans
un autre; qu'en un même endroit il décline tantôt
plus, tantôt moins ; tantôt vers l'Eft , tantôt vers
i'Oueft ; qu'enfin il y a des endroits où cette decU-
naifon augmente ou diminue tous les ans fort fenfi-
blement, & d'autres où elle ne change qu'infenlî-
blement. Jufqu'ici les raifons de ces declinaifons fî
différentes & h inégales ont paru inexplicables. Sur
le grand Banc fa decUnaifon va jufqu'à 22 degrés &C
demi. Quand elle eft orientale, ou du côté d'Orient,
on dit que l'aiguille nordefte. Quand elle eft occi-
dentale , on dit qu'elle nordouelte ; &c fur la Médi-
terranée on dir qu'elle grécalife ou qu'elle macftra-
life. Elle n'a point de dédinaij'on à l'ile de Corvo ,
qui eft la dernière des Açores. C'eft pourquoi l'on y
a voulu metcre le premier Méridien. La decUnaifon
change aulli en diftérens tems. A Paris, elle étoic
orientale de huit degrés en 1610, & de trois degrés
en 1640. Il n'y avoir aucune decUnaifon en \66G,
En 1695 , il y avoit G degrés 48 minutes au Nord-
oueft. Depuis l'année 1695, la decUnaifon z aug-
menté tous les ans d'environ 11 minur. Nordoueft.
On a fupputc qu'au mois d'Oétobre i^î^j , elle étoit
de fept degrés douze minutes Nordoueft. En 1(^99 ,
M. de la Hire la trouva de huit degrés dix minutes.
Tout
DE C
Tout cela s'entend à l'égard de Patis. J^oy. Aiguille
AIMANTÉE tk Boussole.
DECLINANT, ante. adj. Qui décline. Remutins ^,
dedinans. \]n mû dédlnanc ^ qui clt lur fa fin. Un
cadran décimant j qui ne regarde point directement
un des points cardinaux de il lonlon. Un altre dci.u-
nant de tant de degrés-
DÉCLINATOIRB/ad. Terme de pratique, qui fe
joint ordinairement avec lins & exceptions. Fins i^
exceptions dedlnatoires font des moyens qu'on al-
lègue pour décliner une jurifdidion. L.xccgtio , pr&f
criptLo juris depeilens acîorem J'uu peiitionc. Il Lnn
propofer les exceptions dédinato'tres avant que de
contefter au principal î car j après avoir reconnu le
Juge devant lequel on a été alligné , il n'elt plus
temps de décliner fa Junfdidtion. Barre dédinatoi-
re _, fins dcdinatoircs. Terme de Palais P^oye^ Bar-
re.
gCFIl efl: aulTi fubftantif mafculin. Faire fignifier un
dédinatoire ; demander fon renvoi. Le dcdmatoire
doit être jugé à l'audience fur le champ , ou après
un délibéré.
gCrDÉCLiNATOiRE OU déclinateur. f. m. Terme
de géométrie. C'eft un inllrument inventé pour
trouver les déclinaifons d'une muraille, lorfqu'ou y
veut faire des cadrans au foleil ,ou pour quel qu'au-
tre ufage que ce foit. Injhumentum Geomctricum ad
deprehendendas, obfcrvandaSyintditgendasdedinMio-
nes. C'eft un demi-cercle divifé en deux fois 90 de-
grés , tant à droite qu'à gauclie , à - peu - près en la
manière des demi-cercles rapporteurs. On applique
fur le centre de ce demi - cercle une petite rèjle
mouvante , fur laquelle on pôle un cadran pour
prendre les déclinaifons.
§C3°Aller en diminuant , pencher vers fa fin. In-
dinare j dedinare. Le jour commence à dédiner. Li
dinat dies y indinat Je fol. La fortune, la maladie ,
les forces d'un mûnàedédinent. L'âge dédine. Verg'n
a tas.
DÉCLINER. V. n.
DÉCLINER, v. a. Signifie en Grammaire, varier un nom,
le faire pafler par tous fes cas , loit par le moyen de
l'article, comme en François, foit par le change-
ment de terminaifon , comme en Latin , Dedirure.
On dit proverbialement & figurément qu'un hom-
me ne fçait pas dédiner fon nom, pour dire qu'il eit
fort ignorant.
On du familièrement que ceux qui vont faire des
vifues à des gens dont ils ne font point connus , font
obliges de dédiner leur nom. Il me fâche fort d'aller
voir cet homme-là tout feul, il me faudra dédiner
mon nom.
Ce mot vient du Latin dedinare , formé de «aÎvèiv,
ou d'£»«Ai»£/ii,
Décliner, en termes de Palais, fignlfie, Eviter la Ju-
rifdiélion d'un Juge , pat-devant lequel on eft alli-
gné , & demander fon renvoi ailleurs. Il eft alligné
au Parlement \ mais il a décliné & demandé fon ren-
voi devant fon Juge ordinaire. Voye-:{ Renvoi,
Committimus.
Décliner , en termes de Gnomonique, eft neutre , &
fe dit des lignes & furfaces qui s'éloignent des points
cardinaux du ciel qu'ils regardent le plus. Ainli on
dit qu'un cadran vertical dédine de tant de degrés
de l'orient , du couchant , &c. quand il s'en manque
tant de degrés qu'il ne regarde directement l'orient
ou l'occident. On dit aula que le mur ou la furface
fur laquelle il eft décrit , dédine de pareil nombre de
degrés.
En termes de Marine, on dit que l'aiguille de la
bon (Tôle dédine de tant de degrés , quand elle ne fe
tient pas direétetnent fur la ligne du Midi, ou ne
tend pas au point du Nord, mais s'en écarte à droit
ou à gauche de pareil nombre de degrés. On dit aulîi
qu'elle nordouefle , fi elle dédine du côté du cou-
chant ou del'oueft, & qu'elle nordefte , fi elle dédi-
ne du côté du levant ou de l'eft. On a fu long-temps
que l'aiman attiroit le fer avant que defavoir qu'une
aiguille aimantée fe toutnoit vers le Nord. Après
Tomi m.
D EC
Mi
cette découverte on fuppofoitque l'aiguille fe tour-
noit diredsment au Nord , fans jamais dédiner-
Enhn on a trouvé, par des obfervations plus exac-
tes, non - ieulement qu'elle dedinon , mais même
que cette déclinaifon changeoit alfez fenliblement
tous los ans. Il y a près de cent ans que l'aiguille
nordeltoit à Paris, c'elt-à-dire, dcdinon vers l'Eftde
leptou huit degrés j depuis ce rems, la déclinaifon
s'eit toujours approchée de l'Oueft. En 1705 , cette
déclinaifon étoit de près de neuf degrés vers l'Oueft.
Cette déclinaifon lait qu'une aiguille aimantée eft
inutile pour placer un cadran folaire, à moins qu'on
ne connoilfe de quel côté elle dédine ^ &c de com-
bien de degrés. Par exemple , à Paris pour bien
placer un cadran en i/oz , lorfque l'aiguille nor-
doueftoit de huit degrés cinquante minutes, il fal-
loit que le nord de l'aiguille répondit non pas à la
ligne du midi , mais à celle de 1 1 heures 1 5 minutes.
f^oyei ci-delfus dédinjifon.
En termes d'Aftronomie, on dit que le Soleil ou
quelque autre aftre dédine quand il s'éloigne de l'c-
quateur, foit en-deçà, foit au delà, lorfque par fon
mouvement journalier il décrit un cercle parallèle à
l'équareur.
tCFDECLINÉ, ÉE. part.
DECLIQUER. v. n. Vieux mot. Caqueter, dégoifer.
Ilafignifié aulli Réciter.
Ip- DECLIQUETER. Terme d'horlogerie , c'eft dé-
gager le cliquet des dents de fon rochet.
DECLIVE, adj- m. & 1:. Dedtvis. Ce qui eft en pente,
ce qui forme un plan incliné dont la ligne eft" entre
la ligne perpendiculaire & la ligne horifuntale. Ce
mot n'eft p^s en ufage, & devroit y être pour expri-
mer la pente prife en defcendant.
DECLIVITE. 1. f. Situation d'une chofe qui eft en
pente \ pente d'une ligne ou d'un plan incliné, prife
en defcendant : terme nécelîaire pour diftinguer la
pente prife en montant, acdivitasj de la pente prife
en defcendant , dedivitas. Le mot divus renferme
les deux. Les panies fupérieures de l'eau d'une ri-
vière , &C éloignée des bords , peuvent couler par la
feule caufe de la dédivité. Fontenelle. Mais les
parties inférieu'.ei qui frottent contre le fond, ne
feroient pas fuftifamment mues par une fi petite dé-
divité. Id. CLivus. Pente.
DECLORRE. v. a. Oter la clôture. Dédorre fon
champ , fon jardin. Il fe dit peu , & ne fe dit que des
lieux qui font ordinairement clos, liedudere.
Déclos , OSE. part. Qui n'eft pas clos , ou dont partie
de la clôture eft tombée. Ce jardin eft didosen deux
endroits.
DÉCLOUER. V. a. Oter les clous qui attachent quel-
que chofe. Détacîi^r quelque chofe en arrachant les
clous qui l'attachent. Rejigcre. Il faut dédouer les
pentures de cette porte pour les arcacher ailleurs
On le dit aulîi des clous qui fe détachent eux-mê-
mes. Solvi. Cela s'eft dédoué j il y faut mettre de
nouveaux clous.
Décloué , ée- part. Rejïxus.
DÉCOCHEMENT. f. m. Action par laquelle on tire
une flèche. Emijjïo.
DÉCOCHER, v.a. Tirer , lancer une flèche, un coup
d'arbalète, & de tout autre arme de trait. Ernittere^
vihrare. Jupiter décocha fa foudre contre les Géants-
On décocha contre lui une flèche de deux coudées.
Vaug.
DÉCOCHER , fe dit aufll de l'oifeau de proie lorfque
du haut d'un arbre, ou d'un rocher , il part comme
un trait pour venir fondre fur le gibier. Ab alto de-
volare cum impetti.
^fTOn dit figurément ou poétiquement décocher
les traits de fa colère, de fa vengeance contre quel-
qu'un. Il décocha tous les traits de fa colère. Ce fa-
tyrique a décoché un trait fort piquant contre lui. Il
fe dit aulTi des chofes que l'on donne avec excès &
d'une manière fatigante. Cet homme eft civil juf-
qu'à l'excès , à chaque porte il vous décoche un com-
pliment. S. EvR. Ici il eft familier.
DÉCOCHÉ, ÉE. part.
ï4^ DEC
DECOCTION, f. f. Breuvage médicinal, fait d'une'
ou de pkifieurs phares ou autres drogues que l'on
fait bouillir enfemble pour en tirer le jus. Decoclum^
decoclura. Les potions , les teintures , les apozèmes,
&c. font des dtcoclions.
fCTOn appelle auiîî décoclion, l'eau dans laquelle
on fait bouillir les herbes, les racines , les fleurs,
&c. pour lervir à divers uiages. Faire inrufer du
fenné dans une dicoclïon de chicorée : faire une de-
coclion pour un lavement.
DÉCOËFFER ou DÉCOIFFER, v. a. Orer la cocfFu-
re. Une femme de chambre dc-ojdjjt la uiaïtrelïe.
Capicis tegmen tollcre. Cette femme eft dccoéffce j
elle ne veut parler à perfonne.
§CJ"DÉcoBFFER lignifie fouvent déranger la coëfFure ,
mettre les cheveux en défordre- Ptrcurbare capUloi
mulieris. Le vent l'a toute decocjfee.
IJCFOndit, en parlant de deux femmes qui fe
prennent aux cheveux en le cjuerellaut, qu'elles fc
font dcco'éffées l'une l'autre.
fCJ"On a die autrefois, en parlant des hommes ,
fedécocffer, pour dire ôter Ion chapeau pour Li-
iuer.
Se DÉcoEFFER OU décoifffr. Outte le fens pro-
pre qui lîgnifi.; , ôter (a cocflc ou fa cocffure , ôtei
Ion chapeau , il le dit figurément pour , Se décacher
de quelqu'un , fe détaire de la pallion qu'on avoit
pour lui , des liailons qu'on avoic avec lui. Abjicere,
rMncium rciniucri. Se decoéffer de quelqu'un , fe dé-
prendre. Il eft du ftyle familier.
Je ne m'en peux décocffer ,
Je penfe que c'eji un enjer j
Dont jamais je ne jûi tirai. Marot.
On dit aulTî en débauche , Décoëffer les bouteil-
les, pour dire, iesbùire, les vider. Lagenam exjk-
care. Pioprement décc'éffer une bouteille, c'eft en
ôter le bouchon & la filafle qui l'enveloppe. Rejîg-
nare.
DÉCOEFFER. Terme d'Artificier, qui lignifie, ôter le
couvercle qu'on avoir mis fur l'amorce d'un arti-
fice , pour empêcher que le feu ne s'y introduifît
trop tôt.
Décoeffé , ÉE. part.
DECOIGNOIR. (. m. Terme d'imprimerie. C'efl: une
pièce de bois faite en forme de coin , qui fert à fer-
rer & delferrer les formes. Cuneus.
DECOLLATION. L f. Adion par laquelle on coupe
la tête. Ce mot n'eft guère en ufage quj po.u e.\p:i-
mer le martyre de St Jean-Bapnile.
^ |C? On le dit même plus fouvent de la fête qu'on
célèbre en mémoire de fon martyre que du maityre
même. Dies facra quâ capitis B. Joannis - B.pciju
aljaffi memoria recolitur.
IÇTOn le dit de même des tableaux dans lefquels
la tête de S. Jean - Baptilte eîl: r£prcfentée féparce
du tronc. Tabelli amput.aumB. Joanms-Baptijlx. ca-
put exhibens , reprAJentans.
DÉCOLLEMENT, i. m. Adion par laquelle on dé-
colle, ou unechofe collée fe détache. Reglutinatio.
La menuifetie de placage a cela d'incommode,qu'elle
eft fujette au décollement.
DÉCOLLEMENT. Terme de Charpenterie. Entaille pra-
tiquée du côté de répaulement,pour dérober la mor-
toife. Ainfi faire un décollement^ un tenon , c'eft en
couper une partie du côté de l'épaulement , afin
qu'étant moins large on ne vo^e pas la mortoife ;
cette mortoife demeurant cachée par l'endroit où l'on
a fait le décollement. Tenuatio cardinum a laterihus.
DECOLLER, v. a. Couper la tête à quelqu'un par au-
torité de Juftice. Capui amputare y ahfcindere.Ow dé-
colle les Gentilshommes qui ont fait des crimes ca-
pitaux. Il n'eft pas fi ufité que couper la tête ^ ou cou-
per le cou.
Mon père à Vinjujllce autrefois immolé ^
Quoique innocent fut décollé ,]
Difoit l'autre jour à Lycante ^
DEC
ErgaJIe dont le père avait été pendu.
Lycante, après l'avoir de fang froid entendu y
Lui réponditjla corde était donc bien tranchante.
Le Brun.
DÉCOLLER, en termes de Jardinage, fe dit d'un arbre
dont la ti^e a été icparée du piecl à l'endroit où la
greffe étoit appliquée , foit par une altération que la
lève y auroir caufée, en ne ttouvant plus de dilpofi-
tions à monter du lujet dans cette greffe , loit par
quelque autre accident. Les Jardiniers difent , cet ar-
bre ell décollé. Cette greffe fe décolle ^ c'eft-à-dire,
fe fépare de fon lujet. Le vent a décollé toutes les
greffes qui avoient poulfé îvec force , ainfi que les
bourgeons des arbres eûtes.
DECOLLER, v. a. fe dit encore de l'amputation que
l'on fait d'une cerraine portion d'un tuyau dont on
fait une plume à écrire. On taille la pointe de la
plume, luivant qu'elle le doit être ; on coupe le pe-
tit bout , & enfuire on la décolle j afin que la quan-
tité d'encre que l'on prend foit vifible, &C qu'on n'y
en laiffe qu'autant qu'il en faut pour qu'elle ne tom-
be pas fur le papier.
Ce mot , en ce fens , vient de la prépofition de j
qui, dans la compofition , fignifie divifion, répara-
tion ; & collum J le cou.
DÉCOLLER, fignifie aufli féparer une chofe collée. De-
glunitare j rcglunitare. L'humidité décolle les images
qui font collées contre les murailles. La menuiferie
de placage fe décolle à l'humidité & à la chaleur ,
quand on y approche du feu.
DÉCOLLER. Terme de Billard. Il a deux fens: i°. Il fe
dit de la bille lorfqu'elle fe détache de la bande,
qu'elle s'en éloigne. On décolle une bille en la frap-
pant d'une autre. 2°. Il fignifie s'éloigner par- dehors
de la bande du billard. Les joueurs difent fouvent à
ceux qui les voient jouer, de décoller , c'eft-à-dire,
de leur lailfer le tour du billard libre. Décalle\ le
billard.
DÉCOLLÉ , ÉE. part.
Ce mot, au fécond fens, vient du grec koaa«, fé-
lon Nicod. On a dit auffi en Latin decallatio. Mé-
nage.
IJCF DECOLLETER, v. a. Découvrir la gorge. Nudare.
Il y a des femmes qui aiment à fe décolleter.
DECOLLETE , ée, part. Qui a la gorge ou la poitrin»
trop découverte. La modeftie ne permet pas aux
femmes d'être décolletées. Ah ! il y avoir là une ini-
modefte Sabine, décolletée ^ qui... fi ces nudités-
là font fcandaleufes pour la jeunelfe. Resnard. Re-
tour iir:prévû , Se. 17. à la fin.
DECOLLEUR. f m. Nom en ufage fur lesvaifleaux
qui vont à la pêche des morues , pour fignifier celui
des Matelots dont l'emploi eft de couper la tête des
morues auffi tôt qu'elles ont été pêchées.
DECOLORER, v. a. Faire perdre de la couleur. Ve-
colorare , Colorem alicujus rei eluere ^ diluere. L'E-
poufe dit dans le Cantique : Ne prenez pas garde
à mon teint ; le foleil m'a décolorée j m'a fait perdre
de ma blancheur.
Décoloré , ée. part. Decoloratus , decolor. Qui a
perdu fa couleur. Fruit décoloré j lèvres décolorées ;
Bcuvsdccolorées.
DÉCOMBRES, f m. pi. Pierres, plâtras, gravois qui
demeurent après qu'on a fait ou démoli un bâti-
ment , ou après qu'on a fouillé des terres. On le dit
particulièrement des moindres matériaux de la dé-
molition d'un bâtiment, pierres , plâtras, recoupes,
&c. qui ne font de nulle valeur. Rudera. On fe fert
des décombres pour combler, ou élever un terrein ,
ou pour aff^ermir les aires des chemins. La police
ordonne de les enlever fur le champ pour ne point
embarrailêr les rues.
ItTOn appelle auffi Décombres & vidanges d'un
attelier , tous les copeaux & petits bouts de bois
qui proviennent de la coupe & du travail des bois.
DÉCOMBRES fignifie auffi ce qu'on tire de deffiis une
carrière pour trouver la bonne pierre \ & c'a été la
première fignification de ce mot.
DEC
Du Cange dit que le moi: de comhri a été premiè-
rement dit des bois &c des arbres coupésdans les forets,
qui ferment le pallage des chemins ; & qu'enluite
on a appelé combrcs le bois du faîtage d'un toît : &
on a appelé premièrement décombres le vieux bois
d'un toît démoli \ ce qui s'eft étendu depuis auï
autres matériaux des démolucions.
DÉCOMBRER. v. a. Oter les décombres, les ordures,
& les autres embaras qui bouchent quelque canal ,
DU qui occupent quelque terrain. Pur gare j vacuarc
rudera , afportarc j truderart. Il faut décoinhrxr cet
égoût , cet évier , ce tuyau , ce foupirail qui font
bouchés. On n'a pas encore décombn la cour de ce
bâtiment \ on n'en a pas ôté les décombres.
DÉCOMBRER. Y. a. Vieux mot cjue Nicod du être coni-
pofé de Des & cambrer, pour lignifier , mettre à dé-
livrance une chofe où empêchement a été donné j
comme fi l'on difoit, Oter le cgmbre ou encombre ,
ou empêchement.
DÉcombré , Ée. part.
^ DECOMPOSER, v. a. Terme de Chimie. Rédui
re un corps à fes principes : fépater les parties dont
il eft compofé. Kefolvcre j diJJ'olvere. C'eli: la même
chofe qu'analyfer. f^oye-{ ce mot. La Chimie enfei-
gnc A décompofcr les corps naturels par le moyen du
feu , & à les réduire en leurs plus petites parties.
§3" Décomposer , en méchamque. i^é:ompofer V
mouvement d'un corps , décomposer les forces. C'câ
changer un mouvement en deux ou pUilieurs a#rcs.
dont on peut fuppoier qu'il eil touné. Quand une
puilfance ne peut exercer toute fa force à caule d'ui'
obftacle qui l'arrête en partie , il t.uu la iicompojei
en deux autres , dont l'une (oit entièrement anéan-
tie par l'oblfacle, is; dont l'autre ne foit nuilcui.r
arrêtée par l'obilach. Quand pluiiiuis puiirinc-s li
iiuifent en partie , il faut les décompujer tn deux or-
pluHeurs autres puilîànces , dont les unes fe détrui-
ient touc-à-fait, &'Ies autres ne fe nuifent nulle-
ment.
1^ DÉCOMPOSER fe dît encore dans pluiîeurs parties
âts mathématiques , lorfqu'ii eil queftion de divifer
lin tout en plulieurs parties, On décompofe un poly
jçone en triangles, pour en trouver la furface : une
«quition en plufieuts membres , pour la réfoudre ,
&c. Lorfque les parties font inconnues , & que la
grandeur eiicieic ell inconnue, alors on décompofe j
s'il m'eft permis de me fervii de ce terme . c'ell-à-
dire , qu'on réfout en fes parties la yrandeur propo
fée, qu'on examine. P. Lam\'.
||Cr Décomposer fe dit auffi en médecine, en parlant
des humeurs du corps humain compofées de molé-
cules dont le'i parties intégrantes fe féparent les unes
des autres, & fe réfolvent en un lluide plus atténué
Ainfi la fièvre décompofe le fant^ , le dilfout.
fCFOn l'emploie aulîi avec le pron im perfo mel.
Tous les corps fe décompofjnt , fe réfolvent dans les
priucipes donc ils font compofés.
Le plus fon de ces grands maîtres
Sefert de tout fon cj'prit ^
A fûutenir que des êtres
La feule forme périt -,
Que le corps fe décompofe j
Qu'il fe fait de chaqiçe chofe
Des arrarigemens divers j
Et que toujours la matière ^
Infinie j aclive j entière j
Circule dans l'Univers. Des-Houl,
^Cf" DÉCOMPOSER. On peut tranfporter ce mot aux
chofes fpirituelles, pourvu qu'on h f.ilfj fobrement.
Décompojer une idée , décompcfer un raifonnement
ou un difcours ; c'eft ce que l'on dit plus communé-
ment en faire l'analyfe. Voye\ ce mot.
Décomposé , ée. part.
DECOMPOSITION, f. f. Terme dePhariîucie ^ de
DEC Xj^y
Chimie. Analyfis. C'eil la même chofe qu'ahalyfe*
ou dilfolution ; mais une dilfoluiion qui ne falfe pas
fimplement changer de nature aux corps qui font
dillous, mais qui falTe trouver les principes chimi-
ques qu'ils renferment. L'arrangement des parties
dans les corps doux ne paroît pas feulement par leur
analyfe , ou leur dccompofition j mais encore pat
leur compofition. Lemerv. Quelquefois décompofe
tion fe prend pour toute forte de dilfolution &c de
fcparation de patties. La décompofltion ell: propre-
ment le métier de l'Artifle , pour purifier la matière
de fes hétérogénéités. La tradition fondée fur des
expériences réitérées eft une voie beaucoup plus sûre
pour nous convaincre des propriétés d'une plante ,
que fon analyfe chimique , & la dccompojuion de
les principes. Faire analyfer des matiètes , afin que
par leur dccompofition on mette en évidence ce
qu'elles ont de particulier. Homberg» Acad. des Se.
1703. Alem. p. 5 I.
ifT décomposition d'un mouvement, des for-
ces. Foy. DÉCOMPOSER en Méchanique.
IG" Décomposition du fang , des humeurs. Voy^
Décomposer en Médecine. Refolutio , dijfolutio.
DÉCOMPÔTER. v. a. Terme de coutume. Changer
le compôt d'une terre , ou l'ordre des années aux-
quelles elle doit travailler ou fe repofer. Agrifatio-
nes inimutarc , annos fationis immutarc. il eft dé-
fendu aux Fermiers de décompôter les terres , c'eft-
à-dire, de faire travailler celles qui doivent être en
friche.
DÉCOMPT. f. m. Ternie de Coutumes , qui veut dire
imputation.
DECOMPTE, f. m. Somme à déduire &: à retenir par
f.-s mains iur une plus grande qu'on paye. Subduclio.
On le dit particulièrement des foldats & ouvriers y
5c autres gens à qui l'on a avancé quelque partie de
leur folde , ou de leurs journées , ou à qui l'on re-
tient quelque chofe pour leurs habits &c leurs autre»
nécdîirés. Faire le décompte aux foldats , c'eftfuppu-
ter l'argent retenu ou avancé fur la (olde , pour
payer le furplus , c'eft payer en retenant ce qu'on a
avancé.
JËCOMPTE y fignifie aulTi la taxe , le déchet qu'oa
trouve fur une fomme. Immi.iudo j fukduciio. Je
croyois qu'il y avoir mille francs dans ce fac , mai»
il y a dix écus de décompte.
On dit figuiément qu'on trouvera du décomptt
dans une affaire, pour dire , qu'elle ne fera pas aufll
avanta^CLilc qu'on l'efpère.
DÉCOMPTER. V. a. Déduire , rabattre ce qu'on a
avancé fur quelque fomme due. Subducere.
DÉCOMPTER 3 fignifie au figuré , rabattre de la bonne
opinion qu'on avoit de quelque chofe, de la grande
efpérance qu'on avoit de quelque entieprife, alors il
s'emploie abfolumcnt. Imminuere^minuere. On ma-
voit donné une grande opinion de cet Ouvrage ;
^ r in. — :'.: L ^„';i „ o^^^lf- beau-
mais après fa ledure j'ai trouvé qu'il y avoit
coup à décompter. Il efpéroit s'enrichir dans cette
entreprife , mais il y a bien à décompter.
DÉCOMPTÉ , ÉE. T^OLÏt.Subduclus , imminutus. Une fom-
me décomptée.
DÉCONCERT, f. m. Défaut d'intelligence , d'accord.
Pour conferver la paix dans le mariage , il faut qu»
les deux efprits foient d'accotd, & h déconcert àâ
l'un ou de l'autre fuffit pour en troubler l'harmonie.
Ecole du Monde.
ItCT On netrouvepoint ce mot dans les bons Ecri-
vains , & celui qu'on vient de citer n'eft pas d'un
auteur qui foird'un grand poids.
DÉCONCERTER v.a. Interrompre , troubler un con-
cert. Interrumpere , perturbare. Il y avoit deux Mufi-
ciens ivtes qui déconcertèrent zons les autres. Il ne
faut qu'une voix difcordante pour déconcerter toatti
les autres.
Déconcerter , fe dit au figuré pour ruiner les nef»
feins , rompre les mefures prifes par quelqu'un. Con-
fdia frangere , confringere. La perte de cette bataille
déconcerta, tout le parti ennemi. Cette alliance dé-
DEC
concerta les delTeins de Mahomet. Bouh. Ils ne con-
noKroient ni cette valeur fage que la raifon éclaire j
i\\ cette égalité dame qu'aucun événement ne dé-
concerte. De la Motte. Il n'étoic éloigné de fon
armée que de quarante lieues , lorfqu'il apprit que
fon entreprife alloit être déconcertée par la terreur
qui s'étoit répandus parmi les liens. P. Catrou.
DÉCONCERTER j fe dit aulîi à l'égard des perfonnes
qu'on rend muettes , auxquelles on fait perdre con-
tenance. Percurbare. Déconcerter quelqu'un par des
paroles, le démonter. Differre aliquem diclis. Cet
Avocat fut tout déconcerté , quand on lui fit voir
clairement qu'il alléguoitfaux. La cabale fut fort dé-
concertée, lorfqu'elle fe vit convaincue de calomnie.
S. EvR. On y joint aulli le pronom perfonnel. Se
déconcerter , Dcfcifcerc a fe ipjo. Elle a un maintien
férieux , mais naturel qui ne fe déconcerte^omz. Id.
DÉCONCERTÉ, EE. part. J'étois tremblant , interdit &
déconcerté par la feule penfée qu'il s'agilToit d'un
mariage. Perturbatus.
DÉCONFÈS. Vieux mot qui lignifie intefiat^ ou qui
n'a point fait de teftament. hueflatus.
Ce mot deconfès dans fon origine veut dire j qui
«e s'eft point confelfé , & dans l'ufage il veut dire ,
qui n'a point fait de teftament. On trouve dans la
Charte des privilèges de la Rochelle de l'an 1217.
ces mots jT^'ve tejlatus ,five intejîatus , expliqués par
ceux-ci , id ejl^five conjejjus , Jlve non. La raifon
pourquoi l'on appeloit déconJescQ\\i\ qui n'a voit point
fait de teftament, eft qu'autrefois c'étoit la coutume
que ceux qui étoient en danger de mort filFent un
don à l'Eglife \ Se s'ils y manquoient , onieur refu-
foit les S.acremens & la fépulture en terre fainte ;
d'où l'on a appelé deconfès ^ c'eft-à-dire , non con-
felfé , celui qui n'avoit point fait de don à l'Eglife
par teftament. Cet ufage eft aboli. P'oye^ M. Du
Cange fur le Chap. 87. des Etabliffemens de France ^
Se fon Gloftaire fur le mot Inteftatus ; Fleta , L. IL
ch. 57. §. 10. Cironiusfur lesTeftamens, &c.
DÉCONFIRE. Vieux mot. Tailler en pièces les en-
nemis. HoJIes fundere ,proJlernere ^prqfligare. Char-
les Martel fut aifez heureux pour décorifire 375000
Sarrafins fans perdre que 1500 hommes. La Fon-
taine a dit à feu M. de Vendôme :
Qui n aimerait unMars plein de bonté?.
En telles gens ce n'efl pas qualité
Trop ordinaire ; /V^yâve/zf déconfire ,
Briller 3 rafer , exterminer , Aétiuii c j
Mais qu'on m'en montre un quifachc Marot ?
DicoNFiRE , fe dit figurément , & par pLaifanterie
pour réduire quelqu'un à ne favoir plus que dire ,
, que faire j ni quelle contenance tenir. Sternere , per-
turbare , elinguem reddere. Ce pauvre répondant fut
déconfit c\\X3inà on lui préfenta fa fignature.
DÉCONFIT , iTE. part. Perturbatus y viclus ,ftratus ,pro-
fiigdtus. Ces mots vieilliftent , & ne peuvent plus
entrer que dans le comique.
DÉCONFITURE, f. f. Déroute générale d'une armée.
Clades , (irages. Quand les premiers bataillons fu-
rent rompus , on vit une déconfiture générale des
troupes qui prirent la fuite. Ce mot a vieilli. Il vient
de Wiû'iQn fconfitta.
^Cr DÉCONFITURE , terme de Jurifprudeuce , fignifie
l'infolvabilité d'un débiteur , dont les biens font
faifis & qui a plufieurs créanciers , qu'il n'eft pas
en état de fatisfaire , après difcullion faite de tous
fes biens. Ferr. Il faut donc pour qu'un homme
foit déconfit & infolvable , que tous fes biens tant
meubles qu'immeubles aient été faifis & vendus pu-
bliquement , eu égard à la qualité de fes biens &
dettes par lui dues à fes créanciers faififlans & op-
pofans.
^fT En cas de déconfiture , l'ufage eft que les meu-
bles font en premier lieu contribués , en forte que
les créanciers hypothécaires y prennent d'abord à
proportion de leurs créances par concurrence avec
DEC
les créanciers chirographaires , & viennent enfuite
fur les immeubles par ordre de leurs hypothèques
1^ Si les créanciers étoient colloques en premier
heu fur le prix des immeubles ^ cela feroit bien dif
férent ,puifqu'ils coucheroient moins dans la contrf
bution des meubles, lur lefquels ils ont autant de
droit que les créanciers chirographaires.
CK? Les créanciers chirographaires & hypothé-
caires qui nepeuvent pas être payés , viennent à con-
tribution au loi la livre.
Ct^ A l'égard des créanciers chirographaires qui
iont privilégies , ils ne viennent point à contribu-
tion , & n ont qu'a fe fervir de leur privilège.
Déconfiture , dit Loifel dans ks Inftitutes eft
quand le débiteur fait rupture & faillite^ ou 'qu'il
y a apparence que fes biens, tant meubles, qu'im-
meubles , ne fuftront pas au payement de Ïqs dettes
Selon la Coutume de Paris , art. 180. le cas de là
déconfiture eft quand les biens du débiteur tant
meubles qu'immeubles,ne fuffifent pas aux créanciers
apparens. Inopi£ creditoribus denunciatio , bonorum
creditoribus cejfw. La perte de deux vaiffeaux a caufé
la déconfiture de ce marchand. En quelques endroits
on dit rompture pour déconfiture.
Déconfiture , fe dit encrore figurément en ftyle bur-
lefque de tout accident fâcheux, imprévu, qui rompt
nos mefures , qui fait du chagrin.
.„ F'ous en parle\ fort à votre aife _,
Habitans de ce beau canton :
Mais il vous faut, ne vous déplaife ,'
Adoucir un peu votre ton ,
Et plaindre la déconfiture ,
Qui contre tout droit & raifon ,
Prêts à monter dans la veiture ,
Nous fit rentrer dans la maifon. P. Du Cerc;
Il parle d'une goutte qui fuivint i quelqu'un ;
& qui empêcha une promenade , un voyage de plai-
fir.
DÉCONFORT, f. m. Abattement d'efprit , découra-
gement d'une petfonne qui fe voit fans fecours.
Infraclio animi. Il eft vieux , dc ne peut entrer que
dans le burlefque.
DÉCONFORTER, v. a. Décourager , abattre l'efprit
par quelque aftliétion. Àffligere, injringere alicujus
animum j debilitare. Ce revers de fortune , cette perto
la tout déconforté.
On y joint auffî le pronom perfonnel , fe décon-
forter, s'attrifter demefurément. Graviffimh lugere^
mœrorefe corificere. Cette femme fe déconforte voyant
fon mari à l'agonie. Un ami qui fe déconforte. Voit.
Ce mot a vieilli.
Déconforté , ée. part. Affliclus ^ infrticlus anima.
DÉCONSEILLER. Confeiller à quelqu'un de ne pas
faire une chofe , le détourner de la faire par fes rai-
fons. Di[juadere alicui quidpiam. Tous ks amis ont
eu beau lui déconfeiller le voyage d'Orient , il y
a voulu aller, & il y eft mort. Le fuccès de cette
affaire eft fi incertain , que je ne vous confeille ni
ne âéconfeille de l'entreprendre. Il le vouloir obliger
à déconfeiller lui-même ce qu'il venoic de comman-
der de la part du Roi. Aelanc.
Décontenancer, v. a. Faire perdre contenance
à quelqu'un. Perturbare.kvtc le prénom perfonnel,
fe décontenancer , perdre contenance. Dans la cha-
leur , dans ladifpute, il lui a fait des reproches,
des objeétions fi fortes , qu'elles l'ont décontenancé.
Les jeunes gens qui entrent nouvellement dans le
monde , fe décontenancent aifément.
Décontenancé , ée. part. Qui a perdu contenance,
ou qui de foi-même n'en a point. Ce jeune homme
eft décontenancé (^x\ compagnie, /^oy. Contenance.
DECONVENUE, f. f.Vieux mot qui X\^miio\i malheur,
mauvaife aventure. Il lui a conté fa déconvenue. Infe-
licitas , calamitas , infortunium. Le Cavalier en dé-
fordre fortit en déroute , croyant être enforcelé , &
ce qui vous patoîtra plaifant, c'eft, qu'il mouroit
DEC
d'envie de me conter fa déconvenue. Madame de
SÉv. Ce mot ell encore bon dans le ftyle badin.
DÉCORATEUR, f. m. Homme expérimenté dans le
delFein , la Peinture , l'Architedure , la Sculpture ,
la Perlpettive , qui invente , ou qui exécute , & dil-
pofe des ouvrages d architeéture peinte , comme
pour les arcs d-e triomphe, les fêtes publicjues , les
décorations pour les balets , Comédies , Canonifa-
tions , les Pompes funèbres & autres fpeclacles. Sce-
UA injlruclor. Décorateur de l'Opéra , de la Comédie.
DÉCORATION, f. f Ornement dans les Eglifes &
.-lutres lieux publics : ce qui décore un bâtiment , un
arc de triomphe, &c. au dehors, au dedans. On le dit
principalement des ornemens d'Architedure , de
Peinture , de Sculpture. Scenn. apparaûo , exornaùo ,
apparatus , choraglum. Les ordres d'Architedure con-
tribuent beaucoup à la décoration ; mais il faut que
les parties que ces ordres renferment , aient les pro-
porions & les ornemens convenables , fans quoi l'or-
dre le mieux exécuté apporteroit de la confufion
plutôt que de la richelTè. Fel. Les Echevins doivent
appliquer leurs foins à la décoration de la ville.
On le dit pareillement de la fcène des théâtres.
Les Opéra, les pièces de machines , doivent chan-
j;er plufieurs fois de décorations , conformément au
fujet. Les Anciens avoient de deux fortes de décora-
tions pour leurs théâtres ; l'une s'appeloit verfatilis ,
tournante ; elle avoir trois faces , qu'on préfentoit
fuivanc le befoin les unes après les autres ; l'autre
s'appeloit ducîiiis j coulante ; elle confiftoic à faire
paroître une nouvelle décoration en tirant ou faifant
couler celle qui étoit devant. Cette forte de décoration
de théâtre ell en ufage aujourd'hui, & apparem-
ment avec plus de fuccès que chez les Anciens qui
croient obligés de tirer un rideau quand ils faifoient
quelque changement de décoration , au lieu que chez
nous le changement fe fait en un moment , & pref-
que fans qu'on s'en apperçoive.
On appelle décoration de jardin , l'ordonnance de
toutes les pièces qui compofent la variété d'un
Jardin , & en rendent l'afpeél agréable.
§C? On peut encore appeler décoration , les or
nemens qui contribuent à embellir un jardin , les
figures, les vafes, les canaux , les cafcades , les treil-
lages, &c. Enfin les changemens de fcènes occalion-
néspar les différentes fleurs des trois faifons , du prin-
temps , de l'été & de l'automne appartiennent encore
à la décoration des jardins.
DÉCORATION , fedit aulHdans unfens un peu figuré.
Apparatus. La dévotion eft une bienféance de la
vicilleiïe , ou de la mauvaife fortune^ c'ell un chan-
gement de décoration &c de théâtre. De Vill.
Il fe dit auffi, par rapport aux perfonnes, des mar-
ques d'honneur & de dignité. Le Roi avant que de
l'envoyer en Ambalfade , l'a fait Chevalier de l'Or-
dre , pour lui donner une décoration.
DECORDER. v. a. Détortiller ijne corde, féparer les
cordons qui la compofent. Funcm retexere. On a dé-
co ?dé ce cable.
ifT DÉCORDER les moules , terme de Perruquier.
C'eft lorfque les cheveux ont été fuffifamment cuits
dans le four, .ôter les ficelles qu'on avoir mifes fur
les moules pour alTujettir les cheveux , &c les empê-
cher de fe défrifer. Encyc. '
DÉcordÉ , ée, part. palf. & adj. Retextus,
DECORE, f. f. Vieux mot. lUuftration , décoration ,
_fîloire , honneur. Decus , honor , gloria.
DECORER. V. a. Orner. Décorer une ville , un théâ-
tre./:.vor/2are. On ledit pareillement des théâtres,
des places & autres lieux publics. On le difoit autre-
fois des perfonnes. Cette Dame èx.o\i décoré eàz toutes
fortes de vertus. En ce dernier fens il eft hors d'u-
fage.
On le dit encore des perfonnes en parlant des Ti-
tres , des Dignirés qu'on leur confère pour les hono-
rer. La VûnQ décore bien une maifon. Le cordon bleu
décore bien un Gentilhomme, Acad. Fr,
DÉCORÉ j ÉE. parc.
DEC 14^
DÉCORIR. V. n. Vieux mot. Couler. On dit auffi déco.
rcr dans le même ftvis.
DECORTICATION. f. f.Terme de pharmacie. Ceft
: l'adtion d'ôter l'écorce ou la peau d'une racine , d'un
i fruit, d'une fémence, ou de telle autre chofe fcmbla-
] ble. Dccorticatio. Dict. de James.
§3" DÉCORUM, f. m. Terme latin dans fon origine 3
mais depuis li long-temps naturalifé en France , que
nous ne devons plus le regarder comme étranger.
C'ell une qualité du beau qui paroît en être, fur-
tout dans les mœurs, le charme le plus frappant,
c'eft-à-dire , la décence qui doit y régner , la conve-
nance , l'accord, l'harmonie , le jufte affortiment de
tous les traits qui le compofent , p.ar rapport aux:
circonftances des temps , des lieux , des perfonnes.
Ainfi il embraife toute la vie humaine , routes les
conditions , tous les états , tous les âges ,tout ce qui
nous convient aéluellemenc , & tout ce qui peut
nous convenir dans toures les aurres fituations oii
nous nous trouvons placés.
fCF On confond ordinairement ce qu'on appelle
décorum dans les mœurs , avec ce qu'on appelle hon-
nête. Ciceron lui-même avoue que la diftindtion en
eft fubtile , qu'elle fe trouve plutôt dans la penfée
que dans la chofe même. Décorum cogitatione magis
a virtute potefi quàm rc feparari. Mais en approfon-
diiïant un peu ces deux idées, on y apperçoit des
différences, qui , pour être délicates , n'en font pas
moins réelles.
IJC? Nous entendons par/'^o/z/zereen morale , une
parole ou une aélion qui eft de fa nature conforme
à la raifon ou à la loi naturelle.
^Zt Nous entendons par décorum la convenance
de cette parole ou de cette adrion , à la perfonne ,
au temps , au lieu j à toutes les circonftances qui
l'accompagnent.
^fT Ainfi par honnête nous entendons proprement
quelque chofe d'abfolu. Ceft la fubftance du beau
dans les mœurs , laquelle eft toujours la même pour
toute forte de perfonnes.
^fT Nous entendons au contraire par décorum
quelque chofe de relatif. Ceft un aflèmblage de
bienféances j d'attentions ou d'égards , qui fe peu*
vent diverfifier à l'infini j félon les différens rapports
que nous pouvons avoir dans la fociété les uns avec
les autres.
Cfc? Pour nous former de ces deux objets des
idées encore plusdiélinéles , dit le P. André , ou da
moins plus fenfibles , on peur dire que V honnête eft
dans la conduite , comme le delfein dans le tableau ;
& le décorum , comme la diftriburion convenable
des couleurs : que ïhonnête eft dans les mœurs ,
comme la beauté des tons dans la Mufique j & le
décorum , comme les accords bien aflbrtis d'une pièce
muficale : que ï honnête eft dans une a£lion , comme
le vrai des penfées dans un difcours \ Se le décorum ,
comme la juftefte ou l'élégance de l'expreflion : enfin j
que {'honnête eft comme le fond ou la matière du
beau moral ; &c le décorum, comme la forme ou la
façon qu'on lui donne pour paroître avec toutes les
grâces qui lui conviennenr.
tfT Quand on parle ici de bienféances, on n'en-
tend pas ces bienféances arbitraires j dont chaque
peuple s'eft formé un cérémonial à fa mode, mais
ces bienféances effenrielles commandées à tous les
hommes par la voix de la nature , & dont l'exadle
obfervation fait le plus beau fpedlacle de la fociété.
Elles donnent de la grâce aux vertus les plus auftè-
res : elles rendent vertueufes les aélions les plus
indifférentes : elles couvrent même en patrie l'hor-
reur des plus vicieufes , en y confervant jufque
dans le vice un air de refpe(5l pour la verru. Ceft
l'applicarion confiante à les bien obferver dans fa
conduite qui fait propremenr ce qu'on appelle un
honnête homme : c'eft au contraire l'ignorance ou
le iTrépris des égards qu'elles nous prefcrivenr qui
nous fait donner un nom bien différent. Nous fom-
mes dans le monde comme fur un théâtre , où le
I jo DEC
■décorum eft toujours la première des règles ', ic quel-
que perfonnage que nous y falîîons , celle donc les
Spectateurs nous pardonnent moins le violement.
DECOUCHER, v. n. Coucher hors de la mailon , ou
hors de l'endroit où l'on couche ordinairement. Do-
mejlicum cubile derellnquere , Joris cubare. Un domef-
tique ne découche point fans la permiiîion de Ion
Maître. Il y a trois jours que ce jeune homme décou-
che.
§3" Quand on dit qu'un homme ne découche pas
- d'avec fa femme , on entend qu'il couche toujours
dans le même lit qu'elle.
fer On dit ^â.\vcn\&nt découcher quelqu'un , être
caufe qu'il quitte ioa lit. On ne doit point découcher
le Maître de ia mailon. Ils'elt découché ^qwï moi.
DÉCOUCHÉ , ÉE. Leclo depulfus.
DECOUDRE. V. a. Je décous , tu décous ^, H découd ,
nous découfans. Je découjls , j'ai découfu j je décou-
drai j que -je découje ,■ que je découjiffe , je decoudrois j
découfaru. Défall'embler ce qui écoit joint par une
couture. Dijjuere. Découdre un habit, une doublure,
une jupe. Il vaut mieux découdre que déchirer. Dif-
' fuere magis decet quàm dijcindere.
fC7 On le dit figurément en parlant des plaies
qui fe font en long avec un inftrument tranchant.
11 lui a découfu le ventre d'un coup de fabre. Diffin-
dere j dijcindere,
fer De même, en termes de chaiïe , on le dit des
plaies que font les fangliers en déchirant ie ventre
dès chiens avec leurs défenfes. Ce fanglier d un coup
de défenfeva découfu le ventre à un de nos chiens.'
#3° Dans une fignification neutre j on dit en c/e-
coî<£/re dans le ftyle figuré & proverbial , en parlant
de gens qui fe difputent à quelque combat que ce
foit , au jeu, à un procès , aune difpute ou contefta-
tion , à tout exercice qui a l'air de combat. Voilà des
• cartes , un ttidrac, des fleurets, &c. nous allons en
découdre. Voulez - vous que nous en découfîons ?
Vous n'entendez à aucun accommodement j vous vou-
iez plaider : eh bien ,il en faudra découdre.
|C? Sq découdre :, fe dit des chofes dont la couture
manque , vient à fe défaire. Cette doublure s'eft
découfu e , commence à fe découdre.
fer Au figuré , mais dans le ftyle flimilier feule-
ment , on dit que (qs affaires fe découfent j quand
elles vont niai. Malè fe habere.
fC? Ou dit ,de deux amis qui fe refroidiflTent l'un
pour l'autre , que leur amitié commence à fe décou-
dre. Diffuicur , dirumpitur J, dijjolvitur amicitia. Ac.
Fr.
Découdre, fe dit figurément. Interrompre la fuite
d une atiaire , la profpérité d'une fortune. Difiur-
bare , evertere , labefactare. On a fait trois banque-
routes a ce Marchand , fes affaires commencent à fe
découdre. Cette famille commence à fe découdre , il
en eft mort deux ou trois des meilleures têtes.
DÉCOUDRE , en termes de marine, c'eft détacher quel-
que pièce du bordage pour découvrir ce qui eft dé-
fectueux fous ces pièces. Sohere j dijfolvere.
Î^Écousu, UE. par:. Il a les lignifications du verbe.
Dijjutus On dir qu'un homme eft fort découfu ,
quand il eft mal vêtu &c déchiré.
On dit finurément , que les affaires d'une maifoa ,
d'un Etat, font découfues , lorfqu'elles vont mal,
qu'elles font en défordre. accifus , inclinatus. On le
dit aulÏÏ de tout ce qui eft mal alforti ^ mal joint.
Diffutus , affutus , malè dijfucus. Son difcours n'éroit
rempli qiu- de raifonnemens hors d'œuvre , & de
lambeaux découfus. i>. Evr. Un ftyle découfu , fans,
liaifon.
DECOULANT , ante , qui découle. Ce mot n'eft en
ufage que dans cette phrafede l'Ecriture Sainte; la
terre de promilïïon étoit une terre découlante de lait
& de miel.
DÊCOULEMENT. f. m. Mouvement d'une chofe
liquide qui coule lentement j goutteà goutte félon fa
pente naturelle. Fiuxio j fiuxus. Le découlement des
DEC
eaux d'une goutière j le découlement des humeurs ,
de la pituite. Il n'eft guère d'ufage ailleurs.
DECOULER. V. n. Couler lentement, goutte à
goûte & de fuite. Fiuere. Il s'eft fait une légère blef-
lure, & il en t/ecoa/e quelques gouttes de faiig. Dans
les chaleurs l'eau découle par les pores. Les criftaux ,
les minéraux j le forment des fucs qui découlent par
les veines de la terre. Cette huile de parfum del-
cendit fut toute la barbe , & découla jufque fur le
bord de l'habit. Port. R.
Ce mot vient de defcolare , qui fe trouve au même
fens dans la balfe Latinité. Foy. Acla Sancl. AprlL
l.i.p.'èj I. A <:• E , où le P. Pabebroch dit que l'on
trouve 2.\\[X\fcolsre. Je croirois plutôt que defcolare
fe feroit fait de colare , qui fignifie filtrer , palfer une
liqueur au travers de quelque chofe, & de la prépo-
fition de , ou des j les chofes que l'on filtre tombent
goutte à goutte.
Découler , fe dit aufti figurément en chofes fpiri-
tuelles & morales. C'eft de la miféricorde infinie de
Dieu que découlent toutes les grâces que nous rece-
vons. Les Manichéens ne pouvoient convenir que
les biens & les maux dccoulafent d'un même prin-
cipe. S. EvR. Dieu fait découler fur nous les grâces
en abondance. Port. R.
DÉCOULOURER. Ancien v. n. Changer, altérer fa
couleur. Decolorari , decolorferi.
|C? DÉCOUPER, v. a. Couper en plufieurs pièces ou
parties. Concidere , confccare. Découper une pièce
d'étoffe , la féparer en plufieurs morceaux.
fe? En parlant des viandes rôties , on dit découper
un poulet , un chapon , un faifan , &c. les mettre
en pièces , en enlever avec le couteau les ditférens
membres , les couper en plufieurs morceaux pour les
fervir. ^a^ioxx. découper \xn chapon, & fervir fes con-
vives avec dextérité J fait tout le mérite de bien des
gens. En parlant en général des viandes qu'on coupe
te qu'on fert , on dit couper à table, fa voir couper x
table & fervir avec grâce.
fCF DÉCOUPER , fe dit encore en parlant des étoffes
fur lelquelles on forme différens agrémens. Dans ce
fens découper une étoile, incidere , c'eft la couper
avec art éc fymmétrie à petites taillades , foit qu'on
enlève la pièce , ou qu'on ne l'enlève pas, ou bien
y former différens delîeins avec des fers gravés qu'on
y applique à chaud. On. découpe du drap j du fatin ,
du taffetas , &c. Cette femme a fait découper fa
robe.
Ite? DÉcourER des cartes à jouer , du papier , &c.
c'eft les couper de manière , que ce qui en refte
repréfente quelque figure. Incidere.
f3" Découper une eftampe , une image, c'eft féparec
les figures du fond , pour les appliquer fur un autre
fond.
DÉCOUPER , eft aufli un terme de Pâciflier ; il fignifie
faire diverfes petites figurés avec la pointe d'un cou-
teau fur le couvercle d'une pièce de pâtiffeiie. Il
faut découper le couvercle de ce pâté.
fçzr DÉCOUPER , en jardinage. P^'oy. plus bas découpé.
DÉCOUPER , v.n. Terme de Bonneteur. Il fe dit lorf-
que le filou , après que les cartes font coupées , les
remet comme elles étoient auparavant. Ou appelle
encore tela , palier la coupe.
DÉCOUPÉ, ÉE. part.
Découpé, f. m. Terme de Jardinier , il fignifie un
parterre où il y a plufieurs pièces carrées, longues,
rondes , ovales , dans lefquelles on met des fleurs.
Incifus : dif inclus concinnè ac divijiis. Voilà un beau
découpé. Quint.
DÉCOUPÉ, en termes de Blafon , fe dit des figures fans
nombre dont un Ecu eft lemc,qui font faites comme
des tierces feuilles renverfées , & qui ont la queue
montante & en haut , ce qui relfemble aux décou-
pures qui fe font fur le velours ou le fatin : c'eft la
même chofe que moucheté ^ ou plumeié , ou papil-
lonné. On le dit aulli des lambrequins qui font tail'
lés en feuilles d'Acanthe.
DEC
fr DÉCOWPEUR, EUS£. Celui , celle qui ccavaille
eu découpure.
f3" On appelle particulièrement Découpeur ^
l'ouvaer qui travaille à découper les étoffes , 6*: for-
mer divers delFeins, avec des têts deftuicsà cet ufage.
Feritus Incidendi ixrùjex.
^3" On appelle Dccoupeufe , parmi les Gazieis ,
une ouvrière occupée à couper les tils de la trame ,
qui, quand fa gaze figurée eft faite , remplilTent
les intervalles des tieurs entre elles. Hncyc.
DECOUi'LE. f. m. Terme de chalïe. Le découplé q<^^
quand on lâche &c découple les chiens après la bèt,-
au lailfcr courre.
DÉCOUPLEK. V. a. Terme de Vénerie. Détacher des
chiens couplés deux à deux avec un couple de crin ,
particulièrement pour les lâcher après le gibier.
Canes venaticos ahjungere ^ canïbus copulam exunere.
Quand on fut arrivé au rendez-vous , on découpiu
les chiens , Se abfolument , on découpla.
On du fubftantivement , le découpler ; pour dire ,
le dé:achement des chiens couplés. Au premier de-
coupler.
fer DÉCOUPLER , fur les rivières, c'eft délier les bat-
tcaux qui font en trait , quand on palfe un pont.
DÉCOUPLER , fe dit figurément des gens qu'on lâche
après quel 4u'un qui s'enfuit, ou quon emploie dans
la pourfuite de quelque affaire. Emïttere j immittere.
On a découplé après ce criminel deux Exempts qui
l'auront bientôt attrapé. Comment voulez-vous que
je vous ferve ? Découplc\-\nQ\ quand vous jugerez
que je doive courir. S. Aignan. lln'eft que du ftyle
familier.
DÉCOUPLÉ , ée. part.
On dit d'un jeune homme de belle taille , qu'il eft
bien découplé. Ad rem gerendam paratus.
f3'DÉCOLJi'OIR. f. m. Cifeau dont fe fervent les ou-
vrières qui découpent la gaze, Voy. Découp eufe.
DÉCOUPURE, {. f. Taillades faites fur les étoffes
pour imiter ou tenir lieu de dentelle , ou de bto-
derie. Inàfio. On le dit aulîi des diverfes manières
de tailler proprement le parchemin ou le papier ,
pour faire des colifichets. On donne aulTi le nom de
découpure à la chofe découpée.
EJl-ïl permis de fe flatter
Quun biiou , ^«'a/ze découpure ,
Aura de quoi vous contenter ?
P. De Courbeville.
DÉCOUPURES, f. f. pi. On appelle ainfi certaines taches
oudélautsqui fe trouvent dans le fer. Ce font de
petites fentes qui vont au travers des barres.
DECOURABLE.adj. Vieux mot. Qui s'échappe aifé-
ment du lieu où il a été mis. Il fe trouve au figuré
dans un Traiié des Anocthremens francs &; nou-
veaux acquêts , & l'Auteur l'y em.ploie en parlant
de la mémoire, pour dire , labile. La mémoire de
l'homme eft fort fiuxible &: décourable.
DÉCOURAGEMENT, f. m. Perte, abatement de cou-
rage. Anïml injracllo. Dans ce découragement , le Roi
ne voulut pas le gourmander. Vaug. Un Négotiant
qui a du flegme & de la patience, fatigue les autres,
& les pouffe jufqu'au dccouragement , pour les con-
duire au point où il les fouhaite. La Bruy. Voyant
le dccourageTr.cnt àit%io\àdX% , il leva lelîcge.
DECOURAGER, v. a. Oter , faire perdre le courage.
Alicujus animumfrangere , infringcre. Les mauvais
fuccès qui viennent d'abord découragent les gens.
CkT" La perte de la bataille découragea le foldat.
^CF Décourager, (ignifie quelquefois faire perdre
l'envie , le courage de faire quelque chofe. Le peu
de cas qu'on a fait de fon deffein , l'a décourageât
continuer. Ses amis l'en ont découragé. Je n'aime-
rois pas cette façon de parler. Je dirois dégoûter ,
dilfuader , &c. fuivant les diffetens cas.
DÉCOURAGÉ , ÉE. part. Infrachis anima.
DECOURS. f. m. Diminution de lumière qui fe fait
tous les mois dans le cours de la lune , quand elle
fe rapproche du foleil, c'eft-à-dire, pendant le
DEC I j I
rems qvi'elle palFe de l'oppofuion à la conjondion.
Décroillement de la lune. Decrefcentia , dccrcjcens
luna , fenejcens. La lune, après fon plein , entre en
fou decours. On a obfervé que Vénus avoir fon dé-
cours comme la lune , qu'elle paroiiroit avec des
cornes. Voye\ Lune.
C'eft une erreur populaire de croire que les os
font vides de moelle pendant le decours de la lune.
C'eft une autre erreur d'imaginer que l'on doit avoir
égard à la pleine lune & au décours pour planter ,
fenier Se tailler les arbres. On éton autrefois fi
Icrupuleux pour le temps précis de la taille des ar-
bres , qu'on n'ofoit y travailler que dans le décours
des lunes de Février &; de Mars. La plupart des Jar-
diniers auroient cru tout perdu , s'ils s'étoient écartés
de cette routine; ®n eft aujourd'hui détrompé fur
ce poinr , comme fur bien d'autres concernant le
Jardinage.
DÉCOURS. Il fe dit auffi du déclin des maladies. Le
mal étoit en fon decours. Acad. Fr.
Ce mot vient de decurfus.
DECOUSURE. f. f. L'endroit découfu de quelque
étoffe , deliruction, de ralfemblage appelé coutiu-e.
Disjunàio y dijjolutio. Ce n'eft pas là un acroc , ce
n'eft qu'une decoufure.
On appelle auffi , en termes deChaffe, découfures ^
les plaies que les fangliers font aux chiens avec leuts
défenfes. Saln. Vulnus aprugno dente bifixum canl.
Découvert , erte. part. adj. Il a les fignifications du
verbe. Apertus j détectas ,patejaclus , Indagatus. Un
homme qui eft découvert, c'eft-à-dire , fans chapeau.
Pays découvert, où il n'y a point d'arbres ni d^om-
bre , comme en Arabie- Secret découvert. Terre nou-
vellement découverte. Maifon découverte par les
vents , &c. Ceux qui attaquent la Religion ne fe
montrent pas tous à vifage découvert. S. Evr. Sa
gorge étoit à demi découverte. B. Rab.
ifT Dans la décotation des jardins , on appelle
allée découverte celle dont les arbres ne fe joignent
pas par en haut.
Découvert , en termes de Manufadures de lainerie,
fe dit d'un drap , dont le poil eft bas & court , pour
avoir été tondu de trop près, ou pour n'avoir pas été
affez garni de laine avec le chardon.
En termes de Mufique , partie découverte, eft une
pattie dont les fons font les plus hauts , ou les plus
bas de toute la compofition. Le fon le plus haut ,
c'eft-à-dire celui qui fait la quinte, ou qui ter-
mine l'accord en haut , s'appelle partie découverte.
Brossard. Sonus exclufus , ovi fummus. Il faut dire
la même chofe du fon qui termine l'accord en bas.
^ A DÉCOUVERT, adv. Sans être couvert. Sub
dio , aprico in loco. Se promener à découvert.
^3" A DECOUVERT , tout à dccouvett , fe dit dans le
même fens jcn termes de guerre , pour être expofc
au feu des ennemis , fans que rien puilfe mettre à
couvert , en garantir. Cette place fut infultée \ on
alla fe loger fur la contrefcarpe tout à découvert.,
fans faire de tranchée ni d'épaulement. Quand on
eut abbatn les défenfes & les patapets de cette place
elle fe rendit , parce qu'elle étoit à découvert. Voy.
découvrir.
IJCF On le dit au figuré , pour dire fans dcgui-
fement, fans ambiguïté. Palam, apertè. Il lui re-
procha la lâcheté hautement & tout à découvert.
A DECOUVERT, adv. en termes de Mufique & d'inftru-
mens à corde , on appelle à découvert , lorfqu'on
pouffe ou qu'on tire l'atchet fans pofer les doigts
fur les cordes ni fur les touches. Les Maîtres de mufi-
que qui enfeignent à jouer des inftrumens à corde ,
nomment à leurs écoliers commençans les notes
qu'ils doivent jouer , & fur quelle touche ou corde
ils doivent pofer le doigt. Mais lotfqu'il ne le faut
pofer fur aucune , ils leur difent à découvert.
On dit en termes de Palais , & fur-tout en ma-
tières de retrait lignager , qu'on fait des offres de
rembourfement &c de loyaux coûts on deniers à
découvert. Pecunia pntfens. Pour dire > en deniers
réels & comptans.
î jz DEC
DÉCOUVERTE, f. f. Adion par laquelle on découvre
quelque chofe , un tréior , une mine , les ennemis,
un pays qui n'eft pas connu, i/ne/'/^u^io. Un a en-
voyé des coureurs à la dccouv&ne des ennemis. Le
Roi Etnanuel de Portugal commanda des navires 1
pour la ^-««ve/ve d'un chemin des Indes par l'Oc-
cident. Faire \3.d:couverC6 d'un pays. Ab. Envoyez]
à la découverte. Id. Travailler à la ddcouvene des le-
crets de la nature.
En termes de Marine , erre à la découverte , c'eft
Être en fentinelle au haut du mât. Excubare ,inex-
cubiis e£e. Envoyer un bâtiment à la ddcouverie ,
c'eft envoyer un bâtiment pour voir où efl: l'ennemi,
ou s'il n'y a point de corlaires caches quelque part.
Aller à la découverte dans les garnifons , c'eft aller
environ aune lieue de la place, pour voir ce qui
fe pàlFe dans la campagne, & y arrêter tout ce qui
paioit fufpeft, foit eipions ou partis ennemis, lors-
qu'on en ei't le maître. A l'armée , aller à la dé-
- couverte j c'eft aller apprendre des nouvelles de l'en-
nemi.
Découveiitb , eft auilî un terme de Maître d'armes.
Elle conlîfte à le découvrir &: à donner jour à l'on
enn-im. Apertus latus j pch'us. Attuer fon ennemi
par des découvertes. Liancourt.
ÇC? Decouverpe s'applique auiîi généralement, &
dans un lens figuré j à roue ce qu'on trouve de nou-
veau dans les Arts & dans les Sciences , &c plus par-
ticuhèremïnt .i ce qu'on trouve de curieux ou d'u-
tile, ou de dirticile , ou qui a au moins un de ces
trois avantag'-s. On donne le nom d'inve/ition à ce
que 1 on trouve de plus important. Inventio , inven-
tum. Les Modernes ont hiit de grandes découvertes
dans les Sciences , que les Anciens avoienc ignorées.
La connoilTance de la pefanreur de l'air eft une belle \
découverte. Sans l'invention des lunettes on ne feroit
jamais parvenu à \i. découverte des fatellites de Ju-
piter & de Saturne. Il faut plus d'effort d'efprit pour
ajourer aux premières découvertes , que pour les
faire. Font. Le danger des richeftes eft une ^ecoa-
î'e/re de la raifon, mais une découverte ■^QiîtOtliQw-
née par la Religion. Roy.
Autrefois on difoit découverture. Ce mot eft au-
jourd'hui tout-à-fait barbare.
DECOUVRIR. V. a. Je dtcouvre j je découvrols , j'ai
d. couvert ^ je découvrirai ^ que je découvre. Ocer le
couvercle , la couverture , le rideau , en général
ôter ce qui couvre j ce qui empêche de voir quel-
que chofe. Aperire , retcg.re , det'.gere. On a dccou-
rer/ le lit, cette boîte, pour les mettre à l'air. On
découvre les Saints , quand le Carême eft palfé. On
découvre la chaffede Sainte Geneviève. On dit aulîî
que le Ciel fe découvre , quand il devient clair & fe-
rein. Aperitur.
Ce mot vient du latin difcooperire. Y)v Cange.
Découvrir, fignifieaulîî, montrer une chofe qu'on
doit cacher _, ou en laider trop voir. On ne le die
guère que des femmes. Nudare. Cette femme dé-
couvre trop fon fein.
DÉCOUVRIR , avec le pronom perfonnel , fignifie ,
Oter fon chapeau. Apcrirc caput. Il faut fe découvrir
par-tout où eft le Roi.
^j" Découvrir fe du dans le même fens en Archi-
teétiite & en jardinage, pour ôter ce qui couvre j
mettre à l'iir. On découvre une maifon pour l'abat-
tre. Après les grands froids un Jardinier découvre its
melons , il ote les cloches , &: les paillaffons qui les
couvroient.
Dgcouv rir , en termes de Chirurgie , fe dit des par-
rii s du corps qu'on décharné jufqu'à ToSj pour voir
s'il n'eft point offenfé, ou carié. AWure. Cette plaie
eft bien doulou eufe , il a fallu découvrir jufqu'à l'os.
IJG^ Découvrir la frontière , en termes de guerre ,
c'eft la dégarnir de troupes, retirer les garnifons,
raifer les places qui la couvrent.
fJC3* On dit d'un homme qui s'expofe trop aux
coups de l'ennemi dans une tranchée ou ailleurs ,
qu'il fe découvre trop.
DEC
§3° Une ville eft découverte , quand les fortifi-
cations lont abbatues , ou quand les places qui la
couvrent iont pnfes pat l'ennemi, ou démolies.
1^ Découvrir , fe dit auhi pour reconnoîiie le
pays , Ytnnemï. Invejtigare , fpeculari. On a envoyé
des batteurs d^eftrade pour découvrir les ennemis ,
leur marche , les lieux circonvoiilns.
|?C? En termes d'Efcrime j le découvrir j c'eft
n'être pas bien en garde , donner trop de prife à
fon adverfaue. Nudcre. Cet homme fe découvre trop.
Cet autre eft toujours en gaide, il ne fe découvre
jamais. Se découvrir £uï les armes, fe découvrir au
dedans des armes. Aperire iaïus j pecius j obdere
latus apertum. Liancour'^.
fjQ° Cette exprellîon a été rranfportée à certains
jeux , & eft d'ufage lorfqu'uu des deux joueurs a
un jeu avancé & peu ferré , qui donne une entrée
facde à fon adveifaire , & le me-r en état de le
battre en ruine.
tfT Ainfi l'on dit aux échecs découvrir une pièce
pour dircj la dégarnir de celles qui devroient k
couvrir & la défendre.
§3° On dit dans un autre fens découvriruwc pièce ,
fa dame , fa tour , pour dire, la dégager de ce qui
l'empêchoit d'agir.
|iÔ° Aujeude tridrac, découvrir As.me , c'eft laif-
fer une dame feule dans une café , en forte qu'elle
peut être battue, & dans ce fens on dit découvrir
Ion jeu , fe découvrir.
ffCT Aux jeux de cartes , découvrir fon Jeu , c'eft
montrer fes cartes ou les lailfer voir. Expreilicn qui ,
tranfportée au figuré > iignifie fe lailler pénétrer ,
donner à connoître fes deffeins &: les moyens qu'on
doit employer pour les exécuter.
Découvrir, en termes de Marine, fe dit abfolument
& neutraleir.ent pour fe découvrir, fe montrer, pa-
roître. Apparere ., ex tare, videri, con/pici. Cette cote
n'eft que montagnes & rochers; les uns paroiflent,
les autres découvrent de bafte mer feulement. Denys,
P. J. C. 7. Toute cette baie eft pleine d'écueils ,
dont la plus grande partie découvre de bafle mer.
Id.
DÉ.C0UVR1R J fe dit prefque en même fens de ce qu'on
apperçoit de loin , de ce qu'on commence à voir.
Procul videre ^ profpicere. Dès que je découvris ces
Cavaliers, je me dout.d que c'étoicnt des voleurs.
Quand on a palié la Ligne , on déccuvre de nouvelles
étoiles. Quand les Mariniers découvrent terre, ils
jetenr la fonde , & vont à voiles baiTes. Ce voya-
geur commençoit à découvrir les hautes montagnes
d'Arménie.
Découvrir, fignifie encore, trouver quelque chofe
de nouveau, de fecret, qui nous étoit auparavant
inconnu. On le dit en ce fens des mines, des car-
rières , des pays cjui n'avoient pas été connus , & des
nouvelles connoiiUmces que Ion acquiert dans les
Arrs & dans les Sciences. Indagare, inveiiire , invef-
tigare. On découvre tous les jours de nouvelles mi-
nes aux Indes , de nouveaux fecrets d.-^.ns' les Scien-
ces, dans la Médecine, dans les Méchaniques. Ce
fur Chriftophe Colomb qui découvrit le premier
l'Amérique. Harvée , Médecin Anglois, a. découvert
la.circulation du fang. Foye^ Découverte.
DÉCOUVRIR le bois, c'eft lui donner la première
ébauche avec le fermoir avant que de le raboter.
Lignum décider e.
DÉCOUVRIR, dans un fens figuré, fignifie parvenir à
connoître ce qui étoit tenu caché. Patefacere. Décou-
vrir une con)uration , les delfeins de quelqu'un. On
a découvert tout le myftère, toute l'intrigue de cette
affaire.
DÉCOUVRIR, confidéré comme fynonyme à déclarer,
révéler, manijefier , fignifie faire connoître ce qui
étoit ignoré, mais avec cette différence, dit M.lAb-
bé Girard, que découvrir c:^'^ montrer, foit à defîein ,
foit par inadvertence, ce qui avoir cte cac'né jufqu'a-
lors. Aperire. Recludere. Les confidences découvrent
ordinairement les intrigues. Un r-ipporteur ne
doit
DEC
^oit point découvrir fon fentiment 'à ceux qui le
foilicitenc. On découvre fon cœur à fon ami.
^3" On dit qu'un homme fe découvre trop , pour
dire qu'il donne trop à connoîcre fes fecrets, les
affaires, ks fentimens.
J'aime un efpric aifé qui fe montre , & qui s'ouvre ,
Et qui plaît d'autant plus j que plus il Je découvre.
BoiLEAU.
L'amour dans fa prudence efl toujours indifcret;
Le foin deft «c/ier découvre ce qu'il cache. Corn.
On dit proverbialement, Découvrir le pot aux
rofes, pour dire, qu'on a tait voir le feciet d'une
affaire où il y avoir quelque turpitude. Patejacere.
On dit aulîi , Découvrir S. Pierre pour couvrir S.
Paul j pour dire, ôter à l'un pour donner à l'autre.
DÉCRASSER, v. a. Oter la crafle du corps, d'un habit ,
d'un tableau. AUquem fqualorc ^ fordibus purgure ,
fardes detergere. On fait de la pâte d'amande pour fe
décraffer les mains.
On le ditauffi 'figurément, mais dans le ftyle fa-
milier feulement. On n'a jamais pu décrajjer cet
homme là j lui ôter la craffe du Collège, de la Pro-
vince; le polir. Aiicujus /nores expolire. On dit d'un
homme de baffe extraétion qui a acheté une charge
coniidérable, qu'il l'a achetée pour (edécrafér, pour
dire qu'il a acheté fa charge afin de fe donner quel-
que diftinélion. Acad. Franc.
fCF Décrasser un cuir. Terme de Corroyeur. C'eft
ôter tant du côté de chair que du côté de tleur , avec
une pontelle ce qu'il peut y avoir de trop de fuit j
d'huile , &c autres matières qu'on a employées pour
le préparer.
|KF Dans les différens Arts, décraffer exprime
l'adlion d'épurer les matières , & d'ôter les faletés
qui les rendent déieétu^ufes.
DÉCRASSÉ , ÉE , parr. Il a les lignifications du verbe.
DECRÈDITEMENT. f. m. L'aclion de décréditer ,
DEC 253
ne trouve plus à emprunter la moindre fomme. Une
boutique décréditée e(l celle oii l'on ne voit plus de
chalands.
On dit auiïï qu'une chofe efl; décrédiiée , quand
elle n'ell: plus de mode.
DÉCRÉPIT. iTE. adj. Qui eft fott vieux, forr caffé,
ufé, dont tout le corps ell dans un état de defféche-
ment. Decrepitus yfenio conjeâus, C'eft un vieillard
décrcfic, qui n'eft plus capable d'aucune affaire.
Amour d'un mois, eii: amour décrépite. Des-Houl.
Remarquez qu'on dit décrépites au pluriel dans le
malculni. Ce font tous vieillards décrépites. Age
décrépit. Vieilleffe décrépite.
DÉCRÉPIT ATION. f f. Terme de Chimie. Calcina-
tion du fel qu'on continue jufqu'à ce que le lel ne
pétille plus. U/ùo , exujlio. Il fe dit auffi du bruit ou
du pétillement que certains fels font pendant qu'on
les calcine. Crcpitus.
DÉCREPITER. v. a. Terme de Chimie. C'eft faire fé-
chcr le fel commun , le calciner jufqu'à ce qu'il ne
pétille plus étant mis au feu , enforte que toute fon
humidité foit exhalée. Torrere , exurere.
DÉCREPiTER , eft auffi neutre, & lignifie pétiller, faire
du bruit. Quand on jette du fel marin dans le leu ,
il décrépite, & ce pétillement s'appelle décrépitanon.
Les criftaux de fel de fuccin décrépitent fur les cÏiaz-
hons aràens. Hijl.de i'Jcad. des Se. ly^z. ^.ç),
D^F É)ecrépité , ÉE, adj. Terme de Chimie. Se dit
du fel privé de l'eau de fa criftallifation Se réduit
en poudre, ou en petits éclats. Du fel marin décré-
pite.
DÉCRÉPITUDE, f f. Vieilleffe extrême & infirme ;
état de defféchement de tout le corps. Age décrépir ,
ou vieilleffe décrépite, ^tas decrepita, fumma.
Tithon parvint à une telle décrépitude , qu'il fuc
changé en cigale. Bens. La Sibylle de Cuines ctoit
parvenue jufqu'à la dernière décrépitude. Ragois
MET. Balzac fe moquoit de ceux qui fe lervoient
de ce mot. Peut-être n'étoit-il pas furhfamment éta-
bli de fon temps.
perte de crédit. Gracia, aucloritatis minutio, imminuA^fT DECRET, f. m. Ce mot dans fi fignification la
rio. La manière dont on fe récrie fur quelques-uns!
qui fe diftinguent par la bonne foi , le délintéreffe-
inent& la probité, n'eft pas tant leur éloge, que le
décréditement du genre humain. La Bruy.
fSr DÉCREDITER. v. a. Expreffion ufitée dans le
commerce. Oter le crédit , taire perdre le crédit à
quelqu'un. Voyc\ crédit. Le moindre foupçon de
banqueroure décrédite un Banquier. La mauvaife
foi dé crédite un ^îarchand.
IJC? DÉCREDITER J fc dit plus fouvcut au figuré , pour 1
faire perdre à quelqu'un l'eftime, la confidération
où il étoit. Voye-^ Crédit pris au figuré. AUcujus gra-
tiam, aucloricatem,exiJlimationeni miriuere,imminuere-^
detrahere alicui. Il ne frut qu'une lâche aciion pour ;
décréditer un homme de guerre pour toute fa vie. \
Les perfonnes de bon fens ont fort décrédité les i
équivoques. Bouh. Mw méchant livre décrédice un '
Auteur. La honte de céder à des ennemis tant de
fois vaincus, & la crainte de décréditer les armes de
l'Empire J le dérerminoient à combattre. Flecii. La
vie d'Epicure a été attaquée pour décréditer plus
facilement fes opinions. S. Evr. Les bienfaits que
j'ai reçus de vous décréditent les louanges que je vous
donne. Boil.
$C? DÉCREDITER , eft aufli réciproque. Se décréditer ,
perdre foi-nième fon crédit, par fa mauvaife con-
duite ou par des accidens qui dérangent la fortune
& font perdre la confiance publique. On le dit aufti
au figuré. Une difoit rien de fa dilgrace à fa belle,
de peur de (j décréditer en montrant fon malheur.
B. Rab. Exiflimacionem perdere , amittere.
îfT On dit d'une opinion qui a été fort en vogue ]
& qui commence à n'avoir plus de cours, qu'elle!
commence à fe décréditer.. &c d'une chofe qui a été '<
fort à la modej Se dont on eft revenu , qu'elle eft î
décréd'tée. ^
DécrÉditÉ, ÉE,part.paff. -Si ad;. Imminutus exifli-
matione J gratiâ. Un homme décrédité eft celui qui
Tome III
plus étendue fignihela même chofe que jugement,
ordonnance d'une puiffance fupérieure pour en
régler une inférieure. Decretum.Les caufes lecondes
ne font qu''exécurer les décrets de la Providence
érernelle. Le commerce éternel entre l'ame &c le
corps n'a point d'autre lien que l'efficace des décrets
divins. Maleb. Les décrets des Conciles font les loix
qui régleur la doctrine Se la police de l'Eglife.
Le mot de décret s'eft dit d'abord chez les Jurif-
confultes, de tout ce qui a voit été ordonne par le
Prince en connoiffance de caufe; mais depuis, ce
nom a été feulement donné aux réglemens & ordon-
nances des Papes, comme on a donné le nom de
Canons à ce qui a été ordonné par les Conciles.
En ce fens en appelle Décret, la première partie
du Droit Canon. Gratien , qui a vécu tous le Pape
Eugène III. en 1155. a fait une compilation des
Canons des Conciles, des Avis & Sentences des
Pères de l'Eglife,.?: de plufieurs Refcritsdes Papes,
qui font les loix fuivant lefquelles l'Eglife eft gcu-
vernée. Cette colledion eft intitulée, lu concordan-
ce des canons difcordaus. Avant lui, Burchard de
Wormes , & Yves de Chartres , Anfelme de Luques,
& autres J en avoicnt fait d'nurres Compilations,
mais plus imparfaites. Le Décret eft divifé en trois
parries. La première contient 108 diftinélions, la
féconde 3 6 caufes, & la digreftion fur la penirence ,
contenue dans la féconde partie, eft diviiée en fept
diftinétionsdatroifièmecontient cinq diftinétions. La
raifon de cette dénomination vient de ce que Gratien
s'applique dans la première S>c troidème partie de fou
décret à accorder les antilogies des Canons , & à
diftinguer leur vrai fens. Il faut le lire avec beaucoup
de précaution \ les citations n'en font pas toujours
affez exactes. Pasq. M. Le Pelletier, Miniftre d'Etat,
fit faire en 1685. à Paris une fort belle édition du
Décret en deux volumes in-fol. fur les manufcrits
de MM. Pithou qui ont revu fort exadement le
V
.ïJ4
DEC
DEC
-m-
DeucC fur les anciens exemplaires, & qui ont fait ; Frère rsalnionJ tle l'Ordre de Saint Dominique, fo«
<les Noces, qui ie trouvent dans cette édition. | Chapelain, Certe Colledlion des De'crétales eft feule
On appelle Ecole du DécreCy le lieu où le Droit 1 autonlte du Saint Siège jliic dans les écoles j & l'ou
Canon elt enfeignc. ùchoLi Juris CanonicL
PÉCRET 3 en termes de Palais, eft une lentence ou or-
donnance que le Juge rend en connoillance de caule
concernant la procédure & l'inllrudtion. Mais ce
mot ne s'emploie qu'en deux occalions. La première,
en maiière cmninelle, quand un Juge mec fon or-
donnance au bas des informations, qui porte que
Tr-ccufc fera tenu de fe préfenter pour fubir l'inter-
rogatoire , comme il arrive quand le cas eft léger ,
ou bien qu'il fera ajourné perfonneilement ^ ou bien
enfin qu'il iera pris au corps, quand le cas elt énor-
ir.e, & qiiil y échet peine afflittive : ce qui fait qu'il
y a trois fortes àcdecrccs en matière criminelle, le
décrxL d'atiigné pour être oui , le décret d'ajourne-
ment perfonnel , 6i le décrec de prife de corps, /^trye:^
ces mots. Un aécrec de prife de corps^ & le décret
d'ajournement perfonnel , emportent interdiction
des fondions de la charge de celui qui eft Cfiicier j
mais non pas le décret à' ACàguxnon pour être oui. La
féconde, en matière civile j, quand pour purger les
hypothèques qui font fur un héritage vendu en juftice
le Ju;;c déclare que toutes les formalités requifes
pour y parvenir ont été oblervées j & adjuge l'héri-
tage franc &: cjuitte au dernier enchcriifeur j & pour
cela il y interpole fon décret ou autorité. Ainli un
décret en France eft un jugement par lequel un héri-
tage eft adjugé aux créanciers- On ne peut mainte-
nant acheter furement aucune terre, qu'elle n'ait été
s en fert dans le tor extérieur & contentieux. A fon
imitation Boniface VIII. en 1297. en fit faire une
nouvelle Compilation ious le nom de Sexte \ mais
elle n'a pas eu en France le même crédit que les
autres Colicâions, à caufe des démêlés de Boniface
■VIII. avec le Roi Philippe le Bel. Elle contient cinq
livres de Décrétâtes. Clément V. ht aulli une collec-
tion fous le nom de Clémentines , & Jean XXII.
fous celui à' Extravagantes. Quand Luther fit folem-
nelkment brider les Décrétâtes à Wittemberg, fon
aâion fut plutôt regardée comme une infulte faite au
Pape,& un coup de colère, que comme une jufte con-
damnation du Droit Canonique. Pour les Décrétâtes
attribuées aux Papes jufcju'àSirice en 318. elles font
évidemment fuppolées. Tout le monde convient de
leur faulFeté; & ceux-mêmes qui font les plus favora-
bles à la Cour de Rome , font obligés de les aban-
donner; quoiqu'elles aient beaucoup fervi à établir
la grandeur de Rome , Se à ruiner l'ancienne dilci-
plme, principalement lur les jugemens Eccléfiafti-
ques , ts: les droits des Evêques. Riculphe, Evêque
de Mayencc dans le IX^ fiècle, eft le premier qui les
a publiées. On a ciu qu'elles avoient été fuppofées
par Ihdore, Archevêque de Séville , parce que la
colle6tion de ces Décrétâtes porte le nom d'Ifidore
Peccator , ou Mercator. Du Pin. Foyey^ Doujat ,
Hiff. du Droit Canon. Voyco^ au mot Canon , Ca-
nons des Jifctres.
palfé par décret, qu'à la charge du décret. Le c/ctv.-rj DÉCRÉTER, v. ad. Ordonner un décret. Aliquid de-
ne purge pourtant point les douaires. Il y a long- cernere, c'cc/tfw/TzyicÉrd. On décrète un accufé d'affi-
y a long-
temps que cette terre eft en décret , qu'on en pour-
fuit l'adjudication.
Les décrets en matière civile fe diviient en décrets
forcés & en décrets volontaires : les décrets forcés fc
font malgré le débiteur , à la diligence des créan-
ciers : les décrets volontaires fe font en conféquence
d'un contrat de vente, à l'eftet de purger les hypo-
thèques j pour la fureté de l'acheteur. L'appel d'un
û'ecTcf nécellaire , ou forcé, dure trente ans : l'appel
d'un décret volontaite dure dix ans entre majeurs
qui font préfens, & vingt ans s'ils font abfcns. Pour
erre inftruit de ce qui regarde la matière des décrets,
il faut voir l'Edit d'Henri II. du mois de Septembre?
i6'^i. L'arrêt d'enregiftrement du 11 Novembre
gnépour erre oui, d'ajournement perfonnel, ou de
prife de coi'ps. Décréter an partage, une information,
un cunientement, une péiéquation de cens ou rente,
un héiitagej &c. Cette terre a été décrétée dans
les formes J c'eft-à-dire qu'on en a fait le décret
pour le payement des créanciers & la fureté de
l'acquéreur. Un Procureur eft refponfable pendant
dix ans des formalités de ce qu'il a fait décréter.
AUci'jus hora pr^-conis vocifub]icere. Ce mot de décré'
terz une conftiudlion particulière dans le ftyle du
Palais, &: on l'en^.ploie comme un verbe imperfon-
nel •, par exemple, It a été décrété iIq prife de corps
contre un tel, les voleurs contre lefquels il aété
décrété de prife de corps j ont pris la fuite.
enfuivant , Traité des Criées de M. le Maître, celui j IJCT Décréter une Coutume, c'eft la revêtir de Let-
de M. Bruneau, l'Arrêt en forme de règlement du? très- Patentes pour lui donner force de loi.
2.J. Nov. I s 9S. l'Arrêt du 7.. Sept. 1659. l'Arrêt du' Décrété, ée, part.
30. Août 1690. Ces Arrêts fe trouvent dans le re-; DECPvETISTE. f. m. Raimond, Comte de Touloufe,
- --•' """rs 6i de réglemens qui concernent la fonc-s ayant fait ia paix avec l'Eglife & avec le Roi de
cuei! d'An
tion des Procureurs
DÉCRET IRRITANT, On appelle ainfi les claufss infc J
rées dans les Bulles de la Cour de Rome, dont)'
l'inexécution fait perdre la grâce, &c emporte nullité. \
Decrefum irritans. j
Le terme de décret eft en ufage parmi certains ■
Religieux, par exemple les Auguftins , pour figiù-:
fier les ftaturs qui fe tout dans Its Chapitres Provin-
ciaux pour le règlement d'une province.
On le dit aulîi des décilions de la Faculté de'
Théologie, dont les airemblées fe tiennent en la
maifon do Sorbonne , fur quelque matière de Théo-
logie. Décret de Sorbonne.
France (Saint Louis) au commencement de lannêe
1229. fut engagé .1 donner quatre mille marcs d'ar-
gent pour entretenir des Maîtres à Toulouse, pen-
dant dix ans j favoir, deux Doéteurs en Théologie;
deux Déuétijîes , c'eft-à-diie, Canoniftesqui cxpli-
quoient le Décret de Gratien ; fix Maîtres des Atts
libéraux , & deux de Grammaire. C'eft l'inftitution
de l'Univerfité de Touloufe. Fleury. Ainfi le Dé-
crétijle eft un Canonifte chargé d'expliquer dans une
école publique le décret de Gratien.
|tT Dans quelques endroits on appelle Décrétijle
celui qui pourfuit la vente par décret d'un bien faifî
réellement.
îJCJ" On ledit de même des délibérations &déci-i DECR EUS E R. v. a. Terme de Teinture. Voye\
lions de l'Univerfité lue quelques points de doctrine I Décruser.
pudefiidifcipline. ■ DÉCRI. f. m. Défenfe par un cri public & par autori
DECRETA LE. f. f. Refcric, ou Epitre d'un Pape pour
faire quelque règlement ou décider quelque point \
dedifcipline. ÉpiftoU décrétâtes. Les Décrétâtes com-|
pofent le fécond volume du Droit Canon. Il y a plus
de Décrétâtes d'Innocent III. feul que de tous les !
autres Papes enfemble. Il ctoit bon Jurifconfulte. j
Celles-ci ont été ramaiïees par M. de Hauteferre , 1
qui y a fait des Commentaites. On les appelle auiîi i
hpitresDécrétcles.'LQ. Pape Grégoire IX. en 1220. 1
fit compiler toutes les Décrétâtes , ou Conftitutions
té du Juge J de fe fervir dans le commerce de certai-
nes efpèces d'or ou d'argent, &c. ou de vendre ou
porter certaines étoffes, débiter certaines marchan-
difes. &c. Interdiclio alicujus rci. On n'oferoit expo-
fer de la monnoie légère après le décri qu'on en a
fait. Les manufaèlures expofées après le décri font
fujettes à confifcation. Son plus grand ufage eft pour
la diminution ou fupprcffion des monnoies. Acad.
Fr. On lui a fliit un rembourfement la veille du
décri.
Pontificales de ks devanciers en cinq livres, par Décri, fe die aulîi fisjurément de la perte du crédit
DEC
& ^e la réputation. Famé. & ejlmmloms immlnuûo.
La mauvaile conduite de cette perfonne l'a fait tom-
bei" dans le aécri.
Decri , le dit encore de la diminution de la valeur des
choies pat Tulage , parce ^u'on n'en fait plus de cas.
Precti jjami j celons, elega/itia iinminutio. En Fran-
ce les pointes, es alkilions, les anagrames , les
bouts riniés, font dans le decti. Tout ce qui elt à la
vieille mode eft dans le décri. Les balades, les ron-
deaux, par la mort de Voiture retournèrent dans
leur ancien décn. Saras. Quand la vieiUeffe trop
hâtée amène les rides , le dct.n \'ient , & on ne fait
plus quel perfonnage on doit faire. S. EvR.
PÉCRItR. V. a. Défendre par ordonnance ou cri pu-
blic une monncie, des marchandifes, des dentelles ,
des étoffes , Tufage, le cours de quelque chofe. Lieï
alkujtis ufum inurdicere. On a décrie les manufactu-
res étrangères pour mieux débiter les marchandifes
du pays. On a dé.r'u cette monnoie , parce qu'il s'y
en étoit mêlé de faulle.
DÉCRIER, lignifie figurément, décréditer, ôter l'hon-
neur, la gloire, la réputation. De alkujus jamâ ,
exijiimaûone dccrahere , maiedicere. l\ fe dit des per-
fonnes Se des chofes. Cet homme a bien des enne
mis qui le décrient. Les mécontens tâchent toujours
de dé^rierXt gouvernement. Les dévots s'attribuent
l'autoriré de cenfurer le prochain j & de le décrier ,
fous prétexte de ne haïr que le vice. S. Evr. La flatte-
rie corrompt la vertu, &c la médilance la décrie
Flech. Décrier la bonne vie d'une perfonne. Ab.
Décrier quel"in'un dans l'efprit du Peuple. Pasc.
Ce feroit aifez pour décrier le plus beau Roman du
monde. Mol. Le véritable emploi de la Comédie ,
c'eit de recommander la vertu, & ai décrier le vice.
Evr.
On dit proverbialement , qu'un homme efl: décrié
comme la vieille monnoie, pour dire, qu'il eft per-
du de réputation, qu'il n'a ni crédit, ni eftime dans
le monde.
Décrie, ee , part. Exi(limaûone ,famà damnatus.
IJC? OE^^RIRE. V. a. dans la lignification de ttanfcrire,
n'eit p 'S François.
%fT iJECRiRE , lignifie proprement dépeindre parle
dik-jurs , repiélenter une chofe avec toutes {qs cir-
con lances, de manière qu'on la reconnoilTe Def
cr '■tre . depi'.gere j .idumhrare. Ce Géographe a bien
décrirtoms l'Alie. Ce Pocte a bien décritcetze batail-
le. Cet llillorien a bien décrit les mœurs de fon
temps. Ce Satyrique a fort bien ^ecrif un tel ridicule,
il n y a perfonne qui ne le reconnoilTe.
X}'«« bdl, dans un Sermon , /Adécrit V ordonnance.
VlLL.j
Un ris qui ne fe peut décrire ,
Un air que les autres n'ont pas ,
Que Von vo't^ & qu'on ne peut dire. Voit
Cn dit aulTi en Géométrie, Décrire un cercle,
une ellipfe, une parabole, pour dire les tracer avec
un compas ou avec un autre inftrument.
§Cr On dit aulïï en Géométrie qu'un point décrit
une li",ne droite ou courbe par ion mouvement ,
lorl"qi.ro.'i fupp;>fe que ce point fe meut & trace cette
ligne en fe mouvant. De même la ligne par fon
mouvement décrit une furface, une furface décrit
un folide. Efficere , generare.
DÉCRIRE, figni'îe aufli, Définir imparfaitement les
choies, en donner une idée générale. Un Grammai
rien doit fe contenter de décrire les chofes, U n'ell
pis obligé de les 'définir exaétement, comme un
Pliilofophe. F'o' e^ Difcription.
Décrit , 1 1 1 , part. palT.
DECROCHir. ENT. f. m. L'aétion de décrocher ou
de fe décrocher. M. deReaumur emploie ce terme.
La carabine tira, Ragotin crut en avoir au travers
du corps : fon cheval crut la même chofe. Se bron-
DEC isi
che par fon éperon à la felle, & l'autre pied & le
relie du corps attendant le déc ocnemeat de ce pied
accroché j pour donner en teue, de compagnie avec
la carabine, l'épée, le baudrier & la bandoulière.
Enfin le pied le décrocha, les mains lâchèrent le
crin , S<. il fallut tomber : ce qu il fit bien plus adroi-
tement qu'il n'avoit monté. bc^RaoN. i^oman Com-,
t. 1. c. lo. p. t^^.
DECROL-HER. V. a. Détacher quelqae chofe d'une
cheville, d'un clouj d'un crochet ou cl\ç étoit acta»-
chée. Vncinù aliquid expedire. Décrocher une lapif-
ferie, une jupe accrochée avec une agrafte.
§3° Décrocher, chez les Fondeurs de caraétères»
C'cft avec un crochet de fer féparer la lettre du
moule dans lequel elle a été fondue.
DÉCROCHÉ, ÉE , part. Uncoexpeditus.
DÉCROCHUIR. f. m. Inftrument propre à décrocher
une chofe accrochée j arrêtée avec un crochet- Cet
ange porte fermement attaché un crochet de fer
qu'on nomme le décrochoir , parce que ce crochet
attrape fucceirivement tous les loquets, & forçant
leurrellort, les dégage ou décroche de delfous les
mentonnets qui tenoient les couvercles alFujettis.
Des Billettes, Acad. des Se. 1(599. Mém.p. 195.
DECROIRE. V. n. Ne croire pas. Dijjcntire , dijfentirl.
tidcin amittere j derogare. L'ufage de ce mot elf fort
borné. Il ne fe dit que par antithèfe, qui exprime
l'incertitude de l'opinion d'un homme fur quelque
chofe- Je ne la crois ni ne la décrois. On doute des
vérités de foi, quand on ne les croir, ni les décroit ^
&c que l'efprit ell en balance. Confér. d'Ang. Ce
mot eft peu d'ufage , & ne doit s'employer que dans
la converfation & le ftyle familier.
DÉCROISSANCE. Décroilfement. Pomey.
DECROISSEMENT. f. m. Diminution fenfible d'un
corps en fa propre fubftance. Diminutio , imminutio,
decrementum. Il faut faire bouillir cette décodion ,
ce fyrop , jufqu'au décroijfement d'un tiets, pour les
faire cuire à propos. Décroiffement.
1^ DECROISSEMENT, cu parlant du corps humain,
diminution du corps humain en hauteur & en
fubllance, qui fe fait par dégrés, effet nécelTaire
de 1 âge. Etat oppofé à celui d'accroilfement. ^
Decroissement, le dit aufli fîgurément. Le décroijje'
ment de la vie eft fenfible. Boss.
DECROITRE, v. n. Diminuer de hauteur, de quan-
tité. Decrefcere , diminui , imtninui. I-ps eaux du
Déluge furent quaranre jours à dJcroitre. Le Nil croît
quarante jours, ^ en décroit autant. Ab. La lune
ûfc'crozT, eft hors de fon plein, les jours décroiffent.
La rivière eft bien décrue.
Il fe dir aufli en termes de Palais- Si le Teftar?ur
alTocie dans un même ufufruit plufieurs perfonnes»
celles qui meurent,celles qui abandonnent, celles qui
n'acceptent pas, le lailfent entier aux autres; c'eft
tantôt un droit d'accroître, tantôt un droit de rete-
nir , & de non décroître. Pulisson.
DÉCRU , UE , part. Imminutus.
DECROTTER , v. a. Nettoyer , ôter la crotte des fou-
liers, des habits, des meubles. Lutum decutere , pur-
gare.
Décrotte ee.
DECROTTEUR. f. m. Celui qui décrotte. Rabelais
dit û'eVrorre^^r.f de Vigiles, dans un fens burletque
& métaphorique, qui eft le même que celui de
débrideur. Voy ey ce mot.
DÉCROTTOIRE. f. f. Petite brolTe faite avec du poil
de pourceau J ou de fanglier, qu'on lailTe fort court.
5c qui fert à décrotter les fouUers. Peniculus fetis
afper. Celles qui font moins fortes, dont le poil eft
plus long, s'appe'lent poliftbires.
On dit d'une petfonne qui a la peau rude, qu'Elle
a la peau rude comme des décrottoircs.
DÉCROUTER. v. a. Terme de Vénerie. On dit des
cerfs quand ils vont au frayolr^ qu'ils vont décrcuter
tête. Arhorum ad truncum affricare cornua, eâqui
leur
cha 11 ru lement , queRagotin en perdirle pommeau friclione crujlas detergere. _
qui lui fervoit de fié^e , tellement qu'il fe pendit , DECRUER. v. a. Terme de teinture. I/.vivj^-^/''^^''^*
quelque temps aux crins du cheval , un pied aecro- 1 Les teinturiers font obligés de dccruer le ni ccru ,
Vij
îjô DEC
c'eft-à-dire de le leffiver avec bonnes cendt-CSj&de le
laver en eau claire avant que de le teindre.
DECRUMENT. ou DECRUEMENT. f. m. Terme de
Teinture de fil. C'eft la préparation que lesTeir;tu-
riers donnent au fil écni , avant Que de le mettre" à
la teinture.
DÉCRUSEMENT. f. m. CV/ï le premier apprêt qu oti
donne à la foie, en mettant les cocons dans l'eau
bouillante, afiji que par cette forte chaleur humide,
certaine colle qui tient les filets collés enlemble, <Sc
qui vient de la bave ou faiive du ver à foie, s'amo-
lilfe &c foit détrempée dans iVau. Par ce moyen elle
fe détache & fe dévide plus facilement de delTus les
cocons.
3DÉCRUSEMENT cft auffi , en termes de Teinturiers en
foie , la première préparation qu'ils y donnent après
J'avoir dévidée de delfus les cocons, pour la difpofer
à la teinture. Opération qui confifle à la faire cuire
avec du favon blanc , à la laver enfuite & dégorger
■dans de l'eau claire; après quoi on la fait tremper
dans un bain d'alun froid. Scrkum fapone pur^are ,
ut colores ïinbibat.
i)ÉCRUSER les foies. C'eft en faire le dccrufement,
foit pour les filer , de deflus les cocons , foit pour
les préparer à la teinture. Voy. Décrufément.
^CFDECUIRE. v. a. Terme de confifeur. Faire qu'une
chofe foit moins cuite , ou corriger le défaut qui
vient d'une trop grande cuillon. On le dit des fi ■
rops & des confitures où l'on met de l'eau pour les
rendre plus liquides , quand ils font trop cuits.
fC? On dit au/H décuire ^ en parlant du fucre :
c'eft le rendre tel qu'il étoit avant la cuillbn , en
Je faifant pafter dans l'eau.
^J" DÉCUIRE eftauffi réciproque, & fe dit des firops
&c des confitures qui n'ont pas eu une cuiffon fuf-
ififante , & qui fe liquéfient trop. Plus jujib l'ique-
ficri. Quand les confitures fe dccuifcnt.^ ii faut les
cuire une féconde fois.
'DÉcuiRE, dans quelques Auteurs de Philofophis; her-
métique y fe prend pour cuire , & fignifie la même
chofe. En ce lens il vient de decoquere, donc il a la
fignification.
DÉcuiT , iTE. part. pair. & adj. Plus jujlo Hquefaclus.
DÉCUPELER. V. a. Terme de Chimie. Il fignifie la
même chofe que décanter. Vcye-^ ce mot.
DED
qui ont un autre Ecolier a
de dix Ecoliers
tête.
DÉCURION. f. m. Chef d'une Décurie
la milice Romaine , que dans le CoUè
blée du peuple. Dscurio-
leuC
j tant dans
ège ou aftem-
DECUPLE. ad. Terme d'Antlimétique qui exprime
jjroprement le rapport qu'il y a entre une chofe &
«ne autre qu'elle contient dix fois , qui vaut dix
fois autant. Décuplas. La. difl-nnce de la terre A Sa
turne eft au moins décuple de celle Je la terre au
foleîl. La Bruyère. Les Speélateurs d'Ariftote
croient que l'-air venant à fe raréfier au décuple^
change nécefîairement de nature , & prend la forme
de feu. RoHAULT. Les Grecs gardoient dans leurs
nombres la progreflion décuple , comme les Arabes
l'ont retenue. Huet.
^Cr DÉCUPLE & décupleront deux chofes tout-à-fait
différentes. Une chofe eft à une autre en raifon dé-
cuple , lorfqu'elle eft dix fois aufli grande : & deux
nombres font en raifon décuplée de deux autres
nombres , lorfquils font comme la racine dixième
de ces nombres. Encyc.
DÉCUPLER. V. a. Augmenter de dix fois autant. Cet
homme a décuplé la fortune que fon père lui avoir
laiffée.; c'eft-à-dire , qu'il eftdix fois plus riche qu'il
n'étoit à la mort de fon père- Vous ne porterez pas
tin coup inutile, & chacun de vous fe décuplera en
quelque forte.L'ABB. Terrasson. Vowr^ décupler uns
fomme , il ne faut qu'y ajouter un zéro.
PÉCURIE. f. f. Compagnies de dix perfonnes rangées
fous un chef nommé Décurion. Decurla. La Ca-
valerie Romaine étoit rangée par Décuries. Romu-
lus divifa chacunedes trois Tribus du peuple en dix
Centuries , & chaque Centurie en dix Décurks , à
laquelle commandoit le Décurion. M. de Giry de
l'Académie Françoife , dans fa Tradudion de l'A-
pologétique de Tertullien , emploie le mot dizaine
ûulieu de Décurie. Voy. DIXAINE.
Qn appelle Dicnm daus le Collège, unçu'wpe
Décurion. C'étoit aufli le nom qu'on donnoit aux Sé-
nateurs des Colonies Romaines qui formoient unes
cvour de juges ou de confeillers qui repréfentoient:
le 5ei3at Romain dans les villes municipales. Civi^
tatum patres curiales : honorati municipiorumfenatores
Leur chef fs nommoit curia decuriomm ^ èc minoi*
fenatus. On les appela Décurions , parce que leur
corps eft cornpofe de dix perfonnes. Les villes d'I-
talie , au moins celles qui étoient colonies , avoient^
part fous Augufte aux Eleéiions des Magiftrats Ro-
mains: car les Décurions ^ ou Sénateurs de ces villes
donnoient pour cela leurs fuftrages , que l'on en-
voyoit fceilés à Rome , un peuavant l'éledcion. Suet^
L. II y c. 46". TriLEM.
DÉCURION étoit encore le nom de quelques Prêtres '
qui femblent ne l'avoir été que pour quelques fa-
crifices & quelques cérémonies , ou religions parti-
culières , pour les Sacrifices des familles & des mai-
fons privées. Ils étoient choifis par Décuries, comme
Struvius le conjeâiuire ; & c'eft pour cela qu'oa'
les nommoit Decurions. Quoi qii'il en foit de l'ori-'
gine de ce nom , une infcription qui fe trouva
dans Gruter , p. cccxlii , n. 3. prouve ce que nous
avons dit de leur fondion ; la voici : Anchialus.
CUB. AED. Q. TER. IN. AEDE. DECURIO. ADLECTUS^
EX. CONSENSV DECVRIONVM. FAMILIAE VOLVNTA-
TE. Voilà un Décurion quil'étoit dans la maifon d'ua'
particulier , de Q Terentius.
On appelle autli Décurion dans le Collège, nnf
Ecolier q-ai eft à la tête de dix autres.
DÉCUSSATION. f. f. Terme d'Optique & de Géomé.--:
tiie. C'eft le point où des rayons, ou des lignes fecroi—
fetit tel que le foyer d'une lentille , d'un miroir , Sec-,.
Conjunciio radiorum in decujjlm. Il fe fair «ne décuf--
fanon des rayons de la lumière dans le criftall in ^r
"avant que de s'aller peindre far la rétine. Ii fauc;
qu'il y ait une double décujjadon dans l'aétion, de la;^
vp.e , pour faire voir les objets redrelTés.
DÉCUSSOIRE. f. m. DecuJJorium. Inftrument /je C'nî-.
rurgie , qui, par fa preflion fur la dure-mer e ,caufet
une évacuation du pus qui s'eft amaffe entrf ; ie ':râne.
& cette membrane , par l'ouverture que le r.répaiv
gure de
a (a\ie.V>LA-ncATk^cicé par James. Foye^).:^^,
cpT ÎTi^Vriimpnr d^ns Paré , L. VI, cap. 21,^'
D E D.
go* DÉDAIGNER, v. a. Traitei- ^vec une forte
de mépris ceux dont nous faifons p ^^ ^q ^35 ^
que nous croyons audeftous de nor.s'p ar la naiflànce
les biens ou les talens. Fajlidire. , d edignari. Quel-
que fupériorité qu'un membr e de Compagn4e aie
fur fes confrères , il ne doir "poi"'; les dédaianer.is
les dédaigne fi fort , que je r,e p uis eh médire. Vous
dédaigm^ notre amitié.
Gardci-vous de rier , ^édaighet ,
Sur-tout quand vous ave ^ à-pcu-près votre compte:
La Font.'
de
nous
|Cr Oh dit neutr alement , il dédaigne
patler. \\ dédaigne de nous rendre vifite.
On l'emploie avec la né'^ative ordinairement;
pour dire, Daigwer. Ne ^^^/^/a^er pas de me faire
cet honneur , Ôcc.
DÉDAIGNÉ , ée. parr
DÉDAIGNEUR. ad':. j^ f.bftantivement. Terme
d Anatomie. î^o-.ndu quatrième mufcle de l'œil. In-
dignatarms. H retire l'œil vers le petit angle, & fair
regarder pa.: aeffus l'épaule. Dionis. C'eft de-U que
iei vient Ion nom , ps.tce que c'eft ainfi que l'on
"■."rS^. 'I"^"'^ on veut marquer du m '.'pris & de
l'indignation. Il fç p.ojQume acurement Abdu<3;çijr.
t> E D
DÉdAigneur, eUse. adj. Qui marque da dédain. Les
Athéniens croient fous de la liberté j idolâtres de
leur patrie, admirateurs de leurs ufages, dédaigneux
ou indifférens pourtour ce qui n'étoit point d'eux.
Journ. des Sav. Mars //ji.on dit dédaigneux.
Ï5ÉDAIGNEUSEMENT. adv. D'une manière dédai-
^gneufe. Fajlidiofè.
DÉDAIGNEUX, EUSE. adj. qui marque du dédain.
Fafiidiùfus. C'eft une beauté fière ôcdédaigneufe. Ces
Critiques impitoyables qui prennent un air dédai-
gneux fur tout ce qu'on dit en leur préfence , font
l'etFroi des converfations. Bell. Foy. FIER. Il faut
éviter de parler, & encore plus de badiner avec
les perfonnes fières. Pour les dédaigneufes , il faut les
fuir , ou ne les joindre que pour les mortifier.
Mais nous autres faifeurs de livres & d' écrits. j
X)u Lecteur dédaigneux honorables ejclaves ^
Nous ne /aurions brifer nos fers & nos entrava.
BoiL.
ÇCT DEDAIN, f. m. Sentiment qui nous empêche de
nous tamiliarifer , &c qui nous éloigne des perfonnes
que nous croyons au delFjus de nous , par la nail-
fance , les biens ou les talens- Dans ce fens il ell:
fynonyme avec le mot fierté , pris en mauvaife part,
avec cette différence que l.\ fierté ed fondée fur l'ef-
lime qu'on a de foi-même , & le dédain , fu. le peu
de cas que l'on fait des autres: ce qui rend celui-ci
plus odieux iSc plus infuportable. Voy. les Syn.fr.
Fajlidium. Il y a une forte de gens vains qui fe font
du dédain j une décoration perfonnelle , qu'ilspro-
duifent comme une étiquette pour annoncer le mé-
rite qu'ils prétendent avoir ^ & où l'on ne manque
pas de lire le contraire de ce qu'ils y croient écrit.
Je ne fuis point d'humeur à eiTuyer vos dédains &
yos injures. S. Evr.
Quoi ! votre fermeté-fait Juccéder' fans peine ,
Le refpecl au dédain , & l'amour à la haine ? Corn.
Malgré tout mon amour j jamais cette inhumaine ,
Ne témoigna pour moi que dédains , & que haine '
S. Evr.
DÉDALE, f. 111. Arrière- petit- hls d'Eredtée , Roi
d'Athènes , a été le plus liabile ouvrier que la Grèce
ait jamais produit dans l'Architedure & dans la Scul-
pture principalement.
DÉDALE, f. m. C'elHe fynonyme de labyrinthe, an-
quel on donne ce nom, à caufe que -De<fa/e en fut
l'inventeur. C'ell un lieu où l'oti s'égare , où l'on
fe perd à caufe de l'embarras de àzzowis.Labyrinthus.
Les dédales An Y idùWis, &c. On dit plus commu-
nénient labyrinthe.
On le dit aulh figurément d'un grand embarras.
Si vous entreprenez de débrouiller les affaires de
cette maifon , c'eft un dédale dont vous ne fortirez
jamais. Le dédale des loix , des procédures , de la
chicane. Anfraclus judiciorum.
On y voit tous les jours l'innocence aux abois ,
Errer dans les détours d'un dédale de loix. Boil.
' Apprenez quefouvent le poids d'une cabale
Embarrajfe les gens dans un fâcheux dédale.
Mol.
DÉDALES, f. f. nlu. Terme de Mythologie. Fêtes que
les Platéenscélébroient depuis leUr retour dans leur
patrie. Platée , ville de Béotie , avoir été ruinée
par les Thebains 371 ans avant J. C. & fes habi-
tans obligés d'aller chercher retraite chez les Athé-
niens , avec qui ils demeurèrent l'efpacede foixante
ans, jufqu'au temps d'Alexandre j qui permit aux
Platéens de retourner dans leur patrie, & de re-
bâtir leur ville. Ils inllituérent les Dédales en mé-
moire de cet exil, & comme il avoit duré foixante
DED ij7
ans , a ckaque foixantième année , ils célébroient
cette fête avec uue grande magnificence.
DEDALION. f. m. Fils de Lucifer , & père de Chio-
ne, fut fi touché de la mort de fa fille Chione qiie
de défefpoir il fe précipira du fommet du Monc
Parnalîe. Il fut métamorphofé en épervier.
DEDAMER. v. n. Terme du jeu de dames. Retirer
une dame du premier rang , c'eft-à-dire , du rang
qui eft le plus proche du joueur, & l'avancer à iiu
autre j ce qui peut donner lieu à l'adverfaire d'aller
à dame , c'eft-à-dire , de placer une de fes dames à
la place que l'on a c]uittée , & de la damer. Scrupwrt
lujorium e primo ordiue removere , amovere. il fane
néceflairement dédamer cq coup-ci , ou perdre quel-
que dame.
Dédamer. Se dit figurément, en ftyle familier , pour
quitter la place , le rang que l'on occupoit , fe re-
tirer. Dignitatem J honores linquere , recipere fe ,rc-
ceptui canere. Si les grands n'étoicnt nés parmi
les couronnes , s'ils n'étoient obligés de maiiitenir
leur dignité , comme chaque particulier l'état où
il fe trouve; s'il leur étoit honnête & bien féant
dadédamer /]t crois que beaucoup fuivroient l'exem-
ple des Empereurs Dioclénen , Lothaire & Charles
V,qui renoncèrent tous librement , auili bien qu'A-,
murath IL &c. Mascur. Ce mot n'efi. pas d ufage ea
ce fcns.
DEDAN. f. m. Nom d'homme. Dedanus. Il y en -x.'
plulieurs de ce nom dans l'Ecriture. Le premier elt
originaire de Cham par Chus , Gen. X. 7. i. Parai.
XlX. q. Le fécond ell defcendant d'Abraham , par
Cethura, Gen. XV. 3. 1. Parai. XIII. i. Ccft celui-
ci qui avoic donné le nom à des peuples dont nous
allons parler. Quelques-uns croient auili que l'O-
racle di Dodone , ■ fi célèbre parmi les Grecs j tiroit
fon nom de l'un de ces deux hommes.
DÉDAN, efl: aufli le nom d'une ville de 1 Idumée , donc
parlent Jérémie , XXV. 23. XLIX. 8. & Ezéch.XXVj
13.& XXVII. zo. Bochart, croit qu'elle fut fondée
par Dédan fils d'Abraham & de Cethura, dont ella
porta le nom. Gen. XXV. 3.
DÉDAN. Ville dont il eft parlé dans Ezéchiel XXVIL
15. & XXXVIII. 13. Bochart, Phakg. L. IV. C. 6.
îa place dans l'Arabie heureufe fur la côte du dé-;
trou Perfique , & prétend que celle /qu'on nomma
encore aujourd'huiDaden,qu'Orteluis& d'autresMo-
dernes placent entre le détroit de Ba(rora,&; l'embou-
chure du fleuve Oin , qui eft le Lar deProlomée&le
Phalg de Nubieniîs,également éloignée d- 1 un& do
l'autre. Ce qui prouve cette iuuaîion,c'eftqu'Ezéchiel
XXVII. 1 5. parle d'une ville maritime, voisine de
plufieurs îles , & d'oùl'on alloit par mer aux indes^'
car l'ivoire & l'ébène que l'on en rapportoitj font,
des marchandifes des Indes \ que Regma , bâriepac
le père deDedan , ètoit lut certe même côte , comma
Bochart le prouve au chapitre précédent \ que la
famille de Scheba frère de Dédan étoit aufli voifine:
de ces lieux , comme il le prouve au chapitre fui-
vant, & qu Ezéchiel XXXVIIL 13. a joint ichoba.
& Dédan , comme des lieux voifins j ainfi il nefaur
pas confondre cette ville avec la précédente , qui
étoit dans l'Idumée. Ezéchiel les difnnguejXXVII.
il parle de la première v. 20 & de celle-ci v. 1 <.
Au reftedansce dernier endroir d'EzrchielXXVIt
15. Les Interprcres Grecs traduifent pn^j^ enfrjis
de Dcdan , i"ei r'«J'.'»y , Enjans des Rhodie'ns , ce qui
a fait dire à Villaipindus & à d'autres après lui
que Z'tû'^/z eft l'Ifle de Rhodes, que c'eft 'à îon pre-
mier nom ; que de Dédan on a fait P.'nedan &:
enfuite Rhodon , Rhodos. Mais Saint Jérôme SC
après lui , Bochart , foutiennent que. c'eft une faurû
de l'Interprète ou du Copifte de .exemplaire qu'il
avoir ; que l'un ou l'autie a l.a fn, hedan pour
pTj Dédan , trompés par la relfemblancc qu'ont
en Hébreu le f i ^ , &: le Z). ^ En effet , ajout; Bo-
chart, qui dira que les Tyriens ach-toient l'ivoire
& l'ébène des Rhodiens , étant beaucoup plus facile
aux Tyriens qu'aux Rhodiens , d'aller aux eudroiti
d'où l'on tire ce» m«ichandifes ?
ïjS D E D
DÉDANIM. Habkanc de la ville de Dédan en Ida
mée. If. XXI. 13. car en cet endroit le Prophète
parle de l'Idumée, comme il paroît par le v. 11.
1 5. 14. où il menace l'Idamée , ou Duma , les mon
Lignes de Seïr , l'Arabie , la terre aultrale, par rap
port à la Judée.
§Cr DED ANS. :idv, Intùs,intrà y i/zfw. Ce mot eft ré
latif à tin lieu.
fC? Nicot le dérive du Grec 'i'^v' , qui fignifîc
intus dedans. Borel prouve par plufieurs exemplt.'.
qu'on difoit autrefois cns , ences aulieu de du.
dedans.
^3" M. de Voltaire dans fon édition de Corn
dit qu'on ne peut employer le mot dedans que dan
un fens abfolu 3c que ce fut toujours un iolécilm
de lui donner un régime. Etes-vous hors du cabineu
non, je fuis dedans. Mais il elt toujours mal d
dire j dedans ma chambre j dehors de ma chambra
Dans les murs , hors des murs, tout parle defagloir,
Cor;n
§Cr Suivant M. de Voltaire Corn, n'auroit p;i
parlé françois s'il eût dit dedans les murs , deh^r.
les murs. Qaoiqne dedans , deJJ'us ^ dejjous ne foien
qu'adverbes , & qu'on ne doive les employer qu
dins un fens abfolu : cependant la Fontaine a di.
deljus la foi d'autrui , Malherbe , de[j'ous cet égide.
Corneille jufque ^e^awj mon cœur , &c. &c. Ilnt
faut pas fuivre ces exemples & on doit croire avec M.
deVulcaire que ce font aurantde folécifmes. Ainfi l'on
ne dic point dedans la ville , mais dans la ville ,
dedans une heure , mais dans une heure. Corn
dia.
|C? Suivant Vaug. Le mot dedans eft prépofitioi
lorfqu'ileft précédé d'une autre prépofition. Il pall..
par dedans la ville. Fer urbem. Il n'eft guère toléra-
ble que dans cette phrafe.
On dit proverbialement d'un homme qui a du fa
voir, mais qui ne peut pas le faire paroître , qu'il
a l'efprit en dedans.
Au DEDANS, adv. Intàs. Le mal eft au dedans. Patru.
Une mailon fi favante au dedans Se au dehors , &
qui a des fphères pour girouettes , méritoit un tel
hôte que vous. Balz. Extrinfecàs & intrà.
On dit , en matière d'affaires , qu'un homme n'eft
ni dehors , ni dedans , pour dire , qu il eft encore in-
certain du bon ou du mauvais fuccès,
En termes de Marine, on dit, mettre les voiles
dedans , pour dire les ferler , les plier & ferrer pou;
naviger à l'ec , à mâts Se à cordes. Complicare velu.
Quand on voit l'orage , il faut mettre les voiles
dedans.
Dedans, f. m. La partie intérieure de quelque chofe.
On le dit au propre & au figuré. Pars ïnterior. Les
dehors du Louvre font beaux , mais le dedans eit
toute autre chofe. On croit aifément que le dedans
eft en b )n état , quand on ne voit point d'irrcgu
larité au dchois. S. EvR. Les dedans de ce Palai-
étoient auili agréables que les dehors paroilloien;
aftreux BouH.Xt^v. Lïv. V. Il fut ii bien compofer
fon extérieur , que perfonne ne s'apperçut des trou
blés & des agitations du dedans. Id. A quoi fen
cet extérieur (1 bien compofé , quand Xa dedans Qi\
plein de trouble & de confufion ? Flech.
«Si ]e combats l'amour ce n'ejl qu'en apparence ;
Et ce quà l'étouffer ma vertu fait d'efforts ,
Punitbien le dedans des feintes du dehors.QoKH
'^fT M. de Voltaire dans fes remarques fur Polyeude,
prétend que ces mots le dehors ^ le dedans ne font
pas du ftyle noble.
^ZT Dedans, Intérieur. Le dedans eft renfermé par les
dehors. L'intérieur eft caché par l'extérieur. Syn. Fr.
Il faut favoir pénétrer dans l'intérieur des hom-
mes , pour n'être pas la dupe de leur extérieur. Un
Lâtimentdoit être commode en dedans , &c régulier
en dehors. Les Politiques ne montrent jamais l'inté-
D ED
rieur de leur ame j ils retiennent au dedans d'eux-
mêmes tous les mouvemens de leurs pallions
En termes de Manège , quand on dit , Ce Cava-
lier en difputant le prix de la bague , a eu deux
dedans , on entend qu'il a enlevé la bague deux fois
& une atteinte j c'eft-à-dire , qu'il y a touché. Bis
annuLum trajecit j percuffu, attigit. On dit aulfi , le
talon du dedans , la jambe du dedans j la rêne du
dedans , par oppofition à celle du dehors. On dit
encore , qu'un cheval a la tête Se les hanches en de-
dans , quand on fait paffager , ou que l'on porte
un cheval de biais , ou de côté fur deux lignes. Oa
dit enfin, mettre un cheval dedans ; pour dire , le
dreffer , le mettre bien dans la main Se dans les ta-
lons. Ce cheval s'eft lort bien mis dédans j c'eft-à-
due , qu'il s'eft bien dreffé.
On dit auili, en Fauconnerie, mettre un oifeau de-
dans, pour due, l'appliquer adtuellementà la chaffe.
VoLatUcin ^rudam accipun aguundam dare.
En termes de Joueurs de Paume , on appelle un
jeu à dedans , celui qui a du côcé par où l'on en-
tre une féconde galerie , Se du côté de la grille une
boffe pour compenfer les avantages de part & d'au-
tre j Se on oppole le jeu de dedans à un jeu de paume
carré.
En termes de Tridtrac , mettre dedans , c'eft avan-
cer une dame feule entre deux cafés faites j & rif-
quer qu'elle foit battue.
En termes de Jardinage,on dit, le dedans d'un arbre
pour lignifier l'efpace qui eft au milieu des bran-
ches. Il faut être foigneux d'ôter toutes les branches
qui fe jettent au dedans de l'arbre. Liger.
DÉDICACE, f. f. Confécration d'un Temple, d'une
Autel j d'une ftatue , &c. en l'honneur de quelque
divinité. Dedicatio j confecratio. L'ufage des dédica-
ces eft très-ancien , foit parmi les Adorateurs du
vrai Dieu , foit chez les Payens. Les Hébreux l'ap-
pellent nsn , hhanuchab j qui fignifie Initiation j
Dédicace , Se que les Interprètes Grecs ont traduit
par 'i.yx.Mua. J & Eyx<n5-/<W , Renouvellement. Nous
trouvons dans l'Ecriture des dédicaces du tabernacle,
des autels j du premier Se du fécond temple : des
maifons même des particuliers. Nombr. VII. 10. 11.
84. 88. Deut. XX. 5. 80. 88. III des Rois V. 65. IL
Parai. VIL ^ 5. I. ■.Efdr. VI. 16. 17. IL tfdr.
XII. 27. P/XXIX. I. I. Machab. IV. 5Ô. 59. IL
Mach. II. 9. II. 20. Hebr. IX. 18. Il y en a auili des
vafes & des vctemens des Lévites & des Prêtres ,
Se des hommes mêmes : mais, dans le Chriftianifme,
nous appelons ces cérémonies confécrations , béné-
diélions , ordinations , Se non point dédicace, qui
ne fe dit que des lieux. Foye^ donc fur cela le mot
CONSECRATION , Se tous ces autres mots. Salô-
mon fit la dédicace du temple qu'il avoit bâti avec
une magnificence , & des dépenfes étonnantes.
Les Payens avoientaulîî àssdédicaces des temples,
des autels , des ftatues de leurs Dieux , Sec. Nabu-
chodonoforfit la dédicace as fa ftatue. Dan. III.
x. Sec. Pilate dédia à Jérulalem des boucliers dorés
à Tibère. Philon , De Légat, ad Caium p. jçç. Pé-
trone voulut dédier une Itatue à l'Empereur dans
la même ville, //'.791. Lycophron parle delà dé-
dicace du temple de Parthénope \ Tacite, Hifi. L. IV.
C. 55. parle de la d'e'i/i'aztre du Capiiole rebâti par
Vefpafien j &c. Ces dédicaces fe fufoient par des
facrifices propres de la divinité , à l'honneur de la-
quelle on les entreprenoit ; mais elles ne fe prati-
quoient point fans petmiflion. Chez les Grecs on
ne fait pas trop qui les donnoir : chez les Romai'.s.
c'étoit le Magillrat. L'hiftoire d'Augufte eft pleine
de ces permillions accordées aux Provinces Se aux
Villes , par l'Empereur & le Peuple Romain.
Les Juifs célèbrent tous les ans la dédicace du tem-
ple pendant huit jours. Elle fut ordonnée par Judas
Machabée Se toute la Synagogue j l'an 148 de l'ère
Syro-Macédonienne , c'eft-à-dire, 1(^4 ans avant
J. C. Ie25. duIX*^. mois qu'on appeloit Cifieu , Se
qui répond en partie au mois de Novembre , Se
I en partie au mois de Décembre. Les Payens avoienc
DED
même de ces Anniverfaires de dédicace , comme
celle du temple de Partlunope j donc parle Lyco-
phion.
Dans le Chriftianifme,aVa'/<:czcd ne fe dit que d'une
Egiife , 5r c'en eft la Confécration hiite par un
Evcque avec beaucoup de cérémonies pielcrites par
i'E'^Ufe. Les Chréncns fe voyant en liberté fous
Conftantin, à la place des Eglifes ruinées , on en
bâciiroit partout de nouvelles. Leurs Dédicaça
croient des fêtes magnilîqucs : lesEvcques s'y allem-
bloienten grand nombre, les peuples y accouroient
en foule. Fleur. A la dcdicace de l'Ei^lile de Tyr ,
Eulebe Evcque de Céfarée, prononça un Panégy-
rique. Id. s. Athanafe fut acculé d'avoir célébré
l'office dans la grande Eghfe d'Alexandrie av.mt
qu'elle fût dédiée. Oui, dit-il, on l'a fait, je le
confcHe J mais nous n'avons pas célébré hdcJxjcc ;
il n'étoit pas permis de le taire fans votre ordre. S.
Athanafe ne mépriloit donc pas cette cérémonie de
la dédicace des Eglifes , puilqu'il fc détend lî lé-
rieufément fur ce point j mais il croyoit que l'on
pouvoir, en cas de ncceilité , fe fervir d'une Egliltr
avant qu'elle fut dédiée. Id. Le Concile de la Dédi-
cace , ell un Concile d'Antioche qui s'y tint en
341. à l'occafion de la dédicace à'mit grande Eglife
que Conllantin y avoit f\it bâcir.
La dédicace Aqs temples ou Eglifes des Chrétiens
ayant commencé à fe faire lolemnellement lous
l'Empire de Conftantin , comme on l'a dit ; on la
faifoit ordinairement dans un Synode , ou pour le
mo'us on alfembloit plui;eurs Evêques pour ren-
dre la cérémonie plus augufce. Nous avons dans
Luièbe la delcription de celle des Eglifes de Jéru-
falem & de Tyr , fous Conftantin , &c beaucoup
d'autres dans des Auteurs poftérieurs.
Dans le Sacramenraire du Pape Gelafe ■, la dédi-
cace du baptiftère eft marquée féparément de celle
de l'Eglife , qui fe faifoit alors.avec moins de céré-
monies, que dans les derniers temps.
On appelle aufti dédicace de l'Eglife , une Fête
qui fe célèbre tous les ans, le même jour, en mémoire
de fa confécration , & qui eft marquée par des cier-
ges qu'on met à tous les piliers. Conjecrad tcnipU
anniverfarius dies. La dédicace eft une Fête doubl
qui fe célèbre avec fon oélave.
DÉDICACE, terme de littérature. Adreffe d'un livre
qu'on fait à quelqu'un par une épitre ou par une
infcriprion à la tête de l'ouvrage. Dedicatio. Votre
Majertén'aque faire de toutes nos dédicaces. Mol.
Furctière dit , dans fon Roman Bourgeois , que
le premier inventeur des dédicaces fut un Men-
. diant.
Tu verras les Auteurs ,
Dégrader les Héros pour te mettre en leurs places ,
De tes titres pompeux enfler leurs dédicaces ?
BoiL.
DEDICATEUR. f. m. Auteur qui dédie un livre à
quelqu'un.
Rien n eft Jî fâcheux qu'un Auteur
Qui s'érige en dédicateur. De Malezieu.
Le mot ds: Dédicateur eft grave i5c fcrieux , & c'eft
dans ce fens que M. Bayle a dit dans les I^^ouv. de
la République des Let. Septemb. i6S \. que M. de La
Fontaine s'acquitta d'une manière fine , nouvelle &
courte de fa charge de Dédicateur.
DÉDICATOIRE. adj. Ne fe dit qu'en cette phrafe ,
Epitre dédicatoire , pour dire j celle par laquelle on
dédie un ouvrage à quelqu'un. Somme dédicatoire, ou
Traité des dédicaces , eft une fatyre contre le faux
Mécénas inférée dans le Roman Bourgeois. On dit
que l'Ariofte & le TafTe on été très-malheureux en
Epittes dédicatoires. Théodote de Gaza j pour une
Epitre dédicatoire qu'il fit au Pape Sixte IV. du li-
vre d'Ariftote de la nature des Animaux, n'en reçut
pour récompenfe que le rembourfcment de la re-
DED IJ9
îiure. Il n'eft pas petmis de s'émanciper , & de fe
fervir de mots douteux dans une tpicre dédicatoire
comme dans le cours d'un grand ouvrage. Vaog.
Une Epitre dédicatoire n''eft pas une chofe aifée ; on
s'eftdéjà lervi de cous les tours de louplelle qui y
peuvent entrer. Bayl.
DEDIER. V. a. Confacrer une Eglife j la deftinet au
cuite de Dieu fous l'invocation de quelque Saint.
Dedicare , conjecrare. L'Egliie de Pans tv\ dédiée i
Dieu lous l'invocation de Notre-Dame. LesPayens
onidédiidQS temples, des autels, desftatues à leurs
faux Dieux , à leurs Empereurs.
}fT DÉDIER lignifie dans le langage ordinaire, def-
tinet à quelque chofe de faint, à une profelfion
fa. lire. Dejiinare, addicere. Ses parens le dédièrent ds
bonne heure à l'état Eccléfiaftique. il fe dédia nu fet-
vice de Dieu.
DÉDIER. Signifie aulîî , adreftèr un livre, un ouvrage
à quelqu'un par une épitre ou par une infcriptioii
à la tête de l'ouvrage. Lihruin dicare j dedicare ,
honori & meritis alicu/us. L'Auteur qui rabailfe trop
le livre qu'il t/^a'/e n'ell pas judicieux en faifant un
fi mauvais préfent. M. Scud.
Cen'eflquc maroquin perdu ,
Que les livres que l'on dédie. ScarroN.
DÉDIÉ. ÉE. parc.
DEDIRE. V. a. .fe dédis, tu dédis, il dédit , nous dédi'
Jor.s , vous dédije\ , (Se lelon quelques-uns j VoUs dé-
«^ire^. Molière a dit.
Puifque je rai promis ne m'en dtd^KQS pas. Mol.
^fT Mais il ne faut pas l'imiter en cela. Le refte
du verbe fe conjugue comme dire. Dédire quelqu'un,
c'elt défavouer ce qu'il s'eli: avancé de dire ou de faire
pour nous. Improbare, irrita hahere quA alius nojlro
nomine Jecit ; nolle praflare qu& promiflt alter noflro
/2o/72i/7^. Il ne fe dit guère qu'avec la négative. 'Vous
voulez que cette aftaire aille ainfij je ne vous en
délirai pas. Vous me confeiUez de payer cent écus
de ce cheval , je ne vous en dédirai pas. ii mon Cour-
tier en a offert dav.intage en mon nom, je l'en dédi-
rai. Vous n'en ferez pas dédit.
Dédire , avec le pronom pcrfonnel, fignifie, rétraéler
fa parole. Revocare quod diclum eft. On dit que c'eft
un privilège de Normandie, de fe pouvoir dédire.
Cela vient de ce que par la vieille Coutume de Nor-
mandie , il ctoif permis de fe dédire dans les 24 heu-
res après la iignarure d un contrat. On donnoit ce
temps-là pour en délibérer, & il étoit libre de l'a-
nuller , ou de le ratifier. Il avo'.t promis relie chofe j
il s 'eft dédit.
Se dédire , fe dit auHî de ceux qui difent le con-
traire de ce qu'ils ont dit. Fulinodiam cancre \ recan-
tare dicla. Quand un témoin fe dédit aptes lacônfron-
tation , il lui faut faire fon procès. On oblige ceux
qui ont dit des injures atroces , d'en faire réparation à
lAudicnce, &: de s'en dédire. C'eft un honnne qui
n'a point d'opinion que celle qu'on veut lui donner
& qui , par une complaifance fade, fe dédit tuni qu'il
vous plaît. M. Scud. Se dédire de fes anciennes ma»
ximes. Ablan.
03* En parlant de ceux qui font trop engagés
dans une affûte pour reculer , pour ne la pas fuivre,
on dit figurément, qu'ils ne fauroient s'en dédire.
La caufe eft appelée, il fuit qu'on plaide, on ne s'en
peut plus c'e-'»(j. L'affaire eft trop engagée; il faut
la fuivre ; il n'y a plus moyen de vous en dédire.
Dédit, ite , part.
§Cr DEDIT, f. m. Révocation d'une parole donnée. Il
n'eft gucied'ufage que dans cette phrafe familière.
Il a fon dit & fon dédit, pour dire qu'on ne peut
pas fe fixer à fa parole.
(fT DÉDIT , fe dit plus communément dans le com-
merce; & fignifie peine ftipulée par un marché, ou
dans un contrat, ou dans un compromis entre deux
eu plufieurs perfonnes , contre celui qui ne le voudra
ï^o
D E D
0
pas exécuter. Multa. Il lui a vendu cette charge & a
ihpulé un dédit as mille écus.
En la Coutume de Bordeaux , dédit &c dédire
fignifîe limplement dénégation ^ &c dénier ^ ou foute-
nir le contraire, & non pas changer d'avis.
DEDOMMAGEMENT. 1". m. Réparation du dommage
Damiii reparatio , compenjutio. Quand on a mis le
DED DEE
quences tirées d'un premier principe, qui, pour
que la déduction foit bonne, doit être évident ou re-
connu pour vrai. Il faut de plus que chaque confé-
quence luive exaâement de celle qui la précède.
ce? Dans le langage ordinaire ce mot fe prend
fouvent pour énumération en détail, il nous a fait
une longue déduclion de fes raifons.
feu par malheur en quelque mailon , on ell obligé ' DEDUIRE, v. a. Souftraire , rabattre , retrancher.
au dédommagement. Les laulFes prudes tâchent de | Deducere ^ </amAere. On a couché cette recette tout
trouver dans leur modeftie forcée, & dans leur! du long j faut à ûfeVazVd. Il ne faut pas compter fon
déchaînement contre toutes les jolies femmes, le| bien qu'on n'en ait ^eV/zir les dettes.
dédommagement àQhu.thQ^awti.'S'iiL.DamnaJorma Déduire , Tigniiie aullî , Tirer une confcquence de
rcpendere.
Pour fe payer des frais d'un amour inutile j
■Ciéon au Châteletfait ajjîgner Camille.
Etpourjiiit de fon cxurle dédommagement. Vill.
DÉDOMMAGER, v. a Réparer un dommage. Koyei
■ ce mot. Damnum , refarcire. rependere , cûmpenfare.
On a tuiné fa maiion ; mais il en a été bien dédom-
magé. Une jeune remme cherche quelquefois â fe dé-
dommager as l'ennui que lui donne un vieil époux.
Bell. L'orgueil fe dédommage toujours, & ne perd
rien , lors même qu'il renonce à la vanité. Rochef.
DÉDOMMAGÉ, ee. part.
#Cr DE DORER. V. a. Oter, effacer la dorure d'une
choie , en tout ou en partie. Aurum alicui rei iUitum
detergere. Dédorer ans d\o(Q à. force de la toucher,
de la manier.
|"kT 11 ell aufli verbe réciproque, & lîgnifie per-
dre peu- à-peu de fa dorure. Les chofes dorées j la
vailielle de vermeille dédorent Siwec le temps.
DÉDORÉ, ÉE j part.
DEDORMIR. v. n. Qui ne fe dit que de Teau qui ert
trop froide , qu'on approche du feu pour lui ôter fa
crudité j ou fondre la glace. Temperare aquiz frigus.
De l'eau dédormie. Vous dites que ce pot bout, à
peine siiWdeJ.ormi. Si ce mot elt en ufage quelque
parc , ce ne peut-être que dans quelque province.
On dit faire dégourdir de l'eau , la faire tiédir.
-DÉDORMI, lE , parc.
DÉDOUBLER, v. a. Oter la doublure d'un habit , d'un
meuble, d'une tapllferie. .^//'i/r«/72 interius vejli pan-
num eximere. Il a fait dédoubler fon manteau à caufe
quelque principe. Dcducere. Y érizcs fort différentes
des principes d'où elles font déduites. Roh.
IJO^Deduire, fe dit encore pour raconter fort au loftg
& par le menu ; cnarrare , exponere. Un Avocat doit
avoir foin de bien déduire & expliquer le fait & les
circonftances de fa caufe. Si je voulois entreprendre
de déduire ce qui s'eft pallé en Grèce, il faudroit
interrompre le fil des affaires d'Afie. Vaug. Déduire
fes délenles. Ce mot fent un peu le palais.
Se Déduire, fignifioit autrefois fe divertir. Deleclari,
genio indulgere. Il fe déduifoient , ils fedivertilfoient.
Déduit, ite, part. Un fait bien déduit iclûïcn beau-
coup uneaff'aire. Narratus , expoftus, deduclus. Tou-
tes chofes déduites Hc compenfées j il eft dû tant de
refte.
DEDUIT, f m. Divertiffemenr ^ plaifir. Ohkclntio ,
ohLeclcimentum. Il aime le jeu , c'efl: tout fon déduit.
Cette femme n'efl: bonne que pour l'amoureux
déduit. On dit auiîi le déduit^ le plailir de la chalfe.
Ce mot a vieilli, &: ne fe diroit plus qu'en ftyle
badin ou burlefque.
On appelle déduit de Vénerie , de Fauconnerie,
tout le train & équipage qui fert à prendre le déduit
de la chalfe, les Veneurs, les chiens, les oifeaux ,
les valets. Venantium caterva , canes, accipitres , &
reliqua fuppellex.Ei l'on dit, écarter le déduit, fuivre
le déduit, devancer le déduit.
DÉDUYER. v. n. Vieux mot. Se récréer, prendre plai
fir à faire quelque chofe.
DÉDYMNÉE. f m. Dedymn&us. Premier mois de l'an-
née chez les Achéens, qui répondoit à Janvier. Fa-
bricii Menolog.p.^i.
D É E.
de la chaleur.
DÉDOUBLER, Rendre fîmple & unique ce qui étoitlDÉE, Nom de Rivière. Dca, Deva, Diva, Deuva.
double. On dit, en rennes de guerre, dédoubler les | Il y a dans la Grande-Bretagne trois rivières de ce
rangs, comme on ditj les doubler. Ordines fmplices
ejjicere. Loifqu'il faut doubler ou dédoubleries rangs
pour marcher par plus ou moins de files, il faut
Faite comprendre aux foldats que l'on double tou-
jours lur la gauche des premiers rangs par la droite
des derniers , de même que l'on dédouble toujours
par la gauche qui devient pour lors la droite du rang
qui va fe former; qu'ils doivent s'accoutumer à fe
compcer d'eux-mêmes, pour favoir ceux qui doi-
vent doubler ou dédoubler, & fe remettre infenfi-
blemenc à leur chef de files en marchant. On ne fau-
roit trop accoutumer les foldats à doubler & dédou-
bler, rompre Hc former leurs rangs. Bomeelles.
Dédoubler une pierre. Terme de Carrier. C'eft h
féparer en deux, dans toute fa longueur, avec des
coins de fer en prenant fon fil, ou litage. Il faut
fcier ou couper celles qu'on ne peut pas "dédoubler :
travail plus long & plus pénible.
Dédoublé, ÉE, part.
|Cr DEDUCTION, f £ Mot équivoque & qui, fui-
vanc les diff^érens emplois, fe prend dans. un fens
diff^érent. En parlant d'affaires , de calcul , il eft fyno-
nyme^ à fouftra£tion ; c'eft ainfi que l'on dit qu'un
bénéfice, déduB/ion faite des charges, vaut tant;
qu'une fuccelfion , déduclion fiite des frais, des
legs J &c , ne monte qu'à telle fomme : c'eft-à-dire ,
qup les frais, les legs , &c. prélevés & déduits fur le
principal , il ne refte de net que telle fomme.
I^cduciio.
■^fT En logique _&: dans les autres fciences, déduc-
tion fignifie une fuite de raifonnemens ou de confé-
nom. L'une, qui eft en Angleterreja fa fource dans
le Comté de Merioneth, arrofe ceux de Denbic &
de Chefter, & fe jette dans la mer à Chefter. Une
autre qui eft dans l'Ecolfe méridionale, a fa fource
aux confins du Comté de Kyle, traverfe celui de
Galloway , du nord au fud ^ & fe décharge dans la
mer d'Irlande vis-à-vis de l'Ifle de Aîan. La troifiè-
me eft dans l'Ecofte feptentrionale, traverfe le Com-
té de Marr, & fe décharge dans la mer d'Allemagne
à la nouvelle Aberdéen. On pêche beaucoup de fau-
mons dans cette rivière. Il femble que Dée eft la
même chofe qu'en François Dive , rivière de Nor-
mandie , Diva.
DÉEL. f. m. Nom d'homme. Deicolus. S. Déel fut
Moine à Luxeuil en Franche- Comté fous S. Colom-
ban. Chastelain. Martyrol. T. I. p. 3 53. Il mourut
en Franche-Comté à Lure , dont il a été le premier
Abbé. Id. Il eut pour fucceffeurs S. Colombin. L'Au-
teur du Martyrologe Anglois a fait de S. Déel un
Abbé de Sutri en Tofcane , où il n'a jamais été. Cela
ne peut-être venu que d'avoir lu quelque parc Sutrin-
fis pour Lutrinfis. Id. Le nom de Déel fe donne aflez
ordinairement au bapjême en Franche-Comté , fur-
tout dans la maifon de Beaufremoiir, même aux
filles que l'on nomme Déele , & en Latin Deicola,
qui eft le nom dont les Modernes ont appelé ce
Saint, à caufe que ce mox.{\gx\'\(i<î Adorateur de DieUy
au lieu que fon vrai nom eft Deicolus , comme on
lit dans tous les Manufcrits. Il eft nommé S. Diey à
la marge de fa vie dans le P. Mabillon , ce qui peut
le faire confondre avec S, Dic de Nevers j & avec
S. Dié
D EF
s. Dié du Blaifois,defqiiels le nom latin eft Deodatus\
outre que ce mot de Diey n'a nulle analogie avec
Dekolus. Quelques-uns l'ont nommé S. Diel ; ce
qui a un rapport alfez jufte avec Dekolus-^ d'autres j
S. Deile, ce qui n'eft qu'une faulFe orthographe du
nom de Deel, qui eft le mot d'ulage parmi le peu-
ple de la Franche-Comté. Id.
DÉELE. f. f. Nom de femme, qui a pour Patron S.
Déel. Dekola. Foye:^ DEEL.
DÈERNE. f. f. Vieux mot. Fille, fervante.
fCT DEES. Petite ville de Tranfylvanie , fur les fron-
tières de Hongrie, fur la petite rivière de Samds.
DEESSE, f. f. Divinité flibuleufe du fexe fémmin,
qu'adoroient les Payens & les Idolâtres. Dea, Diva.
Les Dieux & les Décjfes de l'antiquité ^ Junon^
Diane, Proferpine, Thétis, étoient leurs DéeJJes ,
la Vidoire, &:c. Vénus étoit la Dee£e de l'amour,
la Di'ejfd de Paphos Sid'Amathonte. La Béejfe Fot-
tune, cette capricieufe Divinité, n étoit qu'une
chimère Bouil. C'étoit le privilège des DéeJJcs
d'être repréfentées toutes nues fur les médailles :
l'imagination demeuroitdans le refped à leur égard.
S. EvR. Les Anciens ne s'étoient pas contentés de le
faire des Dieux femmes , ou d'admettre les deux
fexes parmi les Dieux, ils en avoient aufli d'herma-
phrodites. Ainfi Minerve , félon quelques Savans ,
ctoit homme & femme , appelé Lunus & Luna. Mi-
thra chez les Perfes étoit Dieu & Déejje , & le fexe
de Vénus &C de Vulcain étoit aulïï douteux. De-là
vient que dans leurs invocations ils difoient , fi vous
êtes Dieu , (i vous êtes Déejje, comme Aulu-Gelle
nous l'apprend , L. IL C. z8. Arnobe adv. Gent. L.
III. fe mocque de ces différences de fexe parmi les
Dieux, &c dit que Cictron Se les plusfages Grecs &
Romains s'en font mocqués.
De'ejjes mères. Divinités qui préfidoient à la cam-
pagne & aux fruits de la terre j car on les voit re-
préfentées avec des fleurs & des fruits à la main,
ayant quelquefois la corne d'abondance. On leur
faifoit des offrandes de lait & de miel, & on leur fa-
crifioit le cochon qui fait beaucoup de mal aux
champs. Le culte de ces Divinités eft des premiers
temps du Paganifmej & a été le plus univerfelle-
ment répandu. Elles avoient en Sicile un Temple
très-ancien , dans la ville d'Enguie , où l'on préten-
doit qu'elles étoient apparues. Le culte de ces Déef-
fes paffa d'Egypte dans la Grèce, enfuite à Rome, &
de-là chez les Gaulois , chez les Germains , chez les
Efpagnols ; car on trouve par tout des traces de ce
cuite.
On appelle figurcment une belle femme , une
Déejfe. Cette Reine avoit une majefté , un port de
Déejfe. C'eft la De'effe des beautés. Voit. Belle
Dc'ejfe que j'adore , ne pleurez plus. Id-
DEESTANCE. f. f. Vieux mot. Douleur , triftelTe.
D E F.
DÉFÂCHER. SE DÉFÂCHER, v. récip. S'appaifer
après s'être mis en colère. Iramfedare , ponere ^pla-
carc. Il n'a guère d'ufage que dans cesphrafes prover-
biales \ s'il eft fâché, qu'il fe défâche. S'il fe fâche^ il
aura la peine de fe déjàcher. Il aura deux peines, de
fe fâcher & de fe déjàcher.
PÎFÀCHÉ, ÉE , part.
Ijrr DEFAILLANCE, f.f. Diminution des forces vita-
les qui tendent à s'éteindre. Anima defeclio. Déjail-
/a/2cc; de nature, état de foiblelTe où fe trouve un
homme, caufé par la vieillefTe, par les maladies,
ou par le défaut de vivres. Je ne veux pas les ren-
voyer fans avoir mangé j de peur qu'ils ne tombent
en déjaillance fur le chemin. Port-R.
|KF On contond dans l'ufage ordinaire foiblefTe ,
défaillance, évanouilTement , panîolfon, fyncope^
& la plupart de ces mots, font donnés comme fyno-
nymes dans nos Dictionnaires. Il y a pourtant des
nuances qui les diftinguent. Foiblejje peut-être regar-
dé comme le terme générique qui reçoit les difté-
rentes dénominations di défaillance^ âi évanoui jfe-
Tome m.
DEF
i<5î
ment ou ^efyncope , fuivant les diftérens degrés où
elle eft portée. Syncope enchérit fur évanouij^^emem,
qui encliérit à fon tour fur déjaillance. La Jyncope ,
eft le plus haut degré de la diminution des forces.
Voye:^ Evanouissement, Syncope.
DÉFAILLANCE, eft auHl un terme de Chimie, qui figni-
le la liquetadion , ou la réfolution d'un fel, ou de
hel _
quelque autre corps femblable , en liqueur, qui fe
Elit en l'expofant à la cave , ou dans quelque lieu
frais & humide. Dijjolûdo. M. Harrisdit Dcliquium-^
de l'huile de tartre per deliquium. Ce qu'on appelle
huile de tartre par déjaillance .^ n'eft autre choie que
le fel de tartre qui eft devenu liquide, étant expofé
fec à l'air libre..
DÉFAILLANCE , le prend aufli en Aftronomie pour
édipfe. Deliquium.
DEFAILLANT, ante. adj. Terme de Pratique. Qui ne
comparoît pas en juftice fur les ailignatior.s don-
nées. Qui vadimo/iium deferic, non ohit. Tous les
déjaillans font condairnés aux dépens. Défaillans
fediten matière civile, comme contumace en ma-
tière criminelle.
DÉFAILLIR. V. n. & défedlif, qui n'eft plus ufitc
qu'en certains temps, & fur-tout àl'inhnitif. On le
peut conjuguer ainli,ye défaus , nous déj aillons, js
défaillûis , je déjaillls^j'ai défailli, je défaudrai, que
]e défaille, je déjaudrois. Il ligniiie, manquer de
forces, ou manquer limplement. Defcere. On ne
peut plus marcher quand les jambes déjaillent. Ce
vieillard eft venu tout d'un coup à défaillir. Se fen-
tir déjaillir les forces, Pefprit, la vue. Voix. Ils
vonloient rebroulTer chemin avant que le ciel & la
lumière vinlfent encore à leur dejuillir. Vaug. Je
déjaus,je déjaudrai, je défaudrois , font de tous les
temps qu'on a marqués ci-deirus,le moins en ufage;
& l'on ne croit pas qu'on puiife s'en fervir, fi ce
n'eft en badinant. On diroit je tombe en défaillance,
je tomberai , je tomberois en défaillance. Les autres
font moins intolérables", cependant on ne s'en ferc
plus aujourd'hui.
DEFAIRE, v. a. Détruire une ehofe faite, faire qu'elle
ne foit plus ce qu'elle étoit. Faire & défaire font
deux aélions oppofées. Dejlruere. On déjait en un
temps ce qu'on a fait en un autre. Il fe dit de toutes
fortes d'otfvrages. Quand un Maçon défait un jour
ce qu'il a fait l'autre, ce n'eft pas le moyen d'achever.
J'ai déjait la la tapilferie, la broderie, la Heur que
j'avois commencée ; elle ne me plaifoit pas. Pénélo-
pe, pour tromper fes amans, déjaifoit pendant la
nuit fa toile. Ximenès ne portoit point de linge, &
dormoit ordinairement lur la dure, defaijant tous
les matins Ion lit, comme s'il eut couché dedans.
FlÉchier.
Quand je penfe être au point que cela s' accomplijfe ,
Quelque excufe toujours en empêche l'ejjct ,
C'ejlla toile fans 'fin de la femme d'Vlyjje,
Dont l'ouvrage duj'oir au matin fe défait. Malh.
Ce On le dit dans ce fens pour rompre une eho-
fe conclue & arrêtée. Difjolvcre.Déjaire un mariage,
défaire un marché.
^3" On le dit de même pour délier, dénouer. Sol-
vere. Le bruit couroit par-tout que celui qui pour-
roit déjaire ce nœud, auroit l'Empire de l'Àlie. Abl.
Ayant fait plufieurs efforts pour ^f/ûire les nœuds ,
il les coupa. Vaug. .,,,'.,,,
En ce même fens on l'emploie à la place de faire
mourir, & on dit qu'un homme s'eft c'c/iz/Vlui-même,
qu'une femme a défait fon fruit. Mortemjlhi vel al-
teri conjcifcere.
'Jcr DÉFAIRE, en termes de guerre fignifie , diiïiper'
une armée, ou l'affoiblirau point qu'elle ne puiffe
plus tenir la campagne, hxpugnare , profiigare.
Alexandre ^c^r les Pei"'"'iser: rroi.s batailles rangées.
Samfon avec une mâchoire d'âne Jcftlcs Philiftins.
^fT Défaire, dit plus quchattre^ Se moins que mettre
en t/traz/re, qui renferme de plus l'idée d'une fuite
précipitée S-: d'un défordre général de l'armée défaite.
X
i6%
D E F
f(i? DÉFAIRE, fe dit des armées : battre des détache-
menes F"oye:( Vaincre, Battre. Déroute.
En ce fens on die au figuré , Déjaire quelqu'un
dans la difpiue, pour dire, le mettre hors de com-
bat, &: le réduire à n ofer, ou ne pouvoir plus par-
ler, txpuanarc , fuperare y pérturbarc. Ce répondant
a été dcjait dès le premier argument. Ce criminel
s'efc déja'u au milieu de fon interrogatoire.
Se défaite, dans un fens tout femblabie, veut dire,
être étonné, furpris, déconcerté, perdre la préfence
d'efprit. La Comtelte fe mit à rire, iSc ne fe défit
point de mon effronterie. Bussy Rab. Dom Emma-
nuel de Lira fe brouilla , fans néanmoins fe défaire
& s'arrêter , ni tomber en confufion. M. Pélisson.'
Lettr. Hiftor.
fCF Dans cette acception défaire ne paroît pas
d'un ftyle bien correct, & je ne confeillerois à per-
fonne de s'en fervir.
On diroit mieux que la maladie a bien défait quol-
"qu'un, pour dire qu'elle l'a bien changé, qu'il eil
bien amaigri , atténué.
On veut encore dans le Diétionnaire de l'Acadé-
mie. Qu'on dife qu'un vin fe défait, pour dire qu'il
s'affùiblir qu'il perd de fa qualité.Ces fortes de vins- là
ne font pas de garde, ils fe défont aifément. On
peut l'employer comme terme de marchand de vin.
Se défaire d'une chofe, quitter, abandonner une
chofe dont on ne veut plus. Jç me fuis deyait de
cette maifon , qui mecoûtoit trop à entretenir. Il
s eH défait de {on bénéfice, moyennant penfion. Il
fe faut défaire de toutes fes mauvaifes habitudes.
Quand on a des défauts dont on ne fe peut defiire,
il ne faut fonger qu'à les cacher. S. Evr. Déjaites-
vous de vos fcrupules. Port-R. On fe défait diffi-
cilement de l'amour propre. S. EvR. Je veux me
déjaire de mon humeur trifte & mélancholique. P
LE Bos. Lorfque la pallion s'eft une fois emparée de
notre cœur , on tache en vain de s'en déjaire S. Evr.
Il faut obliger les Hérétiques à fe défaire de leur ef
prit. en leurfaifant voir fa foiblelfe. Maleb. L'efprit
ne fe dejait pas aifément des opinions dont il ell bien
préoccupé.
DÉFAIRE, en ce fens, fignifie encore, Débarraffèr,
, délivrer quelqu'un de ce qui enibarralfe, de ce qui
nuit, de ce qui eft à ch.iige. Ne voulez-vous donc
pas me défaire de votre Marquis incommode ? Mol.
Il s'eft déjait adroitement de fes gardes, il s'eft
échappé. Veux-tu te i/c^j/rc' d'un homme, prête-lui
de l'argent , & tu ne le verras plus? Gon. Se défaire
delà hèvre. Se déjaire d'un domeftique, chaiTer,
congédier un domeftique dont on eft mécontent,
DÉFAIRE, fe dit aulli pour, fe débarralfer de quelqu'un
en le tuant, en le perdant tour-à-fait. Perdere, iiner-
ficere. Darius, pour fe t^ty'.^-frc; d'Alexandre , foUicira
^ même la fidélité des Domîftiques d'Alexandre.
Vaug.
DÉFAIRE, avec le pronom perfonnel, fignifie j dans If
Commerce j vendre. Vendere. Ce cheval eft beau
il vous fera aifé de vous en déjaire. Ce Marchand a
-'quitté le trafic, $c s'eÙ. défait de toute fa marchan
, dife en faveur de fon neveu. Ce curieux ne veut point
le défaire de ce tableau.
§3" Défaire ,' fignifie figurément , Effùcer par un plus
grand éclat, par plus de mérite ou de beauté. Supe-
/•flfc;. Les Dames n'aiment point avoir de belles fui
< vantes qui les défajfent. Les couleurs vives & écla
tantes déjont celles qui font plus douces. L'écarlatc
■(/^a/r toutes les autres couleurs. Le diamant déjai
■ routes les autres pierres précieufes. Cet homme de
Ja/t xous les autres par la fupériorité de fon efprit. h
trouve le verbe défaire, employé dans cette acception
■dans tous nos Diélionnaires, même dans celui de
■ l'AcadémiL-. Malgré cette autorité je ne voudrois pas
• m'en fervir. Quand nous avons des mots propres
po'ir lendre ce que nous voulons dire , pourquoi en
employer d'autres qui ne préfenrent point, ou qui
ne-pré>enrenrqu'inparfaitement l'idée accelfoire que
' Sôus y attachons. Quand je dis qu'un homme dejait
D E F
tous les autres , pour dire qu'il les efface , cet:«
expreiîion eft au moins louche.
DÉFAIT, AiTE, part. Il a quelques fignifications du
verbe, en latin comme en françois. Un lit défait.
Une armée déjaite. Un homme déjait, détruit.
DÉFAIT , fignifie auili, un homme amaigri, exrénué
par quelque maladie, pâle, abattu. Paliidus, maei-
Untus , ex languis. Il n'eft pas bien remis de fa mala-
die , il eft encore tout déjait. Ce criminel parut li
déjait lors de fa capture , que cela donna un grand
feupçon contre lui. On peint les Hermites avec un
vifage û'e/iîir, exténué parles jeunes & les macéra-
tions. Céfar averti de fe méfier d'Antoine & do
Dolabella, répondit qu'il ne falloir rien appréhen-
der de ces vilages fardés &c enjoués , mais de ces vi'
fages pâles 5c défaits , tels que Cafllus & Biutus.
Abl.,
IJCF DÉFAITE, f. f. Echec que reçoit une armée telle-
ment affoiblie par la perte d'une bataille , qu'elle n&
peut plus tenir la campagne. Clades. Ajoutez à certe
idée celle d'une fuite précipitée & d'un défordre
général^ c'eft la déroute. Les Romains apprirent la
guerre;, d'Annibalj par l'expérience de leurs déjaites,
& par des réflexions fur leurs fautes. S. Etr. Les
feules dfaices de Mithridate ont prefque fait toute
la gloire des plus grands Capitaines Romains.
Racine.
Défaite, fignifie encore Excufe artificieufe, échappa-
toite. Excujatio , tergiverfatio , declinatio. Ce valet
eft un rufé menteur, qui a toujours des déjaaes
pictes. Un mauvais payeur a mille dejaites pouL*
amufer & renvoyer fes créanciers. Cette raifon n'elt
pas pertinente , ce n'eft qu'une défaite.
gCT Défaite, dans le Commerce, fignifie la mémo
chofe que débit, & fa fignification eft toujours mo-
difiée par les épithétes qu'on y joint. Venditio. Mar-
chandifes de bonne ou de mauvaife défaite, qui fe
vendent facilement ou difficilement. Le bled eft un©^
marchandife de bonne déjaite de bon débit. On die
d'une belle fille, qu'elle eft de bonne dejaite, qu'on lui
trouvera bientôt un bon parti. L'ufage permet qu'on
dife, cette fille eft de déjaite, c'eft-à dire, qu'on
peut aifément s'en débite, la marier. Mais la dejaitc
exprime figurément qu'elle s'eft rendue. Dejaire , fe
déjaire . un viCage dejait , un ennemi défait, déjaite
d'une marchandife , défaite d'une armée , toutes
acceptions différentes.
DÈFAIX. f. m. Terme de Coutumes. Lieu défendu.
Une garenne j un étang qui appartient au Seigneur ,
eft un défaix. Prohihitas.
DÉFALCATION, f. f. Terme de Commerce. Déduc-
tion, fouftraclion qu'on fait d'une petite fomme fur
une plus grande. Toute (/f/i/ctî^io/i faite, vous me
devez tant de refte.
DEFALQUER, v.a. Déduire, fouftraire,retrancher une
petite fomme d'une plus grande. Aliquid defumma.
deducere. Ce marchand a beaucoup de bien ; mais il
en faut déjalquer fes dettes.
Ce mot vient àefalx, hùn, qui fignifie /i«/x,
d'où les Jurifconfultes difent aulli qu'eft venu le
nom de la Loi Fakidie : eb quod Jaleem injiceret
legatis. D'autres le lont venir de l'EfpagnoI dejakar,
DÉFALQUÉ, Ée , part. Defumma deduclus.
tfj- DÉFAVEUR, f f. Ceiîation de faveur. F oy. fa-
veur. On le dit des perfonnes & de certaines chofes
qui entrent dans le commerce.' La déjaveur d'un
Courtifan. La défaveur des papiers publics.
Car défaveur aux moindres apparences ,
Comjne chacun vous court fe & vous fuit ,
En défaveur aujji chacun vous fuit.
DÉFAVORABLE, adj. Préjudiciable , défavantageux ,
qui n'eft point favorable. Damnofus. C'eft un efprit
de vanité qui a établi chez les Européens rinjufte
droir d'aînelle j fi défavorable à la propagation. Let-
tres pcrfanes. Le deflein du P. Brumoy dans fon
Théâtre des Grecs , eft de citer de nouveau les Poètes
Crées au Tribunal du public , afin qu'ils foienc
DEF
•jugés avec quelque ccnnoiirance de caufe , fans
égard aux autorités favorables , ou déjav arables.
Journ. desfav. Mars 173 1. L'expérience fut fort
défavorable au nouvel Opérateur, C?cfunefte à la plus
grande partie des malades qu^il tailla. Ac. des Se.
\6<)C).HiJl.p. 50.Ce moreftde la façon de M. deFonte-
nelle. Jamais le taleilt de l'Orateur nsparoit avec plus
d'avantage que dans une caufe défavorable. Rollin.
^fF Bien des gens comdamnen: ce mot j je n'en
vois pas la raifon. Depuis Voiture de bons écrivains
s'en font fervis.
DÉFAVORABLEMENT, adv. D'une façon fàclieufe ,
difgracieufe & fort oppofée à celle que l'on efpé-
roit. Damnose. L'Abbé de S^ Pierre a été traité bien
défavorablement cs.v fes confrères les Académiciens.
Mon procès a été jugé \ mais il ne le pouvoit être
plus défavorablement pour moi. Il n'ell pas ufité.
^ DÉFAUT, f. m. Imperfeétion , vice naturel , ou
acquis. Ces mots ne font fynonymes , qu'en ce qu'ils
défignent en général une qualité reprehenlible, un
manquement d'une chofe. Mais ils ont chacun leur
idée propre qui les caradériie dans lephylique&
dans le moral. Dt;/^^^^ n'exprime que ce qu'il y a
de mal dans la chofe provenant d'un écart pofitif de
la règle , fans aucun rapport à TAuteur \ une mau-
vaife qualité de l'efprit , ou une mauvaife qualité
purement extérieure. Defccluofté exprime un mal
qui n'eit pas un mal par lui-même , mais unique-
ment par rapport au but de la chofe, ou au fer-
vice qu'on s'en propofe. Vice dit un mal qui naît du
fond ou de la difpofuion naturelle de la chofe & qui
en corrompt la bonté j prefque toujours une mau-
vaife qualité morale qui procède de la dépravation
ou de la baffelfe du cœur. Voye^ ces mots & les
fyn de M. l'Abbé Girard. Quelques connoilTeurs ont
bbfervé qu'il y avoit dans la chapelle de Verfailles
un défaut de proportion, en ce que la grandeur du
vaiffeau ne repondoitpas à l'élévation. La dilîor-
mité & la timidité font des défauts. Vhïum. Alen-
dum. Il y a des gens qui n'ont de l'efprit que pour
"trouver des défauts dans les meilleures qualités des
autres. Quand on étudie fes déjauts , c'ell une mar-
que alTurée qu'on les veut furmonter. Boss. Nous
avouons nos défauts , pour réparer par notre fince-
ritc le tort qu'ils nous tout dans l'efprit des autres.
RocHEF. Il n'appartient qu'aux grands d'avoir de
grands défauts Id. Nous n'avouons nos petits défauts j
que pour faire comprendre que nous n'en avons pas
de plus grands. Id. Nous aimons à avouer de nous
mêmes les défauts des gens d'efprit. Nicol. Le pu-
blic n'a que faire de nos querelles, il a beioin d'ê-
tre inftruit de la vérité , & non pas de nos déjauts
jîarticuliers. Bail. C'eft s'accufer d'un défaut (\\^Q àt
fe fcandalifer qu'on le reprenne. Mol. Uneperfonne
raifonnable doit apprendre à connoître fes propres
défauts , & à fupporter ceux d'autrui. S. Evr. L'a-
mour ne nous lailTe voir les défauts d'une Maitreffe
que fous les couleurs de'la 'vertu. S. Evr. Ondoit
plus eftimer celui qui cache fes défauts z\ec honte ,
que celui qui les publie avec effronterie. Maleb.
u4in/î donc Philofophe y à la raifon fournis ,
Mes àh^diWis déformais font mes fculs ennemis.
BoiLEAU.
DÉFAUT , fe dit aufli des manquemens . delà priva-
tion , de l'abfence d'une chofe. Defeclus. Défaut
d'efprit j de mémoire. Ha ! que je vois de défauts
dans votre paflîon , & que vous favez mal aimer.
Lett. Port. C'eft un défaut de la langue , c'eft un
mot qui lui manque , c'eft un défaut Ae. lumière j un
faux jour qui empêche que ce tableau ne paroiffe.
On appelle le défaut de la cuiraffe , fon extré-
mité, l'endroit où elle finit. Commiffura , extrême
partes. Les gens - d'armes croient obligés de le
trouver pour percer leur ennemi qui ctoit armé à
l'épreuve. On le dit figurement du foible d'un hom-
me , de l'endroit par où il fe peut laiffer prendre.
On le dit d'autre chof; que d'une cuiralTe. Ce Chaf-
DEF
16)
feur a tiré ce fanglier au défaut At l'épaule ; il l'a
blelfé au déjaut de l'épaule. On dit aulli au déjauc
du bras , au déjaut de la cullfe , pour marquer les
endroits où ces parties fe termuient.
En termes de Chalfe j on dit que les chiens font
en défaut , quand ils ont perdu la pifte de la bête
qu'ils chalfent. Error in invcjhcatione fer&.
On le dit auflî des hommes en ce fens. Les fautes
des fots font quelquefois fi lourdesiS: l'i difficiles à
prévoir , qu'elles mettent les fages en déjaut. Se ne
font utiles qu'à ceux qui les font. La Bru y. fallere:
DÉFAUT , en termes de i'alais , lignihe manquement ,
retus, faute de comparoitre en Juftice aux termes
des aiîignations qui ont été données. Vadimonium
defcnum , non obiturn. Ce qu'en appelle contumace
en matière criminelle, on l'appelle c/e/îî/^f en ma-
tière civile. Il y a àes dcj auts à. ii.mc de comparoir
par un défenfeur , à faute de défendre , & à faute
de plaider. Le défaut faute de comparoir eft celui
qui fe donne au demandeur contre celui qui eft
ailigné j & qui , fur l'allîgnation , ne fe préfente pas
dans les délais de l'Ordonnance.
ÇJ" Ce déjaut Îq prend au greffe , fe fait juger
après un autre délai, ce jugement adjuge les con-
clulîons au Demandeur avec dépens. Quand c'eft
le Demandeur qui manque à la comparurion , on
appelle cela congé.
%fT Dr.FAUT faute de défendre, efc celui que prend
le Demandeur contre le Défendeur qui s'eft préfcnté
fur l'alfignation , mais qui n'a pas fourni de défeii-
fesdans les délais de l'Ordonnance.
%fT Ce déjaut fe donne à l'audience , & le profit
s'en juge fur le champ , dans les jurifdiélions infé-
rieures. Dans les Cours fouveraines il fe lève au
Greffe j eft lignifié au Procureur du déiaillant , Sc
jugé huitaine après : Si s'il fignifie des défenles en-
tre le jugement & \q déjaut, fa partie en lera quitte
pour rélonder les dépens.
|tT DÉFAUT faute de venir plaider , eft celui qui fe
donne au Demandeur , à l'audience , contre le Dé-
fendeur qui s'eft préfenté & a fourni des défen-
fes, maii qui a manqué de comparoir à l'audience
pour plaider.
0CF" DÉFAUT en matière criminelle. Foye^ conuimace:
Un déjaut faut trois jours. Lin déjaut pur &Tiinple:
Déjaut fiuf l'heure , eft celui qui eft prononcé à
l'Audience , & rabattu lorfque l'Avocat ou le i'ro-
cureur fe préfente pour plaider avanr que les Juges
foient levés de leurs lièges. Il faur refonder les dé-
pens des déjauts &c contumaces. Un Criminel ayant
fommé le Lieutenant Criminel de Cacn , qui croit
fon Juge J de comparoitre dans un an devant Dieu j
je ferai défaut , répondit le Lieurenant Criminel.
On le dit auftî des manquemens qu'on fait aux
autres chofes ordonnés en Juftice , ou des procé-
dures ordinaires. Un défaut à faute de conclure un
procès. Défaut à faute de donner caution , de faire
enquête, &c.
Au DÉFAUT, adv. Au lieu de , à la place de. Alterius
loco. Au défaut de la force ^ il faut employer la rufe.
On dit proverbialement , que chacun à fa beface,-
où il met fes déjauts derrière le dos , & ceux d'autrui
par devant.
DÉFAUX, f m. Terme de Coutumes. Amende qui
eft due au Seigneur Cenfier pour le dejaut de paye-
ment du cQns. M ulta pro ccnfu non perjoluto.
Ip- DÉFÉCATION, f. f. Terme de Chimie & de
Pharmacie. Defecatlo. Dépurarion d'une liqueur ,
qui fe fait par la chute fpontanée des parties qui
la rcndoienr trouble. Acad. Fr. On ledit princi-
palement des fucs des fruits , & de certaines plan-
tes qui ne paffent point par le filtre j &c ne s'eclair-
ciffcnt point par l'ébuUition- Les parties qui fe pré-
cipitent aufond du vafc s'appellent fèces , dépôt ou
réfidence. l^oye\ Décantation.
DÉFECTIF , ivE ou DEFECTUEUX, adj. Terme de
Grammaire. Verbe qui n'a pas tous fes temps & fes
modes. Ferba defeciiva j yerba modis quibujdam ^
temporibus curentiu.
Xij
i64 C>EF
(fû' On le dit anflî des noms qui manquent de'
quelque nombie ou de quelque cas.
^p^ DiiFHClïON. r. h Abandonnement d'un parti
auquei on eft lié , ou des intérêts d'une perlonne à
laquelle on efl attaché. Ce mot eft formé du latin
dejicio , je manque. Dejccllon des lujets qui aban-
donnent leur Souverain. Dcfecuon des foldats qui
abandonnent leur. Général. Dejccllon des alliés qui
abandonnent leurs alliés. Dejeclio. Le Roi eut la
douleur d'apprendre la (/-.yèL-fio/z de tous fes fujets
Boss.
Défection, fe dit aulll en Aftrologie pour éclipfe.
La déjcclion de la lune , du foleil. Dejeclus , deli-
quiura folis , /uns.
DÉFECTION , fe dit figurément en ce dernier fens.
On répand avec aftetlation une prétendue prophé-
tie du Cardinal de Cufa , qui marque la déjccîion
de l'Eglife pour les premières années du fiècle où
nous fommes. Mém. de Tr. La défeciionàt l'Eglife
eft chimérique. Les promelïes de J, C. Jie fauroient
manquer. Les portes de l'Enter ne prévaudront ja-
mais contr'elle. D'où conclut-il la déjccîion du Pape ?
C'eft du reniement de Saint Pierre. N'a-t-il pas vu
que Saint Pierre n'étoit qu'un particulier, quand il
commit ce crime .'' J. C. vivant encore fur la terre
pouvernoit fon Eglife par lui-même. Saint Pierre
n'en futlechef qu^aprèsla mort du Sauveur. Mais de-
venu un autre homme,c'eft lui qui affermit la foi des
Apôtres fur la léfLuredlion du fils de Dieu. Mém. de
Trev.
DÉFECTUEUSEMENT, adv. D'une manière défe-
iftueufe.
DÉFECTUEUX , eusE. adj. Ce qui a quelques dé-
fauts , ce qui manque des conditions réquifes. Fi
tiofus. Un livre dcjeclucux : un verbe dejeclueux.
Les définitions d'Ariftote font nhs-déj'eclueujes. Mar
thandifes déjeclueufes.
On le dit dans ce fens en ftyle de Pratique. Un
teftament eft dejeclueux quand ii n'eft pas revêtu
de toutes fes folemnités. Un ade eft dejeclueux ,
lorfcju'il eft imparfait , ou qu'il contient des claufes
vicieufes.
^CF DEFECTUOSITE, f. f. Terme qui exprime quel-
que tfhofe qui n'eft pasmal par lui-même, mais uni-
quement par rapport au but de la chofeou au fervice
qu'on s' Cil propofe. La roture ett en France une déjec-
tuojite qui prive les .fujets de beaucoup de places bril
lantes, dont ils feroient néanmoins capables , comme
la no'oleffe en eft une en SuilFeqni empêche d'avoir
part au gouvernement, f^oye'^ dejaut. C'eft une c/s-
j ccluojité àins un contrat, de n'être point paraphé
en toutes fes apoftilles. Un Auteur moderne fe plaint
des défecluojkés de l'Hiftoire Eccléfiaftique Anglo-
Saxone de 13èJe. Larrey.
DÉFENDANT, f. m. Nom d'un Saint de France. Bc-
fendcns. Foye^ M.Chaftelain, Martyr, au i de Jan-
vier j p. j6. 6" 4^.
DEFENDEUR, f. m. Défenderesse, f. f. Terme de
Palais. Celui qui eft ajourné par devant le Juge ,
pour être condamné aux fins & conclufions du de-
mandeur, lequel fournit desdefenfes pour être dé-
chargé de la demande qui eft intentée contre lui.
Rtus , rea. Le défendeur eft oppofé au demandeur.
Souvent dans la poavfuite d'une affaire le deman-
deur eft aufiî défendeur , & le défendeur Aew'icnt de-
mandeur. Déjendeur en requête civile, elt celui qui
foutient le jugement qui a été rendu contre celui
qui a obtenu des lettres pour faire remettre lesclio-
fes en l'état qu'elles étoient auparavant. Déjendeur
en la forme, & demandeur au fond, ou bien de-
mandeur en l'une , & déjendeur en l'autre , fe dit
lorfqu'il s'agit non-feulementdelachofe qui a donné
occalion à la conteftation , mais encore de la vali-
dité de la procédure. Déjendeur originaire , eft
celui lequel après avoir été afligné , demande un
délai pour appeler un garant. En matière crimi-
nelle , on dit déjendeur & accufé.
DEFENDRE, v. a. Je déj'ens ^ je défendis j j'ai dfcn-
D EF
du , je défendrai , que je défende. Mettre quelqu'un
ou quelque thofe à couvert du mal qu'on veut lui
faire , en répouffmt les attaques , en s'oppoiant à
ce qu'on fait, ace qu'on dit. Ce terme ne dit point
précifément la même chofe que protéger & J'oute-
mr. On o.'à.protcae par les autres , par ceux qui onc
de la puilïance. On peut être dejendu par fes égaux ,
par fes inférieurs : on fe dejend foi- même. Dejendrc
annonce une aétion plus marquée que foutenir,
Voy. ces mots. Il eft du droit naturel de déjendre
la perfonne,fon honneur & les biens, contre toutes
fortes d'agrelieurs. Ce Cavalier s'eft bien dejendu ,
il a vendu bien cher fa vie. Celui qui tue par la
nécefiité de le déjendre n'eft point puniffable , il y
a une entière impunité pour les homicides involon-
taires. S. EvR.
Défendre , fe dit , dans le même fens à la guerre,
quand on eft commis pour garder , pour conferver
un pofte , une place pour répoulFcr les attaques,s'op-
poler à ceux qui veulent s'en rendre maîtres. Ce
Gouverneur a acquis beaucoup de gloire à défen-
dre cette ville, cette garnilon s'eft mal déjendue , a
capitulé trop tôt. Après avoir chaflTé les ennemis de
la contrefcarpe , qui ne ludéjendirent qu'à coups de
moufquet. Bussi Rab.
Défendre, fignihe aulîi Flanquer. Le flanc défend
la courtine , &c la face du baftion oppofé. Cette
demi- lune flanque , dcjcnd cet ouvrage à cornes , à
couronne. Les fortifications anciennes font aifées à
enlever , elles ne font déjendues de rien , il n'y a
rien qui les flanque. Déjendre a aulH fa fîgnification
propre en cesoccafions j & quand on dit que le
flanc dejend h courtine , on entend que non feule-
ment il eft à côté, mais aulli qu'il en empêche les
approches ; c'eft-à-dire que ceux qui font placés
fur le flanc d'un baftion découvrent ceux qui atta-
quent la courtine, peuvent les tuer, les empêcher
d'en approcher.
Défendre , avec le datif du nom de la chofe , fe dit ,
en ftyle barbare du Palais , pour fignifier , Fournit
des défenfes , donner des réponfes aux deman-
des, aux produétions de fa partie. Refpondere j con-
jutare. Il n'a pu fe dilpenier de procéder avec lui
feul , & de défendre aux demandes qui avoient traie
à cette fucceflîon". Brousse. Il a été condamné faute
de défendre, f^oyc^ défaut.
Défendre , fe dit aulli en toutes fortes d'autres conte-
ftations. Propugnare.Socv^te prend tous les partis que
l'on veut , foit pour défendre , f jit pour attaquer.
S. EvR. Ce Bachelier a bien défendu {qs thèfes , bc
repondu à toutes les objedtions qu'on lui a faites.
Il ne s'eft pas trop déjendu de cette galanterie j il
en demeure tacitement d'accord. J'ai fait ce que
j'ai pu pour me déjendre de cette commiflion j pour
m'en exempter. Cette marchandife eft bonne , il
n'y a qu'à fe déjendre du prix , difputer fur le prix,
Depretio pugnare.
Défendre , fignifie encore employer fon crédit , fcin
autorité , fon éloquence j pour foutenir les droits
ou l'innocence de quelqu'un. Tueri ^ defendere , tu-
' tari. Vous avez bien déjendu mes intérêts. Céfac
opprima la liberté publique que ^f/e//d'o:r Pompée.
BouH. La colère eft comme une tutrice que la na-
ture a donnée à l'homme pour la confervation de
fes droits : elle llii donne le délir & la force de les
défendre. M. Esp. Cicéron déjendii Milon , qu'il ne
pur juftifier. Défendre fuppofe feulement ledcfude
réuiîîr.
Défendre, fîgnifie encore, fe parer , fs garantir. Tu-
tari ^ dcjendere, tueri ab cliqua re. Il faut bien fe
' vêtir en hiver pour fe défendre da froid. Les fem-
mes portent d-is mafques pour fe défendre dn hâle.
Les chevaux ont bien du mal à fe défendre des mou-
ches en automne. On met des rideaux aux fenêtres
pour fe défendre du grand jour. Cette colline déjend
ma maifon du mauvais vent.
On dit , fur la mer , défend da Sud , défend du
Nord, lorfqu'on commande auTimouier dsns pas
gouverner de ce cw:é U.
DE F
DÉFENDRE, fignifie encore, interdire l'iifage de quel- 1
que chofe. Incerdkere , vecare ^prohibere. Les Com- |
niandemens de Dieu défendent d'idolâtrer , de jurer ,
de tuer , de porter fau:i témoignage. Ceux de l'E-
• jqlife défendent i.i chair en Caiême. Un Médecin
'dcjend le vin aux malades. Les Magiftiats dcjendent
les Brelans , l'Occa , la balfette. On a dcjcndu le
commerce avec bs étr.mgers , les dentelles & ma-
nufadares étrangères. La Loi naturelle , la raifon ,
nous défend àt faire à autrui ce que nous ne vou-
lons pas qu'il nous Lilfe. On dit aulH, Détendre fa
maifon à quelqu'un, pour dire, \wï en interdire
■■'-^>, ÏQntiès. Défendre un livre , c'eftde lapart despuif-
'^•fances Eccléfialliques & auttes, en empêcher la lec-
ture j le débit, limprellion. D./e/2(/rc une forte de
jnarchandifes , c'ell en empêcher la vente, ou le
débit , à l'égard des Marchands , & l'ufage , à l'é-
gard des autres.
îfT Dans ce (am dépendre S^ prohiber font fyno-
nymes , avec cette différence que défendre à une fi-
gnihcation bien plus étendue q'.:e prohiber qui ne
s'applique qu'aux chofes qui font défendues par une
loi humaine & de police.
On dit figurément & proverbialement, foire quel-
que chofe" à fon corps dejendint^ pour dire ,
faire quelque chofe avec répugnance j avec con-
trainte. Ac. Fr.
On dit proverbialement j bien attaqué, bien dé-
fendu quand le combat ou la difpute ont été bien
opiniâtres.
ifT Sq défendre, en termes d: manège, fe dit
d'un cheval qui, en fautant ou en reculant, réfilte
à ce qu'on veut qu'il talle.
Dï-FENDU, UE. part. &C adj. Defenfus , vetitus , prohi-
hicus. Il y a toujours dans l'ame des plus grands
hommes quelque endroit mal défendu. 'Vill. Livre
déjendu , marchan Jiie déjendue. Foy. Défendre.
En termes de Blafon, on dit, qu'un langlier efl
déjc::du d'une telle couleur , ou d'un tel métal ,
quand fa défenfe ou fa' dentde deflous ell d'un autre
email que fon corps. Dentibus inflruclui.
DEFENDS, f. ni. Terme des Eaux &: Forêts , qui fc
dit des bois dont on a détendu la coupe, &' dont
l'entrée ell défendue aux beftiaux. Un tel bois elf
en défends, c'eft-à dire, la coupe en eft rélervée
pour quelque occafion importante j le bois ell trop
jeune pour y laiifer entrer les belliaux. On dit aulli
à la campagne , que vides terres , c'ell à-dire, qui
ne font point fermées ni clofes , font en défends
depuis la mi-Mars jufqu'à la Sainte-Croix de Sep-
tembre. En autres temps elles font communes ,
c"cll-à-dire , qu'on y peut mener paître fes befliaux.
Les chèvres , les porcs , les oies \ &c autres bêtes
mal-faifantes , font toujours en défends , pour due
qu'il n'ell pas permis de les mener dans les terres ,
dans les prés, &c. On les appelle en Latin defenfj. ,
& on les nomme pareillement héritages défenfables,
DÉPENS ABLE. adj. Terme de Coutumes. Un lieu
défenfahle , qu'on appelle devefium ^d'xns les titres ,
les chartes , &c. eft un lieu où il n'eft permis qu'à
quelques perfonnes de faire certaines chofes , qu il
eft défendu à tous autres d'y faire, par exemple,
un bois où il n'eft permis qu'au propriétaire défaire
paître fes beftiaux , eft un lieu défenfable. Prohibitus ^
vetitus.
DÉFENSE, f. f. Aflion par laquelle on défend, &
on réflile aux violencesde ceux qui attaquent- De-
fcnflo. La défenfe de fon corps &c de fes biens eft per-
niile par les loix. il n'a pas eu le loifir de fe mettre
en défenfe , de mettre l'épée à la main. Les Princes
d'Allemagne fe font ligués pour la défenfe com-
mune. La pudeur a été donnée aux femmes pour
fervir de garde & de défenfe à leur honneur. S.
EvR.
Défense, fignifie aulTi pfoteclion , juftification. Dieu
prend en main la dé^c-fe des innocens & des foi-
bles , de la veuve 5: des orphelins. Cet Auteur a
pris la défenfe de fon confrère , il a fait fon apolo-
gie. Cet Orateur a entrepris la défenfe de cette pro-
D E F 165
polîtion j il la foutient hautement. Coftar a fait la
c/c^ew/t' des (Euvres de .Voiture , & Ogier celle des
(Euviesde Balzac.
ifs" Défense , en termes de guerre , fîgnifie en géné-
ral la réliftance que font les troupes aux attaques
de l'ennemi.
ifT La défenfe d'une place \ c'eft l'art de réfifter
aux attaques de l'ennemi qui veut s'en emparer.
Cette garnifon a fait une belle , une longue défenfe ^
■ pour dire a foutenu un long fiége.
§C7 Défenses , en termes de fortification , c'eft tout ce
qui fert à couvrir les ouvrages &les foldats qui défen-
dent la place. Les parapets , les flancs , lescalemates ,
les ravelins , &c. font défenfes : 6c on dit d'une
ville J que i'esdefenjes font ruinées , quand le canon
a abattu ou détruit ces ouvrages, quand les foldats
ne peuvent plus tirer à couvert. Propugnacula , mu-
nunenta. On avoir abattu avec des béliers les prin-
cipales défenfes. 'Vaug. Il fallut rétablir les défenfes
de la place. Ablanc.
On appelle audi la ligne de défenfe , celle qui
flanque un baftion, & qui eft tirée du flanc qui lui
eft oppofé. Linea defen/wnis. La ligne de dfenfe ne
doit être que 110. toifes , c'eft-à-dire j à la portée
du moufquet. Il y a des lignes de déferfe rafantes &
fichantes. Foy. Ligne. Etre en défenfe^ ou mettre en
défenfe iCQ^-z.-àuQ, être ou mettre état en de déjenfe.
Le logement n'eft pas encore en défenfe. On a mis la
redoute en défenfe.
On dit, en termes de Blafon, qu'un hériflon eft en
défenfe , lorfqu'il eft roulé en peloton , ainlî qu'il a
coutume de fe mettre pour éviter d'être pris.
Défense, en termes de Palais , fe dit des premières
écritures qu'on fournit dans un procès contre un
demandeur. En général les défenfes font les moyens
qu'on emploie contre une demande. Defenflo. Les
appointemens en droit fe donnent fur des demandes
&: déferifes. On donnoit ci- devant des jugemens par
défaut , qu'on nommoit des déboutés de deferfes.
î/C? Défenses , fîgnifie aulli un jugement qu'on obtient
pour empêcher l'exécution d'un autre jugement. On
donne des arrêts de défenfes particulières pour lier les
mains à des Juges , ou à des Officiers , pour empê-
cher qu'ils ne continuent l'inftruction d'un procès ,
l'exécution 4'un jugement j & aux parties , pour
empêcher qu'elles ne palfent outre à un mariage,
à la conftrudion de quelque bâtiment , ou autre
chofe femblable. En matière criminelle , un accufé
pour toutes écritures donne des défenfes par atté-
nuation. Ce font des exceptions propofées par l'ac-
cufé 5 pour détruire les raifons , les moyens & les
preuves dont fe fert l'accufateur , pour prouver que
l'accufé a commis le crime dont il s'agit.
IJCT Ces fortes de défenfes font abrogées par l'Or-
donnance criminelle ; mais on peut prélenter re-
quête pour fervir de défenfes , raiïons , moyens con-
tre les pièces juftificatives de l'accufateur.
Défenses au contraire. Ce font celles que le Juge
permet de propofer pour contredire les moyens mis
en avant pour la partie adverfe.
Défense , fe dit aulTi des publications qui fe font en
Jullice pour interdire l'ufage de quelque chofe , &
pour empêcher'qu'on ne la fafle. Déftnfe en ce fens
eft la publication qui eft faite d'une chofe par un
Edit , une Ordonnance j une Déclaration , un Arrêt,
&:c, I nterdiclum , intcrdiclio. Il y a des défenfes faites
par les loix divines & humaines , de nuire à fon pro-
chain. On a publié la défenfe des dentelles d'or &
d'argent. La Cour fait très- exprelfes inhibitions &
défenfes à toutes perfonnes de , &c. .Les défenfes ont
été publiées à fon de trompe.
?,f3' Nous avons déjà obfervé que le terme de
défenfe eft beaucoup plus étendu que celui de pro-
hibition :que lepremiers'appliqueégalementà quel-
que loi que ce foit, divine ou huinaine qui défend
de faire une chofe , au lieu que le dernier ne fe
dit que d'une loi humaine qui défend de faire quel-
que chofe.
Défenses générales , font les Lettres ou les Arrêts
ï66
DEF
que iesdcbiteurs obtiennent contre tons leurs créan-
ciers pendant un temps, pour faire iiomologuer un con-
nat,ou pourl entérinementdurépitqu'ilsclemandent.
Les Mâcons & les Couvreurs appellent aufii de-
fenfe , le ligne fait en forme de croix ^ qu'ils atta-
chent au bout d'une corde , qu'ils lailfent pendre de
deifus le toit pour avertir les paffans qu'ils travaillent
fur la maifon. Signum penjlle. La déjenfe n'eft quel-
quefois qu'une latte attachée à une corde qui la tient
fulpendue. Mettre la déjenfe j retirer la déjenfe.
Défenses , en termes de Marine, font de grolfes pièces
de bois longues de 1 5. â zo. pieds , qui font amar-
rées à Tavant & à l'arrière du vailfeau pendant le
combat , pour empêcher l'abordage des ennemis &
des brûlots. Elles fervent auffi dans un mouillage
pour empêcher que les vaifleaux ne s'endommagent
en fe choquant les uns les autres. Ces pièces de Dois
s'appellent auflî des boute-hors.
On appelle aulH défenfes , des bouts de mâts , des
bouts de câble , ou de groflês cordes trelFées qu'on
laiife pendre le long des flancs du vailfeau , quand il
«ftà l'ancre auprès de plufieurs bâtimens, pour rom-
"' pre leur choc quand ils viennent à fe heurter , &
pour empêcher qu'ils ne s'endommagent. On fe fert
aulïï pour la même précaution de fagots j ou autres
chofes femblables.
Défenfes , fe dit aulîI de certaines pièces de bois
endentées deux à deux, ou trois à trois , qui font fur
les préceintes du vailleau , Se fervent à conferver les
chaloupes contre les ptéceintes & les têtes des che-
villes de fer, quand on les embarque j & quand il
les fiut remettre à la mer.
Défenses , en termes deChaiTe , fe dit dedeux grandes
dents d'en bas qui fervent au fanglier pour fe dé-
fendre, /ipri dentés falcar'ù. Quelques-uns le difenr
aulli des dents de l'éléphant qui font difpofces de la
même manière , & de celles du cheval marin. L'i
voire fe fait des os & des déjenfcs de l'éléphant. Ab.
Les dents & les défenfes du cheval marin font fort
grandes, & guérifTent les hémorroïdes. Id.
En termes de Librairie ou de Relieurs, on appelle
déjenfcs , de petits feuillets qu'on met au commen
cernent &: à la hn des livres , & que l'on colle contre
la couverture. Ordinairement ces fueillers ont toute
la longueur du livre , mais ils n'ont que le tiers ou
le quart de la largeur. On met quelquefois ces dé
fenfes de parchemin , & quelquefois on n'en met
que vis-à vis des nerfs. On les appelle défenfes ,
parce qu'elles défendent le livre , & l'empêchent
d'être endommagé par la carne du carton Se par les
nerfs j le repli de cuir de la couverture , & autres
coutures. Les défenfes font encore recouverres d'un
feuillet entier du livre que l'on colle par-deflus con-
tre la couverture.
fcy DÉFENSE, en termes de manège, fe dit d'un cheval
qui, en fautant oa en reculant, réfifte à ce qu'on veut
qu'il falfe.
DEFENSEUR, f, m. Celui qui défend. Foye^ Défen-
dre. Defenfor , propugnacor. Charlemagne , Saint
Louis , ont été les déjenfeurs & les protcéteurs de
l'Eglife. Heureux celui qui a le Dieu de Jacob pour
fon défenfeur. Port. R. L'Eglife n'a jamais manqua
& ne manquera jamais de déjenfeurs.
Defensedr , terme d'Hiftoire Eccléfiaftique. C'étoit
anciennement une dignité dans l'Etat & dans l'E-
glife. Les Défenjeurs avoient foin de conferver le
bien public, & de protéger les miférables. Chaque
Eglife Patriarchale avoit (on Dejenfeur , &c cet ufage
commença vers l'an 42,5. Il s'eft confervé fous d'au-
tres noms. C'eft la même chofe que les Avocats , ou
Avoués qui défendoient autrefois les intérêts des
Eglifes. /^fije^ le mot Avoue. L'Empereur fe qua^
lihe QncoK:t Avocat de CEglife. Les Rois d'Angleterre
ont confervé le titre de Défenfeur de la Foi , qui fut
accordé à Henri VIIL par Léon X. & qui lui fut
confirmé par Clément VIL Le Concile de Chalcé-
dolne , Can. 2. appelle le Défenfeur d'une Es'jife
e'»^<mî . Le Pape Lh-biin , Cap.Salvator , de Simo-
mù , cit que ce Concile entend par-là des Avoués ,
DEF
des Châtelains , des Juges. Codiuj de Officns nuls.
Conjî. parle aulfi de Déjenfeurs du Palais \ & Bol-
landus , Acl. Sancl. Janu. T.I.p. 501. En 407. un
Concile de Carthage , c. 97. demande à l'Empereur
des Défenfeurs du nombre des Scholalhques , c eft-
à-dire , des Avocats qui ctoient en exercice ; Se
qu'il leur fùc- permis d'entrer dans les cabiners des
Juges toutes les fois qu'il feroit nécellaire pour les
affaires de lEglife. Qts Dejenjeurs font à peu près
ce que furent dans la fuite les Avoués , 6c c'ell là
une efpèce de commencement de l'Avouerie. Dans
\'Ordo liomanus , quand le Pape va à l'Eglife de la
Station dire la Melle , il eft à cheval avec fes prin-
cipaux Officiers , & les Acolytes avec les Déje/feurs
l'accompagnent à pied. Les Eccléfiaftiques obtinrent
des Empereurs d'avoir \emsDejenJeurs , qui étoienc
des laïques chargés de maintenir les intérêts de l'E-
glife dans les Tribunaux des Magiftrats. Dès l'an
3(îS. Valentinien parle d'un Déjenfeur de l Eglife
Romaine. Tillem. Il n'eft donc pas vrai que le
Concile d'Afrique tenu en 415. fou le premier qui
parle des Déjenjeurs dans fon Canon 42. Il y avoit
des Déjenfeurs de l'Eglife , des Déjenjeurs du patri-
moine de Saint Pierre , qui alloien: dans les Pro-
vinces pour avoir foin des biens de l'EgliIe Ro-
maine , & qu'on appelle encore dans l'Ordre Ro-
main Déjenfeurs Régionaires , Dejenfores l'.egio-
nar'ù. Il y avoit aufii des Déjenjeurs des Monaftères j
des Déjenfeurs des Eglifes Paroifllales. S. Grégoire
parle fcuvent de ces Officiers ; & c'eft dans fes Let-
tres & dans celles du Pape Pelage qu'il tant chercher
tous les devoirs des Déjenjeurs.
Les Défenjeurs des Eglifes , ou Avoués , étoient
de deux fortes. Les uns étoient Déjenjeurs des cau-
{es, ou dwS piocès de l'Eglile ; & les autres, Déjen-
feurs de fes terres. Le Prince donnoit les premiers ;
les féconds étoient héréditaires j & c'étoient les
fondateurs ou parrons des Eglifes. Les premiers fu-
rent appelés dans la fuite (Economes &. Vidâmes;
& ils prirent foin non-feulement des procès , mais
encore de tout ce qui regardoit les provifions & le
revenu des Eglifes. Le premier ou le Chef des Z)e-
fenfeurs de l'Eglife , s'appeloit Primus Defenfor , ou
Prïmïcer'ius Defenfor ; en Grec ^{«TUl^(»»/. Gret-
fer J Meurfius , & le P. Goar , ont parlé fort au long
de cet Office. Voy. auffi Macri , Du Cange , Spel-
man & Hofman j dans leurs Didionnaires ; & ci-
delTus au mot Avoué.
Nous n'avons point décharge qui réponde à celles
des Déjenfeurs : on peur cependant , foit poitr la
nature & la qualité de leurs charges , foit pour la
manière dont ilsfaifoient les affaires, fcitpour leurs
fondions , les comparer aux Procureurs Généraux
& à leurs Subftituts , ou aux Lieutenans Généraux de
Police & aux Commiffaires. Il y avoit un Déjenfeur
de l'Empire, ou du Royaume, Defenfor Regni. Il
croit chargé de foutenir les droits de l'Empire ,
l'autorité du Prince , la rigueur des loix. Le Déjen-
feur de la ville j Defenjor dvitatis j Dejenfor p/ef-is ,
maintenoit les droits , les ufages , les coutumes de
chaque ville : on pourroit peut-être le comparer aii
Confeiller-Penfionnaire de chaque villede Hollande.
Cet Officierconnoilfoit toutes les caufes pécuniaires
au-deffousde 500 piftoles , & des crimes légers. Ont
faifoic par-devant lui les infinuations des teftamena
& des donations , & les dépofitions de témoins,
C'elt pour cela qu'il avoit fon Archive ou fon greffe.
P^oyei la Novelle 15. & Senator CaJJïod. L. VII^
Epifl. 1 1. Ces Défenfeurs des Villes , ou Cités , qui
ctoient chargés des premiers foins de la Police dans
les principales villes chez les Romains , ne pou-
voienr fortir de ces villes , non plus que les Préfidens
des Provinces , de la Province qui leur étoit con-
fiée , Il ce n'étoit pour accqinplir un vœu , & à con-
dition d'y revenir !coucher le même jour. De la
Mare , Tr. de la Pol. Tom. i.p. 106. Il y avoit auffi
dans les Gaules des Défenfeurs des villes. L'éledion'
de ces Magiftrats dépendoitdu Préfident de la Pro-
vince. La loi portoit qu'il les choifiroir entre les plus
D E F
iiooles j tes plus riches & les pliiseftimés descitoyens.
Les Magillrats Romains , jaloux de l'aïuoiité «e ces
Oiliciers , firent toiu leur podible pour les détruire ;
àe forte que l'on ne prit plus pour ces places im-
portantes que des gens inconnus, fans nom , fans
rcpiuacion , obfcurs , comme pone laNovelle i^
de Juftinien. 'L'e DejenJ. Civic. Cela parut d'une
trop dangereufe conféquence au fervice du Prince
& au bien public. On les rétablit- /^^oyej la Novelle
citée , Godefroy fur cette Novelle & de la Mare ,
Tr. de la Pol. I . l}p. z 5. Le Défénjeur des pauvres ,
des pupilles & des veuves , prenou foin des aftaires
de ces fortes de perfonnes , qui feroient iouvem
indéfendues , fi perfonne n étoi: chargé de leurs af-
faires. Les Diacres au commencement de l'Eglife
croient les Dç/tr/T/e^/rj des pauvres , des pupilles &
des veuves ; mais dans la fuite cec emploi devint
une charge , qui fut exercée par des laïques. Jiifunien
en parle dans fa 15*. Novelle. Les Déjenfcurs de
l'Eglife étoicnt comme les Commiifaires & les Sub
délégués du Patriarche. Le premier j ou le Chef de
CQsDéfenfeurSi jugeoit avec d'autres Dej erreurs, qui
étoient les afTèifeurs, les aifaires de moindre conîé-
quence qui étoient du reirort du Patriarchat, & il en
rendoic compte enfuite au Patriarche.
Il eft parlé dans le Droit Romain des Défenfcurs :
c'étoit dans le:; villes qui n'étoient ni libres , ni pri-
vilégiées des Officiers prépcfés pour la répartition
des impôts , ou tributs : ils régloient ce que cha-
cun des habitans devoit payer. La tonélion des Dé-
fenfeurs étok femblable à celle des Cenfeurs deRo
me ik à celle de nos Elus : on ajouta dans la fuite à
leur pouvoir celui de juger les caufes lommaires.
f-^oy. la i<f'. Novelle de l'Empereur Juflinien , &
liv. 4. de ïjefenf. Civit.
DiiFENSEUR en Mythologie. Surnom d'Hercule , qui
avoir à Rome un Temple fous ce titre. Defenjor.
Cctoit-là où les Soldats & les Gladiateurs, à qui
Ton donnoir un congé honorable, venoienifufpendre
leurs armes.
DÉFENSIBLE. adj. m. & f. 'Vieux mot. Qui fe petit
défendre , qui elt de détenfe j cjui elt à l'abri , à cou-
vert. Munnus , defenfioni opporcunus , a , um. Une
,place déjenjiblc.
0EFENSIF , ivE. adj. Il n'eft guère en iifage qu'au
féminin , &" lignifie qui efl: fait pour la défenfe. Les
armes défenfivcs font les cafques & les cuiraiïes , bi
autrefois le bouclier. Voyc-:^^ au mot Arme. Avma ad
legendum , ad dcfendendum. Les Princes les plus foi-
bles font entr'eux des ligues oftenlîves& dcjenfives ,
pour fe piécautionner contre l'attaque des plus puif-
lans. /^oy. Ligue. Il s'emploie auirifubft.intivement ,
mais feulement au féminin. Etre fur la defen/ive ,
ne taire limplement que fe défendre. Paratum effe
adrefijlendum , rejïjhre oppugnannbus. Ils fe tiennent
le plus qu'ils peuvent fur la dtfenjive,
DÈFENSIF. f. m. Terme de Médecine Se de Chirurgie.
C'eft ce qui fert dans la cure d'une plaie pour em-
pêcher la violence de la douleur j l'hémorrhagie,
l'impreflion de l'air extérieur , 5cc. On dit un dejen-
Jif, comme on dit un aftringent. La cautérifation
étant taite , on couvre la plaie avec de petits bour-
donnets de charpie .... & l'œil d'un défenfij & d'une
comprelie triangulaire. Dionis. Pour le premier ap-
pareil de l'enrorfe M. Dionis fe fervoit d'un petit
défenfif ix\x. avec le blanc-d'oeuf , l'huile rofat & la
poudre d'alun.
DÉFENsiF. Terme d'Oculifte. Bandage que l'on met fur
les yeux d'un malade après quelque opération , com-
me celle de la cataracte. DejcnÇivum. Je mis un dé-
JenJîJ fur fes deux yeux , ce que je continuai jufqu'au
•neuvième jour^auquel temps je fus obligé de iuiôter
le bandage, .à caufe d'une légère fluxion qui luifurvinr
aux deux yeux. Giis-Lt.K.Journ.des Se. 1710. ^.44^.
DEFEQUER, v. a. Terme de Chimie. Oter les fèces ou
impuretés d'une liqueur. Defecare ,purgare , expur-
gjre.On fait des diftillations & autres opérations en
Chimie pour en féparer le plus pur & le plus fubcil
i'avec les fèces j le marc ou U lie.
1) E r 167
DÉriquÉ , he. part. Defecatus , purgaïus , expurgacus.
L'efprit de vin bien dé/eque s évâçotc facilement.
DÉFÉRANT j ante. adj. Qui a de la déférence. Fa-
alis , commodus. Un homme civil & déférant eft
bien venu par-tout. Il n'ell pas en ufage.
DEFERENCE, f. h Condel'cendance honnête 3 qui
fait qu'on fe conforme aux fentimens & aux volon-
tés de ceux pour qui l'on doit avoir des égards. Ile-
vercncia , obfequiiim. Quoique la dcjérence foit une
fuite de la conlidératicn ou du devoir, il y a cepen-
dant un terme au-delà duquel elle cefTe d'êtie ce
qu'elle ctoit. Sacrifier indiftinétement fa volonté à
celle des autres j c'ell bjlîelie , ou bètife. On a de
la dcjérence pour l'âge , pour le mérite , pour la
dignité de quelqu'un. Avoir de la déférence pour
les perfonnes de mérite & de qualité. Ablanc. Pré-
venez - vous les uns &c les autres par des témoi-
gnages d'honneur & ^q dejérence. Port-R. Le ref-
pett S; la déférence nailfent de l'ettime mutuelle quâ
doivent avoir deux amis. S. Evr.
DEFERENT, adj. quelquefois employé fubftancive-
ment. Terme d'Altronomie dans le fyftcme de Pto-
lomée. Cercle déjérenc _, qui porte la planète avec
fon épicycle. C'eft un cercle qu'on a fuppofé pour
expliquer l'excentricité , le périgée & l'apogée des
aftres , fur lequel on a dif que la planète fe mou-
voit \ Se il ell placé dans l'épalifeur de chaque
fphère. Circulas dejerens. Comme une planète n'eft
pas toujours également éloignée de la terre , l'on
a compris que fon mouvement propre fe fait dans
un cercle , ou ellipfe , qui n'eft pas concentrique à la
terre. C'eft ce cercle ou ellipfe excentrique qu'on
appelle déférent, parce que palïlint par le centre de
la planète , il femblelafuppoiter&: la loutenir dans
fon orbite. On fuppofoit ces déférens diftéremmenc
inclinés à l'Ecliptique , mais jamais de plus de huit
degrés , excepté celui du foleil ', qui eft dans
le plan de l'Ecliptique même , qui fe trouve coupé
différemment par le défèrent de chaque pianote en
deux points qu'on appelle nœuds. Dans le fyttème
de Ptolomée ce même déjérent eft auili appelé le
déférent de l' Epicycle , parce qu'il triverle l'Epicycle
par fon centre, & qu'il (emble le foutenir.
|)C? Comme on n'avoir imaginé les cercles excen-
tiiques, que pour expliquer les points de l'apogée
& ûu périgée \ aujourd'hui qu'il eft démontré que
les planètes décrivent des ellipfes autour du foleil,
on a banni ces zarciis déférens , cpmme l'on avoir
banni les Epicycles de Ptolomée.
DÉFÉRENT. Terme d'Anatomie. Ce mot fe dit des vaif-
feaux du corps humain. Des vailfeaux dcférens , des
vaiffeaux préparans. On appelle v^i&anx déférens,
des vailfeaux qui conduifent la femcncegoute à goure
dans les véhcules féminaires. Quelques-uns appellent
ces vaiffeaux éjaculatoires. Us font blancs , nerveux ,
ronds , fitués en partie dans le fcrotum , Se en partie
dans l'abdomen, un à droite , & un à gauche.
0Cr DÉFÉRENT , fe prend fubftantivement , en termes
de'monnoie j ucfignifie les marques qui indiquent le
lieu de la fabrication , le Direcl:eur & le Graveur.
AcAD. Fr. Le déférent des monnoies eft ordinaire-
ment une lettre qui fe pl.ice au bas de l'écudon ;
celui du Diredeur, au bas de l'effigie ; celui du Gra-
veur , avanr le inilléfime. Celui des monnoies ne
change point. Ceux du Direéleur &du Graveur font
arbitraires.
DÉFÉRER. V. n. Se conformer aux fentimens &: aux
volontés de ceux à qui l'on doit des égards, foyc^
DÉFÉRENCE. Aliquem cbfervare , alicui honorem de-
ferre, reverentiam erga aliquem adhiberc. Les infé-
rieurs doivent déférer aux fupérieurs. En matière de
langues on doit lovxtdéjérerà. l'ufage- Bouh. Il tauc
d^Jcrer aux loix , aux arrêts de défenfes. Ils dé-
voient déférer aux anciennes loix de l'Eglife.
Pasch. Il faut t/tf/èVer aux avis , aux fentimens des
plus fages , des plus expérimentés.
Aux avis d'un cenfcur tu ne dois déférer
Qu'autant qu'il aurafu t'injlruire & t'éck
clairer. Yiitj
68
D E F
Dbférer. V. a. qui fe dit en cetre piirafe : Déférerais
honneurs , des titres , des dignités , pour dire , les
donner , les attribuer à quelqu'un. Dejcrrc clicui ho-
nores, magijiratus. Les Romains déjéroicnt le triom-
phe aux Chefs victorieux. Les Sénateurs & la No-
■ ■'•'''rrcra la cour
blefle de Polo.^ne lui d.'Jérerera la couronne, sui-
vant le Did:. de l'Acad. ce mot n'elt cl ulage qu en
parlant des dignités , des honneurs don: une mul-
titude difpol'e en faveur d'un particulier. On dit
aufli j T)éj<.rer le ferment à une partie , pour dire j,
s'en rapporter à Ion ferment. Jusjurandum atkulde-
ferrc.
Déférer , en termes de Palais , figniiie dénoncer. Ali-
cujus nomen ad Jud'ues dejerrc. On ne reçoit point
le témoignage de ceu^ qui ont été dejcrcs en Juf-
tice, jul'qu'à ce qu'ils fe l'oient purgés. Celui qui eft
abfous peut demander le nom de celui qui Ta dé-
féré, pour avoir réparation contre lui. Il avoit été
arrêté prifonnier, parce que deux témoins l'avoient
déféré. Vaug, Déjérer quelqu'un à l'inquifition.
DÉFÉRÉ , ÉE. part.
DEFERLER, v. a. Terme de Marine. C'eft étendre &
déployer les voiles pour s'en fervir. Vêla explicare.
ffT Déferlé , ée. part. Voiles déjerlées _, qui font dé-
ployées fur leurs cargues prêtes à être bordée?.
DÈFERMER. v. a. Mettre dehors j ou en liberté , ce
qui étoit enfermé. Solvere , cxpedire j extraherc. On
a enfermé un chien dans un cabinet , il faut le vq-
n'ii défermer , ou mettre en liberté. Vous avez en
fermé par mégarde mon manteau dans votre coffre ,
venez le déjcrmer , le tirer dehors, Ce mot n'cfl: pas
fiançois ; il eft feulement en ufage fur les rivières
où l'on dit déjermer un bateau , c^'ell-à-dire , déta
cher la corde qui le tient attaché aux anneaux de fer
pu ailleurs.
DEFERRER, v. a. Oter les fers de quelque chofe.
ferramenta detrahere. Il faut déjérer cette porte-là
pour en faire fervir les fers à une autre.
DÉFERRER , fe dit plus ordinairement des chevaux.
Oter le fer du pied d'un cheval ou d'une autre bête
de monture. Equdm foleis exarmaré , equo foleas
eximere. Il faut déferrer ce chev4l , fon fer le blelTe ,
il s'eft déferre des quatre pieds. Soled: exciderum,
|CF On dit de même , fe déferrer y en parlant d'une
aiguillette, d'un lacet , &c. dont la feiture fe défait.
Votte lacet s'eft déferré.
On dit figurément, mais en ftyle populaire , qu'on
a déferré un homme des quatre pieds , pour dire
qu'on l'a rendu muet , déconcerté , interdit. Percur-
bare. On dit auflî , qu'un homme s'eft déferré ,
quand il eft interdit & confus , en parlant à quel-
que perfonnc qu'il craint , ou qui le preife ttop fort
fur quelque chofe. Il fe fit une huée qui déferra le
témoin. Ablanc. Os alïeuï obflruere.
DÉFERRÉ , ÉE.part.
DÉFET. f. m.Terme de Librairie. Il ne fedit guère qu'au
pluriel j & lignifie les feuilles dépareillées d'une
édition qui reftent après que les alfemblages font
faits j & auxquelles on a recours pour compléter
d'autres exemplaires , auxquels il manque feule-
ment quelque feuille , ou dont quelqu'une a été
gâtée. Telle feuille n'eft pas propre , il en faut cher-
cher une autre dans les dafets. Ce mot vient du
Latin Defeclus , parce que toutes ces feuilles ne peii-
yent pas former des exemplaires complets.
DÉFEUILLE, adj. dépouillé de feuilles. Fol'ùs nudatus.
Un atbre défeuillé. Une forêt défcuillée. Il eft dans
Monet & dans Pomey. Mais il n'eft pas en uflige.
DEFFOULER. v. a. Vieux mot. Fouler, marcher def-
fus. Calcare , proculcare. Us leurs crachèrent au vi-
fage , & marchèrent fur eux & fur le figne de la
Croix, pallèrent & t/Ê/fott/èrt'w aux pieds. An. Fie
S. Louis.
DEFFUBLER. v. a. Vieux mot qui fignifie découvrit ,
dévêtir, dégrafler , déboucher j déboutonner. DiJ-
fihulare.
5e DEFFUBLER. Se découvrir. Vieux mot. Le Li-
gueur dont il eft parjé au commencement de la
Satyre Ménippce , qui portoit gnind chapeau, &
D E F
rare'meut le deffuMoit, étoit le Cardinal de Pellevé.
Voye^ Calottier. On difoit aulli : Se défuler y
que Nicod écnt desfuler. Quafi tnfulam detrdhere ,
oter fon chapeau. Il eft dans les dernières éditions de
Richelet.
DEFI. f. m. Appel , provocation au combat. Provo-
cdào , Jeheda provocacoria. Le def (e fait par écrit,
de vive voix , ou par geftes. Ce terme eft employé
par extenfion pour toute forte de provocation. Il
lui a envoyé un cartel de déf , il lui a fait un def.
Il a accepté le def. Je lui ai fait un def fur un tel
problème , un def à la paume , au billard. Ancienne-
ment , & lorfque les duels étoient en ufage , l'accu-
fateur jetoit fon gant par tetre pour gage du def.
L'accufé le relevoit pour marque qu'il acceptoit le
def & le combat.
DÉFIANCE, f. f. Crainte d'être trompé , qui fait que
nous n'ofbns nous fier à la fidélité des autres. Diffi-
dentia. Dans ce fens il eft oppofé à co/y?ii/7ce , aflu-
rance qu'on prend fur la probité & la difcrétioa
de quelqu'un. Si la dcfiance eft conçue avec raifon ,
elle eft jufte , utile & nccelfaire j fi elle ell injufte ,
trop inquiète & mal fondée , c'eft une foiblelTe
honteufe &: ridicule. Cail. La défianceieit à exer-
cer la prudence , & à prévoir les événemens , ou
pour en profiter , ou pour les éviter. Id. Ce qui nous
empêche de faire voir le fond de notre cœur, c'eft:
la défiance que nous avons de nous mêmes j bien
plus que la défiance que nous avons de nos amis.
RocFiEF. Les opérations de la défiance font tellement
mêlées avec celles de la prudence, qu'il eft facile
de s'y tromper à caufe de leur leftcmblance. S. Evr.
La défiance eft ridicule , fi elle fe tait des chimères
pour s'en effrayer ; elle eft injurieufe , fi elle foup-
çonnela probité de quelqu'un mal-à-propos ; mais
c'eft un aâ:e de fagelfe , quand elle empêche d'être
furpris &, trompé. Id. A la Cour on fe nourrit de
foupçons, de défiances &de jaloufie. B^^iz.
La Défiance efi nécefjaire ,
// efi bon de prévoir un fâcheux accident ,
On ne doitpannt ici marcher en téméraire. QuiK.
On dit proverbialement que la défiance eft la mère
de sûreté , ou , eft mère de sûreté , pour faire enten-
dre que pour n'être pas trompé , il ne faut pas fe
confier trop légèrement.
fCF Quelquefois ce mot dcfigne fimplement la
crainte qu'une chofe n'ait pas toutes les qualités né-
celfaires pour un certain ertet. C'eft ainfi que l'on
dit qu'il faut avoir une jufte défiance de izs propres
forces. Il ne faut pas que la défiance de nos forces
nous entretienne dans la parefle , & nous empêche
de faire quelques entieprifes louables.
DÉFIANT, ANTE. adj. Qui n'ofe fe fier à la fidélité
de perfonne. Sufpiciofus ,fufpicax. Les gens foibles
& ignorans font ceux qui font les plus défians. La
charité n'eft point défiante ni foupçonneule. Bour-
DAL. Exh. T. I.p. 172.
§cr DEFICIENT, adj. Terme d'Arithmétique. Les
nombres dflciens font ceux dont les parties aliquo-
tes ajoutées enfemblefont une fomme moindre que
le tout dont elles font parties. Encycl. Tel eft le
nombre 8 , dont les parties aliquotes, i, 2,4. prifes
enfemble ne font que 7.
DEFICIT, f. m. Terme de Pratique emprunté du La-
tin , pour exprimer une chofe qui manque. C'eft
ainfi que l'on dit qu^ioe pièce d'un inventaire ,
d'une produétion eft en déficit ; & l'on met ce mot
à côté des atticles où l'on fait njention d'une pièce
produite qui ne s'y trouve pas.
^\^ On dit dans le même fens qu'une fomme- eft
en déficit dans la caifle d'un Banquier , d'un Rece-
veur, &CC.
tyCT Ce mot n'a point de pluriel. Il y a plufieurs
déficit dans cette cailTe, non pas déficits.
DEFIE, f. m. On appelle en termes de Marine , le défie
du vent, l'avertiftement qu'on donne à celui qui
gouverne ,
DE F
j^oùverne , afin qu'il ne prenne pas vciît devant , oa
tlii'il ne mette pas en ralingue.
DfirlEMENT. {. m. Terme de Coutumes. Déclaration
de guerre , défi , appel. Provocutio.
ÏBUFIER. V. a. Faire un ;'ppel , provoquer fon ennemi
au combat , fou aux rtrmes, Ibit en toutes fortes de
difputes, de jeux & d exercices- Provocure. Les an-
ciens Chevaliers fe défiaient fouvenc pour éprouver
leur courage. Défier quelqu'un à boire , à chanter -,
au jeu, au tridr.ic , à la paume. Marfias ofa c/.y/er
Apollon à qui joueroit mieux de la flûte. Bens. Je
m'en vais defierl^s vents au milieu de l'Océan. Voit.
Dans ce mot Vi & Ve qui font de fuite font deux
fyllabes ditFérentes duns ces vers :
Et fur le mérite des mœurs >
On pourrait àiiiiQX. Us plus fins cormoifieurs
De vous fouhaiter quelque chofe. M'. Des-Houl.
Ce mot vient de diffidare j, qui fe trouve en plu-
fieurs Auteurs de labafie Latinité. Ménage.
DÉFIER j fert aurti à reprocher à quelqu'un Ion peu de
forces j ou fon peu de courage , en le piquant & en
l'aiguillonnant. Hac âge , fi' potes, rem magnamje-
ceris , 6x. C'ell le tour Latin qu'on doit donner à
ce? exprellions Françoifes. Je vous défze d'aller en
cette maifon où il revient des Eipnts. Vous me vou-
lez faire un procès , je vous en défie. Je vous défie
de m'oublier entièrement , &c vous n'aurez jamais
fans moi que des plaihrs imparfaits. Let. Port. Vous
ne (auriez m'oublier , il e!t imporùblcque , &c.
DÉFIER , en termes de Marine , a pluheurs hgnifica
rions , & eft tantôt actif, tantôt neutre , tantôt réci-
proque. Défier , lignifie prendre garde , empêcher
ique quelque chofe n'arrive. Défier l'ancre du bord ,
c'ell empêcher que l'ancre ne donne contre le bord.
Défie du vent , eft un avertllfement qu'on donne à
telui qui gouverne , afin qu'il ne prenne pas vent
devant. Un vailTeau qui ne fe défie que de grains
qui paroilTent au vent à lui. Un vent qui défie de la
côte , c'eft-à dire , qui vient de la côte.
JDÉFiER. Déclarer quelqu'un ennemi public. Lé Pape
Honorius fit en 12,15. "'^2 Conllitution très févêre
pour la sûreté des Cardinaux. Si quelqu'un , dit-il j
pourfuit un Cardinal à main armée, le frappe ou
le prend, ou participe en quelle que manière que ce
foit à une telle violence , il fera infâme comme
criminel de lèze-Majefté , déifié Se banni c'eft-à-dire ,
ennemi public, incapable de faire teftament , ni de
fuccédet à perfonne , même ab inteftat. Fleury.
L'Empereur Frédéric défiia en 1 iz^. par Edit public
feize villes d'Italie, c'ell-à-dire, qu'il les déclara
ennemies. Id.
ÇCT Défier eft aufli réciproque. Se ûfe}?<;/- de quelqu'un ,
n'ofer fe fier à la fidélité des autres, dans la crainte
d'être trompé , prendre des précautions pour n'être
pas trompé par quelqu'un que l'on foup^onne de peu
de fidélité , de peu de fincérité.
ftTOn dit aulli, fe défier de fes propres forces ,
de fon efprit , de fes talens , n'avoir pas grande con
fiance en fes propres forces , en fa capacité. Diffi-
dere alïcui. Il fe faut défier des flatteurs. Ceux qui ne
fe défient de rien lont les plus faciles à furprendre-
Il faut fe défiler de l'amour aveugle que les hommes
ont pour leurs propres Ouvr.ages. S. EvR. Je me défiie
un peu trop de vos promelfes. Pasc. Je vous pro-
mets de ne vous point haïr : je me dcfie trop des fen-
timens violens pour ofcr l'entreprendre. Lettres
PoRTUG.
D F. FIER , fignifie aufll prévoir ^ fe douter. Sufipicari.
Je rne fuis toujours bien défié que cela arriveroit
ainli. Qui fe feroit jamais défié (\\i on qxxx. rendu un
fi méchant arrêt ? pour dire, qui l'eût prévu ? On
doute que défier en ce fens foit du beau ftyle.
On dit proverbialement qu'il ne faut jamais défier
tin fou , quand un homme propofe de faire quelque
folie , quelque extravagance , & qu'il demande fi on
l'en défie.
Defié , ÉE. part.
DÉFIGURER, v. a. Changer, gâter la figure , les traits.
Tome III,
Dcfiormare , deturpare , Jixdare. Il fe dit, tant des
perfonnes que des chofes , au propre &c au figuré.
Cette balafre lui a tout defi,gure le vifage. On ne
connoît plus ce malade , tant il eft défigure. Dans une
grande frayeurle vifage fe défigure , &c fait quelque-
fois des mouvemens horribles. Pelié. Depuis qu'on a
abattu ce pavillon , ce bâtiment eft tout défigure. Un
habit eft tout <3'e)7^i/re,quand on en a ôté la garniture.
Souvent ceux qui le mêlent de corriger ou de traduire
des Ouvrages , les défigurent entièrement. Il défigure
tellement les Auteurs , qu'ilsne font plus reconnoif-
fibles. BoiL. L'Eglile ne devoir pas vous être moins
chère , parce qu'elle voiis paroilfoit défigurée. Nico.
L'efprit fécond en déguifeiTlens s'étudie à défigurer ,
félon fes intérêts , tantôt les vices , & tantôt les ver-
tus. Fléch. Les rochers & les montagnes défigurent
la terre , & en rendent la furface hideufe &c mal
polie. S. EvR.
DÉFILÉ, f. m. terme de Guerre. Paflage étroit où l'on
ne peut palfer qu'à la file , où peu de perfonnes peu-
vent paifer de frent. Angujiix , angufia via. C'eft
un pays couvert , montagneux , ou marécageux, où
l'on trouve à tous momens des défilés. Ils donnèrent
fur le bagage en paflant, à caufe qu'il y avoit un long
défilé. ABlanc.
DÉFILER. V. a. Oter le fil oU le cordon qui croit paffé
dans quelque chofe. Filum deirahere. Tirer certaines
chofes d'un fil où elles étoient enfilées. E filo aliquid
extrahere , educere. Défiler les perles d'un collier ,
défilerXts grains d'un chapelet \ ou fimplement défiler
un chapelet , un collier. Ce collier de perles eft défilé.
§C? Il eft aufli réciproque. Vorre collier fe défile^
va fe défiler. On dit figurément , mais en ftyle fami-
lier & populaire , que le chapelet fie defde , lorfque,
de plufieurs perfonnes lices enfemble d'amirie ou ,
d'intérêt, quelques-unes fe détachent des autres.
03" Défiler , v. n. terhie ufité dans l'art militaire ,
lorfqu'il eft queftion de la marche des troupes. Al-
ler à la file , l'un après l'autre , fur un petit fronr ,
ou fur très-peu de files. Voye\ File £• Front. Le
pafiTage de la montagne étoit fi étroit , que les foldats
ne pouvoient défiler que deux à deux , quatre à qua-
tre. Bini , quaterni incedere.
^fT Défiler , fignifie aulîi marcher par files , fans f
être contraint par le terrein ; &: il n'eft pas néceifaire
que les foldats marchent tous l'un après l'autre ; ils
peuvent marcher plufieurs de front, pourvu que c»
foit en petit nombre. On fit défiler les troupes par
pelotons , par compagnies , par efcadrons. furma-
tim , manipulatim.
I^On fe fert encore de ce verbe pour exprimer le
mouvement qu'on fait faire â des troupes pour les
voir plus en détail. Apres la revue , on fie défiler les
troupes dix à dix.
fO" On dit généralement défiIer,àQ tous les mou-
vemens qu'on fait faire à des troupes lur un front
moindre que celui fur lequel elles étoient en ba-
taille : mais ce mot convient mieux lorlqu'on les
fait marcher fur un petit front.
DÉFiLiR , eft audi un terme de Chandelier. Detrahere.
C'eft ôter la chandelle des baguettes. Défilerh chan-
delle. Dans ce fens il eft acVif.
Défiler, avec le pronom perfonnsl, fe dit des étoffes;
mais on dit mieux séfiler. Fdatim dijfiolvi ,fiolvi.
DÉFILÉE , ÉE , part.
DEFINAILLE. f. f. Vieux mot. Fin, mort. On a dit
aufli définer , pour finir, mourir.
DÉFINE'R. v. n. Être près de fa fin, Jd finem vcrgere.
Il n'eft plus en ufage.
DÉFINE, èe. adj. Vieux mot. Qui a pris fin , qui eft
fini, qui eft mort. Manuus , dejuncius , a , um.
tfT DEFINIR. V. a. Suivant la force du mot , c'eft
marquer les bornes & les limites d'une chofe. D'fi-
nire. Ce mot conferve quelque chofe de fon idcé
principale dans toutes les occafions où il eft em-
ployé. ,.
Définir, en termes de Logique, fignifie, Ex-pliquet
la nature d'une chofe par fon genre & par fa diffé-
rence. Voye\ ces mots. La faire connoitre telW
iTQ
D E F D E F
qu'elle eft , de forte qu'on ne puiffe plus la confon- fCT DiriNiTiF , terme de Palais , par lequel on eh-
dre avec une autre. Ùcjinïre. Les Philofophes défi- tend un jugement qui décide &: termine entiere-
nijfent l'homme , un anunal raifonnable. Defcarces
cfty//2<r l'ame , une luoilance qui penfe. Il elt inutile
de définir les mots (impies (Se communs \ car ceux
qui entendent une Langue , dès qu'ils entendent pro-
noncer ces mots , ont d'abord une idée claire & dif-
tincte de la chofe. Il faut s'arrêter à certains termes
primuits qu'il n'eft pas beloin de dcfimr. Il ell plus
ailé , & beaucoup plus néceiraire de définir les mors
des arts & des fciences , dont les idées font plus com-
pofées j car en dcfirà[j'ant leS termes des arts , l'on
rrouve toujours la délinuion plus claire que la chofe
définie : au lieu qu'en définifiant les termes com-
muns , la chofe définie eft toujours plus claire que
la définition.
D.éfinir un mot j c'eft en déterminer le iens , de fa-
çon qu'on ne puifTe ni étendre ce fens, ni le reftrein-
dre , ni l'attribuer à un autre mot. F oyc':^ Défini-
tion.
■DÉFINIR , fignifie aulli , Faire une defcription des qua-
lités apparentes d'une chofe, la taire connoître par
un grand nombre de circonllances. Explicare ^ de
çlarare definiendo. Les gens de Cour font cachés, ils
font difficiles à définir ; on ne les connoît point. Le
je ne fai quoi eft h délicat, Se fi imperceptible qu'on
ne le peut définir. Bouh. L'homme ne fe peut définir
lui-même ; il ne fait point précifément ce qu'il eft.
La Bruy. C'eft un homme qu'on ne psut définir.
'^Zt Définir , fe dit dans le même fens que décider ,
déterminer. Tout ce qui arrive dans le monde a été
de tout temps défini dans les décrets de Dieu. L'Ecri-
ture , les Conciles ont défini & déterminé les arti-
cles de la Foi. Il n'y a encore rien de jugé , de défini
fur cette queftion. Dieu a défini le temps où cela
arrivera , a marqué , déterminé.
DÉFINI , lE , part.
Défini, fignifie auffi , Ce qui eft borné &: terminé ,
qui eft circonfcrit en de certaines bornes , & oppofé
à /nJeji i. f^initus , circumfcriptus. Tous les corps ont
un [lea défini ., occupent des e(p3.ces définis &c hov-
nés.
Défini , Terme de Grammaire. Article , ou prétérit ,
qui a une fignification précife & déterminée. Defini-
tus. Il n y a qu'un article défini : le pour le mafcu-
lin ^&c -a pour le féminin. Dans ces phrafes , la vo-
lonté au Roi , la mailon de la Reine , j'ai dit au
Roi j &c. les articles , la , du ^ de la , au , font arti-
cles d^f.iûs : ils marquent quelque chofe de défini ,
de fixe & de déterminé j au contraire quand on dit
la qualité de Roi , le rang de Reine , l'article de ne
marque rien de déterminé , il fignifie feulement un
Roi, ou une Reine en général ; c'eO poui'cela qu'on
Tnppelle atticle indéfini, /^ojci' Article , £-■ Indé-
fini. Le prétérit partait défini, marque un temps
.pallé:/'ai aimé. Quelques Grammairiens l'appellent
inJfini,ôc donnent le nom de défini au prétérit par-
fait /'aimai. Peu importe pourvu qu'on entende bien
la valeur de ces prétérits ^ôc qu'on ne fe trompe
,point dans l'ufage qu'on en fait, /^oye- Aoriste.
DErlNlTEUR. f m. Terme ufitc daiis plufieurs Or-
dres Religieux. Ce mot fignifie , celui qui eft Alfef-
feur ouConfeiUer d'un Général, ou d'un Supérieur,
dans quelques Monafteres. Definicor. C'eft auffi le
nom qu'on lui donne en Latin. On diroit mieux
Confiukor. Dans les Ordres Religieux , du moins
dans quelques-uns , les Définiceurs font pour le rang
au delfous du Supérieur du Couvent où ils demeu-
rent, quand ils font dans ce Couvent; ailleuts les
Définiteurs ont le pas fur leur propre Supérieur , qui
cefle de l'être à leur égard quand il eft hors de fon
Couvent. Les Definiceurs font audi fournis dans ce
Couvent où ilsdemeurent, au Supérieur immédiat
de ce Couvent dans les chofes qui regardent la dif-
cipline Religieufe ; mais ils ne leur fonr pas foumis
dans le,s autres chofes.
DÉFINITIF, ivE. adj. Qui termine, qui décide le
qui
ment la conteftation qui étoit entre les parties : bieiA
diftérenc , comme l'on voit , du jugement prépara-
toire , autrement appelé interlocutoire, qui décide
feulement quelque chofe ancerieure, pour l'inftruc-
tion , avant que de parvenir au jugement d^finicifi.
Sentence dcfimtivc. Arrêt definitij.
On trouve diffinitifi à^m l'Ordonnance de itJjo.
pour les matières ciiminelles ; dans l'Edit du Roi
( Louis XV.) de mil fept cent feize, portant éredlion
d'une Chambre de Juftice \ dans le recueil des piè-
ces , concernant les diftcrends des Pairs de Franc»
avec les Piéfidens à mortier du Patlement de Paris.
Malgré ces autorités , l'ufage eft pour définitif SC
définitivement.
^fJ' En définitive, adv. Terme de Palais : définiti-
vement , par jugement définitif. Dccretoriojudicio.
On perd des affaires par provilion , qu'on gagne en
définitive.
DÉFINITIF , ivE. Tuilage définhifi. Terme de Manu-
faéture de lainerie. C'eft la dernière façon que les
Tondeurs donnent à rétotîe.
DEFINITION, f. f. Décifion d'une autorité fupérieure.
Decretum. La définition de l'Eglile , ou du Concile,
d'un Chapitre, &:c. Dans cette derniete phrafe d^-
nltion fignifie un arrêté.
IJCT DÉFINITION j en Logique , eft l'explication de la
nature d'une chofe , un difcours qui explique ce
qu'une chofe eft , ou qui détaille les attributs par
lefquels la nature d'une choie elt déterminée. Cea
principaux attributs font le genre & la diflérence.
Voye\ ces mots.
^fF On demande ordinairement trois chofes poun
qu'une définition foit bonne. i°. Qu'elle foit claire,
c'eft-à-dire , qu'elle donne une idée claire & dif-
tinéte de la chofe définie : z". qu'elle foit univer-
felle ou adéquate j c'eft-àdire, qu'elle convienne a
tout ce qui eft contenu dans l'efpece définie : ;".
qu'elle foit propre ou particulière à la chofe définie,
afin qu'elle ferve à faire diftinguer la chofe définie
d'avec toute autre.
|iCJ" Il y a deux fortes de définitions , l'une nomi-
nale ou de nom , qui explique le fens ou la fignifi-
cation propre d'un mot , l'autre de chofe, ddnt on
vient ds parler , qui détaille les principaux attributs
d'une chofe j pour en faire connoître la nature. Dc-
finitio nominis , definitio rei.
On ne peut avoir une idée diftinéte d'une chofe,
qu'en employant beaucoup de mots pour la défigner
&pour la définir. Mais, parce qu'il feroit importun
de répéter cette fuite de mots qui compofent une
définition, on a attaché à un feul mot l'idée qu'on
a conçue , & qui tient lieu de toutes les autres. C'eft
pourquoi toutes les fois qu'on fe fert du mot qu'on
a défini , il faut fubftiîuer mentalement la définiton
en la place du défini , & avoir ces deux chofes telle-
ment jointes &: inféparables dans la penfée, qu'aulli-
tôt que le difcours exprime l'une , l'efprir y attache
immédiatement l'autre. En fuppléant ainfi la défi-
nition entière aux termes courts , on abrège le dif-
cours, que de fréquentes circonlocutions pour expli-
quer chaque terme, rendroient ennuyeux. Port R.
La plupart des définitions d'Ariftote font défeétueu-
fes , & fi peu propres à faire comprendre la nature
des chofes , que le Chancelier Bacon avoir raifoii
de dire qu'elles font femblables à celle qu'on feroit
de l'homme en le définifTant un animal qui laboure,
la terre. Id. Les noms font en la bouche du peuple
des définitions abrégées , comme les définitions fonc
dans les écrits favans des noms expliqués. PÉiis-
SON.
IJCJ" DÉFINITION , en Mathématique. C'eft l'explica-
tion du fens d'un mot : comme quand on dit , qu'il
Erut entendre par cercle j une figure dont tous les
points à la circonférence font également éloignés da
centre.
i
fonds d'une queftion. T)ecretorius. L'E^^life a donné ^ Définition , en Rhétorique , mérite plutôt le
un jugement définitif i\xK cet article de Foi. | nom de Defcription que de Définition. Foye?^ Des-
D E F
«RiPTiOM. Cas déjuûtions oraroires fe font parl'c-
muncracion des parties d'une chofe ; par les eftets ;
par un aiiMS de diverles notions , pour donner une
idce plus iTiagnihque de 1.1 choie , ixc ^
|Cr Depiniiion , dani la Gramm^ure, lîgnihe , l'ex-
plication des idées que les honinips font convenus
de lier à certains mors , iJc que 1 ulage y a attachées.
Dcjiiûûo , univcrfii ni cxpLicido. Il faut bien diltin-
gusr la définition des mots , de la dijinltun des cho-
fcs. Celle des mots n'ell autre chofe que la décla-
ration de l'ufage, &: djs idées que les hommes y
ont appliquées. I'ort-R.
Definiiion. Terme de Capucin. C'eft le lieu où s'af-
femblent lesDéàniteurs pour les attauesde l'Ordre.
Confilium.
DEFINITIVEMENT. ad\'. En jugement définitif.
Cette affaire a été jugée ddfinitivemenc. Ulùmu œ-
gnitione.
DEFîNITOIRE. f m. Terme ufité dans plulîeurs Or-
dres Religieux. Ddfinicorium. Lieu où s'alfemblent
les principaux OlHciers d'un Chapitre Général ou
Provin.i.d. On a réglé cela au Definkoire. Il fignihe
auiîi l'aircmblée même de ces Officiers , des Déhni-
teurs. Cela dépend du Definitoiie. Quand un Reli-
gieux fe croit traité injuftement par fon Supérieur
immédiat , il s'adrelfe au D;finitoirc , il appelle au
Defi'iicoire.
DÉFLAGRATION, f. f. Terme de Chimie. Defl.igra-
t!0. C'eft 1 inllammation du mélange d'un fe! ou
d'un corps minéral avec un fulfureux , inflammation
qui fe fait dans le creufet pour purifier le fel ou le
régule d'un minéral, Harris. Opération par la-
quelle un corps ell: brûlé.
Ce mot vient du Latin Z?s/7j^rariti, inflammation,
embrafement, de deflagrare , brûler.
fO- DEFLEGMATION , ou DEPHLEGMATION.
f. f. (Ces deux manières d'écrire font également en
ufage. ) Action de féparer d'un liquide compofé , &
qui contient de l'eau , que les Chimiftes appellent
flegme, une partie de cette eau. ReéTiification par
laquelle on dégage les liqueurs , particulièrement
les elprits j de leur fîegme , en les diiHllant ou les
cohobant. Fiilegmatis purgat:o.
DEFLEGMER , ou DEPHLEGMER. v. a. Terme de
Chimie. Tirer le flegme d'un mixte , le dégager , le
purger de d partie flegmatique ou aqueule , en fé-
paret le fl.gmc. PhUgnia cxtraherc , ftparcin. J'ai
déflegmi l'acide de l'un , & j'ai tedifié le fel volatil
de l'autre. Homberg , Acad. des Se. ijoi. Mc'm.
P-2.li). Ttii défidgmé ces deux efprits, deforte que
l'un diir.'îvoit fort bien l'or , 6: l'autre diffolvoit fort
bien l'argent. Id. yîcad. des Se. 1700. Mem.p. 8 j.
DEFLEGME , oiiDÉPHLEGME, ée. ad). Terme de
Chimie. Purifié , dégagé de fon flegme , ou de fi
partie aqueufe. PhUgmare purgatus. Ce terme fe dit
pour exprimer qu'un efprit ell bien purihé , & bien
Icparc du flegme & de l'eau. Pour cet effet on le
tire, c'eif-à-dire , qu'on le diftille plulîeurs fois,
tz quand il eff bien dégagé de toute l'eau & de tout
le flegme , ou pour le moins aurant qu'il le peut
ctre , alors on dit que cet efpri: eft bien dtfiegme.
Harris.
ÇCT DEFLEURIR. v. n. Qui fe dit en parlant des ar-
bres qui perdent leurs fleurs. Il faut artendre que
les arbres foicnt dfieuris , pour juger li les fruits
font noués. Deflorefceie ., il elf auOi aélif, & fignitie
dans cette acception , faire tomber les fleurs des
arbres. Flores decutere. Le vent a défleuri tous les
abricotiers.
On le dit encore en parlant de certains fruits
dont on ôte la fleur, le velouté de la peau en les tou-
chant. Vous defliurijfc^ ces prunes en les maniant.
Dcflorarc.
DÉFLEURI , lE. part. Qui a perdu fes fleurs, dont les
fleurs font tombées. SpoUatus , nudacusfloribus. On
lève les lis pour ôter la grande abondance de peu-
ple , après qu'ils font défleuris, & aufli-tôt on les
remet en terre. Morin. Prune , pêche défieuric , qui
a perdu fon velouté.
DE F 171
Ip- DEFLEXION. f. f. Terme de Phyfique. Aftioit
par laquelle un corps fe détourne de fon chemin j
par l'aition d'une caufe étrangère , ou par le détour
même. Acad. Fr. Il vient du Latin defieciere , dé-
tourner. Deflcxio. Defiexion des rayons de lumière j
propriété qui conlifle en ce que les rayons de lu-
mière qui rafent un corps opaque , au heu de conti-
nuer leur chemin en ligne droite , fe détournent eii
le pliant , & fe plient d'autant plus qu'ils en font
plus proches. Newton du inflexion , d'autres dif-
fraction.
DEFLIS. adj. Vieux mot. Las.
DEFLOR.ATION. f f. Action par laquelle on ôte de for-
ce la virginité d'une tille. >Sr://'nrfzo. Lamortou le ma-
riage font l'alternative ordonnée par les Juges en cas
de défloration. Ce mor & les deux fui vans ne fe difenc
plus que dans le Ùyle grave, & principalement dans
les procédures de JulHce &c dans les informations^
DEFLORER, y. a. Enlever la virginité à une lillei
Viiiare , fiuprare. Un ravilTeur qui a défloré une fille
par force eil puni de mort par les Ordonnances.
Plulîeurs Anatomiftes faifoient de l'hymen la véri-
table preuve de la virginiré , perfuadés que , quand
on ne la trouve point , il falloit que la nlle eût été
déflorée. DiONis.
DÉFLORÉ , ÉE , part. Fille déflorée.
DEFLUER. V. n. Terme d'Aftrologie. Ce mot fe dit
d une planète légère qui a palTé l'alpeift ou la con-
jonction d'une autre plus pefante & plus tardive :
elle deflue alors , c'elVà dire", elle s'éloigne toujours
de plus en plus.
DÉFLUXION, n eft hors d'ufage. Foye^ FLUXION,
c'eft la même chofe. On trouve encore dans quel-
ques Auteurs le mot de défluxion. Après avoir prefcric
un régime de vivre , le premier but du Chirurgien
doit être d'arrêter la défluxion. Degori.
Ce mot vient de defluo j je coule , je découle, parca
que les humeurs coulent vers une partie, un endroit
où elles s'amalTenr.
DÉFONCEMENT. f. m. Adion par laquelle on ôte
les douves qui fervent de fond à un tonneau. Fundi
exemptio.
IP" DEFONCER, v. a. Terme de Tonnelier. Oter
le fond d'un tonneau , d'un baril , les douves qui lui
fervent de fond. Douojundum detrahere. On a dé-
foncé ce muid , cette futaille j pour y mettre de
nouvelles douves.
DÉFONCER , terme de Corroyeur , lignifie Fouler aux
pieds un cuir de vache , après qu'on l'a mouillé ,
pour en ôter les folfes. Terere , proterere. Défoncer
une vache.
Défoncer, renne d'Artificier , qui figniiie l'effet de
l'aclion du fer fur la compofition d un artifice , lorf-
que n'étant pas fufHfamment rerenue par un étran-
glement , ou du carton bien replié , elle eft chaflée
hors du cartouche , avant que d'être confommée.
|p° DtroNCER, en Jardinage, fignifie la même chofe
qu'eflondrer. Foyei ce mor.
fp° DÉFONCÉ, EE. parr. Futaille défoncée. Terrein
dé: oncé.
DEFORMER, v. a. Gâter , ou corrompre la forme
d'une chofe. Formam detrahere , deformare. Il ne fe
dit guère que dans ces phrafes ; déformer un cha-
peau, déformer Wi foulier.
DEf-ORMÈ , EE. part.
DEFORS. Vieux mor. Dehors.
DÉFOUETTER, v. a. Prononcez DÉFOI TER. Terme
de Relieur. C'eft ôter la ficelle qui a fervi à fouet-
ter le livre, c'eft à-dire, à le bien ferrer pour en
marquer proprement les nerfs. Funiculum dijfolvere.
Il faut defouectenous ces livres.
DEOURNÉR. v. a. Tirer du four. Le Boulanger n'a
pas encore défourné fon pain.
ïfT On ledit , en termes de Verrerie , des ou-
vrages qu'on tire du four , quand ils font affez cuitg-
ou affez froids.
DÉFOURNER. Terme de Billard, qui fignifie, faire
paffer fa bille dans la paffe par Fendroit oppofé i
celui de la fonnerte , lorfqu'elle étoit paffée aup*-
Yij
171 D E F
lavant par l'autre. H fa"t fe dcfourner pour buter.
Vous Êtes fournier , il t'auc y o\xs déjà umer. Il s'el^
déjourne.
DÉFOYS. f. m. Vieux mot. Défenfe. On a dit aufli
Défaije , qui a lignifie encore détendu.
DÉFRAI. 1. m. Payement de la dépenfe d'une maifon,
d'un équipage: Suppedhatio aùcnét, impenf&. Je ne
voudrois pas enrreprendre le dcjrai de cette mai-
fon , de cet équipage , pour mille francs tous les
mois.
gC? Ce mot n'eft plus en ufage j quoiqu'on ait
confervé déj rayer.
DEFRAYER, v. a. Payer la depenfe de quelqu'un.
Sumtus alïcui fuppeditare , fubmunfirare. Le Roi dî-
fraie trois jours les Ambalîadeurs étrangers dans
l'Hôtel des Ambalfadeurs extraordinaires. On donne
tant de gages à ce Précepteur , & outre cela on le
déjrale de tout.
§3° DÉFRAYER la compagnie fe dit figurément en
parlant de ceux qui amulent agréablement une com-
pagnie. Fejfivè ddcclarc. On le dit aulli de ceux qui
font rire la compagnie- Ridendi occajwnan pr&btrc.
Ecj dans un fens moins favorable , de ceux qui fer-
vent de rilée. Ce mauvais Poète a «/e/ràje la com-
pagnie pendant tout le repas. Dans ce fens il eft du
ftyle famdier.
Défraye , ee. part.
DÉFRICHEMENT, f m. Adion de défricher : ce qu'on
fait pour mettre en valeur une terre inculte. /^^r/
novatio. Le défrkhemhït de cette terre coûtera tant.
Travailler au déj richement. Le Canada abonde en
blé depuis le déjrkhement des terres.
Défrichement, fe dit dans nos Colonies de l'endroit
même que l'on défriche , ou que l'on a défriché.
■^ger novatus , iiovale. Il y avoir déjà là un beau
dcjricheme.nt , C[n\\ auroit bien augmenté.
DÉFRICHER, v. a. Mettre une terre en état d'être cul-
tivée. Agrum ante inculium colère , rudefolum arare.
Dans phideurs titres on trouve exemplare ,coiw\y\Q
fi l'on difoit minus plénum reddere. Rendre un lieu,
un champ , un terrein moins embaralfé qu'il n'étoit,
en abattant les bois , en arrachant les mauvaifes
herbes & les broudailles par des labours, pour le
cultiver enfuite. On donne à ceux qui veulent aller
faire de nouvelles habitations , autant de terres qu'ils
en peuvent déjricher.
%T Défricher , généralement parlant , fignifie met-
tre en valeur une terre vague ou qui eft en friche \
mais il lignifie particulièrement, arracher les bois
Dejorejlare. pour mettre la terre en une autre va-
leur , y femer du grain , planter de la vigne , &:c.
Duhamel.
Défricher, fe dit figurément des affaires, des fcien-
ces qui lont embrouillées , &: auxijuelles on donne
quelque éclaircilfement ^ que l'on débrouille &que
l'on rédige en en méthode. Expedire j excutere ^ex-
plicarej enucleare. Les Scaligers , les Cafaubons , les
Lipfes, les Erafmes , font ceux qui nous ont û'eyri-
ché les fciences dans le dernier fiècle. Il y a des ef-
prits d'une médiocre capacité , qui déj riche nt , qui
préparent & qui entament les affaires. Balz. Déjri-
clier^ une langue j commencer à la cultiver , à la
polir.
Défriché , ée. part.
DÉFRICHEUR, f m. Qui défriche. Arator inculu
terra. Il eff: jufte que les défricheurs des terres en aient
la propriété en recompenfe de leur travail.
DÉFRISER, v. a. Faire perdre la frifure à des cheveux.
Crifpatos capillos , calamijîratam comam decutere j
perturbare. Le brouillard défrife. Le grand, vent ,
l'agitation du corps défrifent les perfonnes les mieux
cocffees.
On dit auffi défrifer:^ pour dire , ôter les che-
veux de deflous les papillotes. Défrifcr une per-
ruque.
Défrisé, ée. part.
DÉFROC vieux f m.Défaftre, défordre. Calamitas ,
malum., perturhatio.
DÉFRONCER. v.a.ôter les T^\\s,.Rugjs explicare. On
D E F
(/(^/rowe des jupes , des hants-de-chauffes , desche-
mifes qui ont été froncées ou plilfées , en décou-
fant ce qui entretient les plis.
On dit hgurément dejronccr le fourcil , pour pren-
dre un aulerein , fe dérider le front, s'égayer. /-ro/2-
tem exhilarare. Les bons mots vinrent alfez tard à
la mode chez les Romains , où l'on ne dejroncoir.
pas 11 aifement le fourcil. De Vign. Marv.
DEFROQUE, f f Dépouille d'un Moine non refor-
mé , d'un Chevalier qui a fait des vœux. Les biens
meubles qu'un Moine ou un Bénéficier régulier
lailfent en mourant. Monachi vel equnis obligati votis
kereditas. L'Ordre de Malte hérite , profile de la
défroque des Chevaliers. La défroque des Moines ap-
partient à l'Abbé.
Défroque, feditau/îi en un fens plus étendu , mais
dans le ftyle familier leulement, de la fucceflion mo-
biliaire des autres perfonnes, lorfque quelqu'un en
profite fans que ce foit par-fucceiîion. Hereditas.
Le bien de ce criminel a été confifqué, un tel cour-
tifan a eu toute fa dejroque. A la mort d'un Prince
le Grand-Ecuyer a la dejroque Aq l'écurie ; le Grand-
Maître de la Garderobe celle des habits , &c. Il a
vaqué plufieurs Bénéfices par la mort de cet Abbé ,
c'elt un tel qui a entoure (■3. défroque.
DÈFROQUER. v. a. Oter le froc \ quand on y joint
le pronom perfonnel , il fignifie , quitter le froc ,
l'état monacal , pour palfer dans un autre état. Re-
Ugofum alicui amiclum detrahere , eripere \ aliquem re~
ligiofo hahitu exuere,fpoliare. Un Moine i^defroque^
lorfqu'il obtient difpenfe de fes vœux , qu'il les fait
déclarer nuls, quand il eft fait Evêque^ ou Cardi-
nal. Quand on fe défroque par libertinage, on eft
apoftat.
fCF On. dit populairement de ceux qui gagnenc
tout l'argent de quelqu'un au jeu, qu'ils l'ont dé-
Jroqué. Exfpoliare.
Défroqué, ée. part.
DÉFRUCTU. f m. Terme tiré du Latin , dont on s'eft
fervi en François , pour fignifier le fruit , la menue
dépenfe que fait celui qui prête fa table à ceux qui
font des parties pour quelques repas où chacun ap-
porte fon plat j comme bois , chandelle , linge ,
falades , deiferts , &;c. Il coîite fouvent d'avantage
à celui qui eft obligé à payer le dcjruclu , qu'à tous
les autres. Voye\ la Dilfertation d'un Chanoine
d'Auxerre fur l'origine de ce mot dans le Mercure
de IJ2.6. Celuiàqiii l'on annonçoit l'Antienne De
frucluventris tui, pendant l'Odave de Noci , croit
obligé de payer le fouper.
DÉFRUIT, f. m. Provifion , chofe deftinée à quelque
ufage. Il a acheté plufieurs arpens de bois , donc
il vendra la meilleure partie j & lereffe fera pour
fon défruit. C'eft un mot de Province.
DÉFRUITER. On a dit des arbres dans le vieux lan-
gage , fe déjruiter, pour dire , fe dépouiller de fes
fruits.
DEFTARDAR ou DEFTERDAR. f m. Tréforier des
Finances dans l'Empire Turc. Q«^7?o/- j Meninski
V i^^oWc fupremus Thefaurarius , Prxfes Camer£, 8c
après Cartel ., Qui libris accepti & expenfi prdsfl ,
ejufmodi codicum cuflos & minifer ; Quœjior , Grand
"Tréforier , Camerlingue , Intendant des Finances ;
c'eft-à-dire , que la charge de Deftardjr répond à
celle-ci. Le Deftardare^ cq\\.ù (\m tient les rôles,
&c les états de la milice & des finances chez les Per-
fans & cirez les Turcs ; c'eft une des plus grandes
charges de l'Etat, & qui a du rapporr à celle de
Surintendant ou Contrôleur Général des Finances
en France. D'Herb. C'eft le Dcjtardar qui reçoit
les revenus du Grand-Seigneur , qui paie les trou-
pes , & qui fournit toute la dépenfe néceffaire pour
les affaires publiques , & par là cette charge eft
différente de celle du Chaznadar , dont nous avons
parlé en fa place, & qui eft Tréforier du Sérail,
da la maifon du Prince j au lieu que le Dejtardar
eft Tréforier de l'Etat. Il y a un Deftardar dans cha-
que BeglietbegUc ou Gouvernement ,& il eft un des
D E F
principaux ConfeiHers du Beglierbey , ou Gouvev-
neur. /^o>e? Ricaucde l'Empire Ottoman.
Vigencre en parle aiilli dans fes Iliujlradons fur
l'Hi/i. de Ch^lcorJyle , &C il écrit Deplnerderi, &
non pas Deftardar. il dit qu'il n'y a que deux Dec-
vhterderi, l'un pour l'Europe, & l'autre pour l'Alie ,
^c qu'ils Ibnt Surinrenàans Généraux des Finances,
avant la charge défaire venir au Chaîna , ou épar-
gne tous les deniers , tant du Carazzi que des au
très impo(îtions& hiblides ; qu'ils oiu chacun qua-
ranteCommis fous eux , & ces Commis grand nom-
bre de Clercs , qui vont & viennent de côté &
d'autre pour le recouvrement des deniers ,& pour
s'informer des m.ilverfarions ; que le Detpherdcn
d'Europe a dix mille ccus d'état, & fous lui deux
Commis Généraux, l'un pour la Hongrie, Tran
filvanie , Valaquie , Croatie y Servie , Bulgarie ,
Bofme 3 & légions adjacentes \ l'autre pour la Grèce
la Morée & les lies circonvoi(înes. Leurs Clercs ,
ouSous-Commis ,ontcinq ou lix cens écus : quand
le Grand-Seigneur va commander {t% armées en
perfonne , il a coutume de lailfer ce Detpherderi
d'Europe à Conltantinople avec un des BalTas , pour
commander en fon abfence ; que le Detpherderi
d'Afie n'a que lîx mille écus de gages , & deux Com-
mis, qui en ont deux mille chacun , Tun pour l'A-
natolie, & l'autre pour la Syrie, l'Arabie &: l'E-
gypte i cjuils ont paredbmentplulieurs Sous-Com-
mis, ou Clercs appointés comme ceux de l'Europe^
que les -Dc'^t'/îer^m ont féance au Divan, & qu'ils
encrent chez le Prince avec les Cadilefchers , les
Eeglerbeys &; les Bâchas, lie autres principaux du
Confeil.
Ce mot eft compofè de nnan , defur _, nom Turc ,
qui lignihe livre , cahier , mémoire , regitre , li-
vre de compte où s'écrit la recette & la dcpenfe ;
& qui félon la conjecture très-vraifemblable de Mé-
ninski , eft originairement un nom Grec que les
Turcs ont pris des peuples qu'ils ont conquis .-car
ii'cpû'.pei fignihe peau , fur laquelle on écrivoit autre-
fois , parchemin. Le fécond mot dont DeJcerdareÛ
compofé , ell nxi , dar , nom Turc & Perfan , qui
fignihe capiens , tenens , delorte que dejterdar figni
fie celui qui tient le livre de la recette & de la dé-
penfe du Grand-Seigneur.
La charge de dejterdar s'appelle pSnXT insn Def-
terdariy k.
DEFTEKSMIJJ. f. m. Nom d'une charge de Finance
dans l'Empire Ottoman. Quitjlor. Vigenère qui en
parle dans fes lUu(lrations' fur L'Hïft.de Chalcondyle^
p. 109 , écrit Dephteremlm. Les Dephterenûm , qui
Ion: trois, l'un en Europe, l'autre en Anatolie j
& le iroilième en Syrie , Arabie & Egypte , font
prefque comme nos anciens Tréforiers de France ^
qui ont leur bureau en la chambre du tréfor , avec
la charge du domaine. Car ceux-là cannoillent de
tout ce qui dépend du Timar. ils ont fous eux au
tant de Commis qu'il y a de Sangiacats , & ces
Commis autant de Clercs qu'ils y a deSabalîis dans
leur Sangiacat , pour faire les rôles des Timariots
qui font de leur relforts. Les Z)<;^Arercww2 ont cha-
cun quatre mille écus de penfion ; leurs Commis
cinq cens dc leurs Clercs deux cens- Ils réfident tous
dans Icîs lieux de leur département. Les Dephtere
mim n'entrent point au Divan , ni chez le Prince.
Aulli ne viennent-ils guère à Conllantinople. f'^ige
nère , cite v. 109. & 110.
DEFULER. v. a. Oter fon chapeau. Caput apcrire. Dc-
fule-{-vous. Ce mot eft bis & populaire. Les pavfans
de Normandie & de Picardie s'en fervent ordinai-
rement.
M. du Cange le fait venir de difflhulare.
DÉFUNER. v. a. Terme de Marine. Oter le funin ,
ou les cordages & les mancEUvres des mâts & des
vailfeaux. Funes nauticos tolLere.
DÉFUNT, UNTu. adj. plus ordinairement fubftanrif.
Homme mort , décédé depuis quelque temps. Dc-
jur.cîus.On appelle le Roi défunt, le Roi dernier
prie Dieu pour les défunts , pour
more. L'EgUfe
DE G 173
les trépaiïïs. Dejunt mon père , défunt mon oncle
avoient cette bonne coutume; pour dire , feu mori
père , feu mon oncle. Il faut élire un tuteur aux en-
tans du déjunt. Les obfcques folennelles fe font pour
honorer les dcjuncs.
Enfn , la mort aux morts ne laiffh
De leur amour qu'un Jouvenir \
ùians que leur défunte teadreffe
Leurpu'tjje jamais revenir. WiXc de la Vigni.
Dans ces Vers ce mot eft employé dans un ftyle
naïf, (impie & badin : ailleurs on ne s'en ferviroic
pas bien dans un fens métaphorique. Les bourgeois
& le peuple difer.t la défunte , en parlant d'une tem-
me morte , mais il femble qu'ils ne le font que lorf-
que fa mort eft encore récente. Au Palais on s'en.
fert quelque temps qu'il y ait depuis la mort de
celui , ou de celle clont on parle.
^CT Ce terme eft plus du Palais que du beau
langage. Les gens du monde ne difent point qu'un
homme eft dejunt '^ pour dire qu'il eft mort. On die
teu mon père , plutôt que défunt. Le feu Roi, &ic.
pour la pauvre déjunte , le pauvre déjunt , c'eft une
cxpreilion tout-àfait populaire.
Ce mot vient du Latin dtem funcIus.Dv Cange,
D E G.
DÉG AERIE. f. f. Terme de Coutumes. Charge , office
de Dégan , exercice de la charge de Dégan.
5Cr DEGAGEMENT. Ce mot fe prend amfi que dé-
gager dans différentes acceptions, tant au propre
qu'au figuié. U exprime en général l'adtion de rendre
plus libre , plus aifé , de débarrafter ; l'état d'une
chofe dégagée , c'eft ainli qu'on dit le dégagement
de la tête, de la poitrine, l'aétion par laquelle la tête,
la poitrine eft rendue plus libre, éidébarralTce de ce
qui l'incommodoit. Le dégagement de la parole , en
parlant de l'aâiion par laquelle on fatisfait à une pa-
roledonnée, oul'on en rerire une dont l'accomplif-
lement ne dépend pas de nous.
ffT Dégagement eft quelquefois fynonymeà congé.
On travaille au dégagement de ce jeune homme
qui s'eft enrôlé. Dans ce fens le mot congé eft plus
d'ufage.
DÉGAGEMENT. Terme de Maître d'armes. C'eft une ac-
tion qui conhfte à dégager & débarralier fon épée
d'avec celle de fon ennemi , &c à l'avoir toujours
libre pour le percer. E.xpeditio , liberatio. Commen-
cer ces dégagcmcr.s.
DÉGAGEMENT, en temies de danfej eft l'aftion de
tirer avec grâce un pié placé & engagé par derrière
pour le faite palfer devant ou à côté.
jcr DÉGAGEMENT , en Architeclute , eft une iftiia
fecrèteSc dérobée qui fert à la commodité d'un lo-
gement. On appelle ainfi tout petit palfage ou cor-
ridor pratiqué derrière un appartement, p.ir lequel
on peut s'échapper , fans palier par l'entrée ordi-
naire , par les grandes pièces. Occultih trarftus. Un
efcalierde dégagement. C\r«/r^ycû/:e.
ce En général on appelle dégagemens en Archi-
tedure , non feulement les petits pairages , les ef-
caliers dérobés , & les pièces d'appartement où l'on
peut fe retirer, & par où l'on peut fe retirer , mais
aulli une difpolition de bâtiment & de fes par-
ties qui donnent plus de jour, plus d'efpace, plus
de vide.
§CF DÉGAGEMENT s'cft dit autrefois de l'adlion par
laquelle on prend des gages. Pignoris acccptio. Voy,
DEGAGER.
DÉGAGER. V. a. Retirer une chofe qu'on avoit mis
en ^,:i(iS. Redimere ^lihrare , repignerare. Quand un
pauvre Poète a mis en gage fon manteau , il a bien
de la peine à le dégager. Dégager fes pierreries, fa
vailTelle d'.irgent.
DÉGAGER. . fignifie aufii , libérer une terre, une fuc-
cedion qui croit chargée de dettes, d'hypothéqués.
Un bon Intendant doit avoir foin de dégager les
Î74 D E G
biens de la tnaifon de fon Maître. Par fou écono-
mie , il ell venu à bour de dégager fes terres.
fir On dit figurément dégager fa parole \ pour
dire , retirer une parole qu'on n'avoir donnée que
fous certaines conditions dont i'acconiplilfementn'a
pas dépendu de celui qui Pavoit donnée. OnditauHi
dégager fa parole , pour fatisfaire à fa parole. Je
vous avuis promis votre argenr : je viens d.gjgei
ma parole. Le voilà. Acad. 1-r, Liberarejidem Juum ,
exfolvere.
§C?On dit à peu-près dans le même fens dégage:
fa. promelTe , dégager fa foi.
fer On dit aulîi û'^^jo^f/ fon cœur, (q dégager,
fe retirer de l'engagement où l'on étoit avec une
femme. Il faut dégager fon cœur des intérêts du
monde. Etre dégage des préjugés , de la ciédulité
populaire. Epicure dégageait les voluptés des inquié
tudesqui les précèdent. Se du dégoût qui les luir.
S.EvR.
Dans une peine fi cruelle
Le plus sur ferait de changer ;
Mais tant qu'on vous verra fi telle ^
Le moyen defe dégager ? La Sabl.
DÉGAGER la rête, la poitrine, la rendre plus li-
bre , la dcbarralfer , la ibulager de ce qui Tincom-
mode.
Dégager j /l,ii;nifie aufîi. Retirer d'un lieu périlleux &
■ difficile, izxpedire , lïberare. Cet efc.idron étoit en
gagé au milieu des ennemis, on en a envoyé un au-
tre pour le foutenir &: le dégager. Ce cheval avoir le
pied dans une ornière dont il a eu peine à fe dégager.
Se dégager de la prelfe.
DîGAGERjS'eft ditautrefois comprendre gages. Pignus
accwe/e, aujerre. Quand ce mot étoit en ufage dans
le fens qui vient d'être expliqué , on écrivoit def-
gager.
Dégager , terme de Maître d'Armes. C'eft , Débar-
ralfer fon épée d'avec celle de fon ennemi , & l'avoir
toujours libre pour s'en fervir à fon gré. hxpedire _,
liberare. Dégager fon épée. Liancourt. Contre-de-
gager fe dit lorfque les deux parries dégagent , de-
lorte qu'après ce dégagement les deux épées fe trou-
vent engagées comme auparavant.
Dégager, ^n termes de Maître à danfer, c'eft féparer
avec grac; un pied ou une jambe de l'autre.
Dégager , fe dit aulîî en Arclntedure. C'eft , Oter la
confufion des ornemens dans la décoration : c'eft ,
Faciliter les dégagemens des appartemens , en leur
donnant une autre i (Tue que la principale , par des
corridors, par des efcaliers dérobés. !^des pervias
facere. Il faut avoir fointie dégager \qs c\\s.mhïQS ,
les appartemens , par des corridors , ou des efcaliers
dérobés.
Dégager , en termes de Marine , fe dit d'un vaiflTeau
gardé fur lequel on chafle j c'eft le délivrer des en-
nemis qui le pourfuivent, & le mettre en liberté de
faire fa route.
En parlant d'un habit qui fait bien paroître la taille
d'une perfonne pour qui il eft fair , on dit qu'il dégage
la taille. Ac Fr.
Dégager , en termes de guerre , fignifie retirer à prix
d'argenr un foldat qui s'eft enrôlée Les enfins liber-
tins font la fottife de s'ehrôler , & les pères font celle
de les dégager.
§Cr Dégager, terme de Metteur-en-œuvre. C'eft quand
une pierre a reçu fon premier ferti , c'eft à-dire ,
qu'elle a été ferrée au poinçon , former à l'échope
les griffes qui la doivent retenir , & dépouiller d'a-
lentour la matière fuperflue. Encyc.
Dégagé, ée. part. & adj. L'amour de Dieu doit être
fimple &: dégagé de tour motif de propre intérêt.
Expeditus yfolutus ,liheratus. Fenel. La raifon toute
feule, quelque dégagée qu'elle puifte être des pré-
jugés , ne fuffir pas pour juger du véritable fens de
l'Ecriture. Aurai-;e l'audace de prononcer hardiment
qu'il n'eft pas pofîible à celui qui peut tout & qui
fait tout, de multiplier d'une manière toute furna-
DEG
tutelle 3c toute divine la fubftance de N. S. libre &:
dégagée de fes qualités corporelles , avec lefquelles
il eft en un feul lieu , comme tous les autres corps ?
PÉLISSON.
|fCF Taille dégagée^ air dégagé , taille aifée, aie
aifé. Avoir des ans d-.gagcs , les avoir un peu trop
libres , trop tamiliers.
1^ Degré dégagé. Périt degré qui fert d'iftue fe-
crète à un appartement. Appartement bien degcgé ^
quand il y a plulieurs portes ou efcaliers par où l'on
peut iortir d^une chambre lans palier de l'une en
l'autre. Lxpeditus , commodus , pervïus. Des offices ,
des écuries dégagées , quand elles fonr dans une
balfecour , fans incommoder le maître. Cn du aulîi
qu'une rue eft dtgi gce , quand il n'y a plus l'embarras
auquel elle étoit fujète auparavant : qu'une maifon
de campagne eft bien dégagée , quand il n y a rien
qui lui ôte la vue.
DEGAINE, f. f. Vieux mot qui n'eft en ufage qu'en
cette phrafe proverbiale. Il s'y prend d'une belle
dégaine , pour dire de mauvaife grâce , d'une ma-
nière mauftade. Inepte , inconcinnè. Cette femme
n'eft elle pas d'une belle dégaine pour briller à la
Cour ? Voilà une femme d'une belle dégaine.
DEGAINER, v. a. Mettre une épée à la main , la tirer
du fourreau. Enfem difiringere. Il dégaina fon épée ,
& fe mit en défenfe. Il eft un peu butlefque en ce
fens. Il faut dire tirer l'épée.
1^ Dégainer, quoique aétif , s'emploie ordinaire-
ment fans régime , pour fe battre. Allons il faut dé-
gainer.
On dit figurément qu'un homme eft brave juf-
qu'au dégainer., pour dire que c'eft un homme qui
fair le brave , & qui ne l'eft pas dans l'occafion.
On le dit auflî de ceux qui ont promis merveilles
en quelque forte d'affaires que ce foit, & qui ne font
rien quand il faut agir. Il m'avoit promis de me fer-
vir , mais il n'en a rien fait , il a été brave jufqu'au
dégainer. Ce mot n'eft guère d'ufage que dans le ftyle
familier. Ac. Fr,
Dégainer, fe dit figurément en Morale de ceux qui
n'aimenr point à tirer de l'argenr de leur bourfe. Pecu-
niam erogare. Cet homme eft dur à la deiferre quand
il faut payer , il n'aime point à dégainer. Cela ne fe
dit qu'en riant.
Il fe dit encore , mais baftemenr , pour Tirer des
cirations de fa mémoire , produire des témoignages
d'Auteurs, des faits, &c. Je m'attendois bien qu'a-
près avoir dégainé tant de Grec & de Latin , tu vien-
drois à la fin à parler Hébreu. Mascur.
On dir proverbialement : Il ne trappe pas comme
il dégaine , pour dire que les effets ne répondent pas
aux menaces.
Dégainé , ee. part,
DEGAINEUR, f. m. Bretteur, ferrailleur , qui a tou-
jour la flamberge au vent, Levi de causa machinram.
educens.
Tous ces grands Dég^ineavs fonr gens que l'on évite.
DicT.CoM.
DÉGAN. f, m. Terme de Coutumes, Officier érabli
dans chaque paroilfe. Il eft parlé des Dégans dans
Quelques Coutumes,
DÉGANTER, v. a. Oter lesgans, Chirothecas eximere.
Se Déganter. Chirothecas ponere. Dégante^ moi. Telle
femme ne fe dégante que pour montrer un beau
bras.
Déganté , Ée, part,
DÉGARNIR. V. a, Orer ce qui garmiToit. Nudare jjpo-
liare. Dégarnir une maifon , une chambre, un lit,
des bas , une rapilTerie. On le dit de toutes Us chofes
qu'on n'avoif ajoutées que pour plus de perfeétioQ
&decommodiré.
On dit aufti , Se Dégarnir, pour dire, s'habiller
plus légèrement. Levioribus uti vefibus. Il ne faut
pas fe dégarnir trop tôt , on eft en danger de s'en-
rhumer.
DÉGARNIR, i fe dit auffi des places de guerre. Dégarnir
DEÔ
«ne place, c'eft-à-tlircj en ôter les foldats èc les nnu-
nicions. Urbem miare mdiûbus. Sur la mer , dcgar-
mr un vailTeau , c'eft en ôter les agrès. Dégarnir le
cabeftan , c'efl: en ôter ia tournevire & les barres.
fCF Dégarnir un arbre, en termes de Jardinage ,
c'ell retrancher les branches qui font de trop , qui [
de fluide. Glacid ac iiivisfoLuùo. Il y a à craindre fu'-
les ponts dans un grand degcl. Les rivières grollil-
fent dans le dcgel. Le vent ett au digei.
§Cr Les caufes générales du degcl font le retour
du loleil vers nous , les vents du jUd chauds & hu-
mides , &c.
viennent mal , ou qui nuifent à la hgure. Un dit ' DEGELER, v. a. Fondre la glace'i redonner le mouve-
aulîi qu'un arbre fe dégarnit , pour dite qu'il perd
fes branches , qu'elles périffent par quelqu'accidenc
que ce loit j &c qu'il n'en poulfe point de nouvelles.
Ramos amktere , non emitcere. Cet arbre fe dégarnie
entièrement par le bas. Ce pécher eft tout dégarni ,
c'ell-à-dire, qu'il n'a plus de branches pas le bas fur
lefquelles on puilFe faire une raille. Liger.
iCFOn dit,dans le même fens,que la tête fe dégar-
nit de cheveux. Nudari capUlis.
Se Dégarnir , fe dit aufli de quelqu'un qui a des eifets
ou de l'argent à un autre , qui lui doit d'ailleurs , &
qui ne veut pas s'en défailîr qu'il ne foit payé de ce
qui lui eltda.
Deg.arni, ie. part. pafT. & adj. Nudatus ^fpoliatus. Il
fe dit d'une place de guerre , dont on a otéles foldats
& les munitions. François I. voyant la Navarre dc-
garnie , voulue pioiîter de l'occaiion pour regagner
ce Royaume , dont Ferdinand avoir dépouillé Jean
id'Albiet , Se que Charles V. retenoit contre le traité
de Noyon. Bouh. ^''ie dt S. Ignace. L. I.
DÉGASCONNER. v. a. Ce mot ne fe dit qu'en badi-
nant , pour dire , Détaire quelqu'un de fes façons de
parler Gafconnes. Dedoccrc aliquem Vafconum h-
quendi morem. Malherbe fe \^antoit d'avoir dégafconne
la Cour. Il y a des gens qui nefe dégafœnnent jamais.
DEGAT. f m. Terme général qui délîgne patriculière-
inenr tous les maux que l'on peut caufer à l'ennemi
par la défolation de fes tetres &; par le ravage de fes
biens , pendant le cours de la guerre. Depopulatio j
vajlano. Les ennemis ont fait le dégât dé leur propre
frontière pour en empêclier l'entrée.
IKr Dégât, en Agriculture , fe dit des moindres ra-
vages, des dommages qui caufent de la perte. Le
bétail &C la fauve font de grands dégâts dans les jeu-
Ties tfcurgeons. Les fangliers font du dégât dans les
fémis. Les Picoreurs & les Ufagers font un grand
<^//if dans les forêts. La grêle a fait un grand dégâc
d.uir L>s vignes.
|KJ" DÉGÂT , fe dit encore d'une grande confommation
de denrées , de vivres , qui fe fait fans économie. On
fait dans cette maifon un grand dégut de bois , de
vin. Sumtus.
Ce mot vient de devaftatio. Nicot.
DÉGAUCHIR. V. a. Terme d'Artille. C'eft drelTer le
parement d'une pierre , applanir une pièce de bois ,
ou de métal , & ôter ce qu'il y a de trop en quelque
endroit pour l'unir, & la rendre droite ; faire qu'elle
ne foit plus gauche, irrégulière, ^^«a/e , complu-
Jiare , ex^qi/arc.
Dégauchir. Détourner , tourner vers un autre côté ,
changer ladireclion qu'unechofe avoir. Diflrahere ^
difpcllere. Si une jeune plante eft dégauchie de fa per-
pendiculaire par quelque caufe violente , elle fe re-
drelfe à l'extrémité , & reprend la perpendiculaire.
DoDART. Ac. des S. 1700. Mém.p. 48.
Dégauchi , ie. part.
DEGAUCHISSEMENT. f m. L'aélion de dégauchir ,
de détourner , de donner une aurre direétion. Dif-
tracli.t , converfio. Cette féconde direélion s'eft faite
par un dégauchijfement infenfible. Dodart. Ac. des
Se. 1700. Além. p. 54.
C'eft aufli 1 effet de cette adion, la fituation d'une
chofe dégauchie , détournée de fa première direc-
tion. Ce dégauchijfement a été caufé par le raccour-
ciirem?;it des hbres. Id./?. 55. Cette féconde direc-
tion ell hiite comme la première par un dégauchi ffe-
OTfi'ir infenfible de l'extrémité de la première crolfe.
Id./,^4.
1^ DEGEL, f m. Ce mot, dans l'ufage ordinaire ,
fignilîe l'adouàiremenr de l'air qui fait, fondre la
ment à un fluide que le troid avoir glacé. Glacieni ac
niveirifolvere j regciare. Quand on i'ixk dégeler le fruir.
gelé , il perd fon goût. Quelques uns font dégeler les
■ fruits dans l'eau froide , dans un lieu un peu chaud.
Il fefait une croûte de glace tout à l'entour , laquelle
étant ôtée j il fe trouve aufli bon & aulli iain qu'au-
paravant.
DÉGELER, eft audî neutre. Solvi , regelari. La rivière
dcgèU. La rivicre commence à dégeler. Il fe dit mê-
me fortfouvent dans rimperfonnel& abfolumenr. Il
dégelé , il commence à dégeler.
(fcJ" Il eftauiîi réciproque. La rivière com-.r.ence ï
fe dégeler. L'eau i<i gelc du centre a la circonférence,
& fe dégèle de la circonférence au centre.
On dit figurément qu'un \\omnMi (e dégèle , quand
il commence à parler, après avoir été long-remps
morne & taciturne par timidité. Exprellion popu-
laire.
DÉGELÉ , É£. part.
DEGENERATION. f. f. A£tion de dégénérer , dépé-
rillement. Nous voyons en lifanr les anciens Bota-
niftes , que beaucoup de plantes qu'Us nommoienc
par un cerrain nom , ne font poinr celles que nous
connoillons aujourd'hui fous le même nom ; ou fi
elles le font, elles ont fi fort changé p^ndégéneration
ou autremenr , qu'il eft prefque impollible de les
avouer pour les mêmes. Âlerc. d'Août 173 5. Ce mot
eft peu en ufige.
DEGENERER, v. n. Devenir moindre en valeur ,
en mérite. Se relâcher de la vertu , de la vigueur
de ceux qui nous ont précédés. Degenerare j
defleclere. Le monde dégénère , & va de mal en pis j
félon l'opinion commune. Les Romains ont bien
dégénéré de la vertu de leurs pères. Dégénérer de li
piété de fes ancêtres. Patru. On dit qu'un homme
dégénère , pour dire qu'il vaut moins qu'il ne valoir
autrefois.
IJCF DÉGÉNÉRER, fe dir,en agriculture & en jardinage,
des plantes qui ceiTehr de porter d'aulli bons fruits
qu'au commencement. \)\\ oignon de gci.eie , quand
il eft inférieur en beauté à la mère qui l'a produit.
Le bled dégénère , ou bife toujours : quoiqu'on ne
féme que du pur'fioment, il viendra toujours du
feigle parmi , & avec le remps ce ne fera plus que
du méteil. C'eft pour cela que les Laboureurs renou-
vellent de temps en temps leurs femences , &: vont
en chercher dans les endroits voifins.
ffT On dit dans le même iens des animaux, qu'ils
dégénèrent , pour dire qu'ils ne font pins de la même
beauté , qu'ils n'ont plus les mêmes qualités que
ceux dont ils viennent.
DÉGÉNÉRER , fe dit tigurément deschofes fpirituelles ,
ÎV de tout ce qui fe tourne ou fe change de bien en
mal. Le ftyli pompeux ^c°^<;/'cr<rfouvent en galima-
tias. Le gouvernemenrd'un feul a quelquefois dégé-
néré en tyrannie. Cette fièvre quarte pourra enfin dé-
générer en continue.
DEGGIAL. /^oy. Daggial, Deghin ou DEGHiM,Royau-
me d'Afrique dans la Nubie , qui confine aux Provin-
ces feptentrionales de l'AbilIlnie ; il eft peu connu.
DEGINGANDE , ée. adj. Ce mor au propre fignifie
à demi-rompu , briféou dilloqué. Il fe ditordinai-
remenr des machines auromares qui ont quelque
chofe de détraqué. La plupart des fameufes hor-
loges qui marquoient tant de mouvemens difté-
rens font aujourd'hui dégingandées , comme celle
de Strasbourg , dont le coq ne chante plus. Il y a
iine machine ^'Arfenal de Venife , avec laquelle
on allume cinq cens mèches à la fois .• machine
un peu dégingandée. MissoN.
glace , la neige. Il fignifie aufti la fonte de la glace Dégingandé , ée. adj. Terme burlefque , dont on f»
^uij par la chaleur de l'air, reprend fon premier état , fert pour fe mocquer d'une perfonne qui n'a pas \xâç
i^G DEG
démarche, une conrenancc ferme &: affurce. In-
compo/nus , incondnnus.
Dégingandé au figuré. Madame de Sévigné ccrivanr au
comte de Bulli , emploie ce mot non-feulement en
parlant des perfonnes , mais aufli des choies. Je vous
écrirai quand vous m'écrirez, ou quand la fantaihe
m'en prendra. Je penfe qu'il ne faut rien de plus ré-
glé à des conduites auiïï dégingandées que les nôtres.
Ce mot n'eft que du ftyle familier dans toutes fes ac-
ceptions.
DEGLAVIER. v. a. Vieux mot. Faire mourir par* le
glaive. Il a fignifié aiilîi tirer une épée hors du four-
reau.
DÉGLUER. V. a. Il fe dit au propre des oifeaux qu'on
débarralTe de la glu. Avkulam vifci taclu l'igatam ex-
pedire. On dit aulîi fe déglucr les yeux , les laver ,
pour ôter la chadie qui coUoit les paupières. Palpe-
bras deglutinare.
DÉGLUTITEUR. f. m. Terme d'Anatomie. Ceft le
nom d'un muicle de l'cftomac , ou plutôt du pha-
rynx , qui le relferre comme un anneait , pour
pouffer en bas les alimens. Ce mot vient à^degluare,
avaler. Quelques Anatomiftes donnent à ce mufcle
le nom d'crfophagien.
DÉGLUTITION. 1. f. Terme de Médecine , qui fe dit
de l'acfion par laquelle on avale les alimens. Adion
par laquelle les alimens mâchés , hachés & broyés
par les dents , humeélés & pénétrés par les différens
fucs falivnires , & ceux qui font naturellement li-
quides , font portés de la bouche dans l'œfophage j
font avalés & portés dans l'eftomac. Foye^ tous ces
mots. Deglut'uio. Elle fe fut premièrement par le
moyen de la langue qui poulie les alimens dans l'œ-
fophage, & enfuite par la contradion du fphinder
& des fibres charnues de ce même œfophage , qui
les fait defcendre dans l'eftomac. La déglutition eft
empêchée , lorfqu'on ne peut avaler qu'avec peine ,
ou qu'on ne peut avaler certaines choies, quoiqu'on
avale bien les autres.
Ce mot vient du Latin deglutire , avaler.
|P" DÉGOBILLER. v. a. Terme populaire & bas, qui
lîgnifie , Vomir les alimens folides ou liquides que
l'on a pris avec excès.' Vomcre. Il a dégobillé fon
dîner.
DÉsoBiLLÉ, ÉE , part.
DZGOBILLIS. f m. Alimens dégobillés. Eruclati àbi.
Il eft bas.
^fT DEGOISER. V. a. En parlant du chant des oi-
feaux , fynonyme de chanter , gafouiller. Garrire.
Au propre on ne le dit plus.
. Ip* Au figuré , dans le ftyle familier ou burlef-
que , on le dit de ceux qui parlent trop ou mal-à-
propos. Garrire quodlibet, ejjutire quidquid in buccam
venu. Cette femme a degoijé tout ce qu'elle fa-
voit.
■ §^ Il eft aulfi neutre. On dit qu'un prifonnier a
dégoifé , qu'on l'a fait dégoifer , pour dire qu'il a
avoué des chofes qu'il étoit de fon intérêt de cacher.
§Cr Femme qui aime à dégoifer y qui aime trop
à parler. Garrulofa.
rr DÉGORGEMENT, f m. Épanchement , débor-
dement des eaux & des immondices retenues. Effu-
Jio. Le dégorgement des égoûts de la ville de Paris.
Le dégorgement d'un évier , d'une gourtière.
#3° On le dit de même en parlant de l'épanche-
ment , du débordement des humeurs du corps hu-
main. Il lui eft furvenu un dégorgement de bile.
Effufio bilis ,fuffuJlo.
DÉGORGEMENT , Terme de Teinture & de ManufadVure,
fe dit des étoffes. Exprejfio. Les moulins à Foulon
fervent au dégorgement des draps pour en ôter les
grailfes & le fuperflu de la laine. Foyei Dégor-
ger.
DÉGORGEOIR, f m. Terme d'Artillerie. Ceft un
gros fil de fer ou poinçon d'envifon huit pouces de
long , dont les Canonniers fe fervent fur mer pour
percer ou crever la gargoulfe. On appelle aulli dé-
gorgeoir , un petit fer ou fil d'archal dont ou fe ferc
DEG
pour ou'frir & dégorger la lumière du canon , iorf-
qu'il s'y eft amallc de l'ordure.
§3" DÎGORGEoiR , en Serrurerie , efpece de cifeaa
à chaud dont le Forgeron fe fert , ou pour enlever ,
des pièces qu'il forge , des parties qu'il ne peut dé-
tacher avec le marteau , ou pour leur donner des
formes qu'elles ne peuvent recevoir que d'un inftru-
ment tranclianc.
DEGORGER, v. a. Oter les ordures , ou le fable qui.
empêche de palfer des eaux , des humeurs dans des
tuyaux, des conduits, des paifages. Expurgare ,
purgare. On a fait jouer toutes les eaux de Vèrfail-
les pour dégorger les tuyaux. Dégorger un égoût , un
évier.
^fj" DÉGORGER , eft quelquefois neutre , &: fouvent
réciproque , & fe dit dans le même iens que fe ré-
pandre , s'épancher , en parlant des eaux contenues
par des digues , & des liqueurs contenues dans des
vaifteaux. Effundere fe. Si cet égoût vient à dégor-
ger , tout le quartier fera infedé de l'odeur. Quand
les pluies, les ravines font dégorger an étang, quand
un étang fe dégorge , il inonde les endroits basa
Quand la bile fe dégorge, elle fait de grands rava-
ges dans le corps.
DÉGORGER , fe dit aufiî des eaux qui tombent dans
d'autres eaux. I-_ffunderefe j exonerare/e. La rivièra
de Marne fe dégorge dans la Seine. Le Volga Sc
plufieurs autres grandes rivières fe dégorgent dans
la mer Cafpie. Dégorger, en ce fens, n'eft pas li
ufité que décharger.
DÉGORGER j en Chirurgie , f gnifie faire fortir du pus ,
quelque matière d'une plaie , d'un abfcès. Quoi-
que après l'ouverture du panaris, il n'en forte quel-
quefois que de la férofité du fang , cela ne laiffe pas
que de foulager la malade , en dégorgeant la partie,
DiONis. On dit aufli à l'égard des chevaux qui ont
les jambes gorgées , qu'il les faut promener peut
les dégorger.
DÉGORGER , terme de Pêche, fe dit du pollfon, quand
on le met dans une eau claire & courante pvur lui
faire perdre le goût de marée ou la fenteu'^ de la
bourbe. Le poiffon d'étang eft meilleur , quand oii
l'a laiffé dégorger quelque temps dans les boutiques
cjuî font fur les rivières. Les faumons le dégorgent
en remontant dans les rivières.
DÉGORGER, en termes de Teinturier , fignifié j Lavef
dans la rivière , des laines, foies & étoffes qu'on fait
cuire avec du favon blanc , ou autre graiffe , ou
tremper dans l'alun , pour en faire lortir ce qu'il y
a de fuperflu. Purgare , expurgare.
DÉGORGER , en termes de Corroyeurs , c'eft à pett
près la même chofe que Drayer , ou écharner ; à la
réferve qu'il ne fe dit que des têtes de cuirs de
veaux.
|Cr DÉGORGER les cuirs. Terme de Tanneur. C'eft les
faire tremper dans la rivière , pour ôter le fang ic
les autres immondices , & les difpofer à être tannés.
DÉGORGER. Terme de Marechalleric. On dir , Dégor-
ger un cheval, pour dire, lui faire difliper une en-
flure en le promenant.
On dit aufli chez les Menuifiers , Dégorger la lu-
mière d'un rabot , quand elle eft gorgée de co-
peaux.
Dégorgée , ÉE , part. Il a les fignifications de fon verb©
en Latin comme en François.
DÉGOTTER. v. a. Déplacer. Ce mot ne fe dit qu'en
badinant. Les cattes modernes ne s'accordent poinc
avec les anciennes , & elles différent même entre el-
les , enforte qu'on dégotte mille fois Paris. C'eft
ainfi que s'exprime une Demoifelle , qui a pourtant
beaucoup d'efprit. Obf. fur les Ecrits mod. T. zi,
p. ïi6.
DÉGOURDELLI. adj. Mot du vieux langage , qui fe
trouve dans la fignification d'habile.
DÉGOURDIR. V. a. Oter l'engourdiflèment qui a été
caufé par un grand froid , redonner du mouvement,
de la chaleur à ce qui étoit engourdi. Torporem dif-
cutere. Il faut fe chauffer les mains pour les dégour-
dir, ou défengourdlr peu-à-peu. Mes mains commen-
»ent
DEG
«cnt un peu à fe dégourdir. On dit auiîî , Ùégourdir
les jambes, quand on commence à les exercer, après
avoir été en'^ourdies. Ce cheval n'ell pas encore dé-
gourdi , quand il aura fait une lieue , il ira mieux le
rram- On dit aulîi , faue dégourdir de l'eau , fane
chauffer un peu l'eau , pour lui ôter ia grande froi-
deur. Dans ce fens di:gjurdir eii neutre. On dit auIîl
qu'une viande ell à peine dégourdie , pour dire qu'il
y a trop peu de temps qu'elle eft^u teu pour être
cuite, & qu'à peine elle eft échauffée, f-^ix primu/n
calortm experta.
fer DÉGOURDIR fe dit auflî activement dans un lens
figuré , mais dans le ftyle familier feulement , pour
façonner quelqu'un pour le commerce du monde,
le rendre propre à quelque chofe. C.iudorein Se cuL-
iidiorem reddtre. Rien n'eil; plus capable de dégour-
dir un jeune homme que la fréquentation des bon-
nes compagnies.
fer On dit, dans le même fehs, (e dégourdir. Ce
jeune homme commence à fe dégourdir.
Dégourdi , ie , part. On dit fubilantivement , c'efi
un dégourdi , un homme à qui on n'en fait point ac-
croire. Ciiutus , vajer , amincis, naris.
DEGOURDISSEMENT. f. m. Adion par laquelle le^
membres engourdis fe dégourdilfent & fe rérablif
fent en leur premier état. Torporis difcujjïo. Le dé-
gourdillenient fe fait fentirparun picetement dans
les nerfs.
DEGOUT. C m. Défaut d'appétit, fe dit, en Médecine,
des alimens que l'on a de la répugnance à prendre.
Faftidiuni j cibifadeus. Il y a des gens qui ont du
dégoût pour le vin » pour le fucre , &c. La maladie
idonne du dégoût pour les meilleures viandes.
Le dégoûc efl: une maladie de l'eftomac, c'eft , di
fent les Médecins , un des principaux fymptomes
du ventricule. Le dégoût procède du défaut de fen-
fation dans l'orifice fupérieur du ventricule : ce dé-
faut eft caufé par la trop grande abondance d'ali-
mens , par des humeurs cralles & lentes qui foni
dans le ventricule, par les alimens gras & vilqueux,
par l'intempérie chaude ou froide , par l'obftrudhori
des veines laélées , par la fupprellion des évacua-
tions ordinaires , par l'intermiilion d'un exercice ac
courumé , pari? vice des neifs dont la faculté efl
abolie ou fufpendue , comme dans l'apoplexie , la
létargie , &c. Selon Sylvius , par une falive trop
gratfe &: trop vifqueufe , ou par une bile trop gralîe
qui remonte des inrel^ins grcles dans le ventricule.
Le^c'ff.wf a encore d'autres caufes qu'on appelle non
jiaturelles , qui font la trop grande chaleur de l'air,
l'excès dans le dormir , le repos & l'oillveté , les
grands chagrins, le cours de ventre. Toutes ces cau-
fes, quand elles font légères, afFoibllifent feulement
l'appétit , & caufent un léger dégoût. Solterfoth rap-
porte à ce propos qu'un enfant étant malade d'un
grand dégoût , &c vomilTant tout ce qu'on lui faifoit
prendre , remèdes Se alimens , il ordonna qu'on lui
donnât tout ce qu'il demanderoit \ l'enfant .en vit
par hafard un autre qui mangeoit des poires toutes
vertes encore , il en demanda , on lui en donna une ,
il la mangea avec beaucoup d'appétit , dès le mo-
ment fes vomilTemens celfcrent, peu à peu l'appétit
lui revint , 5c il guérit.
IJO" DÉGOÛT fe dit dans un fens figuré de l'averfion
qu'on prend pour les chofes ou pour les perfonnes.
■^balienatio, alienatio ,fajlidium. Témoigner du dé-
goût ■^omx une pcrfonne. Rac. Il a un grand dégoût
pour toutes les fciences vaines & conjecturales. Un
Chrétien a un grand dégoût pour toutes les vanités
du ficelé. Cet enfant a du dégoût pour l'étude. Aver-
fari.
^tr DÉGOÛT fe prend auflî dans le fens figuré, comme
fynonyme de chagrin, déplaifir. Ceux qui n'aiment
point à flatter , trouvent de grands dégoùrs à la Cour.
Les voluptés ne font pas exemptes de dép^oût. Satie-
tas volaptatibus non dceft. Epicure dégageoit les vo-
luptés des inquiétudes qui les précèdent , & du dc-
goût qui les fuit. S. Evr. C'eft une des miféricordes
de Dieu, de femer des amertumes & dsi, dégoûts
Tome III,
D £ G 177
parmi les douceurs trompeufes du mondes Nicol.
Les François ne lauroient recevoir un maître fans
chagrin , ni demeurer les leurs lans digjuc. S. Evr.
DEGOUTANT, ANTE.adj. Qui donne ou caufe du
dégoût , de i'avetdon , du déplailir. fajtidiojûs. Il
le dit tant au propre qu'au figuré , des Viandes , des
peribnnes , & des autres choies. La laideur ell: fort
dcgoûtante. La fileté elt dégoûtante. Cela va plus au
corps qu'à l'efprir : on dit qu'un homme eft dégoû-
tant, quand il cil mal propre. Bouh. Or. ne laifis
pas de 1 employer au hguré. Il y a des gens d^-goû-
tans av'.c du mérite , 6c d'autres qui plaifenr avec
des délauts. Rociief. Il arrive bren des choies dé-
goûtantes dans le monde. Acad. Fran.
JJO' DÉGOWTER. V. a. Oter l'appétit , faire perdre
le goût. Fajiidium Ô Jatietatem.afjerreifcrearc , iK-ircre,
On degofite les gens en leur donnant trop à manger.
Trop d'avoine ùtgoute un cheval.
0CJ" Dégoûter , fe dit figurément, pour Donner de
l'éloignement pour une choie ou pour une peiionne,
faire qu'on celle de la trouver à ion gré. iajiidium ,
fatietatem aij'erre j creare. Ce jeune homme avoir
quelque goût pour les Lettres; mais^ à force de lui
en parler , on l'en a dégoûte. Ce Novice avoir d'a-
bord beaucoup de zèle pour la Religion \ mais les
trop grandes aulrérités l'en ont dégoûte. La Con>étuô
ne fert qu'à rendre le vice aimable , & à dégoûter
de la vertUi S. Evr. Le peu d'utilité qu'on tire de la
vertu dans le monde , dégoûte des fatigues où elle
expofe. Bail. La vie fatigante des Courti fans , &: les
rebuts qu'ils foufïrent , ne les dégoûtent point de la
Cour. M. Esi'.
|C? Il eft auOi réciproque. Se dégoûter , prendre
du dégoût , de l'averhon , celferde trouver une thofg
à fon gré. Aiicujus reij'ctftidio ^futictate affici. Il s'efl
dégoûté de fon métier, de fon cn'pkii , de la vie
champêtre, de fa femme. Puisqu'on le dégoûte quel-
quefois de foi-mcme , il eft encore plus aifé de fe
dégoûter des autres. S. Evr.
ify DÉGOÛTÉ , ÉE, parc. & adj. Il ne faut pas être dé-
goûté, fous prétexte d'être dclicat. Aiicujus reijcjli-
dio acfatietate ajjeclus. Menag. Il fe prend quelque-
fois fubftantivement. Il y a des gens d'une tiélica-
telîe afteélée , qui prétendent fe mettre audeflus
des autres , en faifant les difficiles & les dégoûtés.
Bell.
'fJ" On dit en proverbe, & par contre-vérité ,
eft un bon dégoité , c'eft -à- due, un homme de
bonne humeur , de bon appétit, qui aime la bonne
chère.
(Cr DEGOUTTANT, ante. Qui dégoutte. StiL'ans.
Il eft tout dégouttant de pluie, de fueur. Ce linge eft:
encore tout dégouttant d'eau.
tfJ' DEGOUTTER, v. n. Couler goutte à goutte. Stil-
lare j dijlillare 3 defiillare. L'eau dégoutte dans les
caves , dans les cavetnes. Si le fang eût dégoutté ^zv
dehors, c'eûr été un mauvais augure. Vaug.
CCJ" On le dit auffi des chofes par où dégoutte
quelque liquide. Les toits dégouttent long -temps
après qu'il a plu. Le fronr lui dégoutte de fueur.
IjCr On dit proverbialement & figurément , s'il
pleut fur lui , il dégouttera fur moi ; s'il lui arrive
du bien ou du mal , j'en aurai ma part. Quand il
pleut fur le Curé , il dégoutte fur le Vicaire.
On dit aulfi par la même raifon , qu'à la Cour ,
& auprès des Grands , s'il n'y pleut , il y dégoutte ,
pour dire, que ii l'on n'y a pas toujours de grandes
fortunes , on en tire du moins quelque grâce, quel-
que avantage.
Dégoutter, fe dit auffi d'un homme qui eft C\ plein
d'une chofe , qu'elle en fort de tous côtés. AUquid
manare j diffluere aliquâ re j manare. Ainfi la Bruyère
a dit en parlant de certaines gens enivrés de la fa-
vcuf des Grands , que, quand on les prefte , ils dé-
^oarr^wr l'orgueil , l'arrogance, la préfomprion. Dé-
goutter q^ là aÛif.
DÉGRADATION, f f. Deftitution ignominieufed'un
Ordre, d'une qualité, d'une dignité ou degré d'hon-
neur , dans le cas d'une condamnation, Aiicujus
ï7
DEG
honàris de gradu dejeclio j dcpuljlo. La dégradation
d'un Prêtre , d'an Gentilhomme , d'un Otticier , fe
fait avec plufieius cérémonies. Celle qu'on faifoit
autrefois pour la dcgradation de Noblelle eft cu-
rieufe j & mérite d'êrre ici rapportée après Géliot
& la Colombiere. Elle lut pratiquée du temps de
François I. contre le Capuaine Frauget , qui avoit
rendu lâchement Fontarabie. On allcmbloit vingt
ou trente Chevahers fans reproche , devant lefquels
le Gentilhomme étoit acculé de trahifon , & de foi
mentie , par un Roi , ou un Héraut d'armes. On
drefloit deux échatfauts ; l'un pour les Juges affirtés
des Rois , Hérauts & Pouifuivans d'armes ; l'autre
pour le Chevalier condamne , qui éipit armé de
toutes pièces , & fon écu planté fur un pieu devant
lui , renverfé &. la pointe en haut. A côté alHltoient
douze Prêtres en furplis , qui chantoient les vigiles
des morts. A la fin de chaque Pfeaume ils faifoient
une paufe , pendant laquelle les Officiers d'armes
dépouilloient le condamné de quelques pièces de
fes armes , en commençant par le heaume, juf-iu'a
ce qu'ils l'euflent dépouillé tout-à fait , & puis ils
brifoient l'écu en trois pièces avec un marteau. En-
fuite le Roi d'armes renverfoit un baflin plein d'eau
chaude fur la tète du condamné. Après les Juges
prenoient des habits de deuil , & s'en alloient à 1 E-
glife. Le dégradé étoit defcendu de l'échaftaut avec
une corde attachée fous fes aiflelles , & mis fur une
civière &c couvert d'un drap mortuaire j &c les Prê-
tres chantoient encore à l'Eglife quelques prières
pour les trépalfés; & puis on lelivtoit aujuge Royal,
&c à l'Exécuteur de la Haute-Jullice. Pour les Ecclé-
fiaftiques , on n'attend plus les formalités de la dé
gradation pour les exécuter à mort, à caufe des difti-
tultés , & des retardemens qu'on y apportoit. D'ail-
leurs , la dégradation n'efface pas le caraétère. Du
Bois. Boniface avoir décidé qu'il falloit fix Evêques
pour dégrader un Prêtre \ mais la difficulté d'affèm-
bler tant d'Evêques rendoit la punition des crimes
prefque impoflible.
On trouve à Gonftantinople au VIIF. fiècle une
exem,ple de dégradation avant la comdamnation à
la mort. C'eft dans la perfonnedu Patriarche Conf-
tantin j que Conftantin Copronyme fit mourir. On
le fit monter fur l'ambon. Le Patriarche Nicétas
envoya des Evêques pour luiôter le Pallium &; T-ina-
thêmatifa \ puis on le fit fortir de l'Eglife à reculons.
Quand Crammer j Archevêque de Cantorberi , fut
dégradé pour fes crimes & fon apoftafie , on le re-
vciit d'habits Pontificaux faits de cannevas feule-
ment. On lui mit la mitre en tête , & la croix
à la main \ en cet équipage on le montra aupeuplej
puis on l'en dépouilla pièce par pièce.
Il femble que la dégradation ne diffère de la dé-
pofition que par quelques cérémonies infamantes
que la coutume y a ajoutées : c'eft pour cela que
dans l'affaire d'Arnoul Archevêque de Reims , jugé
au Concile d'Orléans en 991. les Evêques, délibé-
rèrent quelle forme on devoit fuivred.msfa dépo-
fition , celle des Canons, c'eft-à-dire, celle la fim-
ple dépofition , ou celle de la coutume, c'eft-à-
dire, celle de la dégradation ; & on déclara qu'il
tendroit l'anneau, le bâton paftoral ^ le Pallium ,
mais qu'on ne lui déchireroit point fes habits. Les
Canons ne prefcrivent rien autre chofeque la lec-
ture de la fentence. Il paroît donc que ce que la
coutume avoit ajouté , étoit le dépouillement des
ornemens & le déchirement des habits Pontificaux ,
ce que l on a appelé dégradation
Les Canonlftes diftinguent la dégradation en ver-
bale & en aduelle. Là dégradation verbale n'eft autre
chofe que la dépofition, & fe fait par une fentence
de l'Evêque, ou de fon Vicaire-Général , fans def-
fein pourtant d'en venir à la dégradation aétuelle.
La dégradation aQ.\ie\\e fe fxh auffî par une fembla-
ble fentence , en conféquence de laquelle le coupa-
ble eft publiquement dépouillé des habits propres ,
Se de routes les marques de fon Ordre, & on lui
rafe la tête» Cela fe doit faire par fon Evcque , en
DEC
préfence de cinq autres Evêques , fi le coupable
eft Prêtre, ôc de deux feulemenijs'il n'eft que Diacre.
Comme il étoit difficile d'alfembler tant de Prélats,
la dégradation aétuelle a celfé en France depuis
la fin du XVI' fiècle. Cependant, afin d'en faciliter
l'exécution, le Concile de Trente a réglé que des
Abbés crolfés & mitres pourroient fuppléer au dé-
faut des Evêques ; Se des Eccléliaihques dodes &
conftitués enHignité, au défaut des Abbés. La dô-
polition Se la dégradation différent de la ("ufpenfe ,
en ce qu'elles privent abfolument un Clerc de tout
titre , de toute dignité , ce que ne fait pas la fuf-
penfe , qui lailfe un Prêtre , un Bénéficier , dans
le rang Se les honneurs de Prêtre Se de Bénéficit-r.
0Cr Dégradation dune dignité, eft celle qui prive un
Officier des maïques d'honneui de fa charge.
§3° Quand un Officier de la Cour s'eft montre
indigne de fon caradlère , la Coui le condanme à
paroître revêtu de fa robe de cérémonie , pour êtr»
publiquement lacérée fur lui pat les Hmfliers.
^fT Un Officier d'armée qui a mériié une telle
peine , eft , à la revue , chalfé de fon pofte. On lui
ôie d'abord fon épée , & enfuite on lui donne l'ex-
puUion avec ignominie.
DÉGRADATION j en termes de Palais, eft le dommage,
la détérioration qu'on fait dans des tetits, Jes bois,
des bâtimens , foit en les abattant , fou en négli-
geant de les réparer , ou de les cultiver. On nomme
des Experts pour vifiter Se eftimer des dégradations.
Dégradation, en termes de Peinture, fignifie l'af-
foiblilfement par degrés de la lumière Se des cou-
leurs d'un tableau. La djgradation des couleurs eft
néceffàire dans les perpeétives Se dans les lointains.
Un bon Peintre doit bien entendre la dégradation
des couleurs , pour approcher ou éloigner fes fi-
gures. Les dégradations des lumières Se des ombres
doivent être infenfibles.
DÉGRADER, v. a. Priver , deftituer quelqu'un avec
de certaines formalités , d'une charge, d'une digni-
té j d'un rang d'honneur qu'il poffedoit. C'eft l'idée
propre exprimée par ce mot : mais , dans Tufage or-
dinaire, on le prend quelquefois dans un fens plus
doux , comme le verra par les exemples. ALiqucm
de gradu dejicere j depellere. Un Gouverneur qui
rend lâchement fa place eft dégradé de Noblelfe.
Si les ufuipateurs étoient punis dans l'empire des
Lettres j il y auroit bien des gens dégradés du bel
efprit. BouH. Une trop grande familiarité dégrade
d'un certain air de dignité que donnent la retraite
Se le ferieux. Bell. Les Grands fe dégradent àe leur
autorité quand ils en abufent. S. Evr. Perfonne n'a
mieux pratiqué que vous cet art obligeant qui fait
qu'on fe rabailfe lans fe dégrader , & qui accorde
heureufement la liberté avec le refpeét. Boss. C'eft
dans l'Hiftoire que les Rois dégrades par les mains
de la mort viennent fubir fans fuite le jugement de
tous les iiècles. Id. Infidèle à fon auteur , cruel à
foi-même , le Chrétien s'attache à des biens périf-
fables qui \e dégradent , qui l'aviliffent. Ror.
DÉGRADER des atmes un foldat criminel. Cette cou-
tume s'obferve encore dans quelques régimens ;
mais il y en a beaucoup où on ne la pratique pas.
Voici comme cela s'exécute : Le Sergenr arme de
pié en cap le foldat qui doit êtte dégradé , obCer-
vantde tenir de la main droite la crolfe du fufil.
A l'iniLant il lui dit ces pztolss: Te trouvant indigne
de porter les armes _, nous t'en dégradons. En même
temps il lui ôte le fufil par derrière, & fon cein-
turon , épée, bandoulière, fourniment, qu'il lui
fait paffer par les pies. Se lui donne un coup de
pelle fur le cul. Enfuite le Sergent fe rerire , Se l'Exé-
cuteur fe faifit du criminel. Il eft d remarquer qu'oii
ne dégrade pas les foldats qui doivent paffer par les
armes , parce que c'eft une exécution militaire qui
n'eft pas déshonorante.
DÉGRADER , fignifie auffî , Détériorer des b timens ,
des terres , des vignes , des bois ; y f \ re un dégât
confidérable , ou les laiffer dépérir pa' négligence.
Erertere , Jiernere j labefaclare. Il a laiffc dégrader
D E G
DEG
î
ces bâtîmens faute d'entretenir les couvertures , c'efl- '
à-dire > que le bâtiment cft devenu inhabitable , 1
faute d'y faire les réparations nécelfaires. Il Oidt gradé
ces terres, ces vignes, faute de les fumer , & en
étant les éclialas. Il a abattu plulieurs atbres , & a
dégradé cenc forêt. SUvam cAdere , exàdere. Les Ma-
çons difent dégrader une muraille , pour dire l'aba-
tre par le pic.
Les Peintres difent aufli dégrader, pour dire,
obferver les dégrés d'éloignement des parties d'un
tableau , & y proportionner les jours 8c les teintes j
affoiblirpar degrés infenfibles la lumicreou les cou-
leurs d'un tableau. Farios colorum gradus obfervarc.
DÉGRADER , en termes de Marine , lignifie ôter tout
gratjfeun de cliapeaux ; les Fripiers des Dégrac{feurs
d'habits. Il y a aulli des Degra/jjeurs Teinturiers.
Les Teinturiers Degraifjeurs , &c autres Ouvriers
qui font obligés de le fervir de l'eau de la rivière
pour leius ouvrages , fe pourvoiront par devers les
Prévôt des Marchands & Echevins , afin de leur
accorder la permillion d'avoir des bateaux, s'ils en
ont befoin , & démarquer les lieux où ils pour-
ront les placer , fans incommodité de la ville , & fans
empêcher le cours de la navigation ; & , lorfqu'ils
n'auront pas befoin d'avoir des bateaux , ils le pour-
voiront feulement pardevers le Lieutenant Général
de Police. Edit du Koi de L'an /700. De la Mare j
Tr. de la Pol. Tom, I. p, ï-j6.
l'équipement des vailfeaux quand on les abandonne DÉGRAISSOIR. f. m. Cefl: un inftrument qui avec?
parce qu'ils font trop vieux , & inutiles au fervice.
Navim vetujîate inutllem derelinquere.
DÉGRADÉ ÉE. part. Il a les fignifications du verbe.
En termes de Maçonnerie on appelle un mur dé-
gradé , un mur dont l'enduit ou le crépi efl; tombé
& dont les moellons font fans liaifon.
DÉGRAFFER. v. a. Quelques-uns difent défagraffer.
Détacher une chofe qui «toit attachée avec une
agraffe. Unànis rem aliquam expedire. On le dit aufll
quand on défait le crochet de l'agraflre ou il eft palfé.
Uncinos abannutisfolvere^ expedire. Dégrader uns
jupe.
DégraFfe , EE. part.
^ DEGRAISSAGE, f. m. Terme de Manufadure
en laine. /^oye^ Dégraissement.
DÉGRAISSEMENT , plus oïdina.ïtsment dégraij[fage.
f. m. Se dit particulièrement des étoffes de laine ,
Se moins de celles de loie, parce que la laine naturel-
lement ell comme imbibée delafueur &dela grailfe
de l'animal, & eft nourrie fur la tête d'une fubf-
tance adipeufe , au lieu que la foie tient plus d'un
humide gommeux que gras , le ver à foie tirant cet
humide gluant de la feuille du mûrier. Préparation
qu'on donnei°.Auxlaines avant que de les employer,
en les mettant dans un bain chaud d'eau claire, &
d'un quart d'urine , après quoi on les dégorge à la
rivière ; 1°. Aux étoffes de laine , en les fliifant fou-
ler avec la terre Se l'urine pour en féparer l'huile ou
la graifife.
©ÈGRAISSER. v. a. Oter la grailîe. Adipem detrahere.
Cette foupe eft trop grafte , il la faut dégraijfer.
On dit dans le même fens, qu'une longue maladie a
dégraijjé quelqu'un. Adipes tenuare.
^3" On le dit aulîi des taches que la grailfe a
faites. Un Fripier dégraijfe les habits avec de la terre
à potier. Dégraiffer un chapeau. Illuviem pur gare ,
detergere.
gCT Dégraisser les laines , les étoffes de laine Voy.
DÉGRAISSEMENT.
Dégraisser, fe dit aufll en parlant du mauvais effet
que les torrens & les ravines d'eau font fur les ter-
res labourables , en emportant ce qu'il y a de plus
propre i les rendre fertiles. Les plaies ont dégraijjé
les terres qui font fur cette colline.
fjfj' DÉGRAISSER le vin , c'eft , lorfqu'il a tourne ï la
grailTe en vieillilfant, lui ôter cette mauvaife qua-
lité par le moyen de la colle de poilTon mife en
morceaux , & difloute à froid dans du vin blanc ,
qu'on jette dans le tonneau par la bonde, & qu'on
remue à plufieurs réprifes. On fe fert aulîi pour
cela de blé grillé & arrofé d'eau de vie ; de cire
jaune fondue & jetée dans le tonneau, d'alun blanc
pulverifé & fricalfé avec du fable , de cendres de
farment, &c
fon moulinet , fert à tordre la laine trempée dans
l'eau de favon j avant de la mettre fur le peigne.
DÉGRAPINER.v. a. Terme de Matelots. Il le dit d'un
vaiffenu qui fe retire de detfus la glace dont il s'étoit
approché j par le moven des grapins.
DEGRAS. f m. On appelle ainh lliuile de poiffon
quiafervià palferdes peaux en chamois , & dans
laquelle on les a fait bouillir. LesCorroyeurs s'en fer-
vent.
Ip* DÊGRAVELER. v. a. En Hydraulique , c'eft net-
toyer un tuyau qui fert à la conduite des eaux ; en
ôter le fédiment.
DEGRAVOlEMENT.f. m. C'eft l'effet de l'eau cou-
rante qui déchaulfe & dégrade les murs des pilotis ,
&c. f-^oye^ Déchausser.
Çcr DÉGRAVOYER. v. a. Dégrader j miner, dcchauf-
fer des pilotis , des murs. Accerere , fuffodere. L'eau
courante, par fon mouvement continuel, dégravoie
les pilotis , les murs.
Dégravoyé , ÉE. parr.
DEGRE, f. m. Terme d'Architedure , fynonyme d'ef-
calier, partie d'un b.îtiment qui fert à monter & à
defcendre. ScaU. Le grand degré dn Palais. Un petit
degré. Un degré dérobé ^ de dégagement. Ce terme
eft devenu bourgeois. On dit aujourd'hui efcalier.
Degré, eftauffi chaque marche d'un efcalier. Gradus,
Il lui a fait fauter les degrés quatre à quatre. Les
Anciens donnoient à leurs degrés neuf à dix pouces
de hauteur de leurpié,qu'on appelle pié Romain an-
tique , ce qui revient à neuf, ou un peu moins de
notre pié de Roî ? ils donnoient de giron à lemû de-
grés les trois quarts de leur hauteur , c'eft-à-dite,
un de nos pies de Roi , plus ou moins , ce qui fai-
foit des degrés trop hauts & pas aflèz larges- Au-
jourd'hui Ion donneaux^ej?rc-.s cinq ou fixpouces de
hauteur,& treize ou quatorze de giron dans les grands
cfcaliers , ce qui rend nos degrés beaucoup plus
commodes que ceux des Anciens. Lesfiéges des théâ-
tres des Anciens étoicnt en façon de degrés , &c cha-
que degré fervant de ficge avoir deux fois la hau-
teur des degrés qui fervoient à monter & à defcen-
dre. royei les notes de M. Perrault fur Vitruve , 1.
3 & (^. Diwûer, Cours d'ArchkecIure. ^
if^" Cemotfe prend au figuré à-peU-prcs dans le
même fens qu'aupropre: c'eft ainfi qu'en Grammaire
on dit i/c^re de comparaifon ou de fi.^nification çn
parlant des adjeétifs qui , par leur différente termi-
naifon , ou par des particules prépofitives fervent
à relever ou à rabailler la lignification de l'adjeélif ,
c'eft-à-dire , à marquer un rapport de plus ou un rap-
port de moins dans la qualité de deux ou de^ plu-
lieurs chofes comparées , ou cette même qualité por-
tée au fuprême degré de plus ou de moins, f^oy. Po-
fitif, comparatifs fuperlatif
Dégraisser , fe die fîgurément en Morale. Dégraijjer Degré , fe dit encore dans un fens métaphorique i
quelqu'un , c'eft-à-dire , lui ôter une partie de fon
bien. Fortunas , opes imminuere. On le dit ordinai-
rement des richelfes mal acquifes. On a fouvent
dégraijjé les Financiers. Cet homme avoit fait de
prodigieux gains, mais on l'a h'isn dégraijfé.
Dégraissé , ée. patt. Il a les fignifications de fon ver-
be , en Larin comme en François.
DÈGRAISSEUR. f. m. Celui qui'dégraifl^es les étoffes,
les habits. PurgMor. Les Chapeliers font des Dt- \
de la différence interne qui fe trouve entre les rnê-
mes qualités , lefquelles ne peuvent être diftinguées
que par le plus ou le moins de force qu'elles onC
clans plufieurs fujets , ou fuccelîivement dans le
même fujet. 1. Des différentes chofes, des emplois,
des dignités qui fervent de moyens pour s'élever i.
de plus grandes, & généralement d( 9 chofes qui font
fufceptibles de plus ou de moins. Degrés de mouve-
ment, degrés de diAenx. Gradus. De ce degré d'un:-
ItSo
D E G
bition qui fait les Héros , il y a peu de diftance à
celui qui fait des Ufurpaceurs&;des Tyrans. P. Dan.
Un Miniftie d'Etat , pour lailTer à les créatures l'i-
■dée de la baiïelle d'où il les tire , ne les tait monter
que pat degrés. S. EvR. Parvenir des emplois les plus
bas aux plus élevés , c'eft monter par d-egrcs.
■Ainfi que la vertu le trime a fes <iegr^s. Racine.
Il faut aller de ^e^re en degré. Gradatinu Pourve-
■fîir au dernier degré de perteciion , au plus haur
i/ÊjÇrrt d'honneur, de gloire, de vertu, de réputation
A quel haut degré de perfedion l'éloquence de là
Chaire n'a-t-elle point été portée de nos jours ? M
Dacier,
Mais dar:s Fart dangereux de rimer & d'écrire ,
// n'ejl jioint de degtés du médiocre au pire.
BoiL
M y a plufieurs degrés de gloire dans le Paradis
çlufieurs dtgrcs de -peine dans l'Enfer. Le zèle fe mt
iurepar les degrés d'emprefïèment que l'on a pou
ramener les Hérétiques dans le fein de l'Eglife. O
ne demande pas le acgré le plus éminent d'évidenc
pour la révélation. Chacun raifonne félon le degr
'<de com.préhenlion & de capacité qu'il a reçu d
Dieu. Id. Les vertus chrétiennes font autant de de
■grés pour monter au ciel.
DEGRES MÉTAPHYSIQy ES. Terme de Philolophi.
On entend par-là Ls différentes propriétés ou pei
■feétions d'une même chofe, & on les appelle c^f^/ej
parce que l'on monte de la plus fimple &la plusgt
nérale , d la plus parfaite & la plus compofée ^ qi.
renferme toutes les précédentes. Par exemple. Etre
fubftance, vivant , animalité, rationabilité. Gra^^
Metaphyjici, On demande en Philofophie quel!
diftinction il fauf admette entre les degrés Meta
phillques. Les Scotiftes répondent qu'il y a entre c.
■ perleétions une diftinéiion formelle. Les Thomiftc
prétendent qu'elles ne font dittinguées que vi
tnellement , & les Nominaux qu'elles ne le for
que mentalement 6i par la raifon. Queftionfn
"Vole , abandonnée au'ourdhui aux IrlanJois.
On appelle aulli degrés de Jurifdidion , les Tr;
bumux dont on peut appeler à un autre, Jurifdicii..
nis gradus. Il y a trois degrés de jurifdidlion Sei
gneuria-îc, la balFe , la moyenne & la haute juftici
yoyez Justice.
ifT On n'appelle point de la balTe jaftice à 1
moyenne , on va droit à la haute ; ce qui eft un
exception de la règle qui veut que tout appel fo:
porté gradatim j au Juge fupérieur non omijjo nie
dio.
|G° A l'égard des appellations interjetréesdesfen
Tences 'du moyen jufticier , elles vontconformémen
àlarè;ile ordinaire, à la haute juftice.
1^ Ainfi pour parvenir au Juge Royal, il n
peut y avoir que deux degrés de jurifdiéVion ai:
plus.
, Ç3° Il y a aulTi tfois degrés de jurifdidion Royale :
iavoiT
|Cr Celui des Châtelains , Prévôts Royaux ou
Viguiers.
^3" Celui des Baillifs , Sénéchaux ou Préiidiaux
^3" Et celui des Parlemensqui jugent fouverai
nement &: en dernier reffbrt les appellations defdits
Baillifs & Sénéchaux-
§Cr II y a quatre degrés de jurifdidion Eccléfiaf
■ tique ; celui de l'Evcque , celui de l'Archevêque ,
celui du Primat & celui du Pape.
I^CF II faut nécelïiiirement paifer d'un degré au
fuivant , gradatim & non omijfo média : de l'Offi
cial de l'Evêque à celui de TArchevêque , de celui-
ci nu Primat , 8c du Primar au Pape :, excepté quand
l'appel ell interjeté comme d'abus : car il arrive
dire dément, & fins moyen , au Parlement, f^^oy.
appel comrnedabus. Il v a encore des cas particu-
liers où l'on neft pas obligé de pafferpar ces quatre
DE G
degrés de jurifdidion Eccléfiaftique , par exemple
lotfque les Evêquesou Arcbevêques font immédia-
tement foumis au Pape.
fer De plus on ne va pas toujours depuis l'Evê-
que jufqu'au Pape : car, quand il y a trois fentences
définitives , qui lont confotmes en jurifdidion Ec-
cléliallique , ojj n'en peut plus appeler.
Degré , fe dit auili, dans les Univerlités , des Lettres
qu'on donne à quelqu'un pour lui permettre den-
feigner , après qu'il en a été jugé capable, ou plu-
tôt , du pouvoir & du rang qui lui ell conféré par
''ces lettres. Le degré de Maître es Arts , de Bachelier,
de Licentié , ou de Dodeur ; ces trois derniers fe
donnent en Théologie , en Droit Civil Se Canon ,
Se en Médecine , qui font les Facultés fupérieures.
Pour le (/<?^/e de Maître es Arts il faut avoir étudié
deux ans en Philolophie. Pour le degré de Bachelier
en Droit Civil , ou en Droit Canon , cinq ans. Pour
celui de fimple Bachelier en Théologie , (ix ans.
Pour le degré de Dodeur j ou de Licentié en Droit
Civil, en Droit Canon ou en Médecine, fcptans;
& pour le degré de Dodeur, ou de Licentié en Théo-
logie , dix ans. Celui quia acquis l'un de ces de-
grés doit obtenir des Lettres de l'Univerfité où il les
a pris.
CCT On confond atTez fouvent deux exprefllons
qui lignifient pourtant des choies bien difiérentes ,
avoir des grades , & avoir des degrés. Avoir des gra-
des , c'eit en France , avoir droit à certains Béné-
fices en vertu du temps des études faites dans une
Univerfité ,où l'on a reçu le titre de Maitre es Atts
& avoir des degrés , c'eil être de plus Bachelier, Li-
centié j ou Dodeur,
JEGRE , en termes de Jurifprudence , fe dit de la dif-
tance entre parens, ou des générations luivant ie{-
quelles on compte la proximité, ou l'éloignemenc
des parentés & alliances. Cognationis gradus. Gré-
goire le Grand fut le premier qui défendit les maria-
ges jufqu'aii feptième degré. Les Canoniftes ont
long-temps maintenu cet ufage. Le II. Concile de
Latran fous Innocent IIÎ. a reftraint la prohibition
des mariages au quatrième degré inclufivement.
L'oidonnance a permis les récufations & les évoca-
tions jufqu'au cjuatrième degré de parenté & d'al-
liance inclufivement, c'eft-à-dirCj jufqu'atix enfans
des confins iflTus de germains j & en matière crimi-
nelle, jufqu'au cinquièine degré.. Un père & \ion
fils font parens au premier degré. On le règle par la
fuppuration Canonique pour les mariages & pour
les récufations. Le Droit Civil compte les degrés de
parenté autrement que le Droit Canon. Le Droit
Civil compte les degres-ça.x le nombre des petfonnes
qui font forties d'une même' fouche^ enforre que
chaque perfonne qui en elt ilfue fait un degré : mais
avec cette diitérence, qu'en ligne direde l'ordre
commence par le premier degré ^ ainfi le père & le
fils font parens au premier degré i mais en ligne
collatérale l'on ne compte point de premier degré.
Deux frères ne font païens qu'au (econd degré., parce
que le père, qui e(l la tige commime, fait le pre-
mier degré. Le Droit Canonique garde la même
règle en ligne direde ; mais en ligne collatérale une
génération ne £.iit qu'un degré. C'efl: le Pape Gré-
goire le Grand qui commença à compter les degrés
autrement que le Droit Civil. Les frères font au pre-
mier cfe^r/, & les confins germains au fécond; au
lieu que le Droit Civil mer les frères au fécond , Se
les confins germains au troificme; par conféquent
deux ^e^rej du Dtoir Civil n'en font qu'un félon le
Droit Canonique. On fuppute même entre deux
perfonnes qui ne font pas dans une égale diftance,
par celle qui eft la plus proche i comme entre l'on-
cle & la nièce , quand il s'agir d'un mariage. Ils font
du premier au fécond degré. Sous le premier degré
eft compris le fécond^ & le troifièmefous le fécond,
enforfp que,ne pouvant époufer la mère , on ne peut
époufer la fille- Le premier degré imprimant cette
répugnance au fécond, c'eft comme (i ces degrés
rentroien: les uns dans les.autres.On dix abfolument.
DEG
au Paîaisj il y a des parens au degré, pour dire , il nî
. p;;uc êcie juge.
Degré ^ ie dit des différentes efpcces de patenté, ou
d'aftinité , & de 1 eloigiiement qu'elles ont d'une
fouche commune. Il y a des deor.-s de conlap-guuiité
ou de pai-encé , & dos degrcs daftinité. Les degrti
d'aftiuicé Ibiu les mêmes que les degrés de parente.
Il y adest/f^'-.f de parenté en ligne directe , &d'au-
ires en ligne collatérale. Il y a , en l'une &: l'autre
ligne,des degrés afcendans & des degrés defcendans.
En ligne directe, \es degrés afcendans font, le pre-
mier pèret'^ mère, le fécond aïeule aïeule, le
iroilième bifiïeul & bifaieule, le quatrième tn-
îaïeul & tnfaieule. Les degrés defcendans font, le
premier fils & hlle, le fécond petit-fils & petite-
fille , le troihème arrièie-petit-lils & arricre-petite-
fiUe, le quatrième fils de l'arrière- petit-fils j fille
<le l'arnère-petit-fils.
En ligne collatérale les degrés afcendans , i". père
&: :;ière ; 2.'^. oncle paternel & tante paternelle ,
oncle materni;! iS: -ante maternelle; 3". grand- onclt
paternel, grand'tante paternelle; grand-oncle ma
ternel, grand'tante maternelle, 4"^. père du grand
oncle ou de la grand'tante paternels ; père du grand-
oncle ou de la gr.iiîd'tante maternels.
Dans la même ligne les çlegres defcendans font ,
i°.lefrè;e& la fœur ; 2.°. les fils ou les filles du
frère & de la fœur , que nous appelons confins ger-
mains & coufines germaines ; 5". les coudns & cou-
- iîn,s ilfus de germains, c'ell-à-dire, les petits-fils
ou petites-filles du trère ou de la fœur; 4°. les fiL
ou filles de ceux-ci.
On dit, ils font parens au premier degré, au fé-
cond, au troifième & quatrième. Les noces étoien.
autretois dciendues julqu'au feptième degré, elles
• ne le font plus que jufqu'au quatrième. Ces nou-
veaux mariés ont eu beloin de difpenfe , à raifon de
leur parenté ; mais ils n'ont pas eu de peine à
l'obtenir , parce qu'ils ne font parens qu'au quatriè
me degré.
Degré de NoblefTe , c'eft la diftance qu'il y a d'un^
génération à l'autre , depuis le premier qui a étt
annobli. Celui qui eft annobli fait dans fa ligne le
premier degré \ les enflins font le fécond j les petits-
enfans le troilième , &c.
Degré , en termes de Fauconnerie, fe dit de 1 endroi
où l'oifeau durant fa montée ou élévation en l'an
tourne la tête, & prend une nouvelle carrière, qu'on
appelle lecond ou troifième degré j jufquà ce qu'i!
fe perde de vue au quatrième.
|J3° Degré, fignifie encore, comme nous l'avons déi ^
dit , une certaine extenfion des qualités élémentair.
ou 11 différence de plus & de moins que les philofc
plies fcppofent dans chacune des quatre première
qi dites. Ainli l'on dit que le feu eft chaud au huitiè-
me degré; que le poivre ell; chaud, qu'une plante ei.
chaude au deuxième , au troifième degré.
En termes de phvfique ancienne, les mêmes qu
lités t j;it divif.es en huit. Le dernier ou fouverai
degré d'mtenfion s'appelle dans l'Ecole j ut oclo. I
feu eft chaud au huitième degré ^ & fec au qu.-;
- tiième.
Eu termes de Chimie^on appelle , donner le ic-
pir degrés, lorlqu'on ouvre, ou qu'on ferme le
regiftres, ou trous, qu'on fait exprès dans les fou'
neaux pour augmenter ou diminuer la violence du
feu. Les Chimiftes diftinguent quatre degrés de feu ,
Oii de chaleur. Le premier degré eft cetui que fonc
f- ilement deux ou trois charbons. Le fécond eft
celui que font quatre ou cinq charbons , ou bien au-
tant de feu qu'il en faut pour échauffer fenfiblement
un vafe, enforte néanmoins que l'on puilfe tenir la
jnaiii delTus pendant quelque-tems. Le troifième
. deg'éQ\\ lorfqu'il y a un feu capable de faire bouillir
un pot plein de ^ ou 6 pintes d'eau. Le quatrième
degré eft quand le feu eft alfez grand pour faire une
• fournaife. -\u refte tous ces degrés fe varient diffé-
ietnment felou les diiférentes circonftances des opé-
DEC
i^ î
rations, la différence des fourneaux , des VaifTeaux ,
de la matière J &:c. Harris.
|t TOn dit de mciiie en phy fique , degrés de mafïèi,
de vitede, de mouvement ou de force. Onentend
par majje, le poids, la quantité de matière d un
corps. La wt//i; eft un terme relatif à Tefpace par-
couru & au temps employé à le parcourir : plus
l'efpace parcouru par uncorpseft grand, &: le temps
qu'il a employé' à le patcourir, court ; plus la vîtefle
eft grande. Lzjorce eft le produit de la mafTe multi-
pliant la vitefiè. Ainfi la/orte d'un corps qui a 10
de ma^e & zo de vîtejje , ou zo de maJje & 10 de
vùejje, dl zoo, parce qu'en multipliant 10 par zo,
ou zo par 10, le produit eft zoo. La ma[je, hivueffe,
hjoree d'un corps font fufceptibles de plus ou de
moins^ 8c c'eft pour marquer les diftércns rapports
de plus ou de moins des corps comparés enfemble >
que les J'hyliciens fe fervent du mot degré. Ainfi
l'on dit que Ci le corps A par exemple a 10 degrés de
maj]e i avec 10 degrés Aq vîtejje, &c que le corps B
n'ait que 5 degrés de niafj'e avec 5 degrés de vuejfe j
le premier aura 100 degrés de force , pendant que le
fécond n'en aura que zj. Si un cheval qui a 100 de
force, tire une pierre qui en a 50, il eft évident que
ce cheval ne tirera pas la pierre avec 100 , mais feu-
lement avec 50 degrés de force, parce que la réac-
tion ou la réliftance étant égale ou contraire à l'ac-
tion ou à lacomprelîion, les forces égales & contrai-
res fe détruifent. Ainfi les 50 de force ou de réfif-
tance qui font dans la pierre détruifent ^o degrés
de la force ou de l'adion du cheval qui la tire.
XT Degré, fe dit aufti des différentes parties dans
lefquelles plufieurs inftrumens de mathématique,
comme l'arbalète ou bâton de Jacob font divifés.
Les divifions qui font aux Baromètres & aux Ther-
momètres fervent à marquer dans le premier la pe-
fanteur aduelle de l'air, & dans le fécond le plus ou
le moins de chaud. Le Baromètre ell: defcendu à Z7
degrés. Le Thermomètre eft monté à 30 degrés,
A^oy^l Baromètre, Thermomètre,
Degré, en termes de Géométrie & d'Aftronomie, eft
la divilion qu'on fait fur les cercles pour fervir de
mefures. Tout cercle fe divife en ^Go. degrés ^ &C
chaque degré en 60. parties égales, qui font les mi-
nutes. Quand on veut déterminer la grandeur d'un
angle, on compte les degrés. Par exemple , quand on
dit un angle de 90. degrés j on entend un angle
droit , parce qu'il comprend la quatrième partie de
la circonférence d'un cercle. Cet aftre eft élevé de
tant de degrés fur l'horifon , il décline de l'Equateur
de tant de degrés. Cette ville a tant de degrés de lon-
gitude & de latitude. Un figne a ^o degrés. Ptolomée
a obfrtvé qu'un degré fur la terre valoir 68. milles
& deux tiers : mais les Arabes n'ont trouvé que 56.
milles, quand ils l'onr obfervé cxaélement dans les
plaines de Seniar par l'ordre d'Almomoum. Ptolo-
mée comptoir fur le pied de 500. ftades pour un
degré. Le mille Arabique étoit égal .-i fept ftades &c
demi. Mais voici des obfervations plus modernes^ 6c
plus certaines. Fernel a obf'ervé qu'un degré^ d'un
grand cercle de la terre contenoit (îSoy'î. pas géomé-
triques, qui valent ^6.^6. toifes quatre pieds de
Paris. Snellius a obfervé que ce degré éton de z8 500.
perches du Rhin; qui font 55011. toifes de Paris.
Riccioli a fait h degré de 6^^6:^. pas de Boulogne,
qui font <ÎZ90o. de nos toifes. Mais M. Picatd, de
l'Académie des Sciences, l'ayant mefuré par ordre
du Roi avec toute l'exaditude pcftible , a trouve
qu'il étoit de ^7060 toifes fuivanr l'étalon de Paris,
lefquelles étant réduites à la' mefure univerfelle ou
invariable qu'il établit fur la pendule, qui a ù\ pro-
portion avec la toife de Paris, comme de 881. a
S(?4. le desréfc trouve de \S\S9- toifes de la mefu-
re univerfelle, &: en multipliant 57060. toifes par
3(^0. on aura io54I(joo. toifes pont la ciicor.fcience
entière du grand cercle, c'eft-à-dire, pour k- 1 )ur t|e
la terre, & par une fuite néceflaire le ravon de la
tetreferade 5 2 6798 z. toifes. "Voici la rcdudlion jufte
des degrés de diverfes mefures.
t^î,
D E G
Chaque degré à\i. grand Cercle contient,
Toifes dtt Châtelet de Paris , 570^0
Pas de Boulogne, 58481
Verges du Rhin de douze pieds, 195 56
Lieues Pariiîennes de iooo. toifes, _ 2S5
Lieues communes de France de iioo. toifes. 2 5
Lieues de Marine de z8 j-.j. toifes. io
Milles d'Angleterre de 5000. pieds, 75^^
Milles de Florence de 3 000. bralfes , 6^ —^
Dans cette fupputation on ne dontie que $/060.
toifes à un degré. Cependant M. Caflîni donne à la
piefure moyenne d'un degré de la circonférence de la
^terre 57100. toifes, &c cette mefurea été établie par
Jes obiervations faites le long de la méridienne de
Paris, depuis l'Obfervatoire de cette Capitale juf-
<ju'à la montagne de Canigou dans les Pyrénées,
comme l'a remarqué le P.Laval Jéfuite, dans les
Mémoires de Trévoux I7i3.pag. 14'' 5- En Hollande
on ne donne que 1 5. lieues à chaque degré da grand
cercle j les Efpagnols en donnent 17^. & les Italiens
partagent un degré du grand cercle en 60 milles.
Quatre fécondes d'un ^e^r^'célefte rapportées fur la
terre, valent plus de 66 toifes. Ac. des Se. 1700.
Hïji. pas. izo. & par conféquent une féconde du
-cieleftfut terre \G\. toifes, & à peu-près 17 toifes,
& une minute 990 toifes , & le degré 5 9400 toifes &
plus. Cependant j au même endroit j on dit qu'un
<degré célefte répond fur la terre à une étendue de
570(îo toifes, ce qui ne donne à la minute fur terre
que 9 5 1 toifes > & à la féconde 1 5 }i. toifes. C'efl
évidemment une faute d'impreflion , & au lieu de
•C6, il faut lire 60.
Selon le calcul de M. Caflîni que l'on vient de
rapporter, la minute d'un degré de la terre efl: de
951. toifes, j^. & la féconde eft de 15. toifes ^.
Degré de latitude, eft l'efpace de 57100. toifes ren-
fermé entre deux parallèles. Gradus lat'uudinis.
Degré de longitude , eft l'efpace renfermé entre deux
méridiens.
Ces exprefliîons font venues des Anciens j qui con-
noiftbient une étendue de la terre fort longue
d'orient en occident, & une étendue beaucoup plus
petite du midi au nord, f^oyei longitude & latitude.
Degré, en termes d'Algèbre , eft la même chofe que
puilfance, /^oyeç Puissance.
• Degré, en termes de Mufique, c'eft l'intervalle des
fons. On marque aujourd'hui la diftance des degrés
par des lignes qui forment de petites bandes fur le
papier; autrefois on les marquoit par des nombres :
cette ancienne méthode a été renouvellée au fiècle
palfé parle P. Souhaity, Récollet. M. Lancelot joint
cnfemble les deux méthodes , l'ancienne & la nou-
velle. l^oye:{ ces Auteurs , dans les traités qu'ils ont
faits fur l'art de chanter. Dans la voix il y a trois chc-
fes à confidérer , fon étendue , fon degré à'z\g\.i ou
de grave, & fa partie. Sauv. Le d'être félon M. Sau-
veur, dont on vient de citer les paroles, prifes de
fes Principes d' Acouftique^ eft le médium., ou fon
moyen d'une voix; amfi, quand une voix monte au-
tant audeifus d'une note qu'elle defcend au-deifous,
■cette note eft le degré de cette voix. Voye-^ l'Auteur
cité, p. 64. 65.
On dit degrés conjoints , de deux notes qui fe fui-
Vetit immédiatement; i:/e^r«disjointSjde deux notes
qui ne fe fuivent pas immédiatement- C'eft-à-diie ,
qu'on appelle degrés conjoints, quand on va de fuite
d'une ligne à un efpace , & d'un efpace à une ligne ;
& û'ei^r/j disjoints lorfqu'on va d'un efpace à un ef-
pace, ou d'une ligne à une ligne, ce qui fe fait par
intervalle, en fautant une ligne ou un efpace.
DÉGRÉER. v. a. Terme de Marine. Oter les agiès.
Foyei DÉSAGRÉER.
DÉgrÉé, éée jpart. Défagréé , éée. Vajls & inftrumen-
tis nudatus , fpoliatus. Un vallfeau dégréé par des
coups de vent , une frégate à^vàx-dé gréée. Un bâti- •
DEG
ment c/e^reV de toutes fes manœuvits, d'une partis
de fes manœuvres.
DÉGREVANCE. f. f. Vieux mot. Dommage, piéju-,
dice.
DEGRINGOLER, v. a. Defcendre vite. Devolvi. Ter-
me populaire, qui fe dit en cette phrafe^ on lui a
fait dégringoler les montées quatre à quatre.
DÉGROSSAGE. f m. Terme de Tireur d'or. Il fe
dit de l'art de réduire les lingots qu'on veut tirer en
fil d'or ou d'argent à une certaine grofleur, après
qu'ils ont été tirés à la grande argue.
DÉGROSSER. ou DEGROSSIR, v. a. Terme de
Tireur d'or. C'eft faire palier l'or ou l'argent par les
filières, afin de le rendre plus petit, plus menu,
plus délié. Extcnuare. Foye^ Boizard, Ir. des Mon,
P. l. C. 28.
DEGROSSI, f. m. PrefTe ou machine dans laquelle on
faitpalfer entre deux rouleaux les lames dont on
doit faire les monnoies pour les rendre plus unies
&c plus étendues. Pr&lum.
fer DÉGROSSIR. V. a. Terme ufité dans plulleuts
Arts méchaniques pour exprimer les premières fa-
çons que l'on donne à un ouvrage , avant que de le
conduire à à fa perfedtion. Degrojjir ou débrutir les
glaces. DégroJJir le fer. Ce terme eft particulière-
ment en ulàge chez les Sculpteurs j qui font obligés
d'abattre plufieurs grolFes parties d'un bloc de mar-
bre ou de bois, avant que de travailler délicatement
avec le cifeau. Extenuare. Chez les Menuifiers &
autres ouvriers c'eft de même ôter le plus gros de la
matière, pour commencer à lui faire recevoir la
forme que l'ouvrier doit lui donner. Adumbrare.
DÉGROSSIR, rendre plus fin & plus délié. Auer.uare,
comminuere. Peut-être auffi que cette eau , dont on
ufe préférablemenc à toutes les autres (pour faire la
porcelaine à la Chine) eft empreinte de certains /els
particuliers J qui font propres à purifier j & à dé-
groj/ir h terve i ou qui unifient plus fortement fes
parties. P. le Comte.
DÉGROSSIR J Terme de Faifeurs d'aiguilles. Il fe dit de
l'acier qu'on fait palfer pour la première fois par un
gros trou de filière, pour le difpofer à pafier par de
plus petits.
DÉGROSSIR, Terme de Batteur d'or j quifignifie battre
les feuilles d'or ou d'argent dans une forte de moule
de vélin, appelé petit moule à gaucher. C'eft pat
cette façon qu'on commence à étendre le métal.
UCT DÉGROSSIR, à la monnoie. Foye:^ Dégrossi.
Les Imprimeurs difent dégrojfir une épreuve ,'
pour dire, la lire la première Iois,& en ôter les plus
grofles fautes. On n'envoie pointa un Auteut la pre-
mière épreuve, on la o'^^ro/Z/r auparavant.
DÉGROSSIR, .au figuré. Ebaucher , fe dit des affaires &
des Sciences, commencer aies éclaircir, à les dé-
brouiller : ddgrojjïr une matière avant que dfe la ttai-
ter à fond.
Richelet jadis en raccourci
e l'art les règles dégrofli. R.
Kous a de
DÉGROSSI, iE, part.
DÉGUAINER. Foye:^ DÉGAINER.
DÉGUENILLÉ, ée. adj. Celui ou celle dont les habit»
font en lambeaux. Pannofâ vejie indutus. Il eft tout
déguenillé.
DÉGUERPIR, v. a. Abandonner lapofl[è(fion d'un hé-
ritage, d'un immeuble, à des créanciers deman-
deurs en déclaration d'hypothèque, pour fe libérer
de leur ^Qàow. Abdicare.Ow déguerpit un héritage,
unemaifon, une rente. Il eft purement terme de
pratique. On l'emploie aulîl abfokiment. En déguer^
/"i/Tàwr on eft quitte de tout, & l'obligation perfon-
nelle cefte. On crée un Curateur à un héritage qu'on
^déguerpi, quand il y a plufieurs créanciers hypo-
thécaires. Il a été afligné en déclaration d'hypothè-
que , & obligé de déguerpir.
Ce mot eft formé & compofc du vieux not guer-
pir, qui C\'j<,m'tio\t abandonner. Ménage. On appeloitf
auiîi cela autrefois époncer, grever, délaijfer. Loifeaa
D Ê G
ajoute que le mot guerpir a été formé de W^erptr, '
tiré de If^^ap, mot Allemand, qui veut dire, mettre
en poireirion : eniuue déguerpir on a fait déguerpir,
& la prcpolitioH de a donné à ce mot un fens oppofé ^
à celui de fon fimple , ce qui elt ordinaire dans la j
langue Françoife , comme Jatrc Ôc dt:Jairc j habiller 1
&c déshabiller. &c.
icr DÉGUERPIR, fe ditaurtl figurément j & en flyle j
populaire, pour abandonner la place, fortir d'un
lieu par im motif de crainte. Alors il e(l neutre. On \
l'a fair deguerpir'de fa place. Nous fatiguerons tant
notre Provincial , qu'il faudra qu'il deguerpijfe. Mol.
Âbire 3 loco, cedere j movercje loco ^ de lûCo\
DÉGUERPI , lE, part.
DÉGUERPISSEMENT. f. m. Terme de pratique.
Abandonnemeni d'un héritage chargé d hypothèque.
Abdicado. Quand on n'a point fait décréter un héri-
tage , on coure le danger du degaerpijjcnient. Loifeau,
dans fon Traicc'du déguerpi [Jeme/it, dit que le deguer-
/7///è-/;2e/2reft le délaillèment de l'héritage, fait à ce-
lui auquel il elf redevable de quelque charge fon-
cière,pour s'exempter d'icelle : & il appelle abandon-
nement, ledélailfement de la polleilion de l'hérita-
ge hypothéqué : ainli le de'guerp/JJemcnc, félon cet
Auteur, rc^rde les charges foncières j & l'aban-
donnement, les fimples hypothèques, & les rentes
conftituées. P^oye:^ Loifeau, Traité du déguerpijje-
pient.
DEGUEULER.v.a. Terme populaire, bas, quifignifie
vomir après un excès de débauche , & le dit des
aniniaux 6c des ivrognes. Voiiiere. Dégueuler iovL% la
table. Dcpueuler des injures ne vaut pas mieux.
Ça=-DEGUEfTLLEUX. f m. En hydrauhque , ce font
de gros mafques de pierre ou de plomb , dont on
orne les cafcades, & qui vomKfent l'eau daus un
ballin.
DÉGUIGNONNER. v. a.Orer le guignon , le mal-
heur , principalement an jeu. Ce beau coup m'at/e-
guignonné. Je fuis dcguignonnc à l'heure qu'il eft :
il y avoir long-temps que j'étois en guignon , que je
Jouois malheureufement. Il eft du (lyle familier.
DÉGUISEMENT, f m. Habillement extraordinaire ,
différent de celui qu'on a coutume de porter. Ce qui
empêche de connoître une chofe ou une perfonne
telle qu'elle eil. Habitas mutatio. Changement de
forme extérieure , d'apparence. Ceprifonnier a été
reconnu malgré fon déguifement.
Déguisement^ le dit aull!,dans le même fens,au figuré.
Simulatio j dijjimulationis integumemum. L'efprit fé-
cond en iéguijement s'érudie à défigurer , félon les
intérêts , tantôt les vices , tantôt les vertus. Fléch.
Il n'y a point de déguifement qui puilfe long-temps
cacher l'amour ou il eft, ni le feindre où il n'eft pas.
RocHEF. Il faut arracher le mafque aux hypocrites ,
afin de les dépouiller de leurs frauduleux déguife-
mens. S. Evn.Tous les deguifemens iullifi^nt mal une
mauvaife conduite. La vérité eft forte , & prévaut
toujours , malgré les deguifemens & les artifices. Voy.
Déguiser.
DEGUISER , faire prendre à quelqu'un Un habit ex-
traordinaire pour le rendre meconnoilfable. Alienum
clicui vultum , habitum , alienam perfonam j faciem
^induere. Ce mafque étoit Ci bien déguije , que per- ]
fonne ne le put connoître. Vous êtes tout déguifé
avec cette perruque blonde. Il a été affalîlaé par des
gens déguifes.
ifT On dit auffif/eV^i/tr des viandes, c'eft-à-dire ,
les affaifonner de telle forte , qu'on a de la peine à
les reconnoître. Déguiferfa vax , c'eft ne pas parler
avec le fon de fa voix naturelle. Désuifer fon écri-
' * 1> 11'-
ture, écrire d un autre caradere que l ordinaire.
Dégui fer (on [tyk , compofer d'un ftyle différent du
fien. Ac. Fr.
^^ DÉGUISER fe dit figurément, Scfignifie cacher fous
des apparences contraires ce qu'on veut dérober i la
pénérration d'autrui. Pour réuffir dans les aff.iires
d'intérct& de polirique , il faut quelquefois déguifer
fes deffeins. M. l'Abbé Girard. Déguifer fon am-
bition. L.\ PvOCHiF. Déguifer la vérité, déguifer le
DËH ï8|
fait, c'eft raconter une chofe autrement qu'elle n'eft
dans l'intention de furprendre ceux à qui l'on parle»
Ac. Fr. DéguiJeridL perfidie. Ablanc.
f]C/" Se DÉGUISER, fe dit dans le fens propre &
dans le fens figuré. Dans le fens propre , il hgnifië
prendre un malque ou toute autre choie qui nous
rende méconnoillable. Dans le fens figuré , il ligni-
fie fe montrer tout autre que l'on n'eft. Cet hom-
me-là fait toutes fortes de peribnnages, \\ fe dé-
guifé en mille manières. Dans ce dernier fens il fé
dit auOides partions en les petfonifiant. Il n'eft point
de forme fous laquelle l'amour ne/d déguife , non
pas même celle de la railon Se de la vertu. S»
REAL. L'héiéfie/è déguife fous diverfes formes , Se
elle emprunte fouvent la figure de la vérité. S. EvRi
O ! ma chère Cephife j
Ce n'eft point avec toi que mon cœur fe déguife.
Racine.
^3" DÉGUISÉ, ÉÉ. part. &adj. Employé au propre 8é
au figuié. Au propre ce mot le dit de celui qui eft
méconnoillable par la manière dont il eft cou-
vert , qui a changé fes parures ordinaires. Aliéna _,
infuetâ vejie indutus ^ obteclus ylatens.Woxx\\x\e, dé-
guife en femme. Femme déguife en homme.
^fT DégUisé, travefti, mafque, confideré dans Une
fighificatidn fynonyme. Pour être majqué , il faut
fe couvrir d'un faux vifage , il fufïit pour être dé-
guife dt changer fes parures ordinaires. On nefe fert
du mot iravejii qu'en cas d'aftaires ferieufes , lorf-
qu'il s'agit de paffer en inconnu ; & c'eft alors pren-
dre un habit ordinaire^: commun dans lafociété,
mais très-différent de celui de fon état Syn. Fr.
{C? On fe mafque pour aller au bal. On fe dé-
guife pour venir à bout d'une intrigue. On fe tra-
vei'litpoaî n'être pas reconnu de fes ennemis.
DÉGUISE dans un fens iiguré,celui qui fe montre autre
qu'il n'eft j pour donner le change. Par des appa-
rences contraires il fe dérobe à la pénétration d'au-
trui. Simuiatus. Il eft nécéffaire d'être déguifé pour
ceux qui ^ non contens de percer les ténèbres qu'oa
leur oppofe , difcutenr la lumière dont on vou-
droit les éblouir. Les vertus des hommes ne font
fouvent que des vices déguifes.
|C? Dans ce fens il eft régardé comme fynonyme
de caché & de difiîmulé. Foye-^ à ces articles les
nuances qui diftinguent ces mots.
DEGUSTATION, f. f Effai qu'on fait des liqueurs
en les goûtant. Degufiatio. Les Commis des Aides
difent dans leurs procès-ver'jjux qu'ils ont connu à
la déguflation que des liqueurs étoientfemblables oU
différentes.
D E H.
DÉHAIT. f m. Vieux mot qui veut dire maladie. Afo/-
bus^infirmitas, agrùtatio. Le Fificien , ou le Sérorgien
ne connoiten lui aucune chofe ou dehatt. Assis, c.
115. 138.
DÉHAIT. Vieux mot.Trifteffe , chagrin. On trouve dans
Villon , Mais a donc il y agrand c/e/!i2/r, pour dire,
il y a grand ennui, grande fâcherie. On a dit aufiî
déhaiter ., deshaitié\ déhaitié :, pour dire fâché , lan-
guilfant , chagrin.
DEHAITÉ. adjl^Termede Fauconnerie. On appelle 01-
feau déhaiié de voler , celui qui ne vole pas de bot»
gré. Invite , ingratis volans.
DEHAITÉ , ÉE. vieux adj. Malade , qui a quelque ma-
ladie , (juelque] déhait. JEgrotus , infirmas , dger.
Quand le chef eft déhaité , tous les membres en font
mnlades. Assis, c. 283. ^
DEHÂLER. V. a. ( l'A s'afpire ) Oter l'impreflion que
le hâle A caufé fur le vifage. Aduftam , infufcatam
iftu cutemreftituere,priftino colorireddere. Cette pom-
made eft bonne pour déhâler y pour Ôrer le hale<
Cette Dame de campagne n'ofe faire des vifitesju^'
qu'à ce qu'elle fe foit déhultt<
DÉHÂtÉ , ÉE. part.
ï§4 DEH
DÉHANCHÉ, ÉE. adj. Quia les hanches rompues ou
(iuloquées , ou qui niaLtae en laillanc aller le hauc
<ie fou corps , comme s'il avoïc les hanches rom-
pues. Cette femme paioit toute dehanchce. On ledit
aulli des chevaux qui n ont plus de force aux han-
ches _, ou qui ont tait un fi violent effort de han
ches , que les ligamens qui tiennent l'os , fe font
relâches.
Molière a dit fe déhancher , dans la fcène 4^ de
fon impromptu de "Verfaiiles , où il donne cet avis
à Mademoifelle Du Parc. Prenez bien garde vous ,
à vous dtluuiuier comme il iaut j & à taire bien
des façons: celavouscontaindra un peu , mais qu'y
faire ? Il faut par fois fe b.iie violence.
DÉHARDER. V. a. Terme de Chalfe, C'ell: ôter des
couples que l'on a palfées dans le milieu d'une cou-
ple quittant deux chiens, pour en tenir pluheurs
enfemble , & les en ôter aulli quand ils ont les jam-
bes prifes dans leurs couples : lâcher des chiens qui
font liés quatre à quatre , ou iix à iix. Solvere.
DEHARNACHEMENT. f. m. L'adion de déharna-
cher. PoMEY. Injlruclus cqulni cxemptio.
DÉHARNACHER, v. a. Ôter le harnois d'un cheval.
Inflruclu fiiô equum eximere. Dites au cocher qu il
ne déharnache pas iss chevaux. On dit aulîî popu
lairement & par extention , qu'une perfonne eft
déharnachée , lorfqu'elle eil à demi déshabillée , ou
qu'ilmanque plufieurs chofes à Ion ajutlement.
Déharnaché , ée. part.
DÉHÉRENCE. Foye^ DÉSHÉRENCE.
DÉ H ET. adj. Vieux mot. Gaillard, qui fe porte
bien.
Monté fur belle haqutnée , ■
Et penjc'^iquc j'étois àk\\tt.
On difoit autrefois Dehés y pour malheur, &
Daudskes ^ pour mauvaife rencontre.
Î)EHLI. Quelques-uns écrivent Delly , & le P. Ca-
trou , dans fon Hijîoire générale du Mogul , écrit
Uéli & ^e-y- C'eil une ville du Mo>joliftan en Afie ,
capitale d'un Royaume Je même nom- Delium.
Déhli ell fuué fur la rivière de Gemini ou Sémeux.
Maty. par les 31 degrés 45 minutes de latitude ,
& les cent vmgt-trois de longitude. P. Caîrou.
Déldi eft divifé en deux j Ir. vieux qui n'eil plus
qu'un fauxboarg , & le nouveau, qu'on nomme
Cha-Jaham-Abad , c'eft-àdire , ville ou colonie de
Chi-Jaham. Déhli. fut bâti au commencement du
dernier fiècle , par Cha-Jaham , dans le delfeind'en
faire la capitale de fon Empire , au lieu d'Agra ,
où il rrouvoit les chaleurs de l'été ttop violentes.
Corn. Déhli avoit cependant déjà été , fous un rè
gne précédent la rélidence de l'Empereur du Mogol.
Voici ce cju'en dit l'Hiftorien du Mogol , qui a écrit
fur les Mémoires de Manourhi. Akebar avoir cranf
porté la Cour de Déli à Agra, 6: Jehan-Guir d'A-
gra à Lahor. Cha-Jaham la fit retourner de Lahor
à.Dely, & rétablit cette ancienne capitale dans fon
premier luftre. Il eft vrai que le vieux Délyne fer-
vit que comme de fauxbourg au nouveau. Il eft in-
croyable quelle dépenfe l'Empereur fit à l'ériger &
à I embellir. On dit même qu'il fignala la fonda-
tion de fa nouvelle capitale par des mperftitions juf
que-là inouies aux Mahomctans , & qu'il emprunta
lans doute delà fuperftitiondesIndes.il fit verfer
le fang de plufieurs criminels qu'on égorgea dans
les fondemeiis de la ville. On en traça l'enceinte
dans une grande plaine fur le Gemma. On y ou-
vrit onze portes. Comme la ville étoit fortifiée de
douze tours, on laiffa une entrée au mllieude cha-
que courtine. La plus grands & la plus magnifique
répond à la citaJelle qui fcrt de palais à l'Empe-
reur, &c de Serrail pour fes femmes. Les murailles
en font conftruites de briques , avec de grandeschaî-
nes de ces pierres de taille rouges , qui reftemblent
à du marbre. Les Bazards ou les Marchés publics de
Déi'y, font environnés d'arcad.rs qui fupportent une
Utge terraCe. Quoique les Palais des Seigneurs y
DEH
foient beaux , bien bâtis , & ornés de jardins , les
maifons des limplts Bourgeois n'y font guère cou-
vertes que de rofeaux , mais les appartemens en font
gais & commodes, p. Catrou. /^oye;^ aulli Berniei'
fur Dehli & Agra.
DEHORS. Adverbe de lieu relatif oppofé à dedans.
Forh. La porte de la ville étoit fermée, il a fallu
coucher dehors. Votre mère & vos frères font M
dehors. Port-R. On dit abfolument qu'on a mis c^e-
A(yr5 quelqu un j pour dire, qu'on l'a chalfé. On dit
auili dehors, pour dire, fortez d'ici. Foras. Dehors
eft auifi quelquefois ^une prépofition : cela arrive
lorfque dehors a un cas ou fous-entendu , com-
me , par dehors la ville. Il en eft dehors , ou
quelquefois fimplement , il eft dehors , parce que
dans ces phrafes dehors a une relation au lieu donc
il a été parlé.
Ce mot vient de de Se de /bris. Nicot.
En termes de Marine , mettre un vailfeau dehors ,
c'eft le faire fortir du port , lorfqu'il eft équipé.
DEHORS , terme de Manège : c'eft le côté oppofé à
- celui fur lequel le cheval tourne. Quand le cheval
tourne à droite , toutes les parties gauches du che-
val & du Cavalier font les parties du dehors.
On dit proverbialement , qu'un homme n'eft ni
dehors ni dedans , lorfqu'il eft incertain de la réuf-
fite d'un affaire commencée , qu'on ne lui veut dire
ni oui ni non.
Dehors, f. m. En termes de Fortification , fe dit d«
toutes les pièces décachées qui fervent de défenfe à
une place, comme les ravelins & demi-luacs, ou-
vrages à corne & à couronne, contregard;^, enve-
lopes , &c. Circummunino, exter'.us munimentum. Les
dehors de cette ville étoient bons , mais les mu-
railles , le corps de la place ne valoient rien. Les
dehors doivent commander les uns aux autres : les
plus voifins de la place doivent être les plus éle-
vés. Les coups échapés que l'on tire des dehors , Sc
qui font hauts , parce que les ennemis ont peur de
fe trop découvrir. Bussi Rab.
fCT Dehors , fe dit de tout ce qui environne Uhe
chofe , de ce qui en approche le plus. Adjacenda ,
circumj ecla loca. Une maifon belle par dehors , par
le dehors. Alors ce mot eft fynonyme d'extérieur &
d'apparence , en obfervant les nuances marquées
par M. l'Abbé Girard. Foy. ces mots. Le dehors
eft ce qui environne ; il n'eft pas proprement de la
chofe, mais il en approche le plus. Les foifés le«
cours, les jardins & les avenues font les dehors
d'un Château. Les toits, les murs , les jours & les
entrées en font l'extérieur.
(fr Dans lefens figuré, ce mot eft fouvent em-
ployé dans la fignification d'extérieur , d'apparence.
Externa fades , fpecies. L'intérieur des familles
eft fouvent troublé, pendant que les dehors con-
tcns , paifibles & enjoués , vous y font fuppofec
une paix qui n'y eft point. La Bruy. Les foins at-
tachés aux dignités forment dans l'efprit un tour-
billon de chagrin qui rend les dehors fombres & re-
butans. Le P. Gail. Sous l'humble dehors à'unïei-
ped: affeèté vous cachez une noire malice. BoiL.
Tous les dehors du vice font plus fpécieux parmi
les Grands ; mais le fond y eft le même que cheJe
peuple. La Brut. Les femmes ne doivent pas né-
gliger les apparences , ni les dehors de leur con-
duite , fous prétexte qu'elles s'abftiennent dece qu'il
y a de plus grolîîer dans le vice. Bell. On ne prend
les dehors de la dévotion que pour être en droit de
réformer fon prochain. Vill.
ffT II faut pourtant remarquer avec M. l'Abbé
Girard, (\\\ extérieur Çq A\t plus fouvent de l'air &
de la phyfionomie des perfonnes \ que dehors efl
plus ordinaire pour les manières & pour ladépenfe;
& qi\ apparence femble être plus d'ufage à l'égard
des aétions & de la conduite. L'extérieur prévenant
n'eft pas toujours accompagné du vrai mérite. Les
dehors brillans ne font pas des preuves certaines
d'une fortune folide. Les pratiques de dévotion font
des appareniss qui ne dccidsiu rien fur la vertu. Je
ne
D EH D E î
ne dirois donc pas faiiver les dehors , garder les de-
hors avec rAcadémie, mais fauver les apparences.
Le Dehors fe die fur-tour en matière de dévotion ,
de tout ce qui eft étranger , extérieur , oppofé d la
retraite. Les emplois du dehors dillipent toujours ,
quelque faints qu'Us ioient. Bouh. J-'ie d'Ign. L. IL
Ils nerefpiroientque l'hérefie, & cachoient la cor-
ruption de leur cœur fous des dehors agréables.
1d.
On ditauffijCn termes de Jardinage, le dehors
d'un aibre , pour l'efpace qui elt hors de fa rondeur ,
de fa figure régulière. Ne manquez pas quand vous
taillez un arbre, de couper toutes les branches qui fe
jettent dans le dehors. Voilà des branches dans le
dehors de cet arbre , qui le rendent tout ditiorme.
LiGER.
Au Dehors. Sorte d'adv. A l'extérieur. Forlnfecus^ ex-
trinfccus.hQ deuil n'eft c\\iau dehors. Gon. Les dons
du S! Efprit qui fe font connoitre au dehors , font
données pour l'utilité de l'Eglife. Port-R. Les dé-
vots ne manquent pas de préférer certaines vertus
choifies dont l'exercice fe hiit au dehors. S. EvR.
La mauvaife humeur d'un Critique eft un chagrin
fuperbe& préfomptueux , qui fe produit au dehors.
' Balz.
De dehors. Autre forte d'adv. Oppofé à de dedans.
Forïs. Il vient de dehors. Pomey. On dit auOî qu'un
homme eft de dehors \ pour dire , qu'il eft étranger.
Dehors [eri). Autre forte d'adv. Qui eft oppofé à en
dedans. Prominens , emïnens 3 exfians. Les balcons
&les faillies qui fonr en dehors paient un droit au
Voyer. Cela avance trop en dehors. Porter la pointe
du pied en dehors , marcher de manière que les pieds
ioient bien ouverts , & qu'il y ait plus de diftance
entre les deux pointes des pieds qu'entre les talons.
Dehors {par). Autre forte d'adv. Par les parties exté-
rieures. Extra. On a vitité ce bâtiment par dedans Si
par dehors. Cette maifbn eft plus belle par dedans,
que par dehors.
Dehors {par), eft aufTi quelquefois prépofirion. Il
pilTa. par dehors l^. wWc 3 Lixtra urbem j mais en ce
fens il n'a guère d'ufage qu'en cette phrafe & autres
lemblables. Acad.
DÉHOUSER. V. a. Vieux motj cjui fîgnifie, Dcbotcer.
Ocreas deirahere. Il vient de houfes , ou houfeaux:
on ^i^oït dé hoiifer , pour dire , mourir, quitter fes
bottes : de- là le proverbe,
A Fanfoixante dou^e ,
Temps qu'onfe déhoufe.
DEHOUSSEE. adj. f. Terme comique , pour dire ,
Dépucelée. Devirginata. CloJJ.fur Maroc. Ce mot eft
vieux.
DEL
DEJA. adv. detempî. A cette heure-là, dès-lors , dès
ce temps-là. Jam. Déjà les ennemis s'approrhoient
avec une contenance hardie qui ravilFoit la viôhoite
par avance.
fcXDESA, fignifie aufli dès l'heure donc on parle. Il
étoir dé/a grand jour. Il s'emploie aulli dans la ligni-
fication d'auparavant. Il étoit déjà venu. Je vous ai
déjà dit ce que je penfois.
DÉJ ANIRE. f. f. Fille d'CEnce , Roi de Calydon , fem-
me d'Hercule- L'amour, jaloux de Déjanire qui
caufe la mort à Hercule , fait le fujet d'une Tragé
die Grecque , des Trachiniennes de Sophocle , &
d'une Tragcdiû Latine de Sénèque , intitulée , Her-
cule au mont Octa.
$3° DEICIDE, f. m. Ce mot n'eft d'ufage qu'en par-
lant de la mort , à laquelle Pilate &: les Juifs con-
damnèrent le Sauveur du monde. Dekidium. Tous
les maux dont les Juifs font accablés depuis tantdei
fiècles viennent du Dé.cide , qu'ils ont commis dans
la perfonne de Jefus-Chrift. Un Pocte a dit fur les
fruits de la morr de Jhsus-C-hrist ,
Tome III.
DEI
lîS
Grand Dieu ! grâce aux fureurs humaines,
L'Univers a (hange de fore 3
Je vois des palmes éternelles
Croître en ces campagnes cruelles j
Qu'arrofa tonfang précieux ;
L'homme eft heureux d'être perfide ;
Et coupables d'un déicide j
Tu nous Jais devenir des Dieux.
Nouv. CHOIX DE Vers.'
DÉICIDE, f. m. Coupable de déicide. Qui a donné la
mort à Jesus-Christ , qui en a été caufe. Deuida.
Judas eft un infâme déicide. Ne tournons point toute
notre indignation contre les Juifs j nous fommes
autant & plus déicides qu'eux.
^fT Ce mot eft formé des mots Latins Deusy
Dieu, & cxdere y tuer. Ainfi il fîgnifie mort d'un
Dieu. C'eft cependant comme homme que Jefiis-
Çhrift eft mort.
DEICOON. f m. FUs d'Hercule & de Mcgare.
DEIDAMIE, ouHIPPODAMIE. f f. Fille d'un Roi
d'Argos , cpoufa Pirithoiis. Leur noce fournit l'oc-
cadon du fameux différend des Centaures & des La-
pirhes , parce que les premiers voulurent infulter les
Dames de la noce.
DEJECTION. Terme de Médecine , qui fe dit de
l'évacuation des excrémens par l'anus faite par le
mouvement pcriftaltique des boyaux , ainfi que des
matières mêmes évacuées. Dejecilo. Les Médecins
jugent des maladies par les déjecilons.
DÉjEcrios, ou Chute , fe ditauftijcn Aftrologie Judi-
ciaire, des Planètes, lotfquelles fenr dans leur détri-
ment , qu'elles ont le moins de force par l'oppofi-
tion de quelques aUcres ; ou en Aftronomie, lorfque
la Planète eft dans le figne oppofé à celui où elle a,
plus d'efficacité &: d'influence , & que l'on appelle:
exaltation. Par exemple, le figne du. Bélier étanc
l'exaltation du foleil , le figne de la Balance fera fa
déjecllon. Dejecilo.
|iC#" DÉJECTION ou efFufion des chofes qui ont porté
préjudice à quelqu'un : c'eft un quafi-délit donr eft
tenu celui de la maifon duquel on a jeté ou répan-
1 du , de jour, ouàhoure indue, ou quelque chofe qui
a caufé du dédommage , dans l'.n lieu où l'on a cou-
tume de palier ou de fe repofer. De ce qnafi-délic
naît une action appellée de dejeclls vel ejfufs , qui
parmi nous eft portée par-devant le Lieutenant de
Police. Le Propriétaire ou le principal locataire de
la maifon d'où la chofe eft tombée ou a été verfée,
eft refponfable du dommage qui en eft arrivé , ou
le Sous-Locataire de l'appartement duquel la chofa
eft tombée ou a été verlée.
ifT DEJETER (se), v. récip. qui fe dit du bois qui
fe tournjcnte pour avoir été mis en œuvre avant
que d'être bien icc , & qui fe courbe , ou qui fort d»
fes emboîtures , de fes rainures. încurvarl. Le bois
vert eft fujet à fe déjctter, à fe tourmenter , à fe cour-
ber , s'enfler, s'étendre. Monfieur Dionis emploie
déjetter en parlant des courbures qui font perdre an
corps ou à fes parties leur difpofition , leur fitua-
tion, leur figure naturelle. On remarque que l'épine
fe courbe &r fe déjette en cinq manières principales.
DioNis. La méchanique dont on ufepour redrelTec
des tailles qui fe dcjettent.
Déjeté, ée. part.
DEJEUNER. V. n. Faire le premier repas du jour , qui
fe fait avant le dîner. Jentare. Cet homme a toujours
déjeûné Ahs le matin. Il a bien gagné à déjeuner. Dé-
jeuner à\\n pâté.
Ce mot vient du Latin dejenare , comme qui di~
roit , rompre le jeûne , Eiire une aétion con-^raire au
jeûne, d'où quelques-uns ont fait auflî par abrévia-
tion le mot de dîner , parce qu'autrefois on ne dî-
noit point quand on jeûnoir.
Déjeuner, ou De JE UNE. f m. iMufieurs écrivent déjeûné
fans r , & on le prononce toujouts ain(î. Léger repas
u'on fait le matin avant le dîner. Jentaculum. Muni
un bon déjeuné. Boil, Les eafans & les vieillards
A4
d 1
i%6
D Ê î
ajoutent aux deux repas ordinaires j le déjeuner Se le
goûter. Lemery. Ils trouvèrent un bon déjeuner qui
les attendoit, & qu'ils mangèrent de tort bon cœur,
béniflànt Dieu , qui ne leur avoit pas fait manger
leur pain blanc le premier. Racine.
Qu'un ample dé jeûné
Long-temps nous tienne à table , &s'unijje au dine'.BoiL.
On appelle déjeàne'-dine'j un grand déjeuné (\m ne
permet pas de dîner. On dit ae/e««d de Clercs, dî-
ner de Procureurs, collation de Commères, iou-
per de Marchands.
Déjeuner , fe ditfigurément & dans le ftyle familier,
en parlant de quelque chofe dont on croit qu'on
viendra facilement à bout , qui ne peut pas réiifter
long - temps. Cette place ne peut pas tenir long-
i temps : il n'y en a pas pour un bon déjeûner, lies
cliqua levioris mom.emi ac ponderis. Il a eu peu
de bien de fa femme , il n'y en a pas pour un bon
déjeuner.
DEIFICATION, f. f. Terme du Paganifme. Adion
ou cérémonie par laquelle on déifioit les Empereurs,
on les mettoit au rang des Dieux , on leur décer-
noit les honneurs divins. Apotheofis , confecratio , in
numerum Deorum relatio. C'ell le même o^ Apo-
théofe. Cette coutume qu'avoient les Romains de
déifier leurs Empereurs Ht dire à Vefpafien lorfqu'il
fe fentit près de mourir : Je fens bien que je de-
viens Dieu.
Eusèbe , appuyé fur le témoignage de Sancho
Jiiathon , rapporte que dans les premiers temps
ceux qui s'étoient diftingués par leut fagefle , leur
force , ou leur valeur \ &ceux qui avoienc contribué
d'une manière éminente au bien de la fociété , ou
à qui les arts étoient redevables de leurs progrès ,
avoient été déifiés de leur vivant , ou immédiate-
ment après leur mort. EJfaifur les Hiérogl.p. 5 1 1.
DÉIFIER, v. a. Mettre au rang des Dieux. In nume-
rum Deorum referre. Les Romains ont déifié \^ plu-
part de leurs Empereurs.
DÉIFIER, fe dit aulfi figurément de ceux qu'on loue
par excès, & qu'on veut faire palfer pour des Dieur.
Extollerefupra modum. Tout Pocte déifie fes Héros ,
fes Mécénas , Ïqs Maîtrefles.
DÉIFIÉ , ée. part.
DÉIFIQUE. adj. m. & f. Vieux mot. Qui a la vertu
de déifier , de rendre femblable aux Dieux ; excel-
lent , admirable. O déifiques doublons d'Efpagne ,
qui avez eu cette efficace de nous faire tous rajeunir
éc renouveler en une meilleure vie ! s'écria l'Arche-
vêque de Lyon dans fa Harangue , p. 68. du i. t. de
la Sat. Ménip.
DÉiFiQUE. Divin, parfait en fcn genre. Divinus. dei-
ficus a unik
Hauts Empereurs _, Prince (fes magnifiques ^
Laides & laids, vifages déifiques. Marot.
DÉILE. f. m. Foye'^ Déel.
@Cr DÉINCLINANT , DÉINCLINÉ , adj. Terme
de Gnomonique. Cadrans deindinans ou déincli-
nés font ceux qui déclinent èc inclinent , ou récli-
nent tour-à-la-fois , c'eft-à-dire qui ne paflent ni par
la ligne du zénith , ni par la C9«imune feétion du
méridien avec l'horifon , ni pat celle du premier
vertical avec l'horifon. Encyc.
^ DÉINOUR. Ville de l'Iraque Perfienne, près de
la ville de Hamadan. Long. 8 5.deg. fept. 3 5.deg.
félon les Tables des Arabes.
DÉîNLE. f m. Petite ville des Pays-Bas. Deinfa ^
Donfa. Déinfe eft fortifiée. Il efl: dans la Châtellenie
de Courtray en Flandre fur le Lys.
^ DÉJOINDRE. V. a. Particulièrement ufité en
parlant des ouvrages de Charpenterie , de Menui-
ferie & de Maçonnerie. Séparer ce qui étoit joint ;
faire que ce qui étoit joint ne le foit plus. Disjun-
gere. Le hâle a déjoint ces ais.
' 1(3° Il eft fouvent employé avec le pronom psr-
D E î
fonnel. Les pierres de cette voûte commencent à fé
dejoindre. Le bois vert qui eft employé dans les ou-
vrages de Menuiferie fe c^£/o//;rj fe déjette, quand
il travaille, quand il devient fec. Quand les tableaux
peints fur du bois fe déj oignent ^ tout l'ouvrage eft
défiguré.
DÉjoiNT , OINTE , part.
DEJOPÈ. f f. Fille d'Afius , une des Nymphes com-
pagnes de Cyrêne , mère d'Ariftée.
DÉJOUER j en termes de Marine, fe dit d'un pavil-
lon , d'une flamme, d'une girouette qui voltige au
gré du vent. Circumjerrivento. Le pavillon déjoue.
DEIPHILE. f. f. Fille d'Adrafte , Roi d'Argos, dévoie
époufer un fanglier, fuivant l'oracle d'Apollon , qui
fe vérifia en ce lens qu'elle époufa Tydée , qui por-
toit une peau de fanglier.
DEIPHOBE. f. m. Fils de Priam , après la mort de fon
frère Paris, époufa la belle Hélène. Cette femme le
trahit j la nuit de la prife de Troye , elle introduific
dans Ion appartement Ménclas & Ulylfe qui le tuè-
rent. Enée à fon retour des enfers lui éleva un mo-
nument.
DÉ1PH03E, f. f. C'eft le nom de la Sibylle de Cumes,
fille de Glaucus , & Prètrelfe d'Apollon. Cette Si-
bylle rendoit fes oracles du fond d'un antre qui étoÎE '
dans le temple d'Apollon. Cet antre avoit cent por-
tes, d'où fortoient autant de voix terribles qui fai-
foient entendre les réponfes de la Prophétellè. Déi~
phobe étoit aufii Prêtrefle d'Hécate qui lui avoic
confié la garde des bois facrés de l'Averne. C'eft
pour cela qu'Enée s'adreffe à elle pour defcendre
aux enfers. Les Romains élevèrent un temple à cette
Sibylle dans le lieu même où elle avoit rendu fes
oracles , & l'honorèrent comme une Divinité.
DÉIPNOSOPHISTE , ou DIPNOSOPHISTE, f. m.
Qui fait des leçons de Philofophie à table, qui mo-
ralife à table; Deipncfophifia. Un Déipnofophifié
dans Athéhée fait venir la coutume de porter des
couronnes , de la permiffion qu'en donna Jupitet a.
Promérhée , & montre que ce qui a depuis fait ranc
d'honneur aux hommes , n'a été donné en premier
lieu que pour une peine. Baudelot, Hift. de Ptolé-
mée Aul. L. IL C. VIIL ;?. 3 3 9.
DÉISME, f. m. Doétrine de ceux qui , pour toute Re-
ligion , croient qu'il y a un Dieu , & fe bornent k
fuivre la loi naturelle. H&refis eorum qui Deo j quem
jatentur exifiere j nullum cultum exhibent^ nifiut libet.
Deifiarum Hizrefis.
DÉISTE, f. m. Homme qui n'a point de Religion par-
ticulière j mais qui reconnoît feulement l'exiftencé
d'un Dieu , fans lui rendre aucun culte extérieur ,
en rejetant toute forte de révélation. NuUius cultor
religionis & in folâ Dei exiftentis confeffionc con-
quiefcens ; Déifia. Les Déifies foutiennent que lé
plus certain eft d'en revenir à la fimplicité de la na-
ture , & à la créance d'un Dieu unique , qui eft la
feule vérité reconnue du confentement de tous les
hommes. Ils prétendent que la libetté de la raifon
eft opprimée fous le joug de la Religion , & que les
efprits font tyrannifés par la nécefîiré qu'on leur im-
pofe , de croiredes myftères inconcevables , comme Ci
Dieu pouvoir difpenfer d'un culte fincère &vétitable
ceux qui le reconnolifent pour teL On appelle plus
particulièrement Z)q/?ejj des gens qui ne font point
tout-à-fait fans Religion, mais qui rejettent toute
révélation , croyant feulement ce que la lumière na-
turelle démontre , qu'il y a un Dieu , une Provi-
dence , des récompenfes pour les bons , & des châ-
timens pour les méchans ; qu'il faut honorer Dieu ,
mais chacun à fa manière & félon fa volonté, comme
on convient , difent-ils , que les premiers hommes
l'ont fait jufqn'à Moife ; comme fi, fuppofc que
Dieu ait révélé des vérités , & qu'il ait prefcrit un
culte qu'il veuille qu'on lui rende 3 on pouvoir ne
lui pas obéir ; ou que la révélation pût être douteufe
après toutes les preuves que nous en avons.
DÉITÉ. f. f. Terme de Pocfie, qui a été appliqué aux
Dieux & aux Déeft'es des Payens. Divinitas. Jupiter,
Apollon, Junon &C Mincrve,étoient les Déicés des Ido-
DEI
fetreî. La bonne Fortune a toujours été la principale
'JDdicédes Princes. P. Job. L'attachement particulier
que les Princes ont eu à certaines JJucjs ^ &C les
litres particuliers fous lefquels ils les ont honorées
en reconnoilHince de leur proteàion en général , ou
de quelques grâces paruculières quils en avoient
reçues , nous eft connue par les manières oiftérentes
de la Iccende des médailles. Idem. On commence à
eltimer les fuites des Dc'uésj à caufe du plaifir qu'on
a d'y remarquer les noms difFérens , les fymboles ,
les temples , les autels & les pays où elles étoicnt.
L'on en peut faire une belle fuite de bronze par le
moyen des villes Grecques qui en fournifFenc grande
quantité ^ mais la plus jolie oc la plus agréable ell
celle d'argent que fourniirent les médailles des fa-
milles. Id. Sur les revers des médailles impériales
les Déités font repréfentées plus agréablement en-
core que fur celles des familles. Id.
On dit des perfonnes qu'on veut louer exceffive-
ment , qiie ce font des Z^eWj-.^
DEJUC. f. m. Temps où les oifeaux juches fe ré-
veillent, & quittent le juchoir. On le dit par exten-
fion du lever des hommes , quand on les prend au
fortit du lit. Tenipus quo alites cvigilunc j u* de per-
ticâ dcfdïunc. Mane j diluculum.
Ce mot fe dit encore dans la Ivlénageriè , quand
on parle du lever des volailles.
DÈJUCHER. V. n. &a. Sortir du juchoir. Faire fortir
du juchoir. Dorm'uoriâ pei ckâ ex'dire j de dormiwrïà
perticà dcjicere. Voilà l'heure où les poules déjuchenc.
Ce payfan eft allé c/cy'ttc/zer des poulets pour les ven-
dre a un poulaillier.
^^ DÉJUCHER, fe dit au figuré pour fe déplacer d'un
lieu haut & élevé. Je vous ferai bun déjucher
de-U.
UCT On le dit auflî adivement, dépl.icer , faire
fortir quelqu'un d'un lieu élevé &i avantageux. De
pellere, detrudere , dejicere. Les ennemis fe font em-
parés de ce château , de cette éminence , on aura
bien de la peine à les déjucher de-U. Il eft du ftyle
familier.
DÉJUCHE, ée, part. ,
DEIVIRIL, ILE. adj. "terme dogmatique de Théo-
logie. Qui eft tout enfemble divin C^ humain.
Theandricus. Les Euthycliiens difoient que le même
Jefus-Chrift& le même Fils, produit les opérations
divines , & les opérations humâmes , par une feule
opération théandiique , c'eft-à-dire , Dcivuile , ou
divine & humaine tout enfemble , eniorte que la
diftinélion n'eft que de la part de notre entende-
ment. C'eft M. rÂbbé Fleury qui parle ainil \ mais
ce mot n'eft point dans l'ufage \ on dit toujours
théandriqde. M. Godeau s'en étoit fervi néanmoiiis
avant lui dans {onHift. de l'Eg. VIP iiècle , L. i. ii°.
84. On lut encore (dans le Concile tenu par le Pape
Martin en 649. ) les neuf Chapitres ou Articles de
Cyrns , Patriarche d'Alexandrie , & parce qu'il fe
fondoit fur une autorité de S. Denis en fon Epitre
à Caïus, dans laquelle il appelle l'opération de J.
C. Deivirile\ les Èvèques firent apporter le livre de
ce Saint, 6c le Pape remarqua que C'.yrus avoir cor-
rompu fon texte. Car S. Denis avoit dit une nou-
velle opération û'//viri/f, c'eft-à-dire j théandrique;
& Pyrrhus lui faifoit dire une feule opération, chan-
geant le mot de nouvelle, en celui àt feule. Unam
operationem pour novam operc.tionem , ce qui étoit
bien difFérenr. Quelque temps après Sergius raya
aufti le mot de deivirile, par lequel S. Dents n'enten-
doit autre chofe ^ finon que le verbe s étant fait
homme, opéroit divinement & humainement;
mais il ne vouloir pas dire, qu'il n'y eût qu'une opé-
ration en lui. GoDEAu.
Ce mot eft compofé de Dcus ^ Del , Dieu _, & vi-
nV/j, viril j de r;>, homme, & fignifie une chofe
DEL Mj
1,\ natute humairie & ia nature divine depiiis l'union
& par l'union hypoftatique étoicnt contondues en-
femble i\; devenues une feule nature, qui n'étoit ni
lune ni l'autre, mais un compofé de l'une 6c de
l'autre, une troiûème nature qui réfuhou de rûnion
& du mélange de l'une & de l'antre , 1! s'enùnvoit,
comme ils le difoienr en elFet , que les opérations de
cette croifième nature, c'eft-d-dire, de J. C. n'é-
teient ni purement divines, ni purement huiimnes,
& qu'il n'y en avoit piuîdedeux l'eues j léi unes
divines te les autres humaines; man qu'elles étoienc
route d'une feule efpcce, qu'ils appeloicnt thé.indri-
<\\xt%,del\irLies , c'eft-à-dire, fi l'on pouvoir s'expri-
mer ainfi , d;viu-huma':nes. Au refte , le P. le Quien ,
Dominicain, bien loin d'cxcuftr le préttni'u S. De-
nis,& de l'expliquer J prétend que c'eft un hérétique
Monophyfite. i^ oye\ les Dlifertations préliminaires
de ce Pèie fur S. Jean DamafcènCj d^ns la nouvelle
édition qu'il en a donnée.
i) E L.
DELA, adverbe de lieu relatif à deçà, qui marque ntî
éloignement du lieu où l'on eft. iJUra. A cinq ou lix
cens pas c/c/J venoit Sifigambis. Vaug. Une ligne à
plomb i eft celle qui ne penche ni en deçà ,. ni en
delà. Hinc indè. C'eft un homme qui court deçà «Se
delà pour apprendre des nouvel 1 .s. Hue & llluc. De
côté & d'autre. Jambe de^à , jambe ^Wà.
^fj Delà , j.répofition. fignifie plus outre,, de l'autre
coté. Trarù. Delà les monts. Delà l'eau. Palier delà
l'eau.
§cr En ce fens il fe joint avec les particules au^
de J i?c par. Aa-dtià de la rivière. Di-dei-.'. 1 -s monts.
Dix lieues ^-.u-de^à. Le Roi û'i.fpagne pr^nd la qua»
lité de Roi de decàbcdelà les mers. C'eft la lu... des
chofes qu'on écrit qui déternniie dans ces occalions-
là, la figmhcation vague & générale .Hu mot .lelà.
f(C7"DELÀ,par-decà, par-delà. Façonsi eparlerqui mar-
quent le lieu où elt celui à qui l'on pari . Ecrivez- moi
de delà j je vous écrirai de deçà, quand vous ferez
par-deià.tAC^on'i d. parler qui ne font plus en ufage.
Aù-bhLÀ , adv. Aller au delà. Ulcrà, crans. Je lui ai
donné tout ce que je lui devois j & au-delà, c'eft-à-
dire, encore davantage. , . .
Au-DFLA , êft au(îi une prépor.tlon qui régit le génitif.
S'empoiCir au-delà des bornes. Abl'.nc. Uwa. Il à
été au-ac.à de ia Ligne. La Chine eft à plus de 600
lieues au delà des terres qu'habitent les Hoilandois
dans l'Inde. Il ne faut rien -itreprendre ^«-d'e'à de
fes forces. Les Modernes ont bien pilfé au-delà des
Anciens, fi l'on en crpir quelqiiej Sav.ms mod^-rnes;
mais c'eft avoir trop bonne opinion de notre nècie,
que d J fe perfuader que nous en foyons encore venus
julque-là. )■ .
Par-delà, ad\'. Il eft pifFé par-delà. Voila un ouvrage
achevé , je ne vois rieii par-delà. Vitra.
Par-delà , eft aulFi une prépofition qui régit l'accufa-
tif. Je l'ai itxv'x par-delà rour ce qu'on p.at s'imagi-
ner. Ultra. Elle '^xomti par-delà fon pouvoir. Ra-.
CINE. Par-delà mes fermens, Exprellion dont s'eft
fervi Corneille dans Cinna.
Et prens voi intérêts par-delà mesferrhïnsi
tfT Expreflîdn dont je ne trouve que cetej^êmpîe,'
& cer exemple me paroîr mériter d'être fuivî. Volt,
DÉLABREMENT, f. m. Ddaceratlo. Etat d'une chofe
délabrée. Voilà un habit dans un pitoyable délàhra ,
ment.
DÉLABRER. V. a. Metfre en pièces, en lambeaux;
Lacerare. Il ne fe du, au propre, que des habits , dej
étoffes J tapi(F;ries, où autres choies qui fe peuvent
mettre en lambeaux.
qui eft tout à la fois divine & humaine, un mélan-iD'.LÀBRER, fe dit, au figuré, d'une armée, d'une affaire.
ge, un compofé de divin & d'humain. Les héréti-
ques Monophyfites avoient fait ce mot pour expri-
mer leur erreur; car, comme ils enfeignoient qu'il'
n'y avoit point deux natures diftincl:es en J. C, qye |
d'un procès, d'une maifon, d'une terre, qui font
en défordre, en mauvais état. Une année délâbrnc
par les fatigues 5: par le manque de vivrer. Quarra
on achète des terres par décret , elles font ardmairif-
A a ij
i88
DEL
mène déliihrccs. Sans moi vos affaires ctôîent fort
délabrées. Mol.
DÉtÂBRÉ , ÉE , part. & adj. Lacer , laceratus. Une ré-
putation délabrée. Troupe de Comédiens délabrés.
ScAR. Famille délabra ., ruinée. Homme délabré ^
dont l'habit eft tout déchiré.
DELACER , V. a. Oter le lacet, ou le ruban qui tient
quelque chofe lacée ou attachée. Exfolyere , laxare
Juniculoferico. Délacer un corps de jupe. On dit de
même délacer une femme, défaire le lacet qui eft paifé
dans les œillets du corps de jupe.
DÉLACÉ , ÉE, part.
§3* DÉLAI, r. m. Ce mot eft f)^nonyme à remife, &
tient un peu du Palais. Il lignifie en général le renvoi
d'une chofe qui devroit être faite dans un certain
temps , à un temps plus éloigné. Dllatic, , procraJU
natlo. Les mauvais payeurs ne cherchent que des
délais pour ne point payer. Donner, prendre du
délai.
^3" DÉLAr, en Jurifprudence, eft un terme qu'on don
ne à quelqu'un pour faire quelque chofe. Temps
- accordé par la loi ou par la coutume, pour la procé-
dure ou pour les aftaires. Dilatio. Les délais qu'on
donne pour alîîgner, pour comparoir, pour fournir
des écritures j &c mettre un procès en état , font ré-
glés par l'Ordonnance. Vadimonii prolatio , dilatio
On accorde à l'héritier préfomptif 40 jours après
l'inventaire, pour délibérer s'il acceptera la fuccef-
fîon. Il a obtenu un renouvelement, une proroga-
tion de (/e/<2i pour faire fa preuve; pour délibérer,
pour rapporter des titres , des Bulles , pour fe faire
promouvoir aux Ordres.
fC? DÉLAI, fatal ou péremptoire, eft celui qui eft
préfix fans efpérance de prolongation.
1^ Bref ^e/ai eft celui qui eft plus court que les
délais ordinaires : ce qui arrive dans les cas qui re-
quièrent célérité.
|iCr DÉLAI de grâce, qui eft accordé par le juge ou par
les parties au-delà des délais ordinaires.
On dit, en Pratique , pour toutes préfixions &
délais. On l'a appelé auffi autrefois jour d'apenfe
ment\ Se «/e/iïi en quelques Coutumes a fignifié /'«-
jure atroce 3 ou reproche de quelque cas laid ou
vilain.
Ménage dérive ce mot de dilatum ; qu'on a dit
pour dilatio.
Délai, Terme d'Horloger. On l'appelle autrement
volant. C'eft dans les grotfes horloges ce qui fert à
les retarder. Retinaculum.
C'eft aulîî l'efpace de temps qu'il y a depuis que
la cheville de la roue d'étoteau le repofe fur le den-
tillon, jufqu'à ce que la fonnerie parte. Cet inter-
valle eft dans toutes les fonneries j excepté celles qui
ont des détentes à fouet.
DÉLAIS, f. m. Terme de Palais. Ceffion j abandonne
ment d'un bien pour lequel on eft inquiété. Derelic-
tio 3 cejjio. Un acquéreur après avoir fait le délai &
déguerpiftement de l'héritage, eft déchargé de l'ac-
tion en déclaration d'hypothèque.
DÉLAISSEMENT, f. m. Abandonnement, manque de
fecours, d'afliftance. Dereliclio , defiitutio. Prétendre
que le délaijjanem Aq Jesus-Christ fur la croix le
porta à des mouvemens de défefpoir ; c'eft une im
piété, & une abfurdité de Calvin, à laquelle on ne
fauroit trouver de nom alfez tort. On doit plaindre
cette veuve dans le grand délaiffement où elle eft,
fans fupport , fans amis. C'eft un délai ffementcniel,
mais il n'a point d'idée tragique, il ne touche pas.
Le Mait.
DÉLAISSEMENT, Terme de Palais. Ce mot fe prend
quelquefois pour abandonnement j &c dans un fens
oppofé en quelque chofe à celui de déguerpilfement:
mais c'eft proprement iin terme général qui convient
à cinqefpèces différentes qui font la ceflion de biens,
la renonciation tant à la fucceffion qu'à la commu-
nauté j le défiftement d'une poffeflion , lorfqu'on eft
pourfuivi par une aétion réelle, l'abandonnement
par hypothèque, & le déguerpiftement. Cet hom-
DEL
me eft obéré , il a fait un délaijfement, un abandon
général de tout fon bien à fes créanciers. CeJJîo.
DÉLAISSEMENT pat hypothèque. Ceflion & abandonne-
ment quife fait par le détenteur d'un héritage hypo-
théqué à des dettes antérieures à fon acquifition.
Cejfio. Par le délaiffement , il s'exempte des arréra-
ges des rentes auxquelles le fonds eft hypothéqué. Il
y a cette différence entre le délaijj'ement & le déguer-
pilTèmentj c'eft que par le délaijj'ement , on ne perd
p.as abfolument la propriété de l'héritage délaifféj
au contraire , on peut en reprendre la poffeftioa
tant qu'il n'a pas été adjugé en Juftice, en paffanc
titre nouveau des rentes qui font dues par le fonds.
Déplus, Il après les rentes payées il rcfte de l'argent,
celui qui a fait le délaijfementïe prend en fon ordre
pour le prix de fon acquifition. Mais celui qui fait le
déguerplffement j abandonne le fonds fans retour
& lans réferve.
DÉLAISSEMENT J OU délais , en termes de Marine, eft
un aéle par lequel un alfuré dénonce la perte du
vaiffeau à l'affûteur, & lui délaiffe &c abandonne les
effets fur lefquels l'affurance a été faite, avec fom-
mation de payer la fomme affurée. Cejjla.
§3" DÉLAISSER, v. a. Laiffer quelqu'un fans fecours,
n'avoir.point de foin de le fecourir. Derelinquere ^
deffituere. Le Sauveur dit à fon père, étant fur \x
croix , Seigneur, Seigneur J pourquoi m'avez vous
délaijfé. Job fe plaignoit d'être délaijfé de tous fes
arais. La fcience eft trifte, affreufe, délaijfée. Boit.
|tl? Obfervons avec M. l'Abbé Girard que délaiffer
ne fedit guère que des perfonnes. Nous délai (fons les
malheureux à qui nous ne donnons aucun lecours.
§3° On dit plus fouvent abandonner que délaiffer.
Ce dernier a meilleur grâce au participe qu'à fes
autres modes , & il a par lui feul une énergie d'uni-
verfalité , qu'on ne donne au premier qu'en y joi-
gnant quelque terme qui la marque précifément.
Ainfi l'on dit : c'eft un pauvre délai {fée, il eft généra-
lement abandonné de tout le monde.
§3° Souvent nos parens nous abandonnent plutôt
que nos amis. Dieu permet quelquefois que les
hommes nous délaiffent pour nous obliger à avoir
recours à lui. Une perfonne qui fe vok délaijffée dans
fa mifèrene regarde la charité que comme un para-
doxe qui occupe inutilement une quantité de vains
difcoureurs.
DÉLAISSER J lignifie auflij donner, quitter, abandon-
ner. Cedere. Dans les Contrats, on dit qu'on a quitté
Se délaijfé uns terre, à ritre de ferme, à un tel mé-
tayer ; à titre de vente , de donation. Il a été contraint
de déguerpir, de délaijjerh polleflion de cet hérita-
ge, f^oyei DÉLAISSEMENT , terme de Palais.
§3° On dit .aulîî, en termes de Pratique, délaiffer
une procédure commencée , délaiffer des pourfuites,
s'en déhfter.
DÉLAISSÉ, ÉE , part. & adj. Reliclus , dere/iclus , dejli-
tutus.
DELAL. f. m. Les Perfans nomment ainfi certaines
perfonnes qui .agiffent pour eux dans l'achat Se dans
la vente de leurs marchandifes : c'eft ce que nous
appelons proprement en France des Courtiers.
DÉLARDEMENT. f. m. Terme d'Architeélure. C'eft
pour les pierres la même chofe que le débillarde-
ment pour les bois. Il fe dit parriculièrement de
l'amaigriffement que l'on fait au-deftous des mar-
ches, pour former l'intrados d'une rampe ou d'une
coquille d'un efcalier tournant. Frezier. DetracUoj
imminiLtio.
DELARDER. v. a. Terme de Charpenterie. C'eft, ra-
battre en chanfrein les arrêtes d'une pièce de boisj
comme quand on taille l'arrêtier de la croupe d'un
comble. Pariem tigni angulatam decutere, recidere.
Si on abat les arrêtes en creux , on dit, délarder ctl
creux. Délarder des chevrons , des arrctiers , &c.
DÉLARDER , en Maçonnerie, c'eft piquer avec la poin-
te d'un marteau le lit d'une pierre; & démaigrir ce
qui en doit être pofé en recouvrement, Craffitudl-
nem lapidis qui alteri tcoendo inferviat imminucre 3-
tenuare : c'eft aufli couper obliquement le deffous
DEL
d'une marche de pierrei c'eft pourquoi on dit qu'elle 1
porte fon délardemént.
IP^-Delardée, ée, parc. Chevron déhirdc. Marche
d'efcalier delardée.
IP" DELASSEMENT, f. m. Terme relatif au befoin
oue le corps <Si l'ame ont de repos. Par rapport au
1 , r, 1 lAi. ^ ! 1 A„ I :i .
DEL 189
Terme de Médecine. Remède qui rend les humeurs
plus fluides , en écartant leurs parties unies & ferrées
& mettant entr elles un liquide qui les tient plus (c-
parées. Le principal délayant eft l'eau. Dilucns. Les
tifannes rahaîchilFantes , les émulfions, les eaux
de poulet, de riz, d'orge, de coquehcoc, &c. fonc
corps, c'eit le relâche qu'on prend après le travail : _ des délayans. Bouillet. On rend ces délayans plus
celTàtion de travail dans la vue de réparer les forces. ' efficaces par l'addition du fel de prunelle , du nitte
Par rapport à l'efprit \ c'ell un palFe temps pour le \ purifié ; de l'efprit de vitriol ou de foutïre. Id.
diftraire de fes fatigues. Corporis ^ an'uni rcjeclio ,\ DELAYER, v. a. Détremper, rendre une chofe liquj-
recreano. Amufemenc dit une occupation légère , «Se , de, ou plus liquide qu'elle ne l'étoit auparavant • ce
qui plaît. Divercijjemenc p3.wit annoncer des plaifus ; quife faitpar le mélangedequelque Viquenr:. DHuere.
plusvifs & plus étendus, liccréadon dit un court!
déla(fcmen[. f^oyei ces mots. Après de grands travaux, j
il faut du délajjement. Le jeu eft un travail pour les *
unsj & un déiaff'cmeru pour les autres. La Comédie .
fut toujours le délajjement des grands hommes , le |
divertillèment des gens polis in: l'amufement du:
Il faut bien délayer la harine pour faire de la bouillie
ou de la colle. On délaye de l'ocre avec de l'huile
pour peindre des travées, des portes, &c. pluûeurs
prononcent ^/A7)cr, mais mal.
Ce mot vient du Latin diluere j ou de deliquare.
Ménage.
peuple. S. EvR. Dans cette augufte retraite oii il dai- j Délayé , éé. part.
gne quelquefois m'admettre à fes <^e7^//èOTt;«j-, dans; DELAYER, v. n. Vieux mor. Ufer de délai , différer.
ces momens heureux, où il tempère l'éclat qui l'en- j Poef. de Jean le Févre.
vironne pour defcendre jufqu'à nous , je recueillerai! DELBRUGH ou DELBURGK. Bourg , ou petite ville
plus foigneufement que jamais fes paroles. Le Duc du cercle de Weftphalie. Delbruggia. Ce lieu eft
près des fources de l'Ems , dans l'Evêché de Pader-
borne. C'eft à Delbrug que les Légions de Varus
fiu'ent taillées en pièces , & que Germanicus ven-
gea cet affront tau au nom Romain , par la défaite
des BrudèreSj dont ce fut la dernière habitation.
Voye\\t% Monumenta Paderbornen/ia , p. 57.
DÉLEALTÉ. f. f. Vieux mot. Déloyauté.
DELÉAN , ou félon la prononciation Hébraïque, Di-
lean. Ville de la Tribu de Juda, }of. XV. 38. Les
Septante la nomment a«a«c^. Selon les principes po-
fés par le P. Soucier j Jéfuite , dans fa Dilferta-
tion fur les médailles Hébraïques, &c fur les pre-
mières lettres Hébraïques, c'eft une faute du Copiftej
on a pris un nun de l'ancien & vrai caradère Hé-
breu , pour un daleth du même caraélère , ce qui
eft faifable dans un exemplaire ufé.
|p° DÉLECTABLE, adj. de r. g. Quelquefois em-
ployé fubftantivement. Cette épithète paroît con-
venir aux choies qui flartent les fens ou le goût.
Deleclab'dcs ^ deleclationem ajfferens. On dit d'un lieu ,
d'un féjour, qu'il eft déleclahle. Ce vin , ces mets
font delcclables.il faut préférer l'honnête au </e7ef-
table.
Que toujours cher à mes amis j
Mêlant l'utile au délectable ,
Leur amitié tendre & durable
Me tienne ce qu'il m'ont promis.
NoUV. CHOIX DE VERS.
|C? Je haïrois ce mot, dit le P Bouhours , li M.
de la Chambre ne s'en fervqit pas quelquefois. Il
peut palfer en fait de morale.
DE LA Force , parlanr du Roi
ifT DELASSER, v. a. Donner du relâche. Se délajfer,
réparer fes forces par la ceftation du travail, diftraire
l'elprit de fes fatigues par quelque paffe-temps. Le
fommeil délace. On fe couche pour fe delajjcr. Le
jeu délaffè l'efprit. Corpus j animum recreare, reficere.
Délaffer le Roi de fes nobles travaux. Mol. Il faut
délaQér l'efprit qui eft trop tendu. Ablanc. Allons
nous délajfer à voir d'autres procès. Racine. Alexan-
dre étant à Ephefe, pour fe délacer l'efprit, alloit
fouvent à la boutique d'Apelle, fameux Peintre de
fon temps. Du Ryer.
Délassé, ée, parr.
^CT DÉLATEUR, f. m. On donnoit ce nom à Rome ,
à des Citoyens qui devenoient les accufateurs fecrets
ou déclarés de leurs Concitoyens. Delator. Les déla-
teurs étoient fort à craindre dans l'ancienne Rome.
Les délateurs étoient tort communs & fort odieux.
Les déferts autrejois peuplés de Sénateurs ,
Ne font plus habités que par leurs délateurs. Rac.
^CT DÉLATEUR. En Jurifprudence, eft celui qui dé-
nonce à la juftice un crime ou un délit , & celui qui
en eft l'auteur j fans fe porter partie civile. En quoi
il diffère de l'accufateur, qui défère auili un crime à
la Juftice , en rend plainte , mais en pourfuit la ré-
paration comme partie civile.
tfT On ne fe fert chez nous que dumotde dénon-
ciateur que l'on regarde comme fynonyme de déla-
teur à^^ns toute la rigueur d'une parfaite reffemblance.
Cependant celui de dénonciateur paroît avoir une
lignification plus étendue, & convenir à toutes for-]
tes de dénonciations : au lieu que celui de délateur
eft plus à fa place quand il eft'queftion de dénon- -DÈLECTABLETÉ. f. f. Vieux mot. Joie. On a die
dations odieufes. Le délateur eft prefque toujours! Àa.nsXam'imQkvis Délitablete j,déliteuxèc délicieux ^
l'inftrument de la paflion d'autrui , conduit par des | pour délicieux j agréable,
impreffions étrangères , ou par des motifs qui le ren- DÉLECTATION, f. f. Deleclatio. Sentiment doux &
dent vil & odieux. Le dénonciateur peut-être animé
par des motits louables & honnêtes,
fd- DÉLATION, f. f. Délatio. Dénonciation d'un
crime fait à la juftice par quelqu^un qui n'eft point
perfonnellement intéreffé à la pourfuite de ce crime.
Dans les crimes de Lèfe-Majefté on arrête fouvent
fur une fimple délation. On ne décide point de la vie
d'un homme fur une fimple délation.
DELATTER. v. a. Oter les lattes de deffus un toît. Tc-
g^ulas detrahere. Il faut délaaercQ toît, & le relatter
a neuf.
f3° DELAVE. ÉE. adj. ou participe du verbe délaver
qui n'eft plus en ufage. Terme de teinture qui fe dit
des couleurs foibles &: blafardes. Voye^ ces mors.
Ce bleu eft trop délavé. Dilutior ejî.
^fT Les Joailliers appellent aufli pierre délavée ,
celle dont la couleur eftfoible.
#3- DÉLAYANT, f. m. ou adj. pris fubftantivement.
agréable j plaifir qu'on favoure , qu'on goûte avec
réflexion. On boit , on mange avec déleélation. On
prend trop de dclcclation aux chofes du monde. Ce
mot n'eft guère dans l'ufage ordinaire. Il eft admis
en fait de morale. Il eft très-familier parmi ceux
qu'on appelle Janfeniftes. Il répand une dou-
ceur célefte qui furmonte la délectation de la chair.
Pasc.
%CT Selon le fiftême des Janfeniftes il y a deux
déleclations o^\ entraînent les hommes dans le bien
ou dans le mal , d'une manière douce , mais invin-
cible. Il femble que les différens accès de plaifir
célefte ou terreftre nous rendent vertueux fans mé-
rite, ou vicieux fans crime.
Les Janfeniftes appellent leur grâce néce/ïïtanre ,
une délectation viétorieufe. Ils attribuent ce terme
à S. Auguftin ; &: l'on croit communément, à la
manière dont ils en parlent, que IcS. Dotteurs'en
îeA à tout moment ; mais, dit on, il u'eft qu'uni
feule fois dans ce Pète^ & dans un fens tout ditic-
rent du leur. Deleciacion i]gn\hi plxiCiz , lentimenc
tlu pLiilir qu'excite dans lame un objet agréable.
Déieciaùon célefte , c'efl celle que produUent en
l'ame les objets delà foi avec la grâce. Dcleclaûon
terreftre , c'eft celle qui naît des objets de Li concu-
pifcence , & qui eft le mouvement de la cohcupil
cence.
DÉLECTER, v. a. Donner du plaifir. Dcieclare j obU-
tarc. L'émail d'une prairie ^ la couleur vcrzs de'iec-
ten[\i vue, la réjouifTent. Les ragoûts délechnc k
palais. On le dit aulli avec le pronom perfonnel. Lîn
Satyrique fe ddcclc à médire de fan prochain , à
railler fes amis; Deleclare fe aliqcâ re ^ cum aliquu
re , ou dekctari in aliquâ re. Ces deux mots vieil-
lilTent ,' on ne les dit qu'en riant. Bouh. Les Théo
logiens fe fervent quelquefois du premier en ma
tière de dévotion & de morale.
DÉLECTÉ j ÉE. part.
DÉLÉGATION. iJ. Ternie de Jurifpriidence. Cotn
miflion qu'on donne extraordinairement à un Juge
pour juger ou inftruire quelque procès. Delegatio
Les Juges commis ne peuvent pas inftrumenter au-
delà de ce qui eft porté par leur délégation.
DÉLÉGATION d'un débiteur. Delegatio- C'eft une ef-
pèce de celîion par laquelle on fublHtae un autre
débiteur en fa place. Acf e par lequel on tranfporte
iinefomme à prendre pour le payement d'une dette.
Voye-{ Ulpien , \. w.^i. de novationihus , & delega
tionihus. \.^ délégation à\?ihxQ à\\ tranfport, en ce
que trois perfonnes interviennent dans la délégation^
le créancier , le débiteur du ctéaricier , & un troi-
fieme qui doit lui-même au débiteur , &: auquel le
débiteur tranfporte l'obligation de payer le créan-
cier & le délègue pour cela : mais dans la cellion
& le fimple tranfport, il fuflfit que le cédant & le
ceflîonnaire foient préfens.Ort donne des déléàations
à des créanciers qu'on ne peut pas payer comptant
pour empêcher les pourfuites. On fait line déléga
don fur un fermier. Le fermier accepte la déléga-
tion. L'ufage des délégations efl: fréquent dans les
contrats de vente. Quand la délégation eft portée
par le contrat de vente elle équipoUe à une oppo-
fition.
DÉLEGATOIRE. adj. m. & f. Se dit des refcrifs , ou
commiftions du Pape pour commettre des Juges.
Refcriptum fummi Pontifias ni gerendx, quempiam
eum jurifdiélione prizfàent. Les refcrits délégatoires
doivent être adrelfés à des perfonnes Eccléfiafti-
ques en dignité dans la Province où télident les
parties.
DELEGUER. V. a. Terme de JurlfpruJence. Commet-
tre quelques Juges , ou autres perfonnes j avec pou-
voir d'examiner, de juger ou de fane quelques pro-
cédures. Delegare , mandare , aliquem rei gercnda
praficcre. Les commiflions extraordinaires des cham-
bres de Juftice , d'Intendans , de Grand-Jours , font
compofées de Jtîges délégués par le Roi. Un Juge
délèguent peut fubdcléguer , fi la commiflion ne
Jui en donne expreffément le pouvoir. Les Cours
Souveraines délèguent fouvent des Juses inférieurs ,
aire des mftruélions de quelques affaires. Le
Pape , fuivant le Ccincordat , eft obligé de déléguer
des Juges dans leDiocèfe descollitigans , autrement
la délégation eft abufive. FèvRet.
Déléguer, lignifie aufli , afligner des fonds pour le
paiement d'une dette. On dit,en ce fens, qu'un hom-
me a délégué fes revenus & fes rerites à fes créan-
ciers- On dit aulli dans le même fens , déléguer un
fermier.
DÉLÉGUÉ , ÉE. part.
DÉLÉGUÉ , eft aufli quelquefois fubftantif, & lignifie
député. Les Ordinaires agilfent en qualité de Dé-
légués du Pape.
DÉLEPHAT. f f Terme de Mythologie,^ C'eftle nom
de la Vénus des Affyriens & des Chaldéens , ou que
les AlTyriens & les Clialdéens donnent à Vénus. Hn-
s-Icinus. Seldsn , De Dits Syr, Sy nt. II. ç. ^. croit
b EL
<l>te c? nom nàbl vient de ^'7^ , qui dans la langue
de ces peuples pouvoit hgniher la cohabitation di
l'homme iSi de la lemnvj , ou bien de nabi, dilpha^
qui fignjhe gutta , Jnila j de même que chez les
Grecs elle a été appeliée A'^p^o^iri , à'A(p^os,Jpumu.
DELES. Prépofit. Vieux mot. De long, à côté. f^oy.
LÈS.
DELESTAGE, f. m. Terme de Marine. Déchargement
du left d'un vailfeau. Saburis, ejeclio. il y a des lieux
marqués par les Ofnciers de la Marine hors des
ports & des rades pour le délejlage des vailfeaux.
On rrouve aulli dans les Ordonnances le mot dd
deleJlage pris pour celui de /i^ , c'eft-à-dire, pour
les choies qui fervent à lefter un vailTeau , qui en
font le left.
DÉLESTER, v. a. C'eft ôter le left du vaifteau. Sabur-
ram ejicere. On a coutume de delejier les vailfeaux
de deux ans en deux ans.
Délesté , ée. part.
DELESTEUR. f m. Celui qui a foin du déleftage des
vailfeaux. Saburrs. ejiciendd prajeclus.
DÉLETAIRE. adj. m. & f Qui détruit & qui tue.
Tous les poifons font délétaires _, puifqu'ils tuent ;
maisceiix qui foiit proprement délétaires , font ceux
qui dérangent les parties du corps, tels que font
lescorrofifs. Le P. Léon, Carme, dit que les trufles
& les champignons ont des qualités délétaires. Laif-
fons ce mot là au P. Léon.
DELFLANDE , ou comme k-s Hollandois écrivent,
Dcfflandt. Petite contrée du Comté de Hollande ,
qui prend fon nom de Deift , comme fi elle en
étoit.la capitale. Car là Haye , qui eft aulli dans
cette contiée , n'a point titre de ville , & ne paffe
que pour iih village.
DELFT. nous ne prononçons jamais la finale t, & l'on
écrit même fans cette lettre Del/. Delphi ^ Deljz y
Delphium j Delfium. La ville de Deljtt^ pour- le
rang la trdilième de celles du Comté de Hollande,
iituée flir les petites rivières de Gaech & de Schiey
entre la Haye , Rorerdam & Leyde. Cette ville
eft médiocrement grande, traverfée de beaux ca-
naux , l'un defquels , nommé Delfr , lui a donné
fon nom. La f^iïence de Z>e//?eft célèbre. On voit
à Delft les tombeaux de Guillaume Prince d'Orange,'
auteur de la révolte des Pays-bas , de l'Amiral
Tromp , &de Pierre Hein, qui fut grand Amirak
du Éréfilj lorfque ce pays étoit aux Hollandois.
DELL V-oye-^ DEKLL
DÉLï. f. \\\. Ga:rde du Grand Vifîr. Satelles Pol'emar^
chi Turcici. Lés Grands Vilus n'cnc point un nombre
de Délis fixé. Ils en entretiennent plus ou moins ,
félon qu'il leur plaît , ou qu'ils aiment à paroîtrey
avec magnificence, lïs n'en ont cependant pas moins
de cent communément j ni plus de c;juatre cens. Le
Grand Vifir Cuproli en entrenoit deux mille. Ces'
Délis font la plupart de Bofnie & d'AlBanie , par-
ce que ces peuples font plus fidèles q.ue les Turcs.
RicAUT , de l'Empire Ottoman. *
DÉLi ,>Sl, eft un mot Turc qui fignifie deux cliofes,
un fou, & un brave, un homme courageux , vail-
lant , réfolu. C'eft dans ce dernier fens qu'on le
donne au Délis , ou Gardes du Grand Vifir, Leuc
Commandant eft appelé Déli Bachi , 'ï;xd'V"T , &
leurs Compagnies font appelés , Deliler Bajragki y
une enfeigne ds Délis, une compagnie de Délis.
Les armes des Délis font une lance , 2c une hache
d'armes avec l'épée. Quelques-uns portent aulîî des
piftolets à la ceinture.
DELIADE. f. f. Délias. Navire dés Athéniens; qui
portoic leurs Dépurés .à Délos, pour y faire les Dé--
lies , & qui rapporroit à Athènes ceux de l'année
, précédente. Vo^e\ Délies.
DÉLIAGE, f m. Terme de Courûmes. C'eft un droit
qui fe lève fur les voitures , & fur différentes mar-
chanrfifes ou denrées , & fe paie au Seigneur. Voy,
le Courumier de Leave , où ce droir eft expliqué en
,détail, & forr au long.
DÉLIAISON, f f. Ternie de Maçonnerie , c'eft un ar-
rangement, une difpofition de pierres dans un nau6
E L
iefquelles n'ont pas au moins fix pouces de recou-
vremenuant au dedans du mur qu'au parement.
©ÉLIAQUE. f. m. Coquetier chez les Anciens. Mar-
chand qui vendoit la volaille &; les œufs. Delidcus^
Ddïacus GaLlïiiarius. Les Ddlaques chaponnoient
les coqs, engraiiroient la volaille j & on les appe-
loi: Déliaques , parce que c'étoit les habitans de
l'île de Delos, qui s'étoient les premiers avifés de
ces chofes. Ils vendoient audi les œufs , comme U
paroît par Ciceron dans Tes Que/iions académiques,
Liv. IV. n. 85. Pline, Liv. X. c. 50. & Columelle ,
Liv. VIII. c. 8. parlent aulli des Déliaques. Foye^
encore Vollius , De Idol. L. III. c. Qi.p. 60S.
DÉLiAQUE. adj. m. & f. Qui a rapport à Délos , qui
appartient à Délos. Ddiacus j a , um.^ On appelle
en Géométrie Problême déliaque , (i tameux parmi
les anciens Géomètres , on appelle , dis-je , Pro-
blême déliaque , le problême de la duplication du
cube; &" on l'appelle ainfi , parce que les habitans
de Délos demandant à leur Oracle le remède à la
perte qui les aftligeoit , il leur piopofa le problême
de la duplication du cube. Et parce que ce problê-
me , comme le remarc]ua le premier Hippocrate
de Chio , retombe dans celui de l'invention de deux
moyennes continuemcnt proportionnelles , & que
le cube double a pour côté la première de ces deux
moyennes proportionnelles , on a au(li donné à ce
problême le nom de problème déliaque.
bELIASTE. f. m. Delinftes. Envoyé , Député d'Athè
nés au temple de Délos pour y célébrer les Délies
& y demeurer un an pour y faire les fondions de
Prêtre. Foye^ Délies.
DÉLIBATION, f. £ Terme de Jurifprudence. Il figni
fie ce qui eft oppofé à confufion. Rendre un compte
par déubation j ou par confufion. Délihation , li-
gnifie auOî , 'dans le Droit, diminution. Voye-^ ff. i.
de Icgatis. C'eft proprement la diftraélion qu'on fait
À'^mt chofe particulière fur la malfe des biens d'une
fucceflîon , ou d'une Communauté. Par exemple :
le legs efl: appelé delibatio hereditaûs , parce qu'il
fe prend par dil^raélion fur la mafie des biens d'une
fucceflîon. Le préciput fe prend de même par déliba
tion ou diftradion fur la malfe des biens de la com-
munauté , avant qu'elle foit partagée.
bÊLIBERANT. f m. On donne le nom de Délibérant
en tutelle , aux parens convoqués pour nommer
un ou plufieurs tuteurs à des mineurs. Par l'article
3,6 àw règlement pour l'eleélion de tuteurs pour la
Province de Normandie , il eft porté que le nom-
bre des Deliberans étant augmenté par les oncles ,
frères &: beaux-frères du mineur , s'il y a contef-
tation , le nombre des Délibérans fera encore aug-
menté ; enforte que l'égalité foit gardée entre les
parens paternels &c maternels. En matière détaille ,
on appelle encore Délibérans , ceux qui ont fait un
conlentement pour donner à impofer quelqu'un qui
ne l'étoit point encore. Si le nouvel impofc a des
raifons psur fe faire dérôler , & qu'il établilfe qu'il
l'a été mal-à-propos, on lui accorde fes dépens à
prendre fur \qs Délibérans. On ordonne même quel-
quefois que fon taux fera payé par les Délibérans.
Voye-[ Délibérer.
ÎP" DELIBERATIF, ive. adj. Terme de Rhétori-
que. Nom que l'on donne à un des trois genres de
la Rhétorique; dans tequeU'Orateur le propofede
prouver à une afiemblée l'importance d'une chofe
qu'il veut lui perfuader de mettre à exécution , ou
l'inutilité d'une chofe qu'il veut lui diffuader. Deli-
berativus. Le genre délihératif étoit fort en vogue
chez les Grecs & chez les Romains , quand les Ora-
teurs haranguoient le Peuple. Cet Orateur excelle
dans le genre délibéraûf.
On dit , avoir voix délibéraûve en une aflemblée,
lorfqu'on a droir d'y dire fon avis , &: qu'il eft compte
parmi les futfrages. Dans les Conciles les Evêques
ont voix délibéracive : ceux du fécond ordre n'ont
que la voix confulrative. Un Religieux Profts a voix
délibéraûve dans fon Chapitre : dans une éledlion ,
il a voix adlive & paflîve.
DEL
i'èï
DELIBERATION, ff Conlultation; examen de quel^
que chofe j de quelque propohtion , foit avec foi-
même , foit dans une allemblce, pour en voir les
avantages &c les inconvcnicns , pour lavoir fi elle
eft bonne , ou mauvaife j fufable , ou non. Delibe-
ratio. Un homme prudent ne fut rien qu'après une
mûre délibération. Les arrêts du Confeil portent j
l'affaire mile en délibération. Quaiid les Juges fu-
balternes appellent les Avocats pour juger avec eux,
ils difent dans leur fentence , Nous par déli-
bération du confeil. Le Prince ne perdoit point en
Vaines délibérations ces momens heureux qui déci-
dent du fort des armes. P. Bourd. Les pallions pré-
viennent les délibérations de l'entendement , &c ne
lui lailfent pas le temps de juger. Jur. Ce qui eft
tait dans la colère n'elt point Liic avec délibération :
c'eft un mouvement involontaire. S. Evr. Tomber
en délibération. Ablanc.
DÉLIBÉRATION, figuifie aufli l'arrêté, la réfolution
d'une compagnie alfemblée , qui examine j ou qui
juge une aflaire. Deiiberatum. Voilà quel eft leréful-
tat , la délibération de la compagnie.
^ DELIBERE, f m. Terme de Palais. C'eft un juge-
ment rendu. après la plaidoirie des deux parties , par
lequel on prononce, qu'avant faire droit fur l'affaire
qui aéré plaidée , il en fera délibéré, pour la dif-
cuter & examiner plus amplement , furie champ,
ou dans la chambre du conTeil. Les Avocats lailfent
là leurs lacs; l'on fait retirer les Parties , leurs dé-
fenfeurs & toute l'audience. Deliberatum.
ffT La Cour , en délibérant , voit par elle-même
les pièces des parties , & lorfque la fentence eft
l'élolue à la pluralité des voix , on fait ouvrir l'au-
dience J & en préfence des Avocats, elle prononce
par la bouche de celui qui préfide.
|fC? Il y a plufieurs fortes de délibérés , & ils font
même diftérens fuivant les juridiétions.
DELIBEREMENT, .idv. D'une manière hardie&ré-
folue. Audacîer ,Jortiter , conjlanter. Ce foldat mar-
che délibérément à l'aflaut. Ce criminel eft allé déli-
bérément^ au fupplice.
DELIBEREMENT , s'emploie dans le dogmatique au
fens propre , & fignifie avec délibération & pleine
liberté. Délibcratè. Un tel a librement & délibéré-
;;ze/zr infulté cette perfonne en pubhc. Mauvais jar-
l^on. Il laut dire, de propos délibéré.
DELIBERER, v. n. Mettre en délibération , confulter,
regarder le pour & le contre d'une aftaire , d'une
propofition : Deliberare , confultare. Un efprit in-
certain & timide délibère toujours , &ne réfoud , ne
conclut jamais rien. Il femble qu'on eft exempt de
péché , quand l'entendement n'a ni réfléchi , ni dé-
libéré fur la nature de l'action. Port-R. On délibéra
fi l'on aifiegeroit Mons, ou Valenciennes. Sar. M.
Cujas avoir délibéré, au cas qu'il mourût fans en-
fans , de donner fon bien à Scaliger. Colom. Ceux
qui réfléchilfent beaucoup j laillent fouvent échap-
per l'occaiion tandis (\\x\\% délibèrent. S. Evr. Laco-
lère violente & précipitée , ne laiffe point agir la
iailon : au lieu que la volupté lui donne le loifir
de délibérer Se de juger. M. Esp. Trop de fubtilité
d'efprit nuit à l'exécution , le temps d'agir fe palfe
à délibérer. Booh. Donnons nous le temps de délibé-
rer, fur le choix que nous devons faire de tous nos
amis. S. Evr.
Et je puis dire enfin que jamais Potentat ■
N'eut à délibérer d'un Ji grand coup d'état.
IP" L'ufage veut aujourd'hui , dit Voltaire dans
Cts remarques fur Pompée, que i/e/i/^e/er foit fuivi
de fur ; mais le de eft aufli permis. On délibéra du
fort de Jacques II. dans le Confeil du Prince d'O-
range ; mais je crois que la règle eft de pouvoir em-
ployer le de , quand on fpécifie les incércrs dont on
parle. On délibère aujourd'hui de la nécelliré , ou /ir
la néceûlté d'envoyer des fecours en Allemagne.
On délibère fur de grands intcrêty, fur des points
importans.
1^1 DEL
QuelqxieFois la Cour après avoir entendu les Avo-
cats à l'audience, prononce qu'il en lera délibéré lur
leRégiftre ; c'eft-à-dire , qu'il en lera mûrement de-
/ibére dans la chambre. Qu'on prendra une dernière
téfolution fur l'examen des pièces. Les Avocats de
Paris mettent au bas de toutes leurs confultations ,
délibéré à Paris , ce , &c. On dit de celui à qui l'on
a donné du temps pourpenferà une aftaire , il a
eu tout le loifir de délibérer.
DÉLIBÉRER , C'eft quelquefois conclure, arrêter, dé-
terminer quelque chofe fur une attaire. J'ai délibéré
de faire telle chofe. Deiibcratum ejl rnihi.
En matière de tutelle on appelle délibérer , lorf-
que les parens paternels & mateinelâ s'alfemblent
pour nommer un ou plufieurs tuteurs à des mineurs.
Le Juge reçoit leur ferment , «Se les envoie délibérer
c'eft-à-dire, pourchoifir un tuteur £,: régler les con-
ditions delà geftion j ce qui étant tait, ils revien-
nent devant le Juge , qui établit la tutelle. En ma-
tière de Tailles , on appelle encore délibérer , lorf-
que les habitans taillables d\ine paroiffe s'aiïem-
blent & font un confentement pour donner aux Col*
leâeurs quelqu'un à enrôler de nouveau.
Délibérer, en terme de Manège , fe dit d'un che-
val qu'on accoutume , qu'on détermine à certains
airs, comme au pas , au trot j au galop , ou à quel-
que manèges relevés. ^Jfuejacere.
fier DÉLIBÉRÉ , É£. part. L'affaire mûrement délibé-
rée. .
^fT On dit , c'eft une chofe délibérée , pour dire ,
arrêtée , ré(blue. Deliberatum ejl.
IJCJ" Faire une choie de propos c/d/z/'eri;', exprès,
à deifein, après y avoir bien penfé. Il l'a attaqué ,
infulté de propos délibéré. Dédira opéra j conjultb ,
ex confulto j dejlinaté , defîinato.
DÉLIBÉRÉ , eft aulîi adjeélif, , & fignifie libre , aifé ,
alTurc. On dit d'un homme qu'il eft bien délibéré ,
qu'il a l'air délibéré ^ qu'il marche d'un pas déli-
béré.
ffT Nous avons parlé de ce mot comme teime de
pratique, f^oy. Délibéré, f. m.
(JCJ" DELICAT , ATE. adj. Terme fouvent employé
dans différentes acceptions au fimple & au figuré.
Dans le fens propre il eft quelquefois oppofé à
grollier , & s'applique à ce qui eft compofé de par-
ties fines, déliées & fragiles, qui ne peuvent refilter à
l'imprellion des corps étrangers. Tenais , exilis. Les
toiles d'araignées font compofées de filets fort déli-
cats. L'œil & le cerveau font compofées de parties
' infiniment délicates. Peau délicate. Teint délicat. Le
verre , le talc , la porcelaine font des matières dé-
licates. Fragilis.
§3* Dans cette acception , appliqué aux ouvra-
ges de l'ii î, il fignifie quelquefois ce qui eft com-
pofé de parties fines , déliées & fragiles , travail-
lées avec peine & rapprochées avec adreffe par l'ou-
vrier. C'eft ainfi que l'on dit que rien n'eft plus
délicat QflQ les petites montres que font aujourd'hui
nos horlogers.
|CT Quelquefois, fans défigner en aucune fiçon
la foiblelfe ou la fragilité des parties , on le dit des
ouvrages qui demandent dans l ouvrier une grande
adrelfe , une grande légèreté de main. Elegans , ar-
tificiofus. Sculpture, cifélure , gravure, miniature
délicace. Les oavviif^es délicats font ceux où la nature
prend pLùfirà travailler en petit, & dont la matière
prefque imperceptible fait qu'on doute fi elle a
deifein de montrer ou de cacher fon adrelle. Bouh.
LesSculptures des corniches corinthiennes font plus
délicates que les ornemens Gothiques.
UCT On dit dans ce fens qd'un ouvrier a la main
délicate^ le pinceau, le cifeau délicat, lorfqn'il a
exécuté des formes qui annoncent un goût fur j
beaucoup d'adveife & une grande légèreté de pin-
ceau , de burin, &c. îl faut avoir la main bien
délicate peut faire de petites montres &des portraits
en miniature.
ItT Souvent délicat eft oppofé .à robufte , & fi-
gnlF.s, foible , qui peut aiféinent recevoir quelque
DEL
altération. F/-Jî^i//j-, délicatus. Tempérament (^eV/Vizrj
fanté , conftitution délicate. Un enfant délicat. Vue
délicate, vue foible, qui ne peut fouffrir une grande
lumière.
^fT On dit dans ce fens qu'un homme a le fom-
mt\\ délicat , quand le moindre bruit l'éveille. On
dit qu'un cheval a la bouche délicate , lorfqu'il a
les barres fenfibles , qsand on le manie aiiémenc
avec les aides de la bride.
IJC? Enfin délicat paroît avoir un rapport parti-
culier à l'organe du goût & des autres lens , 6c fe
du généralement de tout ce qui produit des impref-
fions douces & agréables. Mets délicat j vin JcLcat,
chère délicate, table délicate , délicatement fervie,
lorfque les mets en font recherchés , & d'un goût
exquis. Parfum délicat , dont les parties ni trop fub-
tiles ni trop groiîlères , chatouillement l'organe fans
l'offenfer, Muiique deiicate , qui flatte agrcablemenc
l'oreille.
§3" DÉLicAt, au figuré, fignifie, qui juge finement
ce qui regarde les fens ou l'efprit. On dit , en ce
fens, goût délicat., oneWie délicate ; jugement, ef-
prit délicat. Solers auditus. Aures teretes habere. Su-
perbijjimum aurium judicium. Eruditum palatum. Eru-
ditos oculos habere , &c. On le dit aufli des produc-
tions de l'efprir. Penfée délicate. Ici le mot de deli-
cate [Je expùme la hnelfedu fentimentqui ne réfléchit
point,& iaifir vivement le réfultat des combinaifons.
Les gens grojji ers n'ont qu'une fenfation \ ils ne joi-
gnent ni n'ôtent rien à ce que la naturedonne. Les gens
û'(?7iiaz«ajoutent à chaque idée, à chaque goût beau-
coup d'idées & de goûts accefTôires. Apicius portoit à
table bien des fenfations inconnues aux mangeurs vul-
gaires. Ceux qui jugent avec goût ont oufe font une
infinité de fenfations que les autres hommes n'ont pas.
Une penfée délicate eft la plus fine produèlion de
l'efpnt. BouH. Il ne faut pas que le fens d'une penfée
délicate foit fivifible , ni fi marqué : celles mêmes qui
n'ont rien de myftérieux , ni dans le fond, ni dans
le tour , & qui fe montrent à la première vue >
ne font pas proprement délicates , quelque fpiri-
tuelles qu'elles foient d'ailleurs. Les penfées délica-
tes font des vérités compofées, dont les deux juge-
mens font liés de manière qu'on fent leur liaifon ,
fans qu'il foit néceffaire de découvrir le principe
qui les lie : mais dans ces fortes de penfées la na-
ture nous épargne l'embarras de la réflexion : elle
raifonne pour nous , & nous fait fentir ce que nous
devons conclure de fes raifonnemens- \Jn amour
délicat , eft un amour tendre , fenfible , & où le
cœur a plus de part que les fens. La louange eft
une flaterie délicate. RocHEF.Les Savans dédaignent
d'ordinaire les chofes délicate! & galantes. Font.
Plutarque foutient les chofes graves avec beaucoup
debon fens & de raifon j mais aux chofes d'efprit
il n'eft ni inuenieux ni délicat. S. Evr. Eft-il poflible
qu'avec une paifion la plus tendre & la plus délicate
qui fut jamais , je vous aie donné un inlian: de
chagrin?Li!TT. Portug. Je crains l'étude des attions,
beaucoup plus que la froideur du tempérament ;
& l'extérieur eft pour les âmes grofiières un piège
où les âmes délicates ne peuvent être furprifes. Ibid,
Néron fit penr Pétrone , pour n'avoir plus un té-
moin fi délicat de fes plaifirs grolliers. S. Evr. Ces
efprits Cl délicats dans les manières neplaifent qu'aux
yeux. Maleb. Peut-être avez-vous f'u combien j'ai
été touché dès ma jennelle de cet éclat indépendant
du hazard , inféparable de nous-mêmes , de cette
gloire délicate que vous poffédez , & dont vous ères
les vrais difpenfateurs. Le Duc de la Force. Ua
efprit auffi délicat que le vôtre , trouve peu de
chofe qui le fatisfailenr. Bouh.
4Kr II fuffit , dit M. l'Abbé Girard , d'avoir
afTez d'efprit pour concevoir ce qui eft fin : mais il
faut e. coredu goûr pour entendre ce qui eu délicac
Le premier eft au deffus de b portée de bien gens;
& le fécond trouve peu de perfonnes qui foient à
la fienne.
fC? Qui ne fent pas le délicat du premier coup,
ne
DE L
*ie le (erttka jamais. On peut chercher le fin, ce il
faut faifir le délicat.
fC?" tin convienr également pour les traits de
malignité comme pour ceux de boncé. Délicat eft
d'un fervice , comme d'un mérite plus rare. Il ne
fiedpasaux traits malins j & il ligure avec grâce
en fait de chofes flatteufes. Une fatire tine , une
\o\X3X\gQ délicate.
^3" Délicat , ilsnifie encore celui qui eft difficile à
contenter pour les chofes qui concernent refpnt ou
les fens. Vous êtes bien délicat. Il ne fauc pas ttre
/î délicat.
On appelle une confcience délicate, une conf-
tience timorée & fcrupuleufe , qui s'alarme aifé-
ment. On dit d'un homme qui fe Hche aiicment ,
qu'il eft pointilleux , qu'il efl fore dtlicat fur les
formalités , fur les égards qu'il prétend lui être dus ,
qu'il ne peut rien foutfrir qui le choque le moins
du monde.
DÉticAT , fe dit aufll des queftions , des affaires épi-
neufes , difficiles à manier & à réfoudre. DiificUis ,
periculofus , lubricus. Les aftaires d'Etat font déli-
cates ^ dangereufes à manier. Il taut s'abftenir de
parler des Grands j cela ell ddlicat &c chatouilleux.
Les queftions de la grâce font les plus délicates delà
Théologie. On dit aulli , qu'un procès eft fort de
iicat, lorlqu'il eft problématique , que les avis font
fort partagés : ôc qu'un homme s'eit tiré d'un pas
fort decicat , quand il s'el^ tiré d'un grand danger
par fon adrelfe.
On die proverbialement & ironiquenient à un
homme , qu'il eft délicat ôc blond, quand il eft dif
ficile à contenter. On le dit auffi quand il fe choque
trop facilement.
DÉLiCATEMENT.adv. D'une manière délicate , avec
délicatelfe. f^oy. les différentes acceptions de ce mot.
On le dit au propre Se au figuré. Délicate, molVner.
Ce Peintre peint délicatement. Cet Auteur écrit fort
délicatement , juge fort délicatement. Ce Seigneur vii
fort délicatement-Cctte affaire a befoin d'être maniée
délicatement. Mettre en œuvre délicatement. Vaug.
Travailler délicatement. Ablanc. Dans les hommes
délicatement ambitieux , la modeftie eft un fafte fin
& délié, qui leur fiit méprifer le lafte des autres. M.
Esp. La fourbe n'etoit pas trop délicatement conàant.
S. EvR.
"DELIC ATER. v. a. Traiter avec molleffe. Se dslicater .
chercher trop ks aifes , vivre dans la moleffe & l.i
volupté. Delicias Jeclari , curare Je molliter. C'ell
gâter les enfms que de les trop délicater.Qvi^x\à.o\^
veut afpirer aux grandes chofes , il faut s'accoutu
mer à la fatigue , aux veilles , au travail.
Délicate j ee. part.
^ DELICATESSE, f f. Qualité de ce qui eft délicat.
On le dit dans la plupart des fens de délicat , tant
au propre qu'au figuré. Voy. Délicat.
^3" Délicatesse, par rapporr à l'organe du goût.
Qualité'de ce qui flatte agréablement l'organe. La
délicatejje du vin j des viandes , des mets confiftc
en Dans les premiers temps les hommes ne
connoilToienr point cette grande diverfité de mets ,
& ce:is délicatejfe pernicieufe ( lauti , exquijui cibi. )
que nous neconnoiffonj que trop à préfent.
Ils ignoraient la volupté
Et la faulje délicateffe ,
Dont aujourd'hui notre mollejje
Se fait une félicité.
Délicatesse de la main . c'eft la légèreté , la dexté-
rité , l'attention circonfpecte avec laquelle on ap-
plique la main à quelque chofe , à quelque opéra-
tion avec laquelle la main agit, opère. La délicateffe
eft néceffaire à un Chirurgien dans les opérations
qu'il fait, pour ménager la fenfibilité du malade.
Dextcritas.
(fT On le di: de même en parlant d'un ouvraee
iemMn. InduJIria. Ouvrage d'une ^r^nie délicateffe,
compofé de parties fines , déliées & fragiles rap-
Tome m.
D Ë L II? 3.
prochées avec art , ou qui demande dans l'ouvrier
une grande adretfe , une grande légèreté de main*
On dit dans ce fens une grande deacattj^e de pin-
ceau , de burin.
|p" Onàitz\xSi\i délicatejfe à\X teint, Xs. délicd-
te{je de la peau , pour marquer que la peau eli fine
tk déliée.
IfT On l'emploie auffi dans le fens de foibleffe.
Infirmitas , débilitas. Dél.catejje du tempérament.
La délicitefe de fa fanté , de fa complexion ne lui
permet pas. . .
'^3 Délicatesse de goût , d'efpric , de jugement,
pour marquer lafinelle de lelprit qui faifit le rap-
port , la lunfon , les coinbmaifons des idées. Deii-
carcjfe de l'oreille, fenfibilité de cet organe pouc
difcerner les Ions avec préciiioi;4 f^oye-^ Délicat.
0Cr Délicatesse d'une penlée. Lz délicatejje dans les
pcnlées , dit le P. Bouhours , eft une force polie &c
adoucie. Foye^ DÉLicAr dans cette acception. Il y
a une fauffe délicatejje qui décharné le diicours , &:
lui ôte fa fubftance &c fa folidité. S. EvK.
p3" Délicatesse des louanges , fynonyme de finefTe,
La déiicûjjé des louanges eft inutile ; on n'y raffine
plus tant.
I/CT En parlant d'une affiire délicate & dange-
reufe , on dit qu'il faut la traiter avec beaucoup de
délicatejje , avec beaucoup de prudence , d'adreffe j
de circonfpection. Summa caucione , cautè. il fauÉ
ménager Cela avecgrande dclicatef'c.
î)CF Délicatesse , fe prend encore pour fenfibilité,
raffinement qui nous rend difficiles , éloignement
qu'on a pour certaines chofes, peine qu'on a^ les
fouftrir, dégoût qu'elles caulent. Fajiidium , averfus
ab aliquâ re animus. Il y a des gens qui ont une déli-
catelfe chagrine, qui ne s'appliquent qu'à chercher
les défauts des autres pour le plaihr de les critiquer*
Bell. Les Rois ont ceriaines délicatejjes qui retien-
nent dans un timide refpeélceux qui les approchent.
Fléch. La délicatefe de notre orgueil augmente dans
la profpérité. Boss. Ceux que là paffion d'être aimés
rend fenfiblesau mépris, fe l'attirent d'ordinaire par
cette délicatefe incommode. Nie. La délicateffe ne
lerr bien fouvent qu'à diminuer le nombre des plai-
firSj&l'on n'en a point trop. Il faut apprendre à
vaincre notre délicateffe naturelle, à recevoir des
avis. S.EvR. J'ai une furieufe délicateffe pour tout ce
qui approche de moi. Id. Rien n'eft fi ridicule que
cette délicateffe d'honneur qui prend tout en mauvaife
part , Mol. Nimia honoris tuendi cupido. Delicaceffe^
dans le fens qui vient d'être expliqué; rie fe prend
pas toujours en mauvaife part j &c ce mot ne mar-
que pas toujours un excès blâmable , une fenfibilité
excellive , ou trop grande. On étoit rélolu à la Coût
de France de n'admettre aucune médiation dans Une
affaire de délicateffe & d'honneur. L'AbbÉ Regn. Il
s'agit de l'idfulte faite à Rome le io. Août i66z. au
Duc deCrequi , Ambaffadeur de France : \z fenfbUité
ne pouvoir guère erre trop grande en cette occafion.
^Zr La fauffe délicutejfe dans les aétions libres»
dans les mœurs , ou dans la conduite , n'eft pas ainfi
nommée parce qu'elle eft feinte, mais parce qu'elle
s'exerce fur des chofes 8c en des occafions qui n'en
méritent point lapîine. La fMi(re délicateffe de gom 8c
de complexion , n'eft relie au contraire que parce
qu'elle eft 'einte ou affeéfée. C'eft Emilie qui crie de
toute ù force fur un petit péril qui ne lui fait point
de peur : c'eft une autre qui parmignardife pâlit à I3
vue d'une fouris, ou qui veut aimer les violettes &
s'évanouir aux tubéreufes.
Délicatesse, au pluriel, fignifie ce qu'il y a de pIuS
fin •<>: de plus choifi dans une langue, f^oye^ fineffes»
Il fut toutes les délicateffesde la langue. Ondir auffi,
! les délicate ffès de la table; pourdire, les mets délicats.
DÉLicATEssEj fignifie quelquefois molleffe, ou trop
de commodité «.; denicnigement. Mo/Z/V/j. Il ne fiuc
pas élever les enfans avec trop de délicateffe : cela les
rend efféminés.
DÉhcatesse , en matière de confcience, fe dit des
fcrupules , des frayeurs, &: des alarmes d'une co»*^
B b
1^4 DEL
cience, à qui l'ombre > ou l'apparence même du
péché, donne des inquiétudes iSc des remords. Rien
ne contribue davantage à pertecbonner la pureté de
cœur , que la delicatcjje de conicience.
§3" DELICE, f. m. Terme quiparoit relatif à l'organe
du goût, & qui exprmie ptincipalcinent le plailir
extrême de la fenlation du goût. UelicU. C'elt un
délice pour certaines perionnes de boire à la glace
même en hyver j &c cela elt inJiftértrnt pour d'autres
même en été. On le dit , dans le même lens , de l'el-
prit. La contemplation eft le c/e/ice d'un elprit/élevé
&' extraordinaire.
1^ Le mot de plaifir a rapport à un plus grand
nombre d'objets que ceux de délice^ de voLupté.
On le dit de tout ce qui concerne l'efprit, le cœur,
les fens, la fortune , enfin de tout ce qui eft capable
de nous donner du plaifir, de procurer à l'ame une
fituation gracieufe. L'idée de delke enchérir, par la
force du lentiment, fur ceWe 6q plaijir -^ mais elle elt!
bien moins étendue par l'objet : elle Le borne pro-'
prement à la fenfation , & regarde furtout celle de '
la bonne chère. L'idée de vùiufcé tÙ. toute feniuelle,'
& fcmble déiîgner, dans les organes quelque chofc
de délicat qui raffine & augmente legoût.SvN.FR.
fC? Ce mot ell: plus fouvent employé au pluriel j
où il eft du genre féminin , &c fe prend dans un au-
tre fens, félon lequel il exprime l'objet ou la caule
de cette fituation gracieufe de l'ame : comme quand
on dit jouir des délices de la campagne. Alors ce mot
a plus de rapport aux agrémens que la nature , l'art &
l'opulence {^ourniirent, telles que de belles liabita-
'tions, des commodités recherchées, & des compa-
gnies choilies , en un mot, à tous les objets qui ré-
veillent les idées les plus douces , ou excitent les fen-
fations les plus agréables. DelicU. Au lieu que le
mot de /7/û//zr a pkis de rapport aux pratiques per-
fonnelles, aux ufages & aux palfe-temps , tels que la
table, le jeu, les fpeclicles, & les galanteries: &
celui de volupté déiigne proprement des excès qui
tiennent de la molleiïe, de la débauche & du liberti-
tinage, recherchés par un goût outré, alîaifonnés
par l'oifiveté, & prépaies par la dépenfe tels que
l'on dit avoir été ceux auxquelsTibères'abandonnoit
dans l'Ifle de Caprée.
^fT Le Paradis terreftrs fut appelé le jardin de
délices. Etre nourri dans les délices. Goûter les délices
de la vie. Faire fes plus chères délices de quelque
chofe. Les délices des fens, de l'efprit. Faire fes
délices as l'étude ^ du jeu. Les délices du cœur font
plus touchantes que celles de l'efprit. Par- tout le mot
de délices lignifie un plaifir extrême.
fCr On dit d'un Prince qu'il eft les délices de fon
fiècle , pour dire qu'il eft l'objet de l'amour public.
L'Empereur Titus étoit les délices du^enre humain.
De Rome pour un temps Caïusfut les délices ;
Mais fa feinte bonté fe tournant en fureur j
Les délices de Rome en devinrent l'horreur. Racine.
DÉLICHIA. île de la Méditerranée. Dulichium. C'eft
unedesEchinadcs,ou Curfolaires, fituées dans le
Golfe de Patras à l'entrée de celui de Lépante. M.
Spon croit que c'eft celle qu'on appelle aujourd'hui
Thiaki, ou petite Céphalénie^ parce qu'elle n'eft
éloignée de Céphalénie que de trois ou quatre
mi
lies.
DELICIEUSEMENT, adv. D'une manière délicieufe,
avec délices. Délicate ^ molVner. Apicius étoit un
homme qui vivoit fort déi-àeufement. Lœ Sybarites
étoient des peuples élevés délicieufement. Boi^e déli-
c'ieufement.
DÉLICIEUX. EUSE. adj. Terme particulièrement rela-
tif à l'organe du goût , qui s'applique à ce qui flatte
cet organe le plus agréablement qu'il eft poftible.
Su'avis.delicatus, delic.Tti /aporis.Vin, mets délicieux.
Ce ragoût eft délicieux. Fruit délicieux.
D'un joug cruel il puva nos aïeux ,
Les nourrit au defcrt d'un pain délicieux :
DEL
// nous donne fes Lqix , ilfe donne iui-mcme ;
Pour tant de biens il commande cju on L'aime.
RaCINI:.
l&'Par extenfion ce mot s'applique aux choies
qui excitent dans les autres oigaaes les fcnlations les
plus agréables. C'eft ainh qu'on dit uue mufique de-
licieuje , un parfum deûcieux.
§Cr En gcnéralilant ainfi ce mot , on l'applique
à l'objet ou à la caule de la lituation gracieule de
l'ame, à ce qui produit dans elle des ienlations agréa-
bles. Converlation deLicieufe. Campagne aeliueufe.
Scjour t/t'i/aea.v, c'eft-à diiCj ou tous les objets ré-
veillent des idées douces j & procuient à l'ame des
lenfations agréables. Le jardin d Eden étoit un heu
délicieux.
ÇfJ' On s'en fert encore pour exprimer cet état
de pur fennmentdans lequel lame j dans une efpcce
de quiétifme, ne fait plus que lentir la douceur de
fon exiftence. Il y a des folitudes qui charment les
ennuis, & qui donnent un repos dJic:eux.S. EvRi
Délicieux momensj Dieux quels momens!
^fT Quelques Nécfogues ont même ofé joindre
cette épithète à des termes qui expriment une litua-
tion de l'ame fâcheufe & défagréable : iS<: l'en a dic
une triftelle délicieufe.
DÉLICIEUX, le prend aulîl quelquefois pour volup-
tueux, pour celui qui aime le plailir. C'eft un hom-
me délicieux dans Ion boire & dans fon manger. Il
ne fe dit guère abiolument en ce fens-là. Ac. Fr,
DELtCOTER. v. técip. Terme de Manège, qui le dit
d'un cheval qui eft lujet A défaire fon licoljà qui il fauî
mettre unlous-gorge. Capifirum excutere j disjicere.
Ce cheval eft lujet àfe delicoter.
§CT DELIE. EE. adj. fe dit au propre d'une chofe qui
eft très-mince , qui a très-peu d'épailfeur relative-
ment à fa longueur. Tenuis j gracilis. Fil délié, toile
déliée. Trait de plume drlie. Le lîl de lin eft plus
déué<]ue celui de chanvre. Taille déliée. 'Voilà l'idée
qu'on nous donne ordinairement de ce mot. M.
l'Abbé Girard en comparant ces trois motSj menu ^
délié & mince, obferve que menu n'a quelquefois
rapport qu'à la grolleur dont il manque, & d'autres
fois à la grandeur en tout fens : que le délié n'eft
oppoié qu'à la grolleur J fuppofant toujours une for-
te de longueur J & qu'enfin le mince n'attaque que
l'épaifteur, pouvant beaucoup avoir des autres di-
menfions. Ainfi l'on dit une jambe & une écriture
menue J un fil délie ^ une planche 8c une étofie
mince.
gC? Délié , fe dit au figuré d'un efprit propre aux af-
faires épineufes, fertile en expédiens, infinuantj
fin, foupie, caché, qualités qui lui font communes
avec l'efprit fourbe & méchant : cependant on peut
être délié fans être ni méchant ni fourbe. C'eft la
notion que les Fncyclopédiftes nous donnent de ce
mot en quoiii paroîtqne l'on fait un peu trop relTem-
bler l'homme i/c'/'/'^r à l'hommeTl-V?. Un nomme yT/Zj
dit M. l'Abbé Girard marche avec précaution par
des chemins couverts. Un homme fuktil avance
adroitement par des voies courtes. Un homme délié
va d'un air libre & aifé par des routes fûres. La dé-
fiance rend/?/?. L'envie de réullir jointe à la préfencc
d'elprit rend fu/ril. L'ufage du monde & des affaires
rend délié. Les Normands ont la réputation d'être
fns. Les Gafcons palfent pour fubtils. La Cour four-
nit les gens les plus déliés. Foye^ encore fn &c dé-
licat.
Quelques-uns dériventce mot del'Hébreu dal(\m
lignifie tenuis , ou àtdalal, qui veut dire attenuari^
arefcere. Mais, fans aller li loin , il vient de delicatus :
ou plutôt il vient -de «'///€«, vieux mot Celnque &
Bas Breton , qui (vxmiit feuille , à caufe que la feuil-
le eft mince & déliée.
Délié J terme de Poche Italienne. Solutus. Les vers
déliés, que les Italiens appellent en leur langue/c/'o/-
ti J, font des vers qui ne riment pas les uns avec les
autres : ils ne font point aftreinrs à la rime j mais à
un certain nombre de fyllâbes ^ & à la cadence j on
DEL
pourroît les appeler ane profe cadencée. Anniball
Caro a traduit l'Enéide de Virgile en vers déliés. Il
y a encore d'autres vers Italiens qu'on nomme déliés;
inais ils font aftreints à quelque chofe de plus diffi-
cile que la rime finale ; car au lieu de rimer à la fin,
comme c'ell l'ulage dans les langues vivantes d'Euro-
pe, dans ceux-ci la fin d'un vers rime avec le milieu
du fuivant.
Menando un giorno gli agnl prejjo un fiume ,
yidi un bel Imiie , in me^^o di quell'onde. Sannaz.
Il y en a qui appellent ces fortes de vers, vers à
rimes enchaînées j ce nom leur convient mieux que
celui de vers délies. Nous appelons en François ces
fortes de vers, vers à rimes bâtelées. En voici un
exemple , tiré de Marot.
Quand Neptunus , puijfant Dieu de la Mer^
CeJJa (/'armer, caraques & galées. Sec.
DÉLIÉES, f. f. pi. Terme de chalTe. Ce font les fumées
bien mâchées que nous appelons en terme dechalFe,
bien moulues.
^DELIENNES. (Fêtes) /^oy. Délies. _
DELIER, v. a. Oter le lien j défaire ce qui lie quelque
chofe. Solvere, cxfolvere. Délier les pieds & les
mains d'un criminel attaché à un poteau. Délier un
faifceau de verges, une gerbe, un tagot.
Du Cange dérive ce mot de dijligare, qu'on a dit
dans la balfe Latinité dans la même fignification.
Voy. les Acla Sancîor. Marc. T. II. p. 210. ^.
DÉLIER, terme du grand Art. Z)e7^er un corps, ou le
corps, c'eft le dilfoudrcj le pourrir, le rendre h
quide, moUj, fluide, coulantj de dur qu'il étou.
Solvere , dijjolvere , putrefacere.
DÉLIER, fe dit figurément en chofes fpirituelles. Sol-
vere. Jefus-Chnil a donné pouvoir à S. Pierre £c à
fes fuccelfeurs de lier, ou de délier^ d'abfoudre, ou
de refufer Tabfolution. Z)e7i(?r d'une maladie, dans
l'Evangile, fignifie, la guérir. On dit de celui qui
parle bien & facilement, qu'il a la langue fort deiue.
Voici le jour qui rompt mon filence. Se qui délie ma
langue. Ablanc.
Des que notre efpritfe délie j'
Tout che^ nous je tourne en poifon^
Le premier injiant de raifon ;
EJl en nous , quoique l'on publie ,
Le premier accès de folie. P. du Cerc.
DÉLIÉ , ÉE, part,
DÉLIES, f. f. Fêtes qui fc cclébroient à Athènes en
l'honneur d'Apollon. Délia ^ orum. La principale cé-
rémonie de cette tcce étoitune Ambalfade des Athé-
niens à l'Apollon de Délos, ou bien un pèlerinage
qu'ils y faifoient faire tous les cinq ans j ils choilif-
foient pour cela un certain nombre de Citoyens,
qu'on chargeoit de celte commilîion, &c qu'on appe-
loitpour cela Déuajics^ A;jA(«s-«(, ou Théores,®'"?»',
c'eft-à-dire, les voyans , ceux qui vont voir. Le Chef
de l'Ambairade ou de la dépuration, s'appeloit Ar-
chithéore , A^'^iS-iafi;. On y joignoit quatre perfonnes
de la famille des Céryques, Prêtres defcendans de
Mercure, cjui demeuroient à Délos route l'année
pour y fervir dans le Temple. Toute cette dépura-
tion partoit fur cinq vailfeaux , fur lefquels on por-
toit tout ce qui croit néceffaire pour la fête Se les fa-
crifices. Celui qui portoit les Déliaftes, ou ThéoreSj
ctoit appelé Déliade , AiAia?, ou Théoride ; les qua-
tre autres vaitTeaux facrés qui l'accompagnoient fe
nommoient le Parale, l'Antigonide, la Ptolémaïde
& l'Ammonide. Quelques-uns difent que le Parale
& la Déliade , font le même vaiffeau : d'autres les
diftinguent. Il en eft auili qui difent que la Déliade,
écoit le vaideau même fur lequel Théfée, vainqueur
duMinotaure, avoir ramené les jeunes Athénien-
nes qui dévoient être facrifiées à ce monftre.
DEL 195-
Les Déliaftes qui montoient cevailTeail, étoient
couronnés de laurier. Quand ils étoient arrivés Us
ofFroient d'abord un facrifice à Apollon. Après le
facrifice, déjeunes filles danfoient autour de l'autel
une danfe nommée en Grec Tifava», & dans laquelle
par leurs mouvemens embarrallés, & la manière
dont elles figuroient enfemble, elles repréfentoient les
tours Se les détours du labyrinthe. Quand les Déliaf-
tes revenoient à Athènes, le peuple alloit au-devant
d'eux , & les recevoit avec de grandes acclamations
& de grands cris de joie. Ils ne quittoient point leur
couronne que toute leur commillion ne fut finie ; Sc
alors ils alloient la conlacrer à quelque Dieu dans
fon temple. La Déliade qui les portoit étoit aullî
couronnée, & c'étoit par-là que toute la fête com-
mençoitj le Prêtre d'Apollon couronnoit la pouppe
de ce navire. Tout le temps que duroit l'allée & le
retour, & toute la cérémonie, s'appeloit les Délies
& pendant tous ces jours-là les loix délendoienc
d'exécuter aucun criminel j privilège fingulier de
cette fèce d'Apollon, Sc que n'avoient pas même
celles de Jupiter j car Plutarque remarque que ce
fut un jour confacré à Jupiter qu'on fit prendre à
Phocion le poifon auquel il avoir été condamné^ Se
l'on attendit au contraire trente jours pour le donner
à Socrate , parce que c'étoient les Délies. Foye^
Thucydide 3 L. III. Jul Pollux, L. VIII. c. 9. Seft.
2(5. Franc. Rollïuus Arch. Attic. L. VIL c. 2. Sam*
Petit. Comment, in Leg. Attic. L. I. Tit. 2. Pafchal.
Corcn. L. IV. c. 18. è- 19. Meurfius Lexic. Suicerus,
Thucydide, L. III. p. 245. de la féconde édition
d'Henri Eltienne, dir que ce fut pendant l'hiver de
la lîxième année de la Guerre du Péloponèfe que les
Athéniens firent les Délies, après avoir expié l'Ile
de Délos, & en avoir nté c-^us les tombeaux,
& ordonné que perfohne n'y naîtroit Se n'y mourroic
dans la fuite, mais que l'on tranfporteroit tous les
moribonds dans une petite Ile appelée Rhéniej
qui touche prefque à Délos. Long-temps avant ce
temps - là les Ioniens Se les Infulaires voifins de
l'Ionie faifoient des efpèces de Délies:, c'eft-à-dire,
des fêtes Se des jeux femblables aux Ephéfies,
qu'ils célébrèrent dans la fuite. Il y avoit des coiîibats
gymnaftiques & de poëfie , ou de mufique. Thucydi-
de, à l'endroit que j'ai cité ci-delfus, en parle d'après
Homère^
DELINÉATION. f. f. Repréfentation, defcription
qu'on fait d'une chofe avec de fimples lignes, avec
de fimples traits. Delineatio. Ce plan n'eft pas encore
en fa perfcdion, ce n'eft que fa pïomièze délinéation.
Délinéation d'une place.
DÉLINQUANT, adj. employé fubftantivement. Ter-
me de Palais. Qui a commis quelque délit. Noxa
reus , delicli reus. Il eft du devoir d'un Magiftrac
d'être févère à punir les délinquans.
DELINQUANT , fe dit auili en Droir Canon & en Théo-
logie Morale. Il y auioit de l'indifcrétion dans le
zèle , (\ l'on employoit les cenfures , lorfque des avis
charitables , ou des défenfes réitérées fous peine de
quelque moindre châtiment ^ feroient capables de
contenir les perfonnes dans leur devoir, ou de ré-
duire les délinquans. Confer. d'Ang.
DÉLINQUER. V. n. Commerrie quelque délit j con-
tvevenïv à.h loi. Diilinquere , peccare. Un Procureur
qui a délinqué, qui a prévariqué en fa charge, doit
erre puni, il ne fe dit qu'au Palais.
DÊLIOT. f m. C'eft un petit bonnet de cuir blanc >
dont les vélineufes couvrent le bout de leur pouce,
pour travailler au point de France. On fe fert du
déliât comme on fe fert du dé à coudre, excepré que
ledélintf^ met au pouce. Se en couvre environ au-
tant qu'en emporte l'ongle. Il fert à poufTer Tniqnilla
à vélin, 'qui eft (i fine, que le cul en entreroit dans
la chair fans cette précaution.
DELIRE. (. m. Terme de Médecine. Egarement d'eC-
pritcaufé par quelque maladie le délire confifte dans
un exercice dépravé de l'entendement & de la mé-
moire. Voyei Folie, démence, manie. Delirium,
B b ij
r^G DEL
Quand le diaphragme ell ofFenfé , i! caufe le déi'ne
ik la phrénéde. Le délire arrive par une trop grande
perte de fang qui afîoiblit le cerveau, par la piquure
d'une bète venimeu(e, par la femence & menltrues
retenues dans la matrice, par la pourriture d'un
membre gangrené, Sic. La fièvre chaude caufe aulli
le de/ire , quand il y a tranfport au cerveau.
Quelques-uns dérivent ce mot de Uni , qui chez
les Anciens fignifioit des (illons tirés en droite ligne,
de forte qmls ont appelé delirare, a reclo abtrrart.
çp^ ÛÉLIS. Voye-^ Dell
fC? DELIT, f . m. Terme de Pratique. Faute , crime ,
péché. Dellclum. Ces quatre mots ne font nulle-
ment fynonymes, Poye^ au mot crime , & fous les
articles particuliers les nuances qui les dilHnguent.
Le delà ell proprement une rransgreilionde la Loi
civile j qui part de la défobéiflance ou de la rébel-
lion contre 1 autorité légitime. Les duels & les con-
trebandes font des délies.
|C? Le délit eft commis direiflement contre l'in-
térêt public , comme l'homicide , ou contre celui
des particuliers, comme le vol. De-là , dans le Droit
Romain j la divilioa du délit j en i/e/Zr public &c dé-
lit privé.
|t3" Mais les Ordonnances de nos Rois en ont
admis d'autres ■, favair , les délits capitaux & non
capitaux , & les délits ou cas privilégiés ôc communs.
ycyei^ Crim£.
_|KT Le ./tf/ir commun eft oppofé au délit privilé-
gié, feîon notre ufage.
fjCJ" Par délit commun , on entend celui dont le
Juge d'Eglife peut connoître lorfqu'il eft commis
par un Eccléiiaftique , fuivant le Droit commun.
ffT Par le délit privilégie , on entend celui qui
eft commis par un Eccléfiaftique , pour raifon du-
quel il eft fujet à la Jurifdiélion du Juge royal , par
un droit & privilège fpécial qui lui en attribue la
connoilîance , attendu que ce délie doit être puni de
mort.
Les délits communs font non- feulement les con-
traventions à la Difcipline & aux Loix Eccléfiafti-
ques , mais encore toutes fortes de crimes j excepté
les cas privilégiés; qui font le vol , la fédition , l'af-
faiiinat , la faulfe monnoie. Crimen tranjlatitium ,
tranflatitia criminatio. On mec aufli l'adultère au
■nombre des cas privilégiés , quand le mari en rend
plamte à la Juftice. Les délits communs , ou crimes
Eccléllaftiques font la iîmonie , la confidence , le
facrilège commis fiins violence , (S-c. Autrefois les
Laïques ne prenoient aucune connoifllnice des af-
faires des Clercs , ni de leurs mœurs. Ainfi, dans la
corruption qui infefta le Clergé , le plus confidéra-
ble privilège du caractère clérical fut de fouftraire
les coupables aux rigueurs de la Juftice. On remar-
que que les Juges d'Eglife fe contentoient d'impo-
fer des pénitences légères, & n abandonnoient pref-
que jamais le criminel au bras féculier. A Rome
mcme , on obtenoit facilement des abfoiutions. On
crui donc que , pour maintenir la fureté publique ,
i! falloir excepter les crimes les plus atroces; & c'eft
ce qu'on appela les cas privilégier. Il y a plus de ;oo
- ans que cette diftinélion du délit commun eft érabhe,
6c cependant on ne convient pas encore à quoi il fe
réduit. Les Juges laïques le bornent aux crim.es pu-
rement Eccléiiiiftiquos , & aux fimples contraven-
tions à hiDifcipiiiie. Par une Déclaration de 1684,
i'inftruelion pour les cas privilégiés fe fait par le
Jtige Royal , & le Juge d'Eglife conjointement. Le
Droit Civil parle des obligations qui fe contradenr
par le délit, oi\ quafi-délit. Le quafi- délit, q^ une faute
commife par imprudence , fans dol , ni volonté. C'eft
une efpèce d'incongruité d'appeler t/AVcximmun,
celui dont les Officiaux prennent connoilfance dans
la plupart des crimes des Ecdéfiaftiques & délit pri-
vilégié, celui qui eft renvoyé devant les Oflîciers
Royaux ; comme fi la connoilfance qu'ont les Ecdé-
fiaftiques de l'un j leur appartenoit de droit com-
mun , & que les Oliiciers du Roi n'culfent celles
dont ils jouilTent que par privilège : vu qu'il en eft tout
DEL
le contraire, & que ce n'e.ft que par la permiflîoiî
du Roi que les Officiaux connoiftent de la plupart
de ces crimes ; car le for extérieur appartenant aa
Magiftrat politique , & l'exercice de la jurifdiûion
criminelle des OlHcialitésdéfirant un for & un Tri-
bunal extérieur : parce que nous appelons for exté-
rieur , tout ce qui eft hors le Tribunal des confcien-
ces , il s'enfuit de-là que le délit qui eft porté au
Tribunal des Ecdéfiaftiques devroit être appelé pri-
viégié, puisqu'ils n'en exercent la jurifdiétion que
par privilège , & que le délit dor>t connoiiienc les
Officiers du Roi , devroit être appelé le délit com-
mun. Talon , ou plutôt M. Noland. Le 'Vayer de
Boutigni , dans fon Traité de l'Autorité du Roi dans
l'AdminiJlration de l'Eglife.
§cr On dit proverbialement , qu'on eft trouvé en
flagrant «ieVir, quand on eft pris fur le fait, àl'inftanc
qu'on commet le crime.
§Cr On appelle corps de délit , ce qui conftate le
crime qui a été commis , comme en matière d'ho-
micide , un cadavre ; en madère de vol , une effrac-
tion. Avant que de condamner un criminel , il faut
que le corps de délit foit conftant.
§C? Délit , terme d'Archireclure & de Mnçonnerie.
Le côté j le fens d'une pierre différent du ht qu'elle
avoir dans la carrière. Mettre en délit une pierre j
c'eft la mettre dans un autre fens qu'elle n'étoit dans
la carrière , cela s'appelle délit en parement. Dclic
en joint j c'eft le lit du fens des joints monrans.
C'eft une mal -façon de pofer les vouflToirs autre-
ment que de </c7/'r enjoint j comme fi l'on chargeoit
un livre fur la tranche , il eft évident que le poids
feroit effort pour écarter les feuilles ; audicu qu'il
les appuie les uns fur les autres lorfqu'on le charge
fur la joue. Il y a des pierres ii compa(5tes , qu'elles
n'ont ni lit ni délit. Tels font la plupart des marbres
qu'on peut pofer comme on veut.
En termes d'Eaux & Forêts , on appelle des arbres;
Aq délit j ceux qui ont été coupés clandeftinement,
ou contre les Ordonnances & Réglemens , qui fonc
fujets à confifcation & à amende. Clam ac Jurtim
Cit/k arbores^
Ce mot de délit vient du mot Latin deliclum , for-
mé de delinquo.
Devoir de délits j terme de Coutumes. Certain droit
d'un boiffeau de feigle fur chacune ancienne tenue
de chacun ménager paroiflien tenant feu & fumée ,
& labourant terre.
DELITER, v. a. Ternie de Maçonnerie. Pofer une
pierre dans un bâtiment en fens contraire à celui
qu'elle avoit dans la carrière , quand elle étoit fur
Ion lit naturel. Lapident contrario infau ci qucm ha~
hebat in lapidicina collocare. Il faut avoir attention
de ne point déliter les pierres ; car elles fe fendent
pour peu qu'on les charge, quand elles font délitées.
Le marbre ne fe délite point, parce qu'il fe peut met-
tre en tous fens , & qu'il n'a point de lit. Il y a des
pierres dures qui ont la même propriété. On dit
qu'une pierre fe délite ^ quand elle fe fend par feuil-
lets. DiJJblvi. Car les pierres fe forment dans les
carrières par feuilles mifes les unes fur les autres.
C'eft pourquoi ii oA ne les met pas de plat, tous
ces feuillets qui fe trouvent de champ s'écartent , &
fe délitent j Hi ne peuvent pas porter de grands far-
deaux.
Dr.LiTÉ , ÉE , part.
DELITESCENCES, f. f. Terme de Chirurgie. Cache,
retraite. Mot forgé du verbe Latin delitefcere , fe
cacher j difparoître. L'Auteur du Brigandage de la.
Médecine, en parlant des abcès incomplets, ou à
demi-faits , & des épanchemens imparfaits , femi-
flui , infifte fur la crainte & fur l'attention où ils
doivent tenir un Médecin contte leurs rétroceilîons,
ou leurs déluefcences.
tfT Déliufcence eft un reflux fubii' de l'humeur
morbihque de dehors en dedans, qui fait difparoître
tout-d'un-coup une tumeur, un abcès, un apoftême;
accident plus ou moins à craindre , félon que l'hu-*
meur rentrée dans les vaifleaux , eft bénigne ou ma-
DEL
ligne ; félon que les parties où elle fe dépofe , font
internes ou externes , & qu'elles loat plus ou moins
elfentielles à la vie.
DELITEX. adj. Vieux mot. Délicieux.
f^ DELIVRANCE, f. f. Terme de Jurifprudence.
Adion par laquelle on livre quelque choie entre les
in.iins de quelqu'un , hvrailon. fraduio.^ On lui a
fait la dcLivranu à cet encan d'une tapillerie. Il ne
veut pas faire la délivrance des titres de cette terre ,
qu'il n'en ait touché tout l'argent. On demande en
Jullicc la délivrance d'un legs. La délivrance du legs
fe doit demander par devant le Juge du domicile de
l'héritier.
^Zt Délivrance , eft aulTi r«d:ion par laquelle on
met en liberté. Libcratio. Travailler pour la déli-
vrance de (on pays. Travailler à la délivrance des
efclaves , des prifonniers , eft une œuvre fort chari-
table. L'.edemcio.
^fT On dit qu'une femme a eu une heureufe dé-
livrance , pour dire qu'elle eft accouchée heureufe-
ment. Parcus.
En termes deMonnoie , on appelle , Faire la déli-
vrance , loifque les Officiers donnent permilîîon
d'expofcr les monnoies en public , après les avoir
bien examinées. Approbacs. monets, ufuni permittere.
Les Gardes font relponfables de la juil;eire du poids ,
-èc les ElEiyeurs de la bonté du titre. On dreife un
ade de cette délivrance , te c'eft le premier jugement
qui ell fait des efpèces. Voyez Boizard j p. 95. ^6.
& 146.
DELIVRANDE. f. f. Ce mot s'eft dit apparemment
autrefois pour Délivrance , au moins en Norman-
die , ou s'eft fiit de Délivrance, Il ne fe dit plus que
pour nom d'un lieu qu'on appelle Notre-Dame de
la Délivrande , ou limplement, la Délivrande. C'eft
un lieu de dévotion où il y a une Chapelle dédiée
à la lainte Vierge. Il cil en Normandie, à un quart
de lieue de la mer , à trois lieues de Cacn , à une
de Beinieres , &: à deux d'Eftrehan , dans le Diocèfe
de Baieux. Aller en pèlerinage à la Délivrande , ou
Notre Dame de la Délivrande.
DELIVRE, f. m. Se dit à la campagne de l'arricre-
faix de la vache , quand elle a tait fon veau : ce
qu'on appelle enLatin fecundina vitulinaAl fe dit aulli
de l'arrière-faix des femmes, fcye^ Arriere-Faix.
On dit, en termes de Fauconnerie, Un oifeau fort
à délivre , qui n'a point de corfage , &: qui eft quafi
fans chair , comme le héron. Macer^ macilentus.
Délivre , adj. Vieux mot. Libre, dégagé , ou même
délivré. Glojf.fur Marot.
DELIVRER. V. a. Livrer, mettre en la main de quel-
qu'un quelque meuble , argent, papiers, marchan-
dile Tradere in manus. Il faut délivrer à un Exécu-
teur tcftamentaire tous les meubles d'une fuccellion,
pour en rendre compre au bout de l'an. Je lui ai
délivré cette lettre de change, ce ilépôt en main pro-
pre. On a délivré à fon Faéleur tout le vin qu'il a
acheté.
Ce mot vient du Latin deliherarc. Ménage. Qui
ne hgnitie point cela en Latin.
On dit , Délivrer des ouvrages à un Entrepreneur,
à un Maçon , pour dire , Donner des ouvrages à un
Entrepreneur , à un Maçon. Et on dit qu'un Entre-
preneur doit délivrer des ouvrages dans un certain
temps , pour dire , qu'il les doit rendre parfaits &
achevés dans ce temps-là.
fer Délivrer j (îgnifie aufii adjuger en Juftice. Addi-
cere , adjudicare. Dans une vente , l'Huillîer délivre
"n meuble au plus offrant & dernier enchérilfeur.
1^ Délivrer, dans la fignification de mettre en li-
berté , affranchir de quelque mal , nous tirer , ou
nous-mêmes, ou les autres d'une fituation pénible
de corps ou defprit. Libérale , redimere. Jefus-Chrift,
par fa Pallion , nous a délivré de la mort éternelle.
Ma paftion ne s'afFoiblit point par les retcurs que je
fais (ur moi-même pour m'en délivrer. La mort nous
délivre de bien des maux. Délivrer quelqu'un de la
pourfuite de fes créanciers. Liberare aliquem credi~
toribus. Le délivrer de prifon , d'un grand fardeau.
DEL 197
Liberare cujlodiis corporis , magno onere. Se délivrer
de fes dettes. Liberare fe are aliéna. Me voilà délivré
d'une grande inquiétude. Délivrer une ame du Pur-
gatoire.
§CJ" Délivrer , en parlant d'une -femme , fynonyrtie
d'accoucher. C'eft une Sage-temme qui l'a délivrée^
Foye^ Accoucher dans cette acception.
i'fj' On dix., dans le même fens , qu une femme
s'eft heureufement délivrée d'un garçon ou d'una
fille , pour dire qu'elle en eft heureufement accou-
chée. Parère. Voye-:^ Accoucher.
fer Et , dans un fens un peu différent , on die
qu'une femme ell: accouchée , mais qu'elle n'cfi: pas
encore délivrée , pour dire que le délivre , l'arrière- ■
faix n'eft pas encore venu. Koye^ Arrière-faix.
DÉLIVRE , ÉE. part. Il a les fignincations de fon verbe,
en Latin comme en François.
DELIVREUR. f. m. Celui qui délivre. Liberator. Ce
mot ne fe trouve employé que dans le ftyle burlef-
que. Ce £/e7ivre«r d'Andromède vit moins de monts
éc moins de vaux. Voit. En fa place on dit , Libéra-
teur. Quand délivreur fignilie libérateur , il ne fe dit
qu'en badinant : mais, quand délivreur eft un nom
d'emploi, d'otlice, il fe dit bien en François, & lignifie
celui qui délivre , qui donne une choie qu'il garde,
qu'on a confiée à fes loins. Promus. Des trois gar-
çons de la Paneterie l'un eft: appelé le Délivreur,
État de la Fr.
ffT On appelle aufti délivreur , en termes deXLi-
nège , un domeftique qui diftribue aux heures mar-
quées l'avoine donr il a la clef.
Ip- DELLI. roye^ Dehli.
DELME. Bourg de Lorraine. Delma. Quelques-uns
croient que c'eft le Duodeciacum des Anciens , que
d'autres placent à Dieuze. D'autres veulent que
Deline foit l'ancienne Duiacum.
fer DELMENHORST. Delmcnhorftium. Ville d'Al-
lemagne j capitale du Comté de ce nom, fur la ri-
vière de Delme , qui arrofe la Baffe-Saxe, & fs perd
enfuite dans le Wefer.
DELMINO. Petite ville de la Turquie en Europe ,
qu'on appelle autrement Damna &c Damnio : en
Latin Delminium , Dalminium , Dalmana. Elle eft
dans la Bofnie près de Drina. Delmlno eft aujour-
d'hui peu de chofe ; cette ville étoit autrefois puif-
fante , & la capitale d'une petite République qu'on
appeloit la Dalmatie. xMaty. HofFman & liaudrand
dilent qu'on l'appelle aujourd'hui Dumno ; Mary &
M. Corneille après lui nous donnent Delmino pouc
fon véritable nom. Quelques-uns prétendent que
c'eft Almifla, ou Almifa , que l'en voit fur les Cartes
de Sanfon , & qui s'appelle Omifc en Sclavon : mais
Jean Lucius diftingue ces deux lieux. Voye-:{ HofF-
man , aux mots Delminium j Peguntium & Dal-
matia.
DÉLOER. v. a. Vieux mot j Blâmer.
CCJ- DÊLOGEMENT. f. m. Aftion de déloger , chan-
gement de logement. Migratio. Le temps du déloge-
ment approthc.
ce? On dit plus fouvent déménagement, quoi-
que ce mot ne fignifie proprement que le tranfport
des meubles d'un logement dans un autre.
DÉLOGEMENT , en termes de Guerre , fignifie , Décam-
pement. Cajlrorum modo, copiarum e cajtris dtfcef-
fio. Le délogemenc de cette armée s'eft fait en peu , ï
la hâte & en défordre.
fCF On le dit mieux du départ des gens de guerre
logés par étape. Obtenir un délogement des gens de
guerre. Acad. Fr.
fG' DELOGER, v. n. Quitter un logement pour aller
en occuper un autre. Migrare , demigrare. J'ai don-
hé congé de mon appartement , je déloge , je démé-
nage à la S. Rémi.
fer Quelquefois il fignifie limplement fortir du
logis , de la maifon. Migrare domo.
Mon père jji matin qui vous fait déloger. Rac.
%CT Déloger , fe dit, dans le même fens, des troupes
icjS DEL
logées par étapes. Le Régiment a délogé à la pointe
du jour.
^fT Déloger , fe dit auffi pour décamper. Cajlra mo-
vere , e capris difcedcrc. A l'approche de l'ennemi
l'armée délogea bien vite. On ne le dit plus guère
en ce fens.
'^fT Déloger , fignifie encore s^enfuir , fe retirer.
Recedere , rejugcre. On avoir fait un logement fur la
contrefcarpe ; mais il en a fallu dcloger. Quand les
Archers font en campagne, les voleurs délogent bien
vîte.
§3" Quelquefois il fîgnifîs feulement fortlr de
la place que l'on occupe. Loco cedere j decedere. De-
loge^ de-là , c'elt ma place.
DÉLOGER, V. a. fignihe ôter un logement , obliger à
Ibrtir d'un logement.
Depellere j ejicerc. On déloge les gens de mau-
vaife vie tous les trois mois. Un propriétaire peut
déloger un locataire , quel que bail qu'il ait tait ,
quand il veut occuper les lieux en perionne.
DÉLOGER , adif , fignifie, en termes de Guerre , Faire
quitter un pofte. Les ennumis s'étoient polies, s'é-
loient retranchés en tel endroit , mais on les a délo-
gés à coups de canon. Acad. F r.
^fT 11 fe dit encore à l'adif , pour faire fortir
d'une place. Ils s'étoient mis aux premières places j
mais on les a délogés. Loco depellere, ejkere.
ipr Se déloger pour quelqu'un j céder fon loge-
ment à des hôtes pour un temps. Domum cedete ^
domo decedere. Quand la Cour palTe en quelque
endroit , on fe déloge volontiers j on cède fon loge-
ment à de nouveaux hôtes.
Ce met vient, félon quelques-uns, de dijlocare.
Déloger, fe dit aulli, au figuré, pour Partir, quitter la
place , s'en aller , difparoître. Decedere j dij cedere ^
fugere.
L'âge l'a fait déckeoir \ elle fent chaque jour
Déloger quelques ris j quelques jeux j puis l'amour.
La Font.
On dit proverbialement, Z?//o|-er fans trompette,
pour dire, s'enfuir en diligence , fans taire de bruitj
& à la fourdiue. Silendoj tacite.
Délogé, é^. part.
DELOI. f m. Vieux mot. Péché contre l'obéiiïanct
que l'on doit aux Lois , foit divines , foit humaines.
DÉLOIR. V. a. Vieux mot. Retarder, diflérer.
DÉLONGER, v. a. Terme de Fauconnerie , qui figni-
f.e , ôter la longe d'un oifeau pour le faire voler ,
ou en autre occafion. Lorum Jlhere. On dit auli;
delongir.
DELOS. Ancien nom d'une île fameufe de la me
Egée , ou de l'Archipel, laquelle fe nomme aujour
d'hui Sdilles ; mais qu'il faut toujours appeler Dé-
los , quand on parle de l'Antiquité. Deios. Cette
lie a eu plufieurs noms. On l'a nommée Dclos j du
mot Grec ^^aw, manijejle , apparent, parce qu'étant
cachée fous les (lots , elle parut , difeiit les Poctes ,
pour donner retraite à Latone , que Junon pourfui
voit J & à qui elle ne permettoit de s'arrêter nulle
part pour faire fes couches. Elle y mit au monde
Apollon & Diane , qu'elle avoit eus deJupiter. Cette
île fut appelée L gie , Lagia j à caufe de la quantité
de lièvres & de lapins qu'il y avoit , & qui en Grec
s'appellent ^^ay^i^s , ou ^«"/àt ■ Ortygie , Ortygia j à
caufe de la multitude de cailles qu'on y trouvoit ;
0|)rc| en Grec fignifie caille : Pyrpile , de^ïf,/«j
- parce que c'eft dans cette i[e , difent les fables , que
le feu fut trouvé d'abord. On l'appela encore Gynè-
the , Cynethus. Etienne de Byzance dit que T)élos
s'efi: encore nommée Cynthe , Cynthus ; Aftérie ,
Afteria; Pélafgie j Pela/gia ; Chlaniydie, Chlamy-
dia J & Scinthiade , Scinthiada. Au lieu de Cynthe ,
quelques-uns difent Cynthie , & que ce nom lui fut
donné à caufe d'une montagne qui efl; dans cette
île.
Délos étoit la plus fameufe des Cyclades . à caufe
qu'Apollon & Diane y écoient nés. Cette île étoit
DEL
fi refpecStée & fi facrée , que les Perfes mêmes, qui
ravageoient tout , ayant touché à Délos avec leur
flotte de mille navires , n'osèrent y faire le moindre
dégâi. Virgile , Ovide , Stace , Claudien , Pline , & ,
parmi les Grecs, Callimaque j Ariftide, Strabon ;
difent qu'elle flottoit autrefois. Dans la fuite elle
devint llable , & Hérodote , Callimaque j & fon
Scholiafte , l'appellent immobile. Apollon y paffoit
fon quartier d'été , &: y rendoit des oracles pendant
les fix beaux mois de l'année. Les autres iix mois, il
alloit , difoit-on , rendre fes oracles à Parare , ville
de Lycie. On dit qu'il n'y avoit point de chiens à
Delos ; il n'étoit pas permis d y en nourrir , ni d'y
enterrer un corps m*ort \ on les portoit dans une
petite île voifjne , appelée lihénie , & aujourd'hui
Fermena , que les Grecs appellent la petite Délos ,
& Sdilles, la grande Delos. L'île de Délos , ou de
Sdilles , cft aujourd'hui déferre , & l'on n'y voit que
des mafures. Pline rapporte, L. Ip^. C. 12. que ce
fut en cette île qu'on trouva le feu , & Virgile, fui-
vant l'opinion de la Fable ancienne qui la croyoit
flottante , feint agré.iblement qu'Apollon l'attacha
entre Mycone & Gyare.
Quani priîis Arcitenens or as & littora circum
hrrantem Mycone celsâ Gyaroque revinxit.
Ariftote croit qu'elle .ivoit été autrefois cachée
fous les eaux , & qu'elle parut Soudainement : d'où
vient qu'il tire l'oiigine de fon nom d'un mot Grec
qui iignibe paroltre , à7::> m ^ij>^iiv • mais je ne fais il
je dois plutôt ajouter toi au Phiiofophe qu'au
Pocte ; car il n'y a guère plus d'app.uence de fe
perfuader qu'une île couverte des eaux le montre
iubitement, que de croire qu'une qui flotte puilfe
être arrêtée. Il efl pourtant vrai qu'on du ou qu'elle
ne tait que furnager , tant elle elt balie, àc c'eft
pour cela peut-être que les Anciens nous ont voulu
taire croire que le mont Cynthus qui eft fort haut
fait ombre fur toute l'île ; mais , fauf leur refpeét,
il n'eft pas alfez élevé pour le pouvou faire. Du Loir,
p. 7. Cet Auteur ne iavoit pas que Santorin dans la
même mer j & parmi les Cyclades , eft une île qui
eft fortie de la mer tout-d'un-coup , c'eft à-dire en
très-peu de temps \ que depuis , tout-près de Santo-
rin , i; eft encore forti deux petites îles. De plus , en
1714, il en fortit une près de ces trois-là. Aux Aço-
res , il y a quefques années qu'un tremblement de
terre tît paroître deux îles entre celle de S. Michel
& celle de Tercere. Pour ce qui eft d'une île flor-
taïue, un Capitaine Anglois palfint de Lisbonne
en Anglerre en 17Z i , vit près de l'île S. Michel une
îlcflottante de pierre- ponce, d'environ quatre lieues
de longueur, cpii paroi.loit depuis quelques mois.
Tout cela montre qu'il n'eft point impoffible que
l'île de Délos foit fortie de deifous les eaux , ni
qu'elle y ait été quelque temps flottante. Pour moi
je crois très-probable que ce qu'on appelle une fa-
ble eft une tradition. Le nom de Déios , & ce que
difent les Poctes m'en eft une preuve. On fait qu'un
grand nombre de fables ne iont que d'anciennes
traditions & des points d'hiftoire , fur lefquels on
a enté des fables. Aulli il eft fort probable que la vé-
ritable origine decette île a donné occafion de fein-
dre ou d'y appliquer ce qu'on dit de Latone & d'A-
pollon.
Cette île , la plus célèbre de l'antiquité , eft tî
peu confiderée des Grecs de ce temps ^ qu'elle n'a
point d'habitans. Son port qui , après la juine de
Corinthe , fut un des plus fréquentés de toute la
Grèce pour le commerce de l'Afie, parce qu'il étoit
franc ck' facré , ne l'eft plus que des Corfaires. On
médit que l'on n'y voit plus qu'un grancj amas de
marbre blanc taillé , & de colonnes brifées, qui
font les ruines de la ville & du temple dédié à
Apollon & à Diane : & qu'il y refte encore la moitié
d'une ftatue haute de dix pies , repréfentant Apol-
lon , & que les Anglois ont fciée en deux , de haut
en bas j pour en emporter une partie. ï d. p. 7.
& S.
DEL
Ce mot, fi l'on en croie les Anciens , efl Grec,
AÎA.f, manifefte , apparence, parce quelle parue
tout-à-coup de delfous les flots. D'autres , au rapport
d'un Commentateur ds Stace , dilent que c'elt par-
ce que ce fut la première qui hit éclairée des rayons
du Ibleil j & d autres par ce que les oracles qui 's'y
rendoient étoient plus clairs que nuls autres. Bo-
chart va plus loin à fon ordinaire , 5c Chan. L. I. C.
14. Il prétend que Dé/os vient de hm , Daal , com
meBelus vient deSïJ, Baal ; D.1.1L lignifie crainte
■&hgurcment , Dieu j parce qu'on craint les Dieux;
qu'il ell pris en ce dernier fens dans les Paraphrafes
Clialdéennes ; &; qu'ainli les Phéniciens nommèrent
cette lie Daal, ou comme on prononçoir ancienne-
ment Déd , c'eft-à-dire, r///tf--D^e«, favoir Apol-
lon , & .au pluriel Daalan ^ ou Déelan , c'eil-à-dire,
l'ille des Dieux , Apollon & Diane.
On croit que ce lontces deux Divinitésquerepré
fente une médaille rapportée par Nonnius dans la
XXVill. Table des îles de Grèce. On voit deux
têtes d'un côté avec ce mot ©eam , & deux têtes
encore de l'autre avec AAEA<ti2N ^ ^ de chaque coté
fous les tètes A , qu'ils prennent pour ahaihn. Et
cela le confirme par une autre médaille qui fe voit
au même endroit avec trois tètes , qui l'ont celle
de Jupiter couronnée de laurier fur le devant, celle
d'Apollon rayoniiante au milieu , & celle de Diane
avec un croilTant fur le front fur le derrière. Au re-
vers ell une Aurore dans un char emporté par deux
chevaux. Les autres médailles àQDélos n'ont qu'une
tète rayonnante j ou feule , ou avec un carquois ;
Se au revers, ou le foleil dans fon char à deux,
ou à quatre chevaux , ou un croillant & deux étoi-
les, ou l'Aurort dans un char attelé de deux chevaux
ou de deux bœufs. Il y en a qui ont une tête de Ju-
piter couronnée de laurier , &: delTous A , au revers
trois croillàns , trois étoiles A. Nonnius Inful.Gr. Tab.
XVII. a xriii.
DÉLOT. f. m. Ternie de Mer. Efpèce d'anneau de
fer concave , que l'on met dans ime boucle de corde
pour l'empêcher de fe couper par celle que l'on y
fait entrer. Annulus concavus.
^CT DÉLOYAL, ale. adj. i?i f Qui n'a ni parole , ni
toi, ni loi, qui compte pour rien les engagemens
les plus forts. Perjîdusjinjidiofus, infidus. Ami déloyal.
Il faut être bien déloyal pour trahir fon ami. Ce
Moniteur Loyal porte un air bien déloyal. Mol.
Ce mot vieillir. Il eft plus tolérable en vers qu'eri
profe : en Pocfie mêm^ , il ell peu uhté aujourd'hui
DELOYALEMENT. adv. D'une manière déloyale.
Avec perfidie. Il en a ufé le plus dcloyalcmenc Au
monde avec moi. Perfide j perfidiosè. Il eft peu
ulué.
DÉLOYAUTÉ, f f._ A.a:ion contre la fidélité &c les
lois. Perfidie, infidélité. Perf.dia , infideluas. Tra-
hir fa confcience par un faux ferment , c'eft l.i
première des déloyautés. Il elt moins uhté que fc^
fynonymes.
Ce mot vient du vieux Gaulois , defloi , qui figni-
ûoh péché cancre la loi.
DELPHES. Ancienne ville de Grèce. Delphi. M. Tou
reil &: M. Corneille la mettentdans la Bœorie. Bei-
'SÉ.tius, Hoftman , Maty , la placent dans laPhocide;
'^- ce fentiment eft le plus vrai. Le temple de Delphes,
l'oracle de Delphes, étoient célèbres dans l'anti-
quité. Corétas , gardant , dic-on , fon troupeau pro
che du mont Parnalfe j s'étant apperçu que fes chè
vres jetoient des cris extraordinaires routes les fois
qu'elles s'approchoient d'un antre voifin , voulut
voir ce quec'etoic;& faifi par les vapeurs qui en
forroientj il le mita prophtrifer, à prédire l'avenir.
Aulli-tôt que ce prodige fur rép.indu dans le pays ,
un grand nombre de perfonnes curieufes de favoir
l'avenir, fe tranfportoient encet endroit, & s'en-
tredonnoient desreponfes fur leurs demandes. Mi:s,
comme l'ouvertare de la foife étoit dangereufe &
que plufieurs jdans leur fureur prophétique , tom-
boient , fans jamais reparoitr^; on s'avifa de fermer
l'ouverture avec un trépied , afin que dans la fui'e
DEL 199
la PrétrefTe s'allit dellus. Ces Piêtrelfes de Delphes
furent^ d'abord des vierges en l'honneur de Diane ,
m.iis l'une d'elles , nommée, Phœbade , ayant été
ravie par Echécraté , ThelTiiien , on n'y mit plus
que des femmes de 50 ans. Cet oracle ae Z/V///:ej
fut tiès-célèbre : tous les pnnces , toutes les Répu-
bliques , tous les Etats , toutes les villes de ia Grèce
le confultèrent fouvent Ik fe difputèrent à l'envi
l'honneur de l'enrichir de préfens magnifiques- Les
Princes même étrangers ik. barbares , le conlultè-
rent louvent. Les Eubéens , les Phlégyens , Pyrrhus
fils d'Achille, Xerxes -, Roi des Perles , les Phocéens
les Gaulois, & enfin Néron, le pillèicnt en dif-
férens temps , & en enlevèrent des richelles innom
brables. Les Phocéens en tirèrent à divcrfcs fois plus
de dix mille talens; c'eft-d-direp!usde fix millions
d'or. Néron fit plus ; il donna .1 fes foldars le terri-
toire de Cyrrhoée , qui étoit le domaine d'Apollon,
& l'antre même d'oii fortoient les Oracles, apiès-
eii avoir fait boucher l'entrée de corps morts, &c
l'avoir ainfi pollué 5 peut-cn-e parce qu'il ne s'y
lendoic plus dorades, car NicéphorCj L. Le. 17.
Cédrénus, Suidas, Paul Orofe , L. I. c. 18. difent
qu'il (e tut fous Augufte, & Augufte même l'in-
terrogeant ; ëc qu'il apporta pour raifon de fon fî-
lence qu'un enfant Hébreu , qui croit Dieu , le chaf-
foit , Se l'obligeoir de rentrer dans l'enfer. Claudieii
dirqu'il s'enetuiralL- chez les Scythes Hypcrboréens.
Long temps auparavant Cicéron s'en étoit moqué,
L. U. de Divin.
Le temple de Delphes , fi l'on en croit l'Antiquirc,
fut bâti cinq fois. La première fois , de branclusde
laurier que l'on prit dans les ciiamps voifins ; ainlî
ce n'étoit qu'une cabane ; la leconde fois ^ de cire ôc
d'ailes d'abeilles ; la troilicme d'airam. Les uns di-
fent que le feu le détruifit , îk d'auties qu'il fut en-
glouti dans un tremblement de terre- Le qu tr.ème
conilruit b. première année de la cinquième Olym-
piade parTrophonius Ik Agamèdes, fameux Archi-
teâesj étoit de pierre, & fut confumé par le feu.
Le cinquième fut bâti par les Amphidyons de l'ar-
gent facré , & Spinthare en fut l'Aichitede. Mon-
lieurSpon, L. III. p. 171. rapporte une médaille de
Delphes , AEA*î2N, fur laquelle il paroit un temple
magnifique. Ce temple & la ville de Delphes étoient
conlacrés .1 Apollon , & c'eft apparemmenr lui que
repréfenre la tête d'homme fans barbe oc couronnée
de laurier qu'on voit communément fur fes médail-
les. C'eft encore pour la même raifon qu'il y a quel-
quefois à côté de cette tête un luth, & au revers
de même un luth. On y trouveauffiun homme porté
fur un poiflon j une tête de bœuf, une abeille, une
tête de chèvre , une tête de bélier aVec un carquois.
Nonnius en a fait graver une qui a une tête de Ju-
piter couronnée de laurier , & au revers un foudre.
L'infcription eft tantôt Aeai£2n, &r tantôt aea^ot.
P^oy. Nonnius , Grac. in. Tab. VIU.
La ville Àà Delphes fut bâtie , .à ce que l'on pré-
tend , avant le Déluge de Deucalion , par Parnalfe,
fils de Neptune & de la Nymphe Cléodore, & prit
fon nom d'un fils d'Apollon & de la PrêtrelTe Thya ,
nomme Dclphe. Plulieurs alTurent qu'elle tire fou
nom du mot Phénicien Delphin , qui veut dire
Prophète. Je m'en i apporte. Tourr. Dans la fuite
Delphes fut une ville Epifcopale , dont l'Evêque
étoit fuffragant d'Athènes. Aujourd'hui ce n'eft qu'un
amas de ruines, fur lefvjuelles on a bâti un petit
village, nommé Caftri. Il eft au pied du Mont Par-
n ifle , entre Salone & Livadia. Voyc^ fur cette ville
Vi génère , dans fon Ce far.
Le bourg des trois Maries en Provence , s'eft ap-
pelé autrefois Temple de Delphes.
DELPHIEN , ENNE. f & adj. m. & f.Qui eft de l'île
dé Delphes. Delphius j Delphicus , a , um.
Oh qu'il chanfonne bien !
Seroit-ce point Apollon Delphien ? R-
DELPHIN. f m. Nom dhomme. Delpkir.u^. S. Del-
2,0« DEL
dH in> Evcquede Bourdeaux, étoit un des pijnci-j
pa"x ornemens de l'Eglife des Gaules dans ion liècle. !
UaHlet, Dauphin ne feroit-il poinc mieux.'' & n'tlt- j
ce pas l'ufage ? quoiqu'il en fou , S. Dciphin alîilU
en i%o. au Concile de Satagoire. Quelques-uns met-
tent fa mort en 404.
DELPHINAL, ale, adj. Qui appartient au Prince
Dauphin. Ad Dslphcmm purûnens. C'ell Humbert
Dauphin qui établit un Tribunal qui devoit juger
fouverainement fous le nom de Conleil DelphinaL
On a cru , fans beaucoup de fondement que le Con-
feil Ddphinal avoit été inftuué dès 135 G. mais il
eft certain qu il ne fut pas formé alors tel qu'il l'a
été depuis ; il eft même incertain fi Tade que l'on
cite eut alors fon accompiiirement. Cette aifemblée
étoit compofée de quatorze perfonnes , ayant le
Chancelier à leur tète , la plupart Nobles Cheva-
liers d'armes , ou Dodleurs en Droit. Il fe tenoit au
Château de Beauvoir , & fut nommé le Grand-Con-
feil. Son Sceau portoit cette mfctiption , SigHluin
Magni Conaid , avec l'empreinte d'un Dauphin.
Valbonnet, p. 14. On rapporte avec plus de fon-
dement l'inftitution du Confeil Delphinal à l'année
1 5 3 7. Le nombre des Officiers fut réglé à fepr. Hum-
bert , trois ans après , le transféra à Grenoble j où il
ordonna qu'il téfideroit à perpétuité. Il le compofa
de fix Confei 11ers aétuellement fervans , dontcelui
qui avoit la garde du Sceau devoir être chef fous le
nom de Chancelier. Il femble que ce foit là la vérita^
ble inftitution du Confeil Delphinal. Voyei M. de
Valbonnet ,p. 14& 15.
En 1459 le Parlement de Dauphiné décida , que
le Dauphin de Viennois ne pouvoir point accorder
de Lettres Ddphinales aux habitans de Gap contre
le Comte de Provence, fous prétexte d'une certaine
Sauvegarde , qui leur avoit été accordée fans aucun
droit par une Comteffe de Vienne. Id. & Journ.
DES Sav. après lui.
©ELPHINIEN. Surnom d'Apollon. Ddphinius. Voy.
DelphiniUs.
DELPHINIES. f. f. pi. Fêtes que les Eginètes célé-
broient en l'honneur d'Apollon Delphien. Delphi-
nia. Elles fe célébroient à Argos , félon le fcholialfc
de Pindare. Le mois dans lequel cette fête tomboit
s'appela chez eux Ddphinius. C'eft à-peu-près notre
mois de Juin.
DELPHINIUM. f. m. Plante que l'on appelle autre-
\nzm pied d alouette. On lui a donné ce nom , parce
que le bouton de fa fleur qui eft prêt à s'épanouir,
relfemble en quelque manière à un dauphin j tel
que les Peintres ont accoutumé de le repréfenter.
En Latin auffi Ddphinium^ ou confoUda regalis. Voy.
Pied d'alouette.
Ce mot vient du Grec ài>^<^i'> , dauphin.
DELPHINIUS. f. m. C'eft le nom d'un des mois de
l'année chez les Eginètes. Il étoit ainfi nommé d'A-
pollon Delphinien , parce qu'en ce mois-là Egine
DEL
«"ojj *«^,^«f , cadus.
centres. H fe retranche , ^avcs j
llfe change en /, ohmli , UlyJJes , Ulylle j nsA»/;»»,
Pollux , comme qui diroit Poldux. Port-R.
Ddta vient du Syriaque, ou Chaldéen «fi*?! ,
dalta , ou ddta , qui vient de l'Hébreu nSl, aetctk
ou daieth, nom aulfide la quatrième de l'alphabet
de ces langues comme il paroït par les Lamentations
de Jérémie , le CXIX Pleaume , S<.c. La hgure de
cette lettre ^ s'eft prile de l'ancien caraélère hébreu,
ou ce qui eft la même choie du Phénicien. P oye-^
la Diflertation lur les médailles Samaritaines im-
primée à Pans en .171 5. dans un Recueil /«-40.
Delta. Nom de la partie de l'Egypte inférieure, qui
eft renfermée entre les fept branches du Nil , depuis
fa l'éparation julqu'à la mer. Ddta. Les Grecs don-
nèrent le nom de Delta à cette partie de l'Egypte,
parce qu'elle a la figure de la lettre Delta, ou d'un
triangle , dont la bafe eft le long de la mer méditer-
ranée , la pointe vers Memphis, Hi. les côtés vers les
deux bras extérieurs du Nil, lun à l'orient , nommé
autrefois fleuve de Bubaft , Bubajlicus fluvius , parce
qu'il ariofoit cette ville , & qu'il fe Jetoit dans la
mer à Peluze; l'autre à l'occident, nommé j^ga-
thos Damon. Le Ddta étoit un des pays de l'Egypte
les plus fertiles. Il a environ 40. lieues fur les côtes ,
& Z5. depuis la côte jufqu'à l'endroit où le Nil com-
mence à fe divifer. Ce pays comprenoit fous les
Ptolomées dix-neuf Jurildidions , qu'on appeloit
Nomes i d'un nom Grec qui fignifie divifion, parta-
ge , diftriél. Aujourd'hui il renferme les Gouverne-
mens de Garbia, de Ménoufia & & de Callioubec.
Ses villes les plus conlïdérables font Damiette, Ro-
fette, Alexandrie , Ménoufia Se Maala, ou Elmala ,
dont les trois premières font fur la côte , & les deux
autres dans les terres. Au refte , nous difons encore
ce mot en François, fur- tout quand nous parlons de
l'ancienne Egypte. Foy. Vigenère fur Céfar , Def-
cription des lieux, gaumaife fur Solin , p. 477. diftin-
gue encore deux autres petits Ddta dans celui-ci ,
& formés par la branche du nil qui le ferme à l'orient;
maisjoutre que nous n'appelons Delta en notre lan-
gue que celui dont on vient de parler, dans l'Anti-
quité même ces deux autras font peu connus. Une
ville du Delta^èc une Jfle de l'Inde nommée aujour-
d hui Diu, ont aufli porté ce nom.
DELTOÏDE, adj. Terme de Médecine , qui fe dit d'un
mufcle qui fait mouvoir le bras en haur, ainfi nom-
mé, p.arce qu'il reifemble à un delta. On l'appelle
aulli épomis Se humerai.
Ce nom vient de^i>^rù, delta j nom d'une lettre
Grecque, qui a la forme d'un triangle, & de u^ct^
figure, Ddtoide 3 qui a la figure d'un delta.
f3= DELTOÏDES. En Botanique. Rhomboïde quia
quatre angles , dont deux oppofés font plus éloignés
du centre que les deux autres. Foy. Feuille.
DELTOTON. ou Triangle. C'eft le nom de la 21^
conftellation feptentrionale. Ddtoton.
célébroitles Hydrophories en l'honneur d'Apollon ^DELUGE, f m. Inondation générale, dont Dieu
Delphinien. Voye-:{ leScholiafte de Pindare fur le
81' vers de la V Ode des Nemcennes , & fur
Apollon Delphinien. Confultez Gyraldus, p.iiS'
Syniagn.-j de Diis , & M. Ménage, Notes fur
Laërce , p. iS. Dodwel , de Cydys , p. 114. enfei-
gne que le mois Ddphinius répondoit au Panemus
des Macédoniens , qui tomboit dans notre mois
de Juin.
DELS. adj. Vieux mot qui a été employé pour
deux.
DELTA, f. m. Non d'une lettre Grecque. T)dta. Le
Ddta eft la quatrième lettre de l'alphabet Grec, &:
fignifie quatre, comme on le voit fouvent fur les
médailles. Le delta eft une des" neuf muettes j &
une des trois confonnes appelées moyennes , & il
répond à la tenue T , & à î'afpirce ©. Le A fe mec
pour r.yvo'îuf j ^ïo'ipof. Ainfi dey^^^^Wj dulàs , pour
z, Zils,à.ils, Ai3f Les Macédoniens & les Béotiens
le redoublent pour le même z , i««Ç« , 1««^^« , farine.
Il fe met pour 2, , 'or/nli, l^/^v.. Il s'ajoute , "« , pluo ,
. ittii , aqua , aiufi de profum , prodes j de ancres ,
fe fervit autrefois pour punir la corruption des hom-
mes , en détruifint tout ce qui avoit vie fur la face
de la terre, excepté Noé , fa famille , & ce qui étoic
renfermé dans l'arche avec Noé. Diluvium , terrarurn
omnium eluvio.
Dieu déclare à Noé, Gen. VI. 17. qu'il a réfolude
détruire par un déluge d'eaux tout ce qui refpire fous
le ciel, éc de confumer tout ce qui a vie fur la terre.
Voilà les menaces; voici l'exécution. Moife alfure
que les eaux couvrirent la terre, qu'elles enfeveU-
rent routes les montagnes du monde j & qu'elles
furpalîerent de 1 5. coudées la cime des plus hautes;
que les bêtes j les oifeaux & les hommes , & tout ce
qui refpiroit fous le ciel , périt dans les eaux , ex-
cepté Noé, & ce qui fut fauve avec lui dans l'Arche.
Gen. VII. 19. &fuiv. Peut-on exprimer nn déluge
iiniverfel plus clairement? Si le déluge n'avoit poinc
été univerfel, il n'eût point été nécella^re d'employer
cent .ans à la confttuélion d'une arche aufli grande
qu'ctoit celle que bâtit Noé , ni d'y renfermer toutes
les efpcces d'animaux , pour les conferver & repeu-
pler
JDEL
pler le monde. Ils fuUen: bientôt & aifcmenc venus
des pays du monde qui ne turent pomt inondés
dans celui qui le fut , & pas une el'pèce ne le hit per-
due, ou s'il y en avoir quelque elpèce particulière
dans le pays que h déluge dcpeuphj il n'eut fallu
conferver que celle-là. Si les eaux n'avoient inondé
que les environs du Tigre & de i'Euphrare j elles
n'auroient pas monté quinze coudées au dellus des
plus hautes montagnes, elles ne pouvoient y monter
fans fe répandre fur toute la face de la terre , ou fans
être foutenues par un miracle. Moife eut marqué ce
miracle , comme il a fait celui des eaux de la mer
louge, & celles du Jourdain foutenus comme une
montagne, pour ouvrir un palfage aux Ifraclitcs.
Exod.xir. 11. Joj: 111.16.
On trouve, dans des lieux fort éloignés de TEu-
phrate & du Tigre , comme en France , en Angle-
terre, dans les Pays-Bas j en Allemagne, en Suille
en Italie , &c. on trouve, dis- je, dans des lieux
fort éloignés de la mer, dans des montagnes, & fur
leur fommet, des arbres entiers enfoncés trèi-avant
dans la terre, des dents, des os d'animaux, des poif
fons entiers, des coquillages de mer, des épis de
blé, &c. pétrihés. Tout ce qu'il y a de plus habiles
Naturaliftes conviennent que toutes ces chofes n'ont
pu être enterrées fi avant dans la terre, aux endroits
où on les trouve, que pz'cXe déluge , dont les eaux par
leur effroyable quantité.parleur poidsjpat leur mou-
vement violent , pénétrèrent & bouleverfèreni tout
le corps de la terre , ou pour le moms toute la fuper-
ficie, à une grande protondeur, & enterrèrent les
corps qu'elles y trouvèrent, ou qu'elles y avoient
iranfportés, les poiiTons, les coquillages, &c. qui
s'y étoient répandus, & qui y relièrent quand les
eaux fe retirèrent. J^oy. la Géographie phyjtque de
Woodvard , \HiJl. natur. du Nonharnpwn par Mor-
ihoTiy Mém.de Tr. de 1708. p. 5 ii. & fuiv. p. 583.
585.de 1705. p. ^00. & fuiv. p. 7Z9. de 1711. p.
l<Si6. de 1713. p. 51. <S9. l^oye^ aullî ci-delfus au
mot Coquillage. Tout cela montre l'univerfalité
du déluge.
Saint Pierre, dans fa première Ep. C. III. v. 10.
dit qu'il n'y eut que huit perfonnes iauvées, c'eft-à-
dire, Noé & fa femme, fes trois fils & leurs truii
femmes. Le même Apôtre, dans fa i^' Ep. C. III. v.
5. dit qu'au déluge le monde périt par les eaux. Or
le monde dans 1 Ecriture ne lignifie pas feulement
un petit coin de la terre, mais toute la terre, &
l'on ne peut l'entendre autrement. De plus il répond
à des gens qui parloienr du monde en général 6v
de la conftitution générale du monde. Enfin il du
que Dieu rétablit les cieux & la terre dans l'état ol,
ils font pour les réferver au feu à la fin des fiècles.
Ces cieux, cette terre rétablis, ne font pas feule-
ment une petite partie de la terre; ce font ceux-
mênies qui font réfervés pour le feuau jour du juge-
ment; or c'eft toute la terre qui y efl: réfervée, t^^: ,
félon Saint Pierre, la deftruclion des eaux au temp?
du c/e/z^e ne fut pas moins univerfelle que celle dr,
feule fera au jour du jugement. Il y a une Géo:;ra-
phie Phyfique d'un Anglois nommé Woodvard ,
qui eft pleine de Recherches fur les effets du
déluge.
Il y a une médaille Grecque de Philippe, AytK
IOTA «tiAinnoK Aïr, au revers de laquelle Falco-
nieri. Antiquaire Italien, acru voir une reprèfen
ration du déluge de Deucalion. A droite de celui qui
regarde la médaille, paroit une efpèce d'arche portée
furies eaux, dans laquelle paroiflent une homme
ic une femme, qu'il croir être Deucalion &: Pyrrha;
à gauche font un homme &: une femme la main
droite levée. C'eft encore, dans le fentiment de cet
Auteur, Deucalion & Pirrha dans l'aclion de jeter
des pierres derrière eux, comme les Poètes ont feint
3u"ils le firent pour réparer le genre humain. Au-
effus de l'arche font deux oifeaux , l'un appuyé
fur l'arche, & l'autre volant, Sc tenant dans fes on-
gles , un rameau qu'il apporte du côté de l'arche.
Sur le bas de l'arche on licNOE, que Falconieri pié-
Torr.e HI.
ZOl
DEL
rend être le nom ciu Patriarche Noe, aue les liabi-
rans d'Apamée ont mis fur cette médaille- pour \i
rendre plus authentique , parce que les Payens ii'i-
gnoroient pas les Livres fainrs : fur-tout les Syrien.? ,
qui avoient été vaincus par David ; à: que les Apa-
méeus iavoient que le Deucalion des Grics croit le
véritable Noé des Hébreux. On lit autour de la mé-
daille, Eri.^M. AT. AAEHANAPOïb ,^i'XI ÀnAJlî2N. J2
voudrois avoir vu cette nicdaillé, pour m'aiïurer
qu'elle n'eft pas iaull'e, ou pour le moins falfifiés
dans fon revers,
Oleatter,- Dominicairi Portugais, Auteur du fei-
zième fiè^le eft le premier des Chrétiens qui ait ré-
voqué en doute l luiiverfalité du (/t'/z/o^e. La Peyrere
fuivit ce fentiment, puis Abraham Vhndvr Mil!,
Minifbte CalviniP.e. Ilaac Voiîius fir affez connoîrre
qu'il pip.choit vers ce ientiment, qui de notre temps
a été renouvelé par M. Kurnec, Wifthon & P. Mal-
fert de l'Ordre de la Charité.
Manjthon parle d'un t^j/vo-c-, après lequel Agatlio-
démon traduifit les inlcriptions compofées par le
premier Hermès j mais, (i l'on fait attention que
Manéthon parle d'un déluge poftcfieur au pre-
mier Hermès qui n'a vécu, félon lui, que depuis
Menés, il ell clair qu'il n'a point eu en vue le aélu'gc
de Noé. Dès qu'il n'a point eu en vue le déluge de
Noé , le mot déluge ne peut plus fignifier qu'une
inondation du Nil, &c feulement une inondation
plus conhdérable que de coutume, puifqu'il la cite
comme une époque. Alors, s'il elt permis de con-
jeéturer, on peut croiic que cette inondation fut
occahonnée par le tremblement de terre, arrivé foiis
le Roi Bochus à Bubafte. Il y périt beaucoup de mon-
de ; (Se Manéthon, dans le Syncelle, a fait de cet
événement une époque fous le règne de Boclius. Ce
tremblement de terre ht vrai-femblablemeht débor-
der le Nil en rompant les digues. Elles étoient fore
élevées à Bùbafte, ville de la Balfe-Egypte. Ammien
t'ffaifurjes Hiéroglyplu pag. 178.
ifT Par le ravage du déluge le glote dé la terrd
fut non-feulement tfacairé t< brifé en mille endroits;
mais l'ébranlement &: l'émotion qu'il ioutîiit, en
changèrent la lituation , enforte que la terre eft i
prélent pofée obliquement fous le Zodiaque; ce qui
caufe la diveriité des faifons, félon !e Docteur Bur-
net. Avant le déluge, dit-il , on n'étoit point expofé
à cet importune variété.
fCF Ce que dit ici Burner, âufll bien que tout ce
qu'il avance dans fon livre inriîulé : Telluris 'Iheorict
Sacra, où il prétend expliquer le déluge fans mira-
cle, félon le fyftcme de !)elcartes, Ibnt ima^ira-
tionsfauiresSc contraires à l'écriture, que Leidekker
& d'autres Protetlans mêmes ont réfutées,
DÉLUGE , fe dit auili des inondations parricutières, des
débordemens, rel qu'éroir le déluge arrivé en (-rcca
du temps de Yio.yic'dXxoVi. Dilu-jium Deucalioneum. Ce
déluge inondi feulement la Thelîalie, & arriva l'art
1 519. avant Jesus-Christ, la troifième année de-
puis la fortie des Ifraclites félon îa Chronologie du
P. Petau, Rat. Temp. P. I. L. I. C. 7. P. II. L. II.
C. 9. Le déluge d'Ogygcs arri/a près de trois cens
avant celui de Deucalion, 1010. avant la première
Olympiade, 1795. avant Jésus-Christ, félon le
même Auteur, J'^u/. Tenlp. P. I. L. I. C. 4. P. //. L.
II. C. 5. Celui-ci ne ravagea que l'Atti ]ue. Telles
furent encore les inondations qui en 1277. ravagè-
rent &: couvrirent de la mer tout ce qu'on appelle
aujourd'hui Golte DofTart dans les Pays Bas, &• en
1411. tout ce qui eft encre le Brabanr & la Hollande.
^fT On dit figurémer.t un déluge de feu, un délu-
ge de fang , un déluge de maux , écc. Le monde doit
pétir par un déluge de feu. Les \'olcans vomifrent un
déluge de feux & de cendres. Se baigner dans urt
déluge de fang. L'Empire Romain fut détruit par urr
déluge de barbares. C'éroit de là qu'étoient venus?
toits ces déluges d'armées qui avoient inondé la
Ce
101 DEL DEM
Grèce. Vaug. Il femble qu'un déluge de maux al: {
inondé fon ame , (de J.-C. au Jardin de Getfemani)
BouRD. V6yc\ Inonder.
On die hyperboliquemenr, un déluge de larmes \
pour dire, des pleurs en abondance.
Du grand déluge de fes pleurs
Elle noya toutes les fleurs. SarAs.
DÉLUGE j en rermesde Philofophie Hermétique, figni-
fie la dijlillation desjoujres.
DELUTER. V. a. Terme de Chimie. Oter le lut d'un
vaiireau , l'enduit qui tient collés enfemble les vaif-
feaux dans lefquels on a fait une diftiUation. Fas
Chimicum delutatumrelinere. Il faut prendre garde de
rompre le cou d'un matras en le délutant.
^ DELUTÉ. ÉE. part. VaiflTeau ^e7«r/.
DÉLY. Voyei DÈHLI.
DEM.
DÉMAGOGUE, f. m. Terme d'Antiquité. C'eft le
nom qu'on donnoit chez les Grecs à ceux qui avoient
l'autorité parmi le peuple ; aux chets d'une fadion
populaire. Les Démagogues aigriffoient les efprits ,
& mettoient à profit les malheurs publics. Desfon-
TAINIS.
DÉMAIGREMENT. f. m. Vieux mot. Seigneurie.
DEMAIGRIR. v. a. Terme de Charpentene & de Ma-
çonnerie. Démaigrir une pierre , c'eft , ôter de fon
lit & de fon joint en dedans pour rendre l'angle que
font deux furfaces, plus aigu. Tenuate. Voy. Amai-
grir. En Charpenterie , démaigrir >, c'efl: diminuer un
tenon j & tailler une pièce de bois en angle aigu.
fC? DÉMAIGRI, lE. part.
DÉMAIGRISSEMENT. C'eft le côté d'une pierre, ou
d'une pièce de bois, démaigri. Tenuatio.
DÉMAILLOTER. v. a. Oter un enfant du maillot.
I nfantulum fafciis evolvere. Il faut que les nourrices
démaillotent leurs enfans deux ou trois fois par jour.
t)ÉMAILLOTÉ , ÉE. part.
^fc3° DEMAIN, adv. De temps , qui marque le jour
qui fuit immédiatement celui où l'on eft. Cras , Die
craftino 3 fecundum hune diem. Il fera demain beau
remps. Le Courier partira demain.
Aujourd'hui vous m'aimewfl. mon cœur vous féconde.
Demain vous ne m'aimere^ plus. S. E vr.
^fTOn l'emploie quelquefois fubftantivement.
Avant que demain foit paffe. Demain ell un jour de
fête. On dit ironiquement le demain des prifonniers,
pour dire un jour qui eft long-temps à venir.
Demain eft un jour qui fuit
Lorfque vous croye\ quil avance :
Au milieu de chaque nuit ■
Il perd fon nom dans fa naijfance ;
Qand on croit fe faifir de lui j
On trouve que ceft aujourd'hui.
On dit proverbialement. A demain les affa
DEM
Il eft aufll rccip. Une coignée qui fe démanche. Un
balai qui fe démanche.
On dit aulfi, hgurémentj fe démancher, pour
fignitier, quitter un parti, rourner cafaque. Defcere
ah aliquo j illum deferere. On dit aufli , il y a quelque
chofe qui fe démanche dans cette affaire, pour dire ,
qu'il y a quelque chofe qui commence à mal aller.
Ce parti commence à le démancher pour dire , qu'il
commence à fe ruiner, à fe défunir, à fe détruire.
Il eft du ftyie familier.
Démanché, ee. part. palf. & adj. ManuhriofpoUatus.
DEMANDE, f. f. lignifie en général la parole que
l'on adrelfe à quelqu'un , pour en obtenir quelque
chofe. Poftulatio j pojlulatum. Votre demande eft
jufte & raifonnable.
§Cr On le dit également de la chofe demandée.
On vous a accordé votre demande.
§3" Demande , fe dit abfolument, en parlant d'une
fille que l'on recherche en mariage , de la propofi-
tion qui eft faite par un tiers. C'eft un tel qui a fait
la demande de cette fille pour un tel.
ifT Demande, eft quelquefois fynonyme à queftiontc
interrogation ^ & c'eft alors une propofition faite
pour fa voir quelque chofe, mais avec des idées ac-
ceftoires. Le mot de demande eft employé dans les
cas où celui de réponfe y eft joint. Les catéchifmes
font par demandes & par réponfes. La réponfe doic
être conforme à la demande. Le mot de queftion con-
vient mieux en matière de fciences. Queftion de
Phyfique, de Théologie. Dans les autres cas il fait
fentir un efprit de curiofité. Un efpion fait des quef-
tions aux gens. Le mot à' interrogation paroît fuppo-
fer de l'autorité. Voye^ ces mots. Interrogatio ,
quitftio.
1^ On dit proverbialement à folle demande, ^
forte demande point de réponfe. Et ironiquement,
pour marquer qu'on ne trouve point de difficulté
dans une chofe, belle demande] Voilà une bell«
demande.
Demande , en Jutifprudence , eft une action qu'on
intente en Juftice pour obtenir une chofe à laquelle
on prétend avoir droit. Petitio. On fait des deman-
des par exploit , par requête exptelfe , ou par re-
quête verbale à l'audience , ou en lettres obtenues
en chancellerie. Aclionem intendere. Il y a des de-
mandes principales , d'autres incidentes ; des deman-
des en fommations j en garantie \ des demandes eit
complainte , en retrait hgnager , en réparation , en
déclaration d'hypothèque , & plufieurs autres qui
feront expliquées à leur ordre. On doit fournir des
défenfes contre une demande , & puis la Cour ap-
pointe fur les demandes & délenfes. On ne doir pro-
noncer que fur les demandes contenues dans les ap-
pointemens \ finon c'eft un moyen de requête civile,
lia été débouté de fa demande.
On dit au Palais , qu'il faut que la demande foie
libellée fuivant l'Ordonnance , c'eft-à-dire , que
l'exploit contienne tous les chefs de demandes fur
lefquels une partie eft aflignée , afin qu'elle vienne
préparée pour y répondre. Capita aclionis projerre ,
explicare. Cette requête contient cinquante chefsde
demande. On a fatistait à toutes fes demandes.
£)EMANDE,chez les Géomètres, eft une chofe ficlaire&
\j\\ uii. pn-ivctoiaiement. a aemain les artaires j u^^^ANDEjCnez les <jcomctres,eit une cnoie iiciaireo^
pour dire qu'on les remet à une autre fois. Ac. Fr. " facile à faire , qu'on ne peut s'empêcher^de l'accor
:A;fATXTT:R ,, ^ \1\^ -r_-:--- Tir ir i r 'A c- \ r^:. i' i i\ _
DÉMAINER. v. a. Vieux mot. Traiter. Il fe ptend fur-
tout en mauvaife part. Traclare aliquem, agere cum
aliquo.
En liberté maintenant me pourmaine ,
Mais en prifon pourtant je fus cloué :
Voilà, comment fortune me démaine;
C'eft bien & mal; Dieu foit de tout loué. Marot.
DEMAINT. Vieux adv. Maintenant, à l'inftant. Poéf
du Roi de Nav.
DÉMANCHER, v. a. Oter le manche de quelque inf-
trumentj ou uftenfile. Manuhrium detrahere. Dé-
mancher \inhi\û , une faulx, une coignée, un mar-
teau.
der , fans qu'il foit befoin d'en montrer la conftruc-
tion ou la preuve , comme de tirer une ligne d'un
point à une autre. Poftulatum. Euclide commence
par des définitions , des demandes , &: des axio-
mes.
Demande, en termes de Marine, fignifie exigence j
jufte proportion. La demande du bois , eft la jufte
mefure que doivent avoir les pièces de bois , les
difFérens membres d'un vaiffeau félon l'ufage au-
quel on les deftine. On dit aulli , faire une pièce
félon la demande du bois , c'eft-à-dire , félon que
peut fournir le bois que l'on a.
^ DEMANDER, v. a. Adrefter la parole à quelqu'un
pour apprendre de lui ce qu'on veut favoir. Qu^rere
ab aliquo. Demander à quelqu'un fon avis. Scifcitari
DEM
Jkntendam ex aliquo. Je vous demande fi vous avez
fait telle chofe. Qu£ro abs te , ex te , de te. De-
mander à un maichand le prix de fes iiiaichandiies.
Contari mercatorein de merdbus. Dans les interroga-
toires on demande le noiri j lé fùrnom , le pays ,
lâi^e , la religion & la demeure du répondant. ZJc-
mander des nouvelles.
|]fC? Oï\ quejùonne , on interroge y Se l'on demande
pour favoir. Mais il fenibie que quejliôjiner falFe
fentir un efprit de curiofité j <\\xinterroger fuppofe
de rautoiité. Se que demander ait quelque chofe
déplus civil & de plus lefpedueux. Syn. Fr. Qucf-
tionner Sc interroger tont feuls un iens ; mais il Faut
ajouter un cas à demander, c'eft-à-dircj que pour
faire un fens partait, il faut marquer la chofe qu'on
demande. L'efpion que/lionne les gens. Le Juge in-
terroge les criminels. Le Soldat demande l'ordre au
Général,
lie? Demander fe dit auiîî dans le même fens qu'in-
terroger en parlant des chofes muettes & inanimées,
Ik. c'eft chercher en elles les preuves de ce qu'on veut
favoir : Demande:^ aux étoiles j qui eft-ce qui leS a
faites , & elles vous répondront.
f^a de tes auditeurs confulter le vifage ,
Va fur eux du fermon étudier le prix ,
Et demander aux yeux ce qui plaît aux efprtts.
ViLL.
■gCT Demander; fignifie aufÏÏ s'adreffèr à quelqu'un
pour obetnir de lui ce dont on a beloin. Pojlulare ,
petere. Demander un fervice à quelqu'un, tiogare be-
neficium aliquem _, ab aliquo : lui demander une en-
trevue, une conférence. Pojlulare aliquem de coLlo-
quio. Ce pauvre demande l'aumône , il eft réduit
à demander fon pain , il demande fa vie. Mendicare.
On m'a demande cent écus à emprunter. Mutuum pe-
tere. On ditquun homm^ v ^.mcm demande la vie,
qaWdemande quirtier. Un pénitent demande ■çts.ïàon,
abfolution de fes fautes , demande la bénédiction
du Prêtre. Les affligés de^nandent fecours, deman-
dent ■çiiox.tQixon , demandent en grâce qu'on les alTilte.
Dem.mder ixnQhWc en mariage. ZJewtzwc/er audience,
lafolliciter. Le Roi Archelaus refufa un de fes Cour-
tifans qui lui denanloit une coupe d'or, & la don
naà Euripides ; c'eft,dit-il à ce Courtilan , qu'Eu-
tipides eft digne de l'avoit fans la demander , &l
que tu es indigne de l'avoir , parce que ru l'as de-
mandée. Ablanc. Vous me mandez que vous ne
voulez me voir que pour me demander pardon :ua!
venez , quand ce feroit pour me dire des injures.
Lettres I'ort.
IJC? Demander la bourfe^ exiger par violence l'ar-
gent qu'un homme à fur lui.
^fT Demander , fe ditaulfi abfoiumenr. Cet homme
demande à tout le monde , par les maifons , de porte-
en porte. Il ne fait que demander.
Demander , fe dit aulli des chofes muettes & inani-
més, auxquelles on attribue, par métaphore, du
fentiment. Demander fignihe alors exiger , & mar-
que un befoin fondé fur la néceflîté , la raifon ,
la bienféance , la coutume , la difpofition des cho-
fes. Pofcere , exigere. \Jn corps mort ne demande
plus que la terre. Le fang innocent répandu demande
vengeance , demande Juftice. L'étude de la Géomé-
trie demande un homme tout entier. Les prés , les
blés demandent àe la pluie. Les orangers demandent
de grands foins en ces pays ci. La vigne ne demande
que le beau temps.
ïfT On dit familièrement qu'un habit en de-
mande un autre \ pour dire j qu'il n'eft plus en état
d'être porté.
ffT Demander , en Jurifprudencc ^ fe dit des chofes
pour lefquell-s on s'adrelTe à la juftice, faire venir
quelqu'un en juftice fur quelque prétention , quel-
que droit qu'on a à exercer contre lui. Petere, pof-
tulare. Demander qn on mette quelqu'un à la queftion
Aliquem in qusflionem pojlulare. DtmanderXe paie-
ment d'une dette 3 demander réparation d'honneur.
DEM 2.03
Demander une évocation. Demander un renvoi , uti
répit , une décharge. Demander compte. Demander
la jonélion de Meilleurs les Gens du Roi. Le garant
a été condamné aux dépens , tant en demandant que
détendant j & de la lommation.
Demander , fignihe aulîi , chercher quelqu'bn pour lé
voir, pour lui parler. {Juicritare , aliquem requireie.
Perionne ne m'eft-il venu demander en mon ab-
fence ? On demande ce Médecin en deux endroits
à la tois.
Demander, fignifie auffi fouhaiter. 0/:rJre,</<î/^'</e-
/■^re. Quand on a vu tant de belles chofes j il né
faut plus rien c/e/WiZ/îifer après cela. Un Chirurgien
ne demande que plaie &c bolfe. Ce jeune homme ne
demande qui fe réjouir, qu'à faire bonne chère.
On dit, pfoverbialenient, qui nous doit nous de-
mande , pour dire , qu'on eft fouvent attaqué par
ceux que l'on devroit attaquer. On dit auili, qu'ua
homme ne demande qu'amour & fimpletic , pour
dire , qu'il n'a rien à demander à perfonne , qu'il
veut vivre en repos , 5c y lailfer vivre les autres.
On dit aulîi , (3.\xi- A demander i un malade s'il veut
fanté ? quand on ne demande que le fien , on n'a pas
tort.
§C? Demander, au jeu de quadrille, c'eft jlorfqu'un
joucurn'a pas alfez beau jeu pour gagner tout feul ,
appeler un roi qui eft de moitié avec lui pour la perte
& pour le gain. Celui qui eft dans ce cas , ditj je
demande , c'eft- à-dire , je demande à jouer en appe-
lant un Roi.
Demandé , ee. part.
DEMANDEUR , euse. f. m. & f. Celui qui demande;
Flagitator. Les demandeurs perpétuels fe rendent à
la fin importuns. Imponuitus flagitator. On dit pro-
verbialement J à beau demandeur , beau refufcur.
Demandeur, en termes de Pratique, eft celui qui a
fait donner aftîgnation à une autre par devint un
Juge pour l'obliger de taire ou de donner qu.lque
chofe. Petitor, aclor. Il s'eft conftitué d:ma.,aeur.
Un demandeur en lettres , en premièie iiiftancc. Les
parties principales font le demandeur 5c ledcfcuicur.
Le demandeur {luih jurifdiéliondu défendeur. .VJ/jr
J'equitur jorum reu Quand il y a plufieurs perfonnes
appelées en fommation , on appelle aemandeur ori-
ginaire, celui qui a fut donner le premier exploit.
En matière criminelle , on appelle demandeur &C
complaignant , la partie tjui agit contre celui qui eft
défendeur &i accufé. On dit au teminm en ce fens ,
la demanderejje. Petitrix.
:]Cr Demandeur en requête civile ^ eft celui qui a
obtenu des letties du Prince , pour être remis
dans le même état qu'il étoit avant l'arrêr;
DÉMANGEAISON, f f Efpèce de picotement , Itn-
fation plus ou moins vive &: inquiète dansiiuelque
parties extérieure du corps , qui donne grande envie
de fe grater. Prurhis , prurigo, l oy . Prurit. Les
gens qui ont la galle , la gratelle , fentent de for-
tes démai.geaifons. L'ébranlement caufé dans les
houpes nerveufesde la peau par l'acreté du fang , des
humeurs, de la lymphe , augmenté par les trotte-
mens J produit un très-grand plaifir j qui dégénère
en cuilfon , en douleur , fi le nerf eft tiraillé par
les frottemens trop rudes & rrop fouvent répétés.
fCF" DÉMANGEAISON , fedit dans un fens figuré , mais
dans le ftyle familier feulement , pour envie immo-
dérée de dire ou de faire quelque choie. Libido i
cupido , cupiditas. Avoir la demangeaifon de fe battre.
Prurire in pugnam. Un indifcret à une grande dé-
mangeaifon àe dire le fecret qu'on lui a confié. Lia
Auteur qu'on a choqué , a une grande démangeai-
fon de faire une Satyre. LTn jeune Poète a une forte
démangeaifon de fe faire imprimer. Avoir une fu-
rieufe démangeaifon d'écr'ne. Mol. Vous aviez une
demcnoeaifon fi grande depuis la tête jufqu'aux piés,
qu'elle ne vous laifloit jouir d'aucun repos. Eoil.
§:;? DÉMANGER, v. n. Sentir des démanaeaifons.
Prurire. On le dit des parties extérieures du corps
dans lefquelles on fenr une efpèce de picotement
ou de chatouillement piquant entre cuir & chair ^
C c i)
104 DEM
qui donne envie de fe grater. La tête lui démanae.
Quand une plaie commence à fe guérir , ou quand
le temps vient à changer , eli; de.-r.angd beau-
coup.
iC? Dans le ftyle fimple & familier, on dit'
DEM *
demenf, c'eft-à-dirc, le propoferle premier, faire
les avances. Il avoïc tout ce qu'il falloit pour faire
une faulfe dcmarche , beaucoup d'opmiacrecé , ua
grand crédit , & de bonnes intentions. Bovu.Xav.
L. F.
figurément que les doigts démungenc i quelqu'un ,° Démarche , ou efcrtteau. f, f. Terme de Tondeurs
pour dire, qu'il a grande envie de fe battre oa d'c-
crire contre quelqu'un.
^Zr On dit, proverbialement &hgurémentj d'un
homme qwi ne peut fe tenir en place , que les
pieds lui démangenc^èc qu'on gratte uu homme où
:l lui démange, quand on dit quelque chofe qui lui
fait plaifir.
DÉMANTÈLEMENT, f. m. Aélion de dcmapteler ,
ou l'état d'une place démantelée. Manium danùLlùo j
murorum everjio. Le démantèlement d'une place.
DÉMANTELER, v. a. Détruire les fortifications
d'une ville, d'une place , par punition, quand elle
cft prife. Mœnid diruere , disjiccre. Démanteler n'eft
fynonyme à démolir que par l'idée générale de def-
truélion qu'ils expriment l'un & l'autre. Démanteler
ajoute à cetre idée celle dâ punition & de force.
Ua particulier fait démolir fa maifon. Un Général
fait démanteler une place qu'il ne peut garder , ou
qu'il eft obligé de rendre. On fait des mines, des
fourneaux pour démanteler une place. Ce mot vieillit.
On dit plus fouvent aujourd'hui rafer les fortifica-
tions d'une place & û l'on emploie le feu par le
moyen des mines , 'faire fauterXts fortifications.
DÉMANTELÉ , EE. part.
DEMANTIBULER, v. a. Ce mot a fignifié autrefois
au propre , Rompre la mâchoire , qu'on appeloit
autrement mandibule. Maxillam jrangere : mais
maintenant il ne fe dit qu'au figuré & au participe
en parlant d'une chofe rompue , gâtée ou délal-
{svnhiés.Rumpere , Jrangere. Cette montre ne mar-
que point , elle eft démantibulée.W eft populaire.
DÉMARAGE. f. m. Terme de Marine. Aétion, mou-
vement , agitation qui démare un vailfeau , qui
rompt fes amarres. Il faut obvier avec foin aux dé-
marages que caufent les tempêtes.
Ce mot & ceux qui ont la même origine s'écri-
vent fouvent avec deux r, démarrage ^ démarre ,
démarré.
DÉMARCATION, f. f. Ce mot ne s'emploie qu'avec
celui de ligne, qu'on met devant. La ligne de dé-
marcation eft une ligne fidive que le Pape Alexan-
dre VI. fit tracer fur le globe terreftre qui alloit
d'un pôle à l'autre, pour terminer les difrcrens qui
régnoient entre les Couronnes deCaftille & de Por-
tugal, au fujetdes conquêtes que ces peuples avoient
faites dans les Indes. Par ce partage les Indes Orien-
tales furent alîîgnées aux Portugais , &c les Occiden-
tales aux Caftillans.. Quoique la fameufe ligne de
démarcation QUI àh-pxéwQniï: les démêlés qui pour-
roient naître entre les Efpagnols & les Portugais ,
au fujet des nouvelles découvertes , ils fe brouillè-
rent bientôt. Mém. de Trévoux.
§Cr DEMARCHE. Allure , manière de marcher. In-
cejjus. On connut à fa démarche que c'étoit une
Dcefie. Incejfu patuit Dea.
Cette homme a la a'eVw^/r/ze grave. La démarche
de ce goutteux n'eft pas ferme \ elle eft lente & mal
alTurée. Une mine grave , & une démarche mefurée,
attirent du refped. La Bruy. LTne démarche lente
paroît affectée , & une démarche précipitée ne mar-
que pas alfez de gravité. Dag.
DÉMARCHE, fe dit figurément en Morale de la ma-
nière de conduire its adions. Agendi ratio.W fautj
quand on entre à la Cour , être fur fes gardes ;
on y obferve , on y critique toutes les démarches
des nouveaux venus. Je prétens que ma bonne foi
me doit épargner des démarches populaires , qui
retardent l'amour & qui ne le perfuadent pas. Com.
Tous les pas d'un amant content font des démarches
langui ffantes. S. Evr. Quand on a fait une faufte
démarche en quelque affaire , on a bien du mal à
la réparer. Quando erratum eft. Perfonçe ne veut
faire les premières démarches pour un accommo-
de draps , qui fe dit des fautes qu'ils font, en ne
tondant pas d'alfez près certains endroits des étoffes.
DÉMARCHEXASE. f. m. C'eft-à-dire , Tnbunicien.
C'eft le nom du cinquième mois desCypriots, &
furcout des Paphiens. Demarchexafius. Foye^ Junius
L. deAnno & Menfibus. Dans les Notes fur Bcde il
eft le fixième mois , & on l'appelle Diamarplcxios.
C'eft une double erreur , aulli-bien que le Diamar-
chefagius du Darium Hiftoricum Henrici Pantaleonis.
Le P. Hardouin prétend qu'il faut dire A>r,««§;t4i™»f.
Il eft mieux en elî'et. Fcbr. Mencl.p. 6}.
DÈMARCHIE. f f On appeloit ainfi différentes In-
tendances , partagées félon les quartiers de la ville
d'Athènes , & des bourgs de l'Attiquejà la tête def-
quels jétoient des Magiftrats appelés Démarques »
de ^Hfioi , Peuples , & «f^i , Principauté.
DÉMARERou DEMARRER qui eft même plus ufitc.
Terme de Marine, oppoléàd/7Mrrer. Ilfignifie géné-
ralement , Délier , détacher , lever les ancres , ou
couper les amarres pour partir d'un port ou d'une
rade. Anchoras tollere. Démarer un vailfeau , c'eft
larguer toutes les amarres qui. le riennenr attaché.
Démarre , eft le commandement pour détacher
une mancsuvre. On dit auftî que le vailfeau s'eft
démare , quand il a rompu fes amarres. Démarer
le canon , c'eft détacher les p.-^.lans qui le tiennent.
Ce mot vient des amarres , ou cordes qui tien-
nent le vailfeau attaché , qu'on ôre quand on veut
partir.
Ménage le dérive de la particule (fe, ëcdemaref
comme qui diroit , Partir de l'endroit de la mer où
l'on eft ancré.
En parlant des chofes pefantes , on le dit familiè-
rement pour remuer une chofe de fa place. Movere
loco , dimovere. Cette pierre eft fi péfante qu'on ne
fauroit la démarrer.
|C? DÉMARER fe dit aufli pour parrir \ & alors il eft
neutre. Toute la flotte a appareillé, & eft prête à dé-
marer. Ils s'embarquèrent au commencement de la
nuit , & on d:mara le lendemain au point du jour
avec un bon vent. Bouh.
(ter On le dit encore neutralement pour changer
de place. Ne démare pas de là. Il n'a pas, il n'eft
pas dérnaré de fa maifon depuis quinze jours. Ex-
preflion bourgeoife.
Demaré , ÉE. part.
DÉMARIAGE. f m. Divorce & féparation qui fe fait
entre l'homme «5: la femme , & qui les met en état
defe pourvoir chacun de leur côté par de nouveaux
nœuds. M. Bayle dit que tout ce que rapporte M.
Hochman dans fon Traité de la bénédiction nup-
tiale ; fur les loix qui étendoient ou refterroient
la permiflion du démariage , eft extrêmement cu-
rieux.
DÉMARIER, v. a. Annuller un mariage j le déclarer
nul. Alicujus matrimonium , conjugïum folverc , dif-
folvere. On démarie ceux qui font mariés , lorfqu'ils
font parens au degré prohibé , ou qu'il y a quelque
autre empêchement dirimant.
|iCr Se demarier , faire déclarer fon mariage nul.
Il ' y a bien des gens qui voudroient bien qu'il fût
petmis de fe démarier. Matrimonù yinculis expedire
DÉMARIÉ , ÉE. parr. Solutus matrimonii vincitlis.
DÉMARQUE, f. m. Magiftrat, chef d'un peuple, c'eft-
à-dire , d'une contrée de la campagne. Demarchus.
Les Athéniens divifoienr la campagne en certaines
contrées, qu'ils appeloient Af^o;, Demi, c'eft-à-diie
peuples. Ils établilToient un Magiftrat dans chacune
de ces contrées qu'ils appeloient Ax'j«««();(;»'. Démar-
ques, de «^'v"? &" àf'j^i. C'eft de-ià que ce nom vient.
Voye\ Fr. Roftxus , Archdologiiz Attia , L.I. C. Ci.
§c M, Spon dans fon Foyage de Crae^ p. III. oàii
' DEM
traite des peuples de l'Accique. HofFman donne une
lifte alphabétique de ces Dèmes , ou peuples & con-
trées de l'Attique.
DÉMAR(^UER. V. a. Oter la marque. A^'ocjm demere,
eximere. A la Paume , quand on a gagné une chaiFe ,
il faut la démarquer. Quand on a gagné douze points
auTridrac, il faut que l'autre joueur dimarque les
points qu'il avoit marqués. Dcrnarquer un livre,
c'eft ôter la marque qu'on y avoit mile à l'endroit où
l'on en étoit demeuré. Le frai & maniement des
monnoies avec le temps les dcmarque.
Cy gît l'illufirc de Marca ,
Q^ue Le plus grand des Rois marqua
Pour U Prélat defon Eglife.
Mais la mort qui le remarqua j
Et qui Je plaît à lafurprife ,
Tout aujjl-tôt le démarqua.
On dit démarquer le vin & autres boilTons. Les
Commis aux Aides démarquent les tonneaux, quand
ks Marchands ont payé le droit. Ou du aulîi Com-
mis à la démarque.
DÉMARQUER j v.n. Se dit des chevaux j lorfqu'on ne
connoit plus par aucune marque quel âge ils ont.
Equus cujus denus dtatem ampliùs non Jignant , indi-
cant. Ce cheval eft jeune j il ne dém.irquc pas encore.
DÉMARQUÉ, ÉE. part.
DEMARQUISER. v. a. Faire connoître que celui qui
fe dit Marquis, ne l'eft pas.
La rencontre ejî plaifante ;
Je rai démarquifé bien loin defon attente.
J'en voudroisfain autant à tous les J aux Marquis.
CoiM. BU Joueur.
DÉMARQtJisÉ , ÉE. part.
DEMASQUER, v. a. Oter le mafque. Perfonam detra-
hcre. Toutes les Dames {tdémafquèrenc pour danfer.
Cette Dame n'a point voulu fe démafquer z\x bal.
§3° DÉMASQUER, fe dit, dans un fens figuré, pour
montrer une perfonne ou une chofe telle qu'elle eft,
& dégagée de toutes les apparences contraires qui la
déroboient à la connoilFance des autres. On ne le
dit qu'en mauvaife part. Démafquer le vice. Démaf-
quer\i% cagots. Larvam detrahcre. Rien n'a paru plus
propre qu'une inftruclion limple & familière, où
l'erreur & fes partifaiis fuflent bien démafqués P.
Lallem.
Quel plaijlr pour moi! Quelle joie !
De démafquer ces fcélérats ,
A qui le vrai mérite ejltous Us jours en proie.
Des-Houl.
On dit auflî qu'un homme fe démafque lui-même ,
pour dire , qu'il fe fait connoître pour ce qu'il eft.
Démasque, ée. part.
DEMASTIQUER. v. a. Détacher une chofe atcacliée
avec du maftic \ ôter le maftic qui renoit une chofe
attachée. LuocoL.à folvere. Un côté du verre étant en-
tièrement achevé & poli, on le deniajîiquera. De la
HiRE. Acad. \6^G. Mém.p. 140.
DEMATER, v. a. Rompre les mâts d'un vaifteau, ou
les ôter. Malo navcm exarmare, malum de/icer^j
evertere. La tempère a démâté ces vailFeaux. On a
démâté les vailFeaux dans .le port, quand on les a
défarmés.
DÉMÂTÉ, ÉE. part. Exarmata malo navis. On dit
qu'un vailFeau eft démâté , lorfqu'il a perdu un ou
plufieurs mâts dans une tempête ou dans un combat,
ou quand on les a ôtés au défarmement.
DÉME. Rivière de la PrulFe Ducale j qui a fon cours
dans laNadravie. ZJema.
DEMAYENE. F m. Vieux mot dont on s'eft fervi ,
pour dire , Domaine. On a dit aufti demaine , ou dé-
jnaine , dans le même fens.
DEMELE, f. m. Conteftation entre deux perfonnes,
qui diffèrent d'avis fur une chofe qui n'eft pas fufh-
D É M 2,oj
famment éclaircie, & fur laquelle on cherche à
s'expliquer pour lavoir à quoi ^'en tenir. Contention
dijceptatio. ils ont eu un demclc cnfemble. L'ambi-
tion eft la fource de bien des denicUs (.luie les Puif-
fances. Ces deux états ont enfembledts duncUs per-
pétuels. Les T^^rnsdcnuks réveillent l'amour. S. Evr.
l^oye^ Conteftation, différend , difpute , querelle ,
procès.
|!cy Démêler, v. a. Séparer les chofes qui font mêlées
enfemble. D ij cerner e ^ cxtrlcare. Uimcier àt% grains
les uns d'avec les autres. Démèler\c% cheveux , capil-
lum «TAT^y/icvî/i.'. Cetécheveau de foie eft li mêlé, qu'on
ne le peut démêler fans en perdre la moitié. Voyant
qu'il étoit impolFible de défaire ces nœuds j n'impor-
te , dit-il , comme on les démêle; Vaug.
^CT Démêler, fe dit tigurémenten Morale, & figni-
fie, diftinguer, féparer. Démêler {3. faulFeté d'avec
la vérité. Dijlinguerevera a faljîs, ou verum falfo.
Démêler le droit d'avec le courbe , faire diftindion
du bien d'avec le mal. Reclo curvum dignofcere. On a
bien de la peine à dém.cler le vrai d'avec le faux; le
dévot d'avec l'hypocrite. Je démêle aifément la véri-
table amitié des intérêts de l'amour propre. S. Evr.
Ceux que la nailFance démêle d'avec le peuple , font
obligés par cela même de fe porter à la vertu. La
Bruy. Démêlci '^ vertu d'avec fes |_apparencesi
Mol.
■ffj' Corneille a dit dans Rodogune.
Et c'eji mal démêler le cœur d'avec le front.
^0° Jq crois , dit M. de Voltaire, qu'il eût fallu
diflinguer au Heu de démêler-^ car le cœur& le front
ne font point mêlés enfemble.
^CJ" Démêler, fignific aulIi reconnoître, en parlant
d'une perfonne mêlée avec plufieurs autres. Internof-
cere, unum ah alio dijcernere. J'ai eu bien de la peine
à vous démêler dans la foule.
Dbmèler , fignifie aulli , éclaiicir, débrouiller. Expe-
dire , explicare. J'ai eu bien de la peine à démêler
cette intrigue. On lui a fufcité une aftaire fâcheufe ,
il aura bien de la peine à <:^COTe/frcettefuiée , expref-
lion proverbiale. Débrouiller une affaire ^ une intri-
gue. Cette caufe étoit fort embrouillée; mais l'Avo-
cat l'a bien démêlée, l'a rendue fort claire.
On dit en ce fens , Démêler un point obfcur dans
l'Hiftoite, dans la Chionologie. Démêler uns diffi-
culté dans la Scholaftique, dans un texte de l'Ecri-
ture.
Démêler , contefter , terminer, décider, Dirimere.
Démêle-^ vos dilFérens fi vous voulez. La beauté
d'une femme, &: l'ame de Socrate , peuvent-elles
avoir quelque chofe à démêler enfemble? Vill. Je
ne veux rien avoir à dém.cler avec ceux qui vous ap-
partiennent. Voit. Démêler un différend l'cpée à là
main. J'ai quelque chofe à dtnultr avec lui Scar.
Démêler , avec le pronom perfonnel fignifie , fe tirée
heureufement d'une affaire, d'un combat , s'acquit-
ter d'une QQmm'iiWor^. Explicare , expedire negotium.
On a eu beau fufciter des affaires, des procès, des
calomnies à cet homme là, il s'en eft toujours fore
bien dcmêlé. Ce brave étoit fore engagé parmi les
ennemis J mais il s'eft enfin démêle d'entre leurs
mains.
On dit en termes de ChnlFe, Démêler les voies de
la bcte , Recentia fers, vefligia a veiuftis dignofcere ^
pour dire, difcerner les vieilles d'avec les récentes.
Démêler J Terme de Foulon. Tirer de la pile l'étoffe^
& la remettre & fouler à l'eau chaude quand elle eft
dégrailFée.
fC7 Démêler un cheval, termedeMarcchallerie. Koy.
DÉPÊTRER.
' ifT Démêlé, ée. part. Il a les fignificationsdu verbe.
\\fT DEMEMBREMENT, f m.^C'eft l'adion de dé-
membrer, &: de mettre en pièces. On ne dit point
au propre le démemhrement d'un chapon , d'un liè-
vre , d'un agneau, Sec: mais il fe dit au figuré en
parlant des parties d'un corps politique, & fignifie
i'aftion d'en féparer, d'en retrancher uns ou plu-
io6 t) E M
fieurs parties, ^oje:^ Démembrer. Avulfio\ dijjunc^
tlo.l.Q dcmcmbremeni d\inctidiïe, d'une Julhce, d'une
Seigneurie , d'une charge , d'un royaume. Le dénicm-
brcmcnt de cette Seigneurie, de cette ciiarge en a
bien diminué le prix. Du démembrement de l'Empire
Romain , on vit le former pluileurs grandes monar-
chies.
Il fignifie auiîlla cliofe démembrée. Ce fief eft un
démembrement d'une telle terre, d'un tel Duché
Voy. DÉMEMBRER.
DÉMEMBRER, v. a. arracher , féparer les membres
d'un corps. Lacerate-, difpenire. Orphée fut démem-
bre par la fureur des Bacchantes. On a démembré cl
coq-d'Inde , on en a ôté les ailes & les cuilfes.
§Cr DÉMEMBRER , fignifis figurémeut , feparer un
corps politique en une ou plufieurs parties j en re^
trancher une ou plufieurs parties pour les joindre à
un autre , ou pour en faire un corps léparé. Démem-
brer mi Royaume, une terre, une Seigneurie. Dif-
pertlre oadifpertiri, lacerare ^ difjungere. Cqiiq Sei-
gneurie a été démembrée d'une telle Principauté. On
a démembré plufieurs Evêchés de l'Archevêché de
Bourges , pour établir un Archevêché à Albi. On a
démembre ^{wCmMis Provinces du Parlement de Paris^
pour érablir d'autres Parlemens. Démembrer un
Royaume. Patru. Démembrer un fief. Le Mait.
|K? DÉMEMBRER un fief, c'eft en divifer l'unité &:
J'iruégrité, & en faire plufieurs remis également
chacun en hommage féparé. Ce qui fe fiit quand le
vailâl vend les dépendances de fon fief j fans rerenir
aucun droit, ni aucune fupériorité iur la partie
«liénée , ou quand il remet à les valTaux , qui pollé-
dent les arrière-fiefs, ou à ceux qui polfédent des
cenfives dans fa mouvance, le droit qu'il a fur eux.
Il y a encore démembrement de fief, quand le
valTal permet à fes arrière - vaiTaux de polTéder leurs
fiefs en franc- aleu, ou qu'il les cède à d'autres Sei-
gneurs.
C'ell: donc démembrer (on fief que d'en retrancher
des membres , & porter préjudice au Seigneur do-
minant j qui ne leroit plus reconnu , & qui n'auroit
plus d'homme qui lui pût faire la loi pour les chofes
ainfi démembrées. Enfin c'eft démembrer fon fief, que
de le divifer en telle forte, que d'un fief on en fa(Te
plufieurs, à moins que la divifion du fiel ne foit faite
de manière que les différentes parties dans lefquel-
les il feroit divifé j ne compofent toutes enfemble
un feul & même fujet.
fC? DÉMEMBRER Une Juftice, c'eft en créer une avec
réferve du relforc. Les Seigneurs féodaux, Hauts-
Jufticiers,de quelque qualité &c condition qu'ils
foient , ne peuvent pas créer ni concéder les droits
de Juftice, de Châcellenie, & autres femblables à
leurs. valFaux dans leurs fiefs , fans l'autoriré du Roi,
comme étant un droit de fouveraineté incommuni-
cable & indépendant.
On le dit auflî des parties d'un ouvr.ige d'efprir.
On s'eft avifé ces dernières années de nous donner
l'efprit de Montagne j tiré de fes ©luvres , mais fort
inutilement; l'expérience ayant fliit voir que les
Auteurs dont on a prétendu tirer le pur efprit, corn
me un elixir, ne plaifent point au goût. Tel que foit
un Auteur , il ne faut point le démembrer. De Vign.
Marv.
DÉMEMBRÉ, ÉE. ^z.n. Laceratus , ou avulfus, difjunc-
tus.
DÉMEMBRÉ, entérines de Blafon , fe dit des oifeaux
qui n'ont ni pieds , ni cuilfes , qui font fans membres.
Mutilas pedïbus. On le dit aullî du lion, & des autres
animaux dont les membres font féparés.
DE MÊME. Foy. MÊME.
DÉMÉNAGEMENT, f. m. Tranfport de meubles d'un
logement ciue l'on quitte dans un autre que l'on va
occuper. Supelleclïlis exportatto. Il y a beaucoup
de peine , de frais & de confufiou dans un démena-
DEM
loger. Il a déménagé tous fes meubles. SuppelleclUem
aiib exportare.
§3" On le dit aufli abfolument. Je penfe à démé-
nager. On dit communément qu'on n'clt jamais plus
riche que Q^\-xnà on déménage , on trouve toujours
quelque chofe qu'on ne penloit pas avoir.
Il le dit figurément pour lortir du lieu où l'on eft;
& cela ne fe du guère que lorfque l'on en fait fortir
par force. Allons , allons , dcméiwge\ tout-à-rheure.
il eft familier.
DÉMÉNAGÉ , ÉE. part.
DEMENCE. 1. f. Foibleiïe ou aliénation d'efprir, qui
eft un obftacle à l'ulage de la raifon dans celui qui
en eft attaqué. Dementia. La démence emporte inca-
pacité pour le mariage, fi elle prive pour toujours
de la raifon : mais non, fi elle a des intervalles, pen-
dant lefquels la perfoune eft capable des aéfions ci-
viles. Cet homme eft en démence , il le faur renfer-
mer. Le Magiftrateft le Tuteur des pères tombés eri
démence. C. B. On donne à ceux qui font en démence
des Curateurs qui veillent à la confervation de leur
bien.
^Zr DÉMENCE , fe die particulièrement de l'aliénation
d'efprir ou de l'abolition de la faculté deraifonner,
déclarée celle p-ir les Médecins ou parles Juges. Foy.
aux tnors Folie, délire , manie , les différences & les
idées particulières qui les diftingutnt.
DEMENE. Dans quelques Coutumes ce mot veut dire
réglé. Démer.é.Jorain, c'eft-à-dire, réglé par la loi
des forains.
DEMENER. (SE) V. récip. S'agiter, fe tourmenter,
pour faire réudir quelque affaire. Sefe agitare. Si cet
homme ne fait fortune, ce n'eft pas faute de fe bien
démener. Il eft du ftyle familier.
Onfe tourmente , on fe démène ,
On veut tout toucher & tout voir y
On cajfe tantôt un miroir ,
Et tantôt une porcelaine. P. tV Cerc
On dit proverbialement, il fe démène de eu & de
tête commeun corneille qui abat des noix.
DEMENTER. v. n. On a dit fe démenter, dans le vieux
langage, poUr dire, fe tourmenter, s'affliger de
quelque chofe, & en perdre prefque l'efprit de cha-
grin, du Latin me«j, entendement, & de la parti-
cule de.
ffT DÉMENTI, f. m. Reproche qu'on fait. ^quelqu'un
de menfonge ou de fauffeté, avec cette formule in-
jurieufe , vous en avez menti. Mendacii exprobratio^
Cette infulte mérite une répréhenfion plus ou moins
forte, fuivant la qualité des Patries, & fuivant les
circonftances. Donner, recevoir, foufirir un démen-
ti. Le démenti donné pour quelque caufe que ce fût,
a toujoufs paffé chez nous pour une injure fan-
gement.
DÉMÉNAGER, v. a. tranfporter Çqs meubles d'une
miifon d'où l'on déloge dans une autre où l'on va
DÉMENTI , fignifie auffî le mauvais fuccès d'une aff"aire
qu'on a enrreprife ^ ou plutôt l'affiont qui en réfults
pour celui qui n'a pas réuflî. Succejfus injelix , adver-
fus. On vous a bien dit que cette entrepiile, étoic
au-deffiisde vos forces, vous en avez eu le démenti.
Il voit bien qu'il a eu tort de vous quereller, de vous
f^iire un procès , mais c'eft un opiniâtre qui n'en veut
pas avoir le démenti. Le Père N. eft de ces galans
hommes qui fe piquent de n'avoir jamais le démenti
des chofes qu'ils enrreprennenr. Thiers.
DÉMENTIERS. adv. de remps. Vieux mot qui a figni-
fie cependant. On a dit aulli endémentiers , pour dire
la même chofe.
DÉMENTIR. V. a. Reprocher à quelqu'un en termes
formels qu'il a menti, lui foutenir injurieufement
qu'il n'a pas dit vrai. Alicui mendacium exprobrare.
Il ne faut démentir perfonne. Je ne voudrois pas vous
démentir.
tfT Démentir, fignifie quelquefois, dans un lèns plus
adouci, faire voir qu'une chofe n'eft pas vraie, être
d'un avis contraire, contredire. Ce Philofophe dé-
ment Epicure dans plufieurs de fes écnrs. C'eft un
fait que l'expérience dément tous les jours. J'ai faiï
DEM
cette propofition pour vous, n'allez pas me dimeiuii:
Vous dites cela aujourd'hui , demain vous vous dc-
menùtei. Je ne faurois iemenûr mon cœur qui parle
pour vous.
Moncaur nef rétend pas , Seigneur ; vous démentir.
Et je vous en croirai fur unjimplefûupir. Rac.
lilais ne voyois- tu pas dans mes eniportcmens
Que mon cœur démentoit ma boucac a tous momens.
Id.
IJCF On dit, danslefens figuré, démentir (a. naif-
fance , ia profellion, &c. taire des choies indignes
de fa naillance, de la profellion, &c. Commicere ati-
quid contra j àc. ou aliquid agere aiicnum dignitatis ,
dignitate, a dignitace. Se démentir j le relâcher , n'être
pas conrtant dans ce qu'on fait. Et, en parlant des cho-
ies inanunées, n'être pas égal, unilorme, foutenu.
Sibinon conftare , dtfleciere a confuetudine.Qz jeune
homme n'a pomt démenti fa nailfince , fon éduca-
tion, ni les gtandes efpérances qu'on avoir de lui.
Son cœut dément en lui fa fuperbe origine. Boil. Ta
niiiié iie dément ponit le lieu d où j'apprends que tu
es forti. Vaug. Se démentir àt les belles atlions. Ab.
Cette belle amitié que vous m'aviez jurée, & qui ne
fe devoir jamais démentir , à la hn s'elt éteinte. Voit.
Ce Tyran a été cruel jufqu'à fa mort, il ne s'ell point
démenti. La vertu , quand elle n'ell poinr équivoque,
ne fe dément jamais. Sibijémpcr conjîare. Bell. Il n'y
a point de vie fi unilorme, où des actions particu-
lières ne ^e/;2£/2rt;,7r quelquefois le gros de la condui
tei S. EvR. Jamais la faulTeté n'ell Bien foutenue;
elle fe dément à toute heure. Chapitre de Mer. La
véritable vertu ne fe dément poinr. S. Real. Cette
pièce d'éloquence, de pociîe , eft par-toat de la
laème force , elle ne fe dément point.
^fT On le dit de même des bâtimens , de la me-
huiferie , de la charpente. Ce bâtiment, cette cloi-
fon , ce lambris fe dément. Les bonnes couleuis ne le
démentent point.
§CP DEMENTI. lE. part. Voye^ fait démenti par l'ex-
périence. Les caraétères y fullent-ils tous démentis,
c'eft l'inégalité de l'homme qu'on auroit voulu pein-
dre. Non confentaneus .. De la Motte.
DEMER. Rivière des Pays-Bas. Demera. Le Démer a
fa fouice dans le pays de Liège , puis entrant dans
le Brabant Efpagnol , après s'être grolli des nvièrei
de Gelte , de Dyle , de Senne & de Nette , il prend
le nom de Ruppel , & va le décharger dans l'Eicaui
vis à-vis de Ruppelmonde.
^3" DEMERITE, f. m. Qualité oppofée au mérite.
Voyei ce mot. Ce qui nous attire le julfe blâme des
autres , & demande punition. Deliclum j commijjuni
vituperatione ijf pœnù dignum. Vous me repiochez
telle chofe : où efl: le démérite de cette adtion ? Quel
démérite ai-je auprès de vous ? Quam ergà te cuLpam
hâc de re commereo , ou commereor ? Commereri ,
mériter en mal ; mereri , mériter en bien. Dieu ne
donne la liberté qu'en laveur du mérite , &: c'ell:
pour le mérite qui elt fon unique fin , qu'il fouffre
le démérite ;, auquel la liberté expofe l'homme. Ee-
NELON. Si Dieu n\ivoit pas tait l'homme libre, il
n'auroit pu récompenfer le mérite , ni punir le dé-
mérite , ni convertir l'homme égaré. Idem.
§3- DEMERITER, v. n. Dans le Dogmatique , c eft
faire quelque chofe qui nous prive de la grâce de
Dieu. C'ell l'oppofé de mériter. Commerere j ou
commereri culpam. Pour mériter & démériter, il faut
avoir l'ufage de la raifon , & la liberté d'agir.
L'homme ne peut point mérirer, fans être capable
de démériter , s'il ne mérite pas. Fénelon.
1^ Démériter, fe dit dans une fignification plus
étendue en parlant des aftions relatives à la fociété,
qui nous attirent le blâme des autres , & nous font
perdre leur bienveillance. Quand j'ai fait cela, mon
delTein étoit de vous rendre fervice , & je n'ai pas
cru démériter auprès de vous.
DEMESLE. Voyei DÉMÊLÉ.-
D E M lof
DÉMESLER. Voye^ DÉMÊLER.
DEMESURE, ée. adj, Excellif, qui eJ:cède de ia bé-
lure ordinaire. Immodicus ^ enormis. L'étendue jufte
& réglée , fait le grand , la grandeur demefuiee fait
le vaite. S.Evr. L'Ecriture dit qu'Og, Roi de Bafan,
étoit d'une taille demefuree ; il avoit neuf coudées
de haut. Les lieues deGalcogne font d'une longueur
démefurée. Le Cololle de Rhodes étoit d'une hauteur
démejurée.
Démesuré ,fedit , figurément, des pallions portées k
un degré extrême. Une ambition , une envie dé-
mefurée. Cromwel favoit cacher fous des manières
honnêtes & populaires , une ambition démefurée.
Boss.
DÉMESURÉMENT, adv. Avec txcht. Immodice ^
enonniter , prêter , fupra modum. On peint les Géans;
fabuleux demefurcment grands. Deméjurement am-
bitieux.
DÉMÈTRE, f. m. Nom d'homme. Demetrius. Saine
Démètre , chez les Italiens Dimitri , porte le titre
de grand Martyr chez les Grecs, parce qu'il eft de-
venu ertecliivement un de leurs plus célèbres Mar-
tyrs dans les liécles du dernier âge de lEmpire de
Conftantinople. Baillet- Il faut retenir le nom
Latin de Dém-:trius , quand on parle des autres qui
l'ont porté. Demetrius Phalereus. Demetrius I. Dé-
métrius II. Rois de Syrie. Pendant que Démétrius
II. fils du premier , revenu de Crète , l'an des Grecs
i66. deux ans après la défaite & la mort de fon
père, tâchoit de rentrer dans les Etats qu'il avoit
perdus , &c. P. Souciet. Démétrius II. & Antio-
chus Evergètesfon trère, niirenr les Juifs en pleine
liberré , & accordèrent à Simon leur chef la plus
grande marque d'indépendance i^ de liberté qu ils
pulfent lui donner , je veux dire , le pouvoir de
battre de la mdnnoie à fon coin. Id.
DÉMETRIADE. Ancienne ville de Theffalie, qui;
félon Pline L.IV. C. 8. s'appela d'abord Pégafe. Z)c-
metrias. Elle étoit dans la Thelfalie , dans la contrée
appelée Magnéfie , & fur le Golte Pélafgique ,
aujourd'hui Golfe d'Almiro au nord j à l'embou-
chure d'une petite rivière de même nom , que les
Anciens appeloient Anaurus. Démétriade a été ca-
pitale de la Macédoine , & a pris fon nom du Roi
Démétrius , qui y réfidoit. C'a été auflî le fiége d'un
Archevcqiie. Foye^ les Tables Géographiques du P.
Lubin.
DEMETRIES. f. f pi. Pètes de Cérès nommées en Grec
A«>c>)j-fof , félon le témoignage d'Héfychius & de
PoUux , ( Onomaft. l. i.c.i.) Demetria. Ceux qui
les célebroient , fe frappoient avec des touets com-
pofés d'écorce d'arbres , & qu'on appeloit f<.if'rl»..
Fafoldus, [Decad. 12. fef. 2.) c\tmi le 20* livre
de Diodore de Sicile , dir que les Démc tries kcéXi-
broient le 30 du moisMunichion. Il y avoit à Athè-
nes des Fêtes de même nom en l'honneur de Dé-
métrius Poliorcètes , que l'on repréfentoit fur lé
globe terreftre. ( Athénée , /. /i.) C'étoient les mê-
mes que celles qu'on nommoit auparavant Diony-
fienncs, âqui elles avoient fuccedé. Cette folennitc
arrivoit le treizième jour du mois Munychion , qui
fut dans la fuite appelé Démétrion. Plut, in Demé-
trio. Diod. de Sicile , /.18. Euftath. Iliad.
DEMETRIOWITZ. Ville de l'Empire Ruflîen , dans
le duché de Smolensko, fur la rivière d'Agra. M.
de l'Ifle lui donne j4d. delong. & 51. d. 30' de
lat. ,
DÉMÉTRIUS. f m. Nom propre d'homme. Demetrius.
Un êtxtûn Orfèvre nommé Démétrius \ qui faifoit
de petits temples d'argent de la Déefte Diane, Mons.
Aâ.XIX.z^.\Jn certain Orlévre nommcDémétriusi
qui faifoit en argent de petits temples de Diane.
BouH. Ibid. Il a plu à M. de Tillemont de dire
Démètre en notre langue. Comment eût-il tourné
ce nom fi l'on difoit en Grec Demeter} Les noms
Grecs en ter , nous les changeons dans notre langue
en tre. Diameter , diamètre : & de m'-me ceux qui
font en ^90^ en Grec , Mf>«v,^p.f , Menandre . Ti>«»(^ç.»
i Timandre , Jixi/umê'ftf j Scamandrc , A^i^tt^fa , /4-
oS
DEM
lexandre. Mais les noms terminés en Grec eii *-f!»r ,
nous ne les avons jamais tournés en dre \ nous gar-
dons la terminaiioii Ltme tirée de la grecque. Les
Tradudeurs que nous venons de citer lont de meil-
leurs garants de cet ufage,qaeM. TiUemonc ; lui-
même à dit louvent Dcmccnus àiins ïon Hiltoiredes
Empereurs-
DEMETTRE, v. a. Faire fortir un os hors de fa place
le difloquer. Pedtm , brachium ^ humerum laxare.
Il l'a tiré (î rudement , qu'il lui a demis le bras. Il
a fait une chute, ils'ell deuûs le pied. Ce cheval
s'eft démh l'épaule. Fortiriez , Seigneur , ce qui efl
infirme , guérilTez ce qui ctl malade , rétabliiîezce
qui ell démis , ou rompu. Pélisson.
DÉMETTRE, fignifieaulli, dépouiller quelqu'un d'une
charge j d'un emploi , d'une dignité. Aiiquemmu-
nerc abdicare. Un Seigneur ne peut démettre un Of-
ficier pourvu à titre onéreux , lans rembourfemenr.
On doit démettre un Officier pour forlaitute , pour
concullîon.
DÉMETTRE , avec le pronom perfonnel , fignifie en
général quitter un emploi , une charge , un office,
particulièrement un ^éx\éhc<i.Abduare Je magijlratu,
munus abdicare , deponere. Dioclétien fe dcmit vo-
lontairement de l'Empire. Ce père s'eft démis de fa
charge en faveur de fon lils. Un tel Evcque %t^démïs
de fon évêché. On dit aulfi j fe démettre d'une affaire,
pour dire , s'en déporter , ne s'en plus mêler.
IJ^DÉMETTRe , C'eft fimplement révoquer celui
qui eft pourvu d'un office , en laidànt fufifter le
titre. Supprimer , c'eil: anéantir jufqu'au titre.
îJCT Se démettre & abdiquer ont aulîi leur nuances
particulières. On n'abdique que les places éminentes,
& c'eft toujours un aéte volontaire. Voy. ce mot.
On fe démet de toutes fortes de places , grandes ou
petites , d'un Bénéfice & c'eft quelquefois un aban-
don forcé. On ne doit fe démettre que quand il n'eft
plus permis de remplir fes devoirs avec honneur
Voy. encore dérrjjfion , réjîgnation , renonciation ,
aéjijiemeru.
Démis , ise, part. Il a ïes fignifications de fon verbe
DEMEUBLEMENT./. m. Adion de démeubler.
DÉMEUBLER. v.a. Ôter les meubles d'une chambre,
d'une maifon. Supelleciilem eximere. On a démeublé
cet appartement d'hiver , pendant qu'on occupera
l'appartement d'été. Il habite dans une chambre dé-
meublée.
Démeubler, fedir, dans un fens figuré , en parlant
de la bouche dont on ôte toutes ou prefque toutes
les dents. Ceux qui le font arracher les dents toutes
les fois qu'ils y fencent de la douleur ont bien-
tôt cf/weui'/e leur bouche. Dionis.
DÉMEUBLÉ , ÉE. part. Nudatus fupelleclili. Une bouche
demeublée , eft une bouche où il n'y a plus de dents.
DEMEURANCE. f. f. Ce mot eft hors d'ufige , &
en fa place on dit demeure. Domicilium , Jédes , do-
mus.
DEMEURANT , ante. ad;. Qui habite , qui loge en
un lieu. Habitans , commorans. Les Bourgeois dc-
meurans fur la rue , font tenus de mettre des lan-
ternes aux fenêtres pendain les réjouiflances publi-
ques.
Demeurant, f m. Reftes. Reliquium. Bon dans le dif-
cours familier.
Mainte veuve fouv eut fait la déchevelée ,
Qui nabandor2ne pas le foin du demeurant.
Et du bien quelle aura fait le compte en pleurant.
La Font.
Régnier dit qu'un Pédant affamé voyant def-
fervir.
Semblait avoir ^ des yeux ^ regret au demeurant.
Au demeurant, adv. Vieux mot qui fignifie au refte ,
Ceterum. Marot dit de fon valet ,
Sentant la hart de cent pas à la ronde ,
^«demeurant /e meilleur fils du monde.
C« terme eft vieux , & on ne s'en fert plus que
DEM
dans le dlfcours familier. Je regrette fort les mots
qui fervent aux liailons des périodes , parce que
nous eu avons grand befoin, &: qu'il les faut varier.
Vaug.
|CT DEMEURE, f f. Domicile, lieu où l'on habite.
Paris eft la demeure de bien des Provinciaux. Sedes^
domicilium. Choifir _, établir, fixer fa demeure en
quelque endroit , à la viile , à la campagne. Bellci
agréable demeure. Trifte j fombre demeure.
Souffre-^ que ces demeures fombres ,
Prttent leur folitude au trouble de mon cœur.
Mol.
L'Ordonnance enjoint aux Sergens de marquer
dans leurs exploits le lieu de leur demeure. Le Paradis
eft la demeure j le léjour des Bienheureux. Les
Poètes appellent l'Enfer les fombres demeures. La
prifon eft une trifte demeure. Donnez-moi votte
demeure par écrit. Foyci Demeurer.
Demeure. Il fignifie auffi le temps pendant lequel or
habite en un lieu. Il n'a pas fait longue demeure eu
ce lieu là. Ac. Fr.
Demeure , fignifie auffi , état de confiftance , dans cette
phrafe , Cela n'eft: pas à demeure. Cela n'eft pas fait
à demeure, pour dire, cela ne doit pas demeurer ea
l'état où il eft.
fCF Labourer à demeure , en termes d'Agriculture
& de Jardinage, f^oyei^ Demeure.
Demeure , fe du auffi , en termes de Chafle, des lieux
où le' retirent les bêtes , félon la diverfité des faifons.
Latibulum.
Demeure , en termes de Palais , fe dit des retardemens
du temps qui court au-delà du terme où l'on eft
obligé de payer , ou de taire quelque chofe. Mora.
Les intérêts d'une fomme mobiliaire ne font dus
qu'à caufedeLi demeure, font adjugés du jour du
commandement de payer , qu'on eft en demeure.
Le Procureur a été forclos , parce qu'il eft en de~
meure de produire , de faire ion enquête.
DEMEURER, v. n. Avoir fa demeure , habiter dans
quelque lieu , y faire fa réfidence. Commorari , ma-
nere , habitare. Les Anciens ont cru qu'on ne pou-
voir demeurer fous la Zone Torride , ni dans les
Zones Glaciales. Les Nobles qui demeurent à la
campagne , lont traités de campagnards. Les bêteS
farouches demeurent dans les forêts , dans les lieux
deferts. Diogène ayant appris que les habitans de
Synope l'avoient banni de leur ville j & moi , dit-il,
je les condamne à y demeurer , parce que le féjourert
étoit défagréable. Ab.
^fT Ces deux mots demeurer Se loger, font fy-
nonymes dans le fens oii il fignifient la réfidence :
mais demeurer fe dit par rapport au lieu topogra-
phique où l'on habite; & loger par rapporta l'édi-
fice où l'on fe retire. On demeure à Paris , en Pro-
vince, à la campagne. On loge au Louvre , chez foi,
en hôtel garni. Syn. Fr. Quand des gens de diftinc-
tion demeurent à Paris , ils logent dans des hôtels J
& quand ils demeurent à la campagne, ils logent
dans des châteaux.
Ce mot vient du Latin dimorare , ou dimorari. Du
Cange.
Demeurer , fignifie auffi , être un efpace de temps
à faire quelque <:\\o(e. Morari. Saturne demeure jo
ans à faire le tour du Zodiaque. Les couriers les
plus prompts demeurent huit jours à aller de Paris i
Rome. Cet iifage du verbe demeurer n'eft pas bon.
On fe ferviroit plutôt des verbes être , pajjér, met-
tre ouemployer.S^anneed trente ans , ou met trente,
ans à faire le rour du Zodiaque. Virgile paffa toute
fa vie à travaillera l'Enéide: ou bien l'on ne mettroit
aucun de ces verbes , & l'on diroit tout court ,
Virgile travailla zo ans , travailla toute fa vie à foa
Enéide.
Demeurer, fignifie auffi, s'arrêter, ne pas quitter
le lieu où l'on eft. Confijlere , ftare. Une fentinella
. crie au moindte bruit, qui va là ? demeure là. Quand
il apprit cette nouvelle , il demeura tout court , ii
DEM
changea de deffein. L'armée efc demeurée campée en
un tsl endroir.
fCT Demeurer & refter confiderés dans une fignifi-
cation fynonyme. Demeurer ^ du M. l'Abbé Girard,
ne préfente que cette idée fimple & générale de ne
pas quitter le lieu où l'on eft. ReJiera.<iQ plus une
idée accelfoire de lailFer aller les autres. Il taut être
hypocondre pour demeurer toujours chez loi fans
compagnie & fans occupation. Il y a des femmes
qui ont la politique de re/Ze/- les dernières aux cercles,
pour difpenfer les autres de médire d'elles.
|0° Il paroît que :<r/7cr convient mieux dans les
occadons où il y a une néceJlité mdilpenfable de ne
pas bouger de l'endroit ; & que demeurer tigure bien
où il y a pleine liberté. Ainfi l'on dit que la fenti-
nelle rejle à fon pofte, & que le dévot demeure\o\\g-
temps à l'Eglile.
On dit au Palais , qu'une caufe eft demeurée fur
l'heure , quand une plaidoirie a été interrompue
par la levée de l'Audience. Quand on donne des
défenfes , on dit, toutes chofes demeurant en étatj
pour arrêter le cours d'une procédure commencée.
On dit qu'une boule eft demeurée , quand elle s'eft
arrêtée avant que d'arriver au but. On dit encore ,
demeure-:^ ici à fouper , à coucher.
On dit en cefens , qu'il en faut demeurera ; c'eft-
à-dire , s'arrêter à une chofe délibérée , conclue ,
choifie , & dont on eft demeuré d'accord 5 ne poulfer
pas plus loin une conteftation , un éclaircilfement.
Fûye^ ACCORD. C'eft un homme qui n'en demeu-
rera pas là , qui poullera bien loin fon relfentiment,
fa fortune. Ce ConfeiUer du Châtelet n'en veut pas
demeurer là , il veut être Maître des Requêtes , Pié-
fident , quand il aura l'âge , ou le fervice. Cette
affaire eft demeurée là , c'eft-à-dire , qu'il n'y a per-
fonne qui la pourfuive , qui la falfe juger.
Demeurer, fe dit auiîl, parmi les ouvriers, d'une
chofe achevée, d'un ouvrage fini. Abfolucum ejjej
perfeclum , confummatum. Dans les bâtiinens on tait
plulîeurs conftrudions qui ne font pas à demeurer.
Les cintres de bois , les étais ne font pas à demeurer.
Cette pierre eft arrêtée par le pofeur , elle eft à
demeurer. Voili un tableau bien fini , il eft à demeu-
rer. Ceci n'eft qu'un eirai , un modèle, qui n'eft pas
à demeurer.
Demeurer , s'emploie aufîî par les Jardiniers à-peu-
près dans le même fens, & toujours à l'infînitih
Perfiftere. Il ne fe dit que des plantes, racines,
herbes qu'on lème en pleine terre pour les y lailTer,
jufqu'à ce que le temps de les manger , de les con-
fumer, foit venu. Ainfi {qwïqz \ demeurer , c'eft fe-
mer des plantes en pleine terre j pour les lailfer
croître , fans qu'il foit befoin de les replanter j
telles que font des racines , des falades, des four-
nitures de falades. Il taut femer , dit-on , des laitues
à demeurer. Liger. Demeurer parmi les Laboureurs
s'emploie aulîi par rapport aux terres. Je vais la-
bourer ce champ à demeurer. Il eft temps de mettre
cette terre à demeurer , c'eft-à-dire , de lui donner
le dernier labour, la dernière façon. Id. Il y a des
Laboureurs qui difenc labourer à demeurant, mais
à demeurer vaut mieux. Id. D'ordinaire on fème à
demeurer \q perfil , le cerfeuil, l'oignon, les carot-
tes , les panais , <S'c. La Quint. .
1^ On dit plus communément aujourd'hui, la-
bourer à demeure , donner le dernier labour avant
que de femer. Semer à demeure de la femence à la
place où elle doit refter. Duhamel.
Demeurer , fe dit encore de ce qui s'arrête , de ce
qui adhère , de ce qui s'attache natutellement. Ad-
hdirefcere , Adh&rere. Quand on manie de la grailfe,
il tndemeure toujours aux doigts : ce qu'on applique
à ceux qui manient de l'argent. La grue tira l'os qui
étoit demeuré àxna le gofier du loup. La lie demeure
au fond du tonneau.
Demeurer, fe dit aulTlpour,^ être, Perjlare. Ce Ptince
eft demeuré neutre pendant toute la guerre. Il de-
meura fans rien faire pendant fon abfence. Je
Tome III.
DEM
10^
demeurai tout le jour fans manger. Demeurer d'ac-
cord.
^EMEt/RER, fignifie auffi , être de refte. Remanere ^
" JupcreJJe. Le vent a abattu tous les fruits , il n'en
eft pas demeuré un fur l'arbre. Cet efcadron a été
tellement délait, c^ue tout eft «'émettra fur la place.
"Voilà le débris de ce vailfeau , ce qui en eA demeuré ^
qui nous en eft refté. Il ne nous elt rien demeuré des
Ouvrages d'Epicure , de Démocrite. Il ne lui eft rien
demeuré de tout le bien qu'il avoit. Quand on man-
geoit l'Anneau pafchal , il falloit faire enforte qu'il
n'en demeurât rien. Il eft demeuré perclus de fes
membres, demeuré e&xo'^xk , aveugle d'une telle ma-
ladie.
CCT On peut bien dire qu'un homme eft demeuré
mort fur la place \ mais on ne peut pas dire qu'il
iziQix. demeuré vaoïx. y h on ne l'avoir fecouru. Ces
mots demeurer mort , lignifient qu'il étoit mott en
eftcf. On peur bien dire qu'un homme demeu-
rerait eftropié j parce qu'un .eftropié peut guérir ;
qu'on demeureroit prifonnier , parce qu'un prifon-
nier peut être délivré ; mais non pas qu'on demeu-
reroit mort , parce qu'un mort ne relfufcite pas.
^fT On dit figurément dans le même fens , que
le champ de bataille eft d'<f/nei//'e aux ennemis , que
la viéloire nous eii demeurée \ pour dire que le champ
de bataille eft refté aux ennemis , que nous avons .
eu la viéloire. Potiri , frui. La honte de cette aélion
eft demeurée à ceux qui l'ont entreprife. Il ne m'eft
rien demeuré à^ cette luccellîon.
Demeurer, fignifie aufli, perfifter, perfévérer , être
dans un état permanent. Perfiftere , permanere ,per-
feverare. L'efprit du fage demeure toujours dans une
même aOiette. Il demeure toujours dans un même
fenriment , dans le même honneur , dans le même
crédit. Il lui eft demeuré fidèle jufqu'à la mort. De-
meurer Az.\-\s le péché , Pasc. J'aime beaucoup mieux
que votre injuftice & votre ingratitude demeurent
fans punition , que d'être vengée. Let. Port.
Demeurer, fe dit cncote figurément en plufieurs
autres chofes fpirituelles & morales, où il a tantôt
l'une, tantôt l'autre, des fignifications qu'envient de
marquer. C'eft un homme modéré qui demeure dans
de juftes bornes , o^xdemeure dans le refpecl devant
fes fupérieurs. Celui qui demeure dans le filence,
quand fon voifin empiète fur lui , lui lailfe acqué-
rir prefcription. On dit aufti de celui à qui la mé-
moire eft infidelle , qu'il demeure en fon difcours,
en fon fermon , qu'il eft demeuré ton: court dans la
chaire. Hajit. On dit de celui qui n'.i pas allez de
vivacité d'efprit pour répondre fur le champ à quel-
que reproche, ou à quelque objedion , qu'il eft
demeuré confus , muet, interdir, qai\ eA demeuré
froid comme glace. Ces peuples lont inquiets ,
ils ne fauroient demeurer en paix. C'eft un brave
qui ne peut demeurer inatWe , les bras croifés. Mais
je le lailfe aller après un tel indice , & demeure les
bras croifés comme un Jocrilfe. Mol. On dit d'une
perfonnequi conferve toujours quelque relfentiment
contre un autre que cela lui eft demeuré fm le cœur.
. Manet altâ mente repofîum. On dit, par la même
raifon , qu'il ne lai eft rien demeuré (m le cœur,
pour dire, que la réconciliation eft véritable & en-
tière.
Demeurer au filet , fe dit familièrement d'un homme
à qui la mémoire manque en récitant un difcours.
Un Magiftrat prononçant un^ harangue qu'il avoit
fait faire par un Avocat, demeura au filet ;& com-
me il faifoit effort pour fe remettre , fans en venir
à bout , dépité , il dit tout haut : Diable foit de
l'Avocat, pourquoi me l'a-t-il fait fi longue ? Db
ViGN. Marv.
Demeurer , joint à d'autres termes , reçoJ.t différentes
aceptionsdans le commerce. On dit, dans lescompres,
demeurer en refte, demeurer en arrière, c'eft refter
débiteur , ne pas payer toutes les fommes portées
dans une obligation , dans un mémoire , ?<c. De-
bitorem inveniri , deprehendi , expenjis rationibus.
§3" On dit de même qu'un article eft demeuré
. r»d
2, î o DEM'
en foufFiance, quand il n'eft alloué qu'à la charge
d'en juftifier par quittance ouautrement.Tellepaitie
eft demeurée en loufFrance , en débet de quittance. 1
Demeurer garant. C'ell: répondre de l'exécutionî
d'une promeiïe que fait un autre , ou du paiement
d'une i'omme qu'il emprunte , ou qu'il doit. C'ell
proprement le rendre la caution.
Demeurer du croire. Ce'l être garant de la folva-
bilité de ceux à qui l'on vend des marthandifes à
crJ-dit pour le con^pte d'autrui.
§CF Demeurer j terme de Marine, fignifie la (îtua-
tion d'une choie par rapport à une autre. Leur hé-
gate nous demeura au nord. Nous hmes voile par le
lud, les montagnes nous demeurèrent à l'ouelt.
^fCF Demeurer , terme de Manège , qui fe dit lorf-
que celui qui monte un cheval , ne le fait pas allez
aller en avant. Votre cheval demeure.
Demeurer , fe dit proverbialement en ces phrafcs.
Il eft demeuré fur Ton appétit , pour dite , t]u'il n'a
pas mangé feion fon appétit , qu'il s'eft retenu de
manger, il faut demeurer fur la bonne bouche , poiir
• dire ■, fur ce qui plaîr , fur ce qui eft agréable. On
dit aullî qu'un homme ell demeuré ■^o\m les gages ,
quand il a été tué , ou pris dans quelque occalion :
ce qu'on dit auîîi d'un bras, d'un œil , d'une jambe,
ou des liardes qu'il y aura perdues. On dit qu'un
homme demeure en beau chemin , quand il aban-
donne une afïlrire lorfque le fuccès en paroît cer-
tain. 0\\ dit aulli que la parole vole , & que l'écri-
ture demeure ^^^o\x\. faire entendre qu'il eft -dan-
gereux d'écrire-
Demeure , ee. part.
DEMI, lE. adj. m. & f- Moitié d'une chofe , chaque
moitié d'une quantité divifée en deux parties égales.
Semis. Une aune & demie. ULna cum dimidtù ulriiS.
parte. Une douzaine & demie. Oclodecïm. Un cent
. & demi. Ceruum ci- quinquaginta.Une livre ôc demie.
Liiira cum dimidiâ. On dit midi & demi , pour dire,
</e/«i-lfeure après midi. Duodecima cum dimidia.
Ce mot de demi fe conftruit différemment quand
il eft devant le mot auquel il fe rapporte , il eft
indéclinable : par exemple, demi-^ieà , demi-heme ,
û't/72i-toife , deux t/e/rft-toifes j mais, quand il eft
après ce mot , il en prend le genre comme un ad-
jeétifj & il eft ordinairement précédé par un nom
de nombre avec la particule de, ainli l'on dit un
pied & demi , une toife & demie.
Ce mot vient du Latin dimidium.
^fj' Le mot de demie féminin, s'emploie quel-
quefois fubftantivement , pour ligniiier demie heure.
Quelle heure eft-il ? la demie eft fonnée, alors ce
mot a un pluriel. Cette montre fonne les heures
& les demies.
Demi , entre en la compolition de plulieurs mots fubf-
tantifs de la Langue j & alors c'eft une efpèce de
particule qui n'a ni genre , ni déclinaifon . ni ré-
gime , & qui ne peut fe détacher du fubftantif. Un
demi - diamètre. Semi- diameter. Un demi - cercle.
Semi-circulus. Un derni-ïond. Semicyclus , femijrbis.
Un i/d/«/-pied. Semipes. Une demie-Xwis. Selibra. Un
^e/7;/-boilK;au. Semodius. Demi-Aowzûne. Sex. De-
mi-Visas. Semileuca. Demie-\\ci\ZQ. Semihora. Demi-
aune. Ulni dimidia pars. Un demi-zn. Semeflre fpa-
tium. Demi-de\^vé. Semigradus. Demi tour à droite.
S emicircuitus ad dextram. Demi-afl.Q\ie. Sefquiculeare
dolium. Dcmi-xnmA. Oclava culei. Demi-fetier. He-
mina. Demi-CAVant^emidoclus. Confitures à demi-
fucre. Saccharo leviter condita. Demi-écn. Nummus
tricenarius. Il y avoit au temps des Rois de la pre-
mière Race, des efpèces de monnoies , qu'on ap-
peloit des c/ew/-deniers , & des demi-{o\.is. S emijffis.
Il y .avoir des demi-fom d'or, qui d'un côté avoient
la figure de Si^ebert Roi d'Auftrafie avec le diadème
de perles , & la robe royale, & de l'autre la croix.
Boute ROUE.
§3° En fait de fradions , c/^wi s'écrit ainfi \.
Demi , fe joint à tous les noms des chofes qui peu-
vent fe partager en deux, comme une û'fw-Iinne,
on c/e/«i-pouce , uncftwi-picd , une demie-l^eue , un
DEM
demi- degiCjUn demi-cent , demi-p'Aole , demi - louis ,
c/t7«i-paie , ^'c. Il n'eft pas nécelfaire de rapporter
tous ces mots , il fuftit d'en avertir ici en généraL
Cependant il eft bon d'avertir qu'on ne joint
point ce mot indifféremment , par exemple , on ne
Qua point un demi-hourg ^ dani-vïWc , dcmi-Pao-
vince. La t/e/«.'- Normandie, pour dire, la moitié
de la Normandie ieroit extraordinaire. La demi-Au-
vergne eft montagneule , pleine de montagnes.
Il faut dire la moitié de l'Auvergne eft montagneu-
fe , pleine de niontagnes.
Ce mot ainfi appliqué a quelquefois quelque
chofe de plus que cette lignification , & y ajoute
quelque chofe de méprilant , par exemple : Demi-
homme a trois fens diftérens tous méprifans. i". Il
fignifie un fort petit homme. Frufium hominis. 2°.
Il fignifie un homme lâche , un poltron. C'eft dans
ce lens que Virgile a dit , ^ncid. L. XII. v. 99.
Loricamque manu valida lacerare revulfam
Semiviri Phrygis.
5°. Il fe dit d'un Eunuque. Spado.
Demi. f. m. Se dit chez les Maîtres en fait d'armes.
yoye\ Demi-botte.
Demi-air ou Demi-volte. Voye^ Volte.
Demi- Ariens ou Sémi- Ariens ,en Latin iiemi-Arianl.
C'eft le nom qu'on donna à ceux qui condamnèrent
en apparence les erreurs d'Arius , mais qui ne bif-
fèrent pas de les conferver , fe fervant de termes
plus doux , que ceux dont les Ariens fe fervoient :
& par là ils en impofèrent à bien des gens. Ils fe
féparcrent en effet de la faétion Arienne ; mais ils
ne voulurent point reconnoître que le fils fût con-
fubliantiel au père j c'eft-à-dire , Homooufios ,xom.-
me parlent les Grecs , ils difoient qu'il étoit feu-
lement Hûmoiou/ios j c'eft-à-dire, d'une fubftance
femblable au père. Quoiqu'ils ne diftéi-alfent des
orthodoxes que d'une feule lettre , pour ce qui eft
de l'expreilion , ils étoient néanmoins véritablement
dans l'erreur d'Arius qui mettoit le fils dans le rang
des créatures. Il leur étoit inutile de dire qu'il
n'étoit point dans l'ordre des autres créatures ,
puifqu'en ne le faifant pas confubftantiel à
fon père , il ne pouvoit être véritablement Dieu.
Il y a eu cependant quelques Ecrivains ortho-
doxes qui fe font fervis du mot Homoioujios en par-
lant du fils,& qui ont donné un bons fens à ce mot.
Ce? Demi-arrét , terme de Manège, ^"oyeij Arrct.
îfT Demi-autour , terme de Fauconnerie. C'eft la
féconde efpèce. Elle eft maigre & peu prenante.
P'oyei Autour.
Demi-bain, en termes de Médecine , eft une efpèce
de fomentation humide qui fe fait , lorfqu'on plon-
ge la moitié du corps , comme les reins & les cuif-
les , dans un vailFeau propre. On l'appelle aulTî
infcjjion , parce qu'on fiiit afteoir le malade fur des
herbes convenables qu'on met dedans. On appelle
auflî demi-bain , le tonneau qui fert à cet ufage ;
on lui a donné le nom de demi-bain. Il a pris le
demi-bain En latin injejjus _, femicupium.
Demi- bastion, f. m. Terme de Fortification. Ouvrage
qui n'a qu'une face & un flanc. Semipropugnaculum^
propugnandum dimidiatum.
Demi-batoir. f. m. forte de petit batoir , pour jouer
à la paume. Semi pa/mu/a.
DEMi-Bosse. f. f. Terme de Sculpture. C'eft un bas
relief qui a des parties faillantes & détachées.
Demi-botte , ou Demi cour , chez les Maîtres en
fait d'armes, fe dit d'une aélion qui a fon efferplus
avancé que l'appel ou la feinte. On le dit aulli de
ces coups qui ne doivent toucher qu'aux parties les
plus avancées , comme au bras , à la main gauche,
à la cuiffe & à la tète , afin d'incommoder Ion en-
nemi-Pctitio extremarum corporis partium. On dit
auffi en cet art, attaquer par le demi ., par le quart
& par le diamètre du cercle , de droite à gauche ,
& de haut en bas, ou au contraire les mouvemens
par le demi font de prime en tierce , de tierce en
quinte , de féconde en quarte j les mouvemens pat
DEM
le quart font de priiii.; en féconde , de féconde en
tierce , &c.
Demi- CANON, f. m. Pièce d'Artillerie. Dbniiïum tor-
incntum bdlicum. Tormcntum bdlician minus. Il y a
des danï-cdnons de trois fortes. Le demi canon le
plus petit eft ordinairement de G pouces de calibre ,
is: pèfe 5400 livres. Il a quelquetoisdix & quel-
quel^ois onze pieds de long : il ell de 30 livres de
balle, «S»: porte 156 pas de but en blanc. Sa charge
eft de 14 livres de poudre. Le </c77z/-az/7o/i ordinaire,
qui tftdc G pouces plus deux lignes de calibre, a
douze pieds de long , & 5600 livres de poids. Sa
charge eft de 17 livres 8 onces de poudre , Hc porte
un boulet de G pouces & demi de diamètre , &:
de 31 livres de poids. Il porte de but en blanc iGi.
pas. Le demi- canon de la plus grande efpcce a 6
pouces de calibre, iz pieds de long, &: 6000
livres de poids. Sa charge eft de 18 livres de pou-
dre , & il porte de but en blanc 180 pas. Harris
^fT Demi CASE , terme de Trictrac, c'eft celle où il
n'y a qu'une dame abattue fut une flèche.
DEMI-CASTOR, f m. On appelle ainh un chapeau
qui n'eft pas tait entièrement de poil de caftor ,'.iS:
dans lequel il entre d'autre poil ou de la laine. Ac.
Fr. 1740. au. mot caftor.
Demi-csint. Eft une ceinture d'argent ou d'autre mé
rai avec des pendants , que portoient autrefois les
femmes , où elles accrochoient les ciels , les ci-
feaux, &c. Semicincluni.
Demi-Ceinxier. f m. Artifan qui faifoit des demi-
ceints , loifqu'ils étoient en ufage. C'eft une des
qaalites des maîtres v^haînetiers.
Demi-cercle, c'eft la moitié de la circonférence d'un
cercle , qui a pour fa bafc le diamètre. Hemicyclus.
On l'appelle aulH hemlcyc e.
^ZT Demi-cercle, eft aufti un inftrument d'arpen-
tage appelé quelquefois graphomètre. Voye:^ ce mot.
Demi-circulaire, adj. Epithète que les A.natomiftes
donnent à des libres du cœur. Semicircularis. Elles
fontainii appelées , parce que defcendant de la bafe
du cœur en ligne fpirale de droit à gauche vers la
pointe j ou failant un demi-cercle , elle remontent
en la même ligne fpirale de gauche à droite vers
la bafe. Voye^ Dionis , cinquième Dcmonjlraticn
Anatom.
Demi-clef. f. f. Terme de Marine. Nœud qu'on fait
d'une corde fur une autre corde , ou fur quelque
autre chofe.
|îC!r Demi-colonne , en Architedture. C'eft celle qui
ne paroît qu'à demi hors du mur , qui n'eft pas en
plein reiief. Columna medià parte exftans , prominens.
Demi- corde, f. f. C'eft la moitié d'une corde de bois
c'eft-àdire, ce qui peut tenir de bûches dans une
membrure de quatre pieds de haut, fur quatre pieds
de long. A Pans on l'appelle plus communément
une voie de bois.
Demi couLEVRiNE. i. f- Pièce d'Artillerie , dont il y a
trois fortes. Tormcntum dimidio minus eo quod a
coluhro dicitur. La demi-coulevrine ordinaire eft de
4 pouces & demi de calibre , de 1700 livres pefant,
de dix pieds de long , & de dix livres onz.' onces
de balle ^ chargée de 7 livres 4 onces de poudre,
elle porte de but en blanc .1175 P^^* La demi-coule-
vrine de la plus petite grolfeur n'eft que de 4 pouces
ou i lignes de calibre , de dix pieds de long ,
& de 1000 livres pefant \ chargée de G livres 5
onces de poudre , d'un boulet de quatre pouces de
diamètre, & de 9 livres pefant, elle râfe un ef-
pacede 174 pas. La demi-coulevrine de la plus grande
forte , eft de 4 pouces de calibre , de dix pieds
de long , plus de j pied , c'eft-à-dire , 4 pouces ,
&C de 3000 livres pefant. Sa charge eft de S livres
8 onces de poudre, & de 12 livres 11 onces de
balle ; ce qui fait un boulet de 4 pouces & demi
de diamètre. Elle porte de but en blanc 178 pas
Harris.
Demi- COUPÉ, f. m. Termï de danfe. Suhinfexus gr.-
dus. Les pas compolcs de plulleurs , fe comnen-
cent ordinairement par un demi-coupé , foit du pied
DEM zii
droit , foit du gaucne. iuppoié que ce foit du uioïc
il faut avoir le pied devanr à la quarrièmepofition,
& le corps pofé dellus , le droit prêt à partir j erî
forte qu'il n y ait que la pointe qui porte à terre.
Ainh pour commencer ce demi-coupe , vous portez
le pied gauche contre le droit à la première pofi-
tion, &Z vous pliez également les deux genoux
ayant toujours le corps pofé fur le pied gauche,
le droit en l'air , les genoux plies également & tour-
nés en dehors, la ceinture non pliée, & la tête
fort en arrière. De-là vous pallez, étant plié , le pied
droit devant vous fans vous relever , à la quatrième
polifion , iSc dans le même temps vous apportez
le corps deilus ,en vous élevant fur la pointe du pied
droit. Et dans ie même temps vous apportez le corps
lur le pied droit , en vous élevant Uu la pointe du
pied , mais en vous relevant il faut étendre le genou
& de luite approcher la jambe gauche auprès & de
fuite vous pofez le talon à terre , ce qui termine la
fin de ce pas. Rameau. Le pas de menuet finit par
un demi- coupé é(.\\di.^^è.
Demi-croix, f. m. Terme ufité dans l'Ordre de Malte
ou l on appelle de ce nom les Donnés , ou les Oblais
de l'Ordre. Foyei Donné , & Oelat.
Demi Déesses, f m. pi. Toute la Grcce étoit remplie
de demi- Dieux & de temple érigés en Ijur honneur
mais dans toute l'hiftoire, il n'eft fait mention que
d'une feule denù-DeeJJe. P'oye^ HEMITHEE.
I^Demi-diametre. f. m. Terme deGéomérrie. C'eft
une ligne droite tirée du centre à la circonférence
d'un cercle , la même chofe que rayon.
Demi-Dieu. On appelle ae/^i-iJ^tfi^.v chez les payenî,
les Dieux du fécond ordre , qui avoient un Dieu
pour père , qui tiroient leur origine des Dieux ; ou
des Héros qui avoient mérité par leurs belles ac-
tions d être mis au nombre des Dieux , mais dans
un rang inférieur. Semi-Deus. Les faunes , les Né-
réides , les Nymphes , les Dryades , &c. Les hom-
mes illuftres & extraordinaires, Hercule, Caftor,
Pollux , Jules Céfar , Augufte éroient des demi-
Dieux : quand on les appelle Dieux , on doit en-
tendre ce mot , les Dieux du fécond ordre , ou des
demi-Dieux. Vous zutvQS demi-Dieux avez peur com-
me les autres hommes. Voit.
Songe^ que cejî fort peu de chofe j
Qiiun demi-Dieu quand il efi mort.
Demi-Dieu, fe dit encore dans un fens figuré , en par-
lant des Conquérans, de Rois, des Souverains,àcaufe
de leur puilfance, de leur rang, de leur autot ité qui les
rendent en quelque manière femblables aux Dieux;
& qui en font en ce fens de demi-Dieux. MlleScu-
dery , parlant du Doge de Gènes, s'exprime ainfi:
Quoi! lui dis-]e, entrer en France,
Et vous montrer en ces lieux !
Oui j dit-il , par la clémence ,
Du plus grand des demi-Dieux. ( Le Roi de France.)
Que crois-tu , dis-le moi j des beautés de ces lieux ,
Où viennent comme nous errer nos demi-Dieux ?
Nouv. CH. DE Vers.
On dit au(îi , qu'un Centaure étoit feint demi-
homme &c demi-cheval. Semihomo.JUne Sirène demi'
femme & demi - poillon. Un Hermaphrodite eft
demi-homme Se demi-(cmmç. Androgynus j herma-
phroditus.
DEMIDITON. f. m. On appelle ainfi j en tetmes de
Mufique , la tierce mineure qui a fes termes comme
(> à 5.
Demi tPiNEUx , adj. Terme d'Anatomie. C'eft un des
fix mufcles communs au dos & aux lombes. C'eft le
fécond de leurs extenfeurs. Il eft nommé demi-épi-
neux, parce que la moitié de ce mufcle prend fon
origine des épines de l'o-f ficrum, & l'autre moitié
des épines des vertèbres des lombes; &i montant en
ijauc va s'inférer un peu obliquement à toutes les
Ddij
II 2; DEM
apophifes tranfverfes des vertèbres du dos jufqu'au
cou, & les tire toutes en arrière. Ce mulcle ell (itué
entre le facré &c le facrolombaire , qui eft un de ceux
de la poitrine. Ces trois mufcles ne femblent faire
qu'un corps, & on a de la peine à les féparer. Ils
forment cette malfe de chair qui occupe le dos de-
puis Vosfacrum jufqu'au cou. Lorfque ces mufcles ne
font pas bien leur devoir , ou par foiblelfe , ou par
quelque méchante habitude , l'on devient voûté, &
quelquefois boffii. Dionis.
Demie. Ne demie j ni la moitié de la chofe qui vient
d'être nommée.
Revenge n'en veux j ne demie. Ma rôt.
Revenge ne demie, fignifie, ni revanche, ni demi-
revanche, c'eft- à-dire, ni rien qui approche de la
revanche. La Fontaine fe fert de cette i:açQn de par-
ier dans fon Oraifon de S. Julien , où il dit :
Oufanspacl ne demi
L'onfe guérit, l'on guérit fa monture.
C'eft-à-dire, fans aucun pad. Notes fur Cl. Marot.
DEMi-FiLE,Terme de l'art militaire. C'aft une file divi-
fée en deux. Geminas in partes divifus ordo. La demi-
file eft le rang du bataillon qui fuit le ferre demi-
file , Se qui commence la dernière moitié de la hau-
teur du bataillon. Ainfi le bataillon étant à huit de
hauteur , le cinquième rang doit être la demi-file. S'il
eft à fix de hauteur, ce fera le quatrième rang.
Demi-fleuron , f. m. Terme de Botanique. Les Bota-
niftes appellent demifieurons\Qs£em[[es qui forment
la couronne des Heurs radiées. Ces feuilles font fiftu-
leufes par le bas, plates dans le refte, & elles por-
tent ordinairement fur le jeune fruit qui poulie un
filet pointu ou fourchu , lequel pafTe au travers
d'une gaine dont le demi-fleuron eft garni. Certe
gaine commence le plus fouvent par cinq autres pe-
tits filets qui nailTent des parois internes du demi-
fleuron.
ifJ' Les fleurs à demi fleurons ^ font des bouquets
âpplatis endelfus, formés d'un nombre de demi-fleu-
rons raffemblés dans un calice commun. Chaque
demi-fleuron {Semi-Fl(fculus ,) eft un tuyau qui fe
termine par une grande lèvre. Ces pétales portent
chacun fur un embrion de graines. Il y a auln des
demi-fleurons ftériles. Duhamel. Foy. Pétale.
Demi-futaie, (. f. Se dit des bois, ou arbres, dont
l'âge eft depuis quarante ans jufqu'à foixante. On
leur donne auffi le nom de bois de haut revenu.
Demi-gorge, Terme de Fortification. C'eft une ligne
qui va du flanc ou de l'angle de la courtine au cen-
tre du baftiOH. Linea ab anguLo jrontis propugnaculi
ad ejufdem centrum pcrtingens.
Demi Hollande, f. f. Dans le commerce de Toilerie,
. on donne ce nom à certaines toiles de lin blanches
& fines qui ne fe fabriquent point en Hollande ,
mais en France dans la Province de Picardie , parri-
culièrement à Beauvais, Cominge , tSc aux environs
de ces endroits.
fO" Demi-jeu, à Demi-jeu, Terme de mufique inf-
trumentale, manière de jouer qui tient le milieu
entre le fort &: le doux.
Demi-intérosseux , adj. m. & fubft. Terme d'Anato-
mie. Semi-interro[fcus. Le demi-intérojfcux de l'index
eft un petit mufcle charnu, court & plat à-peu-près
comme l'antithénar ou le demi-intérojfeux interne
du pouce. Il eft fitué obliquement à côté de celui du
pouce entre la première phalange du pouce & le pre-
mier os du métacarpe. Winslow.
Demi-litron, f. m. Terme de commerce. Sorte de
mefure, qui fert à mefurer des grains ou chofesfem-
blables. Demi-litron de pois , de noifettes, &c.
Ce mot vient du Grec y^fd^rfa, hemilitra, on femi-
libra.
Demi-lune, Ouvrage de fortification, que Ton met
ordinairement devant la courtine , ou l'angle flan-
DEM
que d'un baftion. Lunatum propugnaculurn j lunata.
munitio. La demi-lune fur la courtine eft compofée
communément de deux petits flancs d'environ cinq
ou lix toifes, & de deux faces qui fe terminent en
angle faillant vers la campagne ; la gorge de la demi-
lune eft terminée par deux lignes prolongées de la
contrefcarpe dufolfé, qui forment un angle ren-
trant du côté de la place , vers le milieu de la cour-
tine. La demi-lune fur l'angle flanqué du baftion , eft
compofée des mêmes parties que la précédente \ elle
difi^ère feulement de la première , en ce que la gor-
ge de celle-ci eft formée par une ligne circulaire;
d'où le nom de demi-lune lui a été donné. Dans la
bonne fortification on fe fert aujourd'hui de bonnes
contregardes pour couvrir les baftions , au lieu de
demi-lunes dont on fe fervoit ci-devant.
On appelle encore demi-lune, ce c^u'on appeloic
autrefois ravelin, qui eft un ouvrage fait à-peu-près
delà même façon que la ptemière forte de demi-
lune, à l'exception que ce dernier ouvrage n'a point
de flanc : il n'a que deux faces terminées en angle
faillant vers la campagne, dont la gorge eft fermée.
La demi-lune eft dite couronnte , lorfqu'elle eft
couverte d'un ouvrage i comonne. Lunatum propu-
gnaculurn coronatum. On la nomme auftî tenaillée,
lorfqu'elle eft accompagnée à droite & à gauche de
deux ouvrages conftruits à angle droit fur l'angle
flanqué de la demi- 1 une , par le prolongement de fes-
deux faces qu'on tire d'environ 28 ou 50 toifes ;
chacun de ces ouvrages ayant deux faces terminées
en angle faillant vers la campagne, & un folfé de
huit ou neuf toiles qui les fépare de la demi-lune, Sc
la contrefcarpe. Lunatum propugnaculurn u trinque Jor-
cipis in morem munitum.
Enfin la demi-lune eft appelée accornée , lorfqu'elle
eft contregardée par deux ouvrages qui avancent en
forme de cornes, vers la campagne , ayant au-de-
vant une petite demi-lune, autrement lunette, qui
couvre l'entre-deux de leur féparation , & par con-
féquent l'angle flanqué de la demi-lune. Cornutis ope"
ribus inftrudum.
Demi-lune d'eau. Dans la décoration des Jardins.
C'eft une efpèce d'amphithéâtre circulaire, orné de
pilaftres, de niches ou renfoncemens ruftiques j avec
àt% fontaines en napes, ou des ftatues hydrauliques.
Lunatum amphitheatruni fcatentibus &faHentibus aquis
ornatum.
Demi-membraneux, adj. Terme d'Anatomie. Mufcle
de la jambe, le rroifième des fléchilfeurs. Semimem-
branaceus. Il eft ainfi nommé, parce qu'il tient en
quelque façon de la nature des membranes. Il prend
fon origine de l'éminence de l'ifchion, & va s'inféief
à la partie poftérieure de l'épiphyfe fupérieuie du
tibia. Il eft fitué comme les deux autres fléchifteurs
dans le derrière de la cuilfe \ ôc en agilfant ils font
fléchir la jambe, qu'ils tirent en arrière. Dionis.
^fJ" Demi-métal, f. m. Subftance minérale qui a plu-
fieurs propriétés des vrais métaux, fans pourtant
avoir leur fixité ni leur dudilité , tels font l'Anti-
moine j leBifmuth, le Zinc, le Cobalt 8c l'Arfe-
nic.
Demi-mÉtoi>e, f. f. Terme d'Architedttjre. Semimeto-
pium , ou plutôt Semimetopa. Les demi-métopes ne
font pas la moitié jufte des métopes^ mais feule-
ment des portions de métopes, qui fe mettent à
l'encoignme de la fnfe Dorique : on les appelle ce-
pendant en François demi-metopes , parce que Vitru-
veles appelle en latin Semimetopia.
Demj-montre , Terme de Guerre. C'eft la moitié de
la montre, c'eft-à-dire, de l'argent qu'on doit aux
troupes , & qu'on a coutume de leur donner quand
on fait la revue. Le Maréchal de Grammont envoya
le Chevalier de Chabot pour nous faire venir fous
Philisbourg, où nous demeurâmes le 14. & où nous
reçûmes une demi montre. Bussi Rab.
Demi-mot _, Dans l'ufage ordinaire cela ne fignifie pas
la moitié ou une partie d'un mot, mais quelqiws
paroles qu'on dir, ou quelques fignes'tiu'on fait pour
faire entendre quelque chofe, & c'eft en ce fens
DEM
qu'dn dit par manière de proverbe, il frai entenare
i demi-mot, c'eft-à-due, lar.s attendre que les cho-
ies foient clairement expliquées Se déclarées. M.
Perrault s'ell lervi de cette exprellion en parlant des
chofes inanimées , &c des lignes qu'on remarque dans
les arbres, les plantes.
Il faut qu'à demi-mot un Jardinier entende ,
Ce que dans J es befoins un arbre lui demande.
DEMi-NEnrEux, adj. & f. m.Terme d'Anaromie. C'eft
un mulcle de la jambe, & le fécond des déchilieurs.
Seminervofus. Bakthol. Le demi-nerveux eft ainli
nommé, parce qu'il n'ell pas tout-à-fait cliainu, <lk
que fa fubftance tient de la nature du nerf. Il prend
Ion origine de l'éminence de l'ifchion , & va s'in-
férer à la partie fupérieure & pollérieure du tibia.
DlONIS.
Demi-orbiculaire, adj. & f. m. Terme d'Anatomie.
Nom des mufcles communs aux deux lèvres. Semi-
ûfhicularis 3 e. On prend communément les demi-
orbiculaires pour un ieul mufcle qui environne les
deux lèvres ; & auquel on donne le nom d'orbicu-
laire; mais, en examinant bien les angles des lèvres
on y trouve les tîbres de la lèvre fupérieure croifées
avec les tibres de la lèvre intérieure, & on dilHngue
i'arcade mufculairede l'une, d'avec l'arcade mulcu-
laire de l'autre. C'ell; pourquoi j'en tais deux que
j'appelle en g^niiAdemi-orticulaires , & en particu-
lier l'un demi-arbiculaire fupérieur, &<. l'autre demi-
orbiculairj intérieur. Il feroit mieux de les appeler
demi ovalaircs.
Le demi-orbiculaire fupérieur eft fouvent plus lar-
ge que l'inférieur. Il a encore cela de particulier que
les fibres de fon arcade ne vont pas toutes au coin de
la bouchej mais fe terminent par degrés entre le mi-
lieu Se les extrémités de cette arcade à-peu-près com-
me les fibres demi-orbiculaires de la paupière fupé-
rieure. Le demi-orbiculaire inférieur elt: pour l'ordi-
naire plus uniforme dans l'arrangement de fes hbres.
WiNSLOW.
Demi-osseux. f. m. Terme d'Anatomie. Nom d'un des
mufcles qui meuvent les doigts de la main. Semi
ojjeus. Le demi-o(feux du pouce s'appelle autrement
l'antithénar. l^oye\ ce mot.
Demi-pelagiens. yoye^ Semi Pélagiens.
Demi-pièce, f. f. Terme de commerce; Pièce d'étoffe
ou de toile coupée en deux.
Demi-pique, eft une longue javeline. Hajlabrevior.
Demi-Pont, f m. Terme de Marine. On l'appelle
aulïî corps-de-garde du vaiffeau. Statio militum in
navi. C'eft ordinairement la partie qui fe trouve fous
le gaillard de l'arrière.
Demi-qu ARAMTE-ciNQ , Terme de jeu de Paume. Don
ner demi-quarante-cinq , c'eft donner à fon adverfaire
quarante-cinq dans un jeu, & trente dans l'autre.
éc ainfi de fuite alternativement.
Demi-quart, f. m. Sorte de mefure, moitié d'un quart
C'eft aufli, félon Nicod, une monnoie de France
frappée par Ordonnancedu Roi Henri III.
Demi-queue, f. f. Efpèce de tonneau de vin dont ceux
d'Orléans , d'Anjou & du Maine fe fervent, conte-
nant vingt-fept fetiers, à huit pintes le fetietj deux
chopines la pinte , deux demi-fetiers la chopine, &
deux poiçons le deir.i-fetier. Il fe prend tant pour le
fuft fans vin , que pour cette mefure & quantité de
vin fans fuft. Les quatre demi-queues valent trois
muids de vin au fuft & jauge de Paris.
§3" Demi-revétememt , Terme de Fortitication des
places , c'eft un revêtement de maçonnerie qui fou-
tient les terres du rempart, feulement depuis le fond
du foffé jufqu'au niveau de la camp.igne, ou un pied
au-delfus.
Demi-setier, f. m. Nom de mefure des chofes fèches
& des chofes liquides, mais qui eft bien différente
pour ces deux fortes de chofes. f'^oye-:^ Setiïr.
Ce mot vient de dimidius fextarius , ou de Semi
fextarius y qui eft formé du Grec ifnh.Fy:;,
r)ïMi-sEXTiL, Terme d'Aftronomie. C'eft; la diftance
D E M
ii|
d'un dcuzièmej ou d'une demi-fixicine partie dii
Zodiaque, qui eft entre deux planètes. Comme fex-
til eft la diftance de deux (ignés, ou de quarante-
cinq degrés, dcmi-Jexiil eft la diftance dun feul
ligne quieft entre deuxplanètes. LQdemi-fexcilap-pio-
che fort de la conjonction.
Demi-soie, f. f. On dit que les Marchands donnent ce
nom à tiuelques étoffes, comme à l'étamine, au ca-
melot , dans lelqucisil entre une moitié de loieavec
une moitié de laine. Semi fencus , a , a/n,
ffJ' Demi-soupir, f. m. Caraétère denuih-jue qui fe
tait ainii , &: qui marque un lilence dont le temps
doit être égal à celui d'une croche ou de la moitié
d'un foupir. Encyc.
$zr Demi-teinte. F'oyei Teinte.
Demi-tierce, l. &:adj. f. Semitertiana. F'ojer HEMI-
TRITEE.
03" Demi-tige. Foye^ Akbkb.
Demi-ton, f. m. Terme de Mufique. C'eft la moitié
d'un ton. Hemiîonium. Il y a undemi-ton mineur. Le
demi-ton eft effentiel à la Mufique, car il en eft l'ame
& l'ornement , vu que par fon moyen l'on établir,
les diverles efpèces de quarte, de quinte j &c d'oc-
tave. La proportion en nombres du demi-ton majeur
eft de i6 à 15. Celle du demi-ton mineur eft de 24. à
25. Celle du ^c«i-rc)« moyen eft de i iS à 155. Le
dièfe enharmonique elt la différence du demi-ton
majeur J & du demi-ton mineur.
03" Demi-tour à droite, demi tour à gauche. Com-
mandement pour faire changer de front à un batail-
lon, foit à droite , foit à gauche.
Demi-trente , Terme de jeu de PaumCi Donner demi-
trente, c'eft donner à ton adverfaire trente dans un
jeu, & quinze dans l'autre J & ainfi de fuite alter-
nativement.
Demi-vol, f. m. Dimidius volatus, femi-volatus. C'eft
quand la perdrix, ou quelqu'autre oileau, que l'on
a tait lever, va s'abattre peu loin de l'endroit d'où
on l'a tait partir.
Demi-voLj en termes de Blafon, fe dit d'une aîlo feule
d'un oifeau fans qu'il foit befoin d'en marquer l'ef-
pèce. Alafimplex , ala unica. Les bouts de fes plu-
mes doivent toujours être tournés vers le flâne
feneftre.
DemIj eft auflâ une efpèce d'adverbe qui fignifie,
A moitié. Ilfe jointence iens avec beaucoup d adjec-
tifs. Il eft demi-moïi. ^emivnus. Cette viande n'ell
pas demi-cvntQ. Semi-coclus. Ce rôti eft demi-ht\.i\é.
Semi-uJIus. Cet homme eft (/ewi-ivre. Vinofemigra-
vis. Le mot demi fe joint aulii aux noms de mefure,
tant des efpaces j que des choies liquides & des cho-
fes fèches, & il lignifie la moitié de la mefure dont
le nom eft après celui de demi. Demi-]nQà. Demi-
lieue J £/V/72/-quart de lieue. Dcmi-ho\{\c:M. Dc.ni-
fctier. Z>tf;72/-heure^ Sic. C'eft la moitié d une lieue,
d'un boiffeau , d'un feiier , d'une heure. On ne fe
fert pas ordinairement du mot de demi avec un nom
de mefure, lorfqu'on a un mot limple & unique
pour exprimer la mefure dont on parle; aind, quoi-
qu'on dife bien demi-nune pour la moitié d'une aune
on ne dit pas demi-pïme, parce qu'on a le mot de
chopine qui fignifi-e la même chofe : ce ne feroit pas
cependant une faute de s'en fetvir.
On dit, proverbialement, A trompeur, trompeur
& demi ; pour dire qu'on fera encore plus fin que
celui qui a voulu tromper. On dit aulîi , battre quel-
qu'un en diable &: demi ; pour dire, le battre excef-
tîvement. Le petit peuple dit , fans refpecl ni demij
pour dire fans aucun telpect.
A demi , Autre adverbe qui lignifie la même chofe que
demi. Ce tonneau eft à demi bu. Semi inanis. Ctt
habit eft a demi ufé. Semi tritwi. Il eft à demi twàot-
mi. Semi /opitus.Cel^. eft à demi fait. Semi faclus.
Demi mort. Semianimis , femïammus. Un h.ibiie
iiomme entend à demi mot. IntelUgenti pauca. Il ne
faut point pardonner à demi , faire du bien à demi.
Imperjeciè. Il eft à demi fou de la perte de fa femme.
Penc impcs animi, ptne raptus ex fefe. On a beau
amaffer des matériaux pour bâtir, il n'y en a jamais
ti4 DEM DEM
à <i<;/«; i c'eft-à-dire, alfez. Sans. Il ne faut pas favoir DÉMOCRATIE, f. h Sorte de goiivernemeiît où le peii-
les choies à demi, Imperjeclè. Cela ell à demi cuit ,
Semi coclus, à demi bmié, femi ujcus , à demi rôti ,
Jemi aJJuSjà demi mangé ,JemeJus , à demi renverlé,
Jcmifupinus , à demi abattu j à demi va\né,femi rucus ,
àdemi £o\:mé, /emijormis , à demi ivre, vino femi
gravis, à demi ia.\\v^ge, Jèmi-barbarus. Ce vailleau
eft à demi plein. Semi plenus. Cette porte eft à demi
ouverte. Semi aperçus. Ceux qu'on nomme Zuin-
gliens, ou Sacramentaires, n'ont pas cru qu'il fe
fallût éloigner à demi ai la toi. Pel.
Les Dieux m'ont fecourue , & mon cœur ajfermi ,
N'a rien die 3 ou du moins n'a parlé qui demi.RAc.
DÉMIRCAPI , ou TÉMIRCAPI. Foy. DERBENT.
DEMIS. isE, adj. Foyei Démettre.
ifT DEMISSION. Tetme de Jurifprudence. Ceft en
général un ade par lequel on quitte quelque chofe.
C'eft-là l'idée principale que prélente ce mot dans les
articles fuivans.
ffT DÉMISSION, fe dit particulièrement de l'ade par
lequel on fe dépouille d'un emploi, d'une charge,
d'un bénéfice dont on étoit ^o\xr:y w.Jbdicatio. DeniiJ-
Jîo. On a envoyé demander à un tel la démùjjion de
fa charge. L'amour du repos n'eft pas toujours le mo-
tif des démijjions. Le mécontentement ou le loin d-
fa famille en eft fouvent la caufe. On ne doit donner
de démijjlon que quand il n'eft plus permis de rem-
plir ks devoirs avec honneur. La démijfion peui
être volontaire ou forcée. La démijfwn d'un bénéfice
eft pure & fimple, ou bien ellefe fait en faveur d'un
autre.
fC? La démifflon pure &: fimple, eft un aéle par
lequel on fe dépouille purement &c limplement d'un
bénéfice, fans le tranfmettre à un autre, entte les
mains de l'ordinaiie ou du coUateur.
IJCJ" La £/e/n{//io« en faveur, n'eft [pas une démif-
fion proprement dite. On l'appelle plus communé-
ment réfignation. Voye^ ce mot. Voye^ aufli tenon
dation, défiftement, abdication, où les différences
de ces mots font expliquées.
DÉMISSION, eft aulîi un ade par lequel un père, ou
une mère, fe démet, & fe dépouille de fon bien en
faveur de fes enfans. La démi(jion eft une fucceftion
anticipée. C. B. CeJJio. La démijjion de biens eft un
délailiement général de tous fes biens, que l'on fait
à fes enfans ou autres préfomptits héritiers, avec ré
tention d'ufufruit, ou à la charge d'une penfion via
gère , ou à telle autre condition qu'il plaît aux par
ties.
DÉMISSION DE FOI, eft l'aliénation que fait un vaftal
d'une partie de fon fief, fans rétention de foi, en
forte que le nouvel acquéreur la tienne en plein fief
féparé de la partie que le vaffal s'eft retenue. Ce qui
eft un démembrement de fief qui ne fe peut faire
fans le confentementdu Seigneur.
ffS" Nos Coutumes permettent bien au vaflal de
fe jouer de fon fief j mais jufqu'à démijjion de foi ;
c'eft-à-dire que les valfaux ne peuvent fe jouer de
leurs fiets, qu'autant qu'ils retiennent à eux la foi
qui eft due au Seigneur dominant.
^Zt DÉMISSION, Dans les coutumes de Veft & de De-
veft, eft l'aétvipar lequel celui qui a fait un contrat
tranflatif de propriété d'un héritage en faveur de quel-
qu'un , déclare pardevant les officiers du Seigneur
de qui relève cet héritage, qu'il s'en eft démis & dé-
vêtu en faveur de l'acquéreur. Ferr.
DEMISSIONNAIRE, f. m. ôcadj.C'eft celui en faveur
duquel on a fait une démiftion. On a voulu que l'en-
fant démijjionnaire mît les biens de fes père & mère
à couvert au préjudice des Créanciers. Journal du
Palais.
DEMITTE. f. f. Sorte de toile de coton qui fe tire de
Smyrne.
fer DEMMIN , DAMIN ou DÎMIN. Demmium.
Ville d'Allemagne dans le Duché de Stétin , en Po-
méranie , fur laPéene. Long. 57. d. lat 54. d. 3. félon
Zeiler.
pie a toute l'autorité, Hc ou la louveraineté rélide
dans le peuple. Cette efpèce de gouvernement poli-
tique eft direétement oppolé à la monarchie. Si la
fouveraine puiftance réiidc entre les mains d'une
partie du peuple feulement , c'eft une anftocratie.
JJemocratia _, populare imperium. La Démocratie n'a
été Bofllfante que dans les Républiques de Rome &:
d'Athènes. Les féditions , & les troubles arrivent
louventdans [es Démocraties. Le Gouvernement de
hilQ eft une Demiccratie.
Ce mot vient de J"^^o>cp«r<«j formé & compofé de
^iî'^oî, peuple, & dex(i«rHï, régir , commander.
DÉMOCRAIIQUE. adj.Qui appartient à la démocra-
tie. Etat j gouvernement dcmocratique. Dem.ocraticus.
Le gouvernement des Républiques modernes tienc
plus de l'ariftocrarique, que du démocratique.
Ip- DEMOCRATK^UEMENT. adv. D'une manière
démocratique. Danvcr.-.tlcé.
DEMOGORGON. f. m. Divinité ou Génie de la terre,
comme Ion nomL' fignifie. C'étoit, dir-on, un vieil-
lard cralleux, couvert de moulfe, pâle &: défiguré,
qui habitoitdans les entrailles de la terre. Il avoii
pour cumpagnons l'Eternité &: le Cahos. S'ennuyanc
dans cct.e folitude,il fe fit une petite boule fur laquelle
il s'allit, (M s'étant élevé en l'air^il environna toute la
terre, & forma aiiiii le Ciel. Il tira enfuite, de la ter-
re, de la boue enfiammée qu'il envoya dans le Ciel
pour éclairer le monde, dont il forma le foleil qu'il
donna à l.i Terre en maii.ige, d'où naquirent le Tar-
tare, la Nuit, &:c. On donne enluite plufieurs enfans
à Demogorgon, favoir la Difcorde j Pan, les trois
Parques, l'Erèbe. Cette Théogonie, la moins dérai-
fonnable de toutes celles que l'idolâtrie a enfantées,
n'ell qu'une enveloppe groflière fous laquelle les
Anciens ont renfermé le Myftère de la Création du
monde. C'eft Bocace qui la rapporte, comme l'ayant
tirée de Théodontius , ancien Auteur Grec. Démo-
^oroo/2 vient de Aulfim ^ Génie, & rtufli»^ qui prcfide
à la terre.
DEMOISELLE, f. f Femme ou fille née de parens no-
bles. Femina nob'dis. Cette perfonne eft Dcmoijelle^
quoiqu'elle fort pauvre, elle eft fille de Gentil-
homme.
Autrefois on difoit Damoifelle , & on trouve en-
cote ce mot de Damoifelle dans des aéles, comme
contrats, &c.
Demoiselle, fe dit aujourd'hui de toutes les filles qui
ne font point mariées, pourvu qu'elles foient d'hon-
nête famille. Ces deux belles Demoifelles font filles
d'un Marchand , d'un Procureur. Ce nom ne fe don-
noit autrefois qu'aux filles des Princes &c des Grands
Seigneurs, des Barons &c des Chevaliers , qui n'étoienc
point mariées. Ce mot vient du Bas-Breton, ou an-
cien Gaulois, où l'on difoit DemoU'elle en la même
lignification.
Demoiselle , fe dit aufli d'une fille qui eft à la fuite ou
au fervice d'une D3.me. Ancilla jjamula , ajjecla. Les
DemoiJ'elles fuivantes font les confidentes de leurs
maitrelfes.
Demoiselle , eft auffi un uftenfile qu'on met dans le
lit pour échauffer les pieds d'un vieillard, C'eft un fer
chaud qu'on met dans un cylindre creux j qu'on en-
veloppe dans des linges, & qui entretient long-temps
fa chaleur \ quelques-uns l'appellent moine. Ferrum
calidum cylindro concavo inclujum.
Demoiselle j ou Damoiselle , mais plus fouvent
DemoiJclle\ parce qu'il eft plus doux. C'eft un outil
dont fe fervent les Paveurs pour enfoncer les pavés.
C'eft un gros cylindre de bois ferré par le bout <Sc
pefant qui a deux anfes aux côtés pour le manier &
l'élever un peu en l'air. Fijluca. Les Paveurs appel-
lent aufti cet inftrument hie. Ils difent en riant faire
{■!i\xiQi\\DemoiJ'elle\ pour dire, travailler avec la
hie J ou enfoncer le pavé avec la Demoijelle.
M. Perrault, dans fes notes fur le ch. 5. du liv. ?.
deVitruve, dit qu'on a appelé cet inftrument du
nom de demoijelle, à caufe qu'il a deux anfes quire-
préfentent deux bras.
D E M
Demoiselle , Efpèce de l'ambier qui foucient U thjval
dont fa fervenc les Scieurs de long.
§C?" Demoiselle, en termes de Moniioies, efpèce de
de verge ter ou efpadon, qui fert à empêcher que les
charbons ne coulent,avec la matière,de la cuillier dans
les moules. Encyc.
DEMOISELLE DE NUMIDIE. ou POULE DE NU
MIDIE. C'ell im oifeau rare d'un plumagegris plom-
bé , ejui a des plumes élevées eu torme de crête , lon-
gues d un pouce & demi^ mais les côtés de cette
crête & le derrière font garnis de plumes noires &
plus courtes. Au coin de chaque œil elle a un trait
de plumes blanches qui pallant lous l'appendice ,
lui foL me de grandes oreilles de plumes, t-jites de
fibres longues & déliées, comme celle que les ai-
• grettes ont lur le dos. Le devant de fon cou a ;des
plumes noires encore plus déliées que celles de l'ai-
grette, qui lui pendent fur l'ellomac. Ses jambes
font couverres de grandes écailles par devant 6c de
petites par derrière. Ses ongles font noirs Si médio-
crement crochus. La plante du pied eft grenée com-
me du chagrin. On croit que c'ell le même oiieau
que les Anciens ont nommé Jlvps j & les Grecs «r/îj
qu'Anilote anommcùaceleur, dunjcur tk. comédien,
& Pline para/àe , &C baladin ; & on l'a appelé en
François demoifdte , parce qu'il femble qu'il imite
les geltes d'une femme qui atf'ecle d'avoir de la grâce
dans fon marcher, dans les ré\(érences & dans fa
danle. Athénée le nommoit anchropoeide\ c'ell-à-
dire, ayant forme humaine^ à caufe qu'il imite ce
qu'il vo't faire aux hommes j de il rapporte la ma-
nière dont Xénophon dit que IcsChalleurs prennent
ces fortes d'oifeaux- Il font femblant en leur préien-
cedefe laver les yeux,* tSc au lieu de baliins pleins
d'eau, ils en lallFent qui font pleins de glu. Les
demoifdles s'approchent de ces baliins, & fe collent
\es pieds & les yeux avec la glu, en imitant les gel-
tes qu'elles ont vu faire aux hommes. On en a nourri
dans la Ménagerie de Verfailles.
DEMOISELLE, f. f. Efpèce de petit infeéle. C'eft un
ver, en forme de nymphe, qui a deux yeux li gros,
qu'ils font pref.^ue'toute fa téteôc quatre ailes admi-
rables qui le tont tourner avec une grande vîtelle \
parce qu'il prend fa proie en l'air. Il a deux dents
renfermées en dedansaveclefquels il pince très-fort.
L'accouplement de ces infedes, ferait, d'une fiigon
bien lingulière j en l'air en volant, &c en tailant des
cabrioles j l'extrémité de la queue de la femelle le
courbant vers le milieu du corps du mâle où fa verge
efl: lituée, & la recevant enfuice dans l'extrémité de
fa queue. Cet infette a audi deux cornes, & il jette
dans l'eau (es œufs, qui teiremblent à ceux des poif-
fons \ d'où l'on voit fortir une infinité de vers à fix
pieds. Il s'en forme enfuite un ver volant, qui étoit
auparavant rampant & nageant. Chacune de fes lix
jambes ert compoféede lix parties velues par-tout ,
dont l'extrémitéell armée de deux ongles ou ferres. Le
ventre fe divife en dix anneaux. Du lieu où la poi-
trine s'unit avec le ventre, fortent quatre boutons
qui s'enBent, & renferment fes ailes comme les bou-
tons des plantes contiennent les Heurs. Les Latins
l'appellent lihdla^ow perla. Swammerdam endilfii.i-
gue de dix-fept fortes, & dit que Rondelet mal-à-
propos l'a nommée d^ale d'eau ou dcada aquatica ;
au lieu d'une fauterelle d'eau, locujta aquatica^ dont
parle Moufet. Jonfton l'apoc-ile forficula aquatica ,
qui eft ce que Moufet appefle /:/<;£ d'eau, ou pulex
marinus , C'eft aulîi ce que M. Rédi appelle /cor/j/o/z
aquatique. M.Hombery, penfionnaire de l'Académie
Ro-iîlp des Sciences, a donné des obfervations fur
cette fortp d'infedte, dans l'Hiftoire de l'Académie
de l'Année Kjpy. On trouve dans le Mercure de
Juin 1755.1=. yoL que fuivant l'opinion des Natu
raliftes, cet animal prnnd naiffance dans le fonds
des eaux, enveloppé d'une feule membrane; qu'il
dilate fon ventre pour faire entrer l'eau dans l'in-
teftin par l'anus \ qu'enfuite il comprime fon ventre
pour en chalTer l'eau allez loin, aulfi par l'anus, qu'il
fait rentrer l'eau dans fon inteftin pour la rejeter
DEM 2.SJ
I coniiVicla première fois, recommençant & conri-
riuant li long-temps ce petit jeu qu'il fait circuler
l'eau dans un bafiln avecalFez de vïtelle.
il y a une efpèce de poires qu'on appelle poire de
moiJcUe-^ ou autrement poire de vigne; & que
ma!-à-propos on nomme en quelques endroits Petir-
yin. La Qi;int. Fqye^au mot Vigne.
DEi\lOLlR. v. a. Abattre, détruire, quelque ouvrage
d'Archiîcéturejpude maçonnerie. DenioUri, dcftrucrc,
divuere. Il a été accordé qu'une telle place, qu'un tel
château feroicnt c/cwo/V-f. Le temps détruit, démolit
les édifices les plus lolides. Le canon vient à bout de
démolir les plus fortes murailles. Lorfque Mont-
gommeri eut blellé Elenri II. Catherine de Médicis
fit c/cwc///- les Tournelles, au lieu defquclles on a
bâti la Place Royale. Colon.
DÉTvioLiR , ne fe dit que des bâtimens, &: des ouvrages
de fortification. Ce mot ne préfente que l'idée géné-
rale de deftruéfiori. Rafer, démanteler, faire faurec
y ajoutent des idées particulières, yoye:^ ces mots.
DÉMOLI, lE. p2.]:t. Dejtruclus , everfus. On a pour les
grands hommes après leur chure les mêmes égards
que pour les temples démolis , dont on révère juf-
qu'aux ruines. Bouh.
DÉMOLITION, f. f. Ruine, dertruétion d'un bâtiment.
Demofitio , everjio. Quand on a bâti contre les régle-
mens, le Maître des œuvres ordonne la démolition de
l'ouvrage. On travaille à la démolition de cette cita-
delle, de ce temple d'Hérétiques.
DÉMOLITION, fe dit aulli des matériaux qui reftenc
quand on a abattu quelque maifon , comme plâtras ,
bois, plomb, fer, &c. Rudera ^ ruina. On a tant
vendu les démolitions de cette tour. Il faut enlever
les démolitions , les décombres de ce bâtiment. Les
démolitions ont comblé le folfé de cette place. Cette
mailon qui paroît neuve n'eft bâtie que de démoli-
tions. Il avoit ordonné aux Babyloniens d'empor-,
ter les démolitions du temple. Ab.
DEMON, f. m. Les Anciens ont appelé ainfi certains
Efprits ou Génies, qui apparoilfent aux hommes,
tantôt pour leur fervir, tantôt pour nuire. Ddimon,
malus d.imon. On prétend qi^e Socrate avoit un Z?f-
?«o« familier, un Génie particulier. Le Spectre qui
apparut à Brutus étoit un mauvais Démon qui l'épou-
vanta. Cardan fe vantoit d'avoir com.merce avec des
Dcmons ,Sii\ rapport de Jérôme Cardan fcn fils. La
première idée des Démons efl venue de Chalùée.
De-là elle s'eft répanJue chez les Perfes j les Egyp-
tiens & les Grecs. Pythagore & Thaïes de Milet font
les premiers qui ont apporté la connoillance des
Z)(î'//zortJ- dans la Grèce. Platon s'en eft expliqué plus
diflinétement que les autres Philofophes. Il enten-
doit par-là des efprits inférieurs aux Dieux ; mais fu-
périeurs aux hommes, l^laton appeloit Démons ^ des
Efprits familiers qui habitoient la moyenne région
de l'air, & entretenoient la communication entre les
Dieux & les hommes, en portant aux Dieux les
offrandes des hommes, & en annonçant aux hom-
mes la volonté des Dieux. Il n'en admettoit que de
bons & de bienfaifnns : mais fes difciples ne pou-
vant rendre raifon du mal ^ adoprèrenr des Dcmons
ennemis & dellructeurs des hommes. Il n'y a rien de
plus commun dans la Théologie Payenne que ces
bons & ces mauvais Génies. Cette opinion ftiperfti- *
tieufe palfachez les Ifraclitcs par le commerce qu'ils
eurent avec les Chaldéens. Mais, par les Démons, ils
n'entendoient point le Diable , ou un Efprit malin ;
ils ne prenoient point dans ce fens le terme de Dé-
mon, &• il n'a été employé dans cette fignification
que par les Evangélilles, & par quelques Juifs mo-
dernes.'Van. Dan.
Ce mot vient du Grec Ak/jk*..
Dans le fens des Anciens, les Poètes ont dit, le Dé-
mon de la Guerre \ pour dire , le Dieu Mars : le Z)/-
mnn (\m\z% infpire, pour dire, Apollon. Pindare
paroît plutôt entraîné du démon de la Poche , que
guidé par la raifon. Boil,
ti6
D E M
Si-tôt que fon Démon commence à l'agiter ^
Tûutjufquàfafervante , ejl put à défertcr. Id.
On le die dans le même fens en plufieurs autres
phrafes j dans un ftyle figure , & dans !a pociie. Le
ZJeOTO/: de la difcorde, de l'envie, de l'impureté,
&:c. comme s'il y avoit un Démon particulier qui
portât les hom.mes à la difcorde , i l'envie , à Tim-
pureté, &c.
Démon , fe prend encore aujourd'hui dans le fens des
Anciens pour Génie, Efprit , foit bon,loit mauvais.
Le Démon àt\a. France. Je ne fais qndDcmon fecret
m'infpire fans celfe , que ce n'eft qu'à ma colère que
je dois vos tendrelles. Let. Portug. Je ne fai quel
Démon ennemi de mon repos m'a fait voir cette
beauté.
Quel Démon vous irrite & vousyone à médire} Boil.
Je vois Condé , Prince à haute aventure^
Plutôt Démon qu'humaine créature. La Font,
Le Démon de la Tlirace , c'efl; Mars , Dieu de la
guerre, parce que les Thraces étoient des peuples
très-belliqueux. _^
Demon , félon les Chrétiens eft un Efprit malin ,
ennemi de l'homme, qui a été précipité du ciel
aux enfers , à caufe de fon orgueil & de fa ré-
bellion, Satan , Béelzébub , Lucifer , font appelés
les Princes des Démons. Jesus-Christ chalToit les
Démons des corps des polfédés. L'Efprit-Saint le
conduifif dans ledéfert pour être tenté par le Démon.
L'enfer eft le partage'des Démons. Si le Démon
peut faire des miracles j & changer l'ordre de la
nature, il faut que Dieu opère lui-même, & qu'il
lui prête , pour ainfi dire , fa toute-puilTance. S.
EvR. Il faut être fans cefle en garde contre les fur-
prifes & les preftiges du Démon.
De nos plus faintes aclions ,
Le Démon quelquefois nous fait des précipices.
. L'Abbé Têtu.
Le Démon du midi, eft, félon quelques-uns , une
tentation diabolique , fuivant ce qui eft dit au
Pfeaume 90. Ab incurfu & d&monio meridiano. Ce
mot A'incurfus eft pris fouvent pour l'épilépfi'e. Ce
qui fait que le P. Mabillon a prouvé par plufieurs
paftiiges , que ce Démon du Midi eft une maladie
foudaine & violente j qui prive les perfonnes de
i'ufage des fens, de la raifon : elle eft ainfi ap-
pelée , parce qu'on croyoit qu'elle venoit de l'El-
prit malin , & parce qu'elle arrivoir ordinairement
au plus haut du jour.
Demon , fe dit aulîi d'un méchant homme qui ne
s'attache qu'à nuire aux autres. Quand cet homme
eft en furie , c'eft un Démon. Cet enfant eft un
Démon incarné, tant il eft malicieux. Il eft familier en
cefens,auiri-bien quelorfqu'on dit ^ faire le Démon,
pour dire, faire du bruit, tempêter. Il a fait le Dé-
mon toute la nuit.
DÉMON , fe dit aufti des chofes qui paroilfent épou-
vantables. Ainfi le Capitan a ditduPocte des vi-
fionnaires.
Toutefois il crachoit du creux de fes poumons
L'Epode j l'AntiJlrophe & cent autres Démons.
On dit auflî en bonne part , d'une perfonne qui
a beaucoup d'efprit , qu'elle a de l'efprit comme
un Deir^on.
|uT DÉMON & Diable confidérés dans une fgnifi-
cafion f/nonyme; Diable , fuivant la remarquede
M. l'Abbé Girard , fe prend toujours en mauvaife
part. C'eft un efprit malfaifanr qui porte au vice,
tente avec adreife, & corrompt la vertu. Démon
fe dit quelquefois eu bonne part. C'eft un fort gé-
D E M
nie j qui entraîne hors des bornes de la modérationj
poulfe avec violence , &: altère la liberté.
^fT Le premier enferme dans fon idée quelque
choie de laid & d'horrible que n'a pas le lecond :
ôi voilà pourquoi la plupart du temps on s'abftient
d'en prononcer le nom , & que par une faufte dé-
licatelfe , on fubftitue à fa place celui de démon.,
ifj" La malice eft l'apanage du diable j la fureur
eft celui du démon : ainiî l'on dit proverbialement
que le diable fe mêle des chofes , quand elles vont
de travers par l'effet de quelque malignité cachée i
Se l'on dit que le démon de la jaloulîe polfède un
mari , lorfqu'il ne garde plus de mefure dans fa
palîion.
§Zr Les Poètes dans leur entoufiafme, font agi-
tés d'un démon qui les fait fouvent fortir des règles
du bon fens , & prendre le phœbus pour le fublime
du ftyle poétique. Voye:[ Diable.
DÉMON méridien. C'eft le nom qu'on donne à la
conftellation appelée la flèche ou dard.
DEMONA J ou /^fl/Zîiî'mowa. Province la plus fep-
tentrionale de Sicile. ValUsDemona, ou Nemorenjis.
Elle a au lud la vallée de Note j au couchant celle
de Mazara \ la mer de Tofcane la baigne au nord ,
& le fare de Melline avec la mer Ionienne au le-
vant. Le Val de Déinona eft arrofé par un grand
nombre de rivières qui le rendent très fertile , quoi-
que ce pays foit tfès-montagneux. C'eft dans le Val
de Démona ou Demoné qu'eft le fameux mont Gi-
bel jOuEthna. La capitale de cette Province eft Mcf-
fine.'
DÉMONIAQUE, adj. m. & f. ( Il s'emploie auffi fub-
ftantivement. ) qui eft poifédédu Démon. Qu' ab
infidente intus da.mone toTquetur j ou D&monïacus.
Le Seigneur a guéri plufieurs démoniaques. l'Eglife
exorcife les démoniaques. Les Turc n'ont qu'à
faire les démoniaques pour être en réputation de
fainteté \ d'où vient que généralement parmi les
Turcs 5 les fous font révérés comme des Saints.
Du Loir , L. F, p. ; 59.
DÉMONIAQUE, fe dit tigurément de ceux qui crient,
qui tempêtent , qui menacent. Ce mari , quand il
a bu , fait le démoniaque dans le logis.
DÉMONIAQUE. Nom de Seéte. Dxmoniacus. Les Dé-
moniaques iom un parti d'Anabaptiftes , qui enfei-
glloient que les Démons feroient fauves à la fin du
monde , & qui pour cela furent ainlî nommés.
DÉMONOGRAPHE. f m. Ecrivain qui traite de la
nature des Démons , de leur puillance & de leurs
effets. Agrippa , Wierius , Bccker , Daneau , Ofian-
der , de l'Encre , Glanvil & plufieurs autres font
des Auteurs de mono graphe s. Naudé, dans fon apo-
logie , déclame tortement contre les démonographesy
qui font caufe que plufieuts grands hommes ont
été accufés de Magie. Pierre MaiTé a réfuté vigou-
reufement les dé mono graphes.
DÉMONOMANIE. f. f. Connoiffance des Démons.
Scientia D&monum. Traité de leur nature & de leurs
eft'ets. Bodin a fait un traité de la Démonomanie.
DÉMONSTRABLE. adj. m. & f. Ce terme n'eft guère
en ufage que dans le Dogmatique. Il fignine , qui
peut être démontré. Qui demonfirari potejl. Il n'eft
reçu dans aucun ftyle.
DÉMONSTR.ANCE. . f f. Vieux mot. Montre, exhi-
bition. Demonftratio , oftenfio , exhibitio.
Et mis en découvrance
Du corps mué la triflc démouftrance. Marot.
DÉMONSJRATEUR. f. m. Qui fe dit en Botanique
de celui qui démontre les plantes , & qui apprend
à les connoître. Demonflrator. A-l. de Jullieu , dé-
monjlrateur des plantes au Jardin Royal. On le dit
de même d'un Médecin ou Chirurgien qui donne
des leçons d'Anatomie fur le cadavje , qui démon-
tre les parties du corgs humain. /-'ewo«/Zra/d/^r en
Anatomie , en Botanique.
DÉMONSTRATIF , ive. adj. En termes de Rhéto-
tique , c'eft un des crois genres d'Élocjuence , qui
fe
DEM
fe propor^ la louange ou le blâme, comme dans)
les Panégyriques, les Oraifous tunibres , les invec-
tives , Sec. Les Ciinliaaires de Cicclou font dans le
gQntcdanonJlr.iciJ . JJcmonJlruuvus. La Rhecorique ell
divifée en trois parties , qui contieiineiu le genre
dciibéracif , Xtâérnonfiraùj ix: le judiciaire. On l'em-
ploie aullî l'ubllantivement. Cela eil boa dans le ié-
monftracif.
Démonstratif , en termes de Grammaire > fe dit des
pronoms qui lervenc à montrer & à indiquer quel-
que chofe j comme celui-là, celui-ci _, cellc-ij. , aux-
ci.
DÉMONSTRATIF, cn tcrmes de Plùlofophie, fe dit
des raifans & des ar,;umeas convaincans , évidens
& certains. Quelque méchante raifon qu'allègue un
Avocat , il du qu'elle eft démonjiradve. S'il y avoit
quelque raifou dénionjlrative on ne difputeroit pas.
Eq Géométrie on ne procède que par des voies
démonflrativcs .
DÈMONSTRATION.f f.Adion par laquelle on mon-
tre ou indique quelque chofe. En Jurifprudence ,
indication dont on fe fett pour mieux taire con-
noître la perfonne ou la choie qu'on veut déligner.
Quand des parties ne font pas d'accord fur quel
héritage une redevance ell: due , il en taut faire la
démonfiradon. La fauife <2'c;'/';zo/2/?rar/o/2 ne vicie point
le legs j pourvu que la chofe léguée foit exiftante ,
& qu'elle puilTe être léguée au légataire, Indicado j
dcmonftrado.
§3" On appelle auffi dcmon(lradon les leçons que
donnent lesProfelfeurs d'Anatomie & de Botanique
en faifant voir la chofe même qu'ils expliquent.
Démonfiradon d'Anatomie , démonfiradon de Bota-
nique.
DÉMONSTRATION, fiqnifie quelquefois témoignage,
mus avec cette difterence j que par un uiage tout-
à-faiî bifarre , démonfiradon dit moins que témoi-
gnagne. Les démonftradons tombent plus fur Tex-
terieur ; l'air du vifage , les carelfes , les parole
flatteufes, ne défignent qu un accueil obligeant. .57-
gnificado alicuju^ rei. femoign.-ge au contraire eil
plus intérieur &c va plus au fohde,&: à des fervi-
ces elfentiels. En un mot , un faux ami peut don-
ner des démonflradons d'amitié qui d'ordinaire font
trompeufes, & il n'y a qu'un véritable ami qui
en puilfe donner des témoignages. Bouh. Dans le
monde tout fe palfe en démonfiradons obligeantes
fous lefquelles on dillimule ce qu'on penfe. S. Evr.
La dévotion qui fe déploie li fort en dtmorfira-
dons , & en adtes extérieurs , eft fouvent une
fauife vertu qui a fa fource dans les palHons hu-
maines. De ViLL. Ce mari donne tous les jouts à f.i
femme de gtandes démonfiradions d'amitié. Ce re-
proche Ta touché fenfiblement , mais il n'en a fait
aucune démonfiradon au dehors.
DÉMONSTRATION, en termes de Philofophic , fe dit
d'une preuve évidente, d'un argument convaincant,
dont les deux premières propodtions font certai-
nes, claires & évidentes ^ d'où il s'enfuit nécef-
fairement une concluiîon infaillible. Lfemonfirado.
Arillote a remarqué que la démonfiradon ne regarde
proprement que la perfuafion intérieure , & non
pas le confentement extérieur ; parce qu'il n'y a
rien de iî bien démontré qui ne puilfe être nié par
un opiniâtre , qui s'ed engagé à contefter les cho-
fes mêmes dont il eil intérieurement perfuadé. Port
Royal. La Géométrie eft la feule fcience qui foit
fondée fur des démonfiradons. Qa^nd on parle d'une
vraie démonfiradon , on entend parler de la géo-
métrique. Une démonfiradon a ordinairement trois
patries : l'explication j la préparation & la con-
clufion. L'explication eft l'expofition des chofes que
l'on fuppole données dans la propolition , &c de
ce que l'on veut démontrer. La préparation eft une
fuppofition qu'il faut faire félon la nature de la dé-
monfiradon qu'on veut faire. La condufion eft une
propolition qui conclut ce que l'on veut démontrer,
& qui achevé de perfuader & de convaincre l'ef-
ptit. On appelle démonfiradon affirmadye, celle qui.
Tome III,
D E M i î 7
par des propolitions affirmatives & évidentes , par
dépendance l'une de l'autre, linit parce qu'elle vcUÉ
démontrer. La démonjtrudon ncgutL\c , cil celle par
laquelle on montre qu'une choie eft telle par quel-
que abfurdité qui s'enluivroit , il elle étoit autre-
ment j on l'appelle aulli démonfiradon à l'inipoiîi-
ble. La démonjtradon géométrique , eft celle qui fa
fait par des raifonnemens géométriques. La denionf-
crunon mechanlque , eft celle dont les rail'onnemens
fe tirent des règles de la Méchanique.
Il y a des démonfiradions métaphiliques;5i, comme
la géométrie entre dans toutes les fciences fpécula-
tives , toutes ces fciences ont des demonjlrùdons ,
mais tirées de la Métaphylique , ou fondées fur
la Métaphylique. Une propoiuion ieule n'elt point
une démonjlradon^ par exemple. Le tout ell plus
grand que la partie , n'eft point une démonfitration ,
c'ell un principe , une propolition certaine , claire
& évidente. Um: ddmonjiraaon eft un argument , ua
fyllogilme par lequel on démontre j c'eft-à-dire ,
on prouve évidemment une propolition : par exem-
ple , Le corps humain eft ua tout compolc deplu-
ïieurs parties j le bras n'eft qu'une pai ne du corps;
donc que le corps eft plus grand que le bras. Voiii
une démonfiration métaphyfique. Les deux prémif-
fes de la démonfiradon métaphyfique doivent être
certaines & évidentes par elles-mêmes &C par la
feule pénétration des termes. Par exemple j dans la
démonfiradon qu'on vient de taire , on connoît évi-
demment qu'un tout eft ua aifemblagô de plulieurs
parties : oa coanoît évidemment ce que c'eft que
partie, oa fait évidemment ce que c'eft, dans le
corps humain, que le bras : on lait évidemment qu'il
n'eil que parne. Ainfi les deux prémilfes font cer-
taines & évidentes par la feule notion ou pénétra-
tion des termes.
Il y a aulli des démonfiradons Phyfiques. Ainlî
de l'exiftence du monde , de la beauté , de l'ordre,
de la proportion , de la liaifua , de l'utilité mu-
tuelle de fes parties , des fins auxquelles elles fonc
dellinées , ce qu'on appelle caules finales de tout
cela, où l'on remarque une fagelfe admirable,
on tire iiae demonftradion phyfique de l'exiftence de
Dieu. Ainfi Aiillote, du mouvement qui fe voie
dans la nature, a conclu la nécellité d'un premier
moteur.
On en tire aulfi du confentement àcs Sages ; de
l'opinion générale de toutes les nations , de tous
les hommes qui reconnoilfent tous quelque divi-
nité, on en tire une preuve morale de Icxiftence
de ce premier être \ mais en général les démonfira-
dons morales ne font guère que des préjugés légi-
tiaies & très-forts ,& noa desdemo/firadons ,ea pre-
nantce terme à la rigueur.
On diftingue , dans l'Ecole, des démonfiradons
phyfiques de trois efpèce ^ les unes que l'on appelle
démonftrations a priori y les autres a polierlorl , 8c
les troifièmefi afimulraneo. Démonfiradon à pri ri ^
c'eft-à-dire démonfiradon tirée d'une chofe qui
exille j qui ell avant la choie que l'on veut prou-
ver ; c'eft la démonfiradon de l'effet par fa caufe.
Démonfiradon a pofieriorl, c'eft-à-dire démonfiradon
tirée de quelque chofe qui eft poftérieure à celle
que l'on veut prouver , c'eft la démonfiradon de la
caufe pat fes effets. Démonfiradon a fimultaneo ,
c'eft une démonfiration prife de quelque chofe qui
a une connexion nécelfaite à celle que l'on veut
prouver. Ainfi je démontre qu'une telle perfonne eft
en tel endroit , parce que je viens d'y entendre
fa voix , c'eft une démonfiration à fimultaneo. Au
refte ces termes latins fe difent fouvent dans des
Traités théologiques ou phiiofopliiques & dans les
converfations en parlant François ; uirtour les deux
premiers, car le troifième n'eft euère d'uTaye.
DEMONSTRATIVEMENT. adv. D'une m.-.nière con-
vaincante, demonfiratlve. Je m'en vais prouver ce
problême démonfiratlvement.
DEMONTER, v. a. Oter à un cavalier fa monture ,
lui faire perdre fa monture. Alkui equum erlperc,
Ee
ii8 DEM
Ce Marchand écou monte fur un bon cheval , il a
trouvé des voleurs qui l'ont dcnionte. Il eit venu
une maladie lur les chevaux j la plupart des Cava-
liers de larmce lont démontés. On du qu'un che-
val a démontz ion homme, pour dire , qu'il l'a
jette par terre. /Icad. Fr.
Démon fER j dans les arts méchaniqucs , dcfairembler
les ditterentes parties qui compolent une machine.
Com^cgan aliquam dijjolvcre. JJcinontcr une mon-
tre, une grue, une charpente, démonter un lit j
un cabinet , des tablettes , pour les tranfporter.
Démonter un fnlil pour le nettoyer. On du parti-
culièrement dcmoutcr i en parlant des machines de
fer , de cuivre, &c dont les parties lont unies , de
plulieurs manières différentes, Ik dejujjemèier poiK
les conftradions en bois, furtout fi les parties ne
tiennent qu'à chevilles & à mortoiles. L-e/noiiter une
montre , défajfcmhUr une charpente. On du aulli ,
en guerre , tjuon a démonté le , canon de l'ennemi ,
lorfqu'on a ruiné les aftûts, (ïc qu'on l'a mis hois
d'état de fervir. On die aulU démonter un canon ,
pour dire, l'ôter de deffus fon atKit. On a démonte
le canon pour le faire palier. On dit aufli qu'un
luth ell d-:monté , quand il n'y a point de cordes.
Il fit conllruire les vaiifeaux , enforte qu'on les pou-
voir démonter ^ & en charjjer les pièces fur un cha-
riot. Y A\}o. Démonter un gouvernail , ne lignifie pas
le défaire , le mettre en pièces , mais l'ôter de l'ar-
riére du vaifiTeau où il ell attaché & fuJpendu.
DÉMONTER, ell en ufage figurément en Morale:, &
on dit que les Courtifans ont des vifages qui fe
démonte'it , pour dire , qu'ils en changent félon l'oc-
cafion, & qu'Us paroilTent trilles & joyeux , félon
que cela plaît au maître. Cet argument convain-
cant fuffît pour démonter le plus opiniâtre difpureur ,
le mettre hors d'état de répondre. Perturbare _, elin-
guem reddere. Voilà une aftliélion qui ell capable
de démonter l'efprit d'un Philofophe. Il a la cer-
velle démontée , fon efprit ne fait pas bien fcs fonc-
tions. Ces paroles démontent toutes vos efpérances.
Ablanc. Pour dire les déconcertent. On dit dans
lemèmefens; ce Miniftre a démonte toute la po-
litique de fes ennemis. Il femble que tout fon
corps foit démonté. Mol. Pour dire il femble que
fon corps foit fait de pièces rapportées , & qu'il
agilfe par relfott. Tout cela eft du difcours fami-
lier.
Démonté , ée. part.
go- DEMONTRER- v. a. Terme fort ufité en Bota-
nique , en Hilloire naturelle , en Anatomie, pour
dire , faire voir aux yeux la chofe dont on parle.
Demonjlrare , indicare. f^oye^ Démonstrateur &
DÉMONSTRATION.
DÉMONTRER, fignîfie auffi , donner des marques,
des témoignages. Signijicare. Le vifage du Sage de-
montre la tranquillité de fon ame. Voilà des lignes
(\vé\démontrenta\ii\ y a de l'eau , qu'il y a des mines
en cet endroit là. Les traita du vilage & de la main
font des lignes qui démontrent le naturel & les avan-
tures des hommes , à ce que difentles Phylîonomif-
tes & les Chiromanciens.
§3° Démontrer, fe dit, dans un fens philofophi-
que & plus rigoureux, pour dire, prouver d'une
manière évidente , ou par des confcquences nécel-
faires d'un principe inconteftable j évident. De-
monjlrare. On démontre un problème , une vérité ,
«ne propofition. Un Géomètre démontre tout. Un
Phyncien ne démontre rien. Les vérités du fenti-
ment fe montrent, & ne fe démontrent point. S. Evr.
Démontré, ée. part. Demonjiratus.
DÉMOPHILE. f f. Cell le nom de la feptièmc des
dix Sibyllesquecompte Varron. Elle étoit de Cumes
comme la Sibylle Déiphobe. C'eft d'elle qu'on a fait
le conte des Livres Sibyllins.
DÉMOPHON, ou DÈMOPHOON. f m. Fils de Thé-
fée & de Phèdre, Roi d'Athènçs, fe déclara protec-
teur des Héraclides qu'Eurifthée perfécutoit, & fie
même périr leureniT^:"i. Lorfqu'Orefte, coupablel
de parricide, vint à Athènes , Démophon ne voulant'
DEM
pas l'admettre à fa table j fans cependant lui en faire
lentir l'atlront j voulut qu'on Icrvit à chaque convi-
ve une coupe particulière, contre l'ufage.
DEMOR. 1. m. Vieux mot. Délai , retardement. Sans
demor, pour dire, fans délai. On diloit aulli autre-
lois dénioiifon dans le même fens. Aîora.
DEMORDRE.v.n. Lâcher ce qu'on tient avecles dents,
i em mordicus apprehenjam dimïttere. On dit que le
lézard ne démord point, & qu'il lailfe plutôt fes dents
dans la plaie. Voilà un mâein qui ne demoid jamais.
On ne le du guère au propre qu'en parlant de cer-
tains animaux, les loups , les chiens, &:c.
Démordre, le dit hguiémentdes opiniâtres, qui n'a-
bandonnent jamais les opinions dont ils font entêtés,
les rélolutions qu'Us ont prifes. i^ui a propcfao ab-
duci , revocûri non poteji. Quand une fois il s'ell mis
une chofe dans la tête, il n'en démord jamais. Quand
cet homme a entrepris une lois un delfein , il n'en
démord point. Il n'eil que du llyle lamilier.
DEMOSThÈNE. i. m._UemoJihenes. Nom d'hom-
me. Demojtkéne étoit un Orateur célèbre de
Grèce : fon caraâ:ère étoit la force, le fublime, le
grand. Demojthcne naquir l'an du monde 5672. de
Rome 372. U mourut de poifon.
Le nom de Ijemo'.nène vient de Demojlkènes , en
Grec ^y.fio^htiy.s :^ ce mot Grec, qui eft compofé de
deux autres qui veulent àuQjorce du peuple , conve-
noit lort bien à cet i rateur, qui étoit zélé pour les
inrcuêts du peuple , & qu. fe lignala par fes difcours
tonne Philippe en laveur de la République d'Athè-
nes.
DEJ/iOURANCE, f f V.eux mot. Demeure, féjour.
Mora , maujio , habuatio. Faire, tenir demourance--^
demeurer. Manere ^ habttare^ m^rari.
Qui fous efpèce'& noire obfcurité ,
P us J ait tant dans ici bas demourance. MaroK
Tenir demourance en un lieu, en un état, c'eft y
demeurer , y perfévérer.
Vinrent a croître , & démouvance y tindrenr^
Si longuement qu aucune forme prindrent. Marot.'
Au DEMOURANT. Vieux adverbe. Au refte, S!C
après tout.
DEMOUlvEE. f. f. Vieux mot. Abfence, retardement.
l'iora, ùhf&ntia.
Pourquoi as fait Ji longue demourée. Marot.
Hélas! & nous irons fans demourée.
Vers le pays d'jljrique l' altérée. Marot.
DEMOURER. y.n. Vieux mot. Demeurer. Manert.
Deffous l'arbre où l'ambre dégoûte
La petite formis alla ^
Sur elle en tomba une goutte ,
Qui tout-à-coup fe congela j
Dontlaformis demoura-/à
Au milieu de l! ambre enfermée. Marot.
Ce nonobflant votre je démourrai j
Mais ce fera le plus loin que pourrai. Marot-
DÉMOUVOIR. V. a. Terme de Palais. Mettre quel-
qu'un hors d'intérêt, pour lui faire abandonner fa
demande , quitter fa réfolution \ laire défifter quel-
qu'un. Z>//«overt;. On lui a offert de payer la dette,
de reprendre l'héritage qui lui eft à charge, afin de
le dcmouvoir de plaider : on ne l'a jamais pu démou-
voiras fes prétentions. On dit aulîî, on lui a fait
plufieurs remontrances pour l'empêcher d'aller à la
guerre, on n'a pCi jamais Yen démouvoir , le faire
changer de deffein. Le verbe démouvoir n'eft guère
en ufage qu'à l'infinitif dans le fens qui vient d'être
expliqué.
DÉMu, UE. part. Dimocusi.
DEM D EN
DÉMUNIR. V. a. Ocer les munitions, les défenfes
d'une place. Nudare ,Jpnlia.rc mununcntis. Le Roi
témoigne ^u'ii ne veut pas garder cette place , parce
qu'il la dzmunit. \5a Gouverneur ne doit pas laiirer
dimunirÇ^ place, en laùFer tomber les f-ortihcations,
en lalifer fortir la gainilbn, emporter les armes, les
munitions.
fCF DÉMUNI , lE. part.
DÉMLTKER. V. a. Ouvrir une porte ou fenêtre qu'on a
murée. Oter la maçonnerie qui la bouchoit. Uému-
rer une porte. Janu^m , Jenejtram obturutam apcilre.
DiMUKE, EE part.
D E N.
DÉNABA. Ou félon la prononciation Hébr.aïque , DÎ-
NA:! A3 A. D.:iidba.V\\\i. d'idumée que les Septante
appellent .i£»»aoà, Dcnnabu, C'étoit la patrie, ou du
moins la ville :voyale de Bala, ou Bêla, ancien Roi
d'Edo.ii , ou de l'Idamée. Gtn. XXX FI. 3 1. i. Pa-
ra/.I.j^^.
DENAIN. Foy. DENIN.
DEN.AING. f. m. C'eit le copec de Mofcovie , c'eft-à-
dire , une petite monnoie d'argent, qui vaut environ
quinze deniers de France.
DÉMAIRE. adj. m. & f. Qui appartient au nombre
dix. Denarius j a ^ um. L'arithméiique déiairc ou la
dixme. De la Fontaine. Cet auteur écrit ^cWrd,
mais mal , il faut écrire dénaire. Ce mot vient du
Latin denarius. L'Arithmétique dénaireoa la dixm.-
eft celle qui divife un tout en dix parties qu'on appel-
le primes, puis les primes en dix parties qu'o ■
appelle fécondes, les fécondes en dix tierces, ficain'
de fuite en quartes , en quintes, en fextes, &c. P^oyci
La Fontaine.
Se DENANTIil. v. n. p. Abandonner les afTurancc
qu'on peut avoir. Ce mot elt d'ufage particulière
ment en Picardie, & dans les autres provinces di:
Nord d; la France.
§C/" DENAT. Petite ville de Ftance, dans le Langue-
doc, au Diocèfe d'Albi j fur l'AlTon, Généralité dt
Touloufe.
DÉNATES. C. m. & plur. Pénates, Dieux domeftiques
Denaus^ Peruces.D^ms d'rh\licis:nj.[Ti , L. L où i,
parle des Dieux pénates, dit que l'Hiftorien Timéc
a écrit que la figure, ou ftatue, l'effigie des Dieux
Dînâtes , ou Pénates , n'étoit autre chofe que de^
bâtons de cuivre ou de fer courbés , & un vafe
Troyen de terre cuite ; '!^ que c'eft-lA tout ce qu'Ené^
apporta deTroye; niais il dit que pour lui, il a vu
un temple à Rom; près de la grande place, où ces
Dieux étoient repréfentés ailis, tous la forme d^
deux jeunes hommes, ayant chacun un dard en
main; que tout cela font des fymboles des Dieux
tutélairesj que la pofture d'un homme allis marque
la fureté; que les javelots lignifient qu'ils repoulfenr
les violences Se les outrages, ic que la jeuneife défi-
gne l'accrollFe ment d'un état; qu'au relie l'infcrip-
tion étoit Dcn.nss, parce que les Anciens, avant
l'invention de la lettre P , fe fervoient de la lettre D.
Tel eli: le récit de rHillorien des Antiquiré-; Romai-
nes, qui pourroit bien s'être trompé. Souvent la
queue du P ell li petite fur les médailles , qu'il n'y a
nulle diffcrenre entre cette lettre P & un D. La
même chofe pourroit bien êtredel'inlcription qu'a-
voitvu Denis d'Halicarnalfe, où la queue du P pou-
voir être rongée par le temps; car que les anciens
habitans de l'Italie n'euffent point la lettre P, c'eft
une erreur que pluûeurs noms propres qui nous ref-
tentde cette antiquité fi reculée réfutent fuffifam-
ment; par exemple, Capys , Capetus ^ P/cus y Pi-
lumnus ^ P allas. LesTroyens avoienr aufïi la même
lettre, témoins les noms Palinurusj Pans, Pergama,
Phriges , Priamus , Procus , 6'C.
DENATTER. v. a. Défaire de la natte, ou dérortiller
ce qui étoit tortillé en natte. Scoreas detrahere. On
dît dénctcif , ôter l.i nafe de cette chambre. On a
de'natcéùs cheveux qui étoient nattés. Cirrjj decuf-
facim implicatos folyerc.
DEN 21^
DENATURALISER, v. a. Mot fadtice qui fignifie ^
priver quelqu'un des droits &; des privilèges de Re-
gnicoie, le traiter en étranger, le deltituer de fes
charges & de ies dignités.
DENATURE, ée. adj. Qui a perdu les fentimens da
la nanire ; qui manque des fentimens naturels d'af-
fection & de tendreile pour lès plus proches parens.
Inhurnanus. Une mère qui défavoue fa hlle elt une
mère dénaturée. Un hls qui machine quc-lque chofe
contre fon pcre^ eft un hls dénature. Un père qui
déshérite Ion fils fans fujet , eft un père dcnaturé.
On le dit auffi des atlions qui font contraires à
ces fentimens. Aétion barbare & dénaturée.
îfJ" Dénature, ee. part, du vetbe dénaturer. Biens
dénaturés. Foye:^ le verbe fuivant.
DENATURER, v. a. Faire changer de nature à quel-
que chofe. Il ne le dit guère que dans cette phrafe ;
Z>c;'/2.;r:^/-^r fon bien, pour dire, vendre fes propres
pour faire des acquêts, dont on ait la libre difpoli-
tiou. Cette partie fe plaint de ce que les biens en
queftion font dénatures par la difponrion d'une fen-
tence infoutenable. On oblige quelquefois une fem-
me à dcnaturer fon bien avant que de l'époufer, afin
de la mettre en état de faire de plus gros avantages
à fon mari que la coutume du lieu ne le permet, il
taudroit l'obliger à dénaturer fon bien , à vendre fes
terres, pour vous en donner le prix de la main à la
main. Le Marquis d'Argens, quarante-neuvième
Lettre CahalifLique. Il eft de principe que la Comé-
die eft ellentiellement deftinée à peindre les mœurs,
& .-i ridiculifer les défauts qui régnent dans la vie
commune , & non à repréfenter les mœurs & les
vices des Grands , de ceux qu^on appelle les Dieux
de la terre, c'eft-à-dire, des Rois, des Princes & de
leurs Miniftres. C'eft dans la Tragédie que leur pla-
ce eft marquée : c'eft- là que, par la peinture de leur
carattète vertueux ou vicieux, le Pocte fe propofe
d'exciter à la vertu , & d'éloigner du vice. Introduire
dans la Comédie ces grands perfonnages ne me pa-
roît pas plus raisonnable, que de mettre un Finan-
cier ou un Médecin dans une Tragédie II ne faut
jamais dénaturer les genres. Ohferv. fur les Ecrits
Mod.T.XI.p.^.& 5.
DENBIGH. Ville de la Principauté de Galles en An-
gleterre. Denhiga. Elle eft capitale du Comté de
Denbigh , en Anglois, Denbigh-Skue , Se firuée iur
la petite rivière de Cluyd. Le Comté de Denbigh eft
une Province de la Principauté de Galles. Il eft bor-
né au couchant par la Province ou contrée de Caer-
narvan; au midi par les Comtes de Ménoneth 8c
de Montgommery ; au levanr parceux de Shrop >Sc
de Chefter; & au nord par celui de Flint Si par la
mer d'Irlande.
DENCHE ou ENDENCHÉ. adj. Terme de Blàfon,
qui fe dir des pièces honorables de l'Ecu qui fonc
bordées de dents ou de pointes. DentkuL.tus. On
met cette différence entre ce qui eft de'-.ché Se engrê-
/e j quet/^wcAtf' fe dit lorfqne les pointes font allez
grofles & taillées droites , faifanr un angle dans leurs
intervalles , comme les dents d'une fcie ; au lieu que
Vengrclé a les pointes petites. Se fes ouvertures
creufes Se vides, & un peu arrondies. On voit plu-
fieurs chefs Se fauroirs denchés , plulieurs bandes &
bordures endenchées. Il porte d'argent à la croix den-
chée de gueules. Colomb.
DENDE. f m. C'eft le nom que les Orientaux don-
nent à une efpèce de Ricinus , qu'on appelle encore
Ahelmcluch.
DENDER. Rivière des Pays Bas. Nous prononçons
Dendre. On la nomme aulli Der.re Se Tenre, en
Latin Tenera. La Dender, ou Dendre, a fa fource
dans le Hainaut, & fe jette dans l'Efcaut à Dender-
monde.
! DENDERMONDE. ou DENDREMONDE. Ville des
Pays-Bas, dans la Flandre, à Tembonchure de la
Dender dans l'Efcaut. Tener&munda. Nous pronon-
çons Z^d/ît/remo/zc/e. Elle a été ainfi appelée à caufe
de fa fitnation. /'"ove? le Voyage des P.iys-R.TS, du
P. Bouffingaur. On l'appelle aulTî Dermonde Se Ten-
E e ij
2.10 DEN
dermonde, mais en François nous difons toujours
Dendremonde. La Seigneurie de Dendremonde etl un
pays dont Dendremonde eft capitale, & qui eft alFez
étendu. Elle confine avec le vieux bourg de Gand &C
les pays d'Aloll, de Boruhein j de Wacs. L'El'caut la
divile en deux. Quelques-uns comme le Père Da-
niel dans (on Hijï. deFr. T. II. p. 544. écrivent Den-
dremonde.
DENDRITE. f. m. L'Acad. dit féminin. Dendrites.
Les Dendrites font des pierres blanches, ou grifesj
fur lefquelles on voit des accidens qur reprélcntenr
des branches, des arbres, des arbrilfeaux , des buif-
fons , &c. Ces dtndrues ne font point des plantes-
pierres. Car 1°. les rameaux des arbres peints en mi-
niature fur les dendrites ne font jamais confondus
l'un avec l'autre, ni repliés l'un fur l'autre, comme
font fouvent ceux des plantes-pierres. 2°. Une autre
différence du dendrite & de la plante-pierre j c'efl:
que le feu ôte au dendrite fes figures lans le dilfoudre,
ce qu'il ne fait à la plante-pierre qu'en la réduifant
en cendre. Cela prouve que les fi.^ures du dendrite
font extérieures , qu'elles font l'effet d'une couleur
appliquée naturellement fur cette pierre. Il y a des
dendrites dont les couleurs réfiftent long-temps au
feu, & ne s'effacent que par un commencement de
calcination , mais il y en a peu. Si l'on fait couler de
l'huile entre deux marbres polis appliqués l'un à
l'autte, quand on les fcpate, la liqueur fe parta-
geant, fon impreiîion forme diverfes figures fem-
blables à celles qu'on voit fur le dendrite , & dont
la ramification commence toujours du côté par le-
quel on a commencé à féparer les marbre?, Ainh les
figures du dendrite font formées par une liqueur bi-
tumlneufe qui s'infinue entre les couches de pierre :
&c en effet il fort du dendrite mis au feu une odeur
de bitume. Cette liqueur au refte fort du dendrite
même, & fe filrre au travers de fes pores, & c'eft le
froid & la preifion des couches fupérieures qui la
fait fortir. Il y a des dendrites que les figures pénè-
trent entièrement; d'autres où les figures ne pénè-
trent que j ifqu'au milieu , ou moins encore.
DEN DROÏDE. f f. C'eft le nom d'une plante qui
croît comme les arbres. Blancard cité par James.
DENDROPHORE. f m. Qui lignifie proprement
Porte-arbre. Qui porte un arbre. On appeloit ainfi
chez les Payens ceux qui,danscertainsfacrifices, por-
toientdes arbres par la v\\\c. Dendrophorus. f^oye^
Dendrophorie. Le CodeThcodofien, de pagan, facr.
& temp. L. io. parle de certains lieux qu'avoient les
Frédiens &c les Dendrophores pour y faire des repas,
&c les confifque. Ce mot fe trouve aulli dans les an-
ciennes infcriptions. Voye^ Voifius, de îdolol. L. I.
c. 10.
Dendrophore , eft au.Ti, dans l'Antiquité, un Artifân.
Il y avoit un Corps, ou comme l'on parloir chez les
Romains, un Collège de Dendrophores, quifuivoit
les armées : on ne fait pas ttop quel étoit leur art, &
leur fonétion. Quelques-uns difent qu'ils faifoientle
bois des tentes ;c'eft-à-dire, tout le bois qui fervoit à
élever les tentes. D'autres difent que c'étoient ceux
qui fourniffoient le boi<: d'ouvrage néceiïaire pour
la conftrudtion des édifices, éc des machines de
guerre. Saumaife , vers la fin de fes Notes fur la vie
de Caracalle par Spartien, avoue que c'étoit-là le
fentiment général de tous les Savans de fon temps j
mais il foutient avec fa politeflè ordinaire qu'ils fe
trompent tous j & que les Dendrophores des armées
n'étoient point dificrens de ceux des facrifices, dont
nous avons parlé dans l'Article précédent.
DENDROPHORIE. f. f^ Cérémonie ancienne des
Payens , qui confiftoir à porter un ou plufieurs ar-
bres par la ville, dans certains facrifices, & en
l'honneur de quelques Dieux. Dendrophoria. La
Dendrophorie fe faifoit aux facrifices de Bacchus,
à ceux de Cybèle j & à ceux du Dieu Silvain. Arno-
be, L. V. parle de celle qui fe fûroit aux facrifices de
la Mère des Dieux. Elle confiftoit à porter un pin
par la vil'e. On plantoir enfuire ce pin en mémoire
de celui fous lequel Atys, favori de laDéefTe, s'étoit
DEN
mutile. On couronnoit les branches de cet arbre ,
parce que Cybèle l'avoir fait; on entouroit fon tronc
de laine, parce que la Déeffe avoit couvert de laine
la poitrine d'Atys j pour la réchauffer, Artémidore,
L. II. c. 41. Commodien , Strabon , L. X. parlent de
la Dendrophorie.
Ces mots, Dendrophore, S<. Dendrophorie, font
Grecs, compofés de <?'"!?§«/, arbre , & (pi^f , je porte.
DÊNE. Bourg du Comté de Gloceftre en Angleterre.
Dania. Les Anglois écrivent Déan. La foret de Dêne.
eft une forêt d'Angleterre qui prend fon nom de ce
bourg, qui y eft fitué, & qui occupe la partie du
Comté de Gloceftre qui eft au couchant de la Sa-
yerne.
DENEBALEZET. f. m. C'eft le nom d'une étoile fixe
de la première grandeur, qui s'appelle autrement
queue de Lion. Voye-^ ce mot.
DÉNÉGATION, f f. Terme de Jurifprudence. Action
par laquelle on dénie en Juftice la vérité de quelque
chofe. Negatio. On interroge plulieurs fois un accu-
fé , pour voir s'il perfifte dans fes confeOions , ou
dénégations. Une écrirure privée fe contredit par
une hmY>\Q dénégation. On d\zzvi(^\déni en ce fens.
ifT On appelle auiîi dénégation une exception
par laquelle on nie formellement le fait énoncé par
le demandeur. Par exemple, fi un Seigneur agit con-
tre fon vallal pour raifon de fes droits, & que le
valTàl défavoue fon Seigneur, ce fera en propofant
une exception dénégatoire.
§3" DÉHÉGATOiRE, (exception), f^oye:^ l'Article pré-
cédent.
DÉNERAL. f. m. Terme de Monnoie. C'eft une pla-
que ronde fervant de modèle aux Monnoyeurs pour
faire une efpèce de la grandeur & du poids qu'il
faur. Spécimen moneta /ai>ricandie.
Les dénéraux font des poids dont les Ouvriers &:
les Taillereffes font obligés de fe fervir pour ajufter
les flancs du îpoids jufte des efpèces à fabriquer , &:
dont les Juges-Gardes font auffi obligés de fe fetvic
pour pefcr les efpèces nouvellement monnoyées,
avant que d'en faire la délivrance au maître. Chaque
dénéral àQ\tcx.x.& cralonné fur le fort de l'efpèce, en
forte que le trébuchant y foit compris. On l'appeloit
fous Philippe le-Bel_/?arw/2. Boizare.
DÉNI. f. m. Pvefus d'une chofe due. Negatio ^ denega-
tio. Le dérâ qu'on fait des alimens à fon percj eft
une ingratitude puniffable. On dit au Palais, déni
de Juftice, déni de renvoi. Il faut.faire trois fomma-
tions à un Juge fubalrerne, avant que d'appeler com-
me de </e''<v de Juftice, comme le prelcrit l'Ordon-
nance de \.CG-j. art. 4. du tit. 25. Déni de juftice, fô
dit lorfqu'un Juge rejette une requête qui lui eft
préfenté juridiquement, ou lorfqu'il refufe de don-
ner fon jugement fur une affaire dont il eft juge , &:
qui eft en état d'être jugée. Dans ce cas il eft permis
de prendre le Juge à p.artie ^ & d'appeler du déni de
juftice pardevant le Juge fupérieur.
^3" Le dénias juftice dans le Tribunal Eccléfiafti-
que,n'eftpas un moyen d'appel fiinple, mais un
moyen d'abus qui en attribue la connoiffance aux
Parlemens.
gCT" DÉNI de renvoi ou d'incompétence eft le refus que
fait un Juge d'admettre la demande en renvoi , qui
lui eft faite par l'une des parties j pour raifon d'in-
compétence, ou de quelque privilège. Dans ce cas
il eft permis à la partie , dont la demande en renvoi
n'eft pas admife j d'appeler par devant le Juge fupé-
rieur, comme de déni de renvoi, ou d'incompé-
tence.
§Cr DÉNid'alimens. Voye^ Aliaîent, Alimentaire.
•§CF Le mot de déni n'a guère d'ufage que dans
ces trois phrafes.
DÉNIA. Perite ville d'Efpagne fur la côte de 'Valence,
à quelques lieues au nord d'AIicanre. Dianium. Cetre
ville a eu un Evêque. Dénia eft aulîi une petite Ifle
vis-à-vis de la ville de Dénia. C'eft la Planafia des
Anciens. Ce nom Dénia vient du mot Latin, qui
fut apparemment donné à ces lieux , parce qu'ils
ctoient confacrés à Diane.
DEN
IfCTDÉNlAlSEMENT. Tromperie. Ne fe dit point.
fC? DENIAISER. V. a. Terme du ftyle familier, qui
lîgnilie rendre quelqu'un moins mais, plus rufé ,
plus fin qu'il n'ctoic. Caudore.Tz , caUïdiorem reddere.
Le commerce du monde l'a un peu dénia'ifé. Les
aftaires déniaifcnt les gens les plus lîmples. On le
déniaife bien Vite à la cour. Cautiorem _, callidiorem
evadere.
^fT On dit encore </e'/îM{/èr quelqu'un, pour dire
le tromper , abufer de la limplicité de quelqu'un ,
foit au jeu, foit dans une autre occalion. Rudem ali-
qucm ac minime malum ludificari. Les hloux déniai-
ftnt les nouveaux débarques. Ce provincial a été dé-
niaife dans une Académie de jeu.
DÉNIAISER, a été formé de niais.
DÉNIAISÉ , ÉE. part. & adj. Ce n'eft pas d'aujourd'hui
que cet homme ell déniaife. Cautior ac calLidior jac-
lus. Vous aurez de la peine à me tromper j car je fuis
bien déniaiféc. M. ScuD.Cet homme ell déniaife , il
n'y a rien à faire avec lui. Dans un liècle aufli déniai-
fe que le nôtre. Mad. Du Noyer.
Déniaisé , eft aulli quelquefois un fubftantif. C'eft un
déniaijé , vous ne le tromperez pas- Callidus.
DÉNIAISEUR. f. m. Homme fin & adroit qui déniai-
fe les autres. VtrflpeUis ^ callidus , ajiutus. Il a peu
d'ufage.
DENICHLES. f. pi. Denicalesferia. Terme de l'Hif-
toire Romaine. C'eft le nom d'une cérémonie qui fe
faifoit après les obfèques des morts pour purifier la
famille-
DÉNICHER, v. a. Enlever, ôter du nid les petits oi-
leaux. Pullos mdo detrahere. Dénicher des fauvettes ,
des merles.
DÉNicHERjV. n. Sortir du nid, quitter le nid. Nidum
rdinquere 3 proripcrefe nido. Les fauvettes, les mer-
les ont déniché. J'avois trouvé un nid de rofîignol j
je croyois en avoir' les petits, mais j'ai trop attendu,
ils ont déniché.
Dénicher, v. n. Signifie auflî, fortirdu lit , de lamai-
fon, d'un lieu où l'on s'étoit pofté. Exiiire, prof lire.
Cet homme a un procès à foUiciter, il déniche de
grand matin. Ce locataire avoir peur des Sergens , il
a déniche ic a emporté fes meubles. Il eft populaire.
DÉNICHER. V. a. Signifie aufii, faire fortir par force
d'un lieu qu'on avoir occupé. On le dit particulière-
ment d'une bande de voleurs ou d'une troupe d'enne-
mis. Les Ennemis s'étoient faifis d'un château dont
on a eu de la peine à les dénicher.
En voilà, dans un jour plus defept a huit mille
Qui _, dans Mauhcuge, Arras , Dinant, Philippcvile ,
One fuf bien fe retrancher i '
Que fans un grand effort il fera difficile
De les en dénicher.
fp" Il eft du ftyle familier.
DÉNICHER , V. a. Oter une ftatue de fa niche j un Saint
prétendu, du rang qu'on lui donnoit. Delere ali-
quem ex alho Sanclorum. Quel Saint dénichcre--
vous du Ciel cette année? difoit M. Godefroi à M.
de Launoy. Ménage. On a dit que M. Chaftelain
déterroit lesSaintSj & que M. de Launoy les d^'ni-
choit. Voye:^ Dénicheur.
DÉNICHÉ, ÉE. part. Il a les fignificatiorts de fon verbe.
On dit proverbialement, les oifeaux font dénichés,
pour dire que les chofes que l'on cherche ne fe trou-
vent plus à leur place.
tfr DÉNICHEUR, f. m. Qui déniche les petits oi-
feaux. Qui pullos nido decrahit. On ne le dit guère
en patlant des oifeaux. M. Ménage difoit que AI. de
Launoy étoit un grand dénicheur de Saints. Déni-
cheur ici vient de niche &c non pas de nid : cependant
en badinant on dit dénicheur àzns le même fens que
M. Ménage le difoit de M. de Launoy. Ce favant
Critique prétendoit que le peuple reconnoiiroit des
Saints qui ne le font pas en effet, & qu'on avoir
fouvent multiplié le même Saint en l'honorant fous
différens noms. Et, comme on met dans des niches
les ftatues de ceux qu'on reconnoît pour Saints , dé-
DEN - izi
n'icheur" de Saints , eft celui qui montre qu'il faut
ôter de leurs niches, pluficurs de ces ftatues.
fC? On appelle figurément un dénicheur de fau-
vettes , de moineaux , un Chevalier d'induftne fort
ardent à rechercher les bonnes avantures , à décou-
vrir tout ce qui peut contribuer à Ion plaifir, & adroit
à en profiter. Lorer dans lés lettres en vers, appelle
iesfilouxj dénicheurs de fauvette.
De c:s gens qui font toujours-là ,
Nommes dénicheurs dejauvette.
Ou cûunifàns de la pochette.
DÉNIER. V. a. Nier une chofe, en comefter la vérité.
Soutenir qu'un fait n'eft pas véritable. Negare. Eii
ce fens il n'a guère d'ufage j qu'en parlant d'un fair,
d'un crime, d'une dette , d'un dépôt. Vous dites que
vous êtes noble , je vous le dénie. C'eft la plus noire
des infidélités, de denier le dépôt qu'un ami a mis
entre nos mains. Vous prétendez que je vous dois
telle fomme , je dénie la dette. Philotas dénia le cri-
me. Vaug. Les Templiers dénièrent 2. la mort les cri-
mes qu'ils avoient confelfés dans les tourmens. MÉ-
zerai. Il a tout dénie à la queftion.
ifT Denier, fe dit auflî dans la fignification de refu-
fer , mais le plus fouvent refufer une chofe que l'on
ne doit pas rekifer, que la bienféance, la juftice,
l'équité veulent qu'on accorde. Denegare. Un fils ne
doit pas (â'«itr les alimens à fon père. Un juge ne
doit pas dénier la juftice .à ceux qui la demandent.
On ne doit pas dénier fon lecours à la veuve, à l'or-
phelin. Tour ce que vous demanderez à mon père ,
en mon nom, dir J.-C. ne vous fera point dénié.
gCT Dénié, ÉE. part. Signifie auftl, refufer, & le plus
fouvent refufer quelque chofe que l'on ne doit pas
refufer. Denegare. Ce Prince a dénié le palîage à
cette armée fur fes' terres. Le devoir marital ne fe
doit point dénier entre conjoints. On ne doit point
dénier fa proteéfion aux veuves & aux orphelins.
Toute audience eft déniée en Juftice à ceux qui
n'ont pas refondé les dépens de la contumace.
Dénié, i^. ■oa.n.Ncgatus , dcnegatus.
DENIER. 1. m. çNom d'une ancienne monnoie d'ar-
genr, qui a été de diverfe valeur fuivant les lieux &c
les temps. Il paroît que le denier Romain j ou la.
dragme , qui éroir la même chofe , fuftifoit pour en-
tretenir honnêtement une perfonne par jour. Ainli
comme le denier comprenoit douze as , on a quel-
que raifon de prendre les as pour des fous. Tillem.
Si cet Auteur a voulu dire que le denier valoir 11.
fous de notre monnoie , il le trompe ; il valoir beau-
coup moins , comme on va le voir. Le denier courant
d'argent du temps de Jesus-Christ valoit trois fous
& demi, monnoie de France , félon Budée. Jesus-
Christ fut vendu trente c/s/i/erj; ces deniers fervi-
rent depuis à acheter un champ. Le premier denier
Romain étoit d'argent du poids jufte d'une drachme,
ayanr d'un côté l'empreince de Janus , & de l'autie
la figure du vailLeau qui l'avoir porté en Italie. Sur
les premiers revers de la monnoie de Rome éroient
Caftor & Pollux, ou une Victoire poullant un cha-
on
upn
>feauqui fe nomme ratis. Originairement le denier
chez les Romains valoit dix asj ou quatre fefteices,
dont chacun valoitdeux livres & demie; d'où vient
qu'il a été appelé denarius , & qu'on le marquoit
avec un X. Le denier confulaire valoit pins que le
denier impérial. Le premier pefoir ta 7*^ partie d'un
once , &: valoit 9. ou 10. fous de notre monnoie. Le
fécond pefoit feulemenr la S= partie dune once, c'eft-
à-dire, qu'il auroitvalu 7. ou 8. fous monnoie de
France, comme le prétendent quelques Savans , &
avec raifon.
Anciennement en France le denier {q. prenoitpour
route forte de monnoie. Ainfi une pièce monnoyée
d'or étoir appelée û'ff/ï.xrû'V; ic fi elle étoit d'ar-^
jfent, on l'appeloit dînicr d'argent , comme on a dit
211 DEN
eu Latin nummus aureus ^ Se nunzmus argenteus. Il y
a eu des deniers tournois & des deniers parij. s , donc
ceux-ci valoient un quaic davantage, Ôc ctoient
appelés monnaie Royale , on Jone monnvie ^ &; alors
quand on difoic un denier à vaieur d'or, ou un dcmer
d'or , cela ne vouloit pas dire que le denier tut dor ,
mais leuleinenc qu'il ctoit /'i^rz/.i' oa Jone monnaie,
valant un quatt plus que le tournois, parce que l'é-
valuation de l'or écoic alors plus forte que celle de
l'argent , comme il a été jugé par plulieuis airêts. Il
y a eu vers l'an i joi!. des deniers d or à la chaije va-
lant 15. lous , des deniers d'or à la majfe valant ii.
fous fix deniers ; & des deniers d'or à la Reine j va-
lant 16. fous 2. deniers j &ic- Us ont été fouvenc nom-
TXiésfiorins. Il y a eu aulîi des deniers ik. lous /- ien-
nois , Lonifiens ^ Donifiens^ Toiofains , Manfois j,
blancs ^ J ores , nerecs , B our délais ^ Barais, 5cc. qui
ont changé de valeur fuivanc les temps &c les lieux
où ils ont été fabriqués. Il y a eu des deniers blancs
en l'an i}^!^. appelés gros , qui valoient >.[uinze de
nlers. Les deniers Manfois valoient le double des
Normands : d'où vient qu'on a dit qu'un Manfeau
valoit un Normand & demi. En général le uenier a
{Ignitie la douzième partie d'un fou appelé foi idus ,
non pas en la lignification où ncusJe prenons main
tenant, mais comme lignifiant un tout, ou une cho
fo entière qu'on diviloïc en douze parties, de la
même manière que l'as des Romains fignifioit un
héritage entier.
Le denier d'Angleterre, fur la fin du XV^ iîècle,
ctoit une monnoie qui valoit la quatre vingtième
partie d'un Nobleou Angelot, (Se quatre deniers va-
loient un gros. Lobineau , /i//f . ae ijret, T. l.L.XXi.
Denier de gros, c'eft aufli une monnoie de compte,
en ufage en lioUande, en Flandre & en Brabant.
Déni r, en France, ie dit mamtenant d'une petite
monnoie de cuivre qui vaut h moitié d'un double,
& 1 ; douzième partie d'un lou. Denarius Francicus.
On 1 décile les doubles, ils ne valent plus qu'un
denier. Jn fou tournois vaut douze deniers \ un blanc
c\\\\ deniers-^ un carolus dix deniers. Un denier ie
fubdivife en deux mailles , & la maille en deux obo
les. Je n'ai ni denier ni maille-^ pour dire, je n'ai
point du tout d'argent. On reprochoit un jour à un
Evoque avate, que, fi fa bénédidion vaioit un denier,
il ne la donneroit pas.
/ Ce mot, félon quelques-uns vient de £ncus, parce
■que les deniers font de cuivre. Mais il eft évident
que deniervïent du latin denarius ; Se Bouteioue dit
que le mot denarius, denier, a été dit, parce qu'il
valoit dix as ^ fur ce que Polybe dit qu'on donnoit
une mine ou livre d'ot pour dix d'argent, '?c qu'il y
a apparence que ce fut en ce temps- là que le nummus
■aureus tut nommé denier, puifqu'il valoit dix deniers
d'argent -, comme on appela celui-ci denier d'argent,
à caufe qu'il valoit dix deniers de cuivre, ou as.
Ainfi la taille an denier d'or étoit alors de 40. à la
livre, yoy. dans cet Auteur, des tables de divifions
delà livre Romaine, de l'as Romain ^ des deniers
tl'argent , &: des deniers de cuivre. Le nom de denier
François a été donné à nos efpèces à l'imitation des
Romains , qui l'avoient donné à leurs premières
monnoies d'argent qui furent fabriquées l'an 485. de
ia fondation de Rome fous le Confulac de Fabius,
félon le témoignage de Pline.
Denier, & plus iouvenc deniers au pluriel , fe prend
communément parmi nous pour toutes fortes de
monnoies dont on fe.fert dans le commerce. Ainfi
on entend p:iv deniers comptans toutes les efpèces
qui ont cours en France, foit qu'elles foient d'or,
d'argent ou d'autre métal. Pecunia. Les deniers font
meubles de leur nature, mais par une dcftination
particulière ils peuvent être réputés immeubles.
On appelle ^t;wVrs dotaux, l'argent qu'apporte
une femme en mariage. Deniers pupillaires , c'eft le
revenu ^dcs biens des pupilles. On appelle' deniers
oifijs , Targentqui ne porte point d'intérêt. Un Tu-
teur paie l'intérct des deniers oififs. Pecunia otiofa^
DEN
par oppofition àvecunia quitjîuofa, qui porte intérêc
iii:s ueniers clairs iy liquides. j font les fommes qu'on
peut recevoir quand on veut, tk. fans conteltation.
Ceux qui reçoivent les deniers publics lonc fujcts
aux recherches de leurs malverlacions. Les oftres
réelles le font en deniers à découvert. Pecunia prc,-
fenti uumeiata. Les paiemens en deniers ©u quittan-
ces. Il faut faire mention que cette terre a été achetée
de mes deniers, afin d'y conlervcr une hypothèque
privilégiée. 0« du aulli, les deniers reveiians bans,
de ceuxtjuon retire, toutes charges faites. Faire bons
les deniers , c'eft garantir la fomme. Deniers d entrée
font ceux qu'on avance en entrant dans une ferme.
irancs deniers , ^LeH-à-àixe , exempts de toutes dé-
ductions. En la Coutume de Meaux, fi l'on ne vend
un héritage i^e/2.'trjy;i?/2c\$ au vendeur, c'eft lui qui
eft tenu des lods & ventes. On appelle chez le Roi ,
le Maître de la Chambre aux deniers , celui qui pré-
lide au Bureau où le donne l'ordre de la dépcnfe de
la Maifon du Roi.
Deniers d'octrois, font certains droits accordés par
le Roi aux villes & Communautés , pour fcrvir à
acquitter les dettes, ôi à fournir à lems befoins &
nécefiués. Les odrois s'accordent en v.rtu de Lettres-
patentes, pour un certain temps feulement, après
lequel expiré, l'impétrant eft oblige d'en obtenu de
nouvelles.
Deniers ameublis , eft une manière de parler impro-
pre, qui fignifie les deuiers qui font nàs par la fem-
me en la Communauté par fon Contrat de mariage,
à la diftérence de ceux qu'elle s'ert ftipulé propres
par une ftipulation précife & cxprefTe.
Deniers comptables, terme ufité au Tréfor Royal ,
&c dans quelques autres affaires. Ce font des deniers
remis comptant à dss Tréforiers ou Commis, pour
employer au fait de leurs charges ou emplois, &c
dont ils doivent compter. Les Gardes du Tréior
Royal mettent ordinairement dans leurs comptes , un
chapitre pour les deniers comptables, c'eft-à-dire,
que les fonds qu'ils remettent à divers Comptables
alfignés fur le Tréfor Royal, font tous compris dans
un chapitre , fous le titre de deniers comptables.
Deniers patrimoniaux, font certaines rentes & hé-
ritages appartenans aux villes & Communautés, qui
fervent auiîi à l'acquittement des charges de villes,
comme les réparations des ponts, ports, entretene-
ment du pavé , des fontaines , ks gages des Secrétai-
res de ville, &c.
Deniers Royaux, font ceux qui proviennent des
Domaines, des Tailles, des Aides, des Gabelles, &
qui forment les revenus du Roi.
Denier ^ fe dit aufli d'une certaine part qu'on a dans
une afrliire, dans un traité, à proportion de laquelle
on partage le gain ou la perte. Il a un denier dans
telle ferme, c'eft-à-dire, la douzième partie d'un
Denier S. André, Droit qui fe perçoit fur les mar-
chandifcs qui palTent de Languedoc en Dauphiné ,
Provence, ou Comtat, ou qui viennent de ces Pro-
vinces en Languedoc. Ce droit confifte en un denier
pour livre fur le prix des marchandifes qui traver-
fent ces Provinces parterre, ou qui palTent fur le
Rhône j foit en montant, defcendant ou traverfanc
la rivière, depuis Rocque-Mauretce en Vivarais,
jufqu'au Bureau de Silvériat.
L'établiirement de ce droit eft fort a-ncien. Il fut
nommé denier faint André, parce qu'il a été appa-
remment établi pour la conftruétion, l'entretien, &
les réparations du fort Saint André , qui eft dans ces
cantons.
Denier, fe dit aufii des taux du Roi, ou du prix de
l'argent qui court à intérêt. Ujura. Le Roi a fixé 'es
rentes au denier 10. à la vingtième partie du princi-
pal. Ufura quincunx , quinaria. Il y a encore des ren-
tes avL denier 14. en Normandie. Les ufuriers prêtent
leur argent au denier fort.
Denier fort, ou fort denier, terme ufité dans les re-
cettes du Roi, fe dit d'un ou deux deniers qu'on
donne quelquefois de plus en payant les droits du
D E N
Roi au Bureau. Un particulier, par exemple, veut
faire encrer ciuq livres de maiciianuiies, qui doi-
vent cinq ^e/z^i-vj pour livre de droits. bi\ï ce pied,
il revient au Roi z 1. i d. julte ; mais , comme on ne
peut pas taire 2 f. i d. jui'te, à caule de la valeur des
petites monnoies, le particulier t'a obligé de don-
ner 1 f. 3. d. qui eii: 2. d. de pluSj c'ell ce qu'on
appelle denier j'on.
Denier, en termes de Monnoyeurs &c d'Orfèvres, eft
le titre de l'argent , comme le carat elt celui de l'or.
C'eit un poids compoic de 14 grains, qui marque
les dégrés de bonté ou de pureté de l'argent. Prctiuût
auri argcnciiiue ex natlvd. oartjjjx ;w:u , /20c j probua-
ns auri argencique ex nativà oorujja. On le divile en
demis, en quarts, & en huitièmes. L'argent le plus
fin elt de 1 1 deniers, ôi l'or de 14 carats. L'argent fe
peut puriher jufqu'à ce 12^. degLe; mais il ne lailfe
pas d'être très-pur jufqu'au titre de 11 deniers & ii>
grains, c'eft-à-dire, quoiqu'il y ait lîx grains de dé-
chet. On dit un denier dû ri'i, ou d'alloi , ou de loi.
Il doit y avoir en la monnoie dix deniers de fin du
moins, autremsnt elle palle pour biUon. L'argent
d'orfèvrerie doit 2von onze deniers &c douze grains
de fin par l'Ordonnance de 1640. L'argent à ce titre
eft appelée urgenc-Ze-lici parce tjue le Roi accorde
cette vingt-quatrièmepartie de profit aux étrangers j
qui en apportent. On dit aulH dans les monnoies ,
deniers de hoéce & deniers courans. Le denier de bocce
elt une pièce de monnoie de chaque efpèce, ma-
tière & Di^x , qui fe fabriquent dans les Hôtels des
Monnores , que les Gardes, lorfqu'ils font la déli-
vrance, font obligés de mettre dans une bocce, pour
fervir au jugement que la Gourdes Monnoies doit
faire des efpèces qui ont été fabriquées chaque an-
née. C'ert une pièce d'or qu'on prend lur 200 , ou
une pièce d'argent qu'on prend lur 18 marcs, qu'on
inet dans une bocte pour lervir au jugement de tout
l'ouvrage. Récentes a mareulo :nonetA nummi cujujquc
generis ac opers. pixidibus ol'fignatis a monetalibus
probandi. Les deniers courans font les efpèces qui font
expofées dans le commerce , après que le Fermier a
obtenu delà Cour des Monnoies le jugement de dé-
livrance, f^oyei Boizard Traité des Monn. p. i. c.
13-
Denier, en matière de poids, eft la vingt-quatrième
partie de l'once, & la 192^. du marc. Scriptulum.l\
pefe 24 grains. Le gros pefe trois deniers. En î.léde-
cine on l'appelleyt7i.y.:^/c'. Scrupulus. L'écu blanc doit
pefer tant de deniers trébuchans.
Demier de Monnoyage, fe dit dans les Hôtels des
Monnoies, de toutes fortes d'efpèces d'or, d'argent,
de billon & de cuivre , qui ont reçu leur dernière
façon par les Monnoyeurs, qui les ont frappées au
Balancier, comme un écu d'or eft un denier de mon-
noyage d'écu , & ainfi des autres. Moneta.
§Cr Denier S. Pierre, en Anglois Rcnepeny eu
Rome-Schot. Nom du Tributque l'Angleterre payoit
autrefois au Pape. Le denier faint Pierre ou la taxe
du denier S. Pierre ctoit une redevance qui fe payoit
au Pape , & dont une partie étoit employée à l'entre-
tien d'une Eglife de Rome nommée l'Ecole des An-
glois. C'étoit un denier àe cens fur chaque maifon, à
payer au fiége Apoftolique. C'étoit rendre ce Royau-
me tributaire de l'Eglife. Ce cens fut augmenté par
le RoiAtulphe, & fenommoit le denier S. Pierre.
On le payoit encore , l'orfque Henri VIIL fe révolta
contre l'Eglife. Godeau.
Olaiis, Roi de Suède, impofa un pareil tribut en
faveur du S. Siège, que l'on appela le denier S. Pier-
re, q\ii fat ahoVi par fes fuccelfeurs. Baronius rap-
porte que Charlemagnc en avoit impofé un pareil
fur chaque maifon de fon Royaume en 840. comme
témoigne le Pape Grégoire. On en établit aulfi un en
Pologne en l'an 1520. fur chaque tête d'homme &:
pareillement en Bohême, f^oye^ Du Cange.
Le tiers denier. Autrefois on partageoit dans cha-
que Comté les amendes & les émolumens de Juftice
ea trois parties. Le Roi en avoit deux ^ & le Comte
avoit la ttoilièmc que l'on appeloitle tiers denier.
D E N 11^
Denier à Dieu , f. m. Arrha ^ arraho. C'oft une arthe,
une pièce d'argent , une petite fomme que donne,
quand un marché eft conclu, celui qui achète ou qui
loue quelque choie à celui qui vend ou qui loue.
Quelques-uns dilent qu'on appelle cet arrhe denier
à Dieu, parce qu'on le donne principalement pour
en faire aumône aux pauvres. Peut-être elt-ce parce
qu'on le donne en diianc adieu ^ en fc léparant, lorf-
que le marché eft conclu. Si l'on ne retire le denier à
Dieu dans les 24 heures, après qu'on l'adonné, on ne
peut plus rompre le marché qu'on a fait , 5e pour
lequel on l'a reçu. On dit j donner le denier à Dieu^
recirer , reprendre le denier a Dieu.
On dit que l'on mettroit bien fon denier à une
chofe, peur dire que fi elle étoit à vendre, on en
feroit volontiers l'acquilition. Ac. 1 r.
On dit proverbialement qu'un homme vendroit
un autre .1 beaux de>iiers comptans, pour dire, qu'il
eft bien plus fin que lui. On dit auifi d'un valet mu-
fard^ qui s'arrête fouvent en chemin, qu il n'y a
point d'huis qui ne lui doive un denier. On dit
qu'une chofe vaut mieux denier qu'elle ne valoir
maille, pour dire qu'elle eft améliorée. On dit aufti,
net comme un denier, ce qui s'entend d'un compte
cLiir & exa'"^, rendu jufqu'à wn denier.
Gagne-denier, f. m. Crocheteur, Porreflrix. Bajulus.
Denier-Morlas, Il eft ainfi nommé d'une ville de
Béarn :ce denier en vaut quatre. Dcnarius qu.adruplus.
Denier Tolza. Il y en a de deux fortes : celui qu'on
appelle fimplement denier tol\a, vaur deux deniers
tournois. Denarius duplus. Celui qu'on appelle denier
tol-{a, forte monnoie, vaut deux deniers & demi.
SeJ'qui duplus.
Le denier marias & le denier tcl:[a ne font plus ea
ufage dans les comptes.
0^ DENIGREMENT, f m. Aftion de dénigrer, tout
ce qui tend à rabailfer le mérite d'une perfonne ou
d'une chofe. Defpicatio ^ Defpicatus ^ defpicientia.
Il me femble que vous avez trop confondu les Aca-
démiciens que vous avez regardés comme vos Par-
ties, j'en ai trouvé deux entr'autres qui peuvent avoir
tort à votre égard j mais qui ne me paroilfent pas
mériter le dénigrement que vous en faices : c'eft M. de
Benferade, & M. de la Fontaine. Let. de Bu (J y à
Furetitre. ,
DÉNIGREMENT, Il fe dit auftî du mépris oii tombe un
homme dont la réputation eft devenue mauvaife. Il
eft tombé dans un grand dénigrement. DcJpicctiJJî-
mus.
IÎG° DENIGRER, v. a. Chercher à diminuer la répu-
tation des perfonnes, ou le prix des chofes, à les
rendre méprifabies. Elevarc, deprimere ^ Lit cm in-
fcrre alicui, lahe aliquem afpergcrc. Les Auteurs cri-
tiques fe dénigrent les uns les autres. On dit auflî
qu'un homme s'eft bien dénigré, quand on a décou-
vert qu'il a fait quelque méchante aclrion. Il eft baSj
& Daiiet le met au rang de ceux qui lont tout à-faic
hors d'uiage. Cependant on peut s'en fervir dans le
ftyle familier & comique.
Jmi Marot, que je vous /ai bon gré
D'avoir les fots en vos vers dénigré! Rouss.
DÉNIGRÉ, ÉE. ,
DENIN, ou DEN AIN. Lieu des Pays-Bas, où il y a
une Abbaye de Chanoineftes féculières fondée par
S. Aldebert Comte d'Oftrevant , 6c par Sainte Reine
fa femme, nièce du Roi Pépin vers l'an 764. & félon
d'autres 750. Donomium. Les Bénédiétins mettent
cette Abbaye au nombre de celles qui étoient autre-
fois de leur Ordre, avant qu'elles le fuftent fécula-
rifées. Les fondateurs donnèrent tous leurs biens à
dix filles, qu'ils avoient eues de leur mariage, &i
l'aînée nommée Rainfrède , fut la première Abbefte
de ce Monaftère, où fes fœurs firent avec elle vœu
de chafteté. Dans la fuite ces Religieufes fe font fé-
cularifées, &compofenc aujourd'hui un Chapitre de-
dix-huit Chanoinelfes, qui font preuve de noblefle
de huit quartiers. Ce lieu eft devenu célèbre par la
22.4 D£N
crande bataille qu'y gagnèrent les François en 17 1 2. i
Je 14'. Juillec. Dénïn eft fur le chemin de Valencien-
nes à Douay,
DENIS, f. m. Nom d'homme. Dionyfius. Saint Denis
l'Aréopagite fut converti par S. Paul, comme il ell
rapporté par S. Lucdansles Ades des Apôtres, Ch.
XVII. V. 54. On a cru long-temps que S.Denis Arco-
pagite, étoit S. Denis Eveque de Paris; mais enhn
le P. Sirmond montra dans la Dilfertation De duobus
Dlonyjiis, que ces deux Saints croient tortdifférens,
& depuis ce cemps-là les plus éclairés n'en ont point
douté. On a cru de même très-longtemps que les
livres attribués à S. Denis l'Aréopagite étoient effec-
tivement de lui \ il eft même encore des gens qui
foutiennent cette opinion, mais le fentiment con-
traire eft plus généralement reçu. Le P. le Quien,
Dominicain, prétend même , dans fa nouvelle édi-
tion de S. Jean Damafcène, que ces livres font l'ou-
vrage d'un hérétique Monophyfite. Ce qui eft cer-
tain, c'eft qu'on nsn trouve aucune mention avant
le Vl^ iiècle & que les premiers qui les pioduihrent,
font les hérétiques Sévériens, dans une contérence
tenue en 5 5 1. dans le Palais de l'Empereur Juftinien
à Conftantinople entte les Evêques Catholiques &
eux. Pour S. Denis, Evêque de Paris, il vi voit dans
le III^ ficelé, & l'Auteur de la vie^ de S. Saturnin ,
Grégoire de Tours, Fortunat & Ufuard, en parlent.
Foye^ auITi M. de Launoy , De duobus Dionyfûs. Il
y a plufieurs autres Denis^ tantChtétiens que Rryens ,
que l'on diftingue par des furnoms, Oc qu'il eft bon
d'apprendre ici à diftinguer.
S. Denis d'Alexandrie étoit Patriarche de cette
ville au milieu du Ll^ iiècle. Ceft lui qui com-
battit Sabellius, &qui rejetant le terme de confubi-
tantiel au fensdecet héréfiarque, fut toujours très-
conforme aux décifions que tii le Concile de Nicée ,
le iièclj fuivant, ainfi que S. Athanafe le prouve ui-
vincibbmenr contre les Ariens.
S. Deriis deCoiinrhe, eft un Eveque de Corinthe
au ÏII*^ ficelé j qui écrivit quelques lettres, dont
Eufèbe nous a confervé des fragmens , qui nous
apprennent des traits finguliers de 1 hiftoire Ecclé-
fiaftique j par exemple j que S. Pierre fouffrit le mar-
tyre à Rome , que S. Denis l'Aréopague fut Eveque
d'Athènes , &c. S. Denis Evêque de L-orinthe écri-
vit des lettres à l'Eglife Romaine J aux Lacédémo-
niens , aux Athéniens , aux Nicomédiens j aux Amaf-
triens, à l'Eglife de Gortynej aux Gnoftiens &c .à
Chryfophora.
S. Denis Pape eft contemporain des deux précé-
dens.
Denis de Milan gouvernoit cette Eglife vers l'an
3 50. & les fuiv.
Denis le Petu, en Latin Dionyjius Ex/guus, ainfi
furnoramé pour fa taille , étoit un Moine Scythe,
■ qui fut Abbé , & fleurit au commencement du Vl"
fiècle & jufqu'en 540. Il eft fameux, non-feulement
par une CoUcétion des Canons, &c deux Lettres iur
la Pàque écrites en ^15. mais enrore pour avoir in-
troduit l'ufage de notre ère vulgaire, & la manière
de compter les années par Jésus Christ.
Denis le Grand étoit confefleur du Roi Jean , qui
lui donna l'Evêché de Senlis.
Denis le Chartreux , qui fe nommoit Denis de
^i/te/, parce qu'il étoit natif de Kikel, petit bourg
du Dioccfe de Liège, s'eft diftingue dans le XV^
fiècle par un grand nombre d'ouvrages. Son attache-
ment à l'Oraifon lui fit donner le furnom de Doc-
teur extatique.
Denis le Tyran. Quoiqu'il y ait eu trois Denis
Tyrans, l'un tyran d'Héraclée dans le Pont, con-
temporain d'Alexandre le Grand; & les deux autres
de Syracufe, l'un qui vivoit environ 400 ans avant
J. C. & l'autre fils & fuccefleur de celui-là, & qui
fut furnommé pour cela Denis le jeune; cependant
quand nous difons Dewi le Tyran , nous entendons
Denis I. Tyran de Syracufe , père du fécond , qui
chaffa les Carthaginois de Sicile, & fut fi fameux
par fes défiances éc Ui foupçons centinuelsj qui fur
D E N
le trône lui firent mener la vie du monde la plus mi-
férable.
Denis d'Fialicarnaire, Hiftorien , Auteur des An-
tiquités Romaines que nous citons quelqueioiSj
vivoit lous Augufte.
Denis le Géographe, que nous citons auffi quel-
quefois, étoit de Carax, 6c a fait ime Géogr.aphie
en vers Grecs J fur laquelle Eultathius a donné de
l'ort bonnes Notes. Voilais prétend qu'il fut envoyé
par Augufte pour viluer les Provinces d'Orient, &c
lui en drelfet des mémoires, avant que d'y envoyer
C. Céfar. Fojj. de Poéc. Gr. C. q.
Il y a encore un très-grand nombre d'hommes du
nom de Denis ; mais moins connus j ifc dont les
noms font moins dans l'ufige.
Dans le ftyle badin «Si comique on appelle quel-
quefois Bacchus Denis j parce que les Grecs le nom-
ment Dion)Jius 3 Aàvvns, que Vofiîus De Idoi. L. I.
C. 1 9. p. 76. croit s être fait de AiW ii'oç , fils de Jupi-
ter ^ en tranfpofant le premier f après le u , & en
mettant aufti T' devant cet ", ic changeant enfuue
cet < en V : de forte que Bacchus ait été appelé fils de
Jupiter Aiofwcsj comme Callor èc Pollux Aima^ùi. il
confirme cette conjeélure j parce qu'il prétend que le
nom de Liber qu'on donne encore à Bacchus, fignifie
non pas Libre, celui qui donne la liberté j qui déli-
vre des loins, comme on le croit communément;
mais fils j comme Prolerpine eft appelée Ko{>i ^
finie J parce que l'un & l'autre font entans de Ju-
piter.
SAiMT-DtNis, ou Saint Denis en France. VÏBe de l'Ile
de France à deux lier.es au nord de Paris. CatoLacum.
Ficus Catuliacus , ou Catolaeenfis. DionyJ:opous.
SanciiDionyfiifianum. On pi érend que c'eft l'ancien
Catuliacus Kicus. L'Abbaye de S. Denis eft une
Abbaye de Béiiédiifliiis très-ancienne. On avoir dit
)uf-iu'ici qu'elle avoir c'é tondéepar Dagobert I. au
Vil' fiècle; & le P. Mabillon lui-même s'en eft te-
nu là dans fcs Annales des Bénédiclmsj L. XII, n.
J. mais le P. Féhbien, autre Bénédidtm , qui impri-
ma en 1706. Ihiltoire de cette Abbaye J ptérendqu'il
y avoir des Moines dès avanr Dagobert. C'eft d;ms
cette Abbaye qu'sft la fépulture de nos Rois. Le trc-
fbr S. Denis 3 c'eft le t'.éfor de cette Abbaye. La
plaine de S. L'-.nis, eft la campagne qui eft entre
Paris & S. Denis. La porte S. Denis j eft celle pac
OLi l'on fort de Paris pour aller à S. Denis. La rue
S. Denis J celle qui va du Grand Châtelet à cette
porte. Les talmoufc:sde S. Denis \ c'eft uneefpèce de
gâteau qui fc fait medleur là qu'ailleurs. La chopi-
ncj la pinte, le pot de S. Denis ^^ ce font des meîu-
les de la ville de S. Denis, beaucoup plus grandes
que celles de Paris. Ce tonneau fient tant de pintes
mefure de S. Denis. C'eft environ le double de celle
de Paris. La Foire de S. Denis ^ eft une Foire qui fe
tient à S. Denis le 9 d'Odobre , fête de S. Denis.
Chanoines Réguliers de S. Denis de Reims. Ce
font des Chanoines Réguliers qui en lOfî 7. furent
établis à Reims par l'Archevêque Gervais , pour
relever une Abbaye bâtie par Fiincmar fous Charles
le Chauve, & ruinée depuis pendant les guerres. Ils
furent réunis à la Congrégation de France, ou de
Sainte Geneviève en icJj^.Ce font les detniers qui
ont retenu l'ancien habit i^es Chanoines , c'eft-à-
dire, le grand fnrplis qui defcendoit jufqu'à terre>
& l'hiver la chappe par-delïiis fans auiune ouverture
pour pafier les mains. Hifi. des Ord. Mon. & Relig.
P. II. C. 60.
La Congrégarion de S. DENIS. C'eft une Con-
grégariondeBénédidins qui fut établie en France
vers 1 580. en conféquence du Décret du Concile de
France, qui oblige les Monafteres immédiatement
fournis .lu S. Siège de s'unir en Congrégation, s'ils
n'aimoient mieux fe réfoudre à \^ vifite des Ordi-
naires. Elle étoit compofée de l'Abbaye de S. Denis
en France, qui lui donnoit le nom comme le Chef-
lieu, de celle de Saint Pierre de Corbie, de S. Ma-
gloire de Paris , de S. Pierre de Chartres , de Bonne-
vaJj de Coulombs, ds Jofaphat, de Neaufle-le-viel,
de
DEN
de S. Lomer de Blois, & de Monftierénddr. Paul V.
la confirma l'an 1614. fous le nom de Congrégation
de S. Denis, &z donna à tous les Monallères immé-
diatement fournis au S. Siège la liberté de s'y aifo-
cier. Elle a été anéantie par la Congrégation de S.
Maur à qui leurs maifons ont été données, ^oje^
hP.HiLYOTjT.y.C.iS.
S. Denis Morit-joye ^ ou Mont-joie S. Denis ctoit
autrefois le cri des François dans les batailles. Raoul
de Prêles j & après lui Du Chêne, dins fes Antiqui-
tés & Recherches des Filles delà France, P. I. C. 53.
difent que l'origine de ce cri fut la bataille de To ibiac,
dans laquelle Clovis fe trouva en grand danger, s'a-
drelfa à S. Denis ^ difant, J. Denis mon jùvc , ou S.
Denis monjoye.
DENISE, f. f. Nom de femme. Dio'iyJiJ. Il y a une
Sainte Denife martyrifée au Y* lîècle en Afrique
dans la perfécution des Vandales. On appelle encore
Denife les femmes qui ont cette Sainte, ou S. De-
nis pour Patron.
DÉNOMBREMENT, f. m. Compte & dcr.ail des per-
fonnes ou des chofes. Enumeratio , cenfus. Il a tait le
dénombrement de tous les cas où les Juges peuvent re-
cevoir des préfens. Pasc. Céfar avoir ordonné qu'on
fit la defcription , le dénombrement du monde , ou
plutôt du peuple fujet à fon Empire j quand le San
veur prit naiffance. Bien d'iiabiles gens croient que
ce dénombrement ^ dont parle S. Luc , ne fut point
Univetfel, niais feulement un dénombrement de la
Judée, yoye:^ le Traité que Perizonius a fait De cen-
fu Judaico', & Bergier J De viis milit. 1 Secl. 1 2. §. S.
C^c. On faifoit fouveiit à Rome le dénombrement des
familles. Ces dénomhremens hirenc inftitués par
Servius TuUius, qui fit le premier, qui ne lut que
de So mille hommes. Pompée & CraliUs en firent un
qui fut de 400 mille hommes. Celui de Céfar ne
nU que de 1 00000 hommes. Ainfi la guerre civile
avoir fait périr 500000 citoyens Romains. Augufte
Ht faire le dénombrement des citoyens de Rome qui
montoient à 4 millions îî^ mille. Il commença celui-
ci l'année 715 de Rome, & ne l'acheva que l'année
fuivante. Tillem. L'an 746. on fit encore le dénom-
brement des citoyens Romains , qui fe trouva monter
à quatre millions 133000. Id. La dernière année de
fa vie ;"5(î de Rome, Augulle acheva encore avec
Tibère le dénombrement àta citoyens Romains, dont
le nombre fe trouva monter à quatre millions 157
mille perfonnés. Id. Tacite rapporte à ■Wy. 48 de J.
C. la conclufioii du dénombrement du peuple , c'eft-à-
dire , deà citoyens Romains répandus dans tout l'Em-
pire , fait par l'Empereur Claude. On en compta fix
millions 9(^4 mille j félon ceu>: qui en mettent le
moins ; d'autres le marquent .autrement- Il fe trouva
alors à Boulogne un homme âgé de 1 50 ans, comv.ie
on le vérifia par les dénomhremens précédensj &
Claude eut la curiofité de s'en affurer. Après ce dé-
norhbrement il n'y en eut point jufqu'à celui que fit
Vefpafien , qui fut le derhier. Une médaille de Cl.iu-
de très-belle & très-inconteftable, ihais très-fingu-
lière, marque plus précifément le dénombrement fait
par Claude, qu'elle appelle 0/?e/j/ro; & qu'elle fait
monter àfept millions de perfonnés en état de por-
ter les armes , fans parler des armées qui étoient fur
pied, &: qui montoient à 50. légions, 157 cohortes,
& 60 foldats. Voye^ fur ces dcnomhremens de l'an-
cien Empire Romain, Robortellus de Magijlr. Imp.
dans le Tréfor des Antiq. Rom. de Grxvius, T. III.
p. 40. Manutius de Civit. Rom. dans le même Tré-
for, T. 1. p. 37. Horman. Anticf. R.om. XI.
DÉNOMBREMENT, en termes de Rhétorique, fe dit de
la divifion des parties d'un difcours , & fur-toat dans
une narration où l'on fait mention en détail des cho-
fes qui fervent au fujet. Enumeratio. Cet Orateur a
fait un lon^ dénombrement de tous les crimes qu'il
reproche à fa partie.
Dénombrement , en termes de Jurifprudence Féodale,
fe joint toujours à aveu. Se fe dit de la déclaration
qu'on lait au Seigneur dominant de tous les fiefs,
droits & héritages qu'on reconnoit ôc avoue tenir de
. , _ .DEN , zzf
lui. Le mot d'aveu regarde principalemtnt la recon-
noiiïance qui eil au commencement de l'ade. Celui
de dénombrement fe rapporte au détail qui eft 'faiç
enfuite des dépendances du hcf. Le valFal a 40 jours
après avoir fait la foi & hommage, pour dornér
{on aveu Ik dénombrement. Le Seigneur, dans autres
40 jours, peut blâmer le dénombrement q\ioti lui a,
baillé. Les aveus Se dénomhremens ne font foi en
Juftice qu'entre les perfonnés qui ks ont baillés, ou
reçus. Le dénombrement doit être donné en parche-
min, & pafle pardevant Notaires. Les denomb-e-
mens nciont foi, & ne préjudicient qu'à ceux qui
les donnent, & qui les reçoivent. Foye^ M. le Prêtre
j.cent. chap. 47.& 157.
DENOMINATEUR, f. m. Terme d'Arithmétique. TI
ne fe dit qu'en parlant des fraétions , Se du lecoad
terme d'un rapporr ou d'une raifon. Aumerus deno-
minans. C'eft le nombre écrit au-delîous d'une li-
gne, qui marque en combien de parties l'uinré eft
partagée par la fraction : ce qui ell exprimé par 'e
nombre de deffus, qu'on nonime le numérateur. Par
exemple, ^fon: cinq cens cinquante foixante cin-
quièmes. Ce dernier nombre eit le dénominateur. Ori
marque un r <pport comme un _ f adion, en tirant une
ligne, & écrivant fur cette ligne le premier terine
du rapport, & le fécond terme fous la même ligne.
Ainfi \ marque le rapport de G à î. De même a b
marque le rapport du la grandeur repréfenté par a à
la grandeur repréfenrée par i, &' on nomme antécé-
dent le premier terme a , i^ conféqaent le fécond
terme li. On nomme auffi, comme dans les fraélions,
le premier terme a le numérateur , & le fécond
terme b le dénominateur , Se l'on re;;aide un rapporc
a b comme une fradion littérale. Reyneau. Scienc.
. du Cale. p. 18.
DENOMINATIF. adj. Terme qui marqué le nom
propre de quelque chofe. Denominativum nomen ab
alio derivatum. La fîmînrmirp o fcs t^rmei; , appel-
iarifs , J,'noininatifs , fiiperlatifs , &cc.
DÉNOMINATION, f f. Nom qu'on donnfe i quel-
que chofe , Se qui marque ordinairement quelqiie
qualité qui y domine. Nuncupatic. On dit , eiî Phi-
lofophie, que les chofes prennent leur denominaticri
de ce qu'elles cnt de plus confidérable. On dit tn
Mathématiques , réduire des fractions à mêrre dé-
nomination , pour dire , leur donner le même dé-
nominateur. Quand on vciit ailéililler Si évaluer
pIuHeiirs fraétions dont le dénominateur eft diffé-
rent , il faiir le réduire à même dinomiûution. Oti
peut réduire une grande fraétion p.-*r une plus pe-
tite dénomination lorfque le numérateur & le déno-
minateur peuvent fe diviiér par un même nom-
bre , & , quand cela ne fe peut , il faut conclure quci
îa frafVion eft à fa plus petite dénomination.
DÉNOiMMER. v. a. Terme de Pratique. Norhmer
Se comprendre quelque perfonne ; ou quelque chofe
nommément , ou par ion nom dans quelque aéte
ou procédure. Dcnominarc. Cet arrêt n'a point été
rendu avec moi , je ne fuis ni dénommé ^ ni com-
pris dans les qualités. On n'oferoir déncmmerni corn,
prendre perfonne dans un moniroire qu'on publié.
Ce legs elt dénommé & défigné exprelîéipenr dans
ce teltanient. Si les Etats ne- font pas fidèles
& que ceux qui font dénommés aux trois préeédrns
articles aient obmis frauduleufemenr quelques-u?is
de leurs effets. Art. X, de la Déclaration du R.oi
concernant les Jufticiables , <S<rc.du 17 Mars i7i<î<,
DïNOMMÉ J EE. part pair. Se r,à\. Denominatus.
DENONCER, v. a. Faire lavoirpar un adte; où crf
public J ce qu'on veuc faire connoître au peuple ,
aux étrangers. Denunciare. Dénoncer la guerre , la
paix , la publier. Dénoncer une fête. Dénoncer un
excommunié. On dénonce ceux qui font excommu-
niés , afin qu'étant connus j en leur réfufe l'entrée
de l'Eghfe ^ la participation aux faints miftcres , &
afin que les nurres Fidèles n'aient point de commu-
nication avec eux ; fi ce n'eft dans les Cid exceo-
tes. *^
DÉNONCER ^ fe dit ?i.)llt ^ iont ce qu'on' déclare à
Ff
iz6
DEN
quelqu'un , de tout ce qu'on lui fait fa voir par quel-
que moyen que ce foit. Z)MO««r quelque malheur.
Il envoya un des principaux de la Cour vers les
Scythes , leur dénoncer qa'ih ne pallallenc pas le Ta-
nais. Vaug. Il lui envoya dénoncer qu'il eût à lui
payer le tribut. Id.
Dénoncer j lignifie aulîi , faire fignifier par un acte
fait en Juftice quelque procédure. Dénonc:r à un
garant le trouble qui nous ell hiit par un tiers , afin
qu'il prenne le fait & caufe. Un pourlui van: criées
dénonce toutes les procédures & oppohcions qui lui
font fignifiées , afin que les parties lui adminillren:
des moyens pour s'en défendre.
DÉNONCER. , fignifie aulîî déférer en Juftice un crime
& celui qui en eft l'auteur, pour obliger la partie
publique d'en pourfuivre la punition. Dejerre. Il
dénonça deux Chevaliers Romains. Ablanc. Il e!t
dangereux d'être dénoncé k l'Inquifition. On a. dé-
noncé a.\i Procureur Général cette confpiration. C'elt
une grande trahifon de dénoncer fon ami.
On dit proverbialement , je vous dis & je vous
dénonce que je vais faire telle chofe , pour dire , je
vous le déclare.
DÉNONCÉ j ÉE, part, pair & ^à].Denunciatus. Un ex-
communié <^c;/2o«tt; à l'Eglife , c'eft-à-dire j public,
& déclaré.
DÉNONCIATEUR, f. m. Celui qui , fans fe porter
partie , dénonce au Procureur du Roi qu'un crime
a été commis par quelqu'un , afin qu'il en talfe la
pourfuite en qualité de Procureur du Roi. Delator.
Un dénonciateur ell fecret , & fe doit infcrire fur
le Regiftre du Procureur Général, & donner cau-
tion, Quand un homme eft abfous , la partie
publique eft obligée de nommer fon dénonciateur .
pour le faire condamner aux dommages & intérêts
Voici un grand crime dont Tubéron s'eft rendu
dénonciateur. Abl. Les deux dénonciateurs des Tem
pliers périrent raîférablement. Mezer. Il y a des
Théologiens qui pretendenc quen matière d'héré-
lles , on peut être dénonciateur Se Juge toutcnfem
ble ; mais cette prétention eft odieufe. Un dénon-
ciateur eft trop intérefle dans fa dénonciation pour
attendre de lui un jugement équitable. Un dénon
dateur doit toujours être confidéré comme partie.
fC? Dénonciateur , délateur , accufateur , ne
font point fynonymes. P^oye-[ au mot délateur les
idées acceftoires qui les diftinguent.
DÉNONCIATION, f. f. Publication fliite folennelle-
ment. Denunciatio. Tous les vailleaux font de bonne
prife après la dénonciation de guerre. On a fait au
prône plufieurs dénonciations & publications de bans,
d'excommunications , &c. La dénonciation fe faitjj
afin que la fentence d'excommunication foit entiè-
rement exécutée. EVEILLON.
DÉNONCIATION , fignifie auffi, la déclaration que l'on
fait au Magiftrat qui a en main la vindide publi-
que , d'un crime & de celui qui en eft coupable j
fans fe rendre partie. Delatio. Cette dénonciation
n'eft pas elTentielle pout l'inftruélion d'un procès
criminel \ elle donne feulement ouverture au Juge
pour informer. Une partie ne peut pourfuivre un
fjrocès criminel où elle n'a point d'intérêts , que par
a voie de la dénonciation. Philippe-le-Bel , Roi de
France , fur la dénonciation de deux Templiers fcé-
lérats , fit arrêter en 130710115 les Templiers de
fon Royaume. Mez.
ffT DÉNONCIATION & accufation que nos Didlion-
nariftes conlondent i\° font pas plus fynonymes que
dénonciateur & accufattur. Voyei; ces mots.
DÉNONCIATION , fc dit aufil des procédures qu'on
fignifie aux parties,afin qu'elle n'en prétendent caufe
d'ignorance. Monitio , denunciatio ^ fignificatio. Un
acquéreur fait une dénonciation a fon garant du
trouble qui lui eft fait.
Il y a aufti en Droit une adtion qu'on appelle dé-
nonciation de nouvel auvre.novi operis nunciatio dont
il y a un titre exprès dans le Digefte, & dont on
ufoit pour empêcher une nouvelle conftrudion faite
par un voifin au préjudice d'un autre.
D E N
DÊNOTATION. f f. Défignation de quelque chofe
pat certains fignes. Signijicatio. On a parlé de ces
chofes en général , lans aucune dénotation parti-
culière. Ce mot & le fuivant font un peu vieux.
DENOTER. V. a. Marquer ^ défigner quelque chofe,
ou quelque perfonne , enforte qu'on la puiffe re-
connoître. JJenotare. La plupart de nos myftères
nous font dénotés par les figures de l'Ancien Tefta-
ment. Les témoins ne dépofent pas nettement contre
cet accufé j mais il eft pourtant fi bien dénoté qu'il
y a apparence que c'eft lui.
|Cr Dénoter j fe prend quelquefois dans la fignifica-
tion d'indiquer. Dans les fièvres intermittentes , lô
frilTon dénote l'accès. Indicare.
DÉNOTÉ, ÉE. -çxn.Indicatus yflgnifîcatus.
DENOUEMENT, f m. Ce mot ne fe dit point aa
propre. Il eft d'ufage au figuré pour fignifier ce qui
démêle , ce qui développe le nœud d'une pièce de
Théâtre j le point ou aboutit & fe réfout une in-
trigue épique ou dramatique. Nodi folutio. Le dé-
nouement des Vifionnaires eft très naturel , & vrai-
femblable. Le dénouement des Romans fe fait d'or-
dinaire par une reconnoiftance , comme celui de
i'Aftrée. Dans le Poëme Epique le dénouement ne
doit pas lailfer le Héros malheureux \ les fins trif-
tes ne font bonnes quepour la Tragédie. P. le Boss.
Le dénouement d'une pièce tragique doit naître du
fujet même , fans avoir recours à une machine ,
ou à une Divinité , pour délier ce qui eft trop em-
barraife. Dac. Le dénouement doit être la partie la
plus travaillée , parce que c'eft ce qui fait la der-
nière imprelîion fur l'efprit du Speétareur. Id. Le
dénouement pèche le plus fouvent , ou parce qu'il eft
mal préparc ou parce qu'il eft trop embarrafié , ou
parce qu'il eft double. Id. Il fliut que le dénoue-
mention une fuite vraifemblable de ce qui a précé-
dé ;■ qu'il foit naturel, & qu'il naiiïe du fujer. P.
LE Boss. Térence n'enflamme pas la curiofité , &
ne jette pas l'efprit dans l'impatience de voir le
dénouement des avantures. Dac.
DÉNOUEMENT , fe dit auffi en parlant des affaires & des
intrigues du cabinet.
DÉNOUER, v. a. Défaire un nœud. Modum fohere ,
expedire. Dénouer fes fouliers , fi cravate. Alexan-
dre ne put dénouer le nœud Gordien , mais il le
coupa.
ter DÉNOUER 3 en parlant du corps & de [as parties
fe prend dans un fens figuré, & fignifie rendre
plus agile , plus fouple. Voyc^ ces mots. Les dif-
férens exercices auxquels on accoutume les jeunes
gens , la danfe , la chatfe , l'efcrime , la paume ,
&CC. dénouent le corps , les membres.
^fT En parlant de la langue , c'eft lui donner
la ficilitc de parler. Expedire.
Ma langue n'attend pas que l'argent la dénoue.
BoiL.
^fT On le dit auffi en Morale. Dénouer le nœud
de l'amitié. Modum j vinculum amicitiA folvere y
dijffolvere. Quand l'intérêr feul forme le nœud de
l'amitié, les moindres chagrins le peuvent rompre,
ou du moins ils le peuvent dénouer. S- EvR. Le lien
conjugal parmi les Chrétiens eft un nœud qu'on ne
peut dénouer.
0Ô" DÉNOUER, en parlant des pièces de Théâtre,
fe dit encore figuremenrpour démêler, débrouiller
une intrigue , le nœud. Foyc^ Dénouement. Ce
Poëce a fort bien dénoué \'\mngu.e de fa pièce.
^fT Ce verbe eft auffi réciproque tant au propre
qu'au figuré. Ce ruban fe dénoue. Ce jeune homme
commence à fe dénouer \ il n'eft plus auffi lourd ,
auffi pefanr qu'il étoit. L'intrigue de cette Ipièce'fe
dénoue fort bien , fe démêle , fe développe. Son ef-
prit fe dénoue , comprend , conçoit plus aifémentï
§Cr On dit auffi qu'un enfin t fe dc'^oue ,[otC-
que les parties de fon corps qui étoient nouées ,
comment à prendre la forme j l'étendue Se le jeu
qu'elles doivent avoir.
I
D E N
JDÉNOUÉ , ÉE. part. .. .^ • , ,v
DENQUI. Vieux mot qui lignihoit de-la. _
DENOY. f. m. Vieux moi qui, félonie Dictionnaire
des Arts, fignifioit refus. Il vient évidemment de «a>.
Voye:^^ ce mot.
DENRE. Toye? DEMDRE.
â:? DENRÉE, f- f. Ce mot lignifie particulièrement
les fruits , racines , légumes propres pour notre
nourriture, comme artichauts j navets , carottes ,
&c. Efculenta. Mais j en généralifant fon acception ,
on l'applique à tout ce qui fe vend pour la nour-
riture, la fubfiftance & l'entretien des hommes &
des animaux. Blé , vin , bois , paille, toin , avoine ,
&c. & l'on appelle menues denrccs les premières^
& grolTes denrées , les fécondes. Dans les villes
bien policées, le îvlagiftnat met le prix , le taux aux
denrées fujettes à la Police. Men.
Ce mot vient de denarata , qu'on a dit au lieu
es denariatu , fait de denariuf , comme li c'étoit
une chofe qu'on voulut réduire en deniers , ou un
revenu de deniers. Dans les ^cla Sancl. April. T.
III. p. 1^1. C. le P. Papebroch dit plus exactement
que denàriata y denrée vient Aedenarius, denier,
&s'eft dit pour deniérées j &: que ces motSj tant
le Latin que le François, fignilient des marchan-
difes qui fe vendent en détail, & dont l'on peut
acheter à très-bas prix & comme pour un denier j
que c'efl: pour cela qu'on les a appelées denanaca j
deniérées , c'eft-à-dii:e , ce qiVon peut avoir pour
un denier , comme poignée lîgnihe ce qu'on peut
tenir dans le poing , Se que de deniérées s'ell tait
<^t;/;r«V. L'Auteur de l'hiftoire des miracles de Samt
Gengulfe C. U. §. ii. dit duas dencmras ccm ,
deux denrées de cire , ce qui , félon le P. Henf-
chenius , lignifie deux petites bougies d'un denier
rhacune. AÛa Sancl. Maii T. II. p. 6jo. F. & p.
6s2. E. L'Auteur de la vie de S. Norbert con-
temporain de ce Saint , c'ell-à-direqui écrivoit au
commencement du douzième fiècle , dite. i8. une
denrée de vin , ou d'hydromel , denariatam yini vel
mcdonis , c'eft-à-dire , ce qui s'en donnoit pour un
denier. Acl. Sanà. Jun. T. I. p. i\fs. C. Du Cange
dit que, dins la balle Latinité, on appelle toutes
fortes de marchandifes , denarata , denariaca j &
denairada, & qu'on appeloit mime dcnariata terr£
aut vine& , une portion de terre ou vignes qui va-
loir un denier de revenu. Guichort dit qu'il pour-
roit bien venir du mot Hébreu ^^rt , hadar ., entant
qu'il fignifie vendre 3' débiter , vendere, dijlrahcre
perurbem.
DtNRÉE , fedit aulTi en mauvaife part de la itiarchan-
dife qui ne vaut rien. Merx. Ce marchand s'ell:
défait de fes plus belles étotfes, il n'a plus chez lui
que de la denrée , du rebut. Cet homme là n'a été
payé qu'en denrées , en méchantes marchandifes. On
dit généralement en parlant d'un homme qui vend
bien ce qu'il a à vendre , que cet homme vend bien
fa denrée. AcAD. Fr.
^fT DENSE, adj. de t. g- Denfus, Terme de Phylique.
Dont les parties font ferrées. Ce mot eil ellentiel-
lement relatif: & quoiqu'on dife abfolument que
l'or, le plomb, font des corps denfes , il e'\ clair
qu'alors mcme ,• on le dit relativement à d'autres
corps. Il eft oppofé .à rare. Les corps denfes onr
moins de pores j ou les ont plus petits que les au-
tres. Un corps denfe eft un corps qui occupe peu
d'étendue avec beaucoup de matière. Rohault. Les
malfes de deux liqueurs différentes ne feront pas
comme leurs volumes, & la liqueur la plus denfe
aura a proportion de fa denfité , une plus grande
malîe fous un volume égal. Ibid.
DENSITE, f. f. Terme de Phylique. Qualité d'un corps
denfe. Denfitas , fpiffitas , concretio. La pefanteur
de l'or vient de fa denflté.
$ÇT On entend par denfté ou par gravité fpé-
cifique d'un corps , la quantité de matière propre
qu'il renferme fous rel volume. Lecorps A fera plus
</e/2/ê que le corps B, li fous un égal volume il contient
plus de matière propre, c'eft-à dire , s'il a plus de
DEN . ,'i^^7
maire on plus de poids que lé corps B. & il fera
moins denfe ou plus rare , fi fous un plus grand
volume il n'a qu'un poids égal. Le fer efl beaucoup
plus denfe que le liège, parce g.i'un quintal de
fer eft renfermé fous un très-petit volume , tandis
qu'un quinsal de liège occupe un très-grand efpace;
De-là les Newtoniens concluent que la matière
éthérée cartefienne eft beaucoup plus denfe que
l'or. En efltet un pied cubique d'or a beaucoup de
pores qui font vides , ou du moins qui ne font
pas remplis de la même matière que l'or. Un pied
cubique de matière éthérée au contraire ne ren-
ferme , fuivant Delcartes , aucune efpace qui ne
foit rempli de matière éthérée.
ffT DENT. f. f. Dens j quafî edens , parce que les
dents fervent à manger. Petit os très-dur & très -
compadV, enchalfé dans des loges particulières des
gencives , qu'on nomme alvéoves, & qui lèrt aux
hommes &: aux animaux à brifer , mâcher & broyée
les alimens. L'homme & la plupait des animaux
ont deux rangs de dents : Ihomme a pour l'ordi-
naire 51 dents , 16 à la mâchoire fupérieure, au-
tant à la mâchoire inférieure.
DO" Les dents incifives , ainfi nommées parce
qu'elles fervent à couper les alimens j placées au
nombre de quatre à la partie antérieure de chaque
mâchoire, font appelées par quelques-uns premiè-
res ou dents de primeur , parce qu'elles paroiirenc
les premières. Dentés priores , adverf. Quelques
Médecins les appellenr gélafînes ou rieufes, riden-
tes , parce qu'on les montre quand on rit.
Il y a deux dents canines c\ae le vulgaire appelle
œillères , parce |qu'une partie du nerf qui fait mou-
voir les yeux, y eft engagée, d'où vient le danger*
de les arracher. Dentés canini. Les dents incifves &C
canines n'ont qu'une racine \ les autres en ontdeuXj,
& quelquefois trois & quatre. Il y a dix dents mâ-
chelicres ou molaires. Celles de derrière s'appellent
dents de fagefje j parce qu'elles viennent à l'âge de
difcrétion , vers lâge de 20 ans. Maxillares , mola-
res. Vo-^c\ Molaires. Les dents oui leurs veines &:
artères. Ce font les feuls os qui croilfent dans les
animaux jufqu'à leur extrême vieillelle. M. de la
Hire obferve que l'émail des dents , qui eft unefub-
ffance bien différente de celle des dents , eft la
feule patrie des dents qui croît. On appelle dents
de /<3ir, les premières dents qui viennenr aux hom-
mes , & doht plufieurs tombent pour l'ordinaire.
Denticuli ^ dentés laclei.
Quelques-uns fonr nés avec toutes leurs dents,
comme À4arcus Curius Dentatus j &c Cneïus Papi-
riusCarbo. D'autres n'ont eu qu une dent continue
tout le long de la mâchoire, comme Pyrrhus , Roi
des Epirotes , Prufias , fils du Roi de Bythinie.
D'autres ont eu deux ou trois rangs de ^cv;f5 , com-
me quelques-uns l'ont dit d'Hercule. Les dents font
revenues à quelques-uns en vieilleire.Mentzelius ,
Médecin Allemand , dit qu'il a vu un vieillard à
Clèves , en 1666 âgé de 110 ans, à qui les dents
étoient revenues deux ans auparavant avec grande
douleur, & qu'en même temps il fe trouva un An-
glois à la Haye à qui pareillement les d'e«M étoient
revenues en fa 118^ année.
Un Médecin Danois j nommé Hagerup , a fou-
tenu dans une théfe que l'on peut entendre avec
les dents. Sa preuve eft que , fi l'on met dans un
clavecin un couteau , & qu'on le ferre entre fes
dents J on entend Tharmonie du clavecin , quoi-
qu'on ait les oreilles bouchées. De même les fourds
ouvrent quelquefois la bouche pour enrendre j Se
entendent efleélivement. Mais on doit attribuer cet
effet à la communication de l'oreille interne avec
la bouche, f^oy. Ouïe & Oreille. Martin Scochius
dans fon Traité du beurre , prérend qu'il n'y a
point de meilleur moyen pour conferver Us dents,
& les avoir belles , que de les frotter tous les ma-
tins de beurre. Mais cet opiat n'eft guère moins
dégoûtant que celui des Eip.agnols , qui fe les la
vent tous les matins avec de l'urine. Pour le ma-
Ffij
12
8
D E N
de dents , une pâte faite avec de la mie de pain
&C de la giaine de Stamonia mife fur la denc malade.,
en engourdit la douleur. Let. éd. et cur.
On dit qu'on a les dents molles j lorfqu'elles ne
font pas avec leur fermeté ordinaire , & lorf-
qu'elles font agacées par quelque ae-idité. La mala-
die des dents j c eft la carie qui les pourrit , qui
les creufe , qui les fait tomber par pièces. Dens
cariofus , putridus , conuptus. Le mal de dents ell
feulement une Huxion fur les gencives fort doulou
reufe. On dit que c'eil Efculape qui a trouvé le
premier le moyen d'arracher les dents. Les Poètes
appellent les dents blanches & bien rangées , des
dents d'yvoire , des rangs de perles j un beau râ-
telier de dents. A Cumana vers Mexique , les peu-
ples font curieux d'avoir des dents noires , & re-
gardent ceux qui ont les c/e/zw blanches comme des
efféminés. Aux Indes Orientales ils les rougilleni
à caufe du bèrel & de raréca qu'ils mâchent incel-
famment.
On dit que les dents percent à un enfant quand
elles lui viennent , qu'elles commencent à paroître \
parce qu'alors elles percent la chair ou la peau des
gencives , & forrent dehors. Les enlans lont mala-
des,&ontlalîèvre,quand les t/twj leur percent.Z^c/z-
titio , dentire. On dit ordinairement que la plupart
des enfans meurent aux dents, ^ouï dire, qu'ils
meurent quand les dents leur viennent- Acad. Fr.
On dit , arracher les dents j nettoyer les dents ,
limer les dents , écarter ou delferrer les dent! , bou-
cher les trous des dents ^ remplacer les dents , ou
en mettre d'arcihcielles à la places des naturelles
qui font tombées , ou qui ont été arrachées. On
dit qu'une dent tombe , quand elle le détache d'elle
même : qu'elle eft arrachée , quand pour la déta-
cher , Se l'ôter de fa place , on emploie quelque
inftrument, quand on ufe de force. Une t/c/zr avance
ou poulfe en dehors , non pas quand elle s'eleve
plus haut , ou qu'elle defcend plus bas que celles
qui font à côté , mais quand la tablette extérieure
de la dent qui touche à la lèvre s'avance plus en
dehors que celle des autres dents. Alvéole de la
dent , c'ell le trou ou la dent eft enchaflee. Tablette
de la dent , eft la face plate de la dent , tant la face
intérieure qui eft du côté de la bouche , que l'exté-
rieure , qui eft du côté des lèvres , & qui fe voit
quand on rit. Nerf de la dent , eft un nerf qui
tapilfe le fond de l'alvéole de la dent. Racine de
la dent font des alongemens de l'os de la dent en
forme de racine , qui fervent à l'attacher à la mâ-
choire , & à la tenir ferme ilans fon alvéole. Opé-
rateur pour les dents , eft un homme qui s'occupe
uniquement de iacuredes i/d^i-. Arracheur de dents,
Dentijîe. Une (nt-dent j eft une dent furnuméraire ,
qui pouffe à l'une ou à l'autre mâchoire , foit en
dedans, foit en dehors, & qui n'eft ni du nombre
des autres, ni placée comme elles. LTne fiuffec^t^wr
eft une dent artificielle qu'on met à la place d'une
dent naturelle qui manque. Il y a de vieilles fem-
xnes qui portent un râtelier tout entier de fauffes
dents. Les fauffes dents fe font oïdinairemenr d'i-
voirej mais, parce que l'ivoire jaunit en peu de tems
dans la bouche , Fabricius confeille de les faire de
l'os du jarret d'un bœuf. La coutume de mettre des
</€«f5 d'ivoire à la place de celles qu'on a perdues,
& de les lier avec un fil d'or, eft très-ancienne;
les Romains en ont ufé , Lucien & Martial en par-
lent. De Vign. Mary. Guillemeau donne la compo-
fîtion d'une certaine pâte pour faire de faulTes dents:
II faut prendre de la cire blanche égrenée, & la faire
fondre avec un peu de gomme élémi, y ajouter des
poudres de maftic , de corail blanc & de perles.
Cet Auteur prétend qu'avec cette pâte on peut for-
mer des dents artificielles qui ne jauniront jamais,
& qui pourront remplir parfaitement les trous où
on les mettra, yoyei Dionis fur les opérations qui
fe font aux dents.
Les llents , quoique féparées du corps avant la
mort 5 étoient anciennent regardées comme des ref-
DE N
tes précieux que l'on avoit foin d'enfermer avec
les cendres &c les offemens dans les urnes fépul-
chrales des défunts. Cohaufen OJJilegium htflorico-'
phyf. Il eft faux que les dents foient les feules par-
ties du corps humain qui ne fe confument poinc
par le teUj comme l'a cru Riolan , trompé fans
doute par l'autorité de Pline. On n'en a trouvé que
deux dans les anciens tombeaux de Weftphalie j
encore l'une eft-elle demi calcinée par le feu. Id.
Quant aux animaux , il y a quelques poiffonsqui
ont àis dents fur la langue comme les truites. La
morue a des dents au fond du gofier j ce font des
pointes en quelque façon pareilles à celles qui font
îur la langue du lion, tournées vers le gofier. Les
lamies ont lîx rangs de dents. Le grand chien de mer,
qu'on appelle canis carcharlas , a quatre ou cinq
rangs de dents à chaque mâchoire , dont quelques-
unes ont un pouce de long , & font extrêmemenc
dures,tranchantes & pointues. Le requin a trois rangs
& les crocodiles en ont trois toutes canines, n'ayanc
ni incihves ni molaires. Elles font dune dureté &:
d'une blancheur extraordinaire , d'une figure ronde ,
pointues & cannelées, comme une colonne Dori-
que Se difpofées de telle forte j qu'il y a autant
de plein que de vide. Ariftote a cru qu'il n'y avoic
que le fcarus qui eût des dents propres à broyer ,
quoiqu'on en trouve en d'autres poiffons. Les-fèches
n'ont point de dents, non plus que les crapauds,
& ne laiffen: pas de mordre. Les vipères & les gre-
nouilles de mer ont deux grandes dents canines,
qui font mobiles, & d'ordinaire couchées, & qui
le relèvent, quand elles veulent mordre. Les dents
du fanglier font tournées en demi-cercle , & font
à trois pans comme un prifme. On tient que les
licornes font les dents d'un gros poiffon. Voye\ Li-
coRNE. La </£/;/ du brochet eftvenimeufe, & fait
partie de fa mâchoire. Les d^nts d'éléphant font
de groffes défenfes pointues que cet animal porté
en dehors , &qui font l'ivoire. Cardan prétend qu'on
les peut amollir comme la corne de bœuf.
En termes de Manège , on dit que les dénis du
cheval marquent fon âge. Il a 40 dents , 14 mâche-
lières au fond de la bouche , au-delà des barres ,
1 1 de chaque côté du canal , rangées fix deffus , &
fix deffous ; elles ne tombent jamais , & ne fer-
vent point à la diftinétion de l'âge : 12 de lait, qui
font fur le devant de la bouche , & quatre qu'on
nomme les crocs. On nomme aulli les pinces , les
quatre de devant , les quatre d'après font les mi-
toyennes \ les quatre fuivantes , les coins. On die
qu'un cheval met fes dents , qu'il change fes dents,
êc qu'il a mis ùs coins j ou fes pinces, quand il
pouffe fes coins ou fes pinces au lieu de fes premiè-
res ^e«fj. A mefure qu'elles pouiïènt elles indiquent
les années du cheval. Les coins qui font plus avant
dans la bouche que les autres dents , fortent de la.
gencive à cinq ans. Alors ils deviennent creux,
& marquent ordinairement jufqu'à 7 ou 8 ans ,
c'eft-à-dire que ce creux où il y aune marque noire,
qui reffemble à une fève , commence à fe remplir,
& la marque à s'eftacer.
f(Zr Dent de loup , chez les ouvriers , eft celle qui
leur fert à polir leur ouvrage.
On appelle auffi dent de loup , les gros clous
ni attachent les poteaux des cloifons. Il faut mettre
eux dents de loup à chaque poteau.
pT Dent de rat, terme de Rubannier. Petit orne-
ment qui fe forme fur les lilieresde plufieurs ou-
vrages. Il retîemble affez à la denture d'une fcie ;
mais l'ufige eft de le nom.mer dent de rat. En-
CYCLOP.
UC? Dent de peigne, chez les Tifférands ou </f«r de
rot. Fcty. Peigne & Rot.
En Sculpture on appelle dentdechien , uncifeau
fendu par le bout, qui fe divife en deux pointes.
On l'appelle autrement double pointe. C'eft auffi un
inftrument de Doreur.
Dent , fe dit auffi par extention de plufieurs pointes
ou entaillures qui font faites en forme de dems.
DEN
Denticulus. Les Médecins donnent le noni de dent
à la féconde vertèbre du cou, à caufe de la figure.
On du qu'un couteau , ou autre ferrement tail-
lant , a des dents , quand il etl: ébréché. Les dents
d'une fcie , d'un peigne de ferans j d'une roue de
moulin, d'une horloge, d'une lime, d un râteau ,
d'une herfe. On dit auUî les dents d'une clef, en
parlant de ces entailluies , qui font dans le panne-
ton au inufeau de la clef, & dans lefquelles palFent
les gardes.
On appelle aufïï dents de pajfement ,* ces petites
pointes d'ouvrages qui avancent fur les bords d'un
çiiTement. Denticuli. ^
^fT On leditauflî, en Botanique, des petites
échancrures qee l'on voit au bord de quelques feuil-
les i & l'on dit des feuilles ainfi échanctées qu'elles
{ont dentelées.
§cr On dit figufcment &c familièrement, la
dent de la médifance , de la fatire , pour dire , mé-
dire de quelqii'un,ou dire quelque mot qui l'oftenfe,
qui le pique.
Dent , fe dit proverbialement en plufieurs phrafes.
Arracher une dent i quelqu'un , pour dire , tuer
de lui quelque argent , ou autre chofe qu'il ell
contraint de donner malgré lui. On dit qu'on pren-
droit aulfi tôt la lune avec les dents. , pour due j
qu'une chofe eft impollible. On dit dan homme
qui a bien faim , qu il a les dents bien longues ; de
celui qui eft pauvre, qu'il n'a pas de quoi mettre
{oash denf^ d'un goulu, qu'il mange de toutes
fes dents ; qu'il a beau être malade , qu'il n'en
perdroit pas un coup de dent ; que ce qu'on lui donne
n'eft pas pour fa dent creufe. On du aulli , qu'il
n'en calfera que d\\n<ident, qu'il n'en croquera que
d'une dent, pour dire, qu'il ne mangera point de
quelque chofe , ou qu'il n'obtiendra point ce qu'il
prétend. Ou dit aulfi , avoir une c/t'-vr de laitcontre
quelqu'un , du (implement une dent , pour dire ,
avoir quelque relfentirtjent contre lui. Ondumon-
trer les i/d/zfj à quelqu'un , pour dire lui refiller en
face, lui témoigner qu'on ne le craint pas. On dit
au:li , lui parier des grolfes dents , pour due , le
menacer. On du, maigre lui, malgré fes dents , pour
dire , quelque empêchement qu'il puilfe y mettre,
ou .apporter. On dit aulïï , déchirer quelqu'un à
belles dents , pour dire, médue cruellement de
lui. On dit encore , parler, murmurer encre fes
dents , pour dire, tout bas &: fans vouloir être en-
tendu: & on dit rire du bout des dents , quand on
rit par fotce Se fans en avoir envie. On du aulli ,
qu'un homme n'a pas delferré les dents , pour direj
qu'il n'a dit mot. Prendre le mors aux dents , ou le
frein , fe dit au propre du cheval qui s'emporte.
On le dit, au figuré , dans des acceptions différentes
i*.D'un homme qui s'abandonne, qui fecoue le
joug de la règle, delà loi, de la bienféance. i".
D'un homme, qui, après avoir enduré de quelqu'un,
s'aftranchit de la fujétion. 3". De celui qui, après
avoir négligé fon devoir ou fes affaires , s'y porte
avec ardeur. On dit qu'on eft fur les dents, que
le grand travail a mis quelqu'un fur les dents , pour
dire, qu'il eft las & fitigué, qu'il n'en peut plus;
& on dit d'un agonifint , qu'il a la mort entre les
dents. On dit, pour fe moquer d'un pédant, qu'il
lavant jufqu'aux dents. Q.z proverb; vient de ce qu'au-
ttefois on ne rcnoit perfonnepour favant , jufqu'à
ce qu'il fut palfé Doiteur : ce qui ne fe faifoit qu'a
près de fort grands repas, ou l'on exerçoit bien fes
dents. Depuis on y a ajouté , qu'il a mangé fon Bré-
viaire. On dit d'un Cavalier armé de toutes pièces ,
qu'il eft armé juf lu'aux dents. On dit ironiquement
d'une vieille fans i/d^fjj qui a perdu toutes iti dents,
qu'elle n'a pas une dent en bouche. Au contraire ,
on dit d'un vieillard qui fe potte bien , qu'il a en-
core toutes fes dents , qu'il a de bonnes dents. On
dit de celui qui a quelque dent qui avance phn
que les autres , que c'eft Geoffroy à la ^ixn^dent;
& de celui qui ell: mort, il y a long -temps qu'il
n'a plus de mal aux dents. On dit aulïï aux enrans
DEN ^^5^
qu'une chofe a àes dents , qu'elle mord quand oii
la manie , lofqu'ils font en danger de fe blelfer.
Ses compofés :i rit/ew , , curcdent , brèchedent ^ da~
quedent , Surdent , lire - aux - dents , font à leur
ordre.
I/C? Dans la plupart de ces phrafes proverbiales
le mot dent el\ pris dans un fens figuré.
En termes de Philolbphie Hermériqne , les dents
du dragon que Cadmus lema j &; dont il naquit
des foldats qui s'entretuerent , figr.ificntlejfxe 5c le
vo/ûui quiagilf-;nt l'un contre l'autre ^ qui fe dé-
truifent l'un l'autre.
Dent de chien, f f. Dens canis. Plante dont il y 3.
deux efpèces. La première poulie ordinairement
deux feuilles & quelquefois trois répandues i terre
ayant la figure approchante de celles du lis des val-
lées, maispiuschainues, arondies, mr.rbrées de gran-
des taches blanche.; tirant fur le pu: purin. Il s'élève
d'entre elles un pédicule haut cor'ime la main , lilTe,
rouge j portant une belle fieur à fix feuilles, oblon-
gues, pointues, penchées, &; recoquillées vers le
haut, quelquefois blanches, quelquefjis purpu-
rines. Quand cette fleur eft tombée , il lui fuccède
un fruit prefque rond &; rélevé de trois coins de
couleur -verte , matbrée de rouge , qui renferme
des femences jaunâtres. Sa racine eft oblongue ,
blanche , charnue & plus menue en haut qu'en bas ,
& ayant en quel (ue manière la figure de la denc
d'un chien. La féconde efpèce ne diffère de la pre-
mière qu'en ce que fes feuilles font plus longues &c
plus étroites j que fa fieur eft plus grande &c fa
racine plus grofle, Lurs racines font réfcîutives &:
amolhlfantes. Il ne faut pas confondre cette planté
avec le chiendent que les Latins nomment Gramen.
Dent de lion. Dens léonin. Plante qui a pris ce noni
de la découpure de fes feuilles, qu'on dit avoir qael-
que rapport avec l'arrangement &: la difpofitioii
des dents du lion ; c'eft fur tout dans l'efpèce la
plus ordinaire qu'on trouve cette prétendue con-
venance. Sa racine eft grolTe comme le doigr^iSc rem-
plie d'un fuc laiteux. Elle pouife à fon coller pki-
fieurs feuilles longues , plus ou moins fuivant le
terrein où elle naît, tantôt larges , tantôt étroites ,
&c découpées le plus fouvent fur les bords en ma-
nière de dent. D'entre fes feuilles s'élève un pédi-
cule fimple , creux , long comme le doigt , pluâ
grand luivant la force de la plante, qui foutienc
une fleur compofée de plufieurs demi fleurons jau-
nes , renfermés dans un calice qui fe referme ,
lorfque les femences qui foutiennent chaque demi-
fleuron , font mûres. Elles font chargées d'une ai-
grette qui s'étend en rond , 1.^ qui fert à les rendre
plus légères j & plus propres à ,;être emportées par
le vent. Ces femences font rougeâtres ou jaunâtres.
Le vulgaire appelle cette plante le piflcnlit. Lecli-
mingd , peut-ctre parce qu'elle provoque les urines;
& qu'elle eft apéritive. On met dans les falades les
nouvelles feuilles & les jeunes poulfes de la denc
de lion. La plante appelée A/er^a^i/? ne diffère delà
dent de lion, que parce qu'elle donne des tiges or-
dinairement branchues.
DENTAIRE, f f.Z?ewjrij.y?/ On a attribué ce nom
autrefois à quelques plantes qui avoient leurs racines
écailleufes & comme dentées \ à prefent c'eft celui
d'un genre de plante , dont les fleurs font en croix;
& les racines font plus ou moins écaillées. L'efpèce
la plus ordinaire a fa racine blanchâtre lorfqu'elle
eft nouvelle, noirâtre lotfqu'elle vieillit, garnies
de quelques fibres &: de plufièurs écailles ou iné-
galités en manière de dents rangées dans une mâ-
choire. Chaque écaille eft ordinairement blanchâ-
tre fiu fon bord. De cette racine s'élève une tige
haute de fept à huit pouces \ ronde , verùârre , droite
«Se chargée de deux à trois feuilles, découpées juf-
qu'à leurs collets , le plus fouvent en fept fegmens
oblongs , dentelées fur leurs bords , oppofées pac
paire fur cette même côte qui eft terminée par un
feul fegment. Le nombre de fept a fait donner È
cette plante le nom de Denraria heptaphyllos. Sè
4 3© BEN
tige eft terminée par un petit bouquet de fleurs
en croix , purpurines , S: pareilles à celles de la
Juliane. Leur fruit ell une iilique à deux loges rem-
plies de femences arrondies. Ce qu'il y a de parti-
culier SL cette lilique , c'eft que les deux lames qui
la compolent le roulent en manière de volute lorf-
que la iemenceeft mîire. La Dentaire vient dans les
bois. Il y en a deux autres qui font de la même
cfpèce que la précédente , dont l'une elt appelée
dentaria triphytios , parce qu'elle n'a que trois feuil-
les attachées à une queue, SC l'autre dtntaria pen-
taphyUos , parce qu'elle en a cinq rangées fur la
même côte. Il y a une autre plante que Matthiole
appelle grande dentaire , qui vient fans feuilles ;
ce qui la fait appeler par quelques-uns aphyllos.
Elles a fes feuilles en mafque , c'eft un anhLatum.
Elle croît au commencement du printems dans les
forêts , & autres lieux où les rayons du foleil ne
donnent point. Sa racine eft blanchâtre , grande j
pleine de fuc , frêle j & compofce d'une infinité
d'ecailles. Elle poulfe des tiges de la hauteur d'une
palme, tendres j pleines aulîî de fuc, & fembla-
bles à celles de l'orobanche. Depuis le milieu juf-
qu'à leur cime il en fort des fleurs de pourpre,
blanchâtres , velues , accompagnées à côté de pe-
tites feuilles prefque de même couleilr. Il y vient
après de petits boutons dans lefquels eft la graine
femblableà celle de pavot. C. Bauhin l'appelle Oro-
banche radice dent.uà ma] or.
Dentaire. Terme de Médecine. Qui appartient aux
àonii. Dencalis. M. Andry, dans fon Traité de la
génération des vers dans le corps humain, appelle
dentaires ceux qui viennent aux dents.
DENTAL, f. m. Terme de Conchyliologie. C'eft le
nom que les Naturaliftes Rocailleurs donnent à un
petit coquillage fort rare, fait en totme de chalu-
aneau, gros comme une plume à écrirej & diminuant
peu à peu jufqu'à l'autre bout, ce qui lui donne la
figure d'une dent, d'où il tire fon nom. Dentalium.
Il a environ trois pouces de long. Il eft poli, luifant,
verdâtre , marqué de lignes droites d'un bout à l'au-
tre. On le trouve fur les rochers dans de vieux co-
quillages, & toujours vide & léger, parce que le
petit ver qui naît au-dedans , le quitte pour aller
chercher pâture. On lui donne encore le nom de
Syringitesj à caufe de fa reifemblance au chalu-
meau.
$3" DENTALE, adj. f. Terme de Grammaire. Epi-
thète par laquelle on délîgne. certaines confonnes
qu'on ne peut prononcer qit'avec l'aide des dents, ou
plutôt par un mouvement de la langue vers les dents.
Les Grammaires diftinguent les confonnes en labia-
les, dentales, palatiales, linguales, gutturales. D,
T, &:c. font des lettres dentales. Foye^ Lettre, con-
fonne, &c.
^fT DENTÉ j ÉE. adj. Qui a des dents. Dentatus. On
ne le dit que de cettaines chofes qui ont des pointes,
des avances qu'on appelle dents. Âinh Tondit qu'une
roue d'horloge, de montre, de moulin, &c. eft
dentée.
On le dit auflî en Blafon, des animaux armés de
denrs , lorfqu'elles font repréfentées d'une autre
émail.
Denté j feditauffi, en Botanique, des feuilles de plan-
tes qui font dentelées, qui ont des formes de dents,
des pointes ferrées les unes contre les autres. Denta-
tus ^ a y um. Des feuilles dentées en leurs bords.
Geoffroy. Acad. 1700. Mém.p. 135.
Ce mot ne diflfète de dentelé qu'en ce que les dé-
coupures d'une chofe dentée font plus fines & beau-
coup plus égales que celles d'une chofe dentelée.
Ainfi l'on dit que le calice des Beurs de l'olivier &
du 'Ivrax eft denté par les bords. Dicl. de James.
DENTÉE, f. f. En termes de ChalEe, fe dit des coups
de dents, qu'un lévrier donne à une bcre qu'on
chafTe, ou d'un coup ou atteinte des défenfes d'un
fangiier, qui découd & éventre leschiens & lesche-
viux. Aprugni dentis iclus.
DENTELAIRE. f. f. Plante qui poude pîufieurs tiges
DEN
] d'environ deux pieds de haut, purpurines ou noirâ-
I très & cannelées , fe divilant en beaucoup de ra-
meaux. Ses feuilles font femblables à celles de l'her-
be aux puces j mais plus petites, embraftant leur tige,
dentelées en leurs bords, vertes-brunes, d'un goût
acre; des fleurs naiffent en fes fommités, de cou-
leur purpurhle & ramalfées enfemble, formant un
tuyali velu. Lorfque cette fleur eft paftee, fon calice
devient une capfuie qui renferme uriefemehce oblon-
gue, prefque auili grofle qu'un grain de froment.
Elle croît dans les pays chauds , & eft réputée propre
pour les écorchures qui fe font près du fondement
en allant à cheval.
DENTELER, v. a. Faire des entailles en forme de
àQr\K.Dcntlculos agere.hss cotniches dentelées font
plus agréables que les autres.
Dentelé, ÉE. adj. Qui a des pointes, des entaillutes
en forme de dents , comme les fcies, &c. Denticu-
latus. Ouvrage dentelé. Corniche dentelée. Roue
dentelée.
Dentelé j ée. Terme de Botanifte, de Jardinier & de
Fleurifte , qui fe dit des feuilles d'arbre j de plante ,
ou de fleur , qui font en quelque façon dentelées tout
autour : c'eft-à-dire , que les bords en font décou-
pés en forme de petites dents, comme l'ancienne
dentelle. Les pétales, les feuilles &les calices dente-
lés oni leurs découpures moins égales & plus écartées
que ceux qui font dentés. La feuille de l'orme elt
dentelée.
En Anatomie J il y a un mufcle qu'on appelle le
petit dentelé , qui fert à faire mouvoir l'épaule en
dedans. Il y en a un avitre qu'on appelle \cgrandden-
telé , qui fert à dilater la poitrine. Ces deux mufcles
font appelés dentelés antérieurs j parce qu'ils font
fitués fur le devant de la poitrine. Il y en a deux au-
tres qu'on appelle dentelés poflérieurs , parce qu'ils
font fitués fur le dos. Le dentelé pojîérieur Se J'upé-
rieur tire les côtes en haut ; l'inférieur les tire en bas.
En termes de Blafon, on appelle denteléees les
pièces qui font bordées de dents plus petites tic plus
aiguës que les dentées. Un chevron dentelé 3 une
croix dentelée.
DFNTELLE. f. f. Petit paflement ou ouvrage de fil, de
foie, d'or ou d'argent j qui fe fait avec des fufeauXj
qui fert à orner les habits & le linge. Textum e lino,
vel e kombycc j vel ex aura , vel ex argento , denticu-
latum , variifque figuris defcriptum. On a défendu \t^
dentelles d'or & d'argent , les dentelles d'Angleterre ,
de Flandre j &c. On fait remplir les dentelles claires
ou déchirées. On fait reborder les dentelles. Les points
coupés & les dentelles de Flandre & autres turent
défendus en i (Î19. 1635. De la Mare , Tr. de la Pol.
T. I.p. 115.595. On ^ donné à ces ornemens le nom
de dentelles, parce que les premiers qui furent fai-
tes étoient en forme de dents.
1^ Les Relieurs appellent aufTi dentelle un petit
deflein ouvragé , qui fe pouffe avec un fer chaud ,
ordinairement d'or, fur le plat de la couverture d'un
livre, en fuivant le bord dans tous les fens.
^ DENTELURE, f. f. Terme d'Architefture , de
Sculpture & aurres arts mcchaniques, ouvrage fait en
forme de dents, dentelé. Ouvzment qui repréfente
des dents , des entaitlures en forme de dents. Den-
ciculi.
^fT On le dit auflî, dans Tufage ordinaire, des cho-
fes faites ou découpées en forme de dents, foit na-
turellement j foitpar art. Faire avec des cifeaux des
dentelures , deux, trois dentelures à un morceau de
linge , de cuitj d'étoffe, &c. On appelle auflî dente-
lures , les petites dents des os du crâne par où ils s'u-
niffent dans les futures. La future de l'os des tempes
a un rebord qui cache les dentelures qui font en de-
dans. DiONIS.
DENTER. f. m. PoilFon qui s'appelle autrement Sy^
nodcin. T'oy. ce mot.
DENTICULE. f m. On dit auflî Dentelets. Denticuli.
Terme d'ArchireiSlure. C'eft une petite bande carrée
qui fait partie de la corniche Ionique & Corinthien-
ne, fur laquelle ou fait ordinairement de petites en-
D EN
cailles ou crcneliires qui refremblenc à un rang de^
dents. Autrefois l'ufage etoit de ne mettre des den- «
tkules qu'à la corniche de l'ordre Ionique : on ne 5
lailfe pas d'en voir aux reltes du théâtre de Marcellus; |
ce qui fait croire que Vitruve n'a pas eu la conduite ]
de cet édifice. Vitruve donne à chaque dentïculc pour |
fa largeur , la moine de la hauteur , 5c à la cavité de |
la coupure qui eft entre les dentkulcs ^ deux parties
des trois qui font la largeur du dentïculc. Le même
Auteur remarque au ch. i. duliv. 4. que les Grecs
n'ont jamais de dencicuUs au-deflbus des modillons,
parce que les modillons repréfentent les forces, &
les denticuks repréfentent les bouts des chevrons qui
ne peuvent pas être au-delfous des forces. Les Ro-
mains n'ont pas fuivi cette règle , excepté au Pan-
théon, où il n'y a point de dendcules au-deflous des
modillons j ni au portique, ni au-dedans du bâti-
ment.
On appelle dentkules en guillochis , des dcntkules
faits d'une petite platebande continue, & qui retoirr-
nent d'équerre par en haut & par en bas.
DENTicuLE,f.m.Termed'Architeéture. C'eft le même
carré fur lequel, on taille les dentkules.
ib^DENTICULÉ.adj. On appelle, en termes de Bla-
fon j un Ecu iemkuU , lorfque fa bordure a des dents
faites des dentkules d'Architedure.
DENTIER, f. m. Un rang de dents. Dentium or.io.
Cette femme a un beau dentier. Ce mot eft vieux.
DENTIFRICE, f. m. Terme de Médecine, qui fe dit
des remèdes avec lefquels on fe frotte les dents. Den-
tlfrkium. Il y en a de fecs, dont quelques-uns font
en forme de poudre, compofés avec les coraux j la
pierre-ponce, lefel, l'alun, les coquilles d'œufs j
d'efcargots & d'écrevifTes , la corne de cerf, l'os de
feche , &c. On en fait aulli en forme d'opiare avec ces
mêmes poudres, en y ajourant du miel. Il s'en pré-
pare encore avec des iMcines cuites avec l'alun, &:
léchées au four. D'autres font en forme de liqueur,
qu'on rire par diftillation d'herbes delféchantes, & de
médicamens aluingens. Les îrioUandois difent que
le meilleur opiate, ou dentifrice, qui conferve les
dents belles, eft de les frotter avec du beurre. Les
Efpagnols les frottent avec de l'urine.
DENTISTE, f. m. Chirurgien qui s'occupe de ce qtii
concerne les dents J qui fait ou guérir, ou prévenir
les maladies des dents. Tant de gens s'ingèrent de
travailler aux dents, quoiqu'ils foient d'une autre
profelTion J que je crois qu'il y aura bientôt plus de
Dentijles, que de perfonnes affligées de maux de'
dents. Ca mot fe joint ordinairement à celui deChi-j
rurgien. Chirurgien-DentiJle.C e^CQ\\xi qui fe borne
au foin des dents, qui les nettoie, qui les tient en
bon état, qui prévient ou guérit les maladies des
dents, qui les arrache. Dentium curator , dentium
Chirurgus. Il n'y a nulle part de C\nimg\Qn%-Dentif-
tes fi habiles qu'à Paris.
|CT DENTITION " " '
fe fait en diiTérens
l'adolefcence. Dentitio. Il le fait deux dentitions dans
l'homme; la première comprend le temps deftinc
à la produdion des dents de lait : la féconde embrafte
les années où l'on voit naître toute la fuite des dents
fecondaires. Dt' CM£Mi>f.
DENTS. Terme de Conchyliologie. Ce font de petites
éminencesjou pointes qui garmlfent la bouche d'une
coquille.
DENTURE, f. f. L'ordre dans lequel les dents font
rangées. Dentinm ordo. Une belle , une vilaine den-
ture.
En termes d'Horlogerie, on appelle denture, le
nombre de dents qu'on donne à chaque roue. C'eft
le nombre des dents de la grande roue qui règle la
(/s/zr^re des autres.
DENUDATION. f f. Denudatio. Terme de Philofo-
fophie Hermétique. La c/ewc/iZfio/zPhilofophique eft
un changement qui arrive à la matière de la pierre
philofophale j lorfqu'elle devient noire : ce change-
ment s'appelle dénudation.
§3* DÉNUDATION J Se dit auffi en Chirurgie j du dé-
DEN DEO DEP 131
pouillement des os qui paroiftent à découvert dans
les fractures J ou dans quelque autre accident. La
dénudation eft affez ordinaire dans les haclures &
dans les amputations j lorfque l'opération eft mal-
faite , c'eft-à dire lorfque l'os na pas été fcié exade-
ment au niveau de la mafte àis c\\2\ts. Nudatio 3
denudatio. Etat de l'os qai paroît à découvert.
DÉNUEMENT, f m. Privation, dépouillement. Pve-
rum omnium fpoUaùLO^ Il ne v.-.u: r:en ni au propre,
ni au figuré. Il eft vrai pourtant que les dévots s'en
fervent J &C qu'ils difent, le dénuement de routes
chofes : Etre dans un parfait dénuementàss créatures
&c de foi-même. Mais les dévots ont une Lingue par-
ticulière, fort différente du commun langage j &: ils
ne doivent pas lervir de modèle pour rexprefllon.
BouH.
IKT DENUER. v. a. Dépouiller j dégarnir des chofes
néceftaires, ou regardées comme telles. Spoiiare,
nudare, exfpoUare, difpoliare. La fortune l'a dénué
de tout. Ce gouverneur a dénué fa place de vivrrs ,
de munirions. Cepères'eft (/e/zw/ de tout pour l'cta-
bliiïement de Çq^ enfans. Il eft plus fcuvent employé
avec le pronom perfonnel.
§3" DÉNUÉ, ÉE. part. Ordinairement employé comme
adj. dans la hgnilication de dépourvu. Un homme
dénué À'i biens, de fecourSj d':aiîftance. Dénué d'ef-
prit, de bon fens, de confeil. i>e/i«e d'agrémens.
DÊNYZELI. f m. Ville de l'Anatolie, 8ù il y a des
ruines antiques qui étonnent par leur beauté. On
les appelle Aroudon.
DEO.
DÉOGRATIAS. f. m. Nom d'homme. Deo^ratias. S.
Auguuin compola le Traité du Catcchifme à la
prière de Déogratias , Diacre de Carthage. Fleur.
Un autre Deogratias fut ordonné Evêque de Car-
thage en 4^4. ou 45 3- C'eft au premier livre de l'iiif-
toire de Viéior de Vite , C VIII' qu'eft contenu
tout ce qu'on fait de S. Déogratias ^ fucceftèur de S.
Quodvultdeus. L'auteur du petit livre François inti-
tulé ï Aumône Chrétienne ^\e nomme incongruement
Grâce à Dieu. ChastelaiNj Mart. T. I,p.^6. Peut-
être Déogratias n'étoit-il pas le nom même de ces
Saints, mais une interprétation Latine de leur nom
Punique, ou Carthaginois, qui étoit tel que font
en Hébreu f:mn>, Jehohanan; ou, {JhSk, Elhha-
nan, qui fignifie a-peu-près la rnême chofe.
Quand un enfant fe rend , & qu'il ne veut plus
manger à table, on lui dit proverbialement Déogra-
tias J les Moines font fous , par allufion à ce qui fe
fait chez les Moines, où, quand le diner eft fini, le
Icâeur, au figne que lui fait le Supérieur, chante lu
\ autein Domine miferere nobis j &C tous les Moines, en
l fe levant de tablcjtépondent Deo gratias.
\ DEOLS. Ville de France dans le Berry. Doli. Dolenfis
f f. Sortie naturelle des dents j qui \ vicus, & Caftrum Dolenfe. On l'appelle auffi Bourg
s temps, depuis Tenfance jufqu'à? de Deols,ôc quelques-uns Bourgdieux. Valois. Le
■■"'"'"■' ' ' * Pays de -Deo/j eft abondant en vins & en laines; fa
jurifdidion s'étend à plus de 20 lieues. Il a plus de
douze cens fiefs Se arrière-fiefs qui en dépendent :
Ce qui fit que Charles IX. l'érigeaen Comté en fa-
veur du Baron d'Aumont. Du Chêne, Antiq. des
Villes de Fr.P.I.C.M6.
DÉONAIRE. f. m. & f. Nom de Sedle. Deonarius. Les
Déonaircs étoient une Seéle de Manichéens , ou de
Pauliciens, dont parle l'Auteur du livre inrirulé Hif-
toria Ve\eliacenfis , dans fon L. I V. p. 644. Quelques-
uns difent que les Déonaires étoient peut-être ce que
nous appelons maintenant Déiftes.
DEP.
DÉPAÏSER. ^oyeç DÉPAYSER.
DÉPAQUETER, v. a. Défaire un paquet , l'ouvrir.
Fafcem. folvere. Il a fait dépaqueter à ce Marchand
toute fa boutique , & il n'a rien acheté. lia dépaqueté
ce paquet de lettres pour les rendre à leur adrefle.
DÉPAQUETÉ, ÉE. part.
zyt DEP
DE PAR. Prépofitîon qui régie l'accufàtif, & qui fîgni-
Ée , de la parc j par l'ordre, par le commandement.
On a défendu de par le Roi les pafTemens d'or &
d'argent. ^A liegc, de mandata liegis. f^oye^ à la
prépolition De.
PÉPARAGER. V. a. Terme de Coutume. Deparager
une fille, c'eft, la marier à une perfonne d'une con-
dition inégale. Puellam ïmpar in matnnionium collo-
çare.
UCF En Normandie le frère ne doit pas deparager
fa fœur. Ainfi, quand un frère, pour avoir meilleur
marché du mariage avenant de fa fœur noble , la
marie à un roturier, elle cft déparagée. Dans ce cas
elle eft en droit de prendre des Lettres de refcifion ^
pour faire augmenter le mariage avenant , & les
parens doivent être alfemblés à l'effet de le régler &
liquider. Perrière. Déparagerwn fief. Oter le pa-.
rage, le faire celfer. Foy. Paragh.
^ DEPAREILLER, v. a, Oter le pareil. On le dit
ordinairement des chofes qui doivent être doubles.
Dépareiller êiQS gants, des bas, des tableaux; &
quelquefois ôter l'une de plufieurs chofes paieilles
Dépareiller des lions. On le dit de toutes les chofes
qui ont moins de débit quand elles font dépareillées.
Difparare, impar facere. Imperfeclum reddcre. Ne
m'ôtez point ce \\vit-\2i;vo\x%dépareillerie-{ l'ouvrage.
On m'a volé bien des livres, & dépareillé wne partie
de ma bibliothèque. C'eft la même chofe que dépa-
rier, avec cette différence que déparier fe dit patti-
ticuliérementdes animaux qui ioni appariés i
Du Cange dérive ce mot de diïpariliare , qu'on a
dit enlabalfe Latinité dans la même fignificacion.
DÉPAREILLÉ, iîE. part. Cet ouvrage efl dépareillé, on
en a perdu un tome , j'aimecois autant qu'on m'eût
pris tous les autres.
DEPARER. V. a. Oter l'agrément, l'orneinent ordi-
aaire que quelque chofe a ^ ou doit avoir. Defor-
mare. Cette femme a de grands traits de beauté ,
mais elle a un nez mal fait qui la dépare. Une aile
qui manque à ce beau bâtiment le dépare tout-à-
fait. Ce mot n'a guère d'ufage que quand il s'agit
d'Eglife : Foye-^ l'atticle qui fuit. Quand il s'agit de
toute autre chofe, on fe fert plus ordinairement de
-défigurer.
DÉPARiR, fignifîe auffi , ôter les pàremehs extraor-
dinaires d'un autel, en changer. Ornatam collere. Si-
tôt que le fervicefut achevé, on t/jr^ara l'auteL II faut
<:^e/^i^rerrEglife pour la teridre de deuil.
DÉPARÉ, ÉE. part.
DÉPARIER, v. a. De deux chofes qui font pareilles ou
appariées enfemble, en ôter j en léparer une. Difpa-
rare. La blanchilfeufe a déparié mes manchettes :
mais il fe dit particulièrement des animaux qui fe
joignent enfemble. Il faut bien prendre garde de
déparier cts pigeons. Par impari jungere. J'avois devix
paires de tourterelles; mais elles Çonx dépariées i II fe
dit auiîi, en manège, des chevaux de carofTe de diffé-
rent poil, ou de différente taille, qu'on ne trouve
pas à propos d'atteler enfemble, parce que cela fe-
roit un méchant effet. Il faut que j'achette d'autres
chevaux , les miens font tous dépariés.
Déparié , ée. part. pa(f. & adj. Dijharatus.
DEPARLER. v. n. CefTer de parler. Tacere. On ne
l'emploie qu'avec la négative, dans leflyle familier,
en fe plaignant de ceux qui veulent toujours parler j
& de qui l'on dit qu'ils nedéparlen[poïm.JVonce£are
a loquendo. Il ne déparle point de tout le jour. Cet
homme eft le plus grand parleur qu'on ait jamais
vu , quand il eft dans une compagnie , il ne déparle
point.
DEPART, f m. Sortie d'un lieu à deftein de faire un
voyage. Difcejfus , profeclus. Cet OfKcier prépare
fon équipage , il eft fur fon départ. Une heure avant
fon départ W délibéroit encore de fa route. On n'at-
tend que le vent pour le départ des vailfeaux. Ondi-
foit auttefois départie.
Départ & Départie, fe difoient autrefois pour fépa-
ration , Se départ fe dit encore dans ce fens à lamort-
noie. Ce mot vient du latin , pars partie j & partitif
D EP
partager. Ainfi départ pris pour fortie d'un lieu ;
fignihe proprement l'action de fe féparer des perfon-
nes avec qui l'on elf. / oy. Départie.
§CT Départ, en termes de Monnoie & de Chimie.
C'eft une opération, ou plutôt une fuite d'opéra-
rations par lefquelles on fépare l'or d'avec l'argent.
Le départ par la voie fèche, fe fait à l'aide du feu &C
du foufre. Le départ ^zv la voie humide, eft quand
cette féparation fe fait par le moyen de l'eau forte.
C'eft celui qui doit être le plus en ufage, tant parce
qu^il y a moins de déchet , que parce qu'on peut
affiner l'or jufqu'au dernier degré. Boizard, Tr. des
Monn. P. I. C. 11. où il décrit toutes les circonftan-
ces de ce départ, p. 105. & fuiv. Auri purgatio.
Or dé départ, qu'on appelle autrement or eu
chaux, ou or moulu. C'eft l'or retiré du creufet après
la dernière opération àv\ départ , ou de l'affinage avec
l'eau forte. L'or de départ ie fond dans un creufet, &C
l'on en fait des lingots dont l'or , fe trouve rrès-fin ;
ou bien on emploie cet or à dorer des ouvrages qu'on
appelle vermeil doré : pour cela on l'amalgame avec
du mercure^ & on l'emploie enfuite à ces fortes
d'ouvrages.
Eau du départ, autrement Eau Régale, eft une eau
forte , à laquelle on a ajouté du fel commun , ou du
fel ammoniac, outre les autres fels dont l'eau forte
ordinaire eft compofée afin qu'elle ait la force de dif-
foudre l'or , & de le féparer des autres métaux. Aura-
rii& diremtionis admimjira aqua.
DEPARTAGER. V. à. Oter le partage, ^quationem
fentenûarum tollere. Il fe dit au Palais des procès où
les Juges ont éîé partagés, & fe font trouvés en nom-
bre égal d'avis diftétens ; on les envoie en une autre
chambre pour les départager. Foye^ Comparti-
TEUR.
gC? En matière Civile une feule voix fuffit pour
départager. En matière criminelle il en faut deux :
& dans le cas de partage le jugement paffe à l'avis
le plus doux.
Ip- DEPARTEMENT, f m. Terme qui fe dit en di-
vetfes occ^fions & de diverfes chofes. Il fîgnifie
en général partage , difttibution qui fe fait de
certains objets entre plufieurs ■^lionntSi Dijlributioi
partitio.
(fT Ce riiot eft employé en parlant des différentes
affaires d'état, difttibuéespar le Roi entre les quatre
Séctetaires d'Etat, & des différentes provinces donc
la connoiffance leur eft' attribuée. Département de la
Gilôrre, département âç la Marine, &c. Un tel Se-
crétaire d'Etat a dans fon département la Marine, la
Normandie , la Maifon du Roi , &c.
IJCT On dit , dans le même fens , département des
Finances en parlant de la difttibution qui cft faite
par le Roi au Conttôleur Général & aux Intendans
des Finances, des affaires de Finances qui fe traitent
au Confeil , & des Provinces relativement aux
mêmes objets.
tfT Départemens des Intendans des Provinces, dé-
partemens des Intendans de Marine, diftributipn qui
eft faite paf le Roi de ces Officiers dans les différentes
Provinces & Généralités, ou dans les différens ports
de France & Provinces Maritimes du Royaume.
Foy: Intendant.
§Cr Les départemens de la Marine en France font
fur l'Océan , Breft, le Havre, Rocheforr. Dunker-
que, étoi: autrefois le premier. Sur la Méditerranée,
Marfeille & Toulon.
^3" DÉPARTEMENS des Fermiers Généraux , font la
diftribution quife fait entr'eux tous les ans des objets
de travail pour le fervice des Fermes. Département
des Gabelles , du tabac , &:c.
DÉPARTEMENT, cft auflî la difttibution, la répartition
qu'on fiit des tailles , ^ autres impofîtions fur les
Eleétions & les Paroilfes. Fecligalium defcriptio. Ce
font les Intendans de Juftice à qui l'on adreffe les
commilfions des tailles & autres levées de deniers,
pour en faire le département im les Elevions, Villes
& P.aroilTeS. On leur mande d'en faire le département
le plusjufte qu'il leur fera poflîble.
§Cr DÉPARTEMENT,
DEP DEP ^31
^ DÉPARTEMENT, fe dir audî de l'affignation de lo-*DÉPAfeTiR, fignifie eh Chimie , Scèn teriîiês de^'ôiî-
gement des Troupes, des quartiers qu'on leur diftri-
bue. Dijlributiojianva, 6c félon les laifons , hiberna,
hibernacuia, ou xjUva. Ils cirèrent au fore les villages
les plus proches, & chacun alla à Ion dJparcement.
As. Ce Ré"imsnt a obtenu cette année un bon dt-
panemencpoin palFer fon quartier d'hiver.
Département, en termes d'Architeâ:ure , eft l'ordon
noie , léparer. Dirimere , feparjre. L'or ne fe peUÈ
û'e:?art/> d'avec 1 argent qu'avec l'eau régale, ou l'eàii
de départ. Un pot a dcpartir , oU Inatras , elt nft "vaif-
feau de terre ou l'on met l'eau forte & la greHaillô
d'or que l'on veut départir, o\x diffi^udre. Voy e^ dans
Uoizard,^ Tr. des Monn. P, J. C. 22. la manière de
départir Tor.
nance &defcriptiondes membres , chambres & par- 5 Départir, v. n. Vieux mot. Partir, s'onallen Âbire ^
ries , donteft compofé un bâtiment , en un plus grand j d'Jcedeie , proficijci.
ou un plus petit nombre de pièces, félon leurs gran- | Départi , ie. part palT. & adj. Divifus , dijlrihutas-.
deurs , fuivant la différence des perfonnes, &: c'elt On appelle mamtenant au Confeil , Comnujjairei
la première parrie du devis, félon Savot. Ordo , aV)?^r^'i- dans les Provinces pour l'exécution des or-
difpofitio. Cette fignihcation étoit en ufage autrefoi3j ' dres du Roi , ceux qu'on nommoir ci-devant Inten-
o''^'2t de Jultice , Police & finanees dans chaque
Généralité.
Départir, f. m. Déparc ^ Difcejfus , profeclio. Avant
aujourd'hui deparcemenc fignifie certaines parties
d'une maifon deftinées à un ufage particulier. Dé-
partement des cuihnes , des écuries , des domelliques
de la bouche, &c. ce font les pièces deftinées à l'ula-
ge des domelHques , à fervir pour la bouche, à pré-
parer à manger , &c.
Département. Vieux mot. Départ. Dijcejfus ^ pro-
feclio.
DÉPARTIE, f.f. Vieux mot. Départ, féparation. Sepa-
ratio J difcejjlo. La débonnaire Reine ( Blanche) ré-
pondit en plorant : Beau , très-doux fils , que lera-
ce ? comment pourra mon cœur fouftnr la départie
de vous &de moi ? Anonvme, vie de S. Louis,
' Cruelle départie.
Malheureux jour]
Que ne fuis-je fans vie
ans amcur :
Ouf
DÉPARTIR, v. a. Diftribuer ; partager quelque chofe
entre plidieurs. Partiri j difperciri, dividere ^ dijlri-
buere. Les Romains fe faifoient élire Empereurs en
départant de grolTes fommes de deniers aux foldars.
Les faveurs du Cielj les dons de la nature, ne fe
départent pu également fur coils les hommes,
Entre les animaux , leur Auteur , de raifon
A qui plus ^ à qui moins , départir une dofe.
NOUV. CH. DE VERS.
f^ On ledit, dans le même fens, en parlant des
tailles i c'eft alors divifer une chofe entre plufieurs
perfonnes , & donner à chacun fa part convenable.
Il y a lix mille francs de taille à départir fur cette
Paroilfe, il faut en donner à chacun ce qu'il en peut
porter.
On dit . à la ChafTe , départir les quêtes, lorfqu'on
alîigne à chaque Veneur qui va au bois le canton de
la quête.
Départir , fe ditj en termes de Palais , de tous les
procès que l'on partage entre les Juges, &: dont on
diftribue les pièces, afin de les examiner. Ce procès
fera bien-tôt jugé, on l'a départi.
Départir , avec le pronom perfonnel , fignifie fe dé-
portet , quitter j céder , abandonner une p.eijntion ,
une demande , une opinion. Ab ali-juù re dr/cedere ,
rei alicui renunciare. Les Grands ont de la peine à fe
départir des prétentions qui font dans leurs Mailons ,
quelque vaines qu'elles foienr. La partie adverfe
s'eft c^^joame d'une requête qu'elle avoir préfentce j
s'en eft défiftée. Ce Dodteur a tenu long-temps cette
opinion , mais enfin il s'en eft départi. Se départiras
fon droit. Le Mait. Il eft à croire qu'il ne s'eft pas
départi Ai fes sûretés fans raifon. Pat. Ce n'eft pas
une rèîîledont on ne puide fe départir. Id. Sédécias
Roi d'Ifracl donna fa parole au Prince des Alfy-
riens , de ne fe départir jamais de fon alliance.
Maucroix.
fon départir. Marot.
DEl^ASSER. v. a. Retirer une chofe d'un endroit où
elle étoit paifée. On ne le dit guère queues rubans ,
des lacets ou chofes femblables qu'on a fait palfec
dans des boutonnières , des œillets , &c. Educsre. Il
faut depajjer la corde de ce nœud coulanr. Il faut
depa[jer ce lacet , ce ruban.
DÉPASSER un vaifléau , en termes de Marine ^ c'eft ,
sHer plus vite qu'un autre vaiffeau, & le laiffer der-
rière. Vinccre j antecedere. Dépajfer la tourne-vire ,
c'eft la changer de côté. Dépajfer &îï aufti^ aller au-
delà d un certain lieu y foit qu'on ait intention d'y
aller , foit qu'on ne l'ait pas. Nous déparâmes de dix
lieues Goa, où nous voulions donner fond. Guill.
Nos Pilotes onc été bien étonnés de voir terre. Ils
croyoient avoir depaffé flile de Cocos. Choisi ,
Journal de Siam. Nos Pilotes nous alTurent que
nous n'irons point autrement jufqu'à ce que nous
ayons dépajjé le foleil. Ieid.
On dit au jeu de Billard , faire dépaffer une bille,
pour dire , faire lepalfer la biUer qui avoir déjà
palfé.
|Cr DÉPASSER. Terme de Manufadlure en foie. C'eft
ou dégager les fils des Ulfes , ou défaire les lacs qui
fervoienr à former le deftein fur l'étoffe. Encyc.
Dépasse, ee. part. p.
DEPAVER. V. a. Ocer le pavé qui eft en œuvre. Pavi-
mentum rejodere. On a dépave les rues. On a fait dé-
paver cette cour. Les ravines , les torrens dépavent
les chemins.
DÉPAVÉ , ÉE. part. Un chemin dépavé , une cour
dépavée.
DÉPAYSER. Prononcez DÉPÉÏSER. v. a. Faire fortir
quelqu'un de fon pays natal pour le faire paiîor
daiiS un autre. Aliquem e patriofolo evocare regionem
in a iam. Lesparensde ce jeune homme l'ont envoyé
en Italie pour le depayfer.
Dépayser, fignifie aulli, corriger quelqu'un des dé-
fauts , de l'accent , des mœurs du pays. Dedocere.Oa
n'eft pas un an à la Cour qu'on y eft bien dépayfé ,
qu'on y a pris une autre manière de vivre , & dâ
parler. A le bien prendre, un honnête-homme n'a
point de métier, l'étendue de fon efprit le depayfe
par-rout. Ch. de Mer. Du Cange dérive ce mot de
dfpatriare , qu'on a dit en la balfe Latinité dans la
même fignification.
DÉPAYSER. , fignifie anfti , faire changer de pays à un
homme qui y eft habitué , pour lui faire perdre fes
connoiflances , pour le mettre dans un lieu où il
n'ait pas les mêmes avantages. Aliquem depatriâ ex-
trahere j & in aliam reglonem mittere. Lin Supérieur
dépayfeun Religieux qui a quelque mauvaife habi-
tude, & le transfère dans un autre Couvent. Il eft:
arrivé un affront à cette famille , qui l'a obligée »
fe dépayfer , à s'aller habituer en un autre payç.
fjCTOndir aufTife^e/jamVcfefondevoir, manquer DÉPAYSER , fe dit aufti au Palais, en pariant des évo-
à ce qu'on doit. O^îcio deeffe. Se dépattir du refpecl,
de l'obéi ffance qu'on doit à quelqu'un , s'en écarter ,
s'en éloigner. Dans ce cas il s'emploie ordinairement
avec la négacive. On ne doic jamais fe départir àç
l'obéiirance qu'on doit à fon Souverain , du refpeâ
qu'on doit à fes fupérieurs.i^^vycfre , dejicere ai.
Tome III.
cations qu'on fait pour tirer une affaire d'niie jurif-
diilion en une autre plus éloignée. Evocare domo.
Mes parties avoient trop de crédit en ce Parlement ,
je les ai fait évoquer ailleurs pour \e% dépayfer. On
le dit aulTi, en fait de difpute,'pour dire mettre quel-
qu'un fur un fujet fur lequel il ne foit pas fi prépare..
X34 D E P
On prelloit foie ce Docteur fur un point de Jurifpru-
dence , il a fait naître une queltiçn de Théologie
qui a dépayfe fon adverfaire.
Dépayser , le die encore, dans le ftyle familier j pour
dixQ , donner à quelqu'un de fauiles idées , pour
empêcher qu'il ne loit au tau de quelque chofe.
Dépayse , ee. part. Il a les fignitications de Ion verbe,
en Latin &c en François.
DÉPÈCEMENT, f. m. Aâ:ion par laquelle on met en
pièces. Les Bouchers font le depecemcnrd^un bœuf, le
mettent en pièces pour le vendre.
DEPECER j V. a. Mettre en pièces , ou en morceaux.
Jn frujia dividere , difccrpere , jruftaûm concidere.
On dépèce un c\\:ii)on , une volaille, pour en fer-
vir , pour en faire une capilotade. Un Gentilhomme
bas- Normand ayant mis une perdrix fur fon alHette ,
pour la dépecer , & la lervir à fes voifins , M. de
Montaufier lui dit , Eh , Monfieur j qui voudra
manger de ce gibier , après avoir traîné fur votre
adiecte ? Ce fera moi , Monfeigneur , repartit le
Gentilhomme , qui avoit l'efprit prêtent, & per-
fonne n'en fera dégoûté que moi feul. De Vign.
Marv. On dépèce des habits , du linge , des étoffes ,
quand on les découd , quand on les coupe pour en
féparer les pièces, & les laire fervir à d'autres ufa-
ges. On dépèce un vailTeau quand il ell: vieux , c'eft-
à-dire, on le rompt , on le met en pièces.
Le Lion par fcs ongles compta j
Et dit , nous fommcs quatre à partaoer la proie ^
Puis en autant de parts le cerj il dépeça. LaTont.
Du Gange dérive ce mot de depitare , qu'on a dit
dans la baffe Latinité pour ligniher la même choie.
Dépecé , ée. part. paîf. &i adj. Divifus injrujïa ,
Jrujiatim concifus.
DEPECELTR. f. m. Marchand qui achète les bateaux
qui ne peuvent plus lervir , les dépèce , les défaf-
femble , & vend les planches & autres bois qu'il en
tire. Lignorum ex limrihus folutis mercator. Les dépé-
ceurs achètent à bon marché les bateaux qui ontpalTé
le canal, & en vendent les bois bien cher. Ce dcpé-
çeursQ^ enrichi à ce métier-là.
DEPECHE, f. f. Lettre qu'on envoie en diligence par
un courrier exprès pour quelque affaire d'Etat, ou
quelque autre chofe importante : lettre concernant
les affaires publiques. Epijlola , iiiter<e. Le Roi a
ordonné à fon Ambaffadeurpar fa dépêche. Nos ha-
biles gens d'afiaires font formés à un certain ftyle de
dépêches peu convenable à l'Hiffoire.S. Evr. Ce mot
fe dit auÛi pour le paquet même qui contient ces
fortes de lettres ; mais alors il n'a point de lîngulier.
Le courrier a rendu fes dspéches,
DÉPÊCHES , dans le Commerce. Ce mot s'entend
parmi les Marchands & les Banquiers , des lettres
qu'ils écrivent chaque ordinaire à leurs Correfpon-
dans.
Confeil des dépêches. C'eft un Confcll qui fe tient
dans la chambre du Roi , en préfence de M. le
D'Uphin^ M. le Duc d'Orléans, M. le Chancelier,
& les quatre Secrétaires d'Etat y alliffent. On y traite
des affaires des Provinces ; chaque Secrétaire d'Etat
tient mémoire des réfolutions qui s'y prennent, & en
envole les expéditions dans fon département. Confi-
lium de mlttendïs mature litteris. Depuis la mort du
Roi Louis le Grand, les afïaires qui alloient au Con-
feil des dépêches ^ font portées au Confeil des affaires
du dedans du Royaume.
On dit proverbialement de la mort d'un homme
qui ne fervoit qu'à incommoder les autres , voilà
une belle dircche ! ou j belle dépêche ! Quand le
Duc de Bourbon fut tué devant Rome , Charles-
Quint ne le regretta guère , & dit que c'étoit une
belle dépêche pour lui. De Vign. Marv. On dit
familièrement , fe battre à dépêche compagnon j
pour dire, fe battre rudement & fans vouloir par-
donner à fon ennemi. On dit aufli travailler à ^e/Jt'c/jc
compagnon , pour dire , travailler vîte & diligem-
ment.
D E P
DÉPÊCHER , fe die aufli des courriers qu'on envoie
exprès &c en diligence pour porter quelques ordres.
Mittcte. On a dépêché un courrier à rAmbalfadeur.
On lui dépêcha des Officiers pour lui apprendre la
réfolution des troupes. Ab. On dit encore , dépêcher
un criminel, lui faire eu diligence fon procès , &:
ians le faire languir. Nocentern Jiatim pleclere. Il fe
du aufli de l'Exécuteur de la Juftice. Le Bourreau a
dépêché bien vîte ce criminel , il ne l'a point fait
languir. On le dit encore d'un homme qui , en fe
battant , a bien-tôt tué fon ennemi , s'en eft bien-tûc
défait. Il le dépêcha bien vîte. En parlant d'un Mé-
decin,entre les mains de qui l'on a vu mourir beau-
coup de malades J on dit , qu'il en a beaucoup dé-
pêchés, ^ppraperare alicui mortem.Toui cela eft fami-
lier.
§Cr DÉPÊCHER, V. a. Faire quelque chofe à la hâte j
expédier promptement- Dépêcher un ouvrage. Fro-
perare aliquid. Èxpreffion familière. Depêchs^ ce que
vous avez à faire ^ 5c abfolumcntj Dépêche-^. Matu-
rato opus ejî.
DÉPÉCHÉ, ÉE.parr.
DEPEDANTISER. v. a. Ce mot fe dit en riant pour,
tirer de la pédanterie. Rujluitatem dedocere.
Se DÉPÉDANTISER , devenir plus poli, celFer d'être
pédant J renoncer à la pédanterie. Les Sa vans, de-
puis un certain temps j le font fort depédantijes , Sc
la poIitelTe du fiècle s'eft répandue jufque dans
l'crudition la plus critique. Mem. de 'l'rév. Juiliec
}72.^.p. 1539.
DEPEINDRE, v. a. Je dépeins^ nous dépeignons , je
dépeignis ,]' ai dépeint J que je dépeigne , ]e dej eindrois
que je dépeignijfe. Repréfenter avec le pinceau & défi
couleurs quelque hiftoire, quelque adion, quelque
payfigej tempête ou autre chofe. P ingère , alicujus
rei vel hominis formam ejfingere ^ exprimcre. Michel-
Ange a dépeint le Jugement dernier dans un beau ta-
bleau qui eft à Rome. Dans cette acception il n'eft
pas d'ufage.
Dépeindre , fe dit plus ordinairement de ce qui nous
eft repré fente par ledifcours , foit de vive voix, foit
par écrit. Scripto vel oratione depingere. Le grand
fecret d'un Pocte Comique eft de dépeindre les hom-
mes & les actions, de les repréfenter au vif & au
naturel Je reconnois cet homme de la façon que
vous nie le dépeigne-^. Dépeindre l'ardeur du foldac
qui monte à l'affaut. Ab. Les Poètes Tragiques an-
ciens ont beaucoup mieux réulli à exprimer les qua-
lités des Fléros , qu'à û'-7'e/«t/;f la magnificence des
grands Rois. S. EvR. Il ne falloir pas me dépeindre lî
bien, & il valoit mieux me faire moins rellemblant,
& me faire un peu plus aimable. Voit. Les Auteurs
fe dépeignent dans leurs ouvrages, on y reconnoîc
leurs mœurs & leurs caraiîtères. L'Auteur de FEfprit
de M. Arnaud s'eft parfaitement bien dépeint dans
cet Ouvrage. S. Evr. N'auriez-vous pas uijet de me
croire aulh lâche que vous me dépeigne^ , li vous
deviez ma juftification à vos menaces? Lett. Por-
tugaises.
Carc'efl peu qu'avec art ta main dépeigne un vice.
Il faut en le voyant que mon cœur le haïjje. Vill.
Dépeint, einte. part.
DÉPENAILLÉ, ée. part. palT. S.C adj. Mal vêtu, qui a
fes habits en lambeaux. PannofuSj a. Il eft popu*
laire.
A ces mots ^ il fe vithoufpUlé ^ tiraillé i
Et trop heureux de fuir , s'enfuit dépenaillé.
L'Abbé de Villiers , Poëme de l'Amitié.
DÉPEND AMMENT. adv. D'une manière dépendante,
avec dépendance. Ex alterius arbitrio y voluntate.
L'ame agit fouvent dépendammentdes organes.
DÉPENDANCE, f. f. Sujétion, fubordination. Fiven-
di ratio , conditio qu<t in alterius potejlate , arbitrio
pofita e(l , quâ, alterius voluntati fubjacet. Ce Prince
tient ïi^s fujets dans une grande loumiflion &C dé^en-,
D E P
dance. Les Philofophes aiment la liberté , & n'aiment
point à vivre dans la dépaidance. Les .Moines vivent
rous dans la dépendance d'un Général. Les hommes
cherchent à fe donner , & s'airujettiirent avec piaiiii.
Il on les lailfe choiiir leur dépendance. S. EvR. Il eit
difficile que par lui-même ou par ceux qui font daiis
fa dépendance , il ne traverfe tout ce que je délire.
P. DE Cl. Sans le concours immédiat de Dieu dans
routes nos aéiionSj l'on détruit l'infinie dépend.ut'.c
dans laquelle les créatures lontà l'égard du Créateur.
JoR. La dépendance elt insupportable à un homme
de cœur , & fur-tout celle de l'elprit. S. EvR. Notre
ignorance, & nos doutes nous font fentir notre dé-
pendance. Id. Dieu a voulu accoutumer l'homme à
croire fins avoir une connoillance évidente i>z par-
faite de ce qu'il croit, afin de le tenir dans la dépen-
dance &c dans la fervitude.
L'amour prétend par-tout naître fans dépendance ,
Et jamais par lajorce on n'entra dans un cœur. Mol.
DÉPENDANCE j fignific auiîî connexité , fuite nécelTàire.
Connexio , cognatio. Toutes les propohtions de Géo-
métrie , ont une fuite & une dépendance les unes des
autres. On a renvoyé ce procès en un autre Parle-
ment avec toutes fes circonftances & dépendances. Le
mot de circonftances exprime tout ce qui peut avoir
rapporta l'affaire : celui de dépendances , tout ce qui
en fait partie, ce qui y eft néceffàirement lié, ce qui
en eft une branche.
DÉPENDANCE , fe dit auffi de ce qui fait partie d'un
tout. Appendlx , accejjïc. Ce hameau eft de la dépen-
dance de cette Paroilfe. Cette métairie ell une des
dépendances d'une relie terre. La l'reile eft des pre-
mières depe.idj 7CCS de la Couronne. Patru. Les
dépendances d'un fief,, font les terres j prés, bois,
qui en compofent le domaine, les cenfives, droit
de chalfe, de pf^che, &c.
^ DE«^EN D \NT. ante. adj. Se dit de ce qui a quel-
que relation à un . autre avec infériorité , de ce qui
eft une fuite néce.'^airs d'une autre chofe, de ce qui
fait partie d'un tout , des chofes qui appartiennent à
une autre, comme en étant un accefioire. Voye-^
Dépendance. Un homme dépendant d'un autre.
Une affiure , une queftioii dépendante d'une autre
queftion, &c.
En termes de Marine on dit, venir en dépendant,
romber en dépendant. Navis qus. eodem cum aliâ ven-
ta defertur. Un vaiffeau vient en dépendant, lorf-
qu'il eft au vent d'un autre vailfeau, & que, pour le
reconnoître, il s'en approche peu-à-peu , tenant tou-
jours le vent pour n'être pas coupé , & mis fous le
vent. Tomber en dépendant ,cqù. approcher à petites
voiles &: faire vent arrière pour arriver. Les vailfeaux
ennemis fe lailloient tomber en dépendant £aï leurs
côtes.
DÉPENDRE. V. a. Je dépens , je dépendis, j'ai dépen-
du , que je dépende. Détacher une chofe de l'endroit
où elle eft pendue. Hen: aliquamfufpenfam demitterc.
Il faut dépendre ce tableau poifr le mettre plus bas.
On a dépendu la lampe pour la reblanchir.
DÉPENDUE. 0E. part. ^
§3" DEPENDRE, v. n. Être fous la domination , fous
l'autorité de quelqu'un. Alterius voluntati , arhitrio
ejfe fubjeclum. Lqs (n]Qis dépendent àes Rois, les en-
fans de leurs parens, les domeftiques de leurs maîtres.
La confervation de tous les êtres dépend as la Provi-
dence.
^fT Quelquefois ce verbe n'exprime qu'une fim-
ple fubordination. Les Tribunaux fubalternes de-^en-
dent des Tribunaux fupérieurs. Tl y a une fubordina-
tion entre les hommes , qui les fait dépendre les uns
des autres.
|p° En matière de fief, dépendre eft fynonyme à
relever. Un arrière fief ^f^eW du fief dominant. En
matière bénéficiale , on dit qu'un Prieuré, qu'une
cure ye;^e/2^e«f d'une Abbaye, c'eft-à-diiCj, que la
nomination en appartient au Titulaire de l'Abbaye.
DÉPENDRE , fc dit aulfi des chofes connexes , & qui
DE P 13 j
ont une fuite nécefîaire l'une de l'autre , alors il
eft lynonyme .à procéder, provenir &i s'enfuivre.
Pendere. Les effets dépendent de leurs caufes. Ces
deux Y>'-ochs dépendent tellement l'un de l'autre, que
fi j'en gagne un , l'autre eft infaillible. La confé-
quence d'un fyllogifme dépend des prcmilfes. La
forcunedes gens c/e^eW fort fouvînt de leur mérite.
Ablanc.
'ifT On dit en Morale : d'un moment dépend
l'éternité.
Madame j mon éonheur ne dépend qus de vous.
Racine.
|K? Il fembloic que la deftinée des Rois dépen-
du du caprice de leur fujets.
C^T On dit cela dépend de moi , j'ai le pouvoir
de le faire ou de ne le pas faire. Boc arbitra mû
ejL
DePENDRE. v.a. du Latin difpendere. Vieux mot , qui
veut dire la même chofe que depenfer. Dépendre n'eft
plus en ufage. Mén.Bol'h. Les cœurs généreux ai-
ment à dépendre.
On dit proverbialement j qui bien gagne, &
bien dépend j n'a pas befoin de bourfe pour ferrer
fon argent. On dit aulîî c'eft un homme qui eft à
lui à vendre & à dépendre , pour dire qui lui eftab-
folument dévoué. On trouve de/pendre &C dépen-
dre , on ne prononce point l'j dans ce mot quand
il yen a.
DEPENS, f m. pi. frais ; ce qui a coûté ^ ce qu'on a
dépenfé à quelque entreprifs , ou à quelque afiaire.
Sumtus, impenj'ti. Il a employé beaucoup d'argent
à la pourfuite de cette affaire. Il aura bien de la
peine à tirer ùs dépens. On dit proverbialement
c'eft un homme qui gagne bien ins dépens , pour
dire, il rend bien autant de fervice. qu'il coûte à
nourrir, & qu'un homme eft condamné aux d'^oe/zj
quand il ne retire pas d'une affaire tout l'argent
qu'il y a mis : &d'un homme avancé en âgÇj que
plus de la moitié de fes dcpens font payés.
§CF On dit figurement faire la guerre à fes dé-
pens , faire dans l'exercice d'un emploi, ou dans
la pourfiyte d'une entreprife des frais auxquels
on n'eft point obligé , & dont on ne fera point lem-
bourfé.
tfT Ce mot ne s'emploie guère ailleurs que
dans une acception générale , avec la prépofirion
«.S'enrichir aux dépensât public. Vivre aux dépens
d'autrui, c'eft~à-dire, aux trais & fur le compte d'un
autre. Un Ambalfideur d'Efpagne voulant engager
Alexandre V!II à fe déclarer contre la France , lui
difoit qu'elle étoit ruinée , &c qu'elle ne pourioit
plus entretenir fes armées. Je le crois bien répondit
le Pape, car elle les fait toutes fubfifter a.ux dépens
de fes voifins.
Dépens , fe dit auftî au figuré. Se juftifier aux dépens
d'autrui. AUorum incommoda , detrimento ^periculo^
LTn habile homme fe fait fage aux dépens d^autrui
en profitant de fes fautes. Faut-il obéir à cette chi-
mère d'honneur aux dépens de ce qu'il y a de plus
doux dans la vie?S. Ev. Au lieu que les Princes
n'apprennent qu'aux ^e/^e/ij de leurs fujets j & de
leur propre gloire ,^ à jugerdes affaires dangereufes;
par le fecours de l'Hiftoire ils forment leur juge-
ment fur les évenemens paffes fans rien bazarder.
Boss. Il n'eft pas permis de foutenir les dogmes de
la Religion aux dépens des vertus qu'elle com-
mande.
Aux dépens du prochain ^ s il fait rire les gens ,
Le prochain l. fon tour fait rire à fes dépens.
ViLL.
§? Dépens , en termes de pratique j font les frais
qui ont été faits dans les ptocédures de la pour-
fuite d'un'^procès qui entrent en taxe, & qui doi-
vent être payés à celui qui a obtenu gain de caufe
par celui qui a fuccombé. Ferrif.re. Impenfin litis ,
G g ij '
2,3^
DEP
ou cxpenfs.. La condamnation d'amende emporte
celle des dépens. On obtient un exécutoire luivant
la taxe & la liquidation des (/ty'e/2j, lur une décla-
ration de dépens réglée entre les Procureurs. On
prononce quelquefois dépens compenlés , lans dé-
pens. Régulièrement celui qui perd la caufe ou fon
procès , doit être condamné s.\xyi dépens \ mais, pour
des raifoMS particulières ,lesJu>;es prononcent quel-
quefois dépens compenfés j par exemple , dans les
contellations entre parens j quand il y a , entre au-
tres perfonnesqui ne font point parentes, des de-
mandes refpedivesdanslefquelles elles fuccombcnt
de part Hc d'autre , &c. Des dépens croifés , ce
font ceux dont on a interjeté appel. Il faut réfon-
dre les dépens des défauts èc contiimaces. Les dé-
pens de contumace font ceux qu'on a été obligé de
faire pour obliger uns partie de comparoître j ou
de dérendre , & que le demandeur peut répéter
préalablement j & avant que de continuer aucunes
pourfuites. C'elt laraifon pour laquelle ils font ap-
pelés préjudicieux j parce qu'Us doivent être payés
avant que la partie qui les doit puilfe être reçue
à procéder en la caufe.
On conclud toutes les requêtes par une demande
de dépens j dommages & intérêts.
DÉPENS ré/ervés. Les Juges prononcent dépens réferyés
quand ils rendent quelque jugement qui ordonne
un interlocutoire pour éclaircir la contellation prin-
cipale qui ell à juger.
Dépens provifionds , font ceux des demandes afin de
provifion , ou de défenfes , ou de main levée de
défenfes portées par un jugement.
DEi^ENSE. f. f. Emploi de fon bien, argent que l'on
emploie à quelque chofe que ce puilie être. Sumius
expenfum , ïmpenfa. On ne doit taire de dépenfe
qu'à proportion de fon revenu. N'infultez point ceux
qui font au delfous de vous par l'éclat de votre dé-
penfe, &■ n'irritez point l'envie, M. Esp. Dans les
gens de Cour la modeftie de la dépenfe n'eft le plus
ordinairement qu'une vertu politique. Id. S. Evre-
mont dit à une belle perfonne , lailfez les autres fe
ruiner en habits & pierreries ^ la nature a fait pour
vous toutes les dépenfes, La dépenfe de la /Maifon
de Louis XI qui n'étoit au commencement de fon
règne que de iS à 50 mille livres , monta fur la fin
du mèma jufqu'à S0605 livres, fuivant la luppu-
ration qu'en fait Matthieu. Mascur.
DÉPENSE ordinaire & extraordinaire. Terme de Fi-
nance , font différentes dépenfes qu'on fait pour
la régie d'une affaire. Les dépenfes ordinaires com-
prennent tous les appointemens, loyers de Bureaux,
& autres frais qu'on a coutume de faire & qu'on
envifage comme fixes. Les dépenfes extraordinaires
font celles qui font regardées comme cafuelles ,
& qui ne peuvent point être fixées. Les appoin-
temens font des déx'i/es ordinaires , parce qu'ils
lont fixes. Les gratifications font des dépenfes extra-
ordinaires , parce qu'elles font catuelles.
Dépenses secrètes. On appelle dépenfes fecrhes ,
celles qu'un Souverain permet de faire à un Géné-
ral d'Armée , & qu'il lui permet de porter à tel point
qu'il veut j fans exiger de lui qu'il en rende aucun
compte.
On dit faire de la dépenfe , pour dire , faire beau-
coup de dépenfe. Et faire une dépenfe fourde j pour
dire, faire une dépenfe fecrête qui ne paroît point.
AcÂD. Fr.
DÉPENSE, en termes de Pratique, c'eftle chapitre d'un
compte qui fe met après la recette, dans lequel on
fait voir l'emploi de ce qu'on a reçu. Expenfum. On
ne doit point allouer la dépenfe d'un compte, fi elle
n'eft julrifiée par quittances valables.
Dépense, en Architeélure, eft un lieu proche de la
cuifine, où l'on ferre les provilions de la table, & ce
qui y fert ordinairement. Cellavenarla. Chez les
grands Seigneurs on l'appelle office. La dépenfe eft
une pièce du département de la bouche.
Dépense , fur mer , c'eft le lieu où le maître valet tient
les vivres qu'il diftribue. Dans les navires de guêtre,
DEP
on place ordinairement la dépenfe an iond de caie,
proche la cuifine, & il y a une ouverture par laquelle
on donne les vivres. Mais, dans les Vailieaux mar-
chands , la dépenje eft plus fouvent placée à la même
hauteur que la cuiluie. Dans un vailTeau de cent
uente-quatre pieds de long del'étruve à létambord,
la dépenfe doit avoir cinq pieds & demi de long, Se
cinq de large. Dépenfier d'un vailleau, c'eft propre-
ment le maître valet.
Dépense, eft auffi un terme de Religieux & de Reli-
gieufes. C'eft le lieu où lont les pots, les talfes, le
pain &c le vin. Penarium, ceilaria. §cc.
Dépense , (e dit àulTi du petit vin qu'on donne à boire
aux valets , qu'on fait avec de l'eau qu'on fait cuver
fur le marc preffuré , en quelques lieux, boire ou
beuvande. t^oye^ Petit-Vin.
1^ Dépense , en Hydraulique, la dépenfe des eaux eft
leur écoulement ou leur débit en un certain temps.
On melure cette dépenfe par le moyen d uiîe jaug»
percée de phifieurs trous , depuis un pouce jufqu'à
deux lignes circulaires. Encyc.
La dépenfe naturelle eft celle que feroient les eauX
jailUifantes fi leurs conduites & éjutages n'étoient
pas fujets à des frottemens-
La dépenfe eftettive eft celle que l'on conhoît par
l'expérience, toujours moindre que celle doniiée par
le calcul.
DEPENSER. V. a. Employer fon bien à acheter, don-
ner, ou faire autres chofes qui ne fe font qu'avec de
l'argent. Sumtum, impenfam facere , difpendere , ero-
gcire. On a tort de dépenfer fon argent à acheter cent
vaines curiofités. C'eft dépenfer fon bien à propos
que d'en faire part aux pauvres. Ceux qui aiment i
dépenfer Çoni bien,-tôt ruinés. Pétrone depenfoh fon
bien , non pas dans la débauche, mais dans un luxe
poli & curieux. S. Evr. Ondifoit autrefois dépendre,
mais il eft vieux &: hors d'ufige.
|C On dit .ibfolument qu'un homme aimé k
dépenfer, qu'il dépenfe en chevaux , en habits, &c.
On dit en proverbe, Il y a plus de moyens da
dépenfer que d'.icquérir- Q\\ dit aufli , qu'un homme
lie dépenfemhe en efpions , quand il ne fait pas les
chofes qui lui font lej plus importantes ai découvrir.
DÉPENSÉ , ée. part.
On dit proverbialement, journée gagnée, journée
dépenfée, en parlant de ceux qui n'épargnent rien,
qui dépenfent l'argent à mefure qu'ils le gagnent.
fCT" DÉPENnIER. 1ERE. adj. Qui fait , qui aime à faire
des dépenfes excellives. Sumtuofus, qui eff-ufè vixere
amat. C'eft un homme fort dépenfer , une femme
fort dépenfière : Sc fubftantivemeht , c'eft lin grand
dépenfer. Il n'eft que du langage commun, bour-
geois.
C'eft aufli dans quelques familles , l'économe, ou
celui qui a foin de faire la dépenfe d'un ménage,
d'une communauté. Promus, Promus condus , pro-
curator pcni , cellarius , ceconomus. Il fe dit fur-touc
parmi les Religieux & Religieufes , pour fignifie'r
celui ou celle qui a foin de la cave & du refte de la
dépenfe. Il y en q qui écrivent dépencier avec un c;
ce mot, & tous les autres qui ont la même origine,
s'écrivent aujourd'hui fans .y dans la première fyllabe.
'TfT DÉPENSIER d'un vaiffeau. F^oye^ Dépense ea
Marine.
|p° DÉPERDITION, f. f. Terme^ didadtique , qui
fignifie une perte qui caufe dépériftement. Il n'eft
guère ufiîé que dans cette phrafe, déperdition de
fubftance. Il fe fait chez nous une continuelle déper-
dition de fubftance. Cette déperdition eft beaucoup
plus confidérabie dans ceux qui s'occupent à âes tra-
vaux pénibles J fatiguans. C'eft pour réparer ces per-
res continuelles que nous fommes obligés de prendre
des ali mens.
On appeloit autrefois future confervative, une
future par laquelle on empêchoit quedans les gran-
des plaies où il y ^-voxt déperdition de fubftance, les
bords ne s'éloignaffent rrop l'un dç l'autre. Dionis.
En Chimie, lorfqu'après avoir fait diffoudre l'or
&: l'argent, &c. on ne retire pas toute la matière
D E P
qu'on avoir mife j & qu'il s'y trouve quelque déchet,
on dit qu'il y a deperauion. t^oy. Déchet.
DÉPÉRIR. V. n. S'altérer, fe ruiner; diminuer de va-
leur & de qualité. Dctcnonm ficn. Les proviiions
qu'on aarde i^eper///eAf tous les jours, & le corrom-
pent. Un bâtiment qui n eft point entretenu dépenc
bien-tôt. Les chevaux entre les mains d'un mauvais
cocher û't77tT{//c;/zf, deviennent maigres Un enhint
en chartre deptric .1 vue d'œil. La beauté dcper'u.
LailTer dépérir l'armée. Abl. L'armée duperie tous les
jours. Voit. Elle eit de'périe, elle a dépéri.
03° En matière criminelle, on dit que les preu-
ves dépendent par la longueur du temps, pour dire
qu'elles deviennent plus foibles ou plus difhciles pat
la mort des témoins.
(fT On dit aulh, que des dettes dcpérlffént, pour
dire que le recouvrement en devient plus difficile.
Deperi , lE. part. .Deteriorjaclus.
DEPERISSEMENT, f. m.; Etat de décadence, altéra-
tion d'une ciiofe qui diminue. Imminutio. La plupart
des chofes font fujettes au dépérijjement. Celui qui
eft caufe du depérijfement de quelque chofe , ell
condamné aux dommages t?c intérêts. Il ordonne,
pour éviter ce dépéri£'ement y que l'aîné aura feul ma
, maifon. Patru.
§3" DEPETRER, v. a. Dégager, débarralTer. Expcdi-
re. Il ne fe du au propre que des pieds , quand ils
font embarralfés. Dipcirer ,o\xdeinéi.cr un cheval j
lui remettre les jrmbes où elles doivent être , quand
il vient à les palier par-delfus fes traits, quand li
s'eft engagé dans fes traits. Il s'étoit engagé dans ce
marais \ mais il s'en ell depècré. ExpedireJ't.
tfT II fe dit plus ordinairement au figuré, pour
tirer d'embarras , mais dans le ftyle familier feule-
ment. Il a eu bien de la peine à fe dépccrer de cette
mauvaife affaire, dj cet importun. La pauvreté eft
fi gluante qu'on ne fruroit s'en dépêtrer. Abl. Nous
faifons tout ce que nous pouvons pour le dépêtrer
d'un engagement lî mauvais pour lui. Mad. de Sév.
Dépêtre, ée. part. Chc\A dépêtré. E.xpeditus ^ expli-
catus.
DEPEUPLEMENT, f. m. Aûion par laquelle on dé-
peuple. Depopulatio. Le dépeuplement de la Grèce &
de l'Alie clt venu du gouvernement violent des
Turcs. Les guerres continuelles ont caufé le dépeu
plernent de nos Provinces. On dit aufti le dépeuple-
ment à'nm forêt, quand on y a tait de grandes dé-
gradations , qu'on y a abattu quantité d'arbres.
DEPEUPLER, v. a. Diminuer le nombre des h.ibitans
d'un pays , d'une ville. Urhem civibus orhare. Les
guerres d'Orient ont dépeuplé la Grèce & l'Alie. La
^q'A.q 3. dépeuplé ctitQ ville, l'a prefque rendue défer-
le. Le joug de la tyrannie, les courfes des Barbares
dépeuplent les pays.
|C? On dir,dans le même Cens, dépeupleri\n étang,
une rivière , les dégarnir de la plus grande partie du
p ci (Ton.
ifT On dit de même que les braconniers dépeu-
plent une terre, un pays de gibi-jr. Dépeupler une
garenne de lapins , un colombier de pigeons.
f^acuare.
fer Dépeupler, fe dit aufli, en termes d'Eaux & Fo-
rêts Se de Jardinage. Dépeupler une forêt , une pépi-
nière , c'eft en tirer beaucoup d'aibres ou de plan.
ifT On le dit aulli de pluiieurs autres chofes dont
«n diminue le nombre. >
Elle dépeuple de bijoux
Les boutiques du Pont au Change. Bens.
DÉPEurLÉ , ÉE. part. DepopuLitus.
DÉPHLEGMATION. f. f. l^oy. DÉFLEGMATION.
DÉPHLEGME. Foye^ DÉFLÉGMÈ.
DEPHLEGMER. Fo\e:{ DEFLEGMER.
DEPIE. f. m- Terme de Coutumes & de Jurifprudenre
féodale. Z)(?)7;d de fief, fii^nlfie démembrement de
fief . Difiraâio , diJJraclio feudi. Voye^ Démembre-
brement de fief.
DEPIECER. Terme de Coutumes & deJurifprudencê
D E P 237
féodale. Dépiécer un fief ., fignifie , démembrer uri
lîef, le mettre en pièces. Feuaum diju aherc , partiri\
dividere, Foye^ Démembrer.
DEPILATIF, IV E. adj. Teime de Médecine. Ce qui
fait tomber le poil, les cheveux^ écant appliqué
delfus j'ordonnai le Uniment aépilacij iuivanc.
Degori.
DEPILATION. f. f. Aélion de dépiler, de faire tom-
ber le poil avec des dépilatoires. Les Anciens fè fer-
voient de réhne pour dépiler,
Nullus totâ nitor in aite j qualcm.
Bruttia prsjiabat calidi tibijafda. vif ci ^
ditJuvcnal, v. 15.61: 14. delà 9^. Satyre (Ce que
Martignac a ainfi traduit : vous ne prenez aucun ioia
d'avoir la peau iiecce par tout le corps, comme lorf-
qu; vous ulicz d'un dépilatoire de poix chaude du
pays des Biuiiens; & à cette occalion il lemarque
que la poix que l'on étendoit toute chaude fur du
linge, ou fur du cuir, étoit un dépilatoire merveil-
leux. ) La dipiUition faifoit paroiue frais & dodu.
Al. le Duchat , note fur iiabdais.
§3" Ces médicamcns qui ne font qu'arracher le
poil par leur qualité agglutinative ne font pas , à
proprement parler, des dépilatoires Us procurent,
mais n'opèrent pas la dépiiation. On ne doit appeler
dépilatoires que les remèdes qui.agiilent fut le poil^
& le détruiient.
DEPILATOIRE, f. m. Emplâtre ou drogue qu'on appli-
que iur le poil pour le iairc tomber. Lir^pax. Il ell
principalement compofé d'orpiment, & eft fort
cauliique , même dangereux. Pour d^s cheveux crûs
fur le front d'une fille je prefcrivis un dropax oa
dépilatoire de cette forte. Dégori.
DEPILER. V. a. Terme de Médecine. Faire tomber le
poil avec des dépilatoires. Pilos datrahere ^. aveliere,
depilare. Les gens propres veut chez les Baigneurs
pour fe faire dép'uer. On ne le dit pas de ceux à qui
les cheveux tombent natutellement. Dégori dans foa
Tréfor de la pratique de Médecine, donne pluficurs
remèdes pour fe dépiler.
Ce mot vient de/'/ us ^pcil, & de la particule de
?[ui marque l'atfion parlauuclle un ôte quelque cho-
e J on détruit, on defai: une chofe.
DEPIQUER. V. a. flaire que cjuclqu'un ne foit plus
piqué, luiôter le chagn/i qu'il a de quelque cliofe^
Lenire , mitigare. Si j'ai été alllz heureux p^ir tiou-
ver quelque place dans votre amitié, ce gain là me
dépique d<i toutes mes pertes. Voit On s'en 1ère
quelquefois dans la converiation.
Puifque ce mot fert à enrichir notre Langue, &c
qu'on dit fe piquer & être piqué de quehiue chofe
dans un fens oppofé, je fuis davis que nous dilions
aulli /è dépipuer^ à condition toutefois qu'on n'imi-
tera pas la mauvaife a'teclation de cettains jeunes
gens qui le difent fi fouvcnt que cela leroit capable
d'en dégoCiccr ; car les meilleures chofes rebutent
quand on en ufe avec excès. ^îo rs a la mode.
DEPISTER. V. a. Rechercher comme à la pifte, dé-
couvrir des chofes inconnues par d'autres connues.
On y dépijle les premières traces du territoite Lié-
geoisj de fon étendue, de fes bornes, &c. Journ.^
de Trév. Août 1757. Ce tevme eft forgé pour mar-
?[uer l'attention d'un Auteur à faire des recherches
iy des Antiquités, comme d'un homme qui fuit à
la pifte les chofes qu'il ch arche.
0CF DEPIT, f. m. Chagi in mMé d'un peu de colère ;
agitation impatiente contre quelqu'un qui nous
obftine ou nous mécontente. Stomac'ius. Concevoir
un dépit, du dépit. Faire une chofe par djpit, de
dépit. Le moment du dépit eft Iheure du beiger. S.
Evr. Je rends -uftice à fes bonnes qualités; mais
c'eft avec une cfpèce de dépit. S. Evr. Ne fur on pas
né Pocte , le dépit tient quelque lieu de génie. Bouii.'
C'eft la penfée de Juvénal , Sat. L v. 79-
Si natura negat , facit indi^natio verfurh.
138 D E P
La conftance Philofophique doit être fans aucun
mélange de depi: lie de chagrin. Balz. Tel qui écoit
comblé de faveurs, les devoir moins à fon mérite
qu'au dépicc^vCtn pouvoir concevoir fon concurrent.
Var. Il y a des momens où je luis h ttanfportée de
dépit y que je louhaiterois d'en aimer un autre \ mais
au milieu de ce dépuJQ ne vois rien au monde d'ai-
rnabie que vous. Lett. Port.
f^ La Fontaine a hafardé ce mot comme adje6tif
Il efitrop mon ami pour toucher ce point-là.
Votre ami tant qu'il vous plaira ,
DitNérine hontsufe 6' dépite ;
Calijte a des appas j Erajlt a du mérite.
Ce mot vient du Latin difpeclus. Ménage. Gui-
charc le fait venir de defpicw , ou de l'Hébreu dapi j
qu'il dérive de daphah, qui veut dire, injure, oppro-
bre.
En Dépit, Sorte de prépolirion qui régit le génitif
devant les noms & les pronoms, & qui étant mife
devant les verbes , eft fuivie de que, comme la pré-
policion malgré , dont elle a la fignihcation. En dcpir
que vous en ayez , malgré vous. Ingratiis tuis. J'en
viendrai à bout en dépit de tout le monde. Livitu
quolibet ac répugnante. En dépit des pluies de l'hiver.
Etiam irruente pluviâ jfs.viente hieme. Voit. Il eft des
plailirs dont je faurai jouir en dépit de la mauvaife
fortune. Id. On dit d'un mauvais Pocte qu'il fait des
vers en dépit d'Apollon. En dépit de Minerve. Invi-
ta Minervd.
Tes écrits , il eft vrai, fans art y & langui (Jans ,
Semblent être formés en dépit du bonjens. Bon.
De mes yeux languijjans un éloquent filence ,
En dépit de moi-même explique ma Joujfrance.
La Suze.
fer DEPITER. V. a. Donner du dépit. SolUcitare ,
irritare ,fuccende.re. Cette rebuffade l'a dépite. Cette
partie l'a tellement dépité qu'il n'a pas joué depuis.
Dépiter an enfant, lui donner occafion de fe muti
ner. Voye^ Mutiner.
|KF II eft plus ordinairement employé comme
réciproque. Se dépiter, concevoir du depit^ agir par
dépit. Stomachari, indignari. Se dépiter conrre le jeu.
Il s'eft dépité àQ ce que vous lui avez dit. Cet écolier
s'eft dépité & a renoncé à l'étude. La vieillelïe eft
chagrine & fe dépite toujours. ThÉop. Vous m'or-
donnez de ne me plus dépiter c^mq de 15. ans en 25.
ans. Voit.
§3" On dit proverbialement, qu'un homme s'eft
dépité comte fon ventre j ce qui lignifie dans le fens
propre fe priver de manger par dépit ou par chagrin-,
ëc dans le fens figuré j faire par le même motif une
chofe qui peut nous nuire.
DÉPITÉ , ÉE. part. & adj. Indignants ,Jlomachatus. C'eft
un Amant dépite. Mol. Elle parut dépitce.
Sire Apollon, dépité contre moi ,
De ce qu'avais fait écorne à fa gloire ,
En le quittant pour fuivre une autre loi j
M'enjoua d'une P. du Cerc.
DÉPITEUX, euse. adj. Qui eft fujet à fe dépitée, à
bouder. Indignari , Jlomachari Jacilis 3 Jlomachofus.
Il ne fe dit guère que des petits entants. C'eft un fort
dépiieux marmot. Voit, il eft vieux.
DÉPITEUX , EUSE. Dans nos vieux Auteurs j lignifie
fans pitié , cruel. Immitis , e.
Mais cette gentfut afpre & dcpiteufe
Blafmant les Dieux , de meurdre convoiteufe.
Marot.
Ip- DÉPLACEMENT, f m. Aâiion par laquelle on
ôte une chofe de la place qu'elle occupoit, par la-
quelle on la change de place. Tranjlatio ex uno loco
D E P
in alium. La chambre paroîtra plus grande après le
déplacement de ce bureau , de cette armoire.
(ûS" DEPLACER, v. a. Oier quelque chofe de la place
qu'elle occupoit. Dimovere loco. On déplace un livre
dans une bibliothèque, des meubles dans un appar-
tement. Ne déplace:^ rien. Que perfonne ne fe aepla-
ce. Loco cedere.
DÉPLACER, lignifie aufli prendre la place d'un autre.
On ne déplace point un honnête homme. En entrant
dans une compagnie , li quelqu'un vous offre fa
place , vous direz : M. je ne vous déplacerai point.
Vous ne déplace-^ perfonne, ce liège étoit vide.
0C?'*Déplacer, en termes de Pratique, fignifie tranf-
porter des meubles d'une maifun dans une autre par
auroiitéde juftice-
f]Gr Déplacer, le dit figurément pour ôter à quel-
qu'un fa place, fon emploi, pour y mettre une au-
tre perfonne. Un nouveau mmillre déplace fouvenc
les ciéatures de Ion prédécelTeur.
Déplacer J fe dit encore pour mettre une chofe en une
place qui ne lui convient point. Voilà un tableaa
déplacé, il fait là un mauvais effet j il faudioit le
mettre au milieu.
^C?" On le dit de même figutément des perfonnes
placées dans des poftes qui ne leur conviennent pas ,
dans des emplois pour lelquels elles ne font pas pro-
pres. Ce jeune homme paroît né pour le métier de la
guerre j c'eft le déplacer qaeàe le mettre dans la robe.
On dit plus fouvent déplace au participe.
§3" Déplacé , ée. part. & adj. j^motus loco. On le dit
de ceux qui font placés dans des emplois pour lef-
quels ils ne lont pas propres. Ce jeune homme dans
la nouvelle charge qu'il exerce paroît déplacé. 1 éntaie
aliquid invita marte j invita minervd,
fCT" On le dit aulîî des chofes mal placées , qui ne
font pas à propos , ou qui font contre les bienféances.
Il y a dans ce dilcours bien de l'cfprit déplace. Voi-
là des louanges bien déplacées. } zmaisieconnoifTance
ne fut p\[is déplacée. Prapojlerus , intempejlivus , alié-
nas. A une injure fi déplacée & fi éloignée des règles
de la modération & de la bienféance, nous n'oppo-
ferons qu'une réponfe. Dissekt. fur l'origine de i'Ab,
de S. Leninjypag. 116. Méprifonsces indignes maxi-
mes, que la fcience avilit la grandeur, qu'elle eft
dans les Grands une vertu déplacée. Mariotte ,
Me m. de Tr.
03=- DEPLAIRE, v. n. Être dcfagré.ible. Le jeu me
déplaît à la mort. Cette femme n'eft pas belle \ mais
elle ne déplaît pas. Celui qui croit fe venger en dé-
plaijant, fe fait plus de mal qu'il n'en lait aux au-
tres. Ch. de Mer. Cet homme ne déplaît que pour
vouloir trop plaire. Boil. Il y a des gens que la crain-
te de déplaire empêche de plaire. Dijplicere. Voye^
Plaire.
^fj" Il fignifie aufli donner du chagrin, choquer,
offenfer. Le péché déplaît à Dieu. Les Payens ne
croyoïent pas que l'impureté déplût a lents Dieux. Il
eft au défefpoir d'avoir été affez malheureux pour
voas déplaire.
En vain je veux contre elle écouter ma colère .,
Toute ingrate quelle ejl ^ je crains de //^/déplaire.
Corn.
^fT Dans ce dernier fens il s'emploie aufli imper-
fonnellement. Il me déplaît fott d'être obligé de
plaider contre vous. Il ne vous déplaira pas que je
vous dife , &c.
03° On le dit aulli avec le pronom perfonnel y
pour s'ennuyer. Cet homme fe déplaît par tour où il
eft. Il n'aime que la folitude : il fe déplaît en com-
pagnie.
bn le dit auffi des animaux. La tourterelle fe
déplaît, quand elle a perdu fon pair. jEgrè jert.
ipy On le dit figurément des plantes, par rapport
au fol, ou à l'expofition qui ne leur eft pas propre.
Les plantes qui croiffent dans les lieux humides, le
déplaifent dans un terreinfec & pierreux. Refpuunt,
non amant.
D E P
DÉPLAISANCE, f. f. Vieux mot qui Cignïdok chaarin,
mélancolie, 'frijuùdj dulor ^ ^gruudo. il y a des ma-
ladies qui viennent de déplaijance , & qui minent
peu-à-peu.
âCT Ce mot eft quelquefois employé pour dégoût,
cloignement, dans cette plitafe unique du langage
commun, prendre quelqu'un en depLiiJance.
DÉPLAISANT, ante. adj. Qui ell chagrinant, défa-
gréable. Ingratui j ajyer^ molejlus. C'ell une chofa
déplaifante. Les gens polis le difent rarement. Cail.
JVl. Crevier en parlant de Q. Varius , Tiibun du peu-
ple , dit qu'il ctoit déplaifunt dans tome la peilonne.
Il faut que l'antitiiele foit bien prodiguée dans un
difcours, pout qu'elle devienne un vice déplaifmt.
Mcm. de Jrév. Ces exemples prouvent ru;l.age de ce
mot.
IJC? DÉPLAISIR, f. m. Chagrin, douleur, peine d'ef-
nm.^-ï-grimonia, dgruudo\ dolor. QçXa. me donne
un fenfible , un mortel déplaifir. Ce qui devroit lui
donner de la joie lui donne du déplaijir. L&ds rcbus
dgrejcere. Ce père a eu le dépldijlr de voir mourir
tous Tes enfans avant lui. Sa fille lui a donné le dé-
plaifir ai fe marier malgré lui; & il en a conçu un
mortel déplaifir. Les deplaifirs qui me prelTent font
infuppottables. Voit,
Lejecret pêur trouver U repos de la vie
N'ejl pas défie conduire au gré défies defirs :
Quifiaura les borner j 6' régler fion envie ^
Verra bien-toc la fin de cous fies déplailirs.
P. D. L.
^3" DÉPLAISIR, fe dit aulll, en ftyle bourgeois, dans la
lignification de mécontentement j fujet de plainte.
Les encans donnent fouvent à leurs parens des fujets
de déplaifir. Je ne crois pas vous avoir jamais tait
aucun diplaifir.
DÉPLANTER, v. a. Oter une plante de terre. Les Fleii-
rilles déplantent loas les ans leurs oignons. Les lai-
tues ont belbin d'être déplantées Se replantées pour
les taire pommer. On déplante un jeune arbre pour
le replanter ailleurs. Explantarc, deplantan.
%ÇT Deplamter j Terme de marine. V'oy. Déraper,
DÉPLANTE , EE j part.
DEPLANTOIR, f m. Outil de J.irdinier qui fert à
déplanter & à replanter les plantesj qu'on veut tranf-
porteravecla terre fans en détacher les racines, afin
que cette tranfplantation ne les retarde point, ou
ne les talle point mourir. Ce déplantoir eft fait de
feuilles de fer blanc , mifes en rond en forme àt
ruyau, avec des charnières aux deux côtés, qui fe
rejoignent enfemble par le moyen d'un gros fil de
fer, lequel, palTant par les charnières , entretient la
rondeur du déplantoir. Ferrei cujufidam infirumcnti
fenus,quo ad evellendas plantas utunturhortulani.On le
ait entrer dans la terre jufqu'au-delfous des racines
de la plante qu'on veut enlever, & après qu'on l'a
enlevée, & qu'on l'a placée dans le litu qu'on lui a
deftiné , on ôte le fil de fer , & alors , les côtés du (/d-
plantoir venant à fe féparer, la motte de l'arbre, ou
de la plante , fort en fon entier , ôc fe pl.ice commo-
dément. On appelle aulli déplantoir , une houlette
qui fert au même ufage, & pour tranlplanter les
tulipes, les anémones, 6c autres plantes qui ne font
pas fort av.ant dans la terre. Brevis ^acuti, concavique
pedigenus. Cette houlette rclTemble à celle des Ber-
gers; on la fait feulement un peu plus concave, &
plu "^pointue pour les terres dures &c pierreufes.
^ DEPLETION. f f. Terme de Chirurgie employé
par quelques auteurs pour fignifier l'adion de dé-
femplir les vailfeaux. Le premier effet de la faignée
eft la dénié '.ion. Depletio.
^DÉPLIER. &c DEPLOYER, v. a. Etendre ce qui
étoit plié. Déplier une ferviette, déplier du linge;
une robe. On ledit particulièrement des étoffes que
les marchands étalen- lur leurs bureaux, pour les
faire voir à ceux qui les marchandent. Explicare ,
evolvere ^pandcrc, e \ vandere. Les Marchands déplient
. cent pièces d'étoffe pour en trouver une qui foit au
DEP 2.39
gré des chalands. On dit auffi, déplier hs voiles, les
tentes, Sic.
Déplier le Trait. Terme de Challè. C'eft, alongec
la corde de crin qui tient à la botte du limier. Produ-
cere , excendere.
DéplieRj fe dit aulTi figurément pour, étaler, faire
parade, faire montte. Apenre , patejacere. C'eft-1*
qu'il a déplié tous les tréfors de fon ame. Pat. Il
déplia fes bataillons &c les étendit. Il déplia toute foiî
éloquence. Voye\ Déployer, qui eft plus ufité.
DÉPLIÉ , Ée. part.
DEPLISSER. V. a. Oter, défaire les plis. Explicare-^
crugare J tollcre. Déplijfier une chemife j un-naut-dé
chau (Tes.
§CF" On le dit de tous les plis faits à l'aiguille. Il
eft auffi réciproque. Cet habit fe déplifife. Les plis s'eii
défont.
DÉPLISSÉ J ÉE. part,
DEPLORABLE, adj. m. & f. Qui mérite d'être déploré,
digne de pitié. Deplorandus ^mifieraiidus, miferabilis.
Le fac de Rhodes fut un fpedtacle bien dcplcrablé.
L'hiftoire déplorable Se lamentable de Pyrame ôc
Thisbé. On ne le dit guère que des chofes.
// neflrien de plus déplorable j
Que lefiunefiè état où ta main m^a réduit.
L'Ab. TÉtu.
DÉPLORABLEMENT. adv. D'une manière déplor.i-
h\e. Mifierabiliter , mijcrabilem in modam. Cez Avo-
cat a plaidé mon a^ane déplorablement ; c'eft-à-dire^
très-mal. Il s'eft conduit déplorablement.
DEPLORER. V. a. Plaindre avec de grands fentimens
de compadion. Dcplorare ^ défie re , lugcre, tvfierari.
Les Prophètes ont prédit &: déploré le malheur de
Jérulalem long-temps avant qu'il arrivât. Heraclite
déploroiti-xViSizzSQ le malheur de la condition hu-
maine. On ne fauroit trop c/u^^j/orc/T'aveuglement Sc
le malheureux état d'un pécheur. Déplorer \a mifere
du temps. Ablanc. Ce mélancolique paife les jour-
nées entières a. déplorer les malheurs de la vie, & à
raconter des chofes lamentables avec une voix trifte
& langoureule., comme s il étoit p.iyé pour pleurer.
M. ScuD. Ceux que la religion fépare fe regardent
comme des aveugles j & déplorent l'égarement l'un
de l'autre. Fonten. Je veux û'(;/'/jAer toutes les cala-
mités du genre humain. Boss. Il ne fe dit que des
chofeSi
Déploré, ée. part. pafT Sc adj. Deploratus. On dit
dans un fens figuré, au Palais j qu'une- caufe eft
déplorée J qu'une affaire eft déplorée-^ pour dire,
qu'elle ne vaut rien, qu'elle eft inloatenable, qu'il
n'y a aucune efpérance de la faire réuffir.
On dit figurément J qu'une fanté eft déplorée ^
pour dire, qu'on n'en efpère rien, qu'on défeipère
de laguérifon du malade. On appelle une maladie
déplorée , une maladie fans remède. Acad. Fr.
Certe mauvaife phrafe a difparu de la dernière
édition.
DÉPLOYER. A la même fignification que Dépliée J
mais déplier eft le plus uliîé dans la plupart des
phrafes où l'un & l'autre s'emploie. On dit pourtant
cette armée marchoit à enfeignes déployées , Se l'on
ne diroit pas bien enfieignes dépliées. On dit aufli fur
mer, déployer les voiles , déployer le pavillon , l'ar-i
borer & le lailTer voltiger au gré du vent.
Déployer, fedit figurément pour étaler , faire parade.
j4dhibere J ofientare 3 explicaie f expandcre j uti ali-
quâ re. Déployer {q^ charmes. Cet Orateur a déployé
toute fon éloquence pour haranguer le Roi. Ce Prince
a déployé toute fa magniiicence pour paroître en ce
Carroufel. Le Cardinal Mazarin déploya tous les
fccrets de la politique pour conclure la paix. Flech.
Dieu ne déploie point fa Toute-PuilTance pour autor
rifer le menfonge. Ap.. de T. A l'envi leur amour fo
déploie. Rac. On dir aufli, rire à gorge déployée y
pour dire , de toute fa force. Rire à gorge dépliée ne
fe dit point.
Cc3° Ces deux verbes déplier, ic déployer, vien-
£4^
D E P
lient âe depllcare 3 qui a le même fens, & qui fe
trouve dans la balFe latinité. L'anonyme qui a écrit
les miiacles que Sa:nte Geneviève ht après fa mort,
s'en ferc, pour exprimer l'extenlion d'un meinbre
qui étoit retiré. Foy. Bollandus , Acl.SS. Jan.T. I.
/7. 1 50. (S* 1 5 1. On trouve aulîi difpiicare, Ibid, Mart.
T, I.p. 549. 5.
ÎDÉPLOYÉ, ÉE. part, pafll &adj.
^3° DEPLUMER, v. a. Oter les plumes à un oifeau ,
ne fe dit point. DéplumertU réciproque. Se déplumer,
perdre fes plumes. Les oifeaux le déplument pendant
la mue. Nudariplumis.
^C? Déplumé , ée. pair. & adj. Deplumis. A qui les
plumes font tombées.
^fT DE PLUS. adv. fynonyme avec outre cela, &
d'ailleurs. Ils lignifient tous trois furcroît, augmen-
tation. Pr&urcd. Mais déplus s'emploie fort à pro-
pos loifqu'il ell feulement queftion d'ajouter encore
une raifon à celles qu'on a déjà dites. Il fert précifé-
ment à multiplier, & n'a rapport qu'au nombre.
Foy. les autres mots. Pour qu'un état le foutienne,
il faut que ceux qui gouvernent foient modérés, que
ceux qui doivent obéir, foient dociles, & que de
plus les loix y foient judicieufes.
DÉPOLIR. V. a. Oter le poli de quelque cliofe. Poli
turam tollere. Il faut dépolir les glaces de miroirs ^
Pûlhamglaciem obfcurare , quand on s'en veut fervir
dans des yeux artificiels pour en faire une rétine j,
afin qu'elle reçoive les efpèces, & qu'elle ne les réilé-
chilTe point.
DEPOINTER.Une pièce d'étofFe.C'eftcouperlespoints
qui tiennent en état les plis.
DEPONENT, adj. m. Terme de la Grammaire Latine,
qui fe dit des verbes qui ont la terminaifon & In
conjugaifon paflives , & la fignification aétive, &
qui perdent un de leurs participes paffifs. Verburii
deponens.ÇJeSi le nom que les Grammairiens don-
nent à ces fortes de verbes, comme m'uior , qui a
pour participes minans , minaturus &c minatus, &
qui n'a point /72i/2J/2c/aj, qui eft un participe paiîîf.
On les appelle déponcns , parce qu'ils ont perdu Si
dépofé la lignification palîive , du latin deponere.
DÉPONIBLE. adj. De tout genre. Qu'on peut dépofer,
à qui l'on peut ôter fa charge , qui peut être révoqué.
Deux Prêtres muables & déponiblesA la volonté des
Gouverneurs de l'Hôpital. Régi, de l'Hôp. Sainte
Croix de Joinville. C'ell un terme de Palais. /Imovi-
ble a la même fignification , & ellplus en ufage.
^ DÉPOPULATION, f. f. C'eft la même chofe que
dépeuplement, L'aétion de dépeupler une ville , un
pays. Mais ce mot fe prend plus fouvent dans le
fens paffif, & défigne la diminution des habitans
par quelque caufe que ce foit. C'eft l'oppofé de po-
pulation. Voy. ce mot. M. de Montefquieu , par-
lant du grand nombre d'Eunuques que les Orien-
taux font obligés d'entretenir pour garder leurs fem-
mes, s'écrie : Quelle dépopulation ne doir pas s'en-
fuivre de ce grand nombre d'hommes morts dès leur
nailTance. Je touche dans une Lettre au Père Paren-
ninj Miffionnairej plufieurs articles du Gouverne-
ment Chinois, que je crois en foi de véritables dé-
fauts ^ & ce qui eft plus furprenant, des défauts qui
vont à la dépopulation dans ce tloriflant Empire , ce-
lui du monde qui eft le plus peuplé. M. deMairan de
V Académie des Sciences , Lettre à M. l'Abbé Desfon-
taines , dans les Obfervations fur les Ecrits Mod.
DÉPORT, f. m. En matière bénéficiale. Droit que les
Archidiacres ou les Evêques ont en plufieurs Diocè-
fes, de jouir une année durant d'une Cure qui eft
vacante par mort j en la faifant delFervir , & auftl
d'en jouir pendant le litige fi elle eft conteftée. Sa-
icrdotia in caufam caduci lapfa. Si la Cure vient à
vaquer deux fois dans une feule année, il n'y a
qu'un feul déport. Vey. Choppin & Ragueau.
Le déport e(\. une efpèce d'annate , & eft par con-
féquent odieux, pacce qu'il a été plutôt établi pour
l'utilité des Evêques & des Archidiacres que pour
celle de l'Eglife. C'eft potirquoi il fut entièrement
abrogé par le Concile de Bafle, dont le Décret a été
D E P
inféré dans la Pragmatique-Sanélion : mais le Con-
cordat, qui eft la règle de 1 Egiiie Gallicane, a réta-
bli les annates & les dcports , qui ont enfin été con-
firmés dans les Etats de Blois. Il n'eft pas uniforme
dans tous les Diocèles.
L'ulage des déports pour la première année des
cures vacantes eft principalement en Normandie.
Les Evêques en ont les deux tiers, & les Archidia-
cres ont l'autre riers^ il en vient outre cela quelque
chofe aux Doyens Ruraux. Les Evêques & les Archi-
diacres de Normandie n'ont pas à la vérité joui tou-
jours des déports ^ ils ne lauroient même produire
de titres valables pour appuyer ce droit. MaiSj com-
me ils en font depuis très-long-temps en polleillon ,
il eft devenu en quelque manière un droit commun
à leur égard.
Toutes les Cures ne font pas fujettes au déport. i
Celles qui dépendent d'Abbayes exemptes de la Ju- '
rifdiélion des Evêques fontaufti exemptes àu.déport\
les Cures J par exemple, qui font dans les exem-
ptions de Fefcamp & de Montivillier, ne paient
point de déporc aux Evêques de Normandie-
§CF En matière de fief, on appelle aufti déport
le droit qu'un Seigneur féodal a de jouir du revenu
d'un fief la première année après la mort du polfef-
feur. Ce droit eft différent dans les différentes cou-
tumes. C'eft ce qu'on appelle rachat, relief, Voy.
ces mots.
DÉPORT , fedit quelquefois au Palais, pour à\rQ, délai.
Sans déport 3 c'eft-à-due, fans délai, fur le champ.
Sine m.orâ. On a condamné ce coquin de Frippier en
dix écus d'amende payable fans déport, ians fortic
de- là. Déport d'un Juge , d'un Aibitre. Voye-^^
DÉPORTER.
DÉPORT , Terme de Coutumes. Dans les Coutumes
d'Anjou & du Maine , déport fignifie cafuel:, c'eft ua
certain droit que le Seigneur prend fur un fief fer-
vant lorfqu'il n'y a point d'homme pour le delfervir.
Le dcport de fief eft réglé pour le Seigneur à une
année de revenu, à condition d'en donner le tiers,
ou une portion fortable au mineur. Le déport de fief
n'eft plus en ufage.
DÉPORT, eft aufliun vieux mot, qui veut dire, joie 3
plaifir. Gaudium j voluptas y Utitia. Celui jourpade-
rent en joie & déport. Guy de Waroye. Us reve-
noient de la chafle, où ils avoient eu moult gracieux
déport. Id. ,
DÉPORTATION, f. m. Sorte de bannilTement ea
ufage chez les Romains, par lequel on allignoit à
quelqu'un une Ifle, ou autre lieu pour fa demeure,
avec défenfe d'en fortir à peine de la vie. Deportatio.
C'eft le terme dont fe fervent les Jurifconfultes. Par
la déportation on perdoit les droits de citoyen Ro-
main. Ulpien met cette différence enrre la reléga-
tion J & la déportation ; que la déportation obligeoit
à une demeure fixe pour toujours , au lieu que li
relégation fe révoquoit , & donnoit un peu plus de
liberté, h^. déportation éroit un bannilfement perpé-
tuel, avec iiiterdidion du feu & de l'eau. Foye^
Exil. En France on n'admet point cette différence,
& on dit feulement relégation.
DÉPORTEMENT, f. m. Conduite & manière de vivre.
On ne le dit qu'au pluriel , & il fe prend ordinaire-
ment en mauvaife part. VitiZ , vivendi ratio. On don-
ne des Gouverneurs à la jcuneftè pour veiller fur fes
déportew.ens. Il a éré châtié pour fes mauvais dépor-
temens. Ses déportemens me font connus. Ablanc. Les
mauvais déportemens des jeunes gens viennent le
plus fouvent de leur mauvaife éducation. Mol. Ses
déportemens donnent prife à tout le monde. B. Rab.
DÉPORTER. Qui ne fe dit qu'avec le pronom perfon-
nel, fe défifter, fe départir. Quitter, abandonnée
une entreprife, un delîein. Difcedere ab aliquâ re ,
rem aliquam abjicere. Cet homme étoit entré dans la
Ferme Générale, mais il s'en eft déporté en faveur
de fes aftociés. Ce jeune homme briguoit cette char-
ge, cet emploi, mais il s'en eft^'f/'orrc; de lui-même.
Se déporter de fes prétentions, de la recherche d'une
fille.
DÉPORTER
DE P
DipoRTER., fignifie au Palais, sabftenir d'un jugement,
d'une affaire où il y a quelque caufe de récufacion.
AbJUnere ab allqud re ^, dtjcedere ah aliquu re, rem
aliquam abjkere. La. dernière Ordonnance veut que
le Ju^e fe déporte de lui-même de la connoilFance
d'une affaire, quand il fait qu'il y a des caufes de
récufation contre lui. On dit la même chofe d'un
arbitre, d'un expert & de tout autre Officier commis
par le Juge. . . , ,
DÉPORTER, dans nos vieux Auteurs, fignihe quelque-
fois/j^ifwj fupporter. Comme il déporta les outra-
ges qui faits luiavoient été. ToUrare ^ pati^jerre.
DÉPORTUAIRE, f. m. Terme de matière béncliciale.
On nomxrïQ Déportuaire en Normandie, celui qui
eft chargé du déport pendant l'année qu'il n'y a
point de titulaire , ou plutôt que le titulaire ne jouit
point des fruits de fon bénéfice. Les Evcques de Nor-
mandie font lî jaloux de leurs déports, que, dans les
provifions qu'ils donnent aux véritables titulaires,
ils les excluent de toutes fondions cutiales, auflî n'y
en font-ils aucunes, qu'en qualité de Déportuaires ,
s'ils fe chargent du déport.
DEPOSANT. ANTB. f. m. & f Témoin qui déclare &
attefte en Jultice la vérité d'un fait. Tejlis. Il faut
faire alB^ner le dépofant. Faire lecture à un dépojant
dé fa dépofuion. C'ell tout ce que le dépofant a dit
favoir. Plus n'en fait le dépofant. Cette formule de
pratique a palfé dans la converfation familière pour
marquer qu'on ne fait rien de plus que ce qu'on a
dit.
Il eft aufll adiedif. Tels & tels témoins dépofans.
Telles & telles femmes dépofantes.
DÉPOSER. V. a. Témoignei; en Juftice la vérité d'un
fait, déclarer ce qu'on a vu, ou oni. refiari,tcfiificari.
On fait faire ferment aux témoins de dépofer la vé-
rité. Un tel témoin dépofe de vifu. Ondithgurément,
Le remords de la confcience eft un témoin qui dépofe
continuellement contre nous.
DÉPOSER, fe dit figurément des chofes qui fervent
de preuve à quelque chofe, qui tendent à prouver
quelque chofe : ainli dcpofer contre quelque fair ou
quelque opinion , c'eft prouver , montrer qu'elle eft
faufte. Infirmare , conjutare. Et dépofer en faveur j
c'eft prouver qu'elle eft vraie. Confirmare. Pendant
que tout juftifie notre fyftcme j tout dépofe contre ce-
lui de M. Nev/ton. Gamaches.
DÉPOSER, fignifie aufti, mettre en lieu fùr^ mettre
une chofe entre les mains d'une perfonne pour la
garder, pour en avoir foin. Deponere. On oblige de
dépofer au Gi effe une pièce maintenue faulfe. On
dépofe chez un Notaire, aux Confignations, les fom-
mesfaifies;ou celles où il y a des oppofitions, ou
conteftations.
DàposER , fe dit audî des corps morts qu'on met en dé-
pôt dans une Eglile, jufqu'à ce qu'on les tranfporte
a\\\q\xxs. Deponere , collocarc. On a dépofe le corps
de ce Seigneur dans une chapelle de fa Paroifte ,
jufqu'à ce qu'on le tranfporte dans le tombeau de
fes pères.
DiPOSKR, fe dit figurément pour confier, remettre.
Deponere alïqiùd apud aliquem, credcre aliquidalicui.
Le Roi dépofe une partie de fon autorité entre les
mains de fes Magiftratspour rendre juftice à fes peu-
ples. On eft heureux d'avoir un ami dans le fein
duquel on puilfe iépojcr fes pcnfées, f«s fecrets, ici
joies, ou fes douleurs.
Dcpofer d'unfecretla charge trop pefante. 'Vill.
DÉPOSER, fignifie auftl , deftituer quelqu'un d'une di-
gnité , d'une charge , d'un emploi. Alkui maoiflra-
tum abrogarej aliquem magiflratu depellere. Il y a eu
des Papes qui ont été dépofés dans des Conciles ; des
Papes & des Empereurs qui fe font dépofés eux-
mêmes, qui ont renoncé volontairement à leur di-
gnité. Les Papes ont autrefois prétendu avoir le droit
de dépofer les Rois. Quelquefois on dépofe les Offi-
ciers par forfaiture. On le die plus ordinairement
Tome III.
D E P %4,i
des Officiers Ecdéfiaftiques : on dit des autres defti-
tuer.
DÉPOSER, lignifie auftîj quitter une charge, fe défaire
d'un office, d'un emploi. Abutcare Je magijlratu ^
magijlratum abdicare. bylla dépofa k Diétature. Ab.
Abdiquer vaudroit mieux.
Dans l'Ordre de la Vifitation , ce mot, aufli bien
que depof , n'ont rien d'odieux ^ ils fe difent de la
Supérieure qui n'eft plus eu place, qui eft fortie de
charge. Bien plus, cette ancienne Supéueure en
retient la dénomination , car on ne l'appelle pas au-
trement que la iœur la depojée.
Déposé , ee. part II a la fi unification de fon verbe.
DEPOSITAIRE, f m. & f. Qui eft gardien de quelque
choie, qui elt chargé d'une charge , d'un dépôt. Se~
quejier , depofitarius. Les depofitaircs ordinaires ne
font point g.irans de la choie qu'on leur a confiée ,
li elle eft volée, ou perdue. Us ne répondent que de
la fraude, & de la mauvaife foi, & non pas de la
négligence. Un dipolitaire nécelfiire, comme un
hôtelier, eft refponfable du vol, s il y a de la négli-
gence. Les dépojitaires de Juftice , font contraigna-
bles par corps à la repréfentation des chofes dont ils
font gardiens.
DÉPOSITAIRE, fe dit auffi au figuré des perfonnes &
des lieux à qui l'on confie, où l'on dépofe ce que
l'on a de plus important & de plus fecret. Qui alicujus
conflits intimus eji, confdium particeps. Il a voulu
demeurer le dépofuaire de fes propres chantés. Pa-
TRU. C'eft le dépoftaireàs fes plus fecretes & de fes
plus douces penfées. Pat. Vous êtes le dépofuaire
fidèle de tous mes chagrins, & de toutes mes joies :
en un mot, de tous mes fentimens. La Rruy. Thc-
rcfe fut dans ces derniers fiècles l'héritière , & pouc
ainh dire, la dépof taire de toutl'efpric d'Elie. BouR-
DAL, Exhort. T. I.p. joi. 301.
Souvent ce cabinet fuperhe &folitaire j
Des fecrets de Titus efi le dépofitaire. Corn.
Eilc cfide mes fermens feule dépofitaire. Racine.
5^ DÉPOSITAIRE, chez les Religieux Se les Religieu-
fes. Celui ou celle qui a la garde des archives, de»
titres & de l'argent. Cuflos.
DÉPOSITION, f. f Témoignage rendu en Juftice par
un témoin. Teflimonium , tejlificatio. Dans un récole*
ment on fait leéture à un. témoin de fa dépofuion y
pour voir s'il y veut perfifter , y ajouter ^ ou dimi-
nuer. On ne doit point lire en jugeant la dépof tion
des témoins valablement reprochés. Les révélations
fur un monitoire ne font point de foi, jufqu'à ce
qu'elles foient rédigées en déoofîtion.
DÉPOSITION , en termes d'Eglife, fe dit auffi de l'enter-
rement d'un corps. Mortui corporis depoftio. On doit
dire un tel Evangile & telles prières pour la dépofi~
tion d'un défunt , lorfqu'on apporte un corps à
l'Eglife pour l'enterrer.
^CF DÉPOSITION, fignifie auffi privation d'une charge,
d'un office, d'un emploi, d'une dignité. Exauclora-
tio , depulfio., miffio a muncre ^ ah officio. La dépofl-
tion d'un Officier. La dépofuion du Sultan fut fuivie
de guerre. La Nation jaloufe de fes droits s'étoit
Elit un titre de liberté par la dépofuion des Princes
qui avoient entrepris de la lui ravir. Vert. La dépo-
fition d'un Officiai, d'un Promoteur qui a malverfé.
La dépoftion,tn ce fens, eft un jugement canonique,
par lequel le Supérieur Eccléfiaftique dépouille pouc
toujours un Eccléfiaftique de fon bénéfice, & des
fondions qui y font attachées. Dans \x dégradation \9
caraétèrede l'ordre eft etfacé. On dépofe un Prélat,
un Abbé, 8cc. On dégrade les fimples prêtres. La
fufpenfe n'eft que pour un temps.
ifT En parlant des offices de judicature, on dit
plus communément defitution. Deftuution d'un
Bailli , d'un Officier de judicature.
DEPOSITO. Donner ou prendre à depoflto , fignifie,
donner ou prendre à inrérèr. Ce terme, qui a padé
d'Italie en France , n'eft d'ufage , dans cette iîgniÊ-
H h
z^z DEP
cation, qu'en quelques lieux de Provence & de
Dauphiné.
fer DÉPOSSÉDER. V. a. Oter à quelqu'un la pofTef-
lîon d'une chofe. Allquem aiicujus reipojjejjione deji-
cere j depcdcre. On l'a dépolTédc de fa charge , de fa
maifon , des biens qu'il avoir acquis à la campagne.
On dit auOi, ^ty^ti^d'c/er d'une charge , foit qu'on
chalfe un Officier pour malverfation , loir qu'on le
falFe recevoir en fa place lur fa rélignatioii. Un Offi-
cier jouit de fes gages jufqu'à ce qu'il foie dé.Dojfédé.
Un Officier n'ell réputé dépojfedé que par le /ou
montre qui eft mis fur la requête de fon réfignataire
pour demander la réception. Un bail judiciaire
dépojjède un Seigneur de fa terre, fuivant l'Ordon-
nance. Celui qui prend polFeilion d':. a Bénéfice pour
le concerter, ne djpojjède pas pour cela le Titulaire,
■ jufqu'à ce qu'il y ait jugement pour la pleine main-
tenue. _ ,
DÉPOSSÉDÉ , ÉE. part. Le Roi de fon pouvoir fe voit
dépojfédé. Rac. Dcpulfus y dejeclus , deturbatus,
DÉPOSSESSION, f. f. Adion par laquelle on dépof-
fède. La dépojjejjion aéluelle eft nécellaire en ma-
tière bénéficialcj quand on a un jugement définitif
à fon profit, de peur de donner lieu à la confidence.
^fT Ce mot n'eft employé qu'en ftyle de prati-
que.
DÉPOSSESSION , fe dit auffi de la délivrance qu'on fait
en vertu des exorcifmes , d'une perfonne qui eft:
tourmentée de l'Efprit malin. Z/'/^dr^f/o. Cette femme
a vécu tranquillement depuis fa û't;/;o/7e//zo«.
DEPOSTER. V. a. Terme de Guerre. Chalfer l'ennemi
d'un pofte qu'il occupoic. Ejicere , pcllere. Les Gen-
darmes &c les Chevaux-Lègers furent commandés
pour aller dépojïer l'ennemi de-là. En moins d'une
demie-heure de combat l'ennemi fut dépojlé. On dit
plus ordinairement chalTé. Dépofter n'eft: en ufage
que parmi les gens de guerre ; mais parce qu'il
abrège le difcours , & qu'il eft fort commode , il
niérite de faire fortune.
Il eft formé de poficr , qui veut dire placer ,
mettre j établir des gens , des foldats , des troupes
quelque part , & de la particule de , qui a fouvent
dans la compofition la force de détruire la fignifica-
tion du mot fimple auquel elle eft ajoutée , comme
dans défdgréahle , déjaire , &c.
^CFDÉPOl. f. m. Dépofuum. Ce mot fignifie ce
qu'on a confié , mis entre les mains de quelqu'un,
pour le garder & le rendre à la volonté de celui qui
l'a donné. Il fignifie aulli l'adion de dépofer , la loi
du dépôt , c'eft-à-dire , la convention faite lors du
dépôt. Dans le premier fens , on dit garder religieu-
fement un dépôt ^ abufer d'un c/e^or, nier un dépôt.
Un Dépote^ une chofe facrée. Dans le fécond , on
dit que le dépôt eft un contrat de bonne foi. Vio-
ler la foi du dépôt. Dépôt volontaire. Dépôt judi-
ciaire.
ht dépôt fe divife en dépôt fimple, & en dépôt
judiciaire. Le dépôt judiciaire eft la chofe conteltée
entre plufieurs perfonnes j & dépofée en main
tierce par ordonnance.
tfJ" Le dépôt volontaire eft celui qui fe fait de
pleine volonté j fans qu'il y ait aucune ncceffité qui
oblige le dépofant de donner la chofe à garder.
Ce tfe/or provenant uniquement du choix de celui
qui le fait , eft moins favorable que le dépôt né-
ceftàire.
IJC? Le dépôt néceiïaire eft celui qui ne fe fait
point de pleine & entière volonté , mais par une
efpèce de néceffité , qui oblige le dépofant de
donner la chofe à garder au premier venu qu'il
rencontre , à caufe de quelque cas fortuit, comme
pour incendie , naufrage ou tumulte. Celui qui
dénie le dépôt fait dans un cas de néceflité , eft ,
fuivant les Loix Romaines , condamné à la reftitu-
tion du double ; ce qui n'a pas lieu pour le dépôt
volontaire.
fî:? La raifon de cette differenceeft que, dans le
dépôt wo\om2énQ , on a le temps & la liberté dechoi-
fir une perfonne en qui l'on ait confiance , & même
DEP
de faire conftater leû'e/'o/par écrit. Mais, dans le cas
de néceiîité , on n'a pas le même avantage. Et c'eft
pour cela que les Loix Romaines , pour punir la
perfidie du dépofitaire, l'obligeoient en ce cas à
la reftitution du double j pour avoir voulu profiter
du malheur d'une perfonne qui étoit déjà affligée
d un fâcheux accident.
§CF Ces peines du double & du triple & autres
femblables , portées par le Droit Romain , ne s'ob-
fervent pas en France.
1^ DÉPÔT , fe dit auill des lieux publics où l'on dé-
pofe les chofes , où l'on met {^sd^pots ordonnés par
juftice , & ceux où Ton conferve les a(5les publics.
Locus rerum depofitarum cujlos. Le Greffe eft un
dépôt public. Le lieu où l'on garde les regiftres s'ap-
pelle le dépôt. Le Bureau des Conhgnations eft un
dépôt public pour les fommes d'argent conteftées
La Sacriftie eft un dépôt facré où l'on garde les Re-.
liques.
§Cr On dit auffi qu'on a mis un corps en dépôt
dans une Eglife, pour dire qu'on l'y a dépofé ^
en attendant qu'on puiffe le porter au lieu dcftiné à
fa fépulture.
DÉPÔT DU SEL , fe dit des lieux publics ou magafins
du fel aux endroits où la Gabelle n'eft pas établie \
Se on les appelle greniers dans les lieux d'impôt.
DÉPÔT J fe dit figurément des penfées & des fecrets.
Depo/itum. Lefecreteft un dépôt i^cxé , fur lequel
la haine , & rinfidélité même de celui qui nous
l'a confié, ne nous donne point de droit. Bouh.
fJC? DÉPÔT , terme de médecine 3 fynonyme à fédi-
ment. Dépôt d'urines. f^oye\ Sédiment.
§CJ" DÉPÔT , en Chirurgie fe dit d'un amas d'humeurs
qui fe fait en quelque partie , qui caufe de la dou-
leur , forme des fluxions , des abcès , &c. Les
fradures , de quelque narure qu'elles foient, auffi-
tôt qu'elles font endurcies , ont befoin de la faignée
pour empêcher le dépôt fur la partie maltraitée.
DioNis. Il fe fait quelquefois un (/e/'of fur le bras
faigné j quoique l'opération de la faignée n'y aie
point de part. Id.
§CJ" Les parties fanieufes du dépôt font formées
dans la mafte du fang. Celles de l'abcès font for-
mées dans la partie même.
DÉPÔT , chez quelques Religieux. C'eft le coffre où
font les Archives & l'argent du Couvent. Arca depo-
(iti cuflos.
DÉPOTER, v. a. Terme de Jardinier. Oter une plante,
ou quelqu'autre chofe d'un pot. Flores ex vajeficlili
tol/ere , deplantare. Il eft temps de dépoterles fleurs.
La Quint. Si je me fuis fervi de pots , je dépote
pendant l'été même , ou au moins l'automne , ou
le'printemps fuivant , je dépote , dis-je , les petits
figuiers qui ont bien poulFé dans ces pots, pour les
remettre avec leur motte dans des caifles de fept à
huit pouces. Id.
DÉPOUDRER. V. a. Oter , faire tomber la poudre des
cheveux , d'une perruque. Dépoudnr quelqu'un ,
Dépoudrer fa perruque.
DÉPOUDRÉ , É£. part.
DÉPOUILLE, f. f. Vécemens, habits dont on eft ordi-
nairement vêtu. Spolium , exuvix. Un homme en
mouranr lailFe la dépouille , fon linge , fes habits ,
fa garderobeà fon valet de chambre, à fa garde. On
l'étend quelquefois à fes meubles & à fon bien. Un
Abbé a la cotte-morte , la dépouille de fes Moines.
Les Ordres Miliraires ont la dépouille des Chevaliers
quand ils meurent.
Dépouille', eft auffi un droit que les Archidiacres
lèvent fur les biens meubles des Curés décédés. Les
Archidiacres de Pans y ont été maintenus par des
arrêts , il y en a un du premier Septembre 1700.
Voye-^ le Traité qui a été fait fur ce droir, il fuc
imprimé en 1683. Voye'^ Fra Paolo dans fon
Traité des Bénéfices. Voye\ auffi Déport.
|p° Le mot de dépouille pris pour vctemens n'eft
pas d'un grand ufage.
|tT On le dit mieux de la peau que certains ani-
maux quittent dans certains temps pour en prendre
D E P
lîiîe nouvelle , ainfi l'on dit la dépouille d'un ver-
à-foie , d'une araignée , d'un ferpent , &c. Exuyis.,
Dépouille d'un oiieau , les plumes qui rombent lorf-
qu'il mue. i , •,, j r
f/O" On dir pocciquement j la dépouille du lion
de Nemée , pour dire la peau du lion dont Hercule
étoit revêtu : & généralement on appelle <:^4io:^i//e
d'une bête féroce , au moins dans le l^yle foutenu ,
la peau , lorfqu'elle eft arracliée.
1^ On dit de même que l'homme a lailTé fa dé-
pouille mortelle, pour dire fon corps , ce qu'il avoir
de matériel.
Dépouilles , fignifîe Butin , ce qu'on prend fur les
ennemis pendant la guerre. Les Romains ne fo font
enrichis que des dépouilles des Rois , & des peuples
par eux fubjngués. Ce font les dépouilles qu'il a
. remportées fur les Barbares. Ablanc. Spolia j
Exuvidt.
^CTDans cette fignification.ondic figurémerit s'en-
richir , fe revêtir des dépouilles d'autrui. Il ne ju.^ea
pas qu'un homme dut s'enrichir de la dépouille des
malheureux. Bouh. Et, en parlant des Auteurs qui
pillent les autres , on clit qu'ils fe parent de leurs
dépouilles. P'oye^, Plagiaire.
C'ejl un gueux revêtu dis dépouilles d'Horace.
BoiLEAU.
Dépouille, fe dit en termes d'économie ruftique ,
de la récolte des fruits de la terre. MeJJls , feges ,
fruclus. On a vendu tant la dépouille de ce jardin ,
de ces abricotiers. Ce Fermier a fait trois dépouilles ^
trois récoltes de blé. Le maître a fait faiîir la dé-
pouille de cette aimée pour fon paiement.
^fF On dit figurément partager la dépouille de
quelqu'un. Il a eu la dépouille d'un tel , c'eft-
à-dire , fa charge, fon emploi, fon bénéfice, fa
fuccelîion. La dépouille des Chevaliers de Malte ap
partient à l'Ordre. Il fe regarde déjà comme l'hé-
ritier de tous les riches , il dévore leur dépouille ,
il eft ennemi de tous ceux qui veulent s'agrandir.
RoY.
Les Ouvriers difent qu'une chofe eft taillée en
dépouille , lotfqu'elle va en augmentant vers le talon
ou le manche, ce qui eft particulièrement en ufage
chez les Gainiers.
Mettre un canon en </f)70«i//i;. Terme d'Artilletie.
C'eft retirer du milieu du moule d'une pièce de
canon , le troulFeau ou morceau de bois qui a fervi
d'abord à le former étant couvert de natte \ & net-
toyer route cette terre que le noyau de fer ou de
métal doivent remplir.
DEPOUILLEMENT, f. m. Adion par laquelle on fe
dépouille, on quitte quelque chofe : il ft; dit dans
le fens propre & dans le fens fij;uré. Saint Grégoire
a dit qu'il étoit bien plus aife de fe dépouiller des
richelfes & des biens de la fortune , que de renon-
■ cer à fa propre volonté : parce que ,dans l'un de ces
dépouillemen , l'on facrifie fa propre chair , &, dans
l'autre, on immole une chair étrangère. Ab. de la
Tr. Il fe dit mieux & plus fouvent en matière de
fpiritualité , pour détachement d'efprit & de cccurj
privation volontaire. Il a porté la pauvreté jufqu'à
un dépouilementàQ toutes fortes de biens &: de com-
modités de la vie- Vivre dans un dépouillement "^^.z-
faitjdansun entier dépouillement des plaifirs,des hon-
neurs.
DÉPOUILLEMENT j rclcvé , cxtralt de quelques parties,
de quelques fommes qu'on tire d'un Compte , d'un
Regiftre , &c, pour en former une efpèce d'état ou
de bordereau qu'on nomme dépouillement. Awqz-woms
travaillé au dépouillement de ce Journal ? Achevez
le dépouille 'nent ai mon coiw-pzQ , de mon procès.
«DÉPOUILLER. V. a. Ôter les habits dont on eil; vêtu.
Spoliure veftibus aliquem , detrahere alicui vejles ,
yeflibus aliquem exue^e. Ce Voyageur a rencontré
des voleurs qui l'ont dépouillé ., qui l'ont mis tout
nu. On l'a dépouillé zw milieu d'un bois. Ablanc.
Il fe dépouille à la vue de fon armée, Vaug,
D E P
2-4>
On i'étend quelquefois aiix biens j aux charge; ,
aux dignités. Ses créanciers l'ont dépouillé ÀiX.ov\rQS
fes terres, de tous les biens. Ce dévolutairel'à t/i-
pouille de fon Bénéhce. Les criminels qu'on dégra-
de font dépouillés de toutes leurs charges & digni-
tés. Ce père s'eft dépouille pour établir fes enfîns.
Alors il fe prend dans un fens figuré.
Ce mot vient du Latin defpoùare.
Dépouiller, fe ditaulîi de la récolte des fruits &
de la moilfon. Mejjern , Jiucius colUgere , percipere^
Ce Fermier a droit de dépouiller encore cette année,
la récolte lui appartient ^ il a dépouillé cent arpens
de terre. On le dit aulîi de k chute des feuilles ,
parce qu'elle laiife en quelque forte un arbre roue
nu. L'hiver dépouille un arbre de fe5 feuilles. Il ell
défendu de dépouiller les arbies de leur écorce.De-
pouilltr un arbre, c'eft lui ôter tout fon fruit, ou
toutes fes feuilles. Nudare arbores foliis , fracUbus ^
&c. Il eft auffi réciproque. Les arbres fe dépouil-
lent.
DÉPOUILLER , fignifie aulTi extraire d'un livre , d'un
regiftre , les parties , les fommes ou les autres cho-
fes dont on a befoin pour l'éclairciftement dé
quelque chofe qu'on délire avoir , en faire un réle-
vé , un état abrégé. Extrahere , detrahere aliquid de
libro , de codice , &c. Un Marchand fait dcpouillcr
fes regiftres pour faire des mémoires de parties
qu'il envoie à fes débiteurs. On a dépouillé les re-
giftres , les papiers de ce Greffe , de ce Tréfor , pour
rrouver tous les titres qui peuvent fervir à l'écablif-
femenrde ce droit, de ce péage. On dit encore qu'il
eft défendu de dépouiller un Greffe , un Trélor j
pour dire, d'en tranfporter ailleurs les mihutes , ti-
tres & papiers , de les divertir &: égarer. On à\t
dépouiller un compte j pour dire , en examiner la
recette &c la dépenfe. On dit auffi , dépouiller Un
inventaire , pour dire , faire un état. Foye^ Etat.
DÉPOUILLER. Terme de Philofophie Hermétique.C'eft
la premièi-e opération que l'on fait , elle confifte i
réduire en mercure le féminin , &c les autres ma-
tières aftemblées avec lui.
DÉPOUILLER , eft aulïï un terme de RotilTeur. C'eft
arracher la peau de quelque animal pour le mettrei
en état d'être mangé. SpoUare , exuere pelle. Dé-
pouiller un lièvre. Dépouiller un lapin.
Il fe dit auffi des animaux qui quittent leuc
peau. Les ferpens fe dépouillent tous les ans.
Il fe dit de tout ce qui découvre la chair ou les
os.Etj dans ce fens, on dit, on lui jeta de l'eau bouil-
lante qui lui dépouilla toa:e la jambe. L'os eft en
tièrement dépouillé. Nudare.
DÉPOUILLER, fedit figurément en parlant des paffions,
des feanmens, desopinionsj &: lignifie s'en défaire,
y renoBfer. Deponere aliquid. L'EgUfe nousenfeigne
qu'il faur dépouiller le vieil homme , fe dépouiller
du vieil homme, pour dire, fe convertir , fortic
de la corruption du péché , quitter les inclinations
, de la nature corrompue , fes vieilles habuudes cri-
minelles. Lé fondement de la Philofophie de Def-
cartes eft, qu'il ixvn is dépouiller de toutes fortes
de préjugés. Quand Salomon s'étoit dcpouillé de
tout l'embarras de la Royauté, pour ne fe lailfer
voir qu'à ceux qu'il honoroit de fa familiariié , il
étoit le plus aimable de tous les hommes Ad. de;
Choisy. C'eft ici ( dans l'Académie ) que la* pre-
miers hommes fe dépouillent de tout le fafte de la
grandeur, & ne cherchent de diftinftion que pac
fa fublimiré du génie. Id. Il eft plus fur de fe dc-
poutlleràw foin de fa conduite , pour fe repofer fur
celle déroute l'Eglife. NiCol. U faut prendre garde
qu'on ne rende la langue barbare en la dépouillant
de tout ornement , fous prétexte de la rendre plus
naturelle. S. Evr. Leftyle d'un Géomètre doit être
fimple , fec , & dépouillé de tous les mouvemens
que la paffion infpire à l'Orateur. On le met quel-
quefois avec l'accufatif fans le pronom perfonneL
Il dépouilla cette férocité de tigre & de lion, qui lui
étoitnaturelle. S. EvR, , ..
X44
DEP
Ave^'VOus dépouïWé cette haine /î vive} Racine.
DépouilU-{ cette rigueur qui rend votre beauté fa-
rouche. Voit. En me dtpoudlant autant que je le puis
de l'intérêt poétique , pour juger plus fainement
de la quertion. De la Motte.
DÉPOUILLER. Terme de Sculpteur , & de Mouleur en
plâtre. Dépouiller une figure moulée , c'eil ôtcr
toutes les pièces du moule qui environnent cette
figure & qui ont fervi à la former.
^ DÉPOUILLÉ, ÉE. part. Il a les fignihcations du
verbe. -^ ■ , >
On dit proverbialement , jouer au Roi depouiLe,
non feulement au propre, quand on joiieàunjeu
qui a ce nom , dans lequel on dépouille pièce à pièce
celui qu'on a fait le Roi du Jeu , mais auHi au
figuré , quand plufieurs perfonnes fe joignenr pour
en ruiner une autre & la dépouiller de fon bien.
DÉPOURVOIR, v. a. Dégarnir , ôter les provilions ,
les chofes néceflaires à la fubfiftance d'une place ,
d'une maifon , d'une perfonne. Nudare , fpoliare.
Ce verbe n'eft guère' en ufage qu'au participe , &
quelquefois à l'infinitif Un Gouverneur ne doit point
lailfer depourvoir fa place , en lailTer ôter les hom-
mes & les munitions. Cette maifon noble eft pau-
vre , & dépourvue des chofes nécelfaires à la vie.
Cette veuve affligée eft dépourvue de tout fecours ,
tl'amis & d'argent.
^fT Dépourvu (s dit fouvent en chofes morales.
Dejlicutus. Il eft pris comme participe &: adjeélif
Il faut être bien dépourvu d'efprit , de fens , de ju-
gement , pour commettre une telle tante. Il étoit
dépourvu àù confeil , quand il a fait cette tranfac
tion. Souvent on eft dzpourvu de mémoire, elle
quitte les gens au befoin. Jamais on n'eft dépourvu
de la grâce , de l'aififtance divine , quand on veut
bien y coopérer. Tir
Au DÉPOURVU, adv. A l'improvifte , par lurprile , lorl-
qu'on n'eft pas pourvu des chofes nécellaires, Ex
improvïfo. Un Gouverneur de place ne doit point
fe lailFer aftaillir au dépourvu.La. baffe-cour de ce
Gentilhomme eft bien garnie , on ne le peut pren-
dre au dépourvu quand on arrive chez lui. ^
DÉPRAVATION, f f. Dérèglement du goût, des
mœurs , ou de la dodrine. Depravatio , corruptïo.
La dépravation de notre raifon eft la caufe de nos
erreurs. Chacun accufe fon fiècle de dépravation.
La poftérité de Seth fut fidelle à Dieu malgré la
dépravation du temps. Boss. Il y a quelques gens
qui trouvent ce mot un peu vieux , quand il s'agit
de mœurs & de dodrine j mais, comme des auteurs
aiïez approuvés s'en fervent , on ne peut pas le re-
jeter.
fer DÉPRAVATION fe dit en Médecine de*!a léfion
notable de l'économie naturelle du corps humain ,
&plusparticulièrement,lorfque l'exercice des fonc-
tions fe fait fans régie , & fans conformité à l'état
naturel. Il y a de la dépravation dans' le gout,lorf-
qu'on fe fent de la répugnance pour les alimens or-
din.iires , & qu'on fe fent porté à manger des cho-
fes qui font nuifibles , ou peu propres à nour-
DEPRAVER. V. a. Pervertir j corrompre le goût , les
mofltais, ou la doârine. Depravare , corrumpere. Il
s'eft dépravé le goût à force de boire. C'eft un hom-
me capable de dépraver toute la jeuneffe. Il avoit du
génie pour l'éloquence j mais la ledure des mau-
vais Auteurs lui a dépravé le goût. Plufieurs mala-
dies rendent le goût dépravé. La jeunelTe eft main-
tenant fort infolente & fort dépravée. Les Infidèles
mènent une vie brutale , & aulfi dépravée que leur
dodrine. Dieu les a livrés à l'égarement d'un efprit
dépravé ic corrompu. Port-R.
DÉPRAVÉ , ÉE. pirr. & adj. Depravatus , corruptus.
Mille gens qui fe piquent d'érudition font voir un
goût dépravé, lorfqu'il s'agit de porter leur juge-
ment fur une pièce d'efprit.
DÈPRÉCATIF, ivE. adj. Terme de Théologie, qui
DEP
n'eft d'ufage qu'en cette phrafe. Forme déprécative, quî
fe dit de la manière d'adminiftrer quelques-uns des
Sacremens en forme de prière. Deprecativus. Chez
les Grecs la forme d'abfolution eft déprécative , étant
conçue en ces termes , que Dieu vous ahfolve : au
lieu que, dans l'Eglife Latine, on du en forme dé-
clarative, je vous ahjbus. L'Ac.
UCT DEPRECATION. f f. Deprecatio. Terme de
Rhétorique. Figure par laquelle l'Orateur fouhaite
du bien ou du mal à quelqu'un. Cette dernière pac
Laquelle on fouhaite qu'il arrive du mal, s'appelle
proprement imprécation.
fO" C'eft encore une inftante prière faire avec
foumifllon pour obtenir le pardon d'une faute.
^3" DEPRECIER, v. a. mettre une chofe ou une per-
fonne au-delfous de fon prix. Elevare , pretium mi- '
nuere. Pourquoi cherchez-vous à déprécier ce qui
m'appartient.
ffT Déprécie , ée. parc
DÉPRÉDATEUR. 1. m. Voleur, pilleur, qtii commet
des malverfations. Montfaucon, où tant de concuf-
fionnaires, ^e/'/eWcj;e//ri de Finances, & autres infi-
gnes criminels ont été punis Médi.-iues Jur la
Régence. Il ne tient qu'à vous, dit Démofthène aux
Athéniens, de réprimer la déprédation de vos finan-
ces , en punilfant d'une façon exemplaire les dépré-
dateurs. M. ROLLIN.
DÉPRÉDATION, f. f. Terme de Palais & de Droit.
Pillage fait avec dégât , malveriations commifes
dans l'adminiftration d'une iucceffion , dans une
exploitation de bois, dans un partage, dans une
diftribution de deniers, &;c. Pradatio , expilatio.
Dans cet inventaire il s'eft fait une dtprédation vifi-
ble , chaque héritier a pillé de fon côté. Dans les
direétions de créanciers , il arrive fouvent des dépré-
dations; les diredeurs les plus puiftans fe font payer
au préjudice des aurres. Quoique ce mot ne fou pas
des plus ufités J on s'en peut fort bien fervir en cer-
taines occafions , où l'on veut dire quelque chofe de
plus fignificatif que ruine ^ que vol^quepiliage. Après
la déprédation de tant de maifons régulières, les peu-
ples fe trouvent chargés d'impôts. Mauc. Les traités
de paix qui fubfiftoient entre les deux couronnes
n'empêchoient pas les hoftilités, ou les déprédations
maritimes , qu'on déguifoit enfuite fous divers pré-
textes. Larrey, Edouard FI. p. 736.
DÉPREDE , EE. adj. & part. Terme qui fe trouve dans
l'Ordonnance de la Marine, quife dit des niarchan-
difes pillées dans un vailfeau contre les règles & les
\q\x. Ablatus ,fubreptus , expilatus.
|td^ Depréder, v. a. Piller avec dégât, commettre
des malverfations. Foyei Déprédation. Ce mot
n'eft pas ufité.
DÉPRENDRE, v. a. Détacher. Abfirahere , difiraherCy
divellere. Ces deux dogues étoient tellement attachés
l'un contre rautre,qu'on a eu routes les peines du mon-
de à les déprendre. L'Acad. Il fe du aulfi avec le pro-
nom perfonnel, pour fe dégager de quelque chofe
ou l'on étoit engagé, ou embarrallé. Diveili. Un
poillbn pris dans ime nalfe le débat & fait ce qu'il
peut pour k déprendre. Cet oifeau s'étoit pris à la
glu , Se ne pouvoir s'en déprendre.
Deprendre, fe dir plus élégamment au figuré. Les
mélancoliques ne fe déprennent ^z% fi aifément de
leurs pallions. Bal. Jesus-Christ nous a dépris &•
détachés du commerce des chofes de la terre. Du
Bois. Le Comte d'Arondel prit de l'amour pour la
Reine fans s'en apperccvoir, & ne put s'en depre.Jre
quand il s'en fut apperçu. De Larrey. Il faut tâi.her
de nous déprendre de ces chofes. Fenelon. Il ne s'eft
point encore dépris des controverfes fcholaftiques.
Morabin./». 5 5.
Dépris, ise. parr., . ,
DÊPRÉOCCUPE. ÉE. adj. Qui n'eft point pieoccupt,,
ou qui ne l'eft plus, qui n'a plus de prévenrion, de
préjugés. Liber a prxjudiciis , a prajadicata opinione.
B. qui avoit beaucoup d'efprir, & qui érou dépreoc-
cupée des erreurs populaires. Mlle l'Héritier.
xçj" Je ne fais fi ce met fe trouve ailleurs i & l'au-
DEP
torité de Mlle l'Héritier ne me paroît pas fufEfante
pour l'accréditer.
DE PRÈS. adv. J'oyei PRÈS.
DEPRESSER. v. a. Terme de Relieur. Ôrer de la prefTè.
Eprdo detrahere. Il y a alFez long-temps que ces
livres font en prelîe ,^ il les faut depreljer. ^
Dr.PRE.ssER, fedic aulll des draps, 6c fignifie ôter aux
draps le lullre qu'on leur avoi: donné par la prelîe.
N'norcm adimcre.
DEPRESSION, f. f. Terme de Phyfique, qui fe dit de
l'abalirement qui arrive à un corps qui ell lerré iSc
comprimé par un autre. Deprejfu.
^3" DEPRESSION, fe du en Chirurgie dans le même
fens de l'enfoncement du crâne occaiionné par quel-
que caufe externe. Les os du crâne des enfans, à rai-
fon de leur moUelfe, font fujets à la déprejfion. Dc-
prejjio cran'â.
Dépression, fignifie en Morale, abailfement, humi-
liation. Hum'akds. Les Supérieurs des Couvens tien-
nent leurs Religieux dans la déprejfion pour éprouver
leur patience. Un Philofophe ell content de vivre
dans la déprejjion, & refufe fouvent les emplois ho-
norables qu'on lui préfente. Ce mot n'eft pas d'un
^grand ufage.
DÉPREVENIR. V. pronominal. Abandonner, quitter.
mettre basfes préventions. Jnfnas , ow fujceptas opi-
niones de^oncre^. ahjkere. Il faur, en matière de
croyance & de religion, fe déprévcmr pour exami-
ner avec exactitude la vérité. S. Real. Ce verbe eft
toujours pronominal : Se déprévenir. Je me dépréve-
nols de plus en plus. Vous vous êtes déprévenu-^ il fe
dépreviendra diVxim. Ce verbe n'eft point tranlirif;
on ne diroit pas : J'ai déprévenu un tel, pour dire,
je l'ai défabufé de fes préventions, je les lui ai fait
abandonner, je l'en ai fait revenir c'ell-à-dire, que
l'efFit que ce verbe lignifie ne palTe point .i un autre,
ne s'exerce point fur un autre, mais cliacun l'exerce
fur foi. C'eli ce que le commun des Grammairiens a
appelé mal-à-propos verbe réciproque, & que M.
l'Abbé Dangeau a nommé bien plus proprement
verbe pronommai , parce qu'il a toujours pour lujet
un pronom, ou la perlonne même qui agit. Je me
dépréviens , tu ce dcprcviens , il fe deprevient. Notre
jeune homme fe travailloit fans celle, & s'exerçoit
fur toutes fortes de fciences , pour fe déprévenir de
fes erreurs. Elo^e de P antalon-P kœbus ^ à la fuite du
Dicl. Néologique. Ce mot n'eft ufité que dans la con-
verfation. il eft vrai que ce mot a été critiqué par
M. l'Abbé Desfontaines : c'eft le fort des mots nou-
veaux. Je crois malgré cela qu'on peut l'employer,
même dans le ftyle férieux, èc qu'il eft très-propre
pour exprimer l'idée qu'on y attache. Se déprévenir
renoncer à fes préventions, à fes préjugés.. Je crois
encore qu'on peut employer ce mot comme verbe
purement aélif", & qu'en dit très -bien déprévenir
quelqu'un. Les Célars de Julien devroient dépréve-
nit , au moins embarraller ceux qui ont voué une
eftime exclulive aux produclions de l'ancienne
Grèce. On fe déprévienc difficilement d'une erreur
agréablement reçue- Hist. de la Phil. Le peuple ne
vouloir pas être contredit fur fes anciens préjugés
parée qu'il lui en auroit trop coûté pour fe dépréve-
nir. Plulieurs autres Auteurs ont fait ufage de ce mot
dans le ftyle férieux.
DEPRI. f. m. Terme de Finance. C'eft une déclaration
qu'on va faire au Bureau des Aides du lieu d'où l'on
veut faire tranfporter fon vin pour le vendre ailleurs
avec foumiftion d'en venir payer le droit de gros,
qui eft le vingtième félon le prix qu'on l'aura vendu, j
Declaracio. L'Ordonnance ne parle du dépri qu'ai
l'égard du vin : néanmoins on le dit aufti des autres '
déclarations qu'on fait au Bureau des autres mar-|
chandifesqu'on tranfporte , dont les droits de douane
font dus, des beftiaux qu'on fait palTer debout dans
les villes fans payer l'entrée, &c. des droits de péage
• & autres femblables.
Ce mot vient de deprecari , parce qu'on prie le
Fermier de foutFrir ce tranfport. D'autres veulent
qu'il vienne deprof:eri, parce que les marchandifcs
DEP Z4J
ainfi déclarées s'appellent en latin merccs profejj's.
DÉPRI , fe du aufti, en Jurifprudence féodale, de la no-
titication qu'on fait au Seigneur de l'acquifuiou
qu'on a envie de £iire d'un hcrirage dans fa cenfive,
pour compoleravec lui des droits de lods ic ventes.
Ainfi c'eft proprement le fupplier d'en faire quelque
remife.
Avant que de palTer le contrat, on va déprier ^
c'eftà-dire, on va compofer des droits, & dans ce
cas le Seigneur en remet une partie. Quand la vent«.
eft forcée, ou qu'on n'a pas déptié avant le contrat ,
il n'y a giicie de remife.
§CT L)ans quelques Coutumes, déprier, figtiîSe
notifier au Seigneur l'acquifition qu'on a faite dans
fa cenfive^ afin d'éviter 1 amende qui leroit encou-
rue après un certain temps par l'acquéreur , faut*^ par
lui d'avoir fait cette notification au SeigneiT. Cette
déclaration doit être lincère \ car_, li dans Wckt «uie
partie du prix étou diflimulé, l'amende feroit en-
courue de même que s'il n'y avoir pas eu de dépri.
DEPRIER. V. a. C'elt, aller faire au Bureau des Aides ,
ou à un Seigneur Féodal, la déclar.uion ou le dépri
pvécédenr. Dedarare , profiteri. Deprier les lods &
ventes, déprier en la péagerie à peine d'amende,
font exprelîions de Jurifprudence Féodale & de
Finances.
DÉPRIER, eft quelquefois oppofé i. prier, & fignifie
envoyer s'excufer auprès des perfonnes qu'on avoir
invitées, les contremander. Preces revocare. On
avoit envoyé prier tous les parens de cette noce,
maison les a envoyé déprier, parce que le mariage
eft lurfis ou rompu. Il eft du ftyle familier.
DÉPRIE , ée. part.
DEPRIMER, v. a. Rabaifler , ravaler , rendre vil.
Elevare , extcnuarc , deprimere. C'eft le propre des
envieux de fe déprimer les uns les autres. On cher-
che ordinairement à déprimer c^wx qui ont du méri-
te. J'ofe détendre ma petite Iliade, nom qu'on lui
donne pour la déprimer. La Mothe-Houdart. Ce
mot n'eft guère en ufige , & on ne le dit ordinaire-
ment que des perfonnes.
Déprime , ée. part. Il a la fignification de fon verbe.
DEPRIS, DÉPRISE, adj. Vieux mot. Déprifable ,
comme on diloit autretois, & comme on devroic
encore dire. Qui a perdu, à qui l'on a ôté de fon prix,
de Ion mérite, de fa valeur. La petite Sancha ma
fille, dit Sancho , viendra aux champs nous apporter
à dîner. Mais pourtant, quand j'y fonge, elle n'eft
point trop déprife , &: il y a des Bergers qui ont plus
de malice qu'on ne croiroit, je ne prendrois pas
plaifir qu'on me la vint muguéter, & que la pauvre
fille qui n'y entend point de mal, en eûr-li pour ton
compte. Hijl. de Dom Quichote^ t. 4. c. 6j. p. 487.
DÉPRISER. V. a. Tâcher de diminuer la valeur, le mé-
rite de quelque chofe. Les envieux tâchent de dépri-
ferXdi vertu, le mérite de leurs rivaux. Un acheteur
deprije la marchandife, tandis que le vendeur la
prife de fon côté. C'eft une efpèce d'humilité de fe
déprifer foi-même, de parler modeftement de fes
ouvrages. Deprimere , elevare.
%fT Depriser & Mépriser, ne font nullement fyno-
nymes. On méprije les chofes dont on ne fait aucun
cas, les vices bas & honteux. On dépr:fe\ç% marchan-
difcs que le vendeur prife trop, & fouvent les cho-
fes les plus eftimables, par ignorance ou par jalou-
fie. On peut déprifer la vertu , mais on ne fauroit la
méprifer.
Déprise , ée. part. paft". & adj.
Ce mot vient de depreâare, qu'on a dit dans la
balle latinué pour figmfier la même chofe.
DE PROFUNDIS. f m. Premier mot d'un Pfeaume
que l'on récite pour les morts. Ce mot s'emploie
comme un mot François. Dire un De projundis.
Clvinter le De projundis. On ne chante ici que des
De profundis , pour dire qu'il meurt beaucoup de
perfonnes, qu'on ne voit que des funérailles.
Sufvendons le cours de nos larmei,
Faifom crève aux De profundiï.
5.
DEP
Le P. du Cerceau a fait entrer ce mot Latin dans
une Epitre Françoife adrefLée à M. Poncée de la
Rivière, Evêque d'Angers.
DÉPROMETTRE. (Se) Défefpérer d'une affaire, du
fuccès de laquelle on fe flattoir. Dans la Comédie
des Ménechmes de M. Regnard, Démophon, vou-
lant marier fa fille Ilabelle, dit à la tante :
Je me fuis bien promis qù en faveur de l'affaire 3
Vous ferie^ de vos biens donation entière ,
Vous gardant tufujruitjufques à votre mon,
Araminte répond :
Jufiuà ma mort! Vraiment^ ce projet me plaît fonl
Vous vous êtes promis , il faut vous déproinettre.
DÉPROMETTRE, fignifieauUi, fe dédire, ne pas tenir
fa parole. Il eft dans le Didionnaire Comique. Il
n'en vaut pas mieux.
DEPROPRIEMENT. f. m. Eft un terme dont on
ufe dans l'Ordre de Malte, pour fignifier le tefta-
ment des Chevaliers, ou du Grand-Maître.
fC? DESPAN. ( Selon quelques cartes Depecan ,) ville
d'Ethiopie, fituée fur une colline de l'Abillinie , à
trois milles du lac de Dempée.
DEPSER. V. a. Vieux mot. Parer ou fouler les draps.
Il vient du Grec <^é4-«, qui veut dire^ peau, félon
Snidas, ou du verbe h'^'ia , j'amollis , à la manière de
ceux qui amollillent le cuir.
DÉPUCELAGE, f. m. Défloration, aélion par laquelle
on ôte la virginité à une fille. Devirginatio. Dans la
Traduction des Métamorphofes d'Ovide, imprimée
in-\6. à Paris l'an 1 549. fous le titre du Grand Olym-
pe, il y a fol. 57. verjo une fable intitulée : Le dépu-
celage de Sémélé fait par Jupiter. Ce terme a été
aurti employé par Montagne, /. j. c. 5./?. zy. du 3
t. de l'édition i/z-ii. Paris j 165 9. Zenon, dit-il, par
mi fes loix, régloit aulfi les efcarquillemens j & les
fecoulfes du dépucelage. Cotgrave, le feul qui ait
mis ce mot dans fon Ôidionnaire , a écrit defpuce-
lage. Ce mot n'eft plus udtc.
DÉPUCELLEMENT. f m. L'adion dedépuceller. Le
dépucellement étoir autrefois un droit Seigneurial
dans certains pays. La dépucelée ne fe faifoit point
une honte de fon dépucellement,
DÉPUCELER, v. a. Il dépucelle ., il dépucellera, il a dé-
pucelé. Oter le pucelage. Delibare, déflorai e, de-
yirginare. Les Anciens avoient tant de refpeét poui
les vierges, qu'on ne les faifoit point mourir, fans
les avoir fait dépuceler. Ceux de la côte de Malabar
paient les étrangers pour wenn dépuceler leurs fem-
mes. Chez les EcolFois ç'étoit un droit des Seigneurs
de dépuceler la nouvelle mariée , droit qui leur fut
accordé par Evénus leur Roi, & qui leur fut ôté par
Malcome, qui permit qu'on s'en rachetât pour un
certain prix qu'on appeloit marcheta j ou un certain
nombre de vaches par allufion au mot de march ,
qui fignifioit chez eux un cheval : B\icha.na.n ditauHi,
qu'on s'en rachetoit pour un demi-marc d'argent,
qu'on appeloit marchette. Cela a lieu aufli dans la
Flandre, dans la Frife, & en quelques lieux d'Alle-
magne. Par la coutume d'Anjou & du Maine, une
fille après 15 ans fe peut faire dépuceler , fans pou-
voir être exhérédée par fon père. Du Cange cite un
Arrêt du 19. Mars 1409. obtenu par les habitans
d'Abbeville contre l'Evêque d'Amiens, qui faifoit
racheter par une certaine fomme d'argent la défenfe
qu'il avoir faite de dépuceler les nouvelles mariées
les trois premières nuits de leurs noces : ce qui étoit
fondé fur le IV* Concile de Carthage qui l'avoir
ordonne pour la révérence de la bénédiûion matri-
moniale.
DÉPUCELER, fe dir auflGi en parlant des chofes qu'on
fait la première fois. Cet Avocat a plaidé fa pre-
mière caufe, le voilà dépucelé. Il eft du ftyle fami-
lier & de converfation feulement.
DÉPUCELÉ, Éi. part. pair. &adj.
X>êPUIS. Prépoficion qui régie l'accufatif, 5c qui fe dit
DEP
du temps, du lieu, & de l'ordre; a, ah, e^ ex. De-
puis le lever du ioleil jufqu'à la nuit, les troupes de
Darius ne cellèrent de défiler. Vaug. La France
sh^nàdepuislt Rhin jufqu'aux Pyrénées. Dans cette
dernière phrafe, &: dap.s piufieurs autres fembiables,
depuis eft prcpofition d'énumération & d'ordre.
Depuis, eft aulli adverbe, mais il ne fe dit que du
temps. Ex eo îempore. Cela s'eft pallé depuis. Ab. On
a remarqué qu'il n'y a point de mot qui fe foit tant
opiniâtié pour s'établir, ni qui ait été tant rebuté,
que du depuis. Le bon ulage l'a enfin banni, foie
comme adverbe , foit comme prépohtion. Vaug.
Obfervez encore que depuis ne fe doit point mettre
après un prétérit indéfini. Depuis que nous vous
eûmes quitté, il arriva. Il faut dire, après que nous
vous eiimes quitté. Corn.
Depuis , fe joint quelquefois avec peu, & fait une
efpèce d'adverbe qui lignifie, il n'y a pas long-temps
Non ita pridem. Un courier eft arrivé depuis peu. Il
fe joint quelquefois zw te quand , &c eft encore une
efpèce d'adverbe, qui lignifie, depuis quel temps.
Depuis quand avez vous les ycux de Vénus ? Ex quo.
Voit. Depuis fe joint quelquefois avec que , & alors
il ne fe dit que du temps , &c eft une efpèce de con-
jondion. Ex quo. Je n'ai employé mes yeux à aucun
ufage qu'à pleurer fans cefte , depuis que j'pi appris
que vous étiez rélolu à un éloignement. Let. Por-
TUG. Mais , quand depuis eft conjonélion , il ne faut
jamais mettre.! l'infinitif le verbe qui le fuit. C'eft
une faute dans laquelle eft tombé M. l'Abbé Dubois
dans fa Traduétion des Offices de Cicéron. Panétius
a traité très-exaétement toute la matière des Devoirs
en trois livres. Poiîidonius fon difciple , dit que
depuis avoir publié ces trois livres , il a encore vécu
trente ans. Il falloit dire , après avoir publié.
^fy On ne doit point employer depuis çonr quand,
pour dès-là que, lorfque. Ce mot dénote toujours un
temps pafle. Il n'y a point d'exception à cette régie.
DÉPURATION, f. f. Clarification, dégagement de
toute la lie , des ordures excrémenteufes, qui embar-
raffent un corps j de toutes fes parties les plus grof-
fières & les plus craftes. Harris. Dejecatio ,Jecis
& fordium 3 partium crajjlorum purgatio :^ Depuratio.
La dépuration du iang. L'idée attachée jufqu'ici au
terme de dépuration , ne vient que d'un mal entendu.
On a cru fans fondement que le fang étoit une li-
queur impure. Un Auteur moderne s'efforce de prou-
ver le contraire par piufieurs raifons tirées de l'œco-
nomie animale, entr'autres par l'extiême petitefle
des orifices des veines laétées , qui ne permet pas que
rien d'impur puilFe y entrer, &c paifer dans le fang
avec le chyle. Jour, des Se.
§3° Dépuration , fe dit particulièrement en Pharma-
cie , des fucs des fruits & des plantes j & fignifie li
même chofe que défécation. Voye^ Dépuré , Défé-
cation & Décantation.
DEPURATOIRE. adj. de t. g. Il y a des gales qui ne
fe guérllfent qu'avec danger par le foufre : ce font
celles qu'on appelle dépuratoires , c'eft-à-dire, qui
fervent à dépurer la mafte du fang; au lieu qu'il y
en a d'autres dont l'effet eft de corrompre cette même
mafte. Journ. des S av. Sept. 175 1.
DÉPURER. V. a. Terme de Médecine & de Chimie.
Purgare , dejecare , fecibus cxuere. La fermentation
fert à dépurer une liqueur. De l'efprit-de-vin biet»
déguré. On dépure un firop, un fuc, en le partant
dans la chauffe.
DÉPURÉ, ÉE. part. & adj. Purgatus., defecatus. On
appelle fucs dépurés , des fucs clarifiés d'eux-mêmes
par réfidence, c'eft-à-dire, dont les fèces fe fontfé-
parées & précipitées au fond du vailfeau, en les
lailfant repofer après les avoir exprimées. Enfuiteon
les verfe par inclination. Ce mot peut aulTi s'appli-
quer à routes fortes de liquides & au fang.
DÉPUTATION. f f. Envoi de quelques perfonnes
choifies dans un Corps vers un Prince , ou une Affem-
blée, pour traiter en fon nom de fes affaires. Le^a-
tio. Les députations fe font plus ou moins folennelles
félon la qualité des perfonnes à qui on les envoie.
D E P
ou des affaires dont il s'agit. Effàyons de ramener les
efprits par une féconde cùputadon. Vaug.
DÉPUTATioN, le dit auHi du Corps des Députés. Un
tel Evêque eft le CheFde la Députation des Etats de
Languedoc j il porte les cahiers.
SCr DÉPUTÉ, f. ni. ou adj. piis fubftantlvement. Ce-
lui qui eft envoyé par un Prince j par une Commu-
nauté, par fon Corps, par fa Compagnie, pour s'ac-
quitter de quelque commiilion. Legatus. Ce mot
ne fauroit s'appliquer à celui qui eft envoyé par un
fîmple particulier. Le Parlement n'a point été en
Corps à une telle cérémonie , il n'y a aftifté que par
Députés. Voilà le Député d'une telle Province. Les
Députés du premier ordre, du fécond ordre. Les
Provinces d'Etats en Fnince envoient au Roi des
députés pour préfenter le cahier des Etats; il y a
toujours trois députés un pour chaque ordre. C'eft le
députe àw premier ordre qui fait le compliment au
Roi. Il y a des députés en Cour, ce font ceux que
les Etats envoient à la Cour. Il y a aufti des députas
ordinaires, au moins dans quelques Provinces j ce
font ceux qui demeurent dans la Province pour y
faire les affaires dont les Etats font chargés. Un Com-
miffiire député pour l'inftrudion d'un procès.
Dans les villes de Turquie il y a toujours des dépu-
tés pour traiter avec les officiers du Grand-Seigneur,
des Tributs S<i autres affiiires : ces députés font trois
ou quatre des principaux &C des plus riches bour-
geois de chaque ville : l'emploi de ces députés eft fort
onéreux & fort défagréable.
On dit proverbialement , les Députés de Vangi-
rard, qui viennent en corps , & ne font qu'un.
^CJ" DÉPUTÉ, Envoyé, AmbalTiideur, dans une figni-
fication fynonyme. L'AmbajJadeur rcprcfente la per-
fonnedu Souverain. V Envoyé eft l'interprète de fes
fentimens. Le député eft le repréfentant & l'inter-
prète d'un Corps particulier, d'une Compagnie.
DÉPUTÉ j Nom d'un bas officier de l'Eglife de Conf-
tantinople. Députatus. Sf^cruTt^, Le nom de Député,
en ce fens, fignifie un emploi, & non pas une charge,
ou une dignité. Le Député ézok chargé d'appeler les
perfonnes de condition cà qui le Patriarche vouloir
parler j & d'écarter le peuple quand .ce Prélat nnr-
choitj le Z)e'/'//^e étoit , comme il paroît, uneefpèce
d'huiffier , ou de bedeau. Il étoit auffi chargé du
foin des habits facrés, de les plier, de les ferrer,
de les conferver. C'étoitune efpèce de Sacriftain.
DÉPUTÉ, dans l'Antiquité j s'eft dit encore : i". des
Armuriers, ou de certains ouvriers qui travailloient
à la fabrique des armes dans les forges. i°. Députés
croient encore des gens adifs, qui fuivoient les ar-
mées, & qui, dans les actions, étoientchargés de re-
tirer les bleffés, & d'en avoir foin. Toutes ces fottes
de gens s'appeloient deputati.
DÉPUTÉ, du Commerce. C'eft un Marchand qui eft
élu à la pluralité des voix, ou par le fcrutin j dans
l'Aftemblée générale des Chambres particulières du
Commerce , pour aftifter au nom de la Chambre dont
il eft Député, au Confeil Royal du Commerce établi
à Paris.
DÉPUTER. V. a. Envoyer quelqu'un avec commiffion.
Legare y allegarc aliquem cuipiam , ad quempiam. H
ne fe dit point d'un particulier qui envoie , mais feu-
lement d'un corps ou d'une perfonne en autorité.
Députerv^is quelque Prince j ou quelque AtTèmblée,
■pour lui rendre ds foumiftionSj pour lui repréfenrer
fesbefoins, lui faire des remontrances, pour faire
& négocier fes affaires, aftifter à quelques délibéra-
tions, ou autres chofes femblables. Tous les Princes
d'Allemagne ont député à la Diète. Chaqne ville, ou
chaque Corps d'une Province, députe à l'Affemblée
des Etats. Le Parlement a député un Préfident 5c fix
Confeillers pour faire au Roi de très-humbles re-
montrances, pour le féliciter fur une telle nouvelle,
pour lui rendre raifon d'une telle affiiire. Le Chapi-
tre a député deux Chanoines pour venir folliciter fes
affaires au Confeil. Tous les Diocèfcs ont député pom
tenir l'Affemblée du Clergé
D E Q DER ^47
On dirait que le Ciel le députant exprès ^
N'a confie qu'à lui fes oracles J'ecrea.
DÉPUTÉ, ÉE. part.
D L Q.
DÉQUEURIR. y. n. Vieux mot. Découler.
DEQuIM, ou DEQHIM. Comme écrivent les Portu-
gais , ainii qu'on le peut voir dans la Catte des four"
ces du Nil par le P. jéronymo Lobo. C'eft un Royau-
me de Nubie, au milieu duquel pafle la rivièie de
Tacafe. Mary dit que les habitans de ce Royaume
font appelés Baullous\ la Carte que je viens'do cicer,
écrit Ballots, &: ne fimble pas renlermer ces peu-
ples dans le feul Royaume de Dequim.
DEQUOI. Quand ce mot fert à interroger, il fignifie
de quelle chofe. Quâ de re. De quoi s'agit-il? D&
^ttoi parlez-vous? Ablanc.
Quand ce mot n'eft pas une interrogation, il
lignifie, quelque chofe. iiejyt7/7zzViûm. Ainh l'on dit,
qu'un homme a bien dequoi , pour dire qu'il a du biet^
qu'il a dequoi vivre, dequoi payer, &§.
Dis-moi, ami, que vaut-il mieux avoir ,
Beaucoup de biens j ou beaucoup de favoir'i
Je n en fais rien : mais les Savans je voi ,
Faire la cour à ceux qui t)«r dequoi. S. Gel,
Cn dit par manière de civilité à ceux qui remer-
cient; qu'il n'y a pas dequoi, pour dire que cela ne
vaut pas un remerciement. Non efi quod agds gra~
lias.
On dit proverbialement qu'il n'y a pas dequoi
fouetter un chat, pour dire, qu'il n'y a pas de ma-
tière d'impofer la moindre peine. On dit aufti , voi-
là bien dequoi, pour dire , que le fujet dont on par-
le, n'eft nullement confidérable.
DER.
DÉRAC. f. m. Ancienne mefure d'Egypte. Menfura.
Egyptiaca, Derac. Lq Dérac étoit la coudée Egyp-
tienne. Greavcs, dans fon Traité du pied Romain »
nous a donné la prccilion du Dérac du Caire, par
rapporr à nos mefures. M. Cumberland a prouvé 3
dans fon Effai , que ce dérac étoit l'ancienne coudée
d'Egypte & des Hébreux ;•& que la lixième partie
de ion cubefaifoitlebath. Le Pelletier dans Vign„
Marv. Greaves, dans ion Traité Anglois du pied
Romain pag. 41. alïïue que le dérac du Caire con-
tient 1824 millièmes du pied de Londres; donc le
pied de Roi de Paris , en comprenoit 1 104 plus -^'„4
Le Pelletier, dans (x Diftertation de l'Arche de Noé
C. 30*. croit que le dérac a pU être la coudée de Noé
& des Hébreux. Sur des autorités d'Ezéchiel Se
d'Hérodote il prétend que la coudée des Hébreux
croit la grande coudée de Babylone , que l'on appelle
nVïN, atfilah y la coudée des grands; 5<. que l'autre
BtfrAm'eî TTn'^jnr, la coudcc rovale ; & qu'ils font de fix
paumes orientales, ou d'une paume plus longue que
la médiocre de Babylone, égale à la coudée de Sa-
mos ou des Grecs , &: à la médiocre d'Egypte. De
forte que la coudée de Memphis, ou le dérac, ayanc
été trouvé fur l'étalon du Caire de 18x4. millièmes
des 1000 qui divifent le pied d'Angleterre, la pau-
me ou fixième partie de cette coudée j ôtée des 1S24
millièmes de fa longueur , il cn refte 1 510 pour la
coudée Grecque égale à la médiocre de Babylone 5C
\ d'Egypte. Et, parce que l'ancien Arpenteur Hygin a
[ remarque que le pied Grec étoit plus long d'un de-
mi-pouce que le pied Romain, il en infère que la
coudée Grecque croit à la Romaine, comme ij
' font à 14; !< que, (i la courlée Grecque étoit de 1 5 zo
de ces millièmes, Ix Romaine en devoir être de
1459 I&: le pied Romain quienavoit les deux tiers,
devoir en contenir par conféquent 971 *• Aum Grea-
ves a trouvé que l'ancien pied Romain marqué fui
X4S D E R
le tombeau de T. Statilius qui fe garde au Vatican,
contient 971 millièmes des milles du pied d'Angle-
terre, ayant négligé la fradion f d'une de ces md-
lièmes comme imperceptible à la vue. Ainli cet
Auteur prétend avoir trouvé toutes les melures an-
ciennes par le iérac d'Egypte.
DERACINEMENT, f. m. Adion par laquelle on ar-
rache unechofe plantée, ou l'état de ce qui ell dé-
raciné. ExJUrpado. Le déracin^menc de ces arbres ell
l'effet d'un ouragan.
DERACINER, v. a. Arracher un arbre, une plante de
terre avec les racines. Eradkare , exjtirpare arborem,
radicatus eruere. La violence des torrens déracine les
arbres , & les entraîne. On ne peut entièrement
ûf//-ad/2er le chiendent, il repoulle toujours.
DÉRACINER , fignitie aufli, cerner, couper tout-au-
tour. On déracine les cors aux pieds en cernant le
calus qui elt autour. Les arracheurs de dents déchaî-
nent la dent , la déracinent avant que de la tirer.
DÉRACINER, le dit figurément en chofes morales,
pour dire, ôter la fource d'un abus, d'une héréiie.
On a de la peine à déraciner d'un efprit les opinions
<loiît il eft préoccupé \ à déraciner les vices contrac-
tes par une longue habitude. -Derûci/zer un mal, le
guérir entièrement-
M. Racine aimoit tendrement la Champmeflé,
fameufe Adrice dont il avoir un fils naturel. Elle le
quitta pour s'attacher à M. de Clermont-Tonnerre.
Ce qui donna lieu de dire qu'un Tonnerre l'avoir
déracinée. Vie de M. Racine, p. FIL au devant d:
fes œuvres de l'edit. de 1728.
DÉRACINÉ, ÉE. part.
Par les ravages du tonnerre
Nous verrions nos champs moiffonnésj
Et des entrailles de la terre
Les plus hauts monts déracinés. Rouss.
DÈRADER. V. a. Terme de Marine. Se dit d'un vaif-
feau qui par un gros vent a été^ forcé de quitter la
rade où il avoit mouillé , en traînant fes ancres après
foi. A vadofà maris orâ aveUi.
pÉ lAISON. f f. Défaut, manquement de raifon,
façon de penfer , d'agir qui ne s'accorde pas avec la
ra I ion. La déraifon me pique , & le manque de bonne
foi m'offenfe. Lettr. de Madame de Scvigné. Tout
cela qui paroît d'abord l'excès de la déraijon , eft en
effet l'effort de la finelle & de l'étendue de l'efprit
humain , & la méthode de trouver des vérités qui
étuient jufqu'alors inconnues. Volt.
Loin de ces voix acariâtres j
Qz^i dogmatifantfur des riens ^
Apportent dans les entretiens
Le bruit des bancs opiniâtres ^
Et la profonde déraifon ,
De ces difputes Soldatefqucs ;
Où l'on s'infulte à l'unijjon ,
Pour des mifircs pédantefques ,
Qui font bien moins la vérité
Oue les rêves creux & burlesques
JDe la crédule Autiquité. Gressbt.
Vous favez rendre les paradoxes vrai-femblables,
vos contradidions plus délicieufes que la complai-
fance des autres -, vous rendez la</eVj{/o« même quel-
quefois tfès-aim.able; enfin vous avez fait l'art d'em-
bellir routes chofes. Abbé de Chaulieu.
Quoiqu'on foit perfuadé de la déraifon du fpeda-
cle de l'Opéra à certains égards, c'eft cependant
celui auquel on court avec le plus d'ardeur. Desfon-
TAINES.
DÉRAISONNABLE, adj. m. & f Qui eft contre la
raifon j qui ne s'accorde pas avec la raifon. Rationis
expers, alienus , dijfonus à ratione.\ ous vous fondez
fur des principes qui font déraifonnables. On ne
peut tranfi.^er avec cet homme-là, fes prétentions
font tout-à-fait dérafonnables. Il faut jeter du
nierveilleux dans l'Epopée, qui en cela va jufqu'au
D E R
déraifonnable. Dac. Il n'y a perfonne qui naturelle-
ment n'ait quelque honte à paroîtrè déraifonnable.
S. Real. Son Meftre de Camp m'avoit paru fi dérai^
fonnabte Bussi Rab. Les pères ont une impatience
déraifonnable de pouller leurs enfans dans les charges
de la République. S. Evr.
DERAISONNABLEMENT, adv. D'une manière dé-
raifonnable. Parler, agir déraifonnablemcm.
DERAISONNER, v. n. Tenir des d/fcours dénués de
raifon. Vous ne faites que dcraifonner, Delirare.
IP" DERALINGUER. v. a. Terme de Marine. Oter
les ralingues des voiles, ^oyej Ralingue.
UCT On dit qu'un hunier eft dcralingité, lorfqu'un
coup de vent en a emporté jufqu'aux ralingues.
DERANGEMENT, f m. Changement qui trouble
l'ordie & la diipofition des chofes arrangées. Pertur-
batio. Le dérangement de mes papiers eft caufe qne je
ne puis trouver ce que je cherche.
Ce mot fe dit aufli au fiauré. Ce dérangement uni-
verfel & continuel des chofes humaines, tout défor-
donné qu'il femble à nos yeux , eft pourtant dans
l'ordre de la Providence. Flech. Qu'on jette les
yeux fur divers états de la vie, quel dérangement y
quel défordre n'y verra t-on pas? Dérangement dans
la fanté, dans les affaires.
OERANGER. v. a. Mettre en défordre des chofes ran-
gées & miles par ordre. Oter une chofe de fon rang.
Turbare, perturbare. Un favanr fe fâche, quand on
dérange fes livres j une femme bien cocffée, quand
on dérange fes cheveux.
Déranger, fe dit figurément des defleins, des pro-
jets, des affaires. Cet incident imprévu a dérangé
tout mon plan de vie. S. ErR. Le Maréchal de Crc-
qui étoit fort en colère contre cette mort batbate,
qui fans confidérer fes affaires, eft venue déranger
fes projets. Rien ne dérangeait dans fon efprit ce que
le mérite y avoit une fois placé. Fléch.
Lintérét ni la vaine gloire
Ne dérangeoient/Jo^/zr leur repos ;
Ils aimaient plus dans leurs Héros.
Une vertu quune victoire. Nouv. CH. de Vers.
^T On dit d'un homme dont la conduite n'eft pas
auflî réglée qu'elle l'étoit auparavant , qu'il f«
déranoe. A peine verrez-vous jamais une fille régu-
lière être mal avec fa fupérieure ^ & à peine voit-'
on jamais une fupérieure être bien avec unefiUe qui
fe dérange j & qui ne vit pas félon la règle, Bourd.
Exhort. T. I.p. 23 I.
On dit,en termes deMarine,Z)(rrfl/z^erla bonnette;
pour dire, la déboutonner du corps de la voile.
Diffolvere.
DÉRANGÉ, ÉE. part. Homme dérangé dans fa conduire,
dans [es affaires, ou abfolumentj dérangé qui efl
irrégulier dans fa conduite, qui met peu d'ordre
dans fes nflaires : dérangé dans fa maifoii , Il les
meubles ne font pas arrangés avec foin. Acad.
Franc.
§3=- DERAPER, Terme de Marine, v. n. qui fe die
de l'ancre qui quitte le fond où elle étoit mouillée,
foit qu'on la lève pour appareiller , foit que le mau-
vais temps tourmente le vailîèau & roidifle allez le
cable ,pour le forcer de quitter le fond.
DÉRAPE , ÉE. part. & adj. Terme de Marine. On
dit que l'ancre eft dérapée y lorfqn'elleeft au fond
de l'eau, mais qu'elle n'eft plus accrochée à la tetre,
en forte que le vaifleau dérive.
DE RAS. f. m. Peau de mouron , eft le titre d'un livre
de Chimie, qui traite de l'art de converrir les mé-
taux en or. La raifon qui lui a fait donner ce nom
eft que ^'p«? xi'"^l^>^" eft la peau de la brebis qui
portoit la toifon d'or, & qui n'éroit autre chofe,
à ce que rapporte Suidas j qu'un livre écrir fur du
parchemin , qui contenoit le fecret de faire de
l'or.
§Cr^ DER AS. Ville de Perfe , affez grande, mais mal
bâtie, fituce à 77 d. jo' de long. & à 51 d. 32'.
de lac.
DÉRATER.
DER
DÉRATER. V. a. Ocer la race , la tirer du corps d'un
nmmû. Lienem, on ff^C'-iem extrakcre. Ce mo: fut
mis en ufage par une lede de Chirurgiens , qui s'é-
leva il y a environ un iiècle. Ils pcécendoient que
rhomme tireroit de grands avantages , s'il le taiioit
ôter la rate ce qu'Us appeloient derarer. Les chiens
auxquels ils avoient fait cette cruelle & bizarre opé-
ration ne moururent pas lut le champ, mais peu
de temps après 5 ce qui fut caufe qu'aucun homme
ne voulut fe faire dérater j pour jouir des prétendus
avantages que vantoient les auteurs de cette opéra-
tion. Le mot de dcratcr n'a pas plus fait fortune que
l'opération qui l'avoit fait inventer \ Se comme on
ne dérate point les animaux , ni les hommes , on
ne dit point dérater , on ne le dit que fort rarement
parce qu'il y a peu d'occafionsdes'en fervir. /'-^oye^
Dionis , Opérations , 5ic.
DÉRATÉ, ÉE. part, ëc adj. A qui on a ôté la rate. On
ditfigurémentun hommederaté j un homme éveillé,
alerte , fin , rufé j qu'on ne dupe pas facilement.
IJO" On l'emploie quelquefois fubftantivement ,
c'efl: un dératé ^c'ed une dératée. Il n'eft que du ftyle
familier.
DÉRAYJRE. f. f. Terme de Laboureur. Ceft la der-
nière raie qu'on fiit , lorfqu'on laboure , & qui
fépare les filions. Sulcus.
DERBE. Ville ancienne de Lycaonie ^ Province de
l'Afie mineure. Derbe. Etienne de Bylance l'appelle
auffi Dcrbeia. Saint Paul prêcha à Derbé , Acî. XI F
6. Elle fut dans la fuite ville Epifcopale, Leuncla-
viiis l'appelle Dervale. Elle étoit fur les confins û^
Pifidie &: de Cappadoce , au pied des montagnes
à 40 milles au midi d'Iconium , à 30 mille d'Ilau-
rieen tirant vers l'Orient, & à 50 d'Anrioche de
Pifidie. Quelques Auteurs l'appellent Derben , mais
mal i Derben des Actes des Apôtres eft un accu-
fatif.
DERBENT. Ville de Perfe , fituée dans le Seirvan ,
aux confins du Dagheftan. Delbentlum , Alexandrin
Albanis. ; Ports, jerres. , ou anciennement PortA
Cafp'iA , ou Pyl& Iberïn.. Portes Cafpiennes ou Por
les Ibériennes j parce que c'étoit le palTage pour
aller en Ibérie , & qu'il ell: fur le bord de la mer
Cafpienne , où Derbenta. maintenant un alfez bon
port. Ceft le pallage le plus ordinaire pour aller
par terre , de Perfe , & de toutes les Provinces de
l'Afie , en Mofcovie & dans les Etats voifins. Les
Turcs l'appellent Demircapi , c'eft-à-dire , porte de
fer . pour marquer qu'il ne fe peut forcer. En effet,
il eft terme par deux murailles qui s'avancent depuis
cette ville jufqu'à la mer. Voyei Portes Cafpiennes
au mot Caspien.
DERBY. Foy. DARBY.
DERCE. f f. Foyei DAGON , DERCETO , ATER-
GATIS.
DERCETO. f. f. Terme de Mythologie. DéelTe fa-
buleufe adorée en Syrie , ou plutôt dans la Palcf-
tine. Derceto j Dercetïs. Si l'on en croit Pline , Liv.
V. c. 1 5 & c. 15 Dercéto étoit adorée à Joppé , au-
jourd'hui Jafi. Diodore de Sicile , Liv. L dit que
c'étoit aux environs d'Afcalon. On repréfentoit Der-
ceto £ous une figure humiine depuis la tête jufqu'à
la ceinture , & le refte du corps en poilTon : ce qui
fait juger à Selden , De Diis Syris Synt. U.c. 5
que c'étoit le Dagon des Philiftins. Ceft auîfi la
même Divinité que Atergatis , dont l'on avoir fait
Dercéto. Saumaife furSolin , p. 574 prétend qu'elle
fut aulfi nommée Céto. Les Syriens la faifoient mère
de Semiramis , & racontoient de plaifintes fables
fur cette femme que l'on avoit divinifée. On peut
les voir dans les Auteurs cités , & ci-delTus au mot
Atf.rgatis , où l'on trouvera aufii l'étymologie de
ce mot ; & au mot Dagon. Foy. encore Ovide ,
Métam. Liv. IV c. 44. & fuiv. Cluvier , Germ. Ant.
L. I. c. 2jp. 2 s s. Selon Voflius De Idolol. L. VII.
c. 10 , p. ij6. Dercéto eft la Lune.
^ • Dercéto a été aulfi appelée Céto , , comme
ilparoîtdans Pline , Hiftoire Nat. L. V, c. 13. De
ce nom quelques-uns poiirroienc inférer , dit Vof-
Tom. III.
DER
2,
4^^
Iius , que Dercéto étoK Andromède parce que lé
navire qui tranfporta Andromède, portoit la figuré
du poillon appelé Cetus , parce que le Prince auquel
elle fut promile d'abord, croit Seigneur d'une Ilô
ou s'exerçoit la Pirarerie, & pleine de Pirates j
que 1 on a pu comparer aux monftres maruTî nom-
més Cete 3 &c appeler de leur nom; Mais Volfiiis
croit bien plus probablement que Cto s'eft fait de
Derceto , en retranchant la première fyllabe. Ec
certainement, comme Z^^rcefo s'eft fait d' Atergatis
par le retranchement aùlfi delà première fyllabe j
il eft bien plus probable de dire la même chofede
Céto Hc Dercéto que de courir à des raifons tirées
d'aulîî loin que celles qu'on vient de rapporter pour
l'autre fentiment. Voye^ Volfius , De Idol. L. /, c-,
23 , p. So. L. 11. c. Si y p. jOi'.
DERCILE & Alébion , fils de Neptune , enlevèrent
à Hercule les bœufs de Géryon,, lorfqu'il palïaparla
Libye, & les conduidrent en Etruiie.
DERCON , ou DELCON. Ville aurrefois de Thrace ,
aujourdhuide Romanie, Province de la Turquie
en Europe. Delcas , Delta. Elle eft lituée fur un lac
formé par une rivière qui porte auifi le nom de
Dercon à quatre lieues de la mer noire. Le lac porté
aulfi le même nom.
DERECHEF , adv. Une féconde fois , encore, de nou-
veau- Iterum _, rurfus j denub , rurfum. Je l'ai déji
averti , je l'avertirai ^erecAe/^
Ménage dit que ce mot vient de derecapo , 8c
que Cambden le dérive de l'Anglois derche-
ju fignifianc la même chofe. Il eft vieux & on
ne peut s'en fervir que dans le ftyle familier.
ifT Corneille a employé ce mot dans les Hd-
races. Mais il eft hors d'ufage , &: abfolument banni
du ftyle noble.
DEREGLEMENT, f. m. Défordre , aâion ou mouve-
ment qui fe fait contre les loix naturelles , ou civi-
les , ou morales. Ce qui eft oppofé aux règles de
la morale, ou contre le cours ordinaire des chofes
de la nature ou de l'art. Perturbatio , conjujlc , im-
modcrata licentia , vita diffolutior, morum déprava-,
tio. Cet homme vit dans un grand dérèglement de
mœurs. Il ne faut pas prendre un dérèglement d'i-
magination pour un entoufiafm? poétique. S. Evr.
Ce qu'on appelle dérèglement dans les autres , n'eft
dans les Héros qu'une impétuofitéqui emporte notre
admiration , fans reconnoître notre jugement. S.
Evr. Il y a un agréable dérèglement A' t'é^XM qiii ac-
compagne d'ordinaire la palfiondedjux Amai.s \v:\X"
reux. S. Real. Il faur évirer le dcréglcn-ent aulfi-
bien que la contrainte; S. Evr. Il faut bien des an-
* ne&i Aq dérèglement &c de libertin.ige pour arrivée
d ce comble d'infamie. Patru. Le feu & les em-
portemens de Tertulien marquent affez le dérègle-
ment de fon imagination. Maleb. Le dé< èglemeni
des faifons , le dérèglement des humeurs. Le dérè-
glement du pouls. Cette horloge ne marque pas
bien ^ il y a quelque dér<:giemci:t en ibn mouve-
ment.
DEREGLEMENT' adv. D'une manière déréglée. Im-
moderatè , immodicc , e^renatè , intemperanter. Ori
virfort dérèglement '^n cette mai Ton.
DEREGLER. V. a. Mettre hors de la règle , faire for-
tir de l'ordre établi. Pcrturhare. Il nous a tous dé-
réglés. La mauvaife nourriture lui a déréglé l'ef-
tomac. Le mouvement du cheval a déréglé mm mon-
tre. Dieu avoic fait 1 homme de fes propres mains:
nulle ignorance n'obcurcilTIiit fon efprir , nul mau-
vais défir ne dérègloit fa volonté. Flcch. Quaiid
- la colère emporte l'Orateur , elle le trouble & l'é-
garé : elle dérègle fon gefte & fon adbion. M. Esp.
0Cr Se Dérégler, v. récip. Agir contre la règle,
contre l'ordre établi , contre le cours ordinaire des
chofes de la nature & de l'art. Mon eftomac s'eft
déréglé depuis quelque temps. Mon pouls fe dérègle
Ma montre fe dérègle dans les grandes gelées.
^ DEREGLE, ÉE. part. Foyer; \2 verbe; _
ter II eft fouvent adj. & défigne ce qui eft con-
traire aux régies de \z morzletl nordinacas, immo^
%So
D ER
DER
deratus. Vie, conduite déréglée. Déréglé dansfesr dans l'inflammation du foie ; celle de la gorge dans
moeurs. Ce jeune homme a les mœurs fort déréglées ,
il s'adonne à toutes fortes de débauches. Une femme
la frénéfie , font des faignées dérivatiyes. Voy. De
RIVATION.
eft_elle relponfable des mouvemens dérègles que [ |p- DERIVATION, f f Terme de Grammaire. L'o-
la beauté peut exciter ? S. Evr. Les émotions de î riair.^n,i'.,n n-.r,r rlr^ ^'i,n ^nrr» n«f^«„^..,^,
la colère font toutes malignes & déréglées. M, Esp
Déréglé , fedit aulli de ce qui n'eft pas félon le cours
ordinaire des chofes de la Nature 6c de l'Art.
Un temps déréglé. Avoir le pouls déréglé. Une hor-
loge déréglée Une montre déréglée. Acad. Fr.
^fT DÉRÈGLE eft oppofé à réglé j mais il paroît ne de-
voir fe dire que quand il s'agit de morale. Un
homme déréglé , un efprit déréglé : mais on ne
diroit pas une difpute aVr<?^//e , un repas déréglé,
dans un fens oppofé à difpute réglée, repas réglé.
U^ DÉRÉGLÉ , dérange , dans une figniticanon fyno-
nyme. On eft déréglé par fes mœurs & par fa con-
duite. On eft dérangé à^ns fes affaires éc dans fes
occupations. L'homme déréglé ne ménage ni fa ré-
putation, ni fa perfonne. Une connoît point la mo-
dération , & eft toujours danss l'excès. L'homme
dérangé ne ménage ni fon temps , ni fon bien , il
n'a point d'ordre , & il diftîpe.
DERENG. Terme de Coutumes , qui fignifie borne j
bornage d'héritages. Limes.
DERESTER. v. a. Il commença par dérefter fa caifte
de deux mille piftoles. Ecole du Monde. Auteurpeu
grave. Perfonne ne l'a dit après lui , & ce mot eft
abfolument hors d'ufage.
DERG. Grand lac d'Irlande formé par la rivière de
Shannon , fur les confins de la Cornacie & de la
Momonie.
DERG. Rivière. Voye^ Dirg.
DERHEM. f m. Petit poids de Perfe j qui vaut la
cinquième partie d'une livre. LesPerfans regardent
le derhe-n comme leurdragme.
DERIA CHIRING. Lac de Perfe. Ow le trouve à
dix lieues dErivan. Il a vingt-cinq lieues de tour,
& beaucoup de profondeur.
DERIBANDS, f m. pi. Toiles blanches de coton ,
qui viennent des Indes Orientales.
DÉRIDER. V. a. Oter les rides, faire difparoître les
rides , dans le fens propre. On le dit de même , dans
le fens figuré, pour donner de la joie , faire plai-
fir \ parceque les chofes qui proJuifent cet effet
rendent le vifage uni & en effacent les rides. Fron-
tem exporrigere , explïcare. Il eft aulîi réciproque.
Ce vieillard réfcogné eft fi fevère , que rarement
il fe déride le front , quelque plaifantes que foient
les chofes qu'on dit devant lui. Bell. Je ne fais i\
les bons mots de Bergerac , qui ont été les plus
admirés de la Cour , dérideraient à préfent le front
à nos grimiuds de Collège, tant le goût eft changé.
Ménage.
Loin d'ici ces Auteurs froids & mélancoliques _,
Qtti dans leur f ombre humeur fe croiroient faire
affront ,
Si les Grâces jamais leur dcridoient le front.
BoiLEAU.
DÉRIDÉ , ÉE, part.
DERISION, f. f. Adion par laquelle on fe moque
de quelque chofe , on la tourne en ridicule. Irri-
fio , irrifus. C'eft un blafphême de tourner en dé-
ri/ion les chofes facrées. Ceux qu'on attache au pi-
lori font expofées à la dérifion du peuple. Le génie
de Démocrite etoit une dérifion générale des ac-
tions des hommes.
^3" Ce terme n'eft ufité que dans quelques
phrafes. Tourner en dérifion , dire une chofe par
dénfion , faire quelque chofe en dérifion.
DÉRIVATIF, ivE, adj. Terme de Grammaire. Mot,
didion qui tire fon origine d'un autre qu'on appelle
fon primitif. Nomen ah alio derivatum , deduclum.
Voye^ DÉRIVÉ.
DÉRIVATIF , fe dit aufti en Médecine de ce qui pro-
cure la dérivation des humeurs vers une partie plus
que vers une autre. Dejieclcns. La faignée du pied
rigine qu'un mot tire d'un autre. Defcendance d'un
mot. Derivatio. On eft fouvent embarralfé fur la
dérivation àts mots. J^oye-^ Dériver.
^fT DÉRIVATION , Terme de Marine. Declinatio j de»
flexio. f^oye^ Dérive.
IJCF Dérivation , en Hydraulique , c'eft le détour
qu'on fait prendre aux eaux, /■^oye^ Dériver.
On appelle aufîi canal de dérivation , un canal
par où l'on conduit , & l'on amaffe des eaux pour
les porter , & les conduire dans un réfervoir. Le
canal de dérivation qui porte les eaux dans le bafTiii
de Nouroufe en Languedoc pour la. communication
des deux Mers.
Dérivation, fe dit, en Médecine, du détour qu'on
fait prendre aux humeurs qui coulent fur une par-
tie , en les attirant vers d'autres parties. -D^rivj^-io.
Ainiî , dans la fluxion qui fe fait lur les yeux & fut
les dents, on applique un véficatoire derrière les
oreilles pour la détourner : dans l'elquinancie, on
ordonne la faignée des ranules , c'elt-à-dire , des
veines de delfous la langue , pour détourner l'hu-
meur qui fe jette fur la gorge. La dérivation eft l'ac-
tion de quelque remède par laquelle le fangeft attiré,
déterminé à courir, à couler, à le précipiter vers quel-
ques parties. La faignée du pied caufe une dérivation,
éc quelquefois une dérivation dangereufe, faute
d'une faignée du bras qui ait précédé & qui aie
produit une révulfion. La dérivation eft oppoléeàla
révulfion.
DÉRIVE, f. f. Terme de Marine. Différence du rumb
de vent où l'on va , à celui ou l'on veut aller ; biai-
fementd'un vaiffeau qui ne porte pas à fa route ,
&c qui le fait aller par un autie rumb de vent que
celui par lequel on doit aller ; fliufte route , ou
détour forcé qu'on fait de fon vrai chemin par la
violence des vents , des courans j ou de la marée.
Lorfque le vent poulie un vaifteau de côté , il le!
fait avancer fur un autre air de vent que celui au-
quel il préfente la proue j ou l'avant , & cetécar-
tement eft ce qu'on appelle la dérive. Defiexio j de-
clinatio. Lorfque l'angle d'incidence que le vent fait
avec le vaifteau eft du côté de la poupe ou de l'ar-
rière , la dérive n'eft pas grande \ mais , quand cet
angle d'incidence eft du côté de l'avant du vaif-
feau, la dérive eft plus grande. L'angle au plus près
du vent , qui eft ordinairement de fix quarts de
vent , donne environ un quart de vent de dérive ,
quand on a les quatre grandes voiles majeures ,
& que la mer eft belle ; mais on a davantage de
dérive j lorfqu'on n'a que les baffes voiles. L'angle
de la dérive d'un vaiffeau eft le même que l'angle
que fait fa trace derrière lui avec fa quille que
l'on conçoit prolongée j cet angle fe inefure facile-
ment avec un compas de route. Plus les vailfeaux
font fabriqués à plates varanges , & plus ils ont de
dérive. Bouguer. La dérive eft la caufe la plus or-
dinaire qui fait que les Pilotes fe trompent dans
leur eftime. On dit , avoir un quart de dérive , c'eft
perdre un quart de vent fur la route que l'on fait.
La dérive vaut la route , c'efVà-dire , que la dérive
que fait le vaiflêau , le porte fur la route que l'on
veut faire. Combien y a-t-il de dérive ? c'eft deman-
der au Pilote la différence qu'il y a de la route que
l'on fait, à celle qu'on femble faire. Que vaut la
dérive ? On dit encore , il y a belle dérive , c'eft-
à-dire , qu'on eft alfez éloigné des côtes pour n'a-
voir rien à craindre de la terre. En général , on die
d'une chofe qui va au gré du vent & du courant,
qu'elle va à la dérive.
On appelle encore dérive , la diftance ou la quan-
tité de braffes qu'il y a entre un lieu où l'on fe
trouve fur mer , & celui où l'on a jeté le plomb au-
paravant. Dérive eft auflî un aftèmblage de plan-
ches que les navigateurs du Nord mettent à côté de
b E ïi
leurs petits bâtimens poiu- empêcher qu'ils ne dé-
rivent.
fer DERIVER. V. n. Terme de rivière. S'éloigner du
rivage. Dés que le bateau eut dérive.
DÉRIVER, terme de Marine. Sottir de fa route, de
fon droit chemin, aller à la dérive & de côté j par
la violence des vents , ou des couians , ou de la
marée. Dcfleclcrc j dcdlnarc. Ce vailleau vint dé-
river, & s'abattre fur nous. Les vailfeaux ne lau-
roient aller aux Indes fans dériver, à caufe de la
violence des courans qui font fous la Ligne. Se lailfer
dériver , c'ell fe lailfer aller au courant de l'eau , ou
au gré du vent. Dériver fous le vent. Dériver par le
calme.
DÉRIVER , fortir , venir, tirer fon origine. Oriri ,
flucre , manare. Pour guérir une fluxion , il faut
aller à la fource , à la caufe , d'où elle dérive.
f3°Onle dit, dans le même fens, en morale. Tous
nos maux dérivent à\x péché originel. C'eft de-là que
font dérivées tant d'erreurs , tant dhérélies.
DÉRIVER, en termes de Grammaire, fe dit j dans le
même lens,d'un mot formé d'une autre mot primitif
ou radical de la même langue, comme mortalité ,
de mort.
§;? Le mot dériver vient lui-même de rivus ,
rullfeau , fource où l'on puife.
f^Cr DÉRIVER , fe dit quelquefois aârivement
pour faire dériver ; d'où dérivez-vous tel mot ?
dérivare.
ify On dit auflî activement dériver des eaux ,
tirer de l'eau d'une foutce pour la conduire par
quelque canal. Deducere. On a dérivé les eaux de
toutes les fources voifines , pour les conduire dans
ce canal.
DÉRIVER, v. a. Chez les Serruriers, fignifie ^ Oter la
rivure. Extremum clavi emargmarc , extremum davi
marginem deterere. Ce clou , cette vis , ne fe fau-
roient arracher fans les dériver , en ôter la rivure.
DÉRIVÉ , ÉE. part. Il a les fignifications de fon verbe ,
& en François & en Latin. Il eft aulli fubftantifen
termes de Grammaire- Le verbe & fes dérivés.
On ne fouffre point dans la Poche Françoife la rime
du dérivé avec le primitif , comme d'ennemi avec
ami. P^oye':^^ ce que nous avons remarqué fur la rime
des compofcs.
fer pÉRIVOIR.f. m. Outil d'Horlogerie, efpcce de
poinçon , alfez femblable au Poulfe - pointe , qui
fert à dériver une roue, c'e(l-à-dire , à la challer
de deflÂis fon alliette ou de delTus fon pignon.
Encyc.
fer DÉRIVOTE. f. f. Terme de rivière. Perche fer-
vant à éloigner u'i train de la rive.
DERLINGTON , ou DALINGTON , Ville d'An-
gleterre dans le Comté de Durham.
DERLINGUE. f. m. Monnoie d'argennj fabriquée à
Venife j qui a pour empreinte d'un côté un Chrill
foutenant de fa main un globe , & de l'autre côté un
Saint Marc. Quatre derlinoues font l'écu de France
de foixante fols.
DERME, f. m. Terme de Médecine , qui fe dit du
cuir ou de la peau de l'homme- Cutis , pellis. Ce
mot vient du mot Grec ^^^i" , qui lignifie écorcher.
La peau eft la plus ample & la plus épailfe déroutes
les membranes \ c'eft l'organe de l'attouchement
extérieur, & la couverture «Se l'embelliirement des
parties qui font au-delFous. Il eft compofé de deux
parties \ celle qui fe préfente la première , eft ap-
pelée corps reticulaire , parce qu'elle eft percée
comme un réfeau , d'un très-grand nombre de pe-
tits trous. L'autte eft d'une fubftance fibreufe : elle
eft formée des extrémités d'artères , de veines, de
nerfs , de tendons , d'où fortent quantité de petites
éminences qu'on appelle mamelons pyramidaux :
elle eft aulTi parfemée d'une infinité de glandes ap-
pelées rniliaires , qui ont chacune leurs vailTeaux
excrétoires. Ces conduits excrétoires palfent avec les
mamelons pyramidaux à travers les trous du corpi
reticulaire , &: vont aboutir à la cuticule. Les ma-
melons , feloa le féntiment des Modernes , font
l'orgAne du tact ; & les vaifleaux excrétoires fer-
vent à évacuer la matière de la tranipiration &C
de la fueur qui a été féparée des glandes mihairesi
^ DERMOLOGIE- f f. Terme d'Anatonne. C'eft U
partie de la fomatologie qui traite de h peau.
DERMONDE. Voye^ DENDERMONDE.
DERNE. Petite ville d'Afrique , dans le Royaume de
Tripoli , à demi quart de lieue de la mer.
UCTDerne , eft aulii le nom d'une rivière d'Afrique,
qui defcend du grand Atlas, palle dans la Province
de Fedla au Royaume de Maroc , & va fe rendre
dans le fleuve Ommirabi , au nord.
DERNIER , i£RE. adj. Terme relatif , & oppofé i
premier. Ce qui eft à l'extrémité oppofce au com-
mencement j qui eft après tous les autres. Uitimus ,
pojiranus j extremus , novijjîmus , fupremus. Il vaut
mieux être le premier , que le dernier noble de la
race : c'eft un mot qui a été dit p.ir Iphicrate , Ca-
pitaine Athénien , à celui c]ui lui reprochoit qu'il
avoitété cordonnier. L'Evangile'ditque les premiers
feront les derniers , S<. les derniers feront les pre-
miers. Lin brave n'eft jamais le dernier à l'aliaur.
C'eft un homme irréfolu , qui conclud toujours
pour le dernier ij^ni lui parle. Les bains & les eaux
font les derniers remèdes que les Médecins ordon-
nent à ceux qu'ils ne peuvent guérir.
On dit, en dernier lieu , pour dire , FinalemenCj
pour contlufion. Extremo loco , denique , pojlremo-.
On dit qu'un homme eft aux derniers abois , qu'il
rend le dernier foupir : pour dire, qu'il agonife^
qu'on lui a dit le dernier adieu, qu'on lui a rendu
les derniers devoirs , quand on a tait fes obféques,
C'ejl un arrêt du Ciel , il faut que l'homme meure ^
Tel efi fon partage & fon fort ;
Rien n'ejl plus certain que fa mort.
Et rien plus incertain que cette detnière heure.
L'Abbé Têtu.
On dit aufli au jeu, qu'un homme eft le dernier^
lorfqu'il vient de quitter la main , &i que tous les
autres jouent devant lui.
Dernier, fe dit auffi pour marquer le temps. Alors le
fubrtantif fe met toujours le premier: aulieu que
dans les autres acceptions , l'adjectif fe met ordinai-
rement avant le fubllantif. L'année dernière hit fore
fertile. La gazette de Samedi dernier portoic telle
chofe. On a publié certe ferme pour la dernière fois.
On dit aufli ^ le Jugement o'e'V/'V/'; pour dire, le
Jugement final , qui viendra dans les der.ùers temps;
Je ne fuis point de ceux que l'amour de l'annquué
aveugle , & qui s'imaginent qu'on n'a point def-
prit dans ces derniers ficelés. BouhOii dit auiii,dans
les Préhdiaux, par jugement dernier-^ pour dire.
En dernier relfort & prélidialement.
Dernier, ledit aufli des deux extrémités en bien &:
en mal qui fe trouvent dans les chofcs. Le feu efl:
chaud au dernier degré , au fouverain degré. Il eft
difficile d'acquérir le dernier degré de perfc'^ion.
C'eft un ouvrage où l'on a mis la dernière mam,
auquel on ne doit plus toucher. C'eft un homme
qu'on a traité avec la dernière indignité. Ce Mar-
quis eft du ^era^T ridicule. Cet avare eft h dernier
des hommes , Il vit d.ms la dernière mifère. Cela
eft du dernier Bourgeois- Mot. Ce Marchand veut
vendre fon drap vingt livres au dernier met \ pouc
dire, il n'en veut rien rabattre.
On dit de Brutus & de Callius , que c'éroient
les derniers Romains , \^%derniers des Romains , pour
dire , que c'étoient les derniers qui avoient com-
battu pour la liberté de la République Romaine.
On dit avoir les dernières f^aveurs d'une femme ,
pour dire J en avoir la jouilfance. Acad. Fr.
Dernier, fe dit aufll dans les jeux de paume, de
cette divifion de la galerie qui eft la plus proche des
murs. On met les meilleurs joueurs au dernier , pour
garder le dernier. Aperti lateris e.-*trema pars & muro
proxima. Ici il eft pris fubftantivemenr.
Dernier, fe dit proverbialement en ces phrafes , il
liij
152. D E R
fit comme le Roi devant Pavie j il tita jufqu'au der-
nier foLi. On dit aulli , le premier au bois , le dernier
à l'eau. On du aulli d'un opiniâtre , qu'il veut tou-
jours avoir le dernier ^ pour dire , qu'il veut tou-
jours être le dernier à répliquer, ou à donner quel-
que coup. Exprellion tirée de certains jeux de mains
où l'on dit avoir le dernier, pour dire , être tou-
ché le dernier. Il eft encore pris fubllantivement
dans cette ptirafe , avoir le dernier.
Ce mot vient de derrière , qu'on a tait de la par-
ticule de , &c à\s mot rièrc j vieux François , qui eft
dérivé de recrb. Mén.
DERNIÈREMENT, adv. de temps. Depuis peu , il
n'y a pas long-temps. Nuper. Je vis dernièrement uià
de vos amis.
DERNIS, ouDERNiCH. Ville de la Dalmatie, fituée
fut une montagne , proche de la rivière de Cicola ,
avec une Fortereife.
DEROBEMENT , f. m. Terme d'Architefture. On dit
d'une voûte j qu'elle eft faite par dérobement , ou
avec panneau , qui font deux manières de tailler
les pierres pour faire les arcs. Le dérobement eft la
manière de tracer les pierres par des figures prifes
fur l'épure, & cottéespour trouver les recordemens
des panneaux de tête , de joint , &c. Tracer par dé-
robement ^ c'eft tracer de la manière qui vient d'être
expliquée ; on dit aulîi tracer par équiralfement j &
alors equirajjement ôc dérobement fignitient la même
manière de tracer.
DEROBER. V. a. Prendre en cachette ce qui ne nous
appartient pas, ce qui appartient à zuuuï. furarijj'ur-
riperc , Jubripere. Ce qu'on a dérobé eft fujet à une
perpétuelle revendication. f|ls coupeurs de bourfe
dérobent fort adroitement. Les valets dérobent leur
maîtres.
1^ Der.obep> J voler , friponner, fijouterj ne font
fynonymes que par l'idée générale. Dérober , pren-
dre en cachette j friponner _, prendre par finelfe ^
filouter, efcamoter , prendre avec adrelle & fubti-
lité. Foler , prendre de toutes manières , & même
de force ôc avec violence. Le larron dérobe, f^oy. les
autres mots.
Ce mot vient de rober , & de robe , dérivés de
raupa. Ménage, ou de l'Allemand rauhen , fur le-
quel l'Italien a formé robare , & l'Efpagnol rubar.
Guichart le dérive de l'Hébreu rab, qui lîgnifie/'i//er,
ravager. Le Moine Bertrand Reold , qui écrivoit la
vie de Sainte Françoife , au commencement du
XIV"^. fiécle , dit locum fanclum derobare pour fpo-
liare , Acla Sanclàt Francifca , c. ^ j §. 40. Acia
SanU. April. T. III, p. 391.B.
DÉROBER, fe dit en chofes fpirituelles & morales j &
fignifie ôter aux autres ce qui leur eft dij, s'appro-
prier fécretement ce qui leur appartient. Auferre 3
fubtrahere. Les Auteurs fe dérobent les uns aux au-
tres leurs penfées , lesMachiniftes leurs inventions.
Alexandre ne voulut pas combatte de nuit , difant
que c'écoit dérober la vidroire. Il ne faut pas dérober
la gloire qui eft due aux belles adions. Que les
reproches que vous vous étiez attirés , me coûtent
cher , & qu'un jour de votre négligence me, dérobe
de tranfports. Let. Port. Qu'il faut être ennemi de
foimême pour fe dérobernn moment de bonnein-
telligence , quand on s'aime comme nous nous ai-
mons '• Ib.
DÉROBER, eft quelquefois fynonyme à fouftraire.
Dérober un criminel à la juftice, à la colère du Prin-
ce , à la fureur du peuple. Dérober une chofe aux
yeux , à la vue de quelqu'un. Subtrahere. Le défit
& l'efpérance nous entraînent vers l'avenir , & nous
dérobent le fentiment du préfent. Mont.
Sa fuite à mes foupirs a dérobé/o/z coeur.
Jl foupire , & connaît en ce moment fâcheux ,
Que le rang le plus haut n'efi pas le plus heureux ,
Et quedcfon emploi V attachement extrême ,
ie donnant au public le dérobe à lui-même.
NOUV. CHOIX DE VERS.
DE R
%fT Dans cette acception , on dit , en termes
de guerre , dérober une marche , fouffler une mar-
che , c'eft-à-dire , faire une marche fans que l'ar-
mée ennemie s'en foit appcrçue. On dérobe une
marche à l'ennemi, en décampant fans qu'il en
fou informé j ou en faifant une marche forcée.
§3" Dans le difcours familier, on dit d'un hom-
me qu'il dérobe fa marche, quand il va d'un côté ,
quoiqu'il ait fait entendre qu'il vouloir aller d'un
autre.
fC? Et , dans le figuré, un homme dérobe fa mar-
che , quand il cache les moyens dont il fe fert pouc
arriver à fon but.
DÉROBER, avec le pronom perfonnel j fignifie auffi ,
s'échaper, difparoître, s'éloigner, s'écarter , fe fau-
ver de quelque lieu , fe défendre de quelque chofe ,
l'éviter. Subducere fe. Par un bris de prifon on fe
dérobe aux rigueurs de la Juftice. Une Comète fe
dérobe peu-à-peu à notre vue, s'en éloigne, difpa-
roît. Je m'ennuyois en cette affemblée, je m'en fuis
dérobé fecrettement. Les contemplatifs fe dérobent
à la vue du monde pour vivre en retraite. Combien
de fois votre cœur le dérobant tout-d'un-coup à lui-
même , s'eft-il perdu dans des imaginations vaines
& frivoles .'' Fl. La pauvreté eft un monture , dont
le nom feul épouvante \ pour s'y dérober on aban-
donne la partie , on paffe les mers. Roy.
Négligeant fa beauté, dans l'ombre renfermée ^
Elle Je déroboit même à fa renommée. Rac.
Se DÉROBER , pour s'échapper, 6rc. fe joint aufli au
nom avec la particule ife. Quelques précautions qu'il
prîr , il ne put fe dérober d'eux. Bouhours.
IJ3" On du fe dérober un repas , pour dire, s'abA
tenir d'un repas qu'on a accoutumé de faire, trau"
dare ventrem.
DÉROBER LE VENT, en termes de Marine, fe ditlorf-
qu'un vailfeau eft au vent d'un autre , & qu'il em-
pêche cet autre vaiifeau de recevoir le vent dans
les voiles. Auram captare navis alterius detrimento.
On dit en Fauconnerie , Dérober les fonnettes ,
quand l'oifeau s'écarte j &s'en va fans congé de fon
maître , & lui emporte fes fonnettes. Avolare 3 au-
jugere. Ge faucon eft bon j il a le vol roide & pointu
mais il eft dangereux à dérober les fonnettes j c'eft-
à-dire , il eft fujet à s'écarter.
Se dérober , en termes de Manège , fe dit d'un
cheval qui, par un mouvemenr irrégulier, s'échappe
de dellous le Cavalier en le furprenant. Subducere
fe. On dit aulîi qu'un cheval a le pied dérobé , lorf-
qu'il manque de corne jwur le ferrer , & qu'elle
s'eft ufce à force de marcher pieds nus. Nudatus
ungulâ.
On dit pifbverbialement à un homme qui achette
trop cher une chofe j qu'il ne l'a pas dérobée , qu'il
l'a bien payée : au conrraire , celui qui refufe de
la donner à vil prix , dit j qu'il faudroit qu'il l'eue
dérobée.
^fT En parlant d'un homme qui a amaiïe beau-
coup de bien par des voies légitimes, mais en fe
donnant beaucoup de peine , On dit que, s'il a du
bien _, il ne l'a pas dérobé,
DÉROBÉ J ÉE. parr.
On appelle un efcalier dérobé , un petit efcaliec
par lequel on peur s'échapper fécretement , & à
linfçu des autres. ScaU occulta.
On appelle fèves dérobées j celle dont on a ôté
la robe , ou la première peau. Siliquis fabafpo-
liat&.
On dit qu'un homme fait une chofe à fes heu-
res dérobées ; pour dire , qu'il prend fur fes occu-
pations ordinaires le temps de la faire, Ac. Fr.
DÉROBÉ. Terme de danfe. Un pas dérobé.
^fT Pied dérobé. F'ojei Dérober terme de Ma-
nège.
À LA DÉROBÉE.adv. En cachette, & à la hâte. Clam^j,
furtim , clanculum. Cet Amant ne peut voir fa Maî-
treft'c qu'à la dérobée. Les payfans vont chalfer &
DER
pêcher lliderohée, la nuir, clandeftinemenr. Li-I
curgue ordonna que les nouveaux mariés nefe vilFenc
qu'ii /a dirvbie , arin de ménager leur ardeur &
d'empêcher le dégoût qui fuit l'enrier accompliVe-
menc ue nos deiirs. Ablanc. Nous n'avons p.xilé de
vous i^wuiu ilcrohee. M. Scud.
DÉRo^i-x£i<. , ou DEROgUER. v. a. Terme de Fau-
connerie, qui le dit de l'aigle ou des grands oiieaux
qui, pouriuivant 1^^ bêtes à quatre pieds, les obli-
gent de fe précipiter de la pointe des rochers pour
éviter de tomber dans leurs ferres. Agcrc de rupe
pntcip'uein. De- là vient qu'on a dit autrefois , dcro-
quer un homme, pour dire, le faire tomber j &
déroquer une maiibn , pour dire l'abattre.
DÉROCHER, fe ditauflide l'or. C'eften ôter la craiïe.
Aurum purgare , auri ïlluviem ^Jqualorem detergere. Il
faut dérocher cet or. Pomey.
^ Dérocher , fe dit aulîi chez les Doreurs des autres
métaux j& c'ell décraller avec l'eau forte ceux qu'on
veut dorer d'or moulu.
^fT Dérocher, terme d'Orfèvre j c'eft faire man-
ger le borax vitrifié le long des parties foudées ,
en les mettant quelque temps dans le blanchillèment.
Encyc.
DÉROGAT. f. m. Terme de Relations. ChartophUax.
Le Dérogat du Defiardar eft un Officier conlîdé-
rable en" Perfe , il eft Garde des ilegiftres Gêné
raux des Finances , c'eft le troilième Subftitut de
l'Etmadaulet , ou du premier Miniftre.
DÉROGATION, f. f. Ade contraire à un précédant.
Aéte par lequel le Souverain déroge à une loi , à
un édit , &c. ou les particuliers , à un contrat qu'ils
ont fait. Ûerogado. Les dérogations en termes géné-
raux ne font point confidérées en Juftice j il faut
qu'elles fe falient en termes fpécifiques & formels.
\ii\Q loi nouvelle emporte dérogation à une précé-
dente. Un fécond teftament eft une dérogation du
premier. Ce contrat de mariage porte une claufe de
dérogation à un tel article de la Coutume.
|Ï3" Dérogation & abrogation. /'lyq leurs différen-
ces au mot Abrogation.
DEROGATOIRE , adj, qui fe dit d'une claufe qui em-
porté dérogarion. Derogans. Le ftyle de la Chan-
cellerie Romaine n'épargne point les claufes déroga-
toires. Les Bulles portent dérogation aux ftatuts ,
privilèges, &c. & aux dérogatoires des dérogatoires.
iCZt On z'Ç^s.Wt dérogatoire àQ% dérogatoires , une
claufe qui déroge à des dérogations précédentes.
Dans cette phrafe dérogatoires eft employé fubftan-
tivement.
En matière de teftament, on appelle claufe déro-
gatoire, une certaine fentence , chiffre , ou carac
tère fecret , que le Teftateur infère dans fon tefta-
ment ,& dont il fe réferve à luifeul la connoiffance,
y ajoutant la condition , qu'il ne veut pas qu'aucun
teftament qu'il pourroit faire enfuite , puiffe être
valable , fi cette claufe dérogatoire n'y eft expreffe-
tnent & mot à mot inférée. C'eft une précaution
que les Jutifconfultes ont trouvée contre les tefta
mens faits par violence, oupar fuggeftion, en haine
de ceux qui fe rendent maîtres de la perfonne des
agonifans , & qui en extorquent des dilpofitions à
leur avantage , ou par adreftè , ou par artifice , ou
par quelque autre voie illicite. On a voulu garan-
tir les mourans des importunités de ceux qui les
oblcdentj des pièges qu'on leur tend , & dépareil-
les furprifes qui ne font que trop ordinaires. L'ufage
des claufes dérogatoires a été abrogé par la nouvelle
Ordonnance des teftamens. On a cru qu'elles gê-
noient la liberté de tefter \ que c'étoit impofer une
loi, & une contrainte à la volonté du Teftateur,
& affoiblir fon pouvoir en l'affujettiffant à une for
malité inutile , & en le faifant dépendre de la fi-
délité delà mémoire. Cependant tous les Parle-
mens de France ont approuvé les claufes dérogatoires
avec ces deux reftriétions. L'une , qu'il fufïit que
le Teftateur en révoquant fon teftament faffe rnen-
non de la claufe dérogatoire , fans qu'il foit obligé
d'en fpécificr les termes. L'autre,
de l'exprimer , & d'i
U E R. 2, f 4
que fi, parie premier teftament, un étranger eft infti^
uu^ héritier, cV h les enfans lefont par leteftamenÉ
pofterieur, oula claufe derogatotren\ii^o^xnv.^t^^^,ni
DERO^EANCE. f.f. Terme de Droite de Coutu-
mes. Aéte qui déroge. Ade contraire i quelque di.
gnite,. a quelque privilège dont on eft déchu , fui-
vant lesloix du pays. Derogatm.W ne fe dit guère
que des adions contraires à la profelîion des No-
bles. Le trafic eft une dérogeance à Nobleffe. Si ua
père déroge dans un degré au-delà de celui qui fait
la tige de la Nobleffe , on foutient que la déroceance
du père ne doit pas être imputée aux enfins. De
LA Roque.
Elle regarde tout ce qni n'a pas rapport à la di-
gnité de Ion extradtion, commsnne dérogeance m^
jurieufe a fon rang. M. Rousseau.
DEROGEANT, ante. adj. Ade contraire à un autre,
qui y déroge. Derogans. Plufieuts loix du Code
^om dérogeantes iYumQnUion. Ce contrat feroic
bon , s il n y avoit eu depuis pluheurs ades d'eVa-
geans qui y ont donné acieinte. On dit encore,
taire un ade dérogeant à Nobleffe , quand on fait
une adion indigne de la Nobleffe , comme le tra-
hc en France , la manufadure en Italie.
DEROGER, v. n. Faire une ade, ou une difpofition
contraire a une loi précédente , ou à un privilège*
ou a un contrat, qui lui Ôte fa validité^ ou qui
labolit en tout, ou en partie. Derogare alicul reu
Les Princes, dans leurs Edits & dans leurs Lettres,
dérogent à toutes les loix & difpofitions contraires,
qui eu pourroient empêcher l'effet. On ne peut dé-
roger au droit de Patronage , ni au droit d'autrui.
Ce contrat portoit une telle claufe ; mais les par-
ues y ont dérogé par des ades poftériems.
^ DÉROGEuàlaloi, c'eft faire des conventions con-
traires a ix ddpoficion , de manière qu'elles la fe-
roient ceffer, fi elles avoient leur exécution.
^ On ne peut déroger aux loix par des con-
ventions particulières , quand elles érabliffent un
droit public, qui concerne plutôt le bien de tous
les citoyens , que lintérêt des particuliers. PrjVaw-
rum pacliojurl publlco derogari non potefl.
{Çy-^ Mais , quand les loix n'ont été faites qUe pout
lurp cer à des conventions omifes dins les contrats,
on y peut d'cfro^erpar des conventions particulières.
Il ny a que le Prince qui puiffe déroger ^nx loix
anciennes, les révoquer expreffémentou tacitement,
en faifiint une loi nouvelle , & dérogeant à toutes
loix contraires.
Déroger à fon droit, à fon privilège, c'eft y renon-
cer par une aél:e particulier. Je vqus accorde ce quâ
vous mè demandez , m3.\sÇxns déroger ï mes droits*
=p° Déroger à nobleffe, ou fimplenient danger d-
gmhe faire quelque chofe qui , félon les loix du
pays , fait déchoir de la nobleffe. Excl\ere nuhill-
tate. Tenir boutique, piendre des terres à ferme
&c. c'eft déroger \ nobleffe ^ ou fimpicmentj c'eft "
û'c'ro^er. Quand on ^ dérogé ^ il faut des lettres de
rchabihtarion. Voyei ce mrt.! es fottesg<.-nsde qua-
lité auroient bien voulu perfuader que c'croit dé^
roger à nobleffe ^^ que d'avoir de l'efprit. B. Rab.
DEROIDIR. V. a. Oter , diminuer la roideur. Alkujus
rei rlgorem mltjgare , molllre. Quand le linge de
la leftive eft gelé & roide , il faut l'approcher du feij
pour le déroldlr. Ce mot n'eft point en ufage.
DEROMPRE , vieux v. a. Rompre. Dlrumpere,
SI dérompoit encorde toutes patfs
Ses beaux cheveux fur elle tous épars. Marot,
DÉROMpRE.y. a. Terme de Fauconnerie , qui fe dit
quand l'oifeau de proie fond fur un autre &, de fes
cuiffes &: ferres, lui donne un coup d furieux , qu'il '
rompt fon vol, l'étourdit , le meurtrit & le fait tom-
ber. Acclpltrem mutHare , contundere , dejkere.
On dit auflî dans le grand Art, Dcrompre pottÇ
dlff'oudre.
DÉROMPU, us. Vieux part,
%S4 E> E R
DÉROQUER. Foyei Dérocher. ^ î
DEROS. adj. pi. On trouve ce mot dans le vieux lan-
gage , pout dire , rompus. Il vient de rupcus, comme
ii l'on diloir déroups. On a du auUi doeroups.
DEROTE. Ville de la balFe Egypte , au couchant du
Nil , vers la pointe du Delta. Dcrota , autrefois
Latona 3 Latons, civitas. Long. 49. Latitude 30 d.
DER
40. ,
§Cr DEROUGIR. V. a. Oter la rougeur. Ruhcdlnem ^
rubrum colorem abjlergere. Son vifage étoit tout rou-
ge de la petite vérole , mais le grand air l'a de-
rougi,
IP" DÉROUGIR. T. n. Devenir moins rouge. Son nez
bourgeonné commence à dérougir.
i^ Il eft auili réciproque. Cela commence à fe
dérougir. Rubedinem amiuere.
DÉROUGI , lE. part.
DÉROLFILLER. v. a. Oter la rouille de deffus un mé-
tal. Ruhiginem. abjlergere , decergere. On dérouille les
épées avec de l'huile & de la pierre d'émeril. Il
eft aulli réciproque. Le fer le dérouille à force de le
manier.
DÉROUILLER , fe dit figurément de refprit , pour dire,
façonner , polir. Expolire. Les Provinciaux fe dé-
rouillent bientôt à Paris , à la Cour , à l'armée.
L'air du grand monde lui a dérouillé refprit j lui
a appris à vivre. Expreiîion du ftyle familier.
DÉROUILLÉ , ÉE. part.
DEROULEMENT, f m. Terme de Géométrie. Pro-
dudbion d'une courbe par l'arrangement des rayons
d'une autre courbe. Les déroulemens de ces fpirales
c'eft-à-dire , les courbes qui naîtroient fi les rayons
ou ordonnées , qui concourent toutes en un point ,
étoient toutes pofées parallèlement entre elles félon
l'ordre qu'elles avoient , & en confervant la même
grandeur. Acad. des Se. i-jo^. Hifl. p. 51.
DÉROULER. V. a. Etendre une chofe qui eft roulée.
Evolvere , explicare. Il falloir autrefois dérouler les
livres pour les lire ^ car ils étoient roulés. Dérouler
les titres d'un tréfor pour en faire un cartulaire.
DEROULER. Terme de Géométrie. Former une
coube par le moyen d'une autre courbe , & de fes
rayons différemment pofés. Dérouler une fpirale ,
c eft ranger les rayons d'une fpirale parallèlement
fur un même axe, dans le même ordre qu'ils avoient,
& trouver la courbe qu'ils formeront étant ainfi
difpofés.
DÉROULÉ , ÉE. part. Evolutus , expllcams.
IlfignifiefigLirément, rompre les mefures de quel-
qu UH , déranger les projets. La Mort de ce pro-
teéteur m'a déroute. Je ne lais plus quel parti pren-
dre 5 je fuis tout dérouté.
Il fignifie encore déconcerter. La réprimande qu'on
lui a laite l'a dérouté.
\ §3" DÉROUTER, pris au figuré , n'eft que du ftyle fa-
milier.
$cr Déroute , ée. part.
DEROY. i. m. Terme des Officiers de la bouche du
Roi , pour fignifier la fomme que l'on paie par
jour à la mailon où font logés les Officiers quand
le Roi fort de chez lui. (j)uand la Cour marche y
on donne par chaque jour à la maifon ou eft logé
le gobelet , 3 liv. à celle ou eft logée la cuifine-
bouche 5 liv. pour la cuiline du petit-commun 3 liv.
pour la cuiline du grand commun 3 liv. Pour le
Pâiillier-bouche io tous; pour la Panneterie-commuii
20 fous y le PâtiiUer-commun 20 fous , la Fruiterie
20 fous , la Fouriere 20 fous. Ce qu'on appelle
payer \Qderoy 3 ou le débris des Offices. i;^ar ^e/ti
France.
DÉROYER. V. a. Vieux mot. Dévoyer ; mettre hors
de fa xowit. Déroyé ^ qui s'eit égaré, qui a perdu
fa route. On a appelé aulfi les fous déroyés, parce
qu'ils ne fuivent pas les chemins accoutumés j &
qu'ils coûtent par les champs. Ce mot eft compofé
de la particule de&c de roie , ornière, fentier. On
a dit auiîi Je déroyer j pour dire fe mettre en dé-
route.
DERPT. Ville capitale du Palatinat de Derpt en Li-
vonie. Derpatuni ^Torpatum. Elle eft fur la rivière
d'Embeck à quelques lieues du lieu où elle fe jette
dans le lac de Peipis. Elle avoit autrefois un Eve-
ché , quia été fupprimé , & à la place duquel Guf-
tave Aldolphe, Roi de Suéde j érigea une Uni-
verfité 1 an 1631. Long. 45 d. 10'. Lat. 58 d. 10'.
Le Palatinat de Derpt , eft une contrée de l'Hf-
tonie en Livonie. Derpatenjïs Palatinatus. Ce font
les Suédois qui lui ont donné le titre de Palatinat ,
& le nom de Cercle de Derpt qu'elle porte auilî.
DERRAIN. adj. Dernier. Vieux mot. On a dit derraïriy
derrenier & defrein.
DERRIÈRE. C m. La partie poftérieured'un animal , la
croupe , parrie qui comprend dans l'homme le fon-
dement & les felTes. Tergum. Un Poftillon eft fujec
à s'écorcher le derrière. hedev3.nt de ce cheval eft
plus beau que le derrière , que la croupe.
|Cr DEROUTE, f f. Fuite & délordre général d'une Derrière , fe dit aulfi de ce qui eft plus reculé que
armée après la perte d'une bataille. Fuji exercitus.
Jlrages , dijfipatio. C'eft particulièrement dans la
déroute que fe fait le grand carnage. Mettre en
déroute. Dans cette déroute , l'ennemi perdit fon ba-
gage.
DÉROUTE & défaite ne doivent pas être regardés com-
me fynonymes. Une armée peut-être battue, (S: per-
dre le champ de bataille , fans être mife en dé-
le refte de quelque chofe , la partie poftérieure. PoJ^
ticum , pojlica pars. Le derrière de mon logis donne
fur la rivière. Les écuries font bâties fur le derrière
de la maifon. Le derrière d'un habit , d'un pour-
point. Le derrière du carioffe eft la place la plus
honorable. Les Peintres appellent le derrière d'un
tableau j ce qu'on appelle autrement le champ ou
'&fond.
route. Si les troupes fe retirent en bon ordre , elles Derrière , eft fouvent une prépofition relative , ?<,
font retraite. Si les bataillons & les efcadrons fefau-| oppoféé a ce qui précède & marque ce qui eft après
une chofe j ou une perfonne. La prépofition qui lui
vent en défordre , c'eft wwt déroute. FÎTy. Défaite.
Annibal mit quatre fois en déroute les Romains.
Dans cette déroute il a perdu fon bagage. A peine
le Général s'eft-il fauve de cette déroute.
DÉROUTE , fe dit figurément du défordre des affaires.
Perturbatio. Il ne faut qu'un créancier rrop pref-
fant pour mettre en déroute un Marchand , & lui
faire faire banqueroute. Les François ont mis en dé-
route toute la politique d'Efpagne 5 pour dire, dé-
concerter , rompre les mefures. Une objedlion faite
brufquement met quelquefois un Dodeur en dé-
route, le trouble & l'interdit, le met hors d'état de
répondre.
Et par tout fur le Vhal ^ ainjlque Jur le Leck ,
Le vers ejien déroute; & le Pacte à fec. Boil.
DÉROUTER. V. a. Tirer quelqu'un de fa route ,
de fon chemin. Nous étions dans le bon chemin ,
on nous a déroutés. De via abducere , d^ducere.
eft oppofée eft devant \ derrière un buillon , derrière
un arbre , &c. dans un fens qui a quelque chofe
de Métaphorique , parce que ces chofes-là n'ont
point de côté , ou de partie de devant , ou de der-
rièrs. Pojl , rétro. Le Curé, à la proceffion, marche
derrière rouî fon Clergé , le peuple fuit derrière.
Cette armée a été attaquée par le flanc & par û'er-
rière. Il combattoit derrière un parapet , un retran-
chement. Il a lailfé derrière fon train , fon bagage.
Un bon Capitaine ne doit point lailîer de place
forte , ni d'armée derrière lui. Les traîtres frappent
leur ennemi par derrière.
Ce mot vient du Lann retro.Dv Cange.
On dit, figurément, d'un excellent homme , d'un
bon Auteur, qu'il a lailfé rous les autres derrière
lui ; pour dire qu'il s'eft bien élevé au-delfus d'eux.
Corneille s'eft élevé au-delTus des autres Poètes ,
& les a lailfés bien loin derrière lui. Font. _
§3* On dit en Morale qu'il ne faut point regar-
t) ER
der derrière foi ; pour dire, que quand on a bien
commencé, il tauc continuer, toujours avancer.
Derrière , fedit proverbialement en ces phrales. On
dit qu'un homme a montré [on derrière -^ pour dire
qu'il n'a pu tenir les chofes qu'il s'étoit vanté de
faire , ou qu'il a pris la fuite. On dit aulli , aller au-
devant par derrière -, pour dire , prévenir adroite-
ment que^iue difgr.àce , Se y remédier ; ou bien fe
préparer quelque avantage par quelque précaution.
On dit aulii d un homme rufé, d un chicaneur, qu'il
a toujours une porte de derrière ; pour dire ; qu il a
dans l'efpru quelque rufe , fuite ou échapatoiie ,
pour s'exempter de tenir ce qu'il promet. On dit aulIi,
qu'on a mis une chofe fens devant derrière ; pour
dire qu'on a renverfé Tordre &: la difpolition. On
dit encore , qu'un homme fait rage des pieds de
derrière-, pour dire qu'il hiit tous iss efforts, qu'il
mec tout en ufage pour réulfir. On dit ,
A pajfage & à rivière j
Laquais devant , Maître derrière.
j^ Derrière. Terme de vénerie, dont on fe fert
quand on veut arrêter un chien , & le faire demeu-
rer derrière f >i.
DERS. f. m. Vieux mot. Ciel ou dais tendu fur la ta-
ble du Roi. On a dit aulïï Derfdet , pour fignifier la
même chofe.
DERSOVV. l^oye:^ DIRSCHOW.
DÉRU. f ni. Vieux mot, qu'on a dit pour lignifier un
Chêne. Il vient du Grec ^"f ; qui veut dire la même
chofe.
DERVU, ÉE. adj. Vieux mot. Fou, fer, imperti-
nent. On a dit aufll derver ; pour dire , devenir
fou , du Latin dcviare, fe dévoyer , & derverie ,^o\ix:
folie.
DERVICHE, f. f. C'eft une forte de danfe. Danfer la
Derviche.
DER VIS , ou DERVICHE. Religieux Turc. Religio-
Jîoris inter Mj-hometanos injlituti cuUor, Efpèce de
Moines qui font profelîion de pauvreté & mènent
uue vie fort auftère.
Les Dervis qu'on appellent autrement Mévéla-
vites , font une efpèce de Religieux Mahomctans ,
dont le chef ou le fondateur fut un nommé Mévé-
lava : ils font fort nombreux. Leur premier Monaf-
tère efl: celui qui ell: proche de Coi^ni en Natolie ;
c'eft-là que le Général fait fa réddence, & que fe
tiennent les alTemblées générales de cet Ordre, dont
toutes les maifons dépendent de Cogni. C'eft Ot-
toman I. qui a donné ce privilège à ce Monaftère.
Les Dervis fe piquent d'une ^ande modellie , de
patience, d'humilité même, ôc de charité. Ils vont
toujours les jambes nues , & l'eftomac découvert ,
ils fe brûlent fouvent le corps avec un fer chaud
pour s'exercer à la patience. Ils jeûnent tous les jeu-
dis _, ne mangeant ces jours-là qu'après le foleil cou-
ché. Tous les mardis & les vendredis ils liennenr
des alTemblées , auxquelles les fupérieur de chaqui
maifon préfide. L'un d'eux joue de la flûte , & fou-
les autres danfent , en tournant en rond avec le
plus de vîtelfe qu'il leur eft polfible. L'accoutumance
qu'ils ont à cet exercice dès leur jeunelfe, fait qu'il
né les étourdit point. Ils obfervent cette pratique
avec beaucoup d'exaétitude , & de Religion , en
mémoire de ce que Mévélava leur Patriarche tourna
ainfi miraculeufement pendant quatre jouis , fans
rien prendre, pendant que fon compagnon Hamfé
jouoit de la flûte -, après quoi il tomba en extafe ,
& reçut des révélations admirables pour rétablilfe-
ment de fon Ordre. Ils croient que la flûte elt un
inftrument confacré par Jacob & les Bergers de l'an-
cien Teftament , parce qu'ils chantoient les louanges
de Dieu fur la flûte. Les Dervis font profeflion de
pratiquer la pauvreté , la chafteté & robéiifance, &
la gardent en effet tandis qu'ils reftent i?erv« ^ mais,
s'ils veulent fortirpourfe marier, on le leur per-
met fans difficulté. La plupart font de grands chir-
, latans \ les uns s'exercent à faire des tours de paile-
DÉ il ijî
palTe , pour amuler le peuple j d'autres donnent
dans la ioicellerie & dans la magie. Tous, contre
le précepte de Mahomet , boivent beaucoup de
vin, d eau-de vie , & d'autres liqueurs qui eni-
vrent pour fe donner la gaieté que demande leuc
Ordre. *
Outre leur chef Mévélava , il y a des Monaf-
tère qui ont des efpèces de Saints particuliers qu'ils
honorent. Tel ell le Kederle ou Chederles , honoré
dans un Monaftère d Egypte , & que quelques-uns
prétendent être S. Georges, dont le culte eft (i ré-
pandu dans l'Orient, &: que d'autres plus probable-
ment prennent pour le Prophète Elie, que les Ara-
bes nomment aind. Les Dervis font grands coureurs
&, fous prétexte de prçrlier l'avancement de leur foi,
ils vont continuellement d'un lieu en un autre ; ce
qui fait qu'on stn fert fouvent poiù -ipions.
Quelques-uns nous ont voulu décrite la façon de
vivre des Derviches comme fort barbare &; fort fau-
vage ; je ne fais h cela a été vrai autrefois , mais
aujourd'hui ce font les plus polis dans la conver-
lation de tous les Turcs. Hazréti-Meulana quitta
fon Royaume de Cogna pour en inftituer l'Ordre i
d'où vient qu'on les appelle Meuleri 3 du nom dé
leur Fondateur. Ils ne font pas revêtus de peau de
mouton , comme on dit qu'ils étoient autrefois. Leur
habit ordinaire eft une vefte de bure , ouverte au
fein , qui leur vient jufqu'aux genoux : celle qui
leur fert de manteau eft prefque toujours blanche :
ils ont un bonnet de poil de chameau , qui eft
fait à peu près comme nos bonnets de nuit , & quel-
ques-uns les enveloppent en bas par deux Ou trois
tours de ferge de même étoffe & de la même cou-
leur , pour faire une efpèce de petit turban. Les
plus aurtères ne portent point de chemifes. Ils ont
les jambes nues j plufieurs ont les fourcils & les
paupières peintes de furme , qui eft une couleur
noirâtre. Ils font tous fort propres , ont la barbe
bien peignée , & je ne fais fi en cela ils veulent imi-
ter Platon , de qui ils fe dilent les difciples ea
leur philofophie , parce que le premier principe
en eft l'amour. Quelques-uns les accufent de Varce
fottile. Je ne voudrois pas les en abfoudre tous ,
quoiqu'ils témoignent en abhorrer l'abominable
pratique , ni croire qu'ils en foient tous coupables,
quoiqu'il n'y ait, dans leur aveu & dans leurs vers
que trop de raifons de les en foupçonner. Ils fe dé-
raillent & feftigmatilent lâchait pour l'objtt de leur
paftion , mais ce n'eft pas avec cette inhumanité que
quelques-uns ont figurée : ils fe contentent de le faire
légèrement fur les bras, fur la poitrine & particu-
lièrement fur le cœur , & de brûler ces parties eri
y appliquant des bougies ardentes.
Ils ont quelques pratiques de dévotion qui fefonii
publiquement , & avec beaucoup demodeltie, quoi-
qu'elles foient fort ridicules. Deux fois la femame,an
des leurs fait une prédication dans leur Couvent ,
& les femmes qui par-tout ailleurs n'ont point d'en-
trée aux lieux où font les hommes, y alliftent par
un privilège particulier. Celui qui prêche prend pouf
texte quelque verfet de l'Alcoran , & je vous allure
que les plus dévots Chrétiens pourroient profiter
delà morale de fon fermon. Cependant les Dervi-
ches font renfermées dans une baluftrade pour n'ê-
tre pas importunés de la foule des alliftans , &pour
n'être pas troublés dans l'exercice de leur Ordre. Là
prédication étant finie , les Chantres qui font dans
une galerie, comme font ici les orgues dans nos
Eglifes , accordant leurs voix avec des flûtes, qui,
pour être merveilleufement harmonieufes ,font dé-
fendues à toute autre forte d'ufage , commencenc
une hymne, à la cadence du tambour de Bifcaye;
Durant le premier verfet de cette hymne tous \cs
Derviches font dans une pofture fort dévore , aftis
fur les talons, les bras croifés, & la tête baiifée.
Le Supérieur qui eft dans le Québle , orné d'nne
étole de poil de chameau , frappe Aes mains aufii-
tôt que le fécond comrtience , & zo\.\'i\c^ Derviches
s'étant incontinent levés , le plus proche de luipaf-
i,6 D ER D ES DES
fane devant le Lûixt avec une protonde inclination i Des. Quand ce mot eft écrit fans accent , c ert: un ar-
A^ u'te.. & fe met a tourner pirouettant petit à pe- tiale pluriel qui iert à déligner plulieurs cas. Il elt
ou article déhni, ou indétini. Quand il eft article
de tète , &c fe met a tourner pirouettant petit a pe
tit d'un mouvement fi vite , qu'à peine peut-on
s'en appercevoir j celui qui fuit en tau autant , &
ainfi tous les autres,qui font trente ou quarante.Cette
danfe circulaire ayant duré quelquefois plus d'un
demi-quart d heure dans fon plus rapide mouve-
ment, ceiTe tout-d'un-coup au même lignai qu'elle
a commencé. 6c les Derviches, commQ s'ils n avoient
bougé de la place où ils fe trouvent , le remettent
aifis en leur première pofture , jufqu'à ce que leur
Supérieur les fafle encore recommencer. Ainfi cette
danfe continue quelquefois un heure & plus à quatre
ou cinq reprîtes , dont les dernières durent toujours
plus lon'5-temps , parce que \cs Derviches fontplus
en haleine & plus en branle pour tourner, étant
vêtus fort à propos pour ce fujet dune eipèce dc
jupon volant , taillé en rocid comme les chémifettes
des femmes en France. Du Loir, 149 157.
Les Supérieurs de ces Derviches ont toujours ete
en très- grande vénération jufques à Sultan Mourai
dernier mort , qui , contre l'ordre de fes prédécef-
feurs , qui n'entreprenoient jamais de voyage pou
la guerre fans leur en demander congé , témoigna
fort peu fe foncier de cette cérémonie. Ils ont unt
maifon à Péra , & une autre fur le Bofphore ei
Europe i mais celle qu'ils ont en Natolie , étant k
lieu de leur première fondation , eft la principal;
Le tombeau de Hazréti Meulana y eft j & ils )
tiennent leur chapitre général. Id./j. 158 , 159. Li
même Auteur écrit aulîi Dervis , /?. 1 8 5. ^
Il y a auiîi en Perfe des Derviches qu'on appellt
dins le pays Ahdals , c'eft-à-dire , Serviteurs ^c
Dieu. Ils mènent une vie pauvre & auftère : ils prè
chent l'Alcoran dans les rues, dans les cafés, &
par tout où ils trouvent des Auditeurs. Les Dervi
ches en Perfe ne débitent que des fables au peuple,
& font fort mêprifés des gens d'efprit. Koy. Sanlon
Etat préfcnt du Royaume de Perfe.
Que déjlgnai-je à votre avis ,
Par ce rat fi peu fécourable?
Un Moine ? Non , c'efi un Dervis :
Jefuppofe qu'un Moine efi toujours ckaritahle.
La Font.
Ce mot eft Perfien & & Turc \ -ii^'m fignifie un
pauvre , un gueux qui n'a rien ^ & , parce que les
Religieux , & en particulier les fed.iteursne Mévé-
lavaTont profeflîon de ne rien polféder , on appelle
en- général les Religieux , & en particulier les
Mévélavites , Dervis. Selon l'étimologie Dervis eft
mieux , parce que la dernière lettre eft un Si ou
Schin , c'eft- à- dire, une S Turque , Perfienne , ou
Arabe j mais Derviche eft mieux , eu égard à la pro-
nonciation , parce que ce Schin ou S , en ces lan-
gues fe prononce comme ch en François dans hache,
tache. Foyc^im les Derviches la Bibliothèque Orien-
tale de d'Herbclot. Les Turcs ont emprunté ce nom
des Perfiens.
DES.
DÈS. Prépofition de temps & de lieu , & qui en mar-
que le commencement , /^ , ab , e , ex. Il faut par-
tir demain dès le matin. On l'attend dès midi. Ce
garçon eft fagei/c-.? fa jeuneffe. Dè.f-à-préfent comme
dès'-\oxs , &CC. Le Loiret porte bateaux dès fa fource.
Cet arbre porte îles branches dès fa racine. Il eft
tombé malade t/^J Lyon j pour dire, à Lyon.
Dis , eft auffi une conjondion , lorfqu'il eft joint
avec un que. S'mul ut, fimul ac , fiacim atque. Dès
que ce vallfeau fut parti du port , la tempête l'ac-
cueillit. Dès que j'ai fu l'affront j j'ai prévu la ven-
geance.
1^ Dis, joint avec que , fe prend quelque fois
pour puifque. Z?èj ^«e vous en tombez d'accord j
je n'ai plus rien à dire.
f)C? Dis-LA. Foyei La.
détînt, il eft ou au génitif, comme dans ces exem-
ples l'étude des belles lettres, la pratique des vertus
chrétiennes ; ou à l'ablatif comme dans ceux ci j
c'eft un homme comblé des biens de ce monde \ ce
Prédicateur nous a tort entretenu des joies du Pa-'
radis. Mais quand des eft article indéfini j il nous
défigne ou le nominatif, ou l'accufatif. Le nomina-
tif, comme lorfqu'on dit ce font des hommes , ce
font des femmes , il y a des fleurs , il ya des fruits.
Et l'accufatif, comme lorfqu'on dit j'ai vu des cho-
fes dignes dr^-imiration , j'ai mangé des fruits excel-
lens , noui tuâmes des perdreaux j des cailles , des
beccalîines. Des &c de paroiffent également bons en
certaines occafions 3 par exemple , une lettre pleine
démarques , ou des marques de fon amitié : plu-
lieurs perlonnes mettent indifféremment l'un ou l'au-
tre, mais ils fe trompent ; il faut mettre de quand la
chofedont on parle eft indéterminée , & ^m quand
elle eft déterminée ,ainli il faut dire, une lettre
pleine de marques d'amitié , un livre plein de bons
mots , & une lettre pleine des marques de fon ami-
tié , un livre plein des bons mots de Lucien ; les
motsyù/2 & Lucien déterminent la chofe dont il eft
parle.
"tT Des, eft audi partitif , & s'emploie par éllipfe.
Il y a des hermines qui... . c'eft-à-dire, il y a quel-
ques hommes qui
tfT Quand des eft employé dans le feiis partitif,
& que le fubftantif eft précédé d'un adjeétit , on ne
dit pas des , mais de. Ainfi il faut dire de favans Au-
teursj (f'excellens fruits, quoiqu'on dife des Auteurs
favans , des fruits excellens. Ac. Fr.
Des eft aulli une prépofition inféparable de plufieurs
mots François j auxquels elle donne une (ignifica-
tion contraire à celle qu'ils ont étant (impies , com-
me défavantage , déshériter , défobeir j &c. elle a
le même eftet dans les mots où elle eft devant une
confonncj & dans lefquels plufieursn'écrivent point
Ys , & perfonne ne la prononce , comme dcfioyal ,
def garnir , defdire , &c.
DÉSABUSEMENT. f. m. L'aétion de défabufer , de
ramener quelqu'un de fon erreur , ou l'effet de cette
adion. Revocacio ah errore. Il y a des erreurs agréa-
bles , qui valent mieux que ce qu'on appeleroic
défabufemenc , fi ce mot , qu'un de nos meil -
leurs Ecrivains a hazatdé , avoir fait fortune. B.
Rab.
§CF Ce mot que l'on regardoit alors comme ba-
zardé, & delà foftune duquel on paroiffoit douter,
eft devenu terme ufuel.
DÉSABUSER. V. a. Détromper quelqu'un d'une fauffe
croyance, le tirer de l'erreur. Aïiqucm ab errore re-
vocare , alicui errorem eripere , detrahere. Les peu-
ples ont été défahufés de l'idolâtrie par les prédica-
tions Apoftoliques. On n'eft jamais bien défabufé
des préjugés , &c des premières imprefîions de la jeu-
neffe. Quoiqu'on n'aime pas à être trompé , on n'ai-
me pourtant pas à être défabufé. Ch. de Mer. Il y a
des erreurs dont il feroit fâcheux que le peuple fùc
défabufé. S. EvR. On y joint auffi le pronom per-
fonnel , & pour lors il lignifie fe détromper foi-
même, quitter fon erreur. Errorem deponere , de-
pellere. Défabufe^-vo\.\s d'une opinion fi dangereufe.
.Te n'approuve point la dévotion précipitée de cesper-
fonnes , qui ne fe défahufent du monde que par les
chagrins qu'on leur donne, &: les difgraces qui leur
arrivent. FlÉch. Souvenez-vous que mon cœur char-
mé de vos grandes aélions fe defabuferoit , s'il vous
en échappoit quelqu'une indigne de vous & de moi.
ViLL.
DÉÉABUSÉ, i.t..\fxn. Ab errore depulfus , ereptus ,revo'
catus J, avulfus. Mon Dieu ! que cet homme paroîtra
haïffable à des yeux défahufés.
DÉSACCORD, f. m. Défunion des efprits & des fen-
timens. Aveugle j qui ne voit pas qu'oppofer au con-
cert de tous les fiécles le défaccord d'une poignée
d'Epicuriens ,
DES DES %sS,
d'Epicuriens , c'eft compter fur des fufFrages qui fant^ dcgrcer. Felis & injlmmencis nudaré j, fpolidre.
honte à la laifon. Le P. De Laubrussel. Ce mot ""^ "^- '- ^'^ "
n'eft pas reçu par l'ulage.
DÉSACCORDER, v. a. Rompre , détruire l'accord dés
cordes d'un mllrument de Mulîque. Concentum dif-
folvere j d'i/iurbare. Il ne fe dit que des mlVumens
de Mufiqiie qui étoient d'accord j & dont on lâche
«P° On le dit encore d'un vailFeau défarmé 55
dont les mâts n'ont plus de manœuvres j &,en ce fens,
on à\i dégréer ou difagncr un vaiireau j pour due ,
ôter les manœuvres , pour les vifuer ou pour leg
en magailn. Navim injcruciu fuo nudare.
DÉsAGREÉ j ÉE. patr.
ou dont on ferre trop les cordes. Ce luth , cette gui- DESAGREMENT, f. m.Ce qui n'agrée pas.quidéplaîtj
tarre font déj accord: s , il les faut accorder de nou- fujet de chagrin , ào.àié.'gowi.Inju.cunduas^ moiejda.
Il n'y a point de condition en ce mondequi n'ait
iQ%deJagrcmensS?omc\wo\ m'avez- vous fait connoitre
veau. Examinons prélentement de quelle manière
ce grand génie fe fert de la lyre qu'Homcre lui a
lailleej on avouera qu'elle s'eft; bien de/accordc'eenu^
{es mains. M. Dacier.
DÉSACCORDÉ , ÉE. part.
DESACCOUPLER, v. a. Détacher des animaux qui
étoient attachés , ou accouplés enfem'ole. Il faut
difdccoupUr ces bœufs, les détacher de la charrue.
On dit aulîi j dcfaccoupler j ou plus ordinairement
dicoupler les chiens , quand on les lâche après le
gibier. Copulam eximere canibus j caries abjungere.
ywT Desaccouplé , ée. part.
DESACCOUTUMANCE, f. f. Ce mot fe trouve
non -feulement dans Nicot , mais aulli dans Po-
mey , pour fignifier la perte de quelque coutume ,
de quelque habitude. Defuetudo. Il eft vieux & hors
d'ulage.
DÉSACCOUTUMER, v. a. Faire perdre l'habitude ,
faire qu'une perfonne perde la coutume de quel-
que chofe. Aliqucm ab alicujus rei faciendA con-
Juetudiné abducere , abJlrahere.W fa.az ddjaccjucamer
les jeunes gens de jouer , d'aller au cabaret.
DÉsAccouryMER, avec le pronom perfonnel , ligni-
fie J fe défaire d'une habitude. Dejuefccre. Quand
on s'accoutume i fe palfer de fes amis , c'eft qu'on
l'imperfedion & le défagrément d'un amour qui de-
vroit durer éternellement ? Lett. Portug. Le Père
Bûuhours qui a donné fes nouvelles Remarques fut
la langue Fiançoife vers la rin du dernier fiècle ,
dit , en parlant de ce mot , qu'il ell nouveau . qu'il
quelque chofe qui a choqué , femble à quelques-uns
un peu précieufe, & qu'il croit que^, pour s'en fer-
vir communément , il faut attendre qu'elle foit
plus autorilce : elle paroît allez établie aujoui'd'hui.
ÇCr Désagrément, fe dit aulîi des défauts d'une per-
fonne. Elle ell: belle , mais elle nelailfe pas d'avoir
quelque dcfagrémentà^\\%\e vifage. Cette marque
ell un grand dJjagreinenc. Acad. Fr.
DESAIGRI , lE. adj. Qui a perdu fon aigreur. Ce mot
fe dit des confitures & des firops , & il fe trouve
dans ceux qui ont écrit fur ces matières. Le lirop
étant revenu à la cuilfon à perlé , vous empotez
vos fruits comme la première foisj qui fe trou-
veront ddfdigris. Instruction pour les confi-
tures.
fe défaccoutume de les aimer. B. Rab. Ces armes , DÉSAIRER. v. a. Terme de Fauconnerie. Tirer les oi-
ces vailfeaux vont vous défaccoutumer des plailîrs
pacifiques de l'amour. Lett. Portug.
DÉSACcouruMÉ, i^.^zn. Defucjaclus , defuetus.
DÉSACHALANDER. v. a. F.iire perdre la chalandife
à un Marchand , à une maifon. Faire perdre les
féaux de l'aire , de l'endroit où on les nourrit. Edu-
cere in campum , & auras. Il ne faut point défairer
les oifeaux, qu'ils nefoient en état de fe foutenir
fur la perche, ou billot, afin qu'ils puilfent tenir X
mener leurs pennages fans les froilTer.
pratiques, éloigner ceux qui ont coutume de venir DÉS AISE. f. m. Vieux mot. Ii.commodité ma
acheter. Alicujus emtores abductrc.\]w Marchand ré
barbatif défichalandc bientôt fa boutique. Un cx-
\>zxzi{q défachalaride bientôt, dès qu'il n'y a plus
de bon vin. On dit auffi dichalandcr.
DÉSACHALAM3É , ÉE. part. Dcjluutus emtoribus.
DESACOINTIE. adj. Mot du vieux langage , qui a
aife;
§3" DES AJUSTER, y. a. Faire qu'une chofe ne foit
plus dans la jullelTè, dans l'ordre où elle étoit, faire
qu'elle ne foit plus jufle. Perturbare. Ce mal-adioit
a voulu monter ma montre à rebours, il l'a dcfajuj-
tec. Déjajujler une perruque ^ une cot-ffure.
été dit pour lignifier , qui eft moins ami quedecou- Désajuste, ée. part. On dit qu'un cheval eft tout
I défajujié , pour dire, qu'il ne fait plus le manège
tume.
DÉSAFLEURER. v. a. Terme d'Architeéiure , de Ma- ' avec tant de juftelTe
çonnerie, &c. C'eft réduire deux corps l'un près de
l'autre à une faillie différente dans chacun des deux
corps. Z>e/j/?earer eft le contraire d'afleurer.
DÉSAFOUCHER.v.n. Terme de Marine. C'eft lever
l'ancre d'afFourclie , & la rapporter à bord. Ancoras
tollere.
DÉSALTÉRER, v. a. Eteindre j faire perdre la foif.
Siûm fedare , levarc , pellere , extidguere , rejluigucre.
Les liqueurs fraîches t/^yi/rt-rcv;; beaucoup. Les vins
d'Efpagne &: de S. Laurent, altèretit plutôt qu'ils ne
défaltercnt.
Désaltéré, Ée. part.
DESAGREABLE, adj. de t. g. Qui ài^Xxii.Ingracus DESANAUS. f. m. Terme de Mythologie. Nom d'un
infuavls , inamxnus. On le dit pour exprimer des ^
qualités perfonnelles \ ou pour marquer quelque 1
chofe qui ne convient point au goût ni à l'cfprit. ,
Perfonne, fi^a:e dcfagre'able. Rien n'eft plus defa- \
gréabU à un bonefprit que la m luvaife compagnie.
Il y a des objets déjagriables à voir , & des difcouis i
défagréabUs à entendre. Il eft difagréahle d'avoir j
affaire à des gens épineux. Je fuis perfuadée que
j'eufte fenti des mouvemens moins défagrîabhs en
vous aimant, tout ingrat que vous êtes , qu'en vous
quittant pour toujours. Lett. Portug.
DESAGREABLEMENT, adv. D'une manière défa-
gréable. IlUpidè , injucundê^ molefle , acerbe. \3nQ{-
clave palfefavie fort défagréabUment.. Mettre quel-
qu'un dcfagréablemenc en jeu. B. Rab Rire, parler
Dieu. Défanaus. S* Jérôme j dans la Chronique
d'Eufèbe, A'n(\\.\<i Défanaus eft un furnom d'Her-
cule qui eft fort illuftre dans la Phénicie, &: que , de
fon temps encore , les Cappadociens i!k les Eliens
l'appeloient Défanaus. Dans le texte Grec d'Eufèbe
il y a Diodan, AiaêS», au lieu de Défanaus , que S.
Jérôme a mis. Ce Défanaus étoit contemporain de
Moife. Quelques-uns l'appellent Dorfanaus ,&cnon.
pas Défanaus. Louis Vives, dans fes Notes fur le
12'. Chap. du XVIII^ Liv. de la Cité de Dieu,
Note n J femble avoir lu Delphina dans Eufèbe pour
Diodan. Qi\o\^n\\ en foit, on ne fait pas trop ce
que c'eft q'ae ce Défanaus de S. Jérôme , ni ce Diodan
d'Eufèbe., parce que c'eft le feul endroit de l'Anti-
quité où il en foit pat lé. Foy. encor Dorsanes, &C
Selden , De Dus Syr. Synt. I. C. 6.
défagréablement. j ^ ..„ _,
DÉSAGRÉER. v. n. Dépjaire, n'agréer pas. D/^/ic^re. DES ANCHER. ou DEs'aNC'hÈr. v. a. Il fe dit d'tis
Un honnête homme tâche de ne rien faire qui <//- haut- 'bois dont on ôte l'anche. Pomey. Tibiam Lin^
fagrée. , gulà eximere , deflhuere,
DESAGRÉER, v. a. Terme de Marine, qui fe dit Desaï/ché, ée. part. Hautbois défanché. Tibia li/igulâ
d'un vaifteau , lorfqu'il a perdu quelqu'un de fes dejiituta,
agrès par accident ou dans un combat. On dit aulÏÏ ' DÉS^ANCRER. v, n. Lever les ancres , partir d'ttn
Tome m, ■ _ ;k1c
ijS
DES
port , d'une rade. Ançoras tollere. Nous allons par-
tir, il faut déjuficrer,
|C? DESAPOiNTER. v. a. Oter les appointemens.
Ocer du rôle, de l'état, des Oxiiciers ou des Soldats
entretenus, tx atbo jUpcndiaLi delere. On a dejapomté
plulieurs Officiers réformés , on leur a ôté leurs
appointemens. Ce mot ell vieux.
DibAPoiNTER, llgnihoit encore autrefois, deftituer.
Arnoul de Cotbie, Chancelier de France, defapointc
durant les troubles des Marions d'Orléans & de
Bourgogne, & en fon heu l'an 1515. fut mis Eufta
che de Laiftre. tloge des Prem. Prejid.par l'Hermite,
Souliers à Blanchard.
|Cr Desapointer , ou DÉSEMPOiNTER j unc pièce
d'étoffe. V. a. Terme de Comnierce. Couper les
points de fil ou de ficelle j qui tiennent en état les
plis de la pièce.
DÉsAPoiNTEj ÉE. part.
DESAPPAREILLER. Plus communément Dépareiller.
V. a. Séparer ce qui étoit apparié ou pareil- Compa-
rem tôlière. Il fe particulièrement des habits &: des
meubles. Dépareiller des bas , des fouliers. Défhppa
reiller des gants, des manchettes. On m'a volé un
chandelier , cela m'a dépareillé les aurres. Il lui eft
mort un cheval de carrolfe j il veut vendre l'autre
parce qu'il eft dé f appareillé.
^3" Desappareiller, Terme de Marine, lignifie le
contraire d'appareiller.
DÉSAPPAREILLE , ÉE. part.
DESAPPETISER. v. n. Faire perdre l'appétit. Fafli-
diuin inlucere. Les viandes mal-propres & mal-
apprêtées défappétijfent les gens. Ce malade ne fe
remettra point, tant qu'il fera ainfi défappedfe. Ce
mot n'eft point ufité , même dans le ftyle familier.
DÊSAPPLIQUER. v. a. Faire perdre l'applicarion,
l'attention qu'on a à quelque choie. Retrahcre alicu-
jus animurn ab aliquà re. Le temps me défappliquera
des objets qui m'occupent Port - R. Le jeu des
Echecs atraclie fi foit, que, pour peu qu'on fe défap-
plique, on fait quelque faute. LeP-Bouhours dit que
ce mot ne plaît point aux Maîtres de la langue , &
qu'il aura bien de la peine à s'établir. Il ne paroît pas
avoir fait fortune depuis ce jugement du P. Bou-
hours.
DÉSAPPRENDRE, v. a. Oublier ce qu'on a appris , ce
qu'on fait. Dedijcere. Bien loin que cet écolier pro-
fite au Collège , il défapprend tous les jours. Quand
on eft long-temps fans parler une langue, on la
défapprend \ on l'oublie.
Dieu défapprendroit-zVàyôr/TTffrffci talens}
Les Romains & les Grecs ^ font-ils feuls excellens ?
De la Fontaine.
^^ DÉSAPPRIS j isE, part.
DES APPROPRIATION, f. f. A6tion par laquelle on
renonce à la propriété d'une chofe. Renunciado
doininii in rem aliquam. Il ne fe dit guère que de ceux
cjui quittent tous leurs biens temporels pour entrer
en Religion. Le principal point de la vie régulière,
c'elt une entière dej appropriation, c'eft de renoncer
à la propriété de toutes chofes.
Desappropriation , fe prend encore dans un fens
plus étroit par les Myftiques. Ils entendenr par-là,
un amour de Dieu abfohiment dégagé de tout
motif d'intérêt propre, fou pour notre perfedion,
foit pour notre récompenfe, même éternelle. Ils
veulent une défappropriation fans rcferve de tout
intérêt dans les vertus,&qu'onnslescï(.*rce que pour
la feule gloire de Dieu. Tout ce qui a ra_pport à nous
ou pour la récompenfe, ou pour devenir plus par-
faits, s hy)^;)q\\q propriété , &c c'eft une imperfeélion.
Fen. La défappropriation eft l'opération Ac'- la grâce
qui purifie l'amour j & le renddéfintéreffeda ns l'exer-
cice des vertus. Id. l^oy. défippr oprier qa'i fu'it.
t)ÉS APPROPRIER. (Se W. récip. Renoncer à la pro-
priété de quelque chofe, s'en dépouiller. Don.''inium
rei alicujus exuere , dcponcre. La vraie pau vreté
Evangélique confifte à fe défapproprier ^xitihiaui^rxi
DES
A<i% biens temporels. Il ne fe dit guère que par les
Religieux. Dans le ftyle des Myftiques , fe dejappro-
pner, c'eft fe dépouiller de tout intérêt propre dans
l'exercice des vertus mêmes ^ en rapportant tout à
la feule gloire de Dieuj n'avoir égard ni à notre
perfettion, ni même à la récompenle éternelle. Fen.^
Il ne faut pas perdre réellement le fond des vertus
lous prétexte de s'en dcfapprcprier. Id. •
§3° Desapproprié, ée. part.
DESAPPROUVER, ou DESAPPROUVER, v. a. Con-
damner, témoigner qu'on n'eft pas content de quel-
que chofe. Improbare. L'Eglife dejapprouve tous les
divertilfemens dangereux, les Bals, les Comédies.
Cette propofition qu'on a faite en plein Confeil a
été généralement dej'approuvee. Défapprouyer la con-
duite, les aâions de quelqu'un.
DÉSAPPROUVÉ, ÉE. part.
gC? DÉSARBORER. v. a. Défarhorer un mât. Terme
de Marine. C'eft l'abattre ou le couper. Tollere^
dimittere.
CCF DÉSARÇONNER, v. a. Faire perdre les étriers
ou les arçons à un C3.va\\es:. Aliquem ex equo dejicere ,
deturbare. Un cheval, du moindre iaut, ^^r^o««<;
un cavalier qui eft fur une felle rafe. Il le pouffa û
vigoureulement, qu'il le défarçonna.
^Cr Désarçonner, fignifie figurément, mettre en
défordre l'efprit ou les affaires de quelqu'un. Con-
fondre quelqu'un , le mettre hors d'état de répondre.
Ses argumens étoient fi preffans que fon adverfaiie
fut bientôt défarconné.
On le dit encore de ceux qui chaffent quelqu'un
de quelque charge, de quelque emploi , & qui fe
mettent en fa place- Il a plaidé long- temps pour
conferver cet Office ; mais enfin un tel l'a défarconné.
Tout cela eft du ftyle très-familier.
DÉSARÇONNÉ j EE. part.
0Cr Désarçonné, en Manège, fe dit d'iin cavalier
que les mouvemens violens font fortir de la felle.
DESARGFNTER. v. a. Oter Targent d'une chofe
argentée. Obducîum argentum tollere , corrumpere. Le
mauvais air , la puanteur des boues déj argenté,
dédore les meubles argentés & dorés.
§3" Il eft plus ufité au participe. Flambeau défar-
genté.
On dit familièrement, Défargenter quelqu'un,
pour dire, le dégarnir d'argent-
DESARMEMENT. f. m. Adion de défarmer. Il ne fe
dit guère que des Princes j qui licentient leurs trou-
pes , ou qui défarment leurs vailfeaux , qui en
mettent les agrès dans les nugalins. Dlfceffio ab
armis. Défarmement fe dit encore de l'inventaire qui
fe fair de l'état d'un vailFeau , lorfqa'il a été remis
dans le port.
^fT DÉSARMEMENT , Terme d'efcrime. Adion par
laquelle on défanne fon ennemi, on ôte l'épée de
fa main , en la faifilfant par la garde de la main gau-
che , comme dans le défarmement de rierce & de
quarte , ou en frappant,au tort du vrai tranchant de
fon épée , le fort du faux tranchant de celle de
l'ennemi , dans le temps qu'il exécute une eftocade
de féconde.
Ip" DESARMER, v. a. Dévêtir l'armure, le harnois
de guerre. Arma exuere. Après le combat il alla fe
faire défarmer , Ce fut fon Ecuyer qui le dîfarma.
y^r/nwe.vttere.Ilfignifieaufli,ôter,faire quitter les armes
à quelqu'un malgré lui. Exarmare aliquem. Armis
exuere. Le Gouverneur de la ville défarma les bour-
geois. Dans l'adion il défarma plufieurs foldats. U
On dir abfolument , qu'un Prince a defarmé\ pour *
dire, qu'il a licentié fon armée; que les ennemis
défarment, pour dire, qu'ils pofent les armes , qu'ils
congédient leurs troupes. Arma ponere , deponere.
En termes de Marine, Défarmer un vailFeau,
c'eft, le dégarnir de fes agrès & de fon équipage >
le lailTer dans !e port inutile , & mettre les agrès dans
le magafin. Navem inftruSu fuo exuere. On le dit
auffi dans une fignification neutre. Ce vaiffeau
défarmc.
DES
En termes d'Anillene, dcjlamer un canon, c'eft
en ôter le boiilec. ^
Desarmer un cheval, en termes de Manège, c'eft,
tenir les lèvres d'un cheval lujettes j &c hors de
dellus les barres, tquum Jreno fcnjib'dtm reddure.
Lorfque les lèvres font lî grolles, qu'elles couvrent
les barres où confifte le fentunent du cheval, il faut
lui donner une embouchure à canon coupé, ou des
olives pour lui déj'armer les lèvres.
fCT DÉSARMER , Terme d'efcrime. C'eft ôter l'épée de
la main de l'ennemi, /"oy. Désarmement.
Desarmer, fe dit aulli au figuré &c d'une manière no-
ble, 6i alors il iîgnihe, apparier, i'uxare ^ midgarc.
Dieu éroit couroucé contre les Ninivitesj mais leur
pénitence le dcfanna , lui ht tomber la foudre des
mains. \Ja Héros fe iaille quelquefois défarmer
par les malheureux. Racine, il n'y a perfonne que
la foumiUion , le repentir ne dejarmf.nt. Dcfaruur
Ja vengeance, faire celFer les mouvemens, les fcn-
timens de vengeance.
Sans doute ce chagrin qui vient de m'aUariner,
N'ejl qu'un léger Joupçon Jacile à défarmer. Rac
Jefai que pour te défarmer ^
Ilfujjit de vouloir i' aimer. L'As. Têtu.
DÉSARMÉ , EE. patt. 5c adj. Les Précieufes dans Molière
difent un chapeau défarmé de plumes. On dit aulfi
au figure , des yeux defarmés. Racine. Exarmutus ^
dearmatus.
Désarme , en termes de Blafon , fe dit de l'aigle qui
n'a point d'ongles. Ungmbus mutilus.
DESARNIR. V. a. Vient mot. Défenharnacher.
DESARRANGER, v. a. Mettre hors de rang , en con-
fuiîon. Perturbare, mifcere^ conjundere. Le vent, l'agi-
tation , de/arrangent les cheveux. Ce mot n'eft point
en ufage ; ou dit déranger.
Désarrangé, ée. parc. pair. Se zà].Penurbatus^ con-
fufus.
DESARRIMER. v. a. C'eft changer l'arrimage, ou
J'arrangementqu'on avoit fait delà charge du navire.
DÉSARROI, f. m. Défordre d'un train, d'un équipage^
pauvre & miférableétat, coni:ulion dans les aftaires;
renverfement de fortune, déroute. Ciades, Jirages ,
perturbatio , dijfipatio exeràtûs. Il s'emploie avec les
proportions en & dans. Toute cette maifon florilîoit
beaucoup i mais elle eft maintenant en déjatroi. Les
nouvelles nous ont appris que l'armée avoit été mife
en défurroi. Ses affaires font dans un grand défarroi.
Mettre un homme en défarroi.
Ce mot eft un compofé A'arroi , dérivé du vieux
François défrayer, qui fignifioit j comme dit Paf-
quier, tirer hors de voye owàtroye , qu'on difoit
autrefois pour ornière, onfentier. Ce mot de defroyer
fîgnifioit aulli , devenir Jeu , parce que les fous s'éga-
rent , & ont l'efprit en défarroi. Ce mot n'eft que du
ftylc familier.
La mort enfaifantfa tournée ,
Chemin fa'ifantpajfa che:^ moi ,
Elle y trouva la fièvre accompagnée
De tous les maux quelle traîne après foL
J'etois en trifle défarroi ,
Pâle, défait, la face décharnée ,
Les yeux éteints j enfin prêt à partir.
N. Ch. de Vers.
^ DÉSASSEMBLER. Séparer ce qui étoit alTemblé.
Il n'eft point d'ufage en parlant des perfonnes. On
ne diroit pas aujourd'hui défa[femhler un Concile ,
une Diète.
>j3"Ce motfeditparricuUérementdes ouvrages de
Menuiferic & de Charpenterie , & lignifie féparer
les pièces d'un ouvrage d'alTemblage. Dijfolvere .,
disjungere. On a défaffemblé cette charpente , cette
jîaire d'armoires , ces tablettes à livres. Toutes les
fois qu'on tranfporre des grues & des engins, il les
faut défdffembUr. On defajfemble les barques qu'on
DE S
^lî>
veiu porrer en fagot , pour les rafiembler fur le lieu.
ifT On dit dejajjemèlerpoaj: lesconftruélîons da
bois^ & démonter une machine de quelque mctah
f'oy. Démonter.
DESASSIEGER. v. a. Faire lever le fiége d'une ville»
Cogère aliquem adfolvendam obfidionem , urbem ohfi-
dioncfolvere. Ce mot fe trouve dans Nicoc; mais il
eft hors d'uiage, quoiqu'il n'ait rien de choquant, i^
qu'il lemble allez néceliaire.
DÉSASSORTI. lE. adj. Se dit des chofes qui font
dérangées, déplacées, ou tellement changées qu'elles
ne font plus le même elfer, qu'elles faifoicnt avant
leur changement &; leur dérangemêiK, lorlqu'eiles
étoient affbrties.
Si de ce grand tout Icspardei
Par le temps font défalForties,
On verra tomber tout foudain
La fabrique du corps humain. Lb Duc pe NeVeRî*
DÉSASSORTI j IE. Terme de Librairie; qui fe dit duin
ouvrage auquel il manque quelque partie ou quel-
que tome. Imperjeclus j, a^ um. Un livre, un ouvraga
defafi'oni ne doit point fe vendio aurant que s'il ctoiiî
entier & bien alforti.
Désassorti. Déréglé. Il s'en faut bien que les animaux
foient défifonis dans leurs adtions comme les hom-
mes. Abbé Pic. Mauvais ftyle.
DESASSORTIR, v. a. Oter ou déplacer quelqu'une des
chofes quiavoient été alTôrties. Defajjortir des livres
déj'jfjortir des porcelaines.
DESASSURER, v. a. Rendre un homme incertain ,
d'alFuré qu'il étoit. Incertum jacere , reddere. Il eft
hors d'ufage. Quelques-uns voudroient le rétablir ,
parce qu'il eft nécelTaire pour exprimer que Toa
ôte quelqu'un de la certitude où il eft , & qu'on la
fait douter d'une chofe dont il ne doutoit point au-
paravant. Difuader , oit défabufer , lignifie davan-
tage ; mais ils n'expriment point cet état d'incerti-
tude, où l'on a mis celui qui eft ébranlé , fans eu©
défibufé.
DESASTRE, f. m. Grand malheur, événement fâcheaJi:
qui accable quelqu'un. Calamhas , injejlus cafus. Ls
/TZtîZ/ïCi^r s'applique particuliéremont aux événemena
de fortune & de choies étrangères à la perfonne.
L'accident regarde proprement ce qui arrive dans la
perfonne. Le défaftre dit quelque choie de plus gé-
néral. On dit un défafire affreux, c'eft un malheur
de perdre fon argent ou fon ami. C'eft un accident
de tomber , d'être blelTé. C'eft un défafire de fe voie
tout-à-coup ruiné & déshonoré "dans le monde. Syn.
Fr. Ce mot eft compofé du mot afje j & delà par-
ticule des ; comme qui diroit mauvais afire.
ifF DESASTREUX ,EusE.adi. Funefte, malheureut.'
Injelix , calamitofus ,funefius. Ce mot eft vieux , dC
n'a plus d'ufage dans le langage ordinaire : mais il
s'emploie avec grâce en Poche & dans le ftyle fou-
tenu. O nuit defafireufe 1 ô nuit effroyable , où re-
tentir tout-à-coup comme un éclat de tonnerre, cette
étonnante nouvelle , Madame fe meurt , Madame
eft morte ! Bossuet. Le Gentilhomme crut qu'il n'y
avoit plus rien à attendre pour lui qu'une mon def-
afireufe &C un malheur éternel. Bouii. Xav. Liv,
III.
DÉSATREMPÉ j ée. adj. Vieux mot, qui fignifie excef
fif , démefuré: Douaire défatrempé.
Cemot vient ^atrempence,(\\.\\ fignifie modération^
2.\n[\ dcfatrcmpé vtnz àiïQ , qui n'a point d'atrcm-
pence, de modération, qui pafFe les bornes.
DES ATRISTER. v. a. Dilliper la triftelFe. Elle met tous
fes foins à le défatrifier. Poème de Cartouche. L'auto-
rité n'eft pas bien refpeélable.
DÉSATTELER. Voye-{ DETELER.
DÉSAVANCER. v. n. Reculer. Rcgredi , retrogredt.
Vieux mot.
ce? DÉSAVANTAGE, f. m. Dommage , préjudice.
Damnum , detrimentum. Un Magiftrat ne doit fea
faire au défavantage du peuple. L'affaire s'eft paflee
i à mon defuyantage.
a6o DES
^fT Ce mot exprime fouventce qu'on a cîe moins
qu'un autre, en quelque matière que ce fou j & fe
dit également dss chofes &c des perfonnes. Incom-
modum. L'Infanterie a du défavancage en rafe cam-
pagne contrela Cavalerie. On ne peut combattre con-
tre les gens rétranchés fans défavantagc. Ils furent
vaincus par le défavantagc du lieu. Ablanc. Locï
inïquitas. Il a eu du défavantagc dans le com
bac.
DÉSAVANTAGE, fe dit aufîî de la privation d'un bien
auquel on auroit eu droit de prétendre. La donation
qu'on fait à un aîné elt un dcfavantage pour les ca-
dets.
DÉSAVANTAGER, v. a. Caufer de la perte , du dom-
mage , ôter à quelqu'un ce qui lui appartient. De-
trimcntum , damnum parère j ajferre ^ injcrre. Ce
père a défavantagé tous fes enfans pour avanta
ger l'aîné. Hors de là , il n'eft point en ufage ,
&c dans cette acception là même j il ne vaut
rien.
^ DESAVANTAGEUSEMENT. adv. D'une ma-
nière défavanrageufe. Penfer , juger défavantageu-
fcment de quelqu'un. Inique. Il s'eft marié défavan-
taaeufemcnt.
CCF'^ DES AVANTAGEUX, euse. adj. Qui caufe ou
peut caufer du défavantagc, du dommage. Incommo-
dus j damnofus , detrhncntofus. Il a fait un mariage
ridicule & défavantageux. La claufe inférée dans Ion
contrat de mariage eft defavantageufe. Tenir de
quelqu'un des difcours défavantageux.
fCF A l'armée on appelle un polie défavantageux,
locus iniquus ^ un pofte incommode par fa litua-
tion j & où il eft difficile que des troupes puilFent
fe défendre.
DÉSAVEU, f. m. Dénégation. Negatio, infidatio. Il
eft honteux de faire un défaveu de tout ce qu'on a
dit. Je déclare que mon défaveu n'étoit pas lincère ,
& que c'étoit un alTuJettiirement volontaire de mes
fentiments à ceux de, &c. S. EvR.
DÉSAVEU, eft aulîî un remède aux engagemens ou
l'on fe trouve par la fiute d'un Procureur qui a
abufé de fon pouvoir j c'eft la déclaration que fait
la partie pour laquelle il a occupé , de défavouer ,
de ne pas redifier ce qu'il a fait. Improhatio. Il a
fait un défaveu formel de toute cette procédure : il
faut inftruire ce défaveu. Matière fu)ette à déjaveu.
Patru. Le défaveu ne fe forme que pour des cau-
fes importantes j comme lorfque les Procureurs ont
excédé les termes de leurs pouvoirs.
DÉSAVEU j fe dit auffide la dénégation formelle & ex-
pretfe , que fait le nouveau valFal , de faire la foi
& hommage à fon Seigneur J déniant que fon fief
relevé du fief dominant pollédé parle Seigneur fu
périeur , foit en s'avouant valfal d'un autre Seigneur
foit en foutenant qu'il polfede fon fief en franc aiexi;
ce qui donne lieu à la commife. Voye^ Commise.
DÉSAVEU , fe dit figurément des adions , des change-
mens de conduite par lefquels on femble défaprou-
ver & défavouer celle qu'on avoir tenue auparavant.
La vie que mène aujourd'hui ce fiint homme eft un
défaveu bien formel & bien édifiant des défordres
de fa jeunelîe.
Depuis ce temps heureux , infidèle à ta gloire
On a vu contre toi s'irriter la vicloire ,
Et par le défaveu de fes premiers bienfaits ,
Se venger des honneurs que tu rends à la paix.
Nouv. CHOIX DE Vers.
DÉSAVEUGLER. v. a. Faire von- clair. On ne le dit
point au propre. Au figuré , où il eft d'un ufnge affez
rare, il fi^nifie tirer quelqu'un de l'aveuglement,
lui ouvrir les yeux , le défabufer,le détromper d'une
erreur.
fCJ" DÉsAVEUGLÉ , ÉE. part.
'Xçr DESAVOUER, v.a. Nier d'avoir dit ou fait queh
que chofe. Negare , inficiari , diffiteri. Il a défavoué
toutes les injures qu'on l'accufoit d'avoir dires. Vous
aveztenijtelpropos J vous ne pouvez \q défavouer.
DES
ifT DÉSAVOUER, ne pas reconnoître pour fien. Dif-
fiteri. Un Auteur dejavoue fon ouvrage. Diffiteri
opus. Un père défavoué fon entant. Je vous défavoué
pour mon parent.
1^ En Juriiprudence féodale , un vaflal défa-
voué fon Seigneur , en dénianc que ion fief relève
du fief dominant polfédé par le Seigneur , ou en
s'avouant valfal d'un autre Seigneur , ou en foute-
nant qu'il polléde fon fief en tranc-aleu.
§3" En terme de Pratique , défavouer un Procu-
reur , défavouer a c\\x\S. 2. fait, ce qu'il a dit, c'eft
refufer de ratifier ce qu'il a fait ou dit, en déclarant
qu'il a agi (ans ordre , & contre l'intention de celui
au nom duquel il agiftoit. improbare. On peut déf-
avouer un Procureur qui a excédé fes pouvoirs. Il
faut qu'un Procureur ait un pouvoir Ipécial pour
interjeter un appel, autrement il peut être déf-
avoué.
^fj Un Souverain défavoué de même fon Am-
baftadeur , défavoué ce qu'il a fait , en déclarant que
ce qu'il a fait en fon nom a été fait fans Ion ordre &
contre fon intention.
Du Cange dérive ce mot de deadvocare , qu'on a
dit dans la balFe Latinité en la même fignifica-
tion.
DÉSAVOUÉ, ÉE. part.
DESAUTORISER, v. a. Oter l'aïuorité : le pouvoir.
Après la mort de Monfieur le Cardinal de Bourbon ,
les Seize ne celfoient de jour à autre de faire des
requêtes pour ailembler les Etats , afin d'élire un
Roi Catholique & d'exterminer le Roi de Navarre
& fes Seélaires. Ils ont veillé inceftanmient contre
les Hérétiques & les Politiques:ilsles ontdéfarmés,
emprifonnés & défautorifs ; le tout par le comman-
dement des Princes & des Magiftrats. Dial. du Ma-
hcutre & du Manant-^ p. 464. & 46 f. du troi-
fième tome 'de la Sat. Menip. Ce mot n'eft plus d'u-
fage.
DESBAIL. Voyei DEBAIL.
DESBAUCHE. Voyei DEBAUCHE.
DESBAUCHER. i^oyci DEBAUCHER.
DESBAUCHÈ. Foye^i DEBAUCHE.
DESBAUCHEUR. Voye^ DEBAUCHEUR.
DESBOURBER. Foye^ DEBOURBER.
DESBRAILLER. Voye-^ DEBRAILLER.
DESBUCHER. Foye? DÉBUCHER.
DESCALANGÉ. adj. Vieux mot. Bcre! dit que, félon
Ragueau , il fignifie qui eft hors de prifon , mais
qu'il croit qu'il veut dire , rétabli en fon honneur ,
quand celui quia noirci un homme par quelque
accufttion , fe trouve oblige de fe dédire , & de
déclarer qu'il le reconnoît pour un homme de
bien.
DESCEINT y ou DESCEINCT , te. adj. Vieux mot.
Difcinclus ^ a , um. Le bon Roi Saint Louis partit
dudit bois de Vincennes, nuds pieds & û'ç/tw;; en
fa pure cote , & fes trois frères... & apportèrent
ladite fainte Couronne honorablement à grande
compagnie du Clergé , du peuple , &: de gens de
religion en procellion , faifant grandes mélodies j
&c. Anonym. Fie de Saint Louis.
DESCELLER, v. a. Oter le fceau de quelque adte, ou
titre. Sigillum refgnare.
Desceller , fignifie aulïï , détacher ce qui eft fcellé en
plâtre. Obfemtum gypfo ferrum detrahere. \\ a fallu
defeller cette gâche , ces gonds , les fiches qui te-
noientce tableau.
DESCELLER. Découvrir. Foy. Déceler.
Descellé , ée. part. ^
Ip- DESCENDANCE, f. f. Extradion. Suite de gé-
nérations relarives à une fouche commune. Genus _,
orioo. Un tel prétend être de telle race; mais il ne
faïuoit prouver fa defcendance. Les Evangéliftes rap-
portent la defcendance de J. C. depuis Abraham.
Foyc-, Descendre , en termes de généalogie.
DESCENDANT , ante. adj. & f. Qui de'cend Def
cendens.Ce mot fe dit proprement de tout ce qui
tombe ou fe meut de haut en bas.
En Aftronomie , les fignes afcendans font ceux
DES
par lefiuels le fobil paroîc monrer , & les figues
defcendjtns , ceux par lelquels il paroîc deicendre.
Il y a des aftres afcendans , & des defcendans ^ des
degrés du ciel afcendans & defcendans. Latitude def-
cendante fe du de la latitude d'une planète qui re-
vient des pôiesà l'écliptique. Sur la rivière il y a des
bateaux moutans , & d'autres defcendans , qui vont
luivanc ou contre le cours de l'eau.
H y a des veines afcendantes & défendantes qui
fortent de la veine cave. Il y a aulH des artères af-
cendantes & défendantes. L'aorte défendante , avant
que de fortir de la poitrine , produit les intercolta-
les inférieures j elle jette encore l'artère phiénique ,
elle perce enfuite le diaphragme j & le diftribue
dans le bas- ventre. On nomme aujourd'hui veine
cave afcendante , à caufe de la fonction , ce que
l'on nommoit autrefois veine cave défendante. Dio-
■ NIS.
DESCENDANT. Terme de Généalogie , relatif àafen-
dant. Se dit au figuré de celui qui elt illu d'un autre,
qui tire fon origine d'une perfonne , d'une race. On
ne le dit guère qu'au pluriel. Le mariage elt détendu
entre tous les afcendans Se defendans en ligne di-
rede. Adam a infecté tous fes defcendans du péché
originel. Les defcendans âss frères delà Pucelle d'Or-
léans ont été confirmés dans l'exemption des tailles
par le règlement de l'année 1^34. Alors il eil lubl-
tantif.
§C? La ligne défendante , en Généalogie , figni-
fie la poftérité de quelqu'un. PojUri. La ligne afcen-
dante J fes ancêtres. Majores.
DESCENDEMENT. f. m. Terme de Coutumes. Suc-
ceiîîon de père en fils a l'infini , fuccelfion de père
&c mère en ligne defcendante. Dejcendement n e'i
quand l'hérirage dcfccnd depère asenfans ,oud'ayol
a-enfansde fes entans.DE Beauman.
Ce mot de defcendement vient de defcenfus & def
cendere , parce que la fucceflîon qu'il lignifie le fait
en ligne defcendante.
DESCENDRE, v. n. Aller de haut en bas , être porté,
faire un mouvement d'un lieu fupérieur vers un
inférieur. Defendere. L'eau défend naturellement,
& ne monte que par violence. Les aftres montent
jufqu'au zénith j ou au méridien , & défendent ']i\C-
qu'au nadir. Jacob vit monter & defceidre les An-
ges le long d'une échelle- Depuis les Alpes jufqu'à la
mer on va toujours en défendant. De fendre d'un ar-
bre j d'une montagne dans la plaine, de la cham-
bre dans la cuifine , dans la cave. C'eft en ce fens
qu'on dit J. C défendit dn ciel en terre , qu'il def-
cendit aux enfers , que le Saint Efprit défendit fur
les Apôtres en forme de langues de feu. Selon la
fable ,Herciile , Enée , Orphée défendirent dans
les enfers.
tfT Descendre , fe dit généralement de tout ce qui
tend ou eft porté de haut en bas. Defcrri , devehi j
defiuere. Les chofes pefanres défendent nécelfiire-
ment en bas. Dejern. Les rivières vont toujours en
défendant depuis leur fource. Les bateaux qui def
cendent.
$fZr Descendre , fe dit encore de ce qui va de haut en
bas. Les foutanelles ne défendent que jufqu'aux ge-
noux, les foutanes défendent jufqu'aux talons. Def
cendere , defluere.
■fer Descendre , en Jurifprudence, fignifie fetranf-
porter fur les lieux contentieux pour en faire lavifite.
Defendere in aliquern locum ,deferri. Il a été ordonné
qu'un telConfeiller defcendroit fur les lieux j pour
en connoître l'état , & rendre en confcquence fon
jugement. La julticea </e/cd:«i« dans tel endroit; les
Magiftrats s'y font tranfportés pour quelque opé-
ration.
ffT Descendre , en termes de guerre, fignifie faire
une irruption dans un pays à main armée, par mer,
& même une irruption par terre , quand on vient
d'unpaysqui ell: regardé comme plus élevé. Les Hol-
landois n'ont jamais o(é défendre en France. LesSar-
raUns ^/e/ce/zt/^re/zf enEfpagne. LesGoths , les Lom-
bards défendirent en Italie, \numpere.
DES z6i
^ ^ O" tlit figurémenc en mufique , défendre
d'un ton, pour bailler d'un ton; faire fuccéder les
fons de l'aigu au grave, ou du haut au bas. Vocem.
remittere.
^fT Descendre, fe dit quelquefois avec le régime
d'un verbe aétit. Défendre une montagne , les de-
grés quatre à quatre. Les bateaux défendent la ri-
vière.
§C? 0\\ dit , ep termes de guerre , Defcendre la
garde, par oppofition à monter , qu'on dit quand
on la pôle. Ab excubiis difedere^ de ftatione d: fédère.
On du de même que les troupes défendent la tran-
chée, pour dire qu'elles en fortent , qu'elles font re-
levées par d'autres. Voye\ Garde , Tranchée.
Quelquefois dtfendre ell effedivement aCtif & fi-
gnifie la même chofe qu'abailfer , ôter d'un lieu
haut , mettre plus \id.i.Dcnnttere. Défendre un chau-
dron d'un cran -.défendre une tapiirerie, une lampe^
une châlfe. Jofeph fut défendu dans un puits. Les
Tonneliers defenda.t le vin à la cave. On fut obligé
de le défendre de cheval.
'ifT Descendre , fe dir aulfi en parlant du relâche-
ment des cordes des inftrumens. Zij.varc, remittere.
Il fau: défendre ce luth d'un ton.
Descendre, en termes de Marine , fe dit des chofes
& des perfonnes. Défendre un vallfeau d'une ri-
vière , d'un port , c'eit le faire fortir de la rivière ,
ou du port. Défendre quelqu'un à terre , fe dit lorf-
qu'on mer à terre quelqu'un de ceux qui étoienrdans
le vaifièau , foit qu'il y confente , ou qu'il le de-
mande, foie que ce foit malgré lui. Interram ex~
ponere.
'l& Descendre , fe dit dans un fens moral pour s'a-
bailTer jufqu'à la familiarité ou jufqu'au niveau de
ceux qui font placés au delîous de nous , s'accom-
moder J fe prêter à leur ficuation. Demittere , de-
primcrc fe , defendere ad aliquid. Les Rois défen-
dent (\L\Q\:\\\'iÇo\s du Trône , &c quittent leur Majefté
pour fe familiarifer avec leurs Sujets. Dans l'amitié ,
celui que la fortune a le mieux traité doit défen-
dre par fes avances. Louis XI avoir un efpiic éga-
lement capable de défendre aux bagatelles , & de
s'élever aux plus grandes chofes. Var. De ces im-
portantes occupations, elle û'e/cdwrf humainement
dans le plaifir de nos fpeétacles. Mol. Les gens fé-
rieux , & qui ne c/e/ce«i/tv,Y jamais de leur gravité ,
font très incom.modes à ceux qui veulent '0 livrera
la joie. Bell. C'eft quelquefois déchoir ci un ran^^
élevé , d'une fortune brillar«te. Quand on a été élevé
aune charge éminence, il faut craindre de t/e/Ze/z-
dre. Corneille a dit en parlant des grancieurs ,
Et monté fur le faite j il afpii'e à defcendre.
\fT J^oye\ au mot afpirer les remarques fur ce
beau vers.
, %fT On dit encore figurément defcendre dans le
particulier , dans le détail dune affaire, en exami-
ner , en rapporter les particularités , les circonf-
tances.
Descendre , en termes de Généalogie fignifie, être
né ou ilîli d'un père commun par une fuite de gé-
nérations ; tirer fon origine. Genus , originem du-
cere , trahere ab aliquo. La vérité eft que nous def-
cendans tous du premier père Adam. Notre-Seigifeuc
défendait des Rois de Juda , il étoit de la lignée
de David. Cet homme eft défendu en ligne di-
recte , en ligne collatérale des anciens Roisde Caf-
tille. On le dit aulfi des peuples. Nicole Gilles veut
que les François foient défendus des Troyens ; les
autres , des anciens Allemands. Avec un peu d'ar-
gent on défend d'où l'on veut.
Descendu, ue. part. Il a la fignification de fon *-erbe
dans l'une & dans l'autre langue.
DHSCENGLER. v. a. Voye^ Dessangler.
DESCENSION. f. f. Terme d'Aftronomie.La defen-
fon d'un figne , eft l'arc de l'Equateur qui defcend
a''ec ce figne au deflous de l'horifon de la iphère
droite. Defenfw. La dcfenfon oliUque , efVr.iri do
^6i
DES
l'Equateur qui defcend avec ce figne aii-defiTous de
J'horifon de la fphère oblique ; ou c'eft le temps que
«:e figne emploie .1 £e coucher dansla Iphère oblique.
Les dejcenjions droites & obliques fe comptent de-
puis Ariès , ou depuis la feclion vetnale , lelon l'or-
dre des figues , c'el't-à-dire , vers l'Orient , & comme
elles font inégales ,lorfqu'elles répondent à des arcs
égaux de l'Ecliptique , par exemple , aux douze
fîgnes du Zodiaque , il elt nécelFaire que quelque-
fois une^plus grande partie de l'Equateur monte ou
defcendeavec un figne , & alors ce figne eftdit mon-
ter ou delcendre droit. Quelquefois une plus petite
partie de l'Equateur monte ou defcend avec un fi-
gne, & alors ce iîgne eft dit monter ou defcendre
obliquement. Ozanam.
|Cr DESCENSIONEL. adj. Terme d'Aftronomie.
Différence defcenfionelle , efl la différence entre la
defcenfion droite & la defcenfion oblique d'une mê-
me étoile , ou d'un même point des cieux. Voyei
Descénsion.
|Cr DESCENTE, f.f. Ce mot^fignifie en général un
mouvement de haut en bas^l'adion pat laquelle on
defcend. Defcenjus j dejcenjio. La defcente du Saint
Efprit fur les Apôtres. La defcente de Notre-Sei-
gneur aux enfers.
A LA DESCENTE , façou de parler dont on fe fert j
pour dire, dans le temps qu'on defcend. Aller rece-
voir quelqu'un à la defceme du coche. Donner la
main à quelqu'un à la defcente d'un efcalier.
^C? Descente , fe dit encore de l'atSlion d'abailTer ,
deRiettreplusbas. De/?2i//?o. C'eft dans ce fens qu'on
dit la defcente de la châlfe fainte Geneviève.
1^ Termes d'imager, on appelle defcente de
croix , une eftampe qui repréfente Notre-Seigneur
qu'on détache , qu'on defcend de la croix. Imago
defcenfum Chriftï de cruce reprefentans. Il y a dan
cette Eglife une belle defcente de croix.
Descente, fe die aulîî du penchant, du lieu incliné
par lequel on àQ^csnà. Dedivitas ^clivus.lX ne faut
pas pouffer fon cheval à la defcente d'une montagne.
Cette defcente e(l trop rude , trop roide j n'a pas
alFez de penchant,
fer Descente ou chute j terme de Méch.anique , mou-
vement ou tendance d'un corps vers la terre , foit
diredement , foit obliquement. On a beaucoup dif-
puté fur la defcente des corps pefans. Le mouvement
des corps graves augmente dans leur defcente. Le
célèbre Galilée a déterminé les loix de la defcente
des corps. Voyei Pefanteur , Accélération &
vement.
|Cr Descente , en Jurîfprudence , fe dit du tranf-
port du Juge fur les lieux contentieux , pour en faire
la vifite & en connoître l'état. Defcenfus , defcenfio.
Le juge ordonne & fait la defcente fur les lieux ,
quand il y a néceilîté de dreffer procès-verbal de
l'érat des chofes, d'entendre les conteftations des
parties, & de leur en accorder a6te. Mais j par l'Or-
donnance de \GG-] y titre XXI , art. I, il eft dé-
fendu d'ordonner aucune defcente , quand il n'échet
qu'un fimple rapport d'Experts. Les Experts ont fait
leur rapport de la defcente &c vifitation d'une telle
terre. On dit aufiî à un ami de campagne ; nous
irons un de ces jours faire une defcente chez vous j
pour dire, nous irons vous vifiter.
Descente, en termes de guerre j fignifie l'irruption
des ennemis parterre ou par mer, Irruptio. La def-
cente d'Annibal en Italie penfa ruiner les Romains.
Une telle côte eft dégarnie 5c fujette aux defcen-
te s.
Descente j en termes de Guerre , fedit auffi des fip-
pes, taillades, ou enfoncemens qu'on fait dans les
terres de la contrefcarpe au-delTous du chemin cou-
vert j pour entrer dans le folTé d'une place , qu'on
poulTe jufqu'à fleur d'eau, ou jufqu'au foads'il eft
fec. Suffoffio.
Descente. Terme de Commerce. On appelle à Bour-
deaux & à Blaye , barques de defcente, les barques
chargées de Marcbandifes qui defcendent la Ci-
toada.
DES
Descente , fe dît en Chirurgie d'une maladie qu oa
appelle autrement hernie j ou rupture , qui n'elt au-
tre chofequele déplacement des boyaux, une aef-
cente de l'épiploon ou du boyau dans le fcrotum.
Procidentia. Cet entant a une defcente qui l'obligera
à porter un brayer toute fa vie.
C'eft une erreur de croire que les hernies , ou
defcentes foient des maladies nouvelles , & , li l'on
entend dire communément qu'elles étoient autre-
fois inconnues , & que ce n'elt que depuis quelques
années qu'on voit tant de gens en être afflig.ésj ce
n'eft pas qu'elles ne fulTent connues du Chiruigien;
mais c'eft qu'on prenoit alors foin de les cacher ,
& que la plupart de ceux qui avoient des defcentes
n'en informoient perfonne. Dionis. Voy. HERNIE,
c'eft la même chofe. Le nom de defcente eft le plus
commun, & le plus connu de tout le monde j le
nom d'hernie eft un terme d'art. On dit aulîi une
defcente de matrice, c'eft une incommodité qui ar-
rive aux femmes, lorfque le fond de la matrice
defcendant de fa place tombe dans le vagin, f^oy.
M. Dionis des Opérations de Chirurgie.
En Architedure on ^^^eWe defcente , les tuyaux
de plomb qui font appliqués le long des murs pour
porter les eaux depuis les cuvettes des goutières
jufqu'en bas, FifuU. On appelle en Architeélure j
defcente la rampe d'un efcalier, & la voûte qui cou-
vre cette rampe. ZJe/à'/z^ebiaife j eft celle qui eft
de côté dans le mur , & dont les piédroits d'entrée
ne font pasd'équerre avvec les murs de face.
Descente , en rermes de Fauconnerie , fe dit de l'oî-
feau qui fond fur le gibier avec impétuofité pour
l'aftommer : ce qu'on appelle_/o«c/re en randon. Ad
ima ex juhlimi volatus priceps. Quelquefois la dej~
cente de l'oifeau fe fait doucemenr ; lorfqu'il fe lai (Te
aller en bas : ce qu'on appelle limplement fondre
ou filer.
Descente. Terme de Gabelles. C'eft l'arrivée du fel &
de la décharge pour les mettre dans les greniers. Il
y a des Commilfaires aux defcentes.
On dit ptoverbialement de ceux qui s'étoient éle-
vés tout d'un coup , & à qui il arrive quelque dé-
faftre '• à grande montée, grande defcente.
DESCHAÎNEMENT. Foxei DÉCHAÎNEMENT.
DESCHAÎNER. Voye^ DÉCHAÎNER.
DESCHARGE. VoyeT^ DÉCHARGE.
DESCHARGEMENT. Voye^ DÉCHARGEMENT.
DESCHARGER. Voye^ DECHARGER.
mou- DESCHARGEUR. Voye-^ DECHARGEUR.
DESCHAUMER. Voye^ DÉCHAUMER.
DESCHAUSSEMENT. Foyei DÉCHAUSSEMENT.
DESCHAUSSER. Voye^ DECHAUSSER.
DESCHAUSSOIR. Voyei DÉCHAUSSOIR.
DESCHAUSSURE. Voyei^ DÉCHAUSSURE.
DESCHAUX. Foyei DÉCHAUX.
DESCINTROIR. 'Voye^ DÉCINTROIR.
DESCIQUA, adv. Vieux mot, qui fignifie Jufques i^
fuivanc cet exemple :
Treftot l'aporfendu defclquà la corde.
DESCOMPT. Foyex DÉCOMPT.
DESCONFÈS- Foyei DÉCONFÈS.
DESCORD. {. m. Vieux mot. Débat , conteftatioitî
Difcors lui a fuccedc , &c eft feul en ufage.
A DESCOUVERT. Foye^ A DÉCOUVERT.
DESCOUVERTE, /^oye^ DÉCOUVERTE.
DESCOUVRANCE. f. f. Vieux mot. En defcouvrance^
à découvert. In aperto j palàm.
Et mit en defcouvrance
Du corps mué la trifîe dcmonftrance, Marot,
DESCOUVRIR. Foyei DÉCOUVRIR.
DESCRIER. Foye^ DÉCRIER.
DESCRIPTION, f. f. Seconde ou troifième copie i
&c. Defcriptio. Voilà la troifième defcription que j«
fais faire de cette pièce, & elle n'eft pas encore
correde. Dans ce fens ec mot n'eft pas François»
DÈS
Description, Cgnifis une peinture , une repréfenta-
tion au naturel par des figures ^ par le difcours. Def-
cripùo. Les Poètes font des dejcriptions fleuries des
campagnes , des batailles j des perlbnnes pallion-
nées. On fait le portrait j la dejlription d'un homme,
€n repréfentant fa taille , fon poil, fes traits de vi-
fage, (es geftes , fes manières d'agir. Il n'en a fait
la' defcripdon qu'en gros. On a fiit la dcfcription du
partage du Rhin. Il faut que l'Hiftorien fâche pein-
dre avec art , & faire des defcripdons vives Se relfem-
biantes. Vert.
Soyei riche & pompeux dans vos defcriptions
C'ejl-là qu'il faut du vers étaler l' élégance ,
N'y préjente\ jamais de èajfe circonflance.
BoiLEAU
|CF II y aplufieurs fortesde defcriptions : celles
des chofes •, comme d'un combat j d'une tempête ,
d'une incendie , & celles des temps. P^oy. Chrono
GRAPHIE. Celle des lieux, f^'oy. Topographie. Celle
des perfonnes. f^oy. Portrait.
Description , fe dit aulli d'une définition fuperficielle
ôc imparfaite , qui donne feulement quelque con-
noiffance de la chofe par les accidens qui lui font
propres , & qui la déterminent alfez pour en donner
quelque idée qui la difcerne des autres ] fans pour-
tant en expliquer la nature. Log.
ItJ' Description d'une plante. Terme de Botanique.
Dejiriptio pLintA. Expofition détaillée de la forme
de toutes fes parties , racines , tiges, feuilles, fleurs,
&c.
§C? Les Grammairiens fe contentent des defcrip-
tions. Il faut aux Philofophes des définitions. Foy.
ce mot.
Description , fignifie aulîi dénombrement rédigé par
écrit de quelque choie. Defcriptio. CéfarAugufte
ordonna qu'on ï\i\-x dcfcription , le dénombrement
de tout le genre humain , au temps de la nailfance
du Meiîie. Quand on lève un fcellé , on fait inven-
taire & dcfcription des meubles &: papiers qui fe
trouvent fous le fcellé.
DESCRIRE. Voyei DECRIRE.
DESCROIS. Vieux terme de Maririe , qui fignifie dé-
troit, Fretum. Ainfl quelques Auteurs ont dit déferais
de Maroc ; pour dire , le détroit de Gibraltar.
t3ESCRUER. Voyei DÉCRUER.
DESDAIGNER. Foyq. DEDAIGNER.
DESDAIGNEUR. Voyei DÉDAIGNEUR.
DESDAIGNEUX. Voye^^ DÉDAIGNEUX.
DESDAIGNEUSEMENT. Foyer DEDAIGNEUSE-
MENT.
DESDAIN. Voye-( DÉDAIN.
DESDIRE. Foyef DÉDIRE.
DESDIT. Foyei DÉDIT.
DE.SEMBALLAGE. f m. Ouverture d'une caiffe , ou
d'un ballot , en coupant les cordes & la toile d'em-
ballage.
DÉSEMBALLER. v. a. Défaire une balle , & en tirer
ce qui étoit emballé. Mercium fafccm , fartinam fol-
vere , dijjolvere , expUcare. Il faut défemballer ces
Matchandifes. Pomey , Danet. On dit alilîî débal-
ler.
^fT Désemballé, ée. part.
DÉSEMBARGADOR.f m. Ce mot efl: purement Por-
tugais. Nos Gazettes s'en fervent fouvent en parlant
des affaires de Portugal , & le tranfportent dans
notre langue. C'eft le nom d'un Officier de robe. Un
Juge.
DÉSEMBARQUEMENT. f. m. Adtion de défembar-
quer. Exfcenfus , exfcenflo.
|Cr DÉSEMBARQUER. v. a. Terme de Marine. Tirer
hors du vailleau des raarchandifes ou des rroupes
qu'on y avoir embarquées , avant que le vailfeau
foit parti , ou avant qu'il foit arrivé au lieu de fa
deftination, foit par le mauvais rempsj foit par
quelqu autre raifon. Exfcenfionem facere in terram ,
interramegredi ^ copias in terram exponere.'On s'ap-
D E ^
té^
perçut en levant les ancres , que le navire faifoif
eau , il a fallu tout défembarquer.
|p° Corneille prétend que ce mot ne fe dit guèrô
& que débarquer eft meilleur : mais il a tort de re-
garder ces deux verbes comme fynonymes. £)e^ar-
quer^Q dit en parlant d'un vailfeau qui eH arrivé au
lieu de fa dertination, & défembarquer &n y^^xXznt
d'un vailfeau qui n'eft pas encore parti j ou qui eft
en route j & dont on ell obligé j par quelque cir-
conflance particulière, de tirer les troupes ou le?
marchandifes. :i
Desembarqué j ée. part.
DESEMBARR ASER. v. a. Oter l'embarras , moins eil
ulage que debarra^er. Notre langue aime particu-
lièrement la netteté , & à exprimer les chofes autant
qu'il fe peut dans l'ordre le plus naturel & le plus
défembarraffé , quoiqu'en mêmetempselle ne cède i
aucune en beauté ni en élégance. Gramm. générale
& ra/fonnée.
I^J" Desembarrassé , Ée. part.
IfT DÉSEMBOCADERO. Les Efpagnols donnent ce
nom, qui lignifie débouchement, au détroit dô
Bahama, qui eft entre l'île Bahama& la Floride j
parce qu'ils dcbouquent par là pour venir de U
nouvelle Efpagne en Europe.
DÉSEMBOURBER. y. a. Tirer hors de la bourbe. E
cœno extrahere. Défembourber un carrollc j défem-
bourber un bateau.
DÉjEMBÛURBÉ , ÉE. part.
DESEMBOURRER. V. a. Oter la bourre. Cette chaifô
eft trop dure, elle a befoin d'être défembourrée
DÉSEMMANCHER. v. a. Oter le manche , de quel-
que inftrument. Ondit pluscommunément & mieu.'C
démancher.
DÉSEMPAREMENT. f. m. L'adion de défemparer*
PoMEY. Cejfio , decejfio.
DÉSEMPARER, v. a. Quitter abandonner le lieu oii
l'on eft. Ccdere , excedere , difcedere. Depuis un an
il n'a pas dcfcmparc la ville. Il eft plus fouvent neu-
tre. Il faut qu'une fencinelle fe trouve en fon pofte
& n'en défempare point qu'on ne la relève.
DÉSEMPARER, cu temies de Marine , c'eft mettre un
vailfeau en défordre , le démâter , ruiner fes ma-
nœuvres , &: lui ôter fes agrès , enforre qu'il foit
hors Aq kïs'xztk Naveminftruclufuo nudare. Il eue
rrois vaifleaux défemparcs dans ce combat, qui fu-
rent obligés de fe retirer pour le radoub. Dans la
vivacité de ce combat le Navire de M. deChame-
lin fut 11 difemparé , ôc perdit tant de monde , qu'il
fut obligé de fortir de la ligne pour fe radouber. M;
LE Comte de Toulouse.
DÉSEMPARÉ, ée. part. Vailfeau défempare qui a perdit
fes agrès , manœuvres , &c,
DÉSEMPENNÉ , ée. part, du verbe défempenner qui
n'eft plus en ulage. ilèche , ou matras dégarni dû
plumes. Sagitta pennis exarinata. Il n'eft en ufagé
qu'en cette phrafe proverbiale. Il s'en va comme un
trait déjempenné , c'eft-à-dire , fans avoir les chofes
nécelTaires pour fe conduire en un voyage & , pouf
réulîiren une affaire. Deftituius.
DESEMPESER, v. a. Mettre tremper du linge dans de
l'eau pour en f\ire fortir l'empois. Linteum amylg
rigens aquâ dijfolvere.
IJC? DÉSEMPESÉ, ÉE, part.
DÉSEMPLIR , ou dej'emplir. v. a. Vider en partie ce
quieftplein, faire qu'une chofe qui étoit pleine le
foit moins. Z^e/'/ce. Ondéjemplit une cornemufe^
quand on en fait fortir le vent. On défemplit une
cuve , à mefure qu'on en rire le vin. On l'a faignéj
pour lui defemplir les vaifTeaux.
§C?' DÉSEMPLiaeft aulll neutre. Sa maifon ne défemplit
point de monde. Sa cour ne défemplit point de car-
rolîes.
|K? Il eft auflî réciproque. Sa bourfe fe défemplit.
Ce canal fe défemplit tous les jours j devient moins
plein.
Desempli , ie. part.
DESEMPLOTOIK, (. m. Terme de Fauconnerie. Ceft
un fer avec lequel on tire -de la muletce des oifeaax
z64 D E P
de proie, la viande qu'ils ne peuvent digérer.
DEiiEMi-'RISONNER. v. a. que l'on prononce aufli
ians accent fur la première lyllabe. Faite lortir de
prilon. Aliquem e carcere educere j emhurc, eripere.
On avoir emprilonné cet homme pour un autre j le
Sergent eft venu en même- temps le dejkinpnjonner:^
il n'a point fallu de jugement pour le dèjcmpnjon-
ncr 3 pour le tirer de prifon. Ce mot ne fe dix guère.
DÉSEN AMOURE , ée. adj. qui n'ell plus amoureux ,
qui a renoncé à l'amour , qui a rompu fes chaînes ,
& repris fa liberté. Molière s'efl: fervi de ce mot^
mais perfonne ne l'a dit aptes lui. •
Mais eji-ce un coup bien fur que votre Seigneurie
Soie défenamouree j ou Je c cjl raillerie^
Mol. Dépit amoureux.
DÉSENCHAÎNER & fe DÉSENCHAÎNER, v. a.
Oter de la chaîne. Ce mot ne fe dit point j ou fe dit
peu. Déchaîner ert plus ufité.
DÉSENCHANTEMENT, f. m. L'adion dedéfenchan-
. ter.",FaJcini dtpuljlo , propulfado Jafiinationisfoludo,
dijfolutio. POMEY.
DÉSENCHANTER, v. a. Rompre l'enchantement.
Fafcinum ab aliquo dcpcUere , jafcinadone aliquem
liberare. Les Héros des anciens Romans étoient fou-
vent enchantés ,il fallcit qu'il arrivât quelque avan-
ture , ou quelque fameux Magicien pour les défen-
chanter. On le peut dire figurément de celui qu'on
a guéri d'une pallion qui le tenoit comme en -
chanté. On a tait connoître à cet homme fon
aveuglémentj& on WdeTenchanté Aq la folle paflion
qu'il avoit pour cette femme. Il a défenchanté \2.
Cour. Balz.
Mon ame révoltée ,
Crue pour jamais être défenchantée. Voit.
DESENCLOUER. v. a. Oter le clou qui tenoit une
chofe enclouée. Clavum eximere. Il eft bien difficile
de déjenclouer un canon pour le mettre en état de
fervir \ c'eft-à-dire , d'ôter le clou qui a été enfoncé
dans la lumière. On dit auflî ^^/Jc/oz^er un cheval j
lui ôter un clou qui le faifoit boiter.
Desencloué, Ée. part.
DESENCOMBRER, v. a. Vieux mot qui fignifîe , dé-
gager J délivrer , lever , ôter lesempêchemens. Puif-
que vous l'avez encombré , vous le devez défen-
combrer. Aisis.c. \6'Ù. Liberare , expedire , combros
removere.
Ce mot vient A' encombrer , vieux mot qui veut
dire, empêcher ^ embarrajfer, & de la particule c/f
qui a fouvent, en François, la force d'une négation
dans la compofition des mots.
DÉSENCROUTEMENT & ENCROUTEMENT,
f. m. Termes dogmatiques en ufage en fait de Phi-
lofophic Cartéfienne. Le fyftême des encroûtemens
& déjencroûtemens eft connu. Le P. Castel. f^oy.
encroûter & taches dufoleil.
DESENDORMIR, v. a. qui n'a d'ufage qu'au par-
ticipe, & en parlant d'un homme à demi éveillé.
Expergefacere aliquem. Il n'étoitpas encore bien dé-
fendormi. Ce mot n'eft pas d'ufage même au parti-
cipe.,
^fT DÉSENFLER, ou £/£/è/î/?er. v. a. Faire ceiïcr, ôter
ou diminuer l'enflure, rtt/nore/n difcutere , tollere,
vel minuere. Défenflcr une cornemufe , un balon.
ÇC? Il eft aulfi neutre , ceflTer d'être enflé , ou
l'être moins. Le ventre de cet hydropique eft bien
défenfîé , commence à fe défenflcr. Detumefcere.
Il eft aufli réciproque. Oh a arrêté fa fluxion j fa
joue fe défenfle,
DÉSENFLÉ , ÉE. part.
DESENFLTJRE. f. m. Ce mot fe trouve dans Pomey
& dans Danet . &i fignifie celfation ou diminution
d'enflure. Ce Malade eft défenflé . mais la défen-
flure nei\ pas complette. Ce mot fe trouve aulîî dans
le Didionnairede I'Acad. Fr. Il eft d'ailleurs auto-
rifé pa' l'ufage : & , quand bien même tout cela ne
D E P
feroit pas, il faudroit encore s'en fervir, puifqus
nous nenavonspoinc d'autre à lui fubftituer. Tumo-
ris folutio , vcl imminutio.
DESENGAGER , & fe DESENGAGER avec le pro-
nom perfonnel ^ font d'ulage dans le même fens
que défenrôler ik fe défentôler. On a defengagé ce
loldat \ Ion père Ta defengagé. Ce foldat s'eft defen-
gagé, moyennant trente piftoles. Il a eu fon congé.
On dit plus fouvent dégager.
DESENGRENER, v. a. Déga£;er des corps qui font
engrenés, dont les parties lont réciproquememenc
engagées les unes dans les autres. Extricare , expe-
dire. La rédftance que deux corps , qui frottent en-
femble , éprouvent mutuellement l'un de l'autre,
vient de ce que les parties qui hérifent leur furface,
doivent j fi elles font flexibles , fe plier ou fc cou-
cher , ou fi elles font dures , fe dégager & fe défen-
grener les unes de dedans les autres. Fonten. Aca-
démie des Se. ï6ç)C).p. 104.
^3" Désengrené, ée part.
DÉSENHEURER. v. a. Vieux mot. Rendre quelqu'ua
malheureux , lui ôter fon bonheur.
DÉSENIVRER. V. a. quife dit aulli avec le pronom
perfonnel. Faire palier l'ivrefle. Ebrietatem j crapu-
Lam difcutere. On nent que le thé , le tabac en fumée
défenivrcnt. On a de la peine à fe défenivrer, quand
l'ivrelFe vient de biere ou de cidre. Edormire crapu-
lam , ou vinum. Le peuple dit par corruption déjivrer
pour défenivrer.
]fT DÉSENIVRER eft aufii neutre. Cer homme ne <//-
fenivre pas j il eft toujours ivre.
Désenivré J ée. part,
DÉSENLACEMENT. L'adion de défenlacer.'PoMEr.
Laquei folutio j expUcatio.
DÉSENLACER. v. a. Tirer les lacets. Cet oifeau s'eft
défenlacé. Laqueum cxplicare , folvere. Pomey.
DÉSENNUYER. V. a. Chafler l'ennui j empêcher qu'on
ne trouve le temps trop long, par quelque divertif-
fement ou occupation. Alicujus animum reficere _, re-
creare , titdium levare. Un Auteur fe défsnnuie à com-
pofer fes ouvrages. On fe va défennuycr à la comé-
die , à la chalTe , à la promenade.
DÉSENNUYÉ , ÉE. part.
DÉSENRAYER. v. a. Oter la corde ou k chaîne de
fer qui empêche que la roue d'une voiture ne tourne
Déjenrayer une roue de carrofle ou de eharette. On
le dit aufli abfolument. Il faut défenrayer.
Désenrayé , Ée part.
DESENRHUMER, v. a. Faire ceifer le rhume. Aliquem
gravedine levare , liberare. Le miel de Narbonne eft
un remède qui défenrhume. On s'enrhume , & on fe
défenrhume facilement en cette faifon,, paflànt du
froid au chaud.
DÉsenrhumÉ , ée. part. A gravedine levauis ^ libera-
tus.
DÉSENROLEMENT. f. m. J'ai vu bien des gens em-
ployer ce fubftantif. Son défenrSlement lui coûtera.
Son defenrôlement n'ed pas aifé : il a afFaireà un Ca-
pitaine^quine lâche pas aifément prife.
DÈSENRÔLER. v. a. Donner cougé pour toujours.
Alicujus nomen ex albo niiUtum delere , expungere.
Défenrôler un foldat. Pomey. Danet.
DÉsenrÔler j avec le pronom perfonnel : k défenrôler.
% Il en a coûté à ce jeune homme cinquante piftoles
!' pour fe défenrôler. Il aura bien de la peine à fe défen-
' rôler.
DÉSENROUER. v,a. Guérir de Penroiiement. Rau-
citatem folvere , levare. Ce lirop défenroue. Se défen-
rouer.Raucedine levari. Il faut garder le lit j fe tenir
chaudement pour fe défenrouer.
DÉSENROUÉ , Ée. part. Raucitate levatus , folutus.
DESENSEIGNER. Faire le contraire d'enfeigner, ou
enfeigner quelque chofe de contraire à ce que l'on
avoit enfeigné. Pomey, Danet. Dedocere.
DÉSENSEVELIR. v. a. Oter ce qui tenoit un homme
enfeveli. Mortui corpus effodere. On a apperçu quel-
que mouvement à ce corps déjà enfeveli, il a fallu
le défenfevelir. On l' 3. def enfeveli ponz le faire vifirer
par des Médecins. ,
DÉSENSORCELER.
DES
DÉSENSORCELER, v. a. Oter le fort & le charme'
qui écoit jeté fur quelqu'un, guérir de l'enforcele-
ment. AliquemJ jjlinacione iiherard. Le peuple croit
que les Bergers &' les Sorciers enforcèlent & c/r^/è/z-
Jbrcèlenc les gensj comme il leur plaît. On le dit
quelquefois, au figuré, en parlant d'une pallîon vio-
lente. On croit que cette t^emme avoit enforcelé
ce jeune homme ^ mais enfin il eft guéri & d^fen-
forcclé.
Désensorcelé , ée. part.- A fafcinatione liberatus , fo-
luais.
DÉSENSORCELLEMENT. f. m. L'acStlon de défen-
forceler. Pomey. Fafdni depulfio , propulfatio^jaj-
dnationis folucio , dijjolutio.
|C? DESENTÊTER, v. a. Ce mot ne fe dit pas au
propre j pour due , guérir des vapeurs nuilibles que
cercaines chofes envoient à la tcte. Mais il eft en
ufage au moral , pour dire guérir quelqu'un de la
préoccupation , de la prévention où il elt pour une
perfonne j ou pour uns chofe , le tirer de l'entête
ment où il eft. Opinioncin , cciguatione/n aliquamali-
cui eximere. Enfin fes amis l'ont défentéte iIq cette
femrne qui le ruinoit. On ne i^t^ytJ/zKf^ guère les Hé-
rétiques de leurs faulIesopinions.il eft déjentaede
fa Noblelle. Ce mot n'eft propre que pourlacon-
verfation j &: pour le ftyle médiocre. Bouh.
DÉSENTÈrÉ, ée part. Dcpuljus ab aliquj opinione , co-
gkationc.
DÉSENTORTILLER. v. a. Dévider , défaire ce qui eft
entortillé. Explkare ^ revriver£. Selon que la parrie
de la corde d'une montre ou horloge à reftort j qui
fe dcfentonillc , eft appliquée à une plus grande
circonférence de cercle , elle ell à une plus grande
diftance du point fixe, qui lui répond dans l'axe j
& parconléquenc lapuilfancequi tire par cette corde
c'eft-à dire , le relfort agit plus avantageufement.
Ac. DES Se. 1701. BijL p. izj. Les forces du rellort
font comme les longueurs de corde qu'il défentor-
tïllc d'autour de la tufée. Ib. p. 114,
DisENTORTiLLÉ , EE. patt. Explicatus ^ rcvolutiis , a,
um. La corde dcj cnton'dlée eft égale à lafurface qu elle
laiiïe découverte. Ac. des Se. p. 1 14.
DÊSENTRAVER. v. a. Oter les entraves d'un cheval.
Equum ferras compcdïbus libcrare. V^oye:^ Entra-
ves.
DÉSENVENIMER, v. a. Oter le venin. Défemenïmer
une plaie. RicH. Keneno pUgam liberare , purgarc
venenum vulneris , expugnare.
DESEQUIPER. v. a. Ce mot fe dit des vaiffeaux , &
fignifie les défarmer , en ôter ce qui avoir fervi à
les équiper. Danet. Naveni injlruclu fuo riudare ,
exuere i navigium armamentis fpoUare.
DÉsÉquipé , EE. part.
DÉSERGOTER. v. a. Terme de Manège , fe dit des
chevaux à qui on tend l'ergot jufqu'au vif pour arra-
cher quelques veffies pleines d'eau qui leur viennent
aux jambes j particulièrement dans les lieux maré-
cageux. Pojiicum unguem findere.
DESERT , ERTE. adj. Qui eft inculte & inhabité. De-
fertus. On donne à cens , à rentes , des terres incul-
tes & défenes. La pefte &c la guerre ont rendu cette
Province défercc. L'Arabie défcrte. Dans les lieux les
plus folitaires , & les plus défères , vous êtes pour
moi une grande compagnie. Bouh.
Colomb jamais na découvert ^
Lieu plus fauvage & plus défert. Bois-R.
©ÉSHRT, eft fubftantif dans le même fens ; & fignifie
une certaine étendue de terre ou de pays entière-
ment ftérile \ un lieu fauvage , inculte Se inhabité.
Solïtudo , defercus locus , defertum. Les dcferts de
Lybie. Les déferts de la Thébaide étoient autrefois
peuplés de pieux Solitaires. Du Pin.
Je fuis dans un défert l'approche des humains.
Molière.
Tome III,
DES
2.6/
Déferts , yôjej témoins des peines que je fens.
LaSuze.
Au milieu des déferts affreux ,
Vn -célefle aliment noufriljoules Hébreux,
L'Abbé TÊTU.
DÉSERT. Se dit en général par les Géographes de tous
les pays inhabités j ou peu habités.
Dans l'Ecriture plufieurs endroits de la Terre»
fainte, font appelés ddfcrr. Le déjert fimplement j
c'eft la partie de l'Arabie qui eft au midi delà Terre-
lainte , &: dans laquelle les Ifratlites errèrent pen-
dant quarante ans, depuis leur fortie d'Egypte juf-
qu'à leur entrée dans la Terre- promife i & de -là
vient qu'on appeloit le vent du midi, vent du dé-
fert. Le défert de Berfabée étoit une partie du dé-
fert dont nous venons de parler , fur les confins
delà Terre-fainte en tirant vers la mer Aiédirer-
ranée. Le défert de l'Idumée , c'eft lldumée , pays
aride &c montagneux. Le défert de Béharen , de
Bethfaide , de Cadès j de Cédc-moth , de Damas ,
de Dibla, d'Engaddi , d'Etham , de Gabaon ^ d'Ho-
reb , de Jernel j de Juda , de Mahuuj de Moab ,
de Pharan , de Sin , de Sinai , de Sur , de Thecné ,
de Ziph : ce font des lieux ftériles , incultes, quel-
quefois montagneux , quelquefois des pays-plats j
comme ce que nous appelons des landes où l'on ne
lailfepasde faire paître des troupeaux^des lieux fecs
& arides , où il n'y a point d'eau , lieux folitaires
où il n'y a point ou peu d'habitations, ni d'habi-
tans, d'où vient que les Hébreux les appeloient,
par anriphrafe , I3"lt3 , qui proprement fignifie ,
parole humaine , parce qu'on n'en entendoit point
dans ces lieux. Ces lieux prenoient louventlenom
des villes qui en étoient proches, f'oye^ , en leuc
place , les noms que nous venons de marquer ci -
deifus.
De-là tant d'expreflîons figurées dans l'Ecriture ,
où mettre quelqu'un dans le défert , c'eft le met-
tre en de grandes mifcres. Of II. j. Le conduire
dans le dejert , c'eft lui procurer , lui caufer de
grands malheurs. Of. II 14. La rerre du défert ^
c'eft une condition , un état miférable. Deuteron.
XXX II , 10. Le défert des peuples , fignifie desper-
fécutions des peuples voilîns , l'état déplorable dans
lequel ils réduifent par la guerre ôi la caprivité.
E\ech. XX jj. Monter ou lortir du défert. Cant.
III, 6 y VIII i J. c'eft quitter le monde , renoncer
au monde. Il fe prend aulîi pour un lieu , une de-
meure fàcheufe j incommode, &c. Ainfi //?XZ, ^
la Babylonie , où le peuple fur emmené en captivi-
té , toute fertile & toute peuplée qu'elle étoit , eft
appelée ^(.yèrr , & quelques-uns prennent en ce fens
le défert des peuples. E\. XX ^ j/.
En rennes de fpiritualité , défert, c'eft folitude ,
retraite , ou d'efprit feulement , c'eft-à-dire , re-
cueillement , médiration , contemplation , ou de
corps &: d'efprit, comme Lorfqu'on fe retire j ou
pour quelques jours qu'on fe dérobe à fes affaires,
à fes occupations , pour vaquer à Dieu & à fon fa-
lut j ou pour toujours, comme lorfque l'on quitte
fes emplois , i^'c , pour vivre dans la piété & la
dévotion , ou qu'on embraiïe l'état religieux. Dieu
conduit les âmes faintesdans le défert, ou dans la
folitude , pour leur parler au cœur. Cet exprellîou
eft prife d'Ofée II , 14.
On appelle auiïi défert c\\qz les Carmes Déchaux
des Monaftères deftinés à la retraite & aux exerci-
ces de la vie fpirituelle , dont ceux qui demeurent
dans ces déferts doivent uniquement s'occuper. Un
Carme Déchaux , nommé le P. Cyprien de la Na-
tivité de la Vienje , donna en 1651 la defcnption de
ces fortes de ^e/èrM. Jufque-là ils n'en avoienr point
en France. En 1660 Louis le Grand en fonda un
près de Louviers en Normandie , au Diocèfe d'E-
vreux. M,De Villefore en a donné la defcription Sc
le plan dans fes Vies des Saints Pères du defertjd'Qs-
%6<S
DES
cidcnt. Les Conftitudons des Carmes Déchauirés
ordonnent (lu'il n'y en aura qu'un dans chaque Pro-
vince. Us font bâtis à la manière des Chartreux ,
ôc comme l'extrême lolitude ik. l'aullérité de ceux
qui réhdent dans ces dejercs , demandent que ces
Monaftères aient une grande enceinte. Us doivent
être fitucs pour l'ordinaire dans des forêts, &être
diverlihcs de lieux champêtres di agréables , de val-
lons, de collines j de fontaines &; d'autres mélan-
ges propres au recueillement intérieur. Un Reli-
gieux n'y va point qu'après en avoir obtenu la per-
niillion de fon Supérieur. Le nombre de. ceux qui
demeurent dans ces dtfens ne doit point palier
celui de vingt deftiiiés pour le chœur. Quant aux
Frères lais , il doit y en avoir lufliGimment pour
ie fervice de la Maifon. On n'y fait aucune étude ,
& on ne s'y occupe que de Toraifon & de la prière,
de lectures pieufes , & des autres exercices de la
vie fpirituelle. On n'y demeure régulièrement
qu'un an :mais il y a ordinairement quatre Religieux
qui y demeurent toujours , toutefois de leur gré
éc à leurs inftances , afin que par leurs exemples
ils puHrent inftruiie & former les nouveaux Soli-
taires. Le filence y eft très-étroitement gardé , l'abf-
tinence y eft rigoureufe. Outre les cellules du cloî-
tre , qui font à la manière des Chartreux , il y
a encore dans les bois des cellules féparces & éloi-
gnées du Couvent d'environ trois ou quatre cens
pas , où en certains temps de l'année on permet
aux Religieux de fe retirer les uns après les au-
tres , pour y vivre dans une plus grande folitude ,
èc dans une plus grande abftinence. f'^oye^ lur ces
défères & fur les obfervances qui s'y pratiquent le P.
Héliot, Hiji.des Ordres Rel/g. T. I , C.^f).
DÉSERT. Les Port-royaliftes donnoient ce nom à Port-
royal des champs j & ils appeloient les lolitaires j
ceux qui s'y retiroient. L'on iit venir au défert ce
volume qui parloir de vous \ il y courut de main
en main, & tous les folitaires voulurent voir l'en-
droit où ils étoient traités d'illulhes. Racine.
Désert , fe dit auiîî , en Agriculture , d'une terre mal
cultivée ou abandonnée fans culture. On lui avoir
affermé cette terre en bon ordre , il en a fait un
</e/èrr. On appelle des vignes en défère, quand elles
ne font point labourées ^ fumées , ni échalalfées.
Une ferme en déjert, qui eft mal tenue.
On le dit , à contre fens , d'un homme qui aimant
la folitude , a fait bâtir quelcjne jolie maifon hors des
grands chemins , & éloignée du commerce du mon-
de , pour s'y retirer. Ainii on appelle la grande
Chartreufe , un beau défert.
fC? En termes de Palais , on dit un appel défert ,
lorfqu'on ne l'a pas relevé dans le temps prelcrit.
Dans cette phrafe , défère eft adje.5tif. f^oye^ défer-
tion d'appel.
DESERTE, f. f. On a donné ce nom à deux Iles, qu'on
a découvertes , & qu'on a trouvées fans aucun ha-
bitant. Dejerta. L'une eft entre celle des Larrons ,
& l'autre à fep't lieues de la Madère. Maty.
DÉSERTE. Ce mot , qui eft hors d'ufage 3 s'eft dit pour
cri/Tze. Avoir fait pendre un leur parent pour fe dé-
ferte.Dt Beauman. Sans déferte &c fans meffet. 1d.
Crimen , deliclum.
Ce mot vient de defertarc , qui s'eft dit dans la
bafte latinité pout vaflare , ravager, J aire du mal.
DÉSERTER. V. a. Quitter le lieu où l'on eft. Migrare,
demigrare de locojocum deferere. Il a déferté le pays ,
il l'a quitté. Un honnête homme eft contraint de
déÇerter un lieu, d'en fortir,, quand il fe rencontre
avec des fots, ou des méchans ,
Et V ennemi vaincu déferrant y^j remparts ,
Au-devant de ton joug couroit de toutes parts. BoiL.
Ils y courent enfouie, & jaloux T un de l'autre.
Déferrent leur pays pour inonder le nôtre. Racine.
Déserter, eft quelquefois employé abfolument. Cet
homme eft fi importun , qu'il me fera déferter.
DES
Et lorfquefon Démon commence à l'agiter,
Tout,jufquàfafervante, ejlpret à àéieizei:. Boil.
fer Déserter quelqu'un. Terme de Marine; c'eft ,
en punition de quelque crime , le mettre à terre fur
une côte étrangère , ou dans une Ifle déferte, &c
l'abandonner. Cela ne le prarique plus.
03" Déserter J dans l'art militaire, fe dit des foldats
qui quittent le fervice fans congé. Sine mifflûne ii
fgnis , a vexillis dijccdere \ exercitum deferere. Dans
ce fens on dit, deJcrterXc fervice, ou abfolument
dkferter , & dcferter èéwn. régiment. Un foidat con-
vaincu d'avoir deferté q^ condamné à mort. Il fe die
aulli au figuré. Molière a dir d'une coquette. Il lui
eft dur de voir déferter fes galans.
Déserter, fe dit aulîi pour de [farter cw e [farter.
C'eft défricher une terre abandonnée depuis long-
temps j & pleine de builFons & d'épines, pour la.
cultiver dorénavant. Agrum incultum colère, rude
folum arare. On -donne à ceux qui veulent faire de
nouvelles habitations dans l'Amérique autant de:
terre qu'ils en peuvent déferter. Nous ne trouvons
point ce mot ailleurs en cette lignification.
DÉSERTEUR, ou deferteur. f. m. Soldat, ou Cava-
lier enrôlé , qui quitte la compagnie fans congé ,
ou qui vient s'enrôler fous un autre Officier. Dejertor.
On traite de dejerteurs les foldats qu'on trouve flms
congé àdemi-lieue de lagarnifon, marchanr vers les
pays étrangers. L'ancienne Eglife exconmiunioit les
deferteurs , comme ayant violé leur ferment. Gro-
tius. On le dit aulli des Ofliciers qui changent da
parti : Ce Colonel eft un déjerteur qui a quitté le fer-
vice de fon Prince.
Déserteur, fe dit aulîî dans un fens figuré. Defertor.
C'eft un défcrteur de la Médecine Mol. Il donne de
la terreur avoi déferteurs èé v^ne li fainte Société. Patr.
Quelques-uns rapportent qu'Ozias fe releva de fa
chute; & d'autres, que Dieu le punit comme un
fugitif & un déjerteur. Herman. Ils reçurent en
chemin de la main des Corfaires hérétiques la cou-
ronne qu'ils alloient chercher parmi des Barbares &
des Infidèles , moins cruels & moins pallionnés
contre les Prédicateurs de l'Evangile, çue ces défcr-
teurs de l'Eglife. P. Verj. Vous ne fauriez rechercher
l'appiobation des hommes uns trahir votre mi-
niftèrcj &fans être un déferteur de la milice facrée.
BouH. Xav. L. VI.
Je ne puis e [limer ces dangereux Auteurs j
Qui, de l'honneur en vers injames déferteurs ,
Aux yeux de leurs lecteurs rendent le vice aima'cle.
Boir-EAU.
|C? DÉSERTION, f. f. Synonyme d'abandonnemenr.
On le dit particulièrement des foldats qui abandon-
nent le fervice fans congé. Exercitûs, militis. defertio\
militis ah exercitujinè mifïone difcejjus. La famine
qui étoit dans le camp, a caufé une grande défer-
tion.
Il fe dit aufTi au figuré. Nous ne vous pardonne-
rons pas votre déferùon.
0C? Désertion d'appel, en termes de Palais , eft une
négligence de relever, dans le temps marqué par la
loi, un appel que l'on a interjeté. La peine de la
</eyêrnc« d'appel, eft que l'appel eft déclaré nul &
comme ix)n avenu. Eremodicium. On obtient àt%
Lettres en Chancellerie , pour procéder fur la défer-
tion. Bien fouvent les lettres de défenion font conver-
ties en lettres d'anticipation. La déferrion d'appel
n'a point lieu en matière criminelle,ni dans les appels
comme d'abus, parce que la négligence d'un parti-
culier ne doit pas préjudicier à l'intércrpubl-c.
|Cr DÉSERTION d'un bénéfice, c'eft lorfqu'un titulaire
abandonne fon bénéfice & difparoît fans qu'on fâche
ce qu'il eft devenu. Après un an d'abfence , on peut
obtenir des provifions de ce bénéfice, comme va-
cant Y>^x défertion 3 mais elles deviennent inutiles,
dès que le titulaire reparoît.
DES
DÉSERVIR. V. a. Vieux mot. Mériter.
DÉSERY. Foyeii DIDIER.
A LA DESESPERADE. ady. A la manière d'un dcfcf-
péré. Il s&n va à la dcftfperadt. Jouer à la dcjcfpc-
r^</e. Se battre <2 /a defcfpérade.Xio.'iS.Aw llyle fami-
lier.
DESESPÉRANCE, f. f. Vieux mot , qui a été die pour
perte d'erpoir.
DESESPERANT, ante. p. préf. & ad;, du verbe
défefpérer. Qui dcfelpère, qui jette dans le dclef-
■pou- Moleft{(Jimus , Jpcm onincrn ad'unens. Cela ell
déftfpérant. Que d'idées lugubres! que d'images
cnx.'xv'xnx.zs 5<. défefpérantcsl Bqurdal. Exh. 1. 1.
p. 86. On me traverfe dans cette afïaire , on me tau
chicanne fur chicanne j cela eft dcfe/perant. La doc-
trine de la réprobation pofitive, de la grâce nécelli-
lante font des dodlrines défcfpcranus. Cette penfée
eft defelpirante.
DESESPEREMENT, adv. D'une manière défefpérée.
I^efperanter. Quand on n'attend point de quartier j
on le bat déjcjpéremenc. Les âmes qu'on avoit cru le
^\\.\s dél^cfpéreinent iwûù.àz'i , fe portent bien. Pasc.
f3° DESESPERER, v. a. Faire perdre l'efpérance i
quelqu'un j le tourmenter au dernier point, le jeter
dans le défefpoir. Aiicuifpem omriem eripere , adïmere ,
cliqucm ad dejpcrationem adigere. Cette femme
défefpcre tous les Amans par fa cruauté. Cette afflic-
tion, cette perte le déjefpère, le fait mourir. Les
Héros de l'antiquité font li fort au-delfus de nous,
qu'au lieu d'exciter notre courage, ils dejejpèrcm
notre ambition. Balz.
// met tout fon plaifir à vous défefpérer. Racine.
IJC? DÉSESPÉRER J eft aufli neutre, & fignifie perdre
l'efpérance. Spem perdere , am'ucere de faluce , Jalu-
teni-^fuluti defpcrare. Il ne faut jamais défefpérer du.
faluc de Ion prochain , de la ccnveilion d'un pécheur
Il defefpère maintenant de gagner fon procès. Les
gens qui défefpèrent de tout , & qui n'attendent
aucun bon fuccès y s'endorment pour ainfi dire, dans
leur infortune. M. Se.
I^CT DÉSESPÉRER, eft aulTi réciproque & fignifie, s'af-
fliger beaucoup , fe tourmenter avec de grandes
démonftrations de douleur. Il vient d'apprendre la
mort d'un fils qu'il aimoit, il fe dfefpère.
DÉSESPÉRÉ , ÉE. part. & adj. Defpcratus. Sénèque fait
dire à Caton prêt à fe tuer, puifque les affaires du-
genre humain font dcfcfpérecs , mettons Caton en
fùrete. Nicot. Ceux qui fe font tués eux-mêmes ,
regardoient leuts maux comme intolérables; autre-
ment ils n'auroient pas pris ces réfolutions défefpé-
récs, Id. On dit, un homme defefpéré, pour dire
fî malade qu'on nen attend que la mort. On dit
qu'un homme eft defefpéré àzs Médecins , pour dire
que les Médecins n'ont plus aucune cfpérance de la
guérifon.
On dit d'un jeune homme incorrigible qu'il eft
défcfpéré.
DÉSESPÈRE, ÉE. Qui a perdu tout efpoir. Il fe prend
audi fubftantivement. C'eft un coup de defefpère.
Les défefpérés font à craindre. C'eft un brave qui
combat en defefpère. On a loué dans l'antiquité ces
'\\\\i^):QS défefpérés , qui ont cherché la mort avec
conftance. M. Se.
Cejl un défefpéré qui peut tout attenter. Con>f.
On dit, il court comme un défefpéré:^ il mange
comme un défefpire; il faute, il crie comme un
défefpéré , pour dire , avec violence , avec excès.
DESESPOIR, f m. Paftion de l'ame qui la trouble,
qui lui fait perdre toute efpérance , agitation vio-
lente de l'ame, caufé par l'idée d'un mal affreux^
que l'on regarde comme inévitable, ou par la perte
d'un bien, que l'on regarde comme irréparable.
Defperado. J'aime un défefpoir qui ne s'exhale pas
trop en paroles ; mais où la nature accablée fuccombe
feus la violence de la douleur, S. Evr. Souvent un
DES 1^7
heureux (/^y^'o/V fait fortir des plus grands pcuis,
& redouble l'audace. Vous avez force les eiioeinis
fans craindre ni leur nombre, m kur courage, 6*;
non pas même leur: dcfjpoir. pLtCH. En le loimanc
une trop haure idée de perfcttion, on le tau une
frayeur, ou pkuôt un aejtjpoirde la vertu. Id. L'ef-
pérance nair quelquefois du defjpo.r.W amo. La pru-
dence elle-même nous avertit quelle ne le incie
point de régler les ciioies extrêmes, ni de conduire
le défefpoir. J5alz. Les défefpoirs des amans font fou-
vent bien trompeurs. M. bcuD. Le dcjfpctr cit le
partage des lâches. E. Rab.
Et fi ce grand dcfjeinfarpcjfe ma valeur ^
Du moins a délefpoir convient à mon maUicur,
Racine,
Le déC^fpo'ir fied èien à des hommes perdus j
C'cf lej'ccours qui refie à ceux qui lien ont plas.
Brebeu?,
Laiffe^-moi déformais tout à mon défefpoir ;
Cejide lui que mon cxur empruntera de fdide.Mot,
§CJ" On a quelquefois employé ce mot au pluriel.
De-là nailfoienr les murmures , les cabales , les
défefpoirs de cette jeuneife mal contente. Bouh.
Xav. L, VI. Corneille l'a employé de même dans les
Horaces. On ne le du plus aujourd'hui au pluriel, il
tau pourtanr, du M. de Voltaire j un très- bel eftet.
Mes déplaifirs, mes craintes, mes douleurs, mes
ennuis, dilent plus que, mon déplaidr, ma crainre,
&c. Pourquoi ne pourroit-on pas dire, mes défef-
poirs, comme on dirj mes efpérances? Ne peuc-on
pas défelpérer de plufieurs chofes , comme on peut
en efpérer pludeurs?
XfJ" Désespoir, lignifie aufiî le péché par lequel
l'homme defefpère de fon lalut, 6c de la miféricorde
de Dieu! C'cft-à-due une dilpoiuion de l'efpru qui
nous porte à croire que les péchés qu'on a commis,
font trop grands pour pouvoir en obtenir le pardon,
& que Dieu eft un juge inflexible qui ne peut les
remettre. Voy. Espérance Chrétienne.
Grand Dieu ! tes jugemens font remplis d' équité f
Toujours tu prends pldifr à nous être propice ;
Mais j'ai tant J ait de mal que jamaii ta bonté
Ne peut me pardonner fans bleffer ta juftice.
On dit en badinant, d'une femme qui n'eft pas
cruelle, qu'elle n'eft pas accoutumée à mettre fes
amans au dcffpoir.
•Ï3° Desespoir, dans une fignification très-étendue j
fe dit au figuré & par exagération pour un grand
déplaifir. Je fuis au déffpoir As. l'accident qui vous
eft arrivé ; de ne pouvoir taire ce que vous défirez.
Qrave y molefum eft,
ifT Alors on s'en ferr, non pour marquer cet
abattement de l'ame, qui ne crou pas pouvoir fur-
monter le mal qui la prcfte, mais feulement pour
faire entendre qu'on eft fâché de quelque chofe qu^
l'on blâme & que l'on défapprouve.
Je fuis au défefpoir quand on met en ufage^
Toui ces termes communs quifententle Bourgeois,
Et moi lorfque j'entends un ignoble langage ,
J'ai l'oreille écorchée , & je fuis aux abois. S. Evr,
Désespoir fe prend au/îî quelquefois pour ce qui caufe
le dcfefpoir même. La foi rune de ce méchant homme
eft le défefpoirAtsgQnsàs bien. C'eft- là mon défefpoir.
Il fe dit aulîi des chofes qui font en un (\ nauc
degré d'excellencCj qu'elles font Inimitables. L'Iliade
d'Homère eft le dcfefpoir de tous les Poètes- Ac. Fr,
Désespoir, dans l'hiftoire des modes- C'eft le nom
d'un ruban que les Dames portent à leur têtej lotf-
qu'elles font cocfFces en négligé. Le défefpoir forme
une boucle fur le haut de la tête. Il defcend des deux
côté* fur le derrière de la tcte, il s'v croife, & rç->
zéS
DES
vient en devant où on le noue négligemment fous le
menton j ëc les deux bouts viennent prendre jufqu'à
la ceinture. On porte des déjijpoirs de toutes les ctiu-
Jeurs. Elle avoit mis une coetie blanche, mouchetée
de couleur de rofe, avec un difefpoir de même cou-
leur. Crébillon.
DÉSESTIAiER. v. a. Vieux mot. Méprifer j faire peu
de cas Afpernarl^ conumnere , v'dipendtre.
Desestime j ée. part.
DESETOURDIR.- v. a. Ce mot fe trouve dans Pomey,
pour ramener quelqu'un de ion étourdilfement.
AUlujus Jluporem dijcutere. Je ne fuis point encore
défetourdi. Ce mot n'efl: plus en ulage.
DÉSETRINER v. n. Oter les pieds de dedans les
étrieis. C'eft du moins ce qu'on croit qu'a voulu dire
l'Auteur de la troilième partie du Roman comique
dans ce palfage : fon cheval s'embouiba il fort, que
tout ce qu'il pur faire , ce fut de dijltriner prompte-
ment , & délarçonner en même temps, & de mettre
,pied à terre. Ce mot lent bien la Province.
DÉSEVRANCE. f. f Vieux mot. Séparation.
DESEVRER. Vieux mot. Rompre, quitter.
Alnfi la paix fut pourparlce ,
Et la bataille délevrée.
Ce mot eft venu du Latin deferere j abandonner.
Borel veut que y^v/er un enfant vienne delà. On
trouve ce même mot dans la (îgnification Aiféparcr.
DÉSEVRE, ÉE. part. Vieux mot. Dénué.
DESEXCOMMUNIER, v. a. Remettre dans la conv
munion de l'Eglife une perfonne qui en avoir été
retranchée. Lever l'excommunication. Henri Etienne
£rit le conte d'un Prêtre qui , ayant demandé du
meilleur aa Sommelier d'un Gentilhomme, & n'en
ayant eu que du moindre, en fut il outré, qu'ayant
apperçu ce Sommelier à famelfe, il en perdit la
parole. Le Gentilhomme, qui avoir graud'hâte^
envoya fon laquais pourfavoir quelle mouche l'avoir
ainfi piqué : il répondit qu'il y avoit dans l'Eglife
un excommunié qui l'empcchoit de pourfuivre ii.
maire , & déclara que c'étoit le Sommelier, qui fut
chaiïe. Mellire Jean continua fa melîe , après
laquelle le pauvre Sommelier fut défexcommunïé ^ à
la charge de donner Toujours à Melïire Jean du vin
de Monfieur & de Madame. Apol. pour Hérodote j t.
i.p. z. chap. XI. p. 540. 541. Ce mot ne fe trouve
nulle part ailleurs.
DESGIGLER. v. a. Vieux mot. Borel dit qu'il croit
que ce mot veut dire deshabiller.
DESGORGER. Vieux mot. Parler, c'eft ce qu'en terme
burlefque on diroit ^c^t>/yèr. GloJJ.fur Marot.
DESHABILLE, f. m. Robe -de -chambre, ou autres
chofes dont on fe couvre quand on eft chez foi en
négligé, quand on s'habille, ou quand on fe désha-
bille. Veftis cubicularis , cubiculariu. On ne peut par-
ler à Monfieur, il eft encore dans fon deshabille, en
robe-de-chambre.
Sous r héroïque habit , dans h déshabillé.
NOUV. CH. DE VERS.
^C? DÉSHABILLÉ, fe dit particulièrement dans le
même fins des habiUemens que les femmes portent
quand elles gardent la chambre, par oppofition à
ceux dont elles fe fervenr dans les vifites de cérémo-
nie. Elle éroir dans un déshabillé ga\:inz.
DÉSHABILLE, daus un fens moral & figuré , fignifie un
état où l'on paroît tel que l'on eft, fans fe gêner; il
fîgnifie aufti la manière de faire les chofes fans art,
lans prépuanon , fans affedation. Perfonne n'ofe
paroitre dans fon déshabillé : chacun fe mafque^
chacun cherche une parure érrangère, pour s'offrir
aux yeux du public. DESLANOts. Montagne eft un
de ceux qui ont écrir fans art , ni préparation; il
s'eft montré au public dans fon déshabillé. Au-
teur anonyme récent.
DÉSHABILLER, v. a. Oter à quelqu'un les habits donr
il eft vêtu. Fejlem detrahere, fpoliare. Cette femme
DES
fe déshabille Sc fe r'habille deux ou trois fois par
jour. Ce Prêtre s'eft allé déshabiller à la Sacriftie. En
parlant d'un Prêtre, c'eft quitter les ornemeas. Cette
garde-malade a été un mois lans le déshabiller. Fel-
tcin exuere.
On s'en fert quelquefois neutralement , en fuppri-
mant le nom perlonnel. Il a été trois mois fans
déshabUler, il eft du dilcours familier.
Deshabillé, ée. part, cxutus vejie, fpoliatus.
DESHABITER. v. a. Abandonner une maifon, un
pays où l'on habitoit. Orbare incolis , rcgionem ali-
quam ^d/IvcTt;. La pefte , la guerre, ont fait désha-
biter des pays qui étoient tort habités. Il n'eft pas ea
ufage J dit l'Académie. On fe fert adjeétivement de
fon participe.
DÉsHABiTEj EH. part. & adj. Incultus , dcfertus. Les
maifons déshabilles tombent bien-tôt en ruine. Pays
deshabité , qui n'a plus d'habirans.
DESHABITUER, v. a. faire perdre une habitude à .
quelqu'un. Ab alicujus rei confuetudine abducere. Se I
déshabituer. Defuejcere ab aliqua re. Cet homme a
tant fait , qu'il s'eft déshabitué de jurer. Il s'eft des-
habitué d'aller au Sermon.
Déshabitué , ée part. Defuejaclus.
DESHAlT.f. m. Vieux mot. Triftelfe , défordre , dif-
pute. GlojU". des Poé. du Roi de Nav.
DESHÀLER. Voye^ DEHÂLER.
DESHANCHE. Voye^ DÉHANCHÉ.
DESHARNACHEMENT. Foyei DEHARNACHE-
MENT.
DESHARNACHER, /^ojq DÉHARNACHER.
DESHERENCE mieux que DEHÉRENCE. f. f. Droit
qui appartient au Roi ou à un Seigneur de fief de fe
mettre en poireftîon des biens vacans d'un défunt
iitués dans l'étendue de fa haute Juftice , lorlqu'il
ne paroît point d héritiers ; Jus incaduca bona. Quel-
ques coutumes , comme celle de Normandie , bor-
nent le droit de fuccéder au feptième degré : mais
d'ordinaire la fucceilion a droir à l'infini : c'eft pour-
quoi on appelle la déshérence ^ ligne éteinte ou ligne
jaillie. Les Do(iteurs prétendent que la déshérence
eft un droit Royal , qui n'appartient au Seigneur
de fief que par ufurparion. Le Bret. En bien des
lieux la ligne marernelle fuccèdeà l'infini à la ligne
paternelle qui eft éreinte ; mais en d'autres j les ma-
ternels ne fuccèdent point aux paternels, ni de même
les paternels aux maternels. La.deshérence eft à l'égard
des immeubles, ce que l'épave eft au regard des
meubles.
^C? Le droit de déjhérence eft le droit de fuccéder
à un regnicolené en légitime mariage , décédé fans
avoir telté , &c fans héritier apparent , c'eft-à-dire ,
fans aucun héritier procréé de lui , ou de fon ligna-
ge , habile par les loix de France & par les coutu-
mes des lieux, à Être héritier du défunt. Ainfi le
droit de déshérence ne comprend pas les autres ma-
nières par lefquels des biens peuvent être vacans. Il
ne comprend pas non plus les fucceflions des aubains
pi celles des bâtards. Koy. Aubain <Sc Bâtard.
DÉSHEPJTER. v. a. Priver quelqu'un d'une fuccelTion
ou d'une parrie de fucceilion à laquelle il etoit ap-
pelé par la loi. Exheredarc , exheredem fcnbere. Le
père peut déshériteras enfansj qnand ils fe marient
fans fon confentement , & à quelque perfonne in-
digne. Foye^ ExhÉréder.
DÉSHÉRITÉ , FE. parr. Exheredatus , exheres,
DÉSHONNÊTE. adj. m. & f Ce qui eft contre îa pu-
reté , ce qui blelfe la chafteré & la pudeur. Inho-
nestus , ohfcenus., impurus. Il ne faut ni dire^ ni en-
tendre des paroles fales & déshonnctes , ni lire des
livres déshonnctes ; entrer dans des lieux déshon-
nêtes , faire des geftes , des poftures déshonnctes.
La pauvreté confeille & perfuade ranr de chofes
déshonnêtes. Patk. Les Stoïciens prérendoient qu'il
n'y a point de mois déshonnêtes , ni de paroles fa-
les 1.^ hont'nifes ; car ou l'infamie vienr des chofes,
ou elle eft dans Its paroles: elle ne vient pas fimple-
ment des chofes, p'iifqu'il eft permis de les expri-
mer en d'autres paroles qui ne palTent point poUf
DES DES 2.69
deshonnêtes : elle n'eft pas aulli dans les paroles , puif- jufqu'ici , jufqu'à préfent. Glo[f. des Poëf. du Roi d&
quun même mor qui lignitie diveilcs chutes , ell ^'-^
elrimé deshonncie dans une lignitîcacioji , & ne i'eft
point dans une autre. Mais il faut conlidérer qu'une
même chofe peu: être exprimée honnêtement par
un mot j & déshonnêtemenr par un autre , li 1 on
y joint quelqu'autre idée qui en couvre l'intanue j
&: Il l'autre au contraire la préfente à l'efprit dune
manière impudente. Port-R. Il ferait bon de re-
trancher des Dictionnaires tous les mots déshoniiL-
tes , étant plus utile de les ignorer que de les lavoir.
Id.
§C? Deshonnète & malhonnête ne font point Cy-
nonymes. Le premier déligne ce qui ell contre la
pureté, la pudeur, & fe dit des perlonncs ainli
quedvS adtions j des penfées , des diicours_, &c. Le
leeond exprime ce qui eft contre les bienféances &c
les uiagesde la fociété j on contre la probité natu-
relle. V oye\ malhonnête &*honncte.
DÉStiONNÊrhlsIEISIT. adv. D'une manière déshon-
n\:ti. Innouejlè , Jocdi , turp'ncr. Noê étoit couche
(oït déshonncteinenc , quand il tut apperçu par ics
enfans. Parler dishonnctenient.
DÉSMûNNErETE, ou DESHONNÊTETE. f f.
k(X\o\\ ou parole contre la pudeur ou la chalteté.
Fxdius _, otjlenuas , fpurciûj. Il ne tant rien dire
devant les Dames qui fente la déshonnctetc. Ce mot
efl peu en ufage.
DESHONNEUR, f. m. Ce qui préjudicie à l'honneur
qui fait de la \\o\-\iQ.Deiecus ^ injamla, labes , pro-
brum. Un criminel exécuté en Jultice fait disaon-
fteur à fa famille. On tient à déshonneur de marcher
après une perfonne à qui l'on a commandé. Cet Ou-
vrage ne vous fait point de déshonneur.
Mourant fans déshonneur , je mourrai fans regret. '
Corn.
On dit familièrement prier une perfonne de fon
déshonneur , pour dire , la prier de quelque chofe
qu'elle ne doit pas faire , qu'elle ne doit pas accor-
der.
DÉSHONORABLE. adj. Qui caufe du déshonneur.
Turpis , i.iho'iejlus , ignominiojus. ACk'ion déshono-
table. Emploi déshonoraiie.
DÉSi40N0£<.£R. V. a. Oter l'honneur , perdre quel-
qu'un d'honneur. Alicui ejje probro , dedecorï , la-
bein aiicu: afpergere , ïnjaniïarn injerre. Une fille qui
s'ell lailfé L-iane eÙ déshonorée. Ce Magiltrat eft
fi infime &: à ignorant , qu'il deshonore ià charge,
q_u'il déshonjre la robe. Les Prêtres qui le déshon-
norenfçw: leur dérèglement ou par leur ignorance,
font palTirr du mépris de leur perfonne à celui de
leur dignité. Flech. La colère ne déshonore perfon-
ne, pourvu que fes émotions foient proportionnées
au fujet que l'on a de s'émouvoir. M. Esp. Vous
déshonore^ le fang dont vous êtes forti. Rac. Vos
actions , votre conduite font déshonneur à votre
famille. Vous dégénérez de la vertu de vos ancêtres:
vous faites déshonneur à leur mémoire.
t3° Deshonorer une fille j c'eft lui ravir l'honneur,
en abufer. Stuprare.
IJCT" En rtyle d'Eaux & Forêts , déshonorer un
arbre , c'eO: l'étêter. Decacuminare. Il eft défendu
par lesOrdonnancesde déshonorer les arbres , c'eft-
à-dire, de les étêter.
DÉSHONORÉ, ÉE. part.
DESHUMANISER, v. a. Dépouiller l'homme de fes
fentimens naturels. Humanitatem adimere , tolIere.Ce
terme a peut- être été imité fur l'Italien du Pafior
^(^o. Prends garde, dit-il qu'en te déshumanifant ,
nel dlshumanarti , tu ne devienne plutôt une bête fa-
rouche , qu'un Dieu. Il eft heureufement inventé.
Vaug. Il ne faut pas déshumanifer l'homme en la-
veur du Héros. S. Evr.
DÉSHUMANISÉ , ÉE.part.
DESJA. Vo\c^ DEJA.
DESICHI. adv. Vieux mot. Depuis long - temps ,
Nav.
DESIDÉRADE, ou DÉSIR ADE. île des Antilles qu'on
nomme aulli Dejeade j de fon nom Elpagnul De-
fcada , qui lignifie la même chofe qu'en Latin
Dejiderata. La Dejidcrade eft la première terre que
Chriftophe Colomb trouva à fon fécond voyage.
Il lui donna le nom de Z/e/êi7c/j, c'eft-à dire , De(i-
rée , pour marquer le grand delir qu'il avoir de trou-
ver quelques terres , après avoir long-temps erré
fur mer. La Defidérade eft petite mais fertile , &
apparrient à la France , L. de P. dans fon Hijl, des
Antilles , l'appelle Defirade. l'^oye^ Liv I. c. 3,
art. 4.
DESJEUNÉ. Foyei DÉJEUNÉ.
DESJEUNER. /%. DÉJEUNER.
DESIGN.A i ■ f. m. Nom d'homme. DeJIgnatus. A Maf-
tncht le Vénérable Défignat Evêque. Chastelain.
Martyr i? Janvier. Il ell marqué comme Saint en
ce jour dans le livre intitulé Sacrarium SS. Léo-
dienfiuni ; quoiqu'on ne voie pas de tradition an-
cienne de fon ctllte dans les Egiifesde Maftricht &:
de Liège. Ferrarius le nomme Saint aulli en ce jour.
Son fucceireur eft nommé Régnignat dans rous les
Catalogues j hors celui de Meilleurs de Sainte
Marthe, qui ont cruqu'il pouvoir être lemêmeque
Défignat. Mais Henfchenius, dans fon Exégèfe de
l'Epilcopatde Tongres , qu'il a écrit depuis avec
un examen férieux , après Défignaïus met licfigna'
tus feu Reatus. lo.p.ii^.
DÉSIGNATEUR. f. m. Officier Romain qui défî-
gnoit , cjui marquoit à chacun fa place & ion rang
dans les cérémonies publiques. Mairre des cérémo-
nies, qui régloit la féance j l'ordre, l.i marche j
&c. Defignator. Il y avoir des Dejignatturs dans les
pompes funèbres , dans les jeux , aux théâtres , aux
fpecLacles , qui non-ieulement allignoient d chacun
fa place , mais l'y conduiloient , comme il paroîc
par le prologue du Pœnulus de Plante , v. 19.
DÉSIGNATIF. adj. Qui défigne , qui fpécifie. Quel-
quefois Kattribut défîgnatij d'une Puilfance paroif-
foit tout feul. Souvent aulli on joignoit à l'attribue
le fimulacre qu'on s'étoit lormé de cette Puiflance;
& fouvent , quand on vouloit qu'un même limu-
Licre reprélentât plulieurs de ces Puilfances j on le
chargeoit de l'attribut défîgnatij propre à chacune ,
ce quiformoit une figure hiéroglyphiquecompofée^
qui le nommoit Panthée , fou du mot Grec n«*TU
omnis , foit à caufe de ce prétendu Dieu Pan, fait
pour repréfenter la Nature entière. Merc. de Mars
1735.
Ces mots viennent de defignare ; défigner ^ mar-
quer.
DÉSIGNATION, f. f. Aétion par laquelleon marque^
on fait connoitre quelque chofe. Defignatio. On fait
la défignat' on (ïnnQ terre partenans &c aboutlifans ,
d'une perfonne par fa taille j fon poil, & auttes
marques qui la peuvent faire diftinguer d'un au-
tre.
Désignation , fe ditaufli de l'aélion par laquelle on
deftineà quelque emploi J à quelque charge. Chez
les Romains on faifoit des défignations de Confuls ,
& d'autres Magiftrats j quelque temps avant leur
élection.
UCTDESIGNER.v.a. Donner d connoitre une perfonne
on une chofe par quelques marques particulières , les
dénoter par des exprellions , par des fymboles qui
les font connoitre : &.'en parlanrdu temps , du lieu,
marquer précifément l'un & l'aurre. Defgnare ,
notare. On me l'a fi bien défigné , que je le recon-
noîtrois entre mille. Cet hiéroglyphe nous défigné
telle chofe. Ce vent nous défigne de la pluie. Pr£-
nuneiare ^ pr&monfirare. DéJ:gne':ç-mai un jour cer-
tain , le temps, le lieu , & je me ttouverai au ren-
dez-vous. Conflituere , pntfinire.
Designer J fedir aulTi en parl.mt des perfonnes que
l'on deftine .1 quelque charge , emploi , dignité.
Défigner quelqu'un pour fon fiiccelfeur. Le P.oi cks
ijo DES
Romains eft déjigné Empereur. Conful déf.gné pour
l'année prochaine.
DÉSIGNÉ , EE. part. DeCgnatus.
§Cr DÉSLVlBRiGCJHR. v.a. Terme ufité dans les Pro-
vinces de droit écrit & dans les Iles françoiles de
l'Amén^jne. Aftranchir , libérer uu décharger un
héritage qui étoir aijfedté ou hypothéqué à quelque
charge réelle ou hypothécaire, il elt oppofe à im-
briguer , charger. On appelle biens imbrigués
ceux qui font chargés de beaucoup de rédevances
ou de dettes. Enc.
DESiNCAMERATlON. f. f. Terme de droit :, qui re-
garde la Cour Romaine. A£te par lequel on délin-
camère \ c'ell la formalité , la cérémonie , l'atlion
par laquelle le Pape démembre quelque terrede la
Chambre Apoftolique. Ceux qui avoient donné leur
voix pour lincamcration de Caftro jnon-leulement
en approuveroienc la déjîncamerat'wn , mais trouve-
roient même des éloges pour la louer. L'Abbe
Regn.
DÉSINCAMÉRER. V. a. Terme de Droit ,qui regarde
la Cour Romaine. C'eft démembrer de la Cham-
bre Apoflohque les terres qui y font unies, qui
y appartiennent. L'article poitoit que Sa Saintv.té
' déjincaméreroit l'Etat de Caftro. L'Abb. Regn. Cela
avoir fait croire à Rome , c^u'à la fin le Pape s'écoit
déterminé à dé/ïncamérer. Id. Ceux des Caidmaux
qui étoient d'avis de d é (incarner cr , ou s'abrtinreni
de dire leur avis , ou le dirent inutilemtnt. Id. Dans
les deux derniers exemples le verbe deyincamérer ti\
fans régime.
DÉSINCORPORER. V. a. Retrancher, féparer une
chofe du corps auquel elle avoir été incorporée. Il
ne fe dit guère qu'au figuré. De corpore cximere j
tolUre , detrahere. On a dijincorporé à<î ce Prélidial
dès Officiers qui y avoient été incorporés par un
Edir précédent. On a dejlncorporé ctiiQ Cour des Ai-
des de la Chambres des Comptes, pour en taire une
Cour féparée. Déjlncorporcr une terre du domaine
du Roi par échange.
DESINENCE, f. f. Term'maùo fj//ij. Terme de Gram-
maite , c'eft la chute , la terminaifon d'un mot. On
n'entend point ici par le mot de cas , ce que les
Grammairiens Latins entendent par le mot de cafus
qu'ils emploient pour marquer les différentes chû-
tes ou dejiiiences , que chaque nom peut recevoir dans
chaque nombre. L'Abb. Regn.
DESINFATUER. v. a. i^étromper quelqu'un qui s'efl:
laillé inlatuet d'un autre homme , ou de quelque
opinion, hnorem alicuï eripere , dedocerc errorem _,
opinionem.On a bien de la peine \déjlnjatuer\ir\ opi-
niâtre lorfqu'il eil une fois préoccupé. On ne fe dé-
Jlnjatue pas aifément des nouvelles opinions.
DÉSINFATUÉ , ÉE. part.
DESINFECTER, v. a. Oter l'infeélion de quelque lieu.
Domum aitquam peftilentiâ injccîamexpurgare. On a
</e/î/?/^ec7e cette chambre. Danet. On avoir déjà de-
^«/e&' plus de 4500 maifons d'Avignon. Jo«r«. de
Verdun^ Nov. 171t. Il y a long-temps que je luis
définjeclé àe cette opinion. Ileft peu uhté,tant au pro-
pre qu'au figuré.
Désinfecté , ée. part. & adj. Purgatus ^ a. On croyoir
la Grande-Bretagne c/tfyT/T/t'iîe'e de cet air contagieux
qui excite les remuemens. Jour, de Verdun. A'^dv.
,1712,;'. j 54.
DESINFECTION, f, f. Aétion par laquelle on défin-
fede j onôte l'infeârion d'un lieu. Purgatio , lujîra-
tio. Dans un recueil dedifFérens Auteurs fur la perte
on traite de la dcjinj tclion des villes , maifons , per-
fonnes , meubles, bêtes & marchandifes; on y traire
des remèdes nécelfaires pour venir à bout de cette
dijlnftclion. JouRN des Sav. 1721, p. 158. Il y a
une Relation compofée par le P.Tamiiîer , Jacobin ,
rouchnnt la déjinfecîion de la ville de Montpellier.
La dé/înfeclion c^nc l'on fait en chaque ville j lorf-
?[ue la perte eft fur fa fin, eft une des caufes qui
ait certer la perte dans les villes inPeétées. Astruc.
La dejînfeclion a été faire très-exadement dans la
•ville 6c IcComcac d'Avignon. Merc. de Décembre
DES
17IÎ. On a travaillé à la définfeclion ^q toutes les
marions, des effets & des marchandifes. Journ. de
Verdun, 1722. A''ûv. /7. 364.
DESINTERESSEMENT, f. m. Déxachement de touc
intérêt perlonnel. Fropriorum commodùrum neg.'ec-
rus iprivata uniitatis oblivio. Les Stoïques j les Cy-
niques, ont vécu dans un grand de/i/iterejjeme/a j
dans un grand détachement de toutes chofes.
DHSINTERESSER.v. a. Mettre une peifonne hors d'in-
térêt en lui donnant en dédommagement une chofe
dont il doit le contenter, ^oy. dédommager. Il
a lallu le dejlnterejjer fous main , pour avoir fon
défirtement. Il aperdu fur cet achat, mais ileft dé~
Jiutércjji par un autre qui le récompenfe. Il fuffit
d'avoir caufé directement ou indireétement le dom-
mage pour être tenu de defintere^jer celui qui l'a
foulfeir.
DÉsiNTÉRESsÈj EE. part. Il eft fouvent adjeélif, & fi-
gnifae en généial celui cjui ne fe conduit point par
le motif de fon intérêt perlonnel. (^ui Jui cotr.rriodi
Jtudïo minime ducitur , qui fuis crmmodis nonj'ervit ^
fuorum commodorum mgUgeus. C'eft l'homme le plus
délintérelfé que je connoiffe.
|C7" On le dit aullî de celui qui n'eft touché d'au-
cune p.aftion de vengeance j d'affeélion , de haine,
&c. Un Juge doit être défintérelfé. Je regarde d'un
œil déhntéreflé. Un amour déjintérej]^ tÙ. une chi-
mère. M. Scud. Comme nous ne fommes pas alfez
déjuitérejjes pour étudier nos propres défauts en
nous-mêmes fans prévention , il faut lesconfidérer
dans les autres pour fe corriger. S. Real. Valftein
éroit artificieux jufqu'à paroître déjtntére[fé. S ak as.
Il ne fut jamais de paillon fi de^ntérejféeqixe la mien-
ne. S. EvR.
Les Myftiques appellent amour déjlntérejfé ,
l'amour de Dieu , qui eft dégagé de rout motif de
propre inrérêr ; qui exerce les vertus par rapporta
la feule gloire de Dieu , fans avoir égard même à
la récompenfe éternelle. Caritas gratuita. C'eft la
fainre indifférence rant vantée par les dévots con-
templatifs. Fen. La contemplation palîive exerce les
vertus d'une manière paifible & défintérejjée. Id.
Une ame parfaitement defintére(fce veut tout pour
Dieu J & rien pour elle. Id. Cela doit s'entendre des
aétes particuliers ,& jamais d'un Erat.
DESIR, f. m. Inquiétude qu'on reffent pour une
chofe abfenre , ik à laquelle on attache une idée de
plaidr j paillon qui nous porte à vouloir un bien que
nous jugeons nous erre convenable. Defiderium ^
cupidu. La colère eft un defir ardent &C opiniâtre de
nuire. M. Esp. Vous avez allumé des dcjlrs témé-
raires dans mon cœur. S. EvR. La piété nous or-
donne de renoncer à tous les dejirs mondains &c cri-
minels , aux dejîrs de la chair. Le de/ir de la gloire
eft ce qui anime le Héros ôc on lui doit toutes les
aétions d'un grand éclat. Le dejïr de trouver la vé-
rité eft tout ce qui dépend de nous , la ttouver n'eft-
ce pas plutôt un bonhout qu'un mérite ? Un dejir
de gloire immodéré ik. une ambition trop vafte
ne lui lailfentpoint de repos. S. Evr. Je connois plus
les l'ouhaits que les dejîrs. M. Scud. Cela eft fore
judicieufement dillingué ; car les fouhaits doivent
être l'ouvrage de la raifon j & les dej'irs font pref-
que toujours des aveugles qui naiffent du tempé-
ramment , & j'ai eu plufieurs fois des de/irs pour
des chofes que je n'ai pas fouhaitées , par ce que
ma raifon y eft oppofée. M. Scud.
CkJ" La force de la fignification de ces deux j dic
M. l'Abbé Girard , ne dit rien de bon ou de mauvais i
dans l'objet j elle n'exprime que le mouvement par |
lequel l'ame fe porte vers lui, quel qu'il foit ^ bon
ou mauvais; mais avec les différences fuivanres. Les
Jouhaits & les de/irs ne regardent que les chofes éloi-
gnées; \qs fouhaits font plus vagues; & les defirs
plus ardens. Les fouhaics {e nourrilfent d'imagina-
tion ; ils doivent être bornés. Les defrs viennent des
partions, ils doivent être modérés. On fe repaît de
fouhaits. On s'abandonne à fes defrs. Nous fouhait-
tons ce qui nous flatte. Nous dirons ce que nous
DES
eftimons* On dit à\i fouhah qu'il eft raifonnable oà
ridicule; du de/îr, qu'il cft fbible ou violent. Les
parelfeux s'occupent à faire des J'ou/mics chimcri-
ques. LesCourtilans fe tourmentent par des dc/irs
ambitieux.
|Cr Le defir ajoute toujours à la vivacité du
fouhait , qui n'eft quelquefois que de pure politelfe.
Souhaits de la nouvelle année.
Si l'homme n'avoit point péché, l'ame & le corps
ne fe feroient point importunés par des deiîrs de-
raifonnabies. Port-R. Les otfices des vrais amis ont
je ne fais quoi de vif qui va au-devant de nosbefoins
&C qui prévient jufqu'à nos dejirs. S. EvR. La mefure
des deJirs eft d'ordmaire celle des inquiétudes &c des
chagrins.
La raifort au milieu des plaijîrs.
D'un remords imporcunvient brider no s defirs. Boil.
Combien de fois fenflble à tes ardens defirs ,
M'efl-il en ta préfencc échappé des foupirs ? Rac.
Son mJroir lui difoic, prene^ vite un mari ;
Je nefai quel delir le lui difoitaujfi. La Font.
On dît, en termes de Pratique ^ d'un teftament,
d'un partage, ou autre adte défetiueux , qu'il n'ell;
pas tait au dejîr de la Coutume, de l'Ordonnance,
pour dire , qu'il n'a pas toutes les formalités que la
Coutume demande.
On dit proverbialement, que les obftacles irri-
tent les dejirs , & fur-tout en matière d'amour, pour
dire, que nous fouhaitons avec plus d'ardeur les
choies _qui nous font défendues, ou qui font diffi-
ciles.
DESIR. Nom propre d'homme. Voy. DIDIER.
DESIRABLE, adj. m. & f. Qui mérite d'être défiré.
Appetendus , defiderandus , optahilis , dejiderabilis. Il
n'y a rien qui foit plus déjirable que la vertu.
DESIR ADE.Ceft-à-dirCj UDéfirée. /^oyq Desidé-
RADE.
DESIRAT, f. m. Nom d'homme. Defideratus. S. Défi-
rat fut Evêque de Clermont en Auvergne. M. Du-
£raife. Chanoine de Clermont, Auteur d'un livre
intitulé : Origine des Egiifes de France prouvée par
lafucceffion de leurs Eveques , le fait fuccelfeur de S.
Avit, premier de ce nom, & prédécelleur de Saint
Avol. Chast. ii.Févr. p. 6zç). Il met fa mort en
6oi.
DESIRE, f. m. Nom d'homme. Defiderius ou Defide-
ratus. Il y a un S. Défiré Archevêque de Bourges ,
furnomrné Théodule, qui fuctéda à Saint Arcade
en 541. Il y a aulH Un Saint Défiré Evêque de Ver-
dun dans le même fiècle. Erafme s'appeloit Défiré.
Defiderius Erafnus.
DESIRER. V. a. Porter fes defirs vers une chofe qu'on
n'a pas. Defiderare. Ces deux mots defirer &c fuhai-
ter ne font fynonymes , qu'autant qu'ils expriment le
mouvement par lequel lame fe porte vers un objet ,
quel qu'il foit j fans rien dire de bon ou de mauvais
dans cet objet. On fouhaite de on defire des chofes
éloignées; mais les fouhaits font plus vagues, & les
defirs plus ardens. Syn. Fr. Noas fouhaitons ce qui
nous flatte. Nous defirons ce que nous elHmons. f^oy.
Deiir. ^oje^ Aullî vouloir, avoir envie, foupirer.
L'Eglife ne defire que le falut de fes enfans. Les
hommes partent toute leur vie à defirer ce qu'ils
Ji'ont pas, & à regretter ce qu'ils n'ont plus. M.
ScuD. On ne doit pas fe p'-écipiter dans le plaifir ;
parce qu'on le rend plus agréible à force de le defirer
Ch. de Mer. On feroit heureux fi l'on defiroit moins
de chofes.
On ne peut âeCirer ce qu'on ne connoitpas. Volt.
U^ C'eft la penfée du Pocte Latin. Innoti nulla
tupido.
£) E S
\-l
Modérons nos propres vœux \
Defites-^iV d'être heureux ?
Defire un peu moins de l'être. Ciiarlevai..
On dit communément j qu'il n'y a rien à defirer 3.
un ouvrage, pour dire, qu'il n'y manque rien ; qu'un
homme n'a rien à defirer , quand il eft fort heureux.
On dit aulfi par fouhait, Dieu vous donne ce que
votre cœur defire.
On dit , Defirer as faire quelque chofe, & defirer
faire quelque chofe; mais,dan£ ces iorres de phrafes,
où dcjirer eft mis devant un verbe à l'infinitif, l'ulage
ie plus ordinaire eft d'y joindre la particule de. Ac.
Franc.
Désiré, ée. part. Exoptatus, cupitus , defideratus ^
optatus, expetitus.
Le Cap défiré, ou Capo defeado, eft un cap de
l'Amérique méridionale. PromoQtorium defideratum,
optatum. Il eft fur ]\ côte occidentale de la Terre de
feu, à l'entrée du détroit de Magellan vis-à-vis du
cap de la Vidoire. Il y en a encore un autre dans la
terre des Papous, lequel s'avance dans l'Archipel des
Moluques.
Le Port défiré , eft une baie ou petit port de la
Terre Magellanique , environ à quarante lieues de la
rivière de los Camérones, vers le midi. Maty.
DESIREUX i ÈusE. adj. Qui defire arec ardeur, defi-
reux de gloire, d'honneurs. Cupidus. Expetens. Les
féditions ne fe font par la populace, que parce qu'elle
eft defireufe de nouveautés. Ce mot n'eft plus du bel
ufage, & il feroit difficile de traduire en François lé
titre d'un livre Iralien // defiderofo. On s'en fervoic
du temps de Ronfard, qui a dit : Content ne vit le
defireux. Régnier a du aulli :
Comme ces bons maris de race defireux ,
Qui bercent des enfans qui ne font pas à eux,
fCJ" Balzac s'eft auifi fervi de ce mot Bouhours
l'en a repris. Il eft vrai, dit Ménage, que ce mot a
vieilli; mais c'eft un beau vieillard qui peut encore
trouver fa place.
0Cr On dit dans le Didionnaire de l'Académie;
que ce mot eft d'ufage dans le ftyle foucenu. Il cft au
moins vrai qu'il eft d'un fetvice tiès-rare.
DESIRIER. f. m. Vieux mot, qui a été dit pour
Defir.
'fr DESISTEMENT, f m. Le defifiement t[} , à pio-
prement parler, un aéle par lequel on renonce à ici
pourfuites, à pourluivre les procédures commen-
cées, & même à tirer avantage de ce qUi a été fait.
On donne, dit M. l'Abbé Giiard, un dtfifeme/u àe
fespourfuites. J-^oye^ abdication, renonciation. Cer-
tains plaideurs de profellion ne fe mêlent & n'inter-
viennent dans les procès que pour faire acheter leur
défifiement.
|Kr En Jurifprudence , on appelle généralement
défifiement , la renonciation que fait un particulier à
une convention faite entre lui & un autre , à une
pourfuite, à une demande, ou à un appel d'une ii^n-
tence rendue contre lui : ainfi fe défifter , abandon-
ner ou renoncer font termes fynonymes. Cefijtio. On
doit les dépens d'une mauvaife demande jufqu'au
jour du défifiement (ignifié. L'amende d'un défifie-
ment d'appel eft plus grande quand on le fait en
jugement, que quand on le fait dehors.
IJCT DÉSISTEMENT de plainte , eft une renonciation
que l'on fait à la pourfuite criminelle que l'on avoit
intentée contre quelqu'un.
DÉSISTER. Verbe qui ne fe dit qu'avec ie pronom
perfonnel. Se défifter. v. récip. Abandonner une en-
treprife, une demande, un appel. Cejfare , dcfiflere.
Il eft fâcheux qu'un homme fe défifle de la recher-
che d'une fille , quand elle a éié faite publiquement.
Il fiut Çq défifler d'une demande en Jiiftice, d'un
appel, quand on n'eft pas fondé en droit. Le Duc
de Lorraine, toujours également prêt à tout entre,-
2.72-
DES
prendre, & à (s défiler de tant , ayant été trouver
le Roi à Metz. L'Abee Rfcn.
DESJUC. f. m. Voyez DEJ UC.
DESIUS. f. m. Nom Grec d'un des mois de l'année.
£>£/zus , Dejius , AaiTiaç , Aks-tK. Fabricius , dans Ion
Ménologe, ou petit Traité des Mois \ dit que
DES
défoccupée, débarraffee de toute occupation. Nego-
tioruni \ ULunas , ab omnicura -yacauo.C^e mot ne plak
pas à tout le monde. On le trouve fouvent dans les
ouvrages de Poi t-Royal. Au reite il ell fort commode.
Pourquoi le rejettet ? Il vaut mieux qu'une péri-
phrale. ^oy. Désœuvrement.
c'étoit le huitièma mois des Macédoniens, des Grecs §Cr' DESOCCUPER. (Se) v. récip. Se débarralTer de
de i'Alîe mineure, desEphélîens, des Pergaméniens,
des Tytiens, des Sidoniensj des Lyciens, &c. &
qu'il répondoit au mois de Mai : le feptième des
Syro-Macédoniens, de ceux d'Antioche, de Gaze,
de Smyrne, des Arabes, & d'autres peuples de l'Alie
mineure. Le lîxième des Achéens.
DESLIAGE. Foyei DELIAGE.
DESLONGER. Foy. DELONGER.
DÈS-LORS. adv. Qui marque un certain temps pafle,
& lignifie, dès ce temps-U, dès ce moment-la. Jam,
fiw. Quand je vis toutes ces fubtilités, je connus
bien dès-lors qu'il vous tromperoit. On dit au Palais,
dès-à-préfentj cc^mme dès-lors , & dès-lors , comme
dès-cà-préfent j en parlant d'u--. "^ chofe à venir j iur
laquelle on donne par avance une parole précile.
DESLOYAL. Foy. DELOYAL.
DESLOYALEMENT. Foye^ DELOYALEMENT.
DESLOYA JTE. Foye^ DELOYAUTE.
IJX DESMOLOGIE. i'. f. Terme d'Anatomie. Partie
de la Somatologie qui traite des ligamens.
DESMOND. Petit pays de la Momonie en Irlande,
lequel a titre de Comité , & qui eft entre la baie de
Bautris S< celle de Mayra.
DÉSOBÉIR. V. n. Ne pas obéir j manquer d'obéilTance
i un fupciieur légitime. Non objèqui , non parère^
non ohumpcrarc , iniperium detreclare 3 negUgere.
Adam a été puni pour avoir dtfobci à Dieu. Perfonne
n'oferoit defobeir-xvL Roi. Il fut contraint malgré lui
de défobtlr à l'Oracle. Ablanc.
DÉSOBÉI , lE. part.
DESOBÉISSANCE, ou ^DESOBEISSANCE, f. f
Aètion dedéfobéir. Défaut d'obéillance envers celui
qui a droit de commander. On le dit également du
vice & de l'adion de celui qui défobeit», Imper'n
negleclus jy detreciado y recufatio j inobedienda, coniu-
matia. La defobcijfance à Juftice eft criminelle. On
•convertit les ajournemens perfonnels en décrets de
prife-de-corps, à caufede la dejobeiffance. La défo-
iéiffance d'un fils doit ctre punie. La mort eft le châti
ment de la déjobéijjance du premier homme. S. Evr.
DÉSOBÉISSANCE , fé dit aullî au pluriel, tk alors il nt,-
fe prend que pour desaclions de dèfobéijffance. Toute
la maifon eft fcandalifée des defùbéijjdnces de ce
valet. Ac. Fr.
DÉSOBÉISSANT , ante. adj. Qui n'obéit pas à fês
fupérieurs , aux lois. Inobediens j non obfequens ,
non obtemperans , inobfequens , contumax. Un fils
défobé'iQant : un fujer rebelle & defoberffunt.
DÉSOBLIGEAMMENT. adv. D'une manière défo-
bligeante. Parum ojjidojè. Il a parlé de fon ami fort
défobligeammcnc en une telle compagnie.
DÉSOBLIGEANT, ante. adj. Çui déioblige ; qui fait
quelque déplailir, quelque légère offenfe. ïnoffido-
Jus y a/^'e/. Celui qui fair des railleries de fes amis
eft défobligeant. Celui qui va Iur le marché d'aurrui
qui traverfe fon delïein , eft défobligeant. Un homme
qui reproche à une fille qu'elle eft âgée j eft défoUi-
geant. Eîumeur défotligeante. Aéfion, parole défo-
b'dgeante.
DÉSOBLIGER, v. a. Faire quelque déplaihr à quel-
qu'un, quelque incivilité. Ce mot n'emporte que
l'idée d'une légère oftenfe. Malè rriereri de aliquo\
alïcui difplkere. On défohllpe un mari, plus qu'on
ce qui occupoit. Curam alkujus rei abjïcere. Us s'ap-
pliquoient avec toute leur attention à ce qu'ils dé-
voient à Dieu, & fe défoccupoient de tout autre foin.
Port. Roy.
|Cr Le P. Bouhours prétend que ce mot ne plaît
pas à nos maîtres , fit qu'il ne réuliit pas dans le mon-
de. Peut-être ne le condamnoit-il aulli tigoureufe-
ment que parce qu'il fe trouvoit dans les ouvrages,
de Port-Royal. Il faut pourtant convenir qu'il n'eu
guère ulité qu'au participe.
§CJ" Desoccupe , ee. part. Cura expers , negodorum
vûcuus. UeJ'oLCupé àe tout, ma palîion eft l'alïaire
de toute mon oiliveté. Abad. Il y a à la ville, com-
me ailleurs, de tort fotttrs gens, des gens fades,
oidts , defouupés. La Bruyère. La Béjart, femme
de Molière, ne fe fut pas plutôt donnée en fpeiîtacle
à la Comédie, que le Courtifan défoccupé lui en
conta. Vie DE Molière. Foyti^ les Articles fuivans.
DÉSŒUVRÉ J EE. adj. Celui qui n'a rien à faire, ou
qui ne faitpas s'occuper. Otiofus. Il convient parti-
culièrement à ceux qui ont accoutumé de faire quel-
que çhofe, & qui n'ont plus de quoi s'occuper. On
dit d'un homme qui avoit une charge qui lui don-
noit de l'occupation, & qui s'en eft défait : M. un
tel eft tout défœuvré. Les femmes fe fervent plus
louvent de ce mot que les hommes. Elles diront,
par exemple,' Depuis que j'ai achevé de lire un tel
livre, je luis toute dejceuvrée. Mots à la mode. Le
temps pèfe aux gens défœuvrés ^ ôc paroît toujours
trop court à ceux qui font occupés utilement.
DEiCÊUV REMENT. f. m. Etat d'une perfonne t^i^«-
vre'e. Il palfe fa vie dans le dejœuv renient. 1
ÇCT Désœuvrement , Défoccupation, défœuvré , dc-
foccupé J confidérés dans une lignification fynonyme.
On voit parce que nous venons de dire- qu'on n'a
pas allez diftingué ces mots. N'y auroit-il point quel-
que nuance particulière qui les empêthe de fe rellem-
bler parfaitement, & de pouvoir figurer partouc
l'un pour l'autte ? Il me paroît que le mot de de/occu-
pation s'applique à l'aélion de l'cfprit comme à celle
du corps, èc que celui de deJiEuvrenient convient par-
ticulièrement à cette dernière forte d'aétion. Il me
paroît encore qu'on eft dé foccupé parce qu'on n'a rien
à faire, & de/œuvre' j parce qu'on ne veut rien faire.
La dcfocciipation eft une des plus grandes peines
d'un Miniftre déplacé : accoutumé à une vie aélive,
il lui en coîite d'être défoccupé. Les fainéans palTent
leur vie dans le défœuvrement; ennemis de tout ce
qui s'appelle travail &: occupation, ils aiment à être
dcf œuvres.
DESOLANT, ante. adj. Qui caufe une grande afflic-
tion. Une aventure défilante. On dit d'un homme
ennuyeux & faftidieux. C'eft un homme défilant.'
îfJ- DESOLATEUR. f. m. Qui défoie, qui ravage^
qui détruit Fajlator ^ populator. Ce mot eft un peu
hardi \ mais il eft beau. Ce Conquérant fut le defo-
latour de l'A fie.
cjCT DÉSOLATION, f. f. Defilatîo. Ce mot figriifie
littéralement l'aélion de rendre défert , inhabité. Il
préfente l'idée de ruine entière, deftruéfion. Depo-
pulatio, vajlitas. La pefte acaufé une horrible défi-
lation dans tout le pays. La défilation des campa-
_^ gnes par les gens de guerre.
ne l'oblige, de l'avertir des infidélités de fa femme. ^fT Désolation j fe dit auflî pour exprimer la lîrua-
Vous me défibl'igere-{, ^\ vous n'acceptez pas le pré
fent que je vous offre. Il ne isiWi défi)bliger peiianne.
DÉSOBLIGÉ -, ée. part. Off'enfis.
DÉSOBSTRUCTIF. f. m. Terme de Médecine, qui
fe dit des remèdes qui ôtenr, qui guérilTent les obf- {
trudions. Des émétiques, des ftomachiques , des
dé/ob^ruc/jfs. Brfmond. 17^1. p. 19. |
9C? DÉSOCCUPATION. f. f. Etat d'une perfonne
tion d'une ame qui fouft're. Alors ce mot exprime
quelque chofe de plus vif que la douleur , qui , com-
me elle , s'adrelfe précifément à la fenfibilité. C'eft
une grande douleur dont le cœur eft faifi &: accablé.
Dolor acerrimus. La nouvelle de la mort de fon père
r.a mis dans une grande défilation. Tous les amis
font dans une extrême défolation depuis le renverfe-
fement de fa fortune. L'idée d'affdCilon enchérit fur
celle
DES
celle de trif-ejfe, celle de douleur (\.\<i ccWq d' affiiclloii,
& c^lle d;; j'éjotation fur celle de douleur.
DÉiOLER. V. a. Ravager, détruire, affliger un pays,
ou une p'ifonnej par une ruine oa dellrudtion en-
tière *■ a'iare, depopulari, defolare. Les Barbares onr
plufieurs fois dJj'olc les Provinces de l'Empire Ro-
main. S'avoir feulement tuer des gens, &i ddj'b/er la
focicté, c'ell: exceller dans une Icience bien fun'elVe.
S. EvR, Ils déjoloienc les familles par leurs concuf-
flons. Vaug.
Unefaifon trop cruelle
A beau défoler nos champs \
La terre enparoit plus belle
Au doux retour du priiitems. P. du Cerceau.
Ce mot vient as foulas, comme qui diroit , priva
de tout foulas \ ]oie& confolation.
DÉSOLER, fe dit aufli pour, caufer une très-grande
douleur. Affii^ere, mxrore conficere. Cette mort a
defûle cette pauvre famille. Pat. Son malheur me
dtfoU. Vous me dejole-^i en m'apprenant de ii trilles
nouvelles.
En parlant de la fupcriorité , de l'avantage qu'une
perfonne prend iur une autre, fou dans une con-
teftation &c dans une difpute , foit ailleurs , on dit
qu'il le défoie , qu'il l'a défie, Ac. Fr.
DÉSOLE, É£. part. & adj. Ravagé, ruinée accablé de
douleur. Affliclus j mœrore conjeclus , ou vajiacus ,
defolutus. Veuve diflee par la mort de fon mari.
Cette Paroilfe a été toute défolee par un ouragan. Un
fpcékacle li cruel & fi hinelle, ôta l'ufage des pleurs
à ce père défolé.Yt.\.. L'Eghfec^e/à/ee pouvoir à peine
gémir librement j & pleurer fa gloire palfée. Flech.
Que devant Troye enflamme Hécube défolée.
Ne \ienne pas pouffer une plainte empoulée. Boil.
^CTDÉSnpTLATIFj ivE.adj. Epithète que l'on donne
en Mcd-ecme à certains remèdes qui rélolvent ou
débouchent les opilations. /^oye|' Opilation. Dif
cutienii obflrucliones virtute prizditus. Remède défo-
vdatij . ■
DÉSOPILATION. f. f. Adtion de défopiler. ris dif
cutienai ol^lirudiones. Ce remède eft admirable pour
la defopiLition de la rate.
DESOPI' ER. V. a. Terme de Médecine. Déboucher
les conduits du corps humain où il y a eu quelque
obfttucliion caufée par de mauvaifes humeiirs qui
s'y font arrêtées. Olfîruciioi.es 'dij'cutere. Les purga-
tifs font propres pour déjopiler-
On dit, par extenfîon & familièrement, d'une
chofe qui réjouit ^ qui fait rire, qu'elle djjbpils la
rate.
DÉsoPiLÉ, ÉE. part.
DESOR. adv. Vieux mot. Dorénavant. On a dit aufiî
Défort , pour dire , par-delfus \ Se Aldéfor ,-^o\.\ï ans,
à l'étroit.
DÉSOR DONNER, v. a. Troubler l'ordre. Perfirbare.
Cette armée navale écoit rangée en bataille Ik. bien
ordonnée ; une tempête l'a défordonnée, l'a dillipée,
& mife en défordre. LefolFé ne lailfa pas de defor-
donner mes efcadrons en le pallanr. Bussi Rab. Ce
mot fe dir peu, il n eft guère en ufage qu'au parti-
cipe palîlf, qui eft pris comme adjed:ih
^fT Desordonné, ee. adj. Qui eft fans ordre, contre
l'ordre, déréglé. Ce dérangement univerfcl & con-
tinuel des chofes humaines , tout défordonné qu'il
femble à nos yeux , eft pourtant dans l'ordre de la
Providence. Flech. Toutes les pallions humaines
font vicieufes & defnrdonnées comme l'amour pro-
pre qui leur donne la nailiance. IvL Esp. Inordinatus.
Une Communauté dél'ordonnée. Une vie défordon-
née. Corruptus, dcpravatus.
(CT Ce mot eft quelquefois einployc comme
fynonyme à excellif. Un appétit défordonné. Une
paillon défordonnée pour une femme , pour la chaf-
fe , &c. Immoderatus.
ifT DÉSORDRE, f. f. Dérangement des chofes qui
Tom. III.
DES
%yx
ne font plus dans l'état , dans la difporition où elL-s
devroient être. Ce mot dans toutei fes acceptions
particulières conferve fon idée générale. Perturba-
tio j conjufio j inordmatio. Une mailpn , une biblio-
thèque en défordre j où rien n'eft à fa place. Quand
vous voyez vos cheveux dérangés , vous rcparez
bien vite ce petit d.éj ordre , afin qu'on ne vous fut-
prenne pas négligée, M. Scud. Le défordre s'eft rnis
parmi nos troupes ; l'armée s'eft retirée en défor-
dre , en conhidon.
§3" Desordre, fe dit de m"me des affaires embrouil-
lées & en mauvais état. Les affaires de ce maichafld
font en dfordre.
iyy On le dit de même de ceux dont la condui-
te eft déréglée , qui ne vivent pas félon les loix. Im-
modcrata Vivendi liccntia. Les Payens faifoient les
Dieux coupables des mêmes crimes qu'eux pour
excufer leurs defor^res Se leurs faletés. P. le Boss.
Je hais ces repas où l'on fait gloire de perdre la rai-
fon , & où le déjurdre fait le plus grand plaifir. M.
Scud. Il eft allez ordinaire aux gens abandonnés
à l'oiliveté de tomber dans le défordre. S. EvR.
CKT Ce terme appliqué à l'efprit fignifie la même
chofe que trouble & embarras. Je feignis d'être
malade pour cacher le dfordre de mon efprit j mais
je le devins en effet, & mon corps ne put fuppor-
ter une li violente agitation. P. de Cl. Les pallions
mettent le défordre dans l'ame. La colère met le
déjordre dans les difcours de ceux qu'elle maîtrife.
M. Es p.
Un défordre éternel règne dcns fon efprit. Racine.
(f3^ On dit, dans ce fens, qu'un homme eft en
défordre j<\unnà il fe trouve embarralTéen parlant,
ou qu'il eft furpris dans un état indécent. Cet acci-
dent mit le Prédicateur en défordre. Ce Galant fut
lurpris tout en défordre. Perturbatio.
■îfT Désordre poëtK;ue. On appelle ainfi , dans la
poélie lyrique , la fougue dir l'efprit qui prelTc les
penlées & les précipite, qui préfente les chofes bruf-
quement Se lans préparation , ou les place dans un
ordre qu'elles n'ont pas naturellement, il ne faut
pas le confondre avec l'cnthouliafine , enthoufiaf-
mos. Voy. ce mot , iSi écart en poche.
Ces magnilîques images de nouveaux cieux &
d'une terre nouvelle , réformée du cahos après fa
conflagration, onr etlcélivement faili tout le mon-
de , & ont peut-être plus fait concevoir ce que c'ell:
que le défordre de l'Ode , que n'auroient pu faire
toutes les définitions. En effet , ce défordre a fes rè-
gles , fon art & fa méthode , mais d'autant plus
belles , qu'elles font pins cachées , & que les liai-
fons en font imperceptibles j comme celles de nos
converfations , quand elles font animées par cette
efpèce d'ivrelfe d'cfprit, qui les empêche de languir.
En telle forte que ce défordre eft proprement la fa-
gelfe habillée en folie , & dégagée de ces chaînes
géométriques qui la rendent pelante & inanimée.
Rouss. On trouve dans Pindare , plus qu'en au-
cun autre Pocte , ce beau défordre , qui ravir Sc
qui charme J & qui enlève un leéleur hors de lui ,
Se malgré lui l'agite , le remue , l'échauffé.
Souvent un beau défordre e[lun effet de l'art. Boil.
Désordre , fîgnlfie .aullî , les abus , les irrégularités
qui proviennent ou de l'inexécution des loix , o^
de quelque autre caufe dans l'Etat , ou dans l'Egliie*
Le Cardinal s'appliqua férieufement à réformer les
défordrcs qui s'étoient glilTés dans l'Etat. S. Evk.
Le peuple demanda qu on fongcât à remédier à
tant de défordres qui troubloient le repos du Royau-
me. Id. L'Eglife fonffrit beaucoup par les défordres
inévitables d'un fchilme.
DÉSORDRE , fignifîe encore , dégât , ravage. Vafitas,
vafatio , clades _, ruina. Dans les guerres civiles il
fe commet mille défordres. Le Prince ordonna qu'.Qii
payât le défordre de troupes.
M m
274
DES
DES
Qu'ont de grand à mes yeux les fucces de ce Roi j
Quipar-cout ajeméle défordie o- l'effroi ?
Nouv. cH. DE Vers.
DÉSORDRE , fe dit encore de la dilTendon & dd la
broiullerie qui aiiive entre deux perfonnes unifs.
Diffidium j dijfenflo. Ce jeune blondin a mis- le dé-
fordre dans ce ménage \ il a brouillé la femme avec
le mari. Ncris étions en bonne intelligence, & vous
Y êtes venj.1 mettre le ddfordre. Souvent le plus lé-
ser intérêt met le défordrc dans une famille bien
ur-ie.
On dit proverbialement d'un homme qui cher-
che à brouiller les gens les uns avec les autres ,
qu'il eft comme la fervante à Pilate , qu'il fe plaît
dans le déforJre.
fO^DESOi^IENTER. v. a. Détourner de l'Orient, ou
faire perdre à quelqu'un la connoilLince du vcri-
ble côté du Ciel où le foleil fe lè/e. Ab oriente de-
trahere, ahducere. Nous étions fans BoulTole j la
brume acheva de nous déforicuier. Il n'a poinc d'au-
tre ufage au propre. Au figuré il lignifie , Décon-
certer quelqu'un , le troubler , comme s'il ne favoit
où il en eft j ni de quel côté eft l'Orient. Pertur-
bare. Quand on n'eft plus en pays de connoillan-
ce j on eft tout deforiente. Qu'on parle des Loix à
un Médecin j de Médecine à un Avocat , ils font
tous de/orientés. Un Provincial tranfporté à la Cour
eft tout déforienté. Si vous voulez le déforienter par-
lez-lui de telle chofe.
DÉSORIENTÉ, EE. part. Dans la difpnte fur la con-
formité de la foi des Orientaux avec nous touchant
l'Euchariftie ^ M. Alix difoic quelquefois en rail-
lant 5 que M, Claude fon Collègue étoit déforien-
té.
DESORMAIS, adv. A l'avenir , depuis ce moment-ci.
In pojlerum j deir.ceps. C'eft la même chofe que do-
rénavant. La paix eft faite , nous feront déformais
exempts de crainre & d'alarmes. Il a été fi bien châ-
tié , qu'il fera déformais plus fage. Mes défauts dé-
formais iowx. mes feuls ennemis. Boil.
DËSORNER. V. a. Inornatum reddere. Oter de l'orne-
ment , de l'agï ément , faire qu'il en paroilfe moins,
faire paroître une chofe, une perfonne moins belle
qu'elle n'eft. Malgré le foin qu'on prenoit de lui
donner des habits qui pulfent la afi^or/zer; tout lui
féoit. Mlle L'Hér. Ce mot n'eft point autorifé par
l'ufage.
DÉSOSSER. V. a. Oter les os de quelque viande,
pour la mettre en pâte ou en hachis. Exofare. On
lui a envoyé un pâte de deux lièvres qu'on a dé-
fqffes.
|tCF On le dit aufiî de certains poiffons dont on
ôte les arrêtes. Défofcrune carpej un brochet.
DÉSOSSÉ, ÉH. part. & adj. Exojjatus.
DESOURDIR. V. a. Détaire une toile; ce quia éré,
ourdi. Tclam retexere. Une toile de Pénélope eft
une toile où l'on défourdit\;\. nuit ce qu'on a ourdi le
jour. Il eft de peu d'ufage..
DÉsouRDi , lE. part,
DESPECEMENT. FoYe:{ DÉPÈCEMENT.
DESPECER. Foye^ DÉPECER.
DESPENDRE. Foye-^ DEPENDRE.
DESPENS. P'oyei DEPENS.
DESPENSE. /"oyt-- DÉPENSE,
DESPEN'ER. Voye^ DÉPENSER.
DÈSPENSIEPv. /^qye? DÉPENSIER.
DESPERS. Vieux mot. Inhumain, dur, cruel.
DESPIRE & DESPIRER. v. a. Vieux mot qui fignifie
méprifer. Dcfucere. On a dit, dans le même iç.x\%,def
pirer , Se defp/ter.La partie qui diffama &: defpita.
De Baum. Le Tout-puiifintleur façon defpire. Ma-
ROT. Un menor de toi ne defpire-^ pour, ne méprifez
pas un moindre que vous.
DESPLIER, ^ojeç DËPLIER.
DESPLOYER, .rove? DEPLOYER.
DESPONSATION.f f. PromeiTe folennel'e de ma-
' riage , fiançailles. Defjwnfatio. M. Chaftelain s'eft
fervi de ce mot en fon Martyrologe , tome I , page
517. pour marquer une Fête en mémoire df s fian-
çailles de la Sainte Vierge avec Saint Jofeph. Les
Religieufes de l'Annonciade célèbrent à l'honneur
de la Sainte Vierge quatre Fêtes particulières qu'elles
nomment ainfi , les dix Vertus, la Defponjation^
rinvention & le Spafme.
DESPOTAT. f. m. Mot formé du Grec =?ffîr,r;/« ,
feigneurie , autorité , puiftance : d'où vient le mot
dejpotijme ,àutQnzé ablolue, fans bornes : d'où vient
auifi le nom & le titre de defpotc , que prenoient
les plus illuftres Seigneurs du bas Empire , & quel-
ques Princes fouverains , tels qu'étoient les dcfpo-
tes de Valachie , de Servie & quelques autres. Foy.
les mots luivans.
Despotat. f. m. Pays , Etat gouverné par un Defpote.
Ditio DefpotA fuhjeaa. On appelle en particulier
le Defpotat , un petit pays de Livadie qui appar-
tient aujoutd'hui au Turc , & qui eft l'ancienne
Etoile, il eft fur la côte de la mer Ionienne , entre
le Golfe de Lépante & celui de la Prévéfa , & a
été nommé Dejpotat^. caufedes Defpotes , ou Prin-
ces Grecs à qui il a appartenu. Corn.
DESPOTE, f. m. Titre d'honneur ,&; qualité qu'on
donne aux Princes de Valachie, &à quelqu'autres
Princes voifins. Dominus , Princeps. Ce mot , dans
. fapremièi-e origine , fignifie ce que marque en Latin,
lemot/zcraj, & en François celui de maitie^At rap
port aux ferviteurs. On en fit à-peu-près ( fur les
médailles) ce que les Latins avoient fait du mot Cd-
far 3 comparé à celui d'Augufte , baKiaeïK. ré-
pondant à Auguflus , &C AEKnoTHK à Cafr. Ainli
Nicéphore ayant fait couronner fon fils Stauracius,
il ne voulut que le nom de aeKoOtkK j lailfant à
fon père , par refpecl , celui de eaKiaEtK. Ce fut
juftement autemps que les Empereurs celTèrent de
mettre des infcriptions Latines. Cette délicatefTe
néanmoins ne dura pas j les Empereurs fuivans
ayant préféré la qualité de AEicnoTHK à celle de
eAKiaEiK comme Conftantin & Michel Ducas , Ni-
céphore Botoniate , Romanus Diogènes , les Com-
nènes & quelques autres. A l'imit.ition des Princes,
les Princeffes en prirent aulli le nom AEKnoiKH ,
comme Théodore , femme de Théophile. P. J0U3.
Les penfées du p. Hardouin fur \e Dejpote ^ dans
fes Médailles du fiécle de Conftantin, p. 255 font
ingénieufes & finguliéres. Id.
C'eft l'Empereur Alexis j, fuinommé l'Ange , qui
créa la dignité de Defpotc , & qui lui donna le
premier rang après l'Empereur , au-delîus de l'Au-
gufte ou Sébaftocraror , & du Céfar. C'eft Phran-
zès qui nous l'apprend , L. I, C. I. Les Defpotes
étoient ordinairement les filsou les gendres des Em-
pereurs. Le Defpote étoit Collègue de l'Empereur ,
ou fon héritier préfomptif. Le Defpote fils de l'Em-
pereur , avoir le pas fur le Defpote gendre de l'Em-
pereur, Codiii p. 38 décrit les habits & les ornemens
du Defpotc. Foyei les Notes du P. Goar fur cet
Auteur, p. lo. &c. Sous les fuccell'eurs du Grand
Conftantin on appela defpotes de Sparte , les Princes
fils , ou frères de l'Empereur , à qui l'on avoir
donné 'la ville de Sparte , ou de Lacédémone , en
apanage. On donna le nom de Defpotat à la forme
du gouvernement. La Guil.
Ce mot vientdu Grec ^i;mTr,ç ^Si ûgnids Maure ou
Seigneur.
|]CF Le mot de Defpote fe prend fouvent aujour-
d'hui pour un Prince dont le pouvoir eft abfolu, qui
n'a d'autre loi que fa volonté.
DESPOTICITÉ. f. f. Pouvoir defpotique ; abfohi. M.
de Beauchamps confidère le Parterre dans Athènes^
dans Rome & en France. Ceux qui parmi nous rem-
plirent le Parterre, fe crurenr , dit-il, aux droits
des Grecs &: des Romains , & fe mirent à exercer
la même jurifdiâion , avec plus ou moins de de/po-
ticité , félon qu'ils furent plus ou moins frappés des
défauts ou des beautés des pièces. Ob. sur les Ecr.
MoD. Defpotifme eft plus en ufage.
DESPOTIQUE, adj. m. & f. Souverain abfolu. Sum-
DES
jnum Impcr'ium. Les Princes d'Orient, font abfolus
DES
Ce mot nefe dit plus qu'en Province.
^79i
ôc deJhjtiqiies.C'e& mi goavszmmmç de/poùque , DESROYER. v. a. Vieux mot , qui (ignifie, changée
©ù le Prince fait touc ce qu'il veut, fans en rendre l'ulage d'une teire d'.ftinée au labour , la defti-
raifjn à perfonne. Il n'y a point de patrie qui inté- ; net a autre chofe qu'à avoir des roies , comme il y
lelfe dans un Ecat dejpocique , la gloire j le fervice en a encre les lilions.
du Prince y fupplcenc. La Bruy. Le pouvoir des DESRUE , ou DERUE, Ée. adj. Dévoyé , qui efi: en
maris en Allemagne j même des Princes de l'Em- ; démence. Amcns , démens. Ce mot eil hors d'u-
pire , à l'égard de leurs temmes & de leurs enfaiis, ^ I"'ge.
tt'ell point </i.^i;/-/^^^e &: fouverain. (DESRUNER. v. a. Vieux mot. Renverfer une chofe
I bien agencée.
yous ave^ifur mes vers un pouvoir àsi^'^où(\\xe. f DESSACRER, v. a. Ce mocfe trouve dans Pomey pour
BoiLEAU. I rendre prophane. yEdem J',a\uii projanarc , ex\iu~
I gurj.re. DejJ'acrer une Eglife. On doute qu'il foie
DESPOTIQUEMENT. adv. D'une manière defpoti- ufité.
que. Sumino cum imperio. Le Grand-Seigneur gou-J DESSAIGNER les cuirs. Terme de Hongrieur. C'eft
verne dcfpoùquement fes peuples.
DESPOTISME, f. m. Difpjtifinus. Forme de gouver-
. nement defpotique , ou gouvernement defpotique ,
dans lequel le Souverain eft maître abfolu , a une
autorité fans bornes , un pouvoir arbitraire , qui
n'a pour régie que fa volonté. Tel elt le gouverne-
ment de Turquie , du Mogol , du Japon , de Perfe,
& prefque de toute l'Alîe. Le principe , le carac-
tère & les maux qu'entraîne le dejpoûfme font fuffi-
famment développés dans nos meilleurs Ecrivains.
Le defpodfme qu'il avoit fucé en nailfanc lui avoit
fait oublier qu'autrefois la Suéde avoit été libre.
Volt.
DESPorisME, fe dit figurément d'une grande liberté
qu'on fe donne, qu'on s'arroge fur quelque choie
que ce foit. Licenaa. Le defpotifniQ que les Gram-
mairiens ont exercé fur les Poches d'Homère a été
reconnu par Euftachius fur le premier Livre de l'I-
liade. Baudelot. Hijl.de Pcol. Aul.P. II. C. FUI,
P- i4'î-
DESPOUILLE. Foyei DEPOUILLE.
DESPOUILLEMENT. Foye^ DÉPOUILLEMENT.
DESPO'lIILLER. Foye^ DEPOUILLER.
DESPUMATION. f "f. Terme de Chimie. Adion par
laquelle on ôte l'écume & les impuretés qui fe fé-
parcnt des fubftances par l'ébullition, comme des
viandes , des fucs , des miels , (Sec. Spum& decrac-
tio. La defpumation fe fait avec une cuillier, ou avec
une plume . ou par le moyen de la colature. Foye^
EcUMER.
DESPUMER. v. a. Oter l'écume , oiT toute autre im-
pureté , qui a été féparée d'un liquide par la force
du feu. Defpumare. Ce mot n'ell d'ufage qu'eu Chi-
mie.
tfT Despumé , ÉE. part.
DESPUTOISON.f. f. Vieux mot. Difpute.
DESQUAMATION, f f. Dépouillement de la peau ,
de la lurface. Du Latin Defquamano , qui fignifie
l'action d'ôter les écailles d'un poillon. L'autre fe
termine à la fuppuration , ou à la defquamadon des
puflules. Brigandage de la Médecine.
DESRAINE , &c DEbRÈNE.f f Terme de Coutumes.
mettre les cuirs tremper dans l'eau , pour en faire
forcir tout le fang qui pourioit y être refté. On taie
dédaigner les cuirs quand ils ont été rafés fur le
chevalet.
DESSAISIR. Terme de Jurifprudence qui ne fe die
guère qu'avecle pronom perlorjnel. Relâcher quelque
chofcquona en lapolfelhon. De munihus aliqu^d a-mc-
tere ,reinaliquam abdicare, realiquâje exuere.Q^axnà
on fait un exploit de faifie5c arrêt, on faitdéfenfe
au débiteur de le dejjaijir <\iis deniers, des effets
qu'il a en les mains, les concrats de vente & de do-
nation poitent , que le vendeur ou le donateurs eft
dcffai/iëc dévêcu de l'héritage vendu ou donné ,&
qu'il en a faifi tk vêtu l'acheteur ou le donataire.
Quand on a de bons nanti ifemens , on ne s'en doic
point dejjuijir qu on ne foie payé.
Ce mot s'eft formé de f'ri/ir ; mais il eft ancien.
Le Avoine Eadmer on EJmet , qui écrivoit (on lij^
toria novorum in Angllu au commencement du XII"
ficelé, en parlant du différend de Saint Anfelme!
avec Henri Roi d'Angleterre au fujet d'Urbain If ,
dit j uc vero Pontificatu illum-dejjdijîret imp.)jjibde
Jlbi videhatur. On trouve aufli di£,:gire oppofé à dar&
faifinam. Foye^ la Vie de Saint Joachim Abbé ,
Aaa Sancl. Maii ^ T. F 11. p. \2%. A.
DESSAISISSEMENT, f m. Adion par laquelle on fe
dellai(ît,_ on met hors de fes mains la propriété ou
la poiTeflion de quelque cho^e pour la tranlinettre
à un 7>.\KXQ. AmiJJio de manions. Le privilège qu'on
a fur des meubles fe perd, dès qu'on en a foufleic
le dejfai/ljjement.
DESSAISONNLR. v. a. Terme d'Agriculture. Chan-
ger l'ordre de la culture des terres, les failoi^s qu'el-
les ont accoutumé d'avoir. Déranger les diffcvcntes
foies , en femant de l'avoine oii il faudroit fcmet
du blé & du blé où il iaiidroit femer de l'avome ,
& lailfant en jachères celles qui devroient être en-
femencces. Pruifcrlptam pro tempejlacum varie tùce
agrcrum culturam mutare. Tous les baux des tertes
obligent les Ferni'.ers à les cultiver fuivant leurs fai-
fons , avec défenfes de les deQaifonncr , ou de les
deffoler.
Dénégation d'une chofe qu'où alTure par lerment 0tT Dessaisonnkr , fedlt auflî en termes de Jardi-
n'être pas.Denegacin. Dans la Coutume de Leave ,' nage, en parlant des fleurs , £c c'efl: avancer ou ré-
on trouve la forme de la dej'rène. L'ufage de la def-', tarder la Heuraifon par qr.elque moyen que ce foit.
;fli«e eft aujourd'hui aboli. rDESSAisoNNÉ, ée. part. Mutata agrorum cuUura pro
DESRAIGNIER. Vieux v. n. Chanter, fredonner,! tempejiatumvarietate pnfcripta.
raifonner, fe défendre, jouter contte quelqu'un ; DESSALEME>]T. f. m. L'arc de deffaler quelque cho-
Thibault , Roi de Navarre , l'emploie dans ce der- j ù. LcdeJfalemencdeVeza de mer. Journal de Ferdun,
nier fens ; pour dire careller une fille, jouter avecl Aoiu 1764.
elle. (DESSALER, v. a. Oter la falure d'une chofe, priver de
DESRENER. Terme de Coutumes. Nier avec ferment < fel. Salfamenta aquâ macerarc. Cn n'a point trouvé
quelque chofe. Denegare , potentijjlmè negare. Ce
mot fe trouve dans la Coutume deNotmandie en
pluileurs endroits.
DESROY. f m. Défaftre , infortune. Par fîncope de
aefaroy ^ qui a la même fignihcation. Nicox,
Comment Phanyedit au Roy
Son père quepar fon defroy
Il Jeroit au gibetpendu. RoM. de la Rose.
^onc puis Romains pour ce defroy
A'e vouldroHt faire à Rçmç Roy, Id,
le moyen de deffAer l'eau de la mer , de lui ôtec
la falure. On nit defjaler la morue , un jambon ,
en le mettant tremper quelque temps dans l'cai»
douce.
Dessalé, ÉE.parr.
§3" 0\\ dit dans ledifcours familier d'un homme
fin & rufé, que c'eft un homme deffale'. Vous avez
affaire à un compagnon qui eft fovt deffale , qui ne
fe lailTe pas tromper. Callidus , recocius.
DESSANGLER, v. a. Oter les fanyles d'un cheval ,
ou autre bête de fomme , ou les lârher. f qui cin-
gulum/çlYcrc. Il faiiC deffdngler un cheval pour le
Al m i]
t.yG DES
defTellcr. Voilà un cheval elîouflé qui crève , il le
faut un peu dejjangUt , lui lâcher l'es laiiv;les. On
dir auiîî j de£a/igler dis chaînes, un lie de repos,
quand on ôte les fangles qui foucenoienc leur gar-
niture.
DfissANGi.É, ÉE. part.
DESSAOULER, v. a. ( On prononce dejfouler , &
quelques-uns l'écrivent. ) Terme bas & populaire.
Abattre les fumées du vin , faire qu'on celfe d'être
faoul. Oncroitquele tabac en fumée j la foupe à
l'oignon dcffaoulcnt.
§3' Ce verbe eftauflî neutre. Cet homme ne de/-
faoule pas , il eft toujours ivre.
Dessaoulé, ée. part.
DESSARTER , ou DESSERTER. Terme d'Agricul-
ture ^ détricher une rerre couverte de ronces, de
builTons, de mauvaifes herbes, Sic. Incultum& rude
folum colère j arare.
DESSAU , ou DESSAOU. Ceft un petit Fort ou Châ-
teau de la Judée , dont il eft parlé au z" Mach. xiv.
1 6. mais dont la fituation n'ell: point marquée. Zie-
gler & le P. Lubin conjeflurent qu'il étoic alfez près
de Jérulalem , au feptentrion.
fer DESSAUTEUR, f. m. Nom que les Grecs don-
noient à ceux qui révéloient les myftères des orgies
de Bacchus qui ne dévoient point être connus du peu-
ple. Enc. Voye-{ Orgies.
DÈSSAW. Ville du Cercle de la haute Saxe en Alle-
magne. Z>t;//îzwiz. Cette ville eft la capitale delà Prin-
cipauté d'Anhalt , & la réiidence des Prmces d'An-
ha.hDe£'aw.Dej[Jaw eftfitué au confluent de la Mulre
&de 1 Elbe. Ce n'étoit autrefois qu'un bourg dé-
pendant de la Seigneurie de Walderféc. Albert le
Jeune & fon frère Waldemar le firent agrandir , &:
entourer de murailles l'an 1 341. Corn.
DESSÉCHANT, ante. part. préf. & adj. Exjlccans.
Qui confume , qui emporte l'humidité. Des remèdes
défichants , un vent dejfichant.
DESSÈCHEMENT, f. m. Adion par laquelle on def-
sèche ,& qualité j difpofition , état d'une chofe qui
a été delféchée. Sicdtas , pour ce dernier fens ; &
pour le premier. ^Sitajrio , exjiccatio , dejiccatio.ds
tubercules ne diffèrent entr'eux que du plus au
moins de dureté & de dejféchemcnc de la matière
qui les compofe. Dion, On eft venu à bout du
defféchemem des marais de Poitou. En Hollande on
eft continuellement occupé au dejjcchement des ter-
res. On ne remédie point au dejféchement à\i pou-
mon.
^3° Dessèchement, fedit', en Médecine , de l'état où
eft le corps humain, lorfqu'il eftparvenu à une ex
trême vieillelTe. On l'emploie aufli comme fynony-
me à marafme. f^oy- ce mot.
DESSECHER, v. a. Oter l'humidité de quelque chofe,
la rendre feche. Siccare , exficaire , dejiccare. Le ta-
bac pris en fumée dejjèche le cerveau , en dillipe
l'humidité. Le foleil fait le fel , en deQechaut les
marais lalans. On dit aufti , dcffécher des marais,
quand on fait écouler les eaux par plufieurs rigoles
ou faignées j ou avec des machines , les mettre à fec.
On dejféchc un étang pour pêcher le poiiïon. On def
feche des terres pour les mettre en labour. M.
fléchier s'en eft fervi dans le figuré. JLa grâce éteint
le feu des paflions , & dcJfécheVT^moax: propre juf-
qu'aux racines. Flécti. L'extrême juftelfe dejjéche le
difcours. Bouh. C'eft-à-dire le rend moins fleuri ,
moins élégant. L'étude des fciences abftraites dejje-
che l'efprir.
On dit auftl, en termes defpiritualité , Dejfécher
le cœur ; poui- dire diminuer le goût de la piété ,
diminuer la dévotion, ôter l'ondion. Il eft impof-
fible qu'avec le temps les fciences profanes & abf-
traires ne difllpent l'efprit & ne deffechent le cœur.
BouH. Le commerce du monde dejjeche la dévo-
tion.
Desskcher. Terme de Philofophie Hermétique, qui
hgnifie , rendre la nature parfaite à force de la faire
cuire. Coquere , coqucida perftare.
Dessécher. Terme de Pharmacie. Coufumer l'huipi-
DES
dite des médicamens jqui étant nuifibleoufuperflus
y cauleroit de la pourriture j & empêchant qu'on
ne les pût mettre en poudre , oft"ufqueroit&: furmou-
teroit la chaleur.
§3* Dessécher. Terme d'Affinage. Défunir le plomb
& l'étain d'avec le cuivre qui a fcrvi à 1 affinage.
§C? Dessécher les pignes d argent , les faire palier au
feu, pour faire évaporer le mercure ou l'on auroic
pu les tremper pour les rendre plus pefantes.
Desséché, ee. part. .Skcains j exjkcatus.
DEbSElGNER. v. a. Delïneare. Le plus grand nombre
écrit &(. prononce dcjfigner. Voy. ce mot, M. Féli-
bien dans le premier tome de les entretiens fur la
Vie des Peintres , met toujours dejjigner & Deffi-
gnateur \ mais il fe corrigea dans le lecond tome ,
& depuis & compris l'endroit où il parle d'Annibal
Carache j il a toujours mis dejfiné Se Deflinateur.
ifT DESSEIN, f. m. ConcUlum. Le dejjein eft propre-
ment ce mouvement de l'ame par lequel on fe dé-
termine à tenter ou à ne pas tenter une chofe. Ce mot
eft fynonyme à projet.
§Cr Ces deux mots fe prennent auffi également
pour la chofe même qu'on veur exécuter. Quoiqu'ils
foient alors encore plus fynonymes, on ne laitfe
pas dy trouver une différence : la voici,dit M. l'Abbé
Girard , telle que j'ai pu la déveloper. Il me fem-
ble que \t projet regarde alors quelque chofe de plus
éloigné iSc le dcjjein quelque choie de plus près. On.
fait des projets pour 1 avenir. On forme des dejjeins
pour le temps préfent. Le premier ell plus vague ,
l'autre eft plus déterminé. Un bon Miniftre d'Etat
n'a d'autre /iro/e^cjue la gloire du Prince &c le bon-
heur dss lujets. Un bon Général d'armée a autant
d'attention à cacher fes d'e//<'i«j qu'a découvrir ceux
de l'ennemi.
IJC? On dit faire dt^ projets, former nn dejjein
des dejjeins. On dit aulli commettre un crime de
dejjein lormé ,de guet-à-pens.
0Cr II y a de la différence entre dejjein &c projet y
un projet eft médité & arrêté \ ainfi on fait un pro-
jet. Dejjein donne une idée plus vague , voilà pour-
quoi on dit qu'un Général lait un projet de campa-
gne & non pas un dejjein de campagne. Voltaire.
§CF On peut encore confidérer ce mot comme
ayant quelque rapport avec vo/o/rre, intention. M.
l'Abbé Girard nous apprend les nuances délicates qui
diftinguent ces mots. La volonté eft une détermina-
tion fixe , qui regarde quelque chofe de prochain ;
elle le fait rechercher. L'i/2re«rio/2 eft un mouvement
de l'aine qui envilage quelque chofe d'éloigné j elle
y fait tendre. Ledejjein eft une idée adoptée &c choi-
lig , qui paroît luppofer quelque chofe de médité j
de méthodique ; il fait chercher les moyens & l'exé-
cution.
Quand la volonté' de fervir Dieu vint à l'Abbé
de la Trape jfespreinièies ifieentions furent de faira
une auftère pénitence , 8c il forma pour cela le
dejfein de fe retirer dans fon Abbaye & d'y établir
fa réforme.
On peut enfin le confidérer comme fynonyme à
but & vues par l'idée générale que préfentent ces
mots. Dans ce cas voici les idées particulières qui les
diftinguent. Le but eft plus fixe : c'eft où l'on veut
aller ; on fuit les routes qu'on croit y aboutir , &C
l'on fair fes efforts pour y arriver. Les vues font
plus vagues ; c'eft ce qu'on veut procurer j on prend
les mefures qu'on croit y être utiles ; & l'on tâche
de réullir. Le dejjein eft plus ferme \ c'eft ce qu'on
veut exécuter \ on met en œuvre les moyens qui pa-
roiflent y être propres; & on travaille à en venir à
bout. Le véritable Chrétien n'a d'autre but que le
ciel, d'autre vues que de plaire à Dieu, ni d'autre
dejlein que de faire fon fahir.
Le mot de dejfein par rapport aux Sciences & aux
Arts fignifie la penfée j le plan , la repréfentation
géométrale de l'ordre, de la diftriburion , & de la
confttuélion d'un tableau j d'un Pocme , d'un livre,
d'un bâriir.enr. Defi<^natio ^ defcriptio , adumbratio.
On peut encore fe fervir du mot Ichnographia,<\\X2Lady
DES
par le mot de di^JJein, on enrend un plan d'un baci- ,
rnent , ou une figure toute plate tracée fur le papier,
& qui confifte feulement en des lignes. On lappelle
Onho?raphia , quand la race extérieure du bâtiment
eil repréfentée comme élevée fur terre ; maisii c'eft
une perpedive de la face & des côtés du bâtiment, '
& que le bâtiment loit repréfenté en raccourci , on j
le nomme , Scenographla. Vitruve. Ce Peintre a !
fait voir le premier delfein de ce tableau , ou les
fio-ures font bien difpofées. Ledejjein de ce Poème,
de ce livre, eft bien ordonné. Claudien n'envifage
point fon deffein tout entier : quand il en compole
une partie j il ne penfe qu'a celle-là , & il travaille
chaque morceau comme s il étoit détaché de tout
le relie. Le Boss. Il laut que, dans le de[jein d'un bâ-
timent, on en falîe voir Télévation , aulli-bien que
dans le plan , & le profil. On appelle d<:[lcin arrc'cé,
celui fur lequel on a conclu avec l'Entrepreneur.
Dessein , fe du en particulier dans la Peinture , de
ces images , ou tableaux qui iont fans couleur , &
qu'on exécute quelquefois en grand. Les Curieux
font grand cas àtsdejjelns des grands Peintres. On a
fait les tapilîeries du Louvre iur les deffè/ns de Ra-
phaël , de le Bcun , Sec. Levis aUcujus opcris aium-
brado.
Dessein, fe prend auffi pour la penfée d'un grand
ouvrage qu'on trace grollièrement en petit , pour
l'exécuter & finir en grand. C'eft, dans le fens le plus
fîmple qu'on donne à ce mot dans les Arts , le fim-
ple contour des figures, des chofes qu'on repré-
fenté, les lignes qui les terminent, qui en font
la circonicription. On. appelle dejje'ui au trak , celui
qui e!l tracé au crayon , ou à l'encre , fans aucun
omhvQ : dcjjein haché, celui dont les ombres font
exprimées par des lignes fenfibles, èc le plus fou-
venr croifées, qu'on trace avec la plume , le crayon,
ou le buiin •.dejje'm eftampé , celui dont les ombres
font faites avec du crayon frotté , en forte qu'il n'y
paroilFe aucune ligne : dejjein crcné , celui ou les
grains du crayon paroilfent \ lequel n'eft point frotté:
dejfiin lavé i celui dont les ombres font faites au
pinceau avec de l'encre de la Chine 3 ou cjuelque
auT? liqueur j dejfein colorié ^ celui où l'on emploie
quel jaes coa'earsà peu près femblables à celles qui
doivent ctre dans l'original.
Les qualités ou les parties du dejfein font la Cor
retliori J le Bon-goat , l'Elégance, le Caradère,
ia Di/erl!té , l'Exprelîîon & la Perfpeétive. La Cor
rcilioii dépend de la jufleire des proportions , &
& de la connoilfance de l'Anatoinie. Le Goût eft
une idée , ou manière de dejfein qui vient de l'in
clination & des difpofitions naturelles , ou de l'édu
cation , des études qu'on a faites , des M.aitres qu'on
a eus. L'Elégance donne aux figures queK]ue chofe
de délicat &c un certain agrément qui plaît à tout le
inonde. Le Caractère eft ce quieft propre .r chaque
chofe : il y faut de la Diverfiré , parce que chaque
efpèce de cliDfe a (on caractère particulier qui la
diilingue. L'Exprelfioneft la repréfenrationd'un ob-
jet lelon fon caradère , & (elon le tour que le Pein-
tre a voulu lui donner dans les circonftances où il
le fuppofe. La Perfpetlive eft la repréfcnration des
parties d'un tableau, ou d'une figure, félon la dif-
pofition où elles font entr'elles j par rapport au point
de vue. Foy. M. Félibien, M. De Piles, Léonard de
Vinci, &c.
Lire nndejfein , nommer un dejfein. C'eft dire en
détail à un ouvrier qui monte un métier j quels fils
de la chaîne doivent fe lever, & en quelle quantité,
& lefquels non.
On appelle encore dejfein , la repréfentation de
certaines parties détachées; par exemple, d'un bras,
d'unetête,&c. que les Peintres font pour leur ufrge,
ou pour l'inftrudlion de leur Elèves : dans ce fens
dejfein & étude lignifient la même chofe ; cependant
il eft mieux dans cette occafion de fe fervir du mot
d'étude.
Enfin l'on appelle dejfeins , certains modèles que
les Peintres & les Aichuedes font pour les ouvriers^ •
D ES
K7
f r
pour les Manufactures d'étoffes , de tapilTeries , &c.
D'ici, de Peint. & d'ArchiC
|ÎCr Ainfi le mot de deJjein fe dit i». de la repré-
fentation d'une ou depluheurs figures d'un paylage,
d'un morccaud'Architeélure, foità la plume Ibit au
crayon. Dejjeins de Jule Romain , de Calot j (Scc
|fCr i°. De la fimple délinéation& des contours
des figures d'un tableau. De[fin correct , exaét.
^fT 3°. Pour toute l'ordonnance du tableau. Le
dejjein de ce tableau eft admirable j mais mal exé-
cuté.
%f3° 4°. Le plan d'un bâtiment. Faire faire par
fon Architeéte le dejjein d'une maifon qu'on veut
bâtir.
yeux. Dans ce fens on dit montrer le dejjein., ap-
prendre le dejfein , poflTéder bien le dejjein.
^fT Enfin dejjein le prend pour le projet d'un ou-
vrage d'ei'prit. Le dejjem d'un Poëme , d'un dif-
cours.
A Dessein, adv. Exprès &: à certaine intention. Con-
Jllio , confulto , dcditâ operâ. Ce mot a été lâché à
dejjein , pour le faire expliquer. Il ne fait rien i\\\à
dej'ein ; c'eft-à-dire , qu'il ne vife à quelque fin, à
certaine intention. Loin qu'Homère ait obfervé cet
art J on diroit qu'il l'a évité à dejjein. De la Motte.
Il fe met aulli avec l'infinitif d'un verbe avec la par-
ticule de.
J'ai depuis un moment
Âfis dans mon cœur Uranie j
Mais à <lii\^e\n J'culemenc .
De vous donner compagnie. MÉn.
Il s'emploie aulîi avec la particule que , devant
le fubjondif. Ce qu'il en dit , c'eft à deljein que
vous en falliez votre profit, ^oye? Projet j VueSj
But.
DESSELLER. V. a. Ôter la felle d'unchev.al. Ephip^
pimm equo detrahere. Il ne faut pas dejfeller un che-
val quand il eft trop échauffé. Ces Cavaliers à peine
avoient Aihnàé Si d'ejjellé , qu'il f^illut remonter à
cheval.
Dessellé Ée. part.
ifT DESSERRE. f. f.Ce mot n'.i.d'ufage que dans cette
phrafe dudifcours familier. Etre dur à làdejerre^
avoir delà peine à payer, à donner de l'argent. Ce
bonhomme eft dur à la dejjerrc.
DESSERPvER. v. a. Relâcher ce qui étoit ferré. Laxare^
re/a.\-û/e. Quand un Chirurgien a ouvert la veine j
il dejjerre la ligature. Il faut dejjerrer votre corps d»
Jupe , il vous ferre trop. On dejferre un nœud j un
lien , &c.
^fj" On dit dejjerrer les dents à quelqu'un j lui
faire ouvrir par force les deux mâchoires , lorfqu'il
les tient extrêmement ferrées l'une contre l'autre.
On ditfigurément& f.imihèrement , qu'un hom-
me n'a pas dejferréles dents , quand il n'a point parlé
du tout dans une compagnie.
Desserp.er , fe dit au figuré pour décocher, auquel
fens on ne l'emploie guère férieufement. f'ikrare ,
:mi Itère. Dcjjcnerun coup.
Boilcau dit en badinant , que
La Serre
Volume fur volume incejfammeat de^feiTe.
On dit , de [ferrer un coup de pied, un coup de
fouet, unfoufflet, pour dire, donner un coup de
pied , un coup de fouet , un foufllet avec violence. Il
eft familier.
Desserré , ée. part.
DESSERT; f. m. Dernier fervice qu'on met fur les ta-
bles. Cœna , ou menfajecunda. Epidipnides j bella-
ria.
ïfT Ce terme eft devenu bourgeois . On dit con:-
nninément le fruit , au moins chez les Grands, mcin»
27§ DES
chez ceux qui croient l'être ; en forte que le mot
dejjen \ plus propre & plus étendu pour lignifier ce
dernier fervice , parce que l'on y fert autre choie
que du fruit ^.eft ablohiment banni du grand monde.
1/3" Un ancien proverbs dit , entre Paque & la
Pentecoûte , le dejj'eneiï une croûte, parce que dans
ce remps-là on manque de fruits.
DESSERTE, f. f. Ce qu'on ô:e de defTus la table
d'un grand Seigneur. Menfarum reliquLt. On porte
à ce qu'on appelle le cerdeau j la déserte de la table
du Roi.
Desserte j en Jurifprudence , fignifie l'action dedef-
fervir une Charge , oy un Bénéfice , l'acquittement
qui fe fait du fervice d'iine Cure, d'une Chapelle^ ou
autre Bénéfice, un Eccléliaftique commis à la pla-
ce du Titulaire. Funclio aLicujus muneris. La dejjèrw
de cette Charge eft facile , elle n'occupe que deiftc
heures par jour. Un Archidiacre eft: obligé de veil-
ler à la dejjerte d'une Cure vacante, ou litigieufe.
On adjuge uns partie des fruits à celui qui fait la
dejfene d'un Bénéfice.
Desserte J dans le vieux langage^ fignifie, mérite.
Mérita. Marot s'en eft fervi dans la traduiflion des
Pfeaumes : & Crétin, ancien Pocte , dit :
Tres-bon loyer aure^ de vos defiertes.
■§Cr Desserter. Terme d'Agriculture , P^oy. Des-
SARTER.
fC? DESSERTIR, v. a. Terme de Metteur-en-œuvre.
C'eft avec un burin, couper la lertiliure d'une pierre
un peu au-delfous du reuilletis , pour pouvoir 'la
tirer de fon œuvre fans danger.
DESSERVANT, f m. Celui qui deflert un Bénéfice ,
qui en fait les fonélions à la place du Titulaire. Be-
neficium admïmjlrans. Ce Curé eft en fuite, on a
mis un Deffervanc à fa place.
DESSÉRVICE. f. m. Mauvais office qu'on rend à
quelqu'un. Oifenjîo. Quand on découvre le fccret
de fon ami , on lui rend un grand dejjervice. L'Aca-
démie, après avoir mis ce mot dans la table de foii
Didionnaire , le fait effacer de fes additions : ce qui
eft une marque qu'elle le défapprouve. Mézerai
l'a employé. Il m"a rendu des fignalés dejjerviccs.
PdMEY.
DESSERVIR. V. a. Rendre le fervice du à quelque
Charge , ou Bénéfice. S'acquitter des fondions qui
y font indifpenfablement attachées. Fungi allquo
muncre. Les Titulaires des Bénéfices fimples y en
tretiennent des Chapelains pour les dejj'ervir. On n
condamne guère à la reftitution des huits ceux qui
ont dejfervi les Cures effectivement. Un tel a été
commis pour cftfj/èmr la Cure pendant l'abfence du
Curé.
Desservir , fignifie auffi , ôter de deffus la table un
fervice , lever les plats. Fercuia de mensâ toltere j
removere , auferre menfam. On a dejfervi les potages,
on eft au rôt. On a dejfervi abfolument , c'eft-à-di-
re , on a ôté le couvert , la nappe.
Desservir , fignifie auffi , rendre de mauvais offices
à quelqu'un. Malè mereri de aliquo. Son Rappor-
teur, au lieu de le fervir, l'a forr deffervi, lai a
nui beaucoup. Il a fait tout ce qu'il a pu pour me
dejfervir auprès de mon protedireur. Le fourbe a
dejfervi mes feux Mol. Ce mot de dejjcrvir , pris
dans cette demtère fignification , patoiffoit au P.
Eouhours un affez méchant mot.
Desservi , ie. part.
DESSERVlTQîlERIE. f f. Terme ufité dans quel-
ques ch.ipities , pour exprimer un Office ou
Bénéfice qui oblige à deff;rvir une Eglife , à deffer-
vlr un Cliœur. Defervicruis officium , vel beneficium.
Cetitre_(^r ces fondions Iiors du chœur , ne font
que l'acceffoire & une annexe de la dejjerviiorerie au
chœur. Bronod. Mém. pour le Chap. de S. Germ.
VAuxcr. Ces fortes de deffervitoreries fontconftam-
ment amovibles pour caufe d'abfence. Id. Une def-
Jervitorerie au chœur. Id. Ces Chapelles font de la
sature & de la condition des dejjervicoreries au
DES
chofur ,ou bénéfices affedés aux Chantres & Chorif-
tes. la.
DESSEURANCHE. Vieux mot , qui fignifie Jepara-
tion , dijjoiuào/i, adion de féparer. jD/jjuiudo , Jépa-
tio. Il rend moult bieu la dejjeuranche. De Baum.
Ce mot & les deux luivans viennent de Jevrer ^
qui a été du dans la fuite ^oMt dejjevrer Se dejjeurer,
DESSEURE. Vieux mot dont on s'cft fervi pour dire,
dejjous.
DESbEUREMENT. f. m. Ce mot eft hors d'ufage , Se
il a la même lignification que dejjeurarxhe. (^'uand
aucun pourcache le dcjjeuremenc de fa femme pour
che que il l'a trouvé en péché de fornication. De
Beaum.
DESSEURER j & DESSEUVRER. Dans la fuite on
a dit dejftvrer. v. a. Séparer , dilfoudre. Separare y
dijjolvere. Après que le mariage eft dejjeuvré, Dk
Beaum. Mal chofe feroit qu'on dejjeuiru/l les ma-
riages. Id. Dejjeuxrer la con pagnie. Id.
DESSICCATIF J ive. adj. Terme de Aiédecinej de
Chirurgie , de Pharmacie. Çui a la propriété de
delféchet. Siccandi , exjiccandi vi pr&ditus. Un on-
guent dejjiccdcif. La pimpreneile palfe pour être dé-
terfive , dejfuxative ik vulnéraire. Lemery. Cet Au-
teur écrit déjlccatif '^■xi une feule j j ce qui eft con-
traire à la prononciation de ce mot, dont Vi doit
avoir un fon rude & fifiant , ce qui n'eft pas quand
cette lettre eft feule entre deux voyelles. Quelques-
uns écrivent dellicatif avec un fcul c. L'ulage eft:
pour dejjiccatif.
En peinture , on appelle huiles dejjlccadves cer-
taines huilïs propres à faire fécher les couleurs.
DESSICATION. f. f . & mieux D ejicatio h. TtnwQ de
Chymie & de Pharmacie. Opération qui confiile à
enlever à des fubftances iolides l'humidité qu'elles
contiennent , 1 iquelle eft étrangère <à leur mixtion.
Siccatio , cxjicccuio. Un corps étranger formé dans
l'eftomac d'une perfonne qui avoir pris les eaux de
Forges , formé , dis-je, par des fels que contiennent
ces eaux, incorpotées avec des matières glaiieules,
ayant été porté quelques jours dans la poche , devint
beaucoup plus léger & un peu moins gros par la
dejp.cacion àQ l'humidité. &V>«. c/e Trév. 1714. p. 141.
La defflcadon eft l'évaporation de l'humidité fuper-
flue , qui fe trouve dans un corps. Harris.
§C? La dejficanon fe fait par le moyen de la cha-
leur , ainfi que la dej^cgmacion. La première fe dit
des matières confiftantes ; la féconde des liqueurs.
DESSILLER, v. a. De bons Auteurs écrivent c^mZ/er,
& c'eft ainfi en effet qu'il faudroit écrire , ce mot
venant de cil , inais l'ufage eft pour dej/iller. Il figni-
fie , ouvrir les yeux. Aperire oculos. Ce malade eft
fi affoupi, qu'à peine a-t-il pu dejjiller les yeux,
dejfiier les paupières.
Dessiller, fedir figurément des yeux -de l'efprit , &
fignifie détromper, faire fenrir à quekju'un une
vérité qu'il n'appercevoit pas. On a enfin dejjille les
yeux de cet Mérétique , il a reconnu la vérité.
Et vous , V^é'ité fairite , en ces lieux defcendue ,
Eclaire:^ l'univers j & par des traits vainqueurs ,
Deffillez tous les yeux , pénètre^ tous /es cœurs.
NOUV; CH. DE VeRS.
Dessillé, ée. part. Quand la mort abat la plus flo-
riffiinte jeunelfe , alors , les yeux dejfliés , nous ap-
percevons la vnnité des attraits du monde. P. Gail.
ffT DESSINATEUR, f. m. C'eft en gênerai celui qui
frit imiter par des traits les formes. des objets que
la nature nous préfente , ou qu'il imagine. Delinean-
di 3 adumhrandi peritus. Un Peintre doit être un
grand Deffinuteur.
fc3" En kxc\\\ieOi\-\XQ,Defflnateur t9i celui qui def-
fine & mer au net les plans, les profils & élévations
des bâtimens.
On appelle auffi Deffwateur , celui qui fait des
ornemens pour divei fes fortes d'ouvr.ages, qui donne
des deffeins pour les décorations qui fervent aus
pompes funèbres ^ autres.
DES
fC? DESSINER. V. a. Faire le premier traic^ d'une |
figure. On le dit génér.ilement de tout ce qu'on re- |
prélente fur le papier ou fur la toile. Imiter par des ;
traits j avec la plume ou le pinceau , les formes des
objets naturels ou des fujers d'imagination. Ddi-
nearc j hneis defîgnare , operis alicujus Jormain lineis
dejaibere. Ce n'eft pas alfez qu'un Peintre foit bon
colorifte , il faut qu'il defline correctement. Dejfi-
ncr une figure , une tête , une main \ dejjlner un
payfage. On dejjine d'après nature , de tantaifie.
Dejfiner d'après l'antique.
Dessiner, fe dit quelquefois pour , faire, former.
Vous verrez de quel air la nature a deJJinc fa per-
fonne. Mol.
Dessiné , ée. part. Delineatus , dtfcrlptus , dejignatus
lineis,
DESSOIVER. Vieux mot. Défaltcrer, étancher la foif.
DESSOLER. V. a. Changer la divifion des terres de
labour , & ne les pas cultiver ou enfemencer en la
manière accoutumée. Prsfcriptam colendi agros ra-
tionem mutare. Tous les baux des métairies portent
à la charge de ne point dcjjoier la terre , & changer
la foie, mettre en blé ce qui devroit être en avoine ,
ou en avoine ce qui devroit être en blé, ou enfe-
mencer ce qui devroit être en jachère. Il eft déten-
du aux Fermiers de dejjoler les terres , parce que ces
changemens peuvent les épuifer , ou au moins les
fatiguer.
Dessoler , en termes de Manège, ou de Maréchal,
c' eft ôter la foie d'un cheval fans toucher la corne
du fabot. Equo pedis foleain dctrahere. Il faut bien
un mois pour rétablir un cheval , quand il a été
dejfûlé.
DessolÉ , ÉE. part. Terres dcjjolccs. Cheval dejffoie.
DESSOUDER, v. a. Oter la foudure d'une chofe fon-
dée. Quod ferruminatum erat drjjolverc. On a dejjoude
proprement les branches de ce chandelier qui étoient
îbudées. On le dit plus ordinairement avec le pro-
nom peifoanel. Diffolvi. Les vailfeau de fer-blanc
font de peu d'ufage , parce qu'ils fe dejjoudent trop
aifcraent au feu. Ce fiambeau n'eft pas rompu, il
n'eft que dejjoudé.
Dessoudé j ée. part. Dijjolutus.
DESSOUS. Prépofitionqui fignifie , fous. Suh, avec un
accufatifj s'il y a du mouvement, 6f un ablatif,
s'il n'y en a point. Subar accufatif. Ce lutteur a
terralté fon adverfaire, il l'a mis dejjous lui. Fouil-
ler dejfous la muraille. Les Officiers lubalternes font
deJJous les grands Officiers.
Il femble que dejfus Se dejfous foient plutôt des
adverbes que des prépoiitions , car leur grand ufi-
ge eft à la fin des périodes , fans rien régir après eux ,
puifqu'ils terminent la période & le fens : comme
je fuis aflîs dejjous ; au lieu que les prépoiitions font
perpétuellement fuivies d'un nom ou d'un verbe
fans quoi elles n'auroient pas le nom de prepojûion.
AinCi , il taut dire , il cfijàus la table ^ & non pas
dejjous. Il y a trois exceptions : La première quand
on met les deux contraires enfemble ; comme, il
n'y a pas aflez d'or dejjus ni dejfous la terre pou»
jn'engager, &c. La féconde , quand il y a deux pré-
portions de fuite; comme j elle n'eft ni dedans ni
dejfus \q coSïQ. La troifième qUand il y a, devant,
une prépofinon , un par ou un de ; comme , il lui a
paifé par dejjous le bras. Il s'eft levé de dejfus fon
lit. Ces cas exceptés l'on ne doit guère employer ces
compofés, dejfus &c dejfous ^ que comme adverbes.
On le permet pourtant aux Poctes pour la commo-
dité des vers, où une fyllabe de plus ou de moins
eft de grand fervice. Vaug. Ces remarques fon très-
judicieules j &c même en Pocfie. Sur j fus &/ous j
font préférables à dejjus &: dejfous. Mén. Corn.
§Cr Si les Poctes , pour la commodité du vers ,
emploient quelquefois dejfous comme prépolition \
Rome eji delTous vos îolx par le droit de la guerre.
Corn.
|î3"Ce n'eft pas moins une faute. Dejjous eft
DES 279
adverbe. Eft-il dejfus ? eft-il dejjous ? Il eft fous vous :
il eft fous lui.
|cr Ci dessous. Plus'bas , dans la fuite. Nous dirons
i:'i- dejjous.
Dessous ^ eft auftî f m. &: fignifie la partie inférieure,
la partie de deifous d'une chofe. Injerior pars. De
cette éiotfe le dejfous eft plus beau que le delTus.
Le dejfous d'un plancher , d'une voûte. Le dejjous
d'une Eglife , les Chapelles baftes. Le dejjous du
pied. La lèvre de dejjous. La paupière de dejjous.
§3" Au jeu de cartes on appelle , le dejjus des
cartes , celles qui font a.\.i-deJJous du jeu quand on
a coupé. En donnant les cartes il ne faut point mon-
trer le dejjous.
{fT Le dejjous des carres , dans un fens figuré ,
fe dit familièrement de ce qui eft caché, de ce qu'on
ne voir pas dans une affaire. Je veux vous découvric
un petit dejjous de cartes qui vous furprendra. Ma-
dame de Sev. Ses amies voyant que le dejjous des
cartes fe découvre , affisCtent fort d'en rire. Id. Il
faut m'en croire ; le dcjous des cartes va encore
plus loin. Id. C'eft-à-dire, ce qu'on ne voit point,
ce que je ne dis point , ce qui eft fecret. Le dejjous
de mon humeur dépend fort du temps , de forte
que pour favoir comme je fuis j vous n'avez qu'à
coniulter les aftres. Id.
|Cr On ditjfigurémentj aVoir le dejjous en quel-
que affaire , pour dire, avoir du défavantage. Il a
eu le dejjous , on lui a donné du dejjous en cette
affaire. Exprellion bourgeoife. J^oy. plus bas avoir
le dejjus.,
Or.dit,enll;yle du grand Art>cequieft dejjous eft
femblable à ce qui eft defliis j & ce qui eft defliis eft
femblable à ce qui eft dejjous ; c'eft-à-dire , que le fixe
qui eft dejjous , ôi le volaril qui eft delTus , font par-
faitement mêlés ; qu'ils ne font plus qu'un. On die
aiilfi, mettre le delfus dejjous , 6c le dejous deflus ;
cela veut dire, changer la nature ou les qualités des
chofes 5 par exemple , faire efprit ce qui eft corps ,
rendre mou ce qui eft dur.
Ce mot vient du Latin de fub. Ménage.
tfT Au-dessous. Prépofition de lieu & d'ordre, figni-
fie plus bas. Injrà. Paris eft 7i\x-deJJous de Charen-
ton J par rapport au cours de la rivière. Il eft logé
z.\X'diJjous de moi. Je fuis affis au-dej/ous de vous.
Le chapiteau eft a.\.i-dejJous de la corniche.
§CrOn dit J dans un lens figuré, être an-dejous de
quelqu'un en mérite j en nailfance , en dignité,
êic. lui être inférieur en tout cela. Tous les Pocres
latins fon bien zn-dejjous de Virgile. Les paroles
mêmes avec lefquelles vous me mettez au-dclius de
tous les autres, me font voir que je fuis infiniment
au-dejjous de vous. Voit.
$Cr Tenir une chofe an-dejfous de foi ^ 1,1 croire
indigne de foi. Il ne veut point d'un emploi qu'il
tient 3.i\-de[fous de lui.
IP" Au-dessous J fignifie au(fi momdre, félon
un certain ordre , foit de nombre , loit de durée.
On enrôle tout le monde ^u-dejjous d; cinquante
ans. A fon viiage, on le croiroit au-c/e//Wj de trente
ans. Les plus anciens titres qu'il produit font au-
dejj'ous du quinzième (lècle.
\u-dessous , eft aufli adv. Subcus ,fubter ^ infrà. Les li-
queurs les plus pefantes vont toujours ^u-dejjisus.
On reçoit les preuves par témoins , quand il ne s'.a-
gic que de cent livres & aa-dejous. Hérode fit tuer
tous les enfuis de deux ans 6c zu-dejfous.
|Cr En termes de Marine , on dit qu'un vaifle.TU
eft M\-dejJous du vent d'un autre vailfeaUj pour dire
que le premier vaiffeau a le vent fur lui. Voye:^
Vent,
On dit proverbialement, que toutes chofes font
Jens dejjus dejjous , lorfqu'elles font en une grande
confufion , éc que le fens ou côté qui devroit être
defflis, (e trouve dejfous. Sus decjue. C'eft-à-dire,
fans deffus , ni dejfous : qu'on n'y connoit rien ,
qu'on ne fçait plus ce qui en eft le deflus j ni ce
qui en eft \c dejjous .Toy. S Ar^s dessus dessous.
Il fe dit , aùffi figurcmenr , des affaires ou d©-
i8o DES
meftiqnes ou publiques , cUi ciouMe, de la confu-
fion qui eft dans un é:at, ou dans une tamiUs par-
ticulière. Il ne lailie pas d3' travailler fous main à
mettre toute l'Europe lens delîus dcjjous.
DESSUS, adv. Qui ne régit rien après lui , &: qui eft
oppofé à dejjous. Supra, 11 n'ell m delFous ni dcjjus.
Ce qui eft Tous la table mettez le de_(jus. Il étoit
tantôt deflous , il eft préfenteinent dejjus.
'ïfT Autrefois ce mot étoic louvent employé com
«le prcpofition. On difoit mettre le Hambeau dejjus
la table. Être defjus les bancs; On le difoit encore
dans le liècle dernier. Les Poètes s'en fervoient lou-
vent pour la commodité du vers. Cela ne fcroit pas
tolérable aujourd'hui. Il faut dire ^ur.ï\ y a pour-
tant quelques exceptions à faire. Dejjus eft prépo-
iltion ; 1°. Quand il eft joint avec dejfous , comme
quand on dit, j'ai cherché dejjus & dejjous la table.
2°. Quand il y a deux prépoiuions de fuite. Il n'cit
ni dejfus ni dejjous la table. 3". Quand il y a devant
une prépofition , un par, ou un de.llssil levé de
dejjus fon lit. Il avoir de l'eau pa.r:-dejjus la rcte.
iyy On dit c'i-dejjus par oppofuion à cï-ddjjous.
Ces termes ci-dejjus , c\-dcjfous, Vi-dejjus^ Vx-dejjous,
dit M. de Voltaire, font familiers, & il fuit ab-
folumenr les éviter, foit en vefs , foit en profe.
IP" Dessus, f. m. Signiiie le lieu fupérieur , la par-
■rie fupérieure. Loais , pars fupenor. Le dej^jUi
d'une table, d'un colfre. Le dejfus de la main, d'un
livre. Les corps les plus légers prennent le dejjus.
^jZ? Ce mot pris au figuré déligne un avantage
remporté , fupériorité. Nous avons eu le dejfus dani
^;e combat, dans ce procès. Foy. Avantage.
ÇfT il faut obferver , avec M. de Voltaire , que
cette expreftion , avoir le dejus de fes ennemis j
avoir le dejjous , eft une expreillon populaire qui
ne peut être employée que dans la poeiie burlci-
que. C'eft le di J'opra & le di fotto des Italiens.
L'Ariofte employé cette exprelïlon quand il fe per-
aiet le comique \ le Talle ne s'en fert jamais.
On dit auili le (/e/r«j d'une lettre , pour dire, la
fufcription , l'adrelle. Superjlripno. Le di^Jus de
cette lettre eft d'une autre main que le corps & la
lignature. On appelle auffi le dejjus d'une lettre ,
■ l'enveloppe qui couvre le paquet où eft la fufcrip
■non.
En termes de Marine , on dit , Gagner le dejfus
Àa ventj en campagne .le dejjus de la colline , pour
dire, prendre l'avantage du ventj d'une hauteur. Se-
.cundum ventum captare , collis jajiigium occupare.
Entérines de Mineurs, prendre le dejjous, c^eft
prendre le dejjus ; car en lait de mines le dejjous
commande le dejjus. Toute l'attention du Mineur
& du Contremineur doit fe porter à prendre le
§C? Dessus, En termes de Mufique, fignifie la voix la
plus haute, la plus aiguë j celle qu'on entend dans
un concert au - dejfus de toutes les autres. Fox
acucijjîma , Jouus aeuajimus. Chanter le dejjus. Le
dejjus fe divife en p\:'im'\er dejfus on h:Lat de (Jds ,
&c en fécond dejjus ou bas de^'us. Le àsmï-dejjus eft
la même chofe que haute-contre.
(fZP Dessus , fe dit non- feulement de -la partie la plus
haute, mais encore de celui qui chante cette partie.
Ainfi l'on du voilà un beau dejus, un bon dejjus.
|tT Dessus de Viole, dejjus àQ\\o\on: inftrument fur
lequel on joue le dejjus, & celui qui joue de cet
inftrument.
ifT En termes de Marine, prendre le dejfus du
vent, c'eft fe placer entre le lieu d'où te vent fouftle,
& le vailfeau fur lequel on prend ou l'on conferve
cet avantage. Voy. Ven r.
fCT On dit , figurément & familièrement , qu'un
liomme eft an-dejjus du venr, pour dire que la for-
tune lui eft favorable, que fes affaires font en bon
état, & qu'il n'a plus rien à craindre.
Dessus de porte. En Architeûure, ce mot fignifie
tout ce qui fert à couvrir, à revêtir une corniche de
placard, comme le lambris, le cadre, les bas- re-
liefs, &c.
DES
|CF Au-Dessus. Prépofition qui fe prend dans un fens
moral &c fpintuel, aulli bien que dans un fens
phylique, & fert à marquer l'ordre des temps, la
ïupénorité de la fituation, celle du rang, &cc. plus
haut qu'un autre lieu, qu'un autre corps j par-delà.
Aii-dejjus de la montagne, 2i\x dejjus des nues. .Super,
Juprà. Cela eft z\i- dejjus de vos forces, de votre
génie. Suprà vires. Un homme au-dej'us de fes affai-
res, dont la fortune eftfolidement établie. Au-dejjus
des louanges, celui qui n'en eft point touché j ou
dont aucunes louanges ne peuvent égaler le mérite.
An-dejj'us de la calomnie, de l'envie, 6cc. qui ne
craint point les traits de 1 envie, à qui l'envie n»
peut nuire.
On dit aufli de celui qu'on loue exceffivement,
qu'on la mis zn-dejjus des nues. Le Roi eft :xa-dejius
de tout le monde pat fi gloire, & par fa modéra-
tion zu-dejjus de fa gloire même, f lech. Il iaut
Ibutfiir de ceux qui font ^n de^jUs de nous : c'eft la
peine de la dépendance. Bell. Notre efprit eft au-
dejjus de lui-même, & après avoir compris tout
l'Univers, li ne ie peut comprendre. S. Evr. Les
miftères de la Religion font au de^us de la raifon,
& non pas contre la railon. Llaud. Alexandre fs
fentoit li tort za-dejjus du refte des hommes, que
méprifant fa naiffance véritable, il alla chercher Ion
ongine dans les cieux. S. Evr.
UC? Au Dessus, le dit adverbialement. Il eft au fécond
étage j fes domeftiques logent au-deJjus.
De Dessus. Piépohtion. v^, ab. Il ne leva jamais les
yeux de d.jjùs lui. Vaug. Il s'eft levé de dejfus Ion
liège pour haranguer. Elle ôtalcn voile de dejjus {on
viiage. Quanil les fruits lont mûrs , ils tombent de
dejjus les arbres.
Par-Dessus. Prépofition. Au-delà, par-delà, outre.
Pr,c:er,uurà. Il porte un manteau pAr-deJJus fon jufte-
au-corps, il a de l'eau p^ï-dejjus la tête. Vaug. Je-
lui ai donné tant pzr-dejjus ce que je lui devois. Il tt
de belles qualités , par - dejfus cela il eft jeune.
Prxtereà.
§C7" On dit, figurément &: familièrement j qu'uni
homme a des affaires p2.v-dejjus la tête, pài-dejjus
les yeux, pour due qu'il en eft accablé. Negotn pie-
nus , neaotiïs obrutus , negodojijjimus.
^ZP On dit, proverbialement , paz-dejfus l'épaule ,
point du tout. Je le paierai pz.i-dejfus 1 épaule. Ex-
piellion triviale.
Par- dessus , eft aufti quelquefois adverbe. Infuper On
lui a donné tout ce qu'il demandoit, & quelque
chofe piv- dejfus.
Le pzi- dejjus eft ce qu'on donne au-delà de la jufte
mefure. CoroUarium. Je lui ai donné le p^Lï-dejfus.
Pa^-dejjus eft là fubftanrif.
|Xr Par-Dessus de Viole, inftrument plus petit en-
core, & monté plus haut que le dejfus de viole.
Là-Dessus. Sur ces entrefaites, à ces mots, dans le
moment. Intereày intereà loci. Je lui parlai ainfi, &
Vx-dejjus il nous quitta.
|C?_ DESTA ou ViLLA-DESTA. Ville Capitale de
l'île de Payai, l'une des Açores.
DESTIN, f. m. ou Destinée, f. f. Ordre, fuite j dif^
pofition , ou enchaînement de caufes fécondes or-
donné par la Providence, qui emporte une nécelîité
de ïévéncmcni. Fatum jfatalis necejfitas. Le defîin
n'eft autre chofe que la volonté abfolue de Dieu.
P. LE Boss. Selon quelques Philofophes Payens , le
dejlin étoit une vertu fecrette & invifible ^ qui con-
duit avec une fagefte incompréhenfible ce qui nous
paroît fortuit & déréglé ; & c'eft ce que nous appe-
lons Dieu. Thomassin. Les Stoïciens entendoienc
parla dejlinée, un certain enchaînement de toutes
chofes, qui fe fuivent néceifairement, & de toute
éternité, fans que rien puilTe interrompre la liaifon
qu'elles ont entr'elles. Ils foumettoient les Dieux
mêmes à la ncceftité de cette dejlinée. Ceux qui fub-
ftituent la Providence en la place de la dejluiéj expri-
ment l'idée des Stoïciens, revêtue de termes Chré-
tiens. Mais ils définiffent plutôt ce que le mot de
dejlinée devoir fignifier j que ce qu'il ûgnifie dans le
langage
DES
langage commun. Car les Stoïciens n*a voient nulle
idée didinde de cetce piuirance à laquelle ils attri-
tjuoienr les é vénemens. lis n'avoiencqii'une idéevague
ëc confufe d'un je ne lai quoi chimérique , ik. d une
caufe inconnue à laquelle ils lappottoienc cette dif-
pofuion invariable , ix cet enchaînement étemel de
toutes chofes-lln'y a aucun être réel à qui l'on puilFe
donner le nom de dejiince. Les Philolophes qui en
avoient fabriqué l'idée, fuppoloient qu'elle exiltoit ,
fans favoir pourtant préciiément ce qu'ils encen-
doient par cette Jacaiicé inévitable. Les hommes
n'ofint d'un côté imputer à la Providence les mal-
heurs qu'ils prétendoient leur arriver injuftement,
&c de l'autre ne voulant point reconnoître que c'éroit
leur faute , formèient le fantôme AwJejiin, pour le
charger de tout le mal. Ainfi tous les malheureux le
plaignent de la dejVmce , & Us adoptent ce jargon h
commun j fans examiner quelle ell: cette dejunce ,
contre laquelle ils déclament fans celfe. Id.
Le bien nous lefaifons ; le mal , c'ejt la fortune ;
On a toujours raifon, le delHn toujours ton.
La Font.
Destin, ou Destinée, Dans ce fens, fe prend pour
nécellité inévitable, à laquelle chacun elt alfujeui
C'elt le dejlin général des hommes de mourir. Ache-
ver le cours de fa dejlince. On. du communément
qu'on ne peut vaincre la dejdi.ét.
Destin, ou Destinée, (ignilîe allez ordinairement,
le fort, la fortune, de chaque perfonneou de chaque
chofe. Sors j condkio., Jatum. Se faire un beau dejtin
Ablanc. Le ['rivilége des Rois c'elb de pouvoir tout
impunémentj & d'ctre les aibitres fupicmes de la
dcftïnée des peuples. S. EvR. Cell a ceux-là à com
battre qui peuvent mourir fans qu'il en coûte rien
qu'à eux; mais pour vous dont la vie renterme la
dejiinée de tout le inonde, vous ne devez point cou-
rir au péril. BouH. Quand on ne peut le faire fi
ifç/Zwcc'jilfauc s'y abandonner fans murmure. S. Evr.
Suivre enpaixfon deftin j ^laiffer faire aux Dieux,
Ceji toujours le plus fur ^ & le pLus glorieux, Quin.
Les Dieux ont à mes jours
Attaché le bonheur de votre deftinée. Racine.
Destin & Destinée, fe difent aufli de ce qui arrive
ordinairement de bien ou de mal. Sors , Jatum, con-
ilitio.il'ek le dejlin des malheureux d'avoir toujours
tort : c'eft un p.étexte pour les abandonner. S. Evr.
C'ed la dejiinée des Poètes dêtie toujours gueux.
C'eft la dejiinée des bons Ouvriers d'être débauchés.
Fuis le honteux deftin de te voir, fans génie j
D'un bon original la mauyaife copie. Vill.
Destin & Destinée. Ces mots fe trouvent fouvent
dans la Pocfie pour une Divinité qui règle le deflin ,
ou. {z dejiinée, en prenant ces mots pour un ordre,
une fuite d'événemens. Les Poètes mettent le dcfiin
au-deiïus de tous les Dieux. Jupiter lui-même obéit
à fes ordres.
De cet objîacle, hélas! Jupiter neji point caufe.
Dans cet arrctpar lui contre un fils prononcé ,
// n'eji que du Deftin l' interprète Jorcé.
Nouv. cH. DE Vers.
Accoure:^ Parques immortelles ,
Et vous Deftins impérieux ,
Qui , par des loix éternelles ,
Régle\ le Jort des hommes 6" des Dieux.
P. DU Cerceau.
O Ciell ô faintes Deftinées !
Qui prene^ foin de fes j ours JîoriJJ ans ,
Retranche'^ de nos ans
i. Pourajouter à fef années. KACini,
Tome m.
DES
i8î
ffr Destin , Fortune , fort , hafard , dans une fignitî-
cation lynonyme. Le hafard, dit M. l'Abbé Girard,
ne lorme ni ordre, ni dellein ; on ne lui attribue ni
connoilLmce , ni volonté, & fes événemens font
toujours très-incertains.
if? Lzjortune lorme des plans & des delTeins ,
mais lans choix; on luiattiibue une volonté fans
diiceinemenr ; îk Ion dit cju'elle agit en aveugle.
fCT" Le Jort luppole des diflérenccs tk un ordre de
partage; on ne lui attribue qu une détermination
cachée, qui laille dans le doute jufqu'au moment
qu'elle fe manifelle.
ifF Le dejiin forme des delTeins, des ordres & des
enchaînemens de caufcs; on lui attribue, la con-
noilLmce, la volonté & le pouvoir; les vues font
hxes & déterminées.
|!G^ Le hajard tait. Lz fortune veut. Ltfort décide.
Le dejiin ordonne.
^fJ" Tout ce qui eft écrit dans le livre du defiin
eft inévitable ; parce c^u 'on ne peut ni foicerlon tem-
pérament , m voir au-delà de la portée de les
lumières, f^oye^ Fatal, Fatalité j l atum.
DESTINATION, f f. Difpolition d'une chofe relative
à une autre. Deflinatio. Le bon ordre des Finances
eft de laire toujours l'emploi des deniers liiivant
leur dejtinutLon.
(k? En Jurifprudence c'eft aulli la difpolition de
l'emploi que l'on prétend être fa.t d une chofe.
L'etlet de la dejlination eft d'atfurer & d'aifujettir la
choie deftinée à Ion objet, & à la fin qui en a été
fixée & arrêtée par une déclaration exprelfe , ou par
un fait indubitable. C'eft pourquoi , h les deniers
ont étc deftinés pour être employés en acquilîtion
d'héritages, ils deviennent immeubles au piofic de
celui pour qui la ftipulation eft faite.
Le lieu de la dejlination d'un vaifteau, eft le lieu j
le port où on l'envoie , oti l'on a delfein qu'il aille. .
0C? DESTINEE, eft la même chofe que le dejlin.
Fatum ,fors. Il eft plus en ufage en proie que Deftin j
& la plupart du temps il le prend pour l effet du
Deftin. Hcureufe , malheureufe dejiinée. Suivre fa
dejùnée. Finir {-a. dejiinée , c'eft mouiir. Occumbcrc
mortem , morti , morte.
\fT DESTINER, v. n. Projeter de faire quelque
chofe. Dejtinare. Les hommes dejlinent de hure
beaucoup de chofes dont la mon empêche l'exécu-
tion. Il lignifie aulli dilpofer de quelque chofe dans
fon efprit. Dans ce fens il eft aétif. Je ne prétends
point ufer , ni confumer ma vieille e à amalfec
des biens , pour me faire hair de ceux mêmes à qui
je les dcjiine. P. le Boss. Dieu ne dejline point les
hommes irrévocablement à la damnation par aucun
adé libre de fa volonté.
Le C/(r/a//;y?/'adeftiné;^
Mon fils J'era Piélatpuijquil n'eflpas l'aîné. "Vill.
On dit qu'un homme eft defiiné ?li\x armes, pour
dire, que Ion deftin l'y porte.
Destine j ée. part. Préparé, apprêté , déterminé. Def-
tinatus. C'eft un lieu deJliné aux jeux & aux ns.
Aristote Mod. Ce jour eft dejline à la promenade.
Cer homme eft deftine à être pendu.
DESTITUABLE. adj m. 6c f. Qui peut être deftitué.
Qui exui poteft niunere , magiftratu, qui ex ojficio
amoveri potejl. Les pourvus de Bénéfices en titres ne
font pas dejUtuables fans connoilfance de caufe. Le
■ficaire d'un Curé eft dejdtuahle ad nutum, à volonté,
parce que ce n'eft qu'une fimple commiOion.
DESTITUER, v. a. Ôter une perfonne d'une cliarge ,
d'une commillion. Le dépouiller de fa place &c de
la fondlion publique qu'il exerçoir. Defiituere ali-
quem , munere priv.ue , exuere. Un Seigneur ne peuc
pas dejiituer un Officier pourvu à titre onéreux : on
le peur dcftituertn cas de forfaiture , quand on lui a
fait fon procès. Les nouveaux Fermiers dcfi, tuent ,
révoquent les anciens Commis. Il y a eu quelques
Prélats deftitucs & dcpofés de leur dignité. Sa Sain-
teté avoit ôté au Cardinal Imptriali la LégatiOH de
Nn
iSi DES
la Marche , l'avoir destitué du Gouvernement de
Rome. L'Abbé Regn. Foy. Déposer.
fC? Autrefois tous les Offices en France étoienc
révocables à la volonté du Roi. Louis XI en inttodui-
fant la vénalité , & en même temps la perpétintc
des Offices , ceux du Parlement devinrent perpé-
tuels.
Destitué j ée. part. & adj. Deftitutus. La raifon feule
dejlnuée de l'autorité de l'Eglife ne peut juger du
vérirable iens de l'Ecriture. Il femble que l'iiomme
n'a été créé dejiituc de toutes choies que pour le con
traindre à cultiver la fociété , alïn d'entrer en com-
munication d'indullrie. 5. EvR.
Destitué de bon fens, de raifon, qui manque de rai-
fon. Confilio , rations dejlkutus. Dejutue de tout
fecours, d'amis, ^c.Inops amiçorum^ abamkïs. Il
lui réchauffa toutes les parties qui étoient dejutiacs
de chaleur.
DESTITUTION, f f. Action par laquelle on deftitue,
Amotïo ex ojjido. Les dejlitutions font odieuies. Il
n'y a guère de dcjhtution qui ne porte quelque note.
La dejhtutioti des officiers appartient aux Seigneurs
qui les ont pourvus gratuitement.
^fT Si les proviiions ont été données à titre
onéreux moyennant finance, ou pour récompenle
de fervices, le Seigneur ne peut deftituer qu'en rem-
bourfant la finance, ou en payant l'eftimation du
fervice en confidération duquel il a donné les pro
vifions. Ce qui efl: fondé fur l'équité. Ainfi,quoiqu'il
y ait dans lesprovifions, pour en ]ouir tant qu'il nous
plaira, cette claufe ne donne pas au Collateur de
l'office la faculté de deftituer ad nutum^ à moins que
ce ne foit pour forfaiture.
§3" La deftitution ne fait que révoquer celui qui
eft pourvu de l'Office j la /â/»pre//Zo/2 anéantit l'Office.
Voy. Encore Déposition.
DESTOR. f. m. Vieux mot. Obftacle, trouble, em-
pêchement. On a dit aufll Dcflourbement & dejlour-
bier dans cette fignification , & defiourber^ pour,
détourner , du latin diflurlnum , dijiurbare.
DESTOUPER. Voy. DETOUPER.
DESTOURBER. Vieux v. a. Troubler , faire de la
peine, inquiéter. Turbare ^, exagitare, vexare.
DESTOURBIER. -/^'oy. DÉTOURBIER.
DESTRAIGNANT. adj. Vieux mot, qui fignifie/orce,
ordonné, fait par contrainte. Coacius, imperatus.
Ce mot vient de difiringnc.
DESTREINDRE. Vieux v. a. âQ distringere , prelTer ,
ferrer, tenir : il fignifieauffi. Se chagriner, périt
d'inquiétude.
DESTRIER, f. m. Vieux mot , qui fignifioit autrefois
un cheval de main, ou un cheval de bataille propre
à un homme d'armes pour faire un coup de lance
comme qui diroit un cheval adroit qu'on manie dex-
tremenr, avec dextérité. Il eft oppoié à palefroi qui
étoit un cheval de cérémonie ou du lervice ordi-
naire. On l'appelloit aulll courjler &c cheval de lana .
comme on voit dans les Coutumes d'Anjou & du
'is\z\\%.'i.vi\-!i.i\x\. dextarius , di-xtralis y ainii nommé,
parce qu'on le menoit en main ad dexteram. Du
Cange. On diroit beaucoup mïeuii de fultorius equus,
■pourfignifier un cheval de main, &: bellazor equus ,
pour exprimer un cheval de bataille.
Destrier, C'ell aullî un gros marteau dont fe fervent
les Forgerons, pendant que d'autres frappent à deux
mains avec de pKis gros. Le Maître tient la pièce
de la main gauche, & fou de/Irieràe la droite.
DESTROIS. adj. Vieux mot. Trifte , abattu, mélanco
lique. De Dijlriclus. On a dit auffi Dejireins. C'eft;
delà qu'on a dit auffi^Ddr;-e//i, pour dire, angoilfe,
extrémité facheufe. Etre en grand'i/c''rre//è. Viilehar-
douin a employé détre[Je pour Difette.
DESTROUSiEMENT. " anv. Ouvertement , dlrede-
ment. Il eif vieux. Platon dit defrrouffement en fa
République, que pour le profit des hommes il ell
fouvent befoin de les piper. Montagne.
DESTRUCTEUR, f. m. Qui détruit. Eversor. On le
dit au propre & an figuré. Les Goths ont été les
dcjîrucleurs des plus beaux édifices des Anciens.
DES
Ce àt^n\ù.t\VL fatal dgs tristes Lesb'iens,
Cet Achille j l'auteur de tes maux & des miens.
Racinb.
Deftrudbeur impitoyable
Des marbres 6" de l'airain^
Le Temps , tyran jouverain
De l'œuvre la plus durable. N. ea. de Vers.
Deftru£teurs des tyrans^ vous qui nave\pour Rois
Que les Dieux de Numa , vos vertus ù' nos lois.
Voltaire.
§3* Ce mot fe dit de ceux qui font du ravage
dans une maifon ^ dans une ville. Les foldats font d«
grands de/trucieurs.
1)3° On dit audï, figurément, qu'un homme a étc
le dejlrucïeur de fa maifon par fes folles dépenics.
DcJhucleurAe l'héréhe.
DESTRUCTIBILITE. f f. Qualité de ce qui peut être
détruit. La destruclibilité du fer. M. Boerhave l'a
prouvée. Lettr. de M. de Barth ^ Doéteur en Mé-
decine j au fujetde l'Hiftoire du Ciel par M. Pluche
rapportée dans les Ohf. sur les Ecr.mod. tome. 19.
0CT DESTRUCTIF, ive. adj. Qui détruit, qui caufe
la dellruéfion. Principe destruciij : caule destructive.
^ DESTRUCTION, f. f. Ruine rotale d'une chofe.
La destrucUon du Temple de Salomon. Ce mot elt
fouvent employé au figuré. Excidium , everfio ^ exci-
Jio , extinctio , exftirpatïo. Les guerres caufenr la def-
truclion des Provinces & de la campagne. Les excès
?<. les débauches contribuent à la destruction de la
fanté. Travailler à la deftruclion des Héréfies. La
mauvaife conduite des pères de famille caufe la
deflruclion des maifons. Ces maximes tendent à la
destruclion de la bonne morale.
Destruction, Terme de Philofophie Hermétique.
C'ell la même chofe que difjolution, putréjuciion. Il
faut environ quai^nte jours , ou un peu plus pour
que la destruclion du Mercure philolophal fe falTe.
Quand la noirceur paroît, la destruction eft faite.
Dijjolutio.
DESTRUCTRICE, f. f. Qui détruit, qui fait périr.
Corruptrix , destruens , ev^rrenj. Les gelées blanches
font de grandes deflruclrlces de fleurs & de fruits ans
arbres fruitiers, où elles peuvenr donner. La Quint.
Ce mot ne fe dit pas ordinairement, & l'autorité de
la Quintinie n'eft pas afTez grande en fait de langage
pour l'établir.
DESTRUIRE. Voye^ DÉTRUIRE.
)fT DESU. Ville Capitale du Chufiflan, province de
Perfe. On lui donnoit autrefois le nom de Sufe.
DESVALISER. Foy. DÉVALISER.
(iO^ DÉSUÉTUDE, f. f. Du latin Defuetudo^ , défac-
coutumance , defuetus , hors d'ufage , qui n'eft plus
à la mode. En parlanrdes coutumesj des réglemens ,
des ufages, ce mot paroît fynonyme d'abolition , Se
fe dit de ce qui eft anéanti par le non-ufage. Cette
loi eft tombée en défuétude. Les nouvelles pratiques
font que les anciennes tombent en désuétude, cellent
d'être obfervées.
DÉSULTEUR. f. m. Sauteur qui paife d'un cheval
fur un autre. Dcfultor. Chez les Scythes , les Indiens
& les Numides, les Cavaliers qui fervoient en guerre
étoient très-habiles défultcurs j c'eft-à-dire, qu'ils
meooient avec eux au combat au moins deux che-
vaux,& quand celui qu'ils montoient étoit las, ilsfau-
toient avec beaucoup d'agilité &: beaucoup d'adrelfe
fur le cheval de main qu'ils avoient. Les Grecs &
les Romains prirent cet ufage de ces nations barba-
res ; mais ils ne s'en fervirent que dans les jeux , ôc
& les courfes de chevaux,, & jamais, que je fâche , à la
guerre, ni dans les combats. Ils en fiifoienr aufli
paroîtredans les pompes funèbres. Ainfi c'étoit uns
milice chez les peuples d'Afîe & d'Afrique dont
nous avons parlé; mais,chezles Romains,ce n'étoient
que des fiuiteurs i?c des b.iladins. Quelquefois ils
DES
D ET
avolent non pas deux, njais quatre ou fix chevaux '
de front, ainli qut- je le conçois , &fauroient du
premier fur le quatrième, ou lui le iîxième, & c'étoit
11 ce qu'il y avoit de plus dirlicile , dit Eullathius.
Homère, Iliad. Liv. IV. Hérodote j Liv. Vil. Tite-
Live , Liv. XXIII- c. 2.9. Ammien Marceilin , Liv.
XXIL Varron, De Re ilujL L. II. c. 7. Manilius
Aftronom. Liv. V. Properce, Liv. V. Properce , Liv.
IV. El. II. V. 3 V Hygin , L. De Fab. c. So. Suétone
dansJule, c. zg. jultih.nt ce que nous venons de
dire. Deniplter en parle aulii, Faralipom. in Rojmi ^
L. V. Anciq. Rom. c. 24. j
DESUNION, f. f. Séparation, disjondion, démem-
brement de deux choies jointes , ou unies. Dlsjunc-
do. Il y a eu Edit de difunion de ces deux charges.
L'union de ces Bénéfices ctoit abufive , on en a
ordonné la défunion. Il y a eu pluheurs défunions &
démembremens de ce Duché j de ce fief.
§Cr Pour peu qu'on veuille parler avec juftelfe,
on ne regardera point comme parfaitement fynony-
mes les mots de défunion, Aq féfjiradon, de disjonc-
tion, comme on le fait dans l'ulage ordinaire. Défu-
nion eft l'oppolé d'union, & l'union regarde propre-
ment deux chofes diftérentes qui le trouvent bien
enfemble. Ce mot enferme une idée d'accord ou de
convenance. Ainfi la de/union eftla divijion, & non
Xxfévaraûon ou disj onction à<i deux chofes qui étoient
unies enfemble. Foy. Union j Jonction ^ Dis-
jonction ET SÉPARATION.
^fT Ce mot, conlidéfé relativement à l'efprit, pré-
fente la même idée de dividon entre des amis qui
étoientunis, divihon de deux ou de pludeuts per-
fonnes qui étoient d'accord, ou entre lelquelies il y
avoit de la convenance, /^oyej Union au figuré.
Animorum disjunclio \ dijfiiium , dijjenjio. La défunion
des Princes, des Egliles, a caufé de grands troubles.
La diverfité d'intérêts caule la défunion. La diverfité
des lumières produit, mjaie entre les perfonnes de
^piété , des dcfuiuons exténeiires. Nicol.
DESUNIR. V. a. Séparer, déjoindre j démembrer ce
qui étoit joint & uni enfemble. Diflrahere , disjun-
gcre. il ell permis à un Seigneur de ddfunirles parties
de fon fief, de le démembrer ; ce qu'on appelle au
Palais, fe jouer de fon fief. Ces deux Cures étoient
unies J on les a défunies. Les charges de Préfident 6c
de Lieutenant- Général ont été définies par un tel
Edit. J'ai tort de défunir ces deux chofes, puifque
votre charité les a parfaitement unies. Voit.
0Cr Desunir, dans un fens figuré , lignifie divifer
des amis J rompre l'union qui eft entre deux ou plu-
lieurs pîrfonnes. Animas disjungere, dijjociare , diri-
mere.'Ce mari &c cette temme étoient autrefois bien
unis, une petite jaloufie les a defunis. Il y avoit
alliance entre ces Princes, mais ou les a définis.
Dans ce Chapitre , dans cette Communauté , on eft '
fort défuni, il y a grande diverfité d'intérêts. La dif-^
férence des intérêts divife les Princes j celle des?
opinions partage les peuples.
Uniffant nos maifons il défunit nos Rois. Corn.
DÉSUNIR, en termes de Manège j fe dit d'un cheval
qui traîne les hanches, qui galope faux, ou fur le
mauvais pied. Equus cujus Luxatam crcdas coxen-
dicem.
Désuni , ie. part.
DESVOYEMENT. Voye-^^ DÉVOIEMENT.
DZSVOYER. Foyei DEVOYER.
D E T.
DÉTACHE-CHAÎNE.f m.Terme d'Artillerie. Efpèce
de feu ou de pétard propre à rompre ou décrocher
une chaîne qui ferme un palTage . &c. Syrragmion.
Dans les entreprifes on it fert fouvent des deta-
che-chaines , des fouris & autres machines. De la
Font.
DÉTACHEMENT, f m. Terme de guerre. Choix
qu'on fait de quelques gens de guerre dans plufieurs
Compagnies j ou Régimens j pour les envoyer à
quelque expédition , eu pour former quelque en-
DET 1%^
treprife fur l'ennemi. Sejuncii,fuhducli ah exercim
milices ; cohors i kgio fejuncla ; agmen fubduclum a
cdteris copiis. Le Maréchal de Camp commandoit
\x\\ decaciiemenc â.QYzv.\-\i:e de fix mille hommes.
MfS" On envoie aulfi des décachemcns en avant ,
pour avoir des nouvelles de f ennemi , & pour vi-
liter les lieux par où 1 armée doit palfer.
IK? Détachement , fe dit de l'adion de détacher j
fiire un détachement de tant d hommes ^ & des hom-
mes détachés d'un plus grand Corps. Attaquetj com-
mander un détachement.
Ce mot s'emploie aulfi figurément, pour figaifiec
des Moinesj ou Religieux qu'on envoie d'une maifoii
pour en tonder une autre,ou pour faire quelque autre
expédition fiinte.Commele Saint voyoit que fon dé-
lert ne feroit bientôt plus 3,irez grand pour contenir
ses Difciples , il cïut qu?||etoit à propos de former
des colonies, & qu'il devoir envoyer Az% détachc-
mcns de ces hommes célelles dans d'autres endroits,
où ils deviendroient des fpedlacles au monde , ôC
contribueroient à l'étendue de liimpirede J.C. 'Vil-
LEFORÏ.
Détachement , fignifie, figureir.ent, dégagement de
tout ce qui peut attacher 1 cipnt & le cœur. Jimmus
ab alicujus reijludio , arnore dijiracius j aiienus , ab-
alienatus. Le détachement du monde eft le premiec
pas qu'on fait pour le falut. Être dans un entier dé-
tachement des choies du monde , de tout intérêt.
if3' On le dit encore des chofes qui Icrvent à at-
tacher. Détacher une épingle j une agraffe.
§3" On le dit même avec le pronom perfonnel
de ce qui eft attaché j & de ce qui fert à attacher.
Ce clou va fe dctacher j ce ruban fe d-aache.
Détacher, fe dit figurément pour dégager de tout
ce qui peut attacher fefprit &: le cœur , laire renon-
cer à des choies auxquelles on a écé long-temps at-
taché. On ne fauroit le decackerà^ cette opinion, &
dans cette acception, il s'emploie également avec lé
pronom perfonnel. Anioretn ahjicere. Il fe faut en-
tièrement détacher des vanités du monde pour entrée
en Religion. Détachant mon efpritdes funcftes pen-
lées de la mort , je l'.ibandonne à la loie le plutôt
que je puis. M. Scud. Les pauvres ne voient rien dans
le monde qui ne les détache du monde j & j comn.e
ils manquent de tout, ils ne peuvent tenir à rien.
FlÉch. Dieu nous détache des trompeufes douceurs
du monde par les falutaires amerrumes qu'il y mêle.
Thomassin. Ses amis fe plaignoient de lui comme
d'une Maîtrellie ingrate dont il ne pouvoient fe
détacher. S. EvR. Le Roi divifa les membres de la
Ligue , &: les détacha de la caufe commune par la
vue de leur inrérêr particulier. Var.
Détacher , fignifie aulîi , féparer des chofes de celles
avec lefqueiles elles font jointes & font une efpèce
de tout. Disjungere. Ce Seigneut a détaché de fa
ferme générale un tel droit , un tel péage. Il faut
détacher celle queftionde touteslescirconftances par-
ticulières , pour établir une maxime générale. Dé~
tache^ l'intérêt que vous avez dans cette affaire ^ ôc
vous verrez que vous avez tort.
'ff Détacher, dans l'art militaire. Tirer un certain
nombre de foldats d'un plus grand corps , du corps
d'une armée , d'un régiment , d'une compagnie ,
pour quelque deftein j pour quelque expédition.
f^oyer; Détachement. On a décache de la Cavalerie
pour inveftir la place. Détacher des Coureurs. Il y
eut cent hommes détachés qui emportèrent ce re-
tranchement.
On dit qu\in Prévôt a détaché des Archers après
les voleurs , pour dire , qu'il a envoyé des Archers
après eux pour les prendre. Acad Fr.
En termes de Marine, détacher fc dit , dans le
même fens , en parlant des vailfeaux. On détacha.
fix vaifiTeaux pour aller en garde à la tête de l'ar-
mée.
Se détacher , en termes de Guerre & de Marine ,
{\^n'\^e(e féparer. Quatre régimens de troupes auxi-
liaires fe détachèrent. Deux frégates , deux vailUaux
fe détachèrent.
N nij
i84 D E T
Ç3" DÉTACHER. Terme de Peinture. C'ell cîonner de
la rondeur aux objets d'un rableuu , en faire apper-
cevoir les conrours , en lorte qu'il paroilîe bien d
reliet, 6c qu'ils lembiint quitter leur tond & venir
au fpectateur. £'.v/7ea'//-e j nonimpiicare.
^fT Détacher , eu Muiîque , fe dir des notes qui ne
font pas liés enfemble, qui ne forment pas un Ion
continu , mais qui font comme féparces par de pe-
tits lilcnce.
§CJ" DÉTACHER la ruade j renne de Marécliallerie.
Ruer vigoureufement. Foyc^ Ruer.
DÉTACHÉ , Ée. pun.Sejuncîus , disjunclus , abùlienatus.
L'indifférence d'un liomme libre & détache de tout ,
n'eftpasfort fouhaitable.S.EvR. L'amour pur, & de-
tache des fens , n'elt point incompatible avec la ver-
tu. M. ScuD.
On appelle , en termes de Guerre , pièces déta-
chées , des demi- lunes , ravelins , ouvrages à corne
& couronnés j ik même des balbons , quand ils font
féparés du corps de la place.
On dit aulH , en termes de Peinture , que les fi-
gures d'un tableau font bien dctachccs , lorfqu'elles
font bien dégagées l'une de l'autre , qu'il n'y a point
de coniuiion , qu'elles paroiifent de relief,&c. Dans
un payfage les objets doivent être extrêmement a'f-
tachés. Dici. de Peint, o' d'Arch. Expeditus ^folutus ,
non ïmplicatus.
§Cr DÉTACHÉ j terme de Mufique. Voye^ Détacher
DÉTACHER, v. a. Oter une tache de delfus du linge ,
d'une étoffe. Ahfiergere maculam. Le linge taché d'en-
cre ne fe peut détacher qazwec du verjus , du citron,
ou autres fucs acides. Les Dégraiifeurs détachent les
habits avec des favonnetes , ou du favon noir.
DÉTACHÉ , ' ÉE. part. Abjlerfus , purgatus.
DETACHEUR. f. m. Qui maculas abjlergit. Ce mot
veut dire celui qui ôte les taches des habits. On ft
. fert plus ordinairement du mot de dégraijjeur , qui
eft même feul en ufige.
DÉTAIL, f. m. Terme de Commerce. Ce mot n'a
ordinairement point de pluriel au propre. Il fignihc
la divilion d'un tout en plufieurs parties féparécs. îi
y a des Marchands qui vendenten gros , d'autres en
détail. Lxcrum Jingularum venditio : res partlculaàm j
fingulatim yenditi. Ainh vendre en c/srai/ , c'ell ven-
dre par le menu, au poids, à l'aune, à la petite me-
lure.
%T DÉTAIL, en parlant d'affaires, &; dans le récit
qu'on fait d'une chofe , fe dit des circonftances ,
des particularités qui accompagnent un fait , une
ailaire. Circumjlantia , res cinumflantcs ; rcrumfînou-
Larum narratio ^ enwncratio. Dans ce fens il a un
pluriel. Il ne m'a conté fon procès qu'en gros , je
n'en fais pas le détail. On m'a appris le détail de
cette bataille , toutes les particularités de ce qui
s'y eft paifé. Il feroit trop long de defcendre dans
tous les détails de cette aftaire. N'attendez pas qu'un
ami vous vienne expliquer le détail humiliant de
fes befoins. S. Evr. Il eft rare que les efprits fins
foient Géomètres , parce que le détail {qc & ftérile
des principes géométriques les dégoûte & les ré-
bute. Pasc. Epargnez-moi la peine de vous redire
des détails qui me font honte à moi-même de les
avoir remarqués , & qui ne m'ont que trop per-
fuadé de ma foibleife. P. de Cl. Vous n'avez point
à craindre tous ces longs détails de chicane qui fc-
( ent refprit de l'Ecrivain. Racine. Je ne veux pas
defcendre à tous ces ennuyeux détails. Port-R.
Ne vous charge-^ jamais d'un détail inutile ,
Tout ce quon dit de trop eft fade & rebutant.
BoiLEAU.
On dit, qu'un homme entend le détail j qu'il eft
hoinme de détail -, pour dire , qu'il ne hii échappe
rien des circonftances, des particularités qui rer-ar-
dent les affaires donr il fe mêle.
|}3" Dans l'art militaire , faire le détail d'une com-
pagnie, d'une armée , c'eft avoir Tceil fur le fer vice,
D E T
adonner des ordres, afin que chacun s'acquitte
bien de fon devoir.
C^T Dans un devis on appelle détail, le dénom-
brement exacl des matériaux ik. façons d un bâti-
ment. Voyei Devis.
En DETAIL, iorte d'adverbe, par le menu. Singulatim ,
minutatim _, particulatim. Vendre en détail. Raconter
en détail.
DETAILLER, v. a. Divifer en plufieurs parties. Partes
in varias concidere. Quand les Bouchers apprêtent
leurs viandes , & les coupent par morceaux , ils
appellent cela détailler. Les Marchands appellent
auili détailler j lorlqu'ils ne vendent pas des pièces
ou des ballots en entier, & lorfqu'ils les coupent
& divilent pour en donner à chacun la quantité
qu'il en demande, lies particulatim j Jtngulaiim vcn-
dere.
DÉTAILLER , fedit aufii dans le difcours & dans les
affaires. Expoler toutes les circonftances & les par-
ticularités d'une affaire , d'une aèhon , & généra-
lement les parties d'un tout quelconque, tnumerare^
narrare fingula j jinguUtini , particulatim. Cet Au-
teur a traité cette matière en gros \ maisiUi'a rien
détaille. Ce Rapporteur a fort bien Jera///e ce procès
en a fait examiner toutes les circonftances en dé-
tail.
DÉTAILLÉ _, ÉE. part. lia les fignifîcations du ver-
be.
DÉTAILLEUR, f m. Marchand qui vend en détaiL
Qui fingulatim vel particulatim vendit. Les Maichands
en magafin appellent DetaïUeurs , tous ceux qui
vendent en boutique. Il eft oppofé à Marchand Gref-
fier ou en gros.
DETAILLISTE. f m. Qui aime qu'un Hiftorien entre
dans le détail, ôi qu il rapporte les particularités
d'une affaire. M. Defroches, après avoir prié M. de
la Roque fon ami de lui dire fi les gens de Lettres
feront auffi fatisfaits de l'Hiftoire de Charles XII.
Roi de Suéde , que les gens de Cour , 61 ce qu'oa
appelle le beau Monde , i qui les charmes du ftyle
fuffifent , ajoute auffltôt : " Pour moi qui cherche
» à m'inftruireà fond, & qui fuis peut-être d'ail-
» leurs un peu trop détaillifte , paiïez-moi ce terme,
» je trouve que M. de Voltaire coule fouvent avec
» un peu trop de rapidité fur des faits & des évé-
» nemens dont les parricuLirités intéreffantes n'au-
» roient pas , ce me femble , moins bien figuré que
» le refte, dans l'Hiftoire de fon Héros ...» Merc.
de Sept. ï7}6. Cett* manière modefte de bazarder
des mots nouveaux a toujours été le plus fur moyen
de les faire recevoir.
DÉTALAGE. f m. Action oppofée à étalage. C'eft
ferrer la marchandife que Ton avoir mife en étalage,
fermer fi boutique.
DÉTALER. V. a. Serrer la marchandife qu'on avoit
mis en vente. Merces expofitas colligere ^ recor.dere.
Il venoit d'étaler (es marchandifes , & il eft obligé
de les détaler. On étale & on détale tous les jours
les marchandifes. On le dit auffi abfolument. Les
Marchands étalent le matin , détalent le foir. La
foire finie, les Marchands détalent ou détalent leurs
marchandiles.
ffT DÉTALER eft auflî neutre; alors il fe prend au fi-
guré , pour fignifier quitter un lieu malgré foi, fe
fauver avec précipitation. Aufugere , abire. Dans ce
fens il n'eft que du ftyle populaire. La peur d être
battu l'a ÏMw'iiemQnt détaler. Allons que l'on détale
de chez moi, maître-juré filou, vrai gibier de po-
tence. Mol.
Le rat de ville détale ,
Son camarade le fuit. La Font.
Et vite 3 & vue j on fe fauve , on détale.
Nouv. en. de Vers.
^fy DÉTALER, terme de Jardin.age. Oter du pisd d'une
fleur ce qu'on appelle tdles. Voye\ ce mot.
DÉTALÉ J ÉE part.
D E T
DÊTALINGUER. Teime de Marine. C'efl: , ôter le
cable d'une ancre. Ab anchons rudcmes eximere ,
foivere.
DETaPER. V. a. Terme d'Artillerie. Détayer un Ca-
non , c'eft ôcer la tape , le déboucher pour le tirer:
& un canon détapé , c'eft un canon qu'on a débou-
ché , dont on a ôté la tape.
fO" Detap£K. , ternie de Raffineur de fucre , c'efl; ôter
les tapes des formes avant que de les mettre fur le
_pot. / o)ef Tape & Pot.
DETEINDRE, v. a. Faire perdre la couleur à quelque
chofe. Decolorare.he grand air détcinûe^ plus vives
couleuis& les mange. Le vinaigre d£Ceinc\Qs étoffes.
On y joint le pronom perfonnel. Les étotîes fe di-
teignent aifément , quand elles ne font pas teintes en
cramoih. Decoloran , coiorcmperdere , am'uterc.
DÉTEINT , EiNTE. part. &.' adj. Decolor.
DETELER, v. a. Oter les chevaux d'un carrolTe ,
d'une charrette , d'une charrue , ou plutôt défaire
les traits par lefquels ils y étoient attachés. Equos
curru vel jugo foivere , cxjhlvcre. Un Cocher dét'ele
fes chevaux ; le Laboureur décèle i&s bœufs.-
On le dit auffi abfolument. Dételé:^. Il n'a pas en-
core dételé.
D'Adam nous fommes tous enfans j
La preuve en ejl connue.
Et que tous nos premiers parens
Ont mené la charrue.
Mais , las de travailler enfin
La terre labourée.
L'un a dételé le matin ,
L'autre V après - dinée.
^L DE COULANGES.
DÉTELÉ , Ée. part, pair ic adj. Equus Jolutus jugo ,
curru.
DETEMPTEUR. P^oye^ DÉTENTEUR,
DETENDRE. V. a. Détacher une chofe tendue, l'ôter
du lieu où elle eft tendue. Detendcre. Les Sergens
commençoient à détendre le lit , la tapilferie , quand
le maître arriva & paya. On a détendu les voiles.
§^7" On le dit abfolument : Détendre une cham-
bre , une maifon. On le dit de même des tentes &
des pavillons qu'on détend quand une armée dé-
campe. On a détendu dans tout le camp. Acad. Fr.
Detendere tabernacula.
DÉTENDRE , lignifie auffi , relâcher , débander. Laxa-
re , remittere. On a détendu ces cordes. Détendre fon
arc. Il fe dit figurément de l'efprit. Se relâcher l'ef-
prit après des occupations qui demandoient trop d'at-
tention.
Si lefens de vos vers tarde à fe faire entendre ,
Mon ejprit aujjïtôt commence à fe détendre.
BoiLEAU.
DÉTENIR. V. a. Occuper , garder , polféder des biens,
meubles ou immeubles , foit licitement , foit illi-
citement. Occupare , retinere , pojfidere. Il a été af-
figné à palier un titre nouveau de cette rente , à
caufe de tels & tels héritages qui y font hypothé-
qués, qu'il détient. On ne peut avoir abfolution ,
qu'on ne reftitue le bien qu'on détient injufl:ement.
Ce pauvre homme ne peut faire juger fon procès ,
parce qu'on lui détient fes papiers.
#3° On prétend , dans le Diét. de l'Acad. Fr.
que détenir lignifie rétenir injuftement , retenir ce
qui n'eft point à foi. Je ne vois pas pourquoi. Dé-
tenir, ainfi que Détenteur & détention.^ ne préfente que
l'idée d'une polTeffion réelle & aétuelle , fans rien
dire de jufl:e ou d'injufte. Au reflie , ce verbe eft peu
ufité : il ne vaut pas mieu.x quand on l'emploie pour
retenir , retarder quelqu'un. Detincre. La fièvre le
détient au lit. Ses aftaires l'ont détenu long-temps à
Paris. Ses créahciers le détiennent en prifon depuis
un an.
DÉTENU , UE. part. Il étoit depuis deux ans détenu pri-
ionnier. Vaug. Style de Palais.
D E T i8y
[DÉTENTE, f. f. Ce qui fert â faire lâcher le rclforc
d'une arme à teu , ou d'une arbalète. Petit moi c au
de 1er fur lequel on met le doigt pour tirer un h fil
ou un piftolet. Lingula. La chaîne de ma niuntiii
s'eft embarralfée dans la détente de mon putoLt ,
& l'a fait tirer. Sancho banda le chien fans luvuir
pourquoi; il tira de même la aVV<;/2re: & la picre
venant à faire feu j il lailfa tomber le fufil , ne
fâchant s'il n'étoit point blefté. Dom QuicHOTrE.
DÉTENTE. En termes d'Horlogerie, on donne ce nom
à de certains arrêts, lefquels étant levés donnent
cours au mouvement de la lonnetie , & qui, étant
bailfés, arrêtent ce mouvement. P. Alexandre.
DETENTEUR, Détentrice, f. m. & f. Terme de
Jutilprudence. On a dit autrefois détempteur. Celui
qui a la poftellion réelle & aduelle d'une choie,
d'un héritage , foit propriétaire , foit ufuftuitier.
On alligne \^%i\ti%-dccenteurs en déclaration d hypo-
thèque. On jette des dévoluts fur les injuftes dé'
tcnteurs des Bénéfices. Il ne doit pas cette fomme
perfonnellement , mais feulement en qualité de dé-
tenteur Se jouiirant de cette terre.
fie? On appelle tïers-detenteur celui qui eft ac-
tuellement en pofteffion d'un bien qui avoit été hy-
pothéqué à un autre par celui qui le polfédoit au-
paravant.
DÉTENTILLON. f m. Terme d'Horlogerie. Efpèca
de détente levée par les chevilles de la roue des mi-
nutes.
ce? DETENTION, f. f. Aétion de retenir , chez les
Jurifconfultes. Detentio. Lz. détention à\m bien , d'un
héritage. On le Ait de l'état d'une chofe arrêtée &C
faihe par juftice, & de mêmede l'état d'une per-
fonne qui eft privée de la liberté de quelque ma-
nière que ce foit. On la remis en liberté après une
lougue détention. Sa détention en prilon a révolté
tous les honnêtes gens. Sa détention parmi les efcla-
ves d'Alger a duré huit jours. La c/ere/.v/t)/j des ota-
ges ne doit durer que jufqu'à l'exécution d'une ca-
pitulation. Après fa i/crdwfio^ il fe retirade la Cour.
Maucroix,
DÉTERGER. v. a. Terme de Médecine , qui fignifie
nettoyer , mondifier j entraîner les humeurs lentes
&c glutineufes qui font adliérentes au corps. Abftcr-
gere , detergere , purgare. La plante appelée corne de
cerf eft vulnéraire , elle déterge & confolide les
plaies. Lemery. Quelquefois on met le verbe deter-
^er fans régime j ou fans cas. La raiponfe eft apé-
ritive ; & propre pour la gravelle & la pierre , elle
deterge èc réfifte au venin. Idem.
C'eft aufti un terme de Chirurgie, qui fe dit des
plaies. Il y a des plaies qui tardent plus à fe détcr-
ger, ou à fe purger que les autres. Dionis.
Détergé, ée. part.
DETERIORATION, f. f. Adion par laquelle la con-
dition d'une perfonne ou la qualité d'une chofe
eft rendue moins bonne. Rei in deteriorem fatum de-
duclio. Quand la détérioration des marchandifes fai-
fies vient par la faute du gardien , il en eft refpon-
fable. Jean Frideric Mayer , Profelfeur à Leipfic j
imprima en 1(^95 \xn.T\7é\tk. àt détérioration , donc
le titre eft , Traclatus de Deterioratione.
On le dit aulli de l'état de la chofe détériorée.
Status deterior. Si le fond dotal n'aétéeftimé par
le contrat de mariage que pour fixer les domma-
ges & intérêts en cas de détérioration de ce fond ,
le mari n'en devient point propriétaire irrévoca-
ble j & il faut qu'après la dilfolution du mariage,
il le reftitue tel qu'il l'a reçu. W^ernher. Jour. d. S.
1721. /'.154. Il y a de grandes détériorations dans
cette terfe , dans cette forer.
DÉTÉRIORER, v. a. N'eft guère en ufige que clans
le Palais. Rendre moins bonne la condition d'une
perfonne, ou la qualité d'une chofe. Z)erm/..r /"t-'i^-
dere , efficere. Ce locataire a détérioré cette maifon.
Ce blé , cette matchandife s'eft détériorée tandis
qu'elle a été faifie.
DÉTÉRIORÉ , ÉE. part. Deterior effeclus.
DÉTERMINANT , ants. part. ad. du v. déterminer.
2.86
D E T
Qui détermine, qui taie piendre un paiti. L'attache- j
menrde Briitus aux iruciêts ùu Sénat fut poui Cé-
pion une railon dcunnïnanu de le déclarer pour les
Chevaliers. Crevier.
DETERMINATIF , ive. ad. Terme de Grammaire
qui fe dit de tout ce qui fert à déterminer la h-
gnihcation d'un mot, à la relhemdre j d en taire
uns apphcation individuelle. Dans cette phraie la
lumière du folcil , foleil ell le mQt dcterm'mavj Aq
lumière , c'eft-à-dire qu'il reftreint le nom généri-
que de lumière à ne fignitier que la lumière indivi-
duelle du lobil , &c. Le pronom qui , que , lequel
èclaquelle , s'appelle communément pronom rela-
tif. Ce nom ne paroît lui convenir qu'impartaite-
ment : car d'autres noms & pronoms font égale-
ment relatifs , tels que le mien , le vôtre , lefien , les
leurs. Si l'on veut donc avoir égard à la véritable &
propre fonction qu'il a dans la Grammaire, je crois
qu'il fiudroit le regarder comme pronom de'cermi-
natif.Eïi etiet tous tes qui ^le/quels ^lequel, laquelle,
c'eft-à-dire , qui , qu^ quod des Latins , ne font que
pour déterminer à regarder le nom par un endroit
particulier qui forme une efpèce de modilication.
Des exemples feront fentir la chofe. Qand je dis,
Dieu qui ejlbotiy oixla vertu que l'on ejume , owle
Philùjophe duquel je vous ai parlé \ à quoi fervent ,
en ces trois phrafes , qui, quel , duquel , fmon à faire
regarder par des endroits particuliers & par certai-
nes modifications le nom ou l'objet ; favoir , Dieu
en tant que bon : lu vertu en tant qu'on l'ejiime j le
Philofophe entant que je vous parle de lui!' L e P.
BuFFiER, Gram. F.M.Ke(\:z.m , dans fa Grammaire
Françoife , fans ôter à ces fortes de pronoms la qua-
lité de relatifs , y ajoute celle de deter/ninatijs. Les
pronoms relatifs , font, d'it-'û , déierminatifs , quand
on s'en fert pour reftreindre & déterminer la fi-
gnification des noms ou pronoms auxc'uels ils le
rapportent ; c'eft-à-dire , quand ce qu'on ajoute .à
une idée , par le moyen des^ pronoms relatiis j ne
convient pas à cette idée dans toute fon étendue.
Ainli, quand je dis , la doélrine qui met le fouve-
rain bien dans la volupté du corps eft indigne d'un
P.hilùfophe , je ne parle pas de la dcclrins en gé-
néral j mais par le pronom qu; je la reftreins i.^ la
dérermine .î ne 'igniiier que celle qui met le lou-
verain bien dans la volupté du corps. .. Par confé-
quent qui eft diternïuwt'.J dans cet exemple.
DÉTERMINATION, f f. Se dit en général d'une ré-
foUition qu'on prend après avoir balancé entre deux
partis. On lui demande une prompte détermination.
Voye-{ RÉSOLUTION.
t/CT En matière de dodrine , ce mot paroît fy-
nonyme k décifion. Voye\ Décision. L'iJniverlite
de Paris ne croyoit pas feulement pouvoir le tenir
dans les anciens fentimens \ mais même condamner
ceux qui fous prétexte d'une détermination du Con-
cile , enfeigneroient dans Paris une doéltine con-
traire à la fienne. Rassicot. On auroit fait céder
£on fentiment particulier à celui de toute l'Eglife ,
qu'on auroit cru trouver infailliblement dans les
déterminations de ce Concile. Idem.
Ce terme en Philofophie fe prend ou aélivement
ou paflivement. Détermination pris activement eft,
1°. Une attion de la volonté , qui fe porte à agir
ou à ne point agir , à faire une chofe ou à en frire
une au r;-. i°. C'eft l'adkion d'ime caufe fur une au-
tre, q .'elle applique, ou qu'elle poulfe à agir.ZJj-
rermination pvis pafiivemenr eft la modification que
la caufe déterminante produit dans la déterminée.
La' détermination de la volonté humaine au bien ou
au mal eft libre. La détermination que>reçoit une
pierre de la main qui la jette. La détermination que
reçoit un vaiffeau du vent , & de fon çrouvernail ,
eft ce qui fait fa route.
|CF Détermination fe dit, généralement, en Phyfique
de l'aélion par laquelle une chofe également capa-
ble de plufieurs qualités, eft déterminée à rece-
voir Tune plutôt que l'autre. On le dir particulière-
ment de la tendance d'un corps vers un côté pUliôt
D E T
que vers un autre. La détermination eft une façoi\
d'être diftinète du mouvement, parce que la c/trc/-
mination peut changer : quoique le mouvement de-
meure le même. Dans ce fens le mot de direètioa
eft plus convenable. l^^oye\ Direction.
IjZr On appelle en Grammaire la détermination
d'rxn mot, quand il eft reft teint à une certaine ligni-
fication , ii. qu'il ne convient qu'à elle, y ocubuli
ad rem uliquam Jignijicandam addiclio.
DETERMINEMEN r. adverbe. ExprelTément , poiîti-
vement , fpécihquement. Definitè , Jpecialiier, On.
a prononcé determinement lur cetie queftion , fur
cet article. Le Prince veut abfolument & determi-
nement. Le doute laille l'elprit en fufpens, & la
fcience prononce determinement & ablolument.Tour
ce que Dieu veut determinement arrive infaillible-
ment. S. Evr.
On dit, enDialeélique, qu'une propofition eft de-
terminement vraie , ou determinement laulle. Deter-
minatè. Cela ne le dit point des propohtions né-
celTaires, dont la vérité eft fondée lur la nature de
lacliofe, ou d'une caufe néceliaire. Par exemple,
on ne dit pas qu'il eft determinement vrai que Ihom-
me eft un animal raifonnable , ou qu'une pierre
élevée en l'air , & abandonnée à elle-même tom-
bera à terre ; mais on le dit des propohtions con-
tingentes , qui peuvent être, ou n'être pas vraies :
& dont la vérité ou la faulfeté dépend de la déter-
mination d'une caufe libre. Par exemple , ce Ca-
pitaine partira demain pour l'année, luette propo-
fition eft dès aujourd'hui determinement vraie , ou
determinement ta.uiTQ. Si demain l'Officier le déter-
mine à partir & fe met en chemin , la propoluiou
ekdéterminémentvraie; & s'il ne fe détermine poinc
à partir , la propofition dès-à-préfenr eft determine-
ment faulfe , & fi contradidtoire eft determinement
vraie. Et, engénéralj de deux propohtions contradic-
toites du futur contingent ^ l'une eft toujours deter-
minement vraie , &: l'autre determinement faillie ^
non pas que dès-à-prèfent la caufe foit déterminée,
mais parce qu'elle fe déterminera j ou ne fe déter-
minera pas dans le temps énoncé dans la propofi-
tion. Amli dès-à-prélent elleeft determinement vraie,
non pas pour le prélent, mais pour l'avenir , pour
le temps auquel la caufe libre fe déterminera.
Il fignifie audi , couragsufement , hardiment. Les
troupes allèrent determinement k\■^S■:i\\x..
DÉTERMINER, v. a. Décider en matière deDoétrine,
de Jurifprudence, de Gouvernement. Definire , fia-
tuere. Quand les Coutumes n'ont rien déterminé Çnz
un article, il faut avoir recours au Droit Romain.
Il faut croire tour ce que l'Eglife a déterminé.
^CTDeterminer fignifie auffi arrêrer , faire prendre ,
& prendre une réfolution après avoir balancé en-
tre deux partis. Dieu a déterminé de tom temps de
lecompenfer les bons & de punir les mcchans. Il
étoit irréfolu ;cet événement l'a déterminé. Il a dé-
terminé cela dans fon efprit. Statuere j décernera
Nous nous tromperions moins fouvent , fi oous ne
nous déterminions que fur des idées claires & évi-
dentes. S. Evr. On ne doit fe déterminer a une ac-
tion , qu'après une exacfe perquilition de l'enten-
dement, qui a bien pefé & bien confidéré la nature
de l'objet. Port-R.
%fT Déterminer, en termes de Phyfique , fignifie
donner une certaine façon à ce qui de foi -même,
n'a pas plutôt l'une que l'autre , à ce qui eft indif-
férent à l'une ou à l'autre. Il faut -que Dieu détermine
la matière au mouvement ou au repos. Determinare
ad motum vel quietem.
Déterminer, fignifie auiîî , deftiner , appliquer à
quelque chofe. AJJlgnare , deftinare. Il y a des fonds
certains & déterminés pour fournir à telle dépen-
fe.
^CF Déterminer , en termes de Grammaire , fignifie
reftreindre un mot à une certaine fignification , mar-
querle fens dans lequel il doit être pris. L'u fige ifeV^r-
mine les mots à fignifier cerraincs chofes. Vocaku-
lum ad rem aliquam Jignifaandam addicere. Un mot
D E T
équivoque eft dcttrminé h, un certain fens par ce qui
précède &C ce qui fuir.
Déterminer, fedic encore des événemens , du fuc-
cès des affaires, des négociations , des combats , îkc.
Nos Hiltonens parleront des lièges & des batailles
où s eft trouvé feu M. le Uuc \ de la bataille de Ner-
vinde , donc il détermina le fuccès par fon intré-
pide valeur. Divertissement de Seaux.
Déterminer , figniÉe encore , marquer , défigner ,
allîgner une chofe en particulier, De/ignaïc , ajfi-
gnare. Détermine-^ moi la chofe que vous voulez
que je falfe. Il y a deux chemins pour aller là : Di-
termiiie\ moi celui que vous fouhaicez que je prenne.
Déterminé , ée. part. Constïtutus , statutus , destina-
tus. Par un enchaînement de caules inconnues, mais
deccrminces de tout temps , chaque choie achève le
cours de fa deftinée. Vaug.
§CT Ce mot eft fouvent employé comme adjedif,
pour (ignifier celui qui eft entièrement adonné a
quelque choie , qui s'y abandonne fans ménagement.
iJeduus , addiclus. Jouent , chalfeur , buveur déter-
mine'. Totus in ludo , &:c.
^C? Déterminé , fe dit encore d'un homme qui ne
craint rien qu'aucun péril n'cftraie , capable de tout
entreprendre. Audactjjimus ^ ad audenduni projecius.
Il monta à l'aflaut en foldat déterminé. Céfar étoit
mpins déterminé & moins abandonné à la fortune
qu'Alexandre. Cail-
fCT Comme fubftantif j il s'emploie en mau-
raife part pour ligniher un homme emporté , capa-
ble de tout. Ce jeune homme vit en détermine , eft
■an déterminé , nniio^nc déterminé. Ce font de grands
détermines. Voit. Jurer indéterminé. Gomb. Vous
tenez des difcours brutaux & grolliers j qui font
rougir les plus détermines. S. Evr.
fCTOn le dit aulîi des chofes qui annoncent ces
difpotions. k\t détermine. Cetadtion decermineeéion
na l'ennemi. Audacia, confidentia plenus.
UCT En Mathématiques , cette épithète s'applique
à un problême qui n'a qu'une lolution , ou au moins
un certain nombre de folutions pollibles. Problème
déterminé ^ par oppofîtiou à piwblciiic inUcurminé ,
qui a une infinité de folutions.
DÉTERRER, v. a. Exhumer une perfonne qui a été
enterrée- Mortui cadaver e tumulo eruere , effodere ,
refodere. On ne doit déterrer les corps que par or-
tlonnancede Juftice , foit pour les vifuer , foit pout
leur faire leur procès.
Déterrer , fe dit figurément , & lignifie , découvrir
une chofe cachée , comme quand on dit j déterrer
un tréfor , ou une perfonne qui ne vouloir pas être
connue. Detegere , eruere. Cet Exempt a de mer-
veilleufes adrelTes pour déterrer des criminels quel-
que cachés qu'ils puilTent être- Je ne favois point
ou vous demeuriez , j'ai eu de la peine à vous dé-
terrer. Cscimenx zdéterré]es plus beaux monumens
de l'Antiquité. Je déterrerai cela.
Déterré , ée. patt.
On dit proverbialement j qu'un homme a un vi-
fage de déterré, lorfqu'il eft pâle & défait. Alors
il eft pris fubftantivement. Les Bonzes du Japon
fortoient toutes les femaines de leurs folitudes avec
un vifage de déterré , ôc un habillement affreux ,
pour prêcher le peuple. Bouh. Xav. L. IF.
DETERREUR. f. m. Indagator. Ce mot n'eft point
du bel ufage , ni même du ftyle ordinaire fcrieux:
mais on l'a employé depuis un temps dans le dif
cours familier & en riant. M. l'Abbé Chaftelain eft
un déterreur de Saints. Ménage. Deterreur fe prend
ici dans un fens moral & figuré : il fignifie , qui
découvre , qui fait connoître des Saints qui écoient
inconnus.
DÉTERSIF, iVE. adj. Terme de Médecine. Qui net-
toie , qui purifie. Detergens. Un lavement eft un
remède déterjîf qui nettoie le bas ventre. Il frut
ctuver cette plaie avec quelque liqueur déterfive.
Il y a aufti des onguens déterfifs , qu'on nomme au-
trement mondificatifs. Les feuilles ôc les fonimicés
D E T
^%J
du framboifier font deterfiyes & aftringentes. Le-
MERY.
|C?" On défigne généralement , par cette cpithète
tous les médicamciis qui ont la propiitie de net-
toyer, de purger l'ulcère, &: d'enlever lo.a ce qui
pouiroit être un obftacle a la cicatrifatiun.
DETESTABLE, adj. m. &c f. Qui doit ètie détefté.
Detejiubilis , detejtandus. Le bialphcmc-eft un crime
détcjlable. Néron écoïc un tiran detejiabie : on eue
dit la même chofe de Céfar , s'il eût été aulli mal-
heureux que Catilina. S. Evr. ^laxlmes, opinions
détestables.
On dit aulîi hyperboliquement , qu'un ouvrage
de profe ou de vers eft detestùbit j pour dire , qu'on
le trouve fort mauvais. Je trouve la Corne Jie ae-
rejrdA/t;, morbleu dctestabie , du dernier (itrtjr.f/e,
ce qu'on appelle détestahie.'Wio'L.On ledit aulfi de
ce qui eft laid par excès , de tout ce qui eft délagrea-
ble. Les vieilles les plus détestables relfentoieni l'a-
moureux Bambeau. Voit. Potage déte^tatte. Kagoùc
détestable,
DETE5TABLEMENT. adv. D'une manière dérefta-
ble , très-mal. Detestabiiem m in,^dum. Cet Auteur
écrit détest-ïbiement. Ce Mulicien chante cf-«jfj( /e-
ment.
DETESTATIOM. f f. Sentiment d'averfion pour une
chofe que l on défapprouve & que l'on condamne.
Detestutio. La pénitence enferme une fincère c/c-
testation du péché. La mémoire des impies doit erre
en ditestation. On ne peut parler de ce paaicide
qu'avec déteitnion.W s'eft attiré la détestât on de
rout le monde. Costar.
DÉTESTER, v. a. Avoir de l'averlion pour une chofe
que l'on défapprouve & que l'on condamne. De-
testari. On ne lauroir trop détester & punir les em-
poifonneurs. Un pénitent doit détester lea dérégle-
mens de fa vie palfée. l'n Hérétique qui fait abju-
ration, doit due en public, qu'il dittstc Ion erreur,
Phèdre , vaincue & tourmentée par une pallion in-
ceftueule en frémit elle-même \ e.le abhorre & dé'
teste fes propres fentimens. S. Evr. Les Anglois ,
déçus par le nom de liberté , en ont à la fin détesté
les excès. Boss.
Ob]et infortuné des vengeances célestes _,
Je m'abhorre encor plus que tu ne me déteftes.
Racini.
IP" Abhorret & détester , dit M. l'Abbé Girard ,
marquent égalcmentdes fentimens d'averdon , donc
l'un eft l'eftet du goiàt naturel ou du penchant du
cœur J & l'autre eft l'eifet de la raifon ou du juge-
ment. Le malheureux di.teste\e jour de fa naiftànce.
On déteste quelquefois ce qu'on eftimeroit fi on le
connoilfoit mieux. Une perfonne vertueufe déteste
tout ce qui eft crime Se mjuftice. P'oye^ Abhor-
rer.
^fT On dit proverbialement, détester fa vie, •
maudire les mifères , les malheurs de fa vie.
§3" Il eft quelquefois neutre & fignifie, en ftyle
populaire 3c tainilier , faire des imprécations. Im-
precari , execrari. Un marinier engravé , jure & dé'
teste de tout fon cœur. Il ne fait que juter & dé- ■
tester.
Détesté , ée. part.
DETHMOLD. Petite ville du cercle de Weftphalie ,'
en Allemagne. Dietmellum , Dethmoldia , Thiet-
mallum , Thentmeltum _, anciennement Tcutohuy-
gium.YWe. eft dans la Comté de LemgoWj fur la
rivière de Vehra. Maty.
DÉTHRONER. ^oye^ DÉTRÔNER.
DETIGNONNER. v. a. Arracher le cignon , la coëf-
fure: décocffer.
L'une appelle l'autre carogne :
On s'éehau^e, ons accroche^ & l'onfe dcrignonnc.
Merc. d! Mars 1720.
DÉTINÉE. f. f. Vieux mot que Borel croit avoir fi-
,S8
DET
gnifié, permiflïon. Selon l'exemple qu'il en -rspportCj
il femble fignifier voie licite.
Ijffuefuis par dérinée ,
ht non mie par ribaudie.
DÉTIRER. V, a. Erendre un linge j un ruban , une
é:orto, en tirant pour la rendre unie. t'xpUcare ,
extendere , polïrc , l&viparc. Les empeleufss dctircnt
leurs rabats far la poitrine. Et l'on dit d'un homme
bien propre ik. bien mis , qu'il eft bien détirc\ pour
dire que fon linge & k% habits ne font point chi-
' fonnés. Exprellion du ftyle populaire.
DÉTIRÉ , ÉE. part.
DETISER. V. a. Oter les tifuns du feu , les éloigner
les uns des autres , les difpofer de forte qu'il ne
brûlent point. Rcmovcrc ab igne ligna , tiùoncs , ne
ardcanc. On détifc le feu pour épargner le bois. Ne
touchez point au feu , vous ne £\ites que le dc-
tifer.
DÉTisÉ , ÉE. part.
DETONATION.f f.Terme de Chimie. Bruit que font
les minéraux, lorfqu'ils commencent à s'échaufter
dans les creufets, que les parties volatiles fortent
avec impétuofué , & cjue l'humidité qui ^étoit en-
fermée s'en échappe. f/<7^or, crépitas. K\ni\ l'or ful-
minant fait fon effet avec grande détonation. La dé-
tonation enlevé ]e ibufre impur & volatil des ma-
tières. La, détonation du nitre.
DETONISE j ée. adj. Terme de Chimie. Qu'on a fait
détonner. Qui fragoreni edidit. Quand tout fut re-
froidi , je trouvai que cette petite quantité de nitre
àétonifé avoit produit 80 pouces cubiques d'air, de
BuFFON. On dit aullî détonné.
DÉTONNELER. y. a. C'eft tirer du vin ou autre
liqueur d'une tonne , pour en mettre dans un autre
vaiffeau. C'eft la même chofe que tranfvafer. On dit
tranfvafer à l'égard des petits vaiireaux , &: déton-
neler pour les grands. Il faut promptement déton-
neler ce vin , ou ce cidre \ car le vaitleau eft gâté.
Ce mot eft apparemment en ufige en quelque Pro-
vince.
DÉTONNER:, ou DETONNER avec l'Académie, v.n.
Ne chanter pas jufte , fortir du ton où l'on doit être.
A tono dijledere , dcjîeclere , aberrare. Une oreille
jufte fent bien quand onde'tonne. Ceux qui détannent
gâtent un concert.
Tous mes Sots à la fois , détonnant de concert ^
Se mettent à chanter. Boit.
DÉTONNER , s'emploie aufli au figuré. On dit, en par-
lant d'un ouvrage d'efprit , qu'il y a des chofes
qui détonnent j pour dire , qu'il y a des chofes qui
font
ne lont pas clans le goût général de l'ouvrage.
DÉTONNER & Fulminer. Termes de Chimie. Faire
dstonner des minéraux , du nitre \ en chalfer les
parties impures, fultureufes &: volatiles , encon-
fervant les parties internes & fixes : ce qui fe lait
avec détonation. Crepitare , jragorem edere. Cette
opération fe pratique par le moyendu falpêtre ,en
préparant l'antimoine & les autres chofes.
fC? DÉTONNÉ , ÉE. part. Nitre détonné ^ ou déto-
nir^,
DETO[li)R.j.v. a. /ecft'ror.f , tu détors ^ il détort. Kq-
mettre droit ce qui étoit tors j le déplier. Qucd im-
plicatum eji explicare , quod convolutum eft evolvere.
Détordre une corde , une natte, des cheveux tor-
tillés. On ditatilli , tordre & détordrele linge qu'on
lave pour en cpreindre l'humidité.
On dit , fe détordre \t pied , le bras ; pour dire ,
fe faire du mal au pied j au bras par une exten-
fion violente de quelque nerf j ©u de quelque nuif-
cle.
DÉTORS , ORSE. part.
DETORQUER. v. a. Terme Dogmatique. Détourner.
Detorquere , in alienum fenfum contorquere • il n'a
guère d'ufage qu'en cette phrafe , détorquer un paf-
fage, qui fignifie, donner à un pailâgç ua fens dif-
DET
férent du naturel , & une explication forcée , pour
s'en fervir à favorifer, à établir fon opinion. De-
torquer un palfage pour appuyer une opinion erro-
née.
DÉTORQUÉ , ÉE. part.
DÉTORSE, f. f. Extention violente de quelque nerf,
ou de quelque mufcle, occafionnée par quelque acci-
dent. Diftorflo. Ce Cheval a mis, le pied dans un
trou, il s'eft fait uhe détorfe. On dit aulîî entorfe j
& c'eft le plus ufité. l'^oye^ ce mot.
DÉTORTILLER, v. a. Défaire ce qui eft tortillé , le
mettre , ou le remettre dans fon état naturel , dans
fon premier état , en défaifant les boucles , les cir-
convolutions qui y font. Explicare , evolvere. Detor-
tiller une corde , des cheveux , des rubans.
DÉtortillÉ j ÉE. pajt.
DETOUPER. v. a. Oter l'étoupe , le bouchon qui
bouchoit une bouteille, ou un autre vailleau. /' cj
opertum relinere. Détouper une bouteille. Dès que ce
tuyau a été détoupé , l'eau en a jailli en l'air fort
haut. On dit aulli détoupe:^ vos oreilles j pour dire , j
écoutez attentivement. Il eft vieux & abfolumenc 1
hors d'ufage. On dit , détouper des terres ; pour dire j
ôter les épines qui les ferment ; comme on dit aulu
étouperhs blés , Issclorre d'épines , les rendre dé-
teniables. 1
DÉTOUPILLONNER. v.a. Terme de Jardinage. Oter f
& couper les toupillons , les petites branches inu-
tiles d'un oranger , pour ne conferver que les plus
belles , Se les mieux fituées pour la figure de l'ar-
bre , afin qu'elles reçoivent feules toute la nourri-
ture de l'arbre, qui fe partageroit en pluheurs , lî
l'on n'avoir pas le foin de les detoupillonner. Putare^
recidere. Voyc^ TouriLLONS.
tfT DÉTOUR, f. m. Ce mot^dans fa fignification gé-
nérale , préfente l'idée d'une chofe qui s'écarte de la
ligne droite. Flexio , circuitus , anjraclus.
^3' En parlant du cours des eaux , il lignifie 1*
même chofe que finuofité. La Seine fait plufieurs
détours.
|]3° En parlant des chemins , il exprime l'endroit
qui va en tournant. Le détour d'une rue.
Malheur donc à. celui qu'une affaire imprévue
Engage un peu trop tard au détour d'une rue.
BoiLEAU,
|C? Il exprime de même un chemin qui éloi-
gne du droit chemin. Si vous paffez par-là, vous
prenez un grand détour. J'ai fait un détour de qua-
tre lieues , pour aller vifitet mon ami. Divartiçu-
lum.
'ifF Ce mot , pris dans le fens figuré , fignifie ,
en matières d'affaires , des difcours employés avec
adreffe , & qui paroiffent fe rapporrer à tout autre
chofe qu'à celle qu'on veut dire. Circuitio. Quand
on veut parler de chofes odieufes ou déshonnêtesj
il laut un grand détour de paroles. Il a pris un grand
détour pour lui annoncer la mort de Ion fils.
Vos ordres fans àhowi pouvaient fe faire entendre.
Racine.
{fCr Ilfignifie aufll , au figuré, les vues fecrètes
que nous cherchons à dérober à la connoilUrnce des
autres , les moyens cachés, quelquefois peu hon-
nêtes, que nous employons pour venirà bout de quel-
que affaire, de quelque enrreprife. Doli, ambages.
Dieuconnoîr tous les replis & les détours de notre
cœur , nos plus fecrètes penfées. Penitijfimos animi
recejfus. J'aime fans détours. Voit. Il faut étudier les
pallions des hommes, pour en bien connoître les
refforts , &: les détours. S. Real. Jamais Louis XI.
n'alloitdireétement à fon but, il cherchoit fans ceffe
des détours , afin de faire perdre les traces de fa
conduite. Il a gagné fon procès par un détour de chi-
cane. La chicane a d'étranges détours pour éternifer
jes procès. Cavillationes juris.
DÉTOURBIER, f. m. Vieux mot , qui fignifioit au-
trefois
D E T
trefois , obftacle, empêchement qui fe rencontroit
à la continuation d'un travail , d'une entrepnie. I:n-
pedbneiuam , dijjicuitas , objLiculum. Cet Ouvrier
peut faire ce travail en deux mois , s'il n'y a point
de dctourhkr , d'interruption , m dobllacle.
Ce mot vient du Latin dijiurbium. Les Picards di-
fent aulli décourber, pour détourner, qui vient de
dijturbare. Du Cange. Dans la vie de Saint Eufta-
che , Abbé de Luxeuil , écrite au VII^ (iccle , c
i , n. 1 1 , on xzowy s feminarc d'rjiurbia , pour dire,
femer des troubles. )^clu. Sancl. Marc. i'. lîl , p.
y%^. t. i Dijlurbia fufcitare àzns Jordanus de Saxo-
nia j De f^itis Fracrum , L. II , c. S.
DÉTOURNEMENT, f. m. Aébion de détourner. In-
fi&xio, dcflexus. Ce mot n eft pas ufité. Molière s'en
cft fervi dans fa Critique de V Ecole desjemmes, où
il dit , leurs dccournemens de tête , & leurs caciie-
mens de vifage firent dire cent fottifes de leur con-
duite.
DétourhejMent. Ce mot fe trouve aullldans Pomey,
pour empêchement. Averfio , avocatio.
|Cr DETOURNER. V. a. Eloigner quelqu'un du droit
chemin, du chemin qu'il doit prendre. Devatcre.
Détourner quelqu'un de fon chemin.
tfT On dit, dans ce (ens^ détourner, le cours d'une
rivière _, la faire aller ailleurs. On dit qu'Albuquer-
que propofa de détourner le cours du Nil , & de
le fiire tomber dans la Mer Rouge , pour ruiner
l'Egypte.
tjCJ' On dit de même détourner un coup. Iclum re-
pellere , excludcre. Détourner un orage. On lonnc
les cloches pour détourner l'orage.
Quand on croit voir fondre un nuage ,
Quelquejois il s'élève un favorable vent ,
Qui le dijjipe en un moment ,
I Ou qui détourne ailleurs la fureur de l'orage.
L'Ab. Tetu.
tfJ" Il a bien fait de détourner \ss yeux d'un fi
trifte fpe6tacle , qui l'auroit trop affligé. Avertcre.
|Cr Détourner eft quelquefois neutre & lignifie
quitter le droit chemin. Quand vous ferez arrivé à
tel endroit, c/trottrac^ à gauche.
^^ Il s'emploie fouvent avec le pronom perfon-
nel : Se détourner de fon chemin , ou aljfolument
le détourner , prendre à delfein ou par hafard un
chemin plus long que le chemin ordinaire. De-
fleékre. Il s'çft détourné de fon chemin , il n'a pas
voulu fe détourner , pour aller voir fon ami. Diver-
tere via , itinerc. Divcrtcre ad amlcum.
Détourner , en termes de ChalFe , fignifie , faire
tout ce qu'il faut pour s'alfurer qu'une bête , un cerf,
ou un fanglier, eft dans un buillon autour duquel
on fait les enceintes. Fcrj.m cogère certa in fabula.
Détourner un cerf, détourner un fanglier, remar-
quer l'endroit où il eft à la répofée , pour le courre
enfuite.
Détourner les aiguilles. Terme d'Aiguilletier. C'e'l
mettre toutes les pointes du même côté , afin de
les pouvoir affiner plus facilement , c'eft-à-dire ,
en adoucir les pointes fur la pierre d'émeril.
Détourner, eft aufli, un mot par lequel on adoucit
le nom des vols domeftiques. Soullraire frauduleu
fement. Avertere. Un mari n'a pas d'action de voi
contre fa femme par le Droit , mais feulement des
chofes détournées. Ce fils a détourné les meilleurs
effets delà fuccelHon de fon père. Ce banquerou
tier a détourné , a mis à couvert la meilleure partie
de fon bien.
IJCT" On dit,figurément,£/^'M«r/?erle fens d'une loi,
d'un mot , &c. lui donner une fignification diffé-
rente de celle qu'il àoxx. t^wo'ix. Decorquere. Les Avo-
cats tâchent de détourner le fens d'une loi , de la
claufe d'un contrar. Dans les Centons , ceft un agré-
ment de détourner le fens des vers , des paro
les.
Détourner, fignifie auilljau figuré, faire changer
Tome III.
^ _ . D E T xîf
de réfolution. Dilluader. Dijjuadcre. CcVx'mczzsoit
delTein de recommencer la guerre j mais fon fage
Miniftre l'en a détourné. Il s'imaginoit qu'il feroit
aifé de le détourner d'un fi terrible dellein. Vaug.
j On aura bien de la peine de le détourner d'époufec
' cette fille : il eft trop amoureux.
DÉTOURNER , fignifie aufli , figurément , diftraire de
quelque choie , de quelque occupanon. Avertere ,
evocare. Un Savant ne 'doit point avoir de procès :
csla détourne trop les études, en interrompt le cours.
On fe mer en retraite pour n'être point détourné
dans les méditations, dans fcs exercices de piété.
Tous les raifonnemens de Socrate n'aboucilkntqu'i
détourner de fon efprit l'image de la morti S, Evr.
Des comparailons trop fréquentes détournoient les
hommes de l'application de la vérité. Ib. Détourner
fon intention du delir de vengeance. Pasc.
DÉTOURNÉ , ÉE. part. & adj. Averfus , evocatus , de^
fexus j detortus. Il y a des louanges équivoques ,
qui font de fines railleries , & des manières dé~
tournées pour nous rendre ridicules. Bell. Une ten-
dreftè pour la mémoire d'Augufte , palFoit dans
l'efprit de Tibère pour une accufation détournée
contre le gouvernement. S. Evr. L'afteélation de
louer les Anciens eft une manière détournée pour
cenfurer les Modernes. Bell, Le mépris de la for-
tune n'étoit dans les Philofophes qu'uiî chemin dé-
tourné pour aller à la confidération qu'ils ne pou-
voient avoir par les richelles. Rochef.
On appelle des rues détournées , un chemin dé-
tourné, ceux qui ne font pas trop fréquentés , qui
vont à la traveriée , ou à quelque lieu particulier.
Devium icer , fexuofum.
§fT Au figuré , prendre des chemins détournés,
employer des voies déguiiées pour arriver à fes fins.
Une louange détournée , eft celle qui ne s'adrefi'e pas
direélement à la perfonne qu'on a intention de
louer.
DETRACTER. v. n. Médire de quelqu'un ^ obfcurcir,
ou diminuer fon mérire. De alicujusjamà detrahere,
laudem. alicujus depeculari j obtererc. Les envieux
iontÇ\.\]^ts À detr acier de leur prochain.
DETRACTEUR, f. m. Médifant , qui parle mal de
fon prochain. Maledicus j alicujusdetractor. Ecoutée
les détracteurs.
DETRACTION. f. f Médifance , difcours pour di-
minuer le mérite de quelqu'un. Alicujus jamx vio~
latioj aliéna famx. dctraclio. Quoiqu'on dife vrai ,
la détraclionnQ lailTe pas d'être un péché , félon tous
les Cafuiftes. Ces trois mors ne font pas fi ufités que
ceux qui leur fervent d'explication.
ICTCe mot vient du latin dctraclio , &c fignifie
un mal qu'on dit du prochain pour le diffamer. Si
ce qu'on dit du prochain eft faux , cela s'appelle ca-
lomnie : s'il eft vrai , on l'appelle médifance ; mais
le mot mJdfant fe prend quelquefois pour toute
forte de détraélion.
DÉTRACTION. Ce raotfe prend dans un fens naturel
&C phyfique,par les Auteurs de Chirurgie, lorfqu'en
parlant des opérations de leur art , ils difent que
i'exércfe eft une opération qui fe fait par dctraciion.
Détraclion ,en ce fens, fignifie une opération , une
adion par laquelle on ôte du corps les chofes qui y
ont été introduites du dehors contre n.ature. On ôte
du corps ^dix: détraclion les balles de fufil , les éclats
de grenades , les morceaux d'épées rompues , &c.
DÉtraction. Terme de Jurifprudence. Le droit de
détraclion eft en Allemagne , ce qu'on appelle en
France Droit d'Aubaine , Jus detraclàs. M. Kauffe-
man , dans fcs Droits des Seigneurs de Sonabe, dit
que le Droit de détraclion a lieu en deux cas : le
premier , lorfqu'un fujer vend fes fonds pour aller
s'établir dans un autre Etat , ou quand une fuccef-
fion eft dévolue à quelqu'un qui a fon domicile dans
un autte Etat. Le droit de Détraclion n'eft pas égal
par-tout : c'eft la coutume des lieux qui le règle ;
car, dans les uns, il eft du tiers des héritages, dans
d'autres , il eft du quart , i.^' , dans d'autres , il eft d*
cinquième ^ du fixicme ou du dixième.
Oo
290 D E T
DETRAIGNER. v. recip. Vieux mot. On a dit autre-
fois, fe décmigner as qucluLi'un , pour dire , fe re-
tirer de la fociété de quelqu un.
DETRAIRE. v. n. Vieux mot. Médire , décrader, du
Latin detrahere.
^ DÉTRANCHÉ, adj. Terme de blafon , fe dit de
l'Ecu dans lequel eft une ligne en bande, qui ne
part pas précifément de l'angle dextre, mais de
quelque partie du bord fupérieur , & qui , par con
féquent , tombe en biais ou diagonalement j ou
bien qui part de quelque point du côté dextre. Koy.
Tranche & Retranche.
DÉTRANCHER, v. a. Vieux mot. Trancher , couper
Secare , Dijfecare. Lors les princ le Roi à fes propres
mains pour enterrer j & comme il les tournoie , il
les nouvoit décranchés par pièces. Anony. Viede
S. Louis.
§3" DÉTRANGER. v. a. Mot ufité parmi les Jardi
niers. C'eft chalfer les animaux qui nuifent aux vé-
gétaux. Dctranger les mulots.
DÉTRAPE. f. f Ce mot marque la délivrance de
quelque embarras. Ainfi à la mort d'un méchant
homme , Voilà , dit on , une belle détrape. M. de
IaMonnoye, Glojfaire de fes No'êls au mot dé-
traipe. On dit proverbialement de la mort d'un
homme qui ne fervoit qu'à incommoder les autres ,
Voilà une belle dépêche. Fur. Par où il eft aifé de
voir que dépêche eft François , & que détrape eft
un mot de Province. Détrape fignifie encore dé
charge , qui , félon Furetiere , à la fin de ce dernier
mot , eft un lieu proche de foi pour y ferrer les
meubles ou autres chofes qui incommodent, dont
on a pourtant fouvent affaire , & qui empêchent
qu'on ne tienne une chambre propre.
DÉTRAPER. Débarrafler , déménager, tirer les
meubles d'une maifon. Détraper n'eft pas dans Ni
cot , mais il eft dans Monec , il eft dans le Dic-
tionnaire de Rimes de la Noue, & de Boyer. LTn
ufage fréquent de détraper en Bourgogne , c'eft
dans la fignification de dejjérvir après le repas. Le
Comte de Buflî, dans le premier tome de its Mé-
moires écrits de fa main , avoir en ce fens ufé
de ce mot , que le Père Bouhours , qui les revit
avant l'imprelVion , n'eut garde d'y lailler. M. de
LA MoNNOYE en foii Glo(Jaire ^ au mo: détraipe. Ce
verbe , en tant qu'il figniiie délivrer j fe trouve dans
le premier tome de la Satyre Menippée /«-8°. pag.
243. où l'on fait parler un Jéfuite à Philippe IL
Roi d'Efpagne , à qui il dit : Nous avons fufcité des
aff'aiîlns , pour vous détraper de votre capital ennemi.
,( Henri IV. )
DÉTRAQUER, v. a. (Terme de manège) Faire perdre
au cheval fes bonnes allures , fes leçons de manège.
Perturhare. Les mauvais Ecuyers détraquent les che-
vaux , leur font perdre leur train ordinaire.
^Cr DÉTRAQUER, fe dit proprement des machines &:
des chofes artificielles ; & fignifie les déranger en
forte cju'elles n'aillent plus comme elles dévoient
aller , comme elles vont quand elles font en état.
Perturhare. Le corps humain eft compofc d'un fi
grand nombre de refforts qui le font mouvoir ,
qu'il eft furprenant que la machine ne foie pas à
tous momens dérangée & détraquée. Ma montre eft
détraquée , il ne faut pas s'arrêter à ce qu'elle mar-
que. Il faut tant de chofes pour bien faire aller une
pompe , un jeu d'orgues , qu'il ne faut pas s'é
tonner sils font fouvent détraqués. On dit aufti
que l'eftomac eft ditraqué , quand il fait mal la
digeftion.
||Cr DÉtraquïr , fe dit figurément pour détourner
d'une occupation louable ^ d'un train de vie réglé.
Avertere y avocare , perturhare. Les dévots fe met-
tent en retraire pour n être poinr détraqués de la
contemplation. La maladie de ce jeune homme l'a
îoxi détraque àç. fes études. On y joint aulli le pro-
nom perfonnel. A recià vivendi régula defleclere. Ce
jeune homme s'eft extrêmement détraqué depuis
qu'il n'eft pUn fous la conduite de ce fage gouver-
neur. Tout cela eft familier ou populaire.
DE T
DÉTRAQUÉ , ÉE. part & adj. Il a les fignlficatic-ns de
fon verbe. Cheval détraqué , dont le cavalier a.
gâté les allures.
^ DÉTREMPE, f f. Terme de Peinture. Peinture ou
enduit de couleurs délayées leulement avec de
l'eau j & de la colle , ou de la gomme. Opus colo-
ribus aquù , glutine dilutis piauni. Ainli l'on du pein-
ture en détrempe. On le du i^uili de la couleur aiiifi
délayée. Aquaria pïclura. La détrempe s'eftace avec
de ieau. Les peintures en huile ont plus de force,
& durent plus que celles qui ne iont qu'en dé-
trempe. La détrempe diftère d'avec la miniature , en
ce que celle-ci le travaille en petits points , & que
dans l'autre on fe fert de toute la liberté du pinceau.
/ oye\ Félibicn.
DÉTREMPE, feditaufti, figurément &:proverbialemenr,
de ce qui ne doit guère durer, ries aùqua deproperata.
Yoilà un mariage qui n'eft qu'en détrempe , fait à
la hâte , qui n'a que l'apparence du mariage , fans y
obferver les formalités.
DÉTREMPEtl. v. a. Mouiller , imbiber d'eau ou
d'une liqueur , mêler quelque choie de liquide avec
un autre , pour n'en faire qu'un corps. Aliquid ma-
cerarc , diluere. La terre eft trop feche , on ne peut
labourer jufqu'à ce qu'il ait plu , qu'elle foit un
peu détrempée. Il faut détremper la colle forte, avant
qu'on s'en puifie fervir. Détremper les couleurs, les
gommes , des drogues avec de l'huile , de l'eau ,
du vin , &c. On du aullî , Détremper de la chaux ,
lorfqu'on l'éteint, & qu'on la délaie avec de l'eau,
& le rabot. Calcem diluere.
DÉTREMPER , chez les ouvriers en fer , c'eft ôter ,
faire perdre la trempe qu'on avoir donnée à du fer
ou à de l'acier. On détrempe l'acier donc on veut
faire des outils ; puis , quand ils font faits , on les
retrempe tout de nouveau. On détrempe de l'acier
en le faifant rougir dans le feu. On a donc détrempé
l'acier quand on l'a forgé pour en faire quelque
outil \ mais après cela on le retrempe , & cette
trempe répétée a le même effet que la première
Reaumur , Art de convertir le Jer en acier.
DÉTREMPER, fe dit auili dans le figuré, pourfignifier,
Mêler , tempérer. Temperare. Dieu détrempe nos
joies par les affliétions qu'il y mêle. Cela eft bien
duftyle myftique.
Ce mot vient du Latin Dijîemperare_ Du Cange.
DÉTREMPÉ, ÉE. part. & adj. Dilutus , tnaceratus ^
temperatus.
DÉTREMPEUR de viandes falées &: de poiffon. C'eft
un aide de cuifinier qui prend foin de mettre les
viandes falées dans une baille , afin qu'elles fe dé-
trempent.
DÉTRESSE, f f. Afflidion d'efprit. Mœror.^ La perte
d'un bon ami me caufe une grande détrejj'e. Ce mot
vieillir.
DÉTRET. f. m. Ce mot fe trouve dans Pomey. Il
fignifie un étau , un inflrument de fer en guife de
tenailles , pour tenir ferme ce qu'on travaille à la
main. Lupus manuarius.
DÉTRIEMENT. f m. Terme de Coutumes. Affigna-
tion , don d'une portion légitime & convenable.
Triatis dans la baffe latinité. On a écrit quelque-
fois détriment.
DETRIER. Vieux terme de Coutumes. Donner, af-
figner aux puînés une portion légitime & convena-
ble. Detriare dans la bafte Latinité. Ces mots de dé-
trier Hc de détriement viennent detriare , d'où l'on
3. faix detriare : triare fignifie trier , féparer, mettre
à part.
DÉTRIER, f. m. Vieux mot qui fignifie , Cheval de
main.
DÉTRIMENT, f. m. Terme du Palais. Préjudice ,
dommage. Detrimentum, damnum , jaclura.
On peut fe plaindre des ufurpations des voifins
qui vont à notre détriment.
DÉTRIMENT. Terme d'Aftronomie. Quand une planète
eft dans un figne oppofé à fa maifon j on la nomme
Planète eu fon détriment.
D E T
BÉTRIPLER. V. a. Terme de guerre. On fe ferc de ce
mot en parlant des évolutions militaires. Dccnpler
Us files , c eft en ôter quelqu'une, quand elles Ibnt
par trois. /^oy^{ Matinet , Exercices mU'naircs.
DETiilTUM. f. m. Terme Latin qui fe dit en notre
Langue, pour fignifier une pierre ou un criftalufé j
ce qui forme le lable &: le gravier. Jraice de la Li-
' tkologie &' de Conchyliologie.
^fT DETROIT, f. m. Il faut prononcer à la première
fyllabe \'e fermé , deiroic. Fallage étroit ; lieu ferré
où l'on palTè difficilement, ou avec danger. Anguf-
tia j Jâuces. On le dit aulli kir la mer , fur les ri-
vières, &: en pays de montagnes, des endroits où
la mer eft rellerrée entre deux terres , & des palfa-
ges ferrés entre les montagnes. Le Détroit de Ma-
gellan eft fort dangereux , à caufe que les dots de
la mer du Nord & du Sud s'y joignent, & s'y en-
trechoquent. Le Pas de Calais , le Détroit de Gi-
braltar, l'Euripe, font des Détroits fameux. Le
Rhône s'engoutire dans un ZJt'^/oir auprès du Credo.
La Valteline eft un détroit , un palîage important
pour l'Italie. Dans les Pyrénées il y a des cols de
montagnes j àQ% détroits ailés à garder. Se faihrdes
détroits. Vaug. L'armée de Darius hit déhute dans
les détroits de la Cilicie. Id. Les TermopyleSj les
Portes Cafpiennes , les Portes Caucaliennes j au-
jourd'hui Demircapi , les Portes Ibériennes, les
Poires de la Cilicie , les fourches Caudines, font
d'anciens noms de fameux détroits de terre.
Ce mot vient du Latin diftriclus.
DÉTROIT , fe dit aulli des Ifthmes ou Langues de terre
qui font cntie deux mers, & qui en empêchent la
communication. Ifihmus. Le détroit de Corinthe ,
le détroit du Panama en l'Amérique. Les plus célèbres
Détroits de l'ancien monde lont ceux de Weigats ,
du Sund , du grand Se du petir Belt , le Pas de
Calais , le det'oit de Gibraltar , celui de Dabelman-
del , de la Sonde 5c de Jcifo. Et j dans le nouveau
monde , ceux de Davis & d'Hud'on, le Canal de
Bahama, le Détroit dt Magellan , de le Maire, de
Brouwers , & celui d'Anian , dont on ne fait pas
bien la fituation. f^oye:^ ces noms en leur place.
Sut terre, on dit plus communément, col , pas ,
palTage, gorge de montagne j &, fur mer, detrok.
De même en Latin , fur terre , c'eft fauces , ariguf-
ti£ ; fur mer , jretum. On a détaché un Lieutenant
Général pour s'emparer des gorges des montagnes ,
& fermer le palfage aux ennemis.
DÉTROIT ou Ifthme. Terme d'Anatomie. Les Anato-
miftes donnent ces noms au fond de la gorge où eft
'e goder , à caufe que ce palfage eft étroit.
DÉTROIT J en Jurifprudence, fignifie Relfort, une
étendue de pays foumife à la Jurifdidion tempo-
relle j ou fpirituelle, d'un ou de plulîeurs Juges. Ju-
rifdiclio , conventus. Un Juge ne peut inftrumenrer
hors de fon détroit, hors de fa Jurifdidion. Cette
Paroiffe eft dans le détroit de ce Parlement , de
cette Généralité , de cette Election. On dit plus or-
dinairement dijtricî.
Ce mot vient du Latin diftriclus , qui eft pro-
prement le territoire , ou étendue du hef dans le-
quel un Seigneur a pouvoir de contraindre fes te
nanciers, & de leur faire payer l'amende, /w^/cZaretS"
diftringere.
DETROMPER, v. a. Dcfabufer ; -faire connoître à
quelqu'un fon erreur. Erroreni alicui eripcre , ab er-
rore aliquem evellere. Il faut détromper l'homme de
l'illufion pat laquelle il fe repréfente grand à foi-
même. Nie. On a bien de la peine à détromper les
gens préoccupés. On l'a détrompé de la mauvaife
opinion qu'il avoir de vous. On eft quelquefois
moins malheureux d'être trompé de ce qu'on aime,
que d'être détrompé. Rochef. L'emploi principal
, de la Morale confifte à détromper la riifon de l'erreur
de l'imagination & des fens. S. Evr. Pour erre i^e-
trompé de l'amour y je n'en fuis pas guéri ; tandis
que mes réflexions le condamnent , mon cœur fe
D E T .191
par de fiuftes efpérances : peu de perfonnes s ca
dctrompent. M. Es p.
On le dit aulli avec le ptonom perfonnel. En Phy-
sique on fe détrompe tous, les jours des erreurs de
l'Antiquitc. Errorem deponere.i>on\v d'erreur.
M. de Vaugeias dit q[u'il a vu venir à la Cour
le mot détromper , c'eft-à-dire , que ce mot s'ell: éta-
bli de Ion temps.
Détrompé , ée. part. Ab erroré Uheratus. Cet homme
eft un bel efprit , bien détrompé du monde , des
erreurs populaires.
Mon cœur préoccupé
Lui-même apprekendoit de Je voir détrompé,
DÉTRÔNER , mieux que DÉTHRONER. v. a. Chaf-
1er du trône, ôter à un Roi fon Empire. Dertgno,
de folio deturbarc , depellere. Les Conquérans j les
Romains j un TamerLin , ont détrôné plulîeuis Rois,
Pépin , Maire du Palais , gouverna fous plulîeurs
Rois, & détrôna Childeric III. Mezerai, Voyc:^
Trône.
DÉTRÔNER , fedit, en un fens plus étfoit& métaphori-
que , de ceux qu'on chalfe d'une place où ils font
conftitués en quelque dignité ou fonction honorable.
De magiftraiu depellere. Les Créanciers de ce Con-
feiller l'ont détrône , ils lui ont fait vendre fa charge.
On difoit de M de Launoy qu'il avoir plus détrôné
de Saints du Paradis , que dix Papes n'en avoienc
canonifés.
DÉTRÔNE, ÉE. part. Dcpulfus , deturbatus de régna y
de foiio.
DETROLTSSER. v. a. Défaire une chofe trouiïee &
la lailfer pendre en bas. Demiitcre tcgam. Détroufj'er
fa robe , fa jupe , fes habits. On le dit des perlon-
nes. Dans les vifites de cérémonie, les Dames fe
detrouffe/it. On dit aulfi , Venir voir quelqu'un en
robe détroufj'ee , c'eft-à-dire en cérémonie.
DÉTROUSSER, fignifiafigurémenr , Voler lur un grand
chemin , l'argent , les hardes de quelqu'un. Ali-
quem fpoliare. Cette route eft dangereufe , on y dé-
troufje les Marchands. Les Soldats qui détroufjbienc
les vivandiers. Buss. PvAB. Il eft du ftyle familier.
Vit- on les loups brigands, comme nous inhumains,
Powrdétroullèr les loups courir les grands chemins.
BoiLEAU.
DÉTROUSSER , fe dit aullî en Fauconnerie , lorfqu'un
oifeau ôte la proie à l'autre , ou lorfque le chien
l'ôte à l'oifeau. Pradam eripere.
DÉTROUSSÉ, EE. part. Demi [fus , raptus ; fpoliatus.
DETROUSSEUR, f m. Voleur qui détroulfe. Latro ,
grafjator. On a fait le procès à ces coquins , com-
me à des détroujjeurs de gens. Ce mot eft vieux.
DETROY. f m. Terme de Courûmes. Ce mot figni-
fie deux chofes , an tribut , trihutum , & un amen-
de ou peine en argent impofée par le Juge , mulcla.
DÉTRUIRE. V. a. Ruiner , perdre ^ anéanrir , Deftrue-
re , evertere , difturbare. Dieu envoya le Déluge pour
détruire les hommes & les animaux. On tient que
tout le monde fera détruit Se confommé par le fou
au jour du Jugemenr.
DÉTRUIRE, fignilîe auiIî , abattre j démolir un bâti-
ment. Dirncre , demoliri. Le temps a ^em//rlesplus
beaux édifices. C'eft domm.ige qu'on ait détruit,
.quon ait ruiné ces belles tours , ces belles^ fortifi-
cations. Il eft plils aifé de détruire que d'édifier.
DÉTRUIRE , fe dir figurémenr en chofes morales. Les
Barbares ont détruit TEmpire Romain. Cette mai-
fon noble eft détruite , il n'en refte aucun de la
race. Le parri des Huguenots eft abfohiment dctruit.
Il faut détruire l'orgueil &: l'amour-propre. M. Esp.
Détruifei l'empire du vice. Mon innocence eft fi
parfiite , & le menfonge qu'on vous a fait /1 aife a
détruire , que vous ne fauriez me parler un quart-
d'heure fans être perfuadé de votre injuftice. Lett.
PoRTUG.
déclare pour lui. Le Monde a beau nous tromper Dstruire , fe dit aulfi dans les difputes & lescontef-
Oo ij
D E T
rations. 11 e(i ùc'ile as désruire y de ruiner cet argu-
ment. Cet Avocat a détruit j a battu en ruine tou-
tes les objedbions de fa partie. Voilà une pièce faulTe
qui le détruit toute içule.
J!)ÉTRUiRE , décréditer , ôter à quelqu'un le crédit,
la réputation , lui faire perdre 1 elbine qu'on avoir
pour lui. Nûcere , minuerc j amam j eripcrc allcui no-
mcn & jamam.
Je vous fais un préjcnt capable de me nuire.
Che\ vous Quintilien s'en va tous nous détruire.
La Font.
On dit aufïï , qu'un homme eft ditruit dans l'ef-
prit d'un autre ; pour due , qu'on lui en a donné
de mauvaifes impreilions , qu'on lia a ôcé la bonne
opinion qu'il en avoit.
Détruit, ite. part. Dejlruclus 3 everfus , perditus ,
dijiurhatus .
DETTE, f. f. Chofe due , foit qu'elle confifte en ar-
gent /fou en denrées , en corvées 3 ou autres piel-
tallions. ~-T,i aiie.Mm, nonieii 3 pecunia debitaAly z.
de pluheurs fortes de dettes. Les dettes actives 3 ce
font elles dont on eft créancier. JEs in que alius
nobis ubnoxius ejl , vel cbUgatus. Dettes pajjives ,
celles dont on eft débiteur. vEi- alienum cui objhicli
fumas. Il y a des dettes perfonnelles ou mobiliai-
res , des dett:s réelles & des dettes perfonnelles
& réelles tout enfenible. Dette chirographaire 3 eft
celle qu'on doit en vertu d'une écriture privée non
reconnue en Juftice, ^s alienum chirographarium.
Dette hypothécaire 3 celle qu'on doit en vertu de
contrats ou de condamnations , & pour laquelle
on peut faire vendre des fonds & des héritages.
JËS alienum hypothecarium. Dette jonciere , qui pro-
vient de l'aliénation du fonds dont on n'a pas payé tout
le prix, u^s alienum prxdiatorium. Dette privilégiée,
celle qui doit être payée avant toutes les autres ,
comme les droits du R.oi , les provifions alimen-
taires 3 les dettes de la Communauté, ^s alienum
prarogativum. Dettes mobiliaires font celles qui i'e
peuvent exiger par une a£lion perfonnelle j & qui
ne font ni foncières 3 ni hypothécaires. u¥,s alienum
move.is. Les dettes immobiliaires font les rentes fon-
cières, & conftituées à prix d'argent. Groiïes ûf'frre^^
înenues dettes, ^s alienum , majus 3 minus. Sou-
vent on fait revivre des dettes , on va rechercher
les dettes d'une perfonne. Tel paie fes dettes en
qualité d'aumône , qui ne le paieroit jamais autre-
ment. S. REAL.
On dit , Faire fa dette de quelque chofe ; pour
dire. Répondre pour quelqu'un , s'obliger pour lui
à fiire ou à payer ce qu'il a promis. Cautionem ^
vadem dure. Um dette (olidaire. Nomenfolidum cer-
turîi. Une dette véreufe ou mal affurée. Nomen du-
bium 3 incenum. On dit aulli , Jouer la dette , quand
on joue autant qu'on vient de perdre , ou de gagner.
On appelle , Dettes criardes , toutes les pexites
fommes qu'on doit à des Ouvriers , à des Mar-
chands 3 & qui les font crier quand on ne les paie
pas.
Dette , fe dit auflî ^ figutément, pour Devoir, pour
tout ce qu'on eft obligé de faire. Q/^Çc/;/;^. C'eft une
dette dont je m'acquittetai avec plaifir. Je m'ac-
quitte d'une dette , & fi vous la voyez de bon oeil,
j'en fais une autre. Goo.
On ditjfigurément &c familièreiTient, qu'un horft-
me avoue , confefTe la dette ; pour dire qu'il eft
convaincu , qu'il recornoît qu'il a tott. Quand il
s'agit de reconnoître un bienfait j perfonne n'avoue
franchement la dette. S. Evr. On dit aufli prover-
bialement J qui époufe la veuve , époufe les dettes ;
pour dire , qu'un mari doit payer les dettes de la
femme: ce qui n'eft pas toujours vrai j chacun fe
pouvant réferver de les payer fur fon propre bien.
On dit encore qu'un homme eft noyé de dettes ;
pour dire , qu'il a plus de dettes que de bien ; qu'il
a des dettes par-deflus les yeux , par-dellus les oreil-
DET D E V
les , par-defTus la tête. On dit aulli , que le cha-j
grin ne paie point de dette.
DETURPER. v. a. Vieux mot. Salir.
DEY
DEVA. Port d'Efpagne , dans la Province de Guipuf-
coa. .Long. 1 5 d. 8'. lat. 43 d. 20'.
ifT DEVALER, v. a. Faire defcendre. Dévaler du
vin dans la cave.
DO* On le dit de même en parlant d'une perfon-
ne qui delcend, qui va d'un lieu haut .à un lieu
bas. Dévaler la montagne. Dévaler un efcâlier.
^^ 11 eft aufll neutre ^ après avoir monté , il faut
dévaler. On dévale Toujours pour arriver en tel en-
droit. Il étoit logé au troifieme étage, il eft dévalé
au fécond.
gC? Corneille a employé ce mot dans Rodogune.
On ne montera point au rang dont je dévale.
Il étoit encore d'ufage du temps de Corneille.
Aujourd'hui il eft bas & populaire ^ il vient de de~
vallare , fait de vallis. Ménage. Et devallare fe trou-
ve dans la balFe Latinité dès le VIIF lîècle. Voyez
Aaa SS. Mail , T. F H. p. (Î4.
DÉVALER, eft auffi aftif, & fignilre aufil , Mettre
plus bas. Demittere 3 deprimere. Il faut dévaler ce
chaudron d'tin cran , il eft trop haut. On a dévalé
la chalfe de Sainte Geneviève. Il eft bas.
DEVALISER, v. a. Détroufter , voler les pafTans »
leur ôter leur valife , leurs hardes, leurs marchan-
dées. Spoliare, exfpoliare. On condamne à la roue
les brigands , qui dévalifent les Marchands j les air
lans & venans fur les grands chemins.
DÉVALISÉ, ÉE. part, èc ^à\. Spoliatus , exfpoliatus.
DEVANA. Ville de la grande Bretagne, dans le Ter-
ritoire des Vcrnici.
DEVANCEMENT, f. m. Adion par laquelle on ar-
rive avant les autres , on devance les autres. An-
tecejfio. Le devancement de fon courrier lui a fait
emporter ce Bénéfice fur fon compétiteur. Ce mot
n'eft point dans le Di'ftionnaire de l'Académie , ni
.dans aucun autre , excepté celui de Pomey. Il n'eft
pas d'ufage.
'fT DEVANCER, v. a. Prévenir quelqu'un en arri-
vant avant lui , venir le premier , gagner le de-
vant. Pr<&vertere , antecedere. Devancer quelqu'un à
la courfe. Devancer quelqu'un à grandes journées.
Antecedere aliquem magnis itincribus. Devancer une
armée par des fentiers inconnus. Antecedere exer~
citutn per tramites occultas. Il a devancé le courier.
rjC? Devancer, lignifie aulîi précéder par l'ordre du
temps , ou précéder quant au rang, avoir le pas.
Pr&cedere , anteirc. L'aurore devance le foleil. Plu-
fieurs prodiges devanceront le jour du jugement.
C'eft à lui à dcvaneerl^s, autres dans cette cérémo-
nie.
§3^ Ceiix qui nous ont devancés , pour dire
ceux qui ont vécu avant nous , ou qui nous ont
précédés en quelque charge.
Devancer, fe dit figurément Se lignifie, SurpalTer.
Pr.ecurrere alicui , anteire , aliquem fuperare. Nous
courions même fortune à la guerre j mais il m'a
beaucoup devancé. Ariftote a étudié fous Platon \
mais l'Ecolier a bien devancé le Maître. Les Moder-
nes ont bien devancé les Anciens dans la Phyfique.
Cet homme devance tous fes compétiteurs.
Devancé, ée. part.
DEVANCIER , ière. f. m. & f. Celui ou celle qui en
a précédé un .autre dans un emploi , une charge , |
une dignité. Antecefjor. Ce Commis afuivi Texem- i
pie de'fon devancier. Cet Evêque s'eft maintenu en
la polTeflion où étoit fon devancier.^
§Cr On le dit quelquefois au pluriel pour aïeux /
ceux qui ont vécu avant nous. Imitons l'exemple
de nos devanciers.
DEVANO. Ville du Japon , dans l'Ifle de Niphoo,
DEV
Elle eft Capitale d'un Ps.cyaume de même nom.
jDcvarcum.
$Ù' DEVANT. J/icè. Prépofirion locale & cppofée à
derrière. Ce mot s'emploie dans un fens Phylique,
un fens moral & mérapliorique. Il loge devant Th-
glife , c'eft-à-dire , vis-â-vis. Il a bien de l'argent
devant lui. Il a du temps devant lui.
|KJ" On dit d'un homme qui vit fans ordre ou
dans la confuiîon qu'il a tout mis fens-t/evaw-der-
ricre, fens-dellus delTous.
§3" Devant. Antè. C'eft au(îi une pvépofition qui
marque la priorité d'ordre, de rang. Dans cette ligni-
fication devant eft oppofé à après. Il aura féancc
devant les Confeillers. C'ell mon ancien, il marche
devant mou f-'oye:^ Avant. Prendce le pas deva/u ,
fuivant la remarque de M. de Voltaire , ne fe du
plus & préfente une petite idée. C'eft une mauvai-
le façon de parler pardonnable aux Gazettes.
§3° On dit, proverbialement, lis premiers vont
devant. Pour dire que d'ordinaire les plus diligens
ont l'avantage.
fO" Devant , fignifie encore en ptéfencc. Coràm. La
parfaite valeur eft de faire fans tcnioms ce qu'on
îeroit capable de faire devant tout le monde. La
RocHEF. Il a prêché devint le Roi. Ac. Fr. On dit
qu'une affaire eft devant tels ou i^ls Juges , pour
dire qu'elle a été portée à leur tribunal. On dit
qu'un homme eft devant Dieu, pour dire qu'il eft
mort. Et , par une efpèce de raillerie tic de contre-
vçrité, on dit d'un méchant homme qui eft mort ,
que c'eft une belle ame devant Dieu. On dit aulu
la fagede du monde eft folie devant Dieu.
Devant, n'eft point une prépofition ni un adverbe
de temps, c'eft avant. Cependant bien des gens,
dans la converfation & dans leurs ouvrages, mettent
devant , Sc devant que , pour avant & avant que. La
Fontaine en particulier tombe fouvent dans cette
faute.
EV
2-91
JJ Ami de Mécénas , Horace , dansfesfons ,
L'avait dit dsv3.nz eux ; devant e;/.v /a Nature
L'avoitj ait dire en cent jacons. ^
il falloii! dire avant eux. Achevez cela devant que
Revienne. Il faut dire avant que je vienne. Ain-
ii il ne faut pas dire Augufte commença à régner
41 ans devant Jefus-Chrift, mais 41 ans avant J.
C. Henri IV. régna devant Louis XIII , mais avant
Louis XIII , & Louis Xill avant Loifis le Gr^id.
J'avois donné ces ordres avant que de favoir de vos
nouvelles , & non pas devant que de favoir.
|ÏC? Devant & Avant, dans une fignific.ition fyno-
nyme. L'un & 1 autre de ces mots, dit M. l'Abbé
Girard, marquent également le premier ordre d nis la
/îuation \ mais avant eft pour l'ordre du temps , (!^
devant eft pour l'ordre des plans. Nous venons après
les perfonnes qui patfent avant nous. Nous allons
derrière celles qui palfent devant. Le plutôt arrivé
fe place avant les autres- Le plus conlidcrable fe
place devant eux.
|CF II fe propofe dans l'Ecole d'auftl ridicules
queftions fur ce qui a été avant le monde , qu'il
fe fait dans le cérémonial' de rifibles conteftations
fur le droit de fe placer devant les autres.
Ce? Je crois qu'il n'y a qu'à fe bien inftruire de
ce qui a été avait nous , pour n'être pas rout-à-f.ut
ignorant de ce qui doit arriver nprès. Qu'importe
de marcher derrière'ou <fevj«r les autres , pourvu
qu'on marche à fon aife & commodiment-
Devant j eft quelquefois fubft. Alors il lignifie la par-
tie antérieure, ou qui fe préf^nte lii prennke. t^an
prior, antica j ûiterior. Le devant d'un lo^is, ou le
corps de logis Je devant. Le devant d'un carroHe.
Le devj'it d'un cheval , d'r.n pourpoint j d'une per
ruque , d'une chemife. Un devant d'autel. Un de-
vant A'axx tableau.
On dit , Aller ^n-devant Ae quelqu'un \ pour dire.
Aller fur le chemin attendre qu'il arrive pour lui
procedere obvlàm àticui. ToUle la ville foïht àll-^cxc-^
'vant de lui. On dit fort bien allei? âii-afèvdWi- dé
quelqu'un , mais on ne peut point dire aU-rfdVâ/;ï
des murs , comme a fait Corneille dans PcIyeuiSé.
On va le recevoir hors des murs , 2.\x-dcla des murs*
Il iignitie, figurément , prévenir. Il f;mt aller aû-
devant du mal pour y remédier , aller 2.\x-devant des
difficultés. Quand on fait qu'ui-wami à quelques be-
loin : il faut aller •iM.-dcvant , & lui épargner k
peine de demander.
On dit aulii, qu'un homme a été bleffé par de-
vant, Adverfa excepit vulncra \ pour dire, par le
devant du corps. Il eft forti par û'eva/iZ'-, pour dire»
par la principale entrée du logis. Priori parte.
On dit, en Pratique, Par devant les Notaires fouf-
fignés. Coràm , in prajèntia^ Un contrat par devant
Notaires. Il faut aller par devant le Juge. Par devant
n'eft en ufage que dans ces occahons: c'eft une pré-
poîîtion de ftyle de Palais.
On dit J prefque en même fens , Couper les de-
vants , prendre les devants ; non-feulement au pro-
pre , pour dire , Prendre le pas , ou partir devant
un autre : mais encore au ligure , Prévenir Sc fe
prccautionner. Pr^vertere , anteoccupare aliquem ^
prs.currere alicui. Cette aftaire auroit mal tourné
pour lui, s'il n'eût pris les devants , 8c gagné fes
Juges.
On dit , proverbialement , aux gens qui font les:
emprelfés , Si vous avez hâtCj courez devant. On
dit d'un homme (flii groftit , qu'il bâtit fur le devant.
On dit aulîî. Aller au-devant par derrière, pour
aire , Parvenir à fes fins par quelque détour.
Devants, f. t, pi. On appelle Devants une certaine
fomme que l'on donne à dcpenfer par jour à quel-
ques Commenfaux , lorfque la Cour va en cam-
pagne, & que l'on prend fur la cadette. Quatre
valets de-chambre , deux valets de-garde-robe Sc
deux Tapilîiers qui accompagnent les meubles des
deux chambres que l'on porte à la fuite du Roi ,
ont chacun un écu par jour à dépenfer , que l'on
prend fur la calïètte, & qu'on appelle les Devants^
Les Maréchaux des-logis qui accompagnent le Roi
quand la Cour marche , ont cent fous à dépenfer
par jour , qu'ils appellent aulii pour leurs Devants.
Devant que, Conjonction, fignihe. Auparavant. ^/^re-
quan7 j priùfquam. Devant que de fe confelTer , il
faut examiner fa confcience. Devant que de l'obli-
ger à faire une lâcheté , il endureroit mille morts^
Ce mot n'eft plus en ufage. On dit en fa place
avant que. Il vient de de Sc ante. Nic^. Du Cange
témoigne que dans la balfe Latinité on s'eft fervi
du m,->t de deantea ; pour dire , devant. Montieur
de Vaugelas approuve qu'on dife indiftéremmenc
devant que de mourir , ou avant que de mourir.
Mais d'habiles gens ont de la peine à fouftrir devant
que J fur-tout quand il eft joint avec un nom ; car
alors , il fignifie , En préfence ^ Se comme il n'eft
point une prépofition de temps, il n'eft point per-
mis de le confondre avec avant. Ainfi le vrai ufa-
ge du mot devant eft de fignifier , En préfence ; Se
l'on évitera beaucoup d'ambiguité en ne l'employant
que dans ce fens-là. Corn. •
DEVANTEAU. f m. Vieux motj qui fignifioit au-
trefois tablier, Sc qui n'eft plus en ufage que par- ■
mi le petit peuple 3 qui dit aufti devantier. Tegmcn
vefiium involucre.
DEVANT-HIER. Le jour de devant la veille, le pé-
nultième jour. Nudim tertius. Il n'eft plus de bel
ufage, il faut dire. Avant-hier. Ménage.
DEVANTIER. f. m. Voy. Devanteau.
DEVANTIERE. f. f. Sorte de long tablier ou de /u'
pe fendue par derrière , que les femmes portent
quand elles montent à cheval, jambe de-cà j jambe
d-li.
DEVANTURE, f. f. En bâtiment , c'eft le devant d'un
fiége d'aifance de pierre , ou de plâtre , d'une man-
geoire d'écurie , d'appui , Sec. Pars canalis antica.
faire honneur, ou pour quelque autre caufe. /re ,i DEVANTURES. Plâtres de couverture quife mettent
194 D E V
au-devant des fouches de cheminée pour raccor-
der les ailles, & les ardoifes.
DEVASTATION, f. f. Dcfolacion d'un pays. Faflatio,
depopulado j auepao. Il ne fe dit guère que de ces
inondations de Barbares qui ont autrefois dcfolé les
Provinces d'Occident, des Goths , des Vandales,
&c. En ce fens ©n la trouve dans de bons Hifto-
nens. Depuis la iévajiaûor, de l'Amérique j les
Efpagnols , qui ont pris la place de fes anciens
habitans , n'ont pu la repeupler Montesquieu.
DEVASTER, v. a. du Latin ievoftar".. Dépeupler , dé-
foler par tous les maux qu'entraîne après foi la
guerre. Steuibok , Général Suédois j répondit qu'il
ne s'étoit porté à ces extrémités que pour appren-
aux ennemis du Roi ion Maure à ne plus faire une
guerre de Barbares j & à refpeder le droit des
gens ; qu'ils avoient rempli la Poméranie de leurs
cruautés , dcvafté cette belle Province , & vendu
près de cent milie habitans aux Turcs : que les
flambeaux qui avoient mis Altena en cendres écoient
les repréfailies des boujets rouges par qui Stade
avoir été confumée. . . . A/, c/e KoUaire , Hiji. de
Charles XII , Rot de Suéde. Un tel exemple , joint
à l'autorité de l'Académie Françoife qui a mis de-
vajierà3.ns fon Diétlonnaire , ne lailfe aucun doute
fur la valeur de ce terme.
DEVAUTRAIN. f. m. Vieux mot, qui fignihe devan-
cier. Unus e Mdjoribus j Majores.
DEUCALÉDONIEN. C'eft la niÉme chofe que Ca-
lédonien. Voyez ce mot.
DÉVE j ou DESVE, ée. Vieux mot, qui veut dire
la même chofe que difyoye. _
DÉVEER. v. a. Vieux mot, qui lignifie. Défendre,
refujer. Vecare , negare , denegare. Aifemens com-
muns ne doivent être dévéis à nuUi. De Beuî.ian.
Ce mot vient de dcvetarc , qu'on avoit formé
dans le temps de la balle Latinité de vetare , déjen-
dre.
|3*DÉVELOPPANTE. f.f. Terme de Géométrie, dont
quelques-uns fe fervent pour exprimer une courbe
réfultante du développement d'une autre courbe j
par oppofition à devdoppie , qui eft la courbe
qui doit être développée. Encyc.
DÉVELOPPÉE, f. f. Terme de l'Analyfe nouvelle ,
ou de l'Analyfe des infiniment petits. Evoluca. C'eft
une ligne fur laquelle un fil appliqué y & tendu
enfuite en tangente , étant développé , décrit une
autre courbe. Huygens , invenieut de la développée,
dans fon hcrologïum ofci/Iatorium , appeWs evoluca,
développée la courbe fur laquelle le fil eft appli-
qué , & celle que le fil décrit par fon développe-
ment. Curva ex evolutione defcripta.
Une courbe quelconque étant conçue comme
enveloppée d'un hl dans toute fon étendue , li l'on
prend une des extrémités de ce £1 , & qu'on l'éten-
de en ligne droite en le déroulant, de manière!
que par fon extrémité il foit toujours une tangente |
de la courbe , il décrira par fon autre bout une
autre couibe , par rapport .à laquelle la première \
eft appelée la développée. La portion du fil compri-
fe entre un point quelconque dont elle eft tangente
fur la développée , & le point corrcfpondant où
elle fe termine fur la courbe nouvelle, s'appelle
le rayon de la développée. Ce rayon de la développée
eft toujours perpendiculaire à la courbe nouvelle j
tandis qu'il eft toujours tangente de la première,
qu'on peut nommer génératrice. Acad. 1701 ,
HlJl.p.Si.
Si l'on conçoit qu'une ligne courbe quelconque ,
concave vers le même côté j foit enveloppée ou en-
tourée d'un fil 3 dont l'une des extrémités foit fixe j
& l'autre foit tendue le long de la tangente , & que
l'on faffe mouvoir cette extrémité en la tenant tou-
jours tendue , & en développant continuellement
la courbe (que le fil entoure. ) Il eft clair que l'ex^
trêmité (du fil qui fe meut ainfi) décrira dans ce
mouvement une ( autre ) ligne courbe. Cela fuppo-
fé, la piemière courbe ( qui étoit enveloppée du
fil) fera nommée la développée de la féconde cour-
D E V
be , ( ou de la courbe décrite par l'extrémité mo-
bile du fil. ) Les parties droites du fil ( qui font plus
grandes à mefure qu'il fe développe ) feront nom-
més les rayons de la développée. De l'Hopit.
DÉVELOPPEMENT.!", m. Les Architeétes appellent
développement de dellein , la repréfentation de tou-
tes les races, profils, & parties du dellein d'un bâ-
timent. i;'.v/^/^tiir/ci. On appelle aullij Faire le déve-
loppeniem d'une pièce de trait, fe fervir des lignes
de l'épure pour en lever les diftérens panneaux.
Développement eft aulli l'extenfion des fui faces qui
enveloppent un voulfoir ou une voûte dont les par-
ties contigues font rangées de luite lut une furlace
plane. Le développement dans un épure ordinaire
eft l'extenlion de la doêle , lur les divifions de la-
quelle on ajoute les figures des panneaux de lit.
Frezier. Quelques ouvriers peu inftruits , comme
Blanchard dans fon traité de la coupe des Bois,
entendent par le mot de développemment la ligne
courbe , & quelquefois l'angle naturel qui eft re-
préfenté en raccourci dans la projeétion. Ainfi il
dit qu'un tel'angle eft le développement d'une telle
ligne , qui en eft le profil ^ ou la projeétion hori-
fontale. Idem.
§C? Ce mot s'emploie de même au figuté , le
développement d'un (yftème.
§3" Développement , en Géométrie, eft l'aélion par
laquelle on développe une courbe , & on lui lait
dé;.rire une développante.
DEVELOPPER, v. a.Oter l'enveloppe qui cache quel-
que chofe , déployer ce qui eft enveloppé. ExplicarSy
evoLvere. Il faut développer toutes fes hardes en paf-
fant aux Douanes.
DÉVELOPPER , fe dit , figurément , d'une chofe qu'on
ne peut pas faifir d'un coup-dœil , parce que les
idées qu'elle renlerme y lont exprimées d'une ma-
nière trop fenée. Développer une propofition. Ce
Rapporteur a bien développé l'aftaiie. Une penfce ,
pour être délicate, ne doit pas être trop développée,
Voye\ Expliquer & éclaircir.
On le dit, dans le même fens qu'au propre , des
qualités j de l'efpiit , des talens , &;c. Pour s'infinucc
dans l'efprit des hommes il faut les aider à développer
leurs talens , & leur faire trouver plus d'efprit qu'ils
n'en ont naturellement. Bell. Le Duc de Bouillon
fut long temps à fe développer , & demeutoit aftez
renfermé en lui-même. De Lanclade.
DÉVELOPPER j fe dit aufli chez les Artifans, quand
ift dégrolliirent du bois j ou de la pierre , pour leur
donner la taille ou la difpofition néceftaire pour
les placer , ou en faire quelque ouvrage. Minuere^
ïmmïnuerc. Développer fe dit aufli lorfqu'on rappor-
te fur un plan les différentes faces d'une pierre , ou
les parties d'une voûte.
Développé , ée. part. & adj. Explïcatus. Dieu n'exige
point des hommes une préférence d'amour diftinfte
& développée. Fénel.
DEVELTO. Ville de Turquie , fituée aux confins de
la Bulgarie & de la Remanie , fur la rivière de Pa-
viza. Develtum , Deultum. C'eft une ancienne ville
de Thrace , dont patient Ptolomée & Pline , Liv.
IV, c. II. Develto a eu un Evêque fufFragant d'An-
drinople. Long. 45. d. 8'. lat. 41. d. 3 3'.
DEVENER. v. a. Vieux mot. Dévider du fil fur un
dévidoir.
DEVENIR, v. n. Je deviens ,je devins , je fuis devenu,
je deviendrai , que je devienne , je deviendrais , que
je devinffe. Changer d'état , commencer à être ce
qu'on n'ctoit pas. Fieri , evadere. Les cerifes devien-
nent rouges en muriiïant. Cette fille devient tous
les jours plus belle , plus grande. Il eft devenu ,
maigre , impuilTant , &c. Aétéon devint cerf à la vtie
de Diane.
Ce mot vient de devenire. Nicot.
Devenir , fe dit dans le même fens en chofes mora-
les. On devient fage avec l'âge & l'expérience. De
libre qu'il étoit il eft devenu efclave. Il eft devenu.
Préfident par fon grand mérite. Il eft devenu pâle
•& froid en apprenant cette nouvelle. L'homme veut •
DE V
naturell<^ment être heureux ; mais il ne fait pas
le devenir. S. EvR.
ÇyT II eft à propos de remarquer avec M. de Vol-
taire que ce mot devenir ne peut convenir qu'aux
affedlions de Tame. On devient ioihh , malheureux ,
hardi, timide, &c. Mais on ne devient pas forcé
àj réduit à . . . cela n ell pas François.
1)3" On dit communément, pour marquer l'in-
certitude où l'on eft du luccès d'une affaire , de ce
qui doit arriver ; je ne fais ce que deviendra cette
affaire. Et à-peu-près dans le même fens : que de-
viendront tant de conférences , de négociations .'' Où
aboutiront-elles ?
§Cr On dit à un ami : que devenci-wows ? c'eft-
à-dire, où allez-vous? Que voulez- vous devenir ?
Quel parti voulez-vous prendre ? Toutes les vani-
tés du monde deviennent à rien , c'ell-à-dire , le ré-
duilent à rien.
On dit , proverbialement , devenir d'Evêque
Meunier ^ pour dire, qu'un homme eft bien déchu
de condition , qu'il eft palfé d'une belle charge à
une qui eft au-deilous. On dit aulli , cela me fera
devenir fou , pour dire , Cela me donnera bien de
la peine , me fera enrager.
Devenu , ue. part. & adj. Faclus.
DEVENTER. v. a. Terme de Marine. Déventer les
voiles, c'eft ôter le vent de dellous ou de dedans une
voile , en la manœuvrant , & la faifant ralinguer
ou battre. Complicare , conjîringere vêla.
DÉVANTER. Ville des Pays-Bas , dans les Provin-
ces-Unies. Deventria. , Davantria. Elle eft dans
rOveriffel , fur la rivière d'Ilfel. Devanter eft le
fiège d'un Evêque fufFragant d'Utrecht. Long. 23.
d. 4/. lat. 51. d. 18'.
DÉVERGONDER, v. a. Violer, ravir l'honneur d'uns
femme ou d'une fille par violence ou par fuper-
cherie- Viùum virgini injerre. Ce mot eft vieux ,
& n'eft uficé qu'au participe. Lorfque Jean.de Ca-
rouge fut près de fe battre en duel contre Jacques
le Gris, ainlî qu'il avoit été ordonné par le Parle-
ment de Parisj il s'adrelTa encore une lois à fa femme j
& voulut favoir pofitivement fi elle ne s'étoit point
trompée j & fi véritablement Jean de Carouge étoit
coupable du crime qu'elle lui imputoit : elle lui
répondit en ces termes , dit Froiffard : Combattez ,
combattez j mon mari, Jacquet m'a dévergondée.
DÉVERGONDÉ, ée. adj. & fubft. qui vit fans pu-
deur , qui mène publiquement une vie libertine.
Inverecundus , Ucenciofus. Cet enfant eft un libettin ,
un dévergondé. Les filles de joie font dévergondées.
On a dit autrefois, Se dévergonder, dans le même
fens , fe permettre des chofes trop libres & indé-
centes.
Plus qu'une femme elle fe dévergonde. Bens.
Ménage dérive le mot de dévergondé de devercon-
diatus , qui a été fait de devercondiare , comme
devirginare. Il vient plutôt du vieux mot Celtique
& Bas-Breton, qui fignifie impudent. Dévergondé n'eft
que du ftyle familier.
DEVÉRGUER. Terme de Marine , ôter les voiles
qui font en vergues.
DEVERRA. f. f. terme de Mythologie. DéelTe du
Paganifme. Deverra. On ne fait de cette Divinité
que ce qu'en dit S. Auguftin au VF Livre de la
Cité de Dieu , C. 9. ou plutôt ce qu'il en rapporte
de Varron. Les Anciens croyaient que le Dieu Syl-
vain enttoit la nuit dans les maifons, fe mettoit fur
le corps des gens pendant leur fommeil , & les
accabloit de Ion poids. Ainfi, quand une femme
étoit groffe, de crainte que Sylvain ne la vînt ain-
fi incommoder , on la mettoit fous la garde de trois
Divinités , Intercidon , ou , félon Vivez , Interci-
dona, Pilumne & Déverra. La cérémonie s'en fai-
foit en cette manière. Pour défigner ces trois Di-
vinités gardiennes , trois hommes faifoient la ron-
^e autour de la porte de la malfon pendant la nuit,
* il frappoient le feuil de la porte d'abord avec une
DEV ^9^
coignee j enfuite avec un pilon , ^c enfin ils la net-
toyoient avec un balai , afin que le Dieu Sylvain,
voy.ant ces trois marques, n'approchât point de cette
mailon , qu'il concevoir par-là être fous la protec-
tion de ces trois Diyinués : car, ajoute S. Auguftin,
Intercidon eft ainfi nommé , de l'incifion d'une
coignée, a fecuris interfeclione ■.,V\\viVt\nw% , du mot
fdum, pilon , & Deverra a fcopis , d'un balai avec
lequel on balaie la maifon. Pat où l'on voit que
Déverra étoit la Déefi'e qui préfidoit à la propreté
des maifons , & que ce mot avoit été fiic de àc-
verrere , balayer.
DÉVERRONA. f. f. Nom d'une DéelTe de l'antiqui-
té payenne. Deverrona. Vofiius , De Idololaa. L.
H. C 61. appelle ainii une Déelfe que l'on invo-
quoit quand on entalFoit le bled , parce qu'alors
il faut balayer;, mais je ne fais s'il faut !a diftinguer
de Déverra , dont nous avons parlé , Se fi Volfius
ne s'eft point trompé. La différence des fondions
que l'on atttibue à ces deux Divinités j dont l'une
préfidoit à la naiflance des enfans ^ & l'autre à ia
récolte des bleds , ne permer pas de les confondre.
Ces deux mots , Déverra ôc Deverrona i viennent
de deverrerc , balayer.
DÉVERROUILLER, v. a. Ouvrir les verrous d'une
porte qu'on avoit fermée aux verrous , ou en ôtec
les verrous tout-à-fait. Removere pejfulum.
DEVERS. Prépofition relative au temps , ou au lieu
dont on parle. Verfus. Devers la ToulFaints je vous
paierai. Il a bien plu devers Paris.
Celui qui maintenant devers nous efl venu ,
D'où, vous efl- il connu ? Mol.
Ce mot vient de Verfus. Nicot. Il a vieilli , &:
ne peut plus trouver d'ulage que dans le langage
le plus bas. En fa place on le fert de la prépofition
vers. Vaug. La prépofition devers n'eft plus guère
en ufage que pour exprimer le retour d'un heu ;
mais, dans cette acception, il faut qu'elle foit précé-
dée de la prépolition de , comme de devers quel
endroit venez-vous? de devers les Princes d'Alle-
m.agne. L'Ab. Régn.
Par devers. Prépofition qui n'a guère d'ufage qu'avec
les pronoms perfonnels j & qui fert à mr.rquec
la polTeflîon. Apud. Il a retenu tous les papiers par
devers lui. On dit, en termes de Pratique, Se reti-
rer par devers un Juge, fe retirer /"^zr devers le Roi ,
pour obtenir des lettres^ pour dire. Se pourvoir
par devers lui. Cette prépofition n'eft guète que du
ftyle familier, & du ftyle de Pratique.
|CF DÉVERS j ERSE. adj. Terme d'ouvriers en bâti-
ment ; fe dit de tout ce qui eft penché, qui n'eft
pas pofé à plomb. Inverfus. Mur dévers j pièce de
bois déverfe.
Dévers eft fouvent employé comme fubftantif. Les
Charpentiers piquent ou marquent du bois fui-
vant fon dévers j pour dire j fuivant fa pente ou
gauchiftement.
DÉVERSER. V. a. Terme de Charpentier. Invertere,
Déverfer une pièce de bois, c'eft la pencher , l'in-
cliner.
§C? Ce mot eft plus fouvent neutre & fignifie
pencher , incliner , n'êtte pas pofé à plomb. Ce
mnt déverfe.
^ DÉVERSÉ , ÉE. patt. On appelle bois déverfé ^
du bois qui eft gauche.
fp^ DEVERSOIR, f. m. L'endroit de la conduite de
l'eau d'un moulin , où elle fe perd, quand il y en
a trop , par le moyen d'une vanne. \cad. Fr.
DEVEST. f. m. Terme de Coutume. On joint ordi-
nairement ce mot avec celui de vf/? ; vejl Ik déveft.
Déveft veut dire défaifine , comme vtft veiir dire
faifine. Droit de vefl & déveft, c'eft droit de faifi-
ne & de défaifine en aliénation d'fiéritaoe cenfuel.
Le mot de déveft vient de deveftire. Dévêtir , dé-
pouiller, tranfmettre à un autre la propriété &: pof-
fefiion.
DÉVESTIR. V. a. &• mieux DÉVÊTIR. Oter fes vête-
zc,6 D E V
mens. J'ejieni exuere. Il eft allé devêùr Ca robe pour
le mettre en habit court. Un Prêtre qui a célébré
ie va dévctir à la Sacrifie. Il ne faut fe devêcir tout-
à-fait que quand on veut fe -coucher. On ne le dit
guère qu'avec le pronom perlbnnel.
Ce mot dévccir vient de dcvejïire , qui fe trouve
dans la ba(Te Latinité. Voyez les Miracles de Sainr-
Ambroile de Sienne rédigés par écrit au Xllle.
liécle. Inftrumeiuum XX} IIL dans les Au. Sancl.
Mart. T. m. p. 2 10. A. On le trouve auOi dans
Thomas Walfinohan, au-bien que pUi/ieuxs autres
mots femblables que l'on peut voir dans Gérard
VofliuSj De l'u'ns Scrm.L. IV.C. G. comme l'ont
remarqué les Bollandiftes à l'endroit cité.
DÉVÊTIR, fe dit tigurément en Pratique. Domïnium
rei alicujus abdicare. Dans un contrat de donation ,
ou de vente, on dit qu'un donateur ou un vendeur j
■ s'eft delfaifi & dévêtu de la propriété de fes biens ,
d'un tel héritage; pour dire, qu'il les a cédés &
abandonnés au donataire & à l'acquéreur , qu'il
l'en a failî & revêtu, & mis en polfellion.
Dévêtu , ue. part. & adj. Exutus vejle.
DÉVÊTISSEMENT. f. m. Terme de Jurifprudence.
Aélion de fe démettre, de fe dépouiller defon bien,
d'en tranfmettre à un autre la propriété & poffef-
fion. C'efl la même chofe que déveft. Abdkcuio. La
démiffion eft un dévtuQemcnt général que les pères
&; mères font de tous leurs biens en faveur de leurs
enfans. C. B.
DEUGiES. f. f. Vieux mot. Joues ou gencives. Borel
dit que ce mot femble auliî vouloir dire maniables.
^ DEVIATION. C'eft en général l'adion par la-
quelle un corps fe détourne de fon chemin , s'écarte
de fa direciion ou de fa pofition naturelle. C'eft dans
ce fens qu'on emploie ce mot en phyhque. Dcdina-
tio ^ defiexio. La déviation efl: un changement de
diredtion. Il n'eft point arrivé aux luîtes de ces
triangles de déviation fenfible. Exam. des. Qui ne
voit que tous les raifonnemens qu'on peut faire fur
la déviation, que la force centrifuge caufe dans la
direélion de la gravité tombent d'eux-mêmes, dès
qu'on ignore qu'elle eft la direction primordiale de
la gravité? Idem. On peut démontrer qu'il feroit
aifé de £ùre plufieurs hypothèfes de gravité dans
chacune defquelles la ligne à plomb n'auroit aucune
déviation , & feroit par tout perpendiculaire à la fur-
face de la terre, quoique cette furlacefût celle d'un
fphéroïde alongé par les pôles. Idem.
^fT Les anciens Aftronomes appeloient auffi
déviation , le mouvement par lequel le défécenc ou
l'excentrique d'une planète s'approchoit, félon eux,
de l'écliptique. Aberratio. Foye^ Déférent &
Excentrique.
lier DEVIDEIl. v. a. Mettre du fil ou de la foie ,
&CC- en écheveau , ou en peloton, de peur qu'il ne
fe mêle. On dit dévider, poui mettre en écheveau le
fil qui eft fur le fufeau, & pour mettre en peloton
celui qui eft en écheveau. Les fileufes dévident
(mettent en écheveau) le fil qu'elles ont filé. Les
devideufes dévident (mettent en peloton) le fil, la
foie , &c. qui eft en écheveau. Evolverc. Perfonne
n'a blâmé Jacques, Roi de Chipre , de ce ciu'il
s'atnufoit d dévider j lanea gLomer are fila, dit Corte-
fuis. Mascur.
Dévider une fourbe. Cette niauvaife locution fe
trouve dans Mézerai, pour découvrir, développer
une fourbe. Detegere , explicare fraudcm , dolum.
On le dit, figurcment &c baflement , de ceux qui
parlent trop j & qui content beaucoup d'hiftoires ou
de nouvelles en peu de temps. Cet homme en dévide
beaucoup \ mais il ne faut pas croire tout ce qu'il
dir.
Ce mot vient de devidere. Mén.
On dit, au Manège, qu'un cheval dévide, lorfque,
maniant fur les voltesj fes épaules vont trop vite,
& que la croupe ne fuit pas à proportion , enforte
qu'au lieu d'aller de deux piftes, il n'en marque
. qu'une.
DEVIDEUR , KU5E. f. m. & f. Ouvrier qui dsvide des
D E V
fils, des laines, des foies, foit en ccheveaux , foit en
pelotons. Staminti globi verforius artifex.
DÉVIDOIPs.. 1. m. Inltrument qui tourne fur un pivot
avec des ailes, qu'on étend , ou qu'onrellerre comme
on veut, fur lefquelles on met l'écheveau du fil
qu'où veut dévider. On l'a appelé en Latin devolu-
torium. Il y a diftérentes fortes de dévidoirs pour les
diftérens ouvriers.
Les Chevaliers du dévidoir. Ordre militaire, ou
plutôt Compagnie de gens-d'armes à Naples. Equités
a Girgillo dicli. Après la mort de Charles III. Duc de
Durazzo & Fvoi de Naples , & pendant la minorité
de Lauiflas fon fils j «Se la Régence de la Reine Mar-
guerite, veuve de Charles, Louis d'Anjou qui pré-
tendoir que le Royaume de Naples lui appartenoit
en vertu d'une donation de Jeanne I. s'étant emparé
de la capitale, vers 1 5b'8. pour la défendre contre les
vailfeaux «Se les galères de la Régente j qui s'étoic
retirée à Gacte avec le Roi Ion fils , il fe forma une
Compagnie de Napolitains j & de plufieurs Gentils-
hommes du quartier de la porte-neuve, qui s'uni-
rent pour la détendre avec leurs vaifieaux & brigan-
tins : ^ cette Compagnie s'appela la Compagnie du
dévidoir J en Italien La Compagnia dell' Argolaro ,
& en langage NapoUtain û'e//' Argata\ parce qu'ils
portojent dans leur étendart un dévidoir en brode-
rie d'or fur un lond rouge- Ils portoient aulli un
dévidoir lemblable fur le bras ou le côté gauche.
Cette Compagnie ne dura qu'autant de tems que
Louis d'Anjou hit maître de Naples ; ainfi elle tom-
ba bientôt. ï'^cyei l'Abbé Juftiniani , Hijlofia de
Tutti gli Ordini Militari e Cavalier efchi C. 61. T. IT.
p. 702. &fuiv. Céfar Caraccioli , dans fa Naples
Sacrée, Nicolo Anielo Pacca, dans fon Hiftoire de
Naples, leTerminio, dans fon Apologie des trois
illuftres fièges de Naples, & le Doéteur Biagio Aito-
mare. On voit encore un dévidoir fur un marbre,
qui eft fur la porte du Palais de Fabio Caracciolo.
DEVIE, f. f. Vieux mot. Trépas. Un ancien Pocte a
dit, en parlant de Dieu :
Qui peut tout &foutient , & gouverne & chevie.
Veille garder nos cœurs jufques à la dévie.
De la particule de Se du mot vie. On a dit aufîi
dévié J pour dire forcené, comme étant hors de la
voie, du latin deviare.
DEVIER. V. n. Mot du vieux langage, qui a fignifié,
s'égarer, mourir, fortir de la vie. On écrivoit autre-
fors DESVIER.
DEUIL, f. m. Triftefie qu'on fent dans le cœur pour
quelque perte j ou quelque accident, ou pour la
mort de quelque perfonne chère. Lucius, mœror. On a.
témoigné un grand deuil par toute la France à la more
de ce Prince, de ce Miniltre : toute la Province étoic
en deuil. L'Eglife fcmbla refpirer après la mort de
Julien J & quitta fes habits de deuil. Herman. Je ne
fuis en deuil que pour votre abfence.Voii. Seigneur,
pourquoi me lailfez-vous dans le deuil &c dans la
triftelle fous l'opprellîon de mes ennemis? Pcrt-R.
Ménage tient que ce mot vient du Latin doleum^
qui a été formé de doleo.
Deuil , eft aulfi l'habit que l'on porte pour marquer la
trilleire qu'on a dans ces occafions fâcheufes. Vefiis
lugubris , veflimentum funèbre. Le grand deuil fe porte
en France avec du drap noir fans ornemens, des
manteaux longs, du linge de Hollande unij & du
grand crêpe : les veuves le portent avec un ban-
deau & un grand voile de crêpe. Le petit deuil fe
porte avec ferge ou crépon, Se des rubans bleus &
blancs mêlés avec du noir. Le Roi & les Cardinaux
portent le deuil en violet. En Caftilie , à la mort des
Princes J on fe vêtoit de ferge blanche pour porter le
deuil. On le fit pour la dernière fois en l'année 1498,
.à la mort du Prince Dom JeaUj fils unique du Roi
Ferdinand & d'ifabelle, comme dit Herrera. A la
Chine on le porte avec des habits blancs. Il dure trois
ans, & fait vaquer toutes fortes de charges & de
magiftratures. En Turquie on le porte en bleu, ou
en violet \ en Egypte en jaune , ou en feuille morte ;'
en
D E V
çn gris chez les Ethiopiens; en noir en Europe :
mais on tend de blanc, du moi.ns en France, pour
les filles qui ne fonc pas marié*; s. Au Pérou on le
portoit de la couleur de gris-da-fouris. Rabelais le
tait porter en verd. Les Dames A rgiennes tk Romai-
nes portoient le deuil en blanc. Mont. Les habits de
deuil étoient noirs au IV^ iiècle. De Tillem. Hiji. des
Emu. T. V.p- 2.35. Que dis-je? Dès le commence-
ment du IF fiècle Hadrien hit n<:uf jours habillé de
noir pour la mort de l'Impératric e Plotine.
Chaque nation croit avoir de bonnes raifons,
d'avoir choifi une certaine couleu r particulière pour
marquer le deuil. Le violet, étant une couleur mêlée
de bleu & noir, marque d'un côc é la triftelle, & de
l'autre ce qu'on fouhaite aux morts, c'eft-à-dire, le
féjour du Ciel ; ce que prétendent .aulfi marquer ceux
qui portent le bleu. Le blanc mai que la pureté. Le
jaune ou feuille-morte, tait voir cjue la mort ell la
fin des efpérances humaines & de la vie, parce que
les feuilles des arbres quand elles: tombent, & les
herbes quand elles font riétries, deviennent jaunes.
Le gris lignifie la terre où les morts retournent. Le
noir marque la privation delà vie, parce qu'il eft
une privation de lumière.
On appelle aufll le deuil , la parenté qui affilie à
un enterrement vêtue de deuil. Pompa funebris. C'eft
toujours celui qui eft le plus qualifié qui mène le
deuil. Funus ducere.
(gST Deuil, fe dit encore de la dcpenfe que l'on fait
pour acheter tout ce qui eft nécelFaire pour prendre
le deuil. On donne une fomme aux veuves pour hur
deuil. Voy. Donner le deuil ^ plus bas.
En droit on appelle l'année de deuil , l'année de
viduité, pendant laquelle li la veuve fe remarie j
elle perd les avantages que lui a faits fon mari. Viaui-
tatis annus.
§3* Deuil, fe prend généralement pour le temps que
dure le deuil. On a abrégé les deuils.
^fF On le dit encore des étoffes ordinairement
noires, dont on tend une chambre, une Egliife.
Tendre une chambre de deuil -^ carrolFe de deuil.
Acad.Fr.
On dit j donner le deuil, chez les Grands , en par-
lant de l'habit qu'on donne aux Officiers & domelfi-
qucs pour porter le deuil du maître, ou de l'argent
qu'on leur donne pour ce fujet. Pullatam vejtem j
pullats. vejlis pretium largiri ^ erogare. On appelle un
deuil de Cour , une mode qui vient, de s'habiller de
^/ez^z/ dans la ville , parce qu'on le porte à la Cour
pour la mort de quelque grand Prince. Induere vefiem
pulLium ob mortim viri Principis. Ainfi on a dit dans
une Comédie :
•^ujjl fier qu'un bourgeois qui porte un deuil de Cour.
On dit, proverbialement , le deuil fur la foffe;
pour dire, exécuter promptement & fur le champ
une partie de plaifir, ou payer ce qu'on a perdu au
jeu , ou en autres femblables occafions. On dit aulîi
qu'un homme porte le deuil de fa Blanchiffeufe ,
quand il porte du linge fale. On appelle aulîi un
deuil ]oytnx, celui qu'on porte d'une perfonne qu'on
n'aimoit guère, ou dont on hérite beaucoup.
DEVIN, f. m. Devineresse , f f. Quelques-unsdifenr,
alfez mal, Devineur. Celui ou celle qui découvre
l'avenir , ou que l'on confulte pour cet effet. J^ates ,
kariolus y divinus , conjeclor , faci iicus , mulier fati-
dica, vaces , hariola. On excommunie au Prône tous
les Devins &c Devinereffes. Tous les Aftrologues &
Devins font des trompeurs & des charlatans. Les
anciens étoient fort infatués de leurs Devins , Augu-
res, Arufpices, &c. Dès qu'une populace a l'efprit
frappée d'une vaine image de Religion , elle obéira
mieux à des Devins qak fes chefs. Vaug. Un Devin
avoir prédit à Henri II. qu'il feroit tué dans un com-
bat fingulier. P. de Cl.
Un Concile de Narbonne en 589. ordonne que les
Tome III,
D E V
19^
Devins Se Sorciers foient fuftigés & vendus , & que
le prix foit donné aux pauvres.
De la fin de nos jours ne foyons point en peine :
C'e/l unj'ecret, i^hiiis, qui neft que pour les Dieux,
MepriJ'ei^ ces Devins dont lajcience vaine
Se vante follement de lire dans les deux.
De Valincourt.
|Cr Devin , Prophete,confidérés dans une fignificatioa
fynonyme. Le Devin découvre ce qui eft caché : le
Prophète prédit ce qui doit arriver. La divmatlon
regarde le prélent. La prophétie a pour objet l'ave-
nir. Syn. Fr. Un homme bien inftruit, & qui con-
noît le rapport que les figues extérieurs ont avec les
mouvemens de l'ame, palle facilement devant le
monde pour Devin. Un homme fage qui voit les
conféquences dans leurs principes & les effets dans
leurs caules.peutfe faire regarder du peuple comme
un Prophète.
Dans ce fens. Devin fe dit d'un homme habile,
qui par fa prudence conjeéture qu'line chofe doit
arriver. Sagax, prxfigus. Celui qui a prédit que
cette fcdition , cette guerre j cet accord ne dureroit
pas , a été bon Devin.
On le dit de même de ceux qui découvrent une
chofe obfcure. Il faut être Devin pour découvrir le
mot d'une énigme fi cachée. Il faut être Devin pour
entendre lesécnts de tous les Chimiftes. Il faut qu'il
foit Devin pour avoir découvert que j'avois caché la
mon argent; Divinum eU'e oportet, qui , à'c.
IK? Ce mot vient de divinus , latin , dont les an-
ciens ont ufé en cette fignification. Ménage.
DEVINATION. f. f. Ce mot ne fe dit pas. roye^
DIVINATION.
DEVINE, f f. Devinereffe; celle qui devine. Hariola ^
mulier/atiJica.Je ne fuis m forcière , mdeii/:e. ScAR,
fer On du plus ordinairement devi/^crelje , ÔC
l'autorité de Scarron n'elt pas d'un grand poids.
DEVINER, v. a. Prédire, pronoftiquer ce qui doic
arriver. Divinare, karioiarij vaticinari.
D.... avoit prédit d'un Prince la nflijjance ;
Et moi j 'uvois prédit que , dès quUJeroit né.
Médians vers on verrait paroître en abondance :
Nous avons tous deux deviné.
Deviner , fignifie auffi , découvrir une chofe cachée,
obfcurê & inconnue, en juger par voie de conjec-
ture. Detegere, indagare , explicarc. Deviner une
énigme. lia t^cvwt; ma penfée. Les Philofophes paf-
fent leur vie à <^ev/.'2dr, bc à cheicher comment I2
nature remue toutes les machines qu'elle préfente a
nos yeux. S. EvR. Nous nous voyons inceffammenc
nous-mêmes , & nous fommes encore à deviner
comme nous fommes fairs. Fonte:j. Un Amant elt
d'ordinaire plus piqué d'un amour qu'il devine y
que de celui qu'il voit : Id. Nous autres gensde Couc
nous fommes tellement clilîîpés, que très fouvent il
faut qu'on nous devine. CoM.On aime bien à deviner
les autres ; mais l'on n'aime pas à être deviné. La
RocHEF. Nous nous imaginons toujours qu'on devi-
ne nos feniimens fecrets. S. Real. Une penfée déli-
cate cache une partie du fens qu'elle contient, afin
qu'on le cherche & qu'on le devine. BouH.
Deviner, fignifie quelquefois fimplement , penfer,
juger J chevchsi'. Excogitare, augurari,con;icere. Je
vous laiffe à deviner ce qu'il a pu dire en cette occa-
fion, pour dire, je vous laiffe à penfer. Je vous en ai
affez dit, devine^ le refte de fes fentimens. Il laut
qu'un Orateur laiffe toujours quelque chofeà deviner
à l'auditeur. Son écriture eft fi méchante, qu'il faut
à tout coup deviner.
On dit auffi, qu'un Commentateur devine, que
c'eft deviner, conjicere, quand il expliquer fa fantai-
fie un paffage d'un Auteurobfcur, &c auquel onpeuc
donner plufieurs autres fens auffi raifonnables.
On dit, en proverbe, d'un homme qui n'eft pas
heureux en fes conjectures , que ce n'eft pas ua
l'p
i9S DEY
graud Devin, qu'il devine les Fèces quand elles font
venœsj ou de celui qui explique une ciiole claiie ,
qu'il ne falloit point aller pour cela au devin. On dit
auili , je vous le donne à deviner en dix j en cent,
&c. pour marquer qu'une chofe eft difficile 1 deviner.
DEVINEUR. f. m. Devinerisse, 1". h C'ell la mCme
choie que Devin. Devin eft plus uhté au mafcului ,
&C Devinerefje plus ulité que devine.
Devineur ne fe dit guère, ou point du tout, qu'en
ftyle familier ou badin : on dit communément
Devin j mais le féminin eft toujours Devinere{je.
Un Edit de i68z. 51 Août, Art. I. porte, que toutes
perfonnes fe mêlant de devmer, & fe dilanc Devins
ou DevinereJJes j videront inccllamnient le Royau-
me, à peine de punition corporelle, f^oy. La Mare,
' Tr. û'e /a Pd/. T. I. p. 515. 530.
Alle-^3 beau Devineur, & faites votre compte. &:c.
Pavillon.
DÉVIRER. V. n. Terme de Marine. On dit qu'un
cable ^eVirt; de delFus lecabeftan, quand, au lieu
d'avancer, il recule.
DEVIS, f m. Terme d'Architedure & des Arts qui en
dépendent, ou qui y ont quelque rapport , comme
la Maçonnerie, laCliarpenterie, &cc. Ceft un état
par le menu que donnent un Maçon ^ un Charpen-
tier & autres ouvriers cjui travaillent à quelques
conftruilions , qui contient la qualité , l'ordre 6c la
difpoficion de leur ouvrage , des matériaux qu'il y
convient fournir, de leur prix, de leur quantité, &
de tous les frais qu'il faut faire pour les mettre en
état j fur quoi ils font leur marché avec le bour-
geois qui les emploie. Enumeratio rerumjln gui arum.
Quand on eftime les ouvrages, il faut voir s'ils font
conformes aux devis fur lequel on a fait marché.
Devis d'une mailon, d'un moulin, d'un vailfeau,
d'un bateau, &c. Faire le devis, fournir, donner,
demander le devis.
§Cr DEVIS, f. m. Vieux mot. Entretien £imilier. Fami-
liare coUoquium. Devis agréables ou joyeux.
DÉVISAGER, v. a. BlelTer quelqu'un au vifage , en-
forte qu'il en foit défij^uré. Dejormare^ lacerare vul-
tum alicajus. Une fufée lui a crevé entre les mains ,
qui l'a tout dévifagé.
On le dit même des égratignures.Ce chat lui a donné
quelques coups de grifte qui l'ont dévifagé. Si vous
reprochez à uns vieille fon âge j elle tâchera de vous
devifager. , ^
Dévisagé _, ee. part. Dcjormatus ., laceratus.
DEVISANCE. f. f. Vieux mot. On a dit la dcvifance
des armes d'Achille , pour dire , le blafon de fes
armes.
DEVISE, f.f. Terme de Blafon. Ce motfe dit en gé-
néral des chiffies j des caradfères , des rébus , des
fentences de peu de mots , & des proverbes , qui,
par figure ou par allufion , avec les noms des per-
sonnes ou des familles , en font connoître la no-
blelfe ou les qualités. Piclura cujus fenfus ,Jîgnifi-
catio , auc litteris , aut vcrbo 3 aut fententid innuitur.
La <fevi/ê , en cefens,eft d'un ufage bien plus an-
cien que le Blafon, &: c'eft d'elle que les Armoi-
ries ont pris leur origine. Ainh l'aigle a été appe-
lée la devife de l'Empire. Le S. P. Q. R. étoit \\ de-
vife du peuple Romain , qui eft encore aujourd'hui
ce qu'on appelle l'Ecu de la ville de Rome. Les pre-
mières devifcs ont été de fimples lettres femées fur
les bjrds des cottes d'armes , fur les houlfures &
dans les bannières. Ainfi le K a été la devife de nos
Rois nommés Charles, depuis Charles V jufqu'à
Charles IX. Il y a eu audi des devifes par rébus ,
équivoques , ou allufions tant au nom qu'aux armes.
Meilieurs de Guife ont pris des A dans des O , pour
fîgnifier , Chacun à fon tour. La Maifon de Sénecei,
In virtute & honore fenefce. Morlais , S'il te mords j
mord-le. Ceux qui ont eu des tours dans leurs Ar-
moiries , Turris mej Deus , Sec. Il y en a eu d'au-
tres énigmatiques , ou à demi-mot , comme celle
de la Toifon d'Or, ^ucre n aurai ; pour dire j que
D E V
Philippe le Bon, qui inftitua cet ordre , renoncoic
à toute autre femme qui Ilabelle de Porcu>^al qu'il
épouloit alors. Lts devijes contiennent quelcjuefois
des proverbes entiers & fentences j comme celle
de Célar de Borgia J .V;;^ Caji^r , uut n:hu.On mec
les devijes des Armes dans des rouleaux , ou liftons
tout autour des Armoiries , ou bien en cimier , &c
quelquefois aux côtés Hc au-deffjus , &c celle des
Ordres lur les colliers. Ces fortes de deùjts [ont
héréditaires dans les familles de ceux qui les ont
priles.
Ce mot devife eft très-ancien dans notre langue ,
&: vient de dividere , divifer , & il fe donnoit aux
choies dont on vient déparier, &: à celles dont on
va encore pai 1er ci-après , parce quelles fervoienc
àdivifer, à féparer , .r remarquer , à diftinguer les
gens. Et le P. Ménétrier prétend qu'il y a autant de
différentes efpèces de devifes _, qu'il y a de différen-
tes manières de fe diftinguer des autres , ou de fi-
gures fenfibles , Se de paroles capables d'exprimer
les qualités , les emplois , les vertus , les atlions ,
&c. des perfonnes , & de les faire connoître, oudif-
tinguer des autres.
Devise J en termes de Blafon , fe dit de la divifion de
quelques pièces honorables de l'Ecu. Quand une
fafce n'a que la troiiième partie de fa largeur ordi-
naire , elle s'appelley^/ce en devife , ou i/ci-v/t; feule-
ment ; & il n'y en doit avoir qu'une en un Ecu. Mi-
nuta jafcia. On le dit auOî du chef , lori'qu'on le
pofe en fi partie baffe , Se qu'il n'a que le tiers de
fa largeur ordinaire; & alors on l'appelle chej du.
fécond furnionté , ou charge de tant d'étoiles , de mo-
lettes , ou autres meubles'femblables. Ce mot de
devife s'eft dit 3 parce qu'elle fervoit à divifer , a
féparer , & à remarquer les gens & les parties \ ce
qui fe faifoit par les habits , les livrées , les échar-
pes, & enfin par les paroles ou fentences particu-
lières que les Chevaliers prenoient pour fe faire re-
marquer. On les a enfuite poiées fur les Ecus , d'où
font venues infenfiblement les Armoiries. On difoic
en vieux François, Faire fa devife ; pourdire j faire
fon teftament ou la dividon de fes biens , comme
on voit dans Villehardouin.
On a appelé aulîl autrefois devife , les robes de
deux couleurs j comme font celles des Maires Se
Echevins J & des Huiftîers & Bedeaux des Villes,
des Paroilles & des Communautés des Marchands:
& cela par la même raifon qu'elles écoient divifées
en deux couleurs. Keflis bicolor.
Les bornes des champs fe nommoienc autrefois
devifes.
Devise , fe prend maintenant en un fens plus étroit,
& fignifieun emblème , qui confifte en la repvcfen-
tation de quelque corps naturel , & en quelque mot
qui l'applique dans un fens figuré à l'avantage de
quelqu'un. Symbolum heroïcum. Le tableau , ou \x
figure s'appelle le corps. Corpus. Et le mot , famc
de la devife. Infcriptio. C'eft une métaphore qui re-
préfente un objet par un autre avec lequel il a de la
relfemblance. Ainfi une devife n'eft vraie, que quand
elle contient une fimilitude métaphorique, & qu'elle
fe peut réduire en comparaifon. Enfin , c'eft une
métapliore peinte & vifible , qui frappe les yeux.
Il faut tout cela pour \.\r\Q devife : autrement une fi-
gure ne flic qu'un fymbole hiéroglyphique \ & les
• paroles feules ne font qu'une diélion , ou une fen-
tence. De plus , les figures qui entrent dans la com»-
pofition de la devife ne doivent avoir nen de monf-
trueux , ni d'irrégulier ; rien qui foit contre la na-
ture des chofes , ou contre l'opinion commune des
hommes. Il ne faut pas auffi unir enfemble des fi-
gures qui ne fe rencontrent point d'ordinaire ^ &
qui n'ont nulle liaifon d'elles-mêmes -• car la méta-
phore doit être fondée fur quelque chofe de réel &
de certain, Se non pas fur le hafard ou fur l'ima-
gination. On en excepte les unions bizarres Se chi-
mériques établies dans les faibles: l'ufai^e Se l'auto-
rité des Pocres les font palfer pour naturelles. Le
corps humain n'entre point dans les devijes j pai:-
D E V
ce que ce feroir comparer l'hoinme avec foi-mcme, '
que prendre un corps humain pour iimilirude. il
doic encore y avoir de l'unité dans les ligures qui _
fervent de corps. On n'entend pas qu'il n'y doive;
avoir qu'unekule figure j mais, s'il y en a plulieurs,
elles doivent le r.ipporter à une même j & être
fubordonnées l'une à l'autre, enforte qu'il n'y en
ait qu'une ■principale , de laquelle les autres dépen-
dent. Mais moins il entre de figures dans le co^rps
de la devije j &c moins elles ont de con+ulion , plus
Je corps a de perfecl:ion Hc de beauté. Le corps lut- ■
tout doit être noble is: agréable aux yeux : une h- '
gure balfe & difiorme ne convient point à la dc-\
vije.
Pour le mot qui anime la figure , il doit lui con-
venir h bien q.i il ne puille convenir à un autre.
C'ell une règle générale de ne point nommer ce qui
paroît , (Se ce que la leule vue rait entendre, il ne
laut pas même que le mot air un l'eus achevé , pat-
ce que devant iaire un compoié avec la figure j il
U'idoit être nécelfairemeiu qu une parne , & par
conféquent ne figinher pas tout. Des que les paro-
les feules ont une hgnihcation complette , on a une
notion claire & dil'hnéte, indépendamment de la
figure. La fignihcation doit rcluicer de 1 une &c de
l'autre enfemble. Flus le mot cil court plus il a de
grâce , & le iens fufpendu des paroles , qui Lulle
quelque chofe à deviner , .fait une des prmcipalebl
beautés de la devlJe. il y a du bonheur 6c de l'et-
prit à employet les paroles d'un pocte à une choie
à quoi le Pocte ne penfa jamais , iSc de le taire li
à propos qu'elles femblent faites exprès pour le tu
jet auquel elles l'ont appliquées , pourvu que ce
fou fins elhopier le vers. En général le mot d'une
dcvife doit toujours être fpirituel , &c avoir je ne
fais quoi qui pique, ou dans le (eus, ou dans les
paroles. Par exemple : pour exprimer qu'une per-
fonne fe formel le perieétionne par Icsdifgrâces ,
l'on peut fe fervir d'une Itatue qu une maui taille
avec le cileau , en y ajourant ces paroles, pcrjuctur
duni cnditur. Bo.uii.
DEV
199
O-n met des ddvifes fur les monnoies , fur les jet- 1
tons, fur leséjus des Chevaliers , dans les oruemens j
des arcs de triomphe , des.leux d'aitifice , & autres 3
folenhités. hzs dcvij'cs lont des clpèces d'images qui
repréfentent les encreprifes de guerre , d'amour ,
d'étude ,.d'inirigije , de fortune , îkc. Les François
font les premiers qui ont fait des dcvifes , &; les
Italiens les premiers qui en ont donné les règles. Et
parmi les Italiens Paul Jove eli le premier qui ait
donné l'art des dcvifes. De Vign. Marv. Les Pères
Ménétrier ^' le Moine, Jéfuiies, ont écrit de l'art
des dcvifci. Et le P. Rouhoursen a fait le fujet d'un
des entretiens intitulés , Entretiens d'ArijU ù' d Eu-
gène.Lq p. Ménétrier a intitulé l'on Livre , LaPhi-
lofophie des Images. Il y lait une longue énuméra-
tion des Auteurs qui eu ont écrit , dont il porte
fon jugement. Il dit que c'eft avec le Cardinal M.a-
zarin , qui aimoit les dcvifes , que cet arr palfi en
jrrance, & que depuis on le cultiva. Cet Auteur ne
veut point que Ion lalTedes règles pour l^sdevifes.
Le bons fens&les lumières naturelles , félon lui,
fuffifent.
Le mêni2 P. Bouhîurs , dans un Extrait inféré
fens ell: j Je veux bien durer peuj pourvu que je m'é-
lève. On peut frire là-deffus ce diicouis : de même
que la fulée s'élève bien haut , quoique la durée en
loit fort courte , il ne m'importe pas de vivre
longs temps, pourvuque j'acquièrede la gloire , &:
que je parvienne à une haute toi tune j ce qui for me
une juile comparai'on. bur ce pied-la , la d^vije n eil
antre chofe, à la bien définir, qu'une métaphore
peinte ^ ou plutôt , c'eft une énigme renveifée. Car ,
au lieu que l'énigme reprélente la nat^re ou l'arc
par les événemens de 1 hiftoire , &c par les avan*-
tures de la fable , la devij'e elt une reprélentation
des qualités humaines & fpirituelles par des corps
naturels &c artificiels. Ainii , pour marquer le ca-
ra Jère de Louis le Grand , on a peint le Soleil , qui
tout lumineux qu'il eft, a encore plus de vertus que
d'éclar ^ & , pour mieux déterminei le Iens de la
peinture à cette fignihcation particulière ^ on y a-
joUte ce mot Caltillan , Mas virtud que /u^. On a
exprimé le mérite perfonnel d'une grande Reine
par une grenade j avec ces paroles , Mon prix neji
pas de m.i couronne. Et ie talent d'un homme Apo-
tolique , qui fe fait tout ^ tcus , par un miroir,
avec ce mot de Saint Paul , Omnibus omnia.
•|tcr Nous avons dit que le corps humain n'en-
rre point dans les dcvijes j &c c'elf là une des prin-
cipales diftérences entre la d'evi/é à t emblème. Voy,
Emblème.
Devise, f f. ou Devis, f m. Volonté j avis , fervice ,
être à la devife de quelqu'un. GVo/jC des Po'ef. d.u
Roi de Nav. Ces mots figmhent aulîi féparation ,
défaut. Ils font vieux & inufités dans ces fignifica.r
lions. . •
Devise. Autrefois ce mot s'eft dit yowMtefament. Tef-
tamentum. Sa maladie crut l\: eli'orça tant , qu'd nd
fa devife S^ Ion legs. Villehard.
Ce mot de devife vient de ce que par fon tefta-
ment on partage , on divile fes biens.
DEViSEE. Terme de fleurille. Nom d une tulipe blan-
che & rouge. MoRiN.
DEVISER, v.n. S'entretenir fimilièrement. ^S'Êr/noci-
iiari , fermonem halere. Il eif vieux. Tout en d'cvi-
fint nous voici arrivés à la Ville. Ablanc.
Deviser un chef-d'o;uvre , c/evi/er une- expérience.
Terme de Statuts des Communautés des Arts ôc
Métiers. C'ell donner le chef-d'œuvre, oii l'expé-
rience aux Apprentifs ou aux fils de Maîtres qui
le préfentent , pour être reçus à la Maîtrile , & leur
expliquer &déiigner quels &: comment ils doivenc
être faits.
SE DEULER. Vieux verbe. Sedouloir , s'afthger. .ZJo-
lere. Ils fe deulcnt ^ dit Marot.
DEUNX. f. m. l'ne livre moins une once, onze
onces de la livre Romaine, qui en contenoit douze;
onze douzièmesde quelque chofe que ca foit. Deunx.
Quoique ce terme ion purement Latin j les Anti-
j quaires qui écrivent en François , font obligés de
I s'en fervir quelquefois, paice que nous n'en avons
point dans notre langue qiii y réponde. >^'c>>e;r. AS.
DEVOIEMENT. f
de matière liquide
Flux de ventre, déjeélion
*us fréquente que dans 1 ctac
naturel. 'Alvi pr,iifuvium. Fluxusventris. Avoir le c/e-
voiement. Les fruits lui ont donné le dévoiement.
Voy. Diarrhée.
au Journal de Trévoux , expliquant plufieurs mots ! DÉVOILEMENT, f m. Adion par laquelle on dé
François qu'on a accoutumé de confondre , donni
une explication courte & nette du mot de devife.Ct^i
dit-il , un compoié de figures tirées de la nature &
de l'art, lefquelles ©n appelle c^rps, ik deparoUs] (ie
courtes, proportionnées à l.i' figure, auxquels on',^^'*''
donne le nom dame. C'eft d'un compofé de cette '
couvre ce qui étoit caché fous des voiles, /j.v/?/^-
natio. Le dévoilement des myfières &: des figures du
Vieu/. Teftament nes'eft fait qu'à la venue du Mef-
nature , dit le P. Bouhours , dont on fe fert pour
expliquer notre delfein, ou notre penfée , parcom-
paraifon ; car reifence de la devife confille dans ii.ne
comparaifon prife de la nature, ou de l'art, &c
fondée fur une métaphore. Un jeune Seigneur , éga-
lement brave & ambitieux, eut, dans le dernier
caroufel de la Cour , une fufée en l'air , avec ce
mot Italien , Poœ duri , purche m'inalr^i , dont le
DEVOILER. V. a. Hauiïer ou relever le voile d'une
Reli'.ncufe , & quel.iuefois faire quitter le voile à
une Religieufe , la relever de Tes vreux. Vclum _,
vctamentum detrahcre ^ devorcre. La plupart des Re-
liijicufes ne doivent pas le dévoiler :m parloir. Cette
Religieufe a été dévoilée dans les formes par auto-
rité de Ju'lice , on a annullé fes voeux. On dit aiilli
que le ciel sc^. dév-,}'é , lorfqu'il eif devenu ferein,
quele ventenachaifélesnunges qui le couyroicnï
comme à'un woik. Nubespellere.
Ppij
|oo D E V
DÉVOILER , fe dit figurément , pour diie , Mettre en
évidence ce qu'on tenoit caché. Revelare , pandere ,
manijcftare , raegere. On z. dévoilé ions, les myftères ,
toutes les intiigues de cette négoci.uion.
DÉVOILÉ , HE. parc. & adj. Il a la lignihcacion de fon
verbe.
I^" DEVOIR, f. m. Ou entend généralement par-la
ce à quoi nous femmes obligés par la loi, par la
coutume , ou par la bienlcance. Offidum , panes j
munus, officii m«/;w.C'ert ainli qu'on dit taire fon
devoir. Remplir fes devoirs. Manquer à fon devoir.
Les devoirs de la vie civile ^ de l'amitié , de la
bienféance. Les devoirs d'un fujet envers le Souve-
rain , le devoir du Souverain envers fes fujets. Les
devoirs d'un Chrétien. Il y a un certain ordre d'é-
gards civils qui doit régler nos devoirs extérieurs
parle mérito des rangs , de la condition , ou de la
place des perfonnes avec qui nous avons à vivre
ou à traiter dans le monde.
§CF Quelquefois même on entend par devoirs ;
ces bienféances arbitraires , dont chaque peuple
s'eft formé un cérémonial à fa mode : mais il vaut
mieux n'entendre par là que ces bienféances elTen-
tielles, commandées à tous les hommes par la voix
de la nature , &c dont l'exaéte obfervation fait le
plus beau fpedacle de la focicté.
Dans le inonde il faut fatisfaite à une infinité de
petits devoirs qui échappent à ceux qui agilfent par
humeur. NrcoL. On palfe la moitié de la vie à ren-
dre mille petits devoirs que la coutume a établis j
& à faire des complimens peu fincères. M. Scud.
Lorfqu'une femme confulte le devoir plutôt que l'a-
mour j c'elt qu'elle appelle ce funelte devoir pour
excufer fon indifférence- S. EvR. Je ne prétends rien
obtenir de la rigoureufe loi du devoir: je veux tenir
tout de votre cœur & de votre paOion. Mol. Cha-
cun regarde fon devoir comme un maître fâcheux
dont il voudrait s'affranchir. S. EvR.
Quand je verrai fes yeu.x armés de tous leurs
charmes j
Mefouviendrai-je alors de mon tri/le devoir.
Racine.
Le Azw oit feul fera ce qu aurait fait l'amour.
Corneille.
- — Et vous deve^ favo'r ,
Que qui fert bien fon Roi i ne fait que fon devoir.
Idem.
Un honnête homme s'acquitte bien de tous les
devoirs de la vie civile. Les jeunes gens regardent
les devoirs de la vie comme un joug inlupportable.
S. EvR. 'Les devoirs d'un Chrétien font d'une grande
étendue. Ce Prince fait bien maintenir les peuples
dans le .levoir &. dans l'obéiffance.
fC? Le c/evD/reft proprement une adion humaine
conforme à la loi qui nous en impofe l'obligation.
L'homme confidéré paf rapport à Dieu , dont il tient
l'exiftence , confidéré par rapport à lui-même , &:
enfin par rapport à la fociété avec fes femblables ,
à diftérens devoirs à remplir. Voy. Amour de Dieu j
amour de foi-même, amour du prochain, fociabilité.
fer Lq devoir, dit M, l'Abbé Girard, dit quel-
que chofe de plus fort pour la confcience ; il tient
de la loi , la vertu nous engage à nous en acquitter.
U obligation dit quelque chofe de plus abfolu pour
la pratiqua ; elle tient de l'ufrge. Le monde ou la
bienféance exige que nous la rempliffions.Oil man-
que à un devoir , on fe difpenfe d'une obligation.
Il eft du devoir desConfeillers de fe rendre au Palais
pour remplir les fondions de leurs charges j & ils
îont dans ^obligation d'y être en robe. Il ell: du de-
voir dun Eccléfiaftique d'être vêtu modeftement ;
Pc il eft dans \ obligation de porter l'habit noir & le
rabat. Les Politiques fe font moins de peine de né-
gliger leur devoir^ que d'oublier la moindre de leurs
obligations.
D E V
Faire bien fon devoir , c'efc faire bien ce que l'on
fait , quelque chofe que ce foit. Cet homme a bien
fait fon devoir , en parlant d'un repas où il étoïc ,
fignihe , qu'il y a bien mangé. Il fait bien fon de-
voir itàh\e. Ce Capitaine , ce Soldat a bien fait Ion
devoir à cette attaque , c'eft-à- dire s'eft bien battu ,
& en brave homme.
On le dit auiîi des animaux j & même des plan-
tes. Ce cheval de volée tait bien fon devcir , c'eft-
à-dtre , tire bien ; ou ne fait pas bien fon devoir^
c'eft-à-dire , tire mal. Cet aibre fait très-bien fon
devoir. Les blés font très-bien leur devoir cette an-
née j c'eft-à-dire, rapporter beaucoup , être fore
chargé , avoir beaucoup de fruit. Liger. Cela cft
bon en ftyle de Jardinier.
Ce mot , félon da Cange , vient de dtverium j
qu'on a dit dans la baffe Latinité pour fignitîer la
même chofe.
Devoir. Terme de Collège. Penfum. C'eft ce que le
Régent donne d faire à les Ecoliers , en profe , ou en
vers , en Grec , en Latin , en François , &:c. -De-
voir, dans ce fens , fignifie non pas obligation de taire
quelque chofe , mais la chofe , ou l'ouvrage que les
Ecoliers font obligés de taire. Les Ecolieis difent.
J'ai fait mon devoir. J'ai oublie mon devoir au logis.
Je n'ai pas commencé mon devoir.
On appelle les derniers devoirs , les honneurs fu-
nèbres , les honneurs & les cérémonies qu'on tait
aux enterremens , aux pompes funèbres d^-s amis ,
des parens , ou des Princes. Jujta perjolvere.
On dit aufli j qu'un homme va rendre fes devoirs
à quelqu'un \ pour dire , qu'il le va laluer , lui
rendre vifite. Salutare. En pailant de gens tort au-
deffus de nous , on dit rendre fes refpeéts.
On dit auiîi , fe mettre en devoir ^ pour dire , té-
moigner qu'on a volonté de faiie quelque chofe , fe
mettre en poftute , en train d'exécuter , tant en bien
qu'en mal. Accingere fe ad aliquid. Il lé mit en de-
voir de le frapper j il leva la main lur lui. Il le mit
en devoir d'exécuter fes ordres.
Les Cafuiftes appellent devoir conjugal , celui que
les conjoints font obligés réciproquement de fe ren-
dre. Debitum. C'eft ainfi que s'expliquent les Ca-
fuiftes : on peut dire aulli ; mutuum conjugalis fiatàs
offidum. Ce mot eft de S. Paul. i. Cor. VU. /.
Vxori vir debitum reddat ; f militer autem & uxor
viro. C'eft de cet Apôtre que les Cafuiftes l'ont pris.
Le devoir conjug.d eft de fatisfaite à l'intention du
mariage. Les Rabbins ont réduit en taxe le devoir
conjugal, & ont prétendu qu'un payfan s'en ac-
quittoit en donnant unenuitpar femaineà fafemme;
le voituf ier & le marchand une nuit \)ar mois ; le
matelot deux nuits par an ; & qu'un homme de
Loi acquéroit le droit d'être deux ou trois ans fans
voir fa femrne : & il n'y avoir point de mari qui
fût taxé plus haut qu'à une fois la femaine. Solon ne
les taxa qu'à trois nuits par mois. Charron s'eft aulîi
mêlé de faire ces taxes.
Devoir de l'oifeau , fe dit en termes de Chaffe ,
de la portion ou curée du gibier qui eft due à l'oifeau
qui l'a pris. Acdpltri pars pr&ddi, débita.
Devoir Seigneurial. Les devoirs Seigneuriaux font
les marques de foi & hommage par lefquelles on
reconnoît quelqu'un pour fon Seigneur. Il y a des
devoirs Seigneuriaux qui ont été abolis , parce qu'ils
approchoient trop delà Souverainté; d'autres l'ontété
parce qu'ils étoient contraires à la bienféance de nos
mœurs.
On appeWe Devoir Pafchal , la Communion que
chaque Chrétien doit faire tous les ans à fa Paroillè
aux Fêtes de Pâque.
fer On appelle devoirs en Bret.igne, les droits qui
s'y lèvent pour le Roi , & lesoétroisqui appartien-
nent à une Ville fur certaines marchandifes. Il y en
a de plufieurs fortes, qu'on trouvera fous leurs
noms particuliers.
Ip" Devoir, v. a. Je dois , tu dois , il doit , nous
devons , vous deve^ j ils doivent. Je devais. Je dus.
D E V D E V 301
r^idû.Je devrai ]s devrais. Que ]Q doive. Que je' à faire un nieiïage , qu'il n'y a point d'huis qui n-j
dujfe. Etre obligé envers quelqu'un à lui payer , loir lui doive nn denier. Qui nous aoïc nous demande,
ariienr foir autre choie, à quelque litre que ce Va où tu peux , mourir où tu dois. Acad. Fr.
fou, par contrat, par obligation, &c. Dtbere. if Dûj ûe, ^zn. Dcbitus.
doit une fomme d'argent qu'il ne pourra jamais Dû. f. m. fignitie la même chofe que d'evo/r j fubftan
payer. Il faut payer ce qu'on doit. Un tel me don une
rente. Vous me deve\ un letier de blé. Cet homme
doit plus qu'il n'a vaillant. Tcrence a dit , animam
deberc.
§C7" Devoir fe dit aufli en parlant des engagemens
qui naillent des 1er vises j des bons offices qu'on a
reçus de quelqu'un , & iîgnilie, être redevable de
quelque chofe à quelqu'un. Acceptum aliquid aiicui
rejerre. Je vous dois la vie. On n'aime point à voir
ceux à qui l'on (fo.Ytrop, à qui l'on a de trop gran-
des obligations.
Je ne veux rien devoir à ceu.x qui m' ont fait naître :
Je fuis a£ei connuf^ns les jaire connoître. Cokn.
Je devrai ma grandeur eutiire à mon courage. Id.
Pour moi , par une longue & îrife expérience.
De cette iUufonfai reconnu l'abus :
Jefa.s ,fans me flatter d' unev aine apparence y
Que cejt à mes défauts que je dois mes vertus.
^3" Devoir, (îgiiifie auirictre obligea quelque chofe
par la Loi, par la coutume , par l'honnêteté, par la
bienféance. Nous devons aimer Dieu de tout notre
cœur. Un hls doit refpeift à fbn père. Un bon Ci
toyen doit obéllfance aux Loix. Un Vallal doit hom-
mage à Ion Seigneur. Un honnête homme doit tenir
fa parole.
. ifT On doit , il eft nccelTaire , il faut , dans
une lignification lynonyme. La dernière de ces ex-
prelîions , dit l'Abbé Girard j marque plus préci-
fément une obligation de complaifance, de cou
tume , ou d'intérêt perlonnel. Il Jaut hurler avec
les loups. Il Jaut luivre la mode. Il faut connoître
avant que d'aimer.
CO* La féconde marque plus particulièrement
une obligation elFencielle & indilpeniable. Il ell
necejju'rt d'aimer Dieu pour être lauvéj d'être
complaitant pour plaire.
i(Zr La première eil plus propre' à déligner une
obligation de railon ou de bienféance. On doit dans
chaque choie s'en rapporter aux maîtres tle l'art. On
doit quelquefois éviter dans le public ce qui a du
mérite dans le particulier.
ifT On fe fert encore du verbe devoir 1°. Pour
marquer qu'il y a quelque apparence qu'une chofe
eft ou fera , comme quand on du , à la vie que
mène cet homme , il doit être bien riche. 1". Pour
marquer qu'une chofe arrivera infailliblement, né-
celfairement. Tous le» hommes doivent mourir. De-
bent corpora jato. 3°. On le du de ce qu'on regarde
comme probablement vrai j comme devant (imple-
ment arriver. On doit être bien en tel endroit. Il
doit fai'e beau à la campagne. Mon correfpondant
doit avoit reçu ma lettre , ou doit la recevoir dans
peu de joins.
|fCr 4°. Il eft d'ufage pour marquer l'intention
qu'on a de faire une chofe. Comme quand je dis, je
dois aller demain .1 1.1. campagne. Je dois faire telle
cliofe. Cras iturus fum , projecllirus fum.
ffT On dit proverbialement , qu'un homme doit
à Dieu & au monde j qu'il doit par-delfus la tête ,
qu'il doit plus d'argent q.fil n'eft gros , qu'il doit
autiets & au quart j pour dire, qu'il eft noyé de
dettes. Aire aliéna obrutus. On dit , Qui a terme ,
ne doit rien \ c'eft à-dire , qu'on ne lui peut rien j
demander alors ; que qui doit a tort ; pour dire ,
qu'il faut payer , ou erre con.lamné aux dépens. On
dit d'un homme qui fait grollièrement fon devoir ,
?^u'il femble que Dieu lui en doive de refte. On ne
ait pas tout ce qu'on c'Yit. Chofe promife eft due.
Ce n'eft pas tout que devoir , il faut payer. On du
auifi d'un valet qui s'amufe , qui eft trop long-temps
tit. Aîunus , ojjuium. Les Magiftrats doivent bien
s'acquitter du dû de leur charge.
Dû , lîgnifie auilî , la chofe due. Rcs débita. Il faut
prendre quelque hypothèque ou naiitilfeinent pour la
iùreté de ion du. Ce créancier eft des derniers , il
perdra fon dû. Style de Marchands ou de Palais.
DEUxMENT. Foyei DUHMENT.
DEVOLE. f f. Terme de jeu de cartes , qui fe dit lorf-
qu'après avoir entrepris de faire jouer, on ne fait
aucune levée. Il eft oppofé à vole , qui fe dit quand
on fait toutes les levées.
DÉVOLU, UE. ad) Ce qui eft acquis par un droit de
dévolution. Ce qui paile de l'un à l'autre. Devo-
lutus. Ce droit eft dévolu à la Couronne. Cette fuc-
cellion eft dévolue à un tel par la mort d'un lubftitué.
DÉVOLU J fe dit encore d'un droit acquis à un fupé-
rieurde conférer quelque Bénéfice, quand l'inférieur
&c Collateur ordinaire a négligé de le conférer , ou
l'a conféré à une perfonne incapable. Jus dévolu-
tufn benefîcii conjerendi tanquam Ji caducum JorcC,
Quand un Patron a négligé de pourvoir à un Béné-
fice dans les fix mois , le droit eft dévolu à l'Eve-
que, de- là au Primat, &c. Le Pape a conféré ce
Bénéfice , parce que le droit lui éroit dévolu.
On dit aulîîj en termes de Palais , ce procès eft
dévolu par appel à la Cour fur un déni de Juftice,
fur une fentence infoutenable- Jus devolutum diri-
mends. , judicandd. caufét.
DÉVOLUT. f m. Provifion du Pape pour un Béné-
fice qu'on lui expofe être vacant par nullité de titre,
ou incapacité de la peribnne du Titulaire qui lepol-
fède, & laquelle le rend impétrable j fuivant les
Canons. Collatio Benefcii a fummo Pontifce Jacia ,
pro devoluto fibi illius conferendi jure , quia caducum
ejl. Tout dévolut doit erre exécuté dans l'année par
la prife de poirefiion , & l'inftance poufuivie dans
deux ans. On peut jeter un dévolut dans les trente
ans pour caufe de fimonie. Les dévoluts ne s'ob-
tiennent qu'en Cour de Rome. Le Collateur ordi-
naire peut conférer par dévolut , en cas que le Bé-
néfice foit vacant de plein droit par la nature du
crime. La claufe , aut alio quovis modo j eft une
claufe de dévolut.
M. Ménage prétend qu'il faut écrire ce mot dé-
volu fans / à la fin , quand il eft fubftantif La plupart
de nos Auteurs pratiquent le contraire, «^c écrivent
dévolut : quoi qu'il en foit , on proiionce dévolu ,
comme s'il n'y avoit point de f à la fin de ce mot.
DEVOLUTAIRE. f m. Celui qui eft pourvu d'un
Bénéfice par dévolut. Qui Benejîcium ab eo impetra-
vit , ad quemjus illud confercndi tanquam caducum
devolutum ejl. Tout impétrant de dévolut, ou Dévo-
lutaire, doit donner caution de cinq cens livres avant
que d'être reçu à plaider.
DÉVOLUTIF,'lVE. adj. Terme de Droit. Ce qui ôte
la connoilT'ance d'une affaire à un Tribunal , & la
tranfporte à un autre. Devolvens , transferens , de-
volutivus , a , um. Tout appel interjeté a un effet
fufpenfif, ou pour le moins dévolutif L'appel d'une
fentence portant cenfure n'a qu'un effet dévolutif ,
c'eft-à-dire , que, par l'appel interjeté, la connoif-
fance de la caufe eft dévolue au Tribunal du fupé-
rieur , auquel on a appelé ; mais l'appelant eft oblige
de fe foumettre provifionnellement à la i^niencz
qui le condamne , & dont il appelle. L'appel d'une
lentence a ordinairement un effet dévolutif & fuf-
penfif. Il eft dévolutif , parce qu'il porte pardevant
le Juge fupérieur la connoiftance de l'affliire , pour
favoir s'il a été bien ou mal jugé. Il eft/'^//'^'^,
parce qu'ordinairement l'appel fufpcnd 1 exécution
de la fentence , excepté dans certain cas , efquels
les fentences font exécutoires , nonobftant oppofi-
tions ou appellations quelconques, & fans préjti-i
deiinei: cd '
mais vacant
ou par le défaiu de
502. DEV
dice d'icelles \&c pour lors l'cfiec de l'appel eft ieiile-'
ment dévalua/, & noa JuJpcnJiJ.
DEVOLUTION, f. f. Terme de Jurifpriidence , eft
ce qui détère un droit à quelau'un , en le laïUant
paficr d'une perlonne à un autre. P^oje^ Dévolutif.
En matière Bénéhciale , le droit de dcvoluaun^
palfe de l'inrérieur au lupérieur. Par exemple ,;
quand le CoUaceur ordinaire néglige pendaiu lix;
mois de conférer un Bénéfice , ion droit eil dévolu;
au Métropolitain , & de degré en degré au Pape j
pour cette fois feulement. Le fupérieur , comme
i'Evcque à l'égard de l'Abbé à qui appartient la col-
lation i a fix mois pour pourvoir du jour que la de-
voluticn a lieu en ia faveur , <^ ne peut être prévenu
pendant ce temps, il n'y a que le Pape qui pré-
vient , comme étant l'Ordinaire des Ordinaires.
Le Pape a eu droit de conférer ce Bénéfice par
dévolution.
DROIT DE DÉVOLUTION, f. £ Droit acquis par fuc-
cellion de degré en degré. Jus devolucum. La dévo-
lution en général eft une défenfe faite par quelques
Coûtâmes au mari qui furvit àfi femme j ou à la
femme qui farvit à Ion mari , d'aliéner fes biens
immeubles , & qui l'oblige à les conferver pour
les enfans nés de ce mariage, enforte qu'ils y, fuc-
cèdent à l'exclufion de ceux du fécond ht. La France
a prétendu que le Duché de Biabant eft fujet au
droit de dévolution. On a foutenuau contraire, qu'en
fuppofant le Duché de Brabant fujet à ce droit, il
ne s'enfuit pas que, par la dévolution^ une fille forrie
du premier mariage doive être préférée à un fils forn
du fécond. Voyc^ Stokman.
La dévolution diffère de dévolut , ^n cç que ce
"^ la collation d'un Bénéfice rempli de fait, DEVOT _, ote.
it de droit par l'incapacité du pourvu , Dieu \ qui eft
les lettres: au lieu que la (/c-
volution eft le droit de conférer , qui appartient au
Suppérieur Eccléfiaftique , après un certain temps ,
par la négligence du CoUateur inférieur.
DEVON. f. m. Province ou Contrée d'Angleterre ,
qui a titre de Comté , & que les Anglois appel-
lent Devon-Shire. Denio. Ce pays eft borné au cou-
chant par les Comtés de Sommerfet & de Dorchef-
ter , & au levant par celui de Cornouailles. La
mer de Bretagne le baigne au midi , & le Canal
de Briftol au nord. Exceller , ou Exon , en eft la
capitale.
DÉVORANT , ANTE. adj. Qui dévore , qui confume
promptement. Confumens. Il a un feu ^fVora^r dans
les entrailles qui lui donne un continuel appétit.
On dit figurément d'un bon Chrétien , qu'il a
un zhïe dévorant , un feu divin Se dévorant ; qu'il a
un grand amour de Dieu.
On appelle. Air dévorant , \\n air extrêmement
fubtil, ik. qui eft dangereux pour les perfonnes qui
ont la poitrine délicate.
DEVOKATEUR.-f. m. Qui dévore. Forax , hdluo , - pour
gurges. Cet homme eft un dévorateur de patrimoine.
Les chicaneurs, les ufurlers font Àqs dévorateurs de
gens. Le tems eit le dévorateur de toutes chofes.
. Rien n'échappe àces aVvoAircwi'. BnNS. Ce mot n'eft
point en ufage.
Qw ne le dit proprement que des bêtes féroces qui
déchirent leur proie avec les dens. Vorare.
DEVOïvER. v. a. Les crocodiles , les tiburons dévo-
rent , avalent les hommes tout entiers. Daniel fut
jeté dans la fofTe aux lions pour être dévoré. On en-
voya un monftre marin , pour dévorer Andromède.
Ablanc.
On le ditauffi , par extenfion , des hommes. Ce
convalefcent a bon appétit , il ne mange p.as , il dé-
vore. Un goinfre, un écornilleur , dévorent , man-
gent goukiment.
DsvoRER , feditau figuré. Quand un amanr regarde
fa maîtrelTe , il l'a dévore des yeux. Un traître dont
les yeux maudits affiègent routes mes aéfions , &
dévorent tout ce que je polfède. Mol. On dit aulîi
qu'un homme a c/t'vort;' tout fon patrimoine; pour
dire , qu'il a mangé fon bien. Je iens un feu qui me
DEV
dévore; pour dire, une parficn violente. On dit
aulli , qu'un homme dévore les livres , quand il lit
beaucoup. Cet homme attend la fucceluon de Ion
oncle avec impatience , il la dcvore par avance. Il
dévore en efpérance tous mes tréfors. Vaug. Le cha-
grin me dévore. Racine. Il y a beaucoup de diffi-
cultés à c?ivorer dans toutes lesfciences, & lescom-
mencemens en font très- difficiles. Bouh. L'ufure ,
fous couleur de nourrir le pauvre , le dévore. Roy.
Dévorer un attront ; pour dire , cacher le relfenti-
ment d'un aftron't.
Rien ne peut-il charmer l'ennui qui vous dévore ?
Racine.
Amour , impitoyable Amour ,
Donne\ quelque relâche au mal qui me dévore ,
Et la nuit & le jour. Des-H.
Mais quoi! toujoursfouffrirun tourment qu elle ignore ,
1 oujoufs ytrjer des pleurs quiljaut que je dévore ?
Racinb.
Dévorer, fe dit auffi des chofes inanimées. Le feu ,
les fiammes ont dévoré tous ces beaux palais. Le
temps dévore, confume tout.
En ftyle de l'Ecriture-Sainte , &: en parlant d'un
pays , où ceux qui y demeurent ne vivent par d'or-
dinaire long-temps , on dit que c'eft une terie qui
û'dVoref^shabitans. On peut le dire,figurénient,d'une
ville où Fon eft obligé de faire de grandes dépenfes.
Dévoré , ée. part. pall. & adj. Ccr.fum^tus , ab~
l'umpsis.
adj. &'fubft. Qui fe plaît à fervir
ardent à le prier , qui eft allidu ans
Eglifes. Plus , reiigiofus. Je ne fuis point dévote ;
mais toute ma vie j'ai eu paflion de le devenir. La
C. DE. B. 6'eft un grand fcandale de -voir que les
plus dévots font d'ordinaire les moins raifonnables.
Le P. Lamy. Il n'y a rien de plus à craindre qu'un
dévot lïûiè : c'eft un animal colérique & vindicatif;
parce qu'il s'imagine que Dieu lui doit du retour ,
que la Religion eft bleilée en fa perfonne , Se que
fes fureurs font divines. MÉn. Vous reconnoilTcz
les dévots d'habitude j ou de vanité , a leur mau-
vaife humeur , à l'inégalité de leur conduite. Il faut
être dévot fans fuperftition, & fans mclancholie. S.
EvR. Le caraéfère des dévots de profeflion eft, fuf-
peét aux gens fages. lu. Souvent on ne prend le
titre de dévot , que pour fe donner le droit de cen-
furer la conduite d'autrui. Id. Ils croient que tout
leur eft permis, pourvu qu'ils aienrcle bonnes in-
tentions : erreur trop commune parmi les dévots ,qui
doivent apprendre que la vertu confifte à garder les
règles. Le Gend. '
[DÉVOT, OTE. Ce mot fe prend pour hypocrite, Sc
pour faux-dévot ; alors il eft tantôt fubftantif ,
& tantôt adjectif. C'eft un dévot : il ne faut pas
s'y fier.
Abus, s'écria-t-tl , hé devenei^ dévote!
Ne le devient-on pas à la ville , à la Cour?
iWo/ dévote ! Qui^ moi ? M'écrial-ie à mon tour ,
L'cfprit blejjé d'un terme employé d'ordinaire ,
Lorfque d'un hypocrite on parle fans détour.
Des-Houlieres.
On peut impunément pour l'intérêt du Ciel
Etre dur , fe venger , faire des injuflices :
Tout n'ejl pour les dévots que péché véniel. Ibid.
Fâche-t-on un dévot, c'efl Dieu qu'on fâche en lui.
Ibid.
Ah ! pour être dévot on n'en efl pas moins homme.
Molière.
Les femmes font appelées par S. Auguftin .''f pat
le {e\e dévot. On dit, en parlant d'une
I
l'Esjlife
D E V
femme qui eft fous la dii-eftionduneEcclcfiaftique,^
.qu'elle eft une de fes devoces. L'incroduCtion à lai
vie dévote eft de S. François de Sales. On du iro- |
niquemenc, C'eft un devoc , un mangeur de Cru-
cifix. , . , «
Il fignifie aaflî , ce qui excite à la dévotion. Chant
<ïVi'o;. Oraifon dévote. Lieu fore dévot.
Ce mot s'eft dit premièrement des femmes &
filles qui avoient fait vœu de Chafteté , quafi Deo
votx.
Faux Dévot , qu'on appelle fouvent fimplement dé-
vot, eft celui qui cache des pallions très-vives &
très-violentes fous l'apparence de la piété, f^era
pietatis fimulator. L'orgueil , l'mtérèt j la médi-
lance, l'efprit vindicatif, font le partage du /ii^/.v
divot. Ces quatre vices en font le caradtère.
DÉVOTEMENT , adv. D'une manière dévote. Pie ,
religiofè. Un Prêtre doit dire fort dévotement la
Melfe. Il mangea fort dévotement deux perdrix.
Mol.
DÉVOTIEUSEMENT , adv. C'eft la même chofe
que dévotement. Il eft vieux.
DÉVOTIEUX, EUSE , adj. C'eft la même chofe que
dévot.W eft vieux.
DÉVOTION, f f Culte de Dieu avec ardeur & fin-
cérité. Pktas , religio. La dévotion eft un atten-
drilfement du cœur , & une confolation intérieure
que fent l'ame fidèle dans l'exercice de piété. Jur.
On appelle d'ordinaire dévotion , certaines prati-
ques religieufes dont on fe fait une loi de s'acquitter
régulièrement : fi cette exactitude eft foutenue d'une
folide piété j on a raifon : autrement c'eft vanité ,
ou fuperftition. De Vill. Ce n'eft plus la beauté
qui rend une femme fière & dédaigneufe , c'eft la
dévotion. La Bru y. On ne prend les dehors de la
dévotion , que pour être en droit de réformer fon
prochain. De Vill. Les faux dévots fe dédomma-
gent des dégoiits & des règles auftères de la dévo-
yotion j en cenfurant le relie du genre humain. Bien
des gens fe font une dévotion d'humeur & de na-
turel, & fervent Dieu, comme il leur plaît, &
non pas comme il l'ordonne. Flsch. La dévotion eft
une palîion chez quelques femmes ; c'eft une bien-
féance de l'âge , ou une mode qu'il faut luivre.
La Bruy. Loin d'ici cette dévotion vaine & frivole ,
qui , voulant accommoder Dieu avec le monde ,
donne à Dieu quelques exercices d'un culte exté-
rieur , &: laifte vivre au dedans les defirs & les
affections du fiècle. FlÉch. Il y a une efpèce de dé-
votion févcre & mifantrope qui augure mal de fon
prochain , &: damne par charité le refte du genre
humain.
§CT Si le mot de Religion peut être confidéré
comme iynonyme avec dévotion , ce ne peut être
qu'autant qu'il eft pris dans un fens formel, qui mar-
que une qualité de l'ame &c une difpofition de
cœur à l'égard de Dieu. Cette difpofition fait fim-
plement qu'on ne manque point à l'Être fuprcme.
La piété fait qu'on s'en acquitte avec plus de
refped Se plus de zèle. La dévotion ajoute un ex
tcrieur plus compofé. Syn. Fr.
^3" Les gens du monde fe contentent d'avoir de
la Religion. La piété convient à ceux qui fe piquent
de vertu. La dévotion eft le partage des gens entiè
rement retirés. La Religion eft plus dans le cœur
qu'elle ne paroît au dehors. La piété eft dans le
cœur , & paroît au dehors. La dévotion paroît quel
quefoit au dehors , fans être dans le cœur. Point
de dévotion fans attachement au culte des Autels.
f^oyei Religion 5c Pieté.
DÉVOTION , fe dit aulTi d'un culte j ou cérémonie par-
ticulière. PecuUaris quddam fancli alicujus aut céré-
monie facrt vencTiitio y cuitus. Les bons Chrétiens
ont une dévotion particulière à la Vierge. Il y a une
dévotion à un tel Sainte à une telle Eglife, un tel
jour , une dévotion au Calvaire , au Rofaire , au
Scapulaire. Les livres de dévotion font des livres
Spirituels. On fait tous les ans un Almanach de dé-
votion , ou font nurquées toutes les Fêtes & les In-
DEV 503
dulgences de chaque jour. Un Pèlerinage de dé-
votion.
On dit au pluriel , Faire îz^dcvotions • pour dire ,
Communier , recevoir les Sacremens de la Pénitence
& de l'Euchariftie. Sacra myjleria ufurpare.
DÉYOTioN , fignifie aulfi un dévouement entier au
fervice de quelqu'un j une difpofition à faire fa
volonté. Habere aliquem deditum , objlriclum fibi , ou
<r//e alicui deditum j objlriclum. Il gagnera fon procès :
la plupart des Juges font à fa dévotion. Il faut crain-
dre ceux qui ont toujours des fcélcrats à leur dévo'
tion. On lui manda que la ville étoit à fa dévo'
tion. Ablanc. Les Bradtiens étoient à leur dévotion,
Vaug.
On dit , en proverbe , l'ofîrande eft à dévotion j
pour dire , qu'on donnera tant & fî peu qu'on vou-
dra. Il n'eft telle dévotion que des jeunes Prêtres j
pour dire , qu'on fait les chofes avec un grand zèle ,
quand on entre en quelque charge , en quelque
profeflion. On dit aullî qu'on attend quelqu'un en
bonne dévotion j pour dire , qu'on eft difpofé à le
bien recevoir , à fe bien rejouir avec lui.
|K? DEVOUEMENT, f m. Devotio Jedlcatio. Ce mot
fignifie la difpofition dans laquelle on eft d'obéir à
quelqu'un en tout.
IJCT On dit du dévouement , qu'il eft fans réferve.
Il eft difficile de plaire aux Princes , fans un entier
dévouement. M. l'Abbé Girard. Syn. La profelîion
monaftique eft un entier dévouement au fervice de
Dieu. Le Prince marqua qu'il mouroit content :
trop heureux d'avoir témoigné au Roi fa reconnoit-
fance , eft fon dévouement. Boss. Voye:{^ Attachb-
MKNT & Attache.
^3" L'un nous unit à ce que nouseftimons. L'autre
nous lie à ce que nous aimons. Le troifième nous
foumet à la volonté de ceux que nous délirons fervir.
Il marque de la docilité & du refpedl. Il appartient
au langage du Courtifan. La palîion la plus déli-
cate du temps eft de fe dévouer aux perfonnes donc
on attend fa fortune.
^fT Dévouement. Terme d'Hiftoire Ancienne. Ac-
tion du frcrifice de fa vie pour le falut de la patrie.
L'Fiiftoire nous fournit plulieux exemples de ces for-
tes de dévouemens. C'étoit une cérémonie religieufe
ufitée chez les Anciens , particulièrement chez les
Romains , par laquelle un citoyen s'offroit volon-
tairement aux Divinités infernales , pour faire re-
tomber fur fa tête les malheurs dont la république
étoit menacée. Le dévouement de Codrus , celui de
Decius père & fils , font célèbres dans l'Hiftoire.
DÉVOUER. V. n. palT. Se donner entièrement à quel-
qu'un , fe facrifier pour lui , fe confacrer. Devovere.
fe J confecrare , addicere. Cet homme eft entière-
ment dévoué à un tel Prince.
Tous fes amis pour lui prêts à fe dévouer.
Racine.
Les Courtifans dévoués à la faveur ne font que ce
qui eft agréable au Roi &c aux Miniftres. Les grands
hommes fe font dévoués à la gloire. Ablanc. Un
bon Chrétien eft entièrement dévoué à Dieu. Les
' Religieux & Religieufes fe dévouent à Dieu d'une
manière plus parfaite. Autrefois toutes les perfonnes
d'une famille mariée fe dévouaient avec tout leuc
bien au fervice d'un Couvent , & s'en rendoient ferfs
& efclaves : &: quand ils en palToient le contrat , ils
lioient à leur cou une corde des cloches , pour mon-
trer qu'ils ne manqueroient pas defe trouver à l'E-
glife au premier fignal.
Pour vous rendre à jamais des honneurs irrimor^
Tels ,
J* vais me dévouer à vosfacrés Autels. -
L'Abbé Tétu.
Ce mot vient de devotare. Ménage.
Dévouer , fe dit aufti d'une cérémonie qui fe faifoic
chez les Romains , quand un homme fe facrifioit
;o4
DE V
pouE la patrie , comme fit Dccius , qui après s'être
dcvoué , fe jeta à travers les ennemis j où il hu tué.
Devoverefc. Les Dccius, qui le dévouèrent t^oxxz l'in-
térêt d'une iociété dont ils alloient n'être plus , me
fembleiit de vrais fanatiques. S. EvR. Dès le lende-
main qu'on eut donné à Odtavien le nom d'Augufte ,
Pacuve , Tribun du peuple , commença à dire qu'il
fe vouloir dévouer <!>: confacrer à lui j comme cela
fe faifoit parmi les barbares , pour lui obéir aux dé-
pens même de fa vie, quoiqu'il lui pût commander.
Son exemple fut aullitôt fuivi de tous les autres j
& la coutume s'établit enfin, qu'on n'alloit point
faluer les Empereurs fans dire qu'on leur étoit ^c-
votte. Augufte , faifant femblantde s'oppofer à cette
lâche &: infâme Batterie , ne lailfa pas d'en recom-
penfer l'Auteur. Tillem.
Il eft aulîi aèl:if II a dévoué fes enfans au fervice
de la patrie , au fervice du Prince. Confacrer , don-
ner fans réferve.
DÉVOUÉ , ÉE. part. Se adj. Devotus , confccratus , ad-
diclus , objinclus , dcditus.
DÉ VOULOIR. V. a. Celferde vouloir. A vokndo rem
aliquam abfiinere. Malherbe en eft l'inventeur. Ileft
fort commode & fort fignificatif , & il feroit.x fou-
haitcr qu'il fût en ufage : mais il ne s'eft point établi.
Vaug.
DEVOYER. V. a. Détourner de la voie , du chemin.
Se dévoyer , fortir delà voie, s'égarer du droit che-
min. ^ viiz a/ierra/e. C'eftune œuvre de charité de
remettre dans le bon chemin ceux qui fe font dé-
voyés. Les Ouvriers difent aulli j Dévoyer une ligne
lin tuyau de cheminée, un tenon ou autres pièces d'af-
femblage de leur à-plombj ce qui fe fait quand on les
détourne hors de la ligne Aïo\x.Q.Dedinare,obHquare.
Ce mot eft un compoié de voie , comme qui diroit
hors de la voie. On ne s'en fert plus dans le bon ftyle;
en fa place on dit Egarer.
DÉVOYER , fe dit plus ordinairement, au figuré , des
Hérétiques qui fe font féparésde l'Eglife, qui font
fortis de la bonne voie. Aherrare j errare. Il faut
tâcher de ramener dans ia voie du falut ceux qui s'en
font dévoyés. Il eft mieux de dire égarés.
Devoyep., en Médecine, fe dit pour marquer l'ePec
ordinaire des indigeftions. Refolvere. Les raidns éi<
autres fruits cruds dévoient les eftomacs foibles.
DÉVOYÉ , ÉE. part. palT. & adj. Il a les fignif cations
de fou verbe. On appelle , en termes de maçonnerie,
un tuyau dévoyé un tuyau de cheminée , qui , après
avoir monté verticalement , fe détourne de fa ligne
droite. Ac. Fr. 1740.
Ce mot ûffiVqye vient du mot Latin deviare , qui
fîgnifie la même chofe , c'eft-à-dire, félon l'étymo-
logie , mettre hors de la voie.
DEUSDEDIT. f. m. Nom propre d'homme , compolé
de deux mots Latins j Deus , Dieu j & dédit , a
donné , & qui eft la même chofe queNathanaci en
Lîébreu , & Donnadieu en François. Deufde;lti.
Nous confervons ce mot en notre langue pour les
Anciens qui l'ont porté j & nous difons iort bien
S. Deufdedit , Pape , étoit Romain ; il fuccéda à
Boniface IV^ le 13 Nov. 614, & mourut le 8
Nov. 617. Deufdedit , Cardinal, qui vivoit dans
le Xl"^ fiède , dédia à Victor III une colle(5tion de?
Canons qu'il fit. Il eft encore Auteur d'un Traité Ds '
privilégias Rom.fedis.
DELTSEN. f m. Ville d'Afrique , dans la Province de ]
Zeb , audéfert de Numidie. Elle eft ancienne , & j
a été bâtie par les Romains fur les confins du Royau- ,
me de Bugie. i
DEUTÉROCANONIQUE. Terme dogmatique de
Théologie. Livre facré de l'Ecriture qui a été mis plus
tard que les autres dans le Canon, foit parce qu'il
a été écrit après que les autres y étoient déjà , foit
parce qu'il y a eu quelque doute de fa canonicité.
Deuterocanoniius. Les Juifs reconnoKTent , dans leur
Canon, des livres qui n'y ont été mis qu'après les
autres. Ils difent que.fous Efdras,une grande airem-
bléede leurs Doéieurs , qu'ils appellent par excel-
lence la Grande SyUvigogue , fit le recueil des Livres .
D E V
faintsque nous avons encore aujourd'hui dans l'an-
cien Teftament Hébreu ;&: il eftbien certain qu'elle
y mit des livres qui n'y étoient point avant la cap-
tivité de Babylone , comme ceux de Daniel , d'Ezé-
chiel , d'Aggée , Sec. & ceux d'Efdras & de Néhé-
mias. De même lEglife en a mis quelques-uns dans
le Canon qui ne iont point dans celui des Juifs , Se
qui n'ont pu y être , puifque plufieurs n'ont été
compofés que depuis le Canon fait du temps d'Ef-
dras j la Sagefle , l'Eccléfiaftique , les Machabces.
D'autres n'y ont pas été mis fitôt , parce que l'E-
glife n'avoir point encore examiné leur canonicité :
ainfi, jufqu'ài^on Examen & fon Jugement, on a
pu en doutert Mais , depuis qu'elle a prononcé fur
la canonicité de ces livres , ou de ces parties de li-
vres de l'Ecriture , il n'eft pas plus permis d'en dou-
ter , qu'il ne fut permis aux Juifs de douter de ceux
du Canon d'Eldras ; 6c les Deuterocanoniques ne
font pas moins canoniques que les Protocanoniques, ,
puifque la feule difrércnce qu'il y a entre les uns&:
les autres , c'eft que la canonicité de ceux-là n'a pas
été reconnue généralement , & qu'elle n'a pas été
examinée & décidée par l'Eglife , fitôt que celle des
autres.
Les Livres Deuterocanoniques Çom , le livre d'Ef-
ther , ou tout entier , ou puurle moins les fept der-
niers chapitres de ce livre ; Tobie , Judith , le li-
vre de la Sagelfe , TEccléfiaftique , Baruch , les deux
livres des Machabéesj l'Epitre aux Hébreux, celle
de S. Jacques , & celle de S. Jude j la féconde de
S. Pierre , la féconde Se la troifième de S.Jean, avec
fon Apocalypfe. Les parties Deuterocanoniques de li-
vres font dans Daniel , l'Hymne destrois enfans &
l'Oraifon d'Azarie , les Hiftoires de Sufanne , de
Bel & du Dragon ; le dernier chapitre de S. Marc ;
la Sueur de fang , & l'Apparition de l'Ange racon-
tées en S. Luc j C. XXII. l'Hiftoire de la Femme
adultère en S. Jean , C. VIII. Foye^ l'Œconomia
Bibliorum d'Ederus , p. 1 9- B. Michaêl de Médina.
DeReclâ in Deumjide , L. Kl, C. 10. Serarius Pro'
legom. C. 7. Bonfrerius Pr&loq. C. j. Ménochius Pro-
leg. C.7.
Ce mot eft Grec & compofé de AEuVsçcf , fécond ^
Se Ktf»o»ixW, Canonique , parce que ces livres ne font
que les féconds Canoniques , les autres l'ayant été
avant ceux-ci j ce qui ne fignifie pas qu'ils aient
moins d'autorité. '
DEUTERONOME. f. m. L'un des Livres Sacrés qui
compofentlecorps des Saintes Ecritutes , qu'onap-
pelle autrement la Bible , le cinquième de ceux de
l'ancien Teftament, Se le dernier de ceux que Mpife
fit. Deuteronorrùvm. Il ne paroît pas que Moife eût
diftingué ce qu'il écrivit en diftérens livres , & qu'il
eût donné diftérens titres , ou diftérens noms aux
parries de fon ouvrage. Encore aujourd'hui les Juifs
'ne diftinguent point, comme nous , dans les exem-
plaires dont ils fe fervent dans leurs Synagogues,
& l'écrivent tout de fuite , comme un feul ouvrage j
fans autre diftindion que celles des parafches peti-
tes S<. grandes. Dans les autres exemplaires qui fonc
à l'ufage des particuliers , à la vérité ils les diftin-
guent en cinq parties, comme nous; mais ils ne leur
donnent point d'autre nom que les premiers mots
par où commence chaque divifion , à peu près com-
me en citant un décret, ou un chapitre du Droit
Canon , nous les nommononsou nous les défignons
par les premiers mots par lefquels ils commencent.
Ainfi les Juifs appellent la première partie de l'ou-
vrage de Moife n'iû'xnn Bercfchit , parce qu'elle com-
mence par cette diction. De même la féconde »
IOï; n^Nin ; Fe ellek Sckemof^Lz troifième^»^p'1 j
Vafichrah \ la quitrième I^TI , Fajiedabber ; la cin-
quième an^in nSx ^ Elleh haddeharim , qui en font
les premiers mots. Cet ufige eft très-ancien parmi
les Rabbins , comme il paroît par les anci-^^ns Com-
mentaires furces livres , appelés nm JT^Xia , Beref-
chitBabba , H^T nit3ï; n'^KI Veelleh fchemot Rabba,
&CC. & par le Prologus Galeatus de S. Jérôme. Ce
furent les Septante qui , quand ils firent leur tra-
dudion
D E V
auà'ion de la Loi , donnèrent aux cinq paities dans
leiquelles elle étoit divilce les noms de Genefej
Exode j Lévuique, Nombre & UeuuroKome. Ces
noms en etietlont Grecs , à celui de Lévitique près,
qui eft Hébreu ; mais dans la forme Grecque ils ex-
priment ce que contiennent ces livres , ou du
moins la choie la plus remarquable qui y ell conte-
nue.
Le Deutéronome , dont il s'agit ici , fut aind nom-
mé , parce que cette dernière partie de l'ouvrage
de Aloife comprend la répétition , la récapitula-
tion que ce Légillateur lit aux Uraclites , avant que
de mourir , de la Loi qu'il leur avoir donnée. Ceft
pout cela que le Deucéronome s'appelle encore pai
les Rabbins HTOa , Al'fck - nch Répétition ; rmn
reï'a , ïicpetltLon de la Loi yjeconde Loi. Ils le nom-
ment encore mrtDW 13D _, le Livre des Répriman-
des, à caufe du Chapitre XXXVIIIe. qui eft plein
des bénédiétions que Dieu leur promet s'ils gardent
la loi , & des malédictions dont il les menace s'ils
la tranfgrellent , & que pour cela ils appellent
mriJin IID , Seder Tochj.hhuv^ le Chapitre des Ré
primandes. Le Deutéronome fut fait la quarantième
année depuis la fortie d'Egypte , dms les campa-
gnes des Moabites , au-delà du Jourdain. Exprel-
lîon équivoque qui a fait douter ii Moiie étoit véri-
tablement l'auteur de ce livre j puifqu'il eft certain
qu'il n'a jamais palTc ce fleuve. Mais les interprè-
tes répondent que l'exprellion qu'on a traduite pai
ces mots au-delà j lignifie également en-deçà. Moïle
étoit alors dans fa iioe. année. Le Deutéronome
contient en Hébreu onze parafches ou dix feule-
ment , félon la Bible des Rabbins , édition de
Venife , zy Chapittes & 955. Verfets. Dans les
Verfions Grecques & les Latines il a XXXIV Chapi
très. Le dernier n'eft pas de Moi'fe. Quelques-uns
difent qu'il fut ajouté par Jofué ou par Efdras im-
médiatement après la mort de Moife. Ceft le fen-
timent le plus vraifemblable , ou plutôt c'eft le
commencement du livre de Jolué , comme il eft
aifé de s'en convaincre en comparant le premier
verfet du livre de Jofué , félon la divihon préfente,
avec le dernier verfet du Deutéronome. De forte'
que la difficulté tirée de la defcription de la mort
de Moife , qui fe trouve à la hn du Deutéronome ,
difparoît, quand on fait attention qu'elle ne fe
trouve là, que par la faute de ceux qui ont fait
la divifion de ce livre d'avec celui de Jofué , qui
y étoit joint anciennement fans aucune divifion.
Ainh ce morceau du Deutéronome où la mort de
Moife eft décrite appartient réellement au livre de
Jofué.
Ce nom eft Grec , compofé de ^ÙTifoç , fécond ,
& t=«o? J Loi ; & on l'a donné à cette pattie de l'ou-
vrage de i*4oife , pour la raifon que nous avons
dite ci-delTus.
§Cr DEUTÉROPATipUE. Terme de Médecine ,
adj. de t. g. dérivé du Grec hirtfci , fécond , &
^:sôaf, maladie. Ainfi ce mot fignihe proprement,
maladie fecondaire j c'eft-à-dire, qui eft la fuite ou
l'effet d'une maladie précédente. C'eft l'oppofé de
Protopathique.
DEUVE. f. f. Etoffe de foie. C'eft une efpèce de fa-
tinade ou d'oftade.
DEVUIDE. Terme de Billard. Faire devuide , fe dit
à la guerre, lorfque le joueur ne lailfe aucune bille
fur le tapis, pas même la lienne ; ou bien, lorf-
quil fait fauter fa propre bille ou qu'il la met dans
la beloufe , quoique celle de fon adverfaire rcfte
fur le tapis. Celui qui fait devuide paie deux mar-
ques à celui fur lequel il fait devuide.
DEUX. f. m. Nom du nombre qui fuit l'unité , & qui
eft la première puilT-ince qui commence les multi-
plications. Duo. Fendre en deux , c'eft divifer par
la moitié. Bijariam.
Deux frères jumeaux. Gemelli. Regarder entre
deux yeux'; pour dire , fixemcnr. Defigere oculos. L^ne
poire à deux têtes. P; rum biceps. Les trois angles d'un
irianglé font égaux à deux droits. Cela eft certain
Tojne LU,
DEV yos
comme deux & deux font quatte. Ils font à deux
de jeu ; pour dire j Ils n'ont point d'avantage l'un
fur l'autre: phrafe tirée du jeu de paume j où l'on
compte à deux , quand on a gagné un nombre égal
de coups ou de jeux. Pares. On dit à la boule j II
porte les deux ; pour dire , Il a deux coups a jouer;
Duahus panibus jungitur , duorum partes fujtinet :
& d'un Cavalier qui s'enfuit , qu'il donne des deux 5
pour dire , des deux éperons.
Je me vois en rafe campagne ,
Dominant fur tout l'honjon :
Je pique des deux mon grifon j
Et crois voler fur un Pegafe j
Comme un autre Bellérophon. P. Du Cerc.
On dit aullî au jeu , porter fes deux ; pour dire^
Jouer feul contre deux. Il fe du aulli figurémentj
pour direj Exercer (/t;,!^.v fonéiions différences.
ifT Deux & un. On le dit en termes de Blafon ,
pour dire, deux en chef & un en pointe. Il y a dans
l'écu de France trois fleurs de lis , deux & un.
On dit au Triitrac , Doulle deux , quand on
amène un doublet de deux. Et aux trois dès , on
dit , Rafle de deux , quand chacun des trois dès eft
fur le point de deux. Après la virgule il faut mettre
les deux points. Le deux fe marque en chiffre Ro-
main ainfi , II , & en chiffre Arabe ainfi , 2.
Deux. f. m. Le nombre de deux étoit regardé chez
les Romains comme de mauvais augure , & de tous
les nombre le plus malheureux. Etj comme tous les
mauvais augures croient conficrés à Pluton , les Ro-
mains lui avoient dédié le fécond mois de l'année
& le fécond jour de chaque mois.
Deux. f. m. En termes de Chalfeur, on appelle du
deux J une forte de petit plomb à tirer moins gros
que celui qu'on appelle de \'un , &c plus gros que
celui qu'on nomme du trois. Les tireurs chargent
leurs fuhls avec du deux , lorfqu'ils vont chalfer le
lièvre. On dit acheter du deux , charger aveè du
deux , ce lièvre a été tué avec du deux.
On dit, proverbialement, Marcher deux à deuXy
comme Frères Mineurs. Cela eft fait comme deux
œuis. Deux chapons de rente , l'un gras & l'autre
maigre. On dit aufli , je ne vous en ferai pas à deux
fois. ScAR.
DEUX-AMANS. Prieuré de Chanoines Réguliers,
iitué fur la cime d'une haute montagne, entre la rive
droite de la Seine & la rive gauche de l'Andèle ,
au confluent de ces deux rivières dans le Diocèfe de
Rouen. Defcription Géographique & Hiforique de la.
Haute-Normandie , Tom. 11 ^ pag. 351.
DEUXIÈME, adj. m. & f numéral. Qui fuit le pre-
mier , qui eft au fécond rang. Secundus. Ce far ai-
moit mieux être le premier au village , que d'être
le deuxième à Rome.
DEUXIÈMEMENT, adv. En fécond lieu. Secundo,
DEUX-PONTS^ f. m. & pi. Ville d'Allemagne ^ ca-
pitale du Duché àè Deux-Ponts J Bipontium. Elle
eft du Cercle Eleétoral du Rhin. Mary fait ce nom
féminin. Deux-Ponts , dit-il , eft alfez bien bâtie
& défendue par un Château affez fort, où les Ducs de
£>e:/.v-Po«« faifoient autrefois leur réfidence. Il fal-
loir dire la Ville de Z)t«.v-Po/?rj. Elle eft fituée au con-
fluent de deux petites rivières, fur chacune defquel-
les il y avoir apparemment un pont , d'où la ville
a pris ce nom , pour le donner enfuite au Duciié
dont elle eft capitale.
Le Duché de Deux-Ponts , petit Etat du Cercla
du Bas Rhin en Allemagne. Bipontinus Ducatus. Il
eft dans les montagnes de \'ôge , borné au couchant
par la Lorraine & par le Comté de Sarbruck , au
midi par l'Alfice , & des deux autres côrés par le
Palatinat du Rhin. La France s'empara du Duché
de Deux-Ponts après la mort du dernier Duc ;
mais en 1(^95 , il fut rendu au Roi de Suéde , qui
eft de la Maifon de Deux-Ports. Maty.
DEUX-TESTES. Nom d'une efpèce de Poire. La deux-
Qq
3o6 D E X
tctes , la double fleur. La Quint. On dit plus ordi-
nairement poire à (icuX'tius. Pyrurn biceps,
D E X
DEX. f. m. Mot du vieux langage , qui a été dit pour
Dieu. On difoit aulli Diex.
Dex. Terme de Coutumes. C'eft un mot du langage
Touloulain. Il paroît par le texte des Auteurs qui
l'emploient qu'il fignirie ZwwVejj étendue ^ dijtnct ,
junJdicÏLon. Le dex de Touloufe.
Quelques Auteurs conjecturent que le mot de dex^
qui veut dire dix dans le Languedoc , a été em-
ployé pour fignifier étendue de jurifdidion , parce
que celle de Touloufe s'crendoit dans un certain
efpace qui fe mefuroit par dix , comme celles d'An-
gers & de quelques villes de Poitou ont été appel-
lées Quintes , du nombre de cinq , & celles de Bour-
ges Se Haine , du nombre de fept. Ces dix j ces
cinq j & ces fept étoient , ou des lieues , ou des
milles , ou quelque autre melure femblable.
DEX-AIE. Cri de guerre des Normans.
François crie ^Montjoie \ & Normans. Dex-aïe.
Vace j dit le Clerc de Caen , dans fon Roman de
Normandie.
ifT DHXICRÉONTE.Surnomdonné à Vénus à caufe
d'un certain Dexicréon. , qui expia par des lacrifices
les crimes des femmes de Samos , qui s'étoient
abandonnées à la débauche : ou plutôt d'un autre
Dexicréon , Capitaijie de Navire, qui, ayant amalfé
de grands" biens à vendre aux matelots & aux paf-
fagers de l'eau douce , que Vénus lui avoir donné
ordre de charger, fit élever une Sratueà cette Déelfe,
qu'il appela de fon nom Dexicréonte. Cœlius Rhod.
DEXTANS. Mot Latin, terme d'Antiquaire. J^oy. AS.
DEXTERITE, f. f. AdrelFe à faire quelque ouvrage
de la main. Dexteritas j folertia. Il faut une mer-
veilleufe dextérité à enchalfer des diamans , à faire
les chaînes des montres.
^CT Dextérité , fe dit aullî, figurément , & ce mot
emploie dans ce dernier fens, aulli- bien que dans
la fignification propre , a un rapport direéb à la ma-
nière d'exécuter les chofes ; l'adrejje en a davanta
ge aux moyens de l'exécution , &: l'habileté regarde
plus le difcernement des chofes mêmes. La premiè-
re met en ufage ce que la féconde diète , fuivant
le plan de la troiiième.
§cr Pour former un gouvernement avantageux , il
■ faut de yiiabileté dans le Prince ou dans fes Miniftres;
de ïudreife dans ceux à qui l'on confie la manœu-
vre du détail & de la dextérité duns ceux à qui l'on
commet l'exécution des ordres.
fer Avec un peu de talent & beaucoup d'habi-
tude à traiter les affaires j on acquiert de la dexté-
rité à. les manier; de Vadrejfe pour leur donner le
tour qu'on veut, & de l'habileté pour les conduire.
fer Lo. dextérité donns un air aifé & répand des
grâces dans l'adbion. VadreJJe fait opérer avec art &
d'un air fin. L'habileté fait travailler d'un air enten-
du & favant.
§3" Savoir couper à table & fervir fes convives
avec dextérité \ mener une intrigue avec adrejfe ;
avoir quelque habileté dans les jeux de commerce
& dans la Mufique-, voilà j avec un peu de jargon ,
fur quoi roule aujourd'hui le mérite de nos aimables
gens. M. l'Abbé Girard Svn. Foye^ Adresse &
Habileté.
tCTDEXTRE.f. f. Dextra. Vieux mot. La main
droite. Affis à la dextre de Dieu , à la dextre du
Tout-Puiffant j à la dextre du Père. Ac. Fr.
Receve:^ ce placée que ma main vous préfente j
Et, -d'une dextre bienfaifante ^
Mettez au bas ces mots exquis :
Soit fait ainjl qu'il eft requis. R.
§Cï*Dextre. adj. Dexterum% Qui appartient au côté
DEX DGE D;HA DI DIA
droit. En termes de Blafon l'on dit du côté dextre
Scjénejlre. Dextre ne le dit point dans l'ufage ordi-
naire.
DEXTREMENT. adv. D'une manière adroite. Il faut
manier bien dextrement ces cryllaux , de peur de les
caffer. Un Peintre peignit u\\ rideau fi dextrement^
qu'on s'avifa de le tirer. Abl. Solerter. Ce mot n'eft
plus en ufage que dans le ftyle marotique. En fa
place on dit adroitement.
. . . . O Laverne facrée !
O des Larrons Décjje révérée y
Toi qu'à Bayeux implore le Normand,
apprends-moi l'art de f/owz^er dextrement. R.
DEXTRIBORD. Terme de Marine. Le côté droit du
vailFeau. C'eft le même que Stribord. Pars navis
dextera.
DEXTROCHÉRE ou DESTROCHÈRE. f m. Ter-
me de Blafon, qui fe dit du bras droit qui eft peint
dans un Ecu tantôt tout nud , tantôt habillé ou gar-
ni d'un fanon , Se quelquefois armé , ou tenant
quelque meuble , ou pièce dont on fert dans les
Armoiries. On met quelquefois le dextrochére en
cimier.
Ce mot vient de dextrocherium Latin , qui figni-
fîoit un bracelet qu'on portoit au poignet droit ,
& dont il eft parlé dans les Aéles du martyre de
Sainte Agnès , & dans la vie de l'Empereur Maxi-
min. Cet ornement étoit commun , tant aux hom-
mes qu'aux femmes , & s'eft aulli appelé brachiale ,
torquis , armilla. Du Cang,
DEY. Foye- DAY.
DEZIZE. f f. Petite ville d'Egypte , voifine du Cai-
re , à une lieue du quartier des Francs. Long. 49.
d. 10'. lat. 28. d. 54'.
DGE.
DGEZHAITCHL f. m. Terme de Relations. Les
Dgeihaitchis font le fécond corps des troupes de
la Maifon du Roi de Perfe : ils font la garde dans
la Salle intérieure du Palais , comme les Gardes-du-
Corps en France : ils font quatre mille hommes en
tout : celui qui les commande eft le Toptchi , ou
Grand Maître de l'Artillerie.
DGIANAD. f. m. Ville de l'Arabie heureufe , au
nord de Tyz.
D H A.
DHAFAR. f. m. Ville de l'Iemen , où de l'Arabie
heureufe , fituée fur le Nangeran j environ à dou-
ze lieues de la côte ; ou, félon M. d'Herbelot , au
fond d'un Golfe , formé par la mer Ethiopienne-
qui borne l'Arabie du côté du Sud.
D I.
DI. Particule inféparable de quelques mots François,
auxquels , pour l'ordinaire elle donne une lignifi-
cation plus étendue , comme, diriger, divaguer y
difperfer , (dans ce inot ïs qui eft après </-:' appar-
tient à la féconde fyllabe ) diffimuler , dijfoudre y
difequer : dans ces mots on ajoute une .ï après di^
parce que le mot fimple commence par une s. Dif-
Jus prend une /^après di , & l'ajoute au mot fimple
dont il tire fon origine, comme diffimuler, &c les
autres mots qu'on vient de rapporter , ajoutent une
s 3. leur fimple. diffamer, difficulté , difforme, ont
deux^pour la même raifon , ou parce que \s de
la prépofition dis fe charge en_/ devant une autre
f. Foye-;^ la Grammaire Françoife de M. l'Abbé
Régnier.
D I A.
DIA. Terme populaire dont fe fervent les Charriera
pour faire aller leurs chevaux à droite, comme ils
D î A
fe fervent de huhe on luir-h;ui , ou huho , poiules
faire dctourner à i^aiiche. Dextra , dcxtrorjum.
On dit, proverbialemen:, Il n'entend ni à hahe^
ni à dia ; ou bienj II n'entend ni à dïa , ni à hur-h.au\
pour dire , C'e(t un homme à qui l'on ne peut faire
entendre raifon. On dit audi, proverbialement j de
deux perfonnçs qui , étant chargées d'une affaire ,
la conduifent par des voies oppolées , que l'un tire
à dia , & l'autre d hur-hau.
Dia, eft le commencement de plufieurs termes de
Médecine , de Chirurgie j de Pharmacie. Dans les
mots où ces trois lettres commencent le nom d un
remède, d'un onguent , d'un emplâtre, d'un cata-
plalme, &c. elles marquent conipqfùion , mésange ,
comme dans Diapalme j dlackylon , &:c. Voyez ces
mots. JDia eft encore le commencement de plulieurs
mots , tant des Arts & des Sciences , que de l'ula-
ge ordinaire, comme diamètre, dialogue j Diacre ,
&c. Dans tous ces mots Dia j qui ell prépodtion
ou particule inféparable , vient de ^m, qui com-
mence les mêmes mots en Grec. Il y a des mots où
dia n'eft point une prépofition prife d'une langue
étrangère , quoique ces mots viennent ou pullfcnt
venir d'une langue étrangère , comme diamant ,
Diane , diantre.
DIA , ou DIE. f. f. Nom d'une faulTe Divinité des
Anciens. Dia. La Déelfe Dia étoit honorée chez
les Sicyoniens & chez les Philiafiens. Elle étoit aulfi
connue & honorée des Romains , comme il paroît
par le fragment des infcnptions des frères Arvales,
qui fe voit dans Gruter , p^ CXVII, & fuiv. où elle
ett nommée De A Dia ^ cinq fois , p. CXX & CXXI.
On y voit que les hères Arvales lui font des iacti-
fices folemnels, qu'elle avoir un bois facré proche
de Rome j qu'il étoit lur le chemin , ou Campagne
«l'Italie, f^id Campanâ^ à cmc] ftades de Rome.,
apud lap. K. que les arbres de ce bois ayant été
frappés de la [oudre j on y lit des luftrations &
des ficrifices pour purger le heu j & qu'on en plan-
ta d'autres. Par une autre infcription rapportée au
même endroit , pag. CXXIV , on connoît en-
core qu'il y avoir un temple , ou une falle ,
un portique, peut-être un dôme foutenu de qua-
tre colonnes , Tetrafiylon , où les Prêtres s'alîem-
bloient , & où ils fe feyoient tic tenoient leurs af-
femblées.
Quelques-uns de nos Auteurs prétendent que la
Déeîîe Dia fut aulii honorée en Gaule \ qu elle le
fut fur-tout des Vocontiens , qui l'adoroient par-
culièrement dans leur ville principale , qui pour cette
raifon fut appelée Dia Vocontïorum y & qui eft au-
jourd'hui Die en Dauphiné , dont le nom s'eft for-
mé de Dia : mais il y a d'autres raifons de ce nom
comme on le peut voir ci-deffbus au mot Die. Ils
appuient cette opinion fut ce que l'on trouva , il y a
quelques années, à Die, une infcription d'un frcrilice
d'un bœuf fait à la Mère des Dieux , Matri Deum
magnx. Idedt. Ils ajoutent que l'on voit à Die , fur
l'une des portes qui refteni de l'ancienne ville , une
tête de bœuf fur la clef de la voûte au-dedans de la
ville ; & qu'il y a encore plulieurs bas-reliefs dans la
même ville , ou font repréfcntées des têtes de bœufs
& de moutons avec des inftrumens pour la culture
de la terre. Tout cela rend la conjecture alfez plau-
fible.
Du refte on ne fait quelle étoit la Déciïe Dia.
Quelques-uns difent quec'étoit Hébé , Déeffe de la
Jeuneffe. Je n'en vois point les raifons. Un Doéfeur
en Droit deBâlej nommé Sébaftien Fefch , habile
Antiquaire , prétend que Dia eft la même qu'Ops,
ou Cybèle. Sa conjeéture eft fondée, fur ce que
Cybèle & Saturne fon mari palToient pour les in-
venteurs de la culture de la terre & des fruits , &
que les frères Arvales , comme il paroît par le mo-
nument que nous avons cité , étoient Prêtres de la
Déefle Dia , & que ces Prêtres , comme leur nom
femble l'indiquer affez, étoient les facrificateurs Se
lesMiniftres des Dieux, qui préfidoient aux biens
de la terre , ou aux fruits de la terre. Mais par la
D ï A
1! n
^©7
m:me lasion on po.irroit dire que Dia feroit Ccrès>
à qui l'Antiquité fabuleufe croyoic devoir l'inven-
tion des blés. Il y a plus même ^ car les frères Ar-
vales , comme nous l'avons dit en fon lieu , étoient
Prêtres de Cérès &c de Bacchus , k furent inftitués
pour leui;^oftrir desfacnfices , <Sc non point pour le
culte de Cybèle.
DIABETES, f m. Terme de Médecine. Soudaine &
copieufe évacuation de la boilfon par les conduits
luinaires , accompagnée d'une foif pielTànte &: de
la mr.igreur de tout le corps. Z^/iz/'efc'j. Cette boif-
fon eft ordinairement changée , lorfqu'on la rend ;
mais quelquefois elle ne l'eft point du tout. Le dia^-
bites eft caufé par les fels acres qui dillolvent la
mafie du lang , ou qui en dcfunilfent les parties ,
de forte que la férofité s'en fépare facilement. Il y
a une autre efpèce de diabètes , dans lequel ceux qui
en lont attaques rendent plus d'urine qu'ils ne boi-
vent. Quelques Médecins croient que cette quan-
tité extraordinaire de liqueur vient de l'air qu'on
rcfpire, qui fe convertit en eau : mais d'autres ju-
gent avec plus de raifon , que c'eft le fang, la graille
& même les parties folides qui fe liquéfient. M.
Woodward, dans fon livre de l'état de la Médecine
&dcs mal.adies.explique comment lesfels vitiés eau-
fent toutes lesmaLidies , & même la pierre des reins
^. de la veftie , le Diabètes , la ftrangurie , l'urine
fanguinolente j &c. Joukn. des Savans , 1711 , p.
Le motdiabe'tès vient du Grec ^USaînn ,pajfervitei.
il a été donné à cette maladie , parce que la boilfon
palfe fort vite.
Diabhtès : eft aullî un terme dont on fe fert en Hy-
draulique , qui le dit d'unfyphon dont les deux bran-
ches lont enfermées l'une dans l'autre , comme on
le voit dans le verre décrit par Héron : il fe vide
tout entier fans être renverfé , dès que l'eau eft ar-
rivée à la hauteur de la branche intérieur du fy-
phon.
DIABETIQUE, adj. m. & f Diabetlcus , diabète labo-
rans, ou affeclus. Teime de Médecine. Celui qui eft
incommodé de la maladie appelée diabètes.
DIABLE, f. m. Mauvais Ange j & l'un de ces Efprits
céleftes qui ont été précipités du ciel , pour avoir
voulu s'égaler à Dieu. Diaboius j malus démon j hof-
tis humani generis. Les Ethiopiens peignent le Dia-
ble blanc, pour prendre lecontrepied des Européens
qui le repréfenrenrnoir. Lurolf. Le Diable eft tou-
jours pris dans l'Ecriture pour l'ennemi de Dieu &
de l'homme. Jesus-Christ fut tenté par \q Diable
dans le défert. Le Diable tente les Saints pour avoir
des compagnons de fa mifère. Ce n'eft point le Z)/tî-
ble qui nous tente pour l'oidinaire ; ce font nos paf-
lions. S. EvR. hs Diable eft toujours en embufcade,
& en fentinelle pour nous furprendre. Id. Le Diable
défabuferoit les incrédules, s'il fe montroit ouver-
tement. Id. Le Diable tenta Eve fous la figure d'un
ferpenc
Eve aima mieux , pour s'en fnire conter.
Prêter l'oreille aux fleurettes du Diable ,
Que d'être femme ,& ne pas caqueter. Saras,
Onfe livre à la volupté ,
Parce quelle flatte & quon F aime \
Et,fldu Diable on eft tenté ,
Il faut dire la vérité ,
Chacun eft fon Diable à foi-même.
Nouv. CHOIX DE Vers.'
Dien donna pouvoir au Diable de tourmenter
Job , pour éprouver fa patience. Jesus-Christ chaf-
foit les Diables hors du corps des poffédés. H n'eft:
point Y>^ûé an Diable dans l'ancien teftament, mais
îeulement de fatan. On ne trouve point dans les
Auteurs Payens le moi àt Diable dans la lignifica-
tion que l'on y a attachée parmi les Chrétiens ^ c'eft-
à-dire , pour fignifier une créature qui s'eft révol-
tée contre Dieu : ils tenoient feulement qu'il y avoic
3o8
DIÂ
de mauvais Génies qui perfécutoient les hommes.
Les Chaldéens admettoieiu de mtme un bon Pim-
cipe , & un mauvais Piincipe , ennemi des hommes.
Les Relations qui parlent de la Religion des Anu-
ricains j & de quelques autres peuples idûiâties,di-
fenr qu'ils adorent le Diable. Mais il ne taut pas
prendre ce terme f<.lon le llyle de l'Ecriture : ces
peuples ont l'idée de deux Etres collatéraux , donc
l'un eit bon & l'autre méchant : Us mettent maU
à-propos la terre fous la conduitedel'Etremalin que
les Chrétiens appellent le Diable
Etqud objet enfin à prcfentcr aux yeux ,
Que ie Diable toujours heudant contre les deux ,
Quifouvent avec Dieu balance la vicloire f
BoiLEAU.
|3" En Pocfie & dans le ftyle élevé on fubftitue
tordinairement une périphrafe à la place du mot
JDiable , comme a tait Corneille dans Polyeude.
Ainfi du genre humain l'ennemi vous abufe.
fC? Cette périphrafe eft noble j dit Voltaire , &c
le nom propre eût été ridicule.
Le vulgaire fe repréfentele Diable avec des cornes
&c une longue queue- L'ennemi du genre humain
donne l'idée d'un être terrible qui combat contre
Dieu même. Toutes les fois qu'un mot préfente une
image ou baife , ou dégoûtante , ou comique , en-
noblUîèz la par des images acceiroires ; mais aullî
ne vous piquez pas de vouloir ajouter une grandeur
vaine <à ce qui eft impolant par foi-même. Foye:^
au mot DÉMON les remarques de M. l'Abbé Gi-
rard.
Le mot de Diable vient du Latin Diabolus , en
Grec AfaôoAo,- , qui veut dite , Calomniateur ,, accu-
fateur, trompeur.
Le peuple fe fert de ce mot en une infinité de
phrafes . &_fur -tout pour exagérer les chofes , foit
en bien , foit en mal. Il elt vaillant en Diotble. C'ell:
un Diable incarné, un Robert le Diable, Il fait le
Diable à quatre ; pour dire , il le faut tenir à qua-
tre , il eft méchant , violent , emporté. C'eft un
Diable d'homme , un Diable en procès \ pour dire ,
uu grand chicaneur.
Une femme d'efprit e(l un Diable en intrigue.
Molière.
Ne montez point ce cheval , c'eft un Diable , il
l'a battu en Diable j en Diable & demi , comme
tons les Diables. On dit d'un homme que c'eft un
bon Diable ; pour dire j un bon vivant : un mé-
chant Diable j pour dire un homme dangereux : un
;pz\xwï.Q Diable j pour dire , un miférable.
Quand Sa Majejlé me ferait
Quelque bienfait confidérable ;
Grand Roi pas moins ilneferoit ,
Et f en ferais moins pauvre Diable. ScAr.
Savant en Diable \ c'eft-à-dire , fort favanr. On
-dit, d'un médifant, qu'il dit le Diable d'un autre ;
pour dire , qu'il en dit tout le mal qu'on en peut
dire. On dit c'eft le Diable , c'eft-là le Diable j pour
dire , c'eft-là la difficulté , c'eft-là ce qu'il y a de
fâcheux. Scarron , pour expliquer le hoc opus , hic
labor eft de Virgile , dit , mais d'en revenir , c'eft
le Diable.
Joinville dit qu'il n'avoit oui Saint Louis nom-
mer ni appeler le Diable , fi ce n'étoit quand il li-
foit quelque Livre ; & que c'eft une chofe très-hon-
teufe aUX Princesde foufirir qu'oH le nomme : qu'on
ae pouvoir dire trois mots , que le nom du Diable
n'y fût entrelacé.
Diable , fe dit,dans la convetfation & dans le ftyle fa-
milier, pour Méchanc,
DIA
Car Raminagrobis
Fait en tous lieux un étrange carnage.
Ce Chat, le plus Diable des Ckuts ,
S'il manquedc Souris ^voudra manger les Rats.
La Font.
On dit d'un méchant homme, c'eft un Diable ;
d'un enfant incommode , malin , c'eft un petit Dia-
ble. Onditaulli d'un homme qui a beaucoup d'efprir,
de finelfe , de rufe , que c'eft un Diable , qu'il a de
l'efprit comme un Diable. Cela emporte néanmoins
toujours quelque idée de mauvaife qualité. On di-
roit j il a de l'efptit comme un Ange , ou comme
les Anges , d'un fujet qui, avec beaucoup d'efprit,
n'auroit tien que de louable. Segrais nous montra ou
nous voulue montrer un recueil qu'il a tait de chan-
fonsde Blot : elles ont le Diable au corps, & c'eft
dommage qu'il y ait tant d'efprit. M^ de Sev.
Diable J fe dit proverbialement en ces phrafes : le
Diablene'tïpa.s toujours à lapoite d'un pauvre hom-
me; pour dire , que lamauvaile fortune donne quel-
quefois du relâche. Le Diable eft aux vaches ; pour
dire , que tout eft en trouble , en contufion. On die
par imprécation , le Diable s'en pende j le Diable
vous emporte, je me donne au Diable, fi , &cc.
D'autres difenr , je me donne au Maître des Diables:
ils entendent Dieu par le Maître des Diables. Au
Diable , eft une imprécation. Au Diable foient cous
les Normands J dit la chanfon , Judas e'coic Normand^
&c.
Le Démon cauteleux &fn
En a J ait r abord effroyable ,
Sachant bien que le pèlerin
Se donneroii cent fois au Diable ~,
Et fe damner ûit par chemin. La Cmaf.'
Il n'eft pas fi Diable qu'il eft noir j pour dire , il
eft meilleur qu'on ne penfe. On dit , tirer le Diable.
par la queue \ pour dire , avoir de la peine à vivre.
On dit, il ne le faut pas donner au D/jii/e pour faire
cela ; pour dire , qu'une chofe eft facile. Quand oiï
ne peut venir à bout d'une chofe , on dit que le Dia^
ble s'en mêle. Cela s'en eft allé à tous les Diables ^
pouf dire , on ne fait ce que cela eft devenu. Le Dia-
ble poutroit mourir , que je n'hériterois pas de feS
cornes ; pour dire, perfonne ne me donne rien. Or»
dit d'un méchant homme , d'un chicanneurqui trou-
ble le repos des autres, que, quand il dort, le Diable.
le berce. On dit qu'un homme fait comme le valec
du Diable, quand il fait plus qu'on ne lui commande»
On dit que le Diable étoit beau quand il étoit jeune^
pour dire , que la jeuneiFe à quelque chofe d'agréa-
ble J même dans les perfonnes les plus laides. Acad,
Fr. C'eft la race du Diable , quand on a épluché
tout le véreux , il ne refte rien ; pour parler d'une
famille de fcélérats. On dit d'un homme avare ,'
que , s'il mangeoit le Diable ,il n'endonneroitpas les
cornes. Il vaut mieux tuer le Diable , que le Diable:
nous tue ; pour dire, qu'il vaut mieux tuer un hom-
me , que de s'en lailfertuerj ou faire porter une
perte à un autre , que de la foutFrir foi-même. Oa
dit d'un grand mangeur , qu'il mangeroit le Z^V'u/j/^,
s'il étoit cuit.
On dit auili ironiquement à des hâbleurs, pôuD
montrer qu'on ne croit rien de ce qu'ils difent , An
Diable-\ot. Il y a apparence que cela vient d'une im-
précation tronquée, & qu'on a voulu dire, allez au
Diable j au Diable : on a retranché le dernier & le
premier mot, & on a mis un ~ pour éviter la caco-
phonie ; car le mot ^ot n'eft point de la langue ; de-
forte qu'il faut que ce foie une orthographe corrom-
pue. Vous penfez qu'on doit vous croire , Diable'
:{ot : c'eft-à-dire j, je ne fuis pas aftez for pour cela*
'Vous me confeiîlez de faire ce\^,Diable-^ot : c'eft-
à-dire, je ne fuis point alFez fot pour le faire. Ce
mot fe trouve dans la dernière édition duDictionnaire
de l'Académie Françoife. Sancho Pança j tom. :^de
D I A
D I A
309
Dom-Quichotte, Chap. 46 , p. 425 dit, en parlant I Diable. Nom de piuiîeurs perfonnes, 011 familles j -ou
du Comté que ion Maître lui avoit promis : ^' Je ne j '" ' " , , . ..
» m'amulerai point à marchander, je vous mettrai
}■> bientôt le Fermier en polîellion , & moijeman-
3) gérai mes rentes comme un Prince. Du relte qu'on
3> en fa lie des choux & des raves, ^^ Diablc--^oc[\
je m'en f^jucie ... Et, dans le Curieux impertinent
de M. Deftouches , Ade 5. Scène 8. Ncrine du à Ju-
lie , inquiète au fujet des délais &c du rehoidiiTe-
nient de fon Amant :
Crifpin j Madame, en fait quelque chofc peut-are.
Allons , iljaut qu'iljafe au dejaut defùii Maure.
Crifpin répond Diabïe-zot.
Nous ne jafons pas nous , comme vous autres fem-
mes.
f'^oyei lût dans le Dictionnaire.
On h dit auflî par exclamation Se imprécation j
à quoi Diable penlîez-vous , défaire ce mariage ?
à quel Diable en voulez-vous ? Oi\ dit d un méchant
homme, qu'il ne cramt ni Dieu ni Diable.
On emploie ce mot odieux dans une infinité de
phrales , dans le dilcours familier, pour marquer
la colère, l'indignation , l'étonnement , &e. en in-
rerrogeant, en repondant, en riant en parlant lé-
neufement, ôcc.b Diable\ fi je vous entends. Que
Diable Qii-ce là ? A qui Diable en voulez-vous ? Dm
ble ! cela eft-il vrai ? Comment Diable\ une temme
donneroit quatre piltoles d'un pot de pommade? Fi,
au Diable, je ne loutîte point ces canailles-la.Z'7'1;-
ble j la fomme eil: forte. Nenni , Diable j nenni j
dès que le crédit chancelle , il n'y a plus rien à iaire ,
^c. Les Comédies lont remplies de ces fortes d'ex-
preflions.
On dit , dans un dépit , Diable foit de cela , Dia-
hle foit de cet homme là : Diable foit de l'Avocat,
pourquoi me l'a-t-il fait fi langue j difoit un Ala-
giftrat, à qui la mémoire manquoir dans une ha-
rangue qu'il avoir fait faire par un Avocat.
Avocat du Diable.On appelle ainhj populairement,
le Promoteur de la Foi dans la Congrégation de la
Béacihcation & Canonifation des Saints , parce qu'il
examine avec foin les preuves de Sainterc tk les mi-
racles que l'on produit, qu'il tâche de les infirmer ,
& qu'il forme toutes les diflicultés & les objedions
que l'on peut faire contre ces preuves & ces mira-
cles; & qu'en général il fait ce qu'il peut pourem-
pcccher la béatification ou la Canonization propo-
fée.
Du DiviBLE. Faconde parleradverbialej pour nier for-
tement une chofe. On dit que vous allez vous ma-
rier.'' du Diable, je fuis bien éloigné défaire une
telle folie. La Fontaine a du j au Diable , dans le
jiicme fens.
Devant fa porte l'on rencontre
Mille pas d'animau.x dans fa caverne entrés
Mais au Diable j?/'o« m'en montre
Un unique de ceux qui s'en font retirés. ,
Cette expteflion convient particulièrement au ftyle
burlelque. Auifi Scarron l'a-t-il employée dans fon
Virgile travefti , L. L
A plu fleurs révérence il fit j
Au Diable /?/'o« lui rendit.
A LA Diable -, c'eft-à-dire ^ fort mal. 'Voilà
fait à la Diable.
un
habi
L ouvrage fait j elle en coeffe à la Diable
L'humanité du petit miferable.
Le Lutrin vivant de M. d'effet.
Diable , efi: aulTi une manière d'adiectif , comme lorf-
que Ton dit , il faut erre bien Diable pour faire une
telle action \ pour dire j il faut être bien méchant j
bien enragé.
lurnom qu'elles om pris , ou qu'on leur a donne. Il
y a un Guillaume furnonnné le /)Aî/'/c , c'étoit'ua
Moine Anglois. Dans l'Hilfoire des Comtes de Po'-
tou : Hugues VI , Suéde Lufignauj e!l farnoinini
le Diable. Robert, Duc de Notmandie, hls de Guii-
laumele Conquér.rnt , fut aulli furnommé \<iDiabi. .
Olivier le Dain, s'appeloit Olivier le Diable. On
ne iauroit traduire en François que par le nom de
Diable , le non^ de la famille de Iroll en Suède,
& celui de la famille de Teufelen nutriclie , par-
ce que troll en Suédois , & teujel en Allemand ,
veulent due Diable. La famille de Saint Guétasea
Bretagne, a changé fon nomAQ Diable j qu'elle por-
toit autrefois , en celui de Saint Guétas , qu'elle .t.
■ porté depuis. Le P. Briet , & le P. Labbe , préten-
dent que cettei^amille avoit pris fon nom de Diable.
des endroits de la Bretagne appelés Diabkres.Voyc-^
M. Ménage Hijl. de Sabié,
Diable de mer. Poiiîon qui fe trouve vers les côte3
de Penlilvanie. Sa grolleur eft de quatre pieds de
diamètre. Sa peau eft rude iSt noire. Sa tête eft pla-
te , fes dents aiguës , dont il y en a deux recourbées^
comme les défenfcs d un fanglier. Il a deux cornes
fur les yeux , qui tournent fur Ion dos , comme celles
du bélier. Sa chair eil venimeafe , & caufe à.t% vo-^
millemens mortels.
Diable de aier , eft aufll le nom d'un oifeau r.qnati-
que. C'eft une eipèce particulière de poule d'eau ,
qu'on appelle îvi.acroule en Normandie \ à Paris
on lui donne le nom ào. Diable de mer. Il le plonge
incellamment dans l'eau douce- Il eft d'un noir lî
obîcur, qu'il en paroît terne. Il a une tache blan-
che fur la tête, plus grande que celle de la poule
d'eau, & eft d'une taille plus grande qu'elle. H traîne
fes jambes après lui. Ses doigts font larges & féparés.
Faultrier.
Diable, ou Diablotin. Oifeau que l'on voir dans
1 Amérique, & fpécialement à la Guadeloupe, & i
la Dominique. C'eft un Oiteaudepalfage qui vicnr
dans ces îles vers le mois de Septembre, & qui y
demeure jufqu'au mois de Mai. Il eft de la grolfeuc
d'une jeune poule cjui n'a pas encore pondu- Son plu-
mage eft noir , les jambes font courtes , fes pieds
comme ceux des canards , mais garnis de longues
& fortes griftes. Son bec eft long de prés de deux pou-
ces , courbé , pointu & fort dur. Il a de grands yeu.i:
à fleur-de-tète qui ne lui fetvent que la nuit \ cac
il ne peut fupporter la lumière , ni dilcerner les
objets. Ces oileaux fe retirent dans des rroas, com-
me des Lapins ,& n'en foirent que la nuit pour aller
pécher du poilfon dont ils font leur nourriture. Ils
crient en volant, comme s'ils fe répondoient les uns
aux autres. Ils s'accouplent , pondent & font leurs
petits dans les Iles , i!?c ne s'en retouniLUt que lori-
quils font en état de voler, qui eft fur la fin de Mai.
On mange les Diablotins , quoique la chair en foit
noire & fente le poilTon , parce qu'elle eft bonne &
fort nourrilfante. On mange aulli leurs petits que
l'on appelle des couous ; mais ils font par trop
gras.
Diable , en termes d'Artillerie. C'eft la même chofe
que le Chat. Foy. ce mot.
ISO" Diable. Efpèce de levier dont les Maréchaux gref-
fiers fe fervent pour faire palier les bandes de fer fuc
les roues des voitures, loriqu'ils bandent ces roues
d'une feule pièce. Encyc.
|f3° On donne le même nom à un grand chai ioc
à quatre roues , qui, par des verrins,fert à enlever Se
à conduire de grands fardeaux , & aune machine
à deux roues dont fe fervent les Charpentiers pour
porter quelques morceaux de bois.
(fy Diables (mille), étoient de fameux voleurs ,'
qui , vers l'an 1515 , pour fe rendre plus terribles;
fe firent nommer les mille Diables. De-là, pour
dire fort méchant, on dit d'abord, méchant comme
les mille Diables : enfuira on a tranfporté cette ex-
pteflion à tout ce que l'on veut exagérer ; mais elle
3
lO
DIA
n'eft que du ftyle bas & familier. Plur'imuin , oppidb,
omninb j vehemcnter j Jupra modum.
DIABLEMENT, adverbe qui fert à augmenter la force
d'une exprellion. A''<i/i2'è , maxime. Cet ouvrage elt
^/ûZi/ÊOTe^f mauvais. Ce potage e?i diahUmenc chaud.
Cette femme eft diabLemait laide. Je fuis diabLemciu
fort fur l'impromptu. Mol. Ce terme, un peu libre,
n'eft que du ftyle familier.
DIABLERIE, f.f. Sortilège , artifice du Diable, cliofe
dont le Diable fe mêle. Veneficium , fortes magies.
Il n'y a point de diablerie à cela. La diablerie de
Londun. On le dit parextenfion des choies dont on
ne connoît pas la caufe. Il y a quelque diablerie en
cette affiiire , que tout le monde n'entend pas \ pour
dire, il y a quelque chofe de fecret qu'on ne peut
pénétrer.
||CT On appelle de même diableries les prétendus
polfeilions , les prétendues forceleries.
Diablerie , fe dit aullî pour méchante humeur, criail-
lerie. Moroficas j vocijcraûo,
Ec cependant avec toute fa diablerie, ,
// faut que je rappelle & mon cœur & ma mie.
Mol.
DIABLESSE, f. f. Méchante femme , qui crie & qui
tourmente toujours fon mari , fes domeftiques ,
fes voifins. Nequam fœmina j furiis agitata. Profer-
pina. C'eft une diableffe qui ne peut vivre en repos
avec perfonne.
Quoi ! me voir le mari de ces femmes de bien ,,
Ces dragons de vertu , ces honnêtes DiablefTes.
Mol.
M. Péliflon rapporte ce mot de Wurts , Général
Tîollandois , au palfage du R'nin par les François.
Retirons nous \ c'eft une Diablefjc de nation à la-
quelle on ne peut réfifter.
fCF On du familièrement , c'eft une benne, une
méch^^niQ Diableffe 3 une pauvre Diableffe, comme
on dit un bon , un niéehanc Diable , un pauvre
Diable.
Diablesse, s'emploie auffi quelquefois comme une
manière d'adedif. Cette temme eft bien diablefje.
Nequiff.ma Jœmina.
Je yeux une vertu qui ne fait point diableffe.
Mol.
^3" Tout cela eft du difcours familier.
DIABLETEAU, fignifie la même chofe que Diablo-
tin. Du grand chat Rodilardus que Panurge crut être
m\ Diableteau.Q' t\S. un titre de Rabelais.
^fT DIABLEZOT. Sorte d'exclamation. Vons penfez
qu'on doit vous croire j'c^ia/î'/cçor J c'eft-à-dire, je ne
fuis pas affez fot pour cela. Vous me confeillez de
faire cela, diable\ot. Je ne fuis pas affez fot pour le
faire.
tfT DIABLOTIN, f. m. Diminutif. Petit Diable. S.
Antoine fut tenté par un nombre prodigieux de Dia-
bles &: de Diablotins.
§3" On leditjfigurcment, d'un méchant petit en-
fant, & tout diminutif qu'il eft, on y ajoute ordi
nairement l'adjeâiif petit. Cet enfant eft méchant
comme un petit diablotin , c'eft un petit diablotin.
0\\ appelle encore diablotin , en termes de Con-
fifeur, une paftille de chocolat, couverte de petites
dragées de nompareille.
Diablotin. Nom de la troifième cuve dont onfe fert
à S. Domingue pour préparer l'indigo. Dans les au-
tres Iles on appelle cette même cuve repofoir. Voy.
ce mot.
%I Diablotin, f. m. Terme de Marine. Voile d'étai
du perroquet de fougue.
fO^ DIABOLIQUE, adj. de t. g. Qui eft , qui vient du
Diable. Diabolicus7ïtmvi\ox\, fuggeftion diabolique.
On le dit , au figuré , detoutcequi extrêmement
inauvais dans fon gsnre. Efprit diaboliquç. Chemin
DIA
diabolique. Ragoût diabolique. C'eft une inventloa
diabolique.
DIABOLIQUEMENT, adv. Par une fuggeftion ou mé-
chanceté diabolique. Une calomnie torgée diaboli-
quement. DiaboLicum in morem.
DIABOTANUM. f. m. Diabotanum. Terme de Chirur-
gie & de Pharmacie. C'eft un emplâtre avec lequel
on tond , & on diffout les loupes. Le dlatictanum efl:
fonverain pour l'hydatis. Ce mot vient des mots
Grecs <î<'« , ex j & Borâr^ ^ planta , plante , parce
qu'il entre beaucoup de plantes dans fa compoii-
tion.
DIABROSIS. f. m. Terme de Médecine. C'eft une fo-
lution de continuité, caulée par des humeurs acres
tic corrofives j qui rongent quelque partie du corps.
Ce mot , qui eft Grec , eft formé de la propofition
«'"'à, par , &c de ^fas""» j manger.
DIACADMIAS. f. m. C'eft le nom d'un emplâtre dont
laCadmie eft la bafe , & dont on trouve la defcrip-
tion dans Scribonius Largus , Num, 141 Galien ,
de C. M. P. G. Lib. II , cap. 14 en décrit un tout
femblable qu'il met au rang des épulotiques , &C
dont Lucius faifoit ufage. AiuK-a^filiis,
DIAC^NISME. f m. Rénova.non. D iac^nifm us. C'eiz
le nom que les Grecs donnoient à la femame de Pâ-
ques, f^oyei Codin j de Off. C. 14.
Ce mot eft Grec , e^^«x«(v;s^o? , de <^'« , & «««viî ,
nouveau. Il fignifie Rénovation ; & on le donnoic
à ces jours , parce que la Réfurreétion de N. S. a re-
nouvelle le monde, ou parce que , félon S. Paul,
elle eft le motir & le modèle de notre rénovation
fpirituelle , c'eft-à-dire , de la vie nouvelle & fainte
que nous devons mener.
DIACALCITEOS. f. m. Terme de Chirurgie & de
Pharmacie. Diacalciteos. Ceft le nom d'un emplâtre
qu'on emploie après l'amputation du cancer. L'em-
plâtre diacalciteos eft compolé d'huile , d'axunge ,
de chalcitis. Il a pris fon nom decette dernière dro-
gue.
DIACARCINON. f. m. Ceft le nom d'un antidote
pour la morfure des chiens enragés , lequel eft pré-
paré avec l'écrévllFe , <J'<«K«p«i'»»» , de "«/"«"«s' , un can-
cre ou écrévillè de mer.
DIACARTHAMI. f. m. Terme de Pharmacie. C'eft un
éledtuaire compofé de turbit , de manne , de/cam-
monée, d'hermodades & autres purgatifs, auxquels
on joint de la mocle ou femence de carthame , qui
lui donne fon nom. Le Diacarthami purge principa-
lement la pituite : on en donne pour les maladies
du cerveau , & on en mêle fouvent dans les méde-
cines avec d'autres purgatifs.
^ DIACARION. f. m. Terme de Pharmacie , formé
du Grec ««f»» , noix. Galien préparoit cette com-
pofition avec du fuc de noix. C'eft la même chofe
que dianucum. Vûye\ ce mot.
DIACHALASIS. tiax^^xânu C'eft une folution de con-
tinuité dans les futures du crâne j c'eft-à-dire , une
féparation des os qui le forment. Cet accident eft:
fort ordinaire dans les blelTures de la tête. De htt.x<t.
•^««^ être relâché ou ouvert. Hippocrate, Lib. de.
vulneribus capitis , parle de cet accident.
13" DIACATHOLICON. f. m. Terme de Pharmacie,
qui défigne un purgatif univerfel , peu en ufage,
gO" DIACAUSTIQUE. Terme d'Optique & de Géo-
métrie J eft le nom qu'on donne aux cauftiques par
refraétion , pour les diftinguer des cauftiques par ré-
flexion , qu'on nomme catacauftiques. Au reftece
mot eft peu en ufage \ on dit plus communément
cauftiques par réfradion.
DIACHYLON. f. m.Terme de Pharmacie.Nom qu'on
donne à plufieurs emplâtres, à caufe qu'on y fait
entrer des mucilages , qui font des fucs vifqueux j
nommés en Grec z"^''' , qu'on tire de quelques plan-
tes. Il y a le diachylon blanc owfimple , qui eft com-
pofé d'huile commune , de iitarge d'or , Se de mu-
cilages tirés de la racine d'althéa & des femences d.ï
lin & de lenegré. Il eft propre pour ramollir , pour
digérer, pour mûrir Se pour réfoudre Le diachy-
lon qu'on appelle ireatum eft la malîe du diachylon
D I A
Manc, dans une livre de laquelle on mêie une once
de poudre d'Iris de Florence. Gerce emplâtre digère,
incife & mûrir avec plus de force que le diachylon
Jimple. 11 y a aulli \e grand diachylon ^ ou diachylon
magnum , qui eft compolé de luarge d'or , d'iiuile
d'Iris, de camamiUe & d'anach, de cérébentine ,
de réfine de pin j de cire jaune , de mucilages de
lin & de lenegrc > de figues récentes , de railins de
Damas , d'ichthyocoUe , de fucs d'Iris , de Tquille iS:
d'œfipe. Ce diachylon ramollit les fchirres & rél'our
les enflures. Il eft Çarnommé grand , non-feulement
à caufe de fes grandes propriétés , mais aulîl parce
qu'il reçoit un plus grand nombre d'ingrédiensque
le fimple. Il y a encore le diachylon gummatum ou
gommé, qui n'eft autre chofe que la malfe du grand
diachylon , a laquelle on ajoure les gommes ammo-
niac , galbanum & fagapenum fondues avec du vin,
coulées &: cuites jufqu'à l'épailfeur du miel. C'elt
de ces gommes qu'il prend le nom de gommé. Ce:
emplâtre e!l le plus puiffinc de tous pour digérer j
cuire, mûrir & réfoudie.
DIACO. f. m. Chapelain de l'Ordre ds Malte , Clerc
Conventuel de cet Ordre. Capellanus Meltcenfis j
Clericus Conventualis Mclitenfis Ordinis. Les Diacjs
fe préfentent à l'âge de 8 ou 9 ans pour être reçus
au rang de Chapelains. Le Grand-Maître leur donne
une lettre qu'on appelle Lettre de Diaco , & par- là
ils font admis au nombre des Chapelains. Ils fer-
vent dans le Couvent de Malte depuis dix ans ja(-
qu à quinze ; c'eft pourquoi ils font appelés Clercr
Conventuels.
Ce mot apparemment vient par apocope du Grec
A«i»«of , &: l'Ordre de Malte l'a pris des Grecs ,
lorfqu'il étoit dans l'Ile de Rhodes , & l'a donné
à ces Chapilains , parce que ce font des Clercs fer-
vents ; & Ûiaconus (ignifie j qui fer t.
DIACODE , ou DIACODIUM. f. m. Le premier eft
aujourd'hui plus ulité. Terme de Pharmacie. C eft un
médicament fait de têtes de pavots II y en a de deux
lortes^le limple& le compoié. Le Uiacodium lim-
ple eft un efpèce d'opiat , fait avec l'extrait des
têres de pavots Se le fapa ou le fucre. Il eft propre
pour adoucir les fétolités trop acres , pour appaifer
la toux & pour provoquer le fommeil. On ne le fert
plus de cette préparation qui étoit forren ulage chez
les Anciens , depuis qu'on areci)nnu que le iyropde
pavot blanc j nommé préfentement ifwccii/iaw, pro-
duit le même eifet. Le diacodium compofé eft fait
avec le dlacr.dium limple j les trochifques de Ra-
mich , l'hypociftis , la myrrhe , le fatran & les ba-
lauft'.-s. Il eft propre pour arrêter & pour adoucir les
catharres , les cours de ventre & les hémorragies.
Ce mot vient de ^'«^ , & de ««^tfa , tête de pavot.
DIACONAL , ALE. adj. Qui appartient à l'ordre
de Diacre. Diaconaits ^ e. Le Cardinal Ottohoni ,
qui étoit Cardinal-Diacre, paftalei^ Juin 1714 a
l'Ordre des Cardinaux-Fri'tres , en confetvant fon
titre diaconal ds b. Laurent in Damafo. Gazette
DIACONAT, f. m. Le fécond des Ordres facrcs ,
Ordre & office de celui qui eft diacre. Diacona-
tus.
DIACONESSE. Voye'^ Diaconisse.
DIACONIE. f. f. C'eft le nom d'une charge dans les
Monaftères de TEglile Grecque. Le devoirde cette
charge éroit de recevoir & de diftribuer les aumô-
nes : c'eft ce qu'on appelle Aumônerie dans les Ab-
bayes de France. Diaconia , Eleemofynatii munus.
La D'raconie étOK une charge trcs-imporranre.
©lAcoNiE, eft auftiun nom qui eft demeuré à de; Cha-
pelles ■-: Oratoires qui étoient dans la ville de Rome,
gouvernées par chaque Diacre en fa région. Diaco-
nia. Les Diaconies étoient des hôpitaux , ou bu-
reaux pour la diftribution des au nônes. Elles étoient
gouvernées à Rome pir fept Diacres réi^ionnaires ,
que l'on appeloïc Cardinaux-Diacres de la ville de
Rr'me. Il v en avoir un pour chaque région ; l'Ar-
chidiacre étoit leur Chef. L'hôpital , joint à l'Ei^lile
delà Diaconie , avoir pour le temporel un Admi-
D I A 31Î
nlftrateur, nommé le père de la Diaconie , c_ui
écoïc tantôt clerc , raniôt laïque. Fleury. Diacoi ic
néanmoins , en ce fens , n'étoit point du tout ce
que nous appelons hôpital j car on n'y logeoit tic on
n'y entretenoit pas les pauvres ^ mais feulement on
leur y diftribuoic les aumônes qu'ils emportoicnc
chacun chez foi. C'éroit le bureau, le lieu où ils
s'allembloient pour les recevoir , où ils les venoienc
quérir. Ce mot s'étendit à quelques autres Bénéfi-
ces. Il y en a aujourd'hui quatorze , dont les noms
font rapportées par Du Cange , qui font afteètés aux
Cardinaux Diacres : les voici. La Diaconie de Sainte
Narie dans la voie large , la Diaconie de S. Eufta-
che près du Panthéon , la Diaconie de Sainte Marie-
la-Neuve , la Diaconie de S. Adrien , la Diaconie
de S. Nicolas dans la prilon.Tullienne , la Diaconie.
de Sainte Agathe au cheval de marbre , la. Diaconie
de Sainte Marie in dominicâ : c'écoit dans celle-ci
que demeuroit l'Archidiacre , qui leul étoit appelé
le Cardinal Diacre ^ la Diaconie de Sainte Marie-in
Colmédin , autrement l'Ecole Grecque j la. Diacc-
nie de S. Ange dans le marché au poilfon , la Diaco-
nie de S. Giégonc-M-YoÛQ-d'ot , la. Diaconie de St2
Marie-du-Portique , la Diaconie de Sainte Marie in
Aquiro , la Diaconie de S. Côme 3cde S. Damien ,
la -Diaconie de S. Vite dans le Marché des Martyrs.
Dans les commencemens il n'y avoir que fept Dia~
conie.^-y dans la fuite on en ajouta fept autres , ce qui
fit quatorze , autant que de quartiers dans Rome. On
en ajouta encore quatre autres après, qui font laZ)/i7-
conie de Sainte Lucie dans le Cirque , la Di.:c?ni&
des SS. Sergius & Bacchus , la Diaconie de S. Théo-
dore, la Diaconie de Sainte Lucie dans le roc j ap-
pelée autrefois Orphéenne , Orpkea. Enfin Léon X _
ajouta la Diaconie de S. Onuphre dans le Vatican ,
qui eft aujourd'hui le titre d'un Cardinal-Prctre j Se
fous Paul III il y eut 19 Cardin.uix-Diacres tous
vivans , pourvus de ces Diaconies , nombre qui ne
s'eft jamais vu. Frifon , Appar. Gall. Purpur. C. 4.
Du Cange , Glo(f. ou mot Diaconia. Ce mot Dia-
conie s'eft dit aulii pour Diaconique j ou Sacriftie.
Koye-^ Diaconique.
DIACONIQUE. f m. Sacriftie; lieu autour de l'E-
glife où l'on confervoit autrefois les vafes faciès ,
& les ornemens deftinés au fervice de l'Autel. Dia-
conicon , Sacrariarum , Secrctarium. Le premier
Concile de Laodicée , rapporré dans la Colledion
du P. Labbe , T. I. pag. 1495. & fuiv. défend par
fon 11= Canon que les Miniftres demeurent dans
le Diaconique , \> ri ^it.Kciy.i , & qu'ils tou-
chent les vafes faciès. Une ancienne verfion
traduit , in fecretario ; un exemplaire de Rome ,
& Denis le Petit conlervent en Latin le mot Dia-
conicon. Il eft vrai que Zonaras & Balfomon en-
tendeur ce mot du Canon 11. de Laodicée, ^de
l'Ordre de Diacre ^ & non p.is d'un lieii ou bâti-
ment , & que Léo Allatius a fuivi leur fentimenc
dans fon Traité De Templis Qr&corum : mais tous
les autres Interprètes de ce Concile l'entendent
d'une Sacriftie ; & jamais ailleurs Aiaxonxs» n'a donné
d'autre fens. Zonaras lui-même femble l'entendre
ainfi, en parlant fur le ij"" des Canons de l'Eglife
d'Afrique , qu'il appelle le zS. Enfin le Coda
Théodofien , Leg 3. de h&ret.ow le Code de Juf-
tinien , Leg. 3 de haret. le Typicon de Sabas , C. 2.
le Catalogue des Patriarches de Conftantinople ,
l'Euchologe des Grecs , Codin ; De Officiis Aul&
Confiant, parlent des Diaconiques comme d'un lieu ,
d'une Sacriftie. Philoftorgius , Liv. VII. C. 5. &
Nicephore , Hift. Eccl. L. X. C. 30. difent qu'il y
avoir à Panéade une ftatue de Jesus-Christ que
la Svrophénicienne guérie du flux de fang avoir
fait faire par reconnoiflance ; qu'elle étoit proche
d'une fontaine , & qu'on la fit tranfporter dans
le Diaconique , afin qu'elle fût en un lieu plus
décent.
Le Célébrant alloit dans le Diaconique changer
fes otnemens quand il étoit néceiraire j comme
le Typique de Sabas l'infinue , C. z. & , outre les
i? I L
D I A
valés &: les vctemens facrcs , on y gardoit aulu les
Reliques , ainh qu'il paioi: par le Catalogue des
Patriarches de Conllannnople cité. Outre les Au-
teurs nommés , Meurlius j dans ion Glollaire , De
la Cerda , obferv. c. 5/. num. S.Godefroy , dans fes
Diirertàtions ùir Philoftorgius ^ L. VU. c. 3. pag.
x-j6. de fuiv. Suicer, dans l'on Tréibr Eccléhalh-
que , au mot ^i^^y-onx» , & Spelman , dans Ion
G7o//.' Arch£olog. ont parlé du Diaconique. Voyez
encore la vie de St. Anaftafe, Martyr Perfan , dans
Bollandus j Acla Sancl. Januar. lom. ï. 45/. &
la PalHon des XX. Martyrs de la Laure de S. Sabas ,
en. 4. Acla SS. Marc. f. III. p. n}-
Ce nom Diaconique eft Grec , & vient de iiatccni".
Je fers. Ce lieu fut ainlî appelé , parce que l'on y
mertoit tout ce quiétoit employé au feivice Divin.
On l'appeloit aulfi a Var«,-/f (o» , & en Latin Jaîutj-
torium , parce que c'étoit-là que l'Evêque Inluoit ,
embraiîoic j recevoir les Etrangers , d'à'-^â^'^'^a, ,
ainplecîor , faluto , j'embrafle , je falue.^ ^oye^
Th'éodoret, Hilt. Eccl. Liv. V. c. 17. & cp. 144.
Paul Diacre , Liv. Xiil. Grégoire de Tours , L. IL
ch. 11. & le Concile de Mâcon , Can. i. On ap-
peloic auflî le Diaconique MîtÔithiiicv ou M<r«ri'f(o» ,
mot qui s'eft dit , à ce que croie Suicer , pour
Miiia-artàfttv , a menfd , c'eft-à-dire , des tables qu'il
y avoir dans ce lieu pour y mettre , y étendre les
orncmens facrés j ou plutôt, comme je crois , de
Mirérav , qui fignifioit un hofpice , une maifon
que Ton donnoit aux foldats dans les Provinces ,
parce que c'étoit dans le Diaconique que l'on re-
cevoir les Errangers , comme nous l'avons obiervé
ci-delfus. Enfin, on le nomrnoit yàcrari/^/n & /e-
cretarium.
Diaconique. f. m. Terme de Liturgie. Dlaconicum.
Le Diaconique eft une partie du facré Tribunal ,
ou du fiège pontifical : c'eft le lieu où les Diacres
font adîs , à la droite du Pontife , quand il ert
afîîs fur fon fiège.
Diaconique. f. m. Terme de Litliurgle. Diaconicon.
Livre Eccléfiartique , qui, chez les Grecs , contenoic
& expliquoit tous les devoirs , toutes les fonctions
des Diacres. Foyei Léo Allatius , Dijferc. I. De
Libris EcclefiaJ}. Gr^cor.
•Diaconique. f f. Terme de Liturgie. Diaconica.h^
Diaconique eft une prière que l'Archidiacre fait à
la cérémonie de l'ordination des Diacres chez les
Grecs, &pour la paix & pour le Diacre qui vient
d'être ordonné. On appeloir aulli les Diaconiques ,
Iréniques , ^i(>ink.H. Quoique, dans l'Eglife Latine,
on récite beaucoup de prières pour les Diacres du-
rant la cérémonie de leur ordination , on n'appelc
point ces prières Diaconiques , Se elles n'ont point
de nom particulier.
Diaconique. adj. Terme de Liturgie. Qui concerne
les Diacres, qui a rapporn à eux. Diaconicus. On
appelé chez les Grecs collecle diaconique , une orai-
fun que les Diacres récitent.
Ce mot Diaconique , dans la plupart des fens
expliqués ci-delfus , vient du Grec ^làKa^oi , Diacre.
DIACONISSE. On trouve plus fouvent DIACO-
NESSE, f. f. Ce mot n'ell plus en ul'age ; mais il
l'a été du temps de la primitive Eglife. Diacona j
Diaconiija. Il en eft fait mention dans l'Epître de
S. Paul aux Romains. Pline le jeune fit tourmenter
deux Diaconejjes , qu'il appelle Minifcrx dans fa
Lettre à Trajan , L. X. ép. 97. Le nom de Diaconeffcs
étoirafteéléà quelques femmes dévotes qui étoient
confacrces au fervice de l'Eglife , & qui rendoienc
aux femmes les fervices que les Diacres ne pou-
voient pas leur rendre honnêtement ^ par exem-
ple , dans le Baptême , qui fe conféroit par l'im-
meriion aux femmes auili-blen qu'aux hommes.
Elles croient encore prépofées à la porte des Egli-
fes , ou des lieux des alTemblées , du côté où
ctoient les femmes féparées des hommes félon la
coutume de ce temps-là. Cela paroît par les Confti-
tutions Apoftoliques , L. U.C. 57. & dans Balfi-
nion fur le 11'^ Cauon du Concile de Laodicée ,
D I A
pour ne point parler de l'Epître de S. Ignace à ceux
d'Antioche j où l'on prétend que ce qu'il dit lue
cela a été ajouté. Elles avoient foin des pauvres j
des malades , des prilonniers. A'ojej les ConlH-
tutions Apottoliques , L. III. C. 15. S. Jérôme à
Nepotien. Enfin j dans le temps des perfécutions,
lorfqu'on ne pouvoir envoyer un Diacre aux femmes
pour les exhorter 6c les fortifier, on leur envoyoit
une Diaconejje. Dans le Commentaire des Con-
ciles du Chrillianus Lupus , il eif dit , qu'on les
ordonnoit par Pimpohtion des mains, f" oye^ le
Concile de Chalcédoine tenu l'an 4^1. Can. 15.
Le Concile in Iruilo. l'an 680. Can. 14. & Can. 40.
qui le fervent du terme de ;i;"(>«'-o»^" , impofer Us
mains , pour exprimer la confécration des Diaco~
conejjes. Baronius néanmoins 3 à l'an de J. C. 34.
N. 283. & dans l'Abrégé de Sponde , N. 81. nie
que l'on imposât les mains aux Dia^coneJJes j Sc
qu'il y eût aucun Sacrement pour les conlacrer. Il
fe fonde fur ce que le Concile de Nicée , Can. 19.
les met au rang des laïques , & dit qu'elles n'ont
point rimpofition des mains. Le Concile de Chal-
cédoine régla qu'elles ne feroient point ordonnées
avant l'âge de 40 ans : jufque-là elles ne l'avoient
été qu'.i 60 ans, comme S. Paul le prefcrit dans
la I. à Timoth. V. v. 9. & comme on peut le voie
dans le Nomocanon de Jean d'Antioche j dans la
Bibliothèque du Droit Canon, pag. 360. dans Bal-
famon j ConJIit. Eccief. Collecl. & L. l. Cod. Tit. III.
pag. 1254. de la même Bibliothèque; dans le
Nomocanon de Photius , T. I. Can. 2,8. dans le
Code Théodofien , L. 17. de Epif. 6" Cleric. dans
Tertullien , de l^cland Virgin. C. 9. Enluite on les
confacra à Dieu à l'âge de 50 ans. /^oyej Juftinien,
Novelle VI. Chap. 6. le Nomocanon de Pho-
tius 3 Tit. I. de fide 3 C. x%. pag. 84(5. Enfin, le
Concile de Chalcédoine, Can. 15. le Concile irt
Trullo , Can. 14. &: 40. la Novelie 112. c. 15 ,
règlent qu'elles feroient ordonnées à l'âge de 40,
ans. Ballamon dit la même chofe fur le Nomo-
canon de Photius, Tit. I.defide C. 18. Tertullien
parle des femmes qui avoient reçu l'ordination dans
l'Eglife , & qui , par cette raiion , étoient privées de
la. liberté de fe marier ; car les Diaconejjcs étoient
des veuves , & elles ne pouvoienr plus fe remarier:
il falloir même qu'elles n'enflent été mariées
qu'une fois pour pouvoir être Diaconejfcs. Ter-
tullien , L. I. ad Uxorein , C. 7. le Concile d'E-
paune , Can. 2. S. Epiphane , dans fon Livre de
la Doctrine abrégée de la loi , le difent exprefle-
ment. Dans la fuite les Vierges furent aulh faites
Diacone(fcs. S. Epiphane j dans l'ouvrage que je
viens de citer, Zonaras & Balfamon , îur le 19"
Canon du Concile de Nicée, &c. le témoignenr.
S.; Ignace le dit aufli à la fin de fon Epître à ceux
de Smyrne : mais Fabror croit que c'eft une four-
rure J parce qu'au liècle de ce Père les vierges
n'étoient point encore ordonnées DiaconeJJes. Le
Concile de Nicée met les Diaconejjcs au rang du
Clergé. On prétend que l'ordination qu'on confé-
roit aux DiaconeJJes n'étoit point facramentelle ,
& que c'étoit une fimple cérémonie Eccléfiaftiquc.
Cependanr , parce qu'elles fe donnoient la préémi-
nence au-delfus de leur fexe , le Concile de L20-
dicée défendit de les ordonner à l'avenir. Le pre-
mier Concile d'Orange en 441. défend aulli d'or-
donner les Diaconeljès , & enjoint à celles qui
avoient été ordonnées de recevoir la bénédiction
avec les fimples Laïques.
En 5 17. Le Concile d'Epaune , que quelques-uns
prennent pour Yene dans le Diocèfe de Bellay ,
abolit la confécration des veuves DiaconeJJes. Un
autre Concile des Gaules en 634. fit la même
chofe.
Les Diaconeffl-s portoient un habit particulier ,
S: étoient comptées parmi les perfonnes confacrées
à Dieu. Je ne fais fi leur nombre étoit fixé. L'Empe-
pereur Héraclius , dans fa Lettre à Sergius j Pa-
triarche de Conftantinople , qui eft parmi les No-
velles
D I A
velles dniis la Bibliothèque du Droit Canon , or-
donne qa,', clans la grande Eglifede Conftantinople,
il y air quarante "DiaconciJcs , «Se lix feulement dans
celle de la Mère de Dieu qui ctoit au quaitier des
Blaquernes.
On ne peut dire quand les DiaconeJJcs ont celfé ,
parce qu'elles n'ont point ceiré par-tout en mème-
remps. A la vérité , l'onz-ème Canon du Concile
de Laodicée lemble les abroger j mais il ell cer-
tain que long-temps après il y en eut encore en plu-
lieurs endroits. Le i6'-" Canon du 1. Concile d O-
range tenu lan 441. le 21= de celui dEpaune ,
célébré l'an 515. défendent aufli d'ordonner des
DiaconcJJes. Cependant il y en avoir encore au
temps du Concile de Coniiantinople in Truilo ,
comme il paroît par ce que nous avons die ci-def-
fus. Atton de Verceii rapporte dans fa Ville Lettre
la raiion qui les hr abolir. Il dit que, dans les pre-
miers temps, le miniilère des femmes étoic nécef-
faire pour inftruire plus aifément les autres iem-
mesj c>: les délabufer des erreurs du Paganifme ;
qu'elles fe; voient auiîi à leur adminirtrer le Bap-
tême avec bienféance \ mais que cela n'ctoïc plus
nécellaire , depiùs que l'on ne baptifoit plus que
des enfans : il faut encore ajouter maintenant ,
depuis que l'on ne baptiloit plus que par intudon.
On a auOi appelé D'uiconejjes les femmes que
les Diacres avoient cpouices avant leur ordina-
tion , comme on appeloïc Prètrefles celles que les
Prècres avoient eues de même. Atton de Verceil l'a
rema:qué dans la Lettre que j'ai citée.
^fT DL.1.COPE. f. f. Terme de Chirurgie. Taillade ,
protonde découpure. Dljcljlo , pr£ciJ:o. Efpèce de
fracture du crâne taite par un inftrument tranchant
dont le coup a été donné de biais ou obhque-
nient , & dans laquelle il y a un éclat coupé ians
être détaché ni emporté. Ce mot ell: Grec , «^ia^Msii,
du verbe SiUKu-aTu , dïfclndo , diffindo , je coupe ,
je fends. Col. de Vilars.
DI ACOUSTIQUE, f. f. La Diacouflique ell la confidé-
ration des propriétés de la réfraclion des io.is ,
félon qu'ils palfent par différens milieux , c'elt-à
dire , d'un fluide plus épais dans un plus fubtil ,
ou au contraire , d'un plus fubril dans un plus deale.
Diaci'Jlici.
Ce mot efi: Grec, & vient de êili^par, qui
marque un palFage , & d'à»;* j j'cnccnds , ë.C fig-
nifie la conïidération , l'explicacion des palTages
des fous que nous entendons.
DIACRE, f. m. Miniftre qui fert l'Aurel , &
qui eil promu au fécond des Ordres facrés.. D'ia-
conus. St. Etienne Si Saint Laurent avoient le titre
de Diacre.
Les Diacres furent inftltués au nombre de fept
par les Apôtres. Voye-^ au Chap. VI. des Aûcs des
Apôtres: ce nombre fut long-temps confervé dans
plulîeurs Eglifcs. La fonftion des Diacres ctoit de
fervir dans les Agipes , 1^ de diftribuer le pain &:
le vin aux communians. Par d'anciens Canons ,
le mariage n'étoit point incompatible avec l'état
& le miniftère de Diacre : mais , depuis j le ma-
riage leur a été interdit , le Pape ne leur accorde
des difpenfes, que pour des raiîons très-impor-
tantes, & jam.iis ils ne rcftent dans leur rang , &
dans les fonctions de leur Ordre , quand ils ont
difpenfe & qu'ds fe marient \ mais ils retournent
au rang des laïques & à la communion purement
laïque. 11 étoit défendu aux Diacres de's'alleoir
avec les Prêtres, f^oye:^ Cardinal.
Les Canons des Conciles défendent la confé-
cration aux Diacres : c'eft une fonélion facerdo-
rale. Ils défendent aulTi d'ordonner un Diacre s'il
n'a un titre , ou s'il eO: bigame , ou s'il a moins
de vingt-cinq ans : l'Empereux Juftinien dans fa no-
velle ïij. marque le même âge de vingt-cinq ans j
pour un Diacre. Cela étoit en ufage pour les
Diacres , lorque l'Eglife n'ordonnoit les Prêrres
qu'à l'nge de trente ans. Depuis elle a ufé d'indul-
gence, & il ne faut plus que vingt-trois ans pour
Tome m.
D I A 313
êrr; fidt Diacre. J^oyci le Concile de Trente, felH
25. chap. 12.. Les Diacres avoient la diltribution
des aumônes ^ &: le foin du temporal de l'Eglife.
Sous le Pape Silveltre il n'y en avoir qu'un à Rome.
Depuis on en.ht fept, & on y a long- temps confervé
cet uîage: enfuitc on en tit quatorze, & enfin
dix-huit , qu'on a appelés Cardinaux-Diacres , à la
diflérencedes autres. Leur charge étoit d'avoir foin
du temporel , & des rentes de l'Eglife , des aumô-
nes des Fidèles, des nécelîîtés des Eccléfiaftiqucs ,
& même du Pape. Les Soudiacrcs faifoient la col-
lecte j & les Diacres en étoicnt dépolitaires. Le
maniement qu'ils avoient des revenus de l'Eglife
accrut leur autorité , à mtfure que les richelfes
augmentèrent. Ceux de Rome 3 comme Minières
de la première Eghfe, le donnoient la préféance ;
ils précédoient même les Pierres : fans doute parce
que l'avance-des Prêties lailla prendre le pas aux
Diacres , qui difpofoient du bien de l'Eglife. S.
Jérôme a crié contre cette cntreprife, & prouve
que le Diacre eH: au-deifous du Prêtre. Le Concile
in Truilo , qui elt le 111« de Coniiantinople , Ca».
16. Arillinus, dans fa Synopfe des Canons de ce
Concile, Can. 18. Zonaras , fur le même Con-
cile, Can. iij. Siméon Logothete , fur le 14e ca-
non du même Concile , iJi (Ecumenius , fur le
VI= Chapitre des Actes des Apôtres , diftinguent
les Diacres dellinés au fervice des Autels , de"
ceux qui avoient loin de la dillribution des au-
mônes des Fidèles. Ainfi la coutume de faire des
Diacres , Ians autre tonciion que de fervir le Prêtre
à l'Autel, s'étant intrcdaue, alors ce fimple Ordre
de Dhscres n'ofa s'élever au-delUis des Prêtres.
Pour les autres , qui avoient retenu l'adminidra-
tion des deniers , ils vouloient auffi conferver la
fupériorité , &:, pour fe diilinguer , ils appelèrent
^archidiacre , le premier àes Diacres , depuis qu'ils
fureur multipliés : il en demeura fept à Rome
qui avoient foin des rentes Papales (S: de chanter
l'Evangile devant le Pape. Ils luient dil'hibués en
fept régions , fuivant les lepr régions de Rome.
Eoiiandus , dans la vie de Saint Fabien , C. 11.
^cl. Sancî. Jan. Tan. I.pag. 258. remarque plus
exaélemeht qu'il y avoit quatorze régions dans
Rome j 6c fept Diacres , qu'ainfi chaque Diacre
étoit prépofé à deux régions \ que le premier de
tous étoic appelé Archidiacre , Arcliidiaccnui , &
les autres Diacres Cardinaux , Diaconi Cardinales.
De U vient qu'on trouve Diacre Cardinal dans la
4^, ice & 11^ région. Il les appelle Diacres Ré-
gionnaires , Diaconi Regionarii. juftinien , Novell.
III. p. 15. ordonne qu'il y ait juiqu'à loo Diacres
dans la gr.ande Eglife de Conftantinonle. P''oyei le
Nomocanon de Photius j Tir. 1. C. 50. où il rap-
porte auflï cette loi. Dans l'Eglife de Blaquernes
il n'y en avoit que dix- huit , comme il paroît par
la même Novelle de Juftinien j 6c par une aurre
d'Héraclius. ^ijye^ la Bibliothèque du Droit Canon ,
pag. 1370.
Les Diacres récitoient certaines prières dans les
faints Myflàres j & à caufe de cela , on nommoit
ces prières Diaconiques. f^'oye^ ce mot. Ils avoient
foin de contenir le peuple à l'Eglife dans l'ordre
& la modeltie convenable. Il ne leur étoit point
permis d'enfeigner publiquement , au moins en
préfence d'un EvêquPj ou d'un Prêtre; ils inftrui-
îoient feulement les Catéchumènes , 6c les prépa-
roienr au B.iptême. Ils croient prépofés aux portes
de l'Eglile pour les garder : dans la fuite , les fou-
diacres furent chargés de cette fonârion , comme le
remarque l'Auter.r du livre de la Hiérarchie Ec-
cléfiaftique , attribué à Saint Denys , C. V. Myft.
I. n. 6. aufii-bicn que Pachimère & 5aint Maxime
fur cet endroit. En certains cas ils donnoient le Bap-
tême , toujours néanmoins dépendamment de l'E-
vêque, & jamais qu'en l'abfence des Prêrres : en ce
cas même, le Pape Gélafe leur défend de le faire
que dai7s Textrême nécelîité. Les Diacres n'ont ja-
mais eu le Douvoir de confacrcr , ni même de
Kr
314 D I A
donner l.i Communion aux Prêtres : il lent écoit
permis dans la pénitence publique de recevoir à
pénitence ceux qui le prélencoienc , ou , comme on
parloir, de leur donner la pénitence j de leur ad-
miniftrcr mcme Tlincharillie en cas de nccenité ,
fur-tout lorlque l'Evéque ou le Prêtre le leur ordon-
noit ^ mais jamais ils n'ont eu le pouvoir de récon-
cilier les pénitenSj ou de leur donner l'ablolution.
/'^oye^ le Concile d'Elvire Can. ji. Alcuin , de
Divin. Off. in Capite Je;iin. les Conltitutions !:yno-
dales du Diocèfe de Saintes, faites en 1270. par
Simon Cardinal-Légat j qui fut depuis Martin iV.
le Pontifical Romain, ouvrage du Vi*^ ficcle ; l'Or-
dre Romain , y^r. 4.^/2 Capue Jejun. Burchard , L.
XIX. du Décret, C. 11,5. 1^4. Yves de Chartres,
p. XV. C. 161. i6z. Odou de (Paris, Statue. Synod.
5. &c.
Les Diacres chantoient l'Evangile devant le Pape ,
quand il venoit célébrer dans une Eglile de leur
région ; c'eft pourquoi ils furent appelés Diacres
Cardinaux , on principaux Diacres ^ de la première ,
féconde & troilîème région j comme étant les direc-
teurs, & les adminiftrateurs de l'Eglile Patriarchale;
Ainfi les premiers Cardinaux ont été les Diacres de
l'Eglife de Rome. On diftingua encore à Rome deux
fortes de Diacres , par rapport aux fonélions qu'ils
faifoient. Les uns s'appeloient Diacres Palatins , ou
Diacres du Palais ; & les autres s'appeloient Z)iji:rej
Stationnaires , ou Diacres des Stations. Les Diacres
du Palais croient attachés à l'Eglife de faint Jean de
Latran : c'étoit- là qu'étoit le Palais du Pape. Les
Stationnaires faifoienc leurs lonttions dans les Egli-
£es où il y avoit des Hâtions marquées.
Il y a chez les Maronites du Mont -Liban deux
Diacres qui font de purs adminiltrateurs du tempo
rel. Le P. Jérôme Dandini , qui les appelle dans fi
Relation Li Signori Diaconi , dit que ce font deux
Seigneurs Séculiers , qui gouvernent le Peuple ,
jugent de tous leurs différends , & traitent avec les
Turcs de ce qui regarde les tributs , ik de toutes
Xqî, autres affaires qui fe rencontrent. Il femhle que
le Patriarche des Maronites ait voulu imiter les
Apôtres , qui fe déchargèrent des affaires tempo-
relles de l'Eglife fur les Diacres qu'ils élurent : Ce
n'ejl pas bienfait , difent-ils de laijjer la parole de
Dieu pourfervir aux tables. Ce fut- là l'occafion du
premier établiffement des Diacres. Il y a Ue l'appa-
rence que les Maronites ont voulu conferver chez
eux quelque chofe de cerre difcipline Apolfolique.
Voyez dans les Acla Sancl. Maii j Tom. VII.
Paralip. p. 97, l'ancien habit des Diacres.
Ce mot originairement fignifie Miniflre , Se eft
formé de Diaconus , mot Latin , qui a été fait de
èiki-.wùi qui fignifie , Miniflre.
Les cérémonies qui fe pratiquent quand on or-
donne les Diacres , ne font pas les mêmes dans
toutes les Eglifes. Dans l'Eglife Romaine on fiit les
Diacres de la manière qui fuit : un Archidiacre pré-
fente à l'Evêque ceux qui demandent l'Ordre de
Diacre j & l'Evêque demande s'ils en font dignes :,
l'Archidiacre répond qu'ils le font , autant que la
fragilité humaine le peut permettre : alors l'Evêque,
étant aOîs , & revêtu de fes iiabits pontificaux , dé-
clare tout haut qu'il les admet pour être Diacres ,
puis il leur fait une courre exhorration , dont la
formule efl: dans le Pontifical : enfuite il exhorte le
Clergé & le Peuple à fe joindre à lui, pour deman-
der à Dieu les grâces nécelTàires pour ceux qui vonr
être ordonnés Diacres : il fe lève , & fait une prière
par laquelle il demande ces grâces , après quoi on
lui ôre fa Mitre , & il chante ou récite une efpèce
de préface , vers la fin de laquelle il étend la main
droite fur la tête de chacun de ceux qui demandent
le Diaconat , & qui font à genoux , & dit , Rece-
vez le Saint Efpritpour avoir de la force , & pour ré-
Jlfler au Diable , & à fes tentations. Au nom du Sei-
gneur. V achève la préface , reprend fa mitre , s'as
fîed , & met l'éto'.e , puis la dalmatique , à ceux
" qu'il ordonne-, en récitant à cha ^ue cérémonie une
DI A
formule , ou une prière convenable à cette cérémo-
nie : enluite il leur prélente le livre des Evangiles
( c'eft le Miffel ) qu ils doivent toucher de la main
droite j tandis que l'Evêque dit , Recevc^ le pouvoir
de lire l'Evangile dans l'Eglife de Dieu , tant pour
les vivûns que pour les déjunts. Au nom du Seigneur.
Ainfi foit-d. La cérémonie finit par des prières que
l'Evêque récite après s'être levé , & s'être tourné du
côté de ceux qu'il vient d'ordonner. Voyez le Ponti-
fical Romain , & les anciens Pontificaux rapportés
par le P. Marrcne , dans fon ouvrage des anciens
Rits de l'Eglife.
Dans ^l'Eglile Latine toutes les Eglifes particu-
lières pratiquent aujourcl hui , & ont autrefois pra-
tiqué à-peu-près les iviêmes cérémonies. On n'a pas
néanmoins toujours prélenté le livre des Evangiles à
ceux qu'on fait Diacres ; & les plus anciens Ponti-
ficaux qui rapportent cette cérémonie font ceux des
Eglifes d'Angleterre , ou de quelques autres Eglifes,
mais foumiles à la domination des Anglois lorfque
ces Peuples étoient Catholiques. Ce n'eft pas à dire
que cette cérémonie ne puiffe être aujourd'hui la
matière de l'ordination des Diacres , «In: que l'Eglife
n'ait pu la déterminer ainh.
Dans 1 Euchologe des Grecs on trouve les céré-
monies luivantes pour l'ordinarion des Diacres.
Deux Diacres préfentent à l'Evêque , qui eft fur foii
trône , celui qui doit être ordonné Diacre : ils font
trois tours autour de l'Autel , en difant , Saints
Martyrs qui combatte-^ avec courage. Alors celui qui
veut être fait Diacre s'approche de l'Evêque , qui
le marque trois fois à la tête , lui fait ôtf;r fa cein-
ture, & lui ordonne d'ôter la ferviette, ou la nappe :
après avoir fait cela , il s'approche de la table fa-
crée, la touche du front , & fiéchit le genou droit ;
puis , tandis que l'Archidiacre dit à haute voix ,
Soyons attentij's j l'Evêque étend la main droite fur
la tête de celui qui doit être fait Diacre , & il l'or-
donne en prononçant la forme en ces termes : La
grâce divine qui guérit ce qui ejl infirme , & qui donne
ce qui manque , élevé au Diaconat N. Soudiacre très-
pieux. Prions pour lui, afin que la grâce du Très-Saine
Efprit vienne fur lui. Les afliftans difent trois fois ,
Seigneur _, aye^ pitié : l'Evêque marque trois fois à
la rête d'un figue de croix le nouveau Diacre , qui
dit pendant cette cérémonie , Prions le Seigneur.
L'Evêque enfuite récite deux prières différentes ,
tenant toujours la main étendue fur la tête du nou-
veau Diacre : entre ces deux prières l'Archidiacre
récite la Diaconique. Après que l'Evêque a achevé la
dernière des deux prières qu'il récite , il met l'étole
au nouveau Diacre ; puis on chante quelques courtes
prières , qui terminent la cérémonie de l'ordination
des Diacres.
Les Coptes ont un Rit particulier pour l'ordina-
tion des Diacres. Ce Rit renferme les cérémonies
que voici. Celui qui préfente quelqu'un pour être
ordonné Diacre , l'amène & le conduit à l'Autel
devant l'Evêque : là il met le genou droit à terre fur
les degrés de l'Aurel : l'Evêque prend l'encens , &c
le bénit , en difant une prière allez longue : elle eft
fuivie d'une féconde que l'Archidiacre récite , Se
de trois autres qui font dites par l'Evêque : durant
la première &c la dernière de ces trois oraifons, il a le
vilage tourné du côté de l'Autel, c'eft-à-dire , à l'O-
rient ; & , durant la féconde, il eft tourné du côté de
l'Occident, & il a la main droite étendue fur la têre
de celui qu'il ordonne : il fe rourne encore vers lui
après la rroifième de ces prières , &. il le marque
au front de fon pouce, en difant : Nous vous ap-
pelons dans lafainte Egtife. Ain'i foit-il. Après quoi
l'Archidiacre dit : Un tel efi Diacre dans la fainte
Eglife , l'Eglife Apofiolique , l'Eglife de Dieu. Ainfi
foit-il. EnCimi: l'Evêque'dit : Nous ordonnons Diacre
un tel fur l'Autel , c'efl-à-dire ,fur telle Eglife ortho-
doxe , au nom du Père , & du Fils , & du Saint
Efprit. Ainfi foit il. Puis il fait trois croix fur le front
du nouveau Diacre , & , après serre tourné vers l'O-
rient, il récite une prière, laquelle étant finie , il
Di A
mît rétole fur rép:iiile gauche du nouveau Diacre'^
( Baltlieiim ) H faut tradime.par le mot d'étole ce
mot de Li verlion Latine que le PèreKirlcet, Jéfuite,
a laite du Rituel des Coptes. En mettant Tétole au
Diccre j l'Evêque récite une prière à laiainte Trini-
té. Alors le Diacre , Se tous ceux qui ont aliirtc à Ion
ordination, s'approchent de l'Autel. Le Rituel des
Coptes avertit qu'ici 1 ordination du Diacre ell tînie ;
mais il ajoute encore quelque chofe qui termine
toute la cérémonie.
Les Neftoriens qui font en Syrie & ailleurs pra-l
tiquent les cérémonies fuivantcs dans l'ordination -
des Diacres. L'Evêque ptie pour ceux qui fe piélen-|
tent pour recevoir le Diaconat : ils approchent de 1
l'Autel , & l'Evêque commence un canon ( c'ell une
prière qui n'a rien de particulier que le nom de
cansn ) puis il monte (ur fon liège , & ceux qui
doivent être ordonnés fe tiennent au-dellous du
chandelier , où ils adorent étant proiteinés , ce qu'ils '
lont toujours t.indis qu'on récite, ou qu'on chante;
des canons. Ce qui fe chante enfuitece lont des hym-
nes , ou des canons , que l'Evêque d<. l'Archidiacre
chantent , tellement cependant que l'Archidiacre ne j
fait qu'annoncer la prière appelée hymne ou canon,
en d liant , Prions , ayons la paix j ou la paix J'oit
avec nous : ces prières font chantées par l'Evêque fur
différons tons. Dans cette cérémonie il but remar-
quer les chofes fuivantes. i". L'hymne n'a ni la for-
me , ni le carailère de nos hymnes , c'eft une prière
ordinaire, i®. L'Evêque prépare un parfum agréable
avant que de chanter l'hymne. }°. Dans un des ca-
nons on nomme fix des ïiiacrcs dont il ell parlé au
chapitre d.s Ailes des Apôtres , le nom de Timon
çrt omis : on nomme aulli les Apôtres Pierre & Paul ,
& les Evangéliftes Matthieu Hc Marc . fans donner
à ces quatre Saints le nom de Saint ou de Bienheu-
reux : enfin , l'on joint à tous ces noms ceux de Ser-
gius, de Bicchus , de George & de Cyriaque, quiî
font appelés Martyrs , & on prie Dieu de les join-
dre avec fes fervireurs Jufte & Athanafe. Toutes ces
prières finilfent par une qui n'eft appelée ni hy rane _,
ni canon, mîi'i prière , orado.
Lorfqu'elles font achevées , l'Evêque fait mettre à
genoux devant l'Autel ceux qui demandent le Dia-j
conat i pour lui , il fe lève & fait une prière ou |
oraifon mentale , tandis qu'ils chantent quelque j
prière : alots l'Archidiacre leur fait mettre le genou'
droit feulement contre terre , te gauche demeurant !
élevé : ils mettent auUî leurs mains fur leurs oreilles
ayant les doigts élevés en haut : l'Evêque quitte fon
bâton paftoral pour dire une prière , durant laquelle
il a la main droite étendue fur ceux qu'il ordonne , '
& la gauche étendue comme un homme qui prie : à
la fin de cette prière il fait un ligne de croix fur la
tête de ceux qu'il ordonne , & après que l'Archidia- ,
cre a averti de prier pour eux , l'Evêque dit encore '
une prière alfez longue , ayant chacune des deux
mains étendue comme auparavant : à la fin de cette \
prière il fait encore un ligne de croix fur leurs têtes.]
H leur commande de fe profterner pour adorer , & •
enluite de fe lever ; & alors il leur met fur l'épaule
gauche l'étole qu'ils ont fur le cou. l'Archidiacre
donne à l'Evêque le livre de l'Apôtre ( c'eft la fainte
Ecrituie , ) l'Evêque préfente à ceux qu'il ordonne
ce livre pour le toucher , ce qu'ils font d'une ma-
nière particulière , le touchant du doigt appelé in-
dex J depuis le bas jufqu'au haut du côté droit , en
tirant vers le gauche : durant cette céiémonie l'Evê-
que dit ces paroles : Un tel a été féparé , a été fanc-
tijîé , aété perjeclionné , a été corifacré , pour accom-
plir le winijlère Eccléfiajiique du Diaconat , & l'Œu-
\re du Lévite Etienne _, Au nom du Père , & du Fils ,
& du Saint Efprit. Puis il donne le baifer au nouveau
Diacre , que l'Archidiacre fait tourner autour de
l'Autel à droite & à gauche , ce que tous font de
même , s'il y en a plufieurs. L'Evêque , après avoir j
c:é aux nouveaux Diacres le livre qu'il leur a pré- j
te
len
ax nouveaux uiacres le livre qu il leur a prc-
, reprend fon baron paftoral , monte fur fon j
, & dit quelque prière ou canen, après quoi il
Dî A y\$
donne la benédidtion aux nouveaux Diacres. \cysA
le Rit-uel des Nelloriens traduit en Latin par le i'»
Jean Aiorin.
Chez les Jacobites Se chez les Eutychiens la Chi-
rotonie , ou l'ordination des Diacres j fe fait ainh.
Celui qui fe prélente pour être ordonné s'approche
de l'Autel ayant la tête nue , puis il s'incline tandis
qu'on lait l'oblation : lorlqu'clk- el1; achevée l Eve-
que lui coupe en forme de croix des cheveux fur la
tête, il lui tait une exhoitation fur les dc-vons de
ion état, ik. le remet entre les mains de celui qui le
préfente. L'Evêque le reprend auili- tôt par la main
droite , en lui difant , Le Saint Lj'prit vous appelé T
il le fait approcher de l Autel , & lui fait mettre le
genou droit en terre : alors le premier des Diacus
du à haute voix une prière appelée louange , prii-
conium J ( Ce n'eft qu'une prière ordinaire. ) Après
cette prière l'Evêque fait quelques cérémonies qui
concernent le facnhce j enfui te defquelles il revient
à celui qu'il doit ordonner j il applique les mains
fur fa tète , puis les élève , étend les bras & les
abailfe en tremblant ; ce qu'il fait trois fois de fuite ,
ayanc pendant ce temps là les yeux élevés vêts le
Ciel , qu'il regarde avec crauue : puis il étend la
main droite fur la tête de celui qu'il ordonne , 6c
lui couvre la tête & les mains d'un voile appelé
phaina : tandis que fa droire eft toujours éten-
due , il porte la gauche trois fois autour de la tête
de celui qu'il ordonne.
Cela fait , l'Evêque & les Diacres agitent &:
remuent des efpèces d'éventails , {flabellum) ^ les
Diacres récitent une prière , à la fin de laquelle l'E-
vêque fe tourne vers l'occident du côté de celui qu'^l
ordonne , étend la main fur la tête , lui fait un hgne
de croix entre les yeux, en difanr : // a ete ordonné
dans la fainte EgliJ'e de Dieu , l'Archidiacre ajoute :
un tel Diacre à i'A'LtelJai.'.C de la niaijon de la merz
de Dieu , i^ des faints ^-^ipotres , 0 des quarante vic-
torieux Martyrs , C de tel Saint feigneur de tel lieu :
( qui y prénde ) l'Evêque ajoute : un tel Diacre à i' au-
tel jaint du Lieu orthodoxe qui vient d'être nommé : le
Diacre dit: Bénijje^^ Seigneur i l'Evêque ajoute : ^u
nom du Père, ainjijbit-il ; & au nom dut ils \Lt au nom.
du S. tjpritpour la vie dujiècle dcsjiècles , airiji foit-iL
Alors l'Evêque prend par la main celui qui efr or-
donné , il le fait lever , Se ayant pris l'oraire , ora~
rium , ( c'elf l'etole ) il le porte de la main en tour-
nant au-de(lus de fa tête en difant : A ta louange &
l'honneur i> la gloire & T exaltation de la fainte <S con-
fuhjiantielle 1 rinité , & la paix & l'édification de la
fainte Egitfe de Dieu ; puis il met cet oraire fur l'é-
paule gauche du nouveau Diacre , & lui donne l'é-
ventail : alors chacun de ceux qui lont prcfens récite
le répons. A la louange , &:c. Enfin , l'Evêque prend
l'encenfoir , y met des parfums , S>c le donne au
Diacre ,c^m fait des encenfemens autour du peuple,
tandis qu'on récite le répons qui a déjà été dit deux
fois , A la louange , &c. Voyez les Rituels des Jaco-
bites & des Eutychiens , de la ttadudtion ic de l'é-
dition du P. Jean Morin.
Les î'Iaronites font au commencement de l'ordi-
nation des Diacres à-peu-près les mêmes cérémonies
que les Jacobites. Apres qu'on a piéfenté celui qui
doit être ordonné , qu'on a fait des encenfemens &C
récité quelques prières , l'Evêque donne la tunique
& l'oraire à celui qu'il ordonne ; & enfuite on lui
fait lire quelque chofe de la première Epitre de Saine
Paul à Timothce , puis réciter une prière alTez lon-
gue : on lui donne l'encenfoir , il encenfe l'Autel
en tournant autour , il fait le tour de lEglife e«
portant l'Epître , &: après l'avoir quitté il agite la
voile en difant une prière ; après quoi il s'incline :
l'Evêque met la main fur fa tête , & dit : // £• été
ordonné dans la fainte Eglife. ( Il avoit déjà reçu au-
paravant l'impofition des mains , inais il n'eft poinc
marqué en quel endroit de la cérémonie de l'ordi-
nation. ) Alors l'Archidiacre déclare à haute voix
qu'un tel eft ordonné Diacre , Sec. Ce nouveau Dia~
(re donne le baifer à l'Autel Se à l'Evêque , partis
Rrij
:; i6
D I A
cipe aux faints myllères , & la cérémonie finit.
Voyez la Veifion des Ordinations des Maronites du
P. Jean Monn.
L'éventail , Jïabellum , dont il efi: fouvent parlé
dans les Pontificaux , &: qu'on donnoit aux Diacres
dans la cérémonie de leur ordination , à été en
ufage dans l'Eglife Latine , aufli bien que dans l'E-
glife Grecque \ mais bien plus dans la Grecque que
dans l'Eglile Latine , où le froid du climat rend
les mouches & les autres inleétes f'emblables moins
iucommodes : & parce que c'étoit une des tondions
<les Diacres de chalLer les mouches durant le faint
facritice , on leur donnoit un éventail en les or-
donnant.
Diacre d'honneur. Diaconus honorarius, ou ajjljlens.
Le Diacre d' honneur tift un Diacre qui allifte celui qui
dit une Melfe folenneile , fans faire aucune fonétion
dz Diacre : il eft feulement revêtu des ornemens de
fon Ordre. Quelques Auteurs difent que les Diacres
d'honneur àa.ns leur inftitution n'avoient point l'Or-
dre de Diacre , &c qu'ils pouvoient par conféquentfe
marier j mais, parce qu'ils approchent de fi près des
autels , on jugea à propos dans la fuite de ne point
recevoir de Diacres honoraires qui n'euiïent l'Ordre
de Diacre, & qui ne fullent obligés au célibat.
Diacre d'Office. Diaconus miniftrans. Le Diacre
d'once eft celui qui aflllte ua Prêtre qui dit la Mef-
fe , & qui fait les fondions de fon Ordre de Diacre ,
en quoi il diffère du Diacre d'honneur ^ qui ne Riit
aucune fonétion de fon Ordre ^ & qui affifte lîmple-
ment. Les jours les plus folennels il y a à la Mefîe un
Diacre d'honneur &C un Diacre d'office.
DIACRIEN , ENNE. f m. & f. Nom d'une ancienne
faétion dans Athènes. Diacrianus ^ a.Uy avoit deux
f lattis dans Athènes. L'un étoit des partifans de l'O-
igarchie , qui vouloient qu'il n'y eût que peu de
perfonnes employées au gouvetnement.L'autre étoit
de ceux qui vouloient que le gouvernement fût dé-
mocratique ou populaire , c'ell-à-dire , que tout le
peuple y eût part. Les premiers s'appeloienr Dia-
criens , & les autres Pédiaques. Ceux-ci habitoient
dans la balFe- ville , & ceux-là dans le haut quartier
d'Athènes. Les loix de Solon portoient que Pififtrate
feroit le Chef des Diacriens. On dit cependant que
Pandion diftribua le quartier des Diacriens à fes nls,
Bc mit Lycus à leur tête j c'eft le Scholiafte d'Arifto-
phane qui nous l'apprend fur la Comédie des Guê-
pes, p. 518. édit. de Genève.
DIACRIZER. Soudiacri^er. Ces verbes , inventés par
Henri Etienne, font neutres, quand ils fignifient
faire les fondions de Diacre & de Soudiacre aux
MefTes hautes ^ Se adifs , quand il s'agit des Melles
qu'il appelle Diacri^ees & Soudiacri^ees j c'eft à-
dire, fervies par des Diacres &: des Soudiacres. f^oy.
fon apologîepour Hérodote, chap. 35. art. 6.tom.3.
pag. 192.
DIACYUONITE. adj. Terme de Médecine & de Phar-
macie. Il fe dit des chofes, des remèdes où il entie
des coins. La confedion diacydonite eft de la con-
fedion de coins , de la confedion où il entre des
coins.
Ce mot vient de ^(« & de xMnut , coin. 'Voyez
Dia.
DIADEME , f. m. C'étoit autrefois un bandeau Royal
tifTu de fil , de laine , ou de foie , qui étoit la mar-
que de la Royauté , parce que les Rois s'en cei-
gnoient le front , pour lailfer la couronne aux Dieux.
Diadema , Jafcia candida. U étoit d'ordinaire blanc
& tout fimple \ mais quelquefois il étoitde broderie
d'or , chargé de perles & de pierreries. On entortil-
loit quelquefois le diadème autour des couronnes &
des chapeaux de laurier , 5i on le portoit en diver-
ies parties du corps : car Phavrionus témoigne que
Pompée fut foupçonné d'afpirer à la Tyrannie , à
caufe qu'il porroit une jarretière blanche , pour fer-
vir de ligatur; à un ulcère qu'il avoit à la jambe.
Pline j liv. 7. chap. 5. dit que Bacchus fut le pre-
mier inventeur des diadèmes. Athénée dit que les
buveurs s'en fervoient pour fe garantir des fumées
D I A
du vin en fe ferrant la tête j & que depuis on en a
fait un ornement royal. On ne convient pas du tems
où les Empereurs Romains prirent le diadcme , qui
étoit la marque de la fouveraineté. On difpute fi ce
fut Caligula , ou Aurélien , ou le Grand Conftan-
tin. Il eft certain du moins que les premières effi-
gies des Empereurs Romains font ornées de diadè-
mes , ou de bandeaux feulement. Depuis ils prirent
des couronnes rayonnées , pour reptélenter l'éclac
de la Divinité.
Le diadème eft plus ancien que la couronne. C'eft
le propre ornement des Rois , qui n'eft devenu que
danslebas-Empire celui des Empereurs. Je fais qu'un
Savant a prétendu que le diadème étoit un privilè-
ge attaché à la qualité d'Augufte. Jornandès dit
qu' Aurélien eft le premier des Empereurs Romains
qui ait pris le diadème. C'eft un tilfu tantôt plus &C
tantôt moins large, dont les extrémités j nouées der-
rière la tête , tombent fut le col. Ce n'eft que depuis
Conftantin, que les Empereurs Romains s'en font
fervis( fur les médailles ) en le relevant par des per-
les, ou par des diamants, ou iimples, ou àdouble
rang , & ont permis aux Impératrices de le porter ;
ce qui ne s'étoit point vu dans le haut-Empite , où
jamais tète de femme ne fat couronnée. Je dis dans
l'Empire & dans le haut-Empire, parce que nous
trouvons des Reines fur les médailles Grecques ^ Sc
dans le bas-Empire, qui portent le diadème ^ ou la
couronne , témoin Jotape , Théodora , Galeria , Va-
leria. P. Jobert. Les Rois de Syrie^ d'Egypte j du
Pont J de Bithynie, & autres d'Afie, portent aufti le
diadème fur leurs médailles.
Le jeune Victor dit qu' Aurélien prit le diadème _,
ce qu'aucun Empereur Romain n'avoir encore ofé
faire \ car , quoique le même Vidor écrive que Ca-
ligula l'avoir fait j on voit par Suétone qu'il en avoit
feulement eu la penfée j & on l'empêcha de l'exé-
cuter, Héliogabale en prit un ; mais ce ne fut que
dans le Palais , &: non pas pour paroître en public :
Jornandès en attribue même le commencement à
Dioclétien. Néanmoins il y a une médaille d'Auré-
lien , avec une couronne allez femblable à celle de
nos Ducs , foutenue par une bordure de perles j qui
a grand rapport à un diadème-^ & ceux qui ont expli-
qué cette médaille , difent que c^en eft un : Spanheim
convient aufti qu'il le prit. Ses fuccellèurs l'imitè-
rent; & néanmoins cet ornement Royal ne devine
commun & ordinaire que fous Conftantin. TiLLEiVf.
Un Auteur du V^ fiécle dans Bollandus j Jan. T. I,
p. 45. A. préteitd que Conftantin a porté le premier
le diadème , & qu'il ne le prit d'abord cjue pour fer-
rer fes cheveux, & les tenir en état. Cela a peu d'ap^
parence ; & il eft certain au moins que quelques
Empereurs ont porté le diadème avant lui , comme
Aurélien & Carin. Eufebe l'attribue à Conftance
Chlore , lors même qu'il n'étoit encore que Céfar ;
& cela fe vérifie par une de (es médailles , où on le
voit avec un diadèmcoïnéà^ rayons ; c]uoique, mê-
me depuis Conftantin , & depuis que le diadème fut
devenu un ornement ordinaire des Auguftes, on ne
le donnât pas toujours aux Céfars. On le rrouve dans
quelques médailles de Julien encore Céfar; & néan-
moins il ne l'eut point qu'étant Augufte. M. du Can-
ge ne veut point foutenir que Conftantin ait pris le
premier le diadème ; mais qu'il en a fait le premier
une efpécede cafque, ou de couronne fermée ^ com-
me on le voit dans quelques-unes de ies médailles ,
& dans celles de fes fuccefteurs. Tillem.
Le mot de diadème vient de diadema _, en Grec
Siâ^isfM^ qui veut dire J une bandelette qui entoure la
tête : dans fon origine il veut dire, ce qui lie j ce qui
entoure , & ^iâ^y,fia vient de ^iafia alUgo , verbe com-
pofé de la prépofition <^(« & è'm je lie.
Diadème, fe prend en général pour la dignité Royale,
ou la fouveraineté , fur-tout en pocfie. On lui a of-
fert le diadème. Refufer le diadème.
î^ul n'a porté Jî haut t honneur du diadème, BbnsT
D î A
En vain l'orgueil du diadème.
VeutquonfoitinfcnJibLe à ces cruels revers. Quin.
Soname ejiau-dejfus de fa grandeur fuprê me ,
La vercu brille en lui plus que le diadème. Flech.
Il parle de Louis le Grand.
Et dégoûté du diadème ,
Aima mieux régner fur lui-même ^
Que de régner Jur l'Univers.
Nouveaux choix de vers.
Qui fauroitbience que C efl qu un diadème.
Il cnoifiroit aujjicuc le tombeau y
Que d'af[eublerfon chej de ce bandeau j
Car aujji bien il meurt lors à foi-même. Pvbrac.
Diadème , en termes de blafon , fe dit aufli des ceintres ,
ou cercles d or qui fervent à fermer les couronnes des
Souverains , &c à porter la fleur-de-lis double , ou le
globe croilé qui leur fert de cimier. Les couronnes
des Souverains diffèrent, en ce qu'elles font fermées
d'un plus grand , ou d'un plus petit nombre de dia-
dèmes. Lespiélats portoient aulîi autrefois une efpéce
de diadème \ puifque Baronius écrit que S. Jacques
Apôtre portoitfur le front une lame d'or pour mar-
que de fa dignité Epifcopale. On nomme aulîi quel-
quefois en blafon diadème ^ owtorcil, le bandeau qui
ceint les tètes de More fur les Ecus.
DIADEME, adj. En termes de blafon , fe dit d'une
manière de cercle qui fe nomme proprement diadè-
me ^ &c qu'on voit quelquefois fur les tètes de l'ai-
gle éployée. Diadematus.
|cr DIAE>OeHUS, f. m. Pierre à laquelle on attribue
la propriété de faire paroître les démons.
DIAGLAUCIUM , f. m. eft le nom d'un collyre que
Scribonius Largus j Num. ii. recommande pour les
ophthalmies & les lippitudes qui ne font que com-
mencer. Il tire fon nom de glaucium , qui , fuivant
Diofcoride, /iA. i. chap. lo. eft le fuc d'une plante
qui croît près de Hiérapolis , Ville de Syrie. Dale
prend cette plante pour le chardon purgatih f'oye:^
la compofition de ce remède dans Scribonius Lar-
gus, à l'endroit que nous avons indiqué.
:SCrDIAGNOSE,f. f. terme de Médecine. Connoif-
fance que l'on peut avoir par des lignes , de l'état
préfent d'un homme malade ou en fanté. Ce mot
ell grec; ^t»vv!!>Fi; ^ dignocio , dijudicacio, dérivé du
verbe «^«yv^^f-» , je connois , je difcerne , je juge.
DIAGNOSTIQUE, adj. m. Terme de Médecine , qui
fe dit des figues & fympcomes qui donnent l'indica-
tion & la connoiflance aux Médecins de la nature &
des caufes des ma\a.diss. Indïcaciv us. Il y a des lignes
prognoftiques , Se d'autres diagnojliques. Nous avons
trouvé dans quelques livres recens dianojlique : fi ce
n'eft point une faute d'impreflTion , c'eft une afteda-
tion que l'on ne croit pas devoir être imitée. Il faut
mettre un ^ , & le prononcer féparément fans le
mouiller avec \'n.
Diagnostique, f. m. Terme de Médecine. Lefym-
ptome même ou le ligne qui indique la nature d'une
maladie. Cet enfant a tous les diagnojliques de la pe-
tite vérole.
DIAGONAL, ALE. adj. & DIAGONALE, f.f. Terme
de Géométrie. Ligne qui pafTe d'un angle à l'autre
dans une figure de pluneurs côtés. Diagonalis , dia-
gonicus. La diagonale d'un quarré eft incommeufu-
rable avec un de fes côtés, Euclide, liv- lo. Dans
les autres polygones, il faut qu'une lignepalfe par leur
centte , & d'un angle à l'autre , pour être diagonale.
Ce mot s'applique auffi aux corps folides. La diago-
nale d'un cube.
DI AGON ALEMENT , adv. D'une manière diagona-
le. Diagonaliter. Quand les lignes fe coupent di.tgo-
nakmenty elles marquent le centre de la figure.
« -' DIAGRAMME , f. m. Terme de Tancienne Mufi-
que. Fbye^ Ganyiie.
DIA
517
DIAGREDE, f. m. Terme de Pharmacie, qui fe dic
de b fcammonce préparée. Cette préparation le faïc
ordinairement en tail'ant cuire la fcammonèe dans un
coin. D'autres lui lont recevoir la vapeur du foufre
allumé , d'où vient qu'ils l'appellent diagrèdefoujré^
en Latin duigredium fulphuramm. Il y en a qui l'incor-
porent avec une quantité fuftifante d'efprit de vitriol
rofat , pour en faire une pâte liquide , qu'or, met en-
luite fècher au foleil , ou à petit feu : ils appellent
cette préparation diagrcde rofat. Le but qu'on a dans
ces préparations, eft de corriger la fcammonée jmais
on prétend aujourd'hui qu'elle n'a rien qui demande
d'être corrigé, Ôc qu'on peut l'employer en fon état
naturel. C'eft un très - bon purgatif. Le mot dia-
gredium a été fait par corruption de ^«xpu^iov , petite
larme.
DIAH, ou DIATH. Terme de Relation. C'eft le nom
que les Arabes donnent à la peine du talion. Maho-
met porte la loi du talion en deux endroits de l'Al-
coran, 1", Surate II. intitulée La Vache ^ nombre
179. t^s: 180. i". Surate V. La Table , n. 55. Il ne fe
fert pourtant point en ces endroits, ni en aucun au-
tre , que je fâche , du mot mi, diah ; ce font les Ar. -
bes qui l'ont donné à cette peine ,• mais il emploi., le
mot DXDy Kafas , & permet que l'on demande ame
pour ame, œil pour œil, nez pour nez, oreille puur
oreille , dent pour denr , comme Moife l'.ivoit per-
mis dans la loi Judaïque. Il dit encore que Ion tuera
un homme libre pour un homme libre, un elclave
poui un efclave , une femme pour une femme. Ma-
homet convient pourtant dans la V^ Surate , n. 5 5 ,
qu'il eft mieux de pardonner une iu'ure, que de la
venger par la peine du talion \ car il dit que ce par-
don fera, pour celui qui l'accordera , l'expiation de
fes péchés, l'oy.ïz Bibliothèque Orientale d'i d'Her-
belot.
|Kr DIAHEXAPLE, f. m. Nom d'un breuvage pour
les chevaux, compofé d'ariftoloche j de racine de
gentiane, de baies de genièvre 3c de laurier, de
gouttes de myrrhe & de raclure d'ivoire. C'eft un
bon contre-poifon.
DIAIRE , adj. f. Nom Latin qu'on donne à une efpèce
de fièvre, parce qu'elle ne duie qu'un jour. L>iaria. :
on l'appelle autrement éphémère. Col de Villars.
DIALECTE , f m. Langage particulier d'une Provin-
ce , corrompu de la langue générale , ou principale
du Royaume, ou de la nation. Dialeclus , loqusndi
genus. Homère pouvoit parler dans un feul vers,
cinq langues différentes ; c'eft à-dire , cinq forces de
Dialecle-^ le Dialecie Attique^ Ionique , Eolique,
Dorique, & la langue commune des Grecs. Cette
bigarrure de Dialectes tfi defagréable; &qui uferoic
du même privilcL^e en François. , feroit des vers ri-
dicules. Le Champenois, le Picard, font des Z)/iZ-
lecles François. Le Boutonnois , le Bergamafque ,
font des Dialecies Italiens.
On appelé proprement -Dij/<;r?ejj les différences
particulières qu'il y a encre les mots , relativement à
la langue commune. C'eft une manière particulière
de parler , de prononcer certains mots , qui n'eft pas
la même que d^ms la langue principale. L'Idiutifme
tombe fur une phrafe entière , le Dialecie fur un
mot.
On auroit tort de dire que le Gafcon , le bas-Bre-
ton; &:c. font des Dialectes François , parce que ce
font autant de langages particuliers , qui n'ont rien
de commun avec la langue Françoife. Au refte ce
mot n'eft en ulage parmi nous , qu'en parlant de la
langue Grecque.
Le genredumotde^A?/er7tf n'eft point équivoque,
ou incertain , c'eft le mafculin, on doit dire un dia-
lecte y le dialecie. M. Ménage , M. Huet , M. l'Abbé
Régnier , Scaliger , le Vayer , parlent ainfi ; l'.^ca-
démie Françoife dans fon Didlionnaire donne le
genre mafculin au mot de dialecie : c'en eft plus qu'il
ne faut pour l'emporter (ur l'autorité de l'/bbé Da-
netj deRichelet, & de quelques autres, qui font
ce nom de dialecie de genre féminin. La contrac-
tion n'eft pas une r.^ifon pour faire un dialecie <Xïî-
;i§ D I A
férent. Il n'y a point de dlaleclc commun, ni de
•langue commune. Ménage. Les divers dïalcclcs
d'une même langue fe moquent les uns des autres.
ScALiGER. Son dialecie elt tout-à-fait Ionique. La
Motte le Vayer , parlant d'Hérodote. Ce tut dans
Samos qu'Hérodote le forma au dialecie Ionique. Iq.
On trouve des exemples du même genre dans la
Grammaire as M. l'Abbé Régnier, & dans les let-
tres imprimées de M. Muet.
fC? Ce mot dialecie eft compofé du Grec >^h>' ,
dico , & de la prépodtion ètà.
t)iALECTE Sacrée, i. i. Nous apprenons d'un pafiTage de
Manéthon , qu'il y avoit non-leulement des lettres &
caraiVères facrés, maisaufli un dialecie ou langage fa-
crc. Car ce que Manéthon appelé ici dialecie iacrée,
hfk i^iûMuTos ^ dans un autte endroit, où il interprète
un mot de cette dialecie j il l'appelle langage iacré ,
iîpàyASçca. Selon Monfieur Warburton , la dialecie
facrée croit un langage que les Prêtres Egyptiens
s'éroient formé , & un des derniers expédiens qu'ils
avoient trouvé pour fe réferver à eux - mêmes leurs
connoiffances. Je conçois que la Dialecie Iacrée
s'eil formée, en donnant aux chofes le nom de cel-
les qui repréfentoient les figures hiéroglyphiques.
Par exemple , Yk fignihoit un Serpent dans la langue-
Egyptienne \ & la figure d'un Serpent ^ dans les Hié-
roglyphes j marquoit un Roi ; Yk :, fignifia un Roi
dans la dialecie lactée , comme le dit Manéthon. C'eft
ainfi que leurs Hiéroglyphes devinrent un fond pour
une nouvelle langue toute entière. Ej]ai fur l'HiJ:.
Hiéroglyphique , p. 175.
DIALECTICIEN , f. m. Qui fait, ou qui enfeigne la
Dialedique, qui raifonne jufte &fans fortir des prin-
cipes. Diale'cùcus. On dit plus ordinairement Lo-
gicien.
DIALECTIQUE, f. f. Logique , ou l'art de raifonner
avecjuftelle, fçience qui perfeél:ionne le raifonne-
inent. Dialeciica , dialeclice , ratio dijjerendi. La Dia-
leclique parmi les Grecs n'étoit qu'un art de chicaner
fur tout , & de fe fervir de fophifmes plutôt que de
raifons. S. Eva. Avec les détoutsde vos argumens ,
&c les adrelîcs de la Dialeciique, vous mettez ta viai-
femblance à la place de la vérité. Id. La Dialeciiqiie
nous tend des lacets. Boss. Ariilote eft le plus excel-
lent Auteur pour la Dialeclique , & celui qui l'a le
plus perfedionnée. Zenon d'Elée, ou Eléates , furie
premier qui trouva cette fuite naturelle de principes
& de conféquences , dont il forma un art en forme
de Dialogue , qui pour C2t effet fur appelle Dialec-
tique , & alors on ceiïa de traiter en vers la Philo-
fophie.
Ce mot de Dialeclique vient de Dialeciica , en
Grec i^^aA£X7•^K^) , mot formé de ^lu^^iyofcui ^ qui li-
gnifie raifonner.
DIALECTIQUEMENT. adv. En Dialeéficien. Dia-
leclice j dialecllcorum more. Il a prouvé Ion dire ota-
toirement , & non pas dialecliquement.
DIALIES. f. m. & pL Sacrifice que faifoit le Flamen
Dialis. Dialia. Ce n'étoit pas tellement une nécef
lité que les Dialies fulFent faites par le Flamen
Dialis que d'autres ne pulfent les offrir. On voit
même dans Corn. 'Xzcmq Annal.h. III. C. 58. que
s'il étoit malade , ou retenu par quelque foniflion
publique , les Pontifes prenoient fa place. Struvius,
Anùq. Kom. S'y ni. C. XII. p. 611.
DIALIS. adj. Terme d'Antiquaire. Ce mot eft pure-
ment Latin , & fignifie , qui appartient à Jupiter,
de ZtW , Aïof : mais tout Latin qu'il eft , nous
ne faurions nous difpcnfer de nous en fervir en
parlant de l'Antiquité \ car d'appeler le Flamen
Dialis , Prêtre de Jupiter , c'eft parier d'une ma-
nière trop vague , Se qui ne marque pas affez celui
que les anciens Romains appeloient ainfi : mais
aulli il ne faut s'en fervir que dans cette occafion.
/'^oyeç Flamen. On pourroit dire aufti Dialis _, tout
court, comme on le dit en Latin. Jamais il n'étoit
permis au Dialis de jurer.
DIALOGISER- V. n. Faire des dialogues. Dialogos
DI A
facere. Il ne fe dit que dans l'Ecole j on plutôt u*
fe dit point.
DIALOGISME. f. m. Maniète ou efpèce de dialogue,
qui fe dit particulièrement des difcours faits par
interrogations & réponfes. Dialogijmus.
DIALOGISTE. f. m. & f. Celui ou celle qui fait un
dialogue avec un autre. Quel eft le dialogijle de
cette fille? Cinquième Lettre ïhéologique. Les An-
ciens ont été de grands dialogifes. Xénophon croit
difciple de Socrate , & compagnon d'école de Pla-
ton j ainfi il ne faut pas s'étonner s'il a été haran-
gueur Scdialogife. Huet.
DIALOGUE, f. m. Entretien de deux ou deplufieurï
perfonnes j foit de vive voix , foit par écrit. Dia-
logus. Ils ont fait cent dialogues enfemble , &c ils
n'ont rien conclu. LIne mète doit prendre garde à
ces longs dialogues que les galans font avec leurs
filles. Les Anciens ont écrit la plupart de leurs Trai-
tés en Dialogues. Les Dialogues des Bergers font
frèquens en Poclie , & on les nomme Eglugues. Les
Dialogues de Lucien , d'Erafme , ôccLcsDialcguee
des Morts de M. de Fontenelle , ont été admirés de
tout le monde.
M. de Fénelon , Archevêque de Cambray, a.
peint admirablement le pouvoir & les avantages
do Dialogue dans le Mandement qui eft à la tête dô
Ion Inftrudtion Paftorale en forme de Dialogue^
Foye- ci - dsllous au mot DRAMATIQUE. Si l'oa
doute du grand pouvoir de l'art du Dialogue , on
n'a qu'à fe reflouvenir des profondes & dangereufes
imprelîions que les Lettres à un Provincial ont faites;
dans le public. L'auteur s'y eft fervi du jeu du dia--
loguepom inipirer les préventions les plus férieufes.
Il donne à une erreur affreufe je ne fai quoi de
touchant &c de gracieux. Fénel. Le S. Efprit même
n'a pas dédaigné de nous enfeigner , par des dialo^
gués, la patience dans le Livre.de Job j &: la
parfait amour de Dieu dans le Cantique des
Cantiques. S. Juftin, Martyr , a ouvert ce chemin
dans fa Controverfe contre les Juifs , & Minuclus
Félix le fuit dans la fier.ne contres les Idolâtres^
C'eft ainfi qu'Origène a cru ne pouvoir mieux ré-
futer l'erreur de Marcion. Le grand S. Athanafe
n'a cru rien diminuer de /a majefté des myftcres de
la Foi , en la foutenant par la familiarité de fes
dialogues. S. Bafile a choifi ce genre d'écrire ,
comme le plus propre pour nous donner fes Rè-
gles qui ont éclairé tout l'Orient. L'art du dialogue
a été excellemment mis en œuvre par S. Grégoire
de Nazianze , & par fon frère Céfaire , pour les
hautes vérités. Sévère Sulpice n'a pas craint de pu-
blier par des efpèces de converfarions les merveille*
de la folitude. Un volume de S. Cyrille d'Alexan-
drie eft prelque tout rempli de dialogues , où il
explique les vérités les plus dogmatiques fut l'in-
carnation. Le myftère de J. C. a été traité de même
par le favant Théodoret. S. Chryfoftome n'a poinc
ttouvé de tour plus éloquent que celui-là pout faira
fentir l'éminence & le péril du facerdoce. Qui eft-
ce qui ne conmoît pas le beau dialogue où S. Jérôme
réfute fi pullfamment les Lucifériens ? Nous admi-
rons tous les jours les dialogues fublimes de S. Au-
guftin, 5c principalement ceux du libre arbitre,
où il remonte à l'origine du péché , contre les Ma-
nichéens. La tradition des Solitaires du défert éclata
dans les Confétencesde Calîien j qui ont répandu la
même lumière dans l'Occident que l'Orient avoit
reçue de S. Bafile. Le grand S. Grégoire Pape a cm
le dialogue digne de la gravité du fiège Apoftoli-
que , pour publier les merveilles de Dieu. Les Dia-
logues de S. Maxime fur la Trinité font célèbre»
dans toute l'Eglife. S. Anfelme montre la force da
fon génie dans les fiens fur les vérités fondamenta-
les de la Religion. Tous les fiècles font pleins de
fembiables exemples. Id. Les Dialogues de M. de
Cambray ne feront pas moins chers à la poftérité ,
que fes admirables défenfes de la Religion. Mem.
DE Tr. L'antiquité profane avoit aufti employé l'arc
d\x Didlooue , nori-feulement dans les fujecs badins
. DI A
Se comiques , comme a faic Lucien , mais dans
les plus léiieux 5c les plus abilrai^s. Tels lor.c les
Dialoguss ai Platon , &c ceux de Cicéro'n , qui
roulent tous fur la Philofophic , ou fur iai^oluique.
Outre M. de Fénelon j nous avons aulli pluliïUt.s
Auteurs qui ont pris ce tour j Palchal j dans les
Provinciales j le P. Bouhours , dans les tntrecie.'is
d'Arifte & d'Eugène , Se dans la Manière de bien
penfer ; M. de Foncenelle , dans fes Dialogues
des Morts , de la Pluraiici des Mondes _, &c. le
P. Daniel , dans fes Entretiens d'Eudoxe O de Cléante j
l'Auteur de i'EJ'prit des nouveaux Difcipies de ^i.
Auguflin.
Dialogue, en termes de Mufique , eft inie compofi-
tion au moins à deux voix, ou à deux inlhuniens,
qui fe repondent l'iui à l'autre , & qui fouvcnt le
réunilfant , font un trio avec la balle continue- Il
y a plulieurs exemples de t/ia/o^i^ej dans les Opéra
François & dans les Italiens. Les Organiftcs appel-
lent auHî dialogues , le duo qu'ds jouent lur les or-
gues, en fe répondant avec dxfrérens jeux, ou lar
difFérens claviers.
Le nom de dialogue vient du Latin dialogus , en
Grec ■^(«Aoyof. La lignification eft la même.
DIALOGUER, v. a. Faire parler entr'eux plufieurs
perfonnes. Dialogos texere. Il eft aufîî quelquefois
neutre. Voici comme l'Auteur les lait dialoguer.
Merc. de Alai 1725. On ne peut guère dialoguer
plus v.ivement &:plus légèrement. Idem. Les Adieux
de Mirs ne font point proprement une Comédie.
C'eft une pièce d'efprit , agréablement dialogue'e ,
partagea en Scènes diftérenics qui fe rapportent au
même objet, & qui , fans nœud & lans dénoue-
ment, ne laiir-nc pas de flir.e un tout qui plaît.
Obskrv. sur les Ec. Mod. L'auteur de ces Obfer-
vations , en parlant de la Comédie de l'Amitié
Rivale, a dit encore , Toute la pièce , qui eft dia-
log.iée avec efprit , & conduite avec art , oîîre de
temps en temps des morceaux brillans. On ne peut
pas dire qu'elle lou indij^ne de l'Auteur du Rendez-
vous 6c de la Pupilie j pièces vraiment comiques ,
qui ont fait tant d'honneur à M. Fagan. Il elt des
VerliScateurs pompeux qui n'ont d'autre mérite que
de favoir dialoguer des Scènes découfues , en
belle cadence , en Epidiètes & en Antithèfes. Des
Fontaines. Les Myfteres ou Chants Royaux fuccé-
dèrent. On les dialogua ; on les joua à S. Maur ,
puis à Paris. Riccoboni. Avant ces Myftères dia-
logues j les Spectacles n'étoient que des Boufton •
neries lur des tréteaux. Id. L'Avare de Molière eft
plus intéceftant , mieux dialogue' qas celui de Plaute.
POUILLY DE BURIGNY.
§crDIALOG(JE, EE. part, pair & adj. Qui eft écrit
en dialogues. Alternés fermonibus conjlans. Scène
bien dialoguée , pour dire que les interlocuteurs y
parlent convenablement au fujet , fe répondent
jufte , ou s'interrompent à propos.
Nous a produit cette foule incommode
D' Auteurs glacés , qui , féduits par la mode j
N'expojent plus à nos yeux jatigués
Que des Romans e/2 ve/'J dialogues. Rousseau.
DIALOGtJEUR , euse. i. m. & f. Qui dialogue ,
qui parle & écrit par dialogue. L'Auteur peint ici
le Dialogueur fophifte , le fubtil furet des replis
imaginaires du fond du cceur. Desfontaines.
Dancourt s'étoit attiré la réputation d'être le meil-
leur & le plus agréable Dialogueur des Modernes.
Lettre fur la Comédie.
DIALTH.tA. f. m. Terme de Pharmacie. Onguent
qui tire fon nom de fa bafe , qui eft la racine d'al-
tha:a. Il eft compofé de mucilages de cette racine ,
& de ceux des femcnce; de li-i , de fenegré & de
fquille. Les autres ingrédiens font l'hiiile commune,
la cire jaune , la rcllne , la té^ébenrine j le gilba-
num & la gomme de lierre. Il eft propre pour
ramollir , pour hume^;er , & pour réfoudre ; il
appaife les douleurs de cote ; il amollit les duretés.
DI A
319
& il fortifie les nerfs. On en frotte les parties
malades.
ffr DIAMANT, i. m. Terme de Joaillier. La plus
dure , la plus brillante cc la plus précieull' de toutes
les pierreries. Adamas. Les Phyliciens prétendent
que les parties élémentaires lont la terre la plus
pure & la plus divifée , le feu le plus vif & l'eau hi
plus limpide : quoi qu'il en foit de cette compo-
lition, il eft fur qu'il n'eft point de cops diaphane
qui foit aulli pelant & aulli dur que le diamant :
auili le polit-on d'une manière .à nous éblouir. Lin
diamant brut eft celui qui n'eft point encore taillé.
Adamas rudis , iinpolitus. Trois chofes iont eftimer
le Diamant : fon éclat ou fon luftre qu'on nomm«
fon eau, fon poids ou fr grandeur , & fa dureté.
Sa couleur la plus parfaite eft le blanc. Il faut c|u'il
foit épais , carré Se haut de bifeau.Ses défauts font
d'être glaceux j fourd è'-: rempli de fable rouge , ou
de tirer fur l'azur ou le jaune brun. Il a cela de
particulier que quand, le foled donne delfus , il
jette autant de rayons qu'il a de faces , & tous de
diftérentes couleurs 3 rouge, verte , jaune & bleue.
Le prix des diamans fe fuppute félon leur poids ,
qui eft méfuré par des carats dont chacun pèle qua-
tre grains. La terre où viennent les diamans eft fa-
blonneule. Il y a plufieur«s roches qui ont des vei-
nes d'environ un doigt de large , d'où les mineurs ,
avecdes fers crochus, tirent le fible , parmi lequel
. fe trouvent les diamans , quand on l'a bien lavé.
La plus belle mine de diamans eft à Golcondc dans
les terres du Grand-Mogol. La mine des diamans
a été trouvée , par hafard , par un Berger , qui ayant
donné du pied contre une pierre qui lui parut avoir
quelque éclat, la vendit pour ijapeu de ris fans la
connoître. Cette mine eft à joSTOilles de Mafuli-
patan. Il y a 30000 hommes qui y travaillent j &
deux fois autant c]ui y trafiquent. On en paye 500000
pagodes de ferme au Roi , qui , outre cela j fe ré-
ferve tous les diamans qui palfent dix carats. Il n'y
a dans l'Orient que quatre mines & deux rivières
d'oùl'on tire les diamans j & ce lont les feuis lieux
du monde où l'on en trouve. C'eft dans les Royau-
mes de Golconde & de Vifapour j ou font ces mi-
nes ; ces Royaumes font aujourd'hui fournis au
Grand Mogol. Les rivières font dans le Royaume de
Bengale & dans l'Ile de Bornéo. Les plus belles
pointes de diamans s'appellent pointes naïves qui
viennent dans la rivière de Groucl dans le P^.oyaume
de Bengale.
Le plus beau diamant qu'ait le Grand Mogol pèfe
279 77 de carats J Se vaut onze millions lept cens
vingt-trois mille deux cens foixante & dix-huit li-
vres 14 f. 9 den. &c celui du Grand Duc de Tofcane
pèfe 1 59carats , & vaut deux millions fix cens huit
mille trois cens trente-cinq livres , fuivant la règle
de la fupputation de la valeur des diamans que
rapporte Tavernier en fes Voyages. Le diamant d&
Saiici J tant vanté autrefois pefjit 100 carats ,
ctoit de la grolfeur d'une amande j Se taillé à fa-
cettes.
On appelle diamant roCene , ou diamant roCe , un
diama::c taillé .1 facettes par-delfus, & plat par-
delFous y Se diamant brillant, un diamant taillé à
f\icctîes par-defloHS comme par-delfus.
On donne aulîi le nom de diamant, d certaines
pierres qui relfembîent aux diamans. Acad. Fr.
DiAMAMxdu Brefil. On découvrit ces diamans en 171S
près de la ville du Prince. Foye^ cette Ville au mot
PRINCE. Les diamans que l'on y a trouvés ont ordi-
nairement depuis un grain jufqu'à fix carats j il y
en a de plus gros , Se on en a vu un entre autres
de 4^ carats. Ils ont la couleur, la folidité , &
toutes les autres propriétés des diamans d'Orient.
On a feulement temarqué que les diamans qui é-
roieu à la fuperficie de la terre , & expofcs à l'ac-
tion de l'air Se du folei! , ont une enveloppe beau-
coup plus- ciiaifTè j & perdent, par conféquent da-
vantage , quand on les veut polir. Tranfacl. Philo-
foph. 173 1 , /'•257. Nos plus habiles Joailliers pré-
3 2.Ô D I A
tendent trouver une cîiiïerence aflez mirquce entre
les diii^nmas àuBuLiilù:. les diamiins ci Oci::m ,poiu"
la pureté de l'eau , pour 1 eibt oi pour la dureté ^
mais des yeuxorduiaires ont bien ue l.i peine à lea-
tir ces nuances de pertedlion. Quoi qu'il en ioit ,
les dlamans du Brelil s'emploient beaucoup , & ils
ont fait baifTcr un peu le priri de ceux de 1 Orient.
Le Roi de Portugal a i-oriné une compagnie pour la
mine de diamans , & il apreicrit, par Ordonnance,
la quantité de diamans qu'il vouloir qu'on ïn palTer
chaque année en Europe. Ib.
Il y a aulll de faux diamans , comme ceux d'A-
lençon , c]ui croilFent en un village nomm.éHertié,
à deux lieues de-là , dans un terroir lablonneux &
plein de roches j dont les pierres lont fort dures &:
grilesj & le fable fort luifant. On en trouve de
la grolfeur d'un œuf &: plus ; &: il y eu a de h nets
& de fi brillans , qu'ils ont trompé quelques La-
pidaires. Il y en a aulli de faéticcs , comme ceux du
Temple.
C'elt une erreur populaire de croire que le dia-
maric s'amoUhre avec du iang de bouc tout chaud,
comme aulîi de croire, ainli qu'on tait les Anciens ,
qu'il réfille au marteau. Un Orfèvre en caflcra tout
autant qu'on en voudra payer. Mais ilrélifte au feu
le plus violent. Louis deBerquen efc le premier qui
a trouvé l'invention de les tailler & de les polir
avec la poudre de diamant en l'an 1476 , félon que
l'a écrie Robert de Berquen fon petit -his. Il dit
qu'auparavant on les portoit bruts. La pointe du dia-
mant hn coupe le verre: on ne fe fer voit autrefois
que d'émeril. La poudre de diamant e?i un poifon ,
parce qu'elle perce les boyaux. Les Orfèvres font des
croix, des ro|C|£, des chaînes , des boutons de c//a-
mans , &:c. Les 'diamans ne brillent point , d moins
d'être taillés à facettes, d'être garnis d'une lame
qui puiÛe réfléchir la lumière, ^oy. Rohault.
Quelques-uns prétendent que ce mot eft venu par
corruption à'adainas , nom que les Grecs ont donné
aiidiamant , & qui fignilîe indomptable ^, parce qu'ils
croyoient alors qu'il réhltoit au fer Z< au feu.
Diamant. C'eft ainh que les Vitriers appellentun pe-
tit inftrumentavec lequel ils coupent le vetre , par-
cequ'il a au bout une pointe àt diamant ^ & que
ce. dette pointe qui coupe.
On dit proverbialement j quand on veut promet-
tre une grande récompenfe à quelqu'un , qu^on lui
donnera une poignée de diamans.
Ou dit aulîî, dans le fens figuré, qu'une chofe
eft de diamant ; pour dire , qu'elle eft bien dure ,
diflicile à rompre , à briler. Kî. de la Fontaine s'eft
fervi de cette exprellion d'une manière figurée &
métaphorique dans fa Fable du Serpent & de la Li-
me , qu'il applique aux mauvais Critiques,
Efprits du dernier ordre ,
Qui ,n'é[antbons à rien, cherche-^ fur tout a mordre^
Vous vous tourmente'^ vainement.
Croyt-^-vous que vos dents impriment leurs outrages
Sur tant de beaux ouvrages ?
Ils font pour vous £ airain , d'acier, de diamant.
Safji fera de diamant. S. Amant. Pour dire, fa
fidélité durera toujours.
Diamant. On a donné ce nom à un grand rocher qui
eft fur la côte de la Martinique , dont il eft féparé
par un détroit d'une lieue. Corn.
DIAMANTAIRE, f. m. Lapidaire, ouOuvrier qui fe
connoîr en diamans _, qui les taille & qui en fait
trafic. Qui gemrnarum comm.ercium jacit , qui veras
gemmas facile fecernit ajalfis. Il faut bien de l'ex-
périence pour c"tre excellent Diamantaire. On dit
plus communément Lapidaire.
DIAMARGARITGN. f. m. TermedePharmacic.Mé-
dicament qui tire fon nom des perles qu'on appelle
margaritd j Se qui entrent dans fa rompofition. Il y
en a de deux fortes , le chaud & le froid , Le dia-
margariton chaud eft une poudre compofée de per-
les , de pyrethre , de gingembre , de noix mufcade,
D î A
"de cannelle & de pluùeurs autres ingtédiens chaud?.
!l eft hyftérique , &c propre pour fortifier la ma-
trice; il excite les mois aux femmes j & il aide à
la digeftion. Le diamargaricon ftoid , eft un elec-
tuaiie lolidecompofé de perles broyées lubtilement,
lie de lucre blanc difious dans de feau rôle, ou de
buglofe , Si. cuit en coniiftance de lucre rolat. Il
fortifie l'eftom.ac , il adoucit les acides qui y font
en ttop grande quanticé , Ck il arrête le crachement
de fang & le cours de ventre. Le diumargariton
frojd compolé, eft une poudre faite avec les per-
les , les rôles rouges , les fleurs de nénuphar & de
violette , le bois d'aloé's, le fantal rouge & le citrin j
la racine de tormentille, les femences de melon,
d'endive, d'oleille , c-ic. On s'en fert pour donner
de la vigueur , pour faciliter la refpiration , & pour
réiifter à la malignité des humeurs.
DIA^JASTiGOSE. f. f. C'étoit la coutume chez les
Lacedemoniens c\ue les enfans des familles les plus
diitniguées fedcchirallent mutuelkment le corps à
coups de fouet, devant les autels des Dieux : leurs
pères & mères , qui étoient prélens à cefpeébacle ,
les animoienc & les excitoientà ne pas donner la
moindre marque de douleur. C'eft là ce qui s'appe-
loir diamajTigofe , mot Grec , qui vienr de «S'/a/cas-iyf?»
Juftiger^Jouettcr, de (««rd j fouet, courroie , étrivières.
Celafe faifoit apparemment pour endurcir de bonne
heure la Jeunelfe aux coups, ëz l'accoutumer aux
blelTiires & aux plaies, afin qu'elle ne les, craignît
point à la guerre. Fhiloftrate en parle dans la vie
d'Apollonius de Thiane.
DIAMETRAL , ale. adj. Quiappartient au diamètre ;
qui coupe en deux parties égales les figures curvili-
gnes. Diametros. Il n'a guère d'ufage que dans cette
phrafe j ligne diamétrale.
DIAMETRALEMENT, adv. D'un bout du diamètre à
X i.\.\UQ. Diametri in morem. Il faut couper ce plan,
ce globe diamétralement. Le zénith &C le nadir font
oppofés diamétralement. E.x diamètre oppoJitus.'Hos
Antipodes nous font diamétralement oppofés.
On s'en fert aulli au figuré , en parlant des chcJ-
fes contraires ou fort diftérentes. Ce font deux par-
ties , deux intérêts diamétralement oj>po(és. Le vice
de la vertus font diamétralement pppoiés. Propofi-
tions_ diamétralement oppofées.
DÎAMETPvE. f. m. Terme de Géométrie. Ligne qui
palfe par le centre d'un cercle , qui aboutit à la cir-
conférence, & lecoupeen deux parties égales. Dia-
mctirow diametros. On le dit aufii des lignes qui pallent
par le centre des autres figures curvilignes, quand elles
lesdivifent en deux parties égales. Les ellipfes ont
un grand & un petit diamètre La moitié de cette
ligne s'appelle demi - diamètre y rayon _, ou Jînus
total.
Diamètre , en Aftronomie. On appelle diamètre ap^
parent d'une Planète , l'angle viluel fous lequel
cette Planète paroît de delfus la terre à l'égard de
fon diamètre : Sc , de la grandeur apparente de fon
diamàtre , on conclut fon éloignement de la terre ,
puifqu'il eft certain que plus une Planète eft éloignée
de la terre , plus fon diamètre eft pttn.Voyei Appa-
rent.
On le dit aulîî des fphères Se globes ; Se alors les
extrémités s'appellent pôles , fur lefquels le globe
eft mobile. On l'appelle aulfi ligne diamétrale, ou di-
metiente , ou axe : ce qui le dit aufli des cônes j &
des cylindres.
Ce mot de diamètre vient de diameter , en Grec
SiâfitTpes, ê'ia/itrfo'/ , qui vcut dite , ligne, ou mefure
qui palfe par le milieu.
Diamètre d'un canon , c'eft l'étendue de l'ouverturô
du canon.
Diamètre de colonne. , eft le diamètre qui fe prend
au-delfus delà balfe, & d'où fe rire le module pour
mefurer les autres parties d'une colonne. On ap-
pelle diamètre de renflement , celui qui fe prend au
tiers d'en bas du fut : diametros ahjeciionis : & dia-
mètre âa dimiuution, celui qui fe mefure au plu$ J
haut de ce fut, Diametros imminutionis. Les colon- , 1
nés
D I A
nés de l'ordre Corindiien ont dix diamètres , ou mo-
dules de haïueur. Bicî. de teint. &d'.^rch.
DIAAIORUM. r. m. Terme de Pharmacie. Il y ;i le
diumorum llmple & le compolé. Le duiinorum limple
ell le lîrop de mûres ordinaue , qu'on tait avec le
fuc de mures & le lucre. Il ell bon pour les maux
de gorge & pour arrêter la dylenterie. On fait
aulli un diumorum limple avec le lue de mûres &
le miel , qu'on appelle autrement roh de mures. Le
diamorum compofc le fait avec du lue de mûres ,
du fapa , du verjus , de la myrrhe &. du fatfran. On
s'en fert pour déterger les flegmes de la poitrine ,
ôc pour faciliter la refpiration. Ce mot a été lâit
de morum , mûre.
DIAMPER. Ville des Indes , dans le Royaume de
Cochin , fur la rivière & la côte de Malabar.
DIANE, f. f Terme de Mythologie. Déelfe des an-
ciens Payens. "Ùiana. Les Grecs l'appellent Artemis.
Dian.e étoit tille de Jupiter & de Latone, fœur ju-
melle d'Apollon , née avec lui dans l'Ile deDelos ,
ts: élevée avec lui j comme le dilent Héfiode, dans
fa Théogonie ,v. 14 & 9 1 8 , & Momère dans l'B) m-
ne qu'il a fait à fa louange , 0^ tous les Poctes. Au
refte Diane étoit le nom qu'elle portoit fur la ter-
re ; car cetre DéefTe étoit en quelque force une tri-
ple Divinité j qui avoir dans les Enters , au Ciel&
fur la Terre , des noms , des qualités & des em-
plois tous ditrérens. Aux Enfers elle s'appeloit Hé-
cate. Voye\ ce nom \ au Ciel , Lune , Phœbe ,
Délie & Cinthie j fur la Terre , Diane &: Lucine.
Nous ne parlerons ici que de Diane y Divinité de la
Terre. Voye\ aux autres noms fes qualités & fes
fonélions. Diane avoit deux emplois fur la terre.
Elle étoit Déelfe de la Chalfe , des Forêts & de;
Montagnes . comme il paroît par Horace j Liv.
III, Od. il J & par les Pocmes féculaires du même
Auteur & de Catulle. Celui - ci même met encore
les Fleuves dans fa dépendance. Diane étoit Vierge,
& aimoit fur tout la pureté & la virginité. C'eft
pour cela qu'on dit qu'elle luyoit les compagnies
& les alfemblées , &: qu'elle étoit toujours dans les
forêts & fur les montagnes , accompagnée feule-
ment de quelques Nymphes aulli chartes qu'elle ,
& qu'elle s'occupoit continuellement de la chalïej
exercice capable de l'éloigner & delà détourner de
tout ce qui étoit contraire à fa vertu favorite. Ci
céron, Lib. III , De Nat. Deor. n. 58 , dillingue
deux autres Dianes. La première étoit fille de Ju-
piter 6c de Proferpine , mère de Cupidon ; &: l'au-
tre , que Cicéron met latroilième , avoit Upispcur
père , & Glaucé pour mère , & les Grecs l'appe
loient louvent du nom de fon père Upis.
On repréfentoit Diane en habit de Ch.ilferelfe,
les cheveux retrouffés & noués par derrière , fa robe
retroulfée avec une féconde ceinture , le carquois
fur l'épaule, tenant an atc bandé, dont elle dé-
coche une flèche , & ayant à fes côtés un chien qui
court. Tel efl: l'équipage dans lequel elle paroit fur
plulieurs médailles , &: en particulier fur celles de
Syracufe. Quelquefois fes cheveux détachés flot
roient au gré du vent. Quelquefois on ajoutoit des
rets , des dards , des chiens en lelTe , & d'autres
inllrumens de la chafle. La figure de Diane qui
ctoit à Segefte portoit en main une torche ardente.
On la voit aulïï fouvent fur les médailles avec une
torche en main , ou même deux , une en chaque
main , & le titre de Diana Lucifera.
Le premier temple que Diane eut à Rome , fut
bâti fur le mont Aventin du règne de ServiusTul-
lius. Ce temple , dont Denis d'Halicarnaire décrit
la confécration, étoit orné de cornes de bœufs ; au
lieu que les autres temples de Dianeï î:ioïQni de bois
de cerfs.
On célébroit à Rome deux fêtes à l'honneur de
Diane: l'une tomboit au mois de Mars, & l'autre
aux Ides, ou au 13^ d'Août. Ces jours-là les fem-
mes , qui croyoient avoir obtenu quelque grâce de
Diane ^ portant des torches ardentes , alloient de
Rome à la lorêt d'Aricie , où Diane étoit fingu-
Tome III.
5 1 î
D I A
lièrement honorée. Ovide, Fajî, L. III , v. 270»
Les Chafleurs laifoient aufli le même pèlerinage
ayant des torches en main , &c conduifoient avec eux
leurs chiens malades, ornées de bandelettes facrésj
les préfentoient à l'Idole, & dépofoient à fes pieds
tous leurs inlhumens de Chalfe. Foye:^ Grot. de
Venat. On étoit perfuadé qu'en ces jours , occupée
à recevoir les vœux & les hommages des mortels,
elle laifloit les bêtes en paix , &:n'alloit point à la
chalfe.
On facrifioit à Diane une biche j Se quand elle
voulut fouftraire Iphigénie au couteau du Sacrifica-
teur , elle y lubllitua elle-même une biche j comme
on le peut voir dans l'Iphigénie d'Euripide , & dans
les Métamorphofes tl'Ovide , Liv. XII , v. 34.
La Diane d'Ephèle étoit la plus tameufe qui fût
au monde. Elle avoit trois temples dans cette ville,
& on l'y repréfentoit d'une manière lingulière, que
toutes les villes de l'Alie imitoient j dit M. Triftan.
C'étoit une efpècede terme qui par en basreprélen-
toit un cippe carré; par en haut, c'étoit une figure
delemme jufqu'àla ceinture, ayant toute la poitrine
& le ventre depuis la gorge jufqu'à la ceinture,
pleine de mammelles : ce qui la faifoit appeler Afz^/-
tunammia j & n<>>^ifcàf:ç. Sur fa tête elle porte une
elpèce de boilfeau , ou de vafe ; d'un côté de fi tête
ell: le Soleil j & de l'autre k Lune : elle a les deux
bras étendus , & les mains appuyées fur deux bâtons
tournés en boulettes , ^^ à fes pieds un enlant à
droite. M. Tïiftan , T. H. pag. 516 a fait graver un
beau médaillon de Gordien j où elle eft encore re-
prcfentée avec tous fes attributs. Ella eft accom-
pagnée de deux Nymphes au haut du champ de la
médaille j & de deuxfleuvesaubas j les mains éten-
dues (In: appuyées j comme j'ai dit ci-delfus j & elle
a deux chiens à fes côtés. Elle n'efl: point nue , tou-
tes les mammelles qui font à l'autre ne paroilfenc
point ; elle eft vêtue d'une efpèce deftole, ou étole
qui lui prend fur les épaules, & defcend jufqu'en
bas : ce vêtement eft partagé en deux parties dans
fa longueur , &c chacune de fes parties eft chargée
à\m rang de petits cercles ou globules de haut en
bas. Elle a fur la tête un vafe couvert. L'un des fleu-
ves tient un rofeau , & l'autre une flûte à l'antique.
Saint Luc aux Adtes des Apôtres j C. XIX , v. 24,
parle d'un Orfèvre d'Ephèfe qui faifoit des temples
d'argent de Diane , qui troubla la prédication de
S. Paul J &c excita contre lui tous les ouvriers qui
gagnoient leur vie à ces ouvrages. On demande
ce que c'étoit que ces temples d'argent de Diane.
Eraime répond , que c'étoient des châlfes en forme
de petits temples j dans lelquels on renfermoit des
ftatues. Bèze croit que c'étoient des monnoies fur
lefquelles la figure du temple de Z5iû/2e étoit repré'
fentée, & que, pour cette raifon , on appela tem-
ples de Diane , comme on appela bœufs j vierges
tortues J poulains , les monnoies fur lefquelles ces
chofeséroienr empreintes.
Quelques-uns difent que ce mot Diane vient dix
mot Grec i^'-s , Jupiter , parce que Diane étoit fille
de Jupiter. D'autres prétendent que Diana s'eft die
pour £)tnvj«a J parce qu'elle couroit çà & là dans
la forêt Dévia. Volfms j De Idolol. L. //. c.\G , p.
1S6. cfoit que ce mot s'eft formé de Dea j ou Diva.
luna J il devoir ajouter, ou Dia luna, Déelfe
Lune, Koyei encore cet Auteur au même endroit ,
c. 25', C.53 6' 57. ^ _
Diane étoit appelée Ariftobule à Malte j où elle
avoir un temple, dans lequel on inhumoit ceux qui
étoient exécutes à mort pour leurs crimes. Les Thra-
ces l'appeloient Bendis ; les Egyptiens Bubaftis,ou
Bubaftide \ les Syriens , Reine du Ciel. Enfin , on
la confondoit quelquefois avec Proferpine. On
lui donnoit encore plufieurs épithètes qui expri-
moient les lieux où elle étoit honorée j & où elle
avoit des temples , fes attributs , fes qualités , fes
emplois : Z)/t7/7e Ethiopienne, Ethiopica ; Aricie ,
Aricina ; Léphrienne j lephria ; Munichienne, Mu-
nichia , du temple qu'elle avoit à Munichie près
Sf
2, A,
DIÂ
d'Athènes ; de Pergé , Pergea \ la Scythiqtic , Scy-
thica j la Tauiique j i ù'///.tj _; Cariatide , Cariatis;
Diâynne , Diâyn/iû j Hemeia j Hymnca , Ilitliya j
Leucophrys , Ops , ikc.
Quelques Savans qui ont cherché l'origine des
Fables trouvent beaucoup de rapport entre uiane ik'
la fille aînée de Job. Celle-ci s'appelle nO'3>_,Jm/-
mah j de CDV , /our ^ de même que iJi^^'in s'appe-
loit en Grec H^Éf»^ hcmcra ^ jour , & en Latm Diana,
de dies , jour. 2°. Les Anciens diioient que Diane
ctûit Perfienne, & Jemimah é:oit de l'Orient , de
l'Arabie, pays oriental, que les fables ont pu
confondre avec la Perfe, qui étoit plus connue ,
l'Arabie l'ur-tout ayant fait partie de l'Empire de
Perfe. Diane étoit une DéelFe champêtre & mon-
tagnarde , habitant les délerts & les forets ; l'Ara-
bie a toujours été pleine de montagnes <Sc de défeits.
Enfin, on loue la beauté àz Diane ^ tk c'ell pour
cela qu'on lui donne le nom d'H^Épa^ jour , Diflna\
ce qui convient fort bien auflî à Jemimah. Voy&\
Spanheim j H:fi. jobi.
Le fécond emploi de Diane fur la terr^ étoit
de prélîder aux accouchemens \ & en cette qua-
lité elle étoit appelée Lucine ^ ii^tv/Zi: , Lochienne,
Lochia,0^%, &c. Voyei LUCINE.
DIANE. Arbre de Liane. Terme de Chimie. Diant.
arbor. Ceft un mêlang; d'argent , de mercure j
& d'efprit de nitre crillallifés eniemble en forme
d'un petit arbre.
Diane, ell auili un nom propre de femme, même
dans le Chtillianifme. Diana. Diane de Poitiers ,
DuchelTe de Valentinois , fut maîtrefle d'Henri II
Diane légirimée de France , Duchelfe de Caltro ,
puis de Montmorency j étoit fille d'Henri II , & de
Diane de Poitiers. Z^zartc , ou Z)ia/;a Mantuana , a
excellé, dans le XVI* fiècle , par les Ouvrages qu'elle
grava en taille-douce.
Diane, f. f. Terme de Guerre qui fe dit d'une cet
taine manière de battre la c.iilie au point du jour,
pouréveiller les foldats. -Ê'.vrrtJWii noctis vig'dia. Bat-
tre la Diane.
Ce mot vient de l'Efpagnol diana ^ qui a été fait
de dia , ou de dtcs , parce que c'eft un Ion de tam-
bour qu'on fait dès le matin , dans le temps de la
dernière fentinelle de nuit, en un corps-dc-garde.
POMEY.
DIANO. Nom de quelques lieux en Italie , en Latin
Dianium. Ils furent ainli nommés j probablement j
dans l'Antiquité , parce qu'ils étoient confacrés à
Diane. Diano , bourg de l'Etat de Gènes , elt près
d'Oneglia , à trois lieues d'Albenga. Diano , bourg
du Montterrat Savoyard, eft à trois lieues au midi
d'Alba. Diana ^ ville du Royaume de Naples dans
la principauté citérieure , à quatre lieues au nord
de Policaftro: cette ville donne fon nom à une gran-
de vallée auprès de laquelle elle elK La vallée de
Diano eft arrolée de la rivière de Botta , & abon-
dante en grains & en fruirs. Valus Diana. Diano
eft la même choie en Italie que Diana en Efpa-
gne.
DIANTRE.^ f. m. Terme populaire dont fe ferveur
ceux qui fe font fctupule dénommer le Diable. Allez
SlM diancre. Abiad .'îchcrontem. kii diantre foit l'en-
geance. Je voudrois que cela fiit au d'antre \ pour
dire, au Di. ble.On dit aulîi abfolumenr , diantre^
par manière d'exclamation. Proh ! Papa! Diantre'.
que dites-vous la .'' Comment diantre voulez-vous
qu'on falfe pour vous voler ? Molière.
On dit que ce mot diantre vient du nom de Di-
nant , ville des Pavs-Das. /"cne-^- DINANT.
DIANUClIM.f m.Terme de Pharmacie, eft une ef
pèce derob, faitavec du fuc de noix verte & du
miel , qu'on cuit enfemble par un feu médiocre juf-
qu'à confiftance de miel : c'eft le rob de noix. Il eft
propre pour fortifier l'eftomac, pour faire fuer,&
pourréfifter au venin. On dir auili Diacaryon.
Ce mot à été lait de nux , noix.
DIAPALMA. f. f. Terme de Pharmacie. Sorte d'em-
plâtre ainfx nommé, paicequ'on y faifoic encrer la
D I A
décodion des feuilles de palmier. Il eft compofé
d'huile commune J de graille de porc j & de litharge
dor préparée. Il eft propre pour dellécher j pour
réloudre , pour dcterger Ôc pour cicatriier. Cet em-
plâtre eft beaucoup moins en voguô à Paris, depuis
qu on a commencé à employer l'onguent de la
mère.
DIAPASME, f. m. Parfum qu'on emploie fur le coi ps,
de quelle que forme qu'il foit , comme les poudres,
les ellences & les pommades odorantes. Diapafma.
Ce mot vient du Grec ^la-aurs-ny , qui lignihe , Ar-
rofer.
DIAPASON, f m. Terme de Mufique. C'eft un inter-
valle de Mulique dont la plupart des Auteurs qui ont
écrit de la théorie de la Mufique , fe font ftrvis pour
expliquer l'odave des Grecs \ aufti-bien que du dia-
pente J diate[Jaronj hexacorde Se tetracordc:^ pour di-
re , les quintes , quartes , tierces &: fixièmes. Le dia~
pajon eft la première des confonnances (impies , le-
quel fimplement confidéré eft un feul elpace : que (I
'on le conhdère diatoniquement par tons & lemi-
tons , il contient fept efpaces , trois tons majeurs ,
deux mineurs, deux lemitons majeurs. P. Parran.
Le Diapafon a fon intervalle du fon grave à l'aigu
en proportion double. Il contient fept intervalles ,
dont il y a trois tons majeurs , deux mineurs , &C
deux demi-tons majeurs. Quelques-uns croient que
c'eft la plus parfaite conionnance : c'eft du moins une
des trois confonnances parfaites. Le diapafon eft ce
que nous appelons oclave.
Diapason, chez les Artifans, & Fadeurs d'inftru-
mens, fignifie une règle & mefure qu'ils ont pour
marquer les ruyaux de.leurs orgues , & pour percer
les trous de leurs liùtes & hautbois en la jufte pro-
portion qu'il faut pour faire des tons, des demi-tons,
& les confonnances juftes.
Quand un carré eft divifé en huit parallélogram-
mes égaux , la fedliion qui fera fliite de ces parallélo-
grammes par une diagonale , marquera tous les in-
tervalles ufités en la Ivlufique \ & c'eft fur ce princi-
pe qu'eft fondé ce modèle des Ouvriers , qu'ils ap-
pellent diapajon.
Il y a auili un diapafon des trompettes , qui fert de
mefure pour les différentes grandeurs qu'elles doi-
vent avoir pour faire les quatre parties de la Mufi-
que. Il y en a de même pour les faquebures & fer-
pens , qui montrent combien il les faut alonger ou
accourcir pour delcendre ou pour monter d'un toa
ou d'un intervalle. Enfin \e diapafon (q ait âe cequi
fair, & qui marque la jurtelfe des rons. On oppofe
le diapafon tempéré au diapafon partait.
Les Fondeurs appellent auili diapafon, leur échel-
le campanaire , qui leur lett à connoître la gran-
deur , répailfeur & le poids de leurs cloches ,
qu'ils appellent autrement règle , bâton , ou bro~
chette.
DIAPASONDIAEX. f. m. Terme de Mufique. Efpèce
de confonnance compofée. Il y deux diapajondiaex ;
le majeur , qui eft en proporrion de 10 à 3 j & le mi-
neur , qui tii en proportion de 1635.
DIAPASONDIAPENTE. f. m. Terme de Mufique.
C'eft; une confonnance compofée en proporrion
triple de 9 à J , ou de deux fois 'îw. T'oye^ le Traité
de la Mufique du Père Parran Jéfuite. Le diapafon-
diapentc eft une fymphonie qui fe fait lorfque la
voix va du premier ton au douzième fon. Ce mot
eft un terme de la Mufique des Grecs. Nous ap-
pelerions aujourdhui cette confonnance une dou-
zième.
DIAPASONDIATESSARON; f m.Terme de Mufi-
que. Confonnance compofée de S à j. Le diapa^
fondiateffaroh eft une fvmphonie qui fe fait lorf-
que la voix va de fon premier ton à l'onzième lieu.
C'eft une confonnance qu'on peur appeler Von^iè-
7ne J comme on appelle la quarte , la quinte , &c.
DIAPASONDITON. Terme de Mufique. Confon-
nance compofée en proportion de 10 à 4, ou de 5
a 1.
DIAPASONSEMIDITON. f. ra. Terme de Mufique.
D I À
Gonronnance compofce en proportion de ii à j.T
Tous ces termes fe trouvent dans ceux qui ont :
écrit de la Théorie de la Mulique. /'V>fj le Traité .
de la Mufiqiie du P. Parran, le Didionnaue de M. '.
Brollard , &c,
D I A 323
célcbroient à Athènes en l'honneur de Jupiter 'Vhli-
chien , pour le prier de détou.uer Ls maux dont ou
pouvoir être m\.nAcè. Didphia. On s'allembluitpour
cette folennité hors des murailles de la ville , & ion
y hnfoit paroître une trillelfe lînguhcre.
DIAPEDESIS. f. m. Terme de Médecine. Sortie du DIAPH(II,N1C. f. t'. Terme de Pharmacie. Eleduaire
fang à travers les tuniques des artères ou des veines j
qui arrive lorfqu'il elt trop dllFous , & que les pores
des vailTeaux font trop ouverts. Il y a d'habiles Mé-
decins qui ne croient pas qu'il iurvienne une telle
ténuité au fang , qu'il puille exfuder fans nulle ou-
verture au travers des vailîeaux.
Ce mot vient de <?'«, par , & -si^âu, je bondis , je
faute.
DIAPENTE, f. m. Eft un intervalle de Mufique qui
eft la féconde des confonnances , &c qui avec le di.i-
telT!iron compole unoélave. Dans la praticjue on l'ap-
pelle la quinte. P^oye^ QUINTE. Le JUiapente ett
une confonnance fimple : li on le conlidère diatoni-
quement , il a quatre elpaces, & contient deux tons
majeurs, un mineur, iSi un femiton majeur Le
diapente eft la plus grande partie dudiapalonharmo-
niquement divifé. P. Parran. Le diapente eft com-
poié du diton &C du femiditon. Id. Diapente eft un
termî de la Muiique des Grecs , par lequel ils ex-
priment une fymphonie qui le tait lorfque la voix
palFe du premier ton au cinquième lieu, /'^oj'^ï Vi-
truve , ch. 4. du Liv. 5.
DiAPENrE fe dir auffi , en Pharmacie, d'un compofé de
cinq fortes de drogues.
Ce mot eft compofé de la prépofition <?<« , &: de
sTEnTE , cinq.
DIAPÎ4ANE. adj. m, & f. Tranfparent , qui donnepaf
fagc à la lumière. Perlucidus j perlucens -, tranJIuciJus ,
cranjl::cens. Les corps diaphanes font l'air, l'eau, le
verre, le talc , la corne, la porcelaine fine, &:c.
ÇC7" On nomme corps diaphanes ou tranjpanns ,
ceux dont les pores droirs , nombreux & dilpofés en
tous fens j donnent un palfirge libre à la lumière. L'op
pofé de diaphane eft opaque. L'air parmi les corps
diaphanes fluides , & le verre parmi les corps dia-
phanes folides , doivent occuper le premier rang.
Il ne feroit pas aufli facile de décider quels font ,
parmi les corps folides &.' fluides , ceux que l'on doit
regarder comme les plus opaques. Foye^ Tranf-
parent.
On appelle colonne diaphane ^ toute colonne de
matière tranfparente , comme croient celles de crif-
tal du théâtre de Scaurus. Les Décorateurs em-
ploient des colonnes diaphanes dans les Châteaux de
feu, dans les repréfenrations d'un Palais du Soleil ,
d'un Temple de Pluton , &c. Les colonnes diapha-
fies font des colonnes creufes , Se dont le bâti eft |
recouvei't de toiles fines ou de tranfparent, derrière î
lefquelles on met des lumières qui font paroître la j
colonne toute de feu ou lumineufe. t
DIAPHANEITÉ. f. f. Terme didadique. Qualité de '
ce qui eft diaphane ou tranfparent de ce qui tranf-
nier la lumière. La diaphanJite des corps ne provient
que de la fituation de leurs pores en ligne droite ,
enforte qu'il n'y a aucun corps qui empêche lepalfa-
ge de la lumière ; & la plus ou moins grande dia-
phareiie' coni'ide dans la plus ou moins grande quan-
tité de pores droits. C'elt par cette raifon qu'on dé-
montre que la malléation du verre eft impoftible ;
car , Gtôt qu'il fera malléable & ductible , fes pores
ne feront plus fitués vis à-vis, & par conféquent il
perdra fa diaphane'ite' , ou tranfparence j c'eft-à-dire ,
la principale qualiré du verre. On donne dç\a.dia-
phaneite i des corps qui n'en ont point , ou l'on aug-
mente le peu qu'ils en ont. Ainfi , en huilant du pa-
pier , on le rend plus diaphane qu'il n'étoir , de au .
contraire, on diminue fa diaphanéité en le battant]
avec le marteau. Ce que le verre , 'le cryftal , & la j
glace ont de particulier, eft qu'ils ont leurs pores |
difpofés en ligne droite , ce qui caufe leur diapha-
néiti. Le Pour et Contre. Voye^ Tranfparence
qui eft plus de l'ufage ordinaire.
Dl APHIES. f. f. pi. Terme de Mythologie. Fêtes qui fe
mou , purgatif, auquel on a donné ce nom à caufe
que les dattes en font la bafe, & que les Grecs ap-
pellent le palmier , dont les dattes font les fruits ,
\wi%. Les autres ingrédiens font les pénides , les
amandes, le turbith , le diagrède, le gingembre,
le poivre blanc , le macis, la cannelle , la rue , le fe-
nouil , le daucus & le miel. Le diaphxmc purge prin-
cipalement les férolirés , il excite les mois aux fem-
mes. On s'en fert pour l'hydropihe , pour la léthar-
gie , pour l'apoplexie & pour la paralyiie.
DIAPHORESE.. f. f. Terme de Médecine. C'eft en
général une évacuation qui fe fait par 1 habirude du
corps , & par les pores de la peau , tant infenfible-
menr que fous la forme de fueur. Ce mot eft Grec,
êiiiçif.;sis , du verbe ^ict^pifuv , tranfmettre d'un lieu à
un autre. Col-de-Villars.
DIAPHORÉTIQUE. adj. de t. g. Terme de Médecine,
qui fe dit des médicamens qui pouffent les humeuis
par la tranfpirarion. Diuphoreticj medicamenta. Ce
mot eft Grec : il fignifie, Sudorihque. L'antimoine
eft un médicament diaphorétique.
D1APHORÉTIQUE MINERAL , eft une préparation d'an-
timoine , qu'on appelle autrement Antimoine dia-
pliorétique. Foy e~ ANTIMOINE.
DIAPHRAGMATIQUE, adj. C'eft le nom qu'ondon-
ne aux artères &c aux veines qui font répandues dans
le diaphragme. Fen£ ■, arteria phreneticie. On les ap-
pelle aufti phreniques J on phrenétiques-
DIAPHRAGME, f m. Terme d Anatomie. Mufcle ner-
veux qui fépare la poitrine d'avec le bas- ventre , ^
qui elt comme une efpèce de cloifon entre les par-
ties vitales & les naturelles. Diaphragma ^ tranjver-
fum ex valida membranà feptum. Sa figure eft ronde,
repréfentant la figure d'un poilîon qu'on appelle une
raie. Tout fon corps eft compofé de deux cercles 3
dont l'un elt membraneux , & l'autre charneux ; de
deux artères, de deux veines j qui s'appellen t/'/irc?/;/-
qucs ,&z.d>i plulieurs branches de nerfs. La membrane
qui le couvre par-deflus, vient de la plèvre , te celle
qui eft par-delfûus, vient du péritoine. Sa lituation
efi; oblique, parce qu'il va du cartilage xiphoide pat
les extrémités des côres à la région des lombes. Il eft
percé en deux endroits, pour taire pailage à l'efto-
mac &: à la veine cave montante. Ce mufcle a deux:
mouvemens , celui de contradtion & celui de dila-
tation : dans le premier , qui fe fait pour Tinfpira-
tion , le diaphragme s aplatit , & la cavité de la poi-
trine devient plus ample \ ce qui eft néceflaire , afin
que le poumon fe puille mieux dilater : dans le fé-
cond , qui fe fait pour l'expiration , le diaphragme fe
relevé, & s'enfonce dans la cavité de la poitrine, ce
qui la rend plus petite. On trouve le diaphragme ton'
jours relâihé dans un animal mort. Foye^, à l'art,
des Mufcles, quelle eft la caufe phyfique de cette con-
tradion , & de cette dilatation fuccellive.
C'eft Platon, au rapport de Galien, qui le premier
Ta nommé diaphragme j du verbe ^ixÇfâmtv ^ qui fi-
gnifie , féparcr J, ou être en deux. Auparavant on l'ap-
pelloit <p(>£»ef, qui fignifie, entendement , parce qu'on
prétendoit que , dès que ce mufcle étoitfurpris d'in-
flammation, l'hommetomboir aulluôt en phrénélie;
ce que l'expérience ne confirme pas , non plus que
ce qu'on a dit que ceux , à qui l'on traverfe le dia-
phragme d'un coup dépée , meurent en riant. Les
Latins 1 appellent feptum tranjverfum , comme qui
diroit clùifon mife de travers. M. Hook a remarque
qu'on pouvoir cntrerenir un animal en vie fans tho-
rax 6c fans diaphragme j, en lui taifant entrer de l'aie
dans les poumons par le moyen d'un fouftlet, expé-
rience qu'il dit avoir faite. Gafpard Bartholin , le
fils, a fait un Traité de la llrudure du diaphragme.
On appelle aulH diaphragme , le cartilage qui eft ail
milieu du nez , qui fépare les deux n.arines.
S f ij
2-4
DI A
Diaphragme , en terme d'Optique, fe â'n de cesefpc-
ces de planchers qui traveilent les tuy.iux des gran-
des lunettes, & qui font percés par le milieu. En gé-
néral les Savans le fervent de ce terme pour expli-
quer une cloifon ou féparation entre deux parties.
fC En Botanique, on appcUcdinp/irûgme la cloi-
fon tranfverfale qui s'étend dans une filique , ou un
autre fruit capfulaire. Septum.
BiAPHRAGME. Le Diaphragme d'un tuyau d'orgues
s'appelle blfeau : il a une petite oavertuie longue &c
étroite, & un peu en bifeau, pour hiller échapper
le vent. On l'appelle lumière.
'fO- DIAPHTORE. f. f. Terme de Médecine, fe dit en
général de toute forte de corruption. Aictçùtlf.» , cor-
rompre.
DIAPHYSE. f. f. Ceft un inrerftice , une divi^fion , une
partition, enfin tout ce qui fépare deux choies.
Diaphyfis dans Hippocrate, Lib. de lYdci. comme
l'explique Galien , iignifie une certaine éminence
nerveufe, & cartiiagineufe dans le milieu de l'arti-
culation du tibia avec le fémur ,^ qui fépare les têtes
& les apophyfes inférieures du fémur qui font arti-
culées dans les cavités de la tête du tibia. Cette fubf-
tance ne paroît que dans les cadavres récens j car,
elle fe flétrit aptes la mort. Dici. de James.
DIAPNOTIQUE. adj. ëc f. Diapnodcus. On appelle
ainfi les remèdes qui font tranfpirer. Ce mot vient
du Grec <^l«îtMi j/'£r//;/rario j tranfpiration infeniîble.
lîs ne différent guère des diaphorétiques.
DIAPRER. Vieux V. a. Orner, décorer, tapiffer, Or-
nare j decorare.
DIAPRÉ, ÉE. adj. ou plutôt part, du vieux verbe dia-
prer. Qui eft varié de plufieurs couleurs. Ferjîcolor^
varias. Il n'eft plus guère en ufige , fi ce n'efi: en ter^
DI A
tre ie Tigre & l'Euphrate , &; borné au nord par la
Turcumauie , au couchant par la Syrie, au midi pair
l'Arabie déferte & par l'Yérak-Arabique, 5c au levant
par l'Arzerum &c une partie du pays des Curdes. Le
Diarbeck eft divifé en trois grands Beglerbeglics ,
ou Gouvernemens , celui de Diarbeckir, qui eft au
nord , & ceux de Moful & de Rike , qui font au mi-
di , le premier vers le Tigre , & l'autre vers l'Euphra-
te. Outre ces trois villes , qui donnent le nom à ces
trois Beglerbeglics , il y a encore Nesbin, Merdin,
Afauchiuf , Orpha , Bit , Harran , qui eft le Haran
de l'Ecriture, & le Charràt.^ fameux par la défaite
de Cralfus j Chabur , & Karkir , qui font encore de
bonnes villes. \.q Diarbeck , tel que nous venons de
le décrire, eft le pâ CmN, Padan Aram , ou C3nn3
tJlX, Aram Naliarim ^ de l'Ecriture, & la Mélo-
■potamie des Anciens. Quelquefois , félon la remar-
que de Maty , on lui donne plus d'étendue , & l'on
y comprend l'Arzerum , qui eft une partie de l'an-
cienne Alfyrie, &: l'Yerak Arabique , qui eft la Baby-
lonie &: la Chaldée des Anciens. A^oy<r:jd'Heibclot,
Biblioth. Orient 3 pag. 154. où il écrit Diarbekr,
& DlARBF.K.
DlARBEKiR. Ville de h Turquie en Afie, capitale
d'une Province de même nom. Diarbeckiu j Am.'da.
Cette Ville eft fur le Tigre à ^o. lieues environ au-
deffus de Moful. Elle eft grande, & l'une des plus
peuplées & des plus marchandes de la Turquie- Il
y a dans Diarbekir un très-grand nombre de Chré-
tiens Arméniens , Neftoriens & Jacobites. Au refte
Diarbekir eft la même ville que Caramit , ou Ca-
ra-hemit, quoique quelques Cartes les diftinguenc
mal à-propos. Mati dit aulîi Diarbeck j mais ceft le
nom de la Province.
mes de blafon ,' où l'on appelle diapré ., tout ce qui DIARRHEE. M. Lemery écrit diarrée^ , prononcez
t , figuré &: tracé à fantaifie , comme un diarrée , f. f.
eft brodé , ^
compartiment de fleurs, foit fur le champ de l'Ecu,
foit fur une de fes pièces honora'oles.
Là brillait le teint vif des pêches empourprées ,
Ici le riche émail des prunes êLiz^ïcQ^. Perrault.
Hoqueton diapré de mon maître la Troujfe.
Je lefuivois àpied , quand il allait en houjje. Desp.
Ce mot fignifioit autrefois, tapilfé, orné , décoré.
Glojf. fur Marot.
Diapré , ou Diaprée, f f. Nom d'une efpèce de pru-
nes. La diaprée violette. La Quint. Le même Au-
teur écrit quelquefois diapré. Des Mirabelles, Sainte
Catherine, diapré. Id. Beaucoup de Damas & de dia-
prée ont la chair véreufe. Id. Il ne donne point non
plus de pluriel à ces noms, comme on le voit par ces
exemples, & il les fait indéclinables. Il eft mieux de
les décliner _, &: de dire les diaprées font véreufes-, les
diaprées font longuettes. La Quint. Lzdiaprée vio-
lette eft violette tirant au rouge.
Ce mot , félon du Cange, vient du Latin diafjrum ,
•qui étoit une efpèce d'étoffe précieufe<?c de broderie,
dont le nom s'eft étendu à tout ce qui écoit diverfific
de couleurs , &: jafpé.
DIAPRUN , ou DIAPRUNUM. Le premier mot eft
nouveau, mais on s'en fert aujourd'hui, f. m. Terme
Terme de Médecine. Cours de ven-
tre , devoiement. Alvi refolutio , liquida alvus. Ce
mot en général fe'prend pour toute forte de flux de
ventre j mais proprement c'eft celui dans lequel les
humeurs pures ou mélangées s'écoulent , quelque-
fois fans douleur , & quelquefois avec douleur. La
diarrhée eft de plufieurs forres , félon la diverfité
des excrémens : il y en a une bilieufe j une féreule ,
une pituiteufe , une purulente. La purulente vient
toujours de quelque abcès qui s'eft ouvert. Les au-
tres diarrhées viennent d'une fermentation qui fe
fait dans le fang j par laquelle il fe décharge de fes
excrémens dans les inteftins. La diarrhée vient auili
des mauvais alimens qu'on a pris , de la fuppref-
fion,de la tranfpiration, S.<. de plufieurs antres caufes.
On remarque que ceux qui tranfpirent peu , font
fujets à la diarrhée , & cjue ceux au contraire qui
tranlpirent
beau
coup
Ço
nt or
dinai
rement re
ffer
res.
de Pharm.cie. Eleétuairemou purgatii, appeie a
nfi
à caufe de la pulpe des prunes de Damas qui en font
la baie. Il y a le diaprun f impie ^ & le compofé. Le
diaprunum fimple , outre la pulpe de prunes, reçoit la
cafte , les tamarins , la rhubarbe , les rofes rouges , la
femence de violette, les fintaux rouge &:citfin , la
raclure d'ivoire, lefuc de régliffe, & les quatre gran-
des femences froides. Il eft propre pour préparer &
pour ramollir les humeurs. Le diaprunum compofe ,
ou folutif , n'eft autre chofe que le fitnple , fur une
livre duquel on a mis demi-once de fcammonée en
poudre pour le rendre plus purgatif.
DIAPRITRE. f f. Variété de couleurs. La diaprure des
prés. Il eft vieux.
DIARBECK. f m. Province de Turquie en Afie. Diar-
beckia , Mefopotumia. Le Diarbeck eft renfermé en-
Stolterfoth , Médecin de Lubec , rapporte qu'un
Artifan j Lavandier de profefîion , eut , depuis l'âge
de 30 ans jufqu'à l'âge de 6^ , ans une diarrhée .,
qui lui caufoic cinq ou fix felles par jour j fe por-
tant toujours bien , ayant appétit , & toutes les
foces néceffaires pour fon travail. Enfin , à l'âge de
65 ans , par des remèdes aftringens , qu'il fe fit lui-
même , ou qu'il aclieta chez les Apotiquaires , il ar-
rêta fon flux. Auflitôt il lui vint une grande douleur
de reins , avec diflficulté de refpirer , celfation de la
digeftion , rendant les alimens comme il les avoir
pris , froid aux extrémités , enflure aux cuilfes , une
foif infupporrable , & plus d'appétit , n'urinant qu'à
peine une humeur aqueufe & vide de foùfre. Stol-
terfoth appelé! lui fit des aromates pour le confor-
ter doucement , & des antifcorbutiques mêlés da
chofes qui délayalfent modérément. Alors il com-
mença à refpirer plus librement ; les urines furent
plus teintes, la couleur naturelle lui revint , l'enflu-
re diminua, & il fe remit. Mais , ayanr pris du vin
d'abfynthe & de l'eau-de-vie pour fe fortifier, di-
foit-il J l'eftomac, il retomba Se mourut.
Le mot de diarrhée ^ eft Grec, &: vient de ^<i,
par ; 8c f\u» , couler.
DIARRHODON. f m. Terme de Pharmacie , qu'on
donne à diverfes compofitions à caufe des rofes rou-
D I A
ges qui y entrent. Il y a une poudre cordiale, qu^on
appelle diarrhodon Abbûùs , ou de CAtbc , parce
qu'un Abbé en ell l'inventeur. Elle eft compolec de
rofes rouges j de fanuux rouge & cicrin , de bois
d'aloës , de canne , de rhapontic , de fpicanard ,
d'ivoire , d'os de cœur de cerl", de fahan , de malhc ,
de perles , d ambre gris , de mufc , &c On s'en lert
pour fortirier le cœur , l'eftomac ifc le foie : elle aide
à la digeftion , & empêche le vomillemenc. Il y .i
aulli des trochifques diarrhodon j compofés de rofes
rouges , de raclure d'ivoue , de fantaux roHge &
cicrin, de rcglilfej de malbc, de lahan , de cam-
phre & d eau-rofe. Ils font propres pour i:o; tifier le
cœur , l'eltomac & le foie , ik pour arrêter la dyf-
fentene & les autres cours de ventre. Il y a encore
des pillales diarrhodon , compofces d'aloës , de tro-
chifques diarrhodon , de feuilles d'abfynthe , de
fchœnanre , de mailic & de ici gemme. Elles pur-
gent & fortifient enfuite i'ellomac , elles hâtent la
digeftion , & chalFent la mauvaile odeur de la
bouche.
Ce mot vient de ^î<^ , S; de pot^»» , rofe.
DIARTHROSE. f f. Terme d'Anatômie. Efpèce d'ar-
ticulation ou d'alfemblage des os , un peu relâchée ,
te dans laquelle le mouvement ell manifefte. Elle
eft opofée à \-\ fynarthrofi , dans laquelle l'articula-
tion eft fi étroite, qu'il n'y a point de mouvement.
La duirthrofe eft de trois fortes. Quand la tête de
l'os eft grolfe &c longue , & la cavité qui le reçoit
profonde , on l'appelle enarthrofe , comme celle de
la cuilfe avec la hanche. Quand la tête de l'os eft
platte , ôc qu'elle eft reçue dans une cavité fuperfi-
cielle, on l'appelle archrodie , comme celle de la
mâchoire avec l'os des temples. Quand deux os fe
reçoivent réciproquement & font mobiles l'un dans
l'autre , on Va.^^t\\t gingiyme j comme l'os da coude
qui eft reçu par celui du bras , en même temps que
celui du bras eft reçu dans celui du coude. Il y a la
d'urthrofe orbiculaire , &: la diirthrofc planiforme.
La diarthrofc orbiculaire fe trouve dans les os , dont
une exttémité arrondie roule dans une cavité plus
ou moins proportionnée d'un autre os , comme la
tète du fémur dans la cavité cotyloïde \ ou dont la
cavité roule fur l'éminence d'un autre, comme les
bifes des premières phalanges fur les têtes des os du
métacarpe.La diarthrofc planiforme eft plus ou moins
platte, dans laquelle les pièces arriculées gliftenr
l'une fur l'autre , à-peu-prcs comine quand on frot-
te la paume d'une mam , contre celle de l'autre. Cet-
te articuhtion fe remarque dans les os du carpe,
dans ceux du tatfe , & dans les apophyfes obliques
des vertèbres , &c. Winslow. La diarthrofc altet-
native ou récipro-iue, a quelque reifemblance avec
les charnières , ou les gonds j c'eft pourquoi les an-
ciens Grecs lai ont donné le nom de ginglyme, qui
fignifie l'un & l'autre. Les Modernes l'appellent aulîî
par la même raifon charnière. Winslow.
DiATiTHROsE Synarthroïdale , que l'on appelle aufll
amphiarthrofe y eft une efpèce d'articulation neutre ,
ou douteufe \ elle n'eft pas tout-à-fait diarthrofc. ,
patce qu'elle n'a pas un mouvement manifefte ; ni
tout-à-fait fynarthrofe , parce qu'elle n'eft pas tout-
à-fait immobile. L'articidation des côtes avec les
vertèbres, & celles des os du carpe & du tarfe entre
eux font des diarthrofcsfynarthroLdalcs.
Ce mot vient de <^'«, & de «fS/nv, qui veut dire ,
jointure , affemhlage naturel des os.
^{CTDIASCHISMA; Terme de l'nncienne Mufique ,
eft un intervalle faifant la moitié d'un femi-ton mi-
neur.
DIASCORDIUM. f. m. Terme de Pharmacie. Efpèce
d'éleéluaire ou d'opiat , dont Fracaftor a donne k
premier la defcription , & qui prend fon nom d;i
fcordium qui y entre. Les autres ingrédiens font le
rofes rouges , le bol , le ftorax , la cannelle , la caf-
fialignea, le didame , les racines de tormentille ,
de biftorte & de gentiane , le galb-nnm , le fuccin .
la terre iigillce, l'opium, le poivre long , le gin-
gembre, la femence d'ofeillcjle miel rofat & la
D I A 31J
maK-oifîe. On s'en fert pour les fièvres malignes ,
pour la pefte , pour tuer les vers , pour réfuter à la
pourriture , pour la colique, & pour provoquer le
lommeil , étant nouvellement fait.
DIAbEBESTEN ou DIASEREbTE. f. m. Terme de
Pharmacie. Eleéluaire mou purgatif, dont les fcbcf-
tes fjnt la bafe. Les autres ingrédiens font les pru-
n^, les tamarinj , les fucs d'iris, d'anguiia & de
mercuriale , les pénides, le diaprun fimple , la grai-
ne de violette , les quarre femences froides , & le
diagrède. Il eft propre dans les fièvres iiuermutcn-
tes &: dans les continues : il en appaife la ioit (ïc les
veilles , 6c challe les humeurs acres par les urines.
DIASENNA ou DIASENE. f. m. Terme de Phaima-
cie. Eleéluaire mou purgatif, appelé amd à caufe
du fené qui en eft la bafe- Les autres ingrédiens fonc
le fucre candi, les avelines , la cannelle, la pierre
d'azur, les doux de girofle, le galanga minor , le
poivre noir , le nard Indique , la femence de bafi-
lic , les feuilles de girofie , le cardamome , le faùan ,
le gingembre , la zédoire , les fleurs de romarin , le
poivre long, la pierre d'Arménie & le miel. Le dia-
fenna foulage les mélancoliques & les rateleux , &
ferr de remède à toutes les maladies qui vieimenc
de l'atrabile.
DIASIES. /. pi. Terme de Mythologie. Fête qui fe ce-
lébroit à Athènes en l'honneur de Jupiter, Diafia.
Ariftophane parle des Diafies dans fa Comédie des
nuées, Aél. i.p. wG. de l'édition dAmfterdam in-
1 2. 1770. Sur quoi fon Scholiafte remarque que c'é-
toit une fête de Jupiter Milichien , laquelle tomboic
à la fin du mois Anteftérion , qui répondoit à peu-
près à notre mois de Janvier, il ajoute que néan-
moins Apollonius d'Acarnanie diftingue les Diaj.ts
de la Fête de Jupiter Mihchicn j & qu'à ce que quel-
ques-uns difoienr, cette fête étoit ainli appelée,
parce qu'ils y faifoient des prières pour être exempts
des dommages qui leur pourroient arriver. Enfin
il rapporte encore un autre fentiment , qui eft que
les Z)/j/?jj^ étoient une tête où les Athéniens tailuient
des alfembiées publiques hors des murailles de la
ville, & l'y célébroient. Dans la mcme Comédie,
p. 156, un père dit à fon fils qu'il lui avoit acheté
un petit char pour la tête des Diafies. Le Scholiafte
de ce Pocte dit, fur la Comédie des Cavaliers , p.
134, de l'édition de Genèvâ in-fol. itf07, que les
JJicfes éto'ient la grande fête d'Athènes. Lucien ,
dans fon Charidème, & Suidas en parlent aulli. 1 lé-
lychius dit que les piaf es étoient une f «te qui fe
célébroiravec une triftelîe fine ul 1ère.
DIASOSTIQUE. f. f. C'eft la partie de la Médecine qui
regarde la confervation de la fanté. Diasost.ca : de
ra|«, je conferve. Médecine préfervative.
|cr DIASPHENDONESE. Supplice très -cruel. Qxx
plioit à grande force deux arbres : on attachoit
un des pieds du criminel à un de ces arbres , & l'au-
tre pied à l'autre arbre ; puis on lâchoit les deux ar-
bres , qui emportoient ch.icurr une partie du corps.
On croît que ce fupplice étoit venu de Perte. Ainé-
lien fit punir de cette manière , un foldat qui avoic
commis un adultère avec la femme de fon hôie.
Encyc.
DIASTASE. f. m. Diaflafs , diduclio. Mot Grec, <?/«-
Taî/ç, que les Latins & les François ont letenu pour
(igniher en termes de Médecine un écarten.ent d os y
qui eft une efpèce de luxation. Diafiafis s'explic^ue
en général par diftance, intervalle , féparation. Col
DE V'^ILLAP.S.
DlA\STÈME.f. m.TermedeMufique. Diafema. Quel-
ques Muficiens divifent les intervalles en deux elpè-
ces j dont l'utie eft appelée diafème , qui doit con-
tenir pour le moins deux intetvalles en quelque for-
te de Mufique que ce foit , quoiqu'il en puille con-
tenir davantage. P. Parran. J. Z?A;/7èwceft ce qu'on
appelle intervalle. Quelques Auteurs qui ont écrit
de la théorie de la Kîufique, fe fervent du nom de
diaRème y qui eft pris du Grec «'««•>(««' , intervalle.
DIASTOLE, f. m. Terme d'Anatômie , qui fignifie ,
Dilatation , diftention. Diafole , Prolatio. C'eft
}
■>r^
D I A
un desmouvemens du cœur Se des artères , dans le-
quel ces parties fe dilatent. L'autre mouvement
s'appelle yy/?o/t'j ou conftridion. La diajlo/e j, ou
dilatation du cœur vient du lang , qui eft porté par
les veines dans fes ventricules ; de celle des artères
cft caufée par le lang qui eft poulie dans leur cavi-'
té par la conftridion du cœur. La diaflole du cœur
& celle des artères ne fe font pas en même temps :
la diajiole du cœur arrive lork]ue lus artères fe ref
ferrent, & celle des artères lorlque le cœur eft dans
la conftridlion. Ce qu'on appelle le battement du
pouls, n'eft autre chofè que la d'iaJloleàQS artères. Le
poumon & la poitrine ont aullî \ca\: fyjlole Se duf-
tole. Le cerveau les a aulli. ^'oyc^ Cœur.
Diastole, figure de Grammaire par laquelle on fait
longue une fyllabe qui eft brève de fa nature. C'eft
ainfi que Virgile commence un vers par le mot
Italicus j dont la première lyllabe eft brève. Pro-
■dud.LO.
Ce mot, qui eft Grec , vient de ^i»^i>->-iii ,féparer ^
ouvrir.
DIASTOLIQUE. adj. m. <Sc f. Rabelais appelleof/a/Zo-
lique , le mouvement par lequel !e cœur s'étend &
fe dilate : dans l'ufage on dit mouvement de diafto-
îe, & non pas mouvement diafioLique.
DIASTYLE. f. m. Efpace entre deux colonnes; ou édi-
fice dont les colonnes font éloignées les unes des au-
tres de trois diamètres, ou lix modales de leur groi
feur. Diajfylos. Il vient du Grec '^'«f^'»?. Le diajïyu
s'appelle auffi entre-colonne.
DIASYRME. f. m. Figute de Rhétorique. C'eft une ef
pèce d'hypeibole , &: une exagération d'une choL
bafTe & ridicule Diajyrmus.
DIATESSARON. f. m. Terme de Mufique. C'eft un
intetvalle compofé d'un ton majeur , d'un ton mi-
neur, & d'un demi ton majeur, ba proportion eft de
trois à quatre. Ce mot n'eft ufité que dans la théo-
rie de la Mufique. Dans la pratique on dk 1j
quarte.
Le Dlatejfaron eft une confonnance fimple,il
tient entre- elles le troiliéme rang. Le P. Parran ,
qui écrivoit fon Traité de la Mufique en 1659, diî
que cette efpèce de confonnance étoit fort en ufage
de fon tems , & qu'elle eft en eftet fort douce ce fort
agréable, quand elle cft bien foutenue & bien ma-
rnée , quoiqu'un pey rude de fa nature. Le diatej-
faron eft une des lymphonies des Grecs , qui fe fait
lorfque la voix va de fon premier ton au quattiéme
lieu, ^oye:^ Vitruve , ch.4. duLiv. 5.
D1ATESSAR.0N , fe dit aulli , en Ph,ifmacie , d'une forte
de thériaque qui eft ainll appellée, à caufe qu'elle
eft compofée de quatre ingrédiens , qui font la ra-
cine d'ariftoloche , celle de gentiane , les baies àl
laurier ^ la myrrhe. On l'appelle Thériaque dcf
pauvres , parce qu'elle fe frit à peu de frais , &z en
peu de tems. Elle eft ptopre contre les piquures
àzs bêtes venimeufes , contre lepilepfie, les con
vulfions , la colique, pour fortifier l'eftomac, &.
pour exciter les mois aux femmes.
Ce njot eft Grec ; il fignifie , Compofition de qua
tre drogues.
DIATHÊSE. f. f. Biathefs. Mot Grec , ^^l^^ius, qui fi
gnifie affcttion , difpofition ou conftitution particu
iière de I homme , tar.t naturelle que courte nature.
La diathèfe établit le genre de la fanté ik de la ma
ladie.Elles'étend aulli aux caufesde la maladie, à fes
fymptômes , & même à la difpofition où l'on eft de
tomber malade. Col de Villars.
DIATONIQUE, adj. m. &c f. Eft une épithète qu'on
donne à la Mufique ordinaire , qui procède par des
tons difFérens , (oit en montant , foit en defcendant.
Diatonicus. La Mufique fe divife par les Auteurs en
diatonique , chromatique &C enharmonique , In dia-
tonicam, chromaticam^ enharmonicam. La Mufique
diatonique ne contient que les deux tons majeur &
mineur , & le demi-ton majeur. La Mufique diato-
nique , coinme on voit par ce qui vient d'être dit ,
eft la plus naturelle , & par conféquent la plus an-
cienne. On appelle genre diatonique , le genre qui
Dî A Dï B
fait le caradlère de la Mufique diatonique. Dans la
Mufique riiatonique , il y a un ton entre toutes les
notes , hotmis entre mi 6:Ja , & entreyi & ut, où il
n'y a qu'un demi - ton majeur. On dit progrellioii
diatonique. La progrefiion diatonique eit celle qui
fait procéder le ch.mt par les degrés fuccellifs de la
voix naturelle , lelon l'ordre de la gamme , ou du
fyftème diatonique parEiit. Les Italiens ne s'atta-
chent pas à une belle Mufique diatonique , c'eft-à-
dire , dont le fond loit de tons bien pleins , bien
nobles Se bien fimples , félon le goût des Anciens
imité par LuUi. Entr. sur la Mus.
DIATONIQUEMENT.adv.Termede Mufique. Dia-
toniibs. Ce mot ie dit de ce qui eft compolé dans le
genre diatonique, c'eft-à-dire, félon l'ordie naturel
des fons.
DIATRAGAC \NTH. f. m. Terme de Pharmacie , qui
fe dit de quelques poudres dont la gomme adra-
ganth fait la baie. Il y a la poudre de diatragacantli
Jroid j & celle de diatragacanth chaud. La poudre de
diatrag:cantkJroid, eft compofée des gommes adra-
ganth Se Arabique, de réglilfe, d'amidon , de fe-
mence de pavot blanc , & des quatre grandes lemcn-
ces froides. Elle eft propre pour incralfer , Se pour
adoucir les humeurs féreufes, trop acres Se trop fub-
tiles , qui tombent fur la pourine ; pour modéterla
toux Se pour exciter le crachat. La poudre de dia~
tragacanth chaud ^ eft compofée de gomme adra-
ganrh , de cannelle , d'hyflbpc , de pignons , d'a-
mandes , de femences de lin & de ienugrec , de
réglilfe , de fuc de réglilfe Se de gingembre. Elle eft
bonne pour l'afthme , pour exciter le crachat , pour
fortifier l'eftomac, & pour aider à la digeftion.
3IATIIIBE. f. f. Ce mot eft emprunté du Latin Dia-
triba , qui fignifie dans cette langue plufieurs chofes,
comme Seète , Académie , alfemblée de Savans,
Dilfertation, &c. Mais, dans notre Langue, on nô
s'en eft encore fervi, que pour fignifier Dilfertation.
C'eft dans ce fens qu'il eft dit dans Moreri , au mon
Baronius ,a^\Q le P. Jule-Céfar BouUenger , Jéluite,
a fait une Diatribe, conxxQ les exercitationsdeCafau-
bon , fur les Annales de ce Cardinal. C'eft encore
dans ce fens que M. Dupin dit , dans fa Bibliothèqua
Eccléfiaftique , que Léo Atlatius a fait deux Diatri^
bes fépavées des Geotges Se des Siméons. Al'airtm-
blée fuivante il nous apporta une ttès-favante &C
ncs-nhÇwïàc Diatribe. Huet. 'Vous favez que le P.
Bouhours , pour avoir douté fi un Allemand pouvoir
être Bel-Elprit , fouleva tous les Savans du Notd.
Combien de Diatribes , combien de harangues
Académiques pour le réfuter ! Je ne changerois pas
mon Arirtippe pour toutes les Mifcellanées, Dia-
trites j diveries Leçons , Obfetvations , Animadver-
fions , Emendations , qui ont été imprimées à Leyde
Se à Francfort depuis cinquante ans. Balzac.
DIAVOLI. Petite Ville de la Macédoine , en tirant
vers le tac d'Ocrida. Elle eft ancienne, de les Auteurs
Latins font nommée DUBALIS.
je? DIAZEIJXIS. f m. Terme de l'ancienne mufique
Grecque. C'étoit le ton qui féparoit deux tétracordes
disjoints , & qui , ajouté à l'un des deux j en formoic
le diapente. Dia:[eu.xis fignifie féparation.
D I B.
DIBAPTISTE. f. m. Se f. Nom de Sede. Hérétiques-
Grecs du ÎX'. fiècle , ainfi nommés, parce qu'ils
baptifoient deux fois. Dibapt/fla. En cette multitude
(de témoins fubornés par Photius contre Ignace P.
C. ; il y avoit des perfonnes de toutes fortes de con-
ditions. Se même de nouveaux hérétiques, que l'on
nommoit Dihaptifles\ car ils avoient ramairé dans
la lie du peuple tous les fcélérats qu'ils avoient pu
rencontrer , pour dépofer contre le Patriarche.
GODEAU-
DIBEN. Foyer DTEBEN.
DIRLA , DIBLAÏM ^ DIBLATHAÏM. Foye^ DE-
BLATHA.
DIBON. Nom de Ville. Diion , de l'Hébreu poî. Les
DIB DIC
Septante la nomment Aaioi!» , ôc Aiô»». C'ctolt unej
ville ancienne litiiée à l'Orient du Jourdain. Elle fut I
d'aboid aux Moabites, comme on le conclut du '
Livre des Nombres XXI. 30. Apparemment qu'Us!
en croient les fondateurs; car on ne fait pomt qu'il
V eût aucun autre peuple avant eux dans le pays qu'ils
occupèrent. Séhon, Roi des Amorrhéens Orientaux,
!a leur enleva, comme ilparoit par le même endroit,
& par Jof. XIII. 9. Ce Roi ayant été détait, & l'on
Royaume conquis pat les Uraclites , la Tribu de
Gad & celle de Ruben la demandèrent, comme un
endroit propre à nourrir du bétail. Nombres XXX III.
3. La Tribu de Gad la rétablit. Nombres XXXII. 34.
Enfuite ils la cédèrent à la Tribu de Ruben; car
Jofué XIII. 17. la compte parmi les villes de cette
Tribu. Peut-être rérorma-t-il les partages qui n'a-
voient pas été alfez également faits; ou qu'il n'y eut
point de partag3 avant la conqucre entière de la
terre promife, &c que les Tributs de Gad & de
Ruben s'étoient mifes en attendant dans les premiè-
res villes où elles fe trouvèrent. Dibon conhnoit
avec Medaba. iof. XIII. o. Elle tut coniidérable , au
iîioms dans la luite, ayant des filles, félon le lan-
gage de i'tcntUie, c'elt-à-direj d autres villes fous
elle. 1 lijdr. XJ, 15. Il paroît encore par le même
endroit qu elle n'écoit pas éloignée du Jourdain , &
quap-cs le retour de la captivité, les Juils s'y pla-
cèrent. Haie XV. ^.). marque qu'elle avou des eaux ,
c ell-à-dire , qu'elle étjit liruée fur quelque ruiileau,
ou iîir quelque torrent. Les Septante au même en-
droit l'appellent Aei^ .>), D'unon ; c'eft une faute qui
vient de l'ancien caractère Hébreu , dans lequel il a
été facile de conlondie le mem &C ïe beck. f^^oye^ la
DiiTertation du P. Souciet Jéfuite fur les Médailles
Hébraïques Se fur les premières lettres Hébr.iïques.
Il n'eft donc point nécelîliire de donner deux noms à
cette ville avec Adrichomius.
La même faute ell arrivée dans le nom d'une ville
de Juda , qui ie nomme Dimona dans Jof XV. ii.
& Dibon ^ ou Dibona, dans le i' Liv. d'Efdr. XI.
2 5. le mem rongé a pu être pris dans l'ancien Hébreu
pour un beth.
DIBON-GAD. C'efl; la ville dont nous venons de par-
ler , Dibon. Dibon-Gad , ainlî nommée Nomb
XXXIII. 46. entre Jeabarimj & Helmondebla-
thaim.
D I C.
ffcT piCASTES. f. m. pi. Minières de la Déeffe Dicé,
qui préiîdoit aux jugemens. Voyei DICE.
DICÉ. f. f. Terme de Mythologie. Nom d'une Divi-
nité des Grecs j Aik,. Elle étoit fille de Jupiter & de
Thémis^ Hefiode , Opéra jy v. 154. Theog. v. 901.
tefpeftable à tous les Dieux, Hefiod. Opéra , v. 155.
Son office étoit d'accufer les coupables au Tribunal
de Jupiter , Héfiod. Op. v. z 5 7. & de donner de bons
fuccès aux entreprifes des hommes, Héf. Théog. v.
5104. Z)ice étoit vierge, Héf. Op. v. 154. pour mar-
quer que les Juges doivent être d'une parfaite inté-
grité. On la faifoit fille de Jupiter, parce qu'il eft le
Roi de l'Univers, & le Souverain Légiflateur, &: de
Thémis, parce qu'elle eil la Déeffe de la Juftice.
Rhodigin en parle Liv. XXII. C. \6. Tout cela étoit
très-moral.
f^T DICELIES. f. f. Sortes de farces ou de fcènes
libres confervées de l'ancienne Comédie. On
appeloit Z)/ce/i/?eï les farceurs qui jouoient ces for-
tes de pièces. Acad. Fr.
DICHOREb ou piTROCHEE. f m. Terme de Pro-
fodie & de Poche latine. C'eft un pied de vers com-
pofé de deux trochées j c'eft-à-dire, d'une longue,
une brève & une longue & une brève : dbmme Corn-
prohare , permanere , &c. Ce mot fe trouve dans le
Traité des Etudes de M. Rollin, de l'édit. de 173(5.
t. 1. p. X2,6. D'xhorcus.
§3"DICHOTOME. adj. Terme d'Aftronomie. On dit
que la Lune eft dichotome lorfque l'on voit précifé-
ment la moitié de fa face éclairée.
y-L/
7
DIC
|IC? Et l'on appelle Dichotomie ou biflection. f. t»
la phafe ou apparence de la lune, dans laquelle elle
eft coupée en deux j de forte qu'on ne voit que la
moitié de fon dilque. Il fe trouve alors un arc de
près de 90° ou d'un quart de cercle entre la Lune &c
le loleil. Du mot grec qui lignifie couper.
§CF La Dichotomie eft ce qu'on appelle en lan-
gage vulgaire le commencement du premier ou du
dernier quartier.
DICOFRir. Ancien nom d'une corvée qui étoit en
ulage en Bretagne , Hc qu'un ancien titre appelle
Opus dicojrit, mais lans expliquer en quoi elle con-
fiftoit. l'oy e~ le IF Tome de VHiJi. de Bret. p. 24.
DICROTE. ou recuirent. adj. Dicrotus ^ recurrens.
Terme de Médecine. On a donné ce nom à une
eipèce de pouls inégal qui bat deux fois dans une
même pullation; c'eft-à-dire, qu'avanc que l'artèra
foit entièrement dilatée pour finir fa pullation , elle
ie retire un peu & rebat dans le même inftant, com-
me il arrive aux marteaux qui font repouifés par
l'enclume lorfque l'on frappe deiïiis. On pourroit
àuc pouls rebondijjant. Ce mot eft Grec, ^i'«f«rw, bis
jericns ^ qui bat deux fois. Col de Villars.
DICTAINO. Voye-:{ DITTAINO.
DICTAME , ou DICTAMNE. f. m. Le premier eft le
plus uhté. Terme de Botanique, qui fe dit de quel-
ques plantes. Z)a7a/«//j , diciamnum. Il y a le vrai
dictame, qu'on appelle diclame de Crète, parce qu'il
croît en l'ille de Crète,, ou de Candie. Il jette quan-
tité de tiges entalfées, & couvertes d'un coton fore
& très-touffu, de même que fes feuilles, qui font
rondes & épailles. Ses Heurs font d'une couleur
tirant fur le pourpre, & femblables aux violettes,
mais d'un violet plus clair. Elles paroilTent dans le
fommet des tiges. Sa femence fe trouve dans le calice
de la (leur, lorfqu'elle eft palfée. Le diclame de Crète
aies mêmes propriétés que le pouliot, mais il eft
plus efficace : il eft bon pour provoquer les mois aux
femmes, pouJ faire fortir l'entant mort du ventre,
& pour mondiher les plaies. On prétend aufli qu'il
fait tomber les flèciies qui font dans le corps, & que
les chèvres de Candie en étant blelTées , mangent du
diclame pour les faire fortir. Voy. Origan.
Le faux diclame , ou le diclame bâtard , eft unB
autre forte de plante , dont il y a plufieurs efpèces.
Celle qu'on appelle pfeudodiclamus vertictllatus ino~
dorus, pouffe des verges qui font en plus grand
nombre, plus hautes &: plus blanches que celle du
marrube: Ses feuilles font aulli plus ron es & plus
petitesj femblables à celles du diciamede Crère, coton-
nées , moins épailfes , d'une odeur foible , & qui n'eft
point défagréable. Ses fleurs font d'une couleur tirant
fur le pourpre , & rangées par étage entre les feuilles.
Les propriétés du/ci//.v d/ciame (om les mêmes que
celles du vrai , mais beaucoup plus foibles. On
appelle cette plante diclame, ou pfeudodiclamus y
parce que les feuilles de l'efpèce dont on vient de
parler ont du rapport à celles dn ^/c7<7rwe de Crête.
Le diclame blanc, qu'on nomme auffi diclam,e com-
mun , ou diclame des boutiques , eft une plante diffé-
rente des précédentes. On l'appelle autiement/ra^i-
nelie. Foy. Fraxinelle.
Le diàamie étoit très-eftimé des Anciens pour la
guérifon des plaies. Ce furent des biches bleirées
qui firent connoître la propriété de cette plante, qui
f^iifoit tomber les flèches dont elles étoient percées,
^rftt qu'elles en a voient manpé. Le même Pline, L.
VIII. C. 17. Cicéron , De naturâ Deor. L. II. n. i x6,
Virgile , Er.éid. L. XII. v. 41 1. Tertul. De Pœnit. C.
XI. difent la même chofe; mais Cicéron , plus cri-
tique & plus fage que Pline, dit feulement qu'on
raconte. Ariftote, /.. De Mirabilib. Aufcult. le rap-
porte des chevreuils. Virgile, à l'endroit cité, dit
que cette plante avoit une tige d'où fortoient Ati
feuilles couvertes d'une efpèce de petit duvet, &:
Diofcoride convient avec Virgile, quant au duvet
des feuilles. Le Poète nioute , que les fleurs du dicia^
me font purpurines : Diofcoride & Pline, L. XXV.
c. S. difent au contraire qu'il n'a ni tronc ou tige, ni
3^8 DlC
Heurs , ni femence. Cependant Diofcoride parie peu"
après d'une autre elpèce de diclame qui a une tieiir j
noirâtre. Matthiole .S: Daléchamp, dans fes Noues!
lur Pluie, L. XXV. c. S. prétendent que Diofcoride
ne dit pas que le diclame ne porte point de Heurs ,
ni de (emenccs : à" ê'iàtioi «Vf xapjro» çtfn , mais que ni
fa Heur m fon huit ne font bons à rien, »« «.«.f »'«
xxfvo^ruu^tfit. Pline l'entend de même, & il indi-
que manifellement auparavant que le dtciainc a plus
que des feuilles. Il en diftmgue trois efpèces. Le vé-
ritable diclame^ ou la première efpèce, n'a que de
.petites branthes ; il eft fcmblableau pouliot, chaud,
acre au goûtj fa racine eft déliée : les deux autres
efpèces îont de faux diciamts. La féconde eft aftez
feinblable à la première; mais elle a beaucoup
moins de qualité. La troifième n'en a ni la force, m
l'apparence.
Le diclame pris en breuvage , dit Pline, challe les
flèches j & autres armes des plaies. La première
efpèce arrête les fuppurations : il provoque les mois
des femmes : il les tait délivrer de leur fruit mort ,
ou quand il eft de travers. Il fert auHi à frotter & à
faite des fumigations. La féconde efpèce, ou le faux
diclame, a les mêmes effets, mais moins prompte-
ment. Tout ceci eft de Pline.
DICTAMEN. f m. Terme Didadique. Mouyement,
fentiment de la confcience. Chacun doit luivre le
diciamen de fa confcience. S. Evr. Une bonne ac-
tion devient niauvaife, fi elle eft faite contre le dic-
tamenàt la confcience. In. / oyei Conscience.
DICTAMO. Ancienne ville de l'Ifle de Crète, qui
donna ïbn nom au Diélame. Diclamnum, Diclynna.
Cette ville étoit apparemment voifme du mont Ida
de Crète, car le Didlame fe trouvoit fur cette mon-
tagne. DiSamo n'eft aujourd'hui qu'un village du
Territoire de la Canée , dans l'Ifle de Candie.
DICTATEUR, f m. Magiftrat Romain créé par le Sé-
nat, ou par le peuple, en des temps difficiles, pour
commander pendant lix mois tout au plus : il avoit
une puilfance abfolue & monatchique, tant que
duroit la Didature. Diclator. On prétend que ion
pouvoir étoit plus étendu que celui des Rois-.ilétoit
arbitre de la paix & de la guerre, & il avoir le droit
•de vie & de mort, fans appel au peuple. T. Lartius
Flavus fut le ^ï&mist DuLueur l'an de Rome 255.
ou félon d'autres içiî. Foy. les Faftes Confulaires.
On porcoit 14 haches devant le Diclateur, & douze
feulement devant le Conful. Sylla fut le premier
Diclateur perpétuel; Céfar après lui. Après Jules-
Céfar, il n'y a plus eu de Diclateurs. Le premier
Z)/cZ^re«r pris du. peuple fut Marcus Rutilius, l'an
de Rome 599.
Denis d'Halicarnafte dit que ce mot vient ab cdi-
4:endo, parce qu'ils ordonnoient 6c commandoient
tout ce qu'ils vouloient; mais Varron veut que ce
mot foit dérivé de ce que le Conful le nommoit, ce
qui s'appeloit en Latin dicere. Varron, L. IV. De
lin^. Lai. Diclator a Confule dicebatur, cujus diclo
audiences omnes ejfent.
DICTATEUR. Terme de Collège. C'eft le nom qu'on
donne à celui qui a la première place : il eft au-def-
fus de ceux qu'on appelU Empereurs, & qui font
erdinairement les premiers. On ne peut-être Dicla-
leur à:}ins une clalîe j qu'on n'ait été plufieurs fois
Empereur.
DiC"^ATEUR, feditjdansle ftyie familier &enplaifaii-
t; nt, d'un homme qui diète à un autre ce qu'il écrit.
M. Peliifon, qui, à caufe de fes mauvais yeux,
n'écrivoit point, mais didtoit tout à fon Secrétaire ,
difoit agréablement : Je fuis Diclateur perpétuel
comme Jules Céfar; &: la Fontaine a dit à MM de
Bouillon :
Vous mette\ les Ho! as en écoutant VAuttur^
Vous égale\ ce Diélateur
Qui d'ihoit tout d'un temps à quatre.
DTCTATRICE. f. f. Diclatrix. Ce mot n'eft point en
ufage dans i'Hiftoire, en parlant de la femme d'un
D IC
Dicftateur; comme on n'appcloit ^o'int Inipcïairice
la femme d'un Général d'armée, /w/Jerafdr, ni Con-
Jule, ni Tribune, la femme d'un Conful, ou d'un
Tribun ; auHi on n'appeloit point Diclatrice la fem-
me d'un Diétateur. Les Auteurs des DivertilFemens
de Seaux ont employé le nom de Diclatrice ^dans un
fens particulier &: nouveau, quand ils ont parlé de
DiFuitricc perpétuelle de l'Ordre de la mouche â
miel. Il y a des médailles frappées à l'honneur de la
Diclatrue perpétuelle de cet Ordre : peut-être fera-
ce un jour une occupation & un grand fujet de
dilfertation pour les Antiquaires futurs.
DICTATURE, f. f. Emploi , dignité de Dictateur.
Dicldtura. Sylla abufa de la Diclature, &l ht le pre-
mier appercevoir aux Romains, que c'étoit une ty-
rannie, La Diclature fut abolie après la mort de
Céiar. Voye\ Vigenère de la Diclature , Annot.fur
litc-Live , p. 1616 i^fuiv.
Dictati;re j fe dit , fîgurément , pour fignifier l'em-
pire & la domination que quelqu'un s'attribue ,
ou fur les chofes , ou fur les efprits. Dominium ^
imperium , diclatura quaji perpétua. Cet orgueilleux
Critique vouloit ufurper dans la République des
Lettres une diclature perpétuelle. Balz.
1)3" En Allemagne J dans la ville où fe tient la diète
de l'Empire , on donne le nom de diffiature à une
affemblée de Secrétaires de la légation , ou Cancel-
liftes des différens Princes & Etats , qui fe tienc
dans une chambre , au milieu de laquelle eft élevé
un fiége dcftiné pour le Secréraire de légatitîn de
l'Eleèteur de ivlayence. Ce Secrétaire diéfe de là ,
aux Secrétaires de légation des Princes , les mé-
moires , adles, proteftatiûns & autres écrits qui ont
été portées au Direéloire de l'Empire, & ils les
écrivent fous fa diéfée. Encyc.
DICTE. Montagne de l'Ile de Ciète. Dicle , Diclicus
mons. Le mont Diclé étoit dans la partie orientale
de rile , à un mille du mont Ida. Il ne faut pas
confondre le mont Z)/c/eavec le mont Dièfynnée,
Diclynn&us , qui étoit dans la partie occidentale de
l'Ile.
DICTE, f. m. Vieux mot. Dictum ou Sentence, maxi-
me de fcience ou de morale. Dictum , fentcntia ,
axioma.
DICTEE, f, f. Ce qu'on dide pour être écrit en même
temps J ou pat un ou par plufieurs. C'ert ainfi que
les Ecoliers appellent une leçon que leurs Maîtres
leur font écrire fous eux. Diclata. Il eft venu en
clalfe après la diclee. Il a lailfé en blanc , dans its
cahiers, de la place pour deux diclees. On dit qu'un
Commis écrit bien à la dicke , ou fous la dicle'e ;
pour dire , qu'il écrit prornptement & exadlement
ce qu'on dicte.
DICTER. V. a. Lire , prononcer à haute voix & pofé-
ment ce qu'un autre écrit en même temps. Diclare.
Un ProfeHeur dicle fa leçon de Philofophie avant
que de l'expliquer. Un teftament eft nul , s'il n'eft:
diclé Se nommé par un Teftateur , lu & relu par
le Notaire , & s'il n'en eft fait mention dans
l'aéle.
Mon valet écrivant ce que j'aurais diété ,
Ferait un livre entier marchant à man côté.
BoiLEAW.
On le dit à-peu-près dans la même acception pour
fuggérer à quelqu'un ce qu'il doit dire ou répondre.
On lui a t//f7e toutes fes repon fes.
Dicter, fignifie aufti, prefcrire. Dicleràss lois, Dicler
des ordres."
Telle eft la Lai des Dieux à man Père didée.
Racinï.
Xoa/i- plus glorieux & plus grand que jamais j
S'eftja/t voir à toute la terre
Aujfi jufte en didant la paix ,
Que redoutable dans la guerre. Pavillon.
Dicter ^
D I C
JDicTER , fe dir, hgiirément , dans la figiiification
d infpirer, des mouvemensde l'ame qui nous pouf-
fent d faire quelque choie. Le refpe6t & l'obéif-
fance envers les pères & nières nous ont été diclcs
par la nature. Voilà un railonnemcnt que le limple
fens comniun nous diàc. M* Dacier. Le bonfens,
la raifoiî nous diclent tout cela.
Dicté, ée. part.
DICTION, ff. Mot d'une langue. Z)icZ/o. Cette dic-
tion n'ell: pas Françoife , elle eît barbare. On dit
mieux ce mot ou terme.
Diction , fedit proprement de la manière de s'expri-
mer ^ de la partie du llyle qui regarde le choix &
l'arrangement des mots, f-^oy. ilyle S>c élocution. Cet
Auteur a la diClion pure , cléganre. La diclioii de
l'Orateur doit ctre pure , propre à fon lujet , riche j
ornée fans fard , forte iSc ferrée fans fécherefle , &
convenable .i celui qui parle , au temps , au lieu &;
aux auditeurs. S. Evr, L^idicîionàn Pocte , de l'O-
rateur, de l'Hiftorien , du Philofophe , &c. ne doit
pas être la même ; mais elle doit dans tous avoir
les mêmes qualités : elle doit être claire , pure , élé-
gante & affortie au fujet que l'on traite.
|ccr DICTIONNAIRE, f. m. du Latin , dulio , mot ,
expreilion. Dicîionanum , diciionarius liber , index
yocahulorum. C'cft ainfi qu'on app>e!le un recueil de
tous les mots d'une langue diftribués par ordre al-
phabétique , avec des définitions 5c des explications
qui diftinguent &C développent le caraétère propre
de chaque mot. Diclionnaire François, Grec, La-
tin j Italien , &c.
§CF On le dit même des recueils faits par ordre
alphabétique fur des objets particuliers , fur de
matières de poëlie , d'hiftoire^ de géographie,
de commerce , &:c. Diclionnaire poétique , hifto-
rique , géographique , de commerce , de marine ,
de rimes , &c.
ff3" Il y a auiîl des di^ionnalres raifoiiHés des
fciences , des arts ^ & des métiers.
^C? Le public eft aujourd'hui inondé de dic-
tionnaires donc plulîeurs ne valent pas la peine
d'être nommés. Il femble qu'on ait envie de ré-
duire fous cette torme toutes les fciences & tous
les arts. Bayle dit que les diclionnaires font une voie
abrégée pour devenir favans à peu de frais : c'eft au
moins un fort bon moyen pour le paroître. Les
diclionnaires font fur-tout utiles aux efprits iuperlî-
ciels & parefleux.
\fT ^I. d'Alembert nous a tracé le plan d'un
dicUennaire vraiment utile , mais très- difficile à
exécuter.
fC? On ne doit pas regarder comme abfolument
fynonymes les mots de diclionnaire , vocabulaire &
glojjaire. Voye-^ aux articles particuliets le carac-
tère propre de ces mots.
DICTION ARISTE. f. m. Auteur d'un Diélionnaire.
La fin que fe doivent propofer les GlofTographes ou
Diclionnariftes j eft de donner l'intelligence des
Auteurs qu'ils allèguent j à quoi ils ne peuvent
parvenir, qu'en expliquant exaéiement leursparolcs.
Valesiana.
DICTON, f. m. C'eft un proverbe ou une fentence
commune , & qui eft dans la bouche de tout le
monde. Diclonell vieux en ce fens , & ne peut plus,
avoir d'ufage que dans le comique & dans le bur-
lefque. Diilum , proverbium. Il y a là-dedans des
Uiclons alftz jolis. Mol.
. Du Confeiller Mathieu , l'Ouvrage eft de valeur.
Et plein de beaux diétons à réciter par cœur.
i Molière.
On volt bien par de tels diâons
Que la fige (je de nos Pères ,
Sans nous embarrajfer de maximes fe'vèrcs ,
Nous faifoic ces belles leçons.
Mlle.L'HÉRITIER.
Dicton , en ftyle familier & populaire , eft aufli une
Tome m.
DI G D I b
31^
raillerie , ou un mot plaifant & piquant .contr*;
Qni:\c\\inn. Dictum. Icpidum 3 /ocus. Ce Satyrique ne
lailfe palFer perfonne qui n'ait fon diclon. Ce mot
en Bas-Breton [v^^iwho proverbe.
§3" DICTUM. f. m. La partie de la fentehce ou de
l'arrêt qui contient C'^ que le Juge prononce oC
ordonne qu'on nomme autrement dilpofitif. Ad-
verjaria arrefiorum & fententiaruni. On Vappeloic
autrelois le bref. On a mis le dicium de la fentenca
au Greffe , il n'y a plus qu'à taire ligiùfier das
qualités. Les Juges nefignentik: ne mettent au Greffe
que le diclum de leurs jugemens, les Greffiers dref-
fent le vu fur les pièces du procès. Dans le temps
que les jugemens fe rendoient en Latin , le difpo-
iuif commençoit par ces mots. Diclum juit per
arreflum curi*., &c.
DICTYNNE. f. f. Terme de Mythologie. Nymphe
de rile de Crête. Diclinna. L'Antiquité a attribue
à la Nymphe Z)A'()v;/2t; l'invention des rets, ou fi-
lets propres à la chalfe ; & c'eft de- là que Ion nom
lui fut donné , car àU-wi en Grec fignifie un
rets , Rete. La Nymphe Diclinne fut fi amie de
Diane , que les Poètes les conlondent en quelque
forte , ou du moins qu'ils donnent quelquefois à
Diane le nom de Diclynne. D'autres dilent que
Diclynne , ayant excité la paffion de Minos , & ne
pouvant éviter autrement les pouriuites , fé jeta du
haut d'un rocher dans la mer , & qu'elle tomba
dans un filet de pêcheur, d'où lui vint fon nom.
Voye'^ Antoniniis Liberalis j L. XI. Quoi qu'il en
foit , avant que de s'appeler Diclynne , elle fe
nommoir Britomartis. Voye\ ce mot , & Héfy-
chius. Les Eginetes l'appeloient Aphea , A'4;«<a.
Callimaque, dans l'hymne qu'il a fait à l'honneuc
de Diane , dit que le rocher , ou la montagne ,
d'où Britomartis fe précipita , étoit le mont Diété ,
d'où il s'enfuit que c'eft de- là que lui vint le nom
de Diclynne. Strabon , L. X. dit que plufieurs re-
jetoient ce fentiment de Callimaque , parce que -^
Britomartis étoic appelée Diclynne par les Cydo-
niates, qui étoient fort éloignés du mont Diâé.
Mais Vollius répond que ce n'étoient pas les Cy-
doniates feuls , mais tous les Cretois , qui don-
noient ce nom à Britomartis ; & que , quand on
dit que c'étoiént les Cydoniates , c'eft une fynec-
doche :-on prend la patrie pour le tout. Vollius ré-
fute encore Diodore de Sicile fur ce que nous avons
rapporté après lui de Minos. Voye\ Voff. De IdoL
L. I. C. 17. à la fin.
DicTYNNE. Diclynna eft auffi le nom d'une ancienne
ville de Crète fituée dans la partie orientale dé
l'Ile , & appelée autrement Dïélamme, aujourd'hui
Dictamo. Voye-{ Dictamo.
La montagne de Diclynne , ou Diclynnéc , eft
une montagne de l'Ile de Crète , différente de
celle qu'on nommoit Diéle , bu Diéfa, fituée dans
la patrie orientale de l'Ile , près de la ville de
Didynne , qui lui donnoic fon nom , Diclynn&us
mons 3 aufti-bien qu'à un Promontoire, ou Cap ,
appelé le Promotoirc de Diclynne^ cii Latin Uic-
tynn&ùm Promontorium,
D I D.
fia- DIDACTIQUE, adj. de t. g. du Grec Mchku, j'en-
feigne. On le dit de la manière dont on fe fertpouc
enfeigner , pour expliquer les chofes. Ad doccn-
dum aptus. Ordre didaclique. rerrrie didaclicjue. Il y
a des termes qui ne font d'ufage que dans le genre
didaclique , & lubftantivement , dans le didactique 3
c'eft-à-dire , dans les matières où l'on n'a pour
but que d'inftruire. Je donnerai le prix du Pocme
didaclique à Virgile fur Héfiode. Hu£t.
Loin ces rimcurs craintifs dont l'efprit phlegmatiqug.
Garde dans fes Jureurs un ordre didadlique. ,
BoiLEAui
^fT C'eil: encore un fubftantif féminin. La ^i-* ' '
daàique ^ pour dire l'art d'cnfeigner.
Tt
^^o D I D
UIDAQUE, ou DIDACE. Mr. Balllet Hic le fécond :
le premier eft le plus en ufage. f.m.&nom d'hoinm^'.
Dldacus, Dldaque eft la même choie que Diego
en Caftillaii. Didaque Alvarez , & non pas Diduct
Alvarez , fur un grand maure de la vie fpuituelle.
Saint Didace , que le Vulgaire appelle Diego , dans
la Caftille , Jaune dans l'Aragon j & qui n'eil
autre chofe que le nom de J^c^a^j. Baillet , 13^
Nov.
DIDASCALE. f m. Dodeur , qui enfeigne. Du Grec
^i^asKa j doceo. On avoïc choiii pour dilputer avec
Anfelme , Evcque d'Avelberg en BalIe-Saxe , Nc-
chitès , Archevêque de Nicomédie , b principal
des douze Didjfcales , ou Dodeurs , qui gouver-
noient les études , & croient conùilcés lut Us quel-
tions difficiles. Fleury.
DIDEAU. f. m. Terme de Pêche. C eft un grand filet
qui fert à barrer les rivières pour arrêter tout ce qui
p3.((e. Reds genus totum fiumcn. trajicicns. Au puni
de S. Cloud il y a un grand d'ipéca fufpendupardes
potences & des poulies , qu'on tend & qu'on lâche
dans certaines occahons.
DIDEMAIRE. f m. Efpèce de Jongleur & de Char-
latan chez les Anciens. Dïdcmarius. On trouve ce
mot dans Commodien , De fimulacris Deorum.
C'étoienc , dit-il, des gens qui contrefaifoient les
Furies , & qui fe déchuoienc le cotps devant k
peuple , pour le tromper. Quelques-uns croient que
c'étoienc des Prêtres de Cybèle, ainfi appelés poui
Dindymarii , parce que Cybèle étoic nommé Dm-
dymène , du monc Dindyme en Phrygie. On les
appeloit aufli Corybances & Galles. F^oyei ces
mots.
DIDIA. Nom d'une famille Romaine. Didia gens.
On ne fait fi la famille Didia étoit patricienne ,
ou plébéienne. Patin. Les médailles de la famille
Didia ne fonc pas communes. Les médailles por-
tent Deidius , ou Didius.
DIDIER , ou DIZIER. f. m. ^ nom d'homme. De-
Jiderius. S. Didier étoit un pauvre Paylan d'un vil-
lage près de Gènes en Italie. On dit que le peuple
de Langres fut infpiré de l'aller tirer de la charrue
pour en faire fon Evcque , & que , d'ignorant
qu'il étoit j il devint tout-d'un-coup tiès-habile. Il
prit l'Evêché , & , après s'être acquitté de tous fes
devoirs en homme vraiment Apoftolique, il four-
frit le martyre lous l'Empire d'Hononus , dans la
perfécution des Vandales. Quelques-uns difent que
ce fut au IIP fiècle, fous Galien j & d'autres au
IVe. Warner a imprimé & retranché les Aétes de
S. Didier. Il y a encore un S. Didier ^ Achevèque
de Vienne , fur la fin du Vie fiècle : il mourut en
608. Voye-:^ Chaftelain , Mart. T. I. p. 614. un
S. Didier , Evêque de Cahors, dans le VII® liêcle-
un Didier Lombard y Doéteur en Sorbonne au XlIIe
fiècle. Le dernier Roi des Lombards j qui fe fit élire
en 7 5 5. & fut pris par Charlemagne dans Pavie en
764. s'appeloit aufli Didier.
Ce mot s'eft formé du Latin par corruption ,
Defiderius , Déjîdier , Diedier j Didier & Di~icr :
ce nom fe dit différemment en ditférens lieux.
Ordinairement on dit Didier-, en Champagne plus
communément Didier:, en Languedoc & en Italie,
De^ery & Dre~ery ; aux Pays-Bas , Défie. Baillei.
On a mêmi dit Ge'ry. yoye:{ ce nom.
DIDIUS JULIANUS. f. m. C'eft ainfi qu'on nomme
un Empereur Romain qui gouverna l'Empire à la
fin du II* fiècle de Jesus-Christ. , & qui fuccéda
d Pertinax. Comme il ne faut point dire en Fran-
çois Julianus quand on parle de Julien l'Apoftat,
il fant conferver ces noms Latins dans notre lan-
gue , & ne point dire Julien , quand il s'agit de
cet Empereur-ci. Les Didius Julianus fom uèsra.\e^
en or & en argent , & même en moyen bronze &
en petit bronze. J'ai le plus beau Didius Julianus
qui foit à Paris. Didius Julianui écoit de Milan ,
lils de Didius Severus , & de Clara /Emilia. Ayant
acheté l'Empire, des foldats, après la_mort de Per-
tinax , & ne pouvant payer la fomme qu'il en avoit
D I D
promlfe, 11 fut mis à mort deux mois 5i cinq
jours après fon éleétion , le 1^* Septembre de l'an
iç)3. y oye-:[^ Sparnen , Aurelius Vitlor &: Dion. Il
s'appela Marcus Salvius i)everus Commodus Didius
Julianus.
DIDON. f. f. Nom de femme , Dido Didus , ou
Didonis au génitif. Didon i\M hlledeBeluslI. Roi
des Tyriens , appelé autrement Métrés. Elle époufa
en premières noces un Prêtre d'Hercule , nommé
Sichée. Sichée écoit fort riche. Pygmalion, frère de
Didon , pour fe rendre maître des tréfors de fon
beau- fière Sichée , le tua une nuit. -D/^o« , aver-
tie de ce meurtre dans un fonge , rallembla ce
qu'elle put trouver d'ennemis de Pygmalion , &
ayant tire de terre les ttéfors de fon mari , s'em-
barqua avec eux la nuit pour fuir la tyrannie de foH
frère , & vint furgir à la côte d'Afrique , à l'en-
droit où eft aujourd'hui le Royaume de Tunis ,
un peu à l'occident de l'endroit où eft la ville de
Tunis. Elle y acheta autant de terre que le cuir d'un
bœuf en pouvoir entourer. Virg. Enéide ^ L. l. v.
^ji. Silius Icalicus J L. 1. v. 24. Ayant coupé le
cuir d'un bœuf en une aiguillette , ou en une bande
très-peu larg|e , mais fort longue, elle entoura un
grand efpace de terrein , où elle bâtit une ville j
dont on montre encore les ruines fur la côte du
Royaume de Tunis à rembouchure du Magrada ,
un peu plus au midi que le Porto Farina : elle
nomma fa nouvelle ville Carthage , & la citadelle
Byrfa.
Jcfeph , dans fon premier livre contre Appion ,
dit que ce fut 144 ans après la fondation du Temple
de Salomon ^ & par conféquent , près de deux cens
ans plutôt que Ve!leius Faterculus ne place cet évé-
nement J mais toujours près de 400 ans plus tard
que Virgile ne l'a feint dans Ion Enéide. Jofeph
paroît plus croyable que Paterculus. Il cite fur cela
les Annales des Tyriens & Ménandred'hphèfe, d'où
il a tiré ce qu'il avance. Aufîi le P. Pétau , le P.
Salien , &:c. fuivenc Jofeph. Bien des Savans
croienc que Didon ne bâtit que la citadelle ap-
pelée Byrfa, autour de laquelle , dans la fuite des
temps , fe conftruific la ville qu'on nomma Car-
thage. larbas. Roi de Gétulie , demanda Didon
en mariage ; & , comme elle le refufa , il lui
déclara la guerre, & fe mit en devoir de l'y forcer
par les armes. Pour l'éviter, Didon fe tua elle-
même , aimant mieux mourir que de violer ou
de partager par des fécondes noces l'amour qu'elle
avoit pour Sichée. C'eft cette mort qui a donné
lieu à Virgile de feindre , par un anachronifmede
plufieurs fiècles , qu'elle s'étoit tuée j parce qu'Enée
l'abandonna après l'avoir époufée. Sur quoi Aufone
a fait cette épitaphe de Didon.
Infelix Dido , nuUi hene nupta marito '•
Hoc pereunte fugis j hoc jugientc péris.
ÇCT Qui a été heureufement rendue par les vers
fuivans , malgré la faute qui fe trouve dans 1«
premier.
Pauvre Didon , où t'a réduite
De tes maris le trijlejort!
L'un en mourant caufe ta fuite y
D autre enfuyant caufe ta mort.
Ce nom Didon vient du Phénicien ^)^ , dilecluSy
nm d'decla. Servius dit que Didon , en Phénicien ,
fignifie virago. L'Etymolo'Jifte & Phavorius l'in-
uis
terprètent errante j vagabonde ; & Eullath.— ,
dans fes Notes fur Denis le Géographe, v. 195.
A'»J)»!p<j»«!- , Homicide.
Didon fut aufti appelée Elize , Eli^a j & fut
honorée à Carthage comme une DéeiTe ., ainfi que
le témoignent Juftin & Paterculus. Confuitez P^ojf.
de Idol. L. I. c. j z. yC. 1 14.
DiooN. f. m. Nom d'homme. Il y a un Didon , Eve-
D I D
que de Poitiers ; & un autre, Evcque de Châlons,
dans le VI= liée le.
§Cr DIDORON. f. m. Terme d'Hiltoire Ancienne.
Mefure de longueur chez les Grecs. Elle étoit de
dix-huit pouces. Encyc.
DIDRAGME , ou DIDRACME. f. m. Pièce de mon-
noie des anciens Grecs , qui pefoic deux diagmes ;
double dragme. Didrachmu. Le didruame , chez les
Hébreux , éioit le demi-ficle , qui peioit deux drag-
mes Actiques. Vefpalien ordonna que tous les Juits
de l'Empire paieroient j à l'avenir j au Capirole ,
les deux dragmes qu'ils avoient accoutumé de
payer tous les ans au temple de Jéiulalem. Origène
dit que de fon temps , ils payoïent encore le
aidragme aux Romains. Tillem. En luppolanc l'ar-
gent à 5 1 livres le marc , le didragme Hébreu va-
loir environ i8 fous 7 deniers. f^oy£~ au mot
Dragme , ou Dracme.
DIÛYJVIE. f. m. Nom d'homme , gui fignifie Jumeau.
Dïdymus. C'eft la même choie que Thomas en
Hébreu , comme S. Jean le témoigne, C. XI. v. \G.
ëc C. XX. V. 14. &c en etla n'ain , Gen. XXV.
24. lignifie des Jumeaux. Sur cela Thomas , ( c'eft-
à-dire, Didyme) dit aux autres difciples: Allons-y,
nous , afin de mourir avec lui. Bouh. Didyme^
Grammairien d'Alexandrie , h laborieux & fi ap-
pliqué à l'étude , qu'on le nomma %ccXkï>ti(cç ^ tn-
traUies d'airain , & arsv^jpW, Le Lahorieu.y , compofa
tant de livres , qu'on l'appeloit encore EioA«îA«ô),f,
comme s'il en eût ignoré le nombre. Il vécut juf-
qu'au temps d'Augulle. Un autre Didyme d'Alexan-
drie , tout aveugle qu'il étoit dès fa jeuneire , fe
rendit célèbre au IV« fiècle par fon habileté &
par l'intelligence de l'Ecriture.
DiDYMt, furnoni que Pindare donne à Diane, pour
marquer qu'elle étoit fœur jumelle d'Apollon. Di-
dyme eft au!]: le nom d'une des Illes Cyclades jdans
l'Archipel, où Apollon avoir un oracle. Ai'(Ju,«<if ^ Ju-
meau. Apollon avoir un Oracle à Didyme.
DIDYMES. f. m.&pl. Didymi. Jumeaux. Les Anciens
Anatomiftes ont donné ce nom aux cellicules. Wins-
LOW.
D I E
D I E. Ville de Dauphiné. Dia , Dia Augujîa , Dia
yocondorum, DeaAuguJla , Dea Vocontiorum. Elle
eft fituée dans les montagnes , fur la rivière de
Drome. Die a un Evèché fufFragant de Vienne. Die
ctoit autrefois une des dix neut villes des Vocon-
tiens. Augurte la fit enfuite Colonie Romaine , &c
elle prit le nom de Dia Jugufta. Son nom Dia
quieti celui d'une Divinité payenne , adorée en quel
ques endroits de Grèce, comme à Sicyone , fait
juger aux Savans qu'elle eft originairement ville
Grecque, comme Marfeille ; c'eft-à-dire , qu'elle
a été bâtie par les Grecs \ & GalTendi , dans la vie
de M. Peirefc , croit que ce font les Phocéens. Mais
Dia étoit aullî honorée à Rome. T^oy. ci-delfus
DiA. D'autres conj^éturent que la ville Aq Die îni
nommée Dea, ou Diaàs Livie, femme d'Augufte ,
qui fut mife au nombre des Dieux , & à laquelle
elle fut confacrée. Ils appuient leur conjeélure fur
un marbre antique dont l'infcriptiou eft LIVIAE
AVG. DEAE MVNICIPIVM , & fur ce qu'une au-
tre ville des Vocontiens fut dédiée à Augufte fous
le titre de Lucus Augufli. Dans les vieilles notices ,
elle eftcomptée la cinquième des 14 villes de la
Province Viennoife , & elle eft appelée Deenfium
Civitas. On prétend que fon Evèché fut établi par
S. Martius vers l'an xio. Il fut uni à celui de Va
lenceen 1176, & en fut féparé en 1688. Foye^
Valois, Nor. Gall. Ses habitans & fon territoire
s'appellent les Diois , & le Diois Long, iz d. 58'
ht. 44 d. 44'.
DIE. Nom d'homme. Deodatus , Theodatus , T/ieu-
dates.S. Die , autrement Déodat, ou Dieudonné,
ctoit Evêque de Nevers dans le VIF fiècle. Bailler
écrit aulli Diei. Foyei:i\i.XlX.^ jour de Juin , pag.
DIE 5 3 f
197. s. Die de Blaifois. Chast. Mart, T.I ,p. 534.
A Lagny j au Diocefe de Paris , S. Dié , Confelîeur.
Id. 5. tév. p. 506.
DIEliEN, prononcez DIBEN. Petite ville d'Allema-
gne, litueeiurla Mulde , dans le Duché ce Saxe,
aux confins de la Mifnie. (j)uelques-uns dilent aulli
JLJuten. j^uha,
DIEGO, f. m. Nom d'homme. Didacus. Ce mot eft
en Elpagnol , ce qu'cft , en François Didaque , &C
nous nous en lervons quelquefois en notre langue
quaiis nous parlons des Eipagnols qui l'ont porté,
-il^.'cf^o de Jepes , Religieux de S. Jeiôine, & puis
Evêque d'Albarazin , a écrit, en Elpagnol, l Hif-
toire des Perfécutiuns d'Angleterre , la vie de Ste
Thétèfe j & une Relation de la mort de Philippe II ,
Roi d'Efpagne. DiégjmowixxzQn 1614, âgé de 83 ans,
Foye^ la Bibliothèque d'Efpagne. J'ai dit quelque-
fois, & non pas toujours, car nousdilons didaque
Alvarei^ & non pas Diego Ahare-:^. /^oyeç Dida-
que.
DIEGO-ROIZ. Foyei DIGAROIS.
DIEL. f. m. Nom d homme. Deicola , Deicolus. S.
Dkl lut Abbé de Luthre , dit aujourd'hui Lure par-
mi nous , & Luders chez les Allemans. Son nom
étoit Déicole , c'eft-à-dire, Dtel j ou Dé-le, ou
mcmt Diey i oa Deet. S. DieL mourut le 18 de
Janvier , vers l'an (w cent vingt cinq. Baillet , Chaf-
telain. Foye^ Dîel.
DIEMANCE, c': DIMANE. f. m. Vieux mot, qui
s'eft dit autrelois pour Dimanche. Dits Dominicus
On trouve , dans quelques Coutumes, Dimane bta-
donner.
DIEAIENTS. Terre de Diements. Prononcez Diments.
Diemeni liegio. Pays dans les Terres Auftrales , le
long de la côte Septentrionale de la Nouvelle Hol-
lande, au midi de la Terre des Papous , ik des Ivio-
lucques. Les Hollandpis , qui le découvrirent l'an
1542 , lui donnèrent le nom d'Antoine Diements,
alors Général de la Compagnie des Indes Orien-
rales. Maty. On l'appelle aulii Dim.e.
DIEPHOLT. Prononcez Dipholt ( ie dans les mots
Allemans fe prononce comme un i long ). Petite
ville du Cercle de Veftphalie. Diephohia. C'eft la
Capitale d'un Comté de même nom. Dicpholt elt
fitué fur la rivière de Hunte j Hundus , près du lac
de Dammer , entre Brème Se Ofnabrug. Long. i.G
d. 10'. lat. 5i d4^'.
Le Comté de D epholt. Comicatus DiephoUienJîs ^
eft une contrée du Cercle de Weftphalie , en Alle-
magne. Ce Comté eft entre l'Evcché de Munfter-, le
Comté de Hoye, & la Principauté deMinden. Z><:<:-
pholc en eft la capitale , & le Icul lieu un peu con-
fidérable. Le Comté de Diepholt a eu autrefois fes
Comtes particuliers , qui tiroient leur origine de
Ludolph J qui vivoit vers la fin de l'onzième fiècle.
Le dernier Comte de Dicpholt , pour fe mettre i
couvert des vexations des Evêques de Minden , fie
hommase de fon Comté aux Ducs de Brunfwick;
& après fa mort 5 arrivée en 1 5S-T. il rut incorpore i
leurs Etats.
DIEPPE. Ville de France , dans le pays de Caux en
Notmandie. Depa , ou Deppa , ou Dieppa. Cette
ville eft fituéeà l'embouchure de la rivière de Neuf-
chatel , laquelle portoit autrefois le nom de Dieppe
même , fur la côte de la mer de Bretagne , ou fur
la Manche , où elle a un port. L'Archevêque de
Rouen en elt Seigneur temporel & fpiritucl. Dieppe
fut bombardée & prefque détruite en 1(^94. Elle a
été rébâtie beaucoup mieux qu'elle n'étoit. On fait
à Dieppe quantité de boulToIes , de cadrans de mec
fort eftimcs : les dentelles de Dieppe j les ouvrages
d'ivoire qui s'y font ne le fonr pas moins. Dieppe ,
dans la langue Danoife, lignifie un canal. C'eft vrai-
femblablement le nom que les Normands onr donné
à ce canal . qui réunit les trois rivières d'Arqués,
de Neuf-châtel &d'Eaune, & qui n'a qu'une lieue
d'étendue , depuis Arques jufqu'à Dieppe, ou juf-
qu'à la mer. La ville qui s'eft formée à l'embou-
chure de ce canal, fous la tioifième race de nos
Ttij
^
V-
D î E
Rois , en a pris le nom de Dieppe ; &, comme cette
ville eft devenue ccnfidcrable , ce mcme nom s'elt
communiqué enfuite à laiivière , lui porte aujour-
d'hui celui de Neuf-chàtel , & a fait dilparoître in-
fenlîblemenc le nom de l'aie, qu'elle portoic dans
les premiers temps. Sur la ville de Dieppe , voye^
la Dcfaiption Geogr. & Hijl. de la Hauce-Norman-
die 3 Tome I ^ p. 50. 124 & fuivantes. Long. 49-
ç 5'. 17". latit- li". 44'. 18.
La petite Dieppe. kmCx s'appeloit un étahliirement
que les Marchands de Dieppe avoient fait fur la
côte de Malaguette , en Guinée : mais il l'ont aban-
donné.
DiEPPOIS , OISE. f. m. &: f. Habitant de Dieppe. Dep-
pienfis. Le Dieppois eft adroit , industrieux , labo-
rieux. Les Dieppois font un grand commerce de
dentelles, d'ouvrages d'ivoire , de peignes de cor
ne , d'épiceries j de quincaillerie , de poilFon , dont
la pêche eft abondante fur leur côtes , &c.
DIÉRÈSE, f. f. Figure de Grammaire. DiviOon. La
diérefc fe fait lorfqu'on divife une diphongue en
deux fyllabes : comme auU, en aulaï. Diitrejis^
fyllak& divifio. Les Poctes latins prennent cette li
berté , lorfqu'ils ont befoin d'une fyllabe de plu;
pour faire un vers.
Diérèse. Terme de Chirurgie. C'eft une opératior
qui divife & fépare les parties dont l'union &: 1;
continuité eft un obftacle à la guérifon , ou qui fon
jointes & collées enfemble contre l'ordre naturel
Il y a quatre manières de faire la c/;Vre/e j favoir
en entrainant,en piquant ,en arrachant & en brûlant
J^oyei M. Dioms d3.ï\s (on Traité des opérations d.
Chirurgie.
Ce mot vient du Gïqç. ^K^ît^'^if , qui fignific ^w-
^fîon.
DIERRY. f. m. Nom d'homme. Deoderims. Les Reli
ques de fainte Sérène furent apportées autrefois
de Spolète à S. Vincent de Mets , par l'Evêque Dicr
ry. Chast, 30 /j«v. Sigebert , lous l'an 96(j , di
cQc\ : Dierry , Evêque de Mets, parent & ami d^
l'Empereur ( Othon 1. ) fous lequel il porta les ar
mes en Italie, pendant trois ans, y ramalTa pou
lors tout ce qu'il put de corps flnnts & de reliques
&c. Id. //'./'. 461.
DIÈSE , ou DIESIS. f. m. Terme de Mufique. C'eft L
divifion d'un ton au-delFous d'un demi-ton, ou ui;
intervalle compofé d'un demi-ton mineur ou ini
parfait. Diefis. Le dièjé eft un écoulement de la voi>
le plus doux que l'on puilFe prefque feindre. Lan
CELOT. Le dicje marque qu'il faut hauirerd'undemi
ton le fon de !a note qui le fuit. Monteclair. Oi.
l'appelle auOi /èi/zre , & on le marque avec une croix
de S. André ou fautoir. Les diefes font les plus pe
rites parties du fon , & Ariftote les appelle les élé
mens de la voix , comme les lettres font les élément
du difcours , dout elles font les plus pentes parties
Vitruvedit que le diejé eft la quatrième partie d'ur
ton \ les Pythagoriciens , qu'on tient être les inven
teurs du nom de diefe , ne le faifoient pas fi petit:
iispartagoient le ton en deux parties ét^ales , ils ap-
peloient diefe la plus petite , que nous appelons/t-
mi-tori mineur; & la plus grande , qui eft notre /è-
mi-ton majeur 'y ils l'appeloient anatome. Depuis,
les tons ayant cté divifés en trois & en quatre par-
ties , ces parties furent appelées diefes. On voit par-
là comment on doit entendre & comment on doit
concilier les différens fentimens des Auteurs qui
ont parlé àes diefes.
Le ^/e/e enharmonique eft la diiiérence du demi-
ton majeur & du mineur. Il y a trois efpcces de
diefes :^\q die f enharmonique mineur, ou fimple
diefe , qu'on marque par une croix fimple , élevé
la note fuivante de deux comma , ou d'environ le
quart d'un ton. Le diefe chromatique , ou double
diefe , qu'on marque par une double croix , élevé
la note fuivante d'un demi-ton mineur , on d'en-
viron quatre comma, c'eft le diefe ordinaire. Le
diefe enharmonique majeur, qu'on marque par une
triple croix, élevé la note de fix à fepc comma , ou
D I E
d'environ les trois quarts d'un ton. Il n'y a que le
■diefe enharmonique, ou double ^•■e/é , qui foit en
ufage dans la Mulique enharmonique. Le doubl
dieje , devant ou après les lettres B. C. ( Bafe-con-
tinue ) a le même eftet que devant les notes. Sou-
vent le double diefe ne fe marque , dans les livres
imprnnés ^que par une iimple croix j faute de ca-
raéière propre j mais il faut pour lordinaire pren-
dre cette fimple croix pour la marque d'un dou-
ble diefe. Voy. M. BrolFnd.
Quand on place des demi-tons à l'endroit où il
y devroit avoir ordinairement des tons , c'eft ce
qu'on appelle diefe , oujeii.te ; & de même quand
on met un ton où il n'y devroit avoir qu'un demi-
ton.
%fT DiEsis a été le mot primitif. Celui de û'/ç/èparoît
avoir pris fa forme de notre langue. Ils font égale-
ment autorifés par l'ufage. Cependant celui de diefe
eft plus ulué parmi lesMuhciens. Il vient du Grec
èlmt, divilion , léparation.
On étoit autrefois partagé fur le genre du mot
de (/if/e : l'ufage & l'Académie ont décidé pour le
genre mafculin. On le trouve écrit avec un ij dans
des ouvrages de Mudque compotes de nos jours. Le
die^^e haulFe d'un demi-ton. Monteclair. On fe
fert du b mol pour ôter le die^e : & du die^e pour
ôter le b mol. Id. Dans le manche harmonique , &
dans le manche chronomatique de la viole, toute
note qui eftmarquée d'un diei^e veut être touchée
à une touche plus bas que fon ton. naturel Rousseai;.
L'ufage eft aujourd'hui partagé lur l'orthographe de
ce mot.
^fT DiESE , fe dit auffi adjeélivement. Cette note eft
diéfe , pour dire, qu'elle doit être haullce d'un de-
mi-ton.
)IESÉ , ÉE. adj. Terme de Mufique, Qui eft marqué
d'un dièfe. Diefifgnatus. D'un degré diefe à celui
de de (Tus , il n'y a qu'un demi-ton, paice que le
dièfe a déjà élevé la note d'un demi-ton. Lancelot.
Pour rendre les noms que je viens d'établir fur les
notes die\ées &c bémolizées plus préfens à la mé-
moire , «Sec. Monteclair. i>/fyi' eft écrit par un j
dans le fécond exemple.
Les Imprimeurs appellent ai\(ïi diefe , on die/îs ,
les doubles croix jointes enfemble , qui font les
marques du diefe de la Mufique.
3ÎESPITER. f. m. Terme de Mythologie. Nom de
Jupiter. Diefpiter. Ce nom , félon quelques-uns j
eft la même choie que Dios pater , Jupiter père ,
car Jupiter , en Grec z^^r, ou A<tf , d'où viennent les
cas obliques ■^'W A/;, &c. D'aurres difent que DieJ~
piter eft la même chofe que Diei pater , Père du
jour. S. Auguftin tire ce nom de dies , jour, ikpar-
tus , produélion , enfantement, parce que c'eft Ju-
piter qui produit le jour. Servius & Macrobe font
du même lentiment. Le premier dit que, dans la
langue des Oii\v,Qs on iWioh Lucecius & d'-ej piter en
Latin. Du refte , voye:^ Jupiter , c'eft la même Divi-
nité. Struvius , Antiq. Rom. Syr.t. C. I. p. 117 pré-
tend , ce femble , que Diefpiter eft Pluton : mais j
i\ c'eft-l.i ce qu'il veut dire, il fe trompe j S< dans
Cicéron , aulli-bien que dans l'Infcription qu'il cite
d'.iprèsGruter XXI. 8. il n'y a que }^is pater , Se
non pas Diespiter.
DIESSENHOVEN , ou , comme il eft écrit dans tou-
tes les Cartes du Grand Atlas ^ Diefenhojen , & non
pas Dieflenhofj en j comme écrit M. Corneille. C'eft
une villedu Turgow en Suilfe, fituée fur le Rhin ,
entre Steiu ôc Schafoufe. Les Suiftes s'en rendirent
m.iîrres en 1640. Diefjenhovia. Prononcez Difen-
hoffen. Elle fe gouveriie prefque entièrement en
ville libre. Elle a fon Sénat , fon Avoyer & fa Ju-
rifdidion fur les villages voifins, qui font obligés
de marcher en guerre fous fon drapeau. Ses habitans
ne prêtent ferment qu'à huit Cantons & ont beau-
coup de privilèges, /^ciye^ Jovin de Rochefort, dans
fon Foyage d'Allemagne & de Pologne. Long. 16 à.
z^'. Lat. 47 d. 45'.
DIEST. Prononcez £>£/?, ville du Duché de Brabant,
D i E
dans le quartier de Loiivain. Dlejca , Diejîern'mm,
Elle a titre de Baronie. -IJieJi ell ficuéefur le De-
nier , aux confins du pays de Liège. Long, ii. d. 35'.
lat. 50. d. 59'.
DIETHMANING, Prononcez DITHMANiNG. Bourg
&Z citadelle du Cercle de Bavière. Dakmaninga.
Dkthmaning eft fitué fur la rivière de Saltz dans
l'Archevêché de Saltzbourg, entre Saitzbourg &
Burckaufen.
DIETHMARSEN , Prononcez DITHMARSE. Con-
trée du Cercle de la BalFe-Saxe. D'nhmarjia. Elle eft
dans le Duché d'Holllein entre l'Eyder , qui la fé-.
pare au nord du Duché de Slefwick , & l'Elbe, qui
la fépare du Duché de Brème. Elle a le Holftein pro-
pre aul evanr , & la mer d'Allemagne au couchant.
La Dlthmarje , après avoir long-tems réfilté aux
Rois de Danemarck , fut foumife en 1559, par Fri-
déric II, aidé de fes oncles Jean le vieux & Adol-
phe, Duc de Holftein. La ZJif/îWiï^/t' leptentriona
le, où l'on trouve Lunder & Heyde , elt aux Ducs
de Holftein Gottorp j & la méridionale , où font
Meldorp & Brunsburtel j eft au Roi de Dane-
marck.
^T DIETE, f. f. Terme de Médecine. ZJi^w. Ce mot ,
pris dans le fens général qu'il préfente , iignifie ma-
nière de vivre réglée. Dans cette acception , le mot
de dicte fe rapporte à l'ufage de toutes les chofes
qui font nécelEiires pour la vie animale , foit en
fanté , foit en maladie. On ufe de la dïtte pour con-
ferver la fanté dont on jouit j pour préferver des
maladies qu'on peut avoir , & pour fe guérir de
celle que l'on a.
Diète. Dans l'ufage ordinaire , (îgnifie le régime pref-
crit par le Médecin , par rapport au boire &: au
manger , qui règle la qualité & la quantité de Tun
& de l'autre. Le Médecin a ordonné une diète exac-
te à fon malade. La diète eft très utile & très-nécef-
faire dans les maladies , parce qu'on doit éviter ,
autant que l'on peur , dediftraire par la coélion des
alimens,la nature qui eft toute entière occupée à
digérer, & à chalfer en-dehors l'humeur morbifique.
L'Emery.
|K7" Et, comme les Médecins prefcrivent ordinai-
rement aux malades de prendre peu de nourriture ,
d'en prendre moins qu'à l'ordinaire , on appelle
communément diète ce retranchement , cette di-
minution de la nourriture qu'on a coutume de pren-
dre. Ainfi faire diète , fe mettre à la diète , c'eft
prendre peu de nourriture, fe borner à une petite
quantité d'alimens , ordinairement liquides. La
diète eft un fouverain remède à tous les maux qui
viennent de la réplétion. Une diète exaéte ne con-
vient nullement à ceux qui fe portent bien. L'E-
mery.
§CF Ce mot vient du Grec <^i«it« , qui fignifie ré-
gime.
Diète de l'Empire, c'eft une Aftemblée générale des
Etats ou Cercles de l'Empire , pour délibérer des
affaires publiques. Imperilcornitia ,principum ac ci
v'uatum j aut legatorum conventus. La Diète a été
convoquée à un tel jour , & en un tel lieu. Les
diètes de l'Empire fe tiennent ordinairement à Ra-
tisbonne. En Suille on appelle aulîi diètes , les Af-
femblées des Cantons pour" leurs affaires commu-
nes. On dit diète d'Ausbourg , diète de Nurem-
berg , diète de Ratisbonne , diète de Spire , diète
de Wormes , pour marquer les endroits où ces Af-
feinblées fe font tenues. L'Envoyé du Roi à la diète
de l'Empire. On a propofé une telle affaire à la
diète.
Les Diètes de l'Empire dans la Bulle d'or de
l'Empereur Charles IV. & dans les décrets de l'Em-
pire , font appelées Curia regni j Curia folemnes ,
Curiét regales. C'eft à l'Empereur à les indiquer : il
doirdemander auparavant le confentementdes Elec-
teurs, &: même des autres Etats de l'Empire ; mais
celui-ci n'eft pas néceffaire : celui des Electeurs
l'eft. L'Empereur ne doit indiquer- la diète oue nour
h
:ft. L'Empereur ne doit indiquer- la diète que pour
nécelTité ou l'utilité &: falut de l'Empire. Il ne le
,. . . ,. ^ ^ ^ 335
doit jamais faire que pour une grande raifon. Les
Electeurs en font Juges , & ne doivent point per-
mettre la convocation fans cela. Quand 1 Empe-
reur a obtenu le confentement des tiédeurs , il in-
dique la diète non pas par un décret général , mais
par un décret fpécial &: particulier , qu'il envoie à
chacun des Etats de l'Empire. Le tems de la convo-
cation n'eft point aujourd'hui déterminé par les
lois : il dépend de l'Empereur de le lixer.
Quant au lieu où les diètes fe doivent tenir ,
Conftantin III. avoit réglé qu'elles fe tiendroient
toujours à Arles : enfuite elles fe font tenues à
Mayence j puis à Francfort, quelquefois dans une
campagne fort agréable appelée Lomaûe , &c fituée
près du Pô & de Plaifanceen Italie. Elle s'cft tenue
à Nuremberg. Depuis Charles V , il eft défendu i
l'Empereur de les tenir hors de l'Allemagne. Le
choix du lieu dépend de l'Empereur. Un mineur
n'elt point appelé aux diètes ; fon tuteur ou fon
curateur l'eft .x fa place. Un majeur y eft appelé ,
quand même il n'auroit point encore reçu l'invef-
titure de fes Etats : de même un Prince Eccléfiafti-
tjque y .1 place , avant même que d'avoir été con-
lacré. Le fiége vacant, on y invite le Chapitre. Auire-
fois on y a même invité des Princes alliés de l'Empi-
re. Les Abbeffes ne peuvent y aiîifter : elles le pour-
roient par d'autres perfonnes qu'elles délégueroient.
Les villes y aiîiftent aulîi par leurs Députés. Ceux qui
ont droit d'y aftifter , doivent s'y trouver en perfon-
ne , & ne peuvent s'en difpenfer fans grande rai-
fon j & leur excufe doit être approuvée : mais au-
jourd'hui on n'y affifte guère que par Députés , au
moins les Eleéteurs , & autres grands Etats.
Le Préfident de la diète eft l'Empereur : s'il ne
peut y venir, il nonnne un ou plufieurs Commif-
laires pour prélider à fa place. Charles V y a ibuvent
préfidé par Ferdinand fon Frère j & par d'auties
Commiftaires. Perfonne n'a droit d'y rien propoler
que l'Empereur ou fon Commiffaire.
L'Empereur ou fon Commilîaire occupe la place
la plus éminente , les Electeurs font un peu plus
bas. Berraunus dans ion Traité de Com/tiis , place
à la droite l'Eledeur de Mayence, le Roi de Bo-
hême, & l'Eleéteur Palatin: niaiSjgénéralement par-
lant,il fe trompe au regard du Roi de Buhênie jcar
on n'invite point ce Prince communément aux diè-
tes ni aux allembices particulières cie ILmpin; , Sc
il n'y a point féance ; mais cela eft vrai des tj/t.cj où
il a droit d'allifter , & des autres même, quand il
y eft invité & qu'il y vient. D'autres mettent àdioite
l'Elecleur de Mayence j celui de Cologne ; & le Roi
de Bohême avec le Palatin à la gauche. Mais l'or-
dre établi par la conftitution de Châties IV , infé-
rée dans fi Bulle d'or , eft que l'Eledeur de Mayen-
ce , celui de Cologne , & le Prince Palatin foient à
la droite de l'Empereur. L'Eleéleur de Trêves fîège
vis-à-vis de l'Empereur : à gauche font le Duc de
Saxe , le Marquis de Brandebourg : il n'y avoit que
ceshx Electeurs au temps de la Bulle d'or. Le Comte
Palatin ayant été dépolîédé vers iGti le Duc de Ba-
vière fut mis àfi place. En 1^48. le Comte Palatin
ayant été rétabli, on créa pour lui un VIIFEleélro-
rat J & en \6<)i on en créa un IX*^ pour le Duc
d'Hanovre. D'autres difent que l'Empereur a à fa
droite les Eleéteurs de Mayence , de Bavière & de
Brandebourg , & à fa gauche ceux de Cologne , de
Saxe & le Palatin. S'il y a un Roi des Romains j
Cœleftinusdans fon Hiftoire des ^/e/t-j prétend qu'il
eft vis-à-vis de l'Empereur; niais Limnius dit qu'il
ne fait rien de certain fur cela. Le banc des Prin-
ces &: celui des Villes eft un degré plus bas que celui
des Fleéleurs, & de deux degrés plus bas que le
/îé^e de l'Empereur. Tous les autres Etats de l'Em-
pire font au même étage. Tout le refte qui regarde
les diètes de l'Empire \ fe peut voir dans Limna;us ,
De Jure impcrii ^ I. /X. qu'il emploie reut entier à
expliquer ce qui concerne ces affemblées. On peut
voir auffi Bertaunusrf'* Comiiiis, CccÏQÛinuSyHiJi.Co-
354 DIE-
inuiorum , &r autces donc Liiiinxiis relève &: corrige
Ibuveiir les famés.
Di^TE Electorale. Quand l'Empereur eft; mort, l'Ar-
chevêque de Mayence , comme Doyen du Collège
Eledoral , eft obligé de convier les Collègues à la
dieid par Leicies , ou par Amballadeurs. Cette
diète te tient à Fiancfort , & régulièremenr ellu
doit commencer crois mois après la mort de l'Em-
pereur. Les Eledeurs y aiîiltcnt , ou en perlonne ,
ou par AmbalFadeurs. Les Eledeuis s'allemblenc
dans lEglife de S. Barthélémy : on y dit une Melle
folennelle. Au commencement de la Préface , les
Proteftans fe retirent , & reviennent à la un de la
Melfe , après laquelle les Eleéleurs fonc le ferment
accoutumé pour l'éleétion : de-là on palle dans un
conclave. L'Eledeur de Mayence , comme Grand
Chancelier deLEmpire , préfide à cette Alfemblée.
Un Eleèleur peut donner Ion lufFrage à fon fils ou à
fon frère , mais non pas à lui même , à moins que les
autres Eleèleuis ne lui aient donné leur voix : car,
en ce cas , il a droit d'y joindre la iienne , & de
conclure Téleètion en fa propre perfonne. Quand
l'cledion elt faite , les Eledeurs reviennenc à
l'Eglife. L'Empereur s'alîîed fur l'Aurel , l'Arche-
vêque de Mayence lui fait figner la capiculacion.
On conduic enfuite l'Empereur dans une tribune
de la porte du Chœur , & j s'étant alîis avec les
Eledeurs , il entend delà la proclamation qui le
fait de fon éledion. Les Princes Etrangers en-
voient à cette dkce leurs AmbalTadeurs plénipo-
tentiaires.
Diète , en ce fens j vient du mot dUcuj qui a lignifié
premièrement une falle où Ton fait des feftins , &;
enfuite une Alfemblée d'Etats , parce que les Al-
lemans tenoienc la plupart de leurs confeils à table.
MÉNAGE. DUta fe trouve ibuvenc , en ce fens j
dans la balTe Latinité, f-'oye^ BoWandiis , ^ cl S anCl.
Jan. T. l.p. 184. 986. 987. 938. 990. 991. Miirt. T.
I.p. 590. F.
La dicte générale de Pologne , félon les loix, ne
fe devroit tenir que de deux ans en deux ans.
Les affaires prelfantos font qu'elle s'aifemble tous
les ans. Les loix la bornent à 1 5 jours j mais fou
vent on la prolonge de lix femaines. C'elf ordinai-
rement à Varfovie qu'elle fe tient : cette ville , étant
la capitale du Royaume & le Icjour des Rois ,
eft commode pour ces fortes d'Airemblées : cepen-
pant on les a tenues fouvent en d'autres villes ,
mais , parce que , de trois dlctis , on doit en tenir
une à Grodno en Lithuanie , lorfque, pour des rai-
fons particulières , on e!l; obligé de la tenir ailleurs ,
il fiut que la Noblelfe du Grand Duché y confente
C'eft le Roi qui en fixe le temps , & qui la con-
voque par des Univerfaux , ou lettres circulaires ,
qu'il envoie à tous les Palatins. Dans un Interrègne j
c'elf l'archevêque de Gnefne qui le lait. Les dietïs
particulières , qui fe tiennent fix femaines avant
la générale, y envoient trois Députés , choilis d'en-
cre les Gentilshommes qui y font prclens. Il y a
aulîi en Pologne des diètes à cheval , qui fe tien-
nent à la campagne : telles font celles dans lef-
quelles on élit un Roi : on les appelle PofvoLites.
Les SuilFes ont des diètes des Cantons Catholi-
ques J des dieccs des Cantons Proteftans , & une
(//ère générale. Les premières fe tiennent à Lucerne ;
& le Canron de Lucerne a droit de les convoquer.
Les fécondes s'alfemblent à Areau \ & c'eft le Can-
ton de Zurich qui les sonvoque. La c/i^fc générale ,
compofée des Députés de tous les Cantons , tant
Catholiques J que Proroftans , fe tient deux fois
l'année , à la fin de Juin & au commencement de
Décembre. C'eft le premier Canton , qui eft Zu-
rich j qui a le droit de la convoquer.
Diète , fe dit , dans quelques Ordres Religieux ,
des Chapitres ou AlTemblées de ces Ordres , qui
fe tiennent entre deux Chapitres généraux , pour
ce qui regarde leur difcipline. Comitia. Dans l'Or-
dre des Sylveftrins , outre le Chapitre général j on
rient encore tous les deux ans une diète générale , 1
DIE
1 dans lac^uelle on change les Supérieurs , qui ont
j fini le temps de leur oliice , Hc on pourvoit au bien,
de la Congrégation. P. Heliot. T. FI. C. zi.
I Diète , en Chancellerie Romaine , lignifie le chemin
qu'on peut faire en un jour ^ c'eft-à-dice , dis
lieues. Di£ta. Les Bénéfices font réputés vacans ik
Curia , cane qu'on eft dans une ditte de Rome.
Diète, ell une journée de chemin dans le Japon , de
crente mille pas Géométriques. ,
'■fT Diète , en Jurilprudence , fe dit , en quelques
endroits , en matière d'inventaire j de vente , &cc.
pour vacacion. La diète à'm\ cel jour , c'eft-à-dire,
la vacation.
DIETÈTES. f. m. pi. C'étoit à Athènes des Arbitres ,
à qui les Citoyens remettoient la décifion des procès
qui s'élevoienc entr'eux touchant les contrats.
àiaii-^Toii, Ces Arbitres dévoient être âgés au moins
de 60. ans. Ils donnoienc audience vers le coucher"
du foleil. Leurs fencences devoienc être lignées par
les Archontes. Après leur adminiftration , qui ne
duroic qu'une année , ils en rendoient compte par-
devant les Logiftes.
DIETETIQUE, f. f. Terme de Médecine. La fcience
qui comprend le régime de vie qu'il faut prefcrire
aux malades. Diciionnaire de M. Reneaulme.
Diététique, adj. On donne cette épithète aux re-
mèdes fudorifiques &: delîicatits qu'on ordonne dans
les maladies Vénériennes. Col de Villars.
DIETZ. Petite ville d'Allemagne , fituéedans les Etats
de NalTau en Wétéravie , fur la rivière de Lohn.
Dictidj, jDie^ia j Decia. Cette ville eft capitale d'un
petit pays qui n'avoit autrefois que le titre de Comté
& qui a maintenant celui de Principauté. Il eft entre
les Seigneuries de Stein , de Visbaden , le bas Com-
té de Catzenellebogen Sx. l'Archevêché de Trêves.
Long. 5.5' d. 5 5. lat. 50. d. li'.
DIEU. f. m. Il ne peut avoir de vraie définition , i
caufe que c'eft un Etre infini & incompichenfible.
Le premier être, l'être nécclfaire , qui exifte par lui-
même , qui n'a point de caufe , & qui eft la caufe Sc
le Créateur de toutes chofes , celui qui eft. Deus.
Dieu eft un purefprit, Créateur du ciel & de la ter-
re , &: Seigneur univerlel de toutes chofes. Dieu die
à Moife , Exod. III. 14. Je fuis celui qui fuis. Tu
diras aux Enfans d'Ifracl : celui qui eft m'envoie i
vous. Deus ,j'upremum numen _, efjeclor mundi atque
molitor. L'Ecriture le définie ainfi. Je fuis qui je
fuis , Alpha & Oméga , le commencement & la fia
de toutes chofes. Cicéron , de Nat. Deor. L. III.
met dans la bouche de Cotta cet argument ridicule
contre i'exiftence de Dieu : comment pouvons-nous
le concevoir, ne lui pouvant attribuer aucune vertu ?
car, dirons- nous qu'il a de la prudence ? mais la pru-
dence conhftant dans le choix des biens & des
maux, quel befoin peut avoir Dieu de ce choix, n'é-
tant capable d'aucun mal ? Dirons - nous qu^il a de
l'inrelligence , & de la raifon ; Mais la raifon Sc
l'intelligence nous fervent à découvrir ce qui nous
eft inconnu , parce qui nous eft connu : or il ne peur
y avoir rien d'inconnu à Dieu. La juftice ne peuc
auili être en Dieu , puifqu'elle ne regarde que la fo-
ciété des hommes j ni la tempérance, parce qu'il n'a
point de voluptés à modérer : ni la force , parce
qu'il n'eft fufceptible ni de douleur , ni de travail ,
& qu'il n'eft expofé à aucun péril. Comment donc
pourroit être Dieu , ce qui n'auroit ni yerru , ni in-
relligence ? Port-R. La piété nous ordonne de con-
cevoir de Dieu l'idée la plus pure qu'il foit pollible.
Claud. Les impies difenc que le Dieu que le com-
mun des hommes fe figure, eft un Dieu fans amour,
Sc fans piété , qui , jouilFant d'une paix profonde &c
d'un repos immuable , fe plaît à tenir le monde dans
l'agitation , 5i à faire éclater fa puilfance par l'humi-
liation , & la ruine même de fes créatures. Flech.
On doute de Dieu , dans une pleine faute ; & , quand
rhvdropihe eft formée,ron croit en Dieu. La Bruy.
Pour nier I'exiftence de Dieu , il faut réfifter à la
voix commune de tous les hommes j & s'oppofer
au confentement univerfel du genre humain. Les
DIE
hommes font Ci naturellement portés à croire des
Dieux j qu'ilsont mieux aime s'en taire de ridicules
que de n'en point avoir du tout. S. tvR jc pcnle ,
donc Dieu exilte : car ce qui penl'e en moi, je ie dois
à un Etre qui elt au-dellus de moi, & qui neit
point matiercj&cet Etre c'ell ^Vf^. La Bruy. La
crainte de Dieu eft le commencement de la lagelle.
Toute la fagelle du monde n ell que tulie devant
Dlcu. L^s (chrétiens adorent un Oieu en trois per-
fonnes j Dieu le Père , Dieu le tils , Dieu le Samt
Elprit \ & les trois ne l'ont qu'un leul Dizu. Il n'ell
pas beioin de le retirer du monde , pour aller clier-
cher Dieu dans l'horreur de la lolitude. S. Evr. Si
nous quittons Dieu pour le monde , on nous traiti;
d'impies : &: li nous quittons le monde pour Dieu ,
on nous traite d'imbécilIcs.lD. Faut il vous la prou-
ver ( l'exillencè de Dieu ) par le témoignage de vo-
tre ame, qui , toute captive qu'elle ell dans la prifon
du corps, alliégée par des habitudes crimhielles,
accablée fous le poids de fes penchans &- de fes dé-
fi rs , elclave des faulfes Divinités, lorlqu'elle re-
vient à elle même comme d'une ivreiTe, d'un allou-
pdfement, ou de quelque maladie violente, &
qu'elle recouvre la raifon , elle invoque la Divinité
fous un nom qui ne convient qu'au véritable Dieu.
Grand Dieu ! lion Dieu ! Dieu veuille ! lont des pa-
roles qui font à la bouche de tous les hommes.
Elle le prend audi pour Juge , lorfq'i'on dit, Dieu
le voie j Je mecs tout entre les mains de Dieu , Dieu
mêle rendra. Ne font-ce pas là les fentimens d'une
ame naturellement Chrétienne ? Entin , en pronon
çant ces paroles , ce n'ell point le capitole qu'ell-
legarde , c'eft le ciel, parcequ'elle fait qu'il ell la
demeure du Dieu vivant, qu elle etl lortie de Dieu ,
Se que le ciel elt le lieu de Ion origine. Vassoult.
Truducl. de l'Apolog. deTercullien.
Ouvre les yeux ^ homme infidèle
Sur le D\ea puijfant qui t'appelle :
Mais tu te plais à l'ignorer ;
.Affermi dans l'ingratitude 3
Tu voudrais que l'incertitude
Te difpenfàt de l'adorer. Nouv. ch. de Vers.
Il y a un excellent Livre de M. Ray , Anglois ,
intitulé, l'exiltence & la fagelfe de Dieu manitellées
dans les œuvres de la création \ il a été traduit en
François. Il y en a aulli un de M. de Cambray fur
la même matière, & Labadie a commencé par là
fon Traité de la vente de la Religion.
On dit, dans la première édition de ce Diction-
naire , & dans le Moréri , que le nom de Dieu elt
appelé des Grecs T!Tf«yf«^,|K«To» , ou compofé de qua-
tre lettres , comme il elt prefque chez toutes les
Nations , ainli qu'ont temarqué les Curieux : en
Hébreu Jehova , &c. Il y a deux ou trois fautes
grollîères en cette remarque , qui viennent de ce
qu'on n'a pas dirtingué le nom Dieu d'avec le nom
tle Dieu\ chofes cependant très -différentes. Un
exemple va le taire comprendre. Le nom Roi , & le
nom du Roi , ne fonr pas la même chofe. Le nom
Roi , c'eit ce mot , Roi , & ie nom du Roi c'eft Louis.
Il en elt de même en Hébreu du nom Dieu , Se non
pas du nom de Dieu. Nous parlons ici du nom Dieu,
& non pas du nom de Dieu. Or il n'elt pas vrai que
le nom Dieu , duquel feul il s'agit ici, loit le nom ,
qu'on appelle de quatre lettres; c'eft le nom de Dieu
qu'on appelle ainfi , & non pi.s le nom Dieu, qui n'a
pas quatre lettres, mais feulement trois au lingu-
îier, ou cinq au pluriel. 1°. Suppofé qu'on voulût
parler du nom de Dieu , non pas du nom Dieu , il
falloir dire que ce font les Hébreux qui l'appellent
un nom de quatre lettres , n"mK v'3 "is p , Se les
Grecs à leur exemple, T£Tp«y«^^.«To.. ^°. Ce n'eft
point le nom Dieu dont il s'agit ici , qui eft compofé
de quatte lettres en Hébreu : ce nom eft au fingulier
nSx , qui n'en a que trois , & plus ordinairement
OTiSk , pluriel , qui en a cinq. 4°. En Hébreu niiT ,
Je/iovah , qui eft le nom de Dieu, n'eft point , com-
,,. DIE Î3X
me on le dit, ©£^f en Grec, en Latin Zî^w , Sec. en.
Hébi<:iii<: nom i^ieu,ce(irhn, t-ioah , comme je
l'ai dit, ou O'nVx, i-lohim y Si le nom de ^iett
c'eft nin», Jt,2ji^/z. Quand aux autres langues , le
nom j^ieu , mais non pas le nom de Dieu , c'eft en
Grec W£«f, en Laiin ^cus , en Eipagnol Dios , en
italien Iddio, en François Dieu., en Gaulois ZPiea.Vj
en ancien Allemand uiet , Se aujourd'hui (Jod , en
Sclavon Uucn , en Arabe /illa. Ceux de Pannonie
l'appelent ijlu , les Polaques Bung _, les Égyptiens
lenu, les Peiliens c.ire , les Mages Orfi j en lan"ue
Malaye Dios. Voilà quel eft le nom Dieu dans tou-
tes ces Langues ; mais elles n'ont point de nom de
Dieu, comme l'Hébraïque a rtlH» j Jehovah.
Les Rabbins & les Hébrailans, S. Jérôme , Se les
Interpièces , comptent dix diftérens noms de Dieu.
dans 1 Ecriture j qui font , ^^ > t.1 , a>n^K , £/0-
him , inHx , tlohe _, ou au lingulier , n^N , tloah ,
nay, ijcbaoty fvSyj Elion 3 n'HX , i^njch , ^jriK,
Adonai , n» j Jah , "^i) , Schaddui , ,-fin» , Jehoxan ;
mais il ne haut point diftinguer ^rhu , de flixar :
il n'en faut taire qu'un nom , mx^y M^N , ^ -oeh.
tj'ehaoth , c'ell-à-dirc , Dieu des ar,uecs , Se il ne faut
point confondre ^rhii , Elohe , avec , nSx , Eloha. Il
y a trois de ces noms de Dieu _, qui hgmheut l elfence
de Dieu , Se font des noms ptopres j c'eft nMK ,
Ehjeh , n» , Jiili 3 & mn» , Jehovah. Les autres ne
font que des noms d'attribut , comme nous le mon-
trerons peut-être à leur place. S. Jérôme a expliqué
ces dix noms de Dieu dans fa Lettre à Marcella.
Buxtotf le fils a tait une Diifertation fut ces mêmes
noms , Dijjertatio de Nominibus Dei. Le P. Souciet,
Jéfuite, en a fait trois fur les trois noms , El ^ Schad-
dai Se. Jehovah j imprimées à Paris en 1715.
L'Ecriture donne encore à Dieu le nom de Dieu.
d'Abraham , Dieu d Ifaac j Dieu de Jacob , & c. Le
Dieu des Armées , le Dieu des Batailles , le Dieu vi«
vant. Les Hébreux, dans leurs fermens , difoient.
Vive Dieu. Les Grecs ^ ni les Latins par le nom de
-Die«, n'entendoient point un Être tout parfait, Sc
dontl éternitéeft un attribut elfenriel. Ilsentendoienc
par- là une nature excellente. Se ilsappeloient Dieux
tous les êtres qu'ils regardoient comme fupérieurs
à la nature humaine. Les hommes mêmes , félon
eux, pouvoient devenir des Dieux après leur mort,
parce que leur ame pouvoir acquérir un degré d'ex-
cellence, qu'ils n'avoient point eu pendant leur vie.
Les Sages du Paganifme reconnoilToient un feul Dieu
fous des noms diftérens. La Fortune , Jupiter , ou
Mars , font des noms diftcrens du vrai Dieu ^ diver-
fifiés félon l'ufage qu'il fait de fa puifTance. Le P.
Thomassin. Ils donnoient à Dieu les noms des bien-
faits qu'il difttibue aux hommes. Ils appeloienc
Dieu J Bacchus , parce qu'il a donné l'ufage de la
vigne. Id.
Le nom de Dieu vient du Latin Deus j qui eft
formé du Grec ©£«f : ces mots lignifient la même
chofe.
Il y a une infinité de façons de parler communes,
ou proverbiales , où l'on fait entrer ce mot. On die
en aétions de grâces ^ grâces à Dieu, Dieu merci,
Dei bénéficia 3 quod Dei beneficium e(i. Populaire-
menr , Dieu merci , & vous , ou Dieu merci Se i
vous. Tuo bénéficia. Dieu merci les foins que j'y ai
pris , Dieu merci mon argent que j'ai fourni. Z)/7i-
genti-t , pecuni£ prufidio. Dieu merci fe dit aulfi en
chofes indifférentes, Se où il n'y a point d'aélions
de grâces à rendre à Dieu. Il a ménagé les faifeurs
de Romans , il s'eft fait violence pour les louer : car,
Dhu merci, vous ne louez jamais que ce que vous
faites. Racine. Et quelquefois en riant :
Puifiqu'on plaide & qu'on meurt, ilfiaut qu'on fit.
propofie ,
D'avoir des Appointeurs, & d'autres gens aufjly
On n'en manque pas , Dieu merci. De la Font»
On le dit aulîi à contre- fcns. Dieu merci les gen«
3:^^ DIE
'de guerre j je n'ai plus de bien. Qus.fumma 'mllïtum
injuria eji.
Cet homme vit felcn Dieu. Secundum Deum. Cela
eft félon Dieu 'Hc railon. On appelle un Saint, Hom-
me de Dieu. L'homme de Dieu fouffiit tout fans fe
plaindre. Un homme félon le cœur de Dieu , c'eft
encore une pcriphrale , qui figmiie un Saint. Ces
deux dernières exprcllions font prifesde l'Ecriture,
premier L. desRojs, II. 27. quatrième L. des Rois
IV. ^5. 27.40. 42.. &c. & premier L. des Rois XIII.
14. Sic. En général c'elt un uiage de l'Ecriture d a-
jouter le nom Dieu à un mot, quand en veut ligni-
lier que la chofe lignihée par ce mot ell excellente ,
parfaite dans fon genre. Amli Pf. XXXV, 7. Des
niontafjnes de Dieu , c'eft-à-dire , de hautes mon-
tagnes. Pf. XXXIX. II. Des cèdres de Dieu, font
des cèdres beàux & grands. Premier L. des Rois XIV.
1 5. une terreur de Dieu veut dire une terreur épou
vantable. Gcn. XXX. 8. des combats de Dieu , ce
folit de grands combats , rudes , difficiles , &c. Quand
le nom eft adjeétit, l'Ecriture fe fert devant le nom
Dieu de la particule ^7 1, qui lignifie eu égard ^ par
rapport. Ainfi, Jonas lil. 5. Ninive étoit une ville
grande à Dieu , eu égard à Dieu même , par rapport
à Dieu , au jugement de Dieu même • cela veut dire
une très-grande ville. Nous imitons quelquefois ces
exptelîions dans notre langue en matière profane ;
■ car on dit quelqueiois , venez dîner chez moi , j'ai
•du vin des Dieux ; cela lignifie, d'excellent vin.
En matière de fouhait , Dieu le veuille , plût à
Dieu. Faxic Deus , utinam. A Dieu ne plaife. Dieu
m'en garde. Ç^uod Deus avercat. Dieu vous allifte ,
Dieu vous beniffe , Dieu vous garde de mal , Dieu
vous veuille bien ouïr. Adjic cibi Deus j Deus te ad-
juvet. Dieu vous le rende. Dieu vous conferve, Z)/<?«
vous conduife.
Ilvoùsfalue-,
D'un Dieu vous f oit en aide^ alors qu'on écernue.
Mol.
On dit auffi, Dieu aidant \ pour dire , s'il plaît
a. Dieu. Deo juvante.
En matière de conjuration & d'affirmation. Pour
l'amour de Dieu. Au nom de Dieu. Per Deum. Bon
Dieu. Bone Deus. Jufte Dieu. Sur mon Dieu : je
prends Dieu à témoin. Itame Deus adjuvet. Dieu
fait fi j'ai fait cela à mauvaife intention. Croix de
par Dieu. Voyei; Caoïx. Allez de par Di^u.
En matière d'exclamation, on dit j bon Dieu!
qu'eft c£cï} Bone Deus l 0 Deus ! Bon Dieu ! qui
i'auroit cru .'' Saint Jean, dans fon Evaiigile, nous
ouvre des routes toutes nouvelles ^ mais ^ bon Dieul
avec quelle élévation & quelle force! Pélisson. On
dit aulli J mon Dieu ! je vous connois. Mon Dieu !
Mon Dieu ! s'écnoit l'un , la pièce elt merveilieufe.
ViLL.
En matière de faUit, Dieu vous garde. Dieu
foit avec vous , bon jour & adieu, adieu )iifqua.a
revoir. Salve , vale. Dieu vous ait en fa fainte gar-
cle : c'i;fl: la formule avec laquelle le Roi finit les
lettres qu'il écrit à les fujets. Les Princes fouverains
s'appellent Rois par la grâce de Dieu. Dei sraciù.
Et dilent qu'ils ne relèvent que de Dieu Se de leur
cpce. Ainfi c'efi: une formule de toutes les lettres
de Chancellerie. Louis , par la grâce de Dieu ,
&c.
. On appelle la caufe de Dieu , la détenfe de l'E-
glife , &: des chofes facrées , celle de fon nom &c
de fa gloiie, &c aulli celle des pauvres & orphe-
'lins , tk. autres c^ui font fous fa proteftion. Jus
Dei.
t)l£U , fe dit auffi des faux Dieux de la Gentilité,
Créatures auxquelles on rend, ou l'on a rendu les
honneurs de la Divinité. Idole, image de qbelqiie
créature J à laquelle on rend un culte qui n'ell dû
qu'à Dieu. Deus , Jalfus Deus , Jdolum. Les pre-
miers faux Dieux qu'on ait adorés , font les Af-
tres , le Ciel le Soleil, la Lune, S:c. enfuite la
ierrej qui fourniiroitles fruits qui ferventà la nour-
D 1 Ê
rit'ure de l'homme &: des animaux , le feu fi utile
à la vie, &:c. Dans la fuite , ces Dieux fe font mul-
tipliés à l'infini par le caprice de leurs adorateurs.
Chaque peuple , chaque province , chaque ville ,
s'elt Irait des Dieux particuliers à fa fnntaihe. Pour
autoriler le crime, & juùifier fes débauches, on
fe fit des Dieux criminels & débauchés j des Dieux
injulles & violens , des Dieux avares &c voleurs,
des Dieux ivrognes , des Dieux impudiques, des
Dieux cineh ôc fangumaires.
Les principaux Dieux , qu'on nommoit les grands
Dieux , étoient Jupiter, Junon , Apollon, Diane,
Vulcain, Venus, Mars, Mmerve, Neptune j Vef-
ta , Cerés &c Mercure. On dit , le Dieu du Ciel i
le Dieu de la mer , le Dieu des vers , le Dieu de I.i
Poëfie., pour marquer les chofes auxquelles ceS
Dieux préfidoient. Saturne croit le Dieu du tempsi
Jupiter le Dieu du Ciel , Neptune le Dieu de la
mer , Pluton le Dieu des enfers. Le Dieu de la guerre
ctoit Mars ; celui de l'éloquence , de la pocfie «Se
de la Médecine, Apollon ; Mercure le Dieu des
voleurs ; Bacchus le Dieu de la vigne & du vin ;
Pan le Dieu des Bergers -, Cupidon le Dieu de l'a-
mour &c de la volupté ; Efculape le Dieu delà Mé-
decine -y Janus le Dieu du labourage ; Vulcain la»
Dieu du feu & des forgerons j le Génie le Dieu de
la naillance ; les Pénates étoient les Dieux de la
htmiUe, & les Lares les Dieux du foyer ; Jugatinus
le Dieu du mariage; Dom.iducus le Dieu des noces;
Silvain le Dieu des bois ; Vertumne le Dieu des fai-
lonjPriape leDieùàcs fcmences;MithraétoitleZ)ie;£
des Perfes; Dagon le Dieu des Phiiiftinsj Ifis, Se-
rapis , Ofiris , Anubis , Dieux des Egyptiens ; Her-
cule Dieu des Tyriens , Thor Dieu des peuples di»
Septentrion ; Xaca & Amida font les Dieux du Ja-
pon ; Wilnou le Dieu des Indes , & Foe un Dieu da
la Chine.
Tous ces Dieux des Gentils font 1°. des Efprit3
créés. Anges ou Démons. De là les bons & les mau-
vais Dieux , les Génies , les Typhons , les Dieux 1
ptotefteurs, les Dieux ennemis, les 2>/e;^.v infer-
naux , &c. z°. Des corps céieltes , comme le So-
leil , la Lune , les autres Planètes , les .Etoiles fi-
xes j les Conllellations , &cc. j°. Les Élémens ,
comme l'Air , la Terre, l'Océan , Ops , Vefta , les
Fleuves , &c. 4". Les Météores. Les Perfes adb-
roient le vent \ le foudte & le tohnerre étoient ho-
norés fous le noni de Géryon \ & plufieurs peu-
ples des Indes & de l'Amérique en font auffi des
Dieux. On a auffi donné la divinité aux Comètes,
témoin celle qui parut vers la mort de Céfar. Caf-
tor , PoUux , Hélène , Iris , font encore des mcrccr=-
res. Socrate divinifa les nuées , fi nous en croyons
Ariftophane , & l'on fit aux Chrétiens le même
reproche , dit TertuUien , Apolog C. 14. 5°. On
fit des Dieux des Minéraux ou Foffiles , tel étoit lé
Boîtyle , dont nous avons parlé en Ion lieu. Les Ara-
bes ^ les habitans de Poffin,'ou PolTène, les Fia-
landois ont adoié des pierres. Les Scythes tenoient
le fer pour un Dieu. L'Or & l'Argent ont aulli pa(lé
pour des Dieux. ô'^.On en a fait des plantes. L'ail &C
les oignons étoient des Dieux en Egypte. Les Scla-
ves , les Lithuaniens , les Celtes, les V.andales , les
Indiens , les peuples du Pérou 3 ont adoré les ar-
bres Se les forets. Les Gaulois , les Germains & les
Romains avoiènt beaucoup de vénération pour les
chênes. C'étoit le froment 3 le blé j les femenceg
que les Anciens honoroient fous les noms de Cérès
ik de Proferpine. 7°. Ils prenoient des Dieux dans
les Eaux. Les Syriens fur-tout, & les Egyptiens,
adoroientdes poilfons. /Vve:(ci-de(rus Atergatis
Dagon , DtRCETO. Les Oxyrinchites J les Latopo-
litains j les Sienites , les habitans d'Eléphnnrine ,
avoient chacun leur poilfon pour Dieu. Les Tri-
tons , les Néréides, les Syrènes , qu'étoient-ce au-
tre chofe que des poi lions ? Plufieurs nations ont:,
adoré les ferpons ', pu exemple , les Egyptiens , leî
Borulliens , les Samogites , les Lithuaniens. 8". Les
Infeites , cora.n* ks mouches, les fourmis, ont
DIE
eu leurs facrihces , celles-ci chez lesTlieflraliens j 8c
celles-là dans l'Acarnanie , où on leur immoloir un
bœuf. 9''. Parmi les Oilcaux , la cigogne , le col-
beaii, l'épervier , l'ibis , l'aigle , le gritron , la chau-
vefoiuis ; le premier en Egypte j les trois fuivans
& le fixième en Egypte, le quatrième à Thèbes, le
dernier au Mexique. 10". Les Bèces à quatre pieds
on aulîî eu des autels: le bœuf, le chien, le chat ,
le cynocéphale , le loup , le linge , ou la guenon,
le lion, le crocodile ea Egypte , & ailleurs ; le co-
chon dans l'Ile de Crète , les rats & les fouris ,
chez les Muforites dans la Troade & les Ténédiens ;
les belettes à Thèbes j toute l'École de Zoroaftre
honora le porc-épic. 1 1°. Rien n'a été plus commun
que de mettre des hommes au nombre des Dieux ,
ëc depuis Belus , ou Baal , julqu'aux Empereurs
Romains avant Conftantin, les exemples en font
fréquens : fouvent même on n'a pas attendu qu'ils
fiiflent morts , pour faire leur apothéofe. Nabu
chodonofor ht adorer lui-même la ftatue. Virgile
marque, Eg^og. I v.6 , -j & %. qu'Augurteavoit des
autels , &c qu'on lui orftoit des facrifices : nous fa-
vons d'ailleurs qu'il avoir its Prêtres qu'on nommoit
Auguftales , des temples à Lyon , à Narbonne &: en
pIuTieurs autres endroits \ c'eft le premier des Ro-
mains pour lequel on aie porté l'idolâtrie jufque
là. Les Ethiopiens regardoient leurs Rois comme
des Dieux. Le Velleda des Germains , le Janus des
Hongrois , le Thaut , l'Othin , l' Afa des peuples
du Nord, ctoientdes hommes. 11°. Non-feulement
les hommes , mais prefque tout ce qui avoir rap-
port à l'homme , a été divinifé ; le travail , le
repos , le fommeil , la jeunelFe , la vieilleffe , la
mort, les vertus, les vices , le termes le temps ,
le lieujles nombres chez les Pythagoriciens ; la puif-
fance de produire fous le nom de Priape : l'enfance
avoit - elle feule une troupe de Divinités , "Va
gitanus j Levana , Rumisa , Edufa , Potina , Cuba,
Cumina , Carna , Oililago, Statulin , Fabulin, Nun-
dine j Intercidone j Pilumne & Déverra. On re-
connoilToit auili pour Dieux la fanté , la fièvre j
la peur , l'amour , la douleur , l'indignation ou Né-
mèfe , la crainte , la pudeur , l'impudence 3 la fu-
reur , la joie j Topinion j la renommée, lafcience,
l'art, la prudence , fous le nom de Minerve j la
vertu, la foi J le bonheur, la calomnie, la juftice,
la liberté , la concorde j la monnoie , la guerre ,
la paix , la viéloire , le triomphe , &c. Enfin , la
Nature, & le Monde tout entier a paffé pour un
Dieu, Prefque tout ceci eft tiré du favant Ouvrage
d'Ifaac Voulus , De Origine & Progrejfu Idololat.
Les Epicuriens croyoient que les Dieux ne fe mê-
lent point des chofes d'ici-bas , & ne fe mettent
point en peine que chacun vive à fa fantaifie. Port
R. Il eft aifez difficile de débrouiller les idées des
Payens fur leurs Dieux : elles font très-confufes , &
fouvent contradictoires. Ils admettoient tant de
Dieux fupérieurs & inférieurs , qui parrageoient
l'Empire du monde , que tout étoit plein de ZPiea.v.
On a compté jufqu'à 1 50 Dieux que les Payens ont
adores. Tous les Philofophes de l'antiquité ont re-
connu qu'il n'y avoit qu'un Dieu , comme le P.
Mûurgues l'a très-bien prouvé dans la féconde lettre
<le fon Plan Théologique des Sedes favantes de la
<ïrcce.
On appelé aufîî Dieux improprement , les hom-
mes , les idoles que les Gentils ont adorés. DU. Les
Payens ont fait des Dieux de tous les Hétos , & de
leurs Empereurs.
On appeloit Demi-Dieux , les Faunes & Divini-
tés champêtres. Semi-Dei. On traitoit aulîî de De-
mi-Dieux , les Héros & les hommes qu'on avoit
élevés au rang des Dieux. Heroës.CQ^k^om cela que
Juvénal difoit en raillant, qu'Atlas gémilToit fous
le firdeau de tant de Dieux qu'on plaçoit dans le
Ciel.
Les Poètes , qui étoient leurs Théologiens , font
leurs Dieux Ç\ ridicules , qu'ils femblent avoir eu
plutôt deiïein de les faire méprifer , que de les faire
Tome III.
D I E 3^T
refpeâer. S. Evr. L'intervention des Dieux dan
Pocme Héroïque eft nécelTaire ; mais il ne £rac pas
que le Dieu en faifant tout , anéantiiïe !o ménre du
Héros. Id. La préfence des Dieux déshonore le Hé-
ros, & fa gloire eft fouillée par le fecours d'une Di-
vinité. P. LE Boss. Otez les Dieux de l'Antiquité,
& vous lui ôtez tous fes Poèmes. S. Evr.
Quand le nom de Dieux eft joint à cerrains autres
mots , il défigne les Dieux auxquels les chofes ex-
primées par ces mots onr rapport. Dieu des P ers 3
c'eft Apollon : Dieu des combats ou de la guerre j
c'eft Mars : Dieu du tonnerre j c'eft Jupiter : Di^u
des en/ers j c'eft Pluton , &c.
Jamais le Dieu de la guerre
N'avait donne fur la terre
Tant de fpeclades d'horreur. RoY.
Térence ejldans mes mains, je rriinjlruis dans Horace ;
Homère à-jonrivaljbntmes Dieux du Parnajffe.LAFonr.
Héfiodea fait un Pocme'intitulé ©"ya"«,Za;7"A/a-
gonic , C'eft-à-dire , la Génération des Dieux , dans
lequel il explique la généalogie des Dieux, quel eft
le premier & le principe de tous les autres, quels
fonr ceux qui en font defcendus, 8c quels enfans ,
quelles générations ils ont eus. C'eft un abrégé de
la Théologie Payenne. Outre cerre Théologie po-
pulaire , chaque Philofophe fe faifoit la fienne ,
comme on le peut voir dans le Timée de Platon ,
& dans les livres de Cicéron De natura Deoium.
Saint Juftin , Martyr , TertuUien dans fon Apolo-
gétique & dans fes Livres Contra G entes , Arnobe ,
Minutius Félix , Laftance , Eufcbe , Prâ,^ . 8c Dtm.
Evang. S. Auguftin, De Civit. Dei , Thcoùoret Adv.
Centesj8cc. ont écrit de la vanité de ces faux fiifax.
Dieu , fe dit abufivement des PullFances & des perfon-
nes heureufes. Les Rois fonr les Dieux de la terre.
Dii terrA. A blanc. Avec les Dieux il ofe fe mêler.
Voit. Les Grands, les Princes^ fonr de perits /3à-i/.v.
David, & après lui Jesus-Chkist a dir. Vous êtes
des Dieux , des enfans du Très-Haut. Les élus , les
gens de bien font appelés les enfans de Dieu.
On s'en fert aulIi figurément , pour parler des
chofes qu'on aime paflîonnément. Une mère n'a
qu'un fils , elle en fait fon Dieu. \]n avare fait fon
Dieu de fon argent. Un gourmand n'a point d'autre
Dieu que fon ventre. Un amant dit que les yeux
de fa Maîtreffe font fes Dieux.
Les Dieux-Manes , c'étoient les Dieux dont les
Payens imploroienr le fecours , 8c à qui ils faifoienc
des vœux courre la crainte de la morr , 8c en faveur
des défunts. Nicaise. DU mânes.
On die en proverbe , Cela lui eft venu de la grâ-
ce de Dieu ; pour dire , que c'eft un don de Dieu ;
par un bonheur inopiné , fans qn'il l'ait recherché.
On dit qu'un homme eft devant Dieu ; pour dire ,
qu'il eft morr \ 8c, quand c'eft un méchant homme,
que c'eft une belle ame devant Dieu. Je ne fais où
cela eft j Dieu le fâche. Tout cela va comme il plaît
à Dieu ; c'eft-à-dire , en défordre , perfonne n'en a
foin. Dieu fur-tour; pour dire, que Dieu eft au-
delîîis des chofes fublunaires, fur lefquelles on fait
des prédirions. On dir que la voix du peuple eft
la voix de Dieu. On dit auftl , que ce que la fem-
me veut , Dieu le veur j pour dire j que les femmes
font opiniâtres.
On dit qu'un homme doit à Dieu 8c au monde :
pour dire , qu'il eft noyé de dettes, ^re alicno op-
preffus.
Dieu -DONNÉ , eft le furnom dohné à quelques Prin-
ces , donr la nailfance a été inefpérée , ou en quel-
que façon miraculeufe , que Dieu a accordés aux
prières de fon peuple. Deo-datus. PhiUppe Auguf-
te a eu le nom de Dieu-donné.
Il V a quelques endroits où l'on appelle Dieu-don-
né, les féculiers qui fe donnent à Dieu , 8c au fer-
vice des Monaftères oi ils fe retirenr. En d'autres on
les appelle feulement jDû/z/zei- J 8c autrefois Oi^/aw
Dieu, fe dit aufli, en plufieurs mors compofés j dev
lieux pieux. L'Hôtel--Die:^ j la Maifon - Z?ie;^ , fonc
Vr
53S D 1 £
des Hôpitaux. La. Chai(^&-Dieu ^ "Romg-Dieu , Be-
rÀiTon-lJieu , Lisu-Dicu j font des noms d'Abbayes.
On appelle communément l'Hoftie consacrée, le
bon Dieu. On lève le bon Dieu. On va porter U bon
Dieu à ce malade.
La fi ce-Dieu j Fcfium Corporis Chnfii : c'eft une
fcte que l'Eglife célèbre le Jeudi d'après le Diman-
che de la Trmité , qui fuu immédiatement celui de
la Pentecôte. Elle s'appelle autrement la iête du S.
Sacrement, ou la fête du Corps de Notre-Seigneur:
c'eft en l'honneur du S. Sacrement de l'Autel j Se de
fcn inftitution : le jour même de la tête s'appel-
le par le peuple la grande Fête-Dieu j & le jour de
l'Odave , ou le Jeudi fuivant , la petite Fête-Dieu ^
parce qu'elle eft moins folennelle, & fêtée feule-
ment jufqu'à midi. Quelques- uns dilent mdX Fcte
de Dieu. Vers le milieu du XIII^ fiècle , une fainte
fille de Liège, appelée Julienne , ayant eu une ré-
vélation de faire mltituer une fête à 1 honneur du
Très Saint Sacrement de l'Autel, entreprit de l'exé-
cuter , aidée d'une autre fainte Reclufe , nommée
la vénérable Eve. Elle en vint à bout , malgré un
nombre infini de contradiiftions , ^ fit taire un of
fice particulier pour cette fête , par fon Clerc, nom
mé Jean- Jacques Pantaléon , de la ville de Tioyes
en Champagne , qui étoit alors Arciiidiacre de Lié
ge , fdvorifa fort un (i pieux delfein , &: approuva
cet Office. Cet Archidiacre ayant été tait Patriarche
de Conftantinople , & enfi.ite créé Pape le 19"^
d'Août i2(ji , fous le nom d'Urbain IV, un miracle
qui arrivai Bolfena , petite ville de l'Etat Eccléfiaf
tique , non loin de Civita - Vecchia , où au milieu
des fiints myftères , il coula du fang de l'hoftie , en-
tre les mains d'un Prêtre qui doutoir de la préfence
réelle, & il vit Jefus-Chrift dans l'hoftie; ce mi-
racle, dis-jcj qui arriva vers la quatrième année
du Pontificat d'LFrbain , & dont tout le peuple fut
témoin , & ce qui s'étoit palTe à Liège environ quin-
ze ans auparavant , porta le Pape , de l'avis des Car
dinanx , à ordonner qu'on cclébreroit tous les ans
dans toute l'Eglife la fête du Corps de Jefus-Chrift,
le Jeudi qui fuit l'oftave de la Pentecôte, &, ayant
envoyé quérir S. Thomas , qui fe tnouva pour lors
à Civitâ-Vecchia , où étoit la Cour , il lui ordonna
d'en compofcr l'office , qui eft celui que nous réci-
tons encore, f^oye^ les Bollandiftes , PropyUum
. menjis Maii , Dijjht. XXIII. & Maii^ T. Vil. Pa-
ralip. ad Conat, Chronol. p. 1 04.
DIEUSE. Petite ville de Lorraine , à deux lieues de
Marfal , du côté du levant. Dieufa j Decemp-.tgi,
Cette ville eft (ituée fur la Seille , peu éloignée de
l'endroit où cette rivière fort de l'étang de Lindre ,
appelé en Latin Lacus Duodeciacus. Les Allemands
appellent cette ville Duoge in Lotringen. Quelques
Géographes prctendentque Dicufe eft l'ancien Duo-
deciacum^ que d'autres placent à Delme , & d'autres
.à Douzy. On dit auffi que c'eft à Dieufe qu'arriva
le miracle qui rendit Attila plus trairable ^ plus
doux, &: qui lui fit renvoyer S. Auteur. Evêque de
Metz , & tous les captifs qu'il avoit hiits dans cette
ville. Selon quelques-uns, les Romains la noni-
moicni Decempagi. L'Itinéraire d'Antonin marque
exprelfément Decempagi à une égale diftance de
Metz & di S ;verne , c'eft-à-dire , à vingt milles de
l'une <k. de l'autre. On la voit marquée dans la Car-
te de Peutin'^er , entre Divodurum ou Metz, & Ta-
hcrna ou Saverne. Dans la Defcription Hiftorique
& Géographique de la France, par M. l'Abbé de
Longuerue , p. 154. il eft dit que Dieufe eft célè-
bre par fes puits d'eau falée , dont on fait quantité
de fel.
DIEUTELET. f m. Petit Dieu. Le Capitan Château-
fort dans la Comédie du Pédant joué , fe fert de ce
mot , expreflion digne de fon Auteur.
DIEY. Foye-^ DËEL y & DTEL.
D I E
réputation, fait perdre l'eftime, & attire le nié*-
pris des honnêtes gens. Injamans , injamiam injc-
rens. On peut faire informer pour des injures atro-
ces ôc di^amantes. Voye\ Diftamatoiie.
DIFFAMATEUR, f. m. Celui qui diftame, qui ôte la
réputation de quelqu'un par des paroles ou écrits
dittamatoires. Qui alteri injamiam injerc j injamia
notam inurit \ ohtreciator , atieniz Jaw.m. violator. On.
punit ceux qui font des Libelles , comme des diffa-
mateurs publics.
DIFFAMATION, f f. Ac1:ion par laquelle on diffame
quelqu'un , on lui ôte fa réputation. ALien&jamA
violatio. La diffamation du prochain eft un crime qui
n'eft pas allez puni. Vous êtes bien-heureux , (i vous
fouiïrez des injures & des diffamations pour le nom
de Jefus Chrift. PoRi-R.
DIFFAMATOIRE, adj. m. & f. Epithète qui fert à
marquer la nature des difcours ou des écrits qui at-
taquent la réputation d autrui. Injamans , jamofus.
Libelle diffamatoire. Les Magiftrats doivent empê-
cher la publication des libelles dijfamacoires. Par les
loix Romaines , & par les anciennes Ordonnances ,
les Auteurs de libelles dijfamatoires étoient punis de
mort, yoyei François Baudouin , Conimentarius ad
Leges de Famojis Libellis , & la Dillertation de M.
Bayle fur les libelles diffamatoires j à la fin de fon
Diélionnaire Critique. Le Cardinal de Ximénès
éroit infeniible aux libelles dijfamatoires. Il trouvoit
qu'il étoit jufte de lailfer aux inférieurs la liberté
de venger leur douleur par des écrits , qui ne du-
rent qu'autant qu'on s'en offenfe , & qui perdent
leur agrément &c leur malignité dès qu'on les mé-
prife.
lïCF Le mot dffamatoire j fuivant la remarque de
M. l'Abbé Girard , fert à marquer la nature des dif-
cours ou des écrits qui attaquent la réputation d'au-
trui. Diffhmant & injamanc marquent l'effet des
aélions qui nuifent à la réputation de ceux qui en
font les Auteurs ; avec cette différence que ce qui
eft un obibcle à la gloire, fiit perdre l'eftime , &:
attire le mépris des honnêtes gens ; que ce qui eft
infamant elf une tache honceulc dans la vie , fait
perdre l'honneur & attire l'averfion des gens de
probité. Qui a eu la fottife ou le malheur de faire
quelque atlion diffamante , doit être attentif à ne
fe point donner Àss airs de vanité. Rien n'eft plus
diffamant pour un homme , que les balfelTes de
cœur \ Si. rien ne l'eft davantage pour les femmes,
que les foiblelles de galanterie poulfces à l'excès.
Plus on a d'éclat dans le public , plus on eii expofc
aux difcours diffamatoires des jaloux &c des nrécon-
tens. Les libelles difiamatoires font plus propres à
déshonorer ceux qui les compofent , que ceux con-
rre qui Us font faits. Foye^ Aulli Infamant.
DIFFAME, f m. Vieux mot. Honte , diffamation , op-
probre. Opprobrium , decus. Marot s'en eft fervi.
DIFFAMER, v. a. Déshonorer, noircir la réputation
de quelqu'un. Injamare ^ aliquem infamià ajpergere ^
turpitudmis notam alicujus \its,inurere. Pluiieurs Ecri-
vains ont tâché de fe diffamer les uns les autres dans
leurs livres, dans leurs critiques. Diffamer les au-
tres , c'eff fe diffamer foi - même.
Ce long amas d'aïeu.v , c^ue vous diffamez tous ,
Sontautantde témoins quiparlent contre vous. BOIL0
D I F,
DIFFAMANT, ANTE. adj. Qui diffame, qui nuit à la
Nicot dit que ce mot vient du Grec <^»f?x^é<», fi-
gnihant la même choie , d'où l'on a fait diffamareçn
Latin , & enfuite diffamer en François.
Diffamé , ée. part. Un homme diffame' , c'eft un hom-
me perdu de réputation. Injamis j injamiâflagrans ^
diffamatus .,famofus.
En termes de Blafon , on appelle diffame', un ani-
mal , comme un lion j un aigle, un chien j &c. qui
n'a point de queue. Caudà carens , caudàmutUus. On
appelle armes diffamées , celles dont quelque pièce
a été retranchée , ou auxquelles on a ajoute quelque
chofe , qui fait déshonneur , en punition de quelque
crime commis par celui qui les porte. Sous le règne
D î F
c^e S. Louis, Jexn d'Avcfnes, pour avoir injuiié fa
mare Marguerite, Comceire de Flandres, en pré-
fence du Roi , im condamné à poiter le Lion de
fes amies morné.
DÏFFARrlEATION. Cf. Cérémonie par laquelle fe
ceiebroK le divorce des Prérres , par laquelle l'or-
dre & la coutume étoic de jdilloudre les mariages
conrra£tés par confarréarion , qui éroient ceux des
Ponrires. JJijfarreano. Feilus dit qu'elle le taifoit
avec un gâteau de h'oment , în: que c'eft pour cela
qu'elle fe nommoit ainîi , dsjar, fronient. Vige-
rère , qui parle de ces deux cérémonies dans fes^//z-
nocdtiof/sfur l'ite-Llve j pag. 968. dit que la confar-
réarion & la d^jjdrrcjcion croient la même cérémo-
nie. Cependant Feilus dit lenlement qu'on la faifoit
avec un gâteau de homent , fans dire li l'homme &
la femme en mangeoienr comme dans la confarréa-
rion j ni (1 c'étoit abfolumenr la même chofe. Du
relie , il donne à la dijj'arrdaaon. la qualité de lacri-
fice. f'oye^ Confakréation.
Ce nom vient dédis, prépofition , qui n'eft en
ufage que dans la compodrion, &: qui iignihe d,-vi-
Jîon J jlpardrjon ; & dà Jarre acio j cérémonie hiite
avec du froment , de Far , froment , comme on l'a
dit.
DIFFEREMMENT, adv. D'une manière différente.
Diverse, dijjlmiliter , dijjiniiii ratione. On compte
cette hilloire différemment. On traite différemment
les perfoiines fuivant leur qualiré & leur mérire. On
vit bien différemment à la Cour îk chez le peuple.
Les efprits , qui iont dans un mouvement conti-
nuel , envifagent les chofes différemment , félon
qu'ils le tourneur. S. EvR.
|Cr DIFFÉRENCE, f. f. Terme de Logique & de
Métaphylique. C'eft proprement l'attribut elfen-
tiel que comprend chaque efpèce de plus que le
j^enre : ce qui conftitue l'efpèce , la caradlérife , &
la diftingue des autres efpèces. Differentia. Une
bonne définition doit contenir le genre &: la diffé-
rence. Dans cette définition , par exemple , l'ame ell
une fubftance incorporelle i le mot fubftance elf le
genre.( '^jy. ce mot ) & incorporel eft la différence
qui conftitue l'ame , & qui la diftingue des fubf-
tances corporelles.
ftC? Dans un fens plus étendu , nous appelons
fouvent différence, une alfemblage de pîufieurs at-
tributs , qui tous réunis ne fe trouvent que dans
une efpèce, & fervent conféquemment à la diftin-
guer de toute autre efpèce. Cela arrive nécelTaire-
nient toutes les fois que nous ne voyons pas dans
une chofe un attribut qui convienne à toute une
efpèce , & qui ne convienne qu'à cette efpèce j c'eft
ce que nous faifons dans l'idée que nous nous fai-
fous de la plupatt des animaux , des arbres , ^c.
C eft par le moyen des fens que nous reconnoillons
les principales différences entre tous les corps. Roh.
Dijcrimen j diffimilitudo.
Quand,après le mot différence,on met deux autres
mots qu'il régit , le premier doit être au génirir , &
le fécond au datif. La dijjérence d'une langue à l'au-
tre. L'AsBfi Regn. La différence d'un Roi à un fujet,
d'un homme à un enfant , d'un Général! un foldat ,
ôcc. Je laiiTe à juger s'il n'y a pas aujourd'hui autant
de différence de notre ignorance j & de notre paref-
fe , à la diligence & au profond favoir de ces An-
ciens. M^ Dacier.
Différence ^ (ignifie aullî , Diftinétion. Il faut faire
grande ^(^/re,;ce entre un Savant, ou un homme
d'efprit , & un ignorant ou un fot. On a tout palfé
au fil de l'épée fans différence de fexe ni d'âge. Il y a
des génies fupérieurs qui font en droit de prétendre
des différences ; mais ce font des droits qu'il faut
exercer avec beaucoup de délicatelfe. S. Evr. Il y a
des différences délicates entre les qualités qui paroif-
fent les mêmes , que nous découvrons malaifément.
Id. Le tems , les faifons , les fecours , le plus ou le
moins d'ennemis , font des différences dans la vie
des Rois , que Votre Majefté ne connoît point. P.
d'Orléans.
D i F 339
§CF La différence, dit M. l'Abbé Girard , fuppoie '
une comparaifon , que Tefprit fiiit des choies , pour
en avoir des idées précifes , qui empêchent la con-
fulion. La diver/ité luppoÇc un changement , que le
goût cherche dans les chofes, pour trouver une nou-
veauté , qui le flatte 6c le réveille. La vaiiétc fup-
pols une pluralité de chofes non reiîemblantes, que
l'imagination fiilit , pour fe faire des idées riantes j
qui diilipent l'ennui d'une trop grande un il ormitc.
Uive/yité dzns les mets; variété dans les plus petits
objets. La différe::ce des mots doit fcrvir à marquer
celle des idées.
Différence, tn terme de Mathématique ,fignlhe l'ex-
cès d'une quantité à l'égard d'une aune. Cet angle
eft de 60 degrés, & celui-là de 90 , leur diff'rencc
eft de trente degrés. Ainfi , quand on a fouftrait un
plus petit nombre du plus grand, ce qui relie le
nomme différence. En Aftronomiej on appelle c/{)yV-
rence Âfcerijîonnelle ^\'^rc de l'Equateur comprisenue
le cercle de (îx heures , & le cercle horaire duloleil.
^fT Différence , dans la Géométrie del'infini, nom
que l'on donne aux grandeurs diftérencielles , ou
tjue l'on regarde comme infiniment petites, l^oye^
Différentiel.
DIFFERENCIER, v. a. Mettre de la différence ,
marquer la différence, expliquer la différence. DiJ-
jerentis. , liij'criminis notam apponere. Une définition
doit marquer le point elfentiel qui différencie le gen-
re de l'efpèce.
\f3' Différencier une quantité, en Mathématique^
C'eft en prendre la partie infiniment petite. Acad.
Fr. En rendre la diftércnLC fuivant les règles du cal-
cul différentiel.
", Différencié , ée. part.
DIFFEREND, f^oyei ci-deflLus DIFFERENT.
DIFFÉR.ENT, enee. adj. Dilferablable , qui n'eft pas
S \e m^ivne.Differcns :, dij'par, diffi^nilis. Les op'imons
des Philofophes font bien différentes. Cela eft diffé-
rent comme le ciel & la terre j comme le jour ôC
la nuit. On explique les lois, les palfages de FEcri-
ture , en pluficurs fens différens. Plutarque a jugé
de l'homme trop en gros, & ne l'a pas cm fi diffé-
rent qaii eft de lui-même. S. Evr. Il comparoir la
différence , & la relTcmblance des affaires , Se com-
bien ce qu'elles ont de £^.'ifcT£«f change ce qu'elles
ont de femblable. S. Ré.4l. Ils font différens d ha-
bits , de vifage , de mœurs , de Religion. Adi.anc.
Evite ces phrafes fynonymes , qui difent la même
chofe en termes différens.
On dit , proverbialementjde deux chofes qui font
extrêmement différences, qu'elles font différentes du
blanc au noir. Acad. Fr.
Différent, f. m. Il y a de bons Auteurs ,^qui écri-
' vent différend-^ pour dire , dilpute j, démêlé , con-
teftation , procès, querelle. Mais l'Académie n'ad-
met que différent. Controverfia , contentiù ,)urgium^
rixa. On fait des rranfadions pour terminer h-s dif-
férens. La Cour a prononcé fur \caï différent. Décider
un différent'. Con:rover(iam dinmere. Ablanc. Il (i-
gnifie aulh la chofe conteftée. Il faut partager le dif-
férent par la moitié.
Nous favons déjà que ces mots j différent , dif-
pute , démêlé, querelle, procès , que l'on confond
dans l'ufage ordinaire , ne fe relTemblent que par
l'idée générale.^!?) e:f, au morconteftationj les nuan-
ces particulières qui les diftinguent.
^fT Le différent eft une conteftation fur une cho-
fe précife & déterminée fur laquelle on fe contrarie,
l'un difant oui , & l'autre non. La concurrence caufe
des différens cnive les particuliers.
Différent , en termes de Monnoie , eft une marque
particulière qu'ontchaque Tailleur , ou chaque Maî-
tre en chaque Monnoie , & qui fe change toutes les
fois qu'il y a un nouveau Maître ou Tailleur, ou
même des Juges-Gardes ouEftàveurs nouveaux-Z'cû.v-
liaris nota. On fait des boctes apart où chaque Maî-
- tre a fon différent , un fohdl , une étoile , un croif-
j fant , ou quelque animal , ou biep quelque fruit i dc
[ ils font obligés de marquer chacun Ion différent dAns
V V ij
340 DIF
la légende des efpèces du côté de l'effigie, &da côté.
de recullon. Boizard. Ces d/ffcrencs ont été éta-
blis pour répondre de la bonté des efpèces , & pour
faue voirie lieu où elle ont été fabriquées j ainiij
qu'il s'eft pratiqué dès le temps de nos premiers Rois. !
Alors le Monétaire faifoit mettre fon nom & fa
qualitéentièie, ou en abrégé fur les efpèces. Ces dij-
Jcrcr.ts doivent être particuliers , & ils ne peuvent
être marqués lur les efpèces , m être changés , que
par l'ordre de la Cour j ou des Juges - Gardes
IdE7\ï.
DIFFERENTIEL , elle. adj. Terme de la nouvelle
Analyfe J qui fuppofe l'Algèbre ou l'Analyie ordi-
naire, mais qui en eft tout à fi.iit différente, & pour
la méthode , & pour l'ufage.
^fT QaXiiZKé d/fferencielie , une quantité infiniment
petite. Calcul différentiel , le calcul de ces fortes de
quantités. On dit aulîî fubftantivement une d/^e-
rcnûdle , pour dire , une quantité dijjinndelle.
Ce mot eft nouveau : la découverte des infiniment
petits & la querelle de M. Leibnits avec M. New-
ton l'ont fait naître. Tous les Mathématiciens parlent
aujourd'hui de calcul dijfc:rt:itit;I ^ de méthode dij-
férenûellc. 0\\ appelle calcul différentiel , l'Arithmé-
tique des fluxions. Le calcul différentiel confille à
delcendre des grandeurs entières à leurs différences
infinimient petites, & à comparer entre eux ces in-
finiment petits J de quelcjue genre qu'ils foie.it j &
c'eft pour cela qu'on l'appelle càicvà différentiel ^ ou
Analyfe des infiniment petits. Il eft oppofé au cal-
cul intégral , qui conhfte à remonter de ces infini-
ment petits aux grandeurs dont ils font les différen-
ces. L'un & l'autre fert principalement à la réfolu-
tion des lignes courbes , foit Méchaniques 3 foit
Géométriques. Dans le calcul différentiel , on re-
garde les courbes comme des polygones d'une in-
finité de côtés , qui ne diffèrent entre elles que par
la différence des angles , que ces côtés infiniment
petits font entre eux. On détermine la pofition de
ces côtés pout avoir la courbure qu'ils forment ,
c'eft-à-dire , les tangentes de ces courbes , leurs per-
pendiculaires, leur point d'inflexion ou de rebrou-
fement , les rayons qui s'y réfléchiffent , & ceux qui
s'y rompent J &c. Tout ce calcul différentiel a été
patlaitement bien traité &c mis dans tout fon jour
par M. le Marquis de l'Hôpital, dans fon livre in-
titulé , Analyfe des infiniment Petits pour l'intelli-
gence des lignes courbes , in-j^°. à Paris de l'Impri-
merie Royale 1 696. Il le fonde uniquement fur deux
demandes oufuppofitions très-fimples. La première,
eft que l'on puiffe prendre indifféremment l'une
pour l'autre deux quantités qui ue diffèrent entre
elle que d'une quantité infiniment petite. La féconde
demande eft ce que je viens de dire , qu'on puiffe
confidérer une ligne courbe comme l'affembiage
d'une infinité de lignes droites , chacune infiniment
petite, ou comme un polygone d'un infinité déco-
tes, chacun infiniment petit. On trouvera bien des
exemples de ce calcul dans les Journaux de Leipfic
depuis l'an 11J84. On attribue la gloire de l'inven-
tion de ce calcul au célèbre M. Leibnits Meilleurs
Bcrnoulli,M. Newton, M. T. Schirneus, s'en font
fervis avec avantage pour la folution de différens
problêmes très-curieux ; comme M. Varignon l'a
fouvenc fait dans l'Académie Royale des Scien-
ces.
DIFFERER. v.a.Gagnerdu temps, remettre à un au-
tre t^mps. Diferre , procrj/tinare. Les Financiers c///-
ferent les paiemens le plus qu'ils peuvent. Il ne faut
point différer f.i converfion la remettre de jour en
joue On ne doit point (/itérer à bien vivre. Ablanc.
Je ne puis a'/îfcVtfr plus long-temps à vous fupplicr
de me tirer de peine. Voit.
Tu Jais lien que mo i cxur , facile à tesdefirs ,
iV'iî jamais d'un moment différé tes plaifîrs.
BoiLEAU.
D IF
Je rnaffûïhlis , plus je diffère :
Il Jaut m' arracher de ce lieu. Quin.
Différé , ée. part. On dit proverbialement , ce qui eft
différé n'eft pas perdu.
Différer, figninu être diffemblable j n'être pas de
même. Differre , difconvenire. Il y a bien des hom-
mes qui ne différent de la bête , que par la figure.
I) difoit qu'un Roi , qui ne faifoit point la guerre ,
ne d.fferoit en rien de fon Palfrenier. Ablakc. Ils
conviennent en plufieurs chofes, mais ils digèrent en
cela.
Différer vient du Latin differre , formé du Grec
^icicpifiit : CCS mots fignifient la même chofe.
DIFFlt^ILE. adj. m. & f. Ce qui fe fait avec peine.
f^oycti^ Facile. Diffcilis j dijjicultatem haiens. Il eft
plus diffcile qu'un riche entre en Paradis , qu'un
ch.-imeau dans le trou d'un aiguille , dit Jlsus-
Christ en Saint Matthieu. L'Algèbre eft une fcience
difficile à entendre. Les Princes Ibnt difficiles à gou-
verner. Les chemins des montagnes font âpres & dif-
ficiles. Ce paffage eft difficile , il a fait fuer tous les
Commentateurs.
Difficile, fe dit auffi de l'efpiitjCnparlant des qualités
oppofées à la bonne fociété. Morofus , diff^cilis. C'eft
un homme fantafque j difficile. C'eft une humeuc
difficile qu'on ne fauroit contenter. Cette femme fait
la difficile par honneur feulement , &.' pour ne fe
rendre que dans les formes. B. Rae. Les amis dif-
ficiles donnent plus de peine par leur humeur , qu'ils
ne rendent de fervices utiles. S. Evr. On dit aulli de
ces Critiques qui trouvent toujours à rediie aux
plus beaux ouvrages , que rien ne contente , que
ce font des gens bien difficiles.
On appelle figutément zemps difficiles j, les temps
de troubles , de mifère , de difette , de guerre ci-
viles ; pendant lefquels les Miniftres ont de la
peine à gouverner les peuples , & le peuple a de la
peine à vivre. Difficilia , dura tempora.
On dit en proverbe , qu'un homme eft difficile
à ferrer , à chauffer ; pour dire j qu'on a du mal à
lepcrfuader, qu'il n'eft pas accommodanr.
DIFFICILEMENT, adv. Avec peine, d'une manière
difficile. Difficile , difficulter , difficiliter , ngrè. La
profonde érudition ne s'acquiert que fort difficile-
ment & avec grand travail. On fe défait de l'amour
propre difficilement. S. Evr.
10° DIFFICULTÉ, f. f. Embarras qui fe trouve dans
les affaires , qui naît de la nature & des propres
circonftances de ce dont il s'agit j & qui en lufp>.nd
la décihon. C'eft ainfi que M. l'Abbé Girard déve-
loppe le caraélère de ce mot. Difficultas. La difpo-
fition des efprits fait fouvent naître dans les
traités plus de difficultés que la matière même fur
laquelle il eft quefi;ionde llatuer. Les grands hom-
mes furmontent toutes fortes de diffuuucs. Les dif-
ficultés irritent l'amour & les defirs. Les difficultés
redoublent l'empreirement des Amans. S. Evr.
IJC? La difficulté embarraffe; elle fe trouve fur-
tout dans les affaires, <k en fufpend la décihon.
Vobfiacle arrête j il le rencontre proprement fur nos
pas , & femble exprimer quelque chofe qui vient
d'une caufe étrangère. L'd/72pe't7ze/«er réhfte ; il fem-
ble mis exprès pour s'oppofer à l'exécution de nos
volontés. H fait entendre quelque chofe qui dé-
pend d'une loi ou d'une force fupérieure. Lever la
difficulté -.^Çinmomet l'obfiacle-^otei ou vaincre l'e/n-
pêchement.
03° Difficulté , fignifie quelquefois obfcurité j en-
droit difficile à entendre, raifons de dourer. Il eft
allez ordinaire aux Commentateurs d être diffus fur
ce qui s'entend aifément j & de palier rapidement
fur les difficultés, fur les en Iroits difficiles. Cet
homme eft fi fubtil , qu'il cherche àcs difficultés
plutôt que des raifons de déci 1er, S. Evr.
Difficulté, fe dit aulli des difp ifirions des pairies
du corps, qui caufent des mal.idies. Difficuttas , éc.
La gravelle donne une difficultî d'uriner. Difficultas
D I F
urlnt, L'afFeition du poumon donne une d/jjiiulté
de reipuer. DiJJLCukas rcj^iraudi , onj'pintus. La lan-
gue gralFe caule une dijjiadce de parler.
Difficulté, j lignifie encore, dans le langage com-
mun, une concertation légère entre amis. C'D«re«r/L).
Ces deux frères ont eu quelque di^fficulcé enfemble,
ils font en froideur.
Onditencore, taire û'<'//?i.7//r<;' d'accorder une grâ-
ce , une prière à quelqu'un ; pour dire, y avoir de
la répugnance, ^grè aliquid alceri conced-^re.
Sans d/jjiculté. façon de parler adverbiale. Indu-
bitablement , fans doute. Haud duhtc. Si vous avez
ces gens-là pour vous , fans difficulté vous lerez le
plus fort.
Difficulté , en matière dogmatique, fîgnihe une rai-
fon , une objediion , un argument contraire à une
propohtion avancée , qui femble la détruire ; à un
fentiment propofé. Voilà une bonne difficulté ^ il y
faut répondre. Ah ! la mauvaife , la pitoyable c/.;^
ca/r^'. La liiez venir la dijfkulté , puis vous répondrez.
On propole de grandes , de fortes dfficultés contre
ce fyftème. Répondre j fatisfaire aux difficultés. Op-
pofctio, ohjectij j argumentum contrarium.
^fT Faire des difficultés , former une difficulté ,
des difficultés _, alléguer des raifons contre quelque
chofe.
^Cr On dit , familièrement &: figurément , qu'un
homme eft le père des difficultés j pour dite , qu'il en
fait fur toutes chofes.
CCF On dit qu'une chofe ne reçoit point , ne
fouftre point de difficulté ; pour dire j qu'on ne
Voit rien qui s'oppofe à fon exécution : qu'une af-
faire ne fou (îre point de difficulté, qu'il n'y a rien
qui en doive empêcher le fuccès : qu'une propolî-
tion ne foutïre point de difficulté , qu'elle elt incon
teftable , qu'on ne peut rien alléguer contre.
DIFFICULTUEUX, EusE.adj. Qui forme fins ceffe
des difficultés , qui en trouve où il n'y en a point.
Diffiicilis. Voilà un homme bien difficultueux. Il eft
fi diffiicuhueux qu'on n'a jamais fait avec lui. Il ne fe
dit que des perfonnes.
DIFFINITEUR. f. m. Le P. Helyoc , dans fon Hif-
toue des Ordres Religieux , du quelquefois Diffi-
ni!sura.\i lieu de Defîniteur , qui elt cependant félon
l'ufage. Peut-être que^ dans quelques Ordres j c'eft
l'ufage de dire Diffiniteur. Chez les Céleftins de la
Province de France , après i'éleétion du Provincial
on procède à celle de cinq Diffiiniteurs , qui , avec
le Provincial & celui qui fort di chargej compofent
le Diffinitoire. P. Helyot , T. VI. C. 13. Où l'on
voir qu'il dit aulïi diffinitoire , ou lieu de déjinitoire
qui fedit communément, & qui eft le vrai niotj
car ces mots ne viennent point de diffinire , mais
plutôt de definire , déterminer , régler , définir , par-
ceque ce font ces Définitcurs Se ce Définitoire qui
règlent, qui terminent toutes les affaires de l'Or-
dre.
DIFf INITIF , ivE. adj. L'Ordonnance civile emploie
ce mot : les Praticiens s'en fervent aulieu de dffi-
nitif; Se difcnt un Jugement diffitrùtij , un Arrêt
difftnitif , une Sentence diffinitive. Mais c'eft fans
aucune raifon d'étymologie ni autre. Il faut abfo-
lumentdire Se écnrc définitif , du verbe Lann de-
finire , définir , décider. F^oyci DÉFINITIF.
DIFFINITOIRE. Foye^ Diffiniteur.
DIFFORME, adj. m. & f. Ce mot s'applique génér.ile-
ment à toutes les chofes qui , parleur conftrudtion
extraordinaire , & l'arrangement de leurs parties ,
ont une figure qui s'éloigne d,; la naturelle alfez
pour choquer la vue. Injonnis , deforniis. Les Dé-
mons font peints fous de? figures difformes pour en
donner plus d'horreur. Un nez mal fait rend un vi-
fa"e di forme. O la difforme créature ! Elle eft alTez
mal bâtie pour faire rougir la nature. Main.
§Cr Ondit,dans le même fens, qu'un bâtiment
eft di forme , lorfque le conducteur de l'ouvrage
n'a pas mis dans toutes fes parties les proportions
qu'elles devroient avoir-
D I F î4i
11 fe dit figurément des chofes tnbrales. Rieh n'efï
fi dijjorme que le vice. Fadus.
DIFFORMER. v. a. Oter la forme. Il lie fe dit guère
qu'en termes de Palais. Dcjormare , Jccdare. On or-
donne qu'une médaille ^ qu'une planche f;ra dij-
Jormée , quand elle eft désiionncte j que des f.uix
coins de monnoies feront difformes. Il eft défendu
aux Orfèvres de fondre , ou de diffiormer les mon-
noies , & les efpèces d'or & d'argent.
Difforme, ee. part.DeJormatus.
DIFFORMITE, f. £ Ce mot déligne en général uhe
diipohcion de parties j qui s'éloigne plus ou moins
de la di.'pofition naturelle , mais toujours allez pour
choquer la vue. Défaut de proportion. Diffr/nitas.
La dfformité de ce bâtiment vient de ce qu'on n'y
apointobfervéde iymmétrie. Anftote dit que le ris
vient d'une dijj ormite ia.ns douleur. On prile les
nains & les bollus en Turquie , pour leur diffor-
mité. Leur extrême difformité eft la preuve de leur
fagelfe . Gomb.
On ledit auffi des chofes fpirituelies. La c/i^or-
mitj du vice. Ce qui fait que nous avons tant d'in-
dulgence pour nos pallions j c'eft que nous les re-
gardons dans un certain point de vue, qui nous em-
pêche d'en apperçevoir la dfformité. Bell. Il faut
accoutumer les enfans à haïr le vice, & leur eu
faire voir la difformité. Mont.
DIFFRACTION, i. f. Terme d'Optique. Inflexion qltê
fubiftent les rayons de lumière ^ en rafant la fur-
face d'un corps opaque. C'eft le nom d'une des qua-
tre manières dont la lumière fe répand , (Sv: dont on
eft redevable au père GrimalJi. On avoit cru que
la lumière ne fe faifoit apperçevoir que par direc-
tion , par rértcxion, & par réhaètion \ mais le P.
Grimaldi a découvert qu'elle fe répand d'une qua-
trième manière , qu'il appelle diffraciion. Pour ex-
pliquer ce que c'éft que la diffraciion , il dit qne , H
l'on fait un trou, dans une chambre bien fermée,
expoféeau Soleil, & qu'on mette, dans le cône lumi-
neux que forment les rayons qui entrent parle trou,
un corps opaque qui ne foit pas fi grand que le
cône j on voit que la lumière fe partage à la ren-
contre de ce corps : &, comme un ruilleau qui court,
rencontrant un corps folide , fe divife 6c coule par
les deux extrémités de ce corps , & y répand les
eaux , de manière que de chaque coié une partie de
l'eau s'écarte vers le bord du ruilleau , £c l'autre
partie coule à l'entour de ce corps folide , Se s'y ré-
pand en tournant par derrière j de même la lumièrcj
rencontrant le corps opaque, fe divife dk' jette de
chaque côté plufieurs rayons colorés , dont les uns
fe répandent vers les bords du cône lumineux , (Je
les autres , tournant derrière le corps cpaque , le
font voir dans l'ombre que produit ce corps : ce qui
ne fe peut rapporter au mouvement dired , ni à la
réflexion , ni à la réfraction \ mais à une quatrième
manière, à laquelle il a donné le nom de diffrùcHon^
& il en conclut que la lumière eft un corps fluide
comme l'eau j puifqu'elle a le même mouvemenr*
Journal des Savans du jo Joùt 1666. Toute diffrac-
tion , ou irifie.xiondss rayons fe fait avant qu'ils aient
touché le corps j à l'occafion duquel elle ie fait ; Se
c'eft en quoi elle diffère , du moins en apparence,
de la reflexion, ou de la réfradion j qui demandent
toutes deux un contact immédiat. Hifi. de l'Ac. des
6'c. 1740 j/'. S4-
DIFFUS j USE, adj. Etendu. Il ne feditque du difcours
& des écrits , fon oppofé eft fiiccincl. Diffufus. Cec
Avocat plaide bien j mais il eft trop diffus Les Com-
mentateurs fouvent font trop diffî/s , pour vouloir
paroître trop lavans. Le ftyle diffus eft propre pour
tous les difcours qui fe font dans le genre dcmonf-
tratif. Dcmofthêne eft ferré & concis ; Cicéron au-
contraire eft diffus Se étendu. Boil. L'Orareur doit
être fuccinct & diffus , félon le fujec qu'il tr.aite Se
l'occaiion où il parle. M. l'Abeé Girard.
f(3' On voit par-là que lemor diffus, en matière
de littérature j ne fe prend point nécelfairementefi
mauvaife part, c'eft-à-dire , qu'il n'emporte pas,
342. D I F D I G
dans fa propre (ignification, l'idécj d'un vice dans le
dikours. Ainh être dijfus n'ell pas , comme cjuel-
qiies-uns ledifenCj employer beaucoup plus de pa-
roles qu'il n'eft nécefîaire pour dus ou pour expli-
quer quelque chofe. Si l'on combe dans ce détauc ,
on eft alors trop diffus.
DIFFUSEMENT, adv. D'une manière difFufe. Diffufi.
Il écrit j il. parie trop diffufément.
fC? DIFFUSION, i: f. Terme de Phyfique , qui ex-
prime l'aClion par laq^uelle une chofe s'étend j ou
Tertec de cette action. Diffufio. Dès que le foleil
paroîc , il fe fliit une grande diffujion de petits
atomes par tout l'horifon. On le dit de même des
fons & des odeurs. Mais on dit mieux propaga-
tion de la lumière , propagation des ions. Voye\
ces mots.
On dit aulli , en matière de dévotion , une dtf-
fiip-on de cœur , lorfqu'il l'emble que le cœur fe
dilate & s'épanouit pour poulFer des dehrs plus ar-
dens de l'amour divin.
|JC7'DIFFUSIOI^I., par rapport au difcours j fe trouve
dans la Lettre de M. l'Abbé de Pons fur l Iliade
de M. de la Motte. Si Homère étoit né de nos
joursjil s'exprimeroit avec le moinsde di^ufion qu'U
lui feroit poÛible. On peut aulli- bien dire di^'u-
fion de ftyle , que flyle diffus. De bons Ecrivains
fe font fervis de ce mot. Avec beaucoup de douceur
& d« facilité dans les vers de M. du Perron de Caf-
tera, j'ai cru remarquer feulement qu'il y a peut-
être un peu trop de dijjufion. Le Pour et Contre.
DIFOSOT. Nom d'une corvée due aux Seigneurs
par les Valfiux en Bretagne. Il en efi: parlé dans un
Titre de S. Méen j cité par Lobineau. Hljl. de
Brcc. T. H. p. 24.
D I G.
DIG. f. m. Terme de Relation. C'eft le nom du pre-
mier des dix mois de l'année des habitans défile
Formofe. Voye\ la Defaïpdon de cetcn Ijh j im-
primée à Amfterdam en 170^.
DIGAME- f. 1. Terme de droit Canonique, /•'oje^
Bigame,
DIGAMMA. f. m. Terme de Grammaire , qui lig-
nifie deux gamma , double gamma. Digamma. Le
dlgamma n'eft autre chofe que la lettre F , com-
pofée en effet de deux gamma r, polés l'un fur
l'autre. Le dlgamma renverfé eft une F. renverfée
qui fe met pour l'V conlonne. On trouve dans
plufieurs infcriptions antiques des digamma ren-
verfés mis pour un V confonne.
DIGANWEY. Ville d'Angleterre que l'on croit être
la Diclum des Notices de l'Empire.
DIGAROIS. LTlede Digarois , autrement DiÉcoroiz,
ou l'Ile Diego Rodrigue-^. C'eft une Ifle de l'Océan
Ethiopien. Didaci Roderici Infula. L'Ule de Diga-
rois eft à cent lieues de celle de Mafcaregne , &c à
cent quatre-vingts de celle de Madagafcar. Elle
porte le nom de Didaque Rodriguez qui la décou-
vrit. En Efpagnol on dit Diego Rodrigue^ \ de-Ià
Diego Roi-^ j Digo Roi^ , Digarois.
DIGASTRIQUE. adj. Terme d'Anatomie, quifedit
d'un des mufcles qui fervent à ouvrir la mâchoire
inférieure. On l'appelle auffi biventer. Ces deux
noms, dont le premier eft Grec , & l'autre Latin,
ont la même fignification : ils ont été donnés à ce
mufcle parce qu'il a comme deux ventres; c'eft-à-dire,
qu'il eft d'abord gros & charnu , puis menu &
nerveux , &, derechef ventru & charnu. Il y a pour
la mâchoire inférieure deux mufcles appelés Di-
gajlriques. Àc. des Se. 1741. 175;.
Ce mot vient de ê's deux fois j & de y«5-«p ,
ventre.
DIGÉRER. V. a. Se dit de l'adion que fiit l'eftomac
pour faire la coélion des alimens qu'on a pris ,
Se les rendre propres à la nourriture du corps.
Digerere. L'eftomac digère par le moyen d'un fuc
acide qui hache & incife les alimens , &: les dilfout
jufqu'à leurs plus petites parties, de la même ma-
D 1 G
nière que l'eau-forte dilfout l'or & les métaux.
Les alimens mous & humides , qui ne font point
vilqueux , & qui contiennent une fuftifante quan-
tité de parties volatiles & exaltées , le digèrent ai-
lément •, ceux, au contraire, qui font durs & corn*
paétes , & qui abondent en parties lentes , grof-
lières tSi terreftres , ne fe digèrent qu'avec beaucoup
de peine. Le>ieh.y. Digérer fe met quelquefois fans
pronom perfonnel & lans aucun régime \ alors il
eft neutre. Le fuc des poires étant grollier , il de-
meure du temps à digérer &i à fermenter dans l'ef-
tomac. Leaiery. Foye\ Digestion.
DijEker J lignihe , figurément , Ranger les cho-
fes , les mettre par la méditation dans l'ordre &C
dans l'état où elles doivent être. Le delfein de ce
livre a été bien conçu ; mais il a éré mal digéré.
Certe affaire a été bien examinée & digérée.
ifT Digérer , dans le fens figuré , lignifie encore ,
Souffrir patiemment quelque choie de fâcheux, com-
me affront j injure , accident de la fortune. Aiquo
anima, patienter J erre , concoquere. On lui a enlevé
fr femme : c'eli; un accident fâcheux : il a eu bien
de la peine à le digérer. Il fut digérer habilement
toutes les mortifications qu'on lui fie elfuyer. Var.
Quoi ! vous digère^ paifiblement les plus fanglans
affronts ? C'eft infenlibilité , plutôt que grandeur
d'ame. S. Evr. Cela eft bien dur à digérer.
Le voilà dans un embarras
Qu'on ne peut exprimer. D'un côté l'aventure
Etoit à digérer trop dure.
Nouv. CHOIX DE Vers.
Digérer J fe dit auftî de l'aclion du foleil qui mûrit
les Iruits en atténuant leurs parties , & en exaltant
leurs efprits. La chaleur du foleil dans les pays
chauds digère &c mûrit plus parfaitement le fuc
des oranges, Hc les rend d'un goût plus délicieux.
LÉMERY. Foye^ Maturité & Maturation.
lyj' Digérer, v. n. fignifie, en Chymie, être mis en
digeftion. P'oye^ Digestion. Terme de Chymie. En
Chymie on fait digérer plufieurs fubftances à un
feu lent.
On dit , proverbialement , d'un grand mangeur ,
que c'eft un eftomac d'autruche , qu'il digereroit le
fer.
Digéré , ée. part.
DIGESTE, f, m. Compilation faite par l'ordre de
Juftinien , Empereur d'Orient , des décilions des
plus fameux Jurifconfultes Romains. Digejia , t'an-
decl£. Il en donna la commillion à Tribonien ,
fon Chancelier , qui choifit leize Jurifconfultes
pour y travailler. Ils tirèrent les plus belles déci-
fions qu'ils trouvèrent dans les deux mille volumes
des anciens Jurifconfultes , & les réduifirent en
un corps , qui fut publié en 533. fous le nom
de Digcjîe. L'Empereur donna à cette compilation
la force de loi par la lettre qu'il a mife à la tête
de l'Ouvrage , & qui fert de Préface. C'eft ce qui
compofe la première partie du Droit Romain , &
du Corps du Droit CiviL On l'a appelée autrement
Pandecles. Il y a cinquante livres du Digefie. Il fut
traduit en Grec du temps de Juftinien. Cujas dit
qu'on appelle Digefle , les livres diftribués dans un
bel ordre & ceconomie. Ainfi Tertullien a appelé
Digcfte , l'Evangile de S. Luc. En Droit on rite
le Digefle , par abréviation , par deux ff jointes
enfemble : ce qui vient de ce qu'on les appeloit en
Grec Pandecles , qu'on abrégcoic par la figure de
deux nn ^ t"sc, pour abréger davantage , on a joint en-
femble ces deux caraétèrcs , que les Copiftes La-
tins ont cru être deux ^jointes. Quelquefois les
Doéleurs le fervent d'un D , pour citer le Digejle :
c'eft la première lettre du même nom de cet
ouvrage.
|lC?DIGESTEUR,ou DIGESTOIRE. f. m. C'eft le
nom qu'on a donné à ces machines ou marmites
fortes , inventées par Papin , dans lefquelles les
viandes , après qu'elles ont été expofces fept â
D I G
huit minures à un petit feu , fe trouvent réduites
à une efpèce de pulpe ou liqueur , ik. les os les
plus durs , après quelques minutes de plus , fe
convertiirenc en gelée. Cette dillolution paroîc i'e
faire par une voie analogue à la digelbon des ani-
maux. Le Digejleur eft un vafe , d'où il ne peut
fortir aucune vapeur. M. Gommiers , Profelfeur
en Mathématiques, a travaillé à perfectionner le
Digejleur.
^Ù" Il y a encore d'autres fortes de Digefteurs ,
mais moins célèbres que celui de Papm.
DIGESTIF, ivE. adj. Qui procure la digertion. Quod
dlgerendï vlm habec. Qui.prclide à la digeftion. Les
anciens Philofophes admettoient une faculté di-
gejîive , parce qu'ils ne favoient pas expliquer au-
trement la manière daut fe fait la digelîion.
Digestif. Se du auffi , en Médecine , des remèdes qui
fortifient l'elfomac , & qui aident à la digelf ion des
alimens , comme font les femences de fenouil ,
. anis c
&: de
conan
dre
le giro
le, 1
a cannelle
lie
les écorces de citron & d'orange , &c.
§3" On le dit aufli fubftantiellement. Un bon
^CT Digestif. Se dit encore d'une efpèce d'onguent
qu'on mec fur les plaies , pour mûrir la matière
^ la préparer à la luppuration. On le compofe or-
dinairement avec la térébenthine , le jaune d'œuf ,
l'huile dhypéricum^ l'onguent bafilicum^ la tein-
ture d'alocs. On appelle du nom de dlgejlij ce qui
mûrit les plaies , & les amène à fuppuration. La
fiente de chèvre contient beaucoup de fel volatil
acre , qui la rend réfolutive , déterfive , delîlcative ,
digejîive , &c. Lémery. On couvre la plaie , la
tente & les nœuds de la future ^ avec des pluma-
ceaux plats couverts d'un digejlif, ou de quelque
baume. Dionis. Ce terme eft propre .i la Chirurgie ,
& à la Pharmacie , comme on le voit j & il de-
vient fubftantif, comme plulîeurs autres fembla-
bles. Un. digejiif, un mondificaûj, un J'uppurna/ , &c.
La plaie fera pan fée dans les premiers jours avec
un digejlif doux pour procurer la fuppuration.
DlONlS.
DIGESTION, f f Codlon des viandes dans l'eftomac.
JDigeJlio , concoclio. On appelle la digeftion du nom
de cocfion. La digejlion eft la préparation qui fe
fait des alimens dans le corps même de l'animal
pour les rendre propres à la nutrition. Un Offi-
cier qui étoit à la tranchée , étant appelé par fes
amis pour aller dîner , il dit , je ne mangerai point ,
que je ne fois fur de la digejlion. Ménage. Les
noix , les amandes , les écrevilfes , font de dure
digejlion. Les viandes bouillies font de facile di-
gelîion. Il faut éviter tout ce qui peut interrompre
la digejlion des alimens j comme par exemple , une
chaleur immodérée, & un exercice trop violent,
qui font dillipper beaucoup d'efpnts \ une boilfon
trop abondante , qui fait flotter les alimens dans
l'efîomac. Lémery.
Les fentimens font partagés fur la manière dont
fe fait la digejlion. On peut les réduire «à trois
principaux , qu'on trouve expliqués & foutenus
dans plufieurs traités que les Phyhciens & les Mé-
decins ont donnés depuis quelques années. Les uns
difent que la digejlion fe fait par fermentation ;
les autres j qu'elle fe fait par trituration ; quel-
?[ues-uns ont voulu réunir les deux partis j en di-
int qu'elle fe fait en même-temps par fermentation ,
& par trituration. Le premier fentiment a été long-
temps le feul que l'on connût &: que l'on fuivît. Il
condfte à dire que les alimens, quand ils font
palfés dans l'eftomac 3 fe chargent & fe remplilfenr
d'acides j lefquels , étant excités par la chaleur na-
turelle J caulent dans les alimens une fermentation
qui les altère , les change , &c les mécamorphofe
en chyle.
Le fécond fentiment a été inventé ou renou-
velle dans les derniers temps , & foutenu avec
vivacité , comme l'eft ordinairement tout ce qui a
le caradtère de la nouveauté. Ceux qui foutiennent
ce fentiment J difent que c'eft par un broiemenc
continuel , que les alimens font atténués , brifés ,
&: réduits par-là en une fubftance grisâtre , qui
eft le chyle j à-peu-près comme le blé écrafé par Iz
meule des moulins. Ce qui s'obferve dans les oi-
feaux paroît confirmer cette opinion : leur géfiec
eft compofé de deux mufcles forts , folides & com-
pares , qui, en fe frottant l'un l'autre, & étant
aidés de petits grains de fable anguleux , que les
oifeaux avalent, brilent & broient la nourriture
qu'ils prennent 5 & , lorlque les angles de ces grains
de fables font abattus , les^ oifeaux rendent avec
leurs excremcns de ces petites pierres dont les
pointes font emoulfées, & leur font inutiles; &
ils en avalent d'autres qui font rudes & rabo-
teufes.
Voici comment s'en explique un partifan de
cette opinion : (c'eft M. Hecquct ) dans fon Traité
de la digeftion. Tout eft vailfeau dans le corps j
donc tout y eft creux. Tout y vit à fa manière j
donc tout y eft en mouvement ; donc tous ces
vailleaux fe meuvent. Les parties d'un corps qui
doir le mouvoir fe meuvent vers les endroits ou
ils trouvent moins de réhftance \ l'endroit de la
moindre réfiftance dans des tuyaux , eft la partie
cave ; donc le mouvement des parties des vaiffeaux
fe fera vers les parties caves. Les parties qui ont
à fe mouvoir dans des vailTeaux font leurs parois j
parce qu'elles font flexibles &élaftiques ; & ce mou-
vement ne peut fe faire que par le rapprochement
de leurs parois : c'eft donc un relferremenc , une
preftion , une contraélion , qui fe fait en eux ;
donc toutes les parties du corps , n'étant que des
vailfeaux , ont un mouvement de compreftion , de
fyftole , de contraélion. Tous ces vaillèaux con-
tiennent des liqueurs dans leurs cavités : toutes les
liqueurs du corps humain font donc continuelle-
ment prelfées. Cette prellion eft l'aéfion d'une force
élaltique \ donc cette prellion fera telle que cette
force \ donc cette preftion fera alternative ; donc
c'eft un battement; donc ces liqueurs font battues.
Ces liqueurs font très-divifibles \ elles feront donc
continuellement divifées. Une divifion procurée
par un battement eft un broiement j ou une tri-
turation ; donc les liqueurs du corps humain font
continuellement triturées , ou broyées. La railon
pourquoi la force qui prelfe doit être alternative ,
c'eft que les membranes , qui compofent les vaif-
{q:i.w\ , font tilfues de deux plans de fibres ; les
unes longitudinales \ les autres circulaires , qui
coupent les longitudinales à angles droits. Les lon-
gitudinales font tendineufes & élaftiques ; les cir-
culaires font mufculeufes, ou motrices. Les longi-
tudinales font au-delfous des circulaires : les circu-
laires font au - delfus des longitudinales , qu'elles
ceignent & embralfent. Celles-ci font élaftiques :
les circulaires font motrices, femblables à des fphinc-
tères qui compriment. Or l'élafticiré des longitu-
dinales réfifte à Lil compreflion, &j de cette ré-
fiftance, naît une adion réciproque ; c'eft cette force
altern.ative & broyante que l'on cherche. Ils objec-
tent à ceux qui prétendent que la digeftion fe fait
par un levain , que la digeftion eft une folution j
que , pour préparer cette folution , il faut amollir ;
que le propre des levains acides eft de ronger les
matières plus dures , & de durcir les molles ,
d'épaillir les liquides, de figer lesgralFes, de coa-
guler les laiteufes ; qu'ainfi l'acide eft contraire à la
digeftion. Outre la force qui les broie , & le vailTéau
quilescomprime , il y a encore des liqueurs qui les
délaient , c'eft la filive & le fuc ftomacal. Des
matières minérales que le fuc ftomacal ne peut
dillliudre , le trouvent ufées & polies après avoir
fcjourné dans l'eftomac: or la polilfure eft l'effei
du broiement ,& non pasde lacorrolion. De même
on tiouve des pelotons de fils entalfés &c roulés
dans l'eftomac des bœufs, polis & lilfés, & qui ne
portent aucun figne de corrofion.
Les auteurs de U Trituration demandent tr»is
544 D I G
chofes pour opcter la d':ge[Uùn : une liqueur pour
arroler les alimens ; c'ell la falive & le fiic de
l'eftomac : un vale , c eft l'eftomac : une force
mouvante pour broyer j ils croient la trouver dans
les mufclesde l'eftomac, dans ceux du diaphragme
&c de 1 abdomen : ils prétendent que la puiilance
de mouvoir qui eft dans les mulcles de l'eftomac
équivaut à un poids de 148155 livres, & la force
de l'eftomac toute feule à un poids de 1 195 1 livres,
& qu'ainfi ces deux forces unies équivalent à un
poids de 161 186 livres; puiifance fupérieure à
celle d'une des plus puilFantes meules. Foy. le Traité
de la Digeftion par M. Hecquet. M. Borelli^ fui-
vant le calcul propre de l'équilibre des liqueurs ,
a démontré que la force du mufcle fléchilfeur de
la dernière articularion du pouce eft égale à 1750
livres \ d'où M. Pitcarne a conclu que la torce
ies fibres de l'eftomac eft égale à 11951 livres , &
celle du diaphragme & des mufcles dti bas-ventre
à 148Z35 livres. Sa raifon eft : le fléchlifeur ne
pèfe que m grains j &: peut porter jyzo livres j
donc les forces de l'eftomac qui pèfent 8 onces , &
le diaphragme avec les mufcles du bas- ventre , qui
pèfent enfemble 8113 grains, ont la force que l'on
vient de marquer. Mais ce raifonnement paroît
porter à faux : car ce n'eftpas en vertu de fon poids
de lii grains que le mufcle dont il s'agit eft égal ^
3720. livres. De plus il s'enfuivroit que , plus un
mufcle , plus l'eftomac j un diaphragme , les rnuf-
cles du bas-ventre feroientpefants , plus ils auroient
de force, plus la digeftion fe feroit aifément & vite :
e qui eft faux. M. Boher ne porte la force des fibres de
l'eftomac qu'à 110708. livres. Les Partifans de la
Trituration ajourent tous les mufcles du corps j qui
concourent, difent-ils , à produire le mênie effet.
De plus , dans la machine du corps de l'animal ,
ils comparent le cerveau à l'arbre du prelToir, le
cœur au pifton , les poumons aux foufflets j la
bouche à la meule & aux pilons , l'eftomac au
preflbir, les boyaux au réfervoir, ou à la cuve. Ils
difent que Caftellan , Médecin de Meftine , a été
le premier des Modernes à parler expreCTément des
levains , & qu'il a été fuivi par Wanhelmont , &
par WiUis. Du refte , les Partifans de la Trituration
ne font pas d'accord entr'eux. M. Pitcarne prétend
que la Trituration fe fait par le refferrement total de
l'eftomac, & M. Hecquet par un reflerrement fuc-
ceflif , périftaltique , vermiculaire , par des ofcil-
lations.
M. Aftruc , dans un Traité de la Caufe de la Di-
geftion ^ réfute fort en détail ce fyftême de la Tritu-
ration : il en contefte fortement le calcul , qui fait
monter fi haut la force mouvante des fibres de l'el-
tomac : il foutient qu'elle n'équivaut qu'à trois on-
ces, & que celle des mufcles du bas- ventre n'excè-
de pas quatre livres : s'il donne à la force de l'efto-
mac , pour comprimer les alimens qui y font del-
cendus , trois onces , c'eft encore gratuitement. Il
évalue celle du diaphragme & des mufcles du bas-
ventre à environ quatre livres. Il obferve que M.
Pitcarne, vraifemblablement étonné lui-mcme de
ce qu'il avançoit de cette force , n'a ofé fuivre la
proportion fur laquelle pourtant il fe fonde , &c^ fé-
lon laquelle il fiudroit faire monter ces forces l'une
à 1 1708S livres , & l'autre à 250754 livres , ce qui
fait enfemble 567821 livres.
Le diaphragme a deux forces en fon mouvement \
une direde, qui eft celle par laquelle fes mufcles le
rendent, en le tirant vers la circonférence; l'autre
latérale, par laquelle il appuie fur l'eftomac & le
prelfe. Celle-ci eft petite en comparaifon de celle-là.
Ce qui a trompé Melfieurs Pitcarne & Hecquet ,
c'eft qu'ils ont pris la force direâe pour la latérale ,
h contradion du diaphragme pour fa prelTion fur
l'eftomac. Ils fonr tombés dans la même erreur par
rapport aux mufcles du bas-ventre , donr la pref-
fion courre le bas-ventre n'eft encore que latérale. Il
y a plus \ car des animaux très-voraces , ou n'ont
point de diaphragme , comme les poiftbns j qui ref-
DIG
pirent par les ouies j ou en ont d'une {impie menx-
brane , comme les oileaux, qui avec cela ont les
mufcles du bas-ventre rrès-petits & très-foibles , &:
dans une fituation à ne point agir fur l'eftomac.
Les membranes de l'eftomac n'ayant qu'un foible
mouvement , & n'ayant aucune dureté , ne font pas
propres à faire l'office d'une meule. Il eft vrai que,
dans les poules & quelques oiieaux , l'eftomac eft:
compofé d'un mufcle charnu & denfe , fort jufqu'à
brifer de petites pierres & des morceaux de verre :
mais on répond que ce n'eft pas - là une digeftion ^
laquelle fe fait dans les inteftins de ces animaux. Ec
la ftrudure de notre eflxjmac , par comparaifon au
géfier des oifeaux qui le nourrilïent de grain , four-
nit au contraire une raifon torte contre la tritura-
tion. Le géfier eft garni en dehors de quatre muf-
fcles charnus , dont les tendons fe réunifient en deux
points oppofés : en dedans il eft revêtu d'une mem-
brane dure , épailfe & cartilagineufe , principale-
ment aux endroits où fe fait la réunion des tendons.
La nature fait voir à l'œil par cette conftrudion que
l'office du géfier eft de broyer les grains par le fcor-
tement de fes parois. Au lieu que la membrane de
l'eftomac de l'homme eft mince, & garnie de peu
de fibres charnues j couvertes en-dedans d'une elpè-
ce de duvet délicat & lenfible ; Si l'eftomac eft d'une
grande capacité. L'eftomac des oifeaux carnafliers ,
qui dévorent de gros morceaux de chair crue fans
les mâcher, eft d'une membrane encore plus mince.
Enfin il paroît à îvL Aftruc que , dans le fyftcme de
la Trituration , on ne fauroit expliquer ce que c''eft
que la faim j le dégoût , l'indigeftion.
Dans le fyftême de la Trituration , il paroît im-
poffible d'expliquer pourquoi certaines chofes faci-
les à broyer , par exemple , des choux -fleurs , ne
peuvent fe digérer en certains eftomacs , qui digè-
renr lans peine des alimens alfez durs , comme le
bœuf & le mouton -y au lieu que la diverfité des
difiolvans eft une explication naturelle & aifée. Les
hydropiques ne lailfent pas de digérer , quoique les
fibres de leur eftomac , de rntme que routes les au-
tres parties de leurs corps , foient extrêmement re-
lâchées par l'abondance d'humeurs. Le total &
prompt changement de nature qui arrive aux ali-
mens , ne fauroit être l'effet que de la fermentation ,
qui fe fait même fentir par les rots , tandis qu'elle
le fait.
M. Aftruc a démontré, par le calcul géométrique,
que la force de l'eftomac n'eft égale qu'à trois onces,
éc celle de l'abdomen à quarre livres. Le fer & les
aiguilles qui fe font trouvés dans quelques efto-
macs , ne détruifent point le lyftême de la fermen-
tation , puifqu'il eft conftant que tout dilfolvantue
dilfoui pas tous les corps. Dans les oifeaux qui fe
nourrilfent de grain , la fermentation ell manifefte,
premièrement dans le jabot , où le grain fe prépare
à la digeftion par une liqueur femblable à la lalive ,
& puis dans le géfier , où la digeftion s'achève par
un diftolvant qu'y verfe une glande conglomérée.
Cel» eft encore plus évident dans les animaux qui
ruminent, & qui ont comme quatre eftomacs : les
deux premiers , quoique faits d'une membrane ner-
veufe , caufent t;:;ii de changement à la nourriture,
manque de ferment ou de dilfolvant : elle revient
donc pour erre mâchée , & ce n'eft que dans le qua-
trième qu'elle eft bien digérée , à caufe qu'une glan-
de conglomérée y verfe un difTolvant.
Quoique les anciens Médecins & Philofophes ne
fe foient exprimés fur la digeftion qu'en termes gé-
néraux , de fondre J ramollir, dompter, affujettn^,
de concrétion , de qualités , M. Aftruc prétend néan-
moins qu'ils donnent alfez à entendre ce que nous
appelons fermentation. Ainh EmpédocleSc Kippo-
crate difent , que la digeftion fe fait par la putréiac-
tion des alimens , comme le même Empédoçle dit
que, de l'eau, fe fait le vin parputrcfadion.Hippo-
crate & Ariltote ufent du terme de concodion ,
qu'on trouve auftî dans Erotien ,, Plurarque 6c Adua-
rius , pour exprimer comment les fruits muriffent ,
comment
D I G
eomment le moût fe change en vin , &: comment la
pâce le lève. Hippocrace nomme exprelFément l'ef-
fervefcence Se la fermentation. De Vctcre Medïcï-
na j C. ^. Et Gallien aulli , L. De confuetudine , C. z.
D'ailleurs il alfure qu'une lérofité particulière de
l'eftomac , la bile ôc les elprits concourent à la di-
sefiion. Quant à Eraliftrate , que les dctcnleurs de
la Trituration mettent de leur parti , il n'admettoit
pas le leul broiement des alimens : il y joignou le
fecours des efprits , dit M. Alhuc , leiquels lans
doute taifoient l'office d'un ferment volatil. Il en elt
de même de Cicéron , qui, félon l'opinion de Ion
temps , attribue la digejtion à la chaleur de l'elto-
mac. L. IL De Nat. JJeor. Ce fuftrage de l'Anti-
quité eft un préjugé contre la Trituration.
L'explication de M. Hecquet, par un refferre-
ment luccellif , &c. fe détruit d'elle-même. Où eft
le moulin qui écrafe le grain fans le pteifer, & en
l'agitant feulement '-k. le balotant ?
La falive , la bile , le fuc pancréatique , font les
levains qui font la digejUon des alimens dans l'ello-
mac. Cela eft fi vrai , qu'en certains animaux vo-
races , dans les loups , par exemple , dans les porcs-
cpics , les autruches , la bile fe décharge immédia-
tement dans la cavité de l'eftomac j &: l'on a remar-
qué une difpodtion à-peu-près femblable dans un
homme qui avoit été grand mangeur. On ne recon-
noît la fermentation de la pâte & du moiit qu'à
trois marques. i°. En ce que la pâte s'élève &c fe
gonfle , & que le moût bouillonne & fe raréfie. 2".
En ce que le pain & le vin , formés par ces fermen-
tations , ont un goût & des qualités différentes de
celles que la firme &c le moût avoient auparavant.
j°. En ce que le pain & le vin tourmffent par la
diftilation des principes différens, à certains égards ,
de ceux qu'on rire du moût & de la farine. Or tout
cela fe trouve dans le changement que fouflrent les
alimens par la digejllon. Il y a des glandes dans l'ei
tomac deftinées fans doute à filtrer une liqueur
propre à avancer la fermentation des alimens dans
l'eftomac & leur dlgefilon.
On objeéle contre ce fyftême, que le chyle ne
donne point d'efprit inflammable. M. Aftruc ré-
pond , qu'il n'en réfulte pas de toute fermentation j
qu'il n'en vient point de la pâte , ni des fruits pour-
ris , ni des acides & des alcalis purs : l'efprit inflam-
mable demande un foufre dégas^é & atténué , ce
qui ne fe trouve pas en toutes les fermentations.
Mais , du M. Hecquet, en 24 heures , il fe pré-
pare une livre de falive, une demi-livre de bile,
& du moins deux onces du fuc pancréatique , à
quoi il faut ajouter le fuc ftomacal femblable à la
ialive ; c'eft environ deux livres, ou 13b' 14 grains
de levain 5 or un grain de levain , félon les Chy
miftes,airujettitSojgrainsde la matière qu'il a àper
feéfionner : les deux livres ou environ de levam
pourroient donc affujettir enViron izoo livres d'ali-
mens. Cependant un homme n'en prend pas plus de
quatre livres par jour. On répond 1°. que, de l'aveu
de M. Hecquet, la vertu de fermenter n'apparrient
qu'aux fels , i< que , félon lui , la demi livre de bile
ne contient que trente grains de fel ; que la livre de
falive , avec les deux onces de lue pancréatique , (Se
le fuc ftomacal, n'en contiennenr que 14 grains;
en forte que le levain de chaque jour ne reviendroit
C[u'à 44 grains , qui ne fuffiroient pas pour deux
livres d'aiimens. Mais ^L Hecquet diminue trop
la quantité de ces fe's ^ que des Auteurs exacts ,
comme Verheyen , font beaucoup plus grande. Il y
faut ajouter le fel volatil mêlé avec le flegme & les
efprits. 1°. qu'il n'eft pas vrai qu'il faille toujours un
grain , ou qu'il ne faille qu'un grain de levain pour
aifujettir 800 grains de matière \ l'expérience con-
tredit cette règle. En quelques fermentarions , il
n'eft pas befoin de levain \ en d'aurres il en fuir plus
ou moins. Les levains agiroient, dit-on, fur les mem-
branes de l'eftomac , ils les diiloudroient. Ils y agif-
fent en effet & les picotent , quand ils n'ont point
d'aiimens fur lefquels ils pullfent agir \ c'eft ce qui
Tome ///.
D I G 34J
fait le fentiment de la faim : s'ils les corrodent , elles
fe réparent par la nourriture qui leur eft propre.
L'eftomac eft quelquefois incommodé iSc ronge par
le ferment \ mais communément il eft préfervé par
une matière vifqueufe, dont il eft enduit. On répond
3*^. qu'il eft faux qu'il ne fe trouve point de ferment
dans leftomacjque Valla-'us, ayant lailfé un chien trois
jours lans m.-inger,lui trouva dans l'eftomac beaucoup
de bile en forme d écume. De plus, les Partitans
de la Trituration ont la mcmeobjettionà réfoudre;
car le frottement des alimens devroit offcnfer con-
fidérablement ces membranes.
Les défenfeurs du troifième fentiment difent qu'on
ne peut nier qu'il n'y ait dans l'eftomac , des acides
qui agiffent fur les alimens auxquels ils fe mêlent ,
& que l'aClion des acides ne foit aidée & tortifiée
par le mouvement de fyftole ôi de diallole qu'ont
nos vifcères \ que l'aéfion des acides caufe la fer-
mentation, iSc le mouvement des vifcères la tritura-
tion ; 6l qu'ainli la digcjiïon fe fait en même-temps,
& par fermentation &L par trituration.
M. Lifter, dans le Chap. 17^ de (3. Dijfercadon
des Humeurs , réfute l'opinion qui fait confifter la
digejlion dans le broiement. Au contraire , M. Pit-
carne. Médecin Ecoifois , tient pour le broiement
ou la triruration , iSc , dans fon dernier Opufcule, il
réfute M. Aftruc. M. Boher foutient lamêmechofe,
en Mathématicien & en Géomètre. Baglivi , Auteur
célèbre , a prouvé qu'en cette matière le calcul géo-
métrique eft impraticable \ mais il a prétendu mon-
trer que la force des folides eft fupérieure à celle
des liquides. M. Bertrand , Médecin de Marfeille ,
a tâché de concilier les deux opinions , en donnant
également part aux liqueurs & aux vaifleaux dans
la digejtion. Les liquides , félon lui , commencent
l'aéfion , & donnent le mouvement aux folides qui
la continuent. Les liquides & les folides font en
action réciproque les uns contre les autres, & ceux-
ci n'ont pas une aétion purement paffive à l'égard
des autres. Quelques Auteurs prétendent que la di~
gejlion fe fait par putréfad:ion j mais putréfaétiora
& fermentation c'eft la même chofe. Voye-:{ fur ces
difputes les Opufcula Medica de M. Pitcatne , Mé-
decin Ecoifois , DiJJen. F. &c M. Hecquet , Traité
de la DigeJliùTij Lifter , Boher , Bagliri , M. Aftruc,
Traité de la caufe de la Digejlion , imprimé à Pa-
ris en 1714, ôc des Réflexions inférées dans les
Mémoires de Trévoux 1714 , dans le mois de Fé-
vrier , &c.
Quoi qu'il en foit de ces trois opinions , voici ce
qui concourt de la part de l'homme à la digejlion
des alimens qu'il prend. Comme la digejlion ne fe
fait que pour préparer les alimens, afin qu'ils puif-
fent fervir à la nutririon , il faut confidérer les ali-
mens depuis que Ihomme les prend , iufqu'à ce
qu'érant changés en chyle , ils fe mêlent au fang
qui les porte dans toutes les parties du corps. Les
alimens que nous prenons font ou crus, comme les
huîtres , les fruirs, certains légumes , &c. ou cuits ,
comme les viandes & le poiffon , qu'on fait rôtir ,
frire ou bouillir, & qu'on alfaifonne en mille ma-
nières différentes avec du fel , du poivre , ou d'au-
tres épiceries , des aromates , du vin , du vinaigre ,
Sec. autant pour en relever le goût , que pour aider
à la digejlion. De plus , il y a des alimens qu'on
avale lans les mâcher , comme les huîtres & les
liqueurs , &cc. d'autres qu'on broie en les mâch.ant,
comme le pain, les viandes, &c. C'eft de ces der-
niers qu'il faut parler , parce qu'ils reçoivent de no-
tre part plus de préparations , qui y caufent diffe
rens changemens néceftaires pour qu'ils nous nour-
rilfent , & que les autres en reçoivent moins. D'a-
bord 1 aliment eft divifé & brové par les dents , &C
en même-temps abreuvé d'une liqueur que les glan-
des falivaires fournilfent , ce qui lui donne une for-
me de pâte : quand il eft aind pétri Se préparc , it
pafte par l'œfophage dans l'eftomac, où il fermen-
te. Cette fermentation eft caufée i°- par le fuc fali-
vaire , qui eft un fermant , & qui fait aux alimens
Xx
:A'6
DIG
DIG
ce que le levain fait à la pâte. i^. par la chaleur de] mclées enfemble font préparées y par une fermen-
rettomac , des vilcères du bas- ventre , &c même des | ration lente , à une diIloUition parfaite. Mettre des
excrémens : cette chaleur produit dans les aUmens
à-peu près les mêmes ettets , que le tumier produit
dans les matières que les Chimilles y mettent en
digefticn. 3". par les reftes des alimens qui lont de-
meurés dans des rides de 1 eftomac , & qui s'y lont
ai.s^ns. 4^ par la compreilion des mufcles de l'abdo-
men, & du diaphragme. 5°. par la liqueur que la;
compreilion réitérée de ces mulcles hit fuinter des
glandes de l'eftomac. 6°, félon quelques Médecins
modernes, par l'air mêmsqui,étant embarrallédans
les alimens , fe dilate par la chaleur de l'ellomac , !
& fépare les parties des ahmens. Toutes ces caules
atténuent & divifent tellement les alimens , qu'ils
fe changent en une matière cendrée , qu'on appelle
chyle. De l'eitomac , le chyle defcend dans l'intuftin
duodénum , où il eft perfeélionné par le lue pan-
créatique & par la bile , qui le rendent plus coulant,
l'atténuent , & fervent à précipiter fes parties grof-
fières. Le chyle , ainfi perfeétionné & atténué , entre
dans les veines ladées qui le portent dans le réler-
voir de Pecquet, où il ell délayé par la lymphe qui
y vient en alfez grande quantité j puis i! monte dans
le canal thorachique , & entre dans la veine fou-
davière,'d'où il eil conduit dans le ventricule droit
du cœur, par la veine cave afcendante.
plantes en digejtion.
Oncontondlouvenrce mot avec macération : mais
ces deux choies diftèrenr, en ce qu'il faut de la clia-
leur pour la digejlioû^ & que la macération le irait
à froid. La. digejlion fe fait pour l'ordinaire avec ad-
dition de quelque menftrue convenable à la matière.
On met en digejlion des rofes , des têtes de pavots
dans l'huile ou dans de l'eau , pour en faire des on-
guens & des fyrops. On met en digejiion le plomb
calciné, la cérufe^ dans du vinaigre diflilé j pour
les dilloudre , & en faire le magiltèreou fel de Sa-
turne. La digejlion fe fait tant des plantes que des
minéraux , & même des métaux.
Ip^ La digejlion diffère aulh de la circulation &
de i'infufion. Voy- ces mots.
1^ Digestion , fe dit, dans les plantes comme dan
les animaux , de la lève qui leur fcrt de nourriture
bien préparée & digérée. /^qye^SÈVE 6c Sucs, Vé-
gétation.
Digestion. Terme de Chirurgie. On le dit des apcf-
têmes , des abfcès , &c. pour marquer leur dilpo-
fition à mûrir, à venir à fuppuratiun. Les tumeurs
qui viennent aux parotides des enfans , lont laites
d'une humeur douce &: de facile dtgtjiion : elles fe
murillent en peu de temps. Dionis.
Le chyle en fe mêlant au fang , en ralentit le'ÇCT DIGESTOiRE. f. m. Nom qu'on a donné à la
iTiouvement, en embatralTe les parties & les efprits , | machine de Papin. P'oye^ Digesteur.
ce qui frit qu'on a envie de dormir après le repas , \ DIGITALE, f. f Digitalis. Plante dont la fleur repré-
lorlque la digejlion fe fait : mais aufli le lang com- fente un doigtier. La Disitjie ordinaire , dig,uaHs
munique au chyle de fon mouvement , & , par fes
parties volatiles , & exaltées jointes aux parties fa-
lines &: nitreufes de l'air , il le fubtilife j & lui don-
ne fa dernière perfedion. Alors la digejlion ell ac- 1
compile , & les alimens , devenus pat tant de chan- 1
gemens la matière prochaine de la nutrition , font
portés par le fang dans toutes les parties du corps ,
pour répaver & remplacer celles qui fe dillipent j
continuellement , ou même pour en ajouter de nou-
velles.
A l'égard das parties groflîères des alimens qui
ont été féparées du chyle par la bile & par le lue
pancréatique, elles prennent de la bile la couleur
qu'ont les excrémens , & cette odeur lotte qui leur
vient des foufres groliiers qu'elle y excite : ces fou-
fres & les fels des excrémens fervenr , lorfqu'après
avoir palfé par tous les inteftins , ils font arrivés au
dernier , qui eft le redlam , à picoter les mulcles de
ce boyau, à les difpofer à feirelàcher, &c à avertir par-
la que la natuie a befoin de fe décharger des matiè-
res fuperflues. ^
La féparation de l'urine d'avec le fang peut être
regardée comme une partie ou une petfeftion de la
digejlion , puifque cette féparanon ne fe fait que
pour rendre 1« fang pluspur , plus balfamique, &
par conféquent plus propre à la nutrition j que les
fels dont l'urine eft chargée empêcheroient. Cette
féparation de l'urine d'avec le fang le fait ainfi. Les
rameaux de l'artère émulgente , qui fe terminent
aux glandes dont la fubllance des reins eft compo-
fée J y portent le fang : la férofité du fing eft fépa-
rée de ce fluide par le moyen des pores des glan-
des des ceins; ces pores étant comme les trous dun
crible , qui ne laiiTent palîer que les chofes qui ont
un plus petit diamètre qu'eux, ou une figure fem-
blable à la leur , & un diamètre égal. Cette féro-
fité , qu'on appelle urine , eft déchargée dans phi-
fieurs petits tuyaux , qui fe réunllfant en forme de
pyramides J la diftillcnt dans le balîinet, d'où elle
coule par les uretèrt-s dans la velTie.
§3" On dit figurément t-c familièrement qu'un
mauvais traitement , qu'une réprimande , qu'un af-
front eft de àme'digejlinn y difficile à fupporter. Du-
ras ,acethus. On dit la même chofe d'un ouvrage
d'efprit, d'une entrepiife , &c. pour dire , qu'ils
font difficiles , pénibles. Jrduus, opemfus.
fJCFDiGESTioNien termes de Chymlcj fe dit d'une opé-
purpurea , a fes racines menues , fibreules , brunes
& très-amères. Elles poulTent quelques feuilles pa-
reilles à celles du Bouillon blanc , moins coton-
neufes, couvertes d'un poil grisâtre. La tige cjui s é-
leve d'entre ces premières feuilles eft haute de qua-
tre à cinq pieds, arrondie, velue, garnie de cjuel-
ques feuilles alternes, un peu plus petites que celles
du bas, & qui vont en diminuant à mefure qu'el-
les approchent de l'extrémité de la tige , qui eft in-
clinée èc chargée de fleurs difpofées en épi & pen-
chées. Elles font d'une feule pièce, ouvertes par
leurs deux bouts ; terminées par des lèvres à l'ou-
verture fupérieure , & enfilées à leur partie infé-
rieure par un piftil qui devient un fruit arrondi ,
divifé en deux loges qui contiennent plufieuts fe-
mences. La couleur de ces fleurs eft oïdinairement
purpurine, tachées eh' dedans de quelques pointes
d'un rouge foncé ; rarement les trouvera-t-on tou-
tes blanches. Il y a d'autres digitales qui diftèrenr
de celle-ci par leurs feuilles & par leurs fleurs. La
Digitale croît dans les pays froids : on la dit bonne
pour les écroueiles , & on afiure qu'elle eft vomi-
tive & purgative. On l'eftime encore pour l'épilep-
lie- On range parmi les Digitales la Gratiole , autre
plante purgative & vomitive. f''oye\ Gratioi.e.
ffT DIGITATION. f f. Terme d'Anaromie , qui fert
à exprimer la manière dont deux mufcles dentelés
pat les extrémités oppofées, s'endentent l'un dans
l'autre. Digitatio.
§C? On fe fert auflî de ce mot , en Botanique ,
pour exprimer la découpure des feuilles. Voy. Di-
GITÉ.
UCT DIGITE. adj. Terme de Botanique , digitatus j
coupé en forme de doigs j ou échancré par digita-
tions. Feuilles digitces. Folia digitata , d/gitatim dif-
pojita j &:,fuivant le nombre des digitations , on dit
hinata , ternata , i!s;c.
DIGLATH,,&: Diglito. Nom du Tibre dans les lieux
où il ne roule pas encore fes eaux avec rapidité.
J'oy. le Diél. de la Martinière.
DIGLYl'HE. f. m. Qm a deux gravures. Diglyphus ,
triglyphus cmperJeRus,. C'eft un triglyphe impar-
fait, ou une confole-, bn'cotbeau qui a deux gtavu-
res.
DIGNAN. Ville d'Italie dans l'îftrie. Elle eft aux Vé-
nitiens, à qui elle fe foumit en 1551.
DIGNE, adj. m. & f. Qui mérite quelque chofe , foit
ration chymique , par laquelle certaines fubftances en bien , foie en mal. Dignus. Seigneur, je ne fuis
D ÎG
pas digne que vous encriez d.ms ma maifon , difoic]
le Centenier à Jésus-Christ. S. Jean diioii qu'il
n etoit pas digne dedéchauirer les fouliersde celui
qui viendroi: après lui. Un Auteur grave Hc digne
de foi, qui mérite qu'on ajoute t'ai à ce qu'il dit. On
dicquec'efl: un homme digne ^ un digne lujct j pour
dire, qu'il ell capable de remplir un emploi, une
dignité , une charge. Le Roi choilî: de dignes fu-
H7
D ÎG
conteinieufe ou extérieurejon les nomme feulement
Perlonnats. Dans quelques Cathédrales le premier
dignitaire eft le Grand-Chantre , dans d autres c'cft
le Prévôt, d^c. Au heu du terme de dignicaire , on
fe fert prefque toujours aujourd'hui de celui dé
dignité j enlorte qu'on dit : Moniîuur un tel ett
une dignité. Les Tréioriers font les premiers digni-
taires dans les Saintes Chapelles.
jets pour mettre dans les charges, dans les Piéla- |p=- DIGNITÉ, f f. Charge , ottice, qualité qui re-
tures. On du auffi , cela eft ^^^'«^ de pitié, cela eft * ' " '
digne de grâce , digne de pardon. C'eft un crime
digne de mort, qui mérite la mott. On dit aufti
d'un brave homme , qu'il a fait une adion digne
de lui j digne de fi nailHince. Et au contraire on
dit d'un inhime , qu'il n'eft pas digne de vivre.
DIGNE. Ville de Provence en France. Digna , Dina,
Dinia^ Dinenjiumon Dinienjitirn civitas.hQ troilicme
Dinia eft le meilleur : c'eft le nom que Pline lui donne,
L. III , c. 4 , où il dit que c'étoit une ville des
Ebroduntiens, qui étoic dans les Alpes j & que
l'Empereur Galba avoit ajoutée à la Province Nar-
bonnoife. Il paroît à Scudus qu'il faut lire dans Pline
Bodiontios , au lieu (ÏEbroduntios , &i qu'un bourg
qui eft à cinq lieues de Digne, nommé Bajour ,
Brodiontium , conferve cet ancien nom. Dans une
vieille Notice, elle eft la féconde des huit villes de
la Province des Alpes maritimes. Dans des Notices
plus récentes , fon Evèque eft le premier fuftcagant
du Métropolitain d'Embrun. Aujourd'hui c'eft une
bonne petite ville de Provence , fur la rivière de
Bleone , dans les montagnes. Il y a cà Digne un i
Siège Royal , ou Vice-Sénéchauftee j dont le Chef"
eft Lieutenant du Sénéchal de la Province. C'cft
François I qui l'établit vers l'an 1 5 5 5. Il y a aulïï une
Viguerie. L'Evêque de Digne eft fuffragant d'Em-
brun. Le fameux Pierre Galfendi , né à Chauter-
fier , bourg de la Vice-Sénéchaulféede Digne , Cha-
noine, & enfuite Prévôt de l'Eglife Cathédrale de
Digne, & mort à Paris le 24 d'Odobre 1655 ,a
donné une Notice de l'Eglife de Digne. Le premier
Evêque de Digne j félon cet Auteur , eft Saint Dom-
nin , qui lui paroît avoir commencé fon Epifcopat
vers l'an 3 1 5. Il y a des thermes, ou des bains chauds
à Digne, qui font excellens. Galfendi , oui en parle
dans l'ouvrage que j'ai cité, c. 5. dit que le rocher
d'où ces eaux iortent, eft plein , dans fa partie fu-
périeure , de trous & de fentes , d'où au printemps ,
Se fur-tout au mois de Mai , il tombe des ferpens j
ordinairement accouplés j mais qui ne font point
venimeux , qu'on touche impunément , & donc la
motfure fait moins de mal que la piquure d'une guê-
pe- M. Gallendi fur des obiervations fures , tîxe la
latitude de Digne à 44 degrés 6 minutes , îfc fa lon-
gitude à près de 24 degrés, ou 25 degrés 5 1 minu-
tes. Ce qui s'accorde avec les Cartes nouvelles de
M. de Lifle , faites fur les Mémoires ds Meilîeurs de
l'Académie. Voye'^ ces Auteurs. Toute la première
partie de fa Notice eft une hiftoire abrégée de Di-
gne. Galpard l'Alleman j Sebaftien Richard & Lo-
teret , ont aulli écrit fur cette ville.
Son nom s'eft formé du Latin , félon la remar-
que de Galfendi , ci. On l'appela Dinia & Di-
na , Dinenjium civitas , enfuite Dinna y Dignia , .
Digna, d'où s'eft fait en François Digne ; Di-\
neenfis j Dienaifls y Digmenjls j & Dignenfls urhs.
Quelques-uns, comme Scaliger , écrivent Z)i/ze^ &:
. îion pas Digne; & Scudus, d.ins Ortelius , l'appelle
Donoy.
DIGNEMENT, adv. D'une manière digne. Digne. On
._ nefauroit parler aftez dignement de l'Euchariftie.
Cet Ambalfadeur s'eft acquitté dignement de fr com-
million.
DIGNITAIRE, f. m. Celui qui occupe une dignité
dans une Eglife Cathédrale ou Collégiale y comme
. la dis^nité de Prevôr, de Doyen, de Tréforierj'
d'Archidiacre , de Chantre y &c. In aliquâ Capiiali ;
dignitjte conjlitutus. Tous ceux qui ont quelque '
prééminence fur les autres Chanoines, nefonrpas;
dignitaires. Quand ils n'out point de ^urifdictron I
lève l'état des perfonnes , & dont celui qui en eft
revêtu peut prendre le citre. Dignitas , honcr, mu-
nus. Le Chancelier pollcde la première dignité àQ
la Robe. L'Epifcopac eft une des premières digni-
tés Eccléfiartiques. C'eft un homme conltitué en di-
gnité. Fabius Maximus, voulant éprouver li fon fils
ïauroit bien maintenir fa dignité , s'avança fans def- '
cendre de cheval , jufc^u'à ce qu'il eût reçu le com-
mandement de ion tils : puis courant l'embraller ,
je voulois voir j dit-il ^ li tu favois ce que c'étoit
d'être Conful. Ablanc. D'où vient cet emprelTe-
mentpour les dignités, finon de l'envie que l'on a
d'acheter l'empire fur les autres , & d'avoir moins
de maîtres à qui l'on doive obéir ? Flech. La vertu
donne un degré d'honneur qui n'eft pas moindre
que celui des dignités. Herman. Au Heu d'alfu-
jettir la vie à fa dignité, Pétrone , d'un efprit fu-
périeur àfes charges, les ramène à foi-même. S.
EvR.
^fT On a donné le nom de dignités à ces quali-
tés honorables , parce qu'elles fuppofent ou ren-
dent dignes de la conhdération publique y ceux qui
en font revêtus.
0C? Dignité , fe prend aufli pour mérite , importance
& en général pour rout ce qui peut donner de l'é-
clat aux perfonnes & aux choies. Ce Prédicateur
a bien foutenu la dignité de fon fujet par la no-
blelle de fes exprelîions. Ce grand Seigneur parle
avec dignité , agit avec dignité, marche avec dignité
c'eft-à-dire , qu'il foutient bien fon rang , qu'il ne
dément point fon caraclère, qu'il parle j qu'il agit
d'une façon convenable à fon rang , digne du ca-
raétère qu'il foutient & de l'affaire qu'il traite. Il
faut une grande étendue d'efprit pour demeurer inu-
tile \ prefqué perfonne n'a alTez d'efprit pour jouer
ce rôle avec dignité. La Bru y. Peu de gens favenc
conferver la dignité en ménageant leur forrune à la
Cour. S.EvR. Jufque dans les plaifirs mêmes il y
avoit de la dignité. Fléch. M. le Premier Prélidenc
Lamoignon avoit je ne fai quoi île doux & d'hon-
nête , accompagné de dignité Sz d'une certaine au-
torité naturelle qui peut tout. Bouh.
De tous temps il y a eu des marques de dignité
par des habits J des ornemens, des fymbolesj mais
les principales fe confervent aujourd'hui dans le
Blafon. On voit dans les anciennes médailles , que
Pompée avoit des proues de vailfeaux , comme Chef
de la guerre des Pirates. Céfar avoit le bâton augu-
rai, la hache , & le fimpule pour marque de fes
dignités d'Augure,de Pontife iSc de Sacrificateur. Au-
jourd'hui on les place dans le Blafon. Les tiares 3
les chapeaux, les mitres, les couronnes (Se les mor-
tiers , fe mettent en cimier. Les croix des Ar-
chevêques , l'ancre de l'Amirauté , les bâtons des
Maréchaux , les clefs des Papes, les maffes des Chan-
celiers fe mettent derrière l'écu , ou en pal , ou
en fautoir. Les épées du Connétable , du Grand-
Ecuyer , les bouteilles des Boutilliers, les clefs des
Chambellans , fe mettent à coté. Les canons des
Grands Maîtres de l'Artillerie fe mettent au-deffous
&■ les colliers des Ordres de Chevalerie, tant Mili-
taires que Religieux , fe mettent autour de l'Ecu.
les Electeurs de l'Empire les placent dans un quar-
tier de leurs Armoiries , comme le Palatin la cou-
ronne , Brandebourg le fceptre y Saxe les épées ,
&:c.
>33' On diftingue hs dignités en Eccléfiaftiques,
le Pape. J le.^ Cardinaux , les Archevêques , les Evê-
ques 5 les i'\bbcs 6c les dignités des Chapitres , &t
Xx ij
34§ D I G
en temporelles qui fonc colles d'épce j de robe , ou
des fiers.
Dignités, dans les Chapitres , font certains Bénéfi-
ces qui donnent la prééminence dans le Chœur an
dedus des limples Chanoines : elles iont quelques
fois fimples , quelquefois à charge d'aïues , &c quel-
quefois avec jurildiClion , (Scadminiltration descho-
les faciées. Dignicatts gindus. Si la dignac n'a point
de JurKdiciion contentieufe ou extérieure, & li
elle ne donne qu'une prééminence , c'elt un (im-
pie perfonnat. Les Prévôtés du Chapirie de Char-
tres font des dignités ^&c des Bénéfices iîmples. Les
Doyennés ou Chefs de Chapitre j font des digni
ces fujettes à rélidence. Les dignités des Cathédra-
les, & des Collégiales, ne font point fujettes au
droit des Gradués.
On appelle aulli la perfonne qui polTède ces fortes
de Bénéfices , une Dignité. Monlieur un tel n'eft pas
un limple.Lhanoine , c'ell une Dignité. Il y a des
Cathédrales où toutes les dignités portent la robe
rouge; d'autres où il n'y a que la première dignité,
comme le Doyen de S. Catien de Tours.
Dignité. Ternie dAftrologie. Les Altrologues difent
que les Planètes ont des joies j où des dignitésloû- ,
c}u'elles font dans certains lignes où elles ont quel-
que empire ou faveur, foit par domicile ^^ exalta-
tion , joie , ou autrement. Le Soleil, par exemple ,
eft en digniu dans le Lion , le Bélier , bc la neu-
vième maifon,parceque le Bélier eil Ion exaltation,
le Lion fon propre domicile , & la neuvième mai-
Ion fa joie. Ces dignités font appelées ejjentielles ,
quand elles font prifes dans une figne ; & acciden-
telles , quand elles font prifes dans une maifon
célefte. Quand lUie Planète n'a aucune dignité au
lieu où elle fe trouve , on la ).\o\'mwi planète étran
Les Mathématiciens appellent dignités , certains
axiomes qui fervent généralement dans toutes les
démonftrations : on les nomme dignités , parce qu'à
caufe de leur évidence ils Iont dignes d'être reçus
comme certains ëc infaillibles.
DIGOINS- Ville de France dans l'Autunois , fituée
fur la rivière d'Arroux qui fe décharge dans la Loire
alfez près de là. Denegont'uim , &c par corruption le
plus fouvent Degontium , on Digoniu
1^ DIGON. f m. Terme de pèche. Efpèce de dard,
garni de deux crochets femblables à ceux des ha-
meçons j dont fe fetvent les pêcheurs , pour prendre
le poilTon plat entre les roches de balle-mer.
1^ DIGON. Terme de \Lanne. f'oye^ Diguon.
îJCF DIGRESSION. C£. On appelle ainfi tout ce qui
s'écarte , qui fort du lujet principal , tout ce qui elt,
hors du. lu jet dans un difcours. Ùigrejfw. Digrejjion
agréable ^ ennuyeufe , inutile. Faire des digrejjlons
fortir de fon fujet. Digrcdi a propojito j a caufa, de
CiZufa. On pardonne Içs digrejpons j quand elles font
courtes & à-propos. Pardonnez moi cette digtef-
Jion qu'un jufte dépit m'a arrachée. Pel. Hypcride
a une Hexibilité admirable pour les digrejjlons ^ il fe
détourne & reprend haleine où il veut. Boil. Vous
ne_ verrez point dans ce difcours ces digreffions po-
litiques , qu'on accommode au fujet avec art. Fléch.
Il y a des digrejjlons dans cet Ouvrage j mais uti-
les , &: agréables , & félon les règles de l'art ; elles
inftruilfent J oudélaiïent l'efprit du Ledeur. Id.Lcs
digrejjions font vicieufes, quand elles font trop fré-
quentes , & eanuyeufes , c^u.and elles font trop lon-
gues. S. EvR.
Digression, Terme d'Aftronomie. Eloignement d'un
aftred'unautreaftreauquelonlecompare.Quantitéde
l'efpace don t un aftre s'éloigne d'un autreaftre. H fe dit
des Satellites de Jupiter & de Saturne , par rapport à
ces deux planètes. Digrejlo. Quoique les orbes des
Satellites de Jupiter foienc circulaires , ou d'une fi-
gure qui approche fort du cercle ; cependant , à caufe
du peu d'inclinaifon de leur plan à l'égard de celui
de récliptique,ils nous paroiffent décrire des ellipfes
fort étroites J & on les voit quelquefois fuivre par
içiirs mouvemens des lignes fenfiblement droites.
DI G
Cette direftion du plan de leurs oibes forme une
inégaliré apparente dans leurs mouvemens , qui pa-
roir fe faire avec plus de vîtelfe plus ils font près
deJupiterj& qui fe ralentit à mefure qu'ils s'en éloi-
gnent julque vers leurs plus grandes digrejjlons _,
où ils paroifTenc pendanr quelque temps llation-
naires , parce que l'arc qu'ils décrivent alors fur leur
orbe, eft à peu-près dans ladirecliondu rayon viluel,
qui va de la Terre aux Satellites. Cassini. Leur plus
grande digrejjion ne difîère pas fenfiblement du dia-
mètre de leurs oibes. 1d. Cîn a trouvé que le pre-
mier Satellite de Jupiter , lorfqu'il e(t dans fa plus
gi'ande digrejjion J cto'ii éloigné du centre de cette
planète , de cinq de fes demi diamèttes , Se j
Le fécond de 9
Letroifième de 14 jl
Et le quatrième de ^5 il
Pour les Satellites de Saturne , on détermine leur
diftance en les comparant au diamètre de l'anneau,
ou bien aux autres Satellites , quand ils font dans
leurs plus grandes digrejjlons. En fuppofant le demi-
diamètre de l'anneau i.
La plus grande digrejjion du premier Satellite
eft de i ^,
Du fécond i rh
Du troifième de
Du cinquième de ....... 23
J 109
1 00
Cette proportion s'accorde fi exaélement avec celle
qui a été déterminée par les obfervations immé-
diates , faites par l'eftime , que l'on peut s'en fervir
pour trouver la fituation de chaque Satellite fur
fon orbe , fans crainte de tomber dans quelque
erreur fenfible- Id.
La plus grande digrejjion de Mercure au Soleii
eft de vingt huit degrés , & celle de Venus au même
Soleil eft environ de quarante-huit degrés.
DIGUE. {. f. Ouvrage de maçonnerie , charpente, oa
fafcmage J dont on fait un rempart qu'on oppofe
à l'entrée , ou au cours des eaux. Moles oppojita.
fluclit'Us , agger. Les digues fe font avec des élévations
de terre mêlée de claies , de pieux , de pierres ,
&c auttes chofes femblables. La digue de la Rochelle
fe fit avec des vaifleaux coulés à fond. Les digues de
Hollande fe font fouvent rompues , & ont inondé
beaucoup de pays où eft à préfent la mer. Le
cours du Rhône a été changé par le moyen d'une
digue.
Ce mot vient du Flamand diji , qui fîgnifîe un
amas de terre courre les eaux ; & ils ont dérivé
ce mot du Grec ■'■^'x^j comme croient Saumaife Sc
Ménage. Guichard fait venir le mot François digue ^
Sc le mot Flamand dijk jde l'Hébreu ,dagdh, formé
ds gkadad,çn tranfpofant les letttes,ghadah j ripa ,
rivage.
On le dit , fîgurément , en Morale, &il fîgnifîe,
Obftacle. Oie.x , ohjlaculum. On ne peut trouver
d'alfez fortes digues pour arrêter la fureur des
pallions de la jeunelïe. La licence a ravagé toutes
ces digues. Patru. La Pragmatique-Sandtion étoic
une digue contre les entreprifes de la Cour de Rome.
Mez.
Ou font tous ces guerriers j dont les fatales ligues ^
Dévoient à ce torrent oppofer tant de digues ?
BoiLEAi;.
DIGUER. V. a. Diguer un cheval , c'eft lui donner
de l'éperon. Addere calcaria equo. Inufîté.
DIGUITE. {. m. Se f. Nom de peuple. Diguita. Les
Diguites font des peuples barbares de la Tucuma-
nie , dans l'Amérique méridionale.
DIGUON. f m. Terme de Maririe, eft le bâton qui
porte un pendant , une flamme , ou banderoUe ar-
borée au bout d'une ve;:gs. ëaciiluj!. Ou écrit quel-
quefois dlgon.
DU
D I J
ÎCr DIIAMBE . ou DOUBLE ÏAMBE, m. Terme de
Poëlie. C ell un pied compofé de deux ïambes ,
c'ell-à-dire , de quatre lyllabss, donc la première
Se la troifième fonc brèves ^ la fecohde &c la qua-
trième longues , comme /eyentus.
DIJON. DiVLo j DïviopoUs , Diviorum , ou Deorum
Ch'U-js J Se Dïvionum , félon quelques-uns. Le pre-
mier ell le meilleur. Ville capitale du Duché de
Bourgogne : le Pape Clément XIII. y érigea en
1731. uu Evcclié , dont le Dioièfe a été tiré de
celui de Langres. Il y a un Parlement j qu'y éta-
blit Louis XL en 1476, une Chambre des Comptes j
une Cour des Monnoies , & un Préhdial. Le Pre-
mier Préfîdént de Ville-Neuve diloit qu'étant pri-
fonnier en Suiffe , il avoir lu une ancienne Chro-
nique de Bourgogne , qui iaifoit mention d'une
fameule ville de l'Evèché de Langres , nommée
Bourg-Ognej ou Bourg des Dieux , Burgus Deo-
orwn ; car Ogne en Celtique lignifie Dieu : que
c'étoit cette ville qui avoit donné Ion nom à tout
le pays long-temps avant la conquête des Gaules
par les Romains. Les habitans de cette ville, mé-
contens des Autunois , dont ils dcpendoient, brû-
lèrent leur ville , & pallèrent le Rhin. Elle Le ré-
tablit : Aurélicn la ht encore détruire \ mais , crai-
gnant d'avoir ofFenfé les Dieux dont il avoit
ruiné la ville, il réfoliit de la rebâtir. Il le ht, i^
voulut qu'elle fût appelée Divio , du nom Divi ,
qui lignihe /es Dieux. Du Chesne , Antiq. des
Pailles de France, P. II. L. VI. c. i. Cette vieille
Chronique poi;rroit bien être mêlée de fables. Va-
lois croit feulement qu'Aurélien fit entourer Dijon
de murailles, qu'il l'embellit, & l'orna de tem-
ples S<. d'autres édifices publics. Mais l'opinion la
plus probable eft que , luivant la corredion d'un
palfage de Grégoire de Tours , où l'on doit lire
Aurele au lieu d Aurélien , c'elL Marc-Aurele qui en
a été le reltaurateur , &: que Dïion étoit plus an-
cien que cet Empereur, puifque l'Hirtorien du
Martyre de S. Bénigne, dans Surius , rapporte
que Marc-Aurele fit un voyage en cette ville^
pour vifiter les nouveaux murs dont il l'avoit fait
entourer.
Quoi qu'il en foit , c'eft une très-ancienne ville.
Grégoire de Tours en parle , & la décrit très-bien
dans fon Liv. III. c. 19. Un Marbre , trouvé il y a
quelques années i Rome , parle des Serruriers de-
meiir.ins à Dijon , Dibione consistentes. Dans
la luiti les Ducs de Boutgogne de la première race ,
defcendus de Hugues Capet par le Roi Robert,
fon pent-tîls, ayant choifi Dijon pour y faire leur
réiidence , l'embeUirent beaucoup. Dijo'/ a eu titre
de Comté. Aujourdhui c'eil; une grande & belle
Ville, remplie de beaux édifices, tant facrés que
profanes , détendue par un Château fortifie. C'ell
Louis XI. qui l'a bâtie. Dijon eft fitué à une petite
dirtance des deux collines de Talan , Se de Fon-
taines , lieu de la nailfance de St. Bernard. Ses
environs font fertiles & agréables, à caufe des
rivières de Sujon & d'Ouche qui l'arrolent. M. Mé-
nage diioit fouvent qu'après f'aris , il n'y avoit
guère de ville en France où il y eût plus de gens
de lettres qu'à Dijon. L'élévation du pôle à Dijon
eft de 47 deg. 10 min. Sa longitude eft de 2 i deg. 50
min. Acad. des Sciences.
Ce nom vient de Diu , qui , en Gaulois ou
Celtique , fignifie fontaine , & lui a été donné à
caufe des fources qui font tout autour. Cela eft plus
probable que ce qu'on dit au commencement , du
Bour-Ogne & d'Aurclien.
DÏJONNÔIS , OISE. f. m. & f Habitant de Dijon ,
natif J originaire de DHon. Divlonenfis. Jean Gue-
negaud , Docteur en Médecine , a expliqué hifto-
riquement un Tombeau antique de Chindonax ,
Prince des Vaccies , Druydes , Celtiques , Dijonnois.
Th. Corn.
DU D I L
549
DijoNNors. Ternroire de Dijon , périr Pays ..^
Duché de Bourgogne , appelé autrement Bourgogne;
propre, Rellôvr du Parlement de Di]on.Pùgus Di-
vionenfis. Outre la ville de Dijon ^ le Dijonmiois
renferme encore celles d'Auxonne,S. Jean-de Laune,
Beaune , Nuys j t^'c.
DIJOA'IS. f. m. Terme de Mythologie. C'eft un nom
de Jupiter , qui le trouve dans Vairon j L. IV. De
ling. Lat. Se dans Aulu-Gelle, L. V. c. li. On peur
voir aulîi Vollius , De îdol. L. II. C. 84./?. 565.
Comme on appela ce Dieu Jupiter Se Dicl'piter , on
l'appela aulli Jovis Se Dijovis. Voye^ les Dilîer-
tations du P. S. Jci'. imprimées à Pans en 1715.
p. 184.
DIIPOLIES. f. f. pi. Terme de Mythologie. Anciennes
Fêtes d'Athènes , qu'on célèbroit en l'honneur de
Jupiter Polien ou Tutélaire de la ville. Elles n'étoienc
plus en ufage du temps d'Ariftophane : voilà pour-
quoi il ie fert du mot de Diipoliode , pour marque
d'une choie du vieux temps.
D I L.
DILACERATION. f. f. DiLueratio. C'eft k même
chofe que déchirement ; divihon violente , lépa-
tcition caufée par une grande diftention. Pour em-
pêcher le dépôt fur la partie maltraitée par la dûa-
ccraùon des fibres, des mufcles & des membranes.
DiONIS.
',fr DILACÉRER. v. a. C'eft la même chofe que dé-
chirer avec violence. Dilacerare. Ce terme ne pa-
roît pas fort ufué.
^fT DILACERE, ée. part. Dilaceratus.
DILANIATEUR. adj. Effort dilamateur. Terme de
mineur. C'eft l'effort que fait la poudre d'une mine
ou d'un fourneau, en s'enflammant j contre la ré-
fiftance du poids des terres qu'elle doit enlever ,
jointe à la ténacité des parties , qui compofent
cette malLe. Et, comme le poids des terres à enlever j
Se la malfe des terres contenues dans les entonnoij-s
femblables font entr'eux comme le cube des lignes
par la 33^ du IL Livre d'Euclide , c'eft-à-dire ,
comme le cube de la hauteur perpendiculaire du
terrcinqui eft fur la mine. Se que les fui faces de
ces mêmes entonnoirs font entr'elles comme les
carrés de leurs hauteurs , M. Bélidor dit que la
quantité de poudre nécelTaire pour la charge d'une
mine , doit être déterminée par la ténacité des
terres , par le poids des malTes à détacher & à en-
lever , Se par conféquent déterminée par le carré Se
le cube des lignes.
Ce mot eft pris du Latin dilaniare , déchirer ,
féparer avec violence.
IP* DILAPIDATION, f. f. Dépenfe folle. Terme peu
ufité , ainfi que le verbe qui fuit.
DILAPIDER, v. a. Du Latm dilapidare. Dépenfer ,
diftiper mal à-propos. Coigrave. C'eft un mot
dont Rabelais s'eft fervi en parlant de Panurge ,
au commencement du z. chap. 5^ Livre. Voici {ii%
termes: Et fe gouverna fi bien& prudemment Mon-
fieur le nouveau Chaftelain , qu'en moins de qua-
torze jours il (///i7/.v'i/a le revenu certain & incertain
de fa Chaftelenie pour trois ans. Il ne fera pas mal-
à-propos de joindre le Con>mentaire au texte. En-
tre toutesles manières, dit M. le Duchat, de dilapider
fon bien, Rabelais a mis la manie de ceux qui
cherchentlaPierre-Philofophale : &le bon Owenus,
qui polfédoit bien fon Rabelais , n'a pas manqué
de faire entrer l'allufion dans fa 9« Epigramme du
fécond Livre : d'où Naudé , dans fon Mafçurat , a
tiré les vers.
Qjui bana dilapidant omnia prc lapide.
|tT DILAPIDÉ, ÉE.adj.
§a° DILATABILITÉ, f. f. Propriété de ce qui peut fe
dilater , s'étendre en un plus grand volume. La
dilatabilité de l'îiz. M. de Reaumur fe lert'fouven:
3J0 D I L
de ce mot dnns fou mémoire fur les Thermomètres.
Il elt d'un tréquen: ufage eu Phyricjue.
DILATABLE, adj. m. Ecf. Terme de Phyliqiie. Qnod
dilacari , expandi poceJL Qui ell capable de dilata-
tion , qui peu: ctre dilaté , étendu. Nous ne voyons
pas que l'eau puiile être comprimée comme l'air,
au point d'occuper moins de place que fous une
forme ordinaire. Si l'on emplie d'eau un boule d'é-
taia , (Se qu'on la frappe à grands coups , la
boule crèvera plutôt que de s'aplatir & de relfer-
rer l'eau en diminuant de volume. Mais cette eau ,
qui n'eil point compreiîible , eft extrêmement di-
lacdble. Par le moyen du teu , qui s'y inlinue plus
ou moins , elle peut acquérir une expanlion , & par
confequent une élafticité , pour ainh dire , intime.
Qu'elle n'ait point de reiloit par elle-même , j'en
conviendrai facilement : mais elle reçoit , du feu
qui tourbillonne dans fes pores, une tendance per-
pétuelle à s'élargir. Cette élalbcité ou cette expan-
iion de l'eau fe déclare au moment qu'on la dé-
charge , dans la machine pneumatique , de l'air
qui la comprimoit. Speét. de la Nat. tome 4. p. zii.
2 il. On peut fe fervir de ce terme après M. Pluche ^
& M. Dionis cité dans le Diétionnaire.
tfj- DILATANS. adj. pi. Terme de Chirurgie. Nom
qu'on donne à certains corps qu'on introduit dans
la cavité d'une plaie ou d'un ulcère , & qu'on y
laiffe comme une pièce de l'appareil. C'eft en quoi
les dnatans diffèrent des i'd.noïrts. Encyc.
DILATATEUR, f. m. Terme d'Anatomie. Nom que
l'on donne à deux mufcles du nez. Dilatator. Les
deux dilatateurs relTemblent à une feuille de myrte :
on les appelle d'datcLtcun _, à caufe qu'ils fervent à
la dilatation du nez : ils nâifTenidel'os du nez pro-
che de l'aile , & fe vont terminer à la rotondité de
la même aile. Dionis. C'elf encore le nom de trois
mufcles de l'urètre. L'urètre eft dilaté par trois
& relïerré par deux. L'un des mufcles dilatateurs
de l'urètre naît de la partie inférieure & antérieure
du reélum , & s'attache par fon autre extrémité à
la partie inférieure & poftérieure de l'urètre. Et
les deux autres mufcles dilatateurs naiftent chacun
de la partie intérieure de latubérofité d'un des os if-
chium , & s'infèrent , chacun de fon côté , à la partie
latérale & poftérieure de l'urètre. Lixtre. Ac. des
S. 1700. Além. p. 30CJ.
§:? DILATATION, f. f. Terme de Phyfique. Mou-
vement par lequel un corps s'étend en plus grand
volume. Ddatatio. Un corps fe dilate ou fe ra-
réfie , lorfque , confervant la même quantité de
matière propre qu'il avoir auparavant , il acquiert
un plus grand volume. Un corps, au contraire, fe
<:ondenje oa fe comprime ^ lorfque ^ fous un plus
petit volume , il ne perd rien de ft matière propre.
Aux mots Chaleup. & Froid , l'on verra que la
chaleur eft la caufe de la dilatation , & le froid ,
la caufe de la condenfation. Voye\^ aulïï Conden-
sation & Raréfaction.
%T Dilatation. Terme de Médecine. Synonyme à
Diaftole. Voye\ ce mot. On le dit, non-feulement
de l'état du cœur , mais en général de tous les
vailleaux dont les parois font écartées de leur axe.
Dilatation du cœur , dilatation des vaiiTeaux. lic-
laxatio. Dilatatio.
^fT Dilatation. En Chirurgie ," eft l'écartement des
lèvres d'une plaie ou d'un orifice , fait fans inftru-
ment tranchant , en quoi elle diffère de l'incifion.
La dilatation d'une plaie.
DILATATOIRE. adj. pris fubftantivement.C'eft un inf-
trument de Chirurgie j qui a certaines cavités au-
dedans pour tirer un fer barbelé d'une plaie : &
on le dit en général de ce qui fcrt à ouvrir & di-
later les plaies, & d'un inftrumcnt fait pour cela,
dont quelques Chirugicns fe fervent dans l'opération
de la pierre. Inftrumentum jerrcuin ad dilatandas
plagas accommodatum.
DILATER. V. a. Elargir, étendre, rendre plus grand.
Dilatjre , relaxare. La chaleur ddate les pores. La
ttifteiTe relTerre le cœur, mais la joie le dilate. Les
D I L
Chirurgiens
ouvrent èc dilatent les plaies pour
empêcher qu il ne s'y falfe un fac oii il s'enferme
du pus.
Dilater le cœur , a auffi un fens figuré. Il faut que
nos loins s'étendent , & que les elpaces de notre
cœur le dilatent à mefure que les befoins du pro-
chain s'augmentent. Flech.
Dilater, lignifie auiîi , Raréfier. Le falpêtre, en le
ddatant , hait tout l'effet de la poudte. Quand l'air
fe dilate dans un Thermomètre , il tait monter la
liqueiir. l^oye\ Dilatation.
DILATE, ÉE. part. Dilaxatus ^ relaxatus.
DILATOIRE, adj. m. .ïc f. Terme de Palais. Ce qui
tend à Liire différer. Moratorius, Les Procureurs
donnent fouvent des exceptions dilatoires. Ce font
certaines fins de non-recevoir propofées contre la
demande , ou la qualité de la partie , qui ne vont
pas à l'exclulion de l'action \ mais feulement à en
différer le Jugement définitif:, à en retarder l'exé-
cution.
DILAYER. V. a. Différer, remettre à un autre temps.
Differre. Il laut ddayer l'exécution de cet Arrêt , la
remettre jufqu'après la moiffon. Il eft au(îi quelque-
fois neutre j &c fignifie ufer de remife. Ce chica-
neur a tant dilayé , qu'il a joui toute fa vie de
fa terre qui étoit faifie. Ce mot eft vieux , & pref-
que hors d'ufage.
DILAYÉ j ÉE. part.
DILE. Petite rivière des Pays-Bas. Dilia. Quelques-
uns écrivent Dyle. La. Dde a. fa lource prés de
Genap , dans le Brabant Wallon : après avoir reçu
le Demer au-delfous de Louvain , elle le rend à
Malines , ciu'elle traverfe j &c , grollîe à une lieue
de là des eaux de la Senne & de la Nethe , elle
perd fon nom , Se prend celui de Rupel.
Ip' DILECTION. f. f. Du Latin ddeaw , en ftyle de
dévotion , fynonyme^f amour , chanté. Amor , cha-
ritas. La ddeclion da prochain.
ffT Ce mot s'emploie dans l'adreffe des Refcrits
Apoftoliques. A tous fidèles Chrétiens falut & di-
leclion en Notre-Seigneur. Les Empereurs donnent
auftî ce titre aux Eleéteurs & aux Princes de l'Em-
pire 3 en leur écrivant , auiîi-bien qu'aux Cardi-
naux qui font Princes de l'Empire. Nous ne pou-
vons pas encore abandonner cette efpérance , fon-
dée fur l'équité , la juftice , & les autres louables
qualités de fa Ddeclion. ( l'Eleét. de Bavière).
liefcrit de la Cour de Vienne. On l'écrit quel-
quefois fimplement S. D. Nous avions efpéré
par la connoiOance que nous avons des grandes
qualités de l'Eleéleur de Bavière, que S. £>. n'at-
taqueroit & n'inquiéteroitpas davantage notre droit
de fucceftion. Ibid. Ferdinand I. dans fon Tefta-
ment & dans fon Codicile j parlant de l'Archidu-
cheffe Anne , fa fille , mariée au Duc Albert y
Eleéieur de Bavière , lui donne le titre de Dilec-
tion. Quant aux Roisj l'Empereur leur donne le
titre de Ddeclion loyale. Le Pape fe fert aulH du
terme de Ddeclion au Dauphin de France, au frère
du Roi , & aux Princes Souverains qui ne font
pas Rois. Tel eft l'ufige à préfent. Dans le Liber
Diurnus Rom.anorum Pontificum , 'Fit. I. il eft mar-
qué que le Pape donna le titre de Ddeclion Dilec-
t'jjimc J, à un Patriarche J à un Evêque forain, x
un Piètre , un Diacre , un Primicier , & à un Se-
condier , fi l'on peut ainfi parler. Dans les formu-
les de Marculphe , un Maître , un Seigneur le donne
à fon valet, ouàunferf, Liv. II. 2. n. ^^.aulli-
bien que dans celles de l'Anonyme , n. 48. Dans les
autres formules d'un inconnu , un parent le donne
à fa parente , n. \6.
^fT DILEMME, f. m. Terme dogmatique, efpèce d'ar-
gument compofé de deux ou plufieurs propofitions,
qui preffent également l'adverfaire & le convain-
quent , foit qu'il accorde l'une , foit qu'il accorde
l'autre. Dilemma. C'eft pour cela qu'en Logique on
appelle le dilemme , argument cornu , argumentum
cornutuni , utroque cornu feriens j parce que les deux
parties donc il eft compofé , portent contre l'adver-
D I L
faire, de façon que s'il évite l'une j il ne peut évi-|
ter l'autre. Tel eft le dilemme par lequel Ciccron
prouve qu'il faut fupporter toutes les peines avec
patience. Si la douleur ell: légère, ou naura pas de
peine à la fupporter ; fi elle eli violente, elle ne fe-
ra pas de longue durée. UnPhilqfophe vouloit prou-
ver par ce dilemme qu'il ne ie halloit point marier :
Si la femme que l'on époufe elt belle , elle donne-
ra de la jaloulie \ li elle erl laide , elle déplaira :
donc il ne fe faut point marier. Port-R.
^^ Pour qu'un dilemme foie exaét , il faut une
parfaite énumération des parties. C'cft en cela que
celui par lequel Ariftippe dilîuadoit du mariage ,
ell défeétueux , parce qu'il y a un milieu entre la
beauté & la laideur.
f(3° Il lam encore, pour la bonté du dilemme ,
qu'il ne pullfe pas être rétorqué contre celui cjui le
fait.
DILÏGE, ou DICLI-NEUR,ouDEGLI-GINEUR.
Ville de l'Ile de Ceylan , à i Eli de Candi , au Pays
de Hevahatf.
DILIGEMMENT, adv. Avec diligence. Diligentcr ,
celericer. Les Ouvriers qu'on a payés par avance ne
travaillenr pas fi diligemment que les autres.
Il lîgnihe aulli , Avec foin & exaélement. J'ai
recherché , examiné diligemment. En ce fens il eft
vieux.
DILIGENCE, f. f. Afliduité au travail , prompte exé-
cution. Diligentia. C'eft l'oppofé de parelîe. Tra-
vailler avec diligence j en diligence , fans perdre de
temps , fans quitter l'ouvrage , faire diligence , gran-
de diligence.
^3" Oi\ le dit plus ordinairement des voyages j
qu'en matière d'affaires. Ce courier a fait diligen-
ce j ol fait toute la diligence poiîîble.
Je?" Diligence, enllylede Palais, plus ordinairement
ulîré au pluriel, fynonyme de pourfuites. Faire fes
diligences j faire les aéles, les pourfuites nécellaires
dans une affaire. Un tuteur efl; refponfable du dépé-
lilTementdes biens de fon mineur , s'il ne fait ap-
paroir de fes diligences. Inftance périe faute de dili-
gence ; faire aéte de diligence, marquer qu'on s'efl:
»nis en devoir de faire quelque chofe. Dans le com
merce on le dir des protêts qu'on eft obligé de faire
faute d'acceptation , ou faute de paiement , pour
allurer fon recours fur le tireur ou l'endoffeur , ou
pour faire payer l'accepteur.
f,'3" Diligence , fynonimede foin , recherche exaétc.
J'ai fait diligence , routes mes d'digences pour le
trouver , pour venir à bout de telle chofe.
§3" Diligence fe dit aufli de certaines voitures , de
bateaux ou carrofles publics j qui vont d'un lieu à
un autre , en moins de temps que les voitures or-
dinaires. Aller , partir par la diligence ^ retenir fa
place à la diligence. On arrive à Lyon en cinq jours
par la diligence.
ÇCF DILIGENT , ENTE. adj. Qui ne perd point de
temps 3 Se qui eft allidu à l'ouvrage. Diligens , im-
piger. Son oppofé eft pareffeux ; ce n'eft pas propre-
ment l'homme expéditif , ni celui qui eft prompt .î
faire les chofes. Celui qui eft expéditif , ne remet
pas à un autre temps l'ouvrage qui fe préfente , &:
le finit tout de fuite; celui qui eft prompt travaille
avec activité , & avance l'ouvrage. L'homme dili-
gent n'a pas de peine à fe mettre au travail ; l'hom-
me expéditif lie le quitte point ; l'homme prompt
en vient bientôt à bout. Il faut être diligent dans
les foins qu'on doit prendre ; e.vpe'i/ir//^ dans les af-
faires qu'on doit terminer \ & prompt dans les or-
dres qu'on doit exécuter. Syu. Fr.
DILIGENTE. Terme de Fleurifte. Tulipe prlntanière ,
rouge , colombin & blanc de lait.
gcr DILIGENTER. v. n. Faire diligence. Il faut dili-
^e«;er. Plus uiité avec le pronom perfonnel. Il faut
fe diligentcr. Maturato opus efl. Quelquefois adtif.
Diligentcr un affaire , un ouvrage , mav^mrc , propc-
rare. Ce mot eft, dans toutes fes acceptions, du
langage vulgaire.
PlLIGENTÉ, ÉE. part.
DI L 5JI
DILINGHEN , ou DILINGEN. Petite ville du Cer-
cle de Suabe , en Allema';ne. Dilinga. Cette ville
eft capitale d'un petit Comté , & elle appartient à
l'Evêque d'Ausbourg , qui y fait fa réfidence. Le
dernier Comte de Ddmgcn _, qui fut Herman, Evê-
que d'Ausbourg , donna ce Comté à fon Eglife en
1251. Il y a une LIniverlité à Dilingen , fondée par
le Cardinal Otton Truchfes en 1549, fous Jules
III. Dilinghen eft fur le Danube , entre Ulm & Do-
navert.
DILLE , f £ ou DOUSIL , f m. Vieux mots , qui fi-
gnifient le fauffet par 'cquel on tite du vin. y\utant
que vous en tirerez par la dille j autant en tonne-
rai par le bondon. Rabelais. Prologue du liv. j.
De duco. Duce , duxi j duxilla j dilla. Dille. Duco ,
duxi , duxium 3 duxillum , Doufil. Les Touloufains
difcnt Adou-^ilka :, pour dire , mettre le vin en per-
ce. Les Auteurs de la balle Latinité l'ont appelé du-
cilorum. M. de Cafeneuve en produit des exemples.
Ménage , Dicl. Etym. aux mots Dille & Doujil.
Vovei Douzil.
DILLEMBOURG. Ville de la baffe partie du Cercle
du haut Rhin en Allemagne. Dillemburgum. Elle
eft dans la Wétéravie Royale , partie de la Franco-
nie , & dans les Etats de Naffau , fur la Dille , en-
tre Marpurg & Sigen. Il y a un bon Château \ c'eft
la réfidence ordinaire d'une branche de la maifon
de Naffau , appelée les Princes de Naffau-i)///eOT-
hourg , qui viennent de Jean-le-Vieux, frère puîné
de Guillaume de Naffau , Prince d'Orange. Dillem-
hourg a éré long-temps la réfidence des Princes d'O-
range , & a donné !e jour à Guillaume & à Mauri-
ce- Long. 25. d. j'o'. lat. 50. d. 41;'.
Ce mot vient cfe Dille , & iîourg , & a été donné
à cette ville , patce qu'elle eft fituée fur la Bille.
DILLEMBOURG. Comté qui prend Ion nom de la^
ville dont nous venons de parler, qui eft fa capita-
le. M. Corneille lui donne le titre de Principauté ,
mais fans raifon. Il eft vrai que les maîtres de cette
terre font Princes ; mais ce n'eft pas parce qu'ils font
maîtres de Dillembvurg , qui n'a que le titre de
Comté. Comitatus Dillemhurgcnfls. Le Comté de
Dillembourg eft fitué dans le Wefterwald , en Wé-
téravie. Il renfermoit autrefois les villes de Sigen &:
d'Hademar , & il avoir fes Comtes particuliers. Il
eft cnrré par un mariage dans la maifon de Naffau.
Les Princes de ¥idL[Xo.\i-Dillemb0urg font la première
branche de la maifon de Naffau. Elle commença en
lioi, par Otton fils aîné d'Henri I , furnommé le
riche. Orton eut Dillembourg en partage , & fut le
premier qui y fit fa réfidence. Philip. Jacq.Spéner,
dans fon Théâtre de la Nobleffe d'Europe , Tom. I.
p. 81. & 165 , a donné la fuite de ces Comtes ; &C
Floftman , dans fon Lexic. Hift. au mot Dillembur^
pum.
DILLINGUE, DILINGUE , ou DILLENGHEN- Vil-
le d'Allemagne , dans la Suabe , fur le Danube.
Long. 19. d. 10'. lar. 48. d. 3 S'.
DILSBO. Dilsboa. Petite ville , ou bourg de Suéde ,
dans THelfingie, fur un petit golfe qui fait partie
de celui de Bothnie.
D I M.
ïfT DIMACHES. f m. pi. Quinte-Curce parle de cer-
tains foldats qu'il appelle Dimachs,. C'étoieiit des
efpèces de Dragons, qui combattoient à pied & à
cheval.
fçCTDIMACHÈRE. f m. Autre terme d'Hiftoire an-
cienne- Gladiateur qui combarroit avec deux poi-
gnards ou deux épées. Voye-^ Gladiateur.
DIMAH. Autrement Dchr.ah. f m. Dixième mois des
Perfes , qu'ils appellent aufll Horm. Il répond au
mois de Juin. Fabricii Menol.p.6-j.
DIMANCHE, f m. Jour du Seigneur , premier jour
de la femaine, confacré au Seigneur, pendant le-
quel il eft défendu de tr.availler. Dies Dominica.
C'eft un Commandement de l'Eglife d'entendre la
Mslfe tous les Dimanches, Il y a des Dimanches j,
I
3JX DIM DIM
<ians le Bréviaire , de la première & de la féconde
claffe. Ceux de la première (ont ceux de la Pafiion ,
des Rameaux j de Pâques j de Quafimodo , de la
Pentecôte , de la Trinité , (celui-ci a été appelé au-
trefois le Koi des Dimanches. ) Le premier Lfunan-
ehe deïAvem , & de la Quadragélime. Ceux de la DIME, ^oje:^ Diements. C'eft: la même chofe.
tleuxième font les Dimanches ordinaires. On fait DÎME, plus ordinairement DIXME. Dixième parti
rolent le nom propre de Dominique , & ce non»
fe trouve dans Monfirelet. M. Hue t. Le nom de
Dimanche le donne encore au Baptême , fur - tout
en Brie. Vocabulaire Hagiologujue j au mot Domi-
nicus.
tous les Dimanches l'Eau-benite & le Prône. Autre-
fois chaque Dimanche de l'année avoir fon nom
propre , qui étoit pris de l'Introïte du jour : ce qui
n'eft demeuré en ufage qu'en quelques Dimanches
de [Carême , Reminifcere ^ Oculi j L^tare , Judica.
Le Dimanche a été fubftitué en la place du Sabbat
par les Chrétiens , en l'honneur & en mémoire du
myftère de la Rédemption, qui hit accompli ce jour-
là par la réfurreâion de Jesus-Christ.
C'eft le Grand Conftantin qui le premier a fait
une loi pour l'oblervation du Dimanche , & qui ,
félon Eufébe , ordonna qu'il fût célébré régulière-
ment par tout l'Empire Romain , comme on le va
dire plus bas. Avant lui , & même encore de fon
temps , l'on obfervoit le jour du Sabbat, aulîi-bien
que le Dimanche , pour fatisfaire à la Loi Mofaï-
que , &: imiter les Apôtres, qui avoient accoutumé
de s'airembler le Dimanche.
Quelques-uns croient que le jour du Seigneur,
dans l'Apocalypfe , Liv. i. eft le Dimanche ^ déjà
inftitué par les Apôtres. Quoi qu'il en foit , dès les
premiers tem.ps de l'Eglife, on a célébré le Dimanche.
S. Juftin dit, dans fa première Apologie , que le jour
que l'on appelle du Soleil ( c'eft ainh que les Payens
nommoient le premier jour de la femaine que nous
nommons Dimanche) les Chrétiens s'aHembloient
en un même lieu ; qu'on y lifoit les Ecrits des Apô-
tres & des Prophètes ; que celui qui piéfidoit hi-
foit un difcours ; que l'on faifoit des prières , l'o-
blation du pain & du vin , qui , étant fandifiés , fe
diftribuoienr à ceux qui étoient préfens , & fe por-
toient aux abfens par les Diacres , &c. Le 6^ de
Mars de l'année 311. Conftantln fit une loi , par
laquelle il ordonna qu'on célébreroit dans la fuite
le jour du Soleil, c'eft-à-dire , le Dimanche, &c que
tous les Juges & le peuple des villes obfervalFent le
repos ; mais il permit encore le rravail de la cam-
pagne. En 538, le IIF Concile d'Orléans détendit
ee travail de la campagne j mais, parce qu'il y avoir
beaucoup de Juifs dans les Gaules ; que le peuple
donnoit , par rapport à l'obfervation cUi Dimanche ,
dans desfuperftitions femblablesà celles de ces Juifs
dans l'obfervation du Sabbat , il déclare que de
croire qu'il ne foit pas permis le Dimanehe de
voyager avec des chevaux , des bœufs ou des voitu-
res, ni de préparer à manger , ni de rien faire qui
regarde la propriété des maifons ou des perfonnes ,
cela fent plus le Judaïfine , que le Chriftianifme.
Deux Conciles de Mâcon défendent au même fic-
elé d'atteler des bœufs le Dimanche , ou de faire
d'autres travaux. Voye\ encore le quarrième Canon
du Concile de Narbonne en 589.
Les Auteurs du moyen âge appellent chaque Di
manche de l'année, le ioui de la Réfurreélion du
Seigneur. Dans la vie de S. Bernard, Evêqued'Hil-
desheim , n. 40. il eft dit que, la veille de l'Epi-
phanie, tomboit la première férié de la Réfurrec-
lion du Seigneur. In vicilix Epiphania Domini . oua
mnc prima j cria Dominiez refurreclionis accidit.
On appelle Dimanche gras , celui qui précède le
Mercredi des Cendres. Il y a, un petit air de 75 i-
manchegT3.s répandu fur cerre\lettrej qui la rend
d'un goût non pareil. Madame De Sév.
Le peuple appelle les habits du Dimanche , les
plus beaux habits qu'il ait. On dit aufli , qu'un
homme fe pare de quelque chofe , comme de fa
robe des Dimanches.
Dimanche. Nom que l'on donne dans le ftyle fami-
lier , bas & populaire , aux Artifans , iSc à ces fortes
de gens qui viennent demander leur paiement le
Dimanche. Monfieur Dimarcht:. MoL.
On appeloit autrefois Dimanche , ceux qui por-
partic
des fruits d'un héritage , ou autre portion appro-
chante, différente félon l'ufage des lieux, que l'on
paie à l'Eglife ou au Seigneur , à celui qui a droit
de dimer. Décima , decuma. En bien des endroit»
on ne paie que la 12 ou 13*^ gerbe. Cela fe règle
par l'ulage- Dans l'ancienne loi les dîmes furent
établies par le droit divin. Dieu avoir ordonné aux
Ifraclites de lui ottrir la d'me de leurs revenus , & il
donna cette dime aux enfans de Levi. Voye^ le Lé-
vitique,ch. 17, v. 3 c. le livre des Nombres, ch. 18.
v. 21. &c. le Deutéronome, &c. Les dîmes font le
patrimoine des Eglifes Paroilliales.
L'ufage de donner ou de payer la dîme eft fore
ancien. Dans la Gen. XIV. 20. Abraham donna à
Melchifédech la dîme de tout le butin qu'il avoic
fait fur les quatre Rois qu'il venoit de vaincre. Gen.
XXVIII. 22. Jacob , allanr en Méfopot^mie , fait
vœu à Bethel de donner à Dieu la dîme de tous les
biens qu'il amalfera pendant le féjour qu'il y fera.
Ces dîmes étoient libres & volontaires. Dans la fuite
Moife en fit une loi aux Ifraclites. Exod. XII. Zev.
XXVII- 30. Nomb. 21. Deut. 14. & il oblige les
Ifraclites à plulieurs fortes de dîmes que voici. I. La
première dîme , îWNin "WJ-i , étoit la dîme de tous
les fruits que l'on recueiUoic , & qui fe donnoit aux
Lévites : elle ne fe prenoit qu'après que l'oblarion ,
qu'ils appellenr rwnn, avoir été levée. II. La fécon-
de dîme étoit la dixième partie des neuf qui reftoienc
après la première dîme payée. Cette dîmeie mettoic
à part clans chaque famille , & le père de famille
étoit obligé de la faire conduire à Jérufalem , & de
la confumer là : s'il ne le pouvoir pas , il falloit la
racheter, ou la convertir en argent j mais, en ce cas,
il devoit y ajouter un cinquième , ou deux dixiè-
mes. Lev. XXVII. 31. S<. porter cet argent à Jéru-
falem, Les Rabbins difent que, s'il ne Ta rachetoic
pas lui-même , c'eft-à-dire, s'il n'y fubftituoit pas
lui-même de fon propre argent, mais qu'il la ven-
dît à un autre , il n'étoit obligé que d'en porter le
prix à Jérufalem fans y rien ajourer. III. La dîme de
la dîme, étoit la dixième partie de toutes les dîmes
qui avoient été données aux Lévites par le peuple :
car les Lévites, après avoir reçu toutes \ts dîjncs
du peuple , féparoient à leur tour la dîme de tout
ce qu'ils avoient reçu, & la donnoientaux Prêtres.
Les Rabbins l'appellent "W^ViT] "jia Ti'ya , dîme de la.
dîme,yvja nann, ou l'ObLuion de la dîme , &:
l'Ecriture, 2. Par. XXXI. 6. O'CTpan D'ïînp TOya ,
la dîme des chof es fancîi fiées. Les Lévires étoient
obligés de la porter au Temple ; le refte leur de-
meuroit pour leurs aiimens. La loi en eft portée au
Liv. des Nombres XVII. 26. & fuiv. IV, La dîme de
la troifieme année éroit une autre efpèce de dîme ,
à cela près qu'elle éroit moins onéreufe , parce qu'on
n'étoit point obligé de la porter à Jérufalem. On
fait que Dieu avoit ordonné que , toutes les feptiè-
mes années , les terres fe repoleroient ; & que les
maîtres ne recueilloient point ce_ qu'elles produi-
foient d'elles - mêmes. Ainfi , cette année-là j on ne
payoit point de dîmes, mais feulement dans les fix
années qui précédoient. Or , pendant ces lix années ,
chaque troilième année j, c'eft-à-dire j la troifieme
& la fixième année , on levoit à l'ordinaire la pre-
mière , puis la féconde dîme ; mais on n'éroit point
obligé de porter cette féconde dîme , foit en efpè-
ce , foit en argent ^ à Jérufalem : on la gardoirchez
foi 5 & les Lévires J les étrangers j les pupilles
& les veuves du même heu , la confumoienr ,
comme il eft dit j Deut. XIV. 28. 29. C'eft ce que
j'appelle la dîme de la trofième année , dont parle
aufti le Livre de Thobie I. 6. On l'appelle encore la
dîme du pauvre , ù'j T.Si"3 , Sc la troifieme dîme ,
D I M
whv rVJU ; & ces troilîèmes années qu'on payoit
cette dime j on les nomme les années de dîme.
Toutes ces dimes montoient à plus d'un fixième
de revenu de chaque particulier j car, (ï , par exem-
ple , un père de famille recueilloit 6000 gerbes de
blé j & que d'abord il en ôtàt une centaine pour
les prémices , ou l'oblation , il lui en relloit encore
5900. Tirant de-là 590. pour la première dime , il
en reftoit encore 5510. dont la dime ell 531. qui,
étant ôtées pour la féconde d^me , refte 4779. gerbes
pour le père de famille , qui par conféquenc en a
donné iizi. qui font m plus que le fixième de
6000. Des 590. que les Lévites recevoient pour la
première dime , ils en donnoient 59. au Prêtre pour
hi dime de la dime. Ainfi il leur en reftoit 551.
.pour leur fiibfirtance & celle de leurs familles.
Toutes ces chofes font expliquées plus au long
dans le Thalmud , où il y a deux livres des dimes ,
l'un des dimes j &c l'autre des lecondes dimes j &c
encore dans le livre des Bénédictions , n^Z-O ,
dans les Commentaires de Bartenora j de Mai-
monides j de R. Schélomoh Jaililii lur ce Traité ,
dans Scaliger j Amoma , Guiluis , Selden , Frilcli-
muth j Quenifeed , Varenius , Jean CsnradHot-
tinger , & dans ceux qui ont traité de la République
des Hébreux , comme Sigonius , Bécan , Méno-
chius , Cun.rus , Godwin , Leidekker , ikc.
Au refte , les Ifraclites ne payoient pas feulement
les dîmes des biens Se des fruits de la terre , mais
auflî delà portée des animaux , comme il eft expref-
fémenr marqué dans l'Ecriture, Lev. XXf^Il. 31.
35. 34. Encore aujourd'hui les Juifs , quoique hors
de la Terre-Sainte, ou pour le moins ceux qui par-
mi eux veulent palier pour plus religieux , don-
nent aux pauvres la dixième partie de tous leurs
revenus.
Dans la nouvelle loi ce n'efi: point Jesus-Christ
qui a établi les dîmes j comme Dieu l'avoit fait
dans l'ancienne loi , par le miniilère de Moïfe. Les
Prêtres Chrétiens, & ies Miniftres des Autels de la
nouvelle Alliance j ne vécurent d'abord que des au
mônes & des oblations des Fidèles. Dans la fuite
des tems on donna une certaine portion de fes re-
venus au Clergé. On commence à en trouver des
exemples dès le IV^ & le V^ liècles. Ce don fut
appelé dùnc ; non pas que ce fût la dîme du revenu ,
mais feulement par imitation des dimes de l'an-
cienne loi. Ces dîmes n'étoient point encore d'obli-
gation. Dans les fiècles fuivans les Prélats , dans les
Conciles , & les Princes de concert en firent une
loi , & ordonnèrent aux Fidèles de donner aux Ec-
cléiiaftiques la dîme Àt leurs revenus, «Se des fruits
qu'ils recueilloient. Les Eccléfiaftiques en jouirent
paifiblement deux ou trois fiècles. Dans le Vlil^ les
Laïques s'emparèrent d'une partie de ces dimes ^ ou
de leur autorité , ou par la conceUlon ou donation
des Princes. Quelque-tems après ils les reflituèrent,
ou les appliquèrent à des fondations qu'ils firent de
Alonaftcres, ou de Chapitres , &c l'Eglife confentit
au moins tacitement à cette reftitiition. En 1 179. le
IIF Concile de Latran , tenti fous Alexandre III.
ordonna aux Laïques de rendre à l'Eglife les dîmes
qu'ils polfédoient encore. En izi ç. le IV^ Concile
de Latran fous Innocent HI. fe relâcha , & fans rien
dire des dîmes que les Laïques avoient eues jufque-
li, & qu'ils polfédoient, il ordonna feulement qu'à
l'avenir ils n'en pourroient acquérir aucune. Dans
les connnencemens les dîmes étoient diftribuées par
i'Evêque i depuis long-teins elles appartiennent de
droit aux Curés. Ils ont aulfi les dîmes des novales,
c'eft-à-dire, des terres qu'on défriche & qu'on met
en valeur, & les vertes dîmes. Tout l'Orient appar-
tenant à des Princes infidèles , les dîmes ne font
plus en ufage dans l'Eglife d'Orient depuis long-
tems. Fra-lVolo a cru que l'ufage de paver les dîmes
dans la loi nouvelle eft venu de France , & il dit ,
dans fon Traité des Bénéfices j qu'avant le huitième
& le neuvième (lècle , on n'en avoit point pavé en
Orient & en Afrique : mais il fe trompe, & il eli
Tome IIL
DïM
}5Ï
certain que les dimes onz été payées dès les premiers
tems de l'Eglife. ^oye^ le P. Thomallin fur les Bé-
néfices, pair. j.ch. 3. 4. 5. S. Eévérégius, 1. z.Fellus
fur S. Cyprien, les Conftitutions du RoiClotaire,
le Concile de Mâcon tenu en ^85. Jérôme Acofta ,
Des Revenus Ecclef. ôcc. Origène , hom. XI. fur les
nombres , croit que les Lois de Moïfe, touchant les
prémices ôz les dimes , ou décimes , tan: du bétail
que des fruits, n'ont point été abrogées par l'Evan-
gile , & qu'on doit encore les garder. Le 5^ Canon
du II. Concile de Mâcon ordonne fous peine d'ex-
communication de payer les dîmes aux Minières de
l'Eglife , fuivant la loi de Dieu , Se la coutume im-
mémoriale des Chrétiens. C'ell la première fois que
1 on trouve une peine impofée à ceux qui ne paic-
roientpasla dime. Callîen, dans fa XXF Confé-
lence, chap, i. marque que les Chrétiens avoient
coutume , au moins en Egypte , de porter aux Mo-
naltères voilins les dîm.es 6c les prémices de leurs
fruits j & il y parle d'une inftruâ:ion que fit à Théo-
dat un vieux Moine, nommé Jean j fur le devoir
ds donner .à Dieu les dîmes Se les prémices , afin
qu'elles fufient employées aux befoinsdes pauvres.
Il y a une dime Royale , ou Seigneuriale , qui efl
appelée en quelques endroits champan ; une autre
Eccléfiallique , qui eft due naturellement aux Curés ,
& qui a été depuis aliénée à d'autres perfonnes. Si
les grolles dimes appartiennent à d'autres qu'au
Curé, à des Moines par exemple, alors les gros Dé-
cimateurs font obligés de lui payer une penfion j
qu'on appelle portion congrue , qui avoit été ré-
glée à 300 liv. par une Déclaration de lôbiôj &:
qui vient d'être portée à 500 liv. & cela outre les
menues ^/ot«, & les Novales, qui appartiennent
toujours au Curé. On peut prefcrire la quotité des
di.riesj & la forme de les payer, par une poirellîon
de 40 ansj mais on ne peut en prefcrire l'exemption
ablolue. Un Curé, pour lever les dîmes^n'a. befoin
d'autre titre que de fon clocher. Les dîmes j quant
au pétitoire, font de la compétence du Juge Ecclé-
iiaftique. P^oye^ Baronius, Scldenus, qui en ont fait
des Traités entiers.
Il y a des Auteurs qui écrivent dixmes. On dirau
lingulier , lever la dixme , prétendre la dixme j la
menue dixme _, la grolle dixme. Affermer la dîme j
payer la dîme.
Dîmes inféodées, font celles qui font aliénées aux
Seigneurs Eccléfiaftiques , ou temporels , & qui
font unies à leur fief, & pollcdées comme biens
profanes. Décima in fide r.e-ia pojîts.. Les dîmes in-
féodées font de la connoilîance du Juge féculier. Par
le Concile de Latran, tenu lous Alexandre III. en
1179. les inféodations des dîmes font défendues
pour l'avenir. On n'eft pourtant pas obligé de re-
préfenrer le titre original de l'inféodation : il fuffit
de juftifier par des aveus , ou dénombremens , une
poirefiion de temps immémorial. En général on re-
garde comme illégitimes toutes les inféodations fai-
tes depuis le Concile de Latran. S. Louis fit un Edit
en 1 179. par lequel il ordonna que li les dimes in-
féodées retournoient aux Eglifes , elles reprendroient
leur première nature, fans pouvoir par après être
polfédées pardesgens lais. Quelques-uns attribuent
l'origine des dim.es inféodées à, Charles-Martel , & le
tiennent damné, parce que ce fut lui qui , le pre-
mier,donna des Bénéfices aux Nobles féculiers. Mais
Baronius regarde cela comme une fable. Leur ori-
gine vient des guerres d'outre-mer : c'eft l'opinion
de Pafquier. Le tribut que ies Romains avoient im-
pofé fur toutes les Provinces de l'Empire, étoit la
dixième partie de tous les fruits : quelques-uns pré-
tendent que , les François avant conquis les Gaules ,
Si trouvé cette impofition établie, ils la confervè-
renr, & donnèrent ces dîmes en fiefs aux foldars ; Se
que delà font venues les dîmes inféodées. Elles ne
font pas fi anciennes : on n'en trouve aucune men-
tion avant le règne de Mugues Capet , Se même le
Concile tenu à Clermont fous le Pape Lfrbain II. en
1097. n'en parle point. Ce Concile, d'ailleurs alTcz
Yy
•?J4 DIM
fervent pour les intérêts de l'Eglife, n'eût pas man-
qué de s'en plaindre , comme d'une ulurpation.
Quoi qu'il en foit , c'ell un point d'Hilloue allez
obfcur.
fp" On appelle grofles dîmes ^ les dîmes qu'on
lève fur les gros fruits, comme le bled & le vm.
Menues aimes j celle qu'on lève fur le menu grain
& fur le menu bétail. Dunes vertes , celles qu'on
lève fur les légumes , fur le chanvre , le lin, tkc.
Dîmes novales , font les dîmes des terres nouvelle-
ment défrichées , qu'on adjuge toujouts aux Curés,
auiïï-bien que les menues dîmes. Dedm& novales. La
nouveauté eft bornée à 40 ans avant la demande.
L'ufage de payer la^//72ejOude confacrerla dixiè-
me partie de ce qu'on polfède, ou de ce qu'on re-
tire, n'a pas feulement été pratiqué par les Fidèles,
tant fous l'ancienne ici , que fous la nouvelle : chez
les Payens il y avoir quelque chofe de iemblable.
Xénophon, au hvre 5. de l'expédition de Cyrus,
rapporte l'infcription qui étoit fur une colonne pro-
che d'un temple de Diane, par laquelle on avertif
foit d'offrir à la Déeffe tous les ans la dime ou la
dixième partie des revenus. Paufanias, l. 5. & Dio-
dore de Sicile , Bibl. hift. 1. 11. difent qu'on offroir
aux Dieux la dime des dépouilles. Feftus , au livre 4.
de la fignihcation des mots , dit que les Anciens ot
froient la dîme à leurs Dieux. Décima quaque veteres
Dïisfuis offercbanc.
La dîme Saladine 3 eft une dime qui fut établie
par un Concile de Paris en fan 1 188. fous Philippe
Augufte, pour le fecours de la Terre-Sainte envahie
par Saladin. Tous ceux qui ne vouloient point aller
à la Terre-Sainte étoient condamnés à payer la dîme
de leur bien. On établit de même en Angleterre un
impôt de 70 mille livres fterling en 118S. fous
Henri II. pour faire la guerre à Saladin j &: cet im-
pôt fut aulîi appelé dîme Saladine. ;
fer DIME, de fuite. La Coutume de Nivernois dit
ce que c'eft qu'un droit de fuite. C'eft la moitié de
ce que le Décimateur Laie ou Eccléfiaftique pren-
droit chez lui, fi le Laboureur y avoir travaillé , &
qu'il n'eut point palIé dans une autre dîmerie. Ce
droit de fuite n'eft pas dans le décret j ni dans les
«lécrétales des Papes , fi ce n'eft dans le chapitre ,
chmfint homines y qui eft le iS*= au tit. de declmis.
Pour que la dime de fuite ait lieu, il faut deux con-
ditions, fuivant la Coutume de Nivernois ; la pre-
mière, que les bœufs aient hiverné dans la dîmerie
du Seigneur décimateur , quand bien même ils au-
roient été nourris ailleurs : la féconde que le La •
boureur n'ait point labouré à prix d'argent.
Ip" La Coutume de Berri dit auOi que h dîme
de/uire n'a pas lieu , quand le Laboureur cultive à
;prix d'argent.
§Cr On voit que ce nom vient de ce que cette
dîme fuit le Laboureur , quand il change de lieu.
DIME , ou DIMEL. Rivière d'Allemagne. Dimola.
Le Dimel, à fa fource dans le Comté de Waldek,
coule fur les confins de la Heffe & de la Weftphalie ,
baigne Stadberg, Warbotch , Liebenaw , & fe dé-
charge dans le Wéfer au-tielTus de l'Abbaye de
C.ovwey.
Ip- DIMENSION, f. f. Terme de Phyfique & de
Géométrie. Etendue des corps confidérés en tant
qu'ils font fufceptibles de mefure. Nous concevons
tvoïs dimenJîonsd:ins les corps naturels ,1a longueur,
, la largeur & la profondeur. La longueur toute feulv
s'appelle ligne. La longueur combinée avec la lar-
geur fe nomme furface. Ces trois dimenjîons com-
binées enfemble produifent le folide. Menfura j
dimenjic. Confidérer un corps par toutes fes dimen-
Jîsns. Prendre toutes les dimen/îons d'un bâtimenr
Dimension. Terme d'Arithmétique &c d'Algèbre
Puiffance, ou nombre de degrés, auxquels un^
fraâion eft élevée par la multiplication , ou réduite
«^ abailfée par la divifion. Dimenfio. La multiplica
tion des grandeurs littérales eft la caufe de leurs
dimenfions. Par exemple, le produit 1^ eft de deux
dimenfions ; "_if eft de trois dimenfions , i^cc la di-
D I M
vifion qui eft oppofée à la multiplication ^ dimi-
nue les dimenfîons des produits. C'eft pourquoi dans
une fraétion littérale le numérateur ayant ceffé d'ê-
tre divifé par le dénominateur , le furplus des di-
ijienjîons du numérateur fur le dénominateur eft le
nombre des dimenjîons de la fraftion. Deux multi-
plie par deux donne 4 , & 4 eft un nombre ou une
puilfuice de deux (//«£/;/'('/«. Quatre multiplié par
2 donne 8 , 8 eft une puilfance de trois dimenfions.
Soit propofée la puilfance de 6 dimenfions :, ou
dont l'expofant eft (î , & que la racine foit appe-
lée Jl; & la racine de la même puilfance plus l'unité
foit r-¥ I j la différence de ces deux puiffances fera
G r + i5r4+2or'-fi5r/-4-<^r4-i. De
Lahir.e, Académ. 1704.
Si l'on propofe une puilïance de fept dimenfions , on
aura pour différence ,
7^
1d.
-t- 2. w ^ -i- 3 5 r ■
M '■^'•
I rr-+-7 r + T..
hb ow b^ & bc font des grandeurs de deux di-
menfions.
bbb oi\ b^ & bcd font de trois dimenfions.
DIMENTS. royei Diements.
fCr DIMER, ou plutôt dix mer y v. a. avoir droit
de lever la dîme dans un endroit , dans un certain
canton. Decimare j Jus aecimarumhabere. Tel Cure
eft à portion congrue i e'eft le Curé primitif cpi
dîme dans toute la Paroiffe.
IP" DÎMER , (ignilie auffi lever actuellement la dîme.
Décimas colUgere. C'eft un tel qui dime pour le
Cure. On n'a pas encore dimé à^ns ce champ.
yO- DÎMÉ , ÉE. part.
DÎMERIE , ou DIXMERIE. f f. Étendue d'un terri-
toire fur lequel on a droit de dîmer. Trapus in
quo quis dectmarum jus hahet. La dîmerie d'un tel
Abbé s'étend depuis une telle borne jufqu'au grand
chemin.
DIMESSE. f f Nom que l'on donne aux perfonnes
du fexe qui compolent une congrégation établie
dans l'Etat de Venife , (?>: qu'on appelle autrement
Modeftes. Dimeffa j Modefia. La Congrégation des
filles & veuves appelées Dimejfes ou Modeftes , ■
dans l'État Vénitien , a eu pour Fondatrice Dejanira
'Valmarana , fille d'Aluife Valmarana , & d'Ifabelle
Nogarole de Vérone, & époufe d'AgrippaPriftrate,
Jurïfconfulte de la même Ville , dont elle eut un
fils. Le père & le fils étant morts, elle fe trouva en
1571. libre de tout ce qui pouvoit l'attacher au
monde. Elle prit l'habit du Tiers-Ordre de S. Fran-
çois d'Alîife, & fe retira avec quelques pauvres
femmes dans une maifon qui lui appartenoit , où
elles vécurent dans la pratique de toutes les vertus
Chrétiennes, fous la conduite du P. Antoine Pa-
gani de l'Ordre de S. François de fObfervance.
Angele Valmarana , confine de Dejanira , fe
voyant aufli veuve, fit la même choie dans une
maifon voifine , qu'elle acheta. Le P- Pagani fit des
réglemens communs pour ces deux Maifons. L'E-
vcque de Vicenze, & le Cardinal Au-^uftin ValieriO,
Evêque de Vérone, & Vifiteur Apoftoliqne dans le
Diocèfe de Vicenze j les approuvèrent l'an 1584.
Quelques autres Maifons du même Inftitut ayant
été fondées, Dejanira Valmarana les gouverna en
qualité de Supérieure générale , mourut en 1605.
& fut enterrée dans l'Eglife de Notre Dame-la-
Neuve à Vicenze , & mife dans la fépulture com-
mune des Dimeffes. Pour être reçues , elles doivent
être libres de tout engagement , même de tutelle
de leurs enfants. Elles font trois ans d'épreuves , &,
encore après , deux ans , pendant lefquels on peut
les renvoyer. Il ne doit y avoir que huit ou dix
Dimeffes dans chaque Maifon. Tous les trois .ans
deux "Maifons voifines, ou quatre au plus, élifent
pour chaque Maifon une Supérieure, deux Ajutan-
tes ou Majeures qu'on appelle auffi Confultrices.
Elles ne font point de vœux & peuvent fortir .mê-
me pour fe marier. Elles enfeignent le catéchifme
aux perfuunes de leur fexe. Se fervent les femmes
Dl M
dans les Hôpitaux. Elles font habillées de noir ou de
brun. P. Heliot. T. FUI. C j.
DIMÉTRt. adj. Terme de Poëfie. Qui eft de deux
mefures. Dimcter , a, um. Ce nom fe donne aux
Vers qui n'ont que deux mefures , ou quatre pieds.
Par exemple :
Nox eratj & cxlo fulgebat Luna fereno j '
Inter minora fîdera. Horat.
Le premier vers eft hexamètre , &: le fécond eft
un ïambique dimècre. Il y a un ïambique dimètre
défedueux d'une fyllabe au commencement. On
peut auili l'appeler un trochaïquecZ/Wr/'e détedueux
d'une fyllabe à la fin. Telle elt celui-ci d'Horace.
Non ebur neque aurcum j &c.
Ce mot vient de ^it bis & ^Érpo» meÇure.
DIMEUR , ou DIXMEUR. f. m. Celui qui lève ac-
tuellement la dîme. Dccumanus.
DIMIER, ou DIXMIER. f. m. Journalier qui re-
cueille la dîme. Le dicimatcur eft celui cpi a le droit
de percevoir la dîme. Le dimier eft celui qui la lève
pour un autre. Dimcur eft plus ulitéque dimïcr.
DIMINIA. Diminia. C'eft l'ancienne Onchejlus ^ pe-
tite ville de Béotie près du lac de Stivo : ou du
moins Diminia a été bâtie de fes ruines. Ce n'eft
qu'un village , qui a pris ce nom du mot Grec
Aifmict ^ qui ûgnifie l'efpace de deux mois, parce
que les grains jetés en terre dans fon terroir ne font
que deux mois à produire. Voye:^ M. Spon, Foyagt
de Grèce j L. II. p. Sç.
^3" DIMINUER. V. a. Rendre moindre , retrancher
une partie de quelque chofe. Minuere j diminucre j
imminuere. Un tel a diminué iz dépenfe. Ce nouveau
Prieur a diminué la portion de fes Religieux.
^fT DiMiNUia. v. n. Devenir moindre. Minui , im-
minui. Sa vue diminue tous les jours. Ses forces di-
minuent. Se forces augmentent , à mefure que fa
fièvre diminue. Les jours commencent à diminuer à
la S. Jean.
gCT On le dit également des perfonnes. Cet en-
fant diminue à vue d'œil.
^CT Diminuer fe dit aufli dans les chofes morales.
Cette difgrâce a diminué fon crédit. Ses dépenfes
excelîîves ont diminué (on bien. Un favori tâche de
^i;;:i«2/er le crédit des autres. Son efprit s'aftoiblit,
il diminue tous les jours. Son autorité diminue. Ceux
qui font arrivés au comble de la gloire , font obligés
de defcendre de cet état glorieux , & de diminuer
aut.int qu'ils peuvent leur propre gloire dans leur
efprit. Flech. L'efprit de l'homme n'eft que trop
porté à diminuer les vérités qui incommodent fes
paillons , èc à chercher des biais pour éluder la fé-
vérité des préceptes. Id.
Diminué , Ée. part. Imminutus , minutus.
En Architeéture , on appelle colonne diminuée j
celle qui eft fans renflement , &c dont la diminution
commence dès le pied de fon fût , à la manière des
arbres. Foyc-^ diminution.
Diminué. Terme de Mufique. Les imcrvyWçs diminués
font ceux qui font moindres d'un femi-ton mineur,
lorfqu'ils font juftes. On marque un intervalle dimi-
nué ^!lx. fon b mol, ou par un double dièfe. Contre-
point diminué 3 eft celui dont les notes font de diffé-
rente figure & de différente valeur. Quarte, quinte,
&c. diminuée.
DIMINUISER. V. a. Mot du vieux langage. Di-
minuer.
DIMINUTIF, ivE.adj. Terme de Grammaire, fou-
venc employé fubftantivement , fe dit d'un mot
qui adoucit, ou afFoiblit la force de fon primitif,
, ou qui lignifie une chofe petite dans fon genre.
Diminudvus. Comme bovillon eft un terme dimi-
nutij ou un diminutif àz bxuf , pochette àc poche ,
maifonnete de maifon. Les diminutifs qui étoient des
délicateffes dans le ftyle de nos vieux Auteurs , ne
D IM 3;j
fe peuvent fupporter dans le langage d'aujour-
d'hui. Nous n'avons pas la liberté d'en faire fé-
lon notre caprice, comme les Italiens, qui en
font autan: qu'il leur plau j & l'on fe moqueroit
préfencement d'un Poète qui diroit avec Belleau :
Le gentil rojfignolet J
Douceret^
Découpe dejjous l'ombrage ,
Mille Jredons babillards ,
Fretillards j
Au doux fon de fon ramage.
Notre langue abonde en diminutifs \ 8c l'on peut
s'en fervir , fans entreprendre d'en forger de nou-
veaux. Ce n'eft pas qu'elle foie devenue dure , &
incapable d'expreifions pailionnées. Mais elle a mis
toute la tendrelle dans les fentimens : on plutôt
elle eft tendre comme uneperfonne fage , cjui parle
toujours raitonnablement , même en parlant de fa
paftion J & qui ne cherche point à fe parer de
colifichets. Mademoifelle de Gournai fe déclara la
protedfrice des diminutijs : elle cria au meuitre
de toute fa force , quand elle les vit attaqués. Mais
elle eut le chagrin de les voir bannis peu-à peu.
BouH.Rien n'eft plus fade que les Orateuis afteèfccs,
qui ne le fervent que de diminutijs , & dont les pa-
roles funt doucereufes , & confites , pour ainfl
dire , dans le miel. S. EvR.
C'eft ici le lieu d'oblerver que la langue Latine ,
grâces , fur-tour à Plaute &c à Catulle , a beaucoup
de diminutifs ; que l'Italienne en a encore davan-
tage , & qu'au lentimcnt de pluheurs , la nôtre
n'en a pas alfez. Elle étoit autrefois bien plus ri-
che de ce côté là , fi , comme le dit le P. Bouhours,
dans fes Remarques , c'eft une richeffe à une lan-
gue que d'avoir des diminutijs. Il en a fait un
chapitre exprès , oii il ne leur eft point du tout fa-
vorable. Il prétend que , depuis que la langue
FrançGife el^ devenue raifonnable , elle a mieux
aimé être pauvre , que d'être riche en babioles &:
en colifichets. Il faudroir au moins ditlinguer les
ftyles. Le ftyle familier admet bien des exprelîions
qui ne feroienr pas propres au ftyle foutenu.
AI. de la Monnoye a parlé des diminutijs dans
fon GlolTIiire Bourguignon au mot Fammdote , &:
le P. Bufiîer dans fa Grammaire Françoife. n. 353.
Il y a, dans la langue Françoife, At% diminutifs
qui ont perdu leur lignification diminutive , comme
cajfette , vergette , qui viennent de caijfe , & de
verge. Dans la langue Italienne , & dans plulieurs
autres , les mots diminutijs fe forment des mots
primitifs , par l'addition de quelques fyllabes : il
n'en eft pas de même en François ; &, dans notre
langue , le <///72//;i/r{/ eft quelquefois plus court que
le primitif, quelquefois il a le même nombre de
fyllabes.
Les terminaifons les plus ordinaires des dimi^
nutifs font eau , perdreau , faifandeau _, ^c- Et
pour le mafculin, ette pour le féminin, jeunet ^
jeunette ; grajfet , grajfette ; herbette , miette ; pou-
let, poulette. On.Alanon, Marion , Nanon j Jean-
neton , Fanchon , Magdelon , folichon , garçon ,
bichon , bichonne au féminin j &c. In au mafculin ;
ine au féminin; Co'in, Perrin j Pcrrine , Ja-
queline , &c. Ot ordinairement pour le mafcu-
lin , ote pour le féminin j Jeanot , Pierrot^ Tien-
not ; 3 canote , Marote , Genevote j Javote j &c.
Je fuis Margot la genre Demoifelle ,
A deux maris mariée & pucelle.
Foyer^ la Grammaire Françoife de M. l'Abbé
Régnier.
On appelle en grammaire au moins & du moins ,
des conjonârions diminutives , parce qu'elles fervenc
à diminuer. Rendez lui au moins une vifae. Du moins
donnez-lui de quoi vivre.
Diminutif , eft aiifti fubftantif , comme on peut voir
Yyij
Ijé D I M
par les exemples ci-defFus. On dit qu'une chofe efl;
le diminuât de l'autre \ pour dire , qu'elle eft en
petit ce que l'autre ell en grand. (Je jardin-là elt
un àiminuvj du jardin des Tuillenes.
DIMINUTION, f. f. Retranchement de la quantité,
ou de quelque partie d'une choie , ou ion atloi-
Hififement. Imminutïo , dimhiucio. La Diminution
des impôts eft toujours fouhaitce par le peuple.
Les Architecles ont diverfcs manières pour ia di-
inïnuùon des colonnes, pour leur rétréciirement
par en haut. Alexandre eitimoit que la gloire d'au-
Trui alloit à la diminution de la Tienne. Vaug. On
trouve de la diminution dans fa fièvre , diins^fei
forces, dans fon corps & dans l'on elpnt. Il faut
faire bouillir ce firop julqu'à la diminution d'un
tiers. On voit bien de la diminution dans les biens j
dans la fortune , dans le crédit de ce Favori. Di-
minution du prix des efpèces.
Diminution , figure de Rhétorique , ainfi nommée
par antiphrafe , par laquelle on augmente & on
exagère ce qne Ion veut dire, p.ir une exprellion
qui femble i'affoibiir. Par exemple, lorfqu'on du
d'un certain ton , Cette femme n'eft pas laide ,
c'eft-à-dire, qu'elle eft belle.
Diminution , en Archireèfure , fe dit auffi du ré-
trécilfemeiit d'une colonne ^ qui fe fait ordinaire-
ment depuis le tiers jufqu'au haut de Ion fiit.
Quelquefois la diminution fe tait dès le pied : elle
eft plus niturelle ; mais elle eft moins agréable que
depuis le tiers. Les Architeâres Gothiques n'ont
point obfervé la diminution \ & leurs colonnes font
cylindriques, c'eft pourquoi on les appelle /J/Zierj ,
à la diftintfion des colonnes. La diminution doit
être plus ou moins fenlible, félon la grolTcur , ou
la délicatelfe des colonnes. Les Maîtres de l'art &
les Ouvriers difent quelquefois contracture j au lieu
de diminution \ mais ce dernier eft plus de l'ulage
ordinaire.
En termes de Palais, on dit , Mettre des dimi-
nutions fur une déclaration de dépens \ pour dire, y
mettre fes débats fur chaque article qu'on veut
diminuer, avant que leTiersIes luxe. Extenuationes.
^C?DiMiNurioN,fe ditauftî,en Mafique,deladivifion
d'une note longue , une ronde , ou une blanche ,
en plufieurs autres notes de moindre valeur. Im-
minutio. Ce mot a encore fignihé roulade , plu-
fieurs notes paftees fur une même fyllabe.
DIMISSOIRE. f f Lettres que donne une Evèque à
fou Diocéfain , pour pouvoir prendre la toniure ,
ou quelque autre Ordre Eccléfiaftique d'un autre
Evèque. DimifforiA Littera. Quand on produit les
lettres de tonfure , ou d'Ordres donnés par un autre
que par fon propre Evèque , il faut juftifier en
même-remps du dimiffoire de fon Evèque, à peine
de nullité. Un dimijfoire ne peut être donné par le
Ch.ipitrej /èife vacante \ parce que c'eft un aéte
de la JurifdiiStion volontaire j qui doit être réfer-
vée au fuccefteur. Le Chapitre ne peut donner un
dimijfoire fans titre , ou fins une poileftion immé-
moriale. Fevret. Dans le cas de néceftîtéj comme
pour une Cure & des Bénéfices à charge d'ames ,
le Chapitre peut donner un dimijjoire j fede va-
cante , avant l'année révolue après la mort de
l'Evèque.
On prononce fouvent démijfoire \ mais le vrai
tnot eft dirviffoire : car il vient de dimitto , je ren
voie. Le dimiffoire eft un renvoi d'un fujet à un
Evèque d'un autre Diocèfe , pour en recevoir les
Ordres ^ & il ne vient point de demitto , qui
fignifie route autre chofe , c'eft-à-dire , j'abaijjc j
fahats.
DiMissoiRR. Terme Eccléfiaftique & de rubrique.
Dim/fforium. Dans l'Eglife Grecque le dimijfoire eft
certaines prières que l'on récite à la fin de l'Office
de chaque jour , Se par lefquelles , ou après lef-
quelles , on renvoie ceux qui le chantent ou le ré-
citent.
Ce Mot vient du Latin dimitto , je renvoie , je
songcdie.
D I M D I N
DIMISSORIAL , ALE. adj. qui ne fe dit qu'en cette
phraie , Lettres dinnjjonaus , qui contiennent un
dimilfoire.
DIMITE. {. f Terme de Commerce de Toiles. C'eft
une des deux efpèces de toile de coton , qui fe fa-
briquent dans l'Ille de Siphanto, l'une des Ifles de
l'Aichipel : elle eft croilée & d'un tiès-bon ufage.
DIMIZANA, ou mhiimZk. Diminaïa. Ancieni^e-
inent Lrimanthus , thegca j Pjoplùs. 'Ville an-
cienne , mais aujourd'hui peu conhdérable. Elle
eft dans la Zaconie en Morée , au couchant de
Guardichi , fur la rivière de i^'i/ni^j/za , ou d'Ery-
manthe.
DIMNA. ro}'f;j'. Damna.
DIMCERITES. Nom de Sedte. Dimœrita. Ce nom
fut donné aux Appoilinariftes. Ces Hérériques di-
foient d'abord que , dans l'Incarnation , le Verbe
divin n'avoir pris qu'un corps hutrain , fans pren-
dre un ame raifonnabie ëc femblable à la nôrre.
Enfuite , convaincus par le texte formel de l'Ecri-
ture , ils dirent qu'il avoit pris une ame,. mais
fans entendement , &: que le Vetbe fuppléoit en
elle cette faculté qui lui nianquoit. Et j parce qu'ils
féparoient l'entendement de Famé , on les appela
Dimœrijies , comme qui diroit divifeurs , fépara-
teurs , de êia , Se ^«p*, je divife. Vc>ye\ la première
Epître de Saint Grégoire de Nazianze ad Ciau-
dium ^ & Jean Forbés , Injiruci, Hijîorico-Theolog.
L. I.c. i . p. 6. I
DIMON- C'eft une "Villes des Moabites appelée Z)i-
/720/2 par les Septante en Ifaie xv. 9. où même le
manufcrit Alexandrin Fappelle Remmon , & par-
tout ailleurs, même en Ifa'ie xv. 1. Dibon. La
caufe de cette différence vienr , comme on l'a
remarqué au mot Dibon , de la relfemblance du
mem ôc du /leth dans le premier caractère Hébreu.
Dans la fuite , la relfemblance du "r , daleth , Sc
du T , rech , dans le fécond caraélère Hébreu , ou
dans le caïadlère Alfyrien , a produit la féconde
faute , qui eft dans le manufcrit Alexandrin.
Audi cette Ville n'eft autre que Dibon. Foyei^ ce
mot.
DIMON A , ou DIMON. Ville de la Tribu de Juda,
au midi, près de Fldumée & des montagnes Séïr.
Jof. XV. 2i. Elle eft appelée Dibon dans Efdras xr.
25. Koyei la caufe de cette différence au mot
Dibon.
DIMOTUC. Ville de la Remanie , fur une mon-
tagne dont la Mariza baigne le pied. Dydimoticos.
Dimotuc étoit autrefois une ville Archiepifcopale ;
aujourd'hui c'eft une petite ville , célèbre feule-
ment par la nailfince & par la retraite de Bajazet IL
Empereur à<î% Turcs , qui y mourut l'an 1 5 ii.em-
poifonné , dit-on , par ordre de Selim , ion fils ,
à qui il avoit été forcé de céder TEinpire. Long.
44. d. 8. lat. 41. d. 3S.
DIMUS. f f Terme de Mythologie. Fils de Mars &
de Venus. Dimus , Ati'fi<iç. Héfiode Théogonie, v.
934. Il aitnoit anifi la guerre ; & ce Poète en fait
un portrait tout femblable à Mars.
D I N.
DINABA . on DINHABA. Foye:^ Denaba.
DINAN. Ville de t.s.ncc. Dinantium , Dinannum. Elle
eft en Bretagne fur la Rance , du Diocèfe de Saint
Malo j dont elle n'eft éloignée que de quatre lieues
du côté du midi. Dinan étoit autrefois la place
d'armes des Ducs de Breragne. Il avoit titre de
Comté , & les fils des Ducs de Bretagne portoienc
le nom de Comtes de Dinan. Duchefne , qui en
parle dans fes Antiquités & Recherches des vil/es de
France, P. II. L. FUI. c. 5. rapporte que quel-
ques Auteurs tiennent que Dinan a été ainfi nommé
du nom de Diane par le ch.ingement de quelques
lettres ; que certains peuples étrangets , qui fe
vctoient de peaux de bêtes Se vivoient des fruits
des arbres , bâtirent une ville au milieu d'une Fo-
ret, appelée la Forêt de Faigne ; qu'environ 500
D I N
D I N
^57
Sîîs avant Jesus-Christ , hs^Flamancîs ayant tuc^DINATOIRE. atlj. Du dînsr , qui concerne le duier.
la plus grande partie de ce ptiuple , 6c nuné la
ville , ceux qai purent échapper en rebâtirenc une
autre , qu'ils nommèrent Uionacuin , ou Dixni-
cum , du nom de Diane, DéelFe des foièts, Sc
que c'eit celle que nous appelons Diaan , que Du
Clicfne dit avoir été l'un des anciens & plus gra-
cieux léjours des Ducs de Bietagne.
DINAWOiiRlE. f. f. Marchandile de cuivre jaune
nus en œuvre. Synonyme de Chaudronnerie, ^ra-
menta InterpolatJ.. Les poêlons & chaudrons , pla-
tines & chenets de cuivre , appartiennent a la Di-
nandcric. Dans les tarifs des Aides , il y a des ar-
ticles particuliers pour la taxe des dnnniciies. Ce
mot vient de Dinant , ville du Liégeois , pays
abondant en calamine, donc le mélange avec la
roiecte , fait le cuivre jaune. Ainli on a appelé
dinanitrle parmi les Marchands, le cuivre jauns
que la ville de Dinanr envoie par toute l'Europe.
On appelle même en plulîeurs lieux les Chaudron-
niers, D'inaniicrs.
DlNANDIER.. f. m Celui qui fabrique des Ouvrages
de Dinandene, ou qui en tait commerce. Les Chau-
dronniers prenn.-nc cette quaaté.
DLNANDOIb:, OISE. f. m. & f. Habitant de Dînant,
qu eilde Dinant. Dinannus , Deo:ianc:us,?iX3.àv n ,
dans fes Annales de Bowg^aae j L. 111. appelL
les riabitans de Dinant D'uiaadois , & Liégeois de
Dînant".
DINANDOIS. Pays de Dinan , Comté de Dinan.
Agtr y ou pagus , ou Com'cacui, Dinannenjis.
DINANT. Ville djs Pays-Bas. Dinanc/um , Oionan-
tium , Dionandum j Dcjnacum. Ceft une ville du
Condrotz , contrée de l'Evèché de Liège. Di.iani
ell lîtué fur la Meufe, à droite , entre Chailemont
& Namur. Monultcj Evêque de Tongre , l'a don-
née à l'Evèché de Liè:;e , auju.l elle appartient.
On croit que c'eft du nom de cette ville que
vient le mot François Diantre. Certains coureurs ,
qui marchoient la tète couverte , la barbe entor-
tillée , vêtus d'un gros habit noir qui leur dclcen
doit jufqu'aux talons j & nus pieds, turent ap-
pelés en France du nom de cette ville Deanandi ,
on ZJeo/îa/îtt, parce qu'apparemment ils on venoient,
& , comme les Démons appirollfoient fouvent ,
dit-on , fous la figure de ces fortes de gens , on
appela aulfi les Démons Deonami , d'où l'on a tau
iJiantre. Voy. Valois, Notit. Gall. Ou plutôt , parce
que ces figures d'hommes vêtus denoir,levifage tou
jou's couvert , &c. parurent relfembler aux Démons.
On appela les Démons DejnarM, Dlantrcî. Les Fran-
çois prirent Dinant en 11S75. Ils la fortifièrent,
rebânrenr la citadelle, qui ett fur un rocher ef-
capé pref-^ue de tous côtés, & la gardèrent jufquA
!i prix de Kifwick. Long. 21. d. i^. lar. ^o. d. i^
DINAR, f. m. Terme de Relation. 1°. Nom d'un poids
Arabe. C'eft le poids methcal que les Médecins
Arabifan? appellent un médical, & qui pèfe une
drachme & demie Arabique, Drachma Arabica cum
femijje. 2". En matière de monnoie , ce mot fi-
gnifie en général des afpres , des florins, c'eft a-
dire , toute forte d'argent. D'Herbelot. C'eft ce
<jue nous appelons en François de l'argent ; mot gé-
nérique , qui fe dit de toutes fortes de pièces de
monnoie, & de tout mîtal. Les Rabbins prennent
aulli dinar en ce fens , & ils ont emprunté ce nom
du Latin denarius. 5°. Dinar fe prend le plus fou-
vent parles Arabes pour une pièce d'or, du poids
d'un methcal , & répond aux hongres & aux fe
quins de Venife. Cette efpèce d'or a varié fou
vent fous les Kalifs j car quelquefois le dinar a
valu vingt & quel piefois vingt -cinq drachmes
d'argent. Les Mufulmans n'eurent point de dinars
d'or marqués à leur coin avant l'an -76 de l'hégire ,
& de Jesos-Christ 695. Ce fut Hégi icje . lequel
établit la première monnoie fous le Kalifat d'Ab-
dalmalek. Auparavant toute la monnoie d'or croit
feu M. le Maréchal de ecoit allé viluei un
Surintendant des Finances à l'heure de fon dîner :
ce dernier ne le recondudic que jufque iur le haut
de Ion efcalicr, & il lui du , vous m'excuierez
bien , Monlîiur, il je ne de cends pas pour vous
conduire jul^u'-i votre carroife , car c'eli: i'heu;e
di.iatjire. Le Maréchal , qui étoit naturellemenc
railleur , fe contormanc à (on langage j lui répon-
dit : il eft vrai , Monùeur , & dj plus , la rue elt
fort crotatoire. Mors A la mdoe.
DINCKELSPSIL, ou D JNCKELSPIEHL. Ville li-
bre impériale d'Allemagne , dans la Suabe , fur le
Wernitz , qui , i"e partageant en deux bras ^ l'ar-
l'ofe au midi & au couchant. J'^oye-:^. DINKELS--
PIEHL.
DINDAN. Son des cloches. Quand nous femmes
femons par Ic's cloches d'aller à nos l'aroilfes p'iec
Dieu ; li à petit bruit , nous 1 appelons tintin de la
cloche; fi à tour de bras des Sonneurs , le fon qui
s'intinue dans les oreilles de nos petits enfans ,
fait qu'ils l'appellent dindan. Recherches de Pas-
QUIER.
DINDE, f m. Coq d'Inde. En plufieurs endroits , au
^ lieu de dire coq d'Inde , on tait un nom fubftantit
de ce génitif d'Inde , & l'on du un dinde , le dinde ,
du dinde , au d'nde. Les d ,Hes. iJn grand rroilpc.ra
de dindds. Un gros dinie qui pèie plus de vmgc
livres. En plulieurs endroits de France on mène
les dindes paître à la campagne par troupeaux,
comme àzz moutons. Du relte j voye^ Coo d Inde.
OiNde. f. f. On appelle ainfi quelquefois , une poule
d'Inde. Nous avons une bonne d.nde. Ac. îr. On
le du aulli, figurément &c populurement , d'une
femme , ou d'une fille niaife , qui n a aucun ufags
du monde. C'eft une grande Dmde.
DINDING. lile inhabitée , fur la c' ce Occidentale
de la prefqu'Ille d au dc-là du Cirg?.
^ DINDON, f. m. coq d'mde. Gui s .ndcus. Mettre
un dindon à la broche. Garder le> dndons.
On dit, proveibialemenr , dune pauvre De-
moilelle qui eft obligée de fe retirer à la camp.agne
pour vivre , qu'elle va garder les didons, parce qu'on
les mène paicre en troupe.
f^ous voilà dçnc compagne
De certaines Philis qi^i gardent (es dindons.
La Fontaine.
CSO- DINDONNEAU, f m. Jeune dindon, petit
dindon. Pullus galli Indici junior. Elever des ciir,-
donneaux.
DINDONNIEPv. f. m. Pàrre, celi i qui mène paître
les dînions & les dindes. GaLiorum Indcorum,
Paflor. Le d/ndonnicr ne doit point lailîer fortir
fes dindes des érables, ou du poulaiilicrj que le
foleil n'ait difhppé la rofce & les brouill.irds. Il
ne doit point abindonner fon troupeau , tS< il doit le
conduire tantôt d'un côré , tantôt de l'autre , ahn
que la diverfité des pâturages réveille l'appétit de
ces animaux , & les falfe croître plutôt Sur les
dix heures du matin, il ramer en fon troupeau
fufqu'après midi , qu'il faudra retouriV3r au pâtuiagj;
& le foir venu , ce Dindonnier conduira fes dii.d.s
devint lui, pour les mettre dans le poulai'lier.
CHO\fEL. Le Dindonnier Qi une grande gaule poir
conduire f s dindes.
DINOONNiÈRE. f. f. M. Ménage s'eft Grvi de ce
terme , pour dire, une f.'mme qui élève les din-
dons , qui en a foin , ou qui les mène pnître. Ce
terme eft en ufage , en ce fens , dans les Provinces , à
la campagne.
DiNDOMNjiÈRE. adj. f.La Z)/Wo;2mèrcgentjc'eft-à-dire,
les Dindons. La FoNrAiNE. FalUs- 1. 6.f. 18.
%fT DiNDONNiÈRE eft uii temie de mépris, dont on fe
fert dans le difcours pour défigner une Demoilelle
de camnac^ne.
au coin des Empereiirs Grecs , celle d'argent avoir DINOY.ME. f f. Femme de Mion , Roi de Lydie, fut
fon infctipcion eu caractères-Perfiens. l mère de Cibèle, félon Diodgre.
i
358 DIN
DiNDYMÈNE. f. f. Nom ou épithète de Cybèle , la
Mère des Dieux. Dindymene j Diniymia. Elle fut
ainfi appelée du nom de fa mère , où de certaines
montagnes de Phrygie nommées Dindymes , où elle
étoit particulièrement honorée. Dans Héfichius , on
lit AincSi/itjj, mais mal , pout àivSlf<.>iv>i , qui fe trouve
dans Strabon , L. X. & dans Paufanias dans les
Achaïques, & les Béotiques. Horace , L. I. Od. iC.
dit auffi Dindymene. Vollius , De Idol. L. II. c. 5 2.
/'. 198.
DINE. Foye:{ Digïîe. Ville.
DINEE. f. f. Qui ne fe dit que dans les voyages, du
lieu ou l'on va dîner , &c du repas qu'on y fait
vers le milieu du jour. Locus pranforius. Je m'en
vais prendre le devant j & je vous attendrai à la
dînée. Il nous en a tant coûté pour la dînée.
DINER, v. n. Prononcez dîné. Prendre fon repas vers
le milieu du jour. Prandeie. Les maçons dînent ï an.
heures, les Moines à onze, le peuple à midi, les
gens de Pratique à deux heures. Le Roi des T'ai tares
après fon dîner, fait publier par Îq^ Hérauts , qu'il
permet à tous les autres Rois &: Potentats du monde
d'aller dîner. Alexandre difoit que fon Gouverneur
Léonidas lui avoir enfeigné , que pour dîner a;;réa-
blement , il falloir fe lever matin «Se fe promener.
DuRiER.
Je fors de che\ unjat , qui pour m empolfonner ,
Je penfe^ exprès che:^ lui m'a prié de dîner.
BOILEAU.
fCF On dit prier à dîner 3 & prier de dîner ; mais
dans une fignincarion un peu différente. Prier à dî-
ner , marque un delFein prémédité , une invitation
dans les formes, & en cérémonie. Prier de dîner ^
marque une prière fur le champ , & lans prépara-
tion, ouquand il y aplus d'amitié & de familiarité,
que de cérémonie. Voye\ Bouh. & Men.
Ce mot , félon Du Cauge , vient de difnare ,
lîiot de balle latinité. Henri Eftienne le tait venu
du Grec hi-anit , Se prétend qu'il faut dire dipncr.
Ménage tient qu'il vient de definare , qu'on a dit
pour de/înere , comme dilent encore les Italiens.
On dit j proverbialement , qu'un homme dînt
bien j quand il mange beaucoup. On dit auflî , Qui
dort dîne ; pour dire; que le dormir engrailfe les
gens. On dit d'un homme qui n'eft pas à l'auberge
à l'heure du dfner , que Ion alîiette di/ie pour lui.
Un pauvre dit auilî à l'égard d'un riche , S'il eft
liche , qu'il di'ne deux fois. On dit aulli , Quand
Alexandre avondiné, il lailfoito'iVzfr fes gens •, pour
dire, qu'il faut donner le loifir aux valets de dîner
à leur tour. On dit, quand on voit quelque chofe
qui déplaît, il me femble que j'ai diné ^ ou bien
j'ai àemi-di'ne , quand je vois cela. On dit encore ,
Qui s'attend à l'écuelle d'autrui ell fouvent mal
dmé. Tout cela eil du ftyle populaire.
On dit de l'Ordre de Cîteaux , qu'il d'ne bien ,
mais qu'il collationne mal 5 pour dire , qu'il a beau-
coup de biens pour vivre , & qu'il a peu de Béné-
nces à conférer.
§3° DINER , ou DINE. f. m. Repas qu'on prend vers
le milieu du jour. Prandium, Bon dîner. Grand ,
magnifique dùier. Nous nous amufons beaucoup
durant le d-ner. On va au dîner du Roi. Les Ro-
mainsnégligeoient le dîner, 8c remettoient la bonne
chère au foir , qui eft l'heure de la retraite & du
repas. Da.c. Aujourd'hui dans prefque toute l'Eu-
rope, le o'îWe^parte pour le principal repas;&, fi nous
en croyons les Médecins, il eftpKir.faindefiire legrand
repas fur le midi , que le foir. Il y en a pourtant quel-
ques-uns qui fouriennent le contraire, avec Bernardi-
nus Paternus , célèbre Médecin d'Italie , qui a fait
un Traité exprès fur cette matière. Mais l'on croit
communémenrqu'iledplus faliuaire de fouper peu j
& de manger davantage à dîner, principalement
pour les gens d'une fanté foible & délicate. C'ell:
le fentiment de l'Ecole de Saletne.
DÎN
E.v magna anâ Jlomaeho fie maxima ptzna.
l)t Jîc nocle levis , Jîc tibi cczna brevis,
Ergo J pour éviter les maux
Qui de mort aiguifenr la faux ,
Dînons bien, & ne foupons gueres ,
Et nous vivrons plus que nos pères.
§C? Dîner fignifie auffi les viandes , les mets qui
compofent ce repas- C'eft dans ce fens , qu'on die
préparer le dîner , apporter , fervir le dîner. Le dîner
eu. fur la table.
Un dîner réchauffé ne valut jamais rien. Boil.
$3- DINETTE. Diminutif dont s'eft fervi Chapelle,
pour lignifier un léger repas , un petit dîner. Pran~
diculum , prandiolum. Il elt du ftyle badin.
le dîner , ou plutôt dînette ,
Que fans déjeuner on attend ^
N'efl rien qu'un petit plat , moins grand
Que la plus petite palette
Djnt on ufe à tirer du fang.
^CF DINEUR, f. m. Ce mot ne fe dit point pour
figniher précifémentcelui qui dîne, Pranfor; mais
pour exprimer celui dont le repas princi'pal eft le
dîner. Quelquefois auffi il eftfynonyme à mangeur,
particulièrement quand il eft joint au mot beau.
C'eft UH beau dîneur , un grand mangeur.
DING. f. m. Les Siamois nomment ainfi , en général ,
tontes fortes de poids.
DIGELFIN J, en Latin Dingolvenga. "Ville d'Alle-
magne , dans la balle- Bavière , fous le département
& dans le diftriét de Landshur.
DINGLE. Dinglia Ville de la Momonie , en Irlande ^
dans uneprefqu'Ifle du Comté deKerry , fur le bord
feptentrional de la baie de Dingle , qui eft un des
plus grands & des plus beaux golfes de l'Irlande.
Long. 7. d. 3 ^. lat. 51. d. 6.
DINKÈLSPIEHL.. Prononcez DINKELSPIL. Petite
ville d'Allemagne dans la Suabe , fur la rivière de
Vernitz, aux confins de la Franconie , & à trois
ou quatre lieues au nord de Norlingue. Dinchef-
piela , Dinckefpiela , Dunkefpula , Dinchefpila _,
Dinhefpila, Zeapolis. C'eft une ville Impériale &:
libre. Le Gouvernemenr y eft mi-parti entre les Ca-
tholiques & les Proteftans.
DINOCRATE, ou STÉNOCRATE. f. m. Célèbre
Architedte Macédonien , llorillbit environ trois cens
ans avant J. C. On raconte que , voulant fe faire
connoîtte à Alexandre le Grand , & étant oblige
de fe produire lui-même , il fe frotta tout le corpe
d'huile , fe couronna d'une branche de peuplier y
& , couvrant fon épaule gauche d'une peau de lion ,
il prit une maftue dans fa main. Il parut devant
Alexandre, & lui dit qu'il lui apportoit un projet
digne de fa grandeur. Il lui déclara qu'il lui lail-
leroit le Mont Athos en forme d'une ft:atue , te-
nant en fa main gauche une grande ville, & ea
fa droite une coupe , qui recevroit les eaux de tous
les fleuves qui découlent de cette montagne , pour
les verfer dans la mer. Alexandre n'approuva pas
ce deftein \ mais il retint l'Auteur auprès de lui ,
& le mena en Egypte , où il lui commanda de
bâtir la ville , qui fut nommée Alexandrie. Pline
dit que Dinocrate acheva de rebâtir le Temple de
Diane à Ephèfe , & qu'enfuite Ptoiomée PhiLi-
delfihe lui ordonna d'en bâth" un en la mémoire
de fa femme Arlmoe. L'architeéle s'étoit propofé
de mertre à la voûte du Temple une groile pierre
d'aiman , qui auroit fufpendu en l'air la ftatue de
cette Princeife , laquelle auroit été toute de fer :
mais la mort du Roi empêcha l'exécution de ce
delfein. DOîl. de Peint. & d'Arch.
DINTIERS. f m. Nom que l'on donne aux roijnons
du cerf. Renés csrvini.
D I O
D I O.
DïO. Anciennement Dium. Voyc\ STADIA.
Dio. f. f. Premier nom que porta Cerès iorfqu'elle
rcgnoit en Sicile.
^3" DIABOLUS. Monnoie Athénienne , fur laquelle on
voyoit d'un côté repréfenté Jupiter ,& de l'autre un
Hibou , oifeau confacré à Minerve , la protectrice
des Athéniens.
§cr DIOCESAIN , AINE. f. Qui eft du Diocèfe. Di<z-
cefanus , qui e/l t Dioccefi. Un particulier dit , je
fuis Dlocéfain d'un tel Evêque. Un Evêque dit ,
un tel eft: mon Dlocéfain. Fevret , contre i'ufage,
a dit Diocéfane au féminin.
^3" Diocésain ell aulli adjedif , & l'on dit Evêque
Dlocsfaln, en parlant de l'Evêque du Diocèfe dont
il eft: quelHon. L'Evêque jDioc:*;^^-!/? préfidoit à cette
cérémonie. L'Evêque £>/oce/ii« précède toujours les
autres Evèques dans fon Diocèfe.
^fT On le dit quelquefois des chofes. Statuts
■ Diocefdlns , pour dire , les Statuts du Diocèfe.
DIOCÈSE, f. m. Territoire, où s'étend la Jurifdidion
fpiricuelle d'un Evêque ou d'un Archevêque j &
Province d'un Métropolitain. Dlxcejïs. Ces deux
fens font anciens. Dans le premier fens , il fe trouve
dans Hincmar , Ep. 5. ép. au Pape Nicolas ; dans
S. Grégoire, Liv. VII. Indid, II. ép. 17. ôc dans
le chap. 13S du XVI^ Concile de Tolède j dans l'é-
pître Synodale de Raban au Roi Louis j dans la vie
de Raban par Rudolphe. Il fe trouve au fécond
fens , c'eft-à dire , pour un Evêché , dans Sidonius
ApoUinaris , L. Vil, ép. 6. L. IX. ép. 16. &c. dans
Céfaire , L. I. ch. 17. dans S. Léon , ép. 87. dans
le Concile de Carthage , tenu l'an 404. ch. 93. dans
un autre Concile d'Ahique j ch. 9S. & 117. de
l'édition de Juftel ; dans la Conférence de Carthage ,
ch. 65. & 117. Anaftafe le Bibliothécaire, dans
la vie de S. Denis Pape , attribue à ce Saint Pape
rinftitution des Dlocefes Eccléfiaftiques pris en ce
fens , c'eft-à-dire, des Métropolitains. Ce Saint gou-
vernoit l'Eglife au Ille iiècle. Le Diocèfe de Rouen
a i40oParoi(res, celui de Chartres, 1800. Le nom-
bre de ces Paroilîes eft beaucoup diminué depuis
le nouvel écablilTement d'un Evêché à Blois , qui
a été compofé d'un démembrement de celui de
Chartres.
Ce mot vient de ^toitoine , qui fignifie prcpre-
ment aiTilnlJiration , gouvernement. C'eft ainfi que
Ijs anciennes Glofes le traduifent , i^mKisa-ts , Mi-
nlflerlum , adminljlratlo , moderaûo. Il vient de
i-ii>:-<.'ia J que les mêmes Glofes traduifent. Aiml-
nlfratlo i mlniflro , moderor ^ ordlno. Ainlî ^to\><-ii-is
T«3iroA!«f fignifie, Vadinlnlflration ^ le gouvernement
de la ville.
Ce mot de Diocèfe eft Grec 3 hoUvimi , & fignifioit
autrefois un gouvernement , ou préfedure compo-
fée de plufieurs Province.
C'eft Conftantin qui divifa l'Empire en Dlocefes.
Il ne le partagea qu'en quatre , qui furent le Dio-
cèfe è^\x.i!M.Q\ le i^iocf/è d'iUyrie , celui d'Orient,
& celui d'Afrique. Voilà ce qui fe dit communé-
ment. Cependant , long-temps avant Conftantin ^
Strabon , qui écrivoit fous Tibète , dit L. XIII. p.
45 1. que les Romains avoient divifé l'Afie en D/'o-
cèfes-.^ car il fe plaint de la confufion que cela
mettoit dans la Géographie , parce qu'ils ne divi-
foiont point i'Afie par peuples , mais par Dlocefes ,
dans lefquels il y avoir un Tribunal j où l'on rendoit
1.1 juftice. Conftantin fut donc feulement l'Inftitu-
t;ur de ces grands Dlocefes qui comprenoient plu-
fieurs Métropoles &c plufieurs Gouvernemens ; au
lieu que les D/Jc^yî:^ auparavant ne comprenoient
qu'une Jutifdiilion , un diftrid , le pays qui ref-
ioralfoi: à un Juje , comme il paroît par cet en-
droit de Strabon même , par Cicéron, L. III. Ep.
ad famll. ep. 9. & L. X///. e;7.(Î7.Ainfi d'abord une
Province comprenoit plufieurs Dlocefes , & dans
la faite , un Diocèfe comprit plufieurs Provinces. Le
DIO 559
Préfet du Prétoirecommandoit à plufieurs Dlocefes.
L'Empire Romain étoit divifé en XIII. Dlocèj'es ,
ou Préfeûures. Il y en avoir XIV , fi Ton compte
le Diocèfe de Rome , & les villes fuburbicaires.
Ces XIV Diocèjes contenoient 120 Provinces. Cha-
que Province avoit un Proconful qui demeuroit dans
la Capitale ou Métropole ; & chaque Diocèfe un
Vicaire de l'empire j qui réudoit dans la principale
ville de fon diftrid. L'Ordre Eccléfiaftique fut réglé
fur le gouvernement civil. Chaque Diocèfe avoir
un Vicaire Eccléfiaftique ou Primat , qui jugeoit en
dernier relîort les affaires de l'Eglife. Aujourd'hui
le changemenr du gouvernement temporel de cha-
que Province n'apporte aucun changement pour le
Diocèfe. FÉVRET. Il y a feulement cette différence ,
c'eft que le Diocèfe ne fignifie plus un alTemblage
de plufieurs Provinces ; mais, dans un fens plus li-
mité , une feule Province fous un Métropolirain ,
ou l'étendue du reflbrr , & la Jurifdidion d'un
Evêque , ou plutôt le territoire d'un Evêque ou
Archevêque , confidéré comme Evêque feulemenr.
Le Reftort du Métropolirain s'appelle Mérropole ,
& celui du Primat , Primatie. Guillelmus Brito ,
dit que le Diocèfe eft proprement le territoire &
le gouvernemenr d'une Eglife baptifmale ou pa-
roilîiale : d'où vient que plufieurs Auteurs fe font
fervis de ce nom pour fignifier une fimple ParolJJe.
Le P. Thomaftin , dans fon livre de la Dlfclpllne
de l'Eglife , fait le mot de Diocèfe féminin. Ç'a-
voit été , dit-il , la Coutume de Conftantin , qui
avoit établi ces ^r^/2(/ej Dlocefes L\a.ï\s les Provinces
de l'Empire.
L'Abbé Fleury , dans fon Hljlolre EccUfaJllque ,
fait au(fi ce mot mafculin , félon notre ufage , quand
il fe dit du diftrid & de la Jurifdidion d'un feul
Evêque j & quand il fe dit d'une Province entière,
de tous le pays qui eft fournis à un MécropoUtain ,
qui a fous lui plufieurs Evèques ^ il le fait féminin :
cela eft contre I'ufage \ jamais Diocèfe n'eft fémi-
nin en notre langue. Il en ufe ainfi pour mettre
de la difi^érence en ces deux chofes , &c n'être
pas obligé d'ajouter fi fouvent une explication ou
unepériphrafe.Eft-ce une raifon fuftifante ? Ufalloit
fe fervir du mot de Province au fécond cas ; c'eft
I'ufage conftanr.
Diocèfe s'eft pris aufii quelquefois pour Paroille ,
comme P.iroilTe , ^«po^i'^, s'eft pris pour Diocèfe.
Le Canon 5^. & le 57. de l'Eglife d ATique, Si-
donius AppoU. L. IX. ép. 16. Grég. de Tours L. IV.
C. 1 5. r Auteur de la vie de S. Prix , PrAjeclus , C. i.
dans BoUand. Acla SS. T. I. p. 634. le prennent
en ce fens. Foye^ les Notes de Juftel fur ce dernier
Canon , les Notes du P. Sirmcnd fur Sidonius
ApoUinaris , Filefac \ De Paritclar. orlg. De la Cerda ,
Adverf Sacr. C XXVI. 11. iz. Bollandus cité, p.
(Î54. Mais ce fens n'eft point du tout en ufage dans
notre langue.
DIOCLÉES. f f. pi. Terme de Myrhologie. Dloclela.
Fêtes établies à Mégarepar Alcathoùs , fils de Pélops,
en l'honneur de Diodes , Roi de Mégare , félon
le ScholiaftedePindare , ( Olymp. od. i^. fub.fin.)
Il en eft fait mention dans Théocrite , ( Id\l. 1 1.
V. 17.) Ce Poëte, après avoir loué les Mégariens
de ce qu'ils ont reçu Diodes avec plus d'honneur
que les autres étrangers , ajoute qu'au commence-
ment du Printemps , des jeunes garçons fe difpu-
toient la vidloire dans le combat du baifer auprès
de fon tombeau. Un ancien Scholiarte de Théo-
crite nous apprend l'origine de cet ufage, en difant
que ce Diodes, qui aimoit beaucoup les jeunes
garçons , s'étant entui d'Athèner pour fe retirai: à
Mégare j fit des merveilles dans un certain combat,
& qu'en couvrant de fon bouclier un defes favoris,
il lefauva, en perdant lui même la vie ; que les
Mégariens lui firent des funérailles , l'honorèrent
comme un héros j &: inftituèrent un combat , où
étoient admis lesplus beaux girçons j pour difputer
le prix du baifer, qui confiftoit en une couronnî
5^0 D I O
que ion clonnoir à celui qui fa voit donner ds meil-
leure t;race le plus doux baifer.
X)!OCL£TIEN. 1. m. Nom propre d'homme. DiocU-
tumus. Autrefois on ccrivoit Diodecian. Dioclétkn
croit un loldat de fortune , brave de fa perfonne ;
il étoit de balfe naillance , né en Dalmatie : on
croit qu'il avoir été Affranchi du Sénateur Anulin.
Il s'avança par tous les degrés de la milice _, &: par-
vint à l'Empire après la most de Numérien. Il régna
leul après la more de Carinus, frère de Numérien ,
arrivée l'an ^05. Cette même année , Oioclcùc:i
envoya Maximien commander dans les Gaules , &
le Ht Céfar : l'année fuivante zS(î. il le fit Auguile ,
«5c ralfocia à l'Empire. Diodétïen , fatigué des foins
de l'Empire , &c chagrin de ne pouvoir abolir le
Chriftianifme j quoiqu'il eût cruellement perfécuré
les Chrétiens , abdiqua l'Empire , & fe retira à
Salone , où il mena une vie privée. Diodéticn s'ap-
pela d^lbord Diodes , & enluite Diodcûtn.
DlOCLETlENNE. adj. f. En uftge dans la Chrono-
logie , où l'on appelle l'époque Diodénenne , &
l'Ere Diodéiicnne , une époque & une Ere qui a
commencé fous Dioclérien. Epocha Diodedana. JEr\:
Diodetiana , ou ySra Manyrum. L'Epoque Diodc-
tïcnnc ell le zçe d'Août de l'an de la période Ju-
lienne 4997. de Jefus-Chrift 284. L'Ere Diodc-
ticnne , que l'on appelle aufiî l'Ere des Martyrs ,
commence à cette époque. Les Ethiopiens fe fervent
de cette ère , donr ils appellent les années , années
de grâces ; mais lis n'en comptent pas les années
tout de fuite : ils accommodent cette ère à un cycle
de 554 ans j après lefquels ils recommencent à
compter années lere, année ze j de forte que la
535e année fe nomme année première , & de même
la 1069^, & ainfi après chaque révolution de 5^4
ans. Leurs années ne font donc pas les années de
l'ère , mais les années du cycle ; &: pour trouver les
années de l'ère ,, il faut lavoir quel eft le cycle •,
fi c'eft le premier , les années du cycle & celles de
l'ère font les mêmes ; 11 c'ell le fécond cycle , pour
avoir l'année de l'ère^j il faut ajouter l'année du
cycle à 554- ainfila 50« année du fécond cycle eft
la 5 84e de l'ère ; li cd\ le 111« cycle , il faut ajouter
l'année courante du cycle à io6<3 ; ainfi, la 20e an-
née du fécond cycle eft la 1080e de l'ère , & ainlî
des autres.
DIODAN. Foyey DESANUS.
-DIOGENE. f m. Nom d'homme. Dlogenes. Ce nom
a été fort commun parmi les Grecs. Diogène le
Cynique , ou le Philofophe ., étoit fils d'un Ban-
quier : il méprifi les richelfes lorfqu'il n'en put
avoir, car fon père avoir fait banqueroute: quel-
ques-uns difenr que ce i\iz Diogcne lui-même. Ainfi
le mépris qu'il eut pour les richedes eft bien fuf-
peét j & paroît être bien moins l'efter de fa fagelfe
& de fa vertu , que la marque de fon orgueil.
Diogcne étoit de Synope. Z)<!0^t'/rt' - Laerce a écrit
la vie des Philofophes : c'eft un excellent ouvrage.
Il y a eu cinq Diogènes célèbres chez les Grecs :
le premier étoit Phyficien ^ le fécond, qui étoit
de Sicyone , a écrit fur le Peloponèfe'; le troi-
iième ell: Diogène le Cynique ; le quatrième étoit
un Philofophe Stoïcien , il étoit de Séleucie ; le
cinquième , qui étoit de Tarfe , a écrit fur la Poé-
tique. Il y a un S. Diogène martyrifé en Macédoine :.
on célèbre fa fête le (Se d'Avril
Le nom de Diogcne vient du Latin Dlogenes ,
formé du Grec ; AjayÉv^f.
DIOGNÉTE. f. m. Architefte & ingénieur, étoir de
Rhodes. Il rendit <le grands fervices à fa patrie ,
lorfque Demetrius Poliorcètes afiiégea la ville de
Rhodes. Epimaque avoir conftruit, par l'ordre de
ce Prince , une Hclépole d'une grandeur prodi-
gieufe ,■ c'eft à-dire , une tourroulanre , pour appro-
cher des murailles , 6i du haut de cette tour com-
battre les affiégés \ mais Diognéte trouva moven
d'inonder promprement le terrein par où l'Hélé-
pole devoir paiïer : de forte que Demetrius fut
©bligé de lever le lîcge l'an 304. avant J, C. Les
D I O
Rhodiens récompenfèrenr Diognéte leur llbérâteat.
Il y eut auili à Rome un Peintre nommé Diognéte ,
de qui l'Empereur Antonin le Philofophe apprit à
peindre. Dicci, de Peint C d' Arch.
DlOiS , OISE. f. m. & f. Qui el't de Die en Dauphiné ;
habitant de Die , Dee/ijis , Dienjis. Pendant les
guerres civiles du XVI liècle , les Diois fouftrirent
beaucoup des Huguenots, qui ruinèrent leur Eglife
cathédrale.
DIOLS. Contrée de Dauphiné, en Fr.ance. Pagus^ oa
ager Dienjis. Le Diois eft entre le Valenrinois j les
Baronies , le Gapençois & le Grélivaudan. Le Diois
eft fort montagneux : il y a pourtant un gtand
nombre de bourgs & de villages j dont les plus
con!i Jetables font Saillans &Luc; mais poinr d'autre
ville que Die , qui en eft la capitale, & qui lui
donne fon nom. L'Evcque de Die étoit autrefois
Seigneur du Diois \ puis les Comtes s'en emparè-
rent. En iz'Jp. Aimon , Con:!ta de Touloufe , donna
ce pays à Aimar de Poitiers , Comte de Valenti-
nois , à la charge de foi i>c hommage. En 1404.
Louis de Poitiers le vendit cent mille écus à Charles
VI. qui le réunit ainli à la Couronne.
Ile de DIOMEDE /"ovc^ TRÉMITI.
DION. f. m. Nom du mois dans lequel l'Equinoxe
d'Automne arrive- •û<". Ce mor n'étoit en ufage
que chez les Macédoniens. Gallien. Corn. in. I.
Hpid.
DIONE. f. f. Terme de Mythologie. DéefTe du Pa-
ganifme , dont Héfiode parle au commencement
de fa Théogonie, v. 17. ZPio/zc. Il la nomme parmi
les Nymphes dans le même Poëme , v. 5 5 2. &: lui
donne les épithètes de belle & d'aimable. Elle
étoit fille de l'Océan & de Thetis. C'eft encore
Héiiode qui ledit, v. 537. &: fuiv. On dit qu'elle
fut mère de Vénus , & qu'elle l'eut de Jupiter ^
& c'eft pour cela q;ie Vénus eft appelée Dionée.
Cependant Homère , dans fon Hymi^e fur Vénus ,
la tait fille de Saturne &: de Rhéa ; & Héfiode ,
dans ft Théogonie, v. i 90 & 198. la lait naître de
l'écume de la mer.
Volllus, de Idol. L.II. C. zi. p. 108. croit que
Dione, ou Vénus, ou la Lune ^ eft la même que
la Baaltis ou Beltis des Phéniciens. Il avoue néan-
moins que Sanchoniaton , cité dans le premier li-
vre de la Préparation Evangélique d'Eufebe ,
femble les diftinguer 5 car il y dit qu'Aftarte Sc
Baaltis lontfœurs ; que la première eft \'énus, l'autre
Dione: il les fait l'une & l'autre femmes de Sa-
turne J, qui n'eut de Dione que des filles : mais'les
Grecs ^c les Romains font Dione mère de Vénus.
Confulrez VolIiùs à l'endroir qu'on vient de citer.
DIONYSIA. f. f. Efpècc de pierre fort dute , qu'on
met au rang des précieufes. Elle eft noire j &c mar-
brée de tâches rougeâtres. Pline , qui parle de certe
pierre, dit que, li, après avoir été bien pulvérifée, on
en met tremper dans de l'eau , elle lui donnera le
goût du vin , & qu'elle empêche l'ivrelTe du vin
véritable. C'eft fon goût de vin qui lui a fait donner
le nom de Dionyjia ou Dionyfias , à caufe d'une
des Cyclades nommée Dionyfias _, parce qu'elle eft
ferrile en vignes. C'eft le Naxos ou le Naxi d'au-
jourd'hui , où l'on facrifioit à Bacchus , & où fe trou-
voit, dit-on , une fontaine de vin.
DîONYSIA. Voye-^ DONUSA.
DIONYSIADES- Dionyfmdes. Les DionyJJades font
troi-s petites Iles ï. l'Orient de celle de Candie^ en-
trecellesde Lovo , de Stampalia<Sv: de Scarpanto. Les
incurfions des Pirates ont fait déferrer ces Iles , où
il n'y a prefque perfonne.
DIONYSIAQUE, f. f. Dionyfiaca. Sorre de danfe, ap-
pelée auîli la Pyrrhique ; par laquelle on exprimoit
les belles aètions de Bacchus dans les Indes. Elle
fut très-fatigante dans fon inftirurion ; mais on la
rendit plus douce & plus légère, en fe fervant de
Thyrfes , au lieu de lances, qui croient beaucoup
plus pefantes, & en prenant de petires baguettes,
ou des flambeaux à la place de javelots. Cette danfe
étoiraccompagnée de Bûtes , & du Carmen Onhifium,
D ï O
Û propre à exciter le courage. ( J. C. Scili^er ,'
Poecu: /. I. c. iS.)
DIONYSIAQUES, f. £ pi. Nom de Fêtes des Payens ,
qu'on célébioic à l'honneur de Bacchiis le 3e jour
de l'iipzem'ûie. JD^oiy/i'u , Dionyjiacu.ï.es La.nns a.p-
peloieiK cerre fcce du nom de Libérales : on l'ap-
pelle aullî la fèce des vendanges , parce que Bac-
cliusj dans le fyl^cme de la Eible , cil le Dieu du
vin , le Dieu qui préfide aux vendanges, f^oye-^
Varron 1. 5.
Ce nom de Dionyjîiques vient de Dionyfiaca ^
mot tormé du Grec iJ^fo»^^* , qui ell: le nom de
cette fête chez les Grecs. M. Blondel écrir Dio-
. nilij.aucs fans y: mais il en faut un , fi l'on luit
letymoioj;ie.
DION ifSIhS , ou fêtes Dionyfiennes. Dionyjîj. /'bye^
BACCHANALES. Cell la même chofe. Bacchus
s'appeloit auîlî Dionyfîus _, nom dont cette fête avou
pris celui de Dionvfies.
DIONYSIOPOLI. Ville de Bulgarie, appelée autre-
ment Chaliacra , en Latin Dionyfiopolis , Crunoi.
C'étoit autrefois une ville Epifcopale .• maintenant
elle e(l peu confidérale. Elle efl: fur la petite rivièr
de Tiza , à fept lieues de Varne , que quelques
Géographes prennent pour l'anncienne Dionyjio
polis^
Ce nom cft compofé de Atminos^ Denys , & îioa/j- j
DIONYSIUS. f. m. C'eftundes noms que les Anciens
donnent à Bacehus. Quelques-uns tuent ce nom d.-
Al»; , génitif de ZtU , Jupiter, de de Nyfa , ville
d'Egypre fur les frontières de l'Arabie , où les An-
ciens difoient que Bacchus avoir été élevé par les
Nymphes. D'autres prétendent qu'il vient de Du ,
ou i-Jy , qui fîgmhe, Seigneur j au moins AtZw , en
Indien , fi^nitioit Seigneur , comme le témoigne
Jubi , cité par 1 étyinologille ; & de Nyfa , mis par
métathèfe , on tranlpodtion , pour Sina. De lorte
que, félon Tz.-rzès , Anvinoç n'ell autre chofe que
Aivta; xai «i/«| Hucnriif , D'iouyjius , Seigucur &c Roi de
Nylfa.
DioNv'sius. Terme d'Aftronomie. C'eft le nom que
les AiUonomes ont donné à la tache de la Lune qui
ell la 18^ du catalofjue que le I'. Riccioli en a drelié.
Ce nom lui a éié donné en l'honneur de S. Denis
l'Aréopagite , & de ce qu'il dir , en voyant l'obf-
curciircment du foleil qui arriva à la morr du
Sauveur.
DioN\'-:>ius , efl: aufli le nom d'un des trois Anaces,
Hls de Jupiter.
DIOPTRE. f. m. Terme d'Aftronomie. Les dioptrcs j
font des trous percés dans les pmnules del'alhidade.
Diopcrum , diopiron.
fi? C'eft aullî le nom d'un inftrument de Chi-
rurgie qui ferr à dilater la m.urice ou l'anus j afin
d'examiner les maladies de ces parties.
?fT On l'appelle aulli dilatatoire.
Ip- DIOPTRîQUE. f. f. Dans le fens le plus général ,
eft la troidème partie de l'Optique , qui confidère
&c explique les réfractions que foufFte la lumière j
Jorfqu'ellepiire pardi tférens milieux , comme l'eau,
l'air , le verre , &c. Aulll cette fcience traite-c-elle
des verres plans , convexes & concaves.
tfT Dans un fens moins étendu , c'eft la fcience
de la vifion qui fe fait par des rayons réfra6lés ou
rompus, en pail^int d un milieu dans un autre,
c'eit .\-dire, qui changent de direilion dans ce paf
fat»e , & ne parcourenr pas la même ligne droite
Diopaicj.. Cette fcience n'a été cultivée que depuis
l'invention des lunettes , qui montrent les plus mer
veilleux effits de la réfraétion. Defcarres a fait un
Traité excellent de la Dioptrique. Foye^ Re-
îRACriON.
Dioptriiue eft originairement un morGrec, qui
vient de <?<« , per , & 'irli.ucci ^ Jg vois • d'où ^l'Ai-m
feroit , voir à travers quelque chofe.
fçCT Dioi>TRiQUE, eft aulli adj. & fe dit de tout ce
qui a rappL^rt à la Dtoptrlque.TiiiicQçQ dlop:rique.
Diopiricus.
Tome III.
D ï O 561
UCr Pour fe former une idée nette de la DiO:'-
trique , il iaut fe rappeler tout ce qu'on a di: de la
Réfradtion , 5: fuppoler les vérités fuivanres :
le? 1°. Tout corps foUde ou fluide qui donne
pal! âge à la lumière, fe nomme milieu.
IfT z". L'air eft un milieu moins denfe que ie
verre. ^
Cf3° 3°. La lumière fe rcfrafie en paflant d'un
milieu dans un autre j lorlque dans ct? paifage elle
change de direétion j c'eft- à-dire , lorfqu'elle ne
parcourt pas la même ligne.
HtT 4". Un rayon de lumière qui palîè perpen-
culairement d'un milieu dans un autre , ne fouffre
aucune rctrattion.
IfT 5°. Uit rayon de lumière qui pafte oblique-
ment d'un milieu moins denfe, dans un milieu plus
denfe; par exemple, de l'air dans le verre, fè
réfraéle en s'approchant de la perpendiculaire ,
c'eft-à dire , qu'il quitte la ligne qu'il décrivoit ,
pour en décrire une moins éloignée de la perpen-
diculaire.
0C? 6°. Un rayon de lumière qui pafte oblique-
menr d'un miheu plus dénie , dans un milieu moins
dénie; par exemple, du verre dans l'air, fe ré-
fracte en s'éloignant de la perpendiculaire.
tfT C'eft par le moyen de ces principes j que l'on
peut regarder comme inconteftables , & donr on
fait fouvent ufage dans plulîeurs arricles de ce Dic-
tionnaire _, qu'on explique les difFérens phéno-
mènes que nous préfencent les verres convexes Se
concaves donr il eft queftion dans la Dioptrique. A
l'égard des verres plans, la réfraèlion que foulFre le
rayon de la lumière , en palfanr du verre dans l'air ,
corrige le dérangemenr occalionné par celle que ce
"même rayon avoir foufferteen pallant de l'air dans
le verre.
DIORYX,ouDORYX.Dansl'EcclériaftiqueXXIV.i4.
On lit, Lgojîcut Jùuvii Dioryx (& dans plulleuis
exemplaires, Doryx) & Jicut aquitduclus exivi de
Paradifù. Quelques Auteurs ont fait un nom propre
de fleuve de ce nom Dioryx, ou Doryx ; & rAut.;ur
de la Glofe ordinaire prétend que c'eft l'Araxe ,
peut-être parce que dans l'Arménie il y a un fleuve
appelé Dorinx. C'eft une pure méprife j Doryx eft:
une faute , il faut lire Dioryx \ ôc Dioryx eft un
mot purement Grec , de<^'« , & i>>iy»u,«( , Jrango ; 6c
il ne lignifie qu'im folFé , une lofle, une ravine où
l'eau coule.
DIOSCORL Diofcorus. Perite Ifle de la mer Ionienne ,
fur la côte de la Calabre ultérieure , piès du Cap
délie Colonne.
DIOSCORIEN,ouDIOSCORIDIEN , ENNE.f.m.&;f.
Nom d'anciens Hérétiques qui luivoient les lenti-
niens d'Eutychcs , ou plutôt de Diofcore , Evêque
d'Alexandrie, fauteur d'Eutyches : ce Diofcore fur
condamné avec Eutyches dans le Concile général
de Chalcédoine , & enfuire relégué à Gangres dans
la Paphlagonie , où il mourut. Mais , pendant fa
vie , & même après fa morr , il eut un grand
nombre de feélareurs , & principalemenr dans
Alexandrie, auxquels on donna le nom ds Diof-
corieus.
DIOSCURES. f. m. pi. Terme de Mythologie. Nom
que l'on donnoit dans l'Antiquité à Caftor & à
Poliux. Diofcuri. Ce nom lignifie enfans de Jupiter ,
de ^' f, & xîp", qui fe dit dans le dialeéle Ionien
pour "li'fa' , Enjans. Cicéron , au 5"^ L. De naturà.
Deorum j dit qu'il y avoir trois diftérens Diofcurcs:
les premiers étoient fils du Roi Jupiter , le plus an-
cien des Jupiter. Us fe nommoient Triropatrée y
Eubulée & Dionyfius. Les f.conds Diofcur.s étoienc
filsdutroifième Jupiter &de Léda; c'étoient Caftoc
& PoUux. Les rroifièmes, félon quelques-uns , font
Aleon , Mclampus & Emolus , fils d'Arée , qui
l'étoir de Pclopsi A. Pofthumius Diélireur l'an de
Rome 157. bâtit un Temple m\^ Dioj cures , parce
qu'on crut leur être redevable d'une vi'ftoire que
l'on remporta contre les Latins , & d'en avoir porté
Z z
3^1 DIO DÏP
la nouvelle à Pv.ome. Voyei fur ces Dieux , Voirius ,
De îodûlol. L. 1. C. 13.
DIOSCURIES. f. f. Terme de Mythologie. Fctes en
l'honneur de Caftor & de Pollux , célébrées à Cy-
rène, felonleSchohalle de Pindare, & fur-tout à
Lacédémone , où ces deux héros avoienr pris naif-
fance. On (aifoic ce jour-là de grandes réjouillan-
ces ; en buvûic à tout^ outrance , <Sc l'on donnoit
des jeux , dont l'exercice de la lutte faifoit la meil-
leure partie. Diofcuria.
DIOSON. Rivière de France. Diofo. Le Diofon a fa
fource dans le pays de Brenne : il vient dune fon-
raine de même nom , un peu au-delfus de l'Abbaye
de Maubec , & fe jette dans la Claife , un peu au-
delFus du Bourg de Suberay. Davity , Corn.
DIOSPOLIS. C'ell: le nom de plufieurs villes. Diof-
poiis.Thhhzs , ville d'Egypte j a été appelée Diof-
polis. Laodicée a été aulli nommée d'abord Diof-
poits, parce qu'Antiochus , difoit-on , la bâtit par
ordre de Jupiter. Lidda , ou Rama , ville Epicopale
de Paleftine , de la dépendance du Patriarche de
Jérufalem , s'elt aulli appelée Diofpolis ; & c'eft
celle dont nous parlons le plus , à caufe du Concile
qui y fut tenu contre Pelage ; & que nous nom-
mons le Concile de Z)i£)//'o/M , ou de Paleftine , où
l'Héréfiarque fut fi bien fe contrefaire , qu'il per-
fuada aux Pères de ce Concile qu'il étoit Catholique.
Voyei S. Jérôme, ép. 74. S. Auguftin , L. I. contre
Julien, C. 5. & fuiv. & L. II. des Rétradations c.
47. Il y avoit aulîi une ville de ce nom en Ethiopie:
on yvoyoic un grand temple , où les Ethiopiens al-
loient tous les ans, en certain temps, prendre la
ftatue de Jupiter & celle des autres Dieux, & les
portoient en procefiion dans les campagnes , autour
des villages de la Lybie , faifant de grands feftins
pendant douze jours.
DIOSPOLITES. C'eft le nom que l'on donne aux
Rois qui ont régné à Diofpolis dans la balle Egypte.
Il y a dix-huit jJiofpotkcs : en ce fens , il eft fubf-
tantif. Oriis eft un d-s Rois DiofpoUtes : pour lors ,
il eft adjedif.
Ces noms viennent de A/oV , Jupiter , & ^Un^ ville :
DiofpuUs , Ville de Jupiter.
DIOSPIRE. f. f. Diofpyros. Plante dont parlent Gèf-
ner , Ray Se Lémery fous ce nom , &c plufieurs
autres Botaniftes fous d'autres noms ou dénomina-
tions. C'eft un bel abriireau qui poulfe de L\ racine
beaucoup de tiges plus hautes qu'un homme , ra
meufes , couvertes d'une écorce rougeâtre. Ses
feuilles ont la figure de celles du Poirier, de gran-
deurs dirtérentes 3 vertes en delfus , blanchâtres &
lanugineules en delFous , arrondies à leur extrémité,
crénelées en leurs bords , nerveufes. Ses fleurs naif-
fent entre les feuilles , plulieurs jointes enfemble ,
compofces chacune de cinq feuilles blanches , oblon-
gues , prefque fans odeur. Elles font fuivies de baies
groftes comme celles du myrte , violettes ou noi
res, crenfées & couronnées de cinq découpures
d'un goût doux & agréable j remplie de (emences
noirâtres comme celles des poires. Ce fruit eft fto-
machal & cordial. Lémery.
DIOU. Foye^DIU.
DIOXIE f. f. C'eft la même chofe que Diapence. Kay.
ce mot.
D I P.
DIPHAT. Voyei RIPHAT.
DIPHRYGES. f. m. Terme de Pharmacie. Marc de
bronze. Diphryges , diphrix. C'eft comme la lie &:
la cendre du cuivre fondu qui fe trouve à la four-
naife j lorfqu'il eft écoulé. Diofcoride en diftingue
de trois fortes \ favoir , celui qu'il appelle naturel ,
quoiqu'il fe falfe d'un limon de certaine mine fé-
chée au foleil , & brCilée à feu de farinent j celui
qui eft la cralFe du cuivre fondu j & celui qui fe
fait de la marcaffite, ou pierre pyrite brûlée. Le di-
phry^cs eft médiocremtMit acre , & médiocrement
D I P
aftringent : il eft très- bon pour les ulcères difficiles
àcicatnfer.
Ce mot vient de »'? , deux fois , & de ipfî'yw» ,
rôtir.
DIPHTHONGUE.f. f.Terme de Grammaire. Jonûion
de deux voyelles qui fe prononcent eniemble j & ne
font qu'une fyllabe. Diphchongus. Selon l'ctymo-
logie du mot , les diphthongucs doivent faire en-
tendre un double fon compofé de deux voyelles.
Ainfi CM dans le mot de bonheur n'eft pas une diph-
thonguc , ni ac dans Cam , ni ao dans Laon ,Jaon ;
parce cjue, dans bonheur, on ne fait entendre ni le fou
propre de l'c , ni le fon propre de l'a , mais un fou
îimple j tout différent de celui de chacune de ces
deux voyelles \ Se, dans Caen, on retranche entiè-
rement ïe j comme on retranche ïo dans Laon &
jaon.
Les Latins prononçoient comme nous les deux
voyelles dans une diphthongue , avec cette excep-
tion , que l'oii n'entendoit pas également les deux
voyelles \ l'une étoit plus foible que l'autre : on les
divifoit même le plus délicatement qu'il étoit pof-
fible. La plupart des diphthongues fe font perdues
dans la prononciation ordinaire du Latin. Leur a. Se
leur œ ne fe prononcent plus que comme un e :
quelquefois aulli en François , deux voyelles ne font
qu'un fon fimple : \œ fe prononce comme Ve :
Jœur.
On peut diftinguer en François j comme dans J
plulieurs auttes langues, des dipthongues par rap- J
port aux yeux 3 Se des diphthongues par rapport aux
oreilles. Une diphthongue par rapport aux yeux , eft
formée de deux voyelles qui fe trouvent dans une
même fyllabe , foit que , dans la prononciation ,
on faffe entendre le fon particulier de chaque
voyelle , foit que le fon d'une des voyelles fe perde,
foit enfin qu'on faffe entendre un fon nouveau ,
diftérent du fon propre dechacune des deux voyelles :
dans les deux dernières occafions, les diphtho/igues
ne font appelées qu'improprement diphthongues y
mais, dans la première occafîon , elles font diphthon-
gues propres j parce qu'elles font diphthongues par
rapport aux yeux Se par rapport aux oreilles j qui
font les diphthongues propres , font formées ou de
deux voyelles qui font dans une même fyllabe , ou
dont on entend le fon particulier , ou de trois
voyelles d'une même fyllabe , lefquelles ne rendent
que deux fons dans la prononciation. Dans cette
dernière occafion , les diphthongues par rapport
aux oreilles , lont triphthongues par rapport aux
yeux.
Diphthongues Françoifes par rapport aux yeux,
£C , Athiupis , plante , £thites , pierre : ai , aigle ,
faire : ao , Laon , Faon , Saône : au , autour, vautour :
ay , ayde , ayder.
Ea , jugea , mangea : eo , mangeons , jugeons.
Ei , feindre , peintre , dejjein : eu , bonheur , heu-
reux: ey , Leyde , ville de Hollande.
\q , fier , lièvre: io , devions, aurions , chante-
rions.
Oe , œfophage , csfype : oi , croire , boire : 00 ne
fe trouve, dans notre langue, que dans les noms
propres étrangers que nous avons confervés tout
entiers j fans y rien changer j comme Verboom.
Ces fortes de mots font pris , pour l'ordinaire , de la
langue Flamande: ces deux 00 dans notre lanyue^
n^ont d'autre eftet que d'alonger la fyllabe où ils
font ; ce que faifoient autrefois les deux aa dans
certains mots , dont on en a retranché un dans la
fuite j comme aage , aagé , aujourd'hui j âge j âgé:
ou , vous j vouloir : oy oyfeau.
Ua , quand, quatrain: uCj quel, queftion: ui,
qui , quitter j puifque , puijfance : 110 , quolibet j quo-
tidien : uy , aujourd'hui.
Ya , Ydchoranda , arbre. Dans la plupart des mots
où l'on mertoit autrefois un y , aujourd hui on
met un /. Remarquez aulîi que j dans les noms pro-
pres dérivés du Latin & du Grecj au lieu à'ae,
on met aujourd'hui un é , Se qu'on écrit Enee ,
D IP
Egypte, Ethiopie, 8cc. Se non pas ^/!t-e ^ Ethio-
pie , Egypte. On a cependanc confervc l'a dans
quelques mots d'art ou de quelque fcience parti-
culière, comme atites, &c. mais , foit qu'on écrive
ces mots avec un a, ou avec une, on doit favoir
qu'ils font dérivés des mots Grecs qui commenceni
par «' , comme A'»e<«y , Sec. ou des mots Latins qui
commencent par un <c , comme le même nom en
Latin Eneas , &c.
Les diphthongues par rapport aux oreilles font ,
Eau , comme perdreau , faijandeau.
La , comme dialogue , diacre , &c. en profe.
le , comme fier , bien , rien , &c.
leu , Dieu , Dieux , deux , Ses.
lo,jod, leweHéhia^iqae , devioris j aurions, Sec.
Oe . quelquefois en vers , poète , poëme.
Oei , œil j œillet j œillade.
Oi , croire j devoir , oifeau.
Oie j croient ^ voient.
Uei , accueil , orgueil,
Ui , puifque , pu/ffance.
Ya , cette diphthonguc ne fe trouve que dans
quelques mots étrangers , comme ^ achoranda • Se ,
comme ces mots ne lonc pas de l'ulage ordinaire ,
peut-être nos Poètes, s'ils étoient obligés de les faire
entrer dans les vers , feroicnt-ils deux fyljabes des
lettres y &c a.
Yeu j yeux.
Toutes les diphthongues que nous venons de rap-
porter , ne iont pas toujours diphthongues : les lettres
qui les forment le léparent quelquefois en diiié-
rentes fyllabes. Il y a des mots où les deux ou trois
lettres qui forment une diphtnungue en profe ,
n'en forment pas en vers : alors il faut appuyet
fur la première de ces lettres en iifant des versj
& couler doucement fur toutes les voyelles de la
diphthongue , en Iifant de la profe ou des vers ou
ces voyelles font une dipthongue \ par exemple.
Quand les ormes fuiront l'emùrajjementdu lie-rre.
Corneille.
Le ii-erre^ croit au foyer. S. Amant.
Quelquefois les lettres qui forment uns diphthon-
gue d3.ns certains mots, n'en forment jamais dans
certains autres : les lettres io font une diphthongue
dans les premières perfonnes de plulieurs temps des
verbes, aurions, devrions. Sec. les mêmes lettres
dans les mots féminins terminés en ion font une
diphthongue en profe , & n'en font pas une en vers.
En voici des exemples.
Nous devions fuir l'amour , & c'eût été le mieux.
La Fontaine.
Nous attendions un fort plus Weureux que le nôtre.
Racine.
Non je ne hais rien tant que les contorfi-ons ,
De tous ces grands faifeurs de pro:eftati-ons.
Molière.
On appelle ici diphthongues aux yeux , celles que
d'autres Auteurs appellent diphthongue '^ imYXiopxts-^
Se triphthongues , celles qui ont trois lettres , quoi-
que le nom de diphthongue ne convienne propre-
iiîent qu'où l'on entend deux fons dans une même
fyllabe -, &C celui de triphthnngue , où l'on entend
trois fons dans une même fyliabe.
Lemotde</.7'/.'r/zo/7^ùevientdu Latin diphthongus ,
formé du Grec ^np^tytç , qui fignifie la même chofe.
DIPHYE. f m. Nom dpnnc à Cécrops : qui fi'^nifie ,
compofé de deux natures , pour faire alliifîon à la
fable qui le faifoit moitié homme & moitié ferpent.
Ce mot vient de <^<f, bis , & ipu» , nafcor.
DIPHYES, ou DIPHRIS. 1. f. Pierre figurée qui repté-
DÏP 365
fente les deux natures du mâle ou de la femelle : elle
eft noire ou blanche.
§cr DL^LETHRUM. Méfure des Grecs, double du
Plethrum. Foye-^ ce mot.
DIPLOË. (. f. Terme d'Anatomie. Subftance fpon-r
pieufe & mocUeufe qui fépare les deux tables du
crâne^ , qui eft entre elles , Se qui avec elles forme
le crâne. Diploa. Barthol.
La fubftance du diploé eft une fubftance médul-
laire , ou fpon^ieufe , qui s'imbibe aifément de
fang , Se qui fe trouve partagée en une infinité de
cellules deditférente grandeur , qui reçoivent leurs
arrérioles du cerveau , & qui donnent ilFue à des
vènules qui vont fe rendie dans les linus de la dure-
mère. DioNis. Le diploë eft entre les deux tables du
crâne. Id.
^ DIPLOMATIQUE, f. f. Diplomatica. Diplomatum
cognofcendorum ratio _, ars ^fcientia ^ methodus. C'eft
la Icience de connoître les Diplômes Se les fiècles
où ils ont été faits , Se qui indique les moyens de
les difcerner d'avec ceux qui font, ou faux , ou fup-
pofés. Depuis que le P. Mabillon a fait un ouvrage
fur la manière de connoîrre les Diplômes j les Sa-
vans onr appelé cet art Diplomatique. La Diploma-
tique du "P. Mabillon eft un ouvrage favant : le P.
Germon l'a attaqué par un ouvrage qui a eu du
fuccès.
Diplomatique, adj. qui concerne les Diplômes ,
qui appartient , qui a rapport aux Diplômes. Di-
plomaticus. Recueil Diplomatique.
fC? DIPLÔME, f. m. Diplama. C'eft la même chofe
que Churtre. Les Diplômes font des privilèges, ou
des aéfes émanés , ou de quelque Souverain , ou
d'une perfonne d'un grade inférieur, f^oye^ Char-
tre. Dans quelques Etats, on appelle encore Di-
plômes les Lettres-Patentes , Se ces tertnespaioiffent
fynonymes. En faifanc venir ce mot du Grec , il
figniiie la copie d'un adle. Le P. Mabillon a fait
un ouvrage connu de tous les Savans , pour con-
noître l'âge des DipUmes j pour dlftinguer les vrais
d'avec les faux , &c. Il faut que les règles que ce
favant Auteur donne ne foient pas inconteftables ,
Se qu'elles ne paroiflent pas fùres à tout le monde,
comme elles lui ont paru j car elles ont été atta-
quées en France j comme on vient de le dire , &:
en Angleterre. M. Icquez ne les reçoit qu'avec mo-
dification , comme on peut le voir dans la Préface
de fon Archéologie des langues Seprentrionales , où
il loue l'Auteur de laDiplom.itique ; & certaine-
ment il mérite d'être loué pour fa profonde érudi-
tion , &pour fa grande modeftie.
DIPLOÉES. f f. pi. Fêtes de Jupiter , Protedeur d'A-
thènes : de Zecî ^ <J"iof^ Jupiter , & de'''»-'"? , ville. Di-
pcleia. Elles fe célébroient le 14e jour du mois
Scirrophorion. Elles portoient au(î; le nom de Bou-
phonies, à caufe du bœuf qu'on immoloit. Paufa-
nias , in Attic.
=yT DIPSACÉES. (Plantes.) Dipj ace a planta. Terme
de Botanique. Ceft une famille de plantes , établie
par Vaillanr, qui les a nommées ainfi de dipfacus ,
le chardon à-foulon.
DIPSAS. f. m. ou DIPSADE. f. f. Eft une efpèce de
vipère qui fe trouve dans les lieux maritimes. Le
dipfjs eft marqueté par tout le corps de raches
roulfes & noires ^ & a la tête fort pente. Il càufe ,
par fa morfure , une tumeur lâche & fiafque , Se
engendre une altération fi grande , qu'il n'eft pas
pollible de dcfaltérer ceux qui en fonr monlus ,
quoiqu'ils ne rendent point o'^'au , ni par la bouche ,
ni pir Turine , ni par les fueurs. Dipfas. Quelques-
uns l'appellent cj;//?.'j ou caufon, c'eft- à-dire, ardent;
d'autres, prefler , anombates Se melanurus. Brébeuf
a dit dipfade , au lieu de dipfis , Se l'a fait fémi-
nin. Il a fuivi l'analogie , & je crois qu'on peut
l'imiter.
DIPTÈRE, f m. Terme d'Architc<5ture. Les Anciens
appeloient ainfi les Temples qui étoient entourés
de deux rangs de colonnes, parce que ces deux
Z z ij
D 1 P
icings faifoientdeax portiques quils'appeloiêiic ailes. J
344
Diftcrus.
Ce mot efl Grec .
fignifia deux fois \ Se sn-t-fiiv |
aia , aile. Foycr^ VITRUVE,
DÎPTIQUES. L m. C'étou le regiftre public fur lequel 'i
s'inlcrivûientles noinsdesConiuls, 6-: ueslvlagilaacs|
chez les Payens ; des Evcques &c des morts chez les
Chrétiens. Acla j acLorum codex. DipCjCd , oruiii.
L'Empereur ordonna que le nom du nouveau Pa-
triarche fût mis dans les iacrcs D/pcyques. Le i\
DouciN. Juftinien, offenfé que le Pape Vigile eîit
reFufé de foufcrire la condamnation des trois Cha-
pitres , ordonna que ion nom fût rayé des Dypdques.
Du Pin.
H y avoir des diptyques prophanes dans TEmpire
Grec, comme il y avoir des diptyques lacrés dans
l'Eglife Grecque. Les diptyques prophanes étoient
la matricule , ou le regiltre où croient les noms des
îvla'^hlrats. triptyques , en ce lens j ed un terme de
la Chancellerie de l'Empire Grec.
Diptyques facrés , terme de Lithurgie. Ce mot
ed: pluriel , parce que les diptyques croient un dou-
ble catalogue ^ dans J'un^ on ccri voit les noms des
vivans •, & , dans l'autre , les noms des morts qu'on
devoir récirer durant le facrihce. Nous avons dans
le Canon de la Meffe , dans le rit Latin , quelque
chofe de fcmblable aux diptyques facrés des Grecs ;
carj dans le Canon , on pue une fois pour les vivans ,
^ une fois pour les morts; on invoque plutieuis
Saints en deux diftérens temps ; on ptie pour le
Pape j pour l'Evêque du lieu , en France, pour le
Roi.
Gentien Hervet explique le mot diptyque j «^«wI^a;"
par celui de corporaux , Meurlius , par celui de
livres -.cdéjiafiiqueS ^ libclios t.cdcjiaJtLCOS : m l'un
ni l'autre de ces deux Aureurs , qui étoient d'ail-
leurs très habiles &; très- verfés dans la connoillance
des antiquités Grecques ., n'a donné le vrai fens de
ce mot. Les diptyques n'étoient ni des corporaux ,
ni des livres Ecclcfiattiques ; mais deux tables ou
tablettes femblables , pour la figure , aux deux ta-
bles de la loi qu'on donne à Moife: fur une de ces!
deux tables on écrivoit le nom des vivans ; & furj
l'aurre, le nom des morts pour qui l'on prioit : c'étoitj
le Diacre qui lifoic ces noms durant le faint facri-j
fi-ce. On appeloit autrefois le temps des i//V'f>Y/«« j|
le temps ou on lifoit les diptyques autant Is uicrifice.!
Diptycorum cempus. On écrivoit dans les facrés dip- \
tyques les noms des Evêques qui avoient bien gou-|
verné leur rroupeau , & on ne les en ôtoit jamais ,;
à moins qu'ils ne fulfent convaincus d'être tom'bés;
dans rhéréùe, ou dans quelque crime. On marquoit'
de plus ik-i.\\%\^% diptyques facrés les noms de ceux,
qui avoient fait quelque bien aux Egliles , foit:
cju'ils fulFent vivans , ou qu'ils fujTent morts \ on j
fiifoit mention d'eux dans la célébration de la li- i
turgie. Le P. Rofweyd dit que l'on ne mettoir guère '
dans les aftes diptyques d'autres noms que ceux des
Evêques & des Patriarches ; & il doute fi les facrés
delta , dont parle le faux faint Denis , Ecdef. Hic-
rarch. C. II. lie dans lefquels on mettoit les noms
des nouveaux baptifés & de leurs parrains & mar-
raines J étoient la même chofe que les diptyques.
Il convient cependant après j qu'on y inféroit aulil
les noms des Empereurs & des autres grands hom-
mes diilingués par leur foi & leurs mérites, ou
leurs bienfaits. Meurfius,dans fon Glojfariutn Gtaco-
barbarum , a cru que le nom de diptyques venoit
de ce qu'il y avoir deux livres, dans l'un defquels
on écrivoit les vivans , &; dans l'autre les morts. Il
le trompe. Ce n'en étoit qu'un , dans lequel les
vivans étoient marqués d'un côré , & de l'aurre les
morts ;&, fi l'on écrivoit les vivans dans un livre,
& les morts dans l'autre j l'un & l'autre en parti-
rulier s'appeloit (///'(y-^'^e , & non pas rous les deux
enfemble , comme l'a remarqué Rofweyd ; & l'on j
ne voit pas pourquoi , après les favantes remarques I
de ce Père, BoUandus , dans la vie de S. Atticus j
P. C. Ad. Sana. Jan. T. />. 578. & fuiv. fuit eu- i
DIP
core l'opinion de Meurfius. Il femble qu'il ne coi'i-
nojt pas ce qu^avoit Lait Rofweyd fur les diptyques.
Auicus, luccclleur d'Aiiacuis dans le liège de Conf-
tantinopie J ^ qui j tout Saint qu'il étoit , avoir été
fo:t contraire à S.Jean Chiyfoitôme, ne voulut pas
le mettre d'abord dans les lacrés dipt^ qucs après fa
mort; mais enfin il le fit j & les Evcques d'Egypte ,
de l'Orient , du Bofphore & de Thrace , lui tendi-
rent leur communion, f" oye^ fur ce difiérend , Bol-
landus dans la vie de S. Atticus, Acla Sahclor.Ja/i.
T. I.p. 477, &J^ii'. §. V. VI. & VIL
Cafaubon , dans fes Obfervations fur Athénée ,
L. VI. Ch. 14. croit que les Chrétiens avoient pris
la coutume d'écrire ces noms dans un Livre , & de
les réciter à la Melle , cjuils l'avoient prife, dis- je,
des Payens , qui faifoient mettre dans les vers des
Saliens , les perfonnes à qui ils vouloient faire hon-
neur d'une manière fingulière ; comme on le ht i -.
Germamcus îk à Verus fils deMarc-Aurcle : & long-
temps avant, pendant les temps de la République,
à Mamurius Veruuus & à Lucia Volumnia : ainfi que
le rapportent Tacite Liv. IL Spartien dans Marc-
Aurele , Varron , Ovide , Pompeius Feftus , Plutat-
que. Sic. Roiweyd n'approuve point cette idée de
Calaubon. Le prétendu S. Denis , Auteur ancien ,
dit le contraire , & prétend que l'étabiUrtment de
cet ufage eft fondé lur lEcriture 1. Jim. II. 19.
Pf.CXr. 15. Rofweyd ajoute Lcd. Xi. IV. i. &c
croir que ce font ces endroits que l'ancienne Eglife
a eus en vue , plutôt que les vers Saliens.
Les diptyques prophanes s'envoyoient fouvent en
prtient, îk on les donnoit même aux Princes ;•&
alors on les taifoit dorer, comme il paroît par Sy'm-
maque , L. II. ép. 81. Le plus ordinairement ceux
dont on faifoit préfent étoient d'ivoire. La loi 1. ds
expenf. Ludor. C. Theod. défend à tous les Magif-
trats qui font au - deifous des Confuls, de donner
des diptyques d ivoire dans les cérémonies publi-
ques. Le P. Roiweyd Jéfuite , avoue qu'il ne \t)it
point d'où venoit î'ufage de donner des diptyques
en préîenc. Lud. Carrion , L. II. Emendat. C. (j.
croit qu'il vient de ce qu'on faifoit préfent de ces
lortes de tablettes , a ceux qui avoient ete nommes
Q)ucfl:eurs , parce qu'elles dévoient leur être d'ufage.
11 ftmble que les diptyques étoient d'abord des ta-
blettes dont le lervoient les Amans. Papias les défi-
nit TabelU in quibus amores fcnhebantur. Voyez en-
core Juvénal , Sat. IX. 57. & le GlolFaiie de Cam-
bron cité par Rofweyd. Carrion croir que les dipty-
ques étoient toujours d'ivoire. Le P. Rofweyd s'inf-
crit en taux contre ce fentiment, & montre par
deux endroits d'Ovide, qu'ils étoient quelquefois
de bois. Cet Auteur dit qu'il a vu un diptyque facré
d'ivoire dans l'Eglife de St. Lambert de Liège. Il
croit que c'étoient des diptyques confulaires , dont
l'on a fait des diptyques faoes. Il y en a de fembla-
bles à S. Etienne , Cathédrale de Bourges.
Jean-Baptille Cardonna , Evêque de Tortofe, a
fait un petit Traité fur les diptyques , à la prière
du Cardinal Gabr. Paleoio. Il fut imprimé à Tar-
ragone en 1 587. Durand en parle , De Kitib.hcdef.
C. 4;. & Angélus Rocca fur le Sacramentaire de
Saint Grégoire. Koye\ auffi le P. Rofv/eyd , qui a
fait une favante Dillertation fur cela dans fon Ono-
mafticon , au mot Diptychum ; le Card. Bona ,
Renan Liturg. L. II. C. 1 1. M. Baluze fur les Ca-
pitulaires , p. 1 119. & du Cange dans fon Glodaire.
Bollandus , Acla Sancl. Jan. T. I. p. 473. & fuiv.
Fabro. Glolf. fur Cedrenus. On a dit quelquefois
Diptagus.
Le mot de diptyques a beaucoup d'autres figni-
fications : mais, comme elles n'ont point paffé dans
notre langue, nous renvoyons au P. Rofweyd &C à
M. du Cange.
Diptyques vient de «îfîtrru;^»» ^ & SmT<Jx«: Il vient
dcJ^itsTTt/l, nom mafculin dérivé de nrUn-a je plie. De
fon futur 3rr.;|a , fe fait srrul , un pli, & avec^'f,
deux fois , <J^(3-Tu| , au génitif , ^'^'"wsj d'où fe fait
le nominatif neutre ^raru;^«, diptyque , c'eft-à-dire ,
D I P D î R
une chofe quife plie en deux. Ceci eft pris de i'Ety-
mologifte Grec. Ainfi diptyque croir un livre plié
en deux feuillets. Il y en avoir de plié en trois , en
quatre & en cinq. On leur donnait ce nom, lelon
que je le conjeéluce , à la difîérence des livres qui
fe rouloient , &c qui s'appeloient Kolumtna. Le faux
Denis Aréopagite , les .ippelle «?«< -aruy^cif^ mais les
Evêques d'Egypte ^ dans leur lettre à Anatolius 1\C.
contre Timothée intrus dans la Chaire d'Alexan-
drie, laquelle fe trouve dans la III. P. du Concile
de Clialcedoine j le VI= Concile Ad. XIII. Théo-
doret, Hill. Eccl. L. V. C. 55. La Liturgie de S.
Jean Chryioltônie , tS: plulieurs autres Grecs iSi La-
tins cités par Rolweyd , les nomment diptyques.
DIPYRENON. f. m. C eft une fonde qui a deux bou-
tons à ion extrémité. Galien & CœliusAurelianus en
font mention; cclui-ci Morb. acut. L. III. cap. 3.
^izrtif^tt» , de ^i^ , double , & de mfr.i ^ proprement une
baie , ou une amande , ou l'extrémité d'une fonde
qui rellemble a une baie.
D I R.
DIRCEE. f. f- Femme de Lycus , Roi de Thèbes , qui
fut attachée i la queue d'un taureau indompté , &
pcrit ainii milérabiement.
DiaCriAU. yoje:i ÛIRSCHOW.
■DIRE. V. a. Je dis y tu dis 3 U dit ; Nous difons ^ vous
dites y ils difent\ Je difois ,]'ai dit , je dis ^ /e dirai.
Qiie je dij'e. Je dirais. Que je dijje. Dis, dites. Di-
fant. Faire connoître , exprimer la penfée aux autres
par le moyen de la parole. Dicere , loqui. Un ha-
bile homme ne .2/'r pas tout ce qu'il penfe. On n'a
plus rien à dirt à une temme , dès qu'il ell permis
ai lui dire tout. ViLL. Ileft bon de dire peu , & de
lailfer beaucoup penler. Ch. de Mer. Il y a des
gens qui ne dijèntçxzi^MS rien j pour trop penfer
à ce qu'ils veulent dire. Bouh. Il a t/zr de vous tous
les biens du monde j il en a dit^iis que pendre. Je 1
vous le dis une foi^ pour touces. j
Il faut toujours écrire je d.s au préfent de l'Indi- ;
catif , & non pas je dy. CoaN. Et à l'Impératif <ii, t
■oa dis , quand il e(t luivi du relatif e« , dis-en ce'
que tu voudras. Vaug Corn. j
Il m'a dit d'aller elt une conftruction vicieufe. '
Il faut «/ire , il m'a £/ir^«fy'a//a^'e. Je crois pourtant I
que , dans la converfation on peut ufer de ce i
Gafconifme. Mille gens parlent de la forte dans le
difcours familier qui abrège tour. Bouh. On peur
même alfurer que , dspuis que le P. Bouhours ecri-
voit ceci , ce Gafconihne s'eft il fort accrédité ,
qu'aujourd'hui il eft plus en ufageque l'autre conf-
truclion. Ceux qui écrivent bien , font perfuadés
que , quoi qu'on die , n'eft bon qu'en vers , & qu'il
faut écrire en profe , quoi qu'on dije. Cork.' Il ïauc
même toujours en profe écrire & prononcer diJe ,
& jamais die , ni avec quoique , ni dans aucune
autre phrafe ; quoique M. de Meziriac j qui étoit
de l'Académie Françoife , ait dit dans fo!i dilcours
fur la traduction. Encore que le texte Grec die-.
clairem.-nt que Numa , &zc. Tout le monde par-|
loit alors ainfi ; mais cela ne fe diroit point aujour-'
d'hui. Mais en vers, die fe fouilriroit encore. C'eft
toujours une licence qu'on ne le permet que pour
la rime.
Colas eft mort de maladie ,
Tu veux que j'en pleure le fort.
Que Diable veux- eu que je die ?
Colas vivoit j Colas eft mort. GomAaud.
ffl? Dire , fignifie quelquefois réciter : dire fes priè-
res, fon chapelet , fa leçon , fon bréviaire. On dif
en converfation , à la fin d'un difcours , j'ai dit, dixi.
En poëfie J à la fin du dilcours d'un perfonnage j
on met, il dit., pour dire, il parle ainfi^ après
avoir ainfi parlé-.
Ip" Dire la M^-'iTe, la célébrer.
'iÇJ' En pocfie , dire eil fynonyme de cîianter ,
D 1 R 5éj
raconter. Dicere ^ cancre. Je dirai les exploits , &c.
It? Dire des douceurs à une fenmie , lui parler d une
manière flattcuie , la louer fur Ion mente , fur fa
beauté. Ces agiémens. Bui/idiri , palpari Mulieri,
On fe ferr abfolument de cette pinafe, Cii dit,
pour expliquer i ufage ordinaire des mots de la
Langue. Viatur, ujurpatur. Ainli le Diélionnaire
ell tout plein de ces mots j On du. Ce même te- me
fert aulli à expliquer un bruit commun & incertain.
lertur , dicitur. Un dit qu un tel a tait banqueroute.
M. 'Vaugelas croit que ce mot eft un abré^'é de
l'homme dit. Foye^ On. Les citations le font louvent
ainli, L'Orateur Romain t/^r, l'Lipagnol du, &c.
|C? Dire fe dit, figuiément, du geltc ^ des legaids ,
des aélions , &:c. Expliquer j faire connostre fes
fentimens par fes gelles , par fes regards , &c. Mes
foins & mes regards vous dijei.t depuis long temps
que je vous aime. 'Voit. Sa conft.mce , fon tîouble ,
fon filence , tout dit qu'il eft: coupable.
Mes yeux & mes foupirs vous Vont dit mille fois.
Et pour mieux m' expliquer f emploie ici ma voix*
Molière,
Tous deux hrùloient fans ofer fe le dire.
Ou s'ils fe le difoientj ce n étoit que des yeux\
La Font.
Mes yeux & mes foupirs vous diront mieux le refte.
Corneille.
fC? On dir , figurément , qu'une chofe ne die
rien , pour dus (qu'elle ne lignilie rien , qu'elle ne
fert de rien dans la place où elle eft. Ces oinemens
dans ce tableau ne dijc.t li^n , font déplacés , fonc
inutiles. Ses yeux font beaux , mais ils ne difenc
rien j ne font pas animés.
i^ Pour marquer qu'on avoir quelque prefTen-
timent d'une thofe , on dit, mon cœur me l'avoit
dit : &c , pour favoir li quelqu'un a envie de faire une
chofe, nous demandons, dans le ftyle vulgaire,
fi le cœur lui en ait. Nous ferons un tour de pro-
menade , h le cœur vous en dit. Il s'emploie en-
core, figurémcnr, dans la fignification de lignifier.
Vous êtes rêveur , diftrait , cela veut dire que vous
aimez. C'eU-à-dire , qu'eft-ce à c'/'/'e.'' C'eft comme
fi l'on difûit , cela fignifie; qu'eft-ce que cela fignifie ?
Dire, fignifie quelquefois , Gtirir. CJ;: erre. On vous
montre de belles étoffes j vous n'en dites rien , pour
dire J vous nen offrez rien : dites-en au moins quel-
que chofe , ditcs-cn un mor raifonnable.
Dire , fignifie quelquefois , Juger. Dicere , judicare ,
judicium Jerre. Ces deux portraits fe relfemblent:
tellement , qu'on ne fait qu'en dire. Les affaires
font tellement brouillées , qu'on ne fait qu'en dire ,
qu'en juger. En termes de Palais ^ on mec dans tous
les jugemens. Il eft dit j Dit a été. Nous dif on s.
Dire, fignifie quelquefois. Avertir. Afo/?cre , admo~
nere. J'ai bien voulu vous dire qu'il faut prendre
garde à vous. Il vaut quelquefois mieux dire aux
gens ce que l'on penfe d'eux j que de le dire à
d'autres qui en font un mauvais ufige. Nie.
Dire, fe prend quelquefois pour prédire. Prs.dicere ^
vaticinari.
Dire à quelqu'un fa bonne aventure, c'efl prédire à
quelqu'un ce qui lui doit arriver.
^3" Trouver à dire , trouver qu'une chofe man-
que, trouver de manque. Votre calcul n'eft: pas
jufte , j'y trouve un écu à dire. Et de même , en
parlant des perfonnes. Il s'en trouva plus de foixante
à dire. Abl. On trouve dix ou douze voix à dire.
On vous a trouvé à. dire dans cette compagnie.
Deftderare.
%Ç3' Eft-ce parler exadrement , que de dire , avec
l'Acad. trouvera dire , dans la fignifie uion de trouver
à reprendre? Doit-on dire, que trouvez -vous à
<//'/■£ à cette action-là , pourdircj qu'y trouvez-vous
à reprendre , à blâmer ? Trouver de manque, c'eft
566 DÎR
trouver à dire. Cenfurer , blâmer , c'eft trouver à j
redire. Il trouve à redire à tout, ce qu'on tait. j
^çj' Dire encre dans quantité d'autres phraies fami-
iières.
fCT" Il y a 6ien à dire , pour , il s'en faut beau-
coup. Il y a éie/i à d.re que je ne lois content.
Quelquefois , pour , il y a un grande d..ftérence. Il
y a bien à dire entre ces deux perfonnes.
tfT S'il eft queftion de fauc quelque léger re-
proche , en peu de mots , on dit encore j cela fait
dit en pa[]ant.
fC? Pour faire entendre qu'on regarde une chofe
comme impolîible , au moms comme très difficile ,
on dit, s'il en vient à bouc , j'irai le dire à Rome.
§3° En parlant d'un homme qui écoute les autres
fans parler , on dit que , s'il ne dit mot , il n'en peni'e
pas moins.
§Cir En ftyle de converfation puérile & honnête 5
on dit J cela vous plaît à dire , pour marquer qu'on
ne convient pas de ce qui ell du pat manière de
flatterie.
On dit , proverbialement , Il dit d'or , & fi il
n'a pas le bec jaune. Dire d'or , c'eit parler bien
Vous ne fauriez mieux dire , iî vous ne recom-
mencez. Il fe faut mocquer du qu'en dira-ton. Quand
les mots lonr û'/'w J l'eau bénite eft faite : ce qui le
dit des marchés qu'on a conclus. Mon petit doigt
me l'a dit , fe dit des choies qu'on a apprifes pai
voies fecretes. Qui dit tout n'excepte rien. Dire &.
faire font deux \ pour dire qu'on ne tient pas tou-
jours ce qu'on promet. Le peuple dit , balfement 6.:
trivialement, pour alfurer quelque chofe , Et moi je
te dis , ik te douze , que , &:c. N.iudé l'a mis dans
fon Mafcurat en la bouche de fes Colporteurs, Et
moi je te dis & je te dou\e , que quantité de galans
hommes ont acheté des meubles du Cardinal.
Mascur. C'eft une méchante allufion à dis, verbe,
& dix , nom de nombre ; ik à dou^e , autre nom
de nombre , comme Iî c'étoienc deux verbes , &;
que dour^e , comme marquant un plus grand nom
bre , enchérît fur dix , & alfiuât davantage.
ffCT DîR£,f m.en termes de Pratique, eftimarion d'Ex-
perts , dépofition de témoins j & ce qui eft dit &
avancé par une des Partics.On le dit,en converfation j
dans ce dernier (ens. Judiciurn,refïimonium. Onl'acon-
damné à payer ces ouvrages au dire d'Experts. Le dire
d'Experts s'appelle znl'adire de Prud'hommes: c'eft ce
qui eft contenu dans un rapport d'Experts. On n'a
point d'égard au dire des témoins j s'ils ne font
confrontés. Il a mis fon dire par écrit. Je m'en rap
porte à fon dire , à ce qu'il avance. Il a raifon à fon
dire. Il y a bien loin entre le dire & le fiire. L'H-
glife Chrétienne étoit à peine fondée de édifice
au IV^ fièclej mais, dans ce IV^ liècle j .à leur
dire , nos erreurs avoient déjà pris le dellus.
PÉLISSON.
£'n/f/z _final j approuvâtes mon dire.
// vous parut fermon j non pas fatyre.
Qiioi qu'eu [Je dit j n'eûtes lieu de pe ri fer
Qu'eujje voulu tant /oit peu vous tau fer.
De VlLLARS.
Un û^/rc' J abfolument , en termes du Palais , eft un
afte par écrit qui contient les conteftanons que des
parties peuvent faire devant un Commiftaire en une
defcente, à un fcellé , ou en quelque autre occafion.
Propofnio. Un tel oppofant a envoyé fon dire au Se-
crétaire pour l'inférer dans fon Procès-verbal. Cq
,nom de dire eft un terme général qui renferme plu-
fieurs efpèces , qui font , l'exception , les défenfe-s ,
les répliques, ou un ade qu'une partie fait fignifiîr
à l'autre avant la plaidoirie de la caufe. Dires font
les reproches propoiés contre les témoins produits
dans une enqacre, ou plutôt ces reproches fe propo-
fent par des dires qui s'écrivent dans le procès-verbal
du Juge.
§3" Ce mot précédé de l'adverbe bien , le bien
D
1 it..
dire défigne l'élégance dans ledifcours, Facundia ,
fermonis elegantia. On dit familièrement qu'un hom-
me eft fur ion bien dire ^ pour dire qu'il eft en train
de parler j & prefque toujours en mauvaifë part, de
celui qui aiieCce de bien parler.
iR£ , le dit tiuelquefois des opinions. Opinio ^ fen-
tentia. Les globes ccleftes , au dire d'Ariftote , font
mus par des intelligences. Façon de parler qui n'eft
pas noble.
FOui-DiR£. f. m. Ce qu'on n'a ni vu ni entendu foi-
même , & qu'on ne fait que par le rapport des au-
tres. Auditio 5 auditum. On n'a point d'égard en
Juftice aux témoins qui ne dépofent que fur un oui-
dire, içavoir par ouL-dire. /luditione accipere. Audi-
tum prêter nihiL habere. Ne fçavoir rien que par ouï-
dire.
Disant ante. adj. ne fe dit guère qu'en cette com.po-
lition , ViQW-difant ^ qui lignifie un homme qui
parie élégamment. Dicendi pcrkus. Mais on ne le dit
guère que par raillerie.
On du encore au Palais , Joi-difant ^ quand on
parle d'une partie dont on contelte les qualités. Il
plaide contre un ie\ , Jdi-d/fc<nt héritier d'un tel,
foi-difant pourvu d'un rel bénéfice. On le dit quel-
quefois par raillerie ou par mépris. Un iq\ foi-difant
Gentil homme. Il eft honnête homme, ou loï-difant
tel. On dit , en quelques lieux , cela a été adjugé au
plus - difant ; pour dire au dernier enchérilleur.
Licitator.
^ DIT , ITE. parc.
IJCF II équivaut quelquefois à furnommé, comme
quand on dit Charles V. dit le Sage. Louis XV. duc
le bien aimé.
^fT En ftyle de pratique j on le joint avec les articles
& les pronoms. Ledit Seigneur , ladite mailon , la-
dite procédure, moiidir Seigneur, &c. alors il eft
relatif pour les perfonnes , ii. pour les chofes donc
on a parlé.
Ç3° On le joint de même avec quelques adverbes.
Ci-delTus, ci- devant dit, Supradiclus ^zi-a'^ihs dit.
Style de pratique & de formule.
fO* DIRECT , ECTE. adj. & droit font termes fyno-
nymes. Direct , qui eft, qui fe fait en ligne droite.
Direclus. Mouvement direcl. Rayon direcl.
§C? En termes de Généalogie , on appelle ligne
directe , la ligne principale où font les alcendans&:
defcendans, par oppohtion à ligne collatérale. La
Malfonde Bourbon vient en \\\};nQ direcle de S. Louis.
Les héritiers en ligne dirccle vont avant ceux de la
ligne collatérale.
«ICT On dit aufîi fuccefiion direcle par oppofition
à fucceflion collatérale. Voyei^ Succelfion & coll.a-
téral.
§Cr En Jurifprudence féodale , on appelle Sei-
gneur direcl;, le Seigneur dont une terre relève im-
médiatement, f^oye^ ces mots : ■
t'iCT Et Seigneurie direcle j les droits d'un Sei-
gneur fur un héritage qui relève immédiatement
de lui.
En Logique, on dit Syllogifme o'/rccZj conclufion
direcle. On appelle fyllogifmes c/^VecZj ceux dont la
concluhon eft direcle , & fyllogifmes indireébs ceux
dont la conclufion eft indirecle. Les anciens Philofo-
phes appeloienr conclufion direcle , celle où le petit
terme étoit le fujet, & le grand terme l'attribut ou
le prédicat j & ils nommoient indirecte celle où le
grand terme étoit le fujet, & le petit terme l'attri-
but. Aujourd'hui quelques nouveaux Philofophes
pofent pour principe que le grand terme eft toujours
l'attribut de toute conclufion j ainfi, félon eux, toute
conclufion , tout fyllogifme font toujours dirccls.
On peur encore appeler fyllogifmes direcls ceux donc
le grand tsv me maj us extremum j & le petit terme
minus extremum ., gardenr dans la conclufion la même
raifon que dans les prémifies.
lie? En termes d'Optique, on dit \iCion direcle ,
celle qui eft formée par des rayons direcls , c''eft-à-
dire , qui viennent direélement & immédiatement
de l'objet à nos yeux , fans être réfléchis ou rompus ;
D I R
par oppoficioii à la vifion qui fe fait par des rayons ,
qui, avant que d'arriver à nos yeux , font renvoyés
par la furface d'un miroir , ou brifés en palian: à
travers un corps tranfparent.Fbye^ Rayon, lumière,
réflexion, Optique, Dioptrique , &:c.
En ternies d'Arithmétique, on appelle la règle de
trois directe , celle qui eit oppofée à Vinverfc. Dans la
direcle, le quatrième nombre qu'on cherche augmen-
te la proportion, & , dans l'inverfe, il , la diminue.
f^oye\ règle de trois.
§Cr En Arithmétique & eu Géométrie , raifon
direcle & proportion directe ; f^oyci raifon &: pro-
portion.
En Aftronomie , on confidère les Planètes en trois
états, quand elles font directes , ftationaires, ou ré-
trogrades. Directes , c'efi: quand elles paroilfent le
mouvoir fui vant l'ordre des lignes, lorfque^ par leur
mouvement périodique, elles paroiilent aller d'Occi-
dent en Orient. Foye^ flationaire , rétrogradation ,
§C? En matière d'hiftoire , de Pocme , &c. on
appelle harangue direcle , celle où l'Hilloricn fait
parler quelqu'un qui harangue lui-même, & rapporte
un difcoursj comme iî la perfonne parloir elle mê-
me. Dans nos anciens Poètes &c Hilloriens , il y a
beaucoup de harangues directes. H.u-a.ngiic indirecte ^
quand l'Hiftorien parle , & rapporte feulement
les principaux points de la harangue de celui dont
il fait mention.
Directe, f. f. C'eft proprement l'étendue du fief d'un
Seigneur direct j c'eft-à-dire , duquel relèvent im-
médiatement certaines terres , certains héritages.
Jujtum , Icoitimum alicujus nobdis dktonis dominiuin.
Cette terre eft dans la directe d'un tel Seigneur , c'eft
■à lui qu il faut payer les lods & ventes. Retenit la
directe , c eil fe conferver les droits & les devoirs
feigneuri.'iux lors du démembrement & de l'aliéna-
tion qui l'on fait de partie de la Seigneurie. Quand
un Seigneur a la directe fur l'autre, c'eft une marque
que celui qui eft fujet dérive de celui qu'il ferr.
Quand un Seigneur eft fondé en droit de directe uni-
verfelle dans un territoue limité , nul ne s'en peut
dire exempt , quelque polfelfionde liberté qu'il allè-
gue. Voycy^ Ai. le Prêtre, Cent. 5. ch. 40.
DIRECTEMENT, adv. En ligne direde , tout droit ,
vis-à-vis. Direclo , recta. Ce bâtiment regarde <^^>e-
ctement la rue. Le foleil darde fes rayons directement
fur l'Ethiopie. On dit aulïi, qu'il taut aller c^/>ec?c-
ment au maître -, pour dire , fans l'entremife d'une
autte perfonne. Jamais Louis XL n'alloit directement
à fon but, il cherchoit fans celfe des détours, afin de
faire perdre les traces de fa conduite. Var. On peut
rechetcher une occafion directement Se par elle-mê-
me. Pasc. Cela va directement à vous. Ablanc.
§3" On dit, figurément, directement oppoté , pour
dire entièrement , diamétralement oppofé. Ex ad~
verfo oppoficus. Les arbitres choihs par les parties
font d'ordinaire d'avis directement contraires. Tho-
mas y eft directement conzï3Aït. Pasc.
^fT En Méchanique, un corps heurte directement
\m autre corps , quand il le trappe dans une ligne
droite perpendiculaire au point de conraét.
DIRECTEUR, f. m. Signifie en général celui qui pré-
fide à une Aftemblée , qui dirige , qui conduit une
affaire. Reclor, moderjtor. Le Directeur de l'Aca-
démie Françoife. L'Académie des Peintres a auili fon
Directeur. La Quintinie étoit Directeur de tous les
Jardins fruitiers & potagers du Roi \ le feu Roi créa
cette charge pour lui. Directeur Aqs créanciers. Di-
recteur des Finances. Un Directeur de confcience ,
un Directeur d'érudes , eft celui qui conduit la conf-
cience , ou les études d'un autre. Le premier s'ap-
pelle quelquefois abfolument Directeur. Il y a un
livre intitulé. Le Directeur dé/îute'reffe. Le capital
d'une femme n'eft point d'avoir un Directeur ^ mais
de vivre fi uniment qu'elle s'en puifle pafler. La
I>RUY. Rien n'eft plus néceffiire dans la conduite de
la vie, que d'avoir un fage Directeur, furies avis
duquel on piùlfe fe repofer. Défiez-vous de ces gens
DIR 367
qui vont fi fouvent confulter leurs Directeurs : ce
font des pécheurs rafinés , qui cherchent des adou-
cilfemens pour pécher avec le titre de gens de bien.
Qui pourrait exprimer ta grandeur de tes crimes ,
Perfide j & làctie Directeur ,
Qui 3 par un langage flatteur ,
Confirme les mondains dans teursfaufj'es maximes ?
L'AbBH TÊTU.
Directeur, eft, en particulier, un nom qu'on donne à
ceux qui font choilis & prépofés pour la direélion,
le maniement (Se la conduite des aftairesd une Com-
pagnie établie pour le commerce. Il n'y a point de
Compagnie mieux réglée , & plus puillante , que
celle des Indes Orientales de Hollande. Elle eft par-
tagée en lix Chambres : celle d'Amfterdam a vingt
Directeurs : celle de Zelande douze : celle de Delfc
/ept : celle de Roterdam fept : celle de Hoorn fept:
celle d Enkhuizen fept. De ces foixante Directeurs
l'on en députe dix-fept qui compofent une Alîem-
blée lupérieure , laquelle reprélente la fouveraine-
te de la Compagnie. La Compagnie des Indes Oc-
cidentales eft drelfée fur le même modèle. L'Alfem-
blée lupérieure eft de dix-neuf Directeurs. Les Dé-
putés des Etats Généraux ont la préfidence.
ICF II y a plulieurs autres perfonnes qui portent
le nom de Directeurs , comme les Directeurs des
lottifications , de la monnoie, &c. dont les fonc-
tions lont les mêmes.
ffT On donne encore en Allemagne le nom de
Directeurs des Cercles, aux Princes qui font à la tête
de chaque Ce; de.
Directeur. Dans la Congrégation des Millionnaires
du S. Sacrement J appelés dans leur origine, Mif-
fionnaires du Clergé , on donne ce nom aux Supé-
rieurs. Les Supérieurs de cette maifon s'appellent
Directeurs , & le Supérieur Général le nomme Di-
red.eur Général, l- oye^ le P. Hélyot, Hift. des Or-
dres Relig. T. VIII. c, 1 3. & f^oy<:\ Direction.
DIRECTION, f. f. Conduite des perfonnes ou des
chofes. Rectio , adminifiratio , cura , procuratio. Cet-
te AbbelTe a 50 Religieufes fous fr direction. Cet
Architeéte a la direction de ce bâtiment. Cet Inten-
dant a la direction des affaires d'un tel Seigneur. Les
Epicuriens réduifoient leur Dieu à la direction du
rnond'î oifeufe & négligente. S. Evr. Il vaut beau-
coup mieux fe fervir du verbe regere , ou adminif-
trare j ou procurare j curare , Sec. pour rendre en
Latin toutes ces expreilions.
ifT La direction J fuivant la remarque de M.
l'Abbé Girard , eft pour certaines affaires où il y a
diftribution , foit de Finances , fou d'occupations,
& auxquelles on eft commis pour maintenir l'ordre
convenable, f'^oye^, au mot Administra rioN , les
idées particulières des mots régie j conduite, admi-
nillration.
§C/" Direction. Gouvernement des Finances , ou fim-
plement direction. Aftemblées du Confeil , ou de
quelques Commllfàires nommés par le Roi, pour
régler les affaires de fes Fmances. Cet Arrêt a été
rendu à la direction. Il y a la grande & la petite di-
rection.
(<T On appelle aufti direction, une afiemblée de
créanciers faite pour régler les affaires d'une fuccef-
l;on abandonnée , on d'autres biens abandonnés ,
afin de payer les dettes. Ces directions imaginées
pour le bien des familles , en font ordinairement la
ruine. Conventus credicorum ad (latuendum de bonis
dchitoris. On y fait les ventes & la diftribution du
prix à l'amiable. Les biens d'une telle maifon ne
(ont pas en décret , mais font en direction. On a ren-
voyé cer oppofant à la direction.
Direction d'intentiom , en termes de Cafuiftcs ,
action par laquelle on dirige fon intention , c'eft un
moyen de faiie qu'une aélion , qui en apparence a
quelque chofe de mauvais , devienne bonne par la
fin qu'on ic propofî en la faifant. Direclio volunca-
tcLtis , confdù ad rem aliquam. La direction d'intfin-
^
6ô
DIR
tionr\& corrige point le vice de l'aftion ; quand l'ac-'
tien eft mauvaile de fa nature , & qu'elle elt con-
nue pour telle. Il y a bien des cas où la direcliùn
d'intention qualifie , îii conlbtue la nature de l'ac-
cion. P. Dan. Par la direclion d'intention on ne peut
allier les maximes de l'Evangile avec celles du
monde.
Direction , en termes d'Aftrologie Judiciaire , eft un
calcul que tont les Altrologues pour trouver le tems
auquel doit arriver un accident notable , tant bon
que mauvais j qui concerne la perlonne dont ils ti
rent lliorofcone. Computatio. Par exemple , aprèb
qu'ils ont établi le foleil , la lune ou l'afcendant
pour maîtres, ou lignificateurs de la vie, & d'ail
leurs Mars ou Satui ue le prometteur de mort \ la
direclion eft le calcul du temps auquel le point figni
ficateur rencontreia le prometteur. Ils appellent 1«.
fignihcateur aphh'e , ou donneur de vie \ 6c le pro
metteur j ou en L3.xin promijjor , anerètte j ou don-
neur de mort. On fait» les direclions des principaux
points du ciel , & des aftres, comme de l'afcendant.
le milieu du ciel, du foleiI, de la lune j &: de la
partie de fortune On en fait même des planètes ,
& d;S étoiles fixes , le tout différemment , félon les
divers Auteurs.
^CF" DiREcnoN en Méchanique fignifie la ligne fui-
vant laquelle un corps fe meut. Voy. ligne. Ces
deux corps fe meuvent fuivant la même direclion.
On appelle aulîi ligne de direclion , la ligne qui
vient du centre de ia terre , qui palFe par le centre
de gravité du corps , &C par l'appui qui le foutient.
Linea direclionis. Il eft nécelTaire que tout hommr-
tombe , dès que fon centre de gravité eft hors de
fa ligne de direction, f^oy. centre.
^C? Direction fe dit au(li , en Botanique , en parlant
des tiges & des racines qui s'élèvent ou qui defcen-
dent plus ou moins perpendiculairement , plus ou
moins horifontalement. A l'égard des racines , il
n'y a que la radicule , CJulis dejcendens j qui s éten-
de perpendiculairement dans la terre , lorfque rien
ne s'y oppofe. Cette racine j qu'on nomme \e pivot ,
en produit de latérales qui s'étendent peu à-peu ho-
rifontalement; &c , fi l'on examine une bouture d'ar-
bre un peu grolfe , on verra ordinairement que les
racines qui fortent du bourrelet qui eft au bout de
iatige, defcendent alTez perpcnjiculairement , au
lieu que celles qui forrent le long de la tige , s'é-
tendent horifontalement. De même les jeunes bran
ches qui fortent d'entre le bois & l'écorce , s'élè
vent droites, & celles qui fottent de l'écorce, for
ment une courbe. Plnlieurs caufes particulières ,
comme feroit une terre remuée , légère , ou fort
huinide , déterminent les racines à prendre certai-
nes direclions. Duhamel.
^3" Tout le monde fait que , quand on met des
plantes ou des arbres , qui poulfent vigoureule-
ment j, en différens endroits d'une chambre où il n'y
a qu'une croifée , toutes les poulFes tendres per-
dent leur perpendicularité , pour fe diriger vers
■cette croifée.
^yT M. Bonnet, ayant (emé des haricots dans une
cave , remarqua que, dans le jour , les tiges s'incli-
noient vers le foupirail , &que, dans la nuit, elles
fe redrelfoient un peu. La même chofe arrive en
plein air : car on peut remarquer que fouvent les
arbres ifolés poulFent plus vigouteufement du côté
du midi , que du côté du nord : néanmoins cet effet
eft fouvent dérangé par la vigueur des racines ; par-
ce- que les arbres pouftent avec plus de force du cô-
té où les lacines font plus vigoureufes.
§CF La direclion des tiges du côté de l'air, eft bien
autrement fendble dans les mallifs des bois. Un
jeune arbre qui fe trouve entouré de tous côtés par
de grands arbres qui ne lui lailfent d'air qu'au-def-
fus de lui , pouffe tout droit , toujours en s'élevant,
mais prenant peu de corps \ de forte que ces arbres
fort menus , gagnent en peu de temps la hauteur de
ceux qui les environnent : & , quand leurs têtes fe
trouvent alfez élevçs pour profiter de l'air , alors ils
D I R
cc(fent de croître en hauteur , & prennent de Iz
grolleur.
|CT bi un Jeune arbre j planté dans le maflifd'un
bois , n'a pas la liberté de i'air au-dclfus de fa tête ,
mais qu'à une petite diftance il le trouve uneclaire-
voie, toutes les pioduébons tendront à gagner lair
que lui fournit cette claire- voie, de forte qu'elles
s'inclineront de ce côtê-là, comme les arbuftes pla-
cés dans une chambre . s'inclinent vers la cioiice.
§CF On fait que toutes les branches des arbres
plantés en efpaliet le long d'un mur, s'tn écartent
pour gagner l'air, & M. Duhamel a obfeivé que
les branches des arbres frappés par le Soleil du midi ,
s'en écartoient plus que celles des arbres plantes
à l'expofition du nord.
^fT Des plai.tes pofées entre deux croifées, dune
les chablis à verre font fermés, s'inclinent du côté
du chaflis extérieur.
^fT En examinant avec attention la direclion des
branches des arbres touffus, on remarque alfez or-
dinairement que les branches du haut font un angle
plus aigu avec la tige , que les branches du bas ; &
je crois que cet écaitement des branches du bas,
dépend de ce qu'elles s'inchnen: pour chercher
l'air.
§C? Une obfervation encore bien fingulière,
c'eft qu'un arbre qui vient de femence , clève la
tige fort droite. Il en eft de même d'une bouture
qu'on feroit d'une tige droite ; mais celles qu on
feroit avec des branches latéraies , & des jets cour-
bes fur l'arbre, le courbent beaucoup , fur- tout il
c'eft un arbre dont le bois foit fort dur.
fCJ" Quoique les brauches inférieures de la tige
foientcommunémentdéterminéesà fe porter en-de-
hors, parce que les branches lupérieures leur dé-
robent l'air ; il y a cependant certains arbres où elles
prennent une autre direclion^ par une difpohtion inté-
rieure tout-à fait inconnue ; mais ce font là dés ex-
ceptions à la règle générale ; car communément les
arbres ifolés étendent leurs branches de tous côtés, èc
font, comme on dit, le pommier.au heu que ceuxtiui
font rallemblés en maliif de bois , élèvent beaucoup
leurs tiges j & ne poullent prefque pas de branches
latérales, f^oyei encore nutation , héliotrope, étio-
lé , racine , Hic.
îfj' Direction des Gabjlles, des Douanes , c'eft l'em-
ploi d'un Diredeur , & l'étendue de fon départe-
menc.
Direction de l'Aiman , eft la propriété qu'a l'aimati
de préfenter tf-ujours un de fes pôles vers l'un des
Pôles de la terre , & le pôle oppolé vers l'autie Pô-
le. Converfio magnetis ad pohs. Les aiguilles aiman-
tées ont la même direclion que l'aimant, /'oje^
Aimant.
Direction. Dans la Congrégation des Miiîîonnaires
du S. Sacrement, on donne ce nom aux Maifonsde
cette Congrégation , parce qu'elle a été confirmée
par Innocent X , fous le nom de Congrégation du S.
Sacrement, pour la direétion des Mijfions & dis Se'
minaires. Il doit y avoir dans cette Congrégation
un Confeil fuprême , compolé d'un ou de plnlieurs
Miffionnaires députés par chaque Direclion , & qui
ne doit dépendre d'aucun Direéteur. P. Helyot,
T. Vlïl. c. 15. Ce Confeil a pouvoir de changer
d'une direclion à un autre les Àlillionnaires , d'en-
voyer rous les cinq ans des Vifiteurs dans toutes les
Direclions j & de convoquer une alTemblée géné-
rale j quand la nécelîité lerequiert. A cette Alfeni-
blée générale doivent affifter ceux qui compofent le
Confeil fuprême , les Direfteurs de chaque Direc-
tion , & les Millionnaires qui font aufîi députés de
chaque Direction.
Direction , le dit auffi de la maifon où le Bureau de
la Direclion eft établi , & ou le Diredteur & les au-
tres Commis travaillent
DIRECTOIRE. C m. On appelle ainfi l'ordre pout
régler la manière de dire l'ofEce & la melfe pouc
l'année courante. Foyei Bref, petit Calendrier Ec-
clefiaftique.
Directoire,
DÎR
Ï3IR.ECT01RE fe dit auflî, dans pludenrs pays j d'une
efpèce de Tribunal chargé d'une Diredion , foie
civile , foit miliraire.
DIRECTRICE, f. f. Celle qui dirige ,^ qui préllde ^
qui gouverne. Reclrix , moderacri.x. Ce mot le die
particulièrement d'une fille qui gouverne une Mai-
fon de Religieufes. Il ell néanmoins des Commu-
nautés dehlles , où Direclrice fe dit des fubalternes;
par exemple, dans la Congrégation des Sœurs de
S. Jofeph , chaque maifon eft gouvernée par une
Supérieure , qui a le titre de Prieure \ une Inten-
dante & une Coadjutrice. Il y a encore une Econo-
me , une Admonitrice ■, une Intendante des Pau-
vres j une Direclrice de l'AlIemblée de la Miféncor-
dej & quelques autres Officières. P. Helyot, T.
FUI. <:. iA.
^CT Directrice. Se die auffi, en Géométrie, d'une
ligne le long de laquelle on fiit couler une autre
ligne , ou une furface dans la génération d'une
figure plane ou d'un folide. Encyc.
DIREM ou DIRHEM f m. Terme de Relation. Nom
d'un poids des Arabes , qu'ils appellent Dirhec, «S:
au pi. derahim^ & cjue les Petfans nomment Z>.7c/72.
C'ell la douzième partie de l'once Arabique. Uncis,
Ar.ihics. pars duodcàma. Un dirhem & demi pèfe un
methcal , ou une drachme , de forte qu^il y en a
douzi.' à l'once , qui n'ell que de 8 drachmes. D'Her-
BELOT.
Le Direm pèfe aufiî douze carats , & fe prend
fouvent pour une toic petite monnoie de cuivie.
Id. En ce cas , c'eft la mCme choie quant au poids
que le methcal , ou que l'once.
Il y a auiii un dirhem d'argent. Ce fut Hégiage,
qui mourut l'an 95 de 1 hégire , qui étant Gouver-
neur de l'Iraque Arabique , fit battre le premier des
dsrcihim d argent. Le dirhem d'argent a pelé quel-
quefois un methcal , puis les dix dérahim n'ont p;fé
que cinq , ou fix j ou fept methcals, ou onces Ara-
biques. D'Herb.
Voici la proportion de ces poids &: de ces mon-
«loies aux nôtres. Le premier dirhem eft de 3 1 de nos
grains. Le fécond de douze carats eft de 48 de ces
mêmes crains. En fuppofant le dirhem d'argent de
même titre que font nos monnoies , & mettant l'ar-
gent à 51 1. comme nous faifons toujours dans cet
ouvrage , le premier dirhem d'argent vaudroit en
France G {. 4 d. & puis, félon les différences mar-
quées ci-deffiis par d'Heibelotj 5 f. 1 d. ? f. 9 d. 4 &
un peu plus , & enfin 4 f 4- s d. f | de d.
DI'tlFS. f f. C'eft le nom que l'on donne quelquefois
aux Furies. Virgile les nomme ainh en plufieuis en-
droits , & entr'autres au IV^ Livre de l'Enéide :
UUrkeJque fcdent irt Hmirie Din.
Qu'j'ques-uns prétendent que les Furies du Ciel &:
de l'air font appelées Dires ; celles de la teire Furies,
Se celles des enfers tzumSnides. M. du Rondcl eft
de ce fentiment , dans fes réflexions fur le Chapitre
deThéophrafte touchant les fuperftitions. Il dit que
que, quand un homme étoit mort , les Payens
croyoïent qu'on examinoit au Ciel fes penfées de-
vant les Dires ; qu'on examinoit fes actions en terre
devant les Funes j & qu'il rendoit compte dans
les Enfers devant les Euménides , des bruits qui
avoient couru de lui.
DIRG , ou DERG. Rivière de l'Ultonic en Irlande.
Derghus , anciennement Vidua. Le Dirg prend
fa fource au lac de ZJerff , ou Ernuleiffer, oîi l'on
voit dans la petite Ile de Règles une caverne pro-
fonde , dans laquelle il fe fait un bruit que le peu-
ple cfoit être les plaintes des âmes du Purgatoire, &
qu'il appelle le Purgatoire de S. Patrice. Le Derg
pafte par Derg & Strabane, au-delfous de laquelle
il prend le nom de Lac Foylc y 8c , après avoir bai-
gné Londonderry , il fe décharge dans un grand gol-
fe auquel il donne le même nom.
DIRHEM. rovej DIRENL
IP" DIRIBUTEUR. f. m. Nom qu'on donnoit chez les
Tome III,
DÎR D î S ^6.j
Romains à un eiclave , dont la fonélîoft étôit d'âi-
ranger & de donner différentes formes aux ragoûts
qu'on fervoit fur les tables. Onlappelioit auflî .i rrac-»
tor. Encycl.
rr DIRIBITOR. Dans|ApuIée,ç*eft lediftributeUrdeS
bulletins pour les fuftrages dans les alfemblées j dans
les jugemens. Le Diritaor , dans un repas j ne fe-
roit-il point ce que nous appelions EÛiyer - tran-'
chant , celui qui coupe &: qui fert à table?
1^ DIRIGER, v. a. Régler, conduire. lle(yefe ^ dïri-
gere. Il a été choifi pour diriger la compagnie, pour
diriger cette Maifon Religieufe. C'eft un tel qui di=
rige fa confcience , qui a foin de fa confcience.
On dit audi , en termes de Cafuiftes, Diriger forl
intention ; pour dire rapporter fes adlions à une fin
certaine , & plus ordinairement à une bon.ne fiu ,
quoiqu'en apparence elles puillent être blâmées»
Dirigere couJUium , voluntatem ad rem aliquam. Si
l'on n'a foin de réfléchir fouvent fur foi-même, S<. de
diriger Con intention .à une bonne fin j on perd le
fruit & le mérite d'une infinité d'adions qui font
indiftérenres , ou même bonnes de leur nature. On.
a beau diriger fon intention ; quand l'adion eft
mauvaife d elle-même , & qu'on la connoît pour
telle, on ne peut la redifier.
UCT Diriger fi marche , fi courfe , &'c. c'eft les tour-
ner d'un certain côté. Dirigere irer aliqub , ad ali-
quem locum. Cet oileau dirige for
droit.
a vol vers tel en-
On dit, en termes de Mathématiques j qu'une»
alhidade, un co^àsaw dirigera \q rayon vifuel, di-^
rigein une ligne droite , quand elles les font ebfec-'
ver , ou mirer un point diredement oppofé.
Diriger. Terme d'Aftroiogie. C'eft tirer une ou plii"
fieurs diredions.
Dirige , ee. part.
DIRIM ANT. Terme de Droit Canonique. On appelles
empêchement dirimant y un délaut qui emporte la
nullité d'un matiage. Jmpedimencam dirimens. Il y a
quatorze empêchemens dirimans. J^oye^ EMPÊ-
CHEMENT.
DIRSCHOW, DERSOW, ou TSCOZOW. Petits
Ville de la Prufte Royale. Dirchovia j Dirfavia ,
Derfavia J C:(erum. Elle eft dans la Pomeranie, fur
laViftule, à quatre lieues de Mariembourg , & à
fept de Dantzic Maty. Nous l'appelons en Irançois
Dirchau, adoucifianr la rudelle de la prononciation
Allemande. Ceux du Pays la nomment Tfcozov/.
D I S.
DIS. Particule inféparable de plufieurs mots François,
dont l'effet eft ou de donner une fignification con-
traire à celle du mot Innple , comme dans dij grâce j
difparité , dijproporcion , &c. ou de figniher çà &c là ,
&C de marquer J de'cachcmenc, fe'parûcion^ dijlribu-
tion , &c. comme dans dijcerner, difcourir ^ difpo-
fer , diftraire , diflrihuer.
DIS. f. m. Terme de Mythologie. C'eft un nom ques
les Anciens donnoient à Pltiton , Dieu des enfers»
Dis. Ils l'appeloient ainfi , parce que ce nom Signi-
fie riche , & qu'ils croyoïent que , les richelfes fe ti-
rant des entrailles de la terre , le Dieu des Enfers en
étoit le maître. Voilius prétend De Idol. II. c. 60 ,
p. 310. que c'eft un mot Grec , j^k, Jupiter ; d'où
vient que Virgile appelle Pluton Jovem Stygium.
Dis , Au rapport de Céfar , I. FI. De Bello Gall. c. 4,
palfoit parmi les anciens Gaulois pour être leur pè-
re. C'étoit la tradition que les Druides leur enfei-
gnoient. De-là on conclut que ce Dis , que l'on nom-
me aullî Samothcs, étoit un fils de Japhet & petit-
fils de Noc, qui lut le chef de toute la nation des
Celtes. Si l'on en croit Cluvier, Gcrm. Ar.t. L. I. c
16. p. zij. & fuiv. Dis étoit le même que Teut ; car
de0£ùr, on avoir fait Zfîy, dezè!?, a/?, ^<f- Selon
Voftjus, De Idolol. L. IL c. r,i p. 320. C'étoit la
Terre que les Gaulois adoroient fous le nom de Dis^
Se de-là vient qu'ils fe difoient defcendnns de Dis,
c'eft-à-dire, originaires de la terre qu'ils habitoienç
A a a
370 DIS
,«!'r5;Kra''î?. Qiielques-iins croient que Dis étou Sa- |
moches, quarneme fils de Japhet; mais ils ne le di-
icnt que lur raiuorité de Béiofe.
DIS AIN. k'oye^ DIZAIN.
DISARES. / oye^i DYSARES.
^ DISART , ou DYSERT. Petite Ville d'EcolTe ,
dans la partie occidentale de la Province de Fite , |
fnr l'Océan.
fO= DISCALE, f. m. Terme de Commerce. Dccliet du \
poids d'une marchandée qui i'e vend au poids. Acad. j
Fr. Le dijlale d'une botte de ibie, ie tait par i'évapo-
rarion de ! humidité qui y eft contenue.
DISCEPTATiON. f. h Terme Scholalhque, qui fe
dit des drl'putes qui fe font de vive voix , uu par
écrit , fur une quclHon qu'on entreprend de dilcu-
ter, & d'examiner. Difceptado. Il n'eit pas d'ulage.
fO" DISCERNEMENT, f. m. Dans le lens propre,
c'efl: la di'.iinction qu'on fait des chofes j qui empê-
che de les confondre. Dijtinci'to ^ dijcrtnicn. Faire le
difcernemeni des couleurs. Le difc.rnemtnt du boire
& du manger. Judïdum cibi & potionis. Au ligure ,
c'eîl la faculré de les bien diilinguer, Efprit de di-l-
cernemcnt. Avoir du d/fcerncinenc. Dijudtcacio , df-
crcdo. Dieu n'a pas donné à tous les hommes un cf
prit de difcernement. Le d'fcernement de la vérité eil
fouvenr très-difficile. La raifon toute leule , ell un
_s;uide peu fur dans le difcernement des Livies iacrés.
S. EvR. Un dijcernemcnt jufte & exquis apparnent
plus au bon fens qu'au bel elprit. Bouh. La pruden-
ce ne veut pas que l'on falfe un ulage inditcret de
{on difcernement j ni que l'on fe précipite à porter
des jagemens , qui , pour être juftes , ne laiiient pas
de trouver des efprics mal difpolés. S. Real. Plus
on a le difcernement exquis , plus on le fait honneur
d'être indulgent. Ch. de Mer. Le véritable bel el-
prit confuse dans un difcernement jufte & délicat.
r>ouH. Rien ne trouble plus le repos de la vie que
les amis , fi nous n'avons pas aifez de difcernement
pour les bien choifir. S. EvR. L'amitié nous laille
allez de tranquillité pour faire un dij(:ernement]\.\{ïs.
lo.J'aimerois mieux des injures, que les louanges
triviales que certaines gens proilituent à tous ve-
nans , fans difcernement &c (ans choix. Bell.
^CJ" Le difcernement , dit M. l'Abbé Girard, regarde
non-feulement la chofe , mais encore fes apparen-
ces , pour ne la pas confondre avec d'autres; c'eli
une connoilfance qui dilUngue. Le jugement regarde
la chofe confidéiée en elle-même, pour en pénétrer
le vrai. C'ell une connoiiiance qui prononce. Le pre-
mier n'a pour objet que ce qu'il y a à favoir , & ie
borne aux chofes préfentes ; il en démêle le vrai &
le f\ux , les perfedions & les défauts , les motifs &
les prétextes. Le fécond s'attache encore à ce qu'il
y a à faire , & poulfe fes lumières jufque dans l'a-
venir ; il fent le rapport & la conféquence des
chofes , en prévoit les luites & les effets.
On peut ajouter que le difcernement etl: éclairé ,
qu'il rend les idées juffes , & empêche qu'on ne
fc trompe en donnant dans le faux ou dans le mau-
vais j &: que \e jugement eff fage , qu'il rend la con-
duite prudente , & empêche qu'on ne s'égare en
donnant dans le travers ou dans le ridicule. f^oye~
Jugement.
î)0' Lorfqu'ileftqueffion de choifir, ou de juger de
la bonté & de la beauté des objets, il faut s'en rap-
porter aux gens qui ont du difcernement. Les Arts
&c les Sciences veulent du difcernement ; il ell: plus
ou moins délicat, félon la finelfe de l'efprit Se l'é-
tendue des connoilfances. Qui n'a point de difcer-
nement elt une bête.
§C? Discernement , en Logique , eft la vue d'une idée
confidérée en elle-même , ou dans ce qu'elle eft par
rapport à une autre idée ^ avec laquelle on peut la
comparer. La perception d'une idée dans toute fon
étendue, eft ce qu'on appelle difcernement direct.
Tous les hommes favent difcerner leurs idées de ce
difcernement dired:. Car , avoir une idée & la difcer-
ner , ou la voir dans toute fon étendue , font ter-
mes fynonymes.
DIS
§3" La vue trune idée confidérée dans ce qu'elle cH;
par rnjjport à une autre idée , eft ce qu'on appelle
dfcernernent rejiecki , qui eft louvent joint au u^ycer-
nement liueÙ. , & c'el: une vue que nous pouons
en même-temps !ur une autre idée qui nous fait
dne que cette première idée , eft ou n'elt pas la
même qu'une autre idée. Le dijcernenieru réÛéchi,
eft propiemtnt le jugement. Très peu de gens la-
vent dilceiner leucs idées de ce dernier difcerne-
ment.
DISCERNER , v. ad. Appercevoir direifiement une
idée, qui neft pas une autre idée, une choie qui
n'L'lt p.is une autre choie. Difcemere , aignofaire ,
internojcere. La mut étoit li obfcure , que je ne pus
dijarner les objets. C'eft un iécours merveilleux
que le microicope pour diferner les plus petites
parties des objets.
Discerner , fignifie auffi , diftinguer , faire la diffé-
rence d'une choie d'avec une autre. La fûiblelfe de la
r.iilon humaine empêche louvent de difcerner, de
léparer le vrai d'avec le faux , le bon d'avec le mau-
vais. Difcerner. le bien d'avec le mal. Aelanc. Dif-
cerner l'erreur Pasc. L homme n'a été honoré de la
fiiculté de juger & de dij cerner , que pour en fiire
ufage dans la lociété. S. Evr. L'Écriture nous aver-
tit d'éprouver toutes chofes ^ de d fcerner _, iSc de
choiiir ce qui eft bon. Id. Peu de gens font touchés
des qualités de l'efprit, &: prefque tous même lonc
incap,>bles de les a/Jctmer. Nie.
Discerner entre. Les Théologiens qui écrivent en
François , ulent fouvent de cette manière de pailer,
ou pour mieux dire, ils en ufent toujouis. Ainfi,
l'Abbé le Rouge j dans fon Traité Dogmatique des
laux Miracles, tlit : Nos adverfairesne pcuvt.ni don-
ner j comme nous , de règles fûres pour d fcerner
encre les vrais & les iaux miracles... Son autorité ( de
l'Eglile) feroit ici d'un grand i'ecours pour difcer-
ner entre les vrais & les faux miracles , & en cent
autres endroits de même. Cette façon de parler eft
priie du Latin de l'Ecole , qui dit , difcemere inter
vera is' Jdlfi miracula. Klle n'en eft pas meilleure:
c'eft en Latin & en François un barbarifme & une
conftruélion vicieufe. Il faut dire , en Latin, Z^z/c^r-
nere vera & JtilJ'a miracula , ou bien : Ver a miracula.
a j al f s difcemere :&, en François, Z?{/2er«e/' les vrais
miracles des faux , ou d'avec les faux. Tel eft l'u-
fage, (Se c'eft ainfi que parlent tous les gens qui par-
lent bien.
Discerné , Ée. part.
DISCIPLE, f. m. Difcipulus. Celui qui prend les le-
çons d'un maître en lifant fes ouvrages , ou qui s'at-
tache à fes fentimens. D'Alemeert. Il ne fe du que
des fciences & des arts libéraux. A l'égard des méca-
niques ,on felert du moi ÂpprentiJ. Ariftote étoit un
des Dijciples de Platon. S. Chryloftôme fut Dif-
ciple de Libanius , qui étoit un fameux Sophifte.
Maucroix.
§lCr Le mot d'Ecole , dit Voltaire , eft du ftyle
familier ; mais quand il s'agit du Difciple d'un
gran(i homme ( il eft queftion d'Annibal , ) ces mot9
Difciple , Ecole, &zc. acquièrent de la grandeur.
P'oye^ encore Écolier , Élevé.
|CF On appelle Difciples de Platon , d'Ariftote ,'
d'Epicure. Les Philofophes qui fuivent leur doélri-
ne. Difciples de Saint Auguftin , de Saint Thomas,
les Théologiens qui fuivent la doécrine de Sain»
Auguuin, de SaincThomas.
Disciple eft aufli f. f. Et fe dit des femmes. Difcipula^
Quelques Difciples de la B. Angeline fondèrent de
nouveaux Monaftères en plufieurs Provinces. P. He-
l.YOT,T.FJIIp.Zç,'i.
En tetmes de l'Écriture , on appelle Difciples dô
Jesus-Christ , les Apôtres & autres perfonnes qu'on
met au nombre dî 71 , qui s'étoient attachés parti-
culièrement à lui & à fil prédication. Difcipuli. S.
Jean étoit le Difciple bien-aimé de fon Maître. Saine
Jean-B.iptifte avoir aulLi fes Difciples. En parlant de
ceux de Jefus-Chrift, nous difons fouvent, Les
Difciples abfolument, & fans rien ajouter. Les Dif"
DIS
cifles ahanàonnhrem Jefus-Chrift pendant fa paf-
lîon. Les Dijapics écoient renfermés dans le céna-
cle , paice qu'ils craignoient les Juifs.
C-:? DlbCIPLiNABLE. adj. de t. g. Capable d'àie dif-
cipiiné. DoùUs j ad difcipllnaui doalis j dijaplims.
paûcns. On le dit des hommes & àss animaux. Ce
jeune homme n'ell pas dtjapLmable. L'éléphant eft
le plus dijciplinabic des animaux. Il y a des animaux
d'un naturel ii farouche , qu'ils ne l'onc jamais dif-
dplinables.
DISCIPLINAIRE. Nom de Sede en Ansleterre. Pref-
bycéiien de la difcipline de Genève. Les Epifco-
paux donnoienc ce nom au Presbytériens, l^rc^by-
ijrLt.-ius Genevcnjîs. La querelle cnluite s'échauf-
îant, on inventa d'autres noms de mépris : les Pré-
lats appeloient ceux de la dilcipline de Genève j
Presbytériens j DiJdpUnaires omiiiparlcns, Pelis-
SON.
•C13- DISCIPLINE, f. f. IhftruifUon , inftitution. Difd-
plbia ^injiituno. On a mis ce jeune hom'ne fous la
difàpiinc d un Maître & d un Gouverneur , qui le
rendront favant & vertueux. Il y a quelques ani-
maux qui lont capables de dijdpline j comme le
chien , le cheval. Le m.onde ell une école j & un
\\Q\.\à(î difcipline. S. 'E.^K.
ifJ' DiscirtiNE fe dit aulîl d'une manière de vie ré-
glée , d'une manière de fe conduire en fe confor-
mant à certaines lois , â certains réglemens. Difd-
'pllna. Vivre dans la dijdpUne. Ces Religieux ont
rétabli la vigueur de l'ancienne diJlipLine. Ce Régi-
ment obferve icrupuleulement fa dtjàplinc.
On dit , La dijdpline du Palais , la Difcipline mi-
litaire , la Difcipline Eccléiiaftique , ou la Difcipli-
ne de 1 Eglife , la Difcipline régulière , ou monalli-
que. Difciplinj. milit,iris jjorenjis ^ Lcclejiajtcca , re-
gularis , reiigiofa j monajtica. On ne dit pas la dif-
dpline civile , il faut dire la police. Obferver la Dif-
dpline. Garder la Dijlipline. Rétablir la Dijdpline.
Ablanc.
Digne refaurateur de lafainte Doclnne j
Lut feul peut rétablir l'andque Difcipline. VitL.
Dâsciplime j eft aiiflî le châtiment ou la peine qu'on
impoie aux Religieux qui ont tait cjuelque faute,
ou que s'impolcnt volontairement ceux qui fe veu-
lent mortifier. Pxna aut impojita , aut u'aro fufcepta
On lui a donné la difcipline en plein Chapitre. Les
dévots prennent eux-mêmes la difcipline. Parmi
toutes les auftérités que pratiquoient les anciens
Moines & Solitaires, il n'eft pomt parlé de difci-
pline. Il ne paroit pas même dans l'Antiquité qu'elle
ait été en ufige, excepté pour punir les Moines qui
avoient péché. Z)u Pin., On dit communément que
c'eft Saint Dominique l'Encuirairé &c le B. Pierre
Dcimién , qni font les premiers Inftituteuis de l'u-
f^^ge de la dijci.jilne ; mais , comme l'a remarqué
^D. Mabillon , Guy Abbé de Pompohe , où de Pom-
pofe , &c d'autres encore , le pratiquoient avant eux.
Cet ufage s'établit dans l'onzième liècle , pour ra-
cheter les pénitences que les Canons impofoient
aux péchés j «Se on les rachetoit non-feulement pour
loi , mais pour les autres. Voye\ D. Mabillon, Ac-
ta Sariil.f^c. FI. P. I. Prtf. n. 39. &fuiv. Ces pra-
tiques de mortific.ition font en ufage dès le Vl^ liè-
. cle , comme il paroît par la Règle de S. Colomban.
Discipline , fi du auiîi de l'inftrument avec lequel on
châtie , avec l.-quel on fe mortifie , qui ordinaire
ment eft fait de cordes nouées , de crin , de parche-
min tortillé. Flaoeilum y verher ,verbera. On peint
S. Jérôme avec djs difciplines de chaînes de fer ,
avec des molettes d'éperons, &c. Les Mexicains en
faisoicnt avec une herbe qu'ils appeloient muguey y
& qu'on nonmie ici arrête-bœuf^ avec laquelle ils
fe déchiroient cruellement le corps , & d'une plus
forte manière que ne font les Européens.
Laurent jferre^ ma haire , avec ma difcipline ,
Etprie:^ que le Ciel toujours vous illumine. Mol.
, DIS j 7 ï
Discipline vOi are de la Difcipline ^ ou de l'Aigle
blanc, en Autriche & en Bohème. Equejtris OrUo
Dfdpiinarum. La marque de cet Ordre é'toit uii
aigle blanc en champ d'azur , & fur un habit bleu ;
lynibole de la pureté de la foi , (Ue dévoient avoir
les Chevaliers , & qui devoir leur mériter le ciel
m.arqué par la couleur bleue. On ne fait quel en eit
le fondateur. Parce que Lekus I. Roi de Pologne ,
porta un aigle blanc dans fes drapeaur. , quelques
Auteurs lui attribuent l'origine de cet Ordre : mais
il régnoit en 550, & par conféqucnt cela ne peut-
être , puifqu'il ny a point d'ordre militaire avant le
Xli"^ liècle, lelon la remarque du P. Piipebroch,
Menenius dit que celui - ci fut établi par un Duc
d'Autriche, il appelle le Collier de cet Ordre. Col-
lare aquilâ candidd exornatum. f^'oye^ Menenius,
Delida Equefires ^jol. 1 56. Dom Jofcph Michielli.
Tefùro Militar. /. 155,. Andr. Mendo j De Urd.
Milit. p. 15. Caramuel dans fa Théologie Régu-
lière , p. 9. & l'Abbé juftiniani. Eifl. di tuitigi Ord..
Milit. C. 78. /'. 790. . ;
DISCIPLINER. V. a. Faire obferver le bon ordre, les
réglemens d'une profellion ; régler , former. Injli-
tuere. Ce Capitaine a bien dilcifiiné fes foldats. Cec
homme a bien difciplinéTiz. maifon. Ce fupcrieur a
bien difcipline (on Couvent.
Discipliner, lignifie aufîî , Corriger avec la difcipli-
ne, ou fe mortifier avec la difcipline. Flagella ca-
dere y emendaie ^ flcgdLare, Ce Moine a été bien
difcipline ï fon retour au Couvent. Ce dévot fe dif-
cipline tous les Vendredis.
Discipliné j ée. part. Injlitutus j honâ difdplinà exei~
citatus. Il avoit des troupes bien dif ci pli ne es. Abl.
DISCOBOLE, f. m. Athlète qui laifoit profellion de
l'exercice du Difque , & qui en difputoit le prix
dans les jeux. Dijcobolus.
DISCOLE. Foyei DYSCOLE.
DISCOMPTE. Au lieu duquel on dit plus communé-
ment Excompte , f. m. C'eft le profit que l'on don-
ne à celui qui paie une lettre de change avant l'é-
chéance.
DISCOMPTER. Faire un Difcompte. Foyei Ex^
compter.
DISCONTINUÀTION. f f. Interruption. Imeirup-
tio , IntermiJJio. La difcontinuation du commerce a
fait grand tort aux Marchands. La difcontinuation
des études lui en fera perdre tout le fruit. On tra-
vaille à fortifier cette place jour & nuit, fans dif-
continuation. On tira fans difcontinuation. Ablanc.
DISCONTINUER, v. a. Interrompre une entreprife
qu'on a commencée. Intermittere. Quand on a dif-
continué quelque temps un travail , il fe ruine, &il
faut tout recommencer. On oublie les arts, on perd
les habitudes acquifes , quand on dijcontinue d'ap-
prendre , de s'exercer.
On finit en achevant l'entreprife. On ceffe en l'a-
bandonnaiiC On difcontiwie en l'interrompanr. Syn-
Fr. Il ne faut difcontinucr le travail que pour fe dé-
lalfer, & pour le reprendre enfuite avec plus de
goût & plus d'atdeur. Les perfonnes qui nefinijfenc
point leurs narrations , & ne cejfent de parler fans
difcontinucr , font aufli peu ptopres à la converfa-
tion que celles qui ne dilent mot.
Il eft auiîi neutre , &' fe dit des chofcs qui ont du-
ré ^ & qui celfent pour un temps. La pluie a difcon-
tinuc. La guerre n'a pas difcontinué pendant vingt
ans.
Discontinué , ée. part. Imermiffus.
DISCONVENANCE. î. f. Difproportion , défaut de
convenance. Difcrepantia. Les mariages ne font pas
heureux , quand il y a une grande difconvenance d'â-
ges. Foye^ Convenance.
DISCONVENIR, v. n. Je difconviens, je difconvins ^
je fuis di [convenu y je difconviendrai , que je difcon-
vienne. Ne pas demeurer d'accord d'une chofe. Dif-
crepare 3 difconvenire. II ne faut pas dif convenir àe%
principes, des .axiomes , fi on veut être admis à la
difpute-
A a a ij
D
34s !>* I S
Ce niGt vient du Latin difcoiiv entre. Du Cange.
gCT Disconvenir n'a point d'autre flgnilication que
celle qu'on lui lionne ici j & l'on ne dira pas,
avec l'Auteur de l'Ecole du Monde , ioiTqu'un
homrne fait ce qui difconvient ou à Ion âge, ou
là Ion bien , ou à la qualité , il ne peut plus plaire.
Ou àii bien qu'une choie convient à la perlonne ,
à la dignité , au temps , pour dire qu'elle eit con-
venable j qu'elle lied bien , &c. mais l'ulage n'a
pas adopté d'ij'convtnir pour expruner le contraire.
DISCORD.f. m. Dciunion , difcorde. D;jcjrdia ,
(iijjentio. H cil: vieux & hors d'ufage. Malherbe i?c
quelques autres Poètes l'ont Touvenc employé , mais
il ne le dit plus ^ même en vers.
^CT DiscoRD. adj. Qui n'eft point d'accord. Un cla-
vecin d/Jcord. AeAD. Fr. Je crois qu'on dit plus
commimément dilcordant.
î:)ISCORDANCE. f. f. Contradiction.. Que de dif
cordaTic: dans les opinions des hommes , & même
des Philolophes ! Ce mot n'eft pas reçu.
§3=- DISCORDANT, ANTE. Qui fe dit' proprement
des voix ou des inllrumens Ue Mufique qui ne font
jjas d'accord , ou qu'on accorde difficilement. Ab-
Jo7ius , d!J]'oni!s _, d'fdns.. înftrument dijcordant. Voix
diJcorda?ite. Ton 'iifcomanr. P'oye^ Accord.]
On dit aufli , hautement , Des humeurs difcor-
dantes ; pour Des humeurs incompatibles.
DISCORDE, f. f. Dilïention , divifion entre deux ou
pluiieurs perfonnes. Difcordia , dijj'entio , dijjidium
La difcjrde s'ell mile en cette famille , en cette
Communauté. Lin médiocre intérêt, enflé des veines
conlidérations de l'orgueil, jette la difcordc entre
les amis les plus unis. Fléch. Ce font quelquefois
les Doéteurs , qui , pour fe faire chets de parti ,
nourrillent &; entretiennent la difcorde , &c la dif-
fention entre les Chrétiens. S. Evr.
La Difcordc , en Mythologie , eft une Dceffe fa-
Ijuleufe que les Poètes ont imaginée pour prélider
aux dilTcnrions. Difcordia, On peignoir cette Divi-
nité malfaifante avec des yeux hâves , le vifage
pâlcj les lèvres livides , la bouche teinte de fang , &
verfant des larmes , les dents d'airajn &c couvertes
de rouille , une humeur pelHlente lui découlant de
ia langue , cocfïée de ferpens , à demi-couverte
d'une robe déchirée, agitant d'une main tremblante
mie torche teinte de fang , & tenant de l'autre une
couleuvre ou poignard.
La Difcorde j à l'afpecl du calme qui Voffenfe ,
Fait Jiffler fcs ferpens ^ s'excite à la vengeance.
Sa houcke fe remplit d'un poifon odieux J
Et de longs traits de feu lui fortent par les yeux-
B01LEAU.
On appelle, figurément, pomme de difcorde, le
fujetou l'occafion d'une divifion. Cela eft emprunté
de la Fable: les Poctes ont feint qu'aux noces de
Thétis & de Pelée ^ la Déelfe de la difcorde , fâchée
de ce qu'elle n'y avoit point été invitée , jeta une
pomme d'or, fur laquelle étoient écrites ces paroles j
A la plus belle. Cela mit ia dilFention entre Junon,
PallasSc Vénus , pour favoir à qui appartiendroit la
pomme d'or. Il eft écrit fur mon cœur , comme fur
la pomme de difcorde , A la plus belle.
DISCORDER, v. n. Terme de Mulique. Etre difcor-
dant. Dijcordare , difonare. On le dit des inftru-
mens. On l'applique rarement au caractère , à
l'humeur.
Dans un concert d' hymen ,torfquc quelqu un à\(cotàQj
Je fais jufle baifjer , ou haaffer une corde :
Nul ne fait de l'amour mieux le diapafon
Ni mettre comme moi deux cœurs à l'unijfon.
Regnard. Com. du Bal.
DISCOUREUR , ÉusE, fubft. Qui parle beaucoup &
dit des chofes en l'air. Loquax. Il ne fe prend qu'en
mauvaifi part. Cet homme n'eft qu'un difcoureur.
il ne faut pas s'arrêter à ce que difent , ni à ce que
DIS
promettent tous ces difcoureurs , qui font les gai.mî.
Si vous écoutez tous ces difcoureurs , ils vous en fe-
ront bien accroire. S. Evr. Paix difcoureufe. Mol.
On dit , auffi , d'un hoir.me qui parle facilement
& agféablement j mais fans grande lolidité , que
c'eft un hs^xi dij coureur: &c qu'd fait le beau ^//1
coureur j pour dire , qu'il afîede de bien pailcr.
DISCOURIR. V. n. Je dij cours , je df courus , j' ai df-
couru , je difcourrai. Entretenir une compagnie ,
foit en public, foit en particulier, fur quelque
matière J avec quelque étendue. Dijjcrere ^fenvonem
habcrc de aliquà re. J'ai entendu ti^/cjarir ce l'hilo-
fophe fur les propriétés de l'aimant , fur la ptf n-
teur de l'air ; il en parle fort iavamment. il i.;-
faut pas qu'un Capitaine s'amufe à difcourir , à
haranguer , quand il faut combattre. Les Fiéios
difcourent dans Homère avant que de fe battre ,
comme on harangue en Angleterre avant que de
mourir, S. Evr. J'ai entendu i/z/tv-ù/vr familièrement
ces Mciheurs : ils difoient de belles chofes &: bitn
curieules.
t/CT On dit, difcourir à' nuQ chofe , d'une affaire,
& plus fouvent aifcourir fur une affaire.
Discourir J en termes de Logique , lignihe , Tirer
une conféquence de quelques printipes qu'on a
pofés j ce qu'on attribue à la troilième opération
de l'entendement. Difcurrere , conclujlonem àliquam
ex aliquo principio deducere.
On dit , en termes de Théologie , que les An-
ges conçoivent fans difcourir , c'eft-à-diie , fans
raifonner à notre manière , lans avoir beioin de
pofer un principe pour en tuer une conclulion.
1^ DISCOURS, f. m. Ce mot , dans le lens général,
marque tout ce qui part de la faculté de la parole.
C'eft un alfembLige de paroles, par lefquellcs on
explique ce qu'on penfe. Le di/cours eO. familier,
noble, éloquent, ioutenu , fleuri, concis, véhé-
ment, &:c. Il faut retrancher les difcours fuperlius.
Interrompre le difcours j reprendre le fil du difcours.
Les converiations ne font j pour l'ordinaire , qu©
df cours frivoles. Difcours i perte de vue.
Un jeune homme toujours bouillant dansfes caprice^
EJl vain dans fes difcours Boileau.
Mais du difcours enfin l'harmonieufe adrejje
De ces fauvages mœurs adoucit la rudejje ,
Rû(]embla les humains dans lesjorèis epars. Id.
On dit, C'eft un a.mre difcours ; pour dire, il ne
s'agit pas décela. On ditauiîi , fimplement, difcours ^
pour Vain difcours , difcours frivole. Vous me pro-
mettez monts &c merveilles : difcours , ce n'eft que
difcours.
§3" Corneille a fait un mauvais ufage de c^not
dans les Horaces , en 1 appliquant aux pleucs^|||
Que lespleurs d'une amante ont de pui (fans difcours I
|tT On peut bien dire le langage des pleurs,
comme on dit le langage des yeux , parce que,
les regards èz lespleurs expriment les fentimens;
mais on ne peut dire le difcours des pleurs , parce
que , ce mot difcours , tient au railonnement. Les
pleurs n'ont point de difcours. Et , de plus , avoit
des difcours eft un barbarifme. Volt.
Ce mot vient du Latin , difcurjus. Nicot,
"^fT Discours , dans un fens moins étendu , fignifîe ,
un affemblage de raifonnemens difpofés , fuivanc
les règles , & préparés pour des. occafions particu-
lières , quelquefois publiques & brillantes. Scrmo ,
oratio. On apporte des Difcours à l'Académie Fran-
çoife pour obrenir le prix d'Eloquence. Les Difcours
politiques & moraux du fîeur de la Noue ont été
fort eftimés. Il faut prendre garde qu'une faulfe
îdée de politefte ne rende le difcours foible & lan-
gullfant. S. Evr. Il n'y avoit ni grâce, ni élégance
dans les difcours de Caton. Id. L'étude & l'art quj,
DIS
paroiflent dans un dtj'cours peigné , ne font pas le
caradèie cliui elpriCvivemcinc touché de ce qu'il
du. J'admue plus dans un long c^/,'cJi^/-J ia patience
àz l'auditeur , que la iécondice de l'Orateur. S. Evr.
li tauc pour un dijcours public , des pcnlces bnl-
]antes , des expreliions hardies , & du teu d'eipnt.
Idem.
%G^ Discours. Harangue & Oraison. Le dernier
de ces mots, dit Ivl. l'Abbé Girard, luppofe tou-
jours quelque appareil , ou quelque circonlhnce
éclatante. Les deux autres n'expriment ni n'excluent
l'éclat ; la hj.rci::gue pouvant avoir fa place dans
une occalîon preUée ts: peu connue \ tk le dijCMirs
étant louvent préparé pour des occalions publiques
& brillantes. Les difcours qu'on prononce aux ré-
ceptions des Académiciens , dans les chaires , & en
cent autres occafions , peuvent avoir lappared le
plus éclatant, fans être ni harangues, m ora/Jons ■
ëc , dans une converfation fecrete , ou dxns un
tère-à-tcte , on peut haranguer , au lieu de d/jcourir.
ifT Le difcotirs s'adreiïe direétemenc à l'efprit j
continu^ le même Auteur; il fe piopofe d'expli-
quer Hz c'mrtridre ; la beauté eit d'être clair, julte
êc élégant. L'Académicien prononce un dijcjurs ,
pour développer ou pour foutenir un fyfttme. Les
îleurs du difcours en diminuent fouvent les grâces
Foyei aux articles Harangue & Oraison , le
caradèrc propre de ces mots j & en quoi coniiften:
leurs difterences.
ffj' Ow accorde, difent les Encyclopédifles , à M.
l'Abbé Girard , (pie fes notions font exades ; maii
en l^s reltreignant aux difcours académiques , qu.
font plutôt des écrits polémiques &c des dillerta
tions , que des «^.ycj^^rj oratoires. Il ne laie, dans la
<léhnition , nulle mention du cœur, ni des paîlions
&c des mouvemens que l'Orateur doit exciter. Un
plaidoyer, un fermon, une oraifon tunèbie font
des difcours 3 Se ils doivent être totichans , félon
l'idée qu'on a toujours eue de la véritable élo-
quence.
ifT Ne peut-on pas même dire , que les d'fcours
<3e pur ornement, tels que ceux qui le prononcent
à la réception des Académiciens, le prcpolent d'ex-
citer des pallions douces , l'eftime -pour les Sujets
que l'on reçoit , le regret pour ceux qu'on a perdus ,
l'admitation de leurs travaux , (Sec.
0C? Horace a donné le titre *de difcours à fes
fatyres , nom qui convient plus à la profe qu'à la
poclie, parce qu'à la mefure près , elles lont écrites
dans un ftyle qui approche de la proie , n'ayan.
aucun caradère particulier de la véritable poche ,
qui tienne de la hble ou du fublime ; fcnnoni
propiora.
DISCOURTOIS , OISE. adj.'Qui manque de courtoifie
ou de civilité, .?c fur-tout envers les Dames. Inur-
banus , infceius.Un C'isvalier difcourcois elt celui
qui manque de rtffped ou de dilpofition à fervir
les Dames. Ce mot vieillit, & étoit autrefois de
grand ufagc.
Ils ont écrie quelques vers difcourtois. R.
DISCOURTOISIE, f f. Manque de courtoifie. Inur-
hanitûs. C'ell une difcourcoijie de refufer à quelqu'un
un fer vice qui ne coûte rien. Il ell: vieux.
DISCREDIT. Cm. Terme de Commerce. Diminution,
perte du crédit c]u'un chofe avoit auparavant. Les
billets d'un tel Banquier , d'une telle Compagnie
tombent dans le difcrédic. Les lettres de change
de ce Marchand font dans le difcrédic. Ce mot eft
très-nouveau , & l'ufage ne s'en efl: guère introduit
dans le commerce , que depuis l'année 1719. que
les Arrêts du Confeil d'Etat l'ont , pour ainfi dire ,
confacré, pour exprimer la perte qui fe faifoit fur
les Adionsde la Compagnie des Indes & les Billets
de Banque , & le peu de cours qu'ils avoient dans
le public. Ainfi l'on a dit , en ce fens , le difcrédic
des Adions \ pour dire , qu'elles étolent extrême-
ment^ bailfées. On a dit encore que les Billets de
Banque ccoient tombés dans le difcrédic , pour figni-
D î S 57^
fier qu'on ne lésa plus voulu recevoir far k Mîce,
ou du moins , qu'on ne les a pas reçus pouf leur
jiirte valeur. Les terres ont pu paroïtit. vendues
chèrement en 1727. année d'un très-grand difcrédic,
Fact. Cet homme a diverti une partie des îi^wd-i
de la cailfe , ck y a fubftitué des Billets de Banque
dans le temps de leur difrrcdic. Faverel.
Le difcrédic où ces Ouvrages font tombés parmi
les Savans.
On a inventé le terme de difcrédic, pour l'oppo-
fer à celui de Crédit, qui fignihe la laveur que les
Billets de Commerce, tant publics, que particuliers
ont quelquefois coutume de prendre fubitement ,
luivant les conjonduies , dans le négoce que les
Marchands &: Banquiers en font entr'eux,
DISCREDITE, ÉE.parr. ou plutôt adj. Qui eO; tombé
^'■' difcrédit. Faire valoir dans fa cailfe du papier
df crédité , comme efpèces. Il lui a donné du papier
dijcrédicé. Faveret. Allouer du papier dijcréaué
pour des efpèces.
^ DISCRET , ÉTÉ. adj. Qui eft prudent Se modéré
dans Çss paroles ^ dans k% adions. On fuit ici
la foule «Je l'autorité de l'Académie j en délinilTnnt
ainh l'homme difcrec , quoique ce terme ne paiùiHe
ligniher que celui qui eft tempérant dans le difcours,
qui a l'art de conlerver au dedans de foi-même ',
les choies fur lefquelles il eft à propos de fe taire!
f'oye^ Discrétion. Conflder&cus ^ prudens. L'hon-^
nete homme eft difcret: il remarque les défauts
d autrui; mais il n'en parle jamais. S. EvR. Le?
gens difcrets font bien venus par tout.
îJCr Discret, fe dit, particulièrement, de deux qui
faveur garder un fecrct. Les femmes aiment les
Amans difcrets.
Hamour te plus difcret
Laiffe par quelque marque échaper fort fecret.
Racine.
DiscRrT , eft auffi une formule de Notaires , un titre
d honneur qu'ils donnent aux Curés & aux Gradués,
& principalement aux Supérieurs des Couvens. Vé-
nérable & difcrec M. tel , Curé d'un tel lieu ^
Prieur d'un tel Couvent.
Discret. Terme en ufage dans plufieurs A'îaifons Re-
ligieufes , telles que celles des Capucins , des Aii-
guftinsj des Recolets, Sec. C'eft celui, qui, dans
un Chapitre , repréfente le Corps du Couvent , &
en eft comme l'Avocat , cc proprement le Député.
Confulcor. Sorte d'avocat envoyé à un Chapitre
Provincial j pour repréfenter les intérêts de la Alai-
fon. Il y a dans l'Ordre des Frères Mineurs-l-ran-
cifcains des Pères difcrets perpétuels. Si le Général
meurt avant que d'avoij lini fon temps, ou qu'il
foit élevé à quelque dignité d'Eglife , on lui fubf-
titue un Vicaire-Général j qui eft élu par les Pères
Difcrets perpétuels de 1 Ordre, qui font ceux qui
ont exercé l'Office de Génér.al , ou qui ont été
Vicaires-Généraux pendant deux ans. P. Hélvot
ïom. J^'ll. c. a. ■
On appelle , auflî j Sœur difcrète , une Rcligieufe
ancienne , qu'on donne pour Alîiftante à une Su-
périeure pour la conduite de la Communauté. Con-
fultrix. Les Mères Difcrètes font le Ccnfea de l'Ab-
belfe. Patru. Le 17«^ chapitre des Statuts de Fon-
tévraud, fait en 1 4^4. eft des Z>i/crm.f.
On diftingue , en Phiiofophie j la quantité con-
tinue, de la quantité dijcrete. Difreta quamitas.
La continue eft celle des lignes, des fupcificies &:
des folides , qui eft l'objet de la Géométrie. Voye-^
C0NTIKUE. La quantité difcrète eft celle des nom-
bres, qui eft l'objet de l'Arithmétitiue. On l'ap-
pelle difcrète ou disjointe , parce qu'elle eft com-
pofée de parties qui ne font point jointes enfem-
ble , & ne peuvent former un feul continu.
DISCRETEMENT, adv. D'une manière difcrète. Con-
fideratè, prudenter. Il en a agi fort difcrétemcnt^ fore
prudemment.
|Cr DISCRETION, f. f. Tempérance , inodérarion
dans le difcours & dans les adions , prudence qui
3 '74 ^ ^ s
'règle nos adîons & nos paroles. Cû.'iflderàtio ^ pru~'
■ dentïa. Quand on eft conltitué en dignité, il fau:
fe conduire avec une grande dïjcrédon. Quand on
parle devant des inconnus , ou des ennemis , on ne
le fauroit faire avec trop de dijcrédon. Il a écé dii-
crec tant qu'il s'etl: cru malheureux j mais une pen-
fée d'un bonheur , même incertain , a lîni fa dij-
crédon. P. DE Cl. La dlfcredon eft lïne des princi-
pales parties d'un Galant. Voit. Les gens lages
blâment un zèle fans .prudence & fans difcruion.
S. EvR.
ifT Le fubftantif ■û!'//cr/rio/2 > difent leis Encyclo-
pcdilles , paroît avoir une toute autre acception que
i'cld;ect:if discret, Dijlrédon ne s'entend guère que
de la tempérance d.ms les dilcouis & dans les ac-
tions : la vue de i'cfprit ne fe porte plus fur l'idée
de ferret. H femble que la difcrédon marque la
qualité des adions de l'homme prudent & mo-
dt'ré.
Difcrédon vient du Larin difcredo , ijue quelques-
uns d-'rivcnt du mot Grec ê^ixxfiFiç.
On cht j en termes de Guerre j qu'une place fe
rend à dijaédon-^ pour dire , à la merci du vain-
queur j par la confiance qu'on a qu'il ufera bien de
la vidjire. Viciorïfc permktere nuUâ propo/itâ con-
d'n^ one.
ff3' Dans le difcours oïdinaire, fe mettre à la
dijcrcdon de ciuelqu'im , c'ell fe livrer entièrement
à fa volonté.
^fT Et , fe temettre à la difcrédon de quelqu'un ,
c'efl: fe rapporter au jugement de quelqu'un pour
une affaire , dans la confiance qu'on a en fa fagelFe.
Permitcere Je fidei , ou in fidem alicujus.
On dit des foldats , qu'ils vivent à difcrédon ,
iorfqu'ils vivent en liberté chez leurs hôtes, fans
règle & lans difcipline. /' Ivcre auenis impenjis ,
milites fuo arhitrio permittere. Le vrai moyen de
ruiner une ville , c'ell d'y laiirer des foldats vivre a
difcrédon.
Il s'emploie aùflî , figurément , en ce même fens.
Si l'on abandonne la palîion fur fa foi , & H on la
lailïe faire à dfcrétio , quels ravages ne fera-t-elle
point dans la fociété civile ? Balz. Cupid.ita.ti alicui
effrenatx laxare jrena.
^fT En termes de jeu , difcrédon fignifiece qu'on
gage ou ce qu'on joue , fans marquer précifément
ce que c'efl: j &: qu'on lailfe à la volonté du perdant.
Jouer , gagnet , perdre une difrétion.
iDîSCRÉTbfRE. f. m. Lieu nù s'alfemblent les Mères
Difcrètes dans les Couvens des Religieufes, ou les
Supérieurs & Pères Uifciets dans les Couvens des
Religieux.
Les yeux en pleurs , les fens d'horreurs troublés j
En manteaux longs , en voiles redoublés.
Au Difcrétoire entre neuf Vénérables :
'Figure'^-vous ncuj fiecles affemblés.
S?OEME DE Vert-Vert de M. Grefet.
■il paroît qiie Difcrétoire eft un terme ufité dans
quelques Couvens, pour marquer l'alfemblée des
Notables , &: l'endroit oii elle fe tient. Feu M. l'Abbé
Le Gendre, Sous Chantre de l'Eglife Métropolitaine
de Paris , l'a employé en la première fignification
dans fon Teftament. Si la fondation des Prix n'eft
point , dit-il , acceptée par le Difcrétoire du Grand
Couvent des RR. PP. Cordeliers de Paris , je fup-
plie très-humblement Meffieurs les Gens du Roi du
Parlement delà placer où ils le jugeront à propos.
Mercure d'Oclohre 1754.
DISCRIME, f m. Vieux mor. Danger , du Latin Dif-
crimen , qui veut dire la même chofe.
DÎSCRIMEN. f. m. Efpèce de bandage dont t>n fe
fertpour la fùgnée du front. Difrimen eft un mot
Latin qui fignifie divifion, féparation ; nom qui a
été donné à ce bandage, parce qu'en palfant le
long de la future fagittale , il divife la tête en deux
jparties égales , où parce qu'il y a des féparations
DIS
entte fes tours. Voyei le Dict. de M. Col de
Villars.
DISCULPER. V. a. Juftilîer quelqu'un d'une faute
qu'on Im impute. Allqucm purgare , culpu libertire.
11 s'emploie iouvent avec le pronom perfonnel. Il
s'cft fort bien difculpé de cette accufation. On lui fit
un crnne de fa pallion j ëc , voici comme il fe
diJcuLpa. Man. de penser. Si celui qui le connoïc
parfairement , & qui l'aime avec tendrellej ne laille
pas de le condamner , comment pouvons - nous le
dijculper S^cVdhïoxxàxQ} difent les Chinois, quand
on paroît étonné de ce cjue chez eux , h un père
accule fon fils de quelque faute devant le î.laii-
darin, il n'a befoin d'aucune preuve. P. le Comte.
Ce mot vient du Latin Dfculpare. Du Cange.
Le P. Bouhours le dérive de l'Italien difcolpaie, &
dit que nous devons peut-être ce mot , & quelques
autres qu'il rapporte , à M. le Cardinal Mazarin \
ce qui fait connoître depuis quel temps ces mots
font en ufage.
DISCULPÉ , EE. part.
ifT DISCURSIF j ivE. ad;. Terme de Logique. Qui
rire une propofition d'une autre, pat le raifonne-
ment. Difcrendi jacultate prttditus. L'homme a là
faculté difcurfve.
IJC?" Ce mot s'applique auflî aux fciences qui em-
ploient le raifonnement , & les règles de la Dia-
lectique. Difcurfivus j a j um. La Théologie , dont
l'Eglife fe fert po;ir la défenfe & l'établiflement
des vérités , eft eftentiellement difcurjne &c n'eft ,
à proprement parler ^ qu'une Logique qui raifonne
jufte lur les dogmes révélés , (Se qui en déduit clai-
rement les vérités qu'ils contiennent. Lamy.
Discursif , eft aufli un terme de dévotion myftiqit'e ;
& alors il fignifie Aélif^ inquiet, agité. Difcur-
rens. La contemplation adlive eft celle qui eft en-
core mêlée d'aétes emprelfés & difcurfijs. Fenel.
DISCUSSIF, ivE. adj. Terme de Médecine, qui fe
dit des médicamens qui ouvrent les pores , & qui
ront évaporer par la tranfpiration infenfible les hu-
meurs inutiles ducorps, principalerrient en atténuant,
en réfolvant. Difcujjoria medicamina. Ce font les
mêmes que ceux qu'on appelle diaphorétiques & ré-
folutifs. Les inteftins étant bourfouflés , ont befoin ■
de remèdes carrainatifs & difcujff pour les défen-
fler. DioNis.
Ce mot & les deux fuivans ont la même origine.'
DISCUSSION, f. f. Examen exaét & en détail, ac-
tion de difcutet des queftions , des affaires , des
héritages. Alicujus rei accurrata confderatio. Le
peuple n'entre dans aucune difcujffion des chofes
mêmes dont il juge le plus criminellement. C'eft
une affaire d'une grande difcujjîon , que de rendre
un compte exadt de fa conduite , quand on a manié
les deniers publics.
ifT Discussion. En Médecine , fignifie la diftipation
de la moitié d'une tumeur , & fa fortie au travers
des pores. Voye:^^ Discuter.
On dit , en termes de Palais , qu'un homme ,
qu'une caution n'eft point tenue de payer , finon
après dijcujfion faite des biens du débiteur. Bono-
ram debitoris cum are alieno coUatio. Et c'eft pour
cela qu'on fait appofer cette claufe dans les contrats.
Ils fe font obligés folidairement l'un pour l'autre,
& un fculpour le tout, fans divifion ni difcujffion,
& ont renoncé au bénéfice d'icelles. Faire la difcuf-
fion d'un débiteur , c'eft faire la perquifition, SC
cnfuite la vente en Juftice de tous it^ biens ,
meubles & immeubles. Debitoris bona cum alieno
are adducere in contentionem. On appelle bénéfice
de difcujjlon une exception dilatoire, par laquelle
le débiteur empêche , ou retarde fa condamna-
tion , en renvoyant le demandeur fur les biens du
tiers.
Discussion , fe prend aulîi pour Difpute , contefta-
tion. Contentio , jurgium. Ils ont une grande difcuf-
fion enfemble. Il a eu une difcuffion au jeu.
Ce mot vient du Latin difcuffio j qui vient de
difcutere.
D î S
DISCUTER. V. a. Examinei- une qiieftion , une afuiire ,
un pomc d'Hilloire, de Droit j faire toute !a rcclierche
poiiible pour en dccouvnr la vérué , c'elî propre
ment dégager une chofé de tout ce qui lui elt étran-
ger , & qui ne peut l'ervir qu'à l'embrouiller. yJccu-
nitè aliquid co'ijiderare , diligcmcr perpe:;de'-e. Ce
Commentateur a bien difcuu cette queftion. Ce
procès a été bien dijiucc par les Juges. L'article qui
conccrnoitles Corfes fut pareillement laiifé indécis ,
mais non pas lans avoir été long-temps difcucé de
part &c d'autic. L'Abbe Regn.
Ce mot vient du Latin difcutere.
fïCr Discuter , lignifie aulTi , en Jurifpruàence , Re-
chercher les etlcts d'un débiteur , les taire vendre
par autorité de Juilice , pour faire le paiement de
ce qu'il doit. Innuirere dcl-itoris in bona , eademque
auctionc j'uh Itajlâ venderc. Ses Créanciers lont au-
torilés à difcuter fes biens & ceux de fa caution.
On dit , dans le même fens , (///c^/rer tiuelqu'nn.On
difcute le piincipal gbligé , avant que de difiuter la
caution.
Discoter , en termes de Médecine j fignifie , féparer,
divifer , poulFer & chafTer çà &: là. Divldere j dij-
folvere , difcutere. Les principaux effets des cata-
plafmes font d'appailer les douleurs , de ramollir ,
léfoudre , difcuicr , ou mener à luppuration les
matières amalfées aux parties extérieures du corps.
DISCUTE , ÉE. part.
DISDIAPASON, f. m. Terme de Muficjue. Le difdia-
pil'on e(t une conionnance compofée , que le P-
Paran dit être quadiuple de 4. à i. ou de 8. à z. Le
difdiapajon eft une lymphonie qui fe fait lorfque
la VOIX va de fon premier ton au quinzième lieu.
On peut appeler cette conionnance, une quinzième.
La voix ne s'étend ordinairement que depuis fon
premier ton , jufqu'au difdiapajon , c'ell-i-dire ,
qu'elle n'a guère plus d'une double oitave d'étendue^
car le difdiapafon e'I une double oéiave ou une
oélave redoublée. La voix peut quelquefois s'élever
plufieurs tons au-dellus du difdiapajon ; mais avec
un effott qui fait que le fon de la voix n'eO: pas'
naturel , &: que l'on appelle faujfet.
DISDiAPASON DiAPENTE.f. m. Terme de Mufi-
que. Confonnance compofée en proportion fextuple
de II à 1. ou de i à 6.
DISDIAPASON DIATESSARON. f. m. Terme de
Muîique. Confonnance compofée en proportion de
i<> à 5.
DISDIAPASON DîTON. f. m. Terme de Mufique.
Confonnance compofée en proportion de 10 à 2. ou
de 10. à 4.
DISDIAPASON SEMI-DITON.f. m. Terme de Mu-
fique. Confonnance compofée en proportion de 24
à 5-
Ces termes , qui font pris des Anciens , & qui
fervent à expliquer les accords & les confonnances
de leur Mulique , fe trouvent dans les Auteurs
François qui ont écrit de la théorie de la Mufique.
DISEN. Foye:; DILIBOD.
DISSENTÉRIE. Fo) e:^ DYSSENTHRIE.
DISSENTIS. Célèbre Abbaye du pays des Grlfons ,
dans le quartier qu'on nomme la Ligue Grife, près
de la fource du haut Rhin. Dijcentium. L'Abbé de
Difentis a droit de battre monnoie.
DISERT j ERTE.adj. Qui parle aifémenr & avec quel-
qu'élégance j qui a le difcours pur & aifé. Il eft
bien plus aifé d'ctte disert, que d'ctre éloquent.
Disertus , dicendi peritus.
IJCT" Il manque à l'homme disert , pour être élo-
quent , de la nobleffe dans l'exprellion , & de l'élé-
vation dans les penfées.
DISERTEMENT. adv. D'ane manière difette. Cet
Avocat plaide disertement.
'DiSERTEMENT , fignifie aufll , En paroles nettes & in-
telligibles. Je lui ai dit bien difertemem que je vou-
lois mettre telles claufes dans mon contrat. Clarè ,
dilucidè _, difertis , conceptis verUs. La foi des Traités
2c des Capitulations , où ces franchifcs & libertés ie
trouvent difertcment confirmées. Mem. d'Artois,
D I S
37i
Un VtwnhgG difrtemerit appliqué & aux grains du
ciu & aux grains du commerce. Normant. Laillbns
ce mot au Palais. Il vient du L.atin dijcrtè , qui
fig.'iifie la même chofe : il ne fe dit point dans
l'ufage ordinaire. On ne le trouve que dans des
Faclams & des Mémoires.
Ce? DISETTE, f. f. Nécelficé, manque de quelque
chofe nécellaire , nous dit on , dans le Dict. de
lAcad. Notion faulFe j ou trop vague. La dijetie
eii: proprement un manque de vivres. Penuria. Son
oppolé elt l'abondance. Copia. Nous fommes dans
une grande dijetie de blés , de vivres. La pauvrctî
emporte la privation des commodités de la vie. \Jin-
digence fuppofe un manque des choies néccffaires.
La dij'ctte , dit M. l'Abbé Girard, elt un manque
de vivres.
ffT La difette femble venir d'un accident , ou
d'un défaut de provifion , plutôt que d'un défaut
de biens-fonds. De fages précautions préviennent
la difette ; les conîommations iuperflues &c immo-
dérées la caufent quelquefois.
^fT Les dijettes qui arrivent dans l'Etat , font
une marque indubitable que la Police n'y efl pas
parfaite , ou qu'elle n'y eft pas fidèlement obfervée.
/''oye^ Besoin , Indigence j Pauvreté , Nécessite.
Les Anciens ont perfbnnifié la dij'ette.
La difette au teint blême , & la trijle famine ,
Troublent l'air d'alentour de longs gemijfemens.
BOILEAU.
Le mot vient de defta , qui a été fait de defnere,
dejivi J ue/ùum. Ménage.
Les difettes arrivées en France , & dont nouî
avons connoiiririce , font en 4S1. fous Childeric j
en 5 8.^.1ou3 Clotaire IL en 651. fous Clovis II. en
778. & 779. fous Charlemagne ; & So^. & 806.
fous le même; en H04. fous Philippe le Bel, &
les deux années fuivantes 5 en 1516. jous Philippe
le Long; en 135)0. & i59'* ^'^^'^ Charles VI. en
143 1. lous Charles VIL en i44(>. fous le même
Roi ; en 1560. fous Charles IX. en 1565. plusgiands
que jamais; en 1572. & 1573. en 1587. caufées
par les guerres ; en 1625. fous Louis XIII. en 1625).
fous le même ; en iCyGo. \66i. 1661. fous Louis
XIV. en i<5(j4. fous le même; en 1693. & 1654.
lous le même; en i6ç)ii. & 1690. moindre; en
1709. Foye-:[ tous les Réglemens de Police qui fu-
rent faits en ces occafions-là , ramairés par M. de
la Mare J dans fon Traite de la Polue , Liv. V.
Tit. XIV. c. 10. & fuiv. T. II. p. 9S3. & luiv.
ter DISETTEUX, euse. Vieux adj. pris quelquefois
fubftantivement. Qui manque des chofes nécellaires.
C'eil un pauvre dfttcu.x. tigens , indigens.
M. Fiiretière a mi., d.ins un de fos Fnclums contre
l'Académie . au heu de rendre la langue riche èc
abondante , ils la rendent pauvte & difetteuj'e. Ce
mot eft vieux & furanné.
DISEUR, f. m. DISEUSE, f. f. Celui ou celle qui dir.
Dicens j/o./:/t' .■.'.(•. L'entente elt au difeur:, c'ell- à-dire,
que celui qui parle entend bien ce qu'il veut dire,
& qu'il y a quelque choie de caché que lui feul en-
tend. Excepte dans cetie phrafe proverbiale , le mot
de difeur ne s'emploie jamais leul. \j\\ difeur de bons
mots elt celui qui affetVe de parojtre fubtil & plai-
fant. Homo facctus. Les quatre grands difeurs de
bons mots de notre temps étoient Angevins , M. le
Prince de Guimené , M. de Bauttu , M. le Comte
de Lude & M. le Marquis de Jerzey. Ménage. Un
grand difeur de riens j c'elt un homme qui parle
beaucoup; qui ne dit que des bagatelles. Gerro , nu-
gator. Un difeur de nouvelles , un nouvellifte.
Narrator. Cette caufeufe , cette grande difiije de
riens, cette monftrueule éloquence des décinmateurs,
a infedté les efprits des jeunes gens. S. Evn.
Le bon fens de l'efprit efl le guide fid'eU\
Lui feul peut le conduire _, &fait le ménager.
Un bel efprit , fi j'en fais bien juger j
EJl un difeur de bagatelle. S. Evr.
fy6
I S
Kon , je ne puis fouffrir
Ces obllgeans difcuts d'inutiles paroles. Mot.
Diseur, Diseuse de bonne aventure. Ariolus j
Chlromdnds , Chiromances j ChiroJ'copus. On appelle
ainfi des aventuriers , hommes & temmes , qui le
piquent de connoûre j par l'inlpedionde la mam , ce
qui arrivera à une petionne. ils difent quelquefois
ce qui eH: déjà arrivé à ceux qui les confultent j
mais lis ne le font qu'après s'en être informes. Pour
ce qui eft de l'avenir, ils difent tant de choIeSj &
en des termes fi généraux , qu'il eft impollible qu'il
n'y ait quelque chofe de vrai j dans un certain lens
qu'on peut donner à leurs paroles : ainfi ils trompent
les fots qui veulent bien leur donner de l'argent pour
les fadaifes qu'ils débitent. Les Bohémiens ionc di-
feurs de bonne aventure.
ifT DISGRÂCE, f. f. Ce mo: fignifie , quelquefois ^
perte, privation de crédit^^ de taveur j de bonnes
glaces d'une perfonne puillante. Comme quand on
dit j tomber en dij'gràce. Encourir la dijgrâce du
Prince. Perfonne ne l'a vu pendant fa dijgrâce. Se
mettre en dil'gràcc auprès de quelqu'un. Offenjam ali-
cujus mereri , fujcipere. Etre en dij'gràce. In ojjcnj^a
elfe apud aliquem. Quelquefois auHi , ce mot fignihe
un événement fâcheux. Advcrfus cajus. Il eft arrivé
une difgrâce à notre ami , il a perdu fon procès. Les
hommes font fujets .à mille dj'grâces. Si l'on parle
mal de ce que vous faites , c'eO: une dijgrâce qui
vous ell: commune avec les plus grands hommes de
l'Antiquité. BoiL. Le fouvenir d'une profpérité rend
plus vif le fentiment d'une difgrâce prcfente. Bouh.
Comme toute difgrâce peut arriver aux hommes j
ils devroient être préparés à toute difgrâce. La Bruy.
Nous devons apprendre à fubjuguer nos pallions , à
vaincre nos délits j & à fouffrir patiemment les plus
cruelles difgrâces. S. Evr. Bajazet ne put échaperà
la vîteife des chevaux Tartares , & tomba encre les
mains du vainqueur. Alors l'Ottoman éprouva dans
fa difgrâce la douceur & l'humanité du Tartare. P.
Catrou.
DISGRACIER, f. m. Priver quelqu'un de fes bonnes
grâces \ lui ôter la faveur , la protedbion qu'on lui
donnoit. Gratiâ quempiam privare. Un Favori qui eft
difgracié -pzxà tous fes flatteurs, &c la plupart de fes
amis. Le Roi l'a difgracié.
DISGRACIÉ , ÉE. part. & adj. Qui Principis in offen-
Jionem incurrit ; qui cum Principe non ejî amplius in
gratiâ. C'eft un ridicule ordinaire aux dij'graciés ,
d'infeéter toutes chofes de leurs difgrâces , &d'en
vouloir occuper les autres. S. Evr-
Outre la lignitication de fon verbe , on le dit aufli
des hommes mal-faits de corps ou d'efprit , qui ont
quelque chofe de défiguté j de difforme. Malè na-
ture pr&fidUs paratus ^ inftructus j nature pr&(idûs
deftitutus. Cet homme elt difgracié de la nature
boiteux , borgne , bofùi. Il y a des perlonnes à qui
les défauts fiéent bien , &: d'auttes qui font dij~grâciées
avec leurs bonnes qualités. Rochef.
DISGR.^CIEUSEMENT. adv. Terme nouveau, &r qui
n'efl: pas encore fuffifamment accrédité. J'ai joué ces
deux teprifes de médiateur bien dijgracicufement.
On ne peut pas voyager plus difgracieufement que
nous avons fait : outre la pluie que nous avons pref-
que toujours eue fur le corps j nous avons encore
elFuié vingt autres accidens.
DISGRACIEUX , euse. adj. Défagréable. Ingratus.
Rien n'eft plus df gracieux pour les gens de fortune j
que de retomber dans le néant. Ses anciens amis
font aujourd'hui f js plus grands perfécuteurs. Cela
ell bien difgracieux. Un homme difgracieux.
DISGREGAT ION. f f. Adtion qui fépare & éloigne
les chofes les unes des autres. Il n'eft guère en ufage
qu'en Optique. Difperfus , difpeclus. Le blanc caufe
la difgrégation de la vue j la bleffe & l'égaré , à
caufe de plufieurs rayons qui la frappent de tous
D I S
§3" Ce mot eft adopté par l'Acad. & expliqué
de la même manière.
^Z? Dijgregation lignifie , proprement , difperfion.
C'eft l'oppofe d'agrégation.
|Cr On pourroit , peut-être , dire la difgrégation
des rayons , en parlant de rayons difperfes , épar-
pillés j mais ce terme me paroît impropre , appli-
qué à la vue j pour exprimer l'effet que font fur
les yeux des rayons nombreux , rédéchis par les
objets.
ÇCTDISGRÉGER. v. a. Difperfcr ^ éparpiller. Vieux
mot. Les Juifs font dj'greges & difperfés par le
monde. On ne le dit plus.
DiSIBOi). Nom d'homme. Difihodus. S. Difhod, que
l'on appelle encore autrement Saint Difen , éroit né
en Irlande au Vile fiêcle. L'on dit même qu'il y
'avoir porté le nom d Evêque j fans titre & fans
liège , à la manière de plulieurs autres Prêtres , ou
Moines Bretons , ou Hibetnois de ce temps-là ^ qui
s'employoient à la prédication. Il pallà en France
vers l'an (J52. & fe fixa dans le Diocèfe de Mayence
vers l'an 66^. Il fonda un Monaftère vers l'an 674.
fans prendre lui - même l'habit monaftique \ &c ,
malgré les grandes auftérirés , il vécut 81. ans, &
ne mourut qu'environ l'an 700. de Jesus-Christ ,
à ce que l'on croit, ^^oye-^ les Acïa Sancl Bened.
S&C. m. P. II. pag. j^a6, & fuiv. ôc Bailler au
FI Ile. Sept.
DISJOINDRE. V. a. Séparer des chofes jointes. Juncla.
disjungcre. On ne le dit qu'au Palais. Quand on joint
des inftances, on prononce toujours j Sauf à disjoin-
dre , s'il y échet.
§C7" Dans ce fens , disjoindre , fignifie féparer
deux caufes ou deux inftances qui avoient été
jointes par un précédent Jugement, Il n'a poinc
d'autre ufage.
DISJOINT , OINTE, part. Disjunclus.
En termes de Mufique , Intervalle par degrés
û'/j/oiwrj, eft l'intervalle quieftentre deux notes qui ne
fe fuivent pas immédiatement, & qui iont appelées,
pour cette raifon , degrés disjoints. Ainfi le degré
disjoint Q^ la marche d'une note à une autre , qui ne
fe fuit pas immédiatement dans la gamme.
fC? DISJONCTIF J ivE. adj. Qui disjoint, ou fépare.'
Disjunclivus. Ou lie ni [ont des conjonélions disjoncii-'
ves , qui , en liant un difcours , en féparent néan-
moins les parties. Céfar , ou rien. Il n'avance j ni
ne recule. Comme ce mot n'eft guère ufité qu'au fé-
minin , cela fait que disjonclive eft devenu fubftan-
tif. Remarquez, que, lorfqu'il y a plufieurs fubf^
tantifs féparés par une disjonclive , le dernier feul
fait le régime du verbe; comme, La force, ou
la douceur lefera. Cette alternative ne peut changer
le fingulier du verbe en pluriel. Vaug. Corn,
Patru foutient qu'on dit également bien le Jera ,
ou \q Jeront ^ & qu'il faur dire , Si Titus ou Mé-
vius étalent 2. Paris , & non p.as était : La honte , ou
l'occafion , ou l'exemple leur donneront un meilleur
avis , & non pas donnera. Il faut, dit-il, dans ces(
occalions , confulter l'oreille.
En Logique,, on appelle Propofition c/<''j/o«c?/v<' ,'
une Propofition compofée quicomptend deux mem-
bres J ou deux parries liées par une conjonétion dls~
joncllve. La première propofition d'un dilemme eft
une propofition disjonclive.
Il faut obéir au Roi j ou être rebelle :
Il ne faut jamais être rebelle j
Donc II faut obéir au Roi.
Sou eft encore une conjonébion disjonclive.
DISJONCTION, f. f. Séparation de ce qui croit joinrf
Dlsjunclia. Il ne fe dit qu'au Palais. Il y a eu arrêt d*
dlsjoncllon de ces deux inftances.
DISLOCATION, f f. Déboitement d'un os. En termes
côtés. On le dit quelquefois des fons ,aufll-bien que d'arr , on l'appelle luxation. La rédudion d'une dlf-
des rayons de lumière.
1 location du fémur faite à un Marinier , bleffé cinq
mois
D î
JOURN.
DES Sav. Luxatlû
mois auparavant
luxatura.
Cry DISLOQUER. V. a. Terme de Chirurgie, fyno-
nyme de déboirer. DijLoqutr un os , le taire lorcir
de fa place. ELocare , luxare. Il m'a dijloquc les os
du bras.
IjC? On dit , aufli , dijloquer un bras j une jambe ^
&CC. pour dire j dijloquer les os du bras j de la
jambe.
Disloquer ,k die, figurémenr&burlefquement,
de l'efprit. Cet accident lui a d'Jloqué l'cipric , la
cervelle , lui a troublé l'elpru , lui a mis refprit
hors de Ion alîiette. Percurbare mentem. , e fuo jtatu
dimovere.
Ip- DISLOQUÉ, ÉE. patc.
Ce mot vient de dijlocare j que l'on a forgé dans
la balTe Latinité , pour figniher , ôter de fa place.
Dijlocatus fe trouve dans l'hirtoire de S. François de
Paule , Aci. Sancl. April. T. I.f. 130. B.
DISMA. Ville du Japon , qui n'eft féparée de Nan-
guefaque j que par un canal fort étroit.
DISME
DISMEll.
DISMERIE.
DISMEUR.
DISMIER.
DISNEE.
DliNER.
DISNER.
DISNEUR.
'. Foye^ -
DIME.
DLMER.
DIMERIE.
DIMEUR.
DIMIER.
DINEE.
DINER.
DINER.
DINEUR.
D ISPARADE. f. f. Aftion de difparoîtrej abfence. Sans
faire aucune réliexion lur ce que le Marquis de
;nfer j je le laidai , dit Marot , dans
ma cUambre j &c je courus au Palais de Madame. Je
rival fut futpris de la
Macy pourroit p
la regardant
comme un effet
crois que mon heureux
difparade j & que
de l'enthoufiafme , il rendit grâces à la Nature de
ne l'avoir pas fait naître Pocre Madame de
Fille-Dieu ^ tome 10. p. 417. 418. Il y a quelque
différence entre Difparade &c dijparidon : celui-là
marque une évafion prompte & uibite ; le dernier,
la limple ablence d'une perfonne ou dune chofe qui
paroilfoit & qui ne paroît plus. Au refte j il n'eft
point ufité.
DISPARAT , ATE. ou DISPARATE, adj. m. &: f Terme
de Logique j qui fe dit des termes & des chofes
qui n'ont nulle liaifon j nulle connexion entr'elles.
Difpar. Chien & cheval j font des termes difparats,
ou difpàrates , parce qu'ils n'ont pas plus de
connexion entr'eux , que chien & bœuf ou bre-
bis j &c.
ifT On dit auffi , dans le difcours ordinaire , que
deux chofes font difpar^tes _, difparats , pour dire
qu'elles ne vont point enfemble, qu'il n'y a nulle
• li; ifon entre elles. Peut - on mettre en parallèle des
chofes au'.lî d.ifparates ?
^ZT DISPARATE, f. f. Terme que nous avons pris des
Efpaun ois , pour figniher écart j inégalité dans la
conduite j dans le difcours , dans les penfées : vice
contraire à la qualité qu'on défigne par le mot d'u-
nité. Cet homme a de l'efprit & du mérite ; mais
il a quelquefois de grandes dtfparates. Quoi ! pré-
férer la mollelfe Se la ftérilité de Tibulle , la dureté
& les difparatcs de Properce , à l'aménité , à la fécon-
dité &c à l'efprit d'Ovide? Huet.
§Cr Les Encvclopédiftes obfervent qu'il y a
beaucoup de différence entre les inégalités Se les
difparates, l\ eft impoflible qu'il y ait des dtfparates
fans inégalité; j mais il peut y avoir des inégalités
fans difparates.
ffâ- DISPARITÉ, f. f Difparatio , difparilitas. Diffé-
rence qui fe trouve entre les chofes qu'on compare j
au qui peuvent fe comparer.
Tome m.
terme de difpanté ^ paroîr marquer la
en quahcé. Il y a bien de la difpants
ces chofes , entre ces perfonnes. Pourlamitié
il y a trop de dijparue & de difproportion entre uil
1 rmce i^ fon lujet. Mont. On sen fert painculiè-
D IS
jS^Le
ditiérence
entr
il
1
rement dans les difputes. VoiLl la raifon de ^7/^dj-
ruî entre ces deux lois que vous prétendez "c-tre
lemblables. On le fert aulli de ce mot en matière
de Change. Marquer ia parité & la dijparité àq^ prix
courans. Irson.
r? DISPARITION, f. f. Adion de difparoître. L'ap-
paririon & la afparuion d'une étoile. La dfparkion
d'une comète j d'un météore , des maladiesi
Disparition. Retraite fecrèce que fait une perfonne*
La manière donc M. de la Chauffée julUtîe la dfpa-^
r/ricz d'Aiiiéle , dans fa Tragédie de Maximien ,
n'eft pas , à mon gré , fort folide. Despontaines.
DIPSAROITRE. v. n. iedij parois , je difparoifj'ois .je
difparus , f ai dtfparu , ù- je fuis difpaiu ,je difpa-
roîtrai, que je difparoijje. Ne paroitre plus, ccller
ÛQ paraître. Foyei Paroitre. /: confp.-.ctu evanef^
cere J evolare. Une nue éleva Jésus-Christ en pré-
fence de^ fes Apôtres , & il difparut à k-uis yeux.
Les Comètes û('{/'/n7ro///c/2r petit-a-petit, parce qu'elL's
s'éloignent de la portée de notre vue. Le jour com-
mence à dfparoître. Ce Courtifan a de de 'izfparu
Cour. -^^
^ DisparoitRe , fignifie , quelquefois, fe cacher,
ferecirerpromptement.il ' '" '
il,
, . ^., ^ 'l'a fait que fe montrer 5
i\3.dijparu aufti-côt. Les ennemis onc paru fur la
frontière j mais , à l'approche du Roi, ils onc ûf//-
paru. Ne pouvant plus payer, il a fait banqueroute,
(Sj a dijparu,
ifT On le dit j figurément , 6e.s chof-s qu'on
avoir ,& qui cout-d'un-coup ne fe trouvent plus.
J'av.ois mis mon chapeau fur ce liège , en un mo-^
ment il eft , ou il a difparu.
Disparoitre , fe dit auffi , figurément , de ce qui
celle d'être , de ce qui n'exifte plus. On remet d'or-
dinaire la joie & le repos à l'avenir , ou à l'âge où
les meilleurs biens onc déjà difparu , la fanté Se la
jeunelfe. La Bruy.
DISPARU , UE. patt.
DÏSPASTE. Terme de Mécanique. Machine où il v a
deux poulies. Difpafos. '
g:? DISPENDIEUX , susE. adj. Du Latin difpendlo-
Jus.Ce qui occafîonne beaucoup de dépenfe ; ce qui
ne fe fait qu'avec une grande Aé^^nk.DifpendwJus^
impendiofus.Ce mor manquoic à notre langue. Il dic
plus que couceux , qui , d'ailleurs , n'eft pas°un terme
noble. Procès difpendicux, entreprise dispendieuse. Per-
mettez que je vous falTe part d'une invention plus fa-
cile à pratiquer, plus fûre,& moins difpcndieufe. 'Voilà
ce me femble, le moyen le plus fimple,leplus facile i
exécuter , le moins fujet à fe déranger j ,!>: le moins
difpendieux. La difficulté de raffembler cane ù'éài-
ûons difpendieufes , n'eft-elle pas un inconvénient
plus confldérable que de confronter le vSupplémenc
avec le Livre même ? Mcm. de Trév. Avril j'727
DISPENSAIRE, f. m. En cermes de Médecine , eft le
nom qu'on donne aux Recueils qui ont été fn'iis --ar
divers Auteurs , d'un grand nombre de remèdes'
compofés. C'eft la même chofe qn'Anridotaire
Formules & Pharmacopée. Colleaanea ^ excerptiones
medicamentorum. Il y a le Difpenfaire de Méfué
de Nicolas Florentin, de Cordus^ de Bauderon '
&c. *
DISPENSATEUR , atr.ce. f. m.& f. Qui diftribue
Difpenfator, adminifîrator : qu&difpenfat ,cu6admi
nifirat. Dieu eft un \\-\\\t difpenfateur Aq {qs ^xzcts
Le Prince eft le maître & le difpenfateur des grâces ^
des privilèges. Bonne , fage difpenfairice.
Des vrais lauriers ^ fa ges difpenfatrices ,
Mufes J jadis mes premières nourrices. R,
IP; DISPENSATEUR, Dansl'Hiftoire Ancienne;
c'étoit un Officier chargé , à la Cour de l'Empe-
reur , de toutes les dépenfes du Palais.
Bbb
57S DIS
^^ C'vwiz , chez les Romains , le nom de l'ef-
clave qui failo:: la depenle d'une famille, qui
achetoit&: payoïctour. Promus, promus co/idus.
DlSPENSATiON. 1'. f. Diftribut:on. D^fpenJadOj ad-
mïnijtratio. Le giand Aumônier a la d/fpcnfation des
aumônes du Roi. Il fau: être très-cicconipert dans
la difpcnjuùun des emplois.
DisPENSATiON , fe dic de l'adminiftration des Sacre-
mens & des autres fonctions Eccléiiaftiques envers
les Fidèles. Les Luthériens accuioient les Miniftres
Ecclclialtiques de s'enrichir par la difpenjacion des
thofes faintes. Bouh. vie de S. Ign. L. il. La dif-
penfadon de la parole de Dieu , du pam de la pa-
role.
DisPENSATioN, en termes de Pharmacie , eft une dif-
polition & un arrangement de plulicurs mcdica-
mens, fimples ou compolés ,pefés chacun (elon leur
dofe requife , après avoir étc bien choiiîs iSc pré-
parés , pour en faire une compofiticn. Difpojuio j
compojuio , collocano.
^ DISPENSE, f. f. Exemption de la règle ordinaire,
relâchement du diok pour une julle caufe- Juns
provida rdaxatio , Legis Laxamenzum. Il arrive quel-
quefois que certaines perfonnes font libérées de
i'cbligacion cl'obferver la loi j c'eil ce t^ue l'on
appelle difpenfe. Si le Légiilateur peut abroger en-
tièrement une loi, à plus forte lailon peut-il en
fiifpenJre l'effet j par rapport à telle ou telle per-
lonne. Mais il n'y a que le Lcgiflatcur lui même
qui ait ce pouvoir , dont il ne doit taire uiage que
par de bonnes raifons , avec une fage modération ,
& fuivant les règles de l'équité & de la piudence.
Accorder des dijpenfcs j fans diicernement &: tans
choix j à trop de gens , c'elt énerver 1 autorité des
lois : les refufer "en des cas paifaitement iembla-
bles , c'ell marquer de la partialité , qui produit
ordinairement de la jaloufie & du mécontentement.
Le Pape ne donne point de ^ijpenje de ce qui
efi contre le droit divin , ou contre le droit natuiel ,
mais feulement de ce qui eft contre le droit pofitif.
Une d'ifpenfe au premier degré d'afhuité eft abuhve.
Il accorde bien des dlfpcnfcs de jeûner , de le ma
lier , de tenir pliUieurs Bénélices , &c. Le Roi
donne des dijpenjes d âge à quelques Officiers , pour
être reçus avant le temps poi té par les Ordonnances.
La difpenfe àtit marier au fécond degré de parenté,
ou d'affinité , comme entra l'oncle & la nièce , ne
s'accorde qu'aux grands Princes , & pour une caule
publique, & s'expédie yii- annulo Fzfcatoris -^ au
lieu que celle du rroifème , cai quatrième degré ,
s'expédie en Chancelleiie. Le Pape accorde .^///'tvyt
au r,roifième degré , avec connoillance de caiife :
mais , au quatrième degré , il ne faut d'autre railon
que l'air.our naturel Aas Parties. L'ufage des dijhenfes
n'eftpas établi pour anéantir la diicipline de l'E-
glife , mais pour adoucir j en quelques rencontres ,
la févérité des Canons. Les diipcnjhs qui blellent
les bonnes mœurs & l'honnêteté publique , ont
toujours été en horreur d toutes les Nations de
l'Europe.
Il ell certain que l'Eglife a le pouvoir de faire
des lois; pouvoir que les j\pôtres ont exercé , &
que leurs fuccelTeurs ont continué d'exercer opiès
eux. Quiconque peut fliire une loi , peut la caller;
il peut , à plus forte raifon , en difpenfer en cer-
tains cas particuliers: l'Eglife peut donc difpenfer
des lois qu'elle fait. Auili l'a-t-elle fait dans tous
les temps. Dès les premiers fiécles elle a lailfé au
jugement des Evcques de difpenfer de la longueur
de la pénitence réglée par les Canons; & le IV^.
Concile de Carthage permet la tranflarion des Evê-
ques 6i des Clercs , quand la néceffité & le befbin
des Eglifes le demandent. Un Auteur , qui, en
17 13. imprima un TrAnc A^sdi/penfes , réduit les
caufes des dil'penfcs à la nécelhté &: .à l'utilité pu-
blique de l'Eglifes , &non pas à futilité particulière
de ceux qui pourfuivent les difpenfes \ autrement
les caufes ne manqueroient jamais, dit-il ; car il
eft évident que peifbnns ne demande difpenfe qu'à
DIS
fon avantage. Cet Auteur prétend que les dfpenfes
doivent être expédiées gratuitement. Marcel IL â ce
qu'il dit J ttoit rélolu d'en ufer aind. Ce Pape di-
loit que, h les difpenfes étoient juftes, elles dé-
voient être accordées gratuitement \ que , li elles
étoient injuftes , elles dévoient être refufées. Pie "V.
refuf a une groile fomme d'argent y offerte par un
Seigneur Elpagnol , pour une difpenje que ce Pape
accorda , parce qu il la jugea jufte. Les neuf Pré-
lats que Paul III. confulta pour la réformation de
la Cour de Rome , recommandèrent la même chofe,
excepté pour les difpenfes des mariages contracfcs
malgré un empêchement connu. Rien ne feroit plus
à fouhaitcr que cette gratuité ; mais , après tout ,
puilque l'on peut vivre de l'autel même , lelon l'ex-
preiîion de S. P.iul j pourquoi ne pourra-t on point
exiger quelque chofe de ceux qui demandent des
dijpenjes , pour l'entretien des Officiers employés à
lesexpédier?Le même Auteur prétend non- feulement
qu'on pèche en demandant & en accordant une dij-
penje, fans railon, ma. s encore qu'elle eft nuUe.C'efl
alfutément une faute d'accorder ou de demander
une dijpenjè , fans raifon ; mais que la ^//'/e/^/è ainli
accordée ioit mille, c'eft autre chofe. M. de Sainte
Beuve , M.deMarca, l'Auteur des Conférences de
Luçon , &;c. ne font pas de ce fentiment. Et , ce qui
eft de plus iingulier , c'eif que l'Auteur même du
Traité dont nous parlons , veut que , quand on 2
expofé les raifons fans déguifement, ou s'en tienne
à la confcieiice du Supérieur qui accorde la dijpenfe.
Mais comment s'y tenir , i\ l'on fait que l'on n'a
point de raifon fufiifante ? S'il ne s'agit que de patler
ians déguifement , c'eft bien la faute de ceux qui
demancTcnt des dijpenfes , s'ils offenfent Dieu. On a
fait , ces dernières années un Traité des dijpenfes de
Carême imprimé à Paris.
On dit , proverbialement : A point marier , ne
faut pas de dijpenfe.
Dispenser, v. a. Permettre à quelqu'un de faire
quelque chofe contre la règle ordinaire. Faire une
exception en fa faveur. ^licu/us reiimmunitatem dare,
aliquem ab cliqua re inimunem jccere. Le Roi peut
dijpenjer, quant il veut , fes Ofliciers du fervice.
il n'y a que le Pape qui puilfe difpenjer contre la
difcipline d'un Concile CÈcuménique , en cas d'u-
tilité très évidente , ou de néceilîté. L'Evêque peu:
(///jT^/T/èrdans tous les casque le Papene s'eft pas par-
ticulièrement réfervésj & dans lefquels les Canons
permettent de dijpenfer. Du Bois. L'Ordinaire peut
difpenjer pour deux ans au-deilôus de 1 âge prefcric
pour chaque Bénéfice ; mais il ne peut point dif-
penser de lâge réglé pour tenir une Cure. L'Ordi-
naire a auili le droit de difpenfer pour les perfonnats
& les dignités. Il dijpenje auili les bâtards pour les
Bénéfices funples. Id.
Ce mot vient du Latin difpenfare. .
Dispenser , fe dit encore pour. Exempter. CelTe de
chercher un Amant que tu ne verras jamais , qui ne
pcnié pas un feul moment à tes douleurs , & qui te
dijpenje de tous ces tranfports , dont il ne te fait
aucun gré. Lett. Poutug. 'Vous ifi//'e/2/c'j les hom-
mes de l'amour de Dieu. Pasc.
Mais au moins dire adieu j eft une hienféance^
Dont rien ne te difpenfe. Quint.
Dispenser , fe dit auftî des permilTîons qu'on prend
de foi-même. Quelques Prélats fe iZ/j^JEwyewr d'aller
à Matines , de dire la MelTe tous les jours. Pourvu
que les gens du monde retiennent une furface de Re-
ligion , ils fe difpenjent eux-mêmes des févérités de
la Loi de Dieu. Flech. Pour foutenir l'honneur de
la Religion , fouvent nous nous difpenjons de ie%
lois.
On ditjpour s'excufer poliment de faire une cho-
fe , difpenfe:{-\x\Q\ de faire cela. Difpenfe^ - moi de
vous aller voir li fouvcnr. Difpenfe^- moi de vous
reconduire. Liceat hocrnihi.
Dispenser, fîgnifie aufli diftribuer, donner à plu-
D IS
fîeurs perfonnes. Difpenfare , diftrwuerè. Dieu a|
difpcnj't: l'efprit aux hommes d'une maniète tî ad-
mirable , que chacun eft content du fien. Le Roi
difjjinfc les grâces comme il lui plait : il les difpen-
Jè avec choix , avec jugement. On ne doit pas dif-
penjer les Sacremens aux indignes. Qu'etl-ce que
protéger les Sciences ? C'elt étendre l'empire de la
r.iiron, embellir à nos yeux le fpedtacle de la na-
ture , difpenjer l'immortalité, &: le ralfurer à foi-
inème.
Dispenser, en termes de Pharmacie, fignifie, Prépa-
rer diverles fortes de remèdes , & en garnir une
boutique d'Apothicaire j pour s'en fervir au befoin.
Componcre , difponerc , coUocarc y priuparare. Plu-
lieurs Auteurs ont écrit en détail la préparation des
remèdes que les Apothicaires doivent difpcnfcr &
avoir toujours dans leurs boutiques. Dijpc/ijcr la
thériaque j c'ert-à-dire , la préparer. Les ftatuts des
Epiciers portent que les aipirans à la Maîtrife dif-
pcnjeronc le chef-d'œuvre qui leur aura été donné ,
ik en feront les préparations i?i mélanges en préfen-
ce de tous les Maîtres.
Dispensé , ée. part.
DISPERSER, v. a. Répandre , jeter çà & là en tous
fens , diltribuer en des lieux féparés. Difpergerc.
i,fT En parlant des chofes , répandre , diftribuer
à plulieurs , jeter çà & li. DiJ'perfer de l'argent ,
des prélens. En parlant des perfonnes , les fépa
rer , en les envoyant en ditiérens endroits. Difper-
fer fes troupes : & quelquefois écarter , difliper ,
mettre en défordre. Je frapperai le Pafteur, 5c les
brebis feront difpcrfces. Juifs difperfés.
Disperse, ee. part.
Et cent mille Romains en cent lieux difperfés ,
Suffifent à ma andre j & C honorent afjei. Racine.
DISPERSION, f. m. L'Aclionde difperfer , d'éloigner
de ditférens côtés, en tous fens , des parties qui fai-
l'oient un tout. Difperfus ^ ûs. La di/pcfion des Juifs
a été prédite par les Prophètes, & par Notre -Sei
gneur Jesus-Christ. L'Empire étoit alors tort oné
reux, foit par la difperjlon des pays qui en dépen-
doient, fou par les médiocres revenus qui y étoieni
attachés, foit à caufe des brouilleries perpétuelles
qu il talloit foutenir contre les Papes. Beauval
Basnage. Le P. de Laubruifel s'eft fervi de ce mot
au pluriel. CyruSj delliné de Dieu à ramafler les
difperjions d'ifraël , eft déhgné par fon nom long-
temps avant fa nailTance. L'entreprife de la Tour
de B.ibel , fut un effet de l'orgueil des Juifs. Il y
avoir donc alors des Juifs : c'eft bien imaginé ! Ils
vouloient faire parler d'eux & le précautionner en
même-temps contre les dijperjîons. Goerée.
DISPONDEE. f. m. Terme de Poclie Latine & Grec-
que ; double fpondée. Difpondxus. C'eft un pied ou
lin mot compofé de deux fpondées , ou de quatre
longues ; par exemple , Juramentum , Mœcenaces.
Eiarris , PORT-R.
DISPONIBLE, adj. de tout genre. Terme de Palais ,
qui fe dit des biens dont on peut difpofer librement
par teftament , ou d'une autre manière. Quod dari ,
quoi legari potejl. Dans la Coutume de Paris , les
quatres quints des propres ne font pas difponiblcs.
Les meubles & les acquêts font de droit commun
également difponiblcs. Journal des Savans. Oclo-
hrc
DISPOS, adj. dont le féminin n'eft pas en ufage. Il ne
fe die que des hommes. Il fignifie, qui eft agile j
léger, Àgilis :, levis j, alacer. Les danfeurs de corde,
les fauteurs & les voltigeurs doivent être fort difpos.
Un jeune Bafque fort difpos , Se propre à la courfe.
On di: d'un vieillard qui fe porte bien j qu'il eft
encore gaillard & difpos.
DISPOSER, v. a. Mettre les chofes avec jufteffe dans
le fens, & de la manière dont elles doivent être
mifes. Componcre. Dans un ordre , dans une fitua-
tion convenable. Componcre j difponere , collocarc.
, pis 379
Dieu , en créant le monde , a difpofé toutes chofes
dans cet ordre admirable où nous les voyons. La
fcience d'un Architeéle , c'eft de bien difpofer les
membres , les parties d'un bâtiment. La fcience
d'un Général, eft de bien difpofer fon camp, fon
armée , pour avoir les commodités de ie défendre
& d'allaillir.
§C? Disposer, fignifie aufii , préparer quelqu'un A
faire ce qu'on louhaite de lui : &: , avec le pronom
perfonnel j fe préparer , le mettre en devoir de
faire une chofe. Je l'ai difpofé à vous voir , à loili-
citer pour vous. Ce malade eft difpofé à recevoir
fes Sacremens. On ne le peut difpojer à donner cet-
te fatisfaclion au Roi. Il fe dijpofc à partir. Ce Gé-
néral fe difpofc à donner bataille.
On dit aulfi , difpofer quelqu'un pour le bain ,
pour la purgation , pour prendre L-s eaux \ pour
dire le préparer à fe baigner, à fe purger j a pren-
dre les eaux. Acad. Fr.
tfT Disposer , fignifie encore , préparer , arranger
les choies pour quelque occafion. Tout eft difpofé
pour vous recevoir. On a difpofé les appartemens
pour vous loger avec votre compagnie.
§Cr Disposer, fignifie aufti , aliéner, vendre, don-
ner , 6:c. Se défaire d'une chofe par vente , dona-
tion , ou autrement- Dans ce fens il eft neutre , S-c
fe joint avec la particule de Satuere. de aliquà re.
Cet homme a dtfpofe ào. fa maifon j il l'a vendue,
ou échangée , donnée, &c. Ce Chanoine a t/z/^uyè'
de fon bénéfice , il l'a réligné à penfion.
Disposer , fe dit particulièrement en parlant de tefta-
ment. Statuere de bonis Juis tefiamcnto. A Paris on
ne peut difpofer que de fes meubles & acquêts , &
du quint de fes propres. Un mineur, un furieux»
un interdit , ne peuvent difpofer de leurs biens.
Disposer, fignifie aufti. Ordonner en maître j faire
d'une choie ce qu'on vent. Adminifrare nutu & po~
teftate. Le Roi a difpofé de cette charge , l'a déjà
donnée. Un Surintendant difpo/è des Finances com-
me il lui plaît. Les Juges dij'pofent de nos biens &c
de nos vies. Je ne difpofé pas de moi comme je vou-
drois. Non fum mei juris. Dijpojir d'une choie. Jus
habere alicujus rei. Ce maître d'Hôtel difpofé de
tout en la maifon de fon maître ; il la gouverne à fa
fantaifie.
// cflà nous , Cl Prince y encor plus qu'à lui-même:
Le Ciel nous le donna pour être notre appui :
Et lors qu en fe livrant à fa valeur extrême ,
Il cfe difpofer de lui j
Il difpofé du bien d' autrui. Perrault.
On dit ordinairement que Dieu a difpofé d'une
perfonne, pour dire que cette perfonne eif morte.
Disposer , fe dit figurément en chofes fpirituelles &
morales. Prsparjre , difponere , parare. La grâce
difpofé les cœurs à profiter de la prédication d'une
bonne doCfrine. Le principal foin d'un Pocte, eft
de bien difpofer fon Ouvrage. On dit qu'un homme
a l'efprit mal difpofé pour un autre j quand il eflr
mal intentionné pour lui. Malè affeclus in aliquem.
On dit aufti , en fens contraire , qu'il eft bien difpo-
fé çowc quelqu'un.
On dit, proverbialement , l'homme propofe , &
Dieu difpofc , pour dire que le fucccs de nos i\q(-
feins dépend de Dieu , ou qu'ils tournent fouvent
tout au contraire de ce que nous avions penfé. Ou
dit, d'une perfonne qui en gouverne une autre ab-
folument , qu'elle en difpofc commQ des choux de
fon jardin.
Disposé , ée. part.
Disposé , fe dit en Médecine , non - feulement de la
fituation des parties extérieures du corps , mais
aufli des parties intérieures, du tempérament, &c.
Cet enfanta le corps bien dijpofé j il vivra long-
temps.
#:r DISPOSITIF. f.m. Terme de Jurifprudeace. Par-
Bbbi]
3
DIS
80
lie du jugement qui contient ce que le Ju,ee a or-)
donJié j le prononcé d'un Jugement , d'un Edi^t ,
d'une Déch.arion , d'un Attêt rédigé par écrit. Pro-
nuiKÏacum. Le difpoluij de l'Arrêt porte que Le
difpojictj commence ainli : Le Rol enfon Confeil a
ordonne & ordonne : la Cour j Parties ouïes , 8cc.
Nous difons. Il ejt dit.
ifT Ce terme fert à diftini^uer le prononcé du vu
d'un Arrêt, du préambule d'une Déclaration ou
d'un £dit.
IfT On appelle aufll difpojMf, un projet de juge-
ment fart de concert entre les parties.
Dispositif , f. m. Se dit aulîi de la partie d'un Man-
dement d'un Evêque , par laquelle il finit & dans
Laquelle il prononce , il ordonne ce qui convient fur
la matière dont il a traité. Le difpojùij d'un Man-
dement Epifcopal commence à ces mots : A ces
caufes , le iaint nom de Dieu invoqué , &:c.
DIÎîPOislTIF , ivE. adj. Préparatoire, qui difpofe à
quelque chofe. Un remède dijpojuij. Il n'elt guère
d'ulage que dans cette phrafe.
gC? DISPOSITION, f. f. Ce mot fignifie en général ,
l'arrangement des différentes parties d'un tout. lJ^J-
pojuio. La difpolition des parties du corps humain.
La ^////».i/tec.'« des diftérens organes dont il ert com-
pofé. La difpojition des troupes. Ordinatio , injlruc-
tio. La d-fpojuion d'un jardin , d'un tableau , d'un
bâtiment , d'un théâtre. La dij'pojitioii de l'architec-
ture d'un bâtimenr, félon 'Vitruve , condile dans le
plan , l'élévation & le profil. Au refce cette litua-
tion convenable , & cet arrangement des parties
d'un ouvrage qu'on appelle difpojition, ne legarde
pas lesmetures de chaque partie. Ainfi l'on dit qu'un
tableau e!l: bien difpofé , lorfqae le fujet efi bien
repréfcnté , & que toutes les figuies lont en leur
véritable place \ quoique d'ailleurs ces figures puif-
fent être mal proportionnées , & qu'il y ait bien des
dchiucs dans L- reile de la compolition. La difpofi-
tion dans la Peinture appartient à la compoiition. La
<////'(j/''r/o«elirarrangement des parties d'un tableau,
l'économie, l'ordonnance d'un tableau. La difpofi-\
tion contient ^x parties , qui font , la diftribution des
objets en général , les groupes , le choix des attitu-
des , le contraire , le jet des draperies , l'effet du
tout enfemble. P^oye-^ M. Félibien , Entretiens fur
let vies , &c. M. de Piles , Cours de Peinture , Léo-
nard de Vinci , &c.
^3" Disposition , dans l'art oratoire j eft l'ordre Se
l'arrangement des différentes parties d'un dilcours,
l'exorde , la divifion , la narration , la confirma-
tion , la réiutation & la pérorailon. Foye^ ces
mots.
Disposition , fe ditaufii de la fanté. Valctudo , hona
vel mala. Le Médecin a trouvé Ion malade en alfez
bonne difpoftion fA n'avoir plus de fièvre.
§CF Disposition , dans ce feus , fignifie , l'état aéluel
, du corps humain , dans lequel il ell fufcepcible de
cliangement, fjitenbiîn, foit en inal. Difpofition
à la fièvre , difpofition fcorbutique , &c. Quelque-
fois ce mot eft fynonyme à habitude. Voye\ ce mot-
Confitutio corporis.
Disposition, fe dit auiTi du génie, Ik de l'inclina-
tion , de la firuation d'efprit , des fentimensoù l'on
ell à l'égard des chofes ou des perfonnes. Ingeniurn j
indoles j ajfeclio animi , propenfio. Ce jeune hom-
me a une grande difpofition pour les armes, pour
la danfe, pour fliiie des vers. 0\\ profite des enfei-
gnem»ns & des avis félon la difpofition où fe trou-
ve l'efprit. Je n'ai pas ofé parler de cette affaire ,
à caule que je n'ai pas trouvé une difpofition favo-
rable dans les efprits. La difpofiuion du fage à l'é-
gard des méchans n'eft pas une difpofition aigre &
aitière ; miis une difpofition douce & charitable,
par laquelle il a pitié d'eux, & prend foin de les|
corriger. M. Esp. Il faut mettre les autres dans de
Eivorables difpofitions à notre égard , par un exté-
rieur poli. Bell. Une bonne difpofition de l'ame ,
C^^
D I S
veut quelque chofe de plus animé que l'état tran-
ciuiile. S. ÊvR. La dijpojuion que vous avez à me
trahir , l'emporte lin- la jullice que vous devez à
tout ce que j ai lait pour vous. Lett. Port.
~" DiiPosrriON , lignifie aufli le defiem , la réfolu-
tion où l'on el't de raire quelque chofe. Je l'ai Lulic
dans la difpofiiion de partir.
tjO" DibPosiiioN , lixl encore l'aélion de difpofer d'une
choie , c'ell-à-dire , de l'appliquer à l'ulage qu'on
veut en taire, & l'effet qui réhùte de cette adion.
Faire la difpojuion de Ion bien. Il a fait telles dif-
poftions en mourant.
Disposition en JurifpruJence , fignifie , Aliénation ,
foit par ventej ou par quelque autre aéle que ce foit.
La donation ell une dijpoJuion entre- vils. Donatio.
Le legs ell une difpojuion teftamentaire. Il eft dé-
fendu aux gens mariés de s'avantager l'un l'autre j
par quelque dijpojition que ce foit.
DisposirioN , fe du auffi de la décilion & du contenu
des ordonnances & des lois , qui difpofent des cho-
fes , & qu'on eft obligé de luivre. Decijio. Cette
maxime e(l lalon la d/fp.ojition d'une telle loi , d'une
telle ordonnance. Quand quelque cas n'ell pas réglé
par la Coutume , on a recours à la difpofition du
Droit écrit.
ffCr Ainfi difipofition fignifie un aéle qui ordon-
ne quelque choie, ou qui contient quelque arran-
gement des biens de celui qui difpofe.
Disposition , fe dit auffi des droits qui appartiennent
à quelqu'un de difpofer d'une chofe. Jus j poteflas ,
Jacuitas. Le Roi a \-\ dispojkion , la nomination des
Bénéfices Conlilloriaux , des Prélatures. Pluficurs
Engagilles ont \d, dnpofiition des charges du Domai-
ne, s'ils en ont les patries cafuelles. Un majeur a la
libre dispofuion de l'es biens.
Disposition , fe dit encore pour , Volonté , pouvoir.
Potejlas J arlitrium. Il n'a pas un fou en la dispofi-
tion. Il apofta des calomniateurs , qui étoient à fa
dispoftion. J'aime mieux voir vos yeux irrités , que
de ne les point voir du tout ; mais je ne haz.irde
guère, quand je laiffe ce choix à vo:^& dispofition.
Lett. Portug. Cn dit aulli que!quelois,en termes
de civilité j Tout ce que je polféde ell à votre dispo-
Jition.
On dit, en termes dePhilofophie, Dispofitionpro'
chaîne j pour dire , l'état prochain où ell une cnofe
pour recevoir une nouvelle qualité , une nouvelle
forme. On dit, dans un fens conu:ihc , Dispofition
éloignée.
Disposition, fe dit, en Aftrologie , de l'état, de la
fituation des Affres , & de leurs afpeéls. Situs 3 po-
fitio J pojitus. L'horofcope j ou le thème , ou la fi-
gure céleffe, n'elt autre choie que l'obfervation de
la d'spofition des affres & du ciel , & des afpeéls
différens des Planètes au point de la nailFance de
quelqu'un. Les Ephémérides enfeignent la dispofi-
tion du ciel à midi de chaque jour.
DISPROPORTION, f. f. Terme relatif, qui fe dit du
manque de proportion entre des chofes comparées.
Ins.quaHtas. Ce mariage ne fe fera point, il y a trop
Aq disproportion à^'S^Q , ^Q qualité, de biens entre
les parties. Un Bourgeois ne peut pas contefter le
pas à un Seigneur , il y a trop de disproportion en-
tr'eux. Une certaine inégalité entre les hommes ,
qui entretient l'ordre & la fubordination , ell l'ou-
■ vrage de Dieu \ une trop grande disproportion eft la
loi des plus torts. La Bruy. Quelque disproportion
qu'il y ait entre Dieu & les intérêts du monde, on
ne laiffe pas de préférer tous les jours ces intérêts à
Dieu. Nicole.
Disproportionné , ée. .adj. Insqualis , impar. Les ami-
tiés qui font disproportionnées ne font pas durables.
Fléch. La charge que vous lui voulez faire acheter
eft disproportionnée à fes forces , à fi capacité.
DISPUTABLE. adj. Problématique , ce qui peut être
difputé , où il v a des raifons pour & contre. Res
t^uA in cpntroverfiam addud j vocari potefi Cette
DIS
^ueilion eft disputahle , on peut foutenii' le pour &
\c conçue.
DI^l'UTAILLERIE. f. f. Vaine difpute Les difputail-
leries n& (ont nullement propies à ctablu- ni à con-
feiver, parmi les Fidèles , l'amuié réciproque que
jE.sus-CHRisr nous a li fouvent recommanace
Journ. iiijl. J^in. 1717. C'eft un terme bas i^inu-
lité. Le verbe dijpuuiiier , qui eft dans Cotgrave ,
n'eft guère plus en vogue.
gCT DISi'UTH. 1". f. Conteftation occafionnce par la
contrariété des opinions. Contencio. L'entêtement ,
joint au défaut d'attention à la jufte valeur des ter-
mes, eft ce qui prolonge ordinairement ï'isd//pucds.
lier Par unulage vicieux , ce mot eft fouvent em-
ployé comme lynonytne à querelle. Jurgium , nxa.
Le mari & la femme ne doivent jamais avoir difpute
enfemble. Ils ont eu diîpute au jeu.
Dispute, dans les Collèges, eft une conteftation qu'ont
les Ecoliers pour les places , pour les prix , ou pour
leurs exercices. Couccnacio j concendo , dijpucaao. Il
fe dit aulîi des adions publiques qui le font dans les
Ecoles pour agiter des quelhons. Ouvrir la dijpute ,
alîifter zuxdijpuas. On fait de longues dijpuccs dans
les Ecoles de Théologie j de Médecine , &cc.
Dispute, (ignitie un combat d'elprir en matière
de fcience , une controverle fur les dogmes de la
Religion. Controverjia , contendo , d Jpuuzno. Il n'y
a rien qui ferve davantage à donner diverles ouver-
tures pour trouver la venté , que la dijpute. Le mou-
vement d'un efprit qui s'occupe feul à l'examen de
quelque matière , eft d'ordinaire trop fioid &C trop
languilfant , il a beloin d'une certaine chaleur , qui
réveille fes idées \ îk c'eft par les oppolitions de la
dijpute , que l'on découvre où conlifte la difficulté ^
ce qui donne lieu de faire eliorc pour la vaincre.
Port R. Les difputes ont fait les Ichifmes. Mont.
Il faut courir après la raifon, & chercher la vérité
par les doutes &: par la difpute. Balz. L'ardeur de
vos difputes infenlées eft devenue le plus dangereux
de vos maux. Flech. Les zélés ne peuvent fe rélou-
dre à attendre le luccès lent & douteux desraifon-
nemens , àiis difputes. Sauki^. On cherche moins la
vérité dans la difpute , qu'à triompher de fon adver-
faire. Claud.
On dit , en proverbe , qu'une difpute eft fondée
fur la pointe d'une éguille; pour dire, qu'elle eft f.iite
pour une chofe de rien , qui n'en vaut pas la
peine.
DISPUTER. V. a. Contefter , entrer en concurrence,
pour gagner ou pour conferver quelque avantage.
De re aliqua contcndere j concept.zrc , decertare , df
ceptare. Perfonne ne difpute à cette femme le prix
de la beauté. Vous ne prétendez pas lui difputer la
couronne. Ablanc. Ces deux armées ont difpute
long-temps la victoire. En ce liège on a bien difpute
le cerrein. On lui a difpute (li qualité, la naiiruice ,
fon état. Difputer un pojle , fe dit , en termes de
guerre. Difputer une chaire de Droir , de Méde
cine , c'eft faire les exercices marqués j fubir les
épreuves par où doivent palfer ceux qui prétendent
obtenir cette chaire
Je ne veux , l'elfe Iris , que difputer à tous
L'honneur de foupirer & de mourir pour vous.
La Suze.
^fT Disputer fon bien , fa vie , fon honneur , tkc.
les défendre autant bien qu'il fe peut. Dijputer un
honneur. Honorera certare. Et , hgurénient , difputer
le cerrein , fe défendre de fon mieux , dans quelque
conteftation que ce foir.
gCT Disputer , dans le fens neutre , (ignifie avoir
conceftacion avec quelqu'un, liixari. Ih difpute-u
perpétuellement enfemble. Le mari & la femme ne
font que difputer.
Disputer, v. n. Se dit en chofes rplritiielles (ïc mo-
rales , & ligiiihe , Contefter fur un point do fcience ,
ou de doctrine , direndre une opinion. Concertare ,
d:fpucare,ecntendere. Les Théologiens ont , de tout
DIS 3Si
temps , difpute entr'eux fur les queftions de
la glace. En foutenant votre opinion , que ce foie
avec un certain tempérament , qui mette celui
qui dfpute contre vous en état de vous céder fans
chagrm. Lapallion de dijputer ^i^s beaucoup l'cfprit.
En dtjputant on entre en inimitié \ premièrement,
contre les rations, & puis contre les perfonnes :
nous n'apprenons à (^.'//^/jrcVj que pour contredire j
&, chacun fecontredifant , & étant contredit , il
arrive loiivent que le huit de la dijpute eft d'anéan-
tir la vérité. Port-R. La douceur , dans la diipute^
eft un fecret delir de vaincre ceux contre qui nous
dijputons. M. Esp. On dfpute aujourd'hui en Sor-
bonne; pour dire, on y foutient quelque Thèfe.
^3' On tilt que deux femmes djputent de beauté,
que deux hommes d:sputcnt de mérite , de no-
bleJe y 6lc. pour dire «.[ue ces chofes là paroilfent
tellement égales entre ces peilonnes , que l'on ne
fait laquelle l'emporte. Dijputer de beauté avec les
Déelfes. Cerure Deubus Jormà. Dijputer d'honnê-
tetés , de civilités. Ojficiis certare inter fe.
|C? On dit aullij le c/{//:^rtr à quelqu'un en va-
leur, en mérite, &c. pour dire, l'égaler.
On dit, proveibialement , Dijputer de la Chape
à l'Evêque , pour dire, c/y'/'^rcr pour quelque choie
qui n'eft, &i. ne peut être à aucun de ceux qui dif-
putent. Q\\ dit , dijputer fur la pointe d'une égaille;
pour dire , Dijputer pour des chofes de rien j dij-
puter pour des chofes légères. Acad. F.
DISPUTE j ÉE. part. Ce Bénéfice a été bien difpute,
bien conceftéj il a é.'é le iujet d'un grand procès.
Cette demi-lune nouT, a été long-temps difputée j
mais enfin nous en lommes demeurés maîtres.
Disputé Triomphant. Tevmede Fleurifte. Nom d'un
Œillet. C'eft un violet, aifez lin , fut un beau blanc.
Sa fleur n'eft pas large. Morin.
DISPUTEUR. f. m. Qui a coutume de difputer , qui
aime à difputer. Dfputator , rixojus. Il ne faut pas
jouer contre ces dfputeurs continuels. Je ne puis
foufFiir ces violens difputeurs qui fe jettent d'abord
dans la dernière extrémité , foit du blâme , foit de
la louange. Balz.
DISQUE, f m. Terme d'Antiquaire. Efpèce de paler ,
ou inftrument de pierre , de plomb , ou d'autre
métal j large d'un pied, que les Anciens jetoienc
pour marquer leur force ou leur adrelîe. Dijcus. Le
Diji^ue des Anciens étoit plat & rond , & de la fi-
gure que le foleil femble avoir. Le jeu du difque
étoit un de ceux qui fe pratiquoient chez les Grecs
dans les folennités des jeux publics. li conliftoità
jeter un dijque ou en haut , ou en long j & , celui
qui le jetoit ou plus haut , ou plus loin , rempor-
•toit le prix. Ceux qui s'exerçoienc à ce jeu , s'ap-
peloienc Difcoboles. DifcohoLi 5 c'elt-à-dire , je-
teurs, lanceurs de difue. Hyacinthe j favori d'A-
pollon , jouant au difque avec ce Dieu , fut tué
d'nn coup du difque de ce Dieu, que Zéphire,
fon rival , détourna &c poulT^i fur la tête d'Hya-
cinthe. On lanroit le dfque par le ir.oyen d'une
corde faite de cheveux , à ce qu'il paroît par Clau-
dien. L. li. in Eutr. Carm. 10. v. 359. & fuiv.
Ovide décrit ce jeu. Metam. L. X.v. 175. Les Ro-
mains appuient ce jeu des Grecs, & en ufèrenc
aufti. Dempfter, Par.ilip. in Jean. Rofini. Antiq. Rom,
L. V. c. X. & Pet. Faber. Agonifticon, L.II.c.i,
Traitent du jeu du dfque.
fC C'étoit aufîî un bouclier rond , confacré ,
deftiné pour repréfinter une aétion mémorable de
quelque Héros d,' l'Antiquité , & pour en conferver
la mémoire dans un Temple des Dieux , où il de-
voir être fufpendu. Antiq. Rom.
Disque. Terme d'Aftronomie. Difcus. C'eft le corps
du foleil , ou de la lune , tel qu'il paroît à nos yeux.
On a obfervé quelquefois Mercure d ms le djque du
foleil. Il n'y a eu que la moitié du dfque de la
lune qui foit entrée dans l'ombre de la terre en une
telle éclipfe. Le difque fe divife en douze parties,
qu'on appelle a'o/cTfj • & c'eft par-là qu'on mefure
I la grandeur d'une éclipfe , qu'on dit être de tant
3^2. DIS DIS
de doigts, ou tant ck'parties an disque an foleil ,' DISSEMBLANCE, f. t. Manque de reflemblance. Z)i^-
ou de la lune. - | panliras j d/JJimUuudo jdivejjttas. l[ y a. anc grande
DiSQQE de la teïre. Ceft un plan qui pafle par le) d'(//e/7;/>/a/>ce entre ces deux frères, quoique jumeaux,
centre de la terre ^ & qui eft tel que la ligne droite DISSENHAUFEN , ou DISSENHOVEN. Foye^
qui joint les centres de la terre &c du foleil lui ell j DIESSENHOVEN.
perpendiculaire. Ce plan forme, à la furface de la
rerre , un cercle -qui lépare l'hcmifphère éclairé
d'avec -celui qui elt dans l'ombre. Or c'elt pré-
<:ifément -le cercle que nous avons nommé le terme
de la lumière & de l'om'ore. Qu'il nous foie per-
mis de l'appeler aduellement le difque de la terre j
puif^iu'aufli-bien c'eft le plan qui leroit: direétement
oppofé à l'œil de l'Obfervateur, fitué dans la lune
au moment de fa conjonétion au foleil j c'ell-à-
dire , quand elle fe trouve dans la li};ne droite qui
joint les centres de la terre & du ioleil. Injîkut.
Ajîronom.. p. 215.
Disque j fe dit auHi , en termes d'Optique , de la
grandeur des verres des lunettes , <Sf de la largeur
de leurs ouvertures , de quelque figure qu'ils ioient ,
foit plans, convexes, omphaloptres , ménifques , ou
autres.
Disque j fe dit encore, entérines de Botanique, de
la partie des fleurs radiées qui en occupe le cen-
tre. On l'appelle quelquefois le bajjin. Le difquc
eft formé par un alllmblage de fleurons pofés à
plomb.
ifT On prend aufTi ce terme pour toute l'étendue
des fleurs compofées d'un nombre de pétales.
Disque. Terme de Lithurgie. Le dijque eit la même
cliofe chez les Grecs que la patène chez les Latins.
On met, dans l'Eglife Grecque, le pain qu'on con-
facre , fur le difque , ou dans le dijque , comme on
le met fur la patène dans l'Eglife Latine. Le difque
diffère de la patène pour la figure , en ce qu'il eft
plus grand & plus profond : il relfemble à un plat.
Difque fe difoit chez les Anciens pour un plat ,
une aftîetre.
DISQUISITION. Terme du ftyle didadique.^ Exa-
men , recherche exadte de quelque point de fcience.
Difquijitio. Cette queftion eft d'une longue difqui-
Jltion , d'une longue recherche. Difquijicions philo-
fophiques , mathématiques 3 &:c. Delrio a fait un
gros livre de Difquifitions Magiques. Que l'on re-
garde ce que vous avez fait depuis dix ans, vos
Difquifitions , vos Differtations j vos Réflexions ,
vosCoahdérations, vos Obfervations , on n'y trou-
vera autre chofe , finon que les Propofitions ne
font pas dans Janfénius. Racine.
§3" Ce mot ne s'emploie que dans le dida6ti-
que , & quelquefois dans un fens ironique , comme
a fait Racine dans fa lettre à MM. de P. R. Par-
tout ailleurs on dit recherche.
DISSECTEUR, f. m. Celui qui difFcque. Sci(for. Un
bon , un habile directeur. Ce mot n'eft point en
ufage- On dit dllFequeur.
DISSECTION, f. f. Terme d'Anatomie. Opération
par laquelle on dilféque & on divife les parties
du corps d'un animal , & on en f;rit l'anatomie ,
pour les confidérer chacune à part. On le dit égale-
ment de l'opération du Diiïequeur & de l'état du
corps dilféqué. Dijfeclio. Les Chirurgiens ont de-
mandé le corps d'un criminel , afin d'en faire la
dijjeciion. Les Anciens ont fait des dijfcclions d'hom-
mes vivans, comme Hérophile , Eradftrate j & , de
Jiotrc temps, Carpus & Vefal. La direction du corps
humain a palTé pour un facrilège jufqu'au temps
de François I. Le Gendre.
Dissection , ne fe dit point de l'art de coupet les
viandes qu'on fert fur table. On parleroit mal
fi l'on difoit qu'il y a des Ecuyers tranchans qui
font la dijjeciion des viandes avec une merveilleufe
adrefTe.
DISSEMBLABLE, adj. m. & f. Qui eft différent, qui
n'eft point femblable. Diffimilis , difpar, diverfus.
Les jumeaux font fouvent dijjemblables. Ces deux
efpèces font fort diffemb/ab/es. Cet homme eft dis-
semblable à lui-même J de lui-même, de ce qu'il
écoit.
ffCr DISSENTANS. -Fbye- Non-Conformistes.
DISSENTION. f. f. Divilion caufée par la diverfité
de lenti mens ou d'intérêts. DiJjenJIo, dijjldium. Ce
font les flatteurs qui mettent la diffention entre les
Princes. Un faux rapport a mis la dijjention dans
ce ménage , dans cette famille. L'intolérance elt
caufe des troubles 6c des dijjentions dans un Etat.
^ DISSENZANO. Petite ville d'Italie, dans l'Etat
de Vénile.
§CT DISSEQUER, v. a. Terme de Chirurgie. Ouvrir
le corps d'un animal , divifer , par le moyen de
difîérens inftrumens deftinés à cet ufage j les par-
ties folides du corps d'un animal, ou d un cadavre ,
pour les confidérer chacune à part, f'oye:^ Ana-
TOiMiE. Dijjccare. On le dit j aulh, de l'adrion par
laquelle on coupe , on fépare , on divife, on ouvre
des chairs avec ces inltrumens , en paiifant des
plaies. Comme en féparant &c en diffequant la chair,
on eft obligé de trancher les vaiiFeaux qui la
nourriiloient , on doit fe fervir , &c. Dionis. Pour
avoir lieu d'empoignet cette tumeur avec la te-
nette , & de la dijjequer dans toute fa circonférence*
1d. On voit une confultation que fit faire l'Empe-
reur Charles - Quint aux Théologiens de Salaman-
que,, pourfavoirj lî , en confcience, on pourroit
dijjéquer un corps , pour en connoître la ihuéture.
Le Gendre. Les Anatomiftes modernes ont excellé
dans l'art de dijjéquer , ils y ont fait bien de nou-
velles découvertes. En développant & en dijj'équant
jufqu'aux moindres pièces dont le corps de l'animal
elt compofé , nous nous rendrons capables d'en dé-
couvrir les reftorrs & les mouvemens. Dionis.
On le dit aulîi , par extenfion , en parlant des
fîmples & des fruits. Il a di£eque une telle plante.
Disséquer, fe dit mal des viandes qu'on fert fur ta-
ble , & de l'art de les couper proprement &: adroi-
tement. Scindere. Les Allemans font curieux d'ap-
prendre l'art de dijjéquer les viandes ; fe picquent
d'être bons Ecuyers tranchans.
Disséqué , ée. part.
DISSEQUEUR. f. m. Celui qui difTéque. Un bon , un
habile Dijféqueur n'eft pas pour cela bon Anato-
mifte. On joint ordinairement ce mot avec un
adjeélif.
DISSERTATEUR. f f. Auteur d'une DifTettatlon. Qui
fait des DilFertations. Le Di£ertateur ne s'eft point
contenté de conjeéfurer avec les Critiques que le
Royaume d'Yvetot dans fon origine ne devoit être
qu'un Franc-alleu noble , exempt d'hommage &
de fervices militaires ; il l'a même prouvé. Merc.
de Juillet iyi6. A ces mots que je lâchai fans for-
ger à mal , je vis le vifage de mon Dijfenateur
s'allumer d'un feu qui me fit peur. Marivaux.
Ce mot fe prend fouvent en mauvaife part , pour
difcoureur
^ DISSERTA TîON. f f. Difcours , écrit fur quel-
que point général ou particulier d'une fcience, d'un
art , de quelque matière que ce foit. En quoi la
dijjertation diffère du traité qui embralle tout ce
qui appartient à fon objet. Les difcours académi-
ques ne. font le plus fouvent que des Differtations.
Dijfertacio. Balzac, a fut une belle Dijjertation fur
VHerodes infanticida de Daniel Heinfius.
DISSERTER, v. n. Difcourir , faire une differtation,
Dijferere. Marivaux s'ell fouvent fervi de ce mot
dans fon Spedateur François. La plupart de ceux
qui vous liront , fe voyant appuyés ^ feront bien
aife de dijjerter cavalièrement fur votre compte,
d'ofer fécouer la tête , & d'avoir des dégoûts en
vous lifant. ... & dans un autre endroit : là-deflus ,
le voilà qui recommence à dijjerter avec moi, &c
qui me lomme de lui rendre juflice.
DIS
Je m dois point perdre d'injlans j
m prendre une peine inutile
A dilTerter en grave f y le
Sur les bagatelles du temph. Cressét.
Clitandre, dans la Comédie des Philofophes
amoureux , par M. Deftouches , ade 5. fcèiie 5. du
aux Philofophes , Lcandre d: Damis , en ie berçant
dans ion liège :
ça, MeJJieurs diflertez.
C L A R I C E.
Vous \oule\ que j'ejfuîe
Leurs froids raifonnement ? Yii'Xtne qui voudra \
Mais pour nous j médifons : cela m'amusera.
^ Ce mot déplaifoic à l'Abbé Des Fontaines.
Il paroîc le critiquer dans l'Eloge de Pantalon-Phcc-
bus , à la fuite du Dictionnaire Néologique, ou-
vrage qu'il n'avoir entrepris, que pour jeter du ri-
dicule fur le langage de nos Ivlodernes. Pantalon-
Phœbus , dit-il ,rôdoit , ou plutôt féjoutnoit dans les
caffés favans j & fe plaifoit à controvei fer & dUJer-
rer chaudement. Malgré cela , ce mot elt en ulage.
Il a favamment d/ff'erte Car un rel ponit d'Hiftoire ,
de Clironologie. On le dit fouvent en niauvaile
part. C'eft un homme ennuyeux ; il aime à dijjerctr
fur tout.
DISSIDENT, f. m. On appelle en Vo\ognQ Diffident,
ce qu'on appelle ailleurs Non-Contormiftes : c^eTi
celui qui p-oFeiîe une autre Religion que la Ca-
tholique.
DISSIGNE. Terme d'Algèbre, inventé par M. de la
Loubere dans fon Traite de la Réiolucion des équa-
tions _, & qui fe dit des termes des équations qui
ont différens lignes, run+ &: l'autre — ; ou l'un
a H- ou l'autrf: a — , & l'autre — : ou l'un a + Dis-
Jinidibus fignis affe 'us' Son contrai'e eft configne,
qui a les mêmes lignes. En ce cas-là, le deuxième
période , qui commencera par le relte -H 4" — tjh
fera configne au premier. Mais , dans le fécond cas...
le deuxième période, qui commencera par ce refte
— 4<i + 9* ; fera dijjrgne au premier. La Loub. Les
deux extrêmes me donneront encore une tormule
d'une équation dont le période fera des deuï mêmes
grades , mais qui fera fuivi d'un période diffigut. Id.
DISSIMILAIRE. adj. m. & f. Terme de Médecine.
Qui n'elt pas de même genre, de même elpcLe.
Dllilmilaris. Son oppoÇé ed Similaire. On divile les
parties du corps enjîmilaires , & en dijjlmil aires.
'Lcs/imilaires (onicQWcs qui ne font point compofées
d'autres de différente nature. Voye^ Similaire. Le
DIS 38^
fînccrement , la parfaite dijjlmulation eft le chef-
d'œuvre de la prudence. Id. La dijjin.u'atlon , qui
fait déguiler toutes chofes , fe mafque elle-même,
6c prend le nom de prudence. S. Evr.
§CF DISSIMULER.v.a.Cen'ellpas jcomme on ledit,
dans le Didt. del'Acad. cacher les fentimenS , fes de-
feins 5 mais, c'eft au moyen d'une conduite réfetvée,
ne pas les lailFer appercevoir. DiJJimulare. Il y a de
l'art & de l'habileté à dijjlmuler. La fciencc de dis~
Jîmulcr eft d'un grand ufage : il ne laut montrer fon
jeu , que quand il eft fur. Amelot. La maxime de
Louis XI j qui diloit que , pour favoir régner , il
falloir favoir dijjimuler , eft vraie à tous égards ,
jufque dans le gouvernement domeftique.
§C? Dissimuler , Déguifer ^ cacher , conhdérés dans
unelignihcation fynonyme. On cacAe, par im protond
lecret , ce qu'on ne veut pas manifefter. On dïjfi-
mule par une conduite réfervée , ce qu'on ne veut
pas hure appercevoir. On déguije^'Ç'xx. des apparences
contraires , ce qu'on veut dérober à la pénétration
d'autrui. Syn.Fr.
|îC7" Il y a du foin & de l'attention à cacher \ de
l'art & de l'habileté à dijjimuler \ du travail & de
la rule à déguiser.
%fT Si l'on veut réufiir dans les affaires d'intérêt
& de politique , il taut toujours cacher fes defteins ,
les fc/////7z«/t'r iouvent , &c les dciguiser quelquefois.
Pour les aftliires de cœur j elles le traitent avec plus
de franchile , du moins de la part des hommes.
33° Dissimuler, lignifie, quelqueloisj faire femblant
de ne pas remarquer , de ne pas relFentir quelque
chofe. Dijjimuler un affront , une injure.
|]CF DISSIMULÉ , EE. adj. Fin , couvert , artificieux ,
accoutumé à dillimi.ler pour furprendre quelqu'un.
AcAD. Fr.. Notion fauffe. L'homme dijfimulé elt
celui qui veille fur les autres, pour ne les pas mètre
à portée de le connoître. DiJJimulator , dijjimulandi
peritus, L homme caché veille fur lui même j pour,
ne fe point trahir par indifctétion. Le déguisé fe
montre autre qu'il n'eft, pour donner le change. Syn.
Fr. Il fuffit d'être caché , pour les gens qui ne voient
que lorqu'on les éclaire j il faut être dijjimulé pour
ceux qui voient fans le fecours d'un llambeau ; mais
il eft néceffrire d'être parfaitement déguisé pour
ceux j qui , non contens de percer les ténèbres qu'on
leur oppofe, difcutent la lumière dont on voudroit
les éblouir. Il eft quelquefois employé fubftantive-
ment. C'eft un dijjimulé, uns dijjimulée.
DISSIPATEUR , ATRicE. f. m. & f. Qui dépenfe ,
qui confume fon bien mal-à-propos. Z)ecu)3or , ^ro-
digus. On a rompu ce mariage , à caufe qu'on a
appris que cet Iiomme étoit un dijfipaieur. Tacite
repréfente Pétrone , non pas en dijjipateur dans la dé-
bauche \ maisien homme délicat, dans un luxe poli
& curieux. S. Evr.
dijjimilaires font celles qui font compofées d'autres \ DISSIPATION, f. f. Aélion par laquelle une chofe fe
de différente nature , comme le doigt , qui fe peut
divifer en os , en artères , eu nnifcles , &c.
DISSIMULATEUR, f. m. Quidiflimule. DiJJimulator,
,diJJimulationis artificio eruditus. Les Politiques font
les plus profonds dijjimulateurs. Ce mot n'eft guère
en ufage.
go- DISSIMULATION, f. f. C'eft l'art de dérober à
la connoiffance des autres, pas une conduite ré-
fervée, nos deffeins , nos fentimens , de nelesi)as
laiffer appercevoir. Le déguisémentàii quelque chofe
de plus, & fuppofe qu'on emploie des apparences
contraires , du travail !<. de la rufe. Dijimulatio.
Cet homm.e , fi fecret dans le fond , paroir éloigné
de la dijjimulation , jufqu'à approcher de la naïveté.
S. Real. Il faut vivre avec fes amis à cosur ouvert ,
& fans dijjimulation. Si la d'ffîmulation conlifte fim-
plement à cacher nos fentimens , ce n'eft point un
vice. Mais il faut que ce déguifémenr ne foit pas
oppofé à la vérité : autrement c'eft un menfon^e.
Cail. La dijjimulation eft fi contraire à la franchi*e,
qui eft le lien des amitiés , qu'elle ne trouve point
de défenfeurs parmi les honnêtes-gens. Id. A parler
perd , fe dillîpe. Dijfipatio ; bonorum ,Jortunarum
consumptio , dijjipatio. L'étude caufe une grande
difjîpation d'efprit. La dijfipation des Finances eft la
ruine de l'Etat.
Dissipation , en termes de Phyfique , fignifie propre-
ment une perte ou déperdition infenfible j qui fe
fait des petites parties d'une chofe ; c'eft l'écoule-
ment par lequel elles fe détachent & fe perdent :
ainfi on ne dit point dijjîpation , mais perte de fang,
en parlant du fang qu'un homme perd par une
plaie , ou de quelqu'autre manière fenfible : au
contraire, on dit lort bien avec M. Lémery , comme
la d'fllpation des efprits fe fait beaucoup plus abon-
damment que celle des parties folides j la répara-
tion , auffi , en doit être plus fréquente Se plus
abondante.
-nCT Dissipation , dans un fens moral , dcfigne l'ét "
d'une perfonne d/JJîpée , c'eft-à-dire , répandue dans
le monde, livrée aux objets extérieurs qui attitenc
toute fon attention , enforte qu'elle eft plus occu-
pée de fes plaifirs, que de fes devoirs. Combien
de fois une indécente curigfité , ou un fouveiiir
384 DIS
îinpoitan , au milieu même de la prière, vous
■ont-ils jeté dans des dijfipadons , que les inquié-
tudes de cette vie ne rendent que trop inévitables ?
Flech. La dijjïpadon eft inévitable dans le com-
merce du monde. Nicol.
DISSIPER. V. .a. Conlumer , détruire quelque chofe ,
en l'é'cartant , en la divilant , en la réduilant à nen.
JD/-(f}pare , confumere , effundere. L'ardeur du ioleil
a bien-tôt d^fflpé les brouillards- Lataim & les mala-
dies ont bien-tôt dijjlpé uns armée. La vue le dijjipe
Se fe perd à regarder de vaftes campagnes. S. Lvr.
Dissiper.., préfente la même idée , dans le fens figuré.
L'efprit is dijjîpe dans une longue méditation. L/is-
trahere , evocarc. Il le formoïc une grande cabale
contre lui 3 que fon ad relie a dijjipe'e. Je veux dis-
siper toutes vos illufions. Rien n'empêche les Reli-
gieufes de penfer incelTamment à Dieu : elles ne
font point détournées par mille chofes qui d'Jfî-
pent , ëc qui occupent dans le monde. Les femmes
fort occupées dans le monde , ne font pas d'ordi-
jiaire fort tendres, parce que cela djjjipe les fenti-
mens du cœur. S. Evr. L'efprit efl: pins net , &c
y plus recueilli le matin , & avant que les aftaires le
dijjlpent. BouH.
DISSIPE, Ér. part. palf. & adj. Outre les fignifica-
rions de fon verbe, il lignifie, Dillrait, inappliqué,
plus occupé de les pbifirs , que de fes devoirs.
Anïmus variis cogitationihus agitatus , jaclatus , in
varias cogitationcs diflraclus. Cet homme eft trop
dijjipé. L'ennui de la retraite eft infupportable à
ceux qui font accoutumés à mener une vie tumul-
tueufe & dijjlpée. Voye^ Dissipation j en ce
fens.
IJCT DISSOLU, UE. adj. Se dit, dans un fens moral ,
pour débauché , qui mène une vie déréglée.
Homme dijjolu, moeurs dijjolues. Dijjolutus.
IKJ" On le dit , auOi , des chofes qui portent au
■dérèglement. Paroles, chanfons d'Jfolues.
tPT On a dit , autrefois , dijjolu pour diffous.
Mariage dijjolu ^ fociété dijjolue. Voy. Dissoudrt:.
^DISSOLVANT, ante. adj. Terme de Chymie.
Qui a la force 6c la propriété de diftbudre , de
féparer lesparties d'un corps naturel. DiJJolvens , dis-
solvendi vim habcns. Les acides ont une qualité
diffolvante. L'efprit de vitriol eft un acide des plus
dijjolvans. Voy. -^ Dissoudre.
IJCT Dissolvant. 1. m. Souvent employé en Chymie ,
comme fynonyme de menftrue , fubftance propre à
opérer une dilfolution. Dijffolvens. L'eau-forre eft
le dijjolvant des métaux. L'eau-regale eft le dijfol-
rant de l'or, L'efprit de vin eft le diffolvant des ré-
fines. L'eau, l'humidité eft le dijjolvant àe^ fels &
des gommes. L'efprit de vinaigre diftillé eft le dis-
folvant des perles & des coraux. On fervit une talle
<l'or pleine d'un vinaigre très-fort , qui eft un
prompt dijjolvant. Citri. Les Alchymiftes préten-
dent que leur alchaëft eft un dijjolvant univerfel.
Les prétendus dijfolvans uiverfels font décrits énig-
matiquement par Paiacelfe , Van-Helmont , De
Comitibus, &c.
DISSOLUBLE. adj. Il n'eft d'ufige qu'en Chymie.
Qui fe peut réfoudre. DiJJolubiUs. Il n'y a point de
corps qui ne foie dijfoluble par le feu , par l'art
de Chymie.
DISSOLUMENT. adv. D'une manière dilTolue. Dijfo-
lutè , intemperanttr. Les Libertins vivent dijfolumcnt,
fe plongent d.ans toutes fortes de débauches. On
emploie rarement ce mot.
DISSOLUTIF, ivE. adj. Qui a la propriété de dif-
foudre. Tachard. Dijcujjoriam vim habens. Il n'eft
pas d'ufage.
§3- DISSOLUTION, f. f. Du Latin Diffolutio , qui
lignifie fépiration , divifion. C'eft la réfolution d'un
corps naturel en fes parties ; la féparation des par-
ties d'un corps , qui fe détachent les unes des au-
tres. Le feu opère la dijfolution des corps les plus
■durs. La dijjolution des métaux. La corruption d'un
DIS -I
corps fe fait par la diJjoLution de fes parties. Il y
a plulieurs dijjoiutiohs qui fe font en Chymie.
^fT Dissolution , en ternies de Phaimacie & de
Chymie , eft une opération , par laquelle les parties
d'un corps lolide lont kpaiécs les unes des autres ,
par un tiuide avec lequel elles le combinent. On
fait la aiJJoLution de la ir.anne , de la calie , du fu-
cre , des gommes & rélines dans les liqueurs con-
venables. La dijjolution de 1 or fe fait dans l'eau-
régale \ celle des perles & des coraux , dans du
vinaigre diftillé j &;c. C'eft , dans le même fens , un
terme de Phylique , qui exprime la rédudlion des
corps épais , en corps lluides , coulans j laquelle fe
fair par la nature. Ce fuc un peu acre , ou
acide , qui , picotant les parois de l'eliomac , cau-
foit la faim , agit dans la fuite fur les alimens , &C
aide à leur dijjolution dans l'eftomac. Lémery.
Il fe dit aulîi de la chofe dillcute 6^ de fon dif*
folvant. Prendre la dijjolution de vitrioi.
Dissolution des Philosophes. Teime de î'hilofo-
phie Hermétique , qui veut dire coftion ou prépa-
ration de la nature, jufqu'.à ce qu'elle loit arrivée a
fa perfection. C'eft , aulH , la réduction d'un corps
en la première matière.
On dir aufli , au Palais, la difjolwion d'un ma-
riage , la dijjolution d'une communauté , quand un
mariage a été déclaré nul , quand une commu-
nauté eft finie. La dijfolution de la communauié ne
fe fait que par la clôture de l'inventaire.
%fT Le mariage eft indilfoluble : ainfi c'eft im-
proprement qu'on emploie le mot de dijjolution,
La véritable expreflion dont on doit le le: vir , quand
quelque empêchement dirimant donne lieu à la lé-
paration des conjoints , eft de dire que le mariage
eft déclaré nul.
0CF Dissolution de Société. C'eft la rupture d'une
Société établie entre plulieurs peifonnes. Foye-^
Société & Associé.
Dissolution , fe du des Corps &: des Communautés
qui fe détruifenr. Il rétablit le Séminaire , dont la
dijfolution ctoit fi préjudiciable à la Chrétienté des
Indes. BouHOURS. Xav. L. y.
\fT Dissolution , fe dit auffi , en Médecine, pour
décompofition des Humeurs./^oje:^ Décomposition.
§C? Dissolution , en Morale. Déréglementde mœurs,
principalement dans ce qui regarde la continence.
DiJJoluti mores , intemperantia. Vivre dans la dijfo-
lution. Se plonger dans toutes fortes de dijfolutions.
Vaug.
DISSONANCE, f. f Terme de Mufîque. Faux accord
oppofé à consonance. Tonus dijfonus , dijjonum , dijfo-
nans quiddam. Il eft produit par le mélange ou ren-
contre de deux fous qui font défagréables cà l'oreille,
tels que font les ditons , les tritons 3 les fauffes
quintes, les quartes fuperflues, les feptièmes &
leurs répliques. La féconde dijjhnance eft le demi-
ton majeur , qui eft la différence de la tierce ma-
jeure cà la quarte. Les dijfonances fervent à la Mu-
fîque , encore qu'elles n'y entrent que par accident.
Koye'i M. Brolfard fur lesdifproportions des dijfo-
nances.
^p3' Deux fons harmoniques , fucceiïifs ou fimul-
tanés , peuvent produire dans l'oreilie trois impref-
fions diftérentes j l'unillon , la confonance ck la dis-
sonance.h' ax\\ï[on , quand ils font tous deux fi égaux
& fi confonans , qu'ils femblent ne faire qu'un feu!
& même fon. La confonance , quand l'aigu & le
grave fe mêlent fans fe confondre ; enforte qu'on
en voit , fans peine , la différence & la conformité,
la diftinéfion èc l'union: ce qui donneà l'ameun
plaifir facile, &: par-là très-agréable. La dijfonance^
quand ces deux fons fe Trouvent, au contraire , ù.
différens ou fi difproportionnés , que leur rapport
paroît à l'oreille , ou indéterminable , ou trop dif-
ficile à déterminer ; difliculté que l'ame ne peut
fentir fans quelque défagrément.
|!3° C'eft un principe inconteftable 3 en Mufique ,'
que, dans uninftrument de Mufique à cordes, le
DIS
fon eft au fou , comme la corde efl: i la. corde :
ainfi deux Ions fonr à l'uniiron parfait, quand
les deux cordes font parfaicemenr égales. Foyc^
Unisson.
ifF Si l'on divife une ccsrde fonore en i , en 3 ,
en 4, en j ou eu 6 parties égales , le fon de la
corde entière , & celui de l'une ou d'un certain
nombre de fes parties aliquotes, produiront dans
l'oreille cette imprelllon agréable , qu'on appelle
conl'onance.
I^CF Mais , lî l'on poulfe plus avant la divifion
de la corde , par exemple , en 7 ou en 8 parties
égales 3 on éprouvera que la corde entière & fes
parties ne rendront plus des fons amis & conlonans j
mais des fons ennemis , dilcordans , rudes j & d'au-
tant plus défagréables , que leurs rapports feront
plus difficiles à déterminer.
^C? Le nombre des confonances eil très-borné ;
mais il y a , au conuaire , une inhnité de dijjo-
nanccs , mais qui ne lont pas toutes également dé-
fagréables : il y en a même qui ne lailfent pas de
plaire , finon par leur nature , du moins par le
n^érire emprunté de quelques bell;s confonances
voidnes , ou par l'ulage que les Maîtres de l'art en
favent faire par le moyen du tempérament.
ftCT Par la rait'on que les confonances font en
petit nombre , il leroit à craindre , que , malgré
la douceur qui les accompagne, elles ne viniîent à
caufer du dégoût par h retour trop fréquent des
mêmes tons. Il falloir donc trouver le fecrer , ou
&Q\\ augmenter le nombre , ou d'en relever quel-
quefois le goLit par quelque alfaifonnement. Les
bornes que la nature a prefcrites à l'oreille , ne
permettoient pas d'en augmenter le nombre. Il a donc
fallu fe contenter d'en allaifonner la douceur par
une efpèce de fel harmonique , û nécelTàire , fur-
tout dans les grandes comportions j pour en varier
les accords , pour les lier enfemble , pour en rendre
l'exprelïïon plus lenllbls par une modulation plus
piquante. La Mufique va prendre ce fel julque
dans le fein de fes plus cruelles ennemies , dans le
fein même des diffonances. Elle a trouvé des tem
péramens pour fe les concilier, c'eft-à-dire , l'art
d'en adoucir la rudeife , de leur prêter même une
partie de l'agrément des confonances , pour les em-
pêcher d'en troubler l'harmonie ; de les employer
comme les ombres dans la peinture , ou comme les
iiailons dans le difcours , pour fervir de palfage
d'un accord à l'autre j de les préparer avant qu'elles
arrivent , en les faifant précéder par des fons vifs &
doux , qui en étouffent le dclagrément dès fa naif-
fance j ou, quand cette préparation eO: impolfible,
ou trop difficile , de les fauver avec adrelTe , en les
faifant fuccéder par des Ions brillans , pour en cou-
vrir le défaut. En un mot , on a trouvé l'art de
placer tellement les Ci/[fonjnces dans une compoh-
lion , que , h elles blelfent encore un peu l'oreille,
elles ne la blelfent que pour nous plaire davantage,
Voici l'application que l'Aureur du Traité fur le
Beau , donne de cette efpèce de paradoxe.
yCF Les confonances étant obligées, parleur petit
nombre , à fe répéter trop fouvent , elles auroient,
à la longue , endormi les auditeurs par une har-
monie trop unitorme. La Mufique, pour nous re-
Yeiller , pour nous tenir toujours en haleine, em-
ploie les dijjonances dans fes compofitions j pour
éguifer , s'il eft permis de parler ainfi , l'appétit de
l'oreille , comme un autre art , qui eft d'un ufage
plus ordinaire , emploie , dans les liennes, le fel , le
poivre & les autres épiceries , pour piquer le goût
des convives. Et les auditeurs , dédommagés par
la furprife agréable de voir naître des accords j du
fein même de la difcordance , ^pardonnent , fans
peine j aux Muficiensces petites âpretés paffagères,
comme la plupart des convives pardonnent volon-
tiers à leur hôte , ces ragoûts piquans qui leur mer-
tent le palais en feu j pourvu qu'il ait foin en
même - temps de leur fervir de quoi l'éteindre.
^C? Il y a encore un8 autre raifon pour admettre
TmellL
D î S 5S;
les dijfjnances dans la Mufique. On. a remarqué ds
tout temps , que , fi elles blelfent l'oreille par quel-
que rudelfe , elles font , par cela même , d'autant
plus propres pour exprimer certains objets ; les
tranfporrs irréguliers de l'amout , les fureurs d? la
colère j les troubles de la difcorde , les horrcuis
d'une baraille , le fracas d'une tempête. Et , pour fe
borner à la voix humaine, on iait que, dans cer-
taines émotions de lame , elle s'aigrit naturelle-
ment , qu'elle détonne tout-à coup , qu'elle s'élève
ou s'abaille , non par degrés , mais comme par
fauts & par bonds. Voilà donc évidemment la place
où les d/[/o/inances -peuwenz avoir lieu : voilà mcms
quelquefois ©ù elles font néceliaues. Et alors , dic
M. Dodart , avec les plus frvans Muficiens , on
éprouvera j que, fi elles déplaifent à l'oreille par
la rudelfe des fons , elles plairont à l'efprit & au
cœur par la force de l'expreflion.
fCT II e(l vrai que , pour faire entrer dans l'har-
monie ces efpèces de beauté , qui dépendent du
choix & de l'art du Muficien , il a fallu bien con-
fulter la nature j bien méditer j bien raifonner ,
quelquefois bien hafarder. Mais,à force d'expériences
6c de railonnemens , on y eft enfin parvenu.
■|t5" C'eft ainfi qu'on a formé de la Mufique une
efpèce de Rhétorique fonore , qui a , comme cella
des paroles, fes grandes figures pour élever l'ame,
fes grâces pour la toucher , fon Ifyle badin , f;;s ris
& fts jeux pour la divertir. La queftion eft de pla-
cer à propos tous ces ditférer.s Itvles.
DISSONANT , ANTE. adj. Terme de Mufique. Qui
n'ell point d'accord , qui n'eft point dans le ton,-
Di(jonans , dijjhnus , abjonus. Une voix diQ'onantc^
Un inftrument dijjonant. Il n'a d'ufage que dans
ces exemples.
DISSONENT. f. m. Vieux mot qui fignifioit , au-
trefois , Murmure j bruit que fait un ruilfeau qui
coule.
fJCJ' DISSOUDRE, v. a. Particulièrement ufité enPhy-
fique , en Médecine & en Chymie. C'eft en générai ,
féparer , détacher les parties d'un corps folide.
Difjolvere. Il fe conjugue ainfi. Je dilîous , nous
dilTblvons, vous dilfolvez , ils dilfolvenr. (Autre-
fois: nous diifoudons, vous dilfoudez j ils dilfou-
dent ) \ je dilTblvois j je dilfoudrai ; diirulvez ; que
je dilfolve. En Chymie , on le dit des fluides, qui,
en pénétrant les parties d'un corps folide , les dé-
tachent les unes des autres, & le combinent avec
elles. Cléopatie fit diffoudre une de les perles dans
du vinaigre. Il y a des fels qui fixent ou dijfolvenc
des matières d'une confilfance propre , & qui ne
font rien fur le relfe. Jourk. des Sav. L'eau
diffout le fucre , le fel. Les eaux fortes diJJ'olvent les
métaux. L'eau -régale diffout l'or. Les Alchymiftes
nomment alcaheft leur DilToivant univerfel , une
matière qu'ils prétendent eft propre à dijjoudre tous
les métaux , & même tous les coips de la nature.
'^fT On dit , improprement, c'{//c'i^t/re un mariage,
le déclarer nul j le rompre. Diffolvcre. Voye-^ Dis-
solution , en ce fens. Il n'y a que la mort qui
puilFe dijjoudre le mariage , au moins parmi les
Catholiques, c'eft-à-dire, faire qu'il ne fubfifte
plus.
|K? Ce verbe eftaullî réciproque. Les métaux fe
fondent & fe dlffolvenc. Le fucre fe difjoiu dans
l'eau. Il y a des fels qui fe d.'JJolvent diftîciletrenr.
Les Jurifconfultes difent que les fociétés fe djffbi-
vent , quand les affociés n'agllTent plus en affociés.
ÇCT Dissoudre , Délayer j fondre , confidérer , dans
une fignification fynonyme. D'après ce qu'on vient
de dire , il eft évident qu'on a tort de confondre
c^% trois verbes. On fond un corps folide , en le
rendant fluide par l'aétion du feu. On délaie , eu
détrempant avec quelque liquide. On di[fouc, en fcpa-
rant les parties d'un corps j par le moyen de quelque
fluide J enforte que les parties du corps folide C< du
fluide fe pénétrent & s'unifient intimement pour
former un nouveau compofé. Le fer fe d/ffouc
dans l'eau-fortCj l'or dans l'eau-régale , enforro
Ccc
386
D I S
que ces métaux fe combinent avec leurs diiTolvans.
La terre le délaie dans l'eau , mais ne le dijj'ùuc
point. Les métaux i^Jondent dans le feu.
DISSOUT, OUTE. part. Dijjolutus.
DISSUADER. V. a. Détourner quelqu'un de quelque
entreprife , d'une rélolution pnie. Uijjuaaere. i^e
Prince avoir conçu une belle entrepiiie , mais l'es
gens 1 en ont dijjuadé. Cet i-.éiérique le leroit con-
verti j Iffa femme ne l'en eut pùs dijjuade. On l'a
dijjtiade de partir.
DISSUADE, EE.
^ DISSUASION, f. f. Effet des raifons qui dilTua-
dcnt , qui détournent quelqu'un de l'exécution d'un
projet , d'une réioliuion prile. Dijjujjio. L'Orateur
djns le genre délibéiati£, a deux principaux objets ,
la perfualion & la dijjuajion.
DISSYLLABE, ad. m. & f. Qui eft de deux fyllabes.
Dijj'yllahus. Donner cft \iTin\otdijjyllabe. Le Ipon
dée , le trochée j l'ïambe j font des pieds dijj'yl-
labes , auiîi-bien que le Pyrrique. DijfyUabe j
trilfyllabe j de trois fyllabes j & j après ce nom-
bre j on dit généralement, polilfyllabe , de plii-
fieurs fyllabes. Ce mot fe prend auifi fubftantive-
ment.
Dissyllabe , fignifie auifi ^ de dix fyllabes. La nou-
velle Comédie de l'Enfant prodigue e(i en vers dis-
fyllabes , ou de cinq pieds.
^fT Cette façon de parler , que M. de 'Voltaire
a voulu introduire, eif contraire à la propre ligni-
fication du mot , qui eft confacrée par l'ulage gé-
néral. Il vient de <^<f deux fois , & «-«AXa^i ^ fyllabe. On
peut quelquefois inventer des mots nouveaux ,
quand ils font nécellaires pour exprimer une idée;
mais il n'eft permis j à qui que ce loir , de détour-
ner un mot de fa lignification naturelle ^ générale-
ment adoptée , pour lui en donner une étrangère.
fer DISTANCE. {. f Eloignement d'une chofe à l'é-
gard d'une autre , intervalle qui fe trouve entre deu
chofes , entre deux objets. La diftance d'un objet .î
un autre, d'un point à un autre, efl une ligne
droite. Diflantla^ intervallum. La plus grande c/«
tance de la lune efl de Ga^ demi - diamètres de 1
terre, fa plus petite de 54. On le dit, aulîi , du
temps même , des qualités ; & , dans cette dernière
acception ., il ell; comme fynonyme de différence ,
prife dans un fens général .j & fe prend figurémenr.
Il y a une grande d/Jiance , depuis l'Enipire des
Allyriens, jufqu'à l'Empire des Romains. La c/i/?iZ/2ce
de la Création du monde à la Nativité de Jesus-
Christ , efl de plus de 4000 ans. La d'ftana
entre le Créateur <Sc la Créature elf infinie. Lapuif
fannce abfolue du Souverain , ôre & fait difparoître
la dijlance infinie qui eft entre les grands & le peu-
ple : elle les rapproche , & tous plient également
fous elle. LaBruy.
Ce rans entre elle & vous , met-il tant de diftance ?
Racinh
DISTANT J ANTE. Éloigné. Dijlans j remctus. Ces
deux chofes font disantes, autnnt que le ciel eft
diftant Àz la terre. Il fe dit, aulfi , du temps. Ces
deux époques ne font pas fort d/JJantes.
On dit , en Philofaphie , que les corps n'agiffcnt
point, fur ceux qui font dijlans , c'elVà-dire , hors
de leur Iphère d'adtivité.
DISTENDUE, v. a. Dijlendere. Caufer une trop grande
tendon , une tenfion violente. Ce mot eft rare, &:
ne fe trouve que dans quelques livres de Médecine.
L'abondance d'une humeur féreufe , qui fe déchar-
geoif fur les nerfs , & qui dijlendoit les parties voi-
lînes. DtGoiii.
Cet mot vient du Latin dijlendere. Tendre , ban-
der , aufli-bien que dijlention qui fuit.
^ DISTENTICN.^ f f Terme de Médecine & de
Chirurgie, Qui fignifie, en général, une tenfion
violente & forcée. On le dit , particulièrement , des
neifs trop tendus. Le calcul eft un corps dur,folide,
ikc. caufanc de la ftupeur , des obftrudions Hc des
D I S
dijlentlons. Degori La diftention des nerfs Diflentlo.
DISTICHIASIS. {. m. Terme de Médecine &: de Chi-
rurgie. i5{///cVz/rf//j. Incommodité des paupières , qui
conlifte .à avoir deux rangs de cils. Dans le dijlichiaj:s,
par-detlus les cils ordinaires &: naturels, il en ctoïc
un autre rang extr.iordinaire qui déracine fouvent le
premier j & qui , picotaat la membrane de l'œil ,
y caufe de la douleur , & y attire des fluxions. Pour
guérir k djlichiûjls , il faut arracher , avec des peti-
tes pincettes j ce fécond rang de poils, &c brûler les
porcs par où ils forrpient.
Le nom de dijtichiajis vient de '^V , deux fois , dc
de '''Z'^ , ou «'/iof , ordre , rana ^ comme fi l'en diloit
deux rangs de cils.
DISTILLATEUR, f h Celui qui fait profeftion de dif-
tiller. Quiper diJûUationem herbaruni aliarumque re-
rumjiiccûs extrahit j exprimit. Dijlillator. C'eft un
habile Dijlillatzur.
Distillateur , fe dit au figuré , pour lignifier un hom-
me qui fubtilil'e, qui raffine trop. A'^w/<«ya(ïi/<'iiri?r/\î
affectator. Ne vous lailfez point éblouir à la lubtile
politique de ces dijlillatcurs des maximes de Tacite ,
qui , à l'exclufion de Jupiter , voudroient prclider
au gouvernement de l'Univers. Balz.
DISTILLATION, f f Action de diftiller , ou la
cnofe même dilHUée. Dans le premier cas, c'eft
une opération chymique , par laquelle , a laide da
feu, on iépare des vapeurs ou liqueurs de quelques
fubirances renfermées dans des vailfeaux. lv;cttre
une plante en diJUUation. Dans le fécond cas , c efl
le produir , ou les fubftances féparées du corps lou-
mis à la dijlillation. "Voilà une belle àiiiuu.tLon. p oy.
Produit, rélidu , caput mortuum. Dijidiatio succo-
runi ex herbis ,Jiuiibus 3 rebufque aliis fuh]ccio igné
facla. La dijlillation droite, Kecta ow per ascenjum y
fe fait par l'alambic ordinaire, quand la liqueur
s'élève & tombe dans le récipient. L'oblique j per
latus , fe fait par le côté , dans des vaiffeaux courbés j
comme cornues, ou retortes. Et la dijlillation par
delcente , per descenfum , eft celle qui fe fait quand
le feu le met par-delfus Se autour du vailfeau jdont
l'orifice eft en bas- Il y a auîli une dijlillation par
dejcente -, qu'on appelle , per deliquium , qui eft une
réfolution naturelle des fels en liqueurs \ qui fe fait
par l'humidité.
f/CF Détacher,par l'aétion du feu, des vapeurs d'un
corps renfermé dans un vailfeau \ les élever par l'ex-
panlion v'aporeufe j & les condenfer par le froid ,
pour les retenir. Voilà les trois effets elfentiels de
la diftillation.
Distillation , en termes de Philofophie Herméti-
que , fignifie quelquefois Jï/rra-r/o/? j quelquefois ce
mot ligniiie, cuction , ou putrejaction de la matiè-
re philofophale.
DISTILLATOIRE. ad. m. & f Terme de Chymie.
Propre aux diftillations, qui fert à diftiller Dijlilla-
torius , a , uni. Une vellie dijlillatoire. Homserg.
Acad. des Se. 1700. Mem.p. 210.
DISTILLER, v. a. Terme de Chymie. Séparer, par le
moyen du feu , ou d'un alambic , tout l'humide , ou
le fuc de quelque corps \ l'élever par la chaleur , &
le rellerrer par le froid. Succum ex herbis ■, Jîoribus ^
ignejiibjecto exprimere. L'eau-de-vie fe fait en dif-
tdlant le vin. Diftiller des herbes , des fleurs.
On fait ordinairement diftiller par le moyen du
feu plus ou moins violent félon le befoin. Le feu
eft appliqué immédiatement aux vaiffeaux qui con-
tiennent les chofes qu'on fait dijliller 3 ou il eft ap-
plicjué de différentes manières par le moyen de l'eau ,
du fable, de la limaille de fer , Sic. Ces différentes
manières s'appellent du nom de bains, f^oye-^ ce
mot. On diftille aulfi à froid, & cela fe fait de la
manière fuivante. On prend , par exemple, quatre
livres de fleurs, plus ou moins , on les met dans
trois ou quatre pinres d'eau , & le tout dans une
chapelle qu'on lute bien ; enfuite on met l'alambic
dans quelque vaiffeau qu'on remplit de glace pilée
& falée , comme fi l'on vouloit faire glacer (\qs eaux ;
on adapte un récipient qu'on lute bien , on mouil-
D I S
ie 'dans de l'eau chaude un linge j dont on couvre '
la chapelle à ditFérenres reprifes , afin d'accuer en
haut la dilbllationi mais il fau: auparavant avoir
D:é l'eau i'upeiHue qui ctoit dans la chapelle. Faite
cette opération, cela s'appelle dijMer îi tcoid.^ f'oy.
Audiger , dans fon livre intitulé : La MuiJ'on rc- i
glce j &c. ^ -y \
Distiller en montant. C'eft diftiller à la manière;
ordinaire , en mettant le feu fous le vailleau où lont ,
les matières , dont on veut tirer quelque chofe par
dillillation.
Distiller en descendant. Celt diftillet de manière
que le feu foit au-dellus de la matière , dont on
veut tirer quelque choie par dilhllacion.
^fT Distiller, v. n. Se dit pour couler , tomber gout-
te à goutte. StUlare j dijt'ulure. On voit di.-s gouttes
d'eau diJlUleràQs voûtes. On voit des gommes, des
réfines difl'dlcr de certains atbres.
Distiller. Il y a toujours eu dans le monde des Al-
chymilles , qui ont diftUlé les chofes humaines , &
donné plus de liberté qu'ils ne doivent à leurs con-
jeûures, & à leurs foupçons. Balï.
La colère dans famé , & le feu dans les yeux ,
//diftiUayà rage en sis trijics adieux. Boil.
En blâmant ses écric; , ai je j d'unfiyle affreux ,
DiftiUé sur sa vie un vsnin dangereux ? Id.
On dit riufli d'une perfonne qui pleure abondam-
ment j qu'elle fe difldle., ou fe rond en larmes.
Distillé, ee. part. Suceur 'ei alicujus exprejjus. Le vi
naigre diJULéz'?- un diiroivant des plus forts.
DISTINCT , iNCTE. adj. Ce qui n'eit pas la même cho-
fe qu'une autre. Dii'-inclus. Nous avons en nous un
principe intelligent, tout- à-fait dijtincl du corps &<.
de la matière. Maleb. ,
Distinct, fe dit aulli des chofes qui font nettes (S»:
claires , fans conlulion. Une voix dijluicle ^ qui pro-
nonce & fépare bien fes paroles. Une vue dijLacle ,
qui voit les objets fans contufion. Nous ne devons
croire avec certitude que les chofes dont nous avons
une idée claire &c difliiicle. Bayl. Confidérons nos
défauts dune vue dijiinde , afin de nous découvrit
à nous-mêmes tels que nous fommes. Nicol. Le
peuple n'eft point accoutumé à faire une rctlexioii
précife & diflincle fur les principes de la Religion.
S. EvR.
DISTINCTEMENT, ad. D'une manière diftinde. Di
Jiinclè, Un bon Orateur doit parler diftincienient^
s'expliquer diftinclement. Le fouvenir de fon époux
expirant la touche vivement , & cet objet funefte
eft encore ttop proche , pour lui laiffer fcntit dis
tinclement fa douleur. P. de Cl. Quand un dogme
eft clairement & distinctement dans l'Ectiture , c'elt
à la raifon à céder. S. EvR.
DISTINCTIF , ivE. adj. Qui diftingue une chofe de
toute autre. Peculiaris ,propr/us , specificus. Ce mot
ne fe joint qu'avec celui de caraélère. Le caraélcre
distinctij de la nation Françoife , c'eft la valeur. Un
autre caraârère distincl/.t des François , c'eft la poli-
telTe,&: une manière de vivre aifee & fans gêne. Le ca-
radtère distinctifàs cette plante confifte dans la for
me de fa fleur, &c dans fa graine. On pourroit dire
aulîi Une marque distinctive. Si lecaraiîtère elfentiel
& disiincti/àe la verfification françoife, confiftoit
dans les tranfpofitions , ainfi que l'alFute le Père du
Cerceau. l'Abbé Desfontaines.
^ DISTINCTION, f. f. Dins le langage ordinaire,
fe prend généralement pour différence ; tout ce qui
fert à diftinguer les chofes ou les perfonnes , pré-
férence, prérogative , emploi , &c. Distinctio. Dans
cous les Etats il y a de la distinction entre la No-
blelfe & le peuple. Le mérite met bien de la d'/5-
ri/îcr.'o/z entre les perfonnes. C'eft une perfonne d'une
grande distinction. L'univcrfilité jointe à l'cminen-
ce des vertus guerrières , étoit le caractère de dis-
tinction de l'invincible Condé. P. Bûurd. De quel-
DIS 3
que fuperbe distinction que fe flattent les hom-
mes , ils ont tous une même origine. Boss. On
a lait une taxe générale qu'il faut que tout le mon-
de paie fans distinclion. Les barbares ont palfé tous
les Habitans au fil de l'épée , fans distinction de
fexe , ni d âge. Ce Prince fait bien faire la dis-
tinction des gens d'efprit , quand il diftribue fes
grâces. Je hais cette complaifance fade , qui ap-
plaudit à tout fins distinction. Bell. On aiFeâre
des distinctions d'honneur dans les hglifes mêmes,
où doit s'anéantir toute la gloire humaine. Flech.
La distinction doit être agréable aux perfonnes de
qualité \ mais il faut le l'attirer, & non pas fe la
faire préiomptueufement foi-même. S. EvR.
^fT Par les exemples qu'on vient de rappotter ,
on voit que le mot as distinction fe prend quelque-
lois pour différence, comme quand on dit, faire
distinction des perfonnes , de l'ami & de l'ennemi.
Discrunen. Sans aucune diftinétion. Nullo difcrimi-
ne y omni difcrimine remoto.
§cr Quelquefois préférence, prérogative, égards
qu'on a pour les perlonnes, comme quand on die
traiter quelqu'un avec distinction. Les distinctions
qui plaifent à ceux qui les reçoivent , oftenfent les
autres.
§CF On dit, d'un homme qui s'eft diftingué dans
fon état , que c'eft un homme d'une grande distinc-
tion. On le dit de même des chofes qui diftinguent ,
emploi , charge de distinction.
%fT Enfin distinction fe prend quelquefois dans la
lignification de diviiion ou féparation \ comme quand
on dit qu un livre eft écrit tout de fuite fans distinc-
tion de Chapitres.
Distinction , en termes de Philofophie , eft une né-
gation d'identité , qui fait que, de deux cxiplufieurs
chofes, l'une n'eft pas l'autre. Aiiih la distinction eft:
oppofée à l'identité, comme la diviiion l'eft à l'u-
nion , &c la diverlité à la fimilitude. Etre diftingué ,
c'eft n'être pas la même chofe , ou , félon le langa-
ge des Philofophes , n'avoir pas la même identité j
Se dire que deux chofes font diftinguées , c'eft dire
que ce n'eft pas la même chofe , que l'une n'eft pas
l'autre.
|K? Ainfi ^.distinction eft la négation d'identité ;
\:i féparation eft la négation d'unité ; & la diver/itc
eft la négation de fimilitude. Il ne faut donc pas
confondre ces trois chofes , distinction , divifîon on
févaration , & diverfté , comme on le fait ordinai-
rement.
Il y a en général deux efpèces de distinctions , qui
fe fubdivifent encore en d'aurres. La première , eft
la réelle , & la féconde , la mentale , ou la distinc-
tion de raifon. La distinction réelle j realis , eft celle
qui eft entre les chofes diftinétes , & dont l'une n'eft
pas l'autre. Cette distinction peut être entre des
chofes qui ne peuvent pas exifter léparément les
unes des autres , comme les perfonnes divines,
qui font diftinéles l'une de l'autre , fans pouvoir
exifter féparément l'une de l'autre. Et de même il
peut y avoir féparation fans différence ni distinction.
Par exemple, le corps de Jelus-Chrift, dans l'Eu-
chariftic , & à Paris & à Rome , eft le même. 'Voilà
de la féparation \ il n'y a cependant ni différence,
ni distinction. Il peut être confumé & détruit , félon
fon être euchariftique , à Paris , & être confervé i
Rome , quoique ce foit le même corps. Mais ordi-
nairement & naturellement parlant, nous jugeons
que deux chofes , dont l'une peut exifter fans l'au-
tre , font diftinguées réellement.
h^ distinction Àe raifon ou mentale , T.; r/OAVj ou
mentalis i eft celle que notre efprit met entre des
chofes qui ne font pas réellement diftinéles , en les
concevant comme Ç\ réellement elles l'étoient, &:
fous deux idées différentes. Telle eft la distinction
que nous mettons entre les ficultés de l'ame ; c'eft
toujours la même ame , mais conçue tantôt comme
rappelant les chofes paftees , tantôt comme vou-
lant.
C c c i i
|S8 DIS
Il y a encore une disûnalon formelle ,forniaHs j
qui elt celle qui fe trouve entre les formes ou for-
malités, &c periedioiis inféparables Tune de l'autre,
aulfi bien que du fujet où elles font , & dont cepen-
dant l'une n'eft pas l'autre , indépendamment de
route penfée de 1 efprit. On l'appelle Sconltique ,
parce que Scot eu elt l'Auteur. Les Scotilles préren-
dent que cette distinction fc trouve entre les iraculrés
de notre ame, & entre ce qu'on appelle dans l'éco-
le les dégrés métaphyfiques , c'eft-à-dire, les pro-
priétés ou perfetT:ions différentes d'un même être ,
comme la corporéïté , l'animalité , la rationabilité.
Enfin la distinction virtuelle , virtualis j qui ell
moins une distinction que la diftinguibilité , ou le
fondement de la diftindion mentale j c'efl l'équiva-
lence d'une feule cliofe , à pludeurs chofes réelle-
ment diftinguées. Ainlî, dès-lors qu'une chofe, à rai-
fon de fes différentes perfedions, équivaut à plu-
fieurs j on conçoit entre fes propriétés ou perfec-
tions une distinction virtuelle. C'eft celle que les
Thomiftes admettent : de forte que ce que les Scotif-
tes appellent û^«/i/2crio« formelle, les Thomiftes la
nomment distinction virtuelle ^ ou bien les chofes ou
propiétés entre lefquelles les Scotiftes difent qu'il y
a une distinction formelle , les Thomiftes n'y met-
tent qu'une distinction virtuelle.
Il y a aufti la distinction modale , modalis, qui fe
rencontre entre les modes & les fubftances.
(Cr On appelle aullî distinction dans les écoles ,
l'explication des divers fens qu'une propofition peut
recevoir. Quand une propofirion eft équivoque &
peut recevoir plufieurs inrerprérations , onladif
tingue , en expliquant dans jjuel iens elle eft vraie ,
dans quel fens elle eft faulfe : Et l'on appel le distinc-
tions de l'école , les distinctions en ufage dans les
difputes de l'école.
Les distinctions Philofophiques ne font bien fou-
vent que des chicanes &deséchapatoues. Les Théo-
logiens ont multiplié les difputes à force de distinc-
tions. S. Ev.R. Il y a des doéleurs qui difcourent
avec tant de fubtilité , qu'il n'y a point de difficulté
dont il ne fe tirent â la faveur de leurs distinc-
tions.
Distinction. Terme du Droit Canonique. La pre-
mière partie du Décret de Gratien elt divifée en
CI. distinctions ; & chaque distinction eft: fubdivifce
par chapitres, ^oye^ DECRET.
DISTINGO. f. m. Terme Larin qu» n'a d'ufage que
dans l'Ecole, ou en ftyle familier : il lignirie , Jf
distingue. On s'en fert pour fe défaire d'un argu-
ment, ou pour éclaircir'& développer une propoli-
tion ambiguë j qui peut être vraie dans un fens , &
fauffe dans un autre. Ce Répondant éroir tort pref-
fé : mais il s'en eft tiré par un distingo. J'appréhen-
de furieufement le distingo. Molière fait dire par
Thomas Diafoiius à d MaîtreiTe, quilui difoit,qu'il
faut être ioumis aux volontés de ce qu'on aime .• dis-
tingo , Mademoifelle ; pour l'mtérctde fon amour,
concéda : contre la pailion , nego.
{fT DISTINGUER, v. a. Difcerner par les fens ou par
l'opération de l'elp^it. Disànguere j difcrinûr.arc.
Distinguer l'un de l'autre. Unum ab aliofecernerc-
La nuit étoit II noire , que nous ne pouvions plus
distinguer les objets. Distinguer un bon écu d'avec
un mauvais. Distinguer les fons j les odeurs, les
couleurs. Je connoillois toute la tendreffe de votre
ame , & j'aurois distingué tous fes mouvemens en-
tre tous les autres. Lettr. Port.
ijcr Distinguer, lignifie encore fcparer, marquer la
différence. Distinguer un habile homme d'avec un
ignorant. Artificem ab infcio distinguere j mettre de
la différence entre l'un & l'autre. Distinguer le vrai
du faux. Vera a falfis , ou falfum vero distinguere.
Il faut distinguer les divers chefs de fes demandes.
Distinguer les intérêts des Princes j c'eft une fcien-
ce rare que de favoir bien distinguer.
^CT Distinguer & féparer , confidérés dans une fi-
gnification fynonyme. On distingue , dit AI. l'Abbé
DIS
Girard , ce qu'on ne veut pas confondre. Onjepure
ce qu'on veut éloigner.
fi^ Les idées qu'on fe fait des chofes , les qua-
lités qu'on leur attribue , les égards qu'on a pour
elles , 6: les marques qu'on leur attache , ou dont
on les déhgne , fervent à les distinguer. L'arrange-
ment, la place, le temps & le lieu, fervent à les
feparer. Vouloir trop le distinguer des perfonnes
avec qui nous devons vivre j c'eft leur donner oc-
cafion de in fcparer Aq nous. La différence des mo-
des & du langage j distingue plus les nations que
celle des mœurs. L'abfenceyè^^re les amis fans en
défunit le cœur.
|CT Dans les écoles , on dit distinguer une pro-
poluion '-y c'eft marquer les divers fens qu'une pro-
pofition peut avoir , pour l'accorder dans le fens où
elle eft vraie, & la nier dans le fens où elle eft fauf-
fe. J^'oye^ Diftinétion &c distingo.
1)3° Distinguer , fignihe encore élever au-deffus des
autres , tirer du commun. La vertu , le mérite, la
nailTance , les grandes charges , Sic. distinguent les
hommes. Si ion rang le distinguait , il étoit encore
plus distingue par fon mérite. Boss.
0Cr Se distinguer , fe fignaler , fe rendre recom-
mandable. Il s'eft distingué par fa valeur. La vanité
de fe distinguer , fait oublier aux hommes leurs de-
voirs les plus facrés , & leurs obligations les plus
effentielles. S. Real. Il y a des perfonnes qui fe
montrent outrées de douleur à la morr de leurs
amis, pour fe faire remarquer , & distinguer des
autres. M. Esp.
Distingue, ée. part. Cet Officier eft un homme fore
distingue , fort au-delfus des autres. J'ai pour vous
une eftime distinguée, U eft d'une nailTance distin-
guée.
On est riche fans bien _, diftinguéy^/z^J emploi ,
Quand on ne veut chercher fon bonheur que che\foi.
DISTIQUE, f. m. Couplet de vers , ou Pocfie dont le
Iens elt contenu en deux vers. Distichum. U y a de
belles moralités dans les Distiques de Caton. A^oy.
de Vigneul-Marville fur les Distiques de Caton ,
T. i. p. S4- 5 5-
DISTORSION. 1. f. Terme de Médecine. Contradion
d'une partie du corps qui fe tourne d'un feulcôté,
par le relâchement des nerfs. On appelle distortion
de bouche j la contraétion ou le raccourciffement
qui le fait d'un feul côté de la bouche : elle arrive
quand il n'y a que les mulcles d'un côté du vilàge
qui fouffrent convulfion , ou paralyfie. Lorfque la
distorjlon de la bouche vient de la convulfion , elle fe
fait du même côté où eft la convulfion , parce que
la torce de la partie qui eft en convulfion , eft plus
grande que celle de la partie faine : au contraire ,
lorfqu'elie vient de paralylie , elle fe fait du côic
oppofé , la partie paralytique étant emportée par la
faine. Dans la diftortion de la bouche , le malade ne
peut cracher que d'un côté , & fi on le fait rire , ou
qu'on l'oblige à prononcer la lettre O , on s'apper-
coit aifément qu'il ne remue qu'un côté de la bou-
che. Les Latins appellent cette maladie convuljio
oris J & les Grecs ra-a^^W ««"kW. Il y a aufli , une dif-
torfion de l'œil qu'on nomme ccil louche j oxxjlrabif-
me. Foyeii LOUCHE.
DISTRACTION , f f Terme de Palais. Séparation
d'une chofe avec un autte j démembrement. DiJ^
traclio J Dijjunclio. On a jugé fon oppofition pour
la diflraclion d'une terre qu'il prétendoit. Ou a fait
la diflraclion des fommes qui ne lui appartenoienc
pas dans ce paiement. Il a été condamné à l'amende
pour la diflraclion du reffort.
C'eft , en matière de dépens , l'attribution ou
adjudication que demande à fon profit le Procureur
de la Partie qui a gagné fa caufe , d'une portion des
deniers , au paiement defquels eft condamnée l'au-
tre Partie , pour fe payer des falaires qui lui font
dus.
^fT Distraction , en morale , défigne généralement
I
D I S
un dchiut d'attention. C'eft Tapplication de notre
efprit à Lin autre objet que celui qui de vroit nous oc-
cuper pour le moment , ou qui devroit continuer de
nous occuper. Foye{ Distrait. P'agans ^ vagus
animus\ aherrado mentis. Les dijlraciions font le par-
tage ordinaire des jeunes gens , un rien les dctouine
Si. les amufe. La curiolité caufe des dijiraciions ,
parce qu'un nouvel objet extérieur attire notre at-
tention j de façon qu'il la détourne de celui à qui
nous l'avions d'abord donnée j ou à qui nous devions
la donner. Les dïflr actions aflûiblllfent les fonétions
de l'efprit , & le rempUlFent d'inutilités. Port-R.
Les plailirs font une grande dijhaclion aux delFeins
de fortune & d'établilFement. S. Real.
DISTRAIRE j V. a. défedueux. Il fe conjugue comme
traire. Il lignifie , retrancher , féparer quelque par-
tie d'un lowi. Dijirahere ydisj ungere, divcUere. Quand
on taxe les dépens, il faut dijtrairc les falaires du
Procureur d'avec le débourfé de la Partie. Du con-
tenu en cette obligation, il faut dijiraire ou déduire
ce que j'ai payé , ce qui appartenoit à votre cohé-
ritier. Quand on a compris dans des criées des héri-
tages qui appartiennent à un autre , il doit former
fon oppofition à fin de dijhaire. Les oppohtions à fin
de dtjlraire fe doivent juger avant le congé d'ad-
jugei'-
Distraire , fignifie aulîi , Démembrer une Jurifdic-
^ tion , une Seigneurie. Plufîeurs Parlemens ont été
diftraits, 6c retranchés de celui de Paris. On a dijlrau
fix Evèchés de l'Archevêché de Bourges, pour ériger
celui d'Albi en Archevêché. On a dijlrau ans telle
ville d'un tel apanage.
Dijiraire la jurifdidion j fe dit auffi , quand un
jufticiable fe pourvoit devant un autre Juge que
l'ordinaire- Dedinare. Un Procureur du Roi , ou
Fifcal , a droit de faire affigner le jufticiable , pour
être condamné en l'amende , quand il a dijlraa la
Jurifdiélion.
|ÎCT" Distraire , dans un fens figuré, fignifie,. Dé-
tourner l'attention de quelqu'un de l'objet dont il
ctoit occupé. Dijlrahere aliquem , ou alicujus ani-
mum ab aliquâre avertere , avocare.'^xtn ne peut le
dijiraire de fon travail, de fes études. On ne peut
difîraire ce jeune homme de l'attache qu'il a pour
l'étude j pour le jeu j pour cette temme.
De fon image en vain f ai voulu me diftraire. Racine.
ÇCT Distraire , fe prend quelquefois dans la fignifi-
cation de détourner d'un dellein , d'une entreprife
Deterrere. Le delTein en eft pris ; mon voyage efl ré
folu , & rien ne peut m'en dillraire. Cette locution
autorifée par l'Académie ne me plaît pas.
Distrait, aite , part. & adj. On appelle un efprir
diflrait , celui qui n'a point d'attention à ce qu'on lui
dit , qui ne fuit pas la converfation j que fes psnfées
emportent ailleurs de temps en temps j Se que la con-
verfation rappelle auffi de temps en temps. Cujus
ariimus peregrè ejl abfens cum prafens eff, avocatus alib.
Il y a des gens qui , par une trop forte application à
leurs delTeins , font toujours dijlraits , ic ne portent
en aucun lieu que la moitié de leur efprit. Pel. Il me
femble qu'il n'eft pas fi^rt agréable de voir une femme
quel'onaime, toujours dijlraice par mille bagatelles
Let. PORTUG.
Je fuis des yeux diftraits ,
Qui me voyant toujours j ne me voyaient jamais. Rac.
La Bruyère , au commencement du chapitre de
l'Homme, a fait, fous le nom de Ménalque, un re-
cueil fort divertiflant des dijiraciions du feu Comte
de Brancas. A quoi il faut ajouter ce qui en eft dit
dans la Clef des caractères par M. Cofte , p. 18. dans
leMenagiana, T. i. p. ijy. 138. T. 4. p. 21®. &:
dans les Lettres de Madame de Sevigné//2-i2. 1716.
T. I. p. 60 , 61, 77, 7S , 84. On tfouve aufti la plu-
part de ces traits ingénieufement rallexublcs dans la
D I S
389
Comédie en cinq aétes en vers de M. Regnard, inti-
tulée i-e Difirau.
Un efprit naturel me conduit& m'anime :
Jejuis un peu diftrait j mais ce ri ejl pas un crime.
^fF L'hommQ dijirait eft proprement celui donc
un nouvel objet extérieur attire l'atcntion j de façon
qu'il la détourne de celui à qui il l'avoit d'abord
donnée, ou à qui il devoir la donner. L'homme
nbjliait eft celui que fes propres idées occupent fi
fortement , qu'elles l'empêchent d'être attentit à au-
tre chofe qu'à ce qu'elles repréicntent. Il ne penfe à
aucun objet prélent j ni à rien de ce qu'on dit. Si ces
défauts font d'habitude , ils lont graves dans lecotn-,
merce du monde. Syn. Fr.
U3" On eft djirait , lorfqu'on regarde un autre
objet que celui qu'on nouspropofe, ou qu'on écoute
d'autres dilcours que c;ux qu'on nous adrelle. L'u
homme dijii'ait veut avoir l'clprit à tout ce qui lui
eft préfent; il eft frappé de tout ce qui eft autour de
lui J 6c celle d'être attentif: à une choie, pour le vou-
loir être à l'autre j en écoutant tout ce qu'on dit à
droite & à fauche, louventil n'entend rien, ou n'en-
tend qu'à demi, & fe met au halard de prendre les
chofes de travers. Les gens ahjtraus fe loucient peu
de la converlation j les gens c/z/Z/t^ifi en perdent le
fruit. Il eft bien diftijile de n'être pas aijlraits, quand
on nous tient des dilcours ennuyeux , & que nous
entendons de l'autre côté quelque chofe d'inté-
relfant.
■fT DISTRIBUER. V. a. Paitager une chofe entre plu-
fieurs perfonnes , donner à chacun la parc qu'il doit
avoir. Di/lnbuer une fomme d'argent , diftribuerdes
aumônes. Dijcribuere ■, djj/artire , ou difpertire j
difpartiri. On a dijiribuele butin aux Soldats. £){//«-
buer à chacun. Dijlribuere injuigulos. Diltribuer les
recrues par aigimens. Dijiribuere milues infupple-
mentum legionum.
§Cr On le dit de m^me, au Palais,de ce qui eft par-
tagé entre plufieurs créanciers. Les effets de cette iiic-
cellion ont été diftribués aux créanciers oppolans. ■
ipr En termes de Palais , distribuer un Procès ,
le donner à un Confeiller , pour en faire le rapport.
Le Préfident a distribue tel Procès à un tel Con-
feiller.
IJrT Distribuer j fe dit de même en chofes fpirituel-
les & morales. Dieu distribue l'es giâces a qui il lui
plait. La Juftice doit distribuer convenablement les
peines & les récompenles. La irortune distribue à fon
gré les rôles que chacun joue lur le grand théâtre
du monde. S. EvR. Combien d'Auteurs distri-
buent le blâme , ou la louange fans jugement ?
Fléch.
(çzr On le dit auffi avec le pronom perfonnel. Les
eaux de telle fontaine (edisfibuent par des canaux
dans différens quartiers de la Ville. Et de n)ênie, en
Anatomie, en parlant des vailf-'aux qui fe ramifient j
fe parta_^ent en plufieurs rameaux. Telle veine , telle
artère fe distribue en plufieurs moindres , qui en
font comme les rameaux. Voy. Ramifier.
'ifT Distribuer , dans lafignification de ranger, dif-
pofer , mettre les choses avec ordre dans le rang &
dans le lieu qui leur conviennent. Cet Orateur, ce
Pocte a distribué la matière.
ifT En peinture, distribuer les jours , les ombres,
c'est arranger , difpofer les objets & les effets de
lumière dans un tableau , de façon qu'il en réfulte
un grand eftet. Ces jours font bien distribués. Om-
bres bien distribuées. Ouvrage bien dijlribué.
Distribue , ÉE.part.
DISTRIBUTEUR,icE. f. m. & f. Celui ou celle qui di-
ftribue- Distributor.Ce Prince eft un julte distributeur
&c difpenfateur de fes fiveurs. Jésus-Christ eft le
distributeur àe tous \es hkns. Maucr. C'eft un tel
Préfident qui fera aujourd'hui le distributeur des
procès, &CC. Distributrice des grâces , des rccom-
penfes.
DISTRIBUTIF, ive. adj. Qui diftribue. La Juftice
390
DIS
disaibutlve efl celle qui ordonne des peines & des
récompenfes. /'o)'eç Justice.
DiSTRiBUTiF , iVE. Temic de Logique. Disaibutivus ,
a ,um. Le fens dismbutij eftoppoiéau fens coUediif.
Le fens discritutifed celui ou l'on prend une mul-
titude félon tous les individus qui la compofent ,
conlîdérés féparémenc l'un de l'autre ; Se le fens col-
ledif , celui où l'on prend tous ces individus con-
jointement , toute la multitude enfemble. Il y a des
chofes qui conviennent à une nature dans le fens
collectif, qui ne lui conviennent pas dans le fens
dtstritutif. Cette propofition eÛ vraie dans le fens
distributif, ôc ne l'elt pas dans le fens coUedif. Dans
le fens distributif, je l'accorde i dans le colledif , je
la nie.
Distributif , fe dit audi en termes de Grammaire.
Particules discribudves. Tantôt Qk quelquefois parti-
cule distributive. Tantôt il lit, tantôt il écrit.
DISTRIBUTION , f. f. Adion de diftribuer , ou mê-
me ce qu'on diftribue. Distributio ^partitio, div'ifio.
On fait trois fois la femaine de grandes distributions
aux pauvres à la porte de ce couvent. Les Capitaines
Romains taifoient de grandes distributions d'argent
aux foldats&au peuple pour gagner lîur bienveil-
lance. Lz distribution Aq l'aliment dans toutes les par-
ties du corps eft une des plus grandes merveilles de
la nature.
Dans les Chapitres , on appelle des distributions
manuelles & quotidiennes , certaines petites fom
mes de deniers, qu'on diftribue aux Chanoines poui
leur préfence ailuelle au Service Divin. Diaria ,
diurna annona. Les distributions des Chanoines ne fe
peuvent failîr , mais bien leur gros.
Distribution, eft auiîi un terme de Rhétorique. C'eft
une figure qui partage par ordre de distribution les
principales qualités d'un fujet. Par exemple , il a la
lumière pour voir les fautes , la juftice pour les re-
prendre, & l'autorité pour les punir. Port-R.
Distribution. Terme de Logique , qui fe dit de cha
que partie féparément l'une après l'autre. Distributio.
hTi distribution Q9i un terme relatif & oppofé à col-
lection, qui eft rrilfemblage de toutes les pairies
prifes toutes à la fois & enlemble. Tous les hom-
. mes , c'eft la coUevftion. Chaque homme pris en
particulier, l'un féparément de l'aune j mais pris
tous ainfi, depuis le premier jufqu'au dernier, c'eft la
distribution.
IJCF Distribution , en matière de Belles - Lettres j
c'eft , en générai j l'adion de diviier une chofe en
plufieurs parties , pour les ranger chacune à la place
qui lui eft propre. L'ordre & la diftribution de cette
Tragédie font cxcellens. La diftribution des livres par
Chapitres & par Sedlions eft fort commode pour un
Lecteur.
Distribution, fe dit auffi au Palais , en parlant des
ordres des créanciers , du rôle qui fe fait des créan-
ciers fur un bien adjugé par décret. C'eft un tel Pro-
cureur qui eftpourfuivant l'ordre &la distribution du
prix de la vente de cette terre.
Distribution , fe dit aulfi des procès fur lefquels on
commet des Rapporteurs. On a fait la diftribution
des procès.
Distribution. Terme de Peinture. Une belle cfwrri-
butioriy une belle Ordonnance.
Distribu noN j en termes d'Imprimerie , fe dit lorf-
que l'on remet dans lescafles les lettres d'une forme
qu'on a tir e, & qu'on les place chacune dans leur
propre caffetin.
Distribution DE PLAN , en Architedture , c'eft la di-
vifion & la difpenfation des pièces qui compofent
le plan d'un bâtiment.
Distribution d'ornemens , eft l'efpacement égal des
ornemens dans quelque partie d'Architecflure.
Distribution d'eau , en Hydraulique, c'eft le partage
qui fe fait de l'eau d'un réfervoir par une ou plu-
fieurs foupapes, dans un regard ou balîin , pour l'en-
vover à diverfes fonrnines.
DISTRIBUTIVEMENT. adv. Terme de Logique.
Au fens diftributif^ féparément , feula feul, chacun
DIS DIT
en particulier. Separatim,Jingillatim ^yd'.strllutivs. Il
eft oppofé à colledivement. Tous les foldats d'une
armée pris distributivement peuvent palier par une
poterne qu'ils ont découverte , & ne le peuvent pas
colleétivement , c'eft-à-dire , tous à la lois. Les pro-
portions qui n'expnment que des attributs elfentiels
font vraies coUedivement & distributivement. Ainfi
tous les hommes font animaux raifonnables , Se
chaque homme en particulier eft animal raifon-
nable.
DISTRICT, f. m. Terme de Jurifprudence.Territoirgj
relfort , étendue de la jurifdidion d'un Juge. Jurif-
diciionis finis. Un Officier , un Juge , ne peuvent in-
ftrumenter , ni juger hors de leur districi.
On du hgurément , cela n'eft pas de mon districi y
pour dire , Cela n'eft pas de ma compétence , il ne
m'appartient pas d'en juger. Acad. Fr.
Ce mot vient du Latin distrxlus. On dit quelque-
fois détroit. Autrefois on a dit dans le même lens
distroit.
D I T.
DIT, ite. adj. Ce quia été proféré , prononcé. Z?/cZkj.
C'eft une choie dite , il faut l'exécuter.
Dit, fignifie quelquefois j Surnommé. Louis XIV , die
le Grand. Louis VII , dit h Jeune.
Ce mot eft de grand ufage au Palais , en fe joi-
gnant aux articles j pronoms & prépolitions , pouc
empêcher les équivoques des relatits qui lont fré-
quens en notre Langue. Le dit appelant , le dit déten •
deur jpar les a6tes & moyens ci-devant dits Se pro-
duits. Le t^/r Seigneur Roi. VzT \o Jujdit contrat. Un
Secrétaire, en contrefignant , ajoute par mon ^ir Sei-
gneur un tel.
JIT. f. m. Signifie un bon mot , une fentence j un
apophtliegme des Anciens, ^-^cutè j ingeniosè diclum.
Phitarque a fait des Traités des Dits notables des
Lacédémoniens, des hommes illuftres. Il ne nous
refte d'Alexandre que certains dits fpirituels , d'un
tour admitable , qui nous lailfent une impreflion
égale de la grandeur de fon ame j & de la vivacité
de fon efprit. S. EvR. Ce root n'a guère d'ufage
hors delà.
Ainfi pleins d'une fainte joie ,
Toujours réglés & non dévots j
De A\x.s joyeux & de bons mots ,
Nous a[jaiJbnnons la lamproie. De Chaulieu.
L'Abbé Régnier fit une pièce de vers qui avoir
pour titre &c pour fujet , les dits & faits du Prince
d'Orange.
Voiture a aufti employé ce mot pour fignifiec un
difcours.
En ces mots Minerve plaida ,•
j^fes dits le Ciel s'accorda ,
Et chacun dit j vive d'Jvaux.
On dit en proverbe qu'un homme a fon </if& fora
dédit , pour dire qu'il change de parole ou de
defTein. Voyez Torigine de ce proverbe au mot
Dédit.
On dit aufli , Il a tant fait par fes faits & par fes
dits , qu'il eft venu à bout de fes delFeins.
DITANT, Vieille prépofition. Du temps , pendant le
temps, autant.
DITHÉISME. Foyei ManIs de Manichéisme.
DITHMANING roye:^ Dietrî^aming.
DITHMARSEN. f^oye^ Diethmarsen.
DITHYRAMBE, f. m. Hymne à l'honneur de Bacchus,
dont la mefure fut inventée par un nommé Ditby-
rambus Thébain , ou par les Corinthiens , félon Pin-
dare. Dithyrambus. Ce font des vers pleins d'empor-
temenr ou de fureur poétique. On appeloit aufli
chez les Grecs Bacchus , ZîiM)^^/»^^ , ou à caufe
quil étoit venu deux fois au monde , fuivant la fa-
ble de fémélé & de Jupiter ; ou parce qu'il avoit
triomphé deux fois : ce mot étant compofé de i^ît ,
DIT D 1 V
double trioii.phe. Les Anciens ont
& de «?'".^-~''f, . _ .,
appelé j.:.tnyrambes , les vers où ion n obitrvoit
pas les règles ou les mefures ordinaires , comme
difenc Ariltote &: Horace. Ce(l ce que nous appe
Ions vers libres , & les Italiens , verji fdùu'i j bc les
Grecs modernes les appellent /;y:/r^(;ttCi, parce qu'ds
donnent ce nom à la proie, a laquelle ces vers rel-
feinblent plus qu'à la i-ocfie. Le 1^. Labbe , en l'a
nouvelle Bibliothèque, a ro-pporté plulîeurs de ces
vers. Du Gange, il ne nous relie aucuns Uithyram-
bes des mciens Poètes j ce celt pourquoi l'on n'en
connoitpas la mefure avec certuads. Un fait feule
ment que c'étoit une Poèlie tort hardie &c fort dèié-
glce. >-cs l'octes non - lirulement forgeoient des
mots, mais lis en failoient de doubles & de ccm-
polcs , qui conttibuoicnt beaucoup à la giandeur
des Didiyrumbcs. Horace les a queiquetois nr.ii^s.
Dac. Le P. Commue «Si quelques Modernes ont
fait des pièces Latines de toutes loites de vers in-
diuéremment j lelonqu Us le prélentent , fans or-
dre & fansdiltiiiction de icroplies : ils appellent ces
pièces des Lianjrambti. Le fameux Rédi , aulil
excellent Pocte qu habile Phyficien , a renouvelle
paimi les Italiens cette eipece de Poclie. Lui ik
M. Pégolotti oiu écrit chacun un dithyrambe Italien,
qui paifciit pour de belles pièces.
DITHYilAiViiiiQUE. adj. (^ui appartient au dithy-
rambe, uunyrarjibicus. Pcëte, vers dukyrainhiquc.
Pindare étoit né pour la témérité dithyrambique.
Dac. Un mot compofé & dithyramlique a quelque-
fois de la grâce & de la force. Id. Une ode dithyram-
bique. Quelques Modernes ont ainii appelé une
pièce de vers laite dans le goût de 1 ode , mais
fans diftindion de ftrophes, & dans lefqucls ils font
entrer indifféremment de routes lortes de vers-
Quelv}ues-uns écrivent ditirambique , comme les
Italiens , ditirambo, La Poclie ditirami ique doit la
naill'ance à la Grèce & aux tranlports du vin. Elle le
relfent de ion origine, & n'a pour règle que les lail-
lies d'une imagination échaattée. L'art néanmoins
n'en ell pas banni j employé finement , il retient , il
conduit l'impétuolîté ditirambique, &c ne lui permet
que leselïors qui plaifent. En un mot, ce qu'un de
nos Poètes a dit de l'ode j eti: plus vrai du dinrambe
que de l'ode ; que fon déioidre ell un elfet de l'art.
Mem. de Tr. Il eft mieux d'écrire dithyrambe Ik di-
thyrambique, avec M. Dacier.
|j3° DITO, qu'on écrit quelquefois en abrégeant D".
Terme ulité parmi les Marchands , qui lignifie la
même chofequedit, fufdit.
DITON. f. m. inlf rument de Mufique , qui comprend
deux tons. Ditonum. Le diton elt la première con-
fonnance. La proportion des fons qui forme le diton
eft de quatre à cinq; celle dn/emiditon de cinqàfix.
Si l'on divife le diton en i8 intervalles égaux , ou
coma, les neuf de la partie aiguë font le ton majeur,
comme le dit Salomon de Caux. Selon le P. Parran ,
le diton eft la quatrième efpcce de confonnances
llmples : il comprend deux tons, l'un majeur , &
l'autre mineur. La tierce majeure eft un diton.
Le nom de diton vient de ^iV, deux Jois-^ Se de î-c'mf,
ton ■ ce qui montre que le diton eft compofé de deux
tons.
DITRIGLYPHE. f. m. Terme d'Architedure. Efpace
qui eft entre deux triglyphes.
DITTAINQ, autrement DICTAINO,&DATAINO,
Rivière de Sicile. Z)i^rj/«i/j, anciennement Chrxfas.
Elle coule fur les confins des vallées de Démona tV
de Noto, baigne la petite ville d'Alforo, & le dé-
charge dans le Jaretta.
DITTER. V. a. Marot dit ditter pour diéter. DiFiare.
DITTEREL. f. m. Vieux mot. Opufcule. On a dit aulli
UitteUt, pour j petit difcours.
D I V.
DliJ, 0« DIOU. Ifle de l'Océan Indien (îruce fort près
Ce la côte de Guzarate , province des Etats du Mo-
gûl , à l'entrée du Goife de Cambaye, du côté du
D ÎV 35?!
couchant. Dium. Les Portugais font maîtres de Diu,
omis ont une lortereue couronnée de deux grands
roi! es pleins d'eau de la iner,& couverte de plulieurs
baz-ions bâtis lut le roc , 6c cxrrèmement luuts.avec
un trcs-bon port, où ils ont rait long temps piclque
tout le commcice du Moguliltan. Du ixite , il n'y a
rien de remaïquablcdansectte ille , qui eft rort pe-
tite. C'ell Nuno d Acuna, Gouverneur des Indes,
qui a tau bàtir la forterelîe de Dtu. La ville fe nom-
ma aufti Diu. Maftée en parle fouvent dans fon Hift.
de; Indes.
DIVAGUER. V. n. Ce mot n'eft plus en i.f-ge , où il
n'y eft guère. Il veut dire aller de côté & d'autre ,
aller çà &: là , s'écauer de l'objet d'une queltion. On
a du autrefois dijvagucr. *Cti hornme ne fait que di-
vaguer. Corneille seft fervi de ce mot dans fa tra-
duction de riinitation de Jesus-Chkist.
DIVALES. f. f. pi. Divaiia. Nom de fête qui fe célc-
broit chez les Romains le 21 de Décembre, à l'hon-
neur de la Déelle Angérone : cette fête s'appeloit
aulli Angéronales , du nom de cette Déelle. La fête
des Divalesiwi établie à l'occahon d'une maladie qui
falloir mourir les hommes &c les animaux : cette
maladie étoit uneelpèced'efquiiiancie,ou d'enduré
de gorge, qu'on appelle en Latin ^'/.^/«t?, d'où les
Divales turent nommées Angéronales , Angeronaliff^
comme Macrobe nous l'apprend L. 1. Saturn. c. 12.
Ce jour-là les Pontifes faiioient un fncrifice dans
le Temple de Volupia , ou de la Déelle du plaifir
& de la joie, qui étoit la même qu'Angérone j &
qui challoit toutes les angoilfes &: tous les chagrins
de la vie. liosinus Antiq. 1 om. L .11^. c. 1 6.
DWAN. f. m. Terme de Relation. Chambre du Con-
f.'il -.Tribunal où l'on rend la juftice dans les pays
Orientaux. Im,: eratons 1 urcici fuprcmum 6' J'ai clius
consdium ; Iribunal, Curia. Les Voyageurs racon-
tent des merveilles du filence qui fe garde , oc de
Tcxpédition qui le fait dans les Divans de l'Orient.
On dit , le grand Vilir a tenu Divan 5 c'eft-à-dire ,
qu'il a tait alfembler les Grands de la Porte pour dé-
libérer des aftaires de l'Empire.
Divan eft un mot Aiabe , qui fignifie une eftrade.
C'eft la même choie (\\.\e foja en langue Turque.
/y ii'^rt fignifie aufti,en Arabe, un recueil de diver-
fes pièces, soir en vers , foit en profe.
Divan , fe prend aulîi pour une falle dans une maifon
particulière j mais toujours en termes de Relation ,
& en parlant des Orientaux. Aula , Atr:um. La cou-
tume de la Chine ne permet pas de recevoir les vifi-
tes dans l'intérieur de la maifon , mais feulement à
l'entrée, dans un Divan qu'on a pratiqué pour les
cérémonies. P. le Comte.
DIVAN-BEGUI , ou DIVAN BEGHI. Nom d'un des
Miniftres d'Etat en Perfe. Le Divan-Bégui eft le
Sur-intendant de la Juftice. Juri dicundo pr&posi-
tus, juris dxundi arriter. Il n'a que le dernier rang
parmi les fix Miniftres du fécond ordre, qui font
tous au-deflous de TErmadaulet qui eft premier Mi-
niftre. On appelle au tribunal du Divan-Bégui des
jugemens rendus par les Gouverneurs. Le Divan-
Bei^ui a cinquante mille écus d'appointemens , afin
qu il rende la juftice gratuitement. Tous les huilfiers
du Palais font au fervicedu Divan-Begui. Le Divan-
Béghi connoît des caufes criminelles des Cams , des
Gouverneurs , & autres grands Seigneurs de Perfe
dif.:;raciés pour quelque faute; & il rt-çoit les ap-
pellations du Daruga. Il y a des Divan-Beghis ,
non-feulement à la Cour & dans la Capitale , mais
aulfi dans les Provinces & dans les autres Villes. En
Turquie on dit Réfuldivan , c'eft le Prefidentdu Di-
van. Le Divan-Béaui rend la juftice dans le Palais
du Prince , fans fuivre d'autre loi , ni d'autre' rè-
gle que l'AIcoran , qu'il interprète à fon gré. Il ne
connoit que des crimes. Il fuffit qu'on ait crevé un
œil , ou calTé une dent , pour que la caufe lui
foit portée. Les caufes des Officiers de la A^aifon
du Roi, & des Miniftres étrangers, lui font coin-
mifes.
DIVANDUROU. Nom que l'on donne à cinq ou fix
39-
DïV
DI V
nies de i'Occan Indien. Dlvandurî, ip.fuh. Les Ifles DIVERS , erse, adj. Terme qui marque la
<le Divandurou font au nord des Maldives , &c au
touchant de la côce de Malabar. Elles apparciennenc
au Roi de Cananor, &c font tort tercdes , mais
très peatc-s : la plus grande n'a pas plus de fix ou
fepc lieues de ciicuit. Maty.
DIVAR. Ifle de la mer des Indes, lîtuce au Septentrion
de celle deGoa.
DIVE. Nom de rivière. Diva ^ Dcva. Il y a en France
dux rivières de ce nom ; l'une qui eft en Normandie,
adeux fourcesaudeirous de Gairey , & groilie des
eaux de l'Ante , de Vie , de Lezon & de Meauce ,
elle fe rend dans la Mer àfaint Sauveur de Dive, en-
viron à douze lieues de fes fources.
L'autre eil; dans le Poitou. Elle a fa fource à La Gri-
niaudière : après s'è:re jointe au Thouay , elle va fe
Jeter dans la Loire à Saumur.
PiVE , ou faim Sauveur de Dive , ou fur Dive^ Bourg
de Normandie, ficué à un quart de lieue de l'em-
bouchure de la Da'e dans la mer. Dhe , eft du
Diocèle de Liiieux j dans le petit pays d'Auge , à
cinq lieues de Cacn vers le couchant. Dive a un petit
port de mer avec Amirauté.
I)ivE.f f.Déeire. Diva. Ce mot ne fe dit qu'en ftyle
badin & burlefque.
Ces Dieux d'accord ont brouillé leur bagage j
Ces deux e/ifans de la Dive Cypris
Ne feront plus connus à l' équipage .
QiLand guerroy oient enfemhle au temps jadis.
Nour. CH. DE Vers.
O ma patrone ! ô ma Dive concierge IK-,
Il en fit tant , qu enfin par une nuit
A Jes regards la D'isafe produit. Id.
Ce mot a été pris du Latin divus , diva. Chez les
Romains , on appeloit proprement divus & diva les
hommes & les temmes qui avoient été mis au nom-
bre des Dieux. Delà vient que, fur les médailles frap
pées pour la confécration d'un Empereur , ou d'une
Impératrice, on leur donne le titre de DIVUS ou
DIVA; par exemple^ DIVUS-JULIUS, DIVO
ANTONINO PIO, DIVO PIO , DIVO CLAUDIO,
DIVA FAUSTINA AUG. ^c. ^ ^
Le mot Dive , pour Déelfe , a été employé par nos
anciens Auteurs. J'ai pitié des Princes qui font fi
lâches & fi peu courageux, qu'ils ne dédaignent pas
de fe foumettre à la Dive Fortune , & pour un peu
de crédit , adorer le veau d'or. Gui Patin. Bacbuc
demanda: Qui eft celui de vous qui veut avoir le
mot' de la dive Bouteille ? Rabelais. Lors fut ouï ce
mot, 7'W/?c(j. Bacbuc prit Panurge fous le bras, lui
difant : Ami , rendez grâces es cieux, vous avez
promptement le mot de la dive Bouteille. Rabelais
étoit un bon Apôtre, qui aimoit alTez la bouteille ,
pour en faire une Divinité. Elle a eu de tout temps
beaucoup d'adorateurs , aulli - bien que la For-
tune.
PIVERGENCE , f. f. Terme d'Optique. Qualité de
ce qui eft divergent. Direction des rayons de lumiè-
re , qui s'éloignent les uns des autres. Dlvergentla.
La divergence , le parallclifme ou la convergence des
rayons. Acad. d. S. 1704. Hifi.p. 77.
DIVERGENT, ente. adj. Terme d'Optique , qui fe dit
de deux rayons, lorfqu'ils s'éloignent toujours plus
l'un de l'autre. C'eft là la propriété decousles rayons
qui partent d'un même point d'un corps lumineux.
Il eft oppofcà convergent , qui fe dit quand ils s'ap-
prochent, & tendent vers un centte , où étant par-
venus , ils fe coupent ; s'ils font continués j ils de-
viennent dlvergens. Dlvarlcatl radll. Le verre fphé-
rique convexe rend les rayons convergens , & le con-
cave les rend dlvergens,
$3' Ce mot s'applique à tout ce qui , continué ,
fe rencontreroit d'un côté en'un point commun , &c
de l'autre iroit toujours en s'éloignanc de plus en
plus. Lignes, diredlions divergences.
de fimilitude. & fe dit des lieux ,des temps", des
perfonnes & des chofes. f^oye:^ Distinction.
Dlvcrfus. Il faut avoir eu affaire à diverfes perfonnes
pour connoître le monde. Les gens de divers pays,
cc de diverfes religions ne s'accordent guère eniem-
ble. Les hommes ont des fentimens bien divers. Je
fuis une folle de redire les mêmes choies fi fouvent j
luis-je obligée de vous rendre un coiupte exatt de
tous mes t/ri-erjmouvemens? Let.Portug.
Dès qu'on ouvre les yeux , on volt dans L'Univers
L'ajjemblage éclatant de tant de corps divers. Vill.
De divers Auditeurs peins les divers défauts. Id.
Divers, ERSE. Signifioit autrefois bizarre , méchant,
extraordinaire, trifte, chagrinant, qui a un efpritde
contradidlion.
DIVERSEMENT, adv. D'une manière diverfe. Di-
verse. Toutes les héréfies font fondées fur des paffa-
ges qu'on a expliqués dlverfement. Epicure a dit la
même chofe dlverfement , félon qu'il peut l'avoin
dlverfement penlée & fentie. S. EvR.
DIVERSIFIABLE , adj. m. & f. Qui peut fe diverfi-
fier , fe varier. VariablLls, e. La règle précédente. . .
fe trouve dlverfifiable en autant d'autres , qu'il y 3
d'expreilîons poffibles des développées. Varignon.
Acad. des S. 1701. Mém.p. 14.
DIVERSIFIER, v. a. Mettre de la diverfité en quelque
chofe \ varier en plufieurs façons. Variare. Il fauc
^/ver/{/;Vr un ouvrage pour le rendre agréable. /^i-
verslficri-xwQ, fes études, fes occupations. Il y a
diverfes efpèces d'ambition ou de balfelfe \ les paf-
^■\oxï%{<t diversifient icXon les efprits où elles fe trou-
vent. S. EvR. L'abondance lalTe, à moins qu'elle ne
foit extrêmement diversifiée. Ch. de Nier. L'hiftoire
eft féche & ennuyeufe , quand il n'y a pas une cer-
taine variété d'incidens néceftaires pour diversifier
la narration , & la rendre plus agréable. P. Dan.
Pour fe plaire à la vie , il faut fur-tout la diversifier.
Ch. de Mer. Il y a beaucoup d'art à diversifier les
plaifirs, &à leur rendre cette pointe qui s'émoulTe
li ailément. S. Real.
Diversifié , ÉE.part.
DIVERSION, f. f. Terme de "Guerre , qui fe dit quand
on va attaquer fon ennemi en un endroit où il efl:
foible & dégarni, pour lui faire rappeler fes forces
d'un autre lieu où il a de la fupériorité , & où il eft:
difficile de lui réfifter. Faire diversion. Dlstrahere
hostiles copias , alib hostem avertere. Les Romains
ne purent challer A nnibal, d'Italie , qu'en faifant di-
version , & allant attaquer Carthage.
On s'en fert aufli , en Médecine , pour exprimer le
changemenr que l'on produit dans le cours d'une
humeur qui fe porte trop abondamment vers quel-
que partie. La faignée fait une grande diversion
d'humeurs.
On dit auflt , figurément, la confolation qu'on
donne à une perfonne affligée fait quelque diversion
à fa douleur. L'on vient plus aifément à bout des
partions par Xs. diversion^ que par l'opiniâtreté qu'on
a à les combattre diredement.
Cç mot êiQ diversion ^. été formé par Montagne,
qui l'a employé le premier. Pafquier fe plaint dans
une de fes lettres de ce que Montagne emploie ce
mot qu'on n'entend point.
DIVERSITE, f f. Variété , qualité qui fait qu'une
chofe eft diverfe &: différente , & proprement néga-
tion de fimilitude. J'oye^ Distinction. Dlverfitas.
La diverfité des humeurs des hommes eft çaufe de
la diverfité de leurs fentimens. La diverfité àes fleurs
d'un parterre réjouit la vue. Les Siamois tiennenc
que la diverfité des Religions eft agréable à Dieu j
éc que toutes les diverfes manières de l'honorer font
bonnes , parce qu'elles ont toutes les mêmes objets,
& tendent toutes à la même fin. S. Evr. Quand il
eft clair qu'il y aune Religion révélée, la diverfité
de Religions ne peut plus paroîcre bonne. La diver^
iité
D IV
Jîté Aqs fetuiinens aliène les efpnts. Maleb. La (//-
vérité àQ5 chofes cJclafTe, & un peu d'abfence ranime
l'amitié. Ch. dr Mer.
^CT Diversité , variété , différence. M. l'Abbé Girard
diftingue ces trois mots par des nuances particuliè-
res. La diffcrence Aippofe une comparai/on que l'ef-
prit fait des chofes , pour en avoir des idées ptéci-
fes , qui empêchent la confufion. La différence des
mots doit fervir à marquer celle des idées. La diver-
fité fuppofe un changement que le goût cherche
dans les chofes ^ pour trouver une nouveauté qui
Je flatte & le réveille. Un peu de diversité dans les
mets ne nuit pas à l'œconomie de la nutrition du
corps humain. La variété fuppofe une pluralité de
chofes non reffemblantes , que l'imagination faifit,
pour fe faire des images riantes , qui dillipent l'en-
nui d'une trop grande uniformité. La nature a mis
une variété infinie dans les plus petits objets. Si nous
ne l'appercevons pas , c'ell la faute de nos yeux.
Telle e(l la loi du Ciel , dont lafage équité
Seine dans l'Univers cette diverfité. Corn.
DIVERTIR, v. a. Détourner quelqu'un , le diftraire de
fon delfein , de fon entreprife , de fon travail. Ali,-
qaan ab aliquâ re avocare , ahducere j deducere. On
ferme les ateliers pour empêcher que le peuple ne
divertijje les ouvriers , qu'il ne les ainufe. Cet hom-
me avoit deffein de fe venger \ mais les prières de
fes amis 1 en ont diverti , l'en ont détourné. Les
penfees d'un folitaire font plus julles ; car rien ne le
divertit de la contemplation , en ce fens il eft
vieux.
Ce mot vient du Latin divertercj détourner, for-
mé de la prépohtion di , qui dans la compofition
ilgniiàe , féparation , éloignemenc , &c vertere , tour-
niir , divertere , tourner ailleurs ; fignification qui
convient à tous les fens que ce verbe a dans notre
langue.
fc? Divertir, en Jurifprudence , fignifie détourner
les effets d'une fuccellion, d'une communauté. Cette
veuve , à la mort de fon mari , a diverti la plupart
des effets de la fucceffion , les a fouftraits j pour ne
les pas repréfenter, & en fruftrer ceux à qui ils ap-
partiennent. Subducere y distrahere.
ifT On le dit, dans le même fens, dans le com-
merce , en matière de banqueroute. Ce banque-
routier a diverti fes meilleurs effets.
fcT" On le dit de même , en matière de Finances ,
comme fynonyme à voler. Ce Commis a diverti les
deniers de fa recette.
Divertir , fe dit auiîi en matière de Finances , pour
changer la deftination des deniers , les employer à
un ufage différent de leur deftination. Detrahere ,
avertere. On avoit fait un fonds pour les pen fions
des gens de lettres ; mais il a été diverti , & em-
ployé aux nécellltés de la guerre.
0G° Divertir, fignifie aufii , détourner l'efprit par
des chofes agréables de ce qui le tenoit appliqué.
On le dit également avec le pronom perfoiinel. Se
divertir.
Divertir. Recreare , relaxare animum. Il n'y a rien
qui divertijje mieux que la Comédie. Elle divertit
même les plus mélancoliques. Ablanc. Quand on
n'a guère d'efprit, on fe divertit de peu de chofe.
M. ScuD. Ariftote ne permet de divertir le fpetla-
teur, que pour l'inftruire en même-temps ; c'eft un
artifice innocent pour corriger j qui réuflit mieux
que la févérité des Préceptes. Dac. Il vaut mieux
s'ennuyer comme une perfcnne d'efprit , que de fe
divertir d'une manière impertinente. Ch.de Mer.
Je ne fais quoi de délicat que j'ai dans le cœur ou
dans l'efpnt , fait que rien ne me divertit long-
temps. M. ScuD. Il ne faut pas toujours étudier ,
il faut prendre le temps de fe divertir , fe divertir
aux dépens de quelqu'un. C'eft pécher contre la
chafteté , que de fe divertir à regarder des figures
lafcives. Tkiers.
Tome jrr
Dî V
39;
llfalloit vous repondre ; & d'une telle affaire
C'est ainji que j'ai dùfortir.
Quand on ne Jduroit divertir ,
lljaut au moins n'ennuyer guère.
Nouv. choix de Vers,
Ce mot s'eft dit dans ce fens , parce que fe di-
vertir j c'eft fe détourner , détourner fon efprir de
l'application , ou d'une matière féiicufe.
On dit qu'un homme fe divertit _, quand il n'a
autre occupation que celle de fe réjouir , & de
paffer fon temps. On , dit d'un homme bourru &
chagrin, que rien ne le divertit, pour dire , qu'il ne
prend plailir à rien.
Diverti , ie. part. Subduclus ^ amotus. Deniers diver-
tis. Somme divertie. Fonds , effets divcnis. Il n'eft
guère d'ufage qu'en ce fens.
DIVERTISSANT , ante. adj. Qui fait plaifir , qui
donne de la diilîpation. Jucundus , amœnus y jesti-
vus- La Comédie cft fort diverti (fante. Les eaux les
plus tranquilles ne font pas les plus divertijjantts.
M. ScuD. Elprit divertiffaut.
Ce mot eft quelquefois fubftantif : alors c'eft le
nom d'un perfonnage que les Opérateurs fontpa-
roître iur leur théâtre. DivertiJJant eft l'Arlequin
des Opérateurs, il a l'habit &: les manières d'Arle-
quin.
Ccr DIVERTISSEMENT, f m. Réjouiffance , plaifir ,
récréation. Ces mots ne font fyiionymss que par
l'idée qu'ils prélentent de plaifir , & de diffipation.
L'idée à\xpldijir eft d'une bien plus vafte étendue ;
parce qu'il a rapport à un plus grand nombre d'ob-
jets \ ce qui concerne l'efprit , le cœur , les fens ,
la fortune & la récréation y n'eft qu'un fimpledélaf-
fement d'efprit , ordinairement de peu de durée.
Réjouiffance paroît fe rapporter plus direétemenc
aux démonftrations extérieures & publiques. Voyei^
ces mots.
Le divertffement eft un délaffement agréable &
honnête 3 capable non feulemenr de diftraire l'ef-
prit , mais encore de lui procurer du plaifir. Au ref-
te ce mot eft fouvent employé, comme terme gé-
nérique , pour toutes fortes d'occupations agréa-
bles , delajjemens , amufemens , ùm'iiX&s pajje-tcmps ;
mais, dans les occafions où il peut y avoir unenécel-
fité de choix , on ne doit point regarder tous ces
mots comme fynonymes. Relaxatio y obleclatio ani-
mi. La Comédie eft le divertiffement des honnêtes
gens. Les combats de Gladiateurs étoient des plai-
firs inhumains : il n'y a qu'une inclination maligne
qui puiffe faire trouver du plaifir dans ces cruels
diverti ffemens. S. Real. Quand le feul intérêt de
nos diverti jj'emens forme le nœud de l'amitié , les
chagrins le rompent aifémenc. S. EvR. Les Pères
n'ont pas abfolument interdit les jeux , Se les diver--
tiffemens aux Chrétiens. Thiers. Les divertiffe-
mens de foule ne font pas .agréables , & font enne-
mis des pallions délicates. S. Evr. Quand les diver-
tiffemens font continuels &: fans intervalle , ils en-
nuient. M. ScuD.
Un lecteur fage fuit un vain amufement ,
Et veut mettre à profit fon divertilTement. Bon,.
On appelle , dans les Opéra , Divertiffement , les
fêtes de danfe <^ de chant qui font partie de ch.a-
que Aéie dans un Opéra , ou qui le terminent. Les
divertifemens de cet Opéra font bien amenés. Il fe
dit aulti , en parlant de la Comédie. C'eft une Co-
médie avec desdiverti[Jemens.
On .appelle, en Jurifprudence, (/h'em/7è/;7tv!;^d'eP
fets , ou divertiffement de fonds , le recclement des
effets y le changement de l'emploi des fonds. Dif-
tractio.
DIVETO. Bourg de Sicile dans la vallée de Démena ,
& fur la côte ftprentrionale de cette vallée , envi-
ron à deux lieues de Meftine. Divctum. Diveto a et»
bâti des mines de la ville de Nauhchus.
Ddd
394 C>î'^
DIVETTE. Petite rivière du Cotentin dans la bade î
Normandie. Divctta. La fource de la Divettc eft à
Briquebolcq : elle palle à Sotceville , à S. Chrifto-
phe , à Virandeville , à Sideville , à Marcinvalt , à
Oiideville , & va à Cherbourg fc décharger dans la
mer. Corn.
DIVIDENDE, f. m. Terme d'Arithmétique. Le nom
bre à diviler, 5c du.iu,4 fe tau la divilion. NumcA
rus dividenius. Le quotient contient autant d'uni-
tés , que le dividende renferme de tois le divifeur.
RoH- Le dividende doit toujours être plus grand que
le divifeur.
Dividende, eft auffi un terme afFedé aux Compa-:
gnies dé Commerce , & qui fignihe , le produit
d'une Adion , c'efl- à-dire , la part qui revient à
chaque Actionnaire. Il y a deux dividendes par an.
DIVIN j iNE. adj. Qui vient de Dieu, qui a rapport
à Dieu, qui appartient à Dieu. Divinus. Les trois
Perfonnes divines ne font qu'un feul Dieu. L'Of-
fice divin. Le fervice divin. La Providence divine
nourrit les oifeaux. Ce n'eft pas une chofe fi dit-
ficile qu'on le penfe, que d'allier les loix humai-
nes avec les loix divines. Le Fils de Dieu eft le ver-
be divin.
C'est profaner d'un Dieu le langage divin, Vill.
Se peut-il que dansfes ouvrages
L'homme aveugle ait misfon appui j
Et qu'il prodigue fes hommages
A des Dieux moins divins que l
ui}
NOUV. CHOIX DE VEK.S.
On demande j s'il faut dire divin amour , ou
amour divin. On répond que l'un & l'autre eft bon,
qumd on parle de l'amour de Dieu. Quand le divin
amour , ou l'amour divin embrafe une ame , rien
ne lui coûte dans le fervice de Dieu.
Mais fi divin amour fe difoit , comme il fe dit
fouvent du Saint- Efprit, troifième perfonne de la
très-fainre Trinité j alors j fur-tout dans une apol-
trophe , il faudroit dire , Divin amour. Divin
amour , fanélificareur des âmes , venez purifier la
mienne de fes imperfeârions. Si l'on difoit, Amour
divin, on l'enteiidroit non pas du S. Efprit, mais
de la chanté , que le S. Efprit répand dans nos
âmes.
Divin ,fe dit, figurément, de tout ce qui eft excellent,
extraordinaire , &: qui femble être au-delfus des
forces de la nature , & de la portée ordinaire de
l'efprit humain. Il y a quelque chofe de dr,'in là-
dedans. 'La boulfole , les lunettes , les horloges ,
inventions divines. Platon eft appelé Au-
Le divin Platon ; 6c Hippocrate, le di-
1 T T t f I' ' *
font des
teur divin.
vin vieillard. Une beauté divine.
Sans la langue en un mot l'auteur le plus divin
Est toujours , quoiqu'ilfajje , un méchant écrivain.
Boa.
En termes de Blafon on appelle Croix divine ,
une croix d'où il fort des rayons : d'où vient qu'on
la nomme encore croix rayonnante.
Les Arabes appellent les Z)n7/2j- j TVm», Elahioun^
la féconde Sede de Philofophes , compofée de ceux
qui admettent un premier moteur de toutes chofes,
éi une fubftance fpirituelle dégagée de toute efpècc
de matière ; un Dieu en un mot:5c ils leur donnent
ce nom, pour les diftinguer de la première Sed:e ,
(qui font lès Deherioun , ou Thabaioun ^ c'eft-à-dire,
les Mondains , ou Naturels j ou bien les Monda-
niftes ou natur.iliftes , ainfi appelés, parce qu'ils
n'admettent d'autre principe, que le monde maté-
riel & la nature. îvnSjij Elahioun^ vient dnSx ,^1-
la , Dieu. Aind les Elahioun font les divins j ou les
Théologiens j comme traduit Caftel ; ceux qui re-
connoifterit un Dieu, /^ovej d'Merbelot au mot
tlahioun.
DIVINATEUR, f. m. Qui fe trouve dans quelques
DI V
uns de nos anciens Auteurs pour devin , devîneur
Divinus ^ Hariolus.
DIVINATION, f. f. L'art prétendu de connoître & de
prédire l'avenir. Divinatio j rerum Juturarum scien-
t/a. Quoiqu'il fernble que le mot de divination dût
figniher la connoifTance que Dieu a des chofes futu-
res, il n'eft pourtant jamais employé que pour défi-
gner la connoiliance que les Magiciens , ou ceux
qui font lemblant de l'êrre , fe vantent d avoir des
c'hofes cachées. Ce mot fignifie donc j non - feule-
ment la connoilfance , mais l'annonce, la déclara-
tion que l'on fait d'une chofe cachée ou future, en
invoquant le fecours du Démon, par un paéte ex-
près & formel , ou tacite que l'on fait avec lui. De-
là vient que celui qui rapporte feulement ce qu'il a
appris d'un devin , ne fait pas une divination ; c'eft
le devin qui l'a faite. Toute divination eft incertai-
ne , & ne réulîit que par haiard , ou par l'adrelfe du
Devin. Le» hommes ont inventé cent fortes de divi-
nations : par les oifeaux , les entrailles des bêtes ,
les fonges , les linéamens de la main , par les points
marqués au hafard , par les noms , par les mouve-
mens d'un tamis , par l'air , par le feu , par les forts
Virgiliens, Homériques, ou de la Bible, les nom-
bres & cent autres qui ont divers noms. Voici les
principales efpèces , &c leurs noms. L'Acromantie ,
ou divination par le moyen de l'air , la Pfychoman-
tie ou Pfychomance , autrement Sciomantie , on
Sciomance , qui fe fait par l'évocation des âmes des
morts, ou des ombres , pour en apprendre ce que
l'on fouhaite ; la Daétylomantie j qui fe fait par le
moyen d'un ou de plufieurs anneaux j l'Hydroman-
tie, qui fe failoit avec l'eau de la mer ; la Pégo-
mantie , avec tle l'eau de fontaine ; TOrnithoman-
tie , qui eft la même chofe que les augures \ la
Clidomantie ^ qui fe fait par des clefs ^ la CoskI-
nomantie , avec un crible 3 le Clédonifme , qui fe
fait par la parole ou ta voix ; l'Extifpicine , ou con-
fidération des entrailles des victimes ; l'Alphitoman-
tie, ou Aleuromanrie , qui fe fait par la farine j la
Kéraunofcopie, ou coniidération de la foudre j la
Capnomantie , ou divination par la fumée i l'Alec-
tryomanie , ou divination par les coqs y la Pyroman-
tie , par le teu j la Lithomantie , par les pierres ; la
Lycnomantie, par les lampes j la Nécromantie j par
les morts , ou leurs os , &c. L'Onirocritique , 011
Jugement par les fonges \ l'Oofcopie^ ou confidé-
ration des œufs \ la Lécanomantie , ou divination
par un baflin plein d'eau \ la Gaftromantie, par le_
ventre , ou par des phioles , la palpitation j salijja-
tio , ^»Àfc (, qui le tiroit de la palpitation , du mou-
vement de quelque membre ] l'Axincmantie , par
une hache ou coignée ; la Catopttomantie, ouCrif-
tallomantie , par un miroir j la Chiromance , par
rinfpeétion des lignes de la main. La Géomance ,
par la terre *, la Céromantie ^ par des figures de cire ;
l'Arithmomantie , par les nombres ; la Sycoman-
tie , &c. Cardan les a décrites au IV^ livre de fa
Sagelîè , & Robert Flud en a fait plufieurs Traités
particuliers. Cicéron a fait aufli deux livres de la
divination des Anciens , où il les réfute. Tontes ces
fortes de divinations ont été condamnées , par les
Pères & par les Conciles , vu qu'elles fuppofenc
cju'on a paéte avec le Diable.
Dans l'Ecriture Sainte il eft parlé de neuf diffé-
rentes fortes de divinations. La première, qui fe
faifoit par l'infpeétiondes planètes j des étoiles, des
nuées. On prétend que c'eft ceux qui la prariquoient,
que Moïfe appelle UV'^ , Meonen j de 1i^ , anan _, qui
fignifie nuée. Deut. XFllI. 10. 1°. Ceux que le
même Prophète appelle au même endroit ■vm'ti^Me-
nachesch , que la Vuigate î^ le commun des Inter-
prètes traduii'ent --^woz/rj 3°. Ceux qui, au même
endroit , font nommés S]ï;30 , Mecascheph j c'eft-à-
dire, félon les Septante 8c la Vuigate, un homme
qui fait des maléfices. 4°; Les Enchanteurs , que
Moïfe au même chapitre v. 11. nomme i3in , Hho-
her. 5°. Ceux qui confultent les efprits qu'on ap-
pelle Python j ou , comme parle Moïfe au même
D I V
livre , ceux qui inteirogenc le Python , 2Mi htiV- 6". T
Les Devins, ou les Magiciens, que Moiie appelle j
>J;;t, Judeoni. 7°. Ceux qui coniultent les mores,
la Nécromancie. S". Le Frophère Olée IV. 11. parle
de ceux qui confukent des baguettes , 13pD hnv, ou
peut appeler cette lorte de divination RanJomautie.
(^Quelques-uns l'appellent aulîi Belomanne ; mais
Rabdomantie revient mieux au mot doat le iert le
Prophète , iVpO , & qui lignifie une verge , une ba
DÎV ^5/
pèce (oni purement Phyliques. Eole efl: la puilfan-
ce de la nature , qui ramalle les vapeurs .Se les exha-
laifons pour former les vents. Les dernières font des
Divinités Morales. Les Furies , par exemple , ne
font autre chofe que les reproches de la conlcience*
P. LE Boss. Le nombre infini de Divinités Payennes
n'écoient que des Divinités allégoriques. Id. La For-
tune étoit une Divinité hiiaiiQ , qui gouvernoit tout
félon fon caprice. Bouh.
îjuette , un bâton .Se non pas une Hcche , fi^^os. q°. La jDivinitÉ j fe dit , figurcment&: abufivement, quand
dernière efpèce de divination dont parle l'Ecriture ,
eft l'Fiépatolcopie , ou conhdération du foie.
DIVINATOIRE, adj. Dont on ne fe fert qu'en le fri-
fant précéder de verge , ou de iaguecte. La baguet-
re divinatoire J dont on fe ieic pour découvrir les
fources , les mines .Se les ttélors. Voye:^ BA-
GUETTE.
DIVINEMENT, adv- Par le fecours ou la puilTànce de
Dieu. Divine , divinitùs. Les Payens croyaient que
ceux qui rendoient les oracles, étoient infpirés di-
vinement. La même Providence qui les faifoic écri-
re divinement , & par l'impulfion de i'efprit de
Dieu , a voulu qu'ils écrivilfenc en hommes, &c
comme on écrit parmi les hommes. Pelisson. Il
parle des auteurs facrés.
Divinement, fignifie jfigurément,& familièrement,
excellemment, pattaitement , extraordinairemenr.
Divine, mirijlce. Cet Oracle parle , écrit divine-
ment bien.
DIVINISER, v. a. Reconnoîrre pour divin , mettre au
rang des Dieux. M. Grelfec dit , en parlant de fa
Mufe, dans l'Envoi de l'Epître qu'il lui a dédiée :
Elle lia point les graees fîères
Dont brillent ces Nymphes altières j
Qui divinifeni les Guerriers :
La négligence suit ses traces ;
Ses tendres erreurs j ont ses grâces ,
Et les roses sont /es lauriers.
DIVINITÉ, f. f. Dieu , nature ou eiïeHce divine. Di-
vinitas. En Jefus-Chrift la Divinité & l'humanité
font jointes enfemble. Les impies s'attlquenr à la
Divinité. Malgré l'antipathie naturelle à I'efprit hu-
main , pour reconnoître quelque chofe au-deflus de
lui , aucun n'a pu effacer de fon ame l'opinion
d'une Divinité. S. Real. L'idolâtrie elle-même n'ert
que le fentiment de la Divinité diverlîfiée. Le Vas-
soR. Il eft diiiîcile d'effacer l'impreQion que la vue
de ce grand monde forme de la Divinité. Nicol.
C'eft fauffement que les impies difent que l'opinion
de la Divinité ell une invention politique des Lé-
giilateurs , pour alfurer , pour aftermir l'obferva-
tion de leurs lois j car , au contraire , il eft évident
que les Légiflateurs fe fout fervis de cette opinion,
qu'ils ont trouvée fortement imprimée dans I'efprit
des peuples , fans qu'on puilfe favoir quand ils ont
commencé à avoir cette idée.
Le Paganifme avoir aufli fes Divinités , fes LaOx
Dieux. Sombres Divinités j noires Divinités , ce
font les Puilfances de l'Enfer. Les Divinités célef-
tes, marines. Corneille s'eft foulevé contre certains
fcrupuleux , qui veulent anéantir toutes les Divi-
nités poétiques. S. EvR. On reprochoic aux Egyp-
tiens, que leurs Divinités croilfoient en abondan-
ce jufque dans leurs jardins. Id. Un véritable bra-
ve ne voudroit pas devoir la victoire à la compaf-
fîon de quelque Divinité : il ne veut la deVoir qu'à
fon bras. Le P. le Boss.
Dans le Poème Epique
Chaque vertu devient une Divinité ;
Minerve efl la Prudence j & Venus la Beauté. Boil.
On peur diftinguer trois fortes de Divinités dans
le Paganifme : les unes Théologiques , qui reprc-
on parle d'une belle tcmme. C'eft une Divinité fut
terre. Terrejlre numen. Elle a le port d'une Divinité.
Les Amans traitent leurs Maîtrefles de Divinité.
Une jeune Divinité, comme vous, doit caufer bien
des révolutions dans le monde qui aime , & qui
eft aimé.
Une Divinité de mille attraits pourvue
Tient mon cxur dans les fers. Voit.
DIVIS. adv. Terme de Palais , oppofé à indivis. Divi-
fum. Ces héritiers ont partagé cette maifon, & la
polTedent par divis ; chacun a fa part marquée.
DIVISE, f. f. Terme de blafon. Voyzi DIVISÉ.
DIVISER, v. a. Faire d'un tout plufieurs parties. Divi-
dere , partiri j in partes tribucre. On n'a pu encore
trouver le moyen de c/iv^/èrgéomérriquement un an-
gle en trois parties égales. Ce père a divifc fon bien
en trois portions j pour faire un partage entre ks
en fans.
Diviser, fignifie aulîl j Séparer. Dieu divifa les eaux
des eaux , c'eft-à-dire , fcpara celles qui font au-def-
fus du Firmament , de celles qui font au-delfous. Là
rivière fe divife en pluiieurs bras pour faire des îles,
& différentes embouchures. Pour fe guérir de l'a-
mour, il faut le divifcr , Se lailfer errer (es vœux de
tous côtés. S. EvR.
Diviser, lignifie aulli, Défunir. Disjungere j divide-
re J diftrahere. Tout Royaume qui fera divifé en
foi, fera défolé , die Jésus -Christ. La grande
adrefle d'un politique , eft de divifcr ^ de défunir fes
ennemis. Je vous prie de remettre bien enfemble
Céfar & Pompée , que la malice des hommes a divi-
fés. Ablanc.
§CF Diviser et partager ne peuvent être regardés
comme fynonymes, qu'autant qu'ils lignifient l'un
3e l'antre que J d'un tout , on tait plufieurs parties.
Mais le mot divijer ne marque precifémenr que la
défunion du tout , pour former de fimples parties.
Celui as partager , outre cette défunion du tout,
a de plus un certain rapport à l'union propre de cha-
que partie , pour en former de nouveaux tous par-
ticuliers. Différence délicate établie par M. l'Abbé
Girard. La différence des intérêts divijc les Princes ;
celle des opinions partage les peuples. On divife le
tout en fes parties ; on \e partage en fes portions.
Voilà pourquoi l'on dit divfcrnn c^tclû , partager
un héritage.
Diviser , en termes d'Arithmétique, eft. Découvrir
combien de fois une petite fomme eft contenue en
une plus grande , & ce qui en relte. Si l'on divifé
i550pariz,lc quotient fera 119, 5e il reftera
2. Divifcr eft encore un terme qui exprime un des
quatre principaux changemens qu'on peut faire fur
chaque proportion. Z)myêr en ce fens , c'eft compa-
rer chacune différence de l'antécédent , & du confé-
quent .à ce même conféqucnr ; ce qui doit encore
donner proportion , après ce changement \ car cha-
cun antécédent contient fon conféquent , une fois
moins qu'auparavant. 11, 6.: -.6. 3. Bouguer.
Divisé , ée. part. Divifus.
Divisé , en termes de ÎBlafon , fe dit de la fafce , de I.î
bande , &c. qui n'ont que la moitié de leur largeur j
que l'on appelle/à/cc ou bande en devife. Eafcia di-
jiiidiâ fui parte angufior.
fentent la nature Divine fous divers .ittribut;. Par .DIVISEUR, f. m. Terme d'Arithmétique. C'eft le plus
petit nombre par lequel fe fait la divifion : on le
met fous le plus grand , pour favoir combien de
Ddd i;
ex
Mnpie , Jupiter eft la puiffance abfolue de Dieu \ 1
Janon eft fa juftice. Les Divinités de la fecoude ef-j
39<^ D ï V
fois il y eft contenu , Ôc trouver le quotient. Dlvifor.
f^oyei Divifion.
Diviseur, eft aulii un grand cercle divifé qui fert à
divifer plu(îeurs autres petits qu'on enclave dedans,
ôc ce par le moyen d'une règle mobile fur leur cen-
tre commun. Tous ceux qui tont des inftrumens de
Mathématique , ont beloin d'un divijtur.
DIVISIBILITÉ, f. t'. Puiinince palHve qu'a une quanti-
té d'être divifée. Propriété qu'a une quantité de
pouvoir être divifée en plufieurs parties. DivifihUi-
tas.ha. divïfihuitci l'inhni etH'hypothèfe d'Anllo-
te, & de routes les Univerfitcs. Le nell pas qu'on
îa comprenne , ou qu'on puilFe répondre aux ob-
jections \ mais c'eft qu'ayant com.pris maniteltement
i'impoffibilité des puints Mathématiques ou Phyfi
ques , on n'a point trouvé d'autre parti à prendre.
Il eft vrai d'un côté que tout corpulcule étendu
-doit avoir deux côtés : donc il eft diviiible j car , s'il
n'avoif pas deux côtés , il n'auroit pas d'étendue ; &
s'il n'a voit point d'étendue, ralfemblage de diveri
corpufcules, ne compoleroit pas un corps. D'autre
côté la divisibilité i l'inhni fuppofe une infinité de
parties : d'où il s'enfuit qu'il n'y a point de fi petu
■corps qui ne puiiTe fournir autant de fui faces qu'il
en feioit nécellaiie , pour couvrir toute l'étendue
de la terre , & au delà \ ce qui paroît difficile à com-
prendre.
ftO" Quand mêire il n'y auroit pas une efpcce de
témcïité à vouloir déterminer jui-iu'où s'étend , ou
ne s'étend pas la puillance lupréme du Créateur ,
rien ne me paroit plus inutile que l'examen de cette
qucftion. Il doit fuiîire à un Phyficien de favoir
que la matière eft acluellement divifible & divifée,
autant qu'il eft nécelFaire à la confetvation de l'U-
nivers j je veux dire en des parties encore plus fub
tiles, que tout ce que nous pouvons nous imaginer
de plus délié. Mwt infinité d'expériences nous dé-
montrent , qu'une pareille divisibilité convient à la
matière.
DIVISIBLE, adj. m. & f. Qui peut fe divifer. Divi-
sibilis. Quod dividi pcteji. Si un atome a de l'éten-
due , il eft divisible à l'infini : ou, s'il n'eft pas divi-
sible à l'infini, l'exiftence de l'étendue eft incom-
préhenfible. Bayl. C'eft un axiome en Philofophie;
que la quantité eft divisible à l'infini en parties pro-
poftionnelles. Defcartes , pour éluder la difficulté ,
■dit qu'elle eft divisible en parties indéfinies. Voyc\
Indéfini.
DIVISIF. f. m. & adj. Terme de Chirurgie. Fafcia di-
vilcns. Bandage dont on fe iert dans les grandes
brûlures de la gorge , & les plaies tranfverfales de
la partie poftérieure du cou , pour tenir la tête droi
te. Voye\ le Diét. de M. Col de Villars.
DI"VISIÔN. f. f. Terme de Logique. Partage d'un tout
en ce qu'il contient. Panitio j trihutio j difiributio.
Si le tout eft compofé de parties réellement diftinc-
tes , nommées intégrantes , la division qui s'en fait,
s'appelle proprement rarr/n'o^ .• comme lorfqu'on
divife une maifon en l'es appartemens. Si le tout eft
compofé de parties qu'on appelle fubjeelives , c'eft-
à-dire, fi le tout n'eft qu'un terme commun , dont
les fujets compris dans l'étendue de ce terme font les
parties , la division que l'on en fait , retient propre-
ment le nom de division : telle eft la division du gen-
re en fes diverfes efpèces. On fait, en Géométrie, la
division d'is lignes en tel nombre de parties qu'on
veut , par le moyen d'un triangle. La division des
cercles fe fait en ^60 degrés. L'ellence Divine eft
incapable de division , 8c de féparation. S. EvR.
Division , en termes d'Arithmétique , eft la quatriè-
me de les preraièies règles, par laquelle on voit
combien de fois une plus petite fomme eft contenue
dans une plus grande , 8c ce qui en refte. Dlvisio.
La division eft une efpèce de fouftraélion , par
laquelle on retranche d'un grand nombre , un autre
nombre plus périt , autant de fois qu'on lepeutc'eft-à-
dire, autant de fois qu'il y eft compris. P. Lamy. Ainfi
il y a trois nombres dans la division, i". Celui qu'il
faut divifer , & qui s'appelle dividende , ou nom-
DIV
bre à divifer. 1°. Celui par lequel on divlfe ce divi-
dende : on le nomme le divifeur. 5°. Enfin celui
qui exprime combien de fois le divileur eft contenu
dans celui qui eftàdiviler, ou le nombre qui réfulte
de la division du dividende par le divileur ; & ce
tioihème nombre s'.ippelle Quotient- Il y a pluhcurs
manières de faire la division , 8c chacune a fa mé-
thode particulière d'arranger & de difpofer les
nombres. L'une s'appelle une division à la Françoi-
fe, l'autre à l'Efpagnole , l'autre .à l'Italienne , l'au-
tre à l'Allemande, 8c l'autre à l'Indienne. Toutes ces
manières lout bonnes , puifque leurs opérations
font bonnes, & font trouvet le quotient avec la
même certitude. Il y a une division des entiers , &
une division des fractions : il y en a de même dans
l'Algèbre.
La division fe fait en cherchant combien de fois
le divifeur eft compris dans le dividende j &j quand
celui-ci eft compolé d'une quantité de nombres
plus grande que celle du divifeur j il faut prendre
le dividende par parties , en commençant de gau-
che à droite , & non point tout enfemble , & cher-
cher combien le divileur eft compris de fois dans
chacune de ces parties. 'Voici des exemples. Je
veux divifer 67^9 par 3, je cherche combien 3 eft:
dans 6 , puis combien dans 7 ; & parce qu'il y
eft deux fois, &: qu'il refte encore i , je joins cec
1 au nombre fuivant 5 , ce qui fait 1 5 , & je cher-
che combien j eft dans 15 , enfin combien il eft
dans 9. J'écris à part tous ces nombres, qui mar-
quent combien de fois j eft dans chacune de ces
parties , 8c je les écris félon l'ordre des parties du
dividende, c'eft-à-dire, en commençant de giULhe
à droite , & les féparant du dividende par une ligne
en cette manière.
a b c
î) . . 6759 (ii5î.
; eft le divifeur^ b le dividende; & c le quotient. Ou bieû
c
a <Î759 (125J
: eft le dividende : ^ eft le divifeut avance fucceffive-
ment fous toutes les parties du dividende pour les
divifer ,& ceft le quotient ; c'eft-à-dire , que 3 eft
2 1 5 ? fois dans 67 5 9 , ou que, 67 5 9 étant partagé eit
3 , chaijue partie fera de 2153.
Quand il refte quelque chofe , & que le divifeUt
répété un certain nombre de fois, n'égale pas le divi-
dende , ce qui refte s'écrit au-delFus du divileur , en
tirant une petite ligne entre deux y &c cela s'appelle
une fradion : par exemple , fi , au lieu de (Î759 , je
mets feulement (S758 , & que je chetche combien
de fois trois y eft compris , tout fera femblable à la
divifion précédente jufqn'au dernier chiffre 8 car 3
n'étant que deux fois dans 8 j je mettrai pour der-
nier nombre du quotient 2 , & non pas 3 ; mais
parce que deux fois 3 ne fait que 6 , il refte 2 de
plus dans le dividende ; j'écrirai 1 après le quotient,
& je mettiai le divifeur 3 au-delFus avec une ligne
entre deux.
Voyez \ Arithmétique de Tacquet , L. I. c. 9. Les
Elémens de Mathématique du P. Lamy , L. I. c. 4.
La divifion fe fait en Algèbre en réduifantle divi-
dende 8ç le divifeur en fotme de fraélion ; & cette
fradfioneft le quotient. Ainfi, fil'on veut divifer a ^pac
cc/j il faut les ranger de cette forte ,
Yd, & cette ftaélion eft le quotient. D'autres mar-
quent encore ainfi la divifion Algébrique , cd) a b.
Ou bien ab — cd — |— Harris.
Le P. Lami donne ces trois règles pour la divifion
Algébrique.
1°. Puifque plus en plus donne plus, fi la grandeur
qui doitêtrediviféealefigne fj&que le divifeur ait
le figne f par-tout , c'eft une marque que le quo-
tient doit avoir, f . Ainfi la grandeur x b-\ x d-\ib
D ï V
f 7 c^ étant donnée pour être d.iviiee p.ir .vf - , il eft
hianifelte que le quotient eft bj cl,
W. Si la giandeur à divifer a le figne -— dans fa
dernière partie > & que le divifeur au le figne f , le
quotient aura 1^ ligne — Eç li le divifeiir a le fi-
gne — - le quotient aura le figne f- Amfi divil.iju
X b-\ X d — ih'='^ d par x — i, le quoncnt fera
b-\d\czxb-\ d multipliant x-^, fait la grandeur
donnée x b— x d—-{ d — :[d.
111°. Si la grandeur donnée à divifer à le figne f à
la tin , & le divileur le figne — , le quotient aura ce
même figne—. Divifant xb— x d—\ b f ç d par
.V — ^ , le quotient iera /^ — a'.
Prenez gatdeque, lorfque Texpreflion d'une opé-
ration a été abrégée pour en appercevoir le quotient;
il faut fuppléer ce qui a été lupprimé. Ainii, s'il hl-
îoit divifer a a — b b^%i a-\ b ■^)q fuppléerois ce qui
a été fapprimé , fa voir , ■\ ab —ab -^ après quoi il
elt évident que le quotient de cette dhnjwn ell
a-b.
Lorfque, dans h grandeur à divifer, on ne trou-
ve aucune des lettres du divifeur , c'eit une marque
qu'on ne peut faire cette divlfion , qu'en plaçant au-
deflus d'une petite ligne la grandeur à divifer, qu'on
nomme le dividende, & le divifeur au-dclfous. Ainli
divifant /^^1/? .7 par r f -^ > '^ quotient fera
b d t/' 9.
M. Harris , dans fon DicHonnaire des Arts j T. I.
donne quatre règles de la diviAon Algébrique; qu'il
e;;cpiique ainfi ,
1°. Quand le dividende eft égal au divifeur , le
quotient ell 1 . & il faut mettre une unité pour
quotient , parce qu'une choie ne fe contient elle-
même qu'une tois.
1". Quant h quotient eft exprimé par manière de
f; ic1"on ( comme dans la division fimple ) fi les mê-
m.i lettres fe trouvent également répétées dans cha
que membres du numérateur & du dénominateur j
retranchez ces lettres , ce qui reftera fera le quo-
tient. Ainfi ,
ab {a 5c abc [c Sec.
^ . "^ .
3**. Quand il y a quelques coëffîciens , c'e(l-à-
d-re , quelques nombres d-vant les lettres, divifez
les comme dans l'Arithmétique ordinaire , ajoutez
le quotient de cette divijîon au quotient exprimé
par lettres j par exemple ,
360 a b
. ( , 5 d
14 b
4°. En général la divifion de quantités complexes
DU compoiées le taie en Algèbre , comme dans l'A-
rithmétique commune, ayant toujours égard aux
règles de l'addition , de la foullraétion & de la mul-
tiplication Algébrique , comme aulîi qu'un figne
femblable donne plus f dans le quotient , & un
figne ditFérent donne moins -. Il taut encore avoir
foin de divifer chaque partie du dividende, par le di-
vifeur qui lui répond , c'eil- à-dire, parceiui dont les
lettres montrent qu'il eft de même efpèce que l'au-
tre, pour prévenir la traétion qu'il ne pourroitmin-
quer d'y avoir autrement. Ainfi ,
d'ib+ a a -f a b — ca— cb [a — c.
aa'f a b
o o — ca — cb
— ca — cb
Qu'il y ait dans la divijîon la mêrrie raifon que
dans la multiplication, pour que les fignes pareils
donnent un quotient pofitit , & que les fignes dit-
férens en donnent un négatif- , cela eft clair par la
nature de la divi/ton , qui eft la réfolution d'un tout
en fes parties. C'eft pourquoi , pglfque chaque di-
vidende n'eft autre cnufe que le produit du divifeur
& du quotient multipliés l'un par l'autre , le quo-
D I V \ ^y
tient doit avoir les fignes qui peuvent produire le
dividende. Si le dividende doit être divilc par une
quantité qui ait im figne femblable à celui qu'il a»
le quodent doit être pofitif ; mais, fi le dividende fe
diviie par une quantité qui ait un figne différent de
celui du dividende j le quotient fera négatif. En un
mot , une règle générale pour ks diyi/ions compo-
fées de l'Algèbre, eft de mettre toujours, dans le
quotient, des lettres, lefquelles, quand elles multi-
plieront le divifeur, produiront le dividende ; par-
ce que le dividende eft toujours un rectangle, clone
les côtés font le divifeur &: le quotient.
Exemple d'une divijîon Algébrique cùmpofée.
11-16 )i^-- 8^4-ii4n- -^4 ( T4 1 S?? 1 41^^ - 1 <?C4
8-4 - 1 i4V^
4H-64
4ÏT--64
jCJDivisioN,en termes deGuerre,fe dit des différentes
parties dans lefquelles une armée ou un corps da
troupes eft pattagé , foit pour le mettre en ordre dé
bataille , foit pour le taire camper & marcher.
Parcitio , distributio, La division delà droite , la di-
vision de la gauche , la division du centre. Les Gfli-
ciers Généraux ont chacun leur pofte fixe à quel-
qu'une des divisions. Ces divisions font des batail-
lons , les efcadrons & les brigades de Cavalerie S£.
d Infanterie.
§C? Division , fe dit aufti des parties diftinétes d'uri
bataillon qui défile , foit par d.;mi-rang , foit par
quart de rang. Le pofte des Otliciers fubalternes eft
dans les divisions.
Division , en termes de Maririe , eft la troifième par-
tie d'une armée navale , ou d'une de fes Efcadres*
C'eft aulîi une certaine quantité de vailfeaux d'une
armée naVale j qui font fous le commàndemehc
d'un Officier Général. Faire les divisions , ordonner
les divisions d'un armée navale. Commandant d'une
division , eft le premier Officier d'une division , Sc
qui la commande. Les batailles navales fe rangent
d'ordinaire en trois lignes, fuivant leurs trois di~
visions.
Division J en ternies de Mufique, fe dit de l'Odave ,
que la quinte & la quarte mefurent néceftairemenc
toute entière , mais diverfement. Quand on diviie
l'octave tellement que la quinte toit deflous, &:
ferve de bafe à la ouarre , cette dnision s'appelle har^
monique : quand la quartâ eft deftbus , cette divi^
sion s'appelle authentique.
Division, entérines d Imprimerie , eft une petite
ligne ou tiret qui fcnil les mots au bout des lignes*
Lincola verba aiia ab aliis dividéns. On le dit auilî
de ces mêmes tirets qu'on met entre deux mots qui
ont delà liaifon, & qui doivent fe prononcer en-
femble. Comme croyez-vous cela ? Fous l'a-t-d die
lui-même ?
Ce? Division 3 en Jutifprudence, fignifie en général
le partage d'une chofe commune entre plulieurs per-
fonnes j entre co-héritiers , co propriétaires , aifo-
ciés , &c.
et? On dit fans division ni dijcujfion , pour dire
folid.iirement l'un pour l'autre , un feul pour le
On dit, au Palais , ceux qui s'obligent folidaire-
ment renoncent au bénéfice de division Se de dif-
culfion , pout dire, qu'ils veulent bien foutïrir la
contrainte , comme fi leurs biens n'étoient point
divifés de ceux qu'ils cautionnent. Parcicio j discrl--
butio.
Division , fignifie figuréinent, méfintelliaence , dc-
funion. Diffsndo j dijjldium. Il y a de la division
d.ins cette fimille , dans cette compagnie , dans cet
Etat. L'Iliade nous repréfente tous les maux que U
division des chefs caufe dans un parti. M". DacihiI.
398 DIV
Division , fe dit en Littérature de la diftribution j du
partage qu'on fait d'un ouvrage , d'un dikours en
plufieurs parties. Divisio , distribudo. La division que
fait un Orateur de fon Difcours en plufieurs points
fert à le faire entendre, & à le mieux retenir. C'elt
un égal défaut de ne faire pas allez , & de faire trop
de divisions. L'un n'éclaire pas alïèz Telprit, & l'au-
tre le dilîipe trop , & le fait retomber dans la con-
fufion qu'il prétendoit éviter. Port-R. La division
d'un Pocme Dramatique fe fait ordinairement en
cinq Actes. Les anciens Auteurs ne faifoient point
leurs livres par divisions de Chapitres, d'Articles ou
de Serions. L'antiquité ignoroit la gêne d'une divi-
sion. Les Cartes de Sanlon font comniodes , parce
qu'elles portent les divisions des Provinces en Evê-
chés, Gouvernemens , Généralités ,&c.
Division j en termes d'Eglife. Les Chanoine(îes de
Remiremont font une fête qu'elles no^nment la Di-
vision des Apôtres , lorfqu'ils fe féparèrent pour fe
difperfer en différentes parties du monde , afin d'y
prêcher l'Evangile. Apostolorum Divisio. Charles I ,
Duc de Lorraine, reconnut qu'il étoit tenu tous les
ans de porter en la proceiîîon lolennelle , le jour
de h Division des Apôtres, les corps faints de l'Eglife
de Remiremont. P. Helyot, T. Kl. C. 5 1.
DIVORCE, f. m. Pv.upture du lien , dllfolution entière
du mariage. Divortium. Le Divorce chez les Ro-
mains étoit la féparation des conjoints faite félon
les lois, enforte qu'il leur éroit enfuite permis ré-
ciproquement de fe marier avec une autre perfonne:
mais, le mariage étant confidéré comme Sacrement,
il ne peut point être dilTous parmi nous , dès qu'il eft
légitimement contradé.
Ainfi, Divorce, parmi nous , ne fignifie point la
rupture du lien, & la dillt:)lution entière du maria-
ge , mais feulement la féparation de biens & d'ha-
bitation entre un mari & une femme , qui ne donne
pas atteinte au lien du mariage , enforte qu'il n'eft
permis à aucun des conjoints de palier à un autre
mariage , du vivant de l'autre conjoint.
Le divorce étoit permis chez les Payens ; il étoit
même en ufage chez les Juifs , à caufe de la dureté
de leur cœur. L'indilfolubilité eft de l'effèncedu ma-
riage. Il n'y a de différence à cet égard , de l'ancienne
Loi à la nouvelle, qu'en ce qu'il étoit cérémonie
dans l'ancienne , & qu'il eft Sacrement dans la nou-
velle. A Rome, la ftérilité , la vieillelfe, la maladie,
la fureur , le bannilTemcnt 3 étoient les caufes ordi-
naires du divorce. Carvilius fut le premier qui , cinq
ou ou (\^ cens ans après la fondation de Rome , ré-
pudia fa femme , parce qu'elle étoit ftérile. Juftinien
ajouta l'impuilTànce , le vœu de chafteté , & la pro-
feiîion de la vie Religieufe , comme des raifons va-
lables pour le c/ivorce. Parmi les Juifs, la laideur,
la vieillefle ou la méchante humeur d'une femme
fulTifoient pour lui donner la lettre du divorce. La
volonté même ou le repentir étoient de bonnes
raifons.
Trop heureux ! si bientôt Li faveur d'un divorce
Mefoulageoit d'un joug qu'on mimpofa par Jorce.
Racine.
Quelques-uns ont dit que J. C. a permis le divorce
pour la feule caufe d'adultère. Mais ils conviennent
que le Concile de Trente l'a défendu quant au lien
du mariage , pour quelque caufe que ce foit : cette
opinion eft fauffe , quant à fa première partie. Dans
le nouveau Teftament le divorce n'eft point permis
pour caufe d'adultère , mais feulement la féparation
Voyez S. Matth. XIX. 9. S. Marc X. 11. S. Paul 1.
Cor. X. 39 ; le Concile de Trente", SeflT. XXIV. Can.
7 ; le Concile de Florence a la fin , après les Quef-
tions propofées aux Grecs , TertuUien , de Mono-
pam.d. 9 & 10. S. Auguftin , L. de Bono Conjug. C.
1 5 & L. IL De Aduk. Conjug. C. 1 3 , & ce que nous
avons dit au mot Adultère. Le Pape S. Innocent I ,
dans lii Decrétale à Exupère , déclare adultères ceux
qui, après le divorce , contradent un nouveau ma-
DIV
riage j 5c les perfonnes qu'ils époufent. C'eft que les
■ divorces étoient permis par les Lois Romaines. On
excepte le mariage entre deux Payens , lequel peut
être dKFous après la converfion de l'une des parties.
C'eft la doôlrine de Saint Paul , i. Cor. VII. 1 5 d'In-
nocent III. L. IV. Décréta/, de Divort. C. Quanto , &
C. Gaudemus j du Concile IV^ de Tolède , Can. 61 ,
&c.,En ce cas-là même néanmoins , 1° , le mariage
n'eft pas dilLous par la converfion de l'une des par-
ties : elles peuvent encore, demeurer enfemble ^ elles
le doivent même quelquefois. Il n'eft pas même dif-
fous par la féparation de la partie infidelle ; car fi
elle change , elle eft obligée de reprendre fa pre-
mière femme , ainli que le décide Innocent III. C.
Gaudemus. Mais le mariage eft difTous par un fécond
mariage de la partie convertie à la foi avec une
autre perfonne. t°. Quoique la partie convertie à la
foi , dès lors qu'elle eft convertie, puilfe validement
fe féparer & contrader un autre mariage, parcs
que la Loi Chrétienne lui donne ce droit, & que
félon la juftice elle ne doit plus rien à l'infidelle , ce-
pendant la charité lui détend fouvent le divorce Se la
iéparation ; par exemple , fi l'infidelle confent de de-
meurer avec elle , & ne la molefte point fur fa reli-
gion ; que fa foi ne foit point en danger ; s'il y a
quelque efpérance de convertir l'infidelle, de gagner
les enfans ; h fa féparation doit caufer du fcandalc
aux Gentils, & rendre la Religion Chrétienne odieu-
fe , &c. Voyez SaintPaul, i. Cor. Vil. 15, 14.S.
Aug. L. I. de Adult. Conjug. ad Pollent. Le IV^ Con-
cile de Tolède , au Can. 6 1 que j'ai cité , femble dé-
cider qu'au moins dans les pays où la Religion Chré-
tienne eft la dominante, il faut avertir la partie infi-
delle de fe faire Chrétienne ^ que fi , après cet avertif-
fement, elle nepe veut point, il faut dilToudre le ma-
riage. Milton a fait un traité de la doctrine & de la
difcipline du divorce , où il foutient que le divorce
doit être permis pour la feule incompatibilité d'hu-
meurs. On dit qu'il avoir pratiqué fa propre doc-
trine.
Divorce, fe dit auflî d'une féparation de corps & de
biens du mari d'avec la femme , le lien du mariage
fubfirtanc toujours. Ces gens mariés n'ont pu s'accor-
der , ils ont fait divorce , & ils vivent à parr. Il fedit
auffi des fimples dilfenfions j qui nailfent dans le ma-
riage. Ce mari & certe femme font toujours en di-
vorce ; il y a toujours quelque brouillerie entr'eux.
Divorce , fe dit même quelquefois pour fignifier les
diftenfions qui liai ffent entre les amis. Cer homme
eft d'une* étrange humeur, il faut flaire ^ivor<;e avec
lui malgré qu'on en ait. Corneille a heureufement
employé ce mot dans les Horaces :
Ils ont ajffèi long-tems jour de nos divorces.
Ce terme , dit Voltaire , s'il ne fignifioit que des que-
relles , feroit impropre ; mais il dénote les querelles
de deux peuples unis ; par-là il eft jufte , nouveau ôc
excellent.
Divorce, feditfigurément, en nrorale, de l'abandonne-
ment qui fe fait de toutes les chofes auxquelles on étoit
fort attaché, de la féparation volontaire d'avec toutes
ces chofes. Il faut (ant divorce avec le vice, avec les
mauvaifes compagnies j & même avec les plaifirs ,
quand on veut fonger férieufement à fon falut. Faire
un divorce éternel avec le monde. P. Chemin. On dit
aullî que les Hérériques & Schifmatiques ont fait di-
vorce avec l'Eglife ; & d'un homme qu'on veut taxer
de folie, qu'il a fait divorce avec la raifon , le bon
fens. Pourquoi mettre le divorce entre l'efprit & les
fens .'' S. EvR. c'eft-à-dire , pourquoi féparer , pour-
quoi divifer des chofes qui devroient être auflî étroi-
tement unies que l'efprit & les fens ?
DIURÉTIQUE , adj. de t. g. Terme de Médecine. Re-
mède qui provoque Wmne. Me dicœmentum urinam
provocans. Diureticus , a , um. Les remèdes diurétiques
8c apéritifs fon«|eux qui animant les urines les pouf-
fent vers les reins , & qui , par leurs particules incifi-
ves & piquantes, peuvent s'ouvrir un chemin pour
D lU
sV'vader. DrOMis. On diftingue les Diurétiques en
chauds &c en troids. Les chauds fonc ceux qui pac
leurs parties falines, tanthxes que volatiles, animant
le reirott des libres, augmentent le mouvement du
fang , l'atténuent , le tondent 6; bnlent les parties
i'ulFureures qui lioient &c embarralFoierit fa (érolité.
Les dmrcùques froids font ceux c]ui relâchent les
libres, lubrifient les voies de l'utine , aaouciilent l'a-
crimonie des humeurs , les délaient, les rairaichif-
fent, & augmentent parleurs parties aqueiiles la fé-
roliié du fang.
Le vin blanc pris le matin eft fort diurétique , il
coule aifément. Les raihns font diurctiqucs , ils
donnent de l'appétit , nourriflent beaucoup , &c.
LÉMERY. Ce mot eft fouvent employé comme fubl-
tantii mafculin. 'Voilà un bon diurétique. Cet homme
fait ufage des diurétiques.
Diurétique eft un mot Gisc/'k^itix-os urinam ciendi vim
kavens , qui a la propriété d'exciter l'urine \ du verbe
offoî , j'urine beaucoup j tiré èinna , d'urine.
DIU£<IsIAIRE, f. m. Otïicier des Empereurs Grecs qui
écrivoir dans un livre ou mémoire ce que le Prince
faifoit, régloit ou ordonnoit jour par jour. Diunu-
rius. 'Voyez la huitième loi du Code Theodohen , De
Cohort.
DIURNAL. f. m. Livre d'Eglife qui contient l'Office di-
vin qui fe récite chaque jour^ c'eft-à-dire, les petites
Heures , Vêpres & Compiles. JJiurnarum preaan Li-
hellus. Un Eccléfiaftique porte d'ordinaire un Diur-
nal dans f;i poche.
DIURNE, adj. m. & f. Terme d'Aftronomie. Qui ap-
partient au jour. Dlurnus. Le mouvement t/«r«£ du
foleil , c'eft celui que le foleil ou les afties font en 24
heures.
L'uïC diurne : c'eft l'efpace que parcourent le foleil,
la lune ou les étoiles depuis leur lever jiilqu'à leur
coucher. Arcjemi-diurne eft la moitié de l'arc diurne.
Semi- Jiurnus.
fCTLe mouvement diurne de la terre eft fa rotation
autour de fon axe, ce qui forme le jour naturel.
V.oyè\ Jour & Journalier.
En Aftrologie , on appelle les Planètes diurnes ou
noctur:i£s j félon qu'elles font puilLmtes dans leurs
■qu.\lités aîlives ou paftives. Les qualités adbves iont
' lec'haLiu & le froid ^ les pallîvesj l'humidité & la
féchereire. Ainh Jupiter qui eft plus chaud qu'humi
de, & Saturne qui eft plus froid que fec , font appe-
lés Planètes diurnes. Au contraire. Mars plus fec que
_ chaud, la lune plus humide que froide, font des
Planètes nocturnes. On dit la même chofe des lignes
entiers, qui, eu égard à de femblables qualités, (ont
appelés diurnes de nocturnes.
DIUS. f. m. Nom d'un mois de l'année chez les Grecs.
Dius j ê'ii!. C'étoit le premier de l'année chez les
Macédoniens 6: les Grecs de l'Afie mineure, à Ephè
fe , à Pergame, à Tyr , à Sinon, en Lycie: le fécond
chez les Macédoniens de Syrie , à Antioche, à Gaze,
à SraymCj chez les Arabes , & autres peuples d'Alie.
Chez les premiers , il vcpondoit au mois d'Oélobre ,
& chez les féconds à Noveml^re; cliiz les Tyriens à
Décembre ; chez les Lyciens -^ les Sidoniens à Jan-
vier. Chez les Bithyniens au con.rairejc'éroit le (ixié-
me de l'année , & il répondoit au mois de Mars. Fa-
bricii Menol. p. 41 , 44 , 46 , 47 , '' i.
DI'V^UE. f. f. & nom propre de femme. De/rota. En
l'île de Corfe Sainte Divue j dont le corps eft honoré
à Monaco joii elle eft tutélaire.CiiAsr. 17 janv. Elle
eft nommée Z^eivow , & non Z>ci'oAî, en l'ancien ma
nufcrlt de fa viegardc .à Saint Po nsde Nicej où on
Ta fait native de Corfe. Et c'eft ainlî que la nomme
Vincent Datalis en fa Chronique de Lérins, où il don-
ne cette vie. A Monico,où eft fon corps, elle eft ho-
norée comme Vierge &: Martyre, fqus le nom corrom-
pu de ZJcTorj, duquel M. de Tillemont J en fi perlc-
cmion de Dioclétien , a fait celui de Dévote , ne fa-
chant pas qu'on l'appeloir Sainte Divue. Chastel ,
P- 47I.
DIVULGATION, f. f. Pùhlicanon , aétion de divul-
gU2rjt)aétat de la chofe divulguée. Premulgatio.
D I V DIX
399
Il ne faut pas que la défiance d'un ami s'étende au-
deià des chofes dont la divulgation pourroK nous
perdre. M. le Noble , Ecole au Monde.
DIVULGUER. V. a. Publier une chofe, la découvrir
à tout le monde, la rendre publique. JUivulgare y
pervulgare. Le fecret de cette aliaire eft m.aintenanc
divulgué. Aioliere du , des Galans de Cour , qu'ils
n'ont point de faveurs qu ils n'aillent divulguer.
Divulguer une nouvelle.
Divulgué , ée. part. Divuls^-tus y pervulgatus.
DIVULSION. f. f. DivulJio.TeimQ de Chirurgie. C'eft
une léparation , caulée par une tenlion violente. On
dit divuifion en parlant des membranes, des fibres ,
&:c. du corps. La douleur ne manque pas d'être
très-vive , à raifon de la tenlion des membranes
nerveufes, auxquelles on taule des divulfions. DioNis.
DIWOHART. Nom d'une coivée due aux Seigneurs
par les vaifaux , & en ufage en Bretagne , coni'ne
il paroît par un ancien titre de S. Méen , dont on
a donné l'extrait dans le II Tome de \ Hifi. de Bre-
tagne ^ p. Z4, lans expliquer ce que c'étoit, ni en
quoi cette corvée conliftoic Ce titre s'appelle en La-
tin Opus Diwohurt.
D I X.
DIX. adj. Terme d'Arithmétique. C'eft le premier nom-
bre qui s'écrit avec deux caraâères, une unité & un
zéro ; ik il ajoute une unité au nombre de neuf. De-
ce.72. Quand d'iiA- n'eft p.is fuivi de fon fubft.mtif j &:
dans di.K fépt , l'.v fe prononce comme une^: quand
le lubftantif , dont il eft fuivi, commence par une
voyelle ou par une h non afpirée , & dans dix-neuf y
Vx fe prononce comme un ^ : &, quand d:x eft fuivi
immédutement d'un lubftantif qui commence pac
une confonne ou par une h afpirée, l'.v ne le p o-
nonce pas du tout. La Loi de Dieu contient dix
Commandemens. Les Philofophes admettent dix
Catégories. Ils ctoienr rangés dix -à. dix. Il ne fait
ceuvie de fes dix doigts. Il prend l'intérêt à dix
pour cent.
Combien depuis dix ans de Grimaux dant la chaire ^
De leurs Jades portraits ont fatigué la terre} Vill.
Dix , fe prend auffi fouvent pour un fubftantif en ter-
mes de Jeu de Cartes , & fignihe une carte m.ir-
quée de dix points. Kumerus der.arius. Un dix de
trèrie , de carreau. Il s'écrit ainli en chilFres Ro-
main X.
Dans le difcours ordinaire , il fe prend pour
Dixième. Innocent X , Clément X. Le aix du mois.
Le Confeil des Dix , Decemviri rerutT^ûpitatium
copnitores : c'eft à Venife un Tribunaf^fouverain
dans les affaires criminelles des Nobles. Le Confeil
des Dix eft dune étrange févérité , &: fort hai de
la NoblelFe.
Les Dix fages , Decemviri bonorum djîimatores.
Ceux qu'on appelle à Venife les Dix Sages for-
ment un Collège , ou une Compagnie qui prife le
bien des particuliers, &c y met la taxe dans les be-
loms extraordinaires de l'Etat- P^oye:^ fur le Confeil
des Dix , & fur les Dix Sages , \'H/ft. du Gouvern.
de Venife , par M. Amelot de la HoulEiye.
Il y en a qui dérivent ce mot de dix de «''"'=«: il
y a plus d'apparence qu'il vient rie decem , & que
ce mot Latin a été formé de ■^"'-«.
niXAINE. Foye:^ DIZAINE.
DIXIÈME, adj. numéral & ordinal. Decimus. Pro-
noncez Dr^iième. Il étuit au dixième rangj c'eft à-
dire , il y avoir neuf rangs devant lui. Et le dixiè- ■
me ciel ne tourne que pour lui. Boil.
Il eft anlli fubftantif, & lignifie , la dixième par-
tie d'un tout. Il eft héritier pour un dixième. Il a
un dixième dans cette affaire.
On appelle dixième denier .^ en Latin Dcci-va , un
droit que le Roi prend fur les mines , minières
& métaux ; le droit que prend l'Amiral fur les
naufrages & biens vacans de mer , &: fur toutes
^QO DIX
fortes de pdfes faites fur les Corfaires , ou fus les
ennemis. En général on appelle dixième denier j
toutes les dixièmes parties des revenus , du prix
des marchandifes , ou d'autres chofes , qui fe lè-
'vent comme impôt , ou qui fe paient comme un
droit. Les Babyloniens & les Egyptiens donnoient
à leurs Rois le dixième de leurs revenus. Foye^
A dftute au Livre fécond de l'CSconomie ^ & Dio-
dore de Sicile au Livre cinquième de fa Biblio-
thèque , Strabon au Livre quinzième de fa Géo-
graphie , à l'égard de leurs Rois ; & dans la fuite
les 'Romains exigèrent des Siciliens le dixième des
■bleds qu'ils recueiUoienti & Appien dit que ceux
qui défrichoient des terres , portoienc au trèior pu-
blic le dixième denier des revenus de ces terres,
les Romains ofFroient à leurs Dieux la dixième
partie des prifes qu'ils faifoient fur leurs ennemis,
doù vient le nom de Jupiter Pradator. Les Gau-
Jois donnoient le même dixième à leur Dieu Mars,
comme on voit dans les Commentaires de Céfar.
On eft en peine de favoir d'où vient cet ufage,
qu'on trouve établi chez tant de peuples ditférens
de mœurs & de Religion , de donner le dixième,
ou à leurs Rois , ou aux Miniftres facrés. Grotius
croit que cela vient de ce que le nombre dix eft
le plus connu & le plus commun parmi toutes les
nations , à caufe du nombre des doigts qui eft de
dix 5 que c'eft pour la même raifon que les Com-
niandemens de Dieu furent réduits à dix , afin que
les hommes les putfent retenir plus aifément , Se
que les Philofophes ont établi dix catégories , &:c.
Foye:i Grotius fur le Décalogue , p. 36 , col. i.
Dixième, i. f. Terme de Mufique. Intervalle corn-
pofc d'une huitième & d'une troifième majeure,
ou mineure par-delfus. On l'appelle zaiïï troifième
doublée.
Dix-SEPT, Dix-huit & Dix- neuf , font des nom-
bres compofés de la dizaine , & de ces trois nom-
bres. Deccm & feptcm , Decem & oclo j ou duode-
vigenti , Deccm & novem , ou undevigenti. Cette
compolition leur elt particulière , & eft en ufage
aufti en ces autres nombres , ÇoixmiQ-&c-dix-Jept .,
{o\xamQ-&c-dix-kuit , {ohante- ôc-dix-neuf: qiiatre-
vingt-c/iA;-ye/7f , quatre-vingt-û'i.v-/^«ir , quatre-vingt-
dix-neuf. On dit auffi , dix-feptieme , dix-huitième
& dix -neuvième. Dccimus feptimus j decimus ocla-
vus J decimus nonus.
Dix septième, f f. Terme de Mufique. Intervalle
qu'on appelle autrement la troifième triplée 3 ou la
dixième doublée.
|Cr Dix-septième. Terme de jeu de piquet. Sept
cartes de fuite j & de la mf me couleur , depuis
l'As jufeu'auHuit , ou depuis le Roi jufqu'au
Dix-huit , eft audî le nom qu'on donne à un oifeau
aquatique, à caufe qu'en chantant il femble qu'il
dife dix-huit. C'eft apparemment pour la même
raifon que les Flamands appellent cet oifeau Kivit.
Les œufs de Kivit ^ difent-ils ^ font cxcellens. On
l'appelle autrement vaneau. Vûye\ ce mot.
Dix-huit, f m. C'eft le nom qu'on donne en ftyle
bas & populaire à un habit retourné , à caufe
qu'il eft neuf pour la féconde fois^ , & que deux
fois neuf font dix-huit. On dit aufiî, dans le même
ftyle, de ceux qui font plus propres qu'à l'ordinaire,
qu'ils font fur leur dix-huit.
DIX-HUITAINS. f m. pi. Nom que l'on donne par-
ticulièrement en Provence, en Languedoc, & e n
Dauphiné,à certains draps de laine, dont la chaî-
ne eft compofée de 1 8 fois cent fils , c'eft-à-dire ,
de lïoo fils en tout.
Dix-HUiTiÈME. f. f. Terme de Mufique. Intervalle
qui s'appelle aufli la quatrième triplée.
Dix-NEUviÈME. f; f. Terme de Mufique. Intervalle
qui eft la cinquième triplée.
DIXIÈME, f. m. C'eft fur mer une augmentation
que fournit le Munitionnaire des vivres , d'une
barrique fur dix , pour le coulage qui pourroit arri-
ver pendant la campagne.
DIX D IZ
DÎXIÈMEMENT , adv. en Dixième lieu. Decimo.
DIXME ou DIME de fuite. Voyei DIME.
DIXMER. -) fDÎMER.
DIXMEIJR. V/^oyq^DIMEUR.
DIXMIER. 3 (DIMIER.
DIXMUDE. Les Flamands écrivent Dixmuyde.Ve.m<s
ville des i*iys-Bas, Dixmuda. Cette ville eft dans
la Flandre fur l'Iperlée , à trois lieues de Nieiiport.
Dixmude s'eft rendue célèbre par plufieurs fièges,
principalement en 1459, contre ceux de Bruges,
& en 1580, contre les Gantois. Voye^ du refte le
Père Boulfingaut , Foyage des Pays-Bas.
D I Z "
DIZAHAB. C'eft un nom de lieu , félon le fentl-
ment de plufieurs interprètes : il n'en eft parlé
qu'une feule fois dans l'Ecriture, Deut. I. i. &
c'eft un endroit yoifin de celui où le Peuple d'Ifracl
s'arrêta avant de paifer le Jourdain, & où Moife
leur répéta la Loi j & leur dit tout ce qui eft com-
pris dans le Deutcronome j avant que de mourir.
A la vérité les Septante le traduifent par îffaf'"* ,
qui femble un nom appellatif plutôt qu'un nom
propre ; & la Vulgate porte , ubi auri ejî plurimùm :
mais cela n'empêche point que ce ne fût le nom
propre de ce lieu j ainfi nommé de n , di , fuffi-
fance , abondance , & ^fyy , Zoab , or j pour mar-
quer, comme l'a fort bien vu l'Auteur de la Vul-
gate , qu'il y avoit là beaucoup d'or , ou cornm«
parlent les Septante , qu'il y avoit des mines d'or ;
que c étoient des terres d'or. Les autres Interprètes,
le Samaritain, le .Syriaque, l'Arabe, n'ont rien
changé en ce mot , preuve qu'ils l'ont pris pour
un nom propre. Ce lieu étoit à l'orient du Jour-
dain , proche de la Terre des Moabites.
DIZAIN, f. m. ( Quelques-uns écrivent DIXAIN. )
ce qui eft compofé du nombre de dix. Decem ver-
fus J Carmen decem verfuum. Il ne fe dit guère que
d'un couplet d'une Ode , ou de Stances de dix vers:
comme quatrain de quatre vers. Quatrain eft de-
meuré , mais dizain ne fe dit prefque plus.
Orejlpajfé ce temps où d'un bon moty
Stance j ou dizain j on payait fon écot. DfiS-H.
Il fe dit aulTi d'un chapelet , compofc de dix
grains. Les Chevaliers du Saint-Efprit font obliges
de dire tous les jours leur di\ain.
DIZAINE, f f. Terme d'Arithmétique. Second or-
dre de chiffres , qui contient autant de fois dix
que le fécond chiffre a d'unités. Decas. Nombre ,
dizaine, centaine, mille.
On dit, en difcours commun , une dizaine de pif-
toles , une dizaine de chapelet \ pour dire , dix
piftoles , dix grains de chapelet. Decem nummi ,
decem alobuli. Dizaine eft un total de chofes ou de
perfonnes, compolé de ^ix. _
Dizaine, fe dit auHî d'une certaine divifion des ha-
bitans d'an quartier d'une ville , qui ont relation à
un Chef, qui les avertit de ce qu'il faut faire par les
ordres de la ville. Urbis décima pars. M. deGiry,dans
fa Traduàion de l'Apologétique de Tertuliien , C 37.
fe fert de ce mot pour lignifier les Décuries du peu-
ple Roimin. Notre origine , dit-il, eft depuis pet»
de jours , & déjà nous rempliflons tout ce qui re-
connoît votre puiftance , les Villes , les Forterefles ,
les Ifles , les Provinces , les aftemblées du peuple , les
Armées même , les Quartiers & les Dizaines àsKo-
me , le Palais , le Sénat & les Places publiques :enfia
nous ne vous lailTons que les temples. Mais M. l'Ab-
bé Valfoult , dans fa Tradudion nouvelle du même
Ouvrage , met décuries \ ôc c'eft l'ufage. ^ _ ,
Le plus grand nombre de nos Auteurs ecrivoienr,
il n'y a pas encore long-temps , dixaine , & non pas
dizaine , comme M. de Giry, que l'on vient de citer ;
aujourd'hui même dixaine ne feroit pas une taute^:
mais il faut toujours prononcer diiainc , ou plutôt
dizéne. _. . . _
DÎZ DNî DOA DOE
DIZAÎNIER , ou DIZÉNIEPv , fuivant l'Académie, f.
m. elt l'Officier qui ell commis pour avoir foin d'a-
veLiir ceux de la Dizaine des ordres de la ville , qu'il
faut exécuter. Prononcez Dizénier j quelques-uns
même écrivent ainfi , mais rarement. Dtcutio. Il y a
quatre Di^ainUrs fous chaque Cinquantenier, du-
quel ils reçoivent les ordres. L'obligation des Quar-
teniers , Cuiquanteniers , D'r^amiers & Bourgeois ,
eftjdès qu'un crime a été commis , Ik. qu'il ell venu
à leur connoilTànce , d'en avertir le CommilEiire du
quartier, & de fe joindre à lui j s'il eu eft belom ,
pour y pourvoir. De la Mare.
DizAiNiER. C'étoit aufi.1 un Officier fubalterne dans
les Armées Romaines, nommé Decanus, Voyez DE-
CAN. _ • ^ _
DizAiNiER, en Jurifprudence. C'étoir anciennement
un Juge d'un village ou d'un bourg. Nos Rois, après
leur conquête , récompensèrent, des Offices, tous les
braves de la Nation , cjui les avoient fervis à cette
importante & glorieufe entrepnfe. Ils diltribuèrent
les Primaties , les Duchés & les Comtés du premier
ordre , aux Officiers Généraux de leurs armées : les
Coin;é,> du fécond ordre turent donnés aux Meftres
de Camp &: aux Colonels \ & les petites villes , les
bourgs & les villages aux Capitaines, aux Lieutenans
& aux autres , pour en jouir autant de temps qu'il
plairoii au Roi, & aux mêmes titres qu'en avoient
joui les Officiers Romains , & fous les mêmes con-
ditions d'y maintenir la police & le bon ordre, &:
d'yadminiftrerla juftice. Les Officiers généraux , les
Meftres de Camp & les Colonels acceptèrent avec
plaihr les grands titres de Patrices, de Ducs, de Com-
tes , attachés à leurs nouveaux emploisj mais les Ca-
pitaines & les autres Officiers fubilternesj ne trou-
vant pas allez de dignités dans les titres Romains de
Juges Pédanées , ou de Maîtres des villages , Judlccs
Pedanei, Maglfiri Pagorum , ne voulurent point
changer leurs anciens noms de Centeniers , Cinquan
teniers &c Di^ainiers , qu'ils avoient portés dans les
armées. Ils ne laissèrent pas , fous ces noms militai-
res , de tenir leurs audiences , 8c de rendre la jullice
dans les lieux où ils furent établis. Ils confervèrent
aulli toujours la fubordination qu'ils avoient eue
dans leurs premiers emplois ; les Centeniers étant
demeurés fupérieurs des Cinquanteniers j Se ceux-ci
des Di^ainiers. De la Mare , Tr. de la Pol. T. I. p.
z6. Quelques-uns des Cinquanteniers & Di^ainiers
avoient les trois degrés de haute , moyenne & balfe
juftice; & les autres, la moyenne &: la balTe feule-
ment. Id./7. 98.
DIZEAU. f. m. Terme de MoifTonneur. Amas de dix
gerbes enfemble. Frumentariorum fafcium dena-
rius. On lailTe fur le champ les gerbes par di-^eaux ou
trézeaux, jufqu'à ce qu'elles foient dîméesoucham-
nartées.
^Zt Dizeau , fe dit auffi d'un tas de dix bottes de
foin.
DIZIER. Fove:^ Didier.
§^ D-L A-RÉ. Terme de Mufique, par lequel on dc-
figne le ton de u. Cet air eft en dla-ré.
DNI.
DNIEPER. Fleuve, c'eft le Borifihcne. Voye-[ ce mot.
DOA.
DOARO. Ville de la côte d'AJan en Ethiopie.
Doara.
D O B.
DOBASS. Province d'Abyffinie en Afrique. Dohaffa.
DOBELEN ,DOBLEN , ou DOBLIN. Ville du Duché
de Courlan J:; , en Pologne. Doblinuin, Dubluium. Elle
eft dans la Semigalle.
DOBER , Voyei Dauber.
DOBEREIN. Petite ville ou bourg du Duché de
Meckcibourg en Allemagne. Doberanum. Il y a .à
DohcTcin un Monaftère qu'y fonda Pribillas, dernier
Tomi ni.
D O B D O C 4ÛÎ
Roi j& dernier Duc des Hernies , après qu'il y eue
été converti à la foi. Il y fut inhumé , & ion y voie
enco'.e ion tombeau , &c ceux de piuiieurs Ducs de
Meckelbourg j fes fuccelîeurs.
DOBLAC. Petite Ville du Comté de Tirol , en Alle-
magne.
DOBLEN , ou DOBLIN. Foyer^ Dobelen.
DORBONICH. Foyer^ Raguse.
DOBROSLAU. Ville d'Allemagne , dans la Bo-
hême.
DOBRUCE, ou DOBRUCCIE. Contrée de la Bulga-
rie.£>i.>/;rii/;'tf,Z)oim,7t:. La Dohruce eit la partie orien-"
tnlo i.'e la Bulgarie , qui e(l occupée par des Tartares,
iv.>mmés Tartares de Dobruce par les Géographes. M,
Corneille, après Davity , dit Dobruccie.
D0BB.Z1N. Ville de la Mazovie en Pologne. Dobrl-
nuiTi j Dobriciu!7i , Dobri-i^uium. Elle eft capitale
d'une contrée qui porte Ion nom. Dohiivn eft htué
fur m rocher au bord de la Viftule, entre Ploczko
& Uladiilav/. Long. 37. d. 35'. lat. 51. d. 3S'.
DoBRZîN. Territoire , contrée de Dobr^in. Dobrlnenfis
agcr ^ ou aaclus , pagus. Pays de la Mafovie en Polo-
gncjdonc la ville de Dobr\in eft capitale. Le Dobr^in
eft enrre la Prutfe , la Cujavie, & le Palatinat de
Ploczko j dans lequel piuiieurs Géographes le ren-
ferment. Il eft divifé en trois Châtellenies , qui pren-
nent les noms des trois villes qui en font les princi-
paux lieux \ Dobr^in , Ripina 6c Libna.
DOC.
DOCETES :, ou pOCiTES. Nom d'anciens Héréti-
ques qui ont été ainli appelés, parce qu'ils croyoienc
.que Jesus-Christ ne s'étoit pas véritablement in-
carné j mais que fon Incarnation n'étoit fondée que
fur l'opinion qu'on en avoir ; car c'eft ce que lignihe
en Grec le mot a<ix.>itui ^ ou Aty-iral ^ comme écrit
Clément Alexandrin. Doceu. Clément d'Alexandrie
& Théodoret ont parlé de ces anciens Hérétiques y
dont le Chef s'appeloit Jules Caffien , comme nous
l'apprenons de Clément , qui les rélute dans fon Li-
vre m. des Stromates. Foy. auffi Théodoret, Divin,
Décret. L. F. Le faux Evangile qui portoit le nom
de S. Pierre étoit fort eftimé parnîi eux. Foy. Eufe-
be . Iliff. Eccléf. Liv. VI. Ch. 1 1. Simon le Magicien
a été le Père des Hérétiques , que l'on nommoit Do-
cetes ,o\x Apparens \ & c'étoit l'hérélie commune de
tous les Gnoftiques. AoKÇTff vient de «^««a , Fideor ,
ilmefemble, il me paroît , parcequ'ils croyoient
que les fouaVances de Jesus-Christ n'avoient été
qu'apparentes.
DOCH , ou DOC. Car les Septantes l'écrivent fans
afpiration, A<;x , (.m. Nom d'un fort dont il eft
parlé au premier Livre des Machab, XVI. 1 5. C'eft-
là que Ptolomée , gendre de Simon j poufle par fon
ambition, trahit Simon le Grand-Prètre fon beau-
père j & le tua avec deux de fes enlans , Mathatias
& Judas, dans un grand repas qu'il leur donna,
Adrichomius, place ce fort dans la Tribu d'Ephraim,
&Ziegler dansl'Acrabitene, ou l'Acrabatene , pe-
tite contrée de la partie méridionale de la Tribu de
Juda, proche des montagnes de l'Idumée. Quelques-
uns l'appellent Doech, mais mal. Sanutus la nom-
me Dos , Dotus, Liv. III. p. 14. c. j. Doch, A/«
étoit proche de Jérico. Drufius croit que c'eft le
château que Jofeph, Andq. Liv. XIII. C. 15. ap-
pelle Dagon. k'mixDoc, ou Doch ,ou feroit un nom
corrompu de Dagon, & la même choie que ce Dieu
des Philirtins; ou ce feroient deux différens noms
du même Dieu- Mais la conjedure n'eft pas fondée;
car, au premier Livre des Mach.ibées XVI, i ^. Doch
eft la ville ou le château dans lequel Ptolomée prit
& tua Simon ; & , dans Jofeph ,./>rf^'i/2 eft le lieu où
Jean , furnommé Hircan , dernier lîls de Simon , fe
retira , après avoir échappé aux pourfuites & aux em-
bûches cîe Ptolomée. /-!•/•
DOCILE, adj. m. & f. Quia de la difpofition à fe laif-
fer conduire 5c gouverner. Docilis. Docile comme
E e e
40 2.
DOC
un jeune Novice. Cet enfant eft fott doàle. Efpnt
docile. Humeur docUe. Naturel docile.
Veux-tu prêcher? Hé bien travaille , fois docile. Vill.
Docile, fe dit aufli des animaux , & du corps.
Les Courjlers du Soleil a fj. voix font àocWss. Boil.
Il fcillut qu au travail f on corps rendu docile.
Forçat la terre avare à devenir jertile. Id.
DOCILEMENT, adv. D'une manière docile. Cum do-
cdiiate. Ecouter docilement.
DOCILITE, f. f. Difpolirion à fe laiffer conduire &
gouverner. Doc;!itas. La docilité de l'eiprit eft nc-
celfaire à un Chrétien , pour être inftruit des myftè-
res. Nous difons paryocvV/re _, que nous croyons ce
qu'on nous dit avec autorité qu'il but croire. S. Evr.
Eft-ce pour éprouver ma docilité^ que vous m'écri-
vez comme vous faites ? Lett. Port.
^ D.OCIMASTIQUE ou DOCIMASIE. f. f. Terme
deChymie & de Métallurgie. L'art d'elfayer en pe
tit les mines , afin de connoitre l'efpèce & la pro-
portion des diflérentes fubftances dont elles lont
compofées , & d'évaluer par le produit du travail
en petit , les produits & les avantages du travail en
grand , c'ed- à dire, du même procédé exécuté lui
une grande quantité de matière. Elle diffère de la
Métallurgie qui s'occupe du travail des mines en
grand.
DOCIMI. Ville ancienne & Epifcopale de la Grande-
Phrygie , dans l'Alie mineure. DocimAum , ou félon
Scaliger Docinicum; en Grec àaKi/^iitt. Elle étoit pro-
che des fources du Sarabat & du Sangari. Strabon
parle d'un bourg de ce nom , qu'il metaulîi en Phry-
gie , & près duquel étoient les carrières de la pierre
lynnatique que l'on appeloit Docimites , Docimites,
du nom du Bourg où elle fe tiroir. Docimi n'eft: au-
jourd'hui qu'un village de la Natolie.
DOCKUM. Ville des Provinces -Unies des Pays-Bas
fituee dans la Frife. Doceumum. Cette Ville eft pe-
tite , mais jolie , fituée fur la rivière d'Ee , Ea , qui
fe décharge peu après dans la mer d'Allemagne. Les
plus grands vaifTeaux peuvent remonter jufqu'à
Dochum ^ qui eft le liège de l'Amirauté de Fnfe.
Dockum battoit autrefois monnoie. Ubbo Emmius ,
qui a fair une defcription & une hiftoire abrégée de
Dockum j dit que la première mention qu'il .lit
trouvée de cette ville, eft du milieu du huitième fiè-
cle. Long. 13. d. 18'. lat. 5 3.d. 18'.
BOCNA. Bourg de l'Eplre , qui fut autrefois une pe-
tite ville nommée Elée. Docna. LLtus. Il eft au nord
de Burrinto, ôc au levant de S. Quaranti.
DOCTE, adj. Quelquefois employé fubftantivement,
qui a beaucoup vu & lu , qui eft verfé dans les ma-
tières d'érudition. Doclus , eruditus. Ce prédicateur
eft fort docle. Les docles ne font pas d'un tel avis.
Ayons plus de foin de nous rendre intelligibles, que
de paroître doctes. S. EvR.
çtT Ces motsd'iH??, [avant Se habile , ont leur
caraclère propre. Les connoKf.mces qui fe rcdui-
fent en pratique, xenàtni habile. On dit du pré-
dicateur & de l'Avocat , qu'ils font habiles. Les con-
noilfances qui ne demandent que de la fpéculation ,
font \q [avant. On dit du Philofophe & du Mathé-
maticien , qu'ils font [avans. Les connoiirances qui
remplilTènt la mémoire, font l'homme docle. On dit,
de l'Hiftorien & du Jurifconfulte qu'ils font docles.
Nous devenons habiles par l'expérience , [avans par
la méditation , docles par la ledture. Syn. Fr.
^3" On peut encore remarquer o^z [avant di. une
lignification beaucoup plus étendue que le mot doc-
te. Savant fe dit des chofes & des perfonnes. LTn
favant Géomètre j une favante difiertation. Docle
ne fe dit guère que de'-' perfonnes. Je crois qu'on
diroit mal une docle dilTerration , un livre docle ,
quoique l'Académie autorife cette locution livre
docle , qui contient beaucoup de dodrine.
„ DOC
DOClhMENT. adv. D'une manière doue. Daciè ,
eruuitè. Il a écrit doclement fur cette queftion.
DOCTEUR, f. m. Qui a paifé par l'examen , & par
tous les degrés d'une faculté, & qui eft promu au
plus haut degré de cette faculté dansuneUnivetlité.
Doclor. Docteur en Théologie. Sacra Iheclogia
Doclor. Docleur en droit Civil & Canon. Vtnuf-
quc Juris Doclor. Docteur en Médecine. Dcctor Me-
dicus. Docteur d'une telle Maiion , de Sorbonne , de
Navarre. Docteur Ubiquifte. Docteur Régent eft ua
Profelfeur qui enfeigne efteciivement. Projcjjor.
Docteur Cathédratique eft la même chofe en Elpa-
gne. Foye^ Cathéuratique. Pafquier dit, que les
Docteuis Canonijles furpallent les Jurifconfultes en
chicane , & en fubtilité. La fcience du monde vaut
mieux que celle des Docteurs , pour la conduite de
la vie civile. A peine favez-vous ce que les ter-
mes lignifient , & cependant vous parlez comme un
Docteur.
Jamais Dodteur , armé d'un argument/rivale ,
Ne s'enroua chc^ eu.x fur les bancs de l'Ecole. Boil.
LaiJJe-là Saint Thomas s'accorder avec Scotj
Et conclus avec moi qu'un Do(5leur nejlqu'unfot.lv.
Lenne de Docleur z été créé vers le milieu du Xlle.
fiècle^pourluccéder à celui dei1-/<2'rrf, qui étoit devenu
trop commun. On attribue rétablillement des dé-
grés de Doctorat j tels que nous les voyons aujour-
d'hui , à Irnerius , qui en drelfa lui même le formu-
laire. La première cérémonie s'en fit à Boulogne j
en la perfonne de Bulgarus , qui commença à.pro-
feifer le Droit Romain , & qui fut promu folen-
nellement au Doctorat. Cette coutume palla de la
Faculté de Droit à celle de Théologie, & l'Univer-
fité de Paris la pratiqua pour la première fois , en
créant Docteurs en Théologie , Pierre Lombard &C
Gilbert de la Portée j qui étoient les principaux
Théologiens de l'Univerfité de Paris en ce temps- là.
Spelman ctoit que le nom de Docteur n'a commen-
cé à fe donner , qu'après que l'ouvrage des Sen-
tences de Pierre Lombard eut été publié , vers l'an
1140. car alors, dit-il, on appela Z)ocre«rj , ceux
qui expliquoient cet ouvrage à leurs Ecoliers. Quel-
ques Auteurs remontent beaucoup plus haut , & di-
fent que Bede a été le premier appelé Docteur à
Cantorbery _, & Jean de Beverlac à Oxford. Ce Jean
mourut en 711. Spelman rejette ces opinions j mais
il croit qu'on a commencé à diftinguer le titre de
Docteur , de celui de Maître dès le IXe fiècle , fous
l'empire de Lothaire. En Angleterre , il croit que
le nom de Docteur n'a été un nom de titre & de
degré , que fous le Roi Jean , vers l'an 1207. Voye^
le Gloff. Arch&ol. de cet Auteur. Bonnet de Doc-
teur ^ Chaullede Docteur. Voye:^ Bonnet & Chaus-
se. Donner le bonnet de Docteur 3. quelq^ci' un , à un
Licencié ; prendre le bonnet de Docteur, recevoir le
bonnet deDocteur de la main dequelqu'un ,ou fim-
plemcntj donner , prendre , recevoir le bonner j c'efl
donner, prendre, ou recevoir la qualité dedocteur avec
les cérémonies accoutumées, dont l'une eft de donner
un bonnet catré à celui que l'on conftitue Docteur.
Avoir le bonnet , ou le bonnet de Docteur , c'efl:
être Docteur. Ôter le bonnet, ou le bonnet de Doc-
teur à quelqu'un , c'eft le dégrader , & lui ôter la
dignité & le rang de Docteur qu'il avoir.
Docteur de la Loi. Titre d'honneur ou de dignité
chez les Juifs. Legifperitus. Les Juifs ont aullij &
ont eu, dès avant Jefus-Chrift , le titre de Docteurs
en ufage parmi eux. Ils en donnoient , fi j'ofe aind
parler , l'inveftiture en mettant en main une clef &
des tablettes : &; il eft des Auteurs qui prétendent que
c'eft ce qncJ.C.indiquoit,quand,parlant aux Z)cjcre:^r5
de la Loi , en S. Luc XI. 5 1. il leur difoit ^ Malheur
à vous , Doéfeurs de la Loi , parce que vous ave^pris
la clef de la fcience , que vous n'êtes pas entres vous
même j & que vous ave^ empêché d'entrer ceux qui fe
prefentoienc. Ces Docteurs Juifs font ceux qu'ils ap-
DOC
pelknt Rabbins, ^^oye^ RABBIN. Le texte Grec de
i». Luc appelle No.«(xo(, Se la Vulgate Lcgljperid, ceux
que nos iiuerprèccs François nominenc Docteurs de
la Loi. Car , ce mtit Legij'pcrius ne le trouve que
dans S. Luc & dans 5. Paul , Tu. III. i j. No.«(k«Vj eft
une fois dans S. Matchieu XII. 55. où la Vulgate le
traduit Legis Doaor j c'eft-à-dire , Docteur de \.\
Loi.
Cette clef marquoic que les Docteurs dévoient avoir
la fcience renfermée dans leur cœur , & qu'ils dé-
voient l'ouvrir pour en faire part à leurs difciples \
& l'on croit que c'ellparune métaphore tirée de-la,
qu'il eft dit , Coloil. 5. que tous Us tréfors de la fa-
Ijcjje & de la Jiiencejonc cachés dans Jtfus-ChrijL
Docteur de l'Etîise. Titre que l'on donne â quelques-
uns des SS. Pères qui ont plus écrit , lS: dant la doc-
trine a été plus autorilée dans l'Eglife , &:. plus gé-
néralement fuivie. tcclefis, Doclor. Il y a dans le
Bréviaire un Office pour les Docïeurs. Il ne diffère
de celui des Contellèurs , que par l'antienne du
M.ignijicat ^ & les leçons. Il y a auiîî dans le Milfel
une Meifedes Doclcurs. Il y a parmi les Pères quatre
Docïeurs de TEglife Grecque , & quatre de l'£j;lifc
Latine. Les premiers font j faint Athanafe j i'amt
Bafiie le Grand, faint'Grégoire de Nazianze , faint
Jean Chryfoltôme. Ceux de l'Ei^life Latine font ,
ûint Ambroiie , faint Jérôme , faint Augullin, fiint
Grégoire Pape , furnommé le grand.
Le nom d<iDocL'ur:i été joint à plufieurs épithètes
fpécitiques , pour marquer particulièrement en quoi
conlilloit le mérite de ceux que l'Ecole vouloit ho-
norer comme fes Maîtres. Ainfi Alexandre de Kaie^
«Il appelé le Djcleur irréfragable j & {^.Jontaine de
vie J comme le dit l^lTevin ; faintThomas , le Doc-
teur Angélique ; faint Bonaventure , le Doéiear Sé-
raphique ; Jean Duns , ou Scor, le Docteur fubtil ,
RalmonJ Lulle, le ûoclcur illuminé ^A\xffi-h\Qnc\\iQ
Jean Taulere ; Roger Bacon , Cordelier Anglois j
le Docleur admirable \ Guillaume Ockam, le Doc-
teur JlnguUer \ Jean Gerfon & le Cardinal de Cufa ,
Docteurs très - Chrétiens ; Denis le Chartreux , le
Docleur extatique , & une infinité d'autres qu'ont
recueilli les Auteurs EccléfiaiHques , &c euire autres
Willot , Waddingue , &; M. Baillet , dans fon Juge
ment des Auteurs.
Docteur. J dans l'Eglife Grecque, eft le titre çl'une
dignité ou Office Eccléfiaftique. Les Grecs appellent
celui qui eft chargé d'mterprècer les Evangiles , Is
tf^îîaraaAo;-, ow Docltur àt l'Evangile. Celui qui inter-
prète les Epîtres de S. Paul , a le nom de Doîieur de
l'Apôtre : ils ont aulfi un interprète des Pfeaumes,
qui eft appelé le Docteur du Pfeautier. Confultez le
Glolfaire de Meurfîus fur le nom de SiSa^^aXoç^ l'Eu-
cologe des Grecs , & les fivantes Notes du P. Goar
fur l'Eucologe. L'origine de ces trois fortes Àq Doc-
teurs, vient de ce qu'on liloit dans l'Eglife les Evan-
giles j les Epîtres, les Ploaumes , &i même les au-
tres parties de l'Ecriture Sainte. L'Evêque étoit obli-
gé par fa charge d'en donner l'interprétation au peu-
ple qui aiîiftoit à l'Oifice Divin. C'eft pourquoi il eft
appelé S-t^'i(rKâ.}vi; , ou Docleur dans le nouveauTefta-
ment ^ mais on fut obligé dans la luite , de donner
ce foin-là à des prêtres. La qualité de Docleur tft
encore aujourd'hui ii grande parmi les Arméniens ,
qu'ils la donnent avec les mêmes cérémonies que
l'on confère les Ordres. Ils diient que cette dignité
imite celle de Notre-Seigneur , qui s'appeloit Rabbi ,
c'eft-i-dire , Maître , ou Docleur. Ce f jnt ces Doc-
teurs qu'on confulte dans les points de Religion.
Voye^ Gaban. Concil. Ecclef. Armen. cum Bonu
Docteur, fe dit auiïi de ceux qui font habiles en
quelque profelfion , quoiqu'ils n'aient pas reçu les
degrés. Doclus , pericus , eruditus in aliquafacultazc.
Il faut confulter cet homme-là , il eft Docleur ç.^ cet
art. Cromwel faifoit le Docleur & le Prophète ,
aulTi-bien que le foldat & le Capitaine , & mèloit
ainfi mille perfonnages divers. FlÉch. Epicure eft
le Docteur de la voUipcé. S. EvR. Préférons la pau- ,
DOC 403
vretc , donc Jefus-Chrift fut le Docteur in le modèle.
RoY.
Ah l les femmes Dodeurs ne font pas de mon goût.
Mol.
Docteur , lîgnihe fimplement, Maître , celui qui inf-
truit un autre. Duclor , Magijrcr , 1/fnutor. Vos
Docteurs vous conduifent dans l'erreur , c'eft-à-dire,
vos Maîtres , ceux qui vous enfeignent , qui vous
inftruifent. On appelle S. Paul par excellence j le
Docleur des Nations. Z)t)t7<;i<r de la vérité , c'eft un
homm.e qui enfeigne une doftrine vraie 5c ortho-
doxe. Docteurs de l'erreur & du menfonge , fonc
ceux qui enfeignent une doèttine faulfe &"erronée.
Tel ( Calvinifte ) fait un grand fondement fur ce
pallage de S. Jérôme , fans avoir jamais vu les ou-
vrages de ce grand homme , non pas même par le
dehors , perfuadé par fes Docteurs que c'eft une lec-
ture plus dangereufe , qu'utile. Pelisson. C'eft-à-
dire J les Minirtres , comme il le dit quelques li-
gnes plus bas.
On du, ironiquement & à contre fcns , des igno-
rans , C^eft un grand Docleur j un Docleur en fou-
pe lalée.
Puretiere^au mot oublier, dit qu'un Bachelier eft un
homme qui apprend ; Se qu'un Docteur ed un hom-
me qui oublie. Cet exemple a été fupprimé dans le
Furetiere de Bafnage, peut-être parce que celui-
ci étoit Docleur en Droit. LTn Docteur à la douzai-
ne , Doctor de duodena ^ comme l'appelle Nevizan,
Liv. 5.11. 40. eft la même chofe qu'un Docteur d'A-
mercs , village à une lieue de Dijon , fameux par
fes grottes, & encore plus par fon Univeriité, où
il fe reçoit plus de Docteurs qu'en toute autre. Clof-
faire Bourguignon, au mot Aneire.
DOCTORAL , ALE. Qui appartient au Dodeur. Doc-
toris proprius. Ronnst doctoral. Robe doctorale
§Cr DOCTORAT, f. m. Degré de Dodeur. Vitre
qu'on donne à celui qui a accompli le temps d'étu-
de prefcrit , &c fait les exercices necelFaires pour
être promu à ce degré. Doctons gradus. Doctoratus.,
Il en coûte bien du temps & de l'argent pour par-
venir au doctorat,
DOCTORERIE. f. f. Dodorat, état deDodcur. Doc-
toratus. Ce mot n'eft tolérable que dans la conver-
fation & le ftyle familier,
DOCTORERIE , (ignifie encore dans les Univerlîtés
une Thèfe que l'on foutient , quand on veut être
reçu Docteur. Un te! Licentié foutient demain fa
Doctorerie. Thefis pro do-ctoratu.
DOCTRINAIRE, f m. Pète de la Dodrine Chrétien-
ne , Prêtre de la Doctrine Chrétienne , Clerc Sécu-
lier de la Congrégation de la Daétune Chrétienne.
Pater ^ Presbyter j Clcricus Secularis Conarecratio-
nis Doctrine Chrijlianx. Les Doctrinaires ont trente
Collèges , & dix Séminaires en France , outre plu-
Iieurs Cures unies à leur Congrégation. C'eft un
Doctrinaire qui nous prêche. Après leur uiiion les
Doctrinaires ne furent jamais bien d'accord avec les
Somafques : ceux-ci ayant voulu contraindre les
Doctrinaires de recevoir les nouvelles conftitutions
qui avoiént été approuvées par le S. Siège en 1616
le Chapitre Provincial des Doctrinaires j qui fe cinc
à Gimontl'an i6ij , refufa de les accepter. P. HÉ-
lyot Liv. IV. C. 34, Il n'y eut guère de Chapitre en
France , où il ne furvînc quelque conteftation tou-
chant cette union entre les Doctrinaires Se les So-
mafques ; ce qui fit prendre la réfolurion aux Doc-
trinaires de s'en féparer. Id. f^oye:^ Doctrine
Chrétienne.
DOCTRINAL, >le. adj. Qui fe dit des avis, des
fentimens que l'on donne en matière de doctri-
ne J de dogme , ou de mœurs , quand ce ne font
point fentimens judiciaires. Dogmaticus. Les Prê-
ties , les Dodeurs , les LTniverfités même ne don-
nent que desJugemens Doctrinaux fur les Livres.
Les Evêques feuls ont le droit de porter des juge-
mzns judiciaires. Le Parlement a demandé à laSor-
E e e i;
404 DOC
bonne fon avis doctrinal , fur tel ouvrage qui fait
du bruit, & qui lui a été déféré. Vous avez vu la
réfutation de leur fyrtème erroné lur les Jugemens
de l'Eglife , dans l'avis doctrinal des trente i'rélats.
De TENctN. Jugement doctrinal. Le Clergé du fé-
cond ordre , n'a dans les Conciles qu'un iuftrage
doctrinal. Le fufftage des Docteurs n elt pas un
fuffrage de juiifdiélion , mais un avis doctrinal. Les
Pères de l'Eglife , confidérés comme Dodeurs par-
ticuliers j n'ont qu'une autorité doctrinale. L'Abbe
Faydit remarque , pag. deuxième de fes Remarques ,
qu'Horace a fait des Odes Galantes Se de Doctri-
nales , c'elt-à-dire , qu'il en a fait fur des fujets
amoureux , &c d'autres lur des fujets férieux & plii-
lofophiques. Scuderi a bien fait des ouvrages Ro-
manefques \ mais il en a fait aulîi de Doctrinaux.
DOCTRINE, f. f. Erudition, ce qu'on a appris en li-
fant , Doctrina , eruditio. Ce Prolelfeur a un grand
fonds de doctrine. Tel Savant cil un abyme de doc-
' trine ^ mais un abyme qu'on peut appeler un cahos ,
où toutes les fciencesfont brouillées enfemble.BouH.
On le dit aulIi de ce qui eft contenu dans les li-
vres. Calepin contient bien de la doctrine, il y a une 1
bonne 8c faine doctrine dans ce Livre. On le dit
auili des fentimens particuliers des Auteurs , ou des
Sociétés- La doctrine de l'Eglife orthodoxe. Doctrine
Chrétienne fe dit fouvent de ce qu'on appelle aulîi
\ Catéchifme. La doclrine qu'enfeignent les Calvinif-
tes eft condamnée par l'Eglife.
§Cr Ces mots doclrine , favoir , fcience , ont cha-
. cun leur idée propre qui les caradèrife. Le fa-
voir dit quelque chofe de plus étendu que l'érudi-
tion , principalement dans ce qui eft de pratique.
La fcience enchérit par la profondeur des connoif-
fances , avec un rapport particulier à ce qui eft de
Spéculation. Doctrine ne fe dit j proprement , qu'en
fait de moeurs & de Religion. Il emporte aulli une
idée de choix dans le dogme , & d'attachement à
un parti ou à une feéte :Syn. Fr. La doclrine fait
les gens inftruits. On fuit ordinairement la doclrine
de {&% maîtres j fans trop examiner fi elle eft la
bonne. Voye-{ les autres mots.
Doctrine Chrétienne. Nom de deux Congréga-
tions de Clercs , l'une en Italie & l'autre en France.
La Congrégation des Pères de la Doctrine Chré-
tienne Qa Italie commença par une efpècedeCon
frcrie , dans laquelle quelques Prêtres t^ Laïques
entrèrent fous le Pontificat de Pie IV , & qui s'u-
nirent enfcmble pour enfeigner la Doctrine Chré-
tienne aux Enfans &; aux Ignorans. Le premier à
qui Dieu infpira ce delfein fut Marc de Sadis Cu-
fani , Gentilhomme Milanois , vers l'an 1^60. Ils
commencèrent l'explication de la Doctrine Chré-
tienne dans l'Eglife de S. AppoUinaire à Rome; &
un des premiers qui s'y employa fut le célèbre
Céfar Baronius , qui fut depuis Cardinal. Cette
Confrérie s'augmentant de jour en jour, Pie V
accorda en 1567, des Indulgences à tous ceux qui j
y enrreroient. En 1571 , il ordonna à tous les Cu-
rés d'établir de pareilles Conhèries dans leurs Pa-
roiffes , & accorda à ceux qui y entreroient beau-
coup d'Indulgences , que Grégoire XIII augmenta
encore. Bellarmin j Jéfuite , compola p^r ordre de
Clément v'III , fon Catéchifme pour cette Confré-
rie, afin que fa manière d'enfeigner fût par-tout
uniforme. Quoique les Pères de la Doctrine Chré-
tienne foient une Congrésation féparée de cette
Archiconfraternité, & qu'ils aient neuf Maifons en
différentes Provinces d'Italie , ils font toujours unis
enfemble en ce qui regarde l'inftruélion de la jeu-
neffe, & jouilfent des mêmes privilèges. Le P. Jean
Baptifte Seraphini d'Orviette , étant Général , en
drelli l'an i(5o^ , les Conftitutions , qui furent ap
prouvées du Cardinal-Vicaire , par ordre de Gré
goire XITI , & imprimées à Rome en i(Î04. Cette
Congrégation a un Général , ou Prévôt-Général ,
qui en eft le chef, Przpojitus Generalis , un Vice
Général , ou Vice-Prévôt , Vicepr&pofitus \ troi
Délîuiteurs , un Chancelier , deux Vifiteurs j <Sc un
DOC
Compotifte. Les Supérieurs & Officiers fubalternes
lont les Recteurs des Mailons , Supérieurs , Infir-
miers , Maîtres des Novices j Dépofitaires , Com-
muniers , Provéditeurs & Dépenhers. On n'y dit
point l'Office en commun, (i ce n'eft les principa-
les Fêtes. Ces Pères ont l'habillement des Prêtres ,
avec un petit rabat large d'un doigt autour du col-
let. Us nont point fait de vœujufqu'en 1609, que
leur Chapitre général ordonna qu après l'année de
Noviciat on feroit vœu de refter dans la Congré-
gation. Grégoire XV, par un Bref de l'an 1621,
réferva aux fouverains Pontifes le pouvoir de dil-
penfer de ce vœu j & L'rbain Vlil ordonna en
i6i7 , par un Bref du 10 Septembre, que ceux qui
fortiroient de cette Congrégation lans cette' dilpenfe
feroient traités comme les Apoltats , & encour-
roient les mêmes peines. Phil. Bonnani , Catal. des
Ord. Relig. P. III. P. Helyot , HiJL des Ordres Ke-
%.P. III, Ç. 35.
La Congrégation de la Doctrine Chrétienne en
France eft une Congrégation hiérarchique , fondée
par le B. Céfar de Bus, Gentilhomme , né à Ca-
vaillon dans le Comté Venaillin en Provence , le j
Février 1544. Ce font des Clercs Séculiers à qui
on a donné le nom de Pères de la Doctrine Chré-
tienne , parce que la fin principale de leur Inftittii:
eft d'enfeigner la Doctrine Chrétienne _, en catéchi-
fant les peuples, & leur expliquant les MyftèrÈs
de la Foi. Ils honorent S. Charles Borromée comme
leur premier Inftituteur , parce que la grande Con-
grégation de la Doctrine Chrétienne , établie à Mi-
lan par cet illuftre Archevêque , fit prendre au B.
Céfar leur Fondateur l'idée de la fienne , & en fut
comme le crayon 5c le plan. Il la compofa de Prê-
tres &c de Clercs , dont la fonétion perpétuelle &
principale fut d'enfeigner la Doctrine Chrétienne ;
& les ayant affemblés à l'Ifle dans le Comté Ve-
naiflin le 29 Seprembre 1592 , après y avoir déli-
béré fur les moyens d'obtenir la permillîon d'exer-
cer leurs fondions dans l'Eglife de Sainte Prnxède
à Avignon , ils députèrent,i Rome pour cet effet.
Clément VIII les renvoya à Marie 'laurujîus j qui
venoit d'être nommé à l'Archevêché d'Avignon. Ce
Prélat leur accorda ce qu'ils demandoient en 1593,
& rendit des témoignages li avantageux de cette
Congrégation nailfante, que le Pape i'autorifa & la
confirma par une Bulle du 13 Décembre 1597. Elle
porte que l'exercice de la Doctrine Chrétiennent fera
pas l'unique occupation des Prêtres ; qu'ils pourront,
fims fortir de l'efprit de leurlnftitutj prêcher la pa-
role de Dieu dans la Chaire de Vérité , & récon-»
cilier les pécheurs au Tribunal de la Pénitence. Dans
la fuite le B. Céfar , croyant que le vœu fimple d'o-
béiffance étoit abfolument néceffaire pour affermie
fa CongrégatioUj propofaà fes Compagnons de con-
tradler cet engagement ; mais les fentimens fe trou-'
verent partagés , & quelques-uns ne voulant pas fui-
vre fes vues fe féparèrent de lui , 5: formèrent un
Corps à part, qui depuis fut uni à celui de l'Oratoire
de France, & perdit le nom de la Doctrine Chrétienne^
qui demeura à ceux qui firent le vœu fimple d'o-
béi ffan ce.
En 1614, fept ans après la mort du B. Céfar , le P.
Antoine Figier fon fuccelleur fe fit autorifer par les
Prêtres de la Doctrine Chrétienne pour faire ériger fa
Congrégation en Ordre Religieux, & obtenir la per-
miffion de s'engager par des vœux folennels; mais,
n'.ayant pu y réullir que par la voie de l'union avec
quelque Corps Religieux , il unit la Congréga-
tion des Clercs Séculiers de la Doctrine Chrétienne
aveugla Congrégation des Clercs Réguliers Somaf-
ques , pour ne compofer qu'un feul ù même Corps
Religieux , où l'on feroit déformais les trois vœux
folennels. Cette union caufa bien des troubles en
France parmi les Dodrinaires. Elle ne dura que juf-
qu'en 1(547, que le Pape Innocent X , follicité par
les vives inftances du Roi Louis XIV , de glorieufe
mémoire, la caffa par un Bref du 30 Juillet , fou-
rnit les Prêtres de la Doctrine Chrétienne aux Ordi-
DOC DOD
hairos , & létablit leur Congrégation en Ton premier
état , tel qu'il étoit avant 1 union ; i ^ qu'il confirma
encore par d'autres Brefs en 16 y- de 1 6 ,-4 , auUi bien
que fon fucceffeur Alexandre VH , qui csmnu: l'é-
xécution de tous ces Brefs au Cardinal Grimaldi ,
qui préfida au nom de fa Sainteté au Chapitre Géné-
ral des Dodrinaires tenu à Avignon en 1657.
Depuis ce temps-là les PP. de la Doctrine ChtX'
tienne ont formé une Conj^régation particulière ,
hiérarchique & féculière , qui ;i fon Général, le-
quel eil toujours François. Ils ont en France trois
Provinces : celles d'Avignon , de Paris & de Tou-
loufe ; & en Italie , celles de Rome & de Naples,
depuis que le Pape Benoit XIII a réuni la Congré-
gation de la Doctrine Chrénenne de Naples à celle
de France, & plus de foixante-deux AlaifonSjSc
minaires ou Collèges , outre grand nombre de Cu-
res unies.
On appelle hDoclrine Chrétienne , non-feulement
toute la Congrégation, mais encore chaque Mai
fon de la Congrégation. Il demeure à la Doclnne
Chrétienne. Il a étudié à la Doctrine Chrétienne. J'zi
entendu la Melfe à la Doctrine Chrétienne. Un Père
de la Doctrine Chrétienne. On les appelle aufll Doc
trinaires. Les Pères de la Doctrine Chrétienne n'onr
point d'habit particulier. Ils portent celui de Prê-
tres à-peu-près tel qu'il étoit au temps de leur éta-
blilfement. Il n'elt guère différent de celui des Pè-
res de l'Oratoire.
DOCUMENT, f. m. Terme de Palais. Ce font des ti-
tres ou preuves par écrits de faits qu'on allègue ,
& principalement des chofes anciennes. Documen-
tum. On prouve l'ancienneté de la fondation de
cette Eglife par plulîeurs bons titres àc documens.
DOD.
DODANIM. Nom d'un fils de Javan, & de fa pofté-
térité , qui fut une des ptemières narions du mon-
de , qui divifèrent la terre après le déluge, & la re-
peuplèrent. Doianim. Gen. X, 4. On ne fait pas quelle
fut cette nation , ni quel pays lui échut. Les P.iraphra
fes Chaldaïques les prenncnr pour les Dardaniens.
Des Auteurs récens difent que ce font lesDodoniens^
que Dedan , ou Dodan, fils de Javan ^ fut mis au
nombre des Dieux, & que c'eft fon nom que porta
l'Oracle de Dodone. Le Texte Samaritain & les
Septante font croire à quelques Savans que ce font
les Rhodiens. Bochart réfute cette opinion dans fon
Phdleg , L. III, C. 6. Rhodes, dit-il, ell un nom
récent , & donné à cette ile à caufe des belles rofes
qu'elle produifoir. Cette île n'a été connue que fort
tard. Les premiers qui l'ont habitée , qui font les
Héliades , étoient contemporains de Moife ; enfin ,
elle eft trop petite pour contenir une nation entière.
D'ailleurs , il paroît que ce mot de Rhodiens eil
moins une tradu6tion de l'Interprète Samaritain &
des Septante, qu'une faute des Copiftes qui ont pris
un daleth pour un refch , lettres très-femblables
dans les deux caradères Hébreux. Voyc-^ encore
Dedan.
DODART. f. m. Nom dhomme. Theoiardus. Saint
Thcodart , vulgairement Saint Dodart , fils d'un
Gentilhomme François , vint au monde du temps
de Clotaire II. Baille r, au i o de ^Se/^r. Sainr Z)o-
dart fuccéda à Saint Rimail en l'Evcché de Maef-
tricht l'an C6i, & mourut très-vraifemblablement
en 66%.
DODAU. FoyeT; DODO.
DODECAGONE, f. m. Terme de Géométrie. Fi-
gure qui a douze angles , & douze côtés. Dode-
cagonus.
En termes de Forrification j c'efl: une place qui a
douze baftions , telle ciu'eft Paima nova chez les
Vénitiens j dans le Frioul, qui elt b.âtie & fortifiée
régulièrement.
DODECAHEDRE. f. f Terme de Géométrie. Ceft
un des cinq corps réguliers, compofé de douze fa-
ces égales j dont chacune eft un Pentagone rcgu-
DOD 40J
Viev.Dodecahedrum. Faire des cadrans fur toutes
les faces d'un dodecahédre.
DODECATEMORIE. Terme d'Aftronomie. La dou-
zième partie d'un cercle. Doduatemorium.On appelle
dodec^témones y les douze parties du Zodiaque du
premier mobile , pour les dilUnguer des douze
lignes du firmament. Les Agronomes appellent ainfi
chaque figne du Zodiaque \ p^ice que , fi l'on divile
jéo par 50 , il vient li , de même que , fi l'on divife
^60 par li, ilv,w;;i jO. Ce mot efi: Grec ,<?»c^xaTirjKof(o*,
tk. etl lait de Mm» j douze j & de r-'f" , partie j
particule.
DODELINER, v. a. Remuer doucement & alternati-
vement d'un côté à l'.iutre. Ce terme bas &: popu-
laire fe dit en quelques Provinces , où l'on s'en i'ert
pour exprimer le mouvement qu'on donne à un
berceau pour endormir un enfanr. Dodeliner la tête,
c'eft la remuer doucement d'une manière propre à
endormir.
Ce mot vient de l'Italien dondolare , ou du mot
François dodo.
DODINE. f. f. ell une efpèce de fauce délicate qu'on
lait d'ordinaire aux canards avec de l'oignon , de la
grailfe tombant du rôt, qu'on mêle avec de la fa-
rine & du lait qu'on a délayés enfemble. Juris ge-
nus exquifîtum acdeiicatum. Les Italiens appellent la
fauce à la dodine , falfa di cipolle per rar.etre. Il y
en a qui croient que la fauce à la dodine eft l'alfai-
fonnement qu'on donne aux daubes.
L'origine de ce mor eft incertaine : l'Auteur des
Notes fur Rabelais dit qu'à Metz , Dodin eft un di-
minutif de Claude, & que la dodine peut avoir eu
fon nom de quelque Cuifinier appelé Claude.
DODINER. Qui ne fe dit qu'avec le pronom perfcn-
nel, de ceux qui vivent délicatement, &: .à leur
aife , fans vouloir fe donner aucune peine Curare
molliiis cuticulam. Ce parelfeux fe '^Qli}.e dans fon
lit jufqu'à midi. Il eft: du ftyle fai. lier.
DODINER.. V. n. Terme d'Moiloger. Ce mot exprime
le mouvement du balancier. Ce balancier aodine
bien. Librari.
DODO. C'eft un terme enfantin , dont on fe fert
pour inviter les enfans à dormir. Dormire. La nour-
rice dit à fon nourrillon , Allons faire dodo. Dor-
initum eamus. L'enfant fait dodo.
Ci gît qui s' appelait Dando ,
Mon compire Alejfïre L tienne.
Il eji céans qui jait dodo :
S'il eJi bien aife 3 qu'il s'y tienne. C. de Rior.
Quelques-uns dérivent ce mot du Grec êu.ii ,
^«ùs j du verbe ^»"1 , dormio j & prétendent qu'il
faut écrire dcudau.
ûODONE. Ville ancienne de l'Epire , que la foret de
Dodone , l'Oracle de Dodone , la fonraine de Do-
done ^ rendirent célèbre. Il y avoir proche de Do-
done un bois tout de chênes , confacré à Jupirer.
C'eft ce qu'on appeloit la foret de Dodone. Dodo-
neum nemus. Dans ce bois étoit un temple de Ju-
piter , dans lequel étoit le plus fameux , & , à ce
qu'on prétend, le plus ancien de rous les Oracles de
la Grèce. Ce n'étoit pas au refte le feul Jupiter du
temple de Dodone qui rendoit des Oracles \ on dit
que les pigeons en rendoient aulli dans la forêt de
Dodone. Mais Hérodote a montré l'origine de cette
fable, en nous apprenant qu'elle étoit fondée fur
ce que, dans la langue deThelTalie, nsAcia, qui ligni-
fie une colombe j fignifie aulli une Devinerelle , une
Prophètelfe. Mais cequ'il y avoir de plus furprenanr,
c'eft, difenr les Poètes , que les chênes mêni;s de la
forêt de Dodone parloienr aulîî y & débitoient ^z^
oracles, ///é? VoiTius, de Idolol. L. I , C. j , p. Z7.
LTn de nos Poctes dit plaifamment à un de fes
Cenfeurs :
Quand vous ferie'^ un chêne de Dodone ,
Bois où , félon la docte Antiquité ,
Chênes jadis ont long-temps caqueté ,
Point n en ferais plus uis de votre Prone.
P. DU Cerc.
4o6 DOD DOE DOG
Un chêne de Dodone auroit-il mieux parWi Id.
Chêne parler nejl chofe fi nouvelle :
Ceux de Dodone , ainfi qu'on l'a note'.
Avaient ce don & d'une voix fidelle
Parlaient jadis , & difoient vérité.
J'en cannois maints dans lejiecle oh nous fammes ,
Je ne dis pas des Chênes , mais des hommes ,
Qui dans leurs dits n'enfauroicnt faire autant.
P. Du Cerc.
ffT La fontaine de Dodone toit voifine du tem-
ple de Jupiter. Pline dit que , quoiqu'elle tut très-
froide j & quelle éteignît les flambeaux allumés
qu'on y plongeoit (ce qui n'ctoit pas étonnant ) , elle
rallumoit les Hambeaux éteints qu'en en approchoit;
effet quon doit fans doute attribuer aux vapeurs m-
flammables qu'elle exhaloit, à- peu-près comme la
fontaine deDauphiné, qu'on nommoit la fontaine
ardente, à trois lieues de Grenoble \ mais qui ne
produit plus aujourd'hui le même effet, parce qu'elle
s'eft éloignée depuis long-temps d'un petit volcan ,
fur lequel elle couloit.
fCJ" La fontaine de Dodone étoit à fec à midi j
enfuite, croiffant jufqu'à minuit, elle recommençoit
à décroître jufqu'à midi fuivant. Voye\ Anapao-
menes.
La ville de Dodone avoir pris fon nom de la ri-
vière fur laquelle elle étoit lituée , au-deiîus de l'en-
droit où elle fe jetoit dans l'Achéloiis ; ou bien elle
avoit donné le fien à cette rivière , qui s'appeloit j
auili Dodone. En Poëfie, on nomme Dodone y non-
feulement la ville & la rivière , mais encore l'O-
racle j la forêt , les chênes. Et Ovide a dit , Do-
donâ vsrior augur.
DODONEEN , ou DODONIEN. adj. Epithète que
l'on donne à Jupiter , adoié dans le temple de Do-
done , dans la forêt de Dodone. Dadonaus. Le tem-
ple de Jupiter Dodaneen j l'Oracle de Jupiter Do-
donien , les Prêtres de Jupiter Dodonéen, Dodonéen
paroît plus félon l'analogie que Dodonien.
DODONIDE. f f Nom de Nymphes. Dodonis. Les
-Dodanides font dans la fable , les nourrices de Bac-
chus. On les appelle autrement Atlantides. Les Do-
danides étoient auflî des femmes qui rendoient les
Oracles à Dodone j tantôt en vers , & tantôt en
profe.
DODRANS. Mot purement Latin. Terme d'Antiquai-
re, dont oneft quelquefois obligé de fe fervir. C'eft
une des parties de l'as. Voye\ As , & Vigenère ,
dans fes Annotations fur Tite - Live , page 1 502. &
fuiv.
^fJ" Ce terme eft aulîî employé en Botanique , &
fîgnifie empan , mefure ancienne qui eft d'environ
huit pouces j ou les deux tiers d'un pied ; c'eft l'ef-
pace compris depuis l'extrémité du pouce y jufqu'à
l'extrémité du petit doigt. On dit , planta dodran-
tis _, ou dodrantem al ta.
DODU, UE. adj. Gras, potelé , qui a beaucoup de
chair. Pinguiar j plenior. C'eft un homme bien
gras J bien dodu. Un chapon dodu.
Ces pigeons font AoàviS y mange^ftr ma parole. Boil.
On dit aufli d'une femme qui a beaucoup d'em-
bonpoint J qu'elle eft dodue. Il eft du ftyle fa-
milier.
DOE.
DOÉ. Ville, royei DOUÉ.
DOËDLE. f f Foy. DOUELLE. Ce mot vient de do-
lium , un tonneau.
DOESBOURG. Foye^ DOUSBOURG ^ & DUIS-
BOURG.
DOG.
DOGADO. Province de l'Etat de Venife , en Italie.
Ducatus Fenetus. Le Dogado eft borné par la Polé-
fine au midi ; par le Padouan au couchant ; par le
Trévifan au nord j & pat le golfe de Venife au le-
DOG
vant. La ville de Venife eft capitale du Doaado ,
qui , outre une pente partie de la côte qui s'avance
peu dans les terres , comprend ce qu'on appelle les
Lagunes de Venile ; c'elt-à-dire , plufieurs petites
Iles , qui font près de cette côte. Baudran & quel-
ques autres Géographes étendent le Dogâdo julqu'd
l'embouchure du Lilonfo , ôc y enferment auill les
Lagunes de Alorano j qui lont des Iles proches de
la côte au nord des Lagunes de Venile.
Ce mot Dogado eft Italien j Cï^niiie ^ Duché , &
s'eft formé de ducatus _, comme Dogé lignifie Duc j
& s'eft formé de Dux _, ducis.
03- DOGAN - BACHI , ou DOGHANGI - BACHI.
Nom que les Turcs donnent au grand Tauconnier
du Sultan. ■ , / • .,1 uL ,•
DOG AT. f. m. Qualité, ou dignité du Doge de Ve-
nile, ou de Gènes. Dignnas Ducis V enetorum ^
Genuenjium. Il a exercé le Dogat pendant dix ans.
Le Dogat At Venife eft à vie , celui de Gènes eft de
deux ans.
DOGE. f. m. C'eft un Magiftrat éledif qui eft le Chef
du Conleil , ou de la République de Venife , ou de
Gènes. Dux Venetorum _, Genuenfum. On l'élit à vie
à Venile, & pour deux ans feulement à Gènes. Le
Doge de Venile n'eft proprement quune vaine ima-
ge , & un véritable îantôme de la Wajefté du Prin-
ce j dont la République a retenu toute l'autorité. Il
ne fait J. pour ainli dire , que prêter fon nom au Sé-
nat j iSc le pouvoir eft répandu fur toute la Républi-
que j quoique les réponles le falfent au nom du Do-
ge. S'il lait quelques léponfes de fon chef , il faut
qu'elles loient bien mefurées , & en termes bien
généraux, s'il ne veut pas s'expofer àelfuyer unelen-
lible réprimande. Ainli il faut qu'on foit d'un efprit
doux , & qui fiche plier à tout. S. Didier. La puif-
fance fouveraine de Ja République de Venife, rélî-
de dans le Sénat ; m.ais le Doge la repréfente, quoi-
qu'il n'en ait que l'ombre. Autrefois les Doges ont
été Souverains ; mais les chofes ont changé , & au-
jourd'hui les prérogatives du Doge , ne conhftent
plus que dans les chofes fuivantes. Il donne audien-
ce aux Amhaifadeurs ; mais il ne leur donne point
de réponfe de fon chef fur les affaires importantes :
il a feulement la liberté de répondre comme il le
juge à propos , aux complimens qu'ils font à la Sei-
gneurie , parce que ces fortes de réponfes font fans
conféquence. Le Doge en qualité de premier Ma-
giftrat , eft chef de tous les Confeils. Les lettres de
créance que la République envoie à {es Mmiftres
dans les Cours étrangères , font écrites au nom du
Doge ; cependant il ne les ligne point : un Secré-
taire du Sénat eft chargé de les ligner , & d'y ap-
pofer le fceaudes aimes de la République. Les Am-
balïadeurs adrelTent leurs dépêches au Doge , qui
ne peut les ouvrir qu'en préfence des Conleillers.
La monnoie qu'on appelle ducat , fe bat au nom du
Doge J mais non pas à Ion coin , ou à les armes.
Tous les Magiftrats fe lèvent & faluent le Doge ,
quand il entre dans les Confeils , & le Doge ne fe
lève pour perfonne 3 que pour les Ambalîàdeurs
étrangers. Le Doge nomme à tous les Bénéfices de
l'Eglifede S. Marc j il eft protedteur du Monaftère
de/le Firgine ; il nomme à quelques petites charges
d'huiiliers de fa maifon , qu'on appelle Comman-
deurs du Palais. Sa fimille n'eft point foumife au
Magiftrat des pompes , Se fes enfans peuvent avoir
deseftafiers, & des gondoliers vêtus de livrée. La
grandeur du Doge eft tempérée par bien ces chofes
qui lui rendent fa dignité onéieufe. Il ne fauroit
fortir de Venife , fans permilîîon des Confeillers ;
&, s'il fortj il eft expofé à recevoir des infuires fans
en pouvoir prétendre fatisfaélion ; & , s'il arrivoic
quelque défordre dans le lieu où il fe trouveroit ,
ce feroit au Podeftat , comme étant revêtu de l'au-
torité publique , à y mettre ordre. Les enfans & les
frères du Doge font exclus des premières charges de
l'Etat ; ils ne fauroient obtenir aucun bénéfice de. la
Cour de Rome ; mais ils peuvent accepter le Car-
din:;ht, qui n'eft point un bénéfice , & qui ne don-
D O G
ne point de Jurifdiction. Le Dvge ne peut pas ,
pour ferepofer, le démettre de fa dignité \, & , après
la mort j la conduite eil recherchée par trois Inqui-
liteuis & cinq CorreCieurs , qui examinent avec
beaucoup de févcrité fon admmiihation. !'^oye-{
V Hijloirt: du Gouvernement de Venifc, par i\i. Arneiot
de la Houiraie. A Venife on ne prend pas le deuil
pour la mort du Doge , parce qu'il n'eft pas le Sou-
verain , mais le premier de la République. Wic^^.
Le Doge ell comme la bouche de la République ,
parce qu'il répond pour elle. Le Doge eft à la Ré-
publique , & non pas la Republique au Doge. On
le traite de Sérénité j titre , félon les Vénitiens , au-
delFus de celui d'Alteife. Doge fynihe Duc. Le Do-
ge de Gènes étant à Verfailles dit , que la chofe la
plus extraordinaire qu'il y trouvoit , étoit de s'y
voir.
ORDRE DU DOGE. Nom d'an Ordre militaire à
Venife. Ducalis Ordo. Comme le Doi^e elt i^rince,
& chef de la République , il confère de fon autori-
té un Ordre , qu'on nomme l'Ordre du Doge ou du
Prince de Vende. Il le donne dans fi falled'audien
ce \ & la marque que portent les Chevaliers de cet
Ordre j est une Croix à douze pointes j comme
celle des Chevaliers de Malte. Elle est émaillé'e de
bleujorlée d'or avec une ovale au milieu, où est
reptéfenré le Lion de S. ALirc P. Hélyot. 7'. V 111
C. 57. f^oye^ aulH l'Abbé Justiniani & Schone-
beck.
DOGESSE. f. f. Nom de la femme d'un Doge. Les
Dogejjes n'ont aucune part aux ombres d'honneur
qui accompagnent les Doges. Misson. Le Palais de
la République , qu'ils appellent Pala^^^o Lieale , est
extrêmement grand : le Doge & la Dogejfe y fonr
loi^és. Voilà, très-fércne Dogejje, Se très-excellen
tes Sénatrices , tout ce que je puis dire en public...
Œuvres de Saint Evremond. Le mot de Dogejje est
répété plufieurs fois dans cette fcène , qui est la fé-
conde du quatrième Aile de la Comédie de Sir Po
litick Would-be. Après tout , il vaut bien celui de
SireJJe , féminin de Sire qui est dans le Dictionaire
Comique.
§a= DOGMATIQUE, adj. Terme de Théologie , ce
qui appartient aux dogmes de la Religion , ce qui
concerne le dogme , ce qui est hé avec le dogme.
Dogmaticus. Jugement dogmatique , qui roule lui
des dogmes , ou fur des matières qui concernent le
dogme. Fait dogmatique , faclum dogmaticum : fait
qui a rapport au dogme.
DOGMATigUE,en termes de Philofophie & deGram-
maire. adj. &c f. m. Inllrudlif , qui appartient à quel-
que opinion , ou à quelque principe établi en matiè-
re de Philofophie. (^uod ad alicujus dogmatis ,fcien-
ti£ , opinionis intelligentiam ^ notitiatn pertinet ; dog
maticus. Ce mot n'est bon que dans le dogmatique-
Le mot de catégorie est un terme dogmatique. Un
Philofophe dogmatique est celui qui allure pohtive-
ment une chofe , comme vraie , qui établit des dog-
mes en philofophie. Il estoppofé au Sceptique, le-
quel doute de tout. Alicujus opinionis dejenfor , Pro
pugnator. Les dogmatiques décidoient ptéfomptueu-
fement de tout. Bail.
ifT On appelle ton dogmatique , le ton magistral
& pédantefque , le ton d'un homme qui débite fes
opinions d'un air d'alfurance , trop décilif , un hom-
me qui veut régenter. Prendre un ton dogmatique
& décifif. Quod magiflri autoritatem , gravi tatem
fapu. C'est la profonde ignorance qui infpire le ton
dogmatique. La Br.
Dogmatique. Nom d'une feéle d'anciens Médecins,
nommés autrement Logiciens , parce qu'ils em-
plovoient les règles de la Logique, pour traiter ce
qui étoit de leur profelhon , uf.int de définitions &C
dedivifionSj rcdmfant les maladies à certains gen-
res , ces genres à des efpèces , & ayant des remèdes
pour les uns & pour les autres \ fe faifant des prin-
cipes, & en tirant des conféquences , & appliquant
ces principes & ces conféquences aux maladies par-
ticulières qu'ils traitoient. Dogmaticus. Hippocratc
DOG 407
& Galien étoient Dogmatiques j ou de la fedle des
Dogmatiques j les^ Dogmatiques étoient ceux qui
donnoient à la Médecine un arrangement fembla-
ble à celui des fciences fpécularives , qui définif-
ioientj divifoient , pofoicnt des principes , 6c en
tiroient des conféquences. C'est pour cela qu'on les
nommait auili Logiciens. Ils s'appliquoient à re-
chercher les caufes des maladies , '& la nature des
remèdes. Erafisrrate, fameux dogmatique ^ alla Ç\ loin^
que non content de diilcquer des chiens & des ani-
maux , il demandoit aux Magistrats des criminels
condamnés à mort , les ouvroit tout vivans &
fouilloit dans leuts entrailles, /'oye^ encore au mot
MEDECINE , &c au motlVlETHODIQUE.
La Méthode de ces Médecins j s'appelle Médeci-
ne dogmatique. M. Harris la définir une prarique
raifonnée de la Médecine. Hippocrnte , félon lui ,
en fut le premier Auteur , & après lui Calien. Cette
fede , lut des principes de Philofophie , à ce qu'elle
prétendoit, rejetoit toutes les vertus médecinales ,
qu'elle ne penfoit pas qu'on pue réduire à des qua-
lités manifestes. Kiais il y a long-temps que Gaiieii
lui-même a nés -bien remarqué qu'il Eiut que ces
Médecins , ou nient des faits évidents , ou n'appor-
tent que de très-mauvaifes raifons de pluiieurs etîets
qu'ils prétendent expliquer. Harris.
DOGMATIQUEMENT, adv. D'une manière dog-
matique, & comme on parle en l'Ecole. Dialectico
more. Cette question n'est pas prouvée dogmatique-
ment J mais par des raifons familières & accommo-
dées à la capacité du peuple.
Dogmatiquement, (ignihe auffi , Magistralement
d'un ton , d'un air de maître. Cum gravitate , autori'
tate magistri. Les Savans voudroient bien s^TTtrribuer
le droit de parler dogmatiquement de toutes chofes ■
mais ils fe trompent. Nie.
tfT DOGMATISER, v. n. Enfeigner quelque dogme.
Aliquod dogma dijjeminare. Il fe dit en mauvaife
part , pour enfeigner une dodrine faufle ou dange-
reule , particulièrement en mitière de Religion.
Cet homme ne frit que dogmatifcr. En France il est
défendu de dogmatifcr , d'enfeigner des opinions
nouvelles. Novam , non receptam in vulgus opinionem
dijjeminare.
Dogmatifcr vient du Grec ^«'//««"(J"», qui fignifie,
enfeigner. Eadmer , Moine de Can.torbery , dans la
vie de S. Vilfroy , C. IV. §. 37. dit dogmiLti\are j en
parlant des Monothélites. Il écrivoit au commence-
ment du XII*^. fiècle fous Menri I. perit-fîls du Con-
quérant ^ &: il est plein de femblables termes j ce
qui fait croire qu'ils croient déjà en ufage dans no-
tre langue j qui avoir palle dans cette [fie avec le
Conquérant.
Dogmatiser, fe dit aulhjen badinant, de ceux qui font
les Doéteuis , &c qui fe mêlent de régenter les autres.
'Doctorem agere. Dogmatifcr , en cette acception ,
c'est débiter fes opinions , fes raifonnemens d'un
ton de maître , d'un air trop déciiif.
Dogmatifer en vers , & rimer par chapitres . Boin.
Et, dès que dans :a chaire il a dogmatifé.
Du public ignorant 11 efl canonife. Vill.
DOGMATISEUR. f. m. Celui qui dogmatifé. Dog-
matifîes^novA opinionis praco. Ilfe prend toujours en
mauvaife part.
DOGMATISME, f. m. Doctrine qui a des principes
certains. Il fuit que chacun prenne parti , &: fe ran-
ge ou au Dogmatifmc , ou au Pyrrhonifme.\?Ai-
CAL.
DOGMATISTE. f. m. Qui dogmatifé, qui établit des
dogmes. Quelcniefois on dit ce mot pour Dogmati-
feur. Dogmatijtes. Ce nom fe dit principalement
des héréfiarques ; du moins c'est celui que l'on don-
ne dans le for de l'Inquifition Romaine aux Au-
teurs d'héréfie. /^oyc^- Pegna , Prax. Inquif. &i Ey-
meric. Z)//t'(.7or, Inquif tar. Les Afiens d'Alexandrie,
en fe plaignant de S. Athanafc à l'Empereur Jovien ,
\
40S D O G D O I D O I
lui dirent un jpiir : Seigneur, il nous appelle liéiéci-'^ pendant cela mon efprit s'ennuie. M. Scud.
ques Se dogmati/les, Fleury. Hi/l. Ecci. L. XV. Doigt , fe die auiîi de quelques animaux , comme des
DOGME, f. in. Maxime, axiome, prmcipe j enfei- j crocodiles, & de pluiieurs oifeaux , (inges, &c. Les
gnement fervaat de règle. Dogma ,pi.acuum. Voilà! t/o/^w de la bufe de Bellonlont couverts de tablettes
mes î/c)^/;2ei'& lesmaxnnesdemapoiitique. Ablanc. oud'anneaux. Faultrier. DtJi^xdebécaire , de ca-
il fe dit particulièrement des points de religion. Les • nard , «Sec.
Jo^/72(?j de la foi. Ce t/OjD'/«e a été condamné dans un Doigt, fe prend auili pour une petite mefure de la
tel Concile. Les dogmes des Stoïciens ctoient la plu- 'j grandeur d'un travers de doigt. DiglcaLis crajjhudo ,
part des paradoxes. Des dogmes de fpéculation , qui ; menjura. Ainii on dit , Prenare un doigt de vin, pour
ne gênent point les hommes, leur paroillent plus] dire^ la hauteur d'un duigt dans un verre. Il s'en
clfentiels à la Religion , que des vertus qui les gé- j manque quatre doigts que cette porte ne joigne. Le
nent; & quelquefois même ils fe perfuadent qu'il) ^/o/^reftla troilième pairie d'un pouce, & il contient
est permis de loutenir ces dogmes aux dépens de ces i quatre grains d'orge ie touchans l'un l'iiutre , & po-
vertus. g fés fuivant leur grolleur , ou de deux grair.s mis l'un
au bout de l'autre.
Doigt, ancienne mefure Romaine, faifant neuf lignes
de pouces de Roi. Digitaiis menjura.
En termes d'Aftronomie , doigt eft une mefure
pour leséclipfes. On divile le dilque ou le corps du
foleil ou de la lune en douze parties , qu'on appelle
doigts • & on dit qu'une éclipfe elt de dix doigts ,
quand l'aftre eft oblcurci en dix de ces parties. On
'es appelle doigts édiptiques . IJigitt ecl:ptid.
Souvent, fans y pçnfer 3 onfe laijje féduire ,
Et pour dogmes certains par l'bglije enfeignés ,
Le \èle ofe donner des dogmes condamnés. Vill,
DOGNOYER. v. a. Vieux mot. S'ébattre,
DOGRE , DOGRE-BOT. f m. Foyei DAUGRE. Si
on a égard à Tétymologie 3 il faut écrire dogre j &
non pas daugre. Ce mot vient du mot Flamand 6'c
Anglois, dog 3 chien, parce que les HoUandois fe DOIGT. Terme d'Horlogerie. C'eilla pièce de laqua-
fervent des bàrimens appelés dogre-bots 3 pour pê- drature d'une montre , ou d'une pendule à répéti-
cher fur le doggers-bancs , on banc-des-chiens
DOGUE, f. m. Gros chien , mâtin qui fert à garder les
maifons , ou à combattre contre les taureaux & au-
tres bêtes. Molojjus Britannicus. Les beaux dogues
viennent d'Angleterre.
■ Ce mot vient de l'Anglois dog 3 qui fignifie ,
chien.
Dogue, f. m. Terme de Marine. Les dogues font des
trous qui font dans les platbords des deux côtés du
grand mat , pour armurer les couets de la grande
voile : on les appelle auili dogues- d'armure. Chaque
dogue a un taquet par dedans , & une bordure par
dehors. Foramen.
DOGUER. Verbe qui ne fe dit qu'avec le pronom per-
fonnel , des béliers & des moutons. Il lignifie j fe
heurter les uns contre les autres. Arictare , Conifca-
re. Béliers qui fe doguent. C'eft un terme de Pro-
vince.
DOGUIN. f m. & DOGUINE. f. f. Maie & femelle
de petits dogues. Canis Britannici catulus. Les do-
guins &c les doguines s'apprivoifent facilement,
D O L
DOIGNER.v. a. Vieux mot. Donner.
DOIGT, f. m. On ne prononce point le G. Extrémités
des mains & des pieds des hommes divifées en plu-
fieurs parties. -Di^iw^. L'homme a cinq doigts à cha-
que main , & cinq à chaque pied. Les doigts de la
main ont quinze os difpofés en trois ordres ou rangs.
Articuli. Les Médecins appellent leurs jointures^ con-
dyles ou nœuds , & leur arrangement éc leur fuite ,
phalanges j Phalanges, ^e premier doigt s'appelle le
pouce 3 Pol/ex. Le Cecondindex , ou indice. Digitus'
falutaris. Il eft appelé digitus numerans , le doigt qui
compte , dans la vie de S. Médard en vers par Ve-
nantms Fortunatus. Voyez Acla fancl. Junii , T. II.
p. 78. F. (S* 79. D. où le P. Papebroch montre que
c'eft ainfi qa^il faut lire. Le tioifième , le doigt du,
milieu 3 que les Latins appellent médius , infamis , ob-
fcenus , impudicus 3 j amofus , parce qu'on s'en fervoit
autrefois pour fe mocquer de quelqu'un & le diffa-
mer. Le quatrième s'appelle le Médecin , Medicus 3
parce que les Anciens avoient coutume dedélayer les
mcdicamens avec ce dcigt-\ï. On l'appelle aullî an-
nulaire 3 annularis , ou minimo proximus , parce
qu'on y porte d'ordinaire les anneaux. Le cinquième
s'appelle Xo. petit- doigt , ou l' auriculaire , parce qu'on
s'en fert à fe curer & à fe netroyer les oreilles ; .^«-
ricularis , ou minimus. Les doigts des pieds s'appel-
lent orteils ou arteils. On touche les inftrumens avec
les doigts. Les tables desdixCommandemensétoient
gravées du doigt de Dieu. Le plus bel ouvrage du
monde n'occupe que mes yeux , àc iwas doigts y de
tion. Elle entre fur l'arbre de la giolît; roue de fon-
nerie , & fert à faire fonner les quarts , en ramenant
la pièce de quarts dans fon repos.
DOIGT de hiveau lignifie , félon le fieur Deran , une
de fes branches. Daviler l'appelle iras , &c d'autres '
rappellent branche.
DOIGTS. Termes de Conchyliologie. Ce font des poin-
tes émoullées d'un genre d'Ourlin , appelé hchinus
digitJtus.
Doigt, fe ditfigurément , en termes de l'Ecriture, pour
lignifier , Puilïànce. Digitus. Lq doigt de Dieu a para
viliblement en cette rencontre , quand il arrive quel-
que accident miraculeux , ou quelque châtiment ,
qui marquent fa pullfance ou la colère. Le doigt de
Dieu eft ici.
DciGT, fe dit proverbialement en ces phrafes. Mon
petit c^o/^r mel'adit, pour dire , je l'ai fu par une
voix fecrette & inconnue. Cela ne fe dit qu'aux en-
fans- On dit d'une chofe qu'on épargne , dont on
donne peu , qu'on n'en a qu'à lèche doigt. On dit
d'un homme, que les doigts lui démangent, pour
dire qu'il a envie de fe battre , s'il eft loldat ; ou
d'écrire contre quelqu'un , s'il eft Auteur. On dit
qu'un homme fe gratte la tête du bout du doigt ,
quand il a quelque chofe qui le chagrine. Avoir de
l'efprit au bout des doigts • c'eft être adroit de la.
main. Faire toucher au doigt Se à l'cEil , montrer au
doigt Se à l'œil , c'eft hiire voir & toucher fenlîble-
ment la chofe. On dit qu'un homme eft f^rvi , eft
panfé au doigt Se à l'œil 3 pour dire 3 qu'on en a
grand foin , qu'il ne lui manque rien. Toucher du
bout du doigt à quelque chofcj c'eft en être bien près.
On dit. Eue à. deux doigts de h mort j pour dire.
Etre en grand danger de mort. Montrer au doigt y
c'eft-à-dire , Se mocquer de quelqu'un. Etre montré
au c/o/gT, parmi les Grecs & les Latins, croit une
marque de mérite : en François, il ne fe dit qu'en-
mauvaife part.
Faut-il que déformais à deux doigts l'on te tnontre j
Et qu'on te jette au ne^ le fcandaleux auront
Qu'une femme mal née imprime fur ton front?
Moi.
On dit 3 Donner fur les doigts, avoir fur les doigts.
pour dire , Reprendre, corriger quelqu'un. Il en mor-
dra fes doigts j pour dire , Il s'en repentira. Mettre
le û'oi^rdeifus ; pour dire , Trouver ce qu'on cherche.
Compter fur fes doigts , pour dire , Compter à la
manière du peuple. On dit des bons morceaux ,
qu'on s'en lèche les doigts, pour dire , qu'on mange
tout, & qu'on en fouhaite encore. On dit quelque-
fois qu'on s'en lèche les doigts jufqu'au coude. Je
voudrois qu'il m'en eût coûté un doigt j pour dire,Je
racheterois
DOÎ
ràcheterois "cela de beaucoup. Je n'en mettrois pas
mon djigc au feu ; pour dire , Je me détie de la vé-
rité de cela. On dit, de deux bons amisj que ce font
les deux doigts de la main. On ditj d'une, pecfonne,
qu'elle ne fait œuvre de fes dix dnigis -^ pour dire ,
quelle eft tout à-fait fainéante j qu'elle lait une
chofe fur le bout du doig: ; pour dire , qu'elle la
fait par cœur & très-bien. On dit aulli , Mettre le
doigc entre le bois & l'écorce , ou entre l'enclume &
le marteau ; pour dire , Se trouver engagé entre
deux Puilïances qui donnent fujet de craindre des
deux côtés ; ou le mêler d'atlaires entre proches ,
comme mari ic femme , ècc Dans la plupart de ces
expreilions populaires j le mot doigi: ell pris au ri
guré.
DOIGTER. V. n. Terme de Mufique \ Mouvoir ,
haulfer & bailfer les doigts , les faire marcher d'une
façon convenable & régulière fur un inftrument ,
pour en jouer le plus nettement & le plus facilement
qu'il eft poifible , & en tirer diftérens fons. Prxtcn-
tAve dirais. Pour commencer à apprendre à jouer de
la mulette , il faut doigter quelque temps , fans re-
chercher la mefure, ni l'air qu'on étudie. Traité de
la lUufctte j P, 1 . C 3 .
^fT Ce mot s'emploie comme fubftantif mafcu-
lin. Le doigter. Sur les inllrumens à manche, le prin-
cipal du djigter conrifte dans les différentes pofitions
de la main.
DOiGTlER, f. m. Ce qui ferc à couvrir un doigt. On
mit à^s do igtiers àe cmï , ou de linge, aux doigts
qu'on a paniés , pour y faire tenir l'emplâtre. Pelli-
ceavel linteadiguorurti tiieca. Quelques Artifans fe
fervent de doigticrs , quand ils ont quelque rude
travail à faire avec les doigts. Les Chirurgiens fe fer
ventaulll de doigtiers dans quelques opérations, pour
mieux tenir quelques parties que l'humidité rend
coulantes, & qui leur échapperoient fans les û'o/^'-
tiers \ par exemple , les boyaux dans la gallroraphie.
On met auili des doigtiers de linge à ceux qui ont
m il au doigt.
DOILE , ou DOELE. Voyez DOUELLE.
DOINT. Vieux mot. Troifième perfonne du préfent
du fubjondif du Verbe donner. Det. Dieu doint<\\ie,
dcc./iixit Deus.
DO'-RE. Nom de rivière. Duria , Doria. Il y en a deux
de ce nom. La grande & la petite Doire , toutes
deux dans les Etats de Piémont , ou , comme par-
lent les Anciens Géographes , dans la Gaule Cifal
pine. La grande Doire , autrement Doria Baltea j
prend fa fource dans les Alpes Grecques, aux confins
du Valais , vers le grand & le petit S. Bernard , bai
gne Aoufle , Bart j Yvrée , & fe décharge dans le Po
un peu au-delfus du Crefcentin &c de Vérue. Doria ,
ou Duria Major.
La petite Doire , Duria Minor, ou Doria Segufi-
na , &c en François la Doije Sujine , a fa fource dans
les Alpes Cottiennes , au mont Gencvre dans leDau-
phiné. Elle arrofe le fort d Exiles ; & entrant dans le
Piémont elle paife à Sufe , d'où elle a pris le nom de
Sufine , à Veillanes , à Rivoles , & tombe dans le Pô,
un peu au-delïous de Turin.
DOIS. f. m. Vieux mor quife trouve en plufieurs ligni-
fications. Dans celle du Conduit, venant de Duciusy
dans celle de Dais ou de Siège j & dans celle du De
à jouer.
§3"DOIT. Terme de commerce. Intitulé des livres des
Marchands qui fe ti.-nnent en débit & en crédir. Les
pages à main gauche, qui eft le côté du débit ou
dettes palfives J font intit\ilées Doit j Se le côté op-
pofé , qui eft celui du crédit ou dettes aélives , eft
intitulé Avoir.
DOITE. f. f. Terme de Tilferan , pour marquer la
grolfeur du fil. Ces deux échevaux ne font pas d'une
même Doite.
DOITEE. f. f Petite quantité de fil. Une aiguillée pour
régler la grolTeur du fil, afin de faire filer égale-
ment plufieurs fileules.
Tome III,
DOL
D O L.
40^
1^3" DOL. f m. Vieux mot qui n'eft plus en ufage qu'au
Palais. C'eft, en général , une rule dont on fe ferc
pour tromper quelqu'un, ûoius. Le dol étant une
rufe & une adrelfe frauduleufe ^ la diftinétion en dol
bon & en dol mauvais j ne peut que paroitre fingu-
lière. On appelle dol bon , dolus bonus , celui qui eft
permis , comme de tromper les ennemis de l'Etat.
Le dol mauvais , dolus malus , eft celui qui eft com-
mis pour tromper quelqu'un. Le dol peifonnel eft
un moyen de requête civile. Le 4^0/ réel ne vicie pas
une tranfadion. En toutes les réfignations il fauc
qu'il y ait une affirmation , qu'il n'eft intervenu a\i-
can dol J fraude, ni fimonie. Autrefois on mettoic
dans les contrats cette formule , qu'il n'y avoir dol ,
fraude , ni mal engin.
fiCJ" On appelle (/0/ perfonnel , celui qui provient
du fait de quelqu'un , dans le delfein de tromper un
autre : comme lile vendeur d'une terre , d'une mai-
fon , fait paroître un bail fimulé , à plus haut prix
que celui qui eft convenu entre le bailleur ou le pre-
neur , dans le delfein de vendre cette terre ou cette
maifon un prix plus fort fur le pied du bail. Ce dol
donne lieu à la reftitution & à la requête civile.
Le dol réel eft celui qui vient de la chofe , & non
du fait du vendeur .• comme quand un acquéreac
croyant acheter des biens d'une certaine valeur , s'eft
trompé dans l'opinion qu'il en avoit ^ foit qu'il fs
foit trompé par ignorance, foir pour n'avoir pas
fuffifammenr examiné la nature & la qualité de cet
biens , qui fe trouvent d'une valeur beaucoup moin-
dre. Ce dol réel eft improprement qualifié dol, puif-
qu'il n'y a point de fraude de la part du vendeur »
qui n'étoit pas obligé de déclarer la qualité de fes
biens. Aulli cq dol ne donne point lieu à la reftitu-
tion ni à la requête civile , à moins qu'il n'y ait lé-
fion d'outre moitié du jufte prix.
Ce mot vient du mot Latin Dolus , formé du mot
Grec ^(JÀo;,
DOL , Ville de France j Epifcopale , fituée en Breta-
gne J vers les confins de Normandie , à trois ou qua-
tre lieues de S. Mâlo. Dola. Elle eft à deux lieues de
la mer, dans un pays marécageux. Dol n'étoit d'a-
bord qu'un château , auprès duquel fui fondée une
Abbaye fur le haut de la montagne. Quelques-uns.
difent qu'un Seigneur nommé Primat lui donna ce'
nom , pour marquer la douleur qu'il eut de la motc
de fa femme. C'eft apparemment une fable , fondée .
fur la relfemblance des mots. Dola , Dolor. Dans la
fuite le peuple vint s'habituer de bâtir des maifons
proche de ce Château & de cette Abbaye, & peu-à-
peu fe forma la ville de Dol y qui fut érigée en
Evêché en )66. & dont S. Samlon fut le premier
Evêque , qui eut pour luccefleur S. Magloire, donc
les Reliques furent tranfporteés à Paris fous le Roi
Lothaire. Duchefne. Ântiq. des villes de France P. 11^
C. J. Néomène ayant ulurpé le titre de Roi de Bre— '
tagne , la fit ériger en Métropole. Les Archevêques'
de Tours ne cefsèrent point de fe plaindre de cette
érection j les Rois de France appuyèrent fortement
leurs plaintes j & enfin , fur les inftances de Philippe
Augufte, Flugues ayant quitté ce fiége , Innocent III.
ordonna en 1 15>8. que Dol Ceron remis fous la mé-
tropole |de Tours j comme tous les autres Evêchcs
de Breragne. L'Evêché de Dol n'a que cinq lieues
d'étendue , quatre Abbayes & quatre-vingts Paroif-
{es. Dol, félon les cartes de M. de Lille , eft à 1 5
degrés environ 45 min de long. & à 48 degrés envi-
ron 50 minut. de latitude.
Quelques-uns croient que l'Evêché de Dol ed le
pays des anciens Biablinres , Diablintes , ou Dia-
blindes , Diablindi , comme Pline les appelle, L.
IV. c. 1 S. &: des Diaulites , Diaulits, , de Ptolomée j
qu'encore aujourd'hui ce pays s'appelle Diablères »
&: qu'il y a des frmilles qui portent le nom de i^/'a-
^/tj. D'autrqs mettent les Diablintes dans le Perche;
Henri Valois^ préfère le premier fentiment.
Fff
4IO D O L
DOLA. Rrivicre de la Turquie j dans !a Nntolie. Les
Turcs ]ui donnent ce nom j mais les Grecs lui ont
conlervé celui de ï anheiii , de Parchenius , nom que
lui domioient les Anciens.
DOLCE - AQUA. Petite ville des Etats de Savoye.
Dulcis aqua. Elle eft fur la petite rivière de Nervia .
à une lieue de Ventimille. Doice-aqua eft capitale
'd'un petit Marquilat, rellerré entre le Comté de Nice
& TEtat de Gènes. Ce mot eft Italien, & lîgnitie tau
d0UC€.
DOLCIGNO. Fb> cï Dulcigno.
DOLCINDA. Foyf.i Dulcinda.
DOLE. Ville de France :, dans le Comté de Bourgo-
gne, ou la Frauclie-Comté./^o/ii. Elle eft fut le Doux,
a 15 degrés quelques minutes de longitude , à 47 de-
grés 7 ou 8 mmutes de latitude, félon la Carte de
l'Académie des Sciences. Dole, autrefois capitale du
Comté, eft une ville bien bâtie & bien fortifiée. Il
y a une Chambre des Comptes, & une Univerfité
fondée en 1426. par Philippe le Bon , Duc de Bour-
gogne. Il y avoir autrefois un Parlement j que
Louis la Grand transféra à Befançon dans le XIV'^
fièclcj aufli-bien que l'LJniverfué en 1691. Louis XI,
après la journée de Guinegafte , faccagea Dole
Charles V. la fit fortifier , & en fit une Citadelle,
Auili foutint-elle un fiége de trois mois contre les
François en \6i6. Louis le Grand la prit avec
toutela Franche-Comté pendant le mois de Février
i66'À. Il la fit démanteler , & la rendit par le traité
d'Aix la Chapelle. îl reprit Dole ôi toute la Provin-
ce en KÎ74. & depuis elle eft reftée à la France , à
laquelle elle a été cédée par le traité de Nimé-
gue. Le Palais qui s'y voit , & qui eft , dit-on ,
grand & magnifique , a été bâti par Frédéric I. Em-
pereur.
Dole. Nom de montagne. Dola. Le Dole eft une pe-
tite partie du Mont S. Claude. Il eft aux confins du
pays de Gex, de celui de Vaud & de la Franche-
Comté. Le Dole eft célèbre à caufe de fa grande
hauteur, & des fimples &c plantes rares qu'on )■«
trouve.
DOLÉANCE. f. f. Plainte. Querela , quejlus. Les Ca-
hiers des Etats alfemblés contenoient les plaintes &
doléances des peuples. Il m'a conté fa doléance , le
fujet de fon afflidion II fe dit plus ordinairement au
pluriel qu'au fingulier. Il n'eft plus d'ufage que dans
le ftyle familier,
DOLÉMMENT. adv. D'une manière dolente. ZJo/d/2-
ter. La Tourterelle gémit dolcinment après la mort
de fon pair.
DOLENT , ENTE. adj. qui fe plaint , 8c qui fouffre de
la douleur au corps , ou à l'efpiit , qui eft trifte.
Trijlis j dolens. Un cœur dolent , une ame dolente.
Il ne fe dit guère que par raillerie , & dans le ftyle
. comique.
J'avais , Martin vivant , l'œil gaij l'ame contente \
Et je fuis maintenant ma commère dolente. Mol.
DOLER. v. a. Terme d'art. Aplanir & unir le bois
avec une doloire , jufqu'à ce qu'il foit en état d'être
"employé. Dolare.
IJ3" Ce terme eft aufii ufité parmi les Gantiers :
Doler\Q% eftaviUons, c'eft parer Se amincir les mor-
ceaux de peaux deftinés à faire des gants. Encyc.
IJCT Chez les Tabletiers-Cornetiers , c'eft ébau-
cher â la hache ou à la ferpe des cornes d'animaux ,
pour en faire des cornets à jouer,
J]crDOLÉ,ÉE.parr.
bOLFAR. Ville de l'Arabie-Heureufe. Dolfara.me
eft capitale de la Principauté d'Hadramuth , ou de
Xaëli , & fituée fur la mer d'Arabie.
DOLICHA. Petite ville de la Turquie en Afie. Do-
Hcha,DoHche, Dolichcne. Elle eft furie Marfyaspiès
de l'Euphrate. Quoique Dolicha ait un Evcché fuf-
fragant d'Edelfe, elle eft cependant fort mal peuplée.
Maty.
DOLICHOLITHE. f m. C'eft un nom c^ue Velfchius
donne à certaines pierres noirâtres qui viennent du
D O L D O M
Tirol , qui ont la forme d'une fève , & qui rendent
une odeur agréable j lorf.ju'on les frotte. Cas tilli ,
d'après les t phemeridcs des curieux de la Nature , ^n.
I. Obf. 1 57. Ce mot vient de ^'Z'Z'^ , /'■■ve , & de
Ai'êw j pierre.
DOLINCOURT. Terme de Fleurifte. Tulippe pour-
pre , rouge & blanc. MoaiN.
DOLIMAN.f m. Terme de Relation. C'eft uneefpèce
de longue foutane que les Turcs portent , qui leur
pend jufqu'aux pieds , & dont les manches étroites
le boutonnent auprès de la main. P'ejlis talaris. Les
Turcs mettent d'abord un caleçon fur leur corps nu,
tant les hommes que les femmes. Par-delfus le cale-
çon j ils ont une chemife , & fur la chemile le doli-
man. En été il eft de toile, ou de moufteline ; en
hiver il eft de fatin,ou de quelque autre étoffe. Voy,
Le Brun. Voyage au Levant.
DOLLART , ou DOLLERT. Golfe nommé autre-
ment le Golfe d'Embden. Sinus Dollartius , oit
£V7rWi7nivj. C'eft une partie de la mer d'Allemagne
Il eft à l'embouchure de l'Embs, entre le Comté
d'Embden , Se la Seigneurie de Groningue. Le
Golfe de Dollart étoit autrefois une belle campa-
gne, où il y avoit trente-trois villages , qui furent
tous fubmergés , la mer ayant rompu les digues en
DOLNSTEIN. Petite ville du Cercle de Franconie,
Dolnjleinum. Elle eft fur la rivière d'Altmul j dans
l'Evêché d'Aifchtet.
DOLOIR, v. n. Vieux mot. Souffrir , fentir de la dou-
leur.
DOLOIRE. f. f. Inftrument de Tonnelier, qui a un
tranchant long & fort aigu, S<. un manche pefanc
qui lai lert de contrepoids. Dolahra ^ dolabella ,
petite doloire. Son ufage eft pour unir & aplanir le
bois , tailleï les cerceaux , &c. La doloire tient le
milieu entre la hache & la ferpe. En quelques lieux
on coupe la tête avec une doloire.
%T Du Latin dolabra on a fait , en Botanique ,
dolahriforme , pour exprimer la figure de certaines
feuilles. La doloire n'a qu'un bifeau. Elle coupe le
bois entravers, & non pas fuivant la direélion d;s
fibres.
En ternies de Blafon , on appelé une hache fans
manche , doloire.
Doloire j eft auflî un terme de Chirurgie, C'eft une
forte de bandage fimple & inégal , dont les circon-.
volutions ne font que biaifer un peu , en fe couvrant
les unes les autres, Fafcia parumper obliqua.
DOLOPE. f. m. Nom de peuple. Dolops. Les Dolopcs
étoient des peuples de la Thelfalie , à l'extrémité
de la Phtiotide. Pline , L. IV , c. 2 , les met pour-
tant dans l'yEolide , & Ptolomée dans l'Epire. Les
uns les mettent à la fource du fleuve Achelolis , Sc
les autres le long du Pénée.
DOLOPIE. Dolopia. C'eft ainfi que Strabon & Thii-
cydide appellent le pays des Dolopes , à ce que dit
Hoftman. Strabon , L. I,dit que ce pays étoit voifin
desPœons, & L. IX, qu'il étoit voifin du Pinde du
côté du midi. On prétend que c'eft ce que l'on ap-
pelé aujourd'hui Onoblaca.
DOLOSER, v. n. Vieux mot qui s'eft dit pour plain-
dre. On a dit auflî ,fe douloufer , pour fe plaindre ;
& le mot de Dol a été employé pour , Deuil , dou-
leur.
DOLTABAD , ou DAULET-ABAB. Ville du Royau-
me de Décan , dans la Prefqu'île de l'Inde , deçà
le Gange. Doltabatum. Elle eft capitale de la Provin-
ce de Balaguate, & fituée fur la rivière de Guenga,
aux confins du Mogoliftan. Maty. Doltabad a une
forterelfe au haut d'une montagne efcarpée de tous
côtés , & où l'on ne va que par un chemin Ci étroir ,
qu'il n'y peut pafter qu'un chameau , ou un cheval
à la fois. Corn. Quelques uns conjed'jrent que Dol-
tabad eft l'ancienne Tabafo de Pline. Maty.
D O M.
jDOM , ou DON. f. m. Titre d'honneur emprunté de
D O M
rEfpagnol , qui figtiifie Sieur , ou Seigneur. Doml
nus. Dom Jean d'Autriche , Doni Barthclemi des
Martyrs. M. d'Ablancourt dit Dom Jean :m.iisbien
Ats gens font d'avis qu'il f.iut dire, Dom. Jouan.
MÉN. Goliut , dans ks Mém. des Bourg. L. V, c. 1 1,
dit que le premier à qui les Erpa<;aols donnèrent le
titre de Don tut Dom Pelayo, lorfque, challcs par les
Sarrazins au commencement du Ville, ficelé ils s'ar-
rêtèrent dans les Pyrénées, <?>: le firent leur Roi.
Quelques-uns difent que ce fut Froila qui introdui-
iit le premier le titre de Don en EÎ'pagne , que
d'autres attribuent à Pelage. P. Dori. C'étoit autre-
fois un titre d'honneur en Efpagne , rélervé à la
haute NoblelFe. Il e(l devenu prelque aulli com-
mun que celui de Monlieur en France. Il le joint
toujours aux noms de Baptême, Efpagnols ^ Z>.
Juan, D. Luis • au lieu que nous difons en France
Dom Mabillon , Do/n Calmet. Les Efpagnols écri-
vent toujours Don , par une n , Se les Portugais
Dom , par une m , parce qu'aucun mot Portugais ne
finit par une n. Ce titre ne s'eft pas encore avili en
Portugal , & perfonne ne peut prendre le titre de
Dom, qui eft une marque de la Nobleiïe , fans en
avoir permilllon du Roi. De la Nkuville. Ce
mot eiî en ulage en France parmi quelques Ordres
Religieux , comme Chartreux , FeuiUans , Béné-
dictins , ôc autres. On dit au pluriels Doms avec
une s, quand on parle de plufieurs.
Ce mot vient du Latin Domnus , abrégé àz Do-
minus. Le mot de Domnus a été employé par les
Auteurs de la balFe Latinité au lieu de Dominus ,
en lejetant un i. Onuphrius dit que c'ell: un titre
qu'on donna d'abord au Pape feul , puis aux Evè-
ques &c aux Abbés , ou auues qui avoieiit quel-
que dignité Eccléliaftique , ou qui étoient re-
commandables par leur vertu & leur fainteté. De-
puis il a été donné aux finiples Moines. Quelques-
uns difent que par humilité ils ne voulurent pas
prendre le nom de Dominus j parce qu'il apparte-
noit à Dieu feul , & qu'ils prirent celui de Dom-
nus, qui marquoit de l'infériorité ^ quafi minor Do-
minus. L'abréviation Domnus , au lieu de Dominus. _
eft très-ancienne , il l'on fait attention au furnom de
Julie , femme de l'Empereur Septime Sévère , qui
s'appelle fur les Médailles Julia Domna, au lieu de
JuUa Domina. On dit aulli au féminin j Domna
pour Doini'm , d'où les Italiens ont fait Donna.
Pasq. V'oye\ le mi^t de Monsieur.
M. de Marca & Guichart écrivent don avec une n;
& celui-ci va chercher l'origine de ce mot dans l'Hé-
breu adon , en retranchant la première fyliabe. Plu-
fieurs ont aujourd'hui la délicateire de diftinguer
entre Dom Se Don, félon qu'ils appliquent ce mot,
à quelque Moine , ou à un grand Seigneur. Il di-
fent Dom Juan d'Autriche , éc Don S.acriftain. Au-
tretois on écrivoit Domp , Se même Damp. On
donne le nom de Damne , ou Donne aux Feuillan-
tines.
DOM-CHATEAU. f m. Terme de Fleurifte. Tulipe
violet - cramoiii , pourpre & blanc. Morin.
DOMAINE, f. m. Terme de Jurifprudence , qui lig-
nifie la propriété d'un bien qui nous appartient ,
Se dont nous avons acquis le droit de propriété à
jufte titre. Domimum.
Il fignifie quelquefois un corps d'héritages , biens
de campagne , ferme , métairie. Pofjejfioncs. Tout le
bien de cette Abbaye elt en domaine , il fe confume
tout en réparation. Il y a quatre petits domaines ou
métairies dépendans de cette terre. Racan dit dans
fes Bergeries.
Qui n'a vu d'autre mer que la Marne ou la Seine ,
Et croit que tout finit , où finit fon domaine.
C'eft-à-dire, fa terre. Ménage dérive ce mot de doma-
nium , qu'on dit pour dominium.
Domaine , fe dit quelquefois d'un droit feigneurial
fans propriété. Dominium. En miticre deSeiijneurie,
celui qui paie le cens a le domaine utile de la terre ;
DOM 41 1
8c le Seigneur à qui on le paie , en a le domaine di-
rect. On appelé domaine direct j le titre feul du do-
maine. Le domaine utile , le profit & l'utilité qui en
revient. La fumme ïetient le domaine direct de fes
biens dotaux , & le domaine utile paiTe au mati.
Domaine j ie prend quelquefois pour une généralité
de biens qu on pollède en propre, foit héritages,
foit rentes , ou autres droits. Pojjejfiones , dominium.
L'ufige a fait que ce terme général de domaine eft
devenu particulier Se propre au parrimoine des Rois.
Le Domaine de la Couronne elt imprefcriptible &
inaliénable ; il ne fe vend qu'à faculté de rachat
perpétuel. La Chambre du Domaine , le Fermier
du Domaine, les Receveurs du Domaine, la réunion
des Domaines à la Couronne. On a fait feuvent l.i
vente Se la revente du Domaine. Il y a cette diffé-
rence entre le Domaine du Roi , Se les Aides , ou
autres impofitions , que les Juges ordinaires , Se les
Tréforiers de France , connoilfent du Domaine en
première inftance , & le Parlement par appel. Poul-
ies Tailles , Aides, Sec ce font les Elus , &: la
Cour des Aides par appel.
ItT Le domaine du Roi eft fixe ôc cafuel. Le do-
maine fixe eft l'ancien domaine de nos Rois j qui eft
compofé de Seigneuries , Terres , Poiïeflions Se
Droits, qui appartiennent au Roi en qualité de Sou-
verain , comme font les Tailles , les Gabelles , les
Douannes, les Droits d'entrées , Sec. Ferrieres.
$3" Le domaine cafuel eft tout ce qui appartient
au Roi par droit de conquête , ou par acquilition ;
comme par fucceftion , droit d'Aubaine , confifca-
tion , bâtardife Se déshérence.
|13" Le domaine fixe , comme étant fpécialement
confacré à la couronne , eft, par un privilège par-
ticulier , inaliénable de fa nature Se imprefcripti-
ble , au lieu que le domaine cafuel peut être aliéné
par le Roi, Se par conféquent il peut être prefcrit.
C'eft pourquoi les Rois peuvent en difpofer par
donation ou autrement : mais ce domaine cafuel
devient fixe après dix ans de joullfance , ou quand
il a été joint à l'ancien domaine par Edit^ Décla-
ration , ou Lettres-Patentes.
fCT Domaine particulier du Roi ^ c'eft celui qui
con lifte dans les biens que le Roi avoir ; lorfqu'il
eft parvenu à la Couronne. Ce patrimoine n'eft point
inhérent à la Couronne, mais perfonnel au Roi, qui
peut en difpofer en fiveur de qui il lui plaît , fans
que ces biens foient fujets à réverfion , comme le
font ceux du domaine de la Couronne.
Domaine Forain, eft une efpèce de Domaine du
Roi, qui eft une impofition qui fe lève pour la né-
celîité de la guerre fur les marchandifes qui entrent
dans le Royaume , ou qui en fortenr.
Domaine, en plufieurs Coutumes , fignifie le fief do-
minant, le chef-lieu ou manoir, où eft due la foi
Se hommage par le vallal ; le lieu d'où dépendent
les fiefs & vaflaux. Prsdium dominicum ^ henefLciaril
domini s.des. On appelle Domaine immuable , ou Do~
maine fieffé , les cens Se rentes feigneuriales , qui
n'augmentent ni ne diminuent jamais \ Domaine
muahle , le revenu des fermes , qui eft différent ,
fui vaut les années & les baux ; Domaine congeable,
en Bretagne, eft celui quia été donné gratuitement
par un Seigneur, qui y peut rentrer , quand il lui
plaît , en payant cependant les améliorations qui
auroient été faites par le poftelTèur qui eft oblige
de s'en delfaifir.
On ditj proverbialement, J'aimerois autant qui-
ter le Fief pour le domaine , pour dire 3 qu'on ai'
meroit autant abandonner le tout.
DOMANGERS. Voye^ DOMENGER.
DOMANIAL. ALE. adj. qui appartient au domaine.
Ad Dominium fpectans. Les Greffes Çonx. domaniaux,
fuivant l'Ordonnance de Philippe le Long j de l'an
1 ^19 , aulîi-bien que les Tabellionages. Voye-{-en
la raifon à GREFFE. Traite domarual , c'eft une
impofition mife par Edir d'Henri II j en 1577, fut
quatre efpèces de marchandifes , le blé, le vin, la
rf f ij
4ii D O M
toile, & le paftel , quand elles font tranfportces
hois du Royaume.
^C7" Domanial, fignifie dominant : ainfi un héritage
domanial, eft un Fief, qui a droit de fupériorité lur
les héritages qui en relèvent.
§Cr Tout héritage, chargé de cenfive envers le
Roi, ou un Seigneur particulier, n'ett point do-
manial.
DOMANIER. adj. On appelle dans les Coutumes ,
Seigneur domani&r , le Seigneur Jufticier j droits
8c exploits domaniers, ceux qui concernent le do-
maine. Domini pojfejj'or , pr^dii Dominus.
DOMAZLICE. Voyei TAUFF.
DOiMBES. Le Pais de Bombes, la Souveraineté de
Dombes. Dumbs., Dumbai\um. La Dombes e^hoï-
née pat la Brelfe à l'orient , par le Beaujolois à l'oc-
cident, par le Lyonnois au midi, & par le Ma-
connois au Septentrion. Ce pays qui s étend le long
de la Saône , qui le fépare du Beaujolois, eft beau
& alTèz fertile. Il eft divifé en douze Châtellenies :
qui font -.Trévoux, Beauregard, Montmcrle, Toilfey,
Lent , Chalamont , le Châtelard , Marlieu , Baneins,
Villeneuve, Amberieux, & Ligneu. Ses villes prin
cipales font Trévoux , Toilfey, Montmerle, Chala
mont j & Lent; Trévoux e;i eft la Capitale. Ct
pays a toujours été poftedé en Souveraineté, même
avant que les Sires de Beaujeu , qui en ont été les
maîtres pendant plufieurs hècles , en fulTent en pof-
felîion. En 1400 , Edoiiard fécond. Sire de Beaujeuj
fit donation de la Souveraineté de Dombes à Louis
fécond , Duc de Bourbon , dont les defcendans l'ont
polfédée jufq n'en l'année 1 521, que François I, s'en
rendit maître après la retraite du Connétable de
Bo'irbon , qui en étoit Souverain en vertu de la
donation que lui en avoir fait Sufanne de Bour-
bon, fa femme. En l'année 1560^ il y eut un traité
fait à Orléans au fujer des biens & terres de la fuc-
ceilion du Connétable de Bourbon , qui furent len
dus au Duc de Montpenfier j fon périt neveu \ ce
traité porte entre autres cliofcs que le Roi veut &
entend que le Duc de Montpenfier & fes fuccellcurs
jouiirentde la iJ'ombeien ourdroitde fouveraineté,
ce qui a été exécuté ; Cc Prince & fes defcendans
ayant toujours eu la plénitude de la Souveraineté. Le
Duc de Montpenfier eut de Jacqueline de Longv/i,
Comteire de Bar fut Seine , François , qui fut père
de Henri. Ce dernier lailfa de Henriette , Duchelfe
de Joyeufe, Marie deBou bon, qui époufa Gafton
de France , Duc d'Orléans j qui fut père de la Prin
celTè Anne-Marie-Louife , qui rit donation de la
Principauté de Dombes à M. le Duc du Maine , au-
quel a fuccédé Louis-Augufte de Bourbon j Prince
de Dombes , fon fils.
La Souveraineté de Dombes a un Parlement ,
dont le Siège eft à Trévoux. Foyei TRÉVOUX &
PARLEMENT.
Ce nom , Dombes , vient peut-être de Tumbit ,
parce que ce pays eft plein de collines & de lieux
élevés , qui dans la balfe latinité fe font appelés ,
Tumbit, Tombes, Dombes. Tumba eft la même cho-
fe que tumulus , de tumor. Bechman. Or/gin. Ling.
lut.
DOMBOCH. f. m. Arbre qui croît au Royaume de
Quoia , pays des Nuits. Il porte un fruit qui ref-
femble aux nèfles , & qui eft bon à manger. Son
écorce prife dans quelque liqueur excite le vomif-
fement. Les habitans fe fervent du bois de cet ar-
bre pour faire des canots. Il eft rougeâtre , & d'une
couleur qui approc'ne du bois de Brélil.
DOME. f. m. Ouvrage d'Archireélure qui s'élève au-
detTus d'un bâtiment en figure fphérique , & qui
fert à couvfir le rnili>^u d'une croifée d'Eglife , un
pavillon , un fallon , un vcftibule , un efcalier j &c.
Concameratum £dis fa'ligium. La plupart des dômes
font de figure ronde par delTus ; mais il y en a
auftî de carrés , comme ceux du Louvre. Il s'en fait
à plufieurs faces dans leur conrour , comme celui
de l'Eglife des Jéfuites de la rue S. Antoine. Sou-
vent les dômes ont des colonnes autour par dehors
D O M
qui fervent à les orner j & à foutenir la voûte.
On dume Jlirbaijje , eft celui dont le contour eft au-
delîbus du demi-cercle. Concameratum adis Ja/u-
gium , idemquc delumbatum. La plupart des bâtimens
de Conftancinople font faits en dôme. Le dôme de
S. Pierre de Rome eft d'une grandeur éronnanre.
Toutes les belles Eglifes modernes ont des dômes à
la croilée. C'eft pourquoi dôme fe prend pour une
Eglife Carhédrale. Le dôme de Milan , de Floren-
ce , &c. Les Italiens les appellent coupoles.
Ce mot vient de doma, qui chez les Anciens figni-
fioit un toit ou porche à découvert , comme le dit
Papias. Il le trouve dans les Auteurs de la baft'e
Latinité qui l'ont pris du Grec , & qui ont appelé
aullî tout bâtiment rond trullus ou trullum , tel qué-
toit le Palais de Conftantinople , oii fut tenu le
Concile qu'on appela de ce nom j in Trullo.
On appelle aufti voûte en dôme j un fallon , ou
une galerie dont les planchers ne font point plats ,
mais qui font voûtés en rond , ou en berceau. On
appelé dôme de treillage , la couverture d'un pavil-
lon , ou fallon de tteillage. Concameratum pergulis
Jaftigium. Dôme furbailTé , eft celui dont le con-
tour eft au deftbus du demi-cercle , Doma depref-
fum : dôme futmonté , eft un dôme formé en demi-
fphéroide , doma hemifpheroides.
DÔME J s'eft dit autrefois pour Eglife cathédrale. Il
y avoir des pauvres nommés matriculiers , parce
qu'ils étoient infcrits dans la matricule , ou cata-
logue , foit du Dôme , c'eft-à-dire j de la cathé-
dtale } foit des autres Eglifes. Fleury.
Les Chymiftes appelent aufli dôme , la partie fu-
périeure des fourneaux de réverbère.
Les Orfèvres appellent auffi dôme , la partie fupé-
rieure ou couverture des caffolettes j encenfoirs &:
autres ouvrages femblables.
DOMEj le Puy , ou le Puy de ZJowe. Aiontagne de
France , proche de Clermont en Auvergne. Dumum^
Cuma. Cette montagne a de bons pâturages & des
(impies exquis. II y a au fommet des ruines de bà-
timens qui paroilfent avoir été magnifiques.
DOMEINE. /'ayq DOMAINE.
DOMENGER. f. m. Terme de Coutume , ufité fur-
tout en Galcogne & en Bearn. Gentilhomme. Do-
mïceLlus. Les Anciens aéles latins diftinguent les No-
bles de Gafcogne & de Bearn in milites iy Domi-
oùlos ; c'eft-à dire j en Chevaliers & Domengers.
De AjARCa. Hist. de Bearn. L, VI , c. 14, §. 10.
Les anciens titres diftinguent les Nobles de liéarn
en trois rangs ; favoir , Jurars de la Cour de Béarn ,
Milites 6" Domicelli. Les Jurats de la Cour de Béarn
font les Barons \ les Milites font les Chevaliers, qui
ont la qualité de Dominus , ou de Don , ou bien ,
pour parler fuivant le vulgaire Bearnois de ce remps-
Vi^tn. Les troifièmes, Domicclù, font les Domen-
gers ; qui avoient aullî jurifùidioa, & même de
grandes terres. Id. Ce que les actes Larins expriment
par Milites & Domicelli , ceux qui font conçus en
langage Gafcon le tournent en Cavers ^ ou Cuicrs ^
& Domengers , Danzeros , Donzeles , ou Donze-
loos , fuivant l'idiome des Provinces. Id. La d élion
de Domengers fîgnifie non-feulement les Noble; j
qui ont une maifon affranchie fans aucune jurifdic-
tion, comme on la prend maintenant ; mais elle
eft employée, dans l'ancien tor, pour route forre de
Nobles y puifque les Domengers y font formelle-
ment diftingués en ceux qui ont fujets & jarifdic-
tion , & en ceux qui n'en ont pas. On voit au même
fens, dans les anciens inres, Domicellos , parmi lef-
quels font dénombrés les maîtres des plus belles
rerres de Béarn, qui ont fujers & jurifdiction. D'où
vient que, dans le vieux &z nouveau for, la maifon
noble, où les Seigneurs, foir Barons, Cavers , ou
Domengers , font leur demeure & réfidence , eft
nommée Domengadure , qui eft proprement ce que
les livres des Feudes appellent -Ôo/72//wa;m7-rt. Id.
Au refte ^ ce tet me de Domenoers , ou Domicelli ,
tire fon origine de Domnus, â'oii eft dérivé Domicel-
lus. Ce mot , fous les Rois de la première race , figni-
D O M
fioit le fils au Roi. Foye:[ Marculfe. Eiifuite hs enf.ins
des grands Valfaux & Barons prirent le cure de L>^'>-
nuccdi , & les femmes celui de DoinïceLU , aind
qu'on l'apprend des lois du Roi S.iinc Edouard jCon-
felFeut, 6C d'Athon , Glollateur des Conttuucions de
l'Empereur Othon, & des anciens regiltres ^ de force
qu il ne faut pas trouver étrange que nos prédécel-
feurs fe ibient fervis de cette didion pour dcfii^ner
un Gentilhomme qui n'étoit ni ii.iron , ni Chevalier.
De Marca.
DOMEKiE. f. h Titre que prennent quelques bénéfices
ou Abbayes en France , qui lont , ou qui écoient des
efpèces d hôpitaux, amli appelés quaji donius Dci-^
ou de iJom , Seigneur j Domine , Seigneurie , parce
que ces Bénéfices ont ordinairement la Seigneurie
temporelle de leur territoire. Aubrac eft une Ûôine-
rie au Diocèfe de Rhodez qui vaut quarante mille
livres de rente. C'ell un Hôpital tameux j établi ,
dit-on, en i iio par Adalard Vicomte de Flandre. La
mauvaife adminitlration ^ui étoïc traite de cette Do-
mcrii par le cher des i-'rètres & Hofpitaliers de cette
mailbn , engagea M. de Noailles , depuis Archevê-
que de i^aris 6c Cardinal , à qui cette Domcrie avoit
été donnée , à ne rien négliger pour y établir un
meilleur ordre. MoREai , au mot ALFBRAC.
DOMcoCiiS. adj. Vieux mot. Domertique. Oifeaux
prives , betes dumejchss.
DOMEbfiCl TE. f. f. Qualité de domeftiqua. Domefti-
cu'ti noincn. La i:>:nijiicité ell un reproche à un té
moin , une cuife de réc.ifation pour un Juge.
DOMESTIQJE. adj. m. & t. Qui ell: de la maifon ,
qui appartient à la mailon. Doincjhcus. Afiaires do-
m&jli<iues. Dieux dome/liques. Il feroic à fouhaiter
que nos jeunes gens fe pi^iualfent du noble dehr d'i-
miter j Se même de furpalTer les exemples domefliques
que leurs ancêtres leur ont lailfés. Cail.
Do.vissriQUE fe prend aulîî pour apprivoifi, & efl: op-
pofé à jduvage. Ckur. Les pigeons d'un colombier
font mis au rang des animaux domeiliquas. Les chiens ,
chats , &c. font animaux domefiiques.
^fT\\ ell quelquefois oppofé à Etranger. Guerres
dome/liques.
Domestique, efl: aulll quelquefois fubft. & fe prend
pour l'intérieur de la maifon. Ce Prince eft agréable
quand il ell en fon djmcjiique ; c'eft-à-dire j en fon
particulier. Inc.r domejlkos. Il a régi; extrêmement
bien tout fon domejhque ; c'eft-à-dire, toutes les at-
faites de fa maifon. Comme j'en faifois du bruit le
lendemain dans mondo:nefrique. Bussi-.Iab. Le mari
doit avoir foin du domeft.que^ de la fubhllance du
ménage.
Domestique, quand il eit fubftantif , a encore un
autre iens , qui ell plus étendu qee celui du mot
fervitcur. Serviteur ne fignifie que ceux qui fervent à
gages 3 comme les valets , les laquais , les portiers ,
ikc. Famnlus. Domejhque comptend tous ceux qui
font fubordonnés à quelqu'un , qui compofent la
maifon , qui demeurent chez lui , ou qui lont cenlés
y demeurer , comme Incendans , Secrétaires , Com-
mis , Gens d'atfaires : quel luefois domeftique dit en-
core plus , & s'étend jufqu'à la femme & aux en
fans. Ellepalli bientôt dansl'efprit de Ion domejlique
pour un peu trop entêtée de fa beauté. N . ..
Domestique, fe dit des plus grands Seigneurs qui font
Officiers chez le Roi , O'i chez les Princes. Le Roi
écrivant à la Reine de Suède ^ Chriftine ) au fujet de
l'alfillinat commis à Rome y en la perfonne de f m
Ambalfadeur & de fon AmbalHidrice , parle en ces
Termes : Je me réfolus , pour faristaire à la piopen-
fion naturelle qu'a Sa Sainteté à la magnificence, de
lui envoyer une Ambalîade d'éclat j jetant les yeux
pour 11 foutenir fur un des plus qualifiés Seigneurs
de mon Royaume , & en qui j'ai entière confiance ,
comme étant mon Domeftique.
Domestiquf du Roi. Nom d'un office de nos premiers
Rois. Bardin en parle dans fon Grand Chambellan de
France , C- IV. p. 8 & 9. On trouve aulIi, fous ms
Rois de la première race au 'V^ & VF fiedes j &c. le
Domestique de la Maifon de Campagne , Domefllcus
D O M 413
vilU ; c'eii ctoit le Gouverneur ou le Bailli : le Do-
mescique d'un pays, Domesticus regionis , y comman-
do! t fous le Comte. On mit aulfi un Domestique fur
pluheurs Maifons ou Terres du Roi. C'étoit un ef-
pèce de Sénéchal J plutôt qu'un Bailli. Il y avoit en-
cote un Domestique , ou intendant , qui commandoic
aux elclaves du Roi , qui avoient loin de fes haras Sc
de les beftiaux. Le Gendre. Ce n'elt apparemment
autre chofc que Iq Domesticus vilU , dont nous avons
parlé.
Domestique, f. m. Nom d'un Officier de la Cour des
Empereurs de Conftantinople, Domesticus , dcuie-nKcs
Fabrot , dans fon Glollaire Inr Théophilaéle Simoc-
cata , définit Z)c)/;2£..f//d/«e en général , celui que l'on
charge d'afiaires importantes, au foin & à la fidélité
duquel on les commet : un ConfeiUer : Cujus fidei
graviores alicujus rei cura & foUicitudines committuntur :
à Con/Iliis. D'autres difent que les Grecs appeloient
Domestiques ceux que l'on appeloit Comtes à Rome ,
& qu'ils fe fervirent du nom de domestique , fur tout
depuis , lorfque le nom de Comte fut devenu un nom
de dignité, & qu'il cella d'être un nom d'Oflicier fer-
vant auprès du Prince. Ainfi l'on appela Domesti-
ques ^ tous ceux qui fervoient le Prince ,■ qui l'ai-
doientdans l'adminiftration des affaires , tant de fon
palais & de jufiice, que dans les affaires Eccléfiaf-
tiques.
Dans le Palais il y avoit le Grand Domeftique j ou
le Megadomelfique , Mûgnus Domefttcus , Megado-
mcsticus , que l'on appeloit auili par excellence le
Domestique fimplement& tout court, Domesticus. Il
fervoit l'Empereur à table , & faifoit la charge de
celui qu'on appeloit en Occident Dapijer , &c auquel
a fuccédé la charge de Grand-Maître de la Maifon du
Roi ; ou bien il étoic dans l'Empire d'Orient ce
qu'on appeloit en Occident Grand Sénéchal , Major-
dome. Il commandoit aulli l'armée de terre , comme
le Grand Duc , Magnus Dux , commandoit celle
de mer.
Le Domestique de la Table , Domesticus menfte ,
éroit un Officier qui fut créé dans la fuite, & qui
étoit au-dellous du Grand Domestique , &c faifoic
l'office de Sénéchal.
Le Domestique du revenu ou de la Maifon d«
l'Empereur , Domesticus rei domestics. , fut auffi créé
dans la luite , & faifoit la fonétion du Dap/fer , ou
Grand-Maître de la Miifon du Prince.
Le Domestique des Troupes de réferve , Domeft-
ticus Scholarum , autrement Domestique des Légions^
Domescieus Legionum , étoit l'Officier qui commaiir
doit les troupes de réierve, appelées Ecoles Palatines.
SchoU Palatine. C'étoient en Orient huit, & en Oc-
cidenr fix Régimens , ou Légions qui étoient tou-
jours de réierve pour recevoir (5v exécuter les ordres
de l'Empereur. Elles obéirent d'abord à l'un ou l'au-
tre des Maîtres des Offices , & enfuite au Grand
Domestique , & puis au Domestique des Ecoles ,
qu'on appelle aulli Domestique des Nombres. Do-
mesticus Numerorum. li s'appelle quelquefois Z)c>/;zej-
tique 8c Patrice des troupes de réierve. f^oye:; Joan.
Scylitzer, p. Szy. Nicéphore Callilfe, L. 'VII. c. 18.
L. VIII. c. 2. Nicetas de Paphlagonie j vie d'Ig-
nace.
Le Domestique des murs , Domesticus murorum ,
étoit celui qui avoit l'Intendance de toutes les Forti-
fications.
Le Domestique des Régions , c'eft-à-dire, de l'O-
rient & de \'Occ\Aqm, Domesticus Regionum.Q'ho'it
celui qui avoit la charge de toutes les afiàires qui
concernoient le public , où le public avoff'mtérct,
à-peu-près comme ici un Avocat & jjn Procureur-
Général, excepté qu'il fervoit auprès du Prince, &c
non pas dans un Tribunal de judice. C'étoit le Mi-
niftre pour les affaires du dedans de lEtat. Anne
Comnène die Domestique d'Orient , Domestique
d'Occident.
Le Domestique des Icanates , ou des cohortes mi-
litaires, Domesticus Icanatorum. Cette charge fut éri-
gée par l'Empereur Nicéphore en faveur de fon
4T4 D O M
petit-fils Nicétas , fils de Michel Rhangab Sc de
i'a fille , & qui fut depuis Patriaiche de Conftan- i
tinople. _ 'i
Plufieurs autres Officiers de jiuerre portoient le
nom de Domestique , qui ne lignifioit nen autre I
chofe que Commandant , Colonel. Le Domestique
de la Légion , ou Régiment, Brigade, que l'on nom-
moit Optimatcs , étoit leur Commandant , Domesti-
eus Optimatum. Le Domestique des Stateurs j Stato-
rum. Stator eft propremsnt celui qui eft de fervice
auprès d'un Prince , qui eft à fes côtés : dans Anal-
tafe le Bibliothécaire , il y a Domesticus Stratorum.
Le Domestique des Légions d'Orient ou d'Occident,
Domesticus Legionum Orientalium y Occidentalium j
c'eft comme Colonel Général de ces Légions.
Domestique, f. m. Nom d'un Corps de troupes dans
l'Empire Romain. Domesticus. Pancirole croit que
les Domestiques font les mêmes que l'on appeloit
Protectorcs , qui étoient principalement chargés de
garder la perfonne du Prince dans un degré élevé au-
deifus des Prétoriens , & qui , fous les Empereurs
Chrétiens , avoient le privilège de porter le grand
étendart de la Croix. On prétend qu'ils étoient au
nombre de 3 500 avant Juftinien , qui y en ajouta en-
core zooc. Ils étoient partagés en diverfes bandes ou
compagnies , que les Latins appeloient Sckolas , &c
dont quelques-unes ont été , dit-on , établies par
Gordien. Les unes étoient de cavalerie, & les autres
d'infanterie. TiLL.
Il y avoir un Comte des Domestiques 3 dignité que
l'on trouve marquée fous Emilien , peut-être pour la
première fois. Elle fervit de dernier degré à Dioclé-
lien pour s'élever à l'Empire , & elle eft devenue en^
fuite fort célèbre dans le IV^ fiècle. Tillem. Les
Comtes ou Commandans des Domestiquas étoient
fouvent des Princes étrangers , habiles dans la guer-
re, & que l'on envoyoit conduire des armées contrô-
les Barbares. Tillem.
Dans les Tribunaux de Juflice , les Domestiques
étoient les Miniftres & les AlTelfeurs des Juges , tels
qu'étoient ceux qir'ou appeloit alors Chanceliers , les
Greffiers, &:c.
Dans l'Eglife , il y avoit le Domestique du Chœur,
Domesticus Chori , qui tenoit la féconde place d:uis
Ja cinquième divifion ou portion des Officiers de l'E-
glife de Conftantinople. Codin ne dit point quelle
étoit fa fondtion.
Dans l'Eglife de Conftantinople, les deux Domes-
tiques étoient comme deux Grands Chantres , 011
deux Premiers Chantres ;& on leur donnolt quel
quetois ce nom Protopfalptes \ a'^ku^U. Un des deux
Domestiques avoit la direction du Chœur du côto
droit j CSC l'autre avoir la direélion du Chœur du côté
gauche : ils annonçoient au Patriarche , ou au Prêtre
qui célébroit , qu'il falloir prier, en lui difant, Bé-
nijje^ , Seigneur. La dignité de Domestique étoit fort
conddérable.
Dominique Macri en diftingue trois ; le Domesti-
que du Clergé Patriarchal \ le Domest'que du Clergé
Impérial , c'eft à-dire , le A^laîtro de la Chapelle tle
l'Empereur j & le Domestique Defpinique j ou de
l'Impératrice, c'eft-à-dire , le Maître de fa Chapelle.
Il y avoit encore d'autres Domestiques d'un ordre
bien inférieur à ceux dont on vient de parler ; on
les appeloit Patriarchaux j Patriarchales. Ils avoient
le rang des Lecteurs : leur fonétion étoit de faire
des acclamations à la fin de l'Office divin , lorf-
que le Patriarche s'en retournoit , ou lorfqu'il don-
noû^a bénédiction au peuple, & ils difoient dans
ce^Wlafions ces paroles , Pour plu/leurs années ,
. Seigneur.^
\q Domestique des Portes croit le premier du
neuvième ou dernier rang dans la même Eglife.
Il étoit Garde des Portes , Aide du Portier ^ Sa-
criftain.
Il y a audl dins Codin, p. 8 , le Domestique de
l'Ambon , ou de la rribune : c'eft celui qui en avoit
foin.
Voyez fur tout cela Codin , De Offic. Constant, p.
D O M
50 , ^9 , 95 , 117, 1 1 8 , 1 1 p , &c. Luitprand , Hiit.
L. Vl. C. 5. Les Gloffaires de Meurfius , de Fabrot
fur Cédrenus & fur Conftantin Manaflcs , des Ma-
cri , de Du Cange, de Spelman , d'Hoft'man , Henri
Valois dans fes Notes fur Ammien Marceilin , Liv.
XV , p. 8 5 , &c.
Domestique, f f. Nom que l'on donne dans l'Ordre
de la Vifitation aux filles du troiliènie rang qui com-
polcnt cette Congrégation. Domestica. Il y a dans
cet Ordre des Religieufes de trois fortes ; des Cho-
riftes , des AlTùciées , & des Domestiques. P. He-
LYOT , T. III. C. 44. Les AlTnciées anlïl-bien que les
Domestiques ne fonr pas obligées à lOftice , mais
Seulement à dire un certain nombre de Pater &
d'Ave. Les Domestiques ne peuvent remplir aucune
charge de l'ordre. In.
DOMESTIQUEMENT. adv. A la manière d'un Do-
meftique , & quelquefois fimilièrement. Il eft
attaché domestiquement à un tel Seigneur. Cet
homme vit domestiquement avec nous. Il eft peu
uiiré.
DOMESTIQUER , pour apprivoifer. Vieux mot. M.
Dellon s'en eft fervi dans ie i tome de fes Voyages ,
chap. 5 , p. 32. Les Bœufs , dit-il , ne font pas il
communs dans l'ifle Bourbon que Us Cochons &: les
Chèvres : c'eft de Madagafcar qu'on y a apporté les
premières Vaches avec quelques Taureaux Le
peu de foin que l'on a pris de domestiquer ces ani-
maux a fait qu'ils font devenus fauvages , 6c qu'ainfi
on n'en tire prefque aucune utilité.
Domestiquer hgnifioir auiîi quelquefois être doux ,
atfable , populaire. C'eft en ce dernier fens qu'il le
faut prendre dans cet exemple. " Vous aviez ( on
15 parle aux Parifiens ) un Patron ( le Roi Henri III.)
>» qui vous conduifoit en toute fûteté , vous mettoic
» à l'abri des vents &: de l'orage , vous faifoit par ics
>' Officiers adminiftrer juftice en dreit & équité, fe
» communiquoit j s'avoidnoit , &C domestiquoitzvcc
>5 vous, vous chérilloit infiniment .... Sat. Men. ïn-
» 8°. r. 3 ,/7. 288.» Ce mot ne fe dit plus , ni dans
l'un ni dans l'autre fens.
DGMEZOPOLI. Ancienne ville Epifcopale de l'Afie
Mineure. Dorr.etiopolis j DomitiopoUs , Titopolis.
Etienne de Byfance la place dans l'Ifaurie. Aujour-
d'hui ce n'eft plus qu'un bourg , qui eft fur les confins
de la Caramanie.
Le nom moderne s'eft formé de l'ancien nom Latin
Domitiopoiis.
DOMFRONT. Petite ville du Maine , Province de
France. Damjrons j Danjrons , Dominijrons , Dom-
nijrons j Donnijrons. Elle eft fituce fur la Mayenne ,
& elle a titre de Comté. DomJront&Çt au confluent
de la Varne dans la Mayenne. Il s'appelle auiîi Dan-
front en Paffais , Danjrons in Pajfaio. Ce petit pays
dépend de la Normandie j quoiqu'il foitdu Diocèfe
du Mans.
Ce nom eft compofé de dom ou dam, ou par cor-
ruption dan , offrons Jronr'-s, le front. Quelques-uns
ont cru qu'il venoit de Danifrons, c'eft-à-dire , fronc
des Danois , c'eft-.i-dire , des Normans ; mais dan ,
dam , dom, eft im nom corrdVnpu de domnus icdomi-
nus , & Valois croit que ce Château fut ainfi nommé ,
parce qu'il fut bâti par les Comtes du Mans , pour
oppofer au Duc de Normandie, Roi d'Angleterre,
fromis advei'fî instar ohjectum,
DOMICE j ou DOMITIUS. f. m. Terme de l'hiftoire
Romaine. Nom d'un Dieu que les Rom.ains invo-
quoient au temps des noces , pour qu'une femme
demeurât dans la maifon de fon mari, & vécût pai-
fiblement avec lui. Domitius.
Ce mot vient de domus, maifon y 5c de effe ^ être ,
demeurer.
|p=DOMICELLI. Foyei Domenger.
DOMICILE, f m. Terme de Pratique. Lieu que l'on a
choifi pour établir le fiêge de fa fortune & de fa de-
meure ordinaire , fixe & permanenre , indépendam-
ment du lieu de fon origine & de la demeure de fes
père & mère Fer. Domicilium est locus in quo quis
fedem pojuit , laremque & fummam rerum fuarum.
D O M
Pjiu- établir un domicile , il fauc un choix & une dé-
termination d'efprit fixe &c permanence , de demeu-
rer dans un lieu. C elt pûurijuoi un relégué n'acquiert
point de djinicUe ^ parce qu'il ell; ceniéconferver tou-
jours la volonté du retour. Une demeure de quelques
années dans un heu , où l'on a tranfporté le liège âc
la capitale de fa fortune, ctablii un domkiU. On ne
conlidère principalement que le domldle de demeure :
on ne s'arrête pjinc à celui d'origine , comme ftii-
foienc les i-lomains , qui le confervoienr toujours
pour le pré/abir de la gloire de leur naillaace. L'é-
le_tion de djnk'de ii'étoïc pas connue chez les Ro-
mains. L'Ordonnance veut qu'eu tous les contrats ,
& en la plupart des exploits j comme d'oflires , de
faifies, d'exécutions j &c. on falfe une eledr.on de
donche y c'ellà-dire, qu'on marque un lieu où l'on
fe puilFe adrelfer pour l'exécution de l'aclie.Tout ade
doit être lignihé'à perfonne , ou ï domicile. L'élec-
tion du domicile finit par la mort.
En France on fait dilHnclion entre demeure i?c do-
micile. Demeure fignifie le lieu ou l'on loge , même
pour peu de temps : domicile fignifie une demeure
ordinaire , fixe & permanente. \Jn mineur retient le
domicile de fon père , & un pupille celui de fon
tuteur. . . 1- » 1 •
SfT La lieu de la nail^mce donne la qualité de ci-
toyen. Le domicile donne celle d'habitant dans L-
iieu où l'on demeure.
C^Le domicile de dignité efl: le lieu où l'Oificier
fait" la fonction de fa charge , ayant ailleurs fon do-
micile naturel. Ce domxae ne change point le domi-
cile naturel. Fer. Excepté pour ce qui concerna;
rOiïicier à raifon de fa charge feulement , & pou
les droits qui y font annexés. _ ^^
IpTLe ujmiciie conventionnel ell celui qui s'eta-
tlic par le coifentemenc &c l'élection que les P.artus
en font dans un acte.
Ip'Le domicne légiil eft celui qui eft donné par la
loi peur certains elFjts , tel eft le principal manou
d'un Bénéfice, d'un fief, &:c.
Le nom de domici'e vient du Latin domicilium : ce
mot elt compofé Se formé de domus ^ & de colo. Ha-
biter une mailon.
Lsdo'Ti-ciie, en termes d'Aftrologie, eft une des
principales dignités ou élévations des Planètes ,qu;
fe dit quand une Planète le trouve dans un hgnj
avec lequel elle a tant de convenance , qu'elle y gou-
verne comme un maître en fa maifon ; auquel ca'
on lui attribue cinq degrés de puilTance : comme h
Soleil étant au figne du Lion eft dans fon domicile ,
la Lune diUs le Cancer, Saturne dans le Capricorne ,
& ainfi des autres.
DOMICILIER, fe DOMICILIER, v. récip. Terme dt
Pratique , qui n'a gueres d'ufage que dans les temps
formés du participe. Il eft domicilié, ou il s'eft dom'-
cilié dans cette ville, pour dire, il y a pris une de
meure certaine.
Domicilié, ee. parc. & adj. C'eft celui qui a un domi
cile établi, certain & alturé ^ un bourgeois Se habi
tant d'une ville , qui y a un domicile aéluel. Habicans
in urhcy habens in urbe domicilium. On ne doit pas
décréter h légèrement contre un homme domicilie .
que contre un vagabond, un homme fans aveu. Il
etoit domicilié dins Rome. Patru.
DOMIDUQUE. f. m. Terme de Klythologie. Divinité
Payenne, l'une de celles qui préfiJoient aux maria
ges. Domiducus. Parce qu'il falloir mener la nou-
velle mariée chez fon époux , on avoir fait le Dieu
Domiduque , & c'étoit lui qui préfidoir à cette aétion
des noces. S. Auguftin , De Civic. L, FI. C.p. Rolin^
Jntiq. liom.L.II. C. j^.
On appc-loic aulli innow Domiduque. JunoDomi-
duca, pour la même raifon , & parce qu'elle préfidoir
aux noces _, où l'on conduifoit la femme à la maifon
du mari.
Ce mot vient de domus, maifon , & duco , je con-
duis.
DOMIFIER. v. Tarme d'Aftrologie. C'eft partager le
ciel en douze Maifons , pour dreffet un thème ce
D O M 41J
lefte , ou un horofcope , par le moyen de fix grands
cercles qu'on appelle cercles de f<oJïtiun, delumpardri
duodccun in dornos. Il y adiverfcs façons de doritifier^
fuivant les diftérens Auteurs. Celle'de Régiomonta-
nus , qui eft la plus ordinaire, eft celle qui :aic
pilfer les cercles de pofition par l'interfedion du
Méridien & de l'Horifon. D'autres les font palier
par les Pôles du monde ou de l'Equareur ; d'autres
par les Pôles du Zodiaque.
DOMINANT, ANTE. adj. Qui commande, qui eft
fupérieur, &c, Dominans. Un lieu dom.inani un
vice, une paillon dominante, &c. La paillon domi-
nante des Gentilshommes eft . le point d honneur.
Pasc. La peine de fe défaire d'une palfion dominante
ou de la dillimuler , l'emporte fouvent fur l'amour
de la gloire , ou de la fortune- Bell. Il y s. des dé-
nies .lominans à qui couc le monde cède, par je ne
fins quelle force de fupérioricé qui les faïc régnée
par tour. Amelot.
En Jurifprudence, on appelle un (i^i dominant,
un fiel qui a des fiefs qui relèvent de lui j i.\: qui
eft oppolé à iixii fervant. Pridium domina/;s. Le fief
n'elt dit dominant, que par rapport à celui qui re-
lève de lui , &: il peur ccre fetvanc à l'égj.rd d'un
autre. Ainfi les fiels relèvent par ordre de l'un à
l'autre jufqu'à la couronne: & il n'y a que les fiefs
de la couronne & ceux qui font en franc-aleu qui
ne relèvent de perfonnes , & qui ne font pas fer-
van?.
En Aftrologie , on appelle aftre dominant , l'af-
cendant ou l'aftre qui eft le plus fort , & qui do-
mine dans un horofcope.
En termes de Mufique, on appelle la Quinte au-
delFus de la finale, du nom de corde dominante. On
appelle cadence dominante , celle qui eft la première
des trois, pour la diftinguer de la féconde, qu'on
3.^'ç>s.\\q nicdicnte , & de la troifième, qu'on appelle
finale. On appelle note dominante , celle qui eft plus
fouvent répétée ^ rebattue dans la fuite, du chant.
La dominante eft la première des deux notes , qui,
dans la balle, forment la cadence parfaite, parce
qu'elle doit précéder toujours la note finale j &
par conféquent la dernière. Rameau. La tierce fe
trouve naturellement majeure dans les dominantes.
Id. Nous ne donnons le nom de tonique qu'aux no-
tes qui portent l'accord parfait j & a:\m an domi-
nante qu'à celles qui portent l'accord de la- feptième;
la note tonique ne peut paroîne qu'après une domi-
nante, dont la tierce eft majeure, & dont cecce
tierce fait la faulTe quinte avec la feptième. Que lî
la tierce de cette dominante n'eft point majeure j Ik
que les inrervalles de la faulfe quinre ou des rritons
n'y aient point lieu entre fa tierce & fa feptième, elle
ne peut être iuivie que d'une autre dominante : &
ainfi il eft à propos de diftinguer ces dominantes ,
en appelant dominantes toniques celles qui contien-
dront dans leur accord de feptième un intervalle
de faulfe-quinte ou de triton \ & fimplementi/ow/-
nantes celles où ces intervalles ne paroitronr point.
Id. Ton j ou fon dominant , c'eft le ton du chœur.
Dominant. Terme ufité chez les Cordeliers , qui ont
dans chique Province un ancien Provincial qu'ils
appclent l'ère Don.in^nt, qm gouverne delporique-
menc, faic les Provinciaux , les Définireurs , les
Cuftodes , les Gardieiis , donne des obédiences pour
aller au loin , ou pour revenir.
DOMINATEUR, f. m. Qui domine. Dominator. On a
appelé Alexandre le Dominateur de coûte l'Afie-
Il fe die air^z rarement ^ î\ ce n'eft dans le ftyle fou-
cenu. Le titre de Dominateur en Afie & en Afri-
que eft un de ceux que Philippe II, Roi d'EfpagnCj
prenoic dans les Aites publics.
Moi , Monarque qui tiens ma Cour
Dans les climats heureux où commence le jour j
Souverain des vastes campagnes .
Que le Ganae traverfe à flots précipités ;
Dominaceur de ces riches montcg .es , ,
<2«i cachent leurs ruhis dans leurs ccnc-vités.
Nouv. CHOIX DB Vers,
.4i<^ D O M
En termes d'Aftrologie , on appelle Dominateur
ou Seigneur dominant , Tartre qui eft le plus conll-
dérablc, ou qui a le plus de degrés de puiilance
dans un horolcope.
DOMINATION, f. f. Empire , puiflance d'un maître
fur ceux qui lui font fournis. Dominaûo , domina-
tas^'Lii domination At% Romains a daté long-temps.
Le vittorieux ufurpa la domination fous le nom de
Prince du Sénat. Ablanc. Le Roi a rangé l'Artois
ious fa domination. >
PoMiNATioN , fe dit auffi du gouvernement. La do-
mination des Princes Orientaux eft foit tyrannique.
Une domination li dure &c h violente a loulevé le
peuple.
Domination , fe dit j figurément , de l'afcendant
qu'on s'arroge fur les elprirs des autres j toujours
au préjudice de leur liberté. C'eft la perfonne du
monde la plus chagrine , & je ne prétends point
qu'elle exerce fur moi fa trifte domination. Quand
on eft parvenu à dominer fur fa propre cupidité ,
■en exerce volontiers fur les autres une fuperbe do-
mination. P. Gail. La dévotion s'attribue une ef-
pèce de domination qu'elle exerce tous les jours
avec un empire tyrannique. S. EvR. Les DocleurSj
pour fe faire cheh d'un parti , & s'en attribuer la
domination, entretiennent la difcorde entre les Chré-
tiens. Id.
Domination , en termes de Théologie , fe dit des Ef-
prirs du quatrième ordre de la Nature Angélique ,
en commençant à compter par les Séraphins. Do-
minationes. Ils dominent fur les hommes , (?v: fur
Jes Anges des ordres intérieure. S. Paul dit au pre
niier chap. de fon Ep. auxColofliens, que par Jesus-
Christ ont été créées toutes les chofes qui font
dans les cieux , & qui font fur la terre , vifibles &
invilibles, foit les Trônes ou les Dominations , on
les Piincipautés , ou les Puillances, &c.
DOMINER, v. n. Commander en maîrre, avec une puif-
fance abfolue. Dominari. Les Romains ont dominé
fur la plus grande partie de la terre. Il fe faut gar-
der de ces efprits ambitieux qui veulent domi-
ner par-tout> Le Seigneur dominera les Nations.
PORT-R.
§CF On le dit de même au figuré. Le Sage do-
mine fur fes palfions. Doiiiner fe dit aufti , figuré-
ment, des lieux élevés qui commandent fur des
lieux plus bas , ou d'où l'on découvre une grande
■étendue de pays. La citadelle domine fur la place. Cette
montagne domine fur toute la plaine. Supereminere.
%fT On l'emploie aulli activement. La citadelle
domine la ville. La raifon doit dominer [es pallions.
§CF Dominer , fe dit encore , figurément , de ce qui
paroît le plus parmi plufieurs chofes , d'une couleur
qui fe montre trop dans une étoffe j ou qui s'y mon-
tre plus que les autres ] le bleu domine dans cette
garniture j de ce qui eft plus fort , fe fait plus fen-
tir dans un mélange. Le poivre domine dans cette
fauce.
En termes d'Aftrologie, on le ditaulîîdesaftres qui
dominent en certains jours, en certaines heures, & en
certaines Maifons de la figure célefte. Jupiter domine
dans la X=. Maifon. Le foleil domine dans le Lion. Les
heures planétaires font les heures où chaque Planète
domine à fon tour.
Dominé, ée. part.
SAINT DOMINGUE. Ville Archiépifcopale , & ca-
pitale de l'Ile de S. Dominoue. Dominicopalis. Fa-
numSancIi Dommici. Elle eft fur la côte méridionale
de l'Ile qui porte fon nom. S. Domingue fut bâti en
I4f)4, par Chriftophe Colomb, à l'embouchure de
la rivière d'Ozama. Drak la prit & la pilla en i çSiî,
puis il l'abandonna. Cetce ville a un bon portj & une
bonne Citadelle. Elle a de plus Univerfité, Chambre
des Comptes, Cour de Monnoies, & Audience Roya-
le. L'Archevêque de ^. Domingue -pzQnd le titre de
Primat des Indes.
S. DOMINGUE^ ou l'île de S. Domingue. C'edane des
quitte grandes Iles Antilles, firuées dans la mer du
^lexique. S. Dominid Infula. Elle prend foà nom de
D O M
fa ville cipltale , dont nous venons de parler. Elle a
au levant l'île de Potto-Ricco , au couchant celle de
Cuba & la Jamaïque. On lui donne 1 500 milles ou
500 lieues de citcuit. On dit que l'air y eft tempéré,
3c le terroir fi fertile j qu'il rend au centuple dans les
lieux où il eft cultivé. On tite de S. Domingue quan-
tité de fucre , de gingembre , d'ambre gris, des cuirs,
& de la cire. Cette Ifle eft partagée en deux grandes
parties par une longue chaîne de montagnes qui U
traverfent toute eritière du Nord-eft au Sud-oueft. La
partie qui eft à l'Oueft des montagnes eft depuis plu-
fieurs années aux François. Les Efpagnols poftedent
ce qui eft à l'Orient des montagnes. Les Colonies
ou habitations Françoifes font le grand & le petit
Goave , la grande & la petite Anfe j le Cap de Nipe,
Léogane, &. les trois rivières. Les Efpagnols ont les
villes de S. Domingue , de la Conception , de la
Véga & S. lago.
Ce nom François Domingue , vient de l'Efpagnol
San Domingo , qui veut dire S. Dominique. On ap-
pelé autrement cette Ile Hifpaniola, c'eft-à-dire, la
petite Efpagnole, du nom de fes plus anciens maî-
tres , les Efpagnols.
DOMINICAIN, f m. Religieux de l'Ordre de S.Domî-
nique. Dominicanus efancti Dominid jamiliâ, relioio^
ne. On les appelle à Paris Jacobins , &: en plufieurs
lieux Frères Prêcheurs. Les Dominicains font un
Ordre Religieux fondé par S. Dominique de Guz-
man, Gentilhomme Efpagnol né l'an 1170, à Ca-
larvéga , bourg du Diocèfe d'Ofma , dans la vieille
Caftille. Il fut d'abord Chanoine &c Archidiacre
d'Ofma. Enfuite il prêcha avec beaucoup de zèle
contre les Albigeois en Languedoc, où il jeta les
premiers fondemens de fon Ordre. Il fut approu-
vé l'an m 5 , de vive voix par Innocent III, Se
conhrmé l'année fuivante 1 1 1 <î , par une Bulle d'Ho-
norius IIF, fous la Règle de S. Auguftin , avec
des Conftitutions particulières , & fous le titre de
Frères Prêcheurs. Le premier Couvent fut fondé i
Touloufe,&: achevé en izi6 j par la libéralité de
l'Evêque , &c de Simon de Montfort. Deux ans
après en 1218, ils eurent à Paris une maifon pro-
che de l'Evêché , &c quelque temps après, en ayant '
obtenu une dans la rue S. Jacques , on les appela
dès- lors Jacobins \ & ce nom paiïa de la Capitale
dans les provinces , & leur eft demeuré dans toute
la France. S. Dominique ne prit d'abord que l'ha-
bit des Chanoines Réguliers , c'eft-à-dire , une fou-
tane noire & un rochet. Il le quitta en 1219, pour
prendre celui qu'ils ont , & que la fainte Vierge
avoit montre au Bienheureuï Renaud d'Orléans.
Cet Ordre eft répandu dans tout le monde. Il a
45 Provinces fous le Génér.al qui réfide à Rome,
& douze Congrégations , ou Réformes particuliè-
res J gouvernés par des Vicaires Généraux. On y
compte quatre Papes , qui font Innocent V , Benoit;
IX, &c Pie V, canonifé en 1711 , Benoit XIII,
mort en 1730; plus de 60 Cardinaux, plufieurs
Patriarches , près de 1 50 Archevêques , & environ
8®o Evêques , outre les Maîtres du facré Palais ,
dont rOraçe a toujours été exercé par un Religiux
de cet Ordre , depuis que S. Dominique en fut re-
vêtu le premier par Honorius III j l'an 12 16. LesE
Dominicains font auffi Inquifiteurs en bien des en-
droits. F'oye:^ Hermando de Caftiglio , Juan Lo-
pez , & Antoine de Romefel , dans leur Hiftoire
Efpagnole des Dominicains ^ Thom. Malvenda, ^/z-
nales Ord. Pradicat. Léand. Albert. De viris illu-
Jlrih. Ord. Pndic. Anton. Senenù Chronic. Ord. Pr^-
die. Hermani. Hift. des Ord. Rel. T. II. Le P. Helyot.
Hift. des Ord. Rel. T. IIT, C. 24 , 15 , &c. Les
dogmes des Dominicains font ordinairement oppo-
fés à ceux des Francifcains.
Dominicains Réformés. C'eft une réforme de l'Or-
dre dont on vient de parler , faire au commence-
ment du fiècle paffé, par le P.Jean Michaclis , ôc
confirmée par le Pape Paul V, en. 160S , à la re^
commandation d'Henti le Grand.
DOMINICAINE. {. f. O^dre relii^ieux de filles , qui
port&nt
D O M
porrent l'habit des Dominicains , Bc fuivenc leiirk
Règles & leurs Coafticutions. Les Domink.iir.cs Ibnc
•plus anciennes que les Dominicains. S. Dominique
avoi: déjà fonde des Religieules à l'rouilles quel-
ques années avant que d'avoir inftitué ion Ordre
pour les hommes j c'efl-à-diie , eiï 12.06. Prouilles
ell encre Càrcallonne & Touloufe. Les Dominicai-
nes îbnt appelées i^rècherelfes en quelques endroits.
Il y a plulieurs Couvens de Dominicaines où l'on
ne reçoit que des Demoifelles. Le premier Cou-
vent de Prouilles fut établi pour de pauvres De-
moifelles. Voyei le P. Hélyot, Hijl des Ordr. lie/.
T. m , c. xs.
Il y a encore un Tiers- Oçdre de S. Domini-
que pour les hommes , & un pour les Hlles. Le
Tiers-Ordre de S. Dominique , ou des Frères Prê-
cheurs , & plus communément, de la i'éiiitencc
de S. Dominique , ou l'Ordre de la Milice de Je-
s us-Christ , eft un Ordre militaire inlhtué par
S. Dominique. Quelque-temps après , mais on ne
fait pas l'année , ni fi ce fut du vivant de ce Saint,
ou après La mort , cette milice quitta les armes j
Se ceux qui voulurent fe conferver en fociété ,
prirent le nom de Pénitens de S, Dominique j en
mémoire de leur faine Inftituteur. C'ell: ainli que
fe forma le Tiers-Ordre des Frères Prêcheurs. Il
fut 11 peu conhdérable pendant 200 ans , qu'en
1411, on ignoroit quelle ctoit la Règle que Ion y
fuivoit. S. Dominique leur avoit donné d'abord le
nom de Milice de J. C. parce que leur fin étoit
de combattre pour recouvrer les biens & les droits
des Eglifes iifurpées par les Mérétiques. Après la
mort du Saint ils changèrent ce nom ,&, pour ho-
norer leur faint Inllituteur , ils prirent celui de
Pénitjns de S. Dominique, ou Frères de la Péni-
tence de S. Dominique. Il y eut auflî des Sœurs
du Tiers- Ordre de S. Dominique, qui portèrent
ies mêmes noms que les hommes , & s'appelèrent
d'abord Sœurs de la Milice de J. C. enfuite Sœurs
de la Pénitence de S. Dominique. l''oy. le P. Hélyot,
m(f. dcT ôrdr. Relig. T. lll , C. ic,.
DOMINICAL , ALE. adj. Qui vient de Seigneur, ou
qui appartient au Seigneur. Dominicus. L'Oraifon
Dominicale eft le Pater nofter ^ que Dieu même
nous a enfeigné.
DOMINICALE, f. f. Cours de Sermons pour les
fimples Dimanches de l'année. La Dominicale de S.
Sulpice eft une Dominicale pleine , c'eft-à-dire ,
que l'on prêche tous les Dimanches de l'année. Il
y a des Dominicales qui ne font pas pleines , &
qui font plus ou moins longues les unes que les au-
tres. Cette Dominicale eft courte ; elle finit à la
Pentecôte, c'eft- a-dire que, dans cette Eglife , l'on
lie prêche les Dimanches que jufqii'a la Pentecôte.
Prêcher la Dominicale , prêcher les Dominicales .,
c'ell, Faire des Sermons les jours des fimples Di-
manches ; c'eft-à-dire, hors le Carême &rAvent.
Doininicis diehus fn^ulis hahe're conciontm. Ce font
les Curés qui donnent les Dominicales : les Mar-
guilliers donnent les Avens & les Carêmes. On a
donné le nom AaDominicalcs dans l'Eglife ancienne
aux leçons tirées de l'Ecriture , qui fe faifoient
tous les Dimanches. On les appeloit autrement
Homélies. L'ordre des Dominicales , tel qu'on le
voit aujourd'hui ^ eft attribué à Alcuin , ou à Paul
Diacre.
Lettré Dominicale , lettre de l'AlphaBet qiii fert
à marcjuer dans les Almanacs les Dimanches pen-
dant tout le cours de l'année. Linera diei dominicx
index j dominicalls. Il y en a (ept , A , B , C , D ,
E , F , G , & c'eft pour trouver l'ordre de ces let-
tres qu'a été inventé le Cycle Solaire qui fait par-
tie du comput Eccléhaftique , lequel dure 18 ans ;
parce qu'au bout de ce temps les Xetuts Dominica-
les reviennent dans le même ordre. Les premiers
Chrétiens les mirent dans leur Calendrier à la
place des huit lettres nundiales qui étoient dans ce-
lai des Pvomains. Ces fept lettres dominicales fe
fuivent , & fe fuccèdent pour marquer le Diman-
Tome IIL
D O M 417
che , par ordre contraire & rélrogra'de ': enforre
que , fi, en cette année, A étoit la lettre Dominicale i.
1 année prochaine la lettre G, qui elHa dernière-i
deviendrait la lettre dominicale : enfuite F , & de
même en remontant toujours , jutqu à ce que l'en
revienne à l'A. La talion de cet ordre rétrograde
eft quej l'année étant compoféede 565 jours, qui
font 51 femaines &c un jour , il s'enfuit que )'i
lettre A marque encore le picnv.er jour de la 55«,
femaine , & le trouve au dernier de Décembre ,
qui eft un Dimanche. Ainfi le Lundi j qui eft le
premier de Janvier, étant anifi marqué de la lettre
A , le Dimanche fuivant , qui eft le 7 de Janvier ,
tombe fous la lettre G , laquelle devient la lettre
Dominicale de cette féconde année. Mais l'année
billextile apporte un changement dans le rang , &
dans ce cercle des letttes dominicales, qui devroïc
s'achever en fept années. Car la lettre F qui tom-
be au jour lequel précède le billexte , fe répétant
deux fois, il arrive que la lettre E qui eft la let-
tre dominicale de cette année-là , ne fe rencontrant
plus au Dimanche , la lettre D devient, par ce dé-
rangement, la lettre dominicale de la même année
billextile. Par conféquent il taut deux letttes domi-
n. cales pour l'année intercalaire : l'une jufqu'aii
billexte, c'eft-à-dire, le 14 de Février ; & l'aurre
pour le relie de l'année. Or cette interruption que
forme le billexte, eft la caufe que les lettres domi-
nicales ne peuvent retoutner dans le même ordre ,
Qu'au bout de 18 ans. C'eft- là l'origine du Cycle
folaire. Par la rétormation du Calendrier fous les
ordres du Pape Grégoire XIII j l'ordre des letties
domi/ncales tut troublé. Car l'année 1581, qui avoit
dans fon commencement la lettre G pout letrre do-
minicale , eut la lettre C par le retranchement des
10 jours, lequel fe ht après le 4 d'Oétol^re de cette
année-là. Amli la lettre dominicale As l'ancien Ca-
lendrier précède de quarre lièges celle du Calen-
drier Grégorien j enforte que la lettre A de l'an-
cien répond à la letrre D du nouveau. Par cette
raifon il a fallu confttuire une nouvelle table des
lettres dominicales fur le modelé de l'ancienne ,
pour leur alligner leur place dans le nouveau^ Voi-
ci une méthode pour trouver la lettre dominicale
d'une année quelconque qui lera donnée, i*. Du
nombre de l'année donnée retranchez un. z°. Di-
viiez le nombre qui reftera par 4. 5°. Prenez le
quotient de votre divifion & l'ajoutez au dividen-
de , c'eft-à-dire , au nombre que vous avez divifé
par quatre. 4°. De la fomme de ces deux nombres,
retranchez 11 , pendant le ficelé courant. 5". Ce
qui refte après cette fouftradhon divilez-le par 7 ,
néglige?: le quotient & ptenez feulement le nom-
bre qui refte après la divifion. 6". Otez de 9 ce
reftant, le nombre qui reftera après cette fouftrac-
tion feracehii de la lettre dominicale félon l'ordre
qu'elles ont dans le Calendrier._ S'il vous refte i ,
la lettre dominicale de l'année donnée fera la pre-
mière des lettres dominicales , c'eft-à-dire , A. S'il
vous refte x , ce fera B , & ainfi des autres. Ces règles
font renfermées dans ces quatre vers techniques :
Dempto uno partem quartam cape \ jungitofummas:^
Quantum fs.cLa pètent lahentia detrahe fummét.
Sic decurtatam perfeptem dividc fummam :
Deque novem. ^ reliauum deducito , Itttcra refiat.
Donnons un exemple. Je cherche la lettrs domi'
nicaie de l'an 1 741. 1°. De 1741 , j'ôte un. J'ai 1740,
je divife 1740 par 4 j j'ai pour quotient 4^55 ; c'eft
le nombre des années billextiles. 3°. J'ajoute enfem-
ble 1740 & 43 5 , la fomme eft 2I75. 4°* Ce fiè-
cle demandé qu'on en retranche 11 , refte 11(34.
5". Je divife ce tefte par 7 , il itie refte apics la
divifion i , c'eft-à-dire , que la première lettre «'0-
w.'/;zV^'/e , qui eft A, eft celle dû l'année i74i-
Sur quoi il faut remarquer, i". que nous avols
dit qu'il faut ôter 1 1 , pour le fiècle où nous vivons,
& jufqu'en iSoo. En i8co , il faudra ôter iz; eir
Ggg
4i8 D O M
lyûo, 15 , & ainfi des autres, augmentant toujours
d'un à chaque iiécle, excepte les liècles bilfexciles ,
c'ell-à-dire j don: la loo^. année ell billextile. Ainli
depuis 2000 iuciulivement jufqu'à 2100 inclulive-
menc , on notera pas 14 , mais 15 ieulemsnt ,
comme au Iiècle précédent.
Il faut remarquer, en fécond lieu , que , dans les
années billéxtiles, la lettre que l'on trouvera ne fera
.dominicale que jufqu'au 24 de Février , & celle qui
la précède immédiatement , le fera pour le relie
de l'année : par exemple, fi l'on a trouvé B, le B
fera lettre dominicdU jufqu'au 24 de Février, &c
l'A tout le refte de l'année.
Il faut remarquer, en troifième lieu, quejfi après
la dernière divilion, il ne relloit qu'un , ôtant 1 de
y , refte 8 , mais il n'y a que 7 lettres dominicales :
il faut donc de 8 retrancher 7 , refte i , la lettre
doinïiùcalc fera A , & s'il ne refte rien , de 9 il faut
ôter 7,.reftera 2 , la lettre dominicale lera B.
bnfin, pour les années qui ont précédé la cor-
rection du Calendrier faite en 1 581, il ne faut rien
ôter de la foinme , mais fimplement la divifei
par 7.
Le plus court & le plus sûr eft de prendre le
Calendrier univerfel du P. de Rebeque , Jéfuite ,
imprimé en 1731 , à Paris , chez RoUin , &C de
fuivre les règles qu'il prefcrit.
Dominical, f f. Terme d'Hiftoire Eccléfiaftique. Le
Concile d'Auxerre , tenu en 57S , ordonne aux fem-
mes de communier avec leur Dominical. Lïntcum
dominicale. Quelques-uns prétendent que c'étou
un linge fur lequel elles recevoient le Corps de J.
C. ne pouvant le recevoir iur la main nue •, car,
durant les periécutions , les Fidèles , hommes &
femmes , recevoient la fiinte Euchariftie dans un
mouchoir appelé Dominical, & la gardoient en-
veloppée de ce mouchoir pour la prendre dans le
befoin. D autres difcnt que c'ctoit une efpèce de
voile qui leur couvroit la tête. Du Pin. Vclum ca-\
pitis. C'eft l'opinion la plus vraifemblable. On peut
en tirer une preuve bien forte d'un ancien Péniten-
ciel qui porte Si mulier communicans dominicale
fuum Juper caput non habuerit , ufque ad alium diem
Dominicum non communicet. Les femmes pouvoient
tenir un bout de ce voile dans la main , pour y
recevoir l'Euchariftie \ mais ce n'eft pas ce que le
Synode d'Auxerre ordonne. Il avoir déjà marqué
dans un autre Canon que les femmes ne doivent
pas recevoir l'Euchariftie dans la main toute nue.
Ce Canon eft 3 fi je ne me trompe , le 3(5 j ou ^4.
Il veut donc déclarer ici pat le Dominical \vî\.vo\\q
qui couvre la tête pour approcher de la fainte Ta-
ble avec plus de décence. On appeloit ce voile Do-
minical , parce que les femmes ne le portoient or-
dinairement que le Dimanche.
DOMICELLAIRE. f. f. Nom d'un grand Officier
des Cours d'Allemagne. Un Domicellaire portoit la
Bannière de Franconie. M. le B. de PoUnitz par-
lant de la Cour de Wurrzbourg. Je n'en ai pas une
idée alTez nette pour me mettre à même d'expliquer
ce que c'eft \ l'étymologie pourroit m'y conduire ,
&c.
DOMINIQUE, f. m. Nom d'homme. Dominicus. S.
Dominique TEncuiralfé vivoit dans l'onzième iiè-
cle. L'Epître 19 de Pierre Damien eft une vie de
S, Dominique l'Encuiralfc. S. Dominique , fonda-
teur des Dominicains, naquit l'an 1170 , à Calar-
véga dans la vieille Caftille , mourut à Boulogne,
en Italie ^ le 4 d'Août 1221 , & fut canonifé par
Grégoire IX , le 3'. Juillet 1255. Théodoric du
Puy C de Podio ) a écrit fa vie en huit Livres. Le
P. Langlois , Jéfuite j dans fon Hijl. des Croifadcs
contre les Albigeois , L. VIÎI , p. 408 , 409 , a fait,
après Vincent de Beauvais , un beau caraftère de
S. Dominique.
Ce mot vient du Larin Dominicus ; qui fignifié ,
Qui appartient , qui eft au Seigneur. Les Italiens
difent Dominiciy & les Efpagnols Domingo.
L'ordre de S. Dominique eft un Ordre Reli-'l
D O M
gieux , Inftitué par Dominique de Guzman dont
nous venons de parier. Foy. au mot DOMINI-
CAIN.
S. Dominique. Nom d'un Ordre militaire , dont
les Chevaliers lurent nommés les Gendarmes de
Jefus, & dans la luite les Frères de la Milice de
S. Dominique, en Latin, S andominicani Equités ^
Armiaeri Chrijii , fratres e Militiâfancli Dominici y
ou Militii, SandominicanA. Cet ordre fut inlfitué ,
dit-on , par S. Dominique , pour combattre les Al-
bigeois. On ajoute qu'ils portoient une croix fleur-
delifée , blanche «Se noire , & que depuis ils lui-
virent la troilième Règle de S. Dominique. Quoi
qu'il en foit , cette milice ne fubfifte plus.
Dominique, f. f. Nom de femme. Dominica. L'Im-
pératrice Dominique , femme de l'Empereur Va-
lensj lort entêtée de l'Arianifme , porta Ion mari
à perfécuter les Catholiques. Foye^ ce qu'en die
Thcodoiet , L. IV, C. 12.
DOMINIQUE. Ile de l'Amérique. Dominica. La
Dominique eft une des Antilles de Barlovento , li-
tuée entre la Guadeloupe au nord, & la Martini-
que au fud. La Dominique eft fertile , mais les
Caraïbes en font les maîtres. Maty. Il y a plu-
lieurs fources qui y forment des rui (féaux & des
rivières qui l'arrofent. Hoffman lui donne 20 lieues
de tour, & M. Corneille , 12 de long, & S de
large.
HofFman dit que le nom de cette Ile lui vient de
ce qu'elle fut découverte pnr les Efpagnols un Di-
manche , die Dominica. La Dominique eft entre la
Guadeloupe au nord j & la Martinique au fnd ,
dont elle n'eft éloignée que de 7 ou lieues. Les
Caraïbes en font les maîtres. On dit qu'elle eft fore
arrofée & fort fertile, f^oye^ ^'Hiji. des Antilles ^
par le L. de P. I. C. 3. art. i.
Dominique, f. m. C'eft le nom que les Efpagnols
ont donné dans les Indes à une efpèce de Plane ou
Platane qui eft plus petit que les autres. On lui
donne ce nom à caufe que la peau de fon fruit j
quand il eft en maturité, eft blanche & noire,
comme l'habit des Dominicains.
DOMINIQUE, f. Terme de l'Antiquité Eccléfiafti-
que. Il s'eft dit autrefois pour un temple , une
Eglife J comme les mots Grecs Bafilique, & Kyria-
que , Kyriacon ; d'où s'eft formé le nom Allemand
Kyrk , le Flamand ^j-mv^ , & en Anglois Church ^
leiquels entrent dans plufieurs noms de lieu, com-
me Dunlcerque. Dominicum j Kyriacon , Templum.
f^oye^ la vie de Saint Antoine , traduite par Eva-
grius , & les Notes de Bollandus , Aci. SS. Jan.
J'. /,/7. 13 5 , & le Gloir de Spelman.
DOMINIQUE, f. f. Terme de Bréviaire j que quel-
ques-uns difent pour Dimanche , Dominica j dies
dominica. On fait demain l'Office de la dominique.
On dit plus communément, l'Office du Dimanche,
que l'office de la dominique. Quelquefois on dit
en Latin , on fait l'Office de dominica.
DOMINO, f. m. On nomme ainfi le camail noir que
les Prêtres portent pendant l'hiver. Hibernum capi-
tis tegumentum. Ou prend le domino quand on quit-
te le bonnet carré. On dit plus ordinairement ca-
mail.
On a auiïi donné depuis quelque-temps le nom
de domino à une forte d'habillement , dont on fe
fert peut aller au bal. C'eft une grande robe qui
eft ordinairement de taffetas , & qui defcend juf-
qu'aux talons. On y ajoute une efpèce de camail
de la même étoffe , qui couvre la tête.
DOMINO, f. m. Ancien mot qui lîgnifioit autrefois
du papier marbré , & peint de diverfes couleurs.
Les payfans achètent de ces dominos pour garnir
leurs cheminées. Les defleins & les perfonnages en
font imprimés avec des planches de bois groftière-
ment faites j puis enluminés & patronnes de cou-
leurs dures.
fCT On appelle encore domino un jeu qui fe
joue avec une efpèce de dés , marqués d'un côté
D C M
tî'un certain nombre de points, depuis i , jufqu'à
y. Ce jeu elt allez connu.
DOMINOTERIE. f. f. Ouvrage de Dominotier. Offl-
a;iu chartarum m armons in morem vuriarum. Ce
marchand trafique en dominoterie.
DOMINOTIER. f. m. Ouvrier qui fait du papier
• marbré , & d'autre papier de toute forte de cou-
leurs j & imprimé de plufieurs fortes de figures ,
que le peuple appeloit autrefois des dominos. Char-
tarum opijex marmoris more variarum. Il y a un
Corps de Dominotiers à Paris. Il eft enjoint aux
Syndics des Libraires de vifiter les Dominotiers ,
Imagers & Tapiffiers , afin qu'ils n'impriment au-
cune peinture dilfolue, par les Articles 13 & 21
de leurs Statuts.
DOMITIA. f. f. Nom de femme. Domina. Domicia
Lepida_, hlle delà jeune Antonia, & nièce d'Au-
gulle , fut fœur de Cn. Domitius mari d'Agrippine.
Domida Longina, fille du célèbre Domitius Cor-
bulon , époufa l'Empereur Domitien , &c fe dif-
fama par fes débauches. Domicia Calvilla, femme
de Calvilîus Tullus , & en fécondes noces d'Annius
Verus , dont elle eut l'Empereur Marc-Antonin.
Domicia Decidiana j femme d'Agricola , & belle-
mere de Corneille Tacite.
DoMiTiA,eil auffi le nom d'une illuftre famille de
l'ancienne Rome. La famille Domicia étoit Plé-
béienne. Le prénom de la famille Domicia eft
Cneus , ou Cneius ; mais elle a deux furnoms
pour diftinguer fes deux branches \ l'un eft celui
deCalvinus,& l'autre celui d'Ahénobarbus, com-
me qui diroit barbe d'airain , c'eft-à-dire , barbe
roulle. Les médailles de la famille Domicia ont un
char à quatre chevaux conduit par une Viétoire ,
eu à deux chevaux conduit par un Combattant qui
lance un dard , une poupe de navire avec un tro-
phée delîus , &c. & pour infcriptions cn. domi.
ou CN. yENOBAR. OU CN. DOMITIUS IMP. De l'au-
trecôté, c'eft la tête de Rome avec un cafque , &
R0MA5 quelquefois une tête d'homme avec une
b.ube courte & frifée, ahenobar. Une tête d'hom-
me fans barbe co^uverte d'une peau de Lion fans
infcription j ou avec ces mots, cn. domi. &c. Voy.
les familles Romaines de Patin & celles de Vail-
lant.
Nos Antiquaires parlent toujours ainfi , la famil-
le Domicia, & non pas la famille de Domicius \
il faudroit dire des Domicius. Beaucoup moins ,
difent-ils , les Domitiens , & la famille des Domi-
tiens , comme parle le Moréri. Domicien en Fran-
çois , n'eft pas Domicius , mais Domicianus , noms
trcs-difiérens.
DOMITIEN. f. m. Nom propre d'homme. Domicia-
nus. Nous difons en françois Domicius , mais non
pas Domicianus j il faut dire Domicien. L'Empereur
Domicien , fils de Vefpafien , &c le dernier des douze
Empereurs Romains j qu'on appelle vulgairement
les douze Céfars, (uccécîa à Tite fon frère l'an de
Jefus-Chrift 8i. le 15 Septembre , & fe décria par
fes débauches & fes cruautés. Domicien , au com-
mencement de fon Empire , paftoit le temps dans
fon cabinet .à prendre des mouches, & à les enfiler ,
ou les embrocher avec une aiguille d'or. S. Domi-
cien y Evêque de Mélitène en Arménie , étoit parent
de l'Empereur Maurice , fous lequel il vécut. Les
Domitiens. Voye\ la famille Domitia.
DOMITZ. Petite ville du Cercle de la balTe - Saxe en
Allemagne. Domicium. Elle eft dans le Duché de
Meckelbourg , fur l'Elbe , au confluent de 1 Elde ,
qui en fait une Ifle. Domic^ eft petit, mais bien for-
tifié, il a un péage confidérable , & appartient au
Duc de Meckelbourg.
DOMMAGE, f. m. Signifie généralement perte, di-
minution j dépériftement d'une chofe qu'on a en fa
\io\^e^\on. Damnum , detrimencum. L'inondation delà
rivière a caulé un dommage de plus d'un million à la
Province. Les Barbares ont ruiné toutes les antiqui-
tés d'Italie ; c'eft un grand dommage. Cela né*porte
aucun dommage à perfonne ; pour dire , Cela ne
DOM 419
fait tort à perfonne. Cela va à mon dommage , me
caufe de la perte.
Dommage, en termes de Jurifprudence , fignifie plus
particulièrement le dégât que font les beftiaux dans
des prés, des blés , & autres héritages. On a faifi les
bœuts qui ont été trouvés en dommage j il faut efti-
mer le dommage. Il y a un titre, au IX^ livre du Di-
gefte , du dommage , qu'on appelle en Latin paie-
vrecé. Si quadrupes pauyericmjtcijje dicatur.
Ce mot vient de damnagium , qu'on a formé de
damnum. Ménage.
On dit, en termes de Palais, une condamnation de
dépens, dommages & intérêts : fous ce mot de dom-
mages font compris j tant la perte qu'on a foufferre
que le gain qu'on a manqué à taire par le fait d'au-
trui : ce qu'on appelle dommage émergent , 6: "ain.
cclFant. Damnum tmergens ylucrum cejjans. Quicon-
3ue fouffre du dommage par le fait d'autrui j elt en
roit d'en demander la réparation.
On dit aulfi ironiquement , ou par menace, C'eft
dommage qu'il ne fe vienne attaquer à moi , me fai-
re un procès , je lui ferois bien voir du pays. Ce
jeune homme eft fort bien faic , c'eft dommage qu'il
foie fripon. C'eft dommage que ce livre au été con-
damné. Pasc.
DOMMAGEABLE, adj. m. & f. Qui caufe de la pette
ou du préjudice. Damnofus , perniciofwi. Les mé-
chans livres font fort domm.ageahles au public.
DOMME, Ville de France au haut - Pcrigord , fur la
Dordogne , aux confins du Quercy j & fiir une mon-
tagne à une lieue de Sarlat, au Midi. Long. 18. d.
54. lat. 45.d. 58'.
DOMMIM , ou félon d'autres. Dammim.VxWQ ou lieu
de la Tribu de Juda, entre Socho & Azeca. Dom-
mim j Dammim. C'eft là que les Philiftins avoienc
leur camp, lorfque Goliath vint infulter au peuple
de Dieu qui campoit vis-à-vis, dans la vallée du
Thérebinte j & qu'il fut tué par David. 1. des Rois
XVII. I. & fuiv. Il y a dans la Vulgate in f.nibus
Dommim , & dans l'Hébreu , 3N3mD1l3 , Beephes
Dommim, que quelques - uns joignent en un feul
mot , croyant que le nom de cette ville étoit t^phef-
dommim. Les Septante ont Fiptf^ii»; mais le manufcric
Alexandrin '' Aipfo-J~»^^t,r^^d'auttes i» A<^t àc^fiifc. Aqui-
la , comme S. Jérôme , l'appelle fimplement Dom~
mim , êv ir\p«T< ùiCftilft,
DOMNE. f. f. Titre que l'on donne à des Religieufes ,
comme l'on donne celui de Dom à des Religieux.
Domna. La Marquife de Montferrand entra chez les
Feuillantines le 1 1 Juin 166 j , & y prit le nom de
Domne Charlotte de Sainte Claire. P. Kelyot , T^
VI. p. 344.
DOMNOLE. Voyei TANNOLEY.
DOMO D'DSCELLA. Petite ville du Duché de Mi-
lan. Domodojcella _, Ofccila. Elle eft fur la Tofa ,
dans le Comté d'Anghiera , au couchant du lac
Majeur.
DOMOCHL Ville de Grèce, dans la ThelTalie. Z?o-
mocus , Domonicus. C'étoit autrefois un Evêché :
aujourd'hui Domochi eft prefque défert.
DOMPAÎRE. Ville ancienne de Lorraine, ou les Roii
d'Auftrafie , &c enfuite les Ducs de Lorraine , ontfait
leur féjour. Ce n'eft plus qu'un village , fuué à qua-
tre lieues d'Epinal , & à deux de Plombières. On y
voit cependant encore des ruines qui marquent fon
ancienne grandeur.
Ip- DOMTABLE ou DOMPTABLE. adj. de t. g. I/A-
cadémie veut qu'on fafte fentir le p dans la prcnon-
ciation foutenue. Je ne fuis pas de cet avis : bien
des gens même retranchent cette lettre , comme inu-
tile. Cette épithète s'applique aux hommes $c aux
animaux qu'on peutdomter, adoucir j apprivoifer.
Domabilis, L'adreffe des hommes rend domtab'os
les animaux les plus farouches, on l'emploie ordi-
nairement avec la négative. Ce jeune homme, ce
cheval n'eft pas domtahle. Nullâ arte dotr.ahilis.
DOMTER ou DOMPTER. Prononcez DCWTER. v.
a. Affujettir, fe rendre maître j réduire fous fon
obéiftance. Domare, Les Romains onr^ti/72fc lejiu-
Gggij
.lO
DOM DON
tions les plus farouches , les plusbelliqueufes. Quand
Dieu chûific quelqu'un pour être l'inlbument de fes
deiîeins , rien n'en aricce le cours ; il enchaîne, ou
il domte tout ce qui efl: capable de réfiftance. Fléch.
Hercule domta les monftres.
Ce moc vient du Latin domitare. Mén.
DoMTER , fe du aulli des animaux \ pour dire, les ap-
privoiler \ les alFujettir au travail , & leur faire per-
dre leur férocité. Domter les taureaux pour les met-
tre fous le joug. Domter des chevaux dans un ma-
nège.
Domter , fe dit figurémentj en Morale, des pallions.
Il faut i/ow;erfi colère. Animum i/jwi7/-t;. Les jeûnes,
les difciplines domtcnt\ts appétits charnels, frange-
re cupidicaces. La mifère donn^ le cœur le plus her
& le plus fuperbe. Vaug. L'emploi de la Philofo-
phie elt de domter les pallions. M. Esp.
Pour domteryô/z orgueil jufqu alors mdomte\
Feins de la méprifer. Corn.
Ce farouche ennemi qu'on ne pouvait domter, ....
Soumis y apprivoi/e, reconnou un vainqueur. Rac.
Quelque plaij^r qu'on trouve à l'amour qui nous domte,
On trouve à l' avouer toujours un peu de honte. Mol.
Ma raifon , il ejl vfai , domte mesfentimens. Corn.
J'ii domté la nature , & ne l'ai pas détruite. Id.
DoMTÉ, ÉE.part. Domitus y perdomitus. Un efprit abat-
tu , &c comme domté par l'accoutumance au joug ,
n'ofe plus s'enhardsr à rien. Boil.
DO ivlTE VENIN, f. m. Afdepias, f. f. Planreà îaquel
le on a attribué plufieurs propriétés (ïn<',ulières , &
qu'on dit avoir pris le nom d'un ancien Médecin ,
nommé Afclépias. Ses racines fonr menues , lon-
gues , blanchâtres , un peu tibrées , qui poulfent de
leurs collets pluileurs tiges hautes de deux pieds en
viron, arrondies, & noueules par intervalles : fes
feuilles font oblongues , pointues , pofées deux à
deux , & nailfenc des nœuds des tiges. Des ailfelles
de quelques-unes de ces feuilles , fortent des bou-
quets de lleurs foutenus par des pédicules. Cesfleurs
font blanchâtres j d'une feule pièce, petites pour
la grandeur de la plante , évafées & à cinq pointes-
Leur piftil devient un fruit oblong , en manière de
corne, compofé de deux gaines étroites, vertes j
membraneufes j qui renferment plufieurs femences
aplaties , roufsârres , chargées d'une aigrette très-
blanche & très fine. Cette plante eft très-commune
à la campagne. On la diltingue de l'Apocin & du
Periploca par fon fuc , qui ell plus féreux que lai-
teux. On met le domte-venin au nombre des plantes
alexitères \ on l'eftiiTie encore pour l'hydropifie.
P'oy. ASCLEPIAS.
DOMTEUR . ou DOMPTEUR, f. m. Qu'on ne dit
point abfolument. C'efl: la qualité qu'on donne à
Hercule, Donneur de monftres. Domitor. Ce Prince
eft un domteur de nations.
DON.
^T DON. f. m. Ce mot,dansfafignification générale,
marque le tranfport aduel que l'on fait librement
de la propriété d'une chofe. Donum. Quand on fait
un dont , il faut le faire de bonne grâce. Ce livre ell:
un don de l'Auteur. Djnner en pur don. Il paroît
aflez difficile de marquer bien précifément les nuan-
ces qui distinguent les mots don & préfent. Le pré-
fent , difent les Encyclopédistes, est moins confidé-
rable que le don j & fe fait à des perfonnes moins
confidérables. On dit qu'un Prince frit don de fes
Etats à un autre , & non qu'il lui en fait préfent. Un
Prince fait des préfens à fes fuiets , & les fujets font
quelquefois des dons au Prince ^ mais ils avouent
qu'il y a des exceptions à cette règle. Ainfi la difté-
rence qu'ils mettent entre ces deux mots, n'est pas
DON
précifément celle qui empêche leur fignificatioia
d'être lynonyme. Il me paroic donc que fidée par-
ticulière qui caraétérife ces mots , conlilte non-feu-
lement en ce que le prefent ell moins confidérable
que le don j Hc le fait à des perfonnes moins confi-
dérables , au moins pour l'ordinaire j mais encore
en ce que \q prefent provient toujours d'une pure li-
béralité, en forte qu'il n'y a aucun cas où l'on ne
puille fe difpenfer de le taire \ ce qu'on ne peut pas
dite en géuéial du don , du don gratuit , par exem-
ple , que (ont au Roi les Etats d'une Province & le
Clergé.
03° Don fe dit , en chofes fpiiituelles, des avantages,
des grâces qu'on reçoit de Dieu ; c'eft un don du
Ciel , un dun de Dieu , un don de la grâce. Le Ciel
l'a enrichi de les dons.
^fT En Théologie & en termes de fpiritualité ,
on le dit de certaines grâces que Dieu tait aux âmes
pour les porter à la perteclion , & qu'on appelle
dons Àm Saint Efprit, dona fpiritus fancli. Les dons
du S. Efprit , font des habitudes ou qualités perma-
nentes que Dieu communique à l'aine , avec la grâ-
ce fanétihante & avec les vertus infufes , pour for-
tifier les puilTances naturelles, & les rendre plus
fouples aux mouvemens du divin Efprit , & capa-
bles d'exercer les vertus les plus difficiles &: les plus
nobles, qu'on appelle héroïques. Il y a fept dons du
S. Efprit, celui de fageffe , qui efi: le premier en
dignité , celui d'intelligence , celui de fcience , celui
de confeil , celui de piété , celui de force, & celui
de crainte de Dieu. Les quatre pren.icrs écl, irenc
l'entendement & le peifeélionnent ; les trois autres
perteétionnent la volonté & l'appétit extérieur. IfaiCj
C. II. v. 1. met un ordre excellent entre les dons du
S. Efprit. Il joint enfemble la fageffe & 1 intelligen-
ce , parce que l'une fert de difpofition à l'autre ;
l'intelligence pénétre les chofes divines , pour dif-
poler l'ame à les goûter par la fagefîe. Il joint le
confeil & la force j parce que le confeil eft nécef-
faire pour diriger la force , qui , fans cela, feroit
téméraire. Il joint la fcience &i la piété , parce que
la fcience fans la piété eft lèche & aride : & il met
la crainte au dernier lieu , comme la bafe & le fon-
dement de tous les autres dons.
La toi ne fe compare point en excellence avec les
dons , parce qu'ils la contiennent, & qu'ils en font
la perfedtion. La foi fe perfectionne par les dons de
fcience, d'intelligence &c de fageffe , qui font que
ce que nous ne voyons par la foi qu'oblcurément y
& avec dégoût , nous le voyons diftinftement , &
avec plus d'onétion &c de goût : c'eft ainfi que fe
font les vilîons des vérités ik des connoilfances ex-
traordinaires.
Les dons ne fubfiftent point dans l'ame fans la cha-
rité j & à proportion que la grâce croît, ils croilTeiit
aulh. De-là vient qu'ils lont fort rares , & qu'ils n'ar-
rivent point à un degré d'excellence, fans une fer-
vente & parfaite chanté ; les péchés véniels & les
moindres imperfeéfions les renant comme liés , &
les empêchant d'agir. Ainfi le moyen d'exceller en
l'oraifon , c'eft d'exceller en ces dons ; & la contem-
plation la plus lublime , n'en eft prefque pas diffé-
rente. P. L. L. Ses.
Don de sagesse. Il nous eft donné pour nous faire voir
les caufes & les convenances des vérités de la foi.
Donum fapienti£ , fpiritus fapientu. On définit la
figejjè une fcience acquife par les premiers princi-
pes : Car le nom de fageffe vient de celui défaveur.
Comme le goût eft propre à diferner la faveur des
viandes , dit S. Ifidore , de même lafagefe , cejl-à-
dire , la connoifjance qu'on a des créatures par le pre-
mier principe ^ & des caufes fécondes par la première
caufe J eji une règle sûre pour bien juger de chaque
chofe.
Le don de fagejfe eft une connoilTance favoureiife
de Dieu, de fss attributs & de fes myftères. L'in-
telligence conçoit feulement &" pénétre. La fa g e (Je
juge'& compare : elle fait voir les caufes , les rai-
fons , les convenances ; elle repréfente Dieu , fa
DON
grandeur, fa beauté, fes perFewlioiis , fes myftères]
comme infiniment adorables & aimables ; ^ de
cette connoilfance rélaite un goût délicieux , qui
s'étend même quelquefois julqu'au corps , & qui ell
plus ou moins grand , félon l'état de perfection &
de pureté où l'ame fe trouve. Ainù , c'eft au don dd
Jjgdjj'e qu'appartiennent les douceurs & les confo-
iations Ipirituelles , & les grâces fenfibles. Elles font
les etFets de ce do.n ; mais', quand elles ne lont que
dans la partie inférieure , elles peuvent venir du
Démon, fur - tout dans lésâmes qui ne font pas
encore parfaitement purifiées.
Il y a cette difterence entre \xfagejfe & la fclen-
ce , que celle-ci ne produit point ordinairement ce
goût (piruuel , que celle-là fait fentir à l'ame : la
raifon ell que la fcience ne regarde que les créatu-
res, quoique par rapporta l5ieu ; mais [3. fugejffè
envifage l3ieu, dont la connoilTance eft pleine d'at-
traits & de douceur. Cela vient encore de la chari-
té , dont la perfedion ou la ferveur eft la fanté de
l'ame. Car , quand lame eft une fois bien guérie de
fes infirmités , &c de fes langueurs , quand elle eft
bien faine , elle goûte Dieu , & les chofes divines
comme fes propres biens , fans fentir les répugnan-
ces , les dégoûts & les difficultés qu'elle fentoit au-
paravant , à caufe de fon indilpofition. Le vice op-
pofé à la fagelfe eft la folie.
Don d'intelligence. Il nous eft donné pour pénétrer
plus intimement les vérités de la foi.
Don de science. Le don de fcience eft une lumière du
S. Efprit , qui éclaire l'ame pour connoîrre les cho-
fes humaines , ôc pour en porter un jugement cer-
tain par rapport à Dieu , & autant qu'elles font l'ob-
jet de la foi. Le don de fcience aide celui d'intelligen-
ce à découvrir & reconnoître les vérités obfcures ,
& celui de frgelfe , à le polTéder. La fagelfe & la
fcience oiîc quelque chote de commun. Toutes deux
font connoître les créatures. Mais, quand on connoît
Dieu par les créatures , & qu'on s'élève , de la con-
noifiiice des caufes lecondes , à la caufe première
& univerfelle , c'eft un aéte de la fcience. Quand on
connoit les chofes humaines par le goût qu'on a de
Dieu , &c qu'on juge des erres créés par les connoif-
fances qu'on a du premier être, c'eft un aéte de fa-
gelfe. Le difcernement des efprits appartient à l'un
42, l
3
& à l'autre : mais la fagelTe l'a par voie de goût &
d'expérience , qui eft une façon de connoître plus
relevée , la. fcience l'a feulement par pure connoif-
fance. Le don de fcience no.is fait voir promptement
& certainement tout ce qui regarde notre conduite
& celle des autres. Un excellent moyen pour acqué-
rir ce don de fcience , c'eft de s'étudier beaucoup à la
pureté du cœur , & de veiller foigneufemenc fur fon
intérieur. La béatitude qui répond à ce don j eft la
troifième: Bienheureux ceux qui pleurent ; parce
que \a.fiencJ que le S. Hfpiit nous donne , nous fait
connoître nos défauts Se la vanité des chofes de la
terre , & qu'elle nous montre que nous ne devons
attendre des créatures , que des mifères & des
pleurs. Le fruit du S. Efprit qui lui répond , eft ce-
lui de foi , en tant que ce don perfectionne les con-
noilTarices que nous avons des aclions humaines &
des créarures j par la lumière de la foi.
Don de conseil. Le confeil eft un ade de la pruden-
ce j qui prefcrit le choix des moyens pour arriver à
une fin. Ainfi le don de confeil regarde la direction
des aétions particulières. C'eft une lumière par la-
quelle le S. Efprit montre ce qu'il faut faire dans
le temps, dans le lieu, & dans les conjonétures où
l'on fe trouve. Ce que la foi , la fagefte & la fcien-
ce enfeignenr en général j le don de confeil l'appli-
que aux cas particuliers. La conduite la plus sûre,
eft c 'II-? qu'on reçoit dn S. Efprit par le don de con-
feil.Qn p-'ur remuq'ier , en divers endroits de l'E-
criture , des rrai''* idmirabies du don de confeil,
comme dans le fi!'?nce de N itre Seigneur devant
HéroJe, & dans les réponfes qu'il fit pour fniver
la temne ad'i'tè'^, ^ pour confondre ceux qui lui
demandoient s'il falloic payer le tribut à Céfar : dans
DO M
le lugenieni: de Salomon ;.dans l'entreprife de Ju-
dith , pour délivrer le peuple de Dieu de l'armce
d'Holoierne \ dans la conduite de Daniel j pour juf-
tihcr Sufanne de la calomnie des deux vieillards ;
dans celle de Saint Paul , lorfqu'il commit les Phc-
lifiens &c les Sadducéens , £c qu'il appela du tribu-
nal de Feftus à celui de Céfar. Le vice oppofé aUi
don de confileA la précipitation: l'empreiîen.ent
eft fort con-raire au don de confeil. La témérité eft
encore fort contraire à ce don. La lenteur eft auiïi
un défaut qui eft contraire au don de confed. La
béatitude qui répond au don de confeil , eft la cin-
quième, [bienheureux ceux qui font miféricordieux,
parce qu'ils feront traités avec mifericorde ^ &c la
raifon que Saint Auguftin en apporte, eft que Dieu
ne manque pas d'aider de fa lumière , ceux qui af-
fiftent charitablement les autres dans leurs befoins.
On ne remarque point de fruit du S. Efprit , qui
réponde immédiatement au don de confeil , parce
que c'eft une connoilfance pratique qui n'a point
d'autre fruit , à proprement parler , que l'opération
qu'elle dirige , & à quoi elle aboutir. Cependant
comme ce don dirige fpécialement les oeuvres de
mifericorde , on peut dire que les fruits de bonté &:
de bénignité, lui répondent en quelque manière. P.
P. Lallem. j.
Don de pieté. Le don de pie'ce' eu. une difpofition ha-
bituelle , que le S. Efprit met dans l'ame , pour l'ex-
citer à une afFeélion filiale envers Dieu. La Reli-
gion & la piété nous porteht toutes deux au culte
& au fervice de Dieu ; mais la Religion le confi-
dère comme Créateur , & la piété comme père ; en
quoi celle-ci eft plus excellente que l'autre. La piété
a une grande étendue dans l'exercice de la juftice
chrétienne. Elle s'étend non-feulement à Dieu, mais
encore à tout ce qui a rapport à lui , comme l'Ecri-
ture Sainte qui contient fa parole , les bienheureux:
qui le pollèdent dans la gloire, les âmes fouft'rantes
du Purgatoire, les hommes qui vivent fur la terre.
Le don de piele , dit S. Auguftin , donne à ceux
qui l'ont, un refpecl amoureux pour l'Ecriture Sain-
te , foit qu'ils en entendent le fens , foit qu'ils ne
l'entendent pas. Il nous donne un efpiit d'enfant
pour nos Supérieurs ; un efprit de père pour nos
inférieurs, un efprit de frère pour nos égaux , des
entrailles de compalîîon pour ceux qui font dans le
befom & dans les peines , ôc une tendre inclination
à les fecourir.
Ce don fe trouve dans la partie fupérieure de l'a-
me & dans l'inférieure. Dans la fupérieure, lui com-
muniquant une onction & une fuavité fpirituelle,
qui provient des dons de fagelfe & d'intelligence ;
dans l'inférieure , y excitant des inouvemens d'une
douceur &: d'une dévotion fenhble. C'eft de cette
fource que viennent le; Saints &: les pcrfonnes
pieufes. C'eft-là le principe de ce doux attrait qui
les porte à Dieu j de cette promptitude qui les fait
courir au fervice de Dieu. C'eft ce qui les fait s'af-
fliger avec les affligés , pleurer avec ceux qui pleu-
rent J fe réjouir avec ceux qui font dans la joie , fup-
porrer fans aigreur les foiblelfes des infirmes , Se
les défauts des imparfaits , Se fe faire tout à tous.
Le vice oppofé au don de piet/ j eft la dureté da
cœur, laquelle naît de l'amour déréglé de nous-mê-
mes : car cet amour fait que naturellement nous ne
fommes fendbles qu'à nos intérêts j &l que rien ne
nous touche que par rapport à nous ; que nous
voyons les ofFenfes de Dieu fans larmes , (?c les mi-
fères du prochain fans compalîîon , &c. Au con-
traire , plus une ame a de charité ou d'amour de
Dieu , plus elle eft fenfible à l'intérêt de Dieu , & à
ceux du prochain.
La béatitude qui répond au don de pictced la fé-
conde , Bienheureux ceux qui font doux ; & la raifon
eft que la douceur retranche les empêchemens des
actes de la piété , elle l'aide dans fon exercice. Les
fruits du S. Efprit qui répondent à ce don font ceux
de bonté & de bénignité. P. l'Allem.
Don de force. La force eft une vertu qui nous affer-
42.1 DON
mit contre Li crainte Se conrre l'horreur des diffi-
cultés,, des dangers & des travaux qui fe préfentent
•dans l'exécution de nos enttcpriles. C'eft ce que le
don dejorce fait excellemment \ car ce don elt une
difpofition habituelle que le S. Elprit met dans la-
me & dans le corps, pour faire & pour louflrirdeï
chofes extraordinaires, pour entreprendre les ac-
tions les plus difficiles , pour s'expoler aux dangers
I?s plus redoutables , contlamment& d'une manière
héroïque.
Le don de force à l'égard du corps , rend ceux à qui
Dieu le communique , capables d'opérer des efi-ets
d'une force miraculeufe , comme David , Samfon ,
&c. Mais la principale fonction dii don de la force,
eft à l'égard de l'elprit, d'où il bannit toutes les crain-
tes humaines , mettant dans la volonté & dans l'ap-
pétit, une force divine qui rend l'ame intrépide.
Le vice contraire zvidon de force , eft la timidité
ou la crainte humaine j & une certaine lâcheté na-
ttuelle , qui vient de l'amour de notre propre excel-
lence, & de l'amour de nos commodités i lefquels
nous arrêtent dans nos entreprifes , & nous font fuir
i la vue de l'abjeûion & de la peine.
La béatitude qui répond au don de force , eft la
quatrième : Bienheureux ceux qui ont faim & qui
ont foif de la juftice , parce qu'une perfonne qui eft
animée de la force du S. Efprit, a un defir infatia-
ble de faire & de fouftrir de grandes chofes.
Les fruits du S. Efprit qui répondent à ce don ,
font la longanimité & la patience : la première
pour ne fe point ennuyer ni lafler dans la pratique
du bien : la féconde pour ne fe point ennuyer nilal-
fer dans la fouffrance du mal. Lallem.
Don de crainte de Dieu. C'eft une difpofition ha-
bituelle que le S. Efprit met dans l'ame pour la te-
nir dans le refpeét devant la Majefté de Dieu, &
dans la dépendance &c la foumiffion à fes volontés ,
l'éloignant de tout ce qui peut déplaire à Dieu. Ce
don eft le fondement & la bafe de tous les autres ,
parce que la première démarche de la voie de Dieu^
eft la fuite du mal, laquelle appartient à ce don.C'eil
par la crainte qu'on parvient au fublime don de la
îagelfe. On commence à goûter Dieu , quand on
commence à le craindre , & la (agelfe réciproque-
ment perfectionne la crainte \ c'eft le goût de Dieu
qui rend la crainte amoureufe , pure & dégagée de
tout intérêt propre.
Les effets de ce don font d'infpirer à l'ame, pre-
mièrement une continuelle retenue , un fainr trem-
blement , un profond anéantiirement devant Dieu.
Secondement , une extrême horreur des moindres
ofFenfes de Dieu , Se une conftante réfolution d'en
éviter toutes les occafions. Troifièmement, une hum-
ble confufion de fa faute , quand on eft tombé dans
quelqu'une. Quatrièmement , une foigneufe vigi
lance à réfréner les inclinarions déréglées de l'appé
DON
ut, de fréquens retours fur foi-même , pour recon-
noître l'état de fon intérieur , & voir ce qui s'ypaf-
fe contre la fidélité du parfait feivice de Dieu.
L'efprir de crainte peut aller à l'excès , &: pour
lors il eft préjudiciable à l'ame , & empêche les
communications & les effets que l'amour divin opé-
reroit en elle , s'il ne la ttouvoit dans le relferre-
ment & le refroidiirement de la crainre.
Le vice oppofé au don de crainte , eft un efprit
d'orgueil , u indépendance & de libertinage, qui
fait qu'on ne veut fuivrc que fes inclinations, &
qu'on ne peut fupporter aucun affiijettilfement ;
qu'on pèche fans fcrupule , & qu'on ne tient comp-
te des petites fautes ^ que l'on paroît devant Dieu
avec peu de refpeft , & que l'on commet plufieurs
irrévérences en fa préfence ; qu'on méprife fes inf-
pirations , qu'on néglige les occafions qui fe préfen-
tent de pratiquer la vertu, & que l'on vit dans le
i-eiâchemenr & dans la tiédeur.
La béatitude qui répond au don de crainte eft la
première : Bienheureux les pauvres d^ efprit. Car cette
nudité d'efprit j qui comprend le dépouillement de
raffe<3;ion des hommes & des biens temporels , eft'
une fuite nccelfaire de la parfaite crainte de Dieu.
Le même efprit qui nous porte à nous foumettre
pleinement à Dieu , S<. à n'eftimer rien de grand
que Dieu , nous portant à méprifer tout le refte ,
& ne nouspermetcant pas de nous élever ni en nous-
mêmes par la recherche de notre propre excellence ;
ni au-delfusdes autres par la recherche des richelfes
<Sc des commodités temporelles.
Les fruits du S. Eiprit qui appartiennent à ce don
font ceux de modeftie , de tempérance Se de chaf-
teté. Le premier , parce que rien n'aide plus à la
modeftie que cet amoureux refpedl: pour Dieu , que
l'efprit de crainte hhale infpire^lcs deux autres , par-
ce qu'en retranchant ou modérant l'ulage des com-
modités de la vie , Se des plailirs du corps j elles
contribuent j avec le don de crainte , à réfréner U
concupifcence. Lallem.
On dit, les dons de la grâce , le don de Prophé-
tie , le don des Langues, Se autres dont S. Paul fait
mention au chapitre XIl de la I aux Corinthiens. Il
y a diverfité de dons fpitituels \ mais il n'y a qu'ua
même Efprit. Port-R. Chacun a fon don de Dieu ,
Se il faut prendre garde de ne le vouloir pas fervir
dans le don d'un autre. Nie. On ditauffi,d'unechofe
qu'on eftime fur toutes les autres , c'eft un don de
Dieu. La foi eft un don de Dieu.
Saints dons. Nom que les Grecs donnent aux Sym-
boles du Corps Se du Sang de J. C. non-feulement
après la confecration, mais même lorfqu'ils ne font
encore que du pain Se du vin , après une fimple bé-
nédiétion. Ils ont pourcela , dans leur Rituel , une
cérémonie fort folennelle : ils les portent avec ap-
parat en chantant des hymnes , & tout le peuple fe
profterne pour les adorer. Cette cérémonie a été ta-
xée d'idolâtrie par quelques Controverfiftes Latins,
Gabriel furnommé Sévère , Archevêque de Phila-
delphie, a publié à 'Venife en 1604, une Apologie
pour ceux de fa nation. M. Simon l'a traduite en La-
tin avec quelques autres opufcules du même Ar-
chevêque : ils ont été imprimés à Paris en Grec Se erj
Latin , avec des remarques en 1671.
Cette Apologie de Gabriel, qui étoit Grec fchif-
matique , & quia même écrit un livre en Grec vul-
gaire contre le Concile de Florence , montre clai-
rement que les Grecs croient la tranfubftantiationj
car , pour répondre aux Latins , qui accufoient d'i-
dolatrie cette adoration , il diftingue deux fortes
d'adoration ; l'une qui n'eft qu'un honneur qu'on
rend kccsdons , parce qu'ils ont été bénis, par les
Prêtres, furie petit autel, qu'on nommQÏ Autel de
la Prothèfe ; Se l'autre qui eft une véritable adora-
tion j qu'on ne rend à ces dons qu'après qu'ils ont
été tranlubftanciés ou changés au Cc>rps Se au Sang
de J. C. La première , dit Gabriel , eft une fimple
adorarion qui eft appelée vfdTKititnt par les Grecs ; Se
l'autre eft un culte ou adoration appelée Latrie, qu'on
rend à Dieu feul : il donne, pour exemple Je la pre-
mière , les images que les Latins adorent auffi-biei»
que les Grecs, f^oye:^ Autel de la Prothèfe.
Don , fe dit auffi de certains avantages de la nature
ou de l'art. Nature munus _, donum. La beauté eft
un des plus précieux dons de la nature. Il a le don
de plaire à tout le monde. Titéfîas avoit le don
de deviner. Cet importun n'aura jamais le don de fe
taire.
Don , fedit auffi quelquefois abufîvement. Les petits
efprits ont \q don de beaucoup parler. Hoc hahet ^
ou habent , ut , &c. Cet homme a le don de déplaire
à tous ceux qui le voient. Cette femme a le don de
pleurer; pour dire, qu'elle pleure quand elle veut.
^fT En Jurifprudence,on appelle don , tour ce qui
eft accordé gratuitement au Prince, & par le Prince;
ou ce qui fedonne réciproquement par le mari à la
femme , Se par la femme au mari. C'eft la raifon
pour laquelle on dit r/o« d'aubaine j de bâtardife &
de déshérence ; don de confifcation \ don gratuit ,
tfi)« mobile , don mutuel.
Don d'aubaine , de bâtardife & de déshérence , eft un
don que le Roi fait à quelqu'un de fes fujets , du droit
DON
qu'il a. , Si qui eft échu ^ à l'effet de fuccéder à quel-
qu'un par droit d'aubaine ou autre.
JDoN t^e confijcation _, elt un don que le Roi fait a quel-
qu'un de les l'ujets de biens conhlqués , iS: ce don
n'eft pas, non plus que les piéccdens , une véritable
aliénation du Domaine.
Don-Gratuit, ell un préfent que font au Roi les
Etats affembics d'une Province ^ ou le Clergé dans
fes Alfemblées , en confidération des privilèges qui
t) O N
413
avoir reçu les eaux de lOskul & de î'Udi , elle va
le dechariJer dans le giand Don.
Don. Rivière de France dans la Bretagne. Elle a fa
ourcepresdeJuigné, & fe décharge dans la Vil-
laine, entre Av.lfic& Mafferac.
Don, ccoit autrefois le nbm d'une rivière de laquelle
quelques uns croient que Dodone avoir pris fon
nom. /ûyci Etienne de Byzance.
Don. Foye-^ Dun j rivière.
leur font accordés , ou des impolitions dont ils font DON A&^AL./^ojt'- DUNGHALL
àéchaigés. £>o/ium gracuàam. ilparoit par les Ha-
rangues de M. Poncet, imprimées en 1679, que le
i/o«^Mri<^/r que Meffieurs du Clergé tirent en i6y^
à Sa Majelté j montoit à quatre millions cmq cenr
mille livres. Lq don gracuic ic lève lur tous ics Bé-
néfices du Royaume j & les Ecclélîaftiques appellent
cette forte de taxe , décimes extraordinaires.
Don mobile. Terme de Coutume. C'ell: une certaine
portion de la dot d'une femme , dont elle fait don à
ion mari par le contrat de mariage. Donum mobile. Il
eft ordmairement du tiers en Normandie , où il n'y a
point de communauté. Si le père marie fa fille , il
peut (.lonner au delà du tiers en don mobile. On peut
donner moins auili.
Don MuiUEL, eft un donautorifé parles Coutumes^
c'elt un don quefe font les conjoints par le mariage,
de l'uluhuitde tous leurs biens réciproquement^pour
en jouir jpar celui quifurvivra, fa vie duranr. Quand
le don mutuel eft fait par contrat , il peut être Itipulé
. fans retour j mais, lorlqil'il eft lait durant le mariage,
il ne fauroit être fait que pour l'ufufruit pendant la
vie du furvivant feulement, en donnant bonne &
fuffifante caution.
On appelle aulii un don j ou préfent de nous , le
préfent que l'accordé envoie -à fa fiancée en contem-
plation de fon mariage. Donum nuptiale.
Don & donation diffèrent dans l'ufage : donation ne fe
dit que des particuliers , donation entre-vifs, dona-
tion à calife de mort \ Se don fe dit même des Prin-
ces, tant de ce qu'ils donnent, que de ce qu'on leur
•donne: don gratuit, le Roi lui a fait don de telle
chofe. Don fe dit aullî des particuliers , don mutuel ;
&',quand donation fe dit en parlant des Princes, ils font
conhdéréscomme particuliers jpar exemple , comme
lliari i?i femme.
§3" Don céleste. TerniedePhilofophieHermétique.
On entend par ce mot la matière de la pierre phi-
lofophale. Dore vient de donum qui lignifie la même
chofe en Latin.
Don. Titre d'honneur. Foyc^ Dom.
DON. Nom de fleuve. C'eft celui que les Anciens ap-
pelloient Tanais , & que nous nommons encore
Tana ou Tanaïs, fur- tout quand nous parlons de
l'Antiquité. Tanais. Cel\ une grande rivière de Mof-
covie en Europe. Le Don lort du lac de Jowanow
Ofero , qui eft dans le Duché de Rezan , proche
d'un village nommé Donio , attente cinq lieues en-
viron de Mofcou. Il coule du couchant au levant juf-
qifaux confins de Czérémiffes Nagornoy , d'où d
prend fon cours vers le midi , jufqu'à la Circaîiie.
Làjtournantau couchant , il va fe décharger dans la
mer de Zabache. Quoique le cours du Don fou de
fix ou fept cens lieues , il ne fe trouve pourtant au
cune ville remarquable fur fon paffage , que celle
d'Azowj ou Azor ^ & il ne reçoit aucune rivière
confidérable que le Doniec. Ce fieuve fait tant de
«létours, qu'il n'y a par terreque quarre-vingrs lieues
d'Allemagne depuis fa fource jufqu'à Azov/. L'en-
droit le plus oriental du Don n'eli éloigné du Volga
que de qumze lieues , &: l'on a tiré de 1 une à 1 au-
tre de ces rivières un canal appelé autrefois Camous ,
Se maintenant Tzaritza.Plufieurs Géographes mar-
quentlaféparation de l'Europe & de l'Afie au nord,
par le cours du Don.
Le périt Don. Autre rivière de Mofcovie apoelée
autrement le petit Tanaïs , ouDonieck Sewtrski , à
caufe qu'il a fa fource dans la Principauté deSewerski. j
Cette rivière prend fon cours vers l'Orient ,&j après 1
DONAISAN. Nom de lieu lur la frontière de France
& d Efpagne.
DONATAIRE, adj. & f Terme de Jurifprudence, Qui
reçoirune donation. Qui donatusejî aûqua re, dona-
tarius. La donation eft nulle, quand elle n'eft point
acceptée par le donataire. Il a fait fon aîné ^o/w-
rj^/tf de cette terre. U donataire ne contribue point
aux dettes avec 1 héritier. Louet. Mais le do:.ata.ire
pcrjonnel y «ontribue : il tient la place de l'héritier,
Voye- Donation.
DONATEUR, ATRicE.f m. .\' f Celui ou celle qui
afait une donation. Z-'aror. Les donations deman-
dent de la paît du donateur un confentement qui
ioit libre & dégagé. G. G. Le donateur i)em révoquer
la donarion entte-vifs ^ tant qu'elle n'eft point ac-
ceptée. Louet.
DON ATI F. f m. Préfent qu'on fait à quelqu'un. Do-
nativum. Cet Auteur a eu mille écus du Roi : ce n'eft
pas une penfion , mais un donatij. Donatij en ce
lens ne le du plus , ou ne fe dit guère. On fe fert du
mot gratification. Les Romains faifoient de grands
donatij i à leurs foldats. Ce triomphe fut fuivi d'un
donatij , que le Préteur fit aux gens de mer qui
avoient lervi fous lui. Huet.
Julia-Pia , fehime de Sévère , fut appelée fur le
revers de (es médailles Mater Castrorum ^ i
caufe des foins que cette bonne Impératrice prenoic
des foldats , s'mterpofant pour augmenter les dona-
tij s , &c. Mascur.
Ce n'eft plus qu'en ce fens que ce mot fe peut
bien dire , & en parlant des Romains. Le donatif
croit le don que l'on failbit aux troupes à l'année i
comme le Congiaire étoit celui qu on faifoit au
peupl'i. Saumaiie , dans fes Notes lur Lampndius,
vied'Elagabale , où il dit que cet Empereur fit uil
donatij de trois pièces d'or par tête , c eft-.î-dire , à
chaque foldat , remarque que c étoit la fomme or-
dinaire &: légitime du donaitj. Cafaubon , dans fes
Notes lur la vie de Perrinax par Capitolin , du que
Perrinax promit jufqu'à trois mille deniers en dona-
tij à chaque Ibidat ; c'eftàpeu près deux mille francs
de notre monnoie. Le même Auteur écrit que le
donatij légitime mcntoir jufqu'à vingt miilc deniers"
qu'on n'avoir guère coutume d'en donner moins ,
fur-tout aux foldats Prétoriens j que IcsCenturions
avoient le double, & les Tribuns & les Comman-
dans avoient deux fois autant. Capitolin , dans la
vied'Antonin Pie , parle en effer d'un donatij àii
2ÛOOO deniers promis à chaque foldat du Camp
Prétorien. 'Voyez les Notes de Cafaubon fur cet Au-
teur & fur Suétone dans Jules , C. 5 8. Vigenère, qui
dîftingue forr bien le donatij àw Congiaire à la page
1 5 16. de fes Annotations fur Tite-Liyc j les confond
à la page 5 1 5. & appelle donatij' une gratification
faite au peuple.
Donation, f f .Ceft en générai une cefîîon entré
des particuliers , faite par pure libéralité , & fans
contrainte : c'eft plus particulièrement un contrat ,
un asfte public , par lequel un homme tranfmet à un
autre la propriété, ou î'ufufluit de tous j ou d'une
partie de Ces biens. Donatio. Une donation entre-
vils , donatio inter vivos ; c'eft une donation qu'oit
fait en pleine fanté. Elle eft irrévocable : c'eft ce
qui la diftingue fpécialement de la donation à caufe
fie mort. Une donation à caufe de morr , donatio
causa mortis , c'eft celle qui fe fait par un tcftament,
ou par un aile paffé par un malade. Il eft quelque-
fois allez difficile dediftinguer la donation à canfe de
mon , de la donation entre-vfs. Car i! ne fufli't pas
42-4 DON
qu'il foit fait mention de la mort dans une û'f/^a-
r/o/z j pour conftituer Mn^ donaâon à cauji de more.
S'il en efc tait mention dans le dilpoluif & dans
l'exécution , alors c'eft une donation à caufe de mon.
Mais j s'il elt leulement parlé de mort pour l'exécu-
tion j c'eft: une donation enirc-vijs. Ainli le caractère
d'une donation à caufe de more , c'eil d'être perpé-
tuellement révocable, & de n'ctre exécutée qu'après
la mort du donateur , en forte qu'il peut toujours
difpofer de la chofe donnée. Par le Droit Civil les
donations à caufe de mort , 6c les donations entre-vif s ^
étoient conçues dans les mêmes termes : il n'y avoir
que cette ditiérence,que la première étoit révocable,
bc que la féconde ne l'étoit point. Mais,par le Droit
Coufumier, les donations a caufe de mort doivent
être revêtues de toutes les formalités des teftamens.
Voyez le T. 5 du J. du Palais. Les donations entre-
vifs font fujettes à l'infinuation dans les quatre mois
par les Ordonnances. L'acceptation eft de l'elfence
de la donation entre-vijs : elle ell: nulle fans cette
formalité. Une donation elt révocable par ingrati-
tude. On dit , Une donation pure & iimple : une do-
nation avec réferve d'ufulruiî : m\Qdonation fraudu-
leufe. f^oyei Ricard , Des donationst
Donation rémunératoire , elt celle qui fe hit pour ré-
compenfe de fervices rendus par le donataire au
donateur ; & cette donation n'est pas une véritable
donation j parce qu'on appelle donationlz libéralité
qui eft taite à quelqu'un , nullo jure cogente , qui ne
procède d'aucune obligation : at donatio remunera-
toriafit aliquo jure cogente ,faltem jure naturali, quo
èeneficium acceptum débet contrario bénéficia remune-
fari. Il y a auln des donations en faveur de mariage.
Donatio propter nuptias.
Une donation , pour être valide , parfaite & ac-
complie, fuppofe la capacité dans le Donateur &
dans le Donataire, & requiert le confentement,
l'acceptation , l'inlinuation & la tradition.
C'étoit autrefois l'ufage de marquer les donations
&c chaque difpolition (table par quelque acte exté-
rieur. On fe fervoit de diftérentes manières pour
mettre en polfellion les donataires. Le plus fouvenr
on donnoit un gant , un couteau , le manche d'un
couteau , un bâton , un brin d'herbe , une branche
d'arbre , un morceau de bois j un livre, ou quelque
autre choie. Quelquefois on rompoit , ou l'on plioit
fon couteau, ou celui d'un autre. On apportoit de
la terre du lieu même que l'on donnoit j Se on la
pendoit dans l'EgHfe devant l'Autel, nouée dans un
linge. La donation fe faifoit auffi par le toucher des
cloches , par une déclaration publique prononcée à
haute voix , par la courroie, dont le donateur étoit
ceint , ou par le baifer de paix ; cérémonie qui pa-
roît avoir été elfentielle j & donc les Religieux ne
qaittoientpas des féculiers , lorfque la bienféance
ne leur permettoit pas de s'en acquitter envers des
perfonnes d'un autre fexe. On faifoit encore quel-
quefois la donation en donnant & recevant des fouf-
flets , ou en fe coupant un ongle jufqu'au fang.
f^cy. le P. Màhi\lon,/É nnal. Bened. l. Lyil. n. s s.
& L. LFIII. n. S 4. Lobineau , Hift. de Bret. T. IL
DON Al ISTES.Nom d'anciens Schifmatiques d'Afri-
que, dont il eft parlé au long dans les livres qu'Op-
tât, Evêque de Mileve, a écrits contre Parménien.
Donatiftx. Le fchifme des Z>o/2ar//?ej commença en
3 II , lorfqu'à la place de Menfurius, mort l'année
précédente ,en revenant de Rome j fut élu Cécilien,,
qu'ils ne voulurent point reconnoître , & auquel ils
opposèrenr Majorin , que Donar, Evêquede Cafes-
Noires,ordonna.Ils furent condamnés dans un Con-
cile tenu à Rome en 3 1 5 , & enfuite dans celui d'Ar-
les, l'an 5 14.
Les erreurs Ae'i Donatifles , outre le fchifme ,
croient que le Baptême donné hors de l'Eglife, c'eft-
à-dire, horsde l"urfe6te, étoit nul.i°.Qu'il n'y avoit
plus d'E'^life qu'en Afrique : ils traitoient l'Eglife
Catholique de proftituée. De plus, Donat étoit très-
lie avec les Ariens , & donna dans leurs erreurs fur
DON
la Trinité. C'eft ce qui a fait que S. Epiphane ,
Théodoret, & quelques autres, ont accule les Z>o-
natijtes d'Ananilme ; mais S. Auguftin, Ep. 185.
au Comte Boniface j alfure que ces Schifmatiques
ne donnèrent point en cela dans les erreurs de leur
Chef.
Eu 3 94 J fous le Pontificat de Siricius & l'Eir-piie
de ThéoQole le Grand , il s'éleva un Schifme entre
les Donati/ies , qui les divifa en deux fedes j car
Parménien leur Evêque étant mort, les uns élurent
Primien , & turent appelés Primianiftes ; les autres
prirent Maximien pour Evêque , & fe nommèrent
Maximiamftes. Les Donatijtes eurent encore d'au-
tres noms , comme Circoncellions , Montenfes , ou
Montagnards , Campites, Cuzupites , Rupites , ou
Rupitains. Les Vaudois étoient Donattjles. Voyez
M. Boiïiiet J Fariat.L. XI. n. 1Z4.
Les Donatif es tinrent trois Conciliabules , celui
de Cirre en Numidie , & deux à Carthage. 11 eft à
remarquer que les Donatifies ne crurent pas pouvoir
paroître Catholiques s'ils n'avoient un Evêque de
Rome j ainlî ils y envoyèrent pour cela en diftérens
temps Viétor Si Macrobe , comme le témoignent
S. Auguftin , L.de Haret. Optât de Mileve , L. II.
adv. Parmen. & Gennadius, L. de Script. Eccl. C. 5.
Conftantin ordonna la peine de l'exil , &c même
de mort , contre les Donatifies. Conftans & Hono-
rius portèrent contr'eux des lois d'exilj Théodofe Se
Llonorius les condamnèrent à de groffes amendes.
S. Auguftin a auUi traité du fchifme pernicieux
des Donatifies dans plufieurs de fes Ouvrages Se
dans fes Epîtres. Ces Schifmatiques , qui causèrent
de grands défordres dans toute l'Afrique , furent
aihfi appelés , parce que Donat , furnommé à
Cafis Aigris , étoit leur Chef. Ils aimèrent mieux:
néanmoins tirer leur nom d'un autre Donat qui
étoit poftérieur à ce premier. Sous prétexte de zèle
& d'une grande pureté de Religion, ils apportèrent
plus de maux dans T'Eglife -, que n'avoir fait la per-
îecution de l'Empereur Dioclétien. f^oye^ la DilTer-
tation touchant le Schilme desDonatifies que Henri
de Valois a ajoutée à la fin de fes remarques fur THif-
toire Eccléfiaftique d'Eùsèbe.
DONATO. Petite rivière du Royaume de Naples.Do-
natus J anciennement Ifaurus. Le Donato arrofe la
Calabre ultérieure 3 &c fe décharge dans la m'er
Ionienne près de Cortone. Maty.
DONAWERT. Ville du Cercle de Suabe en Allema-
gne. Donavertia , Vertid , Donaverda , Danubii In-^
J'ula. Elle eft fur le Danube au confluent du Vernitz,
qui l'entoure prefque de tous côtés. Donavert a été
compris autrefois dans le Comté de Dillengen , &
fut engagé en 1126 pour deux mille marcs d'argent
aux Ducs de Bavière. On l'ôta enfuite à ces Ducs \ il
fut uni à l'Empire , & devint ville Impériale. L'an
1 376 , l'Empereur Charles IV. l'engagea pour
éoooo florins auX Palatins & Ducs de Bavière , j
Othon, Etienne, Frédéric & Jean, frères. En 1422.
cette ville fut encore réunie à l'Empire, lans que
l'on eût rembourfé cette fomme. Louis de Bavière
fe l'étant allujettie en 1458 , fous l'Empereur Fré-
déric III , fut obligé de la rendre l'année fuivante.
Enfuite elle fut mife au ban de l'Empire par l'Em-
pereur Rodolphe II , pour quelques infolences com-
mifes par les Luthériens contre les Religieux de
Sainte- Croix; &, l'exécution du ban ayant été re-
mife au Duc Maximilien de Bavière en 1^07, il
s'en rendit le maître la même année , & l'a gardée
pour les frais de la guerre , qu'il fit monter à
800000 florins. Depuis ce temps-là fes fuccelfeurs la
poiTédenr. Long. 29. d. 50'. lat. 48,d.4<î'
DONC , autrefois DONCQUES. Particule conjonc-
tive qui fait la conclufion d'un raifonnement. igitur,
ergo , itaque. Cela fuppofé , il s'enfuit </i? /2c. On peut
tuer pour défendre fi vie : donc on n'eft point
coupable d'homicide de l'avoir fair.
Donc , fe met quelquefois abfolument au commen-
cement d'une période j & fe prononce avec un ton
interrogatif. Mais on ne commence point une pé-
riode
DON
rio3e par donc, fi ce n'eft pour tirer une confé-
quence de ce qui a été du auparavant. Corn. Y a-
t-il donc quelqu'un qui ofe loutenir que la morale
foie inutile? Que veux-je donc ? Je n'en fais rien :
je veux vous aimer toute ma vie \ 6c je veux, s'il fe
peut, que vous m'aimiez de même. Let. Por.tug.
Doncqucs ne fe dit qu'en Pùcue,pour alonger la
mefure.
ifT Suivant la remarque de Voltaire , donc ne
doit prefque jamais entrer dans un vers, encore
moins le commencer. Quoi donc fe dit très-bien ,
parce que la fyllabe quoi adoucit la dureté de la fyl-
labe donc.
Racine a pourtant dit :
Je fuis donc un témoin de leur peu de puijjance.
§C? Mais remarquez que ce mot eft glilTé dans le
vers , S>c que fa rudelfe ell adoucie par la voyelle
qui fuit. Peu de nos Auteurs ont fu employer cet
enchaînement harmonieux de voyelles &c de con-
fonnes. Les vers les plus exacts 6c les mieux penles
rebutent quelquefois. On en ignore la raifon j elle
vient du dctaut d'harmonie.
Ce mot de donc , félon M. Ménage , efl: une abré-
viation de celui de doncque , tormé de l'Ital.en dun
que , qui avoit été fait de denique. D'autres dérivent
donc de èth.
D'ONC , vieux mot : D'où , vient du Latin undè.
Glo[j]fur Marot.
DONCHERL Vdle de France , dans le Rethelois ,
en Champagne. Doncheriacum, Elle elt fur la Meufe,
entre Sedan & Mézières. Long. zi. d. 51'. 56". lat.
di //
- •+' • ^^ •
DONDAINE. f. f. Machine ancienne, qui n'efl: point
en ufage aujourd hui : elle lervoit à jeter de grolles
pierres rondes.
Ce mot dondaine vient àz bedon, vieux mot qui
veut dire tambour ^ d'où l'on a tait dondon , dondai-
ne j bedaine j, bedondaine.
DONDALK. Petite ville d'Irlande. Allard , dans fon
Atlas, écrit Dundalke , & place cette ville dans le
Comté de Louth.
DONDON. f. f. Terme familier dont on ufe pour li-
gnifier une femme gralfa , haîche 3c réjouie. Pin
guis , obeja j hilara mulier. C'eft la même chofe
c^tgaguy. Ce mot vient d'un ancien inllrument de
guerre gros & court , appelé dondaine y dont on se
fetvoit autrefois pour |eter des pierres rondes ,
comme on faifoit avec les catapultes des Anciens^
ce qu'on a appliqué aux femmes grolfes & courtes.
MÉNAGE. C'elt une grolfe dondon qui ne demande
qu'à rire & à fe réjouir.
DONE. f. f. Vieux mot. Demoifelle. Gloj]. fur Ma-
rot.
DONEGALL. Foyei Dungall.
DONESCHINGEN. Village de la Principauté de
Furftembetg , en Suabe. Efchingianus vicus. Ce lieu
n'eft remarquable que parce qu'on y voit la fource
du Danube- Donefchingen eft iltué à une lieue du
Château de Furftemberg , à trois de Rotweil, & à
quatre de Schatoufe. Maty.
DONEKYNF, Foye^ Dunkeran.
DONGAH. f. m. Grand arbre qui croît en Afrique ,
le long de la côte du Royaume de Quoia. Son nuit
eft femblable à une noix , &c a une écorce verte par-
delfus. La coquille 8c le dedans en eft rond.iSi d'auftî
ban goût que les cetneaux.;
D3NGALON. Ville d'Irlande , dans le Comté de
Tyrone ou Tyrowen , félon Davity.
DONGER, v. a. Vieux mot. Donner.
§3" DONGES. Petite ville de France , en Bretagne ,
fur le rivage de la mer , prefqu'à l'oppofite de Pain-
bcEuf.
DONGI. Province du Royaume de Lovango , en
Afrique.
DONGO. Nom de ville. Don^um. Je trouve deux
villes de ce nom , l'une en Ethiopie , qui eft la ville
ptincipale du royaume d'Angola , fituée aux confins
Tome lïl.
DON 41 j
du Royanme de Congo j au confluent de plulieuis
rivières qui sortent du lac d' Aquilunda j elle fe nom-
me autrement Engazze : l'autre eft une petite ville
du Japon , fituée lur la côte feptentrionale de l'IIle
de Xicogo. Maty.
DONGRIS. f m. Toile de coton des Indes Orien-
tales.
DONIEC-SEWERSKL C'eft le petit Don. Foiei
Don.
DONILLAGE. f m. Mauvaife fabrication des étoffes
de laine , qui vient de ce que le Tilfcur n'y a pas
employé des tramcs de la même qualité dans toute
la longueur des pièces.
DONILLEUX. Terme de manufaéture & de fabrique
d'étoffes xle laine. Une pièce doniucuje, eft une pièce
ridée & mal unie , qui n'eft pas carrée , 6c d'une
c^ale largeur.
DONJON, f. m. Terme de fortification. La partie la
plus élevée d'un château bâri à l'antique , qui sert à
découvrir de loin. Furriculu cajielliiujafcigio pofita.
Le t/c;/;yo« de Vincennes eft le lieu où l'on met les
prifonniers qui font les mieux gardes.
Ce mot elt dérivé par Faucher de domicillum ,
parce que le donjon étant la partie la plus forte
du château , étoit le logement du Seigneur. Mais
Ménage le dérive de domnionus , qu'on trouve dans
Ijs anciens titres en cette fignification. D'autres tien-
nent qu'il vient de domu^ juin Cdfaris , ou de do-
mus jugi, parce qu'on y gardoit les prifonniers de
gucir^-. L'Empereur Julien a bâti plufieurs de ces
châteaux dans les Gaules , <5c il y en a encore un
en Lorraine , qu'on .-i.ppelle JDoni Julien. DuCange
dit qu'on aainli appelé un .hâteau in duno t.:ut colle
ddjic^ituni , 6i que les .'^utturs de la balîe Latinité
l'ont appelé dunjo , dungeo , dongio , ùa gio , dom-
gio Se dj/n.iio. Guichart trouve quelque relfemblan-
ce entre le mot François donjon , &c le mot Hébreu
daj ek _, taur.
Donjon , eft aulfi un réduit dans une place , ou dans
une citadellcjoù l'on fe retire pour capituler, quand
on s'opiniâtre à la détenfe d'une place , Municijjimum
arcis propugnatuium.
^ÏZr DoNjûN , en Architeélure , fe dit d'un petit pa-
villon élevé au-dellus du comble d'une mailon ; de
la partie la plus élevée , qui eft au-d.-ssusde la cou-
verture ou de l'efcalier. Pi^rj domùs daùor te^uUs
fuperpojita. Les Aftronomes fe logent dans queljue
donjon pour mieux faire leurs oblcrva ions.
DONJONNE , EE.adj. Terme de Blafon, qui fe dit
d'un château ou d'une tour , quand il y a au deifus
une petite tour ou donjon , qu'il faut exprimer en
blafonnant. fumcu/os habens.ll y a des tours don-
jonne'es de deux pièces j c'eft-à-dire , qui ont des
donjons les uns fur les autres.
DUNKERQUE. Foyei Dunquerque.
'^. DONNANT , ante. adj. Qui aime à donner. Il
eft du ftyle familier, &c ne se dit guère qu'avec la né-
gative. Le bon homme n'eft pas donnant.
DONNE, f . f . Terme emprunté de l'Italien, qiii fi-
gnihi Darne , ou Madame. Domina. Il ne le dic
qu'en mauvaife patt.pour figniher une Courtifanne.
Merefix. C'eft un débauché qui a toujours quelque
Donne chez lui.
On prononce aulfi Dône.
DONNE, f f Terme de jeux de cartes. Manière de
donner , de diftribuer les cartes. Folia luforia
difiribuendi ratio. Changer fa donne , perdre fa
donne.
DONNER. V. a. Faire un don , transférer gratuite-
ment la propriété , ou l'ufufruit de quelque chofe a
un autre. Dare, donare , imvertirc ^ impertiri , lar~
g:ri. Le Roi a donné nne confifcation à un tel, il lui
a donné \ine Abbaye. Les Romains avoient en tout
temps la liberré de donner dont ils furent (i jaloux.
G. G. Les Ordonnances défendent de donner à fon
Direcleur , à (on Tuteur , à fon ConfelTeur , à fon
Avocat. Id. C'eft un œuvre méritoire de donner Viu-
mone pour Tamour de Dieu. Il n'y a que ceux qui
^ Hhh
4i6 DON
donnent de bonne grâce , à qiù l'on fok obligé ■ de
leur don.
Tel àoï\r\Q à pleines mains , qui n'oblige perfonne.
La façon de donntt vaut mieux qut ce quondonnQ.
Corn.
Un foupir , un regard; un mot de votre bouche :
F'oilà l'ambition d un cœur comme le mien.
Foye^-moi plus Jouvent , & ne me donnez rien.
Racine.
^ Donner , préfenter , ofFrir dans une fignification
fynonyme. Donner eft plus familier ; préfenter eft
toujours plus refpedueux ; offrir ell quelquefois
religieux. On donne aux domeftiques \ on préfente
aux Princes \ on offre aux Dieux.
^C? Z)o/2/2er marque poririvetnent l'adte de la
volonté qui tranfporre aéiuellemenc la propriété
de la chofe. Pre/è«rer défigne proprement l'adioii
extérieure de la main ou du gefte , pour livrer la
■ cliofe dont on veut tranfporter la propriété ou Tu-
■fage. O^r/r exprime , particulièrement , le mouv-s-
menr du cœur qui tend à ce tranlporc.
§5° On donne à une perfonne afin qu'elle reçoi-
ve. On lui préfente afin qu'elle agrée. On Uu ojjre
afin qu'elle accepte.
|k? On peut bien dire qu'on préfente en doji-
nant , «.V qu on offre pour donner , mais on ne peut
pas ckanger l'ordre de ce fens ; parce cjue offrir &
préfenter ont plus de rapport à la partie prélimi-
naire du don^ & que donner en a davantage à ce
qui rend cet ade pleinement exécuté. Syn. Fr.
DoNNtR , fignifie qirelquefois fimplement , Prêter.
Co;7imodare. Il n'y a rien qui ruine plus les Mar-
chands que de donner leurs marchandifes à crédit-
Cet ufurier ne prête rien , fi on ne lui donne des
gages , des furet'és. Il Un a donné fon nom pour
faire une telle affaire \ c'eft- à-dire j II l'a mife fous
fon nom ^ ou bien , Il lui a fervi de caution. Il
lui a donne çQ cheval à l'eflai , à l'épreuve.
t>ONNÉil , fe dit âufli d'une fimple tradition d'une
chofe. Mettre entre les mains. Pribere ^ dare. Don-
ne^ moi ce livre qui elt fur ma table. Donner un
paquet.
§Cf DoNNtR, fe die auflfi pour apporter, préfenter.
Donner à laver. Donner un faureuil. Donner un
bouillon. ^
Donner , fignifie auffi, Accorder quelque grâce,
quelque permiffion. Frihuere , indulgere j dare. Il
n'y a point d'épreuve où je ne puiffe me foumettre
fans crainte, s'il me plaifoit de vous donner cette
fatisfadion : mais pourquoi vous la donnerois-']Q ?
Eft-ce par des invedives qu'on l'obtient ? Lett.
PoRTOG. Le Roi a donné une amniftie, une abo-
lition générale. On a donné à cet Auteur une per-
miffion d'imprimer. Le Roi a donné la paix à la
France. Do.intr fa fille en mariage , c'eft l'accor-
der pour femme-, lui donner en mariage , c'eft lui
conftituer une dor.
Donner un repas , une fête , fignifie , Faire les frais
d'un repas , ou d'une réjouilfance. Impenfas ali-
çujus rei facere^folvere; erogare. Donner i dîner ^
donner à manger \ donner un régal ; donner le Bal ,
l'Opéra, la Comédie. On dit aulîl , donner le bou-
quet à quelqu'un \ pour dire , l'invitation de don-
ner à fon tour un repas , à donner le bal, &c. On
dit aulîi au figuré , qu'un homme a donné la Co-
médie , quand il a fait quelques fottifes ou irnper-
tinences qui ont apprêté à rire à la compagnie.
t)oNNER , fignifie aùffi ', Payer le prix d'une mar-
chandife , ou en faire des offres. Solvere rei alicu-
jus pretium. J'ai donné i oo écus de ce cheval. Je
ne veux donner que dix francs de cette étoffe.
»
D ON
Donner la vie , fe dit de celui qui en fe battant
a avantage fur fou ennemi, qui , le pouvant tuer ,
lui donne la vie , lui donne quartier. On dit aulli
qu'un Médecin a donne la vie , quand on lui eft
redevable de la guéiifon d'une maladie mortelle.
On dit, au figuré , qu'une bonne nouvelle donne la
vie ; pour dire, qu'elle donne une fenf'.ble joie
qu'on n atrendoit point. On dit auffi , qu'on don-
neroit la vie , fon fang , fa tête , pour avoir quel-
que chofe ; pour dire , qu'on la fouhaite paflîonné-
ment , qu'on facnrieroit fa vie , qu'on répandroic
fon fang.
^fT DoNNEii un coup. Frapper. Donner le fouet.
Fouetter. Donner un coup de bâton. Frapper aves
un bâton. Donner un démenti. Démentir, 6cc.
Donner, ligmfie aulîi , Juger de quelque choie , lui
attabuei quelque qualité. Tribuere ^, cttr'ibuere. Com-
bien co ?/.e^--vous à cette veuve ? Je lui donne bicrn
40 ans. A voir fon infirmité , je ne lui donne ^\m
que deux ans à vivre. A qui dor:ne-i-on cet enfant ?
On donne le livre de limitation de J. C. à divers
Auteurs. On dit aufli j qu'un homme donne tout
au hafard \ pour dire, qu'il s'en rapporte à la for-
tune, qu'il lui attribue tout l'événement.
Donner, fe dit aulîi des facilités, des commodités
qu'on apporte à quelque chofe. Procurer. Dare ,
procurare rei alicujus copiam j jacaUatem providere\,
Il faut donner de l'air à ce bâtiment, y faire des
ouvertures , lailfer les fenêtres & les portes ou-
vertes. Donner du veiit à un tonneau. Donner de
la vue à un édifice 4 c'eft abattre & applanir les
chofes qui lui ôtoient le jour. Il faut donner de la
pente aux eauxi II faut donner tant de pieds à cette
chambre , donner une telle largeur à cet habit. Oa
le dit auffi de la fituation , de l'àfped. Cet appar-
tement donne fur la rue ; pour dire , regarde fut
la irue. Speclare locum aliquem j loco alicui imminere.
Le foleil donne à plomb fur ces fenêtres ; pour
dire , il eft oppofé diredement à ces fenêtres. Di-
reclo imminere. Dans ces derniers exemples , il elt
neutre.
Donner , en termes de difputes littéraires & dogma-!
tiques , fignifie , Accorder , convenir , avouer , oiç
fuppofer qu'une chofe eft. Concedere 3 fateri ^ per-^,
mittere. Vous fuppofez toujours cette propofitiom
que je ne vous ai point donnée \ c'eft-à-dire , accor-
dée j avouée, paifée. Je pourrois vous chicaner fur
cer article j mais, fans vouloir l'examiner , je vous
le donne , je veux bien fuppofer qu'il eft aufti vrai
que vous le dites. Quand oii auroit donné à nos
frères, (ce qui rrès-aflurément n'eft pas) que les
dix Tribus fuffent comme un million d'homfties
fur cent douze mille , ils n'en fçauroient rien rirer
contre les vérités que nous avons établies- PÉ-
LISSON.
Donner les mains , c'eft confentir , accorder quel-
que chofe , fe relâcher. Cedere , concedere , annue-
re. On lui a fait une telle propofition , il y a don-
né les mains. Donner la main , c'eft la préfenter ^
la tendre. Donner la main à quelqu'un , c'eft lui
aider à marcher. Porrigere. Donner la main , ou
le pas , c'eft donner la droite j la place d'honneur.
Locum cedere honoratiorem. Donner la main fe dit
auffi pour , Donner la foi de mariage , époufer
quelqu'un. Fidem conjugalem dare j obligare. On dit
auffi, en termes de Manège, donner la main, ou
donner la bride ; pour dircj Lâcher la bride à un
cheval. Laxare equo habenas.
Donner, fe dit âufti en parlant d'affignations & de
défis. Il a donné rendez- vous en tel lieu à fon
ennemi. Locum aliquem ad eonveniendum edicere.
Voilà un beau coup : faites-ea autant , je vous le
donne en cent. Provocare aliquem ad al quid. Je
donne au plus habile homme à deviner cette énigme.
Donner, fe dit aufli en parlant desfalaireSj gages jDonrer ;, fe dit auffi en parlant des remps ôc des
&: penfions- Dare. On donne à ce Gouverneur
mille écus d'appointemens. On donne tant à cette
auberge pour la penfion \ on donne tant par repas.
Je donne tant de gages à ce valet.
lieux. Donner fon remps à quelque chofe , c'eft en
faite fon ocaipation \ y donner du remps , c'eft y
donner tout le loifir néceilaire pour fa perfedion.
Tempus im.pendere. Donner dix temips fignifie auffi >
D O N
1 1..
iounerltïmz &: dcLu pour payer, oii pour raiie
autre choie. Moram aiuiuerc , ddatloncm pati. On
dit paieillcme-nt , donner un lieU , un rang, une
place convenable , donner heu de croire , donner
occaiîon de i'ervir , de nuire. Dare , tnbucre , pra-
bere.
Donner, fe die en parlant d'un penchant, d'une in-
clination qui nous porte vers quelque chofe. Stu-
dere alicui rei bnpensè ;' rem allquain conjectari. Cet
hoxnma donne dans la curioiîcc des médailles, des
tableaux, des coquilles- Il donne à tout j pour dire,
qu'il entreprend mdirfcreminent toutes choies , ou
qu'il dépenle en toutes fortes de curioficés. On dit
aulli , qu'il donr.e dans les bâtimens , dans le jeu,
dans la débauche , pour dire, qu'il y depenle beau-
coup. Et, fi;4urénicnt, (/o/z/ii-v tête bailFee dans une
affaire , pour dire , l'entreprendre avec chaleur ,
fans être retenu par aucune conhdération. Vous
donnei furieufement dans le Marquis. Mol. Dans
toutes ces acceptions il ell neiUte. Qu'il donne tout
a fon plaiiîr ; pour dire , qu il elt tort attaché à
ces choies. On dit aulîi, qu'il donne tout à la taveur ;
pour due , qu'il y elt ennèiement dévoué , qu'il
eft à qui plus lui donne.
Donner , le du en choies fpirituelles & morales. Il
fliut donner de la loUange à. Dieu ; donner bonne
opinion de ioi, quand on entre dans le monde.
Il faut donner bon exemple. Un Prélat donne la bé-
nédiction. Donner dans le fens de quelqu'un ; c'elt-
à-dire. Tomber dans fon avis. Il n'elt pas homme
à donner là-dedans , à entrer dans ce delfein. Z)o«-
Tzer confcil à quelqu un, lui donner avis par billet,
ou de vive voix , de quelque chofe qui fe trouve
contre lui -, lui donner fa voix j fon iuflrage , fon
exclulion. On dit aulli , donner connoilfance de
quelque affaire j lui en ^o«/2e/' part , lui en décou-
vrir le fecreî. Donner une fauffe idée d'une chofe,
la rapporter autrement qu'elle n'eft. Donner fon
nom à un tilleul , le tenir fur les Fonds. On dit
aulïï , qu'un Auteur a donné un livre au public ;
pour dire, qu'il l'a mis en lumière. Donner Cuir
lignihe en certaines phrafes donner l'apparence ,
la reffemblance. Il n'oublia rien de tout ce qui
pouvoit lui donner quelque*air de grandeur. Mé-
nage.
Donner , fe dit auffi à l'égard des paffions , & figni-
tie , câufetj facrilier , pofer, fouhaiter , exciter,
accorder. Procreare, exckare 3 incutere , ïmprimere.
Donner de l'amour , donner de l'eflroi , donner des
defirs, (ia-^werde mauv.iif;s penfées:c/on/2£r l'alarme.
Je voudrois que la nécelîité de vous éloigner de moi
Vous donnât autant d'horreur qu'elle m'en donne.
Lft. Port'jg. Par quel prodige m'avez vous mar-
qué de l'amour , fans me donner de la joie .'' Ib.
L'on ne peut fe rcloudre à fe faire violence _, & à
donner à Dieu cette malheureufe facisraClion que
l'on trouve à faire des fautes De Rangé. Donner
des bornes à fon ambition. Fines ponere , circum-
fcribere. Donner des preuves de fa valeur. Il lui eft
venu donner le boa jour. Cela donne envie de man-
ger j donne de l'appétit. Excltare. Donne^ quel-
que chofe à notre ancienne amitié. Il a donné cela
à ma prière. Dare , tribuere,
C'eft ainfi qu'on me vie , dans mes plus jeunes ans ,
Donner à tous mes fens ce qui leur pouvoit plaire.
L'Ab. TÉtu.
^3" Donner au but. t)ans le propre , c'efl: frapper,
toucher le but. De tous ceux qui titoient au blanc,
aucun n'a donné au but. Dans le figuré , c'eft ren-
contrer jufte , deviner l'intention de quelqu'un.
Vous avez donné au but. Pem aeu tel'ig'tfti. Vous avez
trouvé le nœud de la difficulté. Ici donner eft en-
core neutre.
On dit aulli qu'un homme a donné dans le pan-
neau , & familièrement , qu'il a donné dedans j
pour dite, qu'il a été attrapé par quelque finelle,
ou par quelque piège qu'on lui a tendu. Indefe fe
DON 417
in Isiqueos , in laqueos dare j impingere. On tUt aulH
qu'il a donné prile fur lui , quand il a fait quelque
taux pas dont les ennemis tirent avantage.
On dit aulli qu'un rapporteur a donne \q braïUé
à une affaire , qu'il lui a donné un certain tour fa-
vorable , qu'il a ci'0/2/^1; un jour, une ouverture j
pour la faire réuiîir. Auclorem & impu.Jorem ejje
rei alicujus.
Donner des paroles , c'eft, S'engager par ptrb-
meffes. Spondere j poUiteri , fidem obLi^are. Donner
des bourdes , des défaites, des baies, des caffades;
c'eft , Mentir • impoler à quelqu'un , fe moquée
de lui. llludere. Lui donner croyance , c'eft. Ajouter
foi à ce cju'il dit. Habere fidem. Donner la Loi ;
c'eft-à-dire , Commander à des peuples. Impcrate ,
legem dare. Donner la Loi à un Confeiller , c'elt
luiprefcrire certaine loi , fur laquelle il doit fubir
l'examen pour être reçu. Legem interptetandam prdtf-
cribere. Donner ordre , c'eft commander à des Ofh-
ciers. Pr^fcruere. On dit aulli, donner oiàxQ au mé-
nage ; pour dire prendre garde que tout aille bien
dans la maifon. Providere ulicuirci.
On dit aulli, donner à parler ; pour dire , donner
fujet de divers jugemens lur fa conduite j & , à l'é-
gard des femmes , il le dit toujours en mauvaife
part. Occafionem , tocum dare, pr&bere. Avoir donné
à entendre \ c'eft-à-dire , avoir expliqué ou fait
favoir à quelqu'un fon intention, hxpiïcare , enu-
deare.On dit aulli, abfolument , un faux donnés, en-
tendre. Maligne , fubdolè rem interpretari,JaUere,
illudere. Donner bien àpenfer, c'eft mettte quel-
qu'un en inquiétude. Infxcre follicuudinem. Je vous
donne à penfer , limplement. Inviter à faire ré-
flexion fur ce qu'on dir. Donner à courre; c'eftjfuf-
citer des affaires à quelqu'un , qui l'obligent à aller
& venir beaucoup. Sufdtare negotia , turbas : exhi-
here nioLefiiam: Donnerai ia befogne , à travailler.
Donner à connoître. Dare , procurare.
Donner, a, dans les phrafes fui vantes, qui ne font que
du diicours familier , une lignification particulière.
Z)L),7/2£r de l'AltelIe à quelqu un , ct\i\\.\\ donner le
titre d'AltelFe , le traiter d'Alretfe : il en eft de même
des autres titres d'honneur. Donner du Monfieur a
quelqu'un , c'eft l'appeler Monfieur. Les hommes de
lettres François qui avoient quelque relation avec
Grévias , ne pouvoient honnêtement fe difpenfer de
lui donner à\\. Monlieur. Ménage.
Donner, en termes de Jeu j fe dit de l'avantage qu'on
donne à celui qui eft plus foible- Dare. Donner
quinze & bifque à la paume. Uonner dix points &C
la main au piquet, i^o/i/if deux trous auTri6tac.Z?o;?-
ner lignihe aulli , diftribaer les cartes. Donner hc\\tc
Se mat aux Echecs , c'eft , gagner la partie. On dit,
donner he:ia \ pour dire , donner des coups faciles à
jouer. On dit aulli , donner beau jeu, au figuré j
quand on donne facilité à Ion adverl^iire d'avoir l'a-
vantage , quand on lui donne matière d'attaquer Se
de critiquer.
En rerme d'Arithmétique, donner CigniRe , pio-
âu'ne. Producere. On du à la règle de trois. Si ij
donnent ^o , combien donneront (îoi Ils donnetonc
1 10? Ils lignifie le même en termes d'Agriculture. Les
fruits n'ont pas bien t/o/^w cette année jc'elc-à-dire ,
que les arbres n'en ont guère produit. Les petits blés
ont mieux donné (\x\c les grands.
En termes de Guerre , donner la chalTè à l'ennemi
à un vailfeau , à un Corfaire ; c'eft-à-dire , lepour-
fuivre quand il fe fauve. Injugam agere j dure , fu-
gare. Donner des deux , c'eft, piquer desdeux épe-
rons pour s'enfuir. Calcaria odhi! ère.
Donner, abfolument, c'eft commencer le combat,
aller à la charge. Impetum facere. Donner d'eUoc Sc
de taille J c'eft , fe battre ccurageufement. On dit
an((\, donner tête baiffce dans les ennemis ;pour dire.
Aller au péril aveuglément & fans le craindre. On
dit auflî J donner dans une errbufcade ; pour dire ,
y tombet , être furprisen chemin. //2 infidias venire^
cadere , inàdcre.
En termes de Chymie , donner le feu par degtès *
H h h ij
4i8 DON
feu doux, feu de chalTe j c'eft-à-dire , appliquer'
un feu convenable aux opérations. Igncm fcnjim
Jujficere j admoverc. Donner le toivc trop chaud à du
pain.
En termes de Vénerie , donner les chiens , C'eft-
à-dire , lâcher la meute après la bête. Canes m feram
agere. Donner lecerf aux chiens.
En termes de Marine , on dit que le vent donnait
dans les voiles \ pour dire , que le vent étoit favora-
ble. Ingruere , incidere. Donner la cale j c'eil une ef-
pèce d'eftrapade de Marinier , jeter un homme du
haut du mât, dans la mer, attaché à une corde. SuJ-
peiifum fune nautam de mali jafiigio in mare dejicere.
On dit que le vallféau a donné lut un banc , à la
côte , fur un écueil j pour dire , qu'il a heurté à la
côte fur un écueil , qu'il a échoué. On dit aulli ,
</o/-2/zer fur quelques dangers, pour marquer en gé-
néral les écueils,les rochers , les bancs , qui font des
chofes dangereufes. Impingere. On dit aulfi, donner
fond , donner carène. Donner vent devant , c'eft ,
mettre le vent fur les voiles , afin de faire courir le
vailfeau à une autre aire de vent, Auram captare.
Donner dedans , veut due ^ entrer dans une rivière ,
dans un port, dans une rade. Intrare ^ fubire porcum^
oftia fluminis.
On dit , au Palais , donner & retenir ne vaut : c'ell
l'article 275 de la Coutume de Pans \ c'eft-à-dire que
celui qui a tait une donation ne peut pas , fous peine
denullité, ajouter une claufe qui en détruife l'ef-
fet. Cela a palfé en proverbe ; pour dire , qu on ne
peut retenir ce qu'on donne. Donner détaut, don
fier congé , donner audience j donner un arrêt , don-
ner un décret , donner un ajournement. On dit aulîi ,
donner pouvoir j donner procuration , donner char-
ge, donnerais griefs, donner des faits, donner àes
défenfes & autres écritures. Ce moyen lui a donné
gain de caufe. La date de tous les jugemen.s en let
, très de Chancellerie s'exprime ainli : donné en tel
lieu, en tel jour. Les Edits fe terminent par ces mots:
Si donnons en mandement aux gens tenans notre Cour
de Parlement.
En termes de Mufique , donnerïe ton du Chœur ,
cell commencer un chant par un certain degré
de fon , tellement proportionné aux voix qui doi-
vent chanter, qu'elles puilfent monter cinq ou lix
degrés plus haut , Se delcendre d'autant , fans in-
commoder ou forcer les organes de la voix. Don-
ner la mefure , c'ell battre la mefure qu'on doit
battre.
Donner, fe dit auflî avec le pronom perfônnel. Se
donner à quelqu'un j c'elt-à-dire, fe mettre fous fa
domination. Suè/icere Je a/icujus imperio. Les Cofa-
ques fe font donnés au Grand-Turc. Se donner tout à
Dieu , c'eft , renoncer au monde. lotumfe Dei ob-
fequio mancipare , devovere. Se donner à quelque
Grand Seigneur , c'eft j s'attacher à fon fervice. Se
donner du bon temps, c'eft , paffer le temps en joie
& en plaifir. Se donner carrière; c'eft-à dire , fe ré-
jouir. Indulgere genio. Il s'eft donné tout entier à
l'étude, au jeu , &c. c'eft-à-dire, il s'y applique en-
tièrement. Darc fe totum alicui rei. On dit auili j il
fe donne des airs ; pour dire , il atfeéle de paroître
noble J brave , riche \ &c. Efferre Je magnifiée. Se
donner de garde , c'eft-à-dire , agir avec circonfpec-
tion. Cavcrefibi. Vous vous donne\ trop d'autorité \
c'eft-à-dire , vous vous attribuez trop d'autorité.
Ufurpare auioritatem. On dit aullî , fe donner la
peine, fe donner Wonntnz , fe donner \a. patience;
pour dire , _ prendre la peine , avoir l'honneur ,
prendre leloifir nccelfaire pour faire quelque chofe.
Sumere. On dit , fe donner quelque chofe j pour
l'acheter. Je me fuis donné m\e Bibliothèque, un Ca-
binet de Médailles. Je me fuis donné \.\i\ manteau d'é-
carlate.
Donner, en termes de Commerce, fe dit a (Tez or-
dinairement dans le négoce en détail, pour fignifier
que la vente des march.indifesa été confiJératile ,»u
qu'elle n'a point été bonne. Encefens, on dit j la
DON
vente a bien donné ; ou au contraire , la vente a mal
donné.
On dit proverbialement , donner de la gabatine ;
pour ^ïiQ ^ donner du galimatias, faire des p.ro-
melfes ambiguës qu'on ne veut pas tenir. Perfonne
ne peut donner ce qu'il n'a pas. On ne donne rien
pour rien ; qui donne tôt , donne deux fois. On dit
qu'on ne donnerait pas fa part aux chiens de quel-
que chofe ; pour dire , qu'on y a des prétentions
quoiquéloignées. Qui donne au commun j wq donne
à pas un ; pour dire j que perfonne ne vous fait
gré de ce que vous donne^ au public. A donner don-
ner, à vendre vendre ; pour dire que, quand on
vend , il n'eft pas queftion d'ufer de libéralité j &C
que , quand on donne , il ne faut point faire acheter
ce qu'on donne. Acad. Fr. Vous nous l'avez donné
belle ; pour dire j vous nous en avez bien fait ac-
croire. Vous nous en avez donné à garder , vous
nous en avez donne d'une , fe dit dans le même
fens. On dit qu'il ne faut pas fe donner au Diable
pour faire cela; pour dire , qu'une chofe eft fort
aifée à faire. On dit auflî , s'en donner au cœur
joie ; pour dire , s'en donner tout fon faoul , prendre
d'un plaifir tout ce qu'on peut. Il s'en eft a'o/2/?t' par
les joues. On dit aulli , ne favoir où donner de la
tête ; pour dire, ne favoir où trouver de quoi vi-
vre , de quoi fubfifter. Autant vaudroit fe donner
delà tête contre un mur; pour dire , que c'eft per-
dre fon temps &c fa peine , que de faire une telle
entreprife. On dit aulli, qu'un homme s'eft fait don-
ner fon fait , s'eft fait donner fur la crête , a donné
des verges pour fe fouetter ; pour dire j qu'il a at-
tiré fur lui quelque malheur par fa faute. On dit
aulli , à c\\Q\iA donné on ne regarde point à la bou-
che ; pour dire , on reçoit les préfens tels qu'ils font.
Quand quelqu'un héfiteàfaire quelque chofe, ou
qu'il manque à le faire du premier coup , fi on lui
fait des reproches , fi on le raille , il répond : je vous
le donne en trois , ou en quatre , ou en tel autre
nombre qu'il veut marquer ; pour dire , je confens
qu'un autre s'elfaie trois fois , quarre fois , &c-
nous verrons enfuite s'il le fera. On dit qu'un hom-
me fe donne les violons , quand il fe loue lui-
même. On dit zv\iX\ ^donner ds l'encens ; pour dire ,
louer.
Donné , ée , part. Datus.
Donnes. Séculiers qui fe mettoient en retraite dans
les Monaftères pour y vivre doucement , & fervir
Dieu & les Religieux. Ils étoient autrefois appe-
lés Oblats ; mais ce nom a changé depuis. Dans Iqs.
vieux titres on les nomme Dati , Ohiati j Donati.
Les donnés ou oblats , étoient des gens qui , par
dévotion , fe donnoient aux Monaftères avec leurs
biens , & obéilloient en tout aux Supérieurs , dif-
férant cependant des Moines & des ferfs des Mo-
naftères. Ils différoient des Moines en ce qu'ils ne
faifoient point profellion , & qu'ils portoient un ha-
bit peu différent de celui des féculiers. Us diffèroienc
des ferfs, en ce qu'ils gardoient le célibat. Pour pren-
dre cet engagement, la cérémonie étoit de fe mettre
la corde de la cloche du Monaftère autour du cou ,
ou des deniers fur la tête , ou de pofer leur tête fur
l'Aurel. Voye-:{ Du Cange au mot Oblati. Du temps
d'Aymar , Abbé de Cluny , vers l'an 948 j une per-
fonne noble, avec fa femme nommée Dode , du
confentement de leurs enf.ms , renoncèrent au fiè-
cle , & fe donnèrent à l'Abbaye de Cluny j avec
tous les biens qui leur appartenoient dans les villa-
ges de Macère & de Norond fur la Garonne. Le
P. Mabillon croit que ce fut là l'origine des Donnés
ou Oblats qu'il y a eu dans la fuite dans plufieurs
monaftères de l'Ordre de S. Benoît. Ces Donnés ou
oblats prenoient l'habit Religieux j différent néan-
moins de celui que portoient les Moines, s'offrcient
à Dieu avec leurs biens, & fe donnoient entière-
ment au Monaftère , jufque-là qu'ils y entroient
en fervitudeeux & leurenfans.il ne faut pas con-
fondre ces oblats avec ceux que les Abbayes & Mo-
naftères de fondation Royale étoient obligés de rece-
DON
voir du Roi , & dont on parlera au mot OBLAT.
P. HÉLYOT , T. F. C. i8. Les Donnés font appelés
Demi-croix dans l'Ordre de Malte. On les appelle
Commis dans la Congrégation de S. Maiir.
IJCT En Mathématiques , quantité donnée , ou
fimplement donnée ^ font des chofes ou quantités
connues ou fiippofées connues , & dont on fe fert
pour en trouver d'autres qui font inconnues & cjue
l'on cherche. Ce terme a été tranfporté dans les arts
& dans les fciences , & l'on s'en fert pour déligner
les chofes que l'on prend pour accordées j fans avoir
de preuves immédiates de leur certitude.
^kJ" On appelle quelquefois data , données , les
chofes connues par le moyen delquelles on parvient
à la connoiflance de celles qui ne le font pas.
Donnée, f. f. Vieux mot. Largelfe , diftribution.Ztzr-
gicio. Ueft dans Nicot , dans Monec & dans Cot-
grave.
Un bruit s'épandit en tous lieux
Q^uaux oifeaux qui chantoient le mieux
On donnerait du grain pour toute leur année.
J'en aurai , dit le liojjîgnol j
Si la chofe ejl bien ordonnée.
Tout aujji-tôt il prend fon vol
Pour s'en aller à la donnée La Font.
On dit proverbialement , c'eft une donnée ; pour
dire , c'elt un grand marché.
DONNERSBERG, & par contradion.DONSBERG ,
Montagne du i'alatinat du Rhm. iannus /ko/«. Elle
n'a pas beaucoup de largeur ; mais elle s'étend alfez
en longueur entre Oppenhcim , Mayence & Cafe-
loutre.
Ce mot eft compofé de deux mots Allemans t/o/z-
ners , genitit de donner , qui iîgnihe Tonnerre ^ &
herg , qui veut dire monta^ le. Ainlî Donnersherg eft
la même chofe que Montagne du tonnerre , & s'eft
formé du Latin iannus mons.
DONNEUR j EUSE. f Qui donne. Dator. Il n'efl: guère
en ufage qu'en quelques phrafes. Ce n'eil: pas un
grand donneur , une grande donneufe ; quand on
veut taxer quelque perionne de peu de .libéralité.
Les exclamations des donneurs -çQr^hwtXs de louan-
ges paroilfent fades aux gens de bon goût. Bell.
Je ne retufe pas d'ètte le preneur , afin qu'il foit
le donneur. Ablanc. Donneur de férénades. Scar.
Don-.eufe de galbanum. Donneur deau-bénite de
Cour. Tout cela eft du ftyle familier.
ifT Donneur d'ordre , dans le commerce , eft.
celui qui palTe fon ordre au dos d'une lettre de
change-
On appelle auftî donneurs d'avis , ceux qui font
les Courtiers pour faire réulîir des affaires , des
ventes , des mariages , &c. On le dit auifi de tous
ceux qui fe mêlent de donner des avis , fans qu'on
leur en demande. Ce donneur d'avis eft bien im-
pertinent.
DONNEUR ci /j oTÉ)^. Celui qui fait un contrat ou
obligation par écrit, pouralTurer le corps ou les mar
chandifes d'un vaiifeau.
DONNEZAN , ou DOUNEZAN. Petite contrée de
France dans les Pyrénées , unie au Gouvernement
de Foix. Le Donne^an é[oit une Souveraineté par-
ticulière, qui fut donnée à Raimond Roger, Comte
de Foix , par Pierre II , Roi d'Arragon , Se que
Henri IV réunit à la Couronne. Tous (es Ancê-
tres fe qualifioient Seigneurs fouverains de Don-
/ie\an. Le Donne^an n'a que trois lieues de long,
& ne comprend .que neuf bourgs , dont le prin-
cipal eft Qucrigut \ mais il eft d'importance à
caufe des palfiges , qui donnent une entrée facile
dans la Catalogne du côté des pays de Foix S<. de
Sault.
DONNIS. f m. Nom d'homme. Domninus. S. Don-
nis , premier Evêque de Digne en Dauphiné , étoit
natif d'Afrique , d'où il accompagna S. Marcel-
lin jufqu'à Embrun , & convertit avec lui plu
fleurs infidèles , qui reftoient encore dans les Ai-
DON
pes. Cétoic au IV=. fiècle. Il eft honoré le
419
13^ "
Février à Digne de temps immémorial. Vaudeberc
a marqué S. Donnis le 20«^ Aviil à l'occafion de
S. Marcellin d'Embrun. Chast. 15 de Février p. 6^^^
656 , 65 S. roye^ Gaflèndi , dans fa Notice de l'E-
glife de Digne.
DONNOLA. f f. Les Italiens, ^quelques Marchands
foureurs en France nomment ainfi la Belette, qui
eft un petit animal , dont la peau eft propre à faire des
fourrures.
DONOISON. Vieux mot qui a été dit pour donation
dans la plupart des Coutumes , fur- tout dans celle
d'Anjou.
DONOY. Foye^ DIGNE. Nom de ville.
DONQUERQUE. Foye- DQNKERQUE.
ÛONSBERG. Foyei DONNESBERG.
DONT. Particule qui fe met pour le génitif j & l'a-
blatitlingulier & pluriel des pronoms relatifs, qui
font duquel , de laquelle , desquels j dejquelles j de
qui J de quoi. Les Seigneurs dont'û fe vante de tirer
fon origine n'éroient pas de cette Maifon. Le Méde-
cin dont je mê fers eft fort habile , c'eft celui dont
je vous ai tait mention ci-delfus j c'eft-à-dire , de
qui je vous ai parlé. Voilà ce dontei\ queftion. Cette
particule s'exprime en Latin par le relatif çz^i ^ qu<e,
quod , quife met au cas que gouvetne le verbe qui
la fuit.
Cette particule fe dit auffi, pour,aveclequelj avec
laquelle , avec lefquels , ou avec lefquelles. Le ré-
gime J la régularité dont il vit. Acad. Fr.
On le dit aulli pour de quoi. Ce dont je vous ai
pailé.
Marot met fouvent ce mot pour l'adverbe d'où r
undè.
Quand à l'efpr't , qui du Ciel eft venu j
Signeurs pajjansy croye^ qu'il n'a tenu
A être bon ù- de vertus orné
Que àont il vient cl ne soit retourné. Marot.
Ce mot vient de undè, dont les anciens fe font
fervis en la même fîgnification. Ménage , après Ni-
cot. Cependant ce feroit une faute de s'en fervir
dans fa fîgnification otiginaire , en diiant , le lieu
dont je viens. Il faut dire j d'où je viens- Il taut dire
auftî , la maifon dont je fors , quand /7Zd//ô/2 lignifie
race; & la maison d'où je fors , quand mai/on eÙ. mis
au propre. Vaug. Corn.
DONTE. f. f. Terme de Luthier , qui fe dit du corps
ou du ventre du luth , du thuorbe , de la mandore ,
&c. qui eft faird'éclilfes taillées & plofées en côtes
de melon , & colées fur le taftèau. Corpus cithare ,
tc'hidinis , <S'C.
DONTER. Foyei DOMTER.
DONTFOU. f m. Sorte de Caméléon , qui fe trouve
au pays des Nègres. Ils le regardent comme un ani-
mal de mauvais augure.
DON VILLE, f m. Nom d'une efpèce de poiriers, & de
leur fruit. Le Donville eft bon à cuire. La Quint.
Cette poire fe nomme autrement Calot. Id.
DONUSA. Petite île fituée proche celle de Rhodes.
C'eft dans cette Ile , dit Etienne de Byfance, que
Dionyfius , c'eft-à-dire , Bacchus , tranfporta de celle
de Naxos, Ariadne, que Minos Ton père pourfui-
voit. Ainfi il lui paroît que l'on n'a dit Donu/i'a qui
par coriuption , pour Dinnyfia. Pinedo , dans fes
Notes fur le Géographe Etienne, remarque qu'Eue
tathius parle de cette Ile fur levers 550 de Denis
le Géographe, & que nos exemplaires ont No>;in'«,
pour ànou<rlu.\\ ajoutc que Tacite, L. IV, C. ^o,
l'appelle Donufa , &c que Mêla L. II , C. 7 , & Vir-
gile, E'i4i'de , L. III, V. 1 1^, la nomme Donyfa ;
que Virgile lui donne l'épithète de Verte, Firi-
demque Donyfan , parceque , félon la remarque de
Servius, on en tiroir du marbre vert j nppeléniar-
bre Laccdcir.onien. Vollius dans fes Obfervations
fur Mêla , p. iii. & fuiv. , dit que dans les manuf-
crits de ce Géographe il y a Dionvjla , qae ceft
I une faute que Pline a copiée dans fon Livre IV ,
43© DON DOP DOR
Chapitre iz. Il croit qu'il faut lire Donufa -^ cp-'il^'
ne faut point mettre , comme Pline ^ cette lie fur j
la côte de l'Etolie i qu elle eft de la mer de Crète ; ;
qu'enfin , c'eft une fable ridicule de croire , qu'elle
a pris fon nom de Diony/ius : que fon vrai nom eft j
Donufa Ao»o>« j qui vient de àtvia , ag'uo , concutio \ j
6c qu'elle fut ainll nommée à caufe des fréquens j
tremblemens de terre qu'on y fentoit , aulli-bien ;
que dans toutes les Iles voilines. Au refte ; per-
fonne ne l'appelle Donnuffa que Mati Se Corneille.
DONUSIA. yoye:(DON\JSA.
DONYSA royer DONUSA.
DONZELLE. f. f. Terme burlefque qui fe dit d'une ? DOR. Le mont d'Or. Foye^ OR
DOR
Evêqiie , qui fut futFragant de l'Archevêque deCé-
farce. Les Septante la nomment <Pi»«£Wap, (fmaiX-
i'af , ê'uf Se ^ofa & Pcolomée <J^*'P«. Adrichomius pré-
rend que c'eti Ador , que les Grecs nomment Adora
&c les Hébreux , ^^ naj Nephatk Dor. J. XI. z.
Sanutus, L. III, P. 14^ c. 2. prétend qu'elle s'eft
encore appelée -^ji/ur : mais fur quoi fondé le pré-
tend-t-il ;■
(Quelques-uns mettent encore dans l'Idumée une
ville de ce nom , & nommée quelquefois Adora par
Jofeph , & citent fur cela Jofeph. Anciq. Jifd. L.
Xlli. 12. 6- 17.
fille d'un état médiocre , & dont la conduite eft or
dinairement fufpede. Ainfi c'eft au moins un terme
de mépris , & prefque toujours odieux & oftenfant.
lia quitté fa Z?o/-.'^£//e. C'eft l'humeur de la Don-
relle. Meretrix. GoM. Béroalde fait le dénombrement
des beaux efprits qui foupiroient pour la don^elie.
Et quoi ! cejlfon Ads ,
Qui pour complaire à divine Donzelle
Aux yeux hagards que Belle ne on appelle ,
S'en eji allé courir le pays. R.
^3" Donzelle , eft audî un poinTon de mer peu dif-
férent du congre , dont la chair eft blanche &
dure.
fC? DONZI. Ville de France, dans la Généralité de
Lyon, éieélion de Roanne.
DONZI i^etiie ville de France fituée fur la rivière de
Noaym dans le Nivernois. Doncia,.um , Don-(ia-
cum J lJon\ùum , Oan^aum. Le fils du dernier
Duc de Nsvers, qui eft aujourd'hui Comre de Ne-
vers , portoit, du vivant de fon Père , ie titre de
Duc àzOon^l. Ow du que Don^i a été érigé en Du-
ché j mais cela n'a point eu d'effet. Don-^i eft capi-
tale d'un petit pays dont on va parler. Long. 20 d.
55'. Lar. 47. d, 21'.
DONZIOIS. Petit pays de France , dans le nord du
Nivernots , du core qu'il touche l'Auxerrois. Don-
riacus , ou Don-^iacenjcs pagus , ager j traclus. Le
Don:(iois étoit autrefois une Baronie féparée : elle a
été depuis unie au Comrc de Nevers. Le Don^iois
comprend les villes de Donzi , Entrain , Drenne ,
Saint-Sauveur en Puifaye ^ Corvol l'Orgueilleux ,
Billy , Eftais , le ChâteldeCofne fur Loire , Tan-
nay , Dornay fut Yonne , Champagne, Amafi &
Anan. Davity , Corn.
DoNziois , OISE. f. m. & f. Qui eft de Donzi. Don-
^iacus.
DOP.
DOPHCA. Foyei DAPHCA.
DOR.
DOR ,ou DORA. Ville de la Terre de Chanaatt. Dora.
C'étoit une ville maritime. Jof. IX. 2 j /- Machab.
II , i^. Elle avoit fon Roi particulier , & étoit ca-
pitale d'un Royaume auquel elle donnoit fon nom.
]ofue^l ^ 2 , X//j 2j'. Et fon Roi fut défait par
Jofué. Ihid. XII. 2 5 . Et Dora avec toutes fes appar-
tenances fut donnée à la Demi Tribu de Manalfé
d'en-deça du Jourdain. Jof. XVII. i/. Cette Tribu
ne put cependant en extirpet tout-à-fait les Cha-
nanéens- juges I. 27. Quelques-uns veulent que Dor
ou Dora , foit la tour de Straton. Egelîppe le nie \
dans le premier Livre de fon hiftoire , où il dit que;
cette ville étoit entre Dora & Joppe , ou Jafa.
D'ailleurs Céfarée , bâtie par Herode I , à l'honneur
d'Augufte , eft la ville qui s'appeloit auparavant
Tour de Straion. Jofeph Antiq. Juiaiq. L. XF j C.
13. Or Céfarée & /^or font très-différentes , com-
me on le verra tout-à l'heute. Dora étoit .à cinq
milles au nord de Céfarée, près du mont Carmel
DORADE, f. f. Pollfon de mer qui a des écailles de
diveifes couleurs , & une queue longue & large.
Aurata. Les Anciens faifoient beaucoup de cas de ce
poiilbn , à ce que rapporte Athénée. On l'appelle
aufti Fijcis Jacer.
Il y a un autre grand polfïon nommé dorade , qui
eft commun vers les Antilles , qu'on appelle autre-
ment brame o\x brune de mer. Sa tète paioît d'un verc
doré , & le refte de fon corps eft jaune comme l'or,
& azuré comme le Citl ferein. Elle fuit 1 js Navires,
& nage avec telle vîtelfe , qu'on ne la peut guère
atteindre avec la gaffe j ou fouine , avec laquelle
les Matelots attrapent de gros poiffons. Le devant
de fa tête eft en pointe ; le dos hériffé d épines qui
s'étendent jufqu'à la queue, qui eft fourchue. Elle
a deux nageoires au défaut de 1? tête , &: autant fous
le ventre j les écailles petites , & tout le corps
d'une figute plus large que grofTe. Il s'en trouve qui
ont cinq pieds de long. Sa chair eft aulli agréable
que celle de la truite & du fiumon , quoiqu'elle
foit un peu lèche. On en prend avec un hameçon ,
où Ton met un morceau de linge blanc pour touc
appât.
Dorade , Terme de Fleurifte. Tulipe rouge & cha-
mois blanchiffant. Morin.
ffT Dorade , ou d'Aurade , ou Herbe dorée.
Nom qu'on donne en Languedoc à la plante connue
en Botanique j fous le nom de Cetetach. Foye-^ ce
mot.
Dorade , chez les Aftronomes j eft une conftellatioa
nouvellement découverte du côté du Pôle Antardti-
que i qui ne paroît point fur notre horilon , &c qui
eftcoinpoléede fept étoiles peu confidérables.
DORADO. Provincia del Dorado. Pays de lAmé-
rique méridionale, entrera rivière d'Orenoque &
celle des Amazones. On y met un grand lac , qu'on
nomme Parime, & une ville magnifique (ur le bord
occidental de ce grand lac , & quantité de mines
d'or.
|!CJ" Rien n'eft plus magnifique que tour ce qu'on
dit de ce pays , 6l de la ville de Manoèt , qui en eft
la capitale , dont l'exiftence eft au moins fort fuf-
pedle.
DORAGE. Terme de Chapellerie, qui fignifie, cou-
vrir une grofte étoffe d'une plus fine , pour faire
paroîte un chapeau plus fin dans les dehors.
Cette tromperie eft défendue par les Réglemens.
DORAGE , fe dit auffi, en termes de Pâtiflier , d'une
couche légère de jaune d'cEufbatru, que l'on donne
à la croûte de divers ouvrages de PâtilFerie.
DORILAGE. Terme de Fleunfte. C'eft un œillet de
couleur de rofe vive , tirant fur l'indicrofe. Son
blanc eft fin , & fa fleur fort large ; mais fa plante
eft délicate , & fi fujette au blanc & à la pourriture j
qu'à peine peut-on la conferver. Morin.
DORAMIE. Terme de Fleurifte. Tulipe pourpre ,
gorge de pigeon, & jaune blanchilîant. Morin.
DORÂT. Petite ville de France , dans la Marche ,
Doratum , Duratum ., Oratorium. Le Dorai eft fur la
Sève , entre Gueret & Poitiers. On dit le Dorât
avec l'article. Si ce mot eft appelé en Latin Orato-
rium , ce n'étoit apparemment d'abord qu'un Ora-
toire. Il y a aujourd'hui un Abbé , & des Chanoi-
nes , qui font Seigneurs d'une partie de la ville.
Long. 18. d' 46. Lat. 46. d' 10.
Après l'établiirement du Chriftianifme elle eut un - DORCESTER , ou DORCHESTER, &DORCHES
D O R
TRE. Nom de deux villes d'Angleterre. DùiCefrU ,
Dorda. L'une eft Dorccfire , capitale du Comté de
Dorfec, ou DuLfet j appelé en Angleterre Drecshire,
ou Dorcccskire , comme écrit Speed. Elle eit lituée
fur la rivière de Frome j à une lieue de la mer de
Bretagne. Elle s'eft appelée autrefois Dunovarla ,
Durnovaria j & Durnum ; &c c'étoit la ville des
anciens Durotriges. On y trouve beaucoup de mé-
dailles antiques. L'autre Dorctjlre ii'eft plus qu'un
village. Il eit dans le Comté d'Oxford, au confluent
de l'Ifîs (Si de la Tame , qui forme la Tamife. C'é-
roit autrefois une ville Epilcopale. Son Evêchéa été
transféré à Lincoln. Baudrand , Hoffman , Maty _,
Corn. Speed lui donne 50 d. 48 m. de latitude, &
18 d. de longitude. Elle n'a guère que 1 5 degrés &
quelques minutes de longitude.
DORDOGNE. Rivière de France. Duramus ^ Du-
ranus : quelques Modernes difent aulli i^ora/z^'/^j j
Do'rononia , Dornonia _, D ordonna. Aufone en
parle dans faMofelle , v. 464. «Se l'appelle Durama,
taiiant à la féconde fyllabe Xa bref La Dordogne a
fes fources en Auvergne , dans la montagne ap-
pelée autrefois du nom de ce Fleuve , Durannius ,
aujourd'hui Monrber. Elle fe forme de deux ruif-
feaux , dont l'un s'appele Dor , &c l'autre Dognc ,
dont elle forme aulli fon nom. Elle traverfe une
partie du Lirrioufin & du Quercy j tout le Perigord \
ëc , après avoir reçu dans la Guyenne la Vezere &
l'Ille , elle fe jerre dans la Garonne, ou j comme
on parle communémenr,dans lamer, aubecd Am-
bez. Quelques-uns écrivent Dordonne: Dordogne
eft mieux. C'eft ainli qu'on prononce ordinaire-
menr. La Dordogne commence à porter bateau à
Limeuil.
DORDONNE. Foye- DORDOGNE.
DORDRECHT. Ville des Provinces- Unies des Pays-
Bas. Dordracum , ou plutôt Ik mieux Dorderachum.
Maty & Corneille l'appellent Dordrecht, ou Dort. .
mais nous dilons Toujours Dordrecht , & nous ne
connoilfons point cette ville fous le nom de Don.
Quoi qu'il en foit ^ Dordrechr edd^ns la Hollande
hiéridionale , fur la Meufe j qui porte en ce lieu le
nom de Merwe , à trois lieues au-delTus de Rorer-
dam. Dordrecht eft ancien. C'a été la rélldence des
Comtes dé Hollande , &: cette ville a eu feule le
droit de faire battre la monnoie d or & d'argent.
Elle a encore aujourd'hui le premier rang entre les
villes de Hollande , & c'eft la première des iix qui
compofent les Erats de cettre Province. Elle eft
grande , belle & riche. En 1411. le 15. de Novem-
bre , la mer rompit fes digues , forma une mer
de tout ce qui eft entre le Brabant Se la Hollande _,
Se plaça Dordrecht dzns une Ifle. Il s'y prend tant de
faumons , qu'on dit que les fervantes ne s'engagent,
qu'à condition de ne manger du faumon que deux
fois la femaine. Long. 11. à! 8. lat. 50. d' 41.
Le Synode de Dordrecth,Dordrechtana Synodus ,
eft uneaftembléede plufieurs MiniftresCalviniftes,
non-feulement des Provinces-Unies j mais encore
d'Angleterre, du Palatinat du Rhin, de Brande-
bourg, de HelTe, de Suilfe , &c. tenue en 1608
& ifîof). par ordre des Etats Généraux j pour Ter-
miner le différend entre les Arrrieniens & les Go-
mariftes , fur la Prédeftination & la Grâce. Ce
Synode commença le premier Novembre 1618. &
contient cent cinquante - quatre Sellions. Foye:{
Arminien , & Gomariste. Paul Merula, homme
habile j & favant Géographe , mort à Roftock en
1607. & auteur d'une Cosmographie forteftimée,
& de plufieurs autres ouvrages j étoit de Dordrecht,
où il naquit en 1558.
DORE. Rivière de France. Dora. Elle commence à
S. Eloy en Auvergne , & fe jette dans l'Allier -ciu-
delfous du Puv-Guillaume.
Dore, f m. & f. Dorien. Dor. La Méthode Grecque
de Port-Royal dit Dore , ou Dorien. Les Dores , ou
Doriens , font dominer Va par-tout. Port R. Foye'^
DORIEN.
DORE AS. f. m.Mouireline j ou toilede coton blanche
b O li
43
qu'on .apporte des Indes Orientales, particulière-
ment de Bengale.
DORELOT. f. m. Vieux mot. Un homme qui fe dé-
licate J qui a trop foin de lui.
DORELOTERIE. f f. C'eft ainfi qu'on nommoit au-
trefois à Paris le métier du Rubanier- Franger.
DORELOTIÈRE. f. f. Ouvrière qui fait des ouvrages
de DoreLocerie : ce qui s'enrendoit autrefois des tu-
bans & franges , tant de fil que de fuie.
DOR-EMUL. f. m. Moutteline à fleurs que les Anglois
rapportent des Ind'is Orientales,
DORENAVANT, adv. Déformais , à l'avenir. Dcln-
ceps J in pojlerum. Il hiutètre plus d^t dorénavant %
les réglemens font faits pour l'avenir j pour ce qui
fe doit faire dorénavant. Ce mot dorénavant , eft
compofé de ces xwnii d'ores en avant.
DORER. V. a. Étendre , appliquer de l'ot en Feiiilles ,
ou moulu , fur quelques corps. Inaurate aliquid.
On dore des tabernacles, des chapelles j des pla-
fonds. On dor/-. des calices d'argent par le dedans.
On- a défertdu de dorer les CarrolfeS. On dore les
livres à petits fers. On dore à colle & à huile, avec
des feuilles d'or , avec de l'or moulu &: amalgamé
avec du mercure. Le fer & le cuivre fe dorent au
feu. Pline allure que dans Rome on n'a commencé
à dorer les planches , qu'aptes la ruine de Carthage,
& que les premiers lambris qui furent dorés, furent
ceux du Capitolci
Dorer à petits fers , fe dit , quand on fait des
dorures en compartimens , avec plufieurs fers qui
f& rapportent les uns aux autres j comme font les
Doreurs, les Gaîniers , &c. Per partes, velpani-^
culctim inaurare.
0;i dit J hgurément Se poctiquem.en': , que le
foleil dore les montagnes , lorfqu'il commence à les
éclairer, qu'il les tend jaunes par fa lumière, iiadiis ,
luniuie collujii are. Que les épis fe dorent, quand
ils fe mCuiflent J auHi-bienqueles citrons 6c d'autres
fruits.
Dorer. , eft atafli , un terme de P.atiflier &: de Bou-
langer. Il lignihe , Mettre du jaune d'oeuf délayé
fur plufieurs pièces de four , & fur de certain? pains.
lllinere viteiio. Dorer un pâté. Dorer un gâteau. Les
Boulangers de P.^ris ne dorent que le pain de Si-
govie , & le pain au lait. Il y a des lieux où l'on ne
dore , pendant le carême , qu'avec des œufs de poif-
fon ; & ce lont ceux oii il n'elt pas permis de man-
ger , pendant tout le tems , des œufs de poule.
En termes de Marine , on dit aufli dorer ; pour
dire , Spalmer , donner le fuif à un vaifiTeau , lui
donner le flore. Sebo iliinere.
Dorer ^ fedir, proverbialehient en ces phrafes; Dorer
la pillule, c'eft Faire paroitre une chofe plus belle
qu'elle n'eft: faire avaler quelque amertume, quelque
chofe de fâcheux , en l'adoucilfaut par de belles
paroles. On dit qu'un homme eft fin à dorer \ pour
dire , qu'il eft extrêmement fin S< adroit ; faifanc
aîlufionàl'or, qui doit être bien fin pour être propre
à dorer. On dir , aulîî , A vieille mule , frein doré ;
pour dire , qu'il faur parer fa marchandife pour s'en
détaire. On le dit , auflî , des vieilles qui fe parent.
On dit, encore j que des gens fonr bien dorés,
qu'ils fant dorés comme des calices ; pour dire,
qu'ils ont bien de la dorure & de la broderie fut
leurs habits. On dit , aufti, que bonne renommée
vaut mieux que ceinture dorce j pour dire , qu'il
vaut mieux avoir la réputation d'être femme de
bien , que d'en avoir la marque, qui étoit autre-
fois une ceinture dorée.
Doré , ée. parr. & ad/. Inauratus. On dir , de l'argent
doré, du cuivre doré, du vermeil dore , du cuir
doré , du papier doré , qui fe dore fur tranche , fur
la coupe , quand il eft encore d.ms la prelfe dii
Relieur.
DoR^. , fe dit , aufli j de ce qui imite l'or , d'un /.'.une
brillanr. Auratus , Aureus. Il y a une munce que
les Tapilfiers appellent du mors doré. Cheveux d'uii
blond doré. Les Fleuriftes onr une forte de filéria ,
qu'ils appellent doré , parce qu'elle a quelque?
431 D O R
. teuilles qui tirent fur le jaune. On couronne Ce-
rès d'épis dords , jauniffans.
On appelle , aulH , loupe dorée , celle qui a une
couleur jaune , qu on dore avec du faffran : une
pièce de pâtillene dorée , quand elle ell enduite
d'une conipolition d'ceufs 6c de beurre.
Dore, le liit , aullij en parlant des chofcs qu'on
elhme. Les vers dorés de Pychagore. Les Epures
dorées de Gué vare. Le livre (iorc' de Marc-Aurèle.
La Légende dorée des Saints , celle des Mendians.
La- Légende dorée de Jacques de Voragine. Les
Poctes appellent l'ézge dor , l'âge doré. Cette façon
de parler ell un peu ancienne \ mais les Modernes
ne laiirent pas de s'en fervir. Ménage.
Faveur inefpérée j
Même aujiède doré de Hacurne ù' de lihée.
COLLETET.
Dorés j fedit,auili, en termes de Vénerie, pour
lignihcr les fumées des cerls , quand elles ion: jau-
nes. ÎJALN. Cervinurn. jlcrcus Luteum.
Chevalier Doré, f^/^t-'j Auratus. C'eft en Angleterre
un Gentil-homme qui a reçu l'Ordre de dievale-
rie. On les nomme amh , parce qu'une des cérémo-
nies de leur création eli: de leur mettre aux pieds
des éperons dores. Les Chevaliers dores n'etoient
autrefois que des gens d'épée j qui avoient fervi ,
& mérité cet honneur par leurs fervices : depuis
long - temps on le confèie même à des gens de
robe , Avocats , ou Médecins ; mais non à des
Théologiens , ni à des gens d'Eglife. i^oyei l'Etat
vréfenc d' Angi.eterre par Chamherlayne.
Chevalier Doré , Ordre de Chevalerie, appelé au-
trement les Angéliques, ou les Z^ortfly de la *^roix
de Conftantin. Nous en avons parlé au mot Angé-
liques : nous ajouterons leulement ici, pour conlir-
mer ce que nous en avons du contre l'Abbé Jmti-
niani , Chevalier & Grand-Croix de cet Ordre ,
qu'il n'eft point vrai que Conltantin en foit l'Lil-
ntuteur \ que, félon la remarque du P. Papcbroch ,
Jéfuite, Acla Sancl. Apr'd. Tom. lll.p. 155, i^^.
d'Avril j fête de Saint George , dont cet Ordre
porte aulli le nom , on trompe , ou l'on fe trompe ,
quand on veut trouver l'Origine des Ordres mili-
taires avant le XIIF liècles ; que le marbre que l'on
prétend avoir été trouvé à Rome, & qui reprélente
Conftantin aiFislur un tr''~>ne , donnant le collier de
cet ordre à un grand nombre de Chevaliers , eft ,
comme le marque ce favant homme , un monu-
ment f lUX & fuppofé , ou du moins nullement an-
tique j que les figures qui y font repréfentées ne
font que l'ouvrage d'un Sculpteur moderne; & que
tous ceux qui ont quelque connoillance des an-
ciennes infcriptions Romaines , conviendront que
celle qui y eft gravée eft très-récente. Voici ce qu'on
a pu en lire. Constantinus Maximus Imperator
POStQUAM MUNDATUS A LEPRA PtR MEDIUM BAP-
TISMATIS MILITES SIVEEi^UITES DEAURArOS CREAT
IN TUfELAM CHRISTIANI NOMINIS. Le Sculpteut
avoit eifacé le refte pour mieux cacher fa fuppofi-
tion \ mais il devoir aulli mieux compofer ce qu'il
a laiilé voir. Le P. Papebroch ajoute que le fceau
d'une famille qui a eu , & qui a peut-être encore à
Vcnife la grand'Maîrrife d'une milice qui eft venue
de Conltantinople , ne prouve pas mieux l'antiquité
des Chevaliers dorés. Saint George y paroit à che-
val , avec cette infcripcion : S. Georgius Militia
Confiantinians, proteclor & tutelaris \ c'ert-à-dire : S.
George , proteÙeur & titulaire de la Milice de Conf-
tantin. Enfin , il parle des médailles de Majorien ,
comme nous en avons parlé au mor Angélique , &
les traite de fauftes & fuppofées. Nous obferverons
encore avec le P. Hélyot , dans fon Hift. des Ord.
Relig. P. L C. }i. p. 250. & 25 1. que les prétendues
lettres de S. Léon à l'Empereur Marcian ne font
pas plus vraies , quoiqu'on les dife tirées des Ar-
chives de la Cour de Rome , & des Regiftres de
l'Ecrivain Uloa \ car ce ne fut que l'an 1533. qu'on
DOR
les dépofa dans ces Archives , avec quelques autres
titres &c privilèges prétendus du ir.ême Ordre , qui
furent imprimés à Plaiiance l'an 1575. par les foins
du Docteur François Malvezzo. C'etl: ce que nous
apprend lui-même le Comte Majolino Biiacciani j
Chancelier de cet Ordre , dans le dilcours qui elt
au commencement des Statuts de cet Ordre , im-
piimés à Trente en 1624. & .i Rome la même an-
née , par ordre du Grand Maître îvlarin Caracciolo,
Prince d'Aveilmo ^ qui avoit tenu cette année- là ua
Chapitre Général de l'Ordre à Avellino dans le
Royaume de Naples , où ces Statuts furent drelfés.
Ce lonc les mêmes que ceux qu'avoit fait l'Empe-
reur Ifaac Ange Comnene l'an 1 190. Il y a dans cet
Ordre un Grand-Maure , des Chevaliers Grand-
Croix , des Chevaliers de Juftice, des Chevaliers
Eccléiiaftiques , des Prêtres d'obédience , & des
hères lervans , dont le P. fiélyot a tait graver les
diftérens habits, aulii bien que le Collier de l'Or-
dre , qui le tiouve auili dans l'Abbe Juftiniani.
DORESNAVANT. Foye:i Dorénavant.
DOREUR, f m. Qui fe dit de celui qui dore, foie
en bois ou en cuivre ; loir de celui qui dore le fer ,
rargeiueiie ; quoique ce foient des métiers diflerens,
& que la doiure le ialfe de diverfes m.anières. Inau-
randi artijex j inauraicr. On du auili Doreufe.
DORGASSE. f. f. Ce mot , en quelques lieux du ref-
lort du Parlement deGienoble, eft un mot d'injure:
il lignifie vieille bête. ExpiUy remarque j au chap.
97. de fes Arrêts , que ce mot a été pris en cette
lignification, parce qu'un nommé Claude Cham-
brier , Vice-châtelain de Voiron j appeloit ainh une
vieille cavale qu'il avoit. Au fujet de cette injure
dite à une femme j il y eut autrefois un procès dé-
volu par appel au Parlement de Grenoble , & jugé
par Arra en 1 585. Expilly , au lieu allégué j a pro-
duit cet Arrêt. Menug. JDicl. Etym.
L'Arrêt confirma la Sentence du Juge, qui avoit
condamné Guillaume Durand de Voiron à un
écu d'amende envers la partie civile , à tiente fous
envers le l^rocuieur d'Oftice , oc aux dépens ; mais
fans note d'infamie. Il faut remarquer que Durand
avoir encore dit à cette femn.e : Allez, allez , vous
n'êtus qu'une babiliard.-. C'eft une injure qu'on ne
punirou pas aujourd'hià avec rant de iévérité.
DORIA. Rivière. / oyc^ la DOIRE.
DORIA. f. f. Plante dont la racine eft vivace & fî-
breufe. Ses feuilles lont prelque routes oblongues ;
le godet de fa fleur eft cylindrique & en torme de
tube ; fes fleurs croilTent aux fommités de fes bran-
ches, où elles font difpofées en ombelles, ou en
pannicuies épars & radiés comme celles de la Ja-
cobée. Elle croît au bord des rivières. ^t% feuilles
fon un vulnérane excellent , Ik qui a les propriétés
de la règle d'or. Liici. de James.
DORIDE. Petite Contrée de l'Achaie en Grèce.
Doris. La Doride étoit proche du Golfe de M aléa ,
& avoit le Mont Oëta à dos. Elle avoit au couchant
l'Acarnanie , au midi l'Etolie & les Locres Ozola-
nes, au levant la i^hocide & les Locres Epicnémi-
diens , & la Thelïalie au nord. La Doride étoit au-
tour de la rivière de Céphife , vers fa fource. Elle
s'étendit enfiiue en Thelïalie, julqu'à la rivière
qu'on nommoit Sperchius , aujourd'hui Agriomela.
• C'eft aujourd'hui une parrie de la Livadie , &c une
partie de la ThelFalie. La Doride s'appela Tétra-
pole , à caufe des quatre villes qu'elle renfermoit
d'abord , &c qui font Pinde j Eripée , Cirinie 8c
Bojo J félon la remarque du P. Briet. On y ajouta
dans la fuite Sperchius & Lilée.
Doride , ou Dorique. Petire Contrée de TAfie Mi-
neure. Doris , Dorica. C'étoit une partie de la Ca-
rie , & elle occupoir toute la prefqu'Ifle qui eft près
de Rhodes, & qui fait la pointe de l'Afie mineure.
Ses villes étoient Halicarnaire , Ceramus, & Cni-
dus. Hérodote rapporte que les habitans tentèrent
de couper l'Ilthme de cette peninfule , & d'en faire
une Ifle , pour fe mettre à couvert de la domination
des Perfes : mais ils n'en purent venir à bout.
Ce
I
D O R ~
Gè Pays fe nomms. D onde , comme le précédent,
parce qu'il tut habité par une colonie de la Doride
de Grèce qui s'y établie , comme nous le duons au
mot Dorien.
bORlEN , ENNE. f. m. (Se f. Nom d'un peuple Grec
qui habita d'abord en Grèce j Se enluite partie en
Grèce, partie dans l'Alie mineure, partie dans les
Itles de Rhodes , de Co j & autres pays yoilins.
Dor , Dons _, Dorien/is. Les Doriens étoient un
peuplade l'Achaie qui habitoit la Doride de Grèce.
Après la guerre que les Athéniens leur firent j &
dans laquelle Codrus , en fe dévouant pour fes fu-
jets , les rendit vainqueurs ; les Doriens fe retirè-
rèrent des confins de l'Attique : une partie bâtit la
ville de Mégare , entre Athènes ScCorinthe \ une
autre partie s'alla établir dans la Doride d'Alie , à
laquelle ils donnèrent leur nom. Le refteie dilpetfa
: dans les Ifles voihnes , Rhodes, Co, &c.
Dorien , enne. adj. qui appartient aux Doriens. Do-
r'uus. Le Dialeéle Doncn. Port-R. La langue Do-
rienne. Les'Doriens furent excellens Muficiens ; ce
qui fit dire de ceux qui ne s'accordoient point en
chantant , qu'ils ne fuivojent point l'harmonie Do-
rienne. Corn. Voye\ DORIQUE.
Dorien , fe die en parlant des peuples, les Doriens ,
èc non pas les Doriques; mais, en termes d'Architec-
ture & de Grammaire,, on dît Dorique , ordre -Do-
rique , dialede Dorique j en termes de Mufique on
dit Dorique & Doriea .; mode Dorique , mode Do-
nd/z.rjyeçDQRIQUE.
!Dorien. Terme de Mufique. '^ioà^Dorien. Voy.XiO-
. RIQUE.
DORILEE. Terme de Fleurifte. Tulipe violet & blanc
de lait. Morin.,
bORLVIÈNE. Terme de Fleurifte. (Eillet pourpre fur
un fin blanc , qui fieurit très-large ; fes panaches font
détachéSjHBaisfaplanteeft délicate (Se peu vigourcufe,
puifquon a peine d'en tirer des marcottes. C'eft une
produdioode la graine d'orpheline venueàCompiè-
gne. MoRiN. , , . _
Dorimène, fe dit auflî d'une Tulipe lacque violet
& blanc. IVloRiN.
bORINDE. Terme de Fleurifte. Tulipe colombin rou-
ge & jaune blançhiirant. Morin.
X>ÔRI9UE. adj. m. & f. Dorien. Qui concerne les
Doriens , qui vient des Doriens. Doricus y a. Le Di.a-
lecte Dorique , c'eft un des cinq dialeétes ou ma-
nières de parler qui ont été principalement en ufa-
ge parmi les Grecs. Le dialeéte Dorique a été en ufa-
ge parmi les Lacédémoniens & ceux d'Argos : en-
fuite il palfa.dans lEpire , dans la Lybie , la Sicile j
les îles de Rhodes (Se de Crète. C'eft celui qu'ont
fuivi Archimède & Théocrite j tous ceux de Syra-
cufe (St Pindare. Port-R. Pour parler jufte , il falloir
dire que le dialeète Z)ori^«e fut la manière particu-
lière de parler des Doriens , après qu'ils fe hirent
retirés pioche le Parnafte & l'Afope , comme l'a
remarqué Martin Rueland. Ce dialeéle palTà enfuite
aux Lacédémoniens , & autres. Quelques-uns même
diftinguent le dialeéte Lacedémonien du Dorique \
mais au fond c'étoit la même à quelques diftéren-
çes près , qui fe trouvoient dans le langage des
Lacédémoniens , comme l'a remarqué encore
le même Auteur , dans fon excellent Traité de la
Langue Grecque & de tous fes Dialeétes , De lin-
gua GrAca y ejufque Dîaleciis omnibus. L. V. Les Au-
teurs qui ont écrit dans le àiAtCte Dorique font Ar-
chitas de Tarente , Théocrite , Bion y Callinnus ,
Pindare , Simonides , Bacchilides, Cypfelas , Alc-
man , & Sophron. La plupart des médailles des vil-
les de la Grande Grèce &: de Sicile fentent le dia-
ledbe Dorien dans leurs inlcriptions, témoins am-
BPAKIîîTAN AnOAAiîNIATAN.AXEPONTAN, ^XTPITAN,
HPAKAEfiTAN, TPAXINIAN , 0EPMITAN, KATAOMIA-
tAn , KoniATAN, tAïpomenitAn, &c. Voy. Golt-
zius. Cela montre les pays où le ^xAtdiz Dorique
croit en ufage. Voici les règles générales de ce dia-
lêfte:
Tome tll.
DOR
4^ >
D'?r«, d'» grand , à\ , â\8c d\ 1'« fait le Dore;
D'« tait "'TU d'à y " tk. d'à au tait encore j
' Dte de l'infini : & pour le fingulier
Se fert au féminin du nombre plurier. Pcrt,R,
Mais elles font beaucoup mieux expliquées de plus
au long dans le IV*; Livre de l'Ouvrage de Ruel.nhd..
Il y marque les différences légères du dialede dv.
Sicile, de Crète, de Tarente, de Rhodes , de La-
cédémone , delaLaconiêj delà Macédoine & de
la Thedalie, qu'il a pu ramalfer.
DORIQUE, adj. m. .Se f. Se fubft. Terme d'ArcIiitfec-
ture .- c'eft le fécond Ordre d'Architeéture , qui fe
met entre le Tofcan , Se l'Ionique. Doricus. Un xiZ-
dcc Dorique. La. colonne Dorique x hait dia.mèzïesï
fon chapiteau &c fa bafe font un peu plus riches de
moulure que la colonne Tofcane. Le Dorique a pour
ornement les métopes , & les triglyphes. Dorus ,
Roi d'Achaie , ayant bâti le premier dans Argosun
temple de cet Ordre , qu'il dédia à Junon y donna
occafion de l'appeler Dorique. Ce qui rend le Dori-
que conlidérable , eft qu'il a donné la première idée
de l'ArchireCture régulière , Se que toutes fes parties
font tondées fur la pofition naturelle des corps foli-
des. Quelques temps après que l'ordre Dorique eut
été inventé , on lui donna la proportion, la torce,
(Se ia beauté du corps de l'homme ; &c , comme le
pied de l'homme eft la iixième partie de fa hauteur
on donna à la colonne Dorique , en y comprenant le
chapiteau , i\\ de fes diamètres y c'eft à. dire , qu'on,
la ht fix fois aulfi haute qu'elle étoit grofie; enfuite on.
yajoutaun feptième diamètre. Alors onpouvoitdire
qu'elle avoir la proportion du corps d'un homme; eau
le pied d'un homme n'eft point j du moins aujour-
dhui, la fixième partie de fa hauteur , mais en-^'
viron la feptième. Les Anciens avoient deux fortes
d'ordre Dorique , un plus mallit pour les temples ,
& un plus léger «Se plus délicat pour les portiques
de théâtres. Vitruve trouve l'ordre dorique embar-
raftant , à caufe des métopes , & des triglyphes,
qui f(jnt l'ornement de fa Irile ; de forte qu'on ne
peut guère employer l'ordre Dorique que dans la
pycnoftyle , en mettant un triglyphe enrre chaque
colonne, ou dans l'arœoftyle, en mettant trois tri-
glyphes entre chaque colonne.
Cet ordre eft ainfi appelé, parcequ'il a été in-
venté par les Doriens , peuple Grec. Si fes colon-
nes font fimples (Se unies fans pilafties , Palladio dit
qu'elles doivent être de fept modules (Se demijOii
de huit modules J &: que leur entrecdlonnementdoic
être d'un peu moins de trois diâmècies de la colon-'
ne ; cSe Vitruve appelle cette manière de bâtir diaf-
tyle. Que fi les colonnes Doriques ont des pilaftres,
leur hauteur J en y comprenant leur bafe Se leur
chapiteau, doit être de dix-lept modules plus y ;
fur quoi il faut remarquer en paiïantqiie , quoique
dans les autres Ordres le module foit le diamètre di-
vifé en 60 parties égales , néanmoins dans celui-ci
le module, félon Palladio,, n'eft que le demi dia-
mètre y (Se qu'il ne fe divife qu'en 50 parties égales-,
Harris. La colonne Doriq'ue n'a point de bafe pro-
pre : ainfi, dansplufieiUs anciens bâtimens , elle n'en
a poine dutout, comme on le peut voir au temple
de Marcellus à Rome; mais, quand on lui donne une
bafe yîttiqne , elle augmente beaucoup fa beauté.
La hauteut de cette bafe eft f du diamètre de la co-
lonne. La hauteur du chapireau eft d'un demi-diamè-
tre de la colonne à fa bafe. L'architrave eft de même
hauteur. La frife a im nioduleiSedemi ; &la cornichii
un module & f. Les triglyphesont lin module, & leur
chapireau une fixième partie de module: les iTiéto-
pes , ouïes efpaces qu'il y à d'un triglyphe à l'au-
rre , doivent être de la longueur d'un triglyphe. Cet
ordre eft folide , & ne doit s'employer que
dans des bâtimens grands Se folides. L'entablement
en eft plus mailif 5e plus haut que celui d'aucun
autre ordre,à caufe que la colonne eft beaucoup plus
forte ; 6e il eft ordinairement du quart de la co-
lonne. La corniche ne doit point avo'r de feuillage,
hi aucune garniture J & , fi l'on y met desmodilloni
I i i
434 D O R
il faut qu'ils foient carrés & unis. La fiife a pour
ornemeiis des cnglyphes. Le métope , ou efpace qui
eft entre les cnglyphes , doit être cxatbement cairé.
L'architrave a aulii un ornement particulier ^ ce font
des efpèces de gouttes qui pendent des trij^lyphes
& qui lemblent y être attachées. Harris.
DoR'QUE , ou DoRiEN ell audi un terme de Gram-
maire. Le Dorique étoit un dialecte de la langue
Grecque. D'uilc'dus Dorka. Il a été d'abord en ufage
parmi les Lacédémoniens j &: ceux d'Argos. Théo-
crue & Pindare s'en Ibnt fervis. Dans le Dialeéte
Dorique l'iz domine prefque par-tour. Il a tant de
rapport avec l'Eolien , qu'on le compte pour un feul
& même dialeéle.
Dorique. Terme de Mufique. Le mode Dorique ^Si le
premier mode authentique des modes des Anciens :
il ell févère , mêlé de gravité & de joie : il eft pro-
pre pour les fujets de Religion & de guerre. Le xno-
ae-Doriçwe commence enD fol re : les Anciens l'em-
ployoient dans les fujets graves & férieux. Platon ad-
miroit la mufique en n^oào. Doriquc^xWx croyoit pro-
pre à conferver les bonnes mœurs , parcequ'elle a
quelque chofe de mâlex'ert pour cela qu'il la permet-
toit dans fa Répub. V. le P. Parran , M. Brolîait, &c.
Le nom de Dorique vient des Doriens , qui étoient
une nation Grecque.
Les Modernes ont confervé au mode Dorique les
qualités que les Anciens lui aitribuoient. Cefl: au-
jourd'hui Tarde C/a ut.
Sous-DORiQUE, ou SoM%-v>o'!s.\t^.Suhd.oricus. Cefl: un
des modes pl.igaux des Anciens : il ell: grave, t<. lort
propre pour les chofes de piété : c'ell G ut j un
dia'telTIrron plus bas c]ue le mode Dorique.
DORIS. f f. Terme de Mythologie. Nom de Nimphe.
Doris. Il y en a deux de ce nom-là dans Héfiode.
La première eft fille de l'Océan & de Thetis. Elle
époufaNéréus fon frère, dont elle eut cinquante
filles ,qui du nom de leur père furent appelées Né-
réides. Voye^ la Théogonie d'Héfiode v. 240 &fuiv
L'autre eft une des cinquante Nymphes filles de Né-
rée&de^om, qui porte le même nom que fa
mère Héfiode , Théog. v. 150.
DORIS. Terme de Fleurifte , & nom d'une Tulipe.
C'eft un blanc de lait j comme à pièce emportée j
avec du rouge très-vit. Morin.
DORISMÈNE. f f. Terme de Fleurifte. Anémone qui
a fes grande fleurs incarnates mêlées de blanc , fa pe-
luche rougeârre. Morin.
DORLAYE. f f.Nom de femme. Dardulaca. Dempf-
tetj Colgan , Ferrarius &; Fitzmou , difent que la
fête de Sainte Dorlaye , Vierge j eft marquée le pre-
mier de Février , au Bréviaire deFrifingue: mais il
n'y en a rien dans le dernier Bréviaire ; & dans l'an-
cien il eft feulement dit , en l'une des Leçons de
l'Office de Sainte Brigitte d'Irlande , que Dorlaye
qu'elle avoir élevée , mourut un an , jour pour jour,
après famaîtrelfe, comme elle le lui avoir prédit.
Chast. I Févr.
DORLOTER, v. a. Choyer , traiter délicatement. Se
dorloter, prendre fes aifes , & fes commodités. Ali-
quem curare mollius , curare fe moUiter. Cette mère
dorlote fes enfans. Ce vieillard fe dorlote fort.
Ce mot vient de dorelot , vieux François , qui
fignifie mignon. Il eft employé dans ce feus par le
PocteCoquillard. En Bas- Breton on dit orloca j pour
dire , mignarder.
Dorloté , ée. part.
DORMANS. Bourg de France , dans la Champagne.
Domnamantum 3 Donamantum ., Dormanum. Il eft
fur la Marne , entre Epernay & Château-Thierry.
Dormans eft fameux , pour avoir donné fom nom à
la famille de Dormans , dont étoit itunàe Dormans ,
Chancelier de France fous Ciiarles V. Il fut fait Car-
dinal par Urbain V , en 1368. & fonda le Collège de
Sainr Jcan-de-Beauvais àParisen 1370. Long, zi d.
11. Lar. 49 d. 5'.
DORMANT , ANTE. Qui dort. Dormiens. Il eft aulTi
fubftantif & ne fe dit que des martyrs qu'on appelle
les Sept Dormans. V. plus bas.
D O R
On appelle eau dormante , celle qui n'a point
de cours j qui ne coule poinr \ comme celle des fof-
(és , des marais , des étangs. Aqua refes. Pont dor-
mant , eft uneelpèce de pont-levis qui ne fe lève
point. Pons qui non movetur. Verre dormant, eft une
efpèce de fervitude , ou droit de prendre du jour
fur l'héritage de fon voilin , par une fenêtre où il
y a un verre fcellé en plâtre , qui ne fe doit point
ouvrir , & qui doir être haute de neuf pieds audel-
lus du raiz de-chaulféedu premier étage, félon l'Art.
201 de la Coutume de Paris. Vitrum non exemptile.
Pêne dormant , dans une ferrure , pêne qui ne peut
s'ouvrir ni fe termer qu'avec la cleh
Dormant, f. m. En rermes de Marine , fe dit de la par-
tie des manœuvres, ou cordages , qui font fixes , de
ne fe remuent point _, ou peu fouvent : & ainli , en-
tre les manœuvres, il y en a de coulantesj ou couran-
tes , &: de dormantes. Funes immobiles. Les étais , ks
aubans , l'itacle, font les manœuvres donnantes j ou
des dormans.
§3° Faire dormant , c'eft amarrer SJ fixer le bouc
d'une manœuvre courante.
Dormant j en termes de Menuiferie. C'eft dans le
haut d'une porte carrée, ou cintrée, unefrife , ou
un chalîis de bois , qui eft attaché dans la feuillure j
& qui fert de battement aux venraux. Supercilium j
antepagmentum fuperius. Quand le dormant eft l'af-
femblable , le panneau qui le remplit s'appelle tym-
pan. Tympanum. Le dormant de craifée , eft la par-
tie du chalîis qui tient dans la feuillure de la baie ,
&:qui porte les chalîis & les guichets d'une croilée-
Antepagmentum exjcapis & impagibus confions. Dor-
mant de jer , eft, au-detfus des ventaux d'une porto
de bois ou de fer , un paneau de fer évidé pouc
donner du jour.
Dormant. Qui dort. Qui s'endort au Seigneur , c'eft-
à-dire , qui meurt faintemenr. C'eft au remps de
Décius que l'on rapporte les Sept Dormans ; c'eft-à
dire, fepr frères qui , fuyant la perlécution , forti-
rent d'Ephèfe , & fe retirèrent dans une caverne, où
ils furent enfermés , & ainfi s'endormirenr au Sei-
gneur. D'où vient que , quand on trouva les corps ,
long-temps après , on les appela les Sept Dormans^
Fieury Hifi. Eccl.
%fT On prétend qu'ils relTufcitèrent fous Théo-
dofele jeune, lorfqu'Eiienne étoit Evêque d'Ephèfe,
vers l'an 447. Les Latins difent qu'ils s'endormirent
feulement, & fe réveillèrent alors , penfant n'y avoir
été qu'une nuit.
fCF Dormant, terme de Blafon , qu'on applique aux
animaux qu'on met, dans l'écu des armoiries , dant
l'atritude d'animaux qui dorment.
DORMEUR, EUSE. f. Qui dort ,ou qui aime à dormir
{owg-tem'çts. S omniculofius , dormitator.Les vieillards
&lesgensrtupides font û^orOTez/rj,font grands û'orwea/j.
DO RMIR. V. n. Qui fe dit du repos que la nature prend
elle-même , quand elle perd l'ufage des fens , pour
réparer fes forces épuifées par la veille j ou par le
travail, /-'oyeç Sommeil. Dormire. Jefus-Chrift dor-
mait au fond de fa nacelle. Port-R. Parménion ,
voyant les Ambalfadeurs de tout la Grèce qui mur-
muroienr de ce que Philippe de Macédoine tardoic
trop à leur donner audience , ne vous étonnez pas
leur dit-il , s'il dort tandis que vous veillez ; car, tan-
dis que vous dormie:ç , il veilloit : parce qu'il avoit
profité de leur négligence. Ablanc. Dormir d'un
bon fomme , d'un fommeil tranquille. In. utramyis
aurem , in utrumvis oculum dormire.
Cefi-là que le Prélat j muni d'un déjeuné.
Dormoit d'un léger fiommc attendant le diné. Boit.
On dit, aétivement , dormir un bon fomme ; pour
dire , long-temps.
On appelle dormir en lièvre, dormirles yeux ou-
verts. Apertis oculis dormire.
Dormir, fedit, figurémenr, deseaux qui n'ont pas de
cour , qui font arrêtées dans un balîîn , dans un
étangs , dans un marais. Aqua refides. Il fait bon
pêcher aux endroits où l'eau dort.
Dormir. Terme du jeu de Toupie. Les enfans difent
D O R
que leurs toupies c/or/we/2r, lorfqu'elles tournent d'un
mouve.nenc ii rapide j &: fi uni , qu'on m s'apper-
çoit p.is qu elles remuent.
On dit, figurement, qu'un lage doit dormir {av fa
colère, pour dire, lalailler palier , ou prendre du
temps pour fonger au rnal qui peut arriver de la ven-
geance. U'ijerre vindiciam. Il y a, dans Horace même
qui veilloic tant fur Tes vers , des chofes qu'Homère
n'auroit pas voulu due en dormant. Ch. de Mer. Il
ne faut pas lailîcr dormir long-temps l'amitié. M.
ScuD. Lailfer dormir ks relfentimens. Indormifcere.
RocHEF. On dit , qu'il fliut lailfer dormir une af-
faire ; pour dire , que la faifon n'eft pas propre ponr
la remuer , pour la pourfuivre ^ qu'il faut attendre
une occafion favorable. On dit qu'on lauTe dormir
un ouvrage , pour dire , qu'on le garde pendant
quelque temps, afin de l'examiner plus à loiiir. Ac.
Fr. On dit aulîi , qu'un patrt)nage laïque dort ,
quand le Seigneur de la tetre eft Hérétique : car il
ne peut pas alors exercer foii droit , qu'il ne perd
pas , mais qui eft fufpendu.
Du hcdu toujours égal la beauté même lajje ;
Trop de grâce à la fin ceffe d'être une grâce.
Quelquej ois dort Homère, & lefens du proverbe,
Cejl qu'il jaut quelquefois au vers noble 6' fu-
perbe ,
Savoir mêler un vers moins fuperbe & moins fort :
Sil'auteurne àoti pas ^cejl le lecleur qui dort.
DORMIR avec une femme, en ftyle de l'Ecriture , fi-
gnifie avoir commerce avec elle. C'efl: un terme hon-
nête pour exprimer la conjonction charnelle.
DORMIR, en termes de jeu de Pharaon, on dit qu'une
carte dort^ qu'on la fait dormir j ou qu'on la lailîe
dormir , quand on l'a gagnée , & qu'on en hnr pa-
loli ou autre chofe , & qu'on la couvre pendant une
taille ou deux : pour lors la carre dort \ & , pendant
qu'elle ^o/f , le Banquier ni le Ponte ne la peuvent
gagner ni perdre.
Dormir , le du aufli de ceux qui font morts. Dormire.
J. C. réveilla le Lazare qui dormoit dans le fépulcre.
Les Patriarches dormoient dans le fein d'Abraham
jufqua la paffion de Notre-Sauveur.
Oh dit , proverbialement 3c figurement , qu'il n'y
n point de pire eau que celle qui dort ; pour dire ,
qu'il fautfe délier de ces gens mornes &c taciturnes,
qui fongent ordinairement à faire du mal en trahi-
fon : qu'il ne faut point réveiller le chat qui dort j
pour dire , qu'il ne tant pas réveiller une méchante
affaire alfoupie. On ditauiii, d'un homme vigilant &
a6tif dans fes affaires , que, quand \\dort ^ le Diable
le berce. On dit aulli, qui dortàiuQ \ pour due, que
le fommeil tient lieu de nourriture. On dir auOi ,
dormtr\3. graffe matinée \ pour dire , dormir jnfqu'.i
midi. In mcdios dies , in mediam lucem dormire. On du
aulIi , c/un72/r comme un fabot, par une figure tiret
Au. fabot des enfans , dormir profondément, & fan<
aucun mouvement. Altum _, arête , arêlius dormre.
Dormir k bâtons rompus. Voir. C'eftmal dormir. 0\\
dit audî , dormir comn-\s un loir , parceque les loirs,
les marmottes dorment lix mois de l'année. On dit
aulli , jeunelfe qui veille, & vieillelfe qui dort ; c'cf;
ligne de mort. Il ne dort non plus qu'un jaloux ,
qu'un lutin. On dit auffi , des contes à dormir de-
bout; pour dire, qu'ils font ennuyeux. On ditaulîl,
en voyant quelque prodige qui nous furprend , veil-
lé-je ou fi je dors. On dit aulli , que les biens vien-
nent à quelqu'un en dormant-^ pour dire, lorfqu'on
ne s'y attend point , 8c fans travailler, fans qu'il ait
lien fait pour les avoir. C'eft, en faifant une pointe
de ce proverbe , qu'un Prince qui voyoic dormir d:ins
uneEglife un Prêtre dont l'habit étoit déchiré, lui
donna un canonicat, afin qu'on pût dire que le bien
lui étoit venu en dormant. Dormir en chien , ou com-
me un chien , fignifie, dormir à toute heure, & en tous
lieux. Il y a un livre appelé Dormi fecurè , dorme:;
en repos , fijns crainte-yce(^ un recueil de fetmons
fur les Saints , appelé Dormi fecurè , parce que
DOR 4is
Ion peut, fans beaucoup de peiné, les âpprendr<?
& les prêcher , eu qubd ubfque fiudio j^ciuter pojj.ut
incjrporariC>- populo prddicari. Lwc Wadinuiie nous
apprend que Matthieu Hys, Cordelier AHemand ,
elt l'Auteur du Dormi Jecurè.
fC? On du, en matière féodale, que, quâlid le vaf-
fal dort, la Seigneur,veille,& que le valfal veille quand
'e Seigneur t/o/Tj c'eft à-dire, que, quand le valfal
léglige de faire foi & hommage , le Sei'^neur domi-
ne"
liant laifitfon fief & profite des fruits , fait les fruiis
fiens , comme dit la Coutumede Paris , jufou'à ce
que le valfal ait fait fon devoir \ & que, d un autre
côté , fi le feigneur néglige d'uler de ks droits , le
vailal en ptofito.
§3" On dit , au Palais , que, quand la Cour fe lève
le matin , elle dort l'après-dlnée \ pour dire , que ,
quand elle a été obligée de lever l'audience du ma-
tin plutôt qu'à l'ordinaire, pour quelques céiémo-
nie ou atïaire publique, elle ne rentre point l'après-
midi.
On dit , en parlant d'un ufage pratiqué en cer-
taines Provinces , comme en Bretagne , la i[Jcr dormir
Noble'Je J lorlqu'un Gentilhoniine qui veut faire
commerce déclare, pour ne point perdre fa Noblelfe,
qu'il n'entend faire le commerce que durant un cer-
tain temps.
DORMIR, f. m. Eft l'adlion de celui qui dort. Quics
j'omnus. Le dormir n'eft pas fain après le repas. Le
dormir ne perd point les droits. Ledurmir nous dé-
robe prefque la moitié de la vie. M. Scud. Pendant
le c^jr,77;> l'homme n'elf prefque point diftingué des
bêtes. NicoL. i'oje^ Sommeil.
DORMiTIF, ivE, adj. fouvent employé fubftantive-
ment. Remède ou potion qui fait dormir. Soporijer ^
a , um. On lui a tait prendre un remède dorniitif.
On lui prépare une potion dormitive. Le voilà ad-
jectif. Mais il eft fubftantif dans les exemples fui-
vans. L'opium eft un dormuij mortel , quand la dofe
eft trop force. Le Itramonium eft un puiîlant dormi-
tif. Le pavot eft le dormitij le plus ordinaire. Les
Médecins fe lervent du mot narcotique , aulieu de
dormitij,
DORMITION. f. f. Terme dogmatique dont on fe
fert pour fignifier la manière dont la Sainte Viergs
quitta la terre pour aller au Ciel ; paice qu'on pré-
tend que la mort n'étoit qu'un eipece de fomnjeil
& que fon ame, trois jours après erre enlevée au
Ciel , defcendit pour ranimer le corps , 6c l'enleva
par uns miraculeuie Aifomptio:! , pour jouir dans
le Ciel de la place qui lui é'on préparée au -défions
du iiône de Dieu. On ne fait plus de difficulté de
dire qu'elle fut enlevée au Ciel en corps & en ame:
on en célèbre même la fête au quinzième d'Aoûr,
Ivlcfiieurs de Laut'.oy &: Joli s'opposèrent pourtant à
cette créance publique fur la fin du dernier liècle ,
& voulurent faire rétablir l'ancienne leçon du Mar-
tyrologe d'Ufuard à la. place de l'Homélie qu'on y
avoir fubifituée. La conclufion du Chapitre aiJeniblé
fur ce fait lut pour le ré.ablilfemint de l'ancien u!a-
ge : mais Meilleurs Gaudm & l'Avocat s'y opposè-
rent ; ce qui forma la difpute. M. du Pin, par-
lant de cette queftion , dit que cette Alfomption
n'eft pourtant pas de foi, & cjue le Martyrologe aU-
fuart en parloir avec beaucoup de modération dans
cette Leçon qui fe lifoit autrefois dans l'Eglife ,
ik dont ces Alellieurs demandoienr abfolumenc le
rétablilLement. Voici de quelle manière il a traduit
cette Leçon , qu'on lifoit encore , dit-il , dans l'E-
glife avant 1 5400U 1 549. » Le quinzième Aoi!it , la
» Dormition de la Sainte Mère de Dieu , dont le
» corps ne fe trouve point fur la terre , & toutefois
» l'Eglife , qui eft une bonne mère , fait lapréfenre
» fête : ne doutant pomt qu'elle ne foit morte , fui-
3' vaut la condition de toute chair. Savoir ou ce
.» Temple vénérabledu S. Efprit a été caché parla
» volonté & pat les defteins de Dieu ? c'eft far
» quoi l'Eglife toujours fage a préféré de dire avec
» piété que c'étoit une choie inconnue , que
» détenir ou d'avancer quelque chofe d'apocryphe,
Ii iij
43^ D G R
Maigrécerte Leçon d'Urnard, &: ie tcmoignagede
queUines autres Martyrologes ëc des Saints Pères ,
qui ont toujours entendu par DormUion une mort
partaice & certaine j la Sovbonne ^ en condam-
nant la vie de la iainre Vierge , écrite par une vi-
lionmire nommée -Marie d'/^greda , déclara en 16^6
qu'elle croy<iit l'Aliomption de la Mainte Vierge au
Ciel en corps 6c en ame.
DORMOIS. Petit pays de France , titué dans le Dio-
cc(s de Reims. JJulCu^nenJis pagus , ou DuUonienJis
ik. même Dolomcnjis <y Duinienjh pagus \ Did-
minje. Le Dormais fe trouve dans la divihon du
Royaume de Lothaire.On y voit Sainte Menehould,
Cernay en Dormais , Aumont. Le Dormais s'éten-
tendoir depuis Cernay, julqu'à la Meule, ou au
Château de Dun hir la Meufe, à Duléon & àSenuc.
Valois.
DORNBOURG. Petite ville du Duché d'Altenbourg,
en Milnie , Province d'Allemagne. Dor,ieburgum.
Dornbourg eft litue lur le bord occidental de la Sale-
Il appartient au L>uc de Saxe-VVeimar.
DORNE. Rivièie de France dans le Périgord. Elle
fort des montagnes de cette Province , & fe jette
dans la Dordogne.
DORNHAM , ou DORNHELM. Petite ville d'Alle-
magne, dans la foret noire , au Duché de Wirtem-
herg.
DORNOCH , ou DORNOK , DORNOCK. Petite
villî dans le leprentnon de l'Ecoire. Dunrodunum.
Elle eit capitale du Comté de Souterland, Dornocli
el' litué lur un golte qui porte fon nom , fur lequel
il y a un bon porc iSc une citadelle. Dornach eft audi
le iiége de l'Evèquede Caithnes j fuffragant de S.
André.
Le Golphe de Dornok. Dunrodunenjis Jinus , efl:
une partie de l'Océan feptencrional d'EcolFe. Il s'é
rend du levant au couchant , entre les Comtés de
Southerland & de RoUen.
DORNSTET. Petite ville du Duché 'de Furftemberg ,
en Suabe. Dornjladium. Elle eft fur la rivière de
Glarc , prés de la Foret Noire. Quelques Géogra-
phes la prennent pour le faradunum des Anciens
que d'autres placenra Fribourg. Matv.
DOROIR. f m. Manière de petite broiTe dont les Pà-
rilhers & les Boulangers le fervent pour mettre la
dorure fiir les pièces qu'ils veulent dorer. Scopula
quà pifcores vancin lUinunt.
{yj" DORON. m. Mefure dss Grecs, la même que
notre emoan-
ip- DORÔivJIC, on DORONICE. f. f. que quel-
ques Auteurs fonrdu genre mafculin. Sorte de plante
dont il y a plulieurs efpèces. Elle afes Heurs ra-
diées & d'un ufage un peu ftifpeél:. L'efpèce la plus
employée a fa racine traçante , noueufe j, charnue ^
& qui relfemble en quelque manière par fa. figure
au corps d'un Icorpion , d'où vient fon nom , Do-
ronicum tiidlce fcurpii ; C. B. Ses tiges ne s'élèvent
pas beaucoup , à peine ont elles neutà dix ponces :
elles font arrondies , & velues , garnies à leur bas
<le quelques feuilles un peu arrondies & velues. Ces
mèmesciPes font rertninées par une deur jaune,radiée
dont les femences font noirâtres , chargées d'une ai-
grette. La racine de cette Z>(3ro/7/c eft recommandée
par plufieurs Auteurs contre les venins, & comme
un puilfant alc>:;tcie; il ne manque pas cependant
d'oblervations qui ne lui font pas favorables. Elle
entre en quelques comp»hrions de Pharmacie dont
on n'a jamais vu de mauvais effets. On a attribué la
mort de Gefner à l'épreuve qu'il avoit voulu faire
de cette plante fur lui. Parmi les efpèces de Doro-
nicj, on en trouve une dont les racines font d'une
douceur-fade , & une autre dont les fleurs font beau-
coup éternuer. Cetre dernière efpcce eft nommée
Doronïcum planciigi/iisfalia alterum , C. B. ou Alif-
ma , ou Arnica. Il y a une autre efpèce de Doronic
que C. Bauhin appelle Doronicum radicedulci : elle
a fes feuilles approchantes de celles du plantain,;
mais plus jaunâtres. Ses fleurs font des bouquetscom-
pcfés de quantité de pftite; fleurs jaunes. $a racine
D OR
eft de la grofleur du petit doigt , nouée , d'un goiic
lemblable à celui du lue de léglille, & garnies de
libres j longues , blanches &: allez grolfes.^On le fert
de cette racine, qui eft bonne contre les venins ,
dans le vertige, dans les maladies malignes , & dans
ia monurc des bêtes venimeufes .• cependant elle tue
les loups, les chiens, & la plupart des bêtes à quatre
pieds. ^
DORONIC A FEUILLES de PLANTAIN. Voye^
Arnica.
DOROPH AGE. f m. Qui vit de préfens. Rabelais ap-
pelle dorophagcs les gens du Palais.
Ce nioc vient de ^Jpow , prej'ent , Se de <pây«/««( ^
]e mange.
DOPvOSfO. Ville de la Turquie , en Europe, dans
la Bulgarie, fur le Danube , au-delfus de SiUltrie.
DOROTHEE, f m. Nom d'homme. Dorothcus. Il y
a plulieurs Saints Dorocht-es. S. Dorothée le Thé- .
bain étoit Chambellan de Dioclétien , & fur marty-
rilé .à Nicomédie. S. Dorothée Archimandrite au
VPfiècle.
DOROTHÉE, f f. Nom de femme. Doroth&a. Ce
nom vient de ^îf" , don ^ & Oes/, Dku\ Don de
Dieu. "'"
^ DORQUE. Voye-{ Epaulard,
DORSAL , ALE. adj. qui eft du dos , qui a rapport au
dos. Terme d'Anatomie. Darfalis , e. Les nerfs
dorjhux ou coftaux font au nombre de douze pai-
res , & ils font nommés nerfs intercoftaux a plus
jufte titre que les grands nerls fympathiques aux-
quels on avoit donné ce nom. Us ont cela de com-
mun enlemble, que, dès leur lortie entre les vertè-
bres du dos , & avant que d'accompagner les côtes ,
ils jettent ordinairement deux hletsen devant , pour
communiquer avec le grand nertfympathiq^ue j on
prétendu nerl: intercoftal , &c plulieurs hiets en
arrière, pour les mufcles vertébraux , & autres muf-
cles voilins. On nomme chacune de ces douze pai-
res , par le nombre des vertèbres fous lefquels elles
paflent , par exemple , la première paire, la féconde
paire, &c. Winslow.
DORSAL eft aulli f. m. Le long dorfal eft un mufcle
très-compofé , fore étendu en longueur, & très-peu
en largeur \ au refteen quelque façon fernblableau
frcrolombaire , mais plus charnu & plus épais. Il eft
placé entre les apophyles épineules de le lacroloni-
baire, & il ne paroit drftingué de ce nuiicle que
par une ligne graiflTeufe ou cellulaire j jufque vers
en bas , où ces deux mufcles fe trouvent comme
confondus. Il couvre le demi-épineux , ou tranfver-
fal épineux du dos , & le demi-épineux des lombes.
En haut il eft niché contre le lacrolombaire & le
tranfverfaire du cou. Winslov. En termes de mé-
decine , OH appelle Phtilie dorjdie une lorte de
Phtifie , ou corruprion , qui vient d'une longue
gonorrhée. Ce mot vient de dorfum, le dos.
DORSANES. f m. Terme de Mythologie. Nom d'un
faux Dieu. Dorfans. C'eft le nom que les Indiens
donnoient autrefois à Hercule. Hesichius. Scaliger,
& , après lui, Selden , De Dûs Syr.fym. c. 6. p.
1 87. doutent 11 le nom Dejhnaus , ou, lelon d'au-
tres , Dojdiiaus, que S. Jérôme, dans la Chronique
d'Eufebe , donne à l'Hercule des Phéniciens , ne
feroit point Dor fanes , parce que Dorfanaus , ôC
Dorfdues approchent uflez. Quoi qu'il en foit de
ce point, Selden ne paroîc pas douter d'un autre ,
qui eft que le Dorfanes des Indes ne foit le même >,
que le Saruics des Perfes, qui , félon Bérofe & d'au- H
très, dans Agathias , étoit l'Hercule de ces peu-
ples , qui fouvent font compris fous le nom d'In-
diens.
Quoiqu'il foit difficile de donner l'étymologie ij
d'un ancien mot Indien , Voftius , De Idolol. L. I. j]
c. iz. croit néanmoins que celui-ci peut venir du
Chaldéen an , dares , qui veut dire , Jouler aux
pieds. Une des principales louanges d'Hercule ,
c'éroit d'abattre les tyrans , & de les fouler aux
pieds.
DORSET , ou DQRCET. Le Comté de Dorfe; , on
D O Ë.
•lyorcct , comme il eft cciu fur la CaiTe de SpeeJ, &
ijue lei Anglois appellciu iJortcc-Snuc , ou avec
Speed , Dorcejler-ànire , eft une Province d'Angle-
terre , que les Bretons appeloienc autrefois Dwrg-
weir j 11 l'on en croit Spcec-i j 5c que le mcme Au-
teur ik. d'autres encore prennent pour le pays des
anciens Durotnges. Dorjetur^ Durocriges. Le Comté
de Uorjec a au nord ceux de Sommerlet , de Wilc j
d l'ouell celui de Devon &c une partie de celui de
iomnieriet : à 1 ell le Comte de Hant^ ou leHamps-
Jiire , Ik. au Sud la mer de Bretagne. La capitale ell:
Dorcefter. Ce Comté eft très ternie ; &i l'on en tire
quantité de laines , qui font les meilleures d'Angle-
terre. Speed lui donne 24S Parodies. Ofmond ,
Lvêque de Salisburi,a été le premier Comte àcDor-
fci. Deux cent quatre-vin;4ts ans après j Richard II.
érigea -ce Comte en Alarquifat , en taveut de Jean
de Beaulort , qui en iwi dépouillé par Henri IV.
pour le donner à titre de Comté feulement d Tho-
mas de Beauf-ort , trère de Jean. Edmond de Lan-
caihe , tiis de Thomas , en f-ut pourvu après la mort
de Ion père. Il palla enluite à Thomas Grey, qui fut
créé Marquis de i->u>^r. Ses fuccelïeurs en jouirent
julqu'à Henri Duc de Suffolck , qui eut la tète cou-
pée fous le règne de Marie. Jacques I. récablit ce
titre aboli par la mort du Duc de Surtolck , &c créa
Thomas Sackvil , Comte de Dorfcc : il fubhfte en-
core dans fapoftérité.
Le premier nom qu'a eu ce pays c'eft Durotrigcs ,
inot purement Britannique , compoie de dour , ou
dwr , qui, en ancien langage Britannique , ligni-
fioit de l'tiûu ; & de crig , qui vouloit dire habitant.
Durotnx y habitant de l'eau j c'ell-à-dire , de la
mer \ Peuple maritime : Aqus. , ou Maris accola.
Dans le IX^ liècle ce peuple s'appeloit Dwrguir. Les
Anglo Saxons le nommèrent Dorfitcan ; d'où s'eft
formé le nom de Dorfcc qu'il porte aujourd'hui.
Tous ces noms fignifient la même cliofe ; car Setca
en Anglo-Saxon voulait dire habiter \à'o\i vient
holfattcn , habitant des forêts \ & Dweir lîgnihe
homme j Dwr'gueir 3 homme de mer , yiri mari-
ami.
DORSTEN. 'v'^ille Capitale de CecicUnkaufen , en
Weftphalie. Dorjla. Elle eft du domaine de l'Arche-
vêché de Cologne , & est iituée fur la Lippe , aux
confins de l'Evêché de Munster. Lon-g. 14. d. 36' lat.
5i.d. 38'.
DORSTÉNIA. f. f. Nom d'une plante de l'Amérique
méridionale. Le P. Plumier l'a décrite dans Ion
ouvrage intitulé Nova PLtntarum Americanarum gê-
nera. Il s'en trouve deux efpèces dans les Indes Oc-
cidentales. Il n'y a aucune différence dans la forme
extérieure de ces plantes j qui' ont d'ailleurs les mê-
mes propriétés \ c'eft pourquoi on les confond , &C
on les apporte en Europe fous le même nom. On
peut j à ce que je crois , nommer une de ces plantes
Dorjlenia Dentaris. radice ,fpondylii jolio , placenta
ovali. Et: Vnutna, Dorjtcnia Denturiài radice , folio
minus laciniato j placenta quadrangulari j & undu-
laco.
La première efpèce paroît être le Tuz-Patli de
Hernandes, pag. 147. Ses racines qui font vivaces,
poulTènt au mois de Mai , ou aulîitôt qu'il com-
mence à pleuvoir, chacune fix ou huit feuilles de
quatre au cinq pouces de long & d'autaiu de large
Ces feuilles font coupées en plulîeurs fegmens qui j
pénètrent jufqu'â la côte du milieu , a. -peu- prési
comme dans \q fphondilxum: elles font attachées à
des pédicules de cinq ou lix pouces , du milieu def-
quels nailfc;nt quatte auttes pédicules uq peu plus
longs; & dont chacun foutient un corps extraordi-
naire. Ce corps eft plat : il eft pofé verticalement ;
ou , ce qui revient au même , fa partie tranchante
eft tournée en haut. Le P. Plumier l'appelle pétale.
Je la nomme placenta , parce qu'elle en fait l'office.
Dans cette première efpèce , ce placenta eft ovale,
& fon axe le plus long , eft parallèle au pédicule
qui le foutient: un côté eft lifte & vert comme l'ex-
térieur du calice des autres plances, &: l'autre côté'
D Ô R 437
renferme un grand noir.bre de petits fommets jau-
nes. Apres qu'ils loiit tombés , il paroit plulieurs pe-
ntes kmenccs prelque rondes , qui , dans leur ma-
turité , reliemblent alfez .i celles du gremd ou Li---
thofpermon. Cette efpèce croit dans la nouvelle
Efpagne, pioche l'ancienne Veracruz, fur des ter-
rems élevés au bord de la rivière.
La féconde efpèce de Dorjienia a le même nom-
bre de teuiUes que la première j mais les feudles
ont une hg ue diftérence : car quelques-unes fonÊ
tout d'une pièce , &c taillées comme celles de la vio-
lette ; d'autres font angulaires comme celles du
lierre j & il y en a enfin qui font coupées pat feg-
mens J femblables à ceux des teuilles de l'érable or»
dinaire. Ces Veuilles iont minces, lilles, & d'ua
vert foncé. On ne diftingue lut leurs dos que quel-
ques petits poils à peine fenlibles. Les pédicules
qui foutiennent les Heurs partent, immédiatement
de la racine dans cette efpèce , comme dans la
précédente , ^ s'élèvent dans toutes les deux à la
hauteur de fix ou huit pouces. Le placenta , furie-
quel Iont pofées les fleurs eft carré, onde à fes ex-
trémités, 6c plus large traniverlalement que de
haut en bas. Les fleurs & les femences font parfai-
tement les mêmes dans les deux elpèces. Cette fé-
conde Dorjienia croît abondamment fur les terreins
élevés & pierreux des environs de Campefche. Ja
l'ai cueillie dans fa perfcdlon au comincncenjenc
de Novembre. Houjloun Tranf. Phil, 1-7 j:. p. 1^1.
DORT. C'eft Dordiecht. Voyer^ ce mot.
DORTAN. Petite ville de France , dans le Bugey ,
fur les frontières de la Franche-Comté , prèsd'Artan
& de la rivière d'Ain , à trois lieues de S. Claude ,
vers le couchant. En Latin Dortanum.
DORTMUND , ou DÛRMLJND. Ville d'Allemagne.
Dortmunda , Tremonium j Dormania. Elle eft du
Cercle de Weftphalie , enclavée dans le Comté de
la Mark, & fituée fur la rivière d'Emfer , à dix
lieues de fon embouchure dans le Rhin. Dortmund
eft une ville forte, Anléatique, & Impétiale. Fri-
deric II. l'a exemtée de toute charge de l'Empire.
Elle eft capitale d'un Comté auquel elle donne
fon nom J Comitatus Dortmundanus. Elle le tient
en fief de l'Empire, aux mêmes droits, priviléges&
libertés , que le polfédoient autrefois les Comtes
ait Dorunund. Voye\ LinmAus y Elucid IV. c. 15,
Long. 25. d. 6'. lat. 51. d. 30'.
DORTOIR, f. m. Galerie dans les Couvens j divifce
en plufieurs cellules , où les Religieux habitent èc
dorment. Dormitorium , Dormitorium membrum.
C'eft un crime à un Religieux de coucher hors du
dortoir. Il paroît par le chap. XXII. de la Règle de
S. Benoît , que les dortoirs autrefois n'éroient pas
toujours diviies en plufieurs cellules; mais qu'il y
en avoir qui n'étoient autre choie que de grandes
falles où il y avoir plulieurs lits , comme aujour-
d'hui dans nos hôpitaux. M. l'Abbé de la Trappe y
dans fon Commentaire fur la Règle de S. Benoît ,
regarde cela comme un des plus grands alfujettilTè-
mens de la vie des Moines.
C'cjl-là qu'en un dortoir [la mollejfe) fait fon fe jour,
BoiL.
Ce mot vient de Dormitorium , qui fe trouve en
Latin en cette même fignification. ^Iénage.
DORURE, f f. Or mince appliqué fur la fuperhcie de
cjuelques corps. Auratura. Les dorures font fort à la
mode, foit dans les bâtimensj foit fur les meubles,
foit fur les habits. On dit qu'une perfonne a bien
de la dorure , quand elle a des habits chargés de paf-
femens , ou de broderie d'or ou d'argent , des an-
neaux, des croix , des agrafles, des boutons d'or ou
d'argent, ou des pierreries.
f^CT C'eft aulli l'art d'employer l'or en feuilles &
l'or moulu j &: de l'appliquer fur les métaux , les
pierres , le bois Z<. diverfes autres matières.
Dorure , eft aulli un terme de PâtiftTer 5c de Bou-
langer. lUicus, Et parla ils çntendem des jaunes
43^ DOR DOS
d'cEiifs bien délayés , dont ils doren: le defflis de
leurs pièces de foiu', &; de leuis pains, f- oye-^
DORER.
DORURES FAUSSES. Ce font des étoffes , qui vien-
nent de la Chine, d'une fabrique extrêmement mgé-
nieufe , & tout-à-fait inconnue en Europe. Elles
font de fatin à fleurs d'or ou d'argent j mais l'or ou
l'argent qui compofent ces Heurs ne font que de
petits morceaux de papier doré ou argenté.
DORURES FINES. C'ell; ainii que les Commis em-
ployés dans le commerce de la Chine appellent , en
général , routes les riches étoffes d'or &c d'argent ,
dont ils font mention dans leurs iaétures.
DORICNIUM. 1'. m. Terme de Botanique. C'eft un
nom attribué à plufieurs plantes de diflérens genres.
DORYPHORES, f. m. pi. Cétoit, chez les Perfes ,
un corps de troupes qui efcortoient le char Royal ,
lorfque le Roi alloit à la guerre, lis ne recevoient
point de paie , comme les autres Soldats ; mais ils
étoient nourris des viandes que l'on lervoit fur la ta-
ble du Prince. Ils étoient vêtus de pourpre : leurs
robes étoient bordées en or , uniformes \ & ils les
tecevoienc des mains du Roi. ^opifôfùi,
DOS.
DOS. f m. Le derrière de l'animal j qui efl: depuis le
cou julqu'auxfelfes. Dorfum , tergum. Les Médecins
appellent proprement le dos]., la féconde divilion de
l'épine , qui contient douze vertèbres fuuées entre
celles du cou & celles du rable, & où font attachées
les côtes. Ces foldats ont tout le jour les armes fui
le dos , la pluie fur le dos. La piété d'Enée lui lit
porter fon père fur fon dos. Les parties du dos font
les épaules , l'épine du dos , les vertèbres du dos :
& l'on dit d'un homme qui a l'épaule ronde , qu'il
a le dos bolfu , voûté. Les aloyaux font pris lur les
vertèbres du dos d'un bœuf.
Ce mot vient de i/c)//àOT , qu^on adit pour dorfum.
MÉNAGE.
Dos fe dit encore , en Anatomie , d'une partie
du nez. La partie du nez qui eft fous la racine du
nez, & qui eli; obfcure & immobile, s'appelle le
dos du nez. Dionis. Le dos As la main eft la partie
extérieure de la main , oppofée à la paume de la
main. Le dos du pied eft la partie oppofée à la
plante.
On dit , en Manège , Monter un cheval à dos j
ou à dos nu j pour dire , le monter fans felle & à
^oû. Nudum equi tergum,
Dos , le dir , fîgurément , de plufieurs chofes qui ont
un devant & un derrière. Le dos d'une maifon ,
contre lequel on dit qu'une autre maifon eft adojjée.
Le dos d'un lit. Le dos d'un couteau j d'une épée ,
c'eft le côté oppofé au taillant. Le dos d'un livre j
c'eft le côté par ori il eft relié. On dit , Ecrire au
dos d'un papier , d'un parchemin , pour dire fur le
revers. Le dos à'ane chaife, c'eft la partie fur la
quelle on s'appuie le dos , liège à dos.
On appelé dos-d'ane , un corps qui a deux fur-
faces inclmces l'une vers l'autre , qui aboutillent en
•pointe. Dorfum. Il y a des combles de maifons,
dont les uns font en dos-d'âne , tcclum ow fasti^ium
anguUtum , & les auttes en appentis , en terralîe.
Dos DE Bahut , on Dos-d'Ane, en Jardinage,
c'eft une couche , ou planche élevée en forme pref-
que ronde , pour faire écouler les eaux. Voye\
Ados.
"Dos-de-Carpe , fe dit , aufli , en termes de Jardinage ,
de la manière d'élever les terres dans les plates-ban-
des des parterres , & qu'on deftine à contenir des
fleurs. Le dos-de-carpe a beaucoup d'agrément dans
ces fortes de pièces. Liger. -Doj-de-bahut , dos-de-
carpe , en Latin , areola arcuata. Id.
Dos. Terme de Conchyliologie. C'eft la partie pofté-
rienre de la coquille , qui eft la même chofe que le
talon.
Dos. TermedeManufadure de Lainerie. On appelle
le d.çs d'un drap , d'une ferge, ou d'une autre
DOS
étoffe de laine, la partie qui eft oppofée aux lifières.
On dit plus ordinairement faîte.
LAVER A DOS , fe dit des toifons des brebis & de«
moutons , qu'on lave fur le dos de l'animal avant
que de les couper.
Dgs, fe dit, aufli , de la furface de la mer.
ADOS. Terme de Vigneron. Ce font des efpèces de
couches que l'on fait dans les nouveaux plants de
vignes , & fur lefquels on féme des poids , des fè-
ves , ou autres menus grains. Semer des ados.
A DOS , ie dit , adverbialement. A tergo. Avoir un
homme à dos , c'eft , Avoir un ennemi , qui cherche
tous les moyens de nuire.
On dit à une perfonne qu'on chaffe. Vite , tour-
nez-moi le dos ; Terga ventre. Qu'un homme a
tourné \e dos en une bataille; pour dire , qu'il s'efl
enfui; & , dans les affaires, qu'il a tourné le dos ;
pour dire , qu'd a refufc de faire ce qu'on defiroic
de lui. On dit , aulfi j la Fortune lui a tourné le
dos ; pour dire , s'efl déclarée contre lui. Quand un
Courtifan est difgracié , tous fes amis lui tournent
le dos. Cétoit fait de la pauvre Ariane à qui Théféa
avoir tourné le dos.-^ms. On dit , auffi , On a fait
tomber cette accufation fur le dos d'un miférable.
Ce Ministre a toutes les affaires de l'Etat fur \edoSy
pour dire , qu'il est chargé de toutes les affaires.
Impojitum humeris pondus gestare. Il n'eut pas fi"«;ôt le
dos tourné , que , &c.
On dit , proverbialement J qu'on a mis des gens
dos-k-dos , quand , dans une fentcnce ou un accom-
modement , ils n'ont point eu d'avanr.age l'un lue
l'autre. On dit , des gens qui aiment leurs aifes SC
la bonne chère , qu'ils font toujours le dos au feu ,
& le ventre à la rable. On dit , d'un homme qu'on
a battu , qu'il a été battu dos & ventre , qu'on lui
en a donné fur le dos & par-tout. On dit , pour ex-«
primer la pauvreté d'une perfonne , qu'elle n'a pas
une chemife fur fon dos. On dit , aulli , d'une p;rte,
d'un déchet , que cela ira fur fon dos ; pour dire ,
que cetii perte ira fur fon compre : qu'un homme a
bon dos ; pour dire , qu'il a le moyen de faire les
frais de quelque entrepnfe , de quelque partie
qu'on veut faire tomber fur lui. On dit , aufli , d'un
homme qui fait l'important , que c'eft un gros dos^
& qu'il ?ait le gros dos. On dit, aufli, Faire la bête à
deux dos. Il le laiffe tondre la laine lur le dos. Il
fouffre avec patience , fans chercher à fe venger ,
les chofes les plus fâcheufes. On dir , d'un homme
tout-à fait malheureux , qu'il eft tombé fur le dos ,
qu'il s'eft caffé le nez ; pour marquer que les cho-
fes qu'il auroit le moins appréhendées lui font ar-
rivées.
Dos. Mot du vieux langage , qu'on a dit pour deux;
DOSANAUS. Voyei DESANAUS.
ifT DOSE, f f. Terme de Pharmacie. Quantité dé-
terminée , par poids ou par mefure, de chacun des
ingrédiens qui doivent entrer dans la compofîtion
d\in médicament. Medicamentl j,medic£ potionis mo~
dus. Prefcrire la dofe. Ce n'eft pas affez defavoir les
drogues qui entrent dans la compofîtion des médi-
camens : il faut j de plus , en favoir la dofe.
|Cr Dose , fe dir encore de chaque prife de la quan-
tité déterminée du médicament que le malade
prend chaque fois. Partager un bol en plufieurs
dofes.
jtT Dose , fe dit , par extenfion j de plufieurs autres
chofes. Dofe de poivre j dofe de fucre ; & , dans un
fens figuré, c/o/è de jaloufie , ^(i/è d'amour, &c.
fCT Dans les chofes ordinaires de la vie j on dir,
augmenter , doubler , diminuer la dofe. Nous n'a-
vons pas fufïîfamment à manger , il faut doubler la
dofe : alors le mor de dcfe s'exprime en Larin par
le fubftantif même auquel il eft joint , ou par le
pronom qui tient fa place. On fait une taxe fur lui
pour raifon de fon maniement ; mais la dofe eft un
peu trop forte. Son teint avoic doublé la dofe de fosii
incarnat naturel. 5car.,
DOS
"ton ,
D'encens , qui vient di ce petit cû
Je prife plus cent Jois la moindre dofe.
Que tout celui que fournit l'Héiicon.
P. DU Cerc.
Entre les animaux , leur Auteur , de raifon y
A qui plus , à qui moins , départit une dole.
Nouv. en. DE Vers.
Ce mot vient du Grec «J'^^f, qui iignifie la même
cliole. NicoT.
DOSER. V. a. Terme de Médecine. Mettre une cer-
taine dofe, ou quantité convenable de divers in-
grédiens dans un médicament. Medicamenti modum
ponere , potioncm medicani temperarc. Il y a des Au-
teurs & des Difpenl'aires qui décrivent le même re-
mède , mais qui le dofent diverlement.
DOSIL. On dit , auHi doufd , & du/il, f. m. C'cft le
faucet que l'on mec à un tonneau. Dans quelques
Coutumes on trouve dojù : dans Rabelais , on lit
doujil^ &, dans quelques Provinces , on prononce
aujourd'hui dufil , fans faire fencir 1'/ finale, /^oyq
DUSIL.
DOSITHEE. f. m. Mom. d'homme. Dofuus. Il eft
Grec, formé de "sW , & i^cW, Dieu , Don de Dieu.
DOSITHEENS. Noms d'anciens Sedaires dans le
parti des Samaritains. Dojitheani. li ell fait men-
tion dans Origène j dans Saint Epiphane , & dans
plulieurs autres Pères Grecs , auiii bien que dans
Saint Jérôme, d'un certain Dojàhée, chet d'une fac-
tion parmi les Samaritains j mais les Savans ne
conviennent pas entre eux du temps auquel a vécu
ce Dohthée. Saint Jérôme J dans Ion dialogue con-
tre les Luciferiens , le fait vivre avant Jésus-
Crist; & il a été fnivi en cela par Drufius , qui ,
dans fa réponfe à Sérarius , le place vers le temps
de Sennacherib , Roi des Alfyiiens. Mais Scaliger
prétend qu'il n^a vécu qu'après Jesus-Christ. Et en
effet, Origène ne le fait vivre qu'au temps des
Apôtres. Il voulut , felo<: lui , perfuader aux Sama-
ritains, qu'il étoic le Meliie prédit par Moife. Il
■ eut des Sedateurs , &C fa Seéle fubliftoit encore dans
Alexandrie au temps du Patriarche Eulogius ,
comme on le voit dans un décret de ce Patriarche ,
que Photius a rappor:é dans fa Bibliothèque. Eulo-
gius y accufe Doluhée d'avoir traité injuriculement
les Patriarches & les Prophètes , s'attribuant .t lui-
même l'efprit de Prophétie. Il le t^ait contemporain
de Simon le Magicien. Il l'accule aufli d'avoir cor-
rompu , en une infinité d'endroits , le Pcntateuque
de Moife , & d'avoir compofé plufieurs livres qui
écoient entièrement contraires à la Loi de Dieu.
UlFérius d'Armach a cru que ce Dofithée eft l'Au-
teur de tous les changemens qui ont été bits dans le
Pentateuque Hébreu des Samaritains : ce qu'il
prouve par l'autorité d'Eulogius. Mais on.ne peut in-
férer autre chofe du témoignage d'Eulogius , finon
que Dofithée a corrompu les exemplaires Samari-
tains qui ont été depuis à l'ufage de ceux de fa l'eéle.
Cette corruption n'a pas palfé dans tous les exem-
plaires du Pcntateuque Hébreu Samaritain que nous
avons encore aujourd'hui j & qui eft peu ditiérent
du Pentateuque Hébreu des Juifs. Et c'eft auili en
ce fens-là qu'on doit expliquer ee qu'on lit dans
une Chronique Samaritaine écrite en Arabe , où il
eft dir que Doufis , c'eft-à-dire , Dofithée , a changé
plufieurs chofes dans la Loi de Moïfe. L'Auteur de
cette Chronique, qui étoit Samaritain de Religion ,
ajoute que leur grand Sacrificateur envoya plufieurs
Samaritains pour i"e faifir de Douiîs, & de fon
exemplaire corrompu du Pentateuque. On remar-
quera que Dojlai & Dojnheos ne font point deux
noms de petfonnes diftérentes , comme Jofeph Sca-
liger l'a alfuré dans une de fes lettres à Drufius. Il
eft vrai qu'il y a eu plufieurs perfonnes qui ont
porté le nom de Dofithée \ mais toute la différence
qu'il y a entre Doftai &c Dofîtheos , c'eft que Do-
fttheos eft un mot Grec , & Dostai eft formé de la
ij OS 43^
langue Chaldaïque , qui a été autrefois commune
aux Juifs & aux Samaritains. Au tefte , les anciens
Ecrivains Ecclefiaftiques ne conviennent pas cout-à-
fait entre eux fur ce Dojuhee. Saint Epiphane a cru
qu'il étoit de race Juive, & qu'il avou abandonné
le parti des Juits pour embrallèr celui des Samari-
tains. Selon lui , ce Dofithée eft l'Auteur de la Seéfe
des Saducéens, ce qui ne peut pas êtrç j s'il n'i
vécu qu'après J. C. Cependant le Jéfuite Sérafius ,
dans Ion livre 2. des Sectes des Juifs , chapitre 10.
fait Dolithée maître de Sadoc, dont font venus les
Saducéens. TertulJien a fait auifi mention de Dofi-
fithée, & il prétend qu il a été le premier qui aie
olé rejeter l'autorité des Prophètes , niant leur inf-
piration : Dojitheus primus aufus est Proph^tas
quaji non Spiritu Jdncto locutos jepudiare. Il a fait
à ce Seélaire un crime d'une chofe qui eft com-
mune à tous les Samaritains, lefquels n'ont jamais
reçu comme divins que les cinq livres de Moife.
DOSNO YER. V. n. Vieux mot. Palfer le temps , ba-
diner , niaifer. Glojj. des Puéf. du Roi de Navarrei
DOSSAGE. f. m. Terme de Coutumes. C'eft un droit
& un tribut qui le levoic en argent.
DOSSAL. f. m. Manteau. C'eft un ancien mot qui
n'eft plus d'ufage il y a long temps. Pallium., Dof-
fale. Louis , fils de Bofon , fe rendit le maître fi ab-
lolu de l'Abbaye de Saint André-le bas-de Vienne j
qu'il en eft appelé le Redieur , & les Moines les
Clercs , en deux chartes. En effet j il en détacha lei
domaine de Creicentien pour le donner au Comte
Hugues fon coufin , & , le rcftituant depuis à cette
Abbaye , ce fut par voie de vente , £k non de fim-
ple delailnjrtent. Le prix en fut un manteau broché
d'or , dont le nom vulgaire étoit alors celui de dof-
fal , Pallium aura contextum , quod vuigb dicunc
Dojjale. Chorier. Le Dojjal n'étoit propre qu'aux
hommes de la plus fublime condition. Id.
Ce mot vient de dos , 3c fe donnoit à un man-
teau , parce qu'il fe portoitfur le dos , qu'il couvroic
principalement le dos. Peut-être écoit-il femblable
.1 ces habiilemens de théâtre que l'on donne aux
Rois dans les Tragédies j & que nous appelons
mante.
DOSSE. f. f. Grofte planche de bois qui fert à des
clôtures & à d'autres ufiges. On le dit particulière-
ment des planches qui ne font fciées que d'un côté ,
& qui de l'autre ont quelque aubier ou écorce,
ou qui font fort inégales. On les appelle doyejlache^
Quand on a équarri un arbre , la première planche
qu'on en retire de chaciue côté en le Iciant , eft
une dojfe.
On appelle j en particulier, les planches d'un
batteau des dojfes , parce que ces fortes de planches
ne font fciées que d'un côté.
DOSSERET. f. m. Terme d'Architedure. Petit jam-
bage , petit pilaftre faillant qui fert à foutenir des
voûtes Se des portes , ondes fenêtres , dont il fait
le piédroit. Parastata. On appelle dojjeret , ou doj-
/ler de cheminée, un petit exhauirement de mur de
pignon , ou face avec ailes , pour retenir une Tou-
che de cheminée. Erecta fuhstentando camin: fpira-
culo pila.
DOSSIER, f. m. Partie d'un banc , d'une chaife , où
l'on appuie fon dos \ & fe dit , tant du bois que de
l'étoffée qui le couvre. Pars ïlla fedilis eut dorfum
applicatur. On dit , auffi , le do[Jier d'un lit , tant des
planches qui foutiennent le chevet , qui joignent
les deux colonnes de derrière , que de la garni-
ture d'étoffe qui les couvre. On le dit , encore , d'un
ouvrage de menuiferic , contre lequel on adoile
cjuelque choie , comme la chaire d'un Prédicateur :
c'eft auifi la partie qui fert de fond à un buffet. ■
Ce mot fe dit , auili , par les Selliers-Carrolliers ,
fin fond du carrolfe , contre lequel on s'appuie le
dos; mais les honnêtes gens àK'SiiX Jvnd. Pars illa
currus cui dorfum nitiiur.
Dossier , eft auffi un terme de Vannier. Il fignifie 1,-i
. partie de k hotte qui pofe fur le dos de celui qui
440 DOS DOT
la porte. Sporcut. pars plcna qus, dorfo imcumblt. Le
dojfier d'une hotte.
Dossier, en teimes de Palais -, sft une liafle de piè-
ces attachées avec un tiret de parchemin. Fafckuius.
Le Juge a ordonné que les parties mettroient leurs
dojficrs lur le Bureau fans piodudion. Dans cette
prodadtion il y avoir tant de dajjiers cotés aux dos ,
depuis a julqu'à /.
%fT Quelquefois on entend j par dojjier , la
feuille de papier qui couvre une iialfe de pièces
pliées en deux , avec lefquelles elle eft attachée. On
l'appelle aulli coizq àw dojjlcr ^ parce que les noms
des Parties y font cotés.
On appelle , en Anacornie j le grand dojjlcr , un
des mufcles qui font mouvoir le br?.s en bas ,
qu'on nomme autrement le grand rond j ou îe
gratte- cul.
Dossier. Terme d'Horlogerie. Ce font les deux pla-
ques qui tiennent une lime droite, pour régler la
■ profondeur d'une denture.
DOSSIERE, f. f. Eft une partie du harnois d'un limo-
nier de charrette , dans laquelle on engage les li-
"inons , 'c<. qui patfe par-dellus la felle. Darjualia.
DOT.
DOT. f. f. Il faut toujours prononcer le t. Somme de
deniers aOignés à une fille, .quand on la pourvoit ,
foit par mariage j foit par entrée en Religion. Dos.
A l'égard du mariage , c'ell; plus particulièrement ce
qui eft donné au mari par la te m me , ou par quel-
que autre perfohne que ce foir , pour en avoir 1 ufu-
fruit pendant le mariage , afin d'en fiipporter plus
aifément les charges. En Normandie , la dot d'une
îemme eft alfuréè, elle eft inaliénable. En pays de
Droit Ecrit , il y a un augment de dot que donne le
mari j qui répond au préciput qu'on donne ailleurs
La vertu, la naillance j la beauté de cette Prince'fe
ï^ouvôient lui fervir de dot. LeGend.
Les marier Jahs'^ol^ ceta n est plus d'ufage.
Je trouverois ce mot aujjî beau qu'Harpagori.
On l'aprofcrit j c'est grand dommage.
Que n'est- il encor dejaifon !
Nouv. CHOIX DE Virus.
^iZr Cet avantage n'est point fait à la femme par
'îe mari pour la récompenfer , comme quelques-uns
le difent , des biens qu'elle lui a apportés en dot ,
-puifque le douaire eft accordé à celle qui n'a rien
apporté eh mariage, ou qui n'a point réellement
apporté en dot , ce qu'elle ou une autre perfonne
avoit promis d'apporter ati mari. Ferr.
|(C? Le douaire n'eft pai non plus fondé , fur la
raifon qu'en donne C\.\):is , r/t prxmium haheat dc-
jîorata virginitatis j puifque les femmes veuves qui
ie remarient , ont un douaire , aulîi-bien que celles
qui contraétent leur premier mariage.
IJCJ" D'ailleurs ,1a confommation du mariage n'eft
pas nécetTaire pour le gain du douaire , excepté
dans quelques Coutumes , qui portent exprelfe-
ment , qu'au coucher ,1a femme gagne fon douaire.
^f^ On peut dire , avec plus de raifon , que cet
avantage eft fait par le mari à la femme , afin que
celle qui contracte mariage, foit fûre d'avoir des
alimens fur les biens de fon mari , pour la récom-
penfer des foins & des peines qu'elle prend pour
fon ménage , pour élever fes enfans , & pour l'aug-
mentarion & la confervation des biens communs.
ifT Quelques - uns remarquent que le mot de
dot ne devroit erre employé qu'en Pays de Droit
Ecrit y pour fignifier ce qu'une femme apporte en
mariage à fon mari , pour en foutenir les charges.
i'fT La raifon qu'en Pays Coutumier une femme
n'apporte point de dot a fon mari , eft que le
douaire que fon mari lui conftirue , eft {a véritable
dof^ ce que nos premiers François retinrent des
Allemands , qui en ufoient ain(i. Dotcm non uxor
tnarito , fed uxori maritus offert, Tacit. de morib;
DOT
Germ. Ainfi ce qui eft dit en plufieurs endroits ,
qu'il ne doit point fe taire de mariage (ans dot ,
fe doit entendre du douaire conftuué par le mari ,,
au profir de fa femme, f^oye^ Douaire.
iér L'ufage , qui eft le tyran des langues , a pré-
valu , & on donne toujouisau Pays Coutumier le
nom de dot , à ce que la femme apporte à ion
mari.
0CF On appelle aufll c/or, quelquefois , ce que
le mari donne à fa femme , en faveur du mariage,
ou le douaire qu'il lui conftitue.
§3° On appelle encore dot ^ ce que l'on donne
pour la fondation & entretien des Eglifes , ou éta-
bliftemens de charité,
l/CT Enfin, l'on appelle fl'or, ce que l'on donne
à un monaftère pour l'entrée en Religion.
Chez les Allemands , c'étoit autrefois la coutume
que le mari apportât une dot à fa femme. Aujour-
d'hui l'afige eft changé j mais les filles de qualité
n'ont qu'une dot fort modique. Par exemple , les
Princeifes de la Maifon Eleétoralede Saxe, ont feu-
lement 30000 écus ; celles des autres branches de
la même Maifon 10000 florins y les PrincetTes des
Maifons de Brunfwic & de Bade 15000 florins j
& une fomme pour les habirs , les bijoux & l'é-
quipage.
Le VIF Concile Général , qui eft le fécond de
Nicée, défend la fimonie pour la réception dans
les Monaftères , comme pour les ordinations ; mais
ce que les parétis donnent pour dot, ou que le
Religieux apporte de fes propres biens , demeurera
au Monaftère , foit que le Moine y refte , ou qu il
en forte , fi ce n'eft pas la faute du Supérieur.
En France , la dot des perfonnes qui entrent dans
les Monaftères , pour y faire profeflion de la vie
Religieufe , eft réglée par l'Ordonnance du Roi du
18 Avril 1693. La ^or qu'on donne pour entrer dans
les Monaftère des Carmélites , des filles de Sainte
Marie , des Urfulines , & autres qui ne font pas
fondés, & qui font établis depuis 1600, en vertu
de Lettres-Patentes regiftrées aux Parlemens, tient
lieu de la penfion viagère, qu'il eft permis d'exiger
de celles qui entrent dans ces Monaftères j & cette
dot ne doit pas excéder la fomme de huit mille
livres dans les villes où il y a Parlement, Se celle de
fix mille livres ailleurs.
On écrit plus ordinairement ^or; Se l'autorité dé
M. Patru j qui écrivoit dote , ne l'a point emporté
fur le plus grand nombre des Ecrivains j qui faic
l'ufage dans les langues. On écrit c/ow au pluriel,
qui fe dit rarement.
Le mot de dot eft formé du Latin dos , dotis aa
génitif.
DOTAL, ALE. adj. Qui appartient à la dot, qui en
fait patrie. Dotalis. La quittance des deniers dotaux
doir être à la fin du contrat de mariage. Le domaine
du fonds dotal pafte au mari , mais d'une manière
révocable , dit M. Wernher: de forte que le mari
eft obligé de le reftituer en efpèce , après la dilfo-
lution du mariage ; ce qui ne fouffre aucune diffi-
culté , quand les fonds dotaux n'ont point été efti-
més par le contrat de mariage. Journ. dés Sav.
lyzi./?. 254. La loi 54. aU Digeft. De jure dotium j
répute biens dotaux , les fonds qui ont été ac-
cjuis de l'argent donné en dot à la femme Ibid.
p. 255.
DOTATION, f. f. Terme de Jurifprudence j fignifie
en général l'aéfioh de doter , & quelquefois les biens
donnés en dot.On le dit particulièrement des fonds,
des revenus aflignées à une Eglife , à une Commu-
nauté, à un Hôpital ^ & de ce qu'on donne aux Re-
ligieux & aux Religicufes pour leur entrée en reli-
gion. Dotatio l dotis ajjignatio. Dotation d'une Egli-
fe. Ce que les Fondateurs ont cru fuffifant pour fa
dotation, le doit être pour fa fubfiftance , Mémoi-
res pour S. Germain r Auxerrois. ManoRry Plaid.
Jacques , Roi d' Arragon , envoya prier le Pape Gré-
goire IX d'ériger à Majorque une Eglife cathédrale ,
& d'y ordonner un Evêque •■, à quoi le Pape répon-
du V
D O U
èh: une Eglife cathédrale doit être dotée inagnifi-l
quement, afin que l'Evcque & le Chapitre ioient!
honorablemement entretenus : autrement la dignité
Epifcopale y feroit avihe. Or li ne nous a point en-
core apparu de la Joucion de l'EgUle de Majorque j
ceil pourquoi naus avons diftcic l'eliet de votre
«demande. La lettre ell du lo Décembre 1150. Le
Pape toutefois l'accorda fept ans après, fleury, Hiji.
Ecd.
gCT Lxdotadon d'une Eglife , eft un des moyens
par lesquels on acquiert le droit de patronage.
Patronum faciunt dos , £,difi-:aûo j fundus.
DOTEKOM. Petite ville des Provinces-Unies dans le
Comté de Zutphen. Douchemum. Elle ell fituée fur
le vieux Ilfel , à deux lieues de fon embouchure
dans le Rhin.
DOTER, v. a. A(Tîgner à une fille des deniers pour la
marier, ou pour la rendre Rcligieufe. i^jwre. Quand
on a débauché une fille de famille on la doit epou-
fer ou doter.
DorER, fignifie aufïï, fournir des deniers, ou afll-
gn^r des revenus pour l;s fondations des Egliiesou
des Bénéfices. LJn Prélat ne doit point benir ou con-
facrer une Eglife qu'elle ne foi: dotse. Les Rois ont
doté les Abb.iyes qu'il ont tondccs , de grands rêve
nus.
Doté , ée. parc. Dotacus.
DOTrlA, D.>rHAM, ou DOTHAN. Ville de la
terre de Chanaan , ou de la Terre-Sainte , fuuée
dans le pays de Oochain dont nous allons parler _,&
auquel elle donnou le nom. Dotha.On la contond
ordinairement avec Dothain ; mais on le trompe.
Dotha-2 elt une ville, comme il p.iroit par le qua-
trième Livre des Rois VI. 13. & les frères de Joleph
ne pailfoient airurérnsnt pas L'urs troupeaux dans
une ville, mais dans les cainpignes de cette ville.
C'eft dans Dothan qne les Syriens aiîîégèrent Eliféej
4*^ l.iv.des Rois, VI. ij. Cette ville fubfilloit en-
core du temps de S. Jérôme , qui dit quelle étoit à
douze mille de Sebafte au No'.d,
DOTHAÏN. Prononcez en tiojs fyllabas. Petite con-
trée de la terre de Chanaan. Dotàain, Dothanu^
ager. C'eft ïDothdin queJofeph trouva fes frères ,
qu'ils le jetèrent dans une vieille citerne , & qu ils
le vendirent aux Marchands Ifmaclites. Gcntje.
XXX VIL 17 (S- y«/V. C'étoit un pays plat , & des
campagnes où il y avoir des pàcurages pour les trou-
peaux. Il étoit dans la Tribu de Zabulon , au nord
du pays de Sichem Hc de Samarie , à un mille de Bé
thulie, dit le P. Lubin , & à douze de Samarie. Cor-
neille écrit DûCHAiN , ou Dothain. C'eft une erreur.
Il cite le voyage du P. Roger , qui dit toujours Do-
thain j & jamais Dochaïn,
DOTIS. Ville de Hongrie que Maty appelle Dotes j
Dotis , ou Tai^ ; & M. Corneille , Dotis , Fatis j ou
Tota. Elle eft dans le Comté de Javarin , félon celui
ci , & dans le Comté de Comore , félon l'autre. Voy.
TATA.
DOTO. f f. Nymphe , fille de Nérée & deDoris. Héf.
Théog.v- 14^. Virg. Enéïd. L.IX^v. loz. Faler.
"■ ' ' I , V. 154. Dota.
D O U 441
en particulier dans Strabon & dans Ptoîomée. Frc-
degaire , L. dtrnier , C 26 & Jonas ^ dans la vie
de S. Colomban , l'appellent Dova. L'Auteur de la
vie deSainre Salaberge, contemporain deDagobert,
le nomme Duvius , Guillaume le ]}>ïQioa.Duher.
Le Dou eft une grande rivière de la Franche -
Comté , qui a fa fource au mont Jura , près de la
grande Combe. Elle coule du midi au feptentrion ,
jufqu'à Sainte Urfanne aux confins de l'Evêché de
Bâle ; puis tourne tout à-coup du feptentrion au
midi , jufqu'.! S. Hippohte , où elle remonte du
midi au nord : enfuite elle rabat au midi
cou
Place. Argon. L.
DOU.
D'OU , adv.De quel lieu , de quel endroit. Unde.D'oh
venez-vous?-D'oi vous font ces attraits venus ? Voy.
Où.
DOU. Le Dou. Quelques-uns écrivent Doux ^ Le
Doux ; c'eft une faute , félon Hadrien de Valois
&c félon d'autres encore. Ils ont railon: l'origine <5c
la prononciation brève de ce nom demandent qu'on
écrive Dou , &: non pas Doux , en Latm Duh'is. On
lit, dans le premier livre desCommentaires de Céfar,
Alduahis , &, en d'autres exemplaires, AlduadubiSy
Alduatdufms i Alduafdalis\ mais, félon la remarque!
de Valois, le véritable mot eft Duhis : c'eft ainfi;
qu'il fe lit dans les Hiftoriens &; les Géographes , &i
Tome IIL
.le
plus loin qu'elle n'a fait de fa fource au nord , &C
fe décharge dans la Saône au-deftous de Verdun , ea
forte qu elletorme J par fon cours, la figure d'un Si-
phon , dont la féconde branche, qui eft à l'occi^
dent , eft plus longue que la première qui eft à l'o-
rient. LeDou arrofe Mortau ,Sainte-Urfanne , Saint-
Hippolite , Mandeure , Chaftelot , Leile , Clerval,
Bel'ançon j Dole & Verdun,
DOU. 1. m. Le peuple du Dauphiné nomme ainfi le
fiel des animaux , par une annphrafe tirée des Grecs,
qui le nomment aulli yAuxôs- ^ ^- ce mot fignifie doux.
Chorrier. Il talloit dire , par une annphrafe fem-
blable à celle des Grecs : mais cet Auteur eft per-
fuadé que les Celtes , peuple du Dauphiné j ont par-
lé Grec J (k ont pris pluheurs exprellions de cette
langue.
DOUAIRE. {. m. Biens que lemariaffigne à fa femme
en le mariant , pour en jouir par ufufruit pendant
fa viduité j & en lailfer la propriété à fes enfans.
Uiufruit d'une certaine portion des biens du mari,
que la femme doit prendre quand elle furvit. Ufus
Jruclus certi cujujdam partis bonorum mariti qu^fu-
perjliti uxori conceditur. Cet avantage n'eft point fait
à la femme j par le mari pour la récompenfer , com-
irc quelques-uns le difent, des biens qu'elle lui a
apportés en dot , puifque le douaire eft accordé à
celle qui n'a rien apporté en mariage, ou qui n'a
point réellement apporté en dot ce qu'elle , ou uns
autre perfonne , avoir promis d'apporter au mari.
Ferr.
ifT Le douaire n'eft pas non plus fondé fur la
raifon qu'en donne Cujas , utprtzmium habeat de-
fiorats, virginitatis ; puifque les femmes veuves ,
qui le remarient, ont un douaire , au(Ti-bien que cel-
les qui contradtent leur premier mariage.
§C? D'ailleurs la confommation du mariage n'eft
pas nécelfaire pour le gain du douaire , excepté dans
quelques Coutumes , qui portent exprelfémenc
qu'au coucher la temme gagne fon douaire.
IfT On peut dire , avec plus de raifon , que cet
avantage eft fair par le mari à la femme, afin que
celle qui contrade mariage foit fûre d'avoir desali-
mens fur les bjens de fon mari, pour la récompen-
fer des foins & des peines qu'elle prend pour fon
ménage , pour élever fes enfans , Se pour l'augmen-
tation &C la confervation des biens communs.
Le douaire préjîx , eft celui qui confifte en une
cerraine rente , ou fomme d'argent, ou en quelque
terre : ou héritage affeiSté au douaire. Douaire cou-
tumier 3 eft la moitié de tous les biens qu'a le mari
le jour de fon mariage , lequel a lieu quand on n'a
point ftipulé de douaire préfix. En Normandie c'eft
le tiers en ufutruit. Chez les Gots le douaire n'étoic
que la dixième partie des biens du mari j chez les
Lombards, la quatrième ; chez les Romains & Si-
ciliens , la troifiéme. Le douaire eft fi privilégié ,
qu'un décret ne le purge pas , & fon hypothèque
demeure toujours. On dit, en proverbe. Jamais
mari ne pa.yx douaire , c'eft- à-dire , que la morr ci-
vile du mari ne donne pas lieu à la demande dit
douaire. Loukt. Ce proverbe n'eft pas vrai en Nor-
mandie , où la mort civile donne ouverture au
doujire. Il y des femmes qui fonr du mariage un
commerce d'intérêt , qui ne fe marienr que pour
gagner des douaires, !k pour s'enrichir de la dé-
pouille de leurs maris. Mol. Avant Philippe-Au-
guftc, il y avoïc en France un douaire : mais U
Kkk
44i ^ O U , .
femme ne le pouvoir prétendre à moins qu'il n'eût j
été promis : ce Pnnce voulut ique , lans con-
vention j le douaire fut réglé à la moitié des pro-
pres du mari.
Douaire far2s retour, Eft le droit de propriété du
douaire qu'a la femme quand il eft ftipulé ians
retour en la htveur ; en cas qu'elle lurvive à fon
mari.
Ce mot vient du Latin dotarium.
DOUAIRIER. i. m. Terme de Palais. Qui fe dit des
enfans qui ont renoncé à la fucceilion de leur père,
& qui fe tiennent au douaire de leur mère, tilius
qui concejjam matri bonorum paternorum partem ,
neglecïâ parentis ipfius h&reditate , fibi vindicat. La
Gpiitume veut qu'un enfant ne puilFe être héritier ,
4^ douairitr tout enlembie.
DOUAIRIÈRE, f f. Veuve qui jouît de fon douaire.
Il ne fe dit que des Dames de la première qualité.
Mulier cui ufusfruclus certA partis bonorum mariti con-
cejjus est. Jamais Madame la Douairière de Rohan
ne leur a dit un feul mot. Patru. Reine Douai-
rière , Pnnce
ïife D
ouainere.
fCF DOUANE, f f. Nom que l'on donne aux prin-
cipaux Bureaux établis dans le Royaume pour per-
cevoir certains droits fur les marchandifes. Posto-
rium. Il y a en France trois Bureaux qui portent par-
ticulièrement le nom de Douane j celui de Pans ,
celui de Lyon , & celui de Valence.
ifT On appelle auHi Douane , les droits qui fe
paient à ces Bureaux j fuivant les tarifs arrêtes au
Confeil. Vectiaat.
La Douane de Lyon eft confidcrable par les droits
fur les étoffes Se draps d'or & d'argent, de foie^ de
filofelle , de palfemcnt , de canetille , & autres
femblables ouvrages qui viennenr d'Efpagne , d'I-
talie , & qui entrent eu France. Cet impôt fut éta-
hYi , félon quelques uns , fous le Règne de Louis XL
&c félon d'autres , fous celui de Charles IX. Il s'ap-
pelle Douane de Lyon , pirce qu'il le paie .\ Lyon ,
où il faut que palfent ces fortes de draps. Il faut que
tous les Rouliers viennent à la Douane faire décla-
ration de leurs marchandises. De toutes les mar-
chandises qu'on décharge à la Douane , il n'y a
que les livres qui ne paient rien. Par tout l'Orient il
y a des Douanes établies , où fe lèvent les feuls de-
niers pour la fubfiftance de l'Etat.
Ce mot vient de l'Italien duana , ou dogana, dé-
rivé de l'Arabe diwan, qui figni.^e_, proprement, le
Prétoire & le Sénat, & qui a été fait de l'Hébreu .,
doun, figmdznt juger. Men. On ttouve dans la balle
LMnné duhanuj doana , & dohana ^ L. I. Sicul.
Constitut. tit. ip.yS j Sec, Foye^ Acla Sancl. Maii ^
T. Fil. p. zoo. C. & F. Du Cange le dérive du
mot , doen , Bis-Breton , qui ÇigmhQ porter , à caufe
qu'on transporte en ce lieu- là toutes fortes de mar
chandises. Vincent de Beauvaisdit que le Palais des
Sultans , où fe gardoient leurs trésors j s'appeloit
Douane.
DOUANEPv.. v. a. Terme de Marchand , qui fignifie j
mettre le plomb de la douane à quelque marchan-
dise. Faire douaner une éroffe , une marchandife ,
c'eft la faire pafiTer à la douane , pour y être vilitée
& plombée. Ce terme eft particulièrement en ufage
à Lyon & à Tours.
DOUANE , NEE. part. Marchandife , étoffe , où le Vi-
/îteur a mis fon plomb , & pour lefquelles il a dé-
livré fon acquit. Cette étoffe eft douanée ^ elle a
patfé par la douane.
DOUANIER, f. m. Fermier ou Commis de la Douane,
qui vilite les marchandifes , & reçoit les deniers
qu'elles doivent payer aux Douanes. Publicanus.
DOUAR, f. m. Terme de Relation. Village des Arabes
en Barbarie. AlTemblage de plufieurs tentes difpofées
en rues , & fous lefquelles logent plufieurs familles.
Ficus., habitatio. Il n'y a que les Maures & les Arabes
qui habitent les campagnes en Barbarie. Ils font leurs j
demeures le long des ruifreaux& des rivières , à '
caufe de la commodité de l'eau, & n'ont pour tou-
tes maifons que certaines tentes de dix ou douze
DO U
pas de long & fix de large. Ils s'aiTemblcnt là quel-
quefois juiques à cent ou deux cens, ce qu'il appel-
lent un Douar.^. 'Da'h. Usdrélîent leurs tentes les
unes proche les autres , & en font diverfes rues ,
ainli qu'en un camp. Tout cela joint eniemble s'ap-
pelle un douar. Id. .
Ce mot eft Arabe , & originairement Hébreu : il
vient de lin, dour , habitare 3 Se fignifie une habi-
tion , une peuplade.
DOUARNENES. Petite ville de France en Bretagne.
Dovarnena. Ce lieu eft à quatre lieues au nord de
Quimpercorenrin , & à neuf au midi de Breft.
Douarncncs a un fort grand & fort bon port , fur
la Baie de Douamenes , qui eft un golfe auquel
cette ville donne fon nom. Sinus Dovarnencnjis.
DOUAY, que nous prononçons Doué , comme s'il y
avoir une^?', & que les gens du pays prononcent,
comme li c'étoit une e ouvert , Doués. Duacum ,
Duagium. C'eft une grande ville de la Flandre
Wallonne , fur la Scarpe , entre Lille & Cambray.
Quelques-uns prétendent que c'eft l'ancien Duei~
giuin Atrebatum , & que Duacum eft un nom ré-
cent. D'autres difent qu'elle étoit autrefois la Ca-
pitale des Catuagates. Cette ville eft bien forti-
fiée. Elle fut cédée aux François par la paix d'Aix-
la-Chapelle \ & , ayant été prife & reprife enfuite
par les François , elle leur fut encore cédée par la
paix d'L/trechr. Il y a à Douay une Univerdté cé-
lèbre , fondée par Philippe IL Roi d'Efpagne , en
1 571. Elle a trois Collèges , celui d'Auchin , celui
du Roi , Se celui de Saint Waft.
DouAY. Petite Ville d'Anjou. Foye\ DOUÉ.
DOUBLA, f. m. Monnoie d'argent qui fe frappe à
Alger, ou à Tunis. Il vaut environ 2^ afpres j ce
qui revient à-peu-près à rrois livres de France.
DOUBLAGE, f. m. Terme de Marine. C'eft un fécond
bordage j ou un revêtement de pl.anches , qu'on
met par-dehors aux vaiffeaux ; particulièrement à
ceux qui vont vers la ligne, pour les conferver, Sc
empêcher que les vers ne les criblent. Navh duplis
ajferibus injlrud.a.
^fT On met , généralement , ce fécond bordage
ou revêtement de plajiches aux vaiflèaux deftinés à
des voyages de long cours.
Doublage, En matière de Fiefs, fe dit du double
des devoirs que les Sujets font tenus de payer à
leur Seigneur, en certaines occalions, comme quand
il eft f'.iit Chevalier , quand il marie fa fille
aînée noblement, quand il a été fait prifonnier en
jufte guerre , &c. Fecligal duplicatum. Ce dou-
' hlage ne doit pas monter plus haut que vingt-cinq
fous.
iCr^DouBLAGE , dans l'Imprimerie j C'eft lorfqu'un
mot , ou plufieurs mots , une ligne , ou plufieurs
font marquées à deux différentes fois fur une feuille
de papier imprimé j ce qui eft un défaut de la
preife ou de l'Ouvrier.
IlS' Doublage , fe dit encore , dans les M.anufa61:u-
res , de Taèlion de joindre deux fils de foie , pour en
faire un fils compofé.
gCF DOUBLE, adj. m. Se f. Qui vaut , qui pefe , qui
contient une fois autant qu'un autre. Il eft oppofé
à fimple. Duplex _, duplicatus. Double Louis. Dou-
ble ducat. Double paie. La pinte eft une double.
chopine.
Double , fignifie aufîi , ce qui eft fait ou répété
deux fois. Duplex _, geminus. LTn aéte , un compte
double , eft celui dont iK y a deux originaux pour
en donner un à chaque partie. Un double baftion ,
un double ravelin , une double enceinte , une dou-
ble enveloppe de lettre. Une double porte, fe dit ,
de deux portes mifcs des deux côtés de l'épaifleur
d'un mur. Un a^o^We chaffis. La plupart des orga-
nes des fens font doubles. J'ai un double intérêt en
cette affaire. Je prouve mon dire par une double
raifon. Ce palfage a un double fens. Voilà un mot a
double entente. Une double cadence. Une ferrure à
doubk tour , c'eft celle où l'on tourne deux fois la
D O U
clef. Un djuhle nœud , fe dit de ce qu'on a noue
deux fois.
^fT En Géomccric , une quantité eft double d'une
autre, lorfqu'ell'.; l.i contientdeux io\s: fous-double ,
lorfqu'elle en ell la moitié. 6. elt double de 3. 5. elt
eft fous-double de fix.
§3° On appelleraifon double , le rapport de deux
quantités, dont l'une eft double de l'autre. 16. eft à
S. en raifon double. Il ne faut pas confondre la
raifon double avec la raiion doublée.
Les Poètes appellent le^arnalîe la double mon-
tagne , parce qu'il y a deux fommets. Biceps.
Apollon m'a montre , dejjus le double mont,
Le Laurier immortel qui doit ceindre mon jront.
GOD.
Nous lifons dans l'Ecriture ^ qu'Elifée deman
doit le double efprit d'Elie. Qbfecro Jiat in me du
plex fpiritus tuus. On l'entend , communément ,
comme lî Elifée avoit demandé que le don de
prophétie & des miracles fût plusgrand en lui qu'en
Elie. L'explication la plus naturelle , eft de dire
qu'Elilée demandoit à être animé du mcme ef-
pric qu'Elie ; que le don de prophétie & des mira-
cles , qui avoit éclaté en Elie , pafsât en lui.
Double, fe dit auili des chofes qui font faites avec
plus de foin , &: qui ont plus de f^orce & de vertu.
Du brocard à double broche , du ruban double en
liiTè j de l'encre double 3 bonne double bière , un dou-
ble canon.
En termes de Bréviaire , on appelle Fête double ,
une Fcte folennelle , où l'on double les Antiennes
iSc Oii on les répète à la fin & au commencement
de chaque Pfeaume , & parce qu'elle a les premiè-
res & les fécondes Vêpres. Fejlum duplex, U y a des
Fêtes doubles de la preiiiicre ciafFe , qui font Nocl ,
l'Epiphanie , Pâques , l'Afcenfion j la Pentecôte , la
Fête-Dieu , la Saint Jean , la Saint Pierre , l' Alfomp-
tion , la Toulfaints , la Dédicace & le Patron de
l'Eglife , d'autres font doubles de la féconde dalfe.
D'auties font doubles majeures , & d'autres entin
font feulement doubles. Telles font les différentes
claifes des doubles , félon le Bréviaire Romain.
Dans le rie Parilien , on ne parle point des fêtes
doubles de la première ni de la leconde clalfe ; mais,
au lieu de ces termes , on fe fert de ceux d'Annuel-
le, de folennelle majeure , & folennelle mineure.
Il y a cependant des Fêtes que Ton qualifie de dou-
bles majeures , & de doubles mineures , & de femi-
doubles j mais l'office ne s'y fait pas de la même
manière que dans le Romain.
Lfne double Fête , c'eft un jour où deux Fêtes fe
rencontrent enfemble \ un double jeûne , un jour où
il fe rencontre deux Jeûnes de commandement. Les
YctQ% fcmi-doubles , font celles qui ont aulîi l'Office
entier avec les deux Vêpres , mais où l'on ne répète
pas les Antiennes.
On appelle un double bidet , un bidet qui eft de
plus haute taille que les ordinaires. Manus elaûor ,
craJJJor.
DoufiLE , terme du jeu de Lanfquenet , fe dit d'une
carte qui eft déjà venue une fois ; &, au figuré, on le
dit de ceux qui ont un avantage, des furetés que
les autres n'ont point. Duplicatus , geminutus. Il eft
bien établi dans cette ferme , il a la faveur des Mi-
niftres , il joue fur carte double.
On appelle un chiifie à double clef, celui où l'en
cliange des caractères pour fignifier une même let
tïQ.Duplex.\]\-\ chiffre àc/oa/Vdclefeft indcchitFrable.
On appelle aulli lettre double j en termes de Gram-
maire, une lettre qui a la force de deux autres,
comme le y des Hébreux, quiKiitr&jj \'x des
Latins , le i des Grecs. Il eft évident que ces lettres
en valent deux , Se que , quand on prononce le mot
Latin axis , ou le mot François axillaire , on leur
donne le même fon qu'ils auroier.t s'ils éroient
écrits par deux ce , accis ^ accillairc , ou par un c Ik.
une s , acjis j acfllairc. Les lettres doubles renfer-
D O U 44i
ment avec le (7 ou l'j-, l'une des muettes auxquelles
elles ont rapport. Les Grecs en ont trois , z , -J' , E;
Les Latins n'en ont que deux X , Z ; & la plupart
des langues vulgaires de même. Port-R. Les dou-
bles ne font que des abréviations d'écriture pour
les lettres que nous voyons qu'elles renfermenr.
Id. f^oyei la Nouvelle Méthode Latine , Traité des
Lettres , C. XL & la Méthode Grecque j Liv. I. C.
V. Régie V^
En Médecine on dit , fièvre double tierce , double
quarte. Foye^ Fièvre.
On dit, au Palais , qu'un faux Redouble emploi ne
fe couvre jamais. C'elt une même partie qui a été
employée deux fois dans un compte , fous divers
noms & divers prétextes : c'eft-à-dire , qu'on peut
revenir à la demande , nonobftant tous arrêts &
tranfaétions.
En termes de Chymie j efprit de vin double 3 veut
dire, de l'efprit de vin diftiUé deux fois , & réduit
par la féconde diftillation, à une quantité moindre
d'un tiers ; par exemple , de trois pintes à deux j ou
environ.
Double , fe dit aufti en chofes morales. C'eft Uh dou~
ble maraut , un double fripon , un grand coquin , un
grand maraut. Nequior. Cela n'eft que du ftyle fa-
milier. Au figuré , on appelle un homme double ,
celui qui a de la mauvaife foi , qui a toutes les dé-
monftrations de l'homme de bien, fans en avoir la
réalité : une ame double , un cœur double j qui die
d'une façon, & penfe d'une antre. Duplex^fîcius ,/1-
mula tus. Seignem , délivrez mon aine des langue?
c/o/z/i/ej&trompeufes. Port-R. S. Paul dit , dans fa
première Epître .1 Timor, que les Diacres ne doi-
vent point Être doubles eh paroles.
Ak ! traure jfcélérat, ame double &fansfoi, Miet.
Un cœur ào\ih\Q aifànent croit qu'un autre eft coupable
D'un crime donc lui-même ilfent qu'il eji capable,
P.L.D.J,
Double, eft auffî quelquefois fubftantif , & lignifie
une fois autant. Ùuplum. La peine du double , du
quadruple. Gager le double contre le fimple. Le dou-
ble A'' un chiffre. On dit qu'un homme \on double y
quand il voit deux choies au lieu d'une. Le double
d'une fentence , c'eft: la tranfcription d'une fenten-
ce dans quelque aéte. En ce fens ce mot vient de
double J qui , en bas-Breton , fignifie copie , ou dou-
bla J copier. Le double d'un compte ^ c'eft la féconde
grolfe, qu'on donne à la Partie. Le double d'un air, en
Mufique , c'eft le même air qu'on figure fur le fim-
ple , par l'addition de pliilieurs notes qui varient
& ornent le chant. Foyej Variation. Plier un linge
en double j c'eft le replier fur lui-même.
^fT On dit aufti le double d'un corps de logis.'
On a mis les garderobes dans le double.
^fT On appelle aulli double à l'Opéra , un chan-
teur ou un danfeur en fous-ordre , qui remplace les
premiers Acl:eurs quand ils ne peuvent pas jouer
leurs rôles. Il y a pluficurs doubles Y)0\.n le chant &C
pour la danfe. U y a aufti des doubles à la Comédie.
En termes de Marine , double fe dit des manœu-
vres , & eft oppofé à bout , ou extrémité. F^aler fur
le double J c'eft haler en prenant une manœuvre par
le milieu, ou par tout autre endroit que parle
bout.
Do'JELE , en termes de Mufique j fe dit des croches,
des meftires : double croche , double meiure. La dou-
ble croche vaut la feizième partie de la note ronde :
c'eft une note dont la queue a un double crochet, Sc
qu'on nomme , à caufe de cela , double croche : elle
vaut la moitié d'une croche. La mefire double eft
celle qui fe bat à deux temps égaux. Dans ces exem-
ples, le mot double eft adjeâtif : le même mot eft
aufti fubft.intif , & de genre mafculin en termes de
Mufique , lorfqu'on parle des mefures. Le double
majeur fe bat à quatre temps égaux. Le double
ordinaire fc b.i: à deux temps égaux. Le double
K k h ij
i
444 ^ D O U
mineur fe bat à deuxtemps très-légers. Monteclair. '
gCr DouLE Octave j efl un intervalle de Mufique ,
compolé de deux odaves.
Double , En termes de Fleuriftes & de Botaniftes ,'
ie dit des fleurs qui ont plus de feuilles qu'elles
n'en ont naturellement , qui , par l'art Se la culture ,
ont acquis un plus grand nombre de feuilles que la
nature ne leur en a données, qu'elles n'en ont quand
elles viennent d'elles-mcmes Se fans culture , &
qu'on appelle fimples. Un œillet dauèie , une rofe
double , une anémone double , un louci double. Un
c£\\iQidouble ellfujet à crever. Les Fleuriftes eftiment
fort les fleurs doubles , que les Botaniltes regardent
comme des monftres. ^oyei Fleur.
Double d'Aoust. Terme de Coutume. Ceft le droit
ordinaire qui eft dû au Seigneur au mois d'Août par
fes hommes ferfs.
Double- Aubier, /"fj^î Awbier. Aux arbres qui ont
ce défaut , on trouve dans répallFeur du bois une
zone de bois tendre , que l'on compare à l'Aubier.
Elle eft recouverte par une zone de bon bois Se par
l'aubier ordinaire.
Double-Borne, f. f. Pièce carrée d'une vitre.
Double-Cens, fe dit , quand le Sujet Cenfier, pour
fa nouvelle acquifition , ou fucceftion , ne paie à
fon Seigneur que le a'o«A/e de ce qu'il paie chaque
année de devoir cenfuel.
DouBLE-pEUiLLe. f. f. Ophds , hifollum. Plante qui a
beaucoup de rapport avec \Orchis. Ses racines font
fibrées , blanchâtres , & poulTent une tige garnie à
fa bafe de deux ou trois feuilles arrondies , &: fou
tiennent pluficurs fleurs difpofées en forme d'épi.
Chaque fleur eft verdâtre , a fix pétales , dont cinq
font petits j & font unecoctFe j & le fixième , ou
l'inférieur , repréfente une figure humaine. Le ca-
lice devient un fruit à trois côtés & à trois loges ,
qui font chacune garnies de quelques bandes , fur
iefquc-Ues font attachées des femences , aufli me-
nues que de la fciure de bois. La Double-feuille
vient dans des endroits humides.
Double-Fleur. Nom d'une efpèce de poiriers, &
de poires. Ceft une grolfe poire plate j qui a la
queue longue Se droite , la peau lilfe , colorée d'un
côté, & jaune de l'autre: quand elle eft gardée,
elle perd fon coloris , & devient toute terne Se
noirâtre. On en fait les plus belles Se les meilleures
compotes du monde , ayant une chair moclleule ,
fans aucune pierre , Se ayant fur-tout beaucoup de
jus , qui prend aifément une belle couleur au feu.
La Quint. .
Double-Henry. Monnoie' d'or , du poidsde 5 deniers
17 grains trébuchans , les fimples & demi à pro-
portion j au titre de zi carats trois quarts , valoir
autrefois un peu plus que le louis d'or , environ
douze livres. Ceft à cette monnoie que Henri IIL
faifoit alluhon , lorfque fon armée étant jointe à
celle de Fleuri IV. alors Roi de Navarre , il refufa
de combattre celle de Charles , Duc de Mayenne,
chef de la Ligue , & dit qu'il n'étoit pas prudent de
rifquer un Double-Henri , contre un fimple Carolus.
Double-lien. Terme de Coutume. Lien de parenté,
par lequel deux perfonnes lont unies du côté pa-
ternel Se du côté maternel , comme le font deux
frères germains. Le double-lien donne un droit qui
confifte en ce que le frère, conjoint de deux côtés ,
exclut celui qui ne l'eft que d'un. Le double-lien n'a
pas lieu dans la Coutume de Paris ; mais il a lieu
dans plufieurs autres, comme dans celle de Bour-
gogne, d'Orléans , de Blois, de Berry, d'Amiens , &c.
DOUBLE-ŒUVRES. Voye-^ DOUBLERIE.
Double-Oreille. Terme d'Agriculture. Les Labou-
reurs appellent ainii la partie de leur charrue qui
fert à tourner , à renverfer de côté & d'autre la
terre que le foc a fendue. Celle qui ne la tourne
que d'un côrc , eft une oreille fimple.
Double-p aie. Terme de Guerre , Officier qui a dou-
ble-paie' Duplicarius. Les Troupes étrangères , en
France , ont double-paie.
^tTDouble-sens. Subtcrfa;;e adroit pour cacher fa vc
DOU
ritable penfée. Le double-fens a deux fignifications
naturelles Se convenables , par l'une defquelles il fe
préfente littéralement pour être compris de tout le
monde j Se par l'autre , il iait une fine allufion pour
n'être entendu que de certaines perfonnes. Le dou-
ble-fens eft d'un efprit Cm ; la malignité & la poli-
teiïë en ont introduit l'ufage ; il faudroit feule-
ment que ce ne fût jamais aux dépens de la répu-
tation du prochain qu'il eût lieu, f^oye^ Ambiguïté
. & Equivoque.
Double-tête. Terme«de Cloutier. Ceft un clou , une
forte de clou , qui a efFeétivement comme deux têtes.
Il fedit, aulli , en termes de Jardinage, d'une
efpèce de poire,qui a aufli comme deux têtes. On les
appelbjplus communément, des poires à deux têtes.
Double-de-Troye. Nom d'une efpèce de pêche,
qu'on nomme autrement Magdéleine rouge, /^oje:^
Magdeleine.
On dir, auflî j adverbialement ^ qu'un homme
paiera au double _, qu'on lui rendra au double quel-
que chofe ; pour dire , doublement , Se même beau-
coup plus , avec ufure , Se bien au-delà de ce qu'il
a prêté. Soit qu'on lui fît du mal , ou du bien ,
il le vouloit rendre au double. Ablanc. J. C. dit
que les Pharifiens rendoient leurs Profélytes fils de
la géhenne au double de ce qu'ils l'étoient eux-
mêmes. On dit j auifi , Mettre double , quand on
replie une chofe fur elle-même, ou fur quelque'au-
tre de même nature. Replicare. Plufieurs lettres de
Chancellerie font taxées au double , Se on les ap-
pelle des Doubles. On dit , aufllî , double d'une let-
tre , d'une copie. Apographum.
On dit , aufli , Jouer à quitte j ou à double ,
tant au propre qu'au figuré ; pour dire , Mettre tout
au hazard. Quamcumque adiré aleam.
DOUBLE, f. m. Petite monnoie de cuivre j valant
deux deniers. Sexta pars affis. Il fert à exagérer la
pauvreté. Cet homme eft Ci gueux , qu'il n'a vail-
lant un double , un rouge double. Il eft fi "avare , qu'il
ne donneroit pas un double aux pauvres. Il y a eu
des doubles à Paris , qui ont été de différente va-
leur 3 félon les remps , qu'on a appelés doubles
Par if s , & petits Parcfs.
Double, f. f. Ceft le premier des quatre ventricules
des animaux qui ruminent. On, l'appelle autrement,
panfe j ou géfer. T'oye^ Panse.
DOUBLEAU. Terme d'Architedure. Arc-Doubleau,
Nom qui fe donne aux premiers arcs qui forment
les voûtes , qui vont diredemenr d'un pilier , ou
d'un arcboutant à l'autre , entre lefquels font com-
prifes les croifées d'ogives. Arcus majores _, prima-
rii. Ils ont quelquefois plus de largeur que les
ogives.
DOtJBLEAUX. Terme de Charpenterie. Ce font des
folives pour faire des planches. Tigna. On mec
huit doubleaux au-deflus des travées pour faire le
plancher d'un moulin à venr. En particulier , on
appelle doubleaux , les folives qui portent le che-
vêtre.
DOUBLEMENT, f. m. Terme de Finances. Duplum.
Ceft une dernière enchère qui fe tait dans la hui-
taine , après l'adjudication des Fermes Se Domaines
du R-oi , qui eft le double du tiercemenr. Elle doit
être de neuf enchères courantes. Or, l'enchère cou-
rante eft une fomme certaine que le Confeil fixe à
proportion de la Ferme qu'on adjuge. De forte que j
fi l'enchère courante eft de dix mille francs, le
doublement doit être de trente mille écus , moyen-
nant quoi, on eft reçu à la place de celui qui eu
croit adjudicataire. On revient contre les adjudica-
tions des Fermes du Roi par doublemens Se par rier-
cemens. Dans les autres affaires , le doublement eft la
moitié du prix de l'adjudication dont on doit faire
l'enchère.
fCF Doublement. En termes d'Eaux & Forêts , eft
aufli une dernière enchère , qui eft le double du
tiercemenr. On détruit l'adjudication faite à l'extinc-
tion de la bougie , par le tiercemenr , i^ le tierce-
menr , par le doublement. L'une Se l'autre enchère
D O U
doivent être faites dans le temps fixé par l'Or-
donnance.
Doublement , fe dit d'un bataillon , quand on dou-
ble les rangs ou les iiies , pour les augmenter en
front , ou en hauteur. Duyiianïo.
Doublement, adv. En deux manières. Duplkuer.
Cette terre lui appartient doublement, par double
titre ; l'un , comme acheteur \ l'autre comme hc-
ririer du vendeur. Qui retient le bien d'autrui
avec parjure, pcche doublcmcm.
fCT DOUBLER, v. a. Mettre une chofe deux fois;
Mettre le double, mettre une fois autant. DupU-
care. Doubler [a. dépenic. Doubler \'ordina.'ne. Dou-
bler une fomme, un nombre ; c'elt multiplier par
deux.
iJfCr On appelle doubler un corps de logis, join-
dre un autre corps de logis à la face de derrière de
celui qui eft déjà tait. Adolfer deux corps de logis
l'un à l'autre.
^p" Doubler une Comédie , Quand deux Auteurs
font chacun une Comédie fur le même fujet. Du-
plkem in idem argumentum Comediam fcribere,
^fT On dit j en matière de Ipeclacle , Doubler
un rôle , doubler un Adeur , lorfqu'un Adeur en
lous-Œuvre joue un rôle , au défaut de l'Acteur qui
en étoit ch:irgé en premier.
Doubler, iignitie quelquefois limplement, Augmen-
ter , réformer. Augere j ampliare. Doubler le pas ,
c'efl: aller plus vite. Properare , gradum accelerare.
Cette redexion eil bien trifte \ il faut doubler le
pas pour s'en éloigner. Ch. de Mer.
Doubler, fignifie, aullî. Mettre deux étoffes Tune
fur l'autre, l^efli alcerum pannum intus njjuere. Faire
doubler un manteau , d'hermine , de panne , de
brocart.
^CT Doubler. Dans les M-inufaiSures &dansplufieurs
Arts Se Métiers, c'ell: accoupler j alfeuibler plu-
fieurs brins de foie , de lil ou coton ^ pour n'en
faire qu'un.
On dit, parmi les joueurs à !a paume, qu'une
balle a doublé j quand elle a touché deux fois à
terre. Dans ce cas , doubler efl: neutre. Solum bis
tangere. Et alors le coup ne vaut rien , ou l'on
marque une chalTe. Et , au jeu de Billard , doubler
une bille , fe dit , quand on poulTe la bille de fon
adverfaire , de manière qu'après avoir touché la
bande, elle revienne en lormant un angle , dont
la ligne du fécond côté aboutiffe ou réponde à une
bloufe j ou Amplement poulTer la bille de fon ad-
verfaire , de manière qu'après avoir touché la
bande , elle revienne.
0C7 Doubler, les Files , Doubler les rangs , En
termes de Guerre, C'efl; de deux rangs ou de deux
files n'en faire qu'une. On double les rangs , en
faifant entrer les Soldats du fécond rang dans le
premier , ceux du quatrième dans le troilième , ^c
aind de fuites.
En termes de Marine , on appelle doubler le cap ,
parer le cap , doublerXx pointe ; pour dire , Palier
au-delà du cap , d'une poinre de terre. Promonto-
num cdiquod prdtervehi. Le premier qui a doublé
le Cap de Bonne Efpérance , a été Vafco de Gama ,
Portugais, en 1498. Doubler un vailfeau , c'eft ,
aufll , lui donner un doublage , ou revêtement de
pl.inches. Doubler le fiUage , c'efl:. Faire plus de
chemin.
Doubler àçs reins, fe dit , en termes de Manè-
ge, quand un cheval défobéilfant faute plufieurs
fois de fuite, pour jeter le Cavalier à bas. Suc-
cucere.
DOUBLE , ÉE. part. J^oyei; le verbe. Les Tartares
font à cheval les jambes doublées, & les étriers ex-
trêmement courts. P. le Comtf.
Doublé, ee. adj. Terme de Mathématique. Il ne fe
dit qu'en cette phrafe , raifon doublée , qui eft
très différente de la raifon double.
ff3' La. raifon double, comme nous l'avons dit ,
efl le rapnort de deux quantités ^ dont l'une efl;
double de l'autre. ïC. el^ à S. en r.nfon double. Au
D O U 44;
heu que la ztii^on doublée eft le rapport de deux
cartes. 16. eft à 4. en raifon doublée de 4. à 1. c'eft-
à-dire j eff la raifon du carré de 4. au carré de 2.
comme le carré de 4. eft au carré de 2.
DOUBLERIE. f. h On nomme ainfi, dans quelques
Provinces de France , particulièrement en Nor-
mandie, dans le pays du Maine , & dans le Perche,
ce qu'on appelle ailleurs plus communément du
linge ouvré. Ans. environs de Rouen , on dit Dou-
bles-œuvres. Les Tiflerans donnent au linge ouvré
ces deux noms, parce qu'il contient, pour ainfi
dire , deux fortes d'ouvrages ; l'un , qui eft flm-
ple , eft la fimple toile; & l'autre , qui femble le
doubler j qui eft la façon qu'on y ajoute.
DOUBLET. 1. m. Fauffe pierrerie, faite de criftaux
taillés , joints enfemble par du maftic coloré par
art , ou par quelque perite feuille de la même
pierre, ou teinte de quelque autre matière , pour
imiter les Eméraudes, les Rubis, &:c. Adulterina.
gemma e cryftallo , colorata. Ce n'eft pas une Emé-
raude , c'eft un Doublet.
Doublet. Terme de Joueur au Tridrac. C'eft un jet
de dez qui amène les même points des deux dez ,
comme deux as , deux cinq , deux fix , &c. Teffe-
rarum ]ad:us eadem duihus in tejferis puncla referens.
Doublet d'as , s'appelle ambezas ; Doublet de deux ,
s'appelle double deux , tous les deux , L. S. Doublet
de trois, s'appelle icxnQs. Doublet àt quatre, s'ap-
pelle carmes. Doublet de cinq , s'appelle quines.
Doublet de fix, s'appelle fonnés. Id. Tous les auttes
coups, où les points font inégaux, s'appellent fim-
ples 3 ou coups fimples.
C'eft , aulli , un terme de Pharaon : le doublet
arrive , lorfque la même carte arrive à droite & 3
gauche j & le Banquier gagne moitié. Les doublets
font le profit des Banquiers.
fC7 Doublet , fe dit , aufti , au Jeu de Billard. C'eft
un coup , par lequel on fait frapper la bille de fon
adveriaire , feulement contre une bande ; d'oii elle
elle va entrer dans une bloufe. Doublet du milieu >
doublet du coin, f^oye^ DOUBLER au Jeu de
Billard.
DOU3LETTE. f. f. Eft un des jeux de l'orgue, qui
eft ouvert Se de deux pieds j accordé à la 22^ de
la montre. La doublette eft un jeu à bouche dont
les tuyaux font de la petite fadure , c'eft-à-dire ,
étroits : ces tuyaux font d'étain fin & ouvetts.
Doublette. Terme de Conchyliologie. C'eft un moc
dont fe fervent les Hollandoisj pour exprimer les
Coquillages qtii ont deux écailles. Ce terme revient -
.à celui de Bivalve.
DOUBLEUR DE LAINE. Celui qui double la laine
fur le rouer.
DOUBLEUSES DE SOIES. Ce font des filles , qui,
après que la foie a été filée par le Moulinier , la
doublent fur des guindres , qui font des eipèces de
rouets.
DOUBLiERE. f. f. C'eft , félon Botel , une bête
qui porte deux petits à-la-fois. Ce mot n'eft pas
d'ufage.
icT DOUBLOIR. f. f. Dans la Manufadure de foie ,
Machine qui fert à foutenir les rochers fur lefquels
eft dévidée la foie qu'on veut doubler.
DOUBLON, f. m. Monnoie d'Efpagne , ou double
piftole. Duplex nummus aureus. Ala foi ils font
beaux & bons, vos doublons. Cathol. d'Es. Voy.
Pistole d'Espagne.
Doublon , en termes d'Impriitierlcj fedit , des fautes
des Compofiteufs , quand ils compofent deux fois
la même chofe j ou plufieuts mots. Iceratio fupef-
vacanei\
DOUBLOT. f. m. Terme de M.inufadure d'étoffes
de laine, en ufage dans la Province de Cham-
pagne, particulièrement à Reims : il fignifie , un
fil de laine double, dont on fait les lifières des
droczuets.
DOUBLURE, f. f. L'étoffe dont on double une
autre. Affutus , ou ajfucndus intrinfecùs yejli pan-
44^ D O U
nus. La doublure eft fouvenc plus riche que l'étoffe.
On die , en proverbe & au figuré , que fin con-
tre hn , n'eft pas propre à faire doublure j pour dire,
que deux perfonnes qui fonc égalemenr fines j
ont delà peine à fe tromper l'une l'autre.
f3° Doublure, fe dit, aulîi , parmi les Orfèvres,
de l'or ou de l'argent dont on garnit intérieure-
ment les tabatières, dont le delfusnellpas du même
métal.
DOUBTER. Voyei DOUTER.
DOUCE-ÂMÈRE, ou DULCAMERE. Plante qui
poulie des farmens longs , ordinairement de deux
ou trois pieds. Elle eft chaude , fébrifuge , pulmo-
nique , 5c tue les vers. Ses feuilles & fes baies font
defficatives , digeftives , déterfives ,^ réfolutives &;
propres pour les obftruclions du foie , pour les
hernies , pour ceux qui font tombés de haut , pour
dilFoudre le fang caillé , étant prife endécoélion , ou
autrement. On l'emploie avec luccès , en forme de
cataplafme , fur la tumeur des mamelles , caufée
par la coagulation du lait. Cette plante fe vend dans
les boutiques des Herboriftes. Dulcamara , folanum
Jcandcns.
DOUCEÂTRE, adj. m. & f. Qui eft d'une douceur
fade. Il fe du des eaux , ou des liqueurs j ou fa-
veurs ^ & quelquefois des odeurs. Subdulcis j dul-
ciculus. Je n'aime point cette fauce , elle eft trop
douceâtre. Un fruit douceâtre. Prononcez dou^âtre.
DOUCEMENT, adv. D'une manière douce. Suaviter,
dulcicer. Les tortues marchent fort doucement. Sé-
nèque nous apprend , que , quand Socrate étoit en
colère, c'était alors qu'il parloir plus doucement^
& plus rarement. Port-R.
Doucement, figmfie encore. Humainement, fans
rudeffe , fans aigreur. Humanlter , lenlter. Il faut
traiter doucement les valets. Ce Prince a traité dou-
cement les vaincus. La corredion chrétienne fe doit
faire doucement. Se fans aigreur. Je ne lui ai rien
dit de fâcheux ^ je lui ai parlé doucement.
Doucement, fignifie encore. Commodément, fa-
cilement , paifiblement , agréablement , fans mur-
mure , fans impatience. Placide ^ quietè , tran-
quille j pacatè , fuaviter. On vit doucement dans la
lolitude. Avec un peu de raifon , on peut goûter
doucement les biens , & s'caccommoder patiemment
aux maux. S. Evrem. Il vit tout doucement de fon
bien ; ce qui veut dire , auiîî , petitement ; mais
fans être à charge à perfonne. Vivre doucement , c'eft-
à -dire , fans paflion , fans inquiétude , hors du
bruit &de l'embarrasdes affaires. Bouh. Doucement,
diras-tu , que fert de s'emporter ? Boil. C'eft-à-
dire , parler fans aigreur &: fans précipitation.
Quelquefois il va plus à l'artifice qu'à la modé-
ration.
DO U
ment fe porte ce malade ? Tout doucement. Avan-
cez-vous cette affaire ? Tout doucement. Académie-
Françoise.
DOUCEREUX^ EusE. adj. Qui eft doux, fans être
DuUiculus. Vin doucereux , truit douce-
agreabie.
reux.
EJi-ce donc -là médire^ ou parler franchement ?
Non j non , la médifance y va. plus doucement.
BOILEAU.
Il faut fe laifler conduire doucement à la nature ,
qui nous apprendra affezà mourir. Mont. Les mar-
ques de votre tendreffe me repaffent doucement
dans l'imagination. Ch. de Mer. Je fais fouffrir
mes malheurs adez doucement , & fans importuner
perfonne. M. Scud. Le mouvement le plus dé-
licat de l'amour , c'eft la langueur , qui , comme
une flamme fecrète, nous confume doucement. S.
Evremont.
Doucement , fignifie encore , Sans éclat, à la four-
dine & délicatement. Tacite ^ leniter , lente. Les
négociations av. c les Etrangers doivent être traitées
fort doucement. Il faut aller doucement , & bride en
main , quand on a affixire à certaines gens.
On dit , en proverbe, Allei doucement en befogne,
quand on agit lentement , & avec grande circonf-
pe£bion.
On dit , après de grandes douleurs , qu'on eft
bien doucement-^ pour dire , qu'on eft foulage.
Il fignifie , auflî , Médiocrement bien. Com-
%fT Doucereux , fe dit , au figuré , de ceux , qui ,
par des airs féminins & affeétés , par des difcours
flatteurs, cherchent à s'infinuer dans l'efprit des
autres. Il fignifie ^ proprement ^ celui qui eft tiop
doux & affedté. Ce mot s'applique à ceux qui mon-
trent beauconp d'amour ; mais une amour fade.
Blandiculus , blandicellus ^ blandiloquus. Il eft auflî
employé fubftantivement.
fer On ledit, non-feulement des perfonnes,
mais aufli des chofes qui font particulièrement pro-
pres aux perfonnes. Un ftyle douceureux , un efprit
doucereux , des vers doucereux : ce qui fe dit, par-
ticulièrement j des vers d'amour. Faire le douce-
reux , c'eft , Faire l'amoureux , le languiffant auprès
d'une Dame. Lanmidum, languentem amajlum aaere.
Cet homme eft un doucereux j qui fait toujours le
plaintif & le foupirant. M. Scud. Appeler un homme
doucereux , c'eftjhiidire une injure. Id. La réputation
Aq doucereux bannal. Bussi. ^Rab.)
DOUCET, ETTE. adj. Diminutif de doux , qui ne fe
dit que dans le difcours familier. Blandicella oris
fpecies. U ne fe dit que des perfonnes , & l'ufage
en eft fort borné. U eft auili fubftantif. C'eft une '
petite doucette.
DOUCETTE, f. f. Campanulaarvenjis erecla y vel pro-
cumbens. Efpèce de Campanule qui vient dans les
champs , & dont on mange , au printemps , les ra-
cines en falade. Sa racine eft blanchâtre , petite,
& pouffe quelques feuilles oblonguesj arrondies
par leurs extrémités , molles _, légèrement dente-
lées fur leurs bords. Ses tiges font , tantôt droites ,
tantôt couchées , branchues , garnies de feuilles al-
ternes , pareilles à celles du bas \ mais plus étroites
& un peu frifées fur leurs bords. Les branches
& les tiges font terminées par des fleurs d'un feul
pétale , fort évafées, & à cinq angles , purpurines,
ou bleuâtres , blanches dans leur fond , èc foutenues
par des calices verdâtres , rayonnées à cinq feuilles
étroites. Ce calice devient un fruit alongé com-
pofé de quatre loges , qui contiennent une fe-
menfe luifante & fort menue. Toute la plante
donne du lait.
Doucette , qu'on nomme auflî Roussette, f. f. Efpèce
de chien marin , dont la peau fert aux ouvriers en
bois , aux mêmes ouvrage où ils emploient le véri-
table chien de mer.
Doucette , eft aufli un nom que l'on donne à la Mé-
laffe , ou firop de fucre.
|C? DOUCEUR, f. f. Impreflion agréable que font
fur la langue les chofes qui n'ont rien d'aigre , de
piquant ni de rude. On le dit aufli de la même
impreflion qui eft produite fur les autres fens. Ce
mot s'emploie au propre Se au figuré , dans la plu-
part de fes acceptions. Voye^ DOUX. Dulcedo ^
dulcltudo , fuavitas. La douceur du miel eft plus fade
que celle du fucre- La douceur de la voix charme
l'oreille. Ce qu'on eftime dans les parfums , c'eft U
douceur. La douceur de la peau plaît au toucher. La
douceur âss covAcnis plaît à la vue. On dit qu'un
homme aime les douceurs , quand il aime le fucre ,
les confitures j les vins de liqueurs.
ifT Douceur , dans un fens moral , lenitudo, lenïtas^
défigne un caraéfère d'humeur qui rend très-focia-
ble , Se ne rebute peifonne. La douceur , dit M.
TAbbé Girard j eft une qualité qui fe trouve par-
ticulièrement dans la tournure de l'efprit j par rap-
port à la manière de prendre les chofes dans le
commerce de la vie civile. Ses contraires font l'ai-
greur Se l'emportement.
^ Il paroît qu'on fe fert plus communément
de ce mot à l'égard des femmes , parce qu'elles ti-
rent leur principale gloire des qualités convenables
à lafociété, pour laquelle il femble qu'elles aient
D O U D O U 447
été précifément faites. C'efl; par une conduite mo-^ corporls panem Infujîo. Donner, recevoir, prendre
la t/'j/icAt'. On emploie les <^ciz^c/ie^ , principalemenr
dans les cas où il y a ép.-iiiHUement de la fynovie ,
que l'on cherclie à dctiuire par ce moyen : effet qui
peut être produit par la cluite de l'eau , par la cha-
leur & par les parties falines dont les eaux ther-
males font chargées. On continue l'ufage des douches^
plus ou moins long-temps , ftlon que le mal eût
plus ou moms opiniâtre.
Ce mot vient de l'Italien ^ocda. Ménage.
dérée , par des manières modèles & polies , que
l'homme doit montrer ia douceur de fon carad^re,
èc non par des airs féminins &c alledés. La douccurl
etl une vertu prefque inconnue , parce qu'elle elll
fîmple & fans éclat. M. Esp. Il y a une lî grande j
liailon entre la. douceur & 1 humilité , qu'elles font'
prefque inféparables. S. Bernard, dit que ce font j
deux fœurs. Douceur de mœuts , douceur d'efprit. 1
Il-ell difficile de définir cette douceur qu'on trouve '
fl charmante dans les femmes ; il femble qu'il n'y |^ DOUCHER, v. a. Donner la douche. On m'a
a pas grande diftérence entre la bonté & \x douceur. \ douché \q br.as , le genoux, &c. Aquas thermales
M. i>cuD. /-^oye^ encore Humanité , Bénignité, j in aliquain corooris partcm malè affeclam injundere.
Douceur, fignihe encore. Contentement , aile , DOUCIN. f. m. Nom que quelques - uns donnent à
agrément , plaihr. Suavuas , jucundiras. Dieu nous l'eau douce mêlée d'eau de la mer. •
détache des douceurs trompeufes du fiècle par les Doucin. f. m. Sorte de pommier »7^ui approche fott de
amertumes falutaires qu'il y mêle. Le P. Thom. celui de Paradis.
C'ell dans le repos de l'efprit que conlîrte la douceur DOUCINE. f. f. Terme d'Architeéture. C'eft un or-
de la vie. Toutes les douceurs d un cœur tendre ne fe , nement de la plus haute partie de la corniche , qui
peuvent connoître , qu'en les éprouvant foi-même. !"
M. ScuD
eft fait en forme d'onde , moulure ondoyante , moi-
tié convexe , & moitié concave. Cymatium. Ou
l'appelle ,; auffi , cymaife , ou gueule droite & rcn-
verj'ée,
^fT Les Ménuifiers appellent douane , une efpèce
de rabot qui ferra faire des moulures.
Mille & mille douceurs j- {à U couronne) /emMent^lDovci-^2. f. f. Vie'jx mot. Sorte d'inftrument de Mu-
accjche'esj | fique. Marot.
Qui ne Jonc qu'un amas d'amertumes cachées. ''■DOXiDOU. f. m. Monnoie de cuivre, qui a cours
Ce font les douceurs d^a vie ,
Qiûjoat les horreurs du trépas. QuiN.
Corn.
La gutrre afes douceurs j l'hymen a /es alarmes.
La Font.
On dit , conter des douceurs à une femme y pour
dire , la cajoler , lui conter des fleurettes. Blan-
ditiiZ , illeceâra j lenocinia.
Aller à l'abri d'une perruque blonde ,
De /es froides àQ\i.cQ\ir:s fatiguer le beau monde,
# BOILEAU.
En ce fens , on dit aulTî j Dire des douceurs à
quelqu'un j pour dire , le flatter j lui dire des cho-
fes obligeantes.
Douceur , fe dit aufli , de quelque commodité , ou
menu profit qu'on tire d'une affaire , d'une entre-
mife i Fruclus , utilitas , commodum. Cet homme
n'a pas beaucoup gagné à ce marché \ mais il en a
tité quelque douceur. Il a fait ce mariage j il en a
eu quelque douceur. Cela eft du difcours familier.
Douceur fe dit du flyle. Il y a une douceur de
ftyle , qui condlle à écrire de manière que le dif-
cours s'infinue imperceptiblement dans î'efprit du
Lecteur , & y falFe une imprellionqui plaife & qui
attache Ce talent regarde le ftyle perfonnel , &
eft fort au-delfus du grammatical , dont néanmoins
il fuppofe d'ordinaire la pratique. P. Buffier. La
douceur du ftyle grammatical , félon le même Au-
teur, confifte à éviter une fuite de mots dont la pro-
nonciation eft rude , ou une fuite de fyllabes qui
ont le même fon , ou à-peu-près le même : le ftyle
n'aura poinr de douceur , fi ces mots ou ces fyllabes
dans quelques lieux de l'Orient , particulièrement
à Surate & Pondichéri. Le Doudou vaut un peu
moins de deux liards.
DOUÉ , ou DOE. 'Iheotuadum Cafcllum j ou Pala-
tium. Petite ville de Fiance, dans la Province d'An-
jou J à quinze mille pas de la Loire , à trois lieues
de Saumur , & à une lieue d'une petite rivière ap-
pelée le Toué , alfez près d'jjn ruilfeau nommé
Layon. Il paroît , par le témriignage de phifieurs
Hiftoriens ^ que Doé étoit un des principaux Pa-
lais des Rois d'Aquitaine ; & ce font les ruines
de ce Palais que les gens du Pays prennent
pour les reftes d'un Amphithéâtre. Meilleurs Bau-
drand & Corneille ont cru que c'étoit un Amphi-
théâtre , & en ont décrit la forme & les dimen-
fions. Il eft défigure hexagone , taillé dans un roc,
ou carrière de pierre rougeâtre, & pouvoir contenir
quinze mille fpeétareurs. Il y a vingt degrés pour
delcendre au parc , où l'on faifoit combattre les
animaux. En 1610. les Bourgeois de Doué repré-
feutèient, dans cet Amphithéâtre, la prifede Jé-
rufalem , par Godefroi de Bouillon , & quelques
Tragédies. Outre la ParoilTe , qui eft dédiée à S.
Pierre , il y a l'Eglife Royale & Collégiale de S.
Denis , un Couvent de Recolets , & un Hôpital
bien rente. On voit à Doué une des plus belles fon-
taines qu'il y ait en France. Elle eft en fera cheval ,
Lebaffin en eft fort large, & feivoit aux Nauma-
chies, ou combats fur l'eau. La Collégiale de S.
Denis eft , dit-on , un monument de la piété de
Dagobert I. Cette ville a été appelée en Latin
Doadum Cafiellum , Doalum , Caftfum Doadium ,
Dudum , ou Douœum.
DOUECNE. Foyc^ DUEGNE.
ne font pas tout à-fiit de fuite, mais fort près ; filDOUELLE. f £ Petit ais dont on fait les tonneaux
l'on repère trop fouvent certaines particules, car,
pour , mais , &c. (\ les mêmes mots font ptisen dif-
férens fens dans une même phrafe ; s'il y a des mots
que l'oreille ne diftingue pas affez , de forte que
phifieurs femblent n'en former qu'un feul. Ifocrate ,
S. Jean Chryfoftôme , & Euripide parmi les Grecs ;
Cicéron & Cornélius Nepos parmi les Larins ; Sa-
rafin , M. de Fénelon , Archevêque de Cambrav ,
M. Maboul , Evêque d'Alet, Racine ont une gtande
douceur de ftyle. S
On dit , proverbialement , Tout par douceur , Se ■
rien par force , pour dire j qu'on fait mieux fes j
affaires à l'air.iable j que pat violence. ï
iyT DOUCHE, f f. Epanchement , chute d'eau mi
C'eft la même chofe que douve, ou douvelle.
F'oye^ Douve , dont douelle Se douvelle font des
diminutifs.
Douelle. f f. Terme d'Architedure , quife dit d'une
coupe de pierre propre à faire des voûtes. Secli in
cuneum lapides. Le parement qui fait la partie cein-
trée de la voûte , & qui eft courbe , s'appelle
douelle intérieure , ou intrados. La partie oppofée
qui fait le defliis de la voûte , s'appelle douelle in-
térieure, ou extrados. La furface plane qui palfe
par la corde de l'arc à\mzdouelle , s'appelle douelle
plate : c'eft une préparation à la formation d'une
douelle concave. Frezier.
Ce mot vient du Latin dolium , un tonneau. Id.
nérale, dirigée fur une partie afteclée, pour en DOUER, v. a. Terme de Pratique. Aligner un douaire
procurer la guérifon. Aqus. calidx, in affeclam maVe i à fa femme. Voye\ Douaire. Une femifle douée.
44S D O U
de douaire coiuumier eft plus avantagée j que Ci ♦
elle étoic douce d'un douaire piéhx. 11 a doue fa ;
femme d'un tel revenu. )
PouER, fe dit, auffi , en parlant des dons & des
avantages que nous recevons de Dieu , de la nature. ;
Ornare , injiruere. Samfon fut douz d'une force ex- ;
traordinaire. EftKer fut douce d'une beauté admi- j
rabie. La Sainte Vierge a été douce de toutes fortes
D O U
Ou appelle, aufli , douille de la croix, le cretCi
qui elt au bas , où l'on fait entrer le bâton pour la
porter en Procellion , ou la mettre fur fon pied.
Les Taillandiers & les Jardiniers le difent , aulîi ,
du trou d'un outil de ter , comme d'une bêche ,
dans lequel on mer un manche de bois. On appelle
ainli, généralement, tout canal , anneau, tuyau de
métal.
de oraces & de vertus. Dieu l'a doué d'une grande DOUILLET , ette. adj. Mouillez l'i & les deux //.
vertu. La nature l'a doue de grands talens , d'une
grande beauté.
Doué , ée. part. & adj. Ornatus _, pr<tdïclus , ïnfiruc-
tus. Ce jeune homme ell douéàç. mille belles qua-
lités.
DOUET" ou DOUIT. f. m. Petit courant d'eau. Ce
Terme elt piincir^alement ufité dans les Provinces
de Normandie &c d'Anjou. On ne le dit point ail- '
leurs. M. Huet dit qu'il vient du Latin duclus ,
aqunduclus.
DOUGÉ , ÉE. adj. Vieux mot. Fin , délié.
Le corps ejl droit , gent & dougé.
Ménage remarque que l'on dit , auflî , du fil
dougé , Hcàchtoïkdougée. , ^ . ,
DOUGLAS. Bourg, ou petite ville d Ecolle j fur la
côte de Merche , Merchia , aux confins de la Lo-
thiane , dans laquelle quelques Géographes la com-
prennent. Maty. Speed la met dans la Merche,
ou Marche. Dunglajium. Les Anglois écrivent Du
g/as , ou ~Dunglas. C'eft ce dernier qui fe voit tou
Mollet J doux à l'attouchement. Mollis ^moUicuius.
Une étofte de loie ell bien douillette. Un oreiller de
duvet eft douillet. La pommade rend la peau unie
& douillette. Les linges qu'un Chirurgien emploie
doivent toujours ctre à demi - ufés , afin qu'ils
obéllfent davantage , & qu'ils foient plus douillets.
DroNis.
Douillet, fe dit , auflî , des perfonnes qui afFeftenc
une délicatelfe extraordinaire pour ce qui touche
les fens. Delicatus ^ delicatulus. Ced un homme fi
douillet : ce qui fe dit , aufli j des hypocrites
& taux dévots qui cherchent trop leurs ailes. L'a-
mour propre eft douillet &c mignard j il eft fort
mal-aifé à fatisfaitp. M. Esp. On dit , dun homme
qui a Ja goutte au pied , & qui a encore de la foi-
blelfe , qu'il a encore le pied douillet.
Il eit encore fubftantif. Il fait le douillet. C'eft un
douillet. Homme qui aimefes aifes.
DOUILLETTEMENT, adv. D'une manière douil-
lette , ou fur quelque chofe de douillet. Délicate.
Il étoit couché bien douillettement fur un bon mate-r
las , tandis que les autres étoient fur la dure,
jours dans les'Carres de Speed , foit pour ce nom- D O U I L L O N. f. m. Il fe dit , en Poitou & d.ans
ou pour les fuivans. Ce lieu donne fon nom à quelques autres Provinces voifines , des laines de
' " ' " ' moindre qualité , telles que font les plures ôc
poignons.
DOLïLAS. Village de France en Bretagne, à trois lieues
à l'orient de Brelt. Daculajîum. L'Abbaye de Doulas
de l'Ordre de S. Auguftin fut fondée en 1115. par
Alain , Seigneur de Rohan. M. Corneille écrie
Doulas , on D<iO'das ; mais on dit toujours Doulas,
DOULCEMER. f. m. Inftrumentde Mufique en ufage
en France au XV*^ fiècle. Un compte rendu au Duc
de Bretagne en 145 1 & 1452.. par Raoul de Lau-
nay , fait mention d'un nommé Henri Cuiyot ,
joueur de doulcemer. Le P. Lobineau a donné l'ex-
trait de cet ade dans \HiJl. de Bret. T. x. 1122. &
fuiv. f^oye:^ à la pag. 1 184. dernière ligne
DOULEBSAIS , ou MALLEMOLLES. Efpèce de
moulîeline , ou toile de coton blanche , très-claite
& très fine , que l'on tire des Indes Orientales ,
particulièrement de Bengale.
ifT DOULEUR, f £ Sentiment défagréable, occa-
fionné par un délordre dans quelque partie interne
ou externe du corps , par une lélion particulière
dans l'organe des lentimens. Dolor. La douleur ^
félon les uns , eft un mouvement qui réfîde dans les
Cl
une vallée , de laquelle il eft proche , _& que les
EcolTois appellent Dugafdale. il a aulli donné fon
nom à l'ancienne maifon de Douglas. Corn.
Douglas. Ville de llfte du Man. Dunglafium. G'eft
un port de mer fitué fur la côte orientale de cette
Ifle , vis-à-vis le Lancaftre en Angleterre. Le Golfe
ou le Havre de Douglas eft une partie de la met
d'Irlande, fur la côte orientale de l'ille de Man,
Se au fond duquel eft la ville de Douglas , dont
il prend le nom. Ce Cap , ou la pointe de Douglas ,
eft fur la côte orientale de l'Ifle de Man , la poin e
de terre qui s'avance au midi du Golte de Douglas ^
dont nous venons de parler , îk qui fert à former
ce Golfe. Les Cartes de Speed j qui écrivent Dun-
glas J, en indiquant le Douglas d Ecolfe , écrivent
toujours Dovvglas pour celui de Man. Pour nous ,
nous prononçons toujours Douglas.
DOUHE. f. f C'eft le c"->té d'un foifcoù font les terres
jeélices. /'dveç Douve.
DOUiKEN. Terme de Relation. C'eft ainfi que les
Cathains appellent la vingt - deuxième partie de
leur année , qui en a vingt-quatre de 1 5 jours cha-
cune, f^oye^ d'Herbelot.
DOUILLAGE. f. m. Terme de Manufadure. Mau-
vaife fabrication des étoftes de laine, qui vient de
ce que le tilfeur n'a pas employé des trames de la
même qualité dans toute la longueur des pièces.
On appelle une pièce douilleufe , celle qui eft ridée
Se mal unie , qui n'eft pas carrée , & d'une égale
largeur.
.DOUILLART. f. m. Mefure dont on fe fert à Bor-
deaux &: prefque dans toute la Guyenne , pour
mefurer k-; charbons de terre d'Ani^lcierre &c d'E-
'coife. ^iat J-ouillarts font le tonneau compofé dî
36 barriques, qui reviennent à 71 barrils , delà
mefure de ceux portés par les rarifs de 1<>(Î4 5c
1667.
DOUILLE, f.f Mouillez ill. Terme d'Armurier. C'eft
le fer creux qu'on mer au rilon ou au bout d'e:i-bas
d'une pique , d'une hallebarde , javeline , baïon-
nette, ou autre arme femSlable, ou au bout de la
baguette d'une arme à feu. ''u'ulus Jerreus , cjuo
pars hafl&i fpiculi , extrema pr.^.figitur. On le dit ,
'auflî , du creux où l'on m-^r la chandelle dans une
lanterne , un martinet, on un flunbeau. Candelahri
fens ; & , félon les autres , c'eft une émotion de
l'ame caufée par les organes. Si on demande la
caufe de la douleur que caufe une piquure , l'on
doit répondre d'abord , que la piquure ne peut fé-
parer les fibres de la chair , fans ébranler les nerfs
qui aboutillent au cerveau : on demandera encore ,
pourquoi cette partie du cerveau étant ébranlée ,on
fenr de la douleur ? Car il n'y a point de liaifon né-
ceflàire entre les ébranlemens du cerveau, & le
fentiment de douieur àont l'ame eft atfeéfée.MALEB.
Pour rendre raifon de la douleur , il faut avoir re-
cours à une puiifance fupérieure , qui forme la liai-
fon entre les ébranlemens du cerveau & le fentimenc
de l'ame. Dieu connoît la. douleur-^ mais ne la fenc
pas , pirce que, fentir la douleur , c'eft être aéfuel-
lement malheureux: pour nous, nous fentons la
douleur , fuis la coniioître ; nous n'en avons nulle
idée claire. Id. Ce Stoïcien , qui ne vouloit pas
avouer que la douleur fût un ma! , l'avouoir par
l'eff irr qu il faifoit pour ne le pas avouer. Le péché
de la femme a été puni par les douleurs de l'enfan-
tement.
'. Jummus tubulus. Les Orfèvres l'appellent ^oZ-^/ze. fC? Douleur, fe ditp également, des fenfations
défajjréabl©*
D O U
défagréables du corps, &: des peines de refprit &:da
cœur. L'idée de douleur ajoure à celle d'aftlicbion ,
qui enchérit à fon tour , lur l'idée de trûteile. Do-
lor , duCicéron, eji agrkudo crucians.Kisnn^ ion-
\a.gQ unt la. douleur , que la liberté de le plaindre.
f^oyei Affliction , Tristesse.
F'ous triomphei , cruelle j & brave':ç ma douleur.
Racine.
Il y a des douleurs fi fçnfibles , qu'il femble
qu'elles nous difpenfenr, pour quelque temps, de la
nécellicé d'être raisonnables. J'ai reirenti tour ce
que la douleur a de tendre, de vif & de violent.
M. Esp. Je lailFe à ces femmes médiocrement tou-
chées , tout ce fracas de gémilfemens , qui font plus
propres à atfoiblir la û'j/^/fttr, qu'à l'exprimer. Il y
a des femmes qui ne s'opinuurent à pleurer , que
pour avoir la gloire dune belle & immortelle dou-
Leur, RocHEF. La douleur eft toujours moins forte
que la plainte. La Fomt. Les douleurs qui font eau-
fées par l'amour ,. font plus aifées à conloler , que
celle qui iont caulées par l'amuié^ celles de l'amour
font plus violentes , mais moins durables. Id. Re-
marquez dins ce tableau d'un homme mourant,
environné de fa famille , que la douleur y ell li bien
diverfitîée , qu'on peut dilhnguer la douleur d'un
coufni germain , <Sc la douleur àiiïn-ïnx\tQ d'une fer-
vante qui fe contrefait.
■Il faut dans la douleur que vous vous ahalffle^.
BoiL.
Lncain fait dire à Corneille , veuve de Pompée ,
Il m'eit honreiix de ne pouvoir mourir après vous
de ma i^j^/ci^.- feule. Bo UH. La douleur ànns M.û-
irelFe , qui pleure Ion Amant, nous touche plus que
i'affliclion d'une veuve artificieufe. S. Evr.
On dit j en proverbe , Four un plailir j mille
douleurs j pour due , qu il y a plus de maux que
D O U
46
449
royei PHILIPPINES, Reli-
de plailirs en ce mouds. On dit , aulli , A la »^han-
deleur , la grande uouleur-^ pour dire, le grand
froid. On dit encore, proverbialement. Douleur
aux vaincus.
(fT Le plaifir eft toujours l'oppofé de la douleur.
Douleur &c mal ne font proprement fynonymes ,
que dans le fens où ils marquent une forte de fenfi-
ïion dilgracieufe qui fait iouttrir \ ôc , alors , la
douleur du quei-iue chofe de plus vif, qui s'adrelfe
précifément à la fendbilité ; le mal dit quelque
chofe de plus générique , qui s'adrelTe également à
la fenlîbilué ëc à la fanté. Syn. Fr.
fiCJ" La douleur efl: fouvent regardée comme l'effjt
du mal \ jamais comme la caufe. On dit , de la dou-
leur, qu'elle eft aiguc j du mal, qu'il eft violent.
Les Filles des SEPT DOULEURS de la Sainte ^
Vierge. S. Philippe Bénizi , Propagateur , & l'un j
des Généraux de l'Ordre des Servîtes , avoit établi ]
en plufieurs lieux des Contrairies. en 1 honneur des j
fept douleurs de la Sainte Vierge ; mais il n'y avoit i
aucune Communauté fous ce nom. Ce 'fut la Du- j
chelTe de Latere , Dona-Camille-Virginie Savelli- j
Farnefe, qui fonda celle de Rome vers l'an 1651
Tom. m. p.
gieu fes.
Douleur. En Mythologie, f. f. Fille de l'Erébè & de
li'Nuit , félon Cicéron.
DOULI. f. m.Terme de Relation. Efpèce de voiture
dont on fe lert aux Indes. Leclka , Sella indka. U fît
même fa femme dans un Douli , ( c'eft une voiture •
moins honorable que le Palanquin) & il la ht
• tranfporter de l'Eglife. Let. edif. et cur. Elle fe
leva tout-àcoupde delUis le aouli. Ib.
DOULOIR , SE DOULOIR. v. récip. Vieux mot qui
fignilioit, autrefois j Se plaindre. Dolere , queri ^
conqueri. Les Chevaliers d'Amadisfe^oa/o/enr moule
piteufement.
Femme fe plaint , femme yè dealt '>
Femme pleure quand elle veut.
Se Douloir , ne (ignifie pas tant être fâché , que
Avoir de la douleur , être crifte, dolent, ckigrin,
Dolere.
Ce n' efl point deuil , quand louange on en veut \
Mais le vrai deuil ^fais-tu bien qui le porte f
C'ejl celui-là qui fans témoins fe Deulc. Marot,
^fT DOULON. Rivière de France , en Auvergne,
Elle palfe à St. Verrin & à St. Didier , îk joint l'Al-
iier, entre Brioude & vieille Bioude.
DOULOUREUSEMENT, adv. D'une manière dou-
loureufe. Acerle.
DOULOUREUX , EusE. adj. Ce qui fent de la dou-
leur, ou qui en caufe. Acerhus , dolorem creans ^'
<7^e/v/zi. Neliii lijurtezpas le bras, il l'a fort ^uz^-
loui'eux , a caufe d'un rhumatifme. La goutte eft un
mal fort douloureux.
Douloureux., fe dit également au figuré. Nous fom-
mcs naturellement touchés d'un fpeélacle trifte &C
douloureux. Felib. Il n'y a rien de phià douloureux
que cette féparation éternelle, que la mort met
entre nous <Sc nos amis. Pàtr'.
Servons d'exemple à l'Univers^
De l'amour la plus tendre '^j' la plus rnalheureufe^
Dont il puisse garder l'hi/loire douloureufe.
Racine.
DOUNEZAN. Foyei DONNEZ AN. On prononce
l'un & l'autre.
DOURAK. Ville de Perfe, où il fe fait quantité d'A-
bah?beSj qui font des efpèces de foutanes fans
manches dont fe fervent les Arabes. Elles font de
camelot à bandes du h:u}t en bas, & de trois cou-
leurs , blanches , grifes ^ noires. Dcurak eft allez
près d'Hclla, lieu où fe fait la jon6tion de l'Eu-
phrate & du Tigre, qui y forment plufieurs marais j;
où l'on femedes cannes qui fervent à écrire. Quand
ces cannes font coupées , on les fait rouir dans
l'eau J comme le chanvre en France. Cela leur donne
une vive couleur de feuille morte. Enfuite on les
faitfécher \ &: elles acquièrenr la dureté nécelfaire
pour écrire. Tavernier , Voyage de Perfe j T. F
L. 5. Long. 47. d. 31'- Lat. jz. d. 15'
voulant que cette Communauté portât le nom des DOURBIE. Rivière de France , qui fort d'entre le Gé-
fept douleurs de la Sainte Vierge , afin d'honorer , ' vaudan& les Cévennes , &: fe jette dans le Tarn au-
par une dévotion particulière, la Mère de Dieu delfus deMillaud.
dans fes fouftrances. Elles font feulement une obla- DOLIRDAN. Petite Ville de l'Ifle de France. Durda-
tion de leurs perlonnes, fans engagement de vœux,
promettant une perpétuelle ftabilité ^ la converfion j
de leurs mœurs , &: l'obéilfance à la Supérieure ^ & j
elles gardent toutes les obfervances régulières , i
comme fi elles etoi.nt Rjligieufes. Elles n'ont point
de clôture, & elles fortent pour vifiter les trois,
principales Eglifes de Rome , fans pouvoir foi tir
hors les portes de la ville. Elles obfervent la Règle
de Saint Augu'lin , avec des Conftitutions , qui
leur ont été doîince'; par la Fondatrice , & approu-
ves par Alexandre VII. & Clément IX. ScqueClé-
laient X. confirma le Z5 Mars 1^71. P. Helyot.,
Tome IIL
num , Dordineum , Dordingum. Elle eft dans le
Hurepoix , fur la rivière d'Orge. Quelques-uns
mètrent une partie de cette ville dans le Gâtinois ,
& une aurre dans la Haute BeaufTe. Dourdan eft un
Comté du domaine du Roi. Il appartenoit en propre
au Roi Hugues Cnpet; ^: ce fut par-là qu'il devine
domaine Royal. Dourdan fur prefque ruiné par les
Huguenots , qui le orirent & le reprirent en 1 ^<îi Sî
1 557. Henri III. engagea DourJar^nu DiicdeGuife
en I ^96. Cette ville fut vendue enfuife à Imbert de
Diesbac , de Berne en SuilTe. Celui ci remit fort
droit au fieur de Harlay de Sancy , qui le transféra
4;o DOU
au heur de Rofny. Ce dernier en jouit jufqu'en i(îio
que Louis XIII. le rembourfa , &c reprit Dourdan.
Corn. long. 19, d. 41'. lat.48. d. 30'.
DOURLACH, ou DûURLAC. Petire ville d'Alle-
magne. Durlacum. Elle donne fon nom à ,1a parcie
intérieure du Marquifat de Bade. Dourlach elt fort
joli , & orné d'un beau château , qui eft la demeure
des Marquis de 'àz.àQ-DourLack. Rhénan a pris cette
ville pour l'ancienne Budoris y que Cluvier croit
être le château de Buriach dans le Ckreichgow , &
d'autres Heidelberg, Le Marquifat de Dourlac , ou
de Bade-Dourlach , eft un petit Etat du Cercle de
Souabe en Allemagne. Marchionatus Duriacenfis.
C^eft la partie intérieure ou feptentrionale du Mar-
quifat de Bade. Le Marquis de DourUch , &c plus or-
dinairement de Bade Dourlach : la maifon de Bade-
Dourldch cil la branche cadette des Marquis de Ba
de , qui elt fouveraine , &: a voix dans les Diètes j
comme l'aînée. Koye\ Bade. long. 27. d. 3'.lat. 48.
d. 58'.
DOURLANS , ou DOURLENS. Petite ville de Fran
ce. Dulcndlum j Donincu/n Ambianorum ; iJo-
ncnçum j Donengium dans quelques exemplai-
res de Sigebert. Dourlens eft dans l'Amiénois,
qui eft une partie de la Picardie. Dourlens eft fitué
fur la rivièie d'Auchie , vers les trontières d'Artois.
Il appartenoit autrefois aux Comtes de Ponthieu.
Marie, Comtelfe de Ponthieu , rille de Guillaume
II. & d'Alix de France, donna Dourlens à Louis VIII
par contrat tait à Chinon l'an 1125. Par le traité
d'Arras , Charles VIII. l'aliéna à Philippe le Bon ,
Duc de Bourgogne ■, mais Louis XI. fils de Charles,
le racheta en 14(^3. Les Picards àiisni Doulens -^ &
Valois prétend qu'il faut dire ainfi , & que Dour-
lens eft une corruption : eu Artois on dit aulîi
Doulcns^
DOURO. Rivière d'Efpagne. Durlus. Tel eft le cours
du Dûuro : il prend fa fource dans la vieille Caftille,
vers les confins de la Navarre & de l'Arragon , dans
le pays des anciens Palendons j près l'endroit où
écoit Numance j de-là, féparant les Callaïques des
Lufitaniens , il fe déchargeoit dans l'Océan. Il a cent
lieues de cours à-peu-près : il traverfe la vieille Ca-
ftille & le Royaume de Léon ; il touche au Portu
gai au-deftus de Miranda , &c courant au Sud-oueft
fait quelque tems la féparation de l'Efpagne éc du
Portugal j puis tournant droit à l'Oueft , il entre
tout-à-fait dans le Portugal j Se fépare les Provinces
de Tralos-montes, &c d'entre-Minho Se Duero qui
font à fon nord , de celle de Beyra qu'il a iu mi-
di , & fe dégorge dans l'Océan vers le quarante-
unième degré de latitude , un peu au-delfous de
Porto. On l'appelle Duero en Efpagnol ; & Douro
en Portugais.
DOUROU. f. m. Plante de l'Ifle de Madagafcar, qui
croît en forme d'un panache^ & dont les feuilles
ont deux pieds de largeur j & font longues d'une
toife. Il s'en trouve même qui ont plus de huit & dix
j)ieds de long , fans compter la tige qui eft quelque-
fois de la longueur de deux pieds. Son fruit appelé
voaJorou , à caufe que voa hgnifie fruit en langage
Ifu pays , vient en forme d'une grappe , longue com-
me Pépi du blé de Turquie. Elle eft enfermée dans
une écorce fort dure, & chaque grain ou baie eft
comme un gros pois environné d'une chair bleue ,
dont on fait de l'huile.Les baies fervent à faire de la
farine pour manger avec du lait. Les habitans de
cette Ifte ont toujours de ce fruit dans la bouche avec
du bétel & un peu de chaux ^ qu'ils mâchent pour
lafanté , <Sc afin d'avoir l'haleine douce. Les feuilles
vertes de cette plante leur fervent de nate , d'alTiette
& de gobelet. On les nomme rates , quand elles
font féches , & les tiges s'appellent/a/a/^j. On en
bâtit les murailles des maifons.
DOUSARES. Fc^^r Dysares.
DOUSBOlTRG. Qu'on écrit aufll Doeshourg. Ville des
Provinces-Unies. Doesburgum , Doesburgius , Duf-
burgum, Vrufiburgum.Qmt ville eft fîtaée au con-
DOU
iluent du vieux & du nouvel Iftel. Dousbourg étoic
fortifié i mais les François en ruinèrent les fortifica-
tions en 1673.
DOUiiLAG, Grande plaine fur la route de Smyrne a
Ifpahan , à vingt-quatre jours de Caravane de la
première de ces deux villes, & à quatorze deTocat,
félon les voyages de Tavernier, L. i.c. 7.Cenoin
fignihe j Place defel ^ & le Pacha de Couchabar,
qui en eft à deux journées , en retire , dit cet Auteur^
vingt-quatre mille écus par an.
DOUSSAY. Petite ville de Poitou en Ytzace. Doujfay
eft fur la rivière de Vende.
DOUTANCE. f. f.Vieux mot. Doute, crainte. Dubium,
timor.
DOUTE, f m. Le genre de ce mot n'eft pobt incer-
tain : quoique Voiture , Balzac, & plulieuis de nos
bons Auteurs, qui écrivoient il y a envuon un liè'i
de , 1 aient fait du genre téminin, il eft aujourd'hui
du genre malculin. Doute veut dire Incertitude j ir-
réfolution, agitation d'un cipnt qui ne connoit pas
la vérité , ou qui ne kit de quel cote il le doit ûi-
temmie:.Dubitatioj hi/itatio. Il taut pourtant re-
marquer que ces trois mots ne font lynonymes que
dans le fens où ils marquent une indécifion. L'incer-
titude vient de ce que l'événement des chofes eft in-
connu ; le doute vient de ce que l'elprit ne fait pas
faire un choix ; & XïrreJolutLon vient de ce que k
volonté a de la peine à fe déterminer. Ainfi le dout&
eft proprement une indécifion de l'efprit qui ne faic
pas faire un choix. On eft dans le doute de ce qu'on
doit faire , fur des opinions, & j félon Ariftote , le
doute eft le commencement de la fcience. Mén. Le
doute des Athées eft un doute de ténèbres, qui ne
conduit point à, la vérité \ mais le doute à&% Philo-
fophes aide à la trouver. Maleb. L'opinion eft un
milieu entre le doute &c la fcience : le doute laille
l'efprit en fufpens , Se la fcience prononce détermi--
nément. En bien des chofes difficiles, il vaut mieux
pencher vers le doute que vers la crédulité. Mont.
Il faut courir après la raifon , & chercher la vérité
par les doutes ik par ladifpute. Balz. Il y a un dout&
qui tient l'efprit abfolument fufpendu j Se indéter-
miné ; Se un doute qui eft feulement accompagné
de la crainte de fe tromper. Les Sceptiques étoienc
dans un doute perpétuel. Les dévots font toujours
pleins de doutes Se de fcrupules. Les doutes palTagers
afFùiblilIènt la foi. Sens la ruinent pas. Une faut
pas être flottant entre le doute Se la foi. Maintenant
dans la Jufticeon révoque tout en doute. Ce doute ^
cette ctainte eft bien fondée. Le P. Bouhours a pro-
pofé plufieurs doutes fur la Langue.
ip" On diftingue en Philofophie deux fortes de
doutes , l'un efteélif Se l'autre méthodique. Le doute
effedif eft celui par lequel l'efprit demeure en
fulpens entre deux propofitions contradidoires ,
fans avoir aucun motif dont le poids falFe pencher
d'un côté plutôt que d'un autre. C'eft le doute des
Pyrrhoniens. Le doute méthodique eft celui par le-
quel l'efprit fufpend fon jugement fur des vérités
dont il ne doutepas, pour s'aftermir de plus en plus
dans fes connoiftances. C'eft le doute introduit par
Defcartes. Dubium effeclivum. Dubium mcthodicum.
Ce doute génétal , dans lequel les Pytrhoniens fe
renfetment , fans que rien puifle les en faire fortir ,
eft impollible , pernicieux à la fociété , ridicule Se
extravagant. Foy. Pyrrhonien.
Le mot de doute vient de dubita, terme de la bafte
Latinité , qu'on a dit pour dubitaiio.
Doute , fignifie quelquefois crainte , appréhen-
fion. Le doute où je fuis qu'il ne lui arrive du mal,
fait que je ne le quitte point. Il fignifie aufli Scru-
pule. Ce cas de confcience n'a pas été fi bien éclair-
« ci J qu'il ne me refte encore quelque doute.
EiouTE. Figure de Rhétorique , par laquelle rOtateur
naroît en fufpens fur ce qu'il doit faire & dire. Que
ferai-je ? à qui m'adrefterai-je ? &c. Ceux qui s'a-
bandonnent à la violence de leurs paflions font dans
une petpétuelle inquiétude. Ils prennent undelTein ,
& puis ils le quittent , Se ces divers mouvemens
D OU
pouflent leur efprit de tous côtés. Or la figure qui re-
préfente cette fufpenfion, & cette incertuade , s'ap-
pelle doute. Dubïtado.
Sans doute. Façon de parler adverbiale , qui figni-
fie. Hors de doute , certainement. Sine dubio , duhi-
indubitantcr. Vous avez Jlins
vos mefures pour un iî grand
DO U
-^n
tatLone j indubitatè
doute bien pris
delFein. Voit.
Le Ciel s'eflfaït fans doute une jo'x inhumaine
De rajfeinbler fur moi tous les traits de fa haine,
Racime.
DOUTER. V. n. Etre en doute, ttre indécis. Dubitare.
Quand on peut djuur aulli raiionnablement que
vous , l'on elt capable de décider. Ménage. On
a beaucoup avancé j (i l'on a feulemenr appris à dou-
ter : ce n'ell pas peu de chofe que de lavoir douter
par raifon & par efprit. Maleb. On peut douter par
aveuglement, ou par brutalité ; mais on doute aulli
par prudence & par pénétration. Id. Les ignorans
l'ont d'ordinaire les plus décilih, parce qu'ils n'ap-
peiçoivent pas les raiions de douter, La Plac. C'eft
un crime de douter de la toi , &c des vérités que Dieu
a révélées i Ton Eglife. Celui qui prend un ton aftir-
matit témoigne non-leLde nent qu'il ne doute pas de
te qu'il avance; mais aufli qu'il ne veut pas qu'on en
pullFe douter.'Hicoi.. Ma tendrclfe in'elt (i précieu-
le , & l'ellime que je fais de vous m'y fait trouver
tant de gloire , que je ne lais point de plus grand
ciime que-de vous en ladrer douter. Mais comment
en douteric^-wows ? Tout vous le perfuade , & dans
votre cœur & dans le mien. Lett. Portug. Com-
ment pourrions-nous douter du penchant que nous
avons à la béatitude ? N JUS ne fommes au monde
que pour travailler à l'acquérir. On croit qu'il y a de
ia honte à douter Se à ignorer ; & l'on aime mieux
parler & décider au halard , que de reconnoître
qu'on n'efl: p.as alH-z bien informé des chofes pour
fen porter un jugement. Poar-R.
Prends alors le milieu que doit prendre un Chrétien,
Entre douter de tout , 6' ne douter de rien. Vill.
Après douter^ on metT?, ou ({ue. Je doute fort que
Vous preniez bien L kntiment de cet Auteur; ou,
/z"vous prenez bien. J^- ne puis douter ii c'eft-là fa ré-
foludon , ou qu3 ce ne loit-là fa réfolution , puif-
qu'il me l'a déclaré nettement. Quelques-uns met-
tent aulli quelquefois un infinitif; tnais cette conf-
truition eii vicieule. Il trouvoit Dieu fi grand , il
fe trouvoit u petit, qu'il </oaro/f même d'avoir ja-
mais pu former des doutes fembLbles.PÉLissoN.
fK? Le mot douter exige toujours le génirif; c'efl:-
à-dire , la prépofition de. On ne doute pas une
chofe , elle n'elf pas doutée ; on doute d'une chofe.
Corneille a pourtant dit dans Hcraclius:
Outre que lefuccès efl encore à douter,
Alais c'eft un folécifme.
Douter, fe dit avec le pronom perfonnel, & fignihe.
Croire fur quelque apparence , conjecturer. Je me
doutois bien qu'il f.roit une folie. U ne fe doutoit
pas qu'on lui feroit cette infulte. Il ne fe doutoit de
rien. Il eft venu fans qu'on s'en doutât. Sufpicari j
prifentïre.
Douter , s'eft dit autrefois pour foupçonner. Sufpi-
cari. Et parcequ'il les doubtoit , les hc mourir. Join-
VILLE.
Ce verbe a été fait dé dubitare ; d'où vient qu'au-
trefois on écrivoit douhter,
DOUTEUSEMENT. adv.^ Dune manière douteufe.
Ambiguë , incerte , dubie. On ne fait rien d'allure
d'une telle aff lire , on en parle doutcufement. On
fait cei2.Cidouteufement,(\\iQ j'aime prefqu'autant n'en
rien favoir. M. Scud.J
DOUTEUX , EUSE. ad). Chofe dont on peut douter.
Voy. Doute. A parler avec judelTe , douteux &: i«-
<rtr/r.7^,';he font point fynonymes. Douteux ne ledit
que des choies : incertain des chofes &: des perfon-
ner. Une opinion douteufe, un homme incertain j,
un fait incertain. Un homme fage ell incertain fur
les opinions douteufes.^ ALris, dans lulage ordinai-
re, où l'on n'eft pas fi délicat, on confond fouvenc
douteux, incertain, obfcur, ambigu. Dub:us ^ in~
certus, ambiguus , anceps, C'eft uiie queftion fort
douteufe. Ce procès eil forr douteux , difficile à ju-
ger. Les Oracles ne rendoient autrefois que des ré-
ponfe's douteufes. Dans une queftion paffaicemenc
douteufe, on peut choifir le parti qui plaît davan-
tage. P. Dan. Toutes nos qualités en bien , ou erl
mal , font incertaines & douteufes-^ elles dépendent
des occafions. R.och. Les chofes que nous connoif-
fons pat fentiment , plutôt que par raifon , font
toujours un peu douteujes. Ch. de Mer. Cette fem-
me a eu le malheur d'avoir une réputation un peu
douteufe.M, Scud.
Loin ceux à qui du mal l'apparence douteufe
Donne pour leur prochain une horreur faflueuje.
VlLL,
ifT On le dit auftî des perfonnes dont on ne pèuc
pas trop s'alFurer , fur qui l'on ne peut pas trop
compter. Dans cette chan:ibre il y a rrois Juges qui
font pour moi , trois contre , & les quatre autres
doutiux. AcAD. Fr.
Pièce de monnoie douteufe , c'eft celle dont l'alloi
n'eft pas bien connu. Elles doivent être ci faïUées.
Douteux , eft aulli un terme de Grammaire , qui fe
dit des noms dont le genre varie , & que les uns
font mafculins, & les autres féminins. Anceps,
dubius.
Douteuse , Terme d'Anatomie j qui fe dit d'une ef-
pèce d'arriculation du corps humain , que l'on ap-
pelle aulli «e^^^re, parce qu'elle n'eft pas tout-à fait
diarthrole ^ n'ayant pas un mouvement manifefte;
ni tout- à- fait fynarthrofe,parcequ'elle n'en eft pas ab^
folument privée. Telle eft l'arnculation des côtes
avec les vertèbres , & celle des os du carpe &; du
tarfe entre eux , laquelle tenant de l'une & de l'au-
tre eft appelée amphiarthrofe , & par quelques-uns
diarthrole lynarthroïdale. Dionis. Articulatio dubia,
neutra ; amphiarthrq/is , diarthrofs fynarthroïdalis,
DOUTIS. Toiles blanches toutes de coton, alfcz gref-
fes, que l'on apporre des Indes Orientales , parti-
culièrement de Surate.
DOUVAIN. Terme de Marchand de bois. Planches
minces qu'on fend dans les forêts pour faire les dou-
ves &les futailles. Lign'um ex quo doUorum lamns, j
lamins. comparantur. Le millier de douvain vaut tant.
Le millier de douvain à pipes eft taxé 335 liv. pour
le droit de fubvencion. Les ouvriers nomment quel-
quefois c/oaviii« les billes de bois qui font coupées
de longueur pour être refendues en douves.
DOUVE, f. f. Pièce de bois merrain qui eft propre à
fiire des tonneaux, des cuves, & autres vailfeatix.
Dolii lamna , lamina.
Du Cange dit que ce mot vient de doga , quifi-
gnifie aulli chez les Grecs un vaijffeau j un tonneau ,
& une foife. On trouve aufli dogus dans la balîè La-
tinité, pour lignifier lésais donr on fair les tonneaux.
^oyei les Aéles de S. Tyrfe & de fes compagnons
martyrs dans Bollandus , Afia Sanclorum Januar,
T. I. p. 82 1. En quelques endroits on dit Douvelle ,
en d'autres douelle , au lieu de douve. D'autres dé-
rivent ce mot de l'Alleman daub.
Douve , eft aulli le folfé d'un château. Foffs. cafîellt.
Douve fignifie encore le mur d'un bafliîn defonraine,
_, quand il n'eft que d'une aflife ou de deux , comme il
l'eft ordinairenienr. Margo.
En Touraine , on appelle douves lescavernesque
les habitans du long de la Loire font dans le roc , èc
où ils fe retirenr.
Douve . eft aulli le nom d'une plante qui croît d.inà
les prés &dans les lieux marécageux. Sa tige eft lifle,
creufe , entrecounée par des nœuds , & garnie dç
^ Lllii
45^ DOU
f-uilles longues , érroites & dentelées eh fcie. Ses
rieurs font jaunes , ou de couleur d'or , femblables
à la renoncule commune des prés. Sa racine ellicom-
j)ofée de fibres blanchâtres. La douve caufe TmAam-
mation dans les entrailles des brebis qui en man-
gent , & les fait mourir : c'ell pourquoi les bergers
évitent avec loin les endroits où elle Te trouve. C.
Bauhin l'appelle ranunculus longlfolius palujlrls
minor.
DOUVE , ÉE. adj. qui fe dit du foie des animaux qui
eft altère. Corruptus , a , um. Pour connoître les ani-
maux qui ont le foie altéré , il faut pouiTer & pref-
fer l'œil du mouton au petit angle \ & fi le bouton
qui eft au. grand angle paroît blanc , c'eft un figne
certain que l'animal eft pourri , fuivant la manière
de s'exprimer des Bouchers & des Fermiers. En ef
fet, on trouve le foie tuméfié j & les vaifleaux bi-
■ liaires remplis de peaux, ou membranes. Les Bou-
chers difent un foie douve ^ ou garni de douves.
DuvERNEY , Acad. des Se. 1071. Além.p. 14g.
DOWN, ou DOWNE. Ville d'Irlande, capitale du
Comté de Downe. Dunum. Elle eft fituée fur le lac
de Cône , & eft prefque ruinée. Elle a cependant
féance au Parlement. Eugène III y mit un Evcché
fiiftragant d'Armach , auquel celui de Conner fut
uni l'an 1441. Long. iid. 48'.lat. 54d. 25'.
Le Comté de Down , ou de Downe , Dunenfis
Comuatus, eft une Province de l'Ultonie en Irlande.
Ce Comté eft borné au nord par celui d'Antnm , au
couchant par celui d'Armach : la mer d'Irlande le
baigne au levant & au fud.
DOUVRES. Petite ville du Comté de Kent en An-
gleterre. Dubris j Darvcrnum , ou mieux encore
Durovernum. C'eft un port de mer fitué fur la
côte méridionale d'Angleterre , à cinq lieues au
fud de Cantorbery. Douvres eft un des cinq ports
qui ont féance au Parlement. Il eft vis-à-vis de
Calais , qui n'en eft éloigné que de fix ou fept
lieues.
DOUX , oucE. adj. Qui fait une imprelîlon agréable
fur nos fens. Dulcls , fuavis. Ce qui rend les chofes
doucei , c'eft qu'elles font compofées d'atomes ronds
& polis qui touchent légèrement nos fens , àc les
frappent fans les blelTer.
fer Doux , fe dit proprement des chofes qui font
d'une faveur qui affeéle agréablement l'organe du
goût, qui n'a rien d'aigre, d'amer , de piquant , d'â-
pre j de falé. Le lait , le miel, le fucre font doux ^
fruit doux , amandes douces, çzx oppofitionà aman-
des amères.
ffT Du wxadoux^ qui n'a pas encore cuvé. Muf-
tuni.
^fF Un potage trop doux j où il n'y pas aflez de
fel. Une l'aulTe douce-
ifT On appelle généralement e3.nx douces, les
eaux des fontaines , des rivières & des lacs , parop-
pofition aux eaux de la mer qui font falées.
Doux,dans cette acception,fe dit de ce quieftcompofé
d'une grande quantité d'acides , mais qui font telle-
ment embarralfés par des parties huileufes & ra-
meufes, qu'ils ne peuvent que chatouiller très-douce-
ment, par le plus fubtil de leurs pointes , les petites
fibres nerveuies de la langue. Lémery. En effet , fi
dans les doux il n'y avoit point d'acides , les doux
neferoient plus aucune impreifionfur la langue , &
ils feroient infipides & non pas doux j & fi les aci-
des n'étoient enveloppés & embarraffés, ils feroient
fur la langue une imprelHon trop forte & bien dif-
férente de celle que fait une faveur douce. Or on ne
peut douter que les doux ne contiennent une grande
quantité d'acides , puifque le fucre donne , par la
diftilbtion une grande quantité d'acides. Lelait,quoi-
que fort doux , en contient aiifti une très-grande
quantité : ces deux chofes ont auftl beaucoup de
parties huileufes & fulphureufes ; ce qui paroît par-
ce qu'on tire le beurre du lait , & que le fucre s'en-
flamme aifement quand on le jette dans le feu :
d'ailleurs , le feu où l'on a jette du beurre ou du
fucre , s'attache aifement j ce qui ne peut venir que
DOU
desparties huileufes & fulphureufes qu'ils contien-
nent. Les corps doux font propres à adoucir les du-
rerés de la poitrine & des autres parties. Lémery.
On dit, du vin agréable &<. fumeux , qu'il eft deux
& traître. On ledit auiîi d'un homa^e qui a l'exté-
rieur honnête & agréable , & l'efprit dangereux Se
méchant.
§3" Doux , fe dit de même de ce qui fait une im-
preifion agréable fur les autres fens , &c défigne ce
qui n'a rien d'aigre, de piquant ni de rude. C'efl:
ainfi qu'on dit une haleine ^ci^ce , un doux parfum,
une voix douce j une peau douce j une chofë douce.
V{\JlIQ douce jXimQ douce, Ledoux ramage des oifeaux.
/^oye^ odeur, toucher , fon , mufique , &c.
§0° On dit J faire les yeux doux , compofer fes
regards de manière que les yeux en paroilfcnt plus
doux. Faire les yeux doux i une femme, lui témoi-
gner de l'amour.
On dit, d'un cheval , qu'il a les allures douces ,
quand il ne tourmentepoint le cavalier j & d'un cat-
rolle , qu'il eft doux j quand il eft bien fufpenda,
& ne fecoue point ceux qui font dedans.
On dit que l'air eft doux j que le temps eft doux,
pour dire , qu'il eft d'une température agréable ,
qu'il eft calme & qu^il a une chaleur modérée. Une
pluie douce , menue , plus chaude que froide. Une
douce température de l'air. Aller vivre fous un ciel
plus doux ; c'eft-à-dire, dans un climat plus tem-
péré. Un doux zéphir , petit vent frais & agréable.
On le dit auflidu fommeil j même de la mort. Ua
doux fommeil lui ferma la paupière. Ici il équivauc
à tranquille.
fer Ce terme eft employé dans plufieurs autres
fignificationsj dans la plupart defquellesil eft pris aii,
figuré.
fe? Dans le langage ordinaire de la médecine ,
on dit qu'une purgation eft douce , quand elle ne
fatigue point le malade , & qu'elle fait fon effet ,
fans lui donner de tranchéesj& l'on dit , d'un remède
qu'il eft trop doux quand il n'agit pas aflez efficace-
ment.
fC? En Métallurgie on appelle mine douce , par
oppofition à rebelle , celle qui eft aifée à fondre.
Métal doux , par oppofition à aigre , celui qui
eft flexible, duéfile, non caflânt. Mo/Z/j. On rend
les métaux plus doux , en les faifimt palfer plu-
fieurs fois par le feu ou par la forge. On le dit de
même à la Monnoie , des métaux qui ont reçu les
préparations nécelfaircs pour n'être pas calfans. L'on
perd fa douceur ou fon doux en le bralfant avec le
fer.
fer On appelle n\l\e-douce . une gravure faite
fur des planches de cuivre avec le butin ou avec
l'eau-forte.
fer On appelle auffi tailles-douces ^ les images ti-
rées fur ces fortes de planches. Imago in are cxlata j
expreffa.
On dit d'un efcalier, qu'il eft doux-^, qu'une mon-
tagne a une ^Qiue douce \ pour dire, qu'ils font ai-
fés à monter, qu'ils ne font pas rudes. Jfcenfu
facilis.
feF Doux , en Mufique , oppofé à fort j on écrit ce
mot au defllis des portées , pour marquer qu'il faut
modérer le fon , diminuer le bruit, ou, félon quel-
ques-uns , pour marquer qu'il faut un jeu plus û'okat
& plus agréable,
fer Doux , fe dit , figurément, d'un homme qui a un
caraétère d'humeur qui le rendtrès-fociable , &c qui
fait qu'il ne rebute perfonne. M. l'Abbé Girard.
Syn. Ceux qui font doux naturellement j le font
toujours , aulieu que ceux qui ne font doux que par
étude s'emportent quelquefois. J'aime mieux une
perfonne vive qui me divertit, qu'une perfonne
douce & languilTante qui m'ennuie. M. ScuD. Foy.
Bénin , Humain.
fer M. l'Abbé Girard prétend qu'on fe fert plus
communément de ce mot à l'égard des femmes , par-
cequ'elles rirent leur principale gloire des qualités
convenables à la fociété , pour laquelle il femble
DOU
qu'elles aient piécifémenc été faites ; aulieu qu'on
faic un plus giand ufage du mot humum en par-
ïancdes hommes, qu'en parlant des femmes , par-
cequils fe trouvent dans de plus fréquentes occa-
lions de faire paroître leur humanité ou leur inhu-
manité. Ses contraires font aigre & emporté. Il ei\
des tons h aigres que les perfonnes les plus douces
ne fauroient les fupporter. Et quelle douceur pour-
roit être à l'épreuve des apoftrophes impertinentes
de ces gens que le langage moderne nomme avan
tageux, qui croient trouver dans l'eftime ridicule
qu'ils ont d'eux-mêmes le droit d'une raillerie inful-
tante ?
Doux j fignifieauffi agréable , touchant, qui fait une
impreffion agtéable fur l'efprit. Jucundus , gracus ,
amxnus. Les pallions malignes ne donnent jamais
de contentement a?c'«Ar & paifible.S. Real. Mes plus
, doux momens ne vont qu'a n'être pas tort trifte. M.
ScuD. Une douce converfation , en épanchant le
, ccEur , en fait fouvent échapper le fecret.B"oss. Les
Rois font privés du bien le plus doux que la lociété
fournllfeaux hommes : c'eft l'amitié. S. Evr.
Jamais à ce qu'on aime on n'impute d'offenjè :
(Quelque àou^i fouvenir prend toujours fa dejenfe.
CoilN.
Tahne mieux m' expofer à perdre un hienjîàonx ,
Q_ue de vous obtenir d'un autre que de vous. Id.
On le dit d'un gouvernement , des peines , par
oppolition à rude , fâcheux , févère , violent.
Moderatus , lenis. On l'a condamné à une peine fort
douce. On lui a donné une queftion trop douce , une
douce pénitence.
On dit aulli , d'une Religion , qu'elle eft plus
douce \ c'eft-à dire , moins auftère , qu'il eft aifé d'en
pratiquer les règles.
On le dit aulli des difcours , &c des écrits flat-
teurs j galans, ou amoureux. iJ/i^/z^i^j. Il lui a tait
de doux reproches de fa négligence j une Jjuce guer
re , en fe plaignant obligeamment. Il a tenu de doux
propos à cette Belle ; c'eft-à-dire , il lui a dit des
chofes flatteufes &c obligeantes. On appelle des bil-
lets doux , des billets de galanterie qu'on écrit à
une Maîtrelfe. Amatoriix, Litteriz. Ces discours éter
nels des chofes douces font fort décriés dans le monde
raifonnable. M. Scud.
IK? Doux , en iilatière de langage , fe dit du ftyle
Un ftyle «^oa.v , qui n'a rien de rude , de raboteux j
qui eft aifé & coulant. Voye\ douceur du ftyle.
§3° Une vue douce , qui a d'agréables repos
comme des prairies, des petits bois qui font à une
médiocre diftance.
Doux , fe dit aulîi abfolumeut. Il eft doux de mourir
pour fi patrie , pour ce qu'on aime. Duke eft. Il
eft bien doux de vivre en liberté , & fans affaire
Faut-il trahir fon cœur , & obéir à cette chnnère
d'honneur , aux dépens de ce qu'il y a de plus doux
dans la vie ? S. Evr.
Doux , fe dit encore , adverbialement, Tout doux ;
pour dire , N''allez pas fi vite , ou arrêtez-vous ,
ne vous emportez pas. Lente j moderaù. Il va tout
doux en befogne. Filer doux , c'eft Etre humble &
fournis devant un plus fort que foi. Obfequentem
fe exhibere. Quelquefois fouffrir patiemment une
injure.
Doux , fe dit , proverbialement , en ces phrafes. Ce
qui eft amer à la bouche eft doux au cœur. On dit ,
d'un mauvais Médecin , que c'eft un Médecin d'eau
douce , quand il n'ordonne que des remèdes ordi-
naires. On. dit , de celui qui ne s'eft point relfenti
d'un affront qu'on lui a fait ^ qu'il a avalé cela
doux comme du lait. On dit , qu'un homme eft
doux comme un agneau j pour dire , qu'il fouffire
tout. Lqs douces paroles n'écorchent point la langue,
les oreilles.
Entre doux & hagard , façon de parler prover-
biale \ pour dire , moitié rude 5c moitié doux.
DOU 4J3
Des yQtiXentre doux ù' hagard. Cela fignifie , aulli ,
ni bien ni mal. Il l'a reçu entre doux 0 hagarde
Doux , (le) Rivière de France , en Latin, Dubis &
Aduabis. Elle a fa fource au Mont- Jura , un peu
au dclfus du village de la Motte, is: coule dans la
Franche-Comté, t^ oy. Dou.
Doux , (le) Rivière de France , dans le Languedoc.
DOUY, ou DYf I. Rivière du Pays de Galles en An-
gleterre. Dovus J Dyfus. Elle fe décharge dans la
nier d'Irlande au bourg d'Aberdif , ou Aberdon.
Maty.
DOUZAIN. f. m. Monnoie de cuivre avec quelque al-
hage d'argent , valant un fou , ou douze deniers
tournois. Ajfis tranacus , Gallicus. Le dou^ain avoic
d'un côté pour légende , Francijcus trancorum Kex,
avec un éculfon couronné , où il y avoir trois fleurs
de lis ; ik de l'autre côté , il y avoir pour légende ,
Sit nomen Domini benediclum , avec une croix au
milieu de l'épée. Ce dou-{ain s'appeloit, auHî, grand,
blanc. Il a eu cours jufqu'au règne de Henri IV. Il
y avoir aulli des demi-dou-^ains , valant la moitié
d'un dou^aln , &c faits comme les dou^ains , hormis
qu'ils étoient plus petits. Semijfts, Il y a eu des dou-
^ains à la falamandre en 153 9.
Mais , s'a advient j comme toutfe peut faire.
Que mes écrits par unjujîe dcjlin _,
De La boutique aillent au magasin ,
• Et que delà , moifis dans la poussière y
Ils foient enjin livres à la bcurrière 3
Et tous en bloc vendus pour un douzain.
P. D. C.
DouzAiN , fe difoit J autrefois , de 12 vers, comme
quatrain fe dit encore de quarre. Men. On le trouve,
en ce fens , dans Saint Gelais. Carmen duodecim
conjtans verjiculis.
DOUZAINE, f m. Affemblage de douze chofes de
même nature. Duodeni j duodecim. Une douzaine
d'alliettes , de ferviettes. Vendre j acheter des
alouetes à la douzaine. Les Sergens de la douzaine ,
font les douze anciens Sergens du Châtelet, qui
font les gardes du Prévôt de Paris.
Douzaine, fe prend fouvent , dans le difcours fami-
lier ôc dans l'ufage ordinaire , pour un nombre in-
déterminé , & non pas pour le nombre jufte ôc pré-
cis de douze. Une dou-^aine d'amis. Quand je vins
à Pans , il n'y avoir qu'une douzaine de perfonnes
qui écriviflent raifonnablement. Ménage.
On dit , proverbialement , A la dou-^aine , en
parlant d'une chofe quin'eft pas d'un grand mérite,
d'un grand prix. Un Pocte d la douzaine. '^t, au
contraire , on dit, Il ne s'en trouve pas à la dou-
■^a'ine , ou , il n'y en a pas treize à la douzaine j pouc
dire, qu'une chofe eft. rare-
DOUZE. Terme numéral. Le fécond nombre de la
féconde dizaine j ou qui contient dix & deux. Duo^
decim. Le Zodiaque eft partagé en dou:[e parties, qui
font les douie Signes. Les Aftrologues partagent la
ciel en dou^e maifons.
Les dou-^e , abfolument , fe trouve pour les dou:(e
Apôtres , parce qu'il eft ainfi dans l'Ecriture. Alors
l'un des doure , appelé Judas Ifcariote , s'en alla
trouver le Prince des Prêtres. Port-R. Et , appelant
les dou^e , il commença à les envoyer deux à deux.
BouH. Ilalla enfuite par les villes ôc les villages,
prêchant & annonçant le Royaume de Dieu. Et les
douie étoient avec lui. Simon. Il dit aux dou^e :
Et vous , ne vous en allez-vous point aufll ? PÉ-
LISSON.
On dit , proverbialement & trivialement , pour
alTurer quelque chofe , je te dis & te dou^e que , &cc.
Voyc-{ au verbe Dire.
On dit , aulTi , Le Roi Lotis Dou-^e , le dou'^e
du mois , par abus , au lieu de douzième. Duodeci-
mus. On dit , aulli , un livre \n-dou-:{e ; pour dire,
que chaque cahier ou feuille plice a c^ou^-c feuillets,
ou24pages.'On dit , au0î, une aune&un</(P«|e,une
dou-^iéme partie.
/
454 DOU DOX
Douze. Petite ville de Gafcogne en France, dans le
Diocèfe d'Aire.
Douze. Petite rivière de Gascogne, qui palFe à Ro-
quetorr , & fe décharge dans le Midour à Mont-de-
Marian.
DOUZEN AC. Petite ville de France , dans le Limoufin.
Du\&nacum. Elle eft à trois lieues de Tulle , du côté
de l'Occident.
DOUZIEME, adj. m. & ï. Nombre ordinal, qui eft
à une place où l'on compte douie, à commencer
par le premier ; qui eft après l'onzième. Duodeci-
mus , duodenus. Décembre eft le douiième mois de
l'année.
Douzième, f. f. Terme de Mufique. Intervalle qui
s'appelle la cinquième doublée. On l'appelle ainli ,
parce qu'il eft formé de douze degrés diatoniques ,
où douze fons.
Dou'^ième , eft auffi un fubftantif mafculin. Un
douzième fignitie la doui'ième partie de quelque
chofe. J'ai un douzième dans cette affaire.
La Douzième, f. f nng. ou Les Douzièmes f. plur.
C'eft l'ancien nom de Vêpres , qui marque la dou-
zième heure après le lever du foleil , comme None
marque la neuvième , qui fe termine à trois heures
après-midi aux équinoxes, '& Sexte la fixième qui
finit à midi. Chastelain. Duodedma \ Vefper& ,
VefpertinApreces. Onappeloit autrefois chaque par-
tie de l'Office divin du nom de l'heure à laquelle
' il falloir la réciter : Prime , parce qu'on là diloit
au lever du foleil j Tierce, parce qu'elle commen-
coit à la troifième heure depuis le lever du foleil \
Sexte , parce qu'elle commençoit à lix heures après
le foleil levé j None, parce qu'elle fe difoit à la
neuvième heure depuis le lever du foleil. Et enfin ,
Dou-{ième , Vêpres , qui fe difoient douze heures
après le foleil levé.
DOUZIÈMEMENT, adv. En douzième lieu. Duode-
cimo loco.
DOUZIL. f. m. C'eft le faulTet d'un tonneau. Rabe-
lais , livre I. chapitre 5. dit , des femmes nouvelle-
ment veuves , que félon les lois qui déclarent légi-
timevl'enfint né le onzième mois , elles peuvent
jouer du ferre-croupière deux mois après le trépas
de leurs maris i &:que , fi le diavol ne veutcpi'elles
en^'^roilTent , il faudra tordie le t/o/^yi/, & bouche
clofe. Il veut dire que, padé le troifième mois de
veuvage d'une femme , il ne faudra plus avoir de
privautés avec elle , fi l'on ne veut bien courir
rifque du fcandale qui pourra s'en enfuivre : & il
appelle cela , tordre le û'o«{i/j par une métaphore
prife j, de ce qu'après avoir goûté le vin d'un muid ,
on y met j pour boucher le trou , un faulfet qu'on
rompt en le tordant. Note 14. Ce mot n'eft plus
ufité. Fbyeç DILLE.
DOUZY. Petite ville de France en Champagne. Du-
^iacum. Elle eft fituée fur la rivière de Chiers , à une
lieue & demie de Sedan , vers l'Orient. Maty ,
Corn. Hoffman , Se quelques Géographes , la pren-
nent pour l'ancien Duodedacutn j & lui en donnent
le nom en Latin j d'où ils croient que le mot Fran-
çois s'eft formé par corruption. Il y a deux Con-
ciles de Doujy \ l'un, tenu en 871 , où Hincmar
fut condamné ; & un autre en 874.
DO X.
DOXOLOGIE. f. f. Terme Eccléfiaftique. Les Grecs
ont ainfi nommé l'hymne du 14*^ v. du i. chap. de
S. Luc , gloire foit à Dieu , &c. parce qu'il com-
mence par le mot Grec , <^4«, qui fignifie gloire.
C'eft ce qu'on a appelé la grande doxologie : la pe-
tite doxologieefi le gloria Patri , qui commence par
le même mot <J"4«. On le chantoit à la fin de chaque
Pfeaume. Philoftorge j L. III. N. 15. rapporte ttois
formules de la doxologie. La première eft , Gloire
foit au Père , & au Fils y& au S. Efprit. La féconde ,
Gloire foit au Père par le Fils dans le S. Efprit ; &
la troifième , Gloire foit au Père dans le Fils & le
S. Efprit. Sozomène & Nicéphore , L. IX. C. 14.
DOX D O Y
en mettent encore avant la dernière une autre , qui
eft , Gloire foit au. Père , 6" au i ils dans le S. Ejprit:
ce qui fait quatre formules de doxologie. La pre-
mière eft celle des Catholiques. Elle rut inftiiuée
vers l'an 350. par les Catholiques d'Antioche ,
nommés alors Euftathiens , comme nous le dirons
à ce mot. Les trois autres font de la façon des Ariens.
La féconde étoit celle d'Eunomius & d'Eudoxe \
c'eft celle qui plaifoit le plus à Philoftorge , au
rapport de Photius. Ils firent ces trois doxologies dès
l'an 341.de J. C. au Concile d'Antioche , où ils
commencèrent à fe brouiller entr'eux , & à le divi-
fer. Philoftorge dit que Flavien , qui fut depuis
Patriarche d'Antioche , eft l'auteur de la première
doxvlogie qui eft Catholique ; mais Sozomène , L.
III. C. 19. & Théodoret j L. II. C 14. qui en par-
lent , ne difent point cela ; & Philoftorge j Auteur
Arien , n'en doit pas être cru fur fa parole , non
plus que Nicètas , qui n'a fait apparemment que
copier Philoftorge , comme l'a remarqué Jacques
Godefroy dans fesdilîertationsfur cet Auteur. Voy.
ce livre , & Bollandus , Acla Sancl. Febr. T. II.
p. -j-ji. Il y a eu autrefois de grandes difputes ,
principalement dans Antioche , fur la foimule de
la doxologie. La plus commune parmi les Ortho-
doxes étoit celle-ci, qui eft encore aujourd'hui en
ufage dans l'Eglife Catholique : Gloire foie rendue
au Père , au Fils j& au S. F/prit. Les autres étoienc
affeâées par les Ariens & par les autres Antitrinitai-
res. f^oye^ Eustathien , & Baillet dans la vie de
Saint Euftate au 16 Juillet. Saint Bafile néanmoins
défend la féconde de ces doxologies , comme légi-
time & orthodoxe j dans le livre qu'il a écrit tou-
chant le Saint Efprit.
Quelques-uns difent, auffi hymnologte , comme
fynonyme de doxologie'^ mais il y a de la différence.
L'hymnologieeft les Pfeaumes , ou la récitation des
Pfeaumes mêmes , & doxologie eft ce petit verfet ,
Gloire au Père , &c. ajouté à la fin de chaque
Pfeaume- Godefroy lui même » qui les confond dans
l'ouvrage dont j'ai parlé, p. 147. les diftingue fort
bien, p. 14S.
D O Y.
DOYEN, f. m. Titre de Dignité Eccléfiaftique. Ceft
la première dignité dans la plupart des Eglifes Ca-
thédrales & Co\\égiûes.Decar2us. Doyen de l'Eglile
de Paris. Doyen de S. Martin de Tours. Le Doyen
eft le Préfident né du Chapitre.
Grand Doyen. Il y a des Eglifes où le Doyen ixi. Cha-
pitre porte le titre de Grand Doyen. A Angers j i
Tournay , le Doyen de la Cathédrale s'appelle le
Grand Doyen.
Doyen de la CrhÉtienté. On appelle dans le Pays-
Bas, Doyen de la Chrétienté ^ cq que nous nom-;
mons Doyen rural.
Ce mot vient de Decanus , qui fe difoit chez les
Romains j de celui qui préfidoit à dix foldats , ou
d'un petit Juge d'une Dizaine , à l'imitation def-
quels les Prélats ont établi des Juges pour faire
leurs vifites dans une partie de leurs Diocèfes. En
quelques lieux on les appelle Archiprkres & Archi-
diacres J auxquels les Doyens ont fuccédé.
Doyen j Nom d'un Officier des Eglifes Grecques j &
fur-tout de l'Eglife de Conftantinople. Le Doyen
n'étoit point un Eccléfiaftique j mais un laïque :
il n'avoit point une dignité dans l'Eglife , mais ii
étoit Officier de l'Eglife. Juftinicn , dans fes Novel-
les 45 & 59 J a fait plufieurs réglemens fur l'office
des Doyens , car ils étoient plufieurs : il avoient
foin des funérailles j &, à caufe de cekj on les
appeloit quelquefois Leclicaires , Leclicarii. Le
Doyen étoit le chef des Leclicaires. Il y avoit parmi
les Doyens un chef qui éroit chargé de marquer aux
Prêtres leur rang j de foutenir leurs droits , & de
leur diftribuer également les aumônes des Fidèles
& les rétributions. f^oye-{ l'Eucologe des Grecs , &C
les notes de P. Goar.
D O Y
.. ÎJoyen, dans l'Antiquité étoit une efpcce d'Huif-
fier. Comme S. Ambroife étoic occupe à les fonc-
tions , on lui vint dire que l'on avoïc envoyé du
Palais des Doyens pour lufpendre des voiles dans
laBaiilique Porcienne, Fleury. Ces /^oye/w croient
uneefpèce d'Huiilier.
Doyen, dans les anciens Monaftères, croit un Su-
périeur établi fous l'Abbé pour le foulager , &c pour
avoir foin de dix Moines ^ c'eftde-là qu'on l'appe-
loit Doyen y Decanus , à l'imitation de ces Offi-
ciers Romains , qui avoient dix foldats fous eux.
Avant Saint Benoît , il y avoit d'ordinaire dans les
Monaftères un Prévôt j Prapojkus , 8c plufieurs
Doyens, (ons l'Abbé. En quelques Monaftères j le
Doyen étoit béni par l'Evèque , ou par les Abbés ,
comme l'Abbé même : ce privilège lui donnoit oc-
casion de s'égaler à l'Abbé j & de ne lui être point
alFez foumis. S. Benoît vit cet inconvénient , &c ,
pour le prévenir dans fon Ordre , il voulut que les
Monaftères ne fulFent gouvernés fous l'Abbé j que
par des Doyens, dont l'autorité étant partagée,
donnoit moins à craindre. Il ne défend cependant
pas cependant abfolument qu'il y ait un Prévôt ;
mais , fi l'on en crée un ^ il veut qu'il foir établi par
l'Abbé , qu'il lui foit foumis. Pour les Doyens _, ils
avoient j comme j'ai dit , l'infpedion fur dix Moi-
nes , & veilloient fur leur travail j & fur tous les
autres exercices. Ce n'étoit point l'antiquité, mais
leur mérite , qui les taifoit choifir ; ÔC on pouvoir
les dépofer après trois avertillemens. Comme les
Monaftères font aujourd'hui moins nombreux qu'ils
n'étoient dans les premiers tems j l'Abbé _, ou le
Prieur n'a plus tant de befoin d'être foulage , êc il
n'y a plus de Doyens dans les Monaftères. f^oyei la
Kègle de S, Benoit _, tradu'ue & expliquée par M. de
Rancé , Abbé de la Trappe , Tom. II. ch. n.
On appelle Doyens Ruraux , ceux qui ont droir
de vifite fur les Curés de la campagne dans les
Diocèfes qui fonr divifés par Doyennés. Dès le IX^
fiècle, on voit des Doyens Ruraux ; & Hincmar ,
dans fon Capitulaire à fes Archidiacres , s'en ré-
ferve l'éledion j & ne la permet à ces Archidia-
cres j qu'en cas qu'il fut éloigné, & par provifion
feulement. QuelqOes-uns croient que les Doyens
Ruraux tiennent le rang & place des Chorévèques.
Quoi qu'il en foit , ils font tort anciens en France ,
en Allemagne ôi en Angleterre \ mais jufqu'à la
fin du XVI* fiècle ils ont été inconnus en Italie ,
parce que les Evêchés étant fort petits , ils n'y
étoient pas nécelTaires. S. Charles Borromée les y
a établis.
On appelle, auffi , en certaines Univerfités &
Facultés , un Doyen , celui qui eft élu pour avoir
quelques fonctions & prérogatives dans la Com-
pagnie.
Doyen j fignifie, aufîî , celui qui eft le plus ancien
en réception dans une Compagnie. Le Doyen des
Cardinaux. Cardlnalium y Senacorum , &c. antïquif-
Jimus. Le Doyen de la Grand'Chambre. Le Doyen
des Enquêtes , c'eft le premier montant.
Doyen, le dit , aufti, de celui qui eft le plus ancien
en âge , à l'égard d'un autre. Antiqulor. Il faut que
vous paftiez devant moi , vous êtes mon Doyen.
Doyen , fe dit , encore , de celui qui eft le plus an-
cien dans une maifon , dans une fociété. Le Doyen
de la Conciergerie n'a pas voulu fortir, quoique
tous fes écrous fulfent déchargés. Le Doyen d'une
auberge , d'une penfion , a droit d'avoir la plus
belle chambre , & k première place à table.
DOYENNE, f. f. Decana. Il y a plufieurs Chapitres ,
ou Abbayes de Filles 3 qui ont des Doyennes ; tels
font Remiremont j & Ronceray à Angers. La
Doyenne a la même Jurifdidion que l'Abbefte fur
le chœur de l'Eglife de Remiremont.
Doyenné, f. m. Première dignité en plufieurs Eglifes
Cathédrales & C,o[\égia.\es.Decanacus. Un Doyenné
oblige à la réfidence , & à la Prêtrife. Le Pape peut
conférer les Doyennés , tant d'Eglifes Cathédrales ,
que Collégiales, fur la rcfignationdu poirefleur,
D O Y D R A 4;5
nonobftant le droit d'éledion du Chapitre j lequel
1 n'a lieu qu'en cas de mort , ou de démiilioa vo-
lontaire.
Doyenne, eft auili, une fubdivifion des Archidiaconés
de quelques Diocèfes , qu'on divife en plufieur por-
tions j dont chacune eft fujetteà la vifite d'un même
Supérieur. Le Diocèfe du Mans a fix Archidiaconés
divifés en vingr-quatre Doyennés. Celui de S. Malo
a deux Archidiaconnés divilés en neuf Doyennés,
Celui de Rouen a vingt-fept Doyennes fous fix Ar- '
chidiaconés.
Doyenné , eft audî , la qualité de celui qui eft le plus
ancien en réception dans un Compagnie. Il faut être
bien vieux pour parvenir au Doyenné de la Grand*
Chambre, du Cardinalar.
On appelle , en quelques endroits , Doyenné, la
mailon du Doyen.
^3" Doyenné. Nom d'une efpècé de poires , qu'on
appelle , autrement , S. Michel , beurré blanc
d'automne , poires de neige j &cc. La poire doyenné
rellemble au beurré gris pour la groileur , la peau
unie J verdàtre j jaunilfant beaucoup en maturité.
Elle eft fondante , pleine d'une eau fort donce j or-
dinairement peu relevée. Rarement elle eft parfu-
mée. Il faut la cueillir verte, & la manger avanc
qu'elle ait acquis un jaune clair , qui marque une
maturité trop avancée. Alors elle devienr pâteufe &c
infipide- Il tant la prendre au point jufte de fa ma-
turité.
#3° Celles des efpaliers fe colorent beaucoup du
côté expofé au foleil.
^CT Le doyenné fur coigna(îîer rapporte promp-
rement. Ce poirier rapporte beaucoup dans toutes
fortes de fonds.
D R A,
DRABANT. f. m. Charles XL Roi de Suéde, forma
un petit efcadron de deux cens Gentilshommes
choifis , qu'il appela Drabans , Sc dont il voulue
être le Capitaine. C'étoient tous gens d'un grand
air , & d'un grand courage. Sous Charles XII. ce
Corps fut réduit à 150. hommes. Charles XIL a
fouvent attaqué ôc détruit avec fes Drabans , deux
à trois mille Mofcovites. Rem. de M. de la Motraye
fur l'HiJi. de Charles XIL de M. de Voltaire. Foy,
Traban.
DRABOURG. Petite viiledu Cercle d'Autriche. Dra~
yohurgum. Elle eft dans la Carinthie j & prend
ion nom de laDrave, fur laquelle elle eft fituée,
Maty,
DRAC. Rivière de France qui coule dans le Dauphiné,
Dracum. Le Drac tire la fource des montagnes de
Mcnterfier , & fe joint à l'Isère au-deiïbus de Gre-
noble. Corn.
Drac. f m. C'eft le nom qu'on donne en Languedoc
à ce qu'on appelle ailleurs Efprit-Jollct j efprit fa-
milier. Voici la defcription qu'en fait M. Aftruc ,
dans fes Mémoires pour fervir à l'Hiftoire natu-
relle du Languedoc. " L'idée qu'on fe forme des
»» Dracs , c'eft que ce font des efprits-follets , ca-
» pricieux , inquiets , ordinairement malfaifans.
:) Les meilleurs d'entre eux fe plaifent du moins
» à faire des malices & des tours de page. On croit
s> pourtantqu'ils prennent certaines gens en amitié .
j> &c qu'ils leur rendent d'alTèz grands fervices.
» Du rc'fte , on leur donne le pouvoir de fe rendre
» invifibles , ou de fe monuer lous telle forme
" qu'il leur plaît , &c.
DRACHME, on prononceS: l'on pentéciireDRAGME-
f. f. Monnoie des Grées ^ qui valoit un gros d'ar-
gent. Drachma. C'étoit la même chofe que le de-
nier à l'égard de la valeur: c'eft-à-dire, 7 ou 8 fous,
monnoie de France , félon la plus commune opi-
pion. Rejouiiïez- vous avec moi, parce que j'ai
'rouvé la drachme que j'avois perdue. Port. R. Luc
XV. 8. & 9. On voir par cet exemple , par le Non; .
veàu Teftament de M. Simon j & par les Notes qm
font dans celui des Jéfuites imprimé en 1715. ctae,"
; DRÀ
•quoiqu'on prononce dragmc , nos Auteurs écrivent
encore drachme , ielon Ictymologie & l'origine de
ce mot.
La drachme , félon quelques Auteurs , ccoit chez
les Grecs j ce qu ecou le denier chez les Romains ,
qui valoir quatre lellerces. Budé ell de ce lenti-
ment , De AJje , L. IL & L. III. où il le prouve
parles témoignages de Pline, de Plutarque , de
Strabon , & de Valère Maxime j où en QÛQtdeiia-
rius eft fynonyme de ^fxf*'"' Mais comme il y avoir
peu de différence, ces Auteurs Grecs j qui dans ces
endroits ne traitent pas exprès des poids &c. des me-
fures , peuvent s'être fervis chacun dans leur langue
au. nom de monnoie , approchant de celle qu'ils
vouloient marquer. Scaliger j dans fa Diiîertation^
T>e Ke Nummariù , pag. a,i. ne dit pas abfolument
que le denier &: la drachme font la même çhofe \
mais d'un palfage Gïecdu JurifconfuUe, Ç.XXFi.
Mandaû , où Li drachme el\ compolée de hx oboles,
il en conclut qu'au iiècle de Sévère , de Caracalle
& d'Alexandre, fils de Mammée j le denier tk la
drachme étoient la même choie. Mais Agricola, dd
Menf. & Fonder. L. IV. prouve par Pline j Celfe
& Scribonius Largus , qu'il n'y avoir que fept de-
niers à l'once ; & par Tire-Live , Appien , &c. que
•la drachme étoit à la taille de huit a l'once ; & il
prétend que, quand quelques Grecs ont dit que
i'once contenoit fept drachmes ., ils ne parloient pas
de la drachme Ainque , mais du denier Romain,
tiuquel ils donnoient en Grec le nom de drachme.
Gronovius eft au(îi du fentiment d'Agticola , que
la drachme eft k S' partie de l'once ; & ce fenti-
ment eft vrai , comme il paroîr par Ifidor^ , L. XIV.
C. 14. par Fannius, qui le dir exprelfémenr j &
qui déplus, donne 96 drachmes à la livre Romaine j
parVolfius, qui divife l'once en 24 fcriptules,
ou fcrupules , dont \i drachme en comprenoit "trois.
Cela donc iuppnfé , & fuppofant encore que l'once
Romaine ancienne étoir égale .à l'once Romaine
d'aujourd'hur , & par conféquent j de 40 grains
moindre que la nôtre_, comme l'aobfervé Galtendi ,
il s'enfuit q^ie l'once Romaine ancienne pefoit 5 5(î
<ie nos grains , puifque la nôtre en pèfe 576. Or ,
ii l'on divife 556 par S , on trouvera 6-j grains pour
le poids de la drachme Attique ; ce qui revient en
effet au poids des médailles Antiques que j'ai pe-
fées. Puis J en fuppofant l'argent d'Athènes , au
m.ême titre que le nôtre j &c prenant le nôtre à ji
liv. le marc j l'on trouvera que la drachme Attique
valoit 5 f. 3 d. Y de denier de notre nionnoie.
Voye^ Oifel dans fes Notes fur Aulu-Gelle , L. I.
C. 8. Gronovius de Pecunià veceri , Budé, Scaliger,
Agricola , cités ; ci-defius DENIER.
La drachme d'Egine croit de deux tiers plus forte
que celle d'Athènes j car fix drachmes d'Egine en
faifoient dix d'Athènes.
Ladrachme, étoit aulli j une forte de monnoie des
Juifs , ayant d'un côté une harpe , & de l'autre une
grappe de raifin. Bouteroue. Certe monnoie , dont
parle Bouteroue, p. 19. que le P. Kirker a aulli
décrire, Œd/p. .Aîgyp. T. II. p. 100. & qui fe
voit au cabinet du Roi, & dans celui de M. de
Pontcarré j 'Préfident du Parlement de Rouen ^
avec une partie d'une Infcription Latine de Trajan
furajoutée , comme parle le P. E. Soucier, Jéfuite
dans fr Dilfertation fur les médailles Hébr.aïques ,
p.ig. 1 5 & i(î , où il en parle ; cette monnoie n'eft
point une drachme:, au moins Attique. C'eft un
demi-ficle \ Se , comme le ficle pefoit quatre
drachmes Attiques & deux Alexandrines j cette
monnoie pefe deux drachmes Attiques , & une feu-
lement d'Alexandrie. Au refte , il ne faur point
l'appeler drachme. C'eft un demi-ficle j & c'eft ainti
que 1;S Hébreux l'appeloient. Il n'y a que les Grecs
qui donnaient en lein- langue X^snonysàQ drachmes,
de didrachmes , & de tctradrachmes , aux monnoies
Hébraïques.
On dir que David lailTii à Salomon dans fon tréfor
dix mille draksrinon : c'étoit une monnoie étrangère
DRA
de même nature que les fols d'or, & qui pefoit uns
drachme.
Ce mot eft dérivé de ^t~xf^'» & ce mot ^fxf-^ vient
de ^farTîS-tti cenirj contenir. Cette monnoie fut ainlî
appelée, parcequ'elle valoit une poignée de petites
pièces de cuivre, nommées >:iffiiTu ou *£?,««"« Sc
par SérîrCjue minudas s.rïs\ c'eft-à-dire, autant qu'il
en pouvoir tenir dans la main. Oifel , dans les Notes
fur Aulu-Gelle. L. 1. C. 8. va plus loin , & prétend
que ê'fiixf*i vient de l'Hébreu pinT darchcmon, qui
le trouve dans le 2° L. d'Eidras "VIII. 79. ^oye^
TEtymologicum de Vodius.
Drachme , eft aulli un poids j don: fe fervent les
Médecins, qui eft la huitième partie d'une once ,
qu'on appelle autrement un gros , au poids de marc.
Elle connent trois fcrupules , ou loixante grains.
Drachme , en ce fens s'emploie quelquefois hguré-
ment , & en riant. Il me femble qu'il y a dans cette
lettre cinq ou fix dragmes d'amour. Voit.
DRACO. f. m. Ancien Légiflateur d'Athènes , donc
Solon fit abroger toutes les loix j excepté celle qui
regardoir le meurtre. Ces loix étoient h févères, que
l'on difoir qu'elles n'avoient point été écrites avec de
l'encre, mais avec du fang. Eneftet, elles ordon-
noient le même lupplice pour les fautes légères , &:
pour les crimes même les plus énormes. Celui qui
avoir volé un chou étoit puni de mort_, comme
celui qui avoit commis un ailallinat j &, lorfqu'oa
en demandoit la railon à Dracon j il répondoit que
les petites fautes méntoient cette peine, &c que, pouc
les plus grandes, il n'en connoilfoit point de plus
griéve que la mort. Sa fin turglorieufe, mais très-
malheureufe en même -temps \ car on dit qu'étant
fur le théâtre d'Egine, le peuple, au milieu des
acclamations de joie, lui jeta par reconnoilfance j
une fi grande quantité de bonnets , de tuniques , 6c
autres habillemens , qu'il en fut accablé.
Draco. Voyei DRAGO.
ffC? DRACONITES ou DRACONTIA. Pierre
fabuleufe, au fujet de laquelle on a débité une infi-
nité de rêveries. On lui avoit donné ce nom , parce-
qu'on prétendoit qu'on la tiroit de la tête d'un dra-
gon. Mais , pour fe la procurer , il falloir endormii;
le dragon avant que de lui couper la tête.
Porto draco. i^qye^ Lionne , & Piree.
t/Cr DRACONNAIRE , ou le Porte-Dragon ;
Braconarïus. Voyci DRAGONNAIRE.
DRACUNCULES ou DRAGONNEAU. f m. Terme
de Médecine. Dracunculi. Maladie des enfans, dans
laquelle ils fentent une grande démangeaifon , eau-
fée, à ce qu'on croir, par de petits vers qui s'engen-
drent fous la peau, au dos , aux épaules, aux bras ,
i^ qu'on appelé dracuncules. Les enfans qui ont àès
dracuncules , ou dragonneaux , deviennent prefque
Cliques, & ils ne fe nourriftenr poinr, quoiqu'ils
mangent de fort bonnes chofes , ils fentent au dos,;
& quelquefois aux autres parties extérieures , une
démangeaifon infupportable, qui vient de ce que
fous la peau il fe forme des vers d'une matière vif-
queufe , qui ne fe difiipe point par la tranfpiration.
Cette maladie n'eft pas tellement propre des enfans ,
que les perfonnes plus âgées ne l'aient quelquefois y
puifqu'on dit que l'Empereur Henri V. en mourut :
il l'avoit eue de naillance. En Pologne, les femmes
guérilfent de la manière fuivanre les enfans qui onc
des dracuncules. On baigne, & on lave les enfans
dans de l'eau chaude , dans laquelle on a jeté une
mie de pain en miettes, & une poignée de cendres;
on fait écouler l'eau, &ronramaire en' une malfe la
mie de pain : (\ on la diyife le premier jour , on y
voit une quantité prodigieufe de poils très-fins . que
quelques-uns appellent poils de chien , & d'autres ,
poils de vers : c'eft à ces poils , ou à ces vers , qu'on
attribue la caufe du mal. Après avoir donné aux en-
fins ce bain j on leur frotte les épaules & les bras
de farine détrempée dans du vinaigre , ou de farine
de fromenr détrempée avec du miel , & aulli-tôt il
paroît fur la peau de petits tubercules , femblables à
des graines de pavot de couleur cendrée : on appelle
* ^ ces
D R A
ces tubercules tètes de vers : il faut les racler aiifTi-
tôt qu'ils paroiirent ; car autrement ils rentreroient
fous la peau. On réitère l'opération jufqu'à ce qu'il
n'en paroilfe plus ; car , à chaque fois qu'on frotte ^
& qu'on racle, on s'apperçoit que le nombre de ces
tubercules diminue. Cette maladie ell rare , & peu
de Médecins en ont parlé. On ne laconnoît point en
France. ^oye-{ André Dudithuis, épîcre 12 liv. j.
Sennert dans fa Pratique, liv. i c.h.. 24. Vucirius,
liv. 2 des Obfervations \ Dégori , tréfor, &c.
Les Auteurs du Journal de Leipfik parlent de cette
maladie dans le tome du mois d Odobre i6Sz. pag.
5 iCy. Us difent que ces poils, qui loitcnt des porcs
après le bain, font comme de gros cheveux, œrpiif-
cuLii pilorum crajjiorum inftar dcnfa. a j'pïffa ; & non
pas des poils très-fins , comme dit Dagori. Us ajou-
tent que cela a fait donner le nom de crinoiies à ces
petits corps \ qu'on les appelé aulll Comedoncs^ parce-
■ cju'ils mangent, ils dévorent l'aliment qui nourrit
lesenfins j que George-Jérôme Velchius les nomme
vers capillaires des entans , dans une Dilfert-ation
trcs-curieufe & très-utile aux Médecins , qu'il a faite ,
fous le titre de Exerdtatïo de Vcrmïcuhs capillaribus
ïnjanûum. j & qu'ils louent & recommandent beau-
coup, comme contenant toutcequis'eltditlur cela ,
tant pour la curiofité & la théorie, que pour l'ufige
6 la pratique j cc pouvant iuppléer à toiis les ou-
vrages qui ont paru fur cette matière. Quant à la
nature & à la figure de ces petits corps , le microl-
cope a décidé la queltion; ce font de véritables ani-
maux vivans , qui font d'un cendré tantôt plus, tan-
rôt moins foncé ^ qui ont deux cornes longues fut
la tète j deux gros yeux ronds , avec une queue lon-
gue, & qui ell terminée par une toulle de pluheurs
poils ; qu'il cli: difficile de tirer entiers en frot-
tant le corps de l'enfant, parcequ'ils font fi tendres,
que le moindre frottement les écrafe. Les quatre
figures qui en font gravées , montrent de plus
qu'ils ont beaucoup de poils aux côtés. La grandeur
naturelle de l'aniuial entier , ell d'environ deux
lignes.
DRAGAN. f. m. Terme de Marine. C'efi; la partie de
derrière de la pouppe qui en fait l'extrémité , & qui
porte la devife des galères.
DR AG ANTÎ. Vi'leancicnne de la Cilicie , province de
l'Aîie w\\\\Qwi\:.Dra^antam , anciennement ^rdwae.
C'ert; mainrenant un village de la petite Caramanie,
en Natolie Maty.
DRAGE. f. f. Terme de pêche. Voye^ DRÉGE.
DRAGÉE, f. f. Petites confitures féches , où l'on en-
ferme quelque petite graine ou menu fruit, comme
anis , amandes , piftaches , avelines , morceau de
cannelle ou de citton , ou abricot, coriandre, &c.
Anlfum i amygdalum y &c. durato faccharo cïrcumda-
tuin. GLobulifaccharei. Cette circonlocution eft né-
celfaire, faute de mot propre qui puilfe exprimer ce
qu'on entend par diasrée. Les anis de Verdun font
fort renommées , & p'.i'Jent pour les plus excellentes
dragées. On travaille bien aulfi en dragées à Sedan :
les dragées de girofle Hc des autres épiceries fines ,
y font admirables, & très -propres pour fortifier
l'ertomac j & pour aider à la digelfion après le
repas.
Ce mot vient de tragea Latin, qui a été fait du
Grec vp «-/!;,«« ^ui Çv^p^xhi féconde table. Nicot.
Dragée , fe dit auOi du menu plomb dont on charge
un fudl pour tiret l'urde petit gibier. PLumbe& p'duU
minutijjirnt.
Dragée , fignifie aufli un mélange de graines, qu'on
donne aux chevaux. Grana mifcellanea equorum
pabulum.
DragÉh, fe dit auHl des menus grains qui fe recueil-
lent ordinairement dans les jardins, comme lentilles,
navettes, bled farrafin, qu'on appelle quelquefois
dragée aux chevaux, millet, &c. fur lefquels les
Curés prétendent droit de menues dîmes , qu'ils
appellent dîmes vertes , ou dragées. Granea mifcel-
lanea.
Tome III.
D R A 457
On dit d'un fufil qui ne porte pas fon plomb bien
ferré & bien enfemble , qu'il écarte la drugée.
On dit, figurément & populairement , qu'un
homme écarte la drague , pour dire qu'en parlant
il laille échapper de pences parties de falive j qui
tombent iur celui à qui il parle.
DRAGEMEL. Bourg du Cercle d'Autriche , en Alle-
magne. Dragcmaum. Il ell dans la Carniole , fur
la Save, a lieux ou trois lieues de Laubach , du
côté du Nord. On le prend pour l'ancienne Adrantis^
ville de la Pannouie. Maty. C'ei't le fentiment
de Lazius.
DRAGEC^IR. f m. Petite boîte en forme de montre,
que les Dames portoient autrefois à la ceinture par
ornement j où elles mettoient les dragées. Pyxt-
diada quâ dur::ta in Jaccluiro anifum , amygdalum
jer-yantur.
Drageoir, efi: encore une tafie large l< plate de ver-
meil doré , montée fur un pied , dans laquelle on
préfenroit autrefois i\t% dragées aux noces & aux
baptêmes. Paiera inaurata. On lervoir auili des dra-
gées à la. fin du rep.is dans des Drageoirs. ^
DRAGEOIR. f. f. Terme d'i-Iorlogerie. C'eft une
rainure, qui rient , par exemple, le cr)jllal d'une
montre, le couvercle d'un barillet, &c.
DRAGEON, f m. Terme de Jardinage. C'cft le bour-
geon qui pouîTe au pied des arbres, ou des plantes.
Stolo. Un drageon d'oeillet , drageon de vigne.
i'oye-:[ Rejeton.
^T On appelle proprement Drageons , owVq-
trcaux , de jeunes tiges qui s'élèvent des racines
rampantes. Les chênes produifent rarement des
Drageons. Les ormes & les pruniers en produifent
beaucoup.
DRAGEONNER. v. n. Il fe dit des arbres oui pouf-
fent des drageons. Stolones agere. Arbre qui com-
mence à dragconner. La Quint. Liger.
CiO~ Drageonner, fignifie auili lever des dra-
geons.
DRAGIER. f. m. Foye:^ DRAGEOIR. C'efl la même
chofe. Dans le dernier fiècle ( le XVF fiècle) où
l'on avoir le goût délicat, on ne croyoit pas pouvoir
vivre fans dragées ; il n'éroit fils de bonne mère ,
qui n'eût fon dragier ; & il ell rapporté dans l'HiJc.
du Duc de Gidfe , que , quand il fut tué à Blois , il
avoit fon dragier i \:i nid.in. De Vign. Marv.
DRAGO. Bocci delDragû. Nom Efpagnol , qui fignifie
Bouche de Dragon , petit détroit de la mer du Nord
en Amérique. Draconisfretum. La Boca dclDrago ,
elf entre l'ille de la Trinité , & la Province de Paria ,
en la Terre ferme. Elle joint la mer du Nord avec
le détroit de Paria.
DRAGO. Rivière du Royaume de Naples. Ur^rco. Elle
a fa fource aux confins de la Principauté cit(|fieure,
& de l'ultérieure , baigne Nocera , & fe décharge
dans le Golfe de Naples aux conhns de la Terre
de Labour.
DR AGOMAN. f m. Terme de Relations , qui fignifie
Truchement. Interprcs. Ce mot ellprefque général
en Orient patmi le peuple, pour fignj^er un hner-
prête , qui fert à f iciliter le commerce des Occiden-
taux avec les Orientaux.
Ce mot vient fans difficulté de l'Arabe Tergeman ,
ou Tergiman , félon la ptononciation des Turcs ,
Interprète 3 du verbe Taragem, il a interprété. Dra-
goman vient en premier lieu de l'Italien Dragomano.
Les Italiens difent auili Turcimanno j avec plus de
rapport.! fon étymologie Arabe; &: de Turcimanno ,
nous difons Truchement , aulli-bien que Dragoman
Se Drogman. Dès long-temps chez les Orientaux
T'argum fignifie Interprétation _, & Metargen , ou
Turgeman, Interprète ; ce qui eft un mot Chaldai-
que, félon Calauiîon. Quelques uns dérivent ce moc
de l'Allemand. M.iis il vient plutôt de Turcimannus ,
■ ayant ajouté le mot de man , qui fignifie homme ,
à celui de Turc. Il y avoit , dans la Cour Byzantine ,
un Officier qu'on nppeloit Maître des Draguemans,
comme le dit Tyrius. Ce mot fe trouve dans Ville-
M m m
4;8 DR A
Hardouin : ce qui a fait croire à quelques-uns que |
c'étoic un vieux mot François. Du Cange dit
que les Auteurs de la balle Latinité , pour lignifier
Interprètes des langues étrangères, fe iont fervis de
ces mots , Dragumanus j Drogmandus _, Drogema-
nus , Drogomarmus .yTurquingcns , Turchimannus ^
& Tunhemannus. Voyc^ TRUCHEMENT, &
DROGMAN.
Caji'dlan plus que Gardllas 3
Tofcan plus que n était Boccicc 3
Digne favori de P allas _,
Et grand Dragoman du Parn^£e.
DRAGOMESTRO, ou DRAGUMESTRO. Ville de
Grèce dans la Livadie. Dragomejlra , ou Dragu-
mejlra^ anciennement Ocniadiz. Elle eft fur le Golfe
de Patras à l'embouchure de l'Alpri. Maty.
DRAGON, f.m. efpècedemonftre d'une grandeurpro-
digieufe, à qui la fable a donné des griftés, des ailes,
&"une queue deferpent. Draco. Les anciens Natura-
liftes fe font égayés à décrire ce monftre en diverfes
manières. Ils lui ont donné des ailes, des crêtes, des
pieds & des têtes de différentes figures ; jufques-là
qu'Aldrovand fait mention d'un dragonnèdQ l'accou-
plement d'un aigle avec unelouve, qui avoitdegran-
des ailes , une queue de ferpent , & des pieds de
ioup, fait aulîi faux que merveilleux. Mais il efl: le
premier à dire, avec les Modernes, quec'ellun ani-
mal chimérique, fi on le prétend faire diiîérer d'un
vieux ferpent. Quelques-uns même ont dit qu'il y
a en Afrique des dragons volans qui peuvent em-
porter un homme & un cheval, & qu'ils emportent
fouvent des vaches. Albert le Grand fait mention
d'un dragon de mer , femblable à un ferpent , qui a
les ailes courtes, le mouvement très prompt , &:
venimeux j & qui fait mourir par fa morfure.
Ce mot de dragon vient du Latin draco , formé
du Grec ^(l^y-eni qui , félon l'opinion commune, s'eft
dit par rranfpofuion ou méthathèfe, pour «J^àp-*'
dracon ; de t^V"* Je -vois , parce que les dragons ont
la vue très-perçante. Scaliger le Père le tire de «^f"»
a^c'f faire de la douleur, VoOius de ^f^i «■"-'^ JJ--
cere medidnam , guérir , être propre à guérir , être
un bon remède, ou comme dit Voflius , ne point
faire de malj car au rapport de Solin, C. 50. les
vrais dragons ont la gueule petite , 5c ne peuvent
mordre \ ou s'ils mordent , leur morfure n'eft pas
venimeufe. C'elf pour cela que les anciens les ai-
moient, & les appeloient A'yurc^alfMias De bons gé-
nies. Ce font des remarques de Saumaife. Voflius
confirme encore fon étymologie , parceque les ^rtz-
^o«j étoient confacrés à Efculape. On peut ajouter
que , fur les médailles , la DéelTe Santé a toujours
un ferpent.
Les Poètes qui ont feint que le jardin des Hefpé-
rides étoit gardé par un dragon , ont entendu la mer
Océane qui fermoir l'enrrée aux Iles fortunées , ou
à l'Amérique, d'où venoient de beaux fruits, & où
fe trouvoient les mines d'or. On peint un dragon
auprès de Sainte Marguerite. Dragon , la Gargouille
de Rouen. Voye\ FIERTE. Dansl'Eglife, on a porté
autrefois des figures de dragon dans les Procellions ,
peur repréfenter le Diable , ou l'Héréfie , dont
l'Eglife triomphe. On le portoit au bout d'une per-
che; tSc un enfant avoit une lanterne, où éroit un
fierge allumé, pour rallumer le feu qui étoit en la
gueule du dragon, s'il venoit à s'éteindre. Les Poctes
donnent des crêtes & des crinières ,y^^^-f , aux dra-
gons-^ ils ne font pas les feuls. Le Roi Juba alfuroit
qu'il y en avoit en Afrique à qui la nature en avoit
donné; & Jacques de Vitry, L. i. C. 89. avec beau-
coup d'autres qui ont fait des voyages aux Indes ,
difent la même cliofe. Les Poètes attribuent aux dra-
gons la garde des tréfors , & des chofes précieufes.
Ainfi , "c'étoit un dragon qui gardoit le Jardin des
Hefpérides ; un autre gardoit la toifon , &c. Cela
fignifie que ces chofes étoient confiées à des hommes
tics-clairvoyans , ttès-vigilans.
D R A
Les Egyptiens adoroient les dragons ,à ce que
rapporte Marcianus Capella , L. 1. en parlant de
Saturne , qui étoit le Temps, défigné , en ftyle de
hiéroglyphe , par un ferpent qui fait un cercle en
mordant la queue. Il y a chez un curieux de Paris,
membre de l'Académie des Infcriptions , une ef-
pèce d'Anubis , qui , au lieu d'une tête de chien, a
une tête de dragon , ou de ferpent ; ou une figure
Egyptienne qui a une tête de drvgon fur un corps
d'homme. Les Chaldéens adoroient aulîi les Dra-
gons _, comme il paroît par l'hiftoire de Daniel. Les
Grecs & les Romains donnoient toujours un dragon
à Efculape , & à la Déellè Santé, comme on le
voit ii fouvent fur le revers des médailles qui ont
pour infcriptions Salus Publica j Salus Aug.
Maxime de Tyr parle aulli d'un Dragon que les
Indiens adoroient , & qui j li on l'en croit j étoic
de la longueur de cinq arpens de terre. Confultez
aulîi Freinshemius fur Quinte - Curce , L. IX.
C. L
Foye^ fur les Dragons Voflius, De îdolol. L. IK.
C 5 4 j 1 06 , 1 1 z , 1 1 3 ; où l'on trouve tout ce que
l'Antiquité en a dit. Il y a parmi les ouvrages de S.
Jean Damafcène de l'Edition du P. le Quien , une
réfutation des fables que les Arabes débitoient tou-
chant les dragons & les Fées.
Les dragons faifoient les Etendarts des Perfes >
comme les Aigles ceux des Romains. Les Parthos
en avoient aulli comme les Perfes. Suidas le dit
encore des Indiens & des Scythes. Les Romains
prirent cet ufage des Parthes , félon Cafaubon fur
Vopifcus , p. 230. & des AlTyriens , félon Codin.
D'autres prétendent qu'ils le prirent des Daces ,
après les viéloires que Trajan remporta fur eux-
Cétoient, chez les Romains, des figures de Dragons^
peintes en rouge fur les drapeaux j comme il pa-
roîr par Amm. Marcellin , L. XV^ C. i<î. & 'par
Claudien In Rufin j L. II. Mais , chez les Perfes §C
les Parthes, c'étoient , comme les Aigles Romaines,
des figures pleines ; enforte que les Soldats Ro-
mains y furent quelquefois trompés, & les prirent
pour de vrais dragons. Les Perfes s'en fervoient
pour épouvanter leurs ennemis dans le combat.
Dans des remps poftérieurs j ceux qui en ont por-
té pour Etendarts, font les Empereurs d'Allemagne^
Gudl. Brir.0 Philipp. L. II. Les Saxons , Witikind.
Gejl. Saxon. L. I. Les Anglois , Du Cange Glojf.
Matth. Monajîer. Ac.j,<)^. Cambden , p. 141. qui
doute Çi ce n'efl: point le Roi Uther Pendragon qui
introduifit cet ufage ; il penche cependant plus à
croire qu'on le prit des Romains. Les Ducs de Nor-
mandie , Du Cange. Les Comtes de Flandres ,
Chron. Andrenfe , p. 401. Enfin , fi l'on en croit
le Roman de Garin cité par Du Cange, prefque
toutes les Nations ont mis un dragon fur leurs en-
feignes. L'Eglife l'a mis aulTi quelquefois dans fes
bannières, ponr fignifier ou le Démon, dont le
dragon dans l'Ecriture efl: le Symbole j ou l'héré-
fie. Voyez Belet D. Divin. Offlc. C. ix^. Durand.
Rat. Liv. VI. C. 85). n. \x. & C. loi. n. 1 1. Le GlolT^
de Du Cange, Dempfter ji/2iio//«i-^/zr. -Root. X. A'.
Paralip.
Dragon, en termes de l'Ecriture, fe dit figurément
du Serpent infernal , de Saran. Ainfi , quand il eft
dit dans l'Apocalypfe j Chap. i^ que le Dragon
6c fes Anges combattoient contre Saint Michel, il
eft expliqué aufli-tôt que e'étoit le Diable & Satan.
Et de même , au Chap 1 5 , quand il efl: dit que le
Dragon a été adoré; & pareillement , quand il efl:
dit dans les Prophéties d'Ifaie & de Daniel que le
Dragon a été blelTé , a été mis à mort , cela s'entend
du myflère de la Rédemption qui a détruit l'Empire
de Satan.
Dragon , fe dit', hyperboliquement, des gens acariâ-
tres , d'humeur fâcheufe ,qui crient toujours. Cette
femme crie toujours contre fon mari , c'eft un vrai
dragon. Cet enfant eft un vïzi dragon. Il eft méchant
ôc mutin.
D R A
$3^ On appelle Dragon de vertu j une femme
d'une vertu aullère Se farouche.
Quoi ! me voir le mari de ces femmes de bien !
Ces dragons de vertu , ces honnêtes Diableffes !
Mol.
Dragon , en termes de guerre, eft une forte de Ca-
valier fans bottes , qui marche à cheval , & qui
combat à pied, 6c quelquefois d cheval, t-ques quem
Draconcm vacant. On. a beaucoup multiplié en
France le corps des Dragons. Lss Dragc
fon
portés .à la tête du camp j 6c vont les premiers à la
charge , comme les enfans perdus. Ils font réputés
du corps de l'Infanterie , par une Ordonnance du
Roi de l'année 1 66 5 , & en cette qualité ils ont des
Colonels & des Sergens j mais ils ont des Cornet-
tes comme la Cav.rlerie. Les Dragons ont pour ar-
mes l'épée j le fuiil ic la bayonnette. Ils ont 1 eten-
dartj des tambours & des hautbois. Lorfqu'ils mar-
chent à pied , leurs Officiers portent la pertuiiane ,
& les Sergens la hallebarde. Les Dragons ont fuccé-
dé aux Carabins.
Dragon , onne. adj. LesCalviniftes appeloiencMif-
fion Dragonne., les Dragons que le Roi de France
envoyoitdans lesCévennes pour contenir le peuple
qui s'étoit révolté au fujet de la Religion. En voici
un exemple tiré du Didionnaire de Bayle au mot
Aldis rem.
La révocation de l'Edit de Nantes faite en 1(585.
a donné lieu à la création de l'Evêché d'Alais, ville
de France dans les Cévennes. Ce pays-là étoit rem-
pli de gens de la Religion , qui avoient été forcés
par une '>4iifion Dragonne à ligner un formulaire
Papillique. On crut donc qu'il feroit utile de ne les
renit pas aulfi éloignés de leur Prélat , qu'ils
1 euifent été s'ils avoient été foumis au Ûiocèle de
Nîmes.
Madame de Sévigné ;, dans une lettre à fon coufin
le Comte de Bu'fy, daté du 18 d'Oélobre 1685, dit
aulii que les Dragons ont été de très-bons Million-
naires ,& ajoute que rienn'eft il beau que l'Edit par
lequel le Roi révoque celui de Nantes , Se que ja-
mais aucun Roi n'a iait & ne fera rien de plus mé-
morable, r. II. des Lettres de Bujjy ^ p. 45.
Ménage dérive ce mot Dragon _, du Latin Dra-
conarii , qu'on trouve dans Végèce dans la hgnihca •
tion de Soldats. Mais il y a plus d'apparence qu'il
- vient de l'Allemand tragen • ou draghen , qui figni-
fie infanterie portée. Il y a plus d'apparence , félon le
P. Daniel , que ce mot vient de ce que cette forte
de troupes fe rendit fort redoutable par fon a6tivi-
té j fon courage & le ravage qu'elle caufoit chez les
ennemis. Chartes de Collé , Maréchal de BrilTac ,
eft l'Auteur de cette Mihce, qu'il leva dans le Pic-
mont.
Dragon renversé , ou Dragon vaincu. Dracofub-
verjus. Ordre de Chevalerie , inftitué par l'Empe-
reur Sigifmond. Quelques Auteurs dilent que les
- Chevaliers du dragon renverfc portoient ordinaire-
ment une croix tleurdelifée de finople. Dans les cé-
rémonies ils avoient un manteau d'écarlate, & une
double chaîne d'or fur un manteau de foie verte.
Au bout de la chaîne pendoit un dragon renverfe ,
aux ailes abatttues, émaïUées de différentes cou-
leurs. Dom Giufeppe Michieli prétend , dans fon
Tréfor militaire , que cet Ordre fut inftitué en
1400. dans le deffein d'anéantir, pour me fervir
de fes termes , les hérétiques de Hongrie & de Bo-
hême. L'Abbé Juftiniani foutient que Sigifmond
étoit prifonnier en 1400, ou qu'il ne fortit de la
prifon que cette année-là ; qu'il y fut peut-être mê-
me jufqu'en 1401 i qu'ainfi il ne put en 1400 infti-
tuer cet ordre. L'7/i/?t)ire des Ordres Militaires xm^
primée à Paris en 1671,6x6 l'époque de cettte inf-
titution à l'an 1418. Favyn 6c Elias Ashmole , Au-
teur Anglois, dans fon Hiftoire de l'Ordre de la Jar-
retière, font du même lentiment , & difent qu'il
ne fut inftitué qu'après le Concile de Confiance ,
D RA 419
qui finit cette année-là ; que cette inftitution fe lu
au fujet de la condamnation de Jean Hus , 6c de
Jérôme de Prague ^ & de la punition de ces héré-
tiques ; que le dragon renverfc étoit le fymbole de
l'hérélîe défaite dans leurs perfonnes , que la varié-
té de la couleur de fcs ailes marquoic les diftcrens
appas que l'héréhe emploie pour féduire les Fidè-
les. On confirme ce fentiment , parce que les Lu-
thériens , qui fe firent honneur de delcendre de
Jean Hus &: de Jérôme de Prague, affedtcrent de
mettre un dragon relevé fur leurs Etendarts j
dans les guerres civiles qu'ils fufcitèrent en Alle-
magne.
Mais l'Abbé Juftiniani leur oppofe le Teftament
de Francezco dal Pozzo, fait en 1397,1e dernier
jour de Mp.i , & qui le conferve d.ins la maifon dal
Pozzo , tamille patricienne de Vérone \ car , dans
ce Teftament qui eft en Latin, Francezco dal Pozzo ,
parlant de Ion fils Vittorio dal Pozzo , qu'il fait
fon héiicier univeri^l , lui donne la qualité de
Chevalier au. Dragon , D. ficlorium à Putdo Mlli-
tem Draconis , & dit qu'il étoit pour lors auprès
de l'Empereur Vencellas , pour les aftaires de Jean
Galeazzo, Vilconti , Prince de Vérone , qui l'y
avoir envoyé, \yo\x l'Abbé Juftiniani conclut , que
\0\.àLKQ Aw Dragon V aincu , on renverfe 3 étoit donc
inftitué avant 141 8 , avant 1400, &c même avant
1397 5 & il conjeéture qu'il le fut en 1385 , au ma-
riage de Sigifmond avec la Reine Marie , ou en
1387 , à Ion couronnement conime Roi d'Hongriej
ou bien, en 1391, au plus tard , lorfqu'après la
mort de fon époufe , Marie, Reine d'Hongrie , qui
lui avoir apporté ce Royaume , il fut couronné une
féconde lois de Ion propre chef
Michieli écrit que le collier étoit une chaîne ver-
te , d'où pendoit un dragon mort & renverfe. Dans
l'Histoire des Ordres Militaires imprimée à Paris en
1671 j c'eft une double chaîne , entre laquelle font
de diftance en diftance fept croix patriarchales.
L'Abbé Juftiniani prétend fur des monumens an-
ciens que ce fut au moins d'abord un^dragon non
renverfe , qu'il ne hit point doré , & qu'il avoic
une croix fur le dos. Il ajoute cependant, pour ac-
corder les mêmes Auteurs , qu'après le Concile de
Conftance , Sigilmond put changer , 6c rappor-
ter cet Ordre à la viétoire remportée fur l'hé-
réhe.
Voyez Franc. Menenii Déliât Equestres , ^.155.
D. Jofeph Michieli Tcforo Militar. p. 14. Andr.
Mendo. Soc. Jef. de Ordin. Mi in. p. 14. Favyn , Juf-
tiniani , Hist. di tutti gi Ord. mil. C. 66. p. 717. Il
y donne une fuite chronologique des Grands-
Maîtres de l'Ordre , depuis Sigifmond jufqu'en
1688.
Dragon volant , eft un nom qu'on a donné à une
ancienne coulevrine extraordinaire, qui a 39 cali-
bres de long , 6c qui tire 31 livres de balle , fclon
Hanzelet. Le dragon étoit aulîi une pièce d'artil-
lerie de 40 livres de balle : ces deux pièces ne font
plus en uCoLge.Tormentum aneum a colubra^ Dracone
nuncupatum.
Dragon , eft auftî une maladie j une rache qui vient
aux yeux des hommes 6c des chevaux. Ce cheval a
diminué de prix, depuis qu'il lui eft venu dans l'œil
un dragon.
Dragon , ou Dragonneau. Dracunculus. Efpèce de
corde polypeufe , longue , blanchâtre , femblable à
un ver ou petit ferpent j renfermée dans une veine
fous la peau des bras , des jambes, des côtes, & qui
fait élever une tumeur phlegmoneufe dont elle lort
en la tirant doucement. Les habitans des pays chauds
y font fujets. On l'appelle dragon ou dragonneau ,
parce qu'on croyoit que c'étoit un ver tortueux
comme un petit ferpenf,vd/2a/1/e:/i/2^/î/w,àcaufeque
cette maladie étoit connue à Médine,ville d'Aiabie.
CoL-DE-ViLLARS.
Dragons _, en termes de Marine, font de gros tour-
billons d'eau qu'on trouve fouvent fous la ligne.qui
brifercient ou couleroient à fond les navires , s'ils
M m m i]
46«
..o DR A
' pafToient pardefTus , & les Maimiers ont la fnpcr-i
Ituion de croire qu'ils les détournent , en battant
leurs épees nues en croix du côté d'où vient l'orage,
comme dit François Pirard. Fortius. On l'appelle
auHi dragon de vent , parce que c-'ell: un orage Inbu
& violent , qui d'ordinaire délempare les vaiileaux,
& qui les teroK tourner û l'on n'avoit loin de ferrer
les VOllôS»
Dragon, en Aftronomie, eft une Conftellation cé-
lelle vers le Pôle Ardique , ayant j 1 ecoil.s-, lelon
Ptolomée \ 52. lelon Kepler ; & 55 , lelbn Bayer ,
qui font de la nature de Saturne &. de Jupiter.
En termes d'Aftronomie , on appelle la rere &la
queue du dnjgon , les points des interfedlions de
l'Ecliptique par l'orbite des autres Planètes , & par-
ticulièrement par celle de la Lune. Bmco Le ventre
du Dragon cil: l'endroit de ces cercles ou fe trouvent
leur plus grande latitude &C éloignement. Comme
ces cercles marquent une plus grande enflure au
milieu qu'aux extrémités , cela a tait croire qu ils
avoient la figure du dragon ; ce qui les a fait nom-
mer ainfi : & c'eft dans ces feuls points d'interlec-
tion que fe font toutes les éclipfes. On les marque
dans les horofcopes avec ces lignes , « tète de dra-
gon ; a queue de dragon. Mais il n'y a rien de plus
vain que les prédidions que font là-delTus les Alho-
logues ; car en effet ces points n'ont aucune vertu ni
. influence. , ,
Dragon , en termes de Phyfique j ell un météore
qui fe forme de quelques nuées enflammées qui
jettent quelques étincelles , qui ont divers replis, oc
qui imitent la figure d'un dragon.
ifT On appelle aufli la vive dragon de mer.
Dragon, en termes de Blafon, quand on le dit fim-
plement , s'entend du terrestre , qui doit avoir deux
pieds , & la queue en pointe. Il yen a d'autres qu'on
appelle monstrueux , qui ont des ailes : Se on appelle
dragonnes, les autres animaux qui font peints avec
des queues de dragons ou de ferpens.
Dragon, eft auffi un petit laquais , qui 'porte un
bonnet en forme de cône , ou de pain de fucre. On
l'appelle ainfi , parce que les dragons foldats ont un
bonnet pareil.
Dragon , eft auffi le nom d'un grand arbre qui croit
dans l'Amérique. Il relFemble de loin à un Pin,par-
ce que les brandies font égales Se vertes en tout
tems. Son tronc eft gros , fort âpre Se raboteux ; il
' jette huit ou neuf branches de deux coudées de long,
égales & nues, chacune defquelles en produit au|
bout trois ou quatre autres de la longueur d'une cou-
dée , ou un peu davantage , grofles comme le bras,
qui font aulVi nues : il fort de l'extrémité de celles-
ci des feuilles longues d'une coudée, de la latgeur
d'un pouce, plus épaiftes au milieu, avec une côte
relevée comme les feuilles de la flambe , minces &
rougeâtrespar les bords: elles finirent peu à peu en
' pointe. Se font toujours vertes. Le fruit du dragon
eft jaunâtre , d'un goût aigrelet , Se gros comme une
pente cerife. Quelques Botaniftes rapportent qu'au-
delibus de la peau qui le couvre , on voit la figure
d'un dragon auili-bien repréfentée que fi elle avoit
été taillée par un Sculpteur , ayant un long cou ,
longue queue , la gueule ouverce , l'épine du
lin
dos garnie de longs aiguillons , & les pieds & le
refte du corps fort remarquables \ mais_ d'autres
^lus dignes de foi aftiirent que c'eft une lable ,- &
quon ne trouve au-delfous de cette peau qu'un
noyau dur comme un os, fans qu'il y paroilfe aucu-
ne figure d'animal. Du tronc de cette arbre il fort
une liqueur, laquelle, étant épaiffie , eft appeléeyi/?^
de drasori , à caufe qu'elle eft rouge comme du
fan<T , &:qua l'arbre d'où éllcdiftille eft nommé dra-
gon. Voyc'^ Sang de Dragon. Le bois du tronc eft
fort dur , Se mal-aifé à couper; mais fes branches
fe coupent aifément.
Sang de dragon. Terme de pharmacie. Les An-
ciens ont cru que le dragon combattoit contre l'élé- ,
phant ; qu'il lui fuçoit tout fon fang par les yeux J
&: les oreilles \ que l'éléphant, tombant mort, écrà-j
D R A
foie le dragon ; & que,de ce fang mêlé tombant fur
la terre , on en recueiUoir ce qu'ils appeloient Jang^
de dragon , dont ils faiioient grand cas. Ceft ainli
qu'en parlent Solm , Pline , Ifidore, & plufieurs au-
tres après eux ; mais ce combat eft une fable inven-
tée par les Marchands. On appelle aulîi le cinabre ^
fang de dragon ., félon Avicenne Se Sérapion. Mais
le vrai Se naturelyà-'A"" de dragon eft un fuc ou réline
d'un grand arbre , nommé dragon , qui croît dans
l'Amérique Se dans l'Afrique. Cette réline eft d'un
rouge obfcur. Se fe fond aifément étant approchée
du feu ; & Cl on la jette dedans , elle s'enflamme ;
cependant il eft dilficile de la diftoudre dans quel-
que liqueur que ce fou. Lsfang de dragon eft aftrin-
gent. On s'en feit dans les pertes de lang , dans les
dyllenteries , pour aifermir les dents ébranlées , Se
pour fortifier ks gencives. Il y a wn fang de dragon
contrefait , qui n'cft compofé que de gommes de
cerifiers ou d'amandiers , diiîbutes & cuites dans de
la teinture du bois de Bréfil , qui leur donne la cou-
leur rouge j Se qui n'eft guère en ufage que pour les
maux externes des chevaux.
Il y a un y ï ni fang de dragon dont François
Gauche fait mention en fon Fo\age de Madcgafcar.
Il dit qu'on lui fit préfent de îix morceaux deyi/2^
dedragûn,z\\xc\xvi long de trois pouces, reifemblant
à des morceaux de boudin , marbrés comme le lavon
d'Alicanre, de rouge, de noir Se de blanc : ce que
les habitans appellent onguent pour étancher le fang.
Ils font faits de feuilles pilées d'un arbre tort bran-
chu, & gros comme un poirier, qui a les feuilles
longues &; plus étroites que celles du laurier , ayant
une odeur de violette. Les fleurs font blanches Sc
odoriférantes , venant en bouquet , rondes , Sc
n'ayant que cinq feuilles bien ordonnées. Elles
fe ferment la nuir, Se ne font pas plus larges qu'un
double. Il fort du milieu un filet rougeâtre , qui
fe recoquille en telle forte , qu'il fait la figure d'un
dragon.
Dragon , en termes dé Chymie , n'eft autre chofe que
le mercure , ou argent vif. Les Chymiftes appellent
le mercure doux, dragon mitigé. Voyez Mercure
DOUX. Dragon a encore beaucoup d'autres fignifica-
tions dans le langage du grand art, ce mot fignifie
quelquefois/ei/. Dragon fans ailes , c'eft le foutfre.
Dragon ailé, c'eft le mercure. Les deux dragons font
le mercure Se l'antimoine. Le grand dragon , les
quatre élémens : cela veut dire que le mercure des
Philofophes eft compofé des quatre élémens. Le dra-
gon dévorant fa queue, c'eft la terre coagulée , deifé-
chée , & humedée de fon eau mercurielle. Le
dragon igné, dont le fang s'incorpore avec la fatur-
nie végétabte , le mercure hermétique. Le dragon qui
veille toujours à la garde de la toifon d'or , c'eft le
mercure qu'il eft difficile d'arrêter & de fixer. Le
dragon qui fut endormi par Jafon , par l'invention
que lui en donna Médée , c'eft le mercure fixé par
l'Artifte défigné par Jafon , par le moyen de quel-
que fecret exprimé par le nom de Médéè. Dragon
dévorant , dragon volant , c'eft le mercure. Le dra-
gon qui a trois gueules , c'eft le mercure qui renlerme
trois principes, j qui font , le fet ,\z foufre & le
mercure. Le dragon eft mort ,' c'eft-à-dire le merdure.
philofophal, ou la matière de la pierre phrlofdphale
eft parvenue <à la couleur noire. Le fang de dragon ,
c'eft la teinture d'antimoine.
DRAGONAIRE , f. m. Nous avons dit an mot dra-
gon , que chez plufieurs peuples , & en particulier
chez les Romains , les enfeignes des troupes s'dp-
peloient dragons j parce qu'on y peignoir des dra-
gons. Le foldat qui portoit cette forte d'enfeigne
s'appeloit Dragonaïre , en Latin Draconar:us , SC
en Grec ^ftucmâfio; Se ^fu'cotriKi^ipiif, Caries Empereurs
portèrent cet ufage à Conftantinople. Dès le temps
d'Aurélien , il y avoit des Dragonalres. _ 'Vopifcus
en parle dans fa vie. Le Diacre Pierre dit , Chron.
Cnfin L. IV. C. 59. que les Bajulès , les Cercofta-
taires j les Staurophores , ou Porte - Crobc ■; les
AqUiliféres, ou Porte-Aigles, les Léoniféiei, ou
D R A
Porte- Lions , Se les Dragonaires , allèrent au-da-
v.uK du Roi Henri, lorfqu'il vint à Rome. Voyez
aiif'i VofiiLis, De Idolol. L. IV. C. 54 au coinn-;cii-
cement.
DRAGONARA , ou DRAGONERA , ou TRACO-
NARA, Bourg ou village de la Capitanace, Pro-
vince du Royaume de Naples. Dragonara ^ ou Trj.-
gonara, Dragonera. C'écoit autrefois une ville Epil-
copale. Elle eft près de Forcore, à deux ou trois
lieues de S. Serviero , du côté du couchant. Les
Géographes la prennent pour une ancienne ville
nommée Geronia y Géranium , Gerio j Gerunium.
Maty Se M. Corneille difent Dragonara , mais il y
a dts Caries qui l'appellent Dragonera.
DRAGONE, Rivière du Royaume de Naples. Draco.
Elle a fa fource au mont de Somma , dans la Terre
de Labour , & fe décharge dans le Serno.
DRAGONNE , f. f. Sorte de batterie de tambour ,
fin^^uUère & particulière aux Dragons.
DRAGONNE , adj. Terme de Blafon , qni fe dit du
lion , ou autre animal qui eft reptéfenté avec une
queue de dragon. Léo in draconis caudam dejinens.
DRAGONNE AU, f. m. Ceft , félon quelques Méde-
cins , im animal femblable à un ver long & large ,
qui fe met entre cuir & chair, & qui vient aux
jambes , & quelquefois aux mufcles du bras. Ver
miculus draconis aliquam fpcciem exhibens. Il eft
ainli nommé, parce qu'il a la figure &: la tortuoficé
d'un petit ferpent. Il paroît fur-tout fur la peau
des côtés j & les habitans des pays chauds y font
fort fujets.
DRAGOVAN , Royaume d'Afie , dans la grande Ifle
de Java.
DRAGUE , f. f. Outil fait en forme de pelle recour-
bée , qui fert à tirer du fable des rivières , à curer
les puits , & à tirer les immondices de quelque en-
droit. Palaferrea recurvo hinc arque hincUmbo, ô'
iongo inftrucla manubrio ^ ad educendas fordes. Ceft
une efpèce de pelle de fer , ayant une perche , ou
un long manche de bois , qui a des rebords des
trois côtés , & placte par le devant pour enlever ce
fable &: ces ordures.
Drague , terme de pêche, Inftrument propre à pé-
cher des coquillages. Cet Inftrument eft de fer. Il
a ordinairement quatre pieds de long, fur dix-huit
pouces de large , avec deux traverfes : celle d'en-
bas eft faite en bifeau , pour mordre fur le fond ,
&c enlever l'huître attachée au rocher. Il y a un fac
dont le deflfus eft ordinairement un réfeau de cor-
dage , &c par-delTous on fubftitue un cuir , ou bien
l'on fait les mailles du deffous du fac , de lanières
de cuir qui j étant glilTant de fa nature, glifte mieux
au fond d
P
e l'eau. On defcend la Drague avec un
cordage proportionné à la profondeur où font les
coquillages.
Drague , eft auftl un outil de Vitriers , ou pinceau
qui leur fert à (igner ou à marquer leur verre. Ce
pinceau eft un poil de chèvre qu'on attache dans
une pluma avec un manche , & on le trempe dans
un blanc broyé. Caprtt villi , penicillus.
Drague, f. m. Terme de Marine , eft un gros cordage
dont on fe fert fur les vailTeaux pour arrêter le recul
des canons J quand ils tirent. Tornienti rétrocèdent! s
retinaculum. Drague d'avirons , c'eft un paquet de
trois avirons. Remorum trium Jafciculus.
Dragve , eft auffi un nom qu'on donne à de l'orge
cuite J qui demeure dans le bralîin après qu'on en
a tiré la bière. Fax hordeacea j expreffa cervifià
Juperfles. On en donne aux chevaux , particulière-
ment en Picardie & en Flandres,
Drague, eft encore un nom qu'on donne à de certains
Lutins qu'on dit roder le long des rivages du Rhône ,
en Provence , qui ont la figure d'homme , & fe
retirent dans les cavernes : d'où vient qu'on dit en
Languedoc, faire X^drac; pour dire, faire le Diable.
Lémures. Voy. Drac.
DRAGUER l'ancre, terme de Marine; c'eft chercher
une ."tncre dans la mer avec le gros cordage , qu'on
appelé drague j ou pêcher quelque chofe dans la mer.
D R A 4^1
Pifcar'i- Pour draguer , on attache les bouts de la
drague à deux chaloupes , qui font à côté l'une de
l'autre, à quelque diftance : au milieu de la drague,
on attache des boulets de canon , qui la portent^ par
leur poids jufqu'au fond de l'eau ; deforte que les
deux chaloupes , voguant en avant , entraînent la
drague , & avec elle, ce qui eft au fond de la mer.
Drtrgucr , c'eft aulli nettoyer le fond d'une rivière j
ou d un canal , avec une drague , ou pelle de fer.
Purgare.
DRAGUIGNAN , Ville de France. Draguinianum.
Dracenz j Dracenum. Elle eft en Provence , à cinq
lieues de la mer Méditerranée, fur les confins d'une
petite contrée, nommée ieCallianez, à quatre lieues
de Frejus j au couchant , & à douze au levant da
Toulon. Draguignan eft htué dans un terroir agréable
& fertile , fur la rivière de Pis : elle eft voifine de
quelques hautes montagnes , qui contribuent à fa
fertilité. Les vins de Draguignan font très-forts.
Draguignan a une Viguerie j une Sénéchauifée , Se
une Collégiale. Quelques-uns prennent cette ville
pour le Forum Voconii des Anciens. Le iiége du Sé-
néchal de Draguignan y fut établi en 1533. par
François I. Cette ville a été féconde en gensdefavoir
& démérite. C'étoit la patrie de Barthel. Tixier, Gé-
néral de l'Ordre de S. Dominique. Long. 24 d. 14-
Lat. 4s. d. s4.
DRAHEIM , Lac de la Poméranie , du côté de la
Pruffe Royale.
Draheim , Fort fitué entre le Lac de Tempelbourg ,
& celui de Draheim , dont il prend le nom , ou
auquel il le donne. Draheimum. Ce Fort eft de la
Prulfe Royale, &r eft aftez près deButhou,ou Bythou.
DRAK, f. m. Racine de DRAK. C'eft une lacine
qui tire fon nom de François Drak , qui en apporta
le premier en Angleterre. Elle relfemble beaucoup
au Contrayerva, & a à peu près les mêmes qualités j
car elle eft alexitère comme lui , c'eft-à-dire, qu'elle
réfifte aux venins , & nous vient aulli comme lui du
Pérou , d'oii on nous l'apporte féchc. Etant prife en
poudre J elle fortifie & chalfe par tranfpiration les
mauvaifes humeurs. Pomet l'appelé Drak tout court ;
mais communément, on la nomme racine à^Drak.
DRAMATIQUE, adj. m. & f.Term. de Poëfie, épithète
que l'on donne aux ouvrages compofés pour le théâ-
tre j & qui repréfentent une aélion tragique ou co-
mique , pour les diftinguer du Pocme épique j qui
conlifte partie en aétion , partie en récit. Dramaticus,
La Poëfie Dramatique a pour but d'inftruire & di-
vertir le fpeclateur. Corn. Il ne s'ctoit point fait
avant le règne de Charles V. de pièces d.' théâtre.
Ces pièces, même au commencement, n'étoientque
des récits en vers fur quelques-uns de nos myftères.
Les Pocces à l'envi travaillèrent fur ce nouveau plan :
on y joignit des épifodes •, ainfi , infcnfiblement, on
en fit une pièce en forme. Les Adleurs qui les
jouoient', prirent des lettres de CharlesVI. pour for-
mer une Compagnie fous le nom de Confrères de
la Paillon. Le Gendre. Voye-^ COMEDIE.
Corneille eft le premier des Poètes Dramatiques.
Voyez fon difcours du Pocme Dramatique. L'ame
du Pocme épique , comme du Pocme Dramatique ^
c'eft la fable. M. Dacier.
Dramatique, f. m. Poche dramatique. Genrede Poëfie
dramatique. Dramavca Poéjts. Le Dramatique eft le
genre de poëfie le plus agréable. lia réu'îî dans le
Dramatique.
Il fe prend auffi pour l'Art du Drame. L'Art des
pièces de Théâtre. Le Dramatique n'eft pas bien
obfervé dans cette pièce.
îf!" Ce mot s''étend encore à d'antres Ouvrages
qui ne font pas faits pour le théâtre , & où l'Auteur
quitte fon récit, pour faire parler les perfonnages
qui! introduit. C'eft ainfi que M. de Fénclon , Arche-
vêque de Cambray, l'a pris pour l'Art du Dialogue.
C'eft dans le Mandement qui eft à la tête de fon
Infttudion Paftorale, en forme de dir.Iocues. Toute
l'Antiquité la plus éclairée a cultivé heureufemsntce
genre d'écrire fi infinuant. Ils voyoieut par expé-
^6l
D R A
rience qu'une longue & uniforme difcuffion de
dogmes fubtils '"k abllraics , e(l féche & fatigante j
on y languit , rien n'y dclalfe : un railonnement en
demande un autre \ un Auteiir parle lans cetle tout
feuL Le ledeur rebuté de ne rien hure qu'écouter
fans parler à fon tour , lui échappe j ou ne le fuit
qu'à demi. Au contraire, faites parier tour-à-tour
pluheurs hommes avec des caradères bien gardés y
le leéteur s 'imagine faire une véritable converiation,
& non pas une étude. Tout l'intérelfe , tout réveille
fa curiofité , tout le tient en fufpens. Tantôt il a la
joie de prévenir une réponfe , & de la trouver dans
fon propre fond ; tantôt il goûte le plaifir de la lur-
prife, par une léponle déciïive qu'il n'attendoitpas.
Ce que l'un dit le prelfe d'entendre ce que 1 autre va
dire. Il veut voir la fin , pour découvrir quel ell celui
qui répond à tout , &c auquel l'autre ne peut donner
une entière riponfe. Ce fpedtacle ell une efpèce de
combat , dont le ledeur fe trouve le fpeclateur
Se le Juge. Telle ell la force du Drarnaûqut. Fénel.
Le Dram.itique fait une des grandes beautés des
Dialogues de Platon.
Ce mot vient purement du Grec , de <^f«/««j qui
fignifie aclion, parée que la nature du Pocme Dra-
madque confiile dans.ra6lion.
DRAME, f. m. Pièce de théâtre , pièce de Poëfie dra-
matique. Pièce , foit en vers , loit en proie , qui
conlilte j non dans le fimple récit, mais dans la re-
préfentation d'une adion. Drama ^ Ludus Scenicus.
Quelques Critiques prétendent que le Cantique des
Cantiques ell un dmme.
Aulieu d'étudier à Séneque & Sophocle ^
D'en prendre l'art du Drame &les endroits touchans ;
C'ejî de Lucrèce & d Empédodc
Qu'il prétend imiter les chants.
L'Abeé Genest.
Il faudroit appeler ainfi les pièces qui ne font ni
tragiques j ni comiques , & qui font néanmoins
théâtrales. On ajouteroit une épithète qui détermi-
neroic ce terme générique à une efpèce particu-
lière, & l'on appelleroit Drame héroïque j ce que
Corneille a appelé Comédie héroïque , & la Meia-
nide de M. de la Chaulfée , Drame Romanefque.
Obf.fur les Ecr. mod. t. 2/ p. zS.
Le mot de Drame vient de c^(i«,«« aclion, parce que
dans les Poe'mes dramatiques , ou les .Drames, Ion
agit , & l'on repré fente une adion comme fi elle fe
palfoit effediveinent. Ce mot de Drame ii prend
plus ordinairement pour une pièce férieufe , que
pour une pièce comique ^ pour une tragédie , que
pour une comédie j quoiqu'une comédie foit autant
un Drame qu'une tragédie \ puifqu'elle ell égale-
ment la repréfenration d'une adion. Toute la diffé-
rence naît du choix des fujjts, du bue que fe pro-
pofent l'une & l'autre j &c de la didion : du relie j
tout ell égal.
DRANET. f. m. Sorte de filet que deux hommes
traînent dans la mer. Retis quoddam genus. On s'en
fert fur les côtes de Normandie. On l'appelle aufîî
colerct.
DRANGIANE. Ancien nom d'un pays d'Afie. Dran-
giana. La Drangiane étolt bornée au couchant par
la Carmrnie \ au Nord par l'Afie j au levant par
l'AracholIe-, au midi par laGédrofie. Les villes prin-
cipales de la Drangiane ho\tnt Ariafpe, & Pro-
phtafie , qui donne nuiourd'hui fon nom à ce pays ,
dit HotFmiîi. C'ell aujourd'hui une Province de l'Em-
pire de Perfe , &c la plus orientale. On la nomme
Sigiftan , ou Sizillan. Son ancien nom Drangiane
lui venoit peut être de la rivière de Drange , que
Ptolomée fait palfer par cette Province. On appelle
aujourd'hui cette rivière liment. Foye^ Strabon ,
L. XL Davity. Etats du Sophi , Hoffman , Maty ,
Corneille, &c. Les Peuples de cette Province s'appe-
loient Oranges ^ Drang.ei , Drangi , dans Strabon.
Ip- DRÂGUELLE ou DRIGUELLE. f. f. Terme
de pèche-, nom que l'on donne à une efpèce de
D P. A
grande chaufle, à l'ufage des Pêcheurs Flamands &
Picards.
DRANSE. f m. Nom de peuple. Dranfus. Les Dran-
Jes écoient des peuples de ïhrace j dont Hérodote
parle , L. V. Il rapporte que j quand il nailfoit un
Dranje , on s'affligeoit , & on pleuroit en racontant
les milères de la vie dans laquelle il entroit j &
qu'au contraire , quand il mouroit quelqu'un , on le
réjouilfoit. Quelques-uns prétendent qu'il faut due
Tranfe , &'non pas Dranjc , & que , dans les exem-
plaires d'Hérodote les plus correds , on lit Tfa!fcr«
Trauji.
DR ANSE. Petite rivière de Suilfe, dans le bas Valais.
DRAP. f. m. Linceul tait de toile, qu'on met dans
le lit entre les matelas & la couverture , pour être
couché plus proprement. Lccli lintea. Il ell couché
entre deux draps. Des draps de toile fine. Des
draps fans couture.
On trouve dans la baiïe Latinité drapus, dès le
VF. ou VII^ fiècle j par exemple , dans la vie de
Saint Célaire , L. IL à la fin , §, 31. Acla SS. Be-
ned. Sttc. 1. pag. 6-jG. Dans la Conllitution de
l'Abbé Anfegife , on appelle un drap blanc , drapus
albus , cequil faut pour faire une chemife. Acla
Sancl. Bened. ùcec J/'. pag. 6jç.
Drap , terme de Manufadure de Lainage , efpèce
d'Etoffe réhilante , ordinairement toute de laine ,
quelquefois moitié laine & moitié fil , ou mêlée
d'autres matières. Pannus. On dit aufli drap d'or ,
drap de foie : mais le mot de drap , employé feul ,
déligne toujours une étoffe de laine. On habit de
drnp. Les draps d'or ou d'argent , tant pleins , oii
façonnés , que frifés ou brochés , doivent avoir
demi-aune, moins un 14' de largeur. On connoît
la bonté du drap à la filure, & celle de la ferge à
la croifure. C'ell aulli ce qui marque leur différence ,
qui confiile en ce que les draps font fabriqués de
laines toutes gralles, ôc les ferges & étamines avec de
la laine féche & dégrailfée. Les draps étrangers vien-
nent de Hollande & d'Angleterre, &c.
Drap d'EJpagne , ell un drap fait de laines de
Ségovie qui ne lont pas torfes finement , qui ellga-
rencé ^ qui en vieillilTant devient noir. Les draps
de France font de Sedan , de Berry , d'Abbeville ,
de Louviers , d'Elbeul , &:c. Le drap de Meunier eft
un drap fait de laine fine , & qui ell plus épais que
celui d'Angleterre , qui a été ainfi nommé du norrj
de l'Ouvrier qui le fabriquoit en Berry. Drap d'Uf-
feau , c'ell un drap manufadure en un village de
Languedoc près de Carcalfonne, d'où ce nom lui
ell venu. Le premier Fabricateur s'appeloit de Va-
renne. Ménage croit que c'ell à caufe du fceau du
Roi qu'on y mettoit autrefois j mais on l'écrit ainfii
abulivement.
Drap , eft un vieux mot Gaulois , qui fe trouve dans
les plus anciens Titres , & que les Peuples voifins
ont emprunté de nous. Quelques-uns croient qu'il
vient de trahea. Du Cange dit qu'il vient de drap-
pus J ou de trapus , dont il eft parlé dailî les Ca-
pitulaires & dans les formules de Marculfe. Dans
Froilfart on voit cette phrafe ; être des draps de
quelqu'un ; pour dire , être de fes livrées. On dit
aulli, dans plufieurs Eglifes , foit Cathédrales , foie
Collégiales , porter les draps ; pour dire , les ha-
bits de Chanoines. Être des draps d'une telle Eglife,
fignifie, être Chapekin habitué de cette Eglife, la
delfervir. A Angers, à Blois & ailleurs , On dit :
ce jeune Clerc porte les draps dans fa paroiffe. Être
des draps da Chapitre de Reims j de S. Martin de
Tours , eft une exprelfion qui fe trouve dans des
arrêrs du quinzième fiècle.
On dit , fe mettre en drap ; pour dire , Prendre
fon gros habit J fon habit d'hiver , de fatigue pouc
la campagne. Craffius vejlimentum induere. Et , por-
ter le deuil en drap • pour dire, prendre le grand
deuil.
Drap mortuaire , eft une pièce d'étoffe ou de
velours noir qu'on étend fur la bière d'un mort, ou
fur la repréfentation qu'on en fait pendant f^s ob-
b R À
fcqites. Pannus Junelris. Il y a fur le drap mortuaire
la figure d'une croix. Ce drap elt noir , quand il
fertà des hommes ou à des femmes ; mais il ell
blanc , quand il lert a des garçons ^- à des fil-
les.
Drap-dc-plcd , e(t une pièce d'étoffe j ou tapis
xiu'on met liir un pne-Dieu , & qui lert de marche-
pied aux perfonnes du premier rang. Sutjbatus
pannus.
Drap , fe die , proverbialement, en tes phrifes , Les
plus riches en mour.int, n'emportent qu'un drap ^
non plus que les pauvres. 0\\ dit qu'un homme
combat contre les draps ^ contre ion chevet, quand
îl a de ta peine à fe lever. Q\\ dit, mettre un
homme en beaux t/nt^5 blancs 5 c'eft-à-dire, en dire
du mal , découvrir les défauts, ou l'impliquer dans
une mauvaileartaire.Onditaulli , il n'y a que celade
drap ; pour dire contentez vous ,il n'y a que cela de
fonds. Tailler en plein drap j pour dire , non feu-
lement, an propre, couper un manteau dans la pièce
xie dtap j mais anlli, au tiguré , pour dire, avoir plein
pouvoir dans une aifaire , & de s'étendre , & d'en
prendre tant & li peu qu'on veut. Vouloir avoir le
drap & l'argent , c'elt-à-dire , vouloir avoir le prix
^'une choie , & ne la point livrer. On dit audi , au
bout de l'aune iaut le drap , pour dire , qu'on vient
à bout de toutes chofes. On dit que la lilière efl: pire
que le drap \ pour dire que les habitans des fron-
tières de certaines Provinces auxquelles on attribue
certains détauts, font encore pues que ceux du de-
dans du pays.
Drap d argent. Terme de Fleurifté. C'eft un nom
que l'on donne à quelques Tulipes. Il y a le drap
d'argent ûc Valenciennes. Le drap d'argent du Pal-
teur. Ledrcw d'argent du Berger. Morin.
Drap d'or. Nom d'une efpèce de prunes , & de Tar-
bre , qui les porte. La Quiiitinie fait ce nom fémi-
nin en parlant du fruit. La drap d'or. Il dit auHi le
drap d'or. Le drap i/'orell: une prune ronde , prefque
carrée & plate. Elle elt blanche ou jaunâtre pour la
couleur. L,a Quint. Il y d des prunes qui ne- font
bonnes que cuites & même, parmi les cuites, il y en
a qui font particulièrement bonnes en pruneaux ,
comme les f/ri^iPi' d'or, êcc. Id.
Drap d'or , ell aullî un terme de Fleurifte j & le nom
d'une Renoncule. Il eft jaune doré, mêlé de rouge
par le dehors de fa fleur , de forte qu'il relFemble
à àa drap d'or , ce qui ell caufe qu'on le nomme
ainfi. MoRiNi
Drap d'or , elt encore le nom d'une tulipe printanière
& panachée. Id.
DRAP D'Oli. Terme de Conchyliologie. Nom que
l'on donne à des coquillages de mer. Pannus aureus
concha. Il y a des draps d'orAc plufieurs efpèces , un
gros drap d'or facié : c'elt la plus belle efpèce. Ger-
saint.
DRAP de curée. Terme de ChalTe. C'eft une toile
fur laquelle on étend la mouée qu'on donne aux
chiens quand on leur fait la curée de la bête qu'ils
ont prife.
^fT DRAPADES, f. f. Certaines étoffes ou ferges qui
fe pratiquent A Sommières.
DRAPANO , ou PUNTA DI DRAPANO , c'eft-à-
dire , pointe de Drapano. C'ell un cap ou pointe
de terre , qui fe trouve fur la côte feptentrionile
de l'Ifle de Candie, entre la ville de Rétimo au le-
vant , & celle de la Canée au couchant. Drapenum
promontorium.
DRAPANT. I. m. Nom que l'on donne aux Manu-
facturiers , & aux ouvriers qui fabriquent , ou font
fabriquer les draps de laine, pour les diftinguer
des Marchands qui n'en font que le débit ; les pre-
miers étant appelés Drapiers drapans , ëc les autres,
Marchands Drapiers.
DRAPANT, f m. Terme de Papeterie. C'eft une forte
de planche carrée, iur laquelle on met les feuilles de
papier les unes fur les autres , à mefure qu'on les lève
dedeffiis les feutres , pour les remettre une féconde
fois fous la preffe.
b R A 4^5
DR.APÉAU. f, ni. Qui fe dit des vieux morceaux d'é-
toffe , OLi de linge. Panniculus. Les gueux ont des
habits faits de vieux haillons & drapeaux.
Drapeau , fe dit auili, ironiquement, de toute étoffe ,
quoique neuve , qui n'a pas la force j la bonté qu'elle
doit avoir. Je ne veux point de ce drap , il ell mal
foulé , il eft trop lâche , ce n'eft que du drapeau ,
c'eft un vrai drapeau qui ne durera rien.
On appelle, abfolument, du drapeau , le vieux
linge que les chiftonniers ramaffent , & donc on
fait du papier. Linceolum vêtus ac lacerum. Voyer
Papier, Chiffon.
Drapeau , en termes de Guerre ,fignifie éiendnrt. Il
fe dit généralement de toutes les enfeignes. Vexïl-
lum _, Jignum. Il a combattu fous les drapeaux de
ce Général, il a fuivi les drapeaux. On a pris tant
de drapeaux dans cette bataille : on y comprend en
ce fens les cornettes &c les guidons. Ce mot vient
de drap , parce qu'on taifoit autrefois les enfei- '
^nes de cette étofte. On le dit plus particulièie-
ment d'une enleigne d'un Régiment, d'une Com*
pagnie d'infanterie. Il faut qu'un foldat fe range
fous le drapeau au premier Ion du tambour. Les
drapeaux de l'Infanterie n'étoient autrefois que de
toile peinte. Le Gendre.
On ditj figurémciK , fe ranger fous les drapeaux
d'un Prince jpour lignifier, prendre, embralïer fon
parti.
De quelle noble ardeur penfe^-vous qu'ils Je rangent
Sous les drapeaux d'un Roi long-tems viclorieux ?
Drapeau , fignifie auffi la charge de l'Officier qui le
porte. Signifer , VexilLijer. Le Roi a donné un dra-
peau à ce foldat; pour dire , un emploi d'Enfeigne
dans une compagnie de gens de pied.
Drapeau. Terme de Chirurgie & de Médecine.
C'eft le nom d'une maladie qui vient aux yeux. Le
drapeau .^ panniculus , eft une efpèce de ptérygion ,
qui paroît comme un morceau de linge. On le gué-
ritj^avec des poudres cauftiques quand il eft récent
& petitj & par extirpation quand il eft grand ôC
dur.
DRAPEAUX au pluriel , fe dit de ce qui fert à eiit
mailloter un enfant.Sécher les drapeaux d'un enfanr.
Il eft vieux. Acad. Fr.
DRAPELE, ée. àdj Vieux mot. Drapé.
DRAPER. V. a. Couvtir un carroffe , une chaife à por-
teurs, une litière ou autre voiture de drap , pour
marque de deuil. Panne aliquid integere. Les gens
de qualité font draper leurs carroffes par dedans &
par dehors de drap noir \ le Roi de violet. On le
dit aullî abfolument. Les Princes , les' Ducs dra-
pent.
Draper. Terme de Peinture. Draper une figure , c'eft
l'habiller, la couvrir des habits, des étoffes con-
venables. On dit qu'elle eft bien drapée ; pour dire,
que les draperies font bien mifes , bien entendues j
que les plis font bien agencés , bien jetés.
L'art de draper fe remarque ptincipalement en
trois chofes , qui font l'ordre des plis , la diverfe
nature des étoffes , la variété des couleurs des étof-
fes. A l'éîjard des plis , ils doivent être tellement
jetés qu'on connoiffe ce qu'ils couvrent, & qu'on
le diftingue de toute autre chofe \ qu'on voie que
fous la draperie il y a un bras& non pas une jambe.
Les plis doivent être grands j parcequ'ils partagent
moins la vue : il doit auffi y avoir du contrafte ,
fans quoi les draperies ont je ne fais quoi de duf
& de fec. La nature des étoftes doit être bien re-
marquée, parce qu'il y en a qui font des pliscaffés;
d'autres en font de moelleux ; quelques-uns ont la
fuperficie mate , quelques-autres l'ont luifinte :on
en voit de fines , de tranfparenrcs , de fermes &c dfi
fo'.ides , dcc. La variété des couleurs , quand elles
font bien ména'^ées , fait la beauté d'un tableau ; cir
elles ne font pas toutes également amies les unes des
autres : 5r il y en a qui ne doivent jamais être mifeS
4^4 D R A
auprès de certaines aaties. F'oye^ M. de Piles , M.î
Felibieu, &c. /'oyeç Draperies.
Draper , le du auUi en p.idant de fautereaux de cla-
vellin , d'épinetre , & lignihe y metcie du drap. Fan-
num atiextre. Il faut draper la pluparc de ces faute-
reaux. ,
Draper , fignihe aulîi railler fortement quelqu'un ,
en dire du mal. Dicteras aiiquem llberalaer carpere.
Quand les Auteurs écrivent les uns contre les
autres , ils font fujets à fe draper. On dit qu'on l'a
drapé dans certaine latyre. Boil. En ce fens il vient
du'vieux mot François i-/ra/^/t.r, qui ligniiioit /=//2-
cear, railleur , parcequ'on pinçoit les draps en les
préparant: Je^là vient qu'on a.cM draper:, poui dire,
tourmenter quelqu'un par desriilleries. Borel. Mais
il y en a d'autres , comme Danet , qui prétendent
que c'ell une métapliore prife de ce que les Fou-
lons de draps couchent le poil des draps avec des
cnardons. D'autres croient que ce mot vient de la
Farce de Patelin , ou l'Avocat dupe un Drapier en
ramufantde paroles. De quelque part qu'il vienne,
il n'elî que du llyle &niilier.
Draph , ÉE. part. & adj. CarroîTe drapé, Rheda panno
i/itecia. On hppelle , h:r, drapés ■, des bas de laine
préparcs de telle manière , qu'ils relfemblcnt à du
drap.
Drapé j fèdit auili , en termes de Botanique, des
fruits,& des feuilles qui lont épailfes & velues &
d'un fuFu ferré comme du drap. Fillofus , toincn
tofus.Les fruits de la Pivoine font drapés. Les feuil-
les du bouillon blanc font drapées.
DRAPEillE. f. f. Marchandife' de draps ; Manufac-
ture de draps, & le lieu où on les tait, Ik où on
les vend. Parinonun Laneorum textura , officina. Il
y a grand commsrce de draperie en Hollande , la
rue de la Draperie à Paris. La draperie d'Efpagne eft
plus recherchée, à caufe delà bonté des teintures.
On appelle auHi draperie , le Corps des Marchands
Drapiers.
Draverie j, en termes de Peinture & de Sculpture j,
eft la repréfentation des habits , des tapilferies , du
linge, &c autres chofes qui ne font ni carnations,
ni pa.y figes, f^'e/liu/npiclura , exprejf^ colorihus vefies.
On dit qu'un Peintre jette bien une draperie , pour
dire, qu'il en jette bien les plis. Paul Veronèfe ex-
ceiloit pour les draperies. Il y a de l'intelligence dans
l'ajuftement des draperies. De Piles. Le premier
e&t des draperies eft de faire connoïtre ce qu'elles
couvrent. lu. Le Peintre doit , avant que de difpo-
fer fes draperies , delliner le nu de fes figures. Id.
Que la draperie ne foit pas trop adhérente aux
parties du corps. Id. Les plis des draperies bien en-
tendus donnent beaucoup de vie à l'action, de quel-
que natuie qu'elle pullfe être. Id. La richelFe des
draperies fait une partie de leur beauté. In. La
grande légèreté & le grand mouvement des drape-
ries ne conviennent qu'aux figures qui font dans
D R A
ptemier des (îx Corps des Marchands de Paris , à
caufe que les Fourreurs leurs ont vendu leur droit.
On {e%!i.i^pi:\\t Drapiers-Chaujjetiers -^ parce qu'au-
trefois leur métier étoit celui de fane des hauts-
de-chaulTes & des bas j celui de Pourpointiers 3 de
faire des pourpoints , qu'on faifoit d'une autre étof-
fes i & il y avoit de grands procès pour les entre-
prifes qu'ils faifoient les uns fur les autres.
On appelle auili Drapiers , les Artifans qui font
du drap , qu'on nomme Drapiers diapans. Laneo-
rum paa/iorur/i opijex. Il a été fait de nouveaux Sta-
tuts en 1669 pour les Drapiers drapans , Seigiers
& Façonniers , qui contiennent la largeur de toutes
fortes de draps & de ferges , & les longueurs des
pièces.
Dans le procès des Miracles du B. Simon Auguf.
tin , fait en 1514, on trouve drapparius. Le mot
drapier éioit alors en ulage.
DRAPIER, f. m. Mot du vieux langage , qui fe trou-
ve dans la lignification de railleur, de bailleur de
brocards, d'homme qui pince en raillant. Bord dit
quece mot vient de ce qu on pince les draps, & que
l'on a dit de là Draper quelqu'un, pour dire , Railler,
ciitiquer quelqu'un.
DRASTIQUE, adj. Teime de Médecine. On appelle
médicamens drajliques ceux qui agilfent prompte-
ment & avec force. En particulier on donne le noru
de draftiques aux forti purgatifs. Ce mot eft Grec ,
^()«o-r(x.«V, aéfif. Col de Villars.
DRAVE. Rivière. Dravus. Ptolomce l'appelle Darus ,
Pline Draus , les Manufcrits Drarus , félon la re-
marque de Daléchamp ; & Strabon Dr abus , Af«/3«r.
LiDrave eft une grande rivièrede la Pannonie. Elle
a fa fource à Innichen dans le Tirol, aux confins de
l'Archevêché de Saltzbourg , traverfe la Carinthie
& la Stirie j coule le' long des confins de l'Efclavo-
nie & de la baffe Hongrie -, &, un peu au-dellous
d Efleck , elle fedécharge dans le I^'anube , formant
quelques petites Illes à fon embouchure , qui eft
proche de la ville d'Erdwdy. Les villes principales
qui fe rencontrent fur le cours de la Drave j font
"Wolmark, Lavamund & Drabourg en Carinthie;
Marpurg & Pettaw en Stirie; le Gradt, Turano-
vitza& Elfeck dans la balfe Hongrie. Les Auteurs
du Moréri font ce nom mafculin Draw, ou le
Drave. Maty dit la Drave , ou le Dravj. Nous di-
fons toujours la Drave , comme a fait M. Cor-
neille.
DRAVE , ou DRABA , f. f. Plante , qui eft ^ une ef-
pèce de lepidium , ou pajjcrage. Elle croît à la hau-
teur d'une coudée , & a une tige mince, ronde,
ftriée& ferme. Ses feuilles font oblongues , larges
d'un pouce , ou d'un pouce &: demi , d'un vert
cendré , & rangées alternativement le long de la
tige. Ses fleurs font petites & blanches : elles for-
aient un bouquet. Drata umbellata , ou draba ma~
iorj capitulis donata. /•''o)vPaS5ERAGe.
une grande agitation , ou qui fontespofées au vent. DRAUSEN. Lac de la Ptulfe. Draufetms. Le lac Drau-
" ■ ' ' " ' " yé;2,ou le i5r/^z«/è/2, eft voifinde la ville d'Elbing :
il reçoit la rivière de Sargune j & par celle
d'Elbing il fe décharge dans la Frifch - Half.
Maty.
DRAUSiN. f. m. Nom d'homme. Draufius , Drauf-
cio , Drautio , S. Draufin , ou S. Drofin , vint au
monde du temps de Clotaire IL au cinquième fiè-
cle. Baillet , 5 de Mars. S. Draujïn entra dans la
Cléricature en 649. Il fut fait Archidiacre en 652.
F>êque de Soilfons en 654. En 657. il bâtit à une
lieue & demie de Compiègne l'Abbaye de S Pierre
de RotonJes ; & en 658. une de filles aux portes de
Soldons , par les libéralités du fameux Ebroin ,
Maire du Palais , & de Leutru fa femme. Il
mourut l'an 6^74 ou 675. le cinquième de Mars.
Foyei les BoUandiftes , Mart. T. I. p. 404- ^
fuiv.
In. Les anciens Sculpteurs ont été fort entendus|
dans le jet des draperies. Id. Draperies légères &
volantes. Draperies majeftueufes. Draperies pauvres.
Draperies qui ientent le mannequin ; ce font celles
dont les plis fontdurs & pleins de ïùiàQxxï.Dicî.de
Peint. & d'Aich.
^3" Les draperies doivent être conformes aux
modes régnantes. Les Peintres d'hifioire doivent être
vcrfés dans la fcience ducoftume, &c \es dr-aperies\
doivent être conformes au coftume de l'action re-
préfentée.
DRAPEPxIE. f f. On appelle ainfi des excrollfances de
chair fur le corps de certaines perfonnes , parce-;
qu'elles ont à-peu-près la figure d'une draperies.
Foyex les Mémoires de Trévoux. Juin 174Î, p.
1085
DRAPIER, 1ÈRE. f. m. & f. Marchand qui vend du
Drap & autres marchindifes de laine ; quoiqueles DRAYER. v. n. Terme de Corroyeur. C elt travail-
Merciers leur
ratines
conteftent le droit de vendre des
s étamines. Pannorum la-
des ferges & d
neorum propola. Les Drapiers font maintenant le
1er avec la Dr.iyoire, qui eft un inftrument appelé
auili couteau a revers & écharnoir , & ôterde dcf-
fus le cuir tout ce qui peut y être refté de la chair de
l'animal
D R A DRE
fanimal. Il a ce dernier nom , parce qu'il ferc à
écharner , c'ell-à-dire, àôrerla chair j & on l'ap-
pelle auffi couteau à revers , parce que le tranchant
en ell un peu affilé & qu'il elt emmanché à re-
vers. On appelle Drayûres ces morceaux de cuirs
tannes , qui ont été enlevés de lu peau du côté de la
chair.
DRAYOIREj f. f . Inftrument avec lequel on draie.
On l'appelle auffi Couteau i revers , &i Echar-
noir.
DRAYURES. f. f. plur. Ce font les morceaux ou
rognures des cuirs tannés , qui ont été enlevés cie
Li peau _, du côté de la chair , avec la Drayoire
des Corroyeurs.
DRE.
«
ItO^DRÊCHE. Foy^î Dresche.
DRECSODERNHEIM. Petite ville du Palatinit du
Rhin. Drccfodernlieimum. Elle eft fur la rivière de
Glan , dans la Prcfeéluie de Creutznach , à deux
ou trois lieues de la ville de ce nom.
DREGE , DRAGE , f f. Terme de Pêche. C'efl: un
filet en ufage fur les côtes de l'Océan j avec lequel
fe tait la pêche la plus conlidérable & Aqs poillons
les plus délicats j comme turbots , foies , barbues,
îk-c lictis quoidam genus delicadorihus pifcibus ca-
piendis accommoddtuin. La pêche qu'on fait pendant
tout le Carême du plus beau poillon fur les côtes
de l'Océan , fe nomme la pêche de la Drége. Les
filets dont on fe fert pour cette pêche s'appellent
traîneaux , & ils font faits à-peu-près comme des'
■ ailiers à perdrix. Au haut de ces trameaux on atta-
che du liège peur les tenir élevés , & au bas on met
des plaques de plomb pour les faire enfoncer dans
le l'able. Cette pêche ell femblable à celle qui fe
fait dans les rivières avec un filet, qu'un homme
tire d'un côté, & qu'un autre homme tire de l'au-
tre. De même le flux ôc reflux de la mer poulie avec
rapidité le bateau j qui étant poulTé fait avancer les
trameaux qui y lont attachés avec un cordage par
un bout. Le borfet de Drcgc y auquel ces trameaux
font attachés auffi par l'autre bout j étant auOî pouf-
fé par le courant des eaux, traîne & fait avancer
de fon côté ces mêmes trameaux \ en forte que le
borfet de Drége & le bateau font comme deux hom-
ineséloignés l'un de l'autre, qui tirent des deux côtés
les trameaux, lelquels étant ainli tirés & enfoncés
d'un pouce dans le fable j recueillent j en le grat-
tant, tout le poilfon qui y eft enfoncé. Les Ordon-
nances ne permettent la pêche de la Drége que pour
le temps du Carême , parce qu'elle emporte tout ,
&c qu'elle nuit beaucoup au fond de la mer, où les
poilfons trouvent leur nourriture.
^O'Drûge. Terme d'économie ru'lique./^oy. Serans,
& l'art, fuiv.
DREGER. V. a. Terme ulité dans quelques endroits ,
pour dire , féparer la grame du lin , de la tige , en
le faifant patTer entre les dents d'un peigne de fer,
qu'on appelle Drége-
DRELlN. Mot inventé pour repréfenter le fon d'une
fonnette. Imiraclo fnnltus parvi tïntïnnabuli. Ma fon-
nette ne tait pas aifez de bruit \ drelïn j drdïii ^ dre-
lin. Mol.
DRELVE. Petite ville de France dans le Donziols.
Drelva.
DRENTE. Petite contrée des Provinces-Unies. Dren-
tla. De trois parties (lui compofent la Province
d'OveriflTel , c'eft la plus feptentrionale. La Drente
a pour confins à l'Orient une partie de la Weft-
phalic ; au Septentrion la Seigneurie de Gronin-
gue j à l'Occident la Frife , & au midi la Tranfyl-
vanie , ou le pays de Sallandt. La Drente eft pleine
de marais, qui tournilfent des tourbes aux Provin-
ces voifines. Covorden ou Cocvorden en eft la ca-
pitale, & le feul lien confidérable qu'on y trouve.
La Drente eft diviféë en fix Bailliages.
DREPALI. Lieu de la Romanie. Dr^jj^j/a/Tz, ancienne-
ment C&nophurium , comme on lit dans la vie d'Au-
Tome III.
DRE 46jr
relien par Vopifcus , C. 35. Hift. Auguji. Script.
FI. p. zii. A. B. dans Eutrope fur le même Empe-
reur & dans l'Itinéraire d'Aiitonin. Plutarque dans
la vie de Lucullus , l'appelle K«/.;» Çfsfioi/. Dans Po-
lybe on trouve Kev^ x^i'" , au lieu de Kaiv»» (pfsf;«
mais c'eft une tuante, i>: peut-être la correétion d'un
ignorant qui n'a pas fu ce que c'étoit que K«jv«
ipgKffan La Table de Peutinger dit Cenopurium. Ce
heu étoit , dit Vopifcus , entre Mcraclce & Bizan-
ce. L'Itinéraire d'Antonin, &c la Table de Peutin-
ger l'y placent en effet. C'étoit un fort , une cita-
delle , comme fon nom le marque. Car KaoLr
Çfii^iM J iignifie neuf Jort , ou Jort neuf, ou châ-
teau neut , C^flellutn novum _, comme le nomme
la Chronologie de Nicéphore. En effet , Polybe dit
que c'étoit un château très-fortifié , & que Mithti-
date avoiif là fon tréfor. Ce fut auffi là , au rapport
de Vopifcus , que l'Empereur Aurélien fut tué par
quelques-uns de fes domeftiques. Aujourd'hui Dré~
pâli n'eft qu'un village fitué fur la mer de Mar-
mara , environ à cinq lieues de la ville de Seli-
vrée. /"0) c^ , outre les Auteurs cités , Saumaife
fur l'endroit de Vopifcus que j'ai rapportéjHoftman,
Maty.
DRESCHE. f m. Il faut écrire Dreche avec l'Acadé-
mie. C'eft le nom qu'on donne au marc de l'erge
moulu , dont fe fervent les Braifeurs de biere.
Par Ordonnance du 4 Novembre 1701. rapportée
dans le Traité de la Police de M. de la Mare , Liv. 4.
pag. 575 & ^77. Il eft permis aux Braifeurs de ven-
dre aux particuliers qui nourrillent des vaches lai-
tières le marc de l'orge moulu , vulgairement appe-
lé Z)At'c/2c , & aux particuliers d'en nourrir leurs
vaclies , pourvu que la Drcdie ne foit point aigrie.
Par Sentence de la Police de Paris du 10 Décembre
1745 , un Vacher tut condamné en cent livres d'a-
mende, pour avoir nourri fes beftiaux de drèche
corrompue , contre la difpofition des Ordonnances
de Police.
DRESDE. Ville du Cercle de la haute Saxe en Alle-
magne. Drefda. HofFman l'appelle en Latin Z)re/Î7,
on Drefda y t< àk qu'en Allemand on la nomme
ZDrç/'tv;, ou Z^rt^yJc/?. En, François nous difons tou-
jours Drcfde. CctK ville eft capitale de la Mifnie ,
& fituée fur l'Elbe, qui la fépare en deux parties j
dont l'une fe nomme la vieille Drefde , & l'autre la
nouvelle. Drefde eft belle , grande , bien peuplée ,
dans une (ituation agréable , bien tonifiée , & dé-
fendue par une fort bonne Citadelle. C'eft Charlc-
magne qui commença de la fortifier l'an 800. pour
arrêter les courfes des Bohèmes. Hoffman. D'au-
tres difent que Drefde fut bâtie par les Sclaves fous
l'Empereur Henri lOifelenr; qu'enfuite les cruau-
tésdes Huns oblieèrent les Habitans à fe, retirer de
l'autre côté de l'Elbe , où ils formèrent une nouvel-
le ville , qu'ils ceignirent de murailles. L'Empe-
reur Othon I. la donnai l'Evêquc de Meiffen^mais
vers l'an 1174. Witignon , Evêque de Mciffen ,
l'échangea pour Stenditz avec Henri l'illuftre Mar-
quis de Mifnie. L'accord de Drefde eft fameux dan;
l'Hiftoire Proteftante , Confenfus Drefdenfis. Il fat
fait en 1571. pour appaifer les troubles arrives
après la rnort de Melanchthonj entre les Sedareurs
de Flaccius Illyricus , c^ les Théologiens de Wit-
tembeig, qu'il n'appaifa pourtant pas. Les Ducs de
Saxe ont â Drefde un beau palais où ils font leur
réfidence ordinaire. Ils y ont auffi leur arfenal. Le
Pont de ZJ^Cj'rf'e eft fort long, & pa fie pour un bel
ouvrage, long. ji.d. 26'. lat. 5i.d. iz'.
DRESERY. Foye^ Didier.
DRESSE, f f Terme de Cordonnier & de Sa^Tetier.
Morceau de cuir qUe l'on met entre les deux femel-
les pour redrefter un foulier quand il tourne.
Corii fruflulum geminas inter Joleas tnfenum ad
refihuendum calceum inclinatum. Mettre une dreffe.
DRESSER, v. a. Ce terme fe prend dans les arts dans
plufieurs acceptions différentes. Nous allons mar-
quer les principales auxquelles on pourra facila-
N n n
^66 D R E
ment lappotter celles donc le détail feroit trop |
long.
ffT Dresser. Terme d'architecture. C eft élever à
plomb quelque corps. Erigerc. DreJJcr an obélif-
que , une colonne , une potence
D R E
forme , à mefure qu'elles font achevées fur la ga-
lée ; & là en laue rîmpofition les unes fur les au-
tres, pour en allurer le regiftre, quand les feuilles
fe mettent en retiration.
[Dresser un drap de laine. C'eft le rendre carré de
§3° On du de même drejjer la tête , fe drefler fur 1 uni , par le moyen de ce qu'on appelle une lame
les pieds. Lngere caput ^ ériger e Je in pedes.
dans les Manufactures de draperie.
|f3° On dit, d'un cheval, qu'il Ccdrejè, lorfqu'il j Dresser un peigne. C'eft, après que les dents ont
fe lève tout droit fur les pieds de derrière
I^CF On dit, proverbialement , qu'une chofe fait
drejj'er les cheveux à la tête, pour dire quelle fait
horreur : & qu'elle tait dreJJer les oreilles , quand
elle attire notre attention , par les avantages qu'elle
fait efpérer. Alors <//v//frelt neutre.
DCT Dresser, fc prend prefque dans le même fens,
comme fynonynie à ériger , élever. Erigere j po-
nere. Dfejj'er un trophée, des ftatues, des *utels en
rhonneur de quelqu'un.
-^CTDresser, fe dit quelquefois pour préparer , met-
tre une chofe en état. Injlruere ^prs.parare. Drejfer
un plan j drejfer la minute d'un aéte. Drejfer une
requête , un compte , un inventaire , des articles
de mariage, & mettre tout cela dans la forme né-
celFaire.
§C? Dresser un mémoire ^ dans le commerce , c'eft
faire un relevé de tous les articles fournis à crédit ,
pour en demander le paiement.
^fT Dresser une batterie de canon , en termes de
gmerre , c'eft la mettre en état.
fCF Dans le fens figuré , dreffer une batterie ,
c'eft prendre des mefures pour réuflîr dans quelque
entreprife.
^3' Dresser un piège j, tendre un piège , drejfer des
embûches. Parure j (lruere\ 8c, au figuré, tendre un
piège à quelqu'un , c'eft employer la rufe pour le
furprendre ôc le faire tomber dans le faux.
UCT Dans les cuifines , dreffer la table, le fruit ,
&c. c'eft le préparer & le difpofer dans une pro-
preré convenable. Praparare , difponere. Drejjer le
potage , c'eft verfer le bouillon fur le pain , & gé-
néralement fur tout ce qui doit être humeété. La
été approtondies avec l'eftadou , les appointer avec
la grêle.
Dresser un feutre , fignificj en termes de Chapelier,
lui donner la figure d'un chapeauj après qu'il a palfc
à la foulerie.
Dresser un chapeau. Autre terme de Chapelier.
C'eft en unir & applanir les bords & le dellus de la
tête.
Dresse^ une piètre. C'eft , en termes de Tailleur de
pierre j en équarrir les paremens de tous les côtés ,
pour enfuite lui donner la figure dontrAppareilleur
a fourni les cartons.
Dresser les aiguilles de lime. C'eft les limer , après
que les pointes en ont été formées j & qu'elles ont
été poinçonnées du poinçon du Maître qui les a fa-
briquées.
|CF Dresser du linge J chez les Blanchifleufes j fy-
nonimede repalTer.
Dresser , fe dit figurément , & figijifie , Inftruire , &
difpofer à faire quelque chofe. Injlituere , Jormarc.
Ce Précepteur a bien drejje cet Ecolier. Il a drejfece
valet à tout faire. Il a beau lui faire répéter fou rôle
deComtelfejje défefpére qu'il la puiffe jamais drejjer '
aux grands airs. On le dit aulîi par extenfion des ani-
maux. Dreffer un cheval , c'eft lui apprendre les
exercices qu'on exige de lui. Ce cheval a été drejjé
par un bon Ecuyer. Condocefacere, Les Bateleurs
dreffcnt des chiens , & des finges à faire mille gen-
til lelfes. Les Chalfeurs drejjent les chiens à la
challè.
On dit aulîl , que le bon oifeau fe drejfe de^lui;-
même , pour dire j qu'un bon naturel n'a pas be-
foin d'initruétion.
foupe eft drejfee , Y)Our dire , fervie. Expreffionj|i3" Dresser , eft quelquefois neutre. On dit figiiré-
bourgeoife. On a fervi la foupe , le fruit j &c
§CJ" Dresser, fignifie aufti tourner droit vers quelque
ment , les cheveux lui dreftèrent à la tête. f^oj. les
premiers articles.
endroit. Dreffer fa route. En termes de marine j le Dressé , ée , part. & adj. Il a les fignifications de fon
Pilote a dreffe le Cap fur un tel Rliumb, a dreJJe le j
Cap au Nord. Dirigere.
^fT Au figuré, dreffer fon intention , c'eft la
même chofe que ditiger
verbe , en Latin comme en François.
[DCF Dresser, vient âedirexare ^ qu'on a formé de
dirigere , & dont les Italiens ont fait dri^^are.
MÉN.
Dresser , fe dit aulîî , en termes de Menuiferie & de |KF DRESSEUR, f. m. On donne ce nom à celui qui
Charpenterie , pour dire , Unir , aplanir j équar
lir J mettre en ligne droite. Dirigere. Drejjer du
bois , drejfer une règle.
arrange les bûches , de la manière dont il convient
qu'elles foient pour former le four à charbon.
Encyc.
Dresser , eft auftî un terme de Relieur. C'eft, Battre DRESSOIR, f. m. Vieux mot. Efpèce de buffet qu'on
uniment un livre.Jtt/^i^eriï Aqualïter. Ce livre eft bieti
dreffé.
Dresser , en termes de chafte, fe dit quand les bêtes
& les chiens fuient par une route droite : & on dit
qu'un chien drejfe, 8c qii' i! va le droit , quand il fuit
la vraie route du cerf, ou de la bête. Ferdi. veftigia
perfequi , vefligiis inh&rere.
Dressir , eft aulîi un terme de Paveur. C'eft , après
avoir pofé le pavé & garni les joints , frapper furies
pierres pour les égaler, & faire que tout le pavé foit
propre & bien uni. j¥.quare, exAquare.
Dresser , fe dit aulîi , parmi les Pàtilîiers , des pièces
de four qu'on ne met pas dans les XQMXixèies.Dreffer
un pâté , c'eft en faire les bords. Oras circurn-
ducere.
En rermes de Jardinage , on dit , Dreffer en par-
lant du terrein. Drejfer une allée , une terrafte , un
parterre, c'eft l'aplanir, le mettre de niveau ou en
pente , fuivant le befoin.
|CF Dresser une paliiïade , c'eft la tondre avec le
croiftant. Les Vignerons difent aulîl drejfer une vi-
gne , c'eft-à-dire, la troulFer proprement. Voilà une
vigne bien drejfee.
Dresser une forme. Terme d'Imprimerie. C'eft pofer
fur le marbre les pages qui doivent compofer une
dreffe à côté pour le fervice d'une table , où l'on
met le vin , les verres , la vailfelle , &:c. ^ba-
cus. On trouve dans les Auteurs de la balle Lati-
nité le mot de drejjorium ^en la même fignifi-
cation.
Dressoir, f. m. Outil de fer creux de deux ou trois
pouces , avec lequel les Filalîîers redrelfent les
dents du feran. On appelle aulli dre(joir un outil
de fer , dont fe fervent les Ouvriers qui mettent
les glaces au teint , pour étendre & drellèr la
feuille d'étain , avant que de la couvrir de vit-ar-
DRÉVE. Petite ville de France , dans le Nivernois:en
Latin Drevum.
DREUGESIN. Territoire de Dreux. Durocajpnus ,
DurCiiJfnus j Drocaffinus pagus. Voy. Valois au mot
Durùcaff'd.
DREUX. Ville de France dans le Vexin FrançoJs.2?ra-
cum , ou plutôt Droffit, , Durocaffk , Durccafs. ,
Durcafa , Drogit ., DiirosaJJinum caflrum. Droccii-
Jes J Druis , Drucnfc cajlrum. Quelques-uns la met-
tent dans rifle de France, parce que fon Eleèlion
eft de la Généralité de Paris. Dreux eft fitué fur la
rivière de Bl.iife , près de fon embouchure dans
l'Etire. Il eft du Diocèfe de Chartres , & a titre de
D R E D R I
Comté. On prétend que cette ville eft une des plus
anciennes des Gaules , Se qu'elle a été fondée par
Drius , quatrième Roi des Celtes , &c arrière- petit-
fils de Samotes, qui vmt habiter les Gaules au temps
de Noé. Dreux avoïc un château iur le penchant
d'une colline. Il ell maintenant demi-ruiné. long.
19. d. i'. 14". lat. 44.d.4S'. 17".
La Mailon de Dreux elt une branche de la Maifon
Royale de France. Le Chef de cette tige des Comtes
de Dreux, ell Robert de France, fils de Louis VL
d\t le Gros , Roi de France, au commencement du
XIF liècle. Robert eut en appanage le Comté de
Dreux. La Maifon des Ducs de Bretagne étoit lortie
de celle de Dreux.. Charles V. réunit le Comté de
Dreux à la Couronne en 1377. Duchefne a fait
l'Hilloire de la Maifon de Dreux.
La torêt de Dreux eit une torèt voifine de cette
ville j & qui ell du domaine du Comté de Dreux,
La bataille de Dreux , ell une bataille fameufe dans
nos guerres civiles du XVI hècle. Elle fe donna en
1561. Les deux Chefs , c'eft-.i-dire , le Connétable
de Montmorency, qui commandoit l'armée Royale,
& le Prince de Condé, lous les ordres duquel étoit
celle des Huguenots , furent pris. Ees Catholiques
remportèrent une entière viéloire. Le fiége de Dreux
ell aulll célèbre fous Henri IV. & dura iS jours.
Ce fur en 1 59;.
DREUX, f. m. Nom d'homme. Dros^o. S. Drogon _,
que nous appelons vulgairement Druon, ou Dreux ,
perdit fon père avant que de naître , & fa mère en
naillant , n'ayant pu lortlr que par l'opération cela
rienne. Baillet. Il vécut reclus en Hainaut , dans
le VI*^ fiècle , depuis 1111 jufqu'au mardi de Pâques ,
l'an 1x85, qu'il mourut.
DRL
DRIADE. roye^ Dryade.
DRICLINK. f. m. Mefure d'Allemagne , pour les li-
quides. Le Dric'.ink ell de 24 hemers.
DRIE-BAND. f. m. On nomme ainli à Amfterdam
une forte de lin non peigné , qu'on nomme en
François lin à trois cordons.
DRIE-GULDEN. f. m. Monnoie d'argent, de flibrique
Hollandoife , qui a cours pour trois florins j ce qui
revient à trois livres quinze fols de France.
DRIESSEN, DRE.SSEN. Prononcez Dnjjen. Ville du
Marquilat de Brandebourg, en Allemagne. Dnejja,
Dreijenlum. Elle ell dans la Nouvelle Marche , près
de la Pologne , à dix lieues de Lanfperge , du côté
de l'Occident. Drte[Jen ell litué dans une petite Ifle
que forment la« rivières de Trega Se de Netc , immé-
diatement après leur confluent. DrieJJen ell fort, &
par cette fuuation , & par les travaux que l'art y a
ajoutés de nouveau. Longicud, S3- d. j6'. Lacicud.
5 2. d. ^6'.
DRILLE, f. m. Mouillez les deux //. Vieux mot qui
fignihoit autrefois foldat. Se qu'on emploie aujour-
d'hui dans le llvle familier dans diflérentes accep-
tions. On dit, par mépris , c'ell un pauvre dril/e ,
un méchant foldat, m;les ignavus ^rnbellis , ôc plus
fouvent un pauvre malheureux. C'ell un vieux drille,
c'ell-à-dire , un foldar qui a vieilli dans le fervice ,
miles flrenuus \ Je quelquefois un vieux libertin.
^fT Drille, fe dit encore, populairement, d'un
jeune homme vif & hardi. Audax^ audaculus. Un
tel, ah! je le connois; c'ell un drille ^ un bon drille.
Un bon compagnon.
l'C?" Ce mot , en vieux Gaulois , lignifie un haillon ,
un habit en lambeaux, tels qu'en portent ordinaire-
ment les méchants foldats.
^XT En termes de Papeterie , on appelé Drilles ,
f. f. pi. les vieux chiffons de toile de chanvre , ou de
lin , qu'on emploie dans les Manufadlures de papier,
êc qui-en font la principale matière.
Selon quelques-uns , ce mot vient du mot Ctec
'>'! & M. le Prince prenoit plailirà en rapporter la
généalogie; d'j.^<f on a t\\i J'olus , folidus , folida-
tus j foldat ifoudar^foudrille , drille. Si cela cil vrai ,
D R î 4^7
on pourra dire que drille vient de l'Hébreu h^2
car , félon quelques Savans , .a.s- ell formé de h'O
en ajoutant la lerminaifon Grecque h & en fup-
pléant par l'efprit rude au retranchement de 1*
lettre caph.
Drillk , lignifie aullî un grand arbre, qui eft de la na-
ture du chêne , qu'on appelé autrement rouvre , donc
le bois ell le plus dur, &c qui porte le meilleur gland
& le plus gros. Rohur.
DRILLE, f. f. Terme d'Horlogerie. Outil qui porte
un foret pour percer certaine pièce pefanre, tomme
bocte de pen.-lulede cuivre, tkc.
DRILLE. 1. m. &c t. Nom de peuple , qui fe nomma
depuis Sanne, ou Thzane. Drillus, a. Ils habitoient
proche de Tiébizonde. Les Sannes, nommés Drilles
par Xcnophon, n'avoient point de Rois, & avoienc
autrefois payé tribut aux Romains. C'étoient les
peupliis les plus billiqueux de ces contrées, /^oye:^
Tillemont. /////. des timp. Tom. II. p. .2yo,
DRILLER. V. n. Mouillez 'dl. Courir vite. C'ell un
terme populaire. Ccleriter currere. Il n'y. a rien tel
qu'un petit bafque pour dr'dler. Toute la Cour drdU
vers la Guyenne. Scar.
DRILLEUX, EusE. adj. Mouillez //. Ce mot fe trouve
dans Pomey , pour lignifier un homme mal vêtu ,
qui n'ell couvert que de lambeaux. Pannofus.
DRILLER. 1. m. Celui qui ramalfe lesdiiUes, ou vieux
chiffons, & qui en fait commerce. On le nomme
plus oïdinairemenr Chiffonnier. Voye^ ce mot.
DRILLO. Rivière de Sicile. Drillus , anciennement
Achdtis. Le Drillo coule dans la vallée de Noto ,
du feptentrion au midi , &: fe décharge dans la mer
d'Afrique , entre Terra Nuova &: Camarana , vers
le commencement du Canal de Malte.
Il y a aulli un bourg de même nom fur cette ri-
vière, d trois lieues de fon embouchure. Les anciens
l'appeloient Phrhintia.
DRIMAGO. Ville de la Turquie, en Europe. Drirv.a-
gum, anciennement Dtnogctiu. C'étoit autrefois
une ville de la Mœlje, ou de la Scythie inférieure ,
comme on le peut voir dans Ptolomée. Aujourd hui
c'ell une ville de la Bulgarie, lituée fur le Dannbe ,
à trente lieues environ de fon embouchure , (S:'^ dix
ou douze au-deflous de Silillria.
nPv.IN. Drilo :,Drinus. C'ell un fleuve d'Albanie j en
Grèce, queleshabitan; appellent Diino. Il a eu trois
ou quatre noms différons dans l'Antiquité. Nicandre
Theriac. verf. 607. -Mérrodoret, Strabon , Pline &
Ptolomée, l'appellent «'ç''>'« Drilo. Scylax l'appelle
Arion j Se Tite-Live, L. XLIV. c. 5 1. Onurzdes , Sc
non pas Oriundus, comme on ht dans le Diétionnaire
d'Hoffman. Bochart, Chaiij^Liv. I. c. 25. croit que
■ ce font les Phéniciens qui lui ont donné ces deux
derniers noms , que Arion -n'ell autre que .fVlx
Or Javan , ceA-à.-àne , fleuve de Javan-^ car lt<
Or, ÇigniÇie fleuve , aufli bien que ^N' Jeor\ & il
fe trouve en ce fens dans Amos VIII. 8. & l'Ecclé-
fiallique , félon Bochart , l'avoit pris au même fens
XXIV. 55. où les interprètes traduifent luiiiwe :
pn.s lignifie donc fleuve de Javan , & cette rivière
futainli nommée, à caufe qu'elle étoit près de la
Macédoine- De Or Javan fe fit Orion & Arion »
comme de Javan fe forma Jon & Jonia, Le Drin fe
forme par le confluent de deux rivières , dont l'une
s'appele le Drin Blanc , qui vient de la Bofiiie , &
& l'autre le Drin noir , qui fort du lac d'Ocrida, &
baigne Albanopoli. Tite Live dit qu'il fort du n^onc
Serdrus, Se qu'il reçoit feulement ces deux rivières.
Quoiqu'il en foit , il palfe par Alexio , ou Alellio ,
Se fe décharge dans le Golfe du Drin, ou de Drin ,
aptes avoir fait une petite Ifle^ au-délîous de la
ville d'Alallio.
Drin, autrement, dit Mary , la Drinc, ou le Drino.
Rivière de Bofnie. Drinus. Le Drin a fa fource vers
l'Albanie, coule du midi au nord, &, ayant fcparé
Quelque temps la lîofnie Se la Servie, il fe décharge
ans la Save , à quelques lieue; au-delTiis de Sirmifch.
Maty. Il arrofe Cepelizi, Drin, Erona , Archo-
chia j Nédin , Vivar Se Dinavar, Se reçoit les eaux
N nn ij
4^
^S
DRO
<}es rivières de Tara j de Piva, & de Lim. Corn.
Le Golfe de Drin , ou du Drin _, Drilonis J:nus.
C'eltune petite partie du Golfe de Venife. Il eft lur
les côtes d'Albanie ^ & prend fon nom de la rivière
du Drin, qui s'y décharge. Maty. Quelques Cartes
l'appelent Lodrin , joignant mal-à-propos l'article
Italien lo au nom Drin ^ parce qu'en Italien on dit
Lo Dritio j Le Drin 6c Goljo dello Drino ^ Goltc
du Drin.
D aNAWAR, DRINOWAR. yille de Turquie, en
Europe. DiinopoLis , & peut-être Sidrona , félon
Hoffman. C'ell une ville d'Ulyrie : elle eft dans la
Servie, fur les contins de la Bofnie j dans une pente
Ifle que forme le Drin , environ à fept lieues de fon
embouchure dans la Save^ & à huit ou neul: de
Saraio, vers le levant. Quelques-uns appellent cette
ville Drin^ ou Drinawar.
DIUNASTRO. Foyei DRIVASTO.
DRINGUER. V. a. Vieux mot. Boire. Bibere , potare.
Nous difons aujourd'hui trinquer. Ce mot vient de
l'Allemand m«/ttV2 , qui fignihe la même chofe.
DRISSE, f. f. Terme de Marine , eft un cordage qui
fert à hilfer, à élever ^ ou à amener la vergue le long
du mât- Rudens jyfunis. On l'appelé autrement ///ijj".
Driffe du pavillon, c'eft une petite corde qui fert
' à arborer & amener le pavillon. Plonge la drijje ;
c'eft un commandement que l'on' fait pour éten-
dre la drijle j afin que plufieurs puiirent travailler
enfemble.
DRIVASTO, ou DRINASTO. Petite ville de l'Al-
banie j en Grèce, Drivafium ^ Trivajium. Quelques
Cartes la mettent fur le bord oriental du lac de Scu-
tari , & d'autres fur la petite rivière de Chire. Elle
eft mal peuplée , quoiqu'elle ait une Evêché fuffra-
gant d'Antivari. Maty.
DRIVENICH. Foyei GIRONA , Ifle.
DRO.
DROCA. Rivière d'Afrique , qui coule dans la partie
occidentale du Royaume de Barca, nommée Mef-
trata. Droca. Cette rivière donne aufli fon nom à
la côre de ce Royaume, que l'on nomme côte de
Droca. Ora Drocea.
DROCTOVÉE f. m. Foye^ DROTHÉE.
DROCTOVÉ. f. m. Nom d'homme. Drociov£us.
Saint Droclové, appelé autrefois ^S". Drotté , parmi
le vulgaire, naquit dans le"Diocèfe d'Autun j vers
l'an 5 34, ou 5 3 5.- Il fuc le premier Abbé de Saint
Germain -des- Prés j à Paris, & mourut vers l'an
^80.
DRABUSA. Voyei DROGOBUSK.
DROGHDAGH. Petite ville d'Irlande, Draguedà ,
Pontana. Maty la nomme Drogkeda , ou Tredach,
Mais les Cartes de Spéed , que nous fuivons , la
nQ'ix\vciQX\x. Drogdagh. Elle eft dans le Linfter, ou la
Lagenie, fur la côte orientale de l'Ifte , au nord de
Dublin , fur la Boyne j &; à fon embouchure , où
elle a un fort bon port. Droghdagh eft dans le
Comté de Louth. Il a un Château fort ruiné. Foye^
la defcriprion de certe ville dans Jovin de Roche-
fort , Foyage d'Angleterre
DROGHEDA. Fo^^e^ DROGHDAGH.
DROGICIN , ou DROGIEZIN. Petite Ville de Po-
logne. Drogicinum , Drogi^ium. Elle eft dans ia
Podlaquie , fur le Rui^ , environ à quinze lieues de
Bielfico , du côté du midi. Drogicin a une Châ-
tellenie.
DROGMAN. f m. Terme d'Hiftoire & de Relations.
Nom qu'on donne aux Interprères j & aux Truche-
mens, dans les Echelles du Levant , & ailleurs. In-
terpres. Ce mot eft Turc & Arabe, comme nous le
dirons tout à l'heure. On l'a fait François , & l'on
s'en fert en parlant de la Porte j & des Cours des
Princes d'Orient, & de Barbarie en Afrique. Le
Drogman trembloit en interprétant les rcponfes
de l'Ambaftadeur au Grand Vifir.
Un AmhaJJadeur vénérable y
Suivi d'une foule innombrable
DRO
Des plus renommés Mufulmans ,
Accompagnés de leurs Drogmans.
DivERT. DE Sceaux.
Ce mot eft originairement Chald.aique XZiT\n
thirghem en Chaldéen , lignitie interpréter , tourner
d'une langue dans une autre; traduire. Il fe trouve
dans le premier Liv. d'Efdras. IV. 7. (?c c'eft de là
qu'on appelle 1 hargum une Paraphrafe Chaldaïque.
Les Arabes difent aufli thargama , pour lignifier Tra-
duire , interpréter. Les Turcs ont pris ce nom d'eux ,
& en ont fait fraJin 'l'argiman^ Interprète, Tru-
chement. Les Grecs modernes _, depuis qu'ils font
foumis au Turc , par un changement très-ordinaire
du f en ^ , en ont fait dargcumenos y & les Italiens
drugoniano, d'où nous avons fait dragoman , donc
quelques Auteurs fe fervent, &<. QniiwK drogman ^
qui eft vieux, & plus en ufage. Fayc:^ encore ci-
deftùs DRAGOMAN. Meninski va plus loin , &
il prétend que c^nn étant de quatre lettres, vient
de CD21 mais , dans aucune des langues orientales,
on n'a une fignification qui convienne à ce fen-
timent. En Hébreu , ou en Chaldéen , & en Sy-
riaque , il ne fignifie que lapider Se lancer, tirer des
flèches ; en Arabe & en Turc lapider, élever un tom-
beau de pierres; & félon Raphelange, être Prince ,
Principatum obiincre. Il a encore , en Arabe & eu
Turc , le fens de déteftaiion , injure , exécration ,
opinion, conjectures; & celui d'ami & de convive ,
compagnon de rable & de bouteille, compotator :
mais cjuel rapport tout cela a-t'il à CiuiJi interpré-
ter, pour le tirer de C3JT ou pour conjeélurer qu'il
en vient ? On dit aulli DROGUEMAN.
DROGOBUSK. Petite ville de Mofcovie. Drogobuf-
cum. Elle eft fur le Niéper , environ à vingt lieues
de Smolenko , & dans le Duché de même nom.
Maty. Drogobusk eft dans le Duché de Bielki.
DROGUE, f. f. Terme général de marchandife d'épi-
cerie de toute forte de nature, & fur-tout des pays
éloignés , lefquelles fervent à la Médecine , aux tein-
tures & aux Artifans , comme féné , cafte , maftic,
borax j alun , bréfil , fandaraque , &c. Materia ex
quâ medicamenta & alu compofitiones conficiuntur.
Lémeiy a publié en 1698 un Traité tmiverfel des
drogues par ordre alphabétique. Les Apothicaires'
doivent avoir dans leur boutique toutes fortes de
drogues. Il y a de certaines drogues qui ne font point
nourriftantes , lefquelles appaifent la faim pour
quelque temps. Lémery.
Ménage, après Saumaife, dérive ce mot de ^ro^of^ ,
qui a été fait du Perfan droa , fignifiant odeur , parce-
que les drogues aromatiques ont beaucoup d'odeur.
Guichart le fait venir du mot Hébreu rakab , qu'il
explique par préparer des parfums , des aromates j
des onguents.
Plufieurs Auteurs ont écrit en Latin fur les drogues y
Pometa donné une Hiftoire des drogues en François
avec des figures; cet ouvrage eft bon pour le choix
des drogues.
DROGUE. Terme d'Évantaillifte. Ce qu'on nomme
de la forte , chez les maîtres Evantailliftes , eft une
compofition de gomme d'Arabie , & de quelques
autres ingrédiens , dont ils fe fervent pour appli-
quer les feuilles d'or ou d'argent fur les papiers dont
ils font leurs évanrails , ou pour les couvrir de l'un
de ces métaux réduits en poudre-
On donne aullicenomaufel, ou cendre de verre,
dont on fe fert dans quelques blanchifteries pour le
blanchiftage des Toiles.
Drogue , fe dir, figurément, des chofes de peu de va-
leur. Res vilioris pretii. Le fonds dont ce Marchand
fe veut défaire , n'eft que de rebut , ce n'eft que de
la drogue. Cet ufurier , en flxifant un tel prêt , en a
donné la moitié en drogue , en méchans billets, mé-
dians meubles , &c.
On dit. proverbialement^ qu'un homme fait bien
faire valoir L drogue y pour dire qu'il eft charlatan ,
qu'il fait vendre cher de mauvaife marchandife,
D R O
On dit , figuL-ément & ironiquement , voilà de
bonne dro°ue , pour fignilîer que ce qu'on veut nous
offrir pour bon , ne vaut rien, y^cud. tr.
DROGUEMAN.r. m. Quelques-uns écrivent ainfi ,
aulieu de DROGM AN. f^oye^ ce mot. Drogueman ,
' félon l'Auteur des noces fur Curopalate, vient de
ê'^uyifiinç qu'on a' dit pour ^^ayl/utcç qui vient de
CDJin mot Chaldaïque , qui veut dire intcrprcicr.
DROGUER. V. a. Donner fouvent des médicamens.
Se droguer , prendre fouvent des drogues. Medi-
camenta adinbere , medïcamentis curare , uti medï-
cjmentis. Cette mère drogue trop fes enKins. Il eft
dangereux de fe ttop droguer. Les Médecins lont ceux
qui fe droguent le moins.
Drogué , ée. part.
iP" DROGUERIE, f f. Terme générique par leqiiel
on dciigne toute forte de drogues. II- y a des impôts
fur la droguerie ôc fur l'épicerie. François I ht un
Edit portant qu'on ne pourroit décharger les
épiceries & Drogueries , qui feroient nécelfaires
en ce Royaume , qu'en deux ports & havres de fon
Etat j fivoir pour celles de la mer Océaneà Rouen,
& pour celles de la mer Méditerranée à Matleille.
De Rufi.
DROGUET. f. m. Etoffe de laine de bas prix, qui
eif une efpcce de drap , mais fort mince & fort
étroit. Pannus laneus vUior. Le droguée de Hollande
elf ptefque drap. Il y a des droguées façonnés , donc
la chaîne eft de fîl , & la crame de laine , qui fe
font à balle Hlfe à la marche de l'ouvrier. Il y a eu
des droguées d'or & d'argent inventés par le fieur
Savary , dont la chaîne étoit en partie de fil dot &c
d'argent , & la trame de laine. Pannus lino lanaque
concexms. En général le droguet eft une elpèce de
ratine , ou de ferge ^ moitié fil & moitié laine. Il
s'en fait aulli couc de laine. Les droguets faits de
laine fine font appelés demi-foules.
fCT DROGUETIER. f m. Nom qu'on donne, dans
quelques manufadures, aux ouvriers qui fabriquent
le droguet.
DROGUEUR. f. m. Qui fournit, qui vend des dro-
gues. NicoT ET CoTGRAYE. La fîèvre & le Dra-
gueur me tiennent le poignatd fur la gorge... Cy-
rano DE Bergerac Abandonnons ce mot à Cy-
rano.
DROGUIER. f m. Buffet d'un Naturalifte curieux,
qui eft divifé en pluheurs tiroirs & calfes , en
chacune defquelles il y a une drogue différente
avec fon étiquette. Armariuni injlruclumjoruti s va-
ria referas materià ex quibus medicamcnta conficiun-
tur.
DROGUISTE, f. m. Marchand Epicier qui s'attache
patticulièrement au commerce & à la vente des dro-
gues. Qui vendit ea quibus medicamenta & alu com-
poftiones conjîciuntur. Pharmacopola.
DROINHOLM. Mailon de plaifance des Rois de Sué-
de, à une lieue de Stokholm. Droinhoimium.
DROIT , DITE. adj. Terme de Géométrie. Ce qui ne
penche j ou ne décline ni d'un côté , ni d'autre \
qui n'eft point courbe. Reclus. Une ligne droite eft
la plus courte entre deux points. Le plus c/roif che-
min. De droit lîl. Direclo.
Ce mot wïQniàQ direclus. Nicot. Du Cange dit
qu'en la baffe Latinité on s'eft fervi du mot de dric-
tum pour fignifîer droit, f^oye^ Bollandus , Acla SS.
April. T. I. p. 490. F.
Droit, fignifie aufTi , perpendiculaire, qui eft à
plomb. 'Un angle droit, ell un angle de 90 degrés ,
qui fe fait quand une ligne tombe à plomb fur une
autre. Ce mur n'eft pas droit il menace ruine.
Droit , en terme d' Architecture , fignihe perpendi-
culaire, qui eft oppofé à incliné. A inli on dit un
arc droit, quoique cet arc foit courbe, parce que
l'on veut dire que fon plan eft perpendiculaire à
la diredlion d'un berceau. On dit une porte droite
ou un berceau droit , une defcente droite , pour li-
gnifier que fa direction n'eft pas oblique à fon en-
trée horizontalement. Frézier.
ifT En Botanique, ce mot fignifie aufîîqui fe tient
D R O ^6c^
perpendiculairement. Tige droite , caath reclus. On
du aulil qu'une fleur ou qu'un fruit fe tiennent
droits, quand ils ne s'inclinent m d'un côte ni d'au-
tre.
iyr On le dit auifi de l'homme , comme fyno-
nyme à debout, en mettant pourtant la nuance
fuivante entre ces deux mots. On eft droit , lotf-
qu'on n'eft ni penché j ni courbé. On eft debout ^
lorfqu'on eft fur les pieds. La bonne grâce veut
qu'on fe tienne droit. Le refped fait quelquefois
tenir debout. Syn. Fr. On dit familièremenc , droit
comme un cierge.
Entérines d'Architeéture , on ^ç^eWe pied droit,
le rang des pierres qui fait chacun '.les côtés d'une
porte cochère. Para/lat£. On le dit des côtés ou ta-
bleaux des fenêtres.
En termes d'Aftronomie , on appelle la Sphère
droite , celle où l'Equateur coupe l'Horifon à angles
droits, ou perpendiculairement, en laquelle les jours
font toujours égaux aux nuits. L'afcenlion droite tk.
oblique. /'"o)rj à leur ordre.
En termes de Chalfe, on appelle \e droit , lorf-
qu'on eft au vrai chemin que la bête tient , &c qu'on
a redrelfé le change. A'eJ/iZ via. Quand on. a coq-
noillancè du droit, on fonue deux mot» pout ap-
peler les Piqueurs. Les bons chiens connoiffenc le
droit , courent bien le droit.
Droit , en Anatomie , c'eft le dernier des boyaux ,
ou inteftins , parce qu'il s'étend tout droitdepuis l'os
facré jufqu'au fiège , ou d l'anus , fans faire aucuns
tours ni replis, huejbnum reciuni. Sa partie infé-
rieure eft ferrée, & fermée par un mufcle qu'on
nomme fphinclcr ; c'eft à-dire , Jermeur : Elle eft
rélevée , après la fortie des excrémens par deux au-
tres mufcles , qu'on appelle les releveurs de l'anus.
Les Médecins appellent auill ce boyau recium. Il y
a deux mufcles de l'abdomen qu'on appelle aufïï
droits , parce que leurs fibres vont en ligne direéle
de haut en bas. La jambe à un mufcle auquel on
donne ce même nom , parce qu'il a une figure droite
depuis son commencement jufqu'à la fin. C'eft le
premier des exténfeurs. La tête a aulîi quatre muf-
cles qu'on nomme droits ^ parce que leurs fibres
vont direétement de leur origine à leur infertion.
Il y en a deux grands , &c deux petits.
On dit J en généalogie , il defcend en droiteVi-
gne , ou en ligne collatérale d'un tel Prince. Rec-
ta linea. Droite ieàii en ces occafions pour û'irecZej
fur quoi il faut remarquer qu'en termes de Géomé-
trie , on dit ligne droite , & non pas droite ligne ,
& , qu'au contraire, en termes de Généalogie on dit
droite ligne , &c non pas ligne droite. Defcendre de
quelqu'un en droite ligne. Tracer , tirer une ligne
droite : mais on dit defcendre en ligne direéte , Se
non pas en direéte ligne. On appelle droites aventu-
res , les biens échus en ligne dire6te> Foye:^ les
Etablijffemens de France , L. I . ch. 11.
Droit , lignifie auffi ce qui eft oppolé à gauche. Dex-
ter. Le côté droit eft le plus honorable. Dextera-
On donne la droite à. ceux qu'on refpette. La main
gauche , la main droite. On dit l'aile droite , l'aile
gauche d'une armée , d'un bâtiment. Dextrum cor-
nu , dextra ala.
On ditj en tetmes de rEcriture-Sainte,que Jesus-
Christ eft adîs à la droite de Dieu fon père j pour
dire , que Dieu fon Père l'a glorifié , & lui a cpm-
muniqué tout fon pouvoir.
L'Evangile dit qiiCj quand on fait l'aumône, il ne
faut pas que la main gauche fâche ce que fait la
d.oite y pout dire , que , dans les bonnes œuvres , il
faut éviter l'oftencation. •
On dit auûi , figurément , d'un homme à l'égard
d'un autre , que c'eft fon bras droit \ pour dire.que
c'eft fon principal appui, celui qui lui fert dans fes
principales a6tions.
A Droite. Façon de parler adverbiale , qui fignifie,
A main droite. Tourner iz droite. Se placer à droite. A
droite & à gauche. De tous côtcs.Frappei à droite & à
gauche.
47G D Pv O
DïvoiT , en termes de Manège , fe dit d'un cheval
qui ne boite point , (^ qu'on garantit droit chaud &
froid , c'eft-à-dire , qu'il ne boite point ni lorfquil
eft échjiurî'é , ni lorlqu'il eft réh'oidi. Equus minime
ciaudicans. On dit aullî qu'un cheval eft droit fur
fes jambes , quand le devant du boulet tombe à
plomb fur la couronne, enforte que le canon & le
paturon font en ligne droite.O\\è^\i aulh , promener
un cheval par le droit \ le guider droit, le haire
partir & reculer droit, quand il va fur une ligne
droite , fans fe traverler , ni fe jeter de côté. Rec-
ta.
Droit. Terme de Mufique. Il fe dit du mouvement
lequel eft appelé droit , ou femblalne ^ lorfquc les
deux parties , le delFus & la bafTe , montent ou
defceadent enfemble , & toutes deux à la iiois.
Droit , fe dit hgurément, & fignifie j jufte , judi-
cieux , lîncère j proprement celui qui ne s^écarte
point de la règle ; qui eft fincère dans les paroles &
de bonne foi dans les izMés.Integcr , reclus-^ nquus.
Cet homme a l'ame droite , a 1 intention droite ;
pour dire , il eft de bonne foij équitable- Il a l'ef-
Tpntdroif^ pour dire, qu'il a l'eiprit jufte, qu'il
ne s'égare point. Ceux qui ont X'i ccewx: droit , ont
le fens de même. Ch. de Mer. Les Poctes ont feint
que les hommes pendant l'âge d'or fe conduifoient
par les feules lumières de la û'/oire raifon. ii. Evr.
C'eft-àdire, par la raifon naturelle , faine & déga-
gée de préjugés.
fï? Droit, f. m. Ce terme, dans fa première ori-
gine, vient du verbe diriger ^, qui lignifie conduire
à un certain but par le chemin le plus court , ainfi
le terme de droit , dans le fens propre le plus gé-
néral, & auquel tous les autres doivent fe rappor-
ter , eft tout ce qui dirige , ou ce qui eft dirigé.
f3~ Droit. Terme de Jurifprudence. Jus. C'eft un
airemblage de préceptes qui conduifeht l'homme à
vivre conformément à la juftice. Ars &qui & boni.
Le rf'/o/r eft l'objet de la juftice ; c'eft ce qui eft du
à chacun. La juftics eft la conformité des aétions
avec le droit:,^ c'eft rendre & conferver à chacun ce
. qui lui eft du. Le premier eft diété par la nature ,
ou établi par l'autorité foit divine, foit humaine.
Il peut quelquefois changer , félon les circonl'tan-
ces. La féconde eft la règle qu'il faut toujours iui-
vre ; elle ne varie jamais. La jurifprudence eft la
fcience du droit. Ce n'eft pas aller contte les lois
de la jujîice , que de fourenir & défendre fes droits
par les mêmes moyens dont on fe fert pour les at-
taquer. yoye\ encore au mot équité en quoi cette
vertu diffère du droit, & quelquefois lui eft op-
pofée.
^C? Les préceptes généraux A\x droit, font ren-
fermés dans ces trois points, vivre honnêtement,
n'oftenfer perfonne , & rendre à chacun ce qui lui
appartient.
Ce terme a plufîeurs autres fignifications qui ont
plus ou moins de rapport à celle que nous venons
d'expliquer. Il fe prend quelquefois pour le lieu ou
l'on rend la juftice.
CtT Quelquefois pour la décifidn du Magif-
trat. Jus gaitium , decretum Magijîratûs etiam ini-
quum ; re/atione hahitû non ad id quod facit , fed
ad id quodfaccre ipfum convenir. [\x\\Ç\\iQns difons,
gfter à droit, faire droit, & il fignifie aufti une
puilfance accordée par le droit. Ainfi l'on dit qu'il
ya des perfonnes qui fom fui juns , être jouilfant
de fes droits , & d'autres qni i'oat juns alieni.
^]3" Quelquefois ce terme eft employé par op-
pofitton à fait , & fignifie ce qui eft de droit. Qua
juris ejfe dicuntur , opponuntiir lis qu£ funtfacii.PoÇ-
feffionde droit, polfelTion de/à/>. Perrière.
I]C? On ùk plufieurs divifions du droit , fui-
vant les difFérens objets auxquels il fe rappocte.
Outre le Z?ro/V divin , il y a trois fortes de droits :
le Droit de nature, k Droit des gens , & le Droit
de chaque nation particulière , qui a les maximes
&: fes lois différentes. Le dernier eft ce que les Infti-
D R O
tûtes de Juftlnien appellent le Droit civil ,parcequ'il
émane de la puiffance civile.
Droit Divin. Loi, ou volonté de Dieu révélée. Jus
divinum. On diftingue deux fortes de lois divines.
Les unes qui dépendent du feul bon plaifir de Dieu,
eniorte que les chofes commandées ne deviennent
juftes &c obligatoires , que parce que c'eft la pure
volonté de Dieu. Telle eft la Loi Judaïque à l'égard
des cérémonies. L'obligation qu'elle impoié ne re-
garde que les Juifs j parce qu'elle ne vient que de
la feule volonté du legillateur : ainli elle ne fut abro-
gée que pour les Juifs j qui feuls étoient aftreints à
l'obierver-, de même , l'ordre d'exterminer les ha-
bitans de Chanaan fortuit hors des règles de la juf-
ticehumaine, & l'exécution n'en devenoit légitime
que parce que Dieu l'ordonnoit , en vertu de fa
puitlance abfolue lut la vie des hommes. C'eft ce
que les Théologiens appellent droit po^iij -^ctA-à-
dire , pofé & établi. Les autres lois divines font
des loix morales , qui commandent, ou qui défen-
dent des chofes bonnes ou mauvaifes par elles-mê-
mes j 5c indépendamment de la volonté du Légifla-
teur. Ces fortes de lois font invariables & perpé-
tuelles. En ce fens le Droit divin fe confond avec le
Droit nature/ , parceque les lois morales nous font
prefcrites & fuggérées par la nature , dont Dieu eft
l'Auteur.
Droit Naturel. C'eft le fenriment de la droite rai-
fon que Dieu a gravé dans nos cœurs : c'eft une
règle que fuggère la droite raifon. Jus natur,t ;
rtcla ratio. Le Droit civil j dans un fens plus étroit,
définit le Droit naturel , ce que les hommes ont
, de commun avec les animaux : par exemple , l'u-
nion du mâle & de la femelle , pour la continua-
tion de l'efpèce. A la vérité , il y a un Droit de na-
ture cjui nous eft commun avec les animaux j de
que la nature a enfeigné ; mais avec cette différen-
ce , que Dieu a diftingue l'homme par le privilège
de la raifon , & par le difcernement du bien & du
mal. Les bêtes au contraire ne le conduifent que
par inftinétj & exécutent les lois de la nature fans
les avoir examinées. Il n'y a donc à leur égard 2.0.-
cnn Droit naturel qu'improprement &: abu/ivemcnt.
Ils n'ont que des vertiges ou apparences de raifon.
L'union des deux fexes n'eft entre elles qu'une union
brut.ile , qui ne peut être comparée avec l'honnê-
teté du mariage entre les hommes. Dieu ayant im-
primé dans l'homme l'idée du bien & du mal , c'eft
ce fentiment général d'équité qui tait le droit natu-
rel enixe les hommes." Dans l'â^e d'or , dont parlent
les Poctes j les hommes fe gouvernoient par les
feules lois du Droit de la nature. Mais il ne faut
pas les borner aux feules notions communes aux
hommes & aux animaux. Il faut renfermer fous le
droit de la nature tous les principes de la droite rai-
fon. Par tout ce qui vient d'être dit , on voit que
les Dodleurs ne s'accordent pas trop fur la défini-
tion du o'ro// naturel, f^oye^ De Launay. La plupart
définilfent le Droit naturel, le Droit que la feule rai-
fon a établi : & par là ils excluent les animaux ,
parce que , ne pouvant y avoir de fociété entt'eux ,
il n'y a aufti ni Droit ni juftice. Par conséquent une
chofe eft censée du Droit naturel , lorfqu'elle «ft
jufte du confentement de toutes les nations , ou
du moins des nations les mieux difciplintes. C'eft
un effet général d'une caufe générale , tjui eft le
fens commun à tous les hommes. La voix générale
eft la preuve la plus certaine de la vérité. L'excep-
tion des nations féroces & infociables ne détruit
point les règles communes de la nature. Ainli une
adtion condamnée par le Droit naturel eft effen-
tiellement mauvaife, & illicite de fa nature. Se
comme t^le nécelÏÏiirement défendue ds Dieu ;
c'eft pourquoi les règles du Droit naturel font im-
muables.
Droit dp.s Gens. Lois & conventions établies par un
confentemerat général pour la fureté du commerce
entre différentes nations. Jus gentium. Le Droit Ro-
main , ffde jujlitia & jure , donne plus d'étendue
DRO
au drok aes gens. Le dépôt , le contrat de vents- ,
• d'achat, de prêt, Sic. font compris fous cette dé-
nomination. Mais l'on n'y donne pas d'ordinaire un
fens il général. Comme tout le genre humain com-
pofe une fociété univerfelle partagée en diverles
nations , qui n'ont point le pouvoir de -î'impofer d;s
lois les unes aux autres , il a été nccellaire , pour
entretenir commerce entre elles j d'établir certaines
conventions qui ferviirent de lois réciproques : tel-
les font les fulpenlions d'armes , les Traités de Paix,
les Ambadades , &c. Ainlî le Droic des gens eft éta-
bli fur un ufage long & perpétuel entre les nations.
Au relie , cette partie du Drok qui regarde toutes
les nations, a été la plus négligée , <?c jufqu'à Gro-
tius petfonne ne l'avoir traitée avec un peu d'éten-
due. Il ne l'a pas même tout-à-fait épuifée. f^'oje:(
Vander-Meulen fon Commentateur. Quelques-uns
confondent le Drok des gens avec le Drok nature/ j
comme une feule & même choie, parcequ'ils ont
l'un & l'autre un même principe ; c'eft-à-dire , la
raifon commune à tous les hommes.
Ip" L'établiifement des Etats j dit Burlamaqui,
introduit entre eux une efpêce de fociété, fembla-
ble à celle qu'il y a entre les hommes ; & les mê-
mes raifons qui portent les hommes à. entretenir
l'union entre eux , doivent aiilli engager les peuples
ou leurs Souverains à vivre en bonne intelligence
les uns avec les autres.
§CF II eft donc nécelTaire qu'il y ait, entre les na-
tions, quelque Loi qui ferve de règle au commerce
qu'elles ont enfemble. Or cette Loi ne peut êtte que
ia Loi naturelle elle même , que l'on appelle alors
Droit des gens , ou Loi des nations. Ainli l'on peut
divifer, avec Hobbes ; la Loi naturelle , en Loi na-
turelle de l'homme, & Loi naturelle des Etats. Cette
dernière , eft ce qu'on appelle droit des gens. Ainfi ,
ie droit naturel & le droit des gens , ne font au
fonds qu'une feule Se même chofe , & ne difterent
que par une dénomination extérieure.
%Cj' Ainlî , le droit des gens , proprement ainfi
homme , & confidéré comme une loi qui émane c4u
Souvierain, n'eft autre choie que ce droit naturel lui-
même, appliqué j non aux hommes envifagés fim-
plement comme tels , mais aux peuples , aux na-
tions, aux états, ou à leurs chefs, dans les relations
qu'ils ont enfemble , & dans les intérêts qu'ils ont
à ménager entr'eux. On ne fauroit douter de la réa-
lité dececfnvr obligatoire par lui-même. Si Dieu,par
le moyen de la droite raifon, impole aux particuliers
certains devoirs les uns envers les autres , il eft bien
évident qu il veut au(fi que les nations obfervent
entr'elles les mêmes devoirs. En effet , les nations j
ou fociétés d'hommes , font conlidérées comme des
corps , & on leur donne le nom de perfonnes mo-
rales, animées par une feule volonté , qui en règle'
tous les mouvemens. Le Souverain en eft le chef,
ou la- tête , & les Sujets en font les membres
ÇCJ" L'état général des nations, les uns à l'égard
des autres , eft un état de fociété & de paix. Cette
fociété J eft aulli une fociété d'égalité & d'indépen-
dance , qui établit entr'elles une égalité de droit j
& qui les engage à avoir les unes pour les auttes les
mêmes égards , les mêmes ménagemens. Le prin-
cipe général du droit des gens , n'eft donc autre chofe
que la loi générale de la fociabllitc qui oblige les
nations qui ont enlemble quelque commerce , à la
pratique des mêmes devoirs auxquels les particu-
liers font natutellement affujetis. F'oyer POLI-
TIQUE.
rj^T Quelques Auteurs reconnoiftent bien , avec
Grotius, que le droit ■ naturel e(\: commun à toutes
les nations; mais ils établi (Tent aufli avec lui un
droit des gens pofitif & diftincl du droit natare/ ,
comme on l'a iniinué au commencement de cet arti-
cle; & ils raoportent ce droit des gens à une efpèce
de droit Ivmuin , qui a acquis la force d'obliger par
un effet de ia volonté de tous les peuples , ou du-
moins de plulîeurs. Ils ajoutent que les maximes de
ce droit des gensj le prouvent par la pratique perpé-
t'iieue des peuples , & par le témolguage des Hif-
toriens.
ffT Mais, dit Burlamaqui, ce prétendu drok des
gens, diftinct du drok naturel, & qui a néanmoins
par lui-mcmela force d'obliger, ibit qu'on veuille
ou qu'on ne veuille pas s'y foumettre, eft une fup-
pofition deftituée de fondement.
i^ Car; i'\ Toutes les nation? font, les unes à
l'égard des autres, dans une indépendance, & une
égalité naturelle. Si donc , il y a entre elles quelque
loi commune, elle ne peut venir que de Dieu, leur
commun Souverain.
§3" 2°. Pour ce qui eft des ufages établis entre
les nations , par un confenrement exprès ou tacite ,
ces ufages ne font point obligatoires , par eux-mè-
meS, ni univerfellement & pour toujours ; car j de
ce que certains peuples ont agi entr'eux d'une cer-
taine manière en certains cas, il ne s'enfuit pas qu'ils
fe foientimpofé la néceffité d'agir roujoursde même
a 1 avenir, encore moins que les autires peuples
foient obligés de fe conformer à ces ufages.
Ç3" Il pourroit même arriver que ces ufages fuf-
fent^ mauvais ou injuftes. Le métier de Corfaire a
palfé long-temps pour légitime j par une efpèce de
confentement tacite entre des nations qui n'étoient
unis par aucun traité. Quelques peuples fe permet-
toient, dans la guerre, l'ufage des armes empoi-
fonnées. Dira-r-on que ce fuffent-là des loix du droit
des gens , qui obligeallent véritablement 1-es na-
tions ? Ne doit-on pas plutôt les regarder comme
des pratiques barbares ? On ne peut donc fe difpen-
fcz d'en revenir Toujours au droit naturel , ôc feul
vraiment univetfelj pour juger fi les ufages établis
entre les nations peuvent avoir quelque effet obli-
gatoire.
C^ Tout l'effet qu'on peut attribuer aux ufages
reçus, c'eft que, s'il s'en introduit quelques-uns,
innocens par eux-mêmes , entre des nations j cha-
cune d'elles eft raifonnablement obligée à ces ufa-
ges, aufti long-temps qu'elle n'a pas déclaté qu'elle
ne veut plus s'y conformer : mais cet effet eft bieii
différent de celui d'une loi proprement dite. Fov.
LOI. -^
|t? On pourroit , pour concilier ces deux fenti-
mens , diftinguer deux efpèces de droit des gens ;
\\\n univerfel , de nsceffîté , obligatoire par lui-mê-
me , qui ne diffère en rien du droit naturel ; qui eft
par conféquent immuable, & dont les peuples , ou
leurs Souverains , ne fauroient fe difpenfer, même
d'un commun accord , fans manquer à leur devoir :
Se un autre j que l'on pourroit nommer arbitraire
Se de liberté, comme n'étant fondé que fur quelque
convenrion exprelfcj ou tacite , dont l'effet n'eft pas
par lui-même univerfel , Se qui n'oblige que ceux
qui s'y font volontairement loumis j & feulement
pour aulli long-temps qu'ils le veulent / puifqu'il
dépend toujours d'eux de le changer , ou de le
révoquer. i
ifT Les maximes du droit des gens , ne font
donc ni moins refpedables , ni moins facrées que
celles des lois naturelles , puifqu'elles ont égale-
ment Dieu pour auteur. La règle de Jullice eft la
même pour tous les hommes. LTn Souverain qui
viole le droit des gens , ne commet pas un moindre
ctime qu'un particulier qui viole la loi naturelle ;
& , s'il y a quelque différence , elle eft à la charge
des Princes dont les mauvaifes actions ont tou-
jours des fuites plus fâcheufes que celles des Par-
ticuliers.
Droit Civil. Les Inftirutes définiffent le Drok Civil;
les lois qui font propres à chaque ville , ou à cha-
que peuple. Mais aujourd'hui, ceft proprem.nf
le Drju Romain, comme dans les Inftirutes, le Di-
gefte 6c le Code. Jus civiU. On l'appelle autrement
le Droit écrit- LespremierscommencemensditZ)ro/r
Romain ont été très médiocres. Sous le règne des
Rois, le peuple étoit gouverné par quelc;!ies lois
préparées par le Confeil du Scnar , Se conlirméeS
dans l'AjTemblée du peuple. Papirius hit le premier
47- D R O
qui ramafla les lois que les Rois aveient faites :
cette colledion s'appela du nom de fon Auteur ,
Droit Papirien j Jus Papirianum. La République,
après avoir aboli la domination Royale , retint les
lois Royales. On y joignit la loi des douze tables ,
dreffee par les Décemvirs , & compofée des loix des
principales villes de la Grèce, & des lois les plus
équitables qui fe piatiqnoienc déjà à Rome. La
loi des douze tables ctoit h dure , & conçue en ter-
mes fi obfcuis , qu'on l'adoucit , & qu'on l'entendit
dans la fuite par d'autres lois , propofées au Sénat
par les Confuls, & autorifces par l'Airemblce géné-
rale du peuple , félon l'ufage obfervé fous les Rois
mêmes. En 751. de Rome, rinit la République , &
tout le pouvoir du peuple palîa à Augulte . qui fe
contenta de faire publier fes nouvelles lois dans
l'AlTembléedu peuple, pour conferver quelque image
de la République par cette formalité. Tibère abolit
ces AlTemblées ., fous prétexte que le grand nombre
les rendoit trop difficiles. Mais il propoloit les Or-
donnances au Sénat, qui ne manquoit pas de les
confirmir; enforte que les Lois de Tibère, & de
ifes fuccelfeurs, qui gardèrent les mêmes mefures avec
le Sénat, palfoient pour des Scnatus-confuhes. Ainfî ,
il y a deux efpèces de Dro'u Romain , par rapport
aux ditférens changemens de la pullfance légiflative.
Le Z)/wr établi par le peuple [pUtifcita \ & les lois
des Empereurs. Pendant le temps de la République.
& mêmes fous les Empereurs j il y avoir des Jurif-
confultes , qui, faifant une profemon publique de
l'étude du -D/o/r, interprétoient les lois, è^: répon-
doient à t»utes les conlultations qu'on leur taifoit
fur les divers fens des lois. Papirius fut le premier
après l'expulfion des Rois , & Modeftinus a été le
dernier. Alors, c'eft- à-dire , en 240, les oracles de
la Jurifprudence Romaina celTèrent de parler. C'eft
des écrits de ces Jurifconfultes , qui compofoient
2000 volumes, que Jullinien a fait compiler le corps
du Droit Romain. Les Magiftrats de leur côté , en
rendant la Juftice , interprétoient les lois avec plus
de liberté que les Jurifconfultes. Ils étoient comme
la voix vivante de la loi. Les Empereurs , pour ren-
dre l'interprétation des Magiftrats moins libre &
moins fréquente , ordonnèrent qu'on les conlultât
eux-mêmes, & qu'on attendît leurs rcponfes lur les
questions de Droit. Cell ce qu'on peut remarquer
par les Epîtres de Pline à Trajan. Ils préiendoient
que l'interprétation des lois n'appatient qu'à celui
qui a le droit de faire des lois. A mefure qu'on fai-
foit des nouvelles lois à Rome, travailloit à les ra-
malfer , & à les réduire en corps. Papirius , du
temps de Tarquin le Superbe , fit un recueil des lois
Royales. A peine la République fut- elle établie ,
que les Décemvirs furent commis pour rédiger les
lois , qui furent comprifent en douze tables. Du
temps 'de Jules - Céfar , un Jurifconfulte, nommé
Ofilius , commença une compilation des Edits du
Préteur , qui ne fut achevée par Julipus , aurre Ju
rifconfulte , que fous l'Empire d'Adrien. Pendant le
règne du Grand Conftantin, ou de fes enfans, deux
Jurifconfultes compilèrent deux Codes, qui turent
appelés du nom de leurs Auteurs; l'un le Code Gré-
gorien , & l'autre , le Code Hermogénien. Théodofe
le Jeune entreprit un pareil delfein , fit compiler les
Conftirutionsdes Empereurs Chrétiens,depuis Conf-
tant:a jufqu'à fon temps , & publia le Code Théo-
dq/îenen 458. Alaric , Roi des Vifigoths en 506. fe
fervit de ces trois Codes , & principalement du
Tliéodolien, & en forma une nouvelle compilation
fous le même titre de Code Théodofien. Ce Code
d'Alarîc fut long-temps en ufage , & fit le Droit
Romain <\m s o\iÇtvvo\z en France. Enfin, Juftînien
voyant l'aurorité du Droit Romain prefqu'abolie en
Occident, depuis la chute de l'Empire, réfolut de
faire une compilation générale , qui renfermât toute
la Jurifprudence Romaine. Il en commit le foin à
Tribonien, fonChancellier. Tribonien exécuta cette
commiffion avec beaucoup de diligence. Le nouveau
Code fut achevé en 5 2,9. Le Digefte fut publié en
D RO
533, &, la même année, il en fit faire un abrégé qui
contient les premiers principes, & les premiers éié-
menSj fous le titre d'iifiituces. Juftinien , durant le
cours de fon règne, fit 168 Conftitutions , & ij
Edits, qui changèrent beaucoup l'ancien Droit : on
les appela Noveiles. Tout cela enfemble compofe
le corps du Droit C^v7/, gieedigé par les ordres de
Julbnicn. Pendant jooatist, il fut obfervé fans au-
cune innovation ; mais les Conftitution des Empe-
reurs ayant apporté quelque changement j l'Empe-
reur Baille, & Léon le l'hilofophe , fon fils, com-
polèrent un nouveau corps de Juriiprudence Ro-
maine, tiré des livres même de Jullinien, traduits
en langue Grecque , & le divilèrent en 7 volumes ,
£5i en 60 livres , fous le nom de BaJJiques. Depuis
ce temps-là , les livres de Julhnien eurent peu de
crédit dans l'Orient , & les feuls livres des BjJ.Il-
ques furent en ufage.
Dans l'Occident, le Droit Civil eut une autre for-
tune. On croit communément qu'il n'y rut connu
que 600 ans après , & iorfque Lothaire IL ayant
trouvé ce livre à la prife de Melphe dansJe Royau-
me de Naples , le donna à la ville de Pife. Cepen-
dant on le trouve cité en quelques ouvrages long-
temps avant Lothaire II. Mais il eft vrai qu'il ne lut
enleigné publiquement qu'au XII' liècle. Les dif-
ciples d Irnérius , le reftauratenr du Droit liomain,
qui avoit commencé à l'expliquer à Boulogne en
1118 , l'apportèrent en France, il y a encore plu-
fieurs Provinces qui fe gouvernent par le Droit
écrit", le Lyonnois, le Languedoc , la Guyenne ,
&c. Dans les autres Provinces le Droit Civil peut
être cité comme une raifon j & non pas comme
une autorité. L'étabiiiîement du Droit Civil dans la
Guyenne &. le Languedoc vient de ce que les Vifi-
goths, occupant la Gaule Narbonnoife & l'Aqui-
taine , Alaric II. ordonna que le Code Théodofien,
réformé par Anien , l'un de fes principaux Con-
feillers , fût obfervé dans tous les pays de fon obéif-
fance. Les Goths feulement obfervoienr les loix
Gothiques. On en ufa de même dans le refte des
Gaules a l'égard des anciens habitans,à qui l'on per-
mit de fe régler par le Droit Civil , c'efr-à-dire , le
Code Théodofien. Car le corps du Droit Civil , tel
qu'il eft aujourd'hui , ne fut renouvelle que dans le
XII^ fiècle , & Irnérius eft le premier qui l'ait pro-
feifc publiquement. Depuis , il a été enfcigné dans
toutes les Univerfités. Il eft certain aulfi que {^Droit
Romain renferme rous les principes de 1 équité na-
turelle , & qu'il n'y a rien de plus propre à former
le bon fens , & à fortifier le jugement. C'eft pour-
quoi , bien qu'en diverfes Provinces il n'ait d'autre
autorité que celle que la juftice & l'équité ont fur la
raifon , on l'enfeigne pourtant unaniment dans tou-
tes les Univerfités. On ne peut être reçu Docteur en
Droi^ Civi/ qu'après avoir étudié fept ans dans cette
faculté.
Droit Canon , ou Droit Canonique. C'eft la Ju-
rifprudence Eccléfiaftique. Elle eft compofée des
Canons des Conciles , des Décrets des Papes &C des
Maximes des Pères. Jus Canonicum , Pontificium ,
Z'.cc/</?i{/?/V«OT. Le premier recueil du Droit Ecclé-
Jijjîique éx.o\x. uniquement compofé des Canons des
deux premiers Conciles généraux de Nicée & de
Conftantinople , des cinq Conciles particuliers
d'Ancyre , de Néocéfirée, de Gangre, d'Antioche
& de Laodicée. Quelques-uns même conteftent
que celui de Conftantinople y fût compris. Quoi
qu'il en foit , cette coUedion des Canons de l'E-
glife Grecque fut traduite en Latin , & demeura en
vigueur dans l'Eglife d'Occident jufqu'au temps de
Cln^rlemagne. Denis le Petit eft le premier qui ait
inféré , dans le Corps des Canons des Conciles, les
décrets des Papes .depuis Sirice jufqu'à Anaftafe. Il
y joignit 50 Canons des Apôtres , qu'il traduifit
en Latin. Cette Colledion fut préfenté à Charle-
magne par le Pape Adrien , & reçue en France , où
elle prévalut fur la première. Enfuite , & dans le
X^ fiécle, Burchard , Evêque de Wormes , a été
le
D R O
le premier qui aie joinr, aux Canons des Conciles &c J
aux Décrets des Papes , les fentimensdes Pèies. ^
Yves, Evcque de Chartres, publia une nouvelle'
CoUedion tort amplihée , & groiîie l'ur-tout de
diverles dccUions pilier du Droà Cjvv/ de Julh-,
nien. Il voulut imiter Photius , qui avoir fait un
Corps de UroU Civil & de Droit Jzcclcjîaftique tout
enfemble. Le Moine Grarien furpalFa tous les au-
tres , & ramairant tout ce qu'ils avoient hiir , il en
compofa le Décret, ou la Concordance des Canons
difcordans , qu'il publia en 1 1 5 5. Grégoire IX. fit
une coUedtion de -Oecr c-fa/fj- en iijoj & c'ell la
deuxième partie du Droit Canonique : enfuite Bo-
niiace Vill. imitant Grégoire IX. publia en 1297.
une nouvelle collecl:ion des Décrétâtes d'Innocent
IV. & de plulieurs conlHtutions. Cette CoUcftion
eft intitulée le >i'e.vrt;, oafextus //T-er. Clément V.
qui {"uccéda à Boniface VIII. ht aulîi une nouvelle
compilation , compofée des Canons du Concile de
Vienne , & de fes propres conllitutions ; mais il ne [
la publia point. Jean XXII. la publia pour lui en
1317. ious le titre de Clémentines. Jean XXII. y
ajouta d'autres conftitutions de lui-même , qu'on
appelle Extravagantes de Jean XXII. On y a depuis
ajouté d'autres conftitutions, ou Extravagantes du
même Pape Jean XXII. & de quelques-uns de fes
fuccelfeurs. Ainli ces troisVolumesou CoHedtionSj
c'eft-à-dire , le Décret de Gratien , les Dccrétales
&C le Sexte , compofent le Droit Canonique , lequel
aujourd'hui tient lieu de loi dans le for contentieux.
Voyez chaque mot en l'on ordre. Pour les Canons
des Apôtres , comme ils font apocryphes , ou du
moins très-fufpeds , ils ne font aucune partie du
Droit Eccléfiailique. En France , on fuit pour le
Droit Canonique les anciens décrets , ou canons ,
l'ufage reçu par tradition des Apôtres & des Saints
Pères , les réglemens des Rois de la troilième race,
comme la Pragmatique Sanction fous les limita-
tions du Concordat. Les nouveaux décrets ou ré-
glemens ne font point reçus j à mains qu'après
avoir été examinés par ceux que le Roi commet
pour cela, ils n'aient été regiihés aux Parlemens :
& cet ufage eft ce qu'on appelle les libertis de l'E-
glife Gallicane. Voyez Canons.
Droit François. Jus Gallicum. Avant la conquête
des Gaules, les Gaulois fe gouvernoient par un
Droit Coutumier , dont la connoilfance étoit renfer-
mée dans le Collège des Druides. On en trouve
feulement quelques articles dans Céfar , Strabon
& Ammien Marccllin. Après qu'ils eurent été fub-
jugués par Céfar , ils fe fournirent au Droit Ro-
main _, qui fut obfervé dans les Gaules pendanr près
de 50« ans. Dans le temps de la Décadence de l'Em-
pire , les Vilîgoths , les Bourguignons & les Fran-
çois envahirent les Gaules , & tormèrent divers
Royaumes. Les Vifigoths , à qui l'Empereur Ho-
norius céda la Gaule Narbonnoife , fe gouverné- ,
rent par leurs propres loix , qu'ils appeloient !oix
Gothiques , fans abolir le Droit Romain , que les
anciens Gaulois gardoient inviolablement. Le Droit
Romain, obfervé par les anciens habitansdes Gau-
les ^ n'ctoit autre chofe que le Code Théodofien.
Gondebaud , Roi des Bourguignons , publia aufti
une loi appelée Gombette , qui fubdfta même long-
temps après la tuine du Royaume de Bourgogne.
Pour les François , ils avoient la loi Salique , dont
on ne connoît ni l'Auteur , ni l'origine. Le P. Da-
niel l'attribue à Clovis. Elle fut fouvent augmentée,
& retranchée fous la première & la féconde race
des Rois de France. Charlemagne , entr'autres , y
ajouta beaucoup d'articles. Les Capitulaires de
Charlemagne , de Louis le Débonnaire & de Char-
les le Chauve, fuccédèrent à la loi Salique. Les
Rois avoient accoutumé d'alTembler les Etats du
Royaume ; & là on dreftbit des Réglemens , foit
pour la difcipline Eccléfiaftique , foit pour les afïlii-
res civiles ou politiciues. Le P. Sirmond , fur les
Capitulaires de Charles le Chauve , explique aftez
curieufement la forme de ces alTemblées. Les Ic^is
Tome m.
D R o 47J
de Charlemagne, & de {ts fuccefleurs , furent af-
fez long-temps dilperfées fans aucun ordre. On era
fu divti fes CoUedtions, qui ont été publiées paf
P. Puhou.Par la loiblelfe des Rois de la féconde
Race, les Ducs (Se les Comtes , ayant ufurpé les
Provinces & les villes dont ils avoient le gouver-
nement , établirenr des lois & des coutumes parti-
culières dans l'étendue de leur temtoire. Par ce
changement, & par ces défordres, le Droit 1 ran-
çois , contenu dans la loi Saliqus & les Capitulai-
res , fur aboli , & fît place au Droit Coutumier. Ain-
fi la France eft partagée entre le Droit Romain ,
qui règne dans les Provinces méridionales , & le
Droit Coutumier. Les Ordonnances des Rois font
aufti une parrie de la Juriiprudence. En 1680. le
Roi a créé à Paris, & dans les aunes Univerfités du
Royaume, un Pfofelleur en Droit François. Au-
jourd hui le Droit trançois eft compolé des Or-
donnances du Royaume , des Oidonn.inces des
Rois Se des Coutumes particulières dts Provinces.
Voyez fur toute cette matière du Droit , &: fur les
parties qu'elle embralle , Rolinusdans les Antiqui-
tés Romaines , Wanuce iur les Loix des Romains,
Auguftin de Ta^ragone , Dernier , De Launay , &'c.
03° Droit , hgnihe aufti loiécrite ou non écrite. C'eft
dans ce fens qu'on dit : Droit divin , droit humain,
pohtif j commun. Droit natutel , droit des gens.
Droit écïiï , t/ro/'r couruimer , die. dont nous avons
parlé.
|iCF On appelle droit étroit , la rigueur du droit j
& l'on dit qu'une choie eft de droit étroit, pour di-
re qu'il laut l'oblerver à la rigueur,
1)3° Droit Commun. Jus commune. C'eft le droit- or-
dinaire, & fondé furies maximes générales j op-
pofé aux pi iviléges qui en font des exceptions.
ÇCr Droit de la Guerrf. Lois qu'on doit obfervec
dans la guerre pour la rendre jufte. Jus belli.
^fr Droit Public , en Allemagne j eft compofé des
lois générales qui regardent la conftitution , le bien
des Etats , particuhèrement de l'Empire d'Alle-
magne.
Droit Écrit , eft le Droit Romain qui s'obferve en-
core dans plufieurs Provinces du Royaume, & qu'on
appelle pour cela pays de Droitécrit. LeDauphiné ,
la Provence , le Languedoc , la Guyenne , le Lyon-
nois , font des pays de Droit cent.
Droit Coutumier , eft celui de plufieurs Provinces
qui ont confervé leurs Coutumes particulières , lef-
quelles ont été rédigées par écrit, & réformées de
temps en temps. Jus moribus conftiiutum. Paris , la
Normandie & la Bretagne j font des pays de Droit
Coutumier. /^oyeç Coutume.
^fT Droit , fignifie auflî Jurifprudence. On dit en
ce féns étudier en i/ro/r. Apprendre, favoir, enfei-
gner le droit. Doéleur en droit , &c. T^oye^- ces
mots.
Droit , fignifie encore , Autorité j pouvoir. Jus , au-
cloritas , impeiium , potcjlas. Les Anciens avoient
droites vie &c de mort iut leurs efclaves. Ufer des
droits de la vidoire. Voit. Nous ne connoillbus
pas toute l'étendue des droits fouverains de Dieu.
S. EvR.
Droits Domaniaux. Droits qui concernent les Do-
maines.
Droits Royaux , font des droits que le Roi poUcde
comme Roi : ces droits , quand ils font anciens,
s'appellent droits delà Couronne:\es nouveaux s'ap-
pellent ^roirj Royaux. Le pouvoir de faire des lois ,
de les abroger, de les cafierjcft un des droits Hfiy aux.
Il y a des droits Royaux honorifiques , il y en a d'u-
tiles.
Droits Seigneuriaux &: Féodaux , font les droits
qui. appartiennent aux Seigneurs à caufe de leurs
fiefs , ou de leurs juftices : tels font le quinr , le re-
quint , les lods & ventes , le relief, la foi Se hom-
mage , &c.
Droits Honorifiques , font les honneurs , les préé-
1 minences qui appartiennent aux Seigneuis > aux
O 00
474 DRO
Patrons , aux Fondateurs & Dotareurs des Egli-
fes.
Droits utiles , font des revenus j ou des chofes équi-
valentes , que l'on doit pour certaines chofes aux
Seigneurs.
Droits Litigieux , font des droits conteftés , qu'on
difpuce à celui qui prétend les avoir , & dont il n'elt
pas pailible polfeireur.
Droit, lignifie aullî puilTance j privilège qu'on a de
donner, ou de faire quelque chofe. jus , pucejlas.
Le Pape a conféré de plein droit ce Bénéhce , qui
lui eft dévolu. Pleno jure. Un Prélat n'a pas drott
de faire les Ordres hors de fon Diocèfe fans pet-
miflion.
Droit d'annexé , eft un privilège dont le Parlement
d Aix jouit feul en France : c'eft le droit <\\\n ce Par-
lement fur les brefs, les difpenfes, les bulles d'In-
dulgences, de Jubilés, & autres femblables ref-
crits qui viennent de la Cour de Rome , ou de la
Légation d'Avignon. Louis de Fourbin , Doyen &
Confeiller Garde des Sceaux du Parlement d'Aix ,
Ambalfadeur à Rome , des Rois Louis XIL &: Fran-
çois I. obtint ce privilège du Concile de Latran,au
quel préfidoit Léon X. en 1 5 1 5. <■
Droit DE Régale, eft le û'ri^i; qu'a le Roi de pour
voir aux Bénéfices, & de jouir du temporel ou des
fruits , le (iège Epifcopal vacant. Jus regium alicu-
jus tcdejï.t bénéficia conferendi àjruclus perapiendi ,
mortuo ejufdem Epifcopo.
Droit , fignifie aufti j Aftion qu'un homme peut
pourfuiv^re en juftice : aptitude , capacité ^ pour de-
mander un bien qui lui appartient. Jus. Chacun eft
reçu à pourfuivre fes droits en Juftice. Un ceilion-
naire de :/roir litigieux. Une fille majeure j ufante
& jouilfante de fes (/rjir^. Je fuis en ^roi/, en pof-
fellion de palfer fur cette terre. Il a époufé cette fille
avec fes droits. Il eft fubrogé en tous fes droits .
noms , raifons , aétions. Il exerce les droits de fon
débiteur , il les pourfuit au lieu de lui. Il a été
pourvu de cette charge avec tous fes droits , profits
&c émolumens.
Un droit de banalité , de preftoir , de four , de
moulin. \Jn c/rair d'aubaine , de déshérence , d'hy-
pothèque J &c.
Droit , fignifie aufti , Jufte raifon , titre dont on en
revêtu pour poftéder quelque chofe juftement , ou
pour y prétendre légitimenienr, fou en vertu de L^
loi , fou par une convention particulière. Il y a
plufieurs prétendans afroir à ce Bénéfice, l'un comme
kélignaiaire , l'autre comme Indaltaire. Il a accu-
iTiulé droits fur droits. Il a dit cela par iurabondance
de c/rair. Cela lui appartient de û^roir. Il ^ \q droi:
d'ancienneté , &c.
fC/'Dans cette acception, c'eft une ptétention
fondée fur quelque titre ; ce qui appartient à quel-
qu un en ve;tu d'un titre légitime.
fCT Dans ce cas , on du avoir droit à quelque
chofe, & non pas pour quelque chofe, comme a
fait Comeilli- dans Héraclius.
Lui qui n a pour l'Empire i^arre droit que fes crimes.
Ceft un folécifme. Il falloir :
Lui qui n'eut â l'Empire autre droit que fes crimes.
Droit, fignifie auflî. Redevance. Les c^roiM de cens ,
de furcens, dîmes , champarts, de lods & ventes ,
de rachat , &c. font cf/oiw feigneuriaux. Le Seigneur
faifit le fief J faute de droits & devoirs non faits &
non payés.
Dii-oiT, fe dit au'iïïde toutes fortes d'impofitions éta-
blies pour fv.)Utenir les charges de l'Etat. Fecligal,
tributum. On a établi un droit fur le vin , fur le bois,
fur telle marchandiîe. L'ancien & le nouveau droit
du pied fourclié. Il ne faut pas frauder les droits du
Roi.
Droit Annuel. Eft un certain droit (\\\t quelques Of-
ficrers paient au Roi pour confervec leurs offices à
DRO
leur f ucceflion. Il y a aufli un droit annuel des Vcn-
dans-vin. Voye-^ lur ce droit annuel Iss Ordonnances
de 16S0 , Art. 11. & 1685.
Droit de nouvel aveu , eft le pouvoir qu'un Sei-
gneur a de recevoir le ferment de fidélité des aubains
qui viennent demeurer dans fa terre,&de les acqué-
rir parce moyen.
Droit de Banage j ou Barage , eft un droit qui
le lève en quelques endroirs de Provence fur les
hommes & fur les bètes chargées , ou déchar-
gées.
Droit de Boite, en fait de marchandifes : C'eft un
droit qui le lève fur la rivière de Loire pour l'entre-
tien du commerce & navigation qui ie font fur cette
rivière.
Droit de Carnalage. Certain droit qui fe lève en
chair en quelques endroits , comme de prendre
routes les langues des bœuts que l'on tue.
Droit de Chevrotage. Droit que quelques Sei-
gneurs lèvent fur ceux de leurs fujetsqui nourriiïent
des chèvres.
Droit de Congrier. f^oye^ Congrier dans le Dic-
rionnaire.
Droit de Congé , parlant des Aydes. C'eft ce qui eft
dû aux Commis d'^s Aydes j pour la permiftion
qu'ils accordent d'enlever ou remuer du vin d'un
lieu à un autre. Il y a un autre droit de Congé, qui fe
paie aux Officiers de l'Amirauté par les Capitaines
& Maîtres des 'Vailfeaux marchands , pour obtenir
la permiftion de mettre à la mer.
Droit DE Consul AT. C'eft h droit que les Marchands
des di verfes nations , ( chacune à l'égard de fon Con-
ful J ) 8c tout homme qui commerce , foit dans le
Levant, foirdans les l^rts de la Médirerranée &
Barbarie , paient aux Confuls que ces Nations y
entretiennent^ lequel droit leur eft accordé pour les
peines que ces Officiers fe donnent en les protégeant
dans leur négoce auprès des Puiftances dans les
Etats defquelles ils font établis.
Droit de Corvées. Droit qnï eft dû par les Bouchers
de Ville-Franche. Il confifte dans les inteftins , en
tout , ou en partie , des bêtes à manger qu'on tue j
comme le cœur , le poumon , le foie , &c.
Droit de Coutume , fe dit fur les cotes d'Afrique, où
les Européens font commerce , de ce qu'on paie en
mnrchandifes aux petits Rois de la côte , pour avoir
permiftion de faire la Traite.
Droit DE nouveaux acquêts j celui qui eft dû au
Roi par les Gens de main-morte qui pollcdent des
biens fans être amortis.
Droiedemarc d'Argent. Z^ro/V dû au Roi par les
Notaires en pays de Droit écrit , pour fon joyeux
avènement à la Couronne.
Droit de MARCAicE.£)roirdû au Roi fur lespanniers
de poiilon qui fe vendent à la halle.
Droit DE PAix.Z)raif qui eft dû en certains lieux pour
la Paix. C'eft une hémine de vin qui fe paie tous les
ans par chaque chef defrmille.
Droit de Présence. Ce terme eft fort ufité dans les
Compagnies, & fe.dit d'une certaine fomme fixe
qu'on paie aux inréreftés qui font prélens au bureau
les jours d'alfemblée. Il y a des Compagnies qui
paient ce droit en argent comptant , Se d'autres qui
donnent des jetons d'argent , la part des abfens ac-
croiftant à celle des préfens.
Droits de Rivière. Droits d'Aydes qui fe lèvent
fur chaque muid de vin qui defccnd ou qui
monte par la rivière de Seine , Yonne , Marne Se
autres rivières y aftluentes , depuis leur fource jul-
qu'à Rouen.
Droit de Sixième, de Douzième, DiCENTiÈivrE ,&:c.
Ce font certains droits _, par exemple , de fix de-
niers , ou de douze , &c. qui fe paient aux Sei-
gneurs.
Droit i^'Ancrage. Ce droit appartient en France aiv
Grand Amiral, & fe lève fur rous les vaifteaux Fran-
çois & étrangers qui entrenr dans les Porrs du
Royaume, dont ne font exempts que ceux qui ap-
D RO
partiennenc aux habicans des lieux où ils abor-
dent.
Droit de Rapport. C'eft le droit que l'on paie aux
Oihciers de i'Ami:auté , pour la délivrance qu'ils
font aux Capitaines & Maîtres des navires des ex-
péditions des rapports, que ceux-ci lerou: tenus de
taiie devant eux j lorfqu'ils airivent de leurs cours
& voyages.
Droit x)E Tonnage et Pondage. C'eft un droit que
paient en Augleceire les vailFeaux xMarchands, à l'en-
trée ou à la fortiedu Royauaie.
Droit de Visite, ou de Visitation. C'eft le ^//o/rqui
eft du aux iMaîtres ci Gardes des lix Corps des Mar-
chands de Paris , &; aux Jurés des Communautés des
Arts '^ic Métiers , lorfqu'ils vont en vifite.
Droit, lignifie aullî. Salaire qu'on taxe , ou qui eft
accordé à quelqu'un pour les peines i<. vacations.
Mcrces , pretium. Le droit du Gretie , du Contrôle ,
de la fignature d'un Arrêt. Droit de confultation , de
révilîon dû aux Procureurs. On appelle droit d'avis^
la paraguante qu'on eft obligé de donner à celui qui
a donné l'avis d'une affaire avantageufe. C'eft aulli
le falaire qu'on a coutume de donner aux dénoncia-
teurs , pour les failles qu'ils font faire des inarchan-
diles , ou de contrebande, ou palFées en fraude. Il
est ordinairement du tiers de la marchandife dé-
noncée , lorfque la confifcation a lieu.
Droit , lignifie aulli un privilège accordé par le Roi,
ou par la loi , qui donne prérogative à quelqu'un
pour l'excepter du droit commun, de la règle géné-
rale. Privuegium. Droit de committimus. Droit de
franc-falé. Jus falarii immunis. Droit d'entrer aux
Etats. Jus hatenii locum in comitiis. Droit de bour-
geoilie. Jus civitatis. Droit à aîneiTe.
En termes de pratique , on dit Efter à droit, pour
dire, Comparoitre en jugement pour y être inter-
rogé. Sijli coràm judice ^ in judicio. Appointement
en droit , c'eft un règlement qu'on donne aux parties
pour écrire & produire fur quelque queftion de
Droit , ou en première inftance- Controvcrjî juris
formula. Appointement à ouir droit j eft le règle-
ment qu'on donne en matière criminelle après la
confrontation , pour ouir le jugement. Syngrapha
judiciaiis litis decretoria à cognitoribus conflaïa. On
dit aulli , qu'on a fait droit iwz le tout , pour dire ,
qu'on a prononcé fur toutes les demandes. On dit
auili , en ftyle de Palais , un avant faire droit , pour
dire Sentence ou Arrêt interlocutoire. Ce procès n'a
pas été jugé définitivement, on n'a prononcé qu'un
avant faire droit. On dit aulîi , fans garder ordre de
droit , ni forme de Juftice. NuUâ habita juris , aqui-
tatis ratione. On dit aufli j prendre droit par les
charges, pour dire, s'en rapporter aux témoins :
lans préjudice du droit des parties au principal. Le
Roi finit ainfi fes lettres patentes. Sauf en autre
chofe notre droit , &c l'autrui en toutes. On die
aulli , Défendre fes droits, ufer de fon droit , renon-
cer à fon droit. C'eft un palTe-^roir, une grâce, une
faveur.
Droit, fe dit encore des obligations Se des engage-
mens que forment les devoirs , ou les liaifons de
l'amitié ou de l'amour. Jus. C'eft une règle pour les
actions morales qui oblige à ce qui eft jufte & rai-
fonnable : non comme un fimple confeil louable ,
mais comme un précepte qui lie & qui engage. Cha-
cun confulte d'ordinaire fon humeur pour établir
les dro/rs de l'amitié : l'ami froid , & l'ami ardent,
en établilTent de contraires. S. Evr. Un père a droit
d'exiger les alimens de fon fils ; & cette loi de de-
voir eft auffi inviolable que les lois de la Juftice
étroite. Grotius.
liCJ" Le droit, en ce fens , pris pour une qualité
perfonnelle, une puilTance , un pouvoir d'agir , une
faculté ; comme quand on dit que tour homme a le
droit de pourvoir à ia confervation ; qu'un père a le
^roif d'élever fesenfans ; qu'un fouverain a le droit
de lever des troupes pour la défenfe de l'Etat, &cc.
lignifie le pouvoir qu'a l'homme de fe fervir , d'une
certaine manière, de fa liberté & de Ces forces natu-
DRO 47J
relies, folt par rapport à lui-même, foir à l'égard
des autres hommes ^ en tant que cet exercice de îcs.
forces & de fa liberté eft approuvé par la raifon.
Burlam.
IP'Ainfi, quand nous difons qu'un père a le
(/rd/r d'élever fes enfans , cela ne veut dire autre
chofe i il ce n'eft que la raifon approuve qu'un père
fefervede la liberté l^ de les forets naturelles dune
manière convenable à la confervation de fes enfans,
& propre à leur former l'elprit & le cœur. De mê-
me , comme la railon donne fon approbation au
Souverain pour tout ce qui eft néceilaire à la confer-
vation & au bien de l'Etat, elle l'aïuorife fpéciale-
ment à lever des troupes pour s'oppoler à un enne-
mi j & l'on dit en conféquence qu il a le droit de le
faire. Mais nous difons qu'un père n'elt pas en
droit d'expofer fes enfans , ni de les mettre à mort ,
î?vc. parce que la raifon J loin d'approuver ces cho-
fes, les condamne formellement.
§Cr 11 ne faut pas conlondre le fimple pouvoir
avec le droit. Le limpie pouvoir eft une quaUré
phyfique : c'eft la puillance d agir dans toute l'éten-
due des forces naturelles Se de la liberté. L'idée du
<^ro/r eft plus reftreinte. Elle renferme un rapport
de convenance avec une règle qui modifie le pou-
voir phyfique , & qui en dirige les opérations
d'une manière propre à conduire l'homme à un
certain but. C'eft pourqu^ l'on dit que c'eft une
qualité morale. L'ufage femble pourtant confondre
ces mots , & l'on dit également le pouvoir paternel
& le û'roir paternel. Mais reffentiel eft de diftinguer
ici le phyfique du moral , Ik. il femble que le ternie
de û'/o/r eft plus propre à déligner l'idée morale,
que celui de pouvoir. Le droit &: le pouvoir , die
Puffendorf, renferment à-peu-piès la même idée.
Il y a feulement cette différence , que le pouvoir in-
finueplus diredement la polTelfion aéluelle d'une
telle qualité j par rapport aux chofes & aux perfon-
nes , & ne déligne qu'obfcurément la manière donc
on l'a acquife : au lieu que le droit donne à enten-
dre proprement & diftinétement que cette qualité
a été légitimement acquife , & qu'ainfi on fe l'attri-
bue à jufte titre.
fCF En un mot j dit Burlamaqui , l'ufage de nos
facultés ne devient un c/ro/r, qu'autant que la rai-
fon l'approuve , & qu'il fe trouve conforme à cette
règle primitive des atlions humaines ; 6c tout ce
que l'homme peut faire raifonnablementj devient
pour lui un droit, parce que la raifon eft le feul
moyen qui puiffe le conduire à Ion but , de la ma-
nière la plus abrégée & la plus fûre.
IJC? Ce qui répond au droit pris de cette manièrcj
& confidéré dans fes effets par rapport à autrui ,
c'eft l'obligation. Lorfque la raifon approuve que
l'homme FalTe un certain ufage de fes forces & de
fa liberté , c'eft à-dire j lorfqu'elle reconnoît en
lui un certain droit; il faut par une conféquence
naturelle que pour affurer ce droit à un homme,
ellereconnoilTe en même temps que les autres hom-
mes ne doivent point fe lervir de leurs forces m de
leur liberté pour lui réfifter en cela ; mais qu'au
contraire ils doivent refpeiter fon droit , & l'aider
à en ufer, plutôt que de lui nuire. Comment pour-
roit on attribuer a un père le droit de former (es
enfans à la fagelîe &: à la vertu par une bonne édu-
cation , fans reconnoître en même temps que les
Mftins doivent fe foumettre à ia direction pater-
nelle. Se que non-feulement ils font obliges de n'y
point réfifter, mais encore qu'ils doivent concou-
rir par leur docilité & leur obéilTance à l'exécution
des vues que leur père fe propofe par rapport à
eux ? Sans cela tous les droits que la laifon accorde à
l'homme , lui deviendroient inutiles, if^cye^ Obli-
gation.
ipr Les droits 8c les obligations font de plu/îeurs
fortes. Il y a des droits naturels , qui appartiennent
effentiellement Se originairement à l'homme , qui
font inhérens à fa nature, dont il jouit par cela
même qu'il eft homme , indépendamment d'aucun.
û o û ij
47^
DRO
taie particulier de fa part , & des droits acquis , qui
font au contraire ceux dont l'homme ne jouit pas
naturellement , mais qu'il s'eft procuré par fon pro-
pre fait. Le droit de pourvoir à fa con fer vation ,
eft un droit naturel à l'homme. Le droit de com-
mander à une fociété d'hommes , eft un droit
acquis.
ifT II y a des droits parfaits &c rigoureux , & des
droits imparfaits ou non-rigoureux. Les premiers
font ceux dont on peut exiger l'effet à toute rigueur,
<Si , s'il eft néceflaire , jusqu'à employer la force ,
pour en obtenir l'exécution, ou pour en maintenir
î'ufage contre ceux qui voudroient nous réfifter ou
nous troubler à cet égard. C'eft ainii que l'on peut
légitimement oppofer la torce à quiconque attente
injuftement fur notre vie , fur nos biens , fur notre
liberté. Mais , lorfque la raifon ne nous permet pas
d'employer les voies de fait pour nous aftlirer la
jouirfànce des droits qu'elle nous accorde , alors ces
droits ne font qu'imparfaits Sc non-rigoureux. Ain
iî , quoique la raifon autorife ceux qui par eux-mê
mes font deftitués des moyens de vivre , à exiger
des fecours des autres hommes , ils ne peuvent
pourtant pas , en cas de refus , fe les procurer par
la force , ni les leur arracher malgré eux. Dans ce
cas j {'obligation répond exadtement au droit : elle
eft plus ou moins Jorte , parfaite ou imparfaite , fe
Ion que le droit lui-même eft parjaic ou impar-
fait.
^flT II y a des droits auxquels on peut renoncer
légitimement : ce font ceux qui n'intéreirent en rien
nos devoirs. Un créancier peut, s'il lèvent, remettre
la dette à fon débiteur , ou en tout , ou en partie
Il en eft d'autres à l'égard defquels cela n'eftipas
permis : ce font ceux qui par eux-mêmes ont une
liaifon naturelle avec nos devoirs , &C qui ne font
donnes à l'homme que comme des moyens de s'en
acquitter. Un père ne peut renoncer au droit qu'il a
fur fes enfans j ni les lailfer dans une entière indé-
pendance.
§3" Le droit confidéré par rapport à fes différens
objets , fe réduit à quatre efpèces principales. Le
droit que nous avons fur notre propre perfonne &c
fur nos adions, lequel s'appelle liberté ^ \q droit qat
nous avons fur les chofes qui nous appartiennent
en propre 3 qui fe nomme propriété ou domaine j
le droit que l'on a fur la perfonne & les aétions des
autres hommes , qu'on déhgne par le nom à! empire
ou ^ autorite \ ^ enfin le droit que l'on peut avoir
fur les chofes qui appartiennent à autrui, qui peut
être de plufieurs fortes.
Droit j en termes de Chafle , (îgnifie la part de la
bête défaite qui appartient aux Veneurs , ou aux
chiens. Le pied droit ài\ cerf eft celui qu'on offre au
Roi , ou au Maître de la chalTe. Le droit des chiens
eft celui dont on leur fait curée. Pars prsda vena-
lores vel canes contingens j ad venatores , ad canes
pertinens. Les menus droits , en attendant pleine cu-
rée , font la langue, le mulle & les oreilles , que
l'on donne au limier. On dit en Fauconnerie , le
droit de l'oifeau , lorfqu'on le paît de ce qu'il a volé ,
comme la tête , la cuilfe , le cœur , le foie de la
perdrix , l'aile de la corneille , &c.
Droit , Terme de jeu de Paume. On le dit au plurier.
Prendre les droits , choifir les droits , c'eft le côté de
la raquette où les cordes font unies , oppofé à celui
où font les nœuds. Au commencement d'une pafctie
on jette une raquette en l'air ^ un des joueurs prend
les droits , 5c l'autre les nœuds : ils regardenr en-
fuite quel côté la raquette préfente quand elle eft
tombée j & celui qui a rencontré jufte j & qui l'a
pris , choisit le côrc du jeu le plus avantageux.
DROIT, adv- Diredement, par le chemin le plus
court. Reclà. Cet homme va droit au but. Il lui a
tiré droit dans la tête. Il faut marcher droit , aller
droit avec lui. Il a mis tout droit la main delfus.
|fC? Quand on dit j aller droit à. fes fins , aller
droit en hefogne , le mot droit ett: pris au figuré.
Je le ferai bien marcher droit, fainilièremem cha-
DRO
rier droit , je lui ferai bien faire fon devoir.
A bon droit , façon de parler adverbiale , pour
dire, avec raifon j avec juftice. C'eft à bon droit
qu'A fe plaint à'un tel. Acad. Fr.
U3° On dit encore , à tort ou à droit , c'eft-à-di-
re^ fans examiner fi une chofe eft jufte ou injufte.
Jufi auc injujii nuUd habita ratio ne , omni di/cri-
mine remoto.
On ditj proverbialement, que. Où il n'y a pas de
quoi , le Roi perd fon droit j pour dire , qu'il eft
inutile de plaider contre des gens infolvables : que
le bon droit a befoin d'aide j pour dire qu'il ne faut
pas négliger la foUicitation des meilleurs procès.
On dit auHi , c'eft le droit du jeu ; pour dire , on a
accoutumé d'en ufer ainfi. On dit encore , qu'un
hommeeft^roir comme un jonc, comme un echa-
las , comme un cierge , comme un fapin \ pour
due , qu'il fe tient bien droit. On dit , ironique-
ment , Cela eft droit comvnQ la jambe d'un chien.
On dit , Se faire droit lur quelque chofe ; pour
dire , s'en emparer & en difpofer.
DROITEMF.NT. adv. Diredement , vis-à-vis. Di-
reclo ^ è rcgionc.Si mai fon eft oppofée droitement à
la mienne. Ce chemin va droitement à la ville. Dans
ce fens , il eft vieux & furanné.
^fT II fignihe , Ordinairement , équitablemenr,
ou avec juftelfe, judicieufement. Agir droitement,
\\xgex. droitement. Dans cette acception même, je ne
le crois pas fort ufité.
DROITIER , lâRE. adj. Qui n'eft pas gaucher , qui
fe fert ordinairement de la main dioite. Il eft peu
d'ufage.
DROITURE, f. f. Ce mot ne fe die prefque point
dans le fens propre. Au figuré , il fignifie ordinai-
rement la vertu par laquelle nous demeurons atta-
chés à nos devoirs, fans nous en écarter, ^quitas ,
integritas. La droiture eft une pureté de motif &
d'intention , qui attache l'ame au bien, pour le bien
même. Flech. Agir avec droiture \ cela eft contre
toute droiture & équité. Sincérité dans les paroles ,
&: bonne foi dans les traités , voilà l'idée de la droi-
ture. Ce terme appliqué à l'efprit eft fouvent fyno-
nyme à juftelïè. Droiture d'efprit. Il y a deux fortes
d'efprits , l'un de pénétrer vivement & profondé-
ment les conféquencesdesptincipes; & c'eft là l'ef-
prit de juftelfe : l'autre de comprendre un grand
nombre de principes fans les confondre ; & c'eft
là l'efprit de Géométrie. Rectum ingenium. L'un esc
force & droiture d'efprit ; l'autre est étendue d'ef-
prit. Pasc. Quelquefois aulîi il paroît fynonyme à
iincérité, franchife : & alors il est oppofé à détours,
rufes , artifices. Les précieux restes de la parfaite
droiture des fiècles précédensétoient mêlés de beau-
coup d'artifices & de faufles vertus. S. Real.
Dans nos champs la vertu toute pure
A ait fans dejfein d'éclater.
Tout l'an de la raifon ne fauroit imiter
De nos hersers l'innocente droiture. Font.
Eu matière de fiefs , on appelle droiture, le droit
qui est dû aux Seigneurs féodaux & cenfuels par les
nouveaux acquéreurs, jurapr&diatoria-.^ Hc on appel-
le. Relever droiture, ou droiturer, lorfque le vaf-
fal relève fon fief de fon Seigneur j &c lui en paie
les droits.
§C? Dans quelques coutumes , Droiture est fyno-
nyme de ligne direde. En droiture, adv. Direde-
ment, par la voie ordinaire. Rccià. Ce Banquier
n'a pas pu écrire en droiture , à caufe de la guerre ;
mais il a fait l'affaire par fes correfpondans. Faire
tenir une lettre en droiture. On diioit autrefois à
droiture.
On appelle aufli fur la mer , Aller en droiture ,
quand on navige fans être dérourné de fa route , ni
par les vents j ni par autres nécedités, 6c fans mouil-
ler dans aucun des ports qui font à côté de la traver-
fée qu'on a fait.
DROITWICH. Bourg du Comté de Worche«ter en
D R O
Angleterre. Drutwichum. Ce hàu est inné fur la ri-
vière de i)alwarpe,à deux lieues au nord de la ville
tic V/orchister. Drciiwxh envoie deux députés au
Parlement d'Angleterre. Quoiqu'il foie d.tns les ter-
res , il y a crois f^oncaines lalées dont on tait beau-
coup de fel. Lon^. 1 5. U. 2.6'. lat. 52. d. 20'.
DROITCJRIER. ad|. 'Vieux mot , qui fignifie celui
qui a l'intention droite \ qui rend justice lans ac-
ception de perfonncs. ^quus j jujlus , inceger.
Celui qui "ouvernoit alors écoit juste 6C droi-
turïcr.
Droiturier, en termes de Coutumes , fe dit d'un
Seigneur qui a des valfiux qui relèvent de lui , &:
lui paient les drous pour leur fieh La lettre circu-
laire que le Roi Jean , l'an 1351, écrivit aux Sei-
gneurs qu'il voulut honorer de l'Ordre de N. Dame
de la Noble Maifon, porte , que ces Chevaliers
pourront , s'il leur plaît j lever bannière efpé-
cialement fur les ennemis de la foi, ou pour la
guerre de leur droïiurur Seigneur. P. Helyot j T.
KlII. p. yiQ.
DRÔLE, adj. Qui est plaifant, qui fait nte-Lepidus,
jiijhvus J hiluris. Cet homme-là est bien Jrôie. Voilà
qui est drôle. Ce conte est touc-à-fait drôle. Ce mot
de matiage est plaifant , il n'y a rien de plus drôle
.pour les jeunes hllcs.
Ce mot est du style familier. Il vient de draucu-
lus, diminutif de draucus. Ménage. D'autres croient
avec plus de raifon qu'il vient de ce que les peu-
ples feptentrionaux donnent le nom de drôle aux
Diables familiers qui hantent dans leurs maifons ,
qui panfent leurs rênes , ( ce font leurs bêtes de
voiture ) & qui leur rend;?nc plufieurs fervices do-
meftiques ; qui font prompts à exécuter ce qu'on
leur commande , & qui les avertilfent des dangers
dont ils font menacés ; &c , parce que ces drôles font
fouvent des tours de gaillardife pour fe rejouir j on
a donné le nom de drôle aux hommes qui iont plai-
fans , gaillards & fubtils , madrés &c dangereux j
comme ces efprits follets.
Il fe dit aulîi des animaux. Un Poëte a dit d'un
Perroquet ,
D'un ton aifé , là , jafe\ comme un drôle ,
N'iiicerrompaiu jamais vos ris badins ,
Que pour croquer anis & mufcadins.
Nouv. CHOIX DE Vers.
§CT Drôle ,fe dit quelquefois, fubftantivement ,
en mauvaife part, d'un homme fin , rufé , dont il
faut fe défier, l'rcnez garde à lui j c'elt un drôle.
On dit proveibialement drôle comme un coffre.
C'elt un drôle de corps ; pour dire un homme fa-
cé^tieux.
DRÔLEAdENT. adv. D'une manière drôle. Lepidè j
fellivè. Cela ell drôlement dit , drôlement tait.
DRÔLERIE, f. f. Trait de gaillardife , de bouffonne-
rie, jocus , prafiigia. Les Charlatans amufent le
peuple avec mille drôleries & plaifanteties.
DRÔLESSE. f f. On ne le dit qu'en mauvaife part ,
pour défigner une femme de mauvaife vie , qui
hante des drôles j des gens débauchés. Meretrix j
fcortum. Tout cela eft populaire & tamilier.
DROMADAIRE, f. m. Efpèce de chameau qui a deux
bolfes fur le dos , aulieu que le chameau ordinaire
n'en a qu'une, félon Solin. Dromas camelus. Il s'ap-
pele Baclriau , &c vie-.it des parties Orientales de
î'Afie. Il eft le plus s^rand , &c porte déplus pefans
fardeaux. Mais M. Perrault appelle, au contraire,
dromadaire , celui qui n'a qu'une bolfe fur le dos ,
celui qui eft le plus petit , &c le meilleur pour la
courfe , & qui, pour cette raifon, eft appelé des
Grecs dromadaire. Le Dromadaire que les Arabes
appellent Giuma^eeh , eft de grande fatigue , ôc les
courriers s'en fervent en Orient pour porter en dili-
gence leurs dépèches. D'Herb. Il eft plus commun
aux parties Occidentales de I'Afie , comme dans la
Syrie cSi dans l'Arabie. Il a fept pieds & demi de
hau: depuis le fommet de la tête jufqu'à terre. Les
D R O 477
dromadaires & les clwimeaux ont le poil fort court
& tort doux i mais ce poil a près d'un pied fur la
bolfe , où il fe tient levé , & en fait la plus grande
partie ; &: , à le bien prendre , ils ne font guère plus
bollus que l^s autres animaux. Ils n'ont point de
dents canines ni incifives. Ils n'ont point de cornes
au pied, lequel eft feulement couveit d'une peau
charnue. Ils ont quatre ventricules , ik. au fécond
il y a pluheuts ouvertures carrées qui fervent d'en-
trée à environ vingt cavités faites comme des facs ,
qui leur fervent de réfervoirs. Pline dit qu'ils y gar-
dent long-temps l'eau , qu'ils boivent en quantité
lorlqu'ils en rencontrent. Us la troublent avec le pied
pour la rendre moins légère , & la garder plus long-
temps dans leur eftomac. On dit même que les
Voyageurs , dans une grande nccelfitc, leur ouvrent
le ventre pour en tirer de l'eau. Leurs inteftins ont
onze à treize toiles de long , leur cœut neuf pouces.
Leur poumon n'a qu'un lobe de chaque côté. Leur
verge a dix-neut pouces de long , éc eft crochue
par le bout. On dit qu'on en fait des cordes d'arc
excellentes. La glande pinéale du dromadaire a la
forme d'un trèfle , & a trois lignes de long.
On trouve cet animal appelé Dromades, Drome-
des , Dromid<& ^ Dromedn , Dromedus & Dromas ,
Cameli Dromadei. Foyei l'Onomafticon de Rof-
veyde \ S. Nil Moine dans Bollandus j Acl. Sancl.
Jan. T. I. p. 956. (î/ 957. & Bollandus lui-même j
au même endroit.
IJCJ" DROiVIE. f. m. C'eft , dans les grolfes Forges ,
la pièce de charpente la plus forte qui foit employée
à loutenir le marteau , à favorifer fon action ^ & à
rélifter à fa réaâion. Encyc.
DROME. Nom de rivière. Druma, Druna, qu'Aufone
fait bref dans fa Moselle. Il y a deux rivières de ce
nom en France: l'une elt en Dauphiné j la Drôme ;
ou la Droune. Elle coule dans le Diois , & dans le
territoire de Valence. Elle pafie à Die , à Saillans ,
à Cretf, &. fe décharge dans le Rhône , prefque vis-
à-vis de la ville de Voulte , à trois ou quatre lieues
de Valence. L'autre a fa fource à Frefnes, & grollie
des eaux de la Quinne, qu'elle reçoit entre Saint
Mathurin & Corvicres \ elle va tomber dans la ri-
vière de Vive, audelfus de celle de Gouvet, à Pon-
tarfi. Corn.
DROMO. île de l'Archipel. Dromos. Elle eft au cou-
chant de celle de Saraquino , vers les Golfes de Sa-
loniki & de l'Armiro. L'Ule de Dromo eft petite &
mal cultivée. Maty. Elle a environ trente mille de
tour. On y trouve de fort bonnes eaux ; mais elle
n'a point de port. Davity , Corn.
DROMEE. f. m. C'eft le nom d'un mois des Anciens
Cretois, duquel il eft parlé d.uis les marbres d'Aron-
del,/J. 1 17, & dans les Infcnption de Reinefius ,
p. 491. Prienus en parle aufti fur l'Apologie d'Apu-
lée. 5 9. Febr, Menol. p. 49. mais on ne fait quel
mois c'étoit.
DROMORE , ou DRUMMORE. Petite ville d'Ir-
lande , Dromatla dans Hoffman ; Dromora & Dru-
/noriZ dans Maty. /)ro/72or<? eft prefque ruinée. C'eft
une ville Epifcopale de l'Ulfter, "ou Ultonie, à cinq
lieues d'Armach , dont fon Evèché eft fuffragant.
Maty. Hoffinan la met à 25 milles à l'Orient d'Ar-
mach , & à 18 au midi d'Antrim. Long. i^.d. j.6'^
Lat. 52. d. 50'.
DRONÉRO. Petite ville de Piémont , Draconerium.
On croit qu'elle a reçu fon nom d'un certain Dragon ,
ou Dracon , qui étoit Seigneur de ce lieu. Dromero
eft fitué dans un terrein uni au haut d'une colline ,
à l'entrée de la vallée de Malagra^ ainfi nommée
à caufe de la rivière de ce nom , qui, defcendant du
haut des Alpes maritimes , coule le long de cette
vallée , & arrofe prefque les murailles de la ville ,
où elle eft reiïerrce entre deux rochers , fur lefquels
on a conftruit un pont de pierre de deux arcades ,
d'une hauteur furprenante. Dronero , après avoir
obéi à des Seigneurs particuliers , vint au pouvoir
des Marquis de Bufca, d'où elle paffa aux Marquis
de Salaces, qui futentobligés plus d'une fois de faire
47S DRO
la guerre aux Rois de Sicile, de la Maifon d'An)ou,
pour en collier ver la pollellion. Enfin , en 1 5 5 i. Jean-
Louis , Marquis de baluces , voulant renci et dans les
Etats avec une armée de l'Einpeieur, les Impériaux
rumèrent baluces & Droneiù. Les François les repri-
rent l année luivante, & par la paix de 1601 , juro-
nero fut rendu à Charles Emmanuel L Duc de Sa-
voie. Ce Prince donna enfuite la ville de Dronero
par contrat de mariage à' Marguerite de Savoie , fa
tille naturelle, qui époufoitFiançois-Pliilippe d'Elfe,
Marquis de Lanzo j & de Saint Martin. De ce ma-
riage , ell né Charles-Philibert Emmaniiel d'Elte ,
qui polfcde le Marquifat àt Dronero, en fief- dépen-
dant du Duc de Savoye. Théâtre de Piedm.
DRONGILE. Petite ville de Thrace. Dronguus. Har-
pocrarion & Suidas" difent que Drongile étoit une
bourgade de Thrace \ Stephanus ajoute que Théo-
pompe j au IX. Liv. de fes Philippiques j Lut men-
tion de Drongile, & l'appelle z^P"" ^''■'■«^''«s Bourg
de Thelfalie : mais, ou ji me trompe fort, ou l'Abté-
viateur de Stephanus ie trompe ; îk. je crois qu'il faut
lire ifMia;-^ car cette Drongdc de Thêlfalie eif ima
ginaire, & vraifemblablemenr Théopompe , Hilto
rien de Philippe, n'a point parlé d'autre DrongUe
que de celle qui avoit rapport à fon hilfoire. TouR-
REiL. HotFman a traduit le a:»?'" ^sTaAiW d'Etienne
de Bvzance par Reglwicula i hcjJaiiA , un petit pays
de Thelfalie, prenant a;*?''" pour un petit pays, au
lieu d'un bourg, ou d'un château j mais il paroît ,
par l'endroit de Démofthène, que c'étoit un bourg,
ou un château, & non pas un petit pays 5 & , par ce
que nous avons dit, qu'il étoit en Thrace, & non pas
en Theiralie.
DRONNE. Rivière de France ^ dans le Périgord.
DRONOS. f. m. Mot indéclinable. Ce terme bas &
populaire , elf en ufage en certaines provinces j fur-
tout en Anjou j & fignifie des coups , des tapes.
Donner dronos fur les doigrs, c'eft donner des coups
fur les doigts Si quelqu'un de fa vieille connoilTImce
lui irioit : Ha frère Jean j mon ami, frère Jean ,
je me rends. Il t'cft, difoit-il , bien force. Mais en-
femble, tu rendras l'ame à tous les diables. Et iou-
dain lui donnoit dronos Rabelais. Un vilain pe- ., DROSLE
tic Turc, bolfu par le devant , me croquoit furtive-
ment mes lardons ; mais je lui baillis ii vert dronos
fur les doigts à tout mon javelot , qu'il n'y retourna
pas deux fois.Io. Dans le langage Tuuloufain, Dro-
nos , ce font des coups, des tapes ( Did. de la lan-
gue Touloufaine. )
DRONTE- f. m. efr un oifeau Indien , dont les An-
ciens n'ont point parle, qui a de petites ailes j & ,
bien loi» de pouvoir voler, à peine peut-il mar-
cher , tant ileftgras. Les Hollandois l'appellent ^/ot/-
ecrs. Foye^-en la figure dans le Recueil deThevenot,
au voyage de Bentekoe.
Selon Margrave , c'eft un oifeau qu'on trouve dans
l'Ifle Maurice, aux Indes Orientales. Il eft grand
comme une autruche , ou un coq dinde. Il tient un
pju de l'un &: de l'autre. Sa tête eft longue ^ grolîe
& difforme, couverte d'une peau comme un co(iue-
luchon. Ses yeux font grands & noirs. Son bec eft
fort long, gros , robufte, pointu & crochu , de cou-
leur de bleu pale. Son cou eft grand , gras, courbé.
Son coips eft gros , rond, couvert de plumes grifes
comme celui de l'Autruche. Ses jambes font grolTés ,
courtes, jaunâtres. lia quatre doigts : il eft ftupide ,
il fe laïue prendre. Sa chair eft gralTe & nourrif-
fante. M
DRONTHEIM, ou DRONTHEM. Ville deTÏor-
vécfe. Drontheima , Nidrojia. Cette ville eft ficuée
fur un Golfe , où elle a un bon port , défendu par
un bon château. Elle eft encore munie d'une bonne
citadelle du côté de terre. C'eft un Archevêché, 5c
la capirale d'un Gouvernement. C'étoit autrefois la
capitale du Royaume, &c le fiège ordinaire du Roi
de Norvège.
Le Gouvernement de Drontheim^ en Latin Drom-
thdrncnfls , ou Fidrofiana Pmfeaura , eft une Pro-
vince de Norvège , bornée au fud par le Gouver-
DRO
nemenr de Bergen j au nord par celui de Wardhuis;
au couchant par l'Océan Septentrional, & au levant
par les montagnes de Norvège j qui la féparent de
la Suède. Ce pays peut avoir cent quacre-Vingt
lieues de côtes ^ la laigeur ne pafle pas trente-cinq
lieues \ en quelques endroits même, elle n'en a pas
dix. L'air y eft encore lupportable, ce qui fait que
le pays eft allez peuplé j au moms vers le midi \
mais il n'y a aucun lieuconhdérable que Drontheim^
qui en eft la capitale.
Dronchehn eft aujourd'hui fort déchu de fa gran-
deur. Cen'eft plus qu'une petite ville, mais dont le
port eft alfez fréquenté , quoiqu'il n'y entre que de
petits bâcimens , à caufe des rochers qui incommo-
denr l'entrée de la barre. C'eft Eugène III. qui a
établi l'Archevêché de Drontheim , dont les futFra-
gans font les Evêchés de Bergen , de Stavanger , de
Hammar , de Anflo , de Halar & de Scaholt. L'E-
glife de Drontheim j dédiée à Saint Olaiis , étoit
m.rgnihque , & palfoit pour la plus belle qui fût
dans tout le Nord.
DROPAX. f. m. Terme de Pharmacie. Dropax. Il y x
deux fortes de dropax , le /impie & le compofe. Le
firnplc fe fait d'une once de poix féche. Si de deux
dragmes d'huile. Le compofé eft fait avec la poix , la
cire, lacolophone, le fel commun, le bitume, le
foufre vif, le poivre, l'euphorbe, les cantarides
& le caftor. On en fait de pluiieurs autres manières.
Le dropax étoit autrefois en ufage pour réchauffer les
membres, pour attirer le fang & lesefprits , & pour
remédier à l'atrophie. On l'uppliquoit chaudement
fur la partie malade, après l'avoir rafée , d'où on
l'arrachoit avant qu'il fût tout - à - fait froid : on
le faifoit chauffer de nouveau , & on l'appliquoit
encore; ce qu'on réiréroic jufqu'à ce que la partie
fut devenue bien rouge. On s'en fervoit aufli pouc
arracher, ou fliire tomber le poil.
Ce mot vient du Grec <^{swm» qui fignifie j Cueillir^
arracher,
DROSIN. f m. & nom propre d'homme. Foye\
Drausin.
DROSLEMENT.
DROSLERIE.
DROSLESSE.
Foyei
DROLE.
DRÔLEMENT.
DRÔLERIE.
DRÔLESSE.
DROSSART, ou DROSSAART. f. m. C'eft le nom
qu'on donne en Hollande aux chefs de la Juftice. Il
s'eft francifé par l'ufage. Il fut reçu à la portière du
caroffe par les Droffarcs de Twickel , Rhenen j &c.
WicQOEFORT. La charge de Drojfuan de la ville
&: pays de Vianen étant venue à vacjuer , il en a été
pourvu. Mad. du Noyer.
Drossart , fe dit aulll d'un Officier de l'Etat de Liège.
L'Evêque de Liège a confirmé un tel dans les fonc-
tions de la charge de Grand Drojjarc du quartier de
Montenarke. /
DROSSE, ou DROUSSE, TRASSE, ou TRISSE,
f. f. En termes de Marine , fe dit des cordes ou pa-
lans , qui fervent à approcher ou à reculer une pièce
de canon de fon fabord. Funes nauùci trahendo aut
retrahendo tormento bellico comparad. Leurs deux
bouts tiennent de deux côtés à deux boucles, ou
argans, qui ne lui lailfent la liberté de reculer que
jufqu'à demi-tillac. On l'appelle autrement bridoU.
Dro'Je , eft auftî une manœuvie qui ferre le raccage
de la vergue d'artimon , ou des autres vergues.
DPvOSSEN. Petite ville d'Allemagne, dans le Duché
de Sternberg , qui fait partie de la nouvelle Marche
de Brandebourg. Drojja, Drojjena^ Elle eft entre
Cuftrin & Sternberg J à trois lieues de l'une 6c de
l'autre. Maty.
DROSSEURS , ou TROUSSEURS. f. m. pi. Ce font
les noms qu'on donne à certains Ouvriers dans les
fabriques de draperie, dont -la feule occupation eft
d'engraiffer les laines avec de l'huile d'olive , ou de
navette , & de C4tder avec de grandes .cardes de fer
D RO DRU
pûféss fur un chevalet de bois, difpofc en talus, en
manière de pupitre.
DROT. Rivière de France dans le Périgord. Dirfus.
Cette rivière a fa lource près d'un village, qu'on
appelle pour cela Capdrot, CapucDirfi, c'eft-à-dire ,
2 <.te y origine , fource du Drot , dans le Dioccfe de
Périgueux ; puis j fortant de ce Diocèfe à Salvetat ,
elle va fe jeter dans la Garonne à Caudrot. Le
Drcc eft fort poiironneux.
DROTHEE. f. m. Nom d'homme, qui s'efl fait par
corruption de Droclovéc. Droàoveus. S. Drothée j
premier Abbé de Saint Germain-des-Prés , à Paris ,
rà^juit vers l'an 555. dans le Diocèfe d'Autun. 11
gouverna ce monailère depuis l'an 5 58. que S. Ger-
main j Evèque de Paris , le tira du monallère de S.
Symphorien , jufqu'en l'an 580. Voye-:^ Ufuard au
dixième de Mars, Bollandus. ibii, & le Père Mabil-
lon , Acla Sanct. Ben. T. I.
DOTTE. f. m. Nom dhomme. Voy. DROCTOVÉ.
DROLTILLE. Nom de lieu. Il y a DrouUle la blanche,
& Drouiile la noire. Ce font deux monaltères de
Religieufes de l'Ordre deGrandmont, fitués dans
le Diocèle de Limoges.
DROUILLES.f f. pi. Ce mot fe trouve dans quelques
Coutumes , & fignifie des étrennes , ou des prélens
qu'on donne au Juge , au-delà du prix d'une vente.
yoy. les Statuts de Brejfe.
DROUILLETTES. f. f. py' DRIVONETTES. Terme
de Pèche.
DROUINE. f f. Terme de Chaudronnier. Efpècede
havrefac que les Chaudronniers de campagne por-
tent derrière le dos , & dans lequel ils mettent tous
leurs outils. Mantica quain vajorum aneorutn jahrï
circumforanei geflant humeris.
DROtlINEUR. f. m. Terme de Chaudronnier. Les
Chaudronniers en boutique nomment ainfi par
dérilion ces Chaudronniers de campagne qui por-
tent la drouine , & qui vendent & raccommodent
divers ultenfiles de cuifine. Vajorum &neorumjaber
circumjoraneus.
DROUME. Foye^DaoME.
fO" DROUSSE. Terme de Marine. Voye\ Drosse.
DRU.
D
DRU , UE. adj. Terme de Fauconnerie , qui fe dit des
oifeaux qui font prêts à s'envoler du nid. PuUus
grandior cy volando habilis.
Ce mot vient par métathèfe de dur, parce que
les oifeaux deviennent plus durs quand ils croil-
fent. Cette tranfpofition de la lettre r eft fort or-
dinaire dans les Langues , comme en ces mots
à'éprevier , aulieu d'e/^ervier j de/'rajf/j au lieu de
parfit •^à.ejromage, au lieu At formage ; de cré-
nelé j au lieu de carnelé j de Hannovre j au heu de
Hannover , Sec.
Guichard croit que dru vient du mot Grec "h'^ ,
qui veut dire fort , robufie , puiffant j & qu'"''"?'?
vient de l'Hébreu ûi/tzrj qui fignifie fortifier, ^'c-
aiiifi dru , félon cet Auteur , vient de l'Hébreu
adar.
On le dit, figurément , de ce qui eft déjà grand ,
qui fe porte bien. Fegetus j grandis ,fanus j agilis.
Cet enfant eft bien c/'T/j bien grand pour fon âge.
Cette fille eUdrue , bonne à marier. En vieux Fran
çois il fignifioit gaillard.
Ce motfe dit encore en ce fens.
Les premiers Ecrivains François exprimoient par
ce mot , un ami , un compagnon. Lqs Auteurs qui
ont cent depuis, lui ont donné un fens figuré, pour
déhgner un homme propre au plaifir amoureux.
Dans le Pocme d'Alexandre, le mot t/ra exprime
toujours un compagnon de guerre. Glof. des Pocf.
du iioi de /Vjv.
Dru , mot fort ordinaire à Paris ^ pour dire , Brave ^
courageux , hardi , alerte j entreprenant. Dicl. com.
C'eft un dru , c'eft-à-dire ^ Un bon drôle , un gail-
lard , un éveillé. Terme populaire & bas.
^3" En termes de jardinage & d'agriculture, dru
fignifie J ferré J planté près-à-près , épais j touffu.
JJenfus. On le dit des arbres j des bleds , des îier-
bes , &c. Ces bleds iont drus. L'herbe eft fort drue
dans ce pré. Les aibres font bien i^//« dans cette
foret. Les blés font bien drus , font fort beaux. Là
fur l'herbe drue dan (oient au fon des joyeux Hageo-
lets. Rabelais. Il eft des graines qui ne veulent
point être feméestrop drues.
DRU. adv. Souvent, près à-près. Sapé ^ confertim ^
dense. Ils meurent bien dru dans cette ville , à caufe
de la pefte. Ces arbres font plantés trop dru , ils s'of-
fufqueront les uns les autres. La pluie tomboit dru
di. menu.
On dit proverbialement , en cette bataille les fol-
dats tomboient dru comme mouches.
On ditencore^/tf (J* /;z£«:^. Il l'a ha.::a dru & me-
nu • c'eft-à-dire , que les coups fe luivoient as
près.
.i4u plus dru. Expreffion adverbiale.
Z)e telles gens il eft beaucoup
Qui prendraient Vaugirardpaur Rome ^
Et qui caquetantaa plus dru.
Parlent de tout , & n'ont rien vu.
DRUD , Vieux mot François, qui étoit de grand ufage
chez les anciens Romanciers , & lignihoit jéal ^fi-
delle ,bonami. Fidus ^fidclis. Il vient de l'Allemand
dra-w , qui fignifie/ai. On a dit aulli druerie , pour
. fignifier amour ^fidélité. Amor y fides. Mais enfuite
ce mot a été pris odieufement , pour exprimer un
amour impudique \ '6c en Italien on appelle le ga-
lant d'une lemme J druda.
DRUE. f. f. Vieux mot. Amie , amante. Comme Aga-
memnon fit de Chryfeis fa mie & fa drue. Borel dit
que ce mot vient àsDraue, Se de Traw , qui figni-
fient/oi en Allemand , & que c'eft delà qu'eft venu
celui de Trêve.
Drue-Permein d'Angleterre. Efpèce de pommes»
Les Drues-permein d'Angleterre font de la couleur
des Jérufalem, mais plus plattes : elles ont plus de
douceur & de fucre. Les Anglais en font plus de
cas que de la plupart de nos pommes de France. La
Quint.
DRUERIE. f. f. Vieux mot. Amitié , gaianteiie.
!fr DRUGEON. f m. C'eft ainfi qu'on appelle le
bourgeon de l'année, qui eft tendre j qui pouffe
aux branches de la vigne, & cjui fait avorter le
rai fin.
DRUIDA. Bourg de l'Etat de l'Eglife fitué dans le Pé-
roufin, fur le bord oriental du Tibre , à deux lieues
de Péioufe. Duuta. Maty. Druida elt connue
par fa vailfelle de terre , couverte d'un vernis
qui la fait paroître dorée. Maty fait ce nom maf-
culin.
DRUÏDE. f. m. & f. Nom de peuple. Bruïia , Drui-
des , Durocaffis. Les Druides étoient autrefois un
peuple de la Gaule Celtique , qui faifoit partie des
Carnutes.Drocum, que nous nommons à préfent
Dreux , étoit leur Capitale.
DRUIDE, f m. Prêtre , Doéteur ^ Miniftre de la Re-
ligion chez les anciens Celtes , ou Gaulois , & chez
lel peuples de la Germanie & de l'Ifle de la grande
Bretagne. Druidéty Druides. On les choifilfoit dans
les plus nobles familles i & la noblelfe de leur ex-
traction J jointe à la dignité de leur charge , les
falloir regarder du peuple avec beaucoup de véné-
ration. On ne ccnnoit de leurs fcntimens particu-
liers que le dogme de la métempfycofe. Le Collège
des Druides avoit l'adminiftianon des chof^s fi-
crées. Ils étoient les Interprètes de la Religion , Se
les Juges de toutes les atfaires indifféremment. Qui-
conque refufoit de leur obéir étoit déclaré impie 6C
fcélérat.PASc. Le premier ordre parmi les Gaulois
étoit celui des Druides. Mais il y avoit différens or-
dres de Druides, qui fout les Vacerres , les Bar-
des , les Eubaqes , les Sémothées; quelques- uns di-
fentSemnothées , Si les Saronides. Les Vacerres
étoient les Prêtres \ les Batdes croient les Poctes -,
4^0.
DRU
ies Eubages étoient les Augures , & vaquoient à la
contemplation. Les Sémothées étoient appliqués au
fervice des Dieux; & peut-être que ce n'étoient que
les Vacerres , auxquels on a donné le nom Grec de
Sémotliées. Les Saronides étoient lq,s Ju:;es de la
nation, ôc les Inftrudteurs delà jeunclïè. Sttabon ,
Liv. IV. p. 197, & , après lui. Picard , dans fa Cel-
copédle ; ne renterincn: pas tous ces dirtétens Or-
dres fous les Druides , comme des elpèces lous leur
genre , ou des parties dans le tout ; mais ils les dif-
tinguent comme des conditions toutes diftérentes.
Strabon même n'en dillingueque trois ; les Bardes,
les Vares & les Drâdis. les Bardes font les Pocces j
les Vates , ivuTin , ce font apparemment ies Vacer-
res \ les Vates , dis-je , offroient les facrifices , &
vaquoient à la contemplation de la nature. Les Drui-
des , outre l'étude de la nature , s'occupoient auili
à celle de la morale.
Quelques «'auteurs dérivent Druides j & Dru de
l'Hébreu Cj'ïJm, derujjïm , drujjim , ou drljjim ,
qu'ils interprètent Contemplateurs ; •oy^ , derafch ,
ugnifie une penfée fubiime , fubrile , recherchée ,
myftique; & OTT , darafch , interpréter quelque
choie de la forte.
Diogène Laerce ditj dans fon Prologue , que les
Druides étoient chez les anciens Bretons , c'eft-â-
dire.chez les anciens iiabitans deTlHj de la Grande
Bretagne , ce que les Philofophes étoient chez les
Grecs , les Mages chez les Perles , les Gymnofo-
philtes chez les Indiens , & les Chaldéens chez les
AlTyiiens. Amniien Marcellin les appelle Eubages ,
Se Diodore de Sicile j L. VI. C. ^- &c C- 1 1- Saroni-
des. Diodore dit qu'ils étoient les Théologiens des
Gaulois. Les Druides étoient verfés en Aftrologie,en
Géographie, en Politique i ce qui les rendou les
arbitres de tout.
Tous les Druides avoient un Chef , qui avoit la
fuprême autorité fur eux tous , & auquel ils
croient fournis. C'étoit le fouverain Pontife de la
natian,dont l'autorité étoit abfolue.Après fa mort le
plusconfidérabled'entr'eux lui fuccédoit;& s'il y en
avoit plufieurs qui y prérendiifent, la chofe étoit re-
mife à l'éledlion, ou fe décidoit quelquefois par les
armes. Un de leurs principaux points- de Théologie
étoit l'immortalité de l'ame , qu'ils regardoient
comme une créance utile , & qui nous porre au mé
pris de la mort. César Com. Phérécydes, le princi-
pal des difciples de Pythagore , eft le premier qui
publia les argumens des Druides fur l'immortalité
de l'ame.
Les -Ori/ï/si étoient dans une eflime & dans une
vénération fingulière. Ils prélîdoient à tous les
facrifices, tant publics que particuliers, & avoient
foin de tout ce qui concernoit la Religion. La jeu-
netïe Gauloife accouroit à eux en rrès-grand nom
bre , pour fe faire inftruire. Ils n'enfei^noient cepen-
dant que les principaux & les plus diftingués de la
NoblelFe Gauloife , dit Mêla. Ils ne les enfeignoient
qu'en particulier, dans un antre , ou dans des fo
rets reculées , & les tcnoient au moins quelquefois
vingt ans fous leur difcipline , difent Céfar, L. VI.
&c Mtjla , L. m. C. 1. Ils leur faifoient apprendre un
grand nombre de vers.
Céfar nous apprend qu'ils jugeoient auifi tous les
différends 8c toutes les conte (la rions, ou publiques,
ou patticulières. Ils connoilToient des meurtres ,
des fucceffions; des bornes iS: des limites; ils dé-
cernoient les rccompenfes & les châtimens. Quand
on n'obéilToit pas à leurs décidons , ils excommu-
.nioient ,c'eft-à-dire , qu'ils retranchoient des alfem-
blées de Religion les rebelles, & leur interdifoient
tout facrifice. Cette peine palToit pour très griève ;
& ces excommuniés n'éroienr plus regardés que
comme- des impies &c des fcélérats : tout le monde
les évitoit ; on fuyoit leut rencontre ; & perfonne
Tie leur parloir , de crainte de fe fouiller pu leur
commerce , & de prendre la contagion. On ne
bur rendoir aucun devoir , ni même juftice , s'ils
avoient quelques procès , 5c qu'ils la demandâf-
DRU
fent. Strabon dit qu'ils avoient eu quelquefois le
crédit ôi l'autorité d arrêter des armées qui cou-
roient au combat , Se d accommoder leurs diffé-
rends. Outre les opinions dont nous avons parlé ,
il ajoute qu'ils croyoïent que le monde Icroit éter-
nel , auilibien que les âmes : que cependant
un jour viendioit que le feu & l'eau ptévau-
droienr.
Les i^fi'.^d'ejs'airernbloient tous les ans, à cer-
taine faifon, dans le pays des Carnutes , ou de
Chartres . qui ell à-peu-près au centre de la Fran-
ce ; ôc là , dans un heu conlacré , que l'on croit
être Dreux , ils tenoient leurs alhfes , & termi-
noient tous les différends des peuples qui y accoii-
roient de toutes parts. Les Druides étoient exempts
de fervir dans les armées , de payer aucun tribut ,
& de toutes lortes de charges. Ces privilèges leur
attiroient un grand nombre de jeunes gens , qui ve-
noient d'eux-mêmes fe donnera eux , ou que leurs
parens y poufloient. Céfar dit que ce font ceux qui
fe failoient ainfi Druides , qu'ils enfeignoient de
la manière que nous avons dit. Le premier & le
principal article de leur fcience étoit l'immortalité
Se la métempfycofe. Us leur apprenoient auffi le
mouvement des cieux & le cours des aftres, la gran-
deur du monde & de la terre , la nature des chofes,
la puilfance & la grandeur des Dieux. Ils confer-
voient la mémoire & les a.éiions des grands hom-
mes, dans des vers , qu''ns ne fouffroient point
qu'on écrivît , mais qu'ils faifoient feulement ap-
prendre par cœur à leurs difciples ; & ils avoient
julqu'à 14000 de ces fortes de vers. C'étoit peut-
être là la Morale que Picard dit aullîdans faC'e/ro-
topédie , L. II. qu'ils enfeignoient. Ils avoient le Gui
de chêne en fingulière vénération. Pline rapporte,
L. XV. C. 44. la manière dont ils le coupoient tous
les ans, Se nous en avons parlé au mot Au Gui,
L'an neuf. Us avoient encore beaucoup de con-
fiance dans des œufs de ferpens ramalfés d'une cer-
taine manière & en certaine Lune , ainfi que Pline
le décrit , L. XVI. C. 44. XXIV. C. z. L. XXIX.
C. 3. L. XXX. C. I. Ils cioyoient ces œufs des
remèdes efficaces pour gagner les procès , ou pour
s'attitet les bonnes grâces des Princes ; & Pline
croit que c'eft pour cela que, pour un figne de paix,
on avoit pris un caducée j ou bâton entouré de deux
ferpens entrelacés. Les Druides faifoient aufli les
Devins, les Prophètes , les Augures. Diodore de
Sicile, L. VI. le même Auteur, Pline, L. XXX.
C. 1.& Suétone, dans la vie de Claude, afiiuent
qu'ils immoloient des hommes. On dit que c'étoic
à Mercure qu'ils faifoient ces facrifices inhumains.
Diodore , L. VI. dit qu ils n'en ufoient ainfi que
lorfqu'ils confultoient de quelque affaire de la der-
nière conféquence , & pour juger de l'avenir , 8c
du parti qu'Us dévoient prendre , par la chûre de
cette miférable viâime j par le déchiremenr de
fes membres , & par la manière donr couloir foa
fang y Se il dit qu'une longue expérience leur avoit
appris par-là des chofes hitures. Augufte avoit con-
damne cette coutume barbare. Tibère la punit; mais
ce ne fut que Claude qui l'abolit , fi l'on en croie
Suétone. Ammien Marcellin , & Lampridius , en
parlent encore j & Aufone fait mention de quel-
ques perfonnes qui étoient de la race de Druides.
Lucain décrit la Théologie des Druides dans fon
premier Livre.
Le Druide en repos reprend fes exercices ,
Et r appareil fanglant de fes noirs facrifices.
Sur les efprits divers ces efprits curieux
Ont feuh droit de connottre ou d ignorer les Dieux i
Au milieu du fdence & des boisjalitaires,
La nature , enfecret , leur ouvre fes myfières.
Ils penfent que des corps les ombres divifées
Ne yontpas %' enfermer dans les champs EUfées^icc.
Br£B.
De
DRU
De fort corps languijjant une ame fé parie
En reprend un nouuveau dans une autre contrée ;
Elle change de vie au lieu de la lai(Jer ,
Ec ne finie /es jours que pour les commencer. \o.
Les Druïdes , au rapport de Diodore de Sicile ,
croyoient ii fort limmortalitc de l'ame , qu'ils prc-
toient volontiers de 1 argent en ce monde , à condi-
tion qu'on le rendroit en l'autie : ce qui a fait dite
à Valere Maxime , qu'il talloit qu'ils crulfent à la
inétemplycole. Merc. Décembre 1735.
Les principales démentes des Druides étoient
quelques villes Armoriques , le pays des Carnutes ,
ou de Chartres , celui des Héduens , ou l'Autu-
nois , & des Madubiens , c'eft-à-dire , l'Auxois. Il
y a dans ces endroits des lieux qui ont confervc juf-
qu'à préfent le nom des DriSles , témoin dans
l'Auxois le mont Dru , Mans Druïdarum.
Céiar , qui avoir vu des Druides dans l'Kle de la
Grande Bretagne , a cru que les DruHes avoienr
palFé de-là dans les Gaules \ mais il fe trompe , &
c'eit coût le contraire. Les habiles "ens conviennent
que les anciens Bretons etoienc ongmairei^ient
Gaulois ; que des Celtes , ou des Belges , nations
Gauloiles , avoienc p.ilFé les premiers dans cette
lile ,& l'avoienc peuplée. Avec eux palpèrent des
Driilies. Voilius , De Idolol. L. I. C. 34. s'elt
lailîé tromper à l'autorité de Céfar. Il cite encote
Tacite , Annal. L, XI F. mais il du feulement qu'il
y avoit des Druides dans cette Kle.
Picard, Celc.iped. L. H. p. 58. croit que les Drui-
des invtnz a.\nÇi a^^hXcs àe Druis, ou Dryus ', leur
Chef, quatrième ou cinquième Roi des Gaulois ,
& père de Saron, ou de Naumès. Pline, L. VI. C.
44. Saumaife dans fes Notes fur Lampridius . p.
•137. B. &c Vigenère , fol. 98. col. i. de fes Notes
fur Céfar j penfent que ce nom vient du Grec «^ç"?,
chêne , parce que les Druides habitoient , ou du
moins étoient fouvenc & enfeignoieat dans les fo-
rêts , ou bien àcaufe de la cérémonie du guy l'an
neuf, de parce qu'ils ne faifoient aucun iacrifice
% fans chcne_, comme ajoute Pline. Mais on a beau
dire, avec Céfar & Vigenère, que les Gaulois &les
Druides parloient Grec : on ne le perfuadera point;
& cette étymologie Grecque ne convient pas. Cette
raifon eft encore plus forte contre Célar j car fi les
Druides venoienc de l'Ifle de Bretagne , leur nom
ne peut être Gtec. Jamais Colonie Grecque ne mit
le pied dans cette Ifle. Audi Volhus j qui croit que
l'opinion de ceux qui tirent le nom de Druide du
Grec ^§5y , feioit alfez probable , fi les Dràiies
croient venus de Matfeille , ville Grecque , n'adop
te point cette étymologie , parce que les Druides
étoient inconnus aux Gtecs ,& qu'il croît avec les
anciens , dit-il , qu'ils avoient paifé de l'Ille Britan-
nique en Gaule. Ménage ctoit que ce mot vient de
drus., qui, envieux langage Britannique, figni-
fie Démon , Magicien. Borel le dérive de dry , mot
Saxon j qui lignifie aulli Magicien ; ou plutôt de
dru , vieux mot Breton , qui fignifie un chêne, doù,
à ce qu'il croit, le mot Grec ^pîf eft dérivé. Goropius
Becanus, L. I. croit que Druis eft un ancien mot
Celtique & Allemand \ & qu'il s'eft fait de Trowis ,
qui fignifie Un Docleur de la vérité & de la foi. Car
Wis , ou Wys , Ç\ c'ell un verbe , fignifie Montrer ,
en Latin oflendere; dans les Pays-Bas , on dit Wy-
fen en ce fens : fi c'ell un nom , il fignifie un fage j
iinfavant,nn homme intelligent. Pour Tru , ou
Trou , il fignifie foi : de-là vient que les anciens
Germains appeloient Dieu Drutin , ou Trutin^ c'eft-
à-dire, fidèle, de même que les Hébreux & les
anciens Patriarches donnoient à Dieu l'épithète de
înxj , qui lignifie la même chofe. Cette étvmo-
loge eft ingénieufe. Volfius la fuit, & la confirme
parlaTraduilion de l'Evangile faite par Othfridus,
où Dieu eft appelé Drutin , ou Trudin. Ainfi Dru-
tin , d'où fera venu Druide , Ç\<^v\\^e fidèle & divin,
deux noms, ajoute-t-il, fort convenables à desPrê-
Tome III.
D R. U 4S î
j très. Georges Homius , dans fon Hiftoire de la
J Philofophie , L. II. C. 12. croit que toute la fcience
& la Philofophie des Druides venoit des Mages
Afiyriens , que l'on appelle encore aujourd hui en
Allemagne Irutten, oa Irutoner , qui , de même
que le nom de Magus , ou Mage , a perdu fon an-
cienne lignification , qui étoic honorable & glo-
rieufe j & fignifie Magicien , Sorcier ; celui de
Druide , qui avoit le même fens , a dégénéré de
même, ôc nes'eftplus pris dans la fuite que pour un
homme qui a commerce avec le démon , adonné à
la Magie j 6c qu'encore aujourdhui en Frife , où il y
avoir autrefois des Druides , on appelle ces fortes
de gens Drus.
Outre les Auteurs que l'on a cités , ceux qui par-
lent des Z>m</£j, font Vinet, dans fes Noces fuc
les Profelfcurs d'Aufone ; Cluv. Gcrm. Ant. L. C.
50. Merula Cofmogr. Parc. II. L. III. Cm. Dio-
dore deSicile, L. VI. C. 9. & 12. Strabon , L. IV,
p. l'y-/. &: fuiv. Cœlius Rhodigin- L. XVIII. C. 21.
RouiUard , Hift. de Cnarc:es , L. I, n. ^.&fuiv.
Vigenère dans fes Noces fur Céfar j Picard , De
Prfca Ceitopsd. L. il. p. 58. & fuiv. Cambden,
Bntannid ^ p. 10. & fuiv. Cluvier , Germ. Ant,
L. 1. C. 23. & 24. Volfius , De Idolol. L. L
C 35.
Druide, f. f. Dnas j Dryis , Druias , Dryas. Il y
avoir aulli chez les Gaulois dei temmes que l'on
nommoic Druides j comme les hommes dont nous
venons de parler. Les Auteurs de l'hiftoire d'Au-
gufte , &j encre autres , Lampridius &c Vopifcus
en parlent. Une Z)r:/ii^, dit Lampridius, pag. 137.
C. avoir dit à Alexandte Sévère des paroles qui
marquoient qu'il ne feroit point heureux. Foye:(^
Tillemonr, T. III. p. 22^. Vopifcus rapporte dan»
la vie d'Aurélien , qu'il avoir confulté les Druides
Gauloifes , pour favoir fi l'Empire demeureroit
dans la maifon , & qu'elles lui répondirent que
le nom de nul autre ne feroit plus glorieux que
celui des defcendans de Claude. Sur quoi l'f lifto-
rien remarque que Conftancius, père de Conftan-
tin en étoir. Enfin, le même Vopifcus , dans la vie
deNumérien, dit qu'une Druiie prédira Dioclé-
tien qu'il feroit Empereur , quand il auroit tué
Aper , qui veut dire un ianglier , & qui eft le
nom d'un Préfet du Prétoire qu'il tua en effet de fa
main. Saumaife, dans fes Notes fut Lampridius,
femble douter qu'elles étoient ces femmes. Il s arrêce
cependanc au fencimenc quiparoîc le plus vrai , que
c'éroienc des femmes de Druïles , ou de la race des
Druides, Leur nom & leurs tonétions femblenc le
monrrer fuHiiamment ; car elles étoient devine-
relles & prophételfes , & on les confultoit comme
l'on faifoit les Prêttelles de Delphes , & les auttes
On dit qu'un Z^r/ji./e prédit la mort de l'Empeteur
Alexandre, lorfqu'il marchoit contre les Germains.
On prétend qu'une Druide l'ayant rencontré dans
fa marche , lui cria en Gaulois : Vas , mais ne t'at-
tends pas de vaincre , & ne te fie pas à tes foldats.
TiLLEMONT.
DRUIDE. Terme de Fleurifte. Tulipe , rouge terni ^
colombin obfcur & blanc. Morin.
DRUIDE, f. m. Homme qui a de l'expériente, &
qui eft verfé dans les affaires. Peritus y exercitus,
verfatus in aliqua re. C'eft un vieux Druide , il nous
pourra donner de bonnes inftruilions. Ce mot vient
de ce que les Druides étoient autrefois les Savans ,
les Prêcres &c les Sacrificateurs chez les Gaulois.
Ils étoienr aulTi les Piulofuphes, les Mathémati-
ciens, les Jurifconfultes , les Orateurs , les Af-
tiologues , les Médecins & les Théologiens du
pays.
DRUIDISME. f m. C'eft un de ces mots nouveaux
formés par analogie fur phifieurs autres- Celui-ci fi-
gnifie la doétrine & les fondions des Druides. Le
P. Dom Jacques Martin , en expliquant deux an-
ciennes figures, l'une d'un vieillard Hc l'autre d'un
jeune homme , dit que le jeune eft furement uiv
Gaulois qui embralfoit le Druidfme ^ &c que U té-
Ppp
'èz
DRU
cepùcr\ à^nslo DrLtJiJ'me confiftoit en ce qu'on a
depuis appelé Accolade. Il fe fert dans plulieurs au-
tres endroits de ce terme j ik. l'Abbé Deslontaines
s'en eft fervi après lui.
DRUÏbER. V. n. Parler comme un Druide, c'eft-à-di-
re f en homme capable &c expérimenté. C'eft bien
druifcr , dit Hylas eu fe moquant : mais , quant à
îiioi j je crois que tout ce que vous venez de dire
font des fables avec lefquelles les femmes endor-
ment les moins rufés... ^Jlrée , tom, t. p. 372.
DRUNGAIRE , ou DRUNCAIRE. f. m. Nom d'offi-
ce & de dignité dans l'Empire de Conftantinople.
Drungarius. Ce nom lignifie , Commandant j
Chef. Le Grand Drungairc étoit une charge confi-
détable. Il y en avoir deux ; celui qu'on appeloit
Drungarius BigLt \ 8c le Urungaire de la liocce. Le
premier étoit le Commandant des Veilles ou Gar-
des de la nuit. Il fervoit dans les armées de terre-
fous le Grand Domelfique. f^oyei jf. L. i. tit. de ojj-.
prsf. vigil. Ilell marqué dans la vie de fainte Théo
dore , impératrice , que le Drungairc des veilles
étoit Ion frère. BoUand. Acla Sanct. Feb. T. II. p.
555. Le Drungaire de la liocce écoit lous le Grand
Duc qui commandoit l'Amiral j le Protocomte , les
D rungaire s Si. \ts(Zomi&s. Meurlius remarque que
cerce charge palfa de la Hotce aux armées de terre,
.Sous le Grand Drungairc de la Botte il y en avoit
un autre qu'on appelloit fécond Drungaire , &
dont Anne Comnène parle , Alexia. L. XIIL p.
3(îcj. ^oye^ Godinus , De Officiis Conft. C. \6. n.
4. 5. (S. î 7. le P. Goar dans fes Notes fur cet Au
teur , Meurlius , Glojfar. Du Cange , Fabrot, Gloll.
de Cedrenus , & de (.^onftancin Manalfes.
DRUNGAHIEM, enne. f. m. &: f. Nom que l'on
donna aux Manichéens vers le XII^ fiècle. On du
zaffi Drucarien , 5c en retranchant le d Runcaricii
& Rungirien.Ce mot vient apparemment de Drun-
garius , qui dans le bas Empire répondoir à ce
que nous appelons Colonel du mot Afoyyoç j troupe
de foldats commandés par un Capitaine , Ré-
giment.
DRUNGE. f- m. Corps de troupes ainfi appelé dans
l'Empire Romain ; Partie d'une armée. Drungus.
Ce nom , comme il paroît par Végèce ^ L. III. C.
i(j. ne fe dit d'abord que des troupes étrangères &;
ennemies : enfuite j dans l'Empire d'Orient ou de
Conftantinople , on le dit des troupes mêmes de
l'Empire , & l'on fit le mot ApJvyo?. H revenoit à-
peu-près à ce que nous appelons Régiment j ou
Brigade , ou quelque corps lemblable. Leunclavius
dit que le Drunge n'étoit pas moins de 1000 hom-
mes, ni de plus de 4000.
Leunclavius dit queûçoyyaf, chez lesGtecs moder-
nes , lignifie le bâton qui elf la marque d'un olhce ,
ou d'une dignité , comme agla chez les Turcs , "&
que ce nom vient peut-être du Latin truncus , tronc ,
parce que ce bâton , ce fceptre, étoit un tronc , &
s'appeloit truncus : mais il paroît par Végèce que
drungus eft un mot barbare j & non Latin. Spel-
man croit qu'il eft Saxon , parce qu'encore à prélent
throng en Anglois fignifie , une grande multitude j
une grande troupe d'hommes aflemblés. Saumaife
croit que ce mot s'eft fait de <^p'V>;''f , qui lignKîe
bec , d'où le vulgaire en Grec a fait ^pojyyof, pour li-
gnifier un bataillon j un grand nombre de foldats
difpofés en bec , ou de forte qu'ils fe terminoient
en pointe \ Se que pour cette raifon on appeloit
^foâyyK j bpc , ainfi qu'on les a appelés tète de porc ,
comme le témoignent Végèce Se Ammien Marcel-
lin, f^oye:; cet Auteur fur Vopifcus, vie deProbus,
p. 43 5.& furSolin, p. 511. & 564. Lambecius eft
de même fentiment dans fon Glolfaire fur Codin.
Mais S. Nicephore, P. C. dans fon Hiftoire abré-
gée , iTTo^'tx a-uvrofioç , p. 2(j. difûit que ce nom venoit
des Romains.
DRUON, f m. &: nom d'homme, /'oye- Dreux.
DRUS , UE. f m. & f. Vieux mot François , qui fe
trouve une infinité de fois dans les anciens Romans^
Se fignifie un galand , un ami fidèle. Fidus cornes _,
D RU
anùcus. Mes drus Se mes amis. Comme Agamemnon
fit de Chryieis fa mie Se ta drue , dit un vieux Au-
teur j pour dire , fon amante.
Ce mot vient de l'Allemand aew ; d'où les Au-
teurs de la balle Latinité ont frit drudes Se drudi^
fignifiant la même chofe. Les Italiens difent aufli
drudo. Icquez croit que drus Se drudus en Latin
pourroient bien venir des langues du nord: truad ,
dans la langue des Cimbres treovvad Se truad , dans
la langue des Francs j lignifient J.dèle. Voyez
Drud.
DRUS , ou DR USE , DRUSSE ^ DRUSIS , & DRU-
SIEN , £NNE. f. m. Se f. Nom de peuple. Drujus ,
ou Drufius. C'eft une nation de Syrie , ennemie des
Turcs j des Arabes j & de tous les Mahométans.
Ces Drufis fe difent Chrétiens , quoiqu ils n'obfer-
venc point la Religion Chrétienne, Se qu'ils ne
foient point bapiilés. Il eft vrai cependant qu'ils
reconnoilient Jesus-Christ pour le vrai Mellie &:
le Rédempteur du monde \ qu'il s'eft fait homme
Se qu'il elt né de Marie fans blelTer fa virginité ;
qu'il a été crucifié par la haine des Juifs. Ils croient
un Jugement, un Paradis , un enfer, & que tous
les Turcs & les Juifs font damnés. Ils fe difent if-
fus des Chrétiens Latins , qui le retirèrent dans les
délerts au-delà du Jourdain , lorfque les Sarrafins
fe rendirent maîtres de la Terre- Sainte. Ils y de-
meurèrent long temps fans Prêtres pour les mainte-
nir dans la Religion j &: aujourd'hui les leules mar-
ques qu'ils aient du Chriltianilme font les points
de leur créance que nous avons rapportés j Se les
injures qu'ils vomillenc contre Mahomet Se les fec-
tateurs, quand on leur dit qu'eux Druj.s ne font
pas Chrétiens. Quelques-uns néanmoins le font
circoncire. Ils n'ont ni temples pour prier, ni Ec-
cléliaftiques pour les inltruire , ni fêtes, ni céré-
monies. Ils difent feulement de temps en temps
quelques prières en deux mots ; Dieu eft grand ,
Dieu fou loué , Dieu me préferve. ils ont une
extrême horreur de l'ulure. Ils font fort humains, Sc
beaucoup moins vicieux que les Maures. Us habi-
tent une contrée appelée Drus , où ils lont environ
fix mille hommes capables de porter les armes. Ils 9
ont entre eux une parfaite union , qui les foutient
malgré leurs ennemis. Ils font braves , Se bons
guerriers , habiles aux exercices de la guerre , aux-
quels ils forment leur jeunelfe avec beaucoup de
foin. Leui langue eft l'Arabe : ils font habillés com-
me les Maures , excepté que la plupart portent des
turbans de foie noire , ou rouge. Quoiqu'ils ne
foient pas Chrériens, ils paient le même tribut que
les Chrétiens. Ce font eux qui cultivent la plupart
des vi'jjies qui porrent ces gros railins de Damas j
où ils les vonr vendre aux François & aux Vénitiens.
Les Drufis ont eu leur Emir, ou Prince parti-
culier , qu'on difoit être fils d'un certain Mahan ,
Se qui prétendoit être iiTu de Godefroi de
Bouillon.
On leur a donné le nom de Drus , ou Drufis ,
parce qu'ils occupent une contrée appelée par les
Arabes B/aideDrufi. Voyez \e P. Roger , dans ia.
Terre fainte , p. 335. Se fuiv. Coppin , Voyage
ae Phenicie , C. 14. Se d'Herbelot , au mot
DRUSELLE. f f. Efpèce de Pêches. Les Drufielles Se
les Pêches cerifes mûriHent vers ia fin du mois
d'Août.
La Quint. Ce n'eft pas une bonne pêche. Elle a
la chair grollière. Id.
DRUSENHEIM. Ville de France dans la balTe Alface,
fur le Moter , fort près du Rhin , à quatre lieues
au-deftous de Strasbourg. Drufenheimum.
DRUSIBABA. Ville autrefois de Thrace .maintenant
de la V^om:in\e. Druficpara. Elle eft entre SelivréeiSc
Andrinoplc , & avoir autrefois un Evêché.
DRUSIEN, ENNE. Foye^ Drus, ou Druse.
DRUSILLIANA. Ville Epifcopale d'Afrique , dans la
Numidie.
DRUSSE. î'oyei Drus.
DRY
DRY.
DRYADE, f. f. Terme de Mythologie. Nymphe des
bjis. Les Dryades écoient des Divinités imaginai-
res des Payens, qui prclldoient aux forêts & aux
arbres en général. Car quoique ^pW fignifie pro-
prement un chêne , on le prend aulli pour un arbre
en général. Elles croient errantes dans les torêts Hc
dans les bois qu'elles avoient fous leur protedion :
c'eft en cela qu'elles ditïéroient des Hamadryades ,
que l'on fuppofoit attachées à chaque arbre en par-
ticulier j fous i'écorce duquel elles étoienr cachées ,
& avec lequel elles nailfoient & mouroient. De-là
ce refpeét que les peuples avoient pour les arbres ,
qu'ils n'ofoient couper qu'après que les -Minières
de la Religion avoient déclaré que les Nymphes qui
y préfidoient s'en étoient retirées. Les Poètes enfer-
ment auùi.les Dryades dans les arbres , quand il
leur plaît.
Les Dryades enfermées
Dj.is les Pins & Us Ormeaux j
Soujfrenc que des mains armées
Leur arrachent des rameaux.
Nûuv. CHOIX DE Vers..
Dryade, fe dir, pûëtiquemenc,pour les arbres mêmes
dans leiquL'ls oa les croyoit enfermées , & auxquels
elles prclldoient.
Mais, fi voulant rêver à V ombre & loin du bruit ,
J'aime mieux ces bofquets , ces longues palijjades ,
Ou les bras étendus des plus vertes Dryades
Me fauventde l'arieur du lion dangereux ;
Ou trouver cher G** d'afyle plus heureux ?
N. CH. DE Vers.
Quelques Auteurs difent auHî que, chez les Gau-
lois , il y avait des Devinerelîes ou ProphételTes j
qui s'appeloient Z)rj jiei-j donc on trouve plufieurs
prédidions qu'elles ont faites à des Empereurs Ro-
mains. Ces Prophéceires étoienc des femmes des
Druides , qui habitoienc les bois j & fe mêloient
de prédire l'avenir.
DRï'AS. f. f. Nymphe, fille de Faune, Dryas. Cette
Nymphe étoit fi chiile , que, pour éviter jufqu'à la
vue des hommes , elle ne parue jamais en public ;
ce qui ht, dit Plucarque y que l'on régla que nul
homme , nul garçon, n'allifteroic jamais aux facri-
fices qu'on lai oflroit.
DRYITÈ. f t. Pierre figurée qui imite les feuilles du
chêne, ou plutôt bois de chêne pétrifié. Dryites.
DRYLLE. f. m. Chêne femelle. Quelques - uns ne
prennent ce mot que pour le gland de cet arbre.
DRYNUS. f. m. Ert une efpècede ferpent qui fe nour-
rit dans les montagnes j & qui fe tient caché dans le
creux d'un hêtre , ou d'un chêne : ce qui l'a fait ap-
peler ainfi par les Grecs. Il efl: long de deux coudées,
& eft gras Se armé d'écaillés fort dures par tout le
corps. Il rend une telle puanteur , qu'encore qu'on
ne le voie pas , on le fent. Quelques-uns l'appel-
lent hydrus &C chedrus.
DRYOPE. f. m. & f. Nom de peuple. Dryops. Il y
avoir des £>ryopej dans l'Epire , félon Strabon , L.
VIII. & L. XV. Setvius en met d'autres proche du
Parnaffe, & le Géographe Etienne, proche du mont
(Eta. Ils avoient pris leur nom àz Dry ope fille d'Eu-
ripile.
DRIOPE. f. f. Nom de femme. Driope. Elle écoit fille
d'Euriciis , Roi d'CEchalie , ville de la Melfenie ,
Province de Péloponèfe. Driope étoit fœur d'Iole ,
& femme d'Andrarmon : elle fut changée en lotos
pour avoir rompu une branche de lotos, & l'avoir
donnée à fon enfant Amphife pour fe divertir. Ovid.
Metam. L. LX. fab. ri II.
Dryope ed encore la fimme la plus diftinguée de
Lemnos, dont Vénus prit h figure , pour pariétaux
femmes de cette Ifle. Fdcr. Flauus Argon j L. II.
DRY DU . DU A 48;
V. 174. Le dernier Editeur du Moréri nous donne
encore une Dryope Nymphe d'Arcadie , qu'il fait
mère de Pan , qu'elle eut , dit-il , de Mercure \ ci-
tant fur cela Homère. Mais , par malheur , cette
prétendue Nymphe d'Arcadie étoit un homme
nommé Dryops , & non pas Dryope \ & c'ell de la
femme de ce Dryops qu'Homère dit que Mercure
eut le Dieu Pan. Car, dans l'hymne à llionneur de
Pan , Homère conte que Mercure , tout Dieu qu'il
étoit , alla garder les brebis en Arcadie , poulfé par
l'amour qu'il avoit pour la temme de Dryops , dont
il eut enfin un fils , que les Dieux , & fiir-tout Bac-
chus, nommèrent Pan.
TaXt yaf Ttcto! ûypsf iffiAS-air
HafiÇiti luTT^^iKiCfia ù^ltiiios ip^AcrijTi ^(y£,
Nv'«(pi) fignifie femme. Callimaque, dans l'hym-
ne iur Délos , appelle Junon Nî-/^if« Auv . De même
Homère dit femme de Dryops , & non pas Nymphe
Dryope. Ce Dryops étoit un chef des Arcadicns ,
dont parle Strabon , L. VIII. p. 37^.
DRYOPETIS. Efpèce de petite grenouille verte
qu'on ttouve dans les broulIaiUes : elle a les mê-
mes propriétés que les autres grenouilles. Dicl. de
James.
RYOPTERIS. f f. Sorte de fougère appelée ainfi
par les Grecs , à caufe de la figure de fes feuilles, 6i
du lieu où elle croît; en Latin y^'/zA." querna , &c eu
François fougère de chêne. Selon Diofcoride 3 elle
eft femblable à la fougère, avec cette diilérence,que
les découpures de les feuilles font plus menues. Ses
racines font entrelacées enlemble j velues , d'un
goût âpre , avec un peu de douceur. La dryopteris
croît fur la mouire des vieux chênes. Matthiole dit
qu'elle vient dans des lieux humides , parmi les
builfons, auprès des pieds des chênes , & qu'il en
a auffi trouvé ailleurs , qui n'étoit point attachée à
ces arbres. Il y a des Botanifles qui donnent ce nom
à d'autres plantes. La fougère de chêne broyée
avec fa racine , &c appliquée fur une partie , en
fait tomber le poil : c'eft le polypode de chê-
ne. Foye\ Fougère.
D U.
DU. Article qui fe met ordinairement devant le fîn-
gulier des noms mafculins qui commencent par
une confonne. Il eft: tantôt la marque du nomina-
tif , comme , c'eft: du pain , c'eft du vin : tantôt la
marque du génitif; commejles ncheires du Pérou, la
Loi de Dieu doit être l'étude du fage :tantôt la mar-
que de l'accufatif , comme , donnez- moi du pain ,
donnez-moi du vin : & tantôt la matque de l'abla-
tif , comme, les gens de bien font aimés du Sei-
gneur; ilfe vit d'abord délivré du péril où fon im-
prudence l'avoir jeté.
Du, eftaulFi quelquefois une prépofition qui marque
le lieu ; A , ab. Comme, il vient du Pérou: il fut
pris à la fortie du Royaume ; on le tua comme il for-
toit du bois.
Du, eft encore une Prépofition qui défigne quelque-
fois le temps ; comme , du temps d'Alexandre le
Grand , du vivant du Cardinal de Richelieu , les
gens de lettres étoient heureux. Alexandri Magni y
Cardinalis Bichelii tempore. Rome fut gouvernée du
commencement pat des Rois. Ablanc.
DÛ, UE. part, ou DU. fubft. Foy. Devoir,
D U A.
UCr DUALISME , ou DITHÉISME f. m. Opinion de
cettains Philofophes qui adoptent deux principes ,
deux êtres indépendans l'un de l'autre j l'un bon ,
l'autre mauvais , le premier principe du bien, l'au-
tre principe du mal. Foye-[ Manès & Mani-
chéisme.
DU ARE. Place de Dalmatie. Duara. EUe^ eft près du
bord oriental de la rivière de Cetrina , à trois liewes
Pppij
DU A DU B
de la ville d'Almiffa. Duare efl: petice , mais aflez'
forte. Elle fuc prifepar les Vénitiens en 1645. Peu
de temps après j les Turcs la reprirent. Le Général
Fofcarini l'ayant prife de nouveau lur les Ottomans
en i6^i. les Vénitiens la ruinèrent. Les Turcs la ré-
patèrent enfuite, pour arrêter les courles des Mot-
laques de la Craacie. Ceux-ci la prirent pat efcala-
de, l'an 1(584. &: depuis ce tems-là les Vénitiens y
ont toujours eu garnifon.
DUASSENEMSAL. Siège Epifcopal eu Afrique, dans
la Province Proconfulaire.
D U B.
DUB. f. m. Efpèce de lézard qui fe trouve en Afrique ,
dans les délerts de la Lybie. Le Dub relïemble à la
Tarentule ^ mais il eft un peu plus gros , & a un
pied & demi de longueur, & de largeur quatre
doigts. Il ne boit jama\s d'eau .• onditmême qu'une
goutte feroit capable de le faire mourir. Il fut des
œufs comme la tortue , & eft fans venin. Les Ara-
bes le mangent rôti , Se fa chair a le goîit de la gre-
nouille. Il n'eft point venimeux.
CUBELDAM. Territoire de la Province d'Hollande ,
dans le voifinage de Dordrechr.
DUBELTIES. f. f. pi. Monnoie d'argent qui a cours
en Hollande. Elle vaut deux fous d'Hollande , en-
viron quatre , argent de Brance.
DUBEN. /^e^DiEBEN.
DUBITATION. f, f. Figure de Rhétorique , par^ la-
quelle un Orateur fait femblant de douter d'une
propofition qu'il veut prouver , afin de préve-
nir les objedtions 'qu'on peut lui faire. Dubi-
tat'io.
DUBITATIVE, adj. f. Le mafculin dubitatif n'ell:
point en ufage : le féminin eft un terme de Gram-
maire. Conjonction dubitative eft celle qui marque
fufpenfion & doute dans ledifcours. Si 3 en tant que
conjondion dubitative, répond auxconjondiions La-
tines an ôc utràm. L'Ab. RÉgn. Si , /avoir fi , àfa-
voirfi j quoi qu'il en /oit , font des conjonftions du-
bitatives.
DUBLIN. Ville Capitale d'Irlande. Dublinum , Ehla-
na. Elle eft dans la Lagenie , à l'embouchure du
Leiffer, dans la mer d'Irlande, c'eft-à-dire , pref-
que au milieu de la côte orientale de cette Ifle , &
félon les Cartes de Speed, un peu au-deifus du 54^
dègté de latitude ^ & à-peu-près au 11^ de longi-
tude, & , félon M. de L'Ifle , au 55° degré 1 8 mi-
nutes environ de latitude , & au 1 1'' degré environ
20 minutes de longitude. Cette Ville eft grande j
bien bâtie^ fort peuplée & fort marchande. Il y a
un bon port & un bon château , Archevêché &
Univerfité. Le Viceroi d'Irlande , &: prefque toute
la Nobleiïe du pays y font leur réfidence , & l'on y
tient le Parlement du Royaume. L'Univerfité de
Dublin a été fondée en 1 3 20. par Alexandre de Bik-
nore , qui étoit Archevêque de cette ville. Cette
Univerfité a droit de députer au Parlement. L'E-
glife Métropolitaine de Dublin eft dédiée à S. Pa-
trice. C'eft le Pape Eugène III. qui érigea Dublin en
Archevêché , l'an 1 1 5 1. lui donnant pour fuffragans
les Evêqu2s de Kildare jde Fernès &c d'OlTery. Cette
ville donne fon nom à un Comté.
Le Comté de Dublin , Dublinienfis Comitatus , eft
une contrée d'Irlande, qui fait'partie de la Lagenie,
Province de ce Royaume. Ce Comté eft borné au
midi pat celui de Wicklo , ou Wicklou ; au cou-
chant par ceux de Kildare iid'Eaftmeath j au nord
encore par Eaftmeath , & au Levant par la met
d'Irlande : il a a environ dix lieues de côtes , ^c tout
au plus cinq de largeur. Outre Dublin , il contient
les bourgs de Neucaftle , & de Swords , qui ont
droit de députer au Parlement. Les peuples de
cette contrée s'appeloient autrefois Eblaniens.
Ehl.inïu
DUBNO. Petite ville de Pologne. Dw^n^î. Elle eft dans
le Palatinat de Chelm , qui eft dans la Ruflie rouge,
à onze lieues de Chelm.
DUB DUC
DU UÙU. Ville du Royaume de Fez en Afrique. Du-
hudum. M. Corneille l'appelle ZJi^^aaftfj ou JJabudw.
mais Marmol dit toujours Dubuàu. C'eft une glan-
de ville de la Province de Cuz , fîtuée fut la pente
d'une haute montagne , à vingt lieues de Méliie du
côté du midi. Elle a été bâtie pat un Seigneur desBé-
nimérinisj depuis qu'il règne dans la Maurita-
nie Tingitane. Il y a fur le haut plufieurs fontaines,
qui delcendent dans la ville , quiparoît de loin être
au pied de la montagne , quoiqu'il y ait plus d'une
lieue & demie de ce côté-là , & qu'on y monte en
tournoyant, comme par un chemin rude &: difli-
cile. Toute la campagne eft ftérile , h ce n'eft le bord
d'une rivière, où il y a quelques] jardins & quelques
vergers. Les habitans ont leurs héritages' fur le
haut ; mais ils n'y recueillent pas du blé pour qua-
tre mois de l'année, i^^^^^o'^, dans fon origine, étoit
une forterelfe des Bénimérinis, qu'ils bâtirent pour
reirerrer leur blé. Quand les Bénimérinis furent
dépoféspar les Vatazes j les Arabes de la contrée
voulurent ruiner cette ville, & en chalfer les habi-
tans ; mais Us fe défendirent courageufement par
la valeur de leur chef, Muca ben-Camu , qui
traita depuis avec eux , & demeura Seigneur de
Dubudu. Mahomet fon petit-fils l'embellit beau-
coup , &c y établit un grand commerce , fe mon-
trant tort doux & favorable aux étrangers ;
& on le nomma Roi de Dubudu, Il voulut fe rendre
maître de Tuzur , comme il avoir fait , dès le vi-
vant de fon père , de plulieurs villes fur la ce te du
mont Atlas qui regarde la Numidie. Mais le pre-
mier Roi des Béni Oatazes , qui régnoit alors , en
ayant eu avis , l'affiégea dans Dubudu ^ & , malgté
fes ftratagêmes & fa valeur , l'obligea de fe rendre.
Le vainqueur le traita bien , lui confirma fon Etat, ^
pour lui & pour fes defcendansj &: dès-lors (1490)
les Seigneurs de Dubudu prirent le titre de Rois j
quoique, depuis l'établiirement des Chéiifs , ils de-
vinlFent comme leurs valfaux. Enfin Muley Hamar,
Seigneur de Dubudu _, étant mort à Fez en 1 5(^3 , le
Chérif qui gouvernoit alors s'empara de fon
Etat , & y mit un Gouverneuravec des troupes ,
pour le défendre contre les Turcs. Marmol. Tome
ILL,tF,C. 110.
DUC.
DUC. f. m. Dans l'Hiftoire moderne. Prince Souve-
rain qui n'a pas la qualité de Roi. Dux. Le Duc de
Savoye. Il y a deux Souverains à qui l'on donne la
qualité de Grand Duc : le Grand Duc de Tofcane,
& le Grand Duc de Mofcovie.
Ce mot vient des Grecs modetnes , qui ont ap-
pelé ducds , ce que les Latins appeloient dux.
Duc , eft audl un Seigneur revêtu d'une dignité qui
eft la première parmi la Noblefte ^e France , ou un
Prince qui a un titre érigé fous le titre de Duché.
Les Ducs & Pairs de France ont les honneurs du
Louvre , y entrent en carolfe , & ont féance au
Parlement. Dans les anciens Titres on trouve que
les Ducs ôc les Comtes ont été appelés Jbbe's , &
les Duchés & Comtés Abbayes. Il y a trois anciens
Ducs &c Pairs Eccléfiaftiques , qui ont le premier
rang , c'eft-à-dire , l'Archevêqiie Duc de Rheims j
l'Evêque Duc de Laon, ^l'Evêque Duc de Langres.
Le rang des autres Ducs &c Pairs fe règle d'ordinaire
par la date de la vérification de l'éredion en Duché-
Pairie. L^ Z?Kcd'Ufez érigé en 1572. eft le premier.
L'Archevêque de Paris eft Duc. S. Cloud fut érigé
en I ^90. pour être titre de fa Duché-Pairie. Com-
me il y a trois anciens Ducs & Pairs Eccléfiaftiques,
il y avoit trois anciens Ducs & Pairs Laïcs j qui
étoient le75«c-(!e Bourgogne, \e Duc de Norman-
die , & le Z>«c de Guyenne 5 mais, ces Duchés étant
réunis depuis long-temps à la Couronne , ces Ducs
& Pairs ne fubfiflientplus 5 d'où vient que, dans les
cérémonies , comme au Sacre du Roi , le Roi nom-
me des Princes ou des Seigneurs pour les repréfen-
ter , & faire leurs fondions. Il y a des Ducs qui ne
DUC
font point Pairs , ou donc les letrres ne font pas vé-
ni'iizs au i^arlement de Paris comme Pairj. Il y a en-
fin des Ducs à (impie brevet , ou donc les lettres
r. ont pas été vétitîées ni comme Pairs j ni comme
i/xrs. Les Grands font accoutumes dès leur en-
fance à fe regarder comme une efpèce féparée des
fiUtres- hommes : ils font toujours Comtes , ou
'.'.'CJ- à leurs yeux , & jamais fimplement hommes.
PortR.
Le Duc n'étojt anciennement qu'un Gouverneur,
ou Vice-Empereur , comme on apprend dans Vo-
pifcus. Le premier Gouverneur j en qualité de
Àjuc , c'a un Duc de la Marche-Rhétique , ou des
Criions , dont il eft fait mention dans Calliodore.
Ou temps des Romains , les XJ-^^w avoient le Gou-
vernement des Provinces : mais ce ne fut que bien
avant fous les Empereurs. Ils avoient aulîi le com -
inandcmenr des troupes , & l'adminitlration de la
Juftice & des Finances. Les François , quand ils
s emparèrent des Gaules , conférvèrent les noms &
la lOrme de ce gouvernement , comme on l'a du.
Sous la féconde race, on ne trouve gUcre de Ducs.
Tous les Grands Seigneurs s'appeloient Comtes ,
Pairs , ou Barons. Il y avoir pourtant un Duc de
Bourgogne , un Duc d'Aquitaine. Hugues Capet
étoit lui-m'hne Duc de France : qualité qui répon
doit à celle de Maire du Palais , ou de Lieutenant
Générai du Roi. On a aulli donné autrefois le titre
de Duc de France , ou de Comte au Gouverneur de
i'L'îe de France. Par la foiblelfe des Rois j les Ducs
fe rendirent Souverains des Provinces dont on leur
avoit conîîé le gouvernement. Ce changement ar
riva principalement du temps d'Hugues Capet. Les
Grands Seigneurs démembrèrent le Royaume , &
Hugues Capit trouva en eux plutôt des concurrens
que des fujets. Ils eurent même bien de la peine à
le reconnoîtrepour fupirieur, &: à relever de iui
par foi 6c hommage. Peu-à-peu j foit par la force,
foit par des alliances, ces Provinces, ou Duchés
& Comtés, qui s'étoient détachés de la Couronne ,
y ont été téunis. Mais on ne donna plus le titre de
Ducs aux Gouverneurs de Province. C'ell préfente-
ment un fimple nom de dignité attache à une Sei-
gneurie , que les Rois ont érigea en Duché. Ainli
la prééminence de cette qualité ne confifte que dans
le nom , & le premier rang qu'elle donne , lans au-
cune prérogative, ni autorité. Par-là ils font bien
déchus de leur ancienne fplendeur. Seulement pour
conferver une image de cette grandeur , il y a trois
Ducs de Province , reprélentés par de Grands Sei
gneuis , qui tout au facre & au couronnement des
Rois , la ioncVion des Ducs de Bourgogne , de Nor-
mandie & d'Aquitaine, comme anciens Ducs &:
Pairs du Royaume- Pasq. Dans les éreétions qui fe
font de Duchés, le Roi fe réferve le reffort & la fou
veraineré ; &, pour la réverfion à la Couronne , on
ne s'avifoit pas de la ftipuler , comme les appanages
qui fe donnent aux enfans de France, parce que le
Roi ne donnoit rien de fon domaine , & que le Du-
ché étoit le patrimoine de celui qu'on honoroit du
titre de Du:. Mais Charles iX. pour prévenir les
fréquentes érections , ordonna en i ^66. que les Du-
chés feraient défortnais réverfibles à la Couronne.
Cela ne fe pratique plus. Les Ducs n'ont retenu de
leur ancienne puilfance , que la couronne fur leur
écuiTôn : c'cft la feule marque de leur fouverainetc
palTée.^oyeif Cluvier fur l'Origine des Ducs. Germ.
anciq. L\ I. C. ^V-,
Le Grand Duc tout court , c'eft le Duc de Tofca-
ne. On dit aulfi , le Grand Duc de Tofcane. Les
Turcs même l'ippellenc fimplement Le Duc, Dou-
cah. J^o\. d'Herbeloc à ce mot.
Duc en Angleterre. Pair du Royaume. Dignité pcr-
fonnelle. On n'y a annexé ni domaine , ni territoi-
re, ni jurifdiction. Le noip que l'on y attache cil
arbitraire, &c dépendant du Roi lorfqu'il confère li
qualité de Duc. Elle eft héréditaire , & palfe au:c
enfans fucceflivement.
Duc des Limites d'une province. Nom d'un Officier
DUC 48;
de l'Empire Gçéc. Dux limuum Provirxi/t. C'étoit
onginauemenc un Olîicier qui commandoit fur les
confins d'une Province , & la défendoit des incut-
fions de fes voifins. f^oye^ Fleury , Hiji. Ec. L, XL
n. 3(1.
DUC - DUC , f m. Qualité que l'on a donnée en Ef-
pagne à un Seigneur de la maifon de Sylva , parce-
qu'il y avoir plulieurs Duchés de deux Maifonscon-
fidérables qu'il réunillpit en la perfonne. Dux àC'-
rhm. Le Grand- Maître de la Reine Régente d'Efpa-
gne d'aujourd'hui, qu'on appelle le Duc- Duc ^
parce que les Duchés de Paftrane & de l'Infantado ,
ont été unis en fa perfonne. P. Verj. Dom Rodri-
gue de Sylva , fils aîné de Dom Ruy Gomez de Syl-
va ^ & héritier de fes Duchés & de fes Principautés ,
cpoufa la fille aînée du Duc de l'Infantado , & c'eft
en vertu de ce mariage y que le Duc de Paftrane
d'aujourd'hui , qui en eft venu , & qui elt petit fils
de Dom Rodrigue de Sylva , a recueilli la grande
fucceflîon de cette maifon h illuftre en Efpagne , &:
a ajouté à fes autres titres celui de Duc- Duc, pour
fe diftinguer des autres Ducs j dont quelques-uns
ont, comme lui , plufieurs Duchés , donc aucun
n'en a de fi confidérables , ni qui foienc le ticie de
deux aufîi grandes Maifons.
On dit,d'un homme qui prend la qualité de Duc y
qui ell pauvre , ou qui n'en a que le titre , que c'eft
un Duc à corneilles.
Les Fleuriftes donnent à différentes fleurs ^ des
noms de Ducs.
Duc d'Anjou, eft un œillet rouge- clair, furun blanc
allez fin : fa fleur eft médiocrement large y mais fort
ronde , & bien garnie de feuilles ; fes panaches bien
tranchés. Il graine , mais fa plante eft fujette au
blanc J & difficile à conferver.
Duc DE Caxdale , c'eft un œillet violet.
Duc de Duras. (Eillet. C'eft un très beau violet &:
blanc : fa fleur eft grolfe _, régulièremenr tracée de
gros panaches , qui font bien détachés. Sa plante
eft allez délicate , mais fon vert eft beau. Le puce-
ron l'attaque , &: le blanc facilement , il le faut pré-
ferver des méchantes pluies, fur-tout fi l'on veut
qu'il graine. Morin.
Duc de Longuevïlle. (Eillet pourpre, tellement fon-
cé qu'il paroîc noir. Son blanc paroît d'abord carné j
mais,dans la fuite de fa fleur, il devient blanc de lait,
qui rehaulfe encore la bautédece pourpre: fespana^
ches font gros ,& fa fleur très-laige. Sa plante eft
délicate , & fon vert pale. Ses marcottes prennent
difficilement racine \ elles fmt fujettes aux taies
qui viennent fur les fanes. Elle eft tort hâtive , &
n'eft pas fujete à crever. Morin.
Duc de Milan. (Eillet violet-brun, ou pourpre-clair,
fur un beau blanc ; fa fleur eft large & ronde j gar-
nie de feuilles ; fes panaches gros ^ fa plante médio-
crement forte. Il ne crève point. Morin.
Duc d'York. Nom d'un œillet. C'eft un beau rouge
fur un fin blanc : bien détaché , fes panaches petits,
aulfi-bien que fa fleur ; mais elle eft fine, & porte
graine.
Duc de Florence. (Eillet incarnat-clair j fur un fin
blanc \ mais fes panaches font confus. Sa plante eft
allez robufte , mais tadive à porter fleur. Il ne caf-
fe pas fi on lui lail^e q latre à cinq boutons.
Duc de Guise. (Eillet. C'eft un beau pourpre fur un
fin blanc : fa fleur eft large j fes panaches détachés,
facile à porter gr.-ine. Morin.
Duc , eftaufli un o.feau noéturne , & une efpèce de
hibou, ayant fur la tête deux petites cornes faites
de plumes. Buho. Il y a plufieurs efpèces de Ducs.
Le grand, dont il y a trois efpèces ; le moyen dont
il y a deux efpèces , & le petit Duc j que les Gaf-
cons appellent Ducquet,
Le grand Duc , autrement hibou , eft le plus grand
de tous les oifeaux noéturnes. Il chalfe adroite-
ment , & avec avidité. Il y en a trois efpèces qui
font de même taille , mais dont le pennage eft tout-
à fait difterent par les couleurs. Le premier eft très-
grand , & a la tête comme celle d'un chat :, c'eft
4S6 DUC
pour cette raifon qu'en France nous l'appelons chat-
huautj c'ell-à-dicc j clia: plaintif. Il a des plu-
mes noirâtres , qui s'élèvent de trois doij^ts au-def-
fus de chaque oreille. Le fécond relfemble au pre-
mier , quant à la taille ; mais il a les jambes cou-
vertes de poil, ou plutôt de duvet, jufqu'à lex-
trémité des doigts, qui font plus courts &c plus me-
nus. Tout le champ de ion pennage elt fauve , ou
de couleur de rouille, tirant fur le cendré , Oc prin-
cipalement pai-deflTous , où l'on voie des taches
noirâtres tirées en long, qui font femées fans or-
. dre : il a le deiïïis d'une couleur de touille plus
obfcure. Le troifième relfemble parfaitement au fé-
cond , excepté qu'il a les jambes moins velues de
les ferres plus foibles. Le grand Duc ne fait pas
feulement fa retraite dans les cavernes des monta-
gnes &c des rochers , mais aulli dans les creux des
arbres, dans les édifices ruinés, & dans les ma-
fures aband.)nnées, fous les toits des grandes mai-
{ons, dans des trous de tours & de murailles , où
les hommes ne fréquentent que rarement.
Le moyen Duc, appelé autrement hibou cornu ,
ou chat-huant cornu , JJio , Oto j ell de deux efpè-
ces. Le plus grand a le champ du pennage plus cen-
dré & plus blanchâtre. L''autre elt plus fauve , &
elt d'une couleur plus lavée. Le premier , qui eft
le plus grand, a la tête ronde ainli que le hibou ,
& la plupart des oifeanx de nuit. Il a des oreilles
compofées de deux cornes déplumes. Sa tête cftde
plufieurs couleurs de plumes différentes, de cendré ,
de brun lavé & de noir. Toute fa face , depuis les
fourcils jufqu'aux nafeaux , & tout ce qui elt
autour des yeux & du bec , eft d'un cendré blan
cliâtre : favoir , de petites plumes déliées comme
des poils, dont elle eft toute environnée. Il a les yeux
grands, la prunelle noire j le tour jaune. Son bec
ell courbé , & d'un brun noirâtre , moins courbé
toutefois que celui du hibou. Lechamp de i^on pen
nage eft cendré j ou, pour mieux dire , gris cen
dré, tirant fur la couleur de rouille un peu dure
& lavée , femé de taches brunes , dont les unes
font grandes , & les autres menues comme des
pointes. Le dedans des manteaux approchint du
ventre , eft mêlé de plumes blanches , dont l'extré-
mité eft noirâtre. Les grandes pennes font embel-
lies de taches larges , & obfcuies par intervalles
longs & égaux, dont elles font traverlées. Les fé-
condes pennes , qui font placées au milieu des
manteaux , font d'un cendré blanchâtre , tachetées
de petites gouttes : celles du troifième ordre , qui
font proches du dos , font traverfées de lignes ,
ainfi que les grandes pennes ; mais elles font plus
prelTées & plus fréquentes. Le long du ventre , il
y a des taches brunes qui font tirées en long en
defcendant , & finiffent en pointes. Le dedans des
manteaux & les ailTelles font garnies de plumes
argentées. Les pennes qui compofent ia queue , &
qui s'étendent d'une demi -paume au-delà de l'ex-
ttémité du vol , vers les deux côtés , font d'un
cendré de couleur plombée ; & au milieu , par
efpaces égaux , elles font ornées de lignes noires j
menues y de travers , comme fi elles étoient peintes
en ondes. Ses ferres font longues & robuftes , gar-
nies de beaux ongles noirs , aigus Se beaucoup
courbés. Ses jambes font pareillement fortes Se ro-
buftes. Enfin toutes fes parties font beaucoup plus
grandes que celles de la féconde ou petite efpèce ,
dont nous allons parler.
Le moyen Duc de la féconde & petite efpèce ,
J^o j pourroit s'appeler chat-huant fauve. Tout le
devant de fi tète eft jaunâtre , ainfi que fes yeux.
La prunelle en eft extrêmement noire , Se très-écla-
tante. Les plumes qui font à l'endroit des oreilles,
ou qui s'élèvent en forme d'oreilles j font noires
pour la plupart j !k. droites , principalement par
devanr, quand l'oifeau eft vivant : mais elles reftent
abalfTees qiinnd il eft mort. Chacune de ces pré-
tendues oreilles , ne confifte qu'en une feule plu-
me. Son bec eft noirâtre, courbé, ^ gros enviton
DUC
comme le doigt à l'endroit par où il fort du front
& va finilfant infenfiblement en pointe. Il a pref-
que tout le devant du corps femé de taches brunes,
tirées en long , qui font coupées par de certaines
plumes blanchâtres qui fe traverfent en croix , ou ,
pour mieux dire , qui compofent la figure d'un lis.
Il en elt de même deiaqueue,dont les taches cepen-
dant font moins nombreufes Se mieux formées, ne
font pas tant interrompues , Se font difpofées tantôt
par efpaces égaux, & puis inégaux, au moins en par-
tie : mais elles fe répondent fur les côtés ^ & c'eit
ce qui fait la différence des lignes. Les racines des
plumes font par-tout d'un brun plombé , de même
qu'au hibou. Celles dont le dos eft couvert j font
marquées de taches noires Se longues , qui fuivent
les tuyaux jufqu'à leurs extrémités , Se au milieu.
Le refte en eft blanchâtre , Se marqué de taches
brunes. Les plumes des manteaux qui avoifinent le
dos , ont des mailles blanches dilpofées en long.
Les jambes Se les pieds, ou, pour mieux dire , les
griftes font couvertes de plumes velues jufque def-
fus les ferres , lefquelles font d'une couleur jaunâ-
tre j tirant fur la rouille , ainfi que tout le champ
d« fon pennage, mais particulièrement la partie
du delfous. Le moyen Duc eft plus court en pointe
que le chat-huant cornu , auquel d'ailleurs il ref-
femble beaucoup. Ses jambes font aulli plus me-
nues. Se fes doigts moins charnus. Ses ferres font
noires Se très-aigucs , mais peu courbées & pref-
que droites. La queue ne palTe le vol que d'envi-
ron un doigt.
Le petit Duc. Scops. Il a le champ du pennage
femblable au grand Duc. Il eft plus petit que le
hibou Se la huette : il a des cornes comme le grand
Duc j Se a tous les mêmes geftes Se les mêmes fa-
çons de faire , ne différant que par fa petitellè.
DUCAL , ALE J adj Qui appartient au Duc. Ducalis.
Une couronne Ducale eft toute bordée de fleurons.
Manteau Ducal doublé d'hermines. A Neversilya
une Place Ducale.
DUCALA , ou DUCCALA. Province du Royaume
de Fez en Afrique. Duccala. Elle s'étend le long de
l'Océan Atlantique, entre les rivières d'Ommirabi
6f de Teufift. Ses principales villes font Azamos
Se Madina , Azafia , Se Mazagan qui eft aux Por-
tugais.
DUCALE, f. f. On appelle ducales les Lettres patentes
accordées par le Sénat de Venife. iienatùs Verte-
tiarum Dlploma. On appelle auflî de ce nom les
Lettres qu'il écrit aux Princes. Il eft parti un Cour-
rier portant une Ducale à l'Empereur , pour le re-
mercier de ce cqu'il a renouvelle le Traité d'allian-
ce contre le Turc avec la République de Venife
( en 171(5. )
Le nom de Ducales vjent de ce qu'au com-
mencement de ces Lettres patentes , le nom de
Duc , ou Doge , eft écrit en cette manière. N.
Deï gracia Dux Veneùarum y Sec. La date des Du-
cales eft aulTi d'ordinaire en Latin j mais le corps,
ou le contenu J eft en Italien.
SfT On donne le nom de Ducales à certaine fer-
ges , façon d'aumale.
DÙCAT. f. m. Monnoie d'or & d'argent , dont la va-
leur eft différente j fuivant qu'il eft d'or ou d'argent.
Ducatus nummus. Par l'Ordonnance de François I.
publiée en I ^40 J pour le règlement des monnoies,
on voit que le ducach.dxx. une efpèce d'or des pays
étrangers , qui avoir cours par-tout le Royaume, &
valoit ordinairement 46 fous Se quelques deniers.
Eo la chancellerie de Rome, on compte p:iv ducars.
Il faut exprimer dans les fignatures , qu'un Bénéfi- ^
ce ne vaut pas 14 dixats de la Chambre de revenu j
autrement il faut payer l'annare. L'origine des </i/-
cats vient d'un Longmus, Gouverneur d'Italie, qui
fe révolta contre Juftin le Jeune, Empereur, fe fit
Duc de Ravenne , & fe nomma Exarque j c'eft-à-
à^iiQ. ., fans Seigneur. Pour marquer fon indépen-
dance j il fit forger en fon nom & à fon empreinte
des monnoies d'or ttés-pur, & à 14 çararsj qui
DUC
furent nommées ducats ^ comme dit Pmcope. Après
lui , les Vénitiens ont été des premiers qui ont tait
fabriquer des ducats , qui appelèrent audî cec/j/Vzi,
à caul'edu nom de la monnoie où on les fabriquoit,
qu'ils appellent Zecca. Ce fut au tems de Jean
Dandulo, en l'an ii8o. Roger, Roi de Sicile, en
avoir fait fabriquer , dés l'an 1140. Du Cange dit
que les premiers ducats turent une monnoie du
Duché de la Fouille. D'Ablancourt , dans fa Tra-
duction de rAjiiquc de Marmol , évalue le ducat à
quatre livres dix fous de notre monnoie.
On appelle Or de ducat 3 le meilleur or qu'on
emploie pour dorer , celui qui ell au titre du du-
cat. Cette épée , cette bordure etl d'or de ducac ,
On dit plus ordinairement or ducat _, l'ufage l'ayant
ainli voulu.
Double ducat. Efpèce d'or d'Efpagne j qui du
tems d'Henri III. valoir fix livres quatre fous. Du-
catus nummus duplex. Elle avoir pour légende d'un
côté , F crdinandus & Eli:^abeth Dei gratta , avec la
tête de Ferdinand & d'Elizabeth j & de l'autre ,
Sub umhrâ alarum tuarum , avec un écullon couron-
né , 011 il y avoir des armes. Mais, fous le règne de
Louis XIII , il y avoir une autre forte de double
ducat y qu'on appeloit ducat à deux tctes , d'Efpa-
gne & de Flandres, qui pefoic cinq deniers dix
grains , & qui valoir dix livres. Cette forte de dou-
ble ducat avoir pour légende, d'un côté, Deus for-
tltudo & fpes nojlra ; &, de l'autre , un aigle au-
delfus d'un éculTon couronné. Il y avoir de ces
doubles ducats qui, ayant les deux tètes j avoient
cette autre légende , Quos Deus conjunxit homo
non feparet. Cette forte d'efpcce n'a plus aujour-
d'hui de cours en France , ou du moins on en voit
très -peu.
DUCATON. Efpèce d'argenr. Monnoie qui eft pref-
que de même valeur qu'un ducat d'argenr. Duca-
tus nummus minor. Il vaut près de quatre livres ,
monnoie de France. Les ducatons de Veniie valent à
préfent trois liv. fepr fols. Les ^«m^o/îj de Milan ,
de Flandres , &c. onr été de diverfes valeur & em-
preinte , félon les temps &c les lieux. Il y a audl des
demï-ducatons , qui fonc taits comme les ducatons j
excepté qu'ils font plus petits.
DUCÉNAIlIE. f m. Orticier d'armée qui avoir fous
foi, deux cens hommes. Ducenarius. Les Empereurs
avoient aulîi des Dudnaires parmi leurs Procureurs,
ou Intendans , qu'ils appeloient Procureurs Ducé-
naires j & en Larin Procuratores ducenaru. C'é-
toient ceux qui avoient deux cens fefterces d'ap-
pointemen:. Dans les jeux du Cirque , on appeloit
"^aulll ducénaires les chevaux qu'on louoit deux
cens fefterces. Voye\ Saumaife fur la vie de Perti-
nax , par Julius Capitolinus. Les infcriprions Pal-
miréennes portent fouvent le nom de ducénaïre , en
Grec oovKitix^ioi,
Les Ducénaires éroient encore ceux qui levoient
le deux-centième denier , qui étoient prépofés à la
levée de ce rribut-
DUCENIER. f m. Nom d'un Ofïicier qui levoir les
deniers publics. Ducenarius. Paul de Samofate fe
chargea d'un office de Ducenier , pour lever les
impôts publics , & il aimoit mieux le titre de cette
dignité féculière que celui d'Evèque. Tiliemont.
C'eft une extravagance de dire que aoykenapioz
eft mis pour AOïicEnAFios, & que cela veur dire
Duc & Pair. Du temps de Paul de Samofate , on
ne favoit, même en France , ou plutôt dans les
Gaules , ce; que c'étoit que Duc & Pair.
îfT DUCHE, f. m. Seigneurie confidérable , à la-
quelle le titre de Duc eft attaché , & mouvant
immédiatement de la Couronne. Ducatus.
§C? Il y a deux fortes de Duchés y les Duchés-
Pairies. Voye^ Pairie & les fimples Duchcs-x\ov.-
Pairies. Ces derniers four héréditaires , ou feule-
ment perfonnels , quant au titre de Duché ^ à la
perfonne que le Roi en a gratifiée.
D3" Il y a aufli des Duchés par fîmple Brevet ,
qui n'a point été fuivi de lettres d'éredion sn.Duché.
DUC 4S7
Il eft plus fouvent mafculin que féminin. Il eft
feulement féminin , quand il eft joint à Pairie.
La rai Ion eft que Duché-Pairie ne devant être con-
lidérés que comme un feul mot , c'eft le dernier
qui règle le genre. Vaug. Ménage. Les Duchés
font mouvans , èc relevans de la grofte tour du
Louvre. Jufqu'au temps de François I & de Henri
II, l'éredion des terres en Duché , ne fe fiifoit
guère qu'en faveur des Princes du Sang \ mais il
s'en tir plufieurs pour d'autres fous le règne de
Charles IX. Afin de modérer TemprelTemenr des
Seigneurs pour ces forres d'honneurs & de titres ,
il ordonna par un Edit particulier , que ces érec-
tions des terres en titres de Duchés^ de Marquifats,
de Comtés , ne fe feroicnt qu'à condition que ceux
qui les polféderoienr, venant à mourir fans hoirs
mâles , elles feroient unies au domaine de la
Couronne. P. Daniel. Foyei dans Moréri , fous
le mot Pairie , la fuite chronologique de l'éredbion
des Duchés-Pairies.
On appelle, Duché-Ç^mcWe ., celui qui, par les
lettres d'creébion, palfe aux femelles au défaut de
mâles.
DUCHESSE, f f. Femme , veuve d'un Duc, ou celle
qui polféde en titre un Duché-femelle. Ducijfa. _
Duchesse , eft aufli un terme.de Cocffeufe, qui fe dit
d'un nœud de nompareille , que les Dames & les
Demoifelles porroienr autrefois fur le haut du front.
TenuiJJlmarumvittarum globus. Attachez mzDuchefJc
propremenr.
On appelle aujourd'hui Duckejfe une efpèce de
lit de repos qui a un doilier comme un fauteuil , Sc
fur lequel fe mettent les Dames incommodées , ou
qui relèvent de maladie. Madame eft (aifs-ducheffe.
Elle a reçu fes vifites fut fa duchejfe.
Duchesse de Bohème. Terme de Fleurifte. C'eft un
œillet violet-brun fur un beau blanc. Il n'eft pas
beaucoup déraché , mais il eft large : fa fleur eft. aftêz
hâtive, portant graine. Morin.
DUCL AIR. Bourg , & ancienne Abbaye du Diocèfe
de Rouen. Foyei la Defcrip. Géog. & Hift. de la.
Haute- Normandie. T. H. p. i66.
DU-CROIRE. Terme de Commerce. Foyei DE-
MEURER DU-CROIRE.
DUCTILE, adj. m. & f Terme deChymie & de Phy-
fique , qui ne fe dir guère tjue des métaux j pour fi-
gnitier qu'ils fe peuvent étendre , alonger & forger
avec le marteau , parce que leurs parties font telle-
ment accrochées les unes avec les aurres qu'elles ne
fe féparent point. Duciilis. L'or eft le plus duclile
des métaux. Quoique le verre foit duclile dans^ fa
fufion , néanmoins il n'eft pas métal, parcequ'il n'eft:
pas malléable.
DUCTILITE, f. f. Propriété qu'ont certains corps de
s'étendre en tous fens fans fe rompre fous les coups
de marteau , ou de s'alonger quand ils font preffés
& rires : comme les métaux qui gagnent en lon-
gueur & en largeur ce qu'il perdent en épaiifeur ,
lorfqu'on les bat avec le marteau, ou qui s'alon-
gent en devenant plus déliés, quand on les fait paifer
a la filière. On dit vaguement qu'elle confifte dans
l'accroilîement des parties dont le métal eft com-
pofé. Natura duciilis , duclditas ; id per quod habet
metallum ut duclile fit. Rohault parle de la ducliliti
des méraux. Le verre n'eft dudtile que par le moyen
du feu, & dans fa fulion. Dès que les parties du feu
ont abandonné le corps du verre , fa duclilité Vâban'
donne auOi-tôt, &c il revient à fa fragilité naturelle.
Le Pour & Contre.
M. de Réaumur a découvert une ductilité prodi-
gieufe dans certaines matières. Foye\ les Mém. de
i'Acad. des Scienc. 1716. La (^ttt7i^r/prodigieufe de
certains corps, ou la faciliré qu'ils ont de s'étendre en
long , eft rrès-propre à diminuer l'étonnemenr que
la divifibilité de la matiète à l'infini , quoique dé-
montrée, caufe touiours à l'imaginarion. Ieid. Quel-
que foin que les Philofophes aient pris de faire va-
loir cette extrême ducldité , l'on peut dire qu'ils
font demeurés fort au-deiïbus du vrai. Ibid.
488 D U D D U E
gC? On nous die , dans le Did. de l'Acad. que'
la ducîilité e^k. un fynonyme de la malUabUué : ce
qui n eft pas vrai. La inalleabiiuc eft la propriété
qu'ont les métaux de s'étendre en tous fens , fous les
coups de marteau. La duclU'ué y comme on vient de
le voir , dit quelque chofe de plus. Le verre elt
ductile j &c n'elt pas malléable.
DUD,
DUDERSTAT. Ville d'Allemagne. Dudet(ladlum. Elle
eft du Cercle de la Balfe-Saxe , capitale du petit
pays d'Eifchfeld , Eijchjeldia , & fituée fur la We-
pre, ou le Wipper, aux confins de la HelFe & de la
Turinge , entre la Turinge , & le Duché de Brunf-
wich. Hotiman dit qu'elle ell fur l'Eledorat de
Mayence. Long. z8. d. i'. Lat. 5 1. d. 34'.
DUE.
DUEGNE, f. f. Gouvernante 3 fuivante , femme de
chambre. C'eft le nom que l'on donne en Efpagne
à une vieille femme qui a foin de la conduite d'une
jeune perlonne. i-*arce qu'en Elpagne on prononce
\u comme la diphthongue ou y pluheurs François
écrivent Douegne 8c même Doegne; mais il faut
écrire Duègne. Les Efpagnols qui ont des jeunes
femmes leur donnent des Duègnes , pour les gar-
der. Les Efpagnols , tyrans de leurs femmes , plu-
tôt par tradition que par jaloufie , fe contentent
de pourvoir à la déhcatefle de leur honneut par les
Du<egnes , les grilles & les verroux. Mémoires du
Comte de Grammonc. C'eft la perle des Duègnes ,
un vrai dragon pour garder la pudicité du fexe. Le
Sage. Elle confervoit encore la qualité de Duègne ,
mais elle n'en remplilfoit plus l'emploi pénible.
Id. Le caradère qu'on donnoit à cette Duègne me
paroifloit capable de défefpérer tous les galands. Id.
On donne auflî ce nom à une femme qui fait
l'entremetteufe , & qui fe prête aux amours de la
maître (Te.
DUEIL. roye:^ Deuil.
DUEL. f. m. Combat fingulier , combat aflîgné
d'homme à homme. Singulare certamen. Les duels
étoient autrefois permis pour défendre ou accufer
en Juftice dans les cas dont on ne pouvoit avoir
preuve. Ce duel étoit un moyen fi ordinaire pour
vider les différends des Nobles, qu'on n'en dif-
penfoit pas même les Eccléliaftiques ; les Prêrres iS:
les Moines. Et , afin qu'ils ne fe fouillairent pas de
fang , on les obligeoit de donner des gens pour fe
battre à leur place , comme a fait voir le P. Luc
Dacheri dans le VIIF. tome de fon Spicilegïum. On
n'en exceptoit que les femmes , les malades , & les
mahaignés , c'eft-à-dire ceux qui étoient bleffés, &
ceux qui étoient au-delfonsde 11 ans, ou au-delfus
de Go. La coutume ancienne étoit de faire entrer
en champs clos deux ciiampions par autorité des
Juges ordinaires , non-feulement en matières cri-
minelles , mais aufti en quelques civiles, pour le
foutenement de leur droit. Et même le Moine Sige-
bert raconte qu'il fe prcfenta une queftion de Droit
devant l'Empereur Othon Lpour favoir Ç\ en fuccef-
fîon diredfe la repréfentation auroit lieu : en la ré-
folution de laquelle des Dodeurs fe trouvant em-
pêchés, l'Empereur remit la décifion de cette obfcu-
ritéau jugement des armes, & il choifit deux braves
combattans pour foutenir le pour & le contre. La
tidoire demeura à celui qui éroit pour la repréfen-
tation j en faveur de laquelle fut faite une ordon
nance qui depuis a eu toujours lieu. Cette coutume
venoit originairement des peuples Septentrionaux ,
qui vidoient tous leurs différends par les armes ,
comme le dit Paterculus , & qui depuis pafia pour
loi chez les Allemans , les Danois & les François ,
fur-tout après que Gondebault , Roi des Bourgui-
gnons , l'eut fait recevoir à la place du jurement.
M. Godeaa ,dans {Q>n Hifl. de l'Eglife,yilh fiècle,;
n. ic»8. p. I4Z. dit que ce fuient les Lombards, qui.
DUE
comme ils étoient barbares , apportèrent en Italie
la baibane des combats iinguhers , qui tte-là s eft
répandue par toute l'Europe , & que nos Rois de
la première race ont fouvent permile. La forme
de ce combat étoit que l'accufé & l'accufa-
teur jetoient des gages en Juftice de part &c d'autie.
Le Juge levoit premièrement celui du détendeur
& puis celui du demandeur. Après , on les mettoit
l'un &c l'autre en prifon , ou en fùte garde , & le
Seigneur Haut-Julticier étoit tenu de leur fournir
des armes forrables. Ceux qui combattoient d pied
n'avoicnt que l'épée & le bouclier. Les Chevaliers
étoient armés de toutes pièces , aulli-bien que leurs
chevaux. Le jour du combat , ils choififtoient de-
vant le Juge quatre Chevaliers pour la garde du
champ , & failoient pluheurs cérémonies, prières ,
fermons & oraifons décrites pat Pafquier , 6c plu-
lieurs autres Auteurs cités par Du Cange, qui rap-
porte une Ordonnance du Roi Philippe- le- Bel, de
l'an 1306. qui en règle les conditions, les ftatuts,
&c les cérén":onies , qui font cutieufes à voir. Le
vaincu, loit accufateur, fou acculé , étoit puni de
mort, ou de mutilation de membres , & étoit igno-
minieufement traîné hors du champ, pendu à un
gibet, ou brûlé, fuivant l'exigence des cas. On
ordonnoit les épreuves du duel, parce qu'on croyoic
par.-là conlulter la Providence , pour difcerner le
coupable ; & l'on s'imaginoit que Dieu , ainfi in-
terrogé , fe déclaroit en faveur de i'innacenr. Ce-
pendant il arrivoit il fouvent que l'injulie accufa-
teur demeuroit victorieux, que l'on a reconnu qu'il
ne falloir point prefcrire à. fa fageilè la nécelfité
d'interrompre le cours dels caufes fécondes. C'étoit
donner des règles au meurtre , déguifer ralTaffinac
en méthode & en mefure. Saxo Grammaticus , dit
que dès l'an 981. le Roi de Dannemark abrogea la
preuve du duel , ôc ordonna, en fa place, celle du
fer chaud , qui a été aufli depuis abolie. Ces com-
bats furent auOi condamnés en un Concile tenu à
Valence, fous Je Roi Lothaire j en l'an 85 5, où l'on
excommunia celui qu/ tueroit fon ennemi , & l'on
déclara le corps mort indigne de fépulture. Et en-
fuite, les Papes Nicolas I , Céleftin III , Alexandre
III, les défendirent; comme audi Frédéric I &: II,
les défendirent en Allemagne. S. Louis fit ce qu'il
put pour les abolir en France. Mais fon Ordonnance
n'eiu-lieu que fur fes Terres, & non pas en celles de
fes Vaiî^iux. A fon imitation , les Comtes cVAuver-
gne & de Poitou, & plufieurs autres Seigneurs ,
les défendirent pareillement. Philippe- le- Bel fie
une Ordonnance j l'an 1 503. par laquelle , fuivant
les traces de S. Louis , fon aieul, il défendoit tous
ces gages de bataille, nonobftant toutes coutumes
contraires ; & néanmoins il les permit en quatre cas
dans l'Ordonnance ci-devant mentionnée , de l'an
1 30(î. Mais, depuis cette défenfe générale, il n'y eut
que le Roi en fon Grand Confcil , ou la Cour de
Parlement , qui pulfent connoître de ces gages de
bataille. On voitencote des procédures faites en ces
occafions , dans le vieux ftyle du Parlement. Le
dernier duel fameux a été fait en l'année 1 547. de-
vant le Roi Henri II , au combat de Jatnac (îi de la
Châtaigneraye , dont fait mention M. de Thou ,
& Jean de Serres. Il s'en fit un autre , durant la Li-
gue, entre les fieurs de Marolles & de Marivaux ;
mais ils étoient de partis contraires. D'Audiguier a
traité de ces duels dans un Ouvrage intitulé : De la
Permillîon des duels. J^oye:^ D. Mabillon j fur la
preuve par le duel. Acla Sancl. Benedicl. f&c. VI.
P. I. pr&f. ff, 43 . & fuiv.
Duel, fe dit aufli des combats finguliers qui fe font
pour des querelles particulières. La fureur des duels
a fait périr la Heur de la Noblefte. Dans les duels ,
on appeloit des féconds, &: on faifoit des parties
quelquefois de quatre contre quatre. Le Roi a fait
des Edits fort févères contre les duels. On ne donne
aucunes lettres de rémiffion, ou d'abolition pour les
duels. Le duel ed uneadion téméraire, & l'effer d'une
vanité extr.tvagante. Le Cl. On ne peut alTez admirer
la
DUE
piété de Louis le Grand, d'avoir employé toute fa
puUlàncc & fon autorité pour défendre ôc abolir les
due/s dans fes Etats. En Prulfe, il eft ordonné, par
Edit, au Chirurgien qui panfe un homme bielfé
dans
un ûuei
de l'aller déclarer aux Magiftrnts.
Jadis chei les humains le jaloux point d'honncui ^
Du Duel iJ'iuruirj infpira la jureur. Vill.
On p.ul'j, à Paris, de deux Dames de la Cour, qui
fe font battues en dud à coups de pillolet. Le Roi
dit en riant qu'il n'en avoit fait dcfenfe que pour
les hommes , & non pas pour les femmes. Guy
i^AiiN. Henriette Sylvie de Molière , en habit
d'homme , étoit une des combattantes. Elle fut at-
taquée par une autre femme j auffi traveltie , qui ,
la prenant pour la rivale, tiril'épée, en lui difint
en fureur, il faut que vous ayez ma vie avec Mon-
iteur un tel 5 qu'elle nomma, ou que l'un & l'autre
me demeurent. " Ce fut ce qui donna lieu à la
>5 nouvelle qui courut à la Cour en ce temps-là, que
M deux Dames déguifées s'écoienr battues en dud
» pour un amant. La chofe etoit vraie , & on ne fe
~ (/e
de
» trompoit que dans les circonftances. » P'ie
Hinrietti-SyLvii de Molière , tome 7 des Oeuvr.
Madame de Fiilcdicu , pag. 82. 85, Madame Du
Noyer, dans fes Lettres , marque les circonltances
d'un duel dune Dame de Beaucaire , & d'une tîile
de condition, qui fe battirent à l'épée dans un jar-
din , qui fe blelfèrent l'une l'autre , &: qui fe feroient
peut-être tuées, h l'on n'eut couru pour les féparer.
C'étoit un duel dans toutes les formes , qui avoir
été précédé d'un cartel , dont on donne la copie. Ce
font-là de ces fans delquels il n'y a pas beaucoup
d'exemples. Il n'ell pas extraordinaire que des fem-
mes foicnt la caufe de bien des combats finguliers \
mais qu'elles mêmes fe Ijattenc en duel , c'eit ce qui
fe voit rareineut.
Velibert , Gouverneur d'un quaitierdd la Baffe-
Hongrie , pour le Grand Seigneur, étant à Conf-
tantinople , comme les Bâchas en plein Divan le
quelfionnoient fur les inimitiés qui étoient entre lui
oz un autre Sangiac,il leur dit, entr'autres choies j
que fon ennemi n'avoit jamais eu le cœur d'accep-
ter le (i';^i.'/ qu'il lui avoit fouvent préfenté. Quoi!
répondirent les Bâchas , vous avez ofé appeler en
duel votre compagnon de lervice ? Manquez-vous
donc de Chrétiens contre qui vous puilîiez tirer
l'épée ? Vous vivez tous deux du pain de notre
grand Maître , & vous auriez hafardé votre vie dans
un combat liugulier ? De quel droit ? & qui vous
en a donné la leçon ? Ignoriez-vous que quiconque
de vous deux auroit été tué ^ c'eiit été une perte
pour votre Maître ? Parmi nous , il y a bien des
gens qui fe font un nom pour avoir tiré l'épée con-
tre un de leurs concitoyens , fans jamais avoir vu
l'ennemi. Ainlî , le vices prennent la place de la
vertu. Pufendorf, d'après Busbccq.
Ce mot vient de duellum _, dont fe font fervis les
Auteurs de la balfe Latinité, comme qui diroit
duorum hélium , félon Joannes de Janua.
DUEL. Terme de Grammaire. C'eft une inflexion des
noms & des verbes, dont on ufe quand on parle de
deux chofes feulement. Dualis numerus. Le duel a
lieu dans les Langues Grecque & Hébraïque.
DUELLISTE, f. m. Dans le temps de la fureur des
duels , on donnoic ce nom à ceux qui faifoient
profelîîon de fe battre en duel. Pugnator Jïngularis.
Des gens fe font rendu fameux pour avoir été
Duelliftes : enz\:'a.mres le fameux Boureville. Au-
jourd'hui, on appelle de ce nom celui qui efl cou-
pable de duel.
Boyle appelle Duellifles les deux principes des
Chvmiftes , qui prétendent expliquer tout par la
dodrine des Alkalis &: des Acides.
DUELLE. f f. Certain poids qui n'eft plus en ufage.
Terùa pars unds,. il en falloit trois pour faire une
once.
DUEMENT. Terme de Palais. D'une manière jufte.
Tome m.
D U E D U I 48 y
convenable à ce qui fe doit , félon les formes. Vl
decet ,_ ut par efl. ^ Cette procédure a été bien 5: due-
ment îa.iie. Il a été bien &C dùement atteint & con-
vaincu. Il l'a payé bien dùement. Dans les lettres
de privilège que le Roi donne pour l'imprellion des
livres , il e(t dit que la copie des préfentes , qui
fera imprimée, ou au commencement , ou à la tin
du livre, fera tenue ^owvdùement lignifiée. Plufieuts
écrivent aujourd'hui dûment. Cette orthographe eft
la plus ufitée , & la meilleure.
DUENAS. Prononcez D ue gnas , momWdini gn. C'eft
une petite ville du Royaume de Léon, en Efpagne.
Domina, Eldana. Elle ell fur la rivière de Pizuerga,
entre Valladolid & Palencia.
DUENECH. f. m. Terme de Chymie. C'eft le noir
très-nou épaiflî , ou la matière de la piètre philo-
fophale devenue très-noire.
DUERO. Voyei Doijro.
DU ERN A. Petite rivière d'Efpagne qui arrofele nord
du Royaume de Léon. El le reçoit dans fon cours les
eaux de Rio Taerto , & vafe rendre dansl'Orbigo,
ou Orbega.
DUESME. Petite ville du Duché de Bourgogne en
France. Dufmum caflrum. Ce lieu eft fur la Seine ,
dans le Bailliage de la Montagne, à quatre ou cinq
lieues de Chaltillon. Duefmc donne fon nom au
Duefmois , dont il eft le chef. Voye\ Valois , Nor.
Gall. pag. 18}.
DUESMOIS. Petite contrée du Duché de Bourgogne.
Dufmenfis traclus. Le Ducjmois eft fituc vers les
fources de la Seine , ic fait partie de l'Auxois , Se
du Bailliage de la Montagne. Il prend fon nom de
Duefme , qui en eft le lieu principal. Voye\ Valois,
;>. 1 H 5 . _
DUFFEL. Petite ville franche , entre Malines &
Lière , dans le Brabant Efpagnol, fur la rivière de
Ncthe.
DUGLAS. Foyei&prono/ice^DovGLAS,.
D U L
DUINE. Foye^ Dzv/ine.
DUIRE. V. a. Drefter , accoutumer à quelque chofe.
Docere , ajfuejacere. Il ne fe dit plus guère en ce
fens qu'au participe. Ce cheval eft duit à la chaife.
Vous êtes bien mal duit , c'eft-à-dire , bien mal inf-
truit.
C'eft aufli un terme de Fauconnerie j qui a la mê-
me fignitîcation. En Afrique j ils accoutument Sc
duifent les' aigles à la chafte du loup , du cerf ,
du chevreuil & du renard. Fautrier. La manière
d'aflurer , leurrer , gaigner , & faire voler les oi-
feaux, & toutes les autres particularités qui font
néceftaires à les duire à tous les exercices de la fau-
connerie. Id.
Ce mot vient de decere & decens. D'autres le dé-
rivent de ducere.
DtJiRE. V. n. Signifie auffi , Etre propre à quelqu'un ,
l'accommoder , lui convenir. Decere j convcnire.
Cette marchandife ne me duit p3.s. Cet homme af-
famé prend tout ce qu'il trouve , tout lui duit. Il
ne fe dit plus guère que dans le ftyle burlefque.
Voyez fi cet échange vous duit. Madame Du Noyer,
c'eft-à-diie, s'il vous convient.
Duire. A fignifiéaulS, Prendre jAa\Ç\r. Deleclari , pla-
cerefihi. Et Marot a dit deus à la féconde perfonne
du préfent de l'indicatif.
Ceflui parler & chant en qui te dens ,
Sera commun toujours entre nous deux.
Duit, uite. part. Il n'a que la première fignification
du verbe.
DUIS , ou plutôt DUS , f. m. Terme de Mythologie.
Nom d'un Dieu adoré autrefois dans la Grande Bre-
tagne , au pays d'York , & autres pays circonvoi-
fins , appelés autrefois B igantes. Dus jOu Ducis ^
ou Duis. On ne connoît le DienDuis , o\xDus , qus
Qsq
490 D UI
par l'infcriprion d'un aiuel antique trouvé à Gret-
land : Cambdeiila rapporte, p. 563.
DUI CI BRI G.
ET NVM GG.
T. AVR. A VR ELI AN.
VS *DD PRO SE
ET SUIS S. M. A. G. S.
Ce qui lignifie , félon cet Auteur , Dui Civuatis
Brigancum <y Numïn'ibus Auguftoruin Titus Aurdlus
Aurdianus ieiicavit pro fe bfuis. Sur une autre fa-
ce de l'Autel on lit ;
ANTON INO
III. ET G ET. CO.SS.
Ce qui montre que cet Aurel fut érigé fous le
Confulat d'Antonin Caracalle pour la troifième
fois, & de Géta , c'eft-à-dire , environ l'an zoS. de
J. C. Cambden doute fi ce Dut n'efk point le Dieu
que les Anglois appellent aujourd'hui Diw , ou fi
c'eft un Dieu topique , ou le Génie des Brigantesj &
il s'arrête à ce dernier fentiment, parce que les
peuples de la Grande-Bretagne avoient alors chacun
leur Dieu : And.ites étoit celui de la Province d'Ef-
fex, Belormadre du Cumberland , Viterinus & Mo-
guntus du Nortumbcrland , & de même Dui des
Brigantes.
Pour moi , je crois qu'il faut dire Dus , ouDuii,
Se non pas Dui-^ car Dui, dans l'infcriprion, eft un
datif , dont le nominatif doit être l'un de ces deux
mots. Cela fuppofé,leZ)i/jdesBrigantespourroit bien
être le -Dij des Celtes ou Gaulois j car le nom eft
le mêmej &c il ne feroit pas fort étonnant que les
Infulaires de la Bretagne l'eulTent prononcé un peu
différemment de ce que Céfar fait en parlant des
Gaulois. D.'ailleurs , les Infulaires étoient origi-
nairement des Celtes qui avoient palTé dans cette
Ifle ; ils avoient mêmes mœurs , même religion j
mêmes Dieux , &c. ^oye^ Bretagne. Après tout ,
l'Infcription ne lailïe pas d'avoir fa difficulté ; car
c'eft le fécond Confulat de Géta qui concoure avec
Je IlP.de Caracalle. Il faudroit examiner s'il n'y a
point II. entre GET. & COSS. ou fi, étant eft'acé
par le temps , il n'y a pas la place pour le mettre.
DUISANT , ANTE. adj. Propre , convenable. Nicot,
Monét , CoTGRAVE. C'eft un vieux mot, aftez
doux & aiïezexprelîif , pour mériter qu'on le re-
grette.
DUISBOURG. Ville du Cercle de Weftphalie.
Duisburgum. On prétend que c'eft l'ancien Difpar-
gum, owDifporum. Quoi qu'il en foit, Duishourg
eft dans le Duché de Clèves , fitué fur le Roër ,
près du Rhin , entre Dulfeldorp & Wefel. Elle a
été ville Impériale; mais elle dépend maintenant
des Eleileurs de Brandebourg , qui y érigèrent une
Univerfité l'an 1(^55. Quelques-uns écriventaufti
Doésbourg.
DUISET. Voy. Dusil. C'eft lamêmechofe.
DUISIBLE , adj. m. & f. Convenable. Conveniens ,
proprius , a, um. Il ne fe dit plus.
§3" DUITE.f. f. Terme général d'ourdiffage. On ap-
pelle ainfi le jet de trame de chaque coup de na-
vette , lorfqu'il fert à faire le corps de l'étoffe.
Encyc.
LesRubaniersau contraire entendent par la duite^
la portion de chaîne qui lève ou baiffe à chaque
iriouvement de marche , & même l'ouverture qui
eft formée alors par la portion qui lève ou baille ,
& par la portion qui refte en place.
DUITS. f m. pi. Pêcheries de pierre , chauffées fai-
tes de pieux & de cailloux , fur une même direc-
tion , tout à-travers d'une rivière , &: qui gênent la
navigation, parce qu'elles ne laiOentau milieu du
canal qu'un petit palfage pour les barques.
DUITZ, ou TUITZ. Bourg de la Baffe Allemagne.
Duitium. On croit que Duit:^ a été bâti par Con-
jlantin le Grand , & qu'il y avoit un pont qui le
DU L
joignoit à la ville de Cologne , vis-à-vis de Taquelle
il eft. On ajoute que les pierres de ce pont , dé-
truit par le temps , fervirent à la conftrudion du
Monaftère de S. Héribert.
D U L.
DULCAMERE BATARDE, f. f. Salonoides. Plante
dont la fleur eft en rofe. Elle a cinq feuilles ; fon
piftil dégénère dans la fuite en un fruit rondelet j
qui contient une femence dure, couverte d'une pul-
pe mince J qui donne au fruit la reffemblaiice d'une
baie. Cette Plante eft originaire des contrées les
plus chaudes de 'l'Amérique J d'où l'on a apporté
en Europe leurs femences. Dicî. de James.
ifT DULCIFICATION. f f Terme de Chymie.Opé-
ration par laquelle on cherche à tempérer la vio-
lence des acides minéraux, en y mêlant l'efprit de
vin. Dulcificacio.
DULCIFIER. Terme de Chymie. Rendre doux, tem-
pérer la violence des acides , en y mêlant l'efprit
de Vin. Dukorarc j edulcorare. Dulcifier l'efprit de
nitre.
§Cr DULCIFIÉ , âE. part.
DULCIGNO , DOLCIGNO. Quelques-uns écrivent
aulli Doicegno \ mais l'ufage eft pour Dulc'igno.
Dutdgno elt une ville & port de mer , que quel-
ques-uns mettent dans la haute Albanie, & d'autres
en Dalmatie : elle eft fur les confins de l'une & de
l'autre, dans le Golfe du Drin, qui eft une partie
de la mer Adriatique, ou du Golfe de Venife. Old-
nium J Olchinium j Uicinium. Cettte ville eft mal
fortifiée \ mais elle a un bon port & une bonne ci-
tadelle , & contient environ fept ou huit mille per-
fonnes. C'eft une aflez bonne échelle , & il s'y fait
un négoce confidétable. M. Corneille dit qu'il n'y a
que quelques Modernes qui la mettent dans l'Alba-
nie, mais qu'elle appaitient véritablement à la Dal-
matie , étant au-delà de la rivière de Boyane , &
du lac de Scutari. Duldgno a un Evêché fuffragant
d'Antivari. Les Turcs ont enlevé Duldgno aux Vé-
nitiens , &. le poflédent depuis long-temps. F~oye:ç^
Spon , f^oyage du Levant.
DULCIGNÔT , oTE. f. m. & f. Qui eft de Dulcigno;
habitant de Dulcigno. Okinienjis , Utdinienjîs.
DULCINDE. Petit pays de la pattie méridionale de
la Perfe. Il eft ainfi nommé à caufe de la ville de
Duldnde.
DULCINEE, f. f. C'eft le nom qu'on donne dans le
ftyle familier & badin à la maîtrelTe d'un homme.
Ilpalfeles jours entiers aux pieds de fa Dukinée.
C'eft un tel qui tienne une feténade à fa Duki-
née. Les Chevaliers étoient obligés dans les carrou-
fels de chamarrer leurs lances , leurs houlles & leurs
habits des chiffres & des couleurs de chaque Dul-
cinée. Mém. de la Vie du Comte de Grammont j
Ce mot a ete pris du Roman de Dom-Quichot-
te , qui avoit choifi la Duldnee du Tobofo pour fa
maîrreffe & fon Héroïne.
DULCINEE, f f. Terme de Fleurifte. Efpèce de tu-
lipe. Elle eft d'un blanc de lait , Se couleur de
lacque.
DULCINISTE. f. m. & f. C'eft un nom que l'on a
donné aux Vaudois , à caufe d'un certain Dulci-
nus , qui étoit de Novarre. f^oye^ Blondel , Decad.
II. L. 9. à l'an 1307 de Jésus - Christ. Duki-
nijla.
DULCITE. f. m. & f. Foye-{ Dulcinistb. C'eft ainfi
qu'il faut dire , comme il paroît par l'origine
de ce nom.
DULCORÉ , adj. paftif. Duldfié. Les parties de l'A-
pothicaire d'Arî^an contiennent , entre autres ar-
ticles , une prife de petit lait clarifié & dukoré ^
pour adoucir , lénifier ^ tempérer & rafraîchir le
fang de Monfieur. Malade imaginaire _, Acl. i.
Se. I.
DULEEK , ou DULÉRE. Bourg confidérable d'Irlan-
de , dans la Lagénie. Dulecum. Il eft fitué dans le
D UL D U M
Comté d'Eaft-Meath , à deux lieues de la tivicre
deBoine & de la ville de Drogheda, vers le Midi.
DuUek a droit d'envoyer des Députes au Pailemenc
d'Irlande.
DULHAGIA , autrement Dulhega j Dulheggia , DU-
hagj. , ZUitJche , DuLcagiatk , Duaiinigiathi ,
Ddlhaiyka , DU hafia. Douzième mois des Turcs
& des Arabes j qui répond à notre mois d'Août.
Duodecimus Turcaruui ^ Arabum Hagarenorum men-
(is. Voyc\ Fabricius , Menolog. p. -jG.
DULKADA j autrement Dulkaada , Dulkd:dachl j
DuLkaadeth , Dualkaddali , Dulkaïda j Dtikaa-
da , Silkadhe. Nom de l'onzième mois de l'année
Arabique Se Turque. Fabrlai McnoL.p, 79. Eucych.
T. H. Annal, p. 524 & 484. Il repond au mois de
Juillet.
DULICHIUM. Ifle de la mer Ionienne, Dulkhium.
C'ell une des Echinades , fituée vis-à-vis l'embou-
cliuie du BeuN^e Achéloiis, non loin d'Iraque , en-
tre Zacynthe & Céplialénie. Dulichium étoit une
de celles qui obéilFoient à Ulyirej comme Ovide
l'inlinue, Trill; L. I. Eleg. IV. v. 67. &: Virgile,
Egl(.>gtie VI. v. j6. M. Spon croie que Dulkhium ell
l'IIlî qu'on appelle Thialci j qui n'ell éloignée que
de trois o.i quatre mille de Ccphalénie , l^ qu'on
nomme pour cela la petite Céphalénie. Strabon l'a
prile pour Icaque : mais Itaque ell celle qu'on nom-
mj aujou d'hui Jathaco ; &, dans Thiaki, il y a un
port a 10 ient , qui porte encore à préfent le nom
de Dollcha. De plus , Thiaki eft une fois aullî
grande que l'étoit Itaque, félon Strabon même.
Enfin, Z>':^/'f'z.'tt'7z femble ne devoir pas être comp-
tée parmi les Echmades , (i l'on s'en rapporte à
Homère, ^oye^ M. Spon , F'oyjge de Grèce , P. I.
p. iji. Juigné , dans ion Diclhnnaire Cof/nogra-
phique , dit q'i'on appelle maintenant x5////V/î«/«
Val du Compère. M. Spon ell un meilleur
Auteur.
DULIE. f. f. DuUa. C'eft ainfi que l'Eglife appelle le
culte qu'elle rend aux Anges èc aux Saints , pour le
diftinguer de l'hyperdulie j qui eftle culte qu'elle
rend à la Sainte 'Vierge , & de la latrie , qui eft le
culte qu'elle rend à Dieu. Voye:^ ces mots , &
Culte.
DULIEN j ENNE. f. in.& f. Nom que l'on a donné
aux hérétiques Ariens, f^oyc:^ Arien.
DULMA. Ville ancienne, mais tellement détrulteau-
jourd'hui , qu'à peine en peut-on remarquer les
veftiges. Duhna. Elle étoit dans la Bofnie , aux con-
fins de laDalmatie , & avoit un Evêché fuffragant
de Spalatro.
DULMEN. Petite ville du cercle de Weftphalie en
Allemagne. Dulmena. Elle eft dans l'Evêché de
Munfter , à l'Occident méridional de la ville de ce
Hom.Z)«/OTe/2 eft capitale d'un petit pays qui porte
aulli fon nom j & où l'on remarque encore la pstue
tille d'Halteren. Maty.
D U M.
DUM. î'oye-:^ Dun.
DIJMA. Ville de la Tribu de Juda , ainfi appelée
dans le texte Hébreu, Jof. XF. 51. Car la Vul-
gate & les Septantes la nomment Ruma , pf^và j
& fo»/<à , ce qui vient de la relFemblance du ^, da-
leth , & du "1 , refch , dans les deux caradères Hé-
breux.
DUMB APv. Ville de l'EcofTe méridionale. Dumbarum.
Maty écrit Dombar • mais l'.'S Cartes de Speed &
de M. de l'Ifle écrivent Dum^^ar. Nous les fuivons ■,
car ce nom eft compofé , félon la remarque d'Hof-
man , de c/^/2 , château, élévation, montagne, &
de Bara, ou ^ara , & (ign'fie Château Wara , ou
Château Bara. Maty dit qu'anciennement on l'ap-
peloit Bara ci Wata. Corneille la nomme Dumba-
ra, c'eft une faute- Dumhar eft dans la Province
nommée Lothiane , & fur la cote. Les Rois d'E-
colfe, après qu'ils eurent perdu Barwick, fortifiè-
rent Dumbar d'un bon château , qui fut démoli en
DUM DUN 0t
1 5(^7. par ordre des Etats du Royaume. Cette ville
elt célèbre dans l'hiltoire d'Angleterre par la ba-
taille que Cromwel y gagna le .5 Septembre 1650^
contre les EcolFois j qui foutenoient le parti dô
Charles I. Quelques Géographes j que M. Corneille
a luivis, après même avoir remarqué leur erreur,
confondent mal-à-propos Dumbar avec Dumlrao-
nium , qui eft Dunbarton, ou Dunbriton. Dum-
har avoit droit de députer au Pailement d'E-
coife.
DUMBARTON. Ville de TEcofle méridionale. Dun-
hrkonium , Dunum , ou Caftrum Bruonium, Elle eft
dans le Comté de Lenox , fur la rivière de Leith ,
qui peu après le décharge dans le Golfe de Cluyd ,
qu'on appelle aulli Golfe de Dumbanon. Maty.
Dumhanon eft la plus forte place d'Ecolfe , à
cauie de fafituation fur un rocher fort haut &: fore
efcarpé. Id. C'eft de-là qu'elle a pris fon nom, com-
pofé de dun , qui , en langage Celtique & Britanni-
que , fignifie élévation j colline , montagne ; & de
Brnton , c'eft-à-dire, Breton ^ parce que ce fonc
les anciens Bretons qui ont commencé à l'habiter ,
s'y étant retirés , & maintenus plus de joo ans
contre les efforts des Piéfes, des EcolTois & des An-
glo-Saxons, qui voulurent tour-à-tour les fubju-
guer. Cette étymologie j qui eft vraie , montre
qu'il faut écrire dun , & non pas dum ; le b qui fuit
fait changet 1'« en m. Les Cartes de Speed difenc
Dunbcrton , &c le Golfe de Dumbretun. D'autres
l'appellent Dunbritton. C'eft ainii qu'écrit M. de
l'Ifle dans fa Carte des Ifles Britanniques. Dunbarton
paroit plus félon notre ufage. Hofïman dit qu'on
l'a nommé autrefois Dunbarte.
Quand il fuit une m , une n , ou un b , Vn de durt
fe change en m , ôc l'on dit dum. Ain fi l'on dit Dum-
bar : Dumbarton , Dumblay & fJummerzée , &c.
Comme on avoit coutume de bâtir les châteaux fut
les hauteurs , dun s'eft pris enfuite pour château.
DUMBLAIN. Petite ville Epifcopale de l'Ecolfe Mé-
ridionale. Dunblanum y Dumblanum, Elle eft capi-
tale du Comté de Menteith. Maty. Dumblain eft
fituc fut la rivière de Leith . â une lieue &: demie
de la ville de Sterling , vers le Nord. Dumblain a
féance & voix au Parlement d'Ecoflfe , & fon Evê-
que eft fuffragant de Glafcow. Id. Cette ville eft
nommée fort différemment j car, outre qu'on écrie
également Dun & Dum à la première fyllabe, les
Cartes de Speed l'appellent toujours Dumblay ;
mais, dans fon difcours , ou fa defcription d'Ecosse,
Speed dit Dumblan ; M. Corneille , Dumhlane j
Baudrand & la Carte de M. de l'Ifle Dumblain ; Ma-
ty Dumblain y ou Dumhlane ^ 5i dans le difcours
Dumblane. Maty , comme nous l'avons marqué ,
fait dépendre Dumblain de la Métropole de Glaf-
cow ; mais Speed dit qu'il eft fuffragant de Saine
André.
DUMBROSA. Petite ville d'Irlande , dans la Province
de Connaught.
DUME. Voyei DONGISBEY.
Ip-DUMENT. adv. roye? DUEMENT.
DUMFREIS. Voy. DUNFREIS.
DUMMERZÉE.'C'eft-à.dire , Merde Dummer. Dum^
mera. C'eft un lac de Weftphalie , fitiié entre les ter-
res de Munfter, d'Ofnabrug& de Biepholt. On ap-
pelle quelquefois ce lac , le lac de Damma , à caufe
d'un bourg de ce nomquielf à une lieue de fes bords.
Maty.
DUMNO. Foy^t DELMINO.
DUN.
DUN. Vieux mot , qui entre dans la compofition de
phifieurs noms de lieux François , j^llemands. Fla-
mands, Bvetons , Anglois, Ëcoflois & Irlandois^
comme on l'a déjà vii , & comme on le verra en-
core ci après. Ce nom fignifioit , félon quelques-
uns , dans la langue des Celtes , une élévation , un
lieu élevé, une colhne j une hauteur , unemonta-
j gne. Foyei Clitiphon dans Plutarque , de fiumi.'
Q ^ q i)
492. D U N D U N
nibus. Voy. auffi Cambden , Britannia Antiqua j f. [DUNDÉÉ, Petite ville de l'Ecoflè Septeiitrionale. Do-
' ' ' ' " ' num DcL. Autrefois Tdqdunum & Aleclum. Elle eft
tortinée , & iîtiiée à trois lieues de S. André j vers
, le Nord . dans le Comté d'Arigus , & à l'embou-
chure du Tay , où elle a un bon port. Maty , &,
la Carte de M. del'ljle. Long. 1 5 d. 5' , lat. i6 d. 42',
DUNE.F'oyeîDZWlNA.
DUNE. f. f. Elévation de terrein, ordinairement for-
mée par des fables arides au bord de la mer. Are-
nofi montes 3 prxaltn maris iittora. Les Allemands
difent Duint pour fignifier la même chofe. Charles
de Vifch , dans Ion Compcndmm chronoiogkum Exor-
dit & Progrejjùs Abbatiiz Clarijfima B. Maria de Du-
nis j dit , Vallem reperit arenariim coUibus , ( quos
incol& Duyiienvocant) undique cinclum.Ce font quel-
quefois des rochers efcarpés , comme en Angleterre,
quelquefois de (impies hauteurs_,ou collines de lable.
Les Dunes, en particulier, font une grande rade
d'Angleterre, qui eft le long de la côte Orientale
du Comté de Kent , depuis Douvres jufqu'au Cap-
Nort. Cette rade a un tort bon ancrage , &; ell dé-
fendue par les Châteaux de Sondowne , Déale ,
&: de Walmer. C'eft là que s'alTernblent ordinaire-
ment les flottes Angloifes. On dit , la flotte eft en-
core aux Dunes , eft partie des Dums. Cette efca-
dre eft retournée aux Dunes. Elle a été accueillie
d'une violente tempête qui l'a obligée de relâcher
aux Dunes.
C e mot vient de dun , qui a fîgnifié anciennement
montagne, ou lieu cminent, &c qui a donné les
noms à Dunkerque , Chuteaudun, Verdun, Loudun\
Dun-le-Pioi j & à un grand nombre d'autres places
par toute l'Europe. Mais dune proprement a fignifié
vague j ce qu'en Efpagne on appelle ola , & en Fran-
çois ouïe _, ou houle. De-U vient que les Flamands
ont appelle Dunen , les coteaux de fable qui empê-
chent que les vagues n'entrent fur la terre. II y en
a qui font venir le mot de dune du mot Grec "îw
qu'ils difent avoir été formé de ^!^»»»-, colline. , hau-
teur, éminence.G\.\iQ\\aït le dérive du Grec 5^«», S^î», ^"t
qui fignifié bord ^ rivage , élévation, &c. en chan-
geant le i , ou th en d , comme le ~, oule d , du
mot Hébreu ned avoir été tranfpofé &c changé en
« , ou rAj par les Grecs pour formera», de "'^ ,
ned. Voici donc la table généalogique du mot dune,
félon ces Auteurs j "î^ , ned , H den , -^i' , ou S-'i> ,
thunu, tune j dune. Quoiqu'il en foit de l'origine
Hébraïque ou Grecque de ce mot , il eft plus natu-
rel de s'en tenir à la langue Celtique ou Teutoni-
que, &c de ne pas chercher ailleurs l'origine du mot
de dune.
DUNEBOURG. Foyei; DUNENBOURG.
DUNELM , ou DLÎNELME. Foye'^ DURHAM.
DUNEMUNDE. Bonne forterefte de Livonie. Dune-
munda. Elle eft à l'embouchure de la Dzwine, dans
le Golfe de Riga, environ à deux lieues au-deifous
de cette ville.
DUNENBOURG. Petite ville de la Létonie^ Pro-
vince de Livonie. Duneburgum. M. Corneille dit
Duneburg en V Y?Lnco\s , &c Maiy Dunenboui g. C'eft
une forterefle , ou petite ville bien fortifiée, fituée
fur la Dzwine , aux confins de la Scmigalle , à cinq
lieues plus au nord que Braflaii en Lithuanie. Du-
nebourgj ou Duner.bourg, fut pris fur les Polonois
en 1655 parles Suédois , à qui les Mofcovites
l'enlevèrent quelque temps après. Corn.
DUNESLEY. Petit Golfe qui eft fur la côte du Comté
d'York , en Angleterre. Duni fretum. Il eft près dtk
bourg de Withby. Il prend fon nom du village de
Dunefley , qui eft fur ce Golfe. Dunum.
DUNETTE, f. f. Terme de Marine, eft l'étage le plus
élevé de la pouppe,jou de l'arrière du vailïèau, où
eft le pofte du Maître t's: du Pilote. Puppis pars altif-
Jima. On ne fait de dunette qu'aux vaiffcaux qui ont
So pieds de quille , ou environ. Dans les vaiflTeaux
de guerre, il y a toujours un foldat en fentinelle fur
le plus haut de la dunette.
DUNFREIS , ou DUMFREIS. Petit ville avec ud bon
château. Dunfrcia. Elle eft dans l'Ecolfe méridio-
180. Cluvier Germani& Antiq. L. I, C. j,p.6^.
Dun, en vieux François , dit Du Chiiae, iignifie
roche & montagne :, & toutes les villes élevées li
haut fur la ûiperficie de la terre , comme de gran-
des Reines des b.Uîes campagnes, font enrichies de
cette qualité de Dun à la fin (ou au commencement)
de leurs noms pour marque de leur lomniué ce
haiitelfe. Antiq. des villes de Fr. P. L C. 50. Dom
Duplellîs qui a imprimé à ce fuje: quelques difler-
tations dans le Mercure de France, piérend, au con-
traire j que Dun ne fignihe hauteur ou montagne _,
que dans la langue Teutonique j & que, dans la
langue Celtique, il fignifié /jw/oni , bas j inférieur,
comme il le fignifié encore aujourd'hui dans le Bas-
Breton. De S. julien dit que Dun fignifié une ville ,
& le plus fouvent une ville fituée fur une monta-
one , mais il fe trompe ; c'eft fimplement une
colline , une élévation , une montagne. Coquil
le dans fon Hijloire de Ntvernois page. 6. croit
que dunum , en ancien langage Celtique , figni
fie mont de terre relevé' fait de main d'homme j
qui eft ce qu'on appelle aujourd'hui une motte , ou
fort. U eft vrai que dun s'eft dit de ces fortes d'élé-
vations faites de main d'homme ; & par-là on voit
pourquoi plufieurs lieux qui ne font point fur les
montagnes , ont porté ce nom ; mais il n'eft pas
vrai que ce foit là fa première ou fa feule fignifica
tion. Voye^ DUNE.
DUN. Petite ville de France. Dunum. Elle eft du Du-
ché de Bar. Dun eft fitué fur une montagne dont la
Meufe baigne le pied , entre Verdun au midi &
Stenay au nord , un peu au defl^us de Villefranche.
Dun, qui eft aux confins de Champagne, appartcnoit
autrefois au Duc de Lorraine j mais en 1635 , il le
céda à la France. Dun a eu des fortifications , qui
ont été démolies. Le nom de cette pLace eft pris de
fa fituation fur une hauteur. Foy. ci-delTus ce que
fignifié £?.'/;?. Long. 21 d. 51'. lat. 49 d. 22'.
Dun. Petite rivière de Normandie en France. Dunus,
Tala dunus. On l'appelle communémenr Dun en
Caux. Elle a fa fource dans le village de S. Pierre-le
petit , au-defibus du Bourg de Fontaines-fur Dun.
Elle donne encore fon nom au Bourg - Dun & au
Val-Dun. Voyez la Defcripion Géogr, & Hijl. de la
Haute Norm.. T.I.p.^i.
DUN. Petite rivière d'Angleterre. Dunum. Elle naît
dans le Comté de Darby, baigne Duncafter dans celui
d'Yorck, & vafe jeter dans l'Humbertaux confins de
celui de Lincoln. Maty.'
Dun. Petite rivière d'EcolTe j qui arrofe la Province de
Kile , & va fe décharger dans la mer d'Irlande , af-
fez près de la ville d'Aire.
DUNALMA. Terme de Relation. C'eft le nom d'une
fête chez les Turcs. Elle dure fepr jours & fept
nuits , que l'on pafte dans les réjouilfances. Le peu-
ple fait des feftins dans les rues , qui font ornées
de fleurs & de tapilferies*, & le divertit à toutes
fortes de jeux. On célèbre cette fête à la première
entrée du Grand-Seigneur dans une ville , ou après
la nouvelle d'une viitoire fignalée. Elle fe nomme
aulti Ziné ou Eziné. Ricault de l'Empire Ottoman.
DUNBAR. Voye-( DUMBAR.
DUNRARTON, DUNBRITON , DUNBERTON ^
DUNBRETTON. Foyei^ DUMBARTON.
DUNC ASTER, ou D ANC ASTER. Nous pronon-
çons Doncaftre. Petite ville ou bourg du Duché
d'Yorck en Angleterre. Dunum , Danum : Danocaf-
tria. Ce lieu eft fur la rivière de Dun, vers les con-
fins du Comté de Lincoln à neuf lieues delà ville
d'York au midi.
DUNCKESPIEL. Voyei; DINKESPIEL.
DUNDALKE , ou DUNDALK. Petite ville delà La-
génie en Irlande. Dundalcum. Elle eft fur la côte
orientale de l'Ifle , dans la Comté de Louth , où elle
a un grand port , à huit lieues au nord de Drogheda,
& à trois deCarlinfort. Dundalke a féance & voix au
Parlement, & un Evêquefutfragant d'Armach. Long.
ïi d. g' . lat. 54 d. i'.
D U N _
haie, & capitale de la Province de NithefJale, fur
la côte Orientale de ce Royaume. Dunjrch ell lituc
lui- le Nithe , environ à une iieue de (on embouchure
dans le GoRe de Solway.Spéed , Macy , Holiman,
écrivent Dunfreis\ Meilleurs Corneille & de Lille
Dumjrcis. j-ongit. 13. d. 50'. Latitud. 55.
d. 8'.
DUNG. f. m. Petit poids de Perfe , qui tait la (ixième
partie du mefcal. C'eft aulli une monnoie d'argent
qui le fabrique , & qui a cours en Perfe. Il pelc
douze grains.
Db'NGANON. Bourg, ou petite ville de l'Ultonie,
Province d'Irlande. Dunganon'ta , Dunganomum ,
Dunganum. Ce lieu eft iituc dans le Comté de Ty-
rone j à quatre lieues au nord d'Armach , eft la rcli-
dence du Comte de Tyrone , & a feance au Parle-
ment d'Irlande. Maty. On trouve aulli Z)««eo^t;«/w«,
& Duneganon.
DUNGARRES. f. f pi. Toiles de coton blanches que
l'on tire de Surate.
DUNGARVAN. Bourg, ou petite ville d'Irlande.
Dungarvanuin. Hotfman dit que Dungarvan eh très-
fortihé. Il efl lîtué dans la Momonie, fur la côte du
Comté de Waterlort. Il a un bon port , & léance
au Parlement. Hotfman & M. de Ldle le mettent
dans la Lagcnie. Longit. 10. d. 11'. Lutitud. 51.
d. 2'.
bUNGCANON. Fort, ou Château de la Lagcnie,
en Irlande. Duncj.nonium. Il eft dans le Comte de
Wexfor: , fur le bord oriental de la Baye tle Wa-
terforc, à trois ou quatre lieues de la ville de ce nom.
Maty , qui écrit aulli Dunkanon.
DUNGHALL. Dans Spéed & dans M. Con>2ille ;
Dungall dans Mary ^ Dungal , dans la Carte de
l'Ultonie de Spéed j Dongall, dans la Carte d'Ir
lande, du même Auteur; Doneghall, dans Maty \
DonagAll j dans la Carte de M. de Lille. Nom
d'une petite ville de l'Ulronie , en Irlande. Dun-
gallia , Dungalïa dans Hoiiman : DunghdU, fitué
Tur une grande baie qui prend Ion nom , eft capitale
d'un Comté , auquel il le donne aulli , env^iron
à quatre lieues au Nord du lac de Broad. Dun-
ghall a féance & voix dans le Parlement d'Irlande.
Maty.
Le Comté de Dunghall , ou deTyr-conelle , eft
une contrée de l'Ultonie, en Irlande. Dungalia \
Dungalenjis Com'uatus , Tyrconenfis Comuatus , Cor-
ndii Terra. Ce Comté eft borné au levant par ce
lui de Londonderri, au midi par celui de Ferma
nagh \ l'Océan Calédonien le borne au couchant &
au nord. Il peut avoir 30 lieues de longueur j &C 10
de largeur nfcyenne. Il conlifte en des plaines fort
fertiles , particulièrement vers les côtes. Dunghall
en eft la capitale.
DUNGISBEY, DUNISBEY, ou DUNSBEY. Bourg
de l'Ecolf; feptentrionale Dungisbuum... Il eft dans le
Comté de Cathnes , vis-à-vis des Orcides , fur un
Cap de même nom. On croit que le Cap A^Dun-
gisbey eft le Berubium , ou. Veruvïumproinôntorhan
des Anciens : c'eft le lentiment xle Buchanan & de
Baudrandj mais Hedlor Boctius croit que c'eft
Dume
D U
N
03
DUNGLAS.
DUNISBEY.
DUNKANON.
I Voyc-, I
DOUGLAS.
DUNGISBEY.
DUNGCANON.
DUNKELD. Petite ville Eplfcopale d'Ecofte. Dun-
cheldium, Duncaledonia , Cafirurn Caledoniuni. Cette
ville eft fur la rivière du Tay , dans le Comté de
Perth , quatre lieues plus hautque la ville de Perth.
Lévêque de Dunkeld c^ fuffragant de l'Archevêque
de Saine André. Longit. 14. d. 10' Latitud. 56.
On prétend que cette ville a tiré fon nom des
Calédoniens , fes premiers habitans. Dun , Châ-
teau j Kcld, ou Kald , Calédonien , Dunkcld, Châ-
teau des Calédoniens.
DUNKERAN. Petite ville d'Irlande , qu'on appelle
auffi autrement Donekinc. hcrnis ^ Dunkcranum-,
Elle eft dans la Momionic , &: appartient au Comté
de Delmon, lur la côte ieptentrionaie de la baie de
Mayra, entre le bourg de Kilmare, ou de Glana-
rogh , & la mer. Matv. On croit que Dunkcrari
eft l'ancienne Ivcrnis , capitale des iverniens. Id.
C'eft le lentiment de Cambden. Hoftman ajoute
qu'il a un Evcché lutlragant de Casliel.
DUNKERQUE. Nom de ville , qu'on écrit àuffi
Donkerque 3 comme on le prononce, Ik. Donqutr-
que ; en Latin , Duiikcrca, jan-ùin Duuenfc. C'eft
une ville des Pays-Bas , dans le Comté de Flandres ,
que Meflieurs de TAcadémie des Sciences placent
au zo*^ degré une minute de longitude ,& au 1,)°
une minute de latitude nord. Dunkerquc eft iituce
à l'embouchure de la Colme , entre ces dunes qui
blanchllfent J &c s'élèvent au bord dqlOccan depuis
l'Eclufe jufqu'à Calais. A l'Orient , elle eft bornée
de Fumes & de Nieuport; au Midi ^ elle regarde
Bergues & la Flandres ; elle a Mardik au couchant ;
la mer l'enferme du côté du Nord. Son territoire
eft fort petit , & prefque par-tout reirerré par celui
de Bergues. Sa grandeur lïc ia puilfance viennent
des commodités de la mer. Saint Eloi , annonçant
l'Evangile, y bâtit autrefois une Chapelle, dont
on trouve encore des reftcs allez proche des mursde
la ville , qui en tire fon nom & Ion origine. Dun-
kerque , en effet , lignifie l'Eglife des Dunes \ Se il
femble que pour ce fujet on a élevé h haut le clo-
cher de fon Eglife , que l'éminence des Falailes
n'empêche point qu'on ne le voie de la mer, & que,
de la plateforme qui eft au fonimetj l'on ne puilTé
en temps ferein découvrir les montagnes de Douvres,
& la côre d'Angleterre. Sarasin.
Au commencement Dunkcrque n'étoit qu'un ha-
meau , compofé de cabanes de Pêcheurs , alfcmblés
par la commodité du havre. Depuis , la vieilleife Se
la négligence ayant gâté le port de Mardik, célèbre
en ce temps-là, elle devint conlidétablepar la ruine
dece port. Baudouin IlI.Comte de Flandres, furnom-
mé le Jeune j en lit une ville, l'an de falut <)nG. Elle
fut enfuite peuplée par la bonté de Philippe de Ver-
mandois, qui, y ctablilTant beaucoup de hanchifesi
y alFembla beaucoup d'habitans. Sarasin. Dunker-
que eft féparée en deux villes , vieille Se nouvelle.
La vieille eft aflife au bord de la mer , &:c. Id. La
nouvelle ville s'attache au lort de Léon ^ &, enfer-
mant le refte du Havre , s'étend enfuite autour de
la vieille , jufqu'au-delà du chemin qui mène à
Nieuport. Id. Dunkcrque a eu autrefois fes Sei-
gneurs particuliers , qui portoient le titre de Châ-
telains , & qui relevoient des Comtes de Flandres.
L'an 1138, Laurent d'Efpagnc la vendit à Gode-
froy , Evêque de Cambray , après la mort duquel
on la réunit au Comté de Flandres. Robert de Bé-
thune l'en démembra , pour la donner avec d'autres
terres à Robert de Calfel fon fécond fils \ & le ma-
riage d'Yoland de Flandres avec Henri IV ^ Comte
de Bar, la fit palTer dans cette maifon. Jeanne de
Bar la porta en dot à Louis de Luxemboutg , Châ-
telain de Lille i5c Connétable de France; & Marie
de Luxembourg la fit entrer dans la maifon de
Vendôme. Dunkcrque a été fouvent aftiégée & prife
dans les deux derniers fiècles. En 1558 » De Ter-
mes la prit. En 1 58 J , le Duc de Parme la reprit ;
en \C^\6, les François l'adiégèrent encore, & s'en
rendirent maîtres fous la conduit-.- du Grand Condé.
C'eft ce fiége dont Sarafin a écrit l'Fliftoire \ ouvra-
ge d'une main inaîtreffe , comme parle M. Pélilfon.
Les Efpagnols la reprirent en 1652. En 1658,16
Maréchal de Turenne s'en étant rendu maître, elle
fut remife aux Anglois , de qui la France l'acheta
en \GGx , & depuis ce temps-là elle n'a plus changé
de maître. Par la paix d'Utrecht entre la France &
l'Angleterre, les fortifications &: tous les ouvrages
ont été rafés ; mais on a fait à Mardik un nouveau
canal qui va jufqu'à Dunkcrque.
Il y a encore fur la même tôtc-jim bourg de même
nom entre cette ville i'c Nieuport.
45)4 D U N
Ce mot éft compofé de dun j les dunes , & Klrche
©u Khke . mot Allemand & Flamand , qui lîgnihe
Eglife : ainli , Dunkerquc , c'eftà-dircj l'Eglife
des Dunes. On prétend que ce nom lui vient de ce
que la tour de fon Egliie elt la première que les
Mariniers apperçoivent de fort loin en mer par-
deflus les dunes ^ ou plutôt , parce que Dunkerque
a commencé par une Eglife , qui fut bâtie en cet
endroit-là fur les dunes; c'eft-à-dire, fur le bord
DUN DUO
rOcéan au midi, eft entre Montrofe , & Dunnotyr
le New-Aberden.
DUNOVERT. Château de i'EcolTe méridionale. Du-
novcTcium. Il ell dans la pcninfule de Cantyr & à
fon midi j peu éloigné du Cap de Cantyt , appelé
Mule-ûJ-cancyr , qui n'elt éloigné du Cap Faire en
Irlande que de 24 milles, félon Hoftman, c"elt-à-
dire , de îi lieues , & de 1 6 milles , ou 5 à 6 lieues ,
félon Corneille. Dunovert eft très- fort.
de la mer, comme la remarqué ci-delfus M, Sa-.DUNQUERQUE. Foyc^ DUNKERQUE,
rafin.
DUNKERQUOIS , oise. f m. & f. Qui eft de Dun-
kerque. Dunherkcnjis. L'Antiquité n'a point connu
d'hommes plus déterminés fur la mer , que les Dun-
kerquois j & nous ne Ufons point d.actions plus
hardies , que celles qu'ils ont exécutées. Sara-
SIN.
DUNLACECASTLE. Ville d'Irlande , dans la Pro-
vince d'Ulfter, au nord de l'Océan.
DUNLEROY. Nom d'une ville de Berry , Provincede
France. Regiodunum. Elle eft fuuée fur les confins
du Bourbonnois , à fix lieues au midi de Bourges ,
fur le bord de l'Auron. DunUroy eft un hége Royal
qui dépend du Bailliage de Berry. Dunleroyt!iQ\x ies
Seigneurs particuliers , qui en 1x75 en vendirent l.i
moitié à Philippe- le-Hardi. Philippe-le-Bel l'é
changea pour d'autres terres en 1313. Charles le-
Bel révoqua l'échange en 1311. Charles VU ayant
adigné DunUroy pour douaire à Marguerite de
Bourgogne , veuve de Louis Duc de Guyenne, le
réunit à la couronne après la mort de cette Princel
fe. Cette réunion fut confirmée par Louis XI , fon
. fils, le douzième Mars 1465. Quelques-uns ont ef-
timé mal-à-propos que DunUroy étoit le Noviodu-
num de Céfar. Du Chefne , Antïq. des vlU. de Fr.
P.I.C, lij). Il croit, ch. m. que Noviodunun,
eft Neuvi.
DuNLEROY , eft aufTi une petite ville de France en
Bourgogne , fuuée dans le Beaujolois , entre Se-
mur & Beaujeu. De S. Julien , dans fon Origine de.
Bourguignons , la met dans le Mâconnois.
DUNLUCE. Château de l'Ultonie en Irlande. Don-^
lufd. Il eft fur la côte feptentrionale du Comté
d'Antrim , à l'embouchure de la rivière du Bush.
Donluce eft fort par fa fituation fur un rocher ; &
on l'a féparé de la terre ferme par un folfé.
DUNOIS. Petit pays de France , dans la Beauce. Du-
nenjis ager , truclus ^ pagus 3 Comitatus j ou. Duca-
ius , félon les temps dont on parle. Le Dunois con-
fine avec la Beauce propre , & le Perche au Nord j
le Vendomois & le Maine à l'Oueft, le Blaifois au
Sud, & l'Orléanois à l'ElL Châteaudun , autrefois
Rubeclaire , urhs dura , eft capitale du Dunois. C'é
toit anciennement une Vicomte que poftedoient les
defcendans de Rotrou I , Comte de Mortagne, qui
vivoit dans l'onzième hècle. Cette Vicomte entra
cnfuite dans la Maifon de Châtillon & de Blois. Il
fut érigé en Comté, & Jean de Châtillon fut le
premier Comte de Dunois , Gui de Châtillon , fils
de Louis , Comte de Blois , qui mourut à la jour-
née de Crecy , fe voyant fans enfans après la mort
de Louis, fon fils unique , vendit ce Comté l'an
Î391 , à Louis Duc d'Orléans, pour la fomme de
200000 liv. Ce Prince le donna à Jean , fon fils
naturel , qui eft ce fameux Comte de Dunois , fi
célèbre fous 1 harles VII , & dont vinrent les Ducs
de LongueviUe. Le Comté de Dunois fut érigé en
Duché Pairiepar François I. l'an i ^ 14, dit du Chef-
ne, ou 1515 , en faveur de Louis Duc de Longue-
ville. Ce pays a 10 lieues de long & 7 de large , &
eft arrofé de quatre rivières , la Loire , la Convoyé ,
rAi<'re & l'Hierre , autrement la féche. Foye^ Du
Chefne , Âne. des FJiUs de Fr. P. I.C. 40.
DUNNOTYR. Château de l'Ecoffe feptentrion.
Dunnotyrum. Spéed l'appelle Donnotyr , & Mary
Domnotyr. Il eft fur la côte orientale de ce Royau
me , dans la Province de Mernis , & dans une pé-
ninfule que forme le détroit de Stone au nord , &
DUNQUERRE. Village du Ponthieu en Picardie,
luué entre AbbeviUe&Dourlens. Dunquerra. Quel-
ques-uns le prennent pour l'ancien Duroïcoregum ,
que Valois prétend être Rue.
DUNS. Bourg , ou pente ville de l'Ecofie méridiona-
Dunjium. Elle eft dans le Comté de Merche , à trois
lieues au couchant de Coldingan. M. De Lille l'ap-
pelle Dung , mais mal-à propos. Jean Duns , appelé
autrement Scot,Cordelier, Ck iurnomméle LoCteuc
fubtil , étoit né en ce lieu , dont il prit le nom , fé-
lon l'ufage de fon temps. Il y naquit l'an 1175 , fut
le Chef de l'Ecole des Scotiftes , & moutut â Co-
logne le huitième de Novembre 1 308.
DUNSI5EY. Foyei;^ DUNGISBEY.
DUNSTABLE. Bourg du Comté de Bedfort en An-
gleterre. DuniJlabuLum. Il eft fui la rivière d'Oufe»
aux confins des Comtés d'Hartford & de Buckin-
ham. On le prend pour l'ancienne ville des Carti-
cuchlans , qu'on nommoit Maginiovinium , ou Ma-
giovencum. Maty.
DUNSTAFAG. Petite ville d'Ecoire. Scephanoundum.
Elle eft fur la côte du Comté de Lomé , vis-à vis
l'ifle de Mule , dont elle n'eft féparée que par un ca-
nal de deux lieues. Maiy. Cette ville eft fortifiée ,
&: a un port très-commode , au fond d'une baie ,
dont le mouillage eft alTez bon. Corn. Leflei croit
que Dunflafag eft l'ancien Evonium , demeure au-
trefois des Rois d'Ecofle , & ttès- forte & d'une
grande antiquité.
Ce nom eft compofé de Dun ^ & Staphag^SiC
fignifie Montagne de S. Etienne.
DUO.
DUO. f. m. Terme de Mufique. C'eft une compofitîon
faite en Mufique de quelque air ou motet pour être
chanté par deux voix , ou exécuté par deux inftru-
mens. On appelle aulli duo 3 quand deux voix feu-
les chantent différentes parties , quoiqu'elles foienc
accompagnées d'une troilième partie, qui cil la baffe
continue. Duo , duo voces. Ainfi ce qui conftitue le
duo j font les deux parties principaleé entre lefquel-
les le fujet eft également diftribué. Les Italiens nous
font moins fupérieurs pour les crio , que nous ne le
leur fommes pour les Duo, Ceux-ci demandent
moins de jeu , moins d'art , plus de chant,
plus de naturel que les autres. Et je ferois
fort trompé ou, en fait de duo , la mufique Ita-
lienne n'approche pas de la nôtre. Entrer, fur la
Mujîq. Le talent des trio & des duo , a été un des
principaux talens de LuUi.On a remarqué que, dans
le grand nombre des fiens , il ne s'en trouve pref-
que point qui ne foient beaux. Id.
On tfouve ce mot au pluriel avec une j à la fin ,
comme aiJx autres mots François. Il faut ufer fort
rarement dans les Duo , de l'unilTon & de l'oéla-
ve, excepté au commencement & à la fin. P. Par-
RAN. M. Sauveur ne met point 6^s à la fin au plu-
riel, & il écrit les fugues, les duo, les trio, les
écho , &:c. L'académie dit aufli , de beaux duo. Cet
ufage eft général.
DUODENUM, f. m. Terme d'Anatomie, qui fe dit
du premier des inteftins grêles. Duodénum. Il eft
ainfi appelé , parce que fa longueur eft de douze
travers de doigt , en y comprenant le Pylore. De-là
vient que quelques - uns l'appellent aufll Dodeca-
ddclylum , comme a fait M. Harris dans fon Dic-
tionnaire Anglois des Arts , ajoutant néanmoins ,
ce qui eft vrai , que le nom duodénum eft pUi$ iifité.
D U P
En notre langue on n'en dit point d'autre. Le duo-
dénum commence à l'orifice droit du ventricule , &
defcendvers l'épine de droit à gauche, fans être
nucLinement entortillé : il finit où les circonvolu-
rions des autres intelhns commencent : il eft plus
épais & plus étroit que les autres. Quand le chyle
a été fuililamment cuit & perfedionné dans l'ef-
tomac , il defcend dans l'inteftin duodénum. Lémî-
RY. L'inteftin jéjunum fait diverfes inflexions , &
fe plilfe en dedans , parce que la bile & le fuc pan-
créatique fe mêlant au commencement de ce boyau ,
ou à la fin du duodénum , précipiteroient trop
prompcem.^nt non-feulement la partie grollière des
excrémens , mais même le chyle. DioNis.
D U P.
DUPE. f. f. Qui eft trompé \ qui eft facile à être
furpris , à être trompé. Stupidus ^ JtoUdus ,
mfulfus. Qui donne aifément dans le panneau. Ce
mot dupe , Ôc les deux fuivans , duper & duperie ^
s'écrivent aujourd'hui avec un feul p. Cet étourdi
eft la dupe de tout le monde.
On commence ( dans le jeu) par être dupe ,
On finit par être fripon. M. DhS-HoUL.
On dit, d'un avare qui fe refufe le néceftairCj &
généralement de tous ceux qui ne tirent aucun pro-
tic de leurs injuftices , qu'ils fe damnent en dupes.
Le monde eft un commerce d'apparence de bon-
ne foi , & de tendrelfe , & celui qui donne des réa-
lités pour cela , eft pris pour dupe. S. EvR. En ma-
ricre d'amitié il eft moins honteux d'être la dupe ,
que le pipeur ; mais il ne faut être ni l'un ni l'au-
tre. Ch. oe Mer. Je ne puis voir tranquillement
que vous foyez la dupe de Monfieur. Le i.AGE.
Faines réflexions ! inutiles difcours !
L'homme , malgré votre fecours ,
Du frivole avenir fera toujours /a dupe. Des-Houl.
Les hommes ne vivroient pas long-temps en fo-
ciété , s'ils n'étoient pas les dupes les uns des autres.
RocHEF. L'efprit eft toujours la dupe du cœur. Id.
Il ne faut pas être la dupe d une forte confiance. S.
EvR. Il arrive fouvent à la Cour qu'avec beaucoup
d'efprit l'on eft la dupe de plus fot que loi. La
Bruy. Nous fommes aifément les dupes de ceux
qui nons louent. S. Ev. La manière donc on joue
les hommes , a beau être vifible , les plus fins lont
toujour> de grandes dupes du côté de la flatterie.
Mol. On dit , Je ne fuis pas fi dupe ; vous ne me
prendrez pas pour dupe : c'eft-à-dire, je ne fuis pas
aulli mais , ni auiîi fot , que vous penfez. Ce mot
vient de hupe , oifeau foc & niais j & que dans quel-
ques endroits on appelle dupe.
tfT Ce mor s'emploie fouvent au fingulier, quoi-
que joint à des noms pluriels , pourvu que ce foient
des noms collectifs , ou pris colleétivement. Les
perfonnes de bonne foi font fouvenc la dupe des
gens intérellés. Nous en ferons la dupe , ou les
dupes.
Dupe. Sorte de jeu de cartes , femblable au Lanfque-
net. Celui qui tienc la dupe , tire fa carte la premiè-
re , & elle va contre tous venans.
DUPE-PHILIPPE. Terme de Fleurifte. (Eiller appe-
lé autrement Prince d'Epinay , qui eft fon véritable
nom , & de S. Félix. C'eft un rouge de fang fur un
blanc fin : fa fleur eft large , quoiqu'elle ne foit pas
chargée de feuilles : fes panaches ne font pas gros ,
mais fore diftindts & decachés. Sa plance , qui eft
vigoureufe, s'élève au-deflus de coures les auties
plantes d'œillecs. Ses fanes fonc d'un beau verc, 6c
ne font pas fujettes aux taches. Tout fon défaut j
c'eft d'être plat.
DUPER. V. a. Faire donner dans le faux par habilecé ,
en faifant ufage de fes connoilTances aux dépens de
ceux qui n'en ont pas , ou qui en ont moins. Sur-
D U P 49>-
prendre , c'eft y faire donner par adrelTèj en faifif-
fant la circonftance de l'inattention à diftinguer le
vrai. Tromper, c'eft y faire donner par déguife-
. ment , en donnanc au faux l'air &c la figure du vrai.
Syn. Fr. Il femble que duptr air proprement pour
objet les chofes où il eft queftion d'intérêt &c de
profit. L'art des Grands eft de leurrer les petits pa
des promeifes magnifiques; & l'art des petits , eft
de duper les Grands dans les chofes que ceux-ci
commettent à leurs foins. Aliquem deludere , ludi-
ficari , deludificari. On eft fouvent dupé au jeu &
en amour.
Vn Bigot orgueilleux
Croir duper jufquà Dieu par fon :jè/e affecté. Boil.
Souffrei-vous qu'un fripon vous dupe avec audace.
Sous lepompeux éclat d'une auflère grimace. Mol.
Quelques-uns dérivent ce mot du Latin decipere.
Dupé , ee. part. DeluJ'us.
DUPERIE, f. f. Tromperie, filouterie.^ Fraus, irrifio ,
derifio. Rendez moi raifon d'une fi étrange duperie.
Fontenelle. Let. du Ckev. d Her.
DUPEUR. f. m. Trompeur. Deceptor. U n'eft pas
ufité. Un conte cbarmoic dans la bouche de Boifro-
berr. Il étoit grand ûf«/?eur d'oreilles. C'eft lui-mê-
me qui le dit , en repréfentant à Conrart , qui l'in-
vicoit à publier fes Pocùes , qu'elles pourroient bien
n'avoir pas fur le papier tout l'agrément qu'il avcrtt
l'art de donner quand il les récitoit.
En récitant , de vrai je fais merveilles.
Je fuis, Conrart 3 un grand à\içt\:it d'oreilles,
Hiji. de l'Ac. Fr.
DUPLICATA, f. f. Le double d'un a6te, d'un exploit,
d'un brevet j &c. On écrit par un duplicata quand
on craint que la première dépêche n'aifécé prife,
ou perdue. U fedit particulièrement des expéditions
qui fe font chez les Secrétaires d'Etar , & en la
Chancellerie. On le dit aulli de quelques Arrêts du
Parlement de Paris qu'il envoie aux autres Parle-
mensdu Royaume : ce ne font que les Arrêts qui
fe donnent lur des chofes qui ne fe traitent qu'au
Parlement des Pairs , au Parlement de Paris. Ces
duplicata font différens des copies collationées qu'on
envoie aux Bailliages' & Sénéchaulfées du reflort :
le Parlement de Paris , en envoyant ces fortes de
duplicata aux Parlemens , leur communique fes
Arrêts pour les faire regiftrer , &c. Mais , en en-
voyant des copies collationnées aux Cours ûibalter-
nes du reflort , il ne fait que fuivre fa pratique or-
ciinaire, qui eft de leur faire exécuter tous les Arrêts
qu'il donne. Cette différence des duplicata, aux co-
pies collationnées , eft marquée dans l'Arrêt du Par-
lement de Paris, du z Septembre 1715 ^ fur la Ré-
gence du Royaume j & les chofes qui la concer-
noient. Voici les termes. La Cour ordonne que des
duplicata du préfent Arrêt feront envoyés aux au-
tres Parlemens du Royaume , & des^ copies colla-
tionnées aux Bailliages & Sénéchauffées du relfort,
pour y être lues , publiées &: regiftrées. Enjoint,
&c. Foye^ les Arrêts fur ces fortes de matières,
^ Le duplicata eft une double expédition , tirée
fur la minute, aulieu que la copie collation née n'eft
ordinairement tirée que fur l'expédition.
Le mot duplicata ne prend point d'j au pluriel ,
comme on le voit \ & il fe trouve imprimé en Ita-
lique dans les extraits des regiftres du Parlement ,
& dans les livres , comme s'il n'étoit pas François ,
quoiqu'il le foit autant que les mots Te Deum ,
faclum , finito , reclo ^ verfo :, qui fe trouvent
imprimés en mêmes caradères que le texte où ils
fe trouvent. _ .
On appelle auffi duplicata , le parchemin qui eft
rendoublé en beaucoup de lettres de Chancellerie j
fur lequel on écrit les Arrêts d'enregiftremenr , de
vérification, de preftation de ferment, quand on
entre dans les charges, &: auctes chofes femblables.
49^
D U P
Duylkdca fe dit auffi, dans k- hguré , en ftyle fa-
milier. \\ s'eft marié par dupiicjca\ pour dire qu'un
homme marié a coiitraété un fécond mariage.
Bu: Cange dit que ce mot vienc de duploma ou
duplum^ qu'il du lignilîer , chez les Jurifcoafuices ,
les mca'.oiies dont on charge les Couriers. Le mot
de duplicata vienc de ce que les anciens Praticiens ,
qui faifoient les adles en Latin , appeloienc de ce
nom le double des a6les qu'ils failoient.
DUPLICAIRE. f m. Dupluanus. Terme de l'hittoire
& de la nnlicc Romaine. Les Soldats duplicanes
étoient ceux à qui on donnoic double paie , à caufe
de leur valeur.
Ce mot vienc de duplus^ mot Latin , qui veut dire
double.
DUPLICATION, i. f Terme d'Arithmétique , & de
Géométrie. C'ell la multiplication d'une quantité
difcrete , ou continue , par deu.x. Duplicacio.
Il fe dit, principalement, de la duplication à\x
cube j qui eft un problême fameux que tous les
Géomècres onc cherché depuis deux mille ans. L'O-
racle de Delphes écanc confulté pour faire celfer la
pefte dans Achènes , répondit qu'il falloir doubler
l'autel qui étoic cubique. Cela fit qu'on s'appliqua
à chercher la duplication du cube. On ne peut ré-
foudre ce problème , qu'en trouvant deux lignes
moyennes continuellement proportionnelles , dont
celle qui liiivroit en proportion le côté du cube pro-
pofé , feroit le côté double , ce que Platon & les
autres Géomètres ont cherché inutilement. Voye\
Eutocius en fes Commentaires fur Archimède , où
il en donne pluheurs moyens par le Méfolabe. Pap-
pus Alexandrinus, & fon Commentateur Frédéric
Commandin, en rapportent trois manières j l'une ,
félon Nicomède ; l'autre , félon Héron ; & la troi-
lième p.ar un inllrument de l'invention de Pappus ,
qui donne toutes les proportions qu'on denande.
Le (leur Comiers , Prévôt deTernant, en a fait im-
primer une fore belle démonftration , par le moyen
d'un comp.is à trois régies, en 1579. Mais toutes
ces folutions font mcchaniquesj ce qu'on demande
dans ce problème , c'eft de trouver , par des opé-
rations géométriques, le côté du cube que l'on
cherche. On ne peut en venir à bout par le feul fe-
cours de la règle & du compas.
DUPLICATURE. f m. Terme d'An.atomie, qui fe dit
de l'endroit où les membranes , ou parties fenibla-
bles, font doublées ou pliées. Duplicacio. Dans
l'Hilloire de l'Académie des Sciences j pour l'année
1714. Il eft parlé d'un jeune homme more à 17 ans,
dans la duplicature des méninges duquel on trouva
de très-petits os , qui paroilfoient fortir de la fur-
fice intérieure de la dure-mère , & quij par leurs
pointes aiguës j picotoient la pie-mère. Cette dupli-
cature du péritoine , dans laquelle les Anciens pla-
(joient la veille, ne fe trouva point. Dionis. Jérôme
Fabriceab Aquapendcnce a fait la découverte de la
duplicature de la cucitule. Journ. des S av.
DUPLICITÉ, f f. Ce mot fe du des chofes qui font
doubles , & qui devroient erre uniques. Duplum.
L'Optique enfeigne pourquoi il n'y a pas duplicité
d objets , puifque nous les voyons par deux yeux
différens. C'eft un défaut dans une pièce tragique
que la duplicité àe péril. Corn. Duplicité d'aélion.
Duplicité , fe dit beaucoup plus ordinairement au
hguré pour le vice de l'homme double, c'eft-à-dire,
de celui qui eft tout autre que ce qu'il paroît être ,
qui a tous les dehors, l'écorce , le mafque de l'hon-
nête homme, fans en avoir la réalité. Simulatio ,
Ingenium minime fimplex ac candidum. La duplicité
de fentiment, de paroles , eft par- roue odieufe. Du-
plicité de cœur.
DUPLIQUE, f f Terme de Pratique. Ecritures qu'on
fournit en des procès , qui fervent de réponfe à des
répliques, à des foutenemens , à des défenfes qu'on
avoit données. Iteraca rcfponjîo. L'ufa^e des du-
pliques a été abrogé par l'Ordonnance de' 1(^67. art.
3. T. 14.
fCT On appelle auffi duplique la réponfe que
D U P DUR
l'Avocat, ou le Procureur du Défendeur, fait ver-
balementj à l'audience, contre la léphque du De-
mandeur.
DUPLIQUE, adj. Terme de Mufique. Cofonnance
duplique. (^w^Lnà. deux confonnances, étant comparées
entr'elles, ont un terme commun , fi l'autre terme
dans une des confonnances eft double de ce cjuil eft
dans l'autre , celle des conlonnances qui a ce rerm»
double , eft duplique , ou la duplique de l'autre con-
lonnance. Par exemple , le difdiapafonfemiditon ,
qui eft en proportion de 24 à 5 , eft duplique
du dîapafonfemiditon , qui eft en proportion de
li à 5.
DUPLIQUER. V. a. Fournit des dupliques. Duplicare.
Quand on a répliqué & dupliqué, il faut plaider,
ou appointe! la caufe-
DUPONDIUS. f m. Terme d'Antiquaire. Poids de
deux livres ; Monnoie valant deux as , Double as.
Dupondius. J dipondius ., dupondium , dipondiuni. Ce
mot eft Latin , compolé de duo ^ deux , 6i pondo ,
livre; mais, tout Latin qu'il eft, nous avons befoin
de nous en fervir quelquefois dans notre langue ,
quand nous parlons des monnoies & des antiquités
Romaines. Comme ïas , dans les commencemens,
pefoit une livre, te dupondius alors en pefoit deux ,
&c c'eft de-là que fon nom lui fut donné; maisj quoi-
que dans la fuite l'on diminuât le poids de l'as , &
que par conféquent l'on afFoiblît auili le poids du
dupondius^ il retint cependant toujours fon nom.
DUR. .
DUR , Dure. adj. En Phyfique , c'eft un corps qui
rélifte à l'impreifion & à l'attaque des corps étran-
gers, ou, félon Defcartes, corps dont toutes les par-
ties font en repos, & qui ne fe peut pas aifémeut
divifer. Duras. Un corps eft d'autant plus dur , qu'il
réiifte plus à fa divifion. Roh. Selon Ariftote , un
corps eft dur ., parce qu'il contient beaucoup de ma-
tière fous un petit volume. Les métaux & les pierres
font des corps durs. L'ébène , le gcy.ac, font des
bois durs. Le porphyre , le marbre & les pierreries,
font des corps f»rt durs , difficiles à tailler. Voye\^
DURETÉ.
Dur, fe dit aulfi relativement à d'autres corps moins
fermes , & moiiii; folides ; dans ce fens, il eft op-
polé à tendre. Une éclanche de brebis eft plus dure
que celled'un agneau. On dit qu'une viande eft dure
au couteau, c'eft-.l-diie, qu'elle n'eft pas tendre. A
Pâques, on mange des œufs durs.
§3" On dit coucher fur la dure ^ c'eft-à-dire, fut
la terre, fur le plancher, fans matelas. On le dit par-
ticulièrement des Religieux, qui, pour obferver
leur règle , couchent durement. Alors ce mot eft
pris fubftantivement, & il eft oppof'e à moû, mollet.
§cr Dur, eft fouvent employé au figuré dans des
acceptions différentes, mais qui fe rapprochent plus
ou moins de la fignification qu'il a au fimple. On le
dit également des perfonnes &i des chofes. On verra
la plupart des acceptions dans les exemples fui-
vans.
IJCr On dit d'un homme qu'il eft difficile d'é-
mouvoir & de toucher , que c'eft un homme dur.
Durus , immifericors. Cet homme a l'ame dure _, il
eft d'un naturel dur&c cruel, il n'a pitié de perfonne.
Le changement d'opinion eft aftez durï. la nature ,
fans y ajouter de nouvelles duretés. Nie. Un créan-
cier dur à fes débiteurs , qui eft rigoureux, exai5l
à les faire p.ayer. Il a le cœur dur ; poux dire , il n'a
point de tendrellê, d'amitié. Le fiècle eft dur comme
un roc GoMB. Les efprits durs & firouches n'en-
trent point dans le charme & la facilité des vers de
la Fontaine. M. ds S. Il ne faut point faire fentir
aux gens j par àt% termes durs 8c humilians , qu'on,
ne leur trouve point de bon fens. Nie. Ici dur li-
gnifie fâcheux, offenfant. Pour le ftyle ^«o Foyei
plus bas.
gCfOn dit qu'un homme a l'oreille ^/^re , pour
dire qu'il n'entend pas bien clair , qu'il eft un peu
fourd
DUR DUR 497
fourd , que les fons font peu d'imprefTion fur l'or-f peine à tirer de l'argent de fss mains : qu*ane chofe
ga.nQ furdj/kr : qu'il a la tête dure , l'efpric dur, ell dure comms (et , pour expamer une ucs grande
pour dire qu'il ne comprend rien que difficilement. dureté. Cet homme ell bon dans le tond , mais il elt
Hcèes. ^ </«r; c'ert-à-dircj qu'il ne paie que difficilement.
Il fignifie aulîî auflère. Les Chartreux mènent On dit, de deux peifonnesqui ne s'accordent pas-
une vie dure. Les Soldats mènent une vie fort dure, j que quand l'un veut du mou , l'autre veut du dur.
Dansce fensj il eftoppofé à moUeire. /^o>. Austère, ■ DURA. Campagne delà Babylonie , dans laquelle
Rude &c Sévère. \ Nabuchodonolor fit élever la ftatue pour la faire
Dur , lignifie encore j ce qui eft incommode j dou-^ zdoïet.Dan. 111. i. Elle étoit dans la Méiopotamie.,
loureux, fâcheux , difficile à fupporter. Durus,acer-\ DURA , étoit auflî une ville , fituée dans cette Cam-
hus , nioiefius. L'efciavage eft une chofe bien dure. \ pagne, que le Géographe Etienne place dans la Mé-
II eft bien dur de fe voir préférer un lot. Il n'y a J fopotamie. Voye-^ Polybe , L. V.
point de douleur plus t/j^re à fupporter que l'abfence DURABLE, adj. m. & t. Qui eft folide, qui doit
i
de ce qu'on aime. Voit. Le temps eft dur ; on a de
la peine à vivre
La frayeur de la mort, des frayeurs îaplus^axQ. Breb.
On dit que du vin eft dur, pour dire qu'il eft âpre.
Qu'une voix eft dure j pour dire qu'elle eft rude &
défagréable.
On dir,en Peinture j qu'un ouvrage eft dur &c fec,
lorfqu'il y a peu d'adoucilfement , d'union entte fes
parties , que les couleurs n'en font pas bien nuées,
qu'elles font trop vives , ou trop fombres , trop
proches les unes des autres ; que les traits font trop
forts J Se trop marqués j que le tout n'eft pas del-
finé & peint tendrement, ou avec moUelfe. Dans
le même fens , on dit qu'un Peintre a le pinceau
dur.
Dur , fe dit aufli en matière de Sculpture Se d'Archi-
tecture. Ainfij on dit, qu'un Sculpteur a des ma-
nières dures ; pour dire qu'il manque à fes figures
une certaine tendrefte qui eft dans les beaux Ouvr.i-
ges : Se qu'un morceau d'Architeélure eft dur-^ pour
dire qu'il eft travaillé d'une manière grolîîère.
Un ftyle dur Se ferré , en Grammaire, eft un dif-
cours compofé de mots qui s'entrechoquent d'une
manière défagréable, qui eft plein de concours de
voyelles défagréables. En Rhétorique, c'eft un dif-
cours rempli d'exprelîions énergiques, mais barba-
res Se inélégantes. Tertullien & la plupart des Afri-
sains ont un ftyle dur Se ferré.
En Pocfieon dit des vers durs -.^ pour dire peu cou-
lans, peu faciles, & peu naturels. Une verfification
dure. En ce fens dw ne regarde point les penfées ,
mais l'expreffion j les mots , la cadence.
On dit, en Médecine, qu'un homme a le ventre
dur, pour dire qu'il eft conftipé ; qu'il eft dur à
émouvoir, pour dire qu'il lui faut des médecines
filus fortes qu'à un autre: que le pouls eft dur, quand
es bartemens en font fermes & rudes : qu'une
viande eft de dure digeftion , quand l'eftomac a de
la peine à la digérer. On dit aulfi , au figuré , qu'une
chofe eft de i/are digeftion , quand elle eft fâcheufe
& difficile à fupporter.
On dit aufti, en termes de Manège , qu'un cheval
eft dur à l'éperon Se au fouets quand il n'a point de
fenfibilité pour les coups. Duras adfcudcam , ad
calcaria.
Au Billard j on appelle une bille dure , lorfqu'elle
eft collée, & qu'on la frappe î\ pleine , qu'au lieu de
déco' 1er elle refte à fa place.
IJCT On dit, dans la marchandife, dure à la vente,
pour dire qu'elle fe vend difficilement, -^gre ve-
nalis. On le dit généralement de tout ce qui n'eft
pas d'un prompr débit.
Dur. Terme de fortilége. On appelle c/^/r, un homme
qui, par des enchantenfbns & des charmes , rend
fon corps impénétrable au fer & au feu. Les Soldats
avouent qu'ils ne fçauroient fe rendre durs , quelque
chofe qu'ils faffent.
Dur , fe met quelquefois adverbialement. Il entend
duri pour dire qu'il eft à demi-fourd, qu'il a l'oreille
dure. Surdajter. On dit d'un homme trop crédule ,
qu'il croit dur comme fer tout ce qu'on lui dit.
Cette dernière phrafe eft populaire.
On dit , proverbialement , qu'un homme eft dur
à la defterre , lorfqu'il eft avare, & qu'on a de la
Tome III.
durer long- temps. Durah'dis , manjurus. Un bâti-
ment bien fondé , bien folide , eft durable. Un Ou-
vrage durable , Ôe qui paflera à la poftériré , &c.
On s'expole à mille périls, pour fe faire ici-bas
un bonheur peu durable. Les douleurs qui font eau-
fées par l'amour font plus violentes , mais moins
durables. M. Scud.
Plusunefiammeejipurey & plus elle ejl durable. Corn.
0CT Ce qui eft durable , dit M. l'Abbé Girard, ne
ceffe point j il eft ferme par fa iolidité. Ce qui eft
conjlanc ne change pas ; il eft ferme par fa réfolu-
tion. Il n'eft point de liaifons durables entre les
hommes , fi elles ne font fondées fur le mérite Se
fur la verru.
DURACINE. f f. Efpèce de pèche qui eft de fort bon
goût J Se des plus eftimées. Durafina perfica. On
l'appelle ainfi , parce que fa chair eft plus ferme
que celle des autres pêches.
DURAL. adj. Terme de Mufique. Ce mot fe trouve
dans quelques anciens Muliciens : il veut dire la
même choie o^^t dur ^ rude. Le c\\^x\i durai eft le
chant marqué d'un b quarte. Durai fignifie un ca-
raélère de chant oppofé à celui du chant marque
d'un b mol.
Ce mot vient de l'Italien dur aie ^ qui veut dire la
jnême chofe:
DURANCE. Rivière de France. Druentla , Druen^
dus. La Durance prend fa fource dans les Alpes , au
mont de Genève. Après avoir travcrfé une partie
du Dauphiné, où elle baigne Briançon , Embrun,
Se Tallard , elle entre dans la Provence j paife à
Sifteron, vient au Territoire deManofque, à Per-
mis & Cavaillon , & grollie des eaux de plufieurs
rivières, elle fe décharge dans le Rhône , une lieue
au-delious d'Avignon. Ces rivières quelle reçoit
dans fon cours , font l'Urbaine , le Jabron j la.
Bleone, le Lauzon^ la Laye, l'Allé, le Verdon, la
Leze Se le Calavon. La Durance eft très-rapide , Sc
prefque toujours débordée. On n'y voit qu'un feul
pont de pierre, qui eft à Sifteron, où elle éft reffer-
rée entre deux rochers.
DURANÛAL. C'eft le nom de l'épée de Roland Hé-
ros de l'Ariofte. On s'en f3rt tn une phrafe pro-
verbiale i pour expliquer qu'une viande eft fore
dure, on dit que c'eft durandal , l'épée de Roland.
DURANGO. Ville dEfpagne, dans la Bifcaye. Du-
rangum. C'eft une petite ville, m^is bonne, fituéa
fur une petite rivière , à cinq lieues au levant de
Bilbao. Long. 14. d. 4^'. Lat. 5J.d. 18'.
j-)URANGO , Ville de l'Amérique feptentrionale, dans
la Nouvelle Bifcaye, ou dans la Province de los Za-
catecas , qui eft de l'Audience du Mexique. Duran-
gum. Alphonfo Pachéco , qui y mena une Colonie
d'Efpagne , par l'ordre de Francifco d'Yberra , lui
donna le nom de Durango , à caufe de la ville d'Ef-
pigne qui le porte. L'^r y eft fain, & la terre arro-
fée de plufieurs rivières Se torrents j eft fort fer-
tile en froment, en inays , & autres fruits. Les
mines de S. Lucar fonr proche de cette ville , avec
des falines très-commodes. Elle eft fur les fron-
tières des mines de Saint Marriget de la Vallée de
San-Salvador y c'eft-à-dire , de S. Sauveur. Foye:^
Lace, Defripdon des Indes Occid. L. FI, C. S,
Ric
49S DUR DUR.
Durangù , fut érigé l'an 162.0 en Evêclié fulTragant J fort à l'Ombre, poitTon Je l'Océan , qu'on les prend
du Mexique. I l'un pour l'autre dans les Poilfonneries. Le JJurdo
DURANT. Prépofition , qui fignifie le temps qu'une elt pourtant plus petit.
chofe dure , & la durée déterminée des cliofes : DURE.l.f. On ne ledit qu'en cette phrafe , Coucher
elle s'exprime quelquefois par la prépofition Latine furla^^re • c'eft-à-diie, fur la terre , ou fans mate-
Per, ou bien on la fupprime en mettant le lubftan- '. las. Uumi cubare , cubure nudâ humo.
tif qui fuit à l'accufatif, ou à l'ablatif II faut faire BUREDENT j ou plutôt DURDAN. Rivière du
fes provifions durant l'Eié. N'ai-je pas fçu que , du- \
rant votre voyage ^ vous avez été de la plus belle |
humeur du monde? Let. Portug. Si jamais la voie j
du Chrétien eft étroite, c'efl durant les perfécutions.
pays de Caux , en Latin Durdo , onis. Elle pafl'e
à Grainville, la Teinturière , Cani , & Vitetleur.
Deji. Géûgrap. 6' Htjioire du la Haute-Norm. tom. i.
Fléch. Ce mot fe met quelquefois après le nom 'DUREE, f f. Perfévérance des chofes dans leur être.
qu'il régit. J'ai été malade fix ans durant. On lui a
afligné une penfion fa vie durant.
Durant, eil aufli une conjonction qui fe joint à la
particule ^«e 5 & qui fignifie pendant que, tandis
que , Dum. Durant qu'on eft dans la prefpérité, il
âut fe préparer à l'adverfité. Durant que les chofes
étoient en cet état. Cette conjondion n'eft plus en
ufage que parmi le peuple.
DURAS. Bourg de France , dans la Guyenne. Dura-
cius , Duracium. Ce bourg a titre de Duché , & eft
fitué fut la petite rivière de Drot , dans l'Agénois ,
aux confins du Bazadpis , environ à neut lieues
de Bourdeaux , en tirant au Levant. Maty j
Corn.
DURATON. Petite rivière d'Efpagne. Duratonius.
Le Duraton prend fa fource dans la pointe qui eft
au midi de la vieille CaltiUe j reflerrée entre le
Royaume de Léon & la Nouvelle Caftilte , non
loin de Sepulveda. De- là , courant au nord , il va
fe jeter dans le Doiuo , un peu au - delïous de
Pegnafiel.
DURAZ , ou DURAZZO. Ce dernier eft le plus or-
dinaire : ville de Grèce , ficuée fur la côté d'Alba-
nie. Dyrrachium\ Se plus anciennement Epidamnus.
Elle eft à cinq lieues de Golfe de Drin , & à qua ■
torze d'Aleifio du côté du midi. Cette ville d'abord
n'avoir point de port , &c s'appeloit Epidamne , du
nom d'Epidamne , petit-fils de Neptune. Elle prit
le nom de i?yrr-i7cAi«OT de Dyrrachus fils d'Epidam-
ne , qui y ajouta , ou qui y conftruifit le port. De
Dyrrachium s'eft (om-\é Dura:(:(o. Il fut bâti par les
Corc,yréens, vers l'an de Rome ijo, c'eft-à-dire,
6io ans avant Jesus-Christ. L'an de Rome 315,
Se J05 avant Jesus-Christ, cette ville ayant im-
ploré le fecours des Corinthiens contre une troupe
de gens bannis 5i exilés qui l'afliégeoient , les Cor-
cyréenss'y opposèrent, &c défirent les Corinthiens.
Ce fut l'occafion de la guerre de Corinthe , par
où commença celle du Péloponèfe j décrite par
Thucydide , & fi fameufe dans l'hiftoire Grecque.
Aujourd'huf Dura^^o eft une alfez grande ville :
elle eft fortifiée, & elle a un bon pott , fi l'on en
croit Matvj mais M. Spon dit, P. i. p. 117. que ce
n'eft plus qu'un village., où l'on voit les ruines de
fon ancien Château. Dura^^o eft un fiége Archi-
épifcopal. Les Mahométans l'enlevèrent aux Véni-
tiens au XV' fiècle. Quelques-uns de nos Auteuis
confervent auftî le nom Latin Dyrrachium dans
notre langue. Voyez ce mot , où nous apporterons
fa véritable étymologie. Voyez Pline , L. III. C. 1 1.
Se 13. Mêla, L. U.C. j.
Le Cap Dura^^o. Foye^ Palo Capo.
DURBU J ou DURBÙY. Petite ville des Pays-Bas.
Durbutum j Durbis. Elle eft capitale d'un petit
Comté qui porte fon nom , &c fituée fut la rivière
d'Ourte , dans le Duché Je Luxembourg , à fix ou
fept lieues au midi de la ville de Liège. Maty.
DURCIR, v. a. Rendre dur. Durare . indurare. On
durcit le fer à force de k battre. Le foleil durcit
l'ambre , durcit les perles. L'air durcit le corail.
Durcir , eft auffi un verbe neutre, & réciproque.
Durefcere , obdurefcere , indurefcere. Un œuf trop
cuit fe durcit. La yiande li/arcvV pendant la gelée.
Durci , ie. part. Duratus , induratus.
DURDAN , Rivière. Voyf{ Duredent.
DURDO. f. m. Coraanus. Poiffon de tivière qu'on
trouve daiis le Nii , qui eft noirâtre & reflemble fi
Efpace écoulé entre le commencement & la fin
d'nuQ {:\'ïok. Duracio ,fpatium. Longue durée. Diu-
turnitas. Le temps eit défini par les Philofophes , la
durée d'un mouvement. Dieu a promis à fes élus
une gloire d'éternelle durée. Cette fougue eft trop
violentej elle ne fera pas de durée. Nous ne joullfons
de la vie qu'à mefure que nous la perdons j chaque
moment en abrège la durée. On juge de la durée du
temps félon la difpofition où l'on fe trouve : celui
qui eft accablé de triftelfe s'ennuie de la durée du
temps , parce qu'elle lui eft pénible , & qu'il y fait
plus d'attention. Malebr. Je ne mefure pas ma vie
par la durét du temps , mais par la durée de là gloi-
re. BouH. Cette femme s'eft mis dans l'efprit d'éga-
ler la durée de fon deuil à celle de fa vie, & a choifi
cette trille & fatigante voie pour acquérir de la ré-
putation. M. Esp.
§3" Le mot de durée a un rapport marqué au
commencement & à la fin d'une chofe. Le mot
temps nedéfigne qu'une partie de cet efpace^ ou dé»
ligne cet efpace vaguement &confufément. Règne
de longue «//^reV: événement arrivé pendant le temps
d'un Règne. Voye-[ Temps.
DUREMENT, adv. D'une manière dure. Duré , duri~
ter. Il a été traité durement par fon maître , &c. Ces
Religieux font couchés bien durement. Luther s'eft
exprimé durement , en parlant de la prédeftina-
tion. Claud. Il ne faut pas dire durement les chofes
dures. NicoL.
DURE-MÈRE. f. I. Terme d'Anatomie. C'eft une
membrane forte & épaifie , qui tapilTe toute la ca-
vité intérieure du crâne , & enveloppe tout le cer-
veau. Dura mater. On l'appelle aufii méninge. Voy.
Cerveau.
DUREN. Ville d'Allemagne du Cercle de Weftpha-
lie. Dura , Duria , anciennement Marcodurum
Ubiorum. Elle eft fur la rivière de Roër , dans le
Duché de Juliers , trois lieues au-delVus de Juliers.
Duren fut autrefois une ville Impériale ; mais les
Ducs de Juliers la fournirent l'an 1407. Charles V.
la prit en 1545. Long. 24. d. 1 5'. lat. 50. d. 46'.
DURENIS. Petite ville ou bourg de l'Ecoife fepten-
trionalc : on la nomme autrement Ardurne. Dure-
Ardurna. Elle eft dans le Comté de Strathna-
nis
vern , fur une rivière qui s'appelle aufii Durenis ,
dans une petite ptefqu'ille.
DURER. V. n. Continuer d'être. Durare. Une femme
fe défait de fon galanr quand elle veut j mais il faut
qu'elle garde fon mari tant qu'il dure. Ch. de Mer.
L'abfence , pour peu qu'elle dure , nuit à l'amitié
auflî-bien qu'à l'amout. Id. Rien n'approche de
l'ennui que donne une paflîon qui dure ttop. S.EvR.
Un engagement qui doit durer jufqu'à la mort , ne
fe doit jamais faire qu'avec de grandes précautioiîs.
Mol.
Durer , fe dit de ce qui eft folide , qui fubfiuç
long-temps , qui eft fort j qui s'ufe difficilement.
Le drap d'Efpagne eft d'un bon ufer , il dure lon';-
temps. Ce meuble durera un fiècle ; cela durera juf-
qu'au bout.
Durer , avec la négative , fignifie , Réfifter , fouffrir,
quelque mal, quelque peine, quelque incommodi-
té. Durare y perfiftcre. On ne fauroit durer t^sqc
cette femme-la , tant elle eft criarde. Je ne puis du-
rer avec cette colique. On ne fauroit durer à la mai-
fon par ce beau temps-là. On ne fautoit durer en
ce pofte , il eft trop expofé à l'artillerie. On n'y dure
DUR
^oint , on n'y peut tenu-. IvIol. Penfsz-vous que je '
puïiTti durer a.vec coûtes ces turlupinadcs ? 1d. On
dit aufîl ne pouvoir durer de chaud , de troid , t\.'c.
pour dire ^'être extrêmemenc incommodé du chaud,
du froid , &CC. Tout cela eft familier.
On dit proverbialement , il hiuc faire vie qui
dure, lorlqu'on parle du ménage, & qu'on veut
empêcher la dillipation. Un Poëce , en inucanc cette
phrafe, a dit j faire feu qui dure.
H'é quoi , s'e'crioic Apollon ,
Voyant le froid dans fou empire ;
Pour échauffer notre vallon ,
ie bois ne fauroit donc fuffire ?
Bon , bon ! dit une des ncuj fxurs ;
Conddinne\ vue à la brûlure
Tous les vers des michans Auteurs.
Par-là nous j erons feu qui dure.
Nouv. CH. DE Vers.
On dit , d'un niais qui n'a point vu le monde ,
qu'il ell bien neuf, qu'il durera long temps. On du
que le temps dure à quelqu'un j pour dire, qu'il
s'ennuie , qu'il attend quelque chofe avec grande
impatience. On dit aulli qu'un homme ne fauroit
durer en fa peau , qu'il ne peut durer en place, pour
dire qu'il ell in:|uiet & inconftant.
DURESM j ou DUNELME. /^o^-ej Durham,
DUREr , ETTE. adj. Diminutif de dur , Duriufculus.
■ L'oifeau étoïc bon j mais il étoit un peu duret. Il eft
dn ftyle familier.
DURETAL ■, Que l'on prononce communément
Durtal. Petite ville de France , dans l'Anjou^ Du-
reflaltum. Elle eft fur le Loir , à trois lieues au-
defTous de la Flèche , 6c ï fix ou fept au - delfous
d'Angers.
PURETE, f. f. Solidité, qualité de ce qui eft dur. Duri-
tia , duritics. C'eft la réfiftance que font les corps à la
divifion , & à la fcparation des parties dont ils font
compofés. Le repos , la liaifon ic contiguïté des par-
ties qui le touchent immédiatement fans fe mouvoir,
font la dureté des corps- AL Perrault explique la
. dureré des corps par la grandeur & la Hgure
des parties du corps , '5c par la pefanteur de l'air ;
de forte que les corps, dont les parties font plus
grandes , & ont des faces plates qui les rendent pro
près à fe toucher dans une furface étendue, iont
plus durs que. ceux dont les parties font plus
déliées &: d'une autre figure , parce que l'air qui
environne ces corps, empêche par la pefanteur
qu'on ne divife les parties des premiers aulfi aifé-
ment que les parties des féconds, dont aucune n'a
une grande furface.
SfT Ce n'eft pas feulement aux molécules fenfi-
bles , c'eft encore aux molécules infendbles que la
dureté' corwianx.. Les parties infenfibles d'un corps
dur , quoique trop déliées pour Tomber fous nos
fens , font cependant compofées de p.articu!es en-
core plus petites , qu'on peut appeler élémentai-
res. Ces parties font tellement configurées , qu'elles
font très-propres à s'accrosher très exactement les
unes avec les autres \ aulU font-elles jointes de ma-
nière qu'il refte très-peu de pores , ou que ces,
pores font trop petits pour admettre le fluide mê-|
me le plus fubcil. C'eft donc à la figure des parties
élémentaires que nous pouvons attribuer la dureté
des molécules infenfibles dont le corps dureftcotn-
pofé.
§Cr Pour la caufe principale de la dureté i\q%
corps , on l.i trouve dans le fluide qui les environ-
ne , & qui prelfe leurs molécules Icnhbles les unes
contre les autres : fluide qui n'eft point la micicre
fubtile des Cartéliens , ni l'air que nous refpirons,
mais avec cet air, un fluide encore plus fubtil,dont
Texiftence eft prouvée par une infinité d'expérien-
ces. Deux plaques de marbre qu'on a mouillées, ap-
pliquées l'une contre l'autre de façon à chalfer tou-
tes parties d'air qu'il pouvoir y avoir entre deux ,
ne fe féparent que très-difiuilement, lorf.iu'on les
tire perpendiculairement à leurs faces; &}.L i Ab-
D U R 49 9
bc Noltec a éprouvé que leur union fubfiftoit, apics
qu'on avoic raréfié l'air avec la machine pneunuti-
c]ue la plus exadle.
^ Lqs Newroniens expliquent la dureté des
corps par l'atrrac'Kon decohciiun , c'elt- à-dire , par
une attraction qu'ils font agir en raifon inverfe des
cubes des diltances. Mais cela ne s'accorde point
avec les lois générales de lanacure^quifontcouftau-
tes ûc uniformes j &, puifqu'il eli démontré que
1 attraction qui caufe la graVké , agit en raifon m-
verfe des carrés des diiiances , pourquoi voudioit-
on , pour expliquer la du.eié des corps, la faire
aguen railon inverte des cubes des diltances?
^fT il vaut donc mieux , pour expliquer la dureté
des corps d'une manière phyfique , s'en tenir à la
prellion d'un fluide environnant.
En termes de Médecine , on appelle i/wrer/i, cer-
taines tumeurs ou callodtés qui viennent à la peau
dans diftérentes parties du corps , principalement
aux mains &c aux pieds. '/o_) e^ Calloske , Cor ,
DuRiLLO.-^i. Cailus J callum. On fent à-^% duretés dans
les mains des hommes de travail. Ablanc. On dit
aufll , une dureté à^ ventre , quand on eft conftipé ,
Dura alvus\ une dureté d'oreille , quand on eft picl^-
que fourd , Auditûs gravitas.
Dureté , fe dit au figuré dans le même fens que dur.
Duritia , duriàes , afpericas. Il aune dureté de cœur
qui fait qu'il n'aime perfonne. Nous joindicns nos
forces pour attaquer la dureté àe fon humeur. Mol.
Le cœur & le tempérament des Stoïciens ne s'ac-
coirmodoient pas toujours de la dureté Philoiophi-
que dont ils failoient proteflion. S. Evr. Les opi-
nions de Sénéque ont trop de durué. Il a une dureté
d'efprit qui fait qu'il ne peut rien comprendre.
On dit aufil , Duretés , pour difcours durs , oflx^n-
fans. Penfez- vous que je vous pardonne toutes les
duretés que vous m'avez dues .'' Let, Port. La
dureté des termes choque d'autant plus , qu'elle
enferme quelque force d'indifférence & de mé-
pris. NiCOL.
Je renonce à la variite
De cette dmQzé farouche ,
Que l'on appelle Jermeté. QuiN.
De tant de duretés que j'étale à regret ,
Chaque mot à mon cxur coûte un J oupir fecret.
Corn.
On dit aulTi , qu'un fty^le a beaucoup de rudelle
^'dï dureté. Durit..s , afperitas. Si Homère & Vir-
gile avoient eu à parler , & à compoler en Alle-
mand, ilsauroieht peiu-ècre échoué contre la du-
rcie ai la langue. S. EvR. Les traits politiques dont
la narration de Tacite eft femée , ont je ne lais
quoi de fin qui récompenfe la dureté de fon ftyle.
BoUH. On dir , que dus vers ont de la dureté , qu'un
pinceau, qu'une gravisre ont de la (/«ref^', quand
Us n'ont pas cette douceur , cette politelfe ou déli-
catefte qui donne le prix aux ouvrages. Voy. Dur.
DURGOUT , ou DURGUT. Pays de la Natolie. Oix
lenomme p.Uis fouvent Gcrmtan.
DURGOUT.Petite ville de Turquie, en Afie , lî-
tuée dans une plaine , à deux pecites journées de
Smyrne.
DURHAM. Ville de l'Anglererre feprentiicnale,qii'on
nomme aulli Durefm Se Durelme. Dunelacum.
Cette ville eft capitale d'un Comté qui porte fon
nom. Elle eft lur la rivière de Vère , ^(. prefque ifo-
lée par ce fleuve. Durham a un Evcché iuirr.iganc
d'Yoîk. Ily futtransféié l'nn 149^. de iLle d'FIoly-
Iland , où il avoir été établi par Aidan vers le mi-
lieu du IX' ficelé, Son Evêquc porte le titre de.
Comte Palatin , & a le pis fur tous les Evèques
'd'Angleterre J à la réfervc de celui de Londres.
L'Evcché de Dz/n'/JOT fut fupprinv; en MnJ- fous
Edouard VI, pour en ériger deux , donc l'un re-
tiendroit le nom de l'ancien Dioccfe , & ^l'autre-
l prendroit Cvlui de N'eticaftel, oïi feroit la le.Klencs
i;. ni)
;oo DUR
du fecoacl Evèque. Le Dac de Nortliumberland ,
qui s'en étou taie donner cous les nets , érigés en
Palatinats , ou Comtés, ayant été condamné, &
fes biens conhlqués, la Reine Marie rétablit l'E-
vêclic de Durham dans ion premier état en 1^53 ,
&: voulut que fes lettres parentes (rirent mention que
c'étoit une relliturion du hrcin tait à l'Eglife , &
non une libéralité de fun tonds ; & enfin i'Evêque
fnt rétabli dans tous ks droits par le Parlement en
'5 54-
Le Comté ou l'Evêché de Durham , ou le Diocèfe
de Dunelme, eft une petite Province d'Angleterre.
Dwid:ncnjLS Epifiopatus ; Dïxcejis , ou Comicatus.
Elle eft bornée au lud par le Comté d'York , à
l'oueft par ceux de Weftmorland & de Cumber-
land j elle a au nord celui de Northumberland ^ &
elle eft baignée à l'eft par la mer d'Allemagne. Ce
Comté a environ neut lieues de côtes 6: onze de
profondeur. Le pays en eft montagneux , & mal
peuplé à% côté du couchant : le reile eft alFez fer-
tile, l! n'y a deconlidérable que la ville de Durham^
capitale , & les bourgs d'Harlepole , d'AukIand ,
de Bernard Caftle & de Darlington- C'étoit un Pa-
larinat qui appartenoit aux Evêques de Durham , &
auquel les Rois d'Angleterre avoient donné de
beaux privilèges. De-là vient le titre de Comte Pa-
latin, que porte encore fon Evêque. Le Comté de
Durham a été inhabitable à caufe de fes forêts juf-
qu'à la tin du X"^ iiècle. Sous Ethelrede , Roi d'An-
gleterre , on le défricha , on y b.-irit des villes & des
Eglifes , lïc il devint dans la luire le liège d'un des
plus beaux Evêchés du royaume.
DURILLON.f. m. Mouillez il/. Callofité , ou petit
corps dur qui fe fait de la peau endurcie , ou de
quelque humeur qui s'y amalfe , ou de la chair pref-
lée & toulée , & endurcie par un exercice fréquent
ôv violent. Callus , callum. Les Chapeliers ont des
durillons au poignet, à force de fouler les chapeaux.
Il lui eft venu un durillon à cette glande qui s'eft en-
durcie. Ceux qui marchent fouvenc & long-temps
ont des durillons aux pieds. Quand les durillons
font devenus épais, & cju'ils fe font delfcchés , &
durcis comme de la corne , ils font de la douleur
en marchant , parce qu'ils meurtnlfent les chairs
voihnes par la pefanteur du corps qui appuiededus.
DiONis. On fe délivre de la douleur que caufent les
durillons en les coupant. Chacun peut fe taire cette
opération à foi-même.
^fT Les durillons & les cors ne diffèrent que par-
ce que les premiers viennent en différentes parties
du corps , qui font fouvent frottées & tortement
prefTées j aulieu qu'on n'appelle cors que ceux qui
viennent fur les doigts des pieds & entre les or-
teils. Les durillons (ont tonnés de plulieurs feuillets
de l'épiderme & du tiflu de la peau ,coHés par cou-
ches les unes fur les autres, les vaiiFeaux cutanés
ayant été détruits par une prelHon continuelle ou
fouvent répétée.
Ce mot de c/^WZ/o/î vient de dur , parce que les
durillons font de petits corps durs.
DURION. f. m. Fruit qui croît en Malaca dans les
Indes Orientales , & qui eft d'un goût extrême-
ment agréable. L'arbre qui le produit eft grand ,
d'une fubftance terme & folide , & couvert d'une
grolfe écorce : il poulfe plufieurs branches , & por-
te beaucoup de truit : fes fleurs font blanches , ti-
rant fur le jaune, & fes feuilles longues de demi-
empan , large de deux doigts, ou davantage , den-
telées fort menu ^ d'un vert clair au dehors , Se au
dedans d'un vert obfcur. Le fruit eft de la grolïèur
d'un melon , couverr d'une écorce épailfe, roue hé-
ritTé de plufieurs aiguillons courts , gros &: piquans,
• vert au dehors , & cannelé en long comme un me-
lon : au dedans il y a quatre cavités j dont chacune
en contient trois ou quatre autres , dans lefquelles
il y a des fruits fort blancs, comme la crème , de
la grofleur d'un œuf de poule , & d'aufti bon goût
que ce qu'on appelle blanc manger , qui fe fait avec
de l'i farine j du lait, de l'eau tofe, du fucre &: à^s
DUR DUS
amendes pilées ; mais non pas (1 mous ni fi gluans
ceux (jui n'ont pas cette blancheur j & qui font
jaunis, ont été gâtés par l'injure de l'air , ou de
la pluie. Les meUleurs font ceux qui ont feulement
trois fruits dans chaque cellule , enfui te- eux qui
en ont quatre : ceux qui en ont cinq font eftunés
de peu de valeur , comme auflî ceux qui ont quel-
ques tentes ou crevaftes. Chaque pomme ne produit
point au-delà de vingt durions j dans chacun def-
queis eft un noyau , femblable à un noyau de pè-
che, nn peu plus long. Ce noyau eft d'un goût fa-
de , & rend la langue âpre, comme tout les nèfles
vertes , ce qui empêche qu'on ne les mange. Quant
au fruit , il eft chaud & humide , & , popr le man-
ger, il faut le prelîer légèrement avec le pied, afia
de l'ouvrir fans être piqué des épines qui l'entou-
rent. Il ienc mauvais , & l'odeur forte qu'il ré-
pand dégoûte ceux qui commencent à en manger;
mais , quand ils en ont mangé trois ou quatre fois ,
ils en trouvent le goût meilleur que celui des au-
tres truits. Ce fruit eft appelé parles Malais û'i^r^ao/ij
ià Heur huaa • l'arbre qui le ^oits bacan. LesSiamois
appellent ce fruit tourrien.
CCrDURiUSCULE.adj.de t. g. diminutif Un peu dur.
Duriufculus. Le pouls du malade eft duriufcule. Voy.
Dur en Médecine.
DURLACH. Voye-z Dourlach. De quelque manière
qu'on écrive , il faut prononcer Dourlach.
DURMIA. Nom d'une famille Romaine qui ne fe
trouve que fur quelques médailles d'Augufte, com-
me l'a remarqué Patin.
DURY j ou DUTY-DUNGAPORS. Toile de coton
écrue. L'aunage eft de 14 aunes de long lur trois
quarts de large.
DURY-AGRA. Toile de coton rayée , bleue & blan-
che, qui vient des Indes Orientales : elles ont onze
aunes de long fur une demi-aune de large-
D U S-
DUSARES. f^oyei Dysaris.
DLISIEN. f. m. Nom que les Gaulois donnolent autrer
fois aux Démons impurs. Dujius. S. Auguftin , de
Civit. Dei , L.XV. C. z^.&cnsn pas zi. comme
dit Hottman j ni 22. comme cite le Motéri j Saint
Auguftin, dis-je, écrit que, comme les Sylvains ôc
les Faunes j que les Latins appeloienr Incuhi , ôC
que nous nommons en François Incubes, prenant
des corps fenfibles & palpables ^ & la ligure hu-
maine , tourmentoient des femmes & en abu-
foient même fouvent, il y avoit aufli des Démons
que les Gaulois appeloient Dufiens , qui les poul-
foient au même crime j & il ajoute que tant de
gens l'allurenc , qu'il y eût eu de l'imprudence à le
nier. Sur quoi! Vivez a remarqué qu'il y a des na-
tions cjui font gloire d'avoir une pareille origine. Il
ajoute que les Egyptiens croient qu'un pareil com-
merce eft pollîble. Paul Lucas , dans fon premier
voyage , dit qu'il a vu au Caire des enfans qui
croient dans une très-grande vénération , parce
qu'on difoit qu'ils étaient fils d'un Génie , qui pa-
roissoit en ferpent dans une grotte , & qu'il eut
la curiofite d'aller voir. Mais je n'ai lu nulle parc
que des nations entières fe vantassent d'une fem-
blable cohabitation j & Vivez ne nomme point ces
nations. Voye\ au mot Incube ce qu'on doit penfer
dei'exiftence de ces fortes d'efprits.
Ce mot Dujïus , Dnjien , peut venir de vn , ducs,
qui , en Hébreu , fignifie fauter j fauterde joie, en-
forte que Dujîen fignifie auflî un Géniedu plaifir ,
un voluptueux.
DUSIL. f. m. Petit morceau de bois, ordinairement
de coudrier , taillé en pointe , ou en cône , dont on
fe fert pour fermer ou boucher le trou fait à un ton-
neau, avec un foret, foit pour tirer du vin, foit
pour donner du vent au tonneau. On prononce
duji, ou plutôt du^i^ ÔC Tondit aulVi duifec j dit le
p. Mabillon , Jd. Sancl. Bened. S. II. Je n'ai ja-
mais oui dire duifa , & je fais plufieurs vignobles
DUS DUT DUV
où l'on die toujours dujU ^ que l'on prononce , com-
me j'ai dit, fans taire fentir la lettre /. On i'appslls
audi une brockc^kw^ quelques endroits , &c prelque
put-toM Juujjer, qui eitle vrainiot.
Ce nom s'eft tormé du Latin dudculus , qui fe
tronve fouvent dans la basse Latinité, comme on
le peut voir en plulieurs endroits des Acla Sancl.
des Jéfuites d'Anvers. De duciculus ^ on. a £i\t du-
cidus , dusiculus, qui fe trouve aulFi ^ de-là du-
sicle , dus'd ; &c , comme le remarque un ancien Au-
teur, cité par O. MabiUon , Aà. Sancï. Bened.
Siic. II. p. ^iS. dudculus s'ell dit ab educendo , parce
que pat le moyen d'un dus'd on tire le vin. l'ar-
li &c par l'ufage de l'inftrum'jnt appelé dudculus ,
dans les Auteurs ou ce mot fe trouve , il eft inani-
fefte que Voffius s'ell trompé , quand il a dit , De
ykus Serm. L. III. C. lo. que dudculus ctoit un cer-
cle. Bollandus s'y étoit auiii trompé dans l'es Notes
fur la vie de S. Urbain X.Xill. Jan. Ci. §. 4. Il
l'a mieux pris dans la vie de Sainte Adélaïde , V.
de Février^ C- S- §■ ^9- F- 7^9- ^- Au lieu de dud-
culus , on trouve dux dans la vie de S. Benoîtj Abbé
de S Anian en Languedoc , §. 4,i.Acia Saiici. Ben.
Sdc. IF. p. 20çj.
DUSSELDORP. Ville d'Allemagne , capitale du Du-
ché de Bert^. DulliLiorpium. Elle eft du Cercle de
WePtpliaiie. Dujj'eldorp eft ficué fur le Rhin j au
confluent de la petite rivière de Dullel dans ce
fleuve , entre Cologne & Juiiers ,. & au-delïôus de
Nuys , mais non pas du même côté de la rivière.
Diijjcldorp eft une ville a;4réabie , bien fortifiée, &:
la réiidejice ordinaire dis Ducs de Neubourg, main-
tenant Electeurs Palatins. Long. 24. d. 2;!'. lat. 51.
d.12'.
Ce mot eftcompofé de Dujfel , nom de la pe-
tite rivière qui le baigne , & qui s'y décharge dans
le Rhiii , &c de dorp , mot Alleaiand , qui (i^ïnifie ,
}xr\ vilLigs. Ainli Dujjddorp figniiie le village de
'Du(Td\ ce qui montre que cette ville n'étoic qu'un
village d'abord , tic quand elle a pris ce nom.j
DUT.
DUTLÎXGE. Petite ville de la Suabe , en Allema-
gne. Dudinaa. Elle eft lut le Danube , entre la
ville de Conft.uice de celle de Tubinge » dans la
Principauté de Furftenberg. Quelques Géographes
la prennent pour l'ancienne Juliomagus , ville de
la Vindelicie , que d'autres mettent à PfuUendorf ,
bourg de la mï:ine Principauté.
DUTROA. l. m. Herbe f.imeufe dans l'Amérique ,
dont la graine eft femblable à celle du melon. Pier-
re Petit patle des propriétés de cette plante dans
fon Traité du Népendiès. Lorfqu'on met du dutroa
dans du vin , de l'eau ou autre liqueur , itcaufe une
joie fi infenfée à ceux qui en boivent, qu'ils rient
continuellement de toutes leuts forces. Ils perdent
abfolument l'ufage de l'efprit & de la raifon \ &c
daiis cet état ils n'ont aucun fentiment de ce qui fe
fait devant eux , ni à eux-mêmes, & n'en confer-
vent aucun fouvenir , quand ils font revenus à
€UX.
f>CT On accufe les Portugal fes de les Américaines
d'en faire prendre quelquefois à leurs maris j Se el-
les comptent i\ bien fur l'effet de cette plante fingu-
liète j que, lorfqu'elles leur ont fait boire de cette
liqueur , elles ne font point difficulté de s'amufer,
même en leur préfence , avec leurs amans.
DUV.
DUVELAND , ouDUYVELANDT. f. f. Contrée de
rifle de Schouven dans la Zélande. Duyvolandia.
Elle eft au levant del'Ifle, & féparée du refte par
un grand canal. Il n'y a aucun lieu confidérable.
Nous avons fait ce nom mafculin , parce qu'en
notre langue , quand les noms compofés de land ,
ancien mot Tndefque qui fignifie terre , font ter-
Tninés par un c/ , ou t/ r , nous les faifoias mafculius,
DUV /01
le Gutlandy le Groenland , &c. Mais , quand après
le d on mec un e , ils font féminins , la Hollande ^
la Zilande ,ècc. Maty écrit Duyvelant , &i IvL
Corneille Duvelant.
DUVET. {. m. La plume des oifeaux la plus douce ,
la plus moUô & la plus délicate , qui couvre tout le
coips de l'oifeau. Mollior avium pluma yplumula. En
termes de fauconnerie le duvet s'appelle la chemife
de l'oifeau. Faultrier.
Là j parmi les douceurs d'un tranqudle Jîlence ,
Règne fur le duvet une heureufe indolence.
BoiL.
\fT Duvet de Gerfaut. Voyc^ Edredon.
Duvet d'Autruche. C'eft ce qu'on appelle autrement
Lame-Ploc, ou Poil d'Autruche. Il y en a de deux
fortes : celui qui eft nommé fimplement fin d'Au-
truche s'emploie par les Chapeliers dans la fa-
brique des chapeaux communs \ & celui qui eft
appelé gros d'Autruche fert à faire les lifières
des draps fins , deftinés pour être teints en
noir.
^fT Les PlumalTiers appellent aulïi duvet les plu-
mes de deflous , le rebut des plumes de l'Autruche,
qu'ils frifent pour les employer à ditféientes garni-
tures.
Ce mot vient de tufetum , qui a été fait de tufa ,
heibe qui croît dans les marais j dont la flc-ut eft
velue, & fetvoit aux Anciens à mettre dansles coi-
tes & matelas. Ménage. Du Cange dit qu'il vient
àiduma , ou dum, dont s'eft letvi l'EmpereurFré-
déric II. en fon livre de la Vénerie, pour'lignifier les
petites plumes des oifeaux.
Duvet , eft aulli un petit coton ou poil follet , le pre-
mier poil qui vient au menton & aux joues des jeu-
nes gens. Lanugo. Un mol duvet lui ombrageoit en-
core les joues. Il n'eft bon que dans le burlefqueÇou
dans le ftyle badin.
^ZT On le dit auflî, en Botanique, e'une efpèce de
coton qui vient fur certains fruits & fut les plantes.
Lanugo. Les coins font couverts d'un petit duvtt.
Lanuginofus.
Là des rouges pavis le duvet délicat ,
Ici le jaune ambré d'un roujjâtre muj'cat.
PERR.A.ULT.
Le duvet des plantes qui naiOent dans des lieux
fort fecs , femble leur procurer quelque rafraîchif-
fement \ ce i^^^ver n'étant autre chofe qu'un amas de
plufieurs brins de coton, qui font comme autant de
mèches, qui s'imbibent de l'humidité de l'air.TouR-
NEFORT , Acad. des Se. 1770. Mém.p. jo.
DUVETEUX, adj. Terme de Fauconnerie ^ qui fe
dit des oifeaux qui ont beaucoup déplumes molles
6c délicates proche de la chair. Pîumeus. Cet oifeau
eft duveteux.
DWINA. Province de Mofcovie. Duna. Elle eft bor-
née au levant par celle de Codinski ', au midi par
c;!!e d'Ouftioug, & au couchant par celle de Kar-
gipol. La mer blanche& celle de Mofcovie la bai-
gnent au notd. Les ptincipaux lieux de cette Provin-
ce font Archangel capitale , S. Nicolas & Kolmo-
grod. Maty.
DWINE. Grande rivière de Mofcovie. Duina. Elle
naît dans le Duché de Vologua , où elle porte le
nom de cette Province. Elle prend enfuite celui
de Schucana , & va baigner Ouftioug , capitale de
la Province de même nom. Puis entrant dans celle
de Dwina, elle en prend le nom , palfe à Archan-
gel , & fe décharge peu après dans la mer blanche
par deux embouchures.
DUUMVIR. f. m. Nom générique qui fe donnoit
chez les anciens Romains à plufieurs Magijftrars ,
CommilTaires , Officiers , quand il y en avoir deux
pour la même fondion. Duumvir. Ainfi il v a eu
prefqne autant de fortes de Duumvirs qu'il y a eu
d'Officiers charges deu« enfemble de'la même .id-
yo%
D U V DUV DUY DUZ DYC DYL DYM DYN
minldratlon. Il y eut des Duumvîrs p{épo[és i la
conltruCbion , à la léparation , à la conf ervation des
Temples & des Autels. Cétoic le peuple qui les
nommoic. Tarquin en ciéa pour faire des lacrilî-
ces, & pour la garde des Livres des Sybilles, Duum-
yiri Sacrorum , & il les cira du corps de la Noblef-
fe , ou des Patriciens. Ceux-ci étoient perpétuels j
& la charge de Duumvir leur étoit donnée à vie.
Ils étoient exempts de fervir à la guerre , & des
charges inipolées aux Citoyens ; & l'on ne pou-
voir l'ans eux confulter les oracles des Sybilles. Cet-
te charge dura jufqu a l'an de Rome 588. qu'à la
requête de C Licinius & L. Sextius , Tribuns du
peuple, le peuple les changea en Décemvirs j c'eft
à-dire , qu'au lieu de deux perfonnes on en commit
dix pour avoir ce foin , & l'on ordonna que cette
Compi^nie feroit mi-partie des Patriciens & des
Plébéiens. Sylla augmenta leur nombre de cinq , &;
ils furent appelés Qûi/idecimvirs. Ce nombre crut
encore beaucoup dans la fuite, & alla jufqu'à foi
' xante, qui retinrent néanmoins le nom de Quin-
decimvirs. Enlin j ilî furent abolis lous l'Empire de
Théodofe avec d'autres relies des fuperlhtions
payennîs. C'éroienc donc des Officiers qui con-
îulfoient les Livres Sybillins dans le befoin. Vo-
pifcus , dans la vie d'Auiélien j décrit les cérémo-
nies qui s'obfervoient alois. On pnoit l'es Duumvir^
de vouloir ouvrir ces livres, & y chercher les def-
tins de l'Empire. On .illoit au temple , on feuille-
îoit ces livres, on en tiroit les vers que l'on croyoit
avoir rapport aux aSaires dont il étoit queftion , on
faifoit des luftrations fur Rome, & des facrifices :
de jeunes enfans chantoient des vers : on fiifoit
aufîi un amburbie , & un ambarvalle j c'eft-à-di-
re j une procedion autour de la ville , & une au-
tre autour de'î campagnes. Les Duumvirs dévoient
être bien purifiés. ^oye:( fur tout ceci Tite Live ,
LA, L. V, L. VI , L. XLI. Vopifcus cité , Héral-
Sas fur le IV^ Livre d'Arnobe , Rofin , ^ndq.
Rom. L. JII. C. z^. & les Paralïpomcna de Tho-
mas Dempfter fur cet endroit de Rofin , Vigenère
dans fes Aanot.Jur lite-Live , p. çy-j , çyS tij2ç,
Jji)i. Caligula ne jugea pas indigne d'être lui-mê-
me nommé Duumvir lur une monnoie de Carthage
la Njuve. Le jeune Juba , accoutumé aux manières
des Romains, prit le même titre.
Les Duumvirs capitaux capitales furent aufli appe
lés Duumviri perduellionis. C'étoit une Magiftrature
extraordinaire, que l'on ne créoir qu'en certaines
circonftances , pour juger les crimes de leze - Ma
jcfté. Les premiers Duumvirs de cette efpèce furent
ceux que l'on nomma pour juger Horace qui avoir
tué fil lœur , après avoir vaincu les Curiaces.
^ZT A Rome, C5: dans les villes municipales, les
Duumvirs , furnommés capitaux, étoient les Juges
criminels j Juges des affaires où il alloit de la vie ,
& d'autres peines afïliélives. On appeloit de leur
Sentence au peuple , qui feul avoit droit de confir-
mer le jugement de mort contre un Citoyen. Ils
étoient tirés des Décurions. Deux Licteurs mar-
choient devant eux.
Duumvirs Municipaux. Duumviri municipales. Les
Duumvirs tenoient dans les Colonies le même
rang, & avoient la même autorité que les Confuls
a Rome. Ils étoient pris du corps des Décurions ,
Se portoicnc la robe prétexte, ou bordée de pour-'
pre. Cette Majjiftrature duroit cinq ans.
ifT Vigencre compare les Duumvirs Municipaux
à nos Echevms. Ils étoient plutôt ce que (om à-
peu-prés nos BaiUifs & nos Sénéchaux.
Il y avoit auili à Rome des Duumvirs , qui
étoient les ConiiviifiTaires de la ALirine. Ils avoient
le foin des vailfeaux &t des équipages , Ikc. Ils fu
rent créés l'an 541 de Rome.
ffT Ce mot etl compofé des deux mots Latins ,
duo, deux , tk virj homme.
DITUMVIRAL, ALE. adj. Duumviralis. Terme de
l'i-Iiftoif; Romaine. Ce qui a rapport aux Duum-
virs. Office duumv'iral.
DÛUMViRAT. f. m. Magiftrature, Charge, Office,
Dignité de Duumvir. Duumviratus j Duumviri
munus , dignitaSj Alagijîratus. L&, Duumviraràuv::
jufqu'à l'an 388. de la fondation de Rome, qu'il
fut changé en Décemvirat. Le Duumyirat étoit ho-
norable &(. utile.
DUY.
DUY. f. f. Arbre du pays des Noirs , qui porte de»
pommes bonnes à manger. Il eft d'une hauteur , &
d'une épailfeur médiocre.
DUYNIS. Voye- DUNE.
DUYTE. f. f. Petite monnoie de cuivre, qui fe fa-
brique , & qui a cours en Hollande. La duyte vaut
environ deux deniers en France : huit font le fou
d'Amfterdam, qu'on nomme vulgairement Stuyver.
DUZ.
DU2;AMA. Terme de Philofophie hetmétique. C'eft
l'ouvrage de la pierre des Sages.
DYC.
Ip- DYCK - GRAVES. C'eft le nom qu'où
donne en Hollande à ceux qui font chargés du
foin des digues & éclufes d'un certain diftrid:, &C
qui font obligés d'en faire la vifite en certains
temps marqués. Encyclop.
DYL.
DYLE. Foyei DILE.
D Y Mi
DYMEL roye^ DIMEL.
DYMON. f. m. Terme de Mythologie. Dymon, C'eft
l'un des quatre Dieux domeftiques des Egyptiens.
DYN.
DYNAMÈNE. f. f. Nymphe. Dynamene. Elle étoît
fille de Nérée & de Doris. Héfiod , Theogon. Vi
248.
Ce mût eft Grec & fignifie puijjanty dii^i'^fii ^
poff'um.
DYNAMIQUE, f. f. Terme de Mathématique, Se
en particulier de Mécanique. Science des puilfan-
ces, c'eft-à-dire, des forces qui mettent les corps
en mouvement. Dynamice. La Dynamique eft une
partie de la Mécanique. Les mouvemens d'un ou
de plufieurs corps tirés par des cordes , font un des
principaux objets de \3. Dynamique j ou fciencc des
forces Ac. D. Se. 1755. Hiji.p, 105. On trouve au
même endroit, Mém. p. i. & fuiv. la folution de
quelques problêmes de Dynamique. M. Leibnitz ,
dans une lettre à M. Pélilîon , en i(Î9i , promet de
travailler à un Traité de la Science Dynamique. Sa-
lomon de Caux , & le P. Pardies , MM. Vaiignon ,
De la Hire , Euler, d'Alembert, &: autres j ont fait
des ouvrages dynamiques.
0CF Ce mot fe dit plus particulièrement aujour-
d'hui, parmi les Géomètres, de la fcience du mouve-
ment des corps qui agilFent les uns fur les autres ,
de quelque manière que ce foit , foit en fe pouf-
fant, foit en fe tirant.
Ce mot eft Grec , & vient de «Wva^u j pui[[ancc^
force ; nom verbal , dérivé de ^may.ci.i , je puis.
Ip- DYNASTE. f. m. Terme d'hiftoire. Petit
Souverain, c'eft-à-dire, Prince dont les Etats étoient
peu confidérables , ou qui ne régnoit qu'à titre pré-
caire, ou fous le bon piaifir des grandes Puillances,
telles que les Romains. Dynaflcs.
DYNASTIE, f. m. Terme d'Hiftoire, qui fe dit à\im
fuire de Rois d'une même race , qui ont régné l'un
après l'autre dans un Royaume. Dynafiia. On fait
fouvcp.t mention d^es Dynafiies d'.-s Perfes , des
Aif/ricns, desMèdes, &:c. Manéthon a iaiiïc Uiie-
DYP DYR DYS
Chronologie^ Hiftorique d'Egypie, Hivifée en trente
Dynallies. Foyci Eulebe, Syncclle, le P. Riccioli,
UlFerius , qui lapporten: ces DynajUes ; le Chev.
Marsham dans Ion Canon jEgyptiacus , & le Pèie
Pezion. AnaqiJ.it. des temps r-.'.ablie.
Ce mot vienc de êuia^iU^ Gif:, dérive de H^uUi ,
qui fianifie être puijjuut -, être doi.
DYPTIQUES. Foy. DIPTYQUES.
DYR.
bYRRACHIUM. Ville ancienne, qu'on nomme au-
jouid'hui Durazzo. A^oj/ej ce nom. Il cft; bon de
dire Dyrrachium ^ quand on parle de l'Antiquité.
C'oil ainiî qu'en ulent Godeau , Brébeuf, M. de
Harlay dans fa Fraduclion de Tacite j où il écrit
Diirachium , p. 460 , & Dyrrachium. Foye:^ aulîi
Vigenère fur Célar.
Cette ville s'appeloic d'abord Epidamne , Epi-
damnum. Pomponms Mêla dit, L. IL C. III. que
ce font les Romains qui chanj^èrenc ce nom , & lui
donnèrent celui de Dyrmcliium , parce que celui
iXEpidamnum leur parut de mauvais augure , comme
s'il lîgnifioit , au malheur , pour le malheur, & com-
me on difoit autrefois en François, à fon dam. Ils
crovoientque ce nom étoit compofé d'csri, piopoli-
tioii Grecque , & de damnum j mot Latin , qui fi-
gnihe, dommage j malheur j dam. Appien dit que
les Grecs, au contraire^ évitèrent le nom de Dyrra-
chium j comme étant de mauvais augure , & l'appe-
lèrent Epidamne. Scaliger , fur Eufèbe , rejette ce
que difent ces deux Autours , & prétend , fondé
peut-être fur la raifon que nous avons rapportée au
mot Durazzo, que la ville fut appelée Epidamne,
&c le çon Dyrrachium. Mais Vollius, fur l'errdroit
de Mêla cité, foutien: que Scaliger fe trompe; que
jamais perfonne n'a appelé Dyrrachium le port des
Epidamniens \ que les plus anciens Grecs difent
que c'étoit la Péninfule , dans laquelle la ville
d'Epidamne étoic bâtie , qui s'appeloit Dyrrachium ;
& il eue fur cela Erarofthène & Philon , cités avec
d'autres Auteurs par Etienne de Byzance, StrabonJ
Se Paufanias. Euftathius met Dyrrachium dans
l'Epire, &c l'en appelle la Métropole.
Dyrrachium vient du Grec Aupf*;^'»' qui efl la même
chofe que i^r^uxioi Dyfrachium , compofé de «^t
quij dans la compofuion , fignifie difficuement , &c
de fux'ci un rocher qui s'avance dans la mer. Ainfi ,
Dyrrachium fignifie un rocher de diijicile accès.
Euftathius, fur Denis le Géographe, v. 585, dit
qu'on lui donna ce nom à caule que ce lieu étoit
exttèmement étroit &c relferré. Suidas die que c'eft
parce qu'il y avoir U un rocher qui, s'avançant dans
ia mer, & brifant les flots qui venoient frapper
contre j étoit d'un très-difficile accès. C'eft appa-
remment aujourd'hui le Cap Durano _, Se plus
commmunément Capo Palo.
DYS.
DYSANOGOGUE. adj. m. & f . & f. .^«^««-/«yi^f qui
ell difficile à expectorer. Epithète que l'on donne
à la matière épailFe & vifqueufe j logée dans les
bronches.
DYS ARES, ou DIS ARES. f. m. Faux Dieu des Arabes ,
duTertuUien, Apol. C. 14. Di/ares. Dans l'édition
de TertuUien faite par Aide , on lit Diafares, mais
c'eft une faute. Etienne de Byzance l'appelle AKs-afs!?
Doupzres , & dit qu'il y avoit,en Arabie , un rocher
très-haut de fon nom , Axs-âfri Dufara j & qu'il étoit
honoré des Arabes & des Dacharéniens , qui font
les mêmes que les Nabathéens. Car il y a une faute
dans HéfychiQS , lorfqu'il die que les Nabathéens
honorent le Dieu Doufares. Il faut lire NaJ^TaTm
au lieu de Uat^r^Àot. C'eft une remarque de Thomas
de Pinedo , dans fes obfervacions fur Etienne de
Byzance j pag. 245 not. 91. HéfychiusdirquaZ)^-
fares étoit le même que Denis , ou Bacchus , que
l'on prétend n'ècre autre chofe que le foleil.
DYS 50^
Voflîus croit que ce mot Dujares vient de î^'n,
duts , qui fignifiey;//c y & XIN , erets, ou arets , qui
veut due terre ; Dujares , joie de la terre; que ce
ce Dieu eft Bacchus , ou le Soleil. Suidas le nomme
<ê)iiiiri,^r,s Theufares , comme fi c'étou Oser a"()« Dieu
Mars ; mais Bocharta tiès-bien remarqué , PliaUg.
L. II. C. 19. qu'il eft ridicule de chercher dans la
langue Grecque les étyniologies des mots Arabes.
Munfter , & ^ ap es lui j Pamélius , dans fes Notes
fur TertuUien , cruient que Dufares vient de ifTi^T,
dajchrefchi qu'ils interprècenc errer, marcher comme
un homme ivre- Mais , comme remarque encore
Bochart avec beaucoup de fagacité , c'eft une mé-
prife de Munfrer, qui a pris un T pour un 1 , dans
la paraphrafe Childaïque, Haïe XIX. 14. où les
mots du Prophète 1X'p3 "VSb rî\'iT\\\1 ut oberrat ebrius
in vemitufuo , font traduits en Chaldcen , K'IT ';?!3T
«01 navnnttT»:; m- Munfter a lu '^tH-xo Middaf-
chrefch ^ aulieu de Middafchdejch , & il a cru que
l'on diioit en Chaldéen V'Mi'i dafchrejch , ou daf-
res , pour fignifier, fe veautrer comme un ivrogne i
qu'ainfi ce nom daj'chrefch venoit de là , & conve-
noit fort à Bacchus ; mais c'eft dafchdefch , de ï?n ,
dufch. Quant à Bwchart, après avoir rejeté ces éty-
niologies, il propofe la fienne, &: prétend que T^'^fi-
res fe prononçoic & s'écrivait en Arabe TIlBiNn ,
Du-jfara ; car ce mot fe trouve dans Giggeïus pour
le nom d'une idole ; que néanmoins ce nom n'ell
point Arabe , mais moitié Arabe &; moitié Syria-
que , compofé de n , qui, en Arabe , répond au
7^3 des Hébreux, félon l'interprétation de Raphé-
lange , & fignifie Seigneur , Maître , Podelfeur ,
celui qui a , qui poftède quelque chofe; Se de nT:? ,
ou 'Tù> , qui iigmi\e /otucio, liberté, affranchiirc-
ment ; deforte que 'TiïiKn , Dufares , ou Dyjrres ,
eft la même chofe que Dominus folutionis j eu H-
bertatis , &c répond au Liber pater des Latins , & au
A'jcitc; Se Auj-(^£ço«nç des Gtccs ; qu'en Hébreux >
Nomb. VI, 3.iTTMr3>3ij;fignihe/o/^r^i; & exprejfio
uvarumj & que le mois de Septembre, où fe fait
la vendange , eft appelé pour cela '^^"^ , Tifri ;
qu'ainfi Difares peut encore fignifier Dieu, le Sei-
gneur de la vendange , ou du prelfurage, ce qui.
revient au nom Grec de Bacchus Au^r^,- qu'enfin
'1T.y lignifie convivium , lui feftin, & n,"ï/K ^ epu-
lari , faire un feftin; d'où nchj<n, Dyfures , ou
Dujares , fignifiera le Dieu des feftins ; tous noms
qui font très - propres de Dyfares ; c'eft-à-dire ,
de Bacchus.
Nicolaiis Loenfis , dans fes Mifcellanea , croit ,
après Marin le Philoiophe, que dans Tertulien il
laut lire Thyandrites , ou comme Suidas fe f A'^w
^n\\Q\x as Dyfares. Denis Godefroy , Se api es lui
VolFius , trouvent encore Dyfares, ou Dujfares ,
dans un autre endroit de TertuUien ; car , L. II.
adv. Nation. C. S. on lit j Farfutlnam Mau-
rorum , Obodaneduffirem Arabum ; ils prétendent
avec raifon, qu'il faut lire, Obedan ù' Duffarem
Arabum, La correélion eft très-heureufe. loyer ,
fur ce Dieu , Vofîius , de IdoLol. L. II C. 8. à la
fin , page 178. Selden , de Diis Syr. Synt. IL C.
4. p. 2QJ j 2Ç4.
DYSART. Petite ville ^ ou gros bourg de l'Ecolfe
méridiona/e. Dyfartum. Elle eft dans le Comté de
Fife, fur ie golfe de Forth , vis-à-vis d'Edimbourg ,
à quatre iieues au nord. Dyffard a droit d'élire des
Députés pour le Parlement d'Ecofte. Maty.
DYSCOLE. ad/, de t. g. Quelquefois employé fubf-
tantivement , fignifie, au moins dans l'ufage ordi-
naire j celui qui s'écarte de l'opinion reçue. Dif-
colus. L'Auteur de l'Efprit de Gerfon dit que ^
quand l'Empereur Léon voulut faire abattre les ima-
ges , le Pape Grégoire IL procéda , pour le fpiri-
tuel, contte Léon : mais , lorfqu'il vit que les peu-
ples d'Italie pouffoient leui zèle jufqu'à vouloir le
dépofer ; il les appaifa , Se maintint fon autorité,
tout dyfcole qu'il étoir. On ne trouveroit pas étrange
qu'un dyfcole fût privé de fon bénéfice. Rassicot.
M. Bayle dit , dans fa Critique générale de l'Hiftoire
J04 D Y S
du Calvinîfme : Je voudrais bien favoir fi l'inter-
diction , les cenfiires & les pénitences d'un Moine
dyfcole n'appartiennent pas à la difcipluie inté-
rieure & ordinaire des Communautés Religieufes.
Dyfcole , dans l'exemple f uivant , doit êrie expli-
qué par féparé de communion , qui profelFe une
Religion diflérente. Je vous avertis de bonne heure ,
dit le Reéteur Roze dans fa Harangue, que, fi vous
ne fournirez à l'appointement , il y a danger que
nous ne nous mettions tous à prouver qu'il n'eft
que d'avoir un Roi légitime ; eûam dyfcole , pourvu
qu'il nous lallFe le pain de Cliapitre , & Purgatoire ,
fans rien innover jufqu'au futur Concile. Sac.
Mcnip. in-8°, p. 84. 6" 85. Dyfcole vient du Grec
^ifKoXù; latinifé dans la Vulgate.
Cotgrave la mis
dans fon Diélionnaire. Il fignifie rude , f:â,cheux,de
mauvaife augure^ difficile à contenter, qui ne penfe
pas comme les aurres. On ne le dit point pour tâ-
•cheux , homme avec qui il ell difficde de vivre. Il
n'eft ordinairement employé que pour déligner ce-
lui qui eft d'un fentiment différent de celui des au-
,tres j en matière de Doctrine. Obedite prapofids
veflris , etiam DyfcoHs.
DYSENTERIR. ( Prononcez fortement 1'^. ) f. f.
. Terme de Médecine. L'étymologie demanderoit
qu'on écrivît ainfi i & c'eil l'orthographe que fuit
M. Lemery. Mais l'ufage prefque général efl pour
dyfjencerie. C'ell: proprement un flux de ventre fan-
gninolent, accompagnédedouleurs & de tranchées.
Dyjfenteria, intefiinorum difficultcis, tonnina. Le ter-
me de diffenterie , dans fa fignification particulière ,
dédgne l'efpèce de flux de ventre, qui elt caradlérifé
par la fréquence des déjeélions , l'épanchement du
/ang & les tranchées. La fièvre , l'ulcère , &c, ne
font pas de l'effence de cette maladie ; quoique ,
quant à l'ulcère , la plupart des anciens &c d ha-
biles modernes j le prétendent f^oy. le Traité de
la Dyffenterie de M. Maubec. Ceux qui en font
attaqués jettent auffi quelquefois avec les excré-
mensj du pus & de la fanie , & quelquefois des
mucofités blanchâtres j & des raclures de boyaux j
en forme de petites peaux. Ces raclures ne font au-
tre chofe que quelques mucofités delFéchées j qui le
détachent des boyaux, où elles s'étoient collées. Il
y a une dyffenterie ^ert/^«<;, qui n'eft point con
lagieufe d'ordinaire , ni accompagnée d'accidens
fort fâcheux. Il y en a une maligne ^, qui eft jointe
à une fièvre peftilentielle, & qui fe communique ,
ravageant des villes & des provinces entières 5
celle-ci arrive fouvent dans les armées j à caufe des
méchantes eaux , & des mauvais alimens. La dij-
fenterie eft ptoduite par uue bile j ou par quelque
autre humeur acre & corrofive , qui ouvre lei
vailfeaux des inteftins, qui en picote les membra-
nes j & qui enfin les ulcère. Il y a une déjeélion
fanguinolente j où le fang coule par bas fans dou-
leur, & fans que les boyaux foient blefles j qui
ne s'appelle dyffenterie c^ue fort improprement.
La caufe prochaine de la dyfenterie , eft une hu-
meur acre & corrofive qui ulcère les inteftins : les
caufes éloignées font les méchans alimens, les fruits
d'automne, les raifins, le vin nouveau pris avec
excès, les poifons , les médicamens violens , les
eaux qui paffent par des canaux de plomb , ou par
de vieux canaux j l'air pluvieux du printemps après
lin hiver fec , l'air chaud & fec de l'été & de l'au-
romne , quelque contagion qui règne. La partie
que cette maladie affeéle font les inteftins, ou les
gtêles, ou les gros, ou tous enfemble : quand la
caufe du mal eft dans les grêles , les tranchées
commencent long-temps avant les felles ; la dou-
leur eft vive , & fe fait fentir aux environs & au-
delTus du nombril ; les excrémens & le frng font
plus mélangés , parce qu'ils font plus long-temps
enfemble : quand les gros inteftins font attaqués, la
douleur efr moins forte, elle fe fait fentir plus bas \
les excrémens fortent en même temps que les tran-
chées commencent ; le fang nage delTus , & n'eft
pas mêlé avec les excrémens.
D Y S
Les caufes de la dyjjencerie font à(^s férofitcs, ou
d'autres mauvaifes humeurs féparées de la malle du
lang , d'où s'enfuit une trop grand fermentation
dans le fang, & une dilfolution de fes parties, qui
deviennent trop liquides. Ceft la première caufe.
La caule fecondaire, comme pai lent quelques Mé-
decins j c'eft une vellication, & une irritation des
fibres nerveules des inteftins, caufée par des hu-
meurs acides , acres, féparées du fang; qui fait que
les fibres fpirales, qui produiient le mouvement pé-
riftaltique du ventricule & des inteftins , fe meu-
vent trop vite , & que les humeurs font poulfées
trop vite à la cavité des boyaux , & chalîees trop
rôt par l'anus. La caufe médiate eft quelque corps
étranger qui adhère fortement aux intifcins , & par
fes pointes & fes aiguilles picotte violemment, &
avec impétuofité, les fibres nervcufes des inteftins.
Les caules éloignées font tout ce qui peut corrom-
pre lamaftedufang, tels que font les fucs vifqueux,
cruds , acides , acres, iScc. trop manger des fruits
deté , &C.
Rarement, les purgatifs font de bons effets dans
la dyfenccrie , parce qu'ils augmentent la fermenta-
tion du fang , ôc irritent de plus en plus les fibtes
des inteftins. Les émétiques n'y font guère d'ufage
non plus J parce qu'ils attirent dans le ventricule ,
ou pour le moins dans les inteftins fupérieurs , les
humeurs peccantes , & caulcnt de plus fréquentes
felles. Les remèdes ballamiques & ftiptiques font
ceux dont il fa.ut ufer félon les différentes caufes
& les différens lymptômes de la maladie. L'Jpeca~
cuanha, dont on doit la découverte à M. Helvétius,
a cela de (ingulier , qu'il corrige le levain dyffen-
térique à meiure qu'il l'évacué. Borry , dans fa
lettre à Bartholin , dit qu'il n'y a point di meilleur
remède pour la dyjfentene , que l'eau-rofe , où l'on
a éteint de l'or.
Ce mot vient de ^It , qui fignifie , Avec peine,
avec difficulté , 6c de '«mfov ^ inteftin. Difficulté
d'inteftins.
DYSENTERIQUE. ( Ecrivez DYSSENTÉRIQUE ,
conformément à lulage. ) Qui a la dyllentetie.
Dyfemeria laborans. Guérir , traiter un dysentéri-
que. Ce mot ne fe dit pas feulement fubftantive-
ment d'un malade quia la dyffenterie, mais c'eft
encore un adj. m. éc f. qui fignifie ce qui a rap-
port , ce qui» appartient à la dyilenterie. Dyfen-
tericus , a, um. h Ipecacuanha eft un remède divin
pour les dévoiemens & flux dyffentjriques ; il eft
en même - temps émétique j cathartique & aftrin-
gent. BoLDUC Acaddm. des Scienc. 1700. Mém.
pag. 2.
tfT DISERT. Voyei Disart.
DYSPEPSIE, f. f. "Terme de Médecine. Difficulté de
digérer. Dyfpepsia \ difficdis , Agra concoclio. La
dyfpepsie eft caufée par le vice des humeurs , ort
par le manque de forcedans les organes qui fervent
à la digeftion.
Ce mot vient de ^!>s , difficilement, avec peine ,
Si de TtiTTtiv , cuire.
DYSPNÉE, f. f. Terme de Médecine. Difficulté de
refpirer. Dyfpnea , fpirandi difficultas. La dyfpnée
a trois degrés \ favoir , la courte-haleine , l'afthms
& l'orthopnée. La courte-haUine , qui retient aufli
le nom de dyfpnée , eft une difficulté de refpirer qui
n'eft pas fort grande. L'afthme eft une difficulté de ref-
pirer plus grande, accompagnée de ronflement & de
fifflement. L'orthopnée eft la plus violente de toutes ,
les malacles ne pouvant demeurer couchés, & étant
obligés d'être debout, ou aflis , afin de pouvoir ref-
pirer. Les caufes les plus fréquentes de la dyfpnée ^
font les flegmes contenus dans les bronches , & la
conG itution trop forte de ces mêmes bronches , qui
empêchent l'entrée facile de l'air dans les poumons.
Ce mot vient de ^U , difficilement , mal-aifé-
ment, & de ît«» , je refpire.
DYSRACHITIS. C f. Nom d'une emplâtre dont on
trouve la defcription dans Galien , de compositions
msdicamcntorum per gênera 3 L. V. C. s. & il la
recommande
D Y s
recommande pour la filiale j & les fmus calleux ,
(CT DYSSENTERIE & DYSSENTERIQUE. royei
DVbENrERIE.
DY5SYLLABE. yoyex Disyllabe.
DYS THYMIE. f. f. Terme de Médecine. Anxiété ,
mal aile ou abatuemen: d'efprit. Dyjlhymia, De
«S'ij, qui faïc entendie ici le mal-aife, & de '»^W
ejprit.
DYbTHOCHIE. f. f. Terme de Médecine. Accouche-
ment laborieux. Dyfiochia. De ^s , difficilement
Se de Ti'jtra , meure au monde.
DYSTRE. f. m. i>y7?raj. Terme de Chronologie. Cin-
quième mois Syro - Macédonien , qui répond à
Mars, en commençant quatre jours plutôt. Chas-
TELAiN. J'^oyei Eusèbe , Hifi. Ecdef.L. FUI. C. j.\
& l'Hicrolexicon des Macry. Le Dyjire répondoit
au mois de Février chez les Macédoniens , les Grecs
d'Alie , à Ephèfe, à Pergame j &c. Et au mois de
Mars chez les Macédoniens de Syrie , à Antiochc ,
à Gaze , chez les Arabes & d'autres Orientaux, A
Tyr ilétoit aulH le cinquième mois \ mais il répon-
doit au mois d'Avril , & de même dans la Lycie ,
aufll - bien qu'à Sidon. Mais chez les Achéens il
, étoit le troilième , & répondoit à Mars. Fabrïcii
Menolog.p. 42 , 44,46 , 47 ^ 4%.
DYSURIE. f. f. Terme de Médecine. Difficulté d'uti-
ner, accompagnée de douleur Se d'une fenfation de
D 2 W joj
; chaleur. ByCuria , difficultas urlns,. On l'appelle
^\\&. ardeur d'urine ,:^z.x<iQ qu'il femble que l'urine
en pairant brûle l'urètre. Cette maladie diffère de
la ftrangurie , en ce que dans celle-ci l'urine ne fore
que goutte-à-goutte , au lieu que dans la dyfuric
elle coule fans interruption, & fouvent en la quanti-
té requife. La fupprellion d'urine totale , dernier
période de la ftrangurie , s'appelle Ikhurie. Les
caufes les plus ordinaires de la dy furie , font l'acri-
monie de l'urine, & l'excoriation, ou l'exulcéra-
tion du col de la veflîe j & du canal urinaire.
Ce mot eft Grec , compofé de la particule <^î*,
difficilement, avec peine, & de éju», uriner.
D Z W.
DZWINE , ou DUNE. Grande rivière de Pologne.
Duna , Duina. Elle prend fa fource près de celle
de Volga , dans le Duché de Refckw en Mofcovie.
Elle traverfe enfuite la Lithuanie où elle baigne
Witcpsk & Poloczk: , & enfin ayant féparé la Cur-
lande de cette dernière Province , & palTé à Dune-
bourg & à Riga , villes de la Province de Livonie ,
elle dégorge fes eaux dans Te golfe de Riga â
la forterelTe de Dunemonde. On croit que cette
riviète eft celle que les Anciens nommoienc
Rubo.
Tome HT.
Sss
yo6
f. m. Cinquième Lettre de l'Alpha-
bet, la féconde des voyelles. Un e
bien formé , un grand E , un e ac-
centué. La prononciation de cette
lettre eft fort difficile pour les
! Etrangers. Il faut diftuiguer au
moins lix fortes d'E en François.
^ Le premier eft celui qu'on pronon-
ce comme a , enfe'gner j empor-
ter. Orient, Occident. Prononcez anjeigner ^ ampor-
ter , Oriantj Occidant. J'appelle le fécond e François
l'e muet final ; c'eft celui qui ne fe trouve jamais que
dans la dernière fyllabe , & qui ne fe prononce point
du rout. Il rend même muettes les confonnes ne ou
s, quand il les précède dans la dernière fyllabe de
nos noms & de nos verbes. Ainfî bonne , bo/m j
bonnes , bonét, j àoane, dat\ donnent, dant, fe pro-
noncent en François tout comme on prononceroit
bonn &C donn. Dans la fuite du difcours la voix
coule par-defTusceteimperceptiblemen: & fans s'ar-
rêter. Aufli notre verfification ne peut foufFrir cet e
dans les endroits qui demandent du repos , comme
dans la fyllabe qui porte céfurcj en quelques vers
que ce foit.
J'appelle letroifième e prefque muet. Il fe trouve
à la fin des monofyllabes ,je ,de ,te. ^ &cc. & pour
lors fa prononciation appioche un peu du fon de la
diphtongue eu. AmCije^ ego , fe prononce prefque
comme JEU , ludus. Lorfque dans les monofyllabes
cet e fe trouve fuivi d'une j j & que le mot fuivant
commence par une voyelle , ou , ce qui eft la même
cliofe, par une A douce ou muette, le bel ufage a
introduit une règle particulière. C'eft que dans la
converfation on coule fur cet e qui devient tout-à-
fait muet, les âmes , les hommes , les honneurs, les
amours : cela fe prononce comme s'il y avoit l\ hom-
mes , /ç honneurs , /^ amours : mais dans un dif-
cours public on prononceront, & on appuie fur cet
es, comme s'il y avoit ^w , lais âmes , lais hom-
mes , lais honneurs , lais amours. Cet e fe trouve
auffi dans notre langue au milieu des mots , foit en-
tre deux confonnes j foit après une voyelle , & de-
vant une confonne. Lorfqu'il eft entre deux con-
fonnes , il a un fon obfcur , & comme impercep-
tible. Il eft dans notre langue ce qu'eft en Hébreu
le point voyelle que les Grammairiens appellent
fcheva. C'eft un e très-obfcur , qu'on eft obligé dans
toutes les langues de fous-entendre , quand on veut
prononcer deux confonnes de fuite dans la même
fyllabe , fur-tout (i ces deux confonnes font un peu
fortes à prononcer. Toute la différence qu'il y a là
deftiis entre les autres nations Se nous , c'eft que
nous écrivons cet e , que les autres nations n'écri
vent point \ mais la prononciation eft à-peu-près la
même. Ainfi, en écnvant peloufe ^ éperon, nous pro
nonçons comme on prononceroit ailleurs j plou':^ ,
épron. Enfin cet e prefque muer fe trouve quelque
fois après une voyelle & devant une confonne ; &
pour lors il ne fair qu'alonger un peu la voyelle
lur-tout dans quelques temps formés des infinitifs
en er. J'avouerai , je piierois : il £iut prononcer
prefque je /riroij , en fiiifant l'i un peu long ; en-
jouement, il faut alonger l'o« qui précède l'e, &
ainfi des autres; mais il fiut toujours conferver l'e
dans l'écriture , & il ferr pour lors à marquer la
racine , l'étymologie . &;c. Au refte , cet e pref-
que muet eft fi infenfible dans la prononciation
qu'il n'eft point compté dans les* vers. Ainfi
prierons ne fait que deux fyllabes dans te vers de
M. Racine.
Et nous le prierons tous de nousfervir de père.
Cete, aufli-bien que le précédent , s'appellent e
féminin , tant parce qu'Us font trop foibles, que par-
ce qu'ils fervent à former les féminins des adjeéiifs.
Ainfi, du mafculin l'homme eo^iiwr, on forme le
féminin, \a. kmvaQ confiante , voilà l'e muet i 6c,
du mafculin aimé , on forme le féminin aimée , voilà
l'e prefque muet.
Le quatrième e , eft l'e fermé , qu'on appelle auiîî
l'e mafculin, parce qu'entr'autres ufages il fert à
marquer le mafculin des participes paftifs dans les
verbes en er j comme aime , change. Il eft toujours
accentué , quand il termine le mot , comme dans
bonté , facilite', &c. au pluriel des noms & des ver-
bes , il eft fuivi d'une s , bontés , facilite.?. Quel-
ques-uns mettent auffi un s aux fécondes perfonnes
des verbes. Vous nimés , vous Vilés , vous croyez.
Mauvaife orthographe. Il faut un ^ à la place de l's.
On ne doit écrire ni prononcer de la même façon
enfansaimej, les enfans que vous aimej. Au com-
mencemenr & au milieu des mots cet e fermé de-
vroit toujours être accentué ; mais cette exactitude
eft difficile à garder j & bien des gens y manquent.
L'e fermé , ou mafculin , rime fort bien avec la
diphthongue ai du préfent , du prétérit indéfini, &
du futur des verbes j Ôc par conféquent il a parfaite-
ment le même fon.
Vaincu , chargé de fers , de regrets confumé ,
Brillé de plus de feux que je n'en allumai. Rag.
Le cinquième e eft l'e ouvert , qui eft alongé dans
la prononciation Françoife , comme il l'eft en Latin
dans les pénultièmes longues , concéda , albedo.
Nous marquons fouvent cet è en François par un
chevron, ou accent circonflexe , honnête, tàe j on
le mari}uoit autrefois par une s qu'on ne prononçoit
poinr j honne/îe , fore/t. Nous avons dit que l'e fer-
mé a le même fon que la fimple diphthongue ai ;
& l'e ouvert a le même que la diphthongue ai alon-
gée & marquée d'un circonflexe , ou fiiivie d'une/^
muette. Ainfi Feste ou Fête ,fejlum ; & Faiste ou
Faite , fafligium _, ont parfaitement le même fon.
Cet e ouvert, au lieu d'un circonflexe, ne prend
fouvent qu'un accent aigu dans la dernière fyllabe
des noms dont le fingulier auffi-bien que le pluriel
eft en es , comme acce'j , accès j proce'^ , &c. dans
les prépofitions & adverbes de même terminaifon,
pre'^, aprej , &c. D'autres y mettent un accent gra-
ve \ Se c'eft ce que nous avons fait dans ce Didtion-
naire-ci, parce que cet e eft fort diftérent de l'e
fermé , fur lequel l'ufage eft de mettre un aigu.
Foye-^ notre Préface. Néanmoins dans chés, apud y
aflèV , jatis j félon quelques - uns , l'e eft for-
mé j & non pas ouvert. C'eft pourquoi ajfés ri-
me avec les pluriels des noms dont le fingulier eft
en e.
Quelques faux brillans mal placés ,
Toute la pièce efi admirable :
Un mot leur déplaît , ceji affés ,
Toute la pièce efi déteflable. Des-H.
Cet e même n'a point du font d'accent dans la pé-
nultième , lorlqu'il eft ûuvi de deux r/-, comme
guerre , tonnerte, non plus que dans la dernière
lyllabej iorfqu'iï efl: fuivi d'une r faille & fur la
quelle on appuie, comme mer, îcr: Te eft ouvert
dans ces mots \ & ii l'on n'y met pas l'accent grave ,
qui y feroit nècelfaire , c elt que l'ulage ne le per-
met pas. Car lorfque cer r hnal ell ninet , Xer dans
le diicours ordinaire a le ion de IV fermé ou accen
tué , Roclifr , ripes , changer , mutarc : on prononce
rochi , change. Ajoutez à ceux-ci léger, quifepro-
nonce comme fi l'on écrivoit lége' avec l'accent ai-
gu fur IV de la dernière fyllabe. Mais le mot CAe-
y'taulger , ell une exception de cette règle j & il fe
prononce avec l'è ouvert. C'ell un compofé , qui
ne retient point la prononciation ordinaire de léger.
Nous dirons ailleurs que cet r final doit fe pronon-
cer j lorfqu'il ell fuivi d'un mot qui commence par
une voyelle j ou qu'il fe trouve placé à la fin d'un
vers, dont la rime demande qu'on falle fentir l'rdans
la prononciation.
Le fi.xième e eft médiocre ou mitoyen entre l'e
ouvertiSc l'e fermé , ayant un fon plus plein que l'e
fermé, & moins ou vert que l'^qu'on nomme pro
prement ouvert. Ct, e médiocre a un fon bret &:
coupé , comme dans la dernière iyllabe de ces
mots, cabinef , o'njer j difcrer ; dans la première
de /neare, /eare ; & dans la pénultième de Ihopht-
te i InteiT'rète. Les régies de la rime, qui font fort
févères dans la verfification Françoife, font bien
fentir laditlérence entre cet e médiocre Se l'e ouverr.
Car, par exemple , mettre , ponere , ne rime point
avec Maître , Mugijîer , m lettre, lictera, avec
ÊTRE , ejfe ; & cela prouve que le fon en eft entière-
ment dittérent.
On pourroit encore trouver une feptième efpèce
d'e , qui ell l'e fimple , qui n'eft point muet , & qui
n'eft proprement ni ouvert j ni fermé j ni mé-
diocre , ni long , ni bref j comme dans les der
nières fyllabes de ces mots, Grammairie/z, Hifto
rie« , &c.
Après toutes ces règles , il faut convenir que l'u
fage eft le plus sur de tous les maîtres. L'e muec h
liai eft celui qui coûte le plus aux Etrangers. Il y a
môme des Provinces de France , où on le prononce
fort mal, &où les petits enfans difent ma mercj,
au lieu dédire , /72^ mère. Dans le langage vulgaire
deTouloule , on donne à cet e final & muet un fon
fort approchant de l'e'accenrué.
Quelquefois l'e n'a aucun des fons qu'on vient de
marquer, ce qui arrive, lorfqu'il elt dans une mê-
me fyllabe devant une autre voyelle \ & alors quel-
quefois il tonne une diphthongue , comme dans
les mots/eu, malheur, Ôic. Quelquefois l'e fe perd
entièrement , &: on ne le prononce point du toat ,
comme dans malheureux , heureux, qu'on pronon-
ce mal/^i/ieux, huneuK ; <i:ins Jeindre , peindre , &c.
qu'on prononce comme s'il y avoit_yï'«dre , pindre j
devant un aUcun o dans mangea j partagea , man-
geons, partageons , mangea/ enc, partageaient, &
dans les autres mots femblables , où l'e ne fert qu à
adoucir le fon du ^ , Se à le faire prononcer comme
un/ confonne dans /.'mais , yoconde , &c.
Ceux qui ne diftmguent que trois efpèces d'e, qui
font l'e muet, l'e ouvert, <k l'e fermé , avouent
qu'il y a plufieurs degrés ilans la prononciation de
ces e \ ce qui eft la mèms chofe que s'ils diftin-
guoient plulieurs efpéces d'e.
Les Latins avoient aulfi des cdifferens : l'un ctoit
plus ouvert , e vajtius j tel étoit le dernier dans hè-
re , vocatif de herus, maître : l'autre étoit plus fer-
me , tel que celui de l'adverbe herè , hier. Ce der-
nier e &: Vi fe changeoient fouvent l'un & l'autre.
Ainfi , pour herè , on dit heri\ Se l'on trouvoit fou-
vent yT/^e, quafe , &c. pour _0i Se qu.iji j & Tire-
Live fe fervoit fouvent de ces fortes de mors. L'e
Latin s'exprimoit aulfi quelquefois par a. C'eft pour
cela que quelques Antiquaires ont prétendu que la
médaillç de Gallien, qui a pour Infcription , GAL-
E A C yoy
LIEN.£ AVGVSTJE , n'eft point une médaille fa-
tyrique , comme d'autres le vouloicnr , &: que ces
mots ne iont point un datif féminin , mais le vo-
catif maiculin , CalUene Augujle écrit par un <t.
Quant à la forme de cette lettre E , nous l'avons
prile des Latins , qui la tenoient des Grecs : ceux-
ci l'avoient reçue des Phéniciens , &; de Cadmus
qui la leur avoir portée. Car lesPhéniciens avoienc
la même langue & les mêmes caraciilères que les
Hébreux : or la forme du he Hébreu étoit la même
que celle de notre E , ainfi qu'on le peut voir fur
les médailles Hébraïques , & dans la Ditrertation
du P. Soucier, Jéfuite, fur ces médailles, & fur
les premières lettres Hébraïques, p. 143. Toute la
différence qu'il y a , c'eft que les Hébreux lifanc
de droit à gauche, ils tournoient cette lettre en ce
fens , 'J , au lieu que les Grecs, les Latins j& toutes
les langues modernes , lifant de gauche à droite,
l'écrivent dans un fens -différent, E. Enfuite j en
écrivant vite & faifant la traverfe d'en haut , la per-
pendiculaire y Se la traverfe d'en bas tout d'un traie
Se fans lever la main , on l'a arrondie comme un
C ; puis ajoutant la traverfe du milieu , de-là
s'eft formé e , qui eft la petite forme de cette
lettre.
Les Imprimeurs appellent e tréma un ë fur lequel
il y a deux petits points , Se un é acut , celui qui eft
accentué.
E, fur les monnoies , marque celles qui font fabriquées
à Tours.
E , fur les touches d'un clavier d'orgue, ou de clavef-
fin , marque les tons E mi la.
E , fur la bouffoUe , ou compas de mer , Cartes marr-
nes, &c. marque le vent d'Orient, qu'on nomme est
dans les mers du Ponent. E. £/l. ÊSE. EJt-Jud-eJl,
NE. Nord-Est , Sec. ^
E , dans les lettres , Epîtres dédicatoires. Gazettes &
livres d'Hiftoire moderne, fe met par abréviation
pour Excellence , ou Eminence. V. E. f^otre Excel-
. Lence 3 ou Votre Eminence ^ S. E. Son Excellence ,
fon Eminence , &c.
E j dans les Calendriers Eccléfiaftiques , eft la cin-
quième des fept lettres qu'on nomme Domini-
cales.
On trouve dans bien des Didionnaires , que 1»
lettre E étoit chez les Anciens une lettte numérale ,
qui fignifioit 250, fuivant ce vers.
E quo^ue ducentos& quinquaginta tenebit.
Mais il faut remarquer ici, une bonne fois pour .
toutes , que ce n'eft pas chez les Anciens que cec
ulage des lettres Latines numérales a eu lieu. Ifi-
dorede Seville, Auteur du feptième fiècle, le dit
en termes exprès au premier livre de fes Origines ,
cliap. 3. Latini autem numéros ad litteras non com~
putaiit. Cela fut introduit dans un temps de barbarie
& d'ignorance. M. DuCange a pris foin d'expliquer
cet ulage au commencement de chaque lettre de
fon favant GloflTaire Latin-Barbare. Mais les faifeurs
de Didionnaires qui l'ont fuivi , & qui Be l'ont pas
entendu , ont dit qu'on trouvoit cette explication
des lettres numérales dans Valérius Probus. M. Du
Cange ne dit point cela , mais feulement qu'pn
trouvoit cette expi ication à la pag. 1 68 3 . du recueil
des anciens Grammairiens, entré lefquels font Va-
lérius Probus , Se Pierre Diacre. Hahetur verb illud.
cum Valerio Probo , Paulo Diacono ( il fallait dire ,
Petro Diacono ) &'artis qui de numeris fcripferunt ,
editum inter Grammaticos antiquos. Cette édition
elf de Wékel //2-4°. de l'an 1605. par Elle Putf-
chius. On attribue à Magnon , Archevêque do
Sens du temps de Chirlemagna , l'explication
des notes du Droit , qu'on trouve dans le ractna
recueil , & ailleurs.
E A C.
EACÉES. f. f. pi. Terme de Mythologie. Fêtes ^jeu*
Sfsij
joS E A C EÂL EAS
folennels qui fe célébroiçr.c à Egine en rhonneur
d'Eaque qiii en avoit été Roi. F'oye:^ Eaque.
E ACIDE, f. m. & f. Defcendant d'/Eaciis , qui efl: de
Ja race li'JEzciis. ^acides. J'aime mieux que Ther-
flte loit votre père , pourvu que vous foyez un Ea-
cide en valeur , que li vous étiez le fils d'Achille ,
& que vous ne fuiliez qu'un Therlite. Juvenal Sat.
yiïl. Eacide efl: mis là pour Achille , & fouvenc
on lui donne ce nom, aulîi-bien qu'à Néoptolé-
me j ou Pyrrhus fon fils , parce qu'ils defcen-
doient d'Eacus, qui croit aïeul d'Achille. Paufanias
a remarqué queprefque tous les f^ciiej furent tués.
E A D.
EADBERT. Voye:^ Edbert.
EAGH. Grand lac d'Irlande > dans 1?. Province
d'Ulfter.
EAIGE. i. m. Vieux mot. Vie , âge.
EAL.
ÉALE. r. f. Eale. Bète à quatre pieds , dont on ne fait
que ce qu'en a dit Pline , I. 8. feét. 30. & Solin après
lui. Pline , après avoir parlé des Lynx, desSphynx ,
& autres animaux d'Ethiopie , que bien des Au-
teurs modernes traitent d'animaux fabuleux j par-
ce qu'ils ne les ont pas vus , dit que VEale eft
une bête de la grandeur de l'hippopotame j qu'elle
a la queue d'Eléphant , & eft de couleur noire ou
rouife 'f qu'elle a les mâchoires de langlier , & des
cornes de plus d'une coudée de longueur; que fes
cornes font mobiles , enforte qu'elle combat tantôt
avec l'une, & tantôt avec l'autre , & les remue en
tous fens , foit pour attaquer , foit pour fe défen-
dre , & parer les coups qu'on lui porte.
E A N.
ÉANUS. f. m. Terme de Mythologie. N^om qua l'on
donnoit à Janus , & que Cicéron lui donne , com-
me l'allègue Cornificius au IIF Livre des étymolo-
gies. Eanus. On l'appelle ainfi ab eundo, parce que
le monde , le Ciel , va toujours , tourne toujours.
Vigenère ,fu.r Tite-Live , p. 1 114.
EAQUE. f. m. Fils de Jupiter & d'Egine j ou , félon
d'autres , d'Europe. La réputation qu'il s'acquit
d'être le Prince le plus équitable de fon temps , lui
mérita chez les Poètes une place parmi les Juges
d'Enfer , entre Minos Se Radamanthe.
IfF EARLDORMAN. f. m. Premier degré de No-
bleiïe chez les Anglo-Saxons. Ce mot , qui , dans
fon origine , fignifie , Ancien , âgé , fut donné chez
ces peuples à ceux qui exerçoienc les emplois les
plus honorables.
Ë A R.
EARNE. Grand lac d'Irlande. Erms, Erno j Derno ^
Erdinus, L| eft dans le Comté de Fermanagh , en
Dltonie. Il a deux lieues de long. Ce font comme
deux lacs joints par un canal , ce qui fait qu'on le
divife en deux parties , ou deux lacs , dont l'orien-
tal conferve le nom d'Earne , ôc celui qui eft à
l'Occident s'appelle Broad.
EAS,
EAST-ANGLE. Prononce^ EST-ANGLE, Nom pro-
pre d'uri ancien Royaume des Anglo-Saxons dans
i'Ifle Britannique. Orientalis Anglia ; Eafl-Anglia.
Il avoit au couchant le Royaume de Mercie , au
rnidi celui des Saxons & Orientaux , & il étoit
baigné au levant & au nord par la mer d'Allema-
gne : il comprenoit les terres où font aujourd'hui
les Comtés de Norfolk , de SufFolk & de Cam-
bridge.
Eajl fignifie Orient , d'où nous eft venu le nom
EAS EAU
d'£/?. Ainfi Eajl- Angles lignifie Anglois Orien-
taux.
EASIER. f. f. Terme de Mythologie. Déefle des an-
ciens Sa.-x.ons. Eajier. M. Bochartj qui avoit entre-
pris de rapporter les anciennes origines à la langue
&c à la dodtrine des Phéniciens , prétendoit que
cette £i7/?er étoit la même qu'Aftarté. Ses facrifices
fe tailoient au commencement du printemps ; &c
de-là vient que les Saxons appeloient Eajhr le mois
auquel le célèbre la Pâque. Skinnerus ne s'éloigne
pas beaucoup de ce leutiment, dans fon Etymolo-
gique delà langue Aiigloile. Hur.T. Bochart,pour
rapprocher ce mot de celui d'Aftarte, dit Jajtar ,
onEaJler:^ maisBede, L. De temporibus ., où il a
pris ceci , dit Eajhr ^ & ne dit <\\xEaJter. Il eft vrai
que la prononciation à'EaJIer & ôi'^Jler , diffè-
rent peu aujourd'hui en Anglois. C'étoit le mois
d'Avril , que les Saxons appeloient Eafier Monta \
6c les Anglois appellent encore aujourd'hui les Fê-
tes de Pâque Eajler-time , le temps d'EaJIer. Voyez '
le Chanaan de Bochart, c. 42.
ifT Ce mot , dit-on j vient de Réfurreftion ;
& c'eft pour cela que les détraéteurs de nos fêtes
nous accufent de tehir la célébration de la Pâque des
Eaftrées Gauloifes , ou Fêtes de la Déelfe Eajler ou
Eajire,
EAST-MEATFi. Prononcez Eft-Meti. Nom d'un
Comté de laLagénie, en Irlande. Me^'i^z , ou Me-
dia Orientalis. La Boine divife VEafi-Meath en deux
parties. C'étoit autrefois un Royaume , & le pays
des Eblaniens , ou Eblanes.
Ce nom eft compofé d'EcJl^, Orient , & de
Meath , Médie. Ce nom lui vient peut-être , dit
Cambdenj de ce que ce pays eft au milieu de I'Ifle.
Cambden écrit Meth , & l'appelle lîmplemenE
Comté de Meth. Néanmoins dans fa Carte on trou-
ve Eaji-Meatk Se Weft-Meath.
EAU.
EAU. Cette terminaifon ne fait ordinairement qu'une
fyllabe en François, couteau, cifcau , tableau, man-
teau J &CC, excepté dans Jïeau , que nos bons Poc'tes
font de deux fyllabes , ôcperderau, que quelques-
uns font de trois, f^oye^ l'excellent Traité de la Po'é-
Jîc Françoife du P. Michel Morgues , dont on a
beaucoup profité dans la révifion de ce livre.
Eau. f. f. Âqua. On ne prononce prefque pas l'e, c'eft
un e prefque muet. Veau eft le troifième des qua-
tre Elémens vulgaires j qui eft froid & humide pan
fa nature. Ueau élémentaire eft un fluide humide ,
tranfparent, fans goût , fans odeur, qui pénètre à
travers les pores de la plupart des corps , & qui
éteint les matières enflammées. Quelle eft la caufe
phyfique de la fluidité de Veau ? Pourquoi fe chan-
ge-t-elle en glace ? Comment caufe - t - elle les
pluies, la grêle, la neige? Comment nous vient-
elle du fein de la terre? /^oye? Fluidité j Glace,
Météores aqueux , Fontaine. Eau de mer , marina ;
de nvicte , Jiuviatilis ; de f onuine , /bntan a ; d'é-
tangs , de fources, de citernes , cijiernina ; de puits,
putealis. Veau pèfe Soo fois plus que l'air , & eft
de 14 à un à l'égard du mercure. Toute ea^/ con-
tient des particules terreftres , plus ou moins. Wod-
wart, dans fon Traité de la Végétation, & d'autres,
l'ont démontré.
L'etz^d'Efpagne eft excellente relie ne fe corrompe
jamais. C'eft en partie ce qui fait que le pain de
Madrid eft Ci bon. Le pain de Gonellè n'eft fi efti-
mé, depuis fi long-temps, que parce que les eaux
y ont toujours été bonnes. La bonté de Veau confif-
te dans fa légèreté & dans fa pureté.
Les meilleures eau.v pour les ufages de la vie font
celles qui font pures , légères , tranfparentes, fim-
ples , & fans grand mélange de particules terreftres.
MoRTHON. Veau la plus convenable pour la fanté ,
eft celle qui eft légère , claire j pure , qui n'a ni
couleur , ni odeur , ni faveur , qui s'échauffe Se fe
rafraîchit très-vîte, & dans laquelle les herbes SC
■EAU
les légumes fe cuifent facilement &■ pi'omp.tôment.'
Quelques-uns difenc que la marqus d'une' bonne'
eau ett de dilFoudre parfaicemencle lavon. Les meil-
leures eaux l'on: ordiHairement celles de pluie , en-
fuice Veau de iburce , de rivière , ou de puits. Les
eaux des neiges & dss glaces fondues font générale-
ment mal-faines. Les eaux croupillantes & de ma-
lais, paiuftr.es, font pernicieufes.
M. Léniery croit que ^eau de rivière eft la meiU
Heure & la plus faine de toutes j pourvu qu'on la
lailfe repofer devant que d'en boire , & qu'on la
prenne loin au - de (Fus des grandes villes, pour
qu'elle ne foit point chargée d'impuretés & d'im-
mondices.
Veau de la Seine, ayant été pofée dans une aréo-
mètre crès-exaél, s'eft trouvée aullî légère qu'aucune
<rfl« de fontaine , quelque claire qu'elle tût. Voyez
le Traitd des allniens de AI. Léméry. On ne juge pas
de la légèreté des eaux par leur moindre poids ,
mais par leur fubtilité à defcendre promptement de
l'eftomac.
M. de la Mare , dans fon Traité de la Police , L.
IV. Tu. III. C. 5. parle de la Police des eaux de
fontaines & de puits , laquelle , dit-il , a toujours
fait partie de la Jurifdidion du Prévôt de Paris.
Dagobert I. par un Edit de l'an (îjo. ordonna quc,fi
quelqu'un faUlfoit ou corrompoit par des immon-
dices les eaux d'une lontamé , il feroit condamné
à les nettoyer , &: en (ix fous d'amende j c'eft-à-
dire , quarante-neuf livtes dix fous. Il rapporte à
la même page 550 & 5 5 1. divers autres Réglemens
;(Î9 , \Gçj"i ic \o-jT,. Le chapure fui
des années i , ,
vant regarde la police des eaux de rivière. Le VI.
eft des porteurs d'e^Mj & des endroits où ils doi-
vent puiler les eaux qu'ils débitent au public.
Th.ilè> foutenoit que Veau ctoit le principe de
tous les corps \ & cette opinion a été renouvellée en
nos jours par Robert Flud , qui en a fait unSyftème
compris en plulieurs volumes.
Veau rafraîchit & humeél^ beaucoup , elle aide
â la digeftion. L'eau eft un principe pallif , félon la
plupart des Chy;ii;lles. On dit que,! dans une Ifle
de la mer Atlantique , il fe trouve une arbre qui
fournit de Xeaul. tous les Infulaires. L'e^zz^ de pluie
eft plus pénétrante i.'s: plus aétive que Xeau commu-
ne , à laquelle les Chymiftes la préfètent en qua-
lité de dllFolvant.
Les Chinois difent qucjdans la Province de Fo-
quien,il y a un lac dont l'eau eft verte , & qui chan-
ge le fer exi cuivre. P. le Comte.
Ce mot eft dérivé du Latin/z^«i7, d'où l'on a fait
premièrement aiguë , témoin aiguière , ou e'guicre ^
A iguef mortes ^ Aigueperfc , Aigucbelette , aiguade _,
qu'on dit encore en termes de marine : enfuite on a
èi\.tayve. Se ayau , & y^^e. ) qu'on dit encore en
quelques lieux , dont enfin on a fait eau. Borel dit
que ce mot vient du vieux Gaulois auen , auon , qui j
fignifioit autrefois rivière , d'où font venu'; les noms J
des villes Gandavum , Genabum , ëc autres. Du
Cange dit qu'on a appelé une Me Eia , mot tiré
du Saxon ea^e , d'où nous avons fait cave , com-
me on écrivoit encore du temps de Nicot j Se de-
puis eau.
On dit , en général , Aller par eau ^ pour dire,
Naviger , voyager fur la mer , fui* les lacs Se fur
les rivières. Navigio ire. Palier Veau , au-delà de
Veau , c'eft - à - dire , de l'autre côté de la ri-
vière.
On dir qu'une chofe ne fent que IViîz^ , quand elle
n'a ni fel , ni fweur. Jeûner au pain & à Veau , ne
manger que du pain, ne boire que àzVeau. On a
obfervé que Xeau d'une fontaine eft d'un autre poids
à fa fource qu'à quelque diftance de-là ; & qu'après
fon dégel elle eft d'un autre poids qu'elle n'étoit au-
paravant. Une pinre à'eau du Gange eft plus légère
d'une once que quelque autre eau que ce foit : le
Mogol n'en boit point d'autre, en quelque lieu qu'il
fe trouve.
Eau, en particulier , fe dit de la pluie. Aqua^ pluyia.
EAU /09
Ce nuage épais nous mftiuce d'eau. Il tombé de Veau.
Les bleds ont grand befoin d'eau.
IP" On dit que kseaux font grandes , grolTes ,
pour dire que les rivières font enflées par les eaux
de pluie ; que les eaux font balfes , au propre ,
pour dire qu il y a peu d'eau dans les rivières. Pour
le figuré J y'oye^ les phrafes proverbiales.
On dir qu'un homme eft obhgé de recevoir les
eaux de fon voifin, pour dire , les eaux pluviales
qui tombent de dellus le coxt de la maifun de lou
voifin.
L'Ecriture diftingue les eaux qui font au-delliis
du firmament , ou des Cieux , & celles qui font au-
dellous , c'eftà-dire , les eaux de la mer, des riviè-
res J Sec. qui lont au-dellous de l'air , Se les ea.tx
des nuées qui lont au-delïus.
Eau pétrifiante , eft une eau qui a un fel de telle na-
ture , que, s'inlinUanr dans les corps^qu'on met de-
dans , il les rend tout à-fait pierres. Elle pétrifie
les matières qu'on laille féjourner dedans , comme
du bois , des fruits , des parries d'animaux, &c. Ovi-
de parle de ce phénomène dans le XV* livre des
Métamorphofes. .
Flumen habent Ciccnes , quod potum faxea reddit
Vifceray &l.
Les Anciens ont attribué des effets furprenans
aux eaux qui pétrifienr. Les Paylans en Angleterre
s'en ferveur cou; me d'un fpécifique pour guérir les
bertiaux attaqués de clyfenterie.
L'eji^ d'Arcueil eft remplie de parties pierreufeSj,
qui fe féparent des parties de ïeau en coulant j|Pc
forment au fond des canaux un lédiment jqui fe
durcit , Se devient pierre. On dit que les eaux^\xn.
certain fleuve de Thrace enivrent de la mêmema-
nière que du vin , ce qui peut venir des parties ful-
fureufes J bitumincufes & volatiles, que les eaux
de ce fleuve contiennent. Se qui, s'étant portées à la
tête, empêchent le mouvement réglé des efprks
animaux y Se les portent avec impétuofité & fans
ordre , dans toutes les parties du corps.
Il y a encore une autre efpèce d'eau qu'on pour-
roit appeler incruftante,parce que , fi l'on met quel-
que corps dans cette eau , il fe fait tout autour une
incruftation de pierre , fans changer le corps qu'on
y avoir mis. Cette eau eft fort commune à Paris Se
aux environs ; & , à propos de cela , on doit re-
marquer qu'il faut bien prendre garde d'où vien-
nent les eaux qu'on deftine à la boilfon. Car, h elles
palfent par des terreins qui aient«le mauvaifes qua-
lités , elles en prennent aullij comme lorlqu'elles
palfent fur des pierres de plâtre , Sec. ce qui fe
connoît en faifant cuire de l'ozeille dans Veau qu'on
veur éprouver ; car Xeau change de couleur , Sc
devient rougeâtre i ce qui li'arrive jamais aux au-
tres eaux.
Eau , en termes de Théologie , fe dit premièrement
de celle avec laquelle on baptife. Le pécheur eft ré-
généré pat les eaux du Baptême , par les eaux de la
grâce. L'ancien ufage croit de dire eau fimplement,
pour dire , les eaux du Baptême. Il y a dans le Ro-
man MS. de Jourdain de Blaye ,
Cille leva des faines foncs & de l'algue.
. C'eft-à-diré , de Veau. Les ancien Auteurs Ec»
cléfiaftiques fe font fervis diaqua en ce même
fens.
Eau bénite. Aqua henedicla, aqua lujlralis. C'eft une
eauc[m fe fait dans l'Eglife avec certaines prières,
exorcifmes Se cérémonies. On la prend à l'entrée Se
au fortir de l'Eglife. Veau bénite de Pâques eft celle
qu'on préparoit autrefois feulement pour baptiferles
enfms & les catéchumènes. Celle qu'on fait folen-
nellement tous les Dimanches dans les ParoilTes.ferc
pour la dévotion , pour effacer les péchés véniels ,
chalTer les Démons , &c. On la peut faire auftî les
autres jours , Se en quelque Eglife que ce foir, avec
jio EAU
les prières marquées pour cela dans les MifTels &
Rituels. Par ua cure de iVIarmoucier rapporté dans
Vtiijioirc de BitiCagne , T. II. p. 1615. il paioit que
les Moines ne la hiiloient pas atitretois , mais lare-
cevoient des Evèques. Un Allemand nommé Ur-
bain Godetroy Siber a imprimé une Dilïercation à
Leipfikj pour montrer , par des preuves tirées de
l'Hiitoire Ecclélialhque , que l'on peut faire boire
de Veau bénite aux animaux.
L'ufagede Veau bénite ell très-ancien dansl'Eglife,
comme on le peut voir dans S. Jérôme , dans la vie
de S. Hilarion , & dans Gretfer, De Benedict. C.
X. ùfuiv. jufqu'au XX. Les Juifs avoient pluiieurs
afperlions lemblables que Dieu mcms avoir initi-
tuées. Voyez au L, des Nombres XIX. 17. On attri-
bue au Pape S. AL-xandre , martyrifé fous Adrien ,
riiiftitution de Veau bénite. Godeau.
L'ufage de Veau bénite ell une des pratiques de
l'Eglife contre laquelle les Hérétiques de ces der-
niers lîècles ont crié avec le plus d'ignorance & de
pallion : la paillon leur a fait déguiler la créance (5c
la pratique de l'Eglife j & l'ignorance leur a fait
blâmer ce qui eft autorilé par des preuves incon-
teftables. Il ell vrai que les Payens avoient une eau
lurtrale , tout comme il ell vrai qu'ils avoient dts
Temples , qu'Us faifoient des prières , & prati-
quoient une infinité de chofes, que nous pratiquons
aulli-bien qu'eux : nous fléchilfons les genoux poui
•adorer le vrai DieUjComme ils faifoienc pour adorei
les faux Dieux.
On appelle auflî eau bénite , cette cérémonie &
ces prières qui fe font les Dimanches avant la
i, grand'Melfe pour bénir Veau : comme, voilà Veau
bénite qui fonne.
^Cr Eau lustrale, ^^«^/«j^ra/ij, dont les anciens fe
fervoienc pour le purifier dans leurs facrifices. Ils
n'employoient pas indifféremment toutes fortes
ê^eauv à cet ufage : ilsfe fer voient toujours des eaux
coulantes & claires , comme de celles des rivières
les plus rapides , ou de la mer , qu'ils béniffoientà
leur manière. Quelques-uns prétendent que les an-
ciens fe fervoient de Veau toute pure, fans aucun
mélange , pour faire leur eau lustrale. D'autres
difent qu'ils prenoient les cendres du bois qui avoir
fervi à brûler la viétiniej ou de quelques morceaux
de bois de cèdre , d'hillope & de cumin , qu'ils Jet
toient dans le feu du fncrifice, lorfqu'il venoit à
s'éteindre , pour en laire leur eau lustrale , ou fa-
crée, qu'ils mettoient à l'entrée de leurs temples
dans de grands vales , & dont ils fe purifioient en y
entrant. «
fC? Ils avoient encore des vafes plus petits, dans
lefquels ils mettoient de cette eau , dont ils arro-
foient les allillans avec des goupillons , affez fem-
blables à ceux dont on fe fert dans nos Eglifes.
CCT Ovide parle encore de Veau de Mercure, qui
croit auprès de laporre Capéne,dont les Marchands
s'arrofoient , croyant effacer par-là toutes les in-
juftices qu'ils avoient commifes dans le com-
merce.
Eaux amères de Jalousie. Dans le Livre des Nom-
bres il eft fait mention d'une eau qui fervoità prou-
ver fi une femme étoit adultère, ou non. f^cye\
NuiT). Cap. 5. comment on y procédoit.
Eau bouillante , épreuve de l'eau bouillante.
Chez nos Anciens on faifoir la preuve des crimes
par l'immerlion du corps, ou du bras , dans Veau
chaude j avec plufieurs cérémonies Eccléfiaftiques ;
d'où vient que , comme on dit maintenant : j'en
jnettrois ma main d.ins le feu , quand on veut af-
fûter une chofe 3 & marquer qu'on n'en doute pas ,
les Anciens difoien^ : J'en ferois un Jugement a eau
chaude & de fer chiud. C'eft ce qui eft exprimé en
vieux langage dans le Roman manufcrit du Renard,
cité par du Cange, p. zSi. fur le mot aqun fer-
ventis judicium.
Si que j'en ferois unjuife y
[c'efl- à-dire, un jugement)
^ De chaude yaue & de fer chaud.
EAU
Dans l'examen ou jugement de Veau chaude , ce-
lui qui étoit acculé , ou celui qui vouloir bien pren-
dre la place de l'acculé , &c fubir pour lui cetre
épreuve, étoit obligé de mettre le bras nu dans une
chaudière pleine a-eau bouiUanre , & d'en tirer une
pierre qui éroit plus ou moins enfoncée j iclon la
qualité du crime : enfuite on enveloppoit la main _,
le juge mettoit un fcellé fur lenveloppe, & au bout
de trois jours on la venoit viliter ; &, li elle fe trou-
vait fans brûlure, l'accufé etoïc déclaré innocent.
Les Nobles fe purgeoient par le fer chaud j 6>: ceux
qui n'étoient pas de libre conditiori , par Veau froi-
de. Voyez ci-dellous. Le P. MabiUon dit que ce fuc
le Pape Eugène 11. qui inventa cette cérémonie , »
pour rerrancher la coutume de faire ferment en I
métrant la main fur les reliques des Saints , dont
on abufoit j & qu'elle fut détendue par Innocent
III. au Concile de Latran, Dans l'Hiftoire critique
des pratiques luperftitieufes du R. P. le Brun de l'O-
ratoire j! imprimée en 1701 , ontiouvera bien des
choies curieufes , &: de favantes recherches fur
ces preuves par Veau chaude , & Veau froide , &
fur la verru prétendue qu'on a attribuée à la baguet-
te de trouver les fources (ïeau., &:c. Thictbcrge,
tennne de Lothaire , ayant été acculée d'avoir com-
mis, avanr fon mariage , un incclte avec Ion frère
le Duc Huberr j comme on ne povivoit la convain-
cre par aucuns témoins , on conlulta quelques Evc-
qu;;s fur la manière dont les Juges pouiroienr fe
comporter tians une aftaire où le crime étoit tiès-
douteux \ mais qui , tout douteux qu'il étoit , dés-
honoroit le Roi. Les Evèques furent d avis qu'on
eût recours à la preuve de l'eau bouillante , qui con-
fiftoit en ce que laccufé , pour prouver fon inno-
cence , entonçoit fa main dans un baffin plein d'eau
bouillante , pour en tirer un anneau qu'on y avoit
mis : s'il renroitfa main avec l'anneau fans qu'elle
fût brûlée , il étoit déclaré innocent ; Ci la maiu fe
tiouvoit brûlée , il demeuroit convaincu. P. Dan-
Bi/l. de Fr. T. I.p. 711. Quelquelois on fubftituoic
une autre perfonne à fa place pour laire cette
épreuve. Le rang éc la qualité deThietberge la dif-
penfèrent de faire elle-même la preuve. Elle choific
un homme pour la faire en fon nom, qui , ou par
zèle pour la vie & pour l'honneur de cette Prin-
celfe , ou pour de l'argent , confentit à mettre fa
inain dans' Veau bouillante. Il le fit , & la retira fans
aucun mal. P. Dan. ibid. Voyez encore V Hist. de
Bret. par D. Lobineau , T. II. p. 145. Le P. Daniel
dir preuve, mais on dit communément, épreuve
de Veau bouillante.
Epreuve de l'eau froide. Après qu'on avoit fait
quelques prières, on lioit l'accufé en peloron , &
on le jetoit dans une rivière , dans un lac , ou dans
une cuve pleine i^eau \ s'il furnageoir , il étoit te-
nu pour coupable j* s'il enfonçoit, il étoit regar-
dé comme innocenr. V oyez \qs Mémoires de Fré^
vaux, 171 1. p. 1407. & fuivantes j Cordemoy j T.
II. 317. & le P. le Brun. ^oy. Epr£uve,ou Preuve.
En dévotion il y a Eau de Saint Clair , qui gué-
rit du mal des yeux j Eau de Sainte Geneviève , qui
guérit delà fièvre.
Dans l'Agriculture & le Jardinage rien n'eft finé-
celTaire & ii utile que Veau.Ct\\. pour cela que Var-
ron met l'e^za^armi les Divinités qu'il invoque an
premier livre de lie rustica , Etiam , dit-il , precor
Lympham j quoniam fine aqua omnis mifera est agri-
cultura. Il faut dans une maifon de campagne tâcher
d'avoir de Veau vive & coulante, faine j claire & en
abondance.
%fT La meilleure eau pour le Jardinage eft celle
où les légumes cuifent facilement. Pour juger de la 1
bonté de Veau , on doit avoir égard au goût qu'elle '
communique aux fruits & aux légumes , en fe fil-
tranr à ttavers les rerres.
îfT L'eau de pluie ramaffée dans des citernes fe-
roit la meilleure pour les arrofemens. Les nitres de
l'air dont elle eft chargée la rendent plus aclive Se
plus féconde.
E AU
C(3* Veau de pluie eft crop crue. Il faut la faire
un peu dégourdir au foleil dans des ballins , avant
que de l'employer aux arrofemens.
ifir Dans le langage ordinaire , on appelle eau
certaines humeurs ou lerolîtés qui fe trouvent ou
s'anialFent dans le corps de l'animal. Les vélîcatoires
font des ampoules pleines d'eau claire. On lui a
trouvé la poitrine toute pleine d'eau. Il lui eft tombé
des eaux fur les jambes .• ce qui fe dit particulière-
ment des chevaux j quand il leur tombe de mau-
vaifes humeurs fur le boulet & le paturon.
ipr On le dit aullî de la fueur. Cette courfe ,
cet accès de fièvre l'a mis tout en eau. Veau lui dé-
goutte du vifage.
fer Eau fe dit , en ftyle populaire , pour urine. Faire
de Veau, lâcher de l'eau, retenir fon eau.
On dit j Fondre en eau , pour dire. Pleurer abon-
damment.
Pleurc\ , pUure\ , mes yeux, & fondez-vous en eau.
Corn.
En termes de Marine , on dit , faire de Veau ,
A quart , pour dire, faire aiguade ^ faire fes pro-
vitions d'tviu douce au milieu d'un voyage de long
cours. Ce navire fait eau , aquani acciph j rimis Ja-
tifcif^ c'eft-à-dire , que Veau entre dans le navire par
quelque ouverture , ou voie d'eau qui eft fous le
navire. Pour y remédier, on prend une civadière
piquée d'étoupe , fur laquelle il fiut coudre qua-
tre cordages à travers , &c amarrer des poids aux
deux bouts d'en -bas , afin de faire caler la voile^ iz,
lorfqu'elle eft vis-à-vis de la voie d'eau , l'on bal-
le fur les cordages qui font coufus fur la voile ^
la voile, étant bien faille contre le cordage , empè -
che que le navire ne faffe tant d'eau , M. de Tour-
viLLE. Oii n'appelle voie d'eau, que les ouvertu-
res un peu conhdérables & dangereufes. On met en
panne , c'eft-à-dire , on fait pencher le vailfeau
d'un côté , pour fermer une voie d'eau , qui eft de
l'autre- Quelque foin qu'on ait eu de bien calfater
le vailfeau , il y encre toujours un peu d'eau j c'eft
pour cela qu'on pompe de temps en temps. L'ufage
eft de faire pomper à la fin de chaque quart. Il y a
des canaux dans le fond de cale , qui fervent à con-
duire ces eaux à la pompe : ces canaux s'appellent
bitonnières , anguilliers , ou lumières. Le vailfeau
coule bas d'eau j lorlqu'il y entre plus d'eau qu'on
n'en peut tirer dehors avec la pompe , lorfque Veau
gagne le vailleau. La baftonnée d'eau eft la quantité
d'eau que l'on puile à la pompe chaque fois qu'on
fait jouer la brimbale, ou bringuebale ,c'eft-à dire,
le bacon de la pompe , qui a un levier fervant à
tirer Veau de la pompe. Ozan. Ce vailfeau tire tant
d'eau ; pour dire, il lui faut tant de pieds d' eau poin
êtte à îlot , & pour voguer. Pour favoir li an vaif-
feau tire plus ou moms d'eau j on a égard à la hau-
teur du mât & à la forme ou ftruéture de la quille,
ou carène. Un vailleau tire plus d'eau fur une ri-
vière j que fur la mec , parce que Veau de mer a
plus de conliftance.
On appelle la ligne d'eau , ou flottaifon , la pat-
tie du bâtiment qui eft à rteur d'eau, qa^nd il a fa
charge j &: parce qu'ordinairement cette ligne doit
être dans Tendroic où le vailfeau eft le plus gros ,
cet endroit s'appelle auiîî la ligne du fort. Il faut
attendte le vif de Veau , ou la haute eau , pour dire ,
la pleine marée. On dit au contraire , baiTe eau , ou
eau morte, ou le mort d'eau, dans le reflux, lorf-
que la marée eft baiïe , que la mer refoule , ou fe
retire, les Matelots difenc communéinent que Veau
eft maigre , quand il y a peu d'eau. Les eaux vives
régnent trois jours devant , & trois jouts après la
nouvelle ou la pleine lune. Les ea«.v mortes viennent
après les fix jours qu'ont occupé les eaux vives. Ce
▼ aifteau alloïc à Heur d'e£2a , c'eft-à-dire , n'avoir
guire de bord hors de Veau. Ce navire étoit percé à
1 eaa,c'eft-à-dire , dans les œuvres vives, ou qui
plongent dans Veau.
On dit auUi qu'un navire eft fur Veau , ou fur les
EAU j i î
eaux d'un autre J pour dire , qu'il fuit fon cours, fort
liilage. Un vailleau le mec dans les eaux d'un autrej
lorfqu'il fe met derrière lui , pour faire la même
route. Dans les évolutions navales , pour ranger
une flotte en ordre de bataille fur la ligue de près ,
le vailfeau qui eft à la queue court toujours au plus
près , Se les autres vaiUeaux fe mettent fucceftive^
ment dans fes eaux. Quand on chalTè un vailleau _,
il faut fi bien mancsuvrer j tenir le vent, faire des
bordées , qu'on fe trouve enfin dans fes eaux. Veau
du vailleau s'appelle encore le fillage , la feillure ,
hourge &: houaicle du vaifll;au. Les remoux d'un
vailfeau font decertains toutnans d'eau qui fe font,
lorfque le vaiftcau palfe, & que le vailleau paroît
entraîner après foi. On dit aufli, mettre un navire à
Veau j le poulfer à Veau, le lancer à Veau, quand , du
chantier où il étoit pour le bâtir , ou le radouber ^
on le poulfe dans la mer.
Des courans d'eau font des nîouvemens d'eau im-
pétueux qui fe trouvent le long des côtes , ou dé-
troits , & qui nailfent de leurs finuofités. Le cou-
rant de Veau , ou le fil de Veau , fe dit feulement
de l'endroit des rivières où VeaueH la plus forte»
On appelle aulfi chej-d'eau , la haute marée ^ & dans
la bonalfe on dit que l'eau eft plate & courtoife»
On appelle Veau de la mer , eau falée , pour
la diftinguer de Veau douce , qui eft celle des fon-
taines , des rivières, des étangs Se des puits. On à
cherché bien des moyens pour rendre Veau de la
mer douce & potable. Foye-^ VHi/l. 4e l'Acadénu
Royale des Seienc. par M. Duhamel : la i*. édition
in-à^. 'eft de 1701.
%fT Veau faumache eft celle qui , fans avoir toute
l'âcretc de Veau de la met , en tient cependant un
peu ; telle que celle qu'on eft quelquefois obligé de
pr^dre dans les puits que l'on creufe fur le bord
de la mer. On ne s'en fert que dans un prelfant
befoin.
Battre Veau. Terme de Chalfe. Cela fe dit quand
une bcteeft dans Veau, &c l'on crie aux chiens, elle
bac l'eau.
En Aftronomie le Vetfeur d'eau , ou plutôt "Ver-
feau , Aquarïus , ou Amphora, eft l'onzième ligne
du Zodiaque , en commençant à Aries , 8c le fé-
cond des figues d'hiver , fa figure eft ^^ Le foleil
entre dans ce figne environ le ly ou lo Janvier.
Selon le Calendrier Grégorien , en 1701, le foleil
entre en Aquarius le 20 Janvier , à dix heures
quatre minutes du matin. Ceux qui s'adonnent à
la vanité Afttologique, ou à l'Aftrologie judiciaire ,
mertent ce figne parmi les fignes de moyenne
beauté, & parmi ceux qu'ils appellent humains ,
raifonnables j & de bonnes voix, «Sic. Ils préten-
dent aulïï que ce figne domine lur les cuilfes ds
l'homme , comme les poilfons fur les pieds ; Sc
que ceux qui nailfent lous ce figne auront de belles
inclinations poui la vertu j lelon ces vers de
Manilius , 1. 4. v. 569.
At fi quem fanclumque velis , caftumque, probumque j
Hk tibi nafcetur j cum prïmus Aquarius exit.
Ils difent aulfi que ce figne donne de grands ta-
lens pour la découverte des fources , la conduite
des eaux , & pour tous les arcs qui en dépendent,
& mille autres chimères femblables.
On dit , en termes d'Hvdraulique , Conduire les
eaux-., pour dire , les enf-ermer dans des ruyauxj
ou canaux , ou les détourner par un bâtardclu.
Meilleurs de l'Académie Royale des Sciences ont
mis en François le livre de Jules Frontin , de aquA
duclihus , où il eft traité des Aqueducs des ancien^
Romains j & de leur mcrhode pour la conduite
des eaux , pour élever les eaux par des machines ,
comme par les pompes , qui les élèvent, par afpira-
tion jufqu'à 32. pieds, ou pat comprellion, en pref-
fant Veau pour Télever ^\ haut qu'on veut , parce
que l'ert;^ ne fe condenfe jamais. Le troifième livre
des Jardins du P. Rapin eft fut les eaux : il y dé-
5 -î 2, E Â U
dit, en beaux veis Latins , la manière de dccoii-
vrir les fouices d'cuu , de les conduire par les aque-
ducs , de les puriiier par le moyen des puifards ,
/ojjdi putealcs , lîk des xQ'gàiàs , fpecuU , de les con
ferver dans les réfervous j recepcacula , &c. li parli
auili des canaux & de leurs ion^n3.\\\, fpirantenta
canallum j des tuyaux , tubi, tubuil ; des baliinsj la
bra j des grandes pièces ^eau , grandes aqunt, ; des
ronds à!^eau , aquarum ambitus ^ des cafcades , des
■ jnappes <S'eau , des jets d'eau, aquafaiiences, &cc.
Il en parle auiîî dans le chap. 14 de la DilFertation
de difciplina univerjh hortenjls culture, V. Jet ,
f ONTAiNE Hydrostatique , &c. Faire un jet
àHeau , c'eft , Elever Veau , & la faire jaillir en
l'air. Un bouillon d'eau , eft celui qui ne s'élève
guère au delFus du tuyau. Une chute d'eau , ou
cafcade , aquarum lapfus. Viwq nappe dieau , aqus,
textiles , fe dit quand \eau s'étend comme une
nappe, fur une pierre d'où elle tombe. Un foleil
^eauy quand les jets fe dillribuent en rayons. Une
gerbe ^eau , quand il y a grand nombre de tuyaux
près l'un de l'autre qui jettent de \'eau enfemble.
Un berceau d'fja, quand il y a des jets à! eau à
droit & à gauche , qui fe courbent en arc par-def-
fus la tête. Un pouce £'eau, eft l'ouverture d'un
tuyau que M eau remplit en coulant , & dont la
fuperficie contient un pouce carré. Bernard Palliffi,
Jacques Beiîon , Serlio , Sal deCaux, & le Théâ-
tre d' Agriculture j ont écrit de l'art de conduire les
eaux , de .trouver des fources &: des fofitaines. Il y
a auffi des horloges dîeau. J'^oye^ HORLOGE j
des moulins à eau. Foye^ MOULIN ; & plu-
fieurs autres machines dans lefquelles on fe fert de
la force del'ej^, félon les règles de l'Hydrollati-
que , pour élever des corps pefans , &c.
On dit à Verfailles que le Roi a donné les eaux
à un Prince étranger, à un Ambalfadeur, &c. pour
dire , que le Roi a fait jouer tous les jets àleau
en fa confidcration , & pour lui faire plaiiîr &
honneur.
Eau , en termes de Médecine , fe dit de quelques
liqueurs du corps humain. Eau flegmatique ; \'eau
du péricarde , ou contenue dans le péricarde : c'eft
une humeur féreufe , dans laquelle nage le cœur :
elle eft femblable à de l'urine ; néanmoins elle n'eft
ni âcrcj ni falée : en quelques-uns , elle relfemble
à de la lavure de chair : on la trouve en toutes for-
tes d'animaux , morts ou vivans : les uns en ont
plus, &c les autres moins. On prétend que les fem-
mes & les vieillards en ont une plus grande quan-
tité que les jeunes , à caufe de la foibleife de la
■chaleur. Il v a de cette eau dans le péricarde du
fœtus , ce qui fait voir qu'elle y eft dès la première
conformation , & qu'ainh elle y eft néceffaire dès
le moment que le cœur commence, à fe mouvoir.
Lorfqu'elle eft en trop grande quantité , elle caufe
des palpitations de cœur j qui, le fuifoquant, peu-
vent caufer la morr. Si nous en croyons Veftingius ,
cette férofité fe peut rengendrer en ceux qui l'ont
perdue par quelque plaie au péricarde \ & il en
rapporte un exemple. Dionis. Je crois que cette li-
queur eft féparée par les glandes qui font à la bafe
du cœur ; qu'elle tombe goutte à goutte dans la ca-
vité du péricarde-, à mefure qu'elle eft filtrée par ces
glandes , & qu'elle y élt enrretenue dans une quan-
tité médiocte, parce que ces glandes font difpofées
de manière qu'elles ne peuvent féparer qu'une cer-
taine quantité proportionnée à leur groHeur & à
leur porofité , qui eft à-peu-près la quantité qui fe
confume tous les jours par le mouvement & par la
chaleur du cœur. Cette eau , que quelques-uns ont
appelé flegmatique , ne fert pas feulement à rafraî-
chir & humeéter le cœur , mais elle lui permet en-
core de faire fes mouvemens avec plus de facilité
que s'il étoit touché par quelque partie ; de ma-
nière qu'elle rend au cœur le même office que l'eau
dans laquelle nai;e le fœtus , qui , fans fon cours ,
n'auroit pas la liberté de fe mouvoir. Id.
En Médecine, en Chymiei en Pharmacie jchei
E AU ,
les Diftillateurs , les Limonadiers, & en général
dans l'ufage ordinaire j en terme d'OtHce , on ap-
pelle eaux, plufieurs fortes de liqueurs , qu'on em-
ploie à divers ufages , & qu'on diftingue par de
diftérentes épithetes qui font priles du François ,
du Latin , du Grec , quelquefois de l'Arabe , par
rapport à la vertu fpécihque de ces eaux , ou aux
parties du corps humain , pour la guérifon def-
quelles on les emploie , ou aux maladies auxquel-
les elles font propres , ou aux chofes qui entrent
dans leur compolition , ou à leur inventeur ^ ou à
leurdifterens ufages, &c. On dit des eaux de fleurs,
des eaux de fruits j des eaux glacées , des eaux non
glacées. L'eau des Barbades j ['Eau colorée , l'Eau
des Carmes, l'Eau de caffé, l'Eau de célezi, l'Eau
clairette de Chamberry , l'Eau de Frangipane ,
l'Eau de lavande, l'Eau de mélifle , l'Eau de mille
fleurs , l'Eau de myrte , l'Eau de Pottugal , l'Eau de
réglilfe , l'Eau de la Reine d'Hongrie , fimple , &
celle qui eft à la bergamottte , l'Eau de favon , l'Eau
de thym, &c. Ce font, la plupart, différentes
préparations d'ea^-de-vie j dans laquelle on a fait
infufer les chofes dont elles portent le nom.
Eau d'Abricots. Dans une p'imn d'eau, mettez fix
ou huit abricots , fuivant leur grofleur : coupez-
les par morceaux : donnez-leur un bouillon pour en
tirer le goût ; & le tout étant refroidi , on y met
un quarteron j ou cinq onces de fucre y quand il eft
fondu , on paife le tout à la chaulfe. Chomel.
Eaux Alixitères. Aqua Alexiter'u 3 Alexiphar-
maca , font des eaux qui réfiftent aux venins &
à la pefte^ comme font celles d'angélique , de fcor-
fonnère , de eitron, d'orange j de fcordium , de
rue , &c.
Ce mot eft Grec j àMl>irific( , qui vient du verbe
ùy^ikii/ , qui fignifie, ChaJJer , empêcher 3 repoujjer.
Eau Alumineuse. Aqua alumïnofa , eft une taw vul-
néraire compolée , appelée ainfi à caufe de l'alun,
qu'elle a pour bafe.
Eau d'Ange. Terme de Parfumeur. Aqua Angeli
odoraria _, jucundè olens , eft une eau de fenteur ,
compofée d'itis de Flotence , de ftorax , de bois de
rofe, de fantal citrin, &c. On verfe deftus les eaux
difti liées de rofe & de fleur d'orange , & on fait
diftiller la liqueur au bain-marie , dans laquelle on
dilTout du mufc & de l'ambre : c'eft pour la vendre
mieux que les Parfumeurs lui ont donné le nom
d'Ange. Les eaux d'Ange fe font de plufieurs fa-
çons , & font prefque toujours la même chofe.
Barbe. L'eau d'Ange fe fait d'une cornpofition de
benjoin concaffé, de ftorac aufli concalTe , de can-
nelle pilée , de clou de girofle pilé , de quelques
citrons coupés en quatre , & de quelques morceaux
de calamus \ le tout bouilli dans un coquemar juf-
qu'à la diminution d'un quart. On verfe cette eau
dans un baflin , & on la lailfe refroidir. C'eft l'eau
d'Ange. Voyei^ Barbe dans fon Traité des Eaux de
fenteur.
Eau d'Angélique. Elle eft différente de la précé-
dente , à laquelle on a donné le nom d'eau d'Ange ,
pour marquer fon excellence par ce beau nom :
l'eau d'Angélique tire Ion nom de l'Angélique qui
entre dans fa compofition : elle fe fait dleau de-vie,
de \ Angélique , de la cannelle , du clou de girofle j
du macis , de la coriande , de l'anis vert , du bois
de cèdre , le tout concaffé dans un mortier , & in-
f ufé durant une nuit j puis diftillé.
Eau d'Anis, ou eau-de-vie anisée. Prenez un de-
mi-fetier d'effence d'anis diftillée , mettez -la fur
trois pintes de la meilleure eau-ds-wle , avec une
pinte d'eau bouillie, & mêlez bien le tout enfem-
ble ; (i vous la voulez fucrée , mettez fur le tout
une chopine de fucre clarifié : mais bien des gens
l'aiment fins fucre ; paffez le tout à la chauffe.
CuoMEL. On appelle de l'eau d'anis forte, une eau
compoféî d'effence d'anis diftillée , de bonne eau-
da-vie, 6:eau naturelle & de fucre , Ci on la veut
fucrée. Ces eaux s'appellent auffî du novad'eau-de-
yie anifée.
ËAa
EAU
Eau d'Arquebwsade. Aqua vulneraria. C'eft une
eau qui aft appelée ainfi , parce qu'on s'en fer:
^ans les plaies d'arquebufade. Elle elt compofce de
racines & de feuilles de confoude , de feuilles de
fauge, de bugle , d'arnioife, &c de plufieurs autres
vulnéraires , qu'on fait intufer dans du vin blanc ',
Se qu'on diftille enfuice par le bain-marie ou de va-
peur. On travaille à dellécher la plaie avec de l'eau
vulnéraire , qui efl: excellente à ces fortes de plaies ,
& à laquelle , pour cette raifon, on a donné le nom
d'edu d'arquebufade. DioNis.
£aux Arthritiques. Aqu£ Anhridc^ , font des eaux
contre la goutte, la paialyfie, les iremblemens , les
douleurs des jointures, &c. Telles font celles de
pivoine, de chamaepitis, de calamenc, de bétoine.
de romarin , &c.
àfifiri! , en Grec, efl: la douleur qu'on fent dans les
jointures, «ff» eft un article , une jointure. Ueau
arthritique eft une eau bonne pour les douleurs des
articles.
Eau battue. C'efl: celle qu'on a verfée plufieurs
fois d'un vafe dans un autre , pour lui ôter £i
crudité.
Eau de blanc d'œuf. C'eft de \eau qui fe fait en
fouettant bien le blanc d'œuf , ou bien en le fai-
fant abreuver par une éponge plufieurs tois , &
l'épreignant auili-toc, puis la taifant couler par le
papier gris. Cett une cu/^ jaunâtre, qui elt la plus
fine de toutes les colles.
Eau de Cannelle. On la fait avec de l'eau naturelle.
& de la cannelle concalfée & pilée.
Eaux Cardiaques. Aquéi. cardiact. Des eaux pro-
pres à fortifier le cœur, comme font celles d'endive ,
de chicorée, de bugloire, de bourach^, d'ofeille ,
de fouci, &c.
x.xfi-iu, , (ignifie le cœur ,' & fe prend fouvent
pour l'efliomacj d'où vient que nous appelons maux
de cœur , &cc. des maux deltomac.
Eau Céleste, Elle fe Hiit avec de la cannelle fine ,
du girofle , des noix mufcades , du gingembre , de
l'ezedonary , du galanga , du poivre blanc. Prenez
une once de chacune de ces drogues, fix pelures
de bon citron , deux poignées de raifin de Damas,
autant de jujubes , une poignée de mocle d'hièble j
quatre poignées de graines de genièvre, qui foient
bien mûres , une poignée de femence de fenouil
vert, autant de fleurs de bafilic , autant de fleurs de
millepertuis, autant de fleurs de romarin , autant
de fleurs de marjolaine , de pouillot , de ftécados ,
de franc fureau , de rofes mufcades , de rue , de
fcabieufe , de centaurée , de fumeterre , & d'ai-
g'-emuiiie , deux onces de fpica Hardi , autant de
bois dalocs j autant de graines de paradis, autant
de cr-iamusaromaticus, autant de bon macis, autant
d'ohb.m , autant de fental citrin ; une dragme
d'alocs épatique , ambre fin , rhubarbe deux
dragmes. Après avoir pilé & pulvérifé celles de
ces uiou'ues qui le doivent être , on met le tout bien
mêlé dans un alembic de verre fort. On verfe de
l'eau-de-vie fur ces drogues , aflez pour que l'eau-
de vie furnage au moins de crois ttavers de doigt
au-delfus des drogues; l'alembic étant bien bou-
ché, il faut le mettre dans le fumier de cheval bien
chaud, en digeltion l'efpace de quinze jours, puis en
diiHllation au bain-marie toujours bouillant ; &
lorfqu on s'appercevra que ce qui tombe dans le ré-
cipient change de couleur, on doit aulll changer
de récipient , & remettre la première eau qui a
diftiUé dans l'alembic , pour la purifier dans fon
flegme par une féconde diftillation; & cette féconde
fêta \'eau célejle. Chomel.
Eaux Céphaliques. AquA Cephalicx^ font des eaux
qui fortifient le cerveau \ comme font celles de
romarin , de marjolaine , de fauge , de pivoine ,
de mélifle , de bétoine , Sec. Ki<fi«Afl' , (îgnifie la
tere.
Eau de Cerfeuil. Elle fe fait comme celle de
tenouil.
Eau de Cerises.
Tome III,
EAU
Ji
écrafez demi- livre , ou trois quarterons de cérifes,
fuivant qu'elles font bonnes , avcc un quarteron ,
ou cinq onces de fucre : paliez le tout à la chauffe ,
jufqu'à ce qu'il foit bien clair. Chomel.
Eau de Cete. Elle le fait avec de l'eau naturelle qui
a bouilli , & qu'on a laillé refroidir dans l'ellence
d'anis diftillée ^ de l'efprit de vin j & du lucre cla-
rifié. On peut mettre plus ou moins de chacune de
ces choies , ou en ajouter d'autres j fuivant l'inten-
tion que l'on a de rendre cette eau de cète plus ou
moins forte , & de lui donner quelque odeur Sc
quelque goût particulier. Elle s'appelle ainfi , de
Sète , port de mer j dans le Languedoc , où elle
a commencé à fe faire. On écrit cependant eau de
cète j aulieu à' eau de Sète.
Eau ChalybÉe. Aqua chalybeata ^ eft une eau dans
laquelle on a éteint l'acier rougi au feu. L'acier s'ap-
pelle en Latin chalybs. Cette eau eft aftringente ,
& propre pour les cours de ventre , aufli bien que
Veau ferrée. Comme il y a une infinité de chofes
dont les Chymiftes tirent des eaux j ou qu'ils mê-
lent avec \'eau j pour en faire des compofitions à
l'ufage de la Médecine , il n'y a pas moyen d'en-
trer ici dans tout le dérail qu'on trouvera dans les
livres de M. Lémery, &c autres qui en ont écrit.
Eau de Chaux. Aqua cihe inituta , eft de leatt
commune , dans laquelle on a tait éteindre de la
chaux qu'on a enfuite filtrée.
Eau Clairette , c'eft une eau compofée d'eau-de-
vie J de fucre & de cannelle, dans laquelle on dif-
fout quelques grains d'ambre gris : elle aide à la
dii^eftion , ôc fortifie le cœur. On rend cette eau
purgative , ou émétique , en y ajoutant des refines
de jalap & de fcammonée , ou du fafran des mé-
taux. Quelques-uns font de Veau daintte :ivec de
l'eau -de-vie , du jus de cerifes , de framboifes & de
grofeilles écralées , du fucre , des clous de girofle j
du poivre blanc j de la mairie & de la coriande : on
palIe à la chaulFe cette liqueur , après avoir lailfé
infufer les chofes qui y enrrent, &c fondre le fucre
pendant deux ou trois jours. Chomel appelle celle-
ci J Eau clairette d' Arménie ^ & apprend la manière
de la faire.
Eaux Cordiales. Voye\ Eaux Cardiaques. C'eft
la même chofe.
Eau de Coriandre. Elle fe fait d'eau-de-vie & de
coriandre.
Eaux Cosmétiques. Aqut cofmetics , font des eaux
propres pour nettoyer , pour adoucir & pour em-
bellir la peau. Il s'en fait de plufieurs fortes : »»«-^7»
fignine orner , embellir.
Vraie Eau Crystaline végétale. "Terme de Phi-
lofophie hermétique. Eau-At-wiQ faite de vin j Se
fept fois reétifiée.
Eau de Départ, ou de séparation j n'eft autre
chofe que Veau forte , qui eft appelée ainfi , parce
qu'elle fert à féparer l'or d'avec l'argent. Cette ex-
preflion eft prife de la Chymie & de la Philofophie
hermétique.
Eaux distillées. Aquit diJliUat£ , JlillatitiA , (ont des
eaux qu'on tire des plantes par le moyen de la dif-
tillation. Il y en a dtfimples &c de compofies. Les
/impies font celles qu'on tire de la plante fans addi-
tion , comme Veau de rofe j de chicorée , &c. Les
compofées font celles dû il entre plufieurs efpèces
d'ingrédiens j comme Veau thériacale , Veau impé-
riale , &c.
Eau divine. Aqua divina.
L'un ejl rempli d'une liqueur ,
Quon appelle de /'eau divine ,
Et quon dit bonne pour le cœur.
Elle eft extrêmement déterfive j & c'eft fa grande
vertu qui lui a fait donner fon nom.
Eau dorke. Terme du grand Art. C'eft le nom qu'on
donne au mercure quand il eft fair. ^
Dans une pinte d'eau ^, mettez ScIEau des Eqwinoxes. Terme de Philofophie Herms-
T 1 1
ji4 EAU
tique. C'eft la rofée qui tombe au temps des équi-
noxes.
•Eau de Fenouil. Il faut prendre une poignée de fe-
nouil, la mettre lafuler dans une pinte d'ccju à
froid, l'efpace d'une heure , ou d'une heure &c de-
mie ; puis y mettre trois onces , ou un quarteron
de fucre, la palFer, la faire rafraîchir, &c la donner
à boire. On y peur mettre du mufc , ou de l'ambre
préparé ^ mais très peu. Chomel.
Eau ferrée. Jqua ferrata , chalybcata , car c'eft*
la même chofe que \'eau chalybée. C'eft une eau
dans laquelle on a éteint une biHe d'acier rougie
au feu.
Eau-Forte , ou Eau ardente , ou caustique.
Aqua fonis , fepcvationis , eft un mélange d'efprit
de nitre «3c de vitriol, tirés par la violence du feu. On
y ajoute quelquefois de l'alun & de l'ariénic. Elle
lert à diffoudre tous les métaux, à la réierve de l'or.
Veau forte commune n'eft autre chofe qu'un mé-
lange de parties à-peu-près égales, d'efprit de nitre
& d'efpiK de vitriol. Homberg. Acad. des Scienc.
1412. /'. 70 II n'y a qu'une feule eau-forte princi-
pale , qui eft l'efprit de nitre , lequel dilfout feul
l'argent, fans avoir befoin d'être mêlé à d autres
acides 5 <ïc les .autres acides, que nous avons quali-
fiés à'cau-fone, ne fçauroient di (foudre l'argent ,
fans être mêlés d'efprit de nitre. Id. Ibid.
§CJ'On.^ppelleaulfi eiî^-yo;rff, une eftampe gra-
vée avec le feul fecours de Veau-force , & dans la-
quelle le burin n'a pas travaillé. Une belle eau-
farte. Acad. Fr.
En termes de Blanchilfeufes , on appelle eau-
forte ,X eau d'empois, c'eft-à-dire, Xeau qui fort
du linge empefé lorfqu'on le tord. Il eft de certaines
chofes qu'on n'empèle pas : on y met feulement un
peu à'eau-jorte. Veau-Jorte des Blanchilfeufes n'eft
pas toujours \eau qui fort lorlc^u'on tord le linge
empefé : elles en font quelqaetois avec l'empois
qu'elles délaient dans de l'eau, à force de le ma-
nier, & qu'elles palfentenfuite dans un linge. Celle-
ci eft plus forte que la première j car l'autre j qui
a fervi ^ n'eft , pour ainfi dire j que le mégue de
l'empois.
Eau de Genièvre. Eau compofée : elle fe fait avec
de Vei'u. - de - vie , 3c de la graine de genièvre
concalfée.
Eau de clou de Girofle. Elle fe fait avec de Veau-
de-vie , ôc du clou de girofle.
Eaux glacées. Les eaux glacées fe prennent l'été :
celles qu'on fait glacer , font celles qu'on appelle
rafraîchilfantes. Voyc^ Eaux rajraîchtffantes y &
Eau de fleur d'orange. Les eaux glacées fe font ain(î.
On met les boctes j ou les vailleaux où font les li-
queurs qu'on veut faire glacer, dans un feau , en-
lotte que ces boëtes ne fe touchent point l'une l'au-
tre : on les couvre j on remplit le vide du feau de
glace pilée & falée \ de demi-heure en demi-heure
on fait fortir Veau qui s'amalle au fond du feau,
par un trou qui eft au bas; on remue avec une
cuillier les liqueurs pour les faire glacer en neige ,
(car, fi elles étoient en forme de glaçons, ou de
morceaux de glace, elles n'auroient point de goûtj
on recouvre les boëtes , & on remplit le feau de
glace pilée & falée pour remplacer celle qui avoir
fondu , & qu'on avoit fait écouler : fi Ion veut faire
glacer proinptement les eaux, on y met beaucoup
de (A. /^'oyei aufli Chomel j Diclion. Oecon. Jll.
Part. p. 4.
Eau Gommée. Aqua gummina , eft celle qui fe fait
en y lailfant tremper de la gomme Arabique enfer-
mée dans un morceau de linge. Les femmes en font
aufli pour gommer leurs cheveux , en y laiflant
tremper des pépins de coin.
Eau Grégorienne. Terme de Droit Canon. Aqua
Gregoriana. Les Canoniftes donnent ce nom à Ve.vu
bénite, avec laquelle on purifie les Eijlifes polluées.
Le Pape Innocent III. confulté par l'Archevêque de
Compoftelle , qui lui rcpréfentoit que dans fon
£glife il arrivoit quelquefois des batteries 5c des
EAU
meurtres par le concouis des Pèlerins , répond qu'il
faut dans ces occafions réconcilier l'Eglife avec de
Veau bénite mêlée de vin éc de cendre , per aqunm
curti vino t,' cinere benedlctam. C'eft ce qu'on appelle
VEau Grégorienne.
Eaux Hépatiques. Aqux. hepacic£ , fonr celles dont
on fe ferr pour fortifier le foie , qu'on appelle en
Latin hepar , du Grec «»à^j comme celles de chi-
corée, de capillaire^ de pourpier , d'agrimoine , de
fumeterre , &c.
Eaux Hystériques. Aqu£ hyflericâ, , font des eauii
propres à fortifier la matrice , & remédier à iz^ in-
commodités; comme font celles de matricaire, de
méliffe , d'hylîope , de fenouil, d'armoife j d'ache,
&c. Les Grecs difentî's-'-eEfixof dans le même fens.
io-7-;p«î fignifie proprement le dernier , le fuivant ;
& les Médecins appellent la matrice ^«-ref« ^ comme
qui diroit le dernier des vifcères.
Eau Impériale. Aqua imptrialis , eft de Veau diftillée
de cannelle , de noix mufcade , d'écorce de citron ,
de clous de girofle , de calamus aromaticus j de
fental citrin, & de plufieurs autres fimples qu'on a
fait infufer dans le vin blanc & Veau de mélifie : elle
eft bonne pour les mafidies du cerveau j de l'efto-
mac & de la matrice. M. Lémery dit qu'il y a appa-
rence que le nom de cette eau vient de ce qu'elle 1
été inventée pour quelque Empereur. Mais il fe
pourro'it bien faire aulfi qu'on ne lui auroit donné
ce nom que pour en donner une grande idée,
comme on a dit Veau d'Ange & Veau divine , ou
parce qu'il y entre beaucoup de drogues, dont au-
cune n'eft en aifez grande quantité pour lui donner
fow nom en particulier.
Eau de Mélisse, l^oye^ MÉLISSE.
Eau de Mer salée. On appelle ainfi l'urinCj en ter-
mes de Philofophie Hermétique.
Eaux méres , ou amek.es. Ce font les eaux qui
proviennent de l'égoût du falpêtre brut de la pre-
mière cuite. On s'en fert pour recharger les cu-
vières.
Eau mère de vitriol. C'eft une eau qui refte après
que la dilfolution de la couperofe verte dans Veau
eft évaporée jufqu'à un certam point, f^oye^ Eau
MÈRE. L'eau mère du vitriol eu. compofée en partie
des acides qui fe font dégagés du fer qu'ils pénc-
troient fous la forme du vitriol , en partie de f huile
de fer féparée de la terre métallique la plus grof-
fière , & en partie de cette terre métallique : de ces
principes défunis, il fe fait de nouvelles combinai-
fons : les acides fe joignent les uns à l'huile de fer
féparée de la terre , les autres à la terre féparée de
l'huile; ce qui produit des alcalis, mais exempts de
corrofion , à caufe du mélange de l'huile j & doués
d'une qualité fort ftyptique , à caufe de la grande
quantité de terre qu'ils foutiennent. Cette eau mère
de vitriol eft un des meilleurs aftringens. On s'en
fert avec fuccès j tant extérieurement qu'intétieure-
ment , dans les hémorragies , dans les flux de ven-
tre y dans les crachemens de fang , dans les ulcères
du poumon , des reins & de la velîie ; elle eft pré-
férable à Veau de Rabel , qui eft moins ftyptique &
plus corrofive , [ôc aux gouttes antiphtifiques des
Anglûis. Geoffroy. Acad. des Se, 171 5. Veau mère
de vitriol eft une invention de cet habile Académii^
cien. Voy. encore Stypticitî.
Eau de Miel. C'eft une eau qu'on prépare dans les
lieux où il fe fait beaucoup de miel , en lavant les
rayons du miel , & les vailïèaux où il y en a eu,
dans de Veau, ce qui la rend miellée : elle de-
vient enfuite claire ; & les gens du commun s'en
fervent , dans ces lieux - là , pour leur boiffbn
ordinaire.
Eau des Microcosmes. Terme du grand Art. C'eft
l'efprit de nitre.
Eaux Minérales. Aqua. minérales , font des eaux
qui ont contraélé quelque propriété en palTant à
travers des minéraux; comme font l'alun, le vi-
triol ^ le foufre , &c. Il y en a qui font aduelle-
ment froides , Se qui ont uu goût plus ou moins
EAU EAU su
aigre : on les appelle adjuges : elles font le plus Eau PhagÈdÉnique. Jqna phagcdcr.ka, efi de Veau
de chaux, lur une livre de laLiuelle on ajoiue vincrc
_.. : l.r.,L\;.. ' ' ,-r ' , °-
fouvent chargées de particules de fer , de vicnol ,
de niure , ou d'alun. Il y en a d'autres qui font
atluellement chaudes , & qu'on appelle chermales :
celles-ci font ou falées , ou nitreules , ou birumi-
neufes, ou fulfureufes , ou i^errugineufes. Les eaux
muieraUs font aulli , ou naturelles , ou arcijkielles.
Les naturelles font l'ouvrage de la nature : les arti-
ficielles dépendent de l'induftrie des hommes. Les
eaux de Bourbon, deForgeSj deSpa^ de Pougues,de
Palfy , près Paris. On dit, abfolument, il ell allé
au.x eaux. On lui a ordonne les eaux. Il ell mort aux
eaux. Voy. Minéral,
Eau Mondifiéb de la terre, ou de l'élixir. Terme
de Philofophie Hermétique. On appelle ainh
la matière j lorfque j de noir , elle ell devenue
blanche.
Eau de Naphe , Aqua nepht , feu aurantiorum ^ n'eft
autre chofe que X'eau de fleur d'orange. M. Danet
dit que c'eft de Veau de citron. Meflieurs de l'Aca-
■démie , dans leur Diélionnaire, fur le mot de 'lajfe,
tlifent feulement , en général , que Veau de na^e eft
une certaine eau de fenteur. Mais il eft conftant que
Veau de naffe, aquananfa j ou lanfa , comme l'ap-
pellent les Tofcans, n elt, chez les Parfumeurs, que
de Veau de fleur d'orange.
Eaux Néphretiiiues. Aquâi. nephretic£ , font des eaux
qui fortitîcnt les reins, qui en font fortir , par
les urines, les impuretés; conime font celles de
chèvrefeuille , de pariétaire , de raves , de ihwt% ,
de mauves , d'oignons, &c. «sippsf, en Grec , fignifie
le rein.
Eau de Noyaux. Liqueur qui fe fait avec de Veau-
de-vie , des noyaux de ceriles piles ; ou des aman-
des d'abricots pilées avec de Veau , de la cannelle ,
des clous de girofle , de la coriande, du fucre^ & de
l'eaa naturelle, qui a bouilli : quelquefois on ajoute
du poivre blanc.
Eau d' oeillet. Cette e^iu n'eft point tirée de l'œillet ;
cette fleur n'en rend point. On la tire du girofle \
mais parce que l'œillet tire fur l'odeur du girofle ,
que l'on a adouci en en tirant Veau , c'eft par ce
moyen que l'on a de Veau qui a l'odeur de l'œillet.
Barbe.
Eaux Ophtalmiques. Aqu^e ophtalmies, font celles
qui remédient aux incommodités des yeux : comme
font les eaux d'eufraife, de fenouil, de verveine,
de plantain , de chélidoine , &c. «'«V:' fignifie
l'œil. On appelle aulîî eaux de caffe-lunette , les eaux
qui éclaitcilfent la vue , & rendent par- là les lu
nettes inutiles. On le dit en particulier de Veau de
bluet, ou de cyanus.
Eau d'Or. Liqueur forte & violente, dont le corps
eft de l'efprit de vin : on y mêle un peu de fucre ,
& quelques odeurs.
Eau de fleur d'orange. Elle fe fait avec de Veau
naturelle , du fucre &c de la fleur d'orange , qu'on
fait infufer dans Veau pendant environ deux heures.
On peut faire de la même manière de Veau de
différentes fleurs , comme de violette , de jonquille ,
de jafmin , de tubéreufe , &c. Ces eaux font ra-
fraichilfantes. On fait aufli des eaux rafraichilfin-
tes avec différens fruits : celles qui font le plus en
ufage , font, Veau de fraifes , de framboifesj de
cerifes , de grofeilles , d'abricots , de pêches , de
poires mufquées, de grenade, de verjus , de pifta-
thes, de pignons, de noifettes, de cannelle , de co-
riande, S:c. Quelques légumes, comme lecerfeuil ,
la pimpjenelle , le fenouil vert , &c. fervent en-
core à taire des eaux rafraîchilfantes. Ces eaux fe
font toutes avec de Veau naturelle ^ du fucre j & les '
chofes dont elles portent le nom , qu'on met infu- |
fer dan? Veau , & dont on prend le fac après les '
avoir pilées & écrafées : dans quelques-unes on met
un peu de jus de citron.
Eau Panée. C'eft celle où l'on a mis tremper du
pain.
Eau de Pêches. Elle fe fait comme Veau d'abricots ;
mais avec des pêches. j
ou trente grains de fublimé corrolif en poudre , qui
la font jaunir d'abord. Elle fert pour nettoyer leî
vieux ulcères , &c pour manger les chairs fuper-
flues. C'eft encore une eau phagedéniane , que de
Veau de-vie dans laquelle on a tait dilloudre de la
thériaque,
Ce mot vient du Grec <p«rr:^a(^a ou ■piîytiva ^ qui fi-
gnifie ulcère qui mange les chairs voUînes j àix
verbe çl^yu^, manger.
Eau Philosophique , ou des deux champions.
Aqua philofophka , eft une eau qui fe fait avec par-
ties égales de falpêtre j & de fel ammoniac. C'eft
une efpèce ^eau régale qui eft propre pour dilfou-
dre l'or.
Eau de Pimprenelle. Elle fe fait comme Veau ds
fenouil.
Eau de Poires musquées. Elle fe fait comme celle
d'abricots.
Eau de Poulet. C'eft une manière de demi-bouil-
lon fait avec de Veau îk de la chair de poulet. L'eau
de pouiet eft fort en ufage dans la diète des Fébri-
citans, qui n'ont befoin que d'un aliment très-léger,
LÉMERY.
Eaux Rafraîchissantes. Sont celles qui rafraî-
chilfent, & qu'on prend ordinairement en été aux
colations j & entre les repas , autant pour le plailit
qu'on y trouve , que pour le befoin qu'on en a.
Voy. Eau de fleur d'orange. Chomel parle aulîi
à' tau rajrakhifantcs pour faire les émulfions j
telles que font celles de pourpier, chicorées , laitues
courtes, melons, concombres.
Eau Régale. Aqua regalis , eft de l'efprit de nitre ,
dans quatre onces duquel on diifout une once de fel
ammoniac. Elle fe tau aufti avec parties égales de
falpêtre & de fel gemme , dont on tire les efprits
par la diftillation. Cette eau eft nommée reV^/e, par-
ce qu'elle diflout l'or , qu'on appelle le Roi àQS
métaux. On la nomme aufli aqua chryfulca , ou
fygia.Lei eaux régales font l'efprit de fel commun,
& les eaux-foncs , quand on y a joint du lel com-
mun eu de l'efprit de fel. Ho m b erg j Acad. des Se.
/79^.^. ^.?. Il n'y a qu'une feule eau régale k^xo-
prement parler ; favoir , l'efprit de fel qui diflout
l'or, fans avoir befoin d'être mêlé à d'autres acidesj
& tous les autres acides ne deviennent eaux régales
qu'étant mêlés avec du fel commun j ou avec de
l'efprit de fel. Id. Ihid.
Eau de la Reine d'Hongrie. Aqua Reginéi Hunga-
ric£ , eft une diftillation qui fe fait au bain-marie,
des fleurs de romarin , fur lefquelles on a verfé de
l'efprit de vin bien reélifié. On l'appelle ainfi à cau-
fe du merveilleux efFer qu'en reffentit une Reine de
Hongrie à l'âge de foixante-douze ans. Elle_eft bon-
ne dans les foibleffes de cœur j dans la paraly-
fie , dans la léthargie, dans l'apoplexie ,& dans
les maladies hyftériques. On en fait de plufieurs
fortes.
Eau Repassée. Pour retirer l'argent des eaux foires
qui ont fervi aux départs , on met Veau forte dans
une bolfe de terre , ou de verre luté de terre , ap-
pelée matras ; on fait entier le cou du matras dans
un alembic ;?on les lutte bien'enfemble, & on fait
diftiller Veau forte dans un récipient. Quand cette
diftillation eft environ au tiers , on retire Veau qui
a été diftillée , & on l'appelle Eau fimple , parce
qu'elle ne contient que des flegmes: mais, quoique
fimple , elle peut encore fervir de première eau y
pour commencer à amollir la grenaille en d'autres
départs. On met enfuirele rec/^/V^r pour continuef
la diftillation : quand elle eft achevée , Veau qui a
été diftillée eft appelée Eau repayée j & fe trouve
alors en état de fervir de dernière eju pour per-
feélionner d'autres départs \ Se même y eft plus
propre qu'auparavant , parce que les eaux fortes
qui n'ont pas encore fervi , font chargées de fleg-
mes qui les rendent plus corrofives que diflôlvan-
tes. On retire alors Veau repajjcc du marras , en la.
T t t ij
j 1 ê EAU
verfant par inclination ^ de manière qu'il n'y refte
que l'argent. Boizard.
Eau des Sages , ou des I^hilosophes. Terme de Phi-
lofophie Herméti-juc. Cellle mercure hermétique j
ou philolophal : on lui donne encore les noms lui-
vans j qu'il elt inutile de mettre à leurs places , atin
de ne pas répéter plulieurs lois la même chule^pour
dire que par chacun de ces mots on entend en ter-
mes de iHiilofophie Hermétique le mercure des
Sages. Ces noms ibnt , Eau de mer. Eau ialée des
-Sages, £t^ttdenuée, £^^-de-vie des Philolophes,
Ëau Pontique , Eau célelle &c élémentaire , Eau de
feu, ou Eau ignée , Eau douce des Sages , Eau
féche des Philolophes , Eau féconde , Eau anti-
moniale mercuriale. Eau mercuriale , Eau perma-
nente de l'argent vif des Philolophes , Eau féche
qui ne mouille point les mains 3 Eau de blanchif-
fement j EJau bénite, Eau venuneufe j Eau vicieu-
fe , Eau puante , Eau minérale , Eau de célelle grâ-
ce , Eau précieufe , Eau des eaux , Eau des Philo-
fophes Indiens, Babyloniens & Egyptiens , Eau
radicale des métaux.
Eau Seconde , ^-Jqua fecunda , eft Veau forte qui a
déjà fervi à la dillolucion de quelques métaux, &
qui par ce moyen a perdu une partie de fa force.
Elle eil propre pour raire efcarre aux chancres, &
pour manger les chairs baveules.
Eau DE SENrEUR. .î/</-^'' o^orau. C'eft une eau \ la-
quelle on a donné quelque odeur douce , agréa-
ble, aromatique, en y mettant infufer ou macérer
des lleurs j des herbes odoriférantes , ou en y mê-
i.int quelques aromates , ou l'efprit «Se l'effence de
ces chofes-U. Chomel donne la compofirion d'une
eau de cette efpèce j qu'il appelle eau de feiueur de L
Reine.
Eau de Séparation. Voyei Eau de départ.
Eau Simple ^'"oye^ Eau Repassee.
Eaux Spécifiques, Aqu£fpec.fîc£. , font celles qu
ont une propriété particulière pour certaines mala
dies- Veau de pourpier dans laquelle on a fait trem
per de l'argent vif, eiifped^que contre les vers
des petits enfans , &:c. c'etl-à-due , propre pour gué-
rir cette efpèce de maladie.
Eaux Splenitiques. Aquiz fplenitlc£ ^ font celles qui
font deftinées aux maladies de la race , en Latin
fplen ; comme les eaux de tamaris j de cufcute , de
fcûlopendre 3 de houblon , &ic.
Eaux Stomachiques j Aqu&fiomachiai., font celles
qui fervent à fortifier l'eltomac ; comme les eûu.vde
rofes rouges, de menthe j d'anis , &c.
EauStyptique , Aqua ftyptiqua, eft une dilfolurion
de vitriol rouge, ou colcotar , qui refte dans la cor
nue après qu'on en a tiré l'efprit , d'alun briilé & de
fucre candi- On prend rrente grains de chacune de
ces trois drogues , qu'on mêle avec demi-once
d'uriné d'une jeune perfonne, autant d'e^a rofe ,
& deux onces à'eau de plantain. Cette eau eft très
propre pour arrêter le fang, & c'eft pour cela qu'on
l'appelle ftyptique y ou aftrin'j,ente , du verbe Grec
o-rûifa , aftreindre , d'où vient l'adjeélif <!-rv%TtKo;
aftvingent.
'i.A.vTiii.KiKQM.^. Aqua theriacalis ^ eft une ei2« dif-
tillée , compofée de plufieurs ingréJiens céphali-
ques & cardiaques , entre lefquels eft la théria-
que , d'où elle a pris fon nom. Elle eft bonne pour
réveiller les efprits , &c pour réfifter au mauvais
air.
Eau ThÉriacale. Aqua therlacalis he^oardica. C'eft
une liqueur diftillée de la thériaque d'Androma-
chus, du mithridate de Damocrates , & d'un alfez
grand nombre de végétaux chauds ^ connus fous
le nom d'Alexipharmaques , auxquels on a ajouté
la racine de tormentiUe , l'écorce de frêne , l'é-
corce moyenne du lureau , les fucs de noifettes
vertes Se d'ofeille , avec les vinaigres de framboi-
fe , de fureau , de rofe Hc de rue. ^oye^/c Dici. de
James.
Eau Végétale. Terme du Grand Art. Eau Je vie faite
de vin.
EAU
Eau-t»e-Vie. Aqua viu j vinum igné ftiilatum , eft
une liqueur fpiritueufe inflammable, qu'on tue du
vm parla diftillation. On remplit de vin la moitié
d'une cucurbite de cuivre \ on la couvre de fon
chapiteau.^ on y adapte un récipient, & on diltille
à petit feu environ la quatrième partie de l humi-
dité j ou julqu'à ce que la liqueur qui diftille ne
s'enflamme plus, quand on la préfente au feu. Ce
qui fe trouve dans le récipient eft ce qu'on appelle
euu-de-v:e. Elle ne diftère de l'efprit de vin , qu'en
ce qu'elle contient une plus grande quantité de par-
ties aqueufes.
On n'appelle communément eau-de-vie, que l'ef-
prit qu'on tire du vin j mais quelquefois on donne
le nom A'eau-de-vie aux efprits qu'on tire des diffé-
rentes chofes, en joignant le nom de ces chofes-
là à celui à!eau-de-vie \ par exemple , eau-de-vie
de bière , de cidre, de poiré, d'hydromel, de blé, de
ris, de dattes, de fucre, &c.
Eau Vulnkraire. Aqua vulncraria. C'eft une eau
ainfi appelée , parce qu'elle eft bonne pour les
plaies , qu'on appelle en Latin vdnera. Les eaux
vulnéraires font faites du fuc de vulnéraires ,
c'eft -à -dire , de plantes qu'on appelle vulné-
raires.
Il y a deux manières de diftiller les eaux j l'une ,
qui eft l'ordinaire j fe fait par le moyen du feu \ Se
l'autre par le moyen du loleil , en y expofant la cu-
curbite, & mettant le chapiteau à l'ombre , & le
rafraichilfan: fouvent. Les liqueurs diftillées de
cette dernière manière ne doivent point fentirl'em-
pyrème.
Des eaux dont on vient de parler , les unes font
naturelles , comme les eaux minérales de Bourbon ,
de Forges, &c. les autres font artificielles; & de
celles-ci quelques-unes ferveur de remèdes , comme
les eaux aîexiières , les néphrétiques , les cordiales ,
&c. Les Droguiftes & les Epiciers en fournilfent la
matière , &c les Apothicaires les font : quelques-
unes fervent dans les arts , & à diftérens ulages de
la vie , comme les eaux-Joncs , &c. quelques au-
tres enfin fe boivent en différentes failons de l'an-
née \ ce font celles que les Confifeurs & les Limo-
nadiers font pour chatouiller le goût , comme les
eaux de cerile , de verjus , de groleille , de fran-
gipane, qui fonr des eaux fucrées & parfumées où
l'on a mis des grofeilles, des cerifesj des parfums :
on rafine tous les jours là-deflus, & on trouve le
moyen de faire des eaux de toute forte de fruits ,
de fleurs & de légumes , les unes pour rafraîchir ,
les autres pour échauffer. C'eft de ces dernières que
M. l'Abbé Régnier a dit dans fon Virelay fur les ex-
cès qu'on voit en France.
Uejprit de vin reciifié
Est déformais qualifié
De boifjon douce à' déleclalle.
Le feu par art liquéfié
Devient une liqueur potable.
La manière de faire les eaux dont on vient de
parler n'eft pas toujours la même, fur-tout pour les
eaux qu'on boit : chacun donne fa méthode pour la
meilleure. Celles que nous avons rapportées font
prifes de ceux qui ont le plus de réputation pour
ces chofes-là , ou tirées de ceux qui en ont le mieux
écrit. Il faut feulement ajouter trois chofes à ce qui
a été dit à^^eaux qu'on boit. \°. Que celles où l'on
met infufer quelque chofe, qu'on fait avec des fruits
écrafés , ou des herbes pilées , ou des aromates
broyés, fe paftent par la chaulfe , pour être plus
pures & plus nertes. z°- Que celles qu'on fiit avec
de Tda^/de vie , ou de l'eiprir de vin , fe dilfillent
pour l'ordinaire j après qu'on y a mêle les chofes
(^ui entrent dans leur compofition ; ce qui rend ces
liqueurs très-fortes, & dangereu Ces pour la flinté ,
& confirme ce proverbe, ou ce diéton , Plures occi'
dit gul.1 , Quàm gLidius. En eiî;t , quelques-unes de
ces c;tj«;c- font fi violentes, qu'elles btùlenc la lan-
EAU
guc lorfqu'on les prend. }°. Que les eaux qui pren-
nent leur nom de quelque choie en particulier j
comme de !a cannelle j &c. reçoivent loavenc
dans leur compodtion d'autres clioJes , lelon qu'on
veut leur donner diftérens goius , ou ditœrentes
odeurs.
Eau, fe dit auOî du fuc de quelque fruit que ce foit.
Cette poire eft de bonne e.::/.
En termes de Joailliers , on appelle e.z« , l'éclat
des perles & des diamans , parce qu'on luppoloit
autrefois qu'ils croient lormés d'eau. Ce mot fe dit
de la couleur d'un diamant bien blanc : une eau
vive & pure. L'eau de ce diamant ell trouble. Cette
perle eft de belle eau. Les perles que Cléopatre avoit
en pendans, étoient d'un prix inelUmable, i^oit pour
l'eau ou pour la grolleur. Citri.
$3^ Ce terme s'emploie aulli quelquefois , quoi-
que moins proprement , pour lignilîcr la couleur
des autres pierres précieuies.
Donner Veau à un drap. Terme de Teinturier.
C'eft le luftrer, le calendrer. Expolire. On dit aulli
des cuirs , quand ils font à la tannerie , qu'on leur
donne plulieurs eaux pour les préparer.
Donner une couleur d'or à un morceau de fer ,
c'elt lui donner une couleur bleuâtre.
Eaux & Forêts. Le Grand-Maître des Eaux & Fo-
rêts prend la qualité d'Enquêteur & Réiormateur
Général des Eaux & Forêts. Les Maîtriles particu-
lières des Eaux & Forêts, la Rétormation générale
des Eaux Se Forêts , ce font des Officiers ou des
Jurifdiclions qui jugent des caufes concernant les
Eaux &: \Qs¥oïhs , c'eft-à-dire , de tous les diffé-
rends c|ui, arrivent pour les bois , forêts , chalfes ,
garennes , ventes, contrats , coupes j mefures, fa-
çons , défrichemens , repeuplemens des bois du
Roi , ou tenus en gruerie , ou par apanage j ou en
ufufruit, &c. Ils connoilfent aullî de tous les diffé-
rends qui furviennent à caufe des entreprifes ou
prétentions pour les rivières navigables & flottables,
pour la pêche , p-ilfages , pontpnnage ; pour la con-
• duite , ou rupture , ou loyer des bacs , bateaux :
pour les Ifles, Iflots , accroilfemens, alluvions. Sec.
Foye:^ le titre l. de la Nouvelle Ordonnance des
Eaux & Forées de 1669. Les appellations des Maî-
tres particuliers des eaux & forêts font relevées au
Siège de la Table de Marbre du Palais , & de-
là au Parlement. L'Intendant des Eaux , eft celui
qui a foin de faire aller les eaux des Maifons
Royales.
Eau , fe dit proverbialement en ces phrafes , un Mé-
decin d!eau douce , c'cft-à-dire , un Médecin , qui
n'a pour remède que de l'ea^^ douce ; qui n'ordonne
que des chofes qui ne font aucun effet. On dit qu'un
homme a mis de \'eau dans fon vin , pour dire ,
qu'il eft revenu de fon emportement. Ses defleins
vont à vau-1-t'ja j pour dire, qu'ils ne réullilfent
pas. On dit , d'un ivrogne , qu'il ne hait rien tant
que Xeau , ou bien , qu'après Veau il ne hait rien
qu'une telle choie , dont on veut marquer qu'il
a beaucoup d'averfion. Maroc a dit de frère
Lubin :
Mais pour boire de belle eau claire ,
Faites la boire à notre chien ,
Frère Lubin ne le peut faire.
"L'eau lui en vient à labouchejpour dire,CeIa lui
donne l'envie d'en tâter. Ce proverbe répond au
Latin falivam movere,<\\x\ fignilîeyl^^Ve venir de l'ap-
pétit. On dit, d'un homme qui fait beaucoup de com-
plimens , ou de promeflTes ^ fur lefquelles il ne faut
pas faire grand fondement , que c'eft de Veaubenite
de Cour , parce qu'on n'eft point chiche de belles
Fromelfes à la Cour , non plus que à' eau bénite à
Eglife. On dit, d'un homme dont le mérite n'eft
point connu , qu'il faut qu'il falfe voir de fon eau\
pour dire, qu'il taiTe voir ce qu'il fait faire. On ap-
pelle des gens de delà Veau , des gens grodiers &:
mal inftruits des nouvelles & des affaires du temps.
EAU
J17
Les eaux font baffes , pour dire j qu'on n'a point de
fonds , point d'argent en bourfe. Suer iang & eau ,
pour dire, faire un effbrc & un travail extraordi-
naire pour parvenir à quelque chofc. On appelle nu
buveur <Kcau , un homme froid <x incapable de
grandes affaires. On dit j faire venir ['e..u au mou-
lin , pour dire, faire venir de l'argent à la maifon.
Naviger en grande eau, pour due, être en fortu-
ne , dans les grands emplois. Il oft heureux comme
le poilfon dans Veau , pour dire j il eft en fon
élément , où il fe plaît, où il eft bien. Revenir fuc
'Veau j le diz d'un homme qu'on crovoit abvmé ëc
qui rétablit les affaires , & rentre dans le négoce.
On dit aulli, rompre l'ea;^ à quelqu'un j pour di-
re , apporter quelque obftacle à fa fortune, à i'cs
affaires j ce qui fe dit au propre des chevaux qu'on
oblige de boire à plufieurs reprifes. On dit qu'un
valet eft allé à la benne eau , pour dire j qu'il eft
trop long temps à revenir d'un meffage. Lailfev cou-
rir Veau , pour dire , ne fe point loucier comme
vont les affaires. Battre Veau , pour dire, travailler
inutilement. On dit encore, tant va la cruche à
Veau j qu'enfin elle fe brile , pour dire , qu'à la hn
on périt dans les dangers où l'on s'expofe trop fou-
vent. Nager entre deux eaux, c'eft-à-dire , n'ofer
fe déclarer pour aucun parti, par crainte , ou par
refpeél: humain ; fe ménager entre deux partis op-
polés j fans fe déclarer pour aucun des dei^x. Pêcher
en eau trouble , c'eft-à-dire , profiter des défordres
du temps , du mauvais état d'une famille. Oi>
dit encore , d'un homme malheureux , qu'il fe
noieroit dans un verre d'eau : d'un avare , qu'il ne
donneroit pas un verre d'c^r^j pour dire qu'il ne
donne rien du toutjd'un mélancolique & méchant,
que c'eft une ^j/^ dormante , qu'il n'y a point d'eau
pire que celle qui dort : d'un homme inutile , qu'il
ne gagne pas Veau qu'il boit. Porter de Veau à la mer,
c'eft-à-dire , donner à quelqu'un des chofes dont il
n'a déjà que trop. C'eft une goutte d'eau dans une
mer , c'eft-à-dire , que ce qu'on met dans quelque
chofe ne la fait pas paioître davantage. Il n'y fera
que de Veau toute claire , pour dire qu'il ne réuf-
fira pas en une telle affaire. On dit, de deux ju-
meaux J qu'ils fe relTemblent comme deux gout-
tes d'e.zi^ : de deux perfonnes qui fe hailfent , que
c'eft le feu & Veau : d'une affaire qui n'a point réuf-
fi , tout s'en eft allé en eau de boudin , ou à vau-
\-eau : d'un homme niais Se innocent , qu'il ne faic
pas troubler Veau. Tenir le bec dans Veau, c'eft-à-
dire J amufer long-temps une perlonne , fans lui
tenir ce qu'on lui faic efpcrer. On dit aulli , d'un
homme officieux , qu'il fe mettroit dans Veau juf-
qu'au cou pour fervir fes amis ; d'un homme qui fe
noie J que Veau eft entré dans fes fouliers par le col-
lée de fon pourpoint. On die , des enfans , qu'il faut
les garder de feu & d'eau jufqu'à fepc ans. On die
encore , ce crime eft fi grand , que toute Veau de
la mer ne fuffiroit pas pour le laver ; & au con-
traire , il fait auffi peu de fcrupule de cela , que de
boire un verre d'eau. On dit aulli , fi on l'envoyoic
à la rivière , il ne trouveroit point d'eau ; pour di-
re j qu'il ne pourroit pas trouver les chofes les
plus communes. On dit aufii , il paffera bien de
Veau fous les ponts entre ci & là , pour dire , cela
n'arrivera de long-temps. On dit auffi , gare Veau
là- bas, quand on veut jeter par les fenêtres quoi que
ce foit.
Eau Bénitier. P^as aqu£ benedicla. Terme d'Orfèvre.
Ils nomment ainfi les vailTèaux d'argent qu'ils pré-
parent pour mettre de l'eau bénite. Ils doivent être
contre-marqués au corps, au collet de pied Se au
goupillon. A l'égard de la gorge , creux ou panache,
carré de pied, ou anfe, i's font feulement marqués
du poinçon du maître. Ce mot n'eft uuère en ula-
ge : on dit Bénitier. On difoit autrefois Benoiftier ,
&: eau Benoiftier. Nicoc le tourne en L.itin par
amula, aquiminaro & aquiminarium. M. Ménage
prétendoic qu'il falloic dire Beneftier. Mais il recon-
noilloit que l'ufage de Paris était pour Bénitier , &
5i8 EAU EB A
il prévoyoit que cet ufage prévaudioic un Jour. Gela
n'a pas manqué.
EAUC i ou EAUG. Nom d'un lac d'Irlande , dans
\\}\lomQ.Eaugus. h'Eaug ell (îtué encre les Comtés
deTyr-Oen tic de Down, d'Aimagli, &d'Antrim.
Les cartes récentes l'appellent Ncaug \ mais Orte-
lius , Vaiée j Maty, tk d'autres , dilenc que Ion vrai
nom ell Eaug.
EAUNE. Petite rivière de France, en Normandie ,
dans le pays de Caux. ELlona , Elna _, Alna. L'E au-
ne fort de terre un peu au delFous du village de
S. Martin , palFe aux bourgs de Londinièces , &
d'Envermeu , & mêle les eaux avec celles d'Ar-
qués , une lieue au-delTus de Dieppe. Defaïpt.
ùeograph. & Hisc. de la Elaute - Norm. Tom. I.
p. 42.
É AUNES. L'Abbaye d'^ûa/zj,^/^^ Ulnis. C'eft une Ab-
baye de l'Ordre de Cîceaux, dans le Diccèfe de
Touloufe. St£ Marthe.
EAU- VERSANT. Pente qui porte des eaux & les
fait couler. VEau-vetfaru des Pyrénées fait juger des
pays qui écoient anciennement dans les Gaules &
de ceux qui étoient de l'Efpagne ; les Anciens les
appeloient divergia aquarum. Innocent , Arpen-
teur fous l'Empereur Conftance, les appelle iZi^wi-
vergla ^ lesBéarnois les nomment Aigucbes.
EAUX, vieux f m. C'efl: le pluriel du mot ail. AlUum.
On dit aujourd'hui Aux.
EAUZE , ou EAUSE. Elu-^a , Elufatum clvhas. C'eft
une ville d'Aquitame , dans la Gafcogne , qu'on ap-
pelle auifi Eufe. Eaufe fut autrefois une grande &;
riorilTante ville Epifcopale^ & Métropole de la No-
vempulanie. Son Evêché a été joint à celui d'Auch ,
qui en étoic fuflragant. Sous Chilpéric I. les Vifi-
gots, & les Sarradns en 750 la rumèient. C'eft au
jourd'hui une petite ville, capitale de l'Eufan. Eaujc
fut la patrie de Rufin, contre qui Claudien a écrit.
Ce Pocte appelle cette ville Elyfa j L. I. in Ruff] v.
iSj. Foye\ Adrien Valois j JSlot. Gall.p. iSj. iSi
E B A.
ÉBADI, ou EBADIEN, ènne. f. m. & f Nom d'une
race d'Arabes Chrétiens , ramalfcs de différentes
Tribus , qui s'établirent dans Airah j ville de l'Ira-
que Arabique , & aux environs, ils bâtirent plu-
jfieurs cabanes , qui formèrent peu-à-peu des bour-
gades & des villages, où ils pouvoient exercer avec
plus de liberté leur religion. D'Herb. Honain-Ben-
Ishak , célèbre Médecin , & tradudleur des livres
Grecs en Arabe, étoit Ehadien. Il ell furnommé/^/
Ebadi, Id. Il y a aulli des Mahométans qui portent
ce furnom. Id.
Ce nom lignifie ferviteur , de l'Arabe Ï13 , ahad ,
fervir , & il s'eft donné à ces Chrétiens comme à des
fervireurs du véritable Dieu.
ÈBADIEN, ell auiîi le nom d'une Dynaftie d'Arabes
en Efpagne, qui a duré depuis les Ommiades , juf-
qu'à l'an 484. de l'Hégire ; de Jesus-Christ 1091.
félon Novairi. Roderic Ximenés , Archevêque de
Tolède J écrit que le dernier Prince des Ebadiens ,
qu'il nomme Mahomet Abendabeth , fut alliégé
dansSéville, pris & mis enprifon, où il mounu ,
par Jofeph Roi de Maroc , qu'il avoit appelé à fon
fecours contre Alphonfe , Roi d'Efpagne, qui avoit
prisTolèie 'û'Herbelot.
ÉBAHIR. V. a. cjui ne fe dit guère qu'avec le pronom
perfonnel. S'éhahïr. v. récip. Ohsiupefacere. S'ébahir,
être furpris par quelque chofe d'extraordinaire , qui
caufe de l'étonnement , de l'admiration. Mirari ,
ohstupefcere. Ill'a bien ébahi, quand il lui a appris
cette nouvelle. Tous les Fleuves en font ébahis.
Voit. On crovoir cet homme mort , on fut tout
ébahi, quand on le vit revenir. Cet avare fut bien
ébahi As ne trouver plus fon tréfor.
Quelques uns dérivent ce mot de l'Hébreu
fchebafch , qui (ignifie attonitum c(Je. Il ell vieux.
Ebahi, lE. part. Se adj. Etonné, furpris. Les badauts
E B A
font ébahis , fitô: qu'ils voient quelque chofe dt
nouveau.
Jouet: à. l'ébahi, efl: une façon de parler prover-
biale, de laquelle .Rabelais , iiv. i. ckap. z2. fait
un des jeux de Gargantua , du temps qu'il avcit été
mis fous des Précepteurs Sophiltjs. D Aubray s'en
fert dans ia Harangue , en parlant au Duc de
Mayenne. Il ett , dit-il , aifé .i juger combien votre
mailon fut ébranlée & fracalîée par là mort inopi-
née du petit Roi ( François II. ) ck pouvez croire ,
M. le Lieutenant , que Monlieur votie père .ïc
Meilleurs vos oncles jouèrent tout un temps a Xi-ba-
hi , comme vous pûtes fane , quand on vou^ porta
la nouvelle de la mort de vos deux frères. SaciVlcn.
tom. I ,p. Il-,
Jacques Drevin donna en \^6i'.\xne Comédie,
qui avoit pour titre, /ej hhahis. Ce verbe s'ell main-
tenu julqu'au milieu du liècle dernier. Il a depuis
infcnlibiement vieilli , & il ne trouve plus aujour-
d'hui fa place que dans le burlelque. S. Amant s'en
ell fervi dans les pièces les plus ferieules , té-
moin ce vers de fon Moife lauvé , où décrivant
les Ilraclites qui pailoient la Mer Rouge à pied fec,
il du:
Les poi(fons ébahis les regardent pajfer.
Vers dont , pour une autre raifon j Boileau s'eft
moqué dans fa i'octique, chant 5. & que S. Amant
avoit imité de celui-ci.
Jîinc inde attoniti liquida stant marmore pif ces.
Qui, comme l'a remarqué l'exadl Commentateut
delîoileau, eil du P. Antoine Nillien Jéiuite, Iiv.
5- de fon Mojés viator. S. Amant, qui n'entendoic
pas le Latin j jugeant que ce Pccme, dont il avoit
oui parler avanrageufement , pourroit lui être de
quelque fecours pour fon ^ellein , s'en étoit fait
traduire en profe Françoife les principaux endroits.
Giofjaire Bourguignon au mot Eboui.
Ce vers de .Saint Amant ell encore imité , tant
bien que mal , de ce que Catulle a dit des Néréi-
des, lorfqu'elles virent paroître en mer le Navire
Argo.
Emerfereferi candentï è gurgite vultus.
jËquorc& monstrum Nereidi admirantes.
ÉBAHISSEMENT. f. m. Stupor ., admiratio. Admira-
tion lubite , étonnement caufé par quelque chofe
d'extraordinaire. La chute de ce favori caufe un
grand ébahijjement parmi le peuple. Il est vieux.
EBAL. f^oy e\ Hebal.
EDALAÇON. f. m. Terme de Manège , qui fignifioit
autrefois une forte de ruade de cheval ^ que l'on-
nomme aujourd'hui estrapade. Faire des ébalaçonsy
donner des ébalacons. f^oye^ Estrapade
ÉBANIER , ou EB'ANDIER ^ vieux v. Attrouper ,
fe mettre par bande , fe réjouir , s'amufer.
ÉBANOI. f m. Vieux mot. Ebat , joie j tournoi. Oa
a dit Ehanoye , qui a ïûiébanoyer.
S'EBANOYER. Vieux v. a. S'égayer , fe divertir.
Obleclare fe , voluptati indulgcre. S'ébanoyant , s'é-
gayant , fe divertilTant.
ÉBARBER. V. a. Rafer j couper la barbe. Tondcre , at-
tondere.Un homme n'a point la mine galante , s'il
ned ébarbé jtaCé de ùais.
03* Dans ce fens , ce mot ne fe dit point. Mais
il ell d'ufage dans d'autres occafions, pour dire,
couper , retrancher les parties excédentes &c fuper-
flues d'une chofe. On ébarbe du papier j des plumes,
un plat , une pièce de métal , Sic.
|p° C'ell aulli un terme de Jardinage , qui ligni-
fie , retrancher les menues branches. Les Jardiniers
éharbent les haies avec le croilîant & le cifeau. Les
Fagoteurs ébarhent les fagots avec le volin.
tlCT C'ell encore un terme de Graveur en taille-
douce , qui fignifie, enlever avec le ventre du bu-
E B A
rîii , ou *vec l'ébarboir, la petite lèvre ou barbe
qui refle au bord de la taille , ahn que le trait pa-
roiire net.
Ébarber les lames. Terme de Monnoyage. C'eft: les
nettoyer & brûlfer au fortir des moules avec une
gratte- boclFe.
Ébarber une lettre. Terme de Fondeur de caradères
d'Imprimerie. C'eft en ôter avec un canif, ou quel-
qu'aurre inftuument dacier tranchant , les bavures
de métal qui échappent quelquetoisdu moule en les
fondant. On dit aulli cmonder une lettre , dans la
même fignification.
Ébarbp, , EK , part. palT. Se adj. Jttonfus,
ÈBAilBOIR. l'. m. Outil lervant à ébarber , commun à
plufieurs Ouvriers. Foyci Ebarber. Les Droui-
neurs, c'eft à-dire , les petits Chaudronniers qui
courent la campagne , nomment ainfi un petit
inftrument de fer , un peu courbe par le bout , &
très-tranchant j avec lequel ils ébaibent les cuilliers
& les falieres-d'étain , qu'Us fondent dans des mou-
les de fer , qu'ils portent avec eux.
^ EBARBURES & REBARBES, f. f pi. Terme de
gravure en cuivre. Ce lont de petites lèvres qui fe
forment iur la planche à chaque coup de burin que
donne le Graveur , & qu'il abat de temps en temps
avec le ventre d'un burin trarkchant. Encyc.
ÉBAROJl, iE. adj. Terme de Marine. On appelle
vailleau eharoui , navisjatifcens , rimas agens j un
vailfeau qui s'eft defféché au foleil , ou au vent ,
enlorte que les bordages fe foient retirés , & que
les coutures le foient oirvertes.
ÉBAT. f. m. Divertillement , palTe-temps. Ludus , de-
leihnio y iudicrum. Ce jeune homme prend fes ébats
à fauter , à danfer , &c. On dit , Prendre fes chats j
pour dite, fe réjouir j & particulièrement en fait
d'amourettes. Il n'eft plus que du ftyle familier , &
ne i l; dit qu'au pluriel.
ÉBATTEMEN F. f. m. Pafte-temps. Recrcatio aiiimi.
Ce mot n'eft plus guère en ufage. On ne s'en peut
fervir qu'en riant.
Il faudra 3 fi je le veux ,
Que le manteau s'en aille au diable :
L'ébnKment pourrait nous en être agréable.
La Font.
EBATTRE. Qui fe dit avec le pronom perfonnel.
S' ébattre, v. récip. Se divertir. OhUclare fe , ludere.
Ce Gentilhomme s'eft allé ébattre à la chalfe. Elle
étoit delcendue avec fes compagnes pour s'ébattre
fur le rivage. Abl. S'ébattre noblement. Sar. Il
vieillit. La Fontaine s'en fert fouvent en parlant de
l'amour.
ÉBAUBI , lE. adj. Terme populaire & vieux , qui fi-
gnilîoit la même chofe qu' e'/'a/zi , mais d'unéba-
hilfement accompagné de quelque trouble , ou foi-
blelfe d'efprit.
Je fuis toute ébaubie
& je tombe des nues.
Mol.
ÉBAUCHE, f, f. Terme Technique. Première forme
qu'on donne à un ouvrage. Prima Uruamenta. Rudi-
mentum. Ce terme eft employé dans plufieurs arts\,
particulièrement en peinture & en fculpture j &
s'applique généralement à tout ouvrage commencé,
qui fe huit & fe polit avec le temps , & qui pafle
de l'état 6! ébauche à celui de perfeélion. Perfection-
ne/ l'ébauche , l'ouvrage eft fini. Ebauche & efquiffe
ne font point fynonymes. f^oye^ :i\imot Esquisse la
différence de ces deux termes. Une légère é'.'iuche
d'un grand Peintre vaut fouvent mieux que les m-
vrages finis d'un autre. P'oye-^ ÉbauJher.
^3" Ebauche , fe dit, dans le même fens au figuré, de
la première forme qu'on donne aux ouvrages d'ef-
prit ou autres chofes , pour les faire paffer de cet
état à celui de perfeiftion. On doit faire anti ébauche
d'un Pocme Dramatique j & en diftribuer le iujet j
avaut que d'en faire les vers. Le tempérament ne
E B A E BB ji^
peut faire que l'ébauche des vertus, & il n'appar-
tient qu'à la raifon de les achever. M. Scud. Pline ,
en parlant du lifer , convolvulus y dit que cette
fleur relfemble au lys , Se que c'eft comme mie
ébauche de la nature , qui par-là fe prépare & ap-
prend à faire des lys. ttflos non dijjimilis Idio j
ac veluti naturx rudimenta lilia facere cond/fcentls.
Liv. 2 1 .
Ip^ EBALTCHER. v. a. Commencer groflièrement un
ouvrage , lui donner les premières fK^ons , la pre-
mière trorme , en attendant qu'on le finilfe. £)e-
lineare j inchoare. Il porte cette lignification dans
tous les arts où il eft employé. Ainii , ébaucher ^ en
peinture, c'eft dilpoler avec des couleurs les ob'
jets déjà dellînés fur une toile imprimée , fans leur
donner le dernier degré de perfection , qu'ils reçoi-
vent quand on les finit. On dit de même ébaucher
une ftatue , une image , des pierres , des criftaux.
Mais , pour mon frère l'ours j on ne l'aquéhznchi :
Jamais ^ s'il veut m'en croire , il ne fe Jtra peindre.
La Font.
Nicot tient que ce mot fignifioit autrefois dé-
niaifer, & vient du mot bauch en Languedoc , qui
C\gni(ïe ,fot&c groffier , &c que, par translation, il
a été du des ouvrages qui ne font pas encoce
polis.
Ebaucher , fe dit auffi,cliez les Menuifiers , quand ils
dégrolhllent le bois à coups de cifeaux & de mail-
lets, ou avec le fermoir, avant que de Tapplanir avec
la varlope. Injormarc.
Ebaucher , eft aufli un terme de Cordier , qui fignifie
faire palier pat l'ébauchoir, par le gros feran, c'cft-
à dire, par le gros peigne à pointes droites. Ebaucher
du chanvre.
§cr Ebaucher , fe dit,au figuré, dans le même fens j
des ouvrages d'efprit. Cet ouvrage n'étcit (\y\ ébau-
ché ^ quand la mort a lutpris l'Auteur. Lhi ouvrage
qui n'eft qu'eTiiittc/je, eft celui auquel l'Auteur n'a
pas encore mis la dernière main.
Ébauche j Ée. part. & adj. Inchoatus ^ impolitus.L'c-
léphant n'eft qu'une figure ébauchée par la nature.
Cos.
ÉBAUCHOIR. f. m. Qui fe dit des outils qui fervent
à plufieurs Ouvriers pour ébaucher leurs ouvrages ,
avant que de les finir j ou pour préparer leurs ma-
tières, comme les cifeaux des Charpentiers & Me-
nuifiers , &c autres outils qu'emploient les Sculp-
teurs , & ceux qui, travaillent aux ouvrages de
ftuc.
C'eft aufli un terme de Cordier. Il fignifie le gros
feran , le gros peigne à pointes droites, au travers
daquel les Cordiers font palier le chanvre pour l'c-
baucher. Après cette première préparation , on fait
palfer la filafle fucceflivement fur des ferans plus
fins.
ÉBAUDIR. V. a. vieux. Recreare, relaxare ^Utari.Tet-
me populaire y qui fignifie fe réjouir. Ebaudir fes
elprits , les récréer.
§^ Il eft plus ordinairement réciproque.^ Vitjw-
dify fe réjouir , & témoigner la joieendanfant, en
faut.ant , ou de quelqu'autre manière femblable. Ik
pafTeront la journée à s'éhaudlr. Il eft vieux , & ne
fe dit qu'en plaifantant.
Ce mot vient de baus , ou baud & hauderie , qui
Cignidcnt joyeux &c joie. Men.
Ebaudi, ie , adj. Vieux mot. Gai, enjoué. Hilarisj
Ut us.
ÉBAUDISE. f f. Vieux mot. Humeur gaie.
EBAUDISSEMENT. f f. Vieux mot. Joie , rc-
jouilfance , ébat. Latitia j gaudium. Ce mot fe
trouve dans Alain Charrier en Quadriloque in-
vedif. Dufresne , Glojf. de Fillehard.
EBB.
EBBER. Nom d'une petite rivière de Perfe ,& d'une
ville fituée fur cette rivière.
510 E B B EBE
EBBÈS. f. m. Nom d'homme. Ebbo. Ebbès , ou Eb-
bon , que l'on noLive encore nommé Ebobe. , na-
quit à Tonnerre de parens conlidérés dans le pays
par leur noblelfe , par leurs charges , & même par
leur piété. Il fut élevé fur le Siège de Sens vers
l'an 709 , à la place de Géric , fon oncle, MM.
de Sainte Marthe ont écrit qu'il mourut en 750.
d'autres difent que ce fut en 743 , &L d'autres en
74S- , ,
EBBON. Foye-^ EBBES.
EBE.
ÉBE. f. f, Salacia. Terme de Marine, qui fe dit dans
quelques Provinces. C'eft le reflux de la mer , lorf
que la marée baille, ou que la mer refoule, ou s'en
retourne. Il eft oppofé 2i\xfiot & au montant. On
l'appelle autrement jujjant. On dit, il y a ebe ;
. c'eft-à-dire , il y a reflux. Du Cange témoigne
qu'on a dit ebba dans la bafle Latinité j & les An-
glois d lient aufli ebe , d'où eft venu ce mot.
On dit, proverbialement, en Normandie, Tout
ce qui vient de J?ot s'en retourne à'ebe , en parlant
«les biens mal acquis & mal alTurés : fon bien eft
venu dejcot , il s'en retournera d'ebe. On dit ail-
leurs, ce qui vient de fliue, s'en retourne par le
tambour.
ÉBELSTOT. Petite ville de Danemark Ebdfiotium.
Elle eft dans le Dioccfe d'Arhufen , en Jutlande ,
fur une baie du Catégat j à quatre ou cinq lieues au
nord-eft d'Arhufen.
ÉBÈNE. f f. Ebenus. Bois étranger , dur , pefant ,
noir, qui prend un beau poli , & qu'on emploie en
Europe pour les ou tarages de Marqueterie. On en
fait un grand trafic à Madagafcar. Tavernier dit
que les habitans de cette Ille ont foin de l'enterrer
peu/le temps après l'avoir coupé , pour le rendre
plus noir. Flacour allure qu'il y a, dans cette même
Ifle , plufieurs arbres , ou arbriifeaux , dont le bois
eft plus ou moins noir ; & que l'arbre , qui eft pro-
prement VEbène , ou l'Ebénier, s'élève fort haut,
& a fes feuilles femblables à celles de notre Myrte
à feuilles larges. Si l'on veut parcourir les diffé-
rentes relations des Voyageurs anciens & moder-
nes, l'on trouvera des defcriptions d'arbres &d'ar-
briifeaux à bois noirs, qui conviennent à des pal-
miers , à des Cytifes , ou à d'autres genres dirté-
rens. La Candie a un petit arbufte que les Boca-
niftes connoiiîent fous le nom à'Ebenus Gratlca. Si
l'on en croit Diofcoride , la meilleure Ebène vient
d'Ethiopie, & la moindre vient des Indes. Pline
penfe de même : mais Théophrafte eftime fort celle
des Indes. L;i connoillance du vernis , & les moyens
que i'®n a aujourd'hui de donnera plufieurs fortes
de bois durs une couleur noire, durable, a rendu
plus rare l'emploi de VEbcne. L'arbre dont le bois
s'appelle Ehcne. , eft de l.i hauteur & grolfeur de
vieux chênes j & leur reftemble par le cœur &
l'aubier; mais il eft de couleur fort noire , laquelle
lui dcme fon prix , parce qu'elle reçoit un beau
poli. Ses feuilies rellemblent à celles du laurier j
& portent entre deux un fruit comme un gland fur
une petite queue. Son aubier ^ infufé dans l'eau ,
^ purge la pituite , & guétit les maux vénériens : ce
qui a fait croire à Matthiolle que le gayac étoit une
efpèce àlihcne. Il y a trois fortes à' ebène, la noire ,
ou mauritée j la giife & la verte , dite de Portugal ,
qui eft le nom de toutes. La meilleure /Aè/zc , eft
celle qui eft noire , fans aucunes veines , qui eft
malHve, aftringente, & d'un goût aigu & piquant.
Elle rend un parfum agréable , quand on la met
fur les charbons , fans incommoder par fr fumée.
Si on b préfente au feu étant fraîche, elle s'allume
inconrineiit à caufe de fa graille ; maisj quelque
fiche qu'elle fait, elle \'\ touiour'? au fond de l'eau.
Si on la frotte contre une pierre , elle devient roufle.
Les Indiens en font les ftatues de leurs Dieux , &
les fceptres de leurs Rois. Ce fut Pompée qui, le
premier , apporu Vsbème à Ronie j après avoir
EBE
vaincu Mithridate. Agricola dit qu'il y,a uns e'bène
minérale qu'on trouve dans la terre. |fC? C'eft une
efpèce de rerre aiumineufe tort noire , à laquelle ou
a donné le nom d Lbène foflile , à caufe de fa ref-
femblance avec ïébène.
On trouve une efpèce particulière à'ébène dans
llfle S. Domingue : les branches lont couvertes de
petits piquans, donc la pointe eft tournée à rebours,
& de quantité de teuilles charnues, veloutées , de
figure ovale , & grandes à-peu-près comme l'ongle.
Parmi ces feuilles , !k ces piquans , il y a plufieurs
petites fleurs jaunes , légumLieufes , dont le piftil
devient enfuite une petite goufte, large comme la
moitié de l'ongle , & de la figure d'un petit rognon
aplati , & remplie d'une femence qui eft de la mê-
me figure. Le R. P. Charles Plumier, Religieux
Minime , appelle cette efpèce d'ébène , fpartium
portulaat. fol'us acuhatum ebeni materie.
M. Vaugelas a remarqué fort judicieufement que
ce mot écoit toujours féminin , mais que ceux qui
travaillent en efc/2£ le font indifféremment mafculin
ou féminin.
Ce mot vient de l'Hébreu ebcc , qui fignifie
une pierre. XJébhic coupée s'erfdurcit comme une
piene.
EBENE R. v. a. Ebeni fpeciem inducere. C'eft j Donner
à du bois la couleur de l'ébène. ^fJ' Pour ébéner du
bois , les Tabiettiers j Ébéniftes , &c. fe fervent
d'une décoélion chaude de noix de galles , de
Tencre à écrire , d'une brofTe rude , & d'un peu
de cire chaude , qui fait le poli.
^3"É_BÈNÉj ÉE. part. Bois ébéné.
ÉBEN-ÈZÈR. Lapis adjutorii. Nom d'un rocher ,
dans la Terre Sainte i' L. des Rois VII. 9. IV. i.
V. I. Ce rocher étoit entre Mafphat & Sen , au
feptentrion delà Tribu de Dan, aux confins de celle»
de Juda & de Benjamin.
ÉBÉNIER. f. m. Ebenus. Arbre ci-delTus décric, dont
le bois s'appelle ébène.
ÉBÉNISTE, f. m. Ebeni artifex. Menuifier qui tra-
vaille en ébène , qui fait des cabinets & des tables
d'ébène, qui plaque l'ébene. On le dit auffi, de ceux
qui font des ouvrages de rapport , de marqueterie
& de placage , comme de bois d'olivier, d'écaill©
de tortue J &c.
ÉBERARD , ou ÉBERHARD. Voye-^ ÉVERARD ^
ou EVRARD.
EBERBACH. Ville d'Allemagne j dans le Palatinas
du Rhin.
ÉBERNBERG , ou ÉBERNBOURG. Château du Pa-
latinat du Rhin, en Allemagne. Ebernberga, Ebern-
burgum. Le Landgrave de HeiTe - Calfel aflîcgea
Ebernbourg 3 l'an 1691. mais les François ^ qui le
défendoient j l'obligèrent de lever le fiége. Maty.
Ebernberg eft fiiué dans le Comté de Sponheim j au
confluent des rivières de Nahe & d'Alfen.
ÉBERNSDORF. Bourg de l'Archiduché d'Autriche ,
fîtaé fur le Danube 3 à deux ou trois lieues au-
dellûus de Vienne. Eberfiornfium. On prend Ebernf-
dorfpovK l'ancienne Ala Nova j ville de la haute
Pannonie. Maty. Les Archiducs d'Autriche ont un
beau Palais à Ebernfdorf. Id.
ÉBERSBERG. Ville de la haute Autriche , qui appar-
tient à l'Évêque de Paftaw. Eberfperga. Elle eft fi-
tuée fur l'Inn, environ à une lieue de fon embou-
chure fur le Danube. Maty.
ÉBERSHEIM, ou EBERS-MUNSTER. Bourg d'Aï-
face Aprimonaflerium. L'Abbaye ^Ehershelm rend
ce boufg confidérable. Eberskeim eft fitué fut la ri-
vière d'Ill , entre Scheleftat & Benncfelt.
ÉBERSTEIN. Nom de lieu. Eberfteinum. Le Château
à'Eberjicin , Cafiellum Ebcrftdnium , eft bâti fur un
rocher , & fortifié. Le Comté d'EberJIein eft une
contrée de Suabe j, en Allemagne , entre le Duché
de Wirtemberg , l'Ortarw, &le Marquifat de Bade.
Maty. Jean , fils de Bernard , 8c d'Agnès de Fé-
neftrange, étoit Comte à'Eberfiein , dèî l'année
1411. Corn. Le dernier Comte d' ?^^r/?«/2 mourut
en \CCo. Alors l'Evêque de Spire réunit à fon do-
maine
EBE E B î
maine Gernsbach j qui rebvoic de fou Eglifej le
Marquis de Rade s'empara de la plus grande partie
du Comté iïEber[Iein. Le Duc de Wirtemberg-
Neuftadt , & les Comtes de Wolkenftein i>: de
Grondsfeldc, font maîtres du refte.
É3ERTAUDER. v. a. Terme de Tondeur de draps ,
qui fignifie , tondre un drap , une ratme , ou autre
étoffe de laine j en première coupa _, en première
voie, ou en première hiçon, trois manières d'ex-
primer la même chofe.
E3ETS j ou ABES. Ville de la Terre Sainte , dans
la partie orientale de la Tribu d'IlTachard , & dans
la Galilée intérieure. Jofué en parle XIX. 20. Elle
efl: audi appelée Ames , & Vitu par les Septante.
ÉiiETUDE. 1. f. Vieux mot qui vient du Latin He-
betudo j dérivé àîHebes , Obtus. Pefanteur d'ef-
prit 3 fottife.
Nous femmes Jl pleins c/'Ebétude >
Ec Je lourdeaux en notre cas.
EBL
ÉBIONITES. f. m. pi. Anciens Hérétiques J qui ont
été dans l'Eglife dès fes premiers commencemens.
Ebionitz. Origène a cru qu'ils avoienc été ainfi ap-
pelés du mot Hébreu Ebion , qui, dans cette^ lan-
gue j hgnilie pauvre ^ parce qu'ils étoient j dit-il j
pauvres de fens , & qu'ils manquoient d'efprit.
Eufebe , qui a eu égard à la même étymologie ,
prétend que ce nom leur a été donné j parce qu'ils
avoient des idées baffes de Jésus-Christ j qu'ils
aoyoient être un fimple homme ; mais tout cela j
dit M. Simon , dans fon Hijloire critique du texte du
nouveau Teftament ^ n'eft qu'une fimple allufion au
nom de ces Seétaires , qui llgnilîe pauvres , dans la
Lingue Hébraïque. Il y a plus d'apparence que les
Juifs les appelèrent ainfi par mépris ^ parce qu'en
ces premiers temps il n'y avoir prefque que des pau-
vres qui embralTaffent la Religion Chrétienne.
Origène femble confirmer cette opinion j dans fes
livres contre Celfe, où il dit qu'on appela Ebionites
ou pauvres j ceux d'entre les Juifs qui crurent que
Jésus étoic véritablement le Meffie qu'ils atten-
doient. On pourroit au(îi dire que ces premiers
Chrétiens prirent eux-mêmes ce nom , conformé-
ment à leur profeffion. Et en effet j S. Epiphane a
rem.irqué qu'ils fe vantoient d'être pauvres, à l'imi-
tation des Apôtres. Le même S. Epiphane a néan-
moins cru qu'il y a eu un homme appelé Ebion,chef
de la Seâie des Ebionites^ 8c qui vivoit en même-
temps que les Nazaréens j & les Cérinthiens. Il dé-
crit au long j & avec ex.idlitufle J l'origine de cette
Secte J qu'il fait commencer après la deftruélion
de Jérulalem , lorfque les premiers Chrétiens ,
appelés Nazaréens j en fortirent pour aller demeu-
rer à Pella. Les Ebionites ne font donc qu'un re-
jeton des Nazaréens : mais ils altérèrent en plu-
lieurs chofes la pureté & la fimplicité de la croyance
de ces premiers Chrétiens. C'efl: pourquoi Origène
a diiHngué deux fortes dEbionites, dans fes livres
contre Celfe. Les uns croyoienc que Jésus-Chrit
étoit né d'une Vierge, & les autres croyoient que
Jésus-Chrit étoit né à la manière de tous les autres
hommes. Ces premiers n^avoienr que des fenti-
niens orthodoxes j ii ce n'ell qu'ils joignoient à la
Religion Chrétienne les cérémonies de l'ancienne
loi J avec les Juifs & les Samaritains ,'iulîî- bien
que les Nazaréens. Ils différoient néanmoins de
ceux-ci en plufieurs chofes ^ & principalement dans
ce qui regarde l'autorité des livres facrés : car les
Nazaréens recevoient toute l'Ecriture qui eft renfer-
mée dans le canon des Juifs ^ les Ebionites j, au con-
traire, rejetoient tous les Prophètes : ils avoient en
horreur les noms de David, deSalomon, d'ifaïe, de
EBI E B L /it
auffi-bien que les Nazaréens, de l'Ev.mgile Hé-
breu de S. Matthieu, autrement de l'Evangile des
douze Apôtres : mais ils avoient corrompu leur
exemplaire en beaucoup d'endroits : ils en avoient
ôté la Généalogie de Jésus Christ j qui fe trou-
voit entière dans celui des Nazaiéens , &i même
dans l'exemplaire qui étoit à l'ufage des Cérin-
thiens. Ces derniers qui étoient dans l'es mêmes fen-
timens que les Ebionites lur la naiffance de Jbsus-
Christ , appuyoient leur erreur fur cette généalo-
gie. Outre l'Evangile Hébreu de S. Matthieu , les
Ebionites avoient adopté plufieurs autres livres fous
les noms de Jacques , de Jean , & des autres Apô-
tres. Ils fe fcrvoient aulli des f^oyages de S. Pierre^
qu'on fuppofe avoir été écrits par S. Cléinent \ mais
ils les avoient tellement altérés, qu'il n'y relloic
prefque rien de vrai : ils y faifoient dire, à ce S.
Apôtie, unQ infinité de faalfetés , pour autorifer
davantage ce qui fe pratiquoit parmi eux. Voye^
Saint Epiphane, hxr. 50. où il s'étend fort au long
fur l'ancienne héréfie des Ebionites. f^oye:r auiîî
Heury , //£/?. Eccléfiafi. T. I, L. IL Tic. XL. ij.p.
S 36. & fiiv.
ÉBISEMETH. f. f. Terme du grand Art. C'eft la
matière des Sages , lorfqu'elle eft arrivée au très-
noir. On appelle auffi ébijemetliy le laiton qu'il faut
blanchir par un feu égal.
EBL.
■
ÉBLANE, ou ÉBLANIEN, enne. f. m. & f . Ebh.-
nus , ou Eblanius, a. Ancien peuple de l'Irlande ,
oude l'Hibernie. Les iT/i/awej étoient entre les Mé-
napiens, au fud, & les Voluntiens, au nord. Lblane^
aujourd'hui Dublin , Eblana , étoit leur capitale.
Les Ehlanicns occupoient ce que nous appelons au-
jourd'hui les Comtés de Dublin & de Meath , en
Irlande, c'eft-à-dire, le milieu de l'Ille.
EBLOUIR. V. a. Frapper les yeux par un trop grand
éclat ; empêcher l'adion de la vue , par une trop
vive lumière qui bleffe les yeux. Perjlringere oculosy
perjlringere. Le foleil , les éclairs cblouï(jent j parce
que leur lumière eft trop vive. Jamais tant de
douceur & tant de majefté n'éblouirent nos yeux.
Arnaud.
Eblouir, fe dit au figuré, & fignifie, furprendçe
l'efprir & les lens par quelque choie de vif, par un
fiux éclat , & par de faulîès lumières. Les honneurs,
la fortune , éblouirent les ambitieux. Combien de
prétendus beaux eiprits renoncent au bon fens pour
une penfée qui brille , qui éblouît •:' G. G. v.e qui
m'ébloi.'i' , m'eft d'ordinaire fufpe6t de je ne fçais
quoi de faux. Le Ch. nn M. Il iaut s'examiner fur
tout, ne fe flatter fur rien , & ne % éblouir 'ç-x^ de fa
propre vertu. M. Scud. Les objets du monde nous
éblouïjfcnt , & nous font perdre de vue l'avenir &
l'éternité. Fl. Comme l'œil eft bluffé par un trop
grand éclat de lumière , l'efprit eft de même ébiouî
par un trop grand amas de traits brillans & agréa-
bles. Cl. Je ne viens point vous éblouir par l'éclat
des honneurs de la terre, pour nourrir votte cfpric
d'un récit fpécieux de fécilité mondaine. Fléch.
La valeur d'oftentation éblouît davantage les fpecia-
teurs , qu'un caraétère modefte qui tient plus de la
folide vertu. Le P. le B. Il y a des efprits é^loLÏjans
qui impofent &: qu'on n'eftime que parce qu'on ne
les approfondit pas. La Bruy. Ces grands génies ,
qui ne cherchent que la gloire 6c h réputation ,
n'ont pas tant pour but d'inftruire , que d'eblouïr.
Le C. de^L Lesefprits trop brillans ne veulent rien
qui ne iurprenne Se n'éblouïl/e. Boun. TertuUien ne
perfuade qu'enébloitïifant. AÎaleb. En vain ru prépa-
res les difcours dont tu veux m éblouir. R.acine. Les
hypocrites ont toujours ébloui les fimples par leurs
fpécieux dehors. Ien.
Jérémie &d'Ezcchie!. Ils ne recevoient pour Ecriture ,
Sainte que le feul Pentateuque ; ce qui femble in- Ébloui , ie. part. & adj.
diquer, qu'ils étoient plutôt fortis de la Sede des! ÉBLOUISSANT , ante. adj. verbal. Qui éblouie
Samaritains, que de celle des Juifs. Ils fefervoient,' Perjlringens oculos. Il fe dit dans le propre &
Tome III^ V V y
f ^^ E B L E B O
dans le figuré. Eclat éblouijfanc. Lumière , couleur,
■JiTance,
Plus fcnUblc aux douceurs d'une am'ulé confiante j
Qu'uu charme cblouiiranc d'une gloire naijjance.
ÉBLOUÏSSEMENT. f. m. Difficulté de voir , occa-
iîonnée j foit par une trop vive lumière qui vient du
dehors , foie par des vapeurs ou fluxions , ou par
quelqu'autre caufe intérieure. Les vues foibles font
plus fujettes aux cbhuïjjemens. Les maladies j les
longs jeûnes, la grande diiripation des efpnts, cau-
ient des eblouijjimens. Il m'a pris tout-à-coup un
éblouijfcment 3 ^ je me retire d'ici. Mol.
EblouïssemenTj fe dit auflij au figuré, pour furprife,
féduclion. fafcinatio^decepno.Commz la grande elii
me que nous avons pour les Prédicateurs peut venir
de notre ebloWJement^ & de notre illuhon, el^epeut
auill faire partie de notre foi & de notre pièce. Bal.
EBO.
ÉBOBE. Foy^i ÈBBÉS.
EBOELER. V. a. Vieux mot. Éventrer.
EBONNER. V. a. Vieux mot. Ordonner , ranger. On
trouve, en parlant de Dieu, qui les quatre élémens
ébonne.
ÉBORA. /^cvK^î ÉVOîlA.
■ EBORGNER. v. a. Crever un œil , rendre borgne.
Elufcare j oculum cruere. Ce coup de balle qu'il a
reçu l'a éborgné.
Éborgner , fe dit, figurément & familièrement, des
murs élevés qui ôtent les vues d'une mx\[ov\. Officere
luminibus. Ce voilin a élevé fi haut fon bâtiment ,
qu'il a éborgné tout ce corps de logis.
Eborgné , Ée. part. & adj. Altero oculo orbatus,
^3" EBOTTER. fynonyme à Étêter. Voye-^ ce mot.
ÉBOUFf ER. V. neut. Vieux mot qui fe dit en cette
phrafe. Ces fots diicours font ébouler de rire ; pour
dire j font rire à crever. Difrumpi. On dit ordinaire-
ment étouffer de rire j parce que bien des gens ne
favent ce que c'eft c[n ebouffer.
Ce mot vient de bouffe , t]u'on difoit autrefois ;
pour dire , joues enflées ; & on a dit aulli autre-
fois , une bouffée de ris , pour dire , un grand
♦ éclat de rifée.
Ne manque\ pas de le dire j
Dit Morne j'ébouftant de rire, ScAR.
EBOUILLIR. V. a. Diminuer à force de bouillir.
Lailïez ebouillirle pot. Faire ebouiliirj faire évapo-
rer une partie de la liqueur qu'on met fur le feu ,
pour la rendre plus épailfe , ou plus fucculente.
Ebullire , concoquere j excoquere. Quand on fait
trop ébouiliir le pot , le potage eft plus fucculent.
On s'en fert peu ; & il n'ell d'ufage qu'à l'infinitif
, & au participe.
Ebouilii, ie. part. & adj. Excocius ^ recoclus.
ÊBOULEMENT. f. m. Chûre de terres & de mu-
railles. Disjeclioj, ruina , demolitio. Quand on creufe
bien avant dans les fondemens j il faut craindre
\é''oulementàts terres. Les terres s'éboulent quand
elles ne font pas foutenues.
ÉBOULER , S'ÉBOULER, v. récip. Tomber en
s'affailfanr. Voye^ ÉCROULER. Tomber par fon
propre p ùds ^ faute de liaifon ou d'appui. On le
dit des murailles & des terres. Ruinam agefe , cor-
ruere. Les baftions faits de terre fiblonneufe font
fujets à séhouler. Les murs de terralfes, qui ne font
pas bien liés & cimentés j s'éboulent en peu de
temps. Il n'étoit pas flxcile de nous retrancher dans
le fable des Dunes j aifé à s'ébouler.
Éboulé , ée part.
ÉBOULIS. f.^ m. Chofe qui s'eft éboulée. Ingens
ruina. Voilà un grand éboulis de terres j de frble,
de pierres.
EBOUQUEUSES. f. f. pi. Terme de Manufadures
EBO
de draperies 8c étoffes de laine. Ce font des fjm-
mes , qui , avec de petites pincettes d^ fer ,
ôtent les nœuds , pailles , ou petits bourats qui
fe trouvent aux étoffes , après qu'elles font for-
tics de dellus le métier. Elles ont divers noms,
fuivant les Provinces : le plus commun eft celui
d'Enoueufes.
ÉBOURGEONNEMENT. f. m. Terme de jardi-
nage. Retranchement des bourgeons fuperflus fur
les arbres fruitiers j pour les foulager j les confer-
verj de leur faire porter de plus beaux fruits. Cette
pratique avoit d'abord été imaginée pour la vigne j
panipinatio j qui s'eft dit enfuite de tous les arbres
fruitiers auxquels on l'a étendue. Cependant , ocu-
latio J qui eft le terme générique , convient mieux
dans ce cas. On le dit plus particulièrement des pê-
chers auxquels ce rerranchement eft fur-tout né-
celT'aire. On fçalt que cet arbre poulTe une quantité
prodigieufe de branches qui nuiroient à fr figure &
à fa fécondité , Çi on ne les éclairciifoit pas ^ parce
qu'elles confumeroient une trop grande cjuantitéde
fève , & formcroienc néceirnrement de la con-
fufion.
tfT II faut donc retrancher ce qui eft inutile ou
nuifible , c'eft-à-dire j mal placé j quoique bon
d'ailleurs J ou mauvais en lui-même , j'appelle mat
placé J tout ce qui pouffe droit du côté da mur , on
du'côté oppofé , parce qu'on ne fcj'auroit profiter de
ces branches , qu'en leur faifant faire un coude : ce
qu'il faut éviter dans le palilîage , aurant qu'il eft
polîible , à moins pourtant qu'on ne foit forcé de
conferver une de ces branches j pour remplir un
vide qu'on ne pourroit garnir autrement. J'appelle
nuifibles, tomes les branches qui furchargeroienc
l'arbre , confumeroient trop de fève, & n'en laifTe-
roient pas aifez pour la nourriture du fruit.
ifT II faut donc ébourgeonner , c'eft-à-Jire ,'
ôrer les bourgeons , à propos & avec choix, en laif-
fant fur chaque branche de la dernière raille plus ou
moins de nouvelles pouiïes , fuivant la vigueur de
l'arbre, oppofées l'une à l'autre, autant qu'il eft
polîible. On en laiilera toujours plus que moins ,
parce que, (i on ne laifioit précdement que ce
ciu'on doit conferver à la taille, les aialadies .lux-
quelles le pêcher eft tort fujet, comme la cloque^
le blanc &c. pourroient faire périr quelqu'une de
ces branches , qu'on ne pourroit plus remplacer. Il
eft donc prudent d'en avoir de réferve. Si toutes
viennent bien, on en fera quitte pour les retranchée
à la taille.
|iCr L'Ebourgfonnement fe fait au mois de A4ai ,
temps où les bourgeons font allez formés pour fixer
notre choix, & o^'i ces nouvelles poulfes , encore
tendres & herbéiées , fe détachent aifément par la
feule aclion du pouce, fans le fecours d'aucun inf-
trument.
IjCr On confond otdinairement l'ébourgeonne-
ment a\2c le pincement , parce que ces deux opéra-
rions fe font dans le même temps, mais on doit les
diftmguer. Ébourgeonner, c'eft retrancher les bour-
geons qui font de trop. Pincerj n'eft pas retranchée
le bourgeon , c'eft feulement l'arrêter, en coupant
avec l'ongle l'extrémité de la nouvelle poulfe. C'eft
ainfi que, thns V ébourgeonnement , on pince quel- .
quefois les nouvelles poulFes que l'on conferve , &
l'on pince toujours celles qui tiennent au fruit ,
parce que, fi on ne les arrêtoit pas en les pinçant, ou
en les coupant avec la ferpette , ce que je crois fort
indifférent , elles déroberoient une partie du fuc
deftiné à la nourriture du fruit, f^oye^ Pincement.
§C/" L'Ébourgeonnement & le pincement, dit li
Quintinie , ne contribuent pas feulement à arron-
dir, remplir & étendre la tête d'un oranger, mais
ils donnent encore toutes les autres perfeétions à
l'oranger.
$3" Le plus grand avantage de ï'ébourgeonnemenc
pour les arbres fruitiers , eft non-feulement de mé-
nager la fève pour la nourriture des branches qu'on
doit laiffer Se des fruits , mais encore de diminuer
E B O E B R
le travail dz la taille. Vl^bourgeonnemet eft j à
proprement parler , la première taille, royei
Taille.
i'fZT Quoique Y ébourgennnement ^ ajoute la Quin-
tinie, ne regarde que les bourgeons à ôter, o;i peu:
pourtant encore l'entendre pour un cclairciirement ,1
ou un cpluchement à faire des ir'ruits , uc lur-tout
des fruits i noyau, quand il y en a trop en quel-
qu'endrou j cet épluclieaient le faifant en même-
temps que Vébourgconneinenc. L^ilage n'a pas
adopté le mot êï nbourgeonnement dans cette accep-
tion.
ÉBOURGEONNER. v. a. Pumpinare vineam , dccu-
tae pampinos. Oter, couper les bourgeons, les
nouveaux jets des vignes , des arbres , lorlqu'fls
fçnt fuperHus , & qu'ils poulFent trop de bois.
Ebourgionner^ c'ell ôcer à la vigne- & aux arbres les
nouvelles branches qui font inutiles. Ce travail ,
à l'égard de la vigne & des autres arbres , fe hut
vers la lîn de Mai , ^<: au commencement de Juin.
Les jardiniers & les Vignerons difcnt , il ell temps
à'cboujgeonncr nos arbres ^ il ne faut point perdre
de temps à ébourgeonner la vigne. Liger. Ebour-
gtonncr n'a proprement été inventé que pour la
vigne ; mais , comme pc^pïnare qui paroît encore
plus propre de la vigne ii^ ébourgeonner^ n'a pas
îaiiré de fe dire de quelques autres arbres , comme
on le voit dans Columelle , ébourgeonner s'elf aulli
étendu aux arbres fruitiers , & les Jardiniers l'ont
pris. Si , d'un même œil, lur tel arbre que ce foit ,
il en fort deux eu trois branches, il en faut ébour-
geonner quelques-unes pour faire meilleure la con-
dition des autres , cC ôter en même-temps la con-
fulion. La Quint. On peut aulîî-bien faire tort .à
un certain arbre, li on iébourgeonne trop, qu'à un
■ certain autre , fi on ne Vébourgeonne pas allez.
C'eft à la prudence du Jardinier à bien démêler
celui qui, pour être trop vigoureux , a befoin
d'être ebourgeonné à!nneià(^ot\ , d'avec celui qui,
à caufe de fon peu de vigueur , a befoin de l'être
d'une autre manière. Liger. AlTez i'ouvent , faute
d'avoir fageiPient ei'c)«rçeo/2/2d, ou d'avoir bien pa-
HlFé , nous voyons que, dans la confulion des bran-
ches, il s'en eil fait de certaines menues & élancées,
que nous appelons veules ; il faut foigneufement
les ôter à la taille. Id.
Eb,)urgeonn'É , EE. part. & adj.
|p=*£BOURGEONNEUX. f. m. Infede. Voye:^
LISETTE.
ÉBOURIFFÉ j ÉE. adj. Eparpillé , dérangé. Il fe dit
des cheveux , de la perruque j ou de la cocffure
que le vent a mis en défordre. J'embralTe Grignan,
& le bîife à la joue droite , au-delFous de fa touffe
ébouriffée. AL\u. de SevignÉ.
ÉBOURRER. v. a. Ôter la bourre. Terme de Cor-
royeur. On ébourrc les peaux de mouton avec l'ef-
tire.
ÉBOUZINER.. v. a. Terme de Maçonnerie. C'eft
ôter d'une pierre ou d'un moellon, le bouzin , ou
le tendre du lit de pierre , & l'atteindre avec la
pointe du marteau jufqu'au vif. Il faut ebou-^iner
les pierres avant que de les tailler. '
ÉBOUZINÉ , EE part.
EBR.
ÉBRAIQUE. Foyei HÉBRAÏQUE.
ÉBRANCHEMENT. L'aclion de couper les bran-
ches d'un arbre.
EBRANCHER. v. a. Couper , ou rompre les branches
d'un arbre. Collucare _, nudare ranih. Il faut ébran-
cher ces arbres pour en faire des fagots.
EbranchÉj ïe. part. Un arbre eft elV^z/.vAe quand il
eft dépouillé de les branches par accident , ou par
la main du Jardinier, ^rhor ramis nudata.
Ebranché , fe dit, en termes de Blafon, d'un arbre
dont les bran;;hes ont été coupées.
ÉBRANLEMENT, f. m. SecoulFc qui fa^it qu'une
EBR J15
fmo 3 eoncujfio. Les coups de canon ont caufé uii
grand ebramement à cette muraille. L'efpnt s'af-
foiblit par le trop grand ébranlement i^qs hbres, &C
, la trop violente agitation des efprits. Maleb'.
EBeranx-Ement,^ fe dir aufli au Hgnré. La:-eJaà,o 3
Labejadaûo. VébrarJeinenc de fa fortune lui a fait
perdre tous les amis. Ceux qui font accoutumés
aux grandes occupations , ne fe plaifent qu'à ces.
grands ébranlemens. Nie Pendant le cours d'une
guerre fi fanglante , l'Angleterre foutFnt des fe-
coulfes & des ébranlemens , qui la mirent fur le
penchant de fa ruine. Cohieille a dit dans les
Horaces.
Si près de voir Jur /bi de tels orages ^
Véhï3.n\QmsntJied bien aux plus Jermes couraoes.
EBRANLER, v. a. Donner des fecoufies à une chofe ,
enforte qu'elle foit moins ferme dans fon aifiette.
Concucere _, cornmovere , conqua£are _, labejailarc.
Il ébranla en peu de temps une partie du mur avec
les machines. Abl. Il f;rut bien des coups de canon
pour ébranler ce baftion. La voix de l'Erernel brife
les cèdres du Liban , & ébranle les déferts. Port-R.
Ebranler, le dit Hgurémenr, &: fignifie émouvoir,
rendre moins ferme dans la fituatlon d'efprit oit
l'on étoit. Dieu ébranle le cœur par la crainte ^ avant
que de le toucher par fon amour. Nie. Le Juge a
ère ébranle par les raifons de la partie adverfe/Un
Philolophe Stoique ne fe pouvoir ébranler par les
lourmens , ni par \z% carefles. Pour nous fiire re-
tourner à Dieu , il faut que la crainte ébranle d'abord
notre efprit. Nie. La tranquillité de la Palloiale
n'admet point ce qui ébranle le cœur troD fortement.
Font. Que faut-il faire pour ébranler votre tran-
quillité ? L'image de la mort, quand elle eft proche,
ébranle les plus fermes. Nie. Toutes vos raifoiis
l'ont plutôt ébranlé que vaincu. S. EvR.
Poilidonius, cette colonne du Portique, fat
ébranlé par la douleur, ii. Evr.
§Cr On dit , en termes de guerre , que des trou-
pes commencent à s ébranler , pour dire, fe mettre
en mouvement La première ligne s'ébranla pour
marcher & charger l'ennemi. Acad. Fr.
I^C? On le dir aulli des troupes qui commencent
a s'ébranler , 8c à faire quelque mouvement pour
prendre la fuite. L'aile droite, expofée au cancn
de l'ennemi, commençoit à. s'ébranler, quand elle
fut ralFurée par la préfence du Général. Inelina-
hat acies.
Ebranlé, Ée. part. & adj. Commctus ^ conquajfatus.
Corneille, dans Rodogune , a dit , une Couronne
ébranlée. Un Empire , un Trône peut être ébranle y
mais non pas une Couronne. Il faut toujours que
la métaphore foit jufie.
ÊBRASEMENT. f. m. Terme d'Architeaure. F.v//^-
carto j ampUatio. C'eft l'clargiirement en dedans
des côtés, ou jambages d'une porte ou d'une voûte ;
tels font les baies des fenêtres , & abat- jours qui
s'élargilTcnt en dedans. Frfzier.
0Cr EBRASER. V. a. Terme d'Architeélure. Les Ou-
vriers difenr embrafer. Voye-^ ce mot.
ÉBRBUHARITE. f. m. Sorte de Religieux Mahomé-
tans. f/^r^wAizriw. Ebrbuhard , difciplede Nacfchi-
bcndi , eft le Fondateur de ces Religieux \ c'eft de
lui que leur vient leur nom. Les Ebrbukarites , mal-
gré la profellîon qu'ils font d'une grande Sainteté,
& d'un grand dépouillement de toutes chofes, paf-
fent pour hérétiques parmi les Mahométans , parce
qu'ils ne croient point être obligés au pèlerinage de
la Mecque j car , pour s'en difpenfer , ils difent que
la pureté de leurs âmes, leurs hautes contempla-
tions, leurs extafes , leur font voir la Mecque fans
fortirde leurs cellules. Foye^ Ricaud, de l'Empire
Ottoman.
EBRE. Fleuve. Iherus. Les Efpagnols difent Ebro,
L'Ebre a fa fource dans la vieille Caftille , près du
bourg de Fuentelibre , traverfe une partie de la
chofe n'eft plus dans une aiîiecte ferme. ConquafA Bifcaye & de la Navarre, tout l'Arragon j & , ayant
V V v jj
J14 EBR
■ icparé 1.1 Catalogue du Royaume de Valence , il fei
décharge dans la mer Méditerranée , formant les
petites Ifles d'Airacs à fon embouchure. Maty.
EBRECHER. v. a. Faire une petite brèche à un cou-
teau , ou à qiieltiu'autre inlhument tranchant. Fh-
larc , injerre iaban ,\'Mum ; .Labeja3,are. Les nœuds
de bois cbrèchent les rabots , les ciieaux.
Ebrecher j le dit aulli des ruptures qui fe font aux
ouvertures des pots de terre , de faïence , de por-
celaine.
Ebrené j sf. pirr.
EBRENER. v. a. Nettoyer un enfant qui fait fes or-
dures fous lui; lui ôcet les matières fécales. 2'eigere.
Cette temmc .i ebrené i'oa enfant. Terme de Nour-
rice.
Ebreché, Éf. part.
EBREU. Foye:^ HEBRELT.
£BREUILLE, ÉBREULE , ou ÉBREUIL. Eborola-
cum , Evrogilum. C'étoit autrefois un des quatre
principaux châteaux de Louis le Débonnaire , lorf-
qu'il étoit Roi d'Aquitaine. Ebreuille eft aujour-
d'hui une petite ville de la Balfe-Auvergne , fur la
rivière de Siaule , Sicaula. j ou Siouie , comme
écrit Valois,. Elle elf à trois lieues de Riom j au
Septentrion, iSc à cinq de Clermont ^ vers les fron-
tières du Bourbonnois. Fûyei les Sainte- Marthe ,
T. IV.
ÉBRIDES. Voyej WESTERNES.
ÉBIIILLADE. f. f. Terme de Manège. C'eft un coup
de bride que le Cavalier donne par la fecoulle
d'une rêne , à un Cheval qui refufe de tourner.
\.-x façade fe fait par la fecoulle des deux renés en-
femble.
ÉBRÛDUNTIEN:, ENNE. f. m. & f. Nom de peuple.
Ancien habitant de l'Embrunois. Ebroduncii. Les
Ebrodundens avoient au nord les Brigantes , au le-
vant les Vagiens, au fud les Soutiens, & au couchant
les Caturiges,
EBRON. Voy^i HÉBRON.
IP" ÉJ3ROUEMENT. f. m. Terme de manège. Ref-
piration force & fréquente , ronflement d'un cheval
, ^ la vue des objets qui l'effraient Si qui l'animent.
EBROUER. S'ibroucr. v. rècip. Tjjrme de Manège,
qui fe dit des chevaux pleins de feu , qui font une
clpèce de ronflement , comme s'ils vouloient faire
forrir de leurs nafeaux quelque humeur qui les em-
pêche de prendre leur haleine. C'eft une bonne
marque , qu ind un cheval s'ébroue , lorfqu'on veut
le retenir. Virgile l'a mis parmi les lignes d'un bon
poulain, Géorgiqucs j Liv. 3.
Tumjï quafonum procul arma dedere ,
Stare ioM iiefdc , mkac aurïbus & trémie artus 3
Coliecluinqus premcns , volvit fub naribus ig/iem.
CoUscluin igncni voîvcrefub naribus , ignem effla-
re naribus , eft , eu termes Latins poétiques, ce que
nous aDpelons ébrouer dans les chevaux. On l'a dit
autrefois des hommes qui avoient de la peine à fe
moucher j ou à èternuer.
Ébrouer. Terme de Teinturier , ou d'ouvrier en toi-
les ou en étoffes. C'eft laver & paflsr dans l'eau une
pièce d'ctofte ou de toile.
ÉBRUHART. f. m. Sorte de Religieux Mahométan.
Le Didionnaire de Moreri dit au mot Médine , que
les maifons de cette ville n'ont qu'im étage , à la ré-
îerve de celles où logent les Dervis , \QsEbruharts &c
les Cadrictes.
ÉBRUITER, v. a. Propalare^ palam facere. Rendre
une chofe publique , la faire connoître à bien des
gens. Ebruiccr eft aulli un verbe réciproque- S'ébrui-
rsr. Palam fteri j uwotcfcere. Venir à la connoillan-
ce de plufieurs perfonnes. Les affaires qui deman-
dent du fecret ne réuffUfent jamais , quand elles vien-
nent à s'e^w^r, quand on les laille e^mrer. Les
Normands difcnt ébriter.
N'allons donc pas ébruiter une affaire
Qui me. couche en époux i& vous regarde en f ère. R.
EBR EBS EBU
Ébruité , ée, part. Divulgatus.
EBS.
^fJ" EBSOM, Fontaine d'Angleterre , d'où l'on retire
un lel auquel elle donne fon nom. Foy. Sel.
EBU.
EBUARD. f. m. Gros coin de bois dur kc Se recuit^
dont on fe fert à fendre le bois dans les forêts.
ÉBUDHS. Foyc:( Westernes.
EBULLITION. f. f. Ebulluio. C'eft une raréfaûlon des
liqueurs faite par le feu , ou par la rencontre des
fels de diflérente nature ; comme quand on mêle
de l'huile de t*rtre avec de l'huile de vitriol. M.
Harris définit Vebullicion , un grand bouillonne-
ment , agitation , ou effervefcence , qui s'élève par
le mélange des acides avec les alcalis , duquel naît
un mouvement intérieur & violent des patries du
fluide , caufé par l'agitation, & , s'il eft permis de
parler ainlî, le débat des parties de différentes na-
tures/M. Boyle a prouve par des expériences qu'une
ébuUitlon confidérable peut être produite fans cha-
leur ; qu'elle peut produire lui degré de froid
plus grand qu'il n'étoit en chacun des corps pris en
particulier , & que ce froid ne vient que de leur
mélange, quoiqu'accompagné d'une grande agi-
tation, d'un grand tumulte, d'un grand bruit, &
d'écume. Car, ayant jeté une partie d'huile de vi-
triol dans douze parties d'eau commune, ce mélan-
ge fut d'abord fenfiblement chaud. Il plongea de-
dans la phiole d'un Thermomètre jufqu'à ce que
l'efprit de vin qu'elle renfermoit ^it pris le degré
de chaleur de ce mélange. AlorSj ayant mis dedans
une quantité convenable de fel volatil , de fel am-
moniac , pour abforber les acides de ce mélange,
l'efprit de vin qui éto.it dans le Thermomètre , def-
cendit jufqu'à un pouce. Harrjs. Quelques Phyfi-
ciens ne fe fervent de ce mot que pour lignifier un
mouvement fait dans une liqueur fans féparation
des parties , comme quand du lait nouvellement
tiré, ou une autre liqueur femblable , bout fur le
feu, & qu'après Vébullition il demeiue comme il
étoit auparavant. Quelquefois ce fera un trémouf-
fement caufé par une ébulUtion de toute la mafls
des humeurs , qu'on fentira à-peu-près comme
une cloche qui tremble encore après avoir fonné.
P. Le Comte.
%T Le terme d'<?'ïa//irionjconfidéré fuivant l'idée,
qu'on y attache dans i'ufage ordinaire , n'eft autre
chofe que le mouvement que prend un liquide qui
bout furie feu j& on le dit en Chymie de deux matiè-
res qui,en fe pénétrant,font paroitre des bulles d'air.
Sous ce point de yuejOn a confondu ce mot avec ceux
^effervefcence & de fermentation , dont on a fait
trois fynonymes , parce que \&sfermentations fonc
ordinairement accompagnées d'effervefcence & d'e-
buUicion, Mais,puifqu'il eft prouve parles expérien-
ces de M. Boyle , que l'on vient de rapporter , qu'il
peut y avoir une ébullition,mème: conudéraWe, fans
chaleur , ôc qu'elle peut même produire un degré
de froid plus grand qu'il n'étoit en chacun des corps-
pris en particulier ; puifqu'il eft certain d'ailleurs
qu'il y a des effervefcences fans ébulUtion. ( Foy. Ef-
fervescence. ) il réfulte que Vébullition &c l'effer^.
vefcence font deux adrions, abfolument diftindles, 8C
qu'elles ne font pas moins diftinguées de la^ fer-
mentation, Foyc-^ ce mot.
Ebullition , fe dit en Médecine des petites élevu*
res , ou taches rouges qui viennent fur la peau. Il
a une ébulUtion par tout le corps. \ une ébulUtion de
, fang.
Ebullition , fe dit aufli par rapport aux animaux^ &:
en particulier par rapport aux chevaux , dans lef-
quels ces petites élévures , que caufe Vébullition du
fang j ne font pas ordinairement fort dangereufes,
quoiqu'on les prenne quelquefois pour du farcin.
Pour rafraîchir les chevaux , Hc les guérir , il ne
EBU EGA
faut que leur faire manger du fon avec une once de
foie d'Antimoine par jour, & ne les point faire
faigner , qu'après qu'on aura éprouvé que ce remè-
de ne les aura poinc foulages.
ÈBURONS. Nom de peuple, hburones. Les Eburons
étoient un ancien peuple de la Gaule Belgique fi-
lués le long de la Meuie, dans la contrée où turent
enfuite les Tongres i c'eil le pays de Liège. Clu-
VIERj HOFFMAN, MaTY.
ÉBUKOVICES. Nom de peuple. Ce font les anciens
habitans de la ville ic du Territoire d'Evreux. Ebu-
rovices. Les Eburovices , peuples de la Gaule Celti
que, avoient les Velocafles au nord , les Lexoviens
au couchant , les Aulcrces Diablintes au fud , & les
Carnuttis au levant.
ÉBUSE. Nom ancien de l'Ifle d'Yvica. f/'w/àj. L'Iile
à'EbuJc ne prodaifoit aucun animal nuifible , Plin.
L. III. C. 5. il y avoir dans cette Ifle une ville de
même nom , bâtie, .i ce que l'on croit j par les
V\\Qïi\c\ens. Ebujus , Ebujid. Jjilius Italicus , L. III.
V. 3(î5. femble i'infinuer. Pour fa iituation , ^^oye^
YVICA.
EGA.
ÉCACHEMENT. f. m. Frollfure, brifurede quelque
corps dur , enloncemeiu , ^u plutôt entonçure
faite avec violence. L'entlalis eft une efpècede con
tufion qui conlifte dans XccachcmcntUc la brifure de
l'os du crâne. Dionis. Contufio^ dcprejjlo, conjraciio,
difrupdo.
ÉCACHER. V. ad. FroilTer , écrafer, brifer par une
prefiion violente. Ohlider^ _, obcerere. On m'a mar
ché fur les pieds , je les ai tout écachés. On ccach
du fucre , du fel , des minéraux , lorfqu'on les
égriige , qu'on les réduit en poudre , en les pr elfant
par quelque chofe de pefant.
^fT EcACHER , chez les Tireurs d'or , c'eft aplatir le
fil , en le faifant paflTer entre deux meules du
moulin.
fiC? EcACHER la cire. C'eft la pétrir , jufqu'à ce qu'il
n'y ait plus ds parties plus dures les unes que les
autres.
ÉcAcHEjÉE. pnrt. & ad j. Offrir;/ j. On dit communé-
ment , un vifage écacké , quand il eft plat ; un nez
i-cjcké, quand il eft camus j peu élevé j & large par
en bas. Fatulus.
ÉCACHEUR dor. f. m. Ouvrier qui écachel'or. Ob-
truor.
ÉC.'^FER. V. a Terme de Vanier. On dit, EcaferYo-
fier , pour dire j ôter la moitié de l'oficr pour
ourdir.
ÉCAILLE, f. f. Squarriii. M. Ménage dérive écaille
dtii'U^YienJcûglia ,Sc cq\\iÏ-c\ du h-xùn fquamula ^
diminutif de Çquamc,. Coquille, croûte dure qui
couvre les poilfons qu'on nomme teftacées. Ecaille
d'huitre. Les moules font enfermés dans des écail-
les. On fait des cabinets , des tables èi écaille de
tortue. Il y a des ccaillcs de tortue larges de deux ou
trois pieds. Si l'on ôte'aux tortues leurs écailles, &
iî on les rejette en mer, il leur en revient de nou-
velles.
Écaille j fignifie encore cette couverture qu'ont pref-
que tous les autres poilfons , qui n'eft pas continue,
mais qui eft féparée en plulicurs petites pièces , ar-
rangées fur leur corps comme les tuiles ou les ar-
doifes fur les maifons. Ce font de petites parties
dures , rondes , plates , ordinairement tranfparen-
tes , qui couvrent la peau des poiftbns & de cer-
tains reptiles.Les carpes ont de grandes écailles do-
rées. Les foies ont de trçs-plîfites écailles. Les croco-
diles ont des écailles dures & épaiftes.
Écaille , fe dit de cette croûte dure des pommes de
pin , dans laquelle le pignon eft enchaffé.
Écaille , fe dit .nulfi des pièces de fer qui compofent
une armure, des taffettes qui font au bas des cui-
raftes , qui fqnt pofées l'une fur l'autre en guife
, à' écailles. Les Latins ont aufti appelé c^la fqitama.
Écaille de mer , eft une pierre dure dont les Peintres
fe fervent poux broyer les couleurs-
. E C A /15
Ecaille , fe dît aufll de certaines croûtes ou parties
minces & légères qui fe détachent de quelques
corps. Le ftuc qui n'eft pas bien fait tombe fouvent
par écailles. Le malheur des tableaux à frefque ,
c'eft qu'il en tombe toujours quelque écaille. Un
tableau tombe par écailles, lorfque , par vétufté ,
ou par le détaut de l'impreihon , il s'en détache de
pentes parcelles. Les galles lèches s'en vont par
écailles. Les Sculpteurs appellent aufli écailles , les
éclats de marbre qui tombent lorfqu'ils taillent ou
dégroftilfent un bloc.
Écaille , fe dit aulîi des ouvrages qui font faits àl'i-
mitatioii des écailles ,S<. qui en ont la figure, com-
me plufieurs ornemens d'architedure, de ménuife-
rie , de broderie , de tapifterie , Sec. Il y a une ef-
pèce de tapifterie deBergame nommée écaille , pat-
ce que les façons dont les Ouvriers les embelliftent,
imitent les écailles de poiflon.
Écaille de fet;i, d'acier , de bronze , ou d'airain ^ fe
du des parties decesméraux qui s'en fépareut, lorf-
qu'on les bat Se qu'on les met en œuvre.
(fT On appelle abfnlun-.entcca///.?, de Vécaillede
tortue. Tabatière d'écaillé. Tablettes couvertes d'cr-
cailles.
Ç3' Les Rotaniftes donnent aulfi le nom d'écaillés
à des productions qui approchent de la figure d'une
écaille de poilfon. Elles forment l'enveloppe des
boutons. On en trouve fur les calices de quelques
fleurs , fur les chatons , fur les bulbes , &c. Les cô-
nes du fapin font des fruits à écailles , ou ccailleux.
Squame ,fquamofus. Dun.
L'Ordre de l'Ecaille. Ordre militaire en Efpagne ,
qui , félon quelques Auteurs, fut établi en 1516.
ou 1 3 13. & , félon d'autres , en 142.0. fous le règne
de Jean IL L'opinion la plus commune eft que ce
fut en 1518. mais on ignore quel en fut l'Inftitu-
teur. Les Chevaliers de M Ecaille portoient fur un
habit blanc une croix rouge, écaillée, ou formée
d'écaillés , & faifoient vœu de défendre Se d'éteri-
dre la Religion Chrétienne, de mourir , s'il éroic
néceftaire pour cela , & de chalfer les Maures du
Royaume. Juftiniani , T, IL C. 50. où il donne une
lifte des Grands-Maîtres , depuis 1318. jufqu'eu
16^7. qui font tous les Rois d'Efpagne. Il y marque
aulli les Auteurs qui ont écrit de cet Ordre,
ÉCAILLE , ÉE. adj. Qui a la peau couverte d'écail-
lés. Les Poètes appellent les poiiTons , les peuples
écaillés , ou la troupe écaillée. Squamatus , Jqua-
nicus , fquamofus J'quamifer ^fquamiger.
Écaillé. Terme dont on ufe dans leBlazon ^ en par-
lant des poilfons , on l'accompagne fouvent du rnot
ombré. Il portoitdi fable a*u crocodile d'argent écail-
li ôc ombré de finople.
Écaillé , Ée. Incifé, travaillé en écailles. Infquamas
incifus , elaboratus. On dit , en Botanique , que la
racine de la dentaire eft écaillée , c'eft-à-dire , incifce
, en écailles. ^ 1 / -it '
ÉCAILLER, v. a. Defquamare. Oter les ccaïUes a un
poilfon. A Rouen on ouvre^on écaille les huîtres par
le dos , & plus proprement qu'à Paris. On n'écaille
poinr les carpes qu'on met au court-bouillon. On
écaille le faumon , la morue.
Écailler , fe dit avec le pronom perfoiuiel, descho-
fes qui tombent par croûtes , fe détachent par peti-
tes parties , comme des écailles. Les enduits de plâ-
tre font fujets à s't-cji//er. Les tableaux fur du bois
ont cet avantage, qu'ils ne font point fujets à s';c.zi/-
ler. Les peintures à frefque font fujettes à s'écailler y
l'enduit s'en écaille aiféinent,& fe détache du corps ^
de la muraille. a 1 ' 1
Écaillé, ée. part. Defquamatus. A qui on ote les écail-
les. Carpes écaillées.
ifT On le dit aufli, dans un fens contraire , pour
dire qui eft couvert d'écailles. Animaux écaillés.
7^ove? plus haut. ,
|tr ÉCAILLER , ERE. f m.& f Celui ou ceUe qui
vend des huîtres à l'écaillé , qui les ouvre OJ/rca-
rius, Oflrearia. Ecaillcur n'eft pas uiitc. Faites ve-
nir {'Ecailler.
$%.€ EC A
ECAILLECfX, EUSE. ^à]. Squamofus-.V'icnt ^ on au-
tre corps dur qui le lève par écailles. L'ardoile de
Mézières eft peu eftimée, parce qu'elle eft éca'd-
Utifc.
EcAiLLEUX. Compofé de plufieurs écailles. En Botani-
que , on dit que la racine du lys ell écailieuje, Voy.
Écailles,
En Anatomiej la partie fupérieure des os des
tempes eil appelée fquammeule , ou écadUujs _,
parce qu'elle elt fott mmce. Dionis.
EcAiLLEUX. Semblable à des écailles. Une cicatrice
didormi , en manière de croûte un peu e.ca'dku.fd.
DvvEKUEY^fis j Je. des Se. IJ02. Mém. pjg. 204.
La tète & la poitrine des araignées eft couverte d'u-
ne peau dure &: écailkufc. Hqmberg. Mim. de VAe.
"ECAILLONS. 1. m. pi.] En termes de manège , ngni-
iîe quelquefois les crocs ou crochets d'un cheval.Ges
derniers mors font feuls en ufage. On ne dit plus
écaillons. '
ECAIN. f. f Nom d'homme. Ecchanus. A Clonefort
au Comté de Meath j en Irlande j S. Ecain, Evèque.
Chastelain.
1^ ECAi.E. f. f. Couverture extérieure qui renfer-
me la coque de certains fruits. Ecale de noix. Puta-
men juglandis. On le dit de même des coquilles
d'œufs, & de la peau des pois qui fe détache quand
ils cuifent. Eeales d'œufs , écales de pois. Oi\ fait
des clepfydres ou poudriers avec des écales d'œuf
féchécs & pul V érilées. On fait un beau noir avec les
écales ÀQ noix , lefquelles on appelle en plufieurs
endroits des calots.
Egale , en termes de Marine , c'eft une arrivée ou
mouillage dans un port, ou une côte, paroccalion,
pour éviter la tempête, ou les ennemis , ou pour
acheter des vivres j iur-tout quand on y a quelques
habitudes & communication. Exjcenjzo , exjcenfus.
Ce vailfeau marchand a fait ècale dans l'embou
chars de cette rivière , pour y faire la traite avec les
habitaus. Les écales pour les navires qui partent de
Bordeaux , ou de Bayonne , pour Terre - Neuve ,
font Oléron , Brouage , la Rochelle , pour y char-
ger du fel ,ou du bifcuit. Ecale jou ej'cale , eft par-
mi les Marins , & fur-tout les Marins Provençaux,
la même chofe qu'échelle , en Latin fcala. Voye-:^
Echelle.
03" EcAL£ , à la monnoie. Profondeur d'environ trois
pied'j qui eft au pied du balancier , où le monnoyeur
fe place , pour être à portée de mettre commodé-
ment les flancs fur les carrés. Encyc.
EGALER. V. a. Ôter l'écale , ou l'écorce. Vummen de-
trahere , deconicare. ]£caler des pois , écaler des
noix. Il eftaufii rccip. Les pois s'(;tvz/tf/2r quand ils ont
bouilli.
Egalé , ée Part.
ECaLOT. f. m. Se dit en quelques Prcîvinces pour
tioLv , en prenant apparemment la partie pour le
tout, c'eft- à-dire, l'écale ou la coque pour la noix.
C'eft quelque chofe de plailant que la Lettre à la
DucheiTi'; de Bouillon , où l'Abbé de Chaulieu j en
fe moquant de Ménage , fans le nommer, fe fait
demander par Madame de Chaulieu li le mot de
coque eft plus Frar.çois q\.\écale. Il décide en faveur
du premier , d'où il tire les étymologies de coquin ,
coquette &c coquertt'.r., en fuivant la méthode de Mé-
nage. P'oye-^ les (Euvres de l'Abbé de Chaulieu.
Plufieurs Piovinciaux retranchent Ve (Hécalot , ôc
Fureti'jre , au mot calot , dit que c'eft ainfi que. les
enfans nomment les noix , Se qu'on les appelle ainfi
par totite la campagne , où l'on nomme aufli l'ar-
bre qui les porte un calotier. Caler , félon le même,
fedit pour eca/<?r, ôtsr la première peau des noix
vertes. P^OYe:^ Ciialler.
ECAQUEUiR., qu'on nomme auili Caqueur Se Ete-
teur ^ f. m. C'eft le matelot qui , dans la pêche du
hareng , eft charge de le caquer.
ECARBbUILLER. v. n. Contundere. Terme populaire
qui fignlfie écrafer. Il lui a écarbouillé la cervelle,
pour dire, illuiatcralé la tête avec unemalFue,
EGA
un marteau. Voilà une pomme toute écarbouillée ,
aplatie, écachée.
Ecarbouillé , ée. part. Contufus.
$Zr ECARISSOIR. F'oye:;[ Equarrissoir,
§C? ECARLATE. Il f. L'une des fept belles couleurs
en rouge. Couleur rouge & fore vive. On croie
ordinairement que Yécaiate eft la graine d'un ar-
bre , qui eft une efpèce de chêne vert , & qui
produit la plus belle des couleurs &c la plus chè-
re , qui eft d'un rouge fort vif. Le P. Plumiec
a fait là dellus des découvertes très-particulières.
Il a trouvé que ïecarlate eft une petite excroif-
fance ronde , rouge , & de la grolleur d'un petic
pois , qui croît fur les feuilles d'un petit arbrilleaii
qui eft une efpèce d'yeufe , & qu'on appelle ile:c
aculeata cocci glandifcra. C. Bauh. Piiiat. 415. En
certaines années on en recueille une grande quan-
tité dans la Provence & dans le Languedoc. La ri-
vière des Gobelins a une eau propre pour teindre en
écarune. On fait cas de Xécarlate de Venife fur tou-
tes les autres. En Latin ccccus.
Ménage dérive ce mot de l'AlIemandyctîr/^f, on
du Flamand fcharlahen , d'où les Italiens ont fait
Jcarlaco , & l'Anglois fcarlet. Il vient plutôt de
fquarlerc , mot Celtique Se Bas-Breton , lignifiant
écarlate. Daléchamp dit qnefcarlatum a été dit par
corruption pour cujculiatum j qui éroit un nom bar-
bare, venu d'Elpagne. D'autres le dérivent de l'Arabe
yxqucrlàte. On fe lert d'étain pour la nouvelle cou-
leur exquife ïecarlate , & , pour cela , on en dif-
fouc des barres dans l'eau-Iorte, laquelle change la
couleur du rouge cramoid en couleur de feu. On
l'appelle auih cochenille ; & il y a une autre efpèce
de cochenille^ qui eft un petit ver gris qu'on ap.porte
des Indes : c'eft celle dont on fait ['écarlate de
Hollande, /^oyeij- Cochenille , & Kermis. Voy.
auiîi le petit Traité Phyfique de cochinilla ,^ de
Chrirtûphe Frid. Richter , imprimé à Le:phk >
en 1701 , & la Diirettation du P. Plumier, fur la
cochenille.
Écarlate j fe dit auflî de l'étoffe léims à' écarlate ^
Murex ^ purpura. Habit j manteau Xécarlate. On
tire un beau rouge de la teinture à'ecarlatc^ dorUf
on fait un fard pour rendre les lèvres rouges. Les
Plumafliers s'en fervent auOi à teindre leurs plu-
mes \ Se on extrait cette couleur fans qu'elle fouffra
aucun déchet ferillble. Vécarlatc rouge doit être
teinte en graine à'écarlate, &c de vermillon , ou
paftel à' écarlate J) comme étoienr les anciennes écar-
latcs de France , qu'on nommoit des Gobelins ,
fans mélange d'aucuns aurr.es ingrédiens. L'écarlate
incarnate cramoifie doit être teinte avec cochenille,
maftic , eau-forte, fel ammoniac, fublimé & ef-
prit de vin , pour donner le bel œil & le luftre.
On y peut ajouter la galle à l'épine, la terra mérita
& le tartre de Montpellier , & elle doit demeurer
vingt- quatre heures dans le bain , après avoir pris
Lèvent.
On ditj figurément ,'. d'une perfonne qui a les
yeux fort rouges , qu'elle a les yeux berdés d'«-
carlate.
Écarlate. f. m. Terme dâ Fleurifte , nom d'une
1-leurqui fe nomme autrement Croix de Chevalier,
eu Croix de Jérufalem. JIos conjiantinopolitanus.
Cette fleur , que quelques-uns appellent Reine des
plantes , produit , à l'extrémité de fa tige , quantité
de petits boutons, qui forment comme un parafol j
lefquels s'étant ouverts reftemblent à autant de pe-
tites croix à' écarlate ; & c'eft de - là que vient le
nom qu'on lui donne. Elle veut beaucoup defoleil,
une terre à potager : oit l'arrofe quand elle en a
befoin. Morin.
ÉCARLATIN. f. m. Efpèce de cidre que l'on fait
dans le Cotantin , pays de Normandie , en France.
S.rera purpurea, on Jubrubra è pomis conjecla. Les
cidres abondent dans le Cotantiti, & y font excel-
lens, principalement \'Ecarlatin, qiii reflemble ^
en coul'^ir , au vin paillé , Se l'égale prefque etl
borné. Du Moulin. Hi/i, de Norm, Difc.p. 6.
EGA
0Cr ÉCARLAÏINE. (Fièvre) Efpcce de fièvre qui
rend la peau très-rouge. On ne le dit que dans
cette acception. Fièvre écatiatine. adj. féminin.
ÉCARNER. V. a. Echancrer^ rompre, brifer , faire
tomber les carnes, les angles extérieurs d'une chofe.
Selon Delcartes , Dieu forme d'abord une malfe
immenfe de matière homogène, & dont toutes les
parcelles font dures , cubiques, ou du moins an-
guleufes. Enfiiite il imprima à ces parcelles un
mouvement double : il les fait tourner, la plupart,
fur leur centre, & divers pelotons d'entr 'elles au-
tour d'un centre commun , ce qu'il nomme tour-
billons. Cela fait, félon lui , tout eft fait; &, du
frottement de ces parcelles ccamée^s par leurs an-
gles , il s'en tor-meta une poullière très-fine , qu'il
nomme le premier élément, ou la matière fubtile....
Sped.. de La Nat. iom. 4. p. S4'f > S-4-S- Le grand
Defcartes , en écarnant fes cubes j en a vu naître
lefoleil, l'or & la lumière même , p. 547. Foye\
Cartéfianifme & Monde de Delcartes.
ÉCARQUILLEMENT. f. m. L'adion d'écarqiiiller.
Il eft populaire.
ÉCARQUILLER. v. a. Terme populaire. Ecarter ,
ouvrir. Divaricare. Il ne fe die guère qu'en ces
prhafes, écarquiller les jambes, écarqullUr les yeux ,
pour dire, les ouvrir autar.t qu'on peut. Quel-
ques-uns difent écarnller les jambes. On fait mieux
de ne dire ni l'un ni l'autre.
ÉcARQUiLLÉ, ÉE. part. & zà]. Divdricdtus. Ils mar-
chent écarqulllés ainû que des volans. Mol.
ÉCART, f. m. Adion, mouvement qui éloigne d'un
certain point , d'une diredion particulière. Il fit
écart pour éviter le coup. Son cheval eut peur, fit
un écart ^ & le renverfa.
§3° On. dit qu'un cheval a pris , ou s'eft donné
un écarts pour dire qu'il s'eft eftropié en faifant
un écart.
Ecart y fe dit auiîî en plufieurs jeux de cartes , c\
fur-tout au Piquet , des cartes qu'on rebute de fon
jeu , & qu'on met à part pour en prendre d'autres
au talon. ChartuU rejecia , fepojitx. Il n'eft pas
permis de reprendre des cartes de fon écart.
Ecart , en termes de danfe , eft un pas qui fe fait en
avançant un pied à quartier, de côté j & en le rap
prochant de l'autre, en baifiant la pointe , & levant
le talon.
Ecart , fe dit , au figuré , de tout ce qui s'éloigne de
la direétion qu'on doit fuivre j de la règle à laquelle
on doit fe conformer, des principes reçus, &c. Di
grejjïo. Cet Orateur a fait-là un terrible eMrr; pour
dire, il s'eft terriblement éloigné de fon fujet. Ho-
race fait des écarts furprenans dans fes Odes. Per.
C'eft un étrange homme, & qui eft fujet à de grands
écarts ; pour dire que fa conduite n'eft pas bien
réglée.
Ecart, en termes de Marine , fe dit de la jondtion ,
aboutltTcment de deux bordages , ou de deux pré-
cintes entaillées. ' cinfimpU , eft celui où les pièces
fe touchent hmplement, fans être endenrées. Ecart
double _, eft celui où les pièces de bois font enden-
rées l'une fur l'autre.
En termes de Rlafon , \ écart fe dît de chaque
quartier de l'écu divifé en quatre , &: fur-tout de
ceux qui font après le premier. Quairans. Les Ar-
mes principales de la maifon fe mettent au premier
& au quatrième écait ou quartier \ 8c au deuxième
& troifième celles des alliances , ou de la mère. On
dît auftî des contrécarts, des parties de l'écu contre-
cartelé.
(fT En termes de Maréchalleric , on dît qu'un
cheval a pris, s'eft donné un écart ; pour dire qu'il
s'eft eftropié , en faifant un écart. C'eft une disjonc-
tion forcée du bras d'avec le corps du cheval , qui
arrive, ou dans la chute, ou par les efforts qu'il
fait en fe relevant, ou lorfqu'en marchant les jam-
bes fe portent du côté & en dehors.
A l'Ecart, adj. A quartier, à part , & quslqucfois
dans un lieu ecarri, àhonxné. Seorfîm ^ clam. Ce
banqueroutier a mis fon bien à ïécart^ à couvert
EGA J17
defes créanciers. Mettez-vousà l'c'wrf ; c'eft-à-dire,
rangez-vous. Il a thé cet homme à \'cc..it pour lui
dire un mot .1 l'oreille. Je me fuis mis à Wcart, Se
n'ai point voulu m'engager dans la difpute. Il cher-
che quelque heu à {tcart, & éloigné du biuit,
pour s'y retirer. Il a trouvé fon ennemi à l'.c /z,
6i l'a aliailiné. Vivre à ïccait, &c loin de la vue du
monde. S. Evr.
Dans cette grotte fombrc un Berger amoureux
Deploroit à i"éca.ïtfon dejlin malheureux. Seg.
fCP Mettre à Vécart &; écarter ne font point fyno -
nymes. On met à Vécart les chofes qu'on veut , cju
qu'on peut reprendre en fuite. On écarte celles donc
on veut fe débarraller pour toujours.
ECARTABLE. adj. m. &c f. Terme de Fauconnerie,
qui fe dit des oifeaux qui font les plus vêtus , &: les
plus coutumiers de monter en elfor, quand le chaud
les prelfe.
ÊCARTELER. v. a. Mettre en quartiers, tirer à quarte
chevaux. Difirahere , divel/ere. Les criminels de lèfe-
Majefté, au premier chef, font écarte lés. Sur mer, on
écartèle un criminel par le trait de plufieurs galères.
EcARTELER , cu termes de Blafon j fignifie dwifer
reçu en quatre quartiers : ce qui arrive lorfqu'il eft
parti & coupé. Secare quadnpartitb j partiri qua-
drantlbus j in quadras dïvïdcre. Monfeiggeur le
Dauphin écartèle de France & de Dauphiné. Ce
Seigneur porte écartelé d'argent & de lable. On die
aufli cox\nQ-écarieler un écu , lorfqu'un de fes quar-
tiers eft derechef écartelé ^ ou divifé en quatre. Il y
a des écus zonx.KZ-écartelés , qui ont jufqu'à vingt 6c
vingt-cinq écarts.
Ecartelé , ée. part.
ECARTELURE. f. f. Terme de Blafon. Partkio in
quadras. Divifion de l'écu écartelé. Vécartelure ferc
quelquefois de brifure pour diftinguer les cadets des
aînés. Quand Vécartelure fe fait par une croix, le pre-
mier & le fécond quartier font ceux d'enhaut ; le
troifième Scie quatrième font ceux d'enbas, en com-
mençant à compter pat le côté droit. Quand Vécar~
telure fe fait par un fautoir , ou par le tranché «Se
taillé , le chef & la pointe font le premier «S: le fé-
cond écart ou quartier,, le flanc droit le troifième ,
le gauche le quatrième i & alors on appelle auiîî
l'écu flanqué.
ECARTEMENT. f. m. L'aétion d'écarter , l'état de
ce qui eft écarté. Disjunclio , feparatio. La difpofi-
tion convulfive des inteftins agilfant fur les deux
feuilles de la valvule du colon , en procure [' -carte-
ment y à-peu près comme la convulfion appelée ris
Sardonique écarte les deux lèvres. Journal des
Sav. p. 614. Ces mufcles fervent à faire V écarte-
ment des doigts. Il ne faut employer ce mot qu'en
termes d'Arts. L'ufage jufqu'ici ne va pas plus loin.
ECARTER. V. a. Eloigner , féparer, difperfer. Ces
mots ne fe reffemblent que par l'idée générale qu'ils
prcfentent, d'une aétionpar laijuelle on fait difpa-
roître un objet de la vue. Eloigner, dit plus, &
déligne une plus grande diftance. Séparer x\ 2. ^wzVlXi
rapport à Ja diftance. On fcpare ce qui eft uni ou
mêlé. Les choies /e'parées peuvent être contigues.
Difperfer marque une diftribution en des lioux dif-
férens. On écarte les chofes dont on veut fe débar-
rafier. Seponere y rejicere y amovere. Un favori tâ-
che ^écarter tous les gens qui lui font fufpects. Les
Courtifans n'oublient rien pout écarter ceux qui leur
font ombrage. S. Real. Ne t'enorgueillis point de
ton équipage; car on c'a r;^ tout cet attirail, qui
eft étranger , pour pénétrer jufqu'à toi. La Bruv.
Ecarter les ennemis à coups d'épée. Abl.
Laiffe\-moi de T Autel écarter une mère. Rac.
03" Ecarter , fe prend quelquefois dans le même
fens que détourner. A via deducece , avertere. Il eft
employé au propre & au figuré. \Ecartcr quelqu'un
du droit chemin, ^'curre/- la tempête , les raauvai-
ji8 EGA ECB
fes penfées. La laifon ferc à ccarur le foavenlr clesl
maux.
Ecarter , fe dit en ce fens avec le pronom perfon-
nel. JJigredi , feccdcre, deciinare, Ons'dcane beau
coup par cette route. Ils s'étoient écartés pour piller.
Ablanc. Les rayons qui partent d'un centre ^\car-
tcnt toujours. Vous vous êtes trop ecané de l'ori-
ginal. On dit auHi, à un homme dont on doit avoir
bientôt atFaiie, ne vous écarte:^ pas, ne vous en allez
pas loin d'ici. Ecartei-vonsàQS mondains, & vous
icparezdeceux qui peuvent corrompre vos mœurs.
Flech.
Écarter j fignifie aufîî , éparpiller. Ce fufil écarce fon
plomb.
On dit, proverbialement , qu'un homme écarte
la dragée , quand , en parlant, il jette quelques me-
nues parcelles de lalive fur ceux qui font pies de lui.
ÈcARTtR , (ignitîe auili au jeu , laire un écart , &c ie
défaire des cartes dont on ne veut pas fe fervir. J'ai
écarté mo:) jeu , j'ai ccartéime quinte, nn quatorze ;
pour dire , je me fuis défait d'une carte qui m'au-
roit fait une quinte , un quatorze.
Ecarter , fignifie aulîi , faire ranger. DiJJipare. Il a
f-rllu que les Suilles fiient venus faire écarter la
foule, h'KQ écarter le peuple j pour dire, le taire
ranger. Trois ou quatre coups de hallebarde écar-
tèrent la canaille.
Écarter, fe dit de même au figuré avec le pronom
petfonnel, relativement aux lois j aux règles , aux
principes , que l'on regarde comme des directions
qu'on doit fuivre. Cet Orateur fait des digrelîions ,
il s'écarte trop fouveut de fon difcours. Vous vous
/ctjrre^ des règles de la morale Chrétienne. Port-R.
\]n Sage ne s écarte jamais du chemin droit de la
vertu. S'écarter des fentimens des autres. Abl. Les
gens timides n'ofent s'écarter d'un grand cliemin.
S. EvR. On s'imagine faire paroîrre plus de rafi-
nemSnt en s'écartant de la route commune. BeiL.
S'écarter de fon but . fe dit, en parlant des ouvrages
de l'efprit & des .'\rts , de ceux qui ne font pas ce
qu'ils s'étoient propofé.
Écarté , ée. part. On appelle un chemin j un lieu
écarté 3 celui qui eft hors le commerce des hommes ,
qui eft peu fréquenté, fecret, ou caché. Des foli-
tudes écartées. Abb. de la Tr. Un bois écarté.
ÉCARTILLEMENT. f. m. Signifie la même chofe
c^ écarquilUvient. Les Mimes & Sauteurs font des
mouvemens fi étranges j & fe plient & repHcnt en
tant de façons , que l'on doit croire qu'il n'y a
forte de pofture , de laquelle les hommes ne fe
puident rendre capables , par une férieufe étude ,
ou un long exercice j pouvant même faire des ex-
. tentions exrraordinaires , 8c écanillemens de jam-
bes ^ de cMilFcs, & autres parties du corps.... Mém.
. de Trev. Dec. 17?!.
ÉCATOIR. f. m. Efpèce de cifelet dont fe fervent
les Fourbiffeurs pour refTerrer les pièces d'une garde
d^épée l'une contre l'autre. Encyc.
ECAVEÇADE. f. m. Terme de Manège. C'eft le
nom de la fecoulTe qu'on donne .à la tCté du cheval
avec le caveçon. Il ne faut pas donner de fortes
écavecades avec les caveçons à figuette.
ECB.
ECB AT ANE. Echaranzj orum. C'étoir la capitale de
la Médie. Quelques-uns croient qu'elle fe nommoit
aulîi Achemète , & que c'eft Ecbatane qu'Efdras
appelle ainfi i. VL z. que ce nom vient de l'Hé-
breu non , Ahamat , ou Chamat , qui fignifie cha-
. . leur J de On être chaud, & qu'il fignifie lieu d'été ,
parce que les Rois y faifoient leur réfidence en été.
Mais beaucoup d'autres Interprètes prétendent que
ce mot , qui ne fe trouve que dans l'endroit que
nous venons d'indiquer, eft un mot Chaldéen , &
non point Hébreu; qu'il fignifie buffet, coffre,
armoire , archive , lieu où l'on garde les a6tes &
les titres , les chartes , les regiftres publics ; en un
mot, que c'eft ce que les Latins appellent Tabula-
ECB E C C
rlum , & les Grecs *«fre(pi/A«x;ov. Quoiqu'il en foi:,
au Livre de Judith I. i. la Vulgate fait entendre
qu'Arphaxad bâtit Ecbatane; mais le Grec fembie
feulement dire qu'il y fit des augmentations &: des
embellilfemens. C'eft dans le même fens de l'Au-
teur du Livre de Judith , que Phne, Liv. VI. Chap.
14 dit que c'eft Séleucus qui bâtit tcbatane ; c'eft-
à-dire, qu'il la rétablit, ou l'embellit, 6c l'orna.
Ecbatane hit bâtie , ou plutôt ornée, amplifiée par
Arphaxad J Judith I. i. Car il eft certain , par le
Livre de Tobie V. 8. (iixEcbatune ctoit avant
Arphaxade , dit Mariana. En effet , Hérodote ,
Liv. I. dit qu'elle fut bâcle par Dejoces , le fonda-
teur de la Monarchie des Mèdes. L'Auteur du Li-
vre de Judith dit encore que ce fut Arphaxade qui
lui donna \c ï\ox\\ à' Ecbatane , à' oxx Mariana con-
clut qu'apparemment elle avoit auparavant un au-
tre nom \ qu'en effet , ailleurs , elle eft appelée
Amatha; qu'ainfi, dans le Livre de Tobie j c'eft
par anticipation qu'elle eft nommée Ecbatane.
Diodore de Sicile dit que le tour àEcbatane étoit
de 150 ftades , c'eft-à-dire, 6 lieues. C'étoit à
Ecbatane que les Rois de Médie j & enfuite de
Perfe , avoient leurs tréfors. Hérodote dit qu'elle
avoiî fept enceintes de murailles , & que , dans la
dernière enceinte, étoient le Palais des Rois & leurs
tréfors; que ces enceintes étoient toutes plus hau-
tes les unes que les autres ; deforte que de la fé-
conde muraille on commandoit toute la première
enceinte , de la féconde la troihème , & ainfi des
autres. Toutes ces enceintes étoient de différentes
couleurs. Ecbatane étoit au midi des montagnes
de Médie, qui la couvroientdu côté du nord. Quel-
ques Auteurs difent (\n Ecbatane eft la ville de Tau-
ris, ou qu'elle étoit où eft Tauns.
Le Géographe Etienne l'appelle Agbatane. De-
là Scaliger a prétendu que ce mot eft formé de "^'y
ag, ou3f{, ac , dont il avoue qu'il ignore la figni-
ficacion , & de TJT3 , bïthan , qui , félon lui , fi-
gnifie Palais Chaldaïque. Bochart croit que ce
mot vient de royx , agbatka, qui fe dit encore en
Arabe, pour fignifier une variété de couleurs, &c
que ce nom fut donné à Ecbatane , à caufe des
iept diftérentes couleurs de fes fept enceintes de
murailles.
Ecbatane. Ville de la Paleftine. Ecbatana. VlïnejL.
V, Ch. 19. dit qu'il y avoit une Ecbatane fur le
Mont-Carmel. Bochart croit qa'Ecbatane s'étoit
fait de Bafaii : mais Bafan étoit trop loin delà , dit
M. Reland , Palejl. Tome II. p. 745.
ECBOLIQUE. adj. de t. g. Formé du C^rec tx/Sa^^aj
expulfer. Terme de Médecine , qui s'applique aux
remèdes qui hâtent l'accouchement, ou qui tendent
à caufer l'avortement. Ecbolicus.
ffF On dit 5 fubft.antlveinent , faire ufage des
ecboUques.
E C C.
ECCANTHIS. f. m. Terme de Médecine. Maladie
de l'œil. Eccanthis. C'eft une excroiffance de chair
au coin de l'œil. M. Dionis écrit eccantis Se eckantis.
Ce mot vient du Grec îyxai'S)?, qui lignifie la mê-
me chofe.
ECCATHARTIQUES. adj. & f. m. pi. Les eccatharti-
ques font , félon Gorranis , des remèdes , qui , ap-
pliqués fur la peau , en ouvient les pores ; maison
entend généralement par ce mot les défobftruans.
Ce n'eft pas qu'il ne fignifie auflî quelquefois les
expeétorans , & même , félon d'autres j des remè-
des fimplement purgatifs. Eccatharïca , de x«.^«i'fi», je
purge.
ECCÈ-HOMO,f. m. Nom que donnent les Peintres
à un tableau, où J. C eft repréfenté avec la robe
de pourpre, la couronne fur la tête , & un rofeau à
la main , tel qu'il fut préfente aux Juifs par Pilate.
Voilà un bel eccc-homo,
ECCHYMOSE, f. f Terme de Chirurgie. Meurtrljfure.
C'eft une contufion légère ou fuperficielle j qui
n'offenfe que la peaii ou le corps graiffeux. Ecchy-
mofis
£ C G
mojîs , fuggUlatio. Vecchymofe eft^ d'abord rouge
ou livide , enfuite elle devient jaunâtre & fe dilli-
pe. Pkifieurs Auteurs donnent aiifli le nom à'ecchy-
mofe aux vergetures , aux tiétnllures & aux taches
routes , livides , purpurines , qui lurviennenc à la
peau dans le fcorbut , la vérole , la rougeole , les
ricvres rouges (Se les fièvres malignes. E'x;(iu^ocriîj (î_
gnifie effulion d'humeurs. Col de Villars.
ECCISSO-VERBENNI. Ville de la Turquie , d'Eu-
rope, dans la Macédoine j entre Comonava & Fi-
iuvina.
ECCLÈSIAPv-QUE. f. m. Terme de Liturgie Grecque.
Ceft le nom d'un Officier des Fgliles Grecques.
Ecdejiarcha. La fonction de ÏEccUJi arque écoit en
quelques endroits d'airembler le peuple à l'Eglife.
Il avoir fous lui , pour l'aider , un Ledeur 6c un
Candelapte.
ECCLESIASTE. f. m. Ealefajîes. C'eft undes Livres
de l'ancien Tellament. Ce mot eft Grec , & figni-
fie , Prédicateur. Quand on trouve dans les livres
Ecc/e. cette abréviation marque que c'eft VEcclé-
fij.fte qui eft cité , & , quand il y a Ecdi, c'eft l'Ec-
cléfiaftique.
Ce nom à'EcdéJiaJle a été donné à ce livre , par-
ce que l'Auteur y déclame en Piédicateut contre les
vices & les vanités du monde : c'eft le fentiment
de Mariana & de Sa. Grotius croit qu'il eft ainfi .ip-
P'.-lé , parce qu'on y a r.amairé plulieurs belles fen-
tences lur la vanité des choies de la terre , car -\r\'j
fî j;nilie afl'embler , <rt/vaJ):,4:o. Quelques Dodeurs
Hébreux difent que c'eft parce qu'il a ramalfc beau-
coup de fagelfe. D'autres, parce que fon but eft de
ralfembler, & d'appeler à foi tous ceux qui veu-
lent prendre foin de leur faluc , & éviter les dan-
gers du monde. C'eft le fentiment de Gejerus j & ,
comme dit Calovius , parce qu'il veut les ralfem-
bler autour de foi j comme un Prédicateur aiïem-
ble fon auditoire.
Il y a des fentimens diftérens fur l'Autaur de ce
Livre i mais le plus commun eft qu'il eft de Salo-
mon i qu'il l'écrivit fur la fin de fa vie, & pour
donner des marques de fa pénitence. A la vérité ,
Grotius s'eft ima._;iné que ce Livre étoit poftéricut à
Salomon ; qu'il vvoit été fait après fa mort par jene
fais quels A ureursj au nombre de fix , & que pour
fe concilier de l'autorité , ils y avoient mis le nom
de Salomon , & l'avoient repréfeiité comme péni-
tent. Sur quoi tonde-t il tant de faits fi pofitifs ?
C'eft qu'on trouve des mots dans ce Livre , qui ne
fon: que dans Daniel , dans Eldras , & dans les
Paraphrafes Chaldaiques.Voilà toute fa raifon. Mais
on l'a folidement réfuté. En effet, i'^. les Hé-
breux , les Giacs , les Lanns , ont toujours parlé de
ce Livre , comme d'un ouvrage de Salomon. i°.
Dieu eîit-il permis que 1 Eglile Juive & la Chré-
tienne missent dans le Canon un Livre fuppofé ?
5°. Il eft vrai que quelques Auteurs ont attribué à
Ifiïe tous les Livres de Salomon ; mais ils ont feu-
lement voulu dire que ce Prophète les avoit ramaf-
fés. La raifon de Grotius eft fausse & ridicule. S'il
eft vrai qu'il y ait des mots Chaldéens dins \'Ec-
cléfiafte , il faut dire que Salomon favoit cette lan-
gue , plutôt que de nier qu'il foit l'Auteur de ce Li-
vre. Si ce Livre n'étoit pas de Salomon , parce que
Grotius y trouve quatre ou cinq didions que l'on ne
peut expliquer que par le Chaldcen &: l'Arabe j on
n'eft sur d'aucun des Auteurs de la Bible; Moife ne
fera pas l'Auteur delà Gencle. Dès le premier ver-
fet de ce Livre, il y a deux ou trois mots dont on
he trouve les vraies racines que dans la langue Ara-
bique. Combien de favans hommes attribuent à
Salomon , ou à Moife , le Livre de Job , de tous
les Livres de l'ancien Teftament celui où l'on trouve
plus d'Arabe, de Syriaque , ou de Chaldéen ? En-
fin Calovius prétend que la vraie raifon pour la- \
quelle Grotius n'a point voulu que Salomon fût
l'Auteur de VEcdcJiaJle, c'eft qu'à fon gré il y parle
pour fon temps trop nettement du Jugement uni-
verfel, de la vie éternelle, & des peines de ' en-
Tome III,
EC G
5'^$
fer, comme fi ces vérités n'étoiertt pas auflî claire-
ment établies avant Salomon dans les Pleaumes ,
dans Moiie & dans Job. Il n'y a donc point de rai-
fon doter ce Livre à Salomon : il y en a beaucoup
au contraire de le lui attribuer. Ces railons font ,
i'. le titre du Livre , qui dit que fon Auteur étoit
fils de David , &c Roi de Jérufalem. x\ Divers en-
droits du Livre qui ne conviennent qu'à ce Prince ,
comme C. I. v. li. & C. VII. v. 14. C. XII. 9. &cc.
3°. La tradition & le confentement unanime des an-
ciens Hébreux & Chrétiens.
LesThalmudirtes iS: les autres Rabbins difent que
le Livre de \'£ccléfiajie a été du temps fans être mis
dans le Canon. /^oj'tfj la Ge/nare fur le I irke Ah-
botii , f. I. coL I.& Md'ijtch. Schahbath , C. a. fol.
50. col. 2. le Midras C&heict ^ fol. 114. \q Midras
fur les Proverbes j fol. «7. i. Aben-Ezrafur VEcdé-
Jiafle , VIL 4. Maimonides Morêh Ncboch'an , L.
III. C 28. Mercérus, au commencement de fou
Commentaire fur XEcdéfiafte , p. 94. Edit. de Ge-
nève de l'an 157?. in-JoL Hottinger, Thefaur. p.
4y2.(S' SOI. Haclpanius, Not. Bibl. P. II. p. 4(î8.
<yc. Calovius 6c GejetHS fur ce Livre.
ECCLESIASTIQUE, adj. m. i?c ï'. tcdcfiaJlkus.Çhxi
appartient j qui eft deftiné à l'Eglife , qui eft d'E-
glife. Il fe dit des perfonnes & des chofes. C'eft un
Miniftre EcdéJiaJUque. Il y a dans l'Empire trois
Electeurs EcdéfiaJUques , qui font les Archevêques
de Mayenee , de Trêves & de Cologne. Il y a en
France des Pairies Ecdifiafiiques , &c. Le compuc
EcdefiastLquc?\.iik établi principalemenr pour la cé-
lébration exade de la fête de Pâques j qui règle tou-
tes les autres fêtes mobiles. Des biens Ecdésuisa-
ques , des cérémonies Ecdeslasùques. La Dilcipline
Ecdéslasùquc. Tout l'Ordre Ecdesiasùque s'appelle
autrement le Clergc.W faut craindre les cenlures-Ec-
désiastiques. Les principaux Recueils des Ecrivains
Ecdésiasdqaes ont été faits par Sixte de Sienne ,
Poftevin , Bellarmin , Trithcme , Aubert leMire,
le P. Labbe, GefnerjSimler j Perlcin,ScHltet ,Gra-
be,DuPin.
$Zt On dit fubftantivement , un Ecdésiastique ,
un bon Ecdcsiast'ujue. _ _ . . _
EccLÉsiASTiQUfc. f. m. Livre canonique de l'ancieri
Teftament. Il a été compofé pat Jelus j fils de Si-
rach. On écrit par abréviation Ecdi. Ealesiasdcus.
Ifidore, Uv. FI. Ecym. C. 2. & entre les Moder-
nes Grotius &: Drufius nient que le noilide l'Auteur
de ïEcdéJïaJlique fort Jcfus fils de Sirach, petit-fils,
du Grand-Prêtre Jefus, qui revint de Babylone avec
Zorobabel ; mais il paroit certain qu'ils fe trom-
pent. Foyei la Préface de cet Auteur , le Ch. XL.
v. 29. & le titre du Ch. LIX. &: tout ce Châpitre.Ge-
nebrard avance que Jefus , fils de Sirach , étoic
Prêtre de la race de Jefus j fils d;- Jofedec. Cela n'eft
pas sûr. S. Jérôme témoigne, dans fa Préface fur leà
Livres de Salomon , qu'il a vu ce livre en Hébreu ,
& que les Hébreux l'intituloient Paraboles. De
tout cela le Jéfuite Matiana juge que le Grandr
Prêtre Jefus compofa ce Livre en Hébreu j com-
me il paroît par le Prologue du Livre même j que
fon petit-fils le traduifit en Grec , comme il paroît
encore par le Prologue j qu'il fit cette tradudion en
Egyîce, où l'Auteur vint dans fa trente-huitième
année ; que ce fut fous le règne de Ptolomée Ever-
gères , fuccelTeur de Ptolomée Philadelphe , qui
commença de régner l'an de Rome j 1 1 , 240 avant
Jesus-Christ , que l'aïeul l'avoit intitulé Parabo-
les , & que le petit-fils changea ce titre en celui
à'EcdésJasdque ; c'eft-à-dire , "Prédicateur , parce
qu
il régie les mœurs , dit Emmanuel Sa ; enfin ,
que
le Pontificat d'Onias m. fils de Simon, Se fous le
règne d'Antiochus Epiphanes ^ Roi de Syrie. Il re-
marque encorequ'on ne fait ni l'Auteur de la Tra-
dudion Latine , ni le temps auquel elle fut faire ;
mais que , puifqu'elle eft citée d'une manière aOez
3-30 ECC ECD
uniforme par tous les anciens Pères , on ne peut
douter qu'elle ne foit très - ancienne, il lui pd-
roic qu'elle ell du Tradudeur du Livre de la ba-
gelle.
Dès le IV^ lîècle , le Livre de V Ecclésiastique
étoit dans le Canon de l'Eglife, comme il paroit par
un Concile d'Hippone, tenu en 503. & par le III'
Concile de Cartilage, tenu en 397. auquel allilla
S. Auguftin , & dont le Cli. 47. elt un catalogue
des Livres Sacrés tout femblable à celui du Concile
de Trente. Ajoutez que les Evêques de ce Concile
difent l'avoir reçu des Pères ; & par coniéquent il
étoit plus ancien. En effet. S- Cypnen, S. Ambroi-
fe , tkc. l'ont reconnu pour canonique. Depuis, In-
roccnt I. S. Auguttin, le Concile de Rome fous le
Pape Gélafe, le Décret d'Eugène IV. au Concile de
Florence j & le Concile de Trente , 1 ont aulîi mis
au nombre des Livres Sacrés. .
ECeLESlASTIvUEMENT. adv. D'une manière ec
clelîalhque. Un Prêtre doit toujours vivre eccLisius-
ti.juemthc-^ c'ett-à-dire, comme il convient à un Ec-
cléliafhque.
ECCLtSIENS. f m. pi. Ecclesiani. Lorfqu'il y avoir
quelques démêlés entre les Empereurs tk l'Eglile,le6
Painians des Empeteursapp^ioient hcctésie/ts, CQU)i.
qui étoient dans les intérêts de l'Eglife. jyijr. c/e i rt-
ves , pig. 225. Ce terme éioit odieux & injurieux ,
a peu près co.nme celui de Papille , que les fiéré-
riques donnent mamtenant aux Cacholiques , il^c ce
lui de Pipifme , par lequel ils défignent ladodiine
& la fol des Catholiques.
ECCOPE. l f. ticcjfe , amputatiû. Terme de Chirur
gie. C'ell une divilion des parties charnues, pu la
quelle on retranche une partie gangrenée ,ouchan-
creufe , &c les excroilfances qui furviennent au
corps.
EccoPE , fe ditauflî d'une efpèce de fradure du crâne
par incilîon fimple.
Ce mot vient du Grec «xoVrEiv ^ couper.
fCFECCOPROTIQUE. adj. de t. g. Terme de Méde-
cine , par lequel on défigne un remède qui purge
doucement tccoproticus.
§Cr On dit fubilantivement un .'ccoprotique , les
eccoprociqu es, pour dire les remèdes laxatifs ciui pur-
gent doucement le ventre , en ramolilFant les hu-
meurs & les excrémens.
Ce mot eft fut de la particule Grecque U j &:
de Jtc'jrçtç , excrément.
ECCOKTHATIQUE. adj.de t. g. Terme de Méde
cine, qui s'applique auï remèdes qu'on emploie
contre les obllrudtions, qui ouvrent les pores, étant
appliqués fur la peau. Eccorthaticus. On l'emploie
aulli fubftantivement. Les Ecconkatiques. C'eft un
bon Eccûrthjtique.
ECCRIN JLOGIE. f f Eccrinologia , de «xf/va , fe
parer. C'eîl la partie de la Médecine qui traite àes
excrtions , ou de l'expulfion des excrémens hors du
corps.
*' • ECD.
ECniQÎTE. r. m. Officier de l'Eglife de Conftantino-
ple. C^oye-^ PrioDECDiQUE.
ECDLISIES. f f pi. Terme de Mythologie. Fêtes en
l'honneur de Latone , qui fe célébroient à Phefte ,
ville <le Crète. Ecdusia. Un citoyen de cette ville ,
nommé Limprus , fils de Landion , époufa Gala-
tée, hllc d'Eiirytius. Lamprus, voyant que fa fortune
ne répondoit pas à fa noblelfe , ordonna à fa femme
qui étoir enceinte , de faire mourir l'enfant j fi
c'éroit une fille. Après cela il s'en retourna vifiter
fon troupeau. Pen.Lmt ce temps-là fa femme ac-
coucha d'une fille : mais, la tendrelfe maternelle
l'emp o'-tantfur l'obéilTmce qu'elle devoit à fon ma-
ri _, elle donna à cette fille le nom de Leucippe , &
jura à fon miri q-ie c'étoit un garçon. Cependant la
vérité ne pouvant ctie long-temps cachée , elle alla
au Temple d^ I atone avec fa fille , & conjura la
Déerfe de vouloir bien h changer en garçon. Sa
prière fut exaucée. Les Pheftrens confacrèrenc la
E C E ECH
mémoire de ce miracle par une fête qu'ils nommè-
rent çniTitc ^ du veibe <?'■''" j najcor , parce qffe
Leucippe avoir acquis la virilité ; S<. ^'yMna , du
veibe j ix^iiîiv j exucre^ parce qu'elle avoir quitté
les habits de Ion premier lexe, pour prendre ceux
de l'autre. ( ^nton. i.ibcralis , Ùiccamorph. 17. )
E C E.
ECEIS. Habitation d'Afiique , à fept ^lieues de Fez,
du côté de l'Occident. C'ell un pays plein , quialix
lieues de long d'Orient en Occident, lur fept de
large.
ECERVELÉ J ÉE. Qui manque de cervelle , de juge-
ment, léger &L étourdi. Cercbrofus , in^enio vai:us.
C'eft une tête ectrvelée. On dit lubftantivemenc ,
c'eft un petit eVerve/e, une jeune ecerveiee.
Ce mot vient de ceicbrum , cervelle.
ECH.
ÉCHACHE. Nom d'une Abbaye de filles de l'Ordre
de Cîteaux, dans la balfe Auvergne. Ecclesia j Echa-
Laria. L'Abbaye è^ Echache eft dans le Diocèfe de
Clermonr , envuon à huit lieues au couchant de
cett. Capitale de la Province.
ECHi^^FAUD. L m. Ouvrage de Charpenterie élevé
en lorme d'amphithéâtre peur y placer des fpeéta-
teurs, afin devoir commodément quelque céré-
monie. Eabulacum. On frit de grands echafaudspoac
voir le carroufel. Toutes les rues étoient pleines d'e-
chajauds à l'entrée de la Reine.
Ménagé dérive ce mot de l'AllemandycAw/îûtt/^,
qui hgmhoit la même chofe. Guyet le dérive de l'I-
talien catajalco \ Du Cange à'echajaudus , mot de
la balle Latinité, qu'il dit avoir fignifié tribunal ^
pulpitum editius. Il dit aulli qu'il peut venir de catay
qui étoit une machine de bois qui fervoit à porter
de la terre pour remplit les folfés j & à porter des
foldats pour attaquer des places, qui fautoient dans
la ville , après avoir rempli les fossés , d'où les Ita-
liens ont fait catajalco , Si les vieux François avoienc
fait chajaut, comme qui diroit chat-Jaux. Les Fran-
çois fe font auifi fervis de cette machine , qu'ils ap-
peloient chat. On a dit aulfi dans la basse Latinité
EJ'cûJaldus dans le même fens.
On le dit aulli des lieux un peu élevés qu'on
prépare dans les Eglifes pour y placer des chœur?
de mufique , de la fymphonie. Theacrum , pul-
pitum.
EcHAFAUD, fe dit aufii d'un petit théâtre qu'on dref-
fe en une place publique , fur lequel ou exécute les
criminels. Pegmaferale. Les méchantes adlions con-
duifent un homme farïcuka/aud,
EcHAFAUD, fe dit auffi en Architeéture, de ces plan-
ches lourenues par des rrér.aux , ou par des pièces
de bois fichées dans un nuir , fur lèfquelles fe met-
tent des Maçons , des Sculpreurs , des Peintres >
pour travailler en des lieux élevés , murs j plafonds,
& autres chofes. Il s'en fait auùi d'assemblage de
charpente pour le haut des cloches ou flèches. Il y a
aufii des échafauds volans qui s'appliquent contre le
mur , avec des cordes,dont fe fervent les Couvreurs
& Sculpteurs.
EcHAFA'jD. Terme de pêche. C'eft un lieu bâti de
bois qu'on fait en Terre-neuve fur le bord de la
mer, où l'on accommode la morue pour la fé-
cher.
EcHAFAUD. Terme de Marine , fe dit encore dé
l'assemblage de plufieurs pièces de bois &: de plan-
ches qu'on fufpend avec des cordages fur les côtes
du vaisseau , pour y chaner ou calfarer. On en
fait aufti avec des traverfins , des eccores & des
planches.
ÉCHAFAUDAGE, f. m. Conftrudion^ d'échafauds
pour bâtir 3 pour peindre, &c. & pièces deftinécs
à ces échafauds. Cotnahulcitio. Quand on veut re-
gratter une Eglife, il coûte plus en échafaudage
qu'en toute autçe chofe.
1
E C H
Échafaudage , au figuré. Les Dialogues de Ciccron
ont tout tout le mérite du Dialogue h difficile à at-
traper ; mais il y a trop de détours , de retours &
À' échafaudages , pour ufer du terme de Montagne.
, M. l'Abbé Colin.
ÉCHAFAUDER. v. n. Dreller des écîiafauds , pour
travailler [à un bâtiment. \Extruere tabulata. C'ell
une maxime chez les Maçons , que qui ne fait pas
échafauder y ne fait pas travailler. On ne le dit que
pour ce qui regarde la conftruclion des bâtimens.
ÉcHAFAUDER j fe peut dire par métaphore , & en
badinant des préparations j des préludes de quel-
que ouvrage que ce foit , même des ouvrages de
l'efprit. Ainfi ua ingénieux Auteur de notre temps
a dit :
Ayant que d'entrer en étude ,
On cherche encor à marchander \
Il faut toujours quelque prélude ,
El di^emps pour échatauder. P. Du Cerc.
Des Maçons j voyant que leur Curé étoit long-
temps à arranger fon calice & fon milFel , avant que
de commencer la Menre,difoient entre eux que leur
Curé étoit long-temps à iéchajauder. V. Menagiana,
T. II. p. 16.
ÉcHAFAUDER. C'eft auffi un verbe aftif ^ qui fignifie ,
Mettre par fentence de Juge un criminel lur un écha-
faud , pour l'expofer avec un habillement ridicule ,
à la rifee & à la honte du public. Cette forte de fup-
, plicê iVeft plus en ufage.
EcHAFAUDER, fe prend aulli,figurément,pour, décrier,
pedrede léputation. Mezerai s'en elî fervij mais
on ne le diroit pas aujourd'hui.
ÉCHALADEP. V. a. Terme d'Agriculture ou de Vi-
gneron. Ce moteft employé dans quelques endroits
pour échalatTer qui eft plus en ufage. l^oye\ ce
moc.
ÉcHALADÉ , ÉE. part. & adj. Palatus . impedatus.
ÉCHALANS. Bourg du pays de Vaux en Suide. Echa-
lanfîum. Le bourg d'Echalans eft entre la ville de
Laufane & celle d'Yverdun. Il appartient en com-
mun aux cantons de Berne Se de Fribourg i il y a un
bailliage. Matv.
ÉCHALAS.f. m. Morceau de bois refendu carrément,
qui a environ quatre pieds ôc demi de longueur , &
qui fert à foutenir un fep de vigne , ou des treilla-
ges , ou des contre-efpaliers. Pa/us , pedamentum j
ridica y JLJitumen. Les bons échalas fe font de cœur
de chàie. Ucchalas fe fait depuis quatre jufqu'à
qninze pieds de long. Les petits fervent aux vignes \
les grands aux berceaux & aux efpaliers. Les grands
échalas s'appellent autrement perches. Liger. Et
même, en plufieurs endroits, on ne les appelle point
du loai échalas , mais toujours perches. En quelques
autres on ne dit jamais échalas ^ même des petits j
on les appelle paillèau , ou peilèau ; dapaijfeau , des
paijfeaux.
Cette vigne a befoin ^échalas ; voilà une belle
butte à'échalas.
Ce mot vient, félon Nicot, du Grec ;(i«?a| j qui
fignifie an pal y ou bâton qui fert à foutenir les
feps de vigne qu'on y attache : d'autres le tirent de
l'Hébreu fchatal , qui iignifie plantavit, à caufe
qu'on les plante au pied des vignes. Du Cange le
dérive de efcharra , mot de la baife Latinité ,
quasi fcalula. On l'appelle auffi en Picardie efcarras.
Onditj ptoverbialement, qu'un homme eft droit
comme un échalas , quand il affecte de fe tenii
droit : que c'eft un vrai échalas^o^W^ avalé wc\écha-
las , quand il eft maigre & délié.
ÉCHALASSEMENT.f m. L'adion d'échalafîer, de
mettre des échalas aux vignes. Palatio , pedatio.
ÉCHALASSER. v. a. Garnit une vigne d'échalas , la_
lier aux échalas. Palare j impedare. Dans tous lesj
baux on ftipule que les Fermiers rendront les vignes
fumées , échalajjées , &en bon état.
EcHALAssÉ , EE. part. &c adj. Pedatus.
ECHALIER. f. m. Clôture d'un champ faite de p'ieux
E CH J31
eu piquets fichés en terre , entrelacés de branches
pliantes , pour empêcher que les beftiaux n'y en-
trent. Septurn ex iigno dtfecto amie arido. Les écha-
licrs diflerent des haies j en ce que celles-ci font
faites d'arbres vifs j & les autres de bois fec. Les
échalicrs font fort communs en Berri. Ce mot fe
prend aufii pour une manière de petite échelle que
l'on met en quelques endroits de ces clôtures j afin
que l'on puillé entrer plus commodément dans les
champs : ainfi' on dit , Palïèr par les échalicrs.
ECHALIS. Efcaaleïum. Les Sainte - Marthe dans le
GaHiaCItrijLT. IV. pag. 375. écrivent Echaalis.
Bourg du Dioccfe de Sens en Champagne , dans le-
quel il y a une Abbaye de l'Ordre de Cîteaux , fille
de iontenay. Cette Abbaye tut fondée en 1 1 3 1. le
11'' de Juillet, jour de Sainte Magdeleine.
ÉCHALOTE, f. f. Efpèce d'ail qui a plufieurs racines
bulbeufes , jointes enfemble , &: fibrées. Ses feuilles
font filluleules j rondes, lilles, d'un goût appro-
chant de celui de l'oignon commun , de même que
les bulbes. C&pula. L'échaUce eft bulbeufe , oblon-
gue 5 elle a l'odeur t-: le goût de l'ail , mais moins
fort. Les échalotes ont moins d'uliige dans la Méde-
cine que dans les ragoûts , dans «lefquels on en
met pour exciter l'appétit, d'où vient qu'on les ap-
pi;lle auffi en François appétits. L'échalote fortifie
l'eftomac ; elle aide à la digeftion \ elle eft' apériti-
ve ; elle chalî'e la pierre cf;s reins & de la veffie ;
elle réfiftc au mauvais air : mais auffi elle échauffe
beaucoup ; elle excite la fuif, & caufe des maux
de tête, fur-tout quand on en prend trop , ou trop
fouvent. '
Ce mot d'échalote vient d'Afcalon , ville de Ju-
dée , autour de laquelle il y avoir beaucoup de cette
forte d'oignons. C'eft pour la même railon que
quelques Botaniftes l'appellent cepa Afcalonica.
C'eft de ce pays- là qu'on l'a apportée en Europe.
On l'a nommée en vieux François efchaloigne. Foy.
Oignon.
tfT Echalote d'Efpagne. Voy. Rocambole.
^3" L'échalote fe multiplie par lewnoyen de fes
cayeux.
Echalote , en termes d'Organifte , fe dit d'une pe-
tite lame de laiton , creulée en forme de demi cy-
lindre , qui fert de languette & de couvercle aux
tuyaux d'anche. Elle eft mobile & tremblante j &
s'ouvre &: fe ferme par le moyen d'un fil de fer qu'on
appelle rafecte.
ÉCHAMPEAU. f. m. Bout de menue ligne oii l'on at-
tache l'hameçon pour pêcher de la morue-
ÉCHAMPIR. V. a. Terme de Peinture. Contourner
une figure, un feuillage J ou autre ornement , en
féparant les contours d'avec le fond. Détacher les
contours d'avec le fond.
^fT Echampi , lE. part. Voye^ le verbe.
§3"ÉCHANCRER. v.a. ufité da-is plufieurs arts &
métiers. Couper , tailler , vider en dedans en arc ,
ou forme de croiffant ^ en portion à-peu-près circu-
laire , du bois , de l'étofte , du cuir , ou toute autre
chofe. Emarginare , introrfum incidcre. Ce colet de
manteau ne va pas bien , il n'eft pas allez échancré.
Echancrer une table.
Echancré , Ée. part. Incifus.
'ifs' Echancré , eft auffi un terme de Botanique. Une
kmWQéchancréc 3 emarglnatum , eft une feuille donc
les bords font entamés, comme h l'on avoit emporté
une pièce avec des cifeaux. Les échancrures des
feuilles font en croiffant , en cœur , en pointe, &c.
On dit auflî échancrure du calice.
ÉCHANCRURE. f. f. Coupe faite en croiffimt. Incl-
sio , incifura. Echancrure d'une table j d'une étoffe-
Les baffinsdeBatbieront nm échancrure qu'on nom-
me leur gorge. Echancrure , en Botanique. Foye^
Echancré.
É'CHANDOLE. f. f. Petit ais à couvrir les maifonç.
Scandula j tegula tahularis. Apulée s'eft fervi aulîi
dsfcandularis , pour dire , fait d'échandoles. La vil -
le de Rome, dans les premiers temps , n'étoitcou-
.verte que d'échandoles. C0nJJ.1t Romam. ad bellurn
X X X ij
;32. ECH
ufque Pyrrhi fcandulïs teclam fuijfe. Pomet.
ÉCHANGE, f. m. Ce mot fert à dénommer une des
efpèces ou façons de changer les chofes les unes
pour les autres. C'eftjfuivanc le Didiionnaire de l'A-
cadémie Françoife , le change d'une chofe pour une
auttejfuivant lesEncyclopédilleSjle troc d'une chofe,
d'une marchandife contre une autre.Ces notions ne
font point exadles. ^.au mot Change les nuances
particulières qui diftinguent les mots change j troc,
échange Sc permunition. Echange , fuivant M. l'Ab-
bé Girard , fe dit pour les terres , les perfonnes ,
tout ce qui ell bien fonds; ainfi l'on fait des échan-
ges d'Etats , de charges ôc de prifonniers. Commuta-
tio. Le Roi a fait un échange de la Brelle contre le
Marquifat de Saluces. Autrefois en échange d'héri-
tage il n'étoit point du de droits Seigneuriaux.
Faire X échange des prifonniers de guerre.
ÇCT Ce mot s'emploie aufli dans le commerce ,
en parlant de marchandifes , principalement des
marchandifes en gros. Quand Rechange fe fait avec
de l'argent, onditvewre, o\i achat. Anciennement
le commerce fe faifoit par éçKai<.^c. Les hommes fe
fournllfoient mutuellement les chofes dont ils
avoient befoin ; mais ces échanges devinrent très-
difticiles à pratiquer, ou à caufe de l'inégalité des
denrées , ou parce que chacun n'avoit pas précifé-
ment ce qui pouvoir accommoder celui avec lequel
il vouloit faire {'écluinge. Pour éviter cette incommo-
dité , on inventa la monnaie , & on fit des contrats
de vente.
Ce mot vient ^exçamhïum. Mén.
Échange , fe dit aulîl figurèrent. Dans l'amour qui
eft fondée fur l'eftime & fur la vertu , il le l^ait
une échange de cœurs , & les volontés fe confon-
dent. M. ScuD. Dans le monde il fe fait une échange
continuelle de civilité & de complimens. Nie. il
m'a donné fon cœur en échange du mien. Scar. On
voit par les deux premiers de ces exemples que
quelcjuas Auteurs ont fait autrefois échange du fé-
^ninin.
1^ M. Cochin , dans (on Plaidoyer pour Made-
moifelle Ferrand , fait au(li échange féminin. Par
une échange Ç\ odieufe l'enfant légitime fera-t il
dégradé ? Aujourd'hui on ne le fait que mafculin.
ÉCHANGER, v. a. Donner une chofe pour une au-
tre. Commutare. Il a échangé fa ttrre contre des
rentes. On a échangé un tel prifonnier contre un au
tre de même qualité. Ou échange quelquefois but-
à-but, quelquefois avec retour. L'Eglife n'entend
pas que les Prêtres échangent le facrifice pour de
rargent. Il fembloit échanger ces malheureux , &
donner le Mécréant pour racheter le Fidèle. Pat.
Les marchandifes de la Taurique confiltent en blé ,
en fourrures , en beurre , en chevaux , que lesTar-
tares, habitansde la Turquie , échangent aujour-
d'hui avec les Mofcovites contre des écoiîes. Huet.
Echanger , eft aulli un terme de BlanchilFeufe , qui
hgnihe , mouiller , battre 5c égayer le linge pièce à
pièce dans l'eau. Q>n ne peut faire de bonnes leilives
, qu'on n échange le linge.
Echangé, ée. part.
ÉCHANSON. f. m, OlBcier qui préfente à boire aux
Rois, i\i\\?nnczs. PocUlator ,plncerna. Ganimède
fut ravi par Jupiter pour être fon Echanfon.'Qç mot
n'eft plus en ufage qu'en parlant de la fable , ou
en racontant quelque hiftoire de l'Antiquité. On
ne donne plus ce nom à celui qui fert à boire au
Roi , ou à un Prince. On ne s'en fert qu'en parlant
du ç,t2.nàEchanfon ; Officier de la Couronne , qui
picfente à boire au Roi dans les jours de cérémo-
nie , comme au feftin du Sacre , & autres folenni-
tés : ce que font les Gentilshommes fervans aux jours
ordinaires. Il n'eft appelé fur l'état que \q premier
F.chanfon -, Echanfni. Le grand Echanfon n'a pas
fuccédé au Grand Bouteiller. Ils éioienr l'uniSc l'au-
tre un des quatre grands Officiers de la Couronne ,
qui fignolent toutes les patentes de la Cour. Dans
ks aftes j depuis Hugues Capet jufqu'à S. Louis ,
\ Echanfon & le Bouteiller fe trouvent nommés;
ECH
Ce mot, félon quelques-uns , vient de cantharus.
Ménage le dérive du Lztm Jcantio , qui fe trouve
dans les vieux Gloiraires pour pincerna , & qu'il dit
avoir été fait de \'k\\Qma.nà^fchinken, fchinker , po-
ciUator, qui vsrfe à boire j d'autres de l'Hébreu/cAti-
ca , qui fignifie propinavit.
Il y a auffi le Grand Echanfon de l'Empire. Voye-^
Archi-Echanson.
ÉCHANSONNERIE. f. f. Lieu où fe garde la boif-
fon du Roi , & oùfe rendent les Officiers qui en ont
foin. On le dit auffi de ces Officiers. Il y a XEchan--
fonnerie-houche , & celle du commun. L'Echan^
fonnerie-bouche fait partie de l'office qu'on appelle
gobelet. Les Officiers de V Echanfonnerie-bouche ont
loin du vin & de l'eau qui font pour la perfonne du
Roi. Son Chef s'appelle chef de gobelet.
Ip- ECHANTIGNOLE. f. f. Terme de Charron.
Morceaux de bois qui font emmortoilés pour re-
cevoir l'effieu au-delTous , & qui fervent pour l'af-
fujettir & le tenir en place. Encyc.
1^ Les Charpentiers fe fervent auffi de ce ter-
me , pour défigner lis pièces qui foutiennent les
talTàux.
ÉCHANTILLER. v. a. Confronter un poids avec le
poids original \ Etalonner. Conjcrre j exigere ad
exeriplar. Le Roi a ordonné le 2 S Septembre 1689.
que le Fermier du droit de marque fur l'or & fur
l'argent fera tenu de le fervir, dans l'Argue deLion,
de poids echantiUés fur la matrice du poids de mate
,étant au Greffe de la monnoie de Lion. Boizard.
Ce terme échantdles , fignifie la même chofe qu'é-'
talonnés, & n'eft en ufage que dans le Lionnois. I».
ECHANTILLON, f. m. Ce terme a plufieurs fignifi-
cations relatives aux différentes parties du com-
merce. C'eft en général un morceau d'étoffe , de
toile , ou toute autre chofe , détaché de la pièce , &
qui lert de montre , foit pour la couleur j foit pour
la qualité. Spécimen., exemplum. Ce Marchand a en-
voyé à la Cour plufieurs échantillons d'étoffes neu-
velles qui lui font venues.
Ce mot , félon Nicot , vient de chameau. Et Mé-
nage le dérive de cantlUo , dinainutif de camus , qui
fignifie morceau.
On appelle auffi échantillons chez les Teinniriers,
douze morceaux de drap de Valogne , ou de Berry,
longs de demi-aune , qu'on garde dans le bureau
des Maîtres , pour éprouver d les autres font de bon
teint : favoir , en noir de garence , minime , rouge
de garence , couleur de Prince, écarlate rouge, rolC'
féche, incarnat, colombin , couleur de rôle , vert
gaij bleu-turquin & violet j & pouD les ratines,
quatre : favoir , d'écarlate rouge , noir de garence,
rouge cramoifi & couleur de penfée, qui font mar-
qués des marques des Drapiers & Teinturiers j &;
qui font coupés en deux, afin qu'il en demeure ua
morceau à chaque Bureau.
Échantillon. Terme de Détailleur. C'eft la contre-
partie de la taille , fur laquelle les Marchands en
détail marquent avec des hoches & des incifions la.
quantité de marchandifes qu'ils vendent à crédit.
Échantillon. Terme de Monnoie. L'on nomme ainfî
dans les Monnoiesde Lyon le poids original qu'où
nomme à Paris étalon.
Échantillon, dans l'Artillerie, eft un ais garni de
fer par un côté, que l'on arrête fur des chantiers,
ce qui fert'à former les moulures des pièces de ca-
non fur la terre molle qui couvre le trouffeau , en
le tournant à mefure par un moulinet qui eft au
bout du troulleau.
Échantillon , fe dit auffi, figurément , des morceaux
ou parties d'autres chofes, qui fervent à juger du to-
tal. Cet Auteur ne nous a laiffé que des fragmens ;,
nous pouvons juger de fon génie par ïéchamillon.
EcoMQT. un échantillon àqIqwï ftyle. Sar. J'ai fait
voir un échantillon de fa gloire. Abl. Il ne refte plus
que quelques ruines des Cirques, & des bâtimens
ancien s : mais on peut juger du rc/ut par ces échan-
tillons^
E GH
On dit proverbialement : On juge de la pièce par
XéchantiUûn. Exungue uoiiem.
Échantillon. Terme de Chevalier de lAïquebufe.
C'eft une marque qu'on prend poiu preuve de quel-
que bon coup qu'on a fait , lorlqu'on tire au jeu de
l'Arquebufe. C'elt un coup à prendre échantillon.
Échantillon , fignihe quelquefois , Modèle, mefure
conforme à l'ulage & aux Ordonnances j pour le
bois à bâcir , la tuile, l'arduile , le pavé, &c.
Exeinplar. On. a ordonné aux Paveurs de Paris de
n'etnployer du pavé que du gros échantillon , qui a
rant de pouces en toutlens. On le dit aufli des tuiles,
des pièces de bois , quand elljs font demèmegran-
deur ou grolfenr. Le bois d'échantillon ell celui qui
ell de certaine grolfeur ^C longueur ordinaire , tel
vju'on le trouve dans les chantiers.
Échantillon , eft auili un terme de Charpenterie&
de Menuiferie. C'elt un outil qui fert , comme le
trufquiujà rendre les pièces d'cpailTeur.
ÉCHANTILLONNER, v. a.En Jurifprudence. Con-
fronter un poids , une mefure avec fa matrice on
ginale, avec l'étalon, -È'-vi^^rt; adexemplar. Les poids
de ce trébucher ont été marqués & échantillonnes à
la Monnoie.
Échantillonner , dans le Commerce. C'eft couper
des échantillons d'une pièce d'étoffe , pour les faire
voir aux Marchands. C'eft auffi couper des mor-
ceaux de drap, des pièces qui viennent de la teintu-
re , pour en faire le débouiUi. /^ojej Echantillon.
Échantillonné , ee. part.
ECHANVRER la (îlalfe. C'eft lui Ater avec l'échan-
vroir les plus grolfes chenevottes qui lui font ref-
tées , après qu'on l'a concalîée dans la btie , ou
brayoïre- Ce terme ell Picard. En Normandie on
dit Ecoujfir. Chanvnr vient de chanvre, comme qui
diroit. Purifier le chanvre , en ôtant ce qui le rend
groifier Se chargé de chofes inutiles.
ÉCHANVROIR. f. m. Inltrument avec lequel on
échanvre la hlaife. P^oye^ Brwoire.
^ ECHAPPADE. f. f. Terme de gravure en bois.
Accident qui arrive , lorfqu'en forçant la réfiftance
du bois , l'outil échappe , & va tracer un fillon fur
une partie déjà gravée. Acad. Fr. On dit pourtant
dans le Dict. Encyclopédique que ce mot n'eft dans
aucun Diéti onnaire , quoiqu'il foit fort ulité parmi
les Graveurs en bois.
ÉCHAPPATOIRE. Effugium Jubterfugium. Furetière
fait ce mot mafculin,mais l' Académie, Danet& Ri-
chelet j le tont féminin. Subterfuge , moyen adroit
& fubtil pour fe fauver d'une raifon , d'unedeman-
de prelfinte \ excufe , défaite , raiion dont on fe fert
pour fe rirer d'affaire , quand on foutient un mau-
vais parti, pour éluder un argument convaincant.
La plupart des diftindtions de Philofophie font des
échappatoires qui n'expliquent pas la difficulté, mais
qui l'éludent. Trouver une échappatoire. Il a fes
échappatoires toutes ptètes. L'Acad. Il eft du ftyle
familier.
ÉCHAPPÉ. Terme de Fauconnerie, qui fe dit des
oifeaux que l'on a en main, & qu'on met en liberté
en pleine campagne , pour avoir le plaisir de les
faire voler aux oifeaux de proie qu'on lâche fur eux.
ÉCHAPPÉ, f. m. en termes de Manège, fe dit d'un
cheval engendré d un étalon & d'une cavale qui font
de différente race & de différent pays, Ihrida : com-
me , un échappé de barbe, un échappé as chevaux
d'Efpagne.
On dit , figurément , d'un fou , que c'eft un
échappé des Petites Maifons.On appelle.figurément,
un homme échappé de Juif j un homme qu'on foup-
çonne être de race Juive.
On ledit, figutément, d'un homme qui tient
d'un autre , qui a de la reffemblance avec lui.
Regarde Dorilas , cet échappé d'Efope ,
Qu'on ne peut difcerner qu'avec un microfcope ,
. Dont le corps de travers, & l'efpritplus maljait.
D'un Therjïte à nos yeux retracent le portrait.
. ECH sii
ÉCHAP PEE. f. f. C'ell la même chofe que Ffcapade.
Action imprudente d'un jeune homme qui s'éloigne
de fon devoir. Ereni impatientia , facinus foluti ac
nimium libsri adolefcentis. Si quelquefois nous bif-
fons aller notre cœur fur la bonne foi du penchant,
nous le taifons revenir , par raifon , d'une échap-
pée capricieufe. S. Evr. Par échappce , c'eft-à-dire,
de temps-en- temps , & à la déiooée , furtim , clan-
culum.
Échappée , en termes de Peinture , eft une vue dans
un payfageou tableau j une perfpeétive en lointain
qui femble fe dérober aux yeux, liecejjus. Echap-
pées de vues fe dit proprement des vues refferrces
entre des bois , des montagnes, &c. On dit auffi
une échappée , ou dts échappées de lumière; pour
dire , un rayon qui tombe lur un objer par quelque
paflage étroit , ôc qui fins cela feroit dans l'ombre
ou dans la demi-tcinte. La lumière ne donne dans
cet antre que par échappée.
On appelle aullî échappée de l'efcalier , l'efpace
qu'on ménage pour placer la defcente d'une cave
fous un efcalier. Echappée eft auffi le paffage dans
une écurie derrière les chevaux. Diverticulum.
ÉCHAPPEMENT, f. m. En termes d'Horlogerie, on
appelle échappement , la lortie des palettes de la
roue de rencontre. Vibrationum moderamen j tem-
peratio ; &quiHbritas. Le balancier a deux palettes
qui s'engrennent dans la roue de rencontre. Plus
elles y entrent avant, (?i plus M échappement (t'a. gva.ud,
parce qu'il fait que le balancier tourne davantage j
& fait un plus grand mouvement pour dégager fes
palettes. Un grand échappement eft plus agréable
qu'un petit , «S: fait mieux dodiner le balancier.
C'eft l'échappement d'une montre qui hrit la juf-
telFe des vibrarions du balancier. Vibrationes inqui-
libres facit.-V échappement dQ cet Ouvrier eft plus
élégant que celui de l'autre.
tfJ- ECHAPPER. V. n. ëc S'ECHAPPER , évader ,
s'enfuir , fe garantir du danger, fe fauver dss mains;
de quelqu'un , de quelque accident fâcheux. /^ece-
dere , fugere, evadere. Voilà fans dente la lignifi-
cation générale de ce mot. Mais il a fon idée pro-
pre qui le diftingue des autres avec lefquels on le
confond. S'évader ., c'eft s'écarter fubtilement , afin
de n'être point apperçu : S'enfuir ,zeSk. s'éloigner
avec vîtelTè , afin de n'être point pris. Nous/àyo/zj
les ennemis qui nous pourfuivent. Oh s'échappe
quand on eft pris , ou qu'on eft fur le point de
l'être. On-échappedes mams des Sergens : on échap-
pe du danger dont on eft menacé. Pericutofejub-
trahere.
^fF Ce verbe, dit Vaugelas, a trois régimes. On
dit échapper d'un danger; échapper z\x^ ei\nem\s ,
Se échapper un grand péril , échapper la potence , la
côte. Alors il eftaftif i^c fynonyme à éviter, f^oyei
ce mot. Ce verbe fe mer avec la prépolition de,
quand il fignifie j celfer d'être où l'on ctoit , fortir
de, &c. Acad. Fr. Echapper des mains des enne-
mis, du naufrage. Il fe met avec la prépolition à,
quand il fignifie n'être pas fiifi , apperçu. Echap-
per à la fureur , à la pourfuite des ennemis. Les
objets éloignés échappent i la vue. Des deux coupa-
bles l'un a échappé à la Maréchauffce , l'autre s'eft
échappé de prifon.
Le P. Bouhours a remarqué que nos bons Au-
teurs difent échapper d'wn danger, d'une bataille,
d'un naufrage; mais qu'ils difent réchapper d'une
maladie. Il a raifon , & l'on ne parle point autre-
menr.
Ce mot vient du L.itin fcaphare , qui fignifie
s'enfuir avec un efquif on \)\atôt d'achap ^ vieux mot
Celtique ou Bas-Breton , fignifiant la même chose.
Échapper, fe dit , figurément j en Morale, en par-
lant des empottemens de colère. Quand un valet
eftinfolent, la patience échappe aux plus modérés.
Il s'emploie en diverfes autres phrafes. Se dans le
fens figuré.
On dit , qu'un mot eft échappé par mégarde ,
excidit imprudenti ; pour dire , qu'on a eu i'impiu-'
J34 E C H
dcnce ou l'indifcrccion de dire quelque cliofe fe-
crete , ou chaquante. Rien n échappe à la prévoyan-
ce de ce Miniftre , il donne ordre à tout. Cela m'eft
échappe de la mémoire , je ne m'en fouviens plus.
Ilalaiiré échapper Ion Ouvrage, il l'a abandonné
au public. L'amour n échappe pouit à la vue de cel-
ECH
bols ou de chardon , qui entre dans la chair. Aculeus,
Les Bûcherons foni lujets à fe ficher des échardes
dans les doigts.
Ce mot vient de efquerde , qui (ignifiolt autrefois
une bâche tort petite , comme on voit dans le Ro-
man de Perceval.
lc£ qui le caulent : elles sen apperçoivent les pre-^ ECHARDONNbR. v. a. Ôter les chardons d'une
mieres. P. de Cl. Un Plénipotentiaire ne montre
ni humeur , ni complexion , de peur que foH le-
x;ret ne \al échappe par pallion, ou par foiblelle.
La Br. Notre vie nous échappe à tous momens j
elahitur -^ Jugit. Il ne faut pas trop luner le dif-
cours : des traits trop fins , & trop déliés , échap-
pent à l'efprit , & ne le [rappent pas alFez. Gom.
S'il m'çft échappé quelque choie contre vous , il
faut l'attribuer au chagrin qui accompagne toujours
la misère. Vaug. Je recueille les moindres Heurs
qui échappent ÀQ vos mains. Voit. Il y a des pen-
fees fi fubriles qu'ailes nous échappent lorfque nous
penfons les tenir. S. EvR.
Combien de fois , fenfible à tes ardens defirs ,
M'eji-il, en ta prïfence j échappé des foupirs.
Racine.
§C? On voit , par les exemples qu'on vient de rap-
porter que ces mots a échappe , ejl échappé ligni-
fient deux chofes tout-à-fait différentes. Dans le
premier cas il fignifie une chofe qu'on n'a point
faite, par inadvertance ou par oubli. Ce que je vou-
lois dire m'a échappé de la mémoire , cette citation
IL échappé à l'Auteur ; c'e(l-à-dire j il l'a omife , il
n'y a pas penfé , il a oublié de la faire. Dans le fe
cond cas il défigne une chofe qu'on a faite par in-
advertance ou par étourderie. Ce mot m'ell: échappe-^
c'eft-à-dire , je l'ai prononcé par mégarde, lans y
penfer , contre ma volonté.
Échapper, avec le pronom perfonnel , fignifie s'ou-
blier , s'emporter à faire ou à dire des chofes contre
la raifon ou la bienféance. Prorumpere , audere. Il
s'eft échappez, dire des injures à fon père. Si vous
vous échappe\ , du moins ne vous égarez pas. S.
EvR. Cela empêche qu'on ne s'échappe à des pa-
, rôles -déshonnêtes. Ablanc.
Echapper , fe dit , parmi les Jardiniers ,"pour poufler
avec trop de vigueur , ou pouller de belles & gran-
des branches , qui ne fruélifient pas. Luxuriari ,
lafcivire. Cer arbre s'échappe , il le faut retenir.
La Quint. Il faut ôter de ces branches qui s'ecA^/?-
pent trop. Id. Il faut ravaler toutes les branches
échappées , Se réduire tout l'arbre à commencer une
rondeur jagréable. La Quint,
Échapper, fe dit auffi des étoffes qui font découfues,
parce qu'on n'avoir pas fiché Taiguille alfez avant
pour les, retenir
Échapper , en terme de Manège , ou lailTèr échapper j
i c'eft pouffer un cheval à toupe bride , le faire par-
tir , ou échapper de la main. On faiioit autrefois
ce verbe aélif , & on difoit j échappe- votre che-
val de la main : mais on a depuis reétifié cette
exnrelîlon ; & on dit, faire, on h'ûTeï échapper.
^3" Echapper, en Fauconnerie, ^qye^ Échappé,
Échapper , fe dit, proverbialement , en ces phrafes ,
Il e& échappé d'an grand naufrage; pour dire j il
s'ell rire d'une affaire qui devoir être fort ruineufe.
On dit aulli qu'un homme l'a échappé belle ; pour
dire qu'il s'e'.l; fauve d'un grand péril.
On dir qu'un jeune homme fait le cheval échappé.
Tandem /iber CijuuSj campoque potitus aperto ; pour
dire qu'il eft libertin , qu'il efl: emporté , quand
il eft hors de la vue de fes Niaîtres. On dit encore ,
il n'eft pas échappé qui traîne fon lien.
Échappé , ée.' part.
Échappé, f. m. eft auflî un terme de Manège. Foye^
ci-deifus Echappé.
^ ÉCHARA. Foy. ÉSCHARE.
ÉC^ARBOT. Efpèce de plante appelée, autrement ,
châtaigne d'eau. Foy. CHÂTAIGNE D'EAU.
ÉCHARDE. f. f. Petite épine pointue, ou éclat de
terre. Carduis purgare. Les chardons oftufquent les
blés, fi on n'a foin d' échardonner les terres.
ÉcHARDONNÉ , ée. part. Carduis purgatus.
ECHARDONNOIR. f. m. Petit ceochet tranchant
qu'on attache au bout d'un bâton j qui fert à échar-
, donner les terres.
ÈCH ARGUET. f. m. Vieux mot qui fignifie celui qui
fait le guet. Cujlos j vigil.
ÈCHARNER. V. a. Terme de Tanneur & de Mégif-
lier. Oter d'un cuir la chair qui y refte , ôter d'une
peau de bête écotchée les chairs qui y font demeu-
rées. CoriumJ)iirgare carnibus j ou carnium reliquias
abradere , excidere. Echarner un cuir. Il eft défend»
aux Tanneurs & Mégiffiers de porter fur la rivière
de Seine leurs bourres pour y être lavées , ni leurs
cuirs , avant qu'ils aient été éciiarrés. Ordon. de
Police , du 7^ de Novembre \-/ 01. Foy. La Mare ,
T. I. p. 55 6. On écharne les cuirs avec un couteau
rond , & un couteau tranchant.
ÉcHARNÉ, EE. part.
ECHARNOIR. f. m. Inftrument avec lequel on
écharne. On l'appelle auffi Drayoire & boutoir.
ÉCHARNURE. f. f. Terme de Tanneur & de Mc-
gilîîer. Refte de chairs ôtés d'un cuir pour le pré-
parer. Carnium reliqui.tè corio detracîie. Sur le' plain-
tes f^iites que les Tanneurs & Mégiffiers lavoient
dans la rivière de Seine & dans celle des Gobelins
leurs bourres, &c leurs cuirs pleins de chaux , y je-
toient leurs écharnures _, plams & morplains , ÔC
toutes les immondices de leur métier, il y eut une
Ordonnance de Police , le feptième de Novembre
1702 J qui leur détend de jeter dans la rivière
les écharnures , cornichons , ni autres immon-
dices , &c. Foye\ La Mare , Traité de la Po-
lice. Livre IF. Titre IIL Chapitre 4. Tome /.
page 5 5 G.
§3° EcHARNURE , fe dit auffi de l'adion de l'Ou-
vrier qui écharne , & la façon qui le donne en
écharnant.
ÉCHARPE. f. f. Grande pièce de taffetas large que
portent les i^ens de'guerre j tantôt en guife de cein-
ture \ tantôt a la manière d'un baudrier. On s'en
fert fûuvent pour marque^ & diftinguer les partis.
Fafcia. Les écharpcs rouges fignifient les troupes
d'Efpagne , les écharpes blanches celles de France.
Celles des Anglois & des Savoyards font bleues , &
celles des Hollandois orangées. Les bandes & les
fafces du Blafon repréfentent les écharpes des Ca-
valiers. On dir, figurément, changer diécharpe pour
dire changer de parti.
Dans la guerre civile des Ducs d'Orléans & de
Bourgogne , les gens du Comte d'Armagnac , qui
tenoit pour le Duc d'Orléans, portoient une écharpe
de linge pour enfeigne ; &c quelques Hiftoriens
croient que les écharpes blanches j dont on a ufé
depuis , font venues de-là. Foye^ Paradin. Annal
de Bourg. L. III. p. ^16.
Ordre de l'Écharpe , ou de la BANbE. Foye'^
Bande. Outre l'Ordre de Chevalerie , dont nous
avons parlé au mot Bande , i! y a eu une Compa-
gnie de Dames à Palepciaj en Efpagne , qui a porté
le même nom de l'Écharpe , ou de la Bande. Dans
la guerre que firent Jean I. Roi de Caftille, & Jean
I. Roi de Portugal , les Anglois ayant afliégé Pa-
lencia , ville du Royaume de Léon, qui fe trou-
voit dépourvue d'hommes , toute la Nobleffe ayant
fuivi fon Prince en campagne, les Dames, non-
feulement, foutinrenr les affauts des Anglois , mais
firent une vigoureufe fortie fur eux, & les' obli-
gèrenr d'abandonner l'entreprife. Pour récQrppen-
ier ces Kéroines, le Roi Jean leur permit de por-
ter une écharpe d'or fur le manteau , & leur ac-
ECH
corJa tous les privilèges donc jouilîôient les Cheva
JieisdelaBande, oade Vt'chdrpe , établis par le
Roi Alphonle j fon aieul. Les Auteurs ne dilenc
point l'année précife de l'établi (remiiic de la Com-
pagnie des Dames de VEcharpc j mais ce n a pu
être que depuis 15S3. jufqu'en 1390. Foy. l'Abbé
Julliuiani, T. II. C. 88. François de Luna, hijloire
de Tortofi, L. I. Chap. 19. Rodrigo Mendez Sylva,
Michieli «St Andréa Mendo, dans leurs Hijtoires
des Ordres Militaires.
ÉcHARPE j (ignihe auiii la bande palfée au cou , qui
fert à foutenir le bras quand il ell bleiTé , ou ma-
lade. Micelld. En ce lens , on dit , hgurément ,
qu'un homme a l'efpric en ccharpc j pour due qu'il
l'a eftropié , qu'il n'a point de jugement , de bon
fens. On dit, proverbialement, que le lit elî: \e-
charpe de la jambe , pour dire qu'un homme qui a
une jambe malade, fe tienne au lit.
EcHARi'E, eft aulli une pièce de taftetas , une forte
de vêtement que les îemmes mettoienc lur leurs
épaules quand elles fortoient en habit négligé. Les
Marchandes de modes font encore aujourd'hui des
ajuftemens qu'on nomme écharpes ^ mais dilîérentes
de celles qu'on portoic autrefois.
En termes d' Agronomie quelques-uns appellent
le Zodiaque l'écharpe ce'iejic, parce que c'ell un cer-
cle largî, qui efl pofé obliquement, à l'égard de
l'Equateur & del'Horifon.
En termes de guerre , on appelle une batterie en
eckarpe ., celle qui bat quelque corps de côcé , ou
obliquement, ou par bricoles , Se non pas à angle^
droits.
En Chirurgie , on dit audî qu'un coup a été donne
ene'charpe, quand la plaie n'ell pas droite.
EcHARPE, en termes de Mécanique, eft la pièce de
bois j ou de fer qui foutient la roue d'une poulie ,
& qui porte le boulon. On l'appelle aulli échappe .
&C quelquefois mùufle.
ÉcHARPE , en termes d'Architedure , font des ceintu-
res, ou corroies qui font aux côtés des chapiteau:.
Ioniques , qui femblent enferrer les volutes.
ÉcHARPES, termes de Maçonneiie, font les cordages
avec lefquels on retient & on conduit les f-ardeaux
en les montant. C'efl: apparemment ce que Vicruve
appelle retinacula y liv. 10. chap. 5.
§Cr EcHARPE , en Menuiferie , c'cft une deirli-croix
de S. André , telle qu'oii en met derrière les portes .
entre les barres.
ÉCHARPER. V. a. Donner un coup d'eftramaçon.
Voy. ce mot. Echarper le bras , le vifage.
EcHARPER , en termes d'Artifan , c'eft taire plufiet?rs
tours avec un moyen cordage autour d'un fardeau ,
pour y attacher une écharpe avec fa poulie , dans
laquelle on paffe le cable.
Echarper, en termes de guerre,fignifîe faire beaucoup
fouffrir l'ennemi , lui faire perdre beaucoup de
monde , par le fer ou par le feu. Nous fumes
écharpés, nous les écharpâmes, ils furent écharpés &
. taillés en pièces.
Echarper, en termes de guerre, fe dit auflî d'une
batterie qui attaque un ouvrage de revers & obli-
quement. Il faut avoirfoin d'ouvrir les embrafures ,
de façon qu'on puiflTe echarper nn revers fur le che-
min couvert qui fait face aux attaques. Despres
., DE S. Savin.
Echarpe, ee. part.
ÈCHAK.S, ARSE. adj Vieux mot quifignifioic autrefois
avare y mefquin. PraparcuSj nimium attentas ad rem.
Ce mot J félon Borel, vient du François charci ,
qui fignifioit tnargre , comme on voit dans le Ro-
inan de Perceval. D'autres le dérivent du Latin
exparcusj, d'où l'on a faitenfuiteycar/î/j. Du Cange
le dérive du Saxon fchearde , qui fign i fie yrjo-wfW
& morceau , à caufe que les avares ne donnent que
, de petites chofes.
EcHARs, fe dit en termes de Marine. Uu vemechars,
c'eft un vent qui n'eft point fait, & qui faute d'un
rumb à l'autre, Et on dit aufli que le vent echarje,
quand il eft foible & inconftant.
ECH ^3j
^^^A^^,^-. Terme de Monnoie, qui fignifie la qua-
lité intérieure de la monnoie qui eft au-defius du
titre ordonné. Alinor quàm lex juht. Le remède
de loi n'eft autre chofe qu'une permiilion accordée
par le Roi aux Maîtres de ces Monnoies de tenir la
bonté intérieure des efpèces d'or te d'argent plus
echarce , ou moindre que le titre ordonne. Boi-
ZARD , qui , comme l'on voit , écrit echarce. Se non
echarje.
ECHARSEMENT. adv. D'une manière chiche. Ava-
re ^prAparce. \in pédant vit fort écharfcment^ d'une
manière mefquine. Il eft vieux.
iJCT ECHARSER. v. n. Terme de Marine, qui fe
dit d'un vent fuible, & qui faute d'un thumb à
, l'autre, de moment en moment.
ECHARSETE. f. f. Terme de Monnoie. Boizard ,
dans Ion Traité des Monnaies , écrit toujours Echar-
cetd J Se jamais Echarfeté. C'eft lé défaut d'une
pièce de monnoie qui n'eft pas de poids , ni du
titre requis. Imminutto. Il fiut , pour faire rece-
voir des efpèces , qu'elles foient lans écharfcté de
poids , ni d'aloi. Le M.iître des Mohnoies eft tenu
de payer au Roi Vecharfcté qui fe trouve dans fes
monnoies , fuivant le jugement qui en eft fait par
la Cour , comme le dit M. Poulain 3 en fon Glof-
faire. Il y a deux fortes d'c'charjete' ; l'une dans les
remèdes , quand on n'a point excédé les remèdes
accordés par le Prince, foit dans le titre j foitdans
le poidi. L^autre c-c/?rfr/lr/eft hors des remèdes,
quand on a été au-delà : ce qui eft punilfable.
Echarseté, s'eft dit aulli, dans le fens ptopre, pour
l'avarice , la mefquinerie. Parcimonia, avaricia. Il
eft vieux , & hors d'ufage.
liCHASSE. f. f. Terme d'Architeéiure. Norma latîor.
C'eft une règle de bois un peu large , dont les
Appareilleurs fe fervent pour y ma'-qucr les ligneâ
de hauteur , de retombée Se d épailfcur , dont ils
ont beloin pour les porter commodément dans le
chantietj où ils voient ks pierres qui leur convien-
nent, & peuvent en donner les mefures. Frézier.
£CHASSES. f. m. pi. (rralU ^ JwcuU , grallatoriiz.
Ce font deux manières de perches , grolTes comme
le bras j longues de cinq ou lix pieds , qui ont , à
une ccrraine hauteur, un niorceari de bois qui faic
une efpèce d'étrier, fur lequel on pofe le pied,
pour être plus élevé en marchant , ou pour mar-
cher dans certains lieux difficiles. Les Paftres du
Poitou s'en fervent pour marcher dans les marais ,
dans des endroits difficiles. Les Charlatans amufenc
le peuple , quand ils marchent montés fur de
hautes échajjes. On dit,d'une petfonne qui a des pa-
tins ou des louliers trop hauts j qu'elle eft montée
fur des échaffes.
On dit , figurémenr , d'un Auteur qui affcéte un
ftyle trop pompeux & trop élevé , qu'il eft tou-
jours monté fur des échajjes. vSophocIe Se Euripide
prenoient quelquefois le cothurne ; mais ils ne
montoient pas fur des échajjes. S, EvR.
Ses vers, & fans force 3 & fans grâces.
Montés fur deux grands mots, comme Jur deux échaflès.
BoiL.
On ditauftî, de ceux qui veulent paroître , qui
veulent être remarqués , qui afftétent de grands
airs , qu'ils font toujours montés fur des écxajjes.
Au XIIF Se XIV^ fiècle , echa^es fe prenoient
en François pour ce que nous appelons aujourd'hui,
des potences, c'eft à-dire, de longs bâtons, termi-
nés en potence par en haut , & fur lefquels un
homme impotent, ou perclus des jambes, s'appuie
fous le.j ailfelles , & defquels il s'aide à marcher.
Paiera fubaxillaria. Cela paroît par le procès des
hiiracles de S. Yves, fait, zo ans ans après (i\ mort,
en 1350, & imprimé par les Bollandilles , dans le
quatrième tome du mois de Mai. Foyei la p. 571 ^
le Chap. XIV. n. 114.
EcHAssESj feditjen Afaçonnerie, des grandes per-
ches , ou pièces de bois dreiïees à plomb, lié'. s 8c
, entées les unes fur les autres, qui fervent à faire
E CH
ne s échauffe. Liger. Il eft quelquefois neutre. Ce
malade ne fçauroit échauffer , reprendre de la cha-
leur. ^
1^ En termes de chalTe , cchcuffer la voie
c'ek la fuivre avec aideur. Acad. Fr,
!l£l
muier
jC ^ 6 E C H
des échafFauds. FurcuU, tigill-a in reclum pojîta. On J
les appelle aulli baliveaux ^ quand ils fervent à pl^i- j
lîears échafauds l'un fur l'autre. \
ÉCHAUBOULE'jÉE.adj. Qui a des écliauboulures. |
Pujîulis laborans. ^
ÉCHAUBOULURE. f. m. Petite bube rouge , ou Echauffer, ie dit, hgurérnent, pour enflammer
élevure fur la peau. Pujîula. On fe fait laigner animer, exciter, remplir d'ardeur. Il eO: des âmes
pour fe guérir des eehauboulures. Il elt du ftyie ta- choilies que Dieu regarde plus efficaceniinc , 5c
! qu'il echai/ff de (on amour d'une façoa plus parti-
de : culière. Fl. Le teu de l'amitié ee/-..i^^è le cœur fans
ie confumer, & le remue fani ie troubler. Vill.
Le vin, en echauffa/uics p£..^ées, les rend plus vi-
ves & plus agréables. Petit. L'ima;^ination, quand
elle eft échauffée, exagère tout ce qu'elle relîcnr.
Fen. a quoi bon échaujjer fa valeur déjà trop ani-
mée ? BoiL.
Échauffer , fe dit encore , en morale , de l'émo-
tion des pallions. Ce Prédicateur s échauffe beau-
coup en parlant contre les vices. Exaraejcit. Cec
homme efl; fort colère, il ne faut pas lui et/zji^t;r
la bile , lui échauffer les oreilles. Se^haufjer^ fe
mettre en colère, s'animer, s'emporter, fe paf-
fionner.
Il y a des gens qui voudrolent être faifis &
é-cha'uffés dès la première fcène, & c^ui, ignorant
l'art desprotafes & des épitafes ^ ne font pas atten-
tion que le feu efl d'autant plus vif dans les der-
niers aéles d'une pièce , qu'il a été caché dans les
premières. OhJ'erv. fur les Ec. modernes tome 2j ^»
On dit, en ce même fens , que la guerre , que la
fédition, que Izàxi^mQ s'échauffe , incalejcit ^ in-
gravejcic i pour dire , augmente : que le jeu sV-
chauffd j pour dire qu'on s'y pique, qu'on joue plus
gros jeu. LaiiTcns cette matière qui s'échauffe uo,
peu trop. Mol. Les brigues s'échauffent. Vaug.
On dit , proverbialement , qu'un homme s'e-
chauffe dans fon harnois, lorfqu'il fe met en
colère.
ÉCHAUDE'. f. m. Efpcce de pâtilTerie faite avec
la pâte échaudée, de l'eau & du fel , & quelquefois
avec du beurre & des œufs. Les échaudes écoient
autrefois de figure triangulaire , ou en cœur. Cruf-
tuluin triqutcrum. Du Cange dit qu'on les appellî
dans les vieux Titres efchodoti panes j &: qu'ji.7Z(2«-
der v'vQWlàQ excaldare.
On appelle aulli echaudé trois rues difpofees en
triangle qui font une Ifle en forme d'un échaudé.
Tri^onuin , trivium. La fontaine d-j \ Echaudé ^ au
Marais JuTemple. La rue de X Echaudé 7i\x fauxbourg
S. Germain. ^. ^
§3" On donne le même nom, en jarainage, a
une pièce de bois de figure triangulaire.
ÉCHAUDER. V. a. Nettoyer avec de l'eau chaude,
tremper dans de l'eau chaude, ou arrofer quelque
<hof^ avec de l'eau chaude. Calidéi irrigare j per-
fu'idere , exteraere. Les Cuiuniers échciudeht leurs
vaiffeaux , leurs marmites, pour les laVer , échau-
d^nt leurs viandes pour les apprêter. On échaude
des fruits , par exemple , des amandss , pour ôrer
la peau qui les couvre : on echaude des poulets j
pour les plumer plus facilement. On échaude la
S'EcHAUDER , fignitîe J figurément, faire un faux
marché où il y a à perdre, être attrapé. Cette terre
efl; trop enviée, prenez garde de vous y échauder. Il
€ft populaire.
On dit, proverbialement, qu'un chat échaudé
craint l'eau froide : experta calidam , frigidamfelis
timei ^ pour dire que, quand un homme a fouffertf Échauffer , percer, vider une étoffe. Termes de
quelque grand mal , il craint tout ce qui en a quel-
qu'apparence. On dit , autrement , chien échaudé
ne revient plus en cuifme.
Échaudée , Ée. part.
ECHAUDOIR. f. m. Chaudière , vailTeau dans le-
quel les Bouchers-Tripiers font cuite les abbatis
de leurs viandes.
DCF On le ùit aufll du lieu où ils les font cuire ,
où ils les échaudent. Caldarium.
Les réglemens de Police ordonnent aux Bouchers
de tenir leurs échaudoirs foit nets , & de n'y point
faire couler le ûng.
Échaudoir, fe dit aulîi des lieux & des vaiiïeaux où
les Teinturiers & les Mégilliers échaudent & dé-
graiflenr le^r? laines.
iCHA'uFFAIoON. f. f. Maladie qui arrive à quel-
qu'un pour s'être trop échauffé, ^ftus. Ce mal
n'eft pas dangereux , ce n'eft qu'une échauffai/on.
Échauffaison , fe dit aufli de certains boutons qui
vieniipi-ir au vif^ige, & ailleurs, par une trop grande
chaleur de fang , qu'on appelle autrement eehau-
boulures.
^ ÉCHAUFFANT , ante. adj. Epithète par la-
quelle on défigne , en Médecine , les alimens , les
remèdes ïc en général tout ce qui peut augmenter la
chaleur animale , jufqu'à un dé^ré contre nature.
ÉCHAUFFEMENT. f. m. Aéfion par laquelle on
échauffe, ou l'efîet qui en réfulte. Calefaclus. Il y
a pluiîeurs opérations de Chymie qui fe font par
un échauffement doux & fort lent. L'échauffemenc
du fang eft caufe de plufieurs maladies.
ÊCHA'UFFEPs.. V. a. Rendre chaud , & s'échauffer^,
devenir chaud. Calcfacere , calefieri. Le foleil
échauffe la terre par fes ravons. Le foin, qui efl:
ferré a^-ant que d'être bien (qc, fermente, s'échauffe
& prend feu. Quand on n'a pas de quoi faire du
feu il faut s'e-V/îaa/^t.7- à travailler. Les Laboureurs
difent: il efl: à propos quelquefois de jeter de l'eau
fur le blé, à mefure qu'on l'entalfe , de crainte qu'il
Manufadure de lainage. Ils fe difent lorfque le
foulon par négligence ayant foulé ou trop long-
temps, ou trop fortement, la pièce, elle devient trop
étroite, & perd quelque chofe de la largeur or-
donnée par les Réglemens.
Échauffé , ie. part. & adj. Echauffés du vin & de
la débauche, ils montent tous armés au haut du
rempart. Ablanc. Les François qui avoient déjà
la tête échauffée de vin , &c que ie voifinage du
Palais de l'Amhaffadeur rendoir infolens. L'Ab,
Regn. Les tranfports d'une imagination échauffée.
Fen. On appelle bois échauffé ^ celui qui efl: fujec
à fe pourrir, & qui efl: plus ordinairement rouge ,
& rempli de petites taches blanches , rouilès &
noires. Les Ouvriers l'appellent bois pouilleux.
Il n'eft; pas de bon fervice.
§Cr Échauffe , fe dit quelquefois fubfl:antivement,
comme dans cette phrafe, fentir YechauJJé , exha-
ler une certaine odeur provenant d'une chaleur
exceflive.
ÉCHAUFFURE. f. f. Petites rougeurs ^ petires éle-
vures qui viennent fur la peau dans l'échauffaifon.
Ce n'eft qu'une échauffure.
ÉCHAUFOUR j_ ou ÉCHAUFOU. Excalfarnum
Lexoviorum. Lieu dans le Diocèle de Lizieux j en
Normandie. Il eft fitué fur un petit ruilfeau qui
entre dans la Rille , entre l'Aigle & Séez. On
trouve auin en Latin Efcaljoium _, & Efcaljoum ,
d'où s'eft fait ii'c/îaw/ôtt. De Valois, Notic. Gall.
ÉCHAUFOUREE ^ ou ÉCHAUFFOUREE. f. f. En-
treprife mal concertée, téméraire , ordinairement
malheureule. Il a fait une étrange échaufource. De
toute cette échaufourée , bien des gens fonij perfua-
dés qu'il n'en arrivera que le retardement , c'eft-à-
dire , la rupture du voyage de Fontainebleau.
M^. De Sevigné.
(fJ' On le dit auffi des rencontres inprévues à là
guerre. Ce inor n'eft: que du ffyie familier.
ÉCHAUGUETTE. f. f. Lieu couvert & élevé pour
placer
E C H
placer une fentinellej (<c pour décoiivrii: ce qui fc
p.iJie aux L-nvirons. SpccuLa , excuri.i.
Ce mot ne fe ditjd'une guérite à placer une lenti-
nelle, que lorfque cette guérite eft aa bois. Spécula
lignes. Quand elle eft de pierre, on l'appelle guérite.
De la Fontaine.
ÉCHAULER. V. a. Terme d'Agriculture & de labou-
rage, qui fe dit des blés. C'eft prendre de la chaux
amortie , la mettre dans l'eau , puis en arrofer le
blé qu'on veut femer. Cake confpergere -, inficere j
mlfccre calcem. J'ai échaulélà plus grande partie de
mes blés. Ces blés ont ère echauus avant que d'crre
femés. L16ER. Les Laboureurs prétendent que cette
manière d'accommoder le blé l'empêche d'être
brume, &que, s'ArniVechaulolent ^ ceblé naîtroit
bruiné. Abus. Id.
ÊCHE. Dans les mots François la terminaifon en éche
cft longue, comme pêche, dépêchej revêche, tout
comme la terminailon en akhe, fraîche, (Sec. Ces
deux terminaiibns n'ont aucune dilîéience pour la
proniionciation : auiîi l'une rime tort bien avec
l'autre. Aujourd'hui on oce prefque toujours 1'^ en
écrivant ces fyliabes j &, pour en marquer le re-
tranchement , on met un accent circonriexe fur
!'<; , èche.
ÊCHB. f. m. Ce motfemble venir i'efca , & les Pé-
cheurs d'autour de l'aris s'en fervent pour hgniner
amorce.
ÉCHÉANCE, f . f . Jour auquel on doit payer, ou
faire quelque chofe. Termuius Jatalis , pi\ijcnpcusj,
cercus dies. L'echJance des rentes,des loyers, feftipule
à la tin de trois mois , celui des Fermes à la S. Jean ,
t<£ à la S. Martin ordinairement. Payer un billet à
fon échéance.
ÉCFiECS. ( Le dernier c ne fe prononce poinr. ]
M. Saraiîn, î^: >.l. l Abbé deChoili écrivent écluts.
D'autres l'écrivent de même. f. m. pi. ordinaire-
ment. Latrunculi. Jeu de petites pièces de bois
tourné f qui fervent à jouer iur un tablier ou da-
mier, divifé en 64 carreaux, où i'adrelfe eil telle-
ment requife^ que le hafard ne s'en mêle point , &
où l'on ne perd que par fi faute. Il y a de chaque
côté huit pièces ^A. hait pions , qui ont divers mou-
veniens & règles pour marcher. Autrefois on jouoit
avec des échecs figurés, comme le fonr ceux de
l'Empereur Cha'rlemagne, qu'on garde encore dans
le tréfor de S. Denis. iAR.
Douât écrit , fur lEunuque de Térence , que
Pyrrhus, le Prince de fon liècle le mieux entendu
à mettre des gens en b'' taille, le fervoit des loldats
des échecs pour former fes delfeins, & pour en mon-
trer le fecret aux autres. Sar.
On a appelé un des Empereurs Romains , Au-
gufle , parce qu'il avoir gagné aux échecs dix parties
de fuite. C'eft 'v^opifcus qui l'écrit dans la vie de
Pfoculus. Sar. Montagne dit que le jeu des échecs
n eft pas alfez jeu , & qu'il divertit trop férienfe-
ment. Toutes les fois que vous rangez vos échecs
en bataille , fouvenez vous que c'eft mettre les fol-
dats en bataille. Sar. En Efpagne les villes en-
tières fe font défis à' échecs. Id.
Les échecs font un jeu très-ancien & univerfel.
A la Chine on apprend aux filles à. jouer aux échecs
pour les rendre .agréables ; comme on leur apprend
ailleurs à dan fer & à chanter. Sabadino dit que le
diable étoit un grand fot d'employer tant de moyens
pour faite perdre patience à Job : il n'avoit qu'à l'en-
gager dans une partie à'échecs. En 11 17 , dans une
bataille qui fe donna entre les François & les An-
glois , un Chevalier Anglois ayant faifi la bride du
cheval du Roi Louis le Gros , & criant aux Anglois
le Roi eft pris , ce Prince le jeta à fes pieds d'un
coup d'épee qu'il lui déchargea fur la tête, en lui
difant , ne fçais-tu pas qu'aux échecs on ne prend pas
le Ho't ! Jean de Salisbsry , L. I. Polycr. C. j. Na-
varre , Enchirid. C. I.IX. n. •?. Le Cardinal Cajé-
tan fur la féconde de SaintThomas, q. 158. art. 5.
& d'autres graves Auteurs mettent les échecs au
nombre des jeux défendus , parce qu'ils appliquent
Tome ÎII. •
trop. De ia Mare. Tr. dau Pol. L. III. T. IF. C. f.
Fanierlan a été un fameux joueur d'échecs. Le Cà-
iabroisafait un livre du jeu des échecs, Sz en A
montré plufieurs iyftêmes. Jérôme Vida a compofé
un agréable Pocme Larin fur les éciiecs. Louis des
Mazures l'a traduit en notte langue. Le Chevalier
Marin a aulli rraduit tous les vers de Vida dans
fon Adone, quoiqu'il en ait un jjeu chan-'c l'in-
vention.
M. Sarafin a fait un petit Traité intitulé , Opi-
nions du nom (^ du jeu des échecs.
Ménage rapporte aufti les divers opinions fur
l'origine de ce mot. Leunclavius croit qu'il vient
des Ufcoqucs , fameux brigans de Turquie ; le P.
Sirmond , de l'Alleman yc^c/i , qui lignifie larcin,
&C catculus. Il croir que c'ctoit le jeu que les Romains
appeloient le jeu des Larrons. Voflius &c Saumaife
tiennent que fcachus peut venir de calculas , qui a
été dit pour Litrunculus , parce qu'ils ont cru j
quoiqu'à tort , que notre jeu d'échecs étoit la mê-
me choie que ludus latrunculorum des Latins. Gré-
gorius Tolafanus dit qu'il vient de l'Hébreu/r/ziJcA ,
qui lignifie vallavh, & de mat ^ qui lignine mor-
tuus e]l,déo\\ eft venu échec & mat. Joannes Fa-
bricius dit qu'un célèbre Mathématicien Perfan j
Scatrenfca , en a été l'inventeur _, & lui a donné
fon nom , qu'il a encore en Perfe^ Nicot le dérive
de Scheque , on Xeque ^ qui eft un mot Morifque i
(\gn\.^2L\-\t Seigneur , Roi -^ on Prince. Bochart dit
anilî que ce mot/cach eft originaire Perfan : & que
Scach mat fignifie , le Roi eji mort. L'opinion dâ
M. Bochart & de Nicot, qui eft aufti celle de
Scriverius, font les plus vraifemblables, & les plus
probables , félon Sarafin & Ménage. Saumaife pré-
tend que ce mot vient du Grec Ç«7-p/x(s» d'où il a
palR en Perfe. Voye-^ une Dillertation curieufe
iur les échecs , rapporté dans le cincjuième tome
des Mémoires de l'Académie des Belles Lettres,
page z 5 1 ;
Le Roman de la Rofe attribue l'invention des
écchecs à un nommé Atalus. La commune opinion
des anciens eft que ce fut Palamède qui inventa les
échecs &c l'échiquiet pendant le ficgede Troie. D'au-
tres l'attribuent à un Diomède qui vivoit fous
Alexandre. Mais la vérité eft que ce jeu eft li ancien
qu'on n'en peut favoir l'auteur.
Échec , au fingulier , eft un terme de ce jed, qui fi-
gnifie une attaque au Roi , qui j ne pouvant être
pris , eft obligé de fe couvrir , ou de le retirer. On
eft obligé d'avertir le Roi , quand il eft en échec ,
ou en prife. Et on appelle un échec & mai, quand
il eft tellement ferré <5c attaqué , qu'il ne peut fe re-
tirer , ni fe couvrir fans être pris , ce qui termine
la partie. On appelle l'échec du Berger , celui qui fe
donne au troidème, ou quatrième coup. L'échec au
Roi & à la Dame , ou au Roi & à la Tour j quand
ces deux pièces font également attaquées par une
même pièce.
Les Joueurs d'échecs difenr. Roi blanc a le cul
noir, pour dire que le Roi blanc doit être pofé
d'abord fur une cale noire.
Sede albusfefe nigra cenet , ater in alha. VivA.
C'éft tout le contraire des Dames qui gardenr cha-
cune leur couleur.
Et proprium fervant prima fiatione colorem.
Donner échec & mat à tous les plats- Abl anc. Cet-
te façon de parler eft figurée , bafie & burlelque.
Échec, fe dit, figdrément, d'un malheur jou deqnel-
que pette qui donne atteinte aux biens , à la lor-
tune , à l'honneur. Labes j detrimentum , clades. Ce
favori a reçu un grand échec. Cet échec le fir retirer.
Abl. Cette accufation donne un grand ec/iec à la ré-
putation de ce dévot.
1^3" On dit qu'une armée a reçu un grand échec ,'
quand elle a fait une perte confidérable.
Y y y
5|8 ECH
On dit qu'on tient des troupes en échec , quand
on en eft li près , qu on peut être lur elles au pre-
mier mouvement qu elles feront : qu'on ti;;nt trois
o I quatre placesen cc/Ut, quand ou ell en état d al-
fieger celle qu'on voudra choilir.
Eu ce lens, on dit qu'une citadelle tient une ville
encc/zef, pour dire, qu'elle la tient en bride , ou lu-
jette , qu elle rcmpèche de le révolter : que le Par-
ieaient d'Angleterre tient en fc/zec l'autorité Royale,
por.r dire, qu'il la retient dnns certaines bomes.
On dit proverbialement qu'aux éciiecs les tous
foiît les plus pioches des Rois.
£CiiEDORE. Rivière tle Macédoine , qui Te dé-
charge dans la in;r Egée près de Theilalomque, au-
jourd'hui Saloniki. tchtdorus, Hérodote l'appelle
Chidore, Cludorus ; Sophien , Caïko j le Noir ,
Grand j oc Caftoidus , f^ecer..jer. Hoffwian. L'ar-
mée de Xerxès bue tout Vlzchéaore j & le mit à fec,
au rapport d'Hérodote , L. VlI.C \ij.
ÏCHELAGE f. m. Terme de Coutumes. Scalanum.
C'ert un droit de pofer une échelle fur l'héritage
d'autrui , pour retaire un bâtiment , un mur , &c.
Cequi eit droit à'échelage d'un côté eft fervitude de
l'autre.
ÈCHELETTE. f. f. diminutif. Petite échelle. Sca.'a
bixvijr. On dit ce mot d'une elpèce de petite échelle
plus large par le bas que par le haut, dont le ler-
vent les Charretiers , loiiqu'ils charrient du foin ^
cette échelle le mec iur le devant d'une charrette n-
delée, pour contenir le foin dont elle ell chargée.
ÉcHELETTE. f. h eil auili une elpèce de petite échelle
qu'on attache fur le bât d'une bcte de lomme, pour
y accrocher de la viande , du foin , de la paille, &C.
Minores fcjLi.
- ÊCHELIDEi. Bourg de l'Attique nommé Echelides ,
d'un certain Echélus, qui tiroit lui-même fon nom
d'un heu nommé ÉAof , c'ell-à-dire, waraw, & dans
lequel on faifoirdes jeux folennels& des combats,
pendant que les Panathénées tenoient,
ÉCHELLE, f. f. Scala. En Latin on ne le dit guère
qu'au pluriel. ScaU. Inll ruinent compofé de deux
.perches , ou pièces de bois longues 6c légères , tra-
verfées d'efpace en efpace de menus bâtons qui fer-
vent de degrés , & qu'on nomme échelons , fur lef-
quels on met les pieds l'un après l'autre, pour mon-
ter,, ou pour delcendre. Jacob vit une échelle par
où les Anges defcendoient & montoient du ciel en
terre. Conllancin, choqué delà févérué inHexible
d'Acèfe , Evêque Novatien y lui répondit : Prenez
donc une eV/?e//j , & montez feul au ciel. Les fol-
dats j les voleurs fe fervent èi échelles pour iurpren-
dre les villes , pour entrer dans les maifons par les
feiiêtres , pat-delFus les murs. Les Ma(,-ons fe fervent
èî cchelles T^owx monter fur leurs échatauds. On tait
auill àe% échelles de corde , de foie , qui fe plient ,
&C qin font portatives. On en fait auHi de btifées. Il
y en a de doubles , qui font étendues par le pied, &
qui fervent aux Peintres. Il y en a d'autres pour la
guerre, qu'on tranfpoite fur des roues , & qui font
■de diverfes conftrudions, dont on voit les figures
dans la Pyrotechnie de Hanfelet. Plantei les échelle
confe les murailles. Abl. Les échelles étoienc déjà
appl.quées. ^i//7zovere , applicare fcalas.
ÊcnELLEj fe prend quelquefois pour le Gibet, à caufe
qu'on fait monter avec une échelle ceux qu'on pend
aune potence. Ainil on dit, celui-là a été condamné
à adilàer à l'exécution , à avoir le fouet au pied de
l'échelle. L'échelle étoit aniTi Un ligne de haute Jufti-
ce , comme ailleurs les fourches patibulaires , où les
criminels étoient fuftigés & expofées à la rifée pu-
blique. On voit encore à Paris l'échelle du Temple ,
qui eft la marque de la Juftice du Temple. Il en eft
parlé dans plufi.urs Coutumes , de Troyes , de Ne-
vers , de Senlis.
Échelle de Jardin , c'eft une échelle double, haute
environ de douze à quinze échelons, & dont les
Jardiniers fe fervent, foit pour cueillir les fruits des
arbres à plein vent , pour couper les branches inuti-
les, ou pour les tailler. Les Tapilîlers ont auffi des
ECH
échelles doubles j pour placer un luftre , pour y
mettre des bougies , ôcc. Les échelles doubles fonï
com.polées de deux échelles plus larges par le pied
que par en haut. On les applique parle haut , &c
on les y joint par une vergi dj fer , ou de bois, qui
Ls enule toutes deux comme un dernier échelon
commun.
Echelle de Couvreur , n'eft bien ft>uvent aurre chofe
qu'une corde nouée d'elpace en elpace : en lorte
que chaque nœud eft une elpèce d échelon , où les
Couvrv,urs s'accrochent par le moyen d'un crochet
deterquils ontàcliaque jambe. Les Couvreurs fe
fervent de ces fortes d'ef/idZ/ej , quand ils veulent
monter au haut de quelque tour, ou de quelque
clocher.
Echelle , feditaufli d'un rang de nœuds de rubans,
difpofés en forme à'ech^l.^ , que les femmes por-
tent le long de leur bufc, depuis le fein jufqu'à la
ceinture._ Cette Dame avoit une échelle de rubans
de fatin bleu.
Echelle, en termes d'Architeélure & de Géographie,
le dit d'une ligne divifée en parties égales, qui ferc
de melure commune à toutes les parties d'un bâti-
ment , à la def'cription des Cartes topographiques.
Pour iavoir combien cet étage a de haut , il en faut
prendre avec un compas la melure fur l'cc/u//;?. Oa
en ufe de même pour lavoir combien il y a de lieues
entre deux villes marquées fur une carte.
Echelle , ou Bâton de Jacob , en termes de Marine j
eft un inftrument en croix divifé en femblables
parties égales , qui a été décrit ci-devant au mot
d' Arbalète.
Echelle, eft auftî un nom qu'on donne fur la Médi-
terranée ou mer du Levant aux villes de commer-
ce , ou aux ports qui Ion t aux côtes des Ifles d'Afri-
que & d'Afie J dans les terres de la domination du
Grand Seigneur. La France a fes Confuls, fes Ma-
galins , fes Bureaux en toutes les échelles du Levant,
aulli-bien que la plupart des autres nations , à
Smyrne , à Saïd , à Alep , au Caire, &c. On ap-
pelle aulli ces places des pons & étapes. M. Frezier
fe fert aulli du mot échelle , en parlant des villes &C
ports de l'Amérique méridionale, où les autres vil-
les du pays viennent faire le commerce. Ainli , aux
pages 1 5 S iSi 1 5 5 > de fa relation, il donne l'idée des
villes dont Ylo et^ l'échelle pour le commerce des
marchandifes d'Europe ; & à la page 16 j^, l'idée de
celles dont Pilco eft l'échelle.
Ce moi vient d'e/lale, vieux terme de Marine j
qui ligmCion port de mer qu'on trouve lur fa r»ute ,
où l'on entre par occafion pour acheter quelques vi-
vres , ou pour éviter la tempête , eu les ennemis.
C'eft ce qu'on appelle/Lvree/t-û/'e;. Du Cange dit que
fcala fignifioit autrefois un petit port qui donne en-
trée en un plus grand.
Echelle campanale ( quelques-uns difent campa~
naire) eft une règle qu'ont les Fondeurs pour pro-
portionner la longueur , largeur & épallfeur d'une
cloche à fon poids , Hc pareillement celle de fon
battant , pour lui faire rendre un certain fon. Ils
ont fait cette échelle par une longue expérience ,
plutôr que par une voie géométrique. Elle eft cepen-
dant curieufe , & on la trouve au lixième livre de la
Pyrotechnie de Riringuccio , & dans le P. Mer-
fenne. On l'appelle aulli brochette , bâton, règle &
diopafon.
Les- Teinturiers appellent aulli ecAf//e j un cer-
tain nombre d'étages qu'ils donnent à la clarté &: à
la profondeur des couleurs , particulièremerx à cel-
les qui viennent du paftel.
Echelle, eft aulli un inftrument de mufique niiez
grolîîer , compofé de douze bâtons enfilés enfem-
ble , & lépatés l'un de l'autre par des grains de cha-
pelet. Ils vont toujours en diminuant depuis le grand
qui a dix pouces , jufqu'au plus petit qui en a trois.
Leur figure peut être ronde , ou carrée, ou en for-
me de prifme , ou de parallélipipéde. On en joue
avec un petit bâton , dont une des extrémités eft
tournée en boule. Quand cet inftrument eft bien
ECH
touché , il rend une fjumphonie afTcz agréable.
Échelle , en Géométrie , elt une ligne dioite divi-
lée en paities égales, qui reprélencenc des pieds,
des toiles , ou telle autre mel'ure que l'on votidra.
Le compas de proportion tait la ronclion d'échelle
pour toutes fortes de pians , en le fervant de la li-
gne des parties égales. On appelle cchellc libre , une
ligne dont la longueur n'ell point déterminée , &
fur laquelle il cit libre de fliue des divilions de telle
grandeur que l'on voudra. Mais, quand la longueur
elt déterminée , .5: que les parties en font égales, on
la nomme échelle concraince.
Échelle de cordes. Terme de Géométrie. C'ell: une
ligne droite fur laquelle font marquées les grandeurs
des cordes de tous, les ^degrés d'un demi-cercle ou
d'un quart de cercle.
Échelle DE DixME,eft aufli un terme de Géométrie. On
entend par ces mots une ligne , quoique petite j di-
vilée par dixaines en un très-grand nombre de par-
ties dilcinétes.
Echelle de retraite. Terme d'Artillerie. Machine
qui fert avec la ^chèvre à monter les canons fur
leurs atrùts , quand il n'y a point de dautins. De la
Font.
Echelle DE FRONT, en Perfpeétlve j efl une ligne
droite dans le tableau , qui cil: parallèle .à la ligne de
terre , & qui eft divilée en parties égales , lefquel-
les repréfentent des piedsj des pouces , Sec- Echelle
juyante , eft une ligne droite dans le tableau , qui
tend au point de vue , & qui eft divifée en parties
inégales , lefquelles repréfentent des pieds j des
pouces , &c.
On dit, proverbialementj qu'il faut tirer \ échelle
après quelqu'un, pour dire , qu'il n'y a rien à faire
après lui , qu'il a épuifc la matière, qu'il a appris
coût ce qu'on en pouvoir favoir.
On dit aulfi , qu'on punit comme voleurs ceux
qui tiennent le pied de {'échelle.
ifT On dit que des troupes font portées en e'chel-
îc , quand elles lont portées de diftancc en diftance ,
les unes au dellus , les autres au-delîous. Le Roi
lailHi environ douze mille hommes devant Tour-
nai , qui écoient portés en échelle jufqu'au champ de
bataille.
LES ECHELLES. Ville deSavoye^ qui aprisfonnom
d'un grand chemin ,qui y ert taillé dans le roc. Sca-
l.t. Quelques-uns croient que c'eft le lieu qu'Anni-
bal ouvrit avec le feu & le vinaigre.
ÉCHELLER. v. a. Scalis ïnvaiere. Scandere , confcen-
dere. Vieux mot , au lieu duquel on dit à préfent
efcaladir.
Écheller , eft aurti un terme de Coutumes j qui fi-
gnilie, expoier quelqu'un fur une échelle en public,
en punition de quelque crime j pour lui faire faire
amende hoiiorable,&c. Il y a à Paris l'échelle de S.
Martin , & l'échelle du Temple , qui fervoient au-
trefois à cette forte de fupplice : aujourd'hui on ex-
pofe au carcan & au pilori. Coquille décrit en ces
termes la manière à'echeller. Au haut de l'échelle
font cinq pertuis ronds, pour y enfermer la tête,
les deux bras &: les deux [pieds du condamné , 6c
expofer fon infamie & fa perfonne à la vue de tout
le monde. /^o>eç cet Auteur fur l'Article 15. du ti-
tre de la Coutume de Nivernois.
ECHELLIER. f. m. Eft une pièce de bois traverfée de
longues & grolTes chevilles , qui fert à monter au
haut des grues, des engins Se des eftrapades. On l'ap-
pelle aulli rancher.
ECHELON, f. m. Petite pièce de bois qui traverfe l'é-
chelle. Gradus^jiandulafcalarls. Cette échelle avoir
■!^o échelons.
ÉcHteLON, fe dit, figurément, de tout ce qui fert à flxire
palTer d'un rang à un autre plus élevé. Cette charge
eft un échelon pour monter à celle de Confeilier, de
Maître des Requêtes. Il eft monté d'un échelon, d'un
degré ; il eft avancé d'autant.
ÉCHEMER. V. a. Faire un nouvel elTaim d'abeilles.
Examinare^fœtumeduçere, examen emittere. Po.mey.
Il eft vieux.
Ê C H /59
ECHENAL. f. m. En quelques endroits on dit éche-
neuu^tk. dans quelques Coutumes on trouve /c/ze/7e^!
ces trois mots hgnihent la même chofe , qui eft une
gouttière de bois pour recevoir l'eau qui découle
de delfus les toits , & empêcher qu'elle ne tombeau
pied du mur , ou lur le fonds des voifuis. Stillki-
dium ligneum.
Ces trois mots viennent du mot chêne ^ parce que
ces fortes de gouttières lont faites de bois de
chêne.
ÉCHENÈIS. /^oycç Remore.
ÉCHENICHERRIBASSI. f m. Nom d'un Officier du
Serrail. Maître , ou Surintendant du Fournil. Chef
des Maîtres de la Boulangerie &: des fours , & de
tous ceux qui y UAv:i\\\Qai.PtftorumPrd:Jecîus. \JE-
chenicherriiiijji a. cïnquame afpres par jour , & une
robe de brocard d'or tous les ans , avec quelques
dons & bienfaits des Bâchas , &c autres perfonnages
d'autorité, quand il leur préfente dts mallepains ,
du métier , du bilcuit , &c de femblables douceurs
à la façon des Turcs j qui n'eft pas des plus délica-
tes. Vigenère , IlluJlr.Jur Chalcond. p. 138.
ECFIENILLER. v. a. Ôter les chenilles d'un arbre, ou
détruire les nids des chenilles. Erucis purgare. On
appelle aulli du moellon, ou du grès échenille ^
quand il eft pic^ué avec la fmille, ou marteau à deux
pointes.
Echenillé , ée. part.
fCF ÈCHENILLOIR.f. m. Outil dont on fe fert pouc
écheniller.
ÉCHENO. (. m. Tuhus fuforius. Terme de Fondeur»
C'eft un baOïn de terre que les Fondeurs font au-
delfus du moule de leurs figures , dans lequel tom-
be d'abord le métal pour couler de-là dans le mou-
le. Il veient du vieux mot François échencau, tuyau^
ou canal\ Se on difoit j Conduire une fontaine par
écheneaux.
EcHENO , fe dit dans quelques endroits pour échenal.
|Cr ÉCHEOIR , plus ordinairement ECHOIR, v. n.
Au préfent de l'indicatif, il n'eft guère ufité qu'à la'
troifième perfonne. Il échch , qu'on prononce , Se
qu'on écrit même quelquefois il echet. Véchus ,
) écherra} , 'fécherrois , que féchulfe j échéant. Ar-
river par hafard , par cas fortuit , par donation ,
fucceiîion , partage j ou autrement. Contingere ,
ohûngere. Le gros lot lui eft cchu. Ce Domaine lui
écherra en partage. Il lui eft échu une bonne fuc-
ceflion du chef de fa femme.
§cr Si le cas écheuit , fi l'occafion s'en prélènte.
Si obûgevït , fife dedcrit occafio. Exptellion fami-
lière.
fC? Échoir , vient du Latin excidere.
^fT On le dit aufli du temps préfix auquel on
doit faire certaines chofcs , & de celles qui doivent
fe faire à certains termes. Le premier teime ccheoit
à la S. Jean. Cette lettre de change eft cchue. Le ter-
me de ce paiement ne doit échoir que dans ua
an.
ffT Ce verbe eft encore en ufige ,en parlant des
peines qui font impofées à ceux qui interviennent
aux lois. Dans ce cas , il échoie une amende , une
peine aftUéfive.
^fT Ceft pourtant un terme de pratique j ou du
difcours familier.
Échu, ue. part.
ECHERPILLER. v. a. Vieux mot , qui fignifie , pil-
ler , voler fur les grands chemins. PrAdari , latroci-
nari.
ÉCHERPILLERIE. f. f. Vieux mot. Brigandage, vol
fur les grands chemins. Prxdacio , latrocinium.
Les deux mots précédens viennent du mot fer-
paut , qui fignifie un trouffeau : dans plufieurs de
nos mots , au lieu de Y s ou du c qu'on y voit au-
jourd'hui , il y avoir autrefois un ch \ ainli de cher-
pdut on 3. iûx. écher piller , qui veut dire détroujfei; j
Se echerpillcrie.
ÉCMET. i. m. Ce mot fe trouve au pluriel dans quel-
ques titres , où les échets veulent dire les redevan-
[ ces, ce qui eft échu.
Yy y i]
540 E C H
£CHETE. f. f. Vieux mot, qui liguihoit fuccefîîon ,
hciitage. Nos vieux Coutumiers Se les Diplômes
font pleins de cette expreliion. Il ne nous eil reltc
que le verbe echeoir, qui fe dit, paiciculièrement,
&; dans le l'ens propre , des choies qui arrivent par
fucceflîon.
ÉCHETLE. Echeda. Cétoit une ancienne ville de
Sicile , qui fubliftoit dès la première guerre Pu-
rique. Le Géographe Etienne & Polybe , L. I. en
parlent. Bochar't croit que ce mot elt Hébreu , ou
Punique , & qu'il s'ell fait par la tranlpolstion
d'une lettre de N^'iinx , qui peut figniher une pla-
ce fortiiîée. P^oyei aulli Cluvier , Sud. Ant. L. II.
C. 10.
ÉCHEVEAU. f. m. Plufieursfils tournés & repliés en
plufieurs tours , &; atcachés en un endroit, pout
empêcher qu'ils ne fe mêlent , par un nœud parti-
culier qu'on appelle centaine. <5'/^im jdi eyo'.un ,
fplrajîlacea ^ filaccus o;bis. Une poignée de fil con
tient x.:ini(^écheveaux. On dévide les echeveaux pour
en faire des pelotons. Un jour Volfey &Campegge,
Légats du Pape pour examiner le mariage d'Eien-
ri VIII. iSc de Cacherine d'Arragon , un jour , dis-
je , qu'ils allèrent vifiter cette Reine , pour la per-
fuader de confentir à la féparation : Je vois bien j
leur dit-elle, que vous venez ici pour me parler
d'affaires qui font au-deiTus de ma connoiUance :
voilà , continua - t - elle , en leur montrant un
echeveau de fil , qui pendoit à l'on cou , de quoi je
fuis capable, & dont je fais aulli toute mon occu-
pation. Larrhy.
Il y avoir autrefois une façon decocffure de fem-
me , qu'on appelciten échevedu, parce cruelle iiui-
toit les echeveaux de fil.
Echeveau , fe dit , en termes d'Anatomie, d'un amas
de fibres. La glotte n'a nulle profondeur que la dou
ble épailFeur d'une membrane , & de {'echeveau des
fibres charnues c?i tendineules, dont l'intervalle de
ces deux membranes eft fourré. Dodard. Acad.
d. Se. 1700. Mcm.v. 251. Ces fibres lont_ attachées
fortement par leur extrémité antérieure j & forte-
ment arrêtées par leur extrémité pollérieure , îk
elles lont enfermées , chaque echeveau de chaque
côté , dans le pli d'une membrane double & af-
fez forte. Id. /?. i^^}, Echeveau tendineux. Id. p.
ECHEVELE , ée. adj. Qui a les cheveux épars &
en défordre, fe dit plus oïdinairement des femmes
que des hommes. Solutis j J'parjis , p':Jfii capidis.
On peint les Furies & les Bacchantes echeveUes ,
pout les rendre plus aflreules. Les mères écheve.'ecs
pleuroient la monde leurs enfans. Abl. Elle accourt
l'œil en feu , la tête échevcléc. Boil. Les Peintres
nous repréfentent fouvent Sainte Magdeleine éche-
yelée j parce qu'elle fe fervit de fcs cheveux pour
elfuyer les pieds de Notre Seigneur; & cela eft mê-
me palïe en proverbe : échevelee comme la Magde-
, leine.
ECHEVER. v. a. Vieux mot, qui fignifie échapper,
éviter. Vitare _, effugere ,Jc fubducere. Echever la
prifon.
•ECHEVIN. f. m. Scabinus j Couful, Decurio.OSidex
qui eft élu par les habitans d'une ville pour avoir
foin de l.urs affaires communes , de l'entretien &
de la décoration de la ville. A Paris il y a un Prévôt
des Marchands & quatre fcAev/'w^. Ils ont un Bu-
reau & un Jurifdidtion qui s'étend fur tous les
potts, &fii ' s Marchands de plufieurs marchandi-
fes qui y abordent par eau. Ils font maîtres de la
navigation des rivières qui fe rendent à Paris. Ils
connoiffent aullî des rentes conftituées fur l'hôtel de
ville , & des différends qui naiffént pour les rentes,
ou entre les payeurs. Ils mettent les taux aux mar-
chandifes & denrées , &:c. Les appellations en ref-
fortilfentau Parlemenr. Aux autres villes il y a un
Maire & des Echevins. On les appelle Confuls en
Lsnsjuedoc, en Provence & en Dauphiné ; Capi-
touls à Touloufe , & Jurats à Bordeaux. Ancienne-
Hient les Echeyins étoient AlTeHèurs Se Confeillerj
ECH
des Comtes j ^' Juges fies villes. C'eft pourquoi e»
quelques villes ils s'appellent Pairs , qui eft ua nom
de Juges , Allelleurs , ou Conledlers. Ils jugeoient
même feuls les pentes caufes, & de-là vient aufii
qu'en plufieurs villes ils ont ufurpé le premier de-
gré de Jurudiétion , pour juger les caules légères ,
Ôc ils ont balle Juftice. f^'oye^ Loifeau. Du Cange
dit que les Juges & leurs AiVeireurs , qui étoient
chonis par leurs habitans j s'appeloient Sca/nni,
^ leur Collège J Scabiiiagium , iichevinage. Il die
aulii que quelques Auteuisles ont appelés PiJC/ttr/Vj
à cauîe que leur Jurifdidion entretenoit la paix
dans leur ville iSc dans la banlieue , qu'on appeloic
pax vdU,
Les Echevins font aulli très-fouvent ce que les
Édiles étoient à Rome , & le Magiftrat qu'on ap-
pelûit potejlas , dans les petites villes d'Italie. On
dit encore aujourd'hui pode/iac. Les Grecs l'appel-
lent âyop«o'fiaf, &c. En Hollande, la londion des
Lchevois elt de juger les affaires civiles en premiè-
re inftance. Ils jugent aulli les affliires criminelles ;
&, fi l'accufé confelle fon crime , ils peuvent faire
exécuter leur jugement , foit de morr , loit de quel-
que autre peine aftlictive J fans appel. Ils peuvent
même faire donner la queffion ; & , fi le criminel la
foutientfans confeirer, ils jugent le procès félon la
forme civile , & faut l'appel à la Cour de Hollande.
Le nombre des Echevir.s n'eil point égal dans tou-
tes les villes. Il y en a neuf à Amftetdam , lept à
Roterdam, &c.
Quelques-uns croient que ce mot vient de chef ^
à caufe que ce font eux qui mettent à ckej les affai-
res de la ville. Pour confirmer leur conjeéhire , ils
repréfentent que l'on difoit autrefois Chevetaine
pour Capitaine , & échever pour découvrir fa tête,
ou la détourner pour éviter d'y être frappé. Menest.
/////. de Lyon J p. 541.
Ménage croit qu'il vient de Scabinus , ou Scabi~
dnius , qui fe trouve dans les Capifulaires , & que
c'eft un mot Allemand. Cujas & Chopin difent que
ce mot eft dérivé de l'Hébreu. Ragueau croit quil
vient de l'Allemand Schaffer, ou. fcafftn -^ & dit
qu'on a appelé S chai & Schabin, un Juge Inquifi-
teur,ou Réformateur. Il s'imagine aufli que les
Echevins anciennement peuvent avoir été les Juges
ou Confeillers de l'Echiquier. Quelques-uns les onc
appelés burlefi-iuemeut Lechevins , parce qu'autre-
fois ils dévoient goûter les vins pour y mettre le
taux Se la police. Borel le dérive de cavere , dans le
fens de Juge Se confervateur des intérêts publics.
Pafquier dit que le moc d'Echevin vient de S eiélni ^
dont eft fait mention fréquente dans les anciennes
lois des François. Lipfe dit que ce mot vient de
Schepen mot Allemand, c[m(vTp.\^Q Juge^ Senaceur,
Jurât Se Echevin. Le P. Meneftrier j Hift. de Lyon ,
p. 541. qui eft de ce même fentiment, ajoute que
ce nom le ttouve dans les lois Lombardes , & dans
les Capitulaires de nos Rois. SchepenenjÇelon Non-
nius , en fes Lois 'municipales , font les Confeillers
de ville , qui ont foin des affaires publiques. Ceux
qui veulent des origines plus reculées, le tirent f>ri?,
Schaven , qui fignifie en Syriaque des hommes rai-
fonnablesj juftes , & propres d conduire des affai-'
rcs. Menestrier.
ÉcHEviN DU Palais. Nom d'un ancien Officier de la
Maifon de nos Rois de la première race. Le Comte
du Palais avoit pour Confeillers des gens d'épée
comme lui , qu'on nommoit Echevins du Palais. Le
Gendre.
ECHEVlNAGE.f. m. Charge d'Echevin , & le temps
qu'il eft en charge. ConJuiatus.L'Echevinage eft une
chofe bien briguée. Ce bâriment public a éré fait
de VEckevinage de tels & tels; pendant le temps de
leur Echevinage. Il y a des villes onVEchcvinage en-
noblit.
Ip- ÉCHEUTE , ou ÉCHÛTE. La même chofe
qu'EcHoiTE. Foye^ ce mot.
ÉCHIDNA. Monftre produit par Chryfaor & Cal-
lirhos , ayant la moitié du corps d'une belle Nym^
ECH
phe , rautre moitié d'un feipeac affreux Se terrible.
C'eil de (on commerce avec Hercule , que les
Grecs prccendent que les Scythes tirent leur cri-
Sine. • /- ,•
ÉCHIF.adj. FowAT. Terme de Vénerie , qui ieaitdes
, chiens ardcns à manger.
ÉCHIFFRE. f. m. Termed'Archireôture.Celtunmur
"iui fert de bafe à un eicaiicr , qui en foutieur la
charpente ou les marches, la baluftrade les ap-
puis, &c. On du un mur à'échiffre, ouet/z^ff/e ablo-
lumenc. On ledit aulli de la charpente d'un elca-
lier. Cet cchijfre fera compole de deux patms , de
quatre noyaux , de rant de limons & d'appuis , de
tant de paliers , de tant de balullres tournés, de tant
de marches moulées.
|Kr ECHIGNER. Terme populaire. On dit Echiner.
ÉCHIGNOLE. f. f. Terme de Boutonnier, ou Ou-
vrier en gance. C'eft une efpèce de tuleau dont
ils fe fervent pour mêler enfemble les différens
brins de foie ou de tîl dont ils doivent faire leur
ouvrage. i r. i ■
ÉCHIK-'AGASI-BACKI. f m. Terme de Relations.
L'rlcnik-Jgi^/i-Backi ell Grand-Maître des cérémo-
nies à la Cour de l'erfe. La qualité de Kan eft an-
nexée à fa charge , auffi-bien que le gouvernement
de Téhéran vers Casbin. VEduf^-AgaJi-B.ichi, pour
marque de fa charge , porte un bâton couvert de
lames d or ^ & garni de pierreries. Il eft chef de tous
les Oflicieis de la garde du Roi •• c'eft le Seigneur
de la Cour le plus magnifiquement habillé , ce qui
convient fort bien à fa charge. Quand le Roi monte
achevai, il le précède toujours \, &c , quand il don-
ne audience aux Am'j dfadsurs & aux Etrangers , il
les tient parle bras. Mag'ius Ceremonialis arbiterm
Regno Perjico. f^oye^ Samfon , Eue préfcnt du
Royaume de Perfe.
ÉCHILLON. f m. Terme de Marine de Levant. C'eft
une nuée noire , d'où fort une longue queue qui va
toujours en diminuant, & qui, s'atongeant dans la
mer j en tire l'eau comme une pompe avec tant de
violence, qu'on voit bouillonner l'eau tout alen-
tour. Sïvho. Les Matelots craignent plus que toute
autre tempête cet étrange météore. Ils croient qu'en
piquant dans le mât un couteau à manche noir, cela
détourne l'orage \ tant ils poullent loin la fuperf-
tition. C'eft prefque la même choie que ce que fur
l'Océan on appelle 7^)7^0«. (^oye\ Puchot, Trom-
be , &c.
ÊCHIN. f. m. Médecin du Serrait. Medkus. Il y a
dans le Serrail dix Echins , ou Médecins , dont trois
font ordinairement Juifs. La jaloufie du Souverain
rend leurs fondions très-dangereufes. Les Echins
ou Médecins , m les Géraclers ou , Chirurgiens ,
n oferoient traiter , ni panfer qui que ce foit , fans
fa permiflion.
ÊCHINADES. Ancien nom de cinq petites Ifles fi-
tuées dans la mer Ionienne , fur la côte de l'Acar-
nanie. Echinades. les Echinades s'appellent au-
jourd'hui Curzolui , ou Cuzzolari. RufcelliSc Pi-
net les nomment falées. Les Modernes n'en comp-
tent que trois. Ce ne font proprement que des ro-
chers défetts. Elles font liîu.-es à la bouche du Gol-
fe de Lépante :, ou de P.atras , & vis-à-vis du fleuve
Acheloiis , qui divifoit autrefois l'Acamanie de l'E-
tolie. Ovide, M.'V. L. V[!I. v. 593. & fuiv. feint que
des Naïades furent changées en ces Ifles par Nep-
tune & par Acheloiis. C'eft proche de ces Ifles que
fe gagna en 1571. la faaieufe bataille de Lé-
pante.
ÉCflINE. f f. L'épine du dos , les vertèbres qui font
depuis le milieu des épaules jufqu'au croupion.
Spina. dorfi. Il eft tombé fur cet efcalier, il s'eft
rompu Xccklne.
Tandis que CoHetet , crottJ jufqu'à l'écWine ,
Ka mendier fon pain de cuijinc en cuijîne.
BOIL
ECH J4Î'
^ Ce mot vient àifpina , félon Nicot, Ménage le
dérive àoJckicn.T, Italien.
On le dit auffi des chevaux &z d'autres animaut.
On appelle maigre ec/u/ie un grand homme menu ,
& maigre. On dit aulîi longue échine dans le même
fens. Il eft l'amilier.
ECHINE , eft auili un terme d'Architedure. Echinus^
C'eft un membre j ou ornement de figure ovale, qu^
eft au haut du chapiteau de la colonne Ionique
Corinthienne &c Compofite. Il relfemble à dei'
œuts ou des châtaignes ouvertes , Ik arrangées les
unes auprès des autres. C'eft ce qu'on appelle
ove.
Ce mot vient du Grec i%ï>tç , qui fignifie châtai~
gne. Au refte , le mot Grec &c le Latin echinus étanc
du mafculin j il paroîtroit aufli plus raifonnable de
le faire en François du mafculin. Cependant l'ufage
, eft contraire.
ECHINEE, f f. Pièce de chair d'un cochon qui fe cou-
pe fur le dos. Imbrex porû. C'eft un bon ragoûc
, qu'une tcAi/.'eV aux pois.
ECHINER, v. a. Rompre l'échiné. Il l'a échiné d'un
coup de bâton. Ce fardeau eft trop pefant ; il eft
capable de vous échiner. Spinam dorsi abrumpere.
iyT On leditj au figuré, pour alfommer de coups
dans un combat, dans une mêlée. Il y eut deux
mille hommes échinas dans cette déroute. Intcrfi-
cere. Il eft du ftyle populaire , ou très familier dans
l'une & l'autre acception. Le peuple dit par corrup-
tion échigner,
ÉCHINE , É£. part.
ECHINITE. f m. Terme d'Hiftoire naturelle. Echi^
nites. Pierre femblable à la coquille appelée fc:A//2«j.
Voyc\ au mot CONCHITE la formation de ces
pierres.
Les EcHiNiTES , ou boutons de mer, font des co-
quilles pétrifiées que l'on trouve dans des carrières
du Berry , & dont l'intérieur eft rempli de craie.
Quand on a la patience de délayer cette craie en la
lavant, on reconnoît aifément la coquille de l'our-
fin. J'en ai diftingué deux efpèces; l'une qui relfem-
ble fort à ce petit echinus , commun fur les côtes
de S. Domingue , & dont il y a un fi grand nombre
au Jardin du Roi , l'autre m'a paru être la coquille
de Vhyftrix mariùmus Imperatï. Ces échinucs font
bien différens des cchinites ordinaires, qui font pouc
la plupart des piètres polies , dures comme du mar-
bre , & fur lefquelles on voir feulement l'impref-
fion de l'intérieur de la coquille de l'echinus.
ECHINOPE. f. m. Chardon fphérique. Echinopus.
|k7" On en connoît deux efpèces, le grand & le pe-
tit. Le fommet de leurs tiges eft armé de têtes fphé-
riques, qui portent des fleurons évafés. Ces deux
plantes font fudorifiques. On les emploie dans la
pleurélie. "*••
ECHINOPHORE. f. f. Plante dont le calice eft conx-
pofé d'une feuille en forme d'étoile , divifé en
cinq fegmens , & enfermant le pédicule de l'om-
belle. Son fruit forme une capfule anguleufe Sc
hériflee de pointes , qui contient une femence
longue.
ÉCHINOPHTALMIE. f. f. Inflammation aux patries
de la paupière qui font garnis de poils, De f;^»'»»^,
hcriffon , Se de 'c<prax^,ia ^ ophtalmie.
ECHÏNOPODE. f. m. Arbriffeau qu'on ne trouve que
dans l'Ifle de Crète , dans flfle de Chio, & dans la
Grèce. Il eft très-difficile à conferver : il ne peut fup-
porter le froid, ni en hiver , ni en été. l^oye^-en la
defcription dans le Didionnaire de James.
ÉCHION. f m. Nom dune plante que les reptibles
venimeux abhorrent. Echion. Cette plante croîc
très-abondamment aux environs de Paris, en Dau-
lïhiné, près de Grenoble & d'un refte de Tour
qu'on v voit & qu'on appelle la Tour fans venin ,
parce cju'une longue expérience apprend que les ani-
maux venimeux n'y nailfent point ; que incme ils
n'ofent l'abotder , Se que les araignées y rrouvenc
une mort certaine, fi on les y porte d ailleurs.
Giégoire de Tours , Si Gervais de Tihsbery eri
J42. E C H
parlent ; & Choiier , en fon Hiflùire de Dauphine,
L. I. p. 45 & 46. allure que cette vertu dure en-
core j & l'attribue, ou à la violence du vent du
nord qui y fouffle j ou à la plante échionqvn naît
aux environs très-abondamment. C'ell ce qu'on
appelle vipérine^ Foyei ce mot.
ÉCHION. f. m. Fils de Mercure, & d'Antianire
fut un des Argonautes à qai il lervit d'elpion pen-
dant le voyage, parce qu'il ûtoit fin & rule j c elt
peut-être pour cette qualité qu'on l'a fait fils de
Mercure.
ÉcHiON , mari d'Agave , & père du malheureux
Penthée.
ÉCHIQUETÉ, ouECHiQUE, ée. adj. Terme de
Blafon, qui fedit de l'écu qui ell divilé en échiquier.
Tejfetlatus. Un ccu cchïquctc d'or & d'azur , d'ar-
oent (ii^' de fable. Il faut qu'il foit du moins compofc
de fix traits j ou de vingt carreaux. Quand il y en
a moins , on èi\x. points équipoUés ; de , quand il n'y
en a qu une tire , on l'appelle compone.
On le dit aulli non-feulement des pièces hono-
rables dont l'écu efl; charge , mais même des ani-
maux , comme aigles & lions , quand ils font char-
gés ou divifés par de femblables carrés. Il portoit
d'or au lion de gueules , charge de trois bandes ,
■echiquete à'dLïgQWi Se d'azur de deux traits.
ÉCHIQUIER, f. m. Tablier divifé en 6j, carreaux de
deux couleurs j fur lequel on joue aux Dames , aux
Echecs. Alveolus luforius. Echiquier d'wohe, d'am-
bre , de bois.
On dit que des arbres font plantés en échiquier ,
in quincuncem , quand ils font plantés de forte , que
leur figure repréfente plufieurs carres, ou un échi-
quier.
|p° On dit lieu planté en éeniquier^ lorfqu'il eft
fur un trait carré , formant des allées de tous côtés.
On dit, en termes de Marine , que des vailfeaux
font en échiquier^ loifqu'ils ne courent pas lut la
même ligne \ enferre que les lignes fur lefquelles
ils courent , fe croifent comme les lignes d'un échi-
quier, ou comme des arbres rangés en échiquier.
L'ÊVrii/wicr de Normandie, Szacarium, étoit une
Juftice foLiveraine , on féancedeCommillaire , ou
de Magiftrats délégués pour tenir une elpèce de
Grands Jours dans une Province. Sous les Ducs
de Normandie XEchiquier étoit une ailîfe générale,
où fe ttouvoient les principaux Seigneurs, pour ju-
ger les affaires les plus importantes en dernier ref-
fort. Les Prélats, les Barons , & les Baillifs Royaux
y dévoient affifter. Il fut créé par le Duc Raoul ,
après que la Normandie lui eut été cédée par Char-
les-le-Simple , vers le commencement du X*^. fiè-
cle. Il fut établi en la place At% Comtes , ou
Commilj^ires , que les Rois envoyoient dans les
Provinces , avec une pleine autorité. Le Duc
Raoul créa auili un grand Sénéchal, qui réformoit
les jugemens des Juges inférieurs, pendant que
VEchiquier n'étoit point allemblé. Comme ['Echi-
quier etoit ambulatoire , & qu'il n'étoit point per-
pétuel , la charge de Grand Sénéchal fut fupprimée
par la mort du Sénéchal de Normandie ; VEchiquier
fut fixé à Rouen , comme dans la capitale de Nor-
mandie, & rendu perpétuel à la requête des Etats
de la Province, par le Roi Louis XII. en l'an 1499.
Se François I. lui a fubftitué le noin de Parlement
en 1 5 1 5. Ainfi le Parlement de Rouen eft ce qu'on
appeloit autrefois l'Echiquier. Il y a eu aulli un
Echiquier à Alençon ; & l'Archevêque de Rouen
prétend avoir un Echiquier, 8c Cour Souveraine
pour les caufes dépendantes du temporel de fon
Archevêché. Vers le temps de Philippe-le-Bel, on
tenoit deux échiquiers à Rouen chaque année, com-
me deux Parlemens à Paris. Sur VEchiquier , ou
Parletnent de Rouen. F'oye^ la Defcription Géo-
graphique & Hiftorique de la Haute-Normandis. tom.
2. p. i6z.
Échiquier d'Angleterre. On appelle Cour de l'E-
chiquier, une Cour où l'on juge les caufes touchant
les comptes, débourfemens, impôts , douannes &
ECH
amendes. Elle eft compofée de fept Juges, qui
font , le Grand Tféforier , le Grand Chancelier
de V Echiquier j le Lord Chef Baron , les trois Ba-
rons de r Echiquier j &c le Curfitor-Baron. Les deux
premiers s'y trouvent rarement. Le Chef- Baron
eft le principal Juge. Cette Cour de l'Echiquier
eft fubdivilée en deux. L'une s'appelle Cour de
loi j (k l'autre. Cour d'équité. Autrefois les Evê-
ques, &■ les Barons du Royaume , avoient féance
à la Cour de VEchiquier. Aujourd'hui ces deux
Cours lont tenues par des perfonnes qui ne font
point Pairs , & qu'on appelle pourtant Barons, Il
y a un autre Echiquier , qu'on appelle le petit
Echiquier. C'eft le Tréfor Royal, ou la Tréfo-
rerie. On y reçoit , & on y rembourfe le revenu
du Roi. Le Grand Tréforier en eft le premier
Officier.
Nicot croit que ces Cours étoient ainfi appelées
à caule qu'elles étoient compofées de gens de dif-
férentes qualités , comme les pièces du jeu des
échecs : d'autre , parce qu'on y plaidoir les uns
contre les autres en bataille rangée, comme on fait
aux échecs.
Ménage & Du Cange, après Pithou & Ragueau,
tiennent qu'il vient de l'Allemand /egicgen , qui
lignifie envoyer, parce que cette Allemblée fuc»
• céda à des Commilfaires , appelés dans les anciens
litres M iffï Dominici. D'autres ontcruquele mot
fcacarium Latin eft venu de ftatarium , à Jlando.
Du Cange croit, avec plus d'apparence, qu'il vient
du pavé de cette chambre qui étoit fait en forme
à! Echiquier, ou du Bureau autour duquel étoient
les Juges , fur lequel on mettoit un tapis diftingué
en plufieurs carreaux. Larrey eft aulli de ce fenti-
ment. Cette Cour eft ainfi nommée j dit-il , du
tapis de cette chambre travaillé en échiquier. Spel-
mannus , Somnerus & Wagius le dérivent de
Jlhût^, qui fignifie trefor : d'où vient que Polidore
Virgile a dit qu'il faut écrire fcattarium , aulieu de
fcaccarium. Somnerus le dérive àe/chaen , qui veut
dire, ravir ; ce qu'il dit être le propre au Fifc.
On appelle encore en Angleterre Zivre de r Echi-
quier, ou Livre noir, un livre compofé en 1175.
par Gervais de Tilburi , neveu d'Henri IL Roî
d'Angleterre, & divifé en plufieurs chapitres. Oa
y voit la defcription de la Cour d'Angleterre de ce
temps-là J fes Officiers, leurs rangs, leurs privilèges,
leurs gages , leur pouvoir & leur Jurifdiélion j les
revenus de la Couronne , tant en argent qu'en grains ■
& en beftiaux : on y voit que pour un chelling on
avoir du pain autant qu'il en lalloit pour la nour-
riture de cent hommes pendant un jour ; qu'un
bœuf gras ne valoir que douze fols , & un mouton
que quatre. Larrey, P.I.p. 394.
Échiquier , fe dit auffi, en termes de Blafon", lorfque
l'Ecu eft divifé en plufieurs carrés , dont les uns
font de métal ^ &. les autres de couleur, comme
le tablier où l'on joue aux échecs. TeJJeU.
Échiquier. Terme de pêche. Efpèce de filet carré ,
dont on fe fert pour la pêche du goujon. Il a en-
viron (w pieds de chaque côté.
ECHMALOTARQUE. f m. Chef de la captivité.
Prince des captifs, j^chmalotarcha. C'eft le nom
que l'on donne aux Chefs qu'avoient les Juifs pen-
dant la captivité de Babylone , & qui les gouver-
noicnt : car il ne faut pas s'imaginer que ce foit le
nom que les Juifs leur donnoient, comme on pour-
roit fe le perfuader en lifint quelques Auteurs mo-
dernes 5 ce mot n'eft ni Hébreu , ni Chaldéen j
mais Grec. Les Juifs les appellent m^J yvA-\ , Rafchc
oheluth , c'eft-à-dire , Chef de la captivité. On a
formé fur ce modèle le mot Grec Echmalotarque ,
de «çjioî, Chef, Prince, &«i';K^«As;r« , captif, honime
pris en guerre, & par les armes, de «.X/"^, la pointe
d'une arme , & «ajo-//.» , je prends. Du refte , voye7;_
ECHMALOTARQUE.
ECHO, f m. Echo. Prononcez en François comme
en Latin , Eco. Il eft toujours du mafciilin en Fran-
çois, quoiqu'il foit du féminin en Latin , lorfqu'il
E C H
fignilîe le icflécliilTement & la répétition du fon.;
C'elt un Ion réHcciii , ou renvoyé par un corps fo-
lide vers l'oieiUe , où il fe repère. Il y a des échus ;
qui renvoient lo Ton , ou les paroles , deux ou plu- i
iieurs fois. Les Amans maltraités vont faire leurs
E CH J45
qu'il vient de plus loin. En général une furface
concave renvoie un ion plus fort. Par fa figure elle
empêche le fon de fe diHiper : elle le léunir. Ainii
les cavernes j les lieux voûtes, &c. doivent ctre,
comme ils le font en effet, plus fonores.
plaintes dinx échos ; il n'y a que l'cc^o qui réponde Écho. f. f. Terme de Mythologie. Nom propre d'une
à leur voix. On compare à '^echo les perfonnes in
diicrétes , les perfonnes qui vont répéter tout ce'
qu'elles apprennent. Les femmes fontprefque tou-j
tes de la nature des échos 3 qui rediient tout ce
qu'on leur du. Bouh.
Les échos de nos bols
Ont cent fois retenti de vos fameux exploits. M en.
Jrai-je , en une églogue , affis au pied des hêtres _,
Faire dire aux échos des fottifes champêtres ^
BoiL.
Ce mot vient du Grec '•yjs ^fonus , du verbe 'y^yj"
fono.
É<HO , fignifie au!îi le lieu où l'on entend cette ré-
pétition de fon. Chanter à ïecho.
Au fépulcre de Metella, femme ds CralTus , il y
avoit un écho qui répétoit cinq tois ce qu'on lui
difoic. On parle d'une tour de Cyzique , où ïe'cho
fe répétoit lept fois ; mais le plus bel écho , dont on
a fait mention jii'.-^u'ici, ell celui dont parle Bartius
dans les Notes ilit l.i Thébai'de de Stace L. VL v.
}o. &z qui répctoit jufqu'à dix-lept lois les paroles
que l'on prononçoit. Il étoit fur le bord du Rhin ,
entre Cobhnts 6: Bingen ; & Bartius alT'ure qu'il a
éprouvé ce qu'il dit, & compté dix-fept répétitions.
Il ell auiîi parlé , dans les Mémoires de l'Académie
des Sciences , & dans la Dcfcription Géographique
& Hiforlque de la Haute-Normandie, tom. 2, p. 2py.
d'un écho extraordinaire. Aulieu que les échos or-
dinaires ne répètent la voix que quelque-temps
après qu'on a entendu celui qui chante, ou qui
parle ; dans celui-là on n'entend prefque point ce-
lui qui chante , mais bien la répétition qui fe fait
de fa voix , ik. toujours avec des variations furpre-
nantes, VEcho femblant tantôt s'approcher, & tan-
tôt s'éloigner. Quelquefois on entend la voix trés-
diftindement , & d'autres fois on ne l'entend pref-
que phis. L'un n'entend qu'une feule voix , & l'au-
tre plufieurs : l'un entend Yecho à droit, & l'autre à
gauche- Enfin , félon les diftérens endroits où fe
placent fur deux lignes l'une au-delfus de l'autre,
ceux qui écoutent & celui qui chante, on entend
Vécho différemment. Cet écho ell à deux lieues au-
deffous de Rouen , près de l'Abbaye de S. Georges ,
dans une mailon de plaifance appelée le Genetai.
§Cr L'EcHo, difent les Phyiiciens , eft un fon réflé-
chi qui vient trapper l'organe de l'ouie avec la
même modification que le fon direét^ quand celui-
ci ne fait plus d'imprefîion. J^'oyei^ SON. Le fon
réfléchi garde dans fa propagation les mêmes rè-
gles que le fon direél , puifque la furface polie &
impénétrable qui le renvoie doft être regardée com-
me un vrai corps fonore. Lorfque les corps réllé-
chilfans font à une certaine diltance de celui qui
parle , alors le (on réfléchi parvient plus tard à fes
oreilles que le fon direét ; & c'elf là ce qui forme
les échos i foit fimples , foit polyphones. Le fon
diredt n'ert-il répété qu'une fois ? Vécho eft iimple.
Le fon direct eft-il répété plufieurs fois ? Vécho eft
polvphone. Plufieurs furfaces polies & impéné-
trables font-elles fituécs de manière à recevoir &
à renvoyer lucceffivement le même fon ? elles
feront nutant à! échos qui vous rediront tous les uns
après les autres ce que vous aurez dit.
fi3" Les échos redifent plus la nuit que le jour,
parce qu'alors l'air eft plus tranquille , moins
chargé de vapeurs & d'exhalaifons. Auffi , quand
l'air eft plein de vapeurs, qu'il neige, on s'ima-
gine que le fon vient de ^slus loin , parce que ,
pa'fant par un milieu plus épais, il eft plus atfoi-
bli quand il frappe l'organe. De-U nous jugeons
Nymphe. Echo. La Nymphe , ou la IJéelfe Echo ,
étoit voifine du Hcuve Céphife. Aufone la fait
fille de l'air & de la langue. Varron l'appelle com-
pagne des Wufes. icAo, étant devenue amoureufe
de Narcilfe, & en étant méprifée & rebutée, délTé-
cha de chagiin, & fut changée en rocher, rete-
nant toujours la voix qu'elle avoit auparavant.
D'autres difent que Junon j pour la punir de ce
que , par fon babil &: fes diicours , elle l'empê-
choit de furprendre Jupiter dans fes commerces
de galanterie , la condamna à ne plus parler
qu'on ne l'interrogeât , (Se à ne répondre que deux
ou trois mots aux queftions qu'on lia feroit.
Les Poètes marient la Nymphe Echo avec le Dieu
P.an.
^fT Le mot écho eft féminin en ce fens.
Un Berger chantera fes déplaiprs fecrets
Sans que latrl/le Echo répète fes regrets. Corn.
Et /'Echo, dans le fond de fes grottes fecrétes ^
JVe redit-elle pas les airs de nos mufettcs. GoD.
Echo j en termes d'Architeéture, fe dit de certaines
figures de voûte qui font d'ordinaire elliptiques,
ou paraboliques , qui redoublent les for^s , & font
des échos artificiels. La manière de faire \écho
artificiel eft enl^eignée par le P. Blancani , Jé-
fuite, dans fon Echométrle, à la fin de fon livre de
la Sphère.
Vitruve écrit qu'en divers endroits de Grèce &
d'It.Tlie on rangeoit avec art j fous les degrés du
théâtre , en des cfpaces voûtés , des vafes d'airain ,
pour contribuer à rendre plus clair le fon de la voix
des Acteurs, & faire une elpèce à' Echo ^ ik par ce
moyen , malgré le nombre prodigieux de ceux qui
ailiftoientà ces fpeétacles, tout le monde pouvoir
entendre aifémelir.
Echo , en termes de Mufique , fe dit des tépétitions
de plufieurs notes qu'on vient de chnntet , ou de
jouer fur un autr^e ton. Les échos font fort agréables
fur l'orgue.
Echo , en termes de Pob'fie , eft un jeu , ou une cer-
taine forte de Poèfie, dont les dernieis mots , ou
les dernières lyllabes, ont un fens qui répond à
la demande qui eR contenue dans les vers j & qui
femble être faite par un écho. Il y en a d'afTeiz in-
génieux dans l'Aftrée. Le premier écho en vers j
félon Pafquier , eft celui qu'on voit de Jean Se-
cond dans fes Sylves 5 mais Pafquier fe trompe :
les anciens Poètes Grecs &c Latins ont fait des échos.
Martial le donne affezà entendre , lorfque fe mo-
quant de ces fortes de jeux j il dit qu'on ne trou-
vera rien de tel dans fes Poëfies. Nufqucm Gr&cula
quod recar.tat Echo \ par où, d'un côtéj il fait voie
qu'il y avoit des Poètes Latins de fon temps qui
faiibient des échos , 8c de l'autre que cette invention
venoit des Grecs. Ariftophane j dans fa comédie in-
titulée &'5-^i"p»ç'«Çx^«' , intfoduic Euripide fous le
perlonnage d'Echo , d'une manièic véritablement
fort froide. Callimaque , dans l'épigramme t.'y,B-xifa
rr, sramy-a. T'y kukMkiv ^ femble avoir voulu faire
une efpèce d'Echo. Il y etj a un de Goradas , L.
4. c. 10. de TAnthologie. ^o)e:^auffi l'épigrainme
de Léonides, L. 5. c. 6. de la même Anthologie ,
(?r le Père Sirmond fur l'Epître XI. du 8. livre d-j
Sidonius Apollinaris. Cette érudition & cerr-;
critique nous a été communiquée pat M. de l.t
Alonnoye.
UCT Nos premiers Poètes François faifirent avi-
dement ces jeux de mots , qui furent regardes loa;-
temps comme des eftotts de génie. Ces fortes ds
J44 E C H
produdions , ainfi que bien d'autres de cette efpè-
fonc dans un décri général.
ce
Nos yeux par ton éclat font Ji fort c\Aoms. . Louis.
Que, lorfque ton canon , qui tout le monde étonne.Tonne.
D'unJiproJonJrefpeclnousnousfcntonsèçxis, . . Pris.
Que tonfeul nom par-tout^ton bras & ta perlonne.SoJine.
ÉCHOITE. f. f. Terme de Coutumes , qui fignifie
fuccelîîon collatérale. De Beaumanoir dit, que Vej-
choite (i eft quant hiretage defcend du cofté par dé-
faute de che que chil qui meurt n'a nus enfans , ne
nul qui de fes enfans foit illus , fi que fes hiretages
efchoient i fon plus prochain parent. Succejfto col-
lateralis.
ÉCHOMES ou ÉCHEOMES , S calmes , ou Tolets ,
en termes de Marine , ce font des chevilles de bois j
ou de fer , plus épailfes au milieu qu'aux deux ex-
trémités j qui fervent à tenir la rame du matelot
qui nage.
Il y a des Auteurs qui dérivent ce mot du verbe
Grec 'ix'fxi , ou du nom '^xf^». Il eft bien plus natu-
rel de le faire venir du Grec <rx.<tXiÀoç j & du Latin
fcalmus : en voici la généalogie ^/tj/OTa^ , efchoul-
me, efchaume , /c/zo/ne ; ce qu'on appelle cc/zo/we
dans la Méditerranée j s'appelle Tolet , ou Toulet
dans l'Océan j & Touret fur la Seine.
ÉCHOMÈTRE. f. m. Echometrum. Terme de Mathé
matique , d'Acouftique & de Mulique. L'Echomc-
tre eft une règle fur laquelle font plufieurs lignes
divifées , qui fervent d'échelles pour mefurer la
durée des Ions , & pour trouver leurs intervalles êc
leurs rapports. Voye\ M. Sauveur , dans fes Princi-
vcs d'AcouJlique y où il parle de XEchomhre , de fes
Divifions J de /es ufages.
Ce mot à'Èchomètre , dans fon origine , fignifie
mefure du fon : il eft dérivé de deux mors Grecs ,
"X"'? J fon ; & ftiT^lv J mefure.
ÊCHOMETRIE. f f. Science , Art de faire des échos;
de faire des bâtimens , dont la difpoficion , & fur-
tout celle des voûtes, forme des échos.
ÉCHOPPE, f f. petite boutique adodée à un mur, &
couverte en appentis , qui fe bâtit en des lieux paf-
fans. Taberna. C'eft oii fe logent des Marchands
cjui n'ont pas à débiter des chofes de grande valeur.
Aux environs du Palais on a bâti plufieurs échoppes.
Dans les marchés, dans les parvis des Cathédrales,
il y a toujours quelques échoppes.
Ce mot approche de l'Anglois Shop , qui fignifie
une petite boutique. M. Huet , dans fes Origines de
Caen , Ch. XI. fait Efchope , fynonyme de Cage. Ce
Contrat, dit-il, fait mention d'une cage, ou ef-
choppe.
Échoppe. Terme de Graveur & autres Ouvriers. C'eft
une efpèce de burin ou de pointe plate , &c tran-
chante par l'extrémité , dont fe fervent les Orfè-
vres, Sculpteurs , Graveurs en eau-forte , Serruriers
& autres , qui difent aufti échopper, pour dire. Tra-
vailler avec l'échoppe. Calum , fcalprum. Pomey
écrit échople j & échopler.
|3^ ÉCHOUAGE. f m. Terme de Marine. Endroit
ou il y a peu d'eau , où l'on peut faire échouer un
bâtiment avec moins de danger pour l'équipage.
ECHOUEMENT. f m. Terme de Marine , & de
commerce de mer. C'eft le choc d'un vailfeau con-
tre un banc de fable , ou un bas fond , fur lequel il
ne peut paffer faute d'y trouver allez d'eau \ ce qui
bien fouvent le brife , & en caufe la perte. Le Ti-
tre 9. du Livre 4. de l'Ordonnance de la Marine de
France de i(î8i , règle , en quar.ante-cinq articles ,
tout ce qui concerne la police qui doit s'obferver
pourlaconfcrvation des effets & marchandifes pro-
venans des naufrages , bris & échoucmens de Vaif-
feaux fur les côtes du Royaume. L'Abbé de Choify
fe fert du terme à'échouage dans fon Journal du
Voyage de Siam. Il y a, dit-il , apparence, malgré
léchouage, que je gagnerai trois porcelaines.
ECHOUER. V. n. Donner contre un rocher , ou de-
meurer, fur le fable, quand on eft dans un vaifteau
E CH ECI ECL
qui ne trouve pas afiez d'eau pour voguer , pour
être .à Hot. On appelle aulîi csla toucher quand la
quille touche le fond de la mer. Impingere , iiliiîere
navim ad fixa , harere in vado. On le dit , & des
perfonnes qui lont dans le vaifieau èc du vailfeau
même. Nous avons échoué. Notre vailFeau a échoué.
Le v-aiffeau eft arrêté quand il porte fur terre j par-
ce qu'il n'a plus alTez d'eau pour fe foiitenir.
On le dit aufli en lignification active ; échouer
ion vailieaUj pour due, le taire échouer. La tem-
pête a fait échouer ce vailTeau fur les bancs de la
Manche. Ce Capitaine a échoué exprès fon vailfeau y
a voulu s'échouer , pour fe fauver des Corfaircs , &
pour attendre que les groifes marées le relèvent.
F'oy. EcHouAGE & EcHOUEMENT. Il fe ditaufii des
grands poitlons. On trouva une baleine qui avoir
échoué fur la côte.
Ménage dérive ce mot de excubare , comme qui
diroit' tomber J cheoir ; ou bien de fopulare , de de
fcopulus.
Echouer , fignifie aufll quelquefois fe Brifer. Trois
de nos vailieaux échouèrent contre les rochers. StO.
navire échoua contre les brifans.
Echouer J fignifie, figurément. Avoir un manvais fuc-
cès ; ne point réullir dans une entreprife. On a éven-
té le fecret de cette affaire , je la tiens échouéei.
L'amour eft un écueil contre lequel la vertu des
plus grands hommes échoue ordinairement. Votre
dellem a malheuieufement échoué. Les traduétions
en vers échouent d'ordinaire par les défauts de la
verfification. Ménage.
Échoué, ée. part. & adj. Ayant trolivé fa Galère
échouée (ut le rivage , il la fit remorquer par d'autres.
îp^ ECHROÏDÈS. f m. Plante qui ne diffère de l'E-
chium ou vipérine , qu'en ce que la circonférence
de fes Heurs eftégale , au lieu que le bord fupérieut
de la vipérine eft plus alongé que l'inférieur. Tou-
tes deux ont les mêmes ptapriétés. ^oye^ Vipérine.
ECHTER , ou ECHTERNACH. ro^e^ ETERNAC.
ECHYMOSE J ou plutôt ECCHYMOSE, f f. Sufu-
fio. Terme de Médecine , qui fe dit lorfque , par
quelque effort ou contufion , le fang qui eft arrivé
entre cuir & chair & dans les mufcles , s'y arrête ,
quoiqu'il n'y paroilfe pas de plaie ^ ni d'ouverture.
Il y a échymofe lîmple , & échymofe avec abcès. Ce
mot eft tout Grec : ly-x'!^'''^'^ , fignifie j eftufion d'hu-
meurs J rm x"f^^-
On donne aujourd'hui le nom d'infiltration à cet
épanchement,
Ë C I.
ECU A. Ecija 3 Afigis. On écrit attfll Artigïs , comme
l'a remarqué Vollius fur Mêla j L. II. C. 6. v. 21.
p. 187. Mais Pline s'eft trompé quand il l'a nom-
mée Lafigis , félon la remarque du même Au-
teur. Ecija eft une ville Epifcopale d'Andaloufie j
en Efpagne , fituée fur la rivière de Xénil , entre
Cordoue & Séville. L'Evêque à' Ecija eft fuftraganE
de Séville. Maty l'appelle aulîi Ecya , ScEcife.
ÉCIMER. v. a. couper la cime , couper la tête d'un
arbre. Decacuminare. Ecimcr un arbre. On dit auftî
Étêter. Cet arbre a été écimé , afin qu'il puilfe pouf-
fer plufieurs branches fur fa cime : l'on ecime les
faules , afin qu'ils pouffent. On les étête.
ÉciMÉ, ÉE. part- Decacuminatus.
En termes de Blazon , écimé fe dit ordinairement
de la pointe d'un chevron qui eft emportée \ ce que
l'on appelle aulli rompu. La Rochufoucault porte
burelé d'argent & d'azur j au chevron de trois piè-
ces de gueules , brochant fur le tout , le premier
chevron écimé , ou rompu.
ÉCISE. Foyei ÉCIJA.
ECL.
ÉCLABOTER. v. a. V.ieux mot. Couvrir de boue.
C'eft de-là que nous eft venu éclaboujjer , qa'on 3.
cpmpofé à'éclat , & cje boue,
ECLABOUSSER
E C L
ÉCLABOUSSER. V. a. Luto vel aquâ perfundere , infi-
cere , ajpergere ^ lutulare. Faire rejaillir de la boue
au viGxge & fur les habits. Les chevaux qui mar-
chent dans les tuiffeaux édaboujjcnt les gens de
pied.
Cucnauifurfon cheval enpaffant m'échhouiTs. Bon.
Lorjquun vilain Counaut mepoujje ,
Et me jette vers le rui£'eju j
Ou qu'un carrojje w'éclabouile ,
Chargeant de mouches mon manteau.
P. DU Cerc.
Ce mot eft compofé de éclat , & de houe. Nicot
dit efclahocher.
ÉCLABOLTSSURE. f. f. Lutum injcaum. Boue , ordu-
re qui rejaillit fur une perfonne. Votre linge elt
plein d'éclizhoujjures.
ECLAFFER. Vieux mot, pour Eclater. Les Gouver-
nantes de Gargantua sVc/aj/ô/ewr de rire , quand fa
braguette levoit les oreilles , comme fi le jeu leur
eût plu. Rab. Ponocrates & Euilemon s'éciafferent
de rire tant profondément , qu'ils en cuiderent ren-
dre l'ame à Dieu. Id. On parle de la lorte en Lan-
guedoc & en Dauphiné , S>c même en Bretagne.
C'eft une onomatopée.
ÉCLAIR, f. m. Eclat lubit de lumière, qui annonce (Se
précède ordinairement le bruit du tonnerre. Ful-
gur. L'éclair , félon les Cartéfiens , conlille en ce
que les'exhalaifons , qui fe trouvent entre deux nues ,
étant enflammées , ou par le choc , ou par la chute
des nues , ou par la rapidité de leur mouvement j
elles pouifent les petites boules du fécond élément
vers les objets d'alentour , d'où fe réfléchil^nt vers
nos yeux, nous fommes excités à voir ces objets ,
comme s'ils étoient enflammés , ou éclairés du So-
leil. RoHAULT. Selon les Galfendiltes , l'éclair fem-
ble n'être qu'une lumière lancée Se répandue dans
l'air par la flam.me de la foudre : & cette matière
inflammable de la foudre n eft autre chofe que
certaines exhalaifons gralfes , fulfureufes , bitumi-
neufes & nitreufes , que la force de la chaleur fou-
terreine , & celle du foleil détachent & élèvent en
l'air. Bern.
fCJ" La matière du tonnerre renfermée entre
deux nuages , comme dans une efpèce de voûte ,
eft allumée par l'adion des vents , par le choc des
nuages, par la chaleurdu foleil, par le mélange feul
des efprits hétérogènes. F'oy. Tonnerre , vapeurs
ïT EXHALAISONS. Ces exhalaifous allumées di-
latent avec violence l'air emprifonnc dans l'exha-
laifon & dans le nuage. Le nuage ne pouvant plus
foutenir l'eftort de lair , puifque fon reifort ac-
quiert des forces immenfes , s'ouvre avec violence.
L'air qui y ctoit retenu , fort par l'ouverture avec
une rapidité étonnante, & entraîne avec lui une
partie des exhalaifons enflammées qu'il rencontre
fur fon palfage. Voill les éclairs qui brillent de
toutes parts à nos yeux.
IÇr Suivant les nouveaux Phyficiens, les éclairs
ne lont autre chofe qu'une infinités de bluettes qui
fortent des nuages éledrifés. La matière propre du
tonnerre , efi: la matière éledrique, qui ell un vrai
feu répandu dans l'atmofphère tcrreftrej & qui
devient fenfible lorfqu'il fe joinr à des matières in-
flammables. Les exhalaifons qui s'élèvent du fein
de la terre , font les alimens du feu éledrique.
/^oy. ELECTRiciTE.Siles vents contraires portent un
nuage non électrique , contre un nuage éleftrique,
ce choc donne une infinité de bluettes. Si les ma-
tières qui fervent d'aliment au feu éleftrique s'en-
flamment, lennage éclate en foudres &: en carreaux.
Lorfque le choc d'un nuage non électrique , contre
un nuage électrique , ou d'un nuage moins éledtri-
que, contre un nuage plus éledrique , n'eft pas af-
fez fort pour hrifer l'un & l'autre en des millions
de parties ^ alors nous avons des éclairs fans ton-
netre : lorfque cette rupture fe fait , &c qu'il fe
trouve , entre notte osil & les nuages brifés , quel-
Tome III,
E C L J/J.J
qu'autre nuage capable d'abforbet la lumière que
donnent les bluettes élec'taquesj nous avons des ton-
nerres fans éclairs.
^ UCT Si le bruit du tonnerre fuit immédiatement
Véclairj, le nuage éleélrique eft proche. S'il y a une
féconde ou un battement de pouls entre Véclair ôc
le bruit, le nuage éledrique elt à 175 roifes. S'il y
en a deux , il eft à 34«?, &c. calcul fondé fur la dif-
férente du mouvement de la lumière qui vient à nos
yeux prefque dans un inftanr , & parcourt dans une
minute environ quatre millions de lieues , & celui
du fon qui ne parcourt dans le même temps que
, 103S0 toiles. P'oy. Lumière & Son.
Eclair ,fe du aiifli des lumièies réfléchies qui palfent
en un moment , comme d'une épée j d'une glace de
miroir agitée.
On dit, hgurémentjil efl: prompt comme un
éclair. La gloire de ce monde paîfe comme un éclair ^
pour dire , qu'elle ne dure guère- Démofthène a ef-
facé les Orateurs de tous les liècles , &c les a lailfés
comme ab.attus j & éblouis de les tonnerres , & de
fes éclairs.
Nous perdons le préfent, ce tcmpsji précieux ,
Et qui tel qu'un éclair difparoit à nosyeu.x. Des- H.
On dit aulli , figurément & poétiquement , les
_ éclairs de fes yeux , pour figniher l'éclat de fes yeux.
ECLAIR des harengs. C'eft un éclat de lumière, fem-
blable à celui des éclairs qui précèdent le tonnerre :
il paroîc fur la mer lorfque les harengs palfent en
troupes.
I/Cr On appelle auflî éclair en chymie, la lumiè-
re vive & étincelante qui paioît à la furface du bou-
ton d'or ou d'argent qui relie fur la coupelle. Acad.
Fr. c'eft-à-dire, lorfqu'il perd fon état de fluidité ,
qu'il commence à fe congeler.
ECLAIRCIE. f f. Terme de Marine. Endroit clair qui
paroît au ciel dans un temps de brume. A dix heu-
res du foir, il s'étoit fait une éclaircie , à la faveur
de laquelle nous avions vu une très-grolfe glace au-
près de nous. Les Matelots qui alloient en vigie au
haut des mats , dirent qu'il venoit quelque éclair-
cie.
ÉCLAIRCIR. Y. a. Rendre nn corps plus clair & plus
net \ lllujlrare, clarare. Il faut lailfer repofet ce vin
pour ['éclaircir. On fe mire dans l'argent qui eft bien
bruni , bien éclairci. Un vent de Nord éclairât \c
ciel j le rend ferein , chafle les nuées.
Dans ce fens on le dit du vifagej pour rendre
clair & ferein.
N'éclaircire\-vous point ce front chargé d'ennuis ? R.
§Cr Éclaircir fe dit, des chofes liquides^pour rendre
moins épais. Eclaircir un firop.
Eclaircir , fe dit auifi des corps qu'on fépare les uns
des autres , & dont on diminue le nombre, en bif-
fant plus d'efpace & d'intervalle. Vacuare , difper-
gere. La tempête a bien éclairci cette forer j elle a
abattu bien des arbres. Le feu de la courtine c'c/tz/'r-
ci(]oit les rangs des alfaillans. On tira une telle
quantité de traits ^ qu'on eV/tr/Var bientôt la foule de
ceux qui s'étoient trop avancés. Vaug.
ffT Eclaircir , fe dit auili par les Jardiniers pour
arracher du plan dans un endroit où il il y en a trop.
On éclair cit un bois , une pépinière, une planche de
laitues. Interlcgere , interpurgare , difrariire , dans
Columelle. Ce plan eft trop épais, trop dru ^ il en
faut arracher pour ['éclaircir. On n'éclaifcit pointVo-
\ feille , parce qu'elle ne peut ctre trop drue.
\ §C7" Eclaircir , chez les Teinturiers , c'eft diminuer
j le foncé de la couleurd'une étoffe. Diluere, eluere.
\ fer Eclaircir, fedit, dans un fens figuré, pour ren-
dre clair ce qui eft oblcur, en préfenrant les idées
dans l'ordre où elles doivent être. Eclaircir une ma-
tière. Il eft fouvent employé comme fynonyme à
développet & expliquer, qui ont pourtant leuridée
particulière. Explicare , enucleare , dilucidare. Les
Z z z
f ^S E C L
Critiques du dernier fièclc ont bien édaircï les Au-
teurs anciens.
^fT On le fair quelquefois fynonyme à réfoudre.
Edaircir uns difficulté, un doute.
ÇCT ÈcLAiRciR quelqu'un, c'eft l'infliruire d'une véri-
té , d'une chofe dont il doutoit. Docere j ']s WQUX
vous éclaircir de ce point là. On dit auili s'edalrcir.
Je ferois bien-aife d'être éclaira de mon doute. Je
veux ïnédairdr fur cette affaire avec vous. Vous
ferez e'c/a/rci de toutes chofes par lai- même. Mol.
La plupart des gens font également faciles à rece-
voir des impi-eÙions , & négligens à s'en édciircir.
Nie. On a effacé Epicure du nombre des Philofo-
phes fins l'écouter ; on n'a pas voulu s'c't7tz<:/'cv> de
ion bon droit. S. Evr: De tous vos fentimens mon
cœur ell édaird- Rac.
On dit, proverbialement, que le bien d'un hom-
me eft fort édaird , quand il en a mangé une bon-
ne partie : qu'une maifon efl b^n cdauxic , quand
il y a pluficLirs des enfans ou des domeftiques qui
font morts , ou qui fe font abfentés.
ÉcLAiRci, lE. part.
ÉCLAIRCISSEMENT, f m. Effet de l'adlon qui
éciaircit. llluminatlo. La chélidoine , ou éclaire ,
eft bonne pour \ édairdjfement de la vue. On s'en
fert rarement au propre. Bouh. Ou, pour mieux di-
re, on ne s'en fert plus. C'elt une bizarrerie de la
langue. Ce mot exprime très-bien l'idée qu'on y
avoir attachée. Nous ne fommes pas aifez riches ,
pour nous appauvrir ainfi.
Chez les Ofhciers des Eaux &: Forêts on dit. Faire
des ventes par cdairdjjcmenc ^ quand on fait abat
ne des baliveaux fur un taillis qui font en fi grand
nombre , qu'ils l'otiufquent &c l'empêchent de croî
tre , enforte qu'il ne profite plus , h on ne l'éclair-
cit , en faifant couper un nombre fuffifant de ces
baliveaux, tant'anciens que modernes.
On le dit plus ordinairement au figuré , &: il
fignifie , Explication d'une chofe obfcure ou ditïici-
le. Enodatio } explicado, Uédaircijjemenc des dii"
ficultés de la Bible j fe trouve dans des palfages de
même nature. Les Commentateurs donnent beau-
coup d'édairciffemenc aux Auteurs anciens. Dieu
nous élève par des édaircijjeniens fucceiîils à lacon-
noilïance de fa vérité. Fl. Il réfulte quelquefois ce
la difpute des édairdjf'cmcns utiles à la vérité. S.
Evr. La figure n'eft jamais alfez nécelTàire pour s'y
attacher j ce n'eft qu'un ornemenr , qu'un édaird/-
Jèmenc j & qu'un embellilfement du dilcours. Pe-
LISSON.
Éclaircissement , fe ditaullides explications qu'on
demande à quelqu'un , pour favoir fi , en difant ,
ou en faifant une chofe , il a eu intention de nous
offenfer. C'eft un homme .à édairdjjemens j en par-
lant d'un homme querelleux. Bouh. Gardez vous
de ces gens pointilleux , qui demandent des édair-
djjemens fur la moindre équivoque. Bell. C'eft un
Amant jaloux qui veut un édairdjjcment fur un re-
gard , fur un coup-d'œil jeté à l'aventure. Mol. Je
ne fais pourquoi un tel en ufe fi mal à mon égard 5
je veux avoir un édisircijfsmcnc avec lui.
ÉCLAIRE, f. f. Plante que l'on nomme aulfi diélidoi-
ne. Voye\ Chélidoine & Renoncule. Il y a la
grande & la petite edaire. La grande édaire , c'eft
la chélidoine , & la petite , c'eft le ranunculus rotun-
difoims ^ &c. Injl. rei herb.
ÉCLAIRER, v. a. Répandre, communiquer delà lu-
mière, llluminarc , collujîrare. Les aftres ont été
faits pour édairer le monde. La falle du bal étoir
fort bien édairéc.
f3° On dît abfolument , le foleil, la lune édaire.
^fT Èci,AiRER. V. n. Se dit de cette Hammebrillanre,
fubite , & de peu de durée , qui s'élance dans l'air,
& qui précède ordinairement le lonnsncFulgura-
re. Il faut chercher un abri contre l'orage ; il com-
mence à édairer.
IJCT On le dit encore au neutre, pour lignifier,
apporter de la lumière à quelqu'un , pour lui faire
E C L
yqir clair. Afferre îucem. Prenez un flambeau, éd.:l'
r^if à Monfieur.
%fT On le dit aulTi de certains objets qui répan-
dent naturellement de la lumière. Les vers luilans
edairent pendant la nuit. Les yeux des chats édai-
re/2f dans l'obicurité. Corufcare.
^3" On le dit de mème,en Chymie,du bouton ds
fin , qui répand une lumière vive & étincelance ,
dans l'inftaar où il perd la fluidité. Voye^ Eclair.
En tei mes de Joueur, ou dit activement dc.iî^Vdr
le tapiS, pour dire, coucher comptant la fomme que
l'on veut jouer. On avertit fon adverlaire à' édairer
le rapis , lorfqu'il oublie de mettre au jeu.
îfï' Eclairer, pris dans un lens figuré , fignifie j
donner des lumières , de la clarté à l'efprit. Lioce-
re , illutninare , illujirare. Les fciences edairent l'ef-
pàt, lui donnent bien des lumières. Loin de mé~
daircr jy vous ne penfez qn'.l m'égarer par vos dif-
cours trumpeurs. Ab. Têtu. Ceux qui demandenc
conleil , le font plus fouvent pour être applaudis ,
que pour être edairés. S. EvR. Quel befoin d'édai-
rer les autres , fi on n'eft pas édaire foi-même ? Lb
P. Ra. Le favoir conuihim h. édairer l'efprit; mais
il ne forme pas toujours le jugement. Lock. L'a-
mour-propre elt d'ordinaire trhs-edairé fur les in-
térêts. Nie. Ils ne connoiifent ni cette valeur fage
que la raifon édaire , ni cette égalité d'ame qu'au-
cun événemenr ne déconcerte. De la Mot.
0C? Eclairer , fe dit aufii , au figuré , pour obfervec
les aélions de quelqu'un. Qbfervare. hdairer quel-
qu'un , les aétions de quelqu'un. Les Princes font
trop édairés pour goûter de véritables plailirs. On 3.
mis quelqu'un .1 la fuite de ce jeune homme pour
Yéddtrer , pour édairer fcs adlions. Voye'^ Ob-
server.
tfT Éclairer , en termes de peinture , c'eft diftribuer
les limiières /i'un tableau, y répandre des clairs
avec intelligence. Koye^ Lumière & Clar, ternies
de Peinture.
On dit, proverbialement^ la ch.andelle qui va de-
vant edaire mieux que celle qui va derrière , pour
dire qu'il vaut bien mieux faire du bien de fon vi-
vant , que d'obliger fes héritiers par fon teftament
à en faire.
Eclairé , ée- part.
fJCF Ce terme, pris dans un fens figuré, eft relatif
aux lumières de l'efprit. L homme édaire eft celui
qui a des connoitfancesacquifes , & qui lait en fai-
re une application convenable. L'homme clair-
voyant eft celui qui a des lumières naturelles.
L'homme édaire , dit M. l'Abbé Girard , ne f; trom-
pe pas \ il fait. Le dairvoyant ne fe laiffe pas trom-
per \ il diftingue. Voye-{ Clairvoyant. L'étuds
rend edaire. L efprit rend claii voyanr.Un Juge édai-
re conndix. la julbce d'une caufe; il ell inltruit de la
loi qui la favorife , ou qui la condamne. Le nom-
bre de ceux qui font alfez édairés pour démêler la
vérité à travers la grimace , eft bien petit. S. Real.
L'homme injlruic a beaucoup de connoiifances ac-
quifes , ainfi que l'homme ^c/t^irc'; mais il n'a que
cela. L'homme éclairé 3. quelque chofe de plus.
fer On dit que les pas d'un homme font bien
édairés , que fes aélions font bien édairécs , pour
dire , qu'il eft bien obfervé.
On dit, au propre, qu'une maifon eft bien édai-
rée , ludida , luininofa , lorfqu'elle eft bien percée ,
qu'elle a de grandes fenêtres, qu'elle reçoir bien du
jour , ou qu'il y a un grand nombre de lumières.
On dir , au figuré , qu'elle eft trop éclairée , lorfque
d'autres maifons ont des vues fur elle, & que les
voilais voient ce qui s'y paife.
ÉCLAMÉ.adj. Terme d'Oifelier, fe dit des Serins,
& figni.^ie. Qui a l'aile rompue , ou la jambe caf-
fée. Cui ala frada , aut ruvtus pes. Lorfque vous
aurez un Serin édamé , dont la patte fera rompue ,
vous le mettrez dans unepetite c.igegarniede mouf-
fe , ou petit foin ; vous lui ôterez les bâtons fur lef-
quels il fe perche , en lui mettant fon boire & fon
manger au bas de la cage d.ans un petit coin. Hsr-
ECL
VIEUX. Il ne faut pas lui lier la pâtre, lois même
qu'elle ell cailée , parce que cela feroit venir quel-
que' inflammation dans la ligature. Vous le place-
rez couvert dans un lieu à l'écart , de crainte qu'il
ne s'achève de rompre h patte, ou l'aile , en enten-
dant quelque autre oifeau auprès de fa cage , &
laillànt ainfi la patte calfée , la nature , qui eft un
bon Médecin , la lai guérira en peu de temps. Id.
ÉCLANCHE. f. f. Terme de Boucherie. Partie char-
nue du mouton , qui tient au quartier de derrière.
Vervecis fémur , coxa. Les meilleures edanchcs font
celles qui ont le manche court. Le jus à'édanche ell
excellent pour faire des bilques, des ragoûts te des
fauces. On mange les ecLitichcs rôàes ,à la daube ,
en pâte , &c.
ÉcLANCHE , pour dire un gigot dé mouton , ed un
mot particulier aux Bourgeois de Paris , qui a peu
d'ufage à la Cour & dans les provinces. Suite des
Mots à la mode. On dit plus communément Gigot.
Borel dérive ce mot de clunche, qui eft un mot en
tifage chez les Serruriers , & fignitîe la partie du
loquet qui s'abat en fermant une porte , à caufe
de la relfemblance de [l'emboîture &c du mouve-
ment.
ÉCLAT, f. m. Ce motfignifie proprement une pièce ,
un morceau de bois brifé ou rompu dans fa lon-
gueur. On fend une bûche par éclats. Dans les Tour-
nois on voyoit les lances des Chevalier voler en
éclats. Un de nos Rois fut blelfé d'un éclat da
lance.
IJC7" On le dit dé même des pierres brifées par le
canon , des grenades , des bombes qui crèrent.
j4jjula y corporis djj/llientis Jragmcn , jragmentwn.
Il fut tué d un écl-at de bombe , de grenade. Le ca-
non donnant contre la muraille , taifoit voler de?
éclats de pierre.
Pafquier dérive ce mot par onomatopée du bruit
que font les chofes qu'on fend, & qu'on éclate. Mais
il vaut mieux le faire venir du Grec x>^«» , frango ,
xxâtriç^ i^racZio. .J'efti me qu'il vientj comme l'a fort
bien reconnu M. Ménage , à'eclatum , participe paf-
fif du verbe ecjero. EcLitumaéié formé de 1 infi-
nitif barbare eclatare , & de-là éclater ; comme, de
relatum , relatare , le vieux Gaulois relater ; de
tranjlatum , tranjlatare , tranflater, dont on ufoit
encore au commencement du fiècle dernier ; de
tralatum, tralatare, frelater j anciennement _//a/t?-
fer, changeant tra en fra , à l'Italienne. Lef autres
fîgnifications du mot éclat ont rapport à cette même
origine. Ainfi ^c/jr lignifie , tantôt bruit jà caufe du
bruit que fait cette partie d'un corps dur , lorf-
queile s'en détache avec force ; &: tantôt lumière ,
à caufe de la lumière que produifcnc quelques-uns
de ces corps quand ils font froilFés.
Eclat ,fulgor. Ce dit aufli des rayons que jettent les
corps lumineux, ou de ceux que rélléchillent les
corps polis. C'eft une lumière vive & .abondante qui
affeâie fortement l'organe. Le foleil au fortir de
la nue a plus d'éclat. L'étoile de Vénus j ou du Ber-
ger , eft celle qui a le plus d'éclat. Les diamans font
entre les pierreries celles qui ont le plus d'éclat , le
plus de feu. Le verre a aufli fon éclat.
Toute votre félicité j
En un moment tombe par terre :
Et y commt die a /'éclat du verre ,
Elle en alajragilité. Corn.
"3^ C'eft là , dit Voltaire J un de ces concetti ,
un de ces faux brillans , qui étoient tant à la mode.
Ce n'eft pas l'éclat <\m fait la fragilité , les diamans
qui éclatent bien davantage , font ttès-folides. Ces
Vers font pris mot à mot d'une Ode de M. Godeau
à Louis XIII. La mémoire de Corneille pouvoir
l'avoir trompé. Ces vers fe préfentèrent à lui dans
la foule de fes autres enfins. Il eût été mieux de ne
les pas employer : il étoir affez riche de fon propre
fonds. C'eft peut- être une plus grande faute de les
averir cra bons , que de fe les être app ropriés.
E G L 3-47
Eclat , fvlendor , fe dit aulH des chofes vives , &
hautes en couleur. La renoncule a un rouge vif qui
lui donne beaucoup d'cclat. Cette femme a dans les
yeux , dans le teint beaucoup d'éclat, de vivacité.
L'édatdn coloris , i'cclat&c la vivacité des couleurs.
Les tableaux de Rubens ont beaucoup d'éclat.
^fT L'ec/^f enchétit fur le hrilUmt , 8c le brillant
furie lujlre, en forte qu'on peut appliquer ces trois
mots au même lujet , par forme de gradation ; en
difant , par exemple, d'une chofe, quelle a du luf-
tre , da brillant , ik. même de l'éclat. Mais ils ne
font pas faits pour être fous le régime l'un de l'au-
tre , Se l'on ne peut pas dire le luf^-e du brillant, ni
le brillant du lu/ire , &Cc. L'éclat eft l'effet d'une lu-
mière vive ôc abondante. La fplendeur montre les
objets dans tout leur éclat. Ilfem.ble , dit M. l'Abbé
Girard j que l'éclat tienne du feu , le brillant de la
lumiète j & que le lujlre tienne du poli. Les cou-
leurs vives ont plus d'éclat que les couleurs p'des.
/'oyeç Lumière J LUEUR , clarté, splendeur.
§3" Le motd'fc/(7reft quelquefois employéj dans
le figuré , pour le dilcours & les ouvrages d'efpric.
C'eft par la vérité , la force & la nouveauté des
penfées,qu"un difcours a de ïédat.f^oje-:^ Brillant
au figuré. Les figures pompeufes & magnifiques de
Tertullienne prouvent que par leur éclat fenfible.
MalÉb. Les beautés d'eV/ar, en fait de paroles-, ne
font pour l'ordinaire que de faulfes beautés , qui
n'ont que la première vue. Le Ch. i>e M.
gCT Eclat J fe prend .encore, au figuré, pour gloire,
magnificence J tout l'appareil de la grandeur. L'tc/iir
de la vertu, des belles actions , des grandeurs , des
richelfes. Les triomplies des Romains fe faifoienc
avec beaucoup d'c't/tzr (Se de magnificence.
Z^éclat de mes hauts faits fut mon feul partifan.
Corn.
Ce Seigneur a toujours paru à la Cour avec un
grand éclat. La pourpre , qui rehaufle d'ordinaire
l'e'c/^rdes bonnes qualités , reçoit du luftre de tou-
tes les fiennes. B. Rab.
Z'éclat de mon nom même augmente mon fupplice :
Moins connu des mortels je me cacherais mieux.
Racine.
♦
On aime leur grandeur fans aimer leur perfonne i
Ils n'ont que cet éclat , qui vientde la Couronne y
Et connus par leur nom plus que par leurs exploits.
Ut ne feraient plus rien y s'ils cejjoient d'être Rois.
FlÉgh.
^CT Dans cette acception , on dit qu'une a6fion
a fait bea'ucoup d'éclat , pour dite , qu'elle a fait
grand bruir. f^^oye^ ce mot.
§C? On le dit de même des chofes qui font fues
dans le monde , qui fournllfent matière aux conver-
fations , dont on parle beaucoup en mauvaife part.
Prévenir , empêcher l'éclat d'une mauvaise affaire.
(CT On le dit encore d'une querelle y d'une rup-
ture qui fait du bruit.
^vec ce pied plat ,
Il faudra que j'en vienne à quelque grand éclat
Mol,
IJCT Enfin des chofes dont on fe vlnte trop. Se
que l'on affeéle de faire paroîrre. A quoi bon tous
ces éclats de vertu ? c'eft que vous cherchez de la ré-
putation.
Là , votre pruderie , & vos éclats de ^èle ,
Ne Jurent pas cités comme un /art beau rhodele.
Mol.
IP" Faire un édat de rire. Faire grand bruit en
n3.m. Rifumtollere.
Éclat. Ville Capitale de la Baffe Arménie : elle eft fi-
tuce, félon les Géographes Perfaws , à -'5 degrés
50' de longitudes: 359 degrés iH' de latitude. C'eft;
Z z z ij
54^
EC L
la même qui eft nommée j4chlac dans la carte de la
Perle d Oléaruis.
ÉCLATANT, ante. adj. Qui fait du bruit , qui a de
l'éclat, tutgidus , j'plcndidus , clarus. Il ell employé
de même qu'éclat dans le fens propre , dans le iens
par extenlion , &c dans le fens figuré , comme on
Je verra par les exemples luivans. Lumière, cou-
leur cdataiiu ^ Ion éclatant , voix éclatante , vertu
éclatante. Le canon fait un bruit ec/i/w/zr. Les rubis
balais ont une couleur éclatante. La lumière du fo-
leil eft II éclatante^ qu'elle éblouit.
3' ai vu de mes pareils Us malheurs éclatans. Rac.
Les fervices les plus éclatans ne font pas les plus
feniibles pour les Souverains. S. Real. De tout
temps rien n'a été plus dangereux parmi les hommes
qu'un mérite éclatant. Le luperbi ne cherche pas à
faire de bonnes adions \ il n'en veut faire que dV-
datantes.
Publions en tous lieux j
Du plus grand des Héros la valeur triomphante:
Que la terre & les deux ,
Retentijjent du bruit de fa gloire éclatante.
QuiNAUT.
Des plus riches hahits les apprêts éclatons
Réparent joiblemcnt les ravages du temps.
CoP.N.
De? Éclatant , Terme de Bijoutier, adj. pris fubftan-
tivement. Pierre de compoiition fort tendre , mais
, qui a beaucoup d'éclat.
ECLATANTE, f. f. Sorte de fufée chargée de com-
poiition de feu brillant qui lui donne plus d'éclat
que le feul charbon.
fp° ECLATER. V. n. Aller en éclats , fe rompre , fe
brifer en éclats. Diffilire in /ragmina j ajjulatim ,
ajfulosè difrumpi. Cet arbre a édaté.Là bombe éclata
en tombant , éi tua plufieurs perfonnes. Il eft auflî
réciproque. Cet arbre s sii éclaté.
Ci3" Les Jardiniers,d'après la Quintinie & Liger ,
font quelquefois ce verbe aélif. Prenez-garde de
trop bailfer cette branche , de peur de Védater , ou
qu'elle ne s'ec/a^e, La Quint. "Voilà une branche
que le vent zédatéç. Liger.
^3" Éclater, fignifie aulîi faire un grand bruit. Le
tonnerre éclate. On le dit auffi figurément du bruit
qu'on fait en riant. Eclater , o\x$ éclater as rire. Ri-
fum tollere.
§CF On leditaufli, figurcment,des chofesqui ont
été cachées , & qui viennent à la connoilîance de
tout le monde. On tramoit cette conjuration il y
avoit long-temps ; mais enfin elle a éclaté.
Quelque cragéfur eux eft tout prêt af'éclater. Rac.
On foupçonnoit un mariage clandeftin , il a en-
fin éclaté , on l'a déclaré liautement. Ils en vinrent
à une animofité réciproque , qui éclata en plufieurs
rencontres. L'Ab. Regn.
§^ On dit de même éclater en Injures , en re-
proches ^ & s'emporter. In querclas , in convicia
erumpere. Je fus prête à éclater cent fois par mes
pleurs &; par mes reproches.
Éclater, conftruit avec la prépofition contre , ou mis
ablolument , fignifie, S'emporter , invediver , fai-
re des plaintes avec chaleur & avec colère. Irafci ,
ftomachari , in querelas & convicia erumpere. Eclater
contre l'injuftice.
Après cela , Madame , éclatez contre un traître.
Racine.
Marot a dit , s éclater j pour éclater ^ parler avec
feu.
Ceiui qui parle illecfans ^'éclater ,
Le Juge ajjîs veut corrompre & flatter.
E C L
Éclater j fignifie auffi , Avoir de l'éclat , frapper les
yeux, yoyei^ Eclat. On le dit tant au propre qu'au
figuré. SpLendere, Iplendejcere ^ Julgere. Les pier-
reries miles en œuvre tV/are/irdavaniage. La gloire
de ce Conquérant éclate dans toutes les contrées. La
colère edatoit fur fon vifage , qui en étoit tout trou-
blé , & altéré. M. Esp. Fane cciattr la vérité , c'eft
la faire connoître évidemment , d'une manière feii-
lible : on doit entendre de la même manière , à pro-
portion j ces expreliions, faire éclater fon zèle, fa
colère , &c.
Un tranfport tout de flamme éclate en fon vfage.
La Suze.
On peut douter d'un cœur qui n'a point combattu :
Ce u eft qu'en ces afjauts quéc\7iX.Qla vertu. Corn.
Eclaté j ée. part. palT. & adj. Bois éclaté ^ pierre écla-
tée. JJiJciJJus ijia dus.
Éclaté , ie dit, en termes de Blafon j des divifions
de lEcu , qui ne fe font pas nettement & en ligne
droite , mais qui femblent témoigner que cela pro-
vient de ce qu'il a été rompu ou brifé avec force ,
de forte qu'il paroït en éclatb. On le du aulli des
lances rompues , des chevrons , &:c.
ECLECTIQUE, adj. fouvcnt employé fubftantive-
ment. Nom que l'on donnoit à quelques Philofo-
phes anciens. Ecledicus , Eleclicus. Diogène Laerce,
L. I. &: Suidas , difent que les Ecieciiques étoienc
ceux des Philolophes qui , fans s'attacher à aucune
fe6te particulière , prenoient de chacune ce qu'ils y
ttouvoient de bon & de folide. Dc-là leur venoit
leur nom , qui en Grec fignifie , Qui peut être choi-
lij& qui choilit : èitAsya , Je thoifis. Laerce dit
au même endroit qu'on lesnommoit encore pour la
même raifon Analogétiques , & que pour eux ils
s'appeloientPhilaléthes , c'eft- à- dire , amis ou fec-
tateurs de la vérité. Le Chef des Edediques fut un
certain Potamon d'Alexandrie , qui vivoit fous Au-
gufte & fous Tibère, & qui , las de douter de tout
avec les Sceptiques & les Pyrrhoniens , forma la
feéle Ededique , que Vofiius appelle aulli Eledive,
conformément au Latin. Foye^ cet Auteur , Hifl,
Philof L. III. C. dernier. Etre Ededique j c'eft être
de la lede de ceux qui fe confervent la liberté de
choifir dans les autres fe<5tes ce qui leur paroït le
meilleur. Clifton. Son Tradudfeur écrit mal-à-
propos Ecdedique.
ÉCLEGME. f. m. Terme de Pharmacie. Médicament
peétoral d'une confiftance de firop épais. Ce mot ,
qui fignifie j Léchement j fucement , eft Grec : il
vient de la particule êa , & de «"x"» , lécher. On a
nommé ainfi ce remède j parce qu'on le fait fucer
aux malades avec un bâton de régliiïe , qu'on trem-
pe dedans par un bout , afin qu'étant pris peu-à-peu
il demeure plus de temps au palfage , & humeéte
mieux la poitrine. Il y a un eclcgme de choux, un de
pavot, un de lentilles , un de fcille , tkc. Les Mé-
decins appellent aulli ce médicament loock , qui eft
le nom que lui donnent les Arabes,
ÉCLIPSE, f. f. Edipsis 3 deliquium j defcdus. Obfcur-
cilfement d'un corps célelfe par l'interpofition de
quelque corps opaque j entre le corps célefte & no-
tre œil , ou entre ce même corps & le foleil. L'e-
dipfe du foleil devroir être plutôt appelé Xéclipfe de
la terre , puifque c'eft la privation de la lumière du
foleil par une partie de la furface de la terre , que
nous appelons édipfe de foleil : ce qui arrive, lors-
qu'il eft conjoint avec la lune dans les nœuds de l'E-
cliptique, & qu'elle eft interpofée entre lui & la
terre. Comme Tombre de la terre jetée fur la Lune
doit y produire les édipfes totales ou partiales que
l'on y obferve de temps en temps ; ainfi la lune ,
lorfqu'elle iette Ion ombre fur la terre , forme une
édipfe de terre : toute la différence qui s'y trouve
vient uniquement de ce que la lune étant^ beaucoup
plus petite que la terre, fon ombre n'en fauroit
couvrir toute la futface, mais feulement une très-
. E C L
giaftole partie de cecce nièini laihice- Ainfi il n'y
aui-aquc ceux qui liabicenc cetue partis de la terre
qui le trouveront dans les ténèbres ; enlbrte que, la
lune venant à jeter (on ombre dans une tort petite
étendue , on y verra difparoître le loleil. Celt la
railon pourquoi on no n.ne ce phénomène éciipjc
de loieil : quoique impiopremenr, puilqu j le loleil
ne manque point pour cela de lumière. En etter il
laconferve toujours avcc le même éclat : ce font
au contraire les régions de la terre où l'ombre vient
à le répandre , qui en manquent etrechvement, ,
Sic ce font elles qui lont véritablement écliplces.
Injtuut. Ajlronom.p. lyS. L'cdipje de lune fe tait,
Jorfqii'elle eft pleine , & oppofee au foleil dans les
niènies nœuds , 6c que l'ombie de la terre tombe lur
ie difque de la lune , & empêche qu'elle ne reçoive
fa lumière. Ce qui tait qu'il n'arrive pas des cclip-
fes toutes les fois que la lune elt entre le foleil & la
terre , ou la terre entre le foleil & la lune , c'elt
que fouvent ces trois corps ne lont pas exaétement
ranges en droite ligne , i^cque parconléquent celui
qui devroit faire l c;c///^d jette Ion ombre un peu à
côté de celui qui en devroit être couvert. foNT.
Chaque pleine lune nous donneroit une eclipjé , Il
cette planète avoit un mouvement périodique dans
l'Eclipcique \, mais l'orbite de la lune forme avec
l'Echptique un angle qui va quelquefois julqu'à y
degrés 17 minutes. C'clt pourquoi la lune ne s cclip-
fe que lorfqu'elle fe trouve dans un des nœuds , ou
près d'un des nœuds , dans le même temps que le
ibleil paroîtdans le nœud, ou près du nœudoppole.
Les Satellites de Jupiter ont aulli leurs éaipjcs ^
quand cette planète le trouve entre le foleil &ies fa-
tellites.
Les Anciens fe formoient une idée alFreufe des
édipj'es , comme de prélages des plus tuneltes al
fliéiions. Bay. Plutarquc rapporte qu'à Rome on
n'oloit s expliquer quen feciet de la caufe natu-
rellle des éaipjcs , parce que c'étoit ôter aux Devins
]eur emploi. Les hommes ont tait , débité bien des
lottifes fur les éciipjes. Fo^iT. VédipJ'edc loleil dure
moins que ctlle de la lune. La plus longue édipjt
du foleil n'elT: que de deux heures. La raifon elt ,
que Is mouvement propre de la lune fe faifant d'Oc-
cident en Orient, elle achève fon cours , ou mois
périodique j en 17 jours & demi , &c quelque cho-
ie de plus , c'eil-à-dire, qu'elle fait à-peu près les
360 degrés en ce temps-là : ainli il faut qu'elle par-
coure 1 5 degrés en un jour ; & par conféquent elle
fait un demi-degré à chaque heure, & ce demi-de-
gré eft environ la grandeur du diamècre apparent
du foleil : ainfi , même lorfque Védipft du loleil ell
la plus longue , c'eit-à-dire, lorfqu'elle eft totale ,
la lune pour le couvrir emploie une heure , qui eft
la moitié de la durée d'une édipfe\ &, pour fe reti-
rer de devant le difque du foleil , il lui faut de mê-
me une heure entière. Pour déterminer la durée
d'une édipfe de foleil , ou de lune , on divife or-
dinairement le diamètre du foleil ou de la lune en
douze parties égales , qu'on appelle doigts éclipti-
ques, & chaque doigt en 60 minutes. On appelle
demeure, le temps que tout le difque du foleil de-
meure caché à nos yeux par l'inrerpofition de la lu-
ne ; ou le temps que route la lune demeure enve-
loppée dans l'ombre de la terre. On appelle inci-
dence , ou immersion , le commencement d'une
édipfe Ac lune , ou de foleil : c'eft-à-dire , le mo-
menr auquel la lune commence à nous cacher une
partie du foleil , ou auquel la lune commence à
être obfcurcie , & à entrer dans l'ombre de la iqï-
te-^émersiono\\ expurgation , quand le foleil recom-
mence à paroître , ou que la lune fort de rcmbre
de la terre.
Les Aftronomes divifent Xédipfe de lune en par-
tiale , quand la lune n'eft obfcurcie qu'en partie j
en totale fans demeure , quand la lune eft entière-
mentobfcurcie, & qu'elle ne demeure pas un temps
confidérable dans l'ombre ; & totale avec d,^meurc ,
quand tout le corps de la lune eft obfcurci, & qu'il
E C L 549
demeure quelque temps dans l'ombre. On appelle
encore cdipjii centrale , une edipfe totale , en forte
que l axe de l'ombre ^ ou du, cône que fait l'ombre,
delà terre jpaffe par la centre de la lune. Pour U
fjieil , il peut y avoir une edipfe centrale , qui ne
foit point totale , lorfque dans le remps de ïédipfs
la lune fe trouve dans fon apogée , & plus éloignée
de la terre. Car pour lors, li le centre de la lune fe
trouve à notre égard dans la même ligne que le cen-
tre du loleil , V edipfe fera centrale j mais, parce que
la lune fera plus près du foleil, & que d'ailleurs foa
dilque eft beaucoup plus petit que celui du foleil,
elle nous en cachera une bien moindre partie , &il
fe pourra faire qu'à l'entour de la partie du difque
du loleil , qui fera edipfie , il refte comme un an-
neau de lumière, que la lune ne couvrira point :
c eft pour cela que ces fortes d'e'dipjes s'appellent
annulaires. Les édipfes annulaires font fort rares :
généralement parlant il arrive plus à'edipfes de îb-
îeil que d'edipjès de lune. Mais,dans chaque pays en
particulier, on voit plus d'f'c//pyt-x de lune que d'e-
dtpfs de loleil. La taifon de cela , c'eft que Védipfe.
de la lune paroît toujours fur tout l'hémifphère de
la terre fur lequel la lune eft pendant Xédipfe, au lieu
que \' edipfe de loleil ne paroît que dans les endroits
de la terre à l'égard defquels la lune cache le foleiL
La lune ne peut guère éviter ['édipfe de cinq en cinq
'mois. L'eclipje du foleil eft fouvent piécédée quinze
jours devant j & fuivie quinze jours après d'une
edipjc de lune.
If? La lune totalement éclipfée paroît quelque-
fois de couleiir de cendre , quelquefois d'une autre
couleur.
§^^ L'ombre parfaite de là terre ne s'étend pas
jufqu'à quarante-huit mille lieues. L'ombre impar-
faite , ou la pénombre s'étend jufqu'à environ trois
cens vingt cinq mille lieues au-delà de la terre. Ce
n'eft pas dans l'ombre , mais dans le pénombre que
le flut l'immerlion du difque de la lune. Cette pé-
nombre contient plufieurs rayons du foleil. Ainlî k
lune , quoique rotalement éclipfée , doit nous pa-
roître tantôt rdugeàcre j tantôt d'une autre cou-
leur.
^' La lune fe meut périodiquement d'Occident
en Orient ; ainfi c'eft toujours le limbe oriental du
difque de cette planète qui doit entrer le premier
dans l'ombre de la terre.
|ÎC? Dans les edipfs de lune , le foleil & la lune
font féparcs l'un de l'aurrede fix lignes céleftes: ain-
li il n'eft pas poliible que ces deuxaftres fe trouvent
enlemble fur l'horifon. Lorfque cela paroît arriver,
c'eft une illufion purement optique, caafée par la
rerraélion de la lumière. C'eft par cette raifon que
nous croyons voir le foleil fur l horifon, lorfqu'il n'y
eft pas réellement. Voye\ Réfraction.
La figure d'une édipfe eft la repréfentation fur un
plan , du commencement , du milieu , & de la fin
de cette édipfe , foit de lune , foit de loleil. On ap-
pelle édipje moyenne , celle qui fe fait dans la
moyenne conjoncliion, ou dans la moyenne oppofi-
tion ; & édipfe vraie , celle qui fe fait dans la vraie
conjonction , ou dans la vraie oppofition.
Il y a une edipfe des Satellites de Jupiter prefque
tous les jours. On nefait point certainement les lon-
gitudes que par le moyen des eVA^^/tj. hss édipfes àvL
premier Satellite de Jupiter font pour cela bien plus
commodes 1^ bien plus fùres que celles du foleil ou
de la lune,& outre cela bien plus fréquentes. L'illuftre
M.Calîini a tait des tables de mouvemens du premier
Satellite de Jupiter : ces tables fervent à calculer les
édipfes de ce Satellite , & le temps de fes immer-
fions (Scémerfions. L'ufage en eft trcs-aifé pour la
détermination des différences en longitude. Deux
perfonnes observent chacun en différens lieux une
même imhierdon ou émerfion , & après comparent
le temps de leurs deux obfervations ^ pour avoir la
dillérence de l'heure, minute &C féconde de cha-
cune , laquelle diffétence étant convettie en degrés
5c minutes , comptant quinze degrés pour une heu-
jjo E C L
re 5 UH degré pour qiuue minutes, & une minute |
pour nuatre fécondes, donne la différence de lon-l
gitude de ces lieux en degrés Se minutes. Lorfqu'on
a la table des immerfions & émeilions j ou qu'on
les a calculées par les tables de M. Caflini , qui
■font d'un ufage très-aifé , il r.e faut qu'obferver
une immerfîon ou cmeifion du premier Satellitede
Jupiter; & la différence de temps entre l'obferva-
tion & le calcul fait fur les tables qui font pour
le méridien de Paris , donnera la diftérence en lon-
qitude entre Paris Se le lieu de l'obfervation.
Il y a des voies fûres de ptédire les écUpfes , & de
fiivoir fur quel horifon elles paroîtront. Romer a
trouvé une machine ou efpèce de planilphère & de
"montre , tjui , par le moyen d'une manivelle qu'on
tourne , marque toutes les éclip/es des planètes qui
ont été , ou qui feront jamais. C'eft une invention
merveilleufe. Cette machine ell .\ l'Obfervatoire
Royal de Paris , avec plufieurs autres machines cu-
rieufes. M. de la Hire le père a fait des tables Aftro-
nomiques pour les édipjcs du foleil & de la lune. Il
n'a attaché fes tables a aucune hypothèfe.
On dit qu'une éclipfe eft de huit doigts , de dix
doigts j quand l'aftre eft obfcurci en tant de parties
de ion corps , qu'on fuppofe être divifé en douze
doigts ou parties; &c on dit que les édipfes de la lu-
ne font de plus de douze doigts, lorfque l'ombre de
la terre couvre plus que le difque de la lune j ên-
forte que la lune demeure long-temps dans l'om-
bre , éc s'y enfonce \ & c'eft pour lois que Vîdipje
de la lune ell totale avec demeure , totalis cum
mora.
Les Païens attribuoieht la caufe des édipfes de
lune aux vilites que Diane ou la lune rendoit à fon
amant Endymion dans les montagnes de la Carie j
mais , comme fes amours ne durèrent pas toujours,
il fallut cheïcher une autre cauie de fes édipfes. On
•publia que les forcières , fur-tout celles de Theffa-
lie , où les herbes venimeules étoient plus commu-
nes , avoie'.it le pouvoir par leurs enchantemens
d'attirer la lune fur la terre, '& qu'il falloir faire un
grand bruit de chaudrons & autres infttumens j
pour l'empêcher d'entendre les cris de ces Magi-
ciennes.
Les Mexicains jeûrtoient pendant les édipfes , &
particulièrement les femmcs,qui durant ce temps-là
le maltraitoient elles-mêmes ; & les filles le ti-
roientdu fang des bras. Ils s'imaginoient que la lu-
ne avoit été bleffée par le foleil pour quelque que-
relle qu'ils avoient eue enfemble. Les Anciens fai-
foient grand bruit avec des inftrumens d'airain , &
pouiïoient des grands cris pendant Xédipfe de la lu-
ne , croyant la foulager dans fon travail. Juvenal
dit j d'une femme babillarde j qu'elle fait affez de
bruit pour fecourir la lune lorfqu'elle travaille. Vna
laboranû potcrit fuccumrcluTidi. D'autres attribuoient
Xédipfe de la lune à l'art des Magiciens , qui par
leurs enchantemens l'arrachoient de fon ciel j & la
faifoient venir écumer fur l'herbe. Les Chinois ont
li-deffus leurs idées particulières. /''oye:^ les A/tfOToi-
res du R. P. Le Comte.
Ce mos vient du Grec «^iB-rij , de ÎK^iTra , dcf-
tio- Et ainfi tous ces mots ^ edipfe , édipfer^ édipd-
■que j ne doivent pas s'écrire en François par deux c,
& encore moins par un y Grec. Il y a des gens qui
ne manquent jamais de mettre des h , &c des y
Grecs, dans les mots qui viennent du Grec , com-
me s'il n'y avoit pas en Grec des efprits doux auftî-
bien que des efprits âpres , & des i fimples aUllî-
bien que des y Grecs , ou v. On commence depuis
quelque temps à retrancher l'j Grec j & l'A , dans
bien des mots , dans lefquels on devroit les obfer-
fer , pour marquer leur origine : l'ufage eft le maî-
tre de ces fortes de chofes , & , quand il fera bien
établi j il faudra nous y rendre. Mais l'ufage de
mettre des h Ik des y Grecs , dans les mots
Grecs qui n'ont point en Grec d'afpiration , ni
d'tf , doit être toujours regardé comme un abus ;
E C L
& il n'y a ni piefcrip tion ni autorité qui le puilTe
faire palier.
Éclipse du soleil et de la lune. En termesdeGrand
Art j cela fignilie l'état de la matière philofophale
confidéiée dans le premier régime, lorfqu'elle eft
comme de la poix fondue.
Une lune qui couvre le foleil & lui caufe une
édipfe y avec ce mot , Adimit quo ingrata rejulget ,
eft la devife d'une ame ingrate dans Picinelli. Et
une édipfe de lune, avec ce mot Italien , E put
camina , eft une devife du Père Camillo Autici ,
, pour la conftancc & la fermeté dans l'adverlité.
Eclipse ,fe dit, figurément, d'un obfcurcilfementpaf-
fager. Objluracio, L'éclat de fa lumière ne fouftre
n'iA' edipfe , m de nuit. La Suze. Cette malheureufe
édipfe de la Monarchie eut des commencemensbien
foibles.. Patru. Elifabeth difoit un jour à fon Con-
feil J fâchez que la France ne peut fouffrir à'éelipfe
qui ne fou funefte à l'Angleterre , & que fon der-
nier jour feroit un préfage denotie prochaine nuit.
Larrey , Elifab. p. 505.
§C? Eclipse , fe dit aulli pour difparition : en patlant
des perfonnes qui ont été long-temps abfentes , on
dit qu'elles ont fait une longue édipfe.
IfT ECLIPSER. v. a. Se ditjau propre,d'un corps opa-
que J qui , par fon interpolition , cache un corps
célefte , en tout , ou en partie , en intercepte la lu-
mière. Ohfeurarc. La lune édipfe le foleil , lorf-
qu'elle fe trouve en conjonction entre le foleil &c
la lune j parce qu'alors elle répand fon ombre fur
la terre, & qu'elle nous empêche de recevoir les
rayons de lumière que le foleil nous envoie.
§^' Ce mot , tranfporté au figuré en parlant du
mérite &c des taiens , préfente la même idée d'obf-
curciffement j mais d'un obfcurcilFement total , &
paroît lynonyme à effacer. Corneille édipfe tous les
Poètes Tragiques qui l'avoient précédé. "Ne t'ap-
proche jamais de qui peut zedipjer. Le plus accom-
pli aura toujours le premier rôle.
IJCT s'Eclipser, v. récip. Souffrir éclipfe. Deficere j
edipf/n ydeliquium paci.Le [oWû sédipfa miracii-
leufement à la mort de Notre-Seigneur. En Amé-
rique on étoit perfuadé que le foleil & la lune
étoient fâchés quand ils s'cc://^yoie/2rj ôi Dieu fait
ce qu'on ne faifoit pas pour le raccommoder avec
eux. Font. .
s'iicLiPSER , fe dit,figurément,de ceux quis'abfentenr,
qui difparoiiïcnt , ou qui fe cachent , ou des cho-
ies qui fe perdent , qui s'évanouilfent. Evanejcere.
Ce Banqueroutier s'elX édipfe , il ne paroît plus. Il
s'eft edipjé de la Cour. Tout le bien de ce prodigue
s'eft éclipfe en peu de temps. De vos beaux yeux les
rayons s'édijysèrent. Voit. Si l'Eglife Romaine eft
idolâtre, il faut que l'Eglife de Jesus-Christ fe foic
entièrement édipfée , & détobée à la vue des hom-
mes. Nie.
Quels nobles efprits oferenti
Lui preferner le miroir ?
Tous fes défauts j'éclipfèrent ^
Sitôt quelle put les voir. Rot. Ode à l'Académie.
Eclipsé , ée. part. En termes de Blafon , on dit que
les étoiles font édipfees , lorfqu'elles ne paroilTent
qu'à demi & fortant d'une autre figure. Méné-
trier.
ÉCLIPTIQUE. adj. m. & f. Edipticus. Qui appar-
tient aux éclipfes. Conjonéfion édiptique. Termes
édiptiques. Toutes les pleines lunes ne font pas
édiptiques _, c'eft-à-dire, qu'il n'arrive pas d'éclipfe
à toutes les lunes j quoique le foleil foit toujours
pour lors oppofé direétement à la lune , parce qu'il
n'eft oppofé qu'en longitude, &. non pas en lati-
tude.
0Cr Écliptique. f. f. Terme d'Aftronomie. C'eft la
ligne qui eft marquée dans les Sphères au milieu
du Zodiaque, & qui le partage dans toute fa lon-
gueur en deux parties égales , & que le foleil dé^
crit par (on mouvement annuel. Edipdca,
(fT Dansle fyftème de Copernic, qui eft gcncra-
lemenc reçu j c'elt propremem la terre qui décru
Védiptique. Mais que ce foie la terre ou le folcil
cela revient au même pour l'explication des appa-
rences ccleltes. On l'appelle aucremenc l'orbire du
foleil ou , pour parler plus exaôtemeiu , l'orbue de
la terre. Védiptique coupe l'Equateur en deux par-
ties égales , & ne s'en éloigne, de part & d'autre ,
que de 25 degrés, 29'.
Le foleil eit toujours dans ÏEdiptique j mais la
lune n'y e!t pas toujours. Elle s'en éloigne jufqu à
cinq degrés ^ tantôt d'un côté j &: tantôt de l'au-
tre. Mais, de cinq en lix mois , ou environ, elle
coupe VEcliptique , & ce n'eft que vers ce temps là
qu'il peut y avoir écliple j ou de lune j ou de lo-
leil. Les endroits dans lefquels la lune coupe VEclip-
tique s'appellent les nœuds de la lune j is: ainli il ne
peut y avoir d'éclipfe, que lorfque la lune eft vers
l'es nœuds. On appelle doigts éciiptiques , les douze
parties égales du diamètre de la lune , ou du foleil ,
par lefquels on détermine fi grandeur , ou la durée
d'une éclipfe. On appelle termes cclipiiques , la dif-
rance de 12 ou de 1 5 degrés des nœuds de \Edip-
tique-^ c'eft-.i-direque , fi la lune eft jointe , ou op-
jjofée au foleil , dans cette dittance des nœuds , il
le peut faire une éclipfe de foleil, ou de lune,
quoiqu'elle ne foit pas dans les nœuds de i'Edipti-
que. Mais, hors cette diftancCj l'éclipfe ell naturelle-
ment impodible.
Le nœud boréal ou afcendant de VEdiptique s'ap-
pelle aulli tête du dragon , & le nœud aullral , ou
defcendant , queue du dragon.
Le Chevalier de Louville alla exprès à Marfeille
en 1714, pour voir li l'obliquité de Xédiptique y
paroilloit la même qu'elle avoit été obfervée par
Pycheas, il y avoit plus de 2000 ans. Il trouva c;tte
obliquité de Védiptique moindre de 20 minutes que
Pytheas ne l'avoit trouvée. Les anciens Egyptiens
difoient que le foleil pendant des liècles entiers
s'étoic levé à l'Occident. Hcrod. Euterp. Les Prêtres
de Thèbes le rapportèrent à Hérodote. Platon ,
Diogène Lacrce & Plutarque parlent auiîi de ce'tc
révolution. Les Philolophes Babyloniens comp-
toient, au temps de l'entrée d'Alexandre dans leur
ville, 430K00 ans depuis les premières obferva-
tions qui s'y étaient faites. Il fe trouve , félon le
calcul de M. le Chevalier de Louville, que l'axe de
Védiptique avoir été perpendiculaire à celui de
l'équateur , il y a environ 399000 de nos années j
fuppofé que le monde eût exifté alors. Ôtez , de ce
nombre, le temps qui s'eft écoulé depuis l'entrée
d'Alexandre à Babylone, on verra que ce calcul fj
rapporte alfez jufte avec les 450000 années de 5'îj
jours, que comptoient les Babyloniens. Il y a bien
de l'apparence que les Agronomes Chaldéens
avoient fait la même découverte , & fur cette dé-
couverte, le même taifonnement que l'Aftronome
François. Par-là l'énigme des Egyptiens efl; aulli
éclaircie. Ce font des calculs faits furie raifonne-
ment , & non fur des obfervations ; en un mot ,
ce lont des fy lié mes. L'étendue du diamètre de
l'orbe j ou de Vidiptïque , ell: d'environ foixante
millions de lieues. Cassini , L. I. C. 5.
ËCLISSE. f. f. Terme de Boiifelier , eft un bois de
fente , foit de chêne , ou autre , qu'on travaille
dans les forêts , & qui fert à faire des minots , des
féaux, des tambours, & autres ouvrages. On l'ap-
pelle aufti cerdies j de l'Italien cerchio ; mais ce
mot eft inufité , 5: même alTez inconnu. On ap
peloir aulli autrefois edijjes , des tronçons de lances
rompues.
EcLissE , ou Attelle. Terme de Chirurgie ; petit
morceau de bois fort mince & fort délié , dont fe
fervent les Chirurgiens pour alfujettir des membres
calfés. Ferula ; parce qu'on f,\ifoit autrefois ces
petits ais, de bois nommé fénelle. On met des
édijjes pour tenir les os en état . afin qu'ils puiffent
fe reprendre.
EcLissE , fe die aulîî d'un petit rond, ou petit moule
E C L j-jî
d'acier , dans lequel on met égouter les fromages
nouvellement taits. forma , craus.
Il fe dit auili, parmi les Vaniers j d'un ofier fendu
& planépour bander le moule du panier. On ledit
aulli des ronds d'olier dont on fe fert pour foutenir
les plats fur les tables , 6c qu on appeloit aulli cha-
pelets, coronula catinaria. Nicot.
EcLissE, le dit aulli des côtes d'un luth, d'un violon
ou autre inftrument de cette nature. C'eft propre-
ment le bois plat , délié & recourbé j qui borde le
corps de l'inftrument.
EcLissE, ou Ecliftoire, a fignifié aulfi autrefois une
feringue j un vaiftcau propre à atrofer. 6_) rinx j
depfydra. Voye\ Eclisser.
EcLissE, fe dit aulli des plis d'un foufflet, ou des
petits ais de bois qui fervent à les fermer. Le
foulîlet d'une mufette a trois édiffes , ou trois
plis. On le dit auili des fouftlets des orgues , des
lorges , &c.
M. Ménage fait venir édiffe du Latin crates y
5c voici par quels degrés, crates, cratis^ excrates^
excraticus _, edatitius, edaticia , Eclijfe.
Eclisser. v. a. Il fe dit des membres rompus ,
& fignilie , mettre des éclillés le long d'une frac-
ture. FeruLis munire. On lui a édijj'é le bras , la
jambe.
Eclisser, lignifie aufti faire rejaillir de la boue ou
de l'eau contre quelqu'un. Afpergere. Un cheval
qui met le pied dans un trou edi£e les palîans.
On écliJfe fouvent de l'eau contre les oifeaux de
proie, en leur en jetant quelque goûte avec un
doigt qu'on trempe dans l'eau , &: qu'on lèche.
Ce mot en ce lens fe trouve dans Nicot.
§C? Si ce mot s'eft dit autrefois dans ces deux
dernières acceptions, on ne le dit plus.
■^ ECLISSE, EE. part. Bras édijfé. Jambe
e'd'JJée.
ECLiSSOIPvE. f. f. Foyei ÉCLISSE.
ECLOGAIRE. Foye^ EGLOGAIRE.
ECLOGUE. Voye^ ÉGLOGUE.
ECLOPPE J ÉE. adj. ou part, du verbe Éclopper ,'
cjui eft inufité. Celai qui clopine , qui traîne fa
jambe en allant , que quelqu'accident, blelfure ou
maladie , empêche de marcher facilement. Claw
dus , daudicans. Ne vous moquez point de pau-
vres édoppés.
Quelques - uns croient que ce mot vient de
Jean Ciopinel 3 dit de Mchun , qui a fait le fa-
meux Roman de la Rofe, qu'on fuppofe avoir été
boiteux.
On le dit aulîI de tous ceux qui font arrêtés
par quelqu'incommodité qui les empêche de mar-
cher ^ de vaquer à leurs aliaires. Cet homme a
tantôt la goutte, tantôt un rhume , tantôt la fièvre 3
il eft toujours édoppé. C'eft un pauvre eV/o^/^e. Il
eft du ftyle familier.
Ecloppé , en termes de Blafon , fe dit d'un écu taillé
& tranché , ou divifé de l'angle feneftre du chef
au côté dextre de la pointe \ enforte néanmoins
que la taille en fon milieu eft tranchée, & n'eft
pas d égale largeur par le bas &: par le haut. Il
portoit raillé &: édoppé qu cœur d'argent fur fable.
Plufieurs riennent que cette forte d'Armoiries eft
propre aux bâtards.
ECLC'RE. V. n. Ce verbe, en partie défeélueux ,
n'eft en ufage qu'à Tinfinitif, (Se aux troilièmes per-
fonnes de quelques temps. Dans ces temps com-
pofés, il prend l'auxiliaire ctre.'W fignifié fortir de-
hors , commencer à paroître. Nafci , oriri , fur-
gère , exdudï. Il ne fe dit proprement que des
rieurs qui commencent à s'épanouir , ou des oi-
feaux, des infedlesqui viennent d'œufs. Voilà des
pouiïïns qui percent leur coquille , qui vont cdore.
Il y a un art de faire e'c/oreles poulîins par la cha-
leur des fourneaux. Le foleil , au prinremps , fait
édore mille (leurs, fait édore les chenilles , les
vers-à-foie. On dit, que fi l'on trempe des cham-
pignons dans de l'eau, & que l'on jette enfuite
cette eau fur la terre , il y naîtra des champignons.
j jz E C L
Cela vient de ce que cette eau s'efl: chargée des
femences de champignons» lelquelles s'jdojc/icsn-
luite fur la terre , ou , Ôcc. Lemery.
Ce mot vient du Latin excludere.
On dit, hgurémenc, le jour commence Séclore ^
quand l'aurore, ouïe foleil commence à paroicre.
Ma vie à peine a commencé A'édore. Rac.
EcLORE , fe dit, figurément , des chofes qui ont été
long-temps cachées, & qui commencent a paroicre
ECL ECN ECO
petit golfe de la mer d'Allemagne, qui la fépare
de l'Ifle de Cadfant. Le Duc de Parme prit l'/ic/i/yè
en s 507. Le Prince Maurice la reprit en 1604. Cette
ville a pris fon nom des éclules qui y font , èc par le
moyen delquelles on peut inonder toute la campa-
gne d'alentour. /
VEclufe eft encore le nom d'une autre ville de la
Flandre Walonne, à trois lieues île Douai, du côté
du midi. Maty.
Cette ligue a été long- temps tenue fecrète j mais t Écluse noire, autrement Sawarte Jluys , oa Sa-
" '" ""' ■"" ' --/-- z^.- - 1 -- wartftuis. Petite ville de la Province d'Overillel ,
qui eil l'une des Provinces - Unies. ClaufuU nigra.
Le Fort de \'Edu£c. ClaufuU cafirum , munitnen-
tum , eft un Fort litué au-delà du Rhône , fur le
eniin elle eft venue à edorc. On a beaucoup at-
tendu £e Pûcme , cet Ouvrage j mais enhn le voilà
•qui commence à'edoTe. Il a tenu fon amour lecret;
mais enfin il l'a fait idorc. Pour remplacer le prix
d'une acquihtion taite aujourd'hui , demain doit
édorc une iniquité. Roy.
Dès que rimprejjljnfah éclore un Poëie.
IL ejl cfdave né de celui qui l'adicccc, Qovi..
^3" Éclore, en termes de Meunier , c'eft priver le
moulin d'eau en la retenant, empêther qu'elle ne
tombe fur la roue, en abattant la pale.
ÇC? Eclore un moulin. Aquâ privare.
EcLOs , OSE. part. &: adj. Natus, anus. Un pouftin
tout hais cc/oj. Une fleur fraîchement édoje. Alille
fleurs nouvellement cdojcs couvroient la neige de
ion fcin. Voit.
|p= Ei^LO:)iON. f. f. Adion d'éclore. Ce terme
qui patoilïoit néceiîaire , parce qu'il n'y eii a point
qui exprime préciiément la même idée , a été em-
ployé par M. de Réaumur. Les infedles , dit -il,
qui vivent de vetdute, n'éclolent jamais que lorl-
qu'il y en a fur la terre, attendant comme le mo-
ment précis de Védofion des feuilles , pour éclore
eux mêmes. On le trouve aulli .employé par les
-Journaliftes de Trévoux, Mars 1747, & même
par les Aureurs qui ont écrit fur les infeiles.
ECLOY, ou ESCOLY, eft un vieux ternie Gaulois ,
dont on fe fert encore en Picardie , pour ligniher
Éurine. Nicot. Il vient du Latin lotium , qui fi-
gnifie la même chofe, & de la propohtion ex. Mén.
ÉCLUSE, f. f. Conrtruélion de pierre, ou de char-
pente , qui fert à retenir ou à élever des eaux. Mo-
les. Une édufe de moulin eft une petite digue qui
fert à amafter l'eau pour la faire tomber fur la roue
d'un moulin. Les édufes de Flandres fervent à re-
tenir les eaux pour empêcher qu'elles n'inondent
les terres qui font plus balfes , li ce n'eft quand il
eft befoin de les noyer, La Hollande, dont les terres
en pluhcurs endroits font au-delfous du niveau de
la mer, ne fe conferve que par le moyen des é^lu-
fes. Les édufes de Briare font de grolTes conftruc-
rions de pierre , ou murailles parallèles , diftantes
de vingt à vingt - quatre pieds > fermées par de
puilTantes portes par les deux extrémités j au mi-
lieu defquelles fe forme une chambre beaucoup
plus longue que large , oùj quand un bateau eft en-
fermé , on lâche de l'eau qui l'élève de deux ou
trois toifes , le fait pafler d'un canal plus bas en
un autre d'un fond plus élevé; & ainn un bateau
de la Loire palFe dans la Seine , qtroique le terrein
chemin de Genève. J^oye^ au mot Fort.
ÉCLUSÉE. f. f. L'eau qui eft contenue &c qui coule
dans une éclufe depuis qu'on l'ouvre jufqu'à ce
qu'on la referme. Ce ruilfeau peut fournir tant
à'edufées par jour.
ÈcLUSEE , eft aulli un demi-train de bois propre à
palier dans une éclufe. On l'appelle autrenreut
èrelle & coupon j qui ell: de treize tuiles & demie
de long, lur li pieds de large, & contient d'or-
dinaire 300 pièces de bois, au compte des Char-
pentiers.
ECN.
ECNÔME. Nom ancien d'une montagne de Sicile,
qu'on appelle aujourd'hui Monte à'Alicata. Lcono-
mus. Le mont Ecnànie étoit fur la côte de la mer
d'Afrique , à l'embouchure du fleuve Himera. Il
avoir tout près le château dans lequel Phalaris avoir
mis fon taureau d'airain. Fazelle place VEcnôme
fur les confins de la vallée Neétine &i de la vallée
de Mazara , entre Gela j ou Terranova , & Agri_-
gente j ou Gergenti, où eft en effet le mont d'Ali-
cata, &: vis-à-vis l'Ifle d'Alicata.
ECO.
ÈCOBANS. f. m. pi. Foy. ÉCUBIERS.
UCFECOBUE. f. f. Tetme d'Agricultute. C'eft un inf-
trument avec lequel on pèle les terreins couverts de
landes , de bruyères , de genêts , &c. après qu'on
a brûlé toutes ces broulTaïUes. M. le Marquis de
Turbilly en recommande fort l'ufage dans fon Mé-
moire fur les Défrichemens.
ÉCOBUER. f. f. Enlever la fuperficie d'un terrein ,
le peler avec l'Ecobue. Avant M. de Turbilly ,
M. Duhamel avoir décrit la façon à'écobuer , ou de
peler les terres , & de les brûler. M. de Turbilly
a perfeètionné l'Ecobue.
ÉCOFRAI , ou ÉCOFROI. f. m. GrofTe table , ou
madrier qui fert à plufieurs Artifans pour tailler &
préparer leurs ouvrages , comme celles des Cor-
donniers, Selliers, Bourreliers, &c.
ECOINSON. f. m. Terme d'Architedlure. Pierre qui
fait l'encoignure de J'embrafure d'une pente , d'une
fenêtre. C'eft la partie d'une fenêtre qui eft la plus
ouverte en dedans l'embralure pour y placer les
volets , afin qu'ils n'embarrairent point. Obllquita-
tis pars intima.
d'entre- deux foit élevé de plus de cinquante toifes jÉCOL AGE. f. m. Vieux mot, quifigni£ecWe. Schola.
au-delfus de ces deux rivières. Le canal de Briare j , Èzie en écalage , c'eft aller à l'école.
quarante- deux édufes, tant en montant qu'en j ECOLÂTRE. f.m.fChanoine qui étoit autrefois char-
gé d'inftruire gratuitement les jeunes clercs & les
pauvres écoliers du Diocèfe , ou du rellort de fon
Eglife. Ajourd'hui ils font ordinairement chargés
de veiller fur les Maîtres d'école- Scholafîicus.
Le Concile de Laxr.in , tenu fous Alexandre III.
ordonna que les Evêques auroient un Précepteur à
leurs gages , pour enfeigner tant la Philofophie ,
que la Théologie. Depuis , on a appelé Ecolâcre ,
celui qui enfeigne la Philofophie; & Théologal ^
celui qui enfeigne la Théologie. En Latin on l'ap-
pelle ScholaJIicus, mot qui a lignifié autrefois élo-
quent, lettré. Orateur, Avocat. M. Châtelain dit,
dans fon Martyrologe, Ecolâtre, Dignité en cer-
taines Cathédrales, la même à-peu-près que Chan-
celier
defcendant. Celui de Languedoc, pour la com-
munication des mers , en a cent & plus. Simon
Stevin a écrit la manière de fortifier les places par
édufes.
Nlénage dit que ce mot vient SexcluÇa , qui eft
tians la Loi Salique : ce qui fe doit entendre de
Védufe d'un moulin ; car pour celles qui fervent à
élever des bateaux , elles ont été inconnues aux
Anciens.
ÉCLUSE. Nom de ville, que nous ne difons point
en notte langue fins l'article. VEclufe. Le Gou-
verneur de ['Edufe. Slufi , Claufula. C'eft une pe- 1
tire ville très-forte, avec un bon port , dans la Flan-
ire Hollandoife , à trois lieues de Bruges , fur un
ECO
celier, de Scholafikus ^ & non pas de Scholarls ,
m même de Scholajier.
ÉCOLE, r. f. Lieu public où l'on enfeigneles fcien-
ces & les langues. Schola. , ludus linerarius. Ecole
de Médecine. Ecole de Droit. On a transféré les
Écoles de Droit à Orléans, 6c depuis on les a réta-
blies à Paris. On reçoit au Barreau de jeunes gens
encore tout couverts de la poullicre de {'Ecole. Ori-
gène, après le martyre de Léonide fon père, fe croii-
vant ians biens , ouvrit une école de Grammaire
dans la capitale de l'Egypte, & il la lailla bientôt
pour tenir celle des Ecritures faintes ; mais on pou-
voir bien due qu'il tenoit plutôt une école de mar-
tyre , que de Théologie. Godeau.
Ecole , fe dit , en Peinture, pour diftinguer les ditîc-
rentes manières des lieux , ou des perlonnes. On di-
llingue fix écoles , ou lix dalles de Peintres. Uecole
Romaine. L'e'cole Florentine. L'e'cole Vénitienne.
L'école de Lombardie. L'école Flamande & Alle-
mande. L'école Françoile. Chacune de ces écoles a
ime manière diltindtive , & qui lui eft particulière.
On dit encore ['école de Raphaél , du Titien , des
Carraches , &c. C'etl-à-dire , leurs difciples, leurs
Elèves.
École, fe dit aullî de toute une faculté ou Univerfi-
té , ou d'une Seite. Schola ,Jamilia. L'Ecole de Pla-
ton & celle d'Epicure avoient des fentimens bien
différens. L'Ecole de Salerne a intitulé de fon nom
un beau livre en vers , du régime de vivre , com-
pofé par un Médecin de Salerne, appelé Johannes de
MedioLzno. Il ell forti des amcs héroïques de l'Eco-
le d'Hpicure. S. Evr. On appelle S. Thomas l'An-
ge àzM Ecole. L'école Aq Tibériade a été fameufe
chez les Juih , & c'eil delà qu'ell venue la Malfore
& les Maliorètes, parce que les Juits appeloient
école leur Synagogue. Du Cange dit que ce mot
vient àQjchola \ qui iignifie d'ifcipline j ou cvrrec-
tiorij, Se que, généralement, 'ce mot s'ell dit des lieux
où plulieurs perfonnes s'allembloient , fou pour
étudier , foit pour conférer , foit pour faire quel-
que autre chofe. Ainli on a appelé Ecoles Palati-
nes , les divers poRes où on mertoit les Gardes de
l'Empereur , comme Schola Scutanorum , Gend-
lïum y &c. Depuis il a pallé aux Magiftrats civils ,
comme on voit dans le Code, Schola Chartulario-
rwn , Agentiuin , &c. & a pallé aux Eccléfiaftiques,
Schola Lancorum , Sacerdotum. Le mot Lziin J'chola
eft dérivé du Grec ir/^ôxli , qui fignihe loi/ir. L'étude
demande de la tranquillité & du loilir j & non
de l'agitation & du mouvement j comme la plupart
des autres arts. Quelques Auteurs , même de ceux
qui ôtent 1'^, retiennent encore \'h dans ce mot &
dans efcolier. Dans les écholes comme dans-Ja mai-
fon. MoRABiN j ;?. 1 1 5.
École de S. Ambroise. ^oj) «^ Oblationnaire.
Ecole Angélique , fe dit de l'école de S. Thomas &
des Thomiftes , parce que Saint Thomas eft appe-
lé l'Ange de l'école , & que les Thomiftes préten-
dent fuivre fa doitrine. Vous propofez de concilier
S. Auguftin avec S. Thomas , & avec Vécole Angé-
lique. Mem. de Tr.
École Séraphique. C'eft l'école des Frères Mineurs,
communément appelés Cordeliers, parce qu'ils ont
été inftituéspar S. François d'AlIife j auquel on don-
ne le titre de Séraphique. Voye\ ce mot.
École j fe dit auffi , par oppofition à la fcience du
monde, des manières d'expliquer les fciencesdans
les Collèges. C'eft parler en termes de l'Ecole , cela
fent l'École y la manière pédantefque & fcolaftique.
J'aimai l'antithèfe au forcir de l'Ecole , dit le Poète
des Vilionnaires.
ï^oye^ comme il vous montre en phrafes pathétiques
L'Art de repréfenter les hijloire.s tragiques ,
Débitant par fcs vers avccfajie étalés
La crajfe de /'Ecole en dogmes empoullés.
École , fe dit aulTi des lieux particuliers où l'on en-
voie les enfans apprendre à lire & à écrire , & les
Tome III.
ECO JJ3
premiers principes de la Grammaire. Les Officiaux
reçoivent les Maîtres tk. Maïtrelles des petites éco-
les. Cet entant ne va pas au Collège , il eft encoce
à ïécole. Il y a long-temps qu'ils fe connoiftent , ce
font des camarades àlecoLc. Lucien a dit j que ceux
que les Dieux liailfoient ^ ils les faifoient Maîtres
d'ccole.
En cheveux blancs il me faut donc aller
Comme un enjant , tous les jours à /'École ?
Que je fuis J ou d' apprendre à bien parler ^
Lorjque la mortvient m'ôtcr la parole ! Maynard.
En quelques Univerfuéson appelle les Écoles à&
Droit, les Grandes Ecoles.
École , lé dit aulli de toute forte d'inftrudion , & du
lieu où l'on fe torme j où l'on s'inftruit , foit par les
diicours j foit par les exemples. On l'emploie en
bonne & en mauvaife part. On dit qu'un homme
eft en bonne école ; pour dire , qu'il ell en lieu où il
peut bien profiter. Il a appris cela dans l'école de la
pauvreté. Vaug. Je crois que vous allez tous à la
même école j vous dites tous la même chofe j vous
avez les mêmes manières d'agir. C'eft comme Te-
rence a dit : in eodcm omnes mihi videntur ludo docléi
ad malitiam J &c. La Cour eft une bonne école ^ où
l'on apprend à vivre dans le grand monde. La Cour
fut pour lui une école de fagelFe & de vertu. Bouh.
Rabelais dit que Ouï-dire tenoit école de Témoi-
gnerie. L'armée eft une meilleure école que les
clalFes , tant la difcipline militaire eft exaûe, en
comparaifon de celle des Collèges. Une Cour , qui
eft l'école du bon goût , & le règne de la poiitelie,
& ou tout, jufqu'aux plailirs , eft alîaifonné d'ef-
prir. L'Ab. V)'LsT]kii.s, , parlant delà Cour de Sceaux.
Foye^ Difciple.
École Royale Militaire. Nouvel établiffèment fon-
dé par le Roi, pour l'inftrudion de la jeune noblciTe
Françoife , dont les parens ont coniacré leurs biens
&c leurs jours au iervice de 1 Etat.
Ecole j en termes de Manège , fe dit de la leçon que
donne l'Ecuyer , tant au Cavalier qu'au cheval , en
le faiiant travailler. Dfciplina , iiifl'itutio. Ce Ca-
valier n'a que trois mois àHécole j pour dire, il n'a
commencé fes exercices que depuis ce temps-là.
Voilà un cheval qui a de l'école , qu'on a remis à
ïécole ; qni fournit bien à l'école ; qui eft bon che-
val à'école \ c'eft-à-dire , qui manie bien. On dit ,
un pas A'école ; ou un pas averri ^ un pas écouté.
On dit aulli , qu'un homme eft hors à'école , quand
il y a long-temps qu'il ne s'eft exercé en quelque
art que ce foie
Ecole , fe dit aulli au jeu de Trictrac , quand on
oublie à marquer les points qu'on gagne. Erratum.
On m'a envoyé à l'école de quatre points. J'ai
fait une école. Il a marqué mon école. Faufle
école. Un joueur qui envoie l'autre à l'école mal-à-
propos , fait école lui-même d'autant de points ;
c'eft ce qu'on appelle faulTe ccole. Augmentation
d'tf'co/(?. Un joueur fait nugmeniationd'eVo/f, quand
ayant fait une véritable école que l'adverfure a
marquée , il va s'imaginer que l'adverfaire s'eft
trompé J il démarque & marque à fon profit. Celui-
là doit remettre à fa place le jeton de celui-ci j 6c
marquer le double de ce qu'il avoir marqué , qua-
tre , par exemple J au lieu de deux; favoir deux
pour Vécole , "k. deux pour la faulfe école qu'a fait
l'adverfaire. L! Ecole de l'école ne fe marque point;
c'eft-à-dire , en général , qu'un joueur eft à X école ^
quand il oublie de marquer les points que le coup
lui vaut diredement ; mais il ne fait jamais école
pour avoir oublié de marquer une école de l'adver-
faire. Ecole de privilége:(i un joueur rompt fon jan-
de-retoutj pouvant le conferver par privilège j il
fait école ; c'eft ce qu'on appelle école de privilège :
l'école de privilège eft de quatre points. Ecole de
partie , c'eft manquer de marquer un trou. On ne
fait point école de partie. Par exemple , Ci, étant en
bredouille , vous achevez un trou, ou (î vous faites
A a a a
^j4 ECO
douze poims fans bouger , & que vous n'eïi mjr-
quiez pas deux comme vous le pouvez , l'adverfaire
ne peuc pas marquer à fon profit le trou que vous
oubliez. Ecole de deux jetons. Un joueur a S points,
il jette les dés, bat fon adverfaire & gagne 4 points;
il oublie qu'il en a déjà huit, prend un jeton au
talon, & marque les quatre points qu'il vient de
faire , & les mec à la place du quatre. Dès qu'il a
lâché ce lecend jeton , il fait école des 8 points qui
étoient marqués. Son adverfaire efface ces S points j
& en marque autant à fon profit j & lailfeà Damon
les quatre derniers qu'il vient de marquer ; c'elt ce
qui s'appelle école de deux jetons. Ecole de de^rein
par moins. Un joueur a iS points & fon plein for-
mé. Il eft battu à faux par fon adverfaire j il fait
femblant de n'y pas prendre garde , & jette les dés
pour le coupfuivant \ car, s'il marque ces quatre
points J il a pirtie , &c ne peut pas s'en aller avec
un jeu qui en a grand befoin ; au lieu qu'en faifant
cette école à deifein j il a efpérance de conferver
le coup d'après j d'avoir partie , & de lever; mais,
fi on l'avertit de marquer , il eft obligé de le faire.
École de deffein par trop. Un joueur a 4 points : il
remplit j c'eft 4 points , & 4 qu'il avoir font 8 en
tout , & joue fon coup. L'adverfaire qui étoit battu
à faux, gagnoit deux points , au lieu de deux il en
marque 6 : il fair à deifein école de 4 points, afin
que l'autre , qui voudra relever cette école j foii
obligé de marquer un trou fans pouvoir s'en aller.
Celui-ci qui connoîc la rufe, démarque les quatre
points que l'autre a marqués de trop , renonce au
profir qu'il y pouvoir faire , & ne marque rien
pour cela. On ne peut pas le forcer de marquer j
parce qu'il eft libre à celui qui démarque une école ^
d'en profiter , ou d'y renoncer.
École j fe dit proverbialement en ces pbrafes.Il a pris
le chemin de Vécole ; c'eft-à-dire , le plus long. On
die qu'on a fait l'école builfonnière, lorfqu'on s'en
efl abfenté fans raifon , ou j comme on parle en
Normandie, lorfqu'on a frippé fa clalfe , qu'on a
; été ailleurs. M. Ménage tient que cette locution eft
née au village , où les enfans vont dans les buif-
fons chercher des nids d'oifeaux , au lieu d'aller
à Vécole. Ce Proverbe vient plutôt de ce qu'au
commencement du Luthéranifme, les Sectateurs de
cette dodrine , n'ofant prêcher ni enfeigner publi-
quement leurs dogmes j tenaient dans les campa-
gnes des écoles fecrètes qu'on nomma buljjonnières.
Le Parlement , qui en fut informé , rendit un Ar-
têt le 6 Août 1 5 5 2. J qui défend les écoles buijfon-
nicres , Se renouvelle les défenfes d'enfeigner j fans
la permiffion du Chantre de Paris, Dire les nouvel-
les de l'école ; c'eft- à-dire j Découvrir le fecret d'une
cabale , d'une compagnie.On dit aulîi, à un enfant j
allez à l'école fouetter le Maître. Quand un igno-
rant patle Latin , ou dit quelque cliofe qui paffe fa
capacité , on dit en quelques endroits , Les grandes
écoles ont couché ouvertes j les ânes parlent Latin.
Naudé , a dit dans fon Mafcurat , je vois bien que
tu fuis l'école ; pour dire , que tu veux efquiver ,
manquer à ta parole , éviter quelque chofe.
École d'Athènes. Termes de Peinture. C'eft le nom
d'un tableau de Raphaël, qui eft d'unegrande beau-
té. Ce tableau , qui eft au "Vatican j contient quan-
tité de figures qui repréfentent des Philofophes j
des Mathématiciens , & d'autres perlbnnes atta-
chées aux Sciences. Plufieurs Auteurs ont parlé de
ce rableau , &c en l'expliquant, ont tous pris des
ientimens diftérens, Vafari dit que c'eft l'accord de
la Philofophie , & de l'Aftrologie avec la Théolo
gie. Les Graveurs , par l'infcnption qu'ils mettent
au bas des eftampes qu'ils ont gravées de ce ta-
bleau , font voir qu'ils l'ont pris pour un tableau
«de Saint Paul qui ptèche à. Athènes. Auguftin Vé-
nitien a pris le Philofophe qui écrit pour un Saint
Marc J & celui qui eft à genoux pour l'Ange Ga-
briel. M. De Piles rejette toutes ces explications de
l'école d'Athènes , & fur-tout la dernière : on poiir-
roic dire pour juftifier le Graveur Vénitien , qu'il
ECO
n'a point prétendu expliquer le tableau de l'école
d' A chênes , mais feulement en copier tk en graver
quelques figures qu'il a cru propres à repréfenter ,
l'une Saint Marc , une autre l'Ange Gabriel , &c.
M. De Piles croir que le tableau de l'école d'Athè-
nes n'eft rien autre chofe que l'image de la Philo-
fophie , que Raphaël a repréfentée par tous ces Phi-
lolophes qu'il a peints. 11 y a aux Gobelins à Paris
une fort belle tapilferie fur le deflein de l'école d'A-
r/it/2« de Raphaël.
Ecoles-Chrétiennes. Frères des Ecoles-Chrétiennes ,
Sœurs des Ecoles-Chrétiennes. Ce font des Congré-
gations d'hommes , & des Congrégations de filles j
inrtituées par le R. P, Barré 3 Minime , vers l'an
16x1 , les uns pour inftruire les garçons, & les au-
tres pour inftruire les filles. Le premier établilfe-
menr s'en fit à Paris l'an 1678 , pour des filles. Les
uns & les autres vivent en communauté fans faire
de vœux J fous la conduite, les hommes d'un Su-
périeur j & les filles d'une Supérieure auxquels ils
doivent obéir. Ils doivent faire leurs inftrudfions
gratuitement. Les Frères ont pour habit une fou-
tane & une houpelande , avec des manches pen-
dantes , le tout d'étofté noire & groflière. Les Sœurs
font vêtues plus proprement j mais modeftement j
&c à-peu-près comme les filles de l'Union Chrétien-
, ne, P, Helyot > T. FUI. C. 30.
Écoles -Chrétiennes. Il y a à Rouen deux Chefs
d'Ordre ou de Congrégation , pour l'inftruâiion
gratuite des pauvres enfans : les trères des Ecoles-
Chrétiennes ^ ou les I rères de S. Yon ^ pour les gar-
çons : ceux-ci , qui font Religieux j fe font établis
aufli dans plulieurs autres villes du Royaume : &
les Filles des Ecoles - Chrétiennes j ou les Sœurs
d'Érnenwnt 3 pour les filles : celles-ci n'ont encore
d'établiffement que dans le Diocèfe de Rouen.
Foye\ la Defcription Géogr. & HiJI. de la Haute-
Norm. Tom. l.p. rij & iji.
Écoles pieuses. Clerc Régulier j Pauvre de la Mère
de Dieu , des Écoles pieufes. Foye^ au mot Pau-
vre.
ECOLER, Enfeigner , inftruire, Docere 3 injlituere.
Ce terme n'eft plus d'ufage. Cent, nouv. %6.
Ip' ÉCOLIER , 1ÈRE. f m, & f, Auditor^fcholajlicus;
celui, celle qui va à l'école. Il faut remarquer que
le mot Écolier , lorfqu'il eft feul , ne fe dit que
des enfans qui étudient dans les Collèges. Il fe die
aufli de ceux qui étudient fous un Maître un art,
qui n'eft pas mis au nombre des arts libéraux ,
comme la Danfe , l'écriture , &c. mais alors il doit
être joint avec quelqu'autre mot qui défigne l'art
0« le maîtte, Voye-:^^ Difciple & élève, D'Alem-
BERT, Il faut qu'un Écolier ait étudié fix mois dans
l'Uni\^rfité, pour jouir du privilège de fcholaritc.
/^oye^ l'Ordonnance de x^^p. En faveur des Scien-
ces , un Ecolier étranger n'eft point fiijet au droit
d'aubaine, La Bret,
On dit, familièrement, m^AicQ à' Écolier. Tout
d'Ecolier. Il fe diverrit comme un Ecolier en vacan-
ce. Prendre le chemin des Ecoliers j pour dire
prendre le chemin le plus long , félon la coutume
des Ecoliers. Ac. Fr,
Écolier , fe dit auflî de ceux qui fortent du Collège,
& qui en ont retenu les manières j & le mauvais
air. Vous avez dans le monde l'embarras & la con-
tenance d'un écolier. Vous récitez d'un ton d'écolier.
Écolier, fignifie,par extenfion, un difciple, un ap-
prenrifdans routes les chofes du monde où l'on a
befoin d'inftru6fion. Je fuis maintenant l'écolier da
la fagelfe : je ne confulte plus qu'elle. S. Evr.
N'allé^ pas de l'amour devenir /'écolière ,
Ce Maître dangereux conduit tout de travers.
La Font.
Écolier, fe dit auflî de ceux qui favent imparfaire-"
ment une chofe , qui y font novices. Rudis , tiro.
Cet homme fera toujours écolier^'xl ne faura jamais
ECO
bien cette fcience. Ce n'eft qu'un écolier en Géomé
crie , qu'un apprentif à l'égard d'un tel.
Un Poème excellent ou coût marche , &fe fuit j
Jamais d'un écolier ne fut l' apprentijfage. fail-
li entreprend d'abord l'éloge defon Roi ;
Pour un fmple écolier cejlun terrible emploi.
Congrégation des Ecoliers. C'eft un Ordre Reli-
gieux de Chanoines Réguliers j établi proche Bou-
logne en Italie par quelques Ecoliers de l'Univeihcé
de cette ville. Penot & Falconius , qui parlent de
cette Congrégation , n'ont pu trouver ni le lieu où
elle fut établie , ni le monaltère qu'elle occupoit ,
ni ceux qui en dépendoient , ni le Pape qui l'a ap-
prouvée. Le P. Papebroch a cru que c'étoient des
Dominicains ; mais le Cardinal de Vitry les dillin-
gue de cet Ordre ; & de plus S. Dominique n'obtint
une maifon à Boulogne que l'an iiiS,&, félon
plufieurs Auteurs, la Congrégation des Ecoliers cio'n
déjà établie en iJ.oo. On ne fait point non plus ni
la tin de cet Inftitut , ni combien il a fubfifté , ni
quel étoit l'habillement de ces Chanoines. Le Car-
dinal de Vitry , Hijî. Occid. C. 17. Psnot, Hifl. Tri-
part, L. II. C. 54. /:. I. Falconius , Mém. Hiji. de lu
faille de Boulogne , p. zoi. & le P. Hélyot , T. ILC.
57. parlent de cet Ordre.
CoMaRSGATioN DU VAL DES EcoLiERS. /^iyc:^ au mot
Val.
Le Val dis Ecoliers. Nom d'une Abbaye , Chef
d'Ordre. Vallis Scholarum. Le Val des Ecoliers eft
lur la Marne , dans le Balfigny , en Champagne , à
une lieue de Chaumont. Voye^ N ki..
ÉCOLIÈRE. f. f. Nom que l'on donne aux Chanoi
nelfes de Mons en Haynaut , les deux premières
années après leur réception. P. HÉlyot , T. IV.
ECOLLETTÈ , ée. adj. Terme d'Orfèvre , qui fe dit
des ouvrages ou vailfeiux qui ne font point taillés
à pans _, mais échancrés , arrondis & étrécis. In or-
bem diminiitus. Les fa hères ecolletées font à la mode.
On ne le fert plus de falières à pans.
ECONDUIRE. V. a. Reful-îr ce qu'on demande. Ex-
cluiere j denegare , inficiari , repellere. Il faut écon-
duire doucement les pauvres ; éconduire avec civi-
lité ceux qui nous font quelque prière , quand on
ne leur veut rien accorder. Il ne fe dit que des per-
fonnes.
ÉCONDUISEMENT.f. m. Vieux mot. L'adion de
mettre quelqu'un hors de chez foi. Glojf. des Po'éf.
du Roi de Navarre.
ÊCONDUIT , iTE. part & adj. Qui eft refufé. Repul-
fam paffus. Se voyant éconduit Se moqué , ilpe garda
plus de mefures. B.Rad.
Ce mot vient d'e.vrra conducere.
' On dit , proverbialement, qu'on n'eft pas battu &
éconduit tout enCemhïe J, pour exciter quelqu'un à
fe hafarder tle faire quelque demande.
ÉCONOMAT. {. m. (Ce mot & les fuivans s'écrivent
aulfi par un (E ). Charge j office d'Économe, de ce-
lui qui a l'adminiftration & la régie des revenus
d'un Evèché , d'une Abbaye, ou autres Bénéfices
pendant la vacance. Adminiftratio , curatio. L'éco-
nomat des Bénéfices qui font à la nomination du
Roi , dépend du Roi, Jour d'un Bénéfice par écono-
mat , en vertu de lettres d'économat.
Les économats prennent leur origine de ce qu'il y
avoir autrefois des Eccléfiaftiques commis dans les
Cathédrales ,pour recevoir tout le revenu del'Egli-
fe, tant celui de l'Êvêque que du Chapitre. Voye-^
COMMENDATAIRE. *
ÉCONOME, f. m. Celui qui eft prépofé pour régir &
adminiftrer un bien Eccléfiaftique vacant , ou ceux
d'une Communauté. Adminidrator. Le Roi nomme
des Economes aux Evêchés & \bbaves , lorfque la
régale eft ouverte, ou que l'Abbaye eft vacante. Il y
a aufli dans les Hôpitaux & Communautés des Eco-
ECO S55
nomes qui ont foin de iaue la dépenfe, & particu-
lièrement celle de bouche.
Econome a lignifié autrefois Défenfeur , pro-
tecteur, avocat : on ledifoit de ceux quidéfendoienc
les droits & les biens des Eglifes , des Abbayes, des
Monaftères. Ce nom a éré auUl celui d'un Officier
Eccléfiaftique, qui avoit foin des bâtimcns & des
réparations de l'Égiife, de recevoir les aumônes ,8C
de les diftribuer, lelon les intentions de l'Evèque.
Les tondlionsdes Economes font à peu-près les mê-
mes aujourd'hui. Godefroy en traite fort au long fur
le Code Théodofien , au titre De Bon. Clerkor.
Les Economes des Bénéfices sujets à la régale doi-
vent rendre compte de leur adminiftration à la
Chambre des Comptes : les Economes des autres
Bénéfices rendenr compre devanr les Juges auxquels
les lettres d'économat lont adrelfées. Le VI^ Cencile
ordonne , Can II. que chaque Eglife aura fon £co-
«i;//2t; : fi quelqu'une en manque, le Métropolitain
en donnera aux Evèques , Si le Patriarche aux Mé-
tropolitains.
Dans l'Eglife Grecque V Econome nhoit pas feu-
lement chargé du temporel de l'Eglife j des aumô-
nes J des biens de l'Evèque j il avoir encore, des
fondions particulières dans l'Eglife. Quand l'Evè-
que otiicioit, il étoit à fa droite revêtu d'une tu-
nique , tenant une efpèce d'éventail à la main , fé-
lon l'ufage de l'Eglife Grecque j il préfentoità l'E-
vèque ceux qui dévoient être ordonnés Prêtres.
Pour l'adminiftration des biens temporels , il
avoit fous lui un Officier qu'on nommoit C(irtu~
laire.
Il y a eu en France des Economes fpirituels , pen-
dant les troubles de la ligue , pour conférer les Bé-
néfices vacans à l'infar des Ordinaires.
^CTEcoNOME. adj. Signifie, qui a de l'économie. Voy.
ce mot. Père économe. Mère extrêmement éio-
nome.
|Kr ECONOMIE, f f (Sconomia , du GrecO-,r.«w«^
fage conduite j ou bien de ""«f; maifon , «Se »u>Jf ,
loi. Sage &c prudent gouvernement d'une maifon ;
règle qu'on apporte dans la conduite d'un ménag^j
dans la dépenfe d'une maifon.
(KF Dans cette acception , le mot c'i'Economie eft:
relatif à l'ulage qu'on tait de fon bien .• c'eft une
juftedifpenlatioH du bien que l'on a ; un emploi
convenable de fes fonds , un moyen induftrieux de
les perpétuer j pou:: être toujours à portée de ne
pas diminuer fa dépenfe, ëc même de l'augmenter ,
en multipliant fans interruption le produitdes fom-
mes qu'on fait circuler avec honneur.Son grand arc
eft de tirer parti de tout ce qui eft entre fes mains ,
ôi. de ne rien dilîiper. Un prudent père de famille
accroît fes biens par une prévoyante économie. Je
n'approuve pas une économie trifte qui fe contente
de fatisfaire aux befoins, & ne donne rien au plai-
fir. S. EvR. Un avare déguife fon avarice fous le
nom honnête d'économie.
§Cr Economie rustique. C'eft l'art de tirer le plus
grand avantage pollible des biens de la campagne.
Economie , fe ditauftidubon ufage qu'on fait de
fon efprit , & de fes autres qualités : de la pruden-
ce à les bien placer , ou à les bien ménager. Œco-
nomia, prudens adminiftratio , Ce neft pas affez d'a-
voir de grandes qualités , il en faut avoir l'écono-
mie. La Roch. Ménagez vos talens avec économie :
autrement ils deviendront fades , d vous les mettez
à tous les jours. Bell. Il faut de l'eVo/îo/Tzie dans les
plaifirs : l'ame s'ennuie d'être toujours dans la mê-
me aftîette. S. Evr. Epicure voulut que la fobriété
fût une économie de l'appétit. Id. Cet ouvrage de-
mande un homme, qui, par une étude allidue i?<: une
févère économie de fon temps , fe foie rendu fami-
lier le ftyle des Pères. Mém. de Trév.
ifT On le dit,à-peu-près,dans le mcmefens,d'une
conduite réglée fur les circonftance; du temps , du
lieu & des perfonnes. Sage tempérament. Le Prince
de Condé fit voir qu'il avoit une parfaite intelli-
gence de {'Economie Militaire, &: combien La pré-
A a a a ij
5/6 ECO ECO
voyance eft nccefTaire à un Général. Sar.. L'Eglife on vi: fort économiquement^ 11 ne s'y fait aucune dif-
£o\iSzzc[at\(\MQ'îo\s\QsJeanddles par économie. lipation.
§cr Ce mot, dans une fignirication puis étendue, ' ECONOMISER, v. a. Gouverner , adminiftrer avec
fedit,auhguré, de l'ordre pat lequel un corps politi- économie. Il a bien économife les revenus de cette
que fubfilte ptuiopalement. Renverler toute ïeco- terre , de cette Abbaye.
nomie d'un Etat. Economise , ee. part. Des revenus bien économijés.
Économie Légale. Legalis. C'eft la manière dont ECOPE. f. f. Terme de Batelier. Efpèce de pelle
Dieu jugea à propos de conduire fon peuple , par le
minillèrede Moyle.Elle comprenoit non-feulement
les lois politiques & cérémoniales j mais auiîi la
loi morale , -entant qu'elle prononçoit malédiétion
contre tous ceux qui ne l'accomplitoient pas pattai-
tement. V économie légale n'avoit pas la loice de
fandiifier les hommes.
Économie EvangÉlu^ue j Evangelica , fe dit par op-
pofuion à Ve::onomie légale j & renferme tout ce qui
appattientà l'alliance de grâce que Dieu a faite avec
les hommes par Jesus-Christ.
On appelle en Pologne , Economies Royales 3 les
biens alredés pour l'entretien de la Aiaiion du
Roi.
|Cr Économie, fe dit encore, au figuré, de l'ordre j de
la juftedifpofuion des chofes, de l'harmonie qui eQ
entre les différentes parties , ou les diftérentes qua-
lités d'un corps phylique. On ledit de même de la
difpofition d'un dellein , de la didribution d'un
difcours, du plan ^ de l'ordre, de la proportion d'un
•bâtiment. Harmonia. Foyc-{^ Harmonie. C'ell une
■chofe admirable Q^<iXéi07iomie «Si la difpoiitiondes
parties du corps humain j & de voir comme cha-
cune fait régulièrement fës fondions.
^3° Economie animale. Termes impropres , dont
on fe fert quelquefois pour défigner l'animal mê-
me. De- là ces façons de parler abufives ^ racuve-
mens , fondions de Yéconomie animale. A parler
exadtement, cette dénomination ne regarde que le
méchanifme, l'ordre j l'enfemble des tonétions Se
des mouvemens qui entretiennent la vie des ani-
maux , dont l'exercice parfait conllitue l'état de
fanté , dont le moindre dérangement eft par lui-mê-
me maladie , Se dont la celTation eft la mott. C'eft
dans ce fens qu'on dit, mouvemens , lois de [éco-
nomie animale.
L'économie d'un bâtiment eft l'art de ménager le
terrein , & de dilhibuer lei appartemens de la ma-
niète la plus convenable & la plus commode. L'éco-
nomie d'un tableau. L'économie du deifein. Une
belle économie.
Ce mot, dans ce fens , s'applique aux myftèresde
la Religion j & aux matières de la Théologie ; 6c
on appelle économie , la difpolition des choies que
la Providence a foites concernant l'incarnation du
Verbe, & ce que Jesus-Christ a fait fur la terre
pour fauver les hommes. Ce mot eft pris de l'E-
criture , où S. Paul appelle cette conduite de Dieu
o'(xoMfci« , que S. Jérôme a traduit par difpenfado.
Voyez Ephef. I. 10. III. 19. ColoJJ'.I. 15.
ECONOMIQUE, adj. Qui appartient à l'économie.
(Economicus. On donne ce nom dans l'école à la
Motale , en tant qu'elle donne des préceptes pour
bien conduire &c réglei: une famille-
ffTLss Philofophes divifent la Morale en mo-
najîique ,qui regarde l'homme particulier , en éco-
nomique, qui'concerne l'homme confidéré dans fa
famille , & en politique , qui le conhdère par rap-
port à l'état. Sageffe , prudence économique.
(fT Ce mot eftaulli fubftantif féminin , & défi-
gne cette partie de la Morale qui concerne le gou-
vernement d'une Province. Ariftote a éctit deux li-
vres de l'Economique.
Économique, f. m. Ce mot lignifie proprement un
Exécuteur tcftamentiire , l'exécutent des dernières
volontés d'une perfonne , celui qui a l'économie,
&, fi l'on peut ainfi parler , !a difpolltion fiduciaire,
c'eft à-dire, quia par fidei commis la diipofition
des biens d'un homme mort. (Economicus. Harris
Cela doit s'entendre de l'Angleterre.
ÉCONOMIQUEMENT. adv.'D'une manicte écoiio
creule qui fert à vider l'eau des bateaux fur les ri-
vières.
Ce mot vient àtfcopa , ou plutôt de afcopa j qui
eft un vaKfeau portatif ou l'on met de leau, donc
il eft parlé dans Judith , Chap. 10. félon Du
, Cange.
EcoPE , eft aufl!î un terme de Chirurgie , qui fignifie 3
Divihon des parties charnues, par laquelle on tran-
che & coupe une partie gangrenée , ou chancreufe.
Dec.
ÉCOPERCHE. f. f Terme d'Architedure. Pièce de
bois avec une poulie , qu'on ajoute au bec d'un'i
grue ou d'un engin , pour lui donner plus de
volée.
On nomme auiïï Etoperches toutes pièces de bois
de brin.j qui fetvent à porter les échatauts. Pertica.
ECORCE. f. f. La partie extérieure des arbres, qui leur
lert de couverture , de peau. Cortex. L'écorce du chê-
ne battue fert à faire du tan. Les Sauvages de l'Amé-
rique font des canots à'écorce de bouleau cjui tien-
nent jufqu'à vingt-quatre petfonnes. On fait des
cordes de puits avec la petite écorce de tilleul. Les
écorces d'aunes fervent à la teinture. Les Amans mar-
quent leurs noms& leurs chiffres fur \ écorce des ar-
bres. Les Anciens écrivôient fur des écorces , prin-
cipalement du frêne & du tilleul , non pas lur l'é-
corce extérieure, mais fur l'écorce intérieure ^qui eft
fous l'autre j plus mince 3 plus déliée 3 cortex inte~
rior 3 tenuis tunica , tunicuia , liber. Fortunat en parle,
f^oyez au mot Cortical.
S-cribere quo pojjls difc'ingat fafàa fagum ^
Cortice dicta legi fit mihi dulce tui.
Ce mot vient du Latin cortex.
Écorce , fe dit auffi de la peau ou enveloppe de quel-i
ques fruits , quand elle eft épailïe. De l'écorce de
grenade. Mali corium. On fait des confitures exqui-
fes de l'écorce de citton 3 de melon , d'orange, &c.
Écorce , fe dit, figurément , pour fignifier , la fuperfi-
cie , l'apparence , la furface extérieure des chofes.
Species. Le peuple ne regarde les choses que par
l'écorce , ne juge que par l'apparence. Les ignorans
ne veulent point pénétrer dans le fond des fciences>
ils s'arrêtent à l'écorce. Le vulgaire s'arrête à l'écorce
& aux apparences. Pat. Ceux qui parlent avec tant
de facilité , ne s'attachent d'ordinaire qu'à l'écorce
des choses. S. Evr. Il eft des amis agréables qui
amusent ; mais ils n'ont que l'écorce ; pour peu
qu'on approfondi (Te , on n'y ttouve pas fon comp-
te. M. Scud.
ipT Pvoulfeau , dans une de fes odes , a appliqué
ce mot à l'eau J en le prenant pour glace.
Et les jeunes Zéph 'rs, par leurs chaudes haleines ,
Ûntjondu /'écorce des eaux.
Cette métaphore paroît trop hardie & peu
naturelle. Ecorce èc fondre ne peuvent aller ense m-
ble , parce qu'il y a de la disconvenance entre ces
deux mots.
On dit, proverbialement , qu'il ne faut pas mettre
le doigt entre le bois & l'écorce , pour dire , qu'il ne
faut pas fe mêler des différends qui naiftent entre
gens qui^fonr proches , comme entre le mari & la
femme , les frères <?i les forurs.
ÉCORCER. v. a. Ôter l'écorce du bois. Decorticare ,
dclibrare. Il faut écorcerU bois en Mai , parce qu'eu
ce temps , la fève fait féparation du bois d'avec l'é-
corce. Il eft très-diflicile en une autre faifon de le
mique. (Economicè 3 prudenter. Dans ce monaftère 1 faire. Il faut le faire au(!i lorfque l'écorce eft trop fé-
ECO
che , ou mangée des vers j ou pounie & gâtc'e , afin T
que l'aL-bre le porte mieux. _ |
ÉcoRCER, a fignifié aulli Kafer. Sous Louis le Jeune , l
les Prêtres, qui écoienc alors appelés Prévoires , le j
rasoient tout le visage , félon le Roman de Guarin. I
Les Prévoires écorcent tout vis. _ \
ÉcoRCÉ, EE. parc. Dccortkatus. Le bois e'cwW s'ap
pelle Bois-Pelard
E C O
557
pour dire que le receleur eft auflî punîfTable que le
yo eur. On du encore, beau parler xiécorchc poinc
a langue, pour dire qit'jl bue toujours ufer de paro-
les civiles. On dit aulli traîner à ecorche cul pouc
dire Violemment, en lai ifant traîner le cul à terre.
! Ecorche , ee. part.
I En termes de Blafon , écorché ^q dit des animaux
f ^ qui font totalement rouges, ou de gueule
AÉCORCHE-Clf.adv.EnglilTanr, en fe traînant fur : ECORCHERIE. f. f. Lieu où Ton écorcheles bêtes.
le derrière. Ces enlans joueiitàdC(;rcAe-ca. Il ligni- 1 Laniena, Ce cheval n'eft bon que pour mener i
fie aulli figurément, par lorce , de mauvaise grâce j ! Vecorcherie
avec répugnance. Il ne fait jamais les choses qu'ù -Écorcherie j fe dit auflî , figurémentj d'une hôtel-
écorche-cu. Il eft bas. Acad. Fr-
ÉCORCHEE. f. f. Terme de Conchyliologie. Nom
d'une espèce de coquillage marin. Excoriaica j nu-
idj cowcÀa. Ou l'appelle autrement Nuée. Vécorchce
eil une des espèces de Rouleau. Le fond de ce co-
quillage etl traversé de grandes taches brunes , &
rayé par-tout légèrement.
ÉCORCHER. V. a. Arracher la peau d'un homme ,
d'un animal. Excoriarc , corium detrahere. S. Bar-
thelemi fut écorché tout vih Ecorcher un bœuf, un
mouton , un cheval , un âne.
fC? Ce mot fignitie quelquefois fimplemenc dé-
chirer ou enlever la furpeau par une action ou pref-
lion violente. Les Pollillons ont louvent les tclfes
ecorchéii. Ecorcher un enfant , c'ell lui donner le
fouet i jufqu'à ce qu'il y paroilfe fur la peau j en-
forte qu'elle en foit effleurée. Les chevaux de bat
font fujers à s'eVtJ/'tAer fur le garot. Les elHeux ecw-
chent les arbres j les murailles , dans les lieux trop
ferrés. Les livres reliés en veau sécorchcnc facile-
ment.
Il vient du mot excoriare , ou de fcor:^are , Ita-
lien , qu'on a dit dans la balfe Latinité pour figni-
, fier la même chose.
Ecorcher, figniKeaulîi, faire une trop violenreim-
preilion fur les fens. Offenfure , offd/idcre. Voilà une
voix aigre qui m'ecorche les oreilles. Les cormes ver-
tes écorchcnt la langue , le gofier. La prêle ccorclit la
^ main pour peu qu'on la manie.
Ecorcher , (îgnifiej au figuré , Rançonner , exiger
d'une pcribnne plus qu'elle ne doit , vendre trop
cher. Les Hôteliers de Hollande rançonnent , écor-
chentlas palîagers. Les Procureurs ecort/zc^r les par-
ties , quand ils leur font payer les dépens. Si je ne
vous demande que tant de ce livre , ce n'eft pas vous
écorch'er.
Ecorcher, Terme de Sculpteur & de Stuccateur. Ecor-
cher une figure de cire , ou de terre , qui doit fervir
de noyau , c'eft la ratiller pour la diminuer, & ôter
de fa grolfeur : ôter , du noyau, autant d'èpaiiïeur
qu'on en veut donner à la figure qu'on doit couler
en plâtre.
ÉcoRCHURj fedit, figurément S>i familièrement , en
Grammaire , lorfqu'on fait une langue imparfai-
icement, qu'on la parle mal. Cer écolier ne fait
encore <\\i ecorcher le Latin. Cet Allemand ecorche
le François. Mot eVorcAe du Latin , du Grec, &c.'J
lerie , d'une boutique , & de tout autre lieu oU
l'on fait payer les chofes trop cher. N'allez pas chez
ce Marchand , chez cet Hôtelier, c'eft une écor-
chérie. Le Palais eft une vraie ecorchcrie. Ce terme
eft familier.
ÉCORCHEUR. f. ni Celui qui ecorche. Qui exco-
riât,^ corium detrahit. Il fe dir tant au propre qu'au
figuré j tant des Ecorcheurs de chevaux, de chiens ,
que des Hôteliers , Marchands & gens de chicans
qui exigent trop.
En 1437 , dans la révolte des Pays-Bas contre le
Duc de Bourgogne , leur Seigneur , les François
étant entrés dans le Hainaut, y fiient des maux in-
finis ^ &:, parce qu'ils dcpouilloicnt en chemife tous
ceux qui tomboient entre leurs mains , on les nom-
moit vulgairement les Ecorcheurs. Paradin. An-
nal, de Uvurg. I. III. p. jSi. La licence des guerres
débauchant les troupes , taute qu'elles n'éroienc
pas payées, avoir engendré deux fortes de brigands:
les uns conduits par Rodrigue de ViUandras j An-
toine ChabannCj 2: le Bâiard de Bourbon , s'appe-
loient les tcorciieurs :, les autres fe faifoient nom-
mer les Retondeurs, qui en effet retondoient, ccor-
choient , & , par manière de dire , évencroienr les
pauvres gens j n'étant lorte de barbarie qu'ils n'exer-
çaiïent pour en tirer de l'argent. Mezer. T. II. p.
z6. ViHandias iur alfez infolent pour détrouffer les
Fouriers du Roi Charles VII. Ce Prince offenfé d'ua
tel attentat , & excite par les cris du peuple , or-
donna à tous fes autres Capitaines , & à toutes les
villes j de courir fus aux Ecorcheurs , & bannit,
par Arrêt , Villandras, Chabanne & le Bâtard de
Bourbon. Villandras^ pour mériter fon pardon par
quelque fignalé fervice , recueillit plufieurs compa-
gnies de ces Ecorcheurs , s'en alla en Guyenne, où
il dérruifit toutes les contrées de Médoc , de Buch ,
& le pays d'entre les deux mers , avec des inhuma-
nités h diaboliques j que ceux de ce pays là fe fou-
viennent encore du méchant Rodrigue. Nonobftant
fon départ, il refta encore grand nombre de ces
compagnies enragées, qui dcfolèrent la campagne ;
de forte que les payfrns s'étanr rerirés dedans les
villes , & le labourage étant délailfé , s'enfuivic
une grande famine, & de- là une pefte encore
plus hirieufe , qui fie mourir cinquante mille hom-
mes à Pans, en moins de fix femaines. Mézer.
. [.II. p. Z7.
c'eft-à-dire tiré de ces langues , 6c qui n'eft pas en-' ECORCHURE. f f. Légère folution de continuité ,
"'"■"" "'"'^'' érofion qui n'intérelfe que l'épiderme , les fibres &
les vailfeaux curanés. Excoriacio j intenrigo. Il s'eft
lait une grande écorchure au derrière pour avoir
couru la pofte.
Tous ces mors viennent du Larin excoriare.
cor
, core établi.
Ecorcher J fédit, proverbialement, en ces phrafes.
Il eft brave comme un lapin ecorche'. On dit ecor-
cher une anguille par la queue ; pour dire ^ com-
mencer une chofe par où l'on devroit la finir. On
dit, qu'il n'y a rien de plus difficile à ecorc/zer que^ÉCORClER. f. m. Bâtiment qui doit être près des
la queue , pour dire que le point de la conclufionj moulins à tan. C'eft un grand magafin, où l'on mer à
eft ce qu'il y a de plus difficile dans une affaire. On
dit aulli de celui qui fe plaint d'un mal avant qu'il
■foit arrivé, il reffemble à l'anguille de Meluii ., il
crie avant qu'on Vccorche : à quoi Molière faifant
allufion _, lait dire à une de fes Précieufes : votre
coeur crie avant qu'on Ve'corche , c'eft- à-dire j avant
qu'on lui frlfe du mal. On dit aulli , ecorcher le re-
liard, pour dire vomir après avoir trop bu. On dit
encorequ'il faut tondre fes brebis , & non pas les
éconher, pour dire n'exiger de fes fujers, de fcs
débiteurs , que ce qu'ils peuvent donner. On dit ,
autan: vaut celui qui tient , que celui qui ecorche ,
rouvert les écorces des chênes , parce que , fi on les
ailFoit à la pluie, le fel s'en détacheroit j & c'eft
f.n quoi cond^le toute fa qudité.
ÉCORE. f. f. Terme de Marine & de rivière. Côte
efcarpée à pic. Saxum , cos, ruves abrupta , ora
erecla. Il y a prefque toujours bon fond auprès des
côtes à écore efcarpées. Il n'y a point A'ecores plus
célèbres que celles du banc de Terre-Neuve-
EcORES , en Marine , font des éraies ou érançonsqui
fouriennent le navire , tandis qu'on le conftruit, ou
, qu'on le répare. Tihicen , cancerius, vara.
EcoRE , terme de rivière. Pièce de bois qu'on fnet
j;8 ECO
le long du plat- bord d'un bateau , pour empêcher
qu'il ne fe btife.
ÉCORNE. 1. m. Vieux mot qui fignifioit autrefois
affront, perce ^ ou dommage en les biens, en ion
honneur. Labes , detrimentum , dades , contumeL'ia.
Sire Apollon dépité contre moi
De ce quavois fait écoins à Ja gloire ,
En le quittant pour fuivre une autre loi j
M'en joua d'une , ùc. P. Du Cerc.
Ce mot vient de l'Italien y^or/20, qui a été fait
àzfperno. Mén.. Ou plutôt il vient de l'Alkmand
fchern , qui (ignitie iitufion j moquerie.
ÉCORNER. V. a. Rompre une corne à un animal.
Mutilare j decidere cornu. Les Poètes feignent
qu'Hercule écorna le fleuve Acheloiis , qu'il lui
arracha une corne, écorner un Taureau.
Ménage dérive ce mot du Latin excornare ,
comme qui diroit ôter une corne.
Écorner , fe dit auflî de tous les corps qui ont des
angles , quand on en émouife quelques-uns. On a
écorné la corniche de ce buffet en déménageant.
Cette pierre a été écornée en la montant. On ne
joue point avec des dés qui font écornés.
Ecorner , fe dit , figurément & balTement, en Mo-
rale , & fignifie donner atteinte à quelques droits ,
ou privilèges , & à toute lorte de biens qu'on di-
minue. Ecorner les droits, les privilèges de quel-
qu'un. Ecorner fa terre , Ion autorité. Ce nouvel
hôte eft caufe qu'on a eVor/îd notre portion. On du
aulli écorner une armée. Ecorner la pointe de la
bataille. Danet. On dit , populairement , eVcir/.'e/
le cœur d'un homme , d'une femme , d'une tille ,
pour dire s'infinuer dans fon cœur , s'en faire aimer.
Ecorne j ée. part. Dccifus^ imminutus , mutUatus.
ÊCORNIFLER. v. a. Chercher à manger aux dépens
d'autrui \ chercher des franches lipées. Proftqui
menfam , feclari , aliéna vivere quadrd. Il eft venu
nous eVor/zy?dr. Sans bien , fans emploi, il va eVor
n'ifler un dîner où il peut. Il n'eft que du ftyle fa-
milier.
Ce mot vient de excorniculare. Mén.
ÉcoRNiFLÉ , ÉE. part. Repas écorniflé. Ccena captata.
ÉCORNIFLERIE. f. f. Adlion d'écornifleur , d'ex-
croqueur de repas. AUerid, mcnfs, afftctatio. Cet
avare épargne Ion revenu , & ne vit que ^écor-
niflerie.
ÉCORNIFLEUR , euse. f. m. & f. Qui écorniflé ,
qui cherche de franches lipées j parafite. Parajl-
tus. Sur le midi , il dîne bourgeoifement & en
famille, mais bien, & avec appétit; Se, s'il lurvienr
un ami , ou un écornifleur^ il fait redoubler les
plats. De ViGN. Marv. Les tables des Grands
font toujours pleines à'écornifieurs. On les appelle
auffi piqueurs d'efcabeUe. Les anciens les appeloient
parajîtes ; & ils ont été de tout temps l'objet des
fatyres.
ÉCORNURE. Terme de Maçon. Eclat qui fe déta-
che à l'arête de la pierre lorsqu'on la taille , qu'on
la monte , ou qu'on la pofe.
ECOSSE. Nom de pays. Scotia, autrefois Albion
Septentrionalis , ou inferior , Caledonia j Albania.
Les Hibernois l'appellent encore aujourd'hui AUa-
bani , les Anglois Scotland. C'efl la partie de i'Ifle
de la Grande Bretagne qui efl: au nord. Elle eft
bornée au midi parla mer d'Irlande & l'Angleterre
dont elle elt féparée par le Golfe de Solwiy du côté
du couchant , par celui de Twede du côté du le-
vant , & par les montagnes Cheviotes entre ces
deux golfes. L'Océan Calédonien, ou la mer
À'EcoJJc , la baigne de tous les autres côtés. Elle
s'étend du feptencrion au midi, depuis le 55* dé-
gré de latitude jufqu'au 59= ou environ : &: du
couchant au levant du 15e degré de longitude juf-
qu'au 10=.
On divife VEcoJfe de plufieurs manières différen-
tes j en haute & bafl"e Ecojfe ; en Ecoffe méridio-
nale & en Ecojfe feptentrionale , en Eco[Je de de^à
ECO
le Tay , & en Ecoffe d'au-delà le Tay. La haute
Ecojje, que ['on nomme Highland j Hoghland ,
c'elt.à-dire , Terre ou Pays haut , ell vers le cou-
chant. Elle eft ainfi appelée j parce qu'elle eft
pleine de montagnes. La baffe Ecoffe , ou le Lo-
wland, c'cftà-dire, BalFe-terre ou Bas-pays, eft
du côté du levant , &c a beaucoup moins de mon-
tagnes, eft plus peuplée , plus cultivée, plus fer-
tile. L'EcoJje méridionale eft la partie à'hcojje qui
eft entre l'Angleterre & la rivière du Tay j qui eft
la plus confidcrable de tout ce pays. Elle comprend
vingt Comtés, & I'Ifle d'Arran. U Ecoffe fepten-
trionale eft la partie à'Ecejje qui s'étend depuis b
Tay jufqu'au détroit de Pentland, qui eft au nord
entre [Ecoffe tk. les Orcades. Elle comprend qua-
torze Comtés. L'Ecoff d'en deçà le Tay, Scotia
cis-Taana , eft la même chofe que VEcojje méri-
dionale , & V Ecoffe d'au - delà le Tay , Trans^
Taana, la même que r£Vo//è feptentrionale. Les
Ifles Wefternes , ou Ebudes , celles de Pare , les
Orcades , font des dépendances de VEcojje.
L'Ecoffe étoit autrefois divifèe en deux peuples ;
les Vetturions & les Calédoniens. Les Piétés fuccé-
dèrent enfuite aux Vetturions, & les Scots , ou
Ecollois j peuple de l'Hibernie , occupèrent le pays
des Calédoniens qu'ils chalfêrent. L'EcoJje a eu les
Rois particuliers jufqu'au commencement du fei-
zième fiècle ; car, en 160^ , Jacques VI , Roi
d'Ecoffe fuccéda à Elizabeth , & réunit les deux
Royaumes fous le nom de Jacques I. Malgré cette
réunion ÏEcoffe avoir toujours été un Royaume fé-
paré , qui avoir fon Parlement diftingué de celui
d'Angleterre , jufqu'en 1707 , que la Reine Anne
fit l'union d^s deux Royaumes d'Angleterre êc
d'Ecoffe en un feul , fous le nom du Royaume de
Grande-Bretagne. Cette affaire fut confommée le
17 de Mars 1707 , dans le Parlement d'Angleterre,
où elle approuva le Traité d'union , avec l'Adte de
ratification de ce Traité. Depuis ce temps-là il n'y
a plus qu'un feul Confeil privé , & un feul Parle-
ment pour les deux Royaumes. Les Ecolfois n'ont
que feize Lords j ou Seigneurs dans la Chambre
haute J ôc quarante-cinq Membres dans la Chambre
balfe : ce qui fait la quarantième partie du Parle-
ment des deux Royaumes , parce que la proportion
de ['Ecoffe avec l'Angleterre , eft comme i à 40.
Ce Tr.aité d'union comprend 25 articles, qu'onze
CommifFaires Anglois, & onze Ecolfois examinè-
rent, approuvèrent & fignèrent le 3 Août 1705.
Le Parlement d'Ecoffe les approuva le 4 Février
1707, celui d'Angleterre le 10 Mars de la même
année, & le 17 fuivant la Reine Anne fe rendit
au Parlement , où elle approuva le même Traité ;
avec l'Aéte de ratification. Cette union avoit été
inutilement tentée par Jacques I 3 comme nous
avons dit au mot de Bretagne.
La Religion de l'Ecoffe eft la Religion réfor-
mée ; & la Sede Puritaine eft la dominante. La
couronne d'Ecoffe eft héréditaiie comme celle d'An-
gleterre.
Il eft difficile de déterminer quand l'£'cq//ê com-
mença à fe fervir de monnoie. Boëthius alfure que
le Roi Donald I fit faire de la monnoie d'or & d'ar-
gent; mais fon autorité n'eft pas fuffifance Si l'on
en croit Larrey, Reutha , qui régnoit du temps de
Ptolomée Philadelphe , fut le premier qui" en fie
battre. D'abord elle n'étoit que de cuir : celle de.
fer , de cuivre & d'argent vint enfuite : mais cet
Auteur a copié , fans jugement & fans critique ,
tout ce qu'il a trouvé dans les Aureurs les plus fa-
buleux. L'argent monnoyé étoit commun enEcoffe
pendant que les Rois Saxons gouvernoient l'Angle-
terre. Donald V. au neuvième fiècle, y fit faire de
la monnoie fterling, fi l'on en croit quelques Au-
teurs i & c'eft - là l'origine de cette monnoie (i
commune depuis en Angleterre. La monnoie étoit
commune fous David I. vers l'an 1 1 14. Les Cabi-
nets en font encore pleins. La monnoie d'or n'
commencé qu'avec les Scuarts. On peut voir f*
a
ur
Ë C Ô
tout ce qui regarde la monnoie à'Ecoffc , le favanL î
& judicieux Traité de M. Nicolfon , intitulé Q/'j
the inedals and coin of Scotlani ; c'elt-à-dire , des j
Médailles & des monnoies à'i:co[fe. 1
Autrefois l'Irlande s'appeloit t'cojjè : les Scots , |
ou Ecolîois , peuples de cette Ifle , étant venus j
s'établir dans la partie feptentrionale de l'Iile Bri- 1
tannique , ils donnèïent â ce pays le nom de peritej
Écol/cj pour la dilliriu;uer de 1 Irlande , qu'ils ap-
pelèrent grande Ecojj'^. Dans la fuite le nom
A'EcoJje s'ed aboli pour l'Irlande , il n'ell refté
qu'à la partie feptentrionale de l'Iflt; Britannique.
Camérarius & Dempftcr on: cent fur les Hifto-
rien's tSc les gens de lettres d'L'colfc : le premier eft
fi fuccinct qu'il n'y a prefque rien à apprendre dans
fon Livre. Les Critiques ont décrié l'ou-
vrage du fécond ; mais l'on a depuis peu fur cela
tin tort bon ouvrage en Anglois , intitulé 27îc Li-
ves , and Caraclers oj the moft eininents W^riters
of the Scots nation : c'eft-à-dircj les vies ôc les
caradères des rneitleurs Ecrivains d'£co(Je. Il eft
de M. George Mackenlie , & fut imprimé in-Jol.
à Edimbourg en 1708. Buchanaft a donné une Hil-
toire Latine d'£c(i//è pleine de fliulfetés infignes 5c
de calomnies.
M. Anàerfon prétend que, dans le Recueil de ^L
Rymer , parmi les Actes qui concernent VEcoJJc j
il y en a de taux.
%leï d'EcossE. Mare Scotxum. Octanas Scoticus. C'ell
la partie de l'Océan feptentriohal qui entoure
ÏEcqlJe du côté de l'Orient, du Nord & de l'Occi-
dent j car la mer d'tcojje s'étend jufques vers l'Ir-
lande , & comprend même les Illes de l'Ouell de
VEcojJe 6i les Hébrides. La mer à'EcoJJe eft une
partie de l'Océan CalécHonien des anciens.
Les Anglois donnent le nom de Nouvelle Ecoffi-
à l'Acadie découverte ^ à ce qu'ils prétendent ,
par Cabot ; mais les François foutiennent que ce
pays tut découvert par des Bretons fous Louis XI.
ik que François I. y envoya Jean Verazan. En
1615 les Anglois envoyèrent une nombreufe Co-
lonie dans la Nouvelle Ecojje. Us l'abandonnèrent
€ni66/ J la cédèrent aux l-rançois. En 1690, ils
y renvoyèrent le Chevalier Guillaume Philips , qui
en challa les François qui néanmoins s'en rendirent
encore depuis les maîtres , & l'ont gardée jufqu'en
1715 , qu'ils la cédèrent à l'Angleterre par la paix
d'Utrecht.
ECOSSE, f. f. Couverture des fèves j des pois, des
lentilles. Siliqaa. Eco£e dure. EcoJJe rendre. On
dit cojje J goujfe , & non pas écojje.
ECOSSER. V. ^. Dctrahere Jiiiquj77i. Ôter les pois,
les tèves , & autres légume, de leurs goulfes , de
leurs colfes. Des pois rames & écojjés ; ce font de
gros pois tirés de leurs goulTès , qui ont crû étant
arrachés à des rames ou des branches de bois dans
les jardins , à la diftérence de ceux qui rampent fur
la terre à la campagne.
Ecosse, ée. "pzxt. EJlliquâ evulfus.
ÉCOSSEUR, EUSE. f. Qui écoife. E cojfeufe àe po\s.
ECOSSOÎS, OISE, f m. & f. & adj. Qui eft d'Ecdlfe,
qui appartient à l'Ecofle. Scotus. Les EcoJJois fe
prétendent originaires de la Tartarie Adatique ,
d'où>-ils paftcrent premièrement en Efpagne , &
de-là eil EcolFe j plufieurs fîècles avant la venue de
Jesus-Christ. Larrey , dzns Edouard FI. p. 571.
Le même Aureur , qui copie toutes les fables in-
venrées dans les temps d'ignorance j rapporte que
quoique ce nom Eco(Jois , Scotus , foit peu connu ,
ou ne le foit point du tout des Auteurs avant Conf
tantius Chlorus , qui vivoit vers l'an 300. de J. C.
il eft cependant beaucoup plus ancien, iî l'on en
croit cerraines hiftoires ^ car Gathelcj fils de Cé-
crops , ayanr éponfé la Princefte Scora , tille de
Pharaon ou d'Orus VII. celui qui bâtir les Pvra
mides , c|ui régnoir en Egypte au temps de la fortie
des Ifraclites , (jathele, dis-je , s'érant venu établir
en Efpagne, eur un tils nommé Heber, qui pallii
enHibernie, puis dans la partie feptentrionale de
ECO ys9
la Grande-Bretagne , à laquelle il donna le nom de
La mère. D'aurres prétendent que les Ecojfois & les
Bretons font des Colonies de ces Phéniciens que
challa Jofué , & qui s'établirent d'abord en Efpa-
gne, & puis en Ecolfe , & dans la Grande-Bretagne :
d'autres les tont venir de la Scandinavie, ou de la
Suède \ &c d'autres de la Sarmatie j c'eft-à-dire , des
Scythes , d'où s'eft formé , difenr-iis ^ le nom de
Scot , ou Eco[jois.
Dans ces piemiers temps - là , les Ecojfois n'é-
toient pas les feuls habitansde cette partie de 1 île.
Les Pictes la parrageoient avec eux : c'éroienc deux
Colonies anciennes 3 qui , de quelque l:cu qu'elles
vinllent , s'établirent dans la Grande-Bretagne à-
peu-près en même temps. On dit que la divihon
le fit fous le règne de Fergus I , dont on place l'inf-
tallation 305 ans avant Jefus-Chrift. L'Ecoife fep-
tenrrionale fut allignée aux Scots , & la méridio-
nale aux Piétés. Tout ceci eft tiré de Larrey.
Saint Jérôme , dans fon lecond livre contre Jovi-
nien , parle des Ecofois , & die que c'étoit une na-
tion Briranniquej qu'ils étoient Anthropophages, &
qu'il en avoir vu dans les Gaules. Ammien , qui
vivoit à-peu près en même temps que S. Jérôme,
& qui a le premier parlé des Eco(jois , L. XXVL
C.4. & L. XXVII.C.8. les appelle Scotti. Hotfman lui
dire qu'ils étoient originaires de la Cantabrie ,
Province de l'Efpagne Tarraconoife , qui compre-
noit une partie de la Bifcaye & des Afturies \ que
de-là ils vinrent s'établir en Hibernie , & enfuite
dans la parrie fepentrionale de l'Ifle Britannique ,
qui de leur nom tut appelée Ecolfe \ mais Ammieii
ne dit pas un mot de tour cela , ni de l'origine des
Ecojjois, ni des pays qu'ils ont occupés. Buchanan
tire aufti les Ecofois d Efpagne \ mais il ajoute qu'ils
defcendoient de ces Celtes qui palïerent les Pyré-
nées, & s'établirent en Efpagne. Matthieu de Weft-
minfter dit qu'ils naquirent des mariages des Piétés
avec des femmes Hibernoifes , & que leur nom fuc
donné , parce qu'ils defcendoient de deux uarions
différentes ; que Scot lignifie un amas de chofes
différentes : mais, fi ce que dit le Vénérable Bede
eft vrai , il y avoir des Scots en Hibernie avant ces
mariages des Piétés , puifque , félon lui , c'eft aux
Scots d'Hibernie que les Piétés demandèrent des
femmes. Cambden & quelques autres croient que
les Ecojjois font originairement Scythes , & que le
nom de Scot n'eft qu'une corruption de celui de
Scythe. Ifidore, mauvais Auteur dans ces fortes de
chofes , dit que les Ecoffois font ainfi appelés du
mot Grec a-Jrcç, qui fignifie obfcurité ^ ténèbres. L'o-
pinion la plus probable eft que c'eft un peuple d'Hi'
bernie , ou d'Irlande j qui fe rendit mairre d'une
parrie du nord de l'Ille Brirannique. Il eft cerraiii
par Orofius, S.Profper , Ifidore , Bede , S. Bernard ,
& plufieurs autres, dont quelques-uns fe trouvent
dans le fpicilége de D. d'Achery , que l'Irlande a été
appelée EcofTe pendant plufieurs liécles , & que les
peuples d'Irlande ont été appelés Ecofes , ou Ecof-
fois d'Hibernie. Les Montagnards d'Ecofi'e parlent
encore la même langue que les Hibernois.
Quelque antiquité que l'on donne à la Monar-
chie EcoJJ'oife , donr quelques Auteurs placent l'é-
tablifiement à l'an 410 de Rome , c'eft à-dire j plus
de 330 ans avanr Jefus-Chrift fousFergus 1. Lloyde
Evcque de Saint Afàph, &: Stillingfleet , Evèque
deWorcefter, ont montré qu'elle n'a commencé
que 700 ans après Jefus-Chrift. L'an 1371,1a Cou-
ronne d'EcolTe palTà à Robert II, de la famille des
Stuards. Les Ecoffois fureur convertis à la foi fous
le Roi Donald , dans l'onzième fiècle j, par des Mil-
fionnaires que le Pape Viétor IL y avoir envoyés.
Au feizième fiècle , ils embrafterent la Religioiî
Proreftanre, & ils font la pluparr Presbytériens, on
Puritains.
Les Ecojfois d'aujourd'hui font de belle raille,
robuftes, vaillans , généreux & fobres ; mais on les
accufe d'être fiers , envieux & vindicatifs. Il y a
comme deux difterens peuples en Ecoife. Ceux qui
jôo ECO
habicent la partie mcnùionale fonr polis; mais les
Montagnards , &c ceux qui demeurenc vers le nord,
font encore à demi-lauvages.
La Garde hcojjoije elt la première Compagnie
des Gardes du Corps de nos Rois. Quoiqu ciie loir
depuis long-temps toute compolée de François , &
qu'il n'y ait pas un EcoJJois , elle ne lailïe pas de
conferver fon ancien nom _, & de retenir la plirale
Ecojjbife , lain li/re j qui le prononce Ai am hire ,
c'e!t-à-dire, Je fuis ici j me voici. Les Gardes tcoj-
fois ont été établis en France par Charles VII, qui
retint à fa garde des t.cojfois , tirés de ceux que les
Comtes de Bucan Se de Duglas , & d'autres Sei-
gneurs Ecojfois , lui avoient amenés pour challèr
de Fiance les Anglois. Quand un Garde de la Com-
pagnie Ecojfoifs a fermé les portes du logis où elt
le Roi , il cil appelé par un Clerc du Guet , auquel
il répond en tcojfois , / am hire, c'eft-à-dite , me
voilà. Voyez Vtiac de Fiance.
On demande comment il faut prononcer la der-
nière fyllabe de ce mot , s'il faut dire Ecojjouais ,
ou Eco[jais. Le P. Buflier prétend qu'il faut pro
noncer de la féconde manière. Dans le difcours or
dinaire , on prononce Ecojjois ^ comme on pronon-
ce HoUandois , Irlandois, Anglois.
On dit, proverbialement, fiet comme un Ecoffois.
ÉCOT. f. m. Ce que chacun paie pour fa parc d'un
•repas qu'il fait en commun. Symboh ,jyinbolum
ou fynibolus. Pour vivre en liberté au cabaret, a
l'hcrellerie , il faut que chacun paie fon écot. Il
faut compter & payer Xéœt. L'Efpagnol dit que
c'cll un grand plaifir de manger, & de ne point
payer fon écot.
Or Cjl paffé ce temps où d'un bon mot,
S tance j ou dizain, on payait fon écot. De s- H.
Qnelqaes-ans dérivent ce mot de collecia , ou de
€Xcolliaj j ou du vieux mot efcoUage , qui ligmiioit
le paiement d'une peniion. Guyet le dérive de ex-
tjuot.2 j comme qui diroic quota pars. Ménage le
fait venir à^fcot ^ mot Saxon, fignifianc vecfigai ,
ou impôt-, car on difoit autrefois homme de fervi
che j de taille Si d'jcot. D'autres le tirent du vieux
mot écot , qui fe dit encore , dans le Blafon &dans
les Eaux Se Forêts , d'une pièce de bois inégale , ra-
boteufe , & où il refte encore les nœuds , & quel-
ques bouts des branches qui en ont été retranchées,
à caufe de la relfemblance qu'elle a avec ces tailles
de Boulangers & Taverniers , qui les rendent iné-
gales par les hoches & entailles qu'ils y font , pour
marquer la quantité de pain , de vin , de viande ,
ou des repas qu'ils fourniiïent à crédit ; enforte
que , quand on difoit , Payer fen eVor,c'étoit à dire
Payer le contenu en cette taille.
fer ÊCOT fe dit auiîî de la dcpenfe qu^on fait au
caba'-et, chez le Traiteur, pour un repas. Un gros
écot.
Écot , fe dit auiïî par les Cabaretiers , des tables de
ceux qui m.mgenc enfemble. Contubernium. Il y a
trois ecots dans cette chambre , & tant dans cette
autre. ïl a fallu renvoyer cet écot, car il n'y avoir
plus de place.
Ceft en ce fens que Loret, dans fes nouvelles
en vers burlefques , appelle écot un repas , ou une
collation magnifique , que Monfieur donna à Saint
Cloud.
La Princeffè de Monaco
Etoit auff: du bel éco j
Dont je rogne un T pour la rime.
Quainjî je rends plus légitime.
On dit, proverbialementjàcenx qui viennent in-
terrompre l'entretien de gens qui ne leur parlent
pas, parlez à votre écot. On dit auflî, d'un homme
agréable en compagnie, qui chante, qui amufe &
divertit les convives , que c'eft un homme qui paie
iati éc»t. On dit auffi , il a beau fe taire de Vécot^
E CO
qui rien n'en paie ; pour dire qu'il eft bien aifé ai
ne le pas plaindre d'un mal qui tombe fur autrui,
& que nous ne devons point parler d'une affaire qui
ne nous regarde pas , devant les intérelfés.
Ç3° ECOT. f. m. Terme d'eaux & forêts. Tronçon
d'arbre , avec des bouts de branches qui ont été
mal coupes.
Ecot , fe dit, en termes de Blafonj d'un tronc d'arbre,
où il y a quelque relte de branches qui ont été
rompues. De là vient qu'on appelle croix ecotées j
celles qui font formées par de lemblables pièces de
bois.
ECOT ARD. f. m. Terme de Marine, eft une grofle
pièce de bois mile en faillie , & en rebord fur les
côtés du bordage , le long des cintres du vailfeau,
pour porter &i conferver les haubans , & empêcher
qu'ils ne touchent contre les bordages. On les ap-
pelle aulTi porte-haubans ; & ceux de l'avant fer-
vent à placer l'.ancre.
ÉCOTE , ÉE adj. Terme de Blafon. Il fe dit des
troncs & des branches de bois , dont les menues
branches ont été coupées. Lécheraine en Savoye
porte d'azur à la bande écotée d'or. P. Mén.
ÉCOUAILLES. f. f. pi. fe dit en Berry, de la laine
que l'on coupe de delfous les cuilîes des moutons.
ECOUAN Gros Bourg de l'Ifle de France , à quatre
lieues de Paris, vers le Septentrion.
0Cr ECOUANE. f. f. Quelques-uns difent Efcouenc
& EJluene. Outil de Tabletier , Serrurier & autres
Ouvriers , qui fert à râper uniment l'ivoire & le
bois. C'eft une efpèce de râpe qui a des cannelures
par angles entrans &c fortans.
tfj' Ecou.4NE eft aulli un terme ufité à la Monnoie.
C'eft une forte de lime propre aux Ajufteurs &
Taillerelfes , fervant à réduire les efpèces d'or &
d'argent au poids ordonné.
Ck? Les Écouanes font différentes fuivant les
matières à écouaner.
IP" ECOUANER. v. a. A la Monnoie, c'eft réduira
les efpèces au poids ordonné. Ecouaner , parmi les
Ouvriers J c'eft fe fervir de l'écouane pour dégrof-
fir & râper quelqu'ouvrage.
■fT ECOUANETTE , mieux qjàEcouenette. Petite
Ecouane.
:^ ÉCOUENE. Voyei ÉCONOME.
IfT ÈCOUENER l^oyei ECOUANER.
ECOUCHAY. Gros Bourg de France en Normandie.
Ecouchay eft fitué dans le Diocèfe de Seez , fur la
rivière d'Oane, une lieue au-delFous d'Argentan.
ECOUCFfl. Bourg de France en Normandie. Sco-
ceium. Foye\ Hadrien Valois, Not. Gall.p. so8.
Ecouchi eft fur l'Orne. Ce nom s'eft formé da La-
tin.
ÉCOUER. V. a. Couper la queue à quelque animal.
Detrahere j diminuere caudam , mutilare caudâ.
Ecouer un chien. Ce mot ne peut être en ufage que
dans quelque Province.
ÉCOUET. L m. Terme de Marine. Grofle corde qui
va en diminuant par un bout j& qui fert à amurec
la grande voile , &: la voile de mifaine. Punis nau~
ticus ,pes veli. Ecouets de revers, font ceux qui ne
font point amures , & qui par conféquent font op-
pofés aux écouets au vent. Foye^ Couet, qui eft la
même cliofe que ce qu'on appelle ici écouer. J'ai
oui dire couet, & non pas écouet ^ aux gens de mer
que j'ai pratiqués , & j'en trouve même l'étymolo-
gie dans notre langue. Car il me femble que couet
veut dire coue , ancien mot qui fignifie ^ueae.Nous
avons appelé la queue de la voile , ce que les La-
tins ont appelé le pied J jPej ve//. Mais d'autres di-
fent écouet , pour dire , la co'rde qui tient la voile
amurée. On amure ^ c'eft-à-dire ^ on attache un
des bouts inférieurs de la voile contre le bois du
vaifleau , pour la tenir plus roide du côté du vent
qui vient obliquement. On è^\t écouet ï queue de
rat J pour majquer qu'il eft plus gros par le bouc
d'en haut , que par celui d'en bas. Ce qui revient
encore à l'étymologie de coue. Les dogues d'amure
fervent à amurer , c'eft-à-dire , à bander jSc à roidic
les
ECO ECO 5^1
les couets de la grande voile. Nicot écrit coyts j & | pe \icoupe ou Vécoupée dans la mer , kc on lave &C
■ce mor pourroitetFedivement venir de l'ancien mot j balaie ainfi tout enl'emble. Ce balai s'appelle en-
Francois coy , pour dire , tranquille , en repos , &c. I , core autrement vadrouille &cjaubert.
ÉCOUf LE. 1. f. Oifeau de proie qu'on appelle autre- ÉCOURGEE. f. m. Fouet compofé de plufieurs brins
ment Milan. Milvus. Vecoufie fait ion vol fans
bruit , &c entrecoupe l'air quafi fans battre l'aile j
& ne fe branche prefque jamais , n'ay,inr nulle pei-
ne à voler entre deux airs. L'ccoufle s'appelle aulli
Huau. Foyei Milan.
ÉcouFLE. C'eft ainfi que les écoliers , dans quelques
endroits, appellent une efpcce d'oifeau de papier
qu'ils font voler en l'air quand il tait vent. Dans
d'autres endroits on l'appelle haube. Ces deux ter-
mes viennent de deux oifeaux effedlifs \ le premier
du Milan , qui fe nomme aufli écouflc j & l'autre du
Hobereau , que quelques-uns appellent haube.
ÉCOUIS. Gros Bourg de France dans le Vexin Nor-
mand- Efcovium. Il eft fitué fur le grand chemin de
Paris à Rouen , à cinq ou fix lieues au fud-ell de
cette dernière ville. Ecouis a titre de Baronnie. Il y
a une Eglife Collégiale à Ecouis , dont le Chapitre
fut fondé en 15 ii par Enguerand, Ecuyer, Sieur
de Marigny , Comte de Longueville , & Chambel
lan de Philippe -le- Bel j qui y eft enietaé.DeJcrip.,
Geogr. & Hijl. de la Haute Norm. T. II. p. ^ ,'6.
CCr ECOULEMENT, f. m. Terme qui déilgne en
général le mouvement d'un fluide , qui palle d'un
lieu dans un autre. Fluxlo , fiuxus. Noé fortit de
l'Arche après que ïecoulemenc des eaux eut lailfé la
terre à fec. Ce terme eft fouvent employé en Phy-
fkjue pour émanation , en parlant des corpufcules
infenfibles, des particules extrêmement fines & dé-
liées qui fe détachent des corps, /^oy. Emanation,
VAPEURS,ExHALAisoNS.La lumière eft une'co«/e/72e/2r
perpétuel de rayons du corps du foleil. Il fe fait un
perpétuel écoulement , 8c diflipation d'efprits par
les ailions de notre corps.
Écoulement j fe dit aullî en chofes fpirituelles. Jé-
sus-Christ fentit un écoulement de la vertu divi-
ne , quand la femme qui avoir le flux de fang , fut
guérie par le feul attouchement de fa robe , en S.
Luc, Chap. VIII, V. 44.
^Zr ECOULER. V. En patlant des fluides en général,
c'eft s'échapper d'un lieu & le lailfer à fec. Fluere j
labi. Le torrent s'eft écoulé -, le vin s'eft écoulé du
tonneau. On a fait écouler les eaux , en rompant la
chaulTée.
1^ Écouler eft fouvent employé au figuré , en par-
lant du temps, des années , &c. Effluere , labi. Les
années découlent lans qu'on y penfe. Nos années
ne celfent de s écouler. Boss. Il faut que notre em-
pieirement à bien ufer du temps j égale la vîtefle
avec laquelle il s écoule.
ifT Ongénéralife cette acception figurée, en ap-
pliquant ce terme à des corps qui n'ont rien de
commun avec ces fluides. C'eft ainfi que l'on dit
que la prefle , la foule s'écoule j diminue : que l'ar-
gent s'écoule j fe diffipe.
1^3° On dit aulli qu'une cllofe s'écoule de la mé-
moire , s'échappe , s'efface infenhblement. Votre
bienfait ne s'écoulera jamais de ma mémoire.
Écouler le cuir. Terme de Corroyeur. C'eft en faire
fortir toute l'eau qu'il a prife , ou dans le ronneau ,
ou quand On le foule aux pieds. Dans ce fens il eft
adih
Écoulé , éei part. & adj. Il a les fignifications de fon
verbe.
Ne renaitre-^-vous point , beaux jours de majeunc(fe ?
Mais, ôjouhaits trop fuperflusl
A rappeler ces jours en vain je m'intéiejfe :
(^uand ils font écoulés , ils ne reviennent plus.
Recueil de Vers.
decorde,oude plufieurs lanières decuir. Ileft vieuxj
& peu en ufage , Scutica j loreumj/agelium.
Borel le dérive du vieux mot François courgie _,
qu'on trouve dans Perceval , qui fignifioit une ver-
ge , ou fangte de cuir propre à châtier. Du Cange
le tire àtjcoriata. Il vient plutôt du langage Cel-
tique, ou Bas-Breton, oa Jccurges fignifie fouet,
Jcourge^a , fouetter,
0- ECOURGEON. f m. Espèce d'orge , qu'on ap-
pelle aulli orge carré , d'automne ou de prime, à
cause de fa figure, de la faifon où on le feme , &
du temps où on le moillonne^avant les autres grains.
f^oye^OAGE.
ÉCOURTER. V. â. Rogner j rendre trop court. Curta-
re , truncare. Vous avez tiop écourté ce manteau ,
cette Jupe , cette perruque.
Ecourter , fe dit encore d'un chien,d'un cheval, pour
couper la queue , les oreilles. Muiilare. On le dit
aufii d'un homme qui a les cheveux coupés fort
courts.
Ecourté , ée. part. & adj. ,
ECOUSSER. Terme de Filaflîer. Il a la même fignifi-
caîion que le verbe Echanvrer.
ECpUSSOIR. f. m. C'eft le même inftrument que
l'EcHANVROIR.
ÉCOUTANT,ante. adj. Auditeur, qui prête l'oreille
à ce qu'on dit. Auditor , aujcultatoi . Il n'eft d'ufage
qu'en plaifantant. On appelle au Palais des Avocats
ecoutans , ceux qui n'ont point de pratique j qui ne
plaident point j qui ne font au Barreau que pour
écouter.
Écoutant , ante. Terme de THiftoire Eccléfiafti-
que. Audiens , auditor. L'ancienne Eglife donnoit ce
nom aux Catéchumènes du fécond rang j à ceux
qu'on inftruisoit encore , qui écouroient , qui ap-
prenoient encore la dodrine de l'Eglife , qui leur
étoit enseignée par les Catéchiftes , & qui n'en
étoient point encore luflifamment inftruits pour
être admis à recevoir le baptême , ceux du premier
rang s'appelant EluS. I-^oye^ ce mot. Oh dit auili Au-
diteur Se Oyant. Foy. Auditeur.
Les Manichéeris donnoient auflî ce nom , ainfi
que celui d'Elu , à leurs difciples ou fedrateuts. Les
Ecoutans ou Auditeurs parmi eux étoient les moins
parfaits , auxquels on ne révéloit point , comme aux
Elus, les fecrets de la feéle. Les Bulgares, qui étoienc
de vrais Manichéens , avoient de même leurs Ecou-
tans ou Audireurs , & leurs Elus.
Ce mot vient du Grec «Kocs-iif, auditor, d'«K£u«' j
audio , comme fon primitif f'co^/er.
ÉCOUTE, f f.Tribune ou entre- fol fermé par des ja-
loufiesjau travers defquelles ceux qui ne veulent pas
être vus peUvenr écouter ce qui fe dit dans une falle
qui eft plus bas. Spécula j locus unde audire , aufcul^
tare quis potcJL 11 eft plus ordinaire au pluriel. Il y â
des écoules dans les Couvens , dans les Collèges.
Quand les Dames allîftent aux thèfes dans les Collè-
ges de l'Univerfité de Paris j on les place dans les
écoutes. Il y a aulli des espèces à'ecoutes pour les Da-
mes dans les Salles où le tiennent les Académies au
Louvre.
On dir, proverbialement, qu'on eft zm-x. écoutes ,
pour dire , qu'on cherche de tous côtés des nouvelles
de ce qui arrivera dans une aff\rire où l'on prend in-
térêt. On appelle aulli un écoutes' il pleut, un moulin
à qui l'eau maniiue fouvent, oii qui né va que par
des écluses; & figurémcnton le du de celui qui at-
tend patiemment qu'il lui vienne quelque bonne
fortune , fans qu'il fè naette en peine de le la pro-
ÉCOUPÉE , ou ÉCOUPE, f. f. C'eft le nom qu'on
donne fur mer à un cerrain balai , dont on fe fort
pour nettoyer le vailTeau. L'écoupéeti\ faite de vieux
curer.
On appelle dans les Couverts de Religieufes, k
fœur écoute, aufcultatrix ^ceWe qui accompagne une
, , autre Religieuse qui va au parloir.
cordages effilés, qu'on .attache par un bout à un Écoutes, en termes de Marine ^ font des cordages
bâton. Quand on veut neuoyer le navire , on trem-l qui font deux branches amarrées aux deux pointes
Tome III. B b b b
j^i E C O
d'en bas de chaque voiie ou bonnette j pour les te-
nir en état. JFunts veLira porad. Lqs grandes ecouus
font celles qui fervent à border la grande voile. Les
écoutes de mijaine , font celles qui lervent à border
la voile de niifaine. Ecoute d' artimon ,c'eft celle qui
borde la voile d'artimon , à la poupe du vaiileau.
On dit. Larguer ou filer les écoutes ; pour dire , les
Hcher j & haler les écoutes , pour due, les bander.
Jl y a aulîl des écoutes de revers , qu'on appelle
jauffes écoutes. Ecoute de hune , eft l'extrémité de la
grande vergue , à laquelle on attache les extrémi-
tés de la voile de hune. On dit. Naviguer ['écoute à
La main : c'eft lorfqu'on navigue dans une chaloupe
pat un gros temps , & qu'on eft obligé de tenir 1 c-
(.'o«re,pour la larguer au befoin..i///t7' ewrre deux écou-
tes j c'eft aller vent en poupe.
ÉCOUTER. V a. Prêter l'oreille pour entendre. Auf-
cultare. C'eft une politelTe que èHécouier ceux qiii
nous parlent , & de leur répondre à propos. Bell. Il
y a une certaine manière $ écouter qui perfuade ailé-
ment quece n'eft pas.'par ftupidité qu'on garde le
iîlence. La Chet. Ceux qui croient avoir plus d'el-
prit que les autres , n écoutent point , & veulent rou
jours parler. Bell. On fe rend agréable quand on
écoute volontiers & fans jalouhe j & qu'on laille
avoir de l'efprit aux autres. S. Evr.
^fT Ecouter & Entendre , confidérés dans une fi-
gnifijation fynonyme. Entendre, dit M. l'Abbé Gi
rard , c'eft être frappé des Ions. Ecouter, c'eft prêter
l'oreille pour les entendre. Quelquefois on n'entena
pas , quoiqu'on écoute -^ & fouvenc on entend fans
écouter. Il n'eft pas honnête ^écouter aux portes.
Ouir , qui n'eft guère d'usage qu'au prétérit , mar-
que une fenfation plus confuse v^ entendre. On a
quelquefois oui parler , fans avoir entendu ce qui a
été du.
On difoit autrefois Accouv:r , & le peuple de Pa
ris le dit encore. L'un &c l'aurre viennent du Grec
tcKivut , fignifiant la même chofe. Ménage le dérive
de aujcultare.
ftir On dit qu'un homme 5 écoute parler , ou fim-
plement qu'il secouce , lorsqu'il parle lentemenr, &
paroît fort content de ce qu'il dit.
ce? On dit encore qu'un homme s écoute trop ,
qu'il écoute trop fon mal j pour dire qu'il a trop
d'attention à ce qui fe palfe en lui , par rapport à fa
famé.
|Cr Ecouter, fignifie aufli donner audience. Le Roi
écoutaX^s Ambaifadeurs j les renvoya fans les écou-
ter. AcAD. Fr.
Écouter , fe dit aulîi figurément en Morale , pour fc
rendre à quelque raison , fuivre les imprelîîons.
Obaudtre 3 j'equi. Un brutal n écoute point la raison^
il n'écoute que l'on fens , fon caprice. S. Evr. Je ne
veux point écouter les fureurs de la vengeance.
ECO ECP
Foye:^ Rapporteur , où fe trouve le paftagê de
Plaute.
Ecouteur eft dans le petit Diûionnaire de Moreljtaut
François que Latin, il fe trouve dans Nicot , dans le
Dicliionnaire François- Latin ^«-4". Paris 1618. &
dans Moner. Cotgrave l'a mis aulIi dans fon Dic-
tionnaire François & Anglois, où il rapporte le pro-
verbe , A fol conteur fage écouteur.
ÉCOUTEUX. Terme de Manège , fe dit d'un cheval
diftrait par quelque bruit ou par quelque objetj Se
qui ralentit ion allure, parce que Ion attention eftj
pour ainfi dire , partagée entre les impreliions qu'il
reçoit de l'objet qui a frappé fes yeux ou les oreilles,
& celles qui résultent de l'opération du cavalier.
ECOUTILLE. f. f. Terme de Marine : ce font de
grandes ouvertures en forme de trapes , aux ponts
ou tillacs d'un vailîèau j pour y descendre , ou en
tirer les gros fardeaux & les marchandises. Voye:^
Trape. Les portes qui les ferment s'appellent pa-
neaux. On les appelle quelquefois hiloires , du nom
des bordures qui les environnent. Il y a dans les
grands vailfeaux d'ordinaire quatre écoutiUes : celle
de la lolFe aux cables j qui eft vers la proue \ Te-
cûutiUe des foutes j qui eft vers la poupe \ la gran-
de écoutille , qui eft entre le grand mât & le mât de
mifaine \ V écoutille des vivres,qui eft entre le grand
mât & l'artimon.
ECOUTILLON. f. m. Petite ouverture carrée , prati-
quée dans les écoutiUes mêmes, par laquelle les
perionnes descendenr dans le vailfeau. Fenejlra.
ECOU VETTE. f. f. Espèce de petit balai dont fe fer-
vent les ouvriers Scopula. Il elt vieux. Cemot vient
de ej'couve , dont la racine eHjcopa. On a appelé
autrefois les Sorciers , Chevaucheurs d'tcj^verreij
c'eft-à-dirc , de manches à balai , parce qu'on feint
que les Sorciers vont au fabat, un manche de balai
entre les jambes.
N'en £/?, le dût-on vif brûler ,
Comme un chevaucheur d'écoavenes. Villon.
D'un coupable tranfport écouter la chaleur.RAC.
En vain je veux contre elle écouter ma colère :
Toute ingrate quelie ejl , je crains de lui déplaire.
Corn.
Écouté , ée. part. & adj. On appelle au Manège un
p.as écouté :, un pas d'école , un pas raccourci de eue
val , qui eft balancé entre le<; talons , qui les écouta
fans fe jeter fur l'un ni fur l'autre : ce qui arrive
quand le cheval prend finement les aides du talon ,
&de la main. Mouvemens ecowrdj, faits avec juftelfe
& précifion.
ÉCOUTEUR, f. m. Qui écoute.
// ri ejl point de pefie pareille
Aux rapports j vrais ou faux :
Rien de plus contraire au repos.
Plaute juge à merveille ,
Lorfjue parlant du rapporteur ,
Aïrifique de fnécoutein ,
Il pend l'un par la langue j & l'autre par l'oreille.
ÉCOUVILLON. f. m. Inftrument qui fert aux Ca-
nonniers à nettoyer le canon , ou à le rafraîchir.
C'eft un long bâton nommé hamée , au bout duquel
il y a un gros bouton nommé boéce , garni d'une
peau de mouton avec fa lame. On l'appelle autre-
ment griffon & arrcufement. On le dit aulîi des ba-
lais qui fervent aux Boulangers & aux Pâtilîiers 4
nettoyer leur tour. Le balai dont fe lervent les Bou-
langers & Pâtilîiers s'appelle néanmoins plutôt c;to//-
vette qaecouvillon. Les Maréchaux j Serruriers , &
autres Ouvriers en fer j donnent le nom d'écouvillon
à un très petit balai qu'ils trempent dans de l'eau ,
qu'ils fecouent fur leur forge , pour animer , félon
les uns,&: pour tempérer, félon les autres, la vivacité
du feu de leur lorge. L'ccoaviZ/o/z du canon fert plutôt
à le rafraîchir qu'à le nettoyer. Ce rafraîchillement
fe fait en trempant le bout de Xécouvillon dans une
cuvette remplie d'eau & de vinaigre , deux pinres
d'eau fur une de vinaigre , dont on lave enfuite
l'ame du canon. Sans cette précaution , le canon,
venant à s'échaufter , à force de tirer , creveroit.
ÉCOUVILLONNER.v.a.C'eft fe fervir de l'écou-
villouj tant pour nettoyer ou rafraîchir un canon ,
que pour nertoyer les cendres du four. Voy. l'art,
précédent. Quelques-uns croient que ces mots vien-
nent de quifquiliA, ordures, parce qu'on dit encore
en Picardie , Les Sergens ont tout équeviilé chez
nousj pour dire, nettoyé.
ECP.
ÉCPHRATIQUE. adj. de t. g. Souvent employé fubf-
tancivement. Terme de Pharmacie , par lequel on
défigne les médicamens qui débouchent les con-
duits par 011 les liqueurs doivent palfer. Ecphracli-
cus. On les appelle autrement apéritifs. Les ecphracli-
ques Çoni l\ psùze centaurée, l'abfynthe j l'aigre-
moine, l'hyilope , leçham^dris, l'écorca de tama-
ECP ECR
^■i ECR ^6j
ris, les racines de câpres, la fcolopenâvs j ^ Sec. comme des gens terralFés qu'il accabloic , ou qu'il
Ce mot vient du Grec !»^p«=-i.» , délivrer d'obf- ' , écrafoit. Le P. Dan.
trudionj formé de «,& de f?«'^o-* ^ o^/Zraa,yt;^^o. 'Ecrasé , ée. p^it. Obtricus.On dit jfigurément , nez
«^W^' "op •;;'PP':ifi- ^t^inble de maisf)ii t'crj/tr , trop
, bas. Taill'j écrajcc , tiop courte & enfoncée.
ECREBEL. Nom de lieu dans Judith VII. xC.Ecrcbel.
Ce nom n'eft que dans le Grec , & il eft fufofa
ECPIESMA. f. m. Terme de Chirurgie. Ecpiefma. Ef-
pèce de fracture au crâne , où il y a pluficurs efquil-
îes qui prelfent & fatiguent les membranes inté-
rieures.
Ce niot eft Grec , & a pniïe fans aucun change-
ment dans notre langue : i''!iiÈO-/««.
ECPLEROME. f. m. £xxA8fo,««, de wAi/ffa? , remplir.
Hippocrate entend par ce mot de petits fachets fer-
més, de cuir, ou de quelque autre lubftance , defti-
nésà remplir les cavités des aillilies. Il paroît qu'il
fe fervcit de ces fachets dans la réduction de l'hu-
mérus. Pour cet effet , après les .avoir adaptés , il
prenait le bras j & appuyant le talon contre ces fa-
chets , il repouffoit le corps. Cette opération efl:
décrite fort au long dans le livre De articulis.
ECR.
ÉCRAIGNE. f. f. Tabourot , au Prologue de fes
Ecraig.ies Dijonnoifes , dit que de fon temps Ecrai-
gne à Dijon étoit une hute faite avec des perches
lîchées en rond , & recourbées par en haut , d une
manière qui relfembloit à la forme d'un chapeau j le
tout couvert de gazon & de fumier, Çi bien liés &
mêlés , que l'eau n'y pouvoir pénétrer. En ce temps-
là les Vignerons de chaque quartier avoienr leurs
Ecra'igncs , où après foupé ils s'alFembloient en
hiver avec leurs femmes &c leurs filles pour faire la
veillée jusqu'à minuit. Ecraigne fe prend & pour le
lieu de l'alfemblée, & pour ralfemblée même. Les
pauvres gens ne bâtilfent plus , à Dijon , de ces
lortes de taudis. Ils tiennent leurs veillées l'hiver en
quelques caves j & ces alfemblées confervent en-
ce ra le nom àEcraigne. Glo[f. Bourg, f^oye^ l'Ety-
mologie de Ménage , au mot Ecréne. Il ne faut
qu'une femmelette du commun en fon ecraigne ,
comme on parle en Bourgogne , pour mettre un
Médecin en bon prédicament par tout le quartier.
Cours de Médecine par Meyjfonier.
ÉCRAIN. Foye:{ Écrin.
ECRAN, f. m. Petit meuble qui fort à fe parer de la
trop grande ardeur , ou de la lumière du leu. Um-
hella. Il y a des écrans à pied qui fe tiennent debout
devant le feu , qui fe haulfent & fe bailfent comme
on veut ; d'autres à main , qu'on orne de diverfes
hirtoires & imiges. C'efl: un ignorant , qui n'a ja-
mais appris le Blason que dans les écrans \ un mau-
vais Pocte , qui ne fait des vers que pour les /tra/z^.
Ménage, après Bochart,dérivc ce mot du Grec i^a;V">
qui lignifie umbraculum.
On dit , à celui qui fe met devant un autre pour
empêcher qu'il ne fe chauffe, ôtez-vous j je ne
veux pas d'un écran fi épais.
ÉCRANCHER. v. a. Terme de Manufadurer de bi-
nage. Ecrancher les faux plis , c'eO: les etficer.
ECRASER, v.a. Brifer une chose, en l'applatilfant par
un poids , ou par un effort violent. Ohcerere , e/i-
dere. Une meule de vn:)\.\\\n écrafe le grain. Dans ce
rremblement de terre , il y a eu bien du peuple
écraf^ fous les ruines des maisons. Quand on mar-
che fur une chenille j fur un ver, on Xécrafe.
Ce mot, fclon Ménage, vient du Latin , ^.vrrj-
fare. D'autres le dérivent du Chaldaique lieras , qui
iigniûe conterere , confr ingère , c's(t-à-dk^,froij[Jer ,
irijer.
ÇC? Dans les Manufadures en foie , écrafer fe
dit pour frapper trop un étoffe , enforte que les
fleurs font aplaties & perdent leurs dimenfions na-
turelles.
Écraser., fe dit figurément en Morale , pour dire.
Détruire & ruiner entièrement. Si vous choquez ce
Miniftre , il vous écrafera en un moment. Il vaut
mieux aider à détruire les impie» , que de fe lailferi
ccrajer fous leurchùce. Cail. M. Pafca! traita fes ad- '
vcrfaireSjDon comme des gens qu'il combattoit,mais ;
à d'habiles gens, & à M. Réland. La Vulgate mec
Betharade au lieu de Ecrebel. M. HUler, dans fon
Onomajiicon. p. 799. lit. Ups.sW , Lcrebct ^ &c s'i-
magine que c'efl la région appelée par les Grecs
^crabatene.
ÉCRÉMER, v. a. Ôter la crème de deffus le lait. De-
cerpere cremorem. On fait du mauvais fromage du
lait qu'on a écrémé.
fCJ" Ce mot eft fouvent tranfporté à d'autres li-
quides.
Au figuré , écrémer une affiiire, c'eft en tirer les
plus clairs deniers, le plus liquide, tcrémer uu Au-
teur , c'eft en tirer tout ce qu'il y a de meilleur. Il
eft: familier.
Écrémé , ée. part.
ECREMOIRE. f. f. Les Artificiers .appellent ainfi un
morceau de corne ou de fer blanc de deux à trois
pouces de long & de large, dont ils fe fervent pour
rafTembler les matières broyées» ou les prendre dans
les boctes où on les conferve.
ÉCRENAGE. f m. Terme de Fondeur de caradlères
d'Imprimerie. Ad:ion d'écréner.
EGRENER une lettre. C'eft évider le defTous d'une
partie de l'œil d'une lettre avec un canif, ou un pe-
tit inftrument qu'on appelle écrenoir. Il n'y a que
les lettres longues qui s'écrénenc, afin que les qua-
dratins , ou efpaces , qui féparent les mots, puil-
fent fe placei par-delfous.
ÉCRENOIR. L m. Petit inftrument avec lequel on
écrsne.
ÉCRENNES. f. f. pi. Vieux mot qui fe difolt au-
trefois de ces mailbns que lespayfans croulent fous
terre , & qu'ils couvrent de fumier , où les filles
vont faire la voillée : elles étaient autrefois en utage
chez les Allemands , comme on le voirdu.is un paf-
fage de Tacite. Ce qui a donné le nom aux écrcnnes
Dijonnoifes & Champenoifes , dont parlent quel-
ques Auteurs.
ÉCRETEALT. f. m. Terme de Tondeur de Draps.
, royei DESMAPvCHE.
ECRÊSl-R. v. a. Terme de guerre. Enlever la crêre,
le fommet d'un ouvrage , d'une muraille , d'un
épaulemenr, &c. Le Canon a écrété ce baftion
On écrête les pointes des palilfades qui défen-
dent le chemin couvert , avant que ne latr.a-
quer.
ECRcVISSE. f. f. Efpèce de Poiffon du genre des tef-
tacées , ou plutôt crultacées , & qui , feion l'opi-
nion vulgaire J va prefque toujours à reculons.
Ajlacus , cancer^ carcir.us , &c. Baudouin, dans fon
préambule furies fables de Phèdre, dit qu'il croie
que, comme l'on dit un grand &C une grande^ nigle,
on peut dire un grand & une grande écrevtjje. Ro-
CHEF. Baudouin fe trompe : l'pfage eft contraire, Sc
fait toujours écrevijfe du genre féminin, h'écrevijje
eft un poilîon cruftacéc- , fait à-peu-près comme
le fcorpion , mais beaucoup plus gros , & qui a ,
comme cette infc6te , des pattes difpofées ..n ma-
nière de ferres , Ou tenailles. Il fe nourrit d herbes,
de grenouilles , de cadavres , d'excrémens des ani-
maux.
Il y a des écrevijjes de rivière , & des écrevijfcs
de metj qu'on appelle homards, & ciiacune de
ces deux elpèces le divife encore en plufieiirs au-
tres. On trouve des eaev///è.f d.ans les p-j:itscar::'.ux
bourbeux qui font le long des prairies. On en ti'ouva
dans les ruiifeaux qui coulent éc qui ont des fources ,
& ces écreviJfes-M font bien meilleures q-ùe les au-
tres. Les écreviffes n'ont que trois dents placées au
fond du ventricule. Les ec'evilfes n'ont point de
paupières , non plus que la plupart des poilTons.
VécreviJJ'e ne nage point avec les pieds; mais .elle
B b b b ij
j (^4 ^ C R
fe ferc de fa queue pour frapper & poûflTer l'eau.
Ce moLivemeni; lui ferc aulfi à marcher fur la terre ^
C£ qui fait qu'elle va à reculons. Les écrevijjcs ont
douze pieds. Les écrevijjts de mer rellemblent aux
écrevijjes de rivière, hormis que celles-là font beau-
coup plus groifes, & moins délicates que celles-ci.
Les unes & les autres deviennent rouges en cui-
fant. Toutes les ecrcvijfes ont à-peu-ptès les mêmes
qualités.
Les écrevijfes , foit de terre , foit de mer , ont
-une chair fort nourrillante , de bon goût j forti-
fiante , mais qui fe digère lentement, fur-tout celle
des écnvijjcs de mer.' Le fuc eneft adoucillant , &
convient particulièrement dans les chaleurs de poi-
trine, dans la toux , & même , comme le remarque
le favanc Rivinus^ dans le fcorbut, dans la mélan-
colie j dans les douleurs de rate , dans la goutte, &
dans toutes les indilpofitionsqui viennent d'une trop
grande âcreté d'humeurs. Les ecreviffes font un des
■meilleurs mets de Carême. On les mange en ra-
goût, en hachis, en tourtes, en falade j il s'en fait
des coulis excellens , & il n'y a pointde bonne bif
que où elles n'entrent. Les écrevijj'es lont falutaires
aux phthihques & aux afthmatiques. Leur ufage eft
■■d'un grand fecours contre l'excellive maigteur j mais
il ne faut pas qu'il foit trop continué j car leur lue
renferme quelque chofe de narcotique , qui à la
longue peut faire tort à la fanté. Du refte , c'eft un
fort bon manger que Vécrevijje , foit homard, lan-
■gotiite, chevrette, ou autre : elles purifient le fang,
poulfent les urines , & détergent les ulcères de la
gorge, Foye^ le Traité des Aiimens de îvL Andry,
celui de M. Lémeri , & Jonfton De Plfdbus.
Les ecrevilfes mâles ont dans l'eftomacdeux peti-
tes pierres blanches de la grolTeur d'un pois , &
quelquefois plus groifes , faites comme un œil j on
les appelle pour cette raifon yeux à' ecreviffes. Ces
pierres font de grand ufage dans la Médecine pour
purifier le fang , & pour .abforber les acides , on
les emploie en poudre. On les trouve feulement au
temps qu'elles pofent leurs écailles. Les pierres
d'ecrevijjes , autrement nommées yeux d'écreviffes,
font de petits corps blancs, durs, ronds, convexes ,
d'un côté &c plans de l'autre, ayant du côté plat une
petite cavité : lefquels fe trouvent dans les e'cre-
viffes au mois de Mai , de Juin & de Juillet. Il y
a des Charlatans qui fabriquent des yeux d'écre-
yiffes , & qui y réullilTent fi bien , que les Droguif-
tes les plus experts s'y laiiTent fouvent tromper.
Pour découvrir la tromperie, il n'y a qu'à les écra-
fer , & jeter delfus un peu d'efprit de fel. Si les
yeux d'écrevi[Jes font vrais , il s'excitera une fer-
mentation; s'ils font faux , il ne s'en fera point , à
moins qu'ils ne fulfent faits decoquillages. Lesj^ez/.v
d'e'creviffes naturels ont la propriété d'adoucir les
humeurs acres , d'émouller, d'abforber & de pré-
cipiter les acides : c'eft pourquoi ils conviennent
dans les ardeurs d'eftomac , dans la colique , dans
la pleuréfie, dans la gravelle , dans les fièvres con-
tinues , dans les fièvres erratiques. Les ecreviffes
entières ont la même qualité. On les écrafe avec
leur coquille , ^ on en fut des bouillons qui ne
font pas moins bons aux perfonnes faines qu'aux
malades. Uécreviye eft propre contre la morfure des
chiens enragés. On fait brûler des ecreviffes dans
une poêle de cuivre jufqu'à ce qu'elles foient en
cendre j & on donne tous les matins , pendant
quarante jours , une petite cuillerée de cette cen-
dre délayée fimplement dans de l'eau. Galien vante
extrêmement ce remède.
On trouve en Amérique des c'creviffes d'une grof-
feur prodigienle : quelques Auteurs difent qu'elles
font dangereufes Se cruelles.
Ce mot vient, félon Nicot, de l'Allemand crehs ,
ou du Latin carahus. Ménage le dérive de fcara-
bijca , qui a été frit de fcarabus , qu'on a dit
pour carabus , ou de l'Aniilois crabfîsh , qui fignifie
ecreviffe. Rondelet appelle les ecreviffes , ajlaci
fluviatiles.
ECR
On dit , proverbialement , d'une perfonne à qui
on reproche quelque chofe de honteux, qu'elle efl:
devenue rouge comme une e'crevijje : qu'un homme
va comme une ecreviffe j quand il recule , aulieii
d'avancer.
Le Grifon , qui des flots redoute le caprice.
Tire de fon coté j fait le pas c^'écreviile. R.
Un Auteur anonyme a écrit depuis peu que peut-
être les fauterelles que mangeoit S. Jean étoient des
ecreviffes, ^vtcQ qu'il y a certains rivages de la mer ou
les pauvres vivent en été d'une efpèce de langoufte
que le peuple appelle fauterelles. Mais les langouf-
tes s'appellent en Grecxapa/S;? , & S. Matthieu III.
4. aulfi-bien que S. Marc I. G. fe fervent du mot
«>'P"*'£s , qui certainement ne fignifie point des
ecreviffes.
En Aftronomie j on appelle le Signe de \Ecre~
viffc , ou du Cancer j le quatrième depuis Aries j
au commencement duquel fe fait le Solftice d'été.
C'eft une conftellation formée de 15 étoiles , félon
Prolomée j de 17, lelon Kepler; de 15, félon
Bayer ; qui repréfente la figure d'une ecreviffe.
D'autres difent qu'on lui a donné ce nom , à caufe
que, quand le foleil y eft arrivé , il femble marcher
comme les ecreviffes à reculons vers l'Equateur. Ce
figne eft la maiion de la lune , & l'exaltation de
Jupiter, félon les idées des Aftrologues.
Le figne de VécreviJJe fe marque par le*' Aftrono-
mes par une figure qui femble former le nombre
de 69 , parce que cette figure eft rétrograde comme
VécreviJJe , le 6 & le 9 s'entrcchangeant l'un en l'au-
tre quand on les retourne.
Autrefois le mot d'écreviffe fignifioit aufli une
efpèce d'armure. C'étoient des cuirafies faites de la-
mes de fer , mifes les unes fur les autres , à la ma-
nière des écailles d'écreviff'es.
ÉCRIER. Qui ne fe dit qu'avec le pronom perfonnel.
S'écrier, v. recip. Faire un cri , crier avec furprife j
admiration , ou indignation , ou douleur. Focem
attollerey exclamare. Il s'eft écrié à la vue de fon en-
nemi. Ce curieux s'eft écrié à la vue de ce tableau.
Tout le monde décrie contre ce mot. Vaug.
Abus , j'écria-t-il , hé ievene-^ dévote !
Ne le devient-on pas à la ville, à la Cour?
Moi dévore! qui moi.'' /72'écriai-je à mon tour.
Des Hout;
ÉCRÏLLE f. f. Clôture faite de clayonnage pour em-
pêcher le poillon de fortir des étangs par les dé-
charges.
ÉCRIN. f. m. Petit coffre où l'on met des pierreries.
Scrinium. Les Orfèvres mettent leurs pierreries
dans des écrins. Les anciens Héros des Romans por-
toient toujours des écrins de pierreries , pour s'é-
quipper au befoin. On écrivoit autrefois Efcrain j
c'eft la même chofe que baguier.
Ce mot vient dejcrinium. Mén.
ÉCRINIER , Ecrainier. f m. Artifan qui fait des
éctins. Il y a à Paris une Communauté des Maîtres
Layetiers , Ecrainiers.
ÉCRIRE, v. a. V écris, tu écris, il écrit, nous écri-
vons, j'écrivis 3 j'ai écrit , j'écrirai , que j'écrive ^
que j'écriviffe. Peindre avec la plume , former des
caraélèresqui puilTent expliquer la penfée. Scribere.
Ce Commis écrit y peint fort bien, fa lettre eft
nette & lifible. Il écrit en lettre Françoife, Italienne,
bâtarde , en lettre de coinpre , de finance, en mi-
nute , en chicane. Il gagne fa vie à écrire des Ser-
mons , à copier. On écrit aulîi fur des tablettes avec
l'aiguille , & avec le crayon.
L'on s'eft fervi autrefois de différentes chofes pour
écrire, i*". L'on a écrit {nx des feuilles de palmes.
2". Sur des feuilles de fleurs. 5°. Sur de IVcorce
d'arbres , principalement du tilleul, du papier, &;
du hêtre. 4^. Sur de petites pièces, ou planches, ou
tablettes de bois très - minces , que l'on rabottoit.
ECR
& qu'on polilToit avec foin : on les appeloit en
Grec m»»Ki^i» , en Latin Jcheis, : on les enduifoic
de cire j & Ton écrivoic fur cet enduit. C'elt ce
ce qu'on appeloit pugilarcs. Prudence nous en a
donné une defcripcion. Les Chinois ccriv.cnc tou-
jours de haut en bas , & commencent la première
lione où finit la nôtre; ainfi^ pour lire leurs li-
vres, il faut d'abord allerchercher la dernière page,
qui parmi eux en eft le commencement. P. Le
Comte. Ecrire mûnz jamaisétéàlaCliine, comme
autrefois en France , une marque de noblelîe. Tout
le monde s'y pique de bien peindre; &, avant que
de fe préfenter pour être admis au premier degré
de Lettrés , il tàut avoir tait preuve de bon Ecrivain.
P. Le Comte.
Jouer au piquet à écrire, f^oye^ Piquet.
On dit faire écrire fon norvS à la porte , pour dire
faire écrire Ion nom au Portier quand on no trouve
pas la perfonne qu'on étoit allé voir. On demande
à ceux qui allèguent quelque chofe fans preuve, où
cela eft-il écrie i" On a de tout temps propofé des
métbodes pour écrire aulli vite qu'on parle. Jacques
Collard , Bachelier en Théologie , ht imprimer à
Paris un petit -'Vz-S" de vingt-Iix pages iur cette ma-
tière en i(j5i. Ramfa , EcolTois , a fait aulII une
Tachéographie en Latin qui a été traduite en Fran-
çois , & imprimée à Pans i.i-iz, en i6Si ; mais
ces méthodes ont paru plus curieufes que commo-
des , ou utiles, Se ne font guère devenues à la
mode ; les François ne s'en accommoderont jamais.
Les Notes de Tirôn, que l'on a données dans le II'
volume de Gruter, font une ancienneTachéographie,
ou manière à'écrire vite & couramment. Ceux
qui écrivaient ainlî s'appeloient Notarii en Latin ,
& raxiixc'l»' en Grec, f^oye^ Tachéographie.
Écrire, lignifie aulli faire favoir par lettres. Je vous
ai écrie de venir.. Il y a long-temps que vous ne
m'avez écrie. Le Roi lui aécriedeCa main. J'oubliois
à vous demander pardon d'avoir voulu avoir de l'ef
prit en vous écrivant : il ne falloit que de la ten-
drelfe. S.EvR.Commeon n'àr/rpas d'ordinaire aux
gens pour les fâcher, il faut un peu fe proportion-
ner au degré d'orgueil de celui à qui on écrit.
Cail. Ecrive:^ moi fans foin, afin que vous tnécri-
vie:j; avec piaifir. Voir. Balzac, en écrivant fes let-
tres , fongeoit plus à la poftérité , qu'à ceux à qui
il les écrivait. Id. Il y a des gens qui écrivent feule-
ment pour écrire. S. EvR.
Écrire, figniûe aulîilarrianièrede choifir & de difpo
fer fes lettres. Nous écrivons de la gauche à la droite ,
& les Orientaux , au contraire j de la droite à la gau-
che. Il y a des peuples qui écrivent du haut en bas.
Ce mot s'ecr/V en plufieurs façons, en parlant de fon
ortographe. L'ortographe eft la manière de bien
- écrire un mot. Les Egyptiens écrivaient en lettres
hiéroglyphiques.
Écrire, fignifie Aulîl, figurément, compofer un ou
vrage, rédiger par écrit les penfées. On le dit aulîi
particuliètement du ftyle. Quelque génie qu'on au,
il eft impollible de bien écrire pour ion liècle ,
qu'après s'être formé l'efprit fut les Anciens , & le
goût fur les Modernes. Cet homme écrit bien, &
poliment; il écrit avec netteté & avec jugement;
il écrit favamment , & avec facilité. Il écrit en profe
& en vers , en Grec & en Latin , &cc. Les Grecs &
les Romains ont bien écrit de l'éloquence , les Ara-
bes de la Médecine ?<. de l'Aftrologie. Galien ,
Ariftote, S. Auguftin , S. Thomas j ont beaucoup
écrit , ont fait beaucoup d'ouvrages. Il y a des gens
qui écrivent bien , & qui parleur mal ; la raifon eft
qu'ils ont befoin de tout le calme du cabinet pour
bien arranger leurs penfées. S. Evr. Ces grands
génies qui ne cherchent que la gloire , n'ont pas
tant pour but d'inftruire que d'éblouir. Us n'écrivent
que pour eux. Lt Ch. de AL Pour bien écrire , il
faut bien penfer. S. Evr. J'ai lailfé aux autres le
foin de bien écrire y èc ]q n'ai pris pour moi que
celui d'écrire beaucoup. La Serre.
M. de Balzac a intitulé un de fes Entteciens ,
ECR 5^5
Qu'il n'eft pas podîble d'eVr/re beaucoup & de bieù
écrire. Ce n'eft pas en écrivant vke que l'on apprend
à bien écrire. Bouh. Le Père Bouhours avoir mis
d'abord â éaire bien. Il a reconnu depuis cju'il
falloit mettre, à bien écrire.
IP" Ecrire , fe dit aufli en parlant d'opinions , dâ
dodrine, & de ceux qui ont enseigné quelque cho-
fe par écrit. Ariftote a écrit que , &:c. &c.
1^ En termes de pratique:, écrire fignifie met-
tre fes raisons par écrit pour la défenfe de fa caufe.
Au Palais on appointe les parties en droit, à
écrire & produire , donner contredits & falvations;
pour dire j mettre les demandes & les défenses fur
le papier, quand on n'a pu juger l'affaire fur le plai-
doyer des Avocats. Cet Avocat ne plaide plus , il ne
fait qu'ct7vVi.' & consulter.
Ecrire J fignifie aulli,, s'engager par un écrit. Il ne
fuftt pas de donner des paroles, il faut écrire. Ac. Fr.
On dit, proverbialement & ironiquement. Voilà
une belle voix pour écrire, & une belle main pour
chanrer. On dit auflli j A mal exploiter bien écrire ;
pour dire , que les Sergens "font des exploits faux
pour rectifier les fautes qu'ils ont faites en exploi-
tant. On dit aufti , Ecrire de bonne encre ; pour di-
re ^écrire fortement fur une chose. On dit, par ma-
nière de fentence , écrire en Italien , fe vanter eii
Efpagnol, tromper en Grec.
Ecrire , fe dit figurément en chofes morales. Sa ma-
lignité eft peinte & écrite (aï fon visage. On dit, poé-
tiquement, fon nom eft écrit au Temple de Mé-
moire. Cet affront eft écrit Si gravé dans fa mémoi-
re , il ne l'oubliera jamais. Une coquette oublie que
les rides ont écrit [on âge fur fon visage. La Bruy.
Je vois tous mes malheurs écrits fur fon vifage. Rac.'
j4vecque quatorze ans éci'nsfur le vifage ,
IL vous j croit beau voir prendre un air férieux .
Des-Houl.'
Ecrit , ite. part. Il a les fignlfîcationsdu verbe. Droit:
écrit. Voy. Droit.
On dit , proverbialement j re qui eft écrit , eft
écrit \ pour dire , qu'on ne veut rien changer à ce
qui eft écrit, à ce qu'on a réfolu.
ECRIT, f. m. Papier écrit. On ledit, principalement,
d'un aébe portant promefle ou convention , d'un
acte ordinairement fous feing privé , paflé entre
quelques perfonnes , pour allurer l'exécution d'une
convention, & en régler les conditions. Scriptum j
jcriptura. Les chicaneurs plaident contre leur écrit,
contre leur cédule. L'Ordonnance de Moulins veut
qu'on ait preuve par écrit d'un prêt excédant cent
livres. En ce fens , il eft opposé à la preuve tefti-
moniale. On appelle procès par écit , un procès qui
fe juge par rapport , & qui ne fe plaide point. Met-
tre , ou rédiger par écrit , c'eft écrire ce qu'on a lu,
penfé. Les Coutumes de France onr éré long-temps
fans être rédigées par écrit.W^ publié un Ecrit , un
Libelle, un Manifefte. On lui a donné fon congé
par écrit. On dir , Mettre en écrit une chose pour
s'en fouvenir ; pour dire , l'écrire fur fes tablettes ,
fur quelque morceau de papier. Et , Coucher par
éc it , pour dire , mettre par écrit ; coucher bien par
t^Vriz^, pour dire , écrire en bons termes. Ces deu.'c
derniers font du ftyle familier. Acad. Fr.
Ecrits , au pluriel j fe dit des ouvrages impiimés,ou
non imprimés. Scripta , volumina , charte , libri ,
codices. Nous apprenons des Ecrits des Anciens, &C
composés fur quelque matière. La plupart de leurs
Zcr/w font perdus , faute d'avoir connu l'imprime-
rie. Les Profelfeurs publics dictent à leurs écoliers
des Ecrits de Théologie, de Philofophie , de Droit,
de Médecine.
LOUIS de fes faveurs combla les beaux efprits^
Jamais Roi ne fournit tant defujets d'écrire j
Ni ne paya mieux ces Ecrits.
Tous ces mots viennent àafcribo ^fcripfi ,fcripttm^
s 66
EC R
r?
qui lignifie écrire. Nous ajoutons un e au conimen-
cemenc des mots Latins qui commencent par une f
immédiatement luivie d'une autre consonne ■ fpifi-
tus , esprit \Jhuus , état \fcopulus, écueil \fcut^lla ,
écuelie , &c.
ÉCRITEAU. f. m. Morceau de papier ou de carton
fur lequel on écrit quelque chofe en grotles lettres ,
pour en donner avis au Public. Il ne faut pas conton-
dre Vécrittau nvecVinJcripaon deftinée à conserver la
i-némoire de quelque chofe , ni avec l'épigraphe,
f^oye^ ces mots. Programma ,infcriptum. Les Boctes
d'Apothicaires ont des écriccaux , pour faire connoî-
tre les drogues qui (ont dedans. On met des écritaux
aux gens qu oii tultige , pour marquer la cause de
leur lupplice. On met iesécriteaux aux maisons qui
font à vendre , à louer , aux chambres garnies. Les
Maîtres Ecrivains ont des ccriceaux pour leurs en-
feignes.
ÉCt<.ITOIRE. f f, Efpèced'érui où Ton ferre les cho-
fes nécelfaires à écrire , & particulièrement le canif,
les plumes , l'encre & la poudre. Theca calamaria.
Il y adegrandes eVrifcvre^ de cabinet, de petites
écritûires pour la poche. Les Ecoliers le battent à
coups d'c'C^iw/re. hz^ Nobles appellent par mépris
les gens de robe , des 'gens ^écriioirc.
On appelle Greffiers de ïecricoire, ceux qui adif-
tenr aux rapports qui fe font en juftice à Paris par
les Experts nommés pour les vifites des bàtimens, &
qui les rédigent par écrit.
M. Bruneau , dans fes Gbfervations & Maximes
fur les matières criminelles , met le nom d'Ecricoires
parmi ceux qu'on donne aux prifons.
ÉcRiToiRE. Ceft ainfi qu'on appelle le lieu où fe
tiennent les aflTemblées des Maîtres Jurés Charpen-
tiers de la ville Se f auxbourgs de Paris.
ECRITURE. Caraclères écrits 3 tracés avec la plume
fur le papier & avec de l'encre. Scriptio j c.iracler.
Eftacer l'écriture. On afligne les parties pour recon-
noître leur écriture & (ignature. En matière de faux,
on nomme des Experts pour vérifier les écritures.
Jean Raveneau a fait un traité intitulé des Infcrip-
tions en faux , où il enfeigne le fecret de faire re-
vivre des écritures anciennes & prefque effacées ,
par le moyen d'une eau de noix de galle , broyée
dans du vin blanc, Se diftillée au feu, dont on frotte
le papier.
^CF On le dit auffi de îa manière de former les
caradères. C^eftà Cadmus que la Grèce eft redeva-
ble de l'invention des lettres ou des caractères j &
c'efl: de lui qu'elle a appris l'art de l'écriture. Ce que
Brébeufaheureufenient exprimé parles versfuivans:
C'ejl de lui que nous vient cet art Ingénieux
Dépeindre la parole , & déparier aux yeux ;
Et par les traits divers défigures tracées.
Donner de la couleur & du corps aux penfées.
La manière de communiquer nos idées par des
marques & par des figures , a confifté d'abord à def-
finer tout naturellement les images des chofes. Les
Mexicains n'employoient pas d'autre méthode que
cette écriture en Peinture, pour conferver leurs lois
& leur hiftoire.
Dans la fuire IVcritore devint en Egypte peinture
& caraélère. Les Egyptiens vouloient-ils repréferter
deux armées rangées en bataille ? ils peignoient deux
mains, dont l'une tenoit un bouclier , & l'autre un
arc. Un œil j & un fceptre , repréfentoient un Mo-
narque ; un vaifleau avec un Pilote , le Gouver-
neur de l'univers- L'univers étoit repréfenté par un
ferpenr roulé en forire de cercle , & la bigarrure de
fes raches défignoit les étoiles. Une veuve qui ne
s'étoit point remariée , étoit lepréfenrée par un
pigeon noir. Une perfonne morte d'une fièvre occa-
fîonnée par la trop grande chaleur du foleil , par un
fcarabé privé de la vue. Un homme qui , par pau-
vreté , expofoit fes enfans , par un faucon. Une
femme qui h.iiffôit fon mari, ou des enfans qui ou-
trageoient leur mère , par une vipère. Une perfon-
ïlu Vj xL
ne initiée aux myftàres, &parconféquenî obligée
au lecret j par une fauterelle, à caufe qu'on croyoic
qu'elle n'avoir point de bouche.
Les marques Chinoifes participent des hiérogly-
plies des Egyptiens & dès lettres. Les mots qui fer-
vent dans les anciennes langues à lignifier les lettres
cwMécriture en lettres, montient encore que les
lettres proviennent des Hiéroglyphes. Amli les mots
a;;yAni i<c tr.itixrci veulent également dït'ij Images des
chofes naturelles, & marques ou caractères artifi.ciels:
Se Vf «<p4) , fignïRQ peind'e Se écrire.
11 paroît , par un pallage de Porphyre & par une
autre de Clément d'Alexandrie , que les Egyptiens
ont eu quatre fortes d'écritures : TMiéroglyphique,
la Symbolique, l'Epil1:olique, & l'Hiérogrammati-
que j ou Sacerdotale. Porphire parle de l'Epiltoli-
quej de l'Hiéroglyphique , & de la Symbolique;
&: Clément de l'bpiftoliquej de la Sacerdotale , iSc
de l'Hiéroglyphique.
Les Chinois j même avant Fo-hi j c'eft-à-dire ,
dans la plus profonde antiquité , fe fervoienc de
cordeletes nouées en guife d'écriture. Le nombre des
nœuds de chaque corde formoit un caraélère , Se
l'allemblage des cordes tenoit lieu d'une elpèce de
livre qui lervoit à rappeler ou à fixer dans l'efprit
des hommes des choies qui (ans cela fe leroient ef-
tacéîs. M. Freret. Fo-hi j continue-t-il, fubiiitua
aux cordes nouées des caractères formés parlatom-
binaifon deplufieurs lignes droites Se pa.alieles,
mais les unes entières (Se les autres brifées, pour re-
préfenter ces nœuds. Les Chinois coniervent encore
des hagmens d'un ouvrage de J-o-hi , écrit avec ces
caraétères. Ils le nomment Jé-kin , le livre des mu-
tations ou des productions. EJJ'aifur les Hiérogiyph.
' F- SiO- •
Ecriture, fe dit aulTi par oppofition à ce qui eft mou-
lé, ou imprimé. Manu Jcriptum , exaratum. Cet
enfant , ce payfan ne fauroit lire \ écriture ^ il ne lit
que le moulé.
Ecritures , fe dit au Palais des écrits que font les
Avocats & les Procureurs pour inftruire les Juges
du droit des parties. Scripta j inJJrumenta, tabula..
Les écritures font des avertilîemens, caufes d'appel
ou griefs, contredits & falvations, débats ou foute-
nemens de compte , moyens de faux , d'interven-
tion , d'oppofition , &c. On fait des écritures par
mémoires en matière bénéficiale. Les écritures fe
paient par rôle. On dit une pièce d'écritures , quoi-
que ce ne foit qu'un feul aéte , qu'une feule pièce.
Ecritures. C'e.^ parmi les Marchands, Négocians &
Banquiers J tout ce qu'ils écrivent concernant leur
commerce.
Ecriture , feprenoit auflî autrefois pour les écrits,
ouvrages des Savans , des Gens de lettres. Maroc
l'a pris dans ce fens, lorlque, fur fa retraire auprès
de la Duchelfe de Ferrare j il écrit au Roi Fran-
çois Premier.
En fa Duché de Ferrare venu j
M'a retiré de grâce & retenu j
Pour ce que bien lui plate mon écriture ,
Et pour autant que fuis ta nourriture.
On ne dit plus /cr/VOTt; en ce fens , excepte dans
le burlefque <S>: marotique. Ainfi Voiture a dit au
au Comte de Guiche , Guicheus.
T^ieux parangon de vaïllans & courtois
Qui m'envoye^ déleciable écriture.
Marot a dit auflii écriture au fingulier, pour dire
un écrit , un fauf-conduit qu'il deinandoit au Dau-
phin pendant ^on exil.
Conclufion , Royale giniturc ^
Ce que je quiers j n'efr rien qu'une écriture.
Que chaque jour on bai/le aux ennemis :
On la peut bien ocîroyer aux amis.
E CR
On tlir, proverbialement, qu'un homme eftbien
âne de nature qui ne peut lire fon écriture. On dit
auîîi qu'un homme entend les écritures^ quand il ell
fort intelligent, quand il fait bien fon métier. On
dit auHI , accordez , conciliez les écritures ; pour
dire. Accommodez ces paifages , fauvez cette con-
cradii5tion.
Écriture. Scriptura , fe dit par excellence des Livres
facrés , l'Ancien & le Nouveau Teltament , qu'on
appelle {'Ecriture- Sainte , ou iiniplement Ecriture.
Les Hébreux appellent aulîi les Livres faints 3^33,
ou 3iro , Ecriture ^ ôc c'c A d'eux que les Grecs ont
pris cette exprelfion , & l'ont donnée aux Latins ,
qui noas l'ont tranfmife. Quand je lis l'Ecriture-
Sainte , qui , avec fa (implicite a tant de fublime ,
penfez-vous que ce foit l'amour de mon élévation ,
ou la corruption de mon cœur, qui me falie goûter
ce que je lis ? N'ell-ce pas plutôt le caradère fimple
& majeftueux de la parole divine , qui fut impref-
ifion lur moi .' BouH. XJ Ecriture-Sainte eft un fond
de penlées nobles , grandes & fublimes. Id.
On le dit au pluriel , comme les Latins ont dit
fcriptura , fcripturs , &; les Grecs vf^^i , &c vf"^^''.
Enflé de l'orgueil des fciences j & rempli de Ion
propre efprit, il commença à fe moquer des impref-
llons humbles & balfes des Ecritures. Flhch.
ÉCRIVAILLERIE. L f. C'ell un mot que Montagne
a imaginé, pour marquer la démangeailon d'écrire
qui régnoit de fon temps, & du temps des Romains.
Voici le palîage tiré du commencement dug'^Chap.
du Livre 5. '> Il y devroit avoir quelque coerclion
» des Loix , contre les Ecrivains ineptes & mutiles ,
» comme il y a contre les vagabonds & fainéans.
" On banniroit des mains de notre peuplej& moy,
» Ôc cent autres : ce n'eft pas moquerie. Vccrivaille-
" rie fembie être quelque fymptôme d'un liccle dcf-
» bordé. Quand écrivii'mes-nous tant, que depuis
» que nous fommes en trouble ? Quand les Romains
» tant j que lors de leur ruine ? » M. l'.Abbé Tru-
blet , en citant Montagne j Ta employé dans fes
Eifais de Littérature ô; de morale , pag. 87. de la
féconde édition. Si, dit-il j la crainte de la critique
ne détournoit , de la carrière des Auteurs , que des
gens fans efprit & fans talens , ce feroit un bien ,
cela banniroit Xccrivaiilcrie, comme dit Montagne...
^ ECRIVAILLER &: ECRIVAILLEUR , méchant
écrivain , fe trouvoient dans le Dictionnaire de l'A-
cadémie , édition de 1718. Us ne font plus dans les
éditions poitérieures.
ÉCRIVAIN, f. m. Qui écrit. Scriptor , fcripturarius ,
Jcriba. Les Sergens font d'ordinaire de méchans
écrivains, on ne peut lire leur écriture. Bon ', mau-
vais écrivain.
Écrivain j fe dit plus particulièrement de celui qui
eft reçu Maître en l'art d'écrire , qui montre à écrire.
Les M.iîtres Ecrivains Jurés pour la vérification des
écritures & fignatures.il va apprendre à écrire chez
un tel Maître Ecrivain.
Écrivain, fe dit aulfi de ceux qui ontcompofé des
Livres J des ouvrages. Tite-Live, Hérodote , font
de fameux Ecrivains pour l'Hiftoire. Nous ne man-
quons pas dehous Ecrivains en notre hècle. Il eft bon
de porter un falutaire effroi parmi les méchans fc/v-
vains , afin de les tenir dans le refpecl & d-ins le re-
pos. S. EvR. Si quelqu'un s'étonne qu'après tant
d'Ecrivains je mette la main à la plume , il celTera
de s'étonner , s'il vient à lire cet Ouvrage. Abl.
Soyçi plutôt Ma^on j Jl cefl votre talent j
Q«'Ecrivain du commun j ou Poète vulgaire. Boil.
TJufou du moins fait rire , & peut nous égayer •
Alais un froid Ecnvûn ne fait rien qu'ennuyer. Id.
fC? Écrivain & Auteur, confidérés dans une figni-
fication fynonyme. Le mot d'auteur eft plus étendu
que celui d'Ecrivain. Il s'applique généralement à
tous ceux qui donnent au public des ouvrages de
leur compofition dans quelque genre que ce foir.
E C R j6y
î! paroît avoir un rapport particulier au fond de
1 ouvrage. fcvvvtf.Wle dit particuUèicmcnt des ou-
vrages de Littérature, principalement par rapport
au Ityle , a la tonne. On die d'un Juteur, qu'il eft
bon Ecrivain. '
En termes de ALirine , l'f cr/v^vV; eft un Officier ,
ou Commis dans chaque vailfeau , qm tient regif-
ne de toutes les marchandifcs dont il eft chargé , de
ce qui y entre. Se de ce ce qui en forr , & de ce qui
s'y confume. Il y fert aulîl de Greffier & de Notaire
pour y rédiger par écrit tout ce qui s'y pafte de nota-
ble. Il peut même recevoir des reftamens, comme il
eft porté dans l'Ordonnance de la Marine, l. 2. tit.
}. Il y a. un Ecrivain principal , qui tient le milieu
entre le Commiftaire j & l'Ecrivain du Roi.
§C? On appelle auffi Ecrivain , ceux qui écri-
vent pour le Public lettres, mémoires, placées, Sec.
tels qu'on en voit dans pluiieurs quartiers de Pans,
principalement dans la cour du Palais , & fous les
, charniers du cimetière des Innocens.
ECROU. f f. Pièce de bois , ou de fer , ou d'autre
métal, qui a un trou relatif à la giolTeur d'une vis,
&: qui lert à la ferrer , ou à la rerenir , quand on la
fait entrer dedans. Cavus firiatus ; receptaculum co-
ckleifriatum. Il faut que les vis de ce lit aient été
changées , elles ne peuvent entrer dans leurs écrous.
Les taiieurs d'inftrumens de Mathématiques appel-
, lent le clou de l'alidade , l'écrou , ou le chevalet.
EcRou , ou EcRouE , auquel cas il eft féminin en Ju-
rifprndence,eft l'acte demprifonnement d'une per-
lonne écrit fur le regiftre de la géole , pour charger
le Concierge du prifonnier. M. Bruneau , dans les
Ohfervacions & Ma.ximes fur (es matières criminel-
les J dit que l'Ecroue n'eft pas feulement l'aéte d'em-
prifonnement , mais aulii i'aéte d'élargilfement ^ &c
que ce mot vient du Latin Scrobs. Injirumentum in-
carcerationis , conjeclionis in carcerem ^ commenta-
rius carcerarius j acla carceris. Il faut attacher fon
écroue à la requête d'élargiffement. Quand on eft
recommandé pour plulîeurs affaires, ce font autant
d'ccroues. Quand on déclare un emprifonnemenc
injurieux , tortionnaire & déraifonnable , on or-
donne que l'écroue fera rayée & biffée. Gueret ,
Style criminel J imprimé en iG'ii , du roujours
écroue. Ménage dit aufll écroue , aulli bien que Bru-
neau dans l'ouvrage qu'on vient de citer. Lever l'e-
croue. Patru. Ecrou f. m. eft plus ufité.
Il y en a qui tirent le mot d'écroue de Scrobs.
Foffe J qu'on difou anciennement pour prilon. On
dit encore balîe-foffe. D'autres le dérivent du Grec
lx.x.fl,uiv , contrudere in carcerem.
ECROUE-, f f. chez le Roi fe dit des rôles ou états de
la dépenfe de fa maifon , qui fe mettent dans des
peaux de parchemin qu'on coud, & qu'on attache
les unes aux autres , dont on fair de gros rouleaux
qui font lignés &: arrêtés au bureau, par les Maîtres
& Contrôleurs de la maifon du Roi. Commentarius ,
alhum-^ catalogus , ordo. Seize Contrôleurs-Clercs
d'office qui font les écroues ordinaires de la dépen-
fe de la maifon du Roi. Etat de Fr. Ces écroues
font les arrêtés en parchemin qui fe font tous les
jours dans la maifon du Roi. Id.
On la dit auffi des rôles que les Receveurs des
tailles ou des amendes, baillent aux Sergens pour
en faire le recouvrement , qui font appelés écroue
dans plufieufs Edits. On voit, dans la Chambre
des Compres , une écroue du Parlement tenu fous
Louis Hutin , qui contient la lifte des Confeil-
lers du Confeil étroit, des I\Iaîtres des Pvequêtes
&: autres Officiers.
Écroue , en plufieurs Coutumes , fe dit de la déclara-
tion , dénombremenr & aveu d'héritages cottiers ,
que le fujet donne à fon Seigneur. Prqfe(fw.
Dans l'Edit de rétabUlfement de rÈchiquier de
Normandie, on appelle écroues, les écritures qui
contiennent les faits & raifons des Parties, où il
eft dit auffi que les Sergens ne doivenr bailler leurs
exploits par écroues ^ c'eft-à-dire , par écrit.
Borel eftime que ce mot vient d'écrit, eu écrire ^
jéS ECR
parce qu'en effet on écrit fur un reglftie , & parce J
qu'on a appelé auHi éaoue , une quittance en fa- j
veut de celui qui a manié les finances , & on a dit , '
Baillet e'croue à un Receveur de fa recette ; pour j
dire, folder fon compte. !
ÉCROUELLÉ. f. m. Malade -des écrouelles. Struma-]
rum inorbo laborans ,Jlrumofus. Jacques Moyen ou |
Moion , Efpagnol né à Cotdoiie , faifeur d'aiguil-
les , & établi à Paris , demanda en 1 576 j au Roi
( Henri III. ) la permiffion de bâtir dans un des
Fauxbourgs de la ville, un Hôpital pour les écrouel-
les y qui, dans le delfein de fe faire toucher par le
Roi , arrivoient des Provinces & des Pays étrangers
à Paris , où ils n'avoient aucune retraite. . . Mais
les défordres des guettes civiles firent échouer c-e
projet.- .^{/?. de la ville de Paris.
ÉC-ROUELLES. i. f. pi. Terme de Médecine. Strumx.
Ce font des tumeurs fchirreufes qui viennent ordi-
nairement autour du cou , & quelquefois aux au-
tres parties glanduleufes 3 comme aux mamelles ,
aux ailfelles & aux aînés. Elles font prefque tou-
jours enveloppées dans une membrane propre. Il y
en \ de deux fortes j de vraies ou légitimes , &: de
faulFes ou bâtardes : les vraies iont toutes blanches
ECR
de France , à qui Dieu ait accordé le privilège de
guérir les écrouelles en touchant les malades. Il eft
certain qu'il n'elt tait nulle mention de cette préro-
gative de nos Rois avant l'onzième fiècle , où ce
Prince régna. P. Daniel. HijL de Fr. Tom. I. pag.
1031.
On attribue encore, parmi le peuple , aflez ridi-
culement , le privilège de guérir les écrouelles au
feptième fils né de luite j & fans qu'il foit venu
de fille entre eux fept , & à l'aîné de h. Maifoa
d'Aumont en Bourgogne. Foye^ Favyn , Hijl. de
Navarre^ L. X'VII. p. 1059. Polydore 'Virgile , L.
'VIIL de fon Hijloire d'Angleterre , s'efforce, mais
inutilement . de montrer que fes Rois ont la même
puilfance. Favyn. p. 1062. de la même Hijloire.
Le Continuateur de Monftrelet remarque que Char-
les 'VIII. toucha des malades à Rome, & les gué-
rit J dont ceux des Italies _, dit^il , voyant ce myf-
tère , ne furent onguesjl émerveilles.
ÉCROUELLEUX, euse. adj. Terme de Médecine.
Qui appartient aux écrouelles. Sttumofus ,Jlruma-
ticus J a J um. Les tumeurs œdémateufes , chan-
creufes , écrouelleufes , Journ. des Savans 1719 ,
p. 586.
femblables aux auttes paities, & fans douleur: les 3 ÈCRÔUER. v. a. Manàpare carceri j darc cufiodien-
faulîes font douloureufes , piquantes & livides. Il ' - n , , ^ / . ,1
y en a aulfi de bénignes & de malignes : les légiti-
mes font bénignes : les bâtardes ont beaucoup de
malignité, & il eft dangereux d'y toucher pour les
guérir. La caufe phyfique des écrouelles eft une lym-
phe vifqueufe , un peu aftringente, & empreinte
de particules acides , laquelle venant à fe ramaller
dans les pores & dans les canaux des petites glan-
des, s'y coagule, s'y endurcit peu-à-peu ,& produit
par ce moyen cette forte de tumeurs. Si cette lym-
phe devient plus acte & plus corrofive , elle rend
les écrouelles chancreufes \ & s'il s'en jette fur les
os, elle les altère & les carie. Les Latins les appel-
lent fcrophuU , du mot fcropha , qui fignifie une
truie. D'autres difent , les Latins les appellent /?ra-
ma àjiruendo, parce qu'elles croilFent infenfible-
ment, [îruclim ajj'urgunt. Rochef. Les Grecs les nom-
ment x"i'^^^^ > truies , du mot Grec %o7pof, qui figni-
fie un pourceau j parce que les pourceaux font fu-
jets à avoir de ces tumeurs fous la gorge , & ceux
qui mangent de leur chair, y ont aulliplusdedif-
pofition.
Le Roi de France jouit du privilège de toucher
\q% écrouelles. Le vénérable Guibert j Abbé de No-
gent, a dit, il y a 600 ans , que le Roi Louis-le-
Gros touchoit les écrouelles. Il ajoute que le Roi
Philippe I J fon père , ufoit de ce privilège, mais
que quelque crime le lui fit perdre. Il dit aulîi que
le Roi d'Angleterre touchoit auflî de fon temps,
& aujourd'hui il prétend avoir le même droit,
comme il prétend avoir celui de fe dire Roi de
France. Raoul de Prefles , en parlant au Roi Char-
les cinquième , auquel il dédia fa traduétion de la
cité de Dieu , lui dit exprelfément : f^os devanciers ,
<S' vous J avec telle vertu & puiffance qui vous eji
donnée & attribuée de Dieu , que vous faites miracles
en votre vie telles, fi grandes & fi appertes j que vous
gariffe-^ d'une très - horrible maladie , qui s'appelle
les Ecrouelles , de laquelle nul autre Prince terrien
dum ergaflulaiio j xejerre nomen in album j in com-
mentarium carcerarium. Charger un Geôlier de la
perfonne d'un prifonnier , en écrivant fur fon re-
giftre , par l'Ofticier qui l'arrête , la caufe pour la-
quelle il eft emprifonné j & par quelle autorité ou
ordonnance. Il eft défendu févèrement aux Geô-
liers de détenir qui que ce foit fans être écroué , &
de faire des écrous fur des feuilles volantes Voye\
ÉCROU.
ÉcRouÉ,ÉE. part. Relatas in album carcerarium.
ECROUÏR. V. a. îndurare. Il fe dit des métaux; &
c'eft , les battre à froid , pour les condenfer & les
rendre plus fermes , afin qu'ils faffent reflort. La
plupart des métaux , même fans être alliés , de-
viennent capable d'une plus grande rèadlion, quand
on les bat à froid Un Ouvrier intelligent en
Horlogerie, en inftrumens de Mathématiques , en
Orfèvrerie 3 8cc. ne manque jamais à écrouïr {qs
ouvrages, non-feulement pour leur procurer plus
de folidité , mais encore pour les faire valoir par
un poli plus brillant. M. l'Abbé Nollet , T. I,
p. 138. C'eft aufli un terme de Monnoie , qui fe
dit des pièces qui fortent du moulin , parce qu'alors
elles font écroules.
EcRouï , ÏE. part. &c adj. Terme de Monnoie. Indura-
tus J obduratus , denjatus. Il fe dit de l'or , de l'ar-
gent & du cuivre , quand on l'a battu long- temps
à froid, enforte qu'il faffe refiort. On le dit aulÏÏ
des pièces de Monnoie durcies à la iortie du mou-
lin , & qu'il faut faire recuire.
ÉCROUISSEMENT. f. m. Terme de Monnoie. Ob-
duratio. Endurcillement qui arrive aux pièces mon-
noyées par la forte comprefiion qu'elles ont fouf-
ferte en les marquant. On le dit aiilii chez les Ar-
tifans , de tous les métaux qu'on a battus à froid ,
comme de toutes les pièces qui entrent dans les Hor-
loges , de celles qu'on emploie dans les inftrumens
de Mathématiques , & fur lefquelles on veut avoir
des diviiions juftes.
ne peut garir hors vous. Etienne de Conti , Reli- ' ÉCROULEMENT, f. m. Eboulement de terres , d'é-
gieux de Corbie , qui vivoit en 1400 , & qui a| difices qui ne font pas foutenus. Concujfus j ruina.
écrit une Hiftoire de France qui eft dans les mlT. 1 §3° ECROULER , s'écrouler, v. récip. Tomber en
de la Bibliothèque de S. Germiin des Prés, fous
le numéro 510 3 rapporte les cérémonies que le
Roi Charles VI. obfervoir en touchant les écrouelles.
Après que le Roi avoir entendu la Melfe , on ap-
s'afFailTant. Labare , labafcere. Les tremblemens de
terres font écrouler les plus folides bâtimens. Après
une vingtaine de volées de canon 3 tout le baftion
s'écroula.
portoit un vafe plein d'eau , & Sa Majefté ayant? Écroulé , ée, part. ^
fait fes prières devant l'Autel, touchoit le mal de , ÉCROUTER. v. a. Oter la croûte du pain, DetergC'
la main droite , & le lavoir dans cette eau , & les ! re , eximtre cruflam.
malades en portoient pendant neuf jours de jeune . Écrouté , ée, part. Cruflâ nudatus.
qu'ils obfervoient. Matthieu Paris dit que la bènè-jÉCRU, ue. adj. C'eft une épithète qu'on donne aux
fion , a été in- fil & à la foie qui n'ont point été déctufèsj {Voy.cQ
didion que le Roi fait en cette occa
troduite par le Roi Saint Louis. Quelques - uns
croient que le Roi Robert eft le premier des Rois
qui n ont poi
mot) ni mis à l'eau bouillante. On appelle aufli
toiles écrues celles qui n'oac jamais été mouillées.
Crudiis
E C R E C T
Crudus. Il efl défendu aux Tapiffieis de doubler les
tapilTeries de toiles c(:;-^fs,paice qu'elles le letirent.
Les billes étotfes fe font de Ibie cuite , & les pe-
tites de foie crue ou écrue. Il ell févérement dé-
fendu de mêler la foie cuite avec la ibie écrue.
ÉCRUES de bo:s, font des bois nouvellement crus fur
des terres labourables. Ils font de garde depuis la
S. Remi jufqu'au premier Janvier, qui eft le temps
de la glandce & pailfon. j
ECSARCOME. f. m. Excroilfance charnue. £««-«,««^5«, I
de o"'»?^, chair, i
ECS-MIAZIN. Monaftère célèbre de Perfe, à deux
milles de la ville d'Erivan. C ell: un lieu d'une gran-
de dévotion pour les Chrétiens Arméniens. Ce
mot veut dire en leur langue , la defcente du Fils
unique engendré ; & ils l'ont nommé ainfi, parce
GU ils prétendent que Jefus Chiilt fe fit voir claire-
ment dans ce iieu-là à S. Grégoire , qui en fut le
premier Patriarche. Les Mahométans le nomment
t^i^k-clijjlc , ce qui lignifie trois Eglifes , parce
qu'outre celle du Couvent , il y en a deux autres
allez près de-là.
E C T.
ECTHÈSE. f. f. Eahefis. Terme d'Hiftoîre Eccléfiaf-
cique. Nom que l'Empereur Héraclius donna à une
Profedion de foi qu'il publia en "1539.
ISEclhèfe favorifoit l'erreur desMonothélireSj &
n'établilfoit qu'une volonté en Jefus-Chrill. Héra-
clius l'avoir publiée , trompé par Athanafe, Chef
des Jacobites , par Cyrus , Patriarche d'Alexandrie ,
& par SergiuSj Patriarthe de Conllantinople; mais,
ayant fù que l'Eglife Romaine le regardoit comme
hérétique , il défavoua l'EclhcJe , & , par un autre
Edit , qu'il eut foin de faire répandre dans tout l'O-
rient & l'Occident , il déclara que Sergius étoit
l'Auteur de Vtiàhèfe.
Ce mot efl Grec, î''-*'"? , &c [\gn\ÇiQ expojîtion.
Godeau fe fert du mot Latin Eahejis. Aullîtôt que
Jean IV fut affis fur la Chaire de S. Pierre , il af-
fembla un Synode d'Evêques , dans lequel XEclhc
Jîs d'Héraclius fut folennellement condamnée. Go-
deau. Eclhèfe eft mieux.
ECTHLIPSE-, Eclhliffts. Figure de Grammaire La-
tine , qui fe fait lorfqu'on retranche une m finale
pour la mefureduvers. Il vient du mot GrecVxê^u.Trjfj
qui fignifie cllfion : de {^^ ,pre:no , eiido. Comme
multum aie : en fcandant le vers , on retranche ïm
finale de multum , &: on ne compte que trois fylla-
bes dans ces deux mots. Au relie _, cela ne doit pas
s'appeler une licence poétique, dans la verdiication
Latine. VEclhlipfc , ou l'élilion de 1'/« finale, quand
le mot fuivant dans le même vers commence par
une voyelle, efl: d'obligation, & non point de licen
ce. Scaliger dit qu'on avoir remarqué qu'Accius le
moderne n'avoir jamais fait une Eclhlipje , c'eft-à-
dire, une élifion de 1'/« dans tous fes vers; mais
que pour lui , il en avoir trouvé une ou deux. Mo
réri au mot Accïus. On retranchoit auili ancien-
nement \'s devant une confonnc : comms fdcundu
fuoque , pour /acundus. L's 6'c \'m , fur-tout à la fin
des mots, étoient très-rudes dans la prononciation ,
à ce que dit Quintilien ; & c'eft ce qui fit que les
Poètes Latins , pour donner plus de douceur à leurs
vers , s'obligèrent à retrancher ces lettres finales j
comme dans la verlihcarion Françoife j nous fai-
fons l'élifion de Ve féminin , quand il fe trouve
devant un mot qui commence par une voyelle , &
nous évitons avec foin V hiatus , ou le concours de
deux voyelles.
ECHTYM'OSE. f. f. Terme de Médecine. Eahymo-
Jis. C'eft une agiration & une dilatation du fang ;
comme il en arrive dans un grand mouvement de
joie, que l'efprit reftent.
Ce mot eft Grec j & vient de l» , ex j & ^^y-'s ,
animus.
ECTIQUE , ou ÉTIQUE , adj. m. c^' f. ;%q Hec-
tique.
Tome III.
ECT ECU jé9
ECTROPÎON. f. m. Terme de Médecine. EBropium,
Maladie des yeux : c'eft un renverlém-nt de la pau-
pière intérieure , qui fait qu'elle ne couvre pas 1 œil
avec celle d'en haut.
Les Grecs appellent Lagophthalmie ou œil de
Lièvre , la même aftedion dans la paupière lupé-
rieure. / oy. Eraillement.
Ce mot vient du Grec Êxrfo'îns» ^ q^j fignifie la
même chofe , ou plutôt n'eft que le même mot
écrit avec nos caradères.
ECTYLOTIQUE. adj. de t. g. qui s'applique aux re-
mèdes propres à confumer les callofités ik les du-
rillons , qui fe forment fur la chair , Eclyi^'t .us.
Ce mot eft formé de éx, & de^^'s-, cullui. Leme-
RY. Il eft audi iubftantif. Faire ulage des Eciyiod-
ijues. Eiiylotica..
ECTYPE. f. h Etlypum. Les Latins en font un ad-
jedit , ecîypus , a ,um , qui eft de relief, taillé en
boife. Terme de Médaillille. C'eft une cmpreinie
d'un- cachet, ou d'une médaille, ou une copie fi-
gurée de quelqu'infcription , ou autre monu-
ment antique- Dans les Livres des Voyageurs , on
trouve piuheurs i;cry^ej de vieilles inlcnptions ,
de la Colonne Tr.ajane j du Chliminar de Perle,
&c.
Ce mot eft Grec : aç^Wi/sro» , eft l'original , le mo-
dèle : én-ujro» , eft la copie , l'image moulée, frap-
pée en creux : '«tus-o» , eft l'image relevée , frappée
en bolfe.
ECU.
ECU. f. m. Dans l'Hiftoire de l'ancienne Chevalerie.
Ancienne arme détcnfive j faite en forme de bou-
clier léger , que la Gendarnierie, qui coml auoit
avec la lance , portoit autieiois au bras j & fur le-
quel on peignoir des armoiries , ou des devifesdans
les joutes Se tournois, ^cutum.
Cent Chevaliers , de tous côtés
Venus à cesjvlennitjs ,
Préparaient de ricnes livrées ,
Ecus dorés _, lances dorées. Div. de Sceaux.
Sur fon dos jetant fon Qci\ ^
Il croyo't avoir tout va" ... Id.
Ce mot, félon Nicotj vient du Latin Sc!;tum ^
Se le Lann du Giec e-x-ro; , qui îi^nifij cuir , parce
que les prenne. s_boucliers étoient faits de cuir. Le
flivant P. Oudin, Jéiuite, déuve le moi Jcutum du
Celtio,ue ,Jci jfàl 3 fcU yjcut, qui i.gnifie protec-
tion. C'eft dans une Diirertati.m lur \ Ajàu fépul-
ctalej imprimée dans un recued d^ pièces de M. le
Bœuf, Chanoine d'Auxerrej & dans les Alémoires
de Trévoux 1739. Nov. art. 104.
Ecu , tetme de Blafon, eft le champ où l'on pofe les
pièces & les meubles des Arinoines. 1 ejjera<ie!it:H-
tia. Il eft de figure carrée , à la réferve que le côté
d'en bas eft un peu arrondi , & a une petite pointe
au milieu. L't^w des filles eft pofé en lofange. Lécu.
eft appelé de divers noms , fuivant fes divifions.
"L'écu adextré , eft quand la ligne perpendiculaire
qui divife \!écu eft fur la droite , au tieis de \\cu\ le
Jenejlré , quand elle eft fur la gauche ^ le tiercé en
pal j quand elle eft double , & divife tout Vécu en
trois parties égales. Elle fait le pale Si. le vergeté ,
quand elle eft multipliée à diftance égale , au nom-
bre defix , de huit , ou de dix pièces. La ligne ho-
rifontaie fait le chef , quand elle occupe la tierce
partie d'en haut ; la plaine , quand elle eft au bas,
an tiers de Vtcu. Quand elle eft double fur le mi-
lieu , à diftance é':;ale des extrémités j, elle fait la
fafcc & \s tiercé en fafce. Quand elle eft niidtipliée,
elle fait \efafce:, & le lunU ^ quand il y a huit ou
dix efpaces égaux , ou plus ; les tr. i ,.;les , quand le
nombre en eft impair. La ligne diagonale du droit
du chef au gauche de la pointe fait la farc/ié , la
contraire fait le taillé. Si on les double à diftance
égale , l'une fait le bundé , Se le tiercé en bande; dc
C c c c
l'autre la barre^ & le tierce sn batre. En multipliant
la première , on fait le bandt lie le coticé, & en mul-
tipliant la féconde, on izixX^harré&clQiraverfé.
Les autres divifions de ÏEcu font écanelé , con-
trécanelé , enahyme, ôcc. Voyez-les à leur ordre.
L'Ecu de France , d'Oileans , Sic. L'Ecu , ou le
Pannonceau , efl: une marque de la médiocre No-
blelTcjqui appartient aux Châtelains & auxEcuyers,
au lieu que la 5i2«/ii^/<; ell la marque de la haute
Chevalerie. Qn trouve des marques que les Bour-
geois ont porté des Ecus il y a plus de 400 ans ^
& les Marchands en font en ipoireilîon même en
Allemagne. Les anciens fc^J étoient ordinairement
couchés & inclinés j mais on a commencé à les
dreflTer , quand on a mis au-delFus des couronnes.
Les Ecns des François étoient autrefois triangulai-
res ; & cen'eft que depuis un fiècle qu'on les a tait
carrés , avec une petite pointe par le bas. Les Ef-
pagnols les ont tout-à-fait arrondis aufîi par le bas.
Ceux des Italiens font la plupart ovales, & ceux des
Allemands en cartouches. l\ Menestrier. Ce font
les Ecus des Armoiries , qui ont été tranfportésfur
certaines monnoies , auxquelles elles ont donné leur
nom. Voyez ci-delfous.
Écu de Cartier. Vieux mot , qui n'eft plus d'ufage. On
appeloitchantel, ou chanteau , le bas d'un fceau.
Ecu de Cartier, ou en chantel jCarc'étoit la même
chofe : c'étoit un Ecu couché Inr le côté , tels qu'on
les portoit fur le bras gauche.
ÉCU. (. m. Pièce de Monnoie , ainfi appelée, parce
qu'elle eft chargée de r;(.« de France , de l'écu des
Armoiries de nos Rois. Scutuin, nuinmus, numifma.
L'Ecu de France d'argent vaut d'ordinaire foixante
fous : c'eft à ce prix que le réduiient , en comptant,
toutes les autres monnoies d'or &c d'argent : c'ell ce
qu'fcn appelle ecu blanc, & qui ell , à quelque cho-
ie près , la même chofe qu'un patagon , une réc/e ,
ou pièce de huit, une rkhedul/e. En 1641 , le Roi
ordonna la fabrication d'une nouvelle monnoie
d'argent fous le nom de Louis d'argent , ou de piè-
ce de foixante fous. C'eft ce qu'on nomme commu-
nément écu blanc. Le célèbre Varin en avoir fait les
coins: ainfi par- tout où il eft parlé d'e'c^^ avant 16^1,
il faut l'entendre de Vécu d'or. Voyez les divers
changemens du poids, de la valeur & delà fabrique
des ecus , dans le Traité Hijlorique des Monnoies de
France , par M. Le Blanc. On a augmenté de temps
en temps le prix de Vécu. En 1701 , au mois de
Juillet , Vécu blanc valoit 76 fous. Il y a aulîi des
ecus de iix francs. Henri III. ordonna en 1 577. que
l'on compteroit par écus ^ mais Henri IV, vingt
ans après, rétablit le compte par livres.LE Gendre.
Écu d'or j eft une monnoie d'or qui a eu diverfes va-
leurs félon les temps. Il a valu le plus ordinaire-
ment 114 fous j & le demi'écu d'or 57 fous. On
. n'en voir plus maintenant. Il doit être du poids de
deux deniers quinze giains. Il y en a 17 & demi au
marc. Ils font au titre de 13 carats, au remède d'un
quart de carat. Sous Charles VI. on fit des écus d'or
couronnés , on écus à la couronne , qui' valoienc it
fous G deniers. On les appeloit ainfi , à caufe de la
couronne qui étoit fur Vécu. Nous les appelons
communément écus d'or. Quelques Auteurs de ce
remps-li les nomment fimplement couronnes, ou
couronnes de France :, ôc ceux qui écrivent en Latin,
coronati. Cette monnoie fut commencée en 1384.
au mois de Mars. Elle étoit d'or fin , & pefoit trois
deniers quatre grains. Ils valoient 22 fous. Char-
les VI. en fit beaucoup faire \ ils étoient d'or fin ,
& de foixante au marc : ils chmgèrent enfuite fou-
lent de poids ^ & les moindres qui furent faits
pendant ce résine , furent à 1 5 carats , & de 67 au
marc ; & enfin , l'an 1411 , la dernière année de
Charles VI. ils étoient d'or fin , & de 66 au marc.
Sous Charles VII. ils changèrent fouvent de poids
& de titre, Se on en fit qui n'ctoienc qu'à 16 ca-
rats -y mais l'an i.\^y6. il les fit faire d'or fin , & de
"70 au marc, valant 25 fous pièce. Depuis ce temps-
U 911 ne s'écarta guère de ce poids j ni de ce titre ;
E eu
& l'an 1455. ils étoient à 25 carats & f , & de 71
au marc, valant 27 fous la pièce. En 147 3. Louis XI.
les fit faire de 72 au marc. Le Blanc.
On fit aulli des écus heaumes , ainfi nommés à
caufe du heaume , ou cafque qui eft fur Vccu. C'eft
encore Charles VI. qui les fit Laue. Cette monnoie
étoit plus pefante que les écus couronnés ; car elle
étoit de 4^) au marc ; mais elle n'étoit qu'à 22 ca-
rats. On fit peu de cette monnoie. Le Blanc
Ecu d'or au Soleil , eft une monnoie que Louis XL fie
faire l'an 1475. Les écus d'or au Soleil furent ainlî
nommés, parce qu'au deftlis de la couronne il y
avoit un petit foleil à huit racs. Ils étoient de même
titre que ceux qu'on appeloit fimplement à la cou-
ronne j mais ils étaient un peu plus pefans j & de
70 au marc. Charles VIII. fit Ltue des écus d'or à
la couronne & nu foleil, de même titre & de même
poids que fonpère ^ & palfé ce règne , on ne fit plus
que des ecus d'or au foleil. François I. aftoiblit un
peu le poids & le titre des écus au foleil j mais ils
furent prefque toujours à 23 carats, & de 71 & i
au marc. Sous Charles IX , Henri III , Henri IV,
Louis XIII. & Louis XlVjà 23 carats^Sc 72 Scdemi
au marc. Ainfi ^ depuis 145 5, les écus a'or om très-
peu changé de poids & de titre , mais fouvent de
prix J puiiqu'alors ils ne valoient que 27 fous j & ,
en 1690, près de 6 liv. Le Blanc.
Ecu-soL. f. m. Nom de monnoie ancienne. C'étoit le
fou J ancienne nionnjie d'or j fi peu différente de
l'ancien poids , & du premier prix des écus d'or de
France , qu'elle en a tiré le non\d^écu fol, Chorier,
T. I. p. 4S9. Ainfi ce mot d'ecu-fol ne vient pas à
J'oie J comme croit Bodin avec le vulgaire , mais à
folido J comme prouve Fréhérus. Le Blanc eft ce-
pendant encore du fentimentde Bodin, p. 305. dans
Louis XL On faifoit autrefois toutes les conftitu-
tions de rente, & les eftimations en écu d'or fol.
Ylécu-fol doit pefer deux deniers quatre grains. Vi-
cutikKEfur Tite-Li\'e , T. I. p. 1501.
Sous Louis XII. on a battu des écus au porc-épi. Il
y en avoit deux qui fervoient de fupports à Vécu. Ils
ne différoient que par-là des écus d'or au foleil : ce
qui leur fit donner le nom d'écus au porc-épi.
Du temps de François I. on fabriqua des écus
d'or à la Jalamandre , où il y avoit deux falaman-
dres à côté de Vécu. Le prix de ces écus variait feloa
les diverfes conjon6l:ures.
Ecu d'or , ou Denier d'or à F écu , étoit une monnoie
qui eut grand cours fous Philippe de Valois &C
Jean I. L'ecu étoit femé de fleurs-de-lis fans nom-
bre , que le Roi tient de la main gauche , ce
qui fut caufe qu'on appelacette monnoie denier ^
ou florin à Vécu. Dans la fuite ils furent nommés
écus vieils , pour les diftinguer des écus d'or à la
couronne , & des écus d'or au foleil. On a cru que
Philippe de Valois étoit l'Auteur de ces écus-^ mais
le Blanc a montré , dans fon Traité des Monnoies ,
à Louis VII. que cette monnoie avoir commencé
avant Philippe. Sous ce Prince ils comiiiencèrent le
premier de Février i5 3<î. Ils étoient aucommence-
ment d'or fin, & on les z'pçeloïK écus premiers. En
1 547. ils n'étoient qu'à 23 carats , & on les nomma
écus deuxièmes. On affoiblit encore le titre de cette
monnoie , de forte que j fur la fin du règne de Phi-
lippe de Valois, ils n'étoient qu'à 21 carars. Eni 539.
le Roi d'Angleterre fit faire une monnoie fembla-
ble. Le Blanc, f'^oyei encore Boizard , Traité des
Monnoies , P. I. C. 30.
Écu d'or a la croisette. Le peuple nomma ainfi
fous François I. les écus d'or au foleil que ce Prince
fit fabriquer, & qui avoient une petite croix carrée.
On a difcontinué de faire des écus d'or en France
depuis 1^55. Le Blanc.
Il y a un écu d'or que le Prince de Condé fir frap-
per pendanr les guerres des Huguenots j & fur le-
quel il fit mettre cette infcription, LudovicusXIII.
Dei gratia Francorum Rex primus Christia-
Nus. Brantôme , Sponde , & le Blanc , en parlent
fous Charles IX. Il eft très-rare.
ECU
Écu d'or d'Estampe j ou di Jlampa. C'cfl une mon-
noie de compte, donc on fe 1ère à Rome poui te-
nir les livres.
Écu de Campagne. Ce font quinze francs de l'uftenfile
des cent cinquante jours du quartier d'hiver du Ca-
valier , qij'on lui dillribue en cinq paieniens cgiuXj
en entrant en campagne , & avant que d'en fortir.
Un million d'or , c'ellun million à'ccus , ou trois
millions de livres. Un millier à'ccus ^ c'eft mille
écus , ou trois mille livres. Quand les Médecins or-
donnent le poids d'un ccu de quelque drogue , on
entend le poids d'un écu d'or, qui ell une dragme..
En L?iûn Jcuru.'Ji & fcutatuni auicum.
On appelle écus fables , de faux écus jetés en fa-
ble ; des écus fourrés , ceux où l'on a mêlé au mi-
lieu quelque autre matière , en forte qu'il n'y ait
qu'une petite plaque d'argent très - mince qui la
couvre.
Quand' écu, a été une monnoie d'argent ci-de-
vant fort en vogue , qui valoir le quart d'un écu , ou
l^ fous j &j comme elle fut depuis haulfce à i6
fous, cek introQuific le nom à'ecus quart, parce
qu'un écu étant payé en quarts d'écu valoir 64 l'ous \
éc à caufe que les épices des Juges fe payoient en
quarts d'écus , on a confervé cette évaluation juf-
qu'à préfentj de forte qu'en quelque monnoie qu'on
les paie , les écus d'épices valent trois livres quatre
fous , ou écus quarts.
DïMi-Qu.'VRT-D'Ecu.f. m. Pièce de monnoie valante
pefant la moitié d'un quart d'écu. Acad.Fr.
Écu de So'oieski, en Alkonomie. Conltellation ficuée
entre Ophiucus & Antinous.
Écu , fe prend, dans le ftyle familier, pour argent ^y ri-
chcjjes. Dans ce fens c'ell un mot général , qui ne
marque point cette efpèce de monnoie qu'on ap-
pelle proprement eVtf , mais de l'argent compfant.
Cec avare a bien des écus , amafife bien des écus.
Et,croyantfon grand cceur^ à pleines mains verfoit
Et les écus , (S" /ej piftoles ,
Sur ceu.x défis fujcts que le fort maltraitait.
Mlle L'HÉRITIER.
C'eft en ce fens qu'on emploie le mot â!écu dans
les exprelfions proverbiales qui vont fuivre.
Ou dit , proverbialement, qu'un homme n'a pas
vaillant un quart dVcu j pour dire , qu'il n'a point
de bien. On dicj au contraire , qu'un homme eft le
père auxâiii- , qu'il a des écus moifis ; pour dire ,
que c'eft un riche avare , qui a bien de l'argent ca-
ché. On dit aulli , qu'il a des ecus à remuer à la
pelle. On dit encore , vieux amis & vieux écus. On
dit aulli , de ceux quifurviennent en une compagnie
&c qu'on n'attendoit pas , Voilà le reftede 1'/«. Cela
ne lui fait pas plus de peur qu'un écu à un Avocat.
ÉCUAGE. f. m. Terme de Coutume. C'eft un droit
ou fervice de Chevalier j que dans les vieux titres
on zppeWsfervitiurnfcuti. Il lignifie auili le droit que
l'on paie pour s'exempter du fervice, ou pour faire
fervir un autre à fa place. Munus clientelare , cquef-
tris opéra.
ÉCUBIERS , ou ÊCOBANS.f.m. pi. Terme de Ma-
nne. Ce font les trous par où palfent les cables des
vaifteaux , & particulièrement ceux qui font vers
l'avant à bâbord & à ftribord, qui fervent à mouil-
ler & à filer le câble. A Marfeille on les appelle œZ/j.
Oculi.
ÉCUEIL. f. m. Rocher qui eft dans la mer , & con-
tre lequel un vaiiïeau fe peut brifer. Scouulus , ru-
pes. Cet écueil eft dangereux , il eft à-Heur-d'eau.
La mer des Maldives eft dangereufe , elle eft toute
pleine à'ecueds. On le dit aulli des bancs de fable
qui font repréfentés dans des cartes avec des poin-
tes. Voye-[ Banc.
Ce mot vient àzfcoglio j ou de fcolium , terme
de la balfe Latinité, ou plutôt de fcopulus , com-
me œil de oculus. M. Huet dérive le mot François ,
écueil, & le mot Italien ycc^/ioj du mot Hébreu hyja
fccûl.
ECU J71
Écotii, fe dit, figurément, des chofes dangereufes qui
peuvent faire luccomber la vertu , ou ruiner quel-
que dellein. Le monde eft une mer pleine à'écucils.
La haine & la flatterie font des écueils où la vérité
fait naufrage. De la Rochlf. L'amour & l'ambi-
tion font des écueils où la plupart des femmes fc
perdent. Vasconcelle. La beauté a fouvent été \é~
cueil de la fagellè la plus auftère. S. Evr. Les Philo-
fophes ont eux-mêmes quelquefois fait naufrage
contre \ccueil qu'ils avoient montré aux autres. Les
Sroiciens prétendenr que i'ame du Sage doit ctie
ïecueil de toutes les pallions. Vill. Si le zèle fervent
foutient les vertus, il en elè aulli trcs-iouvent Xecueïl.
De Vill. Il eft difficile de fauver fa vertu des écue'ds
de la Cour.
ECUELLE. f f. Pièce de vaiflelle qui fert d'ordinaire
à prendre un bouillon , ou à préparer du potage pour
quelqu'un en particulier. Scutella. On fait des
écuelles d'argent j de vermeil doréj d'érain , de
faïance, de bois, <5>:c. Quand on dit laver lesia/^/-
les , ce mot comprend alors toutes fortes de vaif-
felles.
Laveufe ^écuelles. C'eft ainfi qu'on appelle une
fervante de peine , qu'on emploie ordinairement
daiK la cuifîne à laver la vailfelle, &: à quelque autre
grolfe befogne.
Ce mot vient èiifcutclla ^ parce qu'elle éroit cren-
fée en forme de bouclier. NicoT. Borel le dérive de
efculus, qui eft une efpèce de chêne , parce que les
premières ont été faites de ce bois , qui eft moins
lujet à fe fendre que les autres. Il vient plutôt du
langage Celtique, ou Bas-Breton , où/»i/e/ figni-
fie écuelie , S^fcudella , une écuelléc.
EcuELLE , dans les anciens titres j en Latin fcutella ,
fe prend pour le droirs des p.xuvres dans les biens
du Roi, en forme de denier à Dieu , & d'aumône.
Hugues Capst accorda l'efcutelle ou écuelle aux pau-
vres de Poiiry &: de Gambais. Louis le jeune permit
l'an 1 173 aux pauvres infirmes de Corbeil de pren-
dre le droit à! écuelle. Scutcllam in omnibus appcndi~
cils ipfius cajtri j & de omni re , quod ad illcrum
ufum pertinet & in Dci , £■ in noflra manu eji. Reg.
des Chartres du Roi. (37. a6f. 41S5. & c'eft peut-être
de -là que les Archers des pauvres lont encore au-
jourd'hui appelés Archers de Xécuelle. Ce font ceux
qui font chargés de prendre les niendians, & de les
mener à l'hôpital.
Ecuelle, fe dit, en termes de Marine, d'une plaqus
de fer , fur laquelle tourne le pivot du cabeftan d'un
vaifTeau.
Écuelle, fe dit, proverbialement, en ces phrafes.
Quand on s'attend à Yécueilc d'autrui, foUvent on
dîne mal. On dit aulli que dans une maifon il n'y a
ni pot-aufeu , ni écuelles lavées , pour dire que tout
y eft en défordre^qu'il n'y a rien de prêt pour le dîner.
On dit auflî , qu'on y a mis tout par écuelles; pouC
dire qu'on y a fait une grande chère , qu'on n'a rien
épargné. On dit encore , d'un homme fale & mal
mis , qu'il eft propre comme une écuelle à chat. On
dit qu'on a rogné fon écuelle , pour dire qu'on lui .x
retranché fes gages , fes appointcmens , ia fubfif-
tance. On dit aulîi ,de celui qui a beaucoup héiité,
qu'il a bien plu dans fon <.'tae//c.
Écuelle d'eau, f. f. C'eft la plante qu'on appelle
umbilicus venerisy ou cotylédon aquatica , ou hydro-
cotyle. Plante ombellifère rampante, & qui vient au
bord de l'eau , ou des endroits fort humides. Ses
feuilles font de la figure de celles du Cotylédon , un
peu moins charnues , amères au goût, & foutenues
par des queues minces ^ & un peu velues. Ses fleurs
naiiïent ramalTées en bouquets j elles font compo-
fées de cinq petits pétales pointus & rougeâtres. Le
calice qui les foutient devient un fruit qui fe divife
en deux femences , comme dans les ombeliifères.
Marcgrave fait mention d'une efpèce d'hydroco-
tyle qui vient dans le Brefil , & dont les Portugais
font cas contre le venin. Ils la nomment Efva do
Capitaou.
lÉCUELLEE. i.î. Ce qui eft contenu, ou ce qu; peut
C c t c ij
172- ECU
contenir une écuelle. Scutdla , quantum cap'u fai-
tella. On a ordonné à ce convalefcenc de prendre
tous les matins une écuellée de laie.
ÉCUIAGE, ouÉCUYAGE. f.f. Terme deJarifpru-
dence. Vieux mot qui fe trouve dans des chartes ,
des CoutumeSj &cc. Il lignitie état, condition, fer-
vice d'Ecuyer. Scutagtum , feryltumjcuû. Tenir une
terre par ecuiage , c'eft la tenir de fon Seigneur, à
tonduion de lui rendre le fecvice de Chevalier , &
d'aller en guerre avec lui.
§Cr On appeloit au(li ecuiage un droit en argent
que le Valfal payoit à fon Seigneur pour s'exempter
du fervice Militaire.
ECU 1ER. Voye^ ECUYER.
ECUISSER. V. a. Terme des Eaux & Forêts, qui fe
dit des arbres qu'on éclate en les abattant. Ajjula-
tim frangcrc , finiae. L'Ordonnance veut qu'on
abatte les bois à coups de coignée à-fleur-de- terre ,
fans les écutjjer^ ni éclater.
ÉCUISSE , EE. part.
ECQLER. V. a. Corrompre fa chaulTure par le der-
rière , en forte que les quartiers s'abailFent, & dé-
bordent fur le talon. Rabelais met entre les plailiis
& les jeux de Pantagruel, à'écuUr fes fouliers. On
difoit en ce temps-là acculer. Il eft auffi réciproque.
Un foulier trop périt sécule facilement.
ÉcuLÉ, ÉE.part. Souliers eWeV. Bottes éculées.
ECULOF. i. m. Ternie de Cirier. Efpèce de grande
écuelle de ter blanc , dont on fe fert dans le blan-
chi lEige des cireSj pour porter la cire dans les moules.
ÉCUME, f. f. Efpcoe de moulfe blanchâtre ; alfem-
blage de petites bulles blanches, & légères , qui
fe forment & fuinagent fur l'eau, ou fur cjuelqu'au-
tre liqueur agitée ou échauffée. Spuma. Pendant la
tempête , on voit beaucoup d'e'cume fur les flots &
fut les rivages. Les Poètes feignent que Venus eft
née de Ve'cume de la mer. Après une grande agita-
tion, la mer eft toute blanchiffante d'écume. Bouh.
Faire de l'écume j s'appelle moulfer. Il faut que le
chocolat mou(Jé beaucoup, c'eft-à-dire, flrlfe de
l'écume, étant battu & remué. La meilleure bière
eft celle qui fait beaucoup d'écume j qui moullc
beaucoup.
Le vent avec fureur dans les voiles frémit.
La mer blanchit d'écumQ , & l'air au loin gémit.
BoiL.
Ce mot vient du Lann fpuma. M en.
Ecume , fe dit audl des impuretés qui s'élèvent fut la
furface du corps liquide bouillant, par le moyen du
mouvement que leur donne la chaleur. Il faut ôter
\'écumed\i pot , quand il commence à bouillir. Le
fucre jette beaucoup d'écume. On lève Yécume des
firops & des confitures.
Écume , fe dit aufti de la b.ave de quelques animaux ,
quand ils font échauffés. Ce n'eft autre chofe que la
falive fortement expt imée des glandes deftinées à la
filtrer , dans laquelle l'air forme quantité de petites
bulles. Quand cet homme eft en colère , \'ccume\-M
fort de la bouche. C'eft un bon figne .à un cheval,
quand fon mors eft toujours plein dîécume. Frena
jerpx fpumantia maniit.
UCT Écume, fe dit aulîi de la fueur qui s'amaflTe fur
le corps du cheval. Cheval tout couvert èiécume.
L'Ecume de mer eft une compofition qu'on trouve
autour des plantés qui croilfent dans la mer. Il s'en
trouve auOi dans les marais falés , auprès des rofeaux
& des autres arbres. On appelle l'écume de mcr^, al-
cyonium, parce que les oifeaux nommés alcyons font
leur nid fur l'amas de cette écume qui flotte fur la
mer. Selon Diofcoride, il y en a de cinq fortes \ une
qui eft verte , pefante, reltemblante à une éponge ,
âpre au goût & d'odeur de poiffon , une autre
qui elt auflî femblable à une éponge , mais
caverneufe & légère , approchant de Todeur
de la moufTe de mer, dite alga : la troillème eft
faite comme de petits vers ; mais elle eft plus rouge
que les auttes ; c'eft celle qu'oii appelle alcyomum
Mylejianum ; la quatrième refTemble à la laine; mais
ECU
elle eft fort légère, elle a plufieurs cavités 5 & la cin-
quième eft f.iite en façon de champignons, & n'a
aucune odeur.
Ceux qui pèchent , ou qui fe baignent dans la
mer ( des Antill.s) font quelquefois accueillis d'une
certaine écume qui flotte au gré du vfent, comme
une petite veflîe couleur de pourpre j de différente
figure j 6C agréable à voir : mais, à quelque partie
du corps qu'elle s'attache, elle y caufe en un inltant
unt; trcs-ieniible douljur , qui eft brillante & pi-
quante. Le remède le plus prompt pour l'appaifer ,
eft de frotter la partie oftenfée avec de l'huile de
noix d'Acajou , mêlée avec un peu de bonne eau de-
vie. De Poincy , HijL Nat. dts Ant. C. XXIV.
Art. S.
IJCT Ecumes printanières. On donne ce nom dans les
campagnes à ce qu'on appelle plus communément
chevelure de Vénus. C tft une efpèce de fil blanc
& long , que l'on voit , dans les temps chauds , vol-
tiger au gré des vents , & s'attacher aux branches
d'aibres. Quelques exhalaifons grollières compo-
lent, en fe réuniifant, ces fortes de filamens.
\J écume d'argent, n'eft autre chofe que la litharge
d'argent. Foye-/;^ LITI-I'ARGE.
L écume de plomb eft une fumée que jette le plomb,
quand on verie de l'eau froide delTus, lorfqu'il e(î
fondu &: encore chaud. On la recueille fur une pla-
tine de fer. Diofcoride dit qu'elle elt fort maflive ,
jaunâtre , & luilante comme verre , mal-aifée à
rompre, & qu'elle reffemble fouvent à de l'émail
varié de différentes lignes & couleurs.
Les Ouvriers appellent aulîi mâchefer^ l'écume
de fer. Ecume de iel & de nitre- Voye^i SEL SC
NITRE.
Écume, f. f. Terme de Bonneteur. Dé dont on a
abatu les côtés d'un des plans , &c qui par-là ne peut
prefque plus s'arrêter fur ce côté-là , parce que le
milieu eft un peu élevé, & comme un peu arrondi,
l'ejjera luforia ex unâ parte tantifper rotundata. Ce
Bonneteur enleva les bons dés, & fubftitua adroite-
ment des écumes.
ÉCLT'vIÉNIQUE. Quelques modernes écrivent ainfi.
Foye^^ ŒCUMÉNIQUE.
ÉCUMER. V. n. Jetet de l'écume. Spumare. Le vin ,
la bière, & tout autre liqueur qui fermente , écume.
Le pot a écume toi\t feul , c'eft-à-dire , il n'y aper-
fonne qui ait eu foin d'en tirer l'écume. Le miel
eV«we beaucoup. On dit, d'un homme fort en colère,
il écume comme un verrat. La met écum.e quand
elle eft agitce.
Écumer , eft aulîi aébif , & fignifie , généralement ,
ôter l'écume de ce qui bout fur le feu ; les impure-
tés qui fe font féparées pat l'ébullition , & qui font
repoullées vers la furface d'un liquide. Defpumaie ,
exfpumare , fpumam excernere. Ecumer le pot, des
confitures , un firop.
On dit , figurément Sc familièrement , d'un
parafite , d'un écornifleur , qu'il va écumer les mar-
mites.
Écumer, en terme de Fauconnerie, fe dit quand
l'oifeau palIe fur le leurre, ou fur la proie fans s'ar-
rêter. Ecumer la remife , c'eft quand il pafte fur la
perdrix, qu'il a poufTce dans le builTtin. Il fe dit aufli
quand l'oifeau épie le gibier que les chiens lèvent
pour courir defTus.
Écumer , Terme de Marine j fignifie pirater, volet
fur la mer. Faclitare piraticam , latroclnlum mariti-
mum exerccre. Les Corfaires d'Alger vont écumer
les mers du Ponant , du Levant. Les Corfiires ne
ceffoient d'écumertomes les côtes , & de faire mille
ravages. Vaug. Foy. PIRATER.
Écumer , fe trouve, en quelques Auteurs , dans une
fignihcation aétive ; pour dire exhaler , faij'e écla-
ter. Malherbe s'en eft fervi : Racan a dit ^ les flots
en écumant leur rage. Et Mainard , le Pô écume fa
fureur. Ces exemples ne font pas à imiter.
Écumer , fe dit , figurément , en chofcs morales,
pour dire prendre le meilleur d'une affaire, extraire
ce qu'il y a de bon dans les livres, & fe l'appliquer ;
ECU
prendre ç'à iS: là ce qu'il y a de meilleur. Ecumer
un héritage \ écumer des nouvelles.
ÉcuMER. Terme de Boiiiiuceur. tcumer des dés, c'eft
abattre les côtes d'un des plans , enforte que le mi-
lien refte un peu élevé , &c que le dé ne demeure
que difficilement fur ce côté-là. TeJJera iuforU ja-
dem unam unâjper rocundare.
ÉcuMH, EE. part. & adj. tLxpuinatus ^ defpumatus .
EGUMEUR. f. m. Qui écume. Il n eft point d'ufage
au propre. On dit y au figuré , un Ecumeur de mar-
mites. Paraficus. Un Etu.ncur as mer. Pirata ^ ma-
ridmus pr&do. Un hiumcur de mer eft pendu, s'il eft
pris, y oy. PIRATE. M. Ménage appelle Ecumeur s
de Mercuriales, ceux qui alloient quelquefois chez
lui aux aif.-mbléts qui s'y tenoient le mercredi , pour
voir ce qui s'y tailoit
ÉCUMEUX , EusE. adj. Qui jette de l'écume, qui eft
plein d'écume. Spumajus^ jpumeus, fpumà diffluens.
Flots écumeu.x. Ce cheval a la bouche écumeufe. Ce
mot eft plus propre dans la Pocfie que dans la Profe.
Du Rhin fend les Jiois écumeux. BoiL.
Jamais du Thermodon le rivage écumeux
Ne vit tant de hauts Jaits. Mén.
Un ruijfeau d'une onde pure ,
Serpentant au milieu des prés ,
Plaît plus à nos yeux charmés
Cent fois que l'onde écumeufe
D'une rivière orguedUufc Rec. de Vers.
Le Tigre écumeux & bruyant. P. Le Moine.
ÉCUMOIRE. f. f. Uftenfile de cuifme qui fert à
écumer. CochUare eximend^ fp im& , fpumatorium.
C'eft une efpèce de cuillier percée de plufieurs pe-
tits trous. |Cr Plufieurs Ouvriers fe fervent d'un
uftenlîle A-peu-près feinblable, pour enlever les ma-
tières excrémentitielles qui furnagent les matières
en fufion , & celles qu'on f.iit bouillir.
ECURÉ , comme les iiainte-Marthe, dans le Gall.
Chrijl. r. IV. p. 357. ou ECUREY, comme or-
thographie M. Corneille dans fon Dictionnaire
Géographique , Nom de lieu. Efcureium. C'eft une
Abbaye de l'Ordre de Cîteaux, ïituée dans le Duché
de Bar, au Diocèfe de Toul , fur la rivière de Saux ,
à une demi-lieue de Monftiers, du côté du Nord,&
à quatre lieues au midi de Bar le-Duc. L'Abbaye
à'Ecuré fut fondée le 18 Septembre de l'an 1 144 ,
parGodelroy 111=. Baron de Joinville.
EcuRÉE. f f. Ou appelle à Amfterdam GuedafTe dou-
ble ecuréiy la meilleure gravelle qui vienne de Caf-
fube:ia moindre fe nomme limple ecaree. Voyelle
Dicl. du Commerce.
ÉCURER. v. a. Detergere j mundare. Nettoyer la
vailfelle, batterie de cuifme, & autres chofes de
cuivre d'étain ou de ter, avec de la lie , du grès ,
du fablon , des herbes , & autres chofes convena-
bles. On lave la vailfelle d'argent avec de l'eau de
fon j mais on Vecurc avec de la cendre de foin , &
non pas avec du grés ou du lablon.
EcuRER, fe dit aullî des puits que l'on e'cure , que l'on
nettoie avec la drague , & autres outils propres à
cela. Il faut cV«rer ce puir. L'Académie dit curer j
, & il paroît que c'eft l'ufage le plus général.
EcuRER le chardon. Terme de Manufacture de lai-
nage, qui lignifie retirer j ou ôter la bourre-lanilfe,
qui s'eft fourrée dans des bolfes du charbon vif,
dansletemps que l'Ouvrier Laineur, ou Eplaigneur
a laine l'étoffe fur la perche. Ce qui fe fait avec
l'écurette.
On dit, proverbialement & bairemenr , qu'il
faut aller à Pâques ecurer fon chaudron j pour dire
nettoyer fa confcience , aller à coiifelfe.
Ce mot vient à'cxcurare. Men. ou de exfcoriare j
c'cft-àdire, ejcorias auferre.
EcuRÉ, ée. part. & adj. Deterfus , purgarus , mundatus.
^fJ" ECURETTE. f. f. Sorte de grattoir dont fe fer-
ECU S7i
veht les Facteurs de mufettes pour gratter certains
endroits des chalumeaux & des bourdons. Encyc.
03" ÉcuRETTE. (Manufacture de lainage ) Foyex
ÉCURER.
ÉCUREUIL, f.m. Quelques-uns difentiBW/ea; mais
l'ufage le plus commun el't pour Ecureuil. Petit ani-
mal fauvage , quadrupède , qui eft fort léger , qui
faute fur les arbres de branche en branche , qui a
une longue queue garnie de grands poils j qu'il porte
recourbée fur le dos. On tient que c'eft une efpèce
de belette. Quelques-uns le mettent au rang des
rats, parce qu'il relfemble tout -à-fait à la fouris
Pontique. Sciurus. L'Ecureuil vit de pommes j de
châtaignes, de noix, de noifettes. Il eft d'ordi-
dinaire roux ; mais en Pologne il eft gris Se roux ;
en Rullie j de couleur de cendre ; & en Podolie il
y en a de diverfes couleurs : ceux de Laponie chan-
gent tous les ans de couleur, & de roux t^u'ils font
l'été J ils deviennent gris l'hiver. Il a la marte pour
ennemie. En quelques lieux on eftime tort la chair
d'Ecureuil pour manger.
Ecureuil de Hollande. L'on donne quelquefois ce
nom au petit animal plus ordinairement appelé petit
gris , qui fournit une forte de fourrure fort eftimée
chez les Pelletiers.
Ce mot vient as fcioriolus , êàminvLii^ ào fciurus ,
qui vient du Gï&crii.Uvfi>s^ compofé de h-kiu ^ umbrJL
& de ôuf*, cauda , parce que ce petit animal fe cou-
vre prelque tout entier de fa queue, pour fe garantit
desardeurs dufoleil : elle lui fert de voile, quand il
pailè quelque rivière fur une écorce. Guii.. Postel.
JONSTON.
ÉCUREUR de puits, f. m. Purgator, mundator. Ou-
vrier qui , avec un outil qu'il appelle drague, écure
les puits, les citernes,. & vide les lieux. On dit
plus communément Cureur de puits. L'Académie
même met le mot Cureur , &c ne met point celui
d"Ecureur.
ÉcuREUR , eft auflî cliez les Eplaigneurs celui qui avec
l'écurette ôte la bourre qui eft demeurée de la
croix, quand^-ona reparé le drap.
ÉCUREUSE. f. f. Femme qui écure la vaiftelle & la
batterie de cuifine. Une écureufe doit être forte ,
& avoir bon bras.
ÉCURIE, f. f. Logement des chevaux, ou bâtin^nt
en longueur au raiz-de-chaulfée, dont l'aire pour la
place des chevaux eft d'ordinaire féparée par des po-
teaux & des barres ; un peu élevée , & en pente. La
mangeoire & le râtelier en occupent la longueur.
Equile,equinum pr&fepe iflahulum. Les lieux où l'on
met des animaux ont des noms particuliers ; ils
s'appellent écuries^ quand ils fervent pour chevaux,
mulets , &c. érables , quand ils ne font que pour
des bœufs , vaches , moutons , cochons , ^rc. Se
chenils pour les chiens. La Quint. Les plus belles
écuries font voûtées. Une écurie fmple eft celle qui
n'a qu'un rang de chevaux. Une écurie double ell
éelle qui a deux rangs de chevaux , .avec 'un paftage
au milieu , ou avec deux palfages , les chevaux
étant tête à tête , & éclairés en croupe , comme la
petite écurie de Verfailles.
On comprend quelquefois, fous le nom à'ecurie,
les logemens des Ecuyers , P.rges , gens de livrées ,
&c. Chez le Roi il y a la grande & la petite Ecurie.
La petite-Ciwri*^ a été tirée de la grande: elles ne
fiifoient autrefois qu'une feule Ecurie. Dans la
grande Ecurie font les chevaux de guerre & de
manège; & dans la petite iTa^r/'e font les chevaux
defelle & de carolfe pour le Roi. Des Pages, des
Valets de pied de la grande, de la petite Ecurie. L'é-
curie de ce Seigneur eft bien garnie de chevaux.
Ce mot vient ds fcuriu, qui a fignifié autrefois
non-fjulement un lieu où on retire les animaux,
mais encore une grange où l'on bat le rrain. Men.
Ou bien du latin e^2^//e , par le changement de 1'/
en r.
Écurie , fignifié aufti l'équipage oui marche avec le
Roi. Les Ecuyers, les Pages , les gens de livrée >
les chevaux, les carrofTt-s.'&c. L'Ecurie marche en
J74 ECU
ce voyage. On a fait partir devant V Ecurie. Le Txî:-
[oxxtï d^V Ecurie paie la dépenle des Pages, des
gens de livrée-, des chevaux , mulets, carroires i:
charrois.
ÉCUi>SON. f. m. Terme de Blafon. Ecu chargé d'Ar-
moiries. Lawxulus , tel/era ^entilitijt. ,Jcucum minus.
Il ie dit particulièrement d'un petit écu , quand ou
-en charge un plus grand. Un écu[joii en abyme, qui
•eltleul au mUieu d'un Eca. Une croix cantonnée
de quatre ècuffons , &c. Lqs écujjons en Efpagne font
ronds par le bas , au lieu qu'en France ils fe terini-
«enc par une petite pointe.
L'un des Capets , pour honorer Jon nom ,
A de trois fleurs de Lis doréfon écutron. Boit.
Éc JssoN , fe difoit autrefois d'une forte d'écu pointu
par en bas , diffétentde l'écu catré , que les Com-
; tes , les Vicomtes & les Barons pouvoient leuls por-
ter en guerre : ceux qui étoient d'un rang inférieur
. parmi la Noblelfe portoient Vécuffon.
\, Ce mot vient du Lziin Jiutum.
i: Les Ouvriers appellent aiilïî <.'cu//ù«j, ces platines
de fer ou d'autre métal , qui fervent à orner les
•heurtoirs des portes, les boutons, les entrées des
ferrures, &c.
JÉcussoN, en termes de Jardinage j eft une manière
dente fort commune aux Jardiniers. ScucuLa, em-
^ plaftruin. On ne tait guète que deux fortes d'ente,
en fente & en ecufon. Voye^ Ecussonner. A pro-
prement parler , l'écujjon n'eft point la manière
d'ente, mais c'eft un oeil levé de dsfTus une bran-
che de l'année , à l'aide d'un petit couteau qu'on
appelle éculTonnoit. Cet œil fe lève en formant une
efpèce de triangle, au milieu duquel ell l'œil , &
<]ont la pointe ett toujours en bas ; ou bien cet
écujjon fe lève en coupant l'écorce tout autour de
l'œil en forme d'eci/^ 0/2, dont la pointe ell au-def-
(ous de l'œil j & la i.Ke au-delTus. Ce petit morceau
d'écorce que l'on fépare du bois , & au mUieu du-
quel eft l'œil , ait ce qu'on appelle écu(fon , parce
qu'il en a la forme. Greffer en écujfon. Cqz e'cujjon
eft repris. Liger. Foye-^ Greffe.
EcussoN , en termes de Médecine , fe dit des fachets
piqués où l'on enferme pluiieurs poudres , & remè-
des, mêlés avec du coton entre deux toiles , ou taf-
fetas , qui repréfentent un écujfon , alfez grand pour
couvru l'eftomac fur lequel on les applique. £'«-
plajlrum fcutellacum. Quelquefois on appelle écuf-
jons , des emplâtres ftomachiques étendues fur une
peau de chevreau couverte d'un taffetas façonné en
écujjon.
ECUSSONNER. V. a. Greffer en écuffon. Inoculare ,
inferere. C'eff une opération par laquelle on fubfti-
tue les branches d'une arbre à celles qui font natu-
relles à un autre. Voye\ Greffe & Greffer.
ÉcussoNNF. , ÉE. part.
ÉCUSSONNOIR. f. m. Terme de Jardinier. Petit
couteau pointu , qui a au bout de fon manche une
efpèce de fpatule, dont on fe fert pour l'opération
de la greffe en écuffon. Cultcllus fcutuU inferend.i
ia'o,'2e.75. Il a pris fon nom de fon ufage. CuUeilus
inocuLitorius j Cultellus ad infidonem fcutuU compa-
ratus.
ÉCUYER. f. m. Titre qui marque aujourd'hui la
qualité de funple Gentilhomme , & qui eft au-
deffous de Chevalier. Eques , nohilis fcutarius ,/iu-
tifer. On a fait la recherche des Nobles , & on a
fait des taxes fur ceux qui avoient ufurpé la qua-
lité ^Ecuyer. On appeloit aulfi autrefois Ecuyers ,
les jeunes Seigneuts qui n'étoient pas encore faits
Chevaliers. On prétend qu'anciennement la qiiali-
té de Noble n'étoit pas inférieure à celle à' Ecuyer ,
Liquelle n'a prévalu que depuis quelques fiècles.
L'Ordonnance de Blois à l'année 1579. eft la pre-
mière qui ait fait mention de la qualité à'Ecuyer
comme d'un titrede Nobleffe.
Pafquier prétend néanmoins dans (es Recherches,
L. IL C. 15. que le titre à' Ecuyer sÇi très-ancien j
ECU
que, dès le temps de la décadence de l'Empire Ro-
main il y eut deux fortes de gens de guene , dont
les uns furent appelés Gentils , & les auttes Ecuyers.
Ammien Aiarceliin, L. XIV. C. 7. & L. XVI. C.
4. en parle comme de gens que l'on craignoit , &
que l'on regardoit comme invincibles \ & Julien
1 Apoftat faiioit grand cas de ces troupes , pendant
qu'il fut dans les Gaules. Dans la iuite les Gaulois ,
ou peut-être feulement les François , ayant vu que
les plus braves des ttoupes P<.omaines s'apptloient
Gentils & Ecuyers , Gentilcs &: Scutarii, donnè-
rent aufti ces deux noms aux plus braves de leurs
armées.
Ce mot vient du 'Laûn fcutum , ou àz fcutarius ,
fluciger , oiij'cutijer , à caufe que les Eeuyers por-
toient l'écu des Chevaliers dans les behours &
tournois.
EeuYER , étoit auflîj anciennementj le Gentilhomme
fetvant d'un Chevalier , qui l'accompagnoit à l'ar-
mte & en toutes fes entrepriles ; celui qui portoit
fon bouclier jy?ur/<772 _, d'où s'eft L\n fcutij er ., qui
eft le nom Latin de cet Officier , d'où le nom Fran-
çois s'eft formé par corruption. On l'appeloit auifi
Armiger, patce qu'il portoit non-leulement le bou-
clier , mais aufti les autres armes de fon Chevalier.
Aurefte, on prétend que ce nom vient nonfeule-
mcnt de fiutum , écu , bouclier j mais encore de
fcuria , écurie , parce que les Ecuyers avoient auffi
foin de l'écurie des Chevaliers. Tous les Héros de
Roman étoient toujours fuivis de leur Ecuyer.
Dom Quichote même avoir Sancho Panfa pour fon
Ecuyer.
Ce mot ne vient pas ^écu , fcutum , comme ont
cru quelques-uns , mais de equus ■ & ceux-ci s'ap-
peloient aiurefois Ecuyers , en Latin equifones , SC
avoient foin des écuries feulement.
Ecuyer , fe dit aulli de celui qui tient une Académie,
qui fait fort bien le manège , qui enleigne aux jeu-
nes Gentilshommes l'artde bien manier les chevaux
& de les dreffer. Equins. domiturdt, curator , ma-
gifter. On a mis ce jeune Seigneur chez un fort bou
E cuyer.
On dit auflî, d'un homme qui fe tient bien à che-
val & de bonne grâce ^que c'eft un bon Ecuyer. Pé-
ri tus equitandi.
ÉcuYiR. , fe dit auffi de ceux qui ont le foin , le gou-
vernement des chevaux du lloi , d'un Prince, ow-
buli Magifter. Chez le Roi , le Grand Ecuyer, qu'on
nomme abfolument Monfieur le Grand , polfède
une des premières charges de la Couronne. Cette
charge eft un démembrement de celle de Conné-
table, Cornes Jlabuli , qui avoit la Surintendance
des Ecuries du Roi : ce qui paroît ^ en ce qu'il por-
te, comme lui , deux épées à côté de l'Ecu de fes
Atmes, avec cette différence, que celles du Con-
nérable font nues , & celles du Grand Ecuyer dans
un fourreau de velours femé de fleurs de lys avec la
ceinrure autour. Il n'eft point fait mention du Grand
Ecuyer avant Charles VII. Il y avoit feulement des
Grands Maîtres de l'Ecurie dès le temps de Phi-
lippe le Long en ijio. Il prête ferment de fidélité
au Roi , &: tous les Officiers des Ecuries le prêtent
entre fes mains. Sa charge lui donne le pouvoir de
difpofer des charges vacantes de la grande & de la
perite Ecurie , & de tous les offices qui en dépen-
dent. Il ordonne des fonds deftinés pour la dépenfe
de la grande Ecurie, & de toutes les livrées de la
grande &c de la petite Ecutie. Les poftes & les relais
appartenoient autrefois au Grand Ecuyer , & n'en
ont été démembrés que du temps de Henri IV. Aux
premières enttées que fait le Roi dans les villes du
Royaume , ou les villes conquifes , le Grand Ecuyer
marche immédiatement devant le Roi , portant
l'épée Rovile dans le fourreau. Il ta porte aulli aux
pompes funèbres des Rois. Après la mort du Roi ,
les chevaux & les harnois de TEcuiie lui appar-
tiennent.
Premier /Tfi/yerde la grande Ecurie.U commande
à la grande ^curie en l'abfençe du Çrand Ecuyer ^
1
ECU EDA
* entre les mains duquel il prcte ferment de fidélité.
Il n'ell appelé lur i'Etac qu'iif«>er ordinuire de la
grande Ecurie.
Le premier Ecuyer , qu'on appelle abfoUiment
Monjieur le premier , ell celui qui commande à la
petite Ecurie & aux Pages du Roi qui y lonc. Il
prête ferment ds fidélité entre les mains du Roi.
Cette charge n'efl: pas aulii ancienne que celle de
Grand î^cuj er.l\ a fous lui des ncuyers de quartiers,
qui aident au Roi à monter à cheval. Chez les
Princes & Grands Seigneurs , il y a des Ecuyers qui
difpofenc de toute l'ecurie , & commandent à la
Jiviée.
Ecuyer Cavalcadour , chez le Roi & les Princes ,
eft celui qui commande l'écurie des chevau.xfervans
à leur perlonne.
Ecuyer y eft celui qui, chez les Princefles Se gran-
des Dames , non-feulement commande leur écu-
rie j mais encore donne la main pour les me-
ner. L'Ecuyer de la Reine , île Madame , ôic. Et on
les appelle Ecuyers , ou Chevaliers d'honneur.
Ce mot s'eft étendu à tous ceux qui donnent la
main aux Dames , foit qu'ils foient leurs domefti-
ques , loit qu'ils foient leurs galans , foit qu'ils le
falfent par pure civilité. Cette partie étoit bien af-
fortie, chaque Dame avoit Ion /j'cayer.
Ecuyer , fe dit aulli de quelques Ôfticiers particu-
liers. Un Ecuyer tranchant , eft celui qui eft occupé
chez les Princes à dépecer , à fervir les viandes.
Seclor mcnfarius., fcindendi opfonii Magijter. Cette
charge n'eft plus guère en ufager, maison appelle
encore Ecuyer tranchant, celui d'une compagnie
qui dépèce .adroitement les viandes qu'il /ett. Les
Allemans fe piquent fort d'être bons Ecuyers tran-
chans : ils ont des ALiîtres exprès pour leur appren-
dre cet art.
Ce mot fe dit peut être en ce fens par corruption
^Ecayer , qu'on appeloit en Latin feclores efcarii ,
ou menfarii j ce qui vient àc ejca j c'eft-à dire ,
viande : la relfemblance des mots les a fait confon-
dre. VEcuyer tranchant s'eft appelé Dapijer \ &i
non-feulement les Princes , mais les particuliers
même en avoient. Voy. Dapifer.
Grand Ecuyer tranchant , ou Archiécuyer tran-
chant de l'Empire. P^oye^ Archidapifer , dans
Dapifer.
- Ecuyer-bouche. C'eft un Officier qui range les
plats fur la table de l'office , avant que de les fer-
vir au Roi , & qui donne deux elfais au Maîtres
d'Hôtel.
Ecuyer de Cuijlne y eft celui qui commande à la
cuifine du Roi , qui fait faire la délivrance des
viandes qu'on fert chez le Roi. Ce nom s'eft étendu
à prefque tous les autres Cuifiniers des Grands Sei-
gneurs.
ÉcuYERj en termes de Vénerie ^ fignifie un jeune
cerf, accompagnant & fuivaiic un vieux cerf. Cer-
vus ajf'ecîator , ajfecla.
Ecuyer, chez les Vignerons , fignifie un faux bour-
geon qui croîr au pied d'un fep de vigne ,J'uffraoo ^
palmes fuccrefcens y Oculus pojlerior. Ce mot s'ell
dit par métaphore du mot ecuyer , qui lignifie un
Gentilhomme du plus bas degré ; qui accompa
gne un Chevalier. Au refte cet ecuyer réullît quel-
quefois , & répare la perte du vrai bourgeon , en-
dommagé par la gelée , ou par quelque autre ac-
cident.
ECY.
ECYA. Foyei Ecua.
E D A.
ÈDA. Rivière de l'Arabie heureufe. Eda y Béiiius.
Elle coule dans les Etats du Chérif, ou Prince de
la Mecque , & fe décharge dans la mer rouge à
Zidden. On croit que l'Eda eft le Bstius des An-
ciens.
ÉDA^Lfi/ûTOw/Tz, Ville des Provinces-Unies des Pays-
E D B E D Ë J7J
Bas. Edam eft fitué dans la Nord-Hollande fur le
Zuiderzee , où li a un bon port, à t>ois ou quarte
lieues dAmfterdam , du côte du nord. Ldam a
féance aux Etats de Hollande. Maty. Edam eft cé-
lèbre par fes bons riomages , & par la quantité de
vailfeaux qu'on y conltruit. Id. Un raconte qu en
1430.1a mer j dans une grande tempère ,. ayant rom-
pu ks digues, jeta dans les prairies à^tdam une
femme marine , qui fut menée à Harlem , tSi qui
apprit à filer, tk. le fit à nos alimens. Elle vécue
quelques années, ayant toujours un inftintt qui la
conduifoit vers 1 eau.
Le pays à Edam , qu'on appelle en Hollandois
Landvam-Edam , Regeo Edami , eft une contrée de
là Groenlande , fituée au yô'^ degré de latitude fep-
tenrrionale. Les Hollandois le découvrirent l'an
i<î5 5 , & lui donnèrent ce nom, en mémoire de la
ville <^Edam.
E D B.
EDBERT. f. m. Nom d'homme. Eadbertus. S. Edherd^
qu'on écrit en Anglois izadoert , fut élu Evêque de
Lindisfarne en Angleterre , l'an 688. & fut luccef-
feur de Cutberr, mort l'année précédente. S. ndbert
mourut lui-même le fixième de Mai de l'an 710.
Henjchenius y Aci. Sanct. AlaiijT. II. p. i oj. o' iQis.
E D D,
EDDA. f. f. VEdda, citée fi fouventpar les Ecrivains
des Antiquités du Nord, eft un Recuevl de la My-
thologie ieptentrionale ; c'eft bien plus une Pocfie
qu'une Hiftoire. Chaque chapitre eft une chanion
en vers de plulieursdiftérentesmefures. Le premier
chapitre contient les prédidions de la Sibylle. Les
autres roulent furOdin, la m.agie , &c les géans.
La compilation de ÏEdda a été faite en partie par
SemondFrodé, né eniflandeen 1057. plus ancien
de près de cent ans que Saxon le Grammairien. Vît
autre Reciieil de l'Edda a eu pour Auteur Snorro né
en 1 179. fils de Sturla , ce qui le fait nommer fou-
vent Sturhïfonius par les Auteurs qui le citent. C'é-
toit un favant Jurifconfulte, qui a tianfmis à la
poftérité l'Edda y après l'avoir abrégée. Le Prologue
de l'Edda , auquel cet abréviateur a donné une
forme hiftotique, eft rempli d'anachronifmes , Sc
direâemenr contraire à tout ce qu'on lit dans les
bons Auteurs Grecs & Latins , fur Sarurne, Jupiter,
lesTroyens. C'eft dans l'Edda que les Scaldes ont
puifé ; & une partie de VEdaa porte même le nom
de Scalde , ou d'Art Poétique.
Il y avoir eu une Edda plus ancienne & beaucoup
plus ample , compofée par ces Afiatiques mêmes ,
qui avoient fuivi Odin dans la Scandinavie \ car
l'Edda qui refte eft infuffifante pour expliquer plu-
fieurs traits de cette Mythologie, & pour rendre rai-
fon des différens noms que les avenrures d'Odin lui
avoient fait donner. Le fcuvenir de cette Edda plus
ancienne & plus étendue, confirme qu'Odin & fes
Afiatiques font tout ce qu'il y a de plus reculé dans
les Antiquités feprentrionales j &i que leur com-
mencement ne remonte pas au-delà. En effet , c'eft
feulement depuis Pompée , temps que l'Edda &:
les Chroniques ont fixé pour celui de la migration
d'Odin & des premiers habitans dans la Scandina-
vie , que l'on commence à trouver quelque men-
tion de ce pays dans les Anciens. De S. Aubin , An-
tiq. de la Nat. & de la Mon. Franc.p,jp2. & fulv.
EDE.
ÉDELAY. Petite ville de Syrie , à peu àé diftance
d'Alep.
ÉDÉM A. Nom d'une ville de la Terre-Sainte. Edema.
Les Septante la nomment Arniairh , &• Ziégler ,
Adamuch. Elle croit dans la Tribu de Nephtali./^oy.
leLivredeJofuéXIX. 3^;.
ÉDÉME. f. m. Nom d'homme. Edemus. C'étoit un
citoyen de Cyinhos , que fes compatriotes adoré-
r>
570
ED E
renc comme un Dieu après fa mort j aind que le
témoigne Clément d Alexandrie dans Ion Exhor-
tation aux Nations.
ÉDEN. f. m. Nom de lieu, dont il eft fait mention
dans l'Ecriture. Eden. Le pays d'Eden etl: l'endroit
où étoit le Paradis terreftre ; d'où vient qu'on l'ap-
pelle le Jardin dïEden.^LQS Septante dilent aiiiii
Edcm , mais il faut dire Eden ■ car ce lieu vient
de l'Hébreu I3j; j Eden , qui fignifie , délices. Ue-là
v.ent que les beptante , & S. Jérôme dans la Vul-
gate j prennent quelquefois ce nom pour un appel
iatif , & non pas pour un nom propre. S. Jérôme ,
par exemple j traduit Paradljus voluptads j Gen.
IL 8. Lccus voLuptdcis ,Ib. 10. mais ailleurs. S. Jé-
rôme lui-même en fait un nom propre , comme
fren. IV. 16. où il dit , conformément à l'Hébreu
& aux Septante , que Gain , rejeté de Dieu , ha-
bita à l'orient d'£^e«. Les Septante en font aufli
un nom de lieu , Gen. II. S. lors même que les Sep-
tante , ou S. Jérôme , traduifent par un nom ap
pellatif ^p''?*' , ou volupus , ce n'eft pas qu'ils ne
prennent le nom à'Eden pour un nom propre, mais
ils veulent faire fentir en Latin , ou en Grec , ce que
fignifie ce nom , &c ce qu'étoit le lieu auquel on
l'avoit donné j comme le nom Hébreu le faifoit
connoître j car tout le monde convient que ce lieu
fut appelé i:'i/c;« ; c'elV à-dire, délices, parce que
c'écùit un lieu délicieux & tres-agréable. De plus ,
tous les Pères de l'Eglife , Grecs & Latins , comme
Ta remarqué le favant M. Huetj tous les interprè-
tes de l'Ecriture , anciens Se modernes j & tous les
Orientaux , demeurent d'accord qu Eden eft un
nom local j tiré de la beauté du lieu ; comme Plu-
cenda chez les Latins , Callicorus &c Callicolona ,
chez les Grecs j Bcauveau j Beaumanolr j Beaumé-
nil , parmi nous,- Hypfa y Enna ^ Jalyfus , &c les
champs Elifées , ainîî nommés par les Phéniciens j
Belvédère chez les Italiens, &c. Le texte Hébreu
montre encore qaEden eft un nom de lieu ; car U
porte , Gen. II. b'. que Dieu planta un jardin M'JJ
dans Eden : la prcpoiition exprimée par la lettre ^
déligne clairement , fuivant fon principal &c plus
naturel ufage, la ficuation du jardin dans Eden. Ow
tre cela , Gen. II. 10. il eft dit , Et un fleuve fanon
Uya J à'Eden ; & Gen. IF. 1 6. Cain sarùt^
dans le pays de Nod., 13yjTJ3p , iî Varient d'tden.
Si EdenitoM feulement un nom appell.itif , & non'
pas un nom propre , il n'eût pu être mis feul , com-
me il l'eft en ces endroits, il eut fallu dire. Un
fleuve fortuit du pays de la volupté , Cc'ii s arrêta à
I orient de la Région de volupté j & non pas fortoit
de la volupté \ s'arrêta à l'orient de la volupté. Enfin
Eden eft le nom de plulîeurs autres lieux , comme
nous le dirons ci-aprés.
On convient donc allez de la lignification de ce
mot , & de fa qualité ; mais on ne convient pas
de même de la fituation du pays d'iTJtJ/z. Sans rap-
porter ici toutes les opinions qu'on a publiées lur
cela, & dont quelques-unes mêmes lont extrava-
gantes , celles qui font piusraifonnables s'accordent
à le placer en général dans l'Afie. Durefteiiy atrois
ou quatre fentimens qui ont eu plus de cours. Le
premier met le Paradis Terreftre dans la Terre-
Sainte , habitée dans la fuite des temps par les
Ifraëlites. Un autre le place à Dam.as , ou vers Da-
mas, dans la Syrie. Ces deux fentimens font (1 peu
foutenablis , que nous ne nous arrêterons point à
les expliquer davantage. D'autres croient q\iEdcn
étoit la partie de la Méfopotamie la plus méridio-
nale , en tirant vers le conl-luent de l'Euphrate & du
Tigre. Vantil a expliqué & foutenu ce fentimerit j
dans un ouvrage imprimé en Hollande.
Hopkinfon , dans une DilTertarion fur ce fujet ,
place le pavs àEden au-delfous du confluent du
Tigre & de l'Euphrate j à l'occident de ces deux
fleuves joints enfemble. Voici comment il conçoit
lachofe. Quand l'Euphrate, en coulant du norcl au
midi , eft parvenu aux montagnes de la Chaldée
verslesj'degcé de lacitude,il rebraulTe couc-à-
E D E
coup chemin , & remonte du midi au nord ^cS-'
qu'au J 5*= degré de latitude. La il tourne à l'Orient ^
mais à peine a-t il commencé fa courfe de ce côté-
là, qu'il leiépareen deux branches. L'une prend
fou cours au midi , & va fe jeter dans le golfe
Perfique : c'elt là cet ancien lit de l'Euphrate dont
Pime parle, L. VI. C. 16. Se que les chaldéens ,
dit-il , avoient enfin tan , à force d'en détourner les
eaux pour arrofer leurs campagnes : c'eft le Géon ,
Itlon Hopkinfon ; car ce nom , qui vient de mj ,
exzre , educere , marque un lleuve que l'on dctour-
noit, & que l'on répandoit en dirtcrens endroits
par les faignées que l'on y laifoit. L'autre branche
de 1 Euphrate continue encore quelque temps fon
ciiemin à l'orient , après quoi elle fe fépare encore
en djux , dont l'une court encore au midi , & va fe
joindre au Tigre vers le 34'' degré de latitude \
c'eft l'Euphrate ; c'eft far cette branche qu'étoit Ba-
bylone : fautre, allant toujours à l'orient , rencon-
tre après quelques lieues le Tigre , auquel elle fe
mêle J & dont elle prenoit le nom. A quelques
lieues de cette réunion , le Tigre jette une branche
qui va fe joindre à l'Euphrate , un peuau-deflTus de
lendroit où il entre dans le Tigre. Cette btanche
étoit le Phifon. Selon Hopkinfon , c'eft le pays que
renlerment & qu'arrofent ces quatre fleuves, que
Lon appela i:'^e« \ Se c'eft dans la partie orientale ,
c'eft-à-dire, furie bord du Tigre , & dans l'Ifle
qu'il faifoit avec le Phifon , qu'étoit le Paradis ter-
reftre.
La dernière opinion que nous avons à rapporter ,
eft celle de Bochart , Se de 1 illuftre M. Huet , qui
placent le pays àEden plus bas que ne lait Hopkin-
lon J lur les bords du fleuve que lorment l'Eupluate
Se le Tigre joints enfemble \ car , félon la table qu'en
a donnée M. Huet dans fon 1 laité de lajituation c'u
Paradis Terreftre , le Tigre Se l'Euphrate , après
s'être joints enfemble à la hauteur environ du 54^
degré de latitude Se quelques minutes , ne font
plus qu'un feul fleuve , que l'on appeloit autrefois
le Pajitigris, Se qu'on nomme aujourd'hui Schat-il-
Arah , c'eft-à-dire , le fleuve des Arabes. Us rou-
lenr ainii réunis dans un même lit jufqu'environ le
31*^ degré de latitude J où ils fourchent j Se vont
le dégorger dans le golre Perlîque. C'eft lur le fleu-
ve des Arabes j entre le 3 i & le 34*^ degré de lati-
tude, (ju'ils mettent le pays à'Eden , au milieu du-
quel ce fleuve palfe \ Se ce fleuve eft celui dont l'E-
criture dit qu'il fort du pays d Eden, Se que hors de
là il le divile en quatre branches : ces quatre bran-
ches font deux audeifus à'Eden j & deux au dcf-
fous; deux au-delfus , qui font l'Euphrate Se le
Tigre avant leur jonétion ; deux au delfous , qui
fjut tes deux branches par lefquelles le Schat-el-
Arab , ou fleuve des Arabes, le décharge dans le
golte Perfique. Celle qui eft à l'orient eft le Gchon,
Se celle de l'occident eft le Phifon. Calvin j Scali-
ger , les Doéteurs de Louvain j Se plulîeurs autres
'après eux jqui ont fuivi les premiers ce fentiment,
confondoient mal- à-propos ces fleuves, ^rprenoienc
la bouche orientale du Schat-el-Arab pour le Phi-
fon , & l'occidentale pour le Géhon. Bochart Se
M. Huet ont corrigé cette erreur , & expliqué ce
fentiment ,de forte qu'il lÏQn. eft aucun qui paroillè
auflî probable.
Les preuves qu'il y avoir un Eden à l'endroit que
ces Auteurs marquent , font tirées du quatrième li-
vre des Rois XIX. 1 1. d'Haïe XXXVII. 1 1. où il eft
parlé des enfansd'iï't/e// qui étoient en Thalaflar ,
c'eft-à-dire J Talacha , ville de Babylonie , que
Ptolomée place fur le canal commun du Tigre Se
de l'Euphrate : quand le Géographe Etienne a parlé
d'une ville d'Adana fituée fur l'Euphrate.on ne peut
pref lue douter , dit M. Huet , qu'il n'ait entendu
quelque réduit des habitans du pays à'Eden qui en
aura tiré fon nom. Quand Ezéchiel XXVII. 13.
fait le dénombrement des peuples avec qui la ville
de Tyr trafiquoit 3 il met enfemble Ilaran , Sc
Chenc Se Eden. Huèt , Truite du Puradis lerr. C.
les
EDE _
Le pays èi^Edcn s'éreiidoic au-dellous , & peut-
ècre mcme au-deirusde la jonction du Tigre & de
l'Etiplirate, oc occupoic une bonne partie' de cette
graiîJe région y qiu depuis a été appelée la Babyio-
nie. HuET. Les Nclloiieiis ont encore donné le nom
^Edcn à rifl* nommée Gc^alr , c'cll-àdire , Vljlc
par excellence. C'eil celle qui eil immédiatement
au-de(îus de la jonélion du Tigre & de lEuphratej
& ils l'ont ainfi nommée , loit à caule de Ion amé-
nité, fbiipar la connoillance qu'ils avoient que la
Province d'iit/«/2 étoit dans ce pays j &C s'étendoit
jufqu'à cette Kle. Huht. I^arad. cerre/L C. 17.
£d£n eft encore le nom de plutieurs autres lieux. Tel
étoit celui dont parle le Prophète Amos , 1. 5.
bi^ différent & bien éloigné de celui de Moyfe.
C'ctoir une belle vallée de iyrie , firuée entre le Li-
ban &: l'Annliban , dont Damas étoit la capitale.
Cette vallée mérita le nom ^Hden , ou plutôt de
Beth-Edcn , c'eft-à-dire _, Maijhn de délices , à cau-
ie de fa fertilité i'c de Ion aménité. C'elt ce qui a
fait croire à quelques-uns que c'étoit là qu'il falloit
chercher le Paradis terreilre. Ho et. Telle ctolt Ada-
lia , ville de Cilicie , ainli nommée pour la bonté de
fon terroir , & la beauté de fi fituation. lo. f^oyc:;
Edkna. Tel eil encore le village d'-dc/i près de Tri-
poli de Syrie , fur le chemin Ja Liban , où quel-
ques-uns ont placé le Paradis terrelhe j & tel eiï
enlin ce port célèbre , nommé Adana , ou Aden ,
fî fréquenté depuis plufieurs ficelés , pour avoir é:c
le lieu le plus délicieux d'une région nès-délicieu-
fe .' je veux dire , de l'Arabie heureuie, renlermanr
en foi toutes les beautés de cette contrée. Muet.
F'oye:^ Aden. Outre cette Adana , il y en avoit en-
core une autre méditerranée dans le même pays ,
portant le même nom , i\: pour la même caute. Il
ne faut donc pas s'étonner li les Arabes , habitans
de cette contrée , ont cru que le Paradis étoit chez
eux.
Eden , Rivière de l'Angleterre Septentrionale. Ituna.
Cambden écrit Edcn dans fes Cartes , & Eïden
dans fon difcours. UEden, félon cet Auteur j prend
fa fource dans la Province d'York , aux contins de
celle de Wellmorland : félon Maty &c d'autres , fa
fource eft dans le Weftmorland. Quoi qu'il en foit,
il parcourt cette Province j entre dans le Cumber-
land à lendroit 011 il reçoit l'Eimot j &, après
avoir baigné Carlile j va fe jeter dans le golte de
Solv/ay , qui ell" aux confins d'Ecolfe du coté du
couchant , Se que Cambden voudroic qu'on ap-
pelât le golfe d'Z:ie«, comme fait Ptolomée. /^oj'.
dans le Brkannia de Cambden la defcriprion du
Weftmorland ôc du Cumberland.
JÈD ENTER. V. a. Arracher j ou rompre les dents.
Ede-itiire. Il y a des Tyrans qui ont fait édcn'cr des
Martyrs, des criminels.il fe dit plus ordinairement
de tous les inftrumens qui ont des dents. Edenter
une roue , une fcie , un peigne.
Édenié , ÉE. paie. & adj. Celui qui a perdu toutes fes
dents, ou à qui on lésa arr.achées. Edentatus , eden-
tulus. Une vieille édentée.
On dit aulli qu'une roue , une fcie eft édentée j
qu'un peigne eft édenté , quand ils ont perdu quel-
qu'une de leurs dents.
EDER. Nom de lieu. Eder. Dans Jofué, XV. zi. Eder
eft une ville de la Tribu de Juda , fituée dans fa
partie méridionale , aux confins de l'Idumée. Les
Septante l'appellent Ara. Le P. Lubin prétend que
c'eft l'Hcted dont il eft parlé , Jof XII. 14. & que
les Septante appellent Ader. Il foutient encore que
c'eft la même chofe qu'Arad. Il y a des Auteurs qui
écrivent rîéder.
Eder , Rivicre d'Allemagne qui a fa fource dans le
Landgravi.it de Hefte , paffeà Vardeck & à Fri(l?.r ,
& fe déchu'^ie dans le Weler , à trois lieues au-def
fus de Calfcl , Maty. Âdrana j Adranus.
EDESSE. Nom ancien d'une ville célèbre d'Orient.
Edeffa. Strabon dit Edefe , comme l'a remarqué
HoflFman \ mais c'eft en parlant d'Edeffè de Macé-
doine , & non point de celle-ci , en q[uoi Hoftman
To^r.e 111.
EDE EDH J77
s'eft trompé. Procope nous. apprend quEdeffe fut ap-
pelée d'abord Antioche des Olrhocniens , Ancio-
cliLi Ojtho'cnorum , & Callirhoc , du nom d'une
fjntaine qui y étoit.^ Edejje ctoit une grande ville
Archiépifcopale , fituée fut le bord oriental de l'Eu-
phrate j ce qui tait qu'on la mer aulfi dans la Méfo-
potamie.Eile n'ctoit qu'à douze milles de Samolare.
il y a peu de villes auifi anciennes , fi l'on en croit
Ifidore , qui prétend qu'elle fut bàne par Nemrod.
ii/ej/è lut le liégedu Roi Abgare , (?c la patrie de
S. Ephrem. L'an 525. un tremblement de terre la
renverfa prclque toute entière \ l'Empereur Juftin
~ la répara , & en mémoire de ce bienfait elle fut
nommée Jullinopolis. Ede[Je n'étoit proprement
qu'une Toparchie,dont les Princes prenoient la qua-
lité des Rois , ^' leur nom le plus commun étoit ce-
loi d' A bgare.
Aujourd'hui EdeJJe eft une ville de Mtfopotamic,
dans le Diarbeck. Gyllius dit qu'elle s'appelle ovyi;.
Le Noir la nomme Rohas , RohajJ'e , ou Jloha.
D'autres difentque les Turcs l'appellent Ow?jf'//i2_,les
Syriens Ourk.iia j & les Arabes , Jiohi:i , Orrhot.ï-
quc. Ces trois derniers noms paroifient une corrup-
tion à'Ofrhocne. Elle n'eft point fur rEuphrate,niais
furleChabur, alfez éloignée même de l'Euphra-
te, entre Alep au couchant , ce Diarbeck au levant.
C'eft encore à prélent une jolie ville & aifez gran-
de 5 qui dépend du Turc , mais ce n'eft pas l'ancien-
ne Ede(Je , comme il paroît par (a fituation. Jac-
ques de Vitry a fait la defcripnon de la ville à'Edif-
Je , L. I. C. 31.
Quelques-uns doutent fi Edejfe n'eft point la Ra-
ges du Livre de Tobie. EdeJJe a frappé des médail-
les pour Augulte , Tibère , Adrien j Sévère , Cara-
calle, Macrin ^ Julia M.-îmnia:a , ê<. Gordien le fils,
furnommé le Pieuxj fon infcription eft eaezsaiqn.
Koye\ les Médailles Grecques de Vaillant.
Le Comté d'EnEssE. Petit Etat de laMéfopotamie
en Afie , dont Edelje étoit la Capitale, tdejjenus
Cûmuatus. A la première Croifade , Baudouin , frè-
re de Godefroi de Bouillon _, fe rendit maître du
Comté à'EdeJJe , dont les peuples , quoique foumis
aux Turcomans , étoient la plupart Chrétiens. Ver-
-iot:. Hiji. de Malt. L. L p. 40. Le Comté d'L'deif'e
comprenoit prelque toute la Méfoporamie , & s'é-
tendoir entre l'Euphrate Se le Tigre. Id. p. 6z.
Edesse. Ville de Macédoine. Edeffa. Strabon l'appelle
Edeje ^ mais il paroît que c'eft une faute deCopiftej
toutes les médailles de cette ville ayant pour inf-
cription Eûesseun, ou EAESSAiflN. Elle en a frappé
pour Marc- Aurèle, Caracalle j Macrin , Diadumé-
nien , Julia Mammxa , & Philippe le Père. J-^oy.
Vaillant , Numifm. Impp. à Pop. Grxcè loquentib.
paxuffa , où il attribue quelquefois dans fa Table la
même médaille à Edejje de Syrie , & à Edeffe de
Macédoine.
EDÉTAN , ANE. f m. & f. Edethnus. Ancien peu-
ple de l'Efpagne Tarraconoile. Leurs villes princi-
pales étoient Sagunte & Ségobrige. ,
EDETANIE. P.iys qu'habitoient les Edctans ; Edeta-
nia, dans Pline, L. V. C. j. VEdctanie étoit la par-
tie feptentrionale de ce qu'on nomme aujourd'hui
en Elpagne le Royaume de Valence.
EDH.
EDHÉMITE. f. m. Sorte d'Ermites Mahométans ,
ainfi nommés d'Ibrahim Edhem , leur fondateur.
Edhemita. Us fe nourrifientde pain d'orge, & jeû-
nent fouvent. Us ont un bonnet de laine entouré
d'un turban, & portent fur le cou un linge blanc
marqué de rouge. La plupart des Edhémites vivent
dans les déferts. Leurs Supérieurs néanmoins s'ap-
pliquent à l'étude pour fe rendre capables de prê-
cher. La plupart de leurs Monaftères font en Perfe,
& principalement dans la Province de Chorafan.
Vovex Ricaut de VEmpire Ottom.
EDMÎLINGLÎE , ou ÉDILING f. m- Nom ancien des
Nobles parmi les Saxons. EdhiluD^us. La Nation
Dddd
y^î lÉ D ï EDI
Saxohe , dît Nithard , Hijl. L. IF. eft divifée en j piédiciuions ; mais quelquefois le Sermon édifie , 5c
trois diftéiens Ordres , dont les noms font les Edhc-] l'exemple détruit. Vill.
liriguesj on Edi/ings , les Frelingues , ou Frilingi ,' §^ Edifier, ledit encore, au figuré, par oppofi-
& les Lazzes, ou Lazzi. Ces noms fignifient les i tien à détruire. Ainli l'on dit , d'un homme qui au-
NobleSjles gens libres, & les ferfs,ou eiclaves. 1 lieu d'établir la paix & l'ordre dans an lieu où il a
fens que nous avons dit, en fon lieu,que Damoiteaa
avoir été pris en France , & qu'il le trouve dans
Marculfe. Les Auglo-Saxons appeloient encore ^de-
iingues les Grands du Royaume, les Seigneurs , &c
«n général toute la Noblelfe. Foye:^ le Glojjar.
ArcliAol. de Spelman.
È D î.
ÉDIFLANT, ANTE. adj. Qui infpire de la piété , qui
eft de bon exemple, qui porte à la vertu par fa vie ,
ou par les difcours. Ketigiofus ,pius ad cxemplum. Il
n'y a rien que d'e.///zt;/7r dans toute fa conduite. Il
prêche d'une manière ttcs- édifiante.
ÉDIFICATEUR. f. m. Celui qui fait un édifice. ^^i-
ficator. On ne s'en fert guère dans le ftyle férieux.
Il en eft de ce terme , comme de plulieurs autres.
Ils font félon toute l'analogie, & félon le génie de la
langue j ils paroillent même nécelfaires pour expri-
mer certaines choies , qu'on ne peut exprimer au-
trement fans périphrafes , mais enfin ils ne font
point en ufage , & tant qu'ils n'y feront pas , &
qu'ils n'auront pas tait fortune , il ne faut point s'en
fervir férieufement.On peut tout au plus leshazarder
dans la converfation où le ton corrige tout j ou dans
un livre, en y mettant un correétif. Il en eft des ter-
mes nouveaux comme de la mode: On ne doit
être ni le premier à la prendre , ni le dernier à la
Quitter.
ÉDIFICATION, f. f. Adlion de bâtir, JEdificaûo ,
conftruclio. Il ne fe dit guère au propre qu'en par-
lant des Temples; & danscecas là même, le mot
de conftruélion eft le plus ufité. L'édification d'une
Eglifeeft d'une grande dépenfe.
Édification j fe dit , au figuré , des fentimens de
piété qui font infpirés par le bon exemple , ou par
les difcours de quelqu'un. Esemplum dignum laudt,
imitatione. Les mœurs de ce Prédicateur caufent
plus de fcandale que fes beaux Sermons n'appor-
tent èi édification. Toutes nos actions doivent ten-
dre à la gloire de Dieu, & à \' édification de notre
prochain.
ÉDIFICE, f. m. ^dificium. Bâtiment confidérable.
Le Louvre eft le plus bel édifice du monde. Quand
on bâtit fur le fable , tout Xédifice eft bientôt détruit.
Les Ediles de Rome avoienr foin des édifices pu-
blics. M. Ozanam femble prendre édifice &maifon
pour la même chofe. Il dit qu'un édifice ou maifon
eft un ouvrage d'architedture , compofé de murail- |
les , de chambres, déportes , de fenêtres , d'un toit,
de tout ce qui eft néceiraire pour le rendre habita-
ble, & fe mettre à couvert. Mais il me femble que
l'ufage a confacré ce mot à ne défigner qu'un mo-
numei t confidérable, une Eglife , un Palais j
un Hôtel- de -Ville , &c autres grands bâtimens
publics.
On le dit j figurément , des defleins & desentre-
prifes. Quand on fe met dans les affaires , il faur
avoir la faveur des Miniftres, finon V édifice eft bien-
tôt à bas.
ÉDIFIER. V. a. Bâtir des Temples , des Palais , & au-
tres Monumens publics. Aidificare. François I. le
plaifoit fort à édfiier. Il eft de peu d'ufage au pro-
pre , & l'on fe fert plutôt du mot de bâtir.
Édifier, fe dit , figurémenr , en Morale, & fignifie
porrer à la piété par de bons difcours , par de bons
exemples. Eexemplo prslucere ^ adpietatcm alUcere^
pietatis fenfum inficere ,ingcrei e. La le6i:ure de l'Ecri
ture Sainte e^{//t beaucoup les Fidèles. Ce Prédi
mériter l'upprobation des autres par la conduite ,
par les procédés. La conduite qu'il tient dans cette
affaire édifie tout le monde. Comprobatur ab omni-
bus. Je ne fuis pas trop édifi.é de ce que vous faites.
Édifié , ée. part. Il a les fignifications de fort
verbe.
On dit, dans le difcours familier , qu'un h^mme
eft bien édifié d'an autre , lorfqu'il eft bien content
de fes aélions , ou de fes difcours , qu'il en agit
honnêtement avec lui. On dit mal édifié, pour dire
, fcandalifé.
Edifié, ée. adj. Vieux mot. Certain , afturé. G/oJf.
fiur Alarot.
EDILBURGE. Foyc- AUBIERGE.
ÉDILE, f. m. Magiftrat chez les Romains , dont la
fondrion répondoir en quelque forte à celle de nos
Maires &c Echevins. JEddis. Les Edi'es avoient
l'intendance des édifices publics & particu-
liers , des bains j des aqueducs : ils avoient le loin
des chemins , de l'entretien des ponts & des chaul-
fées. Les poids & les mefures ctoient aulll de leur
reffort. Ils mettoient le prix aux vivies , & pre-
noient garde qu'on ne fit des exactions Au le peuple.
La recherche & la connoilfince des débauches &C
des diftolurions qui fe palloient dans les maifons
publiques , leur appartenoient ; ils avoient aulîi la
charge de revoir les Comédies; & c'étoit à eux à
donner les grands jeux au peuple à leurs dépens*
Toutes ces fonétions j qui rendirent l'Edilité li con-
fidérable , appartenoient d'abord aux Ediles du
peuple , édiles Plebeii j ou Minores. Il n'y en
avoir que deux. Ils furent créés dans la même an-
née que les Tribuns. Les Tribuns , accablés par la
multitude des affaires, demandèrent au Sénat des
Officiers fur qui ils pulfenr fe décharger des affaires
de moindre importance •, & on créa deux Ediles,
C'eft pourc]uoi on les élifoir tous les ans daas la mê-
me Alfemblée que les Tribuns. Mais ces Ediles
Plébéiens ayant rehifé , dans une occafion célèbre,
de donner de grands jeux , parce qu'ils n'en pou-
voienr foutenir la dépenfe , les Patriciens offrirent
de les donner j pourvu cju'on leur accordâr les hon-
neurs de l'Edilité. On créa ddnc , en l'an 388 de
Rome , deux nouveaux Ediles , pris d'entre les Pa-
triciens. On les appela édiles Curules, ou Majo-
res J parce qu'ils avoient le droit de s'alleoir lur une
chaife curule j ornée d'ivoire , lorfqu'ils donnoient
audience ; aulieu que les Ediles Plébéiens n'étoient
affis que fur des bancs. Outre que les Ediles curules
partagètent toutes les fonctions avec les Ediles du
peuple , leut principal emploi étoir de fp.ire célébrer
les grands jeux Romains , & de donner des Comé-
dies & des Speélacles de gladiateurs au peuple.
Pour foulager ces quarres Ediles j Céfar créa les
Ediles qu'on appela Céréales , parce qu'ils furent
commis pour prendre foin des blés, qu'on appelle
dona Cereris ; car les Paiens honoroient Céiès com-
me la Déeffe qui préfide aux blés, &c lui attribuoient
l'invention de l'agriculture. Ces Ediles Cercûles fu-
rent auffi tirés de l'Ordre des Patriciens. Dans les
villes municipales , il y avoir aulli des Ediles avec
la même autorité que ceux de Rome. Voye\ Danet
dans fon Diclionnaire des Antiquités -^ ou plutôt
Vigenère fur Tite-Live, T. L page 605, 1379»
139^. ^
Ce mot vient de sdes ., parce qu'ils avoient foin
des Temples , & des maifons publiques & particu-
lières.
^ EDILING. Foye^ EDHILINGUE.
careur édifie autant par fa bonne vie, que par fesjEDILITÉ. f f. Charge, dignité des Ediles, ^dilltas,
EDI
Obtenir XEdïiué. C'ell; auflî le temps que duroit
cette Àlagiltrature. Pendant lou eidiu.
Édilité. r. h En termes (l'HilloueEccléhaftique, fe
dit pour Cuftodie. j¥.dititas , cujiodia. Kuy.C\JS-
TODIE. Celui qui poirédoit cet Office ne s appeioit
point ^■^d'dis , comme celui qui avoit l'idum Ko-
iTiainej mais ^dituus on Cujios.
EDIMBOURG, ou EDIN30URG ou EDENBOURG.
Ville capitale d'EcolFe. Edenburgus^ hdimùurgum ,
Hdinburguin. Anciennement Auca cajira _, & dans
Ptolomee ^Tf^rom^t» ■xrtpKTov, Les Ecolfois d Hibei-
nie, dit Cambùen j l'appellent Dun-taden, Hc Ion
nom ordinaiie ell izdeiworow. Ce nom j ajoute le
même Auteur, ell la même chofe en langage Saxo-
Britannique que YAlatd cj.jiriL des Anciens : car en
langage Britannique Ada'in fignihe ala , une aile ,
Se en Saxon È:jrg veut dire caitru.:n _, camp , château ,
Dun-eaden ell: aulli apparemmeni la même chofe j
car dun en Celtique & en Britannique ell la même
chofe que burg en Saxon , calirum en Latin \ Se eadcu
n'efl: apparemment autre chofe que \'Adain Britan-
nique , félon le dialedle Hibernois. Ainlî le nom
qu'a la ville A' Edimbourg n'eil qu'une traduction de
1 ancien nom que les Romains lui donnèrent. Cainb-
den croit que ce nom lui vient des compagnies de
Cavalerie que les Romains y. avoient , & qu'ils ap-
peloient ACéi Equitum, ou de ces doubles murs dont
parle Vitruve , qui , en s'clevant, torment la ligure
d'une aile, & que les x^rchite6tes Grecs appeloient
■ar-fîfix-a^ dcs aiUs. D'autres tirent ce nom d un
Breton nommé Ebrancus , iSc d'autres d'un Piôte
nommé Héthus. Quelques Auteurs dilent que cette
579
■VI
lie
a au
'i;
Agneda j mais CambJen
écrit que c'eft le château que les Anglcis appellent
CaJUe Mydcns Agncd , &c les Ecohois, Cajirum
Pudlaruni, ou Cajlrum Virginum, le château des
jeunes filles , p-^rce qu'on y enferma autrefois les
filles des Rois Piclres.
Edimbourg ell lîtué dans la Lorhiane , fur une pe-
tite rivière , à un mille du GoUe de Forth , ou à'E-
dimhourg , où cette ville a un port. Elle eft allez
grande : Cambden lui donne un mille de long d'o-
rient en occident , & la moitié de large. Il ajoute
qu'elle ell peuplée, & célèbrej à caufe de la bonté de
fon port. Elle elt bien bâtie : elle eft détendue par
une citadelle qui palToit pour imprenable au temps
de Cambden. Elle eft fituée fur la croupe d'un ro-
cher inacceiîîble d'un côté j & entourée des autres
par douze baillons, & par un fotïeà fond de cuve j
taillé dans le roc. Edimbourg étoit le tlége des Rois
d'EcolTe avant qu'ils parviniîcnt à la couronne d'An-
gleterre , & le lieu de la téhdence du Conleil d'E-
colFe , Se de l'alfemblée du Parlement de ce Royau-
me jufqu'en 1707 , qu'il fut réuni à celui d'Angle-
terre. Edimbourg a une Univerfité & un Evêchéj
érigé par Charles I. &. fuftragant de Saint André.
Edimbourg , félon HofFman , eil à 17 degrés i i mi-
nutes de latitude ; mais Meilleurs de l'Académie
des Sciences le placent à 1 5 degrés de longitude &c
355 degrés 45 minutes de latitude. On ne com-
mence à en parler que vers le milieu du neu-
vième fiècle. Elle avoit dans fon enceinte un châ-
teau nommé Maydens , auquel on donna le nom de
Château d'Edimbourg, Ce tut la dernière place où
les Piéles tinrent bon. Les Ecollois la confervèrent
pour la fureté du Royaume.
Le Golfe d'Edimbourg , ou de Forth , ou Firth ,
Fonhes. dfluarium , Edimburgaijls fuius ^ & ancien-
nement Bodotria , félon Tacite Se Boderia , dans
Ptolomee. D'autres le nomment Mare Frejlcum ,
ou Marc ScotiLum. C'eft un golfe de la mer d'Alle-
magne , fur la côte Orientale de l'EcolTe , lequel
s'avance dans Province de Lothiane , Se dans celle
de Fife : il a environ quinze lieues de profondeur.
& quitte à cMiq dans fa plus grande largeur. La ri-
vière de Forth , qui fe décharge dans le tond de ce
golfe , lai donne quelquefois fon nom ; mais le
plus fouvent il prend celui d'Edimbourg , qui n'eft
qu'à un mille de fon bord. Maty.
E D î
EDIPE. Foy. (EDIPE.
EDIT. f. m. eft une Ordonnance, ou conftitution gé-
nérale que le Prince fau publier de ion propre mou-
vement, pour le bien de fon Etat. Edi'dum. Elle eft
univerlelle , Se oblige généralement tous les fujets
du Roi , à moins qu'il n'y ait des perfonnes excep-
tées fpécialement , ou qu'elle ne foit particulière
pour une Province. Les Edits contiennent quelque-
{■"ois des lois Si des léglemens , comme ÏEdit de
Melun des fécondes noces , XEdit des duels , du rè-
glement des monnoies. Quelquefois des: ciéations
d'Office j des établi ifemens de droits, des créations
de rentes , Sec. Quelquefois des articles de pacifi-
cation , comme \K.duds. Nantes. Les Edhs Se Dé-
clarations du Roi fe vérifient dans les Compagnies
louveraineSi Se s'exécutent par provifion. Les Edits
fe fcellent en cire verte, pour marquer par cette
couleur qu'ils font perpétuels & irrévocables de leur
nature \ aulieu que les autres lettres qui s'expédient
dans la Chancellerie \ des Paréatis , des privilèges
perfonnels , des committimus, &c. font fcellées
en cire jaune; iS: tout ce qui s'expédie pour leDau-*
phiné, en cire rouge avec un fceau particulier. Les
-Êi2<f>j n'ont point de date de jour, mais feulement
du mois où ils ont été donnés. Les bdits Se les Dé-
clarations ditîèrent en ce que les AV/M contiennent
une première loi : aulieu que les Déclarations font
des Ordonnances rendues fur des Edits , pour en
donner l'explication ou l'interprétation. De plus ,
les Ed'^ts font (îgnés du Roi , Se vifés par M. le
Chancelier, Se fcellés du grand fceau d,' cire verte j
iurdcs lacs de foie vette Se rouge : aulieu que les
Déclarations font fcellées du grand fceau de cire
jaune , /ur une double queue de parchemin.
fiCr Enfin , les Déclaratious fout datées du jour ,
du mois Se de l'année.
Le Droit Romain fait fouvent mention de \Edic
du Préteur. Quod Prator Edi.xit. C'étoit le mot con-
lacré pour les Ordonnances de Préteur, quoiqu'on
s'en lervît quelquefois en d'autres fignifications.
C'étoit un règlement que chaque Préteur faifoit "
pour être obfervé pendant fa Magiftrature.
On donne en particulier à quelques Edits qui
ont été plus célèbres j le nom des lieux ou du mors
où ils ont été portés. L'Edit de Château - Briant ,
VEdit de Remorentin , font deux Edits faits dans
ces villes contre les hérétiques, l'un par Fleuri II.
au mois de Juin 1551 , l'autre par François II. au
mois de Mai 1560, qui fut appelé par les Hugue-
nots Vlnquijhion de France. L'Edit de Nantes , eft
un Edit donné à Nantes en 159S par Henri IV.
pour accorder, aux Huguenots , des Prêches & le li-
bre exercice de leur Religion prétendue réformée j
Se l'entrée dans les charges; Se révoqué en 1685 par
Louis le Grand. L'Edit de Janvier , eft un Edtt
donné à S. Germain en 1 591, pendant la minorité de
Charles IX, qui ôtoit aux Huguenots l^exercice de
•leur Religion prétendue rétormce dans toutes les
villes clofes , Se dans les faubourgs de Paris. Edit
de Mars ; il y en a deux, l'un de 1 563 , donné à
Amboife par Charles IX, l'autre de 15(58. L'Edit
de Juillet fut fait à Saint Germain en ijtîi, pat
Charles IX. L'Edit du mois d'Août fut donné
au même lieu. Se par le même Prince, mais en
I ^70. Tous ces Edits ont été faits au fujet des Hu-
guenots.
On appelolt Chambre de VEdit ^ celle qui avoit
été établie en vertu des Edits de pacification avec
ceux de la Religion prétendue reformée. C'étoic
une Chambre mi-partie , où il y avoit des Confeil-
1ers de l'une Se de l'autre Religion pour juger les
caufes des Religionnaires. Il y en avoit dans plu-
fieurs villes du Royaume. Elles font maintenant
fupprimées.
Edit des petites ijates. C'eft un Edit porté en 1 5 50
pour réprimer l'abus qui fe commetroit par rnpport
aux petites dates que l'on retenoit de France à Rome,
pour la rèiîgnation des Bénéfices ; en ce que les Inv
D d d d ij
jSo EDI EDM
pécrans retenoient ces dates fans envoyer la procu-
ration ad rejignanduni.
Édit des mères , ou DE s. Maur, efl: un Edit de
Charles IX. donné en 1567. Il concerne la iuccel-
lion des enfans , qui eil détérce aux n.cres en pays
de Droit écrit. Il eft fort oblcur «?i fort embarralic.
Il y a un Commentaire fur cci tdic, tait par Ni-
colas WeiUer, Avocat à Lyon.
-Edit Bursal. f m. Celui qui établit un droit qui fe
lève par ordre du Roi fur les fujets.
Edit des fécondes noces, eft un édu de François I , de
l'ani 5(5o,au mois de juiller, qui contient deux chefs
contre les veuves qui fe remarient. Le premier dé-
fend à celle qui fe remarie de donner à (on fécond
mari , plus qu'un de fes entans le moins prenant
peut avoir. Le fécond veut qu'elle lailîe à fes entans
du premier lir , tous les avantages qu'elle aura re-
çus de fon premier mari. Cet édit comprend les
hommes qui fe remarient , auOi-bien que les fem-
mes , parce qu'il y a parité de railon.
§C? Le mor tdu vient du Latin edicere , aller
au-devant des chofes , & ftatuer defflis par avance.
ÉDITEUR, f. m. Homme de Lettres qui a foin de l'é-
dition de l'ouvrage d'un autre. Editer. Erafme fut
un grand Editeur d'anciens ouvrages. Les Dodteurs
de Louvain , Scaliger , le P. Petau , le P. Fronton
Du Duc , le P. Vigier , le P. Sirmond , font de fa-
vans Editeurs, Pour être bon Editeur des ouvrages
des Anciens , il faut favoir plus que lire de vieux
Manufcrits.
EDITHE. f. f. Nom propre de femme. Eadgitha.
Edithe , fille d'Edgar j Roi d'Angleterre ^ & de la
Princelle VVilfetrude, ou Vilfrith j vint au mjnde
l'an 961, Baillet, au 16 de Sept. Elle fut Rcli-
gieufe de Wilthon en Angleterre.
ÇCr ÉDITION, f f. Imprellion, publication d'un ou-
vrage , d'un livre, tditio. Ce terme eft relatif au
nombre de fois qu'un livre a été imprimé : premiè-
re, féconde , troificme édition • à la manière dont il
Ta été. Belle édition ^édition corred:e ou flrutive.
§CF On dit un faint Auguftin de \ édition des
Pères Bénédiétins , c'elt-à-dire , à laquelle ont pré-
fldc les Bénédidins j Saint Auguftin publié , revu
& corrigé par les Pères Bénédiftins.
Ce mot & celui d'Editeur viennent du verbe
Latin edere ^ faire paroitrc , mettre au jour.
tf3' Dans le ftyle familier on prend quelquefois
ce mot dans un fens figuré. A cetre livrée 110m-
breufe & brillante, vous devinez que c'eft un Sei-
gneiu" de nouvelle édition.
EDM.
EDME & EDM. Foye^ ÊME.
EDMONT ou EDMONT. f. m. Nom d'homme. Ed-
mundus. C'eft la même chofe (\\xE.me. Dans l'ufage
on fe fert du nom d'Eine pour nommer certaines
perfonnes , & du nom dEmond^ pour nommer
certaines autres : il faut le fuivre- Saint Edmond le
vieux monta fur le trône en 941. Sïmt Edmond,
aulH Roi d'Angleterre & Martyr j rcgnoit au IX'
fiècle. Edmond Auger, Jéfuite j Confelîeur d'Hen-
ri III, que l'on appeloit le P. Edmond, le P.
Edmond Àuger, Maître Edmond, comme on le peut
voirdansla vieque l'on a donnée au public en £716.
Edmond côte-de-fer , régna en Angleterre après
Ethelrede fon père J l'an 1016 Se 1017.
Cambden dérive le nom d'Edmond de deux mots
de la langue Anglo-Saxone, Ead, félicité , bonheur „
& mund ,paix : ainfi Edmond veut dxxe ,paix heu-
renfe ou, qui eft heureux dans la paix : de forte que
fuivant cette étymologie ^ Edmond (ignifie la même
chofe dans la langue qu'on parloir en Angleterre,
avant que Guillaume le Conquérant en fit la con-
quête , que Salomon en Hébreu , Soliman , Sulei-
man j Selim en Arabe &C en Turc , Irénée en Grec
Fridéricen Allemand , Paq/z'çz/c; en François.
Quelquefois on prononce le d,^ quelquefois on
ne le prononce point. Ainli Ton dit Saint Edjnondj
EDM EDO
Roi d'Angleterre; & au contraire, le P. Emond Au-
ger , & de même de tous ceux qui portent aujour-
d'hui ce nom.
Saint Edmonds - Burie. Cambden l'appelle fimple-
ment Burie , M. de l'Ule dans fa Carte , L'uri. C'eft
un Bourg d'Angleterre , dont le nom lignifie j fé-
pulcre de S.Edmond, Sancii Edmundi fepulcrum ^
tumulus ,janum. Il eft dans le Comté de Sufcolk j
entre Ely & Ipfwich. On prend ce bourg pour l'an-
cienne (■'illa !■ aujlina , ou. t aujLin , petite ville des
Iconiens.
EDO.
EDOM. f. m. Nom ou furnom a\\ommç.Edom. C'eH
le nom ou furnom qui fut donné à Efaii , fils aîné
de Jacob , après qu'il eut vendu fon droit d'aînefl»
pour un plat de lentilles , ainh qu'il &Ù. dit , Gen.
XXV. 30. Quelques-uns difent encore que ce nom
lui lut donné J parce qu'il étoit roux. Il eft vrai
que l'Ecriture du qu'il étoit loux , Gen. 15. mais
elle ne dit point que ce foit là la caufe de ce nom ,
& en rapporte une toute diftérente cinq verlets plus
baSj comme nous difions rout-à-l'heure.
Ce nom eft Hébreu, lZJ'gn, & lignifie rouge,
roux , ou terreftre , étant le même dans l'origine
que celui deÙZDDX, Adam. Les Des Marêts préten-
dent qu'il peut aulli fignifier fanglant , parce que
S. Auguftin dit que,dans la langue Punique ou Phé-
nicienne , qui éroit autrefois celle de l'Atrique , le
fang s'appeloit Edom j mais ils n'ont pas fait atten-
tion que ï'Edom de S. Auguftin n'eft pas la même
chofe que VEdom dont nous parlons j que la pre-
mière lettre de M Edom de ce Père n'eft pas radicale,
que ce n'eft que l'article Phénicien en Hébreu ^ y
& non pas un f> ; & que San^ en Phénicien, com-
me en Hébreu fe difoirtrj3, dam, & non point
a3K, adam : il eft cependant vr.ai que ces deux mots
viennent de la même fource , & que sSj'^'î'nj
/ang^^ s'eft fait de lSSS, rouge à caufe de la couleur
du lang , ou au contraire EZi^K rouge de £z:2 ,fang :
mais cela ne prouve rien pour les Des Marêts, Se
il eft certain par la Genèfe, XXV. 30. que Edom
n'a point la lignification de fanglant , quand il eft
dit d'Efiri.
Edom , en fécond lieu , fe prend pour la poftérité d'E-
dum , c'eftà-dire , d'Efaiij les Iduméens; car, dans
l'Ecriture une nation s'appelle très - ordinairement
du même nom que celui de qui elle defcend. Ainli
les Ifraëlites s'appellent Ifracl & Jacob , comme
Jacob. Les Egyptiens Mitfraïm, comme leur père;
les Ethiopiens Chus j comme le fils de Cham^ donc
leur race étoit fortie. De même Edom font les
enlans ^ Edom , les Idumcens^ par exemple , hdom
leur répondit , Vous ne palFercz point lur mes ter-
res. Saci. Saiil , ayant afternii fon règne fur Ifracl _,
co.mbattoit de tous côtés contre fes ennemis j con-
tre Moab , contre les enfans d'Ammon , contre
Edom , contre les Rois de Saba , & contre les Phi-
liftins. Id. Ainfi la Terre d'Edom, le pays d'Edom^
les Chefs d'Edom , les Rois d'Edom , c'eft la terre ,
le pays , les Chefs , les Rois des Iduméens. f^oye^
Iduméen.
Edom, en troifième lieu , eft Tldumée , le pays qu'ha-
bitoient les iduméens , defcendans d'Edom. Foy.
Joseph j Antiq. Jud. L. IL C. i. Dieu fufcita un
adverlaire .à Salomon , ce fut l'Iduméen Adad qui
étoit dans Edom. Le côté du midi ( de la Tribu de
Juda ) commencera au défert de Sin , qui elc près
d'Edom , & il aura pour confins vers l'orient la mer
filée. Saci, Nomb. XXXU'. 3. Voye-^ Idumée.
Au refte _, nous ne difons Edom, en ce fens & an
précédent , que dans l'Ecriture ou en llyie de l'Ecri-
ture , c'ert-à-dire, en traduifant & en cirant l'Ecri-
ture , ou en imitant fon ftyle , comme on le fait
dans des Sermons ou des livres de Religion , ou da
piété. Ailleurs il faut dire Iduuîée & Iduméen.
Voy. ces mots.
Edom , en quatrième lieu , fignifie auffi quelquefois
EDO EDR
en général , les ennemis de Dieu , les perfccuteurs
du peuple de Dieu. Les Des M:irets citent lu: cette
iignihcation II". XXXIV. 5. (ajoiuez &: 6.) LXIII.
i! Joël I. iç). Les Rabbins appellent raiili ics Chré-
tiens Edom : c'e!l peut-ctre en ce lens , iJC comme
leurs ennemis. Ce i'ens n'a heu que dans l'iicri-
tUre.
Edom , en cinquième lieu , eft une ville de la Tribu
de Ruben , iiu le bord du Jouidani j il en ell pailc,
Jofué III. lû. ou la Vuigate la nomme Adom , au
lieu à' Edom. C'ell proche de cette ville que les eaux
du Jourdain s'arrêtèrent & s'accumulèrent comme
une montagne , pour lai lier le pallage libre aux li-
raëlifis dans la terre promiA.-.
EDCH\iITE. f. m. & £ Idumden , habitant d'Edom,
defcendant d'Edom. ldum£us. Quelques Auteurs le
fervent quelquetois de ce mot , mais Iduméen eft
plus ordinaire- Les Arabes appellent xai'Àl:.djmiouru
EDR ED U
jSî
milles d'Aftaroph , & À 24 de Bofra. Elle étoic
dans ce que l'on appelle la liaianitide : quelques-
uns la mettent daub l'Arabie j & d'autres da
Cœléiyrie. Les
Edrain , t<^ç«£(,« , t^fnin
ans la
ptante l'appc-Ucnt Edraim , ou
H y avoit encore une ville de ce nom dans la Tri-
bu de Nephtali. Les Septante appellent celle-ci «»--«?',
^^..'/■^ Samlon la confond avec Enhaj'or 3 & n'en
fait qu'une même ville qu'il appelle Edrai-En-ha-
Jor-^ mais les Septante (5i les Géographes j Zie"le-
rus , le P. Lubin , &c. les diftinguent. Jofué en Fait
. mention, XIX. 57.
EDREDON.f. m. Quelques-uns écrivent Éderdo>j.
Duvet de certains oifeaux du Nord qui fert à taire
des couvertures. Un couvre-pied iVedredon.
ffT Ce duvet 'eft tiré du canard de mer appelé
Eider , dont les plumes font très-douces , & feren ■
'àani beaucoup.
iic Edomiin ,\es EdomUes , ou Iduméens qui font' ÉDRÈMIT, Ville de la petite Phrygie, dans l'Alie
de la poftérité d'Efaii. Ils leur donnent auiii le titre mineure.
de Banou j ou Bani al AJiar , les enhns du Blond, ÉDRISSITE. C. m. & f. Defcendant d'Edris qui eft de
ou du Rouireau j à caule ciixEdo/n en Hébreu a la race d'Edris 5 nom" d'une famille & dynalHe qui
cette Iignihcation. D'Herbelot. Ils appliquent aul
fi ce nom aux Chrétiens Grecs &c Romains , à l'e-
xemple des Juifs } qui leur ont perfuadé que ces
peuples defcendoient d'Efaii j pour faiie tomber ,
f»ar une infigne impofture , les maléJidions que
es Prophètes ont données aux Iduméens fur les
Chrétiens, & même fur la perfonne adorable de
Jesus-Christ. Id. /^0}e^ encore le même Auteur
au mot Aïs j & au mot Asfar.
EDON. Nom d'une montagne que Servius met dans EDUCATION. C. i. Soin qu'on prend d'élever , & de
tire ion nom d'Edris , defcendant d'Ali , gendre de
Mahomet. Edrijjha. Les EdùJJites ont régné l'ef-
pace de plus de cent ans dans l'Afrique , en Bar-
barie, à Fez, à Ceuta &; à Tanger. D'Herbel. La
race dès Edrifficcs fut exterminée par les Fathimi-
tes , i'an de l'hégire 296. de J. C. 908. id.
E D U.
la Thrace , ou du moins qui étoit dans la Macé
d oine , vers les confins de la Thrace. Edon. Pli-
ne , L. IV. C. II. & Virgile Enéide, L. XIl. v.
3<Î5. l'appellent Edcnus. Les K'énades , ou Ptêtrel-
les de Bacchus, célébroient les myftèresde ce Dieu
fur cette montagne , où elles couroient toutes éche-
velées , & en furieufes : c'eft de-là qu'elles ont été
noinmées Edonides. Foye-^i Sirvius lur l'endroit
de Virgile que nous avons cité, &: Barthuis lur la
Thébaide de Stace , L. V, v. 5.
EDONiDE. f f. Ménade , Prêtrefle de Bacchus , ainlî
nommée du mont Edon. Edonis. l'oyci Edon.
EDOUARD, f. m. Nom propre d'homme. Eduardus.
Prononcez Edouar. Ce nom eft commun en Angle-
terre. Il y a eu en Angleterre deux Saints Rois qui
ont porté le nom d'i^douard. Saint Edouard le" Mar-
tyr , fils du Roi Ethelrede ; ëc Saint Edouard le
Confefteur , neveu du premier , qui mourut en
1066, après 13 ans & demi de règne. £'i:i'ii;<ï:;v2' II ,
Roi d'Angleterre, fut gendre de PHiiippe-le-Bel ,
Roi de France , ayant époufé Ifibelle de France ,
fille de ce Prince. Edouj.rd III , Roi d'Angleterre,
inftitua en 1 344 , l'Ordre de la Jarretière en l'hon-
neur de la Comtelfe de Salisberi , & il ordonna
qu'on célcbreroit tous les ans la fête de cet Ordre j
le jour de S. Georges, yoyei l'Abbé de Choifi ,
Hifi. de Philippe de Valois , Liv. 2. ch. 8. Il y a fix
Edouards , Rois d' .Angleterre , depuis la conquête j
& trois avant Guillaume le Conquérant.
Skinner dit que le nom £ Edouard eft compofé ,
& formé de deux mots de la langue Anglo- Saxo-
ne j E ad , félicitas 3 bonheur , félicité -^ &c W^ard ,
cujtos j gardien : dépofitaire du bonheur , ou dé-
fenfeur du bonheur.
EDR.
EDRAI , ou EDREI. Nom de lieu dans l'Ecriture.
Edrai. Ce fut d'abord une ville des Amorrhéens
d'au-delà du Jourdain ^ capitale du Royaume d'Og,
& la réhdence du Roi. /'oyeT Nombr. XXI. j?.
Deut. 1 , 4. III I. Après la défaite de ce Roi , iS:
la conquête de fon pays , elle fut donnée à la moi-
tié de la Tribu de ManilTé, qui s'établit à l'orient
du Jourdain , JoC XIÎ. 4. XIII. n. 31. S. Jérôme
afture qu'elle fub(îftoit encore de fon temps \ qu'el-
nourrir les entans. Educatio. Il faut qu'un père
fournilfe aux frais de ïéducation de fes enfans, mê-
me des mturels. Oélavius Ferrarius a fait un Trai-
té Latin de* la bonne éducation, intitulé Ciùron ,
noiii du Centaure qui fut Gouverneur d'Achille.
$Zr Éducation , fe dir, plus ordinairement, du foin
qu'on prend d'inftruiie les enf.ms, foie dans tout
ce qui regarde les exercices du coips j foit dans ce
qui concerne les exercices de l'eiprit , &c princi-
palement les mœurs : tout ce qui tend à éclairer ,
orner & régler l'efpiit. InJUtutio. L'éducation , dit
M. RoUin, ellj à proprement parler, l'art de manier
& de façonner les efpnts ; c'eft de toutes les fcicn^
ces la plus difficile , &c en même temps la plus im-
portante , mais qu'on n'étudie pas allez. La fouve-
rainehabileté conhlie à lavoir allier , par un fage
tempérament , une force qui retienne les enlans
ians les rebuter , & une douceur qui les gagne,
fans les amolir. h'éducation ne donne pas les talens;
elle ne fait que. les développer; &, pnifque les ta-
lens font diftérens , il feroit raifonnablc que Védu-
cation variât pareiilemerj. La principale obligation
d'un pète envers fes enlans , c'eft de leur donner
une bonne éducation. Donner à fes enfans une belle
éducation , c'eft leur donner une féconde vie : la na-
ture commence , ^éducation achève. Le courage &
la vertu font des qualités que l'on hérite de fes an-
cêtres \ mais {'éducation doit venir au fecours de l.i
naillance. car, fans elle, les meilleures qualités de-
meurent infruètueufes. Dac. L'art & l'éducation
toute feule , ne fauroienc faire un homme de mé-
rite : le naturel ne le peu: guère plus : & j'aimerois
mieux une éducation excellente avec un naturel
médiocre, que le plus riche naturel du monde,
avec une éducation médiocre. S. Real. On dit d'une
perfonne incivile & groflière , qu'elle n'a nulle
éducation.
EDUEN , ENNE. f m. & f. Nom d'un peuple de la
Gaule Celtique. JEduus ^ Hednus , a. Les Educns,
peuple célèbre parmi les Celtes , occupoient la par-
tie des Gaules qui eft entre la Saône 5: la Loire,
que nous appelons aujourd'hui le Châlonois , le
Charolois , l'Autunois & l'Auxois. Leur Capir.ile
étoit Auaujlodununi , aujourd'hui Autun. Voyc~ ce
mot. Le Sénat appela les ÉVz/c-r non - feulement
^ , ^ , Alliés, mais encore frères du peuple Rcmain.
lefe nommoic Adar ou Adaraj qu'elle écoic à 6 EDULCORATION. f f Dulcoratio. Ce mot fe dit
58^ EDU EER
en pharmacie, ce i'adoi.;ciirL'nicnt qu'on donne al
plarieurs re.ncdes j parie nîoyea du liicre , ou de]
quelque hrop. En Chymie , il iignihe i adoucilîe-
inent qu'on donne à divcifes matières , par des lo-
tions réitérées, pour les priver des lels acres qu'el-
les contiennent.
Édulcoration et Dulcification ne font point
fynonyines. Foyei Dulcification.
ÉDULCORER. v. a. Rendre doux. Dulcorare. En ter-
mes de Pharmacie , c'eft , Rendre doux par le
-moyen du fucre ou de quelque firop. En ter-
mes de Chymie, ccll, Adoucir en ôtant , par plu-
sieurs lotions d'eau froide , les fels qui Ce trouvent
dans diverfes matières i par exemple , ^ dans les
piccipiics du mercure , &. des autres métaux qui
ont «té diifous par la force de ces mcmes fels , qu'on
a été obligé d'y mêler pour en venir à bout.
ÉDULCORE, ÉE. part. &, adj. lU les fignifications
de fon verbe. Didœratus. On fe fert de la décoc-
tion de raves de Limoufin j pulfée & édulœree avec
du fucre, pour adoucir les âcretés de la poitrine,
&: la voix rauque. LÈmery.
EDULIE. l'oyei EDUSE.
ÉDUQUEPv. v. a. Donner de l'éducation , élever.
Terme nouveau , qu'on a voulu mettre à la mode ;
c'ell un vrai barbarifme de mots , qui lîgureroit
très-bien dans le Diélionnaire Néologique des pe-
tits Maîtres , & des Précicufes ridicules.
EDUSE j ou EDESIE. f f. Nom d'une fauflTe divini
té des Komûws. Edufi. Donat, fur la fin de fon
Commentaire fur la première fcène de l'Acte I
du Phormion de Terence , &Nonnius Marceilus,
difent que c'étoit une des Déelfes proretfcrices de
renf?.nce , citant fur cela Varron & Caton. Ils ajou-
tent que , lorfqu'on fevroir les enfans , & qu'on
commençoir à leur fùre prendre de la nourriture
folide , on taifjit de ces mets là un facrifice à Edu-
fe. S. Auguilin parle aullî de cette Déeife dans fon
quatrième Livre de la Cité de Dieu , ch. ii , &
l'appelle Educa : d'autres exemplaires portent Edu-
lica. Louis "Vivez préfère la première leçon, & té-
bien taire qi „ , . . .
Edufa , & Edulia, de même que la DéeiTc du boi-
re , fa compagne, s'appelle Podna ., Se Potlcd. Az-
nobe, Liv. Ili , appelle Edulls Niâe, Ficla.
EE.
EE. Les rimes fcminimes en ée ne font bonnes , dans
notre verfification, que lorfque les rimes mafculincs
ene, dont les féminines font formées, font bon-
nes. Ainfi, parce que frappé & tombé ne riment
pas, frappée & tombée ne rimeront pas non plus ,
quoiqu'on en trouve un exemple dans un bon Au-
teur j qu'il ne faut pas fuivre en cela. Cette règle
vient de ce que ce: e muet &C final ell: (I impercepti-
ble j qu'il ne fiit guère plus de fenfation que s'il n'y
étoit point. Ainfi les mots qui ne riment point fins
cet e j ne riment pas non plus avec lui. P. Mourc.
EEN.
ÉENHAME. Autrefois petite ville capitale du Bra-
ha.ntE enhamum. Ce n'eil maintenant qu'un village
où il y a une Abbaye. Il eft dans la Flandre, fur l'Ef-
caut , à une lieue d'Oudenarde.
EER.
EERENBR.EISTEIN. Foye- HERMANSTEIN.
EERSEL. Bourg d'Hollande dans la Campine Braban-
çonne. Il ttoit anciennement fott gros & avoit neuf
villages fous fa Jurifdiction : devenu fort petit ,
il n'en a plus que deux , qui font Stesnfel ôc
DuyLl. A.ILAS Se Corn.
EF A EFF
EF A.
fÇT ÉFAUFILER. v. a. Terme ds Marchand Ruba-
nier. Tirer avec la main la foie d'un ruban ou d'un
bout d'étofte , pour en avoir la qualité , ou pour en
faire de la ouate. E/iu ferica decerpere. On le dit
aulli du drap.
ifT Efaufii.e j ée. parc.
EFF.
EFFAÇABLE, adj. Qui peut être effacé. De/ebins. Il
n'y a point d'écriture qui ne foit effaçable avec de
l'eau-torte. Il ne fe die guère, quoiqu'on dife inej-
Jacable.
EFFACER, v: a. Faire difparoître l'image , le carac-
tère , les couleurs , les traits , l'empreinte de quel-
que chofe. Dclere. Ainfi ce mot ne convient pas
(eulement à ce qui eft. écrit ou imprimé. On ejface
les taciies du vilage par le moyen d'une eau com-
pofée. On efface l'encre , on hiit difparoître les ta-
ches avec de l'eau- forte. On efface les différentes
couleurs par un mélange bien entendu j qui en fait
fortir une nouvelle.
|CrOn voit par-là qii eff'acer a. une fignlfîcation
beaucoup plus étendue que rayer &c raturer qui ne
fe difeni que de ce qui eft écrit , avec cette diffé-
rence que rayer fe dit non-feulement d'un mot ou
de pluiieurs , mais de plulîeurs lignes , & même
d'une page entière j & c'eft paffer fur ce qui eft
écrit de limples traits de plume , qui n'enxpêchenc
point de lire : aulieu que raturer ne fe dit que des
mots , & c'eft patfer fur l'écriture des lignes affez
fortes j plufieurs traits de lignes allez forts , pour
qu'on ne puiiïè plus la lire.
fî^" Quant au mot biffer, que l'on peut encore
regarder comme fynonyme, il n'eft employé que
dans un jargon particulier , que l'on appelle ftyle du
Palais. Fvy. BIFFER.
Ce mot eft dérivé Aq fades , félon Nicot.
Effacer, fe dit, figurément, en chofes fpirituelles
& morales. Dcterere j abolere. Les bienfaits fon:
bientôt ejfaces de la mémoire des ingrats- Il faut
eifaccr fes péchés par fes larmes , par fes aumônes ,
par une vraie pénitence:. Efffacer un affront. L'ab-
fcnce atîoiblit peu-à-peu l'idée de l'objet aimé , &
{'cifcicc enfin abfolument. M. Scud. L'image de fa
grandeur n'étoit pas encore eff'acée de leurs cœurs.
Vaug.
Les Athées ne fauroieni obfcurcir , ni eff^acer en-
tièrement l'impreffion d'une Divinité que la vue de
ce grand monde forme fur eux. Nicole.
Effachr , fignifie auffi furpalTer en mérite. Obfcurare ,
exfuperare , pncellere , emïcarc , prAgravare. Le
foleil qui monte furl'horifon e^ace tous les aftres ,
tous les feux de la nuit. Cette beauté a e//ace toutes
les autres, dès quelle a paru dans le bal. Le vrai
mérite ne craint point d'être e/^ce par celui des au-
tres. Naturellement nous avons un fecret dépit con-
tre les perfonnes qui nous effacent. Bell. Si vous
avez quelques qualités éminentes qui effacent zeWe^
des autres , il faut les en dédommager par beaucoup
de modeftie. Bell.
Dauphin , ce long amas d'Ancêtres glorieux
A quoi vous eft-il néceffaire ?
Regarde-^ feulement, imite\ votre père ,
Et vous effacerez tous les Rois vos aïeux.
Effacer. Terme de Maître d'Armes. C'eft fe tourner
de façon que l'on mette à couvert la partie qu.e l'en-
nemi ajufte. Tegere , ahfcondcre. Effacer 1 épaule.
Effacer fon corps , c'eft regarder «Je demi-face celui
contre qui on a à faire, mectanr la main fur la garde
de l'épce pour être prêta la tirer.^LiANCooRv. Les
Maîtres de danfe difenr aufti cjface^ ces épaules ;
pour dire j ne faites point de groftes épaules , ne
Ë F F
vous panchez point , tenez vous droit, portez kj
tète éc le bras en arrière. ^ j
fp' Effacer, fe dit aulii, dans le même fens, au Ma-
nège , & dans ces diftérens exercices, c'elt en gêné-
rrd tenu Ci;rtaines parties du corps dans la polinon]
qui donne le moins de prife à l'ennemi , ou le plus;
de grâce.
fer Effacer. Terme de Aîarine. Prcfenter le côté,
Un vaillèau sébacé quand il eft emboflc, & qu'il l'ej
prclente de plus en plus au vaille.iu qu'il veut ca-"*
nonnei".
Effacé , ée. part. Delctus> Ce foldat a les épaules
bien effacées.
EFFAÇURE. f. f. Ce qui eft effacé. Lituni. Il y a bien
des cjjacures dans ce Alanuicrit.
EFI'ANEA. V. a. Terme de Jardinage : c'eftla même
chofe qa'effeuilleij comme fane elt la mcmc choie
que feuille. Retrancher la fane ou les feuilles. On
effanc les blés quand ils font trop forts. j
Effané," ée. part. 1
EFFARER, v. a. Troubler quelqu'un j de manière|
qu'il vienne .1 avoir quehiue chofe de hagard , de
farouchi dans l'air, dans lamine, dans les yeux.)
Ejferarc. Qu'a-t-on pu vous dire qui vous ait li fort |
effare ? _ j
Il fe joint avec le pronom perfonnel. Pourquoi»
vous effarer de fi peu de chofe. On connoît que la '
rage faifit un.furieux , quand fes yeux coniaiencent
isejfarer. Il n'elt guère d'ufage qu'au participe.
Ménage dérive ce mot de efferare.
Effare j ée. part, Il eft venu tout ejjaré nous annon-
cer la perte de la bataille. On a arrêté ce meurtrier,
^'ur ce qu'il s'enfuyoit tout interdit & effaré. Il avoit
'air fi effare Se fi confterné , qu'il écoit aifé de re-
fi
1'^
connoître qu'une crainte excellive le troubloit. M
ScuD.
Effaré , en termes de Blafon , fe dit d'un cheval levé
fur fes pieds. Arreclus inpedes. La Weftphalie porte
d'azur au cheval gai & ejprd d'argent.
EFFAROUCHER, v. a. Faire peur , rendre fauvage ,
faire éloigner. Efferare, àfferarc , tcrrere. Les ani-
maux timides s effarouchent aifément , comme les
chats , les oifeaux. Vos menaces ont effarouché vo-
tre partie , elle â pris la fuite.
Effaroucher , fe dit aulli , au figuré , à l'égard de
l'efprit , & fignifie rendre moins rraitable , donner
de l'éloignement. Les paradoxes effarouchent l'efprir
du peuple préoccupé de fes erreurs. Il faut j fi vous
rn ti\ cïoyez y a effaroucher ■pQxÇonne. Mol. Le feul
nom de la pauvreté effarouche ces Dames mondaines
accoutumées au luxe &c aux vanités. Flécii.
On dit J figurément , effaroucher les pigeons j
pour dire éloigner d'une maifonceux qui apportent
du profit. AcAD. Fr.
Ce mot eft dérivé du Latin eff^erociare, félon Mé-
nage. Eff'crociare eft un mot qu'on ne trouve point,
ou qu'on ne trouve guère. Il elt forgé de/èro.v, d'où
nous avons fait farouche j & de là effaroucher.
Effarouché , ee. part. & adj. Ce qui augmenroit fa
douleur , c'étoit de voir fes amis effarouchés, & que
perfonne n'ofoit plus l'aborder. Vaug.
Effarouché j en termes de Blafon , fe dit d'un chat ,
lorfqu'il eft en aélion rampante. On l'appelle aulli
effare.
EFFAUTAGE. f. m. Terme de commerce des bois.
On appelle ainfi le merrain de rebut.
EFFECTIF, ivE. adj. Réel &: pofitif. V crus y legiti-
mus , Jîncerusi II a conligné le prix de cette terre en
deniers effeWfs. Ceux qui font les moins exaéls en
civilités , font fouvent ceux qui ont le plus de de-
firs effcclifs de nous rendre desfervices réels. Nicol.
Une armée de ^o mille hommes fur les rôles , n'eft
pas de 10 mille effeclifs en campagne? C'eft un
nomme effectif ; fa p.arole eft effective ; pour dire
qui fait ce qu'il dit, qui ne promet ncn qu'il ne
faife.
Effectif, fe dit encore, en Théologie , pour appa-
rent, extérieur J ou plutôt pour ce qui n'eft pas
rcillement , mais qui a les mêmes effets que s'il
E F F 58^
croît réel : ainfi , quand l'Ecriture dit qite Dieu fe
repent, qu'il eft en colère , «Se même en fureur, en
un mot , quand elle lui attribue des pallions , ce
n'eft pas qu'il les ait en effet; mais c'eft qu'il paroît
les avoir , qu'il agit , qu'il produit les mêmes effets
que s'il les avoit; & cela s'appelle un repentir
^ff'^^i'î ^ une colère efflclive ^ &;c. Il eft oppofé à
affeclij. ^ . _
Effectif, en termes de Théologie, fignifie qui fait
faire, qui fait pratiquer. Ainfi les Théologiens dif-
tinguent denx fortes d'amours de Dieu. L'amour
affecl:if, & l'amour e^ecZi/. Celui-ci eft l'amour de
Dieu qui fait obferver fes commandemens, Foyer
AFFECTIF.
EFFECTIVEMENT, adv. D'une manière réelle & po-
lirive. F'erè. Il a payé cette femme effectivement,
réellement ôc de fait. Dans les douleurs d'oftenta-
tion l'on s'efforce de paroître touché beaucoup plus
qu'on ne l'eft effectivement. M. Esp. C'eft une chofe
effectivement mauvaife. Paîc. Les liommes fe for-
ment des idées de vertu qu'ils ne pratiquent jamais
effectivement. Nicol. Le repos eft une chofe Ci dou-
ce , que ceux qui ne le pofsèdent pas effeclivemenc ,
tâchent de le goîiter par l'imagination & par la pen-
fée. Id.
EFFECTION. f. f. Terme de Géométrie. Manière de
faire un problême. Effeclio. Plnfieurs ont démon-
tré la quadrature du cercle j & la duplication
du cube ; mais Yeffeciion n'en étoit pas géométri-
que ; elle n'étoit qUe mécanique , faite avec des
inftrumens.
EFFECTUER, v. a. Mettre une promelTe à exécution.
Eacere , pr.<ffare , exequi. Les hâbleurs n'effecluenc
pas la moitié de ce qu'ils promettent.
Effectué, EE. part. Qui a eu fon effet. FacZw ; f'^J'
titus.
EFFÉMINATION. f. f. Âdion , manière des femmes.
Les hommes qui fe rougiffent le vifage de fard,
devroient bien plutôt rougir de honte de s'amufer à
ces efféminations. Ecole du Monde. Ce mot n'a
pas fait fortune. Il eft aufli décrié que l'Auteur qui
s'en eft fervi.
EFFEMINER. v. a. Rendre foible , comme l'eft ordi-
nairement une femme. Enervare , debditare ^ fran-
ger e , emôUire , effeminare. Le luxe efféminé les peu-
ples. Les fpeélacles du théâtre ne font propres qu'a
amollir & à effeminer la jeunelle. S. Evremont.
L'amour maternel efféminé Se attendrit trop ks
enfans. Mont.
Efféminé , Éfe. part. palT. & adj. Qui fe ditd'un hom-
me amolli par les délices; qui eft devenu (emblable
à une femme; qui tient de la foiblelTe d'une fem-
me. Mollis^ effeminctus. Héliogabale étoit un Prince
efféminé. La beauté de l'efprir n'a rien de mou, ni
d'efféminé. BouH. Que ceux-là pleurent qu'une
longue profpérité a rendu lâches ^: efféminés. S. Ev.
L'éloquence Chrétienne ne doit point affeéter de
charmer l'oreille par la mollelTe d'un langage effé-
miné, Ab. du Jarry. On dit,d'un homme qui a les
traits trop délicats , que c'eft une beauté efféminée ,
vifage efféminé.
Efféminé, f. m. C'eft un efféminé.
EFFERDING. Efferdinga. Petite ville de la haute
Autriche, en Allemagne , fituée à une lieue du Da-
nube, Se à trois lieues de Lintz , du côté du cou-
chant. Eff}rdina eft défendu par deux châteaux ,
dont l'un eft dans la ville, & l'autre dehors. Ce der-
nier s'appelle Schaumbourg.
EFFERVESCENCE, f. f. Terme de Chymie Effer-'
vefcentia. En Chymie on n'entend point par ce mot
un mouvement , un bouillonnement caufé par le
feu, mais le mouvement inteftin excité dansun li-
quide, dans lequel il fe fait une combinaifon de
fubftances, telles que les acides appliqués aux alca-
lis qui fe mêlent &i produifent ordinairement de la
chaleur , avec un nombre confidérable de pentes
bulles, poulfées vers la furface du liquide , où elles
crèvent , Se fouvent de tous côtés des particules de
ce liquide. Les acides étant mêlés avec les alcalis
E F
5^4
tanc effervefcence , comme 1 efprit de vitriol mcie
avec de l'huile de tarae- L'crpru de vitnol mcié
avec l'huile diftilléé de théiébenrine fait une eljer-
vefccnce violente , accompagnée d une cli.-ileiii ex-
trcme, aulîi bien que l'u-rpru d'uiuie avec i iuiile de
virnol. Leau llmple, vcri'ée iur delà chaux vive,
fait aulîi ejfervefcence de même que le coraii avec ie
fuc de citron ou de limon, le iliarbre avec 1 elpiu
de fel ; la corne de cerf , la craie , la dent de lan-
glier , les yeux d ccievilfe ^ la nacre , 6i tous ks co-
quillages avec les acides. La plupart des ejjervej-
vefcences produilent de la chaleur dans les corps , à
caufe que leurs parties fe heurtent fortement les
unes les autres : il y en a pourtant qu on appelle
froides , parce qu'elles n'en caufcnt point ,duinoins
qui foir feniible , quoique d'ailleurs ïcj^f-erve/cdnct:
loit fort grande : telle ett celle qui arrive par le mé-
lange du corail en poudre avec le vinaigre diihlié ;
ce qui vient de ce que, le corail ayant des pores allez
grands , il peut être facilement dilfous, lans qu'il fe
l-ilfeun grand froiiremeht de ce corps par les acides ,
comme il feroit uécelïàire pour exciter une chaleur
conlidcrable. Vejf'crvefcenu fe produit quelquefois
par le mélange de deux liqueurs froides. Z' oj e~
î'Hifloire Latine de l'Académie Royale des Sciences ,
par M. Duhamel, féconde édition, page 4^5.
%fT Nous avons déjà obfervé au mot ct^ullnïon
qu'on ne doit point confondre effervc/ancc: ^wcc/cr-
mentadon, ni ■a.wQd^lmUidun, La bière ell Qnjenncn-
c.icion ; l'eau qui bout , eft en ebuilaion j bi le fer
dans l'eau- forte fait effervejunce. Foye^ E'6'ULLl-
TION & FERMENTATION.
§C? EFFERVEScEHt.E, en Médecine , bouillonnement,
mouvement inteliin, femblable à celui dont noub
venons de parler, que quelques Médecins luppolent
excité dans les humeurs du corps humain. Les re-
mèdes, foit fondans , foit abiorbans, qui cauleui
l'ejjervefcencê, font que le levain occupant plus d'ef-
pace qu'auparavant , produit des douleurs erfroya-
bles. DioNis.
ifF EprEavEscENCE dans un fens figuré. Madame de
Grignan avoir rendu compte à Madame de i*évignc,
fa mère , de quelques tiacaireries de famille , eau-
fées , difoit - elle , par des ejfcrvefcences d'humeur.
Madame de Sévigné répond : cela s'appelle donc
(comment dites-vous j ma tille ? ) à^iejjcrycJccuLCi
à humeur ? Voilà un mot dont je n'avois jamais en-
tendu parler; mais il elt de votre père Delcaices;
je l'honote à caufe de vous.
EFFET, f. m. Ce qui ell produit , ce qui rcfulte de
l'opération des caufes agillantes. t'.^cclus. On ccri-
voit autrefois ejfeci 2ivec un c, ce qui marquou en-
core mieux fon origine ; mais cela n'eft plus d'uiage.
Les caufes fe font connoître par les ejfers. Les cou-
leurs de l'arc en-ciel font un bel ej^ec. L'air produit
de beaux effets , aufia-bien que la nature. Ohai le-
magne fufpondit un peu les triftes effets de la bar-
barie & des ténèbres qui fe répandirent dans les
ficelés fuivans. Bail. Les effets extraordinaires des
palfions ne peuvent être imités par la raifon. Us dé-
pendent des objets. Nie.
En termes de Peinture, Se en parlant de certaines
touches de lumière qui font un bel effet dans un ta- .
bleau , on dit, voilà un bel effet de lumière. Cn |
E F F
de llyîe. -4 cet e^^et , fignihe la même chofe ; mais
il eft an peu moins en ulage. ^ quel effet ? iignihe
à quelle intention ? pour(juoi ? & il commence à
vieillir. A l'effet de. ... n'ell que du llyle de prati-
c|ue. Cell une phrafe adverbiale qui fe dit au Pa-
lais. Ut, eo fine ut. Doit-on croire que le Ch. a été
bien-aiie qu'on ne fixât rien , à l' effet tï'ùiïQ m.aître
d'exagérer ces dépenles ? Gilley.
On dit, au Palais, qu'un homme a été mandé à
cet ejjct ^ pour cet effet , eu cuusu ; qu'il a produit
telle pièce à cet effc-^ pour dire, à cette fin , pour
cette caule. On dit auHi , en confirmant une fen-
tence , qu'elle fortira Ion pL-m <Sc entier effet , pour
dire , qu elle fera exécutée félon fa forme & teneur.
Cela vient àzfortiri effcïum.
En matière bénéficiale on dit, créer une Chanoi-
nie aVeffetdc polTéder une dignité dans une Ca-
thédrale , quand on crée un titre de Chanoine e.a
faveur de l'impétrant d'une dignité , fans lequel il
ne la peut pollcder. Dans les autres matières de
droit on emploie aulli la même expreiîion , à l'c^'et
de j pour marquer la hn, l'intention , le dellein. Il
y a des décrets qui le font en coiiiéquence d'un
contrat de vente, â l'effet de purgez les hypothèques-
pour la sûreté de l'acheteur.
EfFET, & plus ordinairement ejjets nu pluriel , fe dit
des biens des perfonncs , & particulièrement des
négocians , & de leurs meubles & actions. Dona ,
res jfignus. Effets d'un Marchand, Bona conjîantia.
Les créanciers viennent à contribution fur les effets
mobiliaires. Cette obligation ert un bon , ou mau-
vais effet, c'eft-à-dire , eft duc; par un homme riciie ,
ou par un homme infolvable. 11 faut qu'une caution
juftitie de fes effets & facultés.
En EFFET j adv. relpsâ ^ /psâ re. D'une maniète vérita-
ble èl réelle. Les couleurs ne font rien en effet : ce
n'cil qu'une apparence & une réflexion de lu-
mière.
IfT En effet & efïedivement , font à-peu-prcs fy-
nonimes. Cependant le premier de ces mots patoîc
plus propre que l'autre pour oppofer l'apparence à
la réalité. 'Vertueux en apparence , vicieux en effet.
En EFFET , eft aullî une conjonction avec laquelle on
reprend un difcours , en rendant raifon d'une chofe
qu'on a avancée. Et verb. En effet il eft certain que,
&c. Il y en a qui difent , car en effet, & croient par-
là donner plus de force à leur difcours , & plus
d'emphafe à leur raifonnement. C'eft une répétition
fuperliue, & même ridicule. Car, & en effet, ligni-
fient à-peu- près la même chofe, & car en effet q9c
aulli mal die que , fi cn cas _, & autres expreflions
femblables.
|Cr Effets civils , en Jurifprudgnce , font les droits
& les avantages , (jui font accordés aux regnicoles,
par les lois civiles & politiques de l'état : comme
de pouvoir intenter des aébsons en juftice , pouvoir
fuccéder j pouvoir dlfpofcr de fes biens par tefta-
ment j pouvoir poiféder des offices & des bénéfices
dans ce Royaume. Tout cela s'appelle vie civile ,
& ceux qui font incapables des effets civils , com-
me les Aubains , ceux qui font condamnés aux
Galères à perpétuité , ou au bannllFement perpétuel ,
font morts civilement.
dit aulli, un bel effet de clair obfcur, lorfque l'un [EFFEUILLER, v. a. Dépouiller un arbre de k^ feuil-
& l'autre font bien ménagés ii- bien entendus. C'eft,
dit M. V/atelet j le concours des différentes parties
de l'Art, cjui excite dans l'efpric de celui qui voit
un ouvrage, le fentiment dont le peintre étoit rem-
pli en le compofanr,
Ef FET , fignifie aulli Pratique , exécution. Opus , res.
■ Voilà une machine bien inventée; mais il en fuit
voir \ effet. Cet homme prome:: beaucoup ; mais on
ne voit point d't/fer, point d'exécution. On attend
rtf/fèr de fes promelfes. Ablanc.
Pour cet effet, A cet effet. A auel effet. Façons de
parler qui ont chacune leur lignification & leur
iifige. Peur cet effet, fignifie pour l'exécution de
quoi, & peut s'employer fort bien dans toute force .
IcS en tout ou en partie. Frondes carpere ,ftringere ,
avellere. Fronde levare arbore^ , Sic. On dit en latin
frondator , celui qui eiFeuille les ^x\)ïQ%\jrondatio ^
l'aétion d'etfeuiller les arbres \ frondarius , qui fert
à effeuiller , ou qui y a rapport , commQ frondaris
fijci.n£ , paniers ou mannequins à mettre les feuilles
qu'on a tirées des arbres , & qu'on garde pour la
nourrittire du bétail , &:c.
|CT On effeuille les mûriers pour nourrir les
vers à-foie. Les Payfans çffeullient les arbres en
automne, pour nourrir les vaches pendant l'hiver.
Ils appellent cette opération ébroiiter , frondatlo ,
comme qui diroit ôrer le brout , ou ce que les ani-
maux pouuuient brouter. On trouve efl-udleur &
etFeuillement
EFF J85
corps n"a point d'autre lien 6c d'autre principe j.
EFF
efcuillcment dans Nicot (<c dans Pomey. Ils ne font . _ . ^ ^^^
plus en ulage. I que i'efficua des décrets ; que les caufes^fecoudes
ifT On le dit de même des fleurs. £^e«i//er une n'ont aucune ç^^zazctpropic, occ. i:_^t■t^c■t■,prlscom-
rofe : & il le du avec le pronom perfonnel. Les to- me fubllantilr", n'ell plus d'ulage, du Voltaire. On
ies s'effeuillent du matin au loir. j dit etficacue , ou plutôt on le lert d'un autre mot.
iczr En termes de jardinage, effiuillsr^ c'eft ôter EFFICACEMENT, adv. D'une manière efficace. EJfi-
. les feuilles qui couvrent les traits , &c qui par leur
ombre les empich.MU de prcnJte du colons. Ces
fruits ainli découvetts , ■S»: plus expolés à l'action
du Ibleil , acquièrent, dans leur niduradùn , de la
beauté , de la couleur & du goût j mais, dans cette
opération , on djit prendce garde de ne pas ôcer
un trop gcand nombre de teuilles , parce que les
feuilles elles mêmes iont néceliaires pour la nour-
riture des fruits. Foye:[ Feuille. Pour les vignes
on dit épamprer , pampïnare : autretois on diloit
bdiUcrjôur , bj.'dkr foUaigCy ce qui lignitioit non-
fculemen: retrancher les teuilies , mais aulJi les
branches qui donnent trop d'ombre j ôc même
couper quelques arbres d'elpace en elpace, afin que
ceux qui reitent foient plus au large, 6i en vien-
nent mieux. C'ell en ce lens que Pline a dit Inzir-
lucxre ramos arboruin , & on trouve ailleurs lucuni
collucare. Effeuiller fe dit aulîi des cartes à jouer ,
lorfqa'elles fe décollent , que les feuilles du carton
fe détachent. Cette carte sejfeuUie _, on le fent au
■ doigt.
Ce mot vient du latin e.v j iSc Atfolïuin.
Effeuille , ée. part.
Ef r ICACE. adj. m. & f Qui produit fon effet. Efficax.
il fe dit des remèdes pour les choies corporelles j
èc de la grâce pour les chofss fpirituelles. Remède
«/pcjcé contre les venins. GïàcQ •ijficace. On dit en-
core , un moyen efficace pour parvenir à certaine
chofej c'e:l:-à-du-e , un lujyen sur , immanquable.
La philofjphie eil un remède ejjicace contre les
traverfes de la fortune. Malgré l'union de l'ame &i
du corps, on demeureroit immobile , fi Dieu n'ac-
cordoit fes volontés to ijours ejficuces avec nos ei^-
forts toujours iinpui'dans. Maleb.
Les Théologiens Catholiques divifent la grâce en
fuiHlance &: effc2ce. Veffcace éclaire l'elprit , 6c
touche le cœur de telle manière j qu'elle produit
toujours ion effet , quoiqu'il puille être empêché
par la réfhcance delà volonté. Les Janféniftes veu-
lent qu'il n'y ait point de grâce futîitance, cjui ne
foit aulli efficace j c'ell-à-dire , qui ne détermine
efficacement la volonté à agir.
Quelques Théologiens veulent que la grâce effi-
cace fou efjicjice par elle-même. La grâce efficace
par clle-mi:ne J s'il en ell, elt celle qui a fon effet
par elle-même , & nullement du confentement de
la volonté. Calvin elt le premier qui fe foit feivi
du terme de grâce efficace par eile-incme. Un nou-
veau Théolo'^ien a prétendu que l'eflicacité de la
grâce par elle-même conhlloit en ce que la grâce
efficace elt toujours jointe à une nécellîté morale de
fiire le bien auquel elle porte , au lieu que la grâce
fuîtifinte ell toujouis jointe, félon lui , aune im-
puilïance morale de taire le bien. Un Théologien
anonyme, dans deux ou trois Dénonciations qu'il
a faites de cette doilrine aux Evèqnes , M. l'Abbé
du Mas , dans fes Lettres fur les hcrefies du XVII.
Jlècle , & le P. Daniel , dans un Traité de l'impuij-
fance morale , ont réfute ce fyftême , qu'ils ne
croient différer du Janfénifme que par les mots.
Voye^ ce mot Grâce.
Efficace, f. f. Force par laquelle une caufe produit
fon effet. On le dit dans les mêmes fens. L'effi-
cace d'un remède, d'un difcours, de la grâce. Il fe
dit très-ordinairement dans les matières de la grâce.
L'efficace de la grâce eft la vertu par laquelle elle
produit infailliblement fon effet , fans bleffer le
libre arbitte , qui peut toujours lui rcfuferfon confen-
tement. On y voit V efficace de la grâce de Jésus-
Christ, qui amollit un cœur endurci, fans lui ôter
fa liberté. God. Votre exemple aura une efficace
tonte particulière. Port-R. Le P. Malehranche
prétend que le commerce mutuel entre l'ame iSc le
Tome III.
caciter. La grâce agit efficacement dans nos cœurs ,
quand elle y trouve des difpofuions. Dieu difpofe
efficacement de notre cœur. On du aulTi j vouloir
e/,';tjie/72e/ir quelque chofe \ c'eft-à-dire , vouloir de
tout fon cœur J tout de bon, n'avoir pas de fim-
ples defirs , ou velléités i prendre des mefures sûres
pour en venir à bout , ikc.
EFFICACITE, f. f Terme abfolument fynonyme à
efficace j fubftantif. On a eu de la peine à s'accoutu-
mer à ce mot. De bons Auteurs l'ont même regar-
dé comme mauvais. Aujourd'hui il eft généralement
reçu J & beaucoup plus uiué (\\xeijicace. Efficacia j
efficacitas. Janfénius &c Hqs dilciples font confifter
l'efficacité de la grâce dans la délectation vidtorieufe.
Ce fentiment ell inloutenable , & contraire à
l'expérience , & à l'exemple de Jesus-Christ dans
le Jardin des Olives , (k. lur la croix , à l'exemple
de tous les Saints , à ce que difent en cent endroits
David , S. Paul , Sec. On lait le bien fouvent avec
de très-grandes difficultés , de très-grandes répu-
gnances , & fans cette prétendue délégation. C'eft
ce que les Saints appellent les Etats d'aridité , de
fécherclle J d'épreuve. Il s'enfuivroit j 1°. Qu'alors
ces Saints tout le bien fans la grâce , qu'ils font des
hypocrites , &c que leurs actions font de vrais pé-
chés. 1". Si l'on ne fent donc point cette déleéta-
tion célefte , il eft naturel qu'on s'abandonne à la
rentîition , dilant qu'on n'a point de grâce. 5". Si
la vue de l'Enter étonne , trouble , effraie ,on di-
ra que ce n'ell point la grâce. Ce lont là autant d'ab-
futdités 5c d'impiétés qui montrent la fauffcté de
ce fyftême.
EFFICHER. v. n. Vieux mot. Imaginer , penfer.
EFFICIENT , EN TE. Efficiens. Terme de Philofophie^
qui fe joint ordinairement avec le mot caufe , qui
produit quelque effet. Il y a quatre caufes , l'effi-
ciente , la finale , la matérielle & la formelle. Voy.
Cause.
EFFIGIE, f m. Repréfentation d'une perfonne. Effi-
gies. On voit les Rois en effigie dans leurs lits de pa-
rade. On voit l'effigie du Roi Henri IV. au Tréfoc
de S. Denis.
Effigie, fe dit aulîi de l'empreinte d'une monnoie ,
de larepréfentationdela tête du Prince qui la fait
battre. Les Louis d'argent ont d'un côté l'effigie du
Roi , & de l'autre les Armes de France. On dit ,
l'effigie d'un lion. Les Sculpteurs en médailles fe
fervent da mot effigie j pour les figures de mé-
dailles.
1^ On confond ordinairement ces mots ; effi-
gie , image , figure ^ portrait , Se on les donne com-
me fynonymes dans les Didionnaires. Voici les
nuances particulières par lelquelles M. l'Abbé Gi-
rard les diftingue. L'effigie eft pour tenir la place de
la chofe même. L'image eft pour en reprélentei"
(împiement l'idée. L3 figure , pour en montrer l'at-
titude &: le deffein. Le portrait ed uniquement pour
la relTemblance. Voye:^ ces mots. On pend en effi-
gie les ctiminels fugitifs.
On appelle , Exécuter en effigie , l'exécution d'nn
criminel contumax & condamné , dont on n'a pu
faire la capture. On pend un tableau à une poten-
ce , où eft dépeint le criminel , la qualité du fup-
plice. Se le jugement de condamnation eft écrit au
bas. Il n'y a que les condamnations à mort qui s'eXc-
cutent en effigie. Les condamnations aux galères j
amende honorable , bannillèment perpétuel , flé-
trilfure , fouet , font feulement écrites fur un ta-
bleau , fans aucune effigie.
ÉFFIGIER. V. a. Dans le propre , c'eft faire l'effigie de
quelqu'un _, lui dreffer une ftatue. Effingers. Tailler
ou tirer au vif , dit Nicot ; mnis il n'eft plus en
ufagedans ce fens. Effigierne fedit plus que poac
E e c e
5^6 ï. F F
fignifier, cxcciuei" un ciimintl en effigie. Debixum
fond abfendjupplkium in tabdia propo!:crc,j'onds ab-
Jends effigiein padbuio appendere. Ce banqueroutier
a été effigie , pendu en etïigie.
Fffigié , ÉE. part. Sc adj.
EFFILE, f. m. C'eft ainll qu'on appelle le linge bordé
d'une efpcce de frange de tii , & qu'on porte dans
le deuil: être en effiie , porter V effilé.
^fT L'e^z/e eft, proprement, l'eipèce de frange de
foie crue, ou de til , qui borde les manchettes , les
garnitures , qu'on porte pendant le deuil.
EFFILER. V. a. Ôter quelques fils d'un tilfu , d'une
toile, d'une érotfe. ^V/j evellere ,filadm di(]olvere.
Les Tailleurs bougient les bords de plufieurs étof-
fes, pour empcclier qu'elles ne s'effilent avant qu'el-
les foient cûufues.
Effilé , ée. part. & adj. Il a la fignifîcation de fon ver-
be. La charpie ell faite de linge effilé. Oignis.
On dit , en termes de Chalfe , que des chiens font
effilés , Laffii ^fadgad j rupd , pour avoir couru avec
trop d'ardeur.
On dit auffi , d'une perfonne , qu'elle eft effilée ^
qu'elle a la tète effilée , gracilis , pour dire , qu'elle
eft grande, déliée, menue. Ablanc. Vifage effilé ,
étroit & long. Un grand cou effilé. On devient fou-
vent effilé di force de vouloir avoir la taille déliéee
& dégagée, Térence a dit dans ce fens-là Quas
maires jtudcnt demïffis humer'is effie j vinclo peclore ut
graciles fient. . , Reddunt curaturâ junceas. Cheval
effilé , eft un cheval qui a l'encolure trop déliée.
fer Effilé, fe dit auffi, parmi les Jardiniers , d'une
branfihcj & même d'un arbre entier trop menu.
Effiler, v. a. Terme de Jardinage , qui fe dit des ar-
tichauts. C'eft la même chofe que les œilletonner ,
c'eft-à-dire j ôter leurs œilletons , ou les nouvelles
productions qu'ils font. Pullos cinars, disjungere ,
ro//er<;. J'ai déjà cent pieds d'artichauts effilés.LiGEK-
Ce mot , en ce fens , eft compofé de fils, fille,
filius , & de la prépofition e , qui, dans la compoiî-
tion, fignifie retranchement. On dit mieux œille
tonner.
-EFFILURE. f. f. Fils qu'on a ôtés d'un tiffu j d'une
toile , d'une étoffe. Pour coudre ce fac ou cette
poche, je m'étois fervi des ç^/^rei- de mon linceulj
-en guife de fil ; & avec un brin de baiai que j'avois
-fendu parle milieu avec mes dents , j'en avois fait
une aiguille. DelloNj tom.2. de /es Foyages j ch.
8s. p. çS. çç.
EFFIOLER. v. a. Terme d'Agriculture , qui fe dît en
pluheurs endroits. C'eft ôter la fiole des blés j c'eft-
à-dire , leur feuille , cette production qui fort d'a-
bord de terre après que le blé eft levé , & qu'en
quelques endroits on appelle par corruption fiole ,
au lieu de feuille. Faire brouter le blé. Il faut effloler
ces blés. LiGER. On effiole les blés dans les bonnes
terres , lorfqu'avant l'hiver ils pouffent avec trop de
vigueur.
:^CTEFFioLER.,fe dit SD quelques endroits pour Effeuil-
ler & eftaner.
C^ Effiolé , ÉE. part.
EFFLANQUER. v. a. Il fe dit en parlant des chevaux
que l'excès du travail ou le défaut de nourriture a
maigris , jufqu'à leur rendre les flancs creux &aba-
tus. Effianquer un cheval. Le travail l'a efflanqué. La
niauvaife nourriture l'a efflanqué.
■Efflanquer. Terme d'Horlogerie. On dit, effianquer
un pignon , pour dire , le vider.
-Efflanqué , ée. part. & adj. Abattu, atténué par un
trop grand effort de travail , par une courfe trop
violente , ou par un défaut de nourriture. Il fe dit
particulièrement des chevaux. Cheval efflanqué, ju-
ment efflanquée. La rage efflanquée eft un mal dont
Jes vieux chiens fur-tout font attaqués : dans cette
maladie leurs flancs font reflerrcs , & leur battent
d'une manière qui leur caufe bien de la douleur. Ils
ne peuvent réfifter à la langueur qui les abat , Se
qui les mine peu-à-peu : on ne fait point de remè-
de à cette maladie. Liger.
EFFLEURAGE. f. m. A(^on par laquelle on efïleure
EFF
les peaux des moutons , des boucs & des chèvres.
EFr'LEURER. v, a. Efflorare. Terme d'Agriculture.
Oter les Beurs. Mais , comme ce terme a d'autres fi-
gnihcations très-différentes , on évite de s'en fervir
dans le fens que nous venons d'expliquer. Mais o!i
dit, la grêle a un peu endommagé ce tiuit. Elle n'a
fait que l'effleurer. Dans cette lignification , c'ed
ôter, entamer la fuperficie d'une chofe j la peau,
l'écorce. Eambere ,perjtrinsert leviier. Quand on fe
frotte contre quelque chofe de rude , cela effiieureXx
peau. Ce coup de moufquet n'a fait (\i\ effleurer Ix
joue de ce Cavalier. La fortune en cela ne vous a
pas feulement effleure la peau. Costard; c'cft-à-
dire, ne vous a pas fait le moindre mal.
Effleup.er une peau de chèvre , ou de mouton, ou
de quelque autre animal. C'eft, après qu'elle a été
planée & lavée à la rivière, en enlever la fieur,
ou fuperficie du cuir , du côté où étoit le poil . ou
la laine j pour la rendre plus douce Se plus ma-
niable.
Ce mot vient de fias j comme fi on difoit effio-
rare.
Effleurer , fe dit, figurément, des chofes qu'on tou-
che légèrement & fuperficiellement. Summatim at-
tïngere , ftricdm peratrrere. Il ne faut point lire
tons les faifeurs d'Abrégés , il ne font qn'effleurer
les matières , S<. ne les approtondilîent pas. Les
inftrutfions de piété ne font la plupart du temps
qaeffleurerl'efpïïZy fans y laiiler aucune trace. La
P. Gail.
Effleurer. C'eft auffi un terme de Fleurifte , qui fi-
gnifie , ôter les fleurs. Defiorare , perflorarc. Effleu-
rer une anémone , une rofe , une tulipe.
Effleuré ,'ée. part.
ifT EFFLEURIR. v. n.Termede Chymie.Tomber en
eftlorefcence. Foyei^ ce mor.
-îlCrEFELEURi , lE. parr. Acad. Fr.
?tT EFFLORESCENCE. f. f. Terme de Chymie , fy-
nonyme à moihllure. Il fe dit encore en Chymie
pour un changement qui arrive à une fubftance
minérale j lorfqu'elle eft chargée de parties frlines,
qui fe montrent à fa furface , Se y forment un en-
duit femblable à de la moifilfure. Il y a des Pyrites
qui efl^leurilfent , on qui tombent en efflorefcence à
l'air.
EFFLOTTER. v. a. Terme de Marine , qui fignifie,
féparer d'une flotte. Les navires s'f/^t)rre«f quelque-
fois par un coup de vent , par des nuits très-obfcu-
res , ou par d'autres accidens. Un tel navire s\fflot~
ta , Se ne nous rejoignit qu'au bout de deux jours.
Un coup de vent nous efflotta de notre chère com-
pagne la Tranquille. P. Labat.
Er FLOTTÉ , part. Se adj. C'eft un terme dont quelques
Navigateurs fe fervent j pour dire, écarté d'une
flotte , ou d'un autre vailîèau avec qui on alloit de
compagnie.
EFFLUENCE. f. f. Terme de Phyfique , qui fe dit des
corpufcules qui fortent fans celfe de certains corps ,
comme l'aimant J les corps éleèfriques , Sec. C'eft
l'oppofé d'aftluence. Par Veffluence les corpufcules
fortent des corps j par i'affluence ils y reviennent.
Effluxus.
^13" Efïluent , ENTE. ad). Matière e^ttf«/« , c'eft la
matière qui émane d'un corps la matière éleétriquef
tant cffluente qn'affluente, eft allez fubtile pour paf-
fer à travers les carps très-durs & très- compaéls.
Nollet. Ce mot eft formé des mots ex , Se fluo ,
je coule.
EFFLUXION. f. f Terme de Médecine , qui fe dit
des vidanges que font les femmes d'un fœtus im-
parfait dans les premiers jours (d'après la concep-
tion. Dcffluxio, deffluvium. Il faut qu'un fœtus ait
trois mois , pour qu'on puilfe dire qu'il y a eu
avortcment. S'il fort avant ce terme j on l'appelle
effluxion.
EFFOEL. f. f Fœtus ,fœtura. Vieux mot. Augmenta-
tion que le bétail a fait dans la bergerie.
Ce mor a été t'ait à'exfolium , .i^ caufe que l'on
nourrit les brebis d'herbes Se de feuilles d'arbres^
E F F
t*iift ce que je trouve dans le Didionnaire âc M.
D. C. qui l'a pris de Borel mot à mot.
EFFONDREMENT, f. m. Terme de Jardinage. L'ac-
tion d'efiondrer. l'ojjio. Je crois qu'un cjjondrtmtnc
conviendroit alFez à cette terre. Ligkr.
EFFONDRER, v. a. & n. Quand il elt actif, il figni-
lie , Accabler par la pefanteur j & quand il elt neu-
tre j il lignifie , S'aiïaiirer. Vous chargez trop ce
plancher , vous ï ejjondreie^ ^ il ejjjndrera. La terre
avoir été fouillée en cet endroit , elle s'eft effondrét.
Dans ce fens il n'eft plus ulité.
Effondrer, lignifie auiii , Rompre avec violence,
Pcrfringire. Ces voleurs s'écoient b.irricadcs dans
cette chambre .• il a fallu ejjondrer la porte pour les
prendre. Cet homme heurte li fort , qu'il (emble
qu'il veuille effondrer la porte. Il n'ell pas noble.
Efhondrhr , fe dit aulli des volailles & du poilîon
qu'on vide, qu'on prépare pour manger, quand
on leurôte la poche, le gclier , & autres chofes
qu'elles ont dans le cotps. Exencerare. On fe fert
plutôt de vider.
Effon'drer , eftaulll un terme de Jardinier. Effondrer
les terres , c'eft les fouiller à la profondeur d'envi-
ron trois pieds , les renverfer fens-deirus-delFous ,
Se en ôter les pierres & les gravois. Souvent même
on metdeiTôus un lit de fumier j ou Ion met de
bonnes terres à la place des mauvailes. On fent al-
fez les avantages qui peuvent réfulter de cette opé-
ration.
On dit auflî eftoncer & défoncer un terrein. Fo-
derc Que n effondrez-vous cette terre , elle en pro-
duitoit davantage. Liger. On effndre ordinaire-
ment la terre dans Its lieux où l'on juge à-peu-près
que les arbres , ou autres plantes qu'on y mettroit ,
,feroient douter de leurtccondité. Id. En de pareilles
occalions on dit mieux , t'ouï'dcr ^ ou/aire des tran-
chées , qu'effondrer.
M. Ménage fait venir ce mot du Latin exfundu-
lare.
Effondré, ée. part. On le dit, dans les Manufadtu-
res de lainages, de draps , îfc autres étotfes de
laine , qui ont été extraordmairement tirées à la ra-
me , ou lannées trop à fond avec le chardon fur
la perche. Ainfi l'on dit , ce drap ell; trop effon-
dre \ pour dire , que le fonds en el1: foible , lâche
6c altéré.
Effondre. Terme de Jardinier. Les terres pierreufes
& caillouceufes par leur peu de fond, doivent être
effondrées fou vent. Jardins de propreté.
EFFONDRILES. f m. pi. Ordures, parties groflTières
qui fe trouvent au fond d'un vaiiîeau dans lequel
on a fait cuire ou intufer quelque chofe. Faces.
Effondrilles du bouillon.
EFFORCER , Qui ne fe dit qu'avec le pronom per-
fonnel. S'efforcer, v. récip. Employer toutes fes for-
ces pour venir à bout de quelque choie ; ne pas
alTez ménager fes forces en failant quelque chofe,
&c quelquefois employer toute fon indulhie pour
parvenir à une fin. Lnai, tenderc- \\ Ç^lUZ s efforcer
à gagner la vie éternelle. Ne vous efforce-^ pas ,
vous vous blelTerez. On le conltruit auflî avec de.
On voit bien que vous vous efforce:[d'èzrs plaifant;
mais ce n'eft pas le moyen de l'être. Port-R. Plus
ils s'efforcent de faire bonne mine dans leur folitu-
de , plus ils meurent d'envie d'en fortir. S. Evr.
Efeorcé, ée. part. palT. Vieux mot, que Marot dit
d'une mauvaife plume ,c'eft-à-dire , d'un mauvais
écrivain.
// te fallûlt un efprie poétique j
Non pas ma plume efforcée & rujlique ,
Pour te répondre. Mar.
EFFORMIER. v. n. Vieux mot. Fourmiller. Scatere ,
circumfluere. Du Cange , fur J^ille-Hardouin.
EFFORT, f. m. Emploi violent de fes forces. Adion
faite en y employant beaucoup de force. On le dit
également des actions du corps & de celles de l'ef-
prir. Nifus ^ conatus. Quand on fait de grands efforts
E F F 1^7
pour lever des fardeaux , on rifque de fe bleller.
Du Cange dit que les Auteurs de la balle Larinité
fe font fervis du mot e^'orcv///« , pour lignifier ejfbrty
& une armic^ oujorces militaires.
Effort, fe dit aufà des tentatives, ou des mouvement
de vigueur, deplulieurs perfonnes alfemblées pour
un même ài^<î\x\.ln:prejjio. Cette année va faire les
derniers efforts pour emporter cette place. Tout
\ effort à^ la guerre va tomber fur la Flandre.
0Cr Effort , fe dit encore des chofes qu'on fait avec
beaucoup de peine , & en s'incommodant. Il a faic
un effort pour l'établiiîement de fon fils.
Efeort , fe dit aulli de tout ce qu'on lait avec violen-
ce. Cette clef elt taullce, il faut qu'on ait fait quel-
que e^orf dans la fetrure en voulant l'ouvrir.
03" Eefort , fe dit , en Phyfique, pour exprimer la
tendance d'un corps au mouvement , ou pour dé-
ligner la force avec laquelle un corps en mouvement
tend à ptoduire un effet, foit qu'il le produife réel-
lement, fuit que quelque obftade l'empêche de le
produire. Ainfi l'on dit qu'un corps qui décrit une
courbe, fait e^^ort pour s'éloigner à chaque inftaiu
du centre de Ion mouvement, pour s'échapper par
une tangente du cercle qu'il décrit , & s'échappe
réellement , dès qu'il ne trouve plus d'obftacle au
mouvement en ligne droite. Nifus. Les corps gra-
ves tendent naturellement en bas, & font effort
pour defcendre. L'air comprimé fait effort çout for-
tir. Le P. Holte, dans fa Théorie de la conjlruclion
des vaiffeaux , examine l'effort que les parties du
vailfeau doivent foutenir , l'effort de l'eau contre
le vaitleau , l'ejffort que doivent foutenir les ver-
gues j les mâts , les ancres , les cordages , &c,
(fT Ce terme cft encore employé en Médecine j
pour exprimer les mouvemens extraordinaires que
fait la nature pour furmonter , détruire , ou expul-
fer lescaufes d'une maladie.
0CF En termes de Maréchallerie, effort Ce dit du
mouvement forcé d'une articulation , d'une exten-
fion violente des mufcles , des ligamens , principa-
lement des reins , des hanches , du jarret. Ce Che-
val a fait un effort de reins , d'épaules.
IJCirOn le dit,généralement,d'une rupture de vei-
nes , d'un relâchement de mufcles & d'une exten-
hon de nerfs.
Effort, fe dic,hgurément,en chofes fpirituelles, d'une
forte application , du travail & de l'attention de
l'efprit. On ne peut inventer des machines que par
un grand e//()rrd'efprit. La (latue de Laocoon elt ua
grand f/forr d'imagination. G' e[\ un effort de l'art.
Réciter toute l'Enéide par cœur eft un grjnd effort
de mémoire. Ne lui as-tu pas dit qu'il falloit qu'elle
s'aidât, qu'elle fit quelque effort, qu'elle fe faignâc
pour une occafion comme celle-ci ? Mol. Il faut
faire tous fes efforts pour gagner le Ciel. Il eft
plus siàr de s'arrêter à l'autorité de l'Eglife , que de
s'abandonner aux foibles eff'orts de notre miferable
raifon.NTCoL. Je vais faire un c^r^furmon amour.
B. Rab. Notre cœur tient toujours à la terre , &C
nous ne l'en, arrachons qu'avec ejjort. Héron.
j^ :et illuflrc effort par mon devoir réduite ,
J'ai domté la nature y & ne l'ai pas détruite. CoRN.
Ces mots viennent du primitif_/orr, du Latin fortls.
EFFOUAGE. f. m. Vieux mot. Certaine fomme que
chaque feu ou famille doit payer.
EFFOÛEIL. f m. Terme de Coutumes. Fœtus. C'eft
le part , ou le croît du bétail.
EFFOUIL. f. m. Terme de Coutumes. C'eft le profit
qui provient du bétail , comme le lait, la laine ,
&:c. Reditus ex pécore.
EFFRACTION, f. m. Terme de pratique. Fradure.^
que l'on fait pour entrer dans un lieu , ou pour en
fortir. EffraClura. Il y a eu vol avec effraclion. PaC
l'article IX. du Titre premier de l'Ordonnance cri-
minelle de 1670. concernant les compétences, le
fdcrilége avec effraclion eft mis au rang des cas
Royaux. Par l'article XII. du même titre , les vols
£ e c e ij
j88 E F F
faits avec -cffraclion font déchirés tie la compétence
du Prevot.
EFFRAYANT , ante. adj. Qui cnufe de la frayeur ,
ou qui fait naine dans lame une aguation violence
caulée par l'image d'un mal véritable ou apparent,
* Ce mot dit moins qii effroyable 6c épouvantable.
Foyci ces mors. Il femble que ce mot ne peut s'ap-
pliquer qu'aux objets piélens. TerribiUs. Sommeil
cjjrczyaru. Boil. La mot: honceufe eft le plus
efrayant de tous les objets. On devroit avoir tou-
jours préfent cet objet ( la mort ) tout hideux , &
tout effrayant qu'il elt. IvIorale de P.
EFFRAYE, f. f Eli un vieux mot, qui lignifie Frcfuye.
yoye^ ce mot.
EFFRAYER.' V. a. Donner de la frayeur. Foyei ce
mot. Epouvanter, faire peur j donner de la crainte,
effrayer. Foye^ ces mots à leurs articles particuliers.
Foye^ auffi Alarme & Crainte. Terrere. Un vrai
Philofophe ne s effraie derien.Cefontles jugemens
de Dieu qui nous doivent effrayer. Les vilions noc-
turnes ejfraier.t les plus hardis. Pour peu que les
hommes fe choquent de notre dévotion, nous nous
effrayons commj s'ils étoient nos fouverains Juges.
Flech.
JJfei d'autres fans moi , d'un Jlyle moins rapide.
Iront de ta valeur e&zy et l'Univers. Boil.
L'homme feul
S'QSi-ayeJjttement defes propres chimères. Id.
Quelques-uns font venir ce mot du Latin effera-
re. Mais c'eft Effarer qui vient à'effcrare j comm;
il eft ci-delfus remarqué : effrayer y'\.i::ni plutôt à'ej-
frigorare. On dit de ceux qui ont peur.j. qu'ils ont
la tièvre 3 qu'ils frilfonnent. Or le hoid des lièvres
eft appelé en Latin par divers Auteurs /r/Vor , d'où
eft venuJe François frayeur , qu'on a depuis pro-
noncé frayeur , 5c de - là effrigorare j eftroyet j
effrayer.
Effrayer j fe dit quelquefois en plaifantanr. Préfen-
tez des bouteilles de vin à cet ivrogne , cela ne
l'effrayera point , il les boira.
Effrayé j ée. part. & adj. Ce terme s'applique à ce-
lui qui témoigne par des fignes extérieurs la trayeur
d'un mal réel ou apparent. Il paroît fuppofer un
danger paffe.
Entérines de Blafon, on appelle un cheval effraye',
quand il eft peint dans une aélion rampance.
Du Cange dérive ce mot A'effraÛus , qu'on a
dit en ce fens dans la balTe Latinité. Mais la cita-
tion de Du Cange en cet endroit femble induire
C[Viefracius, dans le paffage qu'il produit , eft em-
ployé pour expliquer en Latin ce que le mot Fran-
çois effrayé lignifie en termes de Blafon. Mais que
l'on confulte le paffage , on ne trouvera rien moins
quecela.
EFFRÉNÉ , ÉE. adj. Qui n'eft retenu par aucun frein.
Ce mot ne fe dit guère qu'au figuré. Effrxnus. Le
defir de régner eft une palîion effrénée. Le peuple
dans les fcditions agit avec une licence effrénée. La
tempérance eft une vertu qui régie les defirs effrénés
des hommes- Rien n'eft fi puKfant que la Religion
pour tenir en bride une populace effrénée. Vaùg.
On vit avec horreur une Mufe effrénée ,
Dormir chej un Greffier la graffe matinée. Boil.
Effréné j ée. En termes de Blafon , fe dit d'un cheval
qui n'a ni bride ni felle , & qu'on appelle autre-
ment Gai.
Ce mot vient de /ri£;2a/72 , bride.
Eefrenément. adv. Vieux mot. D'une manière effré-
née. Effnenatè.
A ce que par quelque manière lâche
De fus autrui fes aiguillons ne lâche,
Effrénément l'affaiilant le premier. Marot.
E F F
EFFRÉOUR. f. m. Vieux mot. Effroi, frayeur. '
EFFRIQUE. 1. m. Nom propre d'homme. Ajricanus.
S. Africain, vulgairement S. Effnque , 6c par cor-
ruption S. Frique , &: San- Fric , étoit Evèque de
h ville de Cominges en Gafcogne , & non de celle
de Lyon , au quatrième fiècle. Baillet. Foye\ fur
ce Saint le P. pAPEERocH,dans les Acla San'ct, Mail,
T. I. p. 6^. i^ Juiv.
EFFRITER, v. a. Terme de Jardinier. Rendre fté-
rile , épuifer , uÇtï. Exhaurire ^ fcrilem , effœtum
reddcre. Il faut mettre de nouvelles terres à la place
de celles que les mauvais arbres auront effritées. L/V
Quint. Cette terre s'effrite trop. Ce champ eif tout
effrité :^ c'eft-à-dire, tout épuilé de fels. Liger.
Il fe dit avec le pronom perfonnel : s'effriter ,
s'ufer , s'épuifer , perdre fa fettiiué. Il fe dit de la
terre. Sterilefcere. Il faut beaucoup de fumier pour
produire des herbes potagères, qui viennent en peu
de temps en abondance , & fe fuccèdent prompte-
ment les unes aux autres dans un petit efpace de
terrein , qui fans cela fe pourroit effriter.
Effriter, v. a. Effrayer , donner des affres. Elle ne
s'effrite pas de ce qu'on lui dit. Terme populaire.
Effrité , ee. part. Terme de Jardinage. C/fé , épuifé.
Effœtus. La terre d'un jardin n'eft jamais f\ ufée ,
c'eft-à-dire , li épuifée , Se ii effritée , qu'elle doive
demeurer entièrement inutile. La Quint.
Effrité , ée. Surpris avec frémllfemenr. Oh ! vous (
m'avez toute effritée. Ces deux mots, effriter, effrité,
font dans Cotgrave, & le dernier , avec l'explica-
tion &c les exemples , dans l'examen des Préjugés
vulgaires ,p. 180. 1 8 1 . Le P. Buffier dit qui^'eft un
mot Normand. Effriter Se effriténe{oni plus a'ufage.
EFFROI, f. m. Terreur foudaine , qui caufe une
grande émotion , à la vue ou au récit de quelque
événement. Terror. On écrivoit autrefois ejfray,
gn écrit encore e_ff rayer. Un grand effroi a fait moi:-
rir ou pâmer des hommes , accoucher des femmes.
Sec. Ce Prince eft fipu'ilant, qu'il porte par-tout la
terreur & l'effroi. Un médifant eft ïcffroi du Pu-
blic. M. ScuD. Il faut porter un falutaire effroi par-
mi les mcchans Ecrivains , afin de les tenir dans le
refpcél & dans le repos. S. EvR.
Rien nappaife un lecteur toujours tremblant d'e^coi.
Qui voitpeindre en autrui ce qu'il remarque en foi.
BoiL.
EFFRONTE J ée. adj. Souvent employé fubftanti-
vement. Impudent , qui n'a point de pudeur. Ce
terme ne fe dit que des perfonnes. Il n'eft point fy-
nonymc à hardi , qui déligne feulement celui qui
ne craint point ce que les autres craignent. Une per-
fonne effrontée q^ celle qui parle d'un air infolenc,
& dont le peu d'éducation fait qu'elle n'obferve ni
les ufages de la politelfe , ni les devoirs de l'honnê-
teté, ni les règles delà bienféance- Un effronté ïi'e\i
bon qu'à faire rougir ceux qui l'emploient. Impu-
dens J procax jprotervus. Cette harangète eft bien
effrontée. Ils étoient fervis par de jeunes filles qui
étoient habillées peu modeftement j. & qui avoient
un air affez effronté. Bouh. Xav. L. III. Ce parafite
eft un effronté , qui fe fourre par tout. Il a été alfez
effronté pour foutenir cette impudente menterie.
Le front étant le fiége de la pudeur, on a dit que
les impudens fembloient n'avoir point de front. Ef-
frons fe trouve dans Vopifcus \ & l'on a fait enfuite
effrontatus , d'où viennent l'Italien Sfrontato , & le
François effronté.
EFFRONTÉ, f m. Nom que quelques-uns -ont donné
à de certains Fiérétiques qui fe difoient Chrétiens ,
prétendant que s'être raclé le front avec un fer juf-
qu'à l'efflilion du fang , & y avoir enfuite appliqué
de l'huile, c'étoit avoir reçu le baptême. Cela les fie
nommer effrontés. Ils difoient que le Saint Efpric
n'étoit autre chofe qu'une infpiration qu'on fentoit
dans l'ame, & qu'il y avoit de l'idolâtrie à l'adorer.
Us s'élevèrent vers l'an 1554- M- D- C.
On dit, proverbialement, d'une perfonne qu'on
E F F
veut taxer d'impudence , qu'elle eft effrc.-ttee cotn-
nie un Page de Cour.
EFFRONTEMENT, adv. D'une manière elîlontée.
Impudcntcr. P.irier , regarder effroiucmenc.
EFFRONTERIE, f. h Impudence. Audacia perdita ,
protervitds. Il faut avoir bien de \effronunc pour
vouloir défendre ces paradoxes. La véritable ejfron-
lerieell la fuite naturelle de l'ignorance, quoiqa'elle
nes'apperçoive pas de l'on oni^ine. C'eit un-^ fen-
tence du Spectateur Angbis.
Non , non , un Orateur nejl point une furie :
Prêcke^ donc fans Jurcur ly fans efflonterie.
Sanlec.
1^ Effronterie, hardielTe, audace, dans tins li-
gnitication fynonyme. Il y a dans {'effronterie quel-
que choie d'incivil ^ elle mart^ue de l'impudence.
6yn. Fr. L'effronterie fait qu'on dcplak à tout le
monde , &c qu'on palle chez les honnêtes gens pour
être d'une vile naillance.
0Cr L'Effronterie n'agir point du tout fur les gran-
des qualités, parce qu'elles ne le trouvent jamais en-
femble. Son influence ne regarde que ce qu'il y a
de mauvais ; elle répand lur les défauts de 1 ame un
coloris qui les rend encore plus laids qu ils ne font
eux-mêmes. Foy. les autres mots.
EFFROUF-R, v. a. Vieux mot qu'on trouve dans Ni-
cot j pour dire émier. Friare , fujjriare. On dit en-
core froilfer.M. Ménage en donne cette étymologie,
Exjricare , exjriare , cxfraare , effruere.
EFFROYABLE, adj. m. & f. Qui infpire de l'horreur ,
foit par la crainte , loit par tout autre motif. P"oy.
EFFRAYANT, ÉPOUVANTABLE, TERRIBLE.
Horrendus,terrifiUs.Uhydte(:ioït un monftre effroya-
'ble. Les peines de l'enfer lont ejfroyables. Le parri-
cide elt un crime effroyable^ qui fait horreur. Tous
les momens de notre vie nous avancent vers la mort ,
& toutes nos démarches nous approchent de ce ter-
me Il effroyab/e. Nie.
ffj" On le dit , par exagération , de ce qui eft ex-
trêmement difforme. Cette femme eft effroyable j
d'une laideur ejfroyabk.
(fT On le dir auHi de ce qui eft prodigieux, fur-
prenant j excellif j démefuré. Ce Seigneur fait une
dépenfe effroyable , il fe ruine. Nimius. C'eft une
chofe effroyable , combien il m'en coûte. L'étendue
des cieux eft effroyable. Mirus j incredibilis. Voy.
HORRIBLE.
EFFROYABLEMENT. ad%'. D'une manièreeffroyable.
Suprâ wodum , ultra quàm dici poteji. Beaucoup ,
extraordinairement. Il ei\ effroyablement ziche. Elle
eft effroyablement laide.
EFFUMER. V. a. Terme de Peinture. C'eft peindre
une chofe légèrement, rendre des objets moins fen-
fibles. PoMEY. Adumbrare yjummus lineas ducere.
EFFUSION, f. f. Action de verfer d'un vaiftèau le li-
quide qui y eft contenu. Effufio. On faifoit autre-
fois des effufîons de vinj, ou d'autres liqueurs , dans
les facrifices des Payens. Z,/^i^f/o/v«. /^.LIBATION.
?fT Effusion , fe dir aufli de l'épanchement des li-
quides ou des humeurs du corps humain , qui for-
tent de leurs corps blelFés ou rompus. Cette place
a été prlfe fans effuflon de fang. Il faut craindre dans
une plaie que la trop grande effufion de fang necau-
fe la mort.
|K? Effusion , fe dit quelquefois , en Phyfique, pour
diftufion , aétion par laquelle une choie s'étend,
ou l'effet de cette attion. h'effufion de la lumière
vient des corps lumineux. VeffuHon de la bile ciu-
fe la jaunilLe. L'effusion des efprirs fe fait quand les
efprirs fe répandent dans les différentes parties du
corps, comme il arrive dans un mouvement de
joie.
I^TDans ce fens, on dit,figurémenr,une effusion
de cœur , pour dire une vive & fincère démonftra-
tion de confiance & d'amitié. Il y a peu de gens qui
puiftcnt recevoir l'effusion de cœur des autres , fans
E F F EGA 6^c;
par unt effusion naturelle à l'homme j on en parie
témérairement. Id.
Effusion, fe dit aulîi en matière de dévotion. La
vraie contritron fe doit faire avec effusion de cœur.
I oto animo , totà mente.
gC? Le P. Bouliours,dans fesàoutes,reprend cette
façon de parler , efusion de colère j employée par
M. de Sacy dans lllikoire de l'Ancien & du Nou-
veau Teftamenc. Il veut bien le contenter d'une
plaie plus douce , afin que les hommes tremblans
aux premiers coups qu'il leur fera fentir^ jugent de
ce qu'il fera, quand il les punira dans toute l'efju'
sion de fa colère. Je ne fais , du le P. Bouhours ce
que c'eft qu'effusion de colère. Cependant cette fa-
çon de parler j dans toute l'effusion de fa colère ,
eft très-belle & très noble. M. d'Andilly a dit de mê-
me j effusion de miféricorde , & M. Nicole , elfu-
sions de malignité. C'eft d'ailleurs comme parlel'E-
criture ; tffunde iram tuam, à3.ns pluheurs endroits.
Les Latiiis ont dit de même iram effundere , &c ira
effundi.
. . . Irarumquc omn^s effandit habenas.
ViRG.
Effusion , de
Aftronomie
5« l'aquariuSy ou du verfeau, eft en
1 partie de ce ligne, qui eft repréfen-
tée dans les globes & dans les plamfphères céleftes
par l'eau t|ui fort de l'urne du verfeau. On marque
dans les Ephémérides aftronomiques le palfage des
Planètes dans l'e^J/ow du «s.
Effusion j en termes de Philofophie Hermétique ,
lignifie la purification de la pierre philofophale. Il
y a autant de diftérentes effusions ^ que de digeftions.
E F O.
ÊFOlfRCEAU. f. m. C'eft une machine dontles prin-
cipales parties font un timon j deux roues éc un
elHeu commun , comme les chariots & les char-
rettes ordinaires ; mais le tout eft plus maflif, &
d'une plus grande force. On s'en lert pour traîner Se
conduire les plus pefans fardeaux , lur-tout les gros
corps ci'arbres , les grolFes poutres , tkc.
EGA.
EGA. Petite rivière d'Efpagne. Ega. Elle naît dans la
Bifcaye j &; f e jette dans l'Ebre , un peu au-delfous
deCalahorra , du coté du levant.
ÉGAGROPILE , ou AGROPILE. f. f. Pelote de
poils J de crins J ou de foies , qui fe forme dans
l'crtomac des animaux quadrupèdes , & fur-tout de
ceux qui ruminent. Acad. Fr. Ces animaux _, en fe
léchant, avalent des poils qui, ne le digérant point,
forment une pelote dans la panfe^ qui fe couvre
d'une croûte dure & luifaïue. On a atcribué pen-
dant long-temps des propriétés merveilieufcs à ce
mélange épaifli , avant qu'on en connut la nature.
EGAIL. f^oye-^ Aiguail.
EGAL, ALE. Terme relatif. Qui eft le même , foit en
nature , foit en qualité, foit en c]uanticé. Par , aqua-
lis. C'eft un axiome de Géométrie j que deux cho-
fe s eVij/f jaune troifième font tr'j^a/e^entr'elies. Com-
battre à armes c/fiî/c'j j c'eft-à-dire , fans avantage.
Un mariage égal, eft celui qui fe fait entre des gens
de pareille condition^ en biens , en nailTance. Nous
fommes tous égaux , étant fils d'Apollon. God.
On dit aulli , Faire égal , pour dire j n'avoir pas
plus de conhdération pour l'un que pour l'autre, en.
donner autant .à l'un qu'à l'autre. On dit,dansle mê-
me fenSjtenir la balance e'gale.
Egal , fignifie aulli , uni , non raboteux. u¥,quus y
Uvis ,pldnus.(l\:iic plaine efl bien e'gale: ce plan-
cher n'eft pas égal : cette allée eft égale , de niveau.
E'.al , fignifie aulli , indiiférent. Qu'on lui donne du
bon , ou du mauvais vin , tout lui eft ^g'^^j Jl boit
participer à leur corruption. Ntc. On commence! au(îl-tôt l'un que l'autre,
par juger témérairement du prochain , Se enfuite , ^^' Égal , fe ait auili pour ur.iformej ce qui con-
rpo EGA
ferve toujours le mcins ctac. MouvelVient égal, qui'
n'eft ni accéléic , ni retardé j tempérament egùl ,
qui eft le même j qui n'ell point fujet à des altéra-
tions ^ pouls cg<T-l- ■) doot les battemens ie tout de la
même manière & dans le même temps.
Égal , fe dit de même au figuré , & lignifie , qui eft
dans le même état. jEquus , conjians Jcbi , idem ,
éiquabiUs. Un efprit eft tgd,c^\ a toujours une mê-
me conduite , qui eft toujours dans la même fi-
tuation , ou qui ne s'abat point par la mauvaife
fortune , ni ne s'enorgueillit par la bonne. Une
■humeur e^a/f, qui n eft jamais ni trop tnfte , ni
trop enjouée. Il en eft d'une humeur égale , ou
inégale , comme des eaux : les plus tranquilles ne
font pas toujours les plus divertillantes. M. Scud.
La complailance de tempérament & d'inclinanon
eft la plus sure ^ la plus egaU. M. Esp. Un ftyle
égal, qui n'a point de haut ni de bas. Une Monar-
chie ( d'Angleterre ) aufti fujette au changement,
que votre conduite eft uniforme, & le cours de vos
viétoires égal. P. D'Orléans.
On dit , en ce fens , marcher d'un pas égal , tant
«u propre qu'au figuré , pour dire , Aller toujours
Je même train, foit en marchant , fou dans les
4ifFaires.
En Géométrie, les cercles égaux font ceux dont
Jes diatnètres font égaux. Les angles égaux font
ceux dont les lignes font fembiablement inclinées
entre elles , ou dont les mefures font de femblables
jjarties de leurs cercles. Les figures équiangles lont
celles dont touî les angles font e^j^/.v les uns aux
autres \ & les figures égales font celles dont les ai-
res font égales , foit que les figures ioient fembla-
bles entre elleSj foit qu'elles ne le foient pas. Les
fegmens de fphère & de cercle font d'une convexi-
té ou d'une concavité égale , quand ils ont la même
proportion , raison ou rapport aux diamètres des
iphères & des cercles dont ils ont été retranchés. Les
folides égaux font ceux qui comprennent autant ,
qui tiennent autant les uns que les autres , dont les
iolidités & les capacités font égales. Les folides
■ égaux &c femblables font ceux qui font terminés par
des plans femblables Se égaux. Les hyperboles éga-
ies font celles dont toutes les ordonnées à leurs
4ixes indéterminés font égales les unes aux autres ,
en les prenant en diftances égales , depuis les poin-
tes où les hyperboles fe trouvent coupées par leurs
axes indéterminés j c'eft-à-dire, depuis leurs fom
mets j &c. OzAN.
On dit encore, en Arithmétique, Nombre égal ,
nombre également c^<.?/, &c. f-^oyc^ Nombre; &
en Gnomonique & Aftionomie , Heures égales.
Foyei Heure.
Les raifons Géométriques égales , font celles
dont les plus petits termes font de femblables par-
ties aliquotes ou aliquantes des plus grands. Les rai-
fons Arithmétiques égales , font celles dans lefquel-
les la différence des deux plus petits termes eft égale
à la différence des deux plus grands. Ozak.
Egal, en termes de jeux de cartes , fe du des mains
qu'on fait, qu'on ptend , qu'on lève. Les cartes font
égales ; il y a cartes égales , lorfque les joueurs
font autant de mains les uns que les autres : en eftet
le nombre des cartes que les joueurs ont levé , &
qu'ils ont entre les mains , eft alors égal.
Égal , eft aufti quelquefois fubft. Par. Il ne fe faut
battre que contre fon e^a/, ou fonpareil.il traite
tels & tels d'égal à égal:, c'eft-à-dire , il vit avec
eux de même manière que s'il étoit leur pareil. Il
faut vivre civilement avec fes égaux. Mille gens
ont la manie d'aimer mieux fe faire fupporter par
les Grands, que de vivre familièrement avec leurs
égaux. La Br. Profitons des momens où il prend
envie aux Princes de fe rendre nos égaux , ôc n'ou-
blions pas qu'ils font nos maîtres , lotfqu'ils l'ou-
blient. S. Evr.
Bref dans cette fierté que leur gloire fait naître ,
Hun ne veutpointd'égA , & l'autre point de maître.
BaÉBEtJF.
Vj
A
A Végal. Façon de parler adverbiale & compara-
tive. Prs.. Philippe n'étoit rien à l't^^j/ d'Alexandre;
pour dire , étant comparé à Alex mdre. Cette vi-e
eft peu de choie à \'egal de celle que nous attendons
après la morr. Il n'aimcrien à l'f^.j/de ion fils. Cette
manière de parler n'eft pas du beau ftyle \ Se on ne
l'emploie qu'avec la négative.
ÉGALEMENI. adv. D'une manière égale. ^^WizA-
ter j i&què j aquabiliter. Il fe du dans un fens phy-
fique , & dans un fens moral. Un père doit parta-
ger également fes enfans- Ces deux phrafes font éga-
lement bonnes. Il y a bien des gens en qui l'égalité
d'humeur ne fert qu'à les rendre également en-
nuyeux. M. Scud. Les carelTes & les mépris de la
fortune font également à craindre. Voix. On ne parle
point de marier ceux qui s'aiment également:, mais
ceux qui font e^.2/e/72e«raimésde la fortune. S. Evr.
Il faut qu'un Prince foit également délicat &c dans les
chofes, & dans les manières. Nie.
Deux chemins diejffrens ,& prefquaujji battus.
Au temple de mémoire également conduifent.
Des-Houl.
En Géométrie , on dit que deux lignes font éga-
lement éloignées d'un point, lorfque 1rs perpendi-
cuLiires tirées de ce point aux deux lignes font
égales.
EGALEMENT, f. m. Terme de Jurifprudence. Ac-
tion par laquelle on égale des lots de partage , ou
toute autre chofe. Lorfqu'un cohéritier avancé , au
lieu de rapporter en efpéce , retient les choies don-
nées, &i offre de moins prendre, les autres cohéri-
tiers J procédans à leurs egalemens ^ ont le choix fur
tous les biens de la fucceftion. Règles du Droit
François J p. -220. Ce mot a été fubftitué par M.
Pocquet de Livonniére à celui d'égal fation que nos
nouveaux Dictionnaires qualifient de vieux & de
terme de Pratique. On trouve égalation dans Mo-
net , & égalifement dans Cotgrave. Après tout , on
auroit mieux tait de confetver égalifation, quiétoic
tout établi , &c qui valoit peut-être mieux i.\v\ égale-
ment , que l'on pourroit confondre avec également
adverbe.
ÉGALER, v. a. Rendre égal, ôter du plus grand , oa
ajouter au plus petit , pout les rendre femblables.
Â.quare.LxcMïg'i voulut e^^/er les conditions de fes
citoyens. La mort nous égale tous , &c c'eft où nous
attendons les gens heureux. M. Scud. Le palfé ab-
forbe tout ,& égale tout. Nie. Ce pète a égalé les
parts de fes enfans.
En quelque rang divers que deux cxurs foient placés ^
Quand l'amour les unit , il les égale «//eç. Qui.
En Algèbre on égale les grandeurs par les équa-
tions , les fignes de + & de— &c.
Egaler , fignifie aulîi, Aplanir , rendre uni. Planum
Jacere ,Jiernere , co square , complanare. Egaler une
allée , un chemin.
Egaler, avec le pronom perfonnelv fignifie , fe com^
parer , fe mettre en jparallèle. j^.quare fe. S'égaler
aux plus grands Seigneurs.
Egaler, fignifie aulli , Devenir pareil , rendre pareil.
Les Philofophes modernes ont non-feulement éga-
lé, mais furpalfé les anciens par leurs expériences.
Les mauvais Anges furent précipités du Ciel , à cau-
fe qu'ils fe vouloient égaler à Dieu. Corneille ne
peut être égalé dans les endroits où il excelle. La
Bruy. Alexandtes'étoit propofé à'égaleren tout la
gloire de Bacchus. Vaug. Nul ne vous égale dans
mon cœur. M. SeuD. Son orgueil ( du pécheur en-,
durci ) égale fa misère. L'Ab. Têtu.
Egalé , ée. part. & adj. ^quatus. On appelle , en ter-
me de Fauconnerie, Oifeau <?^«//, un oifeau qui
porte fur le dos des mouchetures blanches j qu'on
nomme égalures.
ÉGALEUR. f. m. Nom de fadion. ^quator , cxt-
quator. Eu i<J47- pendant les troubles qui té-;
EGA
jnolent en Angleterre , oiure les Indépendans , ili
ïe leva certains faâieux , qui vouloient égaler tou-
tes les conditions de l'Etat. Ce deffein fanatique les
a fait appeler Égalcurs. Fairfax délit \cs Ega/eurs
l'an 164c;. proche de Dumbury dans le Comté
d'Oxforr. ^«jc^Salmonet, HÀ'/o/rc des Trouves
de la Grande-Bretagne.
Ip- EGALISATION, f. f. Vieux terme de Pratique.
Aélion par laquelle on égale le partage des lots.
Ex&quatio. On s'en fert encore en ftyle de prati-
que. Egalifdtion des lots.
ÉGALISER. V. a. Vieux mot qui fe dit encore au Pa-
lais ; pour dire , Rendre des partages égaux. i:',T<e-
quarc. On a égalifé tous les lots.
ÉGALITÉ, f. f. Rapport des choies égales. J^qualï-
tas. Il y a entre ces deux lignes de ïégaL'ue. Entre
ces deux perlonnes, il y a égalité d'âge , de condi-
tion. L'amitié a befoin de quelque égalité \ mais
c'efl: plurôt d'une e^ij/Zfe qu'elle fe tait elle-même j
que d'une égalité qu'elle y trouve. M. Scud. L'ê-
galité el\ de Telfence des foibles amitiés humaines.
Éléch. En Aftronomieon appelle cercle de^dZ/Vc;.,
ou Equant , le cercle dont on fe fert dans plufieurs
hypothcfes , pour expliquer les excentricités des
Planètes , & les réduire plus aifément au calcul.
G'eit fur ce cercle que l'on règle le mouvement
égal : on le fuppofe égal à l'excentrique , & dans
ie plan du déférent.
En Géométrie la proportion par égalité bien ran-
gée , ou e.v (C^ao ordonnée , elt celle dans laquelle
plus de deux termes d'un rang font proportionnels
à autant de termes d'un autre rang , comparés l'un
à l'autre dans le m:me ordre , enforre que le premier
d'un rang foit au premier de l'autre , comme le fé-
cond terme au fécond j & ainh de fuite. La propor-
tion \)Zï égalité mû rangée , qu'on appelle encore
ex aquo troublée , eft celle dans laquelle plus de
deux termes d'un rang font proportionnels à autant
de termes d'un autre rang, comparés l'un à l'autre
dans un ordre différent & non fuivi , enforte que
le premier d'un rang foit au fécond du même
rang comme le fécond de l'autre rang au troifième,
&c. Dans l'une Sz dans l'autre proportion , en re-
jetant les termes moyens , la proportion refte en-
tre les extrêmes. La raifon iXégalitc ell celle qui fe
trouve €ntre deux nombres égaux.
En termes d'Algèbre , l'égalité fe marque avec
deux petites lignes parallèles. 14-2=4. Ou bien
par cet autre (igne =0.2-1-2 ©o 4. c'eft-à-dire^deux
plus deux font égaux à quatre. + x— y=-^ -f-c
lignihe ^ moinsj' eft égal à à plus c. Dans l'Algèbre
fpécieufe re.'^^//fe eft la comparaifon de deux gran-
deurs égales en effet & en lettres ; & l'équation eft
la comparaifondedeuxgrandeurs inégales en lettres
pour les rendre égales. De l'équation on vient à
l'égalité en changeant une lettre en une autre qui
rende égaux les deux membres de l'équation , c'eft-
à-dire, les deux grandeurs qu'on compare, & qui
font jointes par le figne d'égalité. Ainii dans cette
équation hcd bcd
aax :o ^c^jfuppofant.v "^ — on change Aren ~ &
aa a a
par cette fubftitution on vient à Ye'galité b c d >= bcd.
Dans la folution d'un problème en nombres qu'on
veut rendre rationnelle , fi on n'a qu'une puiffance
à égaler au carré ^ ou à quelque autre puiffance
plus élevée, cela fe nomme fimple égalité : quand
on a deux puiffances à égaler chacune au carré , cela
s'appelle triple égalité. Diophante nous a donné
une méthode pour les doubles égalités , & le Père
de Billy nous en a donné une très- belle pour les tri-
ples égalités dans fon Diophamus Redivivus. Or , en
Arithmétique , on appelle règle d'alliage on égalité,
celle dans laquelle les chofes qu'on veiat allier font
ég.ales en nombre.
fer Egalité, fe dit auffide l'efprit, de l'humeurj&c.
pour dire , uniformité, une même affietre, un mê-
me état. JEçiualicas. Un Stoïqueauns é^aliti d'uvni
EGA
S 91
que rien n'altère. Ce Pocte n'a point d'égalité de
Ityle : tantôt il s'élève Jufqu'au ciel : tantôt il rampe
fur la rerre. Il y a des gens en qui l'égalité d humeur
eft ftupidité , ou médiocrité d'efprit. M. Scud. L'e-
ganted:ins l'humeur vient plus de la raifon que du
tempérament. 1d.
Quejl-ce que la fageffc ? Une égalité d'ame ,
Que rten ne peut troubler ^qu aucun dejîr n enflamme.,
BoiLEAUî.
Mais cette égalité , dont fe forme le Sage ,
Qui jamais moins que l'homme en a connu l'ufage ?
Id.
EGALURES. f. f. pi. Terme de Fauconnerie, qui fe
dit des mouchetures blanches qui font fur le dos de
l'oifeau. On appelle auiîi un oifeau fo^û/t?', Maculis
alhis diflinclus , ou bicolor , celui qui porte ces
, mouchetures.
EGANDILLER. v. a. Terme dont on fe fert en Bour-
gogne , pout fignifier ce qu'on entend ailleurs
par étalonner ; c'eft-à-dire , marquer des poids
ou des mefures , après les avoir vérifiés lur les
étalons.
IJCT EGARD, f. m. ou ÉGARDS. Ohfervantia. Atten-
tion réfléchie & n>efurée fur la façon d'agir & de fe
conduire par rapport à l'état ou à la lîtuation des au-
tres, pour ne manquer à rien de ce que la bien-
féance & la politelle exige. Les égards font le fruit
d'une belle éducation. L'on ne peut avoir trop Re-
gards pour les Dames. M. L'Ab. Girard.
Ip" La fcience des égards , eft la fcience de la
politefle. M. Scud. La fcience des egcrds, eft l'ame
de la fociétc ^ c'eft ce qui fait qu'on rend à chacun
ce qui lui appartient. Bell. Les hommes , en s'af-
femblant en lociété , fe font en quelque forte obli-
gés à des igards réciproques , pour fe rendre plus
agréables les uns aux autres. L'on ne fauroit avoir
l'coç d'égards pour les Dames ; ils leur font dus j &
ce feroit les piquer que d'y manquer , d'autant
qu'elles obfervent plus les moindres chofes que les
grandes. Foyei les fynonymes , Considération,
Circonspection, Menagemens.
Égard, prefque en ce fens, fe dit du cas, de l'eftime
qu'on fait de quelque chofe ; de l'attention qu'on
y tait , du prix , &: de la valeur qu'on y donne, ^f-
timaiio^, ratio. Ainfi on dit au l^alais , fans avoir
eV<zri à fa demande, à fa requête, nous l'en avons
débouté. Nullâ habita ratione. On n'a point d'égard
aux lettres de grâce qui ne font point conformes
aiix informations. On doit avoir égard au temps , à
l'âge , à la qualité des Parties. C'eft une raifon ^ une
circonftance à laquelle on n'a poinr eu d'égardydont
on n'a point fait d'état. On joint une requête au
procès , pour , en jugeant , y avoir tel e^ar^ que de
raifon. Il taut avoir égard principalement à ce qui
regarde les mœurs j les mœurs font ce qu'il y a de
plus important , de plus effentiel. Ratio morunt
prior eji. Il faut avon égard , veiller au bien de fes
affaires. Ratio reifamiliaris habenda eft.
^ iCr On dit, t\x égard , pour dire ^ ayant égard ;
:A' égard ^ pour dire, par comparaifon , par pro-
portion. La terre n'eft qu'un point à V égard d\x ciel.
Prx., habita ratione.
IP" Cette façon de parler tient encore lieu de
prépolîtion , & hgnihe , pour ce qui regarde j con-
cerne. A mon égard , à notre égard, cela eft indif-
férent. Quod ad me y ad nos attiut , fpeciat , 8cc.
|p° On dit auftî à différens égards , fous divers
égards , fous différentes vues , fous différens rap-
ports.
Du Cange dérive ce mot de efgardium , ou de
fcardmm , qu'on a dit dans la baffe Latinité, pour fi-
gnifier la fentence d'un Juge rendue en connoiffance
de caufe.
Egard , s'cft pris auftlpour le premier jugemenr,com-
me on l'apprend des Statuts de l'Ordre de Malte.
Eft antiquij/imum &primum judicium Hofpitalis, L^
59^
EGA
EGA
Roman du Renard dit, de faire efgard ne juge • i Ég ardise, fe prend auffi pour le temps que les Egards
ment. Les Juges l'ont appelés t/oardours dans une font l;urs viiites.
ippeles tj_
chartre donnée par le l\ Vignier , Origin. de /a
Muifun d'Alface , p. 140. Ce ftyle eft encore con-
fervc dans les Arrêts. La Cour ayant égard , ayant
aucunement t-'^fari/, &c.
Égard , figniiie un Tribunal , une Commillîon ,
une manière de Jugement , pour terminer les
procès entre les Chevalieis. Voici ce qu'en di-
fent les Statues de l'Oidre. De peur que les ei-
prirs de nos hères j emb.ura(Tes dans de longs pro
ces, ne fulfent détoLirnés des devoirs de leur pro-
fellion , nos prédécelîeurs trouvèrent une manière
de jugement i^cAi & abrégée, qu'ils nommèrent
V Egard , qui fe pratique ainù. On choiàt huit Frè-
res j un de chaque langue y on y en joint un autre
de quelque langue que ce loit , pour être le chet ou
le Préfident de l'Egard , lequel eft nommé par le
Maître , ou par le Maréchal , quand les Frères fe
trouvent de la Jurifdiction; les autres font nommés
par les Baillis, & publiés par le Maître Ecuyer , en
forte néanmoins que les Baillis n'en nommept au-j
cun des langues des Parties plaidantes , fi elles ne
l'ont approuvé.
On va de l'Egard au Renford de l'Egard, en
doublant le nombre des Frères , enforte qu'il y en
ait deux de chaque langue , & delà au Renlortdu
Renfort , où il s'en trouve trois , fans en changer
le Chef ou Préfident j qui a d'abord été nommé. Si
les Parties ne s'en tiennent point au jugement de
ces trois Egards , l'on y joint l'Egard des Baillis ,
compofé de huit BaïUis conventuels, ou de leurs
Lieucenans. Le Maître leur donne pour Préfidcnr
un autre Bailli ou Prieur de f Eglife j mais, s'il
nomme un Bailli conventuel , on prend à la place
un Frère ancien de la même langue. Chacun d'eux
n'a qu'une voix , le Préfident leul en a deux , ou la
pondérative en cas de partage. Si dans une langueil
ne fe trouve perfonne propre à cette fontlion , on
en prend dans les autres pour remplir le nombre ,
de forte que chaque Egard foit compofé de neuf
perfonnes. Si l'une des Parties ou toutes les deux
font Baillis ou Prieurs , le Préfident de tous les
Epardskva. Bailli ou Prieur. On dit comparoîtrede
vaut l'Egard. Les Frères de l'Egard [onz les Cheva-
liers , qui le compofent comme Juges.
On alfemble quelquefois les Egards , pour con-
noître des plaintes que veulent faire le Maître , fon
Lieutenant, le Maréchal, ou quelque ancre Supé-
rieur. Si le Maître ou autre Supérieur demande à un
Frère quelque chofe qui foit contre les ftatuts & les
coutumes de l'Ordre, le Frère poura demander l'Z:'-
gard. L'Egard ne prononce point des Sentences in-
terlocutoires , &c. f^ovei les Statuts de l'Ordre de
Malte , imprimés par M. l'Abbé de Vertot dans le
IV^ Tome de fon Hifloire de Malte , Titre VIIF.
Ce Tribunal eft très ancien : c'eft le premier qui
ait été formé dans l'hôpital.
On appeloit à Paris Maigres-égards , ceux de cha-
que mérier qui fontchoifis de temps en temps pour
avoir infpedion fur les autres. Infpeclores. ( On dit
à préfent Gardes. ) Ce nom s'eftconfervé à Amiens.
f^oy. Égardise.
Marot a dit , Prendre égard à quelque chofe j
pour j prendre garde , y faire attention. Advercere.
Prends y égard & entends leurs propos ,
Tu ne vis cnqji dijférensfuppô es. Marot.
ÉGARDÉ , ÉE. adj. m. & f. Terme de Manufadure.
Une pièce égardée eft celle qui a été vifuée & mar-
quée par les Egards.
ÉGARDER. V. a. Vieux mot. Regarder , confidérer.
ÉGARDISE. f. f. Ce terme n'eft guère en ufage que
dans la fayetterie d'Amiens , où les Jurés des
Communautés font appelés Egards : ainfi , en ce
fens , égardife fignifie la même chofe que Ju-
rande.
EGAPvEiMENT.f m. Aûion j méprife par laquelle on
s'écarte de Ion chemin. Error j deviaao. Ce mot ne
s'emploie guère au propre.
§Cr Egarement , fe dit, plus ordinairement, de touc
ce qui éloigne de la règle à laquelle on doit fecon-
tormer j des principes reçus , de la fainte dodri-
ne. Les Hérétiques lonr tombés dans de grands ega-
remens. La vue des egareniens desautres nous devroit
guéru de la prévention que nous avons pour nous-
mêmes. Nie Les tfjar£7/:c7.'j des hommes font pref-
que infinis j le cceut a fes eg.-jemens , & l'elprit a
les liens.
%fT On le dit à-peu-près dans le même fens pour
dérèglement. Il eft revenu des égaremens de fa
jeuneifc.
Pourfauver ma vertu de tant t^'égaremens ,
Je ne veux point d'amis oui puijjent cCie Amans.
Des-H.
Egarement d'Esprit, fignlfie quelquefois la même
choie qu'aliénation d'efprit. Koye^ Aliénation.
Quelquefois il fe dit aulii de l'inattention de l'el-
prit & de fes diftraétions. Mentis aberratio , ou avo-'
catio. Quelques uns citent mal-à-propos DiJlracUo
de Ciccron en ce fens. Gaudin. Attention qui re-
cueille l'efprit , qui en bannilfe toutes les idées &
toutes les afïliires du monde , qui le rappelle de fes
égaremens Se de (es évagations. Bourd. Exh. IL
p. ^97-
EGARER. V. a. Faire perdre la route , détourner,
écarter du chemin. Avertere , à via deducere. Le
guide nous a égarés , il s'eft eVare lui-même dans la
lorêt. S'égarer, deviare jdivertere 3 digredij aberrare^
c'eft perdre la roure , s'écarrer, s'éloigner du che-
min. Il lignifie aulîi j ne favoir où l'on va , aller à
l'aventure J v^j^ur/ , errare.
Eqarer , fe dit, dans le fens figuré, pour dire, je-
ter dans l'erreur , écarter des lois , des règles j des
principes , qui font autant de directions qu'on doit
luivre. On le dit également avec le pronom perfon*
nel. Voilà une matière bien délicate , & fur la-
quelle il eft ailé de %' égarer. S. Evr. Les perfonnes
vaines j q^uand elles fe lont égarées j ont honte de
le redreller , & de rentrer dans le bon chemin.
Bell. Ne fuivez pas les avis de cet Auteur , il vous
pourroit égarer. Les gtandes profpérités nous aveu-
glent , nous tranfportent & nous égarent. Boss.
Montagne eft un guide qui égare \ mais qui mène
en des pays plus agréables qu'il n'avoir promis. Bal.
La prudence humaine % égare tous les jours dans
l'avenir. Boss. Où font les hommes qui font touchés
férieufement de la crainte de % égarer , & de pren-
dre une mauvaife route pour arriver à l'éternité ?
Nie. L'imagination ne chicane point, pourvu qu'on
ne Xégare pas trop fenfiblement. De la Motte.
§CF II fignifie aufii , s'éloigner du fujet que l'on
traite, pour parler de toute autre chofe. Cet hom-
me s'cVjr^ fouvent dans fes difcours , dans fes rai-
fonneinens. A pioposito egredi j vagaridicendo. Va-
gatur animas , vagatur oratio.
Ce mot , félon Ménage , vient du Latin varare,
qui fignifie, pajfer, traverfer. D'autres difent qu'il
vient à'aguirer , vieux mot François , qui s'eft dit
proprement des beftiaux qui s'éloignent des lieux où
ils doivent paître , & qui vont dans les terres la-
bourées qu'on appelle ^aeVew , & autrefois guarets.
Égarer , fe dit des yeux qui fe portent çà & là fur
différens objets. Hàc illùc oculos conjicere ; conji.ere
temerè in omnem pOrtem oculos.
Que dire de ces payfages
Ou l'œil fe plaît à /égarer ?
Non les Peintres , dans leurs ouvrages ,
AV nous préfentent point d'images
Qu'on puijje bien leur comparer.
On
EGA
on dir , Egarer la bouche d'un cheval , pour di-
re , hii gâcer la bouche en le menant mal.
C^T On dit qu'une maladie a égare l'efprit à quel-
qu'un , pour due qu'il en a refpiit troublé. L'ame
d'un ho.iime que la tlueur tianlpjite, eft efFedive-
ment égarée , &; hors de ion alliette naturelle.
M. Esp.
Egarer, fe dit auiîî en parlant d'une chofe qui eft
comme perdue , qu'on ne peut trouver quand on
la cherche. Am'nccre. J'ai égaré (iQX.\.<i clef, ce livre.
Égaré , ée. part. & adj. Son aire^^zr^ marque le dérè-
glement de Ion eiprit. Vill. On dit aulii Des yeux
égares, pour dire , des yeux dont le regard n'elt pas
ferme ni arrête. Une vue egarje , des yeux égares ,
lignitîe fouvent un détaut de modeftie , peu de re-
tenue dans les yeux , des yeux qu'on jette indirFé-
remment çà & là fur tout ce qui fe préfente. Quel-
quefois il hgnilie quelque chofe de hirouche dans
les yeux. Je le trouvai tort ému , un vifage enflam-
mé , des yeux égarés , tel qu'un homme qui vient
de faire un mauvais coup. L'alfemblée ne fâchant
ce que vouloir dire le Prédicateur j le crut un peu
égaré. BouHouRS.
On appelle, figurément. Brebis égarées ,ceiix qui
font foftis du fein de 1 Eglile pour embralfer l'hé-
réfie.
ÉGAilOTF. adj. m. En termes de Manège , on appel-
le cheval jgarocé, un cheval qui ell bLlIé au g-arot.
Ces fortes de blelfures fe guérillènt difficilement.
ÔKGAUDIR. Ce vieux mot, originairement, neligni-
fioit pas Se réjouir, comme quelques-uns l'ont cru.
Il vitntde o-ji^r, qui fignitioit un bois. Les Picards
difent encore aujourd'hui s'égaudir, pom dire j chaf
ifer dans un bois , ou aller dans un bois. Gaut , ou
Efgaudée fîgnifioient bois & forer. On difoit dedans
un gauc plenier, pour dire , en plein bois , au fond
d'une forêt.
Mais, parce qu'on alloit dans les bois pourfe ré-
jouir , fe divertir, segaudirsQ^ dit dans la fuite
dans cette lignification, & on lui a trouvé une éty-
jnologie Latine j de gaudcre , fe réjouir , ou le
■_ gaudir , qu'on a confondu avec s'eVt7:/i/ir.
EGAYER. V. a. Réjouir, rendre gai. f'^oye^ ce mot.
Hi/arare, obleclare. Il ne faut qu'un homme de bon
ne humeur pour égayer toute une compagnie. Un
Satyrique s'egaye aux dépens de fon prochain.
EGA EGÊ JCJ3
On die qu'un liâtiment eft bien égayé, quand ,il
eft bien clair , bien percé , & en belle vue.
Egayer , eft aulii un terme de Jardinier , qui fîgni-
ôcer les branches qui rendent un arbre confus
he
Ce neft plus d'un vin pcuUant j
Aimable au goût, aux yeux brillant 3
Qu'on cherche à j'égayer à table.
Egayer , fe dit figurément de plufieurs chofes. Mef-
fîeurs les Médecins s'égayent bien fur notre corps.
Mol. Il faut , pour faire un Ouvrage agréable ,
qu'il foit un peu égayé , que le ftyle en foit égayé ,
agréable.
tfT Egayer, dans ce fens , lin ouvrage , une
matière , c'eft la rendre plus agréable j plus libre ,
plus intérelTante , la trairer d'une manière plus
riante, plus fleurie, en y faifant quelquefois en-
trer des sgrémens qni ne font pas tout-à-fait du fu-
jet. Il ne faut point fe fervir d'expreflions fleuries
dans un fujet trifte : ce n'eft point là qu'il faut
égayer l'auditeur. S.EvR.Pournous èix'^tnxx égayons
un peu notre veine. Sar. Il n'y a rien de li fombre
qu'on ne puilfe égayer par l'adrelfe de l'efprit.'
Ch. de Mer. On ne fauroir trop égayer les fcien-
ces néceflaires qui ont l'air ennuyeux. Tour. Le
Prédicateur ne doit pas, trop égayer l'auditeur par
une fouie de penfées & de traits : cela relfent trop
l'éloquence mondaine. Ci..
Ces propos , diras-tu ^ font bons dans lafatyre ,
Pour égayer d'abord un Iccleur qui veut rire.
qui
veut rire.
BoiL.
On dit , Egayer fon deuil ; pour dire , Com-
mencer à porter un deuil moins grand, moins exaâ:
moins régulier.
Tome m.
& étouffé dans le milieu. Attundere ^ interradere^
interlegcn , intcrpurgare , &c. Egayer un buiifon 3
& même un arbre de tige ^ c'eft Je railler de ma-
nière que d'un coup-d'œil on puilfe juger de fa
beauté. On le dit aulli des el'pahers \ Se c'eft les pa-
liffer h proprement que les branches foient égale-
ment parragées des deux côtés , Se qu'il n'y en ait
pas plulieurs enfemble j mais que chacune foit at-
tachée féparément j & à des intervalles é"aux.
^g^y^^ u" arbre qui eft en efpalier. La Quini. Li-
ger veut qu'on dife en Latin , ExhiLarare arbores •
mais le vrai mot ci\ purgare , mundare , collocare ^
interlucare.
§3" Égayer du linge. Voyei Aiguayer. L'Académie
écrit Egayer.
Egayé , ée. part. & adj. Hilaris j fefllvus.
EGAZ. f. m. 'Vieux mot. Décifion , jugement.
EGE.
EGÉE. .adj. Qui ne fe dit qu'en cette phrale , la Mer
Egée , en Latin Egcum mare. C'eft la même chofe
que l'Archipel. Ftiyei ce mot. Cette mer fut ap-
pelée Egée , du nom à!tgée , Roi d'Athènes. 'Voici
pourquoi. Sous le règne de ce Prince , Minos,
Roi de Crète , déclara la guerre aux Athériiens j
& ayant eu l'av.ant.age , ceux-ci ne purent obtenir
la paix qu'à des conditions très-dures , dont l'une
fut que, chaque annéej Athènes enverroit fept jeu-
nes hommes des plus confidérables familles de la
ville pour être livrés au Minoraure. On tiroir au
forr les vicbmes infortunées qui dévoient être fa-
crifiées au monftre j & il y avoir déjà rrois ans que
l'on payoit ce cruel tribut. La quatrième annéej
Thelée j fils aîné du Roi Egée , fut un de ceux fuc
lefquels le fort tomba. Son père en conçut un cha-
grin mortel , Si fa douleur le déclara jufques dans
l'attirail du vaiifeau j qui devoir porter fon fils , &c
qu'il fit faire tout en noir, voile noire , cord.ages
noirs , &c. Il ne perdir pourtant pas toute efpé-
rance , & ordonna à fon fils que , s'il revtnoit vain-
queur _, il eût foin de faire changer la voile , & d'ea
mettre une blanche à fon vaiifeau, au lieu de la noi-
re, pour annoncer de loin fa viéfoire. Ihéfée vain-
quit en effet , en fuivant les conieils d Ariane;
mais fes tranfporrs de joie lui firent oublier ce que
le Roi Ion père lui avoir recommandé en partant.
Ainfi £'^<?V,appercev.antdu haut d'une tour le vaif-
feau revenir j comme il éroit parti j avec fes voiles
noires , ne douta point que fon fils n'eiit péri , Se
de douleur il fe précipita dans la mer. Les Athé-
niens , pourconfoler leur libérateur de la perte dé
fon père _, firent l'apothéofe de celui-ci , l'érigè-
renr en Dieu de la mer & en fils de Neptune , &c
donnèrent fon nom à toute la mer voifine. f^oye^
les autres érymologies au mur .^gee. Car on écrie
run&rautie& dans nos Cartes , & dans nos Li-
vres ; témoin M. Toutreil de l'Académie Françoi-
ie , qui dans fa Tr.adudion Se fes Notes fur les Phi-
lippiques écrit toujours y£gée.
EGEMOIN. f. m. Nom d'homme. Hegemnnius. Voy.
Hégfmoin , Se Chaftelain au 8^ de Janvier , p.
lis-
EGÉON. C'eft le nom que les hommes donnent au
Géant que les Dieux appellent Briarée , dit Homè-
re. Il étoit fils du Ciel Se de la Terre , & fut un de
ceux qui firent la guerre au:: Dieux.
EGER. Voyc-:; Egra.
EGERIE. f. f. Terme de Mythologie. Nom d'une
Dcefle des Romains. Egcrta. L'opinion commune
eft ç\\.\Eg:rie étoit une Nvmphe , ou Déelfe des
fontaines. Denis d'Halicarnafle rapporrc ce fenti-
menr, L. I. p. 91. de l'édition de Robert Eftienne ^
in-jcl. 1 ^yC. S. Auguftin le fuit dans le 5*^ Livre dei
la Cité de Dieu ,C. 3<. auÛi bien que le Scholiaft*
Ffff
594
EG E EGI
de Juvénal fur le 17' vers de la III' Satyre. D'au-
tres j dir Denis d'Halicarnalfe au même endroit,
prétendent qu^gene n'étoit point une Nymphe ,
mais Ttine des Miifes. Vives , lut l'endroit de S. Au-
guftin que j'ai cité , confirme ce fentiraent , parce
que le bois où étoit la DéelFe tgene le nommoit
le bois des Mules j Lucus Camxnarum. Voy. aulli
Vigenère fur Tite Live, T. I. p. 1 314. Quoi qu'il
en'foit , Egéric étoit une des Déciles protectrices
des femmes enceintes , & qui prélidoit aux cou-
ches. Delà venoit le nom A.t,gtne , tiré du verbe
Latin eoero , & qui marquoit qu elle aidoit les fem-
mes à le délivrer heureulement de leur fruit. Aulfi
lui faifoient-elles des facrihces pendant le temps de
leur grolfeire , comme Fellus nous l'apprend j en
rapportant cette érymologie. Numa Pompilius j fé-
cond Roi des Romains , pour donner plus d'auto-
rité aux Réglemens qu'il fit pour la Religion , ré-
pandu le bruit qntgérie lui revéloit la nuit les
chofes qu'il ordonnoit : de- là vient l'opinion qu'il
étoit mari A'tgéne , ainfi que quelques Auteurs
l'appellent. Ovide a feint dans fes Métamoiphofes,
L. XV. V. 547- (\\xEgéne , de douleur de la mort de
Numa j fut changée eu fontaine. Egeric fut aulli
nommée h'iuonia , parce qu'elle arrêtoit le flux de
fani; , dit Vigenère fur Tite-Live , T. I. p. 1066.
^0} Cl cet Aineuv,
Il a plu depuis peu à quelques Auteurs de diftin-
guerdeux tg^na ; l'une Nymphe, qui i:uc l'amie
ou la femme prétendue de Numa j Ôc l'autre Déef-
fe , qui préfidoit à renfantement. Leur raifon eft
que le nom de la Nymphe elt écrit par-tout par un
/£ J jE'^eria , &c que celui de la Déelîe ne peut être
écrit qu'avec un Efimple, à caufe de l'écymologie
d'etrereje. Mais cette raifou eft faulfe j car 1°. la
Nymphe eft appelée par Denis d'^lalicarnalfe , L.
t. p. 91. par Plutarque dans Numa j & par d'autres
Grecs , liv'-f". Hortman dit qu'on trouve aulli
|vf!« , mais je n'ai vu nulle part «'yec**, 2".
Daus les Auteurs Latins , on trouve à la vérité j
tantôt Egena , ôc za.n'.ot ^gerla , mais Egena dans
les meilleurs exemplaires. Juvénal j édition de P.
Pithou chez Morel 160}. in-^°. Egcr/a ; le vieux
Scholialledç ce Poète, tué de la Bibliothèque du
même M. Pithou j & imprimé par ce favant hom-
me dans l'édition que je viens de citer, Egtna • dans
Ovide à l'endroit cité , dans Florus , Liv. I. Ch. 2.
Egena, &ZC. 3°. H faut avoir peu de connoillance
des manufcrits pour ne favoir pas que l'.s fe met
foulent par les Copiftes pour un e ^ que ceux qui en
doutent J concilient ceux qui en ont quelque ufa-
ge , &C qu'ils voient Palferat , De liueraruni inter
fe coanatione ac permutaûone. 4". Enfin , on trouve
plufieurs mots , dont l'étymologie demanderoit un
e,écrits par un <t.j&:d'autresau contraire,écrits par un
quand il faudroïc un £. Voyei le même Palferat ,
p. 6. &47. édition de Paris iOqG.
Il y avoir proche de Rome la Vallée A'Egirie ,
ValLis EgerÏA , hors de la porte Capène ; & dans
cette Vallée le bois à'Egsrk , Lucus Egeria, qm ,
comme dit Vives, s'appeloit auHi le bois des Mu-
fes ; de plus , la fontaine d'Égjne, Fons Egeris..
C'eft en ce lieu que Numa confultair Egivie. P.
Tart. Trai. de Juven. Nous defcendîmes dans la
Vallée à'ÉgIrie , & dans ces antres defquels la
beauté naturelle a été bien changée. De Marolles.
ÉGESTE. f f. Fille d'Hippotas, noble Troyen , fut
" mère du fameux Acefte qui règnoit en Sicile , lotf-
qu'Énée y palfa après la ruine de Troye.
EGI.
ÉGIALE.f. f. C'eft, félon quelques-uns, le nom d'une
■ des trois Grâces, foy. l'art. Grâces.
ÉGIBOLE , ou ÉGOBOLE, f. m. Sacrifice qu'on fal-
foit à la grande-mère Cybèle , en immolant une
chèvre. C'efl: auflî un furnom de Bacchus. Du mot
Grec, «jç,«<y'<jfj chèvre.
ÉGIDE, f. f. Terme de Mythologie. Bouclier de Jupi-
E G I
ter & de Pallas. .^gis. La Chèvre Amalthée , qui
avoit nourri Jupiter , étant morte, ce Dieu couvrit
Ion bouchci de la peau. Ceft ce bouclier qui fut
appelé VEgiiieà'i Jupiter , du mot Grec «4, aiyi, ,
cliivre. Jupiter rendit enfuite la vie à cet animal,
le couvrit d'une nouvelle peau , & le plaça parmi
les altres. Pour fon bouclie/ , l on fit prélent à Mi-
nerve, d'où vient que le boucher de Mincive s'ap-
pelle auili Egide àins Virgile , Enéide , L. VIII. v.
354. & 455. & dans d'autres Auteurs. Minerve
ayant tué Médufe enclava fa tête au milieu de VÉ-
guie , qui pai 1 i eut la foicede changer en pierre
tous ceux qui la rcgardoient , comme avoit fait
Médufe penda::t la vie. Aoyej Homère, Iliade,
L. V.
D'autres difent que V Egide étoit non pas un bou-
clier , mais une_ cuiralTe , ou plutôt un plaftron.
Certainement ï Egide de Pallas que décrit Virgile,
Enéide , L. VIII. v. 455. étoit unecuiralfe, ou un
plaftron, puifque le Pocte dit que la tête de Mé-
dufe étoit îur la poitrine de la DeelIe. Mais l'Egide
de Jupiter j dont il parle plus haut, v. 354. femble
être un bouclier. Ce mot
Cum fipè n'igrantem
Egida concuteret dextrâ,
ne convient point à une cuirafîe j & convient fort
à un bouclier. On trouve Iur les médailles & autres
monumens antiques des boucliers chargés d'une tê-
te de Médufe. Servius fait la même diftinôlion que
nous fur CQS deux endroits de Virgile \ car, au vers
5 54, il prend V Egide pour le bouclier de Jupiter ,
fait , comme nous avons dit , de la peau de la chè-
vre Amalthée , &fur le v.43 5. il dit que l'Egide eft
la piècede l'armure qui couvre la poitrine; qu'on
l'appelle cairalle en parlant des hommes , &c Egide
en parlant des Dieux. Bien des Auteurs n'ont point
fait fcntir ces diftindtions j pour n'avoir point con-
fulté les fources.
Quelques Auteurs furannés , comme Vigenère ,
difent Egis, au lieu d'Egide ; mais l'analogie &
l'ufage font contraires , Se veulent qu'on dife
Egide.
EGIOIENS.C m. f\. Egidiani. Monnoie frappée par
les Comtes de Touloufe , à Saint Gilles en Langue-
doc. On les appeloit ordinairement Comtes de S.
Gilles. De-là en a dit les deniers Egidiens , parce
que Gilles s'appelle en Latin Egidius.
D^ ÉGÏLOPS. £ m. Plufieurs écrivent /Egilops en
François comme en Latin. Ulcère au grand angle
de l'œil. Quand cet ulcère efi: devenu calleux &c fi-
nueux, il prend le nom de fiftule lacrymale.
ÉGINE , ou ENGIA. lue de l'Archipel dans le Golfe
d'Egir.e, entre les côtes de la Grèce & celles de la
Morée.£'^//2e a peut-être douze lieues de circuit,
mais aucun port. Egine eft fameufe dans l'Anti-
quité par l'invention de la monnoie. Il eft fouvent
parlé dans l'Antiquité du talent d'Egine. Il étoit i
celui d'Athènes, comme 10 eft à <>. Il ne contenoit
cependant que 6000 drachrnes , comme celui d'A-
thènes ; mais la drachme d'Egine étoit à celle d'A-
thènes comme 10 eft à 6. Le talent d'Egine étoic
comme celui de Cocinthe.
Il y avoit dans cette Ule une ville de même nom ,
fiège d'un Evêquefuftragant d'Athènes : cen'eftplus
qu'un village. Etienne de Byzance parle encore de
deux autres Egines.
Le Golfe d'Egine j Egina Jlnus , anciennement
Sinus Saronicus , Salominicus , Eleufinus. Ceft une
pairie de l'Archipel renfermée entre les côtes de
l'Achaïe au nord , celles de la Morée au midi, &
l'IfthmedeCorinthe au couchant, de l'autre côté
que celui de Lépanre.
EGINÈTE. f. m. & f. Qui eft d'Egine. Egineta. Si
l'on en croit Elien , Var.Eift. 1. XII. C. ,0. les
Eginètes font les inventeurs de la monnoie , &r les
premiers qui en aient frappé. Les Eginètcs pafloieru
EGI EG L
pojjr bons Athlères , & furent pendant quelque
temps puilHins fur mei-.//c'/-t)^. £. ^i.
ÉGIP. f. m. Grand Officier Tartare. Le 14 de Mai
1147. Fièce Afcelin , envoyé par le Pape (Innocent
IV. ) arriva avec fes compagnons à l'armée des Tar-
tares en Perfe , commandée par baiothnoi , qui
l'ayant appris leur envoya quelques- uns de les
grands OHiciers avec fon Egip ou print;ipal Con-
ïéiller j «Se des Interprètes. /'/e^/y, tiiju Li;d.
ÉGIPAN. Foyei ^gipan.
HGIRE. l^oyei Hégire.
liGIS. f'oye^ Egide.
iîGISTHE. f. m. naquit de l'inceftede Thyefte avec
■fa fille Pélopée. On donna en 1711. une Tragédie
<l'Egt(the.
ÉGISTENIA. ^gijlenia. C'e(i une ancienne ville de
Grèce, réduite aujourd hui en un village, iitué
4ians la Livadie^ entre la ville de Delphes ôc la ri-
vière de Cephifo.
E G L.
EGLANTIER, f. m. Efpèce de rofier fauvage qui
vient dans les haies le long des chj nins , & dans
les bois. Son f.uit s'appelle gratcecu : on en fait
une conlerve qui d\ alfez connue fous le nom de
conferve de cynjrrhodon. Les Arabes &c les l'erliens
appellent cet arbre Nefrin ôc Nijriu. Leurs Poètes en
font grand état ; car ils en tirent fouvent des compa
raifons : ce qui peut faire croire que ce builfon a
dans l'Orient des qualités plus exquilesque celles de
notre Eglantier commun, f^oye:^ Cynorrhodjn ,
en Latin rofafUveJîris ^ flore odorato , incarnaco j &c
Rosier.
ÉGLANTINE. f. f. Fleur de l'églantier. On donne une
églancine d'argent pour le prix de Poclîe aux Jeux
Floraux.
EGLE. f. f. Terme de Mythologie. j¥.gle. C'eft l'une
des trois Hefpérides , c'eft-à-dire, des trois filles
d'Hefpérus , Roi d'Italie. VoycT^ Hespérides.
£glÉ , eft auUi le nom d'une Nymphe , fille du So
leil & de Nééra. Virgile l'appelle la plus belle de',
Naïades _, Eelog. VL v. 20.
Ce nom eft Grec j «ly^Ji ^ & fignifie. Lumière ,
fplendeur.
EGLIS , oQ EGLISE. Ifle de i'Océan , l'une des Or-
cadcs , au nord de l'Ecolfe , & au couchant de l'Ifle
deSiapins.
EGLISAW , ou EGLISOW. Petite ville de SuiOb ,
Eglifovia. Elle eft dans le Canton de Zurich ,
fur le Rhin , à quatre lieues au-delfous de Scha-
foufe.
EGLISE, f. f. Ecdejia. C'eft l'afTemblée des perfonnes
unies par la prol-elîlon de la même foi Chrétienne ,
& par la participation des mêmes Sacremens , fous
la conduite des Pafteurs légitimes, & fur-tout du
Pape , le feul fouverain Pontife, Vicaire de Jesus-
Christ en terre. C'eft la définition qu'en donne
Bellarmin , De Ecdef. Miluame , L II. C. 2. 6c
le commun des Théologiens Catholiques avec lui .•
les autres n'en diffèrent que pour les termes. Ainfi
les Hérétiques , les Apoftats y les Schifmatiques ,
les Excommuniés ne font point de VEglifc , comme
le même Bellarmin le prouve dans les Chapitres
fuivans du même Livre. Le P. Amelotte, dans foM
Abrégé de Théologie j dit que \Eglife eft l'atfem
blée des hommes appelés au falut par la profelfion
de la vraie foi qu'elle conferve inviolable , & par
l'adminiftration légitime des Sacremens fous lacon-
duite d'un feul fouverain Pontife , qui eft le Vicaire
Général du Sauveur du monde. Il ajoute que le chef
vifible, qui eft le Pape, n'eft pas moins nécellaire
â XEglife^-^xz le fondement à un édifice, où la têcc
à un corps vivant. Comme il n'y a qu'une foi , i! n'y
a qu'une Egllfe., époufe de Jesus-Christ , & qu'il
a acquife par fon fang. C'eft de cette EgDfe y que fe
doit entendre tout ce qu'on dit de VEglifc àxn'i le
fens propre & abfolu, comme quan 1 on dit les Con-
fiés de X'EgHfî j\Qi cérémonies, les comm.inde-
E^
nieiîs A^XEglife. Le Roi trcsChréticH eft Je fils
aîné de Vi^g.ije., ikc. L'izgLj'e elt la colonne & le
foiitien de la vérité. S. P.\ul. L'unité de \:Egliji ren-
ferme néceiranement l'unitc de communion. Nio.
Les portes de l'Enfer ne prévaudront point contre
l'Eglife. Hors de \'Egl>je il n'y a point de falur.
^'^g^'J^ eft un corps unique , dont tous les niem-
bies lOnt liés enlemble , enlorte que tout ce qui
n'appartient point à ce corps unu|ue n'eft point
ït^life. Nic.L univerlalité eft l'un des catactjies les
plus ctiatans qui appartiennent à lEglife.lD. Les Hé-
rétiques loin des membres gâtés , Se retranchés le
ytglije. Id. Ujzg/iJ'e eft l'cpoufe de Jesus-Christ.
Les caractères de VEglife font marqués dans le fvm-
bole. Elle elt ««£ par l'union de les membiesfouâ
la conduite des Pafteurs légitimes , & par l'unité
de la dodrine. Elle eliyTi/z/rc- par la fainteté de fa
dodnnej qu'elle tient de Jesus-Christ , par la
fainteté des Sacremens qu'il a inftitucs j & paice
qu'il ne peut y avoir de Saints hors de fon fein.
Elis eft Catholique, , patce qu'elle embtalle tous les
temps & tous les lieux j 6«: parce qu'elle eft plus
étendue que toutes les Seèles particulières qui fe
font léparées d'elle. Elle eft Apoftoiique , parce
qu'elle enleigne la dodrine des Apôtres, éc parce
que fes Pafteurs font , fans aucune interruption j
les fuccelfeurs des Apôtres. Ajoutez à ces caradères
diftindifs fa vifibilité, {3. perpétuité S>C fon infaillibi-
lité. Voye:^ tous ces mots.
VEgliJe militante , c'eft l'alfemblée des Fidèles
qui font lut la terre. VEgiife triomphante , eft celle
des Fidèles qui font dé)à dans la gloire. VEgiife
fouffrante , eft celle des Fidèles qui font dans le
Purgatoire.
On appelle la primitive Fglije , les premiers
Chrétiens qui vivoient à la nailfance de ï'Eglife.
Il eft certain que le mot d'Eglife vient originai-
rement du Grec t»xA;)<r/« , qui fe prend dans les
Auteurs prof^ines. Grecs & Latins , pour toutes for-
tes d'allemblées publiques , & même pour le lieu
où fe tiennent les alfemblées. Les Ecrivains facrés
& les Auteurs Eccléfiaftiques s'en font quelquefois
iervis dans le même fens ; mais plus ordinairement
ils ont atfedé le terme à' Eglise pour les Chrétiens ,
comme le terme de Synagogue j qui originairement
fignifie à peu-près la même chofe quelemor à'E-
giife, eft demeuré afFedé aux Juifs. Ainfi dans le
Nouveau Teftament le mot Grec («xAus-ia fignifie
prefque toujours ou le licudeftiné à la prière, com-
me I. Cor. XI. 14. ou l'aftemblce des Fidèles qui
font répandus par toute la terre, & n'ont qu'une
mêmj foi , comme Ephef. V. ou les Fidèles d'une
ville, dune province en particulier, comme i.
Cor. I. 1. Cor. FUI. Gai. \. & même d'une famil-
le, Rom. XVI, ou les Pafteurs qui font les premiers
Adminiftrateurs de VEgiife , qui y ont autorité ^
comme Matth. XFIII. 17. En François le mot d'E-
glife ne fe prend jamais que dans quelques-uns de
ces fens employés dans le Nouveau Teftament Sc
dans les Auteurs Eccléfiaftiques. Eglife ne fignifie
point en François toutes fortes d'allemblées , mais
une alfemblée fainte j uneaffemblée des Fidèles ,
ou quelque chofe qui y ait rapport. C'eft par cette
raifon que toutes les alfemblces n'ont pas droit ds
prendre le nom d'Eglife,q[.\oiqne le mot Grec ne figni-
fie qu'aftemblée. Les mots qui paftentd'une langue à
une autre, n'y paffent pas avec toutes leurs fignifica-
tions : cela eft encore dus vrai dans les termes con-
ficrcs par la religion,que dans les autres. Il faut ex-
pliquer un peu plus en détail les ufages de ce mot.
Eglise, fe dit aufli des alfemblées particulières des
Fidèles en diverfcs Provinces , ou Diocèfes. Le
Schiline de r£if/(/c d'Orient d'avec celle d'Occident
acaufé de grands défordres. ï'Eglife Grecque. On
comprend fous ce nom toutes les Eglifes des pays
qui avoient été fournis à l'Empire des Grecs , & ou
ils avoient porté leur langue i c'eft-à-dire, tout ce
qui s'étend depuis la Grèce jufqu'en Méfopotamie
C>c en Perfe , &c de-U jufq i>n Egypte. VEglifc
ï f r f ij
f cj{5 E G L
Grecque eft Schifinatique depuis Photius. L'Eglise
Latine. On comprend ions ce nom toutes les EoLifcs
d'Italie , de France , d'Eipagne , d'Allemagne ,
d'Angleterre, de tout le Nord, d'Alfriciue , & de
tous les pays où les Romanis avoient établi leur
langue. L'i^glife d'Onemj, ou Onc/icaU^ c'ell la mc-
jne'chole que ÏEgUfe Grecque i & VEglife d'Ocd-
dznt , ou Ocddentdie , la mcme chofe que Vtglije
Latine. On ne dilhngue point ces àsaxEgliJcs,
comme deux Ibcictcs qui aient un chef, des dog-
mes , une croyance diii'érente l'une de l'autre , li
ce n'eft depuis le Ichifme des Grecs ; mais feule-
ment comme deux grandes parties de la même
Egiile Catholique , Apoftolique &C Romaine. On
dit de même V^g"fi d'Afrique , VEglifc d'Angle-
terre, &c. VEgiife Anglicane ne s'entend que de
Yi^gllfe Hérétique & bchifmatique d'Angleterre,
depuis Henri VIIL Voy. Anglican. Les privilèges
de \'E°i.:se Gallicane l'ont garantie de plulieurs en-
trepriks qu'on vouloit fane fur elle. Dès le premier
■établiilementdu Chnlbanifme on déligna ['Église
de France par le nom de VEguse Gallicane j pour
diit,n,i'uer le Diocèfe des Gaules par cette déno-
mination.
On dn fouvent au pluriel, les Eglifes Grecques,
ouïes tglijes d'Orient. Les Lglijes Latines, les
halifes a Occident. Les Eglifes des Gaules , ^ les'
Lglijes d'Efpagnej d'Afrique, dedans le même
icns que \:EgliJ'e Grecque , l'Egiijè Latine, &c.
Église, fignifie aulîi un Temple bâti & deftinè à l'hon-
neur de Dieu , tk ordinairement fous l'invocation
de quelque Saint. On dit bénir une Eglij'e , conla-
crer une Eglrfe ^ fonder une Eglije j bâtir une
Eal'ife. Combien voit on de gens courir à ['Eglij'e
moins par dévotion 6c par devoir , que par coutu-
me & par bienféance ? FlÉch. Eglije Primadale ,
Métropolitaine , ou Epijcopale & Cathédrale , c'eft
celle qui eft fous la direction d'un Primat , d'un
Métropolitain , d'un Evêque : Eglije Collégiale ,
c'ell: celle qui eft delfervie par des Chanoines fans
Siège Epifcopal : EgiiJ'e Paroijfiale , qu'on a appe-
lée autrefois Eglije Cardinale , eft celle où il y a des
Prêtres &c un Curé qui adminiftre les Sacremens au
peuple. La >;,rande Eglife , eft ['Eglije principale j la
plus confidérable d'une ville. L'Evêque peut ériger
une Eglife ow Bénéfice fimple en Eglife Paroifliale.
Eglij'e Siùcurfdle , eft celle qui fert d'aide à une Pa-
roifiiale , quand elle eit trop étendue: Eglij'e d'Ab-
baye, de Prieuré ; celle où les Religieux font le fer-
vice : Eglife de Notre-Dame, de Saint Laurent,
Eglije dédiée à la Vierge , à S. Laurent ; c'eft-à-
dire , àDieufeul, fous l'invocation de la Sainte
Vierge , de S. Laurent , &c. ÉgiiJ'e Mère , ou Ma-
trice j à la différence de fes tilles j qui lui obéil-
fent. La première Egli/e qui a été bâtie publique-
ment par les Chrétiens a été , à ce qu'on prétend ,
celle de S. Sauveur à Rome , fondée par Conftan-
tin, comme on voit dans les Epures du Pape Ni-
colas VIL Quelques Auteurs ont écrit que S. Pierre
&c S. Jean en bâtirent une à dix-huit nulle de Jéru-
falem , à l'honneur de la Vierge j & de fon vivant
où l'on mit fon portrait peint par Saint Luc. D'autres
ont cru que plufieurs Eglijes qui portent le nom de
S. Pierre le Vif, ont été bâties à l'honneur de cet
Apôtre avant fa mort.
On dit, en ce fews , Livres A' Eglife, ceux où font
contenus les chants ou les prières de \' Eglife. Hom
me àî Eglife , un Eccléfiaftique j celui qui eft def-
tinè au fervice de quelque Eglife. Les gens à'EgliJi.
Habit d'EgliJ'e.
Grande Egljse, fe dit en plufieurs endroits de la
principale Eglife de quelque lieu. Dans l'Hirtoire
& la Liturgie Grecque, on appelle grande Eglife ,
['Ealife de Sainte Sophie , où eft le Siè<ze du Pa-
triarche de Conftantinople : elle a été fondée par
Conflantin , & confacrée fous l'Empire de Jufti-
nien : elle étoit alors fi magnifique j par la grandeur
& la beauté de fes bâiinicns, par la- multitude &
E GL
la richefle de fes ornemens & de fes vafes , que Juf-
tinien , à la cérémonie de la confécration, s écria :
hixisirx a-i u XctMfim. Je t'ai J'urpaJjé , Saiomonf
L' Eglij'e de Sainte Sophie a mérité le nom de Gran-
de Eglife , par la grandeur de fon dôme , un des
plus grands & des premiers qui aient été bâtis : il a
lî! toiles de diamètre, /'^oj. Procope , ÊvagriuSj
CoDiNus, Gyllius, le p. Goar jfurl'Euchologe
des Grecs, &c.
Onjappellejencoreimproprementj¶buSjf^/i-
fes , des allemblées qui fe font féparées de ['Eglije
Univerfelle. Les Eglifes Proteftantes d'Allemagne.
Les EgUJ'es prétendues Réformées de France, tglife.
Anglicane, l-'oyei Anglican. Le Roi d'Angleterre
fe du le chef de V Eglij'e Anglicane.
GLisE, par rapport à l'Architedure , eft un grand
vailfeau en longueur , avec net , chœur , bas cô-
tés, chapelles , clocher , tJic. Machurin Joulle, dans
fon Art de Charpenterie , réimprimé en 1702. avec
les additions de M. de la Hire le fils, a traité de la
charpenterie d'une Eglij'e. La nef eft fépaiée du
chœur , Ik. des côtés qui environnent le chœur. Le
peuple fe met ordinairement dans la neh Les ailes
d'une Eglij'e , ou les bas côtés , font les deux voû-
tes qui font à côté de la grande voûte. Une Eglife
fimple , eft celle qui n'a que la net & Le chœur.
Eglij'e à bas cotés , eft celle qui a un rang de porti-
ques en manière de galerie voûtée , avec cha-
pelles en fon pourtour. EgUJ'es à doubles côtés ,
eft celle qui a en fon pourtour deux rangs de gale-
ries avec chapelles. Eglije en Croix Grecque , eft
celle dont la longueur de la croifée eft égale à celle
de la nef: elle eft ainfi nommée , tant parce qu'elle
a la figure de la Croix des Grecs , que parce que
la plupart de leurs Eglijes font bâties de cette ma-
nière. Eglij'e en Croix Latine , eft celle dont la nef
eft plus longue que la croifée. Églifc en rotonde , eft
celle dont le plan eft un cercle parfait. Eglife Jou'
terreine j eft celle qui eft au-delfous d'une autre , &
beaucoup plus balle que le raiz-de chauiTée. M. Fré-
zier Ingénieur , &: le R. P. Cordemoy , Chanoine
Régulier , ont long-temps & favamment difputé
dans les Journaux de Trévoux fur la forme ancienne
& moderne des Eglifes Hc fur la meilleure manière
de les bâtir.
Les Eglifes , chez les Grecs 3 lorfqu'elles avoient
toutes leurs parties , étoient bâties de la manière
qui fuit. D'abord il y avoir un portique appelé
Avant-nef, Ts^inaa : ce portique étoit orné de co-
lonnes du côté extérieur. Se borné du côté intérieur
par un mur, au milieu duquel étoit la porte par où
l'on entroit dans un iecond portique. Le premier de
ces portiques étoit deftiné pour les Energumènes, &c
pour les Pénitens qui étoient au premier degré de
pénitence. Le fécond portique fuivoit le premier ea
avançant vers l'autel ; il étoit beaucoup plus grand
que le premier , & étoit deltiné pour les Pénitens
du fécond ordre , & pour les Cathccumènes \ c'eft
pour cela qu'on l'appeloit vâ(^i% , Jerula, parce que
ceux qui y éroient commençoient à être foumis à la
difciplinf^ de ÏEgliJe : ces deux portiques occu-
poient à-peu-près le tiers de l'efpace que toute \E-
glife comprenoit. Du fécond portique on entroit
dans la nef, "«r : elle étoit aufli grande que les
deux portiques , & occupoit le tiers de ['Eglife. Au
milieu, ou à un des côtés de la nef , étoit l'ambon^
où les Diacres &: les Prêtres montoient pour lire
l'Evangile & pour prêcher. Après la nef étoit le
chœur, orné de fièges rout autour : le premier fiège
à droite, vers le fandtuaire, étoit occupé par celui
qui préfidoit au chœur. Au milieu il y avoir une
place pour les Chantres j & derrière un analoge ;
& quelquefois il yen avoir deux, un de chaque
côté. Du chœur on montoit au fanétuaire par des
degrés , & on y pouvoir entrer par deux portes pra-
tiquées dans un mur droit, ou un plancher qui fé-
paroit le fanduaire du chœur. Le fanétuaire avoit
trois abhdes dans fa longueur , une grajide au mi-
E G L
lieu, fous laquelle ctoit l'autel couvert d'un bal-
daquin , ou d'un dais, qui éroic foucenu par qua-
rre colonnes , placées chacune à quelque diftance
d'un des quatie coins de l'aurel. bous chacune des
deux petites ablîdes qui étoient à côté de la grande,
il y avoit un autel , ou une table en torme de cié-
dence : la net étoïc deftinée pour le peuple qui y
faifoit fes prières , & y allilloit au facrihce : le bap-
tillère étoit au bas de cette partie de VEglife, parce
que c'ert le Baptême qui nous met au nombre des
1-idèles j qui nous donne droit d'entrer dans VEgli.
fc , d'y alîilter au i'acrihce, d'y faue nos prières , &:
de participer à celles des autres.
Il y a peu d'EgliJts aujourd'hui chez les Grecs ,
qui aient toutes les parties qu'on vient de décri-
re : la plupart ont été ruinées, ou converties en
mofquées ; on ne laiire pas d'en voir de belles dans
quelques Monaftères. f^oye^ les Notei> du P. Goar
fur l'Huchologe, où il a ramalFé ce que les Pères
&c les Auteurs Grecs ont dit des tglijcs & de leurs
parties.
Dans \'Eglife Latine j quoique les Temples bâtis
pour honorer le vrai Dieu aient plulieurs tormes
différentes , on peut réduire ces formes à deux prin-
cipales , qui (ont la tonne d'un navire, & la forme
d'une croix. La torme d'un navire le trouve dans
les Egiifcs qui n'ont point de croilce \ iSi celles
qui en ont une, ont la forme d'une croix ; car la
nef & le rhœur repréfententle montant de la croix ,
& la croiîée en repréfente la traverse. Quelquefois
la croitée divife Xtglifc en deux parties égales , ou
prefque égales : Quelquetois au contraire elle tait
une nef beaucoup plus longue que le chœur \ mais
d'ordinaire la nef ell plus longue de quelque chofc
que le chœur. Il y a quelques Eglifes dont la torme
elt particulière; mais elle le rapporte à celle d'une
croix ; par exemple , VEgli/è du Vatican j & celle
des Dominicains de Sienne, ont la tigured'unT,
& celle de Cluni a deux croifées , dont la plus pro-
che de l'Autel eft plus petite que l'autre , de même
à peu-près que dans les croix qui ont deux traver-
feSj la plus haute eft plus petite que celle denbas.
f^oye:^ les dilfertations du P. E. Chamillard j Jé-
fuite , Lettre XVIII.
§3° Eglise , Temple.Ccs deux mots fignihentiTn édi-
fice deltiné à l'exercice publicde la Religion; mais,
dit M. l'Abbé Girard , Ecmple eft du ftyle pom-
peux -^Eglife^ du ftyle ordinaire , du moins à lé-
gard de la Religion Romaine ; carjà 1 égard du
Paganifme & de la Religion Proteftante , on le fect
du mot de i emple , même dans le ftyle ordinaire j
au lieu de celui aEgiife. Ain fi l'on dit le Temple de
Janus , le Temple de Charenton j XEgl/fe de S.
Sulpice.
ïfT Temple , paroît avoir quelque chofe d'aii-
gufte , & lignifier proprement un édifice confacré
à la Divinité. Egl/Jc paroît marquer quelque chofe
de plus commun J ëc lignifier particulièrement un
édifice fait pour l'alTemblée des Fidèles. Rien de
profane ne doit entrer dans le Temple du Seigneur.
On ne devroit permettre dans nos Eglifes que ce
qui peut contribuer à l'édification des Ciirétiens.
L'efprit & le cœur de l'homme font les Temples du
vrai Dieu ; c'eft là qu'il veut être adoré. En vain
l'on fréquente les Eglifes , il n'écoute que ceux qui
lui parlent dans leur intérieur.
Cour ^Eglife , eft la Jurifdiétion Eccléfiaftique
de l'Evêque , qui eft exercée par un Officiai , un
Vice- gèrent & un Promoteur. Biens à'Egl'tfe , ceux
qui appartiennent à l'Eglife, quelle qu'elle foit.
Confeiller d'Eglife j un Conieiller en Cour Laie
qui a des Ordres. Les honneurs de \Eglife , ceux qui
font réfervés aux Patrons & aux Fondateurs. La
Mufique à'EgliJe ; c'eft-à-dire , qu'on emploie dans
les Eglifes , doir être plus grave, plus férieufe que
la Mufique féculière, afin d'infpirer de la dévotion
au peuple.
On appelle aufll Eglife tout l'Etat du Clergé.
L'Eglife en corps. Quand on affemble les Etats ,
E G L J ^j
^'^g^'fi ^ îe premier rang. Dénoncer une héréfie à
Ytglife, c'elt la dénoncer aux Pafteurs de VEgli fe ,
aux Evêques , au Pape. Ecouter VEglife , c'eft Ecou-
ter Se fuivre les avis &: les remontrances de ceux qui
ont autorité dans VEglife. Mariage en face de VE-
glife , c'eft celui qui eft fait en préfence du Minif-
tre de \'EgliJe.
Église , fe dir d'une efpèce de girouette que les Fer-
blantiers mettent lur les cheminées , pour empêchée
la fumée. Merc. Decemb. 173 3.
Eglise , fedit proverbialement en ces phrafes , Il eft
gueux comme un rat iS!Eglife , c'eft-à-dire , Il eft
il pauvre qu'il n'a pas de quoi manger. Aftamé
comme un rat d'£^/i/è. Mascorat. On dit , près
de i'EgliJe , & loin de Dieu , de celui qui loge
Y)rcs àe VEglife , Se qui n'y va guère. On appelle
un pilier à'EgUfe , un dévot qui ne bouge de VE-
glife. On dit aulll , Balayer VEglife , pour dire , en
fortir le dernier.
L'Etat , ou les Terres de l'Eglise. Terme de Géo-
graphie. Nom que l'on donne aux terres que le Pa-
pe polFède en Italie , en qualité de Souverain tem-
porel Se immédiat. On dit aulli , Terre de VEgli-
fe , Ecclefidi. [{omariA , ou Summi Pourificis ditiones.
L'Etat de VEglife eft borné au nord par celui des
Vérdtiens , & par le golfe de Venife ; au levanr pac
le Royaume de Naples ; au midi par la mer de Tof-
cane ; & il a au couchant la Tofcane& les Duchés
de Modène,de la Mirandole ficde Mantoue. Maty,
Rome eft la capitale de l'Etat de Vtgiife , qui com-
prend douze petites Provinces j qui font la Cam-
pagne de Rome , la Sabine , le patrimoine de S.
Pierre ^ le Duché de Caltro , l'Ôrvietan , le Pé-
rugin J le Duché de Spolète , celui d'Urbin , la
Marche d'Ancône , la Romagne , le Boulonnois ,
& le ferrarois. Quelques Géographes ajoutent le
Comté de Citta-di-Caftello , les autres le renfer-
ment dans le Duché d'Urbin. Le Pape eft encore
Maître du Duché de Bénévent dans le Royaume de
Naples , d'Avignon , & du Comté Vénaillin en
Provence j outre plufieurs fiefs en Iralie qui re-
lèvent de lui ] mais tout cela n'eft point compris
dans l'Etat de Vhglije , ou dans les Terres de !'£-
gl'fe.
EGLISH. EgUfium. Bourg d'Irlande dans le Comté de
Kings en Lagénie. EgUsij. a féance Se voix au Parle-
menr d'Irlande.
ÉGLISOW. Foy^e-^ Eglisaw.
EGLOGUE. f î. Ecloga. Quelques-uns écrivent en
François Eclogue \ mais il eft certain que l'on pro-
nonce Eglogue. Efpèce dePoëfie Paftorale, où l'on
introduit des Bergers qui s'entretiennent. L'Egluguc
n'eft qu'une image de la vie des Bergers. Le P. R.
Ainfi je ne fais quelle finelfe Sannazar a entendue ,
à mettre des Pêcheurs au lieu des Bergers , qui
étoient en polfelfion de V Eglogue. Font. Dans 1'^-
glogue on fait dialoguer des Bergers. Ils racontent
leurs aventures ^ leurs peines Se leurs plaifirs , ils
comparent l'innocence Se la douceur de leur vie avec
les pallions Se les foucis dont la nôtre eft traverfée.
Dans V Idylle y c'eft nous qui comparons le trouble
Se les travaux de notre vie avec la tranquillité des
Bergers, & la tyrannie de nos pallions avec la lim-
plicité de leurs mœurs. Principes pour la lecture des
Poètes. L'agrément de YEglogue n'eft pas attaché
aux chofes ruftiques i mais à ce qu'il y a de tran-
quille dans la vie de la campagne. Parce que des
Bergers font des perfonnages agréables , on en
abufe. & pourvu qu'on ait parlé de tougère & de
chalumeauxj on croit avoir fait une Eglogue. Les
Modernes ont eu tort de mettre en Eglogues des
matières élevées , & de faire chanter aux Beigers
les louanges des Rois. Ronfard s'eft rendu ridicule
en faifant faire dans fa première Eglogue l'éloge de
Budce Se de Vatable , par la Bergère NLirgot : ces
Savans-làne doivent point être de la connoillance
de Margot. A la vérité il faut que les fentunens dont
on fait^la matière des Eglogues foient plus fins Se
plus délicats que ceux des vrais Bergers; mais il tauc
5^8 E G L
leur denner la fùrmo la plus lîmple , & la plus
champêcie qu'il ell: pollible. Cependant cecie
fîmplicité & cette naïveté n'excluent que les
raftinemens excellifs j tels que font ceux des gens
du grand monde. Font. L'emploi de ÏEglogue
eil de
Chanter Flore, Us champs , Pomone j les vergers ;
Au combat de la flûte animer deux Bergers ;
Des plaïfirs de L'amour vanter la douce amorce \
Chanter Narcijfc en fleur, couvrir Daphnéd'ecorce.
BoiL.
Z'Eglogtie quelquefois
Rend dignes d'un Conflul la campagne & les bois.
" Id.
Il y a des Eglogues de Thcocrite d'un caradcre
«levé j 6c Virgile en a Fait aulH d'un haut ftyle. Ain-
fi r£p-/o^ttd élève queiquetois la VOIX. Me m. L'éta-
blllFement de l'Académie ou Allemblée des Arca-
diens à Rome , dont les premiers commencemens
ne font que de l'an 1690. a beaucoup renouvelle
en Italie le goût des Eglogues. Ces MelFieurs , qui
font l'élite de tout ce qu'il v a de beaux elprirs en
Italie, prennent le nom de Bergers d'Arcadie , & ne
veulent point qu'on traite leur alfemblée d'Acadé-
mie : ils ont chacun comme un nom de guerre , qui
eft toujours un nom de Berger , & s'attachent parti-
culièrement aux Eglogues ., comme à des pièces
plus propres à leur profelVion. Le favant M. Cref-
centini, un des Fondateurs de cette ailemblée , qui
en a été long- temps Cuftode -, c'eft-à-dire , Préli-
dent j &c qm y porte le nom de Alphéfibeo Cario ,
a écrit les loix i<c l'établitremenr des Arcadiens avec
les noms de tous csux qui y ont été reçus jufqu'à
préfent, à la fin de fon livre i«- 4°. intitulé j La
£elle:;ia deila volgar poefla , imprimé à Rome en
1700. Les François ne font pas heureux à réuiîîr en
Eglogues. Cependant il y a des Connollfeurs qui
prétendent que Foncenelle a mieux fuivi les vérita-
bles règles de ['E^logue , que les Anciens. Les Ita-
liens veulent avoir trop d'efprit , dire les chofes
trop finement : le caradère de VEglogue elt d'être
limple. Le P. Rap. VEglogue n'eft ni fière , ni vio-
lente. Si elle ell pallionnée , elle n'a que de petits
emportemens , & do petits défefpoirs j qui n'ont
rien de fâcheux. Dans i'Eglogue Françoife il faut
ranger les rimes féminines Se mafculines do fuite ,
deux à deux, fans les entrelacer. P. Mourgues. M.
l'Abbé Fraguier a fait une fort belle Diflertation fur
VEglogue.
Ce mot vient du Grec 'ty-^'V'" , qui fignifie choix.
déterminée à fignifier une pièce de Poëfie courte
&c d'unllyle fimple &c naturel. Idylk ScEglogue font
la même chofe félon leur première fignihcation.
Les Eglogues de Théocrite portent le titre d'Idilles,
f.^ÛAAi» • mais l'ufage a voulu que le nom d'Eglo-
gue fe donnât aux pièces dans lefquelles on fait
parler des Bergers ^ & le nom d'Idylle , aux autres
pièces de vers qui font d'un ftyle doux & naturel ,
comme VEglogue , mais dans lefquelles on ne fait
point parler de Bergers.
Quelques-uns croient qu'on a appelé Eglogue un
poëme imité d'après un autre , telles qu'étoient les
£ff/o^Ke^ de Virgile, qui n'étoient que des imita
tions de Théocrite. D'autres s'imaginent que ce nom
vient de «'? . «'-/'■^, chèvre , & de ^^'ys , difcours ,
comme qui diroit Difcours fur les chèvres j ou
difcours de Pafleurs de chèvres. Mais le P. de la
Rue , dans fon Commentaire fur Virgile , prétend
que l'on eût dit AlyaXoyla , JEgologie , &c non pas
E'«;ny» , Eglogue \ ce qui eft vrai , fi ce mot eût
eu le premier fens ^ mais quelque fens qu'on lui eût
donné ^ il eût été écrit par un à, en Grec , Se en
Latin par un <«. Gafpard Barthius prétend qu'où ap-
E G L E G M E G N
peloit Egfogue toutes les pièces de vers d'une "ran-
dîur médiocre , mais trop petites pour qu'on leur
donnât le nom de livre. C'elt ainli que Stace , dans
l'Epître qui ell à la tète du HT livre de fes Silva ,
& dans la préface du Livre IV, appelle fas pièces
Eglogues, quoiqu'il ne leur ait point donné ce ti-
tre. Aufone , dans la prélace de Ion Cupidon cruci-
fié , appelle aulll Eglogues fes Idylles ; & Crucé ,
dans fon Commentaire fur Horace, témoigne avoir
vu des Manufcrits très anciens , qui donnoienc aux
Satyres de ce Poctc le nom à' Eglogues. Voye:^ Bar-
THius dans fes Notes fur Stace y L. IV. Sylvarum
1. & Jacques Ciucé dans fes Remarques fur le ti-
tre des Satyres d'Horace , à la tète de Ion Commen-
taire.
Eglogue , s'eft dit aulîî d'autres ouvr.ages que de piè-
ces de Pociie ; car on a dit les Eglogues de Diodore,
de Polybe , de Ctéfias , de Théophrafte , de Stra-
bon \ 6c en ce fens il ne veut dire autre chofe que
des Extraits, des Collections ; d'où vient que l'on
appeloit Eclogaire , un Savant qui avoit fait beau-
coup de collections des Auteurs qu'il avoit lus.
ÉGLOGAIRE , ou ECLOGAIRE. f m. Faifeur de
Colledions, Savant qui bit des Eclogues j c'eft-à-
dire, des choix, des coUeélions , des extraits des
Auteurs qu'il lit pour s'en fervir dans l'occafion.
Eojjgarius. Julle-Lipfe , le P. Pétau, Voilius , Sel-
den , Grotius , ont dû être de grands Eglogaires. Ce
mot ne fe dit point en notre langue. On pourroit
pourtant s'en fervir , en parlant de l'Antiquité, &
d'un Auteur à qui elle auroit donné le nom d'Eglo'
g aire.
EGLON. C'étoit la capitale d'un Royaume de la terre
deChanaaUj & la réfidence du Roi. Elle fut prile
par Jofué, & allignée à la Tribu de Juda. Jofl. X. ^.
5. 34. 35. & XK. 39. Les Septante la nomment
Odollan : c'eft ce qui a fait qu'Eusèbe j dans for»
livre des lieux Hébraïques , la confond avec Odol-
la , & de ces deux villes n'en fair qu'une. Mais le
Texte Hébreu les dillingue manifeftement. De plus,
quoique les Septante dilent toujours Odollan dans
Joiué X, 3,|. 36'. Nobilius remarque dans fes Scho-
lies que, dans quelques exemplaires, il y a AV^à., ou
E'yAo», c'eft-à-dire , Aiglon , ou Eglon , au même
Chapitre de Jofué , v. 5. &: 2.5. Au Chapitre XII.
du même livre , v. 11. quelques exemplaires l'ap-
pellent A'(Ai;^_, & d'autres fi'^î.« ; mais elle eft ma-^
nifellement dillinguée d'OdoUa qui fuit. Au temps
de S. Jérôme c'étoit un grand bourg à li ftades
d Eleuthéropolis.
EGLY. Rivière de France. Eglis , Thelis , ou Telis.
VEgly a la fource dans le haut Languedoc , près de
Mallac \ traverfe une partie du Rouilillon, & fe dé-
charge dans la Méditerranée , entre le lac de Leu-
catCj (3*. l'embouchure du Tet j ou de la Tet.
E G M.
EGMONT. Bourg des Provinces-Unies. Egmomium.
Il eft dans la Nort-HoUande , environ à une lieue
d'Alkmar, du côté du couchant. £V/«o«r eft féparé
par lesdur.es en deux parties , dont l'une eft fur la
mer , & l'autre dans les terres. Il y a dans celle ci un
vieux château. Quelques-uns écrivent Eghmont :
cet h n'eft point nécelHiire en François. La Maifon
à'Egmont , Egmontanafamilia , les Comtes ^Eg-
mont , Egmoiitani Comités , Maifon illuftre dans les
Pays-Bas depuis plufieurs fiècles , mais éteinte en
1707. par la mort de François Procope, dernier
Comte à'Egmont. Les Comtes A'Egmont , fidèles à
leur religion & à leur Prince légitime j ne fuivi-
rent point la révolte des Provinces-Unies.
E G N.
EGNATIA. f. f. Nom d'une famille de l'ancienn»
Rome. Egnatiagens. La famille Egnatia étoit Plé-
béienne.
EGNATULEIA. f. f. Nom d'une famille Romaine.
EGO
Egnatuleïa. On ne connoîc la famille Egnatulcï.i
que par Cicéion , qui parle d un Egnatiileïus
dans fa troiiième & fa cinquième Philippiqiie , &
par quelques vidonacs j ou médailles qui font
rares.
EGO.
EGOBILLE. f. m. Nom d'homme. Scuhkulus , Scu-
vicilus j Scuoi/ius. Saint Scubicule , ou Scuvicule ,
que nous appelons S. tgolnlle , étou Diacre de l'£-
vêque S. Nicaife j Apôtre du Vexin François j &
il fut martyrifé avec lui , Saint Cerin Hc Sainte
Planche.
De Scuhkulus on a fait Efcubkule j Efcuhïde j
Efcobiele , Efcobille , Ecobille , EgoblUe.
ÉGOGER. V. a. Terme de Tanneur. C'ell ôter avec
le couteau tranchant les extrémités fuperfiues du
veau du côté de la chair , comme les oreilles & le
bout de la queue, iiejandere , pr^Jandere. Egogcr
un veau.
ÉGOHINE.f.f. Terme d'Artifan. C'eft ce qu'on ap-
pelle autrement une/cjc à main. Serrula manualis ,
ou manuaria.
^fT On fe fert de cet inftrumenc en Jardinage ,
pour fcier les branches des arbres fruitiers j trop
groiles ou trop dures pour être coupées avec la fer-
ËGO
S99
pette.
ÉGOISER. V. n. Se dit de ces perfonnes pleines d'elles-
mêmes , qui rapportent tout à elles , qui ne par-
lent que d'elles , & qui fe citent à tous momens.
Perlbnne n'a jamais rant e'goijd que les deux Scali-
gers dans toutes les alfemblées où ils le trouvoient :
ils ont même extrêmement eg c'i/'d d.\ns leurs ouvra-
ges. Les gens de métier egoïjcnc beaucoup , comme
on dit , &c font , à tous momens, pleins de retours fur
eux-mêmes. Mémoires de Trévoux.
^CTEGOISME. f m. Mot inventé par MeiTieurs de
Port-Royal, & adopté dans notre laHgue pour ex-
primer le ridicule amour-propre j qui confifte à par-
ler trop de foi , d fe citer fans ceife , ou <jui rapporte
rout à loi. Uegoijhie provient nécelfairemenc d'un
grand fonds d'amour-propre & de fuffilance. Il va
très-bien avec la petitelfe d'efprir , & luppofe prel-
que toujours une mauvaife éducation.
§Cr EjOisme , fe dit aulH de l'opinion de certains
Philofophes qui prétendent qu'on ne peut être sûr
que de fa propre exiftence. /•'oye^ Egomet.
^fT EGOÏSTES, f. m. La même chofe qu'Egomets.
Egoiïe eft plus dans l'analogie de la langue.
ÉGOMET , & mieux EGOÏSTE, f. m. Nom que l'on
donne à certains l'hilolophes outrés & ridicules ,
qui prétendent qu'il n'ell point prouvé qu'il y ait
dans l'Univers d'autres êtres qu'eux , que rien n'e-
xirte hors d'eux. Le ciel, la terre , la mer & tous
les objets qu'ils renferment , ou paroilfent renfer-
mer \ le foleil & les aftres qui brillent à leurs yeux;
les animaux qu'ils s'imaginent voir \ les aliinens j
donr il leur femble fe nourrir, tous les corps en un
mot n'exi!l:ent point : il n'y a hors de nous rien de
réel, & nos fenfations ne fuppofent point nécelfii-
rement qu'il y air quelque choie hors de nous j par
ce que Dieu peut les produire dans notre ame par
lui-même j & fans le fecours d'aucun objet çxillant
hors de nouî. Telle eft la Philolophie des Egomcts ,
Philofophie la plus abfurde & la plus infenfée qui
fût jamais, même dans les principes des Egomets ;
car enfin ces Philofophes reconnoilTent un Dieu
avec Defcartes'leur maître : c'eft même Dieu , qui,
félon eux, fait en moi toutes les impreffions des
êtres que je m'imagine voir , entendre, toucher ,
fentir \ ik Dieu eft un être infiniment parfait j felisn
Defcartes encore , qui prouve métaphyfiquement
l'exi'iljnce de Dieu par l'exiftence de l'air^mblage
de routes les pcitjétions poilîbles. Il ed donc méta-
phyfiquement certain qu'il y a un Dieu , & que
Dieu eil infiniment parfait : or, il n'eft pas moins
méraphyfiqaement certain qu'un être infiniment
parfait ne peut être un fourbe , ni un trompeur j
qui pendant 50, 60 & oo ans, à tous les momens
de ma vie , me i.iHe illufion , & m'engage à pren-
dre pour des réalités cent chimères qui n'exiftèrent
janiais; & cela, fans qu'il puiife y -.-voir aucun
dellein raifonnable , aucun bien , aucune fin loua-
ble, honnête ou utile. Ueftdonc méraphyhquement
sur qu'il eft des êtres hors de moi.Berkley a fait tous
{i% eftons pour établir une opinion auili extrava-
gante.
Egomct eft un pronom latin , qui fignifie mcl-
mSnte. On en a fait le nom de ces Philofophes, par-
ce que chacun d'eux croit que lui feul eft tout l'U-
, nivers y '6c qu'il n'y a rien hors de lui.
EGOPHORE. adj. f. Surnom de Junon. Hercule
après s'être vengé de fes ennemis , bâtit un temple
a Junon dans Lacédémone , parce qu'il ne l'avoit
pas trouvée contraire à la vengeance qu'il avoir tirée
de fes ennemis , & lui immola une chèvre , d'où
elle prir le furnom d'Egopkore j c'nik-à-dke ,pcr[/;-
chèvre.
EGORGER, v. a. Couper la gorge. Jugubre , macla-
re. Egorger des bœufs & des moutons dans un fa-
crifice. Lgorgcr une viélime. Ablanc.
Egorger , lignifie aulli , allaftiner , tuer des hommes
qu'on furprend , de quelque manière qu'on les
tue. Occidere , mactare ^ trucidare. Aux Vêpres Si-
ciliennes J tous les François furent égorcrés.
De peur de perdre un llard , fouffre\ qu'on vous égorge.
BoiL.
L'homme feul , l'homme feul en fa fureur extrême j
Met un brutal honneur à s' é^ovg^ï foi-même. Id.
Egorger J fignifie, figurément , Rançonner les gens ,
les faire payer plus qu'ils ne doivent , plus qu'ils ne
peuvent payer. Opprimerc. On égorge les pallàns
dans cette hôtellerie. Lhi Receveur des tailles peut
bien fe taire payer , mais il ne faut pas qu'il éaorae
es gens.
^fT .Il fignifie à-peu-près dans le même fens ,
porter un préjudice conlidérable à la fortune de
quelqu'un. Il étoir en nain de faire fortune à laCour;
on l'a égorgé. Ce Tuteur a égorge (on pupille. Ac.
Fr.
Egorgé , ée. part.
EGOSILLER. Qui ne fe dit qu'avec le pronom per-
fonnel. S'egojiucr. v. récip. Crier de toute fa force ,
jufqu'à fe faire mal à la gorge. Eaucibus contendere
jauces elidere. Je megojille à force de vous parler
& vous ne me répondez pas. Scar. La Comteffe
s'egoflle , le Comte prend fon fauifet. Jwad. di
Sev. Ilfe dit aulli d'un oileau qui chante beaucoup,
& fort haur. Cette fovette ségjflle. Ség.filer n'eft
que du ftyle familier.
On l'a dit autrefois au propre , & il fignifioir ,
Egorger , couper le golier.
ÉGÔSPOTAMOS , ou EGOPOTAMOS. Nom de
lieu. JEgofpotamos y Elumcn ,'tEgvs , & non pas
Hegonis promoncoriuin ; comme a ditMaty. Egojho-
tamos eft un Cap de Macédoine , près de lembou-
chure de la rivière de Châbro j & qui s'avance dans
le golfe de Saloniki , entre la ville de ce nom , &
celle de CaCandria. Mat y.
On trouve aulli un £^cy/'Ofi2/77o.î dans l'Antiquité.
j4imilius Probus le nomme ^gos fumen , dans
Lyfandre, dans Alcibiade & dans Conon. Mêla ,
qui en parle, L. II. c. 1. met ce lieu dans la Thrace,
dit qu'il eft célèbre par le naufrage d'une flotte
Athénienne, & l'appelle Flumen ^gos\V\'\r\Q qui ,
L. II. c. 5 8. le nomme de même que Probus , le met
aulli dans la Thrace, & conte qu'on y voyoit de fou
temps J une pierre de la grandeur d'un char , &i:
d'une couleur noirâtre, comme fi elle avoir été au
fuu , laquelle étoit tombée du Soleil , au temps &c
au jour que l'avoir prédir Anaxngoras de Clazomè-
ne. Strabon , L. VI. donne à ce lieu un nom pluriel,
^gopotami. Plutarqne c/ans Alcibiade, le place
fur les bords de rHellefponr. Ainfi VFgopotamos
des anciens étoit bien éloi^'ut- de celui de Maty ,
6oo
EGO
s'il y en a un à l'endroit qu'il indique. Il paroît par
tous ces Auteurs j & lur-tout par Emilius Probus
ëc par Plutarque dans Alcibiade & dans Lyfandre ,
que c'ctoit une ville & un beau porc de mer. Tze:-
zès dit expreirémenc quec'ctoïc une ville j & le P.
Chamillard , Jcfuite , a depuis peu une médaille
qui le montre. Elle eft de petit bronze. D'un côté
c'eft une belle tète de femme j cocftée d'une maniè-
re fort particulière, c'ert-à-dirc, d'un bonnet, ce
iemble, en fotme de corbeille , & autour duquel il
y a une couronne de laurier. Elle a des boucles d'o-
reilles à trois pendants. Au revers c'eft une chèvre,
avec ces lettres Airono, c'eft à-dire, AironoTAMox,
ou AironoTAMON, ou AironoTAJviiaN.
Ce nom eft compofé de «'I , «<"/W ^ Chèvre j Se de
^^■fufic; fleuv c ; &: lignifie ^Lc fleuve delà Chèvre. Ce
n'elt pourtant pas un fleuve, mais une ville, corn
me nous venons de le montrer. Peut - être étoit-
elle ficuée à l'embouchure d'un fleuve, dont elle
avoit pris le nom comme beaucoup d'autres villes.
ÉGOUSSER. V. a. Egoujjcr des pois &c des fèves. Di-
tes & vo) ei ECOSbER.
EGOUT. i'. m. L'écoulement des eaux qui viennent
de quelque endroit. Sc'dilddium. L'e'gout des terres
eft ce qui groliit les lources , les fontaines. Il a re-
cueilli ïègoui de plusieurs fources & fontaines j ï'e-
gouuies eaux de tous les environs, pour les con-
duire dans un réfervoir.
Égoot, ie dit aulli des canaux par oii fe déchargent
les immondices des villes. Lacrina , cloaca. Les
égouts de Paris font encombrés : En hiver , les eaux
de la rivière entrent par les égouts.
CGOUT , fedit, parreflemblance, des plaies , lorfqu'on
lailfe un creux , un conduit pour faire écouler la
fanie , le pus , le fang extravafé , &;c. On fe fert
d'une tente à la gaftroraphie , & on l'applique à la
partie inférieure de la plaie pour y conferver un
EGO E G R
forme de bois , afin de les drelîer & de les en^
former. Encyc.
EcouTTÉ , ÉE. part.
EGOUTTOIRjf.m. Terme de Cartonnier.Ais affem-
blés l'un contre 1 autre fans être joints , fur lefquels
, on fait égoutter les formes. StillatorU tabuU.
EcouTToiR. Morceau de bois long d'environ trois
pieds J gros comme le bras j avec des rangs de che-
villes de parc & d'autre, fur lequel on met égout-
ter la vaillelle. Les Menuifiers appellent cette for-
te de machine, un hen{jon-^ mais la plupart des
gens du monde, qui ne favenc pas les mots pro-
pres des Arcs , la nomment un egouttoir. On peut
dire l'un |& l'autre.
ifT On donne encore le nom ^egouttoir ^ en ma-
nne , au treillis fur lequel on met égoutter les cor-
dages qui viennent d'être goudronnés.
E G R.
EGRA. Rivière d'Allemagne ; qu'on appelle autre-
ment Eger 3 ou Egre. Vtg--a prend fa fource dans
les montagnes du Marquifat de Culembach , aux
extrémités de la Franconie , du côté de l'Eft , entre
peu après dans la Bohême par la ville &Egra j &
fe jette dans l'Elbe à quelques lieues au-defliis de
Leitoméritz. Egra.
Egra. "Ville de Bohême , que l'on appelle auflî Eger ^
ou Egre , & Heh _, ou Cheb , en Latin Egra. Cette
ville eft devenue célèbre , par le long fiége que fou-
tint M. le Marquis d'Herou ville, Lieutenant -Gé-
néral des armées du Roi , avec une poignée de
monde, contre uii corps confidérable de croupes.
egout. DioNis.
Ce mot vient du primitif, goutte , gutta.
Êgout, fignifie aufti une fervitude acquife à un héri-
Mge, qui lui donne le droit de faire palfer fes eaux
pluviales fur un héritage voifin : ce qui s'appelleen
Dton,flilliddhan.
Egout j en termes de Couvreur , fe dit aufli des tui-
les 6c de3ardoifes,qui avancent en faillie au-delà de
l'entablement, par où s'égouctent les eaux pluvia-
les , pour les jetet loin du mur de face : ce qu'en
Latin on ?i.^^t\\Q fuhgrundia.
On dit, figurément, qu'une ville , qu'un lieu eft
ïégout du pays ; pour dire , le lieu où fe rendent les
gens de mauvaife vie, les vagabonds, &c.
Egout, f. m. Terme de Miroitier. Les Ouvriers qui
mettent les glaces au teint , appellent de la forte
une grande table de bois fans chaflis , fur laquelle
ils mettent la glace, 24 heures après qu'elle a été
étamée, pour en faire égoutter le vif argent.
^Cr EGOUTTER. v. récip. Se dit de certaines chofes
dont on fait peu-à-peu écouler l'humidité. Faites
égoutter ce morceau de morue. On lailfe égoutter
les cardes avant que de verfer la fauce deflus. Ce
fromage dégouttera en peu de temps. L'Auteur de
l'inftrudion pour les confitures , donne à ce verbe
égoutcerX^ fignification & le régime d'un verbe aftif,
quand il dit , vous les laiirez dans le fucre jufqu'au
lendemain , que vous les égouttei. La Quintinie dit
aulli , J'ai mis une partie de mes terres en ados
pour les égoutter. Exjkcare j exhaurire guttatlm.
Égoutter une glace. C'eft en faire écouler le vif-ar-
gent , qu'on a mis de trop fur la feuille d'étain ,
avec laquelle on l'étame.
Égoutter la chandelle. C'eft la mettre fur l'établi ,
après chaque plaingeure qu'on lui donne , afin
qu'elle s'y féche , & que le fuif fe prenne &; fe dur-
ci ife.
fC7 Égoutter , terme de Chapelier, qui exprime la
façon qu'on donne aux chapeaux avec la pièce de
cuivre J lorfqu'encore tous chauds & tous mouil-
lés , après être fortis de la foule , on les met fur la
î' oye-^ MoNNoiE obsidionale.
EGR AFIGNER. v. a. Vieux mot , qui fignifioit autre-
fois , écrire mal & peu lifiblement. Scribiilare.
Ce mot vient de graphium , qui étoit un ftylede
fer , dont les anciens fe fervoient à écrire 5 ou plu-
tôt de griffe. Il n'eft plus en ufage qu'en cette phra-
fe , les chats lui avoient tout égrafgné le vifage.
|Cf EGRAINER, v. a. Terme d'agriculture & de jar-
dinage. Faire Tomber les graines ou les grains. Oa
egraine les épis en les froilEint dans les mains , èC
l'on égraine ( plus communément ) on égrappe les
raifins, afin que le vin foit plus délicat. Grana ex-
cutere. L'Acad. écrit égrener.
|C? EGRAINE , ÉE. parr. Blé égrainé. Fenouil , anis
égrainé. Il eft aulli réciproque. Quand le blé eft
trop mûr , il s égraine. La féchereife fait égrainet
les raifins.
ÉGRAINOIRE. f. f. Terme d'Oifelier. C'eft une pe-
tite cage de bois , où quelques bâtons qu'on lève
fervent de porte \ on les nomme aulli cages balfes
& muettes. Les Oifeliers &: autres qui font le com-
merce des oifeaux de chant, font obligés de met-
, cre les femelles dans des égrainoires.
EGRAPPER.^v. a. Terme d'Agriculture, qui fedit
du raifin. Oter la grappe du raiiin pour en faire de
meilleur vin , ou de craince qu'il ne concraéte le
goûc de la grappe : ce qui fe faic dans la cine , ou
autre vaiffeau, à mefure qu'on y appotte le raiiin
pour être foulé; ou quand on le jette dans la cuve.
Racemi grana decutcre ■, excutere , uvarum fçapos
extrahere.
tfF ÉgrappÉ , ÉE. part. 'Vendange égrappée.
EGRATIGNER. v. a. Faire une déchirure à la peau
avec des ongles, une épingle , ou quelque petit fer-
rement pointu. Vellicare , lacerare, difcerpere ^ no-
tare unguibus. Quand deux harangères fe font bat-
tues , elles ont le vifage tout égratigné. Une épingle
cachée égratigné fouvenc la main , un chat égratigné.
Ce mot vient de ingratignare, qu'on a dit, dans la
balTe Latinité, pour fignifier déchirer avec les ong'es.
Mais il y a plus d'apparence , félon quelques-uns ,
qu'il vient de crafinem , vieux mot Celtique , ou
Bas-Breton , qui fignifie égratignure. M. Huet le dé-
rive de gratter.
Égratigner, fe dit, figurément & comiquemenr, en
amour. C'eft, Effleurer tant foie peu le cœur par les
charmes
EGR
cliarmes de fa beauté. Elle commence à c'grat-gner
les cœurs. !
Égratigner , en termes de découpeur , c'eft faire des
découpures fur une éio^-i de foie , iormer diverlcs
figures en effleurant la fupcrhcie de 1 écoiîc. v'/ztvyc-- 1
re. Egratigner du fati n .
|CF Égratigner , terme de Peinture j qui fe dit
d'une manière de peindreà frefque. MumèiQ egrati-
gnic. Foyc:^ Egratignee.
On dit, proverbialement : S'il nepeut worafre il
égratigne \ pour dire , qu'il lait tout le mal qu'il
peut taire.
Éjraticnée , ÉE. part. Vdlicatus ^ dlfcerptus ^ dif-
fii'ius.
ifT EgratignÉe , terme de Graveur. On du qu une
planche gravée n'eft qa egratignee , lorfque le cui-
vre n'a pas été coupé avec hardielFe & netteté. Ac.
Fr.
On die , en termes de Peinture , DelFein égrati-
gne : &c cela fe dit d'une manière de peindre de
blanc & de noir, que les Italiens nomment Jgrajfi
to ; ce qui fe tait en détrempant du mortier d;
chaux &c de fable à l'ordinaire , auquel de la paille
brûlée qu'on y mêle , donne une couleur noirâtre.
Après qu'on a fait un enduit bien uni de ce mor-
tier, on le couvre d'une couche de blanc de chaux,
ou d'un enduit bien blanc & bien poli , puis on
ponce les cartons delFus pour delliner ce qu'on veut ,
ôc pour le graver enluiteavec un 1er pointu. Ce fer
découvrant le blanc de chaux qui cache le premier
enduit j compofé de noir , fait paroitre l'ouvrage
comme li on l'avoir delîiné à la plume avec du noir.
Lorqu'il elt achevé j on palFe une teinte d eau un
peu obfcure fur rout le blanc qui fert de fond j ce
qui détache davantage les figures j Se fait qu'elles
paroilfent comme celles qu'on lave fur du papier.
Çuandon nerepréfente que quelques grotefques ou
feuillages, on ne tait qu'ombrer le fond avec cette
eau auprès des contours qui doiveiit porter ombre.
Le Mortuo d'Altetro , Peintre Italien , a travaillé
de clair obkur de la manière qu'on appelle egrati-
gnee , en haVian Jgrajjito. De Piles.
ÉGRATIGNEUR,EUSE. f. m.&f. Celui ou celle qui
égratigne. C'eft aufli la même chofe que Décou-
peur. Incifor , diljeclor.
#3= EGRATIGNÔIR. f m. Efpèce de canif ébréché ,
& dentelé comme une fcie, dont Ijs Egratigiieurs
fe lervent pour découper du latin.
ÉGRATIGNURE. i. t. Légère blelfure qui fe fait fur
la peau quand on l'égratigne. Inci/io j vellicatio j
evuljio cutis. Cet homme a une vilaine égratignure
au vifage.
T aimerais mieux fouffrir la peine la plus dure .
Qu'il eût reçu pour moi la moindre cgi:a.ù.ga\xïc. Vîol.
§CJ" On le dit quelquefois d'une bleiïurc légère.
Ce coup d'épée n'eft pas profond , ce n'eft qu'une
égratignure.
On ditjproverbialementjd'une perfonne mal en-
durante ou trop délicate : qu'elle ne fauroit fouf-
frir la moindre égratignure.
Egratignure. Ouvrage que fait l'Egratigneur fur
, une étoffe.
EGRAVILLONNER. v. a. Terme de Jardinage , qui
fe dit des arbres qu'on lève en motte. C'eft empor-
ter la terre ufée j qui eft engagée entre les ruines
d'un arbre qu'on lève en motte j pour y en fubfti-
tuer de nouvelle. Il ne faut pas manquer d'égravil
loner les mottes des arbres qu'on dépote ou qu'on
décailTe. Après avoirjtout autour &: au-dellous^re-
tranché la motte environ des deux tiers , pour
lors avec la pointe de la ferpette , ou quelque
autie morceau de fer pointu , on retire d'entre
les racines un peu de la terre qui y étoit , afin
que ces racines fe trouvant enfuite garnies d'une
terre nouvelle j puilfent profiter des fels qui y
font contenus , & par ce moyen prendre une nou-
telle vigueur. Radicibus arboris glareolam excûte-
Tome III.
EGR
60
tcrej aujcrrc. Loriqu'on rencailfe les orangers il
ne faut pas oublier de les égravUloner. Liger. Cet
Auteur dit en Latin glareare
a forgé ce
, mais 1
niot qui n'eft pas Latin
Egravillonner, eu compofé de la prépofition e ^
quij dans la compolltion^fignifiefépaiation, retran-
chement ^ &: du mot gravier , ou gravillon c'eft-
à-dae , petit gravier. Egraviilonner ^ c'eft oter le
gravier.
^yT Egravillonné , Ée. part.
CkJ- EGREFIN. Foyei AIGREFIN. PoitTon de mer.
EGPvEAÎONT. Bourg ou petite ville du Comté de
Cumberland en Angleterre. Egremontium. Il eft
près de la mer d Irlande, vis-à-vis de l'Ifle de
Mail.
ÉGRENER. v. a. Faire ton>ber la graine d'une plante,
le grain d'un épi j d'une goulFe. Excutcrc gfana. On
le dit des petits truits qu'on léparc de la queue.
Egre/ier des railins, des grofcilles. Egrener du fe-
nouil , du blé.
§Cr L'Académie écrit égrener. J'aimerois mieux
dire égrainer, puifque c'eft faire forrir les grains
de l'épi , ou les graines des plantes j ou détacher
, les grains de railiu de la grappe.
Egrené jÉe. part- Il fe du des pièces d'étoffes, qui
ne font point emballées. Je vous envoie dix piè-
ces de ierge égrenée ^ c'eft-à-dire , qui n'ont point
d'emballage. Ce terme n'eft guèie d'ufage que
dans la ptovince de Berry.
EGRIBOS. C'eft le nom que les habitans du pays
donnent à Tlfle & à la ville de Négrepont. P'oye^
ce mot.
ÉGRILLARD, arde. adj. & f. Evdilé^ vif, gail-
lard , alerte. L&tus j aLacer 3 fervidus. Ne vous fiez
pas trop à cet homme-là , c'elt un égrillard qui vous
trompera. (Eil égrillard. Scar. lu Dieu ! quelle
égriilardc ! IvIol. Je défie la Mufe égrillarde d'en
pouvoir taire la critique. Mad. du Noyer , Lettr.
gC? Ce mot ne peut être employé que dans le
difcours familier.
ÉGRILLOIR. f m. Grille faite de plufieùrs pieux fi-
chés & liés enfemble , qu'on met à la décharge d'un
étang , ou dans les petites rivières , pour en laiffer
paffer les eaux, & empêcher que le poilFon n'en
lorte.
EGRISER. v. a. Les Lapidaires appellent égrifer\oxÇ-
cju'ils frottent deux d;amans l'un contre l'autre,
pour les ufcr & les polir, en ôtant ce qu'il y a de
rude & d'imparfait. ÎDeterere j atterere. C'eft la feu-
le manière de les tailler , parce que le diamant eft
il dur , que nulle autre choie ne le peut manger &
ufer , que le diamant iiiême.
IK? On égrife aulli le verre en le frottant avec
du fable, ou en le palFant lur la meule. Le verre
tjO/vyd devient opaque. Pluche.
EGRIbOIR.f m. Boite qui fert lorfqu'on égrife les
diamans. Capfula poliendis ac terendis lapillis. Pen-
dant qu'on frotte les deux diamans cimentés cha-
cun fur un bâton , la poudre qui en fort , tombe
dans Vegrifoir j cette poudre fert enfuite à taillej &
à polir d'autres diamans.
ÉGRUGEOIRE. f f. ou EGRUGLOIR. f m. qui eft
feul udté. L'ftencilede cuihnc lervant à égruger. Il
eft fait de fer blanc ,, percé de trous fort petits , qui
rendent fa furface extérieure rude Se rabotcufe.
liadula.V égrugcoire fait tomber des menues parties
des corps qu'on frotte contre.
%fT On ledit,plus ordinaircment,d'un petit vaif-
feau de bois dans lequel on égruge , on brife le fel
par le moyen du pilon. Vas j vafum ligneumjrian-
dofali.
ÉGRUGEOIR. f. m. Terme de Cordier. Inftruinent
qui rellemble à un banc , qui n'a que deux pieds à
\\n de fes bouts , qui eft garni à cette exticmité
d'une rangée de dents femblables à celles d'un râ-
teau , l'autre bout , qui porte par terre j ell charge
de pierres : en peignant l'extrémité du chanvre fe-
melle avec les dents de Xcgrugcoir , on fait tomber
le chcnevi avec fes enveloppes.
éoi
E G U EG Y
EGRUGER. V. a. Pulvérifer, mettre en parties me -^
nues quelque choie de dur avec la râpe , le couteau ,
ou autre inftrumenr, plus ordinairement dans un
égrugeoir. Injùare. £gruger da lucre, de k muf-
cade, du poivre j du Tel.
Égruge , ÉE. part.
EGRUGEURE. 1". f. Partie m.enite qui fe fépare d'un
corps dur par la fritlion ou rencontre d'un autre
plus dur. ParcicuUfriat£. Il n'cft pas ulité. i
E G U.
ÉGUE-LE-CUINGIL. Ville d'Afrique , dans la pro-
vince de Héa , au Royaume de Maroc. Elle ell à
deux lieues d'Eildevet j du côté du midi.
ÉGUEER. V. a. Foye^ AIGUAYER.
EGUEUILLE ^ ou EGUEILLE. f. f. pour éguille , ou
aiguille , luivant l'ancienne manière de prononcer
ce mot , qui ell encore en ufage dans quelques Pro-
vinces.
S' elle n a mains belles & nettes y
Ou de cirons , ou de hubettes ;
Gard que lai[jerni les y veuille j
Face les ojler à /'efgueille. Rom. de la Rose.
ÉGUEULER. V. a. CafTer le haut du goulot d'une
bouteille, d'un pot, d'une cruche. Os Jrangcre.
On dit J en ftyle populaire & bas , qu'un liomme
s'eft egueulé à force de crier , quand il a crié lî fort,
qu'il ne peut plus parler.
JÈgueulé , EE. part. Cruche égucuUe.
Il s'emploie quelquefois fuhrtantivement, & on
dit, figurement&balfjmentj d'une perfonne qui dit
des grollieretés , C'efi: un égueulé , c'eft une franche
égueulée. Acad. Fr. Os durum.
ÉGUIERE. Foyei AIGUIERE.
EGUILAS. f. m. pi. Etrennes chez les Percherons ;
mot qui eft abrégé d'Au-guy-l'an-neuf , Chaste-
LAiN,/V/j;rvr(.i/./'-''q)'É'jAu-GUY - t'AN-NEUF.Cepen-
dant , puifqu'il lignifie Etrennes au Perche, Xenia,
ftrcna i il y a étendu fa lignification.
ÏGCJILLE.r. f. Acus. l'oye^ AIGUILLE.
On appelle en Marine , fond A' Egaille , le fol ou
furface de la terre fous l'eau j dans le<|ael on trou- j
ve , par le moyen de la fonde , une infinité de pe-l
tits coquillages gros comme de petits fers d'aiguil-
lettes , & terminés en pointe.
fiCF ÉGUILLAGE, f. m. Terme de Marine, l^oye^^^
EsUILLETER.
Eguilleter , V. a. Terme de Marine. Eguilleter les
canons. C'eft les amarrer fortement dans un gtos
temps. Fortiiis alligare , conflringere ligulis.
ÉGUILLETTE. Foy. AIGUILLETTE.
if3' Eguillette. f. m. Nom qu'on donne en Breta-
gne à un poillon de mer, connu ailleurs fous le
nom d'Orphie. Foy. ce mot. I
Eguillette. f. f. LiguLt funiculorum quoddam genus.
Terme de Marine. C'eft le nom qu'on donne .à del
menues cordes qui fervent à divers ufages \ com-|
me à eguilleter les canons , les bolTes , & à tenir la
tête des grandes voiles dans les râteaux. Cet amar-
rage s'appelle Eguilletage.
ÊGt;iLLETTES DB PoNTON. Ce font des pièces de bois
qui font pofées fur le haut des côcés d'un ponton ,
où l'on amarre les attrapes
EGUILLON. 7 V AIGUILLON.
«GUILLONNER. > Foyer \ AIGUILLONNER.
EGUISER. 3 (aiguiser.
E G Y.
EGYPTE. JEgyptus. C'ctoic chez les anciens une par-
tie de l'Afie , donr le Nil faifoit les bornes : depuis
plufieurs fiècles , V Egypte eft cenfée de l'Afrique.
L'Egypte ei\ bornée au levant par l'Ifthme deSuez
& par la mer Rouge , qui la féparcnt de l'Arabie
heureufcj & de la Pétrée. Elle a au nord la mer
Méditerranée i au couchant le Royaume ôc le dé-
E G Y
fert de Batca ; & au midi la Nubie & la côte d'A-
bex. Ce pays eft renfermé entre le iz & le 3 1 de-
gré de latitude feptentrionale , & enttele 60 ôc6$
d-j longitude. Vr.gypte ne s'érendoit point autre-
fois au-delà du Nil : aujourd'hui elle va jufqu'àune
grande chaîne de montagnes qui la fépare du Royau-
me de Barca. Ptolomce eft le premier que je fâ-
che , qui l'ait mife en Afrique j mais encore après
Ion temps, on a continué de la placer dans l'Alie.
Dans la diftribution qui fe fit du monde cent
ans après le déluge, Vtgypte tomba en partage à
Cham : de-là vient qu'on lui donna le nom de Ter-
re de Cham , S< de Chamie j ou Chémie , &c que
ce mot fe trouve encore dans plufieurs noms Egyp-
tiens, que l'Antiquité nous a confervés , comme
Chemmis , Plociiemmis j i'fittachemmis. L'Ecriru-
le appelle l'Egypte Mitfiaim , & la terre de Mit-
fraim. Foye-^ ce mot. Les Turcs l'appellent aujour-
dhui Elquilet. Chez les Grecs 6c les Romains, elle
n'a point eu d'autre nom que celui d'Egypte : les
Arabes la nomment Bardamejfer.
Hérodote , L. II. c. 5. Ariftote , Meteor. L. I. C.
14. Diodore de Sicile , L. I. p. 25. & L. III. p. lei.
i^: d'autres dilent expreiîément , ou femblent dire j
que l'Egypte n'eft qu'un grand arterriiïement pro-
duit par le Nil ; & les Ethiopiens en étoient fi per-
luadés, que, dans Diodore, L. III. p. 101, c'eft le
grand argument qu'ils apportent pour prouver qu'ils
font plus anciens que les Egyptiens. Bochart réfute
cefentimentdans Ion Phaleg, L. VI. C. 24. On fait
monter le nombre des villes de l'ancienne Egypte
julqu'à vingt-deux mille.
L'Egypte eft partagée en deux par une grande
chaîne de montagnes , qui eft entre le Nil & la
mer Rouge , & qui s'étend du nord au midi. Le pays
qui eft entre le Nil &c ces montagnes , eft le pays du
monde le plus fertile ; on eft obligé de jeter du lable
fur les rerres , pour qu'elles ne portent point trop.
Cette fertilité vient du Nil qui déborde tous les
ans , &ferépand régulièrement fur les terres. Quand
il s'eft retiré j on fcme le froment qui en deux mois
pourrit , germe , fleurit j mûrit & fe coape. Les an-
ciens Egyptiens faifoient fur le mcme fonds deux
récoltes de blé. Aujourd'hui on fe contente d'une.
Après la moilTon du froment, on léme l'orge dans
le même champ. L'orge eft fuivi du ris , des me-
lons , des concombres , &c. La terre ne repofe que
quand une chaleur exceffive vient à la delTécher. De
forte que les Anciens ont eu raifon d'appeler l'if^y/'-
te , le grenier de l'Univers. L'Egypte fournillôic
vingt millions de boilleaux de blé à Rome^' De la
Mare, qui jultifie ce calcul dans fon Traité de la
Police , L. V. Tit. IV. C. 2. contre Conrarini.
On dit la haute Egypte : la balFe Egypte ; cette
divifion eft très-ancienne : on la trouve dans le Li-
vre de Tobie, VIII. 5. dans y£thicus à la defcrip-
tion de l'Afie , & dans Orofius, Hijl. L. I. C. 2. Bo-
chart remonte encore plus haut , & la trouve dans
le nom Mitfrai'm , parce que, félon lui, c'eft un
duel. La haute Egypte , ou l'Egypte fupérieure ,
comprenoit la Thébaïde 8c l'Heptanomie , ainll
nommée , parce qu'elle étoit compofée de fept no-
mes, ou petites contrées. L'-É'^j/'/e inférieure J ou
la balFe Egypte , n'étoit autre chofe que le Delta ,
ou les pays que fcparoient Se qu'arrofoienr les fept
bras, par lefquels le Nil le décharge dans la Médi-
terranée. Aujourd'hui on ajoute la moyenne Egyp-
te J qui fe nomme aulli Béchria, ou Demefor , de
qui comprend quatre Cafilifs , ceux de Fium Se de
Gifa au couchant du Nil , celui du Caire au levant
du même fleuve, Se celui de Suez le long delà rner
Rouge. La haute Egypte , qu'on nomme aufti S.iid ,
eft l'ancienne Thébaïde j on y compre fix Cafilifs ,
qui font ceux de Girgio , de Manfelouth Se di Be-
nifuaif , ou d'Ebsnfuef , au couchant du Nil ; ceux
de Minio & de Cherkefii au levant de ce fleuve ;
Se celui de Cofiir le long de la mer Rouge. La balfe -
Egypte , qui porte aufti le nom d'Erris , comprend
quatre Cafilifs j ceux de Calioubcch , de Menoulia
EGY
d<: de Garbia , qui font entre les bras du Nil qui |
forment le Delt.i \ & celui de Manfoura , qui etc j
au levant de ce Heuve. H y a encore le pays d'Ale-
xandrie , qui dépend du Cafdit du Caire.
La Capuaie d'Egypte étoit aunetois Memphis ^
qu'on a auilî appelée iiabylone, comme nous avons
eut fur ce mot. Aujouidhui c'eit le Caire. L'Lgyp-\
te obéit au Turc.
On dit , les Pyramides d'Egypte. J^oyei PYRA-
MIDE. Les Hiéroglyphes des Egyptiens. Foyei
LllÉROGLYPHE.Le Soudan À'Egypce. Foy. SOU-
DAN. La fuite en Egypte , ell la retraite de Notre-
Seigneut en Egypte , pour éviter la fureur d'Héro-
d'J , Matth. II. La fuite en Egypte , eft aulli iin ta-
bleau , ou une eftampe qui repréfente la fainte
Vierge &: faine Jofeph , emmenant Jf.sus-Christ
eu Egypte. J'ai une belle Juite en Egypte , d'un tel
Peintre. Les DynalHes dEgyptc , ce lont les diffé-
rentes familles' qui ont régné en Egypte , Eufebe ,
Syncelle , le P. Riccioli & Ulferius , ont donné des
fuites des Dynalties d'Egypte.
Egypte , s'èll: du encore d'une contrée particulière de
l'Egypte y & du Nil , fleuve de l'Afrique fj célèbre,
qu'Homère appelle kgypte dans l'Odillée , L. XIV.
V. 158. comme le pays où il termine (a courle. En-
fin ce mot le dit aulli , comme tous les autres noms
de pays , pour tout le peuple qui l'habitoit. L'Egyp-
te éc la Phénicie eurent l'honneur d'humanifer les
Grecs par leurs colonies, les inliruilirent & les ci-
vilifèrent. Celle-ci leur enfeigna la navigation , le
commerce, l'écriture^ l'autre les poliça. L'une &
l'autre , par fes lois , les mit dans le goût des Arts
& des Sciences , les initia dans fes myltères j & pour
roui dire , leur donna des Rois & des Dieux. Tour-
REIL.
Coropius Becanus croit que ce mot y^gyptus ,
j\',y„jjrr«j peut être formé du Grec «'1, àiys; ^chèvre jôc
''TiTts yjupinus , couché, comme qui diroit couché ,
iitué fous le ligne de la chèvre. D'autres rapportent
que les Grecs ont nommé ce pays A<yi/3-r«, hgypte -,
du nom d'un hls de Bel appelé AiyaTtra;^ Egypte j &
autrement Armais , lequel commença à y régner
vers l'an i4io. du monde j 1880. ans environ avant
JefusChrilt. On dit qu'avant ce temps-là, ils lui
donnoient le nom d'Acrie.
Egypte, en teçmes de fpiricualitc j fignifie le monde,
le monde corrompu & ennemi de Jelus- Christ.
Sortir de {'Egypte , c'eft fortir du monde réellement
& eftetlivement, en le taifant religieux, ou feule-
ment rompre fes mauvais commerces , vivre dans
la retraite & dans les exercices d'une vie dévote.
Retourner en Egypte , c'eIt reprendre fes habitudes
vicieufes. Ah ! qu'il y a peu de gens entre ceux qui
nous recherchent , qui reviennent de Jérufalem ;
mais qu'il y en a au contraire qui viennent à!E-
gypte. p. Verj.
EGYPTEN. Petite ville du Duché de Curlande. Egyp-
tus. Elle eft dans la Semiga-Ue j à 7 lieues de BralLiw.
M AT Y.
EGYPTUS. f m. Frère de Danaiis , donna fon nom à
l'Egypte où il régna. Il fut père de cinquante tils
qui époufèrent les cinquantes tilles de Danaiis.
EGYPTIAQUE. adj. m. & f. ii'^j/'r/Vw j qui appar-
tient à l'Egypte , qui y a du rapport. ^gyptL-cus.
Ce mot eft moins en ufage qu'Egyptien. On le du
néanmoins. M.TiUemont l'a employé dans fon lEJI.
des Empereurs , T. IV. p. 3 5. & on le trouvera dans
ce Didlionnaire-ci au mot Bibliothèque.
EGYPTIEN , ENNE. f m. & f ^gyptius _, a. Nom du
peuple qui habite l'Egypte , qui eft d'Egypte , ori
ginaire d'Egypte. Les Egyptiens prétendoient ctre
les premiers hommes du monde. Les Egyptiens
ont pallé pour les inventeurs des Sciences ùc des
beaux Arts : c'elf d'eux au moins que la Grèce en
avoir eu connoiflance , fur-tout de l'Aftronomie ;
mais il eft douteux s'ils les inventèrent , ou s'ils
n'en reçurent point, au moins,, les premiers prin-
cipes des Chaldéens. Les Egyptiens ont écc au-
ttelois très - fuperftitieux. Ils adoroient jufqu'aux
Il G Y éo Z
animaux les plus vils , & aux plantes les plus com-
munes. Les égyptiens reçurent la foi du temps mê-
me des Apôtres, t'^c fainclViarc, Evangéiilie fut le
premier Evêque d'Alexandrie. L'Egypte produifit
des Saints , & lur-tout des Anachorètes , ou'î'.olitai-
res. Le Chriltianifine y ell aujourd'hui bien déhgu-
ré. Il y a cependant quelques Latms : tous les au-
tres font au moins Schifniatiques. Ce font les Cop-
tes ou Cophtes. /^ojxij cemot. Mais depuis l'mva-
lion des Sarafms , & enfuite celle du Turc , le Ma-
hométifme y eft devenu , comme il left aujourd'hui^
la Religion domin;inte. Les t^ypciens padoient au-
trefois pour de grands fourbes, & nous avons quel-
ques manières de parler fondées là-delfus. On en
trouve davantage dans les livres Grecs & Latins.
Les Italiens les appellent Ciani j & Cingari j les Al-
lemans , Zigcnner ; on les nomme aulli Gentils &
Tartares j quelques-uns les appellent Sarafins ; les
Anglois , Gypties. En Latin on ttouve Aigyptius ,
& JEgyptianus. Munfter, Geogr. L. III. C. 5. dit
qu'ils parurent en Allemagne en 1417. noirs , brû-
lés du Soleil , iSc en fort mauvais arroi : que néan-
moins ils taiioient les gens de qualité ; qu'ils me-
noient avec eux des chiens de chafîe , comme des
Nobles \ qu'ils avoit:nt des palfeports du Roi Sigif-
mond, & d'autres Princes. Dix ans après on les vit
en France. î^'oye-^ au mot Bohémien, où vous ver-
rez pourquoi on les appela Egyptiens.
Aujourd'hui les Egyptiens font fort ignorans j &
palTent pour être larrons , traîtres , avares & grands
hypocrites. Maty.
Le P. KirKer a tâché d'expliquer Aans fon (Edl^
pus JEgyptiacus ^ la plupart des antiquités ptofa-
nes & facfées des Egyptiens. Voye^ le Canon
^^gyptiacus de Matsham j le P. Petau , Riccioli i
Uiîerius , &c. Thevenot dans fon Voyage du Le-
vant , Coppin dans fon Voyage dEgypte , Bruyn
dans ion Voyage de la Terre Sainte, Monconis,
Pietro délia "Valis , parlent de l'état préfent de l'E-
gypte, & en rapportent différentes particularités.
M. Toureil, de l'AcadémieFrançoife j qui , dans
la Préface de fa Traduâtiondes Philippiques de Dé.
mofthene , écrit Egypte , en citant cet endroit - là
même dans fa Table , il orthographie égyptiens i
ce n'eft point l'ordinaire d'écrire ainfi.
Egyptien, enne. Bohémien j vagabond, difeur de
bonne aventure. Divinus. Voye^ BOHEME, ou
BOHEMIEN.
En Chronologie, l'année Egyptienne eft de 36c
jours règlement j & il n'y en a aucune de 366 , ou
bilfextîle 5 comme dans les années Juliennes. Ainli
de quatre anS en quatre ans , le commencement de
l'pnnée Eoyptienne , anticipe un jour for le com-
mencement de l'année Juliennej & par conféquentj
en 1460 années Juliennes, il y 14^1 années f^y^-
tiennes , & pendant ce temps-là le commencement
de l'année Egyptienne^ ou le premier jour du mois
Thot , qui eft !e premier mois de l'année Egyptien-
ne, a été liiccellivement dans tous les ^tîj jours de
l'année Julienne. L'Ere la plus fameule pour les
années Egyptiennes , eft l'Ere de Nabonaiïar , Roi
des Chaldéens. On s'en eft iur-tout fervi pour les
obfervations aftronomiques. L'Ere de Nabonaftar
commence à l'an 5 967 de la période Julienne , le i(»
de Février , 747 avant la nailfance de pefus-Cluift
félon le P. Petau , qui parle plus au long de l'année
Egyptienne , dans fon grand ouvrage de Doclnne.
temporum ,l.-j.c.\i , Sic. Si dans fon Rationarium
temporum, L 1. e. ii. &c. Cinq ans après que l'E-
gypte fut foumife à Augufte, Vannée Egyptienne
devint en quelque forte année Julienne ; c'eft-i-
dire j que les Égyptiens eurent de quatre ans en
quatre ans , ^66 jours dans leur année. Ils reriprent
toujours les noms particuliers de leurs mois , Thot,
Pœphi j Atyr, Choac , Tybi , Méchir , l'h.iménoth ,
Pharmuchi , Pachon , Payni , Epiphi , Méfor. Voy.
l'Anthologie Grecque j L. I. C. 91. &: \e Menoh-
gium de Fabncius , p. iz. Au bout de ces douze
mois, qui n'étoient que de 50 jouts chacun, ils
G g g S «i
€o4 EGY EHO
comptoient cinq ou fix jours , « ^^''s' > ''f«'"/',"V''2-, pouv
achevei- le nombre de 365 , oude 566. Le commen-
cement de leur année demeura fixé au i^ & au 30
du mois d'Août de l'année Julienne.
iicYPTiLN. f^oye:i Copte.
HGYPTIENNE. f. f. Etoffe mélangée de poiI,de fleu-
ret,ou de laine,&c. que le Règlement de 1667 met
dunombre des fatins de Bruges, des damas ca-
farrs, des légatines , &c.
E Pi.
EH j Exchnmation. Bcu ! Interjeûion d'admiration, de
iiuprife. Eh ! qui auroit pu croire que , ôcc
Eh ! que fais- je aujourd'hui qu obéir à m on fort ,
Et remplir mon deflin qui me doit à la mort ?
Mlle Descartes.
E H A.
'EHANCHÉ. Foyei Déhanché , qui efl: plus en
ufage.
E H E.
iÉHENHEIM. Nom de lieu. Ehenheimia. Il y en a
deux qui portent ce nom. Le ptemier s'appelle Oher-
Ehcnheim ; c'elt-à-dire , haut-Ehenkeim : c eft une
petite ville d'Alface , fur la rivière, d'Ergers , à
quatre lieues de Strasbourg , du côté de l'Occident
méridional. Ehenheimia fuperior. L'autre qui le
nomme Nidder-Ehenheïm , qui lignifie has Ehen-
heim , eft un village voifin du haut Ehenheim. Ehen-
heimia injerior. Ehenheim , ville autrefois libre 5i
Impériale , foumife enfuite aux Eletteurs Palatins,
puis à la Maifon d'Autriche , eft à la France depuis
la paix de Munfter en 1 64S.
l^HERBER. v.a.. Herbis inutiitbus purgare. Ce mot fe
dit dans le même fens que Sarcler-^ mais ce dernier
eft plus ufité. Il faut éherbcr ce champ,
E H I.
ÈHINGEN. Petite ville de Suabe en Allemagne.
Ehinga. Ehingen eft htué fur le Danube j à qua-
tre lieues au-delfus d'LTlm. On prend Ehingen pour
l'ancienne Dracnina, ville de la Vindélicie. Maty.
Ehingen , eft auili un Bourg de Suabe fitué fur le
Necre, deux lieues audelfus de la ville de Tubinge.
Maty.
EHO
ÉHONTÉ , ÉÊ. f. Qui a perdu toute pudeur. Impu-
dens , os impurum y quem nihil pudet. On ne le dit
plus. Cependant ejfrowr»;', qu'on y a fubftitué , ne
lignifie pas tout-à-fait la .même chofe.
Êhonté , ÉE. Vieux mot. Deshonoré , couvert de
honte. Infamis j infamatus.
Voilà comment , pour le moins à ce compte 3
De votre fait n'en peut fortir que honte ,
Et déshonneur 3 fi vous nêtes comptés
Peur gens q^ui font déjà tout éhontés. Marot.
Éhonté , paroît un très-bon mot , pour marquer une
perionne qui a perdu toute honte. C'eft un vieux
terme qu'il feroit à fouhaiter qui s'introduisît \ car
le mot ^ effronté x\Q fignifie pas tout-à-fait la même
chofe : il marque d'ordinaire une hardielfe trop li-
bre à parler j d'où vient qu'on dit fouvent, c'eil un
effronté qui vous dira cent injures; mais éhonté
donne à penfer davant.age : le fens en eft plus inju-
rieux. Un homme éhonté , c'eft un homme qui a
perdu toute pudeur. Je crois que ce mot marque
plus la corruption du cœur; & eiffrowre la légèreté
de l'efprit & l'indifcrétion. Réflexions fur l' ufage
préfent de la Langue Françoife. Cette remarque n'a
j)as fait faire beaucoup de progrès à éhonté , qui eft
tombé dans un tel oubli , que la plupart des Fran-
çois ignorent s'il a jamais été en ufage.
EJÂ EIC
ÉHOUPER. V. a. Terme d'Eaux lie Forêts. lEhouvcrun
arbre, c'eft-à-dire, en couper la tête, le dcsliono-
rer. Decacuminare. L'Ordonnance condamne à une
amende ceux qui ont ehoup: ^ cbranché & déshw<
noré les arbres.
Ehoupé , ÉE. part. Un aibre éhoupé,
EHRESBOUKG. Ancien nom d un lieu d'Allemagne,
où étoit autrefois l'idole Irmen feule , adorée pat
les Saxons , & renverlée par Charlemagne. Ce heu
fe nomme aujourd'hui Stadtberg , enWeftphalie,
dans l'Evêché deTadetborne.
EJA.
ÉJACULATEUR. f. m. Terme de Médecine &: d'A-
natomie. Nom que l'on donne à deux mufcles qui
fervent à l'éjaculation de lafemc-nce. Ejaailator. Les
deux éjaculateurs nailTent du fphinéler de l'anus ,
& s'avancent le long de l'urètre jufqu'à fon milieu ,
où ils s'inlcrent latéralement. Dion. On appelle
aulli éjaculateurs àQU\ mufcles du clitoris , qui for-
tent du fphincler de l'anus, & s'avançant latérale-
ment le long des lèvres, s'infèrent à côté du clito-
ris. Id.
ÉJACULATION. f f. Terme de Médecine , émif-
lion de la femence avec une certaine force. Ejacu-
latio j jaculatio. Quand on ordonnoit le congrès
dans les Officialités , les matrones rendoient té-
moignage de réreétion, de Tintro million , deVéja-
culation.
Ce mot vient du Latin ejaculari j lancer en
haut.
IJCF Ejaculation , eft aufli un terme de Phyfique.
Les Newtoniens doivent être fort embarralTés à
maintenir l'hypothèfe d'une lumière envoyée par
rémillion , par Xéjaculation continuelle des cor-
pufcules du corps lumineux. Mém. de Tr. 'L'éjacu-
lation continuelle d'une li grande abondance de
rayons , qui fortent depuis tant de fiècles du corps
du foleil , auroit dû épuifer il y a long-temps , an
moins aftoiblirou diminuer famalfe. V. Emission.
^fF Ejaculation , fe dit auilî , en matière de dévo-
tion , d'une prière fervente j & qui part du fen-
timent.
^CJ" Au refte, je crois que, dans ces occafions, il
vaut mieux employer un terme fynonyme ou équi-
valent , à caufe de l'idée que celui - ci réveille dans
l'efprit.
ÉJACULATOIRE. f. m. Terme d'Anatomie. Qui fe
dit de deux petits conduits , qui fortent des véficu-
les fcminaires. £'/^c;^/rtrt)r/tf5. Les deux conduits éja-
culatoires n'ont pas plus d'un pouce de longueur : ils
font larges proche des véficules , & diminuent
à mefure qu'ils approchent de l'urètre qu'ils percent
enfemble. Dionis. On donne aulli ce nom aux vaif-
feaux déférens , mais mal-à-propos , dit le même
Auteur.
ÉJ AMBER le tabac. C'eft en ôter la grofte côte qui eft
au milieu de chaque feuille.
E I C.
EICÈTES. f. m. Hérétiques du VIF liècle, qui pro-
felfoient la vie monaftique. Sur ce qu'il eft dit dans
l'Exode , que Moyfe & les enlans d'Ifraël avoient
chanté un cantique à la louange du Seigneur , après
qu'ils eurenrpairé la mer rouge, où leurs ennemis
périrent , les Eicètes étoient perfuadés qu'il falloir
chanter & danfer pour bien louer Dieu ; &, comme
Marie la Prophételle, fœur de Moyfe &c d'Aaron,
avoir pris un tambour en fa main dans la même oc-
calion , & que toutes les femmes avoient fait la
même chofe , & témoigné leur joie par des danfes ,
les Eicètes tâchoient , pour mieux imiter cette con-
duite , d'attirer chez eux des femmes qui failoient
aufli publiquement profellion de la vie monaftique.
M.D.C. ,
On écrit auni HÉICÈTE,ou HICÈTE ^ comme
l'on prononce.
j>
EîC E IG
EICFÊLD. Pecir pays de la BalTe-Saxe en Allem.if^ne.
Ekjckfddia. Les'Mlemans écrivent Eijchjddc. Ce
pays eil borné par la Thuringe, la Helle , ..^ le
Duché de Bcunrwicli , dont il étoit autrefois une
paaie. Oihon de Bruni wich le vendu l'an 13(^5 à
1 Archevêque de Mayence , dont les lucceireuis le
polTedent encore aujourd'hui. Les lieux princi-
paux font Duderftat , capitale , & Heylinllat.
Maty. , .
EICOSAEDRE. f. m. Terme de Géométrie. C eft un
corps qui a vingt faces égales j un compofé de vingt
triangles équilatéraux & égaux entr'eux, & qui ell
le dernier des cinq corps réguliers. Icojacdrum. ^
Ce mot vient de '«»" , vingt , & de 'ih"-, fiège ,
affiette , parce que VEkofaédre , ou icojucdre , a
vingt furfaces, fur lefquelles il peut s'arrêter.
EID.
EIDER. Rivière d'Allemagne. Eydera, Eydora. L'£>-
dera. fa fource vers la mer Baltique , à deux lieues
de Kiel , coule d'Orient en Occident entre les Du-
chés d'Holftein & de Slefwich , &: fe décharge dans
la mer d'Allemagne un peu au-delTous de Ton-
ningen.
^J' EIDER. f. m. Efpèce de canard de mer , relTem-
blant b-aucoup au canard , dont on tire le duvet
pour faire des lus. Anus plumis molUJJimis . Foye-{
Edredon.
EiDERbTÈOE. Petit pays du Duché de Slefwich en
Danemarck. Eyderftadia. Il s'étend le long du bord
feptentrional de l'Eider ; &c Tonningen on eft la ca-
pitale.
Le Gouvernement A'EiderJl^de j Eid&rftadlenfis
Préifeclura. , elt une Prefqu'ille formée par l'Eider
ërZ h mer d'Allemagne. II comprend \'EyderJièdc
qui lui donne fon nom , le pays d'Evefchop au nord
de VE'idajlède j &c celui d'Qtholm , qui ell au le-
vant des defix autres. Ce pays s'appeloit autrefoisia
Frife Mineure, fn/a Mirior ^ la Frife Cimbrique ,
FnfiaCinibrïca-^ la Frife Septentrionale, FnfiaSep-
tentrlorfalis \ la Frife de l'Eider ^ Frijia Eiderenjis.
EIDGENOSSEN , EIDGNOTTES, EIGNOTS. Le
premier eft allemand , les autres en font corrom-
pas. Ce mot , qui ne fignihe que Confédérés , fe
prend en particulier pour les cantons & pays qui
font membres du Corps Helvétique ; &, comme
une grande partie de cette République profelfe la
.•> Religion Protellanre , il efl: alfez vraifemblable que
de-li vient le nom de Huguenots, que le peuple
a mal pris pour un nom de fe£te , & non pas pour
un nom de peuple.
El F.
EÎH El S
quet , elle va fe décharger dans le Rhône à côté
d'Orange. Corn.
E I H.
EIHAM. Abbaye de Flandres proche d'Ouàenardiî.
Eïhamum. Elle fut bâtie par Baudouin de Lifle,
Comte de Flandres j & donnée aux Bénédidins
l'an 106}. Scu'icc-Munhe y Call. Chtijî. Tom.IV,
p. 364,
E I L.
EILE. Voyei Haly,
E I M.
EIMBEK. Petite ville du Duché de Bninfwick dans
laBalFeSaxe.^^w/î'ecra. Elle eft dans le quartier de
Grubenhagen , près de Leine , entre les villes de
Gottingen & de Hildeshein. Euhbck , qui étoit au-
trefois ville Impériale &: libre , dépend aujourd'hui
de la Maifon de Bruniwick. Maty. Long. 17. d.
58'. lat. 5 1. d. 46'.
EIMOUTiER. Petite ville de France. Andmon-ajîe-
rium. Elle elt fur la Vienne , dans le Diocèfe de Li-
moges 5 à fept lieues au levant de cette ville.
El N.
EINDOVEN. Petite ville du Brabant HoUa^ols , fur
le Dommel , à fix lieues au-delfus de Boifleduc,
Elndhovia. Maty.
EINE. f. m. Inguen. Foye-[ Aine.
EINS. Vieux mot j qui (îgnific jamais.
EINSIDELN , ou EINSIDLEN , en François XErmi^
tdge , ou Notre-Dame des Ermites , en Latin C'œ-
noblum D. Virgiriis ad Eremitas. Bourg de SuilFe ,
dans le Canton de Suitz , avec une ancienne & ri-
che Abbaye de Bénédidins j dont l'Abbé a titre de
Prince.
EJO.
ÉJOUIR. v. a. Hilarare , gratular! , plaudere. Ancien
mot qui fignifioit la mcine chofe que réjouir , & fe
joignoit avec le pronom perfomiel, s'éjouir.Gaudi-
re , Uturi. Marot s'en elt fervi.
A celle fin que ton dernier vouloir
Du tout mefajfe éjouir ou douioir.
E I P.
EIPAN. Lieu de la Terre-Sainte , dans Jofeph , An-
tiq. FI IL 3 . mais M. Réland croit avec beaucoup
de raifon que c'eft un nom corrompu. Toutes les
villes que nomme en cet endroit Jofeph , font rap-
portées de même , & dans le même ordre par l'Au-
teur du IF Livre des Paralipomènes XI. 6. maisj au
lieu de Ei;Ta» , Eipan , il y a, /13 , Gath. Ainfi cet
Auteur croit que de njOK, Jofeph avoit fait etpaa j
que de là s'ell fait par la faute des Copiftes etfan ,
& enfuite E'nAN.
EIRÈNE. f. f. DéetTe de la paix chez les Grecs. Foy.
Paix.
E I S.
EISACH , ou EISOCH. Rivière d'Allemagne. Eifa-
chus , Ifochus. Elle baigne Brixen darks le Tirol, &C
Bolfmo dans le Trentin , & fe jette peu après dans
l'Adige.
EISCHFELDT. Foy. Eichfeld.
EISCHTET , ou AiSCHTET. Eifiacum , Eifladium;
Qwcfrcc/'o/ii'j Z)ryo;7o//j. Ville d'Allemagne dans le
Cercle de Franconie , dans le Nordgaw , fur les
confins du haut Palatinat, de la Bavière & de la
Franconie. L'Evèché à'Eifchtet fut établi en 74*^'
par S. Boniface , & fondé par le Comte Suigger de
^^ ..,„ ., -r -, .>..... _.., Hirchsberg.
çois i & , après avoir palfé à Nions & à S. Tron-l EISENACH. Ville du Cercle de la Haute-Saxe. Eift-
EIFFEL , ou EIFFLE. Petit pays d'Allemagne , qui eft
en partie dans l'Archevêché de Trêves , & en partie
dans le Duché de Juliers. Eiffalia. MATwEJlia,
Eijiia. Hadr.. Valois.
E I G.
EIGNES, AIGNES , ou AGNES, f. m. pi. On ap-
pelle ainh en Champagne les raifinstués de delfous
le prelfoir , h maïc des raiùns. Eignes vient appa-
remment du mot Latin ign's , feu ; tant à «.auie de
la chaleur des ei^/îe^, que parce qu'ordinairement
on les briàle dans l'alambic pour en faire de l'eau-
de-vie , ou au feu pour en avoir des cendres. Nous
avoiis dans notre Langue le mot Ignée , qui a la
même origine. Les eignes éparpillées fur le grenier
détruifent les^i^rençons. L'Auteur du Spedacle de
la Nature écrit aines , Si dit qu'on en tire une eau-
de-vie de mauvais goût , mais qui eft utile pour les
blelFiires , & pour bien d'autres ufages.
EIGUEZ. Rivière de France qu'on nomme autrement
Algue. Icarus 3 Aigarus 3 Migarus. Elle a fa fource
dans les montagnes du Dnuphinc , vers le Gapen-
6o6
E I S E K
nacum, Ifcnacum. Elle eft fitiiée au confluent de la
rivière d Hcriel dans celle de Nella , à lîx lieues au
midi de Ivlulhaufen. tij'aiach ctou autreiois ville
libre &; Impéiiale , & failbit grand commerce de
fer. Aujourd'hui elle eft capuale d'un Duché. Long.
iSJ. d. b . lac. 50. d. 59'.
Le Duché iXEiJcnach j Fïfenaanfis , ou Ifcna-
cenjis ducatus , eft un petit Etat de la Thuruige dans
le Cercle de la Haute-Saxe. Il eft entre le Duché de
^Gotha & la Helle j, & appartient à la Maifon de
Saxe-Weimar. Marcklal , château fur la Verra, eft
la réhdence de fes Ducs.
EISENTHORN. Quifignifie Porte de fer. Porta fer-
rea j PyUJ'erreà!.. C'eft le nom d'un palTage tort
difficile , pour entrer dans la Tranfilvanie. Il eft
aux confins de cette Principauté , de la Valaquie
d<. de la Haute-Hongrie , & donne Ion nom à toute
une chaîne de montagnes prefque inacceflîbles qui
environnent la Tranfilvanie du côté du midi. On
les appelle aulfi Viskapu.
EISETERIES. f. f pi. Fêtes célébrées à Athènes ,
lorfque les Magiftrats encroient en charge. ( Sui-
das). On s'aflembloit dans le Temple de Jupiter &
de Nlinerve dd bon Confcll , ( Confultorum ) &i l'on
y faifoitdes prières & des vœux pour la conferva-
tion de h République. uTKt'^io,. ( Anciphon. Ora;.
pro Choreutâ ).
EISSIR , ou plutôt IJJir , vieux mot , qui fignifie
fortir , Je dont il nous eft demeuré i£u , qui eft un
terme oq généalogie , pour due , forti, deicendu j
& ijjue , pour dire , fortie.
EITDEVET. Ville ancienne d'Afrique , dans la Pro-
vince de Héa , au Royaume de Maroc.
E IX.
ElXSE. Excifum. Ce lieu étoit dans la Guyenne , à 14
milles de Bordeaux & à i 5 dcLskoare. Hadr. Fa-
lois y Notit. G ail. p. i7^.
E K E.
ÉKÉLENFORD. Petite ville du Duché de Slefwick ,
en Jutland , fur un petit g.dfe de la mer Baltique ,
entre Kiel & Slefwick. Ekdenfordia. Ekcknford eft
un port. Je le trouve auifi nommé EkéUmbourg dans
Hoftman. Long. z^. d. 5 ^'. iat. 54. d. 40'.
ÉKÈREN. Village des Pays-Bas, dans la Campine,
à 2 lieues au nord d'Anvers. La journée à'Ekéren.
Les François & les Efp.agnols battirent les Anglois &;
les HoUa'ndois à Ekéren , l'an 1703. le 50^ de Juin.
ÉKÉSIO , ou ÉKÉSIE. Ville de Suède dans la Pro-
vince de Sinalande. Ekesium. Elle eft fur la rivière
d'Arby , environ à dix-huit lieues de Calmar ,
vers le Nord-Oueft.
E K M.
ÊKMIAZIN. Monaftcre de Moines Arméniens , fitué
ptoche de la ville d'Erivan en Perfe. Ekmia^inum.
Le Monaftère â'Ekmia^in eft comme le centre & le
fanûuaire de la Religion Arménicnne,& la règle de
toutes les autres Egliles pour la difcipline. On l'ap-
pelle ordinairement Trois Eglifes, à caufe qu'outre
l'Egllfe du Couvent , il y en a deux autres alfez
proche , dont l'une fe nomme Sainte Caïane , &
l'autre Sainte Rapdmée. Il y a dans ce Couvent des
logemens pour les Etrangers qui viennent le vifiter,
& pour quatre-vingt Moines. Le Chevalier Char-
din dit qu'il n'y en a communément que douze ou
quinze. Le P. D'Avril, de la Compagnie de Jefus,
qui a été dans ce même Monaftère en 1605 , dit
que la Communnuté étoit de 50 ou 60 Religieux ;
ce qui a été confirmé par l'Evèqne d'Hifpahan , P.
HÉlyot , T. J. C. V. Autrefois les Arméniens
fchifmariques n'avoient qu'un Chef, qu'ils nom-
moient Seigneur fpirituel , qui étoit trcs-puilTant
pnur le temporel , & qui faifoit fa réfidence au
Monaftère aEkmia^irr^ mais, depuis que les guer-
EL ELA
res ont obligé ce Patriarche de tranfporter fon fiège
à Cis , dans l'Arménie Mineure, ou Caramanie ,
l'Archevêque de cette ville a ulurpé aufti la qualité
Patriarchale , qu il a peu à peu établie &: afietmie ;
de forte que l'on compte préfentement dans cette
Eglif; fchifmatique deux Patriarches univerfels ,
l'un au Monaftère à^Ekmia^in , & l'autre à Cis :
néanmoins celui qui rélide à tkmia-^in a retenu fa
fupériorité & l'autorité fur tout le peuple Armé-
nien , avec le titre de Supérieur fpirituel. Id.
EL.
EL. Les Anciens terfninoient en el tous les mots qui
ii\-\\\{nx\iQX\eau. Sup. auGlojj. du Ron de la t\o]e^
au /77if Carnel. Foy. Beau dans le Didtionnaire.
EL. f. f. Nom propre de Dieu. El. hortis Deus. Entre
les noms que l'Ecriture donne à Dieu , le nom à' El
n'eft pas celui qu'il importe le moins de connoître
exaétemeni. P»Souc. Les anciens interprètes le tra-
duifentDieu Fort, très-fort. Les Septante fubfti-
tuent quelquei^ois quelque autre nom au lieu de
traduire celui d'i/, P. CL. i. Seigneur .• i/i Xlf.
15. Ciel; Job. XX. 19. Surveillant , Intendant ,
iîTie-rfoîrof. Reuchlim lui donne aufti la fignification
^aux'diator. Celui qui fecourt : mais elle eft fans
fondement. Le fentiment commun eft que £V, Sx,
vient du verbî inufité S'N , II, ou, SiN , oui, qui
a la lignification de force Se de puiftance. Dans les
Diflertations du P. Souciet, Jéfuite j il y en a une
fur le nom de Dieu El, où l'on explique tout ce
que l'on peut favoir de ce nom.
ELA.
ÉLABORATION, ff. Travail, aétion par laquelle
une chofe eft perfeétionnée. On fe ferc de ce terme
en médecine j pour exprimer les différens change-
mens que fubilfent le chyle , le fang , la lymphe &C
les autres humeurs ^ par lefquelles elles acquièrent
les qualités convenables pour les ufages auxquels
elles font deftinées. Le fuc de la terre dans ces
tuyaux fubit des fermentations & des élaboradons
différentes , qui le changent confidérablement. LÉ-
MERY. L'élaboration du chyle , auquel les fels de
l'eftomac travaillent. Journ. des Sav. 1719. p-
58J.
ELABOURER. v. a. Formé du mot Latin elaborare.
Travailler avec foin & application à quelque oiv»
vrage. Il n'eft plus en ufage , fi ce n'eft au participe,
où il ne fe dit qu'en plaifantant. Tout ce qui fort
des mains de cet Artifan , de ce Peintte , eft artif-
tement elabouré.
On dit particulièrement en Médecine , que du
fang eft bien elabouré : fanguïs verus , faclus, benh
tcmperatus ; quand il eft bien conditionné , quand
la nature a eu foin de le bien perfedionner. M.
Lémery dit toujours élaboré , Se jamais élabourS.
Cette portion de la liqueur qui eft dans les veines
ne diftcre du chyle , qu'en ce qu'ayant circulé quel-
que temps avec la liqueur fanguine elle eft un peu
plus élaborée que lui. Lemery.SI le chyle alloit de
fon réfervoir droit aux mamelles , il ne feroit point
encore affez perfedionné & élaboré pour produire
un bon lait. Id. Sans l'eau j rien ne pourroit être
élaboré àxv\% la nature. Id. M. Dionis retient le nom
à' elabouré. Il faut que le chyle par la chaleur qu'il
trouve dans le cœur j Se par la comprefïion qu'il y
fubit , foit elabouré , atténué Si fermenté à plufieurs
reprifes. Dionis. On ne dit plus ni l'un ni l'autre.
ÉLA-CALLI. f m. Nom d'un arbriffeau qui croît
dans quelque contrée des Indes Qrientales : il aime
les lieux fablonneux j & s'élève à deux fois la hau-
teur de l'homme. On broie l'écorcede fa racine j&
on la fait prendre dans de l'eau , où l'on a lavé ou
fait bouillir du ris , dans les hydropifies. Ses feuilles
féchées fur le feu provoquent les urines , &c. Dict.
DE jAAir.S.
ÉLi£-AGNUS.f. m. Arbriffeau donc il y a plufieurs
1
E L Â
•&rpèces , une j entre autres, qu'on Tiofnmc Olivier
de Bolième. Son irait eft iemblable à celui de l'O-
livier.
EL/£OMELI. f. ni. Terme de Droguifte. Lohcl &
Pena ont donné ce nom .à une elpèce de manne ,
qu'ils avoient obfervce à Montpellier lur les Oli-
viers. M. Tournefort ena.iudl cueilli en automne
fur les mêmes arbres aux environs d'Aix & de Tou-
lon, ^c. t/ej' ^«t/zc. i6^<). Méin. p. 101. EUùmeli.
Ge mot ell: compofé de 'ea«iov , huiù , ou de Uxit ,
olive , &r /"■•'^i, mi^l. Comme qui diroit miel d'oli-
vier. C'eft le fuc elfentiel de cette plante, qui tranf-
fude & s'cpailli: fur les feuilles ou les branches.
L'éUomeli , qui eft une huile plus épailfe que le
miel , &: douce au goût , coule du tronc d'un arbre
À Palmyre , contrée de la Syrie. Deux cuillerées de
cette huile , prifes dans une hémine d'eau j éva-
cuent par les îelles les humeurs crues & bilieufes :
mais les malades qui ont recours à ce remède , font
attaqués d'engourdilfement j. !k perdent leurs for-
ces ; cependant il ne faut pas fe lailler épouvanter
par ces lymptômes. Koye~ le Dicl. de James,
ELAGABALE. f. m. Surnom que l'on donnoir au fo-
leil dans la ville d'Emellë , où il étoit honoré. Ela-
gahalus , Alagabalus. Cat on ne peut douter que ce
ne fut le Soleil j puifque Dion & Hcrodien le ren-
dent par lÎA/îs- j Soleil , & que l'on trouve d'ancien-
nes infcriptions qui portent SOL ALAGABALUS ,
Se fur les médailles du dernier Anconin SACER-
DOS DEI ELAGABALI. Une autre médaille du
même porte au revers SANCT. DEO SOLI ELA-
GABALO. Hérodien & Capitolin dilent que c'ert
le nom que les Phéniciens donnent au foleil ; mais
Lampridms écrit que les uns le prennent pour le fo-
leil , & les autres pour Jupiter.
Au refte , ce nom fe trouve différemment ex-
primé dans les Auteurs qui en parlent. Hérodicn
diz Heleagjbalus j Capitohn & Lampridius Helio-
gabdlus-^ Xiphilin Elegabalus Sc Heliogabalus \
Photius Elagabalus & Lagabalhs. Il eft clair que ce
nom eft ccmpofé de deux mots , dont il n'y a point
à douter que le premier ne l'oit n^x , Eloah , ou ,
comme les Syriens prononçoienr, alaah _, & allah ,
félon la prononciarion des Arabes. Le fécond eft
plus difHi.ile à trouver. Il femble que ceux qui pré-
tendoient que Elagubale tiit Jupiter, aient ^iis gdba\
pour bagal , par métachèle. En ce cas , bagal ieroit
-le Baal des Phéniciens qui s'écrit hj}2 , par un ain,
,- lettre qui s'exprime fouvent par un g. Ce fécond
nom pourroit aulîi être K"îan, hhabalah _, qui figni-
'fie corruption \ le hhet fe change quelquefois en
i:\ & ce nom convient fort à Apollon , qui pallôit
chez les Anciens pour un Dieu qui amenoit la cor-
luption & la pefte. Bien plus , c'eft de ih^n ,
hhûlulah , que les Syriens prononçoienr nSiDu ,
hhaboulah j que le nom d'Apollon s elt formé. Mais
quelque vraifemblable c\ue cerre étymologie puilfe
paroîtrej il eft encore plus naturel de tirer ce nom
de V^J , qui , en Syriaque & en Phénicien , fignitie
former , jormare , /ingère ; de forte qii Elagabalus
foit la même chofe que N2'D3 NnVx j Âlaha gabila,
c'eft-à-dire , /e Dieu j armateur ^ Créateur, Auteur
de toutes choses. En effet , Ammien Marccllin, L.
XVII. & Porphyre dans Eufcbe, Prsp. Evang. L.
III. C. 4. nous apprennent que le Soleil étoit ap-
pelé par les Grecs xr/frif. Créateur. Tel eft le fenti-
ment de FuUerus , Mifccll. L. I. C. 14. Voftius l'ap-
prouve aulfi, & le fuir , De Idol. L. II. C. 5. Foy.
encore Scaliger fur Eusèbe , & Cafaubon fur Lam-
pridius.
Le Dieuf/iî^a^ff/eetoitreprcfenté fous la figure
d'une grande pierre en forme de cône : c'eft Héro-
dien qui nous l'apprend, & les médailles confir-
ment ce (qu'il en dir. Foye-^ç^ Tristan , T. II. p.
X10. Se ci-deffus au mot B.€tile , Se au mot Aba-
DiR, cequenoi'is avons dit de ces fortes de pier-
res. Le dernier Antonin , que nous nommons com-
niUBement Elagabale , fit apporter le Dieu Hélio-
cabale , ou Elcagabal, d'Emcfe à Rome , où il lui
E LÀ Uf
fît bàrir un temple fort magnifique ; & il l'honoroir
avec des cérémonies inconnues jufqu'alors à cette
ville. Il vouloit qu'on ne reconnut point d'autre
divinité dans toute la terre , 6c prctendoit y fou-
metcre la Religion des Juifs & des Samaritains , &
la dévotion des Chrétiens , dit Lampnduis. Les
Payens fentoient une extrême douleur de voir ce
nouveau venu préféré à leur Jupiter. Elagabale vou-
lut tranfporter dans fon temple le feu de Vefta , la
Itatue de Cybèle , les boucliers de Mars , Se tout
ce que les Romains conlervoient avec le plus de
refpeéf & de vénération. Il profana pour cela tous
les lieux qu'ils eftimoient les plus facrés. Il tir ap-
porter de Catthage l'idole de Célefte, qae toute
l'Afrique révéroit extrêmement. On prétenduit que
c'éïoit la Lune ; c'eft pourquoi Elagabale difoit qu'il
la vouloit marier avec fon Dieu , qu'on prétendoit
être le Soleil. Il en fît célébrer les noces à Rome Se
dans toute l'Italie, &: il cbligea tous les fujsrs de
l'Empire à lui faire des préiens de noces. Enfin
l'Empereur Alexandre le lit rapporter à Emèfe ,
comme tous les autres Dieux que Elagabale avoir
fait apporter à Rome j qu'il renvoya tous dans leur
pays Se dans leurs remples , ainfi que le rapporte
Hérodien ^ Liv. VI. Foye:^ Tillemont dans f/c-
^a/?'i?/f, qu'il appelle Héliogabale, (Se dans Alexandre-
Sur ce que nous avons dit de ce mot , on a oh-
jeété que M. Fleury , Hijl. Eccl. L. F. n. 47, dit que
ce mot Syrien (ignilîe Dieu des montagnes. L^Idole,
dit-on , du Dieu des Montagnes n'étoit qu'un
gros caillou noir , formé en cône , que l'on di-
foit être tombé du Ciel. Elagabale, mot Syrien ,
ne fauroit lignifier Dieu des montagnes. 733 ne li-
gnifie point montagne, ni rien d'appiochanr en Sy-
riaque , c'eft j?/z.v/r, jorma\it.\\ ne le lignifie pas
non plus en Hébreu: cedterminavit j limttavify ni
en Chaldéen : c'eft la même fignification qu'en Hé-
breu , Se de plus il veut dire pirijlt , fubegit. Il n'y a
qu'en Arabe qu'il pourroit peut-être fignifîer mon-
tagne ; mais ce mot n'eft point Arabe , ni en ufage
chez les Arabes. De plus , on confond apparem-
ment le Dieu Elagabale avec les Abadirs Se les 6.1:-
tyles , dont nous parlons en leur place , ou avec la
pierre en forme de cône , qui n'eft point du tout
le Dieu Elagabale. Il faut s'en tenir à ce que nous
avons dir.
Elagabale, eft auftl le furnom du dernier Empereur
Romain de la famille des Anronins , appelé M. Au-
rêle Antonin Vère,& furnommé Elagabale , parce
qu'avant que d être Empereur , il avoir été Prêtre
du Dieu Elagabale. Le P. Valfechi , Bénédiétin d'I-
talie , a fait une DilTertation fur le commence-
ment de la puilfince Tribunicienne de l'Empeieuc
Elagabale. Occo rapporte deux médailles où cet Em-
pereur lui-même eft nommé Elagabale ^ l'une, p.
400. Imp. C^s. m. Avr. ^nto. Elagab. Pius
Auo. Elagabale avec une couronne radiée j au re-
vers p. M. TR. P. II. COS. II. P. P. Efculape avec un
ferpent, un glisbe Se une étoile. Il y a tour proche
une autre figure qui tient de la main gauche une
branche d^olivier. C'eft un médaillon. 'qu'il femble
avoir vu ; car il indique le cabinet où il eft ccrir par
ces lettres M.fug. L'autre , p. 401. Imp. C.cs. M.
AvR. Antonius Aug. Elagab. Pivs , & au revers
Salus Anlonini Aog. La Déellc Santé debout. Le
Comte Mezza'oarba , qui rapporte auftî ces deux:
médailles d'après Occo , avertit néanmoins qu'il
n'en a jamais vu où cet Empereur eût ce nom. Foy.
. P- 3'^-
ELAGLTER. v. a. Terme de Jardinier. Retrancher avec
la ferpe ou la coignée les grolles branches qui défi-
gurent les grands arbres. On élague les arbres qui
forment les avenues , & les arbres de plein venc
des vergers. Cela fe dit proprement des arbres de
tige , dans lefquels on retranche les branches fu-
perfiues, qui pourroient rendre la tigedéfcd>ueufe,
c?-: nuire .à tout le corps de l'arbre, en confumanc
inutilemenr la fubftance dont les branches fécon-
des ont befoin. Liglr. Élaguer Se érnonder font fy-
6o8
EL A
iionymes dans la Quintmie , & ils fs difent des ar- !
bres tju'on vciu taiie monter poiic devenir arbres
de belle tige ; & , pour cet ettec , on leur ô:e cou- '
tes les grolics branches , qui, lortant de l'étendue
de la tige, confuoieroient une p une de la lève , au
ÏKa qu'elle doit monter à la tète pour alonj^er &c
tortiher l'arbre. La (^uint.
M. Ménage dérive ce mot, ou bien de collucare j
e/tt^are j ou biende e.v/jr^jre, elargare, cLuguer j
elûguer. Mais élaguer fe dit lut-tout , lorfqii'on ôte
les branches balles, & qu'on en foulage l'arbre,
qu'on l'ftliége.
Il fe dit,tigurémenr,en parlant des ouvrages d'ef-
prit. Il faudroic élaguer cette fcène. l\l. Le Maître
dsClaviUe a employé ce mot dans fon Traité du
vrai méate. Comment la raifon décermineroit-tUe
nos goûts \ c'ell tout ce que la vertu p=ut taire que
de X^'iétuguer f
Élague, ée. part.
LL^'^H. f. m. Ce!! le nom de Dieu en Arabîj d'où (c
forme avec larticle ALclah , & par abréviation .-v/
lah , qui (ignifie le vrai & unique Dieu, Créateur
de l'univers. D'Herbel. l^ oye\ Allah.
ELAHIOUN. m. Divins. Nom de Secte. D'ivlni , qu
Deuni agnojlunt. Les Mululmans entendent p.ir ce
mot la leconde fede des Philofophes , qui a admis
un premier moteur de toutes choies, & une fubîtaii
ce ipirituti'lle détachée de toute forte de matière^
D'Herbf.lot.
ÉLAÎblîi!.. v. a. Terme de Monnoie , qui fe dit de 1 '
feptième façon qu'on donne aux monnoies , quand
on les fabrique au marteau. herirc.Cc^ prelque la
ml^me choie ^\.\q fl^itcr, linon qu'on ne pénétre p.is
tant la pièce j ne faifanr que la redrelfer du ch.uif-
fa'^e : ce qui fe fait fur l'enclume avec le flattoir.
L'Ordonnance veut qu'on répète certe façon deux
fois.
ELAM. f. m.'. Nom propre d'homme. Elam. , JElani.
Les fils de Sem font LLirn , de Allcm, & Arphaxad,
& Lud , &: Aram. Geu. A. ii. tlj.m lue le père des
Elamices , dont nous a Ions parler.
Elam , fe ditauifi dans l'Ecriture pour les defcendans
du Patriarche Elam dont nous venons de parler.
hlam , t^lamita , Elym.tus. Marche Elam ; Iviède
alîiège là ville. Enfin , Babylone ne fera plus foupi-
rec les autres. Saci, If.XXI. z. Eiam prend déjà
fon carquois. Il prépare fes chariots pour içs ca
valiers , il détache fes boucliers des murailles. 1d.
If. XXII. 6. Je briferai l'arc d'Elam , qui fait leui
principale force. Jerem. XLÎX. 55. Je ferai trem-
bler t^lani à la vue de fes ennemis.^ Ib. ^7. L'Ecri-
ture appelle ailleurs ce peuple le> hls ^Elam , Ela-
mites. Ce font les Peifes. Voyc\ Elamite.
Elam, fe prend, encore pour le pays qu'habitoieni
les Elamues , ou defcendans ^t-lam ^ Elam j, Ely
maïs. Alors le Seigneur étendra encore fa main
pour polféder les relies de fon peuple , qui leront
échappés a la violence des Allyriens , de l'Egypte ,
de Phétro-; , de l'Ethiopie, ôîElam , de Sennaar ,
d'Emath , Si des Ill-js de la mer. Saci. If. XI. 1 1.
Lorfque j'étois dans Sufe j qui eft une forterelle de
la Province à'Elain , je vis dans ma maiion , ikc
Daniel FUI. x. Cei endroit de Daniel nous mon-
tre que la Province d'/;'/i2/« étoit celle dans laquelle
étoit Sufe ^ & j par conféquent , que c'étoit ce
qu'on a depuis appelé la Sufiane , c'eft- à-dire ,
(\\.\Elam étoit fituée dans l'Afie , à l'orient du Bcuve
Éulée , qui j félon Bertius , la féparoit de la Su-
fianne , qui éroit le lon;^; de ce fieuve à l'occident.
La Snfianne , du Strabon , eft jointe à l'ElymaiSj
& celle ■ ci à la Médie : c'eft pour cela , remarque
Bochart, que l'Ecriture joint enfemble les Elami-
tes & les Mèdes \ par exemple , If. XXI. z. Jerem.
XV. 15. ^cl. IL 9. Ainfi , il paroît qn'Elam & la
Sufianne s'étendoient toutes deux le long de l'Eu-
lée , celle-ci au midi , celle là au nord , & que
Sufe étoit aux confins de ces deux Provinces. On
peut voir Bochard, Phal. L. II, C. 2. &: au mot
Y maïde.
E L A
Quoiqu'il foit vrai que la Sufianne & £/j/;z fuf-
fenrdes pays difiérens ^ habités par diftérens peu-
ples , cependant on ell: obligé de due , qu'outre
qut/tîw, ou l'Elymaide j le prend , quelquefois ,
pour le pays particulier que nous venons de dé-
crire j elle comprend aulîi , quelquefoisj la Sufiane.
Car, Daniel Viil. 1. comme nous lavons re-
marqué j met Suie dans l'Elymaide. Benjamin de
Tudclle,dans ion Itinéraire , page îi6. de l'Edii.
d'Elzevir 1653. dit que le Choieùan ell la Province
^Elam; tk ^ riaterpière Arabe , Ce/<. a. zz. met
aulIi Choreltan ^-au lieu dE/un/. Entîn , Pline , L.
VI. Ch. 15. 16. 27. 34. Ptolomée &c Maicien ,
mettent des Elyméensjulquçs lur la Côte du détioïc
Perliqu,?.
ÉLAMITE. f. m. Nom de peuple dans l'Ecriture. Les
Auteius profanes duent Elymé^n. yÎLiu.iuta j Ely-
mxus. Cddorlohcmor J Roi ues i^-wirej , fut dé-
fait , avec trois auties i>.ois , pai Abraham , comme
il ell poité dans la Ocnèfe j chap. XIV. Comment
donc les enteiKlons-nous pailer chacun la langue
de notre pays? l^arthcs j Alcdes , îi^lamitcs , &c.
PoRi-R. Acte li. ij- D Elam ionr venus les £./^2-
nihes y dont il eft pa- lé dans la (jenèle , en Haie ,
en Jérémie , & aux rtclis des Apôtres, ils étoient
fitucs entre les Mèdes 60. les Mélopotanuens j &c
les Prophètes que je viens de nommer en parlent ,
comme de gens qui étoient fort cruels , tiv fort
aguerris. La ville cajntale le nonnnoit Elymais , où
croît ce temple célèbre de Diane , qu'Antiochus
voulut piller. Gooeau. L'Ecriture appelle plus fou-
vent ce peuple Elam , ou fils d'Elam. Voye^ Elam.
Les Ela.'Ti'uts habuoient le pays d'Elam , dont nous
venons de parler. C étoit la poftérité d'Elam, pre-
mier fils de Sem , Gcnèfe X. 22. La verlion Syria-
que , Acic IL 5. les appelle Elanites ; mais mal«
les
ïLz
ni:es font fort diftérens des Elcm-tes .
a
les
Elanites font les habitans de la ville d'Elena ; &c
les Elamitcs font un peuple qui habitoit les bords
de l'Elée. Les tlamites étoient farouches , barba-
res , belliqueux , comme il paroît par If. XXI. i.
& XXIL I. par plufieuis endroits de Jérémie, & par
Ezéchicl XXXII. 14. qui dit qu'ils vivoient par la
t'erreur de leur nom; c'eft-à-dire , comme s'expri-
ment Strabon j L. XL & Néarque , qu'ils vivoient
de brig.mdage & de rapine Ils eurent des Rois dès
le temps d' \br.riiam , Gen. XIV. i. & jufqw'à
Jiidiih I. 6. Jcrémia & Strabon parlent aulli deces
Rois. Les principales armes des Elamices étoient le
carquois , l'arc h. les fiéches. Jér. XLIX. 3 5- Ils fe
fervoient aulîi de boucliers , & avoient des chars
à la guerre. If XXL z. Voye\ encore Elam, &
Bochart , Phal. L. IL C. 2.
ELAN jOuESLAN. Bourg ou Village de Champagne
dans le Rhételois. Ellaufium. Il efl: fur la Meufe ,
entre Mezières & Donchery , dans le Diocèfe
de Rheims. L'Abbaye d'Llan eft une Abbaye de
l'Ordre de Cîteaux , fondée dans ce Bourg l'an
1248. le premier d'Août , par Hugues, Comte de
Nevers & de Rhétel , qui y eft enterré avec Féli-
cué , fa femme, & Hugues, fon fils aîné. Cette
Abbaye eft fille de Loc-Roi. Gallia-Chrijli. T. IV.
p. /54. M. Corneille écrit i:/<7/z, ou Elaon, & les
Sainte- Marthe £//cOT.
ÉLAN. f. m. Alce. Bête fauvage de la taille d'un
cheval , & delà figure de chèvre , ou de cerf j mais
plus grande & plus pleine , qu'on trouve dans les
Forêts de Pru*e \ mais bien plus communément
en Canada. Les Auteurs le décrivent fort diverfe-
menr. Celui donc on a Eiit l'anatomie à l'Académie
des Sciences , avoir les pieds fendus 3 touc-à-fait
femblables à ceux du bœuf. Il n avoic aucune ap-
parence de barbe. Son poil étoit par - tout long
comme celui des chèvres, Il avoir trois pouces de
long , î^' étoit gros comme du gros crin , allant en
diminuant vers l'extrémité , qui étoit lorc pointue.
Ilparoiiroit,avec le microfcope, fpongieux comme
le jonc. Ses oreilles étoient de neuf pouces de long,
fur quatre de large. Sa queue étoit petite , & de
deux
EL A
tîeux pouces feulement. Son cou écoit court , gros
ëc large de neuf pouces. Il avou cinq pieds &c demi,
depuis le bout du muleau, jalqu au commence-
ment de la queue. Sa lèvre lupéneuieécoit grande
6c détachée des gencives. Sa glande pinéale écoit
grande de trois lignes , & de rigure conique. Les
ligamens de fes jointures étoient tres-torts : ce
qui a fait dire à quelques Auteurs , que les d/uns
de Mofcovie ont les jambes fans jointures , ce qui
leur donne la facilité de glider fur les glaces , 6c
ainiî , de fe fauver des loups. L'élan efi: de couleur
fauve , ou d'un jaune oblcur , mêlé d'un gris
cendré. Il a la jambe haute 6c grêle, 6c la corne
fort dure j aulli-bien que' la peau. Le mâle a
des cornes j comme di: Paufanias ; & la femelle
n'en a point , comme témoigne Célar : & , en
cela il relfemble aux biches. Il vit dans des lapi-
nières , & on le prend à la faveur des neiges , où
il enfonce. On en envoie la peau en France ,
dont on fiit des buffles. Les plus grandes peaux
s'appellent chappons. Son naturel elt comme celui
du cerf, 6c Ion rut de même. Il porte un bois large
6c plat comme le daim j mais peu couvert de poil
par le bas. On épie Toccahon qu'il tombe du mal
caduc pour le prendre j ce qui lui arrive fort fou
vent : & on s'en failit avant qu'il puille prendre
alfez de force pour mettre le pied gauche dans fon
oreille ^ ce qui le guérit ,
le
du - on , incontinent.
C'eft pourquoi on veut que la corne de ce pied ,
toute feule , guérille l'epilcplie. Les Allemands
l'ont appelé éian , qui iignihe misère , à caule de
la misère où eft réduit cet animal , de tomber du
mal caduc , quoiqu'il porte toujours le remède à
ce mal : ce qui fait croire que la propriété qu'on
lui attribue d'en guérir j eft une fable. .Aulli, Olaiis
dit qu'il tant que ce foit l'ongle du pied droit en-
dehors que Vélan mette dans fon oreille pour gué-
rir de l'épilepfie ; ce qui étant impolîible, il pa-
roît qu'il n'a parlé de cette propriété du pied à'élan^
qu'en riani. Âlais il ajoute , que fes coups font fi
rudes, que des pieds de derrière , il briie les ar-
bres comme des champignons j & de ceux de de-
vant , il perce les Chalfeurs d'outre en outre.
ÉLAN A Elana, ou plutôt -rE/jwj. Ville & port de
mer de l'Arabie Pétrée , lur la mer rouge. Le
Noir l'appelle Alla , d'autres Eyian. Elle eft au-
jourd'hui de la domination du Turc , à dix lieues
du Nord de la ville d'Elcor , avec laquelle quel-
ques - uns la confondent. Baudrand ■, Hoffman.
Quelques-uns la prennent pour rÈlath. Le Golfe
à'Elena , uUlanincus Sinus j aujourd'hui Golfe
d'Eltor. ^'ojeçELTOR.
^3" ÉLANCEMENT, f. m. Pour défigner un mou-
vement violent 6c fubit du corps , ne fe dit point.
Ce mot n''eft en ufage , au propre , que pour dé-
figner l'impredion que fait fur quelque partie du
corps une douleur aigiie & de peu de durée , pro-
venant de quelque caufe interre \ telle que celle
que caufe la matière d'un apoftème , d'un abcès
qui commence à fe mûrit. Dolor pungens , Lan-
cinans. Il fentoit de grands élancemens dans la tête,
des élancemens redoublés.
Élancement , fe dit , aulîi , figurément , en termes
de dévotion , 6c lignitie Tranfport, mouvement
afFeélueux & fubit. Suhitaneus in divina mentis ojCr
fectus. Il ne fe dit guère qu en cette phrafe. Les
élancemens de l'ame vers Dieu.
// faifoit des foupirs j de grands élancemens j
Ec baifoit humblement la terre à tous momens.
Mol.
On appelle , en termes de Marine , élancement,
ou autrement Qucire , la longueur d'un vailfeau ,
qui excède celle de la quille,
îh? ELANCER , S'ELANCER, v.récip. Se jeter en
avant avec impétuodté. Infiltre, ruere , trrucrc ,
irrumpere. l[ s qI\ élancé , & s'eft précipité par la
Tome III.
EL A €09
fenêtre. Il s élança au travers des ennemis. Medios
in hojies. Les ferpens s'élancent.
lO" Elancer eft , aulIi , neutre j & fe dit d'une dou-
leur aigiie dans quelque partie du corps , fembla-
ble à celle que fait fouftru- la pointe dune aiguille-
Je fens quelque chofe qui m élance. Le doigt mé-
lancc. Il n'a d'ufage qu'à la troifième peribnne.
l'un oit 3 lancinât.
IJCF Quelques Auteurs ont employé ce verbe à
l'aét if , pour animer , exciter , donner l'eflbr. Il eft
plus fouvent joint avec le pronom perfonneL Quand
notre ame eft éveillée par le difcours , ou par
l'exemple , elle % élance au-delà de fon ordinaire.
Mont. Plus les envieux veulent abaifter mon
efprit , plus il croît , & s'élance. Boil. La difpute
me pique \ les imaginations de mon ennemi élan-
cent les miennes , 6c me rehaulfenc au-deftus de
moi même. Mont. ^
Elance , ee. part.
Elancé, en termes de Blafon, fe ditj, du cerf cou-
rant, i/j/^i'/e^j, irruens.
Elancé , ée. fe dit , aufli , d'une perfonne de grande
taille 6c menue , qui paroît avoir peu de vigueur.
Jujlo gracilior. On le dit , aulIi , de quelques che-
vaux maigres j efllanqués 6c ruinés , ou qui ont na-
turellement le boyau étroit.
Elancé , ee. Termes de Jardinier. E.xilis , longiùs
exiliens. Il fe dit , des branches qui font longues &
peu grolles à proportion , & dégarnies d'autres
branches, en manière de gaules. C'eft un défauc
à un arbre d'avoir des branches élancées. La
Quint.
ifT On dit , aullî , qu'un arbre eft élancé , lorf-
qu'il a beaucoup de hauteur 6c peu de grolTeur.
§Cr ELANS, f. m. Adion de celui qui s'élance ;
mouvement fubit , avec effort. Impetus , pr&ceps
corporis motus. Ptelfé de tous côtés , il fît un élans ,
& fe fauva. Le cerf n'a fait que deux ou itoisé/.ans ,
& a gagné la forêt.
Élans. Terme de Nageur. Il fe dit, des mouvemens
que fait un homme qui nage , lorfqu^après avoir
raccourci fes bras & fes jambes , il les alonge pour
chaifer , avec fes mains, l'eau en arrière , & la re-
poulfe de même avec les pieds, ce qui le fait,
aller en avant. Corporis artuumque projecliones. Il
s'y jeta à corps perdu , 6c gagna Tautre bord
dans une trentaine à'élans tout-au-plus. Robinson
Crusoé.
ifT Elans , en termes de Dévotion , fe dit , des
mouvemens affedueux de l'ame. AnimA Deum
anhelantis affeclus. Il lui vient quelquefois des élans
de dévotion , d'amour de Dieu. De pieux élans
vers le ciel. Il entrecoupoit fon difcours de fou-
pirs profonds j qu'il ctoit aifé de diftinguer des
élans de dévotion.
0Cr On le dit , aulÏÏ , des mouvemens doulou-
reux de l'ame. Toutes les fois qu'on lui parle de
la mort de fon fils j il lui prend des clans de
doukur.
ÉLANT. Foyei ELLEND. Ce mot vient de l'Alle-
mend Elend ou Elent. Ainfi , originairement en
François Ellend 6c Elend. Et , Vigenère j dans fes
Notes fur les Commentaires de Cgfar , parlant
de \alce , écrit toujours Ellend. Voye-^^ Feuille 1 57
& 158.
ÉLAPE. Ville dePerfe, & la patrie de S. Jacques j
Marryr, dont l'Eglife célèbre la fête le 17 de No-
vembre , 6c dont on croît que les Reliques font à
Milan J félon le P. Ferrarius.
ÉLAPHEBOLIE. f. f. Terme de Mirhologie. On don-
noit ce nom à Diane , parce qu'elle tuoic les cerfs.
De 'i>'«Ç'^, cerf, 6c de fiÛM», je lance.
ÉLAPHÉBOLION. f. f Terme de Calendrier. Nom
d'un des douze mois des Athéniens. ElapheboUum y
ou Elophobolium. Le mois Elaphébolion rcpondoïc
à notre mois de Février.
Ce mot vient d"^^'*'?»?, un cerf, & de/3«AA*, ja
tire , je chafte , je bleffe à coups de flèches j on
bien , je jette , je dépofe. De ces deux figmhca-
H h h h
EL A
EL A
tions, nailTent deux fencimens fur la Caufe dexe^ tnin l'empêrhe àe s élargir. Ampliare , ampUficctrt.
nom \ car , Triltan , T. I. p. 745. fur fa 21= Mé- ^fT On dit aulli, neutralement , le vifage liûeft
daille de Commode , croit , avec d'autres , que ce élargi.
mois fut aiiifi appelé, parce qu'il écoit confacré s'Elargir, en termes de Marine, lignifie, Donner
à Diane , que l'on furnommoit Elapliibolos \ c'eft- ou prendre la chasse, fugare ,pcrjequi , infequi.
à-dire, Tireufe de cerfs j Chairetelfe de cerfs j Élargir, en termes de Manège , fe dit lorlqu'on
Tueufe de cerfs. Libanius j dans fa XXXIIc Orai- 1 tait embralfer un plus grand terrein à un cheval,
fon , & Euftathius , fur le XVIc Livre de l'Iliade , | que celui qu'il occupou , on dit encore le faire
font les garans de Triltan. Le dernier , néanmoins j j marcher large.
dit feulement qne l'on facrifioit des cerfs à Diane Élargir , fe dit , en termes de Guerre , pour faire
en ce mois là. D'autres, comme Fabricius, dans Ion; occuper plus de terrein. Ce Général élargit {e$
Menelogium , difent que ce mois fut ainfi nomméj : quartiers pour avoir du fourage , pour fubfiftec
parce que c'eft en ce temps, que les cerfs mettent! _ plus commodément.
bas leur bois. { Élargir. Terme de Jurifprudence j fignifie encore,
mettre hors de priion. t-muten^educere ex carcere ;
EL APHITES. Ifles ainfi nommées , à caufe du grand
nombre de cerfs qu'on y voyoit , du mot Grec
ïA«(fi«f j un cerf. Ferrarius dit que ce font trois petites
Mes de la mer Adriatique , du côté de l'illyrie :
que la première eft notfimée Calamota, laleconde
Ifola di Meiio , & la troifième Guipana
ce qui ne fe dit qu'à l'égard des hommes : car, pour
les femmes, on dit qu'elles auront provifion , ou
main-levée de leur perfonne , pour éviter l'équi-
voque. Ce priionnier a été élargi à caution , à la
garde d'un Huillier , à la charge de fe repréfenter.
ÊLAPHOBOLIE. f. f Terme de Mythologie. Fête de i IJCJ" Elargir les tailles. Terme de Gravure. C'eft
Diane. Elaphobolia La fête nommée tlaphobùUeX rendre plus larges j non les tailles : mais les efpa-
fe célébroit à Athènes j comme on l'apprend d'A- j ^ ces qui les féparent.
thénée J de Strabon & de Paufinias. On y facrifioit Élargir, fignifioit autrefois, Donner largement ,
du verbe Latin elargiri. Il s'eft retiré du monde ,
des cerfs à Diane , & elle fe faifoit au mois Ela
pliébolien. Quelques-uns difent Elaphebolie.
ÉLAPHOBOSCUM. f m. C'eft un nom qu'on a
donné au panais fauvage à grandes feuilles , parce
3u'on dit que les certs fe guérilFent de la morfure
es bêtes venimeufes , en mangeant de cette herbe.
NicQt appelle la faloufe Elaphobofcum pabulum
cervi : griicia Dei , félon quelques Botaniftes , &c
félon d'autres , Opgioclonon , parce que les cerfs
s'en fervent contre les ferpens \ runt> lignifie tuer ,
&."°<P"f eft un ferpent. Le P. Plumier dit que VE-
laphobofcum eft \\ pafiinaca fativa ^ Sc la. pajlinaca
Jllvejîris de C. Bauhin j pin. i<^^. & de Tabern. icnn.
77. Cette plante eft compartie par nœuds , & fem-
blable à celle du fenouil , ou du Romarin. Ses
feuilles font fort longues, déchiquetées à l'entour j
un peu rudes & âpres, & de la largeur de deux doigts.
Il fort plufieurs branches de fa tije avec des
bouquets chargés de graine 3 elle relfemble à l'a-
neth en toutes chofes. Sa racine eft de la grolTeur
d'un doigt , & longue de trois. Elle eft blanche &
douce , & bonne à manger , ainfi que fa tige ,
quand elle eft encore tendre : fes fleurs font rouf-
sâtres. Diofcoride dit que fa graine prife en breu-
vage elt un bon remède contre les morfures des
ferpens , dont les biches fe gucrillent en mangeant
de cette herbe. C'eft ce qui l'îv fût appeler elapho-
bofcum , du GrecfA»'?'»?, cerf j & ^'o-nti' paure. Foye:;
Panais , &c Panais Sauvage.
ELAPS, ou ÉLOPS. {. a^c.^^ E/aps ou Elapis. Ef-
fpèce de ferpent long d'environ trois pieds , gros
comme une vipère , de couleur noirâtre , marqué
tlans fa longueur de trois lignes noires , depuis la
tête jufqu'a la queue- On le trouve dans l'Ifle de
Lemnos. Il n'eft pas fort dangereux : fa morfure
excite feulement des tranchées qu'on guérit avec
des fudorifiques , tels que les fels de vipère & de
corne de cerf. Sa chair , fa graiffe , fon cœur &
fon foie font eux-mêmes fudorifiques , Sc réfiftent
au venin. Aétius fait mention de ce ferpent , Te-
icrab. IV. ferm. i. cap. ti. Sa morfure produit
quelque chofe de femblable à la paflion Iliaque.
Voye--^ le Dicl. de James.
JeLARGIR. V. a. Donner à une chofe plus de largeur.
Dilaiare , amplificare , difendere. On a élargi de-
puis peu les rues de Paris pour la commodité pu-
blique. Il faut ôter cette cloifon pour élargir cette
chambre. On met des bottes dans l'embouchoir
pour les élargir quand elles blelîent. Elargir un
habit.
§CF S'ÉLARGIR. V. recip. Devenir plus large. La
rivière s élargit en rel endroit. Diffundit fe latiàs.
Au fortir de la montagne le cliemin s'élargit.
§3" On dit qu'un homme s'élargit., pour dire ,
qu'il cteud fa teire j fon parc, icc. Le gcaud-che-
il a élargi tout fon bien aux pauvres. Il n'eft plus
d'ufage en ce fens.
Élargir , fignihoit auiîi répandre.
Nul foleil encore au bas monde
iV'élargilîoit lumière claire & monde, Marot.
Elargi , ie. pattic. Il a les fignifications de fon
verbe.
ÉLARGISSEMENT, f. m. Augmentation de largeur
Dilatatio , amplificatio. Ce Générai a jugé Vélar-
giffement Aqs quartiers nécellàire. VelargijJementàQ»
lignes , des travaux , d'un canaljd'un chemin.
Élargissement. EnJurifprudence, eft la liberté qu'on
donne à un prifonnier de fortir de prifon. DimiffiOy
è carcereeduclio. Il a obtenu lentence à'elargiffemenr.
Les Dames de la Charité ont procuré ïélargijfemenc
de ce prifonnier.
ÉLARGISSURE. f. f. Augmentation de largeur qu'ork
donne à des habits , à des meubles- SuppUmentum, .
Il a Tellement grolîi depuis un an , qu'il y a une
élargijjure de quatre doigts à fon pourpoint, à fa
ceinture.
§3" Élargissure Sc élargilTement dans une fignifi-
cation (ynonyme.ElargiJjurc ne fe dit que des habits
Sc des meubles ; clargijjement des autres chofes dont -
on augmente la largeur.
ÉLASAR , ou ÉLASOR , ou ELLASAR , félon l'Hé*
breu. L'Ecriture ( GeneJ'.c. 14 , v. 1 ) fait mention
d'Arioch ou Arjor h , Roi d'Ellafar. Saint Jérôme &C
Symmaque ttaduifent ce nom par le Pour. M. Le
Clerc, dans fon Commentaire fur la Genèfe j dit
qu'il ne fait fur quel fondemenr. Il croit plutôt que
ce nom fignifie un pays voilin du Tigre ou de l'Eu-
phrate 5 car comme ce Roi vint contre le Roi da
Sodome en qualité d'allié du Roi d'Elam j il eft
plus naturel d'employer le fecours d'un Prince voi-
fin , que d'un Prince éloigné.
|p° ÉLASTICITÉ, f f. ou force élaftique. Terme de
Phyfique. Propriété par laquelle un corps, après le
choc ou la comprelîîon reprend , ou du moins tend
à reprendre la figure que le choc ou la comprelîîon
lui avoient fait perdre. Elaterium. Les molécules
dont ces fortes de corps font compofés doivent être
en même-tems flexibles & roides : fans cette flexi-
bilité les corps élafiques ne fe comprimeroient ja-
maisj &, fans cette roideur, ils ne reprendroient ja-
mais leur première figure. Il faut encore une cer-
taine proportion dans les pores des corps élaftiques,
c'eft-à-dire , il faut qu'ils ne foient ni trop grands
ni trop petits ; mais ce ne font là que des conditions
fur lefquelles les Phyficiens font alfez d'accord. Il
n'en eft pas de même de la caufe phyfique de \:claf-
tkité fur laquelle ils font fort partagés. On peut dire
EL A
en général que toutes bs explications qu'ils en don-
nent font fort vagues I?: ne nous apprennent nen.
Celle qui paroîc la plus vrailemblable , rait dépen-
dre [' cUijliMi d\mc matière beaucoup plus déliée
que l'air que nous relpirons. f^oy. Matière fnbtile
Newconienne. Voici comment cette matière caiiie
lelarticité ou le relfort des corps.
ce? Prenez un corps claftique , par exemple , une
lame d'acier j courbez-laen forme d'arc. Vous élar-
;4iirez les pores de la lurface convex> , & vous re-
'trécllFez ceux de la furhace concave. La matière fub-
tile Nev/tonicnne qui tait tous Tes etîorts pour palFer
par les pores rétrécis , les rouvre , & c'ell en lôs ron
vrant qu'elle rend à la lame la première hgure. On
poutroit encore dire que cette matière Itibtile en
coulant d'une extrémité d l'autre, remet la lame
dans fon premier état.
ÉLASTIQUE, adj.de t. g. Qui fait relfort , qui après
avoir été condenfé, contraint & comprimé j tau un
effort 6n fe remettant en liberté ,i<: en repoussant les
corps qui le prelFoienc , pourieprendre la première
ligure èc fon étendue naturelle. Elajikus^ La force
elaliique d'un arc bandé vient de la compreilion de
l'ai" dans fes pores. Les arquebules à vent prouvent
la force élajlique de l'air. Le mouvement de la plu-
part des macliines fe lait par une force clajiique ,
par un ressort. On n'a découvert que depuis quel-
ques années , par plulieurs expériences, que 1 air a
une force élajlique. La force elajhquc couUite en ce
que la matière lubtile fait effort pour palfer par des
pores trop étroits. Foye^ ELASTICITE. L'air eft
un amas de petits relforts j ou de parties elaliiqucs ^
qui , par leur mclange intime avec les parties du
fang , communiquent à chacune de fes parties un
certain ressort, &:c. Lémery.
Les corps éûifliques ou à reflott , font ou artifi
ciels ou naturels ; les principaux font j parmi les
corps artificiels , les atcs d'acier , les boules d'ai-
rain , de bois , d'ivoire , de marbre , &c. les cuirs,
les peaux , les membranes , les cordes d'airain , d'a-
cier,.de fer, d'.argent j de nerfs , de boyaux , de
lin ic de chanvre : parmi les corps naturels , ce fonU
les branches d'arbres vertes , l'éponge _, la laine j le
coton J la pluma , 1 air. On difpute (i l'eau a du ref-
fort ou non , & les fentimens font pattagés. L'opi-
nion la plus commune elt qu'elle n'en a point par
elle-même J &: que, li elle «i a, c'eil à raifon de
l'air qu'elle contient.
^t3' Un corps parfaitement fluide , s'il y en
avoitdetels, n'auroit aucu.ie élafticité j parce que
fes parties ne pourroient être comprimées.
Ce mot vient de ^Aar^s- formé de èA^a'»»», qui ligni-
fie , pouffer , greffer , agice'r.
ÉLATCHÈS. f. L pi. Etoffes des Indes , foie & coton.
C'el une efpèce de chuquelas &: d'allegeas.
ELATERIUM. f. m. Terme de Pharmacie. Prépara-"
tion purgative de concombre lauvage. C'ell le nom
qu'on donne au fuc des concombres lauvages , dont
on a fait évaporer l'humidité julqu'à conliftance
d'extrait, ou de pilules. Elaterium. Ve/acerium puT'^e
vigoureufement. On s'en fert dans l'apoplexie , dans
la léthargie , dans la paralyfie de dans la mélancolie
hypocondriaque, f^oy. M. Lémery , &c.
Ce mot vient du Grec î>^»<»u , je repoujjc.
ELATH , ou ELOTH. Ancienne ville de l'Arabie
Petrée , fituée fur la mer rouge , un peu à l'orient
d'Edongaber. Elath. S. Jérôme a cru <\\!ÎElath étoit
le port d'où partoient les Hottes de Sa fomon pour
Ophir. Voye^ 5 des Rois IX. 2(î, 4. des Rois XVI.
G. z. des Parai. VIII. 17. 18. Foy. Aila.
ÉLATINE. f f Efpèce de linaire , dont les feuilles
font prefque rondes , rudes, velue<; & quelquefois
un peu découpées. Ses fleurs font femblables à cel-
les de la linaire , perites , jaunes & foutenue s par des
pédicules longs & minces. Elle eft appelée autrement
en François, velvocc , & par C. Bauhin eiatinejolio
fuhrotundo. Ve'ljtirie eft vulnéraire & adouciffante;
elle purifie le fang ; on l'eftime beaucoup pour tes
tumeurs fcrophuleufes S< pour la lèpre. Voyez M.
ELA E L B
611
de Tournefort, Injiitutionum rcï herbarU i6<). Il
l'appelle l'élaune, linariafcgaum ^ nummulariajo-
iio vtllofo. Cette plante croit dans les terres labou-
rées & parmi les blés: fes feuilles font femblables
à celles d'helxine j excepté qu'elles font plus peti-
tes & plus rondes. Elle produit cinq ou fix menues
branches , longyes d'une palme, qui fortant direc-
tement de la racine font diaraées de feuilles &
ont un gûùt aftrigent. Ses feuilles piiées & appli-
quées avec griottes lèches font bonnes pour les (lu-
xions & inriammations des yeux , 6c la décoclioa
ptife en bouillon ariête la cyllenterie.
Le nom de cette herbe eft Grec , o^ariv,, ^ peut-être
à caufe de quelque rellemblance avec le fapin ,
qu'on appelle en Grec îAar;). Pline nomme cette
plante Elatine en Latin. Galien la tient médiocre-
ment téfrigérative & aftringente. /-^oj. Linaire.
ELAVE , EE adj. Terme de Vénerie. Poil elavé. Ceft
un poil mollasse & blafîart en couleur. En fait de
bcreà challer, 6: de chiens , c'eft une marque de foi-
bielle en eux.
E L B.
ELBE. Fleuve qui defcend des montagnes de Rifen-
berg dans la forêt Hercinienne , ou forêt noire. ^7-
b'is. Il étoit la borne de l'Empire Romain de ce cô-
té-là. Il coule du Nord au midi , arrofela Bohême^
que cette,forêt environne , & faifant un coude qui
le rejette vers l'occident , il fe tourne tout-d'un-
coup vers le feptentrion.il reçoit dans fon cours la
Molda\v,qui palfe à Prague, l'Egerqui paffe d Egra,
la Sale , le Havel , &c. & vient fe décharger dans
l'Océan, après avoir lavé la ville deHambourg, dont
il fait, pour la commodité de fon port, une des
plus belles & des plus riches ville de l'Europe. Lar-
rey, 7. 1.p. 595. L'i:7ie baigne la Haute Si la Baffe-
Saxe. Maty.
Elbe.//vi;, anciennement ^r/^iî//a j ^tkale. C'eft
une Ile de la mer de Tofcanedans la Méditerranée.
L'Ile d'£/i^d dépend de la Principauié de Piombino y
dont elle n'eft iéparée que par un canal de trois ou
quatre lieues : elle en a environ quatorze de eircuir.
Ses principaux lieux font Portoiongone 6i Pono- '
Ferraïo. On trouve dans cette IIq, de fort bonnes
mines de fer.
ELBEUF. Elbovïum , Elbotum. Gros Bourg de France j
dans la Normandie. Elhcuj eft fitué fur la rivière
de Seine , quatre lieues au-deffus de Rouer», au
pied d'une montagne couverte d'un \)o\%.Elbeufii^
riche , très-peuplé , & fort renommé par les étof-
fes de draperie qu'on y fabrique. EibeuJ fut érigé
en Duché- Pairie l'an 1 58 1 par Henri III , en faveur "
de Charles de Lorraine. Latitude 49 d. 20'. longit.
i8- d. 3ù'.
Elbeuf-en-BraI; ou si;r Andeele. Elbovium in Bralo
ou in luto. Elbovium lutojum. Paroiffe de Normandie
en France , avec Seigneurie , Château & Chapelle
fondée. ElbeuJ-en-Brai eft fitué une lieue au-deffus
de Gournay-en-Brai , entre l'Abbaye de Bellofane ,
le Prieuré de Saint-Aubin & la rivière d'Epte.
Le mot Elbeuj s'eft formé du Teutonique Bu
ou beuf, qui lignifie un village. Anciennement on
diloit Eariebeuf, c'eft d-dire le village du Comte.
Elbeuf , fe dit aullî pour le dr.ip qui fe fabriqued El-
beuf, ou qui l'imite. Donnez-moi un bon Elbeuf.
Il étoit vêtu en Elbeuf. L'Ordonnance du 28 Mai
1735 veut que les habits uniformes des Oiîiciers
foient de drap d' Elbeuf , ou autre manufaélure fem-
blable , au lieu que ceux des Cavaliers font de drap
de Lodève ou de Berry.
ELBING. Ville anféatiqtie de la Pt»ffe Royale. El-
bingj. Elle eft fituée dans le Palatinat de Mariem-
bourg , à huit lieues de la ville de ce nom , d qua-
torze de celle de Dantzick vers le levant. ElbingeÇt
fitué fur une rivière de même nom , grand , peu-
plé , riche par fon commerce , divifé en vieille
& en nouvelle ville , toutes deux bien fortifiées. £'/-
^i/?D' fut bâti l'an 123 9. Cette ville devint Impériale 5c
H h h h ij
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E L B ELC
libre : mais l'Ordre Teutonnique fe la fournit l'an
1452. Elle fecoua le joug de ces Maîtres deux ans
après , auiri-bien que Dantzick & Se Thoin , &
fe donna aux Polonois. L'Univerlité à'tlbing fut
fondée par Albert de Brandebourg en 1 5 41. hlhing
fut pris en 1J29.& KÎ55 par les Suédois , mais ils
le rendirent- Long. 37 d. 40' j lar. 54 d. 12.
ELBiNG.La rivière d'f/îi/.'c fort cfulacde Draufen , 6;
va fe décharger dans le Golfe de Frifch Haif. Elle
prend fon nom de la ville dont nous venons de
parler.
ELBIR. Ville d'Afie dans la I^îéfopotamie \ on l'appe-
loir autrefois Byrta. Elle etl fituée au bord de î'Eu-
phrate, & munie d'une citadelle. De l'Ile la nom-
me Bir. El ou al ne font fouvent que des particules
féparables des noms Arabes.
ELBOURG. Elburgum. Petite ville des Provinces-U-
nies. Elle e(l dans le "Weluve , en Gueldre , aux
confins de l'Overilfel , fur le Zuiderzée , à 2 lieues
deCampen. Les François prirent Elbourg en 1672
& en démolirent les fortifications. Longitude 23 d.
20' . latitude 54 d. 12'.
ELC.
"ÊLCASAR-FARON. Ville d'Afrique dans la Province
de Fez propre.
ELCATIF. Ville de l'Arabie Fleureufe fur le Golphe
de Balfora qu'on appelle aulli Golfe d'EkaaJ. Caûja
Georha. Ekacif dï la capitale d'une Principauté &
tributaire du Turc. Long. 70 d. 40' , lat. i6 d.
ELCESAÏTES , ou Elch'saïens , comme les appelle
Théodoret , anciens Hérétiques , qui ont pris leur
nom d'un faux Prophète que Saint Epiphane ap-
pelle tantôt Elcefai , & tantôt Elxaï enlorre que
Elcefaï & Elxai ne font point deux perfonnes dii-
-tinguées. £/(.-e/I:ïr.e. Cet Elxai , qui vivoit au temps
de Trajan , fuivoit les fentimens des Ebionites ,
touchant Jesus-Christ : il les réforma néanmoins
en quelque chofe , pour être Auteur de fede. Le
fond principal de la dodnne étoit queJESUs-CHRisx
qui étoit né dès le coirunencement du monde , avoi»-
paru de temps en temps fous divers corps \ qu'il
étoit une vertu célelle nommée le Chrift , dont le
Saint Efpritçtoit la fœur , (le nom Hébreu qui fi-
gn i fie iJ/z^me 11 féminin en cette langue ) &; que
l'un & l'autre s'étoit écoulé dans Jelus hls deMarie.
Les Elcejlïus , fclon faint Epiphane, furent auiîi
nommés Samféens , du mot HéhyQU James ^ qui fi-
gnifie Soleil. Scaliger s'eft manifelfement trompé ,
lorfqa il a prétendu ç\\\Elxai n'étoit autre chofe
qa'±.j[jji ou EJ]'<;'en , enforte que, félon cette fuppo-
iition, les Ekefaïces ne feroient autre clîofe que la
fede des £//^'£.w ; ce qui eft oppofé à toute l'anti-
quité. Origène a fait mention des Elcéfaitcs dans
une de fes Homélies , comme d'une héréfie qui s'é-
roit nouvellement élevée. Elle ne reçoit pas , dit-
il j tous les livres qui font dans le Canon facré ,
mais feulement quelques-uns.Ellefefertde quelques
palfages tirés de l'Ancien Teftament & des Evangi-
les ; mais elle rejette entièrement les Epîtres de S.
Paul. Ces fedaires de plus produifoienr un certain
livre qu'ils difoient erre venu du Ciel ; & ils alfu-
roient que ceux qui faifoient ce qui étoit marqué
dans ce livre obtenoient le pardon de leurs péchés.
Voyei Eulche, HiJloireL. VI y C.jS qui a remar-
qué aulfi en cet endroit , que cette héréfie fut étein-
te dès fa naiffance. Saint Epiphane parle alfez au
long de cette feéte , B.s.r 19. où il dit qu Elxai
étoit juif de naiiïance; que, ne pouvant vivre félon
la loi de Moife , il inventa de nouvelles opinions ,
& fe fit des ftoStateurs. Il étoit grand ennemi de la
virginité , obligeant au mariage ceux qui faifoient
profeflion de fa dotlrine. Il leur apprit aulli à être
degrands hypocrites dans le temps des perfécutions^
car il prétendoit qu'on pouvoit alors adorer les
Idoles , pourvu que le cœur n'y eût point de part ,
& qu'on ne le fît qu'extérieurement.
ELCÈSI. Village de la Terre-fainte ; que Théodoret
ELC E L E
place au-delà du Jourdain , &C Saint Jérôme dans
la Galilée- 11 fublilloit encore au temps de ce Père.
Adrichomius dit que ce lieu étoit de la Tribu de
■Nephtali. Si cela étoit, il auroit été en deçà du
Jourdain. Quoiqu'il en loit , £/ce/F étoit la patrie
du Prophète Nahum. Sacy dit Elkéfaï ; mais mal.
Saint Jérôme écrit Elce/i. Livre des vifions divines
de Nahum, qui étoit à'ElkéJhï. Sacy.
ELCHE. Petite ville d'Efpagne dans le Royaume de
Valence. Ilici , Ilicias , Elicona. Elleeft lituée fur la
Ségre, entre Alicante & Origuela.£'/c/^e fut autre-
fois Epifcopale , fous la Métropole de Tolède. La
ville à'Elche , ielon l'opinion la plus commune des
Géographes , eO: flllice de Mêla , oulllicias dePto-
lomée. Long. 17 d. 25' lat- 38 d. 10'.
ELCHINGEN, Elchinga. Bourg du Cercle de Suabe
en Allemagne. Elchingen eft fitué fur le Danube,
à une lieue en-delîous d'Ulm. L'Abbaye d'£'/cAi«-
gcn , Ordre de S. Benoît j fut fondée en 1 1 28. par
Conrad Duc de Saxe , à la place d'un Château que
les vols & les meurtres commis par ceux à qui il
appartenoit, rendoient fameux dans tout le pays. Elle
fut brûlée quelque tems après, rebâtie l'an 1 182.
par Albert Comte de Ravellein.
E L D.
ELDAFAGNI ou ELDASAGNI. E/dafagma , an-
ciennement Daulia , petite ville de Grèce, fîtuée
dans l'Epire , vers la fource de la rivière de Po-
lina , & fur les confins de la Macédoine Si de la
Thelfalie.
EL DE. Petite rivière d'Allemagne, dans la Bafle-
Saxe.
E L E.
ELE. Les mots François qui fe terminent en êle >
ont la pénultième longue, comme mêle, grêle,
. ftêle.
ELE. Aïeul. Sazele, Bifaïeule. Il eft toutà-f^it vieux ^
£c ne fe trouve que dans les anciens titres.
ELEALE. Eleale. ville iituée au-delà du Jourdain ,
en tirant vers la Mer Morte. La Tribu de Ruben la
demanda J l'obtint 5c la bâtit. Nomb. XXI II. 5.
37. Eufebe dit dans fon OnomaJIicon que c'étoit un
grand village à un mille d'Héfebon. Eleale étoit ii-
tuée aux confins des Moabites , & fut occupée
par ces peuples. If. XV. 4. XVI. 5. Jérém.
XLVIII. 34.
ELÉATER. f. m. Eleaterium. C'efl: une écorce des
Indes , qui reiïemble au quinquina , mais qui n'en
a pas la qualité. On dit qu'étant mêlée avec da ta-
bac & fumée dans une pipe j elle ôte à la fumée
du tabac fa mauvaife odeur.
ELEATIQUE. f. m. & f. Eleaticus , a _, um , Qui ap-
partient à la ville d'Elea. S. Clément d'Alexandrie,
Scrom. I. I. paragr. 14. dit que les trois plus an-
ciennes feéles de Philofophie ont pris le nom du
lieu où leurs auteurs ont demeuré. Celle de Thaïes
s'eft appelée Ionique , celle dont Pythagore fut le
chef. Italique, & celle qui eut pour chef Xéno-
phanc , Eléatique. La feéle Eléatique , la philofo-
phie Eléaûque. Xénophane de Colophon floriifoit
du temps d'Hiéron , Roi de Sicile. Le fond de la
doétrina de la feèfe Eléatique venoit bien à la vé-
rité de ce Philofophe ; mais le nom lui fut donné
par Zenon & Parmenidc cpii croient de Velie ,
ville de la Lucanie, que les Grecs appeloient f'^f.
Xénophane prétendoit que les élémens étoient au
nombre de quatre \ qu'il y avoit une infinité de
Mondes ; que IcS nuages fe formoient de vapeurs
attirées par Jos rayons du foleil \ que l'ame ctoïc
une fubfcance fpirituelle ; que Dieu étoit de forme
ronde \ qu'il voyoit , qu'il entendoit tout, & que
cependant il ne refpiroit point: enfin, qu il étoit
en même-temps l'efprit;, la prudence &; l'érernité.
Parménide , fuccefleur de Xénophane , changea
quelque chofe à cette philofophie : n'admeuans
E L E
qae deux élemens , la terre & le feu. Il avança le
premier que la terre étoit fphérique , iSi placée au
centre de l'univers.
ÉLECTEUR, (.m. Du Latin elioere , élire, choilîr.
Celui qui élit, qui a droit d'élire, t'.lcclor. L'Ordre
de Malte a nommé des Eledeurs pour faire un
Grand-Maître. On ne le du guère qu'en parlant
des Eleéleurs d'Allemagne.
Électeurs , en général, fe dit, par prééminence , des
Princes d'Allemagne qui ont le droit d'élire l'Em-
pereur j qui lont Princes fouverains , & les princi-
paux membres de l'Empire. On ne fait pas bien
l'origine des Elecleurs. Quelques-uns la rapportent
à Othon IlL l'an 997. d'autres à Frédéric II. qui
mourut l'an 1150. D'autres enfin au temps de Ro-
dolplie de Habfpurg, chef de la Maiibn d'Autri-
che j l'an liSo. Le nombre en a été incertain au
moins jufqu'à Frédéric II. dans le treizième fiècle.
La Bulle d'or publiée par Charles IV. en 1346 a
fixé le nombre des t lecteurs à fept j favoir j trois
Eccléfiaftiques, qui font les Archevêques de Mayen-
ce , de Trêves , & de Cologne \ Se quatre féculiers ,
le Roi de Bohème , le Comte Palatin du Rhin , le
Duc de Saxe , & le Marquis de Brandebourg. Par
la Paix de Munfter en 1 6^i. cet ordre a été changé :
le Duc de Bavière a été mis en la place du Comte
Palatin , & on a créé un huitième Eleètorat pour
le Comte Palatin , qui eft préfcntement le hui-
tième.
VEieâeur de Mayence efl: Chancelier de Germanie ,
convoque les Etats , & porte fon fuftrage avant les
autres. VEltcieur de Cologne eft grand Chancelier
d'Italie , 3c facre l'Empereur : celui de Trêves ,
grand Chancelier des Gaules , & donne à l'Empe-
reur l'impofuion des mains. Le Comte Palatin du
Rhin efl: grand Maître du Palais Impérial , & pré-
fenre un Monde à l'Empereur dans Ion Couronne-
ment : le Marckgrave de Brandebourg ell grand
Chambellan j c'ell lui qui met l'anneau au doigt
de l'Empereur: le Duc de Saxe ell grand Maré-
chal, & donne l'épée à l'Empereur : iSc le Roi de
Bohème , qui ne portoit autrefois que le titre de
Duc _, ell grand Echanfon de l'Empereur. Il met la
Couronne de Charlemagne fur la tête de l'Empe-
reur. L'Empereur Lcopold y en ajouta en 1692. un
neuvième , qui ell le Duc d Hanovre , ou l'EIeSeur
de Brunfwich , fous le titre de grand Enfeigne, ou
ou grand Porte-enfeigne de 1 Empire. Il y a eu de
l'oppofition à cette éreélion , & les Princes d'Aile
magne ne l'ont point reconnu d'abord. Il l'a été
depuis , & même de toutes les Puilfances étran-
gères ; la France l'ayant fait par la paix de Raftad.
Depuis 164-' , le Roi de France traite les Electeurs
de Frères.
ÉLECTIF J iVE. adj. Qui fe fait par éleélion. Electi-
vus , qi4 per elecltonem dari , conjerri folec. L'Em-
pire étoit héréditaire du temps de Charlemagne ,
èc il ne devint e7tfi2{/ qu'après la mort de Louis III.
le dernier de la race de Charlemagne dans l'Em-
pire. Il ne devint même tout à- frit électif c^uq du
temps de Frédéric II. en 11 10. Wicq. Les Doyen-
nés font, la plupart J des Bénéfices t'/{;i.7//j-collatif-s-
îl y a des Bénéfices qui font electijs j & non colla-
tifs. Les charges municipales font électives en
France , & vénales en Efpagne. La Pologne ell un
Royaume électif. Depuis le Concordat il n'y a point
de Prélatute qui foit élective en France.
ÉLECTION, f. f. Eleclio. On fait ordinairement ce
mot fynonime de choix. L'Académie même défi-
nit l'un par l'aurre , en difant : Eleélion , choix
qui eft fait par pludeurs perfonnes : ce qui n'eft
nullement exacl. Suivant la remarque du P. Bou-
hours , il y a cette différence entre élection âc choix ;
c'ell que {'élection a rapport à un Corps ou à une
Communauté qui donne fes fuftrages : au lieu que
le mot choix ne fe dit guère que de la perfonne
qui le fait : ainfi élection ne peut être employé pour
choix. Election d'un Empereur , d'un Pape , &c.
fuppofe pUifieurs fuftragcs. C'eft un concours de
E L E é'i 3
fuftrages j qui donne à un fujet une place dans l'E-
tat ou dans lEgliie , ou la promotion d'une per-
fonne à quelque dignité par ceux qui ont droit
d'élire : au lieu que le choix eft un atle de difcer-
nement qui fixe la volomé à ce qui paioît le meil-
leur. Il peut tiès-ailénrent arriver que le choix
n'ait nulle part dans l'e/ecZ^w. Faire, approuver ^
confirmer une élection. Du temps de Charles VI.
s'introduifirent les élections des Confeilleis &c Pré-
lidens , lelquelles appartenoient au Parlement. Le
Roi confirmoit ituX^iwQUtV élection. Pasq. En 1405^
on procéda à ï élection d'un premier Préfidenc ,
quoique le Roi y eût déjà pourvu. Mais on donna
bientôt atteinte au privilège du Parlement ^ car le
Pailement lut obligé d'en nommer trois , dont le
choix appartenoit au Roi. Par une Ordonnance de
Louis XII. en 1499, il ell enjoint aux Juges fubal-
ternes de faire Vclcction des Lieutenans , des Bail-
lils & des Sénéchaux , chacun dans leur Siège. La
vénalité des charges a aboli l'ulage des élections.
In. Les élections fe faifoient par le Parlement
en préfence du Chancelier , pour les charges du
Parlement : & celles des Comptes, par la Cham-
bre des Comptes. Cela fe pratiqua particulière-
ment lous Charles VI. & dura jufqu'à l'invafion
des Anglois , qui difposèrent abfolument des char-
ges , pour y placer ceux dont ils étoient alTurés,
Après leur expullion , les Rois voulant continuer
la libre collation des Offices , & le Parlement re-
prendre les élections , on trouva un milieu , qui
fut dénommer trois perfonnes, entre lefquelles
le Roi choifilfoit celle qu'il trouvoit à propos.
La nomination a duré jufqu'à la vénalité des Offi-
ces. LOYSEAU.
L'Election la plus folennelle eft celle du Pape , qui fe
fait par les Cardinaux en quatre manières : lune
par la voie du Saint-Efprit j quand le premier Car-
dinal qui parle ayant donné fa voix à quelqu'un j
il va à l'adoration en le proclamant Pape, comme
par une infpiration fubite du Saint-Efprit. Alors il
eft éluj (i tous les autres y applaudillent , on du
moins les deux tiers de l'ÂlTemblée : la féconde ,
par celle du compromis j quand tout le Collège
convient de trois Cardinaux , auxquels il donne
pouvoir dénommer le Pape ; & cette puillance
celle à la chandelle éteinte : la troilième par la voie
de fcrutin \ & celle-là eft la plus ordinaire , quand
les Cardinaux portent des billets cachetés , où font
écrits hnrs fuftrages j dans un calice qui eft fur
l'Autel. Il faut les deux tiers des voix pour Velec-
tion par fcrutin. La quarrième eft par la voix d'ac-
cès , quand les voix étant toujours trop partagées
pour élire le Pape, quelques-uns des Cardinaux fe
défiftent de leur premier fuftrage , & accédant y
c'eû-à-dire, joignent leur voix pour les donner à
celui qui en a déjà plulieurs par le fcrutin. L'accès
même eft roujours joint au fcrutin _, parce que les
Cardinaux ne manquent jamais de donner leur
voix après le dernier fcrutin , à celui qu'ils voient
avoir déjà la pluralité , Se par conféquent être
reconnu Pape indépendamment de leurs fullra-
ges. Ainfi les élections des Papes fe font tou-
jours du conlentement unanime de tous les Car-
dinaux;
Élection des Évêques , eft une vocation canoni-
que qui a été long-tems en uiage dans toute l'E-
glife J 8c l'ell encore en bien des endroits. Dans
l'origine elle fe hiilbit en préfence du peuple j dont
le clergé étoit bien aife d'avoir le confentcment ;
mais les inconvéniens de cette manière d'élire ayant
été reconnus , le Concile de Latran en IZ15. fous
le Pape Innocent III. fit défenfe aux Laïques d'être
préfens aux élections. Sous la première race des
Rois de France, Vélection fe faifoit par le Clergé,
& le Pxoi la confirmoit : fous la deuxième race >
les Rois entreprirent davantage fur la liberté du
Clergé , & donnoient quelquefois les Evtchés à
des Laïques même de leur propre autorité. Quel-
quefois aulfi ils avoient égard aux éleciions. Voyez
6i4 E L E
i'aïqiiier. Les brigues , les divifions & le tumulte
qni arrivèrent dans plulicurs allemblees Hcclclial-
tiques , furent quelquefois un fujet aux Rois de
nommer aux Prélatures. Cependant encore au
commencement de b. troifième race les Rois réta-
blirent la liberté des eUclions , ne fe rélcrvant que
le pouvoir d'accorder la ipermillion délue , & d'a-
gréer les perfonnes élues. Saint Louis en 1248,
ordonna les élections avoir cours dans fon Royaume:
&c depuis il lit publier fon Ordonnance appelée la
Fragmacique-Sanciion , pour rétablir plus loiennel-
lement le droit des élections , à condition que ceux
qui leroient élus , ne feroient point conlacrés fans
h petmillion du Roi. Charles VII. confirma auili
La liberté des élections par la Pragmatique-Sandion
qui fut drellée à Bourges en i43S.Le Concordat
fupprima les éleciions j & aujourd'hui h nomina-
tion aux Evêchés, aux Abbayes &: Prieurés électifs,
à toutes les Prélatures & Bénélices Conhitoriaux j
appartient au Roi. On ne réferve le droit d'elire
qu'aux Chapitres des Eglifes Cathédrales & Collé-
giales , & aux Monaitères qui ont un privilège fpé-
cial d'élire 5 comme l'Abbiye de Clugny , Cî-
teaux , iScc. qui font Chefs d'Ordre , à qui l'Ordon-
nance de Louis Xill. en 1619, a confirmé le droit
è,' élection. Il y a deux fortes à'éleclion ; l'une fim-
ple, & celle qui a befoin de la confirmation du
Supérieur. L'autre coUuive, & qui n'elL appelée
élection qu'improprement , parce que ceux qui éli-
fent j confèrent en mcme-temps j fins avoir be-
ibin de recourir au Supérieur.
Élection , Tribunal où les Elus rendent leur juftice,
où l'on juge les différends lur les tailles 1^ impôts ,
eu premièi-e inftance j à l'exception des Gabelles
& Domaines du Rcii. Eleclorum. ad crlbuta defcri-
benda jurifdictio , cuna ^ tribunal. C'eft aulîi le ter-
ritoire dans lequel ils exercent cette juriidiction.
Le Siège de VEleclion eft en telle ville. La France
eft diviféô en vingt- quatre Généralités j & chaque
Généralité ; en plufiears Elections. Il y a préfente-
ment dans le Royaume 181. Elections. VlElection
de Paris contient 440 Paroi (fes. VEleclion de Pans
eft compofée d'un Préfident , d'un Lieutenant ,
d'un Aîlvlleur & de deux Confeillers ou Elus. Un
Pays d'Election , où les Elections font établies , elt
oppofé au Pays à'Er.:[s. L'Appel de l'Election eft
relevé à la Cour des Aides. 'Voyez Elu.
Election , en termes d'Ecriture- Sainte & de Théolo-
gie, Choix que Dieu fut par fon bon plailir, des
Anges , des hommes , pour des delfeuis de grâce &.'
de 'miféruorde. Electio. L'Election du peuple Juif
eft le choix que Dieu en a fait pour l'attacher par-
ticulièrement à fon culte fc à fon_fi,rvlce , & pour
en faire naître le Mellîe. Election lignifie aufii quel-
quefois prédeftination à la grâce &; à la gloire ,
quelquefois prédeftination à la gloire feulement.
Il elt de foi que la prédeltination à la giâce elt gra-
tuite , purement & fimplcment en tout fens ; graria
quia gratis data. Les Théologiens difputent fi \'é-
Icûion, ou prédeltination à la gloire elt gratuite,
ou fi elle fuppofe les mérites ; c'eft-à-dire, fi elle
eft devint ou après la p'évifion des mérites. Il y
en a qui dilent qu'elle e(t en même-temps devant
6: après: elle eft devant la prévifion de nos méri-
tes , parce que la gloire nous eft deftinée avant nos
mérites : elle elt après , parce que cette gloire ,
que Diju nous deftine j ne nous elt deftinée que
comme récompenfe , & par conféquent comme
une fuite de nos bonnes œuvres. L'élection de Dieu
eft gratuite , & dépendante de fon bon plaihr.
On dit aulti, figurément, que Dieu a tait d'un pé-
cheur un vailfeau d'élection; pour due, qu'il en a
fair un grand Saint. C'eft une phrafe de l'Ecrirure ,
phrafe confacrée. Elle eit prife des Adtes des Apô-
tres IX. 15. où Dieu dit à Ananie, en parlant de
■faint Paul , C'eft un vafe d'élection pour porter
mo;i nom ', car 1^3 , vailfeau , en Hébreu & dans
le ftvlc de l'Eciiture , fignifie infttument j & , dans
E L E
le même ftyle , iuftrument d'élection eft la même
choie qu'inltrument choili.
On appelle , au Palais , eleciion de domicile ., le lieu
qu on déligne eh pallant un contrat, ou en faifant
taire un exploit j lieu dans lequel on demeure ac-
tuellement , ou tel autre lieu qu'on choilii , dans
lequel une paitie agrée qu'on talle les lignifications
que la'paine adverle lera obligée de laire en exé-
cution de ces attes. Les exploits de faiiies ne valent
rien , s'il n'y a une eleciion der donùcile. Les contrac-
tans tout louvent eleciion de domicile en la maifon
de leurs Procureurs.
Elhction , le du aulîi d'une partie de la Pharma-
cie , qui enfeigne la manière de bien- choifir les
m:dicamens j & de dilhnguer les bons d'avec les
mauvais. Il y a une eleciion générale, qui donne
des préceptes de tous les médicamens en général j
6c une paniculière j qui en donne de chaque médi-
cament en particulier.
ÉLECTORAL, ale. Qui concerne l'Eleiteur, qui
fe 1 apporte , qui convient a l'Electeur. Electoralis.
Lq, Prince Electoral eit le fils aîné d'un Electeur,
& l'héritier préfomptit , qui doit fuccéder à fa di-
gnité. On traite LEleèteur d'Altelfe Electorale. Le
Collège Llectoral , qui eft compofé de tous les
Eledteurs d Allemagne, eft le plus illurtre,(Sc le
plus augufte Corps de l'Europe. Bellarmin & Baro-
nius attribuent l'inftltution du Collège Electoral ii\i
Pape Grégoire V. & à l'Empereur Othon III. dans
le X' fiècle. Prefque tous les Hiftoriens , & fur-
tout les Canoniftes j font de ce fentiment. M. de
Wicquefort le contelte j & prétaid prouver par
l'éledtion des Empereurs fuivansj que le nombre
des Eleèieurs n'étoit point 'n)i<i , & cjue la dignité
Electorale n'étoit point annexée à certaines Prin-
cipautés , à l'exclulion de tous les auttes Princes
d'Allemagne. Il fonrient qu'avant Charles IV". il
n'y avoir rien de réglé, &i qu'il ne publia la Bulle
d'or que pour prévenir les Ichilmes & allurer le
repos de l'Empire par un règlement tormel & pofi-
tif. La Bulle d'or donnée par Charles IV. en 13 y6.
forma le Collège Electoral ^ & réduifit à fept le
nombre des Eledteurs. Le Roi de Bohème n'a féan-
ce & fuflrage dans le Collège Electoral , que quand
il s'agit de l'éleètion de 1 Empereur.
ÉLECTORAT. f. m. Dignité d'Eledleur, & auflî le
territoire qu'il polfède annexé à la qualité. L'Elec-
rori;r de Saxe , de Bavière. En 1692. l'Empereur a
érigé de fon autorité un neuvième Electorat en fa-
veur de la Mailon de Lunebourg. Cette élection-
eft conteftée par pluheurs Princes d'Allemagne
qu'on appelle les Princes cppolans au neuvième
Electorat. Bien qu'en Allemagne les fils des Princes
partagent ordmairement entre eux les terres de
leurs pères, celles auxquelles VElcctorat ei\ :itzaché
ne fe divifent point &pairent toutes uniquement à
l'aîné _, ciui luccède à. ÏElei^torat.
ELECTRE MINERAL , ou ELECTRUM MINE-
RALE. Car on retient aulîi le nom Latin dans notre
langue. Terme de Médecine & deChymie. Compo-
fé qui (e frit avec l'étain , le cuivre j quelques uns
y aioutent l'ot & le double régule d'antimoine mar-
tial tondus enfemble ; il en réfulte une malle mé-
tallique , à qui quelques Chymiftes ont donné le
nom d' cleclrum mineraLe. On prend cette malfe , on
la met en poudre, on la réduit par une longue dé-
ronation , en une efpèce de Icorie , dont la couleur
rire fur le vert pale ; on la pulvérife encore chaude,
&on la met en digeftiondans une certaine quantité
d'efj)rit de vin ou de genièvre , à qui elle donne
une teinture d'un rouge admirable. Burlet. ^4c. d.
Se. 1 700. Mém. p. 12-].
ELECTRE, f. f. Nom de femme. Terme de Mytholo-
gie & d'Aftronomie. f/ecZra. Plufieurs femmes ou
bceifes ont porté ce nom. Electre , fille d'Atlas &
de Pleione,époufa Coritge Roi d'Italie : enfuiteelle
palTa dans la Samothrace , & fut nommée par les
habirans de ce pays Stategis & Eleclrione. C'eft una
des Pléiades. Hyginus , Poët. JJlranomic. en par-
EL Ë
îant du Taureau , Se Avienus in Aratels , difent
que c'ell la feptième des Pléiades , que depuis la
pnfe de Troie elle ne veut plus paroître , parce que
Dardanus , le chef de la narion Troyenne , étoïc Ion
fils. Ovide rapporte la même fable dans les Faites ,
Liv. IV. V. 31.&V. 167. & luiv. Quelques Auteurs
dillingaent Electre , mère de Dardanus , A' Electre
fille d'Atlas,&: difent que celle qui fit Jupiter père de
Dardanus , ctoic une Nymphe hlle de l'Océan & de
Thétys, & la font femme d'Atlas , & non pas fa
fille ; mais c'eft une faute. La comparaifon des deux
endroits d'Ovide , que j'ai cités , montre que la
mère de Dardanus elî la Pléiade. Ce Pocte ne la met
pas la feptième , mais Mérope : il marque auUi
qu'il étoïc douteux cbns la fable li c'étoit Mérope
ou Electre y qui ne paroilfoit plus. Electre j fœur
d'Orefte , &c fille d'Agamemnon & de Clytemnef-
tre, eft le fujet d'une Tragédie de Sophocle. Ho-
mère , en parlant des filles de ce Prince , ne fait
aucune mention d'Electre. Madame Dacier prétend
c[ii Electre n'eft pas un nom propre , mais un fur-
nom qui Fût donnéà Laodice, pour marquerqu'elle
n'avoir été mariée que fort tard , & qu'elle étoit
demeurée long-temps vierge. Ce furnom d'Electre
ne lui a été donné que par les Poètes tragiques. La
mort de Clytemnellre fait le fujet de plufieuts Tra-
gédies Grecques & Françoifes qui font fous le nom
d'Electre ; Sophocle & Euripide pour les Grecs ,
Longepierrc 5c CrebiUon pour les François , ont
traité ce fujet. Elchyle l'a traité lous le nom de
Cocophores. CEdipe eut aufll une fille nommée
Electre, &c fœur d'Antigone.
ÉLECTRICE. f. f. Epoufe^d'Eledeur. Eleclrix Mada-
me VElectrice de Brandebourg , Madame l'Electrice
de Bavière , &c.
ÉLECTRICITÉ, f. f. Terme de Phyfique & d'Hiftoire
Naturelle. Qualité des corps qui en attirent d'autres
& les repoullenr, comme fait Vambie. ElectrùidiSj
virtus aaracûva. Il y a, dans les Tranfaétions philo-
fophiques de l'année 173 1, diverfes expériences
très-fingulieres & très-curjeufes fur Veleclricice. Il y
en a de femblables dans les Mémoires de l'Acadé-
mie des Sciences de l'année 1733. M. Du Fay a
trouvé que la corde la plus commune étoit ce qui
convient le mieux pour tranlmettre \ électricité ; Se
d'autant mieux qu'elle n'efl: point électrique par
elle-même j fur-tout quand elle eft mouillée. Il a
enfuite remarqué que moins les matières dont font
faites les boules auxquelles l'électricité (e comiMuni-
que , font éleâriques, plus ces boules font d'etFet ;
& cela , à proportion de leur volume. Enfin il a dé-
couvert que la foie ou^ies tuyaux de verre ordinai-
re n'interrompent point le cours de la matière élec-
trique le long des cordes qu'ils fupportent. F'oye:^
les Mémoires de l'Académie des Sciences , 1753.
Boyle a parfaitement établi Veleclricice des corps
dans fon Traité De mechanicâ eleclricitatis produclio-
ne.Si l'électricité n'eft pas proportionnée à la quan-
tité de matière des corps, elle l'eft du moins à leur
volume. BrÉmond. M. Du Fay a porté l'électricité à
une diftance beaucoup plus grande que les Anglois.
Il lui a fait parcaurir 1 25(îpiedsde Paris par un vent
de nord-oueft très-violent , & par un temps fec Se
affez froid. Id. Tranf. Phil. 17 jr.
Quoique la découverte de tous les phénomènes de
l'électricité femble devoir appartenir à ces derniers
temps , il faut cependant convenir que plufieurs
Phyliciens célèbres du dernier fiècle en avoient jeté
les premiers fondemens , & trouvé prefque tour ce
que les expériences faires en France & en Angleter-
re en onr appris. Tels font Gilbert De Magnete ,
L. II. C. z. L'Académie de Florence , dans fon Re-
cueil d'expériences, Otton de Guerricke. L'ambre,
le jais , la cire d'Efpagne font connus depuis long-
temps pour avoir cette propriété. M. Du Fay, de
l'Académie Royale des Sciences , a donné un extrait
de ce qu'ont rapporté fur cette matière les Auteurs
qui l'ont traitée avec le plus de foin... Merc. de Juin
^ Jjij. Le jais ne paroît autre chofe qu'un bitume
ÈLÈ 6ij
noir, mt-létiepartiesdefer. Se durci comme une
pierre. L'ambre jaune n'a point d'autre origine. On
y trouve même odeur, même électricité, c'eft- à-di-
re , même facilité à attirer les pailles & les mariè-
res légères , après avoir été échauffé par le frotte-
ment. Spett. de la Nat,
Dans les expériences fur l'électricité, le même du-
vet J ou la feuille d'or eft quelquefois dans un ac-
cès de répullion j c'eft-à-due, d élafticité , & quel-
quefois dans un état d'attraction qui tend à la
fixité. DeBufion.
Le mot François électricité vient du Latin electrum
qui fignihe de l'ambre. On nomme ainli l'aélion
d'un corps que l'on a mis en état d'attirer à lui ou
de repoulfer, comme on le voit faire à l'ambre, de
perites pailles , des plumes , ou d'autres corps légers
qu'on lui prélente à une certaine diftance.
V électricité k manifefte principalement de deux
manières : 1°. par des mouvemens alternatifs j aux-
quels on a donné les noms d'attractions Se de répul-
sions J 2°. par une efpèce d'infiammation qui prend
différentes formes , Se qui a différens effets, fuivanc
les circonftances. Ces deux fignesne vont pas tou-
jours enfemble j le premier s'apperçoit plus commu-
nément que l'autrejle dernier annoace prefque tou-
jours une forte électricité.
Propositions fondamentales tirées de l'expérience aujk-
i et de l'Elf^nc'iiè des corps. Elles fe trouvent dans
l'Ouvrage de M. L'Abbé Nolkt Jltr cette matière j p.
141. &Juivantes.
1. De tous les corps qui ont affèz de confiftance
pour être frottés , &: dont les patries ne s'amolilfenc
point trop par le frottement , il en eft peu qui ne
s'éleétrifent quand on les frotte.
2. Les corps vivans , les métaux parfaits ou im-
parfaits ne deviennent point électriques par flot-
tement.
J. Tous les corps qu'on peut cleitrifer en frot-
tant, ne font pas capables d'acquérir un égal degré
d'électricité par cette opération.
4. Les marières les plus éleétriques ^ après avoir
été frottées, font celles qui ont été vitrifiées j & en-
fuite le foufre , les gommes j certains bitumes , les
réfines , Sec.
5. Il paroît qu'il n'y a aucune matière, en quelque
état qu'elle foit , (fi l'on en excepte la flamme Se les
autres fluides quifedifîipent par un mouvement ra-
pide, parce qu'on ne peut guère les foumettre à ces
fortes d'épreuves j ) il n'eft 3 djs-je , aucune matière
qui ne reçoive l'électricité d'un autre corps aétuel-
lemenr éleétrique.
6. Il y a des efpèces .à qui l'on communique IV-
leclricité bien plus aifément , Se bien plus forte-
ment qu'à d'autres \ tels font les corps vivans j les
métaux J & aflcz généralemenr toutes les matières
qu'on ne peut éleètrifer par frottement , ou qui ne
le deviennent que peu & difficilement par cette voie.
7. Ec au contraire les corps qui s'éleétrifent le
mieux par frottement, le verre , le foufre , les
gommes , les rélines , la foie , Sic. ne reçoivent que
peu ou point dé électricité ^m communication.
S. Les effets paroiffent être les mêmes au fond ,
foit que l'électricité naiffe par frottement , foie
qu'elle s'acquierre par communication.
9. La voie de communication eft un moyen plus
efficace que le frottement j pour forcer les effets
de l'électricité.
10. Un corps aéluellement éleétrique attire &re-
poulfe toutes forres de marières indiftinClremcnt ,
pourvu qu'elles ne foient pas retenues invifiblement
par trop de poids , ou par quelque autre obftacle.
1 1 . Il y a certaines matières fur lefquelles l'électri-
cité :i plus de prife que fur d'autres.
12. Cette difpofition plus ou moins grande , à
être attiré ou repoulfé par un corps éleélriaue , dé-
pend moins de la nature des matières , de leurco»-
Gi^
ELE
leur , &c. que d'un aflemblage plus ou moins ferre
de leuis parties.
15. LV/ecZriaVneft point un état permanent; elle
s'aftaife & elle ceflTe d'elle-même après un certain
temps , fuivant le degré de force qu'on lui fait
prendre , & la nature des matières dans lefquelles
on la fait naître.
14. Un corps éleûrifé perd communément toute
fa vertu par l'attouchement de ceux qui ne le font pas.
15. Dans le cas d'une ïoïiq éleclndcé , les actou-
chemens ne font que diminuer la vertu du corps
électrifé , & ne la lui font perdre entièrement qu'a-
près un efpace de temps qui peut être alfez conlidé-
rable.
ii5. Il efi: de toute évidence que les attrapions,
répulfions j & autres phénomènes électriques, font
les effets d'un fluide fubtil , qui le meut autour du
corps que l'on a élettrifé , & qui étend fon adion
à une dillance plus ou moins grande, félon le degré
de force qu'on lui a fair prendre.
17. Ce fluide fubtil n'elf point l'air de l'atmo-
fphère agité par le corps éledtrique , mais une ma-
tière diftinguée de lui , & plus fubtile que lui.
I §7 La matière électrique ne circule point autour
<lu corps clcdrifé ^ & fatmofphère qu'elle forme
n'eft point un tourbillon proprement dit.
ly. La matière que nous nommons éle6trique ,
s'élance du corps clcélrifé , & fe porte progrefli-
vement aux environs jiifqii'à une certaine diftance.
zo. Tant que dure cette émanation , une pareille
matière vient de toutes parts au corps éleélrique ,
remplacer apparemment celle qui en sort.
11. Ces deux courans de matière , qui vont en
fens contraires , exercent leurs mouvemens en mê-
me temps.
12. La matière qui va au corps éledrifé , lui vient
non-feulement de l'air qui l'entoure , mais auffi
de tous les autres corps qui peuvent être dans fon
voilinage.
23. Les pores par lefquels la matière éledrique
s'élance du corps éleétrifé , ne font pas en auilî
grand nombre que ceux par lefquels elle y renrre.
24. La matière éleéttique fort du corps éledrifé
en forme de bouquets ou d'aigrettes, dont les rayons
divergent beaucoup entr'eux,
25. Elle s'élance de la même manière j & avec
la même forme, des endroits où elle demeure invi-
fible.
26. Il y a toute apparence que cette matière invifi-
ble qui agit beaucoup au-delà des aigrettes lumi-
neufes , n'eft autre chofe qu'une prolongation de
ces rayons eniïammés , & que toute matière élec-
trique dont le mcifvement n'eft point acompagné
de lumière , ne diffère de celle qui éclaire ou qui
brûle , que par un moindre degré d'adtivité.
27. La matière éledrique j tant celle qui émane
des corps éledfrifés , que celle qui vient à eux des
corps environnans , eft affez fubtile pour palier à
travers des matières les plus dures & les plus com-
paétes qu'elle pénètre réellement.
28. Mais elle ne pénètre pas tous les corps indif-
tindement ^ avec la même lacilité.
29. Les matières fulfureufes , grades ou réfineu
fes y par exemple , les gommes j la cire j la foie
ihême , &c. ne la reçoivent & ne la tianfmettent
que peu ou point du tout , li elles ne font frottées
ou chauffées.
30. Elle pénètre plus aifément , & fe meut avec
plus de liberté dans les métaux , dans les corps
animés , dans une corde de chanvre , dans l'eau ,
&c. que dans l'air même de notre atmofphère.
51. Beaucoup d'obfervations & d'expériences
nous portent à croire que la matière éledrique eft
partout , au-dedans comme au-dehors des corps ,
tant folides que liquides , & fpécialement dans l'air
de notre atmofphère.
3 2. Il y a toute apparence que la matière qui fait
Xclecîr'idté , ou qui en opère les phénomènes , eft
la sncme que celle du feu & de la lumière.
ELE
3 3. Il eft très-probable auffi que cette matiète, U
même au fond que le feu élémentaire,eft unie à cer-
taines patties du corps éledrifant , ou du corps élec-
trifé , ou du milieu par lequel il a paffé.
ÉLECTRIDES. Ifles fuppofées par la fable ci l'embou-
chure du Pô, EUcinacs. Les Anciens diloient que
Phacton , frappé de la foudre de Jupiter , tomba
dans ces quattiers-là ; que c'étoit pout cela qu'un
lac qui s'y voyoit , avoit les eaux chaudes , & d'une
odeur fi forte , que nul animal n'en pouvoir boire ,
& que les oifeaux qui paffoient par-delîus tom-
boient morts. Mêla 3 L. II. C. 7. met les Eleclrides
près de Corfou. Pline , L. II. C. 26. dit qu'on n'a
jamais fu quelles ifles les Grecs avoient voulu défi-
gner par ce nom.
Ce nom fut donné à ces li^s du mot Grec '<iMxTfn^
Eleclrum , parce qu'on y trouvoit beaucoup d'am-
bre , que les Grecs appellent Eledre , Pline j L. II,
C.16.
ÉLECTRION. f. m. Fils de Perlée & d'Andromède ,
regni à Mycènes. Il époufa fa nièce Anaxo j & de
leur mariage naquit Àlcmène. .
ÉLECTRIONE. f f Fille du Soleil & de la Nymphe
de Rhodes, eut pour fœurs les Héliades. Etant morte
pendant fa virginité j elle reçut de la part des Rho-
diensdes honneurs héroïques.
ËLECTRIQUE. adj. m. & f Qui a l'éledricité ^ qui
a la propriété d'attirer & de tepouffer les corps.
Eleclrkus , a ^ um. Eleclri vim habens. La mariera
électrique. Les émanations eleclriques. Brémont.
Les écoulemens eleclriques. Id. Les Péripatéticiens
attribuent cette qualité à une vertu fympathique.
Les Philofophes modernes difent qu'il y a une cer-
taine matière fott fubtile, qui fe meut pour l'ordi-
naire dans les plus petits pores des corps eleclriques^
tels que l'ambre , le diamant j la cire d'Efpagne ,
&c. & qui J venant du centre vers la fuperficie j fe
réfléchit en dedans à la rencontre de l'air qui lui ré-
fifte. Or , quand on frorte ces corps j l'on donne a
cette matière, qu'ils contiennent, affez de force pouc
vaincre la réfiftance de l'air , & pour s'étendre un
peu à la ronde. Mais , «comme elle ne fauroit allée
guère loin fans perdre une partie de fa force , l'agi-
tation & la circulation de l'air la repouife, & la con-
traint de retourner en arrière , pour rentrer dans
quelques-uns des pores d'où elle eft fortie , & oik
d'autre matière ne fauroit fi commodément entrer ,
pour n'être pas , comme elle , proportionnée à la
grolïeur & à la figure de ces pores : enforte qu'il
fort de l'ambre , par exemple , un grand nombre
de petits filets imperceptibles de cette matière j qui
s'élancent dans l'air , où ils pénètrent les pores des
petits corps qui s'y rencontr'ent , & de-là rentrent
dans l'ambre. Enluite, l'air repouffant continuelle-
ment ces filets , & les contraignant de fe racourcic
de plus en plus, pouffe en même-temps les corps
légers dans lefquels ces perits filets fe font fourrés ,
qui rapportent ainfi , en retournant 3 les pailles
dans lefquelles ilss'étoient engagés. Roh.
Electrique , fe dit de tout ce qui reçoit ou commu-
nique l'éledricité. Corps électrique. Tous les corps ,
de quelque nature qu'ils foient , peuvent devenir
électriques , excepté ceux qui ne font pas fufcepti-
bles de frottement j comme les liqueurs j & à l'ex-
ception aufli des métaux ; mais tous , fans excep-
tion, peuvent acquérir l'éledricité par communica-
tion. . . Tous les corps électriques , de quelque na-
ture que foit leur éledricicé , peuvent devenir lu-
mineux ; il fort même d'un corps électrique , soit
animé , foit inanimé , des étincelles de feu qui font
accompagnées d'un pétillement fenfible , &c produi-
fent une fenfation de douleur à celui' qui en ap-
proche le doigt , &c. Obf.fur les Ecr. moi. tom. 26.
p. So. Si.
ÉLECTRISER.lv. a. Terme de Phyfique. Rendre clec-
rrique j communiquer l'éledricité. Eleclricum red-
dere j electricitatem imperùrl. Si l'éledricité n'eft pas
proportionnée à la quantité de matière des corps ,
elle l'eft du moins à leur volume. Il eft facile de
s'en
ELE
s'en apurer par une expérience toute fimple. Il n'y
a qu'à eUclrlfer une boule , un globe , ou tout autre
corps d'un ceriani volume iulpendu à une corde ,
& en approcher un corps d'un plus petit volume \
on ne lui enlèvera qu'une partie de Ion élecl:ricité j
au lieu que , fi l'on Fait toucher à ce même globe j
ou a cetce même boule un corps de même volume ,
ou d'un plus grand volume ^ on lui lera perdre en-
tièrement fon élediticité. AIcm. de CAcud. dts Se.
jyi}. p. 250. Toutes les pierres précieuks tranf-
parent£s scUclriJenc facilement , ou deviennenc fa-
cilement éledriques par le hmple frottement.
M. Du Fay remarque, dans un de les Mémoires,
qu'on elcclrifcra de la même manière que l'eau , un
morceau de glace ou de neige , &c que la taculté
élednque en fera même plus fenlible que celle de
l'eau. Além, ij^z.p.S.
ÉlkctrtsÉ, ée. part. Il y a aeux fortes d'cleiftricités :
1 électricité de la nature lie celle du verre cieclnfe ^
& l'élettricité de la nature de l'ambre eUclrifé. On a
nommé la première eUcirkué viixés j & on appelle
la féconde eVeâWdftf réfineufe. Ces deux élechici-
tés font totalement diftérentes : l'une attire tous
les corps que l'autre repoulfe. Obf.fur les t'.cr. mod.
to. z6. p. 81. Quand on porte le tube élcclrije un di-
vers endroits entre les contours de la ficelle , avant
que de le porter à fon extrémité, l'attraClion en ell
plus prompte & plus Iracile , que fi l'on le tient avec
le tube uniment à l'extrémité de la ficelle. Bré-
MOND , rranf.Phil. 173 i.
ELECTllITE. f. m. &:,f. ou Eletlrln , ine. C'eft dans
Etienne de Ryzance le nom des habitans des Illes
Electi ides. ELeclrïna , Eleclrites , Eleclrïaus. Pline.
fO- EL'cCTROMÈTRE. f. m. Inllrument qui fert à
mefurer la force de l'électricité, ji'asxt-jkiv , ambre , <Sc
/«ÉTfo» mefure.
ÉLt>^rUAIRE. f. m. Terme de Pharmacie. EUc-
tuarium , eteclarium, C'eft*un médicament compofé
de poudres & d'autres drogues incorpotées avec du
miel , ou du fucre. Il ell ainfi nommé , à caufe que
les parties qui le compofenf, doivent être bien
choihes , du mot Latin eligere , choifir , elecius ,
choifi. D'autres le font venu de lac ^ &c les Grecs
l'ont appelé dans le bas Empire A«xT«u«fio».Scaliger le
fait venir de A£/;t;'^j qui lignifie , lécher , ik le nom-
me en Latin Elinàum. M en.
Tous les remèdes, dit Volîius , que l'on prefcri-
voit aux malades , ou les confitures que l'on pre-
noit par délices, s'appeloient chez lesGrecs éKAsy^aj-a,
& ixxAe/Kr«jdu verbe i'x," 1 qui i\gn\fiiî lécher. De-là,
continue-til , s'elt tau elecîarium en Latin , & enfui-
te elecl'uarluni. Il prouve cette opinion par les lois
de Sicile , où il eft dit , Que les clecîuaires , firops
£c autres remèdes , fe faltent loyalement. Les Bol-
landiltes rapportent cette étymologie j & femblent
l'approuver. Aa. Sancl. Marc. T. II. p. 151. Il y en
a de mous c?c de folides, & ils font les uns & les au-
tres , ou altératifs, ou corroboratifs , ou purgatifs.
Les mous font en conhltance de miel j & fe font de
trois onces de poudre fur une livre de fucre , ou
de miel. Les folides font en forme de tablettes ;
les purgatifs fe font comme les mous de trois onces
de poudre , fur une livre de fucre ^ mais les corro-
boratifs n'en reçoivent qu'une once & demie , ou
deux onces. Sous les éiecluaires mous , on met la
thériaque , le mithridate , laconfeétion d'amech,
celle d'alkermes , le catholicon , le diaprunum , le
diaphœnic j &.'c. qui font expliqués à leur ordre.
Vhiere pkre de Gallien , & la benedicle de Nicolas ,
font aufli des éiecluaires mous. Sous les folides ,
on met les éiecluaires de carthame , de fucde rofes j
de fuc de violettes , Sec. Il y en a un de citron ,
qu'on nomme de Gui de Chauliac , fameux Méde-
cin de Montpellier , qui l'a mis le premier en vo-
gue. M. Lémery en compte de plus às cent-vingt
fortes.
ELEE. Fleuve de Bithvnie. Elœus. C'eft aufli le nom
d'un port de l'Epire dans Ptolomce , qui le
place proche de l'embouchure de l'Achcrtm. Dans
Jou:e m.
ELE 617
Etienne de Byzance , c'eft uns ville de la Doride ;
& dans Pline , L. IV. c. 1 1. L. V. c. 2<j. une autre
ville de l'Epire.
ÉLEE , ou Eleen. EUus. Terme de Mythologie. Epi-
thcte ou furnom que l'Antiquité donna à Jupiter ,
à caufede la ville d'Elis , ou Hlide , fituée fur le Pe-
nce , & qu'on croit être celle qu'on nomme aujour-
d'hui Belvédère, où ce Dieu avoir un temple rrès-
riche , & rempli des dons qu'on y otiroit , &c entre
autres une Itatue d'or mafllt j & une autre d'ivoire j
d'une grandeur énorme, laite par le célèbre Phi-
dias.
Elee. f^oyei Èlide.
ElÉEN. /^Oje{ELEE.
ELEF-D'EAU. f. f. Terme de Marine. C'eft fur mec
ce que l'on appelle fur tene le fiux. Les Marins ap-
pellent le flux élej-d'eau y Si le reflux eau -morte.
Marée comprend tous les deux ; c'eft-à-dire j le flux
& le reflux.
ELEGAMMENT, adv. D'une manière éléo'ante. Ele-
gj;iter. Ce n'eft pas aflez d'écrire purement, il faut
aulli écrire élcgamnier.c.
ELEGANCE, f. f. Ce qui rend un difcours poli &
agréable. Elcgantia. \Ji\\ certain choix d'expreflioiis
riches & heureufes, fut ce qu'on appelle \ élégan-
ce. 1 QR-T-R. Les Gallicifmes enterment quelque
élégance. Les élégances Poétiques fervent aux éco-
liers à faire des vers. Pour vouloir être trop régulier
dans la conftruétion Grammaticale , on perd de cer-
taines licences, qui font l'élégance de la langue. L'/-
légance^ quoique irrcgulière, vaut mieux que la rè-
gle fans élégance. Chap.
Soye:^ riche , & pompeux dans vos defcriptions :
Cejl-là qu'il faut du vers étaler l'élégancs. B'oiL.
fC? Je crois , dit M. l'Abbé Girard, que l'elégan-
ce confifte à donner à la penfée un tour noble Se po-
li, & à la rendre par des exprelîions châtiées, cou-
lantes & gracieufesà l'oreille ; que ce qui fgik l'é-
loquence J eft un tour vif & perfun fit , rendu par des
expreflïons hardies, brillantes & figurées, fanscef-
fer d'être juftes & naturelles.
ICr L'Élégance s'applique plus à la beauté des mots ,
& à l'arrangement de la phrafe. L'éloquence s'atta-^
che plus à la force des termes & à l'ordre des idées.
La première , contente de plaire j ne cherche que
les grâces de lélocution. La féconde , voulant per-
ûiader , met du véhément & du fublime dans le
difcours. L'une fait les beaux parleurs j l'autre les
grands orateurs.
fp" Un difcours peut-être élégant ^ fans être bon j
mais il ne peut-être bon , fans être élégant.
Elégance , fe prend aufli pour le bon air, la propre-
té, les belles manières : les Latins ont dit , dans le
même fens , Cultus , elegantia viix , morum, &c. L'é-
légance en général , & comme on la confidère ici ,
eft une manière de dire ou de faire les chofes avec
choix , avec politeffe , avec agrément : avec choix,
en s'élevant au-delTus des manières ordinaires : avec
politelfe J en donnant à la chofe , un tour qui frap-
pe les gens d'un efprit délicat : avec agrément, en
répandant un alfaifonnement qui foit au goût & à
la portée de tout le monde. M. l'Abbé Régnier s'eft
fervi du mot à'elégance en ce fens dans fon Virelay.
Voye\ leur perruque étalée _,
En Magdeleine échevelée.
Voye\au-dcjfus de leur front,
La nouvelle efpcce d'allée
Qui: deux rangs de cheveux y font.
Quelle mode ! quelle élégance !
On ne voit plus qu'excès en France.
Élégance , fe dit fort bien, en Peinture U en Sculp-
ture , dans le fens qui vient d'être expliqué ; & en
général ce mot fe dit de tous les ouvrages de la Na-
ture , & des Aits qui ont ce goût , c^ bon air qui
I i i i
Si 8
ELE
plaît. Vélégance n'eft pas fondée fur la corredïlon
du tlellèin , comme elle paroît dans l'Antique &
dans llapliacl.Ellefe fait fentir dans des ouvrages peu
-châties & négligés d'ailleurs j comme dans le Cor-
tège j ou malgré les fautes contre la jufteile du del-
{mn ,\'éltgance {e iàii fentir dans le goût du def-
fein même j dans le tour que ce Peintre donne aux
aétions \ en un mot , le Cortège fort rarement de
Vélégance. De Piles. L'eldgance qui eft foutenue de
la corredion du detfein, remplit toute notre atten-
te , attache toute notre attention , & élève notre
efprit j après l'avoir frappé d'un agréable étonne-
ment. Id. VéUgancti du delfein ell une manière d'ê-
tre qui embellit les objets , ou dans la forme , ou
dans la couleur, ou dans tous les deux , fans en dé
truire le vrai. Id. Vélegancc qui regarde le deiîeiu j
fe trouve dans l'Antique ,prétérablement à tous les
grands Peintres qui l'ont imité. Id.
Ce mot vient du Latin degantïa , comme élégant
vient à'elegans : & ces mots Latins viennent d'e/i-
gere , choifir. U élégance confifte dans le choix de
l'exprellion , dans des exprellions bien choifies.
ÉLÉGANT, ANTE. adj. Terme de Rhétorique. Ecrit
ou difcours fait en termes choifis , agréables & po-
lis. Elegans. Un Orateur doit être difert & élégant.
Pour rendre un difcours élégant , il laut s'exprimer
4d'une manière facile^ naturelle. Port-R.
Imhcii de Maroî /'élégant badinage. Bon.
Élégant. Ce mot fe dit auffi , en parlant de Peintu-
re , d'Architeélure & de Sculpture , & pour mar-
quer un certain goût fin 6c délicat qui fe fait fentir
dans un ouvrage. Des contours étegans. C'eft un
édifice alfez grand j bâti de marbre La itruc-
ture en eft élégante. P. Catrou,
§Cr Élégant , fe dit auflli de la parure , des orne-
mens bien placés & à la mode , qui donnent de la
grâce. Sa parure étoit des p\\.is élégantes. Angola.
ÉLÉGIAQUE. ad/. Terme de la Pocfie Latine ou
Grecque. Qui appartient à l'Elégie. Elegiacus. Les
vers élégiaques , Elegi , font alternativement hexa-
mètres & pentamètres. Quintilien regarde Tibulle
comme le premier des Poètes Elégiaques ^ mais le
jeune Pline donne l'avantage à Properce. Ils ont
raifon l'un Se l'autre en un fens différent, & l'on
pourroit trouver encore un troilième fentiment
qui feroit véritable. Eligïaque fe met quelquefois
ieul au pluriel , & on dit des Elégiaques j pour des
vers élégiaques.
ÉLÉGIE, f. f. Efpèce de Pocfie qui s'emploie dans les
fujets triftes & plaintifs. Elegia , Elegeïa. Horace
avoue qu'il ne fait point quel eft l'inventeur de ME-
légie. On dit que ce fut un certain Théocles de
Naxi , ou , félon d'autres , d'Eretrie , qui dans fes
fureurs produifit le premier cette efpèce de vers.
Voyei Scaliger , Poct. L. I. c. 50. Callimaque ,
Parthenius , Euphorion chez les Grecs \ & chez les
Latins J Ovide, Catulle, Tibulle & Properce, font
les Princes de ['Elégie. Les Flamands fe font dif-
tin?,ués de nos jours dans ce genre de vers Latins ;
&c les £/e^/fjdeBiderman, de Grotius , mais fur-
tout de Sidronius Se de Vallius, ne feroient point
indignes de la meilleure antiquité. Nous avons aulli
d'excellentes Elégies dans notre langue j la Com-
telfe de la Suze s'eft diftinguée entre tous ceux qui
ont travaillé dans ce genre de Poclie. Pafquier a
fait une Elégie Françoife en vers hexamètres Se
pentamètres. Les Elégies Françoifes fe font en vers
Alexandrins , 6c on n'y foufFre point l'entrelace-
ment des rimes ; c'eft- à-dire , qu'il faut que les ri-
mes mafculines Se féminines y (oient rangées deux
à deux , fans s'entrelacer les unes avec les autres.
L'invention du mot François d' Elégie j eft due à
Lazare de Baïf dans le dernier fiècle. L'amour qui
s'explique fans art, touche plus que les traits ingé-
nieuxd'une Elégie , où l'efprit a fouveut plus de part
que le cœur. La Font.
ELE
La plaintive Elégie, en longs habits de deuil ^
Sait J les cheveux epars , gémir fur un cercueil :
Elle peint des amans la joic 6* la trijiejje ;
Flatte i menace, irrite, appaife uneMaurejJe. Boit,
Il faut que le cceurfeul parle dans l'YélégiQ. Id.
ÉLÉGIOGRAPHE. adj. Auteur d'Elégies. Ce qui eft
mieux qaelegiaque J qui femble ne convenir qu'à
la Pocfie de ce genre-li. Poëte Elégiographe. Vers
élégiaques. Tibulle , Chevalier Romain , Pocte-f/e-
giographe , fut ami intime d'Horace, & d'Ovide,
ce qui eft allez rare parmi les Poètes. Ce dernier ho-
nora le tombeau de fon ami par cette belle Elégie,
qui eft la 9^ du Livre III. des Amours. Sup. au GloJJl
du Roman de la liofe.
ELEGIR. Terme de Menuiferie. C'eft poulTer à la
main un panneau , une moulure, un compartiment,
&c. dans une pièce de bois. Dolare j polire.
ÉLELEEN. Terme de Mythologie. Epithète que l'an-
tiquité a donnée à Bacchus. Ce mot vient du mot
(XtXiiiiv J qai lignifie Crier beaucoup , faire grand
bruit ; & il a été donné à ce Dieu, parce que c'eft
un effet du vin. Le même mot j formé du verbe
Grec ixWto-rxt , tourner, s'eft donné au Soleil , parce
qu'il tourne continuellement autout de la terre.
ÉLELEIDE. f. f. Bacchante , Prctreffe de Bacchus.
EleUïs. Les Bacchantes ont été appelées Eléléïdes ^
parce qu'on nommoit Bacchus Eléléen. Voye^ ce
mot.
ÉLEMEDIN. Ville du Royaume de Maroc en Afri-
que. Elemedinum. Elle elt dans la Province d'El'cu-
re, ou d'Hafcora ^ aux confins de celle de Ducala,
ou Duquelle. Elémédin a été bâti par les anciens
Africains. Les habitans font Bérébères , d'une des
branches de la tiibu de Muçamoda , qui font bra-
ves, & fe piquent de fioblelfe. L'an 1516. Elémé-
din fe rendit triburaire du Roi de Fez. Marmol. d'A-
blapc.L.Ul.C.-ji. \
^fj ÉLÉMENT, f. m. Principe phyfique qui entre en
la compofition de tous les corps naturels, Elemen-
tum. Tous les Philofophes , quoique fous des ter-
mes différens , ont admis un cahos de corpufcules
indiftérens , à entrer dans la compofition de toutes
foftes de corps J une matière vague j indéterminée,
univerfelle, dont toutes chofes ont été faites j oii
fe font pu faire par la feule imprellion du mouve-
ment. Les élémens font des parties homogènes , Sc
des êtres très fimples , de l'alfemblage & du mélan-
ge defquels font compofés tous les êtres que nous
voyons. Ariftoie Se les anciens Philofophes recon-
noiffent quatre élémens , le feu , l'eau , l'air & la ter«
re. Ces quatre élémens vulgaires ne font pas tels que
ceux que nous connoilfons , qui font des corps com-
pofés J mais des corps fimples & fans mélange. Les
Cartéfiens n'en admettent que trois , qui naiffent
de la première divifion qui a pu arriver à la matiè-
re : enlorte qu'il doit y avoir autant d'élémens , qu'il
peut y avoir de diverlités notables dans les parties
infenfibles de la matière. Roh. E''oye:( Descartes ,
monde de Defcartes. Idem. Les Epicuriens n'admet-
tent, à proprement parler, qu'un feul élément :ce
font les atomes de diverfes figures j qui font la ma-
tière première du monde , Se de routes les chofes
qu'il contient. Le monde , difent-ils , eft nouveau
éc tout plein de preuves de fi nouveauté , mais la
matière dont il eft compofé eft éternelle; il y a tou-
jours eu une quantité immenfe, & réellement infi-
nie d'atomes durs , crochus , carrés j oblongs & de
toutes figures , tous indivifibles , tous en mouve-
ment, & faifant eftbrt pour avancer, tous defcen-
dans 6c traverfans le vide. S'ils avoient toujours con-
tinué leur route de la forte , il n'y auroit jamais eu
d'affemblages ; mais quelques-uns allant un peu de
côté, cette légère déclinaifon en ferra & accrocha
plufieurs enfemble ; de-l.î fe font formées diverfes
malles , tous les compofés que nous voyons. Ainfi
le tout s'eft fait pat hasard , le tsu: fe continue j Sc
EL E
lès efpèces fe perpétuent les mêmes par haza'rd. Bien
des gens fenlés envoient l'Auteur du fyftême aux
Petites-Maiions- Le fyftême des Epicuréiltes moder-
nes qui ont GalFendi à leur tête , ne diffère de celui
d'Epicure , qu'en ce qu'ils tout Dieu auteur des
atomes !k de leurs mouveinens. Le fonds en elt le
même : les phénomènes y font expliqués de la mê-
me manière.
I/CJ" Thaïes fontenoitque c'étoit l'eau qni faifoit
la bafe univerielle , ou la matière commune dont
toutes les choies font formées. Ce fentiment a été
tiré des ténèbres depuis peu , par Vanhelmont de
Bruxelles.
IP" Anaxagore , feul d'entre les Grecs j s'éloi-
gna du fentiment des autres Philofophes qui fup-
pofoient tous les clcmens formés d'une pâte com-
mune. Il prétend que chaque tout dans la nature eft
compolé de parties qui , avant leur union , étoient
déjà de même nnure que le tour : un os efl com-
pofé de petits os \ les^ entrailles font compofées de
petites entrailles ; le fang de petites gouttelettes de
fang i l'or de petites parcelles d'or, ô^c. Voye-[ Ho-
MÉOMERIE.
_^§CF Malgré tout ce que l'on a écrit fur cette ma-
tière , on n'en ell pas plus inlhuit fur la nature des
jîarties élénientaires des corps. Ces ^/t/we/w font-ils
îemblables ? Les corps diirérentils entr'eux par la
différente nature At% éUmens ^ ou feulement par
leur différente difpohtion ? Il s'en faut bien qu'on
foit en état de prononcer fur cette quelHon.
IJCr On croit, communément, que la matière &
la farine , font les éléinens ou les principes des
corps. Par la matière , on doit entendre une lubC-
tance naturellement impénétrable , capable de di-
vifion , de iigure , de mouvement & de repos \ en
un mot naturellement étendue , c'eft-a-due lon-
gue , large & profonde. C'eft la configuration &
l'arrangement non-feulement des parties fenfibles ,
mais fur-tout des parties infenfbles , qui détermi-
ne la matière à former plutôt tel corps que tel au-
rre : au(fi devons nous regarder cette conhguration
& cet arrangement, comme la forme par laquelle
les corps de différente efpèce, font diftingués entre
eux. Quand on fait cela , on n'en eff guère plus
avancé. Le point important feroit de favoir quelle
eft la configuration des parties , qui conftitue un
corps de telle ou telle èlpèce.
Les Chymiftes , dont l'art confifte à féparer , nar
le moyen du feu ^diverfes parties dont les ditféVens
êtres fontcompofési ont prétendu que cette réfo-
lution étoit l'unique moyen de connoitre quels font
les véritables e7e/«e,';j- ou principes, dont la nature
le lert dans la compohtion des cires. Ainfi ^ en tra-
vaillant fur certains corps ;, du vin ^ par exemple
ils en ont tiré cinq matières différentes , le mercu-
re , \q flegme , \^ foujre , hfd , tic la cêce morte ; &
parce que tout ce qu'ils peuvent tirer de tout autre
fujet , reffemble à quelqu'une de ces chofes , ils en
concluent que ce font les feuls & véritables e'Umens
de tous les corps mixtes , & que 'c'eft de leur affem-
blage que vient toute la variété que nous y remar-
quons.
Le mot elememum , élément, eft tiré du Celtique
hljen. Pezr. Certainement le P. Pezron ne s'eft pas
laiflc prendre ici , par la reifemblance du mot. De-
puis quand 1/fe change-t-elle en m ?
Elément ^ fe dit, figurément^ du lieu ou l'on fe plaît,
ou de 1 occupation qu'on a conforme à l'on génie
La campagne eft \ dément d'un Chalfeur. L'étude
ç.\\\eLement d'un Philofophe.
Élément eroid. Terme du grand Art. C'eft-à-dire
eau ; & par ce terme les Chymiftes entendent le
î^^'f^L.' ^ ,""^^ 'l"''' '^^^'^"^ par f^ préparation
lemblable a 1 eau.
Elsmens , au pluriel , fignifie les principes & les
tondemens des Iciences. Il ne fait pas les premiers
tUmens de la Grammaire. Il faut bien favoir les
t.lanens d'Euclide , fi l'on veut apprendre la Géo-
métrie. Les nouveaux EUmens des fedfions coni-
ÈLE Si^
ques , par M de la Hire , ont paru en 1670. Les
Uemens de Botanique de M. Tournefort com-
prennent la méthode de réduire toutes les plantes
a certains genres à partager les genres en certaines
clailes : ce hvre'eft excellent, & digne des ap-
plaudillemens qu il a reçus de tous les connoiffeurs
tLEMSNS , en matière de Religion , C'eft le nom que
quelques Auteurs, principalement les Proteftans
donnent aux matières que l'on confacre dans il
facrifice de la Méfie. Tant que les élémens con-
lacrés furent pris des offrandes du peuple , le pain
& le vin de lEuchariftie ne parent c:re autre chôfe
que ce que l'on inangeoit & buvoitdans les repas
orainaires. Bingham. La confécratron des élémens
fe faifoit anciennement par une prière de béné-
diébion & d'aéfion des grâces. Id.
On dit , aufli , les peuples Elémentnires , ou des
, éémens , Sec. Foye^ Elémentaire.
ELEMENTAIRE, adj. m. & f. Qui tient de l'élément.
hlementanus Le feu élémentaire des Anciens ell
une pure vifion, ou peu s'en frut. Tout l'efpacequi
eft dans le concave de la lune s'appele la région
élémentaire :, parce qu'elle comprend les quatre
elemcns. S: les corps corruptibles , & compofésdes
quatre élémens. L'Auteur du Comte de Gabalts ;i^-
pelle peuples //tf'/;:tv;rj/Vfj, ou peuples des élémens,
des créatures très-parfaites ^ qui habitent les élé-
mens , & qui ne font connues que de ce qu'il ap-
pelle les Philofophes , les fages , les enfans de la
lageffe. Selon ces gens-là , qui font au moins de
gransfols, l'élément du feu eft habité par les Sala-
mandres; l'eau , c'eft-à-dire , la mer & les fleuves»
par les Ondins , ou Nymphes ; la terre ^ par lesr
Gnomes & Ggnomides ^ l'air , par les Sylphes &C
, & les Sylphides.
Elémentaire. Qui concerne les premiers élémens '
les premiers principes d'un art ou d'une fcience!
Quelque belle que foit la Poétique de Boileau, on
conçoit qu'il peut y en avoir une plus élémentaire,
plus développée & plus à la portée des jeunes gens!
On a befoin de Livres élémentaires dans rous les
arts, dans la Médecine peut - être plus que dans
tout autre. Mém. de Trév, Le calcul des fradfions y
qui eft une petite partie élémentaire de l'Arithméti-
que & de l'Algèbre j s'apprend à-peu-près allez bien
, en une leçon ou deux. Mém. de Trev.
ELEMES. f f Nom d'homme. Adeklmus. Elcmes.
eft le nom Efpagnol ; nous difons Aleaume. Son
corps eft honoré à Burgos dans une Eglife de fon
nom , qui s'y prononce Elcmes. Chastel. au ^o
Janvier. Cet Auteur ne parle point du nom de
Lefmes. Ce nom ( Elémes ) a donné occafion de
divifer ce Saint en deux. Chastel. Foyer en-
core ALEAUME.
ELEMI. f m. Terme de Pharmacie. C'eft une réfuie
d'une fubftance prefque uniforme j d'une couleur
& d'une confiftancefemblable à la cire jaune, d'un
goût qui n'eft point défagréable , un peu piquant
& amer, &: d'une odeur approcliante de celle du
fenouil. Velémi eft appelé , fcnt improprement ,
gomme , puifqu'il s'enflamme fans peine , & qu'il
fe diffour dans les liqueurs oléagineufes , ce qui
eft le caradère des refînes. Celle-là fort de l'olivier
d'Ethiopie : on en trouve aufli dans la Pouille ,
Province du Royaume de Naples. L'élémi eft ad-!
mirable dans les plaies de la tête ; il eft propre pour
digérer, pour réfoudre ^ & pour faire fuppurer.
M. Pommer , dans fon Hijloire générale des drogues,
L.VII. c. 1,0. p. ir,i. &M.Lémery, 275. de fon
Traité des^ drogues , difent que Vélémi eft une refîne
blanche tirant fiir le verdâtre , odoranre , qu'on
apporte d'Ethiopie en pains de deux à trois livres j
enveloppés dans des f.niilles do canne d'Inde. Elle
découle, par incifion d'une efpèce d'olivier fanvage
de moyenne haureur , dont les feuilles font lon-
gues & étroites , de couleur verte , blanchâtre , ar-
gentée. Sa fleur eft rouge , foutenue par un petit
calice de la couleur des feuilles. Son fruit eft fem-
blable à l'olive.
I i i i ij
<Sio ELE
ÉLENCHTIQUE. adj. Terme Dogmatique dont fe
fervent les Théologiens. On divile la 7 héologie en
aiaturelle &c révélée j en fpéculative & pratique j en
pofuive & elenchutfuc , ou de controverle , &c.
La Théologie e/(;/2c/iri^^e s'appelle , plus communé-
ment , Théologie fcholallique. Il y a Théologie
pofuive & Théologie élenchtique. Crousaz. Ce
mot vient du Grec ÈA£y;^;» , argua.
ÉLENGI. f. m. Grand arbre qui croit au Malabar. Les
habitans de cette contrée tirent de fes fleurs ,
par la diftillation ^ une eau odoriférante , qui palfe
pour très- falutaire dans la mélancolie & dans les
fièvres.
ÉLENOPHORIES. f. f. pi. Terme de Mythologie.
Fêtes Grecques , ainfi appelées , parce qu'on y
portoit certains vafes de jonc & d'ofier , qu'on ap-
peloit Elènes.
ÉLEOCATH, ou ELEOCHET, Eleochetum. C'eft
une habitation des Arabes j dans le défert de
Barca, en Alrique j fur un petit lac qu'on trouve
au milieu de ces fablonnières j vers les confins
d'Egypte. On conjecture que c'eft ÏOafis parva des
Anciens.
ÉLEONOR , ou ELÉONORE. f f. Nom propre de
femme. Eleonora. Eléonor à^ Autriche fut féconde
femme de François L Roi de France. Eleonor de
Mafcaregnas avoir été Gouvernante de Philippe II.
BouH.
ÉLÉOSACCHARUM , que d'autres appellent OUo
faccharum , Eft un mélange de quelque elfence ,
ou huile , dans du fucre candi en poudre. LÉ
MERY.
ÉLEPH. Ekph. Ville de la Tribu de Benjamin.
Jof. XFlil. z8. Adrichomius écrit Heleph \ le
texte Hébreu aS^<^ , haeleph.
ÉLÉPHANT, f m. EUphas. Le plus gros , le plus
grand j & le plus fort des animaux terreftres à
quatre pieds. Il a peu de poil , femblable à celui
des bufles , aullî-bien que fon cuir , qui eft noir ,
épais & dur à percer, quoiqu'on le fente doux au
toucher. Il a la tête groffe , le cou court ^ les oreil-
les larges de deux palmes. Son nez , qu'on appelle
fa trompe , Probojlis j eft long &c creux comme
une grofte trompette , & il lui fert de main ; Ci-
céron l'appelle manus. Il eft fait d'un gros cartilage
qui lui pend entre les deux dents. Son pied eft rond j
large de deux ou rrois palmes , tout couvert de
durillons , & a cinq ongles femblables aux coquil-
les de S. Michel \ fa queue eft faire comme celle
des bufles , de trois palmes de long. De fon fimple
pas , il atteint les hommes qui courent , & il fait
trois milles par heure. Il a le pied (\ sûr , qu'il ne
fait jamais un faux pas. Il nage mieux qu'aucun
autre animal , & il fe couche & fe lève avec la
même facilité que les autres bêtes , contre l'opi-
nion des Anciens, qui ont cru qu'il n'avoir point
de jointures. On l'enchaîne par le pied de deritère ,
& on l'attache à. un arbre , ou à quelque chofe qui
ne foir pas facile à ébranler. On fait combattre
quelquefois les éUphans , qui fe heurtent de leurs
dents , comme les taureaux de leurs cornes. D'un
coup de trompe , ils tuent un chameau j un che-
val. Vélcphant vit , à la campagne , de feuilles &.
fruits. Il ne peut endurer ni bride , ni arrêt ; il ne
lailfe pas d'obéir à fes gouverneurs , dont il en-
tend le langage. Il a beaucoup d'inftind & de do-
cilité. On les apprivoife facilement , & on les
foiimet à diftérens exercices. Cardan dit que les
dents à'éléphans fe peuvent amollir & étendre
comme les cornes de bœufs ; mais ce fecret eft à
. préfent inconnu , fuppofé que Cardan Tait jamais
fu. Les Nomades en Afie , les tMumides en Afri-
que, & les Egyptiens J mangeoient autrefois des
éléphans. VoycT, Agatharchides dans Photius , Cod.
2so. C. 25. & Bruverinus Campeg. De re dbariâ ,
L. XIII. C. 3^.
On prend les éléphans en les faifant tomber dans
des pièges , ou creux couverts de claies & d'un peu
de terre. Mais, s'ils en font échappes une fois, ils
ELE
arrachent une branche avec leur trompe , & fon-
dent le terrein , pour voir s'il eft ferme. On les
prend , aufti , avec des barricades faites dans des
lieux étroits , oiî il y a une femelle en chaleur qui
les appelle. Elle fe couche fur le dos pour les at-
tendre, contre la nature des autres animaux , &
fe prépare, pour cela , un chevet de feuilles & de
branches d'arbres , élevé de quatre ou cinq pieds.
Les éléphans ne couvrent jamais leurs lemelles, en
quelque chaleur qu'ils foient j tant qu'ils voient
quelqu'un. Les femelles portent un an. Quand les
éléphans font pris une fois , ils ne rouchent plus
à la femelle. Ils entrent pourtant quelquefois en
chaleur , & alors ils deviennent furieux. Comme
ils craignent le feu j on arrête leur fureur en leur
jetant du feu d'artihce. Ils vivent quelquefois cent
ou fix vingts ans , & croiftent jufqu'à trente. Leurs
défenfes font l'ivoire- Quelques-uns les regardent
comme des dents j d'autres, comme des cornes.
On en a vu de la longueur d'une toife j & groilès
comme la cuifle : quoique les éléphans foient fort
communs dans l'Inde , on ne laifte pas de vendre
les beaux quatre ou cinq mille écus. On a vu des
éléphans haut de treize ou quinze pieds. Ceux de
Ceylan font les plus petits , mais les plus eftimés.
On dit qu'il y en a , à la Cochinchine de h gros,
qu'on en a rrouvé dont le pied avoit dix - huit
pouces de diamètre. Cet animal a autant de honte
& de relfentiment du châtiment j que les hommes.
Le Roi d'Achemieur fait faire bien des honneurs,
leur fait porter des parafols , que les hommes n'o-
fent porter ; il les marie en cérémonie avec leurs
femelles ; ^ , quand il eft en colère contre eux ,
il leur ôre tous ces honneurs , dont ils font extrê-
mement fâchés. Ceux de Bengala adorent un élé-
phant W^nz ^ qui eft fi rare, qu'ils l'eftiment une
chofe fainte. Les Rois Indiens ont donné fou-
vent de fanglantes batailles pour le pofl^éder. On
dit qu'il ne s'en trouve qu'au Royaume de Siam ,
& que les Rois de ce pays- là les ont long - temps
traites , comme ils auroient fait quelques Princes
de leurs voifins qui feroient venus en leur Cour.
M. de Choifi dit , dans fa Relation j qu'il a vu dans
la féconde cour du Palais du Roi de Siam ce fa-
meux éléphant blanc, qui a coûté la vie à cinq ou
fix cens mille hommes , pendant les guerres de ce
Roi avec celui de Pégu. Il dit qu'il eft alfez grand,
vieux & ridé , & a les yeux plilfés ; qu'il y a tou-
jours auprès de lui quatre Mandarins ave.c des
éventails pour le rafraîchir , des feuillages pour
chaiïer les mouches j &: des parafols pour le garan-
tir du foleil , quand il fe promène j qu'on ne le
fert qu'en vaiffelle d'or , & qu'il a vu devant lui
deux vafes d'or , l'un pour boire \ l'autre pour
manger. On lui donne de l'eau gardée depuis ÇiX
mois , la plus vieille étant la plus laine. On die
qu'il y a un petit éléphant tout prêt à fuccéder au
vieillard , quand il viendra à mourir. On dit , aufti ,
qu'il y a un éléphant Prince , qui eft le plus grand
& le plus fpirituel de tous les cUphans , qui eft
celui que le Roi monte. Il eft fier & indomptable
à tout autre \ & , quand le Roi paroît , il fe met
à genoux. Pyrard dit avoir vu porter à un e7f^/^û«r,
avec fes dents , deux canons de fonte attachés en-
femble avec des cables , pefant chacun trois mille
livres, l'efpace de cinq cens pas. Ueléphantkn à
la guerre J & il porte une pièce d'artillerie de fer
de fix pieds de long, avec fon aftût , qui porte un
boulet d'une livre. Il faut bien cent livres de ris à
chaque éléphant par jour pour le nourrir. On fait
des pelotes de ce ris avec du beurre & du fucre.
Le cri de V éléphant s zp^eWe barris. En 1681. V élé-
phant de Verfailles étant mort à l'âge de 17 ans,
M. du Verney en fit la diftedion. Foye:^ VHiJIoire
de l'Académie par M. Duhamel, pag. ijiî/de la
féconde édition.
Sur les Eléphans j voye^ Voftîus , de Idol. L.
III. C. (0 , jr , Oo ,6S.
Philippe III. Roi d'Efpagne , étant attaqué par
#
E L E
quelques petits Princes , Dom Carlo BolTo lui donna
pour devile un éléphant, qui,, fans le feivir de
la trompe , mais feulement en ridant fa peau , tue
dans les rides les mouches qui le piquent , avec
ce mot Efpagnol Sinpelear me vengo.
L'éternité elldéfignée dans une médaille de l'Em-
pereur Philippe , par un éléphant , fur lequel elt
monté un petit garçon qui tient des Hèches. Plus
fouvent j néanmoins , il marque les jeux publics ,
où l'on prenoit plaifir d'en taire voir aux peuples.
P. JoBERT. Hnetîetj on y faifoit fouvent paroître
des élépkans , & les Médailles ont fouvent mar-
qué cette magnificence , comme M. Spanheim a
marqué ,pag. 163 & 164. On y vit même quelque-
fois des eléphans drelfés à danfer j ou du moins à
marcher fur la corde , ou à jouer à la paume. Id.
pag. i6c). Dans les Médailles de Jules j du tenis
de la République , où il n'étoit pas permis de
mettre fa tête fur les monnoies , il mit à la place
cet animal , parce qu'en langue Punique , Céfar
lignifie un éléphant. On le mit enfuite avec un
éléphant fous fes pieds, pour marquer la vidloire
qu'il remporta en Afrique fur Juba. P. Jobert.
T riftant prend autremeat cette Médaille , èc dit
que {'éléphant y fut mis , parce que cet animal
ctoitpris, en Italie, pour fymbole de la puillànce
Royale , ou fouveraine , ainli qu'Artemidore nous
l'apprend , L. II. C. 1 i. Trijlan I. pag. jo. Berger ,
dans le l'hefaurus Brandehurgicus , F. I. pag. ij^i.
prétend que ['éléphant étoit auilî le fymbole de la
piété envers Dieu, parce qu'on croyoit qu'il ado-
roit le foleil, & qu'il étoit particulièrement con-
facré à Bacchus. lè. pag. 160. L'éléphant accompa-
gne quelquefois les myftères de ce Dieuj pour
marquer le voyage qu'il fit aux Indes.
On dit , proverbialement , Faire d'une mouche
un éléphant:, pour dire, GroOir , exagérer beau-
coup quelque chofe , foit en bien , foit en mal.
Éléphant , ell , aulli , une forte de clairon ou trom-
pette donc fe fervoient nos pères. Ces clairons
ion: quelquefois appelés, olifants, ou élejas ,
dans nos vieux Romans. On difoit fonner de Xélé-
fas, comme on diroit aujourd'hui fonner de la
trompette. L'Auteur du Roman de Garin le Lohe-
ranes , qui appelle cet inftrument olephan , & quel-
quefois olifant, en fait une defcription.
Cet Olephan en ma main me baille-^
Il le regarde , & en greille & en chief 3
De flx virolles d'or fin étoit liés ,
La guige étoit d'un brun paille tntailli.
Il y a , aulîî , un éléphant de mer décrit par Boc-
tius en fes Relations d'EcolTe , mais d'une manière
tout-à-fait fabuleufe.
L'Ordre de lELipHAur. Etjuefiris Ordo ^ ou Militia
Elephanti. C'eft un des Ordres Militaires des Rois
de Dannemarck. On l'appelle ainli , parce que fes
armes font un éléphant. Il y a bien des fentimensfur
l'origine de l'inftitution de cet Ordre. Le premier
ell de Menenius & Hocpingius, qui l'attribuent à
Chriftien IV. qui fut élu Roi en 1584. Le fécond
eft de Selden & Imhof , qui prétendent que c'eft
Fridéric II. élu en 1541 qui l'inftitua. 3°. Grégo-
rio Léti remonte à Fridéric I. qui régna vers 15^0.
4". Bernard ReboUedus foutient que Jean I. en eft
l'Auteur. Ce Prince commença à régner en 147S.
5°. Anshelmius , Roftàerus & Lxfcher , difent qu'il
commença fous Chriftien premier , père de Frédé-
ric I. Enfin , Léonard Voigtius , Bechman &c Janus
Bicherodius , foutiennent que Canut IV. en eft le
premier Inftituteur , & que c'eft aux Croifades
qu'il en faut rapporter l'origine. Ce Prince régnoir
fur la fin du XII. Iiècle , depuis 1 160. jufqu'à 1 191,
félon la Chronologie de Swaning. Il eft certain
qu'en 1494, l'Ordre de ï Eléphant ÇnhCiÇio'n. On a
un tableau du Comte Reindem , Chevalier de cet
Ordre, fait cette année-là. En 1474, le Marquis
de Mantoue fut créé Chevalier du même Ordre
E L E
62. 1
I par Chriftian I. C'eft une erreur , néanmoins, de
croire avec Ov/enus Bilde , que ce Pnnce en re-
venant de Rome établit cet Ordre ^ un diplôme
de ce Prince , & les Lettres par lelquelles Chrif-
tien II. accorde à Henri Vakkendoiph de porter
dans fes armes un éléphant chargé d'une tour j &
les Bulles de Pie IL &c de Sixte IV. prouvent que ,
long temps avant le Voyage de Chriftien I. à Ro-
me , l'Ordre de {'Eléphant étoit infticué.
Il y a encore d'autres Bulles de Sixte IV qui con-
firment les Statuts de cet Ordre , qui autonfent Li
tenue de fes alîemblées ou chapitre dans la Chapelle
de Rolchild, & les privilèges des Chevaliers. Cet
Ordre s'appela d'abord l'Ordre deSainteMarie_,0;ï/(j
S. Maria , &: Confrérie ou^'raternité , en Danois
Selshah j & fous Chriftien I. c'étoit déjà l'Ordre de
l'Eléphant : rien n'eft plus commun que les mon-
noies de ce Prince marquées d'un éléphant. Il y a
de lui un diplôme de 1461 donné à Gottorp, par le-
quel il confère au Marquis de Mantoue le Collier
de l'Ordre de {'Eléphant, &c un autre de 1457 à Ge-
minien Trcvirau , qui fut créé Chevalier la même
année. Tout cela a perfuadé les Auteurs dont j'ai
parlé , qu'il falloit remonter plus haiu , &i ils vont,
comme j'ai dit, jufqu'à Canut VI pour trouver le
commencement de cet Ordre, ils difent que ce Prin-
ce, en 1 185?, envoya un flotte contre les Sarrafins,
qui pritSiluma ôcPtolémaide; que,dans cette guerre,
quelqu'un des Danois croifés ayant tué un éléphant,
cette aétion extraordinaire donna occafion à l'inf-
titution de cet Ordre: que Bechman , PicorevilleôC
Bernard Juftiniani la rapportent efteélivement aux
Croifades ; que l'on donne 500 ans à l'Ordre de
l'Eléphant ^ ce qui revient au temps que nous ve-
nons de dire j qu'il étoit très-ordmaire de prendre
pour fes armes les dépouilles des ennemis qu'on
vainquoit , & les marques des belles actions qu'on
faifoit j queplufieursde nos armoiries , par exem-
ple , le Lion des Provinces des Pays Bas , font du
temps des Croifades , comme Heuterus &c Hocpin»
gius l'ont montré ; que tout cela confirme le fenti-
de ceux qui font Canut VI inftituteur de l'Ordre de
{'Eléphant ; que plufieurs habiles gens l'ont fuivi &c
appuyé de leurs fuftrages. Tels font Oligérus j Jacp-
ba;us , Voigtius , Marc-Gibe, Thomas Bartholin.
Belfarion apporta d'Orient à Rome une monnoie
antique & très-rare fur laquelle on voit l'image de
la Sainte Vierge, &c un éléphant. Caftien Du Puis
croit que c'étoit la marque des Danois croifés con-
tre les Sarrafins, Se qu'il faut 'a rapporter à l'Ordre
de l'Eléphant. Le Chancelier Frufius avoir une mon-
noie fembl.ible, fur laquelle on voyoit l'image de
la Sainte Vierge , un éléphant de un croiluint , qui fe
mettoit audi autrefois dans les armes de lOrdre
dont nous parlons. Jean BoilTeau rapporte encore
une ancienne figure des armes de cet Ordre, qui
porte l'image de la Sainte Vierge avec quatre elé-
phans chargés de tours ; ù'c Petra Sanda , une au-
tre où font la Sainte Vierge avec trois clefs , & qua-
tre c7e/)A(7/?j & des éperons . L'Ordre de l'Eléphant
étoit fous la prote<5tion de la .Sainte Vierge ; 6c cet
Ordre s'appelle encore à préfent l'Ordre de Sainte
Marie, &c au-delFousde l'éléphant pend une image
de la Sainte Vierj^e environnée de rayons, f^oje:^
l'Abbé Juftiniani , Hifi. di tutti gl'Ord. Milit. è Caval.
T. II, C.ji.
Chriftien I fonda la Chapelle de Rofchild pour
y tenir les Alfemblées ou Chapitres de l'Ordre. Elle
fut appelée d'abord la Chapelle des trois Rois, Ca-
pella trium Iiegum.En{u\te Fndéric I la nomma la
Chapelle Royale , Capella Regia. Fridéric H réta-
blit cet Ordre & créa beaucoup de Chevaliers à
la cérémonie de fon couronnement. Chriftien V
l'augmenta & l'orna beaucoup. Il tint en 1695 le 5
Juillet un grand Chapitre à Fridéricsbourg dans la
Chapelle des Chevaliers , dans lequel il reçut dans
l'Ordre fix Princes d'Allemifgnc. De tons les Ouvra-
ges que nous avons cités fur l'Hiftoiiede cet Ordre ,
celui de Jajèus BifcheioJius peut tenir lieu de tous
^à.t
ELE
ELE
les autres : c'eft le dernier , le plus ample & le plus Ulpien ,1. 5 2. j^. de Légat. 3 fait mention de Livre
i Coppenha.iLiue fur la tin de lan- d' ivoire. Scaliger & Gérard Vollius dilent que c'ell .
qu'ils étoient taits des inteilins d'c:/cY>/u;«r. Voliias
ne dilconvient pas pourtant qu'ils n'aient pu être
haits de tablettes d'ivoire ; mais comme on faifoic
beaucoup d'autres livres &c de tablettes de cette ma-
tière 5 comme il paroit par Martial , L. XiV j cpig.
3 , par cent autres Anciens , tk. par ce que nous
avons dît au mot Diptyque, on ne voit pas pour-
quoi l'on eût donné à ceux-là fpécialemem le nom
à'élc; hantins. Martial ne donne point le nom à'élé-
phanûn j mais d'ivoire , eboreus , aux tablettes
dont il parle à l'endroit cité , Lhorei pugUlares. Ou-
tre les Auteurs cités, Alexander ab Alexandre,
Génial, dïer. L.II C. 2 parle des Livres é/éphanti/iSy
& Saumaife , iur l'endroit de 'V^opifcus dont nous
avons parlé , où il réfute Sc.'iliger, prétend que ces
livres étoient d'ivoire , & montre que les Anciens
ont dhé/éphanc pour ivoire , témoin Virgile & Ser-
vius L. III de l'Enéide , v. 464 , &c élephamih , pour
ce qui eft d'ivoire j témoin Kiattianus Câpella &
Ihdore dans fes Gloles : qu'il n'étoit point impoflî-
ble d'écrire fur de l'ivoire , comme Scaliger le fou-
tient ; qu'ils ne fe fervoient ni de plume d'oie,
comme nous , ni d'une encre femblable à la nôtre ,
mais de tuyaux de roleàux qu'ils taïUôient autre-
meiit que nous ne faifons nos plumes j que leur
encre pouvoir être plus propre que la nôtre à pren-
dre fur l'ivoire , en un mot j que le fair eft conf-
tant par Martial & par PLuite dans le Moftellaria ,
& que l'on écrivoit autrefois fur l'ivoire.
ÉlÉphantin. f. m. Nom des Rois d'Egypte qui ont
régne à Eléphantine. ^oyei ELEPHANTINE,
ÉLÉPHANTINE. Elephancïs j F.lephanûna. C'étoic
antretois une grande ville de l'Egypte , diftante de
Thèbes de 820 ftades , c'eft à-dire , de 34 lieues.
C'étoit une des plus célèbres villes de l'Egypte, ôc
la patrie des Rois de la cinquième dynaftie, qu'oti
nomme pour cela Eléphantins.
ÉLEPHANTIQUE. adj. Qui appartient à l'élé-
phant ,qui y a rapport. Elephandnus . Un Poète a die
langage éléphantlque. Nouv. choix de vers ^ T, I ^
, /7. 181.
Éléphantique. En termes de Médecine , eléphantiqut
fe dit des jambes d'un hydropique, qui deviennent
femblables à celles d'un éléphant qui font grolfes ,
toutes d'une venue , & qui ne plient point. La
peau des jambes & des cuilfes paroît dure , rabo-
teufe & éléphantique. Y^\i Verney , fi\s,Acad des
Se. lyo^. Mem. p. 1 5 1. Je fa vois que dans ceux ea
qui on trouve une pareille difpofition , ( hydropifie
de poitrine ) les jambes ont de la peine à fe réta-
blit , & qu'elles leur reftent pour l'ordinaire gref-
fes , pefantes , &■ comme éléphantiques. Idem p.
174- ,
%fT ELEPHAS. f m. Plante labiée & en mafque ,
ainlî nommée parce que fa lèvre fupérieute a quel-
que rapport avec la trompe d'un éléphant. On en
ignore les propriétés.
ÉLÈRENA./-V)'e^ ERESMA : c'eft la même chofe.
ÉLESME. Foxe-^ ELEME.
ELETTE. Voye- AILETTE.
ELEU. Foyei ELlf.
ÉLÉVATION, f f. Hauteur , exhaulTement. Altitude.
La voûte de S. Euftache a quatre toifes lï élévation
plus qu'il ne faut. Qùaftd un voilm veut donner de
VéUvation à un mur mitoyen , attollere, il faut qu'il
en, paie les charges de fix toiles Tune.
lier Elévation de terrein , ou fimplement élévation,
la même chofe qu'émiriencë. Monter fur une élé-
vation.
IfJ- Élévation^ en Hydraulique ,fe dit de la hauteur
à laquelle montent les eaux jaillisfantes.Elle dépend
deceiledes rcfervoirs,&: delà jufte proportion de la
fortie des ajuftages avec le diamètre des tuyaux de
conduites.
i^Cr Élévation des fluides. Foye^ Ascension.
ifT Élévation des vapeurs, /^'oye?' Vapeurs j Nt;X-
GES ou Nuées.
favant j il parut à Coppeiiliag
née 1705 ioascc tuïQ 'y Breviarium tquejtre jjeudc
illujîrijjimo & indy tijjimo ordine Elephantino , &c.
in-Jol. avec des planches. Les Chevaliers de l'Ordre
de l'Eléphant portent le Collier d'où pend un elt-
phant d'or émaïUé de. blanc , le dos chargé d'un
château d'argent maçonné de fable. IJelepnant elt
porté fur une terralfe de fynople émaillée de fleurs.
Les Rois de Dannemarck ne font des Chevaliers de
r£/e/'Aiî«r que le jourde leur couronnemenr.
Eléphant^ Elephamus , eit pris du Celtique Elé-
phant & Oliphant , qui dit la même choie. Pez-
RON. De t^a , eleph , un bœuf , s'eft f-ormé elephas^
éléphant, loit parce que les noms des efpècesont été
confondus , comme 11 fe voit par tout , fou que
ce même nom ait été dit de ces deux animaux pour
quelque conformité , ou degrolfeur , ou d'autre qua
lue qui fe trouve en eux. GuiCHARD.Ludoph eft de
même fentiment , & U croit qu'on a donné à cet
animal le nom du bœuf à caufe de fa grandeur , de
même que les Romains les appelèrent Boves Luc^
dans la guerre de Pyrrhus. Peut-être les appela-t-on
{)V^< , fuis rapport au bœuf j mais pourla même rai-
Ibn '& parce que , Xcléphant eft le chef des animaux.
Il me paroît même plus probable que zé!iX éléphant
qui le premier a été appelé ti^^ , puis le bœut en-
fiiite& comme par participation i^ par comparaifon.
Mais au refte , quelle que foit la railon qui au fait
donner à \ éléphant\<inom t^^, il ne femble pas dou-
teux que fon nom ne vienne deU-
ÉLEPHANTIASIS. f. m. Terme de Médecine. Ele-
/?/ztî/2rii7/?j. C'eft une efpèce de lèpre, qu'on appelle
lèpre des Arabes , pour la diftinguer de la lèpre des
Grecs , qui eft une autre maladie : elle eft ainli nom-
mée à caufe que ceux qui en font atteints , ont les
j^ bras & les jambes groftes' &: tubéreufes , & la peau
enflée J rude au toucher ' '
les éléphans. Ce mor eft Grec lÀEipavr/aj-iî. Les Grecs
.appellent aulTi cette maladie tAsipà? 5c \xi(ifa.iria.s-fiùi.
ÉLÉPHANTIDE. Elcphantis. C'eft dans Ptolomée &
dans Pline , L. V. C. 9 une grande Ile de l'Egypte
fupérieure , fituéeà une lieue audelfous de la der-
nière cararade , & à i!Î milles J c'eft-à dire, 5 lieues
au-deffus de Syène. On prétend qu'elle a pris fon
nom des éléphans qu'on y trouva. Elle eft vers les
confins de la Nubie , vis-à-vis de la ville d'Afna.
Les Egyptiens terminoient là autrefois leur navi-
gation fur le Nil , comme ils font encore aujour-
d'hui : les Ethiopiens y viennent commercer avec
eux. Les Romains y terminèrent aufti leur Empire.
On dit que cette Ile eft un pays très-beau & très-
fettile.
ÉLÉPHANTIN j ine. adj. Qui appartient ou qui a
du rapport à l'éléphant. niephantinus.C.Q mot fe dit
de certains livres des anci'ens Romains , où étoient
contenus les faits "& les aéfions des Princes „ & les
adles da Sénat , ainfi que nous l'apprennent PoUion
SiC Vopifque en la vie de l'Empereur Tacite. Dans
quelques-uns de ces livres croient enregiftrés les
Actes du Sénat & des Magiftrats de Rome ^ en d'au-
tres tout ce quife palloit dans les Provinces (i^ dans
les armées. Il y avoir outre cela trente cinq gros vo-
lumes , autant que de Tribus , où éroient marqués
la naiftance , & le décès des Citoyens j les denom-
bremens , & tout ce qui dépendoit de la cenfure ^
& ceux-ci fe renouvelloient decinq ans en cinq ans
avec les Cenfeurs. Tous ces Regiftres fe gardoicnt
anciennement dans V^Erarium , ou Tréfor public ,
qui écoit dans le Temple de Saturne. Figcnère fur
Tite-l.ive J I . I , p. 670, ^71.
Vigenète & beaucoup d'autres , croient que ces
livres étoient appelés eléphantins , à caufe de leur
grandeur démefutée , comme on dit que quelque
chofe eft gros comme un éléphant, du comme un
bœuf, pour dire , qii il eft ttès-gros. Loifel , fur le
Ch. 17 de l'onzième Lj^vre d'Aulu-Gelle, dit qu'on
les nommoit eléphantins , parce qu'ils étoient faits
de tablettes d' ivoire \ Se en effet le Jurifconfulte
E L E
ELEVATION, fe dit d'une partie de k Mefîe , où h'
Prêfre élève au-deiïus de fa tête la Sainte Holtie,
êc le Calice , après les avoir coiilacrés , pour faire
adorer Jesus-Christ auPeuple j après l'avoir adoré
lui même. SubUdo & , en Latin de Rubriques , tic-
vado. Ce ii'cll point entendre la Messe que de n'y
venir qu'à ïtUvadion. Celui qui lert la Messe fonne
une clochette à l'élévadon , pour avertir le peuple
d'adorer Norre-Seigneur. Saint Louis avoitordonné
que, dans fa Chapells, on fe prollerneroit à \'t:/e-
vadon & à la communion , à l'exemple de certains
Religieux qu'il ne nomme point. Les Chartreux &
les Religieux de la Trappe gardent encore aujour-
d'hui cette pieufe cérémonie , de fe prolterner à l'é-
lévadon & durant la communion du Prêtre. De
ViGN. MaRV.
En PerfpetSlive on appelle élévation la peinture ou
defcription que l'on tait de la face d'un bâtirhent.
On le du par oppolition à plan. Defcripdio fecundàm
menjuras verdcuUs & horizontales , vcl fcaindum al-
tituiinem 6' ladtudinem. C'eft la repréfentation d'un
corps dedîné fuivant fes mefures verticales & hori-
zontales extérieurement apparentes, lans égard à
Ja profondeur. Frézier. On l'appelle aulli Ortho-
graphie , orthographia. Ce n'elt pas alfez de voir le '
,-U.-. J'.,„ JLÀ.C — ;i «.-. C^.,r «,,|K f,;,-.-. ,J ,/K.,„_ 1' . '
E L Ë
plus ils font touchés de
^t\
amour des louanges , &
d'un violenrdehr d'acquérir de la réputation.
ICT En matières d'Eloquence , élévation fîgnifie
fublimité , grandeur. Dire qu'un homme a beau-
coup d'élévation d'efprit ou dans l'efprit , c'ell dire
qu'il a un efprit fublime , capable des plus grandes
chofes. On. ne fauroit arriver au fublime fans une
certaine élévation d'efprit qui nous fait penfer heu-
reufement les chofes. Boil. Altitudo incenû. Il a
une élévation d'efprit naturelle , qui hù rend les
grandes chofes tout-à-fait familières. S. Evr. L'élé-
vation d'efprit eft une qualité nécelllùre à l'Ora-
teur, mais c'eft un don du Ciel ; on ne peut guère
l'acquérir. Il fe dit quelquefois de la noblcïle &:
de la fublimité du ftyle. Un difcours fimple &: fans
élévation.
Élévation , fignifie encore Dignité ; pofte éminenr.
Fajligium j dignitas. Le Pontihcat elt la plus haute
élévation où un Eccléfiaftique puilfe arriver. Si ceux
qui parviennent à une grande fortune s'oublient _,
c'eft que la tête tourne , & que le vertige prend dans
cette élévation. Bell. Un fage favori , qui fait com-
bien Ion tf/trVt/r/'o/z otFenfe les autres , doit éviter la
pompe &: le fafte , pour ne pas irriter l'envie. M.
--,,.,. , -- r- - Esp. Concourir à l'cf'/eVfîràrt de quelqu'un,
plan d'un édifice, il en faut aulh faire delîiner l'i- ÉTc;u4Tr»TDn c ™ „a .,.,:„ a.. j r^u-
*, , . . n n.i>'/ • ■ ' ■ o ELtiVAlUiRb. 1. m. elt un inltrument de Chirurcie
/Wario/z. Le profil eft rt-/^''vûrio/2 géométrique & or-
thographique, qui fait voir le dedans du bâtiment:
l'orthographie, ou élévation géométrale, repiéfente
\ élévation d'une des faces du bâtiment. j
Élévation, fe dit abfolumenten , Aftronomie , de!
\ élévation du Pôle fur l'horizon , iatitudo j iSi c'eft la |
même chofe que latitude L^'latitude proprement eft '
la diftance d'un lieu à l'cquateur , prélumée fur le
cercle méridien. Or cette diftance eft toujours par-
faitement la même que {'élévation du pôle au-delfus
de l'horizon ; c'eft-àdire , que l'arc du méridien
compris entre le pôle & l'horizon eft égal à l'arc du
même méridien compris entre l'équateur & le zé-
nith. Ainfi le pôle boréal ou feptentrional eft élevé
de 48 degrés 50 minutes fur l'horizon de Paris. Il y
a auftî même diftance de Paris à l'équateur , Se par
conféquent Paris a 48 degrés 50 minnus d'élévation
de latitude boréale. Cela s'entend du milieu de Pa-
ris j car, à l'Obfervatoire Rofal qui eft à l'extré-
mité de Paris , {élévation ou la latitude eft de 48
tlegrés 5 1 minutes. On connoît l'élévation d'un lieu
en bien des manières , fur-tout par les obfervations
méridiennes du foleil j des étoiles quand elles paf-
fent au méridien , quand on fait la déclinaifon du
foleil & de ces étoiles j &j en Gnomonique, l'éléva-
tion d\x pôle hir le plan d'un cadran folaire eft l'an-
gle de l'axe du cadran avec la fouftylaire. En allant
du midi au nord, ou du nord au midi, ^élévation
du pôle changea chaque pas. L'élévation d^ l'Equa-
seur eft l'arc du colure du lolftice intetcepté entre
le folftice & l'endroit où le colure coupe l'écliptique
On dit aufti Vélévation d'un aftre fur l'horizon , c'eft ;
la diftance de cet aftre à l'horizon du lieu où l'on eft.
L'élévation d'une étoile fous l'horizon eft l'arc du
cercle verrical qui fe trouve compris entre cette
étoile & l'horizon.
En Grammaire, en Mufique Sc Rhétorique , on
dit Vélévation de la voix , contentio vocis , intentio j
&c. C'eft le palfage d'un ton à un ton plus haut. Il y
a des élévations de voix néceftaites dans la décla-
mation.
En termes de Médecine, on dit , Vélévation du
pouls , pour dire, le mouvement du pouls lorfque
, le battement eft plus fort qu'à l'ordinaire.
Elévation , eft fouvent employé au figuré. Il fignifie
quelquefois un tranfport,un mouvement afteélueiix
de l'ame vers Dieu. Il finit taire fanscelfc; une élé-
vation à Dieu de fon cœur j de fon ame.
^3" Elévation fe dit aulli , au figuré , pour nobleftc
de fentimens. Animi altitudo. Cela vient d'une gran-
de élévation d'ame. Cet homme a de \ élévation dans
fes. fentimens , dans les penfées. Excelsius fentit.
Plus les hommes o'o.x.^éUva.tion de ccEur^ d'efprir,;
qui fert à élever des os j comme ceux des fradures
de la tête , qui ont été enfoncés par quelque coup ,
ou par une chute. EUvatorium. Il y a des élévatoi-
rej- dentelés, des élévatoires à trois pieds j&c. qu'on
api)elle élévatoires triploïdes. L'élévatoire fait en le-
vier eft d'une invention affez nouvelle .• fon nfage
eft pour les dents. Cet inftrument a une extrémité
plate pour appuyer fur les gencives au bas de la
dent , & l'autre eft coudée comme une des branches
d'un pélican pour accrocher la dent.
ELEUCADE. f. m. Nom propre d'homme. Eleucha-
dius. Saint Eléucade , Evêque de Ravenne & Con-
fefieur , étoir le fécond des quatre difciples de S.
Apollinaire. On a un Sermon de Saim Pierre Da-
mien fur Saint Eléucade. Chast. au 14 de Févr.
ÉLÈVE, f. m. Alumnus. C'eft proprement celui qui
prend des leçons de la bouche même des Maîtres.
C'eft mon élcvc. Alumnus difeiplins, me«.. Ce mot eft
particulièrement employé en Peinture, Sculpture,
Architeétare , &c. Ce Peintre tut un élève de Ra-
phaël. On l'a tranfporté aulli hors de-là à ceux qui
ont étudié quelque chofe que ce foit fous de bons
maîtres. On le dit aufti d'un homme qui eft formé
de la main d'un autre , qui s'attache à lui , en pre-
nant fes inftrudions, & en fuivant fes exemples.
BouH. Chaque enfant de Lacédémone étoit propre-
ment un élevé de la vertu. La Goill. Dans l'Acadé-
mie Royaledes Sciences, il y a vingt //tvei , dans
celle des Infcriptions il y a dix élevés. Les élèves
doivent travailler de concert avec les Penhonnaires.
Nous ne craignons point de comparer à un des plus
grands fujets qu'ait eu l'Académie un fimple élève ,
tel qu'étoit M. Amontons ; le nom d'élève n'em-
porte parmi nous aucune diftétencc de mérite : il fi-
gnifie feulement moins d'ancienneté , &^ une efpece
de furvivance. Fonten. Cependant on a fupprimé
le nom d'e/ève , & on lui a fubftitué le nom diad-
joint, parce que tout le monde ne favoi: pas la fi-
gnification que l'Académie des Sciences avoit atta-
chée au nom d'éieve.
Ce mot vient de l'Italien alUevo ^qm fignifie dif-
ciple qu'on a inftruit ou élevé. Foye^ Disciple ,
Ecolier.
Il y a un œillet que les Fleuriftes appellent Elève
des Granges , du nom de celui qui l'a élevé à Pa-
ris. C'eft un rouge brun tirant fur le pourpre , ex-
trêmement enfoncé fur un blanc alfez un. Ses pa-
naches font fort gros , & de pièces emporrées^mais
un peu confus, & accompagnés de mouchetures.
Son montant s'élève fort haut , fes tanes font tore
vertes , & fa fleur hâtive & médiocrement large. Il
eft tout femblable .1 l'œillet qu'on appelle le Sol-
•62,4 E L E
dat.Il ne crève pas en lui laillant quatre à cinq bou-
tons. MoaiN.
ÉLEVEMENT. f. m. Elévation j action par laquelle
■on s'élève , orgueil. Arrogantia j tumor. Dieu ne
jette les regards de miféricorde que fur les âmes
humiliées j & ne fouftie point Xdevement dans la
convetlion des pécheurs. Ab. de la Trap. Cet Au-
teur emploie fouvent ce mot qui n'ell pas François.
ÉLEVER, v. a. Bâtir en hauter. Extrueie , ejftrre.
Nimrod éleva une tour Fort haute pour fe garantir
d'un nouveau déluge, s'il en arrivoit. Cette Eglife
n'étoit f/ei't'e alors qu'à hauteur d'impofte. On dit
aulli qu'un terrein s élève peu-à-peu , quand il n'ell
pas de niveau.
Élever , lîgnihe fimplement , Drefler , ériger. Sia-
tuere j poutre. Le Pape a tait élever un obéhlque à
Rome. Les Anciens élevaient des Itatucs , des tro-
phées, des Autels à leurs Capitaines , à leurs Em-
pereurs.
On dit, figutément , £/ever autel contre autel j
pour dire , Faire un fchifme , ou une divilion dans
J'Eglife , ou dans quelque Communauté. On le
dit auîidans d'autres matières ; pour dire , Op-
pofer une nouvelle puiirance à une puiirance déjà
établie.
Élever , fe dit auffi de ce qui monte en l'air j de ce
qu'on y tire , qu'on y tient fufpendu. E [ferre , Jàlt-
levare. JeSus-Christ seleva fur une nuée à la vue
■de fes Apôtres , lors de fon Afcenfion. Un aigle
s élève en l'air d'un vol rapide & fort haut On elèvc
les pierres avec des grues & des machines. Onélève
des eaux avec des pompes & autres machines hy-
drauliques. Dans la diltillation les vapeurs s'élèvent
parle moyen du feu, de la même manière que le
loleil élève les vapeurs qui forment les nues & les
brouillards. Il faut élever ce chaudron d'un cran.
Élever , fignifie aulîî, HaulTer , &: fe dit de la voix ,
de la vue , des mains qu'on lève en haut. Tollere.
Moyfe éleva fes yeux & fes mains au Ciel , tandis
que fon peuple combattoit. Un Orateur élève la
voix j vocem contendit , quand il veut faire quelque
inveàive, exciter quelque forte paiîion. 1-1 fautdans
les aftliétions élever les yeux au ciel. Vaugelas con-
damne & met au nombre des barbarifmes cette
dernière façon de parler. Il prétend qu'il faut dire
lever les yeux au ciel , tk non pas élever.
13° M. l'Âbbé Girard détermine la valeur du mot
élever, en le comparant avec ceux qui ont quelque
relfemblance avec lui. On lève en drelfant ou en
mettant debout. On élève en plaçant dans un lieu
ou dans un ordre éminent. On Joulève en faifant
perdre terre & portant en l'air. On hau[fe en ajou-
tant un degré fupéricur , foit de fituation , foit de
force, (on à'éienduc. On exhaaffè en augmentant
la dimenfion perpendiculaire j c'eit-à-dire , en
donnant plus de hauteur par une continuation de
la même chofe.
^fT On dit , lever une échelle , élever une ftatue ,
foulever un coffre , haujjer les épaules &c la voix ,
exhauffer un bâtiment.
s'Élever j v- récip. Signifie, Naître, commencer.
Oriri , exurgere. Quand un ouragan s élève , on a de
ia peine à mettre à l'abri les vailfeaux. Le Sauveur
a prédit qu'il s'élèverait de faux Prophètes qui cau-
feroient des troubles, des fcandales dans fon Egli-
fe ; que les Ninivires s'élèveraient au jour du Juge-
ment contre les Juifs j c'elt-à-dire , qu'ils les accu-
feront , qu'Us porteront témoignage contre eux.
Ici il eft pris dans un fens figuré ; que leur péché
s'élèvera contre eux. Si la raifon foufFre que la co-
lère s'élève , elle fe met en danger de recevoir la loi
de cette padinn puilfmte & impérieufe. M. Esp.
Élever , fe dit au Palais pour , Faire naître , fonder,
fournir une preuve, une fin de non-recevoir , ècc.
Suppcditare. Il ne faudroit que la fin de non-rece-
voir que cet aéte élève contre la critique que l'on
fait de cette quittance. Brousse. Tout le temps qui
s'étoit écoulé depuis cette quittance , fans qu'elle
eût été contredite , neformoit-il pas une cfpcce de
ELE
pofTcffion qui élevait une fin de non-recevoir infur-
mon table f 1d.
Elever , fignifie auffi j Nourrir un enfant , jufqu'à ce
qu'il loit en âge de raiion. Alere j colère. Cette fem-
me n.e peut élever d'enfans j ils meurent tous. Cet
enfant elt délicat, il fera mal-aifé à élever.
ifT On le dit auifi des animaux. Elever despaons,
des perdreaux domeltiques. On a de la peine à éle-
ver des élcphans en Europe.
§C?" C'elt auifi un terme de Jardinage , qui figni-
fie, donner une culture convenable pour faire croî-
tre une plante. Cette plante^ cet arbre a été eievéde
femence.
On dit , en termes de Marine , qu'un vaiilèau
s'e/à'e d'un côté , Progredi^ lorfqu'il tire à la mer,
qu'il alargue , qu'il court au large , & qu'il s'éloi-
gne d'une rade , ou d'une côte. On dit encore , e/e-
ver en longitude j quand on a couru vers l'Urient ,
ou vers l'Occident \ &c élever en latitude , quand ou
a couru vers le Septentrion & le Midi.
Elever ,fedit figurément. Les talens demeurent dans
la balle ife des objets communs , oas'elevent au lu-
blime. De Piles. Un bon Chrétien doit fouvent éle-
ver fon ameà Dieu , élever Ion efprit au-delfus des
choies temporelles, des vanités du monde.
Elever , fe prend quelquefois pour, Louer , vanter.
On a toujours fort elevéla. grandeur d'ame des Ro-
mains. On nous élève fi tort le mérite des Anciens ,
que les Modernes ne fauroient fe foutenir auprès
d eux.
Élever, fignifie aulli , Agrandir, mettre dans une
p]:ice élevée ^ accroître la fortune. Dans ce fens on
dit que la fortune élève ceux qu'il lui plaît , qu'elle
les tire , cju elle les élève de la boue.
Quales ex humili magna adfajîigia rerum
Extoliit , quoties volait jartuna jacari. Juv.
On dit aulfi j qu'il eft difficile de s'élever par la
voie du mérite \ qu'on s'eft élevé dans les charges.
Les Princes s'abailfent plus qu'ils ne s'élèvent, en
aftedant une grandeur que perfonne ne fonge à leur
difputer. Le Ch. de M. Le Cardinal de Richelieu
étoit une de ces grandes âmes dont la Providence fe
fert pour abailïer , ou pour élever la tortune des
Rois. Disc. d'El. Il y a des gens qui ne cherchent
à s'élever que pour fe rendre coxifidérables par le
mal qu'ils peuvent faire. S. Real. Cohfidérez les
talens de celui que vous wovXqz élever , avant que
d'en prendre le foin. S. EvR.
La faveur du Roi
Fous élève en un rang qui n'était du qu'à moi.
Corn.
Le P. Bouhours cenfure ce dernier vers , par rap-
port au langage, & dit que le Poète eût parlé plus
correétement j s'il eût écrit , Vous élève à un rang .
&c. Cela elt certain , & Corneille en feroit tombé
d'accord ; mais aufii fon vers n'auroit rien valu , à
cauie de la rencontre des deux voyelles a &c u , n'y
ayant rien de plus choquant que ces fortes d'hiatus
dans la poche. Il y a des gens fi accoutumés aux ex-
cès des Poètes modernes j qu'ils ne penfent pas
qu'un Auteur fe foit élevé , s'ils ne l'ont entièrement
perdu de vue. Boil. Combien d'Auteurs, qui en
voulant s'élever (e guindent & fortent du bon fens?
De peur de ramper par terre , ils fe perdent dans
les nues. Le P. le B. Un efprit bas & médiocre fait
moins de fautes , parce que ne s élevant jamais , il
ne hafarde rien , & demeure toujours en fureté.
Boil. Un Prédicateur ne doit s'élever , & devenir
plus hardi , qu'infenfiblement , & à mefure que
l'aétion l'emporte. Ab. du Jarry.
I s'Elever, fignifie encore j Paroître avec éclat, faire
connoître fa grandeur , &:c. L'Ecriture le dit de
Dieu , & emploie pour cela le mot exurgere. Dieu
s'élèvera enfin , défendra fa caufe , & vengera fa
gloire oiteufée. P. DU Courb.
charmes
'dcva contre lui. liedcmatum efr ejus crationi ab
ÊLE
ÉtEVER, fignifia encore figurément, Cultiver l'efprif, sV/c
inftruire les jeunes gens aux Iciences , aux arts , aux 1 pmnmus.
bonnes mœurs. Doccre , iniluucrc , erudirc. Ce Prin- s'Elever , fignifie encore, S'enor-^ueillir fe faire va
ce a été bien élevé, bien inlhuit. Toutes les villes j loir, ttjarcfc^jachncfe. Vous^vei beau le louer ,
de la Grèce biloient cLever leurs entans a Lacede- j il ne s'en ticvcra point davantas/e
mone,pou^ y prendre les impredions d'une exade ' ^ Elever , ledit auili , au neutre'^ aO. rcciprociue ^
en parlant de la peau fur la4uclle il fe fornie'des
bubes,despuftules. Z;.vir/.'Z.e/uve. Là moindre chofe
, lui hit fici-t;/ la peau , fait que fa peau s"t./tve.
Elevé, ée, part. Il a les iigiuhcarions de fon verbe, ait
propre & .tu Hguié. Tour fort élevée de lituation &
de Itrudure. Vaug. Une fagelle élevée offenfe une
commune raifon. S. EvR. Ainii l'efprit ell eVtne'par
les fcntimens du Héros. De la Motte. Voix élevée^
ton de voix élevé. Avoir le pouls élevé , c'elt aVoir
le battement du pouls plus fort, plus fréquent qu'à
l'ordinaire.
ÉLEUSE. Nom de divers lieux. Eleufa. Dans l'Idu-
mée EUufc étoit autrefois épifcopale , fous la mé-
tropole de Pctra. Elle eft aujourd'hui réduite à un
petit village. Ekuj'e, ville de Ciiicie, félon Pline ,
étoit dans les terres. i;7e«/è étoit encore une Ille de
la mer Méditerranée, vis-à-vis de Chypre. i:/e.'//^,
autre Ifle de la Méditerranée, 'dans la mer de Ly-
ciej entre Rhodes au midi , & les côtes de Lycie
au nord. On l'appeloit atilli Syme. iVcz/yê , locliec
du détroit Saronique , aujourd'hui golfe d'Engia.
Ce rocher étoit autiefois habiré, & faifoit partie
de la Tribu qu'on appela Hadrianidc, l'ime de cel-
les qui compofoient les peuples de l'Attique. On le
nomme aujourd'hui Elilîè, par corruption de fon
ancien nom. L'Archonte Philodcme étoit à'Eletife.
Voy. le voyage de SroN , P. IIL
Il faut prononcer Éleufe en quatre fyllabes , &
non pas i:/t'wyè en trois ; car en Grec c'eft iA£oî™_,
qui figniHe la Miférkordieufe , & non pas tt^wr»,
ELEUSINE. f f. McredeTriptolcme, félon les Ar-
giens.
ÉLEUSINIES. f. f pluriel. Terme de Mythologie.
Myflèresde la Déeilè Cérès. Cérémonies qui fe pra-
tiquoient en fon honneur. Eleujinia. Quelques-uns
àHmi Eleufiniens en notre langue : fion les .ippeloic
en Latin & en Grec Eleujîniana , comment feroient-
ils? On fait ces fortes de noms féminins, parce qu'où
fous-entend fêtes, ou cérémonies. Les Licujuûes
étoientchez les Grecs les cérémonies les plus iacrées,
d'où vient qu'on leur donna par excellence le nom
deMyftères. On prétendoit que Cérès elle- nûme les
avoir inftituées à EUuJîs ,cn mémoire de l'atrec-
tion avec laquelle les Athéniens la reçurent. C'eft
ainfi qu'Ifocrate en parle dans fon Panégyrique ;
mais Diodore de Sicile dit au contraire , L. VI que
ce huent les Athéniens qui inftituèrent les tleuji-
nies , par reconnoillance de ce que Cérès leur avou
appris à mener une vie moins ruiHque & moins bar-
bare. Le même Auteur au F' Livre defr Bibliothè-
que raconte la chofe anrremenr. Il dit qu'une granr
de fécherelfo ayant caufé une d'.fette atfreufe dans
la Grèce, l'Fgypte, qui avoir fait cette année-fi
même une récolte très-abond.nr.re , fit parc de fes
richelfes aux Athéniens ; qu'Ercchthce leur apporta
du blé j qu'en reconnoifancede ce bienfait il fut
créé Roi d'Athènes , & qu'il apprit aux Athéniens
les myrtères & la manière dont l'Egypte les célé-
broit. Cela revient alfeîà ce que difent Hérodote ,
L. I. (?: Paufinù-is , que les Grecs avoient pris leurs
Dieux des E^ypriens. Théodoret , L. I. Cr&canicar.
j^ffeàîon. ccni(\\.is ce fut Orphée, &:nohpas Erech-
thèe, qui fit cet établilfement, & qui inlHtua pour
Cérès ce que les Egyptiens ptatiquoient pour Uh.
LeScholiade d'Euripide fur l'Alcefte faitaulli hon-
neur de cette invention à Orphée. Ces niyftères /e
célébroient à EUufîs , & cette ville étoit (î jalonfe
de cette gloire, que réduire aux dernières extrémi-
tés parles Athéniens, elle fe renditàcuxà cette
feule condition, qu'on ne leur ôteroitpas les Elcu-
fin'ies , qui pafToient mciTie pour n'être point une
feligion parriculière de cetre ville , mais cominune
.1 tous les Grecs. Ces mvftères confiftoient à imiter
Kkk k
vertu. La Guil
Élever, en ternies de Chytriie , fignifie la même
chofe que Exalter ; c'eft-à-dire , atténuer , fubtili-
fer, rendre plus pur, plus fin , plus délié. L'huile
que les grofeilles contiennent , & qui étoit aupara-
vant retenue & fixée par des principes pallifs, fe dé-
veloppe , s'd/ève & s'unit avec les fels par le fecours
de la fermentation. Lèmery. La fermentation con-
tinuant de plus en plus à atténuer & à élever les
principes du raifin. Id. A mefure que les nèfles
meurilfent, leurs fels s'c^/tve/zr , & fe dégagent des
parties terreftresqui les retenoient. In.
En Aftronomie , on dit qu'une Planète s'élève j
ou Qiiélevée fur une autre , quand elle eft plus pro
che de l'apogée de fon déférent que l'autre ne l'eft
du fien.
Élever. Terme d'Arithmétique. C'eft, par la multipli-
cation faire palfer une grandeur quelconque à un
plus haut degré , à une puillance lupérieure ; par
exemple, multiplier 2 par 1 , c'eft élever lau fccond
degré, à la féconde puilfauce: multiplier de re-
chef 4 par 2 , c'eft ï élever i la troifième piiiffance j
ou au cube , &c.
Quand les expofans font des gran^'jurs comple
xes , le calcul fe fait de la même manière , par
exemple, ^oat élever a"' à. la puilHince /7 + ^, il fuit
écrire lî—'"/"^™?. De même pour élever a'»— «àla
puilHince/— ^ , il faut écrire û"'— "X^— V. Scierie, du
Cal. L. /. /2. 1 5 o.
Quand un des expofans eft un nombre , & l'autre
une grandeur littérale , le calcul fe fait de la même
manière : par exemple, pour élever a"' 3. la puiftan-
te 2^,3«, 4^, il faut écrire tz^"", î™, 4'ft,&c, Id.
L'Opération par laquelle on élevé une grandeur
donnée à une puilT-mce , s'appelle formation des
puilIances.Pour e'/everla puilfance d'une grandeur,
dontl'expofanteftun nombre entier, pofitif& néga-
tif, à une puilfance quelconque , dont l'expofant eft
un nombre entier poh[if& négatif , il faut multi-
plier l'expolant de la puilfance à élever ^ par l'ex-
pofant donné ^ & écrire la grandeur, en lui don
nanc pour expol.mt le produit des deux expofans j
aveclefignede la puilfance à élever, quand le fit;ne
de l'expjfint donné eft -*-j avec celui de l'expofant
de la puilfance i élever , quand le figue de l'expo-
fant donné eft—, & ce fera la puiflance que l'on
cherche.
i''. Pour élèvera^ à la puilfance j^, dont l'expo-
fant eft 5 , il faut multiplier 2 par ? _, & écrire
flM3=/t« pour la puilfance qu'on cherche.
2°. Pour élever a—'' à la puilfance 3^, dont l'ex-
pofant donné eft -4- 5 j il faut écrire pour lapuilEin-
ce qu'on cherche li— '45=^— «.
5°. Pour élever a^ à la puilfance dont l'expofant
donné eft— 3 j il faut écrire a-*— î=a— *,
4°. Pour d/evdr ^— -à la puilTance dont l'expofant
donné eft —3 , il faut écrire a— 14—;=^«.
En général , 1°. pour élever a."' 3. la puilfance/', il
faut écrire a'^Pi
2°. Pour élever a"' à la puifîànce —p , il faut écrire
a— '"P.
3". Enfin pour élever a-'^i la puilTance —/>, il
faut écrire a—'^'^—?='a'"p. Id. Science du Cale. L. I.
n. 150, &c. Foye^ cet Auteur.
s'Élever , fignifie aulîi , fe révolter j fe déclarer con-
tre quelqu'un. Infurgere , tumuhuar'i ,fe commovere,
repugnare , ècc. Il ne fiut jaimis s'e/erer contre fon
Prince. C'eft une efpèce de fédition dans une fo-
ciété , que de selcver contre les fentimens qui y
font établis. Nie. Dès que ce Docfteur eut avancé
çettte propofition fcandaleufe , toute l'alfemblée j
Torr.e II l,
élé
E L E
ce que les fables enfeignoient de Cérès , ainfî qu'Ar-
nobe , Ladlance , & les autres qui en parlenc j le
témoignent. Il y avoit de grandes Se de petites h/cu-
Jinles. Celles donc nous venons de rapporter l'éta-
bliirement font les giandes. Les petites turent infti-
tuées en faveur d'Hercule : car, ce Héros ayant lou-
haité d être initié aux premières Eleujhùes j de les
Athéniens ne pouvant lui faire ce plaihr , parceque
la loi défendoitd'y recevoir les Etrangers, & ne vou
Jant pourtant pas lui donner un refus, ils inllitucient
de nouvelles EUuflnics j auxquelles ils lui donnèrent
parc. Et celles ci furent appelées petites hlcujinics.
Les grandes fe célébroient dans le mois Boédron-
chion , qui répondoic à peu-près à notre mois
d'Août , & les petites au mois Anthefterion , qui
îomboic au temps du mois de Janvier.
On ne p.uticipoit à ces myltères que par dégrés.
D'abord on fe puritioit , eniiiite on étoit reçu aux
petites EUufinies y & enfin l'on étoit admis iic ini-
tié aux grandes. Ceux qui n'étoient encore que des
petites s'appeloient Myftcs ^ & ceux qui avoient
part aux grandes j Epopces , ou Ephores , c'eft-à-
dire , Infpcaeurs. Il y avoir ordinairement cinq ans
d'épreuves pourpalfer des petits myftères aux grands
Quelquefois on fe contentoit d'un an , après quoi
on écoit admis à voir ce qu'il y avoir de plus feciet,
& tous les rits , & les cérémonies les plus cachées.
C'éroit le Roi , quand il y en eut à Athènes , qui
avoit foin de faire célébrer les Eleufimes , avec qua-
tre adjoints qu'on lui doiinoit. La fèce duroit plu-
fieurs jours. On y couroit avec des torches ardentes
en main ; on y facrihoïc plufieurs victimes , non-
feulement à Cétès , mais aulli à Jupiter. On tailoit
des libations , &c on répandoit d^ux vafes , l'un
placéà rOrient , Se l'autre du côté de l'Occident:
on alloit en pompe , Se j s'il eft permis de pailei
ainfi , en proceilion à Eleufis , en iaifant de temp^
en temps des paufes , où l'on chantoit des hymnes ,
Se l'on immoloit des viélimes :ce qui fe pratiquoit
tant en allant d'Athènes à Eleufis , qu'en revenant
d'Eleufis à Athènes. Au relie , on étoïc obligé à un
fecret inviolable , & la loi condamnoit à mort qui-
conque auroit ofé publier les myftères. TertuUicu
rapporte , dans fon Livre contre les Val.ntimenijl <
figure que l'on voyoit, & qu'il étoit li exprelléme -t
défendu de diyulguer.Théodoret,Ainabe,SiCléinen[
Alexandrin en parlent aulli. Ceux ci diljnt que c'étoit
une figure des parties d'une femm^ ; & celui-là de
• celles d'un homme. Le lendemain de la fètej, le
Sénat s'airembloit à Eleufis j apparemment pour
examiner fi tout s'étoit palfé dans l'ordre. Meurluis
a fait un Traité fur les Eleufintes , où l'on trouveia
despreuves de tout ceci. Le Scholiafte de Pindare,
Olymp. Od. 9 , die que les Eleufin'/es fe célébroient
à l'honneur de Cétès & de Pro-érpine , & que le prix
. _ étoit de l'orge.
ELEUSIS. Eleufis. Ville maritime de l'ancienne Grè
ce , encre Mégare & le Pyrée , porc d'Athènes ku
le golfe Saronique , qui , du nom de ceue ville j,
s'appeloit aulfi le golfe à'EleuJts : c'ell: aujourd'hui
le golfe d'Egine j ou d'Engia. Eleufis étoïc célèbre
Îar un temple de Cérès , & par les myftères que
on y célébroit tous les ans à l'honneur de cette
Déerte j & qu'on nommoit Ekufinïcs. Eleufis n'eft
plus aujourd'hui qu'un amas de ruines qu'on nomme
Leptine, & qu'on trouve fur la côte de la Livadie,
vis-à-vis de l'IIlede Colouri, qui eft l'ancienne Sa-
i;Vnine. M. Spon , dans fon Voyage , P. II. p. 179
& fuivantes , donne une defcciption exaébe des ref
tes de czvi^ ville & de fon Temple , & P. III il rap-
porte les infcriptions qu'il y a trouvées.
M. Corneille appelle cette ville Elcufine , & non
pas Eleufis. Harpocration dit qu'elle fut ainfi nom-
mée âlEleufmus , fils de Mercure. Paufanias eft du
même fentiment dans fes Attiques. D'autres croient
que le nom ÈAiûe-fr ^ avènement , lui fut donné , par-
ce que Cérès , après avoir bien couru le monde pour
chercher fille, arriva enfin là, & y termina fes cour-
fes. Diodore de Sicile, L. V jidic que ce nom fut
E L E
donné à cette ville pour être un monument à la pof-
térité que le blé, Se l'art de le cultiver , avoient été
apportés d'ailleurs dans l'Attique.
ÉLELFTHÈRE.f.m. Terme de Mythologie ,quifigni-
fie Libérateur :furnom , ou épithète, donné pac
les Grecs à Jupiter , pour leur avoir fait gagner la
viéloirefur Mardonius , Général desPerfes, & tué
300000 hommes de fon armée , & les avoir dé-
livrés par-là du péril où lisétoient de fubir le joug
Aq% ^mii'i.Eleutenus. C'eft aulli un nom d'homme.
S. Eleuthère , Pape , vivoïc dans le deuxième
, fiècle.
Eleuthère. Ancienne ville de l'Ifle de Crète , ficuée
dans les terres , Se voiline ue Gortyne. tleuthera.
ÉleuthcRE. Ville ou Bourg de Béotie. Eleuchera. Ce
lieu étoit proche de Platée. Il y avoit encore une ville
de ce nom dans le Pont; une fur le Danube j une
dans la Lycie, qui avoit pris ce nom de je ne fais
quelle Nymphe qui te portoit ; &'une autre dans
la Mylîe , Appelée E/euthenum.
ÉLUviniRE. Eieutherus. Fleuve de Phénicie en Syrie,
qui fortoit du mont Liban, & fe jetoit dans la Mé-
diterranée. Les Auteurs ne s'accordent point fur la
iource de cette rivière , ni iur les pays qu'elle arro-
foit , ni fur le lieu de fon embouchure. Voye^ le
DiCl.Géograp. de M. de la Martinière au mot Eleu-
THEROS.
Le fleuve qui baigne les murs de Panorme , au
jourd'hui Palerme en Sicile , s'appeloit aulli tleu-
thert. Quelques-uns le prennent aujourd'hui pour
Ammuati j Leander pour Ponte rotto \ &c Cluvier
pour B.ijaria. Il fe jette dans la mer de Tofcane , à
8 milles oudeux lieues & demie de Palerme , vers
l'Orient.
ELEUTHERIDE. Ville de Béotie dans le Géographe
Enenne. Eleutheris.
ËLELTTHERIE. L f. Terme de Mythologie. DéelTe de
la liberté , que les Grecs honoroient lous ce nom.
Quelquefois ils difoient au pluriel, ^esj 'txiv^^ot ^
Dieux libres , ou Dieux de la hberté.
ELEUTHERIES. f. f. pi. Terme de Mythologie. Fê-
te à l'honneur de Jupiter Libérateur \ fêtes de la Li-
berté, tleutheria. Ces fêtes avoient pris leur nom
du lurnom Eleuthercus , c'eft-à-dire , Libérateur^
que portoit Jupiter, & fous lequel il y avoit un tem-
ple proche de Platée , ville de Béotie. Les Eleuthé~
ries ne fe célébroient que cous les cinq ans par des
courfes de chars armés. Quelques-uns difent £7«^-
thériennes en notre langue. Le Scholiafte de Pin-
dare , Olymp. Od. 7, dit que les Eleuthéries fe cé-
lébroient à Platée.
Ce mot vienc d'î-^iia-^tfos- , libre.
ÉLEUTHEROPOLIS. qvioiLY\' Eleuthéropcli s Ço'it une
ville delà Terre Sainte , il n'en eft point parlé dans
l'Ecrituce ; ni en aucune façon ious le premier Sc
le fécond temple, c'eft-à-dire j jufqu'à Tite , Ue
l'an de J. C. 70. Il faut donc qu'elle ne fût point
encore bâtie. Ce nom, qui iignifie ville libre ^ lui
vient , félon S. Jérôme , fur le Ch. I d'Abdias , des
peuples qui habitoient auparavant dans le lieu où
elle hit bâtie J c'eft-à-dire j des Horréens j dont la
nom lignifie libres , francs. Csp^nAunt M. Reland
a de la peine à croire que ce ne foient pas les Ro-
mains qui lui aient donné ce nom, comme c'ell
eux qui onc donné à d'ancres villes ceux de Nico-
polis , de Ncapolis , &c. De plus , il remarque
(^\\Eleuthéropotis n'écoic poinc dans les moncagnes
de Séir, où habitoient les Horréens.Ce qui a trompé
Sainr Jérôme , c'eftque l'Idumée ,dans Jofeph , &
dans quelques autres, fe prend dans un fens fore
étendu, enforte qu'elle comprend une partie de la
Judée , & qn'Eleuthéropolis a pu , en ce fens ,^être
placée dans l'Idumée ; &en effet Tue Se Vefpaiien ,
après la prife de Jérufalem , attribuèrentà l'Idumée
une partie de la Judée , qui en prit même le nom.
Ainfi il croir que les Romains en ayant fait une ville
libre , iU lui donnèrenc ce nom , & que Saint Jérô-
ine a bien pu être trompé par le Juif qui l'inftrui-
foit J parce que ce fentiment eft celui des anciens
ELE E LH
Rai/bins , comme il paroîc par l'Auteuc du Livre
Aruch , au mot D'Slîil Dvhn , où il eue le Berekhit
Rabba, fetl. 41 (^ lappoice la mcme choie que
Saine Jciôme. Quoiqu'il en foi: , ELcuthcropoLis
étoir dans la Juàée , à l'Occidenc de Jérulalein , à
peu-près à moitié chemin entre cette ville ik la mer
Méditerranée. Ce fut le iîcge d'un Evèque , & , cà
ce qu'on dit , la patrie de Saine Epiphane j non pas
qu'il fût né dans xi/darAeVojPo/ii même, mais dans
un bourg qui n^en étoit éloigne que de trois milles.
Cédrénus , Kijl. Co/np. p. 3 3 & le P. Pétau lur
Saint Epiphane , p. 77. ont avancé quE/euchero-
po/is étoit l'ancienne Hébron j mais il parot: par
VOnomajlicon d'Eulcbe que ces deux villes étoient
fort éloignées , ik. il marque mèine les chemins de
l'uneà Tautre. J'^oyci \3.Pait:Jlaic de M. Reland , T.
II. p. 749. & fuiv.
ÉLCUTHO. f. f Terme de Mythologie. Nom de Lu-
cine, DéelTe qui prélidoitaux accouchemens. Eleu-
tho j lliuhyla , Lucina. Ce nom ne fe trouve que
dans Pindare , Olymp. Od. VI. où le Scholialle
de ce Poète lui donne pour fynonyme £iA£(3-u<« , lUi-
thyia\zz qui montre <\\x ELcutho q'\ la même chofe
que la Déelfe lUithyie , qui eft Lucine. Aulli Pin-
dare n'en parle-t-U que pour marquer qu'elle pré-
luloit aux couches. C'eft Apollon, félon lui, qui
l'envoie à celles d'Evane avec les Parques. Le Scho-
lialle remarque que ce ne fut pas feulement pour
procurera la mèïe un heureux enfantement, mais
encore pour donner à l'enfant de nobles inclina-
tions , de belles qualités.
Ce mot vient d'ê|>z'>,«a( , ou d"'^!"9"<i' , verbe inu-
fité , qui (ignihe ve«ir, parce que cette DéelTe étoit
cenlée venir A propos pour fecourir les femmes en
couche. C'eft apparemment lamefure du vers quia
forcé le Poète à forger ce mot, & à l'employer au
\\G\\^îllithya \ car je ne fâche point qu'il fut en ufa-
, ge, ni qu'il fe trouve ailleurs.
ÉLE'VURE. fjf Petite bube ou bouton qui vient fur
la peau. Tubtrculum. Les perfonnes fanguines font
fujettesàavoirdes élevures fur la peau. Cet homme
a le vifagetout couvert d'^'/evi^rej.
E L F.
ELFAGUES. Asfachus , Esfucho ou Eifachus. Ville de
Barbarie , au Royaume de Tunis , fur la côte du
golfe de Capes.
ELFED:, ou ELFELT. Petite ville d'Allemagne. El-
feldia. Elle eft du Cercle Eledoral du Rhin , fituée
fur ce fleuve dans les Etats de Maience, à trois lieues
au-dellous de cette ville.-
ELESBOURG. Petite ville de Suède , dans le W^eftro-
gotland.
E L G.
ÊLGÈMUHA. Petite ville du Royaume de Maroc,
dans l'Afrique , llruée dans la Province d'Efcure ,
fur une montagne du Grand Atlas. Islarmol la dé-
crit, T. II, L. 3 ,C. 73.
ELGIEMAHA. Ville ancienne d'Afrique dans la Pro-
vence de Maroc propre. Marmol en a parlé . T. II ,
L. 5 ,C. i^.Elgiemaha étoit dans la fplendeur fous
le règne des Almohades.
ELGIN. Ville Hpifcopale de l'Ecoffe feptentrionale.
Elgis y Elgia , Elgium. Elle eft capitale du Comté
deMurray , & fituée fur le golfe auquel il donne
fon nom. Elgin avoit féance au Parlement d'Ecof-
fe , &fon Evèque eft fuffragant de S. André. Elle eft
fur le bord du Loflie.
ELGIUMHA. Petite ville d'Afrique , auRoyaume de
Fez , dans la Province d'Afgar.
E L H.
ELHABOR. f. m. Nom d'une étoile fixe. Voy. Cani-
nicule , Chien y Sirius , Aihabor j icc. tous ces mots
fignifient la même étoile.
*E L I 617
ÉLHAMMA. Ville d'Afrique dans la Province de Tii-
polipropre. Long, 28 d. z6' , lat. 34d. '
ELI.
ELI. roye:( ÉLY.
ELIANTHEME. roye^ HÉLIANTHÈME.
ELIAS. 1. m. Nom propre d'homme. Elias. Quoique
nous ayons fait Elle en notre langue , & qnE/ius
foit une forme Grecque & Latine, nous difons ce-
pendant plus fouvenr Elias qu'Elie , en parlant des
Rabbins qui ont porté ce nom. Elias Lcvita dans
fon E/ias Ehesbites , P. Souciet , DiQci:. p. 115.
Elias Levita parle plus formellement dans un Trai-
té qu'il intitule les Chapitres d'Elie lo. p. 507. R.
Elias après avoir expliqué , tkc. Id. Elias Levita a
montré la nouveauté des points des accens Hébreux.
Ce mot eftj Hébreu , in»"?}* , eli/ahou , & (ignifie
Alon Dieu ejl Miovah. Foye\ la Dilfert. du P. Sou
& fuiv
ciet , Jéfuite ,^m le nom de Dieu Jehovah j p. 16 1
ELICIEN , ENNE. f. m. & f. Nom de peuple. Elicus.
Judith i , 6 parle du Roi des Eliciens : le Grec met
Elyméens au lieu d'Elicic/is , d'où le P. Lubin con-
clut que les Eliciens étoient voifins ou habitans
d'Elymaide. Il faudroit qu'il fût sûr qu'il n'y a point
de fautes dans l'un ou dans l'autre texte.
3c? ELICITE.adj.de t. g. Terme de Scholaftique..
Les Philolophes divifent les aétes de la volonté en
ades élicites & en aétes commandés. Aclus eliciti j
aclus imperad. Les actes élicites font ceux qui partent
immédiatement de la volonté. Les aétes commandés
de la volonté font ceux qui font exercés par les autres
facultés fous la diredion delà volonté. La volonté ne
peut pas être forcée par rapport à fes attes élicites. Ce
, terme barbare vient du Latin e/ia>uj , elicere.
ELIDE. Ancienne contrée du Péloponèfe. Elis. M.
Corneille l'appelle Elee ,& ALity EltdeonElée. Eli.
de eft mieux. L'Elide 3.voiz l'Achaie propre au nord,
l'Arcadie au Levant , & la Melî'enie au midi ; la
mer de Grèce la baignoit au couchant. C'eft
aujourd'hui la partie feptentrionale du Belvédère
en Morée.
Elide, étoit auflî la Capitale du pays dont nous ve-
nons de pailer. Elis.On la nomme aujourd'hui Bel-
védère.
ELIDER. v. a. Terme de Grammaire, C'eft faire
une élifion , retrancher une lettre y la fupprimer
dans l'écriture , dans la prononciation j <Scc. Eli-
dere. Nous élidons dans la prononciation \'e muet ,
quand il eft fuivi d'une voyelle ou d'une h muette ;
par exemple , nous prononçons uname , & non
une amc : mais, nous n élidons dans l'écriture j
c'eft-à-dire j nous ne marquons l'apoftrophe qu'an
bout des monolyllabes, je , ne y te y le ^ ce , que y
&c que l'article féminin la. Nous écrivons j'o/e y
je n'ofe , &c non pas je oje , je ne ofe , &c. Le P.
Mourgues ajoute que la même chofe s'obferve pour
l'article féminin elle, & qu'il faut écrire e//'efpère.
Il me permettra de n'être pas , en cela y de fon Çqii-
timent. On nélide point l'o ni Vu. On nélide l'ique
dans la conjontliony/placée devant // & ils ; & on
nélide \a que dans l'article la. Dans la Pocfîe y on
ne compte point les fyllabes dont la voyelle eft
élidée , & on évite , avec foin , le concours des
voyelles qu'on nélide point : c'eft ce qu'on appelle
hiatus.
s'Elider. v. récip. Elidi. Terme de Grammaire y fouf-
frir élilion , être retranché. L'e muet %élide devant
Vh muette , tout comme devant une voyelle. On
difoit auffi , autrefois ,élider , dajis le fens propre,
pour Ecacher , fouftraire, évanouir, faire difpa-
roîrre. On dit y en termes de Palais , Eltder Iss ef-
forts de fa partie. Pomey.
Elidé, ee. part.
ELIE. f. m. Nom d'homme E/ias. L'Hiftoire à'E/ie
eft décrite au 3"= Liv. des Rois , C. XVII. Se fuiv.
Nous difons Elias en quelques rencontres. yoyei_
ce mot , où vous trouverez aulli l'ctymoloijie.
K kkkii
CiS E L î
.ÉLIGIBILITÉ, f. m. Terme de Droit Canoniqiîe.*
Pouvoir d'être élu. Eligibiliias. On appelle uue
bulle d'e//^i/^i/ire, une bulle que le Pape accorde à
quelques perfonnes pour qu'elles pullFent être élues
êc revêtues de quelque dignité , pour laquelle elles
n'ont pas les qualités & capacités réquifes ; par
exemple , l'âge j &cc. Dans plufieurs Eghfes d'Al-
lemagne j fi l'on n'eft pas du corps du Chapitre j de
Greinio, on ne peut être élu Evêque fans une bulle
i}i éligibilité.
.ÉUGIBLE. adj. m. & f. Qui peut être élu , qui a les
qualités réquifes pour être éiévé à quelque dignité.
Les Cardinaux de Maifon Souveraine , oupromusà
la nomination de quelque Couronne , ceux qui font
originaires de France , d'Efpagne , ou de la taétion
de ces Couronnes , ne font point éligibles pour la
Papauté , fuivant la politique de Rome & du
' Collège des Cardinaux. M. Bayle , chapitre 14.
du 2' tome de ks Réponfes aux queftions d'un
Provincial , en parlant de Glrechard Truiches j
Archevêque de Cologne , qui fe maria , 6i fe fit
Proteftant, afin de garder fon Archevêché, dit
qu'il ne pouvoir plus le conferver , parce qu'il
n'auroit pas été éligible , s'il avoir été Proteftant ,
ni s'il a voit été marié. Le Curé de S. Paul de Ve-
nife J élu par quelques - uns Patriarche de Conl-
rantinople j étoit foutenu par Pierre Zani , Duc
de Venife j mais on lui reprochoit qu'il n'étoit que
Soudiacre ; encore s'étoit-il fait ordonner exprès
pour être éligible ] & qu'il demeuioit, non-feule-
ment hors du Patriarchat de Conftantinople j mais
de l'Empire. Fleury. Hijh Ecd. C'eft un terme
dont on peut fe fervir fans fcrupule j & nos Lexi-
'cographes ne four pas excufables de l'avoir omis.
Il eft dans le nouveau Diélionnaire de l'Académie.
•ëLIM. C'eft le nom de la fixieme dation , ou du
fixième camp des Ifraclites dans le défert , entre
Mara & Sin. Ils trouvèrent à Elim douze fontaines
& foixante palmes. Exoi. XF.2^. Nomb. XXXI IL
ç. Poftel croyoit que c'eft le lieu que l'on appelle à
préfent Belba , ou Balbes. Ifaie XV. 8. fait men-
tion d'un puits, ou d'une fontaine à' Elim ; il ne
.paroîc pas que ce foit un autre lieu que celui-ci.
P. LUBIN.
ÉLIMER. V. a. Terme de Fauconnerie, qui fignifie ,
Purger , & mettre un oifeau en état de voler au
fortir de la mue.
s'Élimer. V. récip. S'ufer à force d'être porté. Cette
étoffe s'eft élimée. Mes chemifes font toutes éli-
mées.
Élimé , ÉE. part. & adj. Le peuple dit linge élimé\
pour dire j linge ufé à demi , qui n'eft plus guère
de fervice.
#3=- ELIMINER. _v. a. ChafTer, éloigner. Du Latin
eliminare , qui fignifie la même choie , quand les
lettres reprirent faveur , le goût Gothique fu:
éliminé. Mém. de TrÉv. 1716. p. 534. Pourquoi
forger des mots , quand nous en avons de tous
faits J qui rendent la même idée.
ÉLINGUE. f. m. Terme de Marine. C'eft une corde
avec un nœud coulant à chaque bouc , qui fert à
entourer les fardeaux pour les mettre dedans , &
dehors le y:i\i[Qs.n.Elingue à patte , eft une élingue ,
qui , au lieu d'avoir deux nœuds coulans , a deux
pattes de fer pour enlever du fond de cale les fu-
tailles pleines.
IJCT ELINGUER. Terme de Marine. Mettre un gros
cordage ^ que l'on nomme élingue , autour d'un
farde.Tu , pour l'embarquer ou le débarquer. Man.
Élingue. f. f. Fronde fans bourfe. MÉn.
ÉLINGUET. f. m. Terme de Marine. C'eft un bois
de moyenne grofTeur, & long d'environ deux pieds,
qui tourne horifoncalement fur lepont du vailfeauj
dont l'ufage eft d'arrêter le cabeftan , ou l'empê-i
cher de virer. Elingiut fe dit , encore , d'une pièce
de bois droite , qui fert aux virevaux , ce que les
premiers élinguets fervent aux cabeftans. On l'ap-
pelle , auffi , languette. \
£LiR£. V. a. J'tUs, j'élus j j'ai élu y j'élirai ^ que^-
E L î
j'élife, Piéférer, cholfir quelqu'un pour lui donner
quelque honneur , quelque chofe , quelque emploi.
Èligerc. La Noblelfe de France élut pour Roi , du
confentement du Pape Zacharie , en la place de
Childeric III. Pépin , qui écoit Maire du Palais.
Mïz.
§C? Nous avons déjà fait remarquer, au mot
Elcélion , la différence quife ttouve entre choijir&c
élue. Ajoutons ici les remarques de M. l'Abbé Gi-
rard. Je ne mets , dit-il , ces deux mots au rang des
fynonymes , que parce que notre Diâionnaire les
a définis l'un par l'autre. Choifir , c'eft fe détermi-
ner par la comparaifon qu'on fait des chofes en fa-
veur de ce qu'on juge êtte le mieux. Elire , c'eft
nommer à une dignité , à un emploi j à un béné-
fice , ou à quelque chofe de femblable. Ainfi , le
choix eft un ad1:e de difrernement, qui fixe la vo-
lonté à ce qu'il y a de meilleur: & Véleclion, eft
un concours de fuffrages j qui donne à un Sujet une
place dans l'Etat on dans l'Eglife. Il peut irès-aifé-
menr arriver que le choix n'ait nulle patt à l'élec-
tion, /^oyeç encore Choisir & Préférer.
On dit 3 Elire fa fépulture \ pour dire , Marquée
le heu où l'on veut être entetré après fa mort.
Élire, fe dit, en termes d'Ecriture-Sainte & de
Théologie, dans le même fens qu'e/effio/z & élu, à
l'égard de Diea qui choifit des perfonnes pour la
grâce &c pour la gloire. Dieu a élu de toute éternité
ceux qu'il a prédeftinés.
En termes de Pratique , on dit Elire domi-
cile ; pour dire , Marquer ou alligner un lieu connu
tk certain , où l'on puilfe donner les affîgnations
néceftaires en exécution d un contrat qu'on paffe.
On dit J aulli , qu'une Adjudication a été faite
à un tel Procureur , ou pour fon ami élu , ou à
élire.
Élire , fe dit, en particulier , des ofiers, Icrfqu'on fait
choix de ceux qui peuvent fervir chacun félon leur
ulage. i^/^re des ofiers. Liger.
Elu , UE. part.
ELISABETH, f. Ï.Elifabeth , Elifabetha, Sainte £"//-
fdbeth étoit coufine de la Sainte Vierge. EUfabeth ,
Reine d'Angleterre , a perfécuté les Catholiques de
ce Royaume.
Ce nom a fouffert diverfes altérations en Fran-
çois. On dit , non-feulement Ifabeau , mais Ifa-
belle\ Babet, Babeau ^ Babon, Elijjc , Belon, Sc
peut-être d'autres que j'ignore Glojfaiie Bour-
guignon J au mot 1-^aibea.
Ce mot eft formé de deux mots Hébreux j qui
veulent dire , Dieu du ferment. Nous en avons
formé Ifabelle, Ifabeau, &c Babet diminutif. On
ne dit pas, néanmoins, ces noms indiftétemment.
Babet ne fe donne qu'à un Enfant. On ne dita
point Ifabelle , ou Ifabeau, Reine d'Angleterre,
mais EUfabeth ; Sainte Ifabelle , ou Sainte Ifabeau^
Reine de Portugal , mais fainte EUfabeth , &c. Au
contraire , il y a des Princeffes qu'il faut appeler
Ifabelle ; & d'autres Ifabeau , & non point EUfa-
beth.Cq^ l'ufage. I^oye-^ ces noms. On écrit , aulÏÏ,
EUfabeth en François , parce qu'on prononce ainfi.
Le Cap à' EUfabeth , Elfabethéi Promuntorium. C'eft
un cap ou promontoire dans les terres Arftiques ,
à l'encrée du détroit de Hudfon , du côté du nord ,
vis-à-vis de l'Eftorilande. C'eft les Anglois qui lut
ont donné ce nom j à l'honneur de la Reine EUfa-
beth. Maty.
Religieufes de Sainte ELISABETH. Quelques
Religieufes du Tiers-Ordre de S. François , pren-
nent ce nom , parce que Sainte EUfabeth de Hon-
grie , veuve du Landgrave de Thuringe , a été la
•première Tierciaire de cet Ordre , qui ait fait des
vœux folennels. C'eft un efpèce de quatrième Ordre
de S- François, f^oye^ François.
• L'Ifle à'Élifabeth , que les Anglois .appellent Eli-
fabeths Eyland , Elifabetha. infula , eft une Iffe dii
détroit de Magellan, dans l'Amétique méridionale.
On la trouve dans la baie de S- Nicolas, entre l'iH*
E L î
<5e S. Barthélémy j & la ville de S. Flillippe. Elle eft
351 deg.de latuude. Sud.
ÉLISANT./, m. Qui élu, qui a pouvoir d'élire. Lors-
que le Conclave ne peur réullir par le fcrucin , à
l'éleftion d'un Pape , op. fe ferc de la voix du Com-
promis , & louc le Collège donne pouvoir à crois
Cardinaux d'en choidr un ; & ces trois Cardinaux
s'appellenr Elifans. Sous la première Race de nos
Rois, les Evcques fe faifoient par élection du Cler-
gé , en préfence des Laïcs. Les Rois , dans la fuue ,
fe font peu-à-peu atrribué le pouvoir de nommer
les Évêques. Les élcdions fubiiftoient pourtant en-
core au commencement de la troiiième Race ,
pourvu que l'Elu agréât au Roi \ mais , il arrivoit
fouvent des conteftations entre les brigues des Eli-
fdns, dir M."zeray , en la vie de Philippe Augufte.
Ameloc de la Houlîaye dit , dans fa Traduction du
Traité des Bénéfices , que les Elifuns manquoient
fouvent à leur devoir,
ÉLISANTE, f. f. Terme en ufage dans l'Ordre des
Calvairiennes. Ellgcns , Elcclrix, Quand on tient
un Chapitre général dans cette Congrégation ,
chaque Couvent fournit deux fufïiages, l'un donné
par la Prieure j & l'autre par une Religieufe , choi-
fie pour cela par la Communauté, &i qu'on nomme
Elijlinte.
ÉLISION. f f. Terme de Grammaire , qui fe dit du
retranchement d une lettre de quelque mot. Elifio.
En François , il ie fait des étifions de Vc féminin ,
quand il ell fuivi d'un mot qui commence par une
voyelle, ou une h non afpirée , comme U homme j
cette t-fpérance , on prononce l'homme , cett'efpé-
rance. Va ne fe retranche que dans l'article & dans
le pronom la, comme l'ame , je /'aime. L'i ne fe
perd , ou ne fouftre élifion que dans la particule^?,
devant i/& ils , j'i/ vient. XJéitJlon fe marque par
une apoftrophe. Foye:^ ci-delfus ce que nous avons
marqué dans l'article Elider. Les Pocres Latins fai-
foient élijîon de toutes les voyelles , «Se de 1'/« tî-
nale, fouvent même del'j, qui précédoit une con
fonne , parce que ces lettres leur paroilfoienr dures
dans la prononciation. Les Italiens font aulli de fré-
quentes élifions.
On fait , aulîi , élifion de 1'^' dans la conjonétion
7?, lotfqu'elle eft fuivie d'un autre i , comme du
pronom il ou ils. On dit s'il , s'ils, & non pasT? // ,
Ji ils j mais on ne tait point élijîon de_/î"avant les au-
tre voyelles. Cette élijion fe faifoic autrefois. On
difoit, s'elle , pour//e//e, &is'on, pour 7? 0/7, fur
tout en vers.
Dejfus un mot un heure je m'arrête ,
S'onparle à moi j je réponds de la tête.
ÉLISSE. f f. Nom de femme & de DéelTe. Eliffa.
C'écoit une Tyrienne , que quelques-uns croient
être la même que Didon , dit Velleius Paterculus
dans fon I. Livre. Les Phéniciens difoient que cette
E/iJJè avoir bâti Carthage , & elle y fut honorée
comme une Déelfe.
Ce nom , félon Voflîus . De Idol. L. I. C. 31.
p. 224. eft Phénicien , ^■J''7^< , & lignifie Vigneau
de monD/eu-^oueA le même que celui du Prophète
Elifée , yTvha , qui veut dire , Salut de Dieu , ou
Dieu Sauvant-
ELISSO. Petite Ifle du détroit d'Egine. Eleufa. Vûye\
Eléuse.
^fT ELITE, f f. Ce qu'il y a de meilleur en chaque
efpèce de chofe , de marchandife : ce qui mérite
le plus d'être choifi. Delcclusflos. Je ne veux point
de fa marchandife , après qu'un autre en a eu {'élite.
Soies , draps à'élite. Ce terme a palfé de la bouti-
que des Marchands à d'autres ufages , & l'on dit
très-bien , troupe à'elite, V élite à^ la NoblelTe, Sec.
Il le vint trouver avec Vélite des troupes. Ablakc.
Il fit une fortie avec \'clite des Soldats. Du Rier.
Il n'y avoir que des gens à' élite en cette Aifemblée.
On dit , Faire Vélite i pour dire, Choifir ce qu'il
y a de meilleur.
E L î êï.9
ÉLITER. V. a. Prendre le meilleur d'une chofe. Il ne
fe du guère que par les pentes Marchandes Ati
, Halles de Pans. Vous cUtc-:^ ma Marchandile.
ELITROIDE. f m. Terme d'Anatomie , qui fe dit de
l'une des trois tuniques propres des tefticules. Eli-
troides. La féconde des tuniques propres des tefti-
cules eft ï'élitroide : elle relfemble à une gaine , ce
qui la fair nommer vaginale: elle eft formée pat
la dilatation de la production du péritoine : elle a
la fuperficie interne égale & polie , & l'externe
rude & inégale j ce qui la rend lort adhérente à la
première des propres qui eft l'éritroide. Dionis.
Ce mot vient de tVjrpov , Fagina j une gaine; &:
de ùi'oi, fpecies j Jorma ; Elitroide , qui a la forme
d'une gaine. Il faudroit écrire élytrolde ^xn^iisnom
, imitons les Anatomiftes.
ÉLIUS , ou plutôt yELIUS, ^LIA. Nom propre d'une
famille Romaine. JElius , ^ha gens. La famille
^lia éroit grande & partagée en fept ou huit bran-
ch.es. Elle étoit plébéiene , mais toit ancienne , &
illuftrée par les plus grandes charges. Les Antonins
étoient de la famille -.^/i^j d'où vient qu'ils por-
tent le nom d'/Eiius fur leur médailles. T. AiaioG
KAlCAPANTiiNElNOC.EtT.^LIUSCvESAR ANTONINUS.
Et IMP. T. AL. C^S. HADRIANI AUG. F. HADR. AnTO-
NiNus PONT. TR. P. COS. &c. V@ye-[ Mezzabarba ,
p. 191. Ceux qui difent E liens , Se les Eliens con-
tondcnt j¥.Hus ik .Ailianus , & appellent l'Hifto-
rien Elien , les deux Tyrans Elien & Elianus Pom-
ponius, & ceux de la famille u¥,lia j du même
nom. Les noms font néanmoins fort diftérens. Il
faut dire , Un jî.lius j Les ^lius j & non pas les
Eliens. C'eft ainli que nos Antiquaires & nos Mé-
dailliftes en ufent. Un L. u^lius eft rare en or.
ELIXATION. Terme de Pharmacie. Co<il:ion des mé-
dicamens faite dans quelque liqueur. Opération par
laquelle on fait bouillir un remède dans une liqueur
convenable, &à petit feu. C'eft à -peu-près ce qu'on
appelle étuvée dans lescuifines.£//.vi7r/ti.0n emploie
ordirairement l'eau de fontaine ou de rivière aux
élixations j mais on y emploie aulli quelquefois le
lait , le petit lait, le vin , la bière , ou quelque au-
tre forte de liqueur : la décoction eft une éli.xation.
L'élixation la plus ordinaire fe fait pour communi-
quer à ces liqueurs la qualité des médicamens. On
la fait aulli pour ôter la crudité des parties des ani-
maux, ou des plantes , & pour les attendrir, ou
pour ôter aux médicamens & aux alimens quelque
mauvais goût , ou quelque mauvaife qualité , ou,
pour en féparer les terreftréités , & les parties grof-
iières j ou pour quelque autre invention.
Ce mot vient du Latin , lixare , cuire , ou faire
bouillir dans l'eau.
ÉLIXIR. f. m. Terme de Médecine. C'eft une liqueur
fpiritueufe deftinée à des ufages internes , conte-
nant la plus pure fubftance ; c'eft-.\-dire , la partie
médicamenteufe des mixtes choifis , qu'on lui a
communiquée par infulion & macération. Er.chy-
loma. Les efprits tirés des végétaux, ou leurs eaux
fpiritueufes , font d'ordinaire la bafe des elixirs j
ik les menftrues dont on fe fert pour dilfoudre ^
retenir la vraie elfence des médicamens qui entrent
dans leur compofition. Lefprit de vin eft i'clixir , le
menftrue le plus commode de tous. L'elixir appro-
che beaucoup de la nature des teintures. J'oye^
Teinture. Les Charlatans abufent beaucoup de ce
nom, & le donnent à pluheurs fimples extraits ,
pour vendre plus cher leurs drogues. On l'appelle
autremenr quinte- ejjence. Foyei^ ce mot.
Ménage tient que ce mot vient de l'Arabe elexir,
quifignifie proprement /rjtî^/z, à caufe que Xclixif
a la force de rompre les maladies , & les impuretés
des métaux , qui en font comme les maladies-
D'autres le dérivent avec plus d'apparence de 1 Ara-
be alecfiro , qui lignifie une extraclion artihcielle de
quelque elfence. D'autres veulent qu'il vienne du
Grec (>«/.», huile , & cl^fo , tirer , comme une ex-
tradion d'huile , qui eft la partie elTentielle des
mixtes. D'autres du verbe Grec «^'S^.'* , fecourir.
6^0 ELI EL L
à caufc da grand fecours qu'on reçoi: des elixlrs.
D'aiiacs enfin de îA;^'»' j drtr. Il y en a qui appellent
élixir , une prétendue poudre qui convertit les
métaux en or j qu'on appelle poudre de projeclion.
Elixir de Propriété. C'elt un remède inventé par
Paracelie, compoléd'aloc's , de myrrhe & de fafran,
dont on tue la teinture par le moyen de l'elprit de
foutre. Quelques-uns y ajoutent l'efprit de vin.
Crollius veut que cet élixir loit le baume des An-
ciens , &c qu'il contienne toutes les qualités du bau-
me naturel. Il fortifie le cœur & l'eltomac j il aide
à la digellion, il punhe lefuig, & il provoque les
fueurs. Ou prépare plufieurs autres fortes à'elixlrs.
IV'L Harris , de la fociété des Médecins de Londres ,
dans fou Traité des maladies algues des entans ,
dit que Vclixir doux fe tait mieux par une inhilion
froide , qu'au fourneau.
Élixir, en termes de Philofophie hermétique, c'eft
la pierre philofophale. Quelques Sages l'appelleni
la force forte de toute torce , &C d'autres , elixu
parfiit au rouge , quand l'ouvrage eft parfait : ces
noms lui ont été donnés à caufe de la force furpre
liante que lui attribuent les Sages. Elixir parfait au
blanc, c'eft l'ouvrage de la pierre projeté fur un
métal imparfait fondu , qu'il convertit en argent ,
lui donnant le poids de l'or.
Élixir, fe dit, figurément, de ce qu'il y a de plus fub
tiljou de plus ingénieux , de meilleur dans les
Arts, ou dans les ouvrages d'efprit. Pars pritfidntijjl
ma , fuhciUJfuna ,flos , lumen , lux. Cet homme a
beaucoup de coUeébions, qui font Velixir àt lowi
les bons Auteurs , qu'il a lus tort exaârement. L'ex
périence a fait voir que les Auteurs, dont on a pré-
tendu tirer le pur efprit, comme un élixir , ne plai-
fent point au goût. De Vign. Marv.
ÉLIXIVIATION. f f. Élixiviacio. Opération par la-
quelle on fait une leilive de la cendre ou de la chaux
des mixtes , en les taifant bouillir dans de l'eau , ou
verfintde l'eau bouillante par-delfus , pour dilïbu-
dre & tirer le fel fixe qu'elle contient. Après que l'e-
lixiviaùon eft faite j on filtre la dilfoiution , & on
l'évaporé jufqu'à ficcité. Ce .mot vient du Latin
lixivium , lelîive. Col. de Villars.
ÉLIZER une pièce de drap. C'eft la tirer par fes lizlè-
res ou par fa largeur , pour la mieux étendre. On
dit plus ordinairement Lii^cr.
E L L.
ELL i ou ELLE. Ancien Bourg de la BaflTe Alface.
Hélium j Helellus _, Eiechus. Il eft fur la rivière d lUe
qui lui a donné fon notn j environ à un mille de
Benefeld. Voy. Cluvier, &Hadr.Valois , Not.
G ail. p. 24 J.
ELLE. Rivière de France qui arrofe Quimperlay, ville
de la Balfe Bretagne en France.
ELLE. Pronom relatif de la troifièuîe perfonne au
féminin , donc le mafculin eft lui.C'eii un différend
à juger entre lui & elle. Elle eft belle , elle a raifon.
Qui e^-elle ? Je ne veux point avoir à faire à
elle. Puifque ces feules adions font connoître ce
que nous fommes , attendez donc au moins à ju-
ger de mon cœur par elles. Il y a de bons Auteurs
qui écrivent toujours e//'a , ell'eù. , Sec. avec une
apoftrophe. Ce n'eft pas l'ufage de Paris. On écrit
elle a , elle eft , &c.
IJCJ" Ce pronom fe met pour l'ordinaire immé-
diatement devant le verbe , fans qu'il y ait rien
entre deux, fi ce n'eft des particules & des pro-
noms pjrfonnels. Elle nous a dit. Elle y va. Il faut
encore excepter les interrogations , où elle fe met
après le verbe. Que fait-e//e ? Viendra-t-e//e?
Cependant on interpofe quelquefois élégamment
quelques mots entre ce pronom & le verbe. Elle ,
fans s'embarralTer des fuites , prend le parti de. . .
Ac. Fr.
ELLEROGEN. Elhoga, Le^a, ville de Bohême , ca-
pitale d'un cercle qui porte fon nom , & fituée fur
la rivière d'Egra , cinq lieues au-deftbus de b ville
ELL
de ce nom. Cette ville eft fortifiée & défendue
d'une bonne citadelle. Maty. On dit aulîi Elubo-
acn , & Loket , mot corrompu du Latin Lecia. Lon».
30. d. 26'. lat. 42.d. 30'.
ELLÉBORE, f. m. Plante médicinale. Ellébore noir y
tlkbore blanc; diftérence qui a d'abord été tirée
de la couleur des racines \ mais à prélent ce qui a
paru être efpèce, lorme un genre , & l'on n'a point
égard aux racines pour le caraétérifer. L'un &
l'autre de ces genres porte en Latin aujourd'hui
deux noms différens , qui fervent à les mieux dif-
tinguer.
\J Ellébore noir , Hellchorus j Elleborus y Helle-
borum , ou Mel&mpodium , a fes racines compofées
de plulieurs filamens droits , garnis à leurs extré-
mités de quelques fibres. Elles font brunes d'abord,
& noires , lorfqu'elles fe deftéchent. De ces raci-
nes naillènt des feuilles découpées en main ouver-
te , alfez amples, teintes d'un verd foncé en deflus,
plus pâles en delfous , un peu épailfes & charnues,
dentelées lur leurs bords, & portées par des queues
verdâtres , charnues, & hautes de quatre à cinq
pouces au plus. Ces racines pouifent auffi de petites
tiges fimples & balfes , de même que les queues
des teuilles ; elles pottent à leur extrémité une ou
deux fleurs J qui paroilfent au premier printemps:
ces fleurs font compofées de quelques cornets ver-
dâcres rangés autour d'un piftil , qui eft environné
d'u;i corps coniidérable d'étamines courtes , blan-
châtres , à fommets jaunâtres. Le calice , qu'on a
pris pour la fleur, eft à cinq feuilles aflez grandes,
de couleur de rofe , ou blanchâtre. Le piftil devient
un truit compofé de quelques gaines verdâtres^ ter-'
minées par une corne ^ & qui renferment plufieurs
femences arrondies & noires. Cet Ellébore q^ nom-
mé Helleborus niger flore rofeo , G. B. Et on le dif-
tingue fort aifément d'une autre efpèce qui fe trou-
ve dans les montagnes , & qu'on cultive dans les
jardins : elle a le calice de fes fleurs verdâtre : d'ail-
leurs les tiges qui portent les fleurs font branchues,
& chargées de feuilles beaucoup plus petites , plus
minces j d'un verd plus gai que dans la précédente^
Celle ci eft connue fous le nom à' Helleborus niger ,
hortcnfis y fl.ore viridi ^ C. B. M. Tournefort a trou-
véau pied du Mont Olympe une troifième efpèce
A' Ellébore , qui approche de cette dernière ;"mais
les tiges en font beaucoup plus hautesj & les feuilles
bien plus grandes. Pierre Belon l'y avoir aufli ob-
fervée. Ce dernier Ellébore a paru à M. Tournefort
plus violent que celui que nous employons en
France; il a jeté dans le délire ceux à qui il en a
fait prendre. Cet efiet lui fit croire d'abord que ce
pourroit être VEllebore de Diofcoride, Helleborus
niger y Orientalis , amplijfimo folio j caule praalto _,
flore purpurafcente Cor. Irifl. R. Heri. \J Ellébore noiï
purge fortement ; il eft fébrifuge. On ne le fait
prefque jamais prendre feul ; on le joint ordinaire-
ment à d'autres purgatifs , & même à quelques re-
mèdes altérans, qu'on lui donne comme des cor-
reéfifs. On recommande fon ufage dans la folie,
dans la manie , dans les vertiges, & contre les ma-
ladies de la peau.
Le pied de grifon , Helleborus niger ^foeûdus , C.
B. eft encore une autre efpèce ^Ellébore noir. Cette
plante eft très- commune à la campagne dans plu-
fieurs endroits du Royaume. On la reconnoîc aifé-
ment , parce que fa tige s'élève à la hauteur d'un
pied & demi , qu'elle eft garnie jufque vers fon
milieu de beaucoup de feuilles épaifles , fermes ,
découpées en main ouverte, à lobes étroits j teints
d'un verd foncé j & Idvés quelquefois d'un peu de
pourpre. Ses queues font longues de demi-pied,
& partent de la tige qui fe divife enfuite en une
infinité de branches d'un verd blanchâtre , & ter-
minées ordinairement par une fleur compofée de
quatre à cinq petits cornets verdâtres. Son calice
eft à cinq feuilles verdâtres j teintes de pourpre fut
fon bord , & fermées en partie tant que les cornets
& les écamines fubfiftent, étendues lorfquele piftil
ELL
groflît \ 5c il devient un fraie à trois gaines qui
contiennent plulieurs iemences. Les racines de cet
jEV/e'/J-ure font employées à k campagne pour iaue
des fêtons aux animaux domeltiLjues j les teuiiles
fervent auHi à rélouJie les tumeuis dures qui arri-
vent à ces animaux, loilqu'ils ont eu une mauvaile
nourriture.
LEllébore blanc , autrefois appelée Hellcborus al-
bus , Helleboruni album j ell maintenant nommé
VeiiXtrum j pour le dilUnguer de X'EUcborc noir ,
plante avec laquelle il n'a pas un rapport ellentiel ,
à moins qu'on n'ait égard à la convenance de vertu.
Ses racines font longues, tilamenteufes, blanchâ-
tres , & fortent d'un tubercule ciaarnu. Ses tcuilles
font grandes , entières , de la hgure de celles du
plantin , ou plutôt de la grande Gentiane j mais
plus minces ^ plus pliilees j &c d'un verd plus gai.
Ses tiges font hautes de deux à trois pieds , arron-
dies , enveloppées par la bafe des leuilles j & bran-
chues dès leur milieu : chaque branche elt accom-
pagnée d'une petite feuiUe tort étroite , & ell: ! ELLENBOGEN.
chargée , aulli-bien que la tige , d'un nombre con- i ELLEND.
fidérable de lleurs, qui font difpofées en épi, & jELLLENÏSME-
ELL 631
ladfolhi monuna. Il y a d'autres efpèces à'Ellé-
botinc.
On dillingue cette plante de ^QphiS:, par la lieui-j
quin'a point d'épeiuns , ce par fa racine hbrée :
amli c'elt la conformation de la Heur qui fait dif-
tinguer cette plante de VOphis : plufieurs efpèces
d'/://ci;c)/î/if ont leurs feuilles femblables en ciuel-
que manière à celles de {'Ellébore blanc j d'où vicnc
le nom générique à'Eiléborine,
ELLEBORINE , eh. adj. Terme de Médecine. Mêlé
d'ellébore , préparé avec àc l'ellébore. ElUboro in-
'Jecius j, mixcus. Une teinture d'Hiéra eUéborinée,
Ac. DEsSciENc. i-joj,.pag.xz. Le meilleur purga-
tif pour les femmes &c les tilles qui ne font pas ré-
glées , efl; l'Hiéra eUcborzné::^ ou feule, ou mêlée ,
ou en teinture , Ib./?. 23.
ELLEHOLM ^ ou ELCHOLM. Petite ville de Suéde ,
dans la Province de Bleking , en Sudgothie , près
de la cote , à neut lieues de Chriftianftad vers le
levant. Elcholmia. Mat y.
compofées chacune de iix petites pétales arrondies,
du milieu defquelles s'élève un pilHl compofé de
trois gaines qui lenterment ordinairement quelques
iemences de la grolleur à-peu-près t<. de la hgure
Xvoyci^
MALMUYEN.
ELAN.
HELLENISME.
ELLERENA. Bourg de l'tillramadoure d'Efpagne ,
vers les confins de l'Andaloulie , à treize lieues de
Mérida , tirant vers Cordoue. Maty. Elkrena y
Hellercna , anciennement Cajlravetera.
'ungrain de froment, mais bordées d'un petit ELLIPSE, f. f. Ellivfis. Terme de Géométrie. C'eft
une ligne courbe j continuée: régulière j qui ren-
ferme un efpace plus long que large, fur la longueur
duquel il y a deux points également éloignés des
deux extrémités de la longueur, defquels tirant, à
un point pris à la volonté fut Xclt/yfc, deux lignes
droites j la fomme de ces deux lignes droites ell
///(1
feuillet membraneux : la couleur de ces fleurs ell
verte dans l'efpèce qu'on nomme Veratrum fiorc
fubvlrlii. In fi. R. hcrb. ou ELlcborus al bus flore
fub/iriii , C. B. Pin. Elle eft d'un rouge très brun
dans celte qu'on appelle Vcratrum fiorc atro ru-
bcncs. Inji. Li. Hcrb.oa Helleborus alb us ^ flore atro
rubentc. C. B. Pin. Cette efpcce elt la plus rare : la
première ell; commune dans les montagnes &; dans
les Alpes. Ses racines purgent très-violemment;
elles font aulîi beaucoup éternuer. On le fert de les
hlamens pour des fêtons que l'on veut entretenir
long-temps; &c c'ell aux animaux qui ont le cuir
dur auxquels il convient de les employer. U Ellébore
fe tiroit autrefois de l'Ille d'Anticyre : un s'en fervoit
dans la folie , dans la rage , &c dans d'autres mala-
dies femblables 5 d'où ell venu le proverbe des An-
ciens , naviget Anùcyras , contre ceux qui font ac-
cufés de folie. On ne le donne plus à préfent par la
bouche , parce qu'il purge trop violemment par
haut & par bas , qu'il trouble toutes les parties in-
térieures J &: qu'il caufe desconvullions , &z fouvent
la mort. Voyez les Elénuns de Botanique.
Ce mot vient des mots Grecs êv"» , tuer , & /î«f " ,
mangeaille , parce qu'on a autrefois prérendu que
cette plante étoit un poifon , Se qu'elle tuoit tous
ceux qui en mangeoient. L'£'//eZiûre noira.ét6 aulli
appelé Melarnpodium, à caufe d'un pafteur nommé
Mdampus , qui le premier s'en fervit pour purger
&c guérir les hlies de Prœtis qui couroient iur lui
étant enragées. 'Voffius, De Idol. L. V. C. zi. & .?./.
parle de VEllébore & de fes propriétés , félon les
Anciens.
On dit, proverbialement , qu'un liomme a be-
foin de deux grains A'Ellébore , pour dire , qu'il eft
fou ; parce qu'on fe fervoit autrefois dEllebore çouï
guérir de la folie.
ELLÈBORîNE. f. f. Hei/eborine. Geme de plante dont
la fleur eft compofée de lix pétales inégaux , cinq
defquels font difpofés en rond, &c le fixième , qui
eft plié en gouttière, occupe à-peu-pcès le milieu.
La partie poftérieure de cette fleur devient un fruit
à trois faces qui font en dedans, & qui ne repré-
fentent pas mal une lanterne à trois côcés , dans les
rainures defquelles font enciiaflés des panneaux :
cliaque panneau eft revêtu en dedans d'une bande
veloutée , formée par l'amas de plufieurs femences
femblables à de la fciure de bois. Voyez Eltm. de
Botan. 344. Elles font quelquefois de couleur d'iier
be , Se quelquefois d'un pourpre foncé. Sa femence
eft fort petite , & iemuLible .1 de la fciure de bois ,
conime on visnt de le dire. En Latin , Hclleborinc
égale à la même longueur. En prenant ïcHipfe y
comme les Géomètres le font fouvent , pour l'el-
pace même contenu &. renfermé par cette ligne
courbe j Xdlipfc eft une figure contenue fous une
feule ligne , qui eft oblongue j & qui a deux dia-
mètres inégaux. Le grand axe de Xellipjé eft la ligne
droite qui repréfente la longueur de l'efpace que
Xeliipfe renferme. Le petit axe de Vellipje eft une
ligne droite qui repréfente la largeur de l'efpace
que XelUpfe renferme : ces deux axes fe coupenc
toujours à angles droits , & également. Le centre
de [ellipfe est le point où les deux axes s'entrecou-
pent. Les deux axe; font les deux plus grands dia-
mètres de {'ellipfe. Mais elle a une infinité de diamè-
tres différens. Il faut ajouter que fur le grand axe
de Vcl'ipjé font marqués deux points , tous deux
également éloignés des deux extrémités de cet axe :
on les appelle Joycrs. Or , tirant de ces points
deux lignes droites à la circonférence de {'ellipfe ,
ces deux lignes prifes enfemble font égales au grand
axe. Les rayons qui partent de l'un des foyers , &
vont frapper la circonférence concave de la courbe,
lous quelque angle que ce foit, fe réfléchillent tous
dans l'autre foyer , & s'y réunilfcnt ; ou fi Ton
veut avoir une propriété des foyers de {'ellipfe , in-
dépendamment de la réunion des rayons, deux li-
gnes tirées des deux foyers à un même point de la
circonférence de {'ellipfe , font toujours égales , pri-
fes enfemble , au grand axe de la courbe.' Ac. d. Se.
1703. Hijl.p. 6S. Kepler a changé en elUpfes les
anciens cercles du mouvement des planètes ; ^
M. Cailini a changé {'ellipfe de Kepler , qui étoit la
commune, en une nouvelle ellipfe, oix, nu lieude
la fomme des lignes tirées des foyers , c'étoit leur
produit qui étoit toujours égal à celui des deux par-
ties du grand axe , déterminées par un foyer. Cette
ellipfe répond mieux aux obfervations célcftesj fi
quelque courbe régulière y répond exaélement. Ib.
Le cercle , la parabole, l'hvperbole ne font que
des e//i/^j différemment conditionnées^ comme on
le dira en leur place.
Au mot Compas nous avons donné la defcriprion
d'un compas , ou inftrument propre à tracer des el-
l'pfes &: toutes fortes d'ovales.
V ellipfe fe nomme aufîi ovale mathématique , qui
632. E L L
•ell différente de l'ovale commune. L'ovale marhé-
matique ne participe aucunement du cercle. Elle
fe décrit par la fechon du cône , lorfqu'on le coupe
par un plan incliné lur l'on axe , entre le coté du
cône & la parabole. Ainli ïellipje elt une lecfion
conique.
Le mot ellipfe eft Grec, î^Aï/^ns, & fignifie retran-
chement, dcjatUance , défaut : les premiers Géomè-
tres Grecs l'ont ainfi appelée, parce qu'elle a , entre
autres, cette ptopriétc , que les rectangles , que l'on
compare en grandeur au quatre des ordonnées ,
étant appliqués au paramètre & ayant pour hau-
teur les parties du diamètre faites par les ordon-
nées j iont tous déhiillans d'un redangle l'embla-
ble.
Depuis M. Defcartes , on a beaucoup travaillé
fur les lections coniques , la parabole , ïellipje j
&c.
Le centre d'une eUipfe j eft le point ou fes deux
axess'entrecoupent. Pour décrire une ellipfe ou ova-
le fur terre , ks ouvriers plantent deux clous aux
deux endroits qu'ils prennent pour les deux foyers,
& y attachent les deux bouts d'une corde de la Ion
gueur du plus grand axe de leur e///^yè j enfuite
avec un clou ou cheville mobile , ils étendent cette
corde , & la font mouvoir à l'entout de deux clous
qui la tiennent aux deux foyers : ce mouvement
décrit ïellipfe. On a auilî trouvé d'autres méthodes
bu inftrumens pour décrire les elUpf&s , tant fur le
tettein que fur le papier, /-^oje^- le livre de Scho-
oten De organica J'eclionum conicarum in piano def-
criptione j p. 8. &c. fes Exercitationes Mathémati-
c& , &c. Le P. Hofte, dans fa Théorie de la conft, ac-
tion des FaiJJeaux , a traité des ellipfes j & de la
manière de les réduire. On a befoin dellipfes dans
la pratique de la plupart des Arcs.
IJC? Ellipse , f f. Terme de Grammaire. C'eft une
façon de parler figurée , par laquelle on retranche
quelque terme du difcours , qui eft fous-enttndu.
Ce mot fignifie un vide dans l'exprefiion , ou une
omiffion. Quand on dit , par exemple , à la faint
Jean j pour dire à la fête de faint Jean c'eft une
Ellipfe : Quand viendrez-vous ? Demain. Sous-en-
tendu, je viendrai. Cela arrive lorfqu'une paflion
violente , ne permet pas de dire tout ce que l'on
fent. La langue eft trop lente , pour fuivre la rapi-
dité de l'ame. Ainfi on ne profère que des paroles
interrompues, qni marquent mieux la violence de
la paftion , qu'un difcours fuivi.
Quand on jetranche un ou plufieurs mots , qui
feroient nécelfaires pour la régularité de la conftruc-
ïion , il faut que l'ufage permette ce retranche
ment j & que refpiit fupplée aifément ce qui eft
omis.
ELLIPSOÏDE, f f. Terme de Géométrie & d'Analy-
fe. EUipJois. Quelques Mathématiciens donnent ce
hom aux ellipfes infinies , dont la définition eft
l'équation ay"--^" bx"'{a-x)n, quand m eft plus
grande que i , Sk. n que i. Wotphius. Vellipfoide
eft une figure approchante de l'ellipfe. Vellipfoide
de la terre ne diffère pas beaucoup du globe. Mau-
PFRTUIS.
1er ELLIPTIQUE, adj.de t. g. Terme de Grammai-
re qui a rapport à l'ellipfe. Plirafe elliptique, dans
laquelle il y a quelque mot fous-entendu . Langue
elliptique , qui fait un fréquent ufage de ÏEllïpfe.
La langue latine eft plus elliptique que la langue
françoile, parce que le rapport des mots étant niar-
qué par les différentes ternnnaifons , la terminai-
fon de l'un réveille aifément dans l'efprit celui qui
eft fous-entendu. Ce qui n'arrive poinr chez nous j
où les mots ne changent point de terminaifon \ mais
bien des circonftances nous font connoicte ce rap-
port. Ainfi dans ce fameux qu'il mourût, ce noir
du plus grand fublime. Que vouliez- vous qu'il fît
contre trois ? Quil mourut. L'efpric fupplée aifé-
ment ce que ne dit point le vieil Horace.
EtT.i?TiQUE. Terme de Géométrie qui tient de l'ellip-
ff. Ellipticus, Kepler <3c quelques autres ^ ont a ;raH-
E L L
ce que l'orbite des Planètes n'eft: pas circulais
mais elliptique. M. Bouillaud a foutenu la même
hypothèle, & M. Cailini la mife dans un nouveau
jour, comme on le peut voir dans le Dictionnaire
de M. Ozanam,pag. 436. L'kypothèfe elliptique
hmple eft celle qui fait mouvoit une planète au-
tour d'une elhple , dont les foyers font tels que la
plus grande , & la plus petite diftance de cette pla-
nète au foyer où eft placé le foleil , foit dans le
rapport des diftancesobfervées jon ttouve que, fup-
polant fon mouvement uniforme autout de l'autre
toyer J à l'égard duquel elle femble décrire des arcs
égaux en temps égaux , l'inégalité de fon mouve-
ment apparent à l'égard du foleil fe difttibue en
deux patties à-peu-près égales , proportionnées à
leur diftance , dont l'une eft apparente , & l'autre
réelle. Cette hypothèfe s'appelle e////7r/^z/e fimple,
tant par la facilité qu'il y a de calculer par fon
moyen l'équation des planètes , que parce qu'on
peut la déterminer géométriquement , & elle re-
préfente allez eiaélement leurs itiouvemens. Cassi-
Ni, ^/. 7. //. Pref VII. L'hypothèfe elliptique
de Kepler , que la plupart des Aftronomes moder-
nes ont prélérce , fans s'embarraffer du point autour
duquel les planètes doivent avoir un mouvement
uniforme , fuppole qu'elles fe meuvent fur leurs
orbes , de manière que les aires ou feéteurs qui fe
terminent au foyer de leur mouvement ^ & qui font
compnfes entre les arcs qu'elles décrivent , foienc
égales en temps égaux. 1d. Le cadran elliptique eft ■
celui dans lequel les cercles de latitude font repré-
fentés par des ellipfes. Le conoide elliptique eft la
même chofe que le fphéroide.
§C? Ce terme s'applique en Botanique aux feuil-
les. Feuille elliptique j ellipticum folium j qui eft plus
longue que large. Les deux extrémités en font de
même largeur , & font formées l'une & l'autre par
les mêmes fegmens de cercle.
ELLO. f f. Dont un Diélionnaire François fait le nom
d'une des Harpies : mais elle s'appeloit Aello , & il
faut direainfi, en notre langue, en trois fyllabes; car
ce mot qui vient d'«£AA«, tempête , fignifie. Qui va
vite comme une tempête. Quand il viendroit d'«AAi
îAoS™ _, qui prend ce qui efi aux autres , comme quel-
ques-uns l'ont cru fort mal-à-propos, iln'enferoit
pas moins de trois fyllabes , & ïa & l'e ne feroient
pas une diphthongue , comme il femble que l'a cru
faulîement l'Auteur dont nous parlons, comme fi
« e étoient jamais diphthonguesen Grec. Auftî Ovi-
de le fait- il de trois fyllabes. Met. L. XIILv. 710,
On ajoute qu'Ovide , L. III. donne encore ce nom
à un des chiens d'Adéon. C'eft une chienne : ce
, mot eft féminin , & ne peut être malculin.
ELLOC. En Autriche, près la ville de Vienne. Celieu
eft remarquable par le culte de faint Jean de Capif-
tran j dont le corps y fut tranfporté , lorîque les
Turcs fe rendirent maîtres deWiUeck en Hongrie,
lieu de fa mort & de fa fépultute.
ELLOPIA. Ellopia , Cerinthus. Petite ville fituée fur
la côte feptentrionale de Négrepont , environ à
douze milles , ou à quatre lieues de la ville de ce
nom. Ellopia n'eft plus qu'un village. A^aty.
ELLOTIDE. adj. f. Terme de Mythologie. Surnom
de la Minerve de Corinthe. Ellotis. Les Cretois
ayant honoté Europe comme une Déelle j lui don-
nèrent le ii|»m d'Ellotis, & célébrèrent en fon hon-
neur , la fête que les Corinthiens avoient confacrée
à Minerve.
ELLOTIES. f. f. pi. Terme de Mythologie. Fête à
l'honneur dTurope, fille d'Agenor. Ellotia. Les El-
lotics fe célébroienren Crète,' <3>- s'appeloientainfi,
parce que les habitans de Tlfle de Crète, nommoienc
Europe Ellotis. On portoit en pompe dans cette fê-
te une couronne de myrte , qui avoit vingt coudées
détour, avec_ les os d'Europe ; & cette couronne
s'appeloir aiilli Ellotis. Foye^ Héfvchiiis , Athénée,
L. IX. L. XXV. c. 6. Se Saumaife furSolin , p. 17Z.
E L M.
ELM. Village d'un Canton de Glariz en Suiiïe. £//7?^.
Le
E L M
Le villai^e à'Elm eft enfermé pai" de hantes mofita-
gnes , & tous les ans pendant quatre lemaines du
printemps & de l'automne , on n y voit le loleil que
par un trou , qu'on a tau à une de ces montagnes
qui eft percée à jour.
ELMACHANI. Elmachanïa , anciennement PaUf-
cepfis. C'étoit autretois une ville Epilcopale de la
Troade j dont l'Evêque étoit fuflragantde Cyzique.
Ce n'eft maintenant qu'un petit bourg de l'Anato-
lie propre , fitué fur le golle d'Adramitti , entre la
ville de ce nom j & le bourg d'Alfo.
ELMAUIA. Ville qu'on appelle encore Mahadia , 8c
Afrique. Elmadia, Aphrodijium, Ajrica. D'Ablan-
court , dans fa traduéiion de Marmol j L. VI. c. 16.
& 2.8. la nomme Méhédie. Elle eft du Royaume de
Tunis en Barbarie , fur la côte du golfe de Capes ,
vis-à-vis de l'Ifle Chercara. Elmadia eft preîque
toute environnée de la mer , bien fortitiée , & elle
a un bon port, f^oye^ Afrique.
ELMADINE , ou ELMEDINE. Ville du Royaume de
Maroc en Afrique. Elmadum. Elle eft dans la Pro-
vince d'Afcora , ou d'Efcure, dont elle eft la capita-
le, & fur les confins de celle de Ducala. Matv.
Marmol la décrit, L. III.c.70. &d'Ablancourt l'ap-
pelle Almédïne. L'article Arabe fe prononce aloweL
Médine fignifie Ville, Cité, en Arabe \ ainfi ELmc-
dine eft la même chofe que la Ville , la Cité. Elmc-
dine eft fort ancienne. Voyc\yizx\x\o\ cité, & Delà
Croix, Relation d' Ajrique.
ELMAN ALEK. f. m. Terme de Relation. Nom de
dignité dans le Royaume de Perfe. L'Elman Alek
eft le fécond Sadre du Royaume j c'eft-à-dire , le
fécond Pontife , ou le Coadjuteur du Sadre Calfa ,
qui eft le premier Pontife. Secundus in impcrïoPcr-
Jico Pontifes. V Elman Alek ^Çdiiz dans tout le Royau-
me , ce que le premier Pontif^e fait dans la mailon
du Roi j & dans le diftrid; d'Ifpahan. Il eft outre
cela AllelTeur du Divan Béqui, ou Surintendant de
la Juftice j pour la lui taire rendre fuivantles règles
de l'Alcoran. Dans les cérémonies , il a place au bas
du fofa à côté gauche du Roi. On ajoute à fon nom,
celui de Sadre , qui eft le nom commun des Ponti-
fes, & on l'appelle Sadre Elman Alek. f^oye^ San-
fon, Etatprefentdu Royaume de Perfe.
ELME. f. m. Nom propre d'homme. Erafmus. Saint
Erafme eft appelé vulgairement faint Elme j ou
Sant-Elmo y fur-tout en Italie , en Sicile, en Efpa-
gne& en Portugal. C'eft un nom corrompu de .S'^j/^r-
Ermo , ou Sant-Eramo , par les Matelots de la Mé-
diterranée , où ce Saint eft invoqué contre les tem-
pêtes & les autres dangers de mer. On a même
communiqué fon nom de Sant Elmo , à quelques
autres Bienheureux , dont on réclame aulîl l'aHîftan-
ce pour la navigation. Baillet. Saint f/we eft le
troifième des quinze proteâeurs de l'Occident j
c'eft-à-dire , des Saints tutélaires , que l'on invo-
quoit dans toutes les grandes & périlleufes occa-
fions : les autres font faint Georges, faint Blaife ,
faint Pantaléon, faint Vital, faint Chriftophe, faint
Denys , faint Cyriaque , faint Acace, faint Eufta-
che , faint Gilles , faint Magne, fainte Marguerite,
fainte Catherine , fainte Barbe , tous noms fameux
dans l'Eglife , dont les amateurs de fables <!?< de
prodiges , ont fouvent abufé dans les (lècles du bas
âge , pour donner cours à leurs fictions. lo.
Feu Saint-Elme , fe dit d'une exhalaifon enflam-
mée, qui roule par l'air fur la mer. Se s'attache aux
mâts Se aux antennes des vailTeaux , fur-tout après la
tempête.Les Anciens l'appeloient Helena ; &:, quand
ils en appercevoient deux à la fois , il les nom-
moient Cd'lor & Pollux j quorum fimul aima nautls
ftella rcfulfn , Sec. Voye\ Météores.
ELMELECH. Ville de la Tribu d'Afer. Elmelech. San-
fon a cru qu Elmelech _, dont parle Jofué XIX. 16.
étoit l'Helba du Liv. des Juges I. 51. mais il fe
trompe: Helba eft l'Abran de Jof. XIX. 18.
ELMETLKI. f. m. Terme de Relation. Nom de digni-
té en Perfe. C'eft le quatrième Vifir des fix qui font
fubordonncs à l'Etmadaulet ou premier Vifir, Se
Terne III.
ELN ELO 635
comme fes Subftituts , fur-tout en ce qui concerne
l'adminiftration des finances. On l'appelle Vifir El-
mulki m1 tient le regiltre de la Seigneurie d'Ifpa-
han. /'o} e^ Sanfon j ttat préfent du Royaume de
Perfe. ^
ELN.
ELNBOGEN. Voye-^ ELLEBOGEN.
ELNE. Ville du Comté de Roullillon. Bclna. Elle eft
fituée fur une colline, au pifd de laquelle coule la
rivière de Tech , à une lieue de la mer Méditerra-
née, entre Perpignan & Colioure. Elne avoir un
Evêque fuftiagant de Narbonne, qui fut transféré à
Perpignan par le Pape Clément VIII. l'an 1604.
Maty , Corn. Long. 20. d. 40'. lat. 42. d. 50'.
** ELO.
ELOCHER. v. a. Ebranler une chofe qui tient par les
racines , comme fi on la vouloir arracher. Commo-
vere j cmcutere. Elocher un arbre. Defmarêts a fait
dire au Poëte des Vifionnaires , en parlant d'une
tempête , Elochera bientôt la machine du monde.
On diloit autrefois lâcher au même fens , qui eft
demeuré en ce proverbe. Il y a toujours quelque
fer qui loche. Ce mot n'eft guère en uflige. On ne
le trouve pas même dans les autres Didtionnaires.
Il vient de ex j Se locus j comme qui diroit moven
à loco.
tfr ELOCUTION. f. f. Mot formé du latin loqui ,
parler.' Ainfi élocutïon, dans le langage commun , fi-
gnifie le caraétère du difcours , la manière d'expri-
mer fes penfées, Cet homme a une belle éiocution ^
il parle bien.
^fT Mais ce terme fignifie plus particulièrement
cette partie de la Rhétorique , qui a pour objet le
choix Se l'arrangement des mots , la diétion Se le
ftyle de l'Orateur. Voye^ Diction & Style. £"/0-
cutio , verborum copia & delecius. L'Orateur doit
avoir grand foin de {'élocution, du choix des paro-
les. La beauté du ftyle vient de la beauté de Vélo-
iution. Elle confifte ^dans les figures du difcours,
dans l'élégance Se la netteté du ftyle j Se dans la pu-
reté du langage. L'clocution doit être facile & na-
turelle. Cet Auteur a une élocution barbare Se em-
brouillée.
ELODE , ou plutôt HÉT.oDE. Fièvre fudorifique. Voy.
Hèlode.
ÉLOGE, f. m. Laudatio , teftimonium honorificum _,
Sec. Louange qu'on donne d quelque perfonne , on
à quelque cliofe , en confidération de fon mérite j
de fes vertus , de fon rang , «Sec. Voye-^ au mot
Louange _, en quoi diffèrent ces deux termes. On lui
a donné tous les éloges qu'il méritoit. Corubler
quelqu'un à' éloges j le louer beaucoup Se avec
juftice.
Avaler fans dégoût le plus grojficr éloge. Bon.
Ce mot vient du Greci^«y''«, qui , entre autres
chofes , fignifie , difcours avantageux , louange.
IJCF Eloge , fe dit auiîi d'un difcours que l'on pro-
nonce à l'honneur de quelque perfonne illuftre , tels
que les éloges qu'on prononce dans les Académies
à l'honneur des membres qu'elles ont perdus- Ces
éloges font oratoires comme dans l'Académie Fran-
çoife , où l'on peint la perfonne & l'auteur , ou hif-
toriques , comme dans les autres Académies , où
l'on détaille toute la vie. d'un Académicien. On le
dit , dans le même fens , de plufieurs autres chofes.
Eloge hiftorique d'une ville j d'une communauté.
Sainte Marthe a fait les éloges des hommes illuf-
tres de fon temps, un abrégé de leur vie. Les Orai-
fons funèbres ne font que les éloges des illuftres dé-
funts. Quelques Auteurs onv frit aulli des éloges
de plufieurs chofes mauvaifes : comme Ifocrate a
fait ïéloge de Bufiris ; Cardan', de Néron , &: delà
goutte ; Synéfins , de la pauvreté ; Favorin , de la
^ Lin
^3 4 EX O
laideur , & de la fièvre quarte ; Erafnie , de la fo-
lie j Lucien , de la goinfrerie ; Heinfius j de l'âne ,
& (le la vermine ^ PalTerac , de l'aveuglement , &
Ju rien.
§Cr Les Latins donnoient ,au motelogium , une
fynification beaucoup plus étendue , ÔC fouvent
bien différente de celle que nous y avons attachée :
ce mot fignifie quelquefois caufe jmotit d'un ar-
rêt j chef d'acculation , mention injurieufe. C'eft
ainfi que , dans le droit écrit , la raifon que le père
apporte dans fonteltament pour exhéréder fon hls,
eil appelée elogium. Si un tils fait dans fon Tefta-
ment un éloge infamant Se injurieux de fon père ,
pour l'exhéréder , le Teftament eft nul &c invali-
de. C.B. , .
ÉLOGISTE. f. m. Elogiorum Jcriptor , qui écrit , qui
compote des éloges. Pomey. On trouve , dans la
Bibliothèque des Bibliothèques faire par le P.
Labbe , un Catalogue des tlogiftcs des hommes
illuftres.
ÉLOL f m. Nom propre d'homme. Eligius. S. Eloi
est le patron des Académistes , des Serruriers &des
Maréchaux. Foye^ Eloy.
ÉLOIGNEMENt. f m. Adion par laquelle on éloi-
gne j ou l'on s'éloigne foi-même, on fait difparoî-j
tre de fa vue j ou l'on difparoît de la vue des autres : !
Amotio J remotiu. Le Prince a rétabli fes affaires par j
X élûigncment de ce Miniftre. Ce Miniftre , depuis
fon eloignement, eft inconfolable. Ce mot fignirie
aufli l'effet qui réfulte de cette action , qui eft la
diftancequi fe trouve entre deux chofes, ou d'un
lieu à un autre. Dijlantia ., fpatium interjecîum. L'a-
pogée d'une planète eft fon plus grand eloignement
de la terre. L'éloignement augmente la vénération
qu'on a pour les Princes ; & on les eftime moins
quand on les voit de trop près. Bouh.
(fS" Dans ce fens , eloignement eft quelquefois
fynonyme à retraite , adion par laquelle on quitte
un lieu pour aller dans un autre. Secejfus ^ recelas.
Didon fut au défefpoir de voir l'éloignement des
vaiffeaux d'Enée. Les perfonnes qui vivent dans la
folitude , & dans {'eloignement du monde , ne laif-
fent pas de trouver de grandes difficultés dans la
vie Chrétienne. Par la mêm^raifon il fignifie quel-
quefois la même chofe qu'abfence. Rien ne peut me
cqnfoler de votre eloignement.
fer Eloignement fe dit auflî de l'intervalle du temps.
Tcmporis interv alluni. \1 eloignement des temps eft
caufe de l'obfcurité qui fe trouve dans certaines
hiftoires.
Eloignement, en termes de Peinture , eft la partie
du tableau qui fe trouve en lointain , qui paroît la
plus éloignée à la vue. Longinquus recejjus , tjhuU
pars fugiens. On voit dans ïéloignement une ville ,
une bataille j un camp j une ruine.
EloignemenTj fe dit aulfi des objets qui terminent la
vue dans une diftance forr éloignée. Profpeclus. La
vue eft admirable dans ce lieu-là. On y yoit des co-
teaux, des prairies, la rivière qui ferpente , & Paris
en eloignement. L'Acad.
On dit, d'un homme qui n'eft pas riche , mais qui
a une grande fucceffion à efpérer j qu'il voit de
grands biens en eloignement.
Eloignement , eft auffi un terme d'Aftronomie. On
l'emploie fur-tout pour marquer la diftance de Vé-
nus au Soleil. Dans la Connoijjance des temps pour
l'année lyoz , on a marqué à tous les premiers
jours des mois &c à quelques autres jours Yéloigne-
ment de Vénus au Soleil. La plus grande digreHîon
ou eloignement de Vénus eft de 47 degrés ou envi-
ron j c'eft- à-dire , qu'elle ne s'écarte jamais davan-
tage du Soleil.
§3° On voit affez que dans ces différentes accep-
tions le mot eloignement conieive fon idée principale.
fer Eloignement , fe dit auffi , dans le fens méta-
phorique , en comparant l'effet des moyens mo-
raux à l'effet des moyens phydques. Alors il figni-
fie la même chofe que dégoût , averfion. La con-
currence de la faveur & de la beauté leur donna
E L O
de l'éloignement l'un pour l'autre. Scud. Vous vous
figurez que pour être homme de bien j il fuffic
d'avoir de X eloignement pour les vices grofliers. Cl. .
L'homme a un eloignement naturel pour la connoif-
fance de foi-même , qu'il ne peut lurmonter. Nie.
§CJ" ELOIGNER, v. a. Dans fa lignification générale,
c'eft faire difparoître une chofe ou une perfonne de
la vue , mettre une grande diftance entre deux cho-
ies, envoyer loin de foi. Hemovere , amandare y
ablegare. Il faut éloigner ce jeune homme des mau-
vaifes compagnies qu'il fréquente. Le Roi a éloigné
de la Cour , d'.auprès de lui ce Miniftre dont il étoic
mécontent. Eloigner quelqu'un, de fes parens, de fes
amis , de fa patrie.
§CF Eloigner, dit plus a^ écarter ^ &c marque une
diftance plus conlidérable. Un Prince éloigne de foi
les traîtres, il erarre les flatteurs.
|C? On dit , dans le même fens j s'éloigner, re-
cedere j ahfcedere , difcedere. Cette flotte va s'éloi-
gner du port : elle va dans les terres éloignées faire
un voyage de long cours. Il cherche une maifon de
campagne ; mais il ne veut pas s'éloignerde la ville.
Il a appris qu'il y avoit un décret contre lui j on lui
a. conleûlé de s'éloigner.
On dit , en termes de Peinture j qu'une figure
s'éloigne bien du tableau 3 pour dire , qu'elle paroîc
bien éloignée.
On ttouve , dans quelques Auteurs , éloigner dans
ce fens , & employé atlivement. Le Soleil éloigne
fa barrière. Malh. pour dire j quitte j abandonne.
Le Roi ne peut éloigner fa douce amie. Baïf , pour
dire j s'en féparer , s'abfenter d'elle. Bertaud a die
de même ,
Je n'ai vu qu'à regret la clarté du Soleil ,
Depuis qu en Jbupirant j'éloignai ce bel œil.
Cette façon de parler eft ancienne , elle a vielllî.
Ce mot vient du Latin elonginarc, Mén. ou de
elongare.
Éloigner j fe dit à l'égard «lu temps, auffi-bien que
du lieu , & fignifie , Retarder , différer, ProtraherCy
diffcrre. Le mauvais temps a e'/oi^/zc , a retardé la
moiffon , les vendanges. La mort de mon Rappor-
teur a bien éloigné le jugement de mon procès.
Toutes ces difficultés ont éloigné la paix.
fer Éloigner j fe dit , dans un ferts figuré , pour fi-
gnifier , Aliéner les efprits , faire naître des fenti-
mens d'averfion. Il n'y a rien qui éloigne plus les
cœurs , les efprits , que les mépris , les mauvais
traitemens. La piété nous éloigne des plaifirs des
fens. Nie.
fy Éloigner j en parlant de l'efprit , (e dit auffi des
chofes dont on écarte l'idée , dont on détourne l'at-
tention. Il faut éloigner de votre efprit toutes les
penfées chagrinantes. Il faut éloigner de nous tout
ce qui peut être une occafion de péché,
fer s'Eloigner de fon devoir j du refpecl qu'on doit
à quelqu'un, c'eft y manquer. Il ne faut jamais s'/-
loigner du refpeét qu'on doit à fes fupérieurs, ni de
fon devoir.
fer On dit qu'une perfonne ne s'éloigne pas d'un»
chofe , pour dire qu'elle ne témoigne point de ré-
pugnance pour cette chofe , ou même qu'elle y a
quelque difpofition. Il ne paroît pas qu'il s'éloigne
fort de la propohrion qu'on lui fait.
Eloigné, ée. adj. On dit, proverbialement, des Juges
de Province j qu'ils font éloignés du Soleil , c'eft-à-
dire j loin de la Cour & des Parlemens, qui peu-
vent avoir connoiffance de leurs malverfations , ôC
les punir.
feF On dit que deux perfonnes font bien éloi-
gnées de compte , pour dire , qu'il s'en faut bien
qu'elles s'accordent eufemble , que leurs calculs ne
s'accordent pas^ qu'un homme eft éloigné de fon
compte , pour dire qu'il fe trompe.
On appelle , en rennes didadiques ., Caufes éloi-
gnées , les caufes qui ne font pas immédiates. Foye^
Cause.
E L O'
Tous ces mots vlenneni: du Latin elorigare , com-
me on l'a tiéja dit.
ÉLOiSE. f. h Vieux mot qui fignifie, écUlr. On s'en
lertencoieen quelques Piovinces. Montagne l'a em-
ployé dans cette piitafe , Notre vie n'ell qu'une
elûije dans le coûts d'une nuit ccernelle.
ELON. Nom de lieu dans l'hcnture. Elon. En Jof.
XIX. 3 5. Il y a un Heu nommé iiiori qui eltaux con-
fins de la Tribu de Neplicali. Le 5^ L. des Rois en
parle aulîi IV. 9. tUon eit encori; une ville delà Tri-
bu de Dan , Jof. XIX. 45.
ÉLONGATION. f. i. Terme d'Aftronomie. Elonga-
tio j diJceU'iis. La ditFérence qui li; rencontre entre
le mouvement de la plus vite de deux planètes , &c
le mouvement de la plus tardive , s'appelle clonga-
tiori , onjuppcration. Le mouvement le plus prompt
de la Lune à l'égard du Soleil j s'appelle ciongauon
de la Lune au Soleil. On du élong.iuon diurne, f/o/z-
gatiûii horaire de la Lune au Soleil.
Élongatiom , fe dit encore en termes d'Aftronomie,
deladiftance ou différence qu'il y a entre le lieu
vrai du foleilj & le lieu géométrique d'une planè-
te j c'elt à-dire , le lieu du ciel où un œil placé au
centre du foleil rapporteroit ou verrou la planète
qu'il regarderoit j oc cette diftance s'appelle l'angle
^élow^atlon : on la nomme aulli angle à la terre ,
anaultis ad terrain j parce que c'eft l angle que for-
ment deux lignes tirées l'une du centre du foleil au
centre de la terre , & l'autre du centre de la planète
au même centre de la terre où fe forme cet angle.
La plus glande clongation dune planète au foleil
n'arrive pas toujours lorfquou apperçoit la planète
dans la tangente , tirée de la terre à iow orbite. Inft.
, AJlr.p. 1^9.
ÉLONGER. V. a. en termes de Marine , fignifie , Se
mettre à côté de quelque choie de long en long.
E/o/iger un vailleau ennemi qui veut éviter lé com-
bat. On le dit aulîi d'une efcadre entière. Dans les
évolutions navales , une efcadre %,'éionge fur la co-
lonne , fur la ligne qui lui ell marquée. Une ef
cadre fe pofe au milieu des deux autres , & les
(->)$
es
élonae.
o
ELOPri. f. m. Nom propre d'homme. Eliphïus. S.
Eloph , que l'on nomme en quelques endroits
Aloph , fut martynfé en 563. dans les Gaules fous
Julien l'Apoftat. Foyei Aloph.
ÉLOQUEMMENT. adv. Avec éloquence. EIo.]uen-
ter. Ectire j pnrlef , prêcher élaquemmcnt.
IP" ELOQUENCE, i. f. L'art , le talent de bien dire,
de toucher, d'émouvoir & de perfuader. Eljquencia.
Ce qui fait {éloquence eft un tour vif & perluallf ,
rendu par des exprelfions hardies , brillantes & fi-
gurées, fans celf^r d'être juftes & naairclL-s. Com-
me elle veut perfuader , elle met du véhément &
du fublime dans le difcours j elle s'attache plus à
l'ordre des idées & à la force des termes qu'à l'ar-
rangement de la phrafe. Syn. Fr. Mais elle elt fou-
tenue par la grandeur des chofes , bienplus que par
la pompe des mots. Le Ch. de M. La fage , & , (i
j'ofe le dire , la i:\\Oi^i éloquence , ne met point de
fiird & de mouches fur fon vifage j, pour paroître
agréable , c'eft par les traits de fa beauté naturelle
qu'elle charme ^' qu'elle petfuade. S. Evr, Elle ne
donne pas de la grâce & de la beauté au difcours ;
mais de la vie &: du mouvement. Sa vie eft d'une
Amazone, & non pas d'une coquette. Bal. Les dé-
clamateursont corrompu & avili cet art admirable.
Les pédans ne diftinguent pas Xélonuence de l'entaf-
fement des figures, de l'ufage des grands mots , & de
la rondeur des périodes. Le peuple appelle éloquen-
ce, la facilité de parler long-temps , jointe à l'éclat
de la voix & à la force des poumons- La Br.
^fT L'éloquence de la chaire eft plus diftîcile à
acquérir que celle du barreau. L'e/o^yz/e/zce Chrétien-
ne eft mâle , t's: ne fe pare point des beautés profa-
nes. Ab. du Jarry. Un Prédicateur Chrétien ne
doit point afîeder ces manières brillantes & ingé-
rieufes , qui relfenrent ['éloquence mondaine. Cl.
La véf itable éloquence ne règne que chez un peuple
ELO
libre. Le P. Rap. Cicéron , après en avoir donne ...
exemples dans fes Harangues, donna les préceptes
dans ion Livre de l'Orateur , avec le ftyle de Platon^
qui ne s'eft jamais montré plus éloquent que quand
h a parle contre ïeloqua.c:. Le Cii. de M. On lepro-
chou pourtant à Cicéron que fon éloquence étoit
Afiatique ; c'eft-à-dire, chatgée de paroles & de
penlces luperllues.Nic. Les larmes font Yéloquencc
des femmes. M. Esp. Ce mot eft pris ici dans un fens
figuré, royeiim I'Eloquencë les Réflexions par le
P. Rapin , les Dialogues de M. de Fénélon , les
Difcours de M. l'Abbé d'Olivet , M. Rolhn , &:c.
ELOQUENT, ente. adj. Qui pollède l'art de bien
dire & de perfuader. Eioquens. Eloquent fe dit auiîi
du gefte & du difcours. Un 'difcours cloquent , un
gefte éloquent. On a v u beaucoup de gens dilerts, mais
peu à'eloquens. On remarque tjue les régies de l'élo-
quence font obfervées dans les difcours des perfon ,
nés naturellement éloquentes , quoiqu'elles n'y peij»
fent pas en les faifant. Ils pratiquent ces règles ,
parce qu'ils font éloqucns \ mais ils ne s'en fervenc
pas pour ctte eioquens. Log. La paiîion ieiile donne
cle l'eipiit , & rend éloquentes les perlonneS les plus
limples. Ch. de M. Car un difcours n'a de vrais or-
nemens que ceux qu'il tire de la jultelF; des penfées
qui le compofent , de la foliditc des raifons qui le
foutiennent, î<>: de la manière naturelle dont on les
tourne. De Call. Un Pilote qui crie , tout eft per-
du , fauve qui peut , eft le plus t'7oç/a^ffrperfonna-
ge qui fut jamais. Cartaud.
^fs" Il paroit que par le mot dlfcrtus les Latins en-
tendoienr celui qui a le talent de la parole , qui fait
toucher & perfuader , qui a ce qu'ils appeloienc
Eioquentui. D'ifcrtus cfl ^ut oratione perfuadue pojjit,
dit Cicéron j & , parle mot eioquens , ils enten-
doitnt celui qui étoit non-fealemenr difertus , mais
qui iavoit encore la philofophie , les lois & toutes
les chofes qu'il fiiut polFéder , pour être parfaite-
ment éloquent , où plutôt parfait Orateur. Il fauc
pollcder toutes les Iciences pour être véritablement
cloquent. Le P. Rap.
ffÎTCette épithète s'applique aux ouvrages d'efprir.
Pièce , harangue éloquente j &: même aux termes
donc on fe lert pouî" s'exprimer. S'exprimer en ter-
mes eioquens.
Eloquent, fe dit aulîî,figurément, en chofes morales,
& des paillons. Lamour propre eft fort cloquent à
nous perfuader ce que nous fouhaiioiis. hes paf-
iions font naturellement élogu^Êks : on fau par-
tout des peintures éloqu::ntes de^'amitié. Le lan-
gage du cœur eft le plus éloquent. S. EvR. La vé-
rité, quand elle parle, eft toujours éolquehte ; mais
ce qu'on feint ne fe perluade pas aifémcnr. Ch. de
M. Si je fouhaitois d'être cloquent , ce feroit' du
cœur & de l'elprit. On parle toujours bien , quand
on a quelque chofe à dire. Ch. de M.
fjCrOn dit auftij rîgurémenr, que les larmes font
éloquentes , pour dire qu'elles perliiadent mieux
c]iie tout ce qu'on pourroit ^|^. Silence cloquent.
On dit, proverbialement, qu'il n'y a rien de plus
éloquent que l'argent comptant.
ELOR A. Lieu fameux par les Pagodes , où les Indiens
de la Provmce de Bai.igare vont faire leurs dévo-
tions fuperltiiieufes. f-oje^ le Dictionnaire de la
M. r:!/ù}re.
ELORINE. Petite ville de Macédoine , appelée autre-
ment Dianore. Alorus. Elle eft fur la rivière de Var-
dari , à dix lieues au-delFus de Sturachi , vers les
confins de l'Albanie.
ELOXOCHITL. f. m. Nom d'un atbre Indien , dont
Ray fait mention à l'article Banana.
ELO'V'. f. m. Nom d'homme. f//ifi«.r. S.Eloy, fils
(i Encher^i de Térige , na]uit vers l'nn 58^. dans
le village de Cadaillac en Limoufin , à deux lieires
de Limoges vers le Septentrion. On liii fit porter le
nom à'ELg'ms , pour marquer qu'on le tenoit choifi
de Dieu , & qu'on le crovoit appelé à une grande
fiinteté. Baille tj au premier de Décembre. Lloy
vint à Paris en iîio. &fuc conûlété à la Coût de
Llllij
^3^ E L O ELR
Clotaire II. & de fon fils Dagoberc. En C^ç). il fut
choifi pourêcre Evcqiiede iNoyon (iL' de Toutnay ,
à Ici place de b. Achaiie. h>. hio} moiuut le premier
Dimanche de Décembre de l'an 65^. après 7oannces
ik quelques mois de vie.
Ce nom elt formé du Latin eligius , qui eft; dérivé
du verbe etigo , je clioilis.
S. ELOY-FoNTAiNh. Abbaye de Picardie en France.
AbbatlaSancu tlig'njoncis. Elle ell de l'Ordre de
S. Auguftin, &■ fuc autrefois de la Congrégation
d'Aronaife.EUeell du Diocèlede Noyon. Elle fut
d'abord établie dans l'Eghle de Notre-Dame de
Chauny : aujourd'hui elle elt hors de la ville du cô-
té de Ham , au lieu d'où elle a pris ion nom , &.
où elle fut transférée l'an i liiS. On ne marque pas
le temps précis de fi fondation de cette Abbaye jmais
lien eil parlé dès l'an 1130. Sainte-Marthe.
S. Éloy de Noyon. Autre Abbaye de Picardie en
France. Elle ell de l'Ordre de S. Benoît dans un
vieux Monaftère de Noyon, appelé d'abord S. Loup,
& enfuite S. Eloy. Le premier Abbé ell de l'an
103(5; mais les Sainte Marthe avernllent que les
noms des Abbés de S. hioy de Noyon font dou-
teux.
ÊLOY. Le mont S. Eloy , monsfancii Eligii , village
avec Abbaye , dans l'Artois , à deux lieues au cou-
chant d'Arras. L'Abbaye du mont S. Eloy , Cha-
noines Réguliers du mont S. Eloy. Quelques-uns
difent que S. Eloy ht bâtir là une Chapelle , &c qu'il
s'y retiroit de temps en temps, pour vaquer plus
librement à l'Oraifon. D'autres croient que ce fut
S. Vindicien , Evcque de Cambrai , qui fit bâtir
cette Chapelle , par la dévotion qu'il a.woità.S.Elûy.
Gazer , dans fon Hiftoire Eccleliallique des Pays-
Bas, ditque^'. Eloy. y fit drelfer un Oratoire: qu'il
y alfembla dix ou douze perionnes , qui y vivoient
en Ermites ; que S. Vindicien fe retiroit fouvent
parmi eux. Cette Eglife ayant été ravagée & brûlée
parles Normands environ l'an îsb'o, elle fut rét.i-
E L S ELT
rk Porcher des Religieafes de Prémontré à FulTe-
nich. Il elt aux Litanies de Cologne j écrites en ca-
ractères très-anciens dans le livre qu on nomme à
Cologne le Cantuel j & au Calendrier du Commen-
dationel de la même Eglif'e , & dans le Calendrier
du plus ancien MiUci de FulTenich. La tradition
conltante dcsReligieufes de Fulfenich eft qu'il étoit
Porcher de leur Monaltère ; qu'il y mourut à vingc
ans , &i qu'il fut inhumé au cimetière. Un Obler-
vantin , Contelfeurdes Religieules des Dix Vertus
de la ville de Duren , a écrit la vie , fur ce qu'il
avoir appris que les plus anciens en racontoient, &:
réfute ce que quelques-uns lui dirent que la Tradi-
rion voulou qu'il eût avoué à la mort j qu'il étoic
fils d'un Roi de France. Cette erreur venoit de foH
nom mal lu , dont on a fait Dauphin , comme le
raconta un jour un homme d'érudition à l'Obfer-
vantinde Duren j & voici comment. Un Auteurqui
encendoit prononcer Saint Elric , qui fe prononce
comme li fon écuMon S ain-Tclrk, mit en Latin Tel-
richus \ un autre, qui trouva ce manufcrit où ce mot
étoit mal formé , crut y lire Telvkiius ^^ pour adoucir,
mit Telvi'ius ; un troilième prit ce mot pour celui
àtOtlfinus nus à rAllemandej<5>: de là véritablement
en ht un Dauphin de France : ce que les Modernes
ont eu honte de mettre j fâchant bien que la dona-
tion du Dauphiné de Viennois n'avoit été faite qu«
plus d'un hècle après la mort de S. Elric ; mais ils
n'ont pas lailfé d'en prendre occahon de le faire
Prince du Sang de France. Chas t. au 6, Eevrier.
E L S.
par
blie par Fulbert Evêque de Cambray , & par les li-
béralités de l'Empereur Othon , &c confacrée fous
le nom de S. Pierre & de S Paul; il y mit aulicu
d'Ermites, des Chanoines Réguliers 1 an 1066 ou
environ. S. Lietbert les changea , & y mit des Cha-
noines qui vivoient en commun. Les Chanoines
Réguliers du mont5.£/(3y ont des conllitutions par-
ticulières.Ils font habillés de violer, &: ont un rochet
pardelTus la foutanne y au chœur une aiimulle noire
îiir le bras , Se la chappe noire pendant l'hiver avec
lin grand camail. Les Novices portent encore la robe
de peaux , qui étoit commune à tous les Chanoi-
nes. P. Hélyot , Ilifi. des Ordres Religieux T. II.
p. 76.
E LP.
ELPHEN, ou ELPHIN. Petite ville de la ConnacJe ,
en Irlande. Eljen dai^Cambden , Elphinum, dans
Hoffman , Elphinia Jmlfma dans Maty. Elle eft dans
le Comté de Rofcomon , entre Rofcomon & Letrim.
Elphen a un Evêque fuftragant de Tuam. Maty.
Camhdcn ^ Ibernia , /7.760. Long. 1$ à. 10' , lat.
5 5 4-5(5'.
ELPHENOR. f. m. Fils de Chalcodon, de la race de
Mars , QIC Homère , commandoit les belliqueux
Abantes d'Eubée, qu'il avoir amenés fur cjuarante
vailîcaux ; les fils de Théfée l'y accompagnèrent
comme de l'mples particuliers.
ELPIDE. f. f. Nom féminin tiré du Grec ÊATj-lfjqui
lignifie , efpérance , & qui ne fedit que dans cette
phrafe proverbiale & populaire, un Abbé de Sainte
£^ic/e:c'eft ainfi qu'on appelle ces gens qui fe font
appeler,ou qui fe lailfent appelet Abbés , fans avoir
Abbaye, n,i bénéfice, ou qui fe font tonfurer dans
l'efpérance d'en avoir.
ELR.
ELRIC. f. m. Nom propre d'homme. Aldericus. S, El-,
ELSÈE. f. f. Terme de Fleurifte. Nom de Tulipe.
Elle a du pourpre violet & blanc dès fon entrée.
MoRin.
ELSENEUR , ou ELSÉNOR. Ville de Dannemark.
Elfenora. On l'appelle aulli Heljingor. Elfeneur eft
fitué dans l'Ifie de Zélande , fur ledéttoit du Sundj
près de la forterelfe de Cronenbourg , à fix lieues
de Copenhague , du côté du nord. Maty.
ELSIMBOURG , ou ELSINBOURG. Vjlle de Suéde.
Eljlngohurgum. Elle eft dans la Province de Schonen,
fur le Sund , vis-à-vis d'Elfeneur, à fix lieues ait
Nord deLandskron.Les Suédois difent Helfingborg j
mais nous adoucilfons ces prononciations en notre
langue j Helfingoburgurn,
ELSSE. Petite ville de Siléfie qu'on nomme auffi Oljf,
Oljjha. Elle eft à quatre lieues au levant de Btes-
law. ElJJè , ou OUI , eft la Capitale de la Princi-
pauté dEljf J ou OlJJ J qui eft à l'Orient de celle de
Breflaw.
ELSTER. Petite ville du Cercle de la Haute-Saxe en
Allemagne. £'//?en?. Elle eft à l'embouchure de la ri-
vière d'^Z/^er dans l'Elbe ,r.entre Vittemberg & Tor-
gaw. Long. 3 1 d. zo' , lat. 5 1 d. 28'.
Elster. Rivière d'Allemagne , qui afafource dans le
Voitland , & fe rend dans l'Elbe à Calb.
ELT.
ELTHÉCE , ou ELTHÉCO. Ville de la Tribu de
Dan , Jof XIX , 43 XXI j i^.Eàhece. C'étoit une
ville Lévitique. Elle fut d'abord donnée à la Tribu
de Juda , Jof XV. 59 j où elle s'appelle Elthecon j
mais enfuite elle fut prife avec d'autres fur Juda j
pour être donnée à Dan,
ELTHOLAD. Ville de la Terre -Sainte , qui fut
d'abord donnée à la Tribu de Juda , &.' qui en
fut démembrée avec d'autres pour faire le par-
tage de la Tribu de Siméon , dans laquelle elle
étoit. Jof XV, 30 XIX, 4. Au i L. des Parali-
pomenes IV, 29. elle eft nommée fimplement Tho-
LAD.
ELTMAN. Petite ville d'Allemagne dans l'Evêché de
Wirtzbourg en Franconie. Eltmana. Elle eft fur le
Mein , à trois lieues plus bas que Bamberg. Long.
28 d. 21'. lar. 49 d. 58.
ELTOR , ou TOR. Ville de Turquie en Afie. Eha-
ELT ELU
;j , anciennemenc Elana j A^'ana, f^ojejEtAVA.
Le Golplie à'hicor , Eian'ukus Sinus ^ c'ell la par-
tie fepteiunonale de la mer ronge , qui prend ion
nom de la ville d'iiVwr. Ceft le Golte à'L-Uor que
les Ifratlites passèrent a kc fous la conduite de
Moylej la mer sécant ouverte au lignai qu'il lui
en donna en la frappant de fa verge , & étant de- j
meurée fufpendue à droite & à gauche juiqu'à ce |
que tout le peuple eût palfé. j
ELTZE. Bourg de la Baife-Saxe en Allemagne. Eltia ,
anciennement Aulica. lleftau conHuent de la l.eyne j
dans î'Evcché d'Hildesheim , entre la ville de ce
nom & celle d'Hamelen. Dans les guerres que Char- |
lemagne eut avec les Saxons il faiioit fa rcddence à )
Eltie , il 5 fonda une Evêché qui depuis a étécrans^
féré à Hildesheim.
ELU.
ÉLU , UE. adj. CholCi. Ekclus. Empereur e/u. Tuteur
élu. Evêque é^u.
§Cr Elu , UE. f. m. & f. En matière de Religion &
de Théologie J fignifie prcdelHaé à la vie éternelle;
celui que Dieu a choifi pour lui .accorder la gloire
éternelle, /"^ojeç Prédestination. Dieu fliit quel-
quefois fouffnr fes Eius pour les éprouver. Dieu
qui a prédelliiié fes E/us à la gloire , les a aulîi pré-
dcllinés à la fanclihcation. Morale de P.
iCT Dans une fignihcation beaucoup plus éten-
due, les Apôtres ont donné le nom Elus aux pre-
miers Chrétiens. Dans ce fens Elu fignifie celui qui
eft choifi pour la grâce du Chriftianifme, qui a
reçu la grâce de la vocation au Chrillianifme.
Élu du peuple, hletto del fcdelijjimo popolo j ell: une
très-belle, & très-grande dignité de Naples : c'eft à-
peu-près comme le Lord Maire à Londres , uu le
Prévôt des Marchands à Paris.
|Cr Elu , ou Confeiller d'une Eleélion , eft un des
Juges qui compofent ces Tribunaux , qu'on appelle
Eledion. On donne quelquefois le nom HÊlus à
tous les Officiers de ces Tribunaux. Ils connoilTent
en première inllancede l'alliette des tailles, aides ,
fubtîdes & autres impofitions ; des différends tjui
furviennent en conféquence, & de ce qui concerne
les Aides & Gabelles. Leurs appellations relTorcif-
fent à la Cour des Aides. Anciennement on appe-
loit Llus , ceux qui dans les Provinces avoient la
direftion des Aides , ou deniers qu'on levoit fur le
peuple pour la folde des gens de guerre. Ils étoient
nommés par les Etats qui ordonnoient la levée des
impoluions , & ils font aulli anciens que les Géné-
raux des Aides , qui étoient commis à même fin ,
& qui en avoient la diredtion générale dans tout le
Royaume. Ils avoient foin d'afleoir & de départir
les tailles , pour dlllàhucr «S" égaler fur chacun j tu je-
lon fis facultés. Mais depuis que les tailles furent
mfes en ordinaire j le Roi établit & inflitua en titre
d'office formé ces Eleus; & demeura le nom t/'Eleu ,
jacoit qu'ils nefuffcntplus Eleus & choifls par le peu-
pie. C'eft ainfi qu'en parle Coquille dans fon Hif-
toire deNevers. On peut appeler les Elus y adlecii ,
elecli , Sec.
Elus du Confeil. C'eft dans la Bourfe de Bourdeaux ,
ce qu'on appelle dans celle de Touloufe , Juges
Confeillers de la retenue ; & à Paris fimplement
, Confeillers des Juges - Confuls.
Elu, fe difoit autrefois des Archevêques & Evêques
avant leur facre , & on difoit tout de même en
Latin Eleclus.Ce qui a trompé celui qui a pris Elec-
tus Meldenfis pour un Officier de l'Elcéfion de
Meaux , au lieu que c'eft un Evêque de Meaux élu,
ic non encore facré. Philippe de Savoie fut cinq .nns
" Archevêque de Lyon fans prendre les Ordres facrés ;
& après, ce temps-là, il quitta fon Archevêché pour
époufer la Comteffe de Bourgogne. Il ne prenoit
que la qualité d'Elu de Lyon , EleCtus Lngdunenfs.
Vovez \HtJ}. de Lyon du R. P. Meneftrier.
Élu. On donnoitce nom cirez les Manichéens aux
plus parfaits de la fecte,àceax qu'on avoit choiùs
ELU S37
i ponr leur confier les fecrets de la fede ; au lieu que
\ les autres s'appeluient Auditeurs ou Croyans. La
dilhndVion des L.ius ik. des Auditeurs, caractère par-
ticulier des anciens Manichéens , ic trouve dans ces
feétaires venus de Bulgarie. Bossuet.
Élu On appeloiti^/w dans les premiers fîècles de l'E-
glife , ceux d'entre les Cathecumcnes qu'on jugeoit
fuffifamment initruits , Ik qui étoient dus , c elt-à-
dire J choihs pour recevoir ic b.^ptCnie.
ÉLUE, ff Femme d'Elu. Vous irez viliter Madame
la Baillive , (S: Madame \Liuc. Mol.
ELVAS. Ville d'Alentejo , Province de Portugal. iT/va,
Alba , Elba. C'tit' une ville Epilcopale , lous la
Métropole de Badajos. Eivas elt iuue à une lieue
de la Guadiane , liv à quatre lieues de Bad.ijos.Lcs
CalHllans la nomment Velves. thas elt un hvL-ché
dépendant de la Métropole d'Evora. Les Gaulois
Helviens , qui font les peuples du Vivarais en hran-
ce , font regardés comme les premiers habitans
à'Elvas. Cetce ville en tire fon nom , ainii que loii
origine. Le Quien de la Ntuv. Long. 11 d. 16'.
lar. 58 d. 44'.
ÉLUCIDATION. f f. Ce mot qui fignifie Eclaircif-
fement, explication , n^^ paru en François qu a loc-
ralion d'ua traité tait entre la Suéde &: les Provinces
Unies en 1650 j lorfque ces Provinces refusètencde
ratifier le Traité d'Eibing. On donna le nom à'elu-
cidation à ce traité ; parce qu'il éclaircilloit quelques
endroits du Traité d Llbing qui regardoient lecon:-
merce. Depuis ce tems-U quelques perlonnes, prin-
cipalement les PhilofopheSj fefont lervis à\Lucidu~
tion pour Eclaircillertient.
§3= ELUCUBR.'ITION. f f. Terme didaélique. Il fe
dit d'an ouvrage compolé à la lumière de la lampe >
c'eft-à-dire , .\ force de veilles & de travail. Acad.
Fr. Ce terine n'elt pas ufité ; cependant il eft très-
propre j & même nécelfaire, pour dillinguer ces for»
tes d ouvrages des autres.
ÉLUDER, v. a. Eviter , rendre vain & fans effet ; s'é-
chaper adroitement de quelque affaire , de quelque
difficulté. Eludere. Lachicane éiude le plus louvenc
la force des arrêts. Ce Doclieur n'a pas refolu cette
difficulté J mais il l'a éludée. Eluder une propofition.
Ablanc. Eluder les intentions de quelqu un. Ro-
CHEF. f/a^er la pourfuice de quelqu'un. Boileau.
Alexandre , coupant le nœud Gordien , éluda l'Ora-
cle , ou il l'accomplit. Vaug. Ille nequicquam lucla-
tus cum latentibus nodis, nihil , inquit , interejl quo-
modo folvatur : gladioque ruptis omnibus loris j ora-
culi l'urtem vel elufit, vcl implevit. Q. Cure. 1 3 .
^T Quoiqu'éluder, fuir& éviter fe reffemblenc
beaucoup par l'idée générale qu'ils préfententà l'ef-
prit , cette refiemblance n'eft pas parfaite , & cha-
cun de ces mots diverfifie cette idée principale', à fa
manière, par une idée accelToire , qui lui conltuue
un caractère propre & iîngulier. Voici j félon M.
l'Abbé Girard , les nuances qui dillinguent ces
mots.
gCT On fuit les chofes & les perfonnes qu'on
craint & celles qu'on a en horreur. On évite les cho-
fes qu'on ne veut pas rencontrer J & les perfonnes
qu'on ne veut pas voir on dont on ne veut pas être
vu. On élude les queftions auxquelles on ne veut ou
on ne peut pas répondre. Voyci^ Fuir & Eviter.
Pour e'/ùû'fr on fait femblant de n'avoir pas entendu,
& l'on change adroitement de propos j afin ne
n'être pas obligé à s'expliquer. On cludc en donnant
le change.
£C? La peur fait/à/r devant l'ennemi 5 la pru-
dence fait quelquefois éviter fapréfence ; & l'adref-
fe en fait éluder les attaques.
ELVERVELT. Petite ville du Ceicle de Weflpha-
lieen Allemagne. Ehcrfeldia. Elle eft dans le Duché
de Berg , fur la rivière de Wuper , environ à deux
lieues de Duifeldorp vers l'Orient. Maty.
ELVIRE. Nom d'une ville autrefois confidérable ci^
Efpagne. Eliberis , Ilihcris. C'étoit autrefois un Ar-
chevêché , dont la fituation ne nous eft plus connue.
Quelques-uns croient quelle ctoit près de la
63§ ELU ELY
ville de Grenade, qui à été bâtie des ruines de
l'ancienne Elviu , & qui lui a fuccédé dans la
dignité de Métropole j à l'endroit où elt , difent-ils,
un bourg nommé Elvire , au pied de la montagne
d'Elrira. Ils confirment ce kntiment , parce qu'il y
auneportedeGrenadequi aconrervclenom de porte
6:Elvire j & qu'elle cft de ce côté-là. Mariana croit
qa'fMVd ctoit entre les Heuves de Davre & de Xe-
nil , dans le lieu qu'occupe une partie de la ville ce
Grenade. Ce qui rend ce lentiment allez vrailem-
blable , c'eft qu'on y trouve beaucoup d'infcriptions
antiques Latines , qui femblent laites à i^W. On
en a trouvé aulli en beaucoup d'endroits de lAlca-
car & de l'Alhambre. Le Concile à'tlvire elt célè-
bre dans l'antiquité Ecclcfiaftique. Il tut tenu 1 an
505. lo ans avant le Concile I de Nicée.
ÉLUL. f. m. Nom du fixième mois des Hébreux. £/i^/
II répondoitenpartieau mois d'Août & en paitie
au mois de Septembre. Macliab. XXIV , 17. Ces
noms de mois ne font guère plus anciens chez les
Hébreux que Salomon. Avant ce tempsla on diloit
le premier , le fécond , le tioifième mois , &c.
ÉLUSATE, f. m. & f. Nom d'un ancien peuple de
Gaule , en Aquitaine. Elufas. Les Elufates avoient
les Vafates au nord , les Aufciens'Sc les Nitiobnges
au levant, les Bénéarniens , ou Béarnoisau midi
& les Datiens Tarbelliens au couchant , Célar , L.
III de Bello G ail. les met entre les Tarufates & les
Garites. Leur capitale écoit Elufe ,aujourd hui Eufe,
ou Eaufe. Us occupoient une bonne partie de ce
que nous appelons la Gafcogne propre ^ & la par-
tie occidentale de l'Aimagnac Voyc\ Hadrien Va-
lois j Not. G ail.
ÉLUSION. f. f. Tromperie. Ludificado. Vieux mot &
hors d'ufage.
fiCr .LUTRIATION. f. f.Opération de Chymie.^oy.
Lavage.
ELWAH. f. m.Ceft ainfi que les Africains appel-
lent une contrée de l'Afrique , arrolée par le Ni-
ger.
ELWANGEN. Petite ville de la Suabe en Allemagne.
Elvanga , Euphanûacum. Elle ell capitale d'une
Prévôté qui porte fon nom. Elwangen eft; fitué fur
le Jaft , à fix ou fept lieues de Norlingue , du côté
duSeptentiion.Le Château d'-fc.%J/2^e« eft fur une
colline qui eft auprès de la ville ; le Prévôt d'£/-
VJdngen y fait fx rétîdence j il eft Prince de l'Empi-
re. La Prévôté èiElvjangen fut érigée par le Pape
Pie II l'an 1460. Le Chapitre à^ Elwangen eft com-
pofé de douze Chanoines qui font preuve de No-
blelTe. C'étoit auparavant une Abbaye de^ Bénédic-
tins. Maty. Long. 25 d. 53' Lac. ^9 d. 2'.
ELY.
ÉLY. Petite ville .d'Angleterre. Elya , Relia j Elia.
Elle eft fur la rivière d'Oufe dans le Comté de
Cambridge , à trois lieues de la ville de ce nom.
Ely a été la réfidence des Rois d'Eaft - Angles , 5c
elle a eu une Abbaye que le Pape Pafchal II con-
vertit en Evèché , fuffragant de Cantorbery , l'an
1108. Maty. On écrit auHi Eli. Voye-{ ce mot.
Elï étoit d'abofd un Abbaye. Elle fut érigée en
Evèché par Henri I. en Ti 10. Long. lyd. 3/, lat.
5 2 d. 20'.
ÊLYCRISON. f. m. Fleur qui s'appelle autrement fleur
immortelle. Elycrifon. VElycrifon fleurit au mois
d'Août. Il craint le froid. Morin , Traité de la Cuir.
des fleurs.
^ÉLYMAIDE. Cette Province eft appelée Elam dans
l'Ecriture. Voye-^ ce mor.
ÉLYMAIS, ouÉLYM\IDE. Ancienne \\\\Q.Elymaïs.
C'étoit la Capitale de l'Elymaide , & elle étoit dif-
férente de Perfépolis \ car celle-ci étoit fur l'Araxe,
6 celle-là fur l'Eulce. Il y avoir \Elymch un tem-
ple, plein de richefles &: d'armes, qu'Antiochus
voulut piller ; mais il fut chalfé par les habitans ,
ELY E M A
s. Jérôme fur Daniel , C. 2. où il cite encore To-
lybe& Diodorcj qui difenr que c'étoit un temple
de Diane. Appien , In 6j riacis , écrit qu'il c^oit
dédié à Vénus. Confultez Rochart j Phaleg. L. n.
C 2. On dit Ely mais plutôt quElymaide. La
ville capitale ( des Eiamites ) le nommou El^ maïs.
GODEAU.
ELYME. Ancienne ville de Macédoine , capitale des
Elymiots. Elyma. On prétend que c'eft celle qui fe
nomme aujourd'hui Canina en Albanie.
ELYMEEN , ENNE.f. m. & f. Nom de peuple. Ely~
m&us. Voy. ExAM. Les Elyméens & les Suliens
étoient deux dittérens peuples , qui fe laifoient
même louvent la guerre. Bociiart. Phal. II, 2.
Les Auteurs profanes , fur-tout les Grecs j appel-
lent Élymeeiis ceux que l'Ecriture appelle Ela/n &
Eiamites. Voy. ces mots. M. Corneille diftin^ue
les Elyméens &: les Elymiens , & en fait deux ar-
ticles, fans railon^ c'eft la même chofe. Elyméen eft
m\Q\\x(\\.\ Ely mien \ car on dit en Grec ÉAK^.a/cf ^ &
en Latin Elymxus , Se non pas Elymius.
ÉLYMIOT , GTE. f. m. & f. ou ELYMIOTE, pour les
deux genres. Nom d'un peuple ancien de la Macé-
doine. Elymioia. Les Elymiocs,oa Elymiotes,ézoïent
dans la partie occidentale de la Macédoine , en ti-
rant vers la mer Adriatique, voifins des Taulan-
tiens. Leur Pays s'appelle aujourd'hui Placani. Ely-
me étoit leur capitale.
ELYSÉE, i. f. Si adj. VElyfee , ou plus communé-
ment les Champs Elyfées , ou les Champs Elyhens.
Elyfium , Elyfii _, Elyjii Campi. Terme de Mytho-
logie. C'étoit, dans la Théologie des Anciens , un
lieu dans les Enfers plein de campagnes agréables y
de prairies charmantes , de bois délicieux où les
gens de bien failoient leur demeure après leur
mort. Orphée , Hercule , Enée , eurent le bonheur
de voir ces champs fortunés pendant leur vie. Vir-
gile L. VI. V. 658. &fuiv. &Tibulle , L. L Eleg. 5,
ont tait des defcriptions des champs Elyfces.
Les pures amitiés & Us chafles fouhaits
Pajjént dans rElyiée , & n'y meurent jamais :
Ces charmes innocens , où la vertu s'élève j
S'ébauchent dans la vie , 6* la mort les achève.
Brébeuf.
Quelques Auteurs croient que cette fable vient
des Phéniciens J parce qu'ils prétendent que ce nom
Elyfee vient du Phénicien py, ajay^ , ou j"'y > ajatSy
ou dl'j, alas,(\m lîgniheyé réjouir, être dans la
joie ; que \'a s'eft changé en e , comme en beaucoup
d'autres noms; ainh on a dit Enakim ^owz Ana-
kim. Ainh les champs Ely fées lignifient la même
chofe que lieu de plaihr , locos Utos , /edejijue bea-
tas J comme Virgile les appelle. D'autres difenr que
ce mot vient du Grec >»"«, folvo , je délivre j je
dégage J parce que c'eft le lieu où vont les âmes
après qu'elles font délivrées, dégagées des liens du
corps après la mort. Beroald i?>.: Hornius , Hijf. Phil.
L. III. C. 2. croient que ce lieu a pris fon nom
d'Elizaj qui fut un des premiers qui vinrent en
Grèce après le déluge , & qui tut l'Auteur & le
Père des Etoliens. Rudbecks foutient que c'étoit la
Suéde,où étoient les c\\3.m^s Elyfées. V. Achérom.
Voye\ fur les champs Ely fées le Traité de Jac-
ques Windet , De Vitâ junclorum ftatu.
Il y avoit aulîi, en Béotie , Province de l'ancienne
Grèce, un lieu, ou une campagne j qu'on appeioit
Champs Ely fées ; & il y a, proche de Paris , à côté
du Cours , des allées d'arbres , qui font une pro-
menade fort agréable , qu'on nomme les Champs
Elyf'esj'p^v allufion & parcomparaifonaux Champs
Elyfées des Anciens.
ÉLYSIEN. adj. Qui ne fe dit que dans certephrafe.
Les Champs Elyfiens j Elyfii Campi. Foy. Elysée.
E M A.
comme il eft rapoorté dans le i. Liv. des Machab.
VI. i.&fuiv. Jofeph, Antiq. L. XIL C. 13. &; ÉMACURIES. f. f. pi. C'étoit une fête du Péloponnc-
E M A
fe , où les jeunes garçons fe fouertoient au tombeau
de Pclops j juiqu'à ce que le fang découlât fur ce
même tombeau.
EMAGE. f. m. Ancien droit qui fe lève fin- le fel en
quelques endroits de Bretagne , particulièrement
dans les Bureaux de la Prévôté de Nantes.
EMAGIAGEN. Ville & citadelle d'Afrique, dans la
Province de Maroc propre.
ÉMAIER , ou ESMAIER. v. n. & a. Vieux mot. S'é-
tonner , être en émai. Mirari j Jluperc. Là lor vint
nouvelle que nuls des Pèlerins s'en alloient par au-
tres chemins à autres porzj & furent moul efmayes.
ViLLEHARD, n. IJ.
Cet don nef} pas courtois qu'on trop dilate ,
Si s'en efmaie & plaint al qui l'attend.
Le Chastelain de Coucy.
Ci mos efmaia les Flome.ns. Phil. Mouskes.
Quand li chiens aho'ier dilaie ,
Lileus vers les brebis j'efmaie.
Prélats , veille'^ comme chien vfai ,
Quand vous dorme^ l'on a bon mai ,
Tant eftes meu que je w'efmai ,
Car ne truis chien dont Icu i'efmaie. Le Reclus
DE Moliens. f^oye^ Du Presne , Glojj. de
Fillehard.
ÉMAIL, f. m. Qui £iit au pluriel Emaux. Compofi-
tion faite de verre calciné , de fel , de métaux , (Sec.
que l'on applique avec le feu lur des ouvrages d'or ,
d'argent , de cuivre , de fer , &c. pour les embellir.
Encauftum. Sa matière fondamentale elt de l'écain
& du plomb en parties égales , calcinées au feu de
réverbère , à quoi on ajoute, féparément, des cou-
leurs métalliques telles qu'on veut lui donner ,
comme \&s ujlum pour le verd j le crocus de Mars
pour le jaune. La chaux d'étain produit un blanc
fort exquis , celle d'argent un très- beau bleu ; avec
de la chaux de cuivre , de la limuie de ter & de
l'ûrpiment , un très-beau rouge ; avec du falpêtre ,
une couleur de perles ; avec du jai , un très-beau
noir.
On travaille \ email au feu de lampe avec un pe-
tit tuyau par lequel on fouftle , foit avec la bouche,
foit avec un foufflet ; & on le tire en des filets auih
déliés qu'on veut, jufqu'à les tourner fur un dévi-
doir , éc en faire des aiçrrettes. On fait trafic ^ émail
en canon. Toutes les pierres précieuies contretaitcS
fe font avec de rewtf,:/, c'eft -à-dire j du verre &
des métaux. Le verre eft du plus beau criftal , & les
métaux font réduits en chaux lavée & filtrée , en-
forte qu'ils fe réduifent en fel ; & après plulieurs
cuilfons Si lotions fe fait \ émail blanc , qui elt
fufceptible de toutes les autres couleurs , en y mê-
lant des matières métalliques.
Ce mot vient de l'Italien fmalto &c f maltare. Q\.\t\-
ques Sçavans remontent encore plus haut , & font
delcendre le mot efmail de l'Hébreu Sovn ,hhajmal,
qui fe trouve dans Ezéchiel , I. 4. zy. & VIL 2. &
que Saint Jérôme traduit par eleclrum , efpèce
d'émail , compofé d'or & d'argent : ils difent que
de-là les Latins ont fait fmaltum , qui fe trouve
dans Anaftafe le Bibliothécaire, dans Guillaume
aullî Bibliothécaire, dans Richard de S. Germain ,
& dans quelc[ues autres Auteurs de la balTe Latini-
té. Le premier étoit une efpèce de ciment dont'parle
Pline , fait de chaux , de poix& de grailfe , & dont
le Pontifical Romain fait mention dans la cérémo-
nie de la confécracion des Eglifes \ Se fmaltum étoit
, un ouvrage de pièces rapportées , duquel ont parlé
plufieurs Auteurs J & , entre autres , Anaftafe le Bi-
bliothécaire.
Émail , fe dit aufli de la peinture & du travail qui
fe fait avec des couleurs minérales qui fe cuifent
avec le feu ; Pigmcntum metallicum ; ce qu'on ap-
pelle , Parfondre l'fwai/j Encaujfum aurj acaluti-
nare , inurere. Un portrait fait en émail ne s'etface
re
E M A 639
point. Un tableau d'e/7z^/7. On peint en minintur.
i\iïi email Az la même manière que fur le velin
Onaforteftimé autrefois les émaux de Limoges
qui le f-ailoient du teins de François I. particulic^re-
menr fur du cuivre. Ils ont été fameux dès le
temps du XI , XII & XIIF fiècles. Il elt défendu
aux Ortévres de taire des doubles de voinnes , qui
font des émaux épais qui contiennent plus de verre
que de matière,
La peinture en émail eft très-ancienne : on l'a
employée dès les premiers temps fur les métaux &
lur la terre , comme on fait encore aujourd'hui.
On prétend que les briques dont les murs de Baby-
lone turent conltruits étoient des briques émai liées
dont les émaux repréfentoient différentes figures.
Du temps de Porfenna on falloir dans fes Etats des
vafes émaillés. La porcelaine , tant celle qui vient
de la Chine & du Japon , que celle qui fe fait en
France , la taïance , les pots verniflcs de terre ,
toutes ces chofcs font autant d'efpcces d'émaux.
Mais on appelle, proprement , Peinture en émail,
une peinture qui le fait avec des émaux broyés &
réduits en poudre , employés comme les autres
couleurs , & enfuite fondus, recuits & vitrifiés par
la torcedu feu. Cette lorte d ouvrage fut beaucoup
perfeétionnée du temps de François I. en France, i>c
en Iralie. En France on fiifoir à Limoges ces beaux
émaux , qu'on appelle émaux de Limoges ; en Ita-
lie on falloir de tort beaux vafes à Fayence , & à
Caliel-Durante du temps de Michel-Ange & de
Raphacl , & apparemment fur leurs delleins ; car-
ie delfein des figures elt ce qu'il y a de plus conlidé-
rable dans ces vafes.
Il y a deux fortes d'émaux-^ les émaux clairs Sz
tranfparens , & les émaux épais Se mates. On em-
ploie les émaux chus en les broyant avec de l'eau
feulement : les émaux épais s'emploient avec de
l'huile d'afpic L'invention des émaux épais eftalfcz
récente : jufques vers 1630. on n'a connu que les;.
émaux cl:<AXS\ mais en 1631. Jean Toutin , Orfè-
vre de Chàteaudun , qui travailloit parfaitement
bien les e/ntzi/.v ordinaires , chercha le fecret d'em-
ployer des e'vziî/^v mates; il le trouva, & le com-
muniqua à d'autres Orfèvres qui l'ont répandu par-
tout.
Ow emploie ordinairement les émaux fur des
métaux , or , argent, cuivre: l'or elt le meilleur \
il n'a poinr de mauvaile qualité ; & les émaux pa-
roilfent delfus avec tout leur éclat , & toute leur
beaiiCé -" i'argcnr jaiv-vù les blancs ; le cuivre s'écaille
& jette des vapeurs : cependant le cuivre elt le fond
fur lequel on .ipplique le pli'sfouvent les émaux _,
parce qu'il eft le moins précieux ; & , pour corri-
ger fes mauvaifes qualités , on applique deltas Sc
deffous la plaque une couche démail , quoiqu'on
ne doive travailler que d'un côrc , afin que le ci ivre
ne s'enfle pas plus d'un côré que de l'autre, & ne
caufe point d'inégalités, f'oyc^ M. FélibIen , dans
fon Traité des Principes de iArch'ueclure , de la
Sculpture , de la PeincUrU , & des autres Ans qui en
dépendent. "■ ^^^Sii-'C-' z. -■ :
Email , elt auOî une foftè de minéral qu'on purifie,
& auquel on donne dans les pays étrangers toutes
les façous qu'il doit avoir pour en faire un bleu
foncé , & le réduire en manière de farine rrès-dc-
liée. Cette forte d'émail (e vend à Paris par les Epi-
ciers. Il ferr aux Blanchilfeurs & aux Blanchilfeufes
pour donner la couleur bleue à l'empois. Se aux
Enlumineurs!^ aux Peintres pour faire une couleur
bleue qu'ils emploient dans leurs ouvrages. Le
mot émail en ce fens n'a point de pluriel. Cet
€'mt?il e(t très fin , & le plus beau vient de Hol-
lande.
Email , fignifie aufti un ouvrage compofé d'une ma-
nière de verre blanc qu'on travaille à Venife , Sc
qui fe travaille chez les Faïanciers de Paris. On y
vend des talTes , de petits pots , de petites urnes
d'email , Se plufieurs autres de ces fortes de petits
ouvrages propres à orner les cabinets , les chemi-
EM A
nées, les armoires j Sec. Il y a aiiffi une forte de
faiauce émaïUée , que l'on appelle ordinairemenc
émail ^ mais c'eft un faux e/nc7-;V que les Faianciers
appellenc turquin , & qui n'eftpas , à beaucoup prcs.
Il beaiique l'émail àt Venife , qu'on fait quel-iue-
fois dorer pour en rehaulfer le prix & la beauté.
Émail, fe du aulîi, au figuré, pour une forte de bague
marquée de quelque devife , pendante au bas d'un
Ordre de Chevalier , ou de quelque autre coilier.
Bullajmû'iilejphalera.PouEY. -,/11
Émail , fe dit, dans un fens figuré, de la variété, de la
diverfité de fleurs & de couleurs. Fiorum copia , va-
rias color. L'e/72fl// des prairies, des parterres. Mais
il eft plus de la Pocfie que de la Proie.
Z'émail riche & brillant^que nos champs font édore,
Nefc encorrcfervéquau triomphe de Flore.
Nouv. Ch. de Vers.
On dit aufli ^ V émail des dents , pour dire ^
L'éclat des dents fort blanches, la fuperficie lui
fante qui couvre k partie olfeufe des dents , Si qui
fort & s'élève au dellus del'alvéole & des gencives.
Ebur demis. M. de la Hire , le fils , a obfeivé que ,
dans les adultes , l'os de la.dent ne croît point j non
plus que les autres os , mais feulement ['émail. Ac.
DES Se. i6ç)^. Hiji. p. ^1. L'émail deia. denz eild'ani:
matière tout-à-fait difterente de l'os : il ed compofe
d'une infinité de petits filets, qui font attachés lut
l'os par leurs racines, à-peu-piès comme les ongles
& les cornes. On voit très facilement cette compoli-
tion dans une dent rompue , où l'on remarque que
tous ces filets , qui piennent leur origine vers la
artie de l'os qui touche la gencive , lont fort in
iinés à l'os , & comme couchés les uns fur les au
très , enforte qu'ils font prefque perpendiculaires
fur la bafe de la dent. Si par quelque accident il I.'
rompt une petite partie de Vema.l , enforte que l'os
ait du jour , c'eft-à-dire, que les racines des filets
de {'émail foient emportées , l'os qui elt en cet en-
droit fe cariera , & il faut que la dent périlfe , fans
qu'il foit polfible d'y remédier i car les os du corps
des animaux ne peuvent jamais refter à décciuvert
Ib. Il y a cependant des perfonnes qui ont Vémaii
des dents ufé, peut-être à force de les avoir frot-
tées avec des pommades , & en qui l'os paroit à dé-
couvert, fans périr : mais c'eft que l'os n'eft pas ef-
fedtivement découvert , & qu'il y relte une petite
couche d'émail qui le conferve. Cette couche eft
allez mince pour être tr^nCparente , & elle laifTepa-
roître la coulctu jaune de l'os. Ib. Il peut arriverque^
daus quelques dente, ces filets, qui lent \émail, ne
foient que par paquets j dont les extrémités s'unif-
ient , mais qui ne foient pas joints exadementvers
los : l'extrémité de ces filets venant à s'ufer, l'os fe
découvre & fe carie , & la dent doit périr. Ib.
L'émail eft compofé de petits filets rangés les uns
à côté des autres , & qui couvrent toute la partie
de la dent , qui eft hots de la mâchoire. Ib.
Émail , & plus fouventau pluriel émaux , en termes
de Blafon , fe dit des couleurs & métaux dont .un
Ecu eft chargé. Gentilitii fcutl colores & metalla.
Lémail fe dit en général tant du métal que de la
couleur , à caufe qu'en effet Vémaii d'Orfèvre eft un
ouvrage fait de métal & de verre calciné qu'on teint
de différentes couleurs. Le Blafon n'a que fept for-
tes géniaux , Or , Argent , Gueule , Azur , Sable,
Sinople ■.'s: Pourpre. Les émaux du Blafon font venus
des anciens jeux du Cirque , qui ont palfé d'abord
aux tournois ^ car les Faàions & les Quadrilles s'y
diftinguoient par le blanc , le rouge , le bleu &c le
verd. Suétone dit que Domitien y en ajouta une
cinquième vêtue d'or,&: unefixième vêtue de pour-
pre. A l'égard du fable , il eft venu des Chevaliers
qui porroient le deuil. P. Mén.
ÉMAILLER. v. a. Appliquer de l'émail, peindre ^
orner , embellir avec de l'email , avec des couleurs
minérales , ou provenues des minéraux. Fncaujium
auro illinere. Emailler une montre , un bijou.
E M A
Emailler, fe dit j au figuré, pour embellir.'Piw^er^r,
dijiinguere , ornare. Le printemps émadlt la terre, la
peint de divetles couleurs.
Déjà l'or & l'azur , du haut de ces montagnes ,
Emailhni à longs traits ces Jertiles campagnes.
La Suze.
Émaillf. , LE. part. & adj. fe dit au ptopre & au figu-
ré. Ornatus , dijlinctus , vermiculacus. Une montre
émaillée. Ciel emaillé d'étoiles. Prés émailléc de
fleurs. Vous aimez les expreflions qui donnent le
plus dans la vîie j &je vous avoue que votre langage
me paroît un peu trop émaille. Ch. de Mère j c'eft-
à-dire , trop brillant.
Que vos bords enrichis de marbre & de verdure j
Soient toujours émaillés de fleurs :
Que Zéphirefur vous répande /es faveurs.
P. BUFFIER.
EMAILLEUR. f. m. Ouvrier qui travaille en émail
qui manie le verre au leu de lampe j & qui en fait
diverfes figures. Encaujles.
IjCFLe titre d'emailleur,zn général,convient à plu-
fieurs fortes de petfonnes j aux Orfèvres & Joail-
liers , qui montent les pierres précieufes ; aux La-
pidaires , qui les contrefont avec les émaux ^ & aux
Peintres qui peignent en miniature fur l'érnail , &
qui font cuire leur ouvrage au feu. Mais les émail-
/far.j 'proprement dits , font ceux qu'on appelle Pa-
tenotriers & Boutonniers en émail.
EMAILLURE. 1. f. Application d'émail fur quelques
ouvrages. Induiiio encaufli , pigmenti mctaUici. L'é-
maillure de ce portrait eft charmante. Il fe dit quel-
quefois pour l'ouvrage même qui eft émaillé. Opus
encaufiicum. Voilà une belle emaillure. Pomey. Ce
mot ne fe dit guère ; ou ne fe dit que parmi les Ar-
tifans & Ouvriers en émail.
Emaillure j eft aufli un terme de Fauconnerie , qui
fe dit deJ mailles ou taches roulfes qui font furies
pennes de l'oileau de proie. Pcnnarum maculofa va-
rietas.
03- ÉMANATION, f. f. L'adion d'émaner , ou la
chofe même qui émane d'une autre. Emanatio. Le
pouvoir qui eft communiqué aux Juges , eft une
émanation de la puiflance Royale. Vemanation du
Verbe. Les Théologiens enfeignent qu'il y a en Dieu
deux émanations j celle du fils qui fe fait par géné-
rrrtion , & celle du famt Efprit qui fe fait par fpi-
ration.
'^3". On appelle en Phyfique émanations j des
particules très-fines & très-déliées qui forcent ou fè
détachent continuellement des corps par une efpè-
ce de tranfpiration j écoulemens par le moyen def-
quels les Philofophes modernes expliquent quanti-
té d'effets furprenans,& que l'on ne peut expliquer
que dans le fyftême corputculaire. Rien n'eft plus
certain que l'émanation continuelle d'une infinité de
corpiifcuies qu'exhalent tous les corps , même les
plus durs. Un peu de camphre écrafé difparoît bien-
tôt. Le bois dépérir continuellement ; les métaux 3
l'or même , rout fe confume par une efpèce de tranf-
piration infcnfible.Ceux qui travaillent aux mines,
& plufieurs autres ouvriers éprouvent tous les jours
combien, font préjudiciables, les particules quifor-
tent des corps les plus compaéles. Les odeurs ne
confiftent que dans des émanations des corps odori-
férans , qui viennent faire imprelfion fur l'organe,
& exciter en nous la fenfation d'odeur. L'aimant
feul eft line preuve convaincante de l'exiftence de
ces écoulemens. F^oye:^ Vapeurs , EXHALArsoNS j
ODEUR.
IJCT Ces émanations fubtiles & pénétrantes , &
Îiui confervant les ptopriérés des corps dont elles
ont détachées , agilfent différemment fur les corps
qui fe trouvent dans la fphère de leur atlivité , fé-
lon le plus ou le moins de proportion qu'elles ont
avec les p^res de ces corps \ & peuvent conféquem-
ment
EMA
ment prodairede grands changemens dans Iccono-
mie animale. M. Altruc , dans fi DilFercation fur
la pelle, dit que, par la cranfpiration des pefhférés,
il le forme autour d'eux une atmolphèrcj dont tous
les points font remplis par les émanations peltilen-
tielîes , & que ces émanations peuvent s'infinuer
dans les corps de ceux qui font dans cette atmolphè-
le, & leur donner la pelle.
ifT Les Newtoniens prétendent que la lumière
eft produite par une émanation des corpufules qui
s'élancent du corps lumineux, f^oy. Emission et
LUMIÈRE.
^3' EMANCHÉ, ée. Terme de blafon qui fe dit
des partitions de l'écu, où les pièces iont enclavées
l'une dans l'autre en torme de pyramide triangu-
laire.
ÉMANCHES. Voy. EMMANCHES.
EMANCIPATION, f.f. Liberté d'agir en fes affaires,
& de gouverner fon revenu fans l'alfillance d'un
Tuteur. Emancipatio. Tous les parens alfemblésont
confcnti à ^émancipation de ce jeune homme. Il a
obtenu en Chancellerie des lettres i^ émancipation ,
qui ont été entérinées par l'avis des parens. L'ertet
de ces lettres d'émancipation zïi-iliemézinéçs, ei\ ,
que le mi.neur émancipé peut dilpoler de fes meu-
bles, faire les baux de fes immeubles , Ôc en tou-
cher les revenus. Mais il ne peut ni vendre , ni hy-
pothéquer fes immeubles , ni en traniiger , lî ce n'eft
du confentement d'un Curateur qu'on lui donne
d'ordinaire en l'émancipant. Autrefois ïémarxipa-
tion fe faifoit en jugement par les pèreSj pourvu
qu'elle eût été demandée par l'enfant qui devoit
être émancipé ; mais , h l'enlant étoic mineur j le
père ne pouvoir rémanciper fans lettres du Roi :
E M A 641
nie les pères émanàpoient leurs enfans pour les
mettre hors de la puilfance paternelle : enlorte que
le hls émancipé ^ quoiqu'au-delfous de 15 ans, pou-
vait fe marier lans le confentement de fon père.
Cujas n'accorde pas la mcme liberté à une veuve
mineure de 15 zns ,<\\\o\.q;^\ émancipée par fon pre-
mier mariage. Un lils de famille ne peut , dans
les pays de Droit écrit , m contrader , ni acquérir
pour lui, jufqu'i ce que fon père l'ait émancipé.
Il fliut des lettres du Prince pour émanciper un mi-
neur dans les pays de Coutume.
s'Emanciper ,f!gnihe ,figurément ^ fe donner trop de
liberté , ne pas garder les mefures convenables à
l'état où l'on eft. Audere j committere ^fumerefibi
prafumere , folutè lihcréque vivere. N'ayant aucune
nouvelle des ennemis , nous nous émancipâmes d'al-
ler à Graben.Bussi Rab. \ oviswons émancipei beau-
coup , de fortir après avoir été fi malade. S'emanci-
per un peu dans la liberté de la débauche , libère
vivere. Pourquoi , à force de vous émanciper des
lois communes , vous faites-vous une conduite par-
ticulière , qui renverfe toutes nos vues fur vous ?
, BouRD. £xh. T. I. p. 206'.
Emancipé , ée. part.
Ces mors viennent du Latin ex , & de mancipium^
qui hgnihe un ejllave^ un homme qui a perdu fa
liberté.
EMANER, v. n. Sortir d'une certaine fource , en ti-
rer fon origine , découler. Manare , fiuere\ oriri.
Le fils émane du Père , Le S. Efprit émane du Père
& du Fils. La lumière des Planètes émane du foleil.
Des influences qui émanent des Planètes. Un Edic
un pouvoir,un privilège q^và émanent àe. lapuill-mce
Royale. Des corpufcules qui e/72a/ze«rdes corn<;
qui émanent des corps.
ainli j quand Charles de Valois voulut émanciper 1 Émané, Ée part. & adj. Manans ., projeclus.TitQZtx.
Louis l'on hls y âgé de fept ans , il obtint dos lettres émané d'une telle Jurifdiclion. Défenfes émanées
du Roi. Les .autres manières è^ émancipation étoienc | du Confeil àis, Cardinaux. Maucroix.
le mariage, l'âge de vingt ans, éc, en quelques Pro- jÈMANS. Nom de lieu, dans le Diocèfe de Sens. As-
vinces, le décès de ja mère : la raifon elt que,dans ces mantum , Acmantum, Hadr. Valois. Net. Gai '
Provinces, les enfans étoient folidairement fous la! ÉMARGEMENT. Terme de Finances. Ce qui eft mis
à la marge : ou adion par laquelle on me: quelque
puilfance du père & de la mère conjointement \ ik
par la mort de la mère ils fe trouvoient émancipés.
Voyc^ les Coutumes de Chartres , de Montargis ,
de Vitry , de Dreux , &:c. P>.agueau , 6z M. de Lau-
ricre fur cet Auteur.
Du Cange témoigne qu'on s'eft fervi auftîdu mot
^émancipation, dans les Monaftères, en parlant des
Moines promus à quelque dignité , ou tirés hors de
l'obéilTance de leurs Supérieurs , comme auili des
Monaftères qui avoient été exemptés par le Pape de
, la jurifdiétion de l'Ordinaire.
Emancipation , eft auflî , en termes du Droit Ro-
main , l'ade par lequel un fils eft mis hors de la
puilEince paternelle. L'effet de \' émancipation eft ,
que les biens meubles & immeubles que le fils ac-
quiert , lui appartiennent en propriété & non point
au père, comme avant \ émancipation. Il y a deux
fortes êi émancipation j l'une tacite , qui fe fait , ou
par la dignité à laquelle le fils eft promu , ou par le
mariage , ou par la majorité : en tous ces cas le fils
devient maître de fes droits : l'autre eft une éman-
cipation exprejfc , par laquelle le père déclare de-
vant le juge de fon domicile, qu'il émancipe fon
fils. En France l'émancipation par mariage , empor-
te la liberté de fe remarier fans le confentement du
père , quoique celui ou celle qui veut fe remarier
n'ait pas atteint l'âge de 2.5 ans.
Émancipation des gens de main-morte, eft la con-
celfion de la. même liberté , des mêmes franchifes
& prérogatives, dont jouiftent ceux qui font francs.
Cette émancipation fe fait par le Seigneur , quand
il met quelqu'un de fes ferfs en liberté , & qu'il l'af-
franchit des droits auxquels il étoit alfujetti par fa
nailvance. C'eft ce que nous appelons affranchiffe-
ment.
ÉMANCIPER, v. a. Mettre un fils hors de la puilfan-
ce paternelle , & mettre un mineur en état de jouir
du revenu de fon bien , &: d'agir en Juftice, fous la
conduite d'un fimple Cur.iteur. Emanciparc. A Ro-
Tonie III.
, cliofe à la marge.
EMARGER, v. a. Termes de Finances. Marglnl adfirl-
bere , in marglne configncre. Arrêter à la marge. Ce
terme eft nouveau , mais il eft allez ufité. Emarger
les états de recouvrement, c'eft-à-dire^ fixer à la
marge les états de recouvrement , ce qui doit reve-
nir à chacim.
#Cr EMASCULATION. f. f. Opération par laquelle
. on ôte à un mâle les parties qui caradérifent fon
fexe.
ÉMASCULER. v. a. Evlrare. Ôrer à un mâle les par-
ties qui font le caradère de Ion fexe. Cette derniè-
re opération par laquelle il émafculolt tous ceux à
, qui il la faifoit. Dionis.
EMATFi. C'étoit une région fîtuceau Septentrion de
la Terre-Sainte. VEmath étoit en partie dans l'Ara-
bie. Du moins l'Auteur de la verfion Grecque d'I-
fiie XI. 1 1. traduit Emath , par l'Arabie. Le P. Lu-
bin diftingue deux parties dans Emat/i j l'une appe-
lée hmath de Soba, ouSobal j du nom de fa capita-
le ^ 2. Parai. VIII. 3. Judith. III. i. Et l'autre i/rzuV/i
de Juda 4. des Rois XIV. iS. mais il fe trompedans
Emath Judx. : il a pris Juda pour un génitif ; & le
fens eft , Jéroboam reftitua \ Emath qui étoit dans
le Royaume d'Ifrach s'il eût confulré l'original , il
n'en^eùt point douté : ainfi cette partie s'appelleroic
plutôt \' Emath d'Ifracl.
ÉMATH^eft encore une ville fituée au pied du monc
Liban, aux confins de la province de Damas, ap-
pelée Syrie de Damas. Ileftvrai-femblable qu'elle
fut bâtie par Emath , ou Amath , Amathce , hls de
Chanaan, Geti. X. 18. & quelle en prit fon nom.
Ce fut la Capitale d'un Royaume de Chananéens.
Il fut enfuite attribué à la Tribu de Nephtali. Jof.
XIX. 3 V
Ce nom, foie qu'il fe dife du pays, ou de la
ville dont nous venons de parler , s'exprime en plu-
fîeurs manières j car on trouve Emath j Hcmath ,
M m m m
é42, EMA EMB
Amath j Hamath , Ammadj Ammath j Hammath j
Ainathe , Amatgi j Emathin.En Hébreu , c'eft "131 j
Hamath. qui iîgnitîe chaltur.
Il eft fait mention d'un Emath dans Amos VI. i.
à laquelle le Prophète donne le furnom de grande.
S. Jérôme die que c'eft Ancioche de Syrie : le P. Lu-
tin croit que ce pourroit aulîi être la ville appelée
Epiphanie , iituée fur le bord oriental de l'Oronte,
& que l'on nomme aujourd'hui Aman.
ÉMATHION. f. m. Fils de Tithone , étoit un tyran
de l'Arabie , donc Hercule purgea la terre , dit
Diodore.
£M AYOLER. v. a. Donner le Mai. Ce mot eft vieux.
Pour ce vous veux 3 Madame , émayoler ,
£n luu de mai 3 d'un loyal cœur que j'ai. Fro i s s.
E M B.
EMBABOUINER. v. a. Amufer quelqu'un de belles
efpérances , fe rendre maître de Ion elprit \ l'enga-
ger à force de careifes à faire ce qu'on fouhaite de
lui. AlUcere jiproleclare. C'eft à faire aux fots à fe
lailfer embabouïner par les femmes. Il s'eft lai.Té
enibabouiner par ce hâbleur , qui lui proraettoit de
faire fa fortune. Ce mot eft populaire , & vient de
babouin 3 comme qui diroit. Traiter quelqu'un en
fot j, en enfant, en babouin.
EmbabouïnÉ ;'Ée. part. Laclatus , dcceptus j illufus.
EMBÂILLONNER. v. a. Mettre un bâillon à quel-
qu'un. Il a la même fignification , mais plus d'é-
nergie, ce me femble j que bùillonney, il eft cepen
dant moins ufité. On voit quelquefois les gros lar-
rons paffer le même pas qu'on fait palfer aux petits:
mais ceci advient ordinairement à ceux qui ont été
il mauvais ménagers , qu'ils n'ont rien gardé de quoi
ils pulfenc embâillonner ceux qui voudroient crier
contr'eux , ou grailfer les mains de ceux qui les
voudroient prendre.... Apol. pour Hérodote, edit. ùe
la Haye 1735, tome i j partie 2 y chapitre 1 / ^ pag.
203 J -20t£.
EMBALLAGE, f. m. Aftion d'emballer , de mettre en
balles , & chofes ' qui fervent à emballer , comme
cordes , ferpillières , papier, toile cirée , &c. Com-
paclio 3 confarcinatio. Il faut compter les frais de
l'emballage fur les marchandifes. \J emballage appor-
te toujours quelque tare ou déchet. Il faut dmii-
nuer fur les marchandifes le poids de Vemvallage.
Dans le deuil , le bonnet des Chinois a une figure
tout-à-fait bizarre : il eft d'une toile de chanvre
rouflTe , & fort claire , & à peu-près comme notre
toile à'embalage. P. Le Comte.
EMBALLER., v. a. Empaqueter des marchandifes, des
meubles ou autres chofes j les mettre dans une bal-
le. Compingerej infafcem redigere , confarcinarc j
coUigere. On emballe les meubles, les livres, Vau-
tres chofes qu'on veut tranfporter au loin.
Ces mots viennent de balle 3 qui fignifie premiè-
rement une balle à jouer , & qui vient du verbe
e«>iAi7», jacçre , Sc enfuite a fignifié un gros paquet
de marchandifes.
Emballé, Ée. part.
EMBALLEUR, f. m. Celui dont le métier eft d'em-
baller des marchandifes. Compacîor ^œnfircinator ^
farcinaiius flruclcr. Les Emballeun à Paris font la
plupart Crocheteurs. A la Douane ils font en titre
d'office , ainfi qu'à Lyon.
Emballeur. jEusE. Se ditj figurément, des hâbleurs ,
de ceux qui en font accroire. Faniloquus. Il eft bas
& populaire.
EMBANQUÉ. adj. m. Se dit fur mer , d'un vaifteau
qui eft arrivé fur le grand banc j pour la pêche de
la morue.
EMBARBÈ. f. m. Qui a de la barbe. Il étoit fi copieu-
fement embarhé 3 que fa barbe étoit aftez ample
pour faire un bouchon de taverne. Dicl. Com.
EMBARCADÈRE,& EMBARCADOUR.f.m.C'eft le
lieu où les Efpagnols font leurs embarquemens fur
les côtes de l'Amérique qui font mouillées de la mer
EMB
du Sud. C'eft un lieu qui fert de port à quelque
viile confidér.ible qui eft plus avancée dans les ter-
res- Aric.i, eft ï embarcadère du Potofi. Il y a des e;n~
biircadèrts dont la ville à laquelle ils fervent de porc
eft quelquefois éloignée de 40 à 50 , & jufqu'à 63
lieues de la mer.
^ EMBARCATION. Terme de Marine. Nom que
l'on donne a de petits Navires de diftérentes eipè-
ces J par rapport à leur voilure , leur mâture ou leur
grandeur. M an.
EMBARDER. v. n. Terme de Marine. C'eft faire fai-
re un mouvement au vailfeau, pour s'éloigner de
l'endroit où il Q^.Digredi^jactarefe. Embatde bas-
bord , embarde ftribord. Cela fe dit aufli d'un vaif-
feau quand il eft à l'ancre , & qu'on lui fait fentic
fon gouvernail 3 pour le faire jeter d'un côté ou
d'autre.
EMBARGO. Mettre un embargo j fe dit des défenfes
qui fe font de la part des Souverains , pour empê-
cher que les vailîeaux Marchands ne fortent des
ports de leur dépendance , afin de pouvoir s'en fer-
vir , aulîi bien que des équipages , dans les armé-
niens qu'ils ont rélblu de taire. C'eft ce qu'on ap-
pelle proprement en France , jermer les ports. En
Hollande & en Angleterre on dît preffer 3 qui a la
Kiême fignification. Les embargos font au Commer-
ce , un préjudice qu'il eft aifé de comprendre. Dicl.
de Commerce.
EMBARILLÉ , ée. adj. Enfermé dans un baril.
CiCJ- E-r.IBARQUEMENT. f. m. Adion par laquelle
on met des marchandifes , des troupes j des muni-
tions &c. lurun vaiffeau , pour les tranfporter ail-
leurs. Importdtio in navim. L'embarquement des mur-
chanùifes , des troupes fe fit tel jour. C'eft auili l'ac-
tion par laquelle on entre foi-même dans un vaif-
feau pour taire route. Depuis notre embarquement y
nous avons elfuyé deux tempêtes. Afcenfus 3 conf-
cenjus in navim. \J embarquement de S. Louis pour
l'expédition de la Terre-Sainte , fe fit à Aiguefmor-
tes , quoique cette ville loit maintenant alfez éloi-
gnée de la mer.
fC3' On le dit aufti des frais qu'il en coûte pour
embarquer des marchandifes. Cet embarquement a
tant coûté. On a employé ce mot au figuré pour
engagement. On a dépeint votre embarquement le
plus bas où fe foie jamais mis une perfonne de vo-
tre qualité. B. Rab. On dit embarquer quelqu'un y
& s'embarquer foi- même dans une affaire : mais
embarquement en ce fens ne vaut rien.
EMBARQUER, v. a. Mettre des marchandifes , des
munitions, &c. dans un vaifteau. In navim impor-
tare , nave impo/Kre. S'embarquer, c'eft y entrer foi-
mcme pour taire roure. Navim confcendere , ou in
navim confcendere. Ce Capitaine a embarqué deux
Régimens. Ce Voyageur s'eft embarqué à la Ro-
chelle , pour aller aux Indes. Ce marchand a em-
barqué toutes fes marchandifes , & eft prêt à faire
voile-
Embarquer en gre-nier , c'eft. Embarquer fans em-
baller. Congerere in acervum. Embarquer du fel en
grenier. Notre blé étoit embarqué en gnemeï. Ce qui
ne veut pas dire qu'on met effeétivement les mar-
chandifes 3 ou autre chofe dans un grenier , in hor-
reo ; mais qu'on les meten tas, fans être embal-
lées , empaquetées. Ainfi , dans un vaifteau , le fel ,
le blé , le bifcuit , le poilfon fec eft embarqué en
grenier , parce que , dans le fond de cale, il y a des
endroits particuliers , où toutes ces chofes fe met-
tent en tas , & fans être enfermées dans des facs-
§Cr Embarquer , fe dit, au figuré , pour engager à
quelque chofe , ou dans quelque chofe, dans une
entreprifejUneaffaire.il eft auftî réciproque://w/'/^«-
re aliquem j immifcere fe , implicare fe. On l'a em-
barqué dans une mauvaife affaire. Ne vous embar-
quel ^ ■'''^''' ' 1"^ vo\i% n'ayez prévu les obftacles ,
& confommé votre prudence à pénétrer l'événe-
ment. S. EvR. La légèreté qu'elle témoignoit 3 lui
faifoit appréhender de s embarquer zwec eWt^.K Rab.
Il s'éioic embarquez, aimer , plus par gloire que par
E MB
amour. Td. Il fît les pas nécellâires pour embarquer
la dupe. Id. Cet Orateur s'ell embarqué en. un long
difcours j en une grande queftion. Il n'a pu quitter
le jeu fur fa perte , il étoit embarqué trop avant.
On dit j proverbialement, que quelqu'un s'eft
embarqué (ans bifcuit , quand il s'cft engage impru-
demment en quelque aftaire j fans avoir la force
de la foutenir.
Embarqué , ée. part. Impofnus navi.
EMBARRAS, f m.Ce mot fe dit, au pliyfique, de tout
ce qui empêche la facilité d'un mouvement ou
d'une aftion. Impedlmciuum. Il y a de grands em-
barras dans les chemins , à caufe que l'armée défi-
le. Les catrolfes font des embarras dans les rues.
^fT Ce mot fc prend , au moral , pour les dif-
ficultés qui fe trouvent, fat-tout dans les affaires, o:
en fufpendent la décifion ou l'exécution, impedi-
mentunt , imptkatic II y a biea de Rembarras dans
cette fuceeilion. Implicitus. On le dit du doute de
l'efprit fur ce qu'on doit faire , fur le parti qu'on
doit prendre. Perplexitas, }q fuis dans un cruel t7«-
ifarras.
Son cœur toujours flouant entre mille embarras ,
Ne fait ni ce qui,, veut , ni ce quù nt veut pas.
BoiLEAU.
§C? On le dit encore de ce qui nnit à la commo-
dité de la vie j de la peine que donne une muin
tude d'affaires qui viennent toutes à la fois. SoUi
citudo. Je fuis dans un embarras d'affaires qui m'ac
cable. On vit plus en deux jours de loihr , tk l'on
y fent mieux la vie , qu'en deux ans à' embarras. Ch.
DE M.
^fT On le dit aulli du trouble , du défordre de
l'efprjt , manifellé par les acf ions extérieures. L'em-
barras avec lequel je lui parlai l'obligea de me prel-
fer. Bussi. Le déclin de l'amour le reconnoit par
\ embarras ou l'on etl de fe trouver feuls. LaBruy.
Embarras , en parlant de maladie , fîgnifîe , un com-
mencement d'obtlrudion. Il y a à^V embarras dans
le toie,
EMBARRASSANT , ante. adj. Qui apporte de rem-
barras. Molcjius. Il fe dit des perfonnes & des cho-
nes. La Dame ell un peu emlsarrajjante. Mol. Ce
procès qu'on lui a lufcité elt fort emcarrajjant. Cette
objection ett fort embarrajjante. Il n'y a que le faux
refpcct û'emb.irr.2l]ant j ce refpect eft celui qu'on
rend à la fortune : celui qu'on rend au mérite n'a
rien d'incommode. Ch. de M. On dit que la dignité
■des Rois efl embarrajjante , parce qu'elle les oblige
à avoir certain air , certaines manières convenables
à leur rang , qu'on n'a guère fans une attention con
tinuelle qui fatigue & qui embarralfe. La majefté
n'étoit point embarrajjante pour Louis XIV , elle
lui éïoit naturelle. La dignité d'Ambaffadeur eft fort
embarrajjante.
XMBARRASSEMENT. f. m. L'intrigue de cette co-
médie n'eft qu'en V cmbarrajjemenc da bonhomme,
qui lui edcaufé par tous les Gendres qu'il a accep-
tés... Argumentde la Com.des Fifionnaires. Embarras
eft plus uiité.
^C7" EMBARRASSER, v. a. Caufer de Tembarras.
/^ojcç Embarras dans le fens propre. Impedire',
implicare. Lescarrolfes embarrajJentXssïwes àsVd^ûs
Les voitures embarrajjentles chemins. Les moulins
embarrajjent le cours de la rivière. Les ponts em-
barrajfent la navigation. Ce clavecin embarra(Je vo
tre appartement.
^^ Embarrasser, fe dit auflTi de cequi nuit à la fa-
cilité d'une aélion, à la liberté d'un mouvement. Les
habits de cétémonie ne font c^embarajj^r. Les bot-
tes embarrajfent à marcher.
§Cr Embarrasser , fedit auffi au figuré. Foye^ Em-
barras, tmbarrajjer une aflaite , une queftion, la
rendre mal aifée à démêler par les difficultés qu'on
fiit naître. Implicare , intricare.
^3" Embarrasser quelqu'un , le mettre en peine,
le rendre indécis, irréfylu fur le parti qu'il doit pren
E M B ^43
dre. Perplexum reddere , dubitationem injicere. Ce
que vous dites membarra[fe i\ fort , que je ne fais
quel parti prendre. Il fJt fort embarrajfé à choifir.
Combien de penfées diverfes offulquent & embar-
rajjent l'efpritd'un homme que la colère ttanfporte?
M. Esp.
|p° C'eft quelquefois caufer un certain trouble
dans l'efprit , qui le manifefte par les aélions exté-
rieures, i'urhare , perturbare. Il s'appexçut que fes
regards Vembarrajjoient , contre l'ordinaire des jeu-
nes perfonnes qui voient toujours avec plailir l'effet
de leur beauté. P. de Cl.
^fT II ell: fouvent employé avec le ptonom per-
fonnel. Ne vous embarrajfé- point danscette atlaire
là; ne vous mêlez point dans une affaire , où vous
vous trouverez embarrajfé. Jmmijcere fe negotii. Il
s'eft embarrajje dans fon difcc urs , il en a perdu la
fuite, fans favoir comment en fottir. Vagari di-
cendo. Il ne % embarraJJ'e de rien,il ne fe foucie, il ne
s'inquiète de rien. Nihil curare. Ceft un homme qui
ne % embarrajfé de rien , à qui -ien ne fait de la
peine.
On dit que la tête d'un malade s tmbarrajfe ; pour
dire , que le tianfport au cerveau commence à fe
former , ou qu'on craint qu'il ne fe forme. Ojb die
aufii que fa poitrine s'embarrajfe ; pO;-u dire , qu'elle
commence à s'emplir.
Embarrassé , Ér. part. pafT. Impeditus. l\ a les fignifi-
cations de fon verbe. Chemin embarrufé. Affaire
cmbarrafjée. Efprit embarrajje. Contenance embar-
rajjée.
N\'ttende:^ pas toujours que du befoin preffe ,
Votre ami vous apporte un air embarralTé.
VlLL.
EMBARRER.v.a. Vieux mot. Enfermer entre des bar-
res. C-loJJ. fur Marot.
S'EMBARRÈPv. Impedhefe. Qui fe dit, au Manège,
d'un chevalquis'embarr-.lfeles jambes dans la barr»
qui le fépare des autre.'^.
EMBARRURE. f. f. Terme de Chirurgie. Fraéture à
quelque os , fur-tout au crâne , dans laquelle une
efquiUe palfe Ions l'os fain & comprime la dure-
mère. Il y a des fraétures qui ne paroifFent que de
petites fentes , & qui font plus dangeteufesque de?
embarrurcs. Dionis.
ffT EMBARRUREjfe dit auffi, en termes de Marécha-
lerie , pour un accident qui ariive à un cheval qui
s'embarre.
EMBAS. Il y a des Auteurs qui écrivent ainfi ce que les
autres écrivent en bas ,deorJitm. Les premiers ne fonc
qu'un mot , & mettent une m , au lieu d'une n ,
luivant l'ufage & l'analogie de notre langue dans
cescompofitionsde mots. Ce mot , en certaines oc-
cafions , doit être regardé comme fubftantif , car
on lui donne une propolition. Defcendre en embas ,
a la même conftruclion que monter en haut.
Lorfque l'hiver répand fa neige &fesfrimats.
Elle quitte la tige , & defcend en embas.
Perrault.
On trouve la même conftruftion quand on écrit
en deux mots en bas. Poufter en enbas. Foye^ Bas.
EMBASE, f. f. Terme d'Horlogerie. C'eft une alliette
?[ui fe réferve fur l'arbre d'une grande roue en le
orgeant. AJfiette & embafe font fynony mes. Tou-
tes les deux font pour retenir une roue fixe fur
fon arbre par le moyen d'une clavette ou d'une rai-
nure.
EMBASEMENT. f. m. Ternie d'Architedrure. Efpèce
de baie continue en manière de large retraite au pied
d'un édifice. Piedeftal continu fous la malfe d'un
édifice.
EMBASMANT. p.irt. aft. Vieux mot. Qui répand
une odeur agréable. Fragrais. Cèdre embafmant.
Marot.
EMBASMER. Vieux verbe a. Embaumer , répandre
M m m m ij
^44 . E M B
une odeur agréable. Balfamo condire ^ ungere, oui
bieiî ùdore compicre.
•ILMBATAGE. f. m. Terme de Maréchal. Application
de bandes de ter lue des loues. Nicot. ^\ocurum
conjixio.
ILMBÂTER, V. a. Mettre le bât à une bête de fomme.
OueUas imponerc \ ou bien faire un bâc pour une
•bète de Ibmme. Cet ouvrier elt fort adroit à bien
emhàter les mulets.
lUîgnitie, figuré ment, charger quelqu'un d'une
chofe qui rmcomnioJe.On l'a d/n/^arc d'une Charge
qui lui pèle rort. v^i ea-çe qui m'a cmbaté^^n i\
lot homme ? Il eÛ du l^yle familier , mais «ès-tami-
her.
V-:,i-Rkxk, iï..\>xn.CliteUisinfiru£lus. ,
LiMBÀTONNE , EE, acij- Vieux mot. Arme d'un bâ-
ton. Al mucus Jufte. L-/ Fontaine , dans la table de la
•chatte métamorphofée ea femme, liv. 2 Jab. iH ^
dit, en patlant de U force du naturel:
Coups de fourche j ni d'tcrmères ,
Ne lui J ont changer de manières ;
Et juffie\yVous embâtOnnésj
Jamais v0us n'en Jere:( les maîtres :
Qu'on luijerme la porte au nc\ ,
Il revienip'a par les fenêtres.
Ce mot »*eft,plus en ufagc qu'en Archiredure ,
ou Ion dir, une colonne cannelée & embatoancc^
pour dvre , que fes cannelures font remplies de h-
guLes de bâtons jufqu'à une certaine partie de Ion
fCir.
EMBÂTONNER. v. a. "Vieux mot , qui fe prenoit au-
trefois en deux fens d:ftérens \ pour garnir quel-
qu'un, 1 armer de bâtons ,y/^//V/'.'.'i- df-^i^e omni teto-
ruin génère injlruere-^ & pour donner des coups de
bâton à quelqu'un. Fuftibus caderc. Nicot.
EMBATTES.f. m.On appeloitainfi autrefois les vents
réglés , qui fouftlent toujours en certaines mers ,dc
en certains temps. £fe/?^. Nicot.
IP" EMBATTOIR. i. m. Foire dans laquelle les Ma-
réchaux mettent les roues fur Icfqujiles ils appli-
quent les bandes de fer , afin que,li le feu prend à |
la roue quand on applique la bande qui doit être
rougie à la forge , on puilfe l'éteindre , en taifant
tourner la partie enfiammée dans l'eau qui elf au
fond de ïeinbattoir.
EMBAïTRE. v. a. Ferras laminis rotas munir e , rotas
configere. Terme de Maréchal, qui fe dit propre-
ment quand il applique des bandes de fer fur les
roues. Nicot dit que ce mot le prend auiîl quelque-
fois pour arriver , fourrer , jeter. Dans ce fens on
ne le dit plus. On dit abattre y combattre , débatuc^^
mais non pas embmre.Vomt-^ prend embattre en gé-
néral pour appliquera clouer à coups de marteau.
Acri mallcorum incu\fufigere , panière, &cc.
EMB'\UCHAGE. f. m. L'adion d'embaucher. /«-
ducUo, • -
EMBAUCHER, v. a. Conducere , collocare opéras , &c.
"Vieux mot, qui n'ert plus en ufage que chez les
les Artifans , pour dire engager un compagnon au
fervice d'un Maître. 'Embaucher des compagnons ,
c'eft leur donner de l'ouvrage j les taire travailler.
' Il y en a auffi qui difent embaucher un ouvrage ,
pour dire , le commencer. De-là eft dérivé fon con-
traire débaucher.
Embaucher, fignifie auffi, enrôler par adredfe des
foldats J les engager , & les fournir aux Officiers.
L'un & l'autre peuvent venir de hoge, ou àsbau-
ge , vieux mot François , qui fignifioit demeure.
Chorier , dans fon Hiji. duDauphmé , T. 1 , p. 490
rire ce mot de l'ancien Gaulois, ou Celre ; car , fé-
lon lui J embauche & embaucher , qu'il écrit par
un a, ambauche , l'Alleman aw/n.'c/irj œuvre , tra-
vail, & ambachten J travailler , & les Ambacles j
dont parle Ccfar , ont la même origine.
Le P. Delbrun traduit embaucher par incrufîare ,
albario opère ornare , tk. Pomey explique embaucher
par enduire de plâtre , ou de mortier , truUJfarc.
E MB
Embaucher de. mortier une muraille 3 embaucl.er de
terre gralfe.
Embaucher, dans le fens propre , c'eft mettre fur les
murs un enduit cju'on appelle bauche , &: c'eft da-.li
que s'eft toimé ce mot embaucr.er : par métapaore
on a dit embaucher , pour engager c^uelqu'im ^ mais
nous difons bauge & non pas baucne. ..r.-'v-i
Embauche , ée. part.
EMBAUCHhUR. f m. Co«(/«i.7(;r. Celui qui embau-'
che les compagnons artiians, ôc qui les tait ei7trer
au fervice de quelque Maure \ uu celui qui enrûle
quelqu'un pour foldat par adrelTe.
EA4BAUMEMENT. f. m. Adion d'embaumer un corps
mort. Les emhaumemens communs le tont avec des
poudres aromatiques & du baume du Pérou- Louis
■ Petricher , ancien Garde des Marchands Apothi-
caires de Pans , a fait un traité des embaumemcns ,
félon les Anciens & les Modernes.
EMBAUMER, v. a. Ouvrir un corps mort , en tirer
les inteftins, & le remphr de drogues odorantes (3i:
defiicatives , pour empêcher qu'il ne le corromje.
Condire aromatibus , perfundcre. En Egypte on fô
fervoir autrefois pour cela du baume. Le corps de
Jofeph en Egypte fut 40 jours à embaumer , oenèfe
50 , zj , Marie Magdeleine, & Marie mète de
Jacques J achetèrent des parfums pour einùaumer
Jésus. Jean, Roi de France j mourut à Londres ea
1 3 64 où l'on embauma fon corps , qu'on apporta cii
France ^ & qu'on enterra à S. Denis. Du i illet.
f^oy. au premier Tome du Recueil de Thévgi-,ot la
manière d'embaumer les morts en Egypte. Au i'érou
onconfervoitaulîi les corps des Rois cmb.,umes. Gar-
cilallo de la Véga croit que leur principal fccret étoic
d'enfevelir ces corps dans de la neige pour les y fai-
re fécher , après quoi on y appliquoit un certain
bitume dont parle Acoftaj qui les conlervoit aufli
entiers que s'ils euffentété en vie. NehemiasGreWj
Auteur du MufAum Hegalis Societatis , croit que les
Egyptiens , pour embaumer les corps , les cuifoionc
dans une chaudière avec une certaine efpèce de bau-
me liquide. Sa raifon eft que, dans la Momie du Ca-
binet de la Société Royale de Londres^ le baume a
tellement pénétré non - feulement les chairs
& les parties molles , mais même les os , qu ils en
font tout noirs, comme s'ils avoient été brûlés. M.
Dionis décrit j dans fon Traite' des Opérations de
Chirurgie j la manière d'embaumer aujourd'hui les
corps.
Embaumer , fe dit auffi des odeurs qui parfu-
ment Tair, & répandent un odeur agréable. Odorc
grato perjundere. Dans le temps que les rofes , la. vi-
gne j lesorangers fonten fleur, l'air en eft tout em-
baumé. On du qu'un vin embaume la bouche j pour
dire , qu'il a une odeur exquife & un fumet déli-
cieux.
On le dit quelquefois,ironiqUement &en contre-
fens , de ce qui eft très-puant.
Embaumé , ée. part.
Ces mots viennent de baume , qui vient de Bal-
famum , qui eft un mot Grec.
EMBDE 3 ou LMBDEN. Ville du Cercle de Weft-
phalie en Allemagne. Embda, Emda, Amifia, A ma-
fia. Elle eft dans le Comté d'Embden , à l'embou-
chure de la rivière d'Ems j Amifia , dans le golfe
de DoUert, où elle a un port à huit lieues au le-
vant de la ville de Groningue. Embde a un château
qui dépendoit , auffi bien que la ville, du Comté
d'Embde. Embde n'étoit d'abord qu'un village : elle
devint une petite ville &, fe trouvant maltraitée,
elle fe mit fous la protedion de la maifon de Gret.
Ulric, Seigneur de cette maifon , obtint en 1454,
de l'Empereur Frédéric III , qu'il érigeât pour lui
en Comté les côtes qui font entre l'Ems & le "Wcicr.
Embde a dépendu de ces Comtes jufqu'en 1559 que
l'on prérend que le Comte d'Embde renonça à fes
droits fur la ville & le château. Depuis ce temps-
là Embde fe gouverne en République fous la protec-
tion des Hollandois. Long. 24 d. 38
S;d.20.
latitude
E M ^B
EMBDERLAND. Conitéd'Euibde, Territoire d'Emb-
de. Embda.'ius Comuacus , p^^g-ts. Il comprend ce
qu'il y a de pays maritime de l£ms au Wcfer , ou
ce qu'on appelle TOofthile , ou la Fcife Orien-
tale.
EM15EGUACA. f. f. Sorte d'herbe du Brclli , qui a
quelquefois les racines longues de plus de trente cou
dces. Comme leur écorce ell dure , on en tord des
cercles de navire extrêmement fort , qui reverdil-
fent lous leau. Cette écorce , étant pilée & mile
fur des charbons ardens j jette une himée qui ar-
rête le rtux de fang , principalement aux femmes.
EMBEGUINER.v. a. Mettre un béguin fur la tête
Dans ce lens on le du peu. Il eil plus fouvent em-
ployé pour dire j envelopper la tète d'un linge ou
d'autre chofe , en torme de béguin qui nelaille vou
que le vilage. Calantka _, calypcru lïneà capuc invoi-
verc , inducrc. Cette homme a mal aux dents , il ell
contraint de patoître embéguiné,
Embe&uiner. fe dit , au figuré, en parlant d'opinions,
de pallions ridicules ou toiles dont on s'entête. On
le dit ordmairemenr au palliF, ou avec le pronom
perfonnel. Il tient un peu du llyle populaire j&: le
prend toujours en mauvaife part. Embcgubur quel-
qu'un d'une opinion. Aliquâ. .opïnionc anïmiim im-
buere. S'cmheguiner. Aliquam opinionan imbïbcrc.
On fe lailîe cOTi^cVai/ze/- aifément de nouvelles opi-
nions. Un vieillard fe iailTé coëfler , anbéguincr d'une
jeune femme.
EmbeguinÉjÉe. part. lia les fignificationsde fon verbe
en latin & en François.
'EWiiELLE. f. m. C'eft la partie du vaiHèau qui ell
comprife entre la herpe du grand mât , jufqu'à la
lierpe de l'avant , ou depuis le grand mat jufqu'à la
dogue d'amure.
EMBELLIR, v. a. Rendre une chofe plus agréable &:
plus belle pai; les nouvelles formes ou accelloires
qu'on y ajoute. Exornare, decorare. L'ajullement
emhdlk beaucoup une femme. Ce curieux a embelli
fon cabinet de plufieurs tableaux. La vie des Héros
a enrichi l'Hilloire , & l'Hiftoirea embelli les ac-
tions des Héros. La.Br. La fcience j qui gâte tant
d'efprits , n'a fait c^vx embellir le fien. S. Evr. La va-
nité de l'homme eft lî grande qu'il ne lui fulHt pas
de cacher fes vices , il travaille encore à les cnibd-
lir , & à les faire palfer pour des vertus. M. Esp.
On dit , Embellir un conte , embellir une hilloire,
pour dire , l'orner aux dépens de la vérité. Acad.
Fr. La rendre plus agréable & plus intérellante par
les détails qu'on y ajoute avec art.
Ce mot vient de beau^ bel, bellus.
EMnELLiR, ell aulTl un verbe neutre, qui figniiîe ,
devenir plus beau & plus agréable. /-'/eri omado-
rem , pulchriorem ; enicejiere. Elis embellie tous les
jours.
On dit, proverbialement, de toutes leschofes qui
augmentent foit en bien , foit en mal, cela ne fait
que croître & embellir.
Embelli, ie. part. Ornatus , exomatus ^ decoratus ,
illufiratus. Le conte eft un peu embelli. En termes
de Blafon embelli fe met quelquefois pour accom-
pagné.
EMBELLISSEMENT, f. m. L'adion d'embellir. Or-
natus j decoramen , exornacio. Cet homme travaille
à \ embelli{fiment de fi maifon. On le dit aufîî de
la chofe qui fait ï embelli ffemen:. Décor, decus , or-
namentum. Les perfpeélives j les jets d'eau , font de
grands embelliffemcns à une maifon de campagne.
La figure n'eft qu'un ornement , qu'un éclaircifle-
ment, & qu'un e/<7^e(7({/c;7ze«f du difcours. Pélis-
SON.
^3" EMBENATER, faire des benates. Voye^ Bena-
TIER.
EMBERGUER. v. a. Vieux mot. Couvrir. Borcl dit
qu'il a été fait du Latin Apricare j d'où nous eft
venu Abri.
EMBERIZE , ou EMBÉRISE. f. f Nom d'un oifeau.
Emberi-^a. Il y a trois elpèces-d'e/nAtfVv^eJ ; Vembé-
ri\e blanche , \embéri-{e de pré , & ïcmberi:[e jaune.
Vemhériie blanche , entbefn^a alba , eft plus g an-
dc que la jaune. Le champ de Ion pennagc cil tum-
me celui de ir.louette ; mais^ poui le reltc , elle ne
lui redemble poinc. jion ventre eit blanchâtre- iic
c'eft pour ce lujct qu'elle eft appelée blanche t'on
lui voit quelque chole'd'clevé i la partie fupêiieu-
i-e du bec , qui eft court tic large ^ fes cloigts font
noirs ; fes jambes iout d'une couleur mêlée de hoit
& de rouge. .. . •
§3" Les autres efpèces ne ditfèrent'ouère de cel-
le-ci, que par la couleur des plumes, l-'roche du lac
de Verbanne , on nomme cet oiieau Ceipa. Les oi-
feaux qui font appelés Vcroajuu cii Italie aux en-
virons de la ville de Boulogne , l'ont femblables à
ceux-ci.
EMBERLOQUER. v. a. CocfFer j couvrir,fur-tout la
tête, l'envelopper de quelque chofe. Cpenre, in~
volvcre. Il ne ie dit guère qu'avec ie pronom per--
lonnel ;& c'eft la même chofe qu'Embeilucoquec
cjui fuit. Ces termes font populaires. Il s'emberlc
qua dans fon manteau : ou de Ion manteau.
Emberlooué, ée. part. Opcrcus , invOiUtus.
Ils s'en vont donc nos deux vieillards mafqués j
Sans nuls valets , & bien emberloqués,
A l'Opéra , tkc. N. ch. de vers.
EMBERLUCOQUER. Qui ne fe dit qu'avec le pro-
nom perfonnel. v. recip. Se coiffer d une opinion j
s'en préoccuper tellement, qu'on n'en puilfc faine-
ment juger, comme ii on avoir la berlue.
EMBESAS. f. m. On écrit Ambejas.
EMBESOGNER. v. a. Vieux mot, qui fignifioit autre-
fois , Occuper à quelque befogne. Il n'eft plus en
ufage qu'au participe. Un \iQ\wv:\QembcJoa.c, pour
dire , occupé, affairé. Occupatus , dijlriclus. Il le die
tout au plus par plailanterie.
EMBICHETAGE. f. m. Terme d'Horlogerie. On s'en
fert pour déterminer la grandeur de la platine de
delTus une montre , afin qu'elle ne touche pas à la
bocte , quand on ouvre ou qu'on fernje le mouve-
ment.
EMBLAVER, v. a. Semer une terre en blé. Sementem
tcrrs, commitcerc , agrum conferere. On oblige les
Fermiers à emblaver les terres dans les faifons con-
venables. J'ai emblavé tant d'arpens de terre cette
année. Cette terre eft emblavée. Liger. Emblaver
eft la même chofe qii'enfemencer. lu.
Emblaver eft compofé de la prépofition en , Vn fe
change en m devant le b. F'oye^ les Effais de Gram-
maire de M. l'Abbé Dangeau. En j dans la compo-
lition , iignife être dedans , & mettre ded ins , fi là
fignificaZion eft adive. L'autre partie eft hladum,
bié : le d s'eft changé en v \ cmbluver^owt emblader^
mettre du blé dans une terre.
EnblavÉj ée. part. Tetre femée en blé. Terra con/ita.
Un Fermier eft obligé de lailfer à la fin de fon bail,
les terres emblavées , quand on les lui a données en
tel état. On difoit autrefois blcer- Plufieurs Coutu-
mes portent , qu'il eft permis à un bourgeois de
bléer^ ou desbléer fes terres les fuis qu'il veut. Ni-
coT diftingue une terre femée , ou enfemencée ,
d'une terre fw/Anj;-. Il appelle terre femée , celle
dans laquelle le blé eft femé , fans être levé , & ter-
re emblavée , celle dms laquelle le blé eft déjà levé.
Dans l'ufage on confond ces deux termes.
Ce mot vient du Latin Inbladare.
fCF EMBLAVES, f f. pi. La même chofe que terres
enfemencées en Wl:. Emblavure fignifie encore la
même chofe.
EMBLE. {. m. Gradus equitolutim incedentis. Mettre un
clieval à Vemble , ou amble , ad gradum tolucarium.
cogère. Cheval qui va ïemble ,iolutarius eqatis.Voy.
Amele. C'eft aiiifi qu'il faut écrire.
EMBLEE, f. f Ce mot ne f^ dit qu'adverbialement;
avec la prépofition de. Il fiynifie , D'abord , en fbrt
peu de temps , prefque d'alfuit , dès le premier ef-
fort- Ce Capitaine étoit heureux à prendre les vil-
les à' emblée. Primo impctu , unâ imprejjîone. La ville;.
€4ô E M B
écoittrop bien mnnie , poui l'emporter à' emblée.
Vaug. Le mot à embUc vienr , originairement , du
verbe embkr j & fignifie proprement A la dérobée ,
eu cacliette ^ par turprife , dam , jurum j claucu
ium.
EmMblée, fe die figurément ; emporter une affaire
(Semblée , promptement , de premier effort. Il dé
plore le temps qu'on fait perdre aux entans , à fe
remplir la tête d'une multitude de règles gramma-
ticales j au lieu de les appliquer prefque à' emblée j
à l'explication des Auteurs Latins. Journal des
Savans.
EMBLEER , ou EMBLAVER, v. a. Il fignifioit autre-
fois, au propre j la même chofe que emblaver j mais
on ne le dit plus.
EMBLEMATIQUE, adj. de t. g^ Qui tient de l'emblè-
me. Emblemutkus. Tableau , figure emblématique.
EMBLÈME, f. m. Vemblcme ell un tableau énigmati-
que , qui , fous une ou plufieurs figures , renferme
une allégorie, tantôt morale, tantôt galante j tantôt
liiltorique , tantôt dévote , tantôt fatynque, dont le
fens ert ordinairement déterminé pat des paroles.
Emblema. Dict. de Peint. & d'Architeclure. h^stm-
blêmes d'Alciat ont été en grande réputation.
Ce mot eft; purement Grec , 'i^fi'Atfti, ^ formé du
verbe j/'^''^^!" , jeter dedans, inférer. Suétone rap-
porte que Tibère le fit rayer d'un décret du fcnat ,
parce qu'il étoit mendié d'une autre langue. Les
Grecs donnent le nom de «|K/3A^'fiar«^aux ouvrages de
marqueterie, & à tons les ornemens des vafes , des
meubles , des habits. Les Latins fc font fervis ^em
hlema dans le même fens. Quand Cicéron reproche
à Verres les larcins des ftatues , & pièces bien tra-
vaillées qu'il avoir volées aux Siciliens , il appelle
emblcmata , les ornemens qui y croient attachés , &
qu'on en pouvoir féparer. Les Latins ont fouvent
comparé les figures, les ornemens d un difcours à
ces emblemata. Un ancien Pocte Latin, pour louer
un Orateur , dit que tous fes mots étoient arrangés
comme des pièces de marqueterie :
Quamlepide >^i%i'icompoJl£, uttejJeruU omnes,
Artepavimcnti , atque emblemate vermkuiau.
Nous ne nous fervons point du mot ^emblème
en ce fens ; mais les Jurifconfultes fe font toujours
fervis du mot Latin emblema , pour exprimer ces
fortes d'ornemens; parce que le Grec ^-'^^■«f^aiignihe
tout ce qui eft inléré , appliqué j ajouté à une autre
chofe , pour lui fervir d'ornement. Nous ne nous
fervons ordinairement en François du mot ^emblè-
me j que pour fignifier une peinture , un bas relief,
ou autre repréfentation deftinée à quelque inftruc-
lion morale , politique , ou acad -mique. Le R. P.
Meneftrier, en i()84, fit imprimer à Paris un traité
des Emblèmes , où l'on trouvera tout ce qui regarde
l'emblème , fa définition , fa matière , fa forme j fes
efpèces Se fes divers ufsges.
Ce qui diilingue \ emblème de la devife j c'eftque
les paroles de Vemklcine feules , ont non-feulement
un lens plein & acîievc , mais encore toute la figni-
fication qu'elles ont avec la figure. Comme , agers
& patifortia Romamim e/?, fous ta figure deScévoli
qui met fa main dans le feu. Le mot explique tour.
Il y a encore cette ditTérence entre Vemblèmc Ik la
devife , c'eft que la devife ell un fymbele dcrermi
ne à une petfonne , pour exprimer quelque chofe
qui la touche en particulier : au lieu que l'emblème
eft un fymbolî fait pour inftruire ^ & qui regarde
en général tout le monde. Bouh. f^oye^ Devis».
Emblème , en termes de Philofophie Hermétique, fi-
gnifie , figure, repréfentation.
EMBLER. V. a. Rapere , au/erre. Voler , emporter avec
violence, ou par furprife. furari, dirivere. C'eft un
vieux mot &c hors d'ufage, finon en ce commande-
ment de Dieu, L'avoir d'aurrui tu n'embleras, &c.
Ce mot vient du Grecs^;3«AA£i» , fignifiant. Met-
tre la main fur quelque chofe. Nicot. Ménage tient
qu'il vient de invoUre , qui a été fait , feloii Scr- 1
EMB
vias, de vola, qui fignifie la paume delà main.
Il y a un ancien proverbe maritime qui dit , li
n'eft^ larron qui larron embie , quand on dépouilU
un Corfaire.
Emblé. ; 0-^ei Amblé.
Embler. V. n. Terme de chaiTe. Ce mot fe dit des
ceirsj quand, à leurs allures, les pieds de derrière
furpalient ceux de devant de quatre doigts. Ce qui
fe dit des certs , fe du aulli des chevaux , & de
toutes les bêtes à quatre pieds qui vont Vamble.
_ Foy ei AMBLE.
EMBUC. C'eft le nom qu'on donne à la quatrième
efpèce de Myrabolans. Les myrabolans emblics font
relevés de fix côtes, groffes comme des noix de galle,
&c fort rudes. Ils font prefque ronds , & d une cou-
leur brune&obfcure.
EMBLIER. Terme de Marine. C'eft occuper beau-
coup de place : cela vient apparemment cle amplus ^
grand , vafte. On difoit autrefois amplier.
EiMBLURE. f. f. Terme d'Agriculture. Champ em-
blavé. Terre enfemencée de quelque grain que ce
foit , de froment , de feigle , d'orge, d'avoine, &c.
Arvum. Voilà de belles emblures. Liger.
Ce mot vient à' emblaver.
EMBOBELINER. v. a. Tromper , enjôler , engager
par de belles paroles , à faire quelque chofe d'in-
jufte. Phaleratis verbis aliquem aucere. Cotgravi.
Voilà comme nous prenons les palTages de la Sain-
te Ecriture , laquelle eft faite pour nous , & non
nous pour elle, afin dV/Tz^o/S-e/wtr les pauvres gens,
du un Jéfuite au Boi d'Efpagne , pag. i^^.du i.t<h
de la Sat. Mé/iip. /«-S*. Ce mot n eft point ufité.
ExMBODINURE: f.f. Terme de Manne. C'eft ainfî
que l'on appelle plufieurs menus bouts de corde qui
enviionnenc l'arganeau de l'ancre. Elle fert à em-
pêcher que le caole ne s'ufe contre le fer. On l'ap-
pelle aufii Boudinure j ou emhoudlnure.
EMBOËTù, Pas de bourrée embo'eit. Foyer Bour-
rée.
EMBOËTEMENT ,ou EMBOITEMENT, f. m. L'ac-
tion d'emboëter. L'emèoé:ement des os. OJJIum com-
mijjura.
f3" Ce terme exprime la fituation de deux corps
conrigus , dont l'un embraire l'autre , comme une
bocte contient ce qui y eft renfermé.
EMBOËTER , ou EMBOITER, v. a. EnchaiTcr , faire
entrer une chofe dans une autre , dans laquelle on a
fait une c.ivité propre à la recevoir. Çommhtere, in-
ferere. Il laut que les mortoifes d'une charpente
fuient fort juftes, afin que les pièces ^ emhoétent\i\tn
l'une dans l'autre. On le du non- feulement des
pièces de menuiferie , mais encore des ouvrages de
métal, tmboëter des tuyaux, c'eft mettre le bout
d'un tuyau dans un autre tuyau. Ac. Fr,
On le du aufli , en Anatomie , des os, quand l'é-
minence des uns eft engagée dans les cavités des au-
tres. L'os de la cuifte scmboëte dans l'os ifchion.
0Cr Emboeter , dans le commerce , c'eft mettre des
march.mdiies dans une bocte pour les conferver j oa
les garantir de la pluie.
On dit , en termes de Jardinage , Emboeter des
cloches de melon l'une dans l'autre.
On dit J aux Monnoies , emboétzr des pièces d'or
ou d'argent, pour dire, les mettre dans une bocte
fermante à trois clefs ^ dont l'ancien Garde , l'Ef-
fayeur & le Maître doivent avoir chacun une. Pac
l'Ordonnance de 1 5 54 , fur peine de faux aux uns
& aux autres. Là où ils auroient été de connivence
& de rnauvaife foi j ces pièces doivent être ainfi
e/néoére'ej, pour fervir dans la fuite au jugementque
la Cour des Monnoies doit faire des efpèces qui ont
été fabriquées & délivrées au Maître. Boisard.
EmboëtÉj ée. part. Infertus , cammiffus.
EMBOËTURE , ou EMBOITURE. f f. La cavité
d'une chofe dans laquelle s'emboëte l'éminence de
l'autre. Cavitas. Il fe dit par les Chirurgiens & par
les Charrons.
Ces mots viennent dcboëie, oa boire.
EMigETURB , en Menuiferie j c'eft dans l'alTemblage
E M B
J'nne porté collée &c emboërée, uneefpèce de tra-
vecfe d'environ cinq pouces, qu'on met à chaque
bout pour tenir en mortoife les ais à tenons collés
& chevillés.
E.MBOExuRE. Terme de Danfe. C'eft la troifième des
cuiq policions du corps/nécelfaires à la danfe. Cet-
te poiîcion cil pour les pas emboctés Se autres pas.
On la nomme embuëture , parce que cette polition
n'eft parfaite que lorfque les jambes font bien éten
dues l'une près de l'autre ; ce qui fait que les deux
jambes & les pieds étant bien lerrés ^ l'on ne peut
voir de jour entre- deux. -ainh elles fe joignent cam-
me une bocte. Rameau. Vemhocture eft une pofi-
tion des plus nécelHiires pour bien danfer .• elle ap-
prend à fe tenir ferme , à tendre les genoux , & af-
lujcttit à cette réguiaiité, qui fait toute la beauté de
cet art.
ËMBOETURE , OU BoETE. Terme d'Artillerie. C'eft cet-
te bocte de fonte qui s'encallre d.ins un moyeu, &
par où palfe la fufée de l'ellleu. Il y en a quatre à
un affùc , deux du gros bout ^ &c deux du menu. Or-
dinairement les emboccurcs pour les aftùts de cam-
pagne font de fonte, & ceux de place lont de fer.
^fT Emboeture. Terme de marine. J^oy. Enocijre.
EMBOIRE , S'EMBOIRE. v. récip. Terme de Pein-
ture , qui fe dit des couleurs à buile qui s'étendent
fur la toile , ou fur une autre maricre fur laquelle
on peint , ce qui les rends mates ; enforte que le
tableau perd Ion luifant, & que les figures ne fe
difcernent pas. imhïccre ,Jaturare. Il hiut lailler fé-
cher un tableau après la première ébauche , parce
que la peinture demeure embue jufqu'à ce que l'on
vrage loit fec. Quand i! y a beaucoup d'huile dans
les couleurs , elles font plus fujettes à s'cmbo:r<:.
Emboire , fe dit auili en parlant d un moule de plâtre
qu'on frotte d'huile , ou de cire fondue, avant que
de s en fervir pour y former des figures.
EMBOISER. V. a. Ce mot ell du plus petit peuple. Il
lignifie engager quelqu'un par des promelfes , par
des cajoleries à faire quelque choie. Inejc^re , ded-
pere , laclare. Il fera alTez foc pour fe laififer em-
boifer.
EMBOISEUR, euse. f. m. & 6. Celui ou celle qui
emboife. Inejcatùr. C'eft un emboifeur : c'elt une
emboifeufe.
EMBOLI. Ville de Macédoine , appelée auttement
Chifopolis , ou Chrilopolis , & en Latin Amphipo-
lis, ChrifopoliSy Neapolis. C'eft une petite ville Ar-
chiépilcopale , fur la rivière deStromona, à deux
lieues de fon embouchure dans le golfe deContelFa.
Maty. Long. 41. d. 38'. lat. 40. d. 55'.
EMBOLISME. f. m. Intercalation. EmboUfmus. Com-
me les Grecs fe fervoient de l'année Lunaire , qui
eft de 3 54 jours , afin de l'approcher de l'année fo-
laire qui eft de 365 , fans compter quelques heures
de part & d'autre , ils ajoutoient j tous les deux ou
tous les trois ans, un 13^ mois lunaire, qui s'ap-
peloit emboliméius , parce qu'il étoit inféré & inter-
calé. Embolifme vient du Grec 'iftfitXtTft^t ^ formé de
É^/3«AA£(», inférer.
EMBOLISMIQUE. adj.de t. g. Intercalaire. Emboli-
m£us , intcrcalaris. Il le dit , particulièrement, des
mois que les Computiftes infèrent pour former le
cycle lunaire de 19 ans \ car, les 19 années folaires
étantcompoféesde (Î039 jours& 18 heures, & les
1 9 années lunaires , ne faifant enfemble que û-r^G ,
il a fallu j pour égaler le nombre des années lunai
res aux 19 folaires, qui font le cycle lunaire de 19
années, intercaler & inférer fept mois lunaires de
209 jours , lefquels , avec les 4 bilTextes , font z 1 3 ^
le tout enfemble fait 6y3 9 jours : par le moyen de
ces fept mois emholifmiaucs , ou ajoutés, les 6939
jours & 18 heures des 19 années folaires font en
ticrement employés dans le Calendrier. llyaziS
lunes communes , ^ fept embolifmiqucs , que l'on
diftribuedans les 19 années: parexempie, la troi-
fième année & la hxième font ernbolifmiques : la
neuvième, l'onzième, la quatorzième , la dix-fep-
tième & la dix-neuvième , font aulli embolifmiques ^ '
EM B
647
&: par conféquent de 3 84 jours. C'eft ainfi à peu
prcs que les Grecs ont réglé leurs années , quand ils
l'i lont fervis de l'Ennéadecaécéride j ou cycle de ly
ans ; mais ils ont beaucoup varié dans leur hypo-
thèle. Les Juifs paroilTent s'y être attachés plus ré-
gulièrement. Les mois embolifmiques font, comme
les autres mois lunaires , quelquefois pleins , c'eft-
à-dire, de trente jours , quelquefois caves, c'eft-
à dire , de vingt-neuf jours feulement. Les Epac-
Ks embolifmiques , dans le Calendrier j fonr celles
qui fonr depuis XIX jufqu'à XXIX, (L\: on les àç-
pd\i embolifmiques , parce qu'en ajoutant l'EpaCte
qui eft XL elles excèdent le nombre XXX , ou bien
parce que les années qui ont ces Epadles fonr embo-
Ufmiques , ayant treize lunes j dont la treizième
eft emboUfmique , parce qu'à l'année lunaire de trois
cens cinquanre - quatre jours Ton ajoute un trei-
zième mois de trente-fix jouts dans ces années-là j
qui , par ce moyen fonr de rrois cens quatre-vingt-
quatre jours, ou de 383, file mois enibolijm'u^ue
n'eit que de 29 jours.
EMBONPOINT, f. m. Ce mot s'eft formé de trois
didfions Françoifes, de la prépofition e« j dont \n
fe change en m devante, de l'adjedtif i^o/z , & du
fubrtantif point. De forte (^a embonpoint fignihe
l'ctat d'un homme qui eft en bon point , c'eft-à-dire ,
en bon état , en bonne fanté. Bona corporis habi-
tude. Ainfi , dans le langage de la Médecine , cô
mot déligne une difpofinon naturelle bien propor-
tionnée de toutes les parties du corps , pleines de
bon iens,des membres charnus , m rrop ni trop peu
chargés de graille. Le défaut ^embonpoint fait la
migreur^ fon excès, la conftîtution d'un hommegras
& replet j mais , dans le langage ordinaire où l'on
s'éloigne fouvent de la lignification naturelle des
mors j on entend , communément , par embonpoint
la conftitution d'un homme gras & replet, état
peu favorable à la fanté , s'il va jufqu'à l'excès.
Obcfitds. Le trop d'e/n^owpoi/zr de cette femme lui
gâte la taille.
§3" Embonpoint , fe dit aulîi des bêtes , d'un bœuf,
d'un cheval , lorfqu'ils ont le poil luifant , qu'ils
font bien charnus , & qu'ils paroifFent être vigou-
reux.
IJC? Ce mot s'emploie avec grâce au figuré. Après
bien des remèdes violens , Law crut avoir rendu à
la France fon embonpoint : il ne la rendit que bouffie.
MoNTESQ. Il ne faut pas prendre pour embonpoint ,
pour vigueur, ce qui n'eft , dans le difcours j que
bouffiirure & intempérie. L'Abbé d'Olivet. Quoi-
que le rtyle limple ne doive pas prendre beaucoup
de nourriture , ni avoir une extrême force , il faut
néanmoins qu'il ait un certain fuc , & une forte
à' embonpoint , qui en falTe connoître la parfaite
conftitution. Colin.
]fT EMBORDURER. v. a. Mettre une bordure à
un rableau. Tahellam limbo includere , cingere- Un
tableau qui eft bien emborduré patoit be.iucoup plus.
Les curieux ont grand foin as biQnembordurer leurs
tableaux.
Emborduré j ée. part.
EMBOSSER. V. a. Terme de Marine , qui eft le même
qu'Amarrer. Un navire embojfe , eft un navire à
lancer fur fes amarres.
EMBOSSURE. f. f. Terme de Marine. Nœud que
l'on fait fur une manœuvre, &c auquel on ajoute
un amarrage.
03" Embûssure, fe dit , en général , des difpofitions
que l'on fait des manœuvres pour fixer quelque
chofe que ce foit, quand l'occafion s'en préfenre.
On dit qu'un vaifteau fait fes embojfures j quand il
prépare routes les manœuvres nécelFaires pour pré-
fenter le côté à un objet qu'il fe difpofe à cannoner
contre le vent & la marée contraires , ou quand il
veut appareiller avec fureté de battre. LTn vailLean
mouille en faifant emboffure, lorqu'il veut s'effa-
cer pour attaquer , on fe défendre.
EMBOUCHEMENT. f. m. L'action d'emboucher.
Infiatus. Danet. Pomey.
é48 E M B
EMBOUCHER, v. a. Appliquer à la bouche un inf-
tiumenc à veat , ahn d'en tirer des Ions. Embou-
cher la trompette _, un cor , &c. Bucclnam infiare.
Il y a de l'art à bien emboucher un cor pour ména-
ger fon haleine. M. Dionis dit emboucher le mame-
lon ,'pour prendre de la bouche, en parlant des en-
fans qui tettent.
Ce xnoi vient é'imbuccaiT.
fCF Emboucher j en Ityle ligure & Poétique , faire
des vers. Emboucher la trompette d'Homère.
iMBOucHER, fe dit, figurément , & fignifie inftruire
quelqu'un de tout ce qu'il doit dire j ou ne pas dire.
Prscjmponere , prs,moncre. Ce témoin avoit été
bien embouché par la partie , elle lui avoit fait le
bec. Il eft du Ityle familier.
On dit , en termes de Navigatioij , que des
trains ou bateaux montans font embouches {i'grejji^
incram'jji ) dans les arches d'un pont , ou d'un per-
■ ruis j loifqu'ils font engagés , & qu'ils commencent
à y pa'.fer.
^MSJUCHER. Terme d'Artillerie. Emboucher \'zm\-
lerie des ennemis, tirer de (fus , tirera la bouche
du canon & la ruiner , la mettre hors d'état de
nuire. Tormcnta hojliiia ruere , in os tormenû d'if-
plûdcre. Les coups tirés du niveau de l'ame du ca-
non , ou horizontalement , font les plus courts, &
'fervent d'ordinaire d:ins les batailles rangées à em-
boucher l'artillerie des ennemis, & à favorifer les
tranchées & boyaux d'un fiège. De la Font.
fçC? Emboucher, avec le pronom perfonnel, fe dit
des fleuves &: des rivières qui fe déchargent dans la
mer. Influere ^fubire. La Marne s embouche dans la
Seine , la Seine s'embouche dans la mer. On dit
mieux fe jeter , fe décharger.
I^CF Cette expreliion a été tranfporîée à l'Anaro-
mie j en parlant des vaiifeaux. On voit, autour du
cœur de la tortue, une efpèce de réfervoir d'une fi
gure oblongue &C allez femblable à celle d'un outrt
eniîé. L'axillaire droite & la veine-cave inférieure
s embouchent au côté droit de ce réfervoir , l'une au
haut, & Tautre au bas. Du Verney. Ac. des Se.
46,99. Mém. p. 119.
Les oreillettes du cœur des tortues fe retrécifTent
vers la bafe du cœur j 6c forment chacune un canal
fort court, qui s embouche dans les cavités. Du
Verney. Acad. des Se. \Gc)^. Mém. p. 119. L'axil-
laire droite & la veine-cave inférieure s embouchent
au côté droit de ce réfervoir ( du cœur de la tortue
Id. ibid. pûg. iiij-
EmboOghfr, en'termes de Manège, (îgnihe mettre un
mors à,un cheval, propre pour le bien manier. Ecju.
lupatum Indere, 'Lin cheval qui eft bien embouché tii
plus prompt à obéir.
EMBouctfE , ÉE. part. -Si adj. Il a les fignificaclons de
fon verbe en Latin & en François. Qui a la bouche
remplie. Marot s'eft fervi de ce mot en ce fens.
On dit qu'un homme eft mal embouché , qu'une
femme elt mal embouchée , pour dire qu'ils parient
impertinemment , qu'ils profèrent des injures, ou
des paroles indécentes. Il eft du ftyle familier.
Embouché, en termes de Blafon , fe dit du bout du
•cotnetj trompe, trompette & buchet j qu'on met
dans la bouche pour en fonner. Imhuccatus. C'eft ce
que les Ouvriers appellent bocal. On le dit , lorf-
que le bout de ces inftrumens eft d'un émail diffé-
reni de leur corps.
EMBOUCHOIR. f. m. Terme de Formier. Inftru-
ment qui fert à élan^ir des bottes. Il eft fait d'un
morceau de bois en forme de botte , fendu en deux.
On chalfe un coin dans la fente qui fait étendre le
cuir. Ce coin s'appelle clef de Vembouchoir.
Embouchoir. C'eit aufTi le bout d'une trompette ou
d'un cor, qui fe fépare & s'applique lorfqu'on veut
fonner. Il eft ordinairement de cuivre ou d'argent.
Les Ouvriers l'appellent bocal :^ mais la plupart des
Piqueurs '^Trompettes le no\-nmsnt embouchoir.
EMBOUCHURE, f f. L'endroit où une rivière fe dé-
charge dans la mer , ou dans une autre rivière. C'eft
proprement fon entrée dans la mer , ou dans une
E M B
rivière. Ofîium. \J embouchure du Danube fe fait par
cinq larges canaux dans le Pont-Euxin. Abl. La
rivière de Saint Laurent ^ en Canada , a 30 lieues
à ion embouchure. Celle de la Plata , en Amérique,
a plus de ttente lieues ai embouchure. Celle d'Ore-
noque J au Pérou , a 54 \\Qwt% à! embouchure. Quel-
ques-uns lui en donnent 70 en comptant des poin-
tes ou des caps entre lefquels elle s embouche , où
elle fait un golfe de plus de cent lieues j qui s'ap-
pelle la mer douce, ou la mer morte , après une
coutle de 1 500. La marée remonte dans fon embou'
chure-ç\\xs de cent lieues. On l'appelle, autrement,
la iwiere des Ama-^ones.
Embouchure, fe dit auiii des ports. Il mit fes navires
à ïembouchure du port. Abl.
Embouchure. C'eIt aullI la partie de l'inftrument à
vent qu'on embouche pour en jouer. Os , cris.
\J embouchure d'une trompette , \' embouchure d'un
cor, d'une f^ùte . d'un flageolet , &c. Une ondu-
lation d'air qui occupe toute la longueur comprife
depuis Y embouchure par où l'air entre jufqu'à la
première ouverture par où l'air peut fortir. Sau-
veur.
Embouchure , fe dit encore de la manière d'embou-
cher certains inftrumens. Une des grandes difficul-
tés de la Hùte traverlière , c'eft \' embouchure.
Embouchure , elt aufli un terme de Fondeur, C'eft
l'ouverture du canon par où l'on met L poudre &
le boulet. Quelques-uns appellent cette embouchure
bouche de canon. On ne le condamne pas \ mais ce
n'eft pas le mot de l'art , félon Richelet. S. Remy ,
au contraire J foutient qu'il faut dire \oibouche du
canon , & Y embouchure d'une rivière. L'ufage le
yeut ainfi.
Embouchure , fe dit encore par les Chauderonniers
& Potiers, & fignifie entrée. OJiium., os. Embou^
cliure de marmite j embouchure de fourneau.
On dit V embouchure d'un verre. Danet.
Embouchure , lignifie aulh la partie du mors qui eft
reçue dans la bouche du cheval. Os. C'eft un fer
forgé en diverfes façons pour tenir fa bouche fii-
jeite. Les Ecuyers ont diverfes fortes à'embouchu-'
res, à tanon (impie j à. canon montant j à efcache,
à olives, à melon, à bergers ^ à pas d'âne, &c.
avec liberté, ou fans liberté de langue. Toutes les
embouchures doivenzèzre proportionnées à la qualité
de la bouche d'un cheval.
EMBOUCLER. v. a. Attacher avec une boucle. Alli-
gare annula, Pomey. On dit plus ordinairement
Dûucltr.
EmeouclÉ, ée. part. & adf. Fibulatus , fibulis adflricf
[US, ornatus. Terme de Blafon , qui fe dit des pièces
garnies d'une boucle , comme le collier des lé-
vriers , &c.
EMBOUER. v. a. Luto ohlinere. Ce mot fe trouve
dans Pomey, &: ailleurs, pour enduire de boue.
Embouer une muraille. Embouer quelqu'un pour le
faiir avec de la boue , l'enfoncer dans la boue. Il
ne fe dit que par le peuple.
|p"EMBOUFFETÉ. Terme de Marine. Franc-bord
emboujfeté , c'eft-à-dire, dont les planches ou bor-
dages entrent les unes dans les autres.
EMBOUQUER. Terme de mer, ufîté dans les Ides
de l'Amérique , pour lignifier entrer dans un dé-
troit, dans un canal. C'eft le contraire de déboti-
quer. Vov. ce mot.
EMBOURBER, v. a. EmbarralTer dans un bourbier^
Cceno immergere. Ce Cocher nous a embourbés. On
le dit communément avec le pronom perfonnel, pour
S'engager dans un bourbietjou y engager fa voiture.
S'embourber dans un mauvais chemin. Ce cocher
s'elt embourbé ., a embourbé Ça. vonnxQ,
s'Embourber , fe dit, en Médecine, pour fe remplir,
fe charger d'humeurs épailfes, ou corrompues, qui
empêchent les fondrions libres des parties j ou des
organes, & les embarraffent. Obruere, replere. Le
cerveau i embourbe inégalement dans toutes les épi-
lepfîes , parce que ce vifcère a roujours quelqu'em-
barras conftanr qui y donne occafion.
fC? EMJiOUREERj
EMB
^Cf E\triouRBER , fe die auffi au figuré. Embour-
ber quelqu'un dans une méchance aftaire , l'y enga-
ger (i a^anc, qu'il ne puille plus s'en retirer que dirfi-
cilement. Impiicare. On le du de même avec le pro-
nom perfonnel. Ce Traitant s'elt embourbs dms une
ferme oncrcufe , il aura de la peine à fe retirer de
ce bourbier. S'embourber dans le vice. Boil.
Embourbé , ée. parc. &c adj. Cœno ïmmerfus.
On dit , proverbialement , qu'un homme jure
comm; un Charretier embourbé ^ pour dire qu'il jure
fortement.
EMBOURllER, & mieux rembourrer. Garnir de
bourre une felle de cheval, des chaifes, ou autres
meubles. Injarclre tomento. Ces fiéges me coûtent
tant au Ménuilier pour le bois, & j'ai donné tantau
Tapiilîer pour les couvrir & les embourrer. Cette
felle eft mal embourrée , elle blelfera le cheval.
Embourrer. Terme de Potier de terre. C'eft parer
& cacher les défauts de quelqu'ouvrage de poterie
avec une compohtion de chaux &C de terre , pétries
enfemble .avec de l'eau. Cet embourremenc eft dé-
fendu par les Statuts.
TÎMBOURRÉ , ÉE. part. Tomento /artus,
1:MB0URR.[JRE. f. f. Terme de Tapilîîer. C'eft une
couverture de toile j qu'on met fur la bourre d'une
chaife. Tomentum , involucrum , tegumentum ^ to-
menti farcum , puLvinata tomento farta. Embourrure
de chaife. Toile à' embourrure..
r.MBOURSEMENT. f m. L'aftion d'embourfer. In
trumenam injecîio. Pomey. Il n'eft pas uhté.
JiMBOURSER. Mettre de l'argent en bourfe , le faire
rourjier à fon profit. Nummot dimitcere in crumenam,
in loculos. Embourfer l'argent du jeu. Il embourje
tous les ans les trois quarts de fon revenu , il ne le
dépenfe pas.
'Emboursr, ée. part.
.EMBOSSURE. f m. Foy. Embossure.
LEMBOUTE , ÉE adj. Terme de Blafon , qui fe dit des
pièces qui ont en leur extrémité un cercle, ou vi-
role d'argenr. On les appelle aulli marnées. On le
dit aulfi des manches de marteau dont les bouts font
garnis d'émail diftérent.
EMBOUTIR, v. a. Terme d'Orfèvre. C'eft tourner ,
ou tailler , ou relever quelqu'ouvrage , quelque
pièce d'Orfèvrerie en rond , ou le faire paroître en
bolfe , en frappant de l'autre côté avec le marteau
ou la boutterolle.
^fT Ce terme eft auffi ufité parmi les Ferblan-
tiers , pour dire faire prendre à un morceau de fer-
blanc la forme d'une demi-boule , comme un cou-
vercle de cafetière & marteau à emboutir en bau-
din. Troifième marteau à emboutir en pointe de
diamant. Encyc.
Embouti, ie. part. & adj. Des plaques embouties,
un peu creufes d'un côté, relevées de l'autre. Il
faut que les plaques du métal fur lequel on appli-
que les émaux , foient embouties. Tête emboutie.
C'eft la plus grolfe forre de broquette qui fe débite
&: fe faite par les Cloutiers \ ainfi nommée de ce
que la tête en eft relevée & arrondie.
i "^MBRANCHEMENS. f. m. Efpèce de petits entrairs
dans la charpente des couverts. Pomey. Foye^
EMBRUNCHER. Embranchement eft ce qui lie
Tempanon avec le coyer. Foy. la nouvelle édition
de V Art de Charpente de Mathuria Joulfe.
El \1BRAQUER. v. a. Terme de Marine. Mettre, ou
tirer à force de bras une corde dans le vailfeau. Con-
tendcre , diffendere fummâ vi.
Ei IBRASEMENT. f m. Grand incendie. Incendium.
\ Néron fit accufer les Chrétiens de Xemhrafement de
1 lome qu'il avoit fait faire lui-même. Il faut re-
t narquer que ce mot emhrafement ne fe dit que d'un
a mas de plufienrs chofes allumées , quoique le mot
c mbrafé fe dile d'un corps en particulier , petit ou
S rand.
Emvra'îE'MEMT, fe dit auffi, figurémenr, des troubles ,
dt'S redirions, des guerres , & des pn,ffions. Ardor^
xfius. Il faut appaifer les troubles le plutôt qu'on
peut , car une petite éiincsiUe peut caufer un grand
Tome II L
EMB
<^4^
emhrafement. Il arrêta cet emhrafement nailfanr.
Feech. L'amour divin caufe dans nos cœurs un faint
embrafement.
On l'a dit de la chaleur de la fièvre dans une Ode
fur le quinquina.
Quelles âpres douleurs ! quel mélance de peine]
Quand U corps y tout brifc de longs frijfonnemens ,
Sent après ce grand froid d'affreux enibrafemens^
Et des ferpens de feu qui déchirent fes veines.
Les Ouvriers appellent auffi embrafemens ,\ts em»
brafures , ou les ouvertures des portes & des fenê-
tres. Foy. Ebrasement.
EMBRASER, v. a. Mettre en feu. Incendere , combu-
rere. Une bombe , tombée fur les magafins de l'ar-
fenal , a embrafé toute la ville. Il s'emploie auffi
avec le pronom perfonnel. Cette matière %embrafc
facilement. Ignefcere, ignem concipere.
Ce mot vient du Grec /3?«^* jcrveo.
Embraser , fe dit j figurément , en Morale , des
pallions , & fignifie brûler , enflammer. Succen-
dere. L'amour divin embrafe les cœurs. Vos beaux
yeux m'emhrafent. Voit. Les Romains étoient em~
brafes du deïîr immodéré des louanges. M. Esp,
Tout l'Etat étoit embrafé du feu de la fédition.
Embrasé , ée. part. & adj. On dit qu'un corps eft em-
brafé, lorfqu'il eft pénétré de feu dans toute fa fubf-
tance , fans que ce feu s'élance au-delà de fa fur-
face. Enflammé , confumé , réduit en cendres , ne
font point fynonymes avec embrafé. Foyei^ ces
mots.
Embraser j ou EBRASER , félon Vignole. Ternie
d'Aichiteélure. C'eft élargir en dedans la baie d'une
porte, ou d'une croifée, depuis la feuillure jufqu'au
parpin du mur, enforte que les angles de dedans
foient obtus, ^ilatare. Les piédroits des fenêtres
doivent être fort embrafés ; c'eft-àdire j élargis en
dedans , &: refeuillés de deux à trois pouces ou en-
viron.
EMBRASSADE, f. f Adion vive des bras qu'on jette
au cou de quelqu'un , pour lui témoigner de l'a-
mour ^ de lafteclion. Complexus. Le mot embraf-
fement fignifie fimplementl'adiond'embrairer fans
défigner l'emprelfement extérieur. C'eft en cela cjue
ces mots ne fonr pas fynonymes. Les Marquis fai-
néans paient le monde en embraffades ridicules. S-
EvR. Je ne .hais rien tant que ces affiibles donneurs
d'embraffades frivoles. Mol. Ce Voyageur reçut â
fon retour mille embrajjades de fes amis.
gC? Ondifoit autrefois EMBRASSEE, f. f.
Car quand je Jus de mon repos laffée ,
Et te cuidant donner une embraflée. Mar.
EMBRASSEMENT. f m. Adion d'embraffief. Am-
plexus. Voy. Embrassade. Leur entrevue com-
mença par de grands emhraffemens. Il eft vrai que
nous reçûmes vos emhrajfemens avec alfez de fer-
meté , & nous vous parûmes fans doure un peu
Philofophes. La Chap. C'eft avoir bien mauvaife
, opinion des hommes que de croire leur impofer
* par des carelfes étudiées , &c par de longs & fté-
ï'\\<is embrafemens. La Br. Molière a dit dans ka
Fâcheux.
Dans les convulfions de leufs embralTemens.
Embrassement. fe dit auffi des carelîes amoureufes ,'
& de la conjonétion charnelle. Dans les régions chau-"
des, où la paOïon d'amour porte de fi bonne heure les
\\o\VLmt%A\xxtmbraffemens. DioNis. Il ne fedit en ce
fens qu'au pluriel.
' EMBRASSER, v. a. Environner , ferrer de fes bras.
j Amplccli, circumplecli 3 cingere , circumdare.W s a
j des arbres fi gros , que dou2e perfonnes ne les fau-
I roient embrajjer.
IP^-On dit, dans le même fens , embraffer quel-
qu'un, le ferrer entre fes bras en démonllration d zt
N n n n
^jo E M B
micic. Ces amis étoient brouillés depuis long-tems ;'
-on les a raccommodés , tic ils le loin embrd£es. |
Lorfquun homme vous vient embrairei" avec joie ,
lljuut bien le payer de la même monnaie.
Molière.
Ce mot vient de imhrachiare j qu on a fait de
brachium. Men.
On dit figuréraent , en ce fens , que l'Océan em-
brajfe toute la terre , que le ciel embrajje tout le
monde, pour dire j qu'il l'entoure , qu'il l'environ-
ne de tous côtés.
On dit qu'un homme embrajfe bien un cheval j
pour dire , qu'il le Terre bien avec les cuilFes , pour
être plus ferme quand fes cuilfes font exadement
tournées , en forte que le tronc porte véritablement
fur l'enfoarchure.
tfT Dans les chofes morales on fait un ufage fré-
quent de ce mot au Hguré.
IJCT Embrasser un état j la vie religieufe, la profef-
fion des armes , la robe j le commerce ; c'eft choifir
un état & le prétéret à un autre. La volonté nem-
brajje rien qui ne lui foit préienté par l'efprit fous
l'apparence de quelque bien. Nie. Quelquefois il fi-
gnifie fe charger d'une affaire , l'entreprendre. Il
emhraffe toutes les affaires qu'on lui propofe. lieci-
pere in fe. Cette homme embrajfe trop d'alfiires.
Sufcipere. Quelquefois il fignifie la même chofe que
contenir , renfermer. La Géométrie embrafje beau-
coup de fciences qui dépendent d'elle. Complecîi.
Cette queftion embrafje bien des matières. Son efprit
vif & perçant effzénzj/oif fans peine les plus grandes
affaires. Boss.
Embrasser, le parti de quelqu'un , c'efl s'y attacher.
Les Suilfes ont embraffé le parti de la France. Il nem-
braffa point de feéle particulière j mais il prit ce
qu'il y avoit de bon en chacune.^ABLANc. f^oye-{
Parti.
Embrasser , fe dit encore de la conjondion charnelle
d'un homme & d'une femme. Coire. Pour réengen
drer la membrane rompue , il lui confeilla A'em
brafer [on mari. Degori.
Embrasser , en termes de Manège j fe dit d'un che-
val qui maniant fur les voltes fait de graj^ids pas , &
embrajfe bien du terrein. C'eft le contraire de banre
la poudre , qui fe dit lorfque le cheval ne fort ptef-
que point de fa place.
On dit , en termes de Marine j embraffer le pavil-
lon ; c'eft- à-dire, le ralfembler entre fes bras, & en
faire une efpèce de fagot.
On dit , proverbialement , qui trop emlraffe mal
étreint; paur dire, que, quand on fe charge de trop
de chofes à la fois , on n'en tait aucune.
Embrassé J ée. part. & adj. On dit, en;:ermesdeBla-
fon , d'une efpèce de pointe qui eft en forme d'un
triangle qui vient du côté droit de l'Ecu , & tient
depuis le chef jufqu'à la pointe,5>: qui aboutit au mi-
lieu du côîé gauche J qu'elle eft embiafjée des deux
côtés de l'émail du champ de l'Ecu.
EMBRASSEUR. f. m. Terme de Fondeur. Ampleciens.
Les Fondeurs appellent ainlî un certain morceau dc|
ier qui embraife comme avec les deux mains leJ
tourillons d'une pièce de canon ^ lorfqu'oii l'élève
dans le challis de l'alezoir pour agrandir fon calibre.
EMBRASSURE.f f Terme de Ch.arpenterie. Comple-
xto J implexio. C'eft un aflemblage à queue d'aron-
de de quatre chevrons chevillés au-de(fous du plinte
& larmier d'une fouchede cheminée de plâtre ,pour
empêcher qu'elle ne s'écarte. On apoelle auifi em-
brafure , une baiç^ de fer plat , coudée & boulon-
née , qui fert au mcme ufige. L'arbre de la grue
eft pofé fur huit embraffures , empatemens, ou ra-
cinaux , ces emhrafurcs font mifes en croix, &C af-
femblées avec des entretoifes , &c.
EMBRASURE, f. f f'e;ze/7nz.Terme de Guerre. C'eft
l'ouverture par où l'on tire les canons , foit dans les
cafemates, foit dans les batteries qui ne font cou-
vertes que de gabions , foie dans les parapets des
E M B
maraîlles. Les emhrafures doivent être diftantes e!:i-
tre elles de douze pieds , ouvertes par dehors de
fix à neuf pieds, & par dedans de deux ou trois. On
les appelleaulîittï«o/2^2it}rej, lorfque les ouvertures
lont allez grandes pour y palfer la bouche du ca-
non j S)C meurtrières ou créneaux, lorfqu'elles font
petites , enforte qu'on n'y palle que le fufil. Afin
que le canon puifie tirer , il faut que le parapet air
des emhrafures ^ dont les merlons foient de bonne
terre , pour pouvoir réfifter au canon de l'ennemi.
Lorfque le parapet a i\ peu d'élévation , que le ca-
non peut tirer fans e/n^ro/i^rtj, on dit que le canoa
tire en barbe, ou à barbette.
En Atchiteélute on appelle aulfi Xembrafure ou
embrafement des fenêtres , les ouvertutes qui font
entre les trumeaux des murs fort épais , dans lef-
quelleson fait les fenêtres. Et particulièrement il fe
dit de cet élargilfementqui fe fait en dedans j oWi-
quatio J obliquata latera , qui donne plus d'ouver-
ture aux portes , aux fenêtres , & aux abat-jours ,
foit pour y recevoir plus de lumière, foit pour y
donner plus de jeu aux battans des portes & aux
volets. Quand le murs eft fort épais j il fe fait quel-
quefois des embrajàres au dehors. 'Vignole dit ebru"
fement j pour embrafure.
Embrasure de Fourneau. C'eft la partie du four-
neau par où palfe le trou de la cornue.
EMBRAU. Bourg ou village de France dans la Sain-
tonge. Hebromagum , Ebromagus. Quelques-uns di*
fent audî que c'eft V Hehronianus des Anciens , mais
d'autres, comme Baudrand , prétendent que'l'ou
ignore aujourd'hui ce que c'étoit que ce Heu. Em-
hrau eft fitué fut la Garonne , à deux lieues au-def-
fousde Bl.iye.
Apparemment qu'il y avoit là un paftàge fur la
rivière , & que ce lieu en avoit pris fon nom: eher ,
comme nous l'avons ditfouvent, fignifie pa(fiigs
en Celtique , comme en Fiébreujce qui montre la
conformité de ces deux langues.
EMBRENEMENT. L f L'adion d'embrener. PoM-
MEY,
EMBRENER. v. a. Terme bas. Peu ufitc. Gâter j
falir de bran,de matière fécale. Concacare, inquinare
Jlercore. Il a embrené fa chemife.
On dit, figurément, qu'un homme s'eft embrené ^
quand il s'elt engagé dans quelque méchante af-
fiire , où il y a du rifque à courir , tant pour fon
bien , que pour fa perfonne. Il eft aufli basque fale.
Embreué , ÉE part. & adj.
EMBREVEMENT. f. m. Efpèce d'entaille pratiquée
dans une pièce de bois pour racevoir & retenir le
bout d'une autre pièce. Immiffura. Les emhréyemens
fe font enôtant du bois de l'arbaleftrier environ un
pouce carrément par en bas , pour placer les chan-
tignoles. M. Jousse.
EMBRE'VER. v. a. C'eft, félon Pomey , faite entrer
une pièce de bois dans une autre. Immittere. Il faut
que les chantignoles foient e;«//c'V£;'t'j avec un talon
ou renfort fur l'arbaleftrier, & bien arrêtées avec des
chevilles de bois. M. Jousse.
EMBRICONER.Ce mot eft tout-.vfait vieux. Il figni-
fie , Tromper, décevoir; comme dans ces vers d'un
ancien pocte , Raoul de Ferrière , qui ditpailant de
l'amour :
Amours ejl maie & bonne j
Le plus mif érable enyvre ,
Etleplusfage embricone.
/'\
On dit aulÏÏ ahriconer & embriconer , pour dire ,'
' mettre en pièces. Borel , qui remarque qu'on die
encore dans le Languedoc embrica ,pour dire cmier,
comminnere in partes minutiffimas ; ce qui vient de
hrico , qui (îgnifiebrin ou morceau.
EMBRION. Toye^- EMBRYON.
EMBRO. Imbrus. Emdroon VEmdro eft unepetitejfle
qui a Z4 mille de tour , avec un bourg de même
nom , 6c un port fur la côte orientale. Cette Ifle eft
E M B
à douze mille des bouches des Dardanelles , en al-
lant vers l'Iflede Lemnos. Virtot.
EMBROCàTION f. f. Terme de Chirurgie. Efpèce
d'arrofeinint Se de fomentation qu'on fait fur quel-
que partie malade j avec des huiles, des baumes j
des décoctions ou autre liqueurs, qu'on applique ou
qu'on fait tomber doucement en prelïànt un linge j
une épon.'jje , £cc. Embrocadùn _, le dit aulîi pour le
remède deiciné à cet eftet. Fotus ,fomentum , elle eft
miintenanc de peud'ula;;e , fi ce n'eft pour les maux
de tête- On l'appelle a.uiVi irrigation. Si la douleur ne
celfe point , faites une embrocjcion de lait de vache
tiède fur la têre. Degori. Après avoir employé inu-
tilement les fomentations. ... les emplâtres & les
einhrocaûons. Id, On tera une emhrocution fur la
partie avec de l'huile de lis bien chaude, ou avec
de l'onguent althxa.DioNis. La douche qu'on prend
dans les bains naturels eft proprement une ejubro-
cation.
Ce mot vient du Grec /Sf"» , irrlgo j maiefado j
maccro.
EMB;<OCHEMENT. f. m. ImmiJJlo in veru. Pomey.
Action d'embrocher. Ce mot n'eft point en ufage.
EMBROCHER, v. a. Menre en broche , paifcr la
broche à travers la viande pour la faire rôtir, l^eru
transfigtre j in veru inducere , figcre verubus carnes.
Quand la viande tourne à la broche , c'eft qu'on l'a
mal embrochée.
Embrocher , fignifie aufli , palfer une verge de fer à
travers pluiîeurs chofes pour les tenir aifembiécs. Il
fe fait des carrillons de pUifieurs timbres inégaux
percés , & embrpchés dans une verge de fer.
On dit auGijde celui qui a palTé une épée à travers
du corps d un homme , qu'il l'a embroché , qu'il l'a
lardé. Il eil.bas. Le P. Daniel a dit : Quelques Huf-
farts portent une épée longue & mince j ils s'en
fervent pour en.brùcher les ennemis. Je me fers de
ce term- , pas ce que cette épée eft une efpèce de
broche.
Embroché j ée. part.
EM3RONCHIER , & embrancher , s'eft dit autrefois
pour ce que nous appelons aujourd'hui Broncher.
OJfe/idere.
EMBROLJILLEMENT. f. f ConfaCion. Confufo ^, per-
turbuiio. Cette maifon a tant de procès , elle eft dans
un fi grand embrouillement d^1ftaires , qu'elle n'en
verra la fin de long-temps.
EMBROUILLER, v. a. Embarrafterjmettrede la con-
fuhon dans une aftaire. Implicare , impedirc , intri-
care. Cet Avocat a tellement embrouillé cens caufe
en plaidant , qu'on a été contraint de l'appointer.
Cet Auteurn'eft guère clair , il a un llyle fort em-
brouills. Les affaires de fa mailon font fort em-
brouillées.
Embrouiller , fedit aufli avec le pronom perfonnelj
&: fignifie , s'embarralfer , perdre le fil de fon dif-
cours. Il s embrouille quelquefois fi fort, qu'il ne fait
où il en eft.
En termes de Marine , on ditj embrouiller les
voiles; pour dire, les ferler , les joindre enfemble.
Jungere.
Embrouillé , ée. part. & adj. Impllcitus j impeiitus ,
parum promptus j minus expeditus. \Jn efprit em-
brouillé y eft un homme qui n'a pas le don de fe bien
expliquer.
EMBRUINER. v. a. Ce mot fe trouve dans Pomey ,
pour gâter , brûler par la bruine. Uredinem injerre.
Les vignes font embruinées. faites pruina decoxit j
adujjît.
Embruiné , ÉE. part. Qui eft gâté par la bruine. Blé
embruiné , corrompu j noirci par la bruine. Cela
vient de certaines pluies froides , quand il eft en
fleur.d'AsL.dans fon Lucien.
EMBRUME, EE. Terme de Marine, qui fe dit d'un
temps de brouillards , pendant lefquels on a de la
peine à connoîcre fa route. Caliginofus. On dit aulfi
terre embrumiez pour dire, terre couverte de brouil-
lard aftez épais pour empêcher de la bien reconnoî-
tre. Ciel ou temps embrumé, lorfque l'horizon eft
E M B 6j I
couvert de nuages ; ce qui eft oppofé à terre fine &
ciel fin. L'horizon étoit embrume-^ de forte qu'on n'a
pu diftinguer la mer d'avec le ael.
Ce mot vient de bruma _, ou de pruina
EMBRUN , EMBRUNOIS. Foye^ AAlBRUN, AM-
BRUNOIS.
EMBRUNCHER.v. a. Terme de Charpenterie , qui
fe dit des chevrons , des louves , & autres pièces
de bois qu'on engage, 6i qu'on attache les unes fuc
les autres. Immittere j commutere. Les devis de char-
pente porteur qu'il y aura tant de chevrons chevil-
lés & embranches fur les faîtes & fur les pannes j
tant de lolives embranchées fur les poutres. Quel-
ques Architectes difent embrancher & embranche-
ment.
Ménage dit que c'eft un vieux mot François, qui
fignifie, couvrir i s'ajjubler , & croit qu'il vient
de imbricare , ou de brique. On a dit autrefois , il
s'embrunchu dans fon chaperon. On a dit aufii , cm-
brochier dans le même fens. Si rencontra un Cheva-
lier ô' Dames ernbrochiées en lor chapes , (juilor pé-
nitence faifoienc. M. D. C. On a encore écrit em-
hrunchcr.
EMBRUNIR. V. a. Terme de VtxmwxQ. Fufco colore
injicerc. On dit un tableau embruni j un vifage trop
embruni.
EMBRUOTOMIE.ff. Terme de Chirurgie. C'eft
ainfi que M.Dionis écrit ; mais il faut dire , comme
les autres j embryotomit : car , quoiqu'en pronon-
çant les mots Grecs il y ait bien des gens qui donnent
a \v le fon de notre u. , en écrivant on met dans les
mots François dérives du Grec nny , & non pas un
u , pour répondre à 1'" des Grecs : amfi on dit Ulyf-
fe, dyjj'énterie j embryon,d\ c. & non pas Ulij[/e, dijjen-
terie, embryon , dcc. Ce dernier mot fuffit feul pour
faire voir qu'on doit dire embryotomie. Depuis un
temps on met quelquefois un i au lieu d'un y en
certains mots dérivés du Grec \ mais on n'y met
point d'« , &: , pour l'ordinaire , on confer ve l'y dans
les termes des Arts & des Sciences, f^oye:^ Embryo-
TOMiE qui fuit.
^ EMBRYOLOGIE, f f.Terme deMédecine. Traité
du Fœtus pendant fon léjour dans la matrice.
EMBRYON, f m. Terme de Médecine. Fœtus , com-
mencem;-nt de formation du corps de l'animal dans
le ventre defamèrejavantqu'ilait reçu tous les linéa-
mens&touteslesdifpolitionsdes parties, pour devenir
animé : ce qu^on croit arriver dans l'homme au ^i*
jour.Fœrw.LesMédecins ne lont pas d'accord entr'eux
furie temps pendant lequel on peut défigner le fœ-
tus par le nom A'embryon. Quelques-uns lui don-
nent ce nom pendant tout le temps qu'il eft renfermé
dans la matrice : d'autres ne le donnent qu'aux ru-
dimens du corps , comme nous venons de le dire. Il
paroît que , iuivant l'ufage le plus général , on donne
au fœtus le nom d'embryon avant le développement
de l'animalcule , qui ne s'appelle plus que fœtus
après fon développement.
Ce mot vient du Grec 'iy."fu'v , qui fignifie le mê-
me ôc qui vienr de la prépofition <" , dedans & de
ë'/iuoi , qui Ggnï(\e /caturio , croître, pulluler, parce
que l'embryon eft renfermé de prend accroilfement
dans la matrice.
Embryon j fe dit aufii, ironiquement, d'un très- petit
homme. Ce n'eft qu'un petit t'wAryo/2 , un avorton.
Homuncio , homunculus , homulus. Qu'eft-ce là, petit
embryon , vous parlez ? Voit.
Embryon de graine , ou fimplement Embryon , fe
dit,en Botanique,des rudimens des jeunes planres &
des jeunes fruits qui exiftent d'une façon confufe
dans les germe'; des femences & dans les boutons
d'arbres. On dit que l'on apperçoit Y embryon des
fleurs dans les oignons , Vembryon des femences
dans les jeunes fruits , ïcmbryon des branches ou
des feuilles dans les boutons.
03° On appelle auili embryon la partie des pistils
qui doit devenir un fruit, /^oye? Pistil.
^fT M. Amelotde la Houftaye a employé ce mot
au figuré , en parlant des ouvrages d'eiprit. Que
N n n n ij
roitre.
^ji EMB E M B EME
tout lubiîe maîrre fe garde de lailfer voir fes ou-> fîngeries d'Apollonius & de Mahamsi emhujfflèrent.
vrages en embryon : qu'il apprenne de la nature à ne ' Mont. Ce mot ne fe dit plus,
les point expoler, qu'ils ne ioient en état de par-; EMBUSCADE, f.f. Troupe de gens .armés cachés darls
un bois , ou en quelque autre lieu l'ecret , pour
iurprendre l'ennemi quand il palfera , ou pour l'en-
fermer j &c lui donner à dos. Injidi&^ excubU. Em~
bufcade fe dit auOi de l'endroit où l'on fe cache pour
furprendre les ennemis au palH^ge. Les ennemis
font tombés dans Xcmbujlade qu'on leur avoir drel-
fée. Se mettre en embujcade , faire une embufcade,
Ablanc. Sortir de ['embufcade. Il a été tué dans
une embufcade. Voilà un lieu bien propre à mettra
une embufcade. On découvrit ['embujcade.
Embuscade , fe dit au figuré. Cet envieux eft toujours
en embufcade j pour voir s'il n'échappera poinc
quelque parole à fon ennemi dont il puilTe pren-
dre avan.age. Il eft bas en ce fens.
EMBUSQUER. Qui s'emploie avec le pronom pet-
fonnel. S'cmbujquer. v. récip. Terme de guerre. Se
porter , fe mettre en embufcade. In injidiis coLlo^
care fe. Les ennemis fe fonc embufques dans un
bois.
Ce mot vient de celui d'embûche , comme em-
bufcade.
EMBUT. f. m. On s'en fert dans le Languedoc , poui
dire j un entonnoir. Injundihulum.
EMBU VER , en Maréchalerie. Foy. Abreuver.
EMdRYOTHLASTE. f. m. Inftrument inventé pour
rompre lesos , &c faciliter l'extraclion dutœtus dans
les accouchemens laborieux £'^bfuoSA«5-<y. De s/i»?"»»
fcecus , ik. de S-aku) ^ je romps. Hippocrate appelle
cet inftrument moya.
EMBRï'OTOMIE. 1. f. Terme de Chirurgie. Embryo-
tomia. C'eft une opération qui coniifte à couper le
cordon ombilical d'un entant qui vient de naître ,
& à le lui lier enluite.
Ce mot vient de deux mots Grecs , dont il eft
formé & compofé ; 'w^ov , enfant , tk riftm je coupe.
Foyei M. Dionis fur l'opération appelée tmbryo-
tomie,
|Cr Ce terme , fuivant fa vraie valeur y fignifie
la dilFeétion anacomique d'un embryon. Cette ex-
plication eft bien plus naturelle que celle de Cham-
bers ; elle eft adoptée par l'Académie Françoife j
qui remarque en même-temps que ce mot s'entend
aulî) de l'opération par laquelle on coupe en pic-
ces le fostus mort dans la matricejafin de le tirer du
ventre de la mère.
EMBRIULKIE. f f. Terme de Ch'uvizgxQ.Embriulkia.
Opération de Chirurgie : c'eft l'extraélion de l'en-
fant du ventre de la mère dans un accouchement
contre nature. Les Latins ont appelé opération Cé-
farienne , ce que les Grecs appeloient embryulkle.
Si le nom d'opération Céfarienne eft demeuré , c'eft
qu'il eft plus facile à prononcer que celui à'embriul-
kie, DiONis.
Ce mot eft formé d V»?"'"' , enfant , & d''^""* ,
tirer.
EMBRYULQUE. f. m. Terme de Chirurgie. Crochet
pour l'extraétion du fétus dans les accouchemens
laborieux E',«£pu»/i;of. De 'i/*^fi"» ,Jœtus ^ Se de '•'^»*,
je tire.
EMBS. Petite ville d'Allemagne. £"/«3/^. Embs eft fi-
tué dans le Tirol , lur le Rhin , environ à deux
lieues de fon embouchure dans le lac de Conftance.
Embs QÙ. Capitale d'un Comté de même nom, qui
a fes Comtes particuliers.
Embs. Foye^ Ems.
EMBU, UE. Terme de Peinture. Imbutus , fatur. On
dit qu'un tableau eft £/«/>« , quand l'huile étant en-
trée dans la toile j lailfe les couleurs mates. Voye\
Emboire.
EM3JCHE. f. f. Entreprife fecrcte pour furprendre
quelqu'un. lnfidi& , tendicuU. Drelfer des embûches
aux ennemis. Abl. Le pécheur a bien du mal de fe
garantir des embûches de Satan. Ce mot vient de
l'ancien mot bofc , qui fignihe forêt , &: dont il nous
refte ^ncox^bocage , & autres ter.mes , parce qu'on
fe cache fouvent dans les forêts pour drelFer les em-
bûches. Il a plus d'ufage au pluriel.
ÏM8ÛCHEMENT. f m. Vieux mot. Abouchement
pour parler. Ce mot , pris en ce fens, eft dérivé de
hucca. On. l'a employé aulli pour Embûches j tra-
hifon , & en ce fens Borel dit qu'il vient de Bofc ,
bois , forer où fe cachent les foldats , comme qui
diroir llmbofche.
EMBÛCr^E'l. C'eft un terme de Vénerie , qui ne
s'emploie qu'avec le pronom perfonnel. Il fe dit des
bêtes poutfuivies qui rentrent ,ou qu'on fait rentrer
dans les bji,. Relire infaltus , in lucum fe condere.
On dit p\reii!ement ;"«/;zi^/2cAer &yè rembûcher.
Embûche , ée. part, a les fignificationsde fon verbe.
Cefunefeferpentdontj'aifenti la rage,
Embûchéyè/w des fleurs , t'attend dans tonvillage.
Recueil de Vers.
EMBÙcMÉ.Vieux mot. En embufcades. Gloff. furMarot.
EMBUFFLER. v. a. Tromper, embabouiner. Em-
buffler quelqu'un, c'eft le mener par le nez ^ comme
un Bufïle. Cotgrave, dans fon Diftionnaire Fran-
çois £c Angloii.Jene m'étonne plus de ceux que les
EME.
ÊME. Les mots François qui finitrent en ême , ont la
pénultième longue , comme carême , blême.
ÊME. Eftimation. Foye^ Estimation. Eflime eft
vieux.
ÊME , ou AIME. Ville autrefois , aujourd'hui Bourg
du Dauphiné , dans les Alpes. Axima. Had. Valef.
Not. Gall.p. 142. 143.
Eme, EDME. f m. Nom propre d'honlme. Eimun-
dus. On écrit fouvent Edme , mais on né prononce
point le a. Edmont, Anglois , que nous appelons
vulgairement S. Eme , étoit fils d'Edouard Riche»
de Mabille. Baillet , au i 6 </<; Nov. Saint Eme fut
élu Archevêque de Cantorbery , & facré après bien
des réfiftances le 1^ jour d'Avril de l'an 1134. &
mourut en France le 16"^ de Novembre 1141. 0\\
dit aufll Emont ou Edmont. Foy. ce mot.
EMEBERT. f. m. Nom d'homme. Ablehertus. A Ham
près de Vilvorde en Brabant , S. Emelert , frère de
Sainte Gudule, honoré comme Evêque de Cam-
brai , à Maubeuge où eft fon corps. Chast. au i^'
J^«v. Quoique Baudry deTournay , en fa Chroni-
que , mètre S, Emcbert au rang des Evêques de
Cambrai , Molan ne lailfe pas de donner fujet de
douter de cet Epifcopat. Id.
EMELEY , EMLEY , ou EMMELEY. Ville Epifca-
pale de la Momonie en Irlande , appelée autremenc
Awn. Emelia , Imelaca^ Auna. Elle eft peu éloignée
de Glafon , dans le Comté de Tipperari , entre Kil-
malok & Cashel j dont fon Evêque eft fuftraganr.
Emcley étoit autrefois fort peuplé. Camden.
ÉMENDATION. f f. Corredtion. Il eft dans Cotgr.i-
ve & dans Nicor.
ÉMENDE. f. f. Vieux m.ot , au lieu duquel on dif
maintenant amende. Muleta , emenda. Emende de tofi
entrée , eft une êmcnde de fix fous pari fis ,que doic
payer le nouveau Seigneur d'iîn héritage de franc-
aleu , ou roturier , s'ils'cft mis dans l'héritage fans
en avoir été enfaifiné par la Juftice du lieu où eft
allîs l'héritage. Emende de gage , elle eft de fepC
fous (ix deniers , &c doit être payée par le valfal ,
pour n'avoir fourni fon aveu à fon Seigneur féo-
dal. Emende firnple , elle eft de fept fous fix deniers.
Grofjc émendc , elle eft de foixante fous. Emende
couiumière , ou accoutumée , ou flatutaire , eft une
emende taxée par la loi & la coutume du pays.
Emende arbitraire , eft celle qui eft taxée par le
Juge.
On dit , par mani ère de fentence ou de proverbe,
A tout mesfait n'efchet c\u emende au Seigneur. La
plus grande emende attire à foi Se emporte la petite.
E M E
Toutes les exprefïîons qui fe trouvent dans l'article
dumot£;//i(;/7i/i.fontpriles des diiic rentes coutumes
du Royaume. Voye^ Amende.
Le mot ê^émendi vient du Latin emeiula.
ÉMENDhiv. V, a. Terme du Palais. Coiriger, réfor
mer. La Cour a mis & met lappcllation ^ ÎJi ce dont
ell appel , au néant , émendant ordonne , &.c. c'etV
à-dire, corrigeant Sentence dont ell appel , ordonne
que , (Sec.
ÉMEÎIAQDE. f. f. Pierre prccieufe verte , la plus
dure après le rubis. Smarugdus. L'Orientale elt la
plus ertimée , & eft d'un verd maie , haute en cou-
leur , tirant fur le brun. L'Occidentale , ou du Pé-
rou , eft d'un verd gai, & elle eft moins dure &
moins prifée. On ne connoït plus que celles-ci ^
car pour les autres , qu'on appelle de lu vieille Ro-
che, la mine en eft perdue. Elles fe perfeûionnent
comme le rubis dans la mine , & prennent peu-à
I)eu leur verdeur , comme le fruit îur l'arbre prend
la maturité. Pline fait mention de douze fortes
de'meraudes à préfent inconnues. Il fe trouve des
émeraudes aux environs de Bourbon-l'Archambaud.
En l'Apocalypfe Dieu apparoir fur une iris de cou
leur à'émeraude. L'opinion commune ell que Véme-
raude naît dans le jafpe. Il y en a de (i parraitement
verd j que plufieurs Auteurs l'ont pris pour \éme-
raude. Dans le Livre d'Efther il eft dit que les falles
où AlFucrus fit fon feftin , étoienc pavées à'émcrau-
des & de marbre. Rodrigue deTolédedit que, quand
les Sarrafins prirent Tolède, le Roi Tarik eut pour
butin une table de 565 pieds de long d'une feule
pièce , qu'il fait palTer pour émeraude. Quand Sul
tan Ibraim fut mis fur le trône , &C qu'il ht fon en-
trée à Conftantinople , fon turban étoit orné par-
devant d'une groffe émeraude , qui éroit au milieuj
prifée cinquante mille écus. Du Loir, Z. ly.p.
I jo. Théophrafte dit qu'on en a vu une de quatre
coudées de long fur trois de large , qui fur mife par
lin Roi d'Egypte dans un temple de Jupiter. On a
aufti parlé d'un obclifque ^émeraude de quarante
pieds de haut. A Gènes il y a un plat bien grand
qu'ils font pafTer pout une émeraude. A Mayence
il y en avoit autrefois une pendue à h voûte de l'E
glife, qui brilloit fort , grolFe comme un demi-
melon. Fernand Cortès apporta cinq émeraudes de
l'Amérique eftimées cent mille écus. En la vallée
de Manft au Pérou , les peuples adoroienrune émc^
raude , qui écoit prefqu'aulli grolfe qu'un œuf d'au-
truche. On lui faifoit plulîeurs préfens & facrifices ,
6c fur-tout des moindres émeraudes , que les Prê-
tres f.iifoient accroire être fes filles. On femt qu'Her-
mès Trifmcgifte avoit gravé fur une émeraude le
remède univerfel contre toutes les maladies , &
qu'il la fit enfermer dans fon tombeau avec fon
corps.
Ce mot vient àa fmaracrius , Latin , qui fignifie
la même chofe. Quelques-uns la dérivent de Tlta
Wcn fmeraldo , ou de l'Arabe :;omorrad.
Emeraude des Philosophes. Terme de Philofophie
Hermétique. C'eft la rofée des mois de Mars & de
Septembre.
Presme d'Émeraude. Voyei Presme,&: Prime.
ÉMÈRE. f. m. Amerius , Emerius. Faux nom d'hom-
me ^ que l'on a formé de Santomere , ou Santa-
mère. Saint Mer. ^(jye^CHASEELAiN au ij Janvier,
, P-42-9-
EMERGENT, adj. Emergens.Lss Aftronomes&Chro-
nologues appellent l'an émergent ^ l'époque ou la
racine dont ils commencent à compter le temps :
ainfi on a compté lesannées,de la création du mon-
de, & les Juifs le lont encore du déluge , de l'Exo-
de j ou fortie d'Egypte , &:c. Les Grecs ont compté
par Olympiades , leur époque. Leur an émergent
étoit l'année do' l'établillement , ou du moins du
rétabli (Tement des jeux Olympiques par Iphitus.Les
Romainsont compté depuis la lonjanon de Rome,
AB. u. c. C'eft-à-dirCjAB urbe condita. Les Chré-
tiens comptent maintenant depuis la nai'fance de
Jefus-Chrift. Les Mofcovites n'ont conformé leur
EME
«f
calcul au refte des Chrétiens que depuis le corn-
, mencement de ce iiècle en l'an 1701.
Emergent , eft auili un terme de Droit & de Com-
merce. Le dommage émergent empêche qu'il y ait
ufure , loifqu'ou tue d'un prêt autant qu'on perd
en le tailant. Damnum emergens.
Émergent , eft aulli un terme d'Optique, qui fedit
des rayons qui fortent d'un milieu , qu'ils ont tra-
verfé. L'angle que les rayons emergens faifoienc
avec les incidens étoit de 44 degrés. Newton.
Opt. rr<2(/. Les extrémités de la lumière émejaente
Id. °
ÉMERI , ou ÉMERIC. f. m. Nom d'homme. Emeri^
eus. Emeri De la Garde , ou de Chalus , Arche-
vêque de Ravenne j & enfuite Evêque de Chartres
dans le XIV^ fiècle , fut fait Cardinal par Clément
■VI. en 1441. Louis Emeric , Seigneur dj RoLhefort
en Poitou, Secréraire du Roi d'Arragon , & en-
fuite de Philippe le Long , a fait des vers en Pro-
vençal.
EMERIL, ou ÉMERI. f. m. Le dernier eft prefque
feul en ufage. Smyris. Pierre mécallique qui fe
trouve dans toutes les mines , particulièrement en
celles de cuivre , de fer & d'or. Elle eft rouge^ î<c
quelquefois grife , fort pefante & très-dure , &
fert à polir & brunir l'or , & auilî à caver & à cou-
per le verre , à taillerie marbre & Ls pierreries , à
la réferve du diamant. Quand \:émeri eft fondu avec
le plomb & le fer , il 1-s endurcit , &: il augmente
même le poids & la couleur àt l'or , & il ls taie
devenir rouge. On en mêle un peu à l'or de Mada-
gafcar j quieft pale, & qui le fond hicilemenr,
fans y ajouter du borax, comme oii fait à l'autre.
L'émerifsn à polir le fer & les miroirs d'arier. Il fe
réduit en une poudre imperceptible dans de l'eaii-
de-vie oude l'efprit de vin. Les Géograph-s Orien-
taux difent qu'on trouve de l'émeri ( d'Herbelot
écrit ïémeriHe ) dans l'Ille de Ceilan i &. ils appel-
lent cet émeri Sundabeg , ou Sunbadag.
Il eft conftant que le mot émen vient du Latin
fmyris , & le Latin du Grec , qui eft aulli "-/^ift; ^
que M. Lémery tait venir de <^i«a« , qui fignifie net-
toyer j purger. M. Lémery dit qu'il y a trois fortes)
de pierre à' émeri :, que la première & la plus efti-
méeeft reV^er/'d'Efpagnejqu'on trouve fur-toutdans
les mines d'or & d'argent du Pérou , & autres lieux
de la nouvelle Efpagne. L'tf/Tztrrid'Efpagneeft rou-
gcâtre, parfeméde vénules ou de points d'or & d'ar-
gent : cette efpèce à'émeri eft fort rare ; parce qu'à
caufede l'or qu'elle contient, les Rois d'Elpagne en
ont défendu le tranfporr. La féconde el'pèce dL émeri.
eft unie , rouge : elle naît dans les mines de cuivre,
& ne contient ni or ni argent. La troifième efpèce
eft V émeri commnn: fa couleur eft noirâtre: elle
naît dans les mines de fer : on la pul vérile en Angle-
terre par le moyen de certains moulins faits exprès,
ce qu'on ne pourroit faire dans des mortiers , à
caule de la grande dureté de cette pierre ; car elle
perceroit ou calferoit plutôt le mortier que de s'y
mettre en poudre. On n'emploie point ['émeri dans
la Médecine. La matière qui tombe , en boue , des
meules des Lapidaires, contient delà piene à'émeri
en poudre : on fair fécher cette poudre, 5.: on l'ap-
pelle potée à émeri.
Émeri, pris figurément en ftyle familier , fe dit des
choies qui contribuent à la gloire , qui donnent de
l'éclat. M. de Salvoifon , grand Capiraine , difott
qu'il n'y avoit au monde fi bon émeri pour bien
faire luire les armes , que les lettres; parole digne
des Céfirs. De Vign. Marv. d'après Br intome.
C'eft un bon mor de ce Capitaine , qu'il ne faut pas
prendre pour une expreflîon ordinaire.
ÉMERILLON. f m. Le plus petit des oifeaux de Fau-
connerie , le plus vif &: le plus bigarré de tous, &C
celui dont le mâle & la femelle ferelTeniblent. Fal-
co mi'iimus , accipiter varius ^ fpi^a ,frangillarius ^
mtrillus. M. de Sainte-Marthe , dans is^ livres de
re accioitraria , l'appelle pumilus.
VEmérilhn eft de la forme du faucon , auquel i^
éj4 ^ ^'*'î ^
relfemble cout-à-fait j foie pour la figure du corps,
fou pour la couleur du champ de Ion pennage ,
excepté qu'il a toutes les parties du corps plus pe-
tites j enforte qu'il iembîe iiae ce foie un; jeune
faucon. C'eil pourquoi Albert le Grand l'a placé dans
le genre des hiucons , le difant toutefois de la petite
efpèce , &: le faifant égal au moucliet , qui elt le
mâle de fcpervier , & au lanier rouge , qui n'ont
guère plus de corfage qu'un merle- Il n'y a pas
grande difféience entr'eux pour les façons défaire^
«1 pour la couleur. Ils ont des gouttes à la tête ,
comme du Albeit le Grand , ainfi que les faucons.
Il aie vol très long a proportion du corps ; la queu^
eft médiocre , ics jambes 6c fes pieds fout unis ëc
ciuins.
Prenez le plus goulTaut que vous pourrez j large
demahiueSjle vol long,t>iea aftlé,latête ronde,lebec
gros &C courr,la langue nou-e,k' corps court,les piedb
éc les doigts grands & déliés, fon pennage d'une
pièce fur le derrière; par le devant qu'il foit de
grolfes mailles en cœurs , & bordées de feu fui
les mailles de derrière , de gros yeux à fleur de
tête , le champ de ion pennage tirant fur le roux-
brun.
Il tient du naturel du faucon. Il eft hardi , & d'en-
treprife , plus volant qu'aucun autre oifeau, cou
rageux , de longue haleine , &c fort agréable à fes
entreprifes. Il elt quinteux & fantafque comme le
Gerlault, & a peine à oublier le deplailir qu il a
reçu. Il le faut entretenir j leurrer Sc allurer de mè
me que le hiacon , puis lui taire efcape de ce que
vous lui voulez donner j & le taire voler. Il e(t le
feul de tous les oifeaux de proie dans lequel on ne
falle point de ditbnôbion du mâle avec la femelle,
n'ayant point de tiercelet. Ils lont toujours en ac-
tion. On peut les accoutumer au poing. Il vole le^
perdrix, les perdreaux, la caille , l'alouette , les
moineaux , & autres petits oileaux , qu'il pourfuit
d'un merveilleux courage. Il doit être oifelé en
huit jours y car ap.ès il ne vaut rien. Il eft fort plai-
fanc au voi de la corneille & de l'alouette hupée.
On n'en voit que de palTagers , & point de mais.
M. de Sainte Matthc a décrit tout cela en fort
beaux vers Latins , 2>c nous apprend que d'autres
ont appelé en Latin Vémerillon j ajalu , drcus &i
perenus.
Les François des Antilles appellent r^/weVvY/o^ de
ces Ifles Grygry, Voy.cQ mot.
ÉmÉrillon. , eft auflî une efpèce de canon médiocre,
dont la longueur eft de 57 calibres , qui tite dix on
ces de fer , ou quinze onces de plomb , & fe char-
ge de quinze onces de poudre fine. Le bâtard a
31 calibres, & tire douze onces. L'extraordinaire
a quarante -cinq calibres, & tire demi -livre de
plomb avec autant'de poudre. Hanzelet.
Émérillon , eft aulli un terme de Cordier , qui (îgni-
fie un morceau de bois en forme de fillet, au bout
duquel il y a un crochet de fer , fervant à câbler de
la ticelle & autre cordage.
ÉMÉRILLONNÉ , ée. adj. Gai , vif, éveillé comme
un émérillon. Audaadus , fervens ^ exukans. Cette
fille eft bien gaie & émériUùnnée. Il eft bas. Cette
petite Fanchon eft bien éménllonnce. Mad. Du
Noyer.. CEil émérillonné. Il n'eft que du ftyle fa-
milier.
EMERITE. f. & a.lj. Qui a fervi fon temps dans quel-
que emploi. UEmcricus «//«.f des Latins (igni fie un
homme de guerre qui a blanchi fous le harnois. Au-
gufte établit des récompenfes pour les foldats qu'on
appeloit f>?2t'mej j c'eft à- dire, quiavoient bien fer-
vi pendant un certain nombre d'années. Cette ré-
compenfe s'appeloit emerïtat , emerkum. On ne fe
fert du terme àHEmérhe dans notre langue , que pour
défigner un profelTeur qui a vingt ans d'exercice.
En quittant leur chaire, les Emérnes ont une pen-
(lon.
ÉMEROCALLE. Foyer^ HÉMÉHOCALLE.
XMERSIpN. f. f. Terme d'Aftronomie. Emerfo. On
'■'-'■fîon .
E ME
orfque le Soleil recommence à
appelle tvn,
paroître après avoir été caché pari'interpofitionde
l'ombre de la terre. On appelle encore éinerfion ,
lorlqu'unectoile que le Soleil cachoit, parce qu'il en
étoit trop proche, commence à paroître ,en fortanc
des rayons du Soleil qui s'en eft éloigné. On trou-
ve les dittérences en longitude par l'obfervation des
immerlions ou des émcrjions du premier fateliite
de Jupiter. On obferve les immerfions depuis la
conjonction de Jupiter avec le Soleil jufqu'à fon
oppohtion , & les émer/ions depuis l'oppofition juf-
qu'à la conjonétion : ces deux intervalles font ordi-
nairement de fix mois chacun , & pattagent égale-
ment l'année ; mais^lorfque Jupitereft dans fa con-
jondfion , & quinze jours avant & après, on ne peut
rieii oblerver , parce que cette planète avec fes fa-
tellites , eft cachée dans les rayons du Soleil.
EMERVEILLABLE. f m. & f. Digne d'admiration.
Admirabïlis , paradoxus. Ce mot le trouvoit dans le
Didionnaire de l'Académie \ mais il n'y eft plus.
Il eft vieux & hors d'ufage.
EMERVEILLER, v.a. Donner de l'admiration, éton-
ner. Miratloncin glgnerc : fiupejaure. Cela a émer-
veillé tout le monde. Il eft vieux en ce fens , & n'a
plus guère d'ufage que dans le paflif J'en fuis tout
émerveillé.
On s'en fert avec le pronom perfonnel. S'érner~
vei//^r, s'étonner, être en admiration. Admirari. Ne
vous émerveille-^ pas s'il eft riche , il prend à toutes
mains. Il eft du llyle tamilier.
Emerveillé , ée. part.
EMERLTS. f. m. Eft un petit arbrilfeau qui croît aux
lieux montagneux , fombres , dans les bois , aux
pays chauds, tmerus. Il y en a de deux efpèces , le
grand & le petit, l^oy. le Irai^é des drogues lie M.
Lémery , M Tournefort , Ray , &c. f^oy. SENE &c
INDIGO.
EMETÈRE. , Foy. MADIR.
EMETICITE. f. f. Terme de Médecine. Qualité émé-
tique qui provoque le vomiflement. La crème de
tartre cryllallifée , n'eft point du tout émétique , à
moins qu'elle ne foit mêlée avec l'antimoine ^ qui
donne toute l'tfweWard' à la préparation dans laquel-
le elle entre- Merc. d^ Nov. 1734. M. Géoffroi j
dans un Mémoire lu à l'Académie des Sciences j
examine qu'elle eft la partie de l'antimoine qui
conftitue fon éméticité , & il conclut avec tous les
Chymiftes habiles , que c'eft la terr^vitrifiable
de ce minéral qui excite le vomilfement , en itri-
tant le genre nerveux. Il fait voir que plus le cryf-
tal de tartie s'eft chargé des particules de cette ter-
re vitrifiable , plus le tartte eft émétique. Merc. de
Dec. 1754.
EMETIQLJE. ad. m. & f. eft un remède qui excite le
vomidemcnt. Emedcus j vomicorius. On en fait de
diftétentes manières. Le vin émétique n'eft autre
choie que du vin blanc j dans lequel on a fait infu-
fer du lahan des métaux, ou du verre d'antimoine.
Le \'ïn émétique eft aujourd'hui fort en ufage. La
poudre émétique , qu'on appelle aullî poudre d'Al-
garoth , du nom de fon Auteur , eft un précipité
d'antimoine , ou du beurre d'antimoine adouci par
pluhcurs lotions : elle eft appelée improprement
mercure de vie.
Il eft audi fubftantif. On lui a donné de {'éméti-
que. Vémécique l'a fauve. M. Chirac , célèbre Pro-
feileur à Montpellier , croit que les émétiques pro-
duifent leur cfîet plutôt par les mouvemens violens
du diaphragme , & des mufcles de l'abdomen , que
par la contraélion des fibres du ventricule : M.Tour-
ncfort eft de fon avis. Voye\ - en les raifons dans
l'Hiftoirede M. du Hamel, p. 5(^4.
Ce mot vient du Grec e^e» , je vomis.
ÉMÉTOCATHARTIQUE. adj. & f. m. On appelle
éinétocathartiques des remèdes qui purgent par haut
& par bas. Ce font des émétiqucs auxquels on joint
des purgatifs , comme lacalfe , la manne , les tama-
rins , lescatholicon , le fénc , ou autres fcmblables,
pour en adoucir l'adion , 5c les précipiter en pat-
E M E Ë M I
tie par les (elles. Ce mot eft compofé de 'ffurâ^j vo- i
miliemeiic, & de ««^^f »-'xW , purgacit:. Col., de Vil-
tARS.
ÉMETRE. V. a. Terme de Palais , qui fe dit des ap-
pels , ou appellations. Emecre un appel , c'eft la mê-
me choie qu'interjeter un appel. \Jn Religieux de
l'Ordre du Samt-Elprit , émcc appel comme d'abus
de la provihon donnée pat rOrdinaire. Fevke r. Ce
verbe &c Ion participe ne font plus en ufage.
Émis jisE.part. &i adj. Il a les lignihcationsde fon ver
bc. Le Prieur clauftral ayant cmis appel comme d'a-
bus de fa deftitution. Févret. Sur l'appel d'abus qui
fut émis , le Parlement de Paris dit , mal tk abulive-
ment jugé. Id.
ÈMEU. f. m. Eli un gtand oifeau des Iles Moluques.
Emeu , eme^ cafoaris. f^oye\ M. Lémery , dans fon
Traité des drogues.
ÉMEUT, f. m. Terme de Fauconnerie , qui fe dit des
excrémens de l'oifeau. Exacmentum , fiercus. L'e-
vieut de l'oifeau doit être blanc & clair, & le noir
qui eft parmi , doit être bien noir. Quand les émeute
lont blancs & glutineux , c^ell ligne de bonne di-
geftion & de lanté.
ÉMEUTE, f. f. Tumulte populaire. Tumulv.is j turba.
Ce peuple eft mutin , il y a à tous momcns quelque
émeute en ce quartier- là. Il y eut une émeute., une
alarme dans le camp. Appailet une émeute. Abl.
Emeute, fe dit aulli des querelles particulières qui
lont alfembler les voiiinSj & qui caufent du trou-
ble dans un quartier. Tumultus , altercatïo , rixa. Les
petites gens l'ont fouvent des émeutes qui alarment
tout le vûilinage.
Ménage dérive ce mot de e.xmota j fait de exmo-
verej ôc DuCange, de movita^ qu'on a dit au mê-
me fens.
EMELITIR. v. n.Tcrme de Fauconnerie, qui ne fe dit
proprement que des oifeaux de proie, quand ils fe
déchargent le ventre. Exonerare ventrem , alvum j
egererejiercus. On appelle les émeuts yfimus , excre-
mentum , (fercus ,ce que les oifeaux vident. Le fau-
con pèlerin &: le lanier émeutijjent (oi\s eux : les au-
tres'Oifeaux de proie déchargent leur ventre en ar-
rière & un peu loin. Quelques-uns dérivent ce mot
de J'maltire \ parce que les ordures des oifeaux ap-
prochent du mélange de poix , de cire, de plâtre &:
de grailfe , dont on fait un ciment que les Anciens
appeloient malta.
Emeutir, s'eft dit autrefois pour tou (Ter j ou plutôt
pour faire Teffort , le fon que l'on fait quand on
veut cracher , &: pour fe préparer à cracher , pour
tirer ou détacher le crachat de la gorge, ôi dupal-V's.
Spatum eniti.
Émeutir. V. a. Terme de l'Ordre de Malte , quifigni-
fie requérir une dignité. Pofulare. Quand un Clie-
valier de Malte a dignement pollédé une Comman-
derie pendant cinq ans , & qu'il a f^iit les ainéliorif-
femens requis , s'il vaque une Commanderie plus
confidérable , l'Ordre lui permet à fon tour, & fé-
lon fon ancienneté de V émeutir , c'eft- à-dire, de la
requérir. L'Abbé de Vertot. Quoique la dignité
de Bailli Conventuel sémeutijje félon l'ancienneté
de réception , cependant on n'y eft pas fi étroitement
obligé, qu'il ne fou libre aux langues & au Con-
feil de choifir celui qui en paroît le plus digne. Id.
Le titre de Biilli de Brandebourg eft émeuti dans la
langue d'Allemagne , comme beaucoup d'autres
Bailn%es capitulaires le font dans les autres lan-
gues de l'Ordre- Idem.
ÉMEUTITION. f f. Acl:ion par laquelle on émeutitovL
l'on requiert un; dignité dans l'Ordre de Malte.
On peut quitter le Bailliage de Negrepont qui eft
in partibus , pour prendre l'auberge , & on en peut
fortir par Vémeutition du même Bailliage. L'Abbé de
VïRTOT.
E M I.
ÉMIER. V. a. Réduire du pain en petites miettes , en
le froilfant entre les doigts. Friare , comminuere in
micas.
E Mi 6s s
Émier. , Te dit des corps qui font friables , qui fe rc-
duifent ailémencen poudre j en pptites parties, eh
les maniant. Tous les corps calcinés , qui ont palTé
par le teu , s'emient lacilement.
Émie , EE. part. & adj. i ruuus , cjmminutus , divifus in
micas j tn particuLas. Dans les Mdnnoies on le fert
d'une drogue compofée de iie de vin emiée , de fel j
&c. pour le blanchiment des elpcces.
ÉMIETTER. V. a. Emier , réduire en miettes. FW^re;
in micas j in tenues paiticuias comminuere. Cet en-
fant e/w/erre tout Ion paui ,ôtez-le lui j il n'a pas faim.
Du pain émiettc dans de l'eau froide j que l'on pre-
noit avec une cuiller, étoit le mets le plusordinairé
des premiers Religieux de S. Claude au munt Ju-
ra. P. Heliot , l. F: C. 17.
IJCF Emietter, fe dit du pain qu'on réduit en miet-
tes de quelque façon que ce foit \ émier fe dit des
corps friables qu'on froille entre les doigts.
EMILE, f. m. Nom propre d'une famille illuftre de
l'ancienne Rome. -4;/?z/7i;/.s. Paul Emile lut fuinom-
mé le Macédonique , parce qu'il vainquit Perlée ,
Roi de Macédoine , qu'il prir captif, (S^ qu'il mena
en triomphe , l'an 586. de Rome, qui tut celle de
fon lecond Confulat. Les Auteurs du Moréri difent
les Emile s , ou les Emiliens : mais a-t-on jamais dit
Paul Emilien ? Emilien eft un nom tout différenc
à'Emile. On conferve quelquefois le nom Latin
j^miims. Pour ^milius il n'a qu'à due j quoiqu'il
prenne moins de peine que nous à tiavaiUer fes
plaidoyers, il aura ce qu'il voudra. P. Tarter. Il
laut toujours en uler ainfi , quandon joint à ce nom
le prénom Latin , ou le furnom Latin de la perfon-
ne dont on parle. Lucius ^milius j Conful , fut
tué à la bataille de Cannes. T. .^mil/us Mamercus.
M. ^milius ,3cc.Màis, lorfqu'on donne une forme
Françoife au prénom ôc au lurnom , il f.nn dire
Emile , & non pas ^'i.milius. Paul Emile. A quoi
bon faire parade d'une ancienne noblelfe j d'arran-
ger par ordre généalogique autour de fon veftibule
les portraits de fes aïeux , des Emilius élevés fur ua
char de triomphe , i^'c. P. Tart. Les t miles a. , ce
femble , quelque chofe de plus élégant & de plus
beau que les Emilius. Le fang des Emiies &c desSci-
pions , qui couloit dans fes veines, 5cc.
Au lieu que ton dejlin veut te joindre aux CamilUs ^
T'unir aux Scipions ^ t' ajouter aux Emiies ,
Marius & Citaia , l'exemple des lyrans ,
Ontpourtoipius d'éclat^Cf des charmes plus grands,
Brebeuf;
• Nos Antiquaites difent la famille .^milia.
EMILIE, ^milia. Contrée de l'Italie, fituée entre le
Pô, l'Apennin, & la Flaminie. Du temps de Paul
Diacre, VEmilie commençoit à la Ligurie ^ & s'é-
tendoit entre l'Apennin & le Pô du côté de Raven-
ne. Ily comprend les villes de Plailance,deParme,
Reggio, Boulogne &: Imola. L'tmilie étoit une des
provinces de l'Exarchat de Ravenne , &c les Papes
en font Souverains , en vertu de l.i donation que leur
en fit Pépin.
Emilie. Nom propre de femme. Emilia. Sainte Emi~
lie eft celle que le peuple appelle en quelques en-
droits Sainte Meille.
EMILIEN. f. m. Nom propre d'homme, ./^milianus.
Saint Emilion & , par corruption j S. Mélion , ou le
château de S. Emilien , ou de S. Mélion^ Calfellum.
Sancli ^miliani , eft un château fitué proche de
Bourdeaux dans la Guienne. Pendant que les An-
glois étoient maîtres de la Guienne, on appeloitles
chârcaux de S. Emilien & de S. Macaire , les fillesde
la ville de Bourdeaux; Ôc c'étoit les Maire & les
Jurats qui , en temps de guerre, y mettoient garni-
fon bourgeoife. Hadr. 'Valois , Not. Gai. p. ^oc.
Sn'im Emi/ien J o\i Emilion, Bourg de France,
Sancli jT.m>lianifanum. Il eft dans la Guienne pro-
pre , près de la Dordogne, à une lieue au-delfus de
Libourne.
ÉMIM. f m. & pi. Nom de peuple. Emim. Les Emim
habicoien: à l'orient du Jourdain , dans le pays
ê;^ E M î
qu'occupèrent depuis les Moabites. M. de Saci ,
après les Des Maiéts &c les Traduôteuis de Genève j
a traduit les Emims. Les Emims , qui ont habité les
premiers cette terre , étoient un peuple grand &
puillaut j & d'une lî haute taille , qu'on les croyoït
de la race d'Enac j comme les Gcans. Saci. Dcut.
II. lo. Les Lovaniftes difent Emkns.
Ce nom eft Hébreu , &c fignifie Terribles : il leur
fut donné par les Moabites, ainli queMoyfe le dit,
Deut. II. 1 i.On croit que ce tut à caule de leur tail-
le gigantefque , & Moyfe femble l'inlinuer à Ten-
droîtqus l'on vient de citer.
•ÊMIMMUT PAGL f. m. Officier de la Maifon du
Grand-Seigneur. Rei CiharU , ou Impen/îs menjut in
aulâ Turcicâ Prdfeclus. Il y quatre Surintendans des
■cuifines du Grand-Seigneur ^ le premier eft l'Argi-
bafli j le fécond , VEmmimutpagi , autrement Mut-
paienin _, qui eft prelque comme l'Argentier dans
\i% mailons de nos Princes & grands Seigneurs , où
il n'y a point de pourvoyeurs & marchands pour
fournir les vivres : celui-ci a la charge de la dépenfe
ides cuifines j & fournit jour par jour l'argent né-
celfaire pour cela : il a un ducat par jour d'appointe-
ment, avec une robe de brocador , & une autre de
foie par an , à la volonté du Grand Seigneur j &
comme il lui plaît la donner à leur Bahiram cSc
Kibir , ou grand Pàqiie. UEmmimut pagi , ou
Eminfir, a une grande autorité, parce qu'il parle
au Grand-Seigneur à toute heure , pour lavoir ce
qu'il veut qu'on lui ferve. Vigenêre , fur Chalcond.
P- i)7-
ÉMINCER. V. a. Rendre plus mince, ôter à un corps
de Ion épaideur. Attenuarc j minuere. On émince les
ongles en les raclant avec du verre. Les vailîeaux
du cœur écoienc en bon état . . . mais le ven-
tricule droit étoit très-dilatc , & fes parois très-
émincîes. Merc. Sept. 1434. Cette membrane s'e-
mincc & s'ouvre à l'endroit de la pointe de l'œuh
DuvERNEY, /^fa^. û^fj ^c. \-]Q>\. Mém.p. 185.
ifF On dit amincir dans les Arts j pour rendre
unechofe plus mince. Dans le Diét. de l'Acad. Fr.
•émincer ^ fe dit de la viande que l'on coupe en
tranches fort minces ; & l'on remarque qu il ne
s'emploie guère qu'au participe.
Émincé , ée. part. La peau étoit émincée & la cou-
leur changée. Duverney fils, Acud. des Se. 1701.
Mém. p. 175. Du mouton émincé.
^Zt On l'emploie fubftantivement au féminin.
. Une émincée de poularde.
ÉMINEMMENT, adv. Parfaitement, au fouverain
dec;ré cie perfedlion. Eminenter, Il polfède éminem-
in^nt cette fcience.
A l'égard des vertus j rarement on les voit
loutis en un fujct éminemment placées.
LaFont.
fc5"Dansle ftyle Didacftiqitece itiot fe dit parop-
pofition à formellement. La Philofophie contient
en foi toutes les autres fciences éminemment.
ÉMINENCE. f. f. Petit tertre ou colline qui eft élevée
. audeiÎLis de la rafe campagne. Collicutus , tumultus.
Ce Palais eft bâti fur une éminence. Les ennemis fe
font faifis de cette éminence j de cette hauteur j par
011 ils nous peuvent battre à revers. Eminence s&en-
corelacime, la pointe d'un lieu é\c\é, cacumen ,
venex.
Eminence J eft auftl un titre de dignité qu'on donne
à un Cardinal. f/7z/«e/2ri(7. C'eft fon Eminence. Le
décret du Pape par lequel il fut ordonné que les
Cardinaux feroient traites à' Eminence , eft du lô
de Janvier 1650. Mén. Ils quittèrent alors les titres
à'IuuflriJJimes & de RévérendiJJÎmes cju^on leur
donnoit. Un Auteur célèbre , & d'ailleurs exad &
_ très-poli, faifmt parler S. François de Sales à un
Cardinal, lui fit dire voue Eminence. C'eftune faute
de Chronologie :, car affurément ce terme làn'éroir
j)ointen ufage du temps de Saint François de Sales
Oïl traite à'Éminenceis Grand- Maître de Malte. Les
E M I
Papes Jean VIII. & Grégoire VII. ont donné aulÏÏ
ce titre aux Rois de France. Les Empereurs l'onc
aulli porté. Voyez le Mercure François, Tome 16.
p. 57i. &c.
Éminence. Rehauffement de Peinture , de Sculpture,
ôcc. Eminentia , projeclio j porreclio.
Eminence j fe dit aulil de tout ce qui eft fenfible , &:
paroït avec éclat. Excellcntia jdignitas.L Eglife Ro-
maine a cette eminence d'autorité qui nait des mar-
ques extérieures. Nicol.
Eminence. Terme d'Anatomie, qui fe dit d'une par-
tie du cerveau , qu'on appelle \' eminence annulaire
du cerveau. La cinquième paire de nerfs commen-
ce des côtés de ï eminence annulaire du cerveau.
Dionis. On appelle auili éminence toutes les tètes
des os. L'os tibia reçoit les deux têtes du bas du_//-
mur dans deux de les cavités , & lnjeniur reçoit à
Ion tour une eminence de l'os tibia, ce quif tait le
Ginglyme. Dionis.
EMINENT, ENTE.adj. Haut, élevé au-deffus desau-
tres. Excelfus y eminens. Cette maifon eft bâtie en
lieu éminent. Les vertus dans une perfonne de qua-
lité font apperçues de tout le monde j comme dans
un lieu éminent. M. Esp. On dit aulli , quoiqu'abu-
Iivement, un péril éminent, periculum imminens ,
ingruens , d'un prelfant danger , d'un accident qui
eft tout proche &c comme préfent. Ceux qui eon-
damnentjPeVi/ c;';«i«e;2r dilent, qu'étant pris Anha.-
un periculum imminens , pour lignifier un péril qui
eft fur le poinr d'accabler une perfonne , il faudroic
dire, /'m/ imminent.'D'a.uues loutiennent que cette
épithète a un bon fens , parce cheminent lignifie
grand , élevé , & qu'ainli on peut appeler ^mV émi'
nent , un péril évident , fenfible , & que l'on ap-
perçoit aflèz pour le prévoir il'ufage eft pour e/n;-
ner.t , &c il faut le fuivre.
Éminent , fe dit aulîî, au figuré j de ce qui excelle , 8C
furpalfe les autres. Eximius ^prsjlans. Vertu émi-
nente.Ce Magiftrac eft dans un pofte éminent, il a
une charge éminente. Ce font des hommes émincns
en dûétrine & en fagelfe. Pasc.Sous certains règnes
les vertus éminentes lont fujettes à des jugemens fi-
niftres, &c une grande réputation eft aulli périlleufe
qu'une mauvaile. Bouh. Il faut rendre à une vertu
fi éminente les honneurs qu'elle mérite. Voit.
EMINENTE. Terme d'Anatomie. Epithète que l'on
donne à la première des vertèbres du dos, Eminens.
La première des vertèbres du dos eft appelée émi~
iier.te , parce qu'en effet elle l'eft plus que les au-
tres.
ÉMINENTISSIME. adj. C'eft le Caperhnfd' éminent,
le titre d'honneur qu'ondonnedepuisquelque temps
aux Cardinaux. EminenàJJlmus. L'éminentiJJime Car-
dinal de Richelieu. Il n'eft en ulage que dans cette
fignification.
Éminentissime. f m. Terme de Fleurifte. C'eft un
très-bel œillet. Il eft très-bien piqueté fur un beau
blanc alfez large. Sa plante eft vigoureufe j quatre
ou cinq boutons lui fuffisent. Morin.
ÉMIONITE. f f Nom de plante, f'^oyei Hémionitb.
ÉMIR. f. m. Terme de Relation. C'eft un nom de di-
gnité chez les Turcs & les Sarrafins , qu'on donne
à ceux qui font parens Se defcendus de Mahomet.
Ils font chez eux en grande vénération , &c ont feuls
le droit de porter un turban vert. Sur les côtes de la.
Terre-Sainte il y a eu des Emirs. L'Emir de Gaza,
l'£'/72i/-Térabée : c'étoient des Princes fouvji^insfur
Icfquels le Grand-Seigneur n'avoir guère d'auto-
rité. L'Emir Hâge j ou Prince conducteur des Pèle-
rins de la Mecque J eft Bâcha de Jérufalem & de
Naplonfe.
Ce titre d'abord ne fe difoit que des Kalifes : en
Perfeon les appeloit auftl £^/7z/>^<2^tf/2 , fils du Prin-
ce ; & par abréviation d'Emir on fit Mir,lk d'Emir
Zadeh, Mir^a. Dans la fuire les Kalifes ayant pris-
le titre de Sultans , celui d'Emir demeura à leurs
enfans, comme celui de Céfir chez les Romains.
Ce titre d'Emir , par fucceftlon de temps , .a été
donné à tous ceux qui font cenfés dsfcendre do Ma-
homet
E MI
E x\î I
>iomet par fa fille Fathimah, & qui portent le tur-|^EMîSSAR.IUS. On appelait chez les Rom
b.in verd./"^oj'e|D'HERBELO
Ce titre d'^OTir, joint à quelqu'^utre mot , dé-
figne fouvent quelque charge , £/«/r al Ornera , le
Commandant des Commandans. C'étoit du temps
des Kalifes le chef de leurs confcils oc de leurs ar-
mées. Ce nom fe donne maintenant chez les Turcs
à tous les Vifirs & Bâchas , ou Gouverneurs géné-
raux des Provinces. Emir Akhor, vulgairement In-
ralior , Grand-Ecuyerdu Sultan des Turcs- Ce mot
iîgnifie Prince , ou Chef des Ecuries. Emir âlem ,
vulgairement Mirâlem , Porte-enleigne de l'Empi-
re j ce que nous dirions Cornette-blanche, ou celui
qui portoit autrefois l'Oriflamme. Emir-Baiar ^ le
Prévôt qui a l'intendance lur les Marchés , qui ré-
gie le prix des denrées. Emir al Mojlimin , ou Emir
ad Alonmenin j cuil-i-àne, le Commandant des
Fidèles , ou des Croyans j titre qu'ont pris les Al-
moravides <"^ les Almohades qui ont régné en Afri-
que Se en Efpagne. Emir ai Mojïcmin q'X plus pré-
cis que Emir al Monmenirt. Voyei D'Herbelot au
mot Emir.
ÉMIRALEM, ou IMRALEMAGA. f. m. Terme de
Relation. Officier des armées Ottomanes. Gonfa-
lonnier général des Turcs , Garde de tous les Eten-
darts. Vexillorum cujios. i.L'Office à'hmiratem ert
une fott grande dignité , & de grand profit. tUe fe
peut mettre entre les premières , après les Ballas,
les Beglierbeys , les Cadilefchers &; l'Aga des Jaml
faires. Il a la garde de tous les étendarts des Pro-
vinces , qu'il met en main ds tous ceux qui font
faits de nouveau Sangiacs , &c de ceux même de la
Maifon du Grand-Seigneur. Quand ce Prince va a
la guerre , VEmiraUm marche immédiatement de-
vant lui , faifant porter une cornette mi-partie de
blanc & de verd , pour la marque de fon office ,
après laquelle marchent fix bannières ou grands
étendarts du Prince. L' Emiralem a quatre mille du-
cats de penfion par an , fans (es prohts qui fonttrcs-
grands, & deux riches habillemens de drap d'or ,
ainli que les autres principaux Officiers. Sous fa
charge font encore les trompettes j htres, tambours,
atabales , & autres inftrumens lemblabies, au nom-
bre de plus de deux cens , dont le Chef fous VEmi-
raUm eft un Meébherbaiîl. VigenÈre ,Jur Chalcon.
p. 375. A l'armée, fi le Prince y eft en perfonne ,
Its Muteferegas font aufli fous la charge de VEmiya-
lem , ouGonfalonnier général pour les Gardes. /ti'.
/'•379-
Ce mot vient d'f/n/r, Prince, Commandant, &
<le nt:X3y, alamet , mot Arabe , qui fignifie un
ctendart, une bannière , & qui a au pluriel CDnS;;,
ylam, ou akm\ d'où fe fait Emiralem , Comman-
dant, Garde, Chef des Etendarts.
Ce mot Emir ell: Arabe: il vient du verbe nax,
amar ^ amure, qui eft originairement Hébreu, &
qui dans ces deux laffgues iigmfie dire ôc com-
mander.
JÉMISSAIRE. f m. & f Perfonne de confiance &
adroire qu'on envoie fourdement fonder les fenti-
mens d'autruî*, lui faire quelque propofition ; ce-
lui qui fait courir des bruits , qui épie les aétions &
la contenance d'un ennemi, d'un parti contraire ,
pour tirer avantage de tout. Explorator , Emtjja-
rius. Les Chefs de parti^pnt plufieurs é m ijfa ire s qui
s'emploient pour leurs inrércts , qui leur rapportent
tout ce qui fe pafle dans le me nde , pour prendre
là-delfus leurs mefures. Les é.-nijjaires d'Orangz.eb
6jy
ains
maî-
avoient foin d'entretenir l'Indourtan de la faulle
créance de fa mort. P. Catrou.
Dans l'Ancien Teftament on appeloit Bouc emif-
/aire, un Bouc que l'on chalfoit dans le défert j
après l'avoir chargé des malédiélions qu'on vouloir
détourner de delfus le peuple. Fo) e~ Bouc &
, Expiation.
Emissaire de Satan , fe dit , figurément , de tous les
perfécuteurs des Fidèles, & de tous ceux qui , de
quelque manière que ce foit, s'oppcfcnt à leur la-
kit , &c les travetfent dans leur coutfe.
Tome III.
Emiijaiii j'ervi , des efclaves maquignons de
tre!îes& de chevaux j ondes dmiffliires qui cher
chent à nuire à quelqu'un , à découvrir quelque
frit caché.
ÉMISSION, f f. Adion qui poulfequelque chofehors
de foi , écoulement j mouvement de quelque choie
qui ert envoyée , poulfée au dehors : c'ell aulVi l'ac-
tion de celui qui poulfe &: envoie au dehors. Emiijio,
Les Anciens croyoïcnt que l'action de la vue fe fal-
loir par ï emijjlon A'is rayons vifuels.
ipirPythagore & fes Sectateurs prétcndoient qu'iî
iort des objets certaines efpèces vihbles , fort gran-
des d'abord , mais qui , à mefure qu'elles s'en éloi-
gnent , deviennent li petites , qu'elles peuvent en-
trer dans l'œil & fe faire appercevoir à l'ame.
L'aôlion par laquelle ces efpèces fortenr des ob-
jets , ell ce qu'ils appeloient emiffion.
ï'-?" De même l.-s Platoniciens prétendolent qu'il
fort de l'objet & de l'œil certains ccoulemens qui
fe rencontrent & s'embrallent les uns les autres à
mi-chemin , d'où ils retournent enfuite dans l'œil ,
6c porrent par-là dans notre amc l'idée des objets.
ff^ Ces prétendus écoulemens, ces efpèces vifi-
bles , dont on ne connoît ni la nature j m la caufe ,
ni les propriétés, font de pures chimères. Comment
d ailleurs , dans cette fuppolîtion , ne verrions-nous
pas les objers dans l'obfcurité , de la même manière
que nous les voyons j quand ils font expofés à la
lumière , puifque ces efpèces & ces écoulemens
nos yeux ? Foye-^
feroient également reçus dans
Espèces.
ifT Un des paradoxes de la Philofophie Newto-
nicnne ell que la lumière fe fait & fe propage par
des emijjîons ou émanations matérielles de corpuf-
cules du foleil jul'qu'à nous dans un efpace vide.
Cela e(l-il croyable ? La lumière fe propageant du
foleil jufqu'à nous en fix minutes & demie, félon
Newton , en fept , fi vous voulez , & même ea
huit, ces e'mijjions feroient en une minute quatre,
cinq millions de lieues. Ici l'efprit fe cabre. Si une
étincelle qui ell vue dans toute une falle de 50
pieds cubes d'étendue , jette hors d'elle par des
emijjlons-j & produit , de fi fubftance, une lumière
qui remplilfè toute la falle , il fort donc, de cette
étincelle qui n'ert qu'un point, un corps réelle-
ment étendu de 50 pieds cubes. Qui poutra le per-
fuader ? Si le tanal qu'on allume fur le phare de
Mellîne cfi apperçu dans un efpace feulement de
huit lieues cubes , dont je fuppofe qu'il occupe le
centre , on ne peut placer l'œd dans aucun point
de ces huit lieues cubes j, fans y voir la lumière :
elle remplit donc tout cet efpace. Comment un
petit feu J de quelques pouces de large , dirtribuera-
t-il à la ronde des émijjtons , <\qs écoulemens , des
effluences , des émanations , une fubilance en un
mot, capable de remplir huit lieues cubes î Ca-
che-t-on ce final ? La lumière difpatoît. Qu'on le
remontre un inftant aprcj \ il lera vu routaulli loin
que la première fois. Il remplira donc d'une nou-
velle lumière les huit lieues cubes. Qui pourra nom-
brer les huit lieues cubes de lubrtance lumineufe qui
s'écouleront de moment en moment de ce fanal dans
la durée d'une feule nuit ? Pluciie.
ffT Si la lumière du foleil vient à nous par des
émissions continuelles , comment le corps du foleil
n'eft-il pas épiiifé , ou au moins affoibli par des
émijjtons infinies. Il n.age , ainli que les planètes &:
les étoiles, dans une efpace vide. D'où tue-t-il de
quoi réparer fes pertes ?
§3" Emission de vœux , en termes de Jurifpru-
dence Canonique , eft la prononciation folennelle
des voeux, l'engagement que contracte folennelle-
ment le Novice d'obferver la règle de l'ordre dans
lequel il entre. Fotorum emiffio.Cc Novice n'a pas
encore lait Xémijfion de fes vœux. Nondum emi/ic
vora. La mort civile fe compte du jour de Xémiffloh
folennelle des vœux. Par les Cipitulaires de Char-
Icmague, il étoit défendu de donner l'Iubitde Re-
O o o o
é)^
E M M
ligieux ; fans ie confentemenc du père , leqnd
croit une condition elfencielle à-r£;>72////o/z des vœux.
Beau VAL BASNAGE.On a toujours confidcrélecon-
fentement des parens comme une des conditions
ellentielles à YemiJJion des vœux. Blondéau.
E M M.
^ EMAiAGASINER. v. a. Terme de commerce.
Mettre en magalîn. Emmagajuier des marchandiles.
Voye\ Magasin.
EMMAIGRIR. v. a. Signifie la mcme chofe <\\\amai-
grn , & l'on prononce toujours amaigrir. Le travail
vous emmalgr'n.Ws.^zxi'Xx neutre & icciproque. Il
emmaigr'it, il s'ûWiJ/^rir tous les jours. Foye\ Amai-
grir.
EMMAILLOTTER. v. a. Envelopper un enfant dans
fon maillot. Pannis involvtre inj aman , jajciis vb-
■Voivere.
'ifT M. de Buffon condamne l'ufage aanmallloc-
^fr les enrans j parce que les mouvemens qu'ils fe
donnent , les erîorts qu'ils font pour le débarralfer
de leurs liens , peuvent être funelles , & parce que
linadion dans laquelle cet état les retient , peut
au(îi leur être nuifible.
•EMMAiLLOTTf.R, fe dit auiïï de ceux qui s'enveloppent
tellement dans leurs draps , dans leur couverture ,
dans leurs robes de chambre , qu'ils n'ont pas le
mouvement des bras libre , qu'ils ont de la peine à
s'en débarraffer. Il eft fi frilleux, qu'il s'emmaUlotte
en hiver dans fa couverture.
Emmailloïte, ÉE.part. Pannis ,fafais involutus.
EMMANCHEMENT, f. m. ou emmanchure. Pomey.
L'adion d'emmancher, de mettre un manche. Ma-
nuhrÏL induclio _, immilfio. L'ufage de ce mot eft
rare. .
fC? Emmanchement , Terme de Dellein , fe dit des
jointures des membres au tronc d'une figure, &de
la jonciion des parties d'un membre les unes aux
autres.
EMMANCHER, v. a. Mettre un manche. Addere ,
aptare, inducerc manubrium ^injlruere manuhno. Em-
mancher un balai, un co\.\i<i.^\x. Emmancher une faux.
Les cimeterres s emmanchent de jade , d'agate &
d'ivoire. La Quintinie écrit cmancher. L'ulage gé-
néral eft pour emmancher.
Ce mot vient de manche , de manubrium.
On dit,prcverbialement,à celui qui fe prend mal
à exécuter quelque chofe , Cette aftaire ne s'tv«-
manche pas ainfi.
Emmanché j ée. part. Manubr'io injlruclus.
Emmanché, le dit, en termes de Blafon , des haches,
marteaux, faux, & autres chofes qui ont un manche.
On le dit aufii de l'écu chargé d'emmanchés. Cuf-
pidadm mutub infercus. On dit aufii , en termes de
Marine , qu'on efi: emmanché , lorfqu'on com-
mence d'entrer dans cette partie de l'Océan qui eft
entre l'Angleterre & la France, &c qu'on appelle
la Manche Britannique , ou fimplement la Manche.
EMMANCHES, f pi. Terme de Blafon , qui fe dit
des pointes qui font oppofées & qui entrent les
unes dans les autres. ManicA , manule& adverf&.
Elles doivent palfer en montant de la pointe de l'Ê-
cu en haut. Quelques-uns confondent l'Ecu emman-
ché avec Xédenté , & les Auteurs varient fort fur
l'application de ce mot. Ce mot emmanché vient des
manches anciennes , qui étoient fort larges par un
côté j &• étroites par l'autre. D'autres Auteurs .ap-
pellent fimplement emmanché , quand les partitions
de l'Ecu font faites de longs triangles pyramidaux
qui s'enclavent l'un dans l'autre. Il y en a qui écri-
vent émanches & emanché au lieu de emmanches &C
emmanché. T^oye^ Endenté.
EMMANCHEUR. f m. Celui qui emmanche un inf-
trument. Manubriorum apcator, opifex. Un Emman-
cheur de coureaux.
EMMANNEQUINER. v. a. Terme de Jardinier. Ar-
bufculas cijlis deponere , crcderc , commitcere. C'efi:
mettre de petits arbres dans des mannequins , &
E M M
les remettre après en pleine terre , Jufquà ceflu'on
les en ôte _, pout les plantera demeure.
tfT On plante un arbre précieux ou délicat dans
un mannequin , pour le tranfporter en motte &c
lans rilque. On plante l'arbre avec le mamiequiri
qui pourrit dans la terre.
EMMaNNE. Vieux mot dont s'efl:ferviRonfard,pout
dire, rempli de manne. Nicot,
EMMANTELE , ÉE. part. &adj. du VQïh<i emmante-
icr , qui n'eli point en ufage. Enveloppé dans un
manteau. PaLlio involutus ^penulatus^ chlamidatus.
On appelle une corneille emmantelée , hicolor ^
celle cjui efi,en partie, noire, &, en partie, grife, qui
a le cou julqu'à la moitié du corps diflïrenc du relte.
f^oye^ Emmentelé.
EMMANUEL, f. m. Nom que le Prophète Ifaïe donne
au Mefiie , C. "VII. v. 14. & qui dans le Chrifiianif-
me elt devenu un nom propre d'homme. Emmanuel,
immanuel. Les Grecs ont dit Manuel pour Emma-
nuel : ainfi l'EmpereurComnène, fils de Jean Com-
nène , qui le déclara fon fucceireur l'an 1145. le
I. d'Avril , au préjudice de Jean fon aine , qui étoic
d'un naturel farouche & emporté j cet Empereur,
dis-je , s'appelle Manuel ou Emmanuel Comnène.
Ils appellent de même Manuel Calecas , ce Reli-
gieux Grec de l'Ordre de S. Dominique , qui aflifta
au IP Concile de Lyon avec l'Empereur Michel
Paléologue , & Jofeph Patriarche de Conftantino-
ple. Emmanuel j Roi de Portugal , qui monta fur
le trône en 1495. & mourut le 13 Décembre 1521.
aimoit les lettres & les gens de lettres , &c compofa
même cies Mémoires pour l'Hiftoire des Indes.
Ce nom qui efb Hébreu , f.gmiie Dieu avec nous^
étant compofé de la prépofition Cny, im avec 13, nu,
nous , ôcha, E7 , Dieu. En Hébreu il fe prononce
Jmmanuel.^
EMMARINE. adj. Se dit d'un homme accoutumé à
la metj endurci à la mer, qui a fait philieurs
voyages fur mer, qui ne relient plus l'incommo-
dité du vomiliement Se du dégoût qui prend ordi-
nairement à ceux qui vont en mer pour la première
fois.
EMMARINER. v. a. Emmariner un vailfeau. Navem
injiruere nauticis opcris. C'efi: mettre du monde fur
unvaifieau, engager des ma.te\otSj nauticas opéras
conduccre , &c. C'efi le garnir de l'équipage nécel-
faire pour le monter.
S'EMMARQUISER. Prendre le nom de Marquis ,
faire le Marquis. Dicl. com. Il paroît meilleur de
cette façon que de dire fimplement fe marquifer^
comme il eft dit dans Furetiere. Aurefte, on ne le
dit qu'en riant.
EMMAUS. Emmaus , untis. Nom de lieu. Emmails
étoit un château ou bourg, diftant de Jérufalem de
6oftades, ou de deux à trois lieues. On le ttouve
aufii nommé Ammaum cajlellum , Se Emails. C'eft
fur le chemin de Jérufali^n à ce château que J. C.
apparut le foir du jour delà Réfurreélion à deux de
fes Difciples, Luc XXIV. 13. Dès le même jour
deux d'entr'eux s'en allèrent à un bourg nommé
Emmails , éloigné de Jérufalem d^oixante fi:ades.
BouH. Emmails étoit au couchant de Jérufalem. S.
Jérôme dit que.de fon temps,ce bourg étoit une ville
célèbre qui fe nonmioit Nicopolis. Adrichomius,
le P. Lubin , êc plufieurs autres , fuivent ce fenti-
ment. Mais M. Reland^ dans fr Palefiine , L. IL
C. 6. & L. III. p. 758. au mot Em.maiis ^ diftingue
deux lieuxdece nom très-difl^érens. L'un eft le bourg
dont parle S. Luc , &: l'autre Emmaiis eft celui qui
fut depuis appelé Nicopolis , & eut un fiège Epifco-
pal, fuffragant de Jérufalem, félon le P. Lubin, Sc
de Céfarée , au fentiment d'Adrichomius.
EMME. Petite rivière de Suiire. Emma. Elle a fa
fource vers les lacs de Thun & de Briants , coule
prefque toujours dans le Canton de Berne , & fe
décharge dans l'Aar, à une lieue au - defilis de Se-
leurre. Maty.
EMMÊLÉ, ÉE. part. Vieux mot. Brouillé ^,^ confus.
Rien de fi emmêlé que la marche des Planètes dans
I
E MM
rhypotlicfe da Pcolomce. Rien de plus finiple que
toutes les directions, ftarions & rétrogradacions des
planètes dans 1 hypotlicfe de Copeinic. Specî. de la
iVac. t. 4./'. 47i, 47 J. On ne ciouve le verbe em-
jnêler , scmmcier , que dans Cocgrave.
EMMELEY, EMELEY, EMLEY, EMLY, ou AWN
Anna, Emdïa, & Imelacj. Petite ville d'Irlande,
dans la Mommonie , au Csmcé de Tipperary.
EMMELIE. f. f. Nom propre de femme, Emmdia.
Sainte Emméliehaix. mère de faint Bafile-le-Grand ,
de famt Grégoire de Nylle j de faint Pierre , «Se de
fainte Macrine.
Ce nom eft Grec, & fignifie mélodie, fon mélo-
dieux , deÊv, in &c f-i>-ii j fon. mélodieux .
IJCTEmmelie étoitauili le nom d'une danfe des Grecs,
grave <?c fcrieufe , ainfi nommé de celui qui l'in-
venta.
EMMÉNAGEMENT, f. m. Achat de meubles nécef-
faires pour fe mettre en ménage. DomejUcorum inf-
trumentorum comparatio , ou attion de ranger des
meubles dans une maifon où l'on va loger. Appara-
tusjuppelleclilisj ècc.
EMMENAGER, fe dit avec le pronom perfonnel.
IJCT S'emménager, v. récip. Mettre fes meubles en
ordre , quand on les .1 tranfportés d'une maifon
dans une autre. SuppelleclUcm apparare j injîrucre.
Il faut être deux ou trois en jours en dcfordre avant
qu'on foit emménage'.
Emménager, fignihe auffi commencer à fe mettre en
ménage , acheter les meubles nécefTaires pour cela
Il coûte beaucoup , quand ou fe matie j à s'cm-
EMMÉNAGOGUES. f. m. plur. Emmenagoga , &
EMMENAGOGUE. adj. Emmena go gus , a , um
Remèdes qui provoquent les men(trues & lochies ,
ou vidanges fupprimées. Tels font la rue , la fa
bine , l'abiinte , &:c. & tous les médicamens qui
donnent de la riuidité aufang, augmentent le rellort
des folides , incifent & atténuent les humeurs , lè-
vent les obftrudions de la matrice , & font ouvrir
les orifices de fes vailleaux fanguins.
Ce mot eft Grec'ft«')'"'-y'»y«. Il vient atif^^ftto^men-,
firues, dont la racine elt ^i», mois , & de_«7», je con-
duis, je fais forcir. Col.de Villars.
Ip- EMMÉNALOGIE. f. f. Terme de Médecine ,
Traite des menftrues , ou de l'écoulement périodi-
que des femmes. Il y a un ouvrage du célèbre
Freindt fur cette matière , & des réflexions criti-
ques fur cet ouvrage, par M. le Tellier fils , Paris
1730 , in- 11.
EMAIENER, v. a. Mener une perfonns ^ ou uns chofe
en un autre lieu que celui où l'on ell. Abducere ,
exportare. Emmene\ cet enfant qui crie. Ce valet a
quitté fon maître, l'a volé, & lui a emmené fon
cheval. Je ferai ««/«e/ît^r mes meubles par les Rou-
liers, par les coches d'eau. On a emmené prifon-
nier cet homicide. On a permis à cette garnifqn
d'emmener deux pièces de canon.
Emmené, Ée. part.
EMMENOTTER. v. a. Mettre des fers ou des me-
nottes aux mains d'un prifonnier, d'un efclave. Ma
nids ferreis conflringcre. On cmmenczzc les criminels
qu'on conduit dans lescnchors.
EMMENTELE , ée. adj. Terme de Fauconnerie. Il
y a une corneille qu'on appelle corneille emmentelée,
Cornix cinerea, Panphaga. La corneille emmenceUe
a la tcte, le bas du cou, le bec j les ailes, la queue
& les jambes très - noirs ; & cette noirceur paroît
beaucoup plus obfcure au menton, au bec , &à la
partie qui eft au-delfus de l'eftomac , où l'on voit
comme des poils. Tout fon dos , le delTîius de fon
cou, les côtés des ailes, le delfousdu croupion , &:
prefque tout le ventre , font cendrés. C'eft de-là
qu'en France on lui a donné le nom à'cmmenteWe.
Elle fe retire en été dans les hautes montagnes j &
c'eftdans ces lieux qu'elle iait & élève fes petits. On
la croit oifeau de paflage , parce que , fur la fin de
raûtomne , elle vient dans les campagnes , &: fait fa
demeure autour des villes 5c des villages en hiver.
EMM ^j9
Ellefe nourrit de tout ce qu'elle rencontre : c'eftde-U
qu on la nommée Panphaga , qui mange de tour.
C'eil: apparemment ce qui fait que fa chair n'eft
point agréable à manger. La corneille emmenteléa
s'en va lorfque les hirondelles viennent , c'ell: - à-
dire J vers le zz Avril.
EMMERAN. f. m. Nom propre d'homme. Heimeram-
musj Emmeramus. SzunEmmeran naquit à Poitiers
vers le commencement du VIF. fiècle. Baillet*
Au vingt-deuxième Sept. S. Emmeran fut Evêque de
Poitiers , puis Millionnaire de Ratisbonne en Ba-
vière , & Martyr.
EMMERICK. Ville du Cercle de Weftphalie, en Alle-
magne. Emmericum _, Embricum j Embrica. Elle eft
dans le Duché de Clcves j fur le Rhin j à une lieue
.nu-dcirousdu fort de Schenk. Emmericke^k fort. Le
Prince de Condé le prit pour le Roi en 1671 fur les
Hollandois,qui s'en étoient emparés l'an \6oo : &c
en 1674. Louis le Grand la fit rendre à l'Eledeur de
Brandebourg à qui elle apparrenoit. M. Corneille
lair ce nom féminin j & dit Emnierick eftaiïez bien
bâtie.
EMMESSÉ, ÉE. adj. Qui a oui la Méfie. Qui facro in.
terfuit. On dit aulfi ameffé. L'un & l'autre font bas.
Richelet.
EMMEUBLEMENT. f. m. \: emmeublement eft un
meuble propre pour garnir une chambre. Supellex.
11 ledit, particulièrement, dulit^ &desfiègesde
même parure. Un tmmeublement de damas , de ta-
piiferie , de brocatel.
EMMEUBLER. v. a. Vendre ou louer des meubles à
quelqu'un , l'emménager, tendre & ranger fes meu-
bles. Injhuere fuppelleclilem , domum. C'cft un tel
Tapilîîer qui m'a emmeublé , Se qui m'a loué tous
ces meubles. Je lui ai donné tant pour memmeubler
à mon dernier déménageuient. Ce Propriétaire ne
devoir pas attendre que je fulfe emmeuhié, qu'on eue
rangé mes meubles pour me faite fignifier un congé.
^fJ" On dit ammeuhlement pour défigner la quan-
tité de meubles nécelîaires pour g:rnir un apparte-
ment.
ÇCT Et meubler une maifon , pour dire le garnir
de meubles. Meubler nuQ ferme, la garnir des cho-
fes & ufteoliles nécelfaires pour fon exploitation.
Emmeublemenc êc emmeubler , font des termes de
bourgeoifes des Halles j & de la Place Mauberr.
Emmeublé , ÉE. part.
§CF EMMEULER. v. a. Mettre en meules le foin
quand il eft fanné. f^oy. Meule &c Fanner. Cette
opération s'appelle emmeulage.
EMMI. Foye^ EMMY.
EMMIELLER, v. a. Enduire de miel, mêler avec du
misl. Melle illinere , condire, mcl infpergere. Il faut
emmieller les mors aux jeunes poulains pour les y
accoutumer. £";7z/7z/V//er du cidre, du vind'Efpagne.
Emmieller, fc dit, figurément, des difcours : mais
il n'a guère d'ufage au participe, emmiellé. Mellitus.
On ne parle aux Princes qu'avec des paroles flatteu-
fes &: emmiellées. Tel eft le langage du dix-huitième
fiècle; on dit toutes vérités poliment, en emmiel-
lant la coupe qui contient des remèdes amers.
Além. de Trev. 1756.
On dit, en termes de Marine , emmieller un étai ,
pour remplir avec une menue corde tout le vide
qu'il y a le long des tourr.ons des cordes qui compo-
fent l'étai. M. Defroches remarque que ce terme n'eft
pas ulité par-tout.
Emmiellé, ee. part. Melle conditus , mellitus. Un
difcours emmiellé. Cela ne fe dit aujourd'hui que
dans le ftyle badin ou familier.
EMMIELLURE. f. f. Onguent dont fe fervent les
Maréchaux pour guérir les blelfures ou écorchures
des chevaux. Unguentum mellitum. Il eft fait d'un
mélange de miel , de graKfe , de térébentine, &
d'autres drogues , & l'on en frotte les parties in-
commodées, enflées, toulées j &:c.
EMMITOUFLER, v. a. Envelopper quelqu'un ,
% emmitoufler , s'envelopper, principalement la tète
& le corps , de fourrures ou autres chofis , pour
O 00 o ij
(Sêo
E M M E M O
être plus chaudeineiit ou plus à l'aife. Obnubere y
invoivere Jcy amidre. On emm'uoufie ce vieillard à
caufe du Froid. Cette femme s emmitoufle, elt em-
m'nouflie dans fes coëties j elle s'enveloppe, elle fe
cache dans fes coëtfes. Il n'ell d'ulage que dans le
ftyle familier.
Emmiiooflé, ée. part. On dit, proverbialement,
jamais chat emmitouflé ne prit lounsj pour dire
que dans, les chofes qui demandent quelque li-
berté d'aétion , on doit écarter tout ce qui empê-
che d'agir.
EMMITRER un Evêque. Mitrare. NrcoT. Ce mot
n'eft pas d'ufage.
EMMONCELER. v. a. Mettre en un tas , en un mon-
ceau. On dit mieux amonceler.
EMMORTAISER, ou EMMORTOISER. v. a. Terme
de Charpentier. Faire entrer dans une mortoife ou
inortaife le bout d'une pièce de bois , ou de fer.
Indere j cummittere. La macliine avec laquelle les
Chinois taillent les pierres d'aimant eft compofée
de deux jambages de trois quatre pieds de haut ,
arcboutés par deux liens en contrefiches, &i féparés
par une membrure qui les traverfe, & qui elt tm-
mortaifee dans leurs femelles. P. LeComif. J. T.I.
pag. 4-77. ,
IMMOTTÉ, ou plutôt ENMOTTE, ée. adj. Terme
de Jardinier J qui fe dit des arbres que l'on tranf-
porte en motte d'un lieu en un autre \ c'eft-à-dire ,
la racine entourée d'une motte de terre qui la tient
^ la conferve. Tcrrà clrcumdatus , inclufus. Les
Alarchands Génois amènent ici,dans les mois de Fé-
vrier , Mars, Avril & Mai J une grande quantité
d'orangers & citronniers z\Xiz forts, & allez grands ,
& les donnent à un prix tort raifonnable, tant ceux
qui viennent fans motte , que ceux qui viennent
bien emmottés. La QuiNx. Emmotté Q\\i plus félon
l'analogie.
EMMUREES, f. f. pi. C'eft le nom qu'on donne à
Rouen à un Couvent de filles de l'Ordre de Saint
Dominique , parce qu'elles donnèrent dans cette
ville le premier exemple d'une exaéle clôture. DcJ-
cript. Géographique & Hifl. de la Haute-Norm. T.
II. p. 64..
EMMURER. Vieux mot. Muro clngere. Entourer, en-
vironner de murs. Nicot.
EMMUSELER.v. a. Mettr«une mufelicreà un animal
pour Tempêcher de manger, ou de mordre. CapiJ-
trare , fifcellam eri appendere. Les villageois eminu-
felent leurs ânes, leurs chevaux , avec une forme de
chapeau, de peur qu'ils ne mangent les choux qu'ik
portent. Il étoit détendu, fous la Lo\ ^à'emmuj'eler les
bœufs quand ils fouloient le grain. Non alUgabis os
bovi triturant!. On emmufele les furets , quand on les
fiir entrer dans les terriers de lapins, de peur qu'Us
ne les tuent.
EmmusEler , fignifioit, originairement, cacher le
vifagi fous le manteau \ & alors il étoit dérivé du
■mot de mufeau , d'où on a fait aulli cachemufeau.
Depuis on l'a tranfporté à l'anneau de fer qu'on met
aux cochons , & aux autres bêtes.
Emmuselé , ÉE. part. & adj. Capiflratus ^ frenatus.
En termes de Blafon , on appelle un ours, un cha-
meau, un mulet, un autre animal eOTOTz^yè/e, lorf-
qu'il a la gueule liée d'une mufelière , pour l'empê
, cher de paître, ou de mordre.
EMMY. Vieux mot, qui eft maintenant hors d'uf.ige.
Cette propcfition lignifie entre, parmi: & ceux qui
imitent le vieux ftyle s'en fervent en ce fens. Incer.
Mais las ! des Grands jufqu'où va la foiblejfle !
Grand dommage eft qu'en ce rang de Princejfe
Soye^ toujours emmy les flagorneurs ,
L'oreille ouverte aux difcours fuhorneurs.
De ViLiiERS.
Ce mot vient de in medio.
E M O.
ÏMOELLER. V. a. Ôcerla moelle. Emedullare. Inufité.
E M O
ÉMOI. f. m. Vieux mot , qui fignifioit la mèmechof*
qu'aujourd'hui emoiion. Furba , commotio. Il étoit
tout en ewoi ; c'eft-à-dire, fort ému.
Emoi , fignifioit aulli chagrin j inquiétude , fouci,
triltelfc , comme en plufieurs endroits de nos an-
ciens Auteurs.
Or eflbefoln^
Quand on eft loin _,
De s' entrécrire :
Cela j ait rire ,
Fa chûjfe émoi.
Ecrive:^ - moi
Donc J je vous prie 3 &c. Marot.
On a dit aulîi Émoyer pour %émoyer , pour fip
mettre en émoi, en peine , en fouci.
On a dit aulîi émai pour émoi. NicoT.
EMOLLIENT , ente. adj. Terme de Médecine &:
de Pharmacie. Ce qui amollit les duretés du bas
ventre , ou des tumeurs & enflures. Emolliens, Ou
le dit non-feulement des remèdes , mais aulîi des
autres chofes. Un lavement laxatif, anodin Scémol-
lient. Un emplâtre émoUient, fait d'onguens réfolu-
tifs. Un cataplafme émoUient. Les remèdes emol-
liens font chauds , comme les racines de lis j l'al-
tha:a & les mauves. Les cerifes féches relferrenr au-
lieu de lâcher , parce qu'elles font dépourvues de
la quantité du flegme qui les rendoit emOUientes.
Lemery. Le raifin mûrj, d'aftringent qu'il étoit au-
paravant , devient laxatif & émoUient. lu. Les pois
nourrilfent beaucoup , font emolliens , & un peu
laxatifs. Id. La grailfe du fanglier , appliquée exté-
rieurement, eft réfolutive, émolliente , fortifiante &
adoucilHinte. Id. On dit, fubItantivement,lest/no/-
liens. Faire ufage des emolliens.
ÉMOLOGUER. v. a. Comprobare. On dit maintenant
& on écrit homologuer \ & cela eft plus conforme
à l'étymologie : car ce mot vient du Grec 'of*iMytn
l^oye-^ Homologuer.
ÉMOLUMENT, f. m. Terme de Pratique , qui fe dit
des profits qu'on tire journellement d'une charge.
Eniolumentum. Ce terme eftabfolument afteélé aux
charges & aux emplois ; marquant non-feulement
la finance des appointemens, mais encore tous les
autres revenant-bons. Koye:i Gain j Lucre, Pro-
fit J Bénéfice, Ce n'eft pas toujours où il y a le
plus iXémolumcns que ie trouve le plus d'honneur.
Les provi fions de fon office lui donnent droit de
jouir de tous les droits , honneurs , gages & émo-
lumens y attribués. On dit aulîi , il ne lui revient
aucun émolument de cette affaire : alors il lignifia
profit, avantage.
Ce mot vient du Latin emolumentum , qui fignifie
le profit que tirent les Meuniers, de mola , molere ,
m.rudre.
ItT ÉMOLUMENTER. v. n. Qui fe dit toujours en
. mauvaife part des revant-bons illicites. Cet Officier
cherche à émolumenter ^ c'eft-à-dire, à multiplier
fans nécellité des aétes , ou autre chofe , afin de
gagner davantage.
ÉMONA. Foyei HÉ MON A.
EMONCTOIRE. f. m. Terme de Médecine & d'A-
natomie. C'eft une partie deftinée pour la lépara-
tion de quelque humeur que l'on regarde comme
inutile, ou coinine nuihble dans L;s animaux^ après
qu'elle a circulé quelque temps avec leur fang.
Emunclorium. Lçs reins, la vellie urinaire , les glan-
des miliaires de la peau font' des çmoncloires du
corps J parce qu'il fe fait par ces organes , une fe-
crétion & une excrétion abondante des humeurs
qui ne font plus d'aucun ufage utile dans le corps
humain , & mêine de celles qui font viciées dans
les maladies. On le dit des glandes qui fervent à la
décharge des humeurs fuperflues , telles que les
glandes des aines, des ailî'elles , &.'c. &c des ouver-
tures deftinéesà laifler fortir ces humeurs inutiles
ou iiuilîblcs. Les parotides ne font pas des émonc-
toires, puifqu'elles fontdeftinces à féparer la falive ,
qui eft une humeur fi ijécelfâire à la digeftion des
silimeus.
E M O
|p° ÉMONCTOIRË, en Boranique, fe dit de même
d'une piitie dcftinée à porter dehori quelque hu-
meur qu'on regarde comme mutile, ou comme
nuifible. Les plantes doivent avoir des organes
émonctoires j pour la fccrétion de la tranlpirauon
fcniîble & infenlîble. Je crois que les Heurs qui ne
font pas nouéts , font des emondoires qui ietvcnt à
fcparer quelques parties de la maffe de la fève, qui
doivent en être féparées dans un certain temps j lui-
vant les lois de l'Economie naturelle. Dici. de Ja-
E M O
6éx
mis.
^fT Èmonctoire , vient du latin emunclorium j emun-
gere , nettoyer en tirant les ordures.
ÉMONDE. f. f. Fiente d'oifeau de proie. Stercus.
Les ^mondes des oifeaux font connoïtie leur fanté ,
ou leurs maladies.
Émondes , au pluriel , Branches qu'on retranche du
tronc des arbres. L/eccrpti rami. Les émondes des
ormes, des chênes , des aunes, de cette terre, fur-
fifent pour le chauffage du maître.
ÊMONDER. V. a. Couper les menues branches d'un
arbre, Ibit pour en ôter le bois nuifible & fuperflu,
foit pour faire des fagots. Imercidere , Inuriucare ,
depucare. On émonde les arbres fruitiers , quand ils
jettent trop de bois. On émonde les arbres pour fai
re des fagots.
Émonder une Lettre. Voye:^ Ébarber.
Ce mot vient de émundare. Nicot dit aulîî émon-
der l'orge & femblables chofcs , & cela fe dit au-
jourd'hui. Pifere^pifare. C'efl en ôter la peau.
Émonde , ée. part.
EAiONlE , ou EMONIA. Emonla eft le nom ancien
d'une Ifle de l'Ecolfe, à l'orient. Emonïa. Ortchus
croit que c'eft l'Ide de Maid, ou ]si:iy. Emonia Fro-
vincia ctoit anciennement une ville de l'Iltrie. -<^
monta. Elle étoit fur la rivièie d Abriga,à deux
lieues de la mer & de la petite ville de Cicta-Nuo-
va , qui a été bâtie de fes ruines.
ÊMONTS. Foye^ MONTS.
EMORCELER. v- a. Réduire en divers morceaux. In
frujladividcre. Ce bourgeois a f/720/ce/e'fa terre, il
l'a divifée en plufieurs morceaux , il en a vendu plu
fieurs parties. Il fe dit aulfi avec le pronom perlon-
nel. Cette pierre n'eft pas propre pour la fculpture,
elle s^émorcèle trop facilement.
Ip" Ce mot ne fe dit point. Morceler eft feul en
ufage.
^C? ÉMOTION, f. f. On entend par ce mot un mou-
vement plus ou moins confidérable , excité dans les
humeurs, dans les efprits, dans l'ame , qui en al-
tère le tempérament ou i'alfiette , & fe manifelte
par des fignes extérieurs. Periurhado , commoûo j
•motus. On connoit la fièvre par \ émotion du pouls.
Un exercice violent caufe de Xémodon. Un Amant
fent de Xémodon à la vue de fa Maîtrelle ^ un bra-
ve, à la vue de fon ennemi. Un Juge doit être cal-
me , & exempt des émodons de la haine i^n: de la
colère. M. Esp. Nous regardons tranquillement &
fans émodon , les injuftices qui ne nous regardent
pas. Nie. Ce n'eft pas la rai fon qui frappe les ef
prits grolîiers , 5i qui les fait agir j c'eft \ émotion Ik
l'ardeur avec laquelle on parle. Le P. R. L'émodon
ardente & paifagère de la colère, eft une faillie im
prévue de l'ame 3 qui ne lui lailfe pas le temps de
délibérer. Le Mai. La colère ne déshonore perfon-
ne , pourvu que fes émotions foient proportionnées
au lujet q\i'on a de s'émouvoir. M. E^p. L'émotion
que l'Orateur a excitée dans les efprits fe calme bien-
tôt , s'il veut trop faire le pathétique. As. du Jar-
RY. Nous ne pouvons exciter en nous les émotions
violentes que caufent les paftîons : elles dépendent
des objets. Nie.
Émotion ,. fedirauflî d'un commencement de fédi-
lion , difpolition à fe foulever. Il eft dangereux de
fe trouver au mi Heu d'une émotion populaire.
ÉMOTTER. V. a. Oter les mottes d'un champ , ou les
calfer , afin de les difpofer nneux à recevoir la fe-
inence. Occare. Il fnut émM'er les terres , quand il
y a long-remps qu'il n'a plu. On fait cette opération
avec un brife-motte , qui eft un maillet à long man-
che , ou avec la heife j ou avec le rouleau , ou aveé
la herfe tournante qui eft un rouleau pefant garni
de chevilles.
EMOUCHER. V. a. Chafter les mouches. Mufcas ahi-
gere. Il y a des chevaux qu'il faut émouciur , tandis
qu'on les ferre. Les Seigneurs Indiens ont des valets
qui les émouchent continuellement avec des plu-
mes.
Emoucher j dans le langage populaire, fignifîe fouer-
ter. Cet écolier eft fouvenc émouché put foa Ré-
gent.
EmouchÉ , Ée. part.
EMOUCHET , ou MOUCHET. f. m. Oifeau de
proie , qui eft tiercelet , ou mâle de 1 epervier , qui
ne vaut ri.nen fauconnerie. Lertiarius percnos. On
l'a appelé en Latin mujcecus ou mafchetus. Aaipiter
paluniburius.
Emouchet. Terme de Tanneur. Les Tanneurs don-
nent ce nom à la queue desbccufs, des vaches j des
veaux, qu'ils pi épatent , parce qu'elle fert à ces
animaux pour chalfer les mouches y pour s'émoii-
cher.
ifj- EMOUCHETTE. f. f. hiftragulum redculatum.
Quelques uns appellent ainfi une efpèce de couver-
ture ou de caparaçon fait de treillis ou de rofeau ,
avec de petites cordes pendantes , qu'on met en été
fur les chevaux ^ pour empêcher qu'ils ne foienc
tourmentés des mouches. On l'appelle quelquefois
émouchoir. Quelques-uns l'appellent chafle- mou-
ches.^oje:, Émouchoir.
EMOUCHETTE. Efpèce d'oifeau de proie. Voye:(_
Emouchet.
Emouchette, eft encore, dans le fenouil & autres
heibes , l'ombelle qui en contient la graine. Umbel-
la. NicoT. ou Mujé^rium.
EMOUCHEUR. f m. Qui chalTe les mouches.
L'ours alloit à la chajfe , apportait du gibier,
Faifoitfon prin ctpal n. étier
jyétre bon émoucheur , écartait du vifage
De fon ami dormant ce parajàe ailé
Que nous avons mouche appelé.
Aujfitotjait que ditj iefidèle émoucheur
f^ous empoigne un pavé j le lance avec roideur. . , l
Fables de la Font
ip' ÉMOUCHOIR.f m. Terme ufité parmi les Maré-
chaux , qui appellent ainfi une queue de cheval at-
tachée à un manche , &C dont on (e lert poui thafler
les mouches pendant qu'on ferre un cheval. ^Vi^
carium.
Q^ C'eft cette efpèce de chafte-mouches qu'on
appelle proprement émouchoir. Le caparaçon fut de
rcfeau avec des cordes Bottantes , 'jui fert a garan-
tir les chevaux des mouches , s'appelle emou-
chette.
EMOUDRE. V. a. Aiguiferle taillant des inftrumens
tranchansj fur une meule, fur un grès, hxacuere.
Z;wo:^(/re des couteaux , fa coignée, fa ferpe j fes
cifeaux. C'eft former le tranchantdeces inftrumens,
en les appuyant fur une meule qu'on tourne j ou fur
un grès j qu'on arroié avec de l'eau.
Émoulu , ue. part. Qui eft aignifé, pointu , afHlé.
Exacutus. On dit , Combattre à fer émoulu • pour
dire, tout de bon & à outrance , tant au propre
qu'au nguté. On dit aufti , qu'un homme eft frais
émoulu fur une matière j pour dire , qu'il l'a étu-
diée depuis peu à fond.
EMOLU. Port de la Chine , dans la Province de Fo-
kicn. Il eft fort célèbre. Long. 13^. d. 40' lat. i4.
d. 30'.
ÉMOULEUR. i. m. Celui qui fait le métier d'émou-
dre les cifeaux , les couteaux , & autres ferremens
tranchans. Samiator , opifex Jerrei exacuendi. Aux
Indes, un Emouleur fabrique lui-même fa pierre
avec de la laque tk de l'émcril. Let. Édif. et cuh.
tp" EMOUSSER. v. a, ôcer la pointe ou k tranchans
6St EMO
d'un inftrument , ou le rendre inoins aigu Se moins
tranchant. Il eft aulli réciproque. Obtundere j hebe-
tare. Il ne faut rien pour emGcijJer uns lancette , un
biftouri. Quand on frappe fur quelque choie de
trop dur, les ferremens s'émoujfenc, (s rebouchent.
L'acier de Damas eft fi dur , qu'il coupe le fer fans
s'émouffer. Les cifeaux , ou autres outils de Sculp-
teurs , sémoujfenttn travaillant le porphire.
On dit , en termes de Guerre , iîmoulier les an-
gles d'un bataillon y lorfqu'on retranche les quatre
encoignures, & qu'on change le bataillon carré
en odîogone : ce qui donne moyen de préfenter les
piques , ou faire feu de tous côtés. Ces évolutions
militaires étoient fort communes chez les Anciens ;
mais elles ne font plus guère pratiquées.
fer Emousser , feditjdans un fens métaphorique , en
comparant l'effet des moyens moraux : à celui des
effets phyfiques. Emoujjer l'efprit , le courage , l'af-
foiblir, rabattre j luiôter ce qu'il a de plus piquant.
Hebecare. La misère, l'afflittion émoujfe l'efprit.
L'oifiveté, les délices émoujfent le courage. Il y a
beaucoup d'art à diverhher les plaifirs , & à leur
rendre cette douce pointe qui les fait fentir j & qui
s émoujfe fi aifément. S. Real. Vous avez émoujj'é
toutes les pointes de mes épigrammes. G. G. Le vin
émoujfe la vigueur de l'efprit. Bouh.
•
Pour moi , j'ai la tête blejfée ^
Loi/que je lui vois tortiller
En cent façons une penjée :
 jorce de la relfajer
La pointe au. bout du temps /émouffe ,
Et l'efprit vient à Je lajjer, P. du Cerc.
Èmousser.. Terme de Jardinier. C'eft ôter la mouffe
des arbres. Emufcare arbores. Il faut avoir foin à'é-
moulfer les arbres , & fur-tout les poiriers , parce
que la moulFc y fait un grand dcfagrément, & nuit
de plus à leur accroilTement. /^Vyt^ Mousse. Le
temps propre pour emoujjer eft quand il a plu.
Émoussé , ÉE. part- &adj. En parlant des inftrumensj
hebes y obtufus. En parlant des aibres j emufcatus.
Ces arbres font bien taillés , bien emoujjés. La
Quint.
^ EMOUSTILLER. Qui ne fe dit qu'avec le pro-
nom perfonnel. Terme populaire qui paroîc figni-
fier prendre un air gai , folâtre.^
Émoustillé j ÉE. part. & adj. l'i lignifie dans le ftyle
familier , Gai , vif j enjoué , de bonne humeur.
Cette jeune fille eft bien émauflillée.
^ ÉMOUVOIR. V. a. Du latin emovere. Ebranler.
Pour la manière' de conjuguer, voyei Mouvoir.
Mettre en mouvement. Mais on ne le dit pas in-
différemmenr dans toutes forres d'occafions. On ne
diroit pas , par exemple , émouvoir une cloche ,
émouvoir un poteau , un tronc d'arbre. L'ufage a
reftreint ce mot aux feuls cas où il s'agit des parties
les plus fubriles , & les plus déliées d'un corps ,
telles que font les vapeurs , les exhalaifons, les hu-
meurs, les efprits. Ainfi l'on du que le foleil émeut
les vapeurs &: les exhalaifons , qu'une drogue , une
médecine émeut les humeurs : ii l'on dit qu'un
homme elt iiiffi.c\\e à. émouvoir, qu'une médecine n'a
tait que Vémouvoir j fatis le purger , on voit aifez ,
dans ces exemples , qu'émouvoir j eft relatif aux hu-
meurs des corps.
^jH" Emouvoir , en parlant des flots de la mer, des
tempêtes , &c. fe dit dans le même fens qu'exciter,
fouleverj tantà l'adlif qu'au réciproque. Commu-
niquer ou recevoir du mouvement. Le moindre
vent fulTit pour émouvoir les flots. Flucius ciere. La
mer commençolt à % émouvoir. Turbari. Il dément
une violente tempête.
^3' Émouvoir, dans leschofes morales, exciter quel-
que mouvement , quelque paillon dans le cœur ,
caufer du trouble , toucher , exciter , remuer. L'art
de l'Orateur ell de favoir émouvoir les pallions. Si
les Prédicateurs ne fongeoient ni.àtoucherleccrnr,
iii a émouvoir les pallions j ils feroient de médiocres
E M O
progrès. Arn. La raifon ne peut iV/z.'oavoi;. Rac.
C'elt un de ces beaux objets inditférens , qui réjouïf-
fent la vue fans émouvoirX^ cœur. Vill. Celui qui
ne le trouve ému de rien, eft aulfi peu propre àpar-
1er que celui qui ne penfe rien. Le C. de M.
Emouvoir , avec le pronom perfonnel , lignifie. Erre
ému , être touché. Un Stoïcien ne % émeut point aux
plus cruels accidens de la fortune. Parle fans lemou-
voir} Corn. Il s'eft laiflTé émouvoir puz les cris & par
les larmes de cette femme. On regarde un homme
qui ne s'émeut de rien, comme un lâche & un in-
fenfible. M. Esp. La palîion s'émeut par la feule ima-
ge d'une oftenfe vraie, ou faulle. Nie Dieu s'émeut
plus fenfiblement pour les pécheufs convertis j qui
lont fa nouvelle conquête. Boss.
|]Cr On dit aulfi que le peuple s'émeut, commen-
ce à s'émouvoir , pour dire qu'il fe difpofe à la ré-
volte , à fe foulever.
fC? Emouvoir une fédition, une conreftation , une
dilpute, &c. fynonyme de faire naître.
|t;r Emouvoir à , fe dit dans la fignificationdepor-
, ter à émouvoir à compafiion , mauvais ftyle.
Emouvoir , fe dit, proverbialement, en ces phrafes ?
L'objet //72e«r la puiftance, la préfence de l'objet
fait naître le defir. On dit aulfi , qu'il ne faut pas
émouvoir les frelons j pour dire , qu'il ne faut point
fe fufcirer d'ennemis , quelque petits qu'ils foient.
On dit aufli , d'un homme prompt & colère, que fa
bile eft aifé à émouvoir.
Ému , UE, part. Il a les lignifications du verbe.
E M P.
EMPAILLER, v. a. Garnir une métairie de pailles &
de fourages néceiïaires pour la faire bien valoir ,
pour amender les rerres. Infruere paleis. Dans ce
fens ce terme eft vieux & hors d'ufage ; à moins
que ce ne foit un terme ufité dans quelque Pro-
vince.
^fT Empailler des chaifes, c'eft les garnir de paille.
ifr Empailler des balots; , c'eft les envelopper de
p.iille.
t Empailler la peau de quelque animal, dont on veut
conferver la figure par curiofité. C'eft la remplir de
paille.
Empailler. Terme de Jardinier , qui fe. dit des clo-
ches de melons, quond on met un peu de paille
entre deux j en les emboccanr les unes dans les au-
tres , pour les emportera les ferrer jufqu'à l'année
fuivante. La Quint.
Il fignifie aulfi , mettre de la paille autour de
quelque plante. Liger. Et l'on dit , empailler un
pied de cardons , ou d'artichauts , pour les faire
blanchir. La Quint. J'ai déjà beaucoup de car-
dons d'Efpagne empaillés. Liger. On empaille aufli
la tige des jeunes arbres , principalement dans les
pépinières, pour les garantir des lapins, qui en
mangent l'écorce.
Empaillé , éf. part. Il a les lignifications du verbe.
EMPAILLEUR,euse. f. m.& f. Celui ou celle qui
empaille des meubles j des chaifes.
I EMPALEMENT, f. m. Supplice affreux qui s'exécute
en faifant entrer un pieu par le fondement , & le
faifiint traverfer tout le corps. Pâli traduclio. L'em-
paiement eft le plus cruel des fupplices.
0C7 EMPALER, v. a. Qui exprime un genre de fup-
plice ufité chez les Turcs. Faire palfer une broche
de bois, un pal aigu par le fondement d'une per-
fonne. Se le frire fortirpar les épaules. Palum traji-
cere j tranfadigere. C'eft un fupplice qu'on pratiquoic
du temps de Néron , dont Juvénal fait mention. Il
eft maintenant fort en ufage en Turquie.
Qu'on l'empale. A ces mots Fregèfe ejl accroché.
Par quatre impitoyables ferres ,
Etfe voit prêt d'être embroché.
NOUV. CH. DE VERS.
Ce mot vient de l'Italien impalare. Mén. Ou plu-
Ë M P
tôt le François & l'Italien viennent également du
Latin palus , pal , ou pieu , & de la prepo lition in ,
en , dans.
Empalé , ée. part. Palo transflxus.
EMPALETOCC^CŒ. adj. Mot dont s'efl f.n-vi Rabe-
lais , en pai'iant de l'aumônier de Gargantua, qui
veut dire, Atiublé d^me f^a^on de petit manteau,
au derrière duquel pendoit un capuchon j car tel
croit l'ancien paletot, fait exprès de la iorte pour
parer du froid & de la pluie ceux qui le portoienc.
Note fur Liabelais.
EMPAN, f. m. Mefure de longueur j qui fe fait par
l'exteniîon de la main depuis le pouce étendu d'un
côté , jufquà l'extrémité du petit doigt oppole. i^i^/-
vius major 3 fpithama. C'elt prelque la mcmechofe
que le palme Romain. Un empan fait trois quarts de
pied , oC c'eil pourquoi on l'appelle audi dodrans
en Latin. Deux empans font un pied & demi.
Ménage dérive ce mot de l'Alleman elnj'pan , qui
■fignihela même choie.
EMPANACHER, anciennement EMPENNACMER.
V. a. Garnir de panaches , de plumes. Empanacher
un caique. Plumac'uihus crijlis ornare.
^fT On le dit , en badinant , en parlant des ha-
fards ou accidens du mariage.
Empanaché , ée. adj. Qui ell bien garni de plumes.
Tous les Chevaliers de ce Caroufeîétoientbien do-
tés & empanaches.
De fuperbes plumets IcurtUc empanachée
Sous des coques de noix écok enharnachée.
C'eft l'armure de tète des rats dans la Batrachomyo-
Vackie àQ M. Boivin.
-EMPANÉ , >;e. adj. Aigu. Acutus. On a dit autrefois
des carreaux cmpanés pour des arbalètes aiguës. Les
arbalétriers s'appeloient carreaux , iv l'on peut voir
dans ie Caicr.laire manufcrit de Philippe Augulfe ,
fol. 3 1 le nombre des carreaux ( Quadrelli ) que les
Abbayes, Vilhs & Communes du Royaume, ctoient
obligées de fournir à Sa Majelf é pour les guerres.
EMPAN ÉE ( feuille. ) Terme de Botanique , ptnna-
tum ou coiijugatumjolium , fe die d'une feuille com-
pofée de plufieurs folioles rangées des deux côtés
d'un pédicule commun.
EMPANNER, v. a. Terme de Marine. Mettre un vaif-
feau en panne , difpofer tellement les voiles , qu'il
n'a.vd.ncQ ^^s. Navem Jîjlere. Ica difponere vêla ^ ui
navis non movcatur, non progrediatùr. Si l'on veut
prendre les hauteurs en mer avec une entière exac-
titude , on peut empanner le vailfeau , c'ell-à-dire,
difpofer les voiles de manière qu'il n'avance point.
AcAD. DES Se. 1705 Hijl.p.ic).
EMi'ANON. f. m. Terme de Charpenterie. C'efi; un
chevron de croupe , ou de long pan ^ qui ne va pas
julqu'au hautdufaîte , mais qui s'alleinbie à l'arê-
tier avec tenons & mortoifes , & qui pofe par en-
bas fur les fablièresou plateformes. Canterlus mlnor.
On le dit des pièces de bois qu'on met en plulieurs
autres endroits pour en foutenir ou lier quelque
autre.
EMPAQUETER, v. a. Mettre en un paquet. Colligere,
confarcinare. Il fe dit,particulièrement,des marchan-
difes qu'on empaqueté dans du papier, dans des
toilettes. Les marchands font occu^è'iJLempaqucter^
à dépaqueter leurs marchandil'es. Il a empaquecé (a
bardes j fes habits , pour partir , pour déménager.
Ce mot vient du primitif paquet , qui vient du
Latin Paclus , conpaclus , àe pango ; compingo.
OnditaulTi j qu'un homme eft empaqueté dans
fa couverture , dans fa robe de chambre ; pour dire
qu'il s'en eft enveloppé pour fe garantir du froid.
Empaqueté , ée. part. &: adj. Compaclus.
Il fe dit des perfonnes qui fonr prelEées dans un
carrolTc' , dans un coche , &c. Nous étions empa-
quetés dans ce cociie.
EMPARAGÉ , EE. adj. Vieux mot , qui fignifie joint ,
conjointiÇon pareil. On dit une fille emparagée m-
blement , c'efî-à-dire ^ mariée à fon pareil en no-
E M P ^65
bk-lTe. Paritate feu paragio dotât a , comme parle
Philippe le Bel dans une lettre de ijctJ, publiée
par M. Baluze dans les preuves des vies des i^apes
d'Avignon.
D'autres coutumes difent apparagé.
EMPARAGER. v. a. Vieux mot. Mettre dans un rang
égal à celui qu'on a. On difoit autrefois, ew/^^nî-jt/-
unehlle; pour dire la marier noblement & lans dé-
rogeance.
EAIPARER. Qui ne fe dit qu'avec le pronom per-
fonnel S'EMPARER, v. recip. Se failir par force
ou par adrelEe de quelque chofe , s'en rendre
maîtie. Vi capere , occupare. il ^'empara d'abord
de la Fortereflé. On peut s'emparer de ces détroits
avant qu'on s'en apperçoive. S'empare-- de l'Empire,
du Royaume , de l'Etat. Les ennemisfe font emparées
d'une telle ville. Il s'elf emparé de mon manteau.
Ce mot vient du Latin amparare ^ qui lignifie
occuper , prendre la défenfe & la proteéfion de
quelque chofe, pour en difpofer comme à loi ap-
partenant. Chez les Efpagnols le mot d'amparar ne
lignifie autre chofe que défendre ; & defamparar y
cejjerde dcjendre. Covarruvias. Autrefois il a fi-
gnifie aulfi en Efpagnol envahir , prendre : empa-
rare, amparare , imparare ^ le trouvent en ce lens
dans les lois Palatines de Jacques II Roi de Major-
que , imprimées par le P. Papebroch , Acl. SS.
Junii, T. m. Foyci p. LI & LU.
Emparer ^ fedit, figurément, de l'efprlt', & de ce qui
le maîtrife , le gouverne. Ce Miniftre s'eft emparé
de l'elprit du Roi. Comme la Fortune ne s'étoit pas
encore emparée de fon eiprit , il la porta modéré-
ment dans les commencemens ; mais à la fin il
n'eut pas la force de la foutenir. Port-R. La jalou- ■
fie s empara de toute mon ame. Je connois ce que
l'amour prépare aux foibles cœurs dont il s'empare.
Font. Corneille s'eft emparé du Théâtre. La Br.
Il ne faut pat s'emparer de la convetfation. M,
ScuD.
Le jour ne reviendra qu'avec trop de vlteffe ,
Et mille foins divers
^'empareront del'Univers. Fontenelle.
EMPARFUMEPv de bonnes odeurs. Ce mot fe trouve
dans Ronfard.Il eft vieux & hors d'ufige.
EMPARLIER. Vieux mot inufité , qui lignifie Ad^
vocat plaidant , & qui fe trouve en cette fignification
dansHéliiiand. Mén. On a dit aufii parlier ^ & apar-
lierions noms relatifs à leur profefiion j & on difoic
encore e/Tz^cr/e pour éloquent. Ijokel. Advocatas ^
caufidicus , caujarum patronus , dicentarii. On les a
auilî appelés Conteurs & Plaideurs. Clamatores.
EMPASME. f. m. Terme de Pharmacie.C'eft une pou-
dre parfumée qu'on répand furie corps, pour en
corriger la mauvaile odeur , & pour empêcher les
fueurs inutiles. LmpaJ'ma.
Ce mot vient du Grec i^r«i^^fi», arrofer.
EMPASTELER. v. a. Terme de Teinture. C'eft , don-
ner le bleu aux lames & aux étofres par le moyui du
pafel, ou de la guède , qui eft la même chofe.
Glaflo mcdicare , inficere j imingere. Il faut gueder
& empajlelcr les étoffes pour leur donnet un pied
de bon teint.
EMPATEMENT, f m. Terme d'Architcéfure , fyno-
nyme à patte , à pied. EpailEeur de maçonnerie qui
fert de pied à un mur ; fes fondemens , fa partie la
plus balfe. Bafs, pes. L'empâtement , pour être
fur J doit être le double du mur, félon Palladio:
&, félon de Lorme,'^fi le mur eft de deux pieds d'é-
pailEeur , V empâtement do\i êtte de trois pieds.
On appelle aulîl empâtement ou racinaux d'une
grue , les pièces de bois fur lefquelles elle eft conf-
rruite& élevée. Voyex ci-delfus Embrassure.
Empâtement J en termes de Fortification, figniHe auftî
le valus , ou pied d'un rempart , ou d'une muraille ,
qui la foutient j & empêchequ'elle ne s'éboule.P«.
Empâtement. On pourroit fe fervir de ce mot , en
termes de Peinture , dans le même fcns que le verbe
664 ï^ M P
empâter. Vempâ-iemcnt d'un tableau j \ empalement
des couleurs. X?/<3. ,^e Peine. & d'Anh. Voye\ Em-
pâter , terme de Peinture.
Ce mot vient de Vàte.
F.MPATER. V. a. Terme de Charron. Faire les pattes
' des raies des rouiS. Pedzs addeie, Jingere. tmpater
des rais. L'a le prononce breir.
^ Empâter.. Terme de Marine , faire des empatu-
res. Koye'^ ce mot.
EMPÂTER. V. a. Kçm'çïuAQ^^ic.Inquinarejgluûnare,
gypfare. Il ne fe dit guère qu'au participe. Il a les
inams empâtées , plemesdc pâte , Hilies de pâte. On
le dit de tout ce qui ell glu.uit , comme des confitu-
res. Cela m'a empdtc les mains.
|p° On le du d.rns les cuilînes pour couvrir de
pâte. On empâte des artichauts pour les faire frire j
c'cft-à-dire , on les roule dans de la farine délayée
avec des jaunes d'œufs & du fel. ^
Empâter, lignifie aulîi , rendre pâteux \ & alors il ne
ledit guère que de la bouche & de la langue. Cela
m'a tout empâté la bouche. Cela empâte la langue.
ÏMPÀTER , en termes de Peinture , fignifie mettre des
couleurs gralfemenr & avec liberté. Mettre les cou-
leurs avec abondance ôc la confiftance nécelfaire
pour être maniées d'une façon moclleufe. Denfare.
faturarc , inducere.
^ On le dit aulîî , pour mettre des couleurs
chacune à leur place, fans les mêler enfemble. /^o>
Empâté.
^Zt En Gravure on die que les chairs font bien
empâtées , lorfque le travail des tailles & des points
rend le moelleux de la Peinture.
Empâter j terme d'Economie ruftique , fe dit des
chapons j poulardes & autres volailles ^ auxquelles
on fait manger de la pâte d'orge pour lesengrailfer.
N'oubliez ^olsÔl empâter ces chapons. Je hisempater
une douzaine de chapons & autant de poulardes
pour mon carême. Cela fe fait avec de la pâte cou-
fiéeen petits morceaux longs , ronds Se gros comme
epetit doigt , qu'on met tremper dans du lait, que
Ton fourre ds force dans la gorge des volailles , &i
qu'on leur fait avaler. Quand on eft piellé d'en-
grailfer , on ajoure du beurre dans la pâte ; C< Ton fe
fert de pâte de bled-homent.
Empâter. En termes de Meunier on appelle empâter
une meule , lorfqii'on met de la pâte dans les trous
qui font à la meule. Mon-feulemenc cette pâtejert
à remplir ces trous , mais elle fert encore à aftran-
chir la farine & à lui donner de l'amitié.
Empâté, ée. part. Il a les fignitîcations de fon verbe
en Latin & en François. Tableau bien empâté de
couleurs , bien nourri de couleurs- On le dit auifi j
quand on met des couleurs chacune à leur place ,
fans les fondre , lesnoyerenfemble. Cette tête n'eft
point peinte , elle n'elf qaempâtée. Voy. Empâter.
Ce mot vient as pâte.
EMPATION. Petite contrée d'Afrique , dans l'Abyffi-
nie, à l'extrénHté orientale du Royaume de Dam-
bée , &: à l'extrémité occidentale de celui de Baga-
medri.
EMPATRONNER. Vieux mot. On a dit autrefois ,
s'empatronner , comme on dit maintenant s'impa-
tronifer : pour dire , s'ingérer j fe rendre le maître
dans une maifon , dans une aftaire, &c. S'empatron-
nereil vieux , & s'impatronifer eltdu ftyle familier.
EMPATDRE.f. f. Terme de Marine. Jonétion de deux
pièces de bois mifes dans un vailfeau , dont elles
font membres l'une à l'autre. Juncîura. On l'appelle
ei^/^erve dans la Manche.
EMPAUMER. V. a. C'eft proprement, recevoir une
balle , ou un éteuf à plein dans le milieu de la paume
de la main , de laraquette ou du battoir , & la pouf
fer fortement. Palmu feu vola exàpere. Voilà un
éteuf bien empaumé. Empaumer une baie.
Empaomer, figniheaufli. Serrer la main. Comprehen-
dere. Cet homme efl: fi fort que, quand il a une fois
empaumé <\\\Q\(\n<: chofe y on ne la lui fauroit arra-
cher. Quand cefergenta une fois empaumé an pri-
fonnier, il ne lui échappe pas. On dit aufii empaumer
E M P
la joue à quelqu'un , pour dire lui donner un fouf^'
flet. Alapam impinacre.
Ce mot vient de in , & dspalma j d'où l'on feroit
impaimare.
|C/" Ce mot a pafié,des jeux de paume,dans la £o-
ciété où l'on dit,au figuré, dans le Ityle himilier feu-
lement, empaumer wnc A.'àAUQ , pour due, la bie;»
laihr J S<. la conduire avec chaleur \ empaumer q\ie.~
qu'un, l'efprit de quelqu'un , s en rendre maître au
point de lui faire laire tout ce que Ion veut. Occu-
pare Le traître a em,paume Ion elprit. Mol. Il s'eft
laiiré empaumer comme un fot.
Quelque faux' complaifant, qui y par des airs defat.
Aura de votre père empaumé la cervelle.
Rousseau. /e Fiat.
IJCTOn ditjdans'lemême (ens^empaumerlu parole.
Empaumer la voie, en termes de Vénerie , (ignifie^
fuivre la pifte , être dans la droite voie d'un gibic.
En ce lens il fe dit aulîi, figurément, d'un homme ,
qui, dans une délibération j dans une converfation ,
laifit vivement une idée , une ouverture , la foie
vivement , & tâche d'y taire entrer les autres.
Empaumé , ee. part.
EMPAUMURE. f. f. Terme de Vénerie C'eft le haut
de la tête d'un vieux cerf , ou chevreuil, qui ell
large & renverfée j & où il y a plufieurs andouil-
liers. Cervinorum cûrnuumin digltatam palmam deji-
gnatio.
Empaumvre , eft auffi un terme de Gantier. C'eft \x
partie du gant qui prend depuis la tente des doigts
jufqu'au pouce, & qui couvre toute la paume de la
main. Pu/ma, vo/a. Voila une empaumure bien faite.
EMPEAU. f. m. Ente en écorce. Pomey. Ce mot qui
fignifie gretterdansla peau ou dans l'écorce, commç
la greffe en couronne ou en éculïon j n'eft plus d'u-
fage. f^o) e\ le mot Greffe -
EMPECHE, vieux I. f. Empêchement. Impeiïmentum ^
Obex.
Le veux-tu vif tirer hors du cercueil ,
Pour àjonbien mettre empêche 6* défenfe. Mar,
EMPÊCHEMENT, f. m. Oppofition , obftacle. Im-
pedimentum. On a formé un empcchement à la récep-
tion d'un tel en la charge de Prélident. Il faut que
les Grands lurmontent tous les empcchemens exté-
rieurs pour connoître la vérité. Nie. Ce Capitaine
a palfé les monts j malgré tous les empcchemens que
les ennemis & la nature y avoient oppofés. Il faut
mofurer la vertu par la grandeur des empcchemens
qu il falloir vaincre. Nie.
fjZT Nous avons déjà remarqué , au mot difficulté^
les nuances particulières qui diftinguent ces deux
tej;mes, obstacle j & empêchement. L'objlacle arrête,
il fe rencontre proprement fur nos pas , & barre
nos démarches. L'empêchement réfifte, il femble mis
exprès pour s'oppofer à l'exécution de nos volontés.
Il tait entendre quelque chofe qui dépend d'une loi
ou d'une force iupérieure. La proche parenté eft un
empêchement au mariage , que les lois ont mis &c que
les lois peuvent ôter.
Empêchement, f. m. Terme de Droit en matière de
mariage. Impedinicntum. Par le mot à' empêchement
en matière de mariage , on entend tout ce qui peut
rendre le mariage nul, ou illicite. Conf. i>'Ang. Il
y a deux fortes &empcchemens \ les uns qu'on ap-
pelle dirimans , parce qu'ils rendent les perfonnes
dans lefquelles ils fe rencontrent , inhabiles à con-
traéfer \ les autres qu'on nomme prohibitifs ou em-
pêchans , parce qu'ils rendent feulement les per-
fonnes contraébantes criminelles , fans nuire à la va-
lidité du mariage. Id. On compte douze empêche^
wc;?j dirimans. i°. L'erreur ou la furprife quand à
la perfonne. x° . La furprife quant à l'état ou à la
condition des perfonnes. 5°. Les vœux folennels de
chafteté. 4°. La parenté en certains degrés. 5". Le
crime , c'eft- à-dire , l'homicide & l'adultère en cer-
tains
EMP
rains cis. 6°. La différence de Religion. 7°. La vio-i
ience. 8°. L'engagement dans ks Ordres facrés. 9".
Un premier mariage fLibiillanr. lo*. L honncteté
publique- 11°. L'atiinité en certains dégrés. ii''.
L'impuillance. Id. Ou les comprend dans ces vers
techniques.
Error 3 condhio , votum , cognado j crlmcn.
Cultûs difparitas , vis , ordo j iigamen, honejlas ,
^cas j ajjines j k dandejlinus & impos j
Kapuquejît muiicr , nec parti reddita tuc£.
H<zc Jocianda vctant connubïa , facla rctraclant.
\
Quant à ceux que ces vers marquent de plus que
les douze dont on vient de parler , voici ce qu'il
faut obferver. Le Concile de Trente a ajouté deux
autres cmpcchemens dirimans , qui fubfil1:ent dans
les lieux où ces Décrets font en ufage ; favoir , le
rapt &laclandertinité. Quelques Auteurs ajoutent la
démence. Conf. d'Ang. Les mariages contraélés en-
tre des impubères font encore nuls. L'affinité qiii fe
contraébe par l'adoption n'ell qu'un empêchement Aq
bienféance pour le mariage. G. G.
On ne reconnoît en France que quatre empcche-
mens prohibitifs, qui foient en ulage: favoir , la
défenfe qui a été taite par un fupérieur légitime de
procéder à la célébration du mariage , le temps peu-,
dant lequel les mariages font interdits j l'engage-
ment qu'on a contraété par des fiançailles avec quel
que autre perfonne \ le vœu fimple de charteté ou d'.-
Religion. Id.
EMPÊCHEMENT DE LUMIERE. Terme d'Aftrologie.
Objlaculuin. l\ y a empêchement ds lumière, lorl-
qu'une planète tardive fe trouve entre deux véloces.
fMPÊCliER. V. a. S'oppofer à quelque chofe appor-
ter quelque empêchement. Impedire, oh/Iure.La pé-
'iiultième de ce mot eft très-longue. Nos plaiiirsle
choquent Se empêchent l'un l'autre. Mont. Si on ne
veut pas faire du bien, il ne- faut pas empêcher que
les autres n'en falTenr.Le ProcureurGénéral qui con-
fent l'entérinement d'une Requête dit , je ne ïem-
p'êche pour le Roi. Non ijitercedo , nihil moror. Une
faifie empêche qu'on ne fdit payé. Ts.i'empêchere:;-vou'^
de maudire des avaricieux ? KIoliere.
Du Cange dérive ce mot de impechiare , qu'on a
dit dans la balFe Latinité en la même fignificacion.
D'autres le font venir de »r«"/iV_, qui veut dire un la-
cet, des filets. Guichart trouve que le mot empê-
cher approche du mot Hébreu ppn , retenir, arrêter.
La première étymologie eft la plus naturelle j & la
feule vraifemblable.
Empêcher, avec le pronom perfonnel, fignifie j s'ab-
teinr , fe défendre. Abjlinere , contincre , recufare.
l! ne pouvoir s empêcher Auxiq. Les Philofophes ne
inépnfoient point la mort j ils alloient de bonne
grâce où ils ne pouvoient % empêcher d'aller. Ro-
CIIEF.
Empêcher j fignifieaulîî, EmbarrafTer , occuper. Difti-
nere , occupare. C'eft un homme qui a de grands
emplois j qui l'empêchent de vaquer à (es affaires
propres. Et , au contraire, on dit d'un fainéant qui
ne fait où aller, ni à quoi s'occuper , qu'il efl: fort
empêché Aq fa perfonne.
Empêcher , fe dit aulli à l'égard des chofes inanimées.
Le reffort de cette montre ne va pas , il y a quelque
chofe qui l'empcche d'agir. Le vent contraire nous
empêche d'entrer dans le port. Les digues, les levées
empêchent les inondations. Il a une fluxion fur le
bras qui l'empêche de s'en fervir. On .appelle une
manœuvre empêchée , une manœuvre embarraffée :
cela approche plus du Latin impeditus , qui figniiîe
la même chofe-
Empêché , ée. part.
Jeunes cceurs font bien empêchés
A tenir leurs defirs cachés. La Font.
Etre empêché à quelque chofe , expreflîon à peine
foufferte dans !e comique.
Terne III.
E MP 66^
On dit d'un homme qui s'intrigue , qui fe fait
valoir, qui le mêle de bien des chofes, qu'il fait
bien l'empêché.
On dit,proverbialement , Un homme empêché ds
ùi perfonne , de la contenance , pour dire , Un
homme qui eft dans un grand embarras d'efprit, ou
limplement j qui ne fait comment fe tenir.
EMPEIGNE, f f. Terme de Cordonnier. C'eft le cuir
de dellus d'un foulier , qui s'étend depuis le cou
jufqu'au bout du pied. Superius calcei corium, objlra-
gulum J tcgmen.
EMPELLEMENT. f. m. C'eft la même chofe que lan-
çoir :, vanne, palle , «Sec. car on l'appelle différem-
mecc félon les divers pays. Foye- ces mots. Il y a
des empellemens aux biez des moulins , aux eclu-
fcs , aux étangs j &c. \J empellement d'un étang on
d un lac,eft la palle ou bonae qui felève& fe baille,
pour hure forcir ou retenir l'eau. Pai/a. \Jn Pécheur
ayant abailfé les vannes ou empellemens d'an de ces
lacs, afin de mettre la rivière à fec, pour pouvoir
pêcher des truites, & n'ayant pu, étant feul , re-
lever ces empellemens , le lac fe remplit tellement ,
que l'eau emporta les éclufes. Gaultier. Traité de
la conjlruclion des chemins.
EMPELOTE. adj. m. Terme de Fauconnerie , qui fe
dit d'un oifeau qui ne peut digérer ce qu'il a avalé ,
parce qu'il a dans l'eftomac un peloton de poils , ou
de plumes. Pr&focatus. On lui tire ce peloton avec
un ler qu'on nomme defempelotoir. Quand la même
chofe eft arrivée aux chiens ,on dit qu'ils font crof-
fés; (Se pour les poules on ditannouées,ouangouées.
NicoT , fur le mot Annouer.
§CJ"On ditauiîi, iempclotter. Cet oifeau s'empc-
lotte.
EMPENNACHER. Foye^ Empanacher.
EMPENNE, f.f. Vieux mot. Ailerons de plumes que
l'on met aux côtés d'une flèche , pour la faire aller
droit. Penna , pinna Vo\e\ Empenner.
EMPENNELLE. f. f. Terme de M.-.rine. Petite ancre
que l'on mouille au-devant d'une groffe. Brevior
anchora. Il y a un petir cable cjui la tient , & ce ca-
ble eft attaché à la grode ancre , afin que le vailFeau
foit plus en état de réfifter au vent.
EMPENNELER. y^i/ii'e/'e^/vvwrem anchoram. Terme
de Marine. C'eft mettre une petite nncre au-devnnt
d'une gfofle, pour empêcher la grolle de calfer. On
empennelle diftéremment lorfqu'on eft mouillé , &
lorfqu'on eft .à la voile. La manœuvre a été enfeignée
par Â^I. de Tourville: lorfqu'on eft mouillé, il faut
que l'orin de l'ancre ait tout au moins le double de
brafles du fonds où l'on eft : la bouée étant défrnpée,
il faut étalinguer le bout de l'orin fur une petite an-
cre à touer ; & , lorfque la mer porte en avant de
l'ancre J il faut y porter l'ancte à touer, qui, étant
mouillée, foulage & empêche de calfer. Mais , pour
empennelerane ancre lorfqu'on eft à la voile , il faut
étalinguer l'orin qui eft fur la patte delà grofle an ■
cre, & une ancre à touer , où il y aura une petite
manœuvre en guile d'orin ; Se tenir hors du bord
prêt à mouiller : lorfque toutes les voihs feront cat-
guées J il faut venir au vent du coté que l'on veut
mouiller, & border l'artimon ; &, quand le navire
eft amorti, il faut lailTer l'ancre à touer, &: ne mouil-
ler la grolFe ancre que lorfque le grelin de l'ancre à
touer commence à faire force & à roidir. De cette
manière la grolTe ancre fera empennelée,Sc ne pourra
cafter.
EMPENNER. v. a. Les deux n fe prononcent. Garnir
une flèche de plumes pour la conduire en l'air, &: la
faire aller plus droit. Pinnis infiruere j munire. Em-
penner une flcche.
Empenne , ée. part. Pennatus , pinnatus. Il eft aufli en
ufage en termes de Blafon. Son compofé eft defem-
penné. Foye-{ ce mot.
Ce mot vient dêimpennare ■, de penna.
EMPENNON. f. m. 'Vieux mot. Les plumes qui
éroientà l'extrémité d'une flèche. Sagitt&pejma, ou
pluma.
EMPEtUDOR. La Punta dd Empcrador , c'eft-i-
Pppp
656
E MP
.dire , la pointe ou le Cap de l'Empeieuf ; Cap du
E.oyauine de Valence en Eî'pagne , entre Dénia &
le Cap Marcin. Capuc Impcratoris. C'elt le Dia-
jùum Promontorium des Anciens. Promontoire de
Diane.
EMPEREUR, f. m. Imperator. Ce mot, formé dii La-
tin i/Tz/per^îre, du .temps des anciens Romains lîgni-
.fioit feulement un Général d'armée \ mais depuis il
a lîgnihé un Monarque abfolu , un Chef qui com-
mande à un Empire , qui tient le premier rang entre
les Souverains. Un Empere:irKomixu\. Néron enten-
dit raillerie fur fes vers , &: ne crut pas que l'Empe-
reur dm Tpzendta les intérêts duPocte. Bon. Si le ti-
tre d'^OT/^^rcw/' n'ajoute rien aux droits de la fouve-
raineté , c'eft pourtant une prééminence dans le
•monde, qui élève ceux qui en l'ont revêtus au faîte
des grandeurs humaines.
Empereur. Titre qu'on donne aux Souverains de
certains pays. Empereur de la Chine. Empereur du
Japon. On donne encore ce nom au Kan des Tar-
tares , au Sultan des Turcs j au Czar des Mofco-
vites , &à d'autres qui portedent beaucoup plus de
terres j que n'en comprend l'Empire d'Allemagne.
En Occident ce nom ell particulièrement reftreint
à celui qui a été choifi par les Eledeurs de l'Empire
Germanique. Charlemagne reçut du Pape Léon IIL
le titre à'Empereur , dont il avoit déjà toute la
puillance. L'autorité de l'Empereur lur tous les Etats
qui compofent l'Allemagne, conlille à préiider aux
Diètes Impériales, comme Chef de l'Empire : fa
voix feule peut empêcher toutes les rélolutions de
la Diète. Tous les Princes & Etats de l'Empire font
obligés de lui faire foi &C hommage , & ferment
de fidélité : il a le droit de faire commander par
fés Généraux les troupes des Souverains d'Allema-
gne lorfqu'elles font réunies. Il reçoit de tous les
Princes & Etats de l'Empire une efpèce de tribut
nommé le Mois Romain ; mais d'ailleurs il n'a ni
terres , ni domaine. Il n'a pas le droit d'y faire des
lois : le pouvoir légiflatif réiide dans tout l'Empire
dont iln'eftque le repréfentant. CommQ E mpereur ,
il ne peut faire ni guerre , ni paix, ni coutraéler au-
cune alliance , fans le confentement de l'Empire ;
mais , dans les guerres qui ont été entreprifes de l'a-
veu du Corps Germanique , on lui accorde les fom-
mes nécelTaires , Se c'eii là ce qu'on appelle Mois
ïiûmains.
Les Empereurs prétendent que la dignité Impé-
ïiale eft plus éminenteque celle des Rois : mais on
ne convient point de cette ptérogative. Les abfolus
Monarques , ceux de Babylone , de Perfe , d'Affy-
rie , ont eu le nom de Roi dans toutes les langues
anciennes ou modernes.
L'hiftoire ^ la première inftitution du titre d'fw-
pereur nows fontconnoître combien il eft inférieur à
celui de Roi, qui eft bien plus augulfe. Le titre
^Empereur , tandis que la République Romaine
fublîlla , étoit une qualité que les foldats Romains
déféroient à leurs Généraux ^ à l'occafion de quel-
que avantage remporté fur l'ennemi. Cicéron fut
falué Empereur par l'armée qu'il cominandoit. après
qu'il eut mis en fuite quelques Barbares dans fon
Gouvernement de Cilicie. Sous les premiers Empe-
reurs la fignification de ce titre ne fut point changée:
il ne donnoit aucune prééminence. Augufle & Ti-
bère, fuivant l'ancienne coutume, permirent que^
ce titre fut déféré par les légions à leurs Généraux ;
ou ils l'accordèrent eux-mêmes , comme Tacite le
remarque en particulier de Blœfus. Le même Au-
teur tait fcntir la politique d'Augulfe , qui évita les
litres éclarans de Roi & de Diétateur , s'étant con-
tenté du nom de Prince du Sénat , c'eft-à-dire , de
premier Sénateur , & qui conferva toutes les mê-
iTies apparences & les mêmes Magiftratures. Tibère
vouloir que tout fe fît au nom des Confuls j com-
me du temps de la République j &c il n'allèmbloit
le Sénat qu'en vertu de la puilfance Tribunicienne,
qui lui avoit été conféréepar Augulle.Tibère fit des
cxcufes à Q. Haterius, de ce qu'en qualité de Se-
E MP
nateur il foutenoit un fentiment oppofé j &: il
poulfa la diffimulation jufquà appeler les Sénateurs
les maîtres. Ayant été appelé Seigneur par un Ci-
toyen j il le pria de ne lui plus donner un nom qu'il
ne pouvoir regarder que comme une oftenfe. Suc
ces principes tirés de la véritable conllitution de
l'Empire Romain , qi^elle comparaifon du titre
à'Empereur à celui de Roi , porté par les Cyrus &
les Alexandres î De S. Aubin , Antiq. de la Nat. &
de Li Mon. Eranc.p. spS. & Juiv. Quoi qu'on en di-
fe , les médailles tont fentir de la difiérence entre
le titre d'i;/«/'e/'e'^r donné aux Augulles, aux Tibè-
res & à leurs fuccelfeuis : Imp. Tiberius Avg. &
TisERivs Imp. & jamais Imp. Blas. Le premier ti-
tre s'acquéroit plulieurs fois j & l'on étoit Imp. IL
Imp. III. IV. V. &c. quand on avoit remporté
deux , trois , quatre & cinq viétuires célèbres. Par
cette raifon Augulte fut appelé Empereur vingt fois.
L'autre étoit Imperator , tout court , & titre tou-
jours conllant. Ce titre fequittoir & finilfoit quand
onn'étoit plusà la tête des Armées. Celui-ci ne fe
prenoit qu'une fois , & continuoit toujours fans in-
terruption.
IJCT Je fais bien qu'on fe fert ordinairement du
mot Empereur j en parlant du titre d'honneur que
les foldats Romains déféroient à leurs Généraux pan
acclamation , après une viètoire fignalée. Mais n'eft-
ce point un abus d'exprimer par un nom commun
le Chef de la République, & le Chef d'une Armée.
Ne vaudroit-il pas mieux conferver le nom Latin j
comme nous le faifons dans bien des occafions , &
dire, Cicéron fut fa.\ué Imperator , après l'expédi-
tion de la Cilicie j ou fe fervir au moins d'une péri-
phrafe pour éviter l'équivoque.
fer La dignité d'Empereur, réunie dans une feula
perfonne par Jules-Céfar , fut héréditaire fous fes
trois premiers SuccelTeurs , Oétave-Augufte , Ti-
bère & Caligula:maisjaprèslamort de celui-ci, elle
devitt éleébive , & les armées ufurpèrent fouvenc
fur le Sénat le droit d'éleélion.
Les Empereurs ont quelquefois érigé des Royau-
mes , comme on dit que ceux de Bohême & de Po-
logne l'ont été, L'Empereur Charles leChauve donni
l'an 877. la Provence à Bofon , lui mit le Diadème
fur la tête , & le fit appeler Roi j un more prifcorurn
Imperatorum videretur dominari. UEmpereur Léo-
pold érigea en 1 701. la Prufle Ducale en Royaume,
en faveur de Frédéric , Eleéieur de Brandebourg.
D'abord quelques Eleéteurs , la France , l'Efpagne ,
& leurs alliés , s'y opposèrent j mais, en 1713 , à
la paix d'Utrecht , la difpofuion que l'Empereuc
avoir faite fut ratifiée & confirmée.
Les Rois de France fe font dits Empereurs dans
le temps qu'ils règnoient avec leurs fils , qu'ils
avoient alfociés à leur Couronne. Hugues Capet j
ayant alfocié à la Couronne Robert fon fils , prit le
titre d'Empereur , & Robert fe nommoit Roi. ..^
L'Hiftoire du Concile de Reims de Gerbert lui don- '^
ne ce titre. Le Roi Robert eft appelé Empereur àss
François par Helgau de Fleury. Louis le Gros ayanc
alfocié fon fils en ufa de même. Eude eft aulli appelé
Empereur dans un vieux document rapporté dans
ÏHifloire de la Marche d'Efpagne de M. de Marca 3
col. 373. Dans le premier regiftre des Chartres du
Roi, fol. 166. fe trouvent des Lettres de Louis le
Gros , de l'an 1116. en faveur de Raymond , Evê-
que de Maguelonne , dans lefquelles il fe qualifie ;
Ludovkus Del crdinante Providentiâ Francorum Im-
perator Augufius.
Le Roi de France eft appelé préfentemeut , fur-
tout dans les pays étrangers , Empereur de France ,
ou des François , parce qu'il eft Souverain indé-.
pendant, & eft le Prince de tout l'Occident qui a 1©
plus d'autorité , le plus d'empire.
On appelle auflî dans les Collèges, Empereur d'O'
rient j Empereur d'Occident, les Écoliers qui ont les
premières places de la clalfe.
Empereur. Graad poiflça de mer qui relTemble a»
E M P
Càrcharias. Il a , au bout de fon nvjr.-aii, îtn corps
long & plat , formé en peigne , olleux , dur oc allez
tranchant. U s'en fert pour fe détendre contre les
autres grands poillbns, & pour attaquer ceux qui
font plus petits. Quelques-uns le mettent encie les
efpèces de Xiphias. On en trouve dans la Méditer-
raaée , & dans la mer des Indes Occidentales. U le
nourrit de petits poufons. Sa chair ell trop dure &
trop difficile à digérer pour en pouvoir manger. On
appelle auiîi ce pollFon ^fpadam & ejpudo.
EMPERIÈRE. Vieux mot , qui lignifi- j Impératrice.
Imperacrix , lie^'ina. On diiou '■'nipérière autrefoisj
non -feulement au propre pour la femme de l'Em-
pereur, maisaulli pour les chofes du genre fémi-
nin, qui avoient quelque autorité, prééminence ,
excellence. La charité eft \'Empérière de toutes les
vertus ; on a dit aufli Empertris. Nicot fe plaint de
ce que les François de fon temps quittoient le mot
A'hmpérLire , «qui lui paroilloit avoir une terminai-
fon plus Françoife , pour dire Impératrice , qui étoit
plus Latin que François j & qui avoir bien moins
de rapport au malculin Empereur. Cependant le
mot t.mpénère eft maintenant hors d'ufage , & on
ne dit plus qu'Impératrice .• mais, dans le ftyle plai-
fant & burlefque., on dit encore Empérière , & mê-
me Empérier j quoique- par une licence plus gran-
de , ce dernier mot n'ayant point été en ufage: c'ell
un de cesmotsqueles Auteurs forgent & emploient,
quand ils croient que leur fujet le demande. Le très-
puilTant £'OT/'eVierde l'Indouftan , à la plus parfaite
Princeiïe , Ludovife Empérière de Sceaux. Divert.
DE Sceaux.
Rime f/w^jeVière, dans les anciens Poètes François,
«toit une efpèce de rime couronnée , dans laquelle .
la fyllabe qui faifoit la rime , étoit précédée immé-
diatement de deux fyllabes femblables & de même
terminaifon. On l'appeloit time couronnée Empé-
rière , à caufe qu'elle avoir trois terminaifons fem-
blables de fuite , qui faifoient une efpèce d'écho ,
qu'on appeloit triple couronne. Il faut avouer, à la
honte de notre nation , que les plus fameux de nos
anciens Poètes avoient le front de trouver cela très ■
beau. Le P. Mourgues en rapporte, àxns £on Traite
de la Poéjie Fruncoije j un exemple très-propre à
nous faire méprifer le miférable goût de cette An-
tiquité, qui n'auroit pas cru qu'on pût plus merveil-
leufement exprimer que le monde eft impur , per-
vers iSc fujet au changement qu'en difant ,
Qu'es-tu qu'une //Tzmonde , monde , onde?
C'étoit là la couronnée empérière , dont on vou
lut marquer le mérite avec ces deux mots. M. Mé-
nage rapporte un endroit de V^rt poétique de Char
les Fontaine , qu'il eft bon de mettre ici. Rime
Empérière j dit fontaine , cejl une efpèce de cou-
ronnée , & eft dite Empérière, /Jarce quelle a la triple
couronne. Cette ne Je fait que d'une fyllabe répétée
deux fois f.mple après le mot quelle couronne'^ de cette
lia point ufé lMarot,ni les célèbres Poètes de ce temps\
pour cela fuy-je contraint de t en donntr vieil ^ & j'ai
peur que lourdtxemple.
En grand remorà mort mord
Ceux qui parlais fais fais.
Ont par e/fort fort fort.
De Clers & frais rais rês.
EMPESAGE, f. m. Manière de blanchir , d'apprêter
le linge avec de l'empois. Amyli dilutio. Vempefage
de ce linge eft trop fort.
C'eft aullî l'aÛion d'empefer. h'empefage lui a
gâté les mains. Acad. Fr.
FMPESCHEMENT. Foye- Empêchement.
EMPESCHER. Foye^ Emi>êcher.
EMPESEMENT. f. m. Linï rigor ex amylo.
EMPESER. V. a. Appliquer de l'empois fur du linge
pour le rendre plus ferme. Amyli diluto linerejinire
*mylQ diluere j indurare linteum. On doit empefer
E M P 667
les rabats j les manchettes. On empéfe aufli quel-
ques toiles ou étoft'es avec des gommes , toiles que
le treillis , le bougran. Le hnge empefe le féchc fur-
la platine.
On dit , en termes de Marine, Empefer la voile j
eu iilonillcr la voile , lotfqu ou jette de 1'ea.a uef-
lus J afin de lui faire picndrc mieux levant. Car,
lorlqu'elle eft ufée , ou qu'il fait une grande cha-
leur 6.' ncherclfe, la toile eft li claire pai les cueilles
du milieu, que le vent paie à travers, ik ne faiE
point d effet contre elle; mais, en la mouillant, ou
empejant , fon tilfu fe reilèrre , l'eau remplit les
pores J ou les petits trous , &C léfilte au vent , arrête
le vent ; ce qui lui fait faire plus d'impreliion lue
la voile.
Ce mot vient de impiciare, fait de la particule i/7j
& de pix , d'où l'on a fait aullî impicium , empois.
Mais il y a plus d'apparence qu'il vient A'umpis ^
vieux mot Celtique , ou Bas -Breton, fignilîant
empois. Ménage.
Empesé J ÉE. part. & adj. Rabat empefe, manchettes
empejées. Amylo maccratus , dilutusj incrujiatus ,
rigens.
ïjCF Empesé, ée, fedit au figuré. Homme e/n/'eyè', qui
a un air trop compofé j des manières aftedtécs , peu
naturelles. Style empefé \ ftyle guindé , qui n'eft pas
naturel , où il y a une trop grande affeéla&ion d'ar-
rangement, de pureté.
ffT Ecartons la Mufe empefée ,
Qui , fe guindant fur de grands mots ,
Préfide à la profe toifée
Des Poètes Collégiaux.
|13* On le dit auflî fubftantivemenr. Il femble
que le goût des belles chofes s'émouHe par l'habi-
tude y on cherche de nouveaux allaifonnemens pour
le réveiller : on ne vife qu'à l'efprit : on le leme
par-tout à pleines mains; on farde la nature , on la
pare au gré d'une faulTe délicatefte , on y veut de
V empefé , de la pointe, du miftère : déptavariou
de goût dont il eft aufli difficile de fe défaire que de
la grollièreté même.
EMPESEUR , EMPESEUSE. f. m. Celui ou celle qui
empèfe.
On a appelé un Auteur, en qui l'on prétendoic
qu'il y avoit plus d'art & de contrainte que de natu-
rel , XEmpefeur des Mufes.
EMPESTER. V. a. Prononcez Xs. Pefte inficere. Appor-
ter la pefte en quelque lieu. Infeélerd'un mal con-
tagieux. Un vailfeau d'Orient eft venu empefter le
Royaume. On interdir le commerce avec les villes
empefiées. On le dit parextenlîon des chofes puantes
& corrompues. Quand on cure cet égout , il empefte
lesmaifonsvoifines. Voilà une viande puante, qui eft
capable d'empefer un corps. Fi , ne m'approchez
pas, votre haleine eft e/7;/7f//ee. Mol.
Empester, fe dit, figurément, en chofes morales,
des mauvaifes doctrines. Les différentes Sedes du
Chriftianifme s'accufent les unes les autres d'avoic
empefté le inonde de leurs héréfies.
Empesté , éf. parr. Pefte injeclus.
EMPÊTRER. V. a. Embarralferles jambes par quelque
chofe qui empêche de marcher. Impedire crura, prt-
pedire , intricare , conjicere in tricas. On le dit au
propre des beftiaux qu'on met dans les pâturages ,
auxquels on attache deur jambes cmfemble , pour
empêcher qu'ils ne s'éloignent.
On le dit auflî des chevaux de carrofles, ou de
charrette , qui s'embarralTent les pieds dans leurs
traits. Ondépêtre, on démêle un cheval c^/'écr<r. On
le difoit auliijpar extenfion,des hommes qui s'em-
barraffoient les jambes par de grands canons. Les
François fe plaifoient autrefois à avoir les jambes
empêtrées Se embarralFcss.
Empêtrer , fe dit , figurément j en chofes morales ,
de toute forte d'embarras ou ensagemens. Cet
homme s'eft empêtré d\xnQ femme, d'un ménage. Il
eft familier.
P p p p ij
66^
EMP
£MPÊTRH , ÉE. part. . /. I
^MPÈTRUM. f. m. Empetrum. Plante qiu , félon
Diofcoride, croît dans les lieux maritimes, qui a
un goût falé, & qui putgcles humeurs flegmatiques
èS: isiiieafes : il n'en dit pas autre choie. Quelques-
uns croient que c'ell une efpèce de g^rou, que C.
:Bauhin appelle thiemUa foins kalï laimgiao/isfaifis.
L'^/«/jeOT/« d'aujourd'hui, félon M.deToutnetort,
hlcmens de Botan. 450. eft une plante qui reiremble
par Ion feuillage à nos bruyères communes \ mais
les fleurs font des bouquets à éramine qui ne lalifent
aucun fruit. Les fruits naillent féparement fur les
mêmes pieds qui' portent les fleurs. Ces fàuits font
des baies qui renferment deux ou trois oflelers , ou
quelques graines menues. Il y en a deux efpèces :
l'une a lesYruits noirs , l'autre les a blancs ; & ce
dernier le trouve fur-tout en Portugal dans les lieux
fablonneux. M. Tournefort appelle l'un empetrum
montanumfruclu ntgro ^ & l'autre Speteium Lujitani-
cumfruclu albo.
IJ empetrum 3 pour le déciire exadement, eft une
plante que Ton rangeoit autrefois parmi les bruyères.
Elle en diftère cependant par les fleurs, qui lont des
bouquets d'étamine , & qui ne laillent après elles
aucun fruit. Ses tiges font ligneufes , fes kuilles me-
nues. On trouve dans les montagnes d'Auvergne
une efpèce de ce genre : elle elf couchée par terre ,
&c rampante ; fes baies font noirâtres. Empetrum
mùiuanum fructu nigro _, Injl. R. herb.
Ce mot vient du Grec '» , & a-ir^of pierre , parce
que cette pUntecroîc fur-tout dans les endroits pier-
reux.
EMPHASE, f. m. Terme de Rhétorique. Emphafis.
Ivianière pompeufe de s'exprimer & de prononcer.
Ainlî j il y a emphafe dans l'expreflion j dans le ton
de la VOIX & dans le gelle. Cet Orateur parie avec
emphafe , tous fes mors font pleins d'e.72^/z<{/£f. Cette
périocle doit être prononcée avec emphafe.
Ce mot fc prend , ordinairenaent , en mauvaife
part. On ne prérend pas louer un homme quand on
dit qu'il y a de Vempkaje dans fon difcours ^ dans
fon gerte, ou dans le tonde fa voix. Quel plus grand
fupplice que d'entendre prononcer de médiocres vers
avec toate V emphafe d'un mauvais Poifre. La Br.
Ceux qui font accourûmes aux langues Orientales ,
ne fe laiflent point éblouir à leurs emphafes , & à
leurs termes pompeux.
Reprime\de vas mots V ambiticufe emphafe. Boil.
IMPHASÉ, ÉE. adj. Plein d'emphafe. Tumidus, tur-
gidus. Ce mot eft de la façon de Roulleau. Dans le
ftyle badin & familier , on peut dire avec lui ,
Que les grands mots & le ton emphafe.
Aufen^ commun n'ont jamais impofé.
Rousseau. Ep. Vil.
EMPHATIQUE, adj.de t. g. Qui ade l'emphafe. £",72-
phaticus 3 vehemens , magnijicus. Difcours empha-
tique. Air emphatique. Prononciation emphatique.
Si tout votre difcours n'efobfcur, emphatique ,
On fe dira tout bas : cejl là ce bel efprit ?
Tout comme une autre elle s'exfl que.
On entend tout ce quelle dit. Des Houl.
EMPHATIQUEMENT, adv. D'une manière empha-
tique. Vehementer, exaggcratè , magnifiée. Cet Ora-
teur parle toujours emphatiquement^ a un ftyleélevc,
pompeux : d'une énergie outrée.
Ce mot vieut du Grec t|«ç«<7-(r.
EMPHRACTIQUE. adj, Terme de Pharmacie. Em-
phraclicus. Voyei EMPLA5TIQUE. C'eft la même
chofe.
Ce mot vient du CKc^fit^^uTru^ je bouche.
^ EMPHYSÉMATEUX , euse. adj. Qui a rapport
à îcmphyfême , qui eft de la nature de l'erophylè-
rne. J'oy. l'article fuivanr..
EMP
EMPfiYSÊME. f. f. Terme de Médecine. Emphyfema.
M. Dionis écrit emphijcme , quoiqu'il écrive em-
pycmc: aujourd'hui on retranche allez fouvent l'y
des mots qui doivent en avoir un fuivant l'étymolo-
gie. L'emphyfème eft le gonflement de l'habitude
extérieure du corps , produit par l'air qui eft ren-
fermé fous h peau y ou par toute autre matière fla-
tueule ramallce dans cjuelcjue partie du corps. Ce-
pendant, on appelle, particulièrement, tumeur
emphyiémateufe celle dont le hège n'eft qu'une par-
tie de la lurface du corps.
Ce mot vient du Grec j/4<?-V);k«^ q^ù fignifie la mê-
me choie. d)!/V,, Jiùtus,
EMPHYTÉOSE. 1. f Terme de Jurifprudence. Bail
d'héritages à perpétuité , ou à longues années , à
charge de les cultiver, dô les améliorer, & d'en
faire un certain revenu. Emphyteufis , fundi fierilis
in cultura gratiam perpétua loca'tio. Vemphythéofe eft
différente de la vente , en ce qu'elle ne transfère
que le domaine utile, & non pas la propriété : elle
elt auiîi diiîérente de la location qui fe fait ad brève
tempus, !k dans laquelle on n'eft tenu que des répara-
tions locatives. Voy. Location. Lemphytéofe étoit
d'abord temporelle chez les Romains , & enfuite
elle tut perpétuelle. Foy. Loifeau. Les emphytéofes
font des beaux au-deftus de dix ans jufqu'à quatre-
vingt-dix-neuf ans. Les emphytéofes font des efpè-
ces d'aliénations j & doivent des profits de fief.
Ce niot vient du Grec f,"<pu'r£oe-/î qui fignifie ente ,
greffe , & par métaphore amélioration , parce qu'on
n'ente les arbres que pour les améliorer. On n'aliène
aulfi fon bien pendant quelques années par emphy-
téojé , qu'à condition de l'améliorer. Le vingtième
Canon du huitième Concile Général défend aux
Evcques d'orer les emphytéofes Eccléfiaftiques aux
particuliers , fi ce n'eft qu'ils aient demeuré trois
ans lans payer la rente, God.
EMPHYTiiOTE , ou EMPHYTEUTAIRE. f. m.
Terme de Jurifprudence. Celui qui a pris une em-
phytéofe , & qui a pris un héritage , ou à longues
années j ou à perpétuité. Emphytcutarius , emphy~
teuta , emphyteuiicus colonus. Le Droit François dé-
roge au Droit Romain & Canonique , en ce que
l'ernphytéote ne peut être expulfé de l'emphytéofe ,
faute de payer la rente pendant, deux ou trois ans ,
a moins que cela ne tût ftipulé par le contrar.
EMPHYTÉOTIQUE , ou Emphyteutique. adj. m.
ik f. Qui appartient à l'emphytéofe. Emphiteuti-
eus. Un bail emphytéotique. Une redevance emphy~
téotique cl\ une rente foncière d'héritages. Befoldus,
dans fon Tréfor, rappor.teceni Auteurs qui ont tra-
vaillé fur le Droit emphytéotique.
Avec la Parque , Dame antique ,
Qui de nos jours tient le cordon ,
J'ai fait pour vous , fous votre nom ,
Bail de vie emphytéotique. P. du Cerc.
Ces mots viennent du Grec ift^unUti , Inferere.
EMPIÉGÉ , EE. adj. m. & f. Qui eft pris dans un
piège. Unefouris empiégée, un renard empiégé, &c.
L'ufage du mot n'eft pas forr commun , Ik il n'y a
pas d'apparence qu'il le devienne.
EMPIERIER. V. n. 'V^ieux mot. Empirer.
EMPIERRER, v. a. Petrificare , lapidis formam In^
ducere. Ce mot fe trouve dans Poniey, ^a\xx. pétri-
fier, &c<i empierrer, pouvfe pétrifier.
S'EMPIERRIR. v. récip. Devenir pierre parfaite. La
pierre dans les carrières eft fouvent molle , &c ce!
n'eft guère que hors de la carrière qu'elle fe durcit,.
& s'empierrit tom-à-ùiz. M. Mongin, Dillertation
fur la pérrification d'un Epiploon.
EMPIÉTANT, Jpprehendens pedibus ,en termes de
Blafon , fedit de l'oifeau lorfqu'il eft fur fa proie ,
& qu'il la rient avec fes ferres.
EMPIÉTÉ , ÉE. adj. Pede infiruclus, celeripes. Terme
de Vétierie. Qui eft bien conditionné à l'égard des
pieds, qui a les pieds bons &: beaux. Un chjen bien
or-jiilc , bien empiété.
I
E M P
EMPIÉTER. V. a. Ufuiper, prendi-e quoique chofedu
bien d'aucrui. -yindicare, tnbuerejibi. Les Payians
qui labûiuent font fiijets à e/n/jifrtv quelques (îllons
lurlhéïicige de leur voilîn. Quand on a rebâti ce
mur, on a.empiecd fur mon héritage plus d'une toi(e.
On dit que la mer empicce lut les côtes , qu'une ri-
vière empiète , pour dire qu'elle prend lur le tcrrein
voifin. AcAD Fr.
Empiéter. Terme d'Aiitourferie, qui ledit des au-
tours, lorlqu'ils enlèvent îk e.Tr/'^'tft/if la proie. Pr.t-
damungu/bus illi^are , bnpUcare , irrecire, inuncare.
A l'égard des faucons, on dit qu'ils ralfomment ,
& la lient.
Empiéter une colonne, ou autre chore,c'erc lui donner
pied, lui pofer i'a baie , ou Ion picdeital. Pomby.
Bajvnftatuere^ fupponere, fciemparare cui incumhac.
Empiéter, fe dit , ligurément, en chofes morales j i?c
hgnihe entreprendre lut quelqu'un au-delà du droit
qu'on a. Voas empidce^ tous les jours lur moi j lur
ma charge. Prefque tous les Juges tâchent à'empietcr
fur la JurifJidlion des autres. Dès qu'un maître
foutfie que des valets empiètent fur fon autorité, ils
en abulent.
Empiété , ée. part.
EMP1FRER. V. a. Terme populaire, qui fignilie faire
manger excellivement, &; rendre excelllveinent gras
à lorce de faire manger & boire. Ingurgitare ,Jacri-
nare. Vous empijre^ cet enfant à force de lui donner
à manger. La bonne chère & la crapule l'ont cmpi-
fré à un point qu'il n'elt pas reconnoillable.
Ilfe ditaulfiavecle pronom perlonnel, & fignihe
fe remplir d'alimens, ou bien devenir excellivement
gras à force de boire l>: de manger. DljUadi , i/igur-
gitarefe. Il s'enipijra tellement à ce repas j qu'il en
mt malade. Ce goinrre s'ell bien empifre depuis
quelque temps. Cecte femme a gâté la taille , ts;
s'elt empijn par la bonne chère. Les entans sempi-
Jrent de pain & de beurre.
Empifré j ee. part. Jngurgitatus, faginstus.
EMPILEMENT, f. m. Terme d'Artillerie. Empile-
ment à<i boulets J de bombes & de carcalfes ; c'ell la
manière de ranger les boulets , .Sec. les uns fur les
autres. Aggejlus , aggeiatio.
EMPILER, v. a. Mettre plulîeurs chofes l'une fur l'au-
tre , en faire une pile. Aggerare , cuniulare. On em-
pile du bois dans les chanriers. Les Marchands de
bois flotté font obliges par l'Ordonnance de f;ùte
triquer leur bois, & de le faire e/7Z£'//er dans lents
chantiers féparcmentjfelon leurs différentes qualités.
Cet homme emplie fes livres aulieu de les ranger fur
des tablettes. Ce Marchand a des tapilTeries , des
étoffes empilées dans fon magahn.
Empiler. , fe dit aulîl , par les Jardiniers j du iun-yer
dont ils font des piles. Empiler du fumier.
Empile , ee. part. Aggefius.
EMPIRAME. f. m. Foye- EMPIRÊME , ou plutôt
EMPYRÈME^ car ce mot vient de -s^Hjeu. M. Hom-
betg, Acad. des Se. lyocj. p. zoS. dit empirame. Il
en eft venu d'abord le vinaigre chargé dune forte
odeur à'empirame : mais on dit empyrême.
EMPIRANCE. f. f. Terme de Monnoyeurs. Défec-
tuofité ou altération qui fe trouve dans la monnoie ,
foit à l'égatd du titre ou de l'aloi , foit à l'égatd du
poids , proportion , taille, cours j valeur de la ma-
tière , 8c c. Dije'dus , detrimencum , intertritura , in-
tertrimentum. Il y a une Ordonnance du Roi Jean _,
de l'an 1355. fur Vempirance des monnoies- On fait
V empirance en diminuant le poids , ou la bonté de
la matière , en furhaulfant le prix , en changeant
la proportion des métaux , en chargeant les efpèces
de traites excellives, &: en faifint fltbriquer (îgrande
quantité de bas billon & de cuivre , qu'on le reçoit
poui de bonnes elpècesd'or & d'argent.
Empirance, en termes de Marine , fe dit du déchet,
de la corruption ou diminution de valeur qui arrive
nux^ marchand! fes qu'on eft obligé de jeter de coté
& d'autre pendant le tempête. On le dit aulli de la
. corruption ou diminution qui n eft point caufée par
• un accident.
E M P 66c,
ffCr EMPIRE, f. m. Ce mot a chez nous plufreurs ac-
ceptions différentes , que nous allons expliquer,
i". Il marque l'efpcce j ou plutôt le nom paiticulier
de certains Etats , ce qui peut le tendre fynonvme
avec ie motde Royaume, i"^. Ilrenferme l'idée ^'un
pouvoir de gouvernement ou de fouveraineté ; ce
qui le rendfynonyme avec le mot de Règne. 3". il
marque une forte d'autorité qu'on s'eft acquife \ ce
qui le rend encore fynonyme avec les mots d'Au-
TORiTE & de Pouvoir.
Empire , Royaume. Etendue de pays qui font fous la
dotnination d'un Empereur : efpèce de Gouverne-
ment , ou nom particulier de certains États où \x
louveraine puiilance eft réunie dans une feule per-
fonne , qu'on appelle Empereur. Imperium. L'Em-
pire de Rome , ['Empire d'Orientj \ Empire d'Occi-
dent , l'Empire de Trcbifonde, l Empire du Mogol.
Tandis que la vertu des Romains fut folide Ik iné-
branlable, leur Empire fefoutint plus par fes mœurs
que par fes victoires ; & fa grandeur fut la récom-
penfe de fa fageffe. Fléch. Tacite a dit de Galba ,
que tout le monde l'auroit cru di"ne de l'Empire,
Sun avoit point cce Empereur.
L'£.7?p/redes Alfyriensa été détruit par lamoUelTè
de Sard.mapale j celui dus Perfes , par l.i trop grande
confiance que DaruisCodoman mettoitdans le grand
nombre de fes troupes mal aguerries j celui des
Grecs par le dém.embtement qu'en firent les Capi-
taines d'Alexandre; & celui des Romains par la non-
chalance de fes derniers Empereurs, tant en Orienc
qu'en Occident. Telle a été la caufe de la ruine to-
tale de tous ces Etats , qui ont t.int fut de bruit dans
le monde. Préface de l'ancienne Hijîoire profane de
M. Brunon de Saint Remy.
Quiconque pour l'Emane eut la gloire de naître ,
EJl un lâche s'il nofe uufe perdre, ou régner' CottiN.
De jour, de nuit, faire la fentinelle j
Pour le falut d' o.utrui toujours veiller j
Pour le public , fans nul gré , travailler ,
C'eji en un mot ce (qu'Empire j'appelle. Pybrac-
fjT" Empire & Royaume confidérés comme fynony-
mes différent 1". parles titre-s d'Empereur & de.
Roi qu'on donne aux Souverains qui l;s gouver-
nent, i*-'. Parce que le mot d'Empire fait naître l'idée
d'un Etat vafte, compolc de plulîeurs peuples; au-
lieu que celui de Royaume marque un Etat plus
borné, & fait fentir l'unité de la nation dont il elt
lormé. Tout le monde connoît la divetlîtc des peu-
ples & des nations dont l'Empire d'Allemagne ,
l'Empire de Ruilîe & ^Empire Ottoman font com-
pofés. Dans les Etats qui portent le nom de Royau-
mes, tels que la France, l'Efpagne , l'Angleterre, la
Pologne, &c. la divilîon en Provinces n'empêche
pas que ce ne foit toujours un même peuple , tS:
l'unité de la nation fublîfte, quoique partagée en
plulîeurs Cantons.
ifT Dans les Royaumes, il y a uniformité de
lois fondamentales; les vari.ctcs d'ufage n'y nuifent
pointa Tunité de l'adminiftration politique. Il n'y
a jamais qu'un Prince , ou du moins un Miniftcre
fouverain. Dans les Empires, une partie fe gou-
verne quelquefois par Aa lois fondamentales très-
diftérentes de celles par lefqutUesune autre partie
du même Empire eft gouvernée : ainlî point d'unité
de gouvernement. La foumillîon , dans cettains
cheis , au commandement d'un fupérieur général,
fait l'union de l'Etat.
fG" L'Empire Romain fut un Royaume tant qu'il
ne fut lormé que d'un feul peuple , foit originaire ,
foit incorporé. Le nom A'Empire ne lui convint, c*?;
ne lui fut donné que lorfqu'il eut fournis d'autres
peuples étrangers, qui, en devenant membres c!s
cet Etat , ne cefférent pas pout cela d'être des na-
tions diftérentes , fur lefquelles les Romains n'ét.i-
blirent qu'une domination de co;nmandement, bc
non d'adminiftration.
Empire , fe prend aulli pour le temps ^u'a régne uii
670
E MF
Trince. Sou-s {"Empire d'Alexandre , d'Augafte. Pé-
vard rapporte une chartre dans laquelle la première
année du rcgne deCharles-le-Chauve , elt appelée
la première année de fon Emplrt. Le règne du Roi
Lotliaire cil appelé i;/72pi/-<; , & l'an 98^, le 3 1 de
fon Empire. De Marca. HïJL de la Marche d'EJp.
col. 37j.
Empire j le dit aufli pour les peuples. Tout l'Empire
fe fouleva.
^ Empire, Règne, confidcrcs comme fynonymes.
Le mot à' Empire a une grâce particulière lorfqu'on
parle des peuples ou des nations. Régne convient
mieux à l'égard des Princes. Amfi, Ion à\xV Em-
pire des Airyriens & ï Empire des Turcs ; le règne des
Céfars, & le règne des Paléologues. L'époque glo-
Ticufe de VEmpire des Romains , eft le règne d'Au-
gulle. Syn. Fr.
§3" Le mot d'Empire s'adapte au gouvernement
domeftique des particuliers , aulli - bien qu'au
gouvernement public des Souverains. On dit
qu'un père a un empire defpotique fur les enfans j
qu'un maître exerce un empire cruel fur les valets ,
que la vertu gémit fous l'empire de la Batterie. Rè-
gne ne s'applique qu'au gouvernement public en
général. Une femme eft malheureufe fous l'empire ,
i>c non pas fous le règne d'un jaloux. De même , on
dit, dans le figuré , le règne , & non l'empire^ de la
vertu , parce que règne annonce un pouvoir général
fur tout le monde : ainfi , en parlant des amans qui
fefuccèdent auprès d'un même objets on qualifie du |
nom de règne le temps palTager de leurs amours j
parce qu'on fuppofeque chacun d'eux a dominé fui
tous les fentimens deiaperfonne qui s'eft fuccefli-
vement rendue. ^
On diftingae, entre les Antiquaires , les médailles
du haut & du bas Empire. Les curieux n'eltiment
que celles du haut Empire j qui commence à Célar
ou à Augufte j & finit à l'an 160 de Jésus-Christ.
Le bas Empire comprend près de 1 100 ans, fi l'on
veut aller jufqu'à la ruine de Conftantinople arrivée
en 1453. On diftingue deux âges du b.as Empire ;
Le premier depuis Aurélien juiqu'à Anaftafe , qui
eft: de 100 ans. Le fécond , depuis Anaftafe jul-
qu'aux Paléologues , qui eft de 1000 ans.
Empire. Ce nom dit a.hio\amQnz,l' Empire , de fans
rien ajouter^ fignifie l'Empire d'Occident , ou de
l'Allemagne que l'on appelle en sQ'ezl'Empire d'Al-
lemagne , & le S. Empire Romain dans les Ades.
Imoerium Germanicum, S. L R. Sacrum Imperiunt Ko-
m.'num. C'eft ce qu'on appelle encore autrement le
Corps Germanique. Quelques-uns prennent ^Em-
pire pour un Etat Monarchique j à caufe de l'obli-
gation où font tous les membre de {Empire de de-
mander d l'Empereur l'inveftiture de leurs Etats j
& de lui ptêter ferment de fidélité. D'autres pré-
tendent que c'eft une République, un Etat Arifto-
cratique , parce que l'Empereur ne peut rien réfou-
dre fans le concours des fuftrages des Princes \ qu'on
ne lui dernande l'inveftiture j & qu'on ne lui prête
ferment de fidélité, que comme au Chet de la Ré-
publique , & au nom de la République , & nulle-
ment au fien \ que les Ades ie fontà 'Venife au nom
du Doge J (ans que l'État de Venife foit une Monar-
chie. D'autres veulent que l'Empire foit un mélange
de Monarchie & d'Arirtocratie , parce que fi l'Em-
pereur agit fouverainement en certains cas, fes Dé-
crets n'ont p.int de force, fi les Etats refufent de
lesconfirnur -, mais ce n'eft pas-là agir fouveraine-
ment. Il l'en ble qu'on devroit plutôt dire que c'eft
un État Ariftodémocratique \ car la Diète , en la-
quelle feule réfide la fouveraineté , eft compofée
des Princes & des Députés des villes j & divifée en
trois Corps qu'on nomme Collèges , qui font , le
Collège des Èledeurs, le Collège desPrinces, & le
Collège des 'Villes.
On dit Diète de l'Empire, Cercles de l'Empire ,
Fiefs de l'Empire j Princes de l'Empire , Etats de
l'Empire. 'Ville deï Empire. Ban de l'Empire , Mem-
bres de l'EmpirC' Capiiulaçions de ï Empire , Re-
E M P
cefflis dal'Empire. Foyei Di^te , Cercle, Ban,
Capitulation, Recessus.
Les Etats de l'Empire font de deux fortes, iin-
médiats & médiats. Les Etats immédiats font ceux
qui relèvent immédiatement de l'Empire-^ il y en a
encore de deux efpèces : les premiers font ceux qui
ont féance & voix aux Diètes de l'Empire , les au-
tres, ceux qui n'ontpoint ce droit. Les médiats font
ceux qui relèvent des Et.ats immédiats , & ne relè-
vent parconféquent que médiatement de l'Empire.
L'Empire a commencé avec le IX' fiècle , & l'on
prétend que Charlemagne en fut créé le premier
Empereur par Léon III lorfqu'il reçut la couronne
à Rome j dans S. Pierre , des mains de ce Souve-
rain Pontife , l'an 800 le jour de Nocl. Lymnarus Se
Imhoff" ont donné des Notices de l'Empire ; HeilT
en a fait l'Hiftoire.
Saint-Empire. C'eft la même choCçqueV Empire dont
nous venons de parler. S. I. K. Sacrum Imperium Ro-
manum.
Le Marquifat du Saint-£'/72/'ir<; , Sacrl Imperii Mar-
chionatus. Ce nom a eu anciennement une figni-
cation différente de celle qu'il a aujourd'hui fur nos
Cartes , & dans nos Géographes \ car on appelle
aujourd'hui Marquifat du Saint-Empire 3 le terri-
toire de la ville d'Anvers i & l'on dit qu'Anvers eft
la capitale du Marquifat du S:i\nx.-Empire , & que
le Marquifat du Sami-Empire eft une des dix fept
Provinces des Pays-Bas. Mais autrefois le Marqui-
fat du Szint-Empire étoit une grande conrrêe des
Pays-Bas J qui comprenoit non-leulement Anvers,
mais encore BruxellesjLouvain & Nivelle,avec leurs
territoires. L'Empereur Othon il rériijea en Mar-
quifit l'an 973, mais 70 ans après elle fut réunie
au Brabanr.
Les Etats qui compofent aujourd'hui l'Empire »
font les Eleéteursde \ Empire j les Princes de l'Em-
pire 3 les Prélats de l'Empire , les Princellès ou Ab-
belfes de l'Empire , les Comtes del'Empire , les li-
bres Barons de l'Empire , les Nobles immédiats de
l'Empire 3 & les villes Impériales. L'Empire fe di-
vife en neuf Cercles. Depuis la paix on a fait un
folfé en Hongrie pour féparerles deux Empires. Oa
dit ,en termes de Blafon, porter de l'Empire , pour-,
porter les armes de TE'm/'iAe , l'Aigle éployée , &c.
Empire , fe dit , figurément en Morale j de la domi-
nation , du pouvoir qu'on a fur quelque chofe : de
l'autorité qu'on exerce fur foi-même ou fur les au-
tres. Il a beaucoup d'empire fur foi, fur fes pailiouSi
fur l'efprit de ce Prince.
Je fuis vos dures lots 3 & meurs fous votre empire.
CoRNfciLLE.
Il ne faut pas rendre rempire paternel hailTàble par
trop de fé vérité. Pourc|uoi cet empreilement d'avan-
cer dans les dignités, finon de l'envie d'acheter iV/n-
/ïjre fur les autres , & d'avoir moins de maîtres à qui
l'on foir obligé d'obéir ? Flech. L'empire de la beau-
té eft palfager j mais celui de la vertu fubfifte tou-
jours. S. Evr. Il fautàcelui qui règne un air d'em-
pire de d'autorité. La Bruy. Les charmes de votre
perfonne vous ont acquis l'ertipire des coeurs. S. Ev.
La coutume, ou le confentement des hommes exer-
ce un empire abfolu fur les mots. Art de Penser.
Se ranger fous l'empire de quelque belle. 'Voit.
Qu'eft-ce en effet j MM, que protéger les Arts & les
Sciences ? C'eft étendre l'empire de la raifon , em-
bellir à nos yeux le fpedtacle de la nature , difpen-
fer l'immorralité ,fe l'afiuter à foi- même. MARicn:-
TE. Mém. de Tr.
On ditjttaiter quelqu'un avec empire, poar di-
re le traiter avec orgueil , avec hauteur , avec ra-
delfe. Ac. Fr.
^Cr Autorité, pouvoir , empire, fynonymes , Don
dans toute l'étendue du fens de ces mots , relative-
ment aux Souverains J par exemple , & aux Magif-
trats , mais dans ce fens qui marque en général ce
qu'on peut fur l'efpric desautres.L'««wrifc laifleplus
E M P
de liberté dans le choix : le pouvoir pai'oîc avec plus
de force. L'empire efi: plus ablblu.
fCr L'autoriré qu'on a fur les aurres vient tou-
jours de quelque mérite , de la fupériorité du rang
6:de la raifon.Hlle fait honneur.
§CJ" Lq pouvoir vient pour l'ordinaire de quelque
liaifonde cœur ou d'intérêt, il augmente le crédit.
L'attachement pour les perfonnes contribue beau-
coup au pouvoir qu'elles ont fur nous.
ifF L'empire vient d'un aicendantde domination,
arrogé avec art, ou cédé par imbécillité ; il donne
quelquefois du ridicule. L'art de trouver & de faiiir
le foible de hommes forme l'eOT^wVequ^on prend lur
eux.Nous devons nous détendre de tout empire autre
que celui de la raifon. Les hommes cependant , font
fouvent tout le contraire; ils regardent les avertille-
vntns que l'honneur & la probité torce un véritable
ami à leur donner j comme une autorité odieute
qu'il aiïecle , ou comme un pouvoir qu'il s'arroge
mal à propos au préjudice de leur liberté; tandis
qu'il fe livrent à re/?^/'^>e d'un flatteur étourdi , quel-
quefois d'un valet , & fouvent d'une maitrelfe em-
portée , qui leur fait embralfer avec efironterie le
parti de l'injuftice, &(uivre opiniâtrement les rou-
tes de l'iniquité. Syn. Fr.
Empire, fe dit généralement de toutes les chofes dans
lesquelles la Philofophie , l'expérience , ou la table
monttentou fuppofent quelquepuillancc qui domi-
ne. Ain h l'on dit \ empire des cieux , ï empire di
l'air , {'empire de Pluron , {'empire fombre , Vem-
pired^s vsnxs.L'empirc d Apollon , {'empire des neuf
Sœurs , ou des Mufes ; l'empire de la F
Poche , pour dire toutes les chofes j tous les fujets
fur lefquels on a fait des fables , où l'on peut exer
cer la poche & la ficlion. L'empire de la fable ou de
la fiction ne s^étend point jufqu'aux faits lultoriques
qui font trop connusj ou trop près du temps où fon
écrit. L'empire de Neptune, ou de Téthis, c'elf
l'Océan , &c. Ces exprellions font lur-tout très-or-
dinsire aux Poètes.
Empire , a (ignifié juftice. On a dit haut &. mixte Em
pire , pour hiate & moyenne Juftice. Dans les Char-
tres rien de plus commun que ces mots ; mixtum &
merum Imperium.
^fT Empire de Galilée , haut «Se fouverain empire de
Galilée, nom que l'on donne à une jurifdiction en der-
. nier relfort que lesClercsdesProcurcurs de la Cham-
bre des Comptes ont pour juger les conteftations qui
furviennent entt'eux. C'ell pour eux ce qu'eft la
Bafoche pour les Clercs du Palais.
EMPIREE. Foyei EMPYREE.
EMPIRÊME. Voyei Empyréme.
EMPIREMENT. f. m. Depravatio. Pomey. Ce mot ne
fe dit point.
EMPIRER. V. n. Devenir pire, être en plus mauvais
état. In pejus ruere , fieri decerius , corrumpi. Ce ma-
lade empire tous les jours , fon mal s'augmente. La
plupart des matchandifes empirent , quand on les
garde ; elles fe gâtent & fe corrompent. Le vui'^aire
croit que le monde empire^ mefure qu'il vieillit;
que le iiècle empire. Il eft aufli aétif & lignifie faire
devenir de pire état ou de pire condition. Empirer
fon marché , quand on rend fa condition plus mau-
vaife. Condiiionem fuam facere deteriorem. Ce con-
trat i qu'il a produit , a empiré ix caufe. Empirer un
mal. Exacerbare , exulcerare, gravius reddere malum
aliquod. Les remèdes n'ont fait qu'empirer fon mal.
AcAD. Fr.
On a dit autrefois empirier.
On dit, proverbialement, qu'un qui amende vaut
mieux que deux qui empirent.
Empiré , ee. part. palf. &c adj. Deteriorfacius.
EMPIREUME. Terme de Médecine. Voye-{ Empy-
REUME.
EMPIRIQUE, f. m. Empiricus, efi: un nom affedéde
tout temps aux Médecins qui fe font fait des ré-
gies de leur profelîlon fur leur ufage , leur expé-
rience , Se non point fur la connoilTancedes caufes
naturelles , ni fur l'ctude des livres Si des bons Au-
E M P 6yi
tenrs. Il eft aulli adjedtif. Médecin e/tipiriaue , qui
s attaque uniquemeiu à l'expérience fans s'embar-
railer de la metiiode ordinaire de l'art.
Ce mot eft Grec ^^^^E-f'-'^f, & vient de 'A«=rs,;<,;«ui
fignihe favant , habile , mais fur-tout favant par-
expérience. La racine ell ?:£,>« , elfai , expérience..
Ainfi on a grand tort d'écrire enipyrhjue par un y
comme s'il venoit de s-Sji ^ qui fi^nifie le feu- ce
qui n'elf pas vrai. Pline & Celfe oac parlé des Em-
piriques , & de leur profellion , que les Latins , après!
les Grecs , onr appelé Empirice , parce qu'elle don-
ne tout à l'expérience , & rien à l'autoncé des maî-
tres de l'arr. /^oye^ l'Iii/loire de la Médecine de M.
le Clerc , favanr_Médecin de Genève.
Pline dit que la fc>fte des Empiriques a commence
en Sicile. Les premiers Empiriques furent Apollo-
nius ôc Glaucias. Les Empiriques s'oppofoient fore
aux dilfedions du corps humain j fur-tout à celles
que fiifoient Hérophile & Erafiftrate, des corps
tout vivans des criminels comdamnés à morr.
§C? Le mot àempirique , aujoutd'hui eft devenu
odieux , &: fynonyme avec charlatan. On le donne
à tous ceux qui, fans avoir aucune connoilfance de
la Médecine , prétendent guérir les maladies par
des fecrets particuliers.
EMPIRISME, f. m. Médecine pratique , fondée fuC
l'expérience , Sérapion & Philinus j pour éviter les
contradidions , bannirent la fpéculation & le rai-
fonnement de la Médecine , &la reduifiren: à l'e/w-
pirifme.Obferv.furles Ecr. modernes. L'empirijmc
conhlteà donner des remèdes fans principes & fans
raifonnement j mais feulement parce qu'on a ex-
périmenté qu'un tel remède eft bon pour telle ma-
ladie ; en forte que {'empirifme n'QiiïKin autre cho-
fe que médicamenter par de prétendus fecrets ,'
fans aucune fcience de la véritable Médecine. On
ne peut expliquer la nature ni l'attion des caufes hu-
morales ; {'empirifme eft l'unique reSlource que l'oa'
air pour y remédier. M. Quesnay, Il n'y a que le
pur hazard ou Vempirijme qui puilïe découvrit les
remèdes propres aux caufes humorales. Id.
CfTEMPLACEMENT.f. m. Lieu, efpace de terre
conhdéré comme propre à y faire un bâtiment , urx
jardin ou autre chofe femblable. Locus , fpaxium^
Voilà un bel emplacement pour une maifon.
_ Ce mot fe dit aullî,en termes de Gabelles, de l'ac-
tion de décharger & de placer le fel dans les gre-
niers des Gabelles , dans les lieux de dépôr. Collo-
catio. L'Ordonnance veut que {<i% Officiers des Ga-
belles foienr "^x.iiQo.^kï emplacement & méfurage du
fel.
EMPLACER. v. a, Collocare. Mettre quelque chofe
en un lieu , lui trouver fa place. Ses livres font très-
bien emplacés J & rangés par ordre des matières..
On dit emplacement dans ce fens : mais emplacec
ne fe dit qu'en parlant du fel qu'on met dans les
greniers deftinés à la décharge , confervation & dif-
tribution dufel. Collocare.
EMPLAGE. Vieux mot , qui a lignifié emploi. Nicot
prétend qu'il ne vient pas àl emplir. Cependant bien
des artifans appellent cmplage ce dont ils fe fervent
pour emplir : par exemple, les Maçons appellent
emplage , ou remplage, ou emplijfage, fartura , com-
plementum , le blocage, les éclats de pierres, les
pierres brutes & non taillées , qu'ils jettent au ha-
zard avec du iriortiet dans la maçonnerie , dont les
bords ou paremens font faits de pierres taillées. Les
Grecs ont appelé cette efpèce de maçonnerie tfcvxty.r\t
& Vitruve s'eft aulli fervi de ce mot pour fignifiee
la même chofe.
EMPL AIDER, v. a. Agere in jus. Mettre quelqu'un en
procès , qu'on appeloit autrement plaid. Ce mot eft
vieux , & on dit maintenant plaider quelqu'un.
EMPLAIGNER. v. a. Terme de Manufadure de laina-
ge, yoye:^ Lainer.
EMPLAIGNEUR.f. m. On donne ce nom dans queP
quesManufadures à l'Ouvrier qu'on appelle ailleurs
Laineur.
EMPLASTRATiON.f. f. Emplajlraùo. Teime de Jar«
EMP
dinier , qui figiiifie ce_ qu'on appelle plus ordi-
^JZ
- nairement enter en écuiron. /^^(TX-Greffer &Ecus
SON.
IJCF EMPLA5TRATION , fe dicauflî, en Jardinage , pour
l'aétion de couvrir une plaie d'un emplâtre.
EMPLASTIQCJE. adj. Terme de Pharmacie , qui fe
dit des médicamens qui enduifent & qui bouchent
les pores des parties fur lesquelles ils font appliqués,
comme font les grailFes , les mucilages , la cire , le
blanc d'oeuf, &c. EmplaJIkus. On les appelle aulh
emphraciiques. On couvre l'emplâtre d'un onguent
fort emplaflique , afin qu'il s'attache fortement a
la peau. Dionis. . .^ ,
Ce mot vient duGrec'£/«i-A«rr;(y,qui fignilîe auflî
boucher.
EMPLÂTRE. Terme de Pharmacie. Quelques Au-
teurs j même parmi les gens de l'art, ont fait ce
mot du genre féminin. Aujourd'hui l'ufage le plus
général te fait mafculin. Médicament de fubftance
folide &glurineufe, compofé de diverfes fortes de
fimples, &:fiitpour être appliqué extérieurement.
Emplafirum j cataplafma. On lui a donné cette con-
fîftance , afin qu'en demeurant long-temps attaché
fur les parties du corps , les remèdes dont il eft coin
pofé , euffent alfez de temps pour produire leur
effet. Les drogues qui fervent à donner corps &con-
filtance aux emplâtres , font ordinairement la cire
la réhne , les poix , les gommes , les graiiïes , la li
tharge , Se les autres préparations de plomb.
On fait des emplâtres iîomachiques ,céphaliques,
ftiptiques , hépatiques , diaphorétiques, réfolutifsj
déterfifs, rémoUitits j incarnatifs , aftringens, con-
glutinatifs j &c. \J emplâtre le plus commun eft ce
lui de dïapalme. Il y aaufli X emplâtre de diachylon,
\q polychrejle , le divin , le m anus Del ^ le magne-
tique d' Angélus Sala y celui de charpi , àejajran j
de ranis , & une infinité d'autres. P'oyei la Phar-
macope'c de Lémery. Onfe fert à' emplâtre pour gué-
rir les chevaux j &c.
Ce mot vient du Grec IfiTixâ^^a , on È^-srAas-ira ^
qui fignifie ^mettre en majje , enduire par-de(rus,par
ce qwe l'emplâtre fefait de diverfes fortes de fimples
amalfés en un corps épais Si gluant , ou bien parce
qu'il fert à enduire le morceau de cuir ou de toile
qu'oe applique fur la partie affligée.
gCJ" Emplâtre , en Chirurgie , eft un morceau de
peau, de linge, ou de taffetas , fuivant les diffé-
rentes vues qu'on a à remplir , fur lequel on étend
la compofition pharmaceutique dont on vient de
parler , pour l'appliquer enfuira fur quelque partie
du corps. On donne différentes figures àces emplâ-
tres , fuivant les différentes parties du corps fur lef-
quelles ils doivent être appliqués.
Emplâtre d'ente. Terme de Jardinier. Emplajlmm
infiti J injîtionis.
On dit , figurcment , Mettre un emplâtre à une
affaire , quand on trouve quelque remède pour
couvrir & ex'cufer quelque faute qu'on a faite. £"w-
plâtre , dans le figuré , fe prend toujours en mauvai-
fe part , pour ce qui couvre le ma! , le cache & ne
le guérit pas j ne remédie à rien. Falfa remediijpe-
cies. Cela eft du ftyle familier.
Emplâtre. Terme de Bonneteur. C'eft nn petit pa-
quet de cattes que le filou tient dans fa main ( dont
il fait la féquence , & qu'il ajoute au jeu de cartes
en le coupant. Le tour de l'emplâtre ne fe peut fai-
re qu'au Pharaon,
On dit , figurément Se proverbialement j d'une
perfonne qui n'a ni vigueur ni fanté, qui eft inca-
pable d'agir , que c'eft un emplâtre , un pauvre em-
plâtre. Caudex ,ftipes , plumheus , Jlupidus. Elle a
un emplâtre de mari. Mol. On dir encore, prover-
bialement , qu'où il n'y a point de mal , il ne faut
pas A'emvlâtre.
EMPLÂTUIER. f. m. Terme d'Apothicaire. C'eft le
lieu de la boutique oàron met les emplâtres. Iln'eft
pas d'ufage.
EMPLETTE, f f. Achat de marchandife. Emvtio ,
comparatio, merùum^ iLfe dit , particulièrement j
EMP
de celles quî concernent les habits. Cette femme eH:
allée tairo des emplettes. Ce marchand a fait "ran-
de emplette d'étoffes. Quand il a acheté ce diamant
il croyoit faire une bonne emplette \ ôc il s'eft trou-
vé taux.
Ce mot vient de impleta , qui a été faite Aeimple-
re J à caufe <|ue les Ivlaichands empliffent de mar-
chaiidiics If urs navires & leurs m.agafins. Men. ou
tout limplement à'emere , acheter.
§3" EMPLI, f m. En termes de raffineries des fucres,
fe du d un lieu voihn des fourneaux où l'on plante
des formes vides. 0\\ le fert encore de ce terme,
pour fignificr la quantité de formes qu'on a remplies.
Ces formes, dir-on j font du même empli. Voilà
l'empli d'hier. Encyc.
IJCF EMPLIR. V. a. Rendre plein. Implere. Emplir un
tonneau , une boureillede vin , d'eau, de quelque
liqueur. Emplir mw fac de blé, un coffre de naarchan-
diies.
ifT Emplir et Remplir j fynonymes avec cette dif-
férence j que remplir Çq dit, ordinairetnenr,des cho-
fes immatérielles ou figurées , comme remplir tout
l'univers de la terreur de fon nom j rew/'/r digne-
ment une placejSc q\\ emplir fe dit , comnuinément,
des chofes matérielles &: liquides j comme emplir un
tonneau j &, quand on dit remplir un tonneau , on
fuppofe qu'onen a déjà tiré j& que l'on remplit ce qui
eft vide j d'où vient le mot de remplage. On dit
mieux , remplir fes coffres d'argent , remplir fes gre-
niers de bléj (\\\'emplir ks coffres & fes greniers j
parce (\\.i emplir Çq dit j particulièrement j des chofes
liojuides. Au refte, fi l'on craint de fe troiTiper dans
l'emploi de ces deux motSj on peut toujours dire
remplir pour emplir^ au lieu qu'on peut manquer
fouvent en mettant emplir -pont remplir. Vaug.
On dit, d'une femme, ou d'une hlle, que fa gor-
ge s'emplit J pour dire , que fa gorge devient plus
forince j & plus pleine qu'elle n'étoit.
On dit, d'un homme gtos & gras, qu'il emplie
bien fon pourpoinr. C'eft une manière de proverbe.
Emplir. Terme de Triéfrac , c'eft faire un Jan , faire
fon plein. On dit remplir.
03° Emplir j terme de lafîineur de fucre, c'èft en gé-
néral jeter la matière cuite , dans les formes plan-
tées dans l'endroit qu'on nomme empli.
Empli , ie. part. & adj. Plenus , impletus.
EMPLOCIES. f. f. pi. C'étoit une fête à Athènes oi'ï
les femmes paroiffoient avec leurs cheveux treifcs,
ce que fignifie Emplocie, it<-T^'^'i<^y-li,implicatio.
EMPLOI, f. m. Bon ou mauvais ufage qu'on fait de
quelque chofe. Ufus , ufura. Le meilleur emploi du
temps J eft de le paffer agréablement. Faire un bon
e?nvloi de fes biens , de fon argent, &:c.
Emploi d'une fomme j en macère de compte , eft l'ap-
plication qu'on en fait dans la recette ou dans la dé-
penfe \ l'adion d'en faire mmtion j foit en mife ,
foit en recette. Il n'a pu juftifier Vemploiàes deniers
qu'on lui a confiés.
^fT Dans pe fens on dir, double emploi , faux
emploi. Double emploi , lorfqu'un même article eft
porté deux fois en recette j en dépenfe , ou en re-
prife. Faux emploi , fouvent employé comme fyno-
nyme à double emploi,mais fignifiant, proprement,
la mention d'une fomme mal employée , ou qui ne
regarde pas l'oyant. L'erreur qui réfulre d'un double
&c d'un flux emploi, ne fe couvre jamais.
|K? Emploi d'argenr, collocarion d'argent. Il a fiic
un bon , un mauvais emploi de fes deniers. On ne
prête guère d'argent à rente fans emploi, c'eft-à-dire,
fans ftipuler une hypothèque particulière Se privi-
légiée.
|Cr Acte d'emploi , eft un afte par lequel il ap-
paroir que le débiteur a employé à quelque chofe ,
les deniers qu'il a empruntés. Quittance d'e/w/^/oi.
Voye-^ QuiTTANCF.
0C? Emploi fe dit encore, en termes de Palais , de la
mention qu'on fiit d'une pièce , dont on tire quel-
que indudlion , & qui a été produire fous une autre
cote J ou qu'on n'a pas en U poffeffion. La cote D
de
E MP
de cet inventaire, n'efl: qu'un emploi f'^oye^ Em-
ployer y en Jualprudence. Requête d'emp/oi. Foy.
Requête.
Emploi , lignifie aufli l'occupation qu'on donne à quel-
qu'un^ ou qu on prend ioi-même, la tondion d'une
perlonne qu'on emploie. Munus , ojjicium, nego-
tium. Il ell venu i la Cour demander de Vemploi.
De légUr mes dejlrsjefais coût mon emploi. Boil.
Il cil plus focile de paroître digne des emplois
qu'on n'a pas, que de ceux que l'on exerce. Rochef.
Le Cardmal de Richelieu fut toujours employé , &
toujours au-dellus de les emplois. Disc. d'El. Tou-
tes lortes à' emplois ne conviennent pas à toutes for-
tes de perfonnes. S. Evr. 'Votre amour vous a ré-
duit à vous revêtir de l'emploi de domelhque do
mon père. Mol. J'ai à'°.mplois en emplois vieilli
fous trois Sultans. Rac. On arrive d'ordinaire aux
emplois fans vocation , parce qu'on s'y appelle foi-
même par une recherche ambitieufe. Nie.
Ce mot vient du Latin implicare.
Employé, adj. pris lublL II fe prend quelquefois pour
Commis. Les Direéleurs des fermes du Roi, ont
infpedion lur les Receveurs, Contrôleurs & autres
timplo\es.
EMPLOYER. V. a. Faire ufage , fe fervir de quelque
que choie. t'Vi, injiimere , impendere. Il faut tv«-
jjloyer l'on rei'enu à des dépenles honnêtes. On a
bien employé àa marbre à ce bàtimenr. Il a employé
ce mot en fa vraie (igniticarion. Tenez un compte
exad; de votre vie,& vous verrez que vous n'en avez
employé pour vous, que la moindre partie. Nie. Il
a fort bien employé Ion temps. Ce Tuteur a bien
employé l'argent de fon pupille.
Ce mot vient de implicare.
§3"s Employer. Signihe s'occuper j s'appliquer, agir,
donner î^s foins. Je ferai ce que vous demandez j
je m'y emploierai avec plaiiir,' je ne m'emploierai
qu'à cela. Il s'emploie de toute fa force à fervir fes
amis. Qmni opéra eniti.
IJC? Employer quelqu'un, lui donnsr de l'occupa-
«■ion, quelque tondtion. Il mérite d'être employé.
"Vous pouvez \ employer dans toutes les affaires que
vous voudrez. Aiicujus operà uti. Il a été employé
dans les Fermes , dans lés Finances j .à l'armée.
En termes de Palais , Employer une pièce , une
raifon , fe dit quand on fe lert d'un titre , d'une rai-
»fon j d'un fait, d'où l'on tire quelques induétions
contre fa partie. Adhibere , Sec. On\& (^\t, encefens,
non-feulement des pièces qu'on produit alors , mais
aufli de cellesqu'ona produites end'autresendroits,
&c dont on tire des inductions convenables à un fait
particulier ; & encore des pièces ou raifons qu'a al-
léguées la partie adverfe. On emploie aufli ce qui elt
de droit , & que les Juges peuvent fuppléer d'eux
mêmes par leur prudence. En ce fens encore on
commande aux Avocats àl employer, quand ils ont
un intérêt prefque pareil à celui d'un autre Avocat
qui a déjà plaidé , ahn qu'ils neconfomment pas le
temps en redites inutiles.
On dit aufli , Employer une partie dans un comp-
te , la tirer en ligne de compte, la porter en recette
ou en dépcnfe. Induccre in raûonein : employer une
perfonne fur l'état , pour dire , la faire comprendre
dans l'article d'un compte, dans un des articles des
Etats du Roi.
Employé , ée. part.
On dit, proverbialement , C'efl: bien employé,
en parlant de celui .à qui il eft arrivé par ù faute ,
ou par fon imprudence , quelque malheur ou châ-
timent qu'il méritoit. On dit aufli, qu'un homme a
employé le verd Se le (ec en une affaire, pour dire ,
qu'il a fait tous fes efforts pour la faire réuflir , nul-
% lum non movit lapidem.
EMPLUMER. v.a. Garnir de plumes. Ornareplumis ,
infiruere. On emplumoir -MUrcfois les flèches , les gar-
rots d'arbalètes. La mode a été à'emplumcr les cha-
peaux , de les garnir & charger de plumes. Ce mot
Tome m.
EMP 67^
nefe dit plus , qu'en parlant des petits morceaux
de plume donr on garnir un clavecin. Emplumer un
clavecin. On dit aulli, au figuré, qu'un homme s'ell
h\tw emplume àvL\s xmo. maifon j lorfqu'ily a bien
fait les aflatres, qu'il s'y ell enrichi ; comme on dit
au réduplicatif, qu'il se 11 bien remplumé , quand il
a répare les pertes qu'il avoir faites, tout cela ell très-
familier.
Emplume , ÉE.part.
Emplumé a une lignification particulière dans la Chi-
rurgie. On appelle une future êkplumée , celle où
l'on pafle des tuyaux de plume dans les anfes du fil,
à chaque point qu'on fait , afin de tenir les lèvres de
la plaie ferrées par le moyen de ces plumes. La fu-
tiue eniplumee ne 11 plus en ufage.
53^ EMPLURE. f. f. Terme de Batteur d'or. C'ell une
feuille qui fe met au commencement des outils ,
pour garantir l'or delà trop grande force des coups
qu'elle amortit. Lqs deux premières font du double
plus épaiiles que les autres. Encyc.
EMPOCHER, v. a. Mettre dans un (ac.Condere infac-
cum. Il n'ell guère en ufage en ce fens. Ce blé eft
vendu , il ne relie qu'à Vempocher , à le mettre dans
les lacs , ou poches , pour l'enlever.
Empocher. Se dit, particulièrement, de l'argent, ou
de quelqu'autre chofe qu'on ferre dans fa poche ,
avec quelque forte d'emprelFement & d'avidité. On
a joué tout le jourjmais ce n'étoit pas pour empochtr
l'argent. Empocher tout ce qu'on gagne , tout ce
qu'on trouve , des fruits , des bonbons j ôic. Il n'eft
que du llyle familier.
Empocks , ÉE. part.
EMPOIGNER. V, a. Prendre & ferrer avec le poing,
avec la main. Compreliendcre. Empoigner wnz épée,
une coignée. Si ce grand corps vous empoigne , il
vous étranglera. Empoigner par les cheveux. Abl.
Il empoigne un bâton, î<>: lui en donne fur la tête.
Idem.
Empoigné, ée. patt.
Ces mots viennent depugnus , comme qui diroic
impugnare , impugnacus.
Empoigné , fe dit , en termes de Blafon , des flèches ,
javelots & autres choies femblables , quand il y en
a trois, ou plus , au milieu de l'Ecu , aifemblées &
croilées , l'une en pal , &les auttes en iautoir, com-
me celles des Etats des Provir.ces-Unies.
EMPOINTÉE. adj. f. Terme de Manuf.idure & de
Commerce. Etotfe empointée, eft celle dont les plis
font arrêtés par quelques points d'aiguille, avec de
la foie , du fil , ou de la ficelle.
EMPOINTER , Appointer , ou pointer une pièce d'é-
toffe. C'ell y Laite quelques points d'aiguille ^ avec
de la foie , du fil, ou de la ficelle , pour la contenir
dans la forme où elle a été pliée , & l'empèchet de
prendre de mauvais plis.
EMPOIS. L m. Colle légère , faite d'amidon , dont on
fe fert pour rendre le linge plus terme <^ plus clair.
Amylum dilutum , maceratum. De l'eau à' empois.
Coller avec de V empois. Empois blanc , empois bleu.
Lémery, dans fon Traité des drogues , apprend la
compofition de l'un & de l'autre.
Ce mot vient d'^z^pc.?, qui, en langage Celtique
ou bas-Breton , fignifie la même chofe.
EMPOISONNEMENT. L m. Aélion par laquelle on
tâche de faire mourir quelqu'un , en lui faifant pren-
dre du poifon. Veneni prahitio , veneficium. C'eft
une efpèce d'homicide clandeftin. L'empoi/onne-
ment eft un crime capital , & qu'on punit du feu.
EMPOISONNER, v. a. Faire prendre du poifon à
quelqu'un, à deflcin de le faire mourir. Necarc ve-
neno , venenum pr&bere. Ainfi on dit, empoifonner
un homme , empoifonner un chien. Mcdee ctoit cé-
lèbre dans l'art à' empoifonner. Empoifonner lignifie
aulTi infedler de poifon. Veneno infîcerc. Empoi-
fonner une fontaine , des armes. On avoir empot-
fonné les viandes , le vin de ce fcftin. On empoifon-
/2a avec des gants parfumés, Jeanne d'Albret, Reine
de Navarre, mère de Henri IV.
gCT Empoisonner des terras , c'eft y jeter des chofes
Qqq q
674 E M P
pour faire mourir les chiens , afin d'empccher la
chaire.
^fT Empoisonmcr , fe di: encore des chofes qui font
mourirpardes qualités vénéneules. il y a des cham-
pignons qui einpoij'ûf'.nent. Kenenacus , veneriijer.
Empoisonner j fe du aulîi, par exteniion , de tout ce
qui altère la lanté, ou cjui bleile lesfens , de toutes
les vapeurs infectes. On nous a donné de la viande
puante, qui nous a empoijonnés. Il s'exhale de ce
cloaque une ii mauvaife odeur j qu'elle ett capable
•de nous empoiféllker.
Je fors de che^ un fat , qui,pour w'empci Tonner ,
Jepenfe, exprès chei/ui m' a prié de diner. BoiL.
On le dit encore d'un mauvais Cuifinier , qui ap-
prête mal les viandes , qui fait de mauvaif es fauces ,
dél'agréables , de mauvais ragoûts > &c. tel que ce-
lui que Boileau appelle un empoifonneur.
Empoisonner, fe du, figurément , en Morale, des
faulîèsdodltineSjdes mauvaifes maximes, des mau-
vaifes intentions , & généralement de tout ce qui
corrompt l'efprit <3c le ccrur , qui anéantit le mérite
des acfions. Jamais hcrélie n'a tant cmpofonnc de
genSjque l'Arianihiie. Les libertins empofonnent
les jeunes efprits de leurs m.échantes maximes. Cet-
te négligence qui tue les âmes, qui empofonne les
attions les meiileur-es. Abbé de laTrape.
On dit audi , qu'on empoifonne un difcours j une
Jîilloire, quand on donneun mauvais tour aux cho-
fes , ou quand on ajoute malignement à un récit
quelques circonftances qui rendent criminelle une
chofe, qui d'ellenîême étoit innocente. Les mé-
dif.ins enipoifinnenc lom. Il avoit un fond de mau
vaife humeur , capable à'empoifonner toutes les
joies du monde. S. Evr. Le monde empoifonne à' ot-
dinaire les chofes qu'il ne comprend pas. Boi;h. Les
interpiète maL
Cet ennui , que la joie avoïîfu nous Couvrir ,
Revient empoifonner la douceur la plus pare ,
Etj ait payer avec ufure
Le temps qu il a paffe fans nous faire fouffrir. De V.
Empoisonné , ne, part. palT. & adj. Veneno cnccïus. Il
mourut empoifonne ^^x fa femme. J'ai le cœur em-
poifonne A\me iTnprellîon de mélancolie, que ma
mau vaife fortune y a faite- M. Scod. Des louanges,
des railleries malignes & empoijonnees , données à
delfein de nuire.
§Cr EMPOISONNEUR , euse. f. Celui ou celle qui
empoifonne. Fencnarius , ou veneficus ^ vcnefca. Il
a été condamné comme empoifonneur.
^fT On le dit , figurément, d'un maiwais Pâtif-
fier , d'un Cuiiinier dételfable , tel que Mignot ,
dont Boileau du :
- Dans le monde entier,
/û/tzéz/j empoifonneur ne fut mieux fon mener.
On le dit auffi j figurément, d'un homme qui dé
bite une mauvaife, une faulle doctrine. \]n hérc-
liarque eft un empoifonneur public. Acad. Fr.
Ces mots viennent du primitif /'t){/o/7 , qui vient
du Latin potio , boifj'on,
EMPOISSER. v. a. Enduire de poix. Pice ohlinere ,
inducere , pici.re. Il faut empoijfer les cordages &; les
navires pour les conferver dans l'eau. Poiifcr efl
plus enufaqe. /'oy. Loisser.
EMPOISSONNEMENT, f m. Adionpar laquelle on
met du peuple dans un érang , après qu'il a été pé-
ché. Stagni reparacio. Les Fermiers font obligés par
leur bail j de faire appeler le maître , pour voir fai-
re ['empoisonnement de fes étangs à la fin du bail.
EMPOISSONNER, v. a. Mettre du peuple dans un
étang pcché. Stagnum reparare , ou renovare p'fci-
bus. Ce F-jrmier eft obligé de mettre un millier ou
deux de peuple ou de nourrain , pour empoijjonner
les étangs , quand il les quitte. Il y a un étang qui
E M P
i'empoiffonnede deux cens milliers. Bussi Rae. Polir
empoisonner les étangs , il faut un millier de petits
poillons par chaque aipenr.
Empoissone , EE. part. «S: adj. Pifculentus , pifcofus,
Nicot le dit d'une nvièrt;t;/?2/Jo///o/i«t;e, qui efl abon-
dante en polluons , de tf une table bien empoifonnée ,
qui elf bien lervie, bien garnie de poilTons j menfa
ptjcibus laucè injtrucia. Il dit la même chofe fur le
mot appoijjonncr. Perfonne ne le dit avec lui.
EMPOLI. Petite ville Epifcopale de la Tofcane,eÇ
Italie. EmpoiiA, Emponum. Elle elt dans le Floren-
tin fur l'Arno, entre Pife & Florence , dont l'Evê-
que d'£'/npo<!ielt fufiraganr. Long. 28. d. 4o',lat. 43.
d. 41'.
Ce mot s'eft formé à' E-mporium , par le change-
ment de l'r en /.
Eaipoli. Foye^ EMBOLI.
ifT EMPOK.ETIQUE. adj.Termede Pharmacie j qui
fe dit du papier brouillard , qui boit , dont on fe
fetr pour hltret les liqueurs, hmporetica charta y
papier gris , papier brouillard , papier à filtrer.
ffc? h.MPORTÉ, ÉE. adj. Èpithète Cjui s'applique aux
perfonnes qui fe fâchent aifément , & font promp*
tes à dire des mju-res. Iracundus. Il ne faut louvenc
que de la patience avec les gens emportéi \ ils s'ar-
rêtent ordinairement aux diicouis , & n'ont quel-
quefois que le premier feu de mauvais. On dit,
fublfantivement , c'eft un emporté.
ffT On ne confondra pas l'homme v/o/ew, avec
l'homme emporté, comme le font nos Diélionnarif-
tes, L homme violent elf plus dangeieux ^ il faut fe
tenir fur fes gardes avec lui : il va à l'aétion ; il eft
prompt à lever la main , manu promtior, & frappe
auilitôt qu'il menace, i^oy. les Svn. Fr.
IfJ- EMPORTEMENT, f. m. Jnimi impetus , sjlus ^
e^ervefcentia. Ce n'eft pioprement qu'un mouve-
ment extérieur qui éclate , & c]ui fait beaucoup de
bruit, mais qui palle promptement. Il arrive ordi-
nairement que la chaleur du fang, & la pétulance
de l'imagination occaiionnent l'e/n/'orrewe/^r , fans
que le cœur , ni l'efprit y aient part ; il efl: alors tout
mécanique ; c'eft pourquoi la raifon n'eft point de
mife à (on égard : il n'y a donc qu'à céder , julqu'à
ce qu'il ait eu fon cours. \^ emportement marque
beaucoup d'aigreur & d'impatience : celui de nos
amis elt le plus défagréable iSc le plus dur à fou-
tenir.
f3" D'j près cela , il eft aifé de diftinguer \em~
portement^ delà colère t< du courroux. Une agita-
tion impatiente , dit M.l'AbbéGirard , contre quel-
qu'un cpii nous obllinej qui nous offenfe, ou qui
nous manque dans l'occafion , fait le caracitère com-
mun que ces trois mots expriment : mais chacun de
ces mots diverlihe à fa manière cette idée principa-
le , par une idée accelfoire qui lui conft itue un ca-
ractère propre & lingulier. Voy. Colère et Cour-
roux.
Amli emportement T\z fe dit plus que dans le fens
figuré : on ne dit plus emportement , pour lignifier
le tranfport de quelque chofe , exportatio , depor-
tatio. Il y a des gens qui ont l'aigreur de la mali-
gnité de la colère , quoiqu'ils n'en aient pas les em-
poftemens. M. Esp. On fe fcrt fouvent de ce mot
pour exprimer un amour aveugle &z outré , qui ne
garde nulles mefures : (i une femme , oubliant la
modeftie de fon fexe , s'abandonne à fa paiîion ,
fans même avoir égard aux bienféances , on di:
3u'elle a des cmportemens mal féans à fon fexe. Il fe
it des pallions agréables, aulîi-bien que de celles
qui font accompagnées de trouble & de violence. Il
a des cmportemens de joie ridicules. Augufte étoic
dans r.ige où les adions de ju:^ement &: deconduite
donnent plus d'admiration , que ces boutades & ces
cmportemens j qui font li agréables à la jcui.eire.
Seg. On le dit encore pour caprice , & dcréglemenqf
d'imagination. Les livres des Italiens modernes font
pleins de je ne fais c^wds emponemens qui ne nous
conviennent pas. Enfin , C\ le mot ii'elt pas détermi-
né par une épithète , ou par la matière , il retient fa
E M P
première figniiîcation , &c fe prend pour un mou-
vement impérueiix de colère. Mais , il l'on die un
noble cmporrsmcm , l'épitiiète corrige ce que la ter-
me a de vicieux, quand il e(l feul. Bouh. Bien des
geîis préfèrent Jes ûges emponemens de Malherbe
aux faillies & aux excès pmdariques. Boil. Il ré-
pondit avec tout ïemponcment d'un homme de
bien , dont on attaque rhoimeur injuftement.
S. Real.
Eh ! ne voyols-tu pas dans mes emportemens ,
Que mon cœur ddmcntou ma bouche à tous momens?
Rac.
EMPORTE- PIÈCE, f. m Terme de Cordonnier, &
de quelques autres ouvriers. Fer aigu.ïc tranchant ,
donc les Cordonniers fe fervent pour découper &
emporter le cuir ^ lorfqu'ils coupent des fouliers. Les
dccoupeurs, les hiifeurs de mouches & de cartes à
jouer, &c autres artilans j ont auîli des emporte-piè-
ces. C'eft encore le nom que les Pâtilîiers donnent
au fer dont ils fe fervent pour façonner le pain des
MelFes. On dit quelquefois emporte-pica dans un
fens figuré, pour ligjiiher une raifon efficace, &:
contre laquelle on n'a rien à dire, une autorité puif-
fante , une interceffion à laquelle on ne peut rcfif-
ter. En ce fens il eft; bas , & tout au plus du (ïyle fa-
milier. Il fe ditaullî d'une mcihfance fanglante , &
même de la langue médilante, & des perlonnes
dont les difcours lont véhémens , farts, & font leur
effet, foit en bien, foit en mal. Ce Prédicateur ,c'eft
un cmoorte-pïcci. Cela elt bas , & ne le du que par
•des gens peu polis.
Il y a , en termes de Jardinier , une efpèce de
grefie,qu'on appelle la greffe à ernoorte-pièce. Quand
on ente à emporte-pièce fur de gros arbres , on fait
les entailles dans le bois &: dans l'écorce. Liger.
Grt&sï À emtiorte-pièce. Voy. Greffe & Greffer.
fer EMPORTER, v. a. Prendre une choie ^ & la por-
ter avec foi d'un lieu dans un autre. -Gl/erre , expor-
tare. Emporte^ ce livre, vous le lirez à loillr.
^fT Porter , dit M. l'-\bbé Girard , n'a précifé-
ment rapport qu'à la charge du fardeau. Apporter ,
renferme l'idée du fardeau & celle du lieu où on
le porte. Tranfporter a non-leulement rapport au
fardeau &: au lieu où on le doit porter , mais nn-
me à l'endroit d'où on le prend. £/77^o/-;cr enchérit
par-delTus toutes ces idées , en y ajoutant une idée
de propriété à l'égard de la chofe dont on fe charge.
Nous permettons d'tvCjytir^er ce que nous lailTons aux
autres , ou ce que nous leur donnons. Les voleurs
emportent ce qu'ils ont pris.
1^ Si un de nos Traducteurs avoir fait attention
aux idées accelToires qui caraclerifent les fynony-
mes , il n'auroit pas dit que le malin elprit emporta,
au lieu de dire , tranfpona Jefus-Chrifl:.
^fT Emporter , fe dit au limple & au ligure , au mo-
ral & au phylique.
Emporter j figmne aulli , Enlever , ravir avec vio-
lence. Auferre. Les foldats ont emporté le plus beau
& le meilleur de cette maifon. Les Sergens ont e/n-
/'orfe tous fes meubles pour les vendre. Ne ment-
portes-ia rien .'' Que vous emporterois-]e ? Mol.
Emporter , fianifie aulli , Entraîner avec foi ^ 5c dans
le fens moral Se figuré, rirer l'ame de fa lituation
ordinaire, la jeter dans un excès blâmable. Rapere j
auferre. Un torrent emporte tout ce qu'il trouve en
fon chemin. On dit aulll que la pefte emporte les
hommes eu vingt-quatre heures. Vos fens trop dé-
ciÇ\Çs emportent facilement votre rnifon incertaine
& irréfolue. Boss. Les mouvemens iinpétueux de
Sénèque l'emportent fouvent dans des p.iys qui lui
font inconnus. Maleb.
IJ3" Un bon Orateur emporte , entraîne leseTprirs
a fon opinion. Le génie duTaile Vemrnrtc qmL\ai-
fois trop loin j & il eft trop fleuri en quelques en-
droits. BouH. Le fublime & le pathétique par leur
violence &■ leur impétuodté entraînent & empor-
tent tout. Boil. Les hommes n'ont aucun but certain
EM P 675
dans leur vie , ils fe laillènt emporter par une légè-
reté continuelle. Nie.
Emporter, fignifie auffi , Obtenir , avoir le deifus ,
avoir l'avantage fur un ^mze.Superare ^ prdceliere ^
vinccre, obtinere. Quand il lignifie avoir le dellus ,
on le joint avec le pronom. L'emporter fur les autres.
Il a enchéri cette terre , & l'a emportée. Cet hom-
me veut tout emporterai haute lute. On ne dit point
emporter la victoire j mais remporter. Boun. Mais
l'on dit emporter , & non remporter le butin. Les
Platoniciens Vem.portèrentiÇnx: tous les autres Phi-
lofophes. Port-R. Il a emporté fa caufe tout d'une
voix.
Eh bien ! vous l'emportez , & la faveur du Roi
Fous élève en un rang qui n'était dû qu'à moi.
Corn.
On dit audî , Cela emporte la balance , tant au
propre qu'au figuré , lojfqu'il y a un poids j ou un
mérite plus grand que l'autre.
Ne délibérons plus j cette pitié l'emporte. Corn.
Emporter , fe dit aufli pour , Prendre de force. Oc-
cupare. Emporter une place d'alfaur. Ablanc. On
eût emporté la ville , li toute l'armée eût donné.
Id.
C'eft , je crois , dans ce fens , que M. PclilTon a
dit figurément emporter une objeétion , pour ligni-
fier, la réfoudre , y répondre pleinement , y fatis-
faire , deforte qu'il n'y ait plus de difficulté. Ainfi
cette objedion ctain emportée .t'A faut lailler à tout
cet entretien de N. S. avec les Capharnaites &
avec fesdilciples, le fens naturel qu'il doit avoir.
Pei.isson.
Emporter, fe dit des conféquences qui fuivent d'un
principe. Sequi , confcqui ex. Il fliudroit confidérer
les forces mouvantes , c'eft-à dire , les colonnes des
liqueurs comme afioiblies par une plus grande den-
lîté , au lieu qu'elles étoienc loititiées par une plus
grande hauteur j &: pat une plus grande pefanteuc
Ipécn'ique j ce qui emporte que, dans la proportion
des forces & des etlets , le produit de la plus grande
hauteur par la plus grande pefanteur fpècihque foie
encore multiplié par la moindre denlité , & que la
même racine du produit de ces trois grandeurs ré-
ponde à la plus grande vîtelFe. Acad. des Se. 1705.
p. ii-j.
Emporter, v. a. On dit que la forme emporte le fondj
<k que le fond emporte la forme ; pour dire , que
dans le jugement d'un procès , la forme prévaut fur
le tond J ou le fond fur la forme. Acad. Fr.
Emporter. Ôter, couper. Cxdere , tollcre , abrumpere ,
abfcindere. En le jouant ils emportoicnt un bras , ou
une jambe. 'Voit.
Emporter J fedit de toutes les cnufes qui donnent la
mort. Le Vicomte de Turenne fut emporté d'un
coup de canon. La petite vérole a emporté ce Bis
unique en trois jours. Lfiie fièvre maligne l'a emporté
au cinquième jour. H prédit la mort prochaine d'une
de fes fœurs, quoiqu'elle le poitât bien alors, &
qu'il ne parut aucun ligne qu'elle duc être emportée
fitôr. P. d'Orlians j /-le Je C. p. 5 1 1. Il y a dans
certe Province une maladie épidémique qui em-
porte bien du monde. Ce (iège , cette bataille , cette
campagne a emporte bien du monde.
Emporter J fignifie aufli , ôter j effacer. Delere. Le
favon , la lellive , emportent toute la crafle ^' l'or-
dure du linge. Le jus de citron , le verjus , empor-
tent les taches d'encre, leselïacenr, Scgénéralement
les acides emportent tous les alcalis , parce qu'ils s'en
imbibent.
f/fy On dit de même d'un remède , qu'il empcrti
une maladie ^ pour dire , guérir. Une fiignce, une
médecine emportera la fièvre.
Emporter, fe dit, figurément, pourdire. Attirer,
amener par une fuite nécelHiire. A^erre, inducere ,
trahere , inferre. La perte d'une barnille emporte la
Q q q q ij
é7<
E M P
dclolation du pays. Voilà une pièce décifive , qui ^
emporte gain de caufe. On diraiilli au Palais, Défaut
emporcanc'p'io'ài.
i'EMPOP.TER, Te dit auiïî j en parlant des violentes agi-
tations de l'ame , & lignifie , S'abandonnet à la co-
lère. Ejj'crri iraaindiâ. Les gens prompts & co-
lériques s'evzponenc dès qu'on les contredit. Je fuis
violent , & je me ferois empùité. Mol. Ah ! vous
êtes dévot , & vous vous emporte^ ? Id. Alexandre,
qui sVm^Dorruiirtort aifément, ne put retenir la co-
lère. Vaug. Il eft difficile à un milérable de parler
avec modération , (S: de ne fe pas emporter. Id.
s'Emporter. Termî de Jardinier. Il fe dit des arbres
qni ne poullent que de grolFes branches avec trop de
vigueur, enlorte qu'il ell à craindre que le trop de
vivacité ne foitnuilible & ne les hiiîe avorter. Luxu-
riare ylafclvire.On le dit fur-tout des arbres qui,
par de grands jets, font ou des buiitcnis trop grands,
ou des efpaliers qui excédent la hauteur des mu-
jailles. Si bien que s'emporter , à l'égard des arbres,
c'ertpoufler plus fortement qu'il n'elibefoin. Liger.
C'eft une métaphore titée de la fignification précé-
dente , quoique morale ; d'où vient qu'on appelle
aulîi ces a.ïhiesfurieux.
^3' s'Emporter , Terme de Manège, fe dit d'un che-
val que les efforts du cavalier ne peuvent retenir.
Emporter j fe dit proverbialement en ces phrafes ,
Autant en emporte le vent ; pour dire , ces pro-
E M P
dit aiiiîi des autres efpèces d'horloges, dans lefque!-
les le fable, le plomb , ëcc. s'écoulent à-peu-prèi
comme l'eau failoit autrefois dans les clepfydres
proprement dites , & qui font maintenant moins eu
ufage : c'eft ainfi que nous appelons /ahle ce for-
tes d'horloges , quoiqu'il n'y ait pas toujours du
lable , mais du plomb , de la coque d'œuf pi-
lée , &c. L'Empouiete eft ordinairement d'une de-
mi-heure.
EMPOUPER. V. a..Fertre bipuppim. On difoit autre-
fois , que le vent empoupe le navire j & Ronfard
s'eft fervide cette exprelfion, pour dire que le na-
vire a le vent en poupe.
EMPOURPRER, v. a. Purpura tingere , purpurare.
Colorer de rouge , ou de pourpre. Il ne fe du guère
qu'en Poclie , & même en vers il vieillit & fe die
rarement.
Tout fleuve , tout rutffèàu j defang teignit fan onde:
Chaque arbre en empourpra fon écorce & fon cœur.
Chap.
meffes ne font pas sûres. Mademoifelle de la 'Vigne
a dit des ombres.
Il en ejl à mines difcrètes ,
Et d'un entretien décevant j
Mais fi.e\ vous à leurs fleurettes.
Autant en emporte le vent.
On dit auflî j qu'un homme emporte la pièce; pour
dire , qu'il fait des railleries fanglantes & cruelles.
.On dit aulîi , Le plus fort Remporte \ pour dire, que
les plus puilfans ont toujours l'avantage. On dit
aulîi j Emporter une chofe à la pointe de l'épée ;
pour dire , après une longue conteftation.
Emporté j ée. part. Il a les lignifications de fon
verbe.
EMPOTER. V. a. Terme de Fleuriftes. Il fe dit des
œillets & autres fleurs , & fignifie. Mettre dans un
pot avec du terreau , pour les y cultiver comme en
pleine terre. Seponere in vas. Empoter des marcotes.
Il faut empoter cet œillet ", il eft temps d'empoter ce
pied de giroflée. Liger. Ce terme eft de tous les Jat-
diniers, & fignifie. Mettre une plante avec de la
terre dans un pot, pour l'y faire vivre comme en
pleine terre. La Quint
Empoter., fe dit aufii des confitures, des firops &
chofes femblables , qu'on met dans des pots pour
les conferver .• ceux qui ont écrit fur ces matières
fe fervent de ce mot. Vous empote^ vos fruits com-
me la première fois.lNSTPvUCT. pour les Confit.
EMPOUILLES. f. f. Ternie ufité dans quelques Pro
vinces pour défigner les grains pendans par les ra-
cines. FraSaj. Ils atteftent qu'ils n'ont jamais pro-l
(i:é des empouilles qui étoient fur pied à la Saint
Jean-Baptifte. Factum. Ce mot ne fe dit qu'au Pa-
lais, 8c ne fe dit que des fruits de la terre tandis
qu'ils font fur pied : quand ils font coupés , moif-
fonnés, fauchés, c'eft dépouille.
EMPOULÉ , ÉE. adj. f^oye^ Ampoulé. Madame Da-
cier écrit empoulé. Quelle phrafe empoulée & pathé-
tique ! Ne diroit-on pas que le R. P. leBoffu& moi
avons voulu relever les autels de ces Dieux, & être
tilus Païens que les Païens mêmes.
EMPOULE TTE , ou AMPOULETTE. f f. AmvuUa\
Empourpré , ée. part. & adj. Tinclus. Ce mot eft poé-
tique , & fignifie , qui eft coloré de rouge tirant fuE
le noir. Railin empourpré. God.
Ce mot vient du h^ùn purpurare j imvurpurare.
|EMPREIGNER. v. a. Terme de Phyfique. Quelques
Philofophes & quelques Chymiftes fe fervent de ce
mot pour imprégner , qui doit être préféré , &
qui eft feul employé par les bons Ecrivains, f^oye^^
Imprégner.
EMPREINDRE, v. a. Imprimer quelque figure fut
quelque chofe. Graver , imprimer une chofe fur une
autf e J pour lui en donner la figure. Empreindre une
figure , des caraâères , &c , Imprimere. Voilà
de la monnoie préparée , il ne refte plus qu'à {'em-
preindre.
Ce mot vient du Latin imvrimere ^ marquer.
Empreindre , fe dit aulH figurément en Morale , des:
imprellions que la nature ou les habitudes font dans
notre efprit. Le fentiment de la vertu eft empreint
naturellement dans nos âmes. Nous nous préoccu-
pons aifément des premières opinions qui font em-'
freintes dans notre efprit.
Empreint , einte. part.
EMPREINTE, f. LNota,imprefllo ^fignum, characier.
Marque , ou imprellion que fait une chofe dure fur
une chofe plus molle .• figure tirée fur une autre .•
image qu'un corps lailfe de lui-même fur un autre ,
auquel il eft appliqué. L'empreinte d'un cachet fur la
cire. On voyoit encore les empreintes de fes pieds fur
la terre, qui marquoient fa fuite. On tire des em-
preintes des médailles , avec de la pâte j de la cire,
& autres chofes molles.
Empreinte , fe dit aullî de la pièce gravée avec la-"
quelle on fait les empreintes , tant des cachets que
des poinçons , en copiant la figure qui eft gravée
delTus.
Empreinte, fe dit au figuré dans le moral. L'empreinte
de la Divinité. L'empreinte du doigt de Dieu fe re-
connoît dans tous les ouvrages de la nature. Nous
avons un fonds de corruption qui nous révolte con-
tre tout ce qui porte ['empreinte de la loi éternelle ;
c'eft-à-dire, de l'ordre immuable dont Dieu eft la
fource. BuRLAMAQui. Ses périls porteront toujours
l'empreinte de fon cœur. Gresset , en parlant de
M. Douchet. Cet amour du vrai , ces femences
d'équité qui réfident dans notre cœur , font les ti-
tres précieux de notre origine : c'eft l'empreinte de
la main qui nous a tirés du néant. Bougain^
|EMPRENDRE. Vieux mot, pour dire entreprendre.
Incipere j fufcipere.
genus clep/ydra. Terme de Marine. Aftemblage de~EMPRÉS. adv. Vieux mot qui a été dit pour enfuite.
deux phioles faites en poires , jointes runeàl'au-] On a dit aulîi empre///, pour en bref,
treparun cou étroit, par lequel s'écoule un fable. EMPRESSÉ ^ Ée. adj. Qui eft ardent, aftif, qui fe
fort délié de la phiole de deffus dans celle d'enbas:'i donne du mouvement pour le fuccès de quelque
une certaine quantité de ce f^ble fert à déterminer] chofe. On a bien plus fouvent à fe plaindre des fots
un certain efpace de temps. Clepfydra proprement] emprejjes , que de ces miférables oififs qui ne cher-
ue doit fe dire que des horloges d'eau j mais on le i chenc que le repos. M. Scud. L'air imprejfée^ une
K M P
recherche importune , ou une affedation ridicule
<le marquer de la bienveillanceà quelqu'un. Un
homme qui taie Vemprejfc ^ eft nn homme qui fau
le néceiraire ; qui s'incngue par-touc. Phèdre les a
décrits dans la Fable EJi arddionum quidam Romm,
natio j &'c.
EMPRESSEMENT, f. m. Mouvement que fe donne
celui qui recherche une chofe avec ardeur. Il fliut
fervir l'es amis avec emprefjemem. On travaille à cet
armement avec grand emprejfement. Velleius Pa-
terculusdit, en parlant de SejaUj agiiranc fanse/7z-
pre(Jement , (SCj dans l'adtion même , femblable à
ceux qui font oilîfs ; c'eft-à-dire, fans précipitation
& fans fe donner trop d'agitation & de mouvement.
Bou. Le Roi ébranlé par le moindre revers s'abaif-
foit à des emprejjcmens qui le faifoient mépriler de
fes ennemis. Var. En vérité , le monde 0?c la for-
tune, àquiles connoîtbien, ne valent pas tant dVw-
prejfement. Ch. de M. Il faut que notre empreJJ'c
ment, à bien ufer du temps j égale la vîtelfe avec
laquelle il s'écoule. Nie.
L'avenir remplit notre lice ,
// efi l'unique but de nos emprelFemens. Des-H.
EMPRESSER, S'EMPRESSER, v. récip. Se donner
beaucoup de riiouvement pour le fuccès d'une af-
faire i agir avec une ardeur inquiète. Conniti ,fedu-
lam operam navare , curam ponere , &c. Quand un
homme eft en faveur tout le monde sempre£c à lui
rendre fervice, à lui plaire. Il y a des gens qui s'em-
prejfent beaucoup & leur emprelfement fe termine à
rien. Nicol. Emprcfjer, dans le fenspropre , mettre
en preiïè j eft vieux , & ne fe du plus.
Empressé, ée. part.
EMPREUT , ou comme écrit Pontus de Thyard j
EMPREUX. Vieux mot qui fignifie un , le premier
lorfqu'on commence à faire un dénombrement.
Il eft formé du Grec i» Ttfini , ou plutôt " «rporsfs-
comme fi on difoit ifis-froç.
EMPRlMERIE.f. f. LesTanneurs nomment ainfi une
forte de grande cuve de bois , dans laquelle ils
mettent rougir leurs cuirs ; ce qui s'appelle les met-
tre en coudrement-
EMPRINSSE, ou EMPRISE, f. £ Vieux mot. Entre-
prife. Conjîlium,
Non que par moifoit arrogance prinfe _,
Non que ce fait par curieufe emprinfe ,
D'écrire au Roi, Marot.
Il fe difoit fur-tout des aétions héroïques des vail-
lans & preux Chevaliers. Il y avoir des emprifesà'zr-
mes, & des emprifes de lettres. Emprifes fe prenoit
auffi pour une danfe , emblème , &c. Les Italiens
difent encore imprefe , & les Efpagnols emprejas.
EMPRION. f. m. Efpèce de pouls dont Galien fait
mention. Dans ce pouls l'artère eft plus diftendue
dans un endroit que dans un autre. On dit qu'il eft
tel dans toutes les inflammations légères, 'it^^slm
dentelé , ou en fcie , de ■niif, fcier.
EMPRIS , isE. part. palf. Vieux mot. Entrepris. Suf-
ceptus 3 a 3 um.
EMPRISE, f f. Vieux mot. Entreprife. Confdium.
Voy. Emprinse.
EMPRISONNEMENT, f m. Adion par laquelle on
met quelqu'un en prifon , capture d'une perfonne,
qui eft fuivie de l'ecrou & enregiftrement. Voyer
Capture. Incarcération comprehenjio. lia tant coûte
pour la capture , Vemprifonmment de ce criminel.
Emprisonnement, fe dit aufti de la détention d'un
prif junier. Dctentio. Son emprifonnement a duré
trois ans. Il faut lever l'écrou de fon emprifonne^
ment. Il a eu décharge & réparation de fon empri-
fonnement. ffCJ" Emprifonnement tortionnaire & dé-
raifonnable , donne lieu à des dommages & inté-
rêts contre celui qui l'a fait faire. Emprifonnement
E M P C.JJ
d'Indicateur, & contre la Partie, fi elle en a admi-
nirtié un qui fe ioit trompé.
EMPRISONNER, v. a. Mettre quelqu'un en prifon.
Conjicere incarcerem-, incarcerare , conclud&re , dure
in cujtodiam, Lestlecords, le Poulfe-culs, aident aux
Huillier à emprifonner, à mettre en prifon.
Emprisonné, ee. part. Cet Oiiicier a été c;/7;;>ri/t}ri«c
par ordre du Roi.
Emprisonna, fedit, figurénient , des chofes inani-
mées, pour renfermé j relferré, retenu. Inclufus^a ,
um. Les parties de fel marin étant comme emprifon-
nées entre les parties du fel de l'urine. Geoffroy.
Acad. 1700. Mém. p. 1 16. La matière du premier
élément retenue & comme emprifoanée dans les po-
rofités de la chaux. Burlet. Academ.dcs Se. 1600.
Mé>
m.pag. 133.
EMPROSl HOTONOS. f m. Terme de Médecine.
C'eft une efpèce de convuKion tonique, dans la-
quelle la tête fe retire fi fort en devant ^ que le men-
ton va toucher à la poitrine. Il arrive aulh que tout
le. corps fe courbe en devant, & qu'd fait un arc,
& même quelquefois une elpèce de cercle j jutques-
là que les genoux le joignent à la tète. Cette mala-
die vient de la contraétion des mufcles antérieurs j
principalement de ceux de la tète qu'on appelle
maftoidiens.
Emprosthotonos eft un mot Grec j compofé de
é^wp<j5-fî« devant , & dc^'w, roideur , tenfion ; du
veroe rdva ^ étendre.
EMPRUNT, f m. Adion d'emprunter , ou la chofe
même empruntée , c'cft-cà-dire , prife à crédit j en
prêt pour la rendre ou la payei dans un autre temps.
Faire un emprunt ^ wivre à^ emprunt. Mutuatio ^ mu-
tuum. Cet homme va fouvent à l'emprunt , ne vit
que (X emprunt. C'eft toi qui te veux ruiner par des
emprunts Çi condamnables. Mol.
Emprunt, fe dit aufti des taxes que le Roi fait fur les
Villes & Communautés , lotfqu'il leur fait payer
quelques deniers , &; qu^il leur donne rembourfe-
ment à prendre fur quelques droits qu'il établit en
même-temps. Cette Province eft exempte de tous
impôts , emprunts dc contributions.
Emprunt , fe dit, figurément , de ce qui eft étranger
par oppofition à naturel. Elle étoir moins brillants
d'emprunt; mais plus brillante d'elle même. Cii.
d'H. Une femme qui n'eft belle que parce qu'elle
eft parée , eft une faufte belle : elle n'eft belle que
par emprunt. Bae. On ne fauroit vivre fans enten-
dement. Il faut en avoir ou par nature, ou par em-
prunt. Gracien. Peu de femmes ont aujourd'hui
des vifages naturels ; elles n'en ont plus que d'em-
prunt. Vertus , beauté d'emprunt. Fucatus j afci-
titius.
Emprunt. Terme de Mufique. C'eft un terme nou-
veau dans la pratique , par lequel on diftingue un
certain genre d'accords , qui ne peut fe pratiquer
que dans les tons mineurs. Rameau. Accords par
emprunt. Id. Koye^ Emprunté.
|iCr Emprunt 3 terme de rivière , fe dir d'un paftage
qui mène à la travure d'un bateau foncet.
Emprunt. Jeu de cartes qui a quelque rapport aujeix
du hoc , mais qui eft moins embarraffanr. Il fe joue
avec le jeu complet de cinquante-deux cartes, & juf-
qu'à fix perfonnes.
EMPRUNTER, v. a. Prendre quelque chofe à crédit,
en prêt , pour la rendre , ou la payer dans up. autre
temps. Sumere, petere mutuum. Emprunter d^s étof-
fes. Emprunter da l'argent à les amis. Je fournis des
expédiens à ceux qui empruntent pour ne rendre ja-
mais. P. CoM. Emprunter d'un ufurier.
Ce mot vient dîimpreflare j mot de la bafte La-
tinité, qu'on a dit dans le même fens. Du Cange.
Le P. Labbe le dérive de promptum Jlve in promptu.
dare vel accipere. D'autres le font venir do promp-
tare , qui fe rrouve dans la fignification de promere,
promo , prompjî, promptum , promptare j impromp-
j___ _. ^ , tare j emprunter. Ménage.
d'une perfonne pour une autre , donne lieu à des. Emprunter , fe dit, figurément j en Morale, descho-
dommages- intérêts contre rHuilfier , s'il n'a pointl fes quine nous font pas propres, qui nous font étrao-
57 s
EM P
i;cies, qne nous tirons d'ailleurs. Mutuarl. Les Ma-
giibars empruntent toute leur autorité du Roi. La
lune emprunte fa lumière du foleiL Dieu, fou en
communiquant fa puiirance aux Rois, foit en la re-
tirant à lui-même , leur fait voir que leur majelU
ell empruntée j & dépendante de ion autorité lu-
prême. Boss. Si l'on eWjOr^wfislemafque de la vertu,
elle nous l'arrache bientôt du vifage. ÀIont. Les
fâmmes n'ont rien de naturel : tout y eft emprunté.
Corn.
Chacun cherche pour plaire un vifage emprunté.
BoiL.
Il ne faut point emprunter des manières folâtres
& enjouées, quand on ell: né trifte & pefant. Bell.
L'iiéréiie prend toujours foin de conferver quelques
rapports avec la vérité, &c d'en emprunter les appa-
rences. Font. .
L'innocente amitié, de la terre exilée ,
Retourna dans le Ciel : lefpoir^ L'ambition ,
Ix plaijirj r intérêt, empruntèrent /ô« nom.
S. EvR.
Sa beauté mal ornée
N'a pas encor de l'art emprunté fes appas.
Corn.
L! amour na rien de beau j d' attrayant & de dou.x ,
Point de traits ni de /eux, ^a;'-!/ «'emprunte de vous.
Voiture.
Les defirs empruntent leur nbblefTe de la nobleire
de leurs fujets. Un débauche fe plaignant qu'il n'a-
voit pas d'argent , Socrate lui confeilla d'en em-
prunter de lui-même , en retranchant fa dépenfe.
On dit auilî emprunter une penfée d'un Auteur,
pour dire s'en fervir, l'employer. Emprunter \e nom
de quelqu'un , pour dire , mettre quelque affaire j
quelque livre lous (on nom ; demander quelque
glace fous le nomd'aurrui. Etoit-il jufte d'emprunter
mou nom j pour abuierde ma maîtrelFe ? Ablan.
On dit aulli em.pruncer fa main^ fon braSj pour dire,
lui demander fecours de l'un ou de l'autre, fe fervir
de fon écriture , de fon cpée.
Ne choifit pas qmempruntc,[e dir non -feulement
de l'emprunt j mais encore de ce qu'on nous donne,
& des plailirs qu'on nous fait , qu'il faut prendre
tels qu'on nous les préfente.
On dit , en matière d'orguïs , qu'un tuyau em-
prunte , lorfque le fommier n'eft pas ii bien fermé,
que le vent qui doit aller dans un tuyau n'entre dans
l'autre.
Emprunter, fedit aulfi , en Arithmétique, lorfqu'il
faut fouiiraire un grand nombre d'un plus petit ;
car , en ce feus , on emprunte une dizaine d'un carac-
tère voidn, dont la valeur eft diminuée d'autant.
Emprunté, ée, part. & adj. AUenus^ mutuusj tranjla-
titius. Les Rois perdent prefque tout le mérite de
leurs bienfaits, en les diftribuant par des mains em-
pruntées. Cail. Il tombadans une imprudence a(Te7,
ordinaire , qui eft de parler en termes ;.;cnéraux de
les fentimens particuliers, & de conter l'es propres
aventures fous des noms emprunter , faux, dégui
fés. P. DE Cl. Je l'ai furprife avant qu'elle eut fa-
briqué fon teinr,& défarmée de fes charmes emprun-
tas. S. EvR. L'éclat que donnent les richelFes n'eft
. qu'un éclat emprunté. Fl. La lumière de la lune , &
des autres planètes, eft une lumière ew/'/v/^fjV du
foleil. C'eft pour cela qu'on l'appelle aulîi lumière
féconde , lumière dérivée.
fa° Emprunté, en parlant de la contenance, de l'air,
fignifie quelquefois la même chofe que ^èné, em-
barralfé. Que dites- vous de ma fiÙe , Marquis ?
elle^a l'air un peu empruntée : mais avec de l'édaca-
tion , ne tiendroit elle pas fa place dans le monde ?
Je m'apperçus de fa contenance empruntée. La
Pays. Parv.
EMP
Emprunté. Terme de Muiique. On appelle accords
empruntés , ou accords par emprunt, des accords qui
empruntent leur perfcclion d'un fon qui ne paroic
point. Rameau.
EAiPRUNTELTR. f. m. Qui emprunte. Mutuatarius.
C'efi un perfonnagefort mauvais que celui d'un em-
prunteur, l^anurge a fait l'éloge des Detteurs Ôc des
Emprunteurs. Il faut que ['emprunteur foie majeur.
Mol.
Emprunteur. Qui mutuum accipit. U emprunteur , en
termes de Palais , s'appelle mutuataire , & même
en Latin d'école mutuatarius j mais ce mot ne fe
trouve dans aucun bon Aureur Latin.
Emprunteur j le dit fouvent de celui qui eft accou-
tumé à emprunter. Mutuitans.
EMPRUNTEUSE, f. f. Celle qui emprunte.
Que faijie-{-vous au temps chaud 3
Dit-elle à cette emprunteufe. La Font.
EMPTAT. Ville d'Afie , fur la route d'Aleth , à la Pa-
hide, i quatre journées de Caravane de la première.
EMPTICN. f. f. tmptio. Ce mot eft dans Nicot ^ mais
il n'eft plus en ufage : nous difons Achat,
EMPUANTIR, v. a. Rendre puant, répandre une
mauvaife odeur. Odore tetro injzcere ; corrumpere.
Voilà un cloaque qui a empuanti tout le voilinage.
Il empuantit tout le monde de fon haleine.
Empuanti , ie. part. Tetrum odorem anhelans.
EMPUANTISSEMENT, f. m. Fœtor. Il n'eft guère
en ufage 3 il eft pourtant dans le Diélionnaire de
l'Académie Françoife. L'état d'une chofe qui s'em-
puantit. Il faut craindre ïempuant/ffement des eaux.
EMPURIAS. Ville de Catalogne, en Efpagne. Em-
puria j Emporix. C'eft la capitale d'un petit pays
nommé Ampourdan , ou Lampourdan. C'étoit au-
tierois une ville des Indigétans. Elle eif fur la côte,
à lix lieues de Gironne , ôc à vingt de Barcelonne.
Empurias a été ville Epifcopale ; mais, ayant été
fouvent ruinée pendant les guerres des Maures, fon
liège tut transféré à Gironne.
EMPURIES. C'étoit autrefois une ville Epifcopale de
Sardaigne. Empori£,Ampuri:£. On trouve encore les
ruines d'Empurics fur la rivière de Coquinas , auprès
du bourg de Sédina ; à deux lieues de Caftel Arra-
gonèfe , où fon Evêché fut transféré l'an 1 50J.
EMPUSE. f m. Efpèce de Lutin ou Phantôme efïroya-
ble dédié à Hécate, ou qu'Hécate faifoit paroîrre ,
dc>nt parlent Suidas , Ariftophane , Euftathe &c plu-
fieurs autres. Ce Phantôme changeoit fouvent de
figure. Tantôt il prenoit celle d'une belle femme ,
tantôt celle d'un boeuf , d'un chien ou de quelque
autre animal ; ce qui donna cours au proverbe : plus
changeant qii Empufe. Ce nom lui fut donné parce
qu'il fembloit qu'il n'eût qu'un pied, du Grec'è/rï»»*
un , &: «-îf , pied, parce qu'on ne voyoitdc diftinâ:
que les parties fupcrieures de l'EmpuIe , le refte d-
nilfoit parun pied , comme quek^ues ftatues qu'on
voit dans nos' jardins.
Quelques-uns difent qii'EmpuJe étoit Hécate elle-
même, ou une des Lamies. Vincent CartarIj dans
fon Iconologie.
EMPUTER. V. a.Faclitare delationes. Ce mot eft dans
Nicot i mais il ne fe dit plus , non plus que Empw-
TEUR. Delator.
EMPYÈME. f. m. Terme de Médecine. C'eft propre-
ment un amas de pus dans quelque cavité du corps,
mais plus particulièrement dans la capacité de la
poitrine , provenant d'une caufe externe , à la fuite
d'une plaie ou d'un coup ; ou d'une caufe interne ,
à la fuite d'une maladie. Empyema. Il fuccède quel-
c]uefois à l'efquinancie , à la péripneumonie ^ &
!:■ plus fouvent à la pleuréfie ; ou bien il s'engendre
là d'un fang épanché de quelque veine ouverte y
rompue ik. corrodée , qui vient à fe pourrir. Il y a
aulli un empycme Kâtard , qui procède d'une hu-
meur piruireufe &' féreufc,qui, par quelque conduit,
fe rend à la poitrine , s'y pourrit, & dégénère en
une matière fjmblable au pus. L'fwnj'i'Vne par fuc-
E M P E M R
ce:tion de temps caufe la phthihe. U y a cîes Aiue«rs \
qui écrive nt cmpiême , Ik otenc 1 ce mot le caractère
de (on origine.
Empyeme , fe dir auflî de l'opération de Chirurgie par
laquelle on guérit Vempyéme. Si la plaie eft à la
^ partie fupérieure de la poitrine , &: qu'on foie cer-
tain qu'il y a du fang épanché, il faut de néceliité
faire une contre-ouverrure , qui fera ce qu'on ap-
pelle empyème. Cette opération fe fait , ou parde-
vaut, ou à la partie poftérieute de la poitrine, en
l'ouvrant entre les côtes avec un biftouri , pour faire
fortir le fang &: le pus. Foyt^i M. Dionis fur cette
maladie , & fur la manière de la guérir , dans fon
Traité des Opérations.
Ce mot 3 qui dans fon origine fignifie change-
ment e/z/jaj, ert formé de deux mots Grecs, i» ,
^n j & -aioy pus .-le * fe change en f- dans la conipo-
fition j ce qui arrive auiîi dans les autres langues à
r«j quand elle fe trouve dans la compofition des
mots devant les labiales ^ ,p, en Latin embamma ,
emblema j emporium , &c. en François embaumer ,
emblème , emporter , &c.
EMPYREE. adj. & f. m. C'efl le plus haut des cieux ,
qu'on nomme autrement le Paradis , où les Bien-
heureux jouilfent de la vilîon de Dieu. Empyreum.
Le ciel empyrée yOW abfolument Vtmpyrée. Quel-
ques Pères veulent que \Empyrée ait été créé avant
le ciel que nous voyons. Cet Empyrée , la demeure
<ie Dieu , Se deftiné à être celle des Saints , éclatant
de la lumière la plus vive & la plus pure , ne pou
voie manquer de la répandre jufqu'aux lieux les
plus fombrcs Se les plus protonds de ce bas monde.
Maisqu'arriva-t-il quand Dieu créa le ciel que nous
voyons & la terre ? Ce ciel ht par rapport à la terre
Se aux eaux , qu'il renferma dans fon enceinte j ce
que fait une tente , que l'on drellè en plein midi
dans un lieu découvert , par rapport aux chofes qui
ïe trouvent renfermées dellous. Elle leut dérobe la
lumière du foleil , & les met dans l'ombre- Le ciel
que nous voyons déroba de même à la terre & aux
eaux la lumière du ciel fupérieur, ou de XEmpyne,
-& les mit dans l'ombre qu'il fit , empêchant par
l'interpofuion de fon corps que cette lumière ne pé-
nétrât. C'ell à- peu-prés ainfi que s'en expliquent
Eulbthuis d'Antioche&: S. Bafile.quiont parlé plus
net (ai ctb. P. Souciet , Differt.p. 171. 172.
Cie mot eit dérivé du Grec -f'^f , qui fignifae/êtf,
à caulc de la fplendeur & de fa lumière.
EMPYRÊME, ou EMPYREUME. f. m. Terme de
Médecine Se de Chymie. Qualité qui demeure aux
corps qui ont été préparés avec le feu , qui fe con-
noît au goût, à l'odorat. Empyreurru. Ou c'eft la cha-
leur étrangère que le teu imprime , & qui demeure
fur la partie brûlée. Cette chofe mife dans l'alambic
jette une odeur àempyreume j c'eft-à-dire, de brCdé.
ifT II faut pourtant remarquer quempyreume ne
•fe dit que de l'odeur défagréable que le teu donne:
ce qui fent le brûlé , fans être défagréable , le café ,
le fucre brûlé j &c. ne peut être appelé empyreu-
matique.
On ledit auflî de la chaleur qui refte fur le déclin
delà fièvre.
Ce mot vient du Grec ifi-atfvjw , allumer j en-
flammer.
0- EMPIREUMATIQUE. adj. de t. g. fe dit des
huiles J des liqueurs diftillées , qui ont une odeur
défagréable , que le teu donne. Huile empyreumati-
que , odeur empyreum atique , ou d'empyreume. La
plupart des liqueurs diftillées ont une odeur empy-
reumatique , quand elles font récentes. Elles per-
dent cette odeur de feu en communiquant avec
l'air. Il n'en eft pas de même des huiles empyrcu-
matiques , auxquelles cette odeur ell bien plus in-
hérente.
E M R.
EMRAKHOR. f. m. Terme^de Relation. Grand
Ecuyer en Turquie. Stabuli Magifler , ftabulo Pr.z-
feclus. Trois grands Ecuyets nommés Emrakhen
E M S EMU 679
commandent les Ecuries du Grand Seigneur. Du
E M S.
EMS , OU EE.ViS , OU EMBS. Rivière de Wertphalie
en Allemagne. Amidus , -4maJius,AmifIa , Amafia.
Elle a fa lource dans l'Evêché de Paderbornj pro-
che de la ville de ce nom Se de la fource de la Lippe.
Elle fe décharge dans leDollert j à demi-lieue delà
ville d'Embden. Voyc\ Monumenta Paderbo^
NENSîA ,p. 51. 52. 5J.
EMSALMISTE. f Se adj. Nom que l'on donne à ceux
qui guérilfent des plaies avec les paroles. Naudé
dit , Ch. 14. de fon Apologie pour les grands hom-
mes accufés de magie j que Wier Se Delrio préten-
dent qu'ils ont ce nom d'Anfclme de Parme , com-
me qui diroit Anfclmilhs. Mais d'autres , comme
Bravus Se Carvalho, difent que c'ell parce qu'ils fe
fervent ordinairement de quelques verfets des
Pfeaumes , Se qu'ils fe doivent plutôt nommer
Empfalmilus.
E M U.
ÉMUCHIEZ. Vieux mot de quelques CoutuifleSj qui
fignifie évincé. Eyiclus,
ÉMULATEUR , ou EMULE, f. hi. Celui qui tâche
d'imiter , ou même de furpafler les belles chofes
qu'il admire, j^mulus. Ce mot eft plus du Ityle no-
ble Se foutenu que celui d'émulé , (î'c on ne l'appli-
que qu'aux grands hommes , aux Capitaines , aux
gens de lettres. On eft émulateur de ceux à qui l'on
voudroit reirembler. Il a eu plus 6!envieux de fà
gloire que à' émulateurs de fa vertu.
Ce mot vient du Grec«.«'^A«^ difpute, débats d'où
le mot Latin ^mulus a été formé.
ÉMULATION, f. f. Sentiment noble qui nous porte
à imiter. Si. même à furpafler , par des efforrs loua-
bles Se généreux , ce que nous admirons dans les
autres, ^mulatio. ^émulation eft fouvent caufe de
grandes aétions. \J émulation eft un aiguillon à la
vertu. Fel. Platon dit que l'envie eft la fille de l'e-
mulation. S. EvR. Il y a de la différence entre Xemu-
lation Se l'envie ; l'une eft une vertu , l'autre un
vice: l'e/na/^riofi admire les grandes aétionsj Se tâ-
che de les imiter \ mais l'envie leur refufe les louan-
ges qui leur lont dues. M. de Scud. \é! émulation eft
généreule , elle ne longe qu'à furmonter fon rival :
mais l'envie eft balFe , & ne tend qu'à abaifter un
concurrent. S. EvR. L'e;««/^rio;z fied mal aux Hé-
ros; ils doivent être braves par les mouvemens de
leur cœur, fans penfer aux aétions des autres. Le C.
DE M. /^cyei' encore Jalousie.
ÉMLrLATRICE, féminin d'eW/af^ar. M. Richer s'en
eft fervi dans fes fables en parlant des finies.
Leur efpecefut de tout temps ^
Comme l' on fait ^ plus qu'aucune autre ,
Emulatrice de la nôtre.
EMULE., f. m. Concurrent , antagonifte. ^mulus.
Voy. E.MULATEL'R.
Il fe dit aufli de deux hommes qui font regardés
comme étant d'un mérite égal , en cjnelque art , en
quelque profeflion. Ces deux Peintres étoienc-
émules.
Il fe dit quelquefois au féminin. Cartilage éroic
\ émule de Rome.
ÉMULGENT, ente. C'eft une épithète qu'on donne
aux artères qui portent le fang dans les reins , Se
aux veines qui en rapportent ce même fang. Emul-
gens. Les artères émulgentes viennent du tronc def-
cendant de l'aorte , Se les veines émulgentes , emul-
g::ntesvent, vont aboutir au tronc montant de la
veine cave.
EMULSION. f f. Terme de Médecine, eft un remè-
de liquide & agréable, dont la couleur Si la con-
fiftance approchent fort de celle du lait. Il eft com-
pofé de femences ou de fruits oléagineux piles dans
uii mortier, S: dilfous dans des eaux diftillées, oa
•6So
EMU EN
dans des çiécoclions légères qu'on exprime , Se qu'on
édulcore avec du fucre, ou du lîrop. Les cnruijLons
ont grande affiniré avec tes amandes, & ont la mcine
-couleur , la même confiftance & la même propriété.
Elles fervent à adoucir la poitrine , pour éremcire
l'ardeur des reins , pour tempérer lacrimonie de
l'urine, & donner du repos au malade. Lafemence
tle melon ell une des quatre grandes lemences froi-
des , très-employée en Médecine dans les cmuljions.
LÉMERY. On emploie la femence de citrouille dans
4es émulfions , dans les bouillons , & dans les dé-
coctions.
Ce mot vient du L:Lnn emulgere , qui fignificj
tirer du lait.
ÉMULSIONNER. v. a. Mettre les quatre femences
froides dans une liqueur , dans une potion. On ap-
pelle de l'eau de poulet émulfionnéc , quand on fait
cuire un poulet dans lequel on a mis des quatre fe-
mences froides. Cette eau fert à rafraîchir le ma-
lade. La tunique commune des inteltins borne leur
dilatation. Les contrarions ondoyantes , luccelii
ves & périodiques des fibres charnues , fur-tout des
orbiculaires , de la tunique mufculeufe, expriment
la lymphe inteftinale , \ émulfionnent avec la pâte
alimentaire , en pallent Xémulfion par les orifices des
veines ladées , & en poulfent le marc. Anat. de
M. W^tnjlow.
fO^EMUNCTOIRE. Fcyei Emonctoire.
E N.
EN. Prépofition qui marque le temps , ou le lieu. In
On s'en fert toujours, & jamais de la prépofition
dans , devant lîs noms qui font lans article : en paix,
en guerre , en hiut , en bas j en plein midi j er.
été, e/afaifon , en temps & lieu. Depuis quelques
jours en ça. En peu d'heures. En dedans , e/z dehors.
.t'« plein Confeil. En Grèce , en Italie. Il efl: en ca
ge. f'^oy. Dans.
En. Quand cette prépofition fe trouve devant l'adver
bey?, accompagnée d'un' adjectif , elle ne fe met
point d'ordinaire en profe qu'on ne mette le mot
un ou une entre en & /7, On fe plaît en un Ji beau
lieu que celui-ci, f-i ««.'7? belle campagne que celle
ci. Vaug. Rem. Nouv.
En. Cette prépofition fe mec fins article devant les
noms de Royaume ou de Province,connus de temps
immémorial. Aller en Allemagne , en Pologne , er?
France, e/i Champagne, en Picardie, en Afrique.
On excepte de cette règle ces mots , le Péloponèfe ,
le Perche , le Maine ; car on dit , Aller au Pélopo-
nèfe, au Perche, Sic. Tout de même qu'on dit à
avec les noms des villes , à Pans , à Rouen ^ à
Amfterdam , à Rome , à Florence ; & on en excepte
le Mans , & le Caire. Aller au Mans , aller au
Caire , parce que ces deux villes ont l'article /e
dans leur nominatif. On diroit mieux aulfi , Aller
dans l'Ifle de France que en l'Ifle de France j car
pour à rifle de France , quoique ce nom ait l'article
au nominatif, il ne le laut jamais dire.
En , ne fe met pas devant les noms de Royanme , ou
de Province du nouveau Monde j car on dit. Aller
au Japon , au Pérou , à la "Virginie , &c. Il en faut
excepter le Canada ; car on dit , Aller en Canada,
& même aller en Chine : car c'eft ainfi que parlent
les Fr-inçois qui font dans ces pays là j & leur ufage
a femblé à quelques perfonnes devoir faire la rè-
gle des autres. Cependant aller e/z Chine n'elt point
établi à Paris , ni aucune part en France •, & bien
des gens font étonnés d'entendre parler ainfi. L'ufa-
ge ert: de dire , Aller à h Chine.
En , fert aulfi à montrer ies diverfes circonftances des
chofes , l'état, & les diverfes manières d'agir. Cet
homme étoit e/z pourpoint , e/z chemife. Ce Prélat
a officié en mitre îk en chape , en habirs Pontifi-
caux. Il a agi en brave homme. Je l'ai vu en befogne
f/z dépit de vous, f/2 contre-échange. Il a vécu en
paix & en joie. En quoi que ce foit. En quelque ta-
çoji. Il a. été rraniporté en corps & en ame. Cet
E N
homme écrit bien en profe & en vers. Il a achevé
une pièce en dix jours.
En , marque auiii l'imitation, la relTemblance. LTne
temme habillée en homme, c'eft-à-dire , comme un
homme. Un vailleau maté en galère, elt un vailTcau
qui n'a que deux mâts , fans mât de hune : maté en
frégate , elt celui dont ies mâts lont plies ou arquéî
en avant j maté en chandelier j elt celui dont les
mâts font lorr droits; maté en caravelle, elt celui
qui elt maté de quatre mâts , fans mât de hunCj ma-
té en heu, qui n'a qu'un mât au milieu. La prépo-
lition en fe prend à-peu-près de même dans tous les
arts. Une voûte en berceau. Un homme peint en
Hercule, habillé e/z grand Seigneur, Sic. Mouiller
f/z pare d'oie , c'elt mouiller crois ancres à la foisj
ce qu'on tait en un gros temps. On diipofe les an-
cres en triangle , une à bas bord , une à Itribord , ôc
une au vent , ce qui a paru rellembler à une pâte
d'oie. Une terre eu friche , elt une terre qui n eft
point labourée. On dit que le Royaume de France
ne tombe point (?/z quenouille , c'elt-à-dire, que les
femmes n'ont poinc de droic à la fuccellioi» de la
couronne. On dit encore. Ouvrier e/z loie , Tour-
neur en bois, e/z ivoire, &c. Marchand c« gros Sc
en détail. Un homme armé de pied en cap , c'eft-à-
dire, depuis les pieds jufqu'i la tête. Cataphraclus,
On dit un vailleau armé en courfe, armé t'/z guerre,
&c. On dit aufii Manger fon blé en verd.
Voye\ au mot Dans les différences établies par
M. l'Abbé Girard entre ces deux mors dans ôc en.
En, elt aulîi une parricule qui marque le gérondif.
Tout en riant. Il s'elt blefie en marchant. On eft heu-
reux e« aimant.
En j comme dans cette phrafe, Je m'en vais j elt Yinde
des Latins ,3cle ne des Italiens , io me ne vo. Cette
particule fe mec fouvenc avec le verbe aller. Alle:^-
vûus en. Je m'enfuis allé. La même parricule fe joint
aulli à d'autres verbes qu'à ceux qui fignifient du
mouvement , & elle fignifie en ces occafions autre
chofe que le lieu : c'elt une particule relative en gé-
néral , qui fignifie la même chofe dont on a parlé.
Il m en a parlé, il m en a écrit, il vouse/z expliquera
les raifons , il m'tvz a entretenu j &c. On dit âulli , il
m'en a coûté bon, pour dire, il m'en a coûté beaucoup
d'argent, depeincs,de fatigues, &c. Dans ces phrafes
en fe rapporte quelquefois à ce qui précède , comme
dans cette phraie, Vous avez donc acheté une mai-
fon : ouijmais il in'e/z acoûté bon. Quelquefois e/zfe
rapporte à ce qui fuit , comme dans cette autre
phcafe , il menz coûté bon pour être bien logé.
Ah ! Seigneur j c'en ejitrop , &ma rcconnoijjance
Ne peut jamais égaler votre amour.KE c. de Vers.
Ces hras ouvens , ces mains j ces pieds percés ,
Qui fembleni. demander^ Pécheurs, en êjl-ce ajfe^?
Ieid.
En j dans la compofition , fignifie être dedans , fi la
fignification eft neutre , ou paflîve. Engouffrer ^ en-
raciner : & mettre dedans , fi la fignification eft aéti-
ve , EnÇemenccr , enjourner , enfiler, enj errer.
En, Terminaifon de plufieurs noms. Nous terminons
en en les noms Latins terminés en anus , quand la
voyelle i précède la lettre e ; & l'on dit Tertulien ,
Juftinien , Vefpafien , Cyprien , &c. &cet e terienc
alors le fon qui lui eft propre, & ne prend point ce-
lui de l'tZjComme quand il y a quelque lettreaprcs l'/z
qui fuit. Quand Ve n'eft point précédé d'une voyellcj
on rermine ces noms en an , Trajan , Séjan ^ &c.
En, fert auifi aux adverbes & aux conjonétions. En tout
& par-tout. En grand & e/z petit. ZT/z tout cas. hn
après. En outre. En ce que- On s'en ferr j p.ir exem-
ple , pour expliquer une comparaifon- Il en elt des
hommes, comme des animaux. M. de Vaugelasveut
qu'on retranche ici la particule en. Mais cela feroic
un double feus ; & , pour ôrer tout équivoque , les
Ecrivains exaéts la laiflent dans cette phrafe. Ce
n'eft pas même une faute de s'en fervir, lorfqu'elle
n'eft
E N EN-A ■
n efl point nccefUiire pour éviter l'ambiguité. Il en
eft àis difcours de mime que des corpSj qui doivent
leur principale cxiftence à l'alFemblage ik à la pro-
portion de leurs membres, Boil. Cette particule en-
tre av€c grâce dans beaucoup de manières de par-
ler j quoiqu'elle n'y Ibit p.is relative. Il en ufe mai :
ils e/i lont venus aux grolles paroles. Bouh. Corn.
En , le met après quelques verbes , pour lignifier la
manière. M.ris il tant remarquer qu'on ne du point
en François commencer en-^ il taut dire, commen-
cer par j mais on dit tort bien finir en. Les mots qui
commencent par in , les mots qui finiflent en ment.
Cette faute eii d'autant plus à remarquer j que le P.
Bouhours lui-même reconnoît qu'il y e(t tombé.
En , a encore d'autres lignifications & régimes , qu'il
faut apprendre des Grammairiens. Anciennement
en fe diloit pour on : Yen à\x. , au lieu de ïon du , &
Je peuple le dit encore en bien des endroits. Mais
avant que rien en commence. En ell aulîi un mot
employé devant les noms ptoptes d'hommes , com-
me pour dire , Monfieur y ou Madame. Cela fe voit
en la difpute de Sordel & de Guillem , Pactes Pro
vençaux , que Vigenère rapporte. Elle commence
ainfi :
En Sordel que vous es femblan »
De la pros ComceU'a prifan ?
C'eft-à-dire , Sordel , que vous femble de la vail-
lante Comtelfe tant prifée ? On parle encore ainfi
aux villages de Puilaurens , Revel , Sorcle j & en
l'Aurageots , où on du en Pierre, en Jean j & pour
les femmes ils mettent na , &c difent nu Jeanne ,
na Catherine. De-là vient que j lortque nous ne fa-
vons pas le nom d'une perfone au vrai , nous met-
tons uns A^ capitale au lieu d'icelui. Tout ceci eft
pris deBorel.
£n , quand il veut dire dans , ou dedans , il vient d'/«j
ou à'inrrà : en terre , en cave.
EN, ^EN j EIN, AINj H AIN ou IN. Ce norn fignifie
une fontaine en Hébreu ; de-là vient qu'il le trouve
dans lacompoliciondetantdenoms de vil les, comme
EN-DOR , EN-GADDI , EN-GALLIM , EN-
471.
G
SEMESCH.
E N A.
ÉNACIM. f m. pi. ou ÉNACIN & ÉNAKIM. Nom'
de peuple dans l'Ecriture. Enac'un. Les Enaàm , ou
comme dit M. de Saci , les Enacins , ou les Ena-
kifts. comme parlent les DesMarets, & \^s Hana-
kins , félon la tradudlion de Genève, croient àts
Chananésns, qui étoient U poftérité d'EnaCj qui
leur avoir donne fon nom. ils habitoient dans la
partie méridionale de la terre de Chanaan , dans
le territoire de la ville d'Hébron , qui étoit leur
capitale. Enac étoit fils d'Arba. Les Enac'un éroient
d'une taille gigantefque; & les Hébreux que Moyfe
envoya à la découverte de la Terre promife en fu-
ient fi épouvantés , qu'ils jettèrent la terreur fîarmi
tour le peuple , qui ne voulut point marcher contre
cesgéans. Nomb. XIII , z^ , 54. Deut. I. iS. II, 10
11 j 21. IX, 2. Jofué cependant & Caleb les défi-
rent Se les chassèrent , de forte qu'il n'en refta que
peu à Gaza, à Geth. &. à Azoth. Jofué XI , 21. 22.
XV.
XXI. II.
Énac y pijj, à ce que l'on croit , vient de p3yy»qui
fignifie un collier , un carcan d'honneur , comme
Il ce nom venoit de ce qu'Enac ik les Enaàm fes
defcendans portoient des colliers pour ornement ,
comme.on en donne aujourd'hui aux valets Mau-
res qu : l'on prend à fon fervice.
ÈNAGALLI\!. Fby.ENGAlLIM.
ENAGDOWNE. Petite ville Epifcopale , réduite en
village , Anadugmim , Enaclduum. Elle eft dans la
Connacie en Irlande , entre la ville de Galloway &
celle de Tuani , à l'Archevêché de laquelle fon Evè-
chéaété uni j aulfi-bien que deux autres.
ÉNAIM. Enaia;. Quelques-uns croient c^rCEnaim elt
nom propre de lieu. Plulon. De Profugis, p.[
Tome III.
EN A 681
.71. Eulcba Onom. an mot a',v«, , 5c: Procope de
iaze fur le Ch. XXXVI de la Genèfe , font de ce
fentimentj & penfent que c'étoit un village ainh
nommé d'une lontaine qui étoit là ; car fj;? , ^in ,
lignifie jontaine en Hébreu. Il feroit mieux de dire
qu'il y avoitdeux fontaines , parce (\y\Enaim eft le
duel, qui lignifie une double fontaine. D'autres,
comme S. Jérôme , prétendent que ce nom fignifie
bivium, un endroit où un chemin se fépare en deux,
où il fourche. Ce lieu étoit fur le chemin de Thim-
na. C'eft appatemment le bourg qu'Eufèbe appelle
Berthemin J & qu'il dit erre propre de Mambré.
Le P. Lubin le confond mal-à-propos avec Enam ,
en fuivanc Zieglérus , qui eft tombé dans la même
faute.
ÉNALLAGE. f f. Terme de Grammaire. C'eft une
figure Grammaticale , par laquelle on change & on
lenverle le difcours \ qui change les temps , les
modes d'un verbe , qui met un genre pour un genre
diftcrent. Quand Térence fait dire par Thrafon au
parahte qui venoit de porter fon préfent à Thaïs:
Magnas vero agere grattas Thais mïhï ?
Thaïs me fau de grands remercimens fans doute ?
Agere , Axitwi les Grammairiens , eft mis là pour
fl^^r J &c'ell ce qu'on appelle énallage. Maisn'eft-il
pas plus lailonnablt d'expliquer cela par ce qu'on
appelle ellipfe, en fuppléant un verbe fous-enten-
du , que de fuppofer une figure qui ne peut avoir
aucun londement, iSc qui renverfe toutes les règles?
Cette hiçon de parler eft fort ordinaire aux Poètes &:
auxHiftoriens,ô:l'on doit direjdanstousies exemples,
qu'il y a un verbe fous entendu , comme cxph ,fo-
Ut J 7ion uffatou autres j qui eft la raifon de Tinfi-
nitifj qui ne peut être pris pour un remps fini &:
déterminé.
Ce mot vient du Grec b«AA«y;)^ formé du verbe
b«AA<irT£;v , qui fignifie changer, aulfi-bien que le
verbe h m pie «A>.«rr£i».
ENAM. C'éroit une ville fituée dans la plaine de la
Tribu de Juda. Jof XV, 34. Quelques-uns croient
qu'elle s'.ippelle Haenani , parce que le texte Hé-
breu l'écrit CDJyn : mais d'autres veulent que le ^
foit l'article.
ENAMERER. v. a. Inamarare. Ce mot eft dans Ron-
fard , pour dire, rendre une chofe amère. Nicoc
croir que Ronfard a formé ce mor fur l'Italien inaf-
/»nr. Quoiqu'il en foit, énamcrerncù. point d'ufa-
ge , quoique nous n'ayons point d'autre mot pour
exprimer la même chofe. On dit rendre amer , don-
ner de l'amertume.
ENAMOURE , ée. adj. Vieux mot, qui fignifie.
Amoureux. Il eft énamouré d'une dpnzelle.
ENAN.fwrtw. C'étoit un village aux limites de la
terre de Chanaan , promife aux Juitsj Nom. XXXIV
9. Ezéchiel , XLVIII. i, dir que c'étoit letermedii
territoire de Damas, &: il l'appelle , Enon ou Hha~
ferEnan , que la Vulgate traduir Atrium Enan. Ce
lieu fut donné à la Tribu de Nepluali j & il étoic
une de fes bornes du côté du feptentrion.
ENARRHEMENT .f m. Arrhement. Convention d'a-
cheter une marchandife à un certain prix , en don-
nanrpar avance^une partie du prix convenu. Il y a des
enharremens qui ne font pas permis. L'Ordonnance
de Police du 5 1 Août 1 (5(J9 , art. XI. porte , & quant
aux enarrhemens de grains qui peuvent avoir été
faits (w mois avant la date des Préfentes , nous les
avons caftes i?n: révoqués. De la Mare , Traité de
Police, T. II, p. 708.
ENARRHER. V. a. Arrher, donner des arrhes pour
une marchandife , convenir du prix d'une marchan-
dife , en donnant quelque chofe du prix convenu ,
pour la fureté de l'exécution du marché. Il n'eft pas
permis A'enharrerune efpèce de marchandifespour
y mettre la cherté. Arrham , ou arrhahoncm dare.
Une Ordonnance de Police du ji Août 169';. porte
à l'art. 1 1. Faifons défenfes auxdirs Marchands , Se
a tous autres de quelque qualité &: condition qu'ils
R r r r
éSi E N A ENC
fuient , à'eriarrherm acheter les blés & autres grains
en verd, fur pied & avant la récolte. De la Mare.
T. IL p. 708.
Dans une Ordonnance de Police du Châteletde
Paris du 25 Novembre i54f'j rapportée dans le
nicme ouvrage, T. II. p. 730. on écrit enerrer j au
lieu d'e/wr^Aer. Ou Blayers , Pâtilîiers , Meuniers,
& Boulangers de ladite Ville &Fauxbourgs de Paris ,
tenant ouvroir j n'aillent au-devant desdits grains ,
iceux- marchandent , barguignent , ou enerrc/u , ne
falTent marchander , barguigner & enerrer.
ENARTHRÔSE. f. £ Terme de Médecine. Foye^
D1ARTHK.ÔSE.
ÉNASER. V. a. Oter le nez, couper le nez. Il eft
vieux , & abfolument hors d'ulage. Enafcr vient
de enafare j comme dit Ménage.
EN AVANT, adv. Ulceriùs , a/ùe j ou inante. On ne
hut quelquefois qu'un m it de ces deux prépoli-
tions e:i &iavanc. On die auHi, tout en un mot, dore:,
en avant t ou uorejhavanc.
^ ÉNAUCHER j chez les Epingliers , c'eft former
fur l'enclume avec une lime , la place de Ix branche
de l'épingle , avant celle de la cète.
E NB.
EN BAIE. f. f. Vieux mot qui a été dit pour une ef-
pèce de jo'ue.
EN3UVER. V. a. Vieux mot. Abreuver j donnera
boire à des chevaux , à du bétail. Adaquare.
ENC.
ENÇA. adv. Ahhïnc. Depuis mille ans enca. Bf.nser.
Plufieurs habiles hommes qui ont fleuri depuis cent
ans cnca ont mis la main .i la plume. Dh Meziriac.
Cette exprellion enca n'ell ni du grand Ityie j ni
du bel ulage.
ENCASAINIÉMENT. f. m. On appelle en termes
de Mirine encihancinent du vaiireau, la partie de
fo)i côté qui rentre , ou qui fe rétrécit depuis la li-
gne du tort juf.ju'au plat-bord.
EiSiCADDIRES. f m. pi. Prêtres des Carthaginois ^
dont parle faint Augultiu , au fervicedes Abaddires.
|p° ENCADREMEiMT. f. m. Adion d'encadrer , ou
■ l'efîet qui réfultede cette aciion. Infcrcucio.
ENCA'ORHR. v. a. Mettre dans un cadre. Renfermer
un tableau , une eftampe dans un cadre, Tabdlam
quadrato indudirc , quadro Infertare j incajîrare.
Ilfiut encadrer ce portrait j il en paroîtra plus beau.
Encadre , EE.part. Quadrato indujus. Une ellamps
encadrée avec un verre fe conferve mieux & plus
long- temps.
ENC/€NiES. /-''(lye^ EncÉnies. Ce n'efl; point rufrge
démettre des «e , cette dipKchongue n'étant point
Françoife. Onécrivoit autrefois aer , comme en La-
tin ; maintenant on écrit air : & même dans les
mots étrangers , comme Csfar y Encitnia , on écrit
Céfir, Encenies J &c.
ENCAFATRAHÉ. f. m. Bois plein de veines, d'une
couleur verte , qui fe trouve dans l'Irte de Mada-
gafcar. lia l'odeur des rofes , & ell bon pour les
maux de cœur & défaillances , fi on l'applique def-
fus , ou au creux de l'eftomac, après l'avoir broyé
avec de l'eau fur une pierre.
ENGAGER, v. a. Mettre en cage , enfermer dans une
cage. Caveâ indudere. Les vieux oifeaux qu'on cn-
cage ne vivent oas long-temps. Encagcr fe dit pro-
prement des oifeaux \ mais on le dit aufli des ar-
bres. Encagcr de jeunes arbres. Plantas arborumfe-
vire 3 circummunire cave/s. C'eft les entourer d'épi-
nes ou d'autre chofes , pour empêcher les animaux
de venir les ronger quand ils font encore jeunes &:
tendres.
ffT Engager , en parlant des arbres , paroît une ex-
prellion très impropre, & j'ignore fi elle ell uficéi.
Lé mot Latin cavea défigne un creux, une pciice
folle qu'on fait autour d une jeune plante pour em-
.pccher les bêtes d'en approcher. Il fignifie auQi les
ENC
épines dont on les entoure pour la même raifon.
Mais cela paroît allez mal rendu par encager.
On s'en fert ^ hgurément is: par plaifanterie ,
pour dire j mettte en prifon. On l'a cncagé.
Engagé, eh. ^■xn.Cavcàinclufus.\\iQ die auiii figu-
rémentjde cequi eft enfermé dans quelque clôture.
Conclujus. Ainli on a dit des Ecoliers d'un Collège.
Que ce petit peuple encagé
Criait vivat pour un congé'.
ENCAISSEMENT, f. m. L'acllon d'encailfer. L'en-
caijUementdeies inarchandifes lui coûtera beaucoup.
§Cr Encaissement, fignihe aulli un ouvrage de char-
pente , un bâti drelîé pour parvenir à fonder dans
l'eau , dans un marais, &c. M. Tardif donna en
1757. une nouvelle méthode d'encailfement pour
fonder facilement & folidement , à telle profon-
deur qu'il fera nécelfaire, dans les marais, dans la
mer , <S:c. Imaginez vous un cailTon conipofé de
pièces de bois montées & alfemblées à,e manière
que le tout forme une efpèce de bâtardeau entier ,
Ce comme une feule pièce-Cette machine fans fond
&: termirfée en forme de plan incliné par la réunion
des principales pièces qui compofent fon pourrour j
peut entrer dans un tenein vafeux , lablonneiix ,
ou même mêlé de pierrailles. Il n'eft pas néceflaire
pour cela d'employer les etlorts du mouton ^ il fuf-
fit de charger de maçonnerie ou de terre glaife le
pourtour du caillou : car au moyen de cette char-
ge , les extrémités des pièces faites à peu-près com-
me des pieux , pénétrent daus le fol , & parviennent
julqu'au tut ou fond folide.
IPJ" On dit auiîi taire un grand chemin par en-
caijjenienty pour dire j y faire des tranchées qu'on
remplit de cailloux.
0CF On die encore , en termes de Jardinage j
faire un jardin par encaijjement , pour dire , y plan-
ter des arbres dans les trous qu'on a remplis de.
bonne terre. On le dit aulfi des arbres à fleurs qu'on
met dans des caiffes nouvelles , remplies de l'elpèce
de terre convenable. Il eft temps de donner un en-
caijemcnt à cet oranger. Ce grenadier a befoin d'un
encdijfement. Liger. Le défordre des orangets peut
venir du côté de Vencaijjemcnt, qui peut être aura
été mal fait , & en de méchante terre , ou qui n'au-
ra pas été renouvelle- au befoin. La Quint.
ENCAISSER. V. a. Mettre dans une cailfe des mar-
chandifes. Capfâ concludere. Il faut encaijjer ces
drogues.
Encaisser, eft aufli un terme de Jardinier, qui fi-
gnihe , mettre un arbre ou un arbufte dans une
caille remplie de terre préparée. £'/2Ci2///êr des oran-
gers , des grenadiers.
Encaissé, ée. part. & adj. Capsa conclufus. Quoique
les arbres nouvellement encaiffes foient quelquefois
alfez long-tenpps fans rien faire , comme s'ils éroienc
engourdis , cependant il n'en faut point défefpérer,
tandis qu'on y remarquera quekiue apparence de
verd. La Quint.
Ces mots viennent d'en , Se caijfe. Koye\ ces
deux mots.
1^ ENCAN, f. m. C'eft proprement le cri public ciuî
fe/ait par un Sergent , un Huillier pour vendre les
rfteubles à l'enchère , & la vente publique qui s'en
fait par l'Huillier qui les adjuge au plus offrant 6c
dernier enchérilfeur. Auclio. Mettre à ïencan. Auc-
tionein facerc- Vendre publiquement au plus of-
franr , Si la vente eft forcée , auclio hafls,. Être ven-
du .à \encan. Suh hajla fubire. Ne point recevoir
quelqu'un à enchérir à un encan , à mettre enchère.
Ab hafia fummovere.
Ces venres s'appeloient autrefois inquans \ & il
y a apparence , à ce que quelques-uns difent , que
ce mot vient de in quantum , combien. Ménage &
Du Cange tiennent qu'il vient de incantum , & de
incantare ^ quilfignifie entonner-, crier haut, pro-
clamer. Cufcneuve le fait \cv\'n à' in quantum , qui
E NC
combien. Cette écymolot^ie paroît plus n.a-
fii^nihe
tutelle.
On dit, figurément j Mettte la fagelT; IV encan.
î^enaiem exponere. Ablanc.
ENCANAILLlill. v. a. Contbndte , miler quelqu'un
avec la canaille , le bas peuple. Les alliances fi-
nancières ont encanaulé la plus illulke noblelle.
De la Houss. Mcmoircs, Votre loupé écoit bon ,
mais la compagnie étoit mal choihe j vous nous
aviez encanailUs. Agad. Fr.
Encanailler fe dit aulli avec le pronom pcrfonnel
&ligniiie hanter lacanailie avoir commerce avec la
canaille. Cumplebccula vcrfarl ^jamiLiarcni ejjc. Pre-
nez gard',; de vous encanailler. Molière fait dire à
unoprccieufe; le goût des gens eft étrangement gâ-
té j & le iiè-'le s encanaille turieufement.
Encanaillé , ée. part. & adj. Ignobilis , Jordidus.
ENCANTIS. f. m. Terme de Médecine. Ceft une tu-
meur de la caronciiUe lacrymale, lunée au grand
coin de l'oeil : Il elt oppofé au rhias , qui elt une
diminution ou confomption de cette même caron-
cule. Encantnis.VEncanchis eftcaufé par une Huxion
qui fe fait fur cette partie , ou par un ulcère de cette
partie , qui n'a pas été delféchée allez-tôt.
Ce mot ell Grec 'ivy-*v^iç : il vient de la prcpofi-
tion h , Hc de x-a-id-U , le coin de l'œil.
ENCAPELH. adj Arrêté. A la tige du même grapin
croit encapele o\i arrêté le pli d un cordage dont les
deux moitiés ou branches couloient à côté & le long
de l'aiguille. Hijl.de l'Ac. des Se. 174-? , p. 1 su.
ENCAPPÊ. adj. m. Terme de mer. Etre entre les caps.
Incerpromoncjria pcjlcus. Cela fe dit lorlqu'on ell
avancé entre les caps en certains parages j parexem.-
ple entre les caps île Finiltère 6:. d Ouclfant. Dans
un fens contraire on dit décapé. Je crois qu'il fau-
droit écî\xzer:Cape'.
ENCAPUCHONNE, le. part. & adj. Qui porte un
capuchon. Cucdlacus. Jamais tête encapuchonnée ne
tut propre à notre métier. Gui-Patin. C'ell-à-direj
que les Moines ne devroient jamais fe mêler de la
Médecine. Sur quoi l'on peut voir le con;e intitulé :
la Gaasure , p. 115 des poclies de Baraton.
ENCApL/CHONNE, ée. f. m. & f. Nom de fecTre.
Capuciatus , a. Les Encapuchonnés font des héréti-
ques qui s'élevèrent en Angleterre l'an 1587. Ilsfui-
voient les erreurs de Wiclel , & foutenoient l'apof-
tafie de Pierre Pareshul , Moine Auguftin, qui quitta
fon Ordre , Sc l'accufa de plulieurs crimes. On leur
donna le nom d'Sncapuchonne's , parce qu'ils ne fe
découvroient point devant le Saint Sacrement.
S ENCAPUCHONNER. V. récip. Se couvrir la tête
d'une forte de capuchon. Cucullo caput involvere.
Vous vous êtes plaifamment encapuchonné. Il eft
du ftyle familier.
§3° s'Encapuchonner , terme de manège, fyno-
nyme av;c s'armer, t^oye'^cc mot.
ENCAQUER. v. a. Mettre dans une caque. Cado in-
cluJere , fupcringerere. Encacjuer des harengs. Il fe
dit, figurément, en parlant de gens qui font prelles &
entalfés les uns fur les autres dans un carrolfe ou
dans quelqu'autre voiture. Ils lont cncaqués là com-
me des harengs. Expreflion familière.
Encaqué j Ée. part. Cado inclufus.
icy ENCASSURE. f. f. Les Charrons appellent ainfi
une entaille qu'ils fontauliloir de derrière & à la
leilette de devant , pour y placer les eflieux des roues.
ENCASTELER , S'ENCASTELER. v. récip. Il fc
dit, pioprement,d'un cheval qui a le talon trop ferré.
Ce cheval commence à s'encaj/eler.
Encastelé, le. part. & adj. qui fe dit d'un cheval ou
jument don: le talon eft trop étroit , Se dont la
fourchette eft trop ferrée, enforte que les deux cô-
tés s'approchent de trop près, & quelquefois juf-
qu'à fe joindre. On le dit aulll de toutes les bctes
de pied rond. Pour remédier à ce mal , il faut leur
faire ouvrir le talon avec le boutoir jufqu'au vif.
Nicot dit que le mot encaftelé vient par méta-
phore , de ce que la bête encaftclée a le pied enfer-
mé par le talon comme d'un château , càjlcllum.
ENC é%^
On appelle, figurément, un \\omm(i encaftelé, qui
a le crâne étroit, i<c qu'on accufe d'un peu de folie-
Ce terme n'eft m noble ni ufité.
ENCASTELURE , ou ENCASTELLEMENT. f m.
Maladie ou douleur qui vient au pies de devant dz%
chevaux. Jumencarii taliobduciio ex coéunte'ungula.
L'encj/ielure eft caufée par une fccherelfe & par l'é-
trécillemcnt de la corne des pies , qui, reireriant les
deux côtés du talon, fiit boiter le cheval. Lespiés
de derrière ne lont pas fujets à Vencajlelure , parce
qu'ils font toujours expofés à l'humidité de la fiente
& de lutine de l'animal.
ENCASTlLLAGE. f m. Ceft la patrie du vailfeau
qui le voit depuis l'eau julqu'au haut bois.
ENCASTILLEMENT- f. m. Mot d'Artifan. Enchâf-
fement. Incajbatura.
ENCASTILLER. v. a. Incaflrare y aptare , commit-
tire. Mot d'Artifan. Enchâlfer. Pomey , Danet,
On dit, en particulier, qu'un vailleau liii encajlitld ^
lorlqu'il eft tort élevé par fes hauts , c'eft-à-dire ,
par les parties qui font fur le ponr , telles que foi'C
les deux gaillards ou châteaux , ik. la mâture : &
on dit qu'il eft accacillé , lorqu'il eft accompagné
d'un château d'avant & d'un château d'arrière. Oz.
Cela me fait croire que le mot A'encaJtilléQn ce fens
pourroit bien venir de cajlellum.
ENCASTREMENT, f m. Action d'encaftrer , ou l'ef-
fet de cette aétion. CommiJJura j incajlratura. Faire
un encajtrement , c'eft encaftrer.
ENCASTRER, v. a. Terme de Charpenterie. Enchâf-
1er , joindre enfemble. Inferere , infertare _, commit-
tere ijunaere , incajlrarc. C'eft enchâlfer, par entail-
le ou par feuillure , une pierre dans une autre , ou
un crampon , de Ion épailfeur , dans deux pierres ,
pour les joindre.
E:4CASTRER, enchâller avec entaille , par le moyen
d'une entaillure. /.^^{/^/ur^. Encaftrer des tableaux
dans un lambris.
ICT ENCAVEMENT. f. m. Adion d'encaver , de
mettre en cave. Encavement du vm , de la bière &
autres liqueurs.
IJO" ENCAVER. V. a. Mettre en cave quelque boif-
iow que ce foit. Demittere in ccllam vinariam, de-
volvere in hypogcum. Il eft temps d'encaver ces vins,
ces eaux-de-vie.
Nicot a pris aulfi encaver pour creufer , Cavare ^
excavare. Il ne fe dit point en ce fens là.
EncavÉ , EE. patt. Demil/'us in cellain vinariam.
ENCAVEUR. f. m. Celui qui encave. Çlui devolvitin
hypogeum , doliarius.
ENCALf ME. f m. Puftuie caufce par une brûlure , la
marque que lailfe une brûlure. On appelle encore
de ce nom, une efpèce d'ulcère qui le forme dans
l'œil iyx.tiufiii ^ de "«'a, je bruie. Voyez le Ûiciion. dé
James.
tfJ- ENCAUSTIQUE, f f. Encaujîica, ou encaujlice.
Sorte de peinture pratiquée par les Anciens , donc
l'ufage s'étoit perdu, (Si qu'on a renouvellée dans ces
derniers temps. Peindre à XEncauflique , c'eft pein-
dre avec de la cire , des couleurs & le feu. Ars en
eau
tflo ping
ars pingendi , ù piciuram inurendi.
M. le Comte deCaylus & M. Mignot , Docteur en
Médecine, travaillèrent de concert dès l'an 1753 ou
même 1752 , à relfufciter rf/zw^/^/Zii^z/e. En 1754 j
ils firent voir à l'Académie des Belles-Lettres ^ uil
tableaude Minerve travaillédanscegenre. En 175 5 ,
ilspublièrentdeux Mémoires très-inftruétifs fur cet-
te matière. Cependant M. Bachelier ^ Peintre de
l'Académie , a formé des prétentions fur cette
découverte.
1)3" Encaustique, .adj. de t. g. Peinture Encaujlique.
Piclura encaujlica. L'objet de M. le Comte de Cay-
lus, a été de prouver que la peinture encaufiique ^
autrefois pratiquée par les Grecs , S<. dont Pline par-
le , n'eft point la peinture en émail, comme on fe
rétoit iiTiaginé , mais la peinture en cire fur le bois.
%T Foye.-:; les différentes manières de peindre en
cire , propofées pat M. le Comte de Caylus , & pat
M. Bachelier.
R r r r ij
6S4 E N C
.fcr ENC A VURE. f. f. Terme de Médecine. Nom que
i on a donné à une maladie pùiticulièie des yeux ,
qui n'elT: autre choie qu'un ulcère alFcz profond à la
cornée. Cavhas,
JINCEINDRE. v.a. Entourer , environner, enfermer
une ville, un bois, unchamp,de murailles, de haies,
de fûlfcs , de hlets, d'hommes armés , pour en bou-
cher les avenues. Cingcre. Il coûtera beaucoup à e/2-
ce/'rti/re cette ville de murailles. L'Ordonnance des
Eaux &c Forêts oblige ceux qui ont des bois auprès
de ceux du Roi , de les enceh/drede tolFés. Dans une
chaife générale du loup, on encehn un bois de pay-
fans armés. On ne dit guère cnctindrt d'hommes ,
de foldats.
Enceint , EiNTE. part. Cinclus. On évite de fe fervir
du féminin , qui clt comme déterminé & confacré à
une autre lignirication j qui va fuivre.
ENCEINTE, adj. f. Femme enceince j femme grolTe
d'enfant. Gravida , pr^gnans j Jœta. On furfeoit
l'exécution des femmes condamnées , quand elles
fe trouvent enceintes.
§3" M. Perrault, par une métaphore un peu trop
hardie, a appliqué ce mot aux branches d'arbres
qui contiennent les embryons des fruits , qui font
développés par les lues nourriciers.
Cefuc,des qùonla coupe,{hhi':inche)auffttôtraùanu
Aux branches d'alentour partage fa vertu ;
Répare abondamment uursfor:es prefque éteintes ^
Et grojjlttûus lesjruits dont elles font enceintes.
Perrault.
Ce mot vient de incincia, comme qui àiroii fans
ceinture , parce que les femmes grofles ne doivent
point être gênées dans leurs habits , ni porter de
ceintures. C'ell-là l'érymologie ordinaire. On peut
aulli faire venir enceinte du Latin inciens , félon M.
Ménage. Je m'étonne que ce favant homme dife
que nos Anciens appellent ainfi une femme grolfe ,
& qu'il remarque que ce mot eft encore en ufage en
plufieurs Provinces de France , & que d'Ablancourt
&c M. Patru s'en font fervis. Il veut faire entendre
par-là que ce mot n'efi; plus en ufage. Il l'ell: cepen-
dant autant qu'il ait jamais été. On difoit autrefois
& on écrivoit enchtinte.
ENCEINTE, f. f . Clôture qui ferme une ville, une
maifon.un champ 5 quelquefois circuit, rour, éten-
due. Ambitus , circuitus. Uenceinte de la ville de
Nanquin eft de vingt milles d'Italie. Il ell: fait dans
l'enceinte de la maifon. Pat. L'enceinte des tranchées
pouvoir tenir dix mille hommes. Abl ANC. Il fe trou-
va renfermé dans l'enceinte d'une famille pailible &
pieufe. Fléch.
Enceinte j en termes de fortification , eft le contour ,
la circonférence du rempart d'une place fortifiée,
foit qu'elle foit compofée de baftions ou non. C'eft
aufifi le compofé des ouvrages qui l'environnent ,
lels que font les remparts , les folfés, les demi -lu-
nes , les ravelins , les ouvrages à corne, les couron-
nes , &c. La fimple enceinte renferme un rempart ,
un folfé, une efplanade. La i'^ comprendle chemin
des rondes couvert d'un parapet. La 5^ enceinte , ou
balFe enceinte, ell: ce qu'on appelle autrement fauf-
fe braie. Ozan.
ENCEiNTEjfedit audi j en termes de Chalfe, lorfqu'on
tend des toiles , ou qu'on pofte des chiens ou des
chalfeurs autour d'un bois, ou d'un lieu où l'on veut
chalFer. On dit auffi. Faire fes enceintes ,faltus inda-
gine cingere , prendre fes cernes , quand on fait di-
vers ronds autour des plus fraîches voies & allures
de la bête , pour s'alTurer où elles aboutilfent , &
delà conclure l'endroit où elle eft embûchée.
ENCEINTURER. Vieux mot , qui fignifioit, Engrof-
fer, rendre enceinte. Mehun , au Codicille.
Vierge qui, du corps. Dieu ton fils encein'turas. Borel.
Les Italiens difent dans la même fignification in-
cingere y ■pom ingravcdare.
ENC
ENCELADE. f. m. LTn des Géants qui firent la guerre
à Jupiter.
ENCENIES. f. f. pi. Mot Grec, qui fignifie Reftaur.--
non, rénovation. Lncunia. C'étoit une ihiQ que
célèbroient les Juifs lea5du|j^ mois,pour la Dédica-
ce,ou plutôt en mémoiredelaPurificaiion duTempie
faite par Judas Machabée j apiès qu'il eut été pillé
& pollué par Antiochus Epiph.uie. On célébroit en-
core deux autres hncenies : la Dédicace faite par Sa-
lomon , ôc celle qui fut faite par Zorobabcl au ia~
tour de la captivité. Ce mot eft, dans le Grec & le
Latin, du pluriel^ & c'eft pourquoi je crois qu'il faut
aufli le faire du pluriel en François, &c mettre une s
au bout , encenies , les encénies. Ce mot n'eft pas
alFez ufiic dans notre langue, pourconfuker là-def-
fus l'ulage , qui pounoit être contraire à la règle ,
comme en bien d'autres chofes. Mais jufqu'à ceque
l'ufage le détermine , ii faut fiuvre la règle & l'a-
nalogie.
Ce mot vient du Grec £'/««(««, formé de la prc-
politioni.j & de ««'"■«;, qui fignihe nouveau. On
trouve aulli dans les Pères , dans THiftoire Ecclé-
fiaftique , enc&nia , pour la Dédicace des Eghfes
Chrétiennes.S.Auguftin témoigne que,defon temps,
ce mot-là étoit même palfé aux chofes profanes, ^
qu'on difoit enc&niare , lorfqu'on prenoit un habit
neufj&c.
Nos derniers Tradudeurs de la Bible, ne fe font
point fervis du mot Encénies en S.- Jean X. 11. où il
en eft parlé. Ceux de Port Royal ont mis la fête de
la Dédicace. M. Simon les a fuivis. Le P. Bouhours
a dit , Onfolennifoit à Jérufalem le renouvellement
du Temple. Il eft certain que ce n'étoit point la Dé-
dicace du temple , &: que le mot encénie fignifie re-
nouvellement, & non point Dédicace. Mais aufii le
renouvellement du temple peut fe prendre pour le ré-
tabliiFement du temple, rebâti ou réparé par les
Juifs après le retour de la captivité j & ce n'cft point
cela: c'eft l'expiation , la purification du temple
profané j une féconde confécration du temple, is^e-
nouvellement eft cependant mieux encore que Dé-
dicace.
ENCENQUETA. f. f. Vieux mot. Aveuglement. Il
vient de cdcitas , aveuglement j ou de «a^ri/ïj avoir
les yeux éblouis , ne voir pas bien.
ENCENS, f. m. Thus^ incenjum. Réfine aromatique &:
odoriférante. Elle fort d'un arbre qui a les feuilles
femblables au poirier , félon Théophrafte : il croît
en la région de Saba en l'Arabie Fieureide, furnom-
mée par les anciens j Thurijère. On l'incife aux jours
caniculaires , pour en faire fortir la réfine. L'encens
mâle, qui eft le meilleur , eft rond j blanc & gras
au-dedans. On lui a donné le nom de mâle , pour
diftinguer les grolFes &c belles larmes d'avec les
communes : il eft aulFi appelé oliban. L'encens fe-
melle eft mou J plus réfineux & moins bon que le
précédent. L'encens eft d'un grand ufage dans la Mé-
decine ; il échauffe, delféche & refferre. On s'en
fert dans diverfes maladies de la tête & de la poi-
ninejdans le vomilFement , la diarrhée & la dyf-
feiiterie. On l'emploie aulli extérieurement , pour
fortifier le cerveau. Il eft bon pour les plaies.
L'écorce d'encens eft l'écorce de l'arbre d'où l'en-
cens découle : elle a les mêmes qualités que Vencens.
Il y a une autre écorcc qu'on apporte des Indes j Se
qui eft aulli appelée écorce d'eicens ^ thymiama, ou
encens des Juifs , parce que les Juifs s'en fervent
fouvent dans leurs parfums.
La manne d'e«a-A'j-_, font les miettes ou petites
parties qu'on ramafte dans les facs ou Vencens a été
mis & porté , & qui vient des grains quifefroilfenc
les uns contre les autres. Il y a aulîi la fuie d'encens ,
qui en e
ft un
e préparation.
On a brûlé de Vencens dans les temples de toutes
les Religions _, pour faire honneur aux Divinités
qui y ont été adorées. Les premiers Chrétiens onc
été martyrilés j parce qu'ils n'ont point voulu don-
ner de Vencens aux Idoles- On donne aulli de \'en~
cens dans les cérémonies Ecdéfiaftiquesj aux per-
Ë N C
fonnes que 1 on veut honorer. On donne de Yen-
cens aux Prélats , aux Officians , au Clergé , & mê-
me au peuple ôc aux corps mores. L'encens ell un
droit hononhque dû aux Patrons , Fondateurs &
Hauts-Jufticiers d'une Eglife. Cet encens qae vous
avez vu fumer fur vos autels , & monter vers le ciel ,
en odeur de fuavité , ell le fymbole de vos prières.
Fl.
Ce mot vient de incenfum j c'eft-à-dire, brûlé j
en prenant l'eftet pour la chofe.
Encens de Thuringe. La Thuringe, & fur-tout le
territoire de Saxe , abonde en forêts de pins , qui
donnent beaucoup de poix. Les fourmis fauvages
en recueillent de petits grumeaux qu'elles enfouif-
fentd.ins la terre , quelquefois jufqu'à quatre pieds
de profondeur. Là cette poix par la chaleur fouter-
reine , reçoit un nouveau degré de cottion , & fe
réduit en malfe. On la tire enfuitede terre par gros
morceaux. C'ell ce qu'on appelle encens de Lhurin-
ae. On la vend pour de l'encens fous fonnom. Voy.
rOryctographie de M. Schur.
Encens, fedit, Hgurémentjen Morale, des flatteries,
& des louanges. Vendre au plus oftiant fon encens ,
& fes louanges. Boil. Ce Seigneur aime \encens.
Un Auteur donne de Xencens à fon Mécénas tout
fon faoul. Votre encens ne me fera pomt to'urner
la tête. B. Rab. Dieu n'a pas établi nos Rois feule-
ment pour recevoir , comme des Idoles , \ encens
Se les vœux de leurs fujets dans une fuperbe oifi-
veté. Fl. Les hommes qui aiment la liberté en tou-
tes chofes j veulent donner leur encens librement.
Le fenfuel brûle avec plailîr dans fon cœur, Xencens
qu'il offre à fon idole. Fl.
Je ne puis en efclave , à la fuite des Grands,
A des Dieux fans venuprodiguer monenccns.BoiL.
Lui-même applaud/JJantàfon maigre génie
Se donne par fes mains /'encens qu'on lui dénie. Id.
Four moi ,je ne vois rien déplus foc, à monfens ,
Qu'un Auteurquipar-tûucva gueufer d^l'encens.
Molière.
IJCT Corneille a employé ce mot au pluriel dans
Pompée.
Mais quoique vos encens le traitent d'immortel.
'^fT Encens j dit Voltaire, ne fouffre point de plu-
riel j de plusj on otFre de Vencens aux immortels ,
mais ïencens ne traite point d'immortel.
% §3" On peut obferver ici qu'en aucune langue
^ les métaux, les minéraux, les aromates, n'ont ja-
mais de pluriel. Ainli, chez toutes les'nations, on of-
fre de l'or, de Vencens, delà mirrhe^ & non pas
des encens i des ors , des mirrhes. Quand nous don-
nons un pluriel au mot or , en difant , par exemple ,
un bijou de ditférens ors, une tabatière j une
montre de phifieurs ors. C'eft fimplement pour
marquer les différentes couleurs de ce métal dans
les ouvrages où il ell employé.
ENCENSEMENT, f. m. Action d'encenfer. Suffimen-
tum , thurisfuffltus. On fait des encenfemens pendant
l'Office divin à l'Autel , au Clergé & au peuple.
^ ENCENSER, v. a. Donner de l'encens. Incendere thus,
» thureum odorcm Jpargere. Encenfer les offertes , le
Célébrant , l Evêque , le peuple.
Qui voudra déformais encenfer vos Autels ? Boil.
Encenser j fe dit .iu(îî , figurémenr, en Morale ; pour
dire. Louer quelqu'un, le flatter. Les Auteurs %en-
cenfent les uns les autres. On ne fait pas mainte-
nant grande fortune à encenfer les Puillances. Pour
être de fes amis, il faut continuellement ['encenfer.
Cosr. Pour gagner les hommes jil faut donner dans
leurs maximes. Se encenfer leurs défauts. Mol.
E N C
€8/
Autre part que chei-moi chercheiqul vous encenfe.
MoLliRE»
Et parmi les pauvres mortels j
Quelquefois ceux que l'on encenfé
Nejont que de grands criminels ,
A qui notre feule ignorance
Au lieu de châcimens décerne des Autels.
NOUV. CH. DE Versï-
Encensé , ée. part.
ENCENSEUR, f. m. Qui donne de l'encens. Les fai-
feurs de Dédicaces lont de grands encenfcurs , des
encenfeurs éternels.
ENCENSIÈRE. f. f. Cunilago. C'eft une herbe donc
Pline a patlé. C'eft, dit-on , la farriette fauvage.
ENCENSOIR, f m. Vailleau dont on fe fert dans les
Eglifes pour brûler l'encens , (^ encenfer. Thuribu-
ium^acerra. Ileft fait en lotme de petit réchaud cou-
vert de fon dôme , & fufpendu avec des chaînes.
Jofeph dit que Salomon fît faire vingt mille encen-
foirs d'or pour le Temple.de Jerufalem , qui fer-
voient à otîrir les parfums ; & cinquante mille au-
tres , qui fervoient à porter le feu.
1^ Donner de Xencenfoir par le ne;z, phrafe
proverbiale & figurée- C'eft accabler quelqu'un de
louanges plus capables de le blelfer , que de flatter
fon amour propre, ouïe louer avec maladrelfe.
Mais un Auteur, novice à répandre l'encens ,
Souvent à fon Héros y dans un bi-:[^arre Ouvragi ^
Donne c/^/'encenfoir au travers du vfage. Boil.
On dit aufîî , figurémenr , mettre la main à Xen-
cenfoir , pour dire , vouloir entreprendre fur la Ju-
rifdiiltion , ou fur l'autorité de l'Eglife.
Enchnsoir. Terme d'Aftronomie. C'eft un nom que
les Aftronomes donnent à la XIII des 15 conftella-
tions méridionales. Elle a cinq étoiles de la qua-
trième grandeur, & deux delà cinquième : on l'ap-
pelle aulli \ autel.
ENCENTRER. V, a. Vieux mot, qui veut dire enter
un arbre , du Grec évxsvTfxs-ei» , enter.
ENCEPHALE, adj. m. i-c f. Qui eft dans'la tête. Ter-
me de Médecine que l'ufage a particulièrement ap-
plique à délîgner certains vers qui naiffent dans les
diflcientes parties de la tête. Encephalus. Les vers
encéphales naiffent dans la tête , où ils font fentic
de fl violentes douleurs , qu'ils caufent quelquefois
la fureur; ce qui les a fait nommer furieux par quel-
quesMédecins. Il y a quatre fortes êlencéphales. Les
encéphales propiement dits , qui viennent dans le
cerveau \ les rinaires , qui viennent dans le nez j les
auriculaires, qui viennent dans les oreilles ; & les
dentaires , qui viennent aux dents. Les encéphales
proprement dits font rares jmais il va certaines mala-
dies où ils règnentj&l'ona vu desfièvres peftilentiel-
les ne venir que de- là. Dans une de ces maladiesjles
Médecins ayant ouvert le corps d'un malade qu'elle
avoir enlevé, ils lui ttouvcrent dans la tête un petit
ver vivant , tout rouge & fort court. Ils effayèrent
divers remèdes fur ce ver , pour découvrir ce qui le
pourroit tuer: tout fut inutile, excepté le vin de
malvoifîe dans quoi l'on fit bouillit des raiforts. On
n'en eut pas plurôt jeté dessus , que le ver mourut.
On éprouva enfûite le même remède fur les mala-
des , & on les fauva prefque tous , au lieu qu'au-
paravant ils mouroient prefque tous. On en a tiré de
femblables pat le trépan , & le malade fut guéri.
Voyex fur ces vers f/îc^-^^tî/fj plulîeurs chofes très-
fingulicres & très- utiles dans le Traité de la gênera^
don des vers dans le corps humain , par M- Andn.
Ce mot eft Grec, compofé de £», en, dans, Sc
de >'!+ia>>'i , tête.
ENCEPHALITE, f f. Pierre fîgurée , graveleufe , ti-
rant fur le blanc, & imitant le cerveau humain.
ENCERCHEUR. f. m. Vieux mot. Celui qui épie.
ENCERNER. y. a. Vieux mot qui eft encore dan»
6^6
E N C
Dclbrun , Pomey, &c , & qui fignifie, entourer
ceindre d'un cercle , environner de rous côtés. Ci«-
jgefCj drcumire. On du encore, cerner des noix, &
en fane des cerneaux.
ENCHAÎNEMENT, f. m.Ce mot n'efl: guère ufité
qu'au figuré. Il lignifie, fuite, liaifon & dépen-
dance des cliofes les unes des autres. Concatenado ,
fer'ies j mutua connexio. Il y a certain enchaînement
des caufes fécondes que la providence y a établi de
^out temps. Les Philofophes l'appellent la concaté-
nation des caufes fécondes. On du aulîi , un enchaî-
nement as malheurs, pour dire, une luite de mal-
Jieurs. Par un enchaînement de caufes inconnues ,
mais déterminées de tout temps , chaque chofe mar-
che en fon rang , & achevé le cours de fa deftinée.
Vaug. Nous appelons Opéra , un certain enchaîne-
ment At danfes & de mufique ; qui n'ont pas un
rapport bien jufte. S. Evr. ^oy. EnchaÎnure.
ÏNCHAÎNER. V, a. Attacher avec une chaîne. Cate-
nâ conjlringere. Enchaîner un prifonnier , un galé-
rien , un efclave , un furieux , un dogue. Un Or-
fèvre Hollandois enchaîna une puce en vie avec
une chaîne d'or de cinquante chaînons, qui tous
enfemble ne péfoient pas trois grains. Cim. Lit.
Enchaîner , fe dit, figurément, en chofes morales &
fpirituelles, pour assujettir , captiver. Jésus Christ
a enchaîne le démon & les Puilfances infernales. Les
pécheurs font enchaînés à3.ns le vjce j lorfqu'ils font
engagés dans de mauvaifes habitudes. Un Amant fe
plaint d'être enchaîné par des liens invifibles. En-
chaîner la viéloire à fon char , la fixer , la rendre
conftante , f/2cAi2//2e/ la difcorde , luiôterla liberté
d'agir , & rendre rout paifible.
fer Enchaîner , fe dit auiU des proportions, des rai-
fonnemens qu'on lie les uns aux autres , de manière
qu'ils dépendent les uns des autres. Conneclae. Les
caufes naturelles font enchaînées les unes avec les
autres , les unes aux autres. Les Sciences font enchaî-
nés les unes aux autres j & fe tiennent, pour ainfi
dire, parla main. Il a e/zcAai/Vs toutes ces propofi-
rions, tous ces raifonnemens. Ilracontoit (M. Pélil-
fon ) avec un tel choix de circonftances , avec une fi
agréable variété ja vec un tour li propre & i\ nouveau,
jufques dans les chofesles plus communes ,avec rant
ii'induftrie'pour enchaînerla faits les uns dans les au-
tres j &c. De Fenel. Arch. de Camb.
Je ne veux point d'un trône ou jefuis çnchciwé.
Corn.
Moi-même à votre char je me fuis enchaîné. Rac.
Maudit fait le premier dont la verve infenfée j
Voulut avec la rime enchaîner la raifon. Bon..
Enchaîné, ée. part. Il a toutes les fignifîcacions de
fon verbe. Des vents enchaînés. Rac.
Quoi\ toujours endiûné par ma gloire paffce. la.
Lefuc de l'orange douce contient moins de fel
que le fuc de l'orange amère ; & ce fcl eft lié 8c en-
chaîné par une plus grande quantité de parties hui-
leufcs. LÉM. Le raifin , lorfqu'tl commence à mûrir,
eft âpre & ftiptique , parce que fes principes adlifs ,
& principalement fes fels, fontenga'jés , & comme
enchaînée par des parties terreftres. Id.
Enchaîné , fignifie, figurément , dépendant d'une au
rre chofe , qui a des liaifons avec elle. La plupart
des .Sciences font enchaînéesSc dépendantes l'une de
l'autre. D'où eft venu le mot à' Encyclopédie , ou de
fcienceuniverfelle. La ûmQ enchaînée , la rimecon-
catéaée , ne font plus du tout en ufage dans la ver-
fification Françoile. Les Italiens &; les Efpagiiols em-
ploient la rime enchaînée. On en a parlé au mol dé-
lié, parce que les Italiens appellent ces fortesdevers
fàolti , déliés. Il y a bien plus de raifon de les :\^^q-
{^t enchaînés , puifque les rimes font tellement en-
chaînées j que chaque vers .rime avec le milieu du
ENC
vers fuivant. Garcillaifo a introduit le premier les
rimes enchaînées dans lapoëfie Efpagnole , à l'exem-
ple de Sannazar , qui s'en étoJt fervi en Italien.
Paflores que dormis en la Majada
En la cerradanoche afueno fuclto. Garbil.
ENCHAINURE. f m. Liaifon , dépendance. Ils s'î-
maginenr qu'il y a une enchaînure d^rs caufes avec
leurs etrcts. Acl. C'elt la même chofe o^ enchaîne-
ment, &il n'ell: pas tout-à-tait tant en ufage. Sui-
vant l'Académie , il ne fe dit que des ouvrages de
l'art. Il elt même nécellaire , puilque nous n'avons
point d'autre mot, au propre, que l'on puille appli-
quer à ces lortes d'ouvrages.
ENCHAIR. V. n. 'Vieux mot, qui fignifie , tomber,
feprollerner , & qui ell un compofé de chair , ou
cheoir , choir.W \itnx. At in &C de cado. Borel rap-
porte cet exeir.ple de Villehardouin. Que nous en~
cha:JJions à fes pieds , &c.
ENCHAN3ADER. 'Vieux mot , qui fignifie enjamber
P'oyei Borel. Il eft tout-à-fait hors d'ufage.
ENCHANTELER. v. a. Mettre fur des chantiers. /^oy.
Chantier. Il fe dit, parriculièrement, du vin , foit
pour l'expofer en vente lur l'étape , foit pour le
garder dans une cave.
Encii^nteler du bois , c'etft le ranger dans les chan-
rieis, Ligruiia cogère in lirucm , in moUm ordina-
tam 1 onjirucre.
Ce mot vient du Litln incanterire , fignifiant la
même chofe-
§0" ENCHANTEMENT, f. m. C'eft proprement
l'effet d'une opcranoa prétendue magique , qui
fait ilhnion aux lens. Incantatio , carmen magicum^
Du temps d'Homère on évoquoit les morts par des
enchamemens. Autrefois , quand on mettoitles accu-
lés à l'épreuve du l'eu iS<: de l'eau , on prioir Dieu de
faire agir le leulur eux malgré leurs enchamemens.
On regarde ordinairement ce mot comme fyno-
nyme de charmes & de fort. Ils marquent tous les
trois j dans le fens littéral , l'effet d'une opération
magique j que la Religion condamne , que la po-
litique fuppofe , & dont la Philofophie le moque.
Mais chacun de ces mots a la nuance propre. L'idée
que préfente celui-ci eft renfermée dans la définition
que nous en donnons. On lit, dans les anciens Ro-
mans,que lapuilï;incedcse«c/;t2«rf/««/2j- faifoit chan-
ger fubitement de mœurs , de conduite & de for-
tune. Les honnêtes gens ne connoiffent point ^^\x.~
tve enchantement que la féduélionqui naîr d'un goût
dépravé & d'une imagination déréglée. Le propre
de l'Opéra c'eft de tenir les elprits , les yeux & les
oreilles dans un égal enchantement. La Broy. A la
honte de norre raifon & de nos réflexions nous aban-
donnons notre cœur à la feduélion du monde tou-
jours vainqueur par fes enchantemens.
Enchantemens au pluriel , fignifie quelquefois l'ac-
tion de l'enchanteur. Les enchamemens de Médée.
03° Enchantement, fe dit, dans un fens figuré, de ce
qui paroîr furprenanr , merveilleux. Ce fpeétacle
eft bien galant , tout y furprend , c'eft un enchan-
tement.
§CT Enchantement vient des mots latins /'/z Ikcanto ,
je chante , parce que les formules des enchantemens
étoient conçues en vers qui fonr fairs pour être
chantés.
ENCHANTER, v. a. Dans le fens littéral , faire illa-
fionaux fens par une opération prétendue magique. ,
incantare, magicis artibus fcnfus avcrtere. Les Cheva-
lierserrans étoient louvent enchantés dans les Ro-
mans. Les Sirènes enchajitoient par leurs chants. Le
peuple croir encore qu'il y a des magiciens qui en-
chantent les hommes & les animaux.
Je fléchirais Caron , /enchanterois Cerbère,
. Et j' irais des dejlins forçant la dure loi ,
Te rendre à la lumière j ou la perdre pour toi.
Nouv. choix de vers.
ENC
ffT Enchanter , pris dans un fens figuré , lîjniîîe
furprcndre , attirer , engager par des paroles , des
promcll'es.des attraits. Le monde noiiscickariccTonz
ce qui s'appelle grandeur ôc fortune ne menchance
point j j en dénicle partaitenient les pLufirs i^ les
pcuies. ■ _
|fj=" C'eft encore ravir en admiration. In fui <id-
mïrationcm raptre. Cet Orateur nous enchante par
1.1 beauté de fon difcouis. Cette Mudque e!l fi belle
qu'elle cnchanu.
. . . Souvent ce qui nous enchante
N'a rien d'aimable que le nom. Valinc.
Enchanté , ée. part. & adj. Des a.m\ss enchantées. Un
Palais enchante , fait par enchantement. Lieux en-
chantés.
Il faut des coups de furprife à nos cœurs enchantés
de l'amour du monde , pour les en détacher. Boss.
Notre imagination drw/zj/irc^f des taux biens fe repait
de fes chimères avecplaifir. S. Evr. Elle a des m3.-
n'ihis enchantées .(ZciomÀs cesexpreflionsdoncil ne
faut pas fefervir trop louventjde peurde donner dans
l'afFeétation , &:de parler un langage précieux.BouH.
On appelle en Aftronoir.ie la femme enchantée j
OVL enchaînée:, Andromède , conltellation du Ciel ,
qui efl; la vingtième des ii conrtellations fepten-
trionales.
ENCHANTERIE. (. f. Si ce mot s'eft dit , il ne fe
dit plus. Enchantement elt feul en ufage.
ENCHANTEUfl, eresse. f. Celui ou celle qui en-
chante , qui fait illulion aux fens , par des paroles^
par des opérations piccenducs magiques. L'enchan-
teur Merlin. Circé étditune grande enchanterejfe.ln-
cantator ^ magus , m.iga.
Le fameux Ara:[el , réputé defon temps
Le liot des Enchanteurs & des enchantemens.
p. LE Moine.
§3" On le dit au figuré , dans un fens odieux ,
de celui qui iurprend , qui trompe par fesdifcours,
par fes artifices. Défiez-vous de cet homme , c'elt
un Enchanteur. Ne vous fiez pas à cette femme j
c'eft une Enchantereffe.
^ZT Ce mot fe prend aulTi en bonne part , pour
fignitier, qui plaît beaucoup, qui furprend par fes
attraits. Platon eft un homme admirable j c'eft un
grand Enchanteur \ & quelquefois il eft employé
comme adjeélif. On ftyle enchanteur \ un regard en-
chanteur ^ un difcours e';cAiî«rc'ttr. Mais en général
on le dit de ce qui fait une imprelfion trop torte ,
& furprend les fens.
D'un regard enchanteur connols-tu le poifon ?
Racine.
fC? Enchanteur, en terme d'Opéra. On donne com-
munément ce nom aux Magiciens bienfaifans : les
autres s'appellent Magiciens.
ENCHAPELER. v. a. Donner un chapeau, mettre un
chapeau fur la tête. Nicot. Il eft vieux. Galericu-
lum addere.
ENCHAPER. V. a. Enchapernn baril. Terme de fa-
brique & marchandifes de poudre à canon. C'eft
enfermer un baril de poudre dans une féconde fi'i-
taille. L'on nenchapec^wQ les poudres deftinéespour
l'artillerie de mer.
ENCHAPERONNER. v. a. Terme de Fauconnerie.
Mettre un chaperon fur la tcte d'un oifeau de proie.
Amicire cay-itio , capicium inducere.
Il eft aulli en ufage en parlant des cérémonies fu-
nèbres. Le Grand-Maître & les Maîtres de cérémo-
nies &c les Hérauts d'armes feront enchaperonnés.
Bnchaperonnf, , i.i..'ç:ixx.Calerico ornatus.
ENCHARBOTE, ée. adj. Embarraiïé , brouillé,fans
ordre. Tabourot, qui étoit de Dijon , s'eft iervi ,
chap. II de fes bigarrures , d'ew/îijr/^o/f , comme
d'uo mot François, en ces termes : mais cela me
ENC 687
femble trop encharhoté & confus. Gloff. Bourg, au
mot dccharbotai _, dcharrajjér,
ENCHARGER.v. a.Recommander fortement,donner
charge , ordre exprès de faire quelque chofe. Yv-
i\ET. Mandare , darc in mandjtii ^jubere. On lui a
bien cnchargéds traiter cette aftaire d'une telle fa-
çon , de mettre une telle claufe dans ce contrat. Il
n'eft pas du bel ufage: U n'y a que le peuple qui s'en
fcrve. Dom Quichotte , en donnant de fages con-
leils à Sancho Pança , touchant le Goin'ernemenc
de fon Ifte , porte l'exaélitude jufques dans les
moindres choies. Pour ce qui eft j dit-il, de la ma-
nière dont tu te dois gouverner dans ta maifon ôc
pour ta perfonne , la première chofe que je t'en-
charge , Sancho , c'elt d'être propre j & que tu te
falles les ongles, fans les lailfer croître, comme
tout beaucoup de gens.... Hijioire de Dom Quichot-
te , to. 4. c'/z. 45 , p. 115. f'^oye:^ Charger.
|p° HiNCHARNEK. v. a.Termeufité parmi les Laye-
tiers j pour dire attacher le couvercle d'une boîte
au derrière , avec des crochets de fil de fer , en for-
me de charnière.
ENCHARTE. adj. Prifonnier. Incarceratus. Encharté
à perpétuité, c'eft à-dire , prifonnier pour toujours.
Ce mot vient de chartre , prifon ; & ce mot s'eft
encore confervé. S. Denis de la chartre. Cent.
nouv.^ 6c).
ENCHASSER, v. a. \Ja de ce mot eft long & ouvert ,
&doit être marqué d'un circonflexe. Mettre dans
une challe. Thecs. imponere , thecà condere. On a
enchâfjé les reliques d'un tel Saint dans une châllê
d'argent.
Enchâsser, fignifie aulîi mettre dans un chaftis j dans
un chaton , dans quelque chofe qui retienne la chofe
enchdjjée. Includere j claudere.. Cette bague eft en-
chàffee proprement dans ce chaton. Cette porte joint
bien , elle eft proprement enchdjjée dans fon cliallis.
Cela eft enchSjJc en or & en argent. Ce tableau eft
bien enchâjfe dans fa bordure.
Ce mot vient de incapfare j ou incaffare , intrà
capfam includere. Du Cange.
Enchâsser, fe dit figurément en chofes morales. //?-
ferere ^intercalare. Cet Avocat a bien enchaffé cq paf-
fage delà Bible dans fon difcours. On ne peut voir
clairement l'ufage d'un mot, à moins qu'on ne fâ-
che ce qui fuit & ce qui précède , iSc comment le
mot eft enchâ[fé dans le diicours. Bouh. La nature
enchdjj'e les efprits les plus brillans dans les plus pe-
tits corps. Voir.
Enchâsser. Vieux V. a. Chalfer , axWer. Ejicere.
s'Enchâsser dans un tauteuil , fe dit burlafquement
pour, s'afteoir dans un tauteuil.
Enchâssé , ée. part.
Enchâssé j ée. part. 'Vieux mot. Chalfé , exilé. Ejec-
tus , exul.
ENCH ASSURE, f. f. Aftion par laquelle on ench.ilfe ;
ou , plus ordinairement , ce qui réfulte de cette ac-
tion. L'enchâff'ure de cet ém.iil , dans ce cerclcd'or ,
eft faite fort proprement. Cette enchdfjure eft fort
riche.
ENCHAUCER.v.a. Vieux mot. Il fignifie dans Ville-
hardouin, Monftrelet , Fauchct , chalfer , donner
la chalTe. Fugare , perfequt.
ENCHAUSSÉ , adj. Terme de Blafon , qui ne fe dit
que de l'Ecu , lorfqu'il eft taillé depuis le milieu
de l'un de fes côtés en tirant vers la pointe du côté
oppofé. Incifus. If y a des E«us enchauffés à dextre »
d'autres à féneftre , fuivant le côté où la taille com-
mence. C'eft le contraire de chape.
ENCHAUSSER. v. a. Terme de Jardinier. On dit
EnchauQer le céleri , les cardons , pour les faire
blanchir j les artichautSj pour les garantir de la ge-
lée. C'eft les garnir de paille ou de fumier.
C'eft auOi un terme de Charron. Enchauffer une
roue , c'eft y mettre des rayons.
ENCHE. f. f. Borel dit que c'eft un canal de prelfoir ,
& le fait venir de uy^u , fundo. Il fignifie aulli la
languette dont on fe feft pour donner du vent aux
688 ENC , ENC
hautbois, à certains jeux d'orgues , &c. rayer ENCHÉRiSSEMENT.f. m. Hauffementdepris.
ALigiUrats
C'eft
à empccher Vcncherljjcrmnt des
Anche. | ^"'^
ENCHEOIR. V. 11. Vieux mot tiré des Coutumes : il ' vivres.
ûgmtiQ cheolr, tomber y oadticheoiri félon les mots ENCHERISSEUR, f. m. Qui fait des enchères ei\
auxquels il ett joint. Cudere j incidere , dijid
detur-
harï. Enchcoir de fon appel , de fa demande , de fes
défeufes , de fa requête , ikc.
ENCHEPER. V. a. Mettre aux fers , aux ceps. Il efl:
vieux. Impinaere compedes. Nicot.
ENCHÈRE, f. f. Mlle à pnx qu'on fait d'un immeu-
ble faifi en Jullice. Un pouriuivant ccices ert obligé
de mettre à piix les héritages qu'il fait décréter , 6c
cela s'appelle [x première enchère , preùumappoiuum,
qui eft contenue dans les affiches & publications.
Enchère , fe dit, plus ordinairement, de ces augmen-
tations de prix qu'on fait à l'envi j tant fur les meu-
bles que fur les immeubles qui (e vendent , ou qui
s'afïerinent par autorité de Jullice. Otlre que l'on fait
au-delfus du prix qu'un autre a offert. Auclio ^ Uci-
tatlo. On fixe chique enchère à certaine lomme,
lorfqu'on adjuge les fermes du Roi, & cela s'appelle
enchère courante.
Folle Enchère , c'eft une mife ou offre qu'on fait en
Juftice, qui excède la juile v.ileur de la chofe ven-
due, ou qu'on ne peut pas payer. Stulta y temerarïa
iicïtatio. Cette terre a été revendue à \.\ folle enchère
d'un tel , c'ell;-.à-dire , à la charge que celui qui a en
chéri témérairement , paieroit ce qui manquera au
prix de la féconde adjudication, pour remplir le
prix de la première.
Enchère de quarantaine , eft un aéte cjui fe fait par le
Procureur du pourfuivant criées , après le congé
d'adjuger j pour indiquer que l'on procédera à h
vente & adjudication des biens faifis réellement,
(qu'il faut énoncer tout au long) moyennant la
fomme de tant , pour être lur la fufdite enchère pro-
cédé en la Cour à la vente & adjudication par dé-
cret defdirs biens au quarantième jour, au plus of-
frant & dernier enchérilLur, en la manière accou-
tumée,où toutes perfonnes feront reçues à enchérir.
Enchère, fe dit, figurén-.entj des choies dont on tire
de l'argent fans droit & fans jiiftice, que l'on donne
contre la juftice à celui qui offre davanrage.
La brime de l'emploi , la faveur populaire ,
Les filtrages vendus^ l'honneur mis à /'enclière.
Bréb.
On dit j proverbialement , qu'un homme a payé
la folle enchère de fa faute , quand il en a porté l.i
peine , quand on s'eft vengé de lui. Pœnas dare ,
luere. *
fp" ENCHÉRIR. V. a. Faire une offre au-deffus de
quelqu'un j mettre enchère j couvrir fon enchère ,
offrir plus que lui. Auclionemfacere , liceri j licitari.
Enchérir une terre. Un tel offroit tant de cette mai-
fon ; on a fait venir des gens pour enchérir fur lui ,
au-delfus , par-delfus lui.
^ Dans un fens figuré , l'emporter fur quel-
qu'un , le furpaffer, ajouter à ce c]u'il a dir ^ à ce
qu'il a fait. Superare , pnejlare , pracellere. On le
dit également en bien &: en ma!. Les Anciens ont
fait pluheurs découvertes j mais nous avons bien
enchéri far eux , fur leurs ouvrages. Néron a bien
enchéri fur la cruauté de Tibère. Tiberium crudelitate
V/cir. Un tel nous traita magnifiquement ; mais fon
iimi enchérit fur lai. Un mot enchérit fur un autre ,
ajoute quelque chofe'à l'idée qu'il exprime.
^3" Enchérir, hgnifie encore , Augmenter le prix
d'une chofe , la rendre plus chère. Augere pretiurji j
carius rendere. Enchérir les denrées. Annonam in-
cendere. Ce Marchand a enchéri fes denrées, fes mar-
chandifes. »
|kF II eft auffi neutre , & (îgnifîe , Devenir cher ,
augmenter de prix. Cariù'; vendi. Les vivres enché-
r///è/2r tous les jours , hauffenr de prix. Ingravefcit ,
crefcit annona. Toutes les marchandifes enché-
rirent.
Enchéri , ie. part.
JuUice. Lickator. Les biens qui fe vendent, ou s'af-
ferment judiciairement, ne s'adjugent qu'au plus
offrant & dernier encherifjcur. Summa Ikitaton , ei
qui licitatione viccnt. Les encans le font en place pu-
blique , & à l'heure du marché , afin qu'il s'y
trouve plus à'enchcrijjeurs.
ENCHER^ER. V. a. Vieux mot. Rechercher.
ENCHEVAUCHURE. f. f. Commifuia , infitio ,
junàura. Terme d'Arts. Jonction de quelque partie
ou pièce de bois ou de pierre avec une autre , foit
qu'elle le falfe par recouvrement , ou par feuillure.
Ainfi l'on dit Venchevauchuie d'une plateforme ^ ou
d'une dalefur une autre , & l'on a coutume de la taire
par feuillure de la demi-épailfeur du bois ou de la
pierre. C'eft par enchevauchure^c\\\^ les ardoifes Se
les tuiles le pofent les unes fur les autres. M, D. C.
ENCHEVÊTRER. V. a. Mettft un chevètre, le licou
à une bête de fomme. Capiflrare , inducere capijlrum.
Il a peu d'ufage au propre.
Ce mot vient àîincapiilrare.
§3° s'Enchevêtrer, fe.dit, proprement, d'un cheval
qui engage ouembarralTe un des pieds de derrière
dans la longe de fon hcou. Impcduc Je j implicare
pedem. Ce cheval s'eft enchevêtre.
Enchevêtrer , fe dit, figurément & populairement,
pour dire , S'embarralfer eu quelque affaire , fe
Trouver engagé dans certaines chofes dont on a de
la peine à fe tirer. Impedirefe , implicare fe. Cet
homme s'eft allé engager dans des procès , dans des
cautionnemens , où il eft tellement enchevêtre, qu'il
n'en forti-:a do fa vie. Il s'eft enchevêtré àa.ns des rai-
fonnemens .i perte de vue.
Enchevêtré , ee. part, l^ adj. Capifiratus , impcditus.
ENCHEVÊTRURE, f f Terme de Manège , qui fe
dit d'une excoriation dans le pâcuron du cheval, eau-
fée parle frottement de cette partie (ur les longes
du licou , dans lefquelles l'animal s'eft engagé.
Excoriatio.
Enchevêtrure. Terme de Cliarpenterie. Afïèmblage
de deux fortes folives, &c d'un chevètre j qui laifte
un vide carré contre un mur pour porter un âne, ou
pour faire paiTer un tuyau de fouche de cheminée,
afin que l'àtre ne pofe point fur ie plancher , pour
éviter le danger du feu. ligUlorum commi£}ira,7iexus
caminum vinciens. La Police enjoint de faire des en-
chevêtrures fous les ârres. Les folives d'enchevêtrure
font plus courtes que les autres.
ENCHEVILLE, ee. Terme de Chirurgie. Suture en^
chevillée. La future enchevillée fe fait en paftant des
chevilles dans les anfesdu fil à chaque point qu'on
fait, afin que ces chevilles tiennent les lèvres de la
plaie approchées l'une contre l'autre. La future en-
chevillée n'eft plus en ufage.
ENCHIFRENEMENT. f.m. Maladie connue fous le
nom vulgaire de rhume de cerveau. C'eft une efpèce
de fiuxion catharreufe, qui a fon fiège dans la mem-
brane pituitaire : il eft accompagné d'un embarras
dans le nez plus ou moins grand , parce qu'il con-
fifte proprement dans l'obftruttion des vailfeaux &
des glandes qui fervent à lafecrétion de la mucofité
des narines. Epiphofa ., gravedo. J'ai un cnchifre-
nement qui m'incommode fort. Les maladies de
l'hiver de 1709. commencèrent à Rome par des en-
chifrenemens , des rhumes , & des toux, Jouju des
Se. lyicf.p. 0S.
ENCHIFRENER. v. a. Enrhumer du cerveau. C'eft-
à-dire , obftruer , engorger les vaifteaux &: les glan-
des qui fonr deftinées à Ta fecrétion de l'humeur
muqueufe. L'air froid m'a tout enchifrené.
Enchifrené, ee. parr. & ndj. Qui a le cerveau engagé
& charge de pituite , dont il a de la peine à fe dé-
charger ^ Tarda pttuitâ impeditus. Le tabac en pou-
dre eft bon pour ceux qui font enchifrenés.
Ce mot vient vraifemblablemcnt du langage Cel-
tique
EN
C
I
tique eu Bas-Breton , oiijifem figiiifie rhume -, <!'
Jijcrna , enrhuiTjer.
ÈNCHISTE , ÉE. adj. Terme de Médecine. Accompa-
gné d'un chifte , renfermé dans un tlude. Les pier
res enchiftées , dont parlent quelques Auteurs j iv:
peuvent être autre choie que des pierres renrermées
dans quelques parties de la vellie. Littre, Acad
1702. Mém.p. 29. M. Dionis écrit erikijh. On doit
écrire erikyjh. Voy. ce mor.
ENCHOIS. Voyci Anchois.
ENCHUSE j ou ENCHUISIEN. M. Corneille écrit
aulli Enkufe j Enchufa , Eiichiijia. C'eft une ville
des Provinces-Unies , licuée dans la Nort-HoUan-
de j à huit lieues d'Amllerdam j du côté du Nord.
Euchujc a léance dans les Etats d'Hollande. C'eft
une ville alTez grande , belle , fort propre & forti-
fiée. Son port ell allez bon. C'eft la première ville
qui le révolta contre les Efpagnols après la prife de
ia Brille. Ses habuans s'attach..nt beaucoup à la
pèche du hareng j où ils tour de grands protits.
ÂIaty.
L'Ifle iVEnchufe , que les Hollandois appellent
en leur langage Ênchuiler Eiland , Enchufla Inj'ula^
elt une Iflede l'Océan feptentrional.Elle eftà trente
lieues de celle d'Iilande , du côté du Levant. Les
Hollandois , qui l'ont découverte , lui ont donné
le nom qu'elle porte.
ENCHYMOME.plus ordinairement ENCHYMOSE,
f.f. EtFufion fond aine de fang dan»; les vaiirdaux
cutanés, comme il arrive dans la joie j la colère
ou la honte. 0\\ l'appellj routeur dans le dernier
exemple. Elle eft très -différente as Xccchymn/îs ,
ainfi qu'on peut le voir. Enchymomc vient S'iy/}<i ,
j'inhil'e.
ENCICLOPÉDIE. Foye- ENcvcLOPÉDin.
ENCIllER. v. a. Inc^rure. Vieux mot. Mettre en cire.
NicoT. Enclrer une roile, l'abreuver de cire fondue.
Tclam caà imhuere , perjundere. Pc me y.
ENCIS. r. m. Vieux terme de Coutumes, qui fignifie,
Meurtre de la femme enceinte , ou de fon truit ,
quand il eft dans fon ventre, f^oye:^ Memage.
Ce mot vient de mulier inciens : ces mots veulent
dire , femme enceinte , mulïcr qut uterum gerit.
ENCISER.. V. a. InciJere , s'eft dit autrefois pour ind-
Jer, couper. Eiicifcr des arbres. Circumddere arbores.
NiCOT.
ENCLAVE, f. f. Rcs indufa , Inferta. Chofe qui eft
enfevLiiée ou enclavée dans une autre. On a uni à ce
Prélidial un tel Bailliage avec toutes i>ts cndaves ^
c"eft-à-direj toutes les terres & Juftices qui font en-
fermées dans fon relfort & fa dépendance. VIcndavc
s'eft dit, originairement, des bornes & limites d'un
territoire, yf/^cj , l'unîtes : & il fe prend , plus ordi-
nairement, pour une portion ou dépendance de Jii-
rifdiclion , dont le territoire eft entièrement dét:i«
ché , & enfermé dans un autre , qm incurrh. Ainli
Danviiliers en Lorraine eft une endavc de Luxem-
bourg. L'Allemagne eft pleine d'e«c/tr,'cj. Les e«c/a-
vcj du Cercle de Suabe font du Cercle d'Autriche,
&C M. De rifle a fort bien diftingué ces enclaves
dans fa carte d'Allemagne.
On dit les endaves de la France. La ville d'Avi-
gnon , le Comtat Vénaillin & les Principautés
d'Orange & de Dombes , font des endaves de la
France. Enclaves font des terres ou pays qui font
enfermés dans un autre , fans en dépendre. La Prin-
cipauté de Bénevent eft une enclave •, eft enclavée
dans le Royaume de Naples. La Principauté de Mo-
naco eft enclavée dans le pays de Gènes , ou eft une
enclave àc Gènes. La Principauté deMalFeran eft une
enclave delà Principauté de Piémont.
Enclave. Pays enclavé , renfermé dans un autre.
Regio in alla regione indufa. Coutume du Duché Se
Bailliage de Touraine , anciens relforts & enclaves
d'icelui. Baret. Coutumes du Comté & pays de
Poitou , anciens reirorcs Se endaves d'icelui.
On dit aufli qu'un Prieuré, une Paroilfe eft une
enclave d'un tel Evêchéjpour fignifier , Une Pa-
Tome III,
EN G 68c?
roifte d'un Diocèfe qui eft enclavée dans une autre.
AcAD. Fr.
Enclave, en ArchitecT:ure, fe dit d'une portion de
place qui forme un angle, ou un pan , & qui anti-
cipe fur une autre par une pollélîion antérieure ,ou
paj; un accommodement, enforte qu'elle en diminue
lafuperricie,&en ôte la régularité. Interpô/hus , car-
dinatus,procurrens. Oh du qu'un efcalier dérobé,
qu'un petit cabinet font e/;a'avf dans une chambre
quand, par leur avance, ils en diminuent la «ran-
deur.
ENCLAVEMENT, f. m. fe dit des chofes qui font en-
clavées & enfermées les unes dans les autres. Inter-
pojaura. V enclavement ào. plufieurs grolTes poutres
les unes dans les autres. L'enclavement d'une terre
dans celle d'au;riii.
ENCLAVER, v. a. Terme d'Architeélure , de Chau-
penterie & de Menuil'erie j qui ligniiie , Engager ,
enfermer une choie dans une autre , enforte qu'elle
l'environne (1 bien , qu'elle ne s'en puilfe détacher
qu'avec fraéture. Inférer e. Cette pièce de bois eft
bien enclavée dans le mur. Une voûte fe foutient, à
caufe qu'on enclave les pierres les unes dans les au-
tres. £«f/(jver, c'eft j Encaftrer les bouts des folives
d'un plancher dans les entailles d'une poutre : c'eft
auili , Arrêter une pièce de bois avec des clefs , ou
boulons de fer. Enclaver ut\s pierre, c'eft la mettre
en liaifon après coup avec d'autres.
I1NCLAVER , Entourer , renfermer. EnclaverV(^nnQm.i
entre deux rivières. Mezerav.
fO" On ne le dit guère des perfonnes ; mais on
s'en fert en parlant d'une pièce déterre, d'un héri-
tage j, d'une Jurildiction , pour dire. Enclore cas
chofes dans une autre. Il a e/^c/uve cette pièce déter-
re dans fon parc.
Ce mot vient de clavus , dcu , ou plutôt de in 3c
de daudo.
Enclavé , ée. part. & adj. Indufus , in medio pojitus ,
interpojttus. Il fe dit d'une Province , d'un territoire,
d'un héritage , qui font entourés des terres qui ap-
partiennent â d'autres maîtres. La ville de Strasbourg
étoit enclavée dans les terres de France , elle eft
maintenant unie du domaine du Royaume. Cette
Jurifdiélion eft enclavée dans le relTort de ce Parle-
msnt. Ce pré eft enclavé dans les héritages du Sei-
gneur du lieu.
Enclavé , en termes de Blafon , fe dit lorfqu'il y a
une poruondel'Ecu qui entre & qui s'ertclave dans
l'autre en forme quarrée , comme un tenon de Me-
nuiferie. Il y ades Ecus coupés, tranchés, partis,
taillés J qui font e//c/ave'j d'une, de deux j de trois,
ou de plulieurs autres pièces.
=X?°ENCLICTAGE. f^oye^ Encliquetage.
ENCLIN y INE. adj. Qui eft naturellement porté à
quelque chofe. On obferve dans le Diélionnaire de
l'Académie Françoife que ce mot fe dit plutôt du
mal que du bien. Ce jeune homme eft enclin au
mal , à mal faire , à mal dire , à l'ivrognerie , &c.
Propenfus , prodivis.
ENCLINER. v. n. Pencher d'un certain côté, être vo-
lontiers d'un avis. Propendere. Il y avoir plufieurs
Juges qui enclinoient à me faire gagner ma caufe j
mais la faveur l'a emporté. Il eft vieux & hors d'u-
fage. On dit incliner.
Encliger , fignilîoit autrefois Saluer j & étoit verbe
aétif Je les enclins très- toutes.
Ce mot vient du Latin inclinare.
gO' ENCLIQUETAGE. f. m. Terme d'Horlogerie^
qui déligne la mécanique qu'on emploie , quand
on veut qu'une roue puilTe tourner dans un fens, &
qu'elle ne le puilTe pas dans le fens contraire. Uen-
cliquetagc eft compofé de trois pièces , d'un rocher,
d'un cliquet & de fon reftbrt qui agilfent en-
femble.
•^fr ENCLIQUETER. v. n. Terme d'Horlogerie, qui
fe dit de la manière dont un cliquet s'engage dans
les roues d'un rochet. Ce cliquet encliquete bien , en-
diquete mal.
ENCLITIQUE, f. f. Terme de la Grammaire Grec-
S s s s
6^o
E N
C
que. Encllticd. On appelle cndkiqucs certaines par-
ticules qui s'inclinenc & s'appuient lî bien fuc le
mo: précédent , qu'elles femblent s'y unir j & ne
faire qu'un avec lui. D'où vient que ce mot qui les
foutient porte toujours l'accent qui les gouvernei &
fur-tout lorfque ïenditique eft monofyllabe. Dans
la langue Latine les conjonétioris que û' ve qui fe met-
tent à la fin de deux mots conjoints , font des efpè-
ces A' enclitiques,
Ip- Quand on dit, par exemple, Recl"^ heaù-
que vivere, que ell une enclitique. Quand nous difons
en François j aimé-je ^ fans féparer /e de aime ^ je
efl: Aozs enclitique , c'eft-à-dire , qu'il s'appuie tel-
lement fur le mot précédent, qu'il ne fait plus que
comme un feul mot avec lui. in-xMTiyJ; , incliné ,
appuyé.
ENCLOÎTRE. Nom de lieu en Poitou. Enclauftrum.,
Indaujlrum. On convia le P. Robert d'Arbrilfel d'é-
tablir deux Monaftères dans le Diocèfe de Poitiers^
l'un dans la foret de Gironde , qui s'appelle aujour-
d'hui \EncloLtre , & qui fut fondé par le Vicomte
de Chaflelleraud , & l'autre dans une folitude écar-
tée , qu'on nomme Gaifne. P. Hél. T. FI. C. iz.
HNCLOITRER. v. a. Enfermer dans un Cloître.
Claujiro cocrcere. Cette Dame , pour avancer fon
aînée , a enclouréks deux cadettes. Il fe dit propre-
ment de ce qu'on met dans un cloître; &, dans le
fens figuré j de tout ce qu'on enferme, d'un hom-
me qu'on met en prifon , &c.
§6° Ce mot n'eft pas d'ufage. On dit , ordinai-
rement. Cloîtrer j renfermer dans un Cloître.
ENCLORRE. v. a. Vtnclos ^, j'ai enclos. Enfermer,
faire une enceinte de murs autour d'un efpace de
terre. Includere, cingere , intcrcludcre. On a fait en-
dorre les faubourgs de la ville. Ce lieu n'étoit qu'un
village, on l'a fait encloire de murs , & c'eft main-
tenant un bon bourg. Il a fait endorre fes vignes dans
ion jardin ; c'eft-à-dire , il a donné une plus grande
enceinte à fon jardin , enforte que fes vignes en
font partie.
Enclorre , fe dit auflî des clôtures de haies ou de
folfés. Le Roi a ordonné que ceux qui auroient des
bois près des fiens les feroienc endorre de folfés ,
pour les féparer. Tous les héritages du Maine , de
Berri , font endos de haies , de folfés Se d'échaliers.
Sepire.
Enclorre, fe dit, figurément, en chofes fpirituel-
les 3 & fignifie enfermer. Comprehendere ,^ ahfol-
yere. Le delfein de cet ouvrage eft trop grand, vous
ne le fauriez endorre en fi peu d'efpace ; expreffion
barbare , & qui n'eft pas Françoife.
Enclos, ose. part.
On dit auifi qu'une chofe eft endofc dans une au-
tre, de quelque façon qu'elle y foit entermée. Le
pouilîn eft enclos dans la coque de l'œuf L'Iliade
d'Homère fut écrite fi menu , qu'elle étoit endoft:
dans une coque de noix. Toute la plante eft endofe
dans la femeace , quelque petite que foit la fe-
mence.
Enclos , fe dit aufiî , figurément , des chofes fpiri-
tuelles. Le fens myftique de la Bible eft enclos dans
le fens littéral. Continetur. Toute la doélcine de cec
Auteur eft endofe dans cet Abrégé. On ne parle ainfi
ni au propre, ni au figuré.
Enclos, adj. m. Se dit, en termes de Blafon,^ du Lion
d'Ecolfe enfermé dans un double trécheur, fleuré &
contrefleuré de même.
ENCLOS, f. m. Efpace de terre enfermé de haies ou de
E N C
fion de Paris , faite en lyoi par Louis le-Grandj en.
vingt quartiers , \'cndos du faubourg S. Germain
contient près de trois de ces quartiers , & fait la
cinquième partie de la ville.
Ce mot vient du Latin indauftrum.
Enclos, fignifie aiilli l'enceinte feule. L'endos j ou la
muraille de ce parc , lui a tant coûté .à bâtir , à ré-
parer. Pofons que ce crime fe foie fait hors de l'en-
dos du Couvent. P a t r u. Faire augmenter un
enclos.
ENCLÔTURE. f f Terme de Brodeur. C'eft le bord
qui eft tout autour de la broderie j foit qu'il loic
compofé de Irifons, de cartifanes J d'or trait , de
chaînes faites de bouillons j &c., ou autrement ou-
vragé. Limbus.
ENCLOTIR. v. a. Terme de chafiè, qui fe dit lorf-
qu'un lapin, ou autre gibier entre en terre. Fugere
in latibulum , penetrare fe in cavum , irrepere in ca^
vernam. Les chiens ont fait endotir ce renard. Ce la-
pin eft endoti.
ENCLOUER. V. a. Endouer un canon. Terme d'Ar-
tillerie. Ficher un clou à force , ou un morceau de
fer dans la lumière d'un canon, de manière qu'il la
lemplilfe exactement. Clavum figer e , davo obtu-
rare , obJlruere.On a pris le canon des ennemis j &
on l'a encloué, afin qu'il leur foie inutile. Dans les
lorries que font les Atliégés , leur principal but eft
d'infulter les batteries des Alfiégeans & à'endoucr
leur canon. Les clou'x dont on fe fertpour endouer
le canon font triangulaires, ce qui fait qu'en entrant
à force dans la lumière d'un canon , ils y font trois
angles , & l'élargiftent j de force que le canon ne
peu plus fervir lors même que le clou eft retiré.
Enclouer fur l'enclume. On dit qu'un Maréchal en-
doue les chevaux fur l'enclume , lorfqu'il perce les
fers trop gras , c'eft-à- dire , trop avant dans le fer ,
& trop près du bord intérieur.
Enclouer , fe dit aulli d'un cheval qui a pris un clou
de rue , ou qui a été piqué d'un clou par un Maré-
chal ignorant qui le vouloit ferrer. Il y a un mois
que ce cheval boite , parce qu'il a été endoué , qu'il
s'ed endoue'. Clavo vulneratus ejl , davopedem in-
duit. Sic.
Ce mot vient du Latin indaudere, félon Du
Cange, ou â'indavare.
EnclouÉ , ÉE. part. & adj. Clavo confixus j davatus.
Ce mot a les hgnifications de fon verbe. Il fe dit en-
core d'un ouvrage interrompu , qu'on a quitté , qui
eft comme oublié. Mes origines de la langue Ita-
lienne ont été long-temps endouées. Ménage.
ENCLOUURE. f f Objhuclio , obturatio , vulnus ,
clavatio , davi fi.vio. Etat & difpofition d'une chofe
enclouée. Le canon cjuiafouffertune fois Vendouure
n'eft propre que pour la fonte. L'endouure de ce che-
val vient de ce qu'il a été piqué jufqu'au vif en le
" ferrant , ou de ce qu'il a pris un clou de rue qui lui
eft entré dans la fourchette , ou de ce qu'en char-
royant dans des bois nouvellement coupés , quel-
que petit clou de bois lui eft entré dans le pied ^ &
lui a percé la foie. Vendouure oblige quelquefois à
delTolcr un cheval. Les bœufs font auilî fujets à Ven-
douure : pour y remédier, il faut , le plutôt qu'il eft
poffible , leur tirer du pied le clou ou le chicot qui
les bleiïe , & enfuite jeter fur la plaie de l'huile
toute chaude , fur laquelle on met des étoupes qu'on
enveloppe avec un linge : ce remède , avec un peu
de repos , les guérit à la deuxième ou troifième fois
qu'on le réitère.
mutailles. Conccptum , ccptum. Il a enfermé la terre jEnclouure , fignifie, figurément, tout obftacle qui
de ce payfan dans fon endos. V endos des Chartreux
de Paris eft de cent arpens. On le dit aulîî d'un al-
femblage de plufieurs terres, ou maifons , dont nous
faifons en notre imagination un tout léparé des au-
tres chofes, quoiqu'il n'y ait aucune clôture. V en-
dos du faubourg S. Germain faifoit, avant la der-
nière divifion , un dix-feptième quartier de la ville
empêche la réuftite d'une affaire. Impedimentum y
opus & labor, mora , nodus. Si vous n'avez pas eu
prompte expédition de ce Confeiller , c'eft que vous
n'avez pas bien payé fon Secrétaire : voilà Vendouure.
'Vous avez une partie fecrete : j'ai découvert Ven-
douure. Ces manières de parler ne font bonnes que
dans le ftyle familier.
de Paris , & il avoir plus d'étendue que quatre des • ENCLUME, f f Grolîe mafle de fer que l'on pofe fuc
feize autres quartiers joints enfemble. Foye:^ de la j un gros billot de bois j & qui ferr aux Maréchaux,
Mare , Tr. de la Police j T.'J.p. <?/. Depuis la diYi-[ aux Serruriers , Se aux Ouvriers qui travaillent les
E N C
liiéMUX. Incus. Le defTus à'nnQ enclume doit être
d'acier foudé. Les enclumes forgées fo:u uv^illciires
que les tondues. Il y a de petites er.ciumcs d'établi ,
des enclumes bigornes qui ie terminent en puuue.
Les petites enclumes des Orfèvres s'appellent le tas.
On appelle aullî enclume , un oucil dont fe fervent
les Couvreurs pour couper l'ardoiie. M. D. C.
On appelle e/zc/z^OT^j en termes d'Anatoniie, un
petit os fait en forme àl enclume, qui e 11 dans l'o-
reille intérieure, qui reçoit les coups &: les iinprel-
iions d'un autre qu'on appelle maneau qui fervent
au fentimentde l'ouie. /^ciy. Oreille , Son.
On ditj proverbialement, il vaut mieux être
marteau c^Vi enclume, pour due qu'il vaut mieux
battre que d'être battu. Onditaulii, figurémentj
être entre M enclume & le marteau , pour dire avoir
à Ibuifrir de quelque côté qu'on le tourne , quand
on ell au milieu de deux Puilfances qui ont des in-
létêts contraires. On dit encore qu'un homme eft
dur comme une enclume , lorfqu'on n'en peut rien
obtenir.
On die, figurémenr, remettre un ouvrage fur
l'enclume, pour dire lui donner une autre forme,
une meilleure forme. Malè tornacos incudi. reddere
verjus.
ENCLUMEAU, ou ENCLUMOT. f. m. Petite en-
clume à main j dont les ,Cliaudctonniers fe fer-
vent pour redrelferles chauderons, & autres uften-
files de cuifine de cuivre , ou pour river leurs clous.
Venclumot eft encore à l'ufage de plufieurs autres]
Ouvriers dans les arts mécaniques. Il eft ordinaire-
ment pofé fur un pied de bois , ou de plomb qu'on
met fur l'établi , à portée de l'Ouvrier.
ffT ENCLUMETTE. f. f. Morceau de fer court &
gros , fervant aux Boiflelliers à foutenir les planches
qu'ils clouent enfemble , & à river leurs clous.
ENCOCHEMENT. f. m. L'auTiion d'encorlier , de
remettre dans une coche. Encochement de flèche. Ja-
culï in rieryum ïnduclio.
BNCOCHER. V. a. Mettre dans une coche. Cren&
imponere, infcrere. Il fe dit des arbalètes , des arcs ,
quand on met la cnrde d'un arc dans la coche d'une
lîèche pour la tirer. Indere ncrvo fag'aum , aptare.
Il fignifie aufli faire des coches , ou hoches , pour
faire des marques fur un morceau de bois. Crenis
inciderc baculum. En termes de Marine j on appelle
une raque encochée j ou raque gougée , qui a une
coche tout autour , dans laquelle on pofe le bitord
pour r.amarrer. Porter les huniers ewtoc/je, ou en
coche, eft les avoir au plus haut du mât. On a appelé
autrefois hofche ou ofche, ce qu'on appelle main-
tenant coche , crcna j & on difoit ofcher , pour faire
des ofches en une taille , taleam crenis incidcre.
Vcye\ Nicot, ofche &c ofcher.
Encoche, ée. part. CrenA impofîtus.
Encoche , en termes de Blafon , fe dit du trait qui
eft fur un arc , foit que l'arc foit bandé ou non.
Crenatus.
ENCOCHURE. f. f. Terme de Marine. Endroit au
bout de chaque vergue , où l'on amarre les beuts des
voiles par enhaut.
ENCOCOQUEM ATARI. Rivière d'Afrique, dans la
BalTe Ethiopie : elle eft à peu-près à fix dégrés de la-
titude méridionale.
|a- ENCOCURE , ou ENCOQUURE. f. f. Terme
de Marine. Voye^ Encoquer.
ENCŒUVRIR. 'Vieux, v. a. Renfermer j couvrir. In-
cludere , condnere.
ENCOFFRER. v. a. Mettre , ferrer d.ins un coffie.
.Arcâ includere. Il ne fe dit, ordinairement, que des
chofes que l'on fert avec avidité , & même avec
quelque forte d'injuftice. Ce Général a encoff'ré \iv\q
partie de l'argent qu'il devoir diftribuer aux foldars
qui s'étoient lignalés. C'eft un avare qui a encjffré
l'argent que le Roi lui avoit donné pour paroître en
cette Ambaflade j pour tenir table-
Encoffrer, fe dit aufli, fif^urément&burlefquement,
pour emprilonner. Il eft encqffré, il eft pris , com-
prehcnfus.
ENC ^9î
EncoffrÉ, ée. part. & adj. Arcji credltus^fub cujîodiâ
pojitus.
ENCOG0ER. v. a. Terme de Marine. C'eft faire
couler un anneau de ter , ou la bouche de quelque
cordage le- long de la vergue , pour l'y attacher.
L'etrope des peudours de chaque bras eft enc>jgué
dans le bout de la vergue. Le ter d'un boute -hors
eft aulll cncogue dans la vergue.
ENCOIGNURE. ( On ne piononce point l'/ ) f. f. An-
gulus , ancon , anjraclus j verfura : concurrenâum _,
co'èundum laterum arûculata commiffio. L'angle fail-
lant , le coin où aboutilfent deux rues , deux furf;i-
ces de muraille ou d'autres corps. Les Voyers font
obligés d'appeler les Officiers de Police, quand ils
donnent les alignemens pour les encoignures des rues.
Il s'eft blelfé contre ïcncoignureàd la cheminée, d*
buffet, &c.
Encoignure, fe dit aufli d'un retour d'angle dans un
parterre & de l'angle intérieur que forment deux ir.u-
raïUes à leur union. La plus belle figure qu'on puilfe
fouliairer pour un fruitier , ou pour un potager. Se
même la plus commode pour la cultute, eft fans
doute celle qui fait un beau carré, & fur- tout quand
elle eft fi parfaite & fi bien proportionnée dans fon
étendue , que non-feulement les encoignures font à
angles droits, &c. La Quint. Ayant donc planté
les arbres des encoignures j je mets un homme a
celle de la rangée que je veux planter j afin qu'il
aligne les arbres pour qu'ils le trouvent toujours
bien plantés en ligne droite. La Quint.
ENCOLER. V. a. Collare, glunnare. Terme de Doreur.
On dit encoler le bois , dont on fe veut fervir pouc
dorer \ ce qui fe fait en y appliquant une ou plu-
fieurs couches de la colle qu'on a préparée pour cet
ufage. On la prend toute bouillante j parce qu'elle
pénètre mieux : fi elle eft trop forte , on y met un
peu d'eau pour l'atToiblir, & avec une brolTedepoil
de fanglier, on couche b colle en adouciiTant , fi
c'eft un ouvrage. S'il y a de la fculpture , on met la
colle en tappant avec la brofle j ce qui s'appelle e/2-
coler. M. D. C.
§0" Les Manufaéluriers en foie j en laine, en fil,
&c. fe fervent aufli du mot encoter,^om dire donner
un apprêt de colle , ou de gomme. Les TilFerands
encollent le fil de leurs chaînes pour rendre la toile
plus ferme.
Encolé , ÉE. part. M. le Noble dit d'une ftatue mal
conftruite :
Tête , bras j jambe , pied ,
Toutfemble taillé pour déplaire y
Tout y paroii eflropié ,
Et rien ne fait ce qu'il doit J aire.
Les membres peu corecls, trop gros ou trop petits ^
Une attitude dércglée ,
Une tête mal encolée ,
Ettous les traits mal i^jfortis. Ecole du Monde.
Une fête mal encolée , eft une tête avec un cou
qui n'y eft pas proportionné. Au refte, on ne s'avife
pas de prendre M. le Noble pour modèle.
ENCOLURE, f. f. & non pas ENCOULURE.^Terme
de Manège. Partie du cheval depuis la tête juf-
qu'aux épaules j, & au poitrail. ColUfpecies. On die
qu'un cheval eft chargé ^encolure, qu'il l'a faufle,
qu'il l'a trop épailfe, pour le méprifer ; & au con-
traire, qu'il l'a fine , bien tournée & bien relevée,
pour le louer. On appelle encolure de jument, celle
qui eft trop éfilée , où il y a peu de chair. On die
aulfi, déchargé d'e/7co/«re. On cherche fur- tour une
encolure fine dans les chevaux de parade, rien n'é-
tant plus eirenriel à un beau cheval qu'une heile en-
colure : mais un cheval de harnois n'en vaut pas
moins pour avoir l'encolure un peu cpaille &: char-
nue , il rend même plus de fervice & de profit.
Encolure, ledit , figurémenr, des hommes. Se fi-
gnifie mine , apparence j Se Ce prend le plus fou-
vent en mauvaife part. Specles. Ce jeune homme a
S ss s ij
é^i E N G _ _ ^
X encolure ^xxniot. Cet homme qui croit près de
vous , a toute ïe/icolure d'un tripon.
Je dis qu'il en a { cTunfot) /"encolure j
Et quefon afcendant, Monjieur^ remportera.
Sur toute la vertu que votre fille aura. Mol.
■ Ip" Ce mot n'efl: que du ftyle familier.
Encolure. Ce mot fe trouve aulli dans Pomey pour
fignifier un détroit de tcrreentredeux mers.//;/: ma Jj
auoufiis cherfonefï.
ENCOMBOMATÈ. f. m. Ternie d'Antiquaire. Sorte
d'habit de iille dans l'ylntiquicé. Encomboma. Les
Pamandes & Encombomates étoient certaine forte
de chamarre pour les jeunes filles. Vigenère^ fur
Tite-Live, T. I. p. 957. Julius PoUuxdit que c'étoit
un habit blanc. Il femble que c'étoit la mcme chofe
que ce : que l 'on appeloit Etole , Stola ; car , félon
queloues Auteurs^ s""',''/2à5-«5-.9'«i & (rTaXia-àn-àat font fy-
nonymes.PolUix femble dire aulfi que c'étoit un ha-
bit Jefdave.
ENCOMBRE, f m. Vieux mot qui fignifioit empê-
chement, embarras. Tas de pierres, de gravois ,
&c. En génétal , ruines entaffées les unes fur les au-
tres & qui embarralfent un palTage, une rue. Rudera.
Dans l'Auteur qui écrivoit les Gefia Francorum
fous Théodoric , on trouve combii , pour fignifier
concèdes y ou , comme dit Grégoire de Tours , con-
cides arhorum in filvis , (\<i^ abattis de bois, des
abattis d'arbres.
ENCOMBREMENT. Aélion d'encombrer, c'eft-à-
dire, d'embatraifer unerue, unpalfage, ou quel-
qu'autre lieu; & l'effet qui reluire de cette .aétion.
Impedimentum. V encombrement à'wns iv\Q, occa-
lionnc par des gravois.
tfj" C'elt aulli un terme de Marine , qui fe dit de
l'embarras que caufe dans les vailfeaux la cargaifon
des marchan Jifes , qui les rend plus pefans & moins
propres au combat. Impedimentum. Par une Ordon-
nance de i(î(j9 , il eîl défendu aux Officiers d'em-
barquer des marchandées, parce que la charge rend
les vailfeaux moins propres aux combats , & que
cet attachement teroit négliger le fervice aux Olh
ciers. Quand il y a trop à' encombrement, le vailfeau
ne fauroit conferver l'ellive , ni l'arrimage , c'eft
à-dire, le contre- poids & le bon arrangement.
ENCONIBRER.. v. a. Embarralfer une rue , un pafTage ,
ou quelqn'autre lieu j de gravois , d'arbres coupés ,
de pierres , ou autres chofes. Impedire ruderihus.
Ces fo.Tés j ces puits font encombrés.
Ce mot vient de incombrare , &a été fait de com-
hru , qui fignifie un abattis de bois. Guyet croir que
incumbrare vient de incumulare , & cambre de cumu
lus , comme nombre de numc'us. Mén.
Mariage emcombré, fe dit en Normandie, lorfque
le mari a aliéné quelque choGî des héritages de fa
femme , Se l'en a deilaihe, quoique de fonconfen-
tement. Et on appelle bref de mariage encombré ,
l'action ou la plainte qui fe fait fur ce fujet. Le bref
de mariage encombré équipoUe à une réintégrande
pour remettre les femmes en polïelfion de leurs
biens moins que dûement aliénés durant leur ma-
riage.
ENCOMBRIER. f m. Detrimentum. Ce vieux mot fe
trouve dans le Roman de Guarin le Loheranes , pour
dommage.
Par celés chofes lor fut grand encombrier.
On difoit aufli, mais rarement, encombrer, pour
endommager ; & les Maçons appellent encore au-
jourd'hui décombremens y les démolitions d'un bâ-
timent.
ENCOMÉDIENNER. V. a. Admettre, recevoir quel-
qu'un dans une troupe de Comédiens. Angélique
cria à Ragotin : Monfieur_, prenez garde à vous ,
& fongez à bien conduire votre voiture. Ce qui dé-
monta un peu le petit Avocat encomédienné , lequel
fit auffi-tôc cefTation d'armes , ou plutôt de verres
E N C
avec la Rancune. Roman comique. Ce mot eft de
la façon de Scarron , tk n'ell tolerable que dans le
comique.
ENCOMIASTE. f m. Vieux mot. Panégyrifte , celui
qui fait l'éloge de quelqu'un. Approbateur. Lauda-
tor. NoviTius. P erbo Encomiajles. Ce mot , qui
vient du Grec , a été employé par l'Archevcque de
Lyon , parlant de Jacques Clément , rallallin du
Roi Henri IIL p. 71 de la Satyre Ménippée , i-v-S".
<' O bien -heureux Conieireut &; Martyr de Dieu ,
» s^écrie-t-il , que je ferois volontiers le Paranym-
» phe 6c \ Encomiafie de tes louanges , fi mon élo-
« quence pouvoit atteindre à tes mérites ! ... » Tel
étûit l'affreux langage de la plupart des Ligueurs.
ENCûi\L\IENCER. v. a. Incipere j inchoare. Qui n'a
guère d'ufage qu'au participe , & qui fe du d'une
chofe dont on a déjà fait quelque partie. Un traité
encommencé. MÉz. On ne peut plus fe fervir de ce
mot , fi ce n'eft au Palais en de certaines procédures.
La Cour a ordonné , qu'à faute de paiement l'exé-
cution e^tro/Tz/Tzc/rceis fera parachevée & les meubles
vendus. La Cour a levé les défenies , te ordonne
que le procès criminel encommencé fera fait & par-
fait.
ENCONTRE, f m. Mot bas ^ vieux & burlefque ,
qui ne s'emploie guère feul. Il figniiie , ce qui ar-
rive fortuitement , fort en bien, foit en mal. fors ,
fortuna yCafus. Un cas avantageux s'appelle bonne
encontre ; un défavantageux mal-encontre. Il arriva
de bonne encontre, c'elt-à-dire , par bonheur. Soa
ennemi vint par mû- encontre , c'eft-à-dire j pac
malheur.
A l'Encontre, adv.ou prép. D'une manière contraire»
dans un parti contraire. Contra , adverfus. Perfonne
ne va à l' encontre , n'j contredit cette propofirion.
Il ne répartit rien il l'encontre. Mez. Les Avocats di-
fent qu'ils plaident pour un tel , à Rencontre d'un tel,
pour dire , contre leur partie advcrfe. Mais il n'y 3.
plus que les vieux Avocats qui aiment les vieilles
phrafcs ; quidifent ^ il a fon recours à l'encontre .•
les autres difent , il a fon recours ciJA.'fre. Bouh. Je
plaide pour un tel contre un tel.
ENCON TREMONT. adv. En remontant. Surfum. Le
flux fait aller la rivière encontremont.W eft vieux.
ENCONTRER. v. a. Vieux mot, rencontrer, trou-
ver à Vencontrer , au commencement , à l'abord.
ENCONVENANCER. V. a. Pour dire, promettre,
convenir. Il eft vieux & hors d'ufage. Facijci.
SN:_;OPIA. Voyei ENKOPING.
ENCOQUER. v. a. Terme de Marine. C'eft , faire
couler une boucle , ou un anneau de ter le long de
la vergue, pour y attacher un cordage, ou autre
chofe. Stringere. Et on appelle encocure j ou enco-
quure cet enfilement, quand on veut prendre ou at-
tacher à la vergue quelques poulies , boute-hors,
cordages , &.'c.
ENCORBELLEMENT, f. m. Terme d'Architeélure.
Projeclura. Il fe dit de toute forte de faillie portant
à faux au-delà du nud du mut , comme une eon-
fole. Ainfi les pierres qui font en fiillie les unes fur
les autres , pour fouienirdes avances, des ponts, des
entablemens , s'appellent encorbellement. Ce mot:
vient de corbeau.
ENCORDELER. v. a. Engager dans une corde , ^ttc-
IQX. Irretire. Il eft vieux.
Encorder un arc, c'eft le garnir de corde. Nrcox.
ENCORE, ou ENCOR.adv. de temps Jufqu'à préfent
Adhuc i etiam, du.n. Je n'eu ai encore rien appris. Il
vivra encore quelque temps. Vous n'êtes pas encore
où vous penfez. Il lignifie auffî, déplus , une autre
fois. Cela eft encore vrai. C'eft encore pis. Encore
palfe. Encore ne frit-on. Il veut y aller encore une
fois. Il faut non-feulement être homme de bien ,
mais encore il faut exciter les autres à le devenir.
Les Poètes peuvent cho'ifu encor j ou encore , félon
le befoin. Il eft vrai qu'encore eft b<en languillant
dans un vers quand il ne fait point d'élinon.
]€ yeux encore voir fi fon cœur efifenfiblfi^
ENC
Mais encor à la fin d'uii vers eft dur , & il a meil-
leure grâce à la céfure d'un grand vers.
Après cinq ans i'amuur , & d' efpoir fuperjlus j
Je pars fidèle encor, quand je ncfpcre plus.
Racine.
En vous ocrant mon bras , puïs-je efperer encore j
Que vous accepterez mon cceurqui vous adore ?
Racine.
Encor , fi pour rimer , dans [a verve indifcrete j
Ma Mujè au moins fuujfroic une froide épithcte.
BoiLEAU.
On di: auffi , encore que , pour dire , bien que ,
quoique.
Aufii- tôt qu'un fuj et s'ejl rendu trop puijfant j
Encor qu'il foit fans crime j il nef pas innocent.
Corneille.
On dit,en François , encore que , pour fignifier ,
quoique, bien que: mais on ne du pas encore bien
quej ôc cela fenc le Provincial. Le 1'. Bonheurs a
reconnu qu'il avoir fait une tauce , lorfqu'il s'cft
fervi de cette dernière exprellion.
Nicot croie que ce mot vient de in & coram j
donc s'eft fervi Apulée, Ménage dit qu'il vient de in
hanc horam j in hàc liorà : & que nous l'avons pris
àel'ancora des Italiens.
ENCORNAIL. f. m. Terme de Marine :c'efl:un trou,
ou mortoife , qui fe pratique dans le haut des mâts,
Î[uiel1: garni d'une poulie poury pailer 1 itacle j qui
aifit la vergue pour la faire courir le long du mat.
La manœuvre qui fert à hauiFer ou bailler les mâts
de hune , palle aulli par-li. Ozanani dit que l'cn-
cornaile^c une demi-poulie entaillée d.^.ns l'épailleur
du fommer de queUpe mât , dans laquelle palfe
l'iracle qui faidt le milieu de la vergue pour la taire
courir le long du mlz.L' encornail eil garni d'un rouet
de poulie. Nicot dit encornai.
ENCORNAiLLEll. v. a. Terme burlefque & bas,
qui ne fe dit qu'en cette phrafe , Il s'eft encor naitU ,
en pariant d'un homme qui s'eft marié à une femme
dont la conduite n'annonce pas beaucoup de vertu.
ENCORNE, adj. m. Terme de Manège, qui ne fe
dit qu'en cette phrafe. Javarte/îû'jrae, qui vient fous
la corne du cheval , à la différence de javart nerveux
qui vient fur le nerf.
On ttouve en poëlie encorné , en parlant des ani-
maux qui ont des cornes. Haut-encorné _, qui a les
cornes élevées.
Capitaine Renard alloit de compagnie
Avec fon ami Bouc des plus hauts encornés.
Celui-ci ne voyoit pas plus loin que fon ne^ :
L'autre était pajfé maître en fait de tromperie.
La Fontaine.
ENCORNETER. v. a. Encorner un arc , c'eft le revêtir
de corne aux deux bouts. Extremis cufpidibus ar-
cum cornu commanire. Nicot.
ENCORNETER. v. a. C'eft mettre dans un cornet
fait de papier ,in cornu papy raceum indere j condere.
Ces fortes de cornets fervent aux Epiciers qui met-
tent dans des cornets les marchandifes qu'ils ven-
dent. Thus & odores i & piper , à quidquid cartis
amicitur ineptis. Ainfi encorneter fe diroir fort bien ,
amicire cartâ. Encorneter eft dans Nicot \ &; peut-
être que les gens de boutique s'en fervent encore ,
du moins ils n'ont point d'autre verbe.
ENCORNETER , fignifie aulli , prendre une cornet-
te de femme.
Le temps venu d'attraper le galant j
Mejfire Bonfe couvrit d'une jupe ;
5'encorneta , courut incontinent
Dans le Jardin .
L.Al Font.
ENC 693
|K? ENCORNURE. f f.En Archiceélure , on appelle
ainli l'éclar qui fe fait à l'arrête de la pierre lorf-
qu'on la taille , qu'on la conduit, ouqu'on la pofe.
ENCOSTE. Terme de Coutumes. On appeloit au-
trefois en quelques endroits des Jugemens qui vien-
nent par e/icojie , ce que nous appelons aujourd'hui
lugQmtns interlocutoires. /-'ciyejdeBeaumanoir , ch.
67.
ENCOULPER. V. a. Vieux mot qui fe trouve dans
Beaumanoir : il fignifie rendre coupable , Reum
Jacerc.
ENCOURAGEMENT, f.m. Ce qui encourage. Inci-
tatio.Les Arts, les Manutactures ont befoind'tvucpa-
rqgcment.
ENCOURAGER. v. z-Excitare, animas addcrc ,men-
ttm addere -, dare j faccre animas. Donner du cou-
rage, exciter, animer. L'efpérance du gain encoura-
ge les foldats à la guerre, encourage les mercenai-
res au travail. L'honneur ell ce qui encouragc\i:sl^o-
bles.Chacun encourageoit\Qsii<ius à fe hâter. Ablanc.
Encourage , ée. part.
ENCOUREMENT. f. m. Terme de Coutumes , c'eft
la peine que nous encourons par notre faute. Pcena.
cuira débita.
ENCOURIR. V. n. Incurrere , fubire , fufciperc. J'en-
cours ^ j'encourus J fai encouru^ f encourrai j que
f encoure , que j' encouruffe ^ f encourrais. Subir , mé-
riter , s'attirer. Il ne fe dît que des maux & des pei-
nes qui viennent des puilfances fupérieures. La cié-
fobeilfance d'Adam lui lit encourir la colère de Dieu.
Les rebelles aux commandemens de l'Eglife encou-
rent les cenfures Ecclédaftiques. Les Magiftrats dé-
clarent les peines portées par les lois encowues ,
quand on les atranfgreirées. On dit que l'excommu-
nication ell encourue de plein droit , ipfojaclo , lorl-
qu'il n'ell point néceffaire que le Juge prononce
fur l'aélion , &: que l'on tombe dans la peine en la
commettant. Encourir la peine d'une Bulle. Pasc.
Dans une Qdefublime
J'aurais fi bien du Grec le beaufiyle imité ^
Que l'aurais enco'.na l'efiime ,
Des amis de l'Antiquité. .N. ch. de vers.
|3" Encourir ne fe prend jamais qu'en mauvaife
part. Ainfi l'Auteur de ces vers n'a pas fait attention
aucaradlère propre de ce verbe quand il :i dit encourir
l'ellime. On encoure la haine , le mépris des gens
fenfés, & non pas leur eltime.
Encouru , ue. part.
ENCOURONNER,ouENCORONNER.v.a.N'eft
pas un mot François : Ronfard l'a tormé de l'Italieii
incoronar. On dit en François hmplementcouronncr
coronare. On dit auffi cotonner , &: non p,\s enco-
tonner , pour dire , garnir de coton , gojjlp^o inf-
truere. NicoT.
ENCOURTINER. V. 3.. Fafciis ornare ^ cingere finf-
truere velis. Fermer de rideaux , de courtines. En-
courtiner un lit.
Encourtiner. Vieux v. a. Environner. G'/rz^wc^^r^,
cingere. Ce mot s'eiT: dit hgurcment par allulion aux
courtines dont un lit ell entouré.
Encourtihé , ÉE. part. Qui a le même fens que le
verbe.
ENCOURUE, f. f. Terme de Palais. Le courant d'une
dette. Ces intérêts font dûs pour cinq années , fans
préjudice de Vencourue qui recommence chaque an-
née au i Juillet. Factum.
ENCOUTURE. f. f. Terme de Marine. Situatior»
des bordages d'un vailleauqui pallent l'un fur l'au-
tre , aulieu de fe joindre carrément.
ENCRAINE. Vieux terme de Manège. On a dit autre-
fois, cheval encrainé , pour cheval égarotté.
ENCRASSER, v.a. Rendre cralteux , remplirdecraf-
fe. Squalorem inducere ,maculare. La po\iàtçencra(Je
les habirs. Il eft auffi neutre. Laillèr encrafèr un h.i-
bit. Il eft auffi recip. La peau s'encrajjc quand on n'a
pas foin de la laver-
s'Encrasser, fe dit auffi, figurément, de ceux qui s'a-
^94 EMC,
viliUenten fe aiénilliant , ou en fréquentant mau-
vaile compagnie. Il s'ell bien enuajji par ce ma-
riage. Il scficrajjc tiint-ukinent par ics mauvais
commerces. Style familier.
ANCRASSE , EE. part. . , , , .
»^NCRATITES,i: m. EncratM. Anciens hérétiques
" qui ont été ainli appelés , parcequils tailoient pro-
ieilion de continence , rejetant entièrement le ma-
riage \ '<" (y-f^r^if en Grec hgnirie les conunens. Ta-
tien , difciple de Saint Julbn , qui a été un des plus
jlavans hommes de route l'Antiquité , eft Auteur de
«etce feéte , s 'étant Icparé de l'Eglile après la mort
de ce fainc Martyr. Ces hérétiques ont aulli pris
beaucoupde choies de Saturnin «^ Marcion , .ïc ils
ont plufieurs erreurs communes avec les Gnoiti-
ques &les Valentiniens.Uss'abilenoientde manger
lie quoique ce Ion qui fut anime , i<c nioienc qu'A-
dam fût lauv-é. Ils regardoient ceux qui buvoient du
vin comme de très-grands pécheurs. C'elt-pourquoi
ils nefe fervoient qued'eau dans la célébration du
myftcrederEucharillie,croyanc quele vm venoit du
Diable, & non pas de Dieu. Pour appuyer leur
lentiment ils produiioient les palfagesde l'Ecriture
où il elf parlé de ce qui arriva à Noé &:. à Loth, après
s'être enivrés. Quoiqu'ils condamnairent ablolu-
ment le mariage , ils ne lallFoient pas d'avoir com-
rnerce avec des femmes , ils démentoient leur doc-
trine par leurs actions. Ils ne recevoient, des Livres
de l'ancienTeftament, que ce qui leur plaifoit. Mais
ils reconnoilîoient , pour Livres divins & canoni-
quesjplufieurs ouvrages faux & fuppolés ; entre au-
tres les aétes d'André , de Jean !k de Thomas ,
qui étoienc des pièces apocryphes. Saint Irenée , S.
Epiphane & Eufèbe de Céfarée , ont parlé allez au
long de ces anciens Hérétiques.
ENCRE, f. f. Liqueur noire faite avec du vitriol , de
la noix de galle j &: de la gomme , qui fert à écri
re. Atramentum. L'encre d'imprimerie, qui lert à
imprimer , fe fait avec de l'huile de noix ou de lin
£c de la thérébentine , &: avec du noir , le tout cuit
enfemble. Il y a aulli de r<;/2tr£ rouge, qu'on ap
pelle rofetce. On ne peut appeler celle-là acnimen-
lum en latin , car ce mot ne convient qu'aux liqueurs
noires, telle qu'cft le noir qui fert dans les teintures,
atramentum tinclorium , celui des cordonniers, atra-
merdumfutorium , &cc. dont les Anciens ontparlé. Ils
appeloient en particulier l'encre à écn:e,atrùmentum
fcriptorium , iibrarlum y iaterarium.ie. creverois plu-
tôt que d'avouer ce que tu dis , & je foutiendrai
mon opinion jufqu "à la dernière goutte de mon en-
cre. Mol.
Encre vitriolique. J'ai verfé de la teinture de noix de
galle fur de Telprit de vitriol j qui n'en a reçu au
cun changement. J'ai enfuite verlé de cette teinture
fur de là limaille de fer , qui , dans un efpacc
de temps alTez médiocre, a fait \.\x\q encre fort noire;
d'où il me paroît que j'ai tout lieu de conclure que
c'eft le fer contenu dans le vitriol , qui en fe revi-
vifianr donne la noirceur aux encres. Lémery. Mém.
de r Acad. des Se. i-joj.p. 341.
Ce mot félon Ménage , vient dentalien inchiof-
tro , qui a été fait du Latin encaujhum , dont les Po-
lonois ont fait iwai/?, les Flamans /«X:r , les Anglois
inke. Il y a bien des gens qui écrivent encre par un
a , d'autres par un e. Petrus Maria Caneparius ,
originaire Je Crème , & Médecin à Venife , a fait
un Traité L^tin àesencres de toutes les cfpèces. De
Atramentïs c- jufcumque generis. Il fur imprimé //2-4".
à Londres en 1660.
On dit de \' encre double, de )^ encre luifante.
On dit audi , au fii;uré , écrire de bonne encre ,
pour dire , faire une forte recommandation.
On dit, en proverbe , il n'y a plus à'encre au cor-
net , pour dire j qu'on eft épuifé. Cela eft clair com-
me une bouteille à encre j ce qui fe dit, au figuré
d'une explication obfcure.
L'fwre de la Chine eft admirable, &jufqu'icion
a tâché inutilement de la contrefaire en France: celle
de Nankin eft la plits eftimée , ôi il s'en fait des
ENC
baions fi propres ts: de fi bonne odeur qu'on rairoic
la curioiitc d'en conierver , quand ils ne feroient
d'aucun autre uiage. Je dis des bâtons A'encre-^ car
cen'elt pas une liqueur comme la nôtre. Elle ell fo-
lide , tic lemblabie à nos couleurs minérales , quoi-
que beaucoup plus légère. On en lait de toutes lot-
tes de tigures : les plus ordinaires font carrées , mais
plus longuesque larges, épaiiles leulement de deuxou
trois lignes, il y en a de dorées avec des figures de
dragons, d'oifeaux,& des fleurs. On lorme pourcela de
petits moules de bois li bien travaillés, que nous au-
rions de la peine de laire rien de plus fini fur le mé-
tal. Quand on veut écrire j on a fur la table un petit
marbre bien poli , creuféà l'extrémité , & propre à
contenir de l'eau. On y trempe dedans par un bouc
le bâton à'encre , qu'on hotte doucement fur la par-
tie du marbre qui eft unie ; & dans un moment ,
félon qu'on frotte, il fe tait une liqueur plus ou
moins noire, dans laquelle on tre:;ipe la pointe du
pinceau qui fert à écrire. Cette encre eft luifante ,
extrêmement noire j& quoiqu'elle -perce, quand
le papier eft trop fin , jamais néanmoins elle ne
s'étend plus que le pinceau ; de manière que les let-
tres font exaètemenr terminées, quelque gros qu'en
foient les traits. Elle a encore une autre qualité, qui
la rend merveilleufe pour le dellcin ; c'cft qu'elle
prend toutes les diminutions qu'on lui veut don-
ner , il y a beaucoup de choies qu'on ne fauroit re-
préfenter au naturel fins Tufage de cette couleur.
Au refte , elle n'eft pas fi difficile à fiire qu'on s'ima-
gine: quoique les Chinois y emploient du noir de
fumée tiré de diverfes matières , la meilleure néan-
moins fe fait avec la fumée de grailfe de cochon
qu'on brûle à la lampe. On y mêle une efpèce d'hui-
le , pour la rendre plus douce \ & des odeurs agréa-
bles, pour empêcher la mauvaife odeur de fhuile
& de la graille. Après l'avoir niife en confiftance,
on fait de cette pâte de petites tablettes que Ton jette
dans un moule. Elle eft au commencement fott pé-
firnte ; mais des qu'elle eft féche & dure , le poids
en diminue de la moitié , & ce qu'on donne pour
une livre ne pèfe ordinairement que huit ou dix on-
ces. P.L. Comte , Nouv. Mém. fur Ictat préf. de lu
Chine , T. I.p. 3Ç2 &Juiv.
^fT Encre Sympathique. On appelle ainfi toute li-
queur avec laquelle on forme une écriture invifi-
ble , enforte pourtant qu'il y ait un moyen de la
faire paroître quand on veut. On en connoifloitdéjà
de quatre fortes j mais l'écriture formée avec ces
encres ayant été une fois rendue vifible, ne difpa-
roiifoit plus. M. Hellot a donné , dans les Mémoi-
res de l'Académie des Sciences , pour l'an 1737, un
Mémoire fur une nouvelle encre fympathique , q-ui
a les propriétés des quatre efpèces déjà connues , &
elle a, par-dclïus les autres, la propriété lingulière
de paroître & dilparoître à volonté , lans aucune
addition, fans altération de couleur. On la tait pa-
roître en l'expofant au feu , & en lui donnant un
certain degré de chaleur : refroidie , elledifparoît ,
tk ainfi de fuite , pourvu qu'on ne lui donne qu'un
certain degré de chaleur. Si on la tient trop long-
temps expofée au feu , elle ne difparoît plus en fe
lefroidilfant.
ENCRE. Bourg, ou village de Picardie, dans l'Amien-
nois , entre Péroné & Corbie. I/icra , Ancora. Il
eft fur une petite rivière du même nom, qui fe jette
dans la Somme à Corbie. Encre appartenoit autre-
fois à l'Abbaye de Saint Riquier : elle eft aujour-
d'hui à celle de Cluny. En 1 138 , l'Evêque d'Amiens
donna Saint Gervais à'Encre au Monaftère de Saine
Martin - des - Champs. Hadr. Valef. Notlc Gall,
page 2s-2.
ENCRÊPER. ( S' ) Prendre un crêpe , porter le deuil.
Alle:^ vous enczcpsv, fans perdre unfeul Inflant.
Menechmes de Renard.
IP" ENCRER. V. a. Teime d'Imprimerie en taille
douce. C'eft faire entrer le noir avec le tampon, fur
f
EN C
la plancha qui eft gravée. £'/zcr<;/' une planche. Aaa-
menco inibucre,
fCF Encrer, v. a. Terme d'Imprimeur en lettres.
C'eft prendre de l'encre iur les balles, & en toucher
la forme. Enacr une forme. Il a vieilli en ce fens.
On dit mieux roucher la i-orme.
fer Encrer, v. n. Terme d'Imprimeur en lettres. Ce
mot fe die aulh des lettres , &(. fi^^nihe prendre bien
l'encre. Certe lettre n'encre pas comme il faut.
ENCRIER, f. m. Petit vailFeau ou cornet où l'on met
de l'encre fur une table pour écrire , & qui fait fou-
vent partie d'une écritoire. Acrdmeruarium, Encrier
de plomb , de cuivre j d'argent.
Encrier. Terme d'Imprimeur. Tabula atramcntaria.
Les Imprimeurs appellent encrier^ une efpcce de
table, ou de planche carrée, quia des bords de
trois côrés j fur laquelle ils broient le vernis &
le noir de fumée , dont ils fout leur encre. C'eft
aufli fur Kencrier qu'ils prennent avec leurs balles
l'encre dont ils noirciifent leurs formes.
§Cr ENCROISER. v. a. Terme ufité dans différentes
Manufiétures. C'ell la façon de donner de l'ordre
aux brins de foie, de fil, de laine ^ ôic. quicom-
pofent la chaîne.
^NCROUÉ. adj. Terme des Eaux & Forêts , qui fe
dit d'un arbre qui, en s'abattant, ert tombé fur un
autre , qu'il a endommagé , & dans lequel il a en-
gagé its branches. Implexus j immijjus pcr ramos.
Il n'eft pas permis d'abattre un arbre fur lequel un
autre fe trouve e/uro«e, fans ordre des Officiers.
EncrouÉ , ou encroét fignifioit aufîi autrefois crucifié.
ENCROÛTEMENT, f. m. Terme de Litholooie
Voye\ Incrustation.
§3" Encroûtement. Terme de la Philofophie Carté-
iîenne. On a expliqué au mot Canejlamfme (monde
de Defcartes) la formation des trois élémens prove-
nais de la raclure des angles des parcelles primor-
diales de la matière : la matière fubtile ramallée
vers le centre du tourbillon j eft ce qu'il appelle un
folcil. Cette matière fubtile qui eft dans une agita-
tion étonnante , communique fon mouvement aux
globules voiiins \ ces globules le communiquent à
d'autres julqu'à nous. . . C'eft en cela que conhfte la
lumière. Enhn , la grofTe poullière , les éclats les
plus malnfs & les plus anguleux , font ce qu'il ap-
pelle letroifième élément : cette pouilière étant irré-
gulière j anguleufe, peut tormerdes pelotons épais:
plulieurs parties s'accrochent par leurs angles, s'em
boitent les unes dans les autres, encroûtent peu-à-peu
le tourbillon , & de ces croûtes épailîîes fur tout le
dehors , il fe forme un corps opaque ^ une planète ,
une terre habitable. P^oye^, dans l'Auteur même, le
refte de ces fublimes rêveries.
ENCROÛTER, v. a. Incrufiare. Terme de Maçon.
C'eft faire une croûte ou un enduit fur une muraille.
Voye\ Incruster.
^CJ" Encroûter , dans la Phyfique de Defcartes , fo-
leil qui s'encroûte. Voye-[ Encroûtement.
ENCU13IERTA. Ifle de l'Océan Atlantique. Aprofi-
tos 3 Infuia Sancii Blandani. Q\\ la place à quarante
lieues de celle des Palmes, une des Canaries, du
côté du couchant. Encuhiertd eft un nom Efpagnol,
participe féminin j du verbe cncubrir^ couvrir , ca-
cher, qui fignifie couverte, cachée. On a ainfi
nommé cette Ifle, parce qu'on ne peut y être porté,
dit-on, que parhafard , & qu'on ne la trouve ja-
mais quand on la cherche. Maty ajoute qu'elle
pouroit bien n'être qu'en imagination. Quoi qu'il
en foit, on la nomme aulli l'Iflede S. Borondon ,
& la non trovada , c'eft-à-dire, la non trouvée.
ENCUIRASSER , S'ENCUIRASSER. v. récip. De-
venir fale, crafteux; contr.aéler des taches difficiles
à emporter. On le dit des habits , des étoffes j du
linge j de la peau , des métaux , &c. lorfque la
cralie , la graifTe , l'ordure, la poudre, &c. s'y
amallent & s'y épaillilfent. Sordidari , maculari ,
Sec. La poullière s'eft encuirajfée dans cet habit.
Mains encuirajjees d'ordures.
E N C END ^9j
Ce mot vient de iricoriatus , comme qui diroïc,
rendu dur comme du cuir. Nicot.
Encuirasser , fe dit, ligurément , "des chofes mora-
les , des méchantes habitudes que Tame contraéte ,
& dont elle ne le défait qu'avec peine. Laconlcience
d un hbertin ne le nettoie pas facilement , quand
elle eft trop encuirajjec. Mauvais ftyle.
Encuirasse, ée. part. &c ad]. Loricatu's. Il y a des
Saints qui ont porté le nom <SEncuiraJfé, parce que
par efprit de pénitence , ils portoient une cuiralEe
Iur la chair nue. Dans le lixième liècle des Aétes de
rOrdre de S. Benoît , il eQ: parlé de S. Dominique
Yhncuirajfé.
ENCUIT. part. Incoclus. Ce mot eft dans Nicot. Il
n'eft plus d'ufage.
ENCULASSER. v. a. Dorfum addere ,Jingere. Terme
d'Arquebuher. C'eft mettre la culalTe du canon d'une
arme d feu. EnculajJ'er un canon.
ENCUSER. V. a. Incufare. Il eft vieux. Nicot.
ENCUVEMENT. f. m. hmnijfio in cupam, inlabrum.
Terme de Tanneur. C'eft l'aéfion d'encuver.
ENCU'V'EJl. V. a. Demittere in labium^ incupam. Ter-
me de ianneur S>c de Blanchilfeur. Mettre dans la
cuve, ranger dans le cuvier. Encuver les veaux. En-
c^ver le linge de lelîive. On dit aufli e/zca ver la ven-
dange.
tfT EncuvÉ j ÉE. part.
0Cr ENCYCLOPEDIE, f. f. Mot formé de la propofi-
tion 'il , e/;, de «■JxAof , cercle , & de îr««^i(« , fcience^
connoijjance. Ainfi , l'encyclopédie eft propreuient la
fcience univerfelle , ou l'enchaînement de toutes
nos connoilfances. Otbis illc doclrin& quem Gr&ci
;y«u»Ao;i«,Ai«» vi;cj/2rjditQuintilien.'Vitruve l'appelle
hncycUos difcipUna,
%fT Plufieurs ouvrages portent le titre à'Encyclo'
^i-'i//^, pour marquer l'univerfalité des matières donc
ils traitent. La plupart ne font que des colleclions
informes :qaelques-uns ne furent pas tout- à- fait mé-
prifés; mais il s'en faut bien que ces Encyclopédies
répondent aujourd'hui à leur titre- Quels progrès
n'a-t- on pas fait depuis dans les arts tk dans les
fciences ? Combien de découvertes & d'inventions?
L'ouvrage qui, jufqu'à ces derniers temps, a le
mieux mérité le titre aEncyclopédie , ou enchaîne-
ment des fciences j eft le Didionnaire univerfel de
Chambert , Savant Anglois.
ffTUnQ Société de gens de Lettres propofa à
Paris J par foufcription en 175 1, une nouvelle
Encyclopédie ^nn'i toute autre étendue , dont tous
les volumes ont paru fucceflivement : le public a
jugé cet ouvrage.
=p; ENCYCLOPEDIQUE, adj. Qui appartient ï
l'Encyclopédie. Diélionnaice, ouvrage, ordre ency-
clopédique.
iCr ENCYCLOPÉDISTE, f. m. Celui qui a fait l'En-
cyclopédie , ou qui y travaille.
END.
ENDA. Sorte d'exclamation populaire j qui fe trouve
dans Marot , & qui fe dit encore en quelques pro-
vinces.
ENDANTE , ouENDENTE. U. Commijfura , dens,
eft, en termes de Charpentiers, Menuiliers, Conf-
truéfeurs de navire, &c. la liaifon de deux pièces de
bois J qui J de diftance en diftance, & par certains
endroits , entrent l'une dans l'autre.
Ip- ENDARO. f^oye^ Endero.
ENDECAGONE. f. m. Hendecagonus. Terme de Géo-
métrie. Figure qui a onze angles, &parconféquent
onze côtés.
Ce mot eft Grec, iniKâyans vient de î'^f"* onze
& de ytàn'ct, angle.
ENDÉCASYLLABE.f. m. Uendecafyllabus. Verscom-
pofé d'onze fyllabes j dont il y a pluheurs exemples
chez les Auteurs Grecs & Latins , & encore plus chez
les Italiens. Le vers endécafyllahe Grec & Latin eft
aufli appelé Phalcuque , du nom de fon inventeur.
On trouve cependant dans Catulle des vers Phaleu-
'^pé
E N D
ENO
ques qui n'ont que ûix {yllabes. /'-^oyeç dans les A/c'-' ^ ENDENTE , É£. Terme de Blafon. Fbjq En
■moires de i'revuux lyoi février, p. 1 5 5. de l'édition ^
de Trévoux. Pour les vers italiens de onze fyllabes, ;
•il y auroit bien des chufesà due qui ne ionc pas de
ce lieu-ci
EN DEDANS, adv. Interius , introrsùm. Tournez le
poignet en dedans. Mol. Foy. Dedans.
£N DEHORS, adv. Exteriàs , extrorsum. Tournez la
pointe du pied en dehors. Foye\ Dehors.
ENDEIDE. r. f. Fille de Scyron &: de la Nymphe
Charicloj époufa Eaquc , dont elle eut Pelée &
Télamon. Endeis.
ENDEMENE. adj. Lafdvus , pctulans. Nicot. Qui
femble être pollédé du démon. C'ert; un vieux mot
équivalent à enduiUe , ôc qui lignifie, ordinaire-
ment, lafcif, impudique, Foye^lQ petit Diétionnaire
de Morel au mot lajclvus. Les mains d'Angélique
■ctoient quelquefois ferrées , ou baifées ; caries Pro-
vinciaux font fort endénienes &C patineurs : mais un
coup de pied dans l'os des jambes , un loufflct ^ ou
un coup de dent, félon qu'il étoit à propos , la dé-
livroient bien-tôt de ces galans à toute outrance....
ScARRON , Bcrnan Comique.
ENDEMENTIERES. adv. Incereà. Vieux mot qui a
été en ufage jufqu'au temps de Jean le Maire, &c
qui ii'^nifie cependant. On le trouve fouvent em-
ployé dans les vieux Romans. Se il avient endemen-
tieres que chaux qui combattent entrefemble. De
Beauman.
André Duchefne le dérive àzintereadum-^ Mé-
nage &: Borel de inde & Aq intérim-^ Pafquier de l'Ita-
lien wtf/zrrt. On a ditauiîi endremente. On dit encore
en Languedoc dementrcque , &c entretan en Picardie,
en Flandre & l'Efpagnol dit Emmentias.
ENDÉMIQUE, adj. m. & f. Terme de Médecine. Qui
naît, qui fe produit au milieu d un peuple, dans
un certain pays j atFedé à un certain pays. Popula-
ris j gendlis , endemicus , a , um. Vernaculus. La
pefte doit être regardée comme une maladie parti-
culière , ou endémique à l'Egypte , à l'Ethiopie, &c.
AsTRUc. La maladie appelée ^/ictzeft e/26^t;/wi£/tte par
rapport à la Pologne j le fcorbut par rapport aux
peuples du Nord; la lèpre par rapport à l'Egypte &
à la Syrie. Id. En Arabie la pelte eli un mal en quel-
que forte endémique. Je ne voudrois pas aifément
tranfporter ce mot à d'autres matières , ni dire ,
par exemple, une evtenr: endémique , pour fignifier
une erreur enracinée dans tout un peuple.
Ce mot ell Grec tv^>tfi"<-U , compofé de é» dans, &
^^f.i; peuple.
On dit que les écrouelles font ordinaires ou en-
démiques en Efpagne j la plithifie en Angleterre; le
goitre dans les Alpes j le Icorbut dans les lieux ma-
ritimes &: feptentnonaux. Les maladies endémiques
diffèrent des épidemiques j en ce que celles-ci ne ré-
gnent qu'en certains temps par un vice de l'air; au-
lieu que les endémiques font ordinaires en tout tems
à certains peuples. Col de Villars.
ENDENCHE, Endenté. Terme de Blafon. Foye^
Denché & Denté. Dentatus. Il fe dit d'une fafcej
d'un pal , & autres pièces triangulaires j alternées de
divers émaux. Tranché, e/2t/c«fe d'or & d'azur. On
appelle croix endentée , celle dont les branches font
terminées en fliçon de croix ancrée , & qui a une
pointe en fer de lance entre les deux crochets. Vau-
tier de Hérinfta , Chancelier de France , portoit
d'argent parti, Se endenié àz gueules de quatre piè-
ces. On dirtingue émanché j endenté^ & dentelé.
Emanché le du des dents plus malîives, courtes &
claires , coupant le champ en deux moitiés. En-
denté it dit lorfqu'il y a dans l'écu des dents longues
&; algues; & dentelé lorfqu'elles font plus min-
ces & plus courtes.
ENDENTE. P'oye-:^ Andante.
ENDENTÉ. adj. Qui a des dents. Dentatus. La Fon-
taines s'eft fervi de ce terme.
// déjeûne très-bien : aujfi fait fa famille ,
Chiens J chevaux & valets , tous gens bien endentés. ENDIABLER. v
DENCHE.
ENDENTER. V. a. Dentare , dentés. figere. Mettre des
dents à une roue de moulin , ou autre femblable
machine.
Endente. Per dentés immifjus j denticulatim infertus ,
fe dit de deux pièces de bois qui j de dillance en
dirtance , entrent l'une dans 1 autre pour plus de
liaifon.
ENDENTLTRE. i. f. Henri VI, Roi d'Angleterre,
charge , par une efpèce de Lettre ou Commillion ,
Meiîire Thomas Hoo, Chevalier , Bailli de Mante,
de commander dans cette ville. Le titre de cette
Lettre ell Endenture faite entre Henri VI. Roi d'An-
gleterre J & Thomas Hoo , ikc. Ces Enae/uures
étoient des contrats en parchemin j appelés en La-
tin , charte indentata. On les faifoit doubles pour
les deux contraétans, mais fur une même feuille de
parchemin pliée , l'un fur un feuillet, & l'autre fur
l'autre : enfuite on les féparoit par une découpure
en forme de dents j afin qu'on ne pût les falfifier.
Celuiqui vouloit fe fervirde fon double étoit obligé
de faire voir que les endentures fe rapportoient à
l'autre original, en les approchant l'un de l'autre,
ôc les joignant par les dents : on les appeloit aulli
Charttz panits,. Le Père Daniel , Bifl. de la Milice
FrancQife.
EN DÉPIT. Sorte de propofltion qui régit le génitif.
Foye:( Dépit.
ENDERAB. Ville de Perfe. Les Géographes du pays,
au rapport de Tavernier , la mettent 395 deg. 15'.
de longitude, & à 37 deg. 1 5'. de latitude.
ENDÉRO. Petite ville de la Dalmatie , que M. Cor-
neille appelle aufll Endaro , en Latin Enderum.
Elle eft dans l'Albanie j en Grèce, aux confins de la
Servie , à quinze lieues au Nord d'Aleffio. Endéro
eft très-ancien, iiiais fort déchu de ce qu'il étoit
autrefois.
ENDETTER, v. a. u^realieno obflringere. Engager
dans des dettes. Les emprunts continuels l'ont fore
endetté
^fT Endetter une Compagnie , c'eft contraéler des
dettes confidérables en fon nom.
^fT II s'emploie ordinairement avec le pronom
perfonnel. S'endetter, c'eft contraéter des dettes en
fon propre & privé nom. Il s'eft endetté à donner
des charges à fes enfans , à pourvoir fes filles, ^s
alienum contraxit , conflavit.
Ce mot vient du Latin debitum.
Endetté, ée part, ^re alieno objlriclus. Un homme
endetté^ trouve difficilement à fe marier.
ENDÊVÉ J ÉE. adj. Mutin, emporté. On ne peut ve-
nir à bout de cet homme- là , tant il eft endèvé 8c
difficile à gouverner. On dit , fubftantivement ,
c'eft un endèvé. Ce mot eft populaire.
ENDÊVER.v. n. Furere , infanire. Avoir du dépit de
quelque chofe. Tout me réuffit ; cela le fait endê-
ver , il en endêve. Terme populaire & trivial.
Ménage tient qu'il vient du Latin iW/i'^re, qui
fignifie à Deo vel à D&monc corripi , comme il arri-
voit aux Sibylles & autres qui rendoientdes oracles.
Quelques-uns le dérivent de indiviare^ c'eft-à-dire,
s'égarer de fa voie. Borel le dérive de hcndeux ,
vieux mot, qu'on trouve dans le Roman de laRofe,
qui fignifioit autrefois enragé. DuCange dit que le
mot defver fignifioit autrefois être en délire , avoir
l'efprit égaré & hors de la voie & de la raifon.
ENDIABLÉ, ÉE. adj. Furiofus capitalis , fanaticus y
furiatus. Furieux , qui femble être poiïcdé du Dia-
ble. On le dit J familièrement J de ce qui eft très-
méchant dans fon genre. Il faut qu'un homme foit
bien endiablé, pour faire un parricide. Il y a un che-
min endiablé pom monter au haut de cette monta-
gne. Luther , par un ftyle qui ne donne pas un
grand fujet d'eftime pour lui , ne craint pas d'appe-
ler tous ceux qui croient moins que lui ( fur l'Eu-
chm(iie) endiablés , pe:diMés , tranfdiablés. PÉ-
LissoN. Subftantivement, c'eft un endiablé.
n. Elle endi.abloii de fe voir aban-
donnée
<3-onnée, ceft-à-dire , elle enrageoic j elle ctok dé-
folée. Terme populaire.
ENDIMANCHER , S'ENDIMANCHER. v. récip.
Metuefcs habicsda Diiîianche.On le dic, en badi-
nant, de celai qui a mis fes plus beaux habits. Les
Gafcons difenc s'endimenja.
Endimanché , ée. parc.
£NDING. Fort petite ville d'Allemagne, dans le Brif-
gaWjCn Soiiciho. Efidùiga. Elle elt près du Rhin,
environ à quatre lieues au-delïous de Brilach. En-
i//«j croie autretois ville Impériale & libre, il eil
maintenant Ibumis aux Archiducs d'Autriche.
ENDIVE, f. f. Plante potagère qui elt du nombre des
chicorées. Intuhus j ïnvubmn , cndivia j chkorej. , Ja-
tivj. L'endive efi: une efpèce de chicorée qu'pn cul-
rive dan'i les jardins , donc les racines iont hbrées ,
S>c les teuilles longues , larges , lemblables à celles
de la laitue , & un peu amères. Sa tige eft d'une
coudée , ou d'une coudée & demie , lilie , creule j
branchue, torcueufe t5c laiceufe,de même que les
racines. Ses fleurs fonc bleues, lemblables aux fleurs
de la chicorée lauvage. Ce font des bouquets à de-
mi-fleurons, pofés chacun lue un embryon, & fou-
tenus par le calice. Lorlque ces fleurs font palFces ,
les feuilles du calice fe rapprochent, tormenc une
capfule qui renterme plulieurs femences anguleu-
ies, femblables, pour l'ordinaire, à un petit coin,
ôc garnies dans le haut d'un rebord membraneux.
J^oyei\zs>Eiémens de Botan. 301. M. Tournefort
l'appelle Chicoriuni lavjolhan , d'autres Intubus Uu-
JoUa,fivc endlvLi vulgans. Il y a une endive fauvage
qui ne diffère de la précédente qu'en ce qu'elle n'elt
point cultivée, & quefes teuilles foncplusétroites,
i^ d'un goât plus amer, & fa tige plus rameuie.
ENDIZELER. V. a. C'ell mettre par dizaine. Nicot.
Ce mot »11 vieux, &on ditdizainepourdizeau, Ôcc.
ENDOCTRINER, v. a. 'Vieux mot qui flgnihoit inf-
truire, & rendre favant quelqu'un. Docerc , erudirc.
( On ledit encore, par plaifanrerie, en ce iensli.)
Il avoir été bien endoctrine dans fa jeuneire; mais
■ faute de continuer, il a tout oublié. JÉsus-Cîirist
commandai fes Difciples d'(^/7£/c)c5ri//er les nations j
&: de baptifer au nom du Père , du Fils t<. du Saint
,£fprir.
Au figuré, il fignifie inllruire de quelque chofe ,
donner les lumières nécelFaires fur quclqu'affaire ,
il s'acquitera biende fa commiflioa, on l'a bien cn-
doclriné.
Endoctriné, ée. part.
ENDOCUS. f. m. bifciple de Dédale, fut prcfqu'aufli
habile que fon maître. Il y avoir , dans la Citadelle
d'Athènes , une Minerve aflife , fort eftimée , qui
croit fon ouvrage. La reconnoillance le porta à ac-
compagner par-tout fon maître durant fa difgrace.
ENDOLOMER. v. a. 'Vieux mot. Aifommer. On s'en
lerr encore à Touloufe.
ENDOMMAGEMENT. f m. Ce mot fe trouve dans
Cotgrave & dans Pomey, pour fignifier ledomma-
ge , le dépériiremenc , iSc la détérioration des héri-
tages, desmaifons, & des meubles. Vendommage-
menc de ce tableau fera caufe qu'il ne fera plus
vendu. On ne s'en ferc plus.
'Endommager, v. a. Dctrlmemum affcrre , noccn.
Porter ou caufer du dommage à quelque choie. Ce
mur a été lorc endommagé par l'égoiit des eaux du
voifin. Le canon a forr endommagé cette place. Il
avoit appréhendé qu'il ne fût e/2io//2/72i7^e d'enhauc.
'Vaug.
Endommagé, ée. part. Damnum paffus.
Ce mot vient du Latin in damnum a^ere & ne fe
dic que des chofes.
ENDOR. Nom de lieu, f/z-t/or. Les Interprètes Grecs
difent Aendor, ce qui revient au même. Endor ctoit
une ville de la Terre-Sainte , qui tomba à la partie
de la Tribu de Manalfé, qui demeuroit en de-çà du
Jourdain. £'«afo/- étoic proche de la moncagne'd'E-
phraim. Jof. XFII. 1 1. C'eft à Endor qac demeu-
roit la Pythonilfe que Saiil confulca. L. des Roi
Tome III.
OiS
END (Î97
XXFIII. 7. Ced-là aufli que l'armée deSifarafuc
détaite. Pj: LXXFII. 11.
Ce mot eft Hébreu , compofé de deux noms ,
fV, ain, qui (ignihe ced &c fontaine 5 6i de l,,^, dor ^
qui iigniîiQ génération, mais qui femble être là nom
propre : de lorte que Endor^ c'cft la fontaine de
Dor. Plufieurs noms dehcu de la Paleftinefontcom-
polcs de ce nomp;;, ain, ou en , parce que , dans ce
pays lec & aride , les peuplades, les habitations ,
fe faifoient aux lieux oii il y avoir des fontaines ,
pour la comr.iodité de l'eau.
ENDORxMEUR f m. Qui endorr. Il ne feditqu'aufi-
guté j pour dire enjôleur. Il e(l d'ufage , dans cette
phrafe proverbiale , un endormeur Ac mulots , pour'
dire un conteur de fariboles, un difeur de paroles
riatteulcs, à delFein d'endormir , &i de tromper plus
hnement.
ENDORMIE, f. f. Hyofcyamus. Il yen a qui appellenc
ainli la plante que l'on nomme, ordinairement,
jufquuime, (?cdont il y a deux efpèces. On l'appelle
endormie, parce qu'elle eft narcotique, afl'oupillante,
& fouventmême mortelle aux animaux qui en man-
gent. Le PèreRapin l'appelle ufciamus. Foye^Jus-
QUIAME.
On dit, populairernenr , qu'un homme a mangé
de l'endormie , lorfqu'il dort rrop long-temps, £c
qu'on a de la peine à le réveiller.
ENDORMIR, v. a. Sopire, foporare. Exciter le fom-
meil, faire dormir. On endort les enians à force de
les bercer. Le vin , la longue Mufique, le bruit des
fontaines endorment.
Les grâces prenaient foin de fa première enfance.
Un ejj'ain voltigeant, de miel le uourrijjoit ^
Des Cignes / endormoient , un amour le bercoi:.
Endormir, fignifie, au figuré, tromper quelqu'un
par de grandes efpcrances, l'amufcr par de belles
paroles. Endormons avec art nos plus fiers ennemis.
S. EvR. Il ne faut pas endormir le pécheur par de
faufles efpérances , ni l'efiaroucher par àts, craintes
mal fondées. Flech. L'amour propre fait que nous
fommes ailément la dupe des faulfes louanges dont
on nous endort. Bell. Les perfonncs habiles endor-
ment la prudence de ceux qu'ils n'aiment point, par
des avances d'amitié. S. Evr.
1^ On dit aufli qu'une chofe qui ennuie beau-
coup endort, qu'un méchant Orateur endort fon
auditoire. Cette pièce eft h ennuyeufe qu'elle eWorr,
Allci de vos fermons endormir V Auditoire.
ffT S'Endormir, dans le fcns propre, c'eft commen-
cer à dormir , s'alloupir. Oùdormifcere , connivere.
Je ne faurois m endormir. Cet homme ne lépondoic
pas jufte j il s endormait.
Endormir, fignihe aufli engourdir. Torporem afferre j
torporare. On lui a endormi L- bras avant que de le
couper. Endormir le mal de dents.
S'Endormir, fignifie, figurément, négliger le foin de
fes affaires , ou fon devoir, manquer à l'attention
nécelfaire. Indormirc , torpcfcere , torpere.
Le plus fage s'anàonfur la foi des Zéphirs.
ViLL,
Le mérite en repos /endor: dans lapareffe. Boit.
On dic qu'un pécheur eft endormi dans ion pé-
ché \ pour dire qu'il ne fongc pas à s'en retirer , &
à s'en repentir. S'endormir dans une lâche & molle
oilîveté. BoiL. Ons'eftime, & on s'admire foi-mê-
me adèz injuftemenr, &:, s' endormant far cette ef-
time, on courr toujours pour connoître les autres,
& l'on ignore profondément ce que Fuji eft. M.
ScUD.
îfT S'Endormir dans le Seigneur, expreflîon prife
dans l'Écriture, qui fignifie mourir. Hélas ! à pro-
pos de dormir j le pauvre M. de Saintes s sil endormi
Ttt c
698 E N D
cetrenuit au Seigneur d'un fommell éternel, M. De
Sev. ObdormLvic in Domino. Cette manière de par-
ler s'applique principalement à la mort des Saines.
Endormi, ie. part. Il a les ligniHcationsde fon verbe.
J'ai la jambe endormie. Un homme endormi. Un
efprit endormi, c'eft-à dire j un ftupide. Acad- Fr.
Il y a des pallions h vives j qu'il faut que la raifon
les retienne, & d'autres li endormies , qu'il faut que
cette même laifon les réveille. M. Scud. Les afflic-
tions réveillent les confcieiices endormies , & les ap-
pliquent à la pratique des devoirs de la vie Chré-
tienne. Fléch. La variété des matières ik. des ftyles
efc toute propre à réveiller tk. à réjouir les ledeurs
les plus endormis. Bouh.
La rage endormie eil une maladie des chiens, qui
les abat eniorte qu'ils font toujours couchés, &
iemblent vouloir toujours dormir. Cet ailoupille-
ir.ent vient d'une humeur maligne qui occupe le
cerveau des chiens , &c les engourdit. 0\\ les guérit
en les purgeant avec du vin blanc , du jus d'abiyn-
the , chacun dans la pefanteur de hx écus , le poids
de deux écus de poudre d'alocs , autant de corne de
cerf brûlée , & deux drachmes d'amaric , le tout
mêlé enfemble. Liger. On dit, en termes de Ma-
rine j qu'un vailfeau eft endormi j quand , après
avoir été arrêté, il n'a pas encore repris fou erre.
ENi^ORÀilSSEMENT. f m. Airoupiifemenr. Sopor^,
Torpèr. Il ne s'emploie guère qu'au figuré. L'habi-
tude du péché caufe un certain endormijjement q\x\
empêche les hommes de fonger à leur faiut. Acad.
Franc.
La harangue de M. d'Aubray achevée j qui fut
ouye avec un ii grand iilence & attention j beaucoup
de gens demeurèrent bien camus & çlfonnés , & ne
fut de longtemps' après toulfy ny craché juyfaic au-
cun bruit, comme fi les auditeurs eulTent eifé fra-
pés d'un coup du ciel , ou alFoupis en un profond
endormijjemenc d'efptit Sat. Mén. tome premier
j>age IÇ2.
ce? Ce mot ne fe trouve plus dans l'édition du
Didionnaire de l'Académie de 1762. Il eft vieux,
& hors d'ufagc.
ENDORMiSSON. f. m. Torpor _, torpédo , Jlupor.
C'elf un vieux mot, qui (ignifioitla diipoîiiion des
membres endormis , engourdis *, on ne die plus
endormijjon, ni même endormlffement , l'un & l'au-
tre eft dans Nicot.
ENDOSSE, f f. Prononcez la pénultième longue ,
comme dans folfe , grolle. La charge, l'incom-
modité de quelqu'aftaire. Onus , iahor. Cette com-
pagnie ne vous a pas trouvé en votre maifon de
campagne , ' j'ai eu ïendojj'e de la recevoir. Il eft un
peu bas.
ENDOSSEMENT, f. m. L'écriture qui eft au dos d'un
a£te. Referiptioj infcriptio. C'eftainii qu'on appelle
endojjement , la quittance qu'un créancier met au
dos de l'obligation de fon débiteur , de ce qu'il a
reçu en l'acquit &c en déduction de fon dû.
§3" La quittance que le Seigneur ou fon rece-
veur donne au dos du contrat d'acquifition d'un
héritage dépendant de fa Seigneurie s'appelle auiîi
endoffement. Ferr.
|]C? Mais ce terme fe dit, plus particulièrement ,
de l'ordre que quelqu'un palïe au profit d'un autre,
au dos d'une lettre de change tirée au profit de l'en-
dolfeur. Ces lettres peuvent palier de main en main
à plufieurs Endofleurs 3 4'^nt chacun , en la Eiifant
paffer au profit d'un autre , met fon endoffement.
ENDOSSER. V. a. Mettre fur fon dos. Dorfo imponere,
induere , c'ircumdare humeris. Voici la guerre qui
vient, il faut e.^c/o/Zer le harnois. Cette expre(Tion
eft d'un ufage alfez fréquent j dans le ftyle badin &
dms la converfatinn, en parlant de ceux qui pren-
nent le parti de la robe.
Y voit-on des favans en Droit ^ en Médecine ,
EndofTer l' écarlate ^ & fe fourrer d'hermine ? 3oil.
Jl s'habille en Berger^ endofTe un hoqueton.Yom.
E N D
Endosser, figni fie aiuTi écrire fur le dos d'une obli-
gation , d'une lettre de change , d'un mandement,
d'une refcription , quelqu'ordre ou quittance. ReJ~
cribere , injcribcre. Cette lettre ne fublifte plus que
pour mille trancs, elle eft endoffee à\iiu.ï^\\xs. Toute
quittance de finance doit être endofj'ee par le Con-
trôleur Général. Ce mot, en ce fens, vient de i/z-
dorfare i qu'on a dit dans la bafie Latinité, parce
qu'on mettoit autrefois les allignations au dos des
commillîons des Juges. On met encore plufieurs
lignifications au dos des a6tes & des pièces.
Endosser un livre. Terme de Relieur. C'eft en for-
mer le dos , en le fortifiant entre les nerfs avec de
bon parchemin & de la colle forte. Libri dorjuni
munire. Pour endoffer un livre , on en gratte le dos
avec le grattoir , afin d'y faire entrer la colle de fa-
rine , dont d'abord on l'encolle.
liNDossÉ , ÉE. part.
ENDOSSEUR, f m. Terme de Banquier. C'eft celui
qui endoife & écrit fon ordre fur le dos d'une let-
tre de change J pour la faire payer à quelqu'un. Inj-
criptor.
ENDOVELLIQUE. f m. Terme deMytliologie. Nom
d'un faux Dieu de l'Antiquité payenne. hndovcUi-
cus 3 Endovelicus 3 EndovoUlcus. Nous ne connoif-
fons ce Dieu que par douze infcriptions que Gruter
a mifes dans fon P<.ecueil , page LXXXVII Se
LXXXVIII. Ces infciiptions ont toutes été trou-
vées à Villa-viciofa, bourg de l'Alentejo , où les
Pvois de Portugal ont un château : ce qui montre
que c'étoit un Dieu particulier de ce pays. Ce font
des vœux faits à ce Dieu , lequel j outre les trois
noms que j'ai écrits en Latin , eft nommé dans la
I dixième infcription Enobolicus ; mais apparem-
ment qu'il manque un d , ou dans Gruter, ou dans
l'Inlcription. Les épithètes qu'on lui donne font ,
Deo' Endoveli.ico , Deo Sancto Endovellico.
La première le qualifie de Dieu d'une Puifiance j
ou d'une Divinité très-excellente , & très-efficace j
Deo Endovelico pr^stantissimi et pr^esentis-
siMi NBMiNis. C'eft tout ce qu'elles nous appren-
nent.
EN DOUILLE. Foye^ ANDOUILLE.
ENDOUILLERS. Foye:{ ANDOUILLERS.
ENDOYER. v. a. Vieux mot. Montrer au doigt. Il eft
fait à'Indigitare j parce qu'autrefois on difoit le doi^
pour le doigt,
ENDRACHENDRACH. f. m. C'eft un arbre granJ
& gros qui croît dans l'Ille de Madagafcar. Son bois
eft pefant , jaune ^ dur comme le fer, & qui a l'o-
deur du fantal citrin : il eft aufli incorruptible, &:
ne reçoit pas plus d'altération fous tetre que le mar-
bre. C'eft pour cette raifon que les habitans du pays
lui ont donné cenomj qui fignifie dans leur langue,
S perpétuel & fans fin.
ENDRENOS. Petite ville autrefois Epifcopale.
Adranc. Elle eft dans l'Anatolie propre , proche la
ville de Bourfe. Maty.
ENDROIT, f. m. On demande comment il faut pro-
noncer ce mot. Le mieux eft de prononcer endrouet,
8c endrouêts au pluriel : mais, dans le difcours ordi-
naire & même généralement j on prononce en-
dret, & au pluriel endrêts. Cet ufage eft fi untver-
fel , qu'on ne peut condamner cette prononciation.
1^ Ce mot eft, ordinairement j employé comme
fynonyme de lieu & place : mais il faut obferver,
avec M. l'Abbé Girard j qu'il n'indique proprement
que la partie d'un efpace plus étendu. Lieu marque
un total d'efpace j un efpace plus étendu 3 moins
limité. On eft dans le lieu , on cherche Vendrait.
Paris eft le lieu du monde le plus agréable ; mais il
faut courir dans tous les endroits de la ville pour
trouver quelqu'un à qui l'on a affaire.
^fT Quant au mot place , il infiniie une idée
d'ordre & d'arrangement. On occupe une place à
table dans une aflemblée. Voilà un bel endroit pour
bâtir. Cette nouvelle lui eft venue de plufieurs en-
droits. Locus , fpatium.
Endroit. Ce mot fe dit aufli fort fouveut en parlant
b
END
<3es chofes qne l'on mange & qu'on coupe , & iî-
gmfie partie, côté. Pijr^ j locus. Voilà le meilleur
c/toVd/'r du lapereau. Vous ne me donnez pas du bon
endroic. Donnez-moi de cet endro'u-Vx. On ledit,
dans le môme fens,en parlant d'une partie détermi-
née du corps humain. Voilà ï'endroic où il a été
blelfé.
^Cr Endroit, fe die, dans le figuré, pour fignifier
le côté , la qualité des chofes ou des perl'onnes. Dans
un panégyrique, on voit les hommes du beau côté,
par le bel endroit j c'ellà-dire , par les chofes qui
leur lont les plus avantageufes. Les plus beaux ef-
prits ont des endroits lombres &: ténébreux. Nie.
Vous connollFez cet homme par [on mauvais , par
fon vilain endroit j par fes mauvaifes qualités.
i^Iais voyons l'homme enjin par /es plus beaux endroits.
BoiL.
IJCr On 'dit aufîî prendre quelqu'un par fon en-
droit fenhble , par ce qui le touche & l'intérelîe le
plus.
|iCr On le dit de même d'un morceau d'un dif-
cours , d'une partie d'un Poëme , d'un traité.
Les plus beaux endroits d'Homère, de Virgile. Il y
a un bel endroit dans cette tragédie.
ENDROIT. Le côté le plus beau j le plus doux , le
plus uni, le plus brillant d'une étoffe, d'une toile,
Ôcc. /Jdverjd pars , Jades extinia , exteriarfuperjî-
desj recla frons. Il efl: oppofé à l'e/iverj. \J endroit
d'un velours, d'un fatiuj d'un brocard. La plupart
des étoffes , des tapilferies , ne fe travaillent pas
par l'endroit j mais pa.ï l'envers. Les colihchets de
Bourges font à deux endroits j c'ell à dire , aulli
beaux , aulH travaillés d'un côté que de l'autre. Il y
a auOl des éroites à deux endroits^ que Budée appelle
Vejlcs gemin.t , verjatiies , rccia utrin^ue jrontls j
aquâ utrinque fuperjlcie.
Ce mot vient de indirecîum. NicoT.
Xndroit J fe met quelquefois adverbialement , &: (î-
gnihe j envers. Je n'ai point de fujet de me plain-
dre de lui , il en a toujours bien agi en mon endroit.
11 ell: toujours égal à l'endroit de les amis. On dit,
en termes de Palais, il eft enjoint à tous les Juges fu-
balternes de faire exécuter ce règlement chacun en-
droit foi. Mais, hors de là, ces laçons de parler, en
mon endroit 3 à l'endroit dQ fes amis, ne font plus
du beau langage j & font même tout-à-fai: popu-
laires. On dit envers.
ÊNDROMIT. Petite ville de la Turquie en Afie j
que l'on appelle autrement Andrimitti , Landrimit-
ti , & S. Drimitti. Adrainittum. Elle eft dans la par-
tie occidentale de rAnatolie,fur le Golfe qui porte
fon nom, où elle a un petit port vis-à-vis de l'ille de
Mételin , un peu cependant plus au Nord. Quelques
Cartes l'appellent encore Landrimetri.
Le Golfed'fw^rowif ,oude Landimerri.^ou d'An-
dramitti , Andramittenus y ou Adramitticus finus.
Golfe de l'Archipel , fitué entre l'ifle de Mételin &
la côte de la Natolie. Il prend fon nom de la ville
dont nous venons de ])arler. Quelquefois "on donne
moinsdétendue à ce Golte , & l'on y comprend que
ce qui eft le long delà côte de Natolie. AÎaty.
ENDUIRE, v. a. Etendre fur la furfacc d'un corps une
lubftance molle ; couvrir d'une couche de plâtre,
de chaux ou d'autre matière détrempée. Inducere ,
illinere.On le dit, premièrement, des murailles qu'on
enduit de plâtre , de chaux. Il fe dit aulli des vaif-
feaux , quand on les enduit de poix , ou de goudron.
Ou quand on leur donne le luif. Enfin , il fe dit de
pluheurs menues chofes : on enduit de beurre ,
d'huile , de colle , de vernis , &c. Enduire luie mu-
ïailie avec la truelle. Trul/iJJare:
Ce mot vient du Latin inducere.
Enduire, fe dit en termes de Fauconnerie, quand
l'oifeau digère bien fa chair. L'oifeau n'enduit pas
bien, ou parce qu'on lui donne fi groffe goige,
qu'il ne lapent enduire., ni rendre, ou parce qu'il
s'engorge nop fort de fa proie , ou parce qu'il eft
END '<S99
refroidi : alors donnez-lui , pàt vif baigné en fun
fang , lequel le remettra. Au foir donnez-lui qua-
tre ou cinq clous de giroHe froilfés , & mis en coton
trempé en vin vieux : cela lui échauffera l'eftomac
& la tète, & facilitera fa digeftion. Pour lui faire
rendre fa gorge quand il ne la peut enduire , prenez
un peu de poudre de poivre trempée en bon .Se fore
vinaigre que vous laillerez infufer quelque temps.
Puis de ce vinaigre vous lui laverez la bouche , &c
lui en mettrez trois ou quatre gouttes dans les n.àril-
les; s'il jette fa gorge , arrofez-hii les mêmes par-
ties d'un peu de vin , puis mettez votre oifeau au
foleil , ou au feu \ & il jettera fa gorge.
Quand l'oifeau e/îf/^i-r fa gorge , & qu'il l'a rend
incontinent après, cela vient de quelque accident
ou par corruption d'eftomac : fi c'eft par accident
ce qu'il aura jeté ne puera point, vous lui don-
nerez un peu d'alocs , & ne le paîtrez de fix heures ,
& lui donnerez un bon pât&: peu. S'il jette i\ gor-
ge par corruption d'eftomac , ce qu'il jetera fentira
mauvais : cela vient de ce qu'il eft pu de grolfes
chairs mal nettes ou puantes. Il faut prendre garde
que la chair qu'on lui donne foit nette. Vous le
mettrez aufoleil, & l'eau devant lui j pour boire,
s'il veut j & ne le paîtrez qu'au loir , à petite gorge ,
de pat vif, arrofé de vin : pour faire retenir le pâc
à l'oifeau, donnez-lui de petits oifeaux , desfouris ,
ou des rats , jufqu'à ce qu'il foit guéri.
E>ÎDuiT, iTE. part.
ENDUISSON. f. f. L'adion d'enduire. Illhus , induc-
tio. Mot inuiité.
ENDUIT, f. m. C'eft une légère couche qu'on mec
fut les chofes qu'on enduit. Litura,iliitus , teàorium:
truUiJjatio. Compohtion faite de plâtre, ou de chaux
& de ciment , pour revêtir les murs. La peinture à
trefque le fait fur un enduit de plâtre. Peindre à
frelque. Teclorio udc colores inducere. l-^oyez la-def-
fus, & fur les enduits qui fervent à la peinture , ce
qu'en adit M. Félibien. Les Anciens battoient les
enduits après les avoir appliqués. Vitru. La chaux
faite avec les pierres les plus dures eft la meilleure
pour la maçonnerie, & celle qui eft faite de pierre
fpongieufe eft plus propre pour les enduits.
Enduit, f. m. En termes de peinture fe dit , i°. des
couleurs de chaux qu'on applique fur les murailles
que l'on peint à frefque ; z". des couches de cou-
leurs. Un enduit de fl:uc , un enduit de couleurs. On
dit mieux couche.
ENDURANT, ante. adj. Patient, qui fouffre plu-
fleurs chofes fans murmurer. Patiens , ohj'cquens.
Cet homme eft altier &; peu endurant. Les plus igno-
rans en matière de Religion font d'ordinaire les
^las mû endurans. S. EvR. Bourfaut qui n'étoitpas
né endurant , fit la petite Comédie intitulée La Sa-
tyre des Satyres, ol\, mettant Defpréaux fur la fcène,
il joua publiquement celui qui fe croyoit feul eu
droit de jouer les autres. Journ. des Sav. On l'em-
ploie le plus fouvent avec la négative,
ENDURCIR. V. a. Rendre dur. Durare , indurare ,
obdurare. La trempe du jus de raifort endurcit le fer;
mais elle le rend caffant. Durcir en ce fens vauc
mieux qu'e/Ji/uraV. La gelée endurcit la viande.
>,fT Endurcir, fignifie aulli rendre robufte ; le tra-
vail , la chalfe endurcit le corps.
CCT On le dit aufli pour accoutumer quelqu'un à
quelque chofe de pénible. Endurcir les jeunes gens
au travail. f/zc/araV quelqu'un au froid , au, chaud.
S'Endurcir. V. récip. Devenir dur. Durefccre. Le co-
rail s'endurcit à l'air. La plante des pieds s endurcit à
force de marcher.
s'Endurcir, fignifie aulTi s'rccoutumer , réfifter.^/-
fuefcere , obcallefcere j obdurefcere ^ percallere. Les
écoliers sendurcijjent au fouet. Les corps des fol-
dats s'endurci£ent3. la fatigue. Les chevaux de pof-
te s' endurci]] ent à l'éperon. S'endurcir au travail.
Ablanc. «
Endurcir j fe dit, figurément, en chofes fpirituellcs ,
&: fignifie rendre infenfible. Si j'avois appris fon
changement avant fa mort , la colère & la jaloufie
T 1 1 1 1 j
yoo END
m'auroient rempli , & m àmoieni endurci conx^ela.
douleur de fa perte. P. de Cl. Oùdurare. Un Ambal-
fadeur s&ndurc'u contre les lenteurs , contre les re-
proches j & contre les difficultés , pour amener les
choies au point où il les fouhaite. La Bruy. S'e/i-
durclr à la douleur. Callum obducere dolon. Il a l'ef-
prit endurci contre les remontrances. Une ame qui
ell endurùe dans le péché ell capable de tous les cri-
mes. Le cœur de Pharaon s éioiz endura contre les
Juifs, & nef« rendit point aux miracles qu'il voyoit.
Lapauvretéprépare à mieux écouter les exhortations
à la repentance ; au lieu que la profpérué endurcie
■les impénitens. Il fignihe aulli rendre impitoyable.
Cet homme s'eit endurci contre les misères d'au
trui. S. EvR. EnduràJJe:^ vous fibiep li-deirus qu'on
ne remarque en vous aucune fenfibilité naturelle.
£ouH. Xav. Liv. VI.
Endurcis-w/ le cœur , fois Arabe , Corfaire ,
JS'e va point fottemenc faire le généreux. Bo il.
Crois que dansfon dépit mon ca:«r e/? endurci ,
Cléone ; &s'il fe peut jfais le moi croire aujjl.
Endurci , ie. part. Il a les fignifications du verbe.
On dit un cœur endurci , qui eft fans tendrelfe , fans
pitic , fans charité. En termes d'Ecriture Sainte & de
Théologie, un pécheur endurci ^ eft celui qui , par
fes infidélités aux grâces de Dieu , & fon obltinatiftn
dans le péché, s'elt attiré les plus terribles eftets de
la colèrede Dieu , dont les Jugeniens font toujours
julles , quoiqu'ils foient fouvent impénétrables. Les
UniverfitésLuthériennes d'Allemagne font lort par-
tagées fur l'état àas endurcis : plufieurs de leurs Doc-
teurs ont fait, depuis quelques années,bien des livres
là-delRis & ont été fouvent à des extrémités toutes
oppofées , &c également dangereufes , fuivant le gé-
nie de l'héréfie, qui n'évite guère une erreur que
pour tomber dans une autre. Pour développer cette
matière fuivant les principes c!e S. Augullin & delà
plus faine Théologie , il faut fivoir qu'il n'y a point
d'endurci qui ne fe foit attiré fon malheur par les
péchés j Dieu n'abandonnant jamais que ceux qui
l'ont abandonné; qu'on a raifonde dire en ce fens,
que les endurcis foulfrent la punition de leurs péchés
cédens \ qu'il y a des enduras auxquels Dieu rél^ule
certaines grâces fpcciales , d'autres auxquels il ne
donne point certaines grâces plus communes. Ceux
qui difent qu'il y a des endurcis , auxquels Dieu
ne donne abfolument aucune grâce , quelle qu'elle
foie , font obligés de reconnoître , ou que les pé-
chés qu'ils commettent dans la fuite ne leur font
plus imputés , ce qui paroît dur & contraire à quel-
ques expreffions de l'Ecriture \ ou que Dieu leur im-
pute les péchés aétuels qu'ils n'ont pu abfolument
éviter , ce qui eft contre la dodtrine de S. Auguftin ,
& les décifions de l'Eglife ; ou que Dieu ne leur
impute de nouveaux péchés, que ceux qu'ils ont
pu éviter par les feules forces de leur libre arbi-
tre , comme l'ont cru Toilat , & quelques anciens
Théologiens. Voy. Bellarmin , Controverf.Tom. IV.
L. II, c. 6. Il vaut donc mieux dite que les endurcis
même ont toujours les fecoursfuffifans «Sinéceifai-
res pour éviter le péché , & garder les comman-
demens.
ENDURCISSEMENT, f. m. Dureté de cœur & de
confcience. Induratïo , callum j contracla duritics.
Il ne fe dit qu'au figuré, pour marquer une grande
accoutumance au vice , &une réfiftanceà toutes les
bonnes remontrances ; l'état d'une ame qui n'a plus
de fentiment pour la vertu , ni pour les chofes de
Dieu. On défefpcre du falut d'une ame, quand elle
eft tombée dans rendurcilfemenr. La timide inno-
cence n'arrive pas tout-d'un-coup à YendurciJJement
tranquille des fcélérats, D. G. P. Elle pleure au pied
de la croix ['endurciffement de fes hlles. Patru. L't-w-
durciffementdapéchein eilh plas terrible de tous
les châtimens de cette vie.
ENDUREiR. V. a. Supporter , ioiifftk.Sufferre ,durare.
END E N E
Un Philofophe endure conftamment les adveriicési
Un Chrétien doit endurer les injures , les oppio-
bres , les perfécunoiis pour l'amour de fon ^laitre.
Dans les tourmcns où je fuis, il me feroit plus aiic
d'endurer \a. mon , que de foufirirla vie. Voit.
§3" Souflrir , endurer , fupporter , fynonymes
par l'idée générale qu'ils prélcntent , mais diftm-
gués par des nuances particulières. Souffrir ,d'n M.
l'Abbé Girard j fe dit d'une manière abfolue. Ou
foujfre le mal dont on ne le vange point. Support
ter regarde proprement les défauts perfonnels. f^'oy.
ces mots, hndurcr a rapport au temps. On endure le
mal dont on diticre à fe vanger.
^fj On endure avec dilfimulation. La politique
fait endurer le joug qu'on n'clt pas en état de fe-.
couer.
Endurer, fîgnifîe aufli , permettre, fouffrir qu'on
falfe. Dare veniam , pati. il ne faut pas cju'un Ma-
gifcrat <;«(/^rd qu'on blasphème le nom de Dieu;
qu'il endure le vice , le Icandale.
Té.ndmei. feulement que je vous trouve belle :
C'ejltoutce que je demande de vous. La S.*bi:.s
Ce mot s'emploie quelquefois abfolument. C'eft
trop endurer de fes infolences. Je n'endurerai pas
davantage de fa mauv.iife humeur. J'en ai déjà trop
endure'.
ffT Ce mot endurer , dit Voltaire , eft du ftyle ds
Comédie. On ne dit que dans ledifcours le plus fa-
milier , ) endure que , je n'endure pas que , &Cc. Le
terme e^u'^^er ne s'admet dans le Ityle noble qu'a-
vec un accufatif, les peines que ']' endure.
Enduré , ée. part.
ENDYMION. f. m. Fils d'^thilius & de Chalice
félon Apollodore , régna dans l'Elide.
E N E.
ENE. Les mots François terminés en êne ont tous
la pénultième longue , & riment avec ceux qui
fe terminent en aine , g'^ne j chêne ^ quercus ^ chaî-
ne J catena _, &c.
ÊNE. Efna. Ville de la Tribu de Juda. Jof. XV, 43.
S. Jérôme l'appelle Afna , & d'autres Afchna. Il y
en avoir encore une autre de même nom dans la
même Tribu , fituée dans la plaine, loi. XV. 3 5. Il
ne faut point confondre ces deux vil'es.
ENE, uu EN A. Ancien titre que les Dames Aquitai-
nes mettoient à la tête de leurs noms. Il fignitioit la
niême chofe que Dame , & ne fe portoit que par
les femmes dont les maris écoient d'un rang diflin-
gué. M. de Marca dit qu'en Catalogne les Grands
Seigneur fe nommoient en.
ÉNHÂNGILER. Foye^ TALISMAN.
ENÉCOPING. Voyei ENKOPING.
ENEE. f. m. Nom propre d'homme. JEneas. L'un
des principaux Chefs des Troyens étoit Enée^ fils
d'Anchife & de Vénus. Enée , étoit Dardanien , &:
commandoit au Siège de Troie les Dardaniens.
Après la prife de Troye , il erra long-temps ,ic ar-
riva enfin en Italie , où il fonda le Royaume d'Albe,
qui dans la fuite fut joint à celui de Rome. Dg lui
defcendoir Romulus par fa mère Rhéa Syivia \ Sc
les Jules de l'ancienne Rome , ou la famille de Ju-
lia prétendoit defcendie du hls d'Enée nommé Af-
canius 8c lulus. Nous confervons ce nom dans Cx
forme latine, quand il a un furnom latin ajouté.
Ainli nous difons ^neas Silvius IV' Roi des La-
tins régna 41 ans. Il y a des Savansqni révoquent en
doute le pain-iged'^'/^^^ en Italie. Ils prétendent qu'a-
près la deftruèlion de Troye fi poftérité régna en
Phrygie, t'v' ils fe fondent fur un vers d'Hotnère qui
femble le dire. f^oy. fur cela la diflertation de Sa-
muel Bochart.
EN ENHAUT, EN ENBAS, EN EMBAS.
Vers le haut , vers le bas. En haut , en bas.^ Sur-
sum , deorsiim. Les plantes poulfent routes uniformé-
ment leurs tiges e/2 enhaut , Se leurs racines en enkis.
ENE
Les grains amoncelés c!iez les Bi'aiïeurs pour gar-
mer j ont tous leurs germes en enbas. Dodard ,
Acad. des Se. 1700 AJem.p. 49. Soit que les grai-
nes foient ainoncelées à I'ait , oa lemées en terre
il eft rare & comme impollible que la graine retrou-
ve lîtuée de manière que la radicule loit en enbas j
& fa plantule en cnhauc. iD.ibid.
|}3° Voilà un en qui paroît inutile à bien des gens
qui veulent qu'on dife en haut is: en bas. Pouller
enkaut j félon eux, dit autant que poulTer e/2 e/z-
hauc; & piquer , ponlTer, tendre en bas, tout au-
tant que piquer, poulFer j tendre en enbas. Sans aous
arrêtera cette remarque, dont nous parlerons ail-
leurs , nous obferverons qu'on auroit tort de con-
damner une façon de parler qui fe trouve dans la
plupart de nos meilleurs écrivains.
On voit de plus que ces Auteurs écrivent en em-
bas par une m j parce que cette lettre fe met ordi-
nairement au lieu de \n devant le ^^. _
ÉNÊIDE. f f. Pûëme Héroïque de Virgile. Énée en
ell le Héros, .^neis.
On le dit, figurément j pour un Pocme en géné-
ral , comme on dit aiiffi une Iliade.
Ne fe fouvient-'d plus quà notre grand Alclde
IL sétoit engagé de faire une Enéide ?
ÉNÉORÊMË. f m. En&orema , nubecula. Terme de
Médecine Efpèce de nuage ou de fubftance légère
qui nage au milieu de l'urine. Ce mot etl Grec ,
£v«i*^«, ce qui fe tient élevé & nage dans l'urine
comme une toile d'araignée , du verbe «<«pÉ« , bi
fuMime attollo , j'élève en haut , je fufpens, d'où
l'on a compofé iumpifun , attollor j efferor , je fuis
fufpendu. COLDË ViLLARS.
ÉNERAT, ou ÉNESAT. Ville de France dans la
Balfe Auvergne J aux environs de Riom , Se qui ap
partient au Marquis d'Eftiat.
§3° ENERGIE, f f. Terme qui s'applique principale-
ment au caradlère du difcours qui peint j au carac-
tère du ftyle , aux mots qui rendent avec autant
d'exaétitude que de précifion la vraie valeur des
idées. C'eft en cela que ce terme dit quelque ch9fe
de plus que celui de força , appliqué de même au
difcours. Energluj vis , vlrtus verbi. Il y a dans l'E-
criture Sainte des exprefiions d'une grande énergie.
Difcours plein à énergie.
Toutefois il eft vrai qu un ton plein a''énergie
Doit des cœurs ajjoupis guérir la léthargie.
Sanleque.
mue
être gouverne .
C'eft auffî un terme dogmatique , qui fignifie opé
ration. Energia , operatio. Photin nioit la Trinité ,
ne reconnoilfant qu'une feule opération ou énergie
dans le Père , le Verbe , (Se le Sainr Efprit.
C'eft un mot Grec, !«§-/£'«, qui fignifie force,
efficace, impredîon. Il eft formé de la prépolition Iv
& de 'çv" 5 œuvre , travail , ouvrage.
ÉNERGIQUE, adj. m. & f Qui a de l'énergie. Dif-
cours, ftyle énergique. Vous pouviez vous fervir
de termes plus choihs , plus propres & plus énergi-
ques. BoiL.
On a donné le nom d'Energiques à quelques Hé-
rétiques du feizième (lècle ^ parce qu'ils difoient
que l'Euchariftieétoit l'énergie ôc la vertu de Jesus-
ôiRisT, & ne contenoit pas réellement fon corps
& fon fang.
ENERGIQUEMENT J adv. D'une manière énergi-
que. Foniter, ejjicaciter. Parler énergiquement. S'ex-
primer énergiquement.
ÉNERGUMÈNE, f m. & f. Terme dogmatique dont
, on fe fort pour figniher un homme poirérlé du Dia-
ble f^oye^ Possession. Energurr.cnus. Papias dit que
ENE 70Î
5 >.L,^ Quuy<.i,Le , être mis en œuvre : às tf 2>i. à^
i^'/n ouvrage.
EN ERRER. Voyez ENARRHER.
ENERVA i ION ,f f. Ancien terme d'Anatomie. Nom
que l'on donnoit autrefois aux tendons des mufcles
droits de l'abdomen. Encrvatio. Les mufcles droits
de l'abdomen n'ont pas des fibres qui aillent dune
extrémité .i l'autre \ mais ils font entrecoupés pac
des endroits nerveux, que les Anciens ont appelés
énervations , quoiqu'ils (oient de véritables tendons.
Leur nombre n'eft pas toujours le même ; puifque
les uns en ont trois, d'autres quatre , Se quelquefois
plus. DlONlS.
Enervation, Terme d'Hiftoire. Sorte de fupplice
fous la première & la féconde race de nos Rois , le-
quel confiftoit à appliquer le feu fur les jarrets &
les genoux du coup.ible. Cela s'appeloit cuuteriare.
Louis d'Outremer menaça un jour Richard I, Duc
de Normandie, qui étoit en la puillance de l'éner-
ver. Cauteriatis genibus omni illum honore privari mi~
natus efl , dit Guillaume de Jumiége , liv. 4. ch. j.
Enervation. fe dit aufti, en médecine, pour abatte-
ment de i^orcesj fur-tout celui qui provient de la
débauche. Viriuni proflatio.
ÉNERVER, V. a. Faire perdre aux nerfs leur force,
leur ufage , leur fondtion , foit en les coupant, ou
en les aftoiblilfant par les débauches , ou par quel-
que autre caule. Enervare. La jeunelfe s'énerve pac
la débauche. Le trop grand ufrge du vin énerve.
Enerver, fe dit, figurément, en Morale, & figni-
fie Amollir j affoiblir. Dcbilitare, emollire. L'oifi-
veté & les plailirs énervent le courage. L'aftlitbion ,
la nécellité énervent \'e{ç\\t, émoullent toute fa vi-
gueur. On énerve la Religion quand on la chan-
ge. Fl. Ce n'eft pas un petit artihce dans la difpute
de favoir énerver ik atténuer les allégations de fon
adverfaire. Perroniana. Trois obftacles qui éner-
vent toute la force de la parole de Dieu. Bourdae,
Exhort. I . I , p. 51.
Énerver, en termes de Manège, feditaufiî lorfqu'oii
coupe à un cheval deux tendons qu'il a au côté de la
tête au-delfous des yeux, & quis'a'femblent au bouc
du nez. On énerve un cheval pour lui delfécher la
tête , & la rendre plus menue.
Enervé J ée. part. Enervatus ^ enervis, donc le fens
propre défigne en général un homme dont les for-
ces font aftoiblies, de quelque caule que provienne
cet aftoiblilîement. Mais, dans l'ufage ordinaire , il
femble qu'il défigneplusparticuliérementceux dans
qui raftoiblilîemenc eft l'effet de la débauche du vin
6c des femmes.
On le dit, au figuré, du ftyle qui n'a ni force, ni
noblelfe. Cet auteur a un ftyle énervé ^ rampant,
fans figures, fne nervis , altéra j quidquid compofui ^
pars ejje putdt. Horat.
D'autres trouvent mon ftyle inégal, énervé ,
£" tiennent qu'il n'eft point de Ji chetive plume
. Qui de tels vers ne fît chaque jour un volume.
Ces mots viennent de Nervus , nerf, & de e pri-
vatif. Dans l'ufage ordinaire on confond nerf, os,
mufcle , & on dit, d'un homme mufculeux, qu'il
eft nerveux , qu'il eft fort i &, d'un homme atFoi-
bli, qu'il eft énervé.
Enerve , Terme d'Hiftoire. Il y a dans le fécond tome
de la Defcription de la Haute-Normandie, une Dif-
fertation curieufe fur le tombeau des énervés. C'eft
le tombeau de deux Princes âgés de feize à dixfepc
ans, de la race de Clovis , & inconteftablcment du
fang Royal de France, comme il paroît par les H.hus
de lis qui ornent leur tombeau. ... Il eft dans l'E-
glife de l'Abbaye de Jumiége. ObJ.fur les Ecr. mod.
10. 24.pag.j7. ^%.
ce font des furieux qui contrefont les aélions du ÉNETIQUE, adj. Mot forgé par allufion an vin cme-
.r^. 11«/- 11/* s -^/' t^ \- • • -IX I - \i L.}^^\.^f rym
Di able, & font des chofes qu'on croit être furnatu
relies. Le Concile d'Orange prive les Energumèncs
des fonctions du Sacerdoce. Du Pin.
Ce mot vient du Grec içr^e-S-ei qui fignifie Itre rc-
tique. On dit ici, en railLant, que les Médecins ne
fe fervent plus d'antimoine que pour leurs femmes,
lorfqu'ils s'en veulent défaire. Quelques uns appel-
lent ce vin ftibial, vin énéiique , ah enccando ; or
701 E N F
hérétique j pour le fchifme qu'il a caufé dans la
Médecine. Gui-Patin.
E N F.
ENFAITEAU, f. m. ou FAITIERE. Tiiiîe en den-si-
canal qu'on mit fur les faîtes des mailons. Imhrex.
Ces fortes de tuiles font creufes , ou en demi-rond.
ENFAITEMENT, f. m. Table ou morceau de plomb
qui îe met fur les faîtes des maifons couvertes d'ar-
doifes. Tegulum plumbcutn. Il y a des enfauemens
•de plomb avec bourfeaux , bavettes & membrons ;
&,au bas du toîtjon met des chêneaux de gouttières,
ou à godet , pour jeter les eaux \ ou bien des chê-
neaux avec des couttes carrées , ou à entonnoir, &
des defcentes , le tout de plomb. Des crochets de
fer foutiennent &: arrêtent les enfaiuinens & les
■chêneaux, &C le nombre des crochets égale toujours
celui des chevrons. On appelle enfaîtemmt à jour ,
im enfj.uemcntc{M a des ornemens de plomb évidés,
dont la continuité fur le faîte du comble forme luie
manière de balullrade.
ÊNFAITER , V. a. Couvrir le faîte d'une maifon avec
de la tuile, ou du plomb, y mettre des faîtières.
Imbricare j imbrldhus tcgere.
EnfaitÉj Ée. part. Imbricatus , imhrkihus teclus.
ENFANCE, f. f. Intanûa. C'ell proprement le bas
âge de l'homme , jufqu'à ce qu'il ait l'ufage de la
raifon i mais on étend la lignification de ce mot en
•core plus loin, comme julqu'à douze & quatorze
ans. Montagne parloir Latin dès fa plus tendre en-
fance. Ce vieillard décrépit rentre en enjance \ c'eft-
à-dire, il éprouve un affolblilfemi-nc de raifon &
<le jugement qui le réduit à un état approchant de
celui des enfans. Il ne faut pas prendre un vifage
fcvère fur toutes les fantaifies de {'enfance. L'imbé
•cillité accompagne \enfance , & la décrépitude.
Mont.
La vieillejje & ^enfance
^ En vaihfur leur foibUJfe appuyaient leur défenfe.
Rac.
D'un fils déjà trop vieux on voit fimpatience
Reprocher àfon perc une féconde enfance.
Enfance, fignifie aulîl Puérilité , quelque chofe qui
convient à un entant. Puerilitas. C'ell une vraie
enjance : & en ce fens il a un pluriel. Ce lont-là des
■enfances,
Enfance , fe dit, figurément, pour défigner le com-
mencement , le premier âge. Les Etats , comme
l'homme, ont leurs âges : enjance, jeunelTe, matu-
curité , vieillelfe, décrépitude. Les arts n'ont pas
acquis tout d'un coup le degré de perfedtion où
nous les voyons ; ils ont eu leur enfance , leurs ac-
croilfemens , leurs progrès & leurs diftérens âges.
U enjance du monde. Prima mundi &tas , prima munii
najcentis origo. C'eil- à-dire, lanaiiTIince du monde.
C'eft avec raifon que les Hiftoriens ont nommé
ï enfance de Rome, le règne de fes Rois : car elle
n'a eu fous eux qu'un trèstoible mauvement. S.
EvR. Il ne faut pas s'étonner que cela foit arrivé
dans Xenfance de la Philofophie. Ablanc.
Filles de I'Enfance de Notre Seigneur Jéfus-
Chrift. Voye\ au mot Jésus.
ENFANÇON , f. m. Vieux mot, qui fignifioit autre-
fois un petit enfant, Infantulus , pufio , puerulus.
Quand on va voir ces petits enfançons. Rous.
ENFANT , f m. Fils ou fille, terme relatif à père &
mère. Infans , puer. Voilà le père & voilà les enfans.
Dans la Guienne & dans le Languedoc , on n\ap
pelle enfans que \e^ enfans mâles. Scaliger fe moque
d'un Gafcon qui difoit d'une femme, elle a trois
enfans ôc deux filles. Les Enfans de France font les
fils du Roi régnant. Enfans de Paris , de Troyes ,
d'Orléans , ceux qui font nés en l'une de ces ville.
E N F
AVz/i2«f adoptif , enfant putatif, enfant de famille,
un enjant fous la tutelle du père ou de la mère. En-
Jant naturel , ou enjant bâtard. Enjant atlultérin.
Enjant mort né, qui eit venu mort au monde. En-
fant potlhuine , qui ell né après la mort du père.
Les enfans des deux fœurs font confins germains.
Une femme qui mourut âgée de 8 S ans avoit pu
voir 188 enjans iflus d'elle, comme témoigne fou
épitaphe au cimetière des Saints Innocens.Il eft dit,
dans V Hijioire Généalogique de Tofcane, de Gamu-
rini , qu'un Noble de Sienne , nommé Pichi, a eu
de trois de fes femmes 150 enfans légitimes &: na-
turels, & qu'il en amena 4S à la fuite , étant Am-
balfadeur vers le Pape ik. l'Empereur. Les enfans
font des liens qui retiennent les maris & les fem-
mes dans leur devoir : ce font les fruits & les gages
de leur tendrelle j c'elf un intérêr commun qui les
lie. S. EvR. Les erjans ne penient ni à l'avenir , ni
au pallé j mais, ce qui ne nous arrive guère , ils
jouilTént du préfent. La Br. M. Baillet a publié en
1688 un Traité Hilforique des enjans devenus cé^
lèbres par leurs études & par leurs écrits.
Tûutcharme en un enfant , dont la langue fans fard ^
A peine du filet encor débarrajfée j
Sait d'un air innocent bégayer J'a penfce. BoiL.
Ce mot vient de mfans , dont les Latins fe font
fervis en la même lignification , & ce mot infans
eft compofé dsjans , participe âefari parler , & de
la particule in qui équivaut à une négation. Jnfans
non J ans J qui ne parle pas encore- On a depuis
étendu la fignification de ce mot.
M. Marris , Médecin de Londres, a fait un Traité
des maladies aiguës des Enfans ■, De Morbis acutis
Injantum. Il croit qu'elles viennent toutes de ce que
les humeurs dont Us abondent , s'aigrilTent & dé-
génèrent en un acide qui fe manifelle par les rots
6c les déjeéfions d'une odeur acide. Pour les guérir,
il ne s'agit que de combattre cet acide , ce qui fe
fait en deux manières j en les préparant à l'évacua-
tion , & en évacuant par la purgation. Pour le pré-
parer à l'évacuation , il ne faut point aux enfans de
ludorifiques , ni de cordiaux : ces remèdes font trop
violens; mais des yeux & des pattes d'ccreviiles,
des écailles d'huître, des os deféches, des coques
d'œufs , de la craie , du corail , des perles , de la
nacre de perles, du bezoard , de l'ivoire brûlé, de
la raclure de licorne, du bol d'Arménie, de la terre
figillée, de la pierre h.rmatites. Et, pour remèdes
compofés , de la poudre de pattes d'écrevilfes, de la
pierre de Goa, & d'une efpèce de confedion d'hya-
cinthe. De tout cela il préfère les vieilles écailles
qui ont été long-tems fur le bord de la mer expofées
au foleil qui vaut mieux que le fourneau des Chj'-
milfes.
On appeloit autrefois enfans les nouveaux bapti-
fés , de quelque âge qu'ils falfent , pour marquer
le premier état de leur renailfance fpiruueile. Baro-
nius s'eft trompé fur le Martyrologe au 5' de Jan-
vier, quand il a cru que ces mots , De die Ociava-
rum hîjantium , De Oclavio infantium , regardent la
fête des Innocens. Il s'agit là des Nouveaux baptifés;
& S. Auguftin parle fouvent de ces odaves qui fe
célébroienr en habit blanc.
On appelle, fisurément, les enfans de Dieu , les
enfans de l'EgliJé , les bons Chrétiens j les enfans
du Diable , les méchans. Enfans d'adoption , ce
font les Chrétiens, qui, par le baptême, devien-
nent comme par adoption enfans de Dieu , 8c ac-
quièrent un droit à l'héritage du Père célefte.
On dit, en ftvie de l'Ecriture Sainte, que tous
les hommes naiirent enfans de colère , parce qu'ils
naiffent dans le péché originel.
Ceux qui ont la folie de s'attacher .à ce qu'ils ap-
pellent les fciences fecrettes , fe diTent préférable-
ment à tous les autres hommes, enfarsds lafagelTe.
On appelle les Alchymiftes , les fouffleurs qui cher-
chent la pierre philofophale; on les appelle, dis-je.
r
E N F
les enjam da Très- haut. Les Apôtres appellent leiirs^
enfans ceux qu'ils ont couveitis par leurs prédica-
tions. Les l'occes ont .ippellc les Géans , cnjans de
la terre.
On appelle au(Iî,_figurément, e/7/';;.Yj ce qui eil
produit par nos pallions, ou les effets de quelques i
autres caufes. Ces e/z/tz/zj de l'eflroi, ces meurtres ,
ces pillages , font les enjans de fa colère & de fon
ambition. L'amour eil Tc^yrt/ar du loilir. Corn. La
difette oc ki chagrins dévorans iont les en/ans des
procès.
IJCT Enfant fe dit aulîi des piodnJtions de l'efprit.
M. Tschirnaus avoit pris la relolution de ne rien
imprimer qu'à l'âge de 30 ans, & de facrifier tous
les tnjans de fa jeunelTè ; lacritice d autant plus rare
qu'il font nés dans un tems oii l'on aune avec plus
d'ardeur & moins de connoilïance. Font.
Qu£ ces vers que tu crois enfans de la parère j
Moins beaux , plus négligés , Jonc Jouveiu une adrcjje.
Enfant, fe dit , auffi, de celui qui eftenbas âge, &
qui n'a pas encore l'uiage de la raiion , fans aucune
relation au père &: à la mère. Quand on veut par-
ler d'un jeune garçon , ce mot à'enjam ell mafculin j
mais , quand on veut parler d'une jeune fille , il elt
féminin. C'eil un eajant à la mamelle. Il badine
comme an enjant. Ce n'eft pas un jeu àlenjanc. Un
marché à'enJancAJntGowssniznt àenJancVoiix une
belle enjant. C'ell: une extrême méchanceté de fe
nwquer d'une pauve enfant , qui , &c. Voit. Bon
jour , adieu, ma chère enjant. Un enjant gâté , e(t
un enjant un peu libertin , Se qu'on n'élévepas avec
alfez de févérité. L'amour ell un enjant gâte. Bens.
Enfant, fe dit, des inférieurs à l'égard d'un fupé-
iieur , des particuliers d'un Ordre Religieux i l'é-
gard du Supérieur , & fur-tout du Fondateur de
l'Ordre. Ses enfans, (de S. Ignace.) le prièrent à
diveiles reprifes &c avec inftance , de leurLiilfer des
mémoires de fi vie pour leur inllrutlion. Bouh. Un
digne enfant de Saint François.
Les Poètes repréfentent l'amour comme un en-
fant. Foye^ l'amour fugitif de Mofchus, & le pro-
logue de l.Aminte du TalFe, &c. Mademoifelle de
la Vigne a dit :
Jufquau bord de Ponde infernale ^
L'amour étend bien fon pouvoir j
Mais , pajjé la rive fatale _,
Le pauvre entant n'a plus que voir,
Enfans trouvés j expofituii , font les enfans expo-
fés , dont les père &C mère ioi\t\nconnns.ErtJans
bleus j Enjans gris , Enjans rouges , Enjans de la
Trinité , font des Orphelins qu'on élève dans les
Hôpitaux , diverfement habillés , pour les faire
dillinguer.
On fe fert encore de ce terme , au figuré , pour
fignifier des anciens Auteurs j ou des fragmens
d'Auteurs qu'on a nouvellement recouvrés. Ceux
de la compagnie qui fe connoilfent le mieux en
Latin , croient que ces enfans trouvés peuvent être
légitimés. Beaumont. Enfin , M. la Compagnie ell
très-fatisfaitede vos enjans trouvés. Id.
Enfans de Chccurjfont \i%enjans qui fervent à l'Eglife
pour porter les chandeliers j & à tenir leur partie
dans le Chœur de Mufique. £''2y^«J d'honneur, font
les jeunes Gentilshommes qu'on donnoit aux Princes
pour leur fervir de Pages, qui étoient nourris au-
près d'eux dans leur bas âge. Epheli. Enjans de cui-
fine , les marmitons ou galopins chez le Roi &c les
l'rinces. Bons enfans , par antip!irafe,fe dit de ceux
qui s'appellent autrement enjans fans fouci , qui
. ne cherchent qu'à i<i Awaun. Enjans de labalie,!
les enjans d'un maître de jeu de paume \ & , figu- '
rément , ceux qui exercent la profellion de leurs
pères y Se qui font cer.lés la faire mieux que les au-
tres. Et, généralement , tous les hommes font appe-
lés les enfans d'Adam.
E K F ^0 J
Oiidit, amli, qu'un jeune homme ell bon en-
Jant , lorlqu il e(t lans malice , qu'il ell facile C<C
dupolc a croire & à faire tout ce qu'on veut. On le
auili , à j'égard des filles. C'clt une bonne e:i-
ïit
Jant , qui ell innocente & fans malice. On dit , Te-
nir un enjant fur les fonts ; pour due , lui (ervir
de parrain ou de marraine , quand on le "baptife ^ Se
Tenir un enjant avec quelqu'un ^ pour dire , ètr I0
compère, ou la commère de cette perfonne-là \ Etre
parrain ou marraine avec elle.
Enfant , ell , auffi , un terme d'amitié dont on fe
fert pour faluer ou carelfer quelqu'un , ou l'excitec
à faire quelque choie. Ainfi , quand on dit à quel-
que perlbnne d'âge , Adieu ma bonne mère ; elle
répond j Adieu mon^njant j ou elle dira à un La-
quais , Mon enjant, mon cher enjant y allez me
quérir telle chofe. Un Maître dira à des Ouvriers
qu'il mer en befogne, Allons j erjans , travaillez ;
\\\\ Capitaine à fes Soldats , Courage j enjans , te-
nez ferme.
Enfant , fe dit , dans un fens moral & figuré , Se
(ignifie foible , peu inllruit , peu verfé , i:<:c. On eft
enjant à^u% fa langue , quand on ne Ut que les Au-
teurs de fon temps. Men. Cicéron dit, que ne pas
favoir ce qui s'ell palfé avant qu'on fut au monde j
ne pas s'mltrairede l'Hilloire des temps précédens j
c'ell être toujours enjant.
I/CF On applique la qualification d'ew/iTwr aux per-
fonnes, & celle àt puérile à leurs difcours ou à leurs
adions. Ainfi ^ l'on dit d'un homme qu'il ell e/?-
fant. Se que tout ce qu'il dit ell pucrile. Enfant dé-
fignedans Tefprit un défaut de maturité, Sr/'ien/e j
un défaut d'élévation. Un difcours a enjant ell un
difcours qui n'a point de raifon : un difcours /'/^t-r/Ye
ell un difcours qui n'a point de noblelfe. Une con-
duite À'enjant ell une conduite fans réflexion , qui
fait qu'on s'amufe à des bagatelles j faute de con-
no'ùre le folide. Uue conduite /'«eVi/t' ell une con-
duite fans goût , qui fait qu'on donne dans le petit,
faute d'avoir des fentimens.
Enfans perdus. Ces mots , en termes de Guerre ,
lignifient des Soldats qui marchent à la tête des
troupes commandées pour les foutenir. Les erjans
perdus font tirés de pluheurs Compagnies ; & on
les emploie pour forcer quelque polie , pour faire
quelque attaque , ou pour donner quelque alTaur.
Commander les enfans perdus. Autrefois il y avoic
d'autres enfans perdus , à l'égard del'quels ce moc
n'ell plus en ufage. Ce font aujourd'hui communé-
ment les Grenadiers qui commencent ces fottes
d'attaques.
Enfans /7ert/aj. Une fédition s'étant élevée à Bour-
deaux en 1675 j les féditieux prirent le nom d'e/2-
fans perdus.
'îfT Enfans fans fouci. Nom d'une Société de Gens
d'efprit. Des Phllolophes firent naître Fidée badine,
mais morale , d'une Principauté établie fur les dé-
fauts du genre humain , que ces Meilleurs appelè-
rent fottifes. L'un d'eur portoit la qualité de Prince
des fots. Les enjans Jizns J'ouciétoicm ion en wogwQ
fous Louis XII. yoye^ Sottises.
On appelle petiisenfans , non-feulement ceux
qui font en bas âge, mais encore les enfans àii%
enjans de quelqu'un. Cet aieul a fubllituc fon bien
à fes petits-cnjans. L'Apôtre S. Jean appelle j par
un effet de fa tendrelfc', les Fidèles , (i^s petits-en-
fans , FiUoli mei.
Mal ^enjant , travail à' enfant , fe dit des dou-
leurs d'une femme qui accouche.
En termes de i'hilofophie hermétique , on ap-
pelle les quatre élémens , les quatre e.fans de \^
nature ; & le mercure hermétique , \' enfant des
Philofophes.
En Aîlronomie , on appelé enfans de Dercette ,
enfans d'Atergatis , la conllellarion du Zodiaque,,
connue plusordinairement lous le nom de PoilTons,
Pifces : c'cfl la dernière des dou7e en commençant
p.ar .-/r/Vr. Dans l'Allrologie judicinire, la cinquième-
maifon s'appelle la maifon des enjans.
yo4 E N F
Enfant. En termes de Jardinage j on appelle enfant^
un petit articiiaut propre à manger à la poivrade.
On dit, proverbialemenr , Je le traiterai en c/z -
/tz«r de bonne mailbn ; pour dire , je le châtierai
bien. C'clt un enjant gàtc i pour due j qu'on l'a
lailfé vivre d'une manière libertine , Tans le cor-
riger. Cell \ enfant de la mère ^ pour dire , qu'il
lellemble à la mère , qu'il a toutes fes manières.
-Il n'y a plus d"enfani: ; pour dire , on commence à
avoir de la raifon & delà malice de bonne heure. Il
ne fait rien de cette aftaire , il en ell innocent
comme X enfant (\\x\ vient de naître. On dit, auili ,
Il eft heureux comme un enfant Xz^mm^. Enfant
de gogo, nourri de lait de poule j pour dire , un
enjant élevé délicatement. Ce proverbe eft bas \ les
latins ont : Gallina filius âlbs. , \ enjant de la poule
blanche. Faire l'iJ^i/'^"^ i pour dire. Badiner comme
un enjant , s'amufer à des chofcs puériles. Acad. Fr.
Tu veux apprendre à ton père à faire des enfans.
Proverbe bas, qui revient à Ne Jus Mlnervam , ou
bien : Gros Jean qui remontre à fon Curé.
£nfans d£ Languh. On nomme ainfi, dans les Echelles
du Levant , particulièremen: à Conftantinople &
à Smirne , de jeunes François que S. M. très-Chré-
tien entretient dans le Levant , pour y apprendre
les langues Turque j Arabe & Grecque , pour en-
fuite fervir de Drogmans à la Nation, particu-
lièrement aux Confuls & aux Négocians. Ce font
les Capucins François qui ont le foin de leur édu-
cation.
ENFANTE AU. f- m. Jeune enfant. Vieux mot. /«-
fantulus.
Me fut avis au en ce grand, chemin fec
Un jeune enfant fe combattait avec
■Un. grand Jerpcnt & dansercux afpic.
Mais /'eafanceau en moins de dire pic , &c.
Marot.
ENFANTEMENT, f. m. Ceft la produdion & la
fortie d'un fétus parfait, & entièrement accompli,
hors du ventre de la mère , fait qu'il forte more ou
vif. Voye:^ Accouchement. Partus , puerperium.
1^ enfantement naturel j félon les Médecins , doit
avoir trois conditions : la première , que l'entant
& la mère s'efforcent autant l'un que l'autre à fortitj
ou à le faire fortir : la féconde , qu'il vienne au
inonde j la tcte la première, çiui eft la pofture na-
turelle : la troificme , qu'il foit prompt & ailé , &
fans accidens. Car, quand un enfant fe préfente les
jpieds devant, ou à travers , ou en double , ce n'eft
plus un enfantement na.:uTe] ; ?< les Latins appellent
ces enfans , agrippa , comme qui diroit agrè parti.
On appelle enfantement légitime , celui qui vient
juftement .à fon terme, c'eft-à-dire, dans le dixième
mois lunaire ; & enjantcment illégitime, celui qui
vient ou plutôt , ou plus tard j comme celui de huit
mois. Y.' enfantement des temnies fe fait à 7, à 8 , à
9 , à 10 & à II mois j & non plus tard. Il y a ce-
pendant des Médecins qui ont prétendu que \en-
fantement pourroit être légitiine j même au 14^.
mois. M. Planque j dans fa Bibliothèque Choifie de
Médecine, parle d'un enfantement après cinq ans
de groftelTe , & d'un autre bien plus furprenant
encote, qui n'arriva qu'après z6 ans de grotrelfe. On
a remarqué que Xenjantement étoit plus heureux le
feptième mois que le huitième \ que les enfans qui
viennent au feptième mois vivent & fe confervenr
plus aifément que ceux qui viennent au huitième.
JpNFANTEMENT, s'emploie aulli, figurément. Ceft le
ridicule enfanument des montagnes. Patru. On dit
d'un Auteur qui compofe avec beaucoup de diffi-
culté j que lorfqu'il travaille , il eft dans les douleurs
de Xenjantement.
Enfantement. Terme de Joaillier. Il fe dit, quand
on incrufte un pierre dans une autre.
ENFANTER. V. a. Mettre au monde un ou plufieurs
çafans. Parère , parcurire. Cette femme a enfanté
E N F
deux jumeaux; elle a bien eu de la peine à f/7/i«-
ter. Elle eujanttra un hls j qui fera appelé Jefus.
PoRT-R. En 16S6, le 11 Jum j à Leckercketck, à
8 ou 10 lieues de la Haye , la femme d'un nommé
Chreftîen Clafc enfanta cinq fils : d'abord elle ac-
coucha d'un fils J qui vécut près de deux mois ;
dix-lept heures après , elle accoucha d'un fécond
fils qui étoit mort \ 24 heures après , elle mit encore
au monde un fils qui vécut près de deux heures. Au
bout de 24 heures , elle en eut un quatrième qui
étoit morr. Enfin , elle mourut en accouchant d'un
cinquième , qui mourut en nailFant.
Ip* On fe fert , ordinairement , de ce verbe ab-
folument & fans régime j cnjanter avec douleur.
ff3°On voit des tommes j dans le Royaume d'Al-
ger , cnjanter à 11. 10. 6»: 9. ans.
Ip" Dans le pays chaud d'Arabie , les filles font
nubiles à huit ans , 6z enjantent l'année d'après.
Prideaux. Voye^ Accoucher.
Enfanter, fe dit, figurément, des produdions d'ef-
prit. Ce Poète enjante fcs vers avec grand travail.
il nenjante pas de génie. Vill.
Bienheureux Scuderi , dont la fertile plume.
Peut tous les moisjans peine enfanter un volume.
B01LEAU.
Le monde de qui l'âge avance les ruines.
Ne peut plus enfanter de ces âmes divines. Id.
On le dit , auflî , de plufieurs caufes qui produî-
fent de bons, ou de mauvais effets. Enfanter un
procès. Patru. La dodiiinede Luther a enfanté ^\\x~
lieurs autres héréhcs, plufieurs feétes.Je fuisexempc
du defir d'amaller qu enjante l'avarice. S. Evr. La
guerre civile a enfanté ions les maux que la Répu-
blique a foufterts.
Arracher ce levain de fureurs parricides
Q.V 'enfantent les efprits de nouveautés avides.
Genest.
On dit , en proverbe , qu'une montagne a enfanté
une fouris , lorfqu'un grand deffein a échoué , Sc
qu'on a vu peu d'effet d'une chofe long-temps at-
tendue. C'elt le vers d'Horace.
Parturienc montes , nafcetur ridiculus mus.
La montagne en travail enfante une fouris. Boil.
Eneanté , ÉE. part.
ENFANTILLAGE, f. m. Difcours , conduite digne
d'un enfant. Injantia. Il ne fe dit que des perfonnes
qui ont paffé l'enfance. Pour un homme de votre
âge, de votre caraéfère , voilà bien àcY enfantillage.
AcAD. Fr. Q^aû enfantillage ! Ne vous déférez- vous
jamais de cette timidité outrée. Angola.
ENFANTIN , ine. adj.Qui appartient , qui convient
aux enfans \ quia l'air j les manières , le caraélère
des enfans. Puerilis , injantilis. Des jeux enjantins ,
descns enfantins. Mine enjantine. Bens. Le plus fra-
gile bijoux , le colifichet le plus enfantin lui faifoient
envie. Mademoifelle L'Hérit.
ENFANTISE. f. f. Aéfion , conduite digne d'un en-'
faut. Ce mot n'eft pas du bel ufage.
ENFANTURE. f. f. Vieux mot que Co^uillard a em-
ployé dans la fignification de GrolTèlic.
Ip- ENFARINER. v. a. Poudrer de firine. Farina
confpergere. Il s'emploie ordinairement avec le pro-
nom perfonnel , & fe dit des Bouffons , des Far-
ceurs qui senfarinent le vifage pour faire rire le
Peuple,
IP" On le dit , quelquefois, en badinant j pouç
poudrer beaucoup fes cheveux
Si vous ri êtes enfarinés 3
^iieu l'amour de la coquette.
Enparinerj
EN F .
Infariner, fe dit aiifiij dans un fens rigiiré , de
ceux qui s'entècsnc d'une opinion , d'un lentiment
paiciculier , extraordinaire , fur-roue s'il eft fuiped,
ou condamné. Un tel ell: cnjariné ai i'Allrologie ju-
diciaire , delà Pierre philofopliale, &c. On dit,
même abfoiument , Il s'eft enjarme , pour dire ,
qu'il a eu commerce avec des gens fufpeds, &c
qu'il eft entré dans leurs mauvaifes idées. Il y a des
gens qui difenc, dans le Pcyleburlefque, scnjanncr
d'une fcience , comme de la Théologie, de la Mé-
decine j de la Jurifprudence , &c. pour dire , en
prendre une légère teinture y une connoillance fu-
periicielle , autant qu'il en faut pour en difcourir
dans la converfation, pour paroître habile devant
les ignorans.
Ce mot eft venu de l'Italien , qui dit , lufarinarfi
dl ScolaJîiCd ^ far un griind Jondo di polnica , Sic.
Enfaiune j ee. adj. & part. C'eft , dans le fens pro-
pre , celui qui eft poudré de farine ,jdiinà consper-
y7ij. Il fe dit , aullî , dans le figuré, pourun homme
fufpeét de fentimens particuliers , hétérodoxes ,
dangereux. Nous avons divers ouvrages d'un Aca-
démicien de la Crulca , lequel a pris le nom à'In-
farinato,
^fT On dit , proverbialement j qu'un homme
eft venu , la gueule enjarinee , dire ou faire quel-
que chofc ; pour dire , qu'il eft venu inconfidére-
ment & avec une fotte confiance.
ENrEIR. v. a. Vieux mot. Enchanter. Il eft compofé.
de Fée , & de la particule en.
ENFER, f. m. & fing. ou ENFERS, f. m. plur. par
oppofition à Ciel ou à Paradis. Lieu deftiné dans
l'autre vie , pour la punition éternelle des damnés.
Injernus , infcrna , carcer citernus damnaCùrum.Ceil
le féjour , la demeure des Diables & des damnés.
Dieu veut retirer les hommes de cette témérité
brutale avec laquelle ils fe précipitent dans les en-
fers. Nie. On croit V enfer , &c cependant on va bru-
talement à la mort , comme s'il n'y avoir plus rien
après elle. Id. La témérité des libertins, qui traitent
de chimères les menaces de IV/z/èr, eft inconcevable.
Morale de P.
Enfer que la foi m'attefle ,
Séjour où l'ire tclejlc ,
Exerce un jujie pouvoir :
Ma raifon qui te médite ,
D'e^roi glacée j interdite _,
Te croit fans te concevoir.
Anonyme ,
Ode fur l'Enfer.
Pécheur, la fièvre t'annonce
L' infant fatal du trépas j
Ta fentenceje prononce ,
Z'Enfer s'ouvre fous tes pas. Id.
De mille ans le cours s^ achève j
// ri ef point encore de trêve
Pour fes maux renouvelles ,
Etfon Enfer recommence
Au bout de l'efpace immenfe ,
Des fiècles accumulés, Id,
Un Anglois , nommé Swindin , a fait une Difler-
tation {ur la nature & fur le lieu de \'enfer. Il le
place dans le Soleil, parce que le Soleil eft un feu
qui brûle toujours , qui fe trouve au centre de notre
tourbillon , & dans le lieu le plus éloigné du féjour
des Bienheureux. Il ajoute que le Diable , qui vou
loit fe faire adorer dans fon trône , a fait adorer le
Soleil par plufieurs nations.. Il a trouvé des traces
de ce fyftème dans ces paroles de l'Apocalypfe , ch.
XVI. V. 8. & 9. Et quartus Angélus effudit phialam
fuam in folem , & datum efl illi affligere homines &
igni j & sfluaverunt homines afu magno.
Tome IIL
E N F 705-
ifT Whlfton regarde les comètes comme autant
ùi enfers , deftinés à tranfporter alternativement les
damnés dans le voifinage du Soleil , pour y ène
biùlés , puis dans les régions froides au-delà de
Saturne.
ifT Drexelius nous a donné aufli fes rêveries fin-
ie lieu propre de Menjer. On trouve par-tout dans
l'Ecriture des preuves de fon exiftence. Mais elle
garde le filence lur le lieu fixe où les reprouves
louftrent les tourmens du feu : on le place commu-
nément vers le centre de la terre j mais ce n'eft-là
qu'une expreflîon vague qui ne détermine pas le
lieu propre. V enfer eft au centre de la terre, comme
le cœur dans le corps de l'animal j dit S. Auguftin.
On appelle un méchant homme , un tifon , un
Diable <^enfer.Ox\ appelle les Volcans , des bouches
Cl enfer , des gouffres de \ enfer.
Les Pavens avoient aufti leur enfer. Rudbecks
prétend que Venjer desPayensétoit en Suéde. Voyc^
Acheron.
On dit que les CafFres admettent 27 Paradis , &
15 enfers , dans lefquels chacun eft lécompenfé ,
ou puni , fuivant le bien ou le mal qu'il a fait: tant
il eft vrai que les peuples même les plus barbares,
& les plus ftupides , ont une idée d'une autre vicj
& d'un Dieu rémunérateur du bien , & vengeur du
mal.
Fnfer j dans le ftylede l'Ecriture j fe prend , quelque-
fois , pour la mort , le fépulchre , parce que le mot
Hébreu Se le mot Grec fignifi^rut tantôt le lieu des
damnés, tantôt le fépulchre. Qand, dans le Sym-
bole des Apôtres, il eft dit que Jésus-Christ,
notre Seigneur , a été crucifié , mort & enfeveli , iSc
qu'il eft defcendu aux enfers , il faut entendre par
cette defcente aux e/{/ê/j-, autre chofe que la def-
cente dans le tombeau , ou la fépulture. Le Caté-
chifme du Concile de Trente , dit qu'il y a autant
d'ignorance que d'impiété à expliquer la dcfcente
aux enfers par la fépulture , puifque la fépulture
éroit déjà exprimée dans le Synibole d'une manière
plus claire. L'Eglife nous enfeigne que latrès-fainte
ame de Jesus-Christ defcendit effedlivement dans
les lieux fouterreins à^VenJer , qu'il triompha des
Démons ; qu'il confola les âmes du purgatoire ; &C
qu'il tira de ces ténèbres les âmes des faints Pa-
triarches «."^ des autres Juftes qu'il mena dans le
Paradis. On appelle les Limbes cette partie de l'en-
fer où étoient ceux qui étoient morts dans la giâce
de Dieu avant la paftion de Jesus-Christ.
Enfer. Ce mot fe dit aufli des Démons mêmes , qui
ont leur domicile dans Verfer. Les Démons font
vaincus, l'e/z/tv eft défarmé. Arn. On le dit auiîi
de l'erreur, de l'héréhe, dont le Diable, qui eft le
père du menfonge , eft regardé comme l'auteur :
cette expreflîon eft prife de la Sainte Ecriture ;
Tu es Pierre, & fur cette pierre j'établirai mon
Eglife; & les portes de l'e/j/tr ne prévaudront point
contre elle.
Les temps ont confirmé fon empire alfolu 3
Et les Enfers armés n ont jamais prévalu. Genest.
Enfer Poétique. C'eft dans la Théologie du Paga-
nifme j un lieu fouterrein , où alloient les âmes des
hommes , pour y être jugées par Minos , Eaque ^
Rhadamanthe , Pluton en ctoit le Dieu & le Roi.
Voye-^ dans Virgile les magnifiques defcri prions
qu'il en fait. Pindare , cité p.ir Plutarque {de cor'
fol. ) dit que les âmes pieufes demeurent fous la
terre dans un lieu où le foleil les éclaire, tandis
qu'il fait nuit fur la terre ; qu'ils ont pour avenues
de belles prairies ornées de rofiets j des arbres qui
donnent l'encens , & de ceux qui portent des pom-
mes d'or \ que les uns s'y divertiflenr à manier des
chevaux , d'autres à jouer des inftrumens ; qu'il v
règne une abondance continuelle, & quon y ref-
pirefansceffeles plus agréables odeurs des parfums
qui brûlent fur les aurels.
Le même Poïte , cité au même endroit , dit que
V v V V
7
oG
F
la mor.t cft un bonheur pour tous les hommes ,
parce qu'elle les délivre des calamités auxquelles
. E N F
loi veut que les femmes adultères foient enfermées
entre quatre murailles.'
als font expofés j qu'elle détruit le corps : mais que Enfermer, fignihe aulîi ferrer quelque chofe dansun
ridole sJaAs', qui feul vient des Dieux, vit ton- lieu qui ferme. Ji'e/70/2er£,ycrvûre, J'ai e/^/tr/Tzemoa
fcparé du corps, il eft dans un foni- manteau dans un coffre.
Enfermer, lignihe aulli environner de toutes parts.
jours ^ que , icpare du corps, il eft dans un foni-
ineil, & qu'il voit en Lri\'j:!,ii le bonheur des bons .
& les cliâtimens des méchans.
C!3° Les Furies à'enjer étoient des efpèces de
Divinités infernales , vengerelfes des crimes , qui
lourmeutoientles coupables. Voy Eumenidus.
fiCF" On dit, proverbialement, d'une méchante
femme , &c quelquefois d'un méchant homme ,
c'eft une fiîrie d'en/cri
Enfer, fe dit , figurément , de tout lieu où l'on eft
gêné , où l'on foutrVe , où l'on le déplaît. Le Palais
eft un enfer pour les gens pacifiques. Quand on eft
en mauvais ménage avec fa femme , c'eft un vrai
tnfer. Un homme qui a des remords porte toujours
{on enfer avec lui. Elle ne peut quitter ce lieu défi-
rable pour entrer dans Xenjer, où le ciel a voulu
qu'elle ait tant enduré. Voit. Elle m'a fait voir le
Paradis dans cet enfer où je fuis. Id.
Ou Calife n efi point y c'efilà qu eft mon enfer. Malh.
Mais , lorfque tous les deux jaloux
ly amertume & de fiel fe nourrirent fans cejfe^
Quel fupplice ! quel enter efi-ce l
L'Hymen à ce prix-là mcrite-t-il la prejfe ?
Nouv. cil. DE Vers.
Le Père Le Moine dit de la jaloufie :
Qui pafje en cruauté fes trois barbares fœurs ,
Et qui peut faire feule un enter dans les cœurs.
Enfer. , fe dit aulîi , dans le ftyle burlefque & fatyri-
que , pour bruit , vacarme , tintamaire.
Je penfe qiiavec eux tout /'enfer efi che:ç moi,
BoiL.
Enfer, fe dit de tout grand feu , d'un grand embrâ-'
fement.On dit,d'une fournaife ardente, que c'eft un
enjery que les brafiers des forges font un enjer.
Enfer, en termes de Chymie , eft un vailfeau de
verre double , dont le cou etf long j difpofé en
forme d'entonnoir, & dont la pointe a une ouver-
ture fort étroite , qui entre bien avant dans le corps
«i'un aurre vailleau, dont le fond doit être fort large
êc fort plat. Il eft ainli nommé , parce que ce qu'on
y a fait une fois entrer n'en fort plus.
En termes du Grand Art , le mot d'enfer fignifie
la couleur noire qu'on voit au temps de la putréfic-
lion de la matière hermétique.
Terre d'cnjer. C'eft une petite cavité prés de Por-
tico dans la Romagne. On lui a donné ce nom ,
parce que j fi l'on y jette quelqu'allumette , elle y
allume un feu qui dure huit à dix jours , & elle
jette des matières fulfureufes. Raccolta d'Opufc.
F'III. page 47.
ENFERM , ou Enferme. S'eft dit autrefois pour in-
firme, malade, ^ger. On a dit autrefois Enferme-
rie & Enfermier^ pour Infirmerie , & Infirmier ,
qui font des. termes dont on fe fert dans les Com-
munautés, pour marquer le lieu deftiné au loge-
ment des malades, & le Médecin qui a foin d'eux.
■ On a dit encore ^nfermeté pour infirmité , & fur-tout
pour la ladrerie.
ENFERMER, v. a. Mettre dans un lieu d'où l'on ne
puilfe fortir. Includere y claudere. Enfermer dans
une prifon , dans un cachot, dans une chambre.
Les Religieux qui font erfermés dans un Cloître
n'en fortent point fans congé du Supérieur. On
a fait clorre ce parc , afin d'y enfermer des bêtes
fauves.
Enfermep. , fe dit , abfolument , pour mettre
dans un lieu de correéiion. Ce jeune homme mérite
d'ccre cnjermé. Un tel a faic enfermer fa femme. La
Enjcrmcr un parc de murailles. Les ennemis le font
laillés enfermer twii'i deux montagnes dans des lieux
difîiciles.
On le dit aufti avec le pronom perfonnel. Abdere
fe. Il s'efl; enjermé lui-même dans fa chambre. Il
s'eft enferme dans ce château , où il tiendra bon
quelque temps. Elle s'eft enfermée ^sqc fon mari,
qui a la petite vérole.
Enfermer, figurément, contenir, comprendre. Com-
plccil y continere. Les paroles de l'Ecriture enferment
plufieurs fens. La charité cv?/er,'«^ une civilité inté-
rieure envers tous les hommes. Nie. Cette attioii
enferme , attire après elle de grandes conféquences.
Cette penfée enferme une double erreur. Id.
Enfermé , ée. part.
fjCx" On dit qu'une chambre fent Venfermé , ( ok
dit mieux le renfermé ) pour dire qu'elle fent mau-
vais, parce qu'il y a long-temps que l'air n'y a été
renouvelle.
^f3' On dit fentir Renfermé , des chofes qui fen-
tent mauvais pour n'avoir pas été à l'air depuis long-
temps.
On dit , proverbialement , qu'il ne faut pas e/2-
fermer le loup dans la bergerie \ pour dire qu'il ne
faut pas guérir une plaie par dehors , &c lailfer de-
dans les fernencesde corruption.
ENFERMETE. f. m. Infirmitas. Vieux mot. Ladrerie.
Se plus généralement maladie , du mot Latin infir-
mitasj
ENFERRER, v. a. Percer fon ennemi avec une épée ,
une lance. Transfigere j tranfadigere. lia enferré fou
ennemi; il s'eft enferré lui-même.
Enferrer , fignifiou autrefois, dans le fens propre,
enchaîner, attacher avec des menottes, des liens de
fer. Ferreis vinculis pr&pedire. Nicot. Il n'eft plus
d'ufage en ce fens.
On dit j figurément, qu'un homme st^ enferré
lui-même , lorfque dans un difcours , dans un in-
terrogatoire , il a dit quelque chofe qui fait contt*
lui , qui ruine fi caufe , qui le rend coupable.
Enferre, ÉE.part.
ENFEU. f. m. Cave , caveau j pour enterrer les morts.
Ce mot n'eH; d'ufage que dans l'Anjou. Maurice de
Craon fit bâtir dans l'Eglife des Cordeliers d'Angers
la Chapelle Saint Jean-Baptifte, & un enfeu pourla
fcpulture de ceux de fa maifon. C'eft ainli que les
Angevins appellent une cave pour la fépulture des
corps morts \ du Latin Infodicum. Mén. Hifioire di.
Sablé. L. IX. c. 3.
ENrlCELER. v. a. Terme de Chapelier. Serrer avec
une ficelle. Refiiculum aptare , funiculo conftringere.
Il faut enficeler ces chapeaux. Serrer le bas de la
forme avec une ficelle ou un cordon.
Enficeler le tabac. C'eft paffer une ficelle à la tête
de chaque feuille, à mefure qu'elles mûriffent, pour
les pouvoir faire fécher , fufpendues à des perches :
les paquets font ordinairement de deux à trois dou-
zaines de feuilles. Ce terme eft en ufage dans les
lieux de la Province de Guienne , où l'on travaille^
à la culture & à la fabrique du tabac.
ENFIELLER. v. a. Felle tingere , amaricare. Ce moc •
eft vieux. C'eft Ronfard qui s'en ell fervi ; mais
notre langue eft devenue plus févère , & la Pocfie
ne donne plus droit de faire des mots nouveaux.
S'ENFIERIR.. Ronfard a dit s'£'///?c;'r/>j pour devenir
fier \ Enflcurir les plaines, pour les remplir de
fleurs; s'Enfeuiller, pour fe cacher dans les feuilles ;
sEnglacerj pour fe morfondre , &c. Tout cela eft
vieux , Se n'eft plus d'ufage.
ENFILADE, f. f. Difpofition de plufieurs chofes^qui
vont de fuite, ou fur une même file , fut la même
ligne. Ordo ,filum : comme enfilade de chambres ,
déportes, debâticnens; Se, fisuréraent, une Ion-
I
E NF
■ gue erijclade d'IùHokes , d'exemples, de difcours.
On a dic quelquefois enfilurc de diicours ; & il iem-
ble que ce cei-me loi: ncceiraire poui ligiuluf j d.ins
le fcns figuré , une luire de dilcoacs liés & railbn-
n.ibles. Car e/2/zVu A-, quand il le du d'un difcours,
renferme quelque choie d'odieux , d'ennuyeux ,
de hors de propos. Cependant «/'2,'?/^ro n'eft point du
tour d'ufage , & il faut chercher un autre tour, ou
dire , fimplement , la iuice du dilcours , la liaifon
du difcours. Scrïts^ cjnànuaùo , jHurn ^, Jcr/njrus.
£NFitADE j fe dit aulîî , en termes de guerre , des
tranchées , & autres lignes qui lont enfilées , dans
klliuellcs ont peut tirer en droite ligne. Les dcrn iers
boyaux des tranchées font lujeis à Vcnjùade^i
caufe de leur proximité du chemin couvert. La
batterie A'enfdadc cÙ. celle dont les coups raient une
ligne droite. Commandement àcnfiUdc , clt un;
hauteur d'où l'on peut nettoyer & battre d'un feul
coup toute une ligne droite. Le canon bat le folié
par enfilade. Il faut poulfer les tranchées hors d'e«
filade , les conduite en ferpcntant.
Enfilade. Terme de tridiac. L'e/T/ZW^r eft l'obUacle
qu'on trouve à faire palFer les dames d'un côté du
tablier à l'autre \ ce qui fait perdre ordinairement
la partie. On appelle aulii enJiLj.de ^ lorique le mal-
heur vous pourfuir tellement que vous ne pouvez
pas faire votre plein , & que vous faites des coups
contraires en fi grande quantité , que vous êtes
obligé de charger le bidec , v5i de mettre vos dames
l'une fur l'autre , fans pouvoir câfer j en forte que
votre homme qui a le "^twt en poupe , ayant fait Ion
j;rand jan, le conlerve &: palle fes dames par les
pillages qu'il trouve dans votre grand jan, & les
place dans votre petit jan. Traité du Trict. \J en-
filade arrive encore quand on a ten.i mal-à-propos
un grand jin , dans l'efpérancede recevoir des points
qu'on n'a point reçus, ou bien même lorfqu'on n'a
pas pu s'en aller , & qu'enfin on a été obligé de
rompre fon plein , en telle forte que celui contre qui
l'on joue trouve des pallageq ouverts, & conferve le
fien. Id. C'eft ordinairement par les enfilades que
l'on perd , ou que l'on gagne. Id. On. dit courir à
\enfilade. Id.
Enfiler, v. a. PalTer quelque chofede déliée dans
un trou étroit ; comme fil , loie , ruban , corde à
boyau. Trafiare , fdum umniitere ^infirere. Enfiler
une aiguille , un chapelet , des perles.
Le Cardinal de Richelieu ne difoit-il pas, que
fix pieds de terre, voulant parler des intrigues du
Cabinet, lui donnoientplus de peine que tout le
refte de l'Europe ? Pourquoi cela, finon à caufe des
chapelets quel'on y enfile tk défile continuellement?
- Mascur. c'eft-à-dirc, des intrigues que l'on y fait ,
& de celles que l'on y lompt continuellement. C'eft
une métaphore, & une efpèce d'expreiîion pro-
verbiale.
Enfiler, fe dit audî en parlant de ce qui eft de droit-
fil &en droite ligne, foit pour y palFer , foit pour
y tirer. Il faut prendre garde qu'une tranchée, que
des lignes ne foient cnflUes; pour dire que l'ennemi
ne puilFe tirer tout le long de la ligne , de la tran-
chée. Il faut au contraire que le chemin couvert
foie vu & enfilé par le flanc , afin qu'on en puilfe
ailément challer l'ennemi , s'il vient à s'en empa-
rer. Il faut enfiler QQ chemin-là^ pour dire entrer
dans un chemin qui elt le plus court , (?c par conié-
quent le plus droit. Reclum iter fequi.. Enfiler \xnQ
porte. ScAR. Le vent cnfiJe les rues. Ablanc.
Enfiler, l'aller fon épée au travers du corps d'une
perfonne. Transfi^ere , cranfadigere. \\V:i enfilé àhs
le fécond coup d'cpée qu'il lui a porté.
Enfiler. Terme de Guerre. C'eft battre & nettoyer
toute l'étendue d'une ligne droite. On dit enfJcr la
courtine , f-îA/Zcr le rempart.
^3* Enfiler. Terme de Marine. On dit que le ca-
beftan enfile les cables en viranr , lorfque le cable
tourne en rond autour du cabeftan.
Enfiler. Terme de Chandelier. C'eft pa'Ter au tra-
vers d'un petit bâton , qu'on appelle brocin , la mè-
E N F 707
che des chandelles. Enfiler des chandelles. Cande-
las J'ufpendere.
Enfiler, avec le pronom perfonnel , eft un terme de
Maître d'Armes, qui fignifie fe jeter foi-même dans
l'cpée de Ion ennemi, induerefie j incurrere. En fe
battant , ils fe font enfidésXviW l'autre. C'eft la même
chofe qu'enterrer.
Enfiler. Terme du jeudeTriélrac. Èiïq enfilé , c'eft
rompre & découvrir une flèche entière dans fon
grand jan , par où l'adverfaire, qui conferve encore,
peut palFer dans votre jan , & confeiver par-là plus
long-temps. Enfiler fon adverfaire , c'eft confer-
ver Ion plein , en faifant paifer les dames furnu-
niéraires dans le jan de fon adverfaire. Traité du
Trictrac.
On dit , figutement, qu'un homme s'eft e/T^fZ/^
pour due qu'il s'eft cmbanallé dans quelqu'aftaire
dont il aura de la peine à iortir fans perte ou défa-
vantage. On dit aullî enfiler un difcours, pour dire
commencer , entteprendre un difcours , dont on ne
le peut tirer fans peine, ou fans longueur. Téience
^<lii, Jabulam uicepcat , i\ enfile une hiftoire. £'«-
filer [c dit encore pour mettre de fuite. Amyox en-
file plufieurs mots, qui ont une même lignification,
6c dont un feul fuftiioitpour exprimer paifaitement
le Grec. De Méziriac. Le peuple dit enfiler Iziue
pour dire entrer dans une rue j & y marcher. Enfiler
un chemin. Il enfila à droite , aulieu de prendre à
gauche , & s'égara.
On dit, proverbialement, qu'on n'eft pas venu
pour enfiler des perles^ pourdirequ'on n'eft pas venu
pour ne rien faire j pour s'amufer à des bagatelles.
On dit auiîi qu'un homme a enfilé la venelle, pour
dire qu'il s'eft enfui, de peur d'être pris pour quel-
que mauvaile aftion j ou d'être battu par un plus
fort que lui. Ce mot eft bas.
Enfilé , ée. part. En termes de Blafon , on dit que des
couronnes , annelets , & autres chofes rondes Se
ouvertes font enfilées , confierez ^ connexa ^ quand
elles font palfées dans des paux, fafces , lances , Se
autres chofes femblables. On dit , en Géométrie Se
le
en Méchanique, que deux corps font enfilés par une
ligne droite, qui palîe d'un corps à l'autre. Pour
trouver le centre commun de pefanteur de deux
corps enfilés par une ligne droite qui palle par leurs
centres de pefanteur , il faut divifer cette ligne eu
laifon réciproque du poids de ces deux corps. Le
point de divilion fera le centre commun de pefan-
teur. En termes de Chirurgie, on appelle future en-
filée , une future, où, après avoir palfé l'aiguille
dans les chairs , ou dans les lèvres de la plaie , on
entoure le fil autour de l'aiguille , comme font les
Tailleurs aux aiguilles qu'ils gardent fur leurs man-
ches.
{G' ENFILEUR. f. m. C'eft ainfi qu'on appelle, chez
les Epingliers , celui qui palfe les têtes d'épingles
dans les branches, pour être prelTées entre les deux
têtoirs.
ENFIN, adv. ou conjonél. Terme qui fert à la con-
clulion , par lequel on finit fon difcours , ou du
moins une de fes parties, ou un raifonnen'.ent. De-
nique, tandem, aliquando. On dit autrement i^rç,^^
ou pour conclufion. Je vous dis enfin, c'eft-à-dire ,
en dernier lieu. On le dit des affaires, aufii-bien
que du difcours. Voilà une alïaire qui eft enfin tet-
minée. Enfin ma patience eft à bout. Il y a des
endroits où quelques-uns préfèrent à la fin à enfin
Mais enfin a meilleure grâce au commencement
d'un Pocme , ou d'une période : enfin vous l'em-
portez. ^ la fin eft mieux au milieu d'une période ,
ou d'un vers.
Mon courage à la Çmfiuccombc à mes douleurs.
GOMB.
Autrefois on difoit enfin final ■ponv enfin s ^ ceux
qui imitent aujourd'hui le vieux ftyle le difent en-
core dans le même fens.
V v V v ij
7
oB E N F
Enfin final approuvâtes mon dire j
Il vous parut J'ermon j non pas fatyre.DE Vill.
ENFISCH , Vallée de Suiiïe dans le haut Valais. Elle
eft longue de deux milles , abonde en pâturages ,
& l'on y tiouve des mines d'argent : elle eft peuplée
de quelques villages.
ENFLAMMER, v. a. Mettre en feu , appliquer la feu
à un corps , de manière que le feu s'élance , Se de-
vienne iénfible au-delà de la furface de ce corps.
F'oyei Ardent & ^v.-ëkasï. InfiammarcUn grain
de poudre allumé enjiamme toute une mine. On le
dit aulfi avec le pronom perfonnel. Les matières
gralfes &c fulfureufes ^enflamment aifément , facile
flammam concip'mnt.
Enflammer , fignifie au figuré , Donner de la chaleur,
qui fe manifelte par des fymptômes. La bile ^en-
flamme aifément , & caufe la fièvre. Il fe dit auffi
à^s plaies , des humeurs. Le vin pris par excès en-
flamme les yeux- Le rhume enflamme la poitrine.
Enflammer, fe dit aulîî au-moral, dans le même fens,
en parlant des paifions , & fur-tout de l'amour &
de la colère. A cette nouvelle il s'e/{/?i2/72/;zfl de colère.
Confidérez l'état effroyable d'un homme que la co-
lère enflamme , &:. la violence qui le tranfporte.
M. Esp. Enflammer le courage des Soldats. Vaug.
Non j ce neft ni par choix j ni par raifon d'aimer.
Qu'en voyant ce qui plait , on fe lai^([e enflammer.
Corn.
ENFLAMMERjfe dit aufll en matière de piété. LeSaint-
Efprit enflamme les cœurs d'un amour célefte.
J^près t avoir été rébelle ,
De ton divin amour je me fens enflammer.
L'Ab. Tétu.
Enflammé, ÉE. part. //y^^OT/WizrMj accenfus. On ap-
pelle boulets enflammés, ou boulets rouges j ceux
qu'on fait rougir & enflammer dans une forge qui
eft auprès de la batterie , & où on les prend avec
une lanterne , c'eft-à-dire , avec une grofle cuillier
de fer , pour charger les canons , & embrafer les
toits des maifons j & toutes les autres chofes com-
buftibles auxquelles ils s'attachent, f^oye^ au mot
Ardent.
ENFLECHURES. f. f. pi. Terme de Marine. Ce font
des cordes qui traverfent les haubans en forme d'é-
chelons pour monter aux hunes. ScaU nauticm. On
les appelle auflî figures , ou flgules ■, ou pas de
haubans.
ENFLEMENT. f m. Enflure, élévation , gonflement.
Tumor.M. Frézier le dit fouvent de la mer , de l'é-
lévation de la mer caufée par les tempêtesj les vents,
ou le flux & reflux. Apparemment qu'il eft en ufage
parmi les Marins en ce fens. En toute autre matière
on dit enflure j ou quelque mot femblable ; & l'on
ns croit p.is qn'enflement foit en ufage. On n'y eft
pas à r.abri ( dans la rade d'Arica ) dans les vents de
Sud & deSud-oueft ; mais Tlfle de Guano rompt un
peu Venflement de la mer. Frez. Et, en parlant :de la
rade du Callao, l'Ifle de S. Laurent rompt l'e/z/^e-
mencqm vient depuis le Sud-oueft au Sud-eft.
IJC? ENFLER. V. a. C'eft, en général, augmenter le vo-
lume d'un corps , remplir un corps de vent , d'eau ,
&c. qui donne une plus grande extenfion que l'or-
dinaire. Infl'.zrc ^ difiendcrc. Enfler unt cornemufe ,
un ballon. Le vent enfleles voiles. L'hydropilîe enfle
le ventre. Ce mot s'emploie au phyfique & au mo-
ral , au fimple 8c au figuré.
Enfler j fe dit , figurcment , en Morale , & fignifiej
Rendre plus vain. Enfler le courage, rendre plus
hardi , plus courageux, animas , w.entcm addere.
La bonne fortune l'a ê/t/?/ d'orgueil. Il eft e'7/?e com-
me un ballon. Lafcience enfle , dit l'Apôtre. L'ap-
plaudifl"ement enfle les Auteurs. Une fi puiifante
proteétion lui eiifla le cœur. Herman. Il faut nour-
rir notre efpvit au grand , & le tenir toujours plein
ENF
& enflé , pour ainfi dire ,d'ane certaine fierté noble
& généreule. Boil.
On dit aufli Enfler fon ftyle j lorfqu'on fort de
la manière naturelle d'écrire , & qu'on afFeéte de
grands mots pour le rendre plus élevé,plus pompeux.
Marot finit une épître à François Premier par ces
beaux vers.
Voilà le point principal de ma lettre.
Vous fave\ tout , il n'y faut plus rien mettre^
Rien mettre las ! Cènes j &fe ferai j
Et cefaifant , mon ftyle /enflerai j
Difant , ô Roy y amoureux des neuf Mufes ^,
Roi en qui font leurs fciences iufufes ,
Roi plus que Mars d'honneur environné ^
Roi le plus Roi quijut onc couronné j
Dieu tout-puijfant te dointpour t'étrenner^
Les quatre coins du monde à gouverner j
Tant pour le bien de la ronde machine ,
Qiie pour autant que fur-tout en es digne.
Enfler la dépenfe d'un compte j c'eft-à-dire j la ren-
dre plus grolfe qu'elle ne doit être par l'emploi de
plulieurs faulfes parties. On dit auflî j iJ/z/^er la do-
fe. Augere.
$3° Enfler le cahier , les écritures , c'eft y mettre des
chofes inutiles j pour les rendre plus volumineu-
fes , & en augmenter le prix.
|iCT On le dit auflî en ce fens : cet Auteur a enflé
fon livre de citations & d'épifodes inutiles.
Tu verras les Auteurs
De tes titres pompeux enfler leurs dédicaces.
Boit.'
^3" Enfler. , eft auflî neutre & réciproque & dans
le propre Se dans le figuré. Cette loupe enfle beau-
coup. Les venins font enfler le corps. La rivière
enfle tous les jours. La rivière s'enfle lorfqu'elle grot
fit par les pluies uu les neiges fondues. La mer s'en~
fie quand la tempête commence. Les jambes de ce
malade commencent à s'enfler. Il ne faut pas s'e«-
fler des bons fuccès.
fC? On dit , en ftyle populaire j qu'une fille s'eft
fait enfler le ventre , pour dire j qu'elle s'eft faic
engrolfer.
Enflé , ée. part. & adj. Inflatus , tumefaclus. On. dit,'
abfolument , un homme enffé , pour dire , hy-
dropique. Un ftyle enflé. Le ftyle enflé fe prend or-
dinairement en mauvaife part. Le défaut du ftyle
enflé , c'eft de vouloir aller au-delà du grand. Bon..
Il ne faut pas confondre des phrafes enflées ôc ex-
travagantes , avec des phrafes nobles & élevées,
Id. Les Orientaux fe plaifent à un flyle enflé Se hy-
perbolique. Le Cl.
IJC? Enflé _, fe dit dans les Arts, par oppofition , à
amaigri j & fignifie , qui a plus de grofleur. Les
vailfeaux de guerre des Anciens étoient fort longs,
diminués Se amaigris de l'avant & de l'arrière , Se
plus enflés par le milieu.
Enflé. On parle,enPhilofophie,de points enflés. Quel-
ques Philofophes, croyant éviter les difficultés dans
le fentiment de la divifibilité de la matière à l'in-
fini, & dans l'opinion des points phyfiques , onc
inventé des points enflés , dont ils s'imaginent que
le continu eft compofé. Ces points enflés font des
points qui n'ont point d'extenfion réelle , mais feu-
lement une extenfion virtuelle , c'eft-à-dire , qu'ils
équivalent à des points qui auroient une extenfion
réelle. Phyfiquement parlant j on ne conçoit. pas
cela. Pour fe moquer de ces Philofophes , on les
appelle les Inflateursj Inflatores , qui enflenr.
ENFLEUME , & ENFLUME. f. f. Vieux mots. En-
flure.
IfT ENFLURE, f f Ce mot fe dit,en général, de tou-
tes les tumeurs qui fe forment fur la furface ou fur
une partie de la furface du corps , fans avoir égard
à la caufe qui l'a produite , ni à la matière dont elle
eft formée. Mais ces fortes de rumeurs reçoivent dif-.
ENF
E N F
709
coûte
férens noms Suivant les parties du corps qu'elles ? fo"tes fes façons : lV«yô«ça^e de chaque baril
aifedent, &c les caufes d'où elles proviennent. Celui j deux fous fix deniers.
éi enflure eft particulièrement aftetlé aux tumeurs j ENFONCEMENT, f. m. Lieu creux & enfoncé. Re-
ou gonlîemens qui furviennent extraordinairement
en quelque endroit du corps, & qui font formées par
lui amas de matières fluides, par le fang ou les hu-
meurs. Infiano , tumor. L'enflure vient fouvent après
les grandes maladies. Le mal de dents lui a caufé
une enflure de joue. Enflure provenant d'une pi-
quure , d'un coup reçu , &c.
On dit , proverbialement j qu'une grolfelTe cft
une enflure ds neuf mois.
Enflure de jambes, enflure de flanc , enflure de col ,
&c. font des maladies auxquelles les chevaux font
fujets , auiïï-bien que les bœufs &: autres animaux.
Voyez {'(Economie de la campagne de M. Liger. L'e«-
Jïa/v eft encore une maladie de brebis, de chèvres,
de cochons , iScc.
EnflurEj en termes de Vénerie, fe dit des chevreuils,
^fi^nilîe ce qu'on appelle dans les ceth , la meule,
ou bolfe. C'eft la première pouflTée du bois d'un
chevreuil : on la nomme aulU bode du chevreuil ,
comme bofle du cerf : mais ce n'eft qu'en parlant
du chevreuil qu'on l'appelle enflure. Subula.
Enflure. Terme de Manufadure du lainage. Il fe dit
de la trame d'une étoffe. Le mot A' enflure eft parti-
culièrement en ufage du côté d'Aumale. Les Ou-
vriers de la fayetterie d'Amiens l'appellent Anchue.
|CF Enflure , en matière d'éloquence. Vice du dil-
cours & de fes penfées j ennemi du bon lens & de-
là vérité, fuivant l'exprellion de Pavillon. Ellecon-
fifte à vouloir donner de lanobleiVe, de la gran-
deur j à des penfées qui n'ont rien d'élevé , princi-
palement par la pompe des mots dont on les accom-
pagne , où à prendre le gigantefque , c'eft- cà-dire ,
ce qui eft au-delà du ton delà nature, pour le grand.
Le défaut du ftyle enflé , dit Boileau ,^ c'eft de vou-
loir aller au-delà du grand. L'enflure n'eft pas moins
vicieufe dans le difcours que dans les corps : elle n'a
que de faux dehors , &: une apparence trompeufe ;
au-dedans elle eft creufe &: vide. Mais , en matière
d'Eloquence , il n'y a tien de fi difficile à éviter que
l'enflure ; parce qu'on cherche le grand & le fubli-
me- BoiL.
^L'enflure, dit le P. Bouhouts,eft vicieufej& ne
(îed pas bien dans les penfées. Elle ne convient pas
même aux fujets pompeux ; enfin elle eft une mar-
que de foiblefle, plus que de torce.
fCF C'eft principalement dans la Comédie qu'il
faut éviter V enflure. L'enflure des maximes du Porti-
que fied mal dans la Comédie , où il ne s'agit que
de repréfenter le train ordinaire de la vie. Dac.
Fuyci dans vos difcours /'enflure & la ba(fejje :
Quainfi qu'en vos habits rien n'y fait affecié :
Qiiune noble fimplicité
Enfajfe l'ornement , la grâce & la richejje. Pav.
53* Enflure , en Morale. Enflure du cœur, fynony-
meà orgueil. L'orgueilleux uniquement occupé de
fa perfonne , eft plein & bouffi de lui-même. P^oy.
Orgueil & Vanité. L'orgueil, dit M. Nicole, eft
une enflure du cœur qui fe groflit lui-même ; c'eft
pourquoi il faut piquer cette en ure , pour en faire
lortir le vent qui la caufe.
IJCr Ce mot déplaifoit à Madame de Sevigné &
à Madame de Grignan. J'ai été bleflce comme vous ,
difoit-elle , de ['enflure du cœur. Ce mot d'enflae
me déplaît. Elle fe familiarifa enfuite avec lui. Je
foutiens , difoit-elle j qu'il n'y a point d'autre mot
pour exprimer la vanité & l'orgueil.
ENFONÇAGE. f m. Terme de Marine. Les avaries
ordinaires font les emballages , les enfonçages , les
charges , &c.
Enfonçage. Terme de Tonnelier , qui eft d'uf.ige en
Normandie & en Picardie ^ dans la préparation &
cejjus. Dans Venjoncement de cette chambre on i
pratiqué une alcôve , une garderobe. Il y avoir un
enfoncement par lequel on pouvoic entrer dans le
camp. Enfoncement fe dit,plus ordinairement,de ce
qui paroît de plus éloigné j de plus reculé dans un
heu enfoncé. Dans Venjoncement de ce tableau. Dans
Venjoncement du théâtre, on voit un magnifique
Palais.
Enfoncement , fe dit encore de la profondeur des
fondemens d'un bâtiment •, attitudo j deprcjjio ^ prc
Junditas : c'eft pourquoi on a coutume de marquée
dans un devis , que les fondations auront tant d'en-
foncement. On le dit aufli de la profondeur des
puits, dont la fouille fe doit taire jufqu'â plus de
deux pieds au-dellous de la fuperhcie des plus
balfes eaux.
Enfoncement, fignifie aufli l'adion d'enfoncer, de
brifer. Effraclio. Les vols qui fe font par bris Si en-
foncement de portes font punillables de mort. L'en-
Joncemcnt des premiers elcadrons fut caufe de la
viéloire.
Enfoncement. Terme de Joaillier. Il fe dit d'une
pierre épailfe.
r]a" ENFONCER, v. a. Poufler vers le fond, faire en-
trer bien avant , ficher une ciiole pointue. Adigere.
Enfoncer un clou dans une muraille. Il faut enfoncer
des pilotis jufqu'à refus de mouton. Lnjoncer en
terre le foc de la charrue , fuicum injodere.
§Cr On le dit de même pour preller ime chofe,
pour la rapprocher du fond II fuit bien enjoncer
ces paquets , & tout tiendra dans la caiife. Compri-
mere , cogère. Enjoncer fon chapeau dans fa tête ,
c'eft faire que la tête entre plus avant dans le
chapeau.
0CF Enfoncer, fignifie aufli j Détruire une portion
de la furface d'un corps , de manière que les par-
ties de fa furtace ne foient plus de niveau , ni dans
le même otdte après le déplacement. Enjoncer une
porte , une prifon. Perfringere,
IfT On dit, dans ce fens , enfoncer un batailloiij
enfoncer les rangs , les rompre , les renverfer en
donnant dedans. Ce Régiment a enjoncé les batail-
lons ennemis. Il enjonce les rangs j & taille touc
en pièce. Vaug.
IJCF ENFONCEK.,Terme de Tonnelier. Mettre des fonds
à des tonneaux , à des cuves. Fundum munire y ta-
bulare. On a fait marché avec ce Tonnelier pour
enjoncer ces tonneaux par lesdcux bouts.
§3° Enfoncer , Terme de Fauconnerie , fe dit de
l'oifeau qui fond lut la perdrix, en la pouflant juf-
qu'â la remife. Perfequi.
§3° Enfoncer les éperons à un cheval, terme de Ma-
nège, les lui faire fentir avec violence.
|]CJ"Enfoncer un arbre , en Jardinage j c'eft le plan-
ter un peu avant en terre.
Enfoncer J fignifie aulfi , Couler vers le fond. Im-
mergere. On a enjoncé de vieux navires pour faire
des digues. Il fe prend aufli dans une lignification
neutre , decidere , mergi. Les bateaux enjoncent da.ns
l'eau à proportion du poids dont ils font chargés. Il
y a eu un temps , auquel , pour s'alfùrer li les gens ,
fufpeds de m.igie , ou forcellerie , étoicnt efleéti-
vement coupables , on leur lioit les mains S-c les
pieds , &c on les plongeoir dans l'eau. Ceux qui
enJonçoienCy étoient déclarés innocens : ceux qui
ncnfoncoient point étoient reconnus coupables j ^
on les punifloit comme tels. On faifoit la même
épreuve pour d'autres crimes ; & il arrivoit fou-
vent , à ce qu'alfurent plufieurs Auteurs , qu'un
homme , dans cet état, interrogé fur diffcrens ar-
ticles , enjoncoit à certaines interrogations , i^cn en-
fo'icoit point à d'autres. Foye^ le Traité du R. P. le
Brun fur les pratiques fuperftitieufes , & cidclfous
au mot Épreuve.
avant en
le commerce du hareng caqué. Il fignifie mcrtre le j Enfoncer, v. n. fignifie aufli. Entrer bien
fond à un baril rempli de harengs , après qu'il a eu i quelque lieu. Penetrare. Ce Capitaine n'ofa pas en
yio
E NF
E N
r
foncer bien avant dans le bois , de peur d'une em- i ENFONDRER , ou EFFONDRER, y. a. Brifer , rom-
biilcade. On n'a pas alFez enfoncé dans cette mine pre avec efiort &: violence, i'cnumptre. , effringirs.
Le moc à'enjondr^r eft vieux , & celui d'efj-uniirer a
pris la place, ^oj q EFFONDRER.
On dit , populairement , une grofTe effondrée ,
enfondrée, pour dire une grolFe femme.
ENFORCIR. V. a. Qui le du louvent avec le pronom
perlonnel. Rendre ou devenir plus Irorc. Corroborare^
pour trouver la veine du métal.
IP" Il eft aulli réciproque. S'enfoncer dans un
bois , dans une caverne.
|p° Enfoncer & s'Enfoncer, fe difent également
dans le lens moral &c figuré. L'application conti-
nuelle à la ledlure rend les gens diltraits , & les en-
fonce en eux-mêmes. Bell, lln'étoit pas de ces hom-
mes enfoncés 6c impénétrables , qui s'attirent en le
cachant le refpeét des peuples. Mass. La foluude &:
les bois infpirent une certaine tendrelTe qui ne fert
qu'à enfoncer le trait qu'on voudroit arracher. S.
EvR. Ce jeune homme s'ert/owcc^, eil enfoncé da.ns
la débauche , dans l'étude. Il le donne, il le livre
tout entier. Deditus ^ immerfus. Il ne faut pas trop
s enfoncer dans cette queltion , Tapprotondir. Mon
delîein n'ell pas de m enfoncer dans une difpute ré-
gulière. S. EvR.
Enfoncer , fe dit auffi pour , Pénétrer. Il y a des gens
qui ne paient que de mine ; ils n'ont pas , fi je l'olc
dire, deux pouces de profondeur^ il vous les enjon^
cei3 vous rencontrerez le tuf. La Bruy. Si paulo
prefilàs tentaveris.
Enfoncé, ée. part. & adj. Depreffus. Ccne vieille a
les yeux rouges & enjoncés. Les gens toujours enjon-
cés dans des méditations férieules patient peu , par
<:e qu'ils font trop d'attention à ce qu'ils penient.
Bell. On n'aborde que par contrainte & par né-
ceflité une mine fombre ik. enfoncée. Ch. de Ivi.
Avoir l'efprit erfoncé da.ns la matière, ceft , Avoir
l'efprit épais & groilier. Cela ne fe dit qu'en riant j
êc dans le ftyle burlefque.
On dit,bairement,qu\in homme eft enjoncé dans
une affaire jufqu'aux fangtes j bien engagé. Impli
chus.
ENFONCEUR. f. m. Qui enfonce , qui brife , qui
rcimpt avec violence. Au lujet de la cenfure du taux
Ilîdore & de Turrien , le i^ère :iirmond appelait
M. Blondelun enfonceur as portes ouvertes , à caufe
■ de la chaleur iSc des efforts avec lelquels il a pour-
fuivi ces deux Auteurs , dont la défaite n étoit m
difficile , ni fort confidérable , apiès que tant de
Critiques Catholiques avoient déjà découvert les
impoftures d'Ifidore , & que le procédé de Turiien
avoir été lifflé &c cenluré par les plus judicieux d'en-
tre nos Ecrivains avant lui. Baillet, Jug.desSav.
Au refte , enfonceur n'ell que dans le Diétionnaire
de l'Académie , qui obferve qu'il nell d'ulage que
dans l'exemple précédent.
fO" ENFONCER, f. f. Terme de Tonnelier. Se dit
de toutes les pièces qui font le fonds des tonneaux.
Pars iina. Le merrain le plus court eft deltiné pour
les enfoncures des tonneaux. Dans quelques endroits,
on èéiifôncure de tonneau , lie foncer un tonneau ,
pour enfoncure & enfoncer.
IJC? On le dit , auflî , de l'affemblage des ais
placés dans un bois de lit pour foutenir lapaillaffe,
les matelats. Tabdatum , tabulado. Une enfoncure
de lit.
Loret a dit , dans fes vers burlefques , enfoncu-
res ^ pour e/z/o«t'e/72<?/zr ; c'eft apparemment la rime
qui l'a déterminé à faire cette faute.
Un vajle jardin d'efpaliers j
Bien alignés , bien réguliers ,
Où l'on voyait dans /'enfoncure ,
Par un grand art d' Architeclure j S<.c.
Enfoncure, fedit, anlîî, pour creux, cavité. Lu-
cana , cavum. V enfoncure de la bouche j X enfon-
cure Aw pavé. Danet. On le dit, auffij d'une dé-
preffion violente , d'un écachement fans aucune tente
à la fuperficie de quelque chofe , comme des pots
d'étain , du crâne , &C. Depreffio. Si on trouve une
enfoncure , ( au crâne ) il faut la relever \ h c'efl: une
/impie fente, il faut la ruginer. Dionis. Quand le
«•lâne ne fe rétablivoit pas , fi Yenfoncure eft petite ôc
fans accidens, il faut la laiffer. Id.
corroborari. Ce jeune homme s'eit bien enjora depuis
deux ans. Le rellort de cette horloge ell trop foi-
ble j il le faut enjorcïr , ou y en mettre un plus fort.
Il eit de peu d'ulage en parlant des perfonues.
En FORCIR eft aulli neutre. Ce cheval enjorcit tous les
jours. Il a cnjorci de moitié, & enjorcira encore.
Enforci, ie. part. Corroborants.
ENFORESTE. adj. Vieux mot, qui lignifie enfoncé.
dans une forêt. Abditus infyivam.
§cr ENFORESTER. v. a. Mettre des terres en forêt
royale , luivant l'ufage d'Angleterre.
ENFORMER. v. a. Terme de Bonnetier & de Chape-
lier. Mettre un bas dans la forme , mettre un cha-
peau fur la forme. Forma indere _, adjonnam ap-
tarc. Enjonner un bas j enjormer un chapeau.
'îfT Enformer , chez les Chaudronniers j C'cil ébau-
cher une pièce, pour la finir enfuite.
ENFOUIR. V. a. Enfoncer dans la terre. Infoderc y
dejodere. Ce Jardinier n'a pas enjoui allez avant
ces arbres dans terre , ils ne pourront pas profiter.
On le dit , de même , du fumier c^u'oa met en
terre pour les couches lourdes.
Enfouir, fignihe, aulîl , Cacher en terre. Terra oc~
culere. Les avares ont coutume à'enjouir leurs tré-
fors , de peur qu'on ne les vole.
Ce mot vient du Latin infodcre.
Enfouir , fe dit , aulli , figurément, des chofes fpi-
riiuelles. Abdere j perdere. Un Prédicateur ne doit
pas erfouir le talent que Dieu lui a donné j il ne
doit pas le tenir caché , le rendre inutile.
Enfoui j ie. part. pall. & adj. Defofus , abditus
humo.
fO^ ENFOUISSEMENT, f. f. Dcfojfio. L'adion d'en-
fouir. Il n'ell point en ufage. Cependant l'Auteur
de l'Hiftoire du Panthéon n'a pas fait didicuhé de
s'en fervir , & je ne lais li nous avons d'autre moc
qui rende la même idée. Le fol du Panthéon , dit-il,
n'a pas toujours eu la même élévation qu'il a au-
jourd'hui. Celafe voit par les plinthes des colonnes,
qui font enfouies de plus des deux tiers de leur
épaiffeur.Il y en a même quatre qui font abfolument:
au niveau du pavé. Ver^ouifjement d'une partie li
elîentielle de la colonne ne peut dater que des fiè-
cles de la barbarie. Mém. de Trév. Nov. 1758.
ENFOURCHEMENT. f. m. Terme d'Architeélure.
Augulus injurcufimduudinemjormatus. C'eft Tangle
formé par la rencontre des deux douelles de voûtes
qui fe rencontrent : les voulToirs qui les lient ont
deux branches comme une fourche j dont l'une
elt dans une voûte , & l'autre dans la contiguc.
Fkézier. C'eft , aulli , un terme de Jardinage , qui
fe dit d'une forte de Greiie. Voye-{ Greffe.
ENFOURCHER, v. a. Terme deMirine. Enfourcher
un vaiffeau , c'eft Jeter l'ancre d'affourche. On dit j
auilî , affourcher. C'eft , Mouiller une féconde an-
cre en un lieu éloigné de la première j enforte que
leurs cables fiilfent une efpèce de fourche. Ajicho-
ram alteram altero in loco jacerc. On enfourche un
navire pour l'empêcher de s'éloigner j de fe tour-
menter , de chaffer fur fon ancre. Foy. AFFOUR-
CHER.
Enfourcher J fedlt, encore de l'ancre, lorfqu'elle
s'attache au tcrrein , qu'elle mord le fond- Foyei
Ancre , & Enjauler.
Enfourcher, fignifie , auffi , Monter achevai,
jambe deçà , jambe delà. Cette femme enfourche
un cheval , comme feroit un Cavalier. Il n'eft que
du ftvle familier.
ENFOURCHURE. f. f. Terme de Vénerie ^ qui fe
dit de la tête d'un cerf dont l'extrêmué du bois fe
termine en fourche , ou en deux pointes i & une
E N F
tète faits alnfi , s'appelle enfourchie. Cornu b'ifiàum.
Enfourciiure. Terme d'Eciiyer. C'eft la partie du
corps qui eft entre les cuilFes. Four fe bien tenir à
cheval , il faut s'y tenir aills droit fur ï enfourciiure
oa h fourchure , & non fur les felfes, & avancer
!e corps , le plus qu'il eft poflible , vers le pommeau
de la lelle, fans cependant plier le dos, &:c. Ecuyeb.
François.
ENFOURNER, v. a. Mettre le pain ou la pâtiflèrie
dans le four pour la cuire. Induccre infurnum • mu-
rer«. La pelle à enfourner. Infurrùbulum , pala Jur-
naria. Il faut commencer par enfourner les plus gros
pains , dont on "arnit le fond & les rives du
four , gardant le milieu pour y placer le petit pain ,
le plus blanc j le plus délicat , qu'on enjourne le
dernier. Liger.
Enfourner , Métaphoriquement.
D'autre côcépoar mon épitre orner ^
Je ncfaurois quel propos enfourner. Marot.
Enfoitrner , fe dit , figurément & balTement , pour
dire, commencer une aftaire. Incipere ^ auj'picari.
Quand on entre en quelque profeflion , il n'eft rien
tel que de bien e«/o/^r/?er. Ce procès eft en danger de
fe p^irdrej parce qu'on a mal cnjourné d'abord.
On dit , proverbialement , A mal enjourncr , on
fait les pains cornus ; pour dire , qu'on fait mal ,
ou qu'on ne finit point une aftaire mal commencée.
Enfourné, ÉE.part.
ENFREINDRE, v. a, Tranfgreffer , contrevenir à une
loij un traité, une Ordonnance , un privilège. Il
ne fe dit qu'en parlant de chofes femblables. Injrïa-
gere , imminuere. On ne peut enjreïndre un traité
lolennel , fans être acculé de mauvaiie foi j de
parjure. Adam fe rendit coupable pour avoir en-
jreint la Loi de Dieu. Enfreindre les ordres du Ciel.
Patru. Enfreindre les privilèges du Royaume.
Mauc. LeSupérieurd'une Communauté Religieufe
doit s'oppofer à l'injufte pollellion où je voudrois
m'établir ^enfreindre impunément la règle. Bour-
EAt. Exhort. T. I. pag. 217. Le nom verbal elf
Infraclion.
Ce mot vient du Latin ïnfringere. Du Cange le
dérive du Latin anfraclura , qui lignifioit rupture.
Enfreint j einte. part. Injracius _, violatus.
ENFROQUER. v. a. Faire Moine. Scapulari induere,
monamum fdccre , ad monachalem habïcum inducere.
Ce jeune homme s'eft enfroqué fins le confente-
ment de fes parens. C'eft un tel Diredeur qui l'a
enjrnqué , qui l'a exciré à fe faire Moine. Ce beau-
père a enfroqué trois enfans du premier lit j malgré
eux. Il n'eftbon à rien , il faut Venjroquer. Ce mot
fe ditj ou en pkifantant , ou par mépris, dans
le ftyle familier.
Ïnfroqué , ÉE.part.
ENFUIR. Qui ne fe dit qu'avec le pronom perfonnel ,
& hgnihe S'éloigner avec vicelTe de quelque lieu
dangereux. Fugere j fejugâ prorlpere j dure infugam.
Les voleurs ont voulu attaquer ce Cavalier, mais
il s'eft enfui. On a mal garde ce prifonnier , il s'en
eft enfui. J-^oyexï'ViK.
Enfuir , fe dit , figurément , des vailTeaux qui font
trop petits pour contenir une liqueur , ou qui la
laiilent écouler pat quelque ouverture , ce qui fe
dit, aufti , des liqueurs qui y font contenues. Le
vin qui bout dans le tonneau senjuic par le bon-
don. Exifluat y fuperfluit. Ce tonneau s enfuie par
la canule. Le pot s enfuit , effundirur.
Ekfuir , fe dit , figurément ^ en chofes morales. Le
temps s'enfuit^ céleri pede lahitur ; c'cft-à-direj
coule bien vite. L'occanon senjuit • pour dire , elle
s'échappe. On dit , poétiquement , Les vents s'en-
fuient j venti pofuere ., & le ciel devient ferein.
On dit , proverbialement , c'eft un chien de Jean
de Nivelle j qui s'en////r quand on l'appelle j en fo
moquant de ceux qui font le contraire de ce qu'on
dcfire d'eux. /^oy l'origine de ce proverbe .à Jean.
©n dit, encore j Ce u'eft pas- là que le pot %cnjuii j
E N F E N G 71 î
pour dire , Ce n'eft pas-ià que l'affaire manquera ^
ce n'eft pas-là le défaut de cet homme.
ENFUMER, v. a. Expofer quelque chofe à la fumée >
foitpour la noircir, foit pour lui en faire fouftrir
les autres mauvaiies qualités- Infumare , fumigare.
Lesfaullaires enjumenths parchemins pour les faire
paroître vieux. On enjume les renards , les abeilles,
pour les faire fortir de leurs terriers, de leurs ru-
ches. Alexandre Sévère enjuma , & fît mourir un
homme par la fumée j parce que c'étoit un vendeur
de fumée.
1^ Enfumer, v. a. expofer à la fumée. C'eft , quel-
quefois , noircir par la fumée. Injuniare. On erfumc
des verres de lunettes. La grande quantité de bou-
gies, de chandelles e«///w2<; les meubles. Quelquefois
incommoder par la fumée. Vousm't'/z/wwe-en tifon-
nant. On enjume les renards , les blaireaux , les
abeilles ; pour dire , qu'on oblige les uns à fortir
de leurs terriers , les autres de leurs ruches.
03" Enfumer j en peinture. Voyei Enfumé.
Enfumer , fc dit j aufli , pour Èngrailfer de fumier.
Stercorare. Si ce terme eft en ufage , ce ne peut être
que dans quelques Provinces. Ori doit dire Fumer
' un champ. J^oye\. Fumer.
Enfumée, ée. part, & adj. Fumofus. kV^ovaz , ceux
qui fe prétendoient des anciennes familles , mon-
troient les ftatues tronquées & enfumées de leurs
AncctreSj'parce que c'étoit une marque d'antiquité.
|Cr On dit , dans le même fens , tableau enjume ^
en parlant d'un vieux tableau que le temps a noirci.
Les brocanteurs enfument fouvent leurs tableaux ,
pourles faire paroître plus vieux, & les vendre plus
cher.
On dit , proverbialement, nous étions erfumés
conmie de vieux renards ; pour dire 3 nous étions
incommodés delà fumée.
ENFUTAILLER. v. a. A^lettre de la marchandife dans
une futaille. Le P. Labat, dans fes curicufes Rela-
tions des Ifles Antilles , dit qu'il faut prendre
garde A'enfutailler le gingembre , qu'il ne foie
paifaitement fec.
E N G.
ENGADDI. Quelques-uns écrivent Engeddi ^ 8c d'au-
tres Hengiiedi. Ville de la Terre-Sainte , apparte-
nant à la Tribu de Juda , & fituée dans le déiert ou
la folitude de cette Tribu. Jofeph la nomme Ln-
jOi7</(/t7.Elleéroit , dit Eufebe , fur le bord occiden-
tal de la Mer Morte. Etienne de Byzance dit qu'elle
éfoit près de Sodome. M. Reland dit que cela eft
faux , parce que Sodome étoit voifine de Ségor , ou
Tfoar, &c que Tfoar étoit à l'extrémité méridionale
de la Mer Morte: mais il prend lui-même les cho-
fes trop à la lettre d'un côté , & de l'autre, il place
Engdddï trop au nord , en le mettant vers le com-
mencement de la Mer Morte , peu loin de l'endroit
où le Jourdain s'y décharge. S. Jciôme , qui ne
pouvoi- l'ignorer, dit pofitivement c[\xEngaddi eft
à l'autre extrémité de la Mer Morte ; & il ne peut
y avoir là de faute de Copifte ; au lieu que , dans Jo-
feph , il y a très-vraifemblablementunefaute.
La folitude â'Engaddicton la partie de la folitude
de la Tribu de Juda j qui étoit aux environs d'En-
gaddi , & qui en faifoit le territoire. C'étoit un pays
de fable , qui ne produifoit prefque rien : on allure
même qu'il y a des campagnes de fel dans cette par-
tie méridionale de la Tribu de Juda. Il y avoir ce-
pendant des vignes aux environs à'Engaddi , comme
il paroît par le Cantique des Cantiques I. 1 3. Plins
dit , L. V. C. 17. qu'après Jérufalem , Ens,addi étoit
la plus fertile , & où il venoit les plus beaux
palmiers. LesThalmudiftes, dansla Gémare Scîiab-
batJi, XXVL i.&r Jofeph, à l'endroit cité , difent
que c'étoit à Engaddi que venoit le baume. Eufebe
dit qu'il croiftoit à Engaddi &c à Ségor , ce qui mon-
tre encore la proximité de ces deux lieux, tngaddc
n'étoit plus qu'un bourg au temps de S. Jérôme.
Ce nom qui eft Hébreu^ compofé depy, «i/i.
7 1 1 E N G
fontaine, &: 3J>, gcdi , chevreau, boac, fignlfiî Z^z
Fomalnedu bouc,
ENGADINE. Contrée du pays des Criions. Engadbui ,
(Eni VaLlis , autrefois i'^allis venujla. Elle etl dans
la Ligue de b Maifon de Dieu , &c s'étend le lonj^
<]e rinn , depuis la fource de cette rivière j )ufqu'au
Tirol. On la divife en haute Hc en b.ilïe Engaduie.
La haute En^aiint: eft la partie de cette contrée qui
elt le long de l'Inn du côté de fa fource. La balfo
Engadlne ell celle qui ell le long de l'Inn du côté
qu'il defcend , & qu'il entre dans le Tirol. Il n'y a
aucun lieu conlidécable ni en l'une ni en l'autre En-
gaduie. C'a été autrefois la demeure des Fennones ,
ou {■^innones.
Ce nom ell: SullFe, S{ fignilîe la vallée de l'Ihn ,
ou de l'Inn; & il a été donné à ce pays, parce
que c'eft la vallée où la rivière d'Inn a la louicc , ik
dans laquelle elle coule.
ENGAGÉ, f. m. Terme de Marine. Nom qu'on a
donné à celui, qui, voulanr s'aller établir aux Indes ,
sengagsoit .1 fervir trois ans celui qui le déftayoit
pendant le voyage. Obligatus j mancipruus. On les
appelle les trencc-Jîx mois. En Hollande j on exige
fept ans d'engagement. Ce marché ne ie fait plus
aujourd'hui; mais on donne encore le noin d'cw
gagés , ou de trcnte-Jix mois à ceux qui s'engagent
avec les Habitans des Illes , pour les iorvir pendant
trois ans.
ENGAGEANT J ente. adj. Qui attire, qui porte à
quelque cliofe par de bonnes manières , en général ,
par quelque chofe de gracieux. /«i^c^wj , aUidens.
Manières e:is,dgcantes , efprit doux & engageant.
Le moyen qu'une jeune perlonne rélifte à l'amour ,
lorfque , n'en ayant jamais entendu parler , elle
commence à leconnoîtte par ce qu'il a Rengageant.
Prin. de Cl. Son cœur eft fenlible a ce qu'il y a de
plus tendreî&: de plus e«^<2^et?«£ dans les inclinations
humaines. Var. Elle a une douceur pleine d'at-
traits , une bonté toute engageante , une honnêteté
adorable. Mol.
ENGAGEANT, f. m. Nœud de ruban de couleur , que
les jeunes Demoifelles portent (ur le fein. [^itta ,
tenta, nodus. Elle change tous les jours à' engageant
& delontange.
ENGAGEANTE, f. f. C'efl: une forte de manches de
toile , ou de dentelle , qui pendent au bout du bras :
elles font partie de l'habillement des femmes.
Un difcours ennuyeux de modes ^
i>'engageantes , & de commodes ,
D'habits ou commandés , ou faits ,
iVff vous importune jamais. S. EvR.
IP" ENGAGEMENT, f. f Contrat , obligation que
l'on contracte envers quelqu'un. Dehitum , promif-
fum ^ obligatio. Il faut exécuter les conditions de
ï engagement. Une Société , entre divers intérelTés ,
emporte un engagement à toutes les dettes de la
Société.
Engagement. Aliénation pour un certain temps. Pi
gnoratio. Les biens du Domaine ne le poifèdent
point en pleine propriété , ce ne font que des en-
gagemens. Les baux emphytéotiques ne font que de
fimples engagemcns.
On appelle j aufïî , Engagement , une Seigneu-
rie engagée , un Domaine engagé. Cette Terre ell
un engagement.
Engagement , fienifie , auffî , l'action d'engager.
Quand on fait Rengagement Rm\h\Qi\ d'Eglife , il
faut y obferver les mêmes folennités que dans une
vente. Il a fallu ^pour fubfifter , qu'il ait eu recours
à ['engagement de fes meubles.
Il feprend , aulH , pour l'Enrôlement d'un Soldat,
& même pour l'argent qu'il reçoit en s'cnrôlant.
h'enoaoement de ce loldat n'eft que pour quatre ans.
Il a reçu trois louis Rengagement.
Chez les Maîtresen fait d'arme jon appelle \enga-
gcmentào. répée,un attaque dejeu compofé,lorfqu'on
alTujettit avec fon épée le demi-Iort ou le foible de
EN G
celle de l'ennemi , afin d'être maître de la ligne
droite , & qu'il ne puilfe agir qu en deux, ou plu-
lieurs temps. Tous engagemensÇc doivent commen-
cer du demi-fort del'cpée, au foible de celle de
l'ennemi j glilfant inlendblement le fort en avant.
Il y a quatre engagemcns principaux qui le peuvent
appliquer aux quatre parades générales : lavoir j
l'une de quarte haute , & l'autre de quarte balfe en
dedans ; êc les deux autres , de féconde haute &
balfe en dehors. Il s'en tait aulli par le cercle en-
tier, par le demi & par le quart , contre toutes for-
tes de gardes , hautes & balles , pour palier , parer ,
délarmer , ikc.
Engagement J dans le fens figuré, fignifie attache-
ment , liaifon , ou l'effet cjui réfulte des liaifons
particulières ; obligation qui eft caide qu'on n'eft
pins maître de faire ce qu'on veut. Un tendre en-
gagement va plus loin qu'on ne penfe. Le mariage
ell le plus grand des engagemcns. Les hommes ju-
gent de toutes chofes fuivant leurs palfions & leurs
engagemcns. Maleb. Une femme galante palFe fuc-
celiivement d'un engagement^, un autre; la coquettd
apiulieurs amufemens tout à la fois. La Br. Il faut
fouvenr examiner [engagement ôc la profellion des
Auteurs , pour bien juger de leurs Ouvrages. Bail.
fCF En morale , engagement fignifie "es devoirs
réciproques qui obligent les membres de la fociété
les uns enveis les autres. Us font fondés , les uns
fur la nature , fur les fentimens d'humanité ré-
fuhant des liaifons particulières que nous formons
dans la fociété; les autres fur la Religion , les autres
enfin fur la loi civile. Engagementde fa foi ., de fa
parole. Prendre, ïomp\e un enga clément. Mànc^uài:
à un engjgement.
Engagement , fe dit quelquefois d'un combat, d'une
bataille. Le Maréchal de Galîion ,û aventurier pour
les partis J craignoir un engagement entier. S, ÊvR.
ENGAGER. V. a. Mettre en gage. Oppigncrure j oèli-
gare , dare pignori. Engager [es meubles , fa vaif-
lelle , fes habits.
Ménage dérive ce mot de invadiare , qui fe trou-
ve dans les lois des Lombards.
Engager, en matière d'immeubles, fignifie les hy-
pothéquer pour des dettes , les obliger envers une
autte perfonne comme à titre de gages ou d'hypo-
thèque. On ne peut acheter sûrement des biens qui
font hypothéqués & engagée à des créanciers.
Engager, lignifie aufii , vendre par un contrat pi-
gnoratif, & à faculté de réméré. Quand le Roi
vend & engage fon domaine, c'eft à la charge de
rachat perpétuel.
Engager , en termes de guerre, fignifie contraindre ,
ou mettre dans la necellité de faire quelque chofe-
Ce Général commença l'efcarmouche , & engagea
le combat que fon ennemi vouloir éviter, il le con-
traignit à donner bataille.
Engager. Enrôler des foldats. Milites confcrihere. Ce
Capitaine a engage aswA. fils de famille , dont il ef-
père tirer bien de l'argent.
Engager. Terme d'efcrime. Engager l'épée , c'eft la
croiler contre celle de l'adverfaire. Engager de
quarte , c'eft la croifer en dedans , engager de tier-
ce , c'eft la croifer en dehors.
ifT Quelquefois ce mot lignifie faifir avec le fore
de fon èpée le foible de celle de l'ennemi , en forte
qu'il ne puiffe plus détourner le fer de fa direélion.
AcAD. Fr.
Engager, feditfigurément en chofes morales. Quand
on :i engagé (a. parole, il [a. i^ntienyx. Engager ion
honneur. Nulles perfonnes n'engagent leur foi avec
plus d'ortentation que celles qui la violent davan-
tage. La loi naturelle prefcrit de faire.d'efïeâuer ce
à quoi on s qH engagé ^rix: une promelTe ou par une
convention verbale.Je ne puis aller dîner chez vous;
je fuis engagé ailleurs.
0Cr Engager fon cœur , le donner. Les Jeunes gens
engagent facilement leur cœur.
^ Engager , confideré comme fynonyme d'obliger.
Inducere , compellere. Mais il dit quelque chofe de
plus
I
ENG
plus gracieux. C'eft poicer à hiiro quelque chofe
par des promelfes ou par de bonnes manières, en
général, fans en impoler le devoir ou la nécellicé.
Nous donnons du iecours aux autres pour les enga-
ger à nous en donner. Rockef. On participe aux pé-
chés des autres , quand on les y engage par de
mauvais exemples. Nie. La complailance eng.igc
quelquefois dans de mauvailes affaires ceux qui ne
choiiliirent pas alfez bien leurs compagnies, linpii-
cure.
Sur les pas dcsTyrans veux-tu que je 772'engage?
Racine.
Engager, avec le pronom perfonnel , fignifie , s'en-
detter , ou s'obliger a faire quelque choie , ou eau
tionner quelqu'un j s'embamlfcr. Seimplicare , in-
neclere , mvolvere , imp>:dlre , obugare , llligare.
Un prodigue s engage tous les jours de plus en plus.
Ce NIarchand s'ell engage à me fournir telles mac-
chandifes pour tel prix. Il eif bon de s'engager \)0[\ï
fes âinis , de les cautionner j mais il hiut prendre
garde comment. S'c^^cjo-er dans uneatlaire- Ablanc.
Le Pape s'éroit engagé as parole, envers le Cardinal
(l'Arragon & l'AmbalIadeur de Venile, de fatistairc
le Roi fur ce point. L'Ab- Regn. Cette perdrix s'eft
engagée dans les fAnK.W engager dans un lieu étroit,
dans des montagnes , dans i\n déiilé. Ce brave
étoic fort engagj^ms la mêlée j mais ia valeur l'en
dégagea. La clef ell engagée dans la ferrure \ le na-
vire eif engage entre des rochers. Adjaxa adliArefcit.
s'Engager , fignitîe aulli , s'obliger à fervir quelqu'un
pour un certain temps- Il s'eft engagé ^q\xx. trois ans,
moyennant une telle fomme.
s'Engager. S'enrôler. Nomen dare.
Engager , fignifie encore , enfermer, retenir. Impe-
dire^ cohlbere j tenere. Il s'eft lailfé engager les doigts
entre le bois & l'écorcc On dit , qu'une chofe en-
gage la poitrine ; pour dire , qu'elle lui caufe de
l'opprellion : qu'un homme a le cerveau f/zD^j^c;_,
i pour dire , chargé de fluxion : & d'une, malade, que
fa poitrine s engage , pour dire, qu'elle s'embar-
ralfe , qu'elle s'emplit.
Engage , ee. parc. Il a les fignifications de fon verbe ,
au propre Se au figuré. Parole engagée. Ces com-
merces criminels j engagés j foutenus , récompeii-
fés, &c. RoY.
ENGAGISTE. f. m. & f. Celui qui tient par engage-
ment quelque domaine ou droits , foit du Roi , foit
des particuheis. Quelques engagiftes jouilfent d'un
bien par forme d'antichrèle pour siàreté de leur
créance, f^oy. Antichrèse. D'autres jouilfenc d'un
domaine de la couronne à titre d'engagement. Foy.
Engagement & Domaine. Les engagijles jouillent
des droits honorifiques du patronage- La raifon eft
que XHngag'tlh eft cenfé propriétaire tant que la
vente dure, & qu'il polFède à titre onéreux. Un En-
gagi fie des Aides, des Greffes. Tant que dure une
faculté de réméré , l'acheteur n'eft (\\iEngagifle.CQ
lui qui a un bail à longues années ^ n'eft qu'un En-
gagille.
ENGAGNE. f. f. Vieux mot. Tromperie : de l'Efpa-
^■noXenganno , qui veut dire la même chofe.
ENGAINER. v. a. Mettre dans une gaîne. Condereïn
vaginam ^induere. Cette gaînc eft rrop petite pour y
engainer ces couteaux. Dans cet étui il y a fix cou-
reaux engaînés.
ENGALLAGE. f. m. Termede Teinturier. C'eft l'ac-
tion de teindre ou préparer une étoffe avec la noix
de galle. On peut aulli engaller avec le rodoul &
fouie , qui font auili compris foos le mot galle &
A'engallage.
ENGALLER. v. a. Terme de Teinturier. Teindre ou
préparer une étoffe avec la noix de galle. Gallâ in-
nngere , gallâ perfundere _, faturare. On peut aulli
engaller avec le rodoul & fouie , qui font compris
fous les mots de galle & d'engallage ; parce que ce
font trois ingrédiens qui fervent à engaller. Le noir
sengallezsec de la galle d'Alep , ou avec du fumac.
Tome m.
ENG 713
du rodoul ou fouie. On éprouve par le débouilli , li
l'etofte a été trop engaliee.
EN-G ALLIAI. Lngalii,!:. C'eft un bourg fitué dans la
Tribu de Juda , fur le bord du lac Afphaltite , non
loin de l'embouchure du Jourdain, au rapport île
S. Jérôme fur Ezéch. XlVII. 10. où il en eft parlé.
ENGANNER. v. a. Vieux mot François , qui fignifie ,
tromper , de même que l'Italien ingamiare. il eft
encore aujourd'hui en ufagedans la Baffe-Norman-
die parmi le petit peuple. Ménage ,Z3à7. Etym, On
dit en Champagne engammer.
EN-GANNI^L v^'ctoit une ville de la Terre-Sainte
dans la portion de la Tribu de Juda ^ & fituéedans
la plaine Jol. XV. 34. Le P. Lubin n'a point connu
celle-ci, & blâme même Adrichomi us d'avoir dif-
tingué deux t.n-gann:ni ; mais il s'eft trompé lui-
même.
Il y avoit encore une ville de même nom dans la
Tribu diffachar. JoJ'ué XIX , 21. & XXI. 19. Le
P. Lubin prétend que c'eft la même que l'Auteur du
I L. des Paralip. VI, -3 nomme Anem , îic les huer-
pièces Grecs Aitk^^. Quoiqu'il en foit , ce fut une vil-
le Lévicique & fiacerdotaie. Jc^.'XIX. 11.
Eulèbe , De loch llebr. dit qu'il y avoit encore un
bourg de ce nom au-delà du Jourdain près de Gérare.
En-gannim , compofé de «ly , ain , i-ontaine, & a':a
gannim , pluriel de [j , gan , un jardin, un clos,
lignifie la lontaine des jardins , ou des clos , appa-
remment parce qu'il y avoit là beaucoup de jardins
autour d'une fontaine qui les arrofou.
ENGANO. Capo d'Engano. Promont.alum fallax ^
Proniontorium fraudis. Ce nom , qui eft Efpagnol ,
qui fignifie Cap de tromperie , ou de fraude , a été
donné à trois caps diftérens. Le premier eft un cap
de l'Ifle de Luçon , l'une des Philippines : c'eft la
pointe qui joint la côte feptenttionale de cette Ile
avec l'orientale. Le fécond elt le cap oriental de
l'Ifle Saint Domingue, autre Ifle des Philippines. Le
rroifième eft le cap d'une des Illes Marianes , oa
des Larrons.
ENGARANT. Terme de Marine. On appelle enga-
rnnt ^ lorlqu'on retient une corde qui eft chargée
d'un pesant fardeau , & à laquelle on fait faire un
ou plulieurs tours à l'entour d'un mât j ou de quel-
que aatre pièce de bois , pour empêcher la force
de la charge.
ENGARDER. vieux v. a. Empêcher , mettre obf-
cade. Impedire j prohihere.
Le blond Phéhus qui ne voit & regarde
Sil'épai[fcurde ce bois ne /'engarde. Marot.
Engardf. , ÉE.part. & adj. Vieux mot. Souillé, con-
taminé.
s'Engaruer. v. récip. S'empêcher , fe défendre de
faire quelque chofe. Cavere j Je dejcndere , prohi-
Ae/v.Vous voulez cjue je m'oblige pour cet infolvable
je m'en engarderois bien. Il le taut bien engarder da
faire des chofes contre fon honneur & fa confcience.
Ce mot eft vieux : il but fe fervir de garder. Je me
garderai bien , il iaut fe garder.
On dit, proverbialement, que, peut-être wo'aria
les gens de mentir.
CCTENGASTRILOQUE, ENGASTROMINE ,EN-
GASTRIMANDRE, ENGASTRIMYTHE. f. 111.
Celui qui parle du ventre , qui parle fans ouvrir la
bouche , deforte que fa parole femble fortir du
ventre , des mots Grecs h , dans , yà<rrt:f , le ven-
tre j & ,«"''« , parole. Chez les Latins ventriloquus.
Koye-}^ Ventriloque.
IjiCrOn a vu des gens dont le ventre parle effecii-'
vement, lorfque leur bouche eft fermée j ou bien
la bouche étant ouverte , mais fans la remuer en au-
cune façon. Ce que rapporte Etienne Pafquier,
dans fes recherches eft aflez fingulier. H n'y a pas ,
dit-il, douze ou treize ans qu'il eft mort un bouf-
fon j nommé Conftantin , qui repréfentoit toutes
fortes de voix , tantôt le chmr des Roftignols , qui
n'eulfenc pas mieux feu defgoifer leurs ramages que
X X X X
714 ENG ^
luy , tantôt la Muiîque d'un âne , tantôt les voix de
trois ou quatre chiens qui fe battent , Se enfin le cri
de celui qui , pont êtte mords par les autres , le va
plaignant. Avecques un peigne mis dans fa bouche ,
il reptéfentoit le Ion d'un cornet à bouquin : tou-
tes ces choies Ci àpropos, que ni l'âne, ni les chiens
en leur naïf, ni un homme jouant du co.net à
bouquin, n'eulFent eu l'avantage lur lui. J'en parle
comme celui qui l'a vu fbuventefois en mamailon ;
mais fur-tout eftoit admirable qu'il parloic quel-
quefois d'une voix qu'il tenoit tellement enclofe
dedans fon eftomac , fans ouvrir que bien peu les
balèvreSj à manière qu'étant piès de vous, s.l vous
appeloit , vous eulliezcrû que c'eût été une voix qui
venoit de bien loin , & ainfî ai-je vu quelques
miens amis trompés par lui......
§3" Léo Allatius a fait un traité des Engajlrimy-
thes , qui a pour titre De Engajîrimycho Jyncagma.
Hippocrate regarde l'état àtiEngjJinmythcs comme
une maladie. Quelques uns croient que c'eft une
opération du malin efpiit : d'autres l'effet de l'art
& dumécanifme.
^fT Quelques uns prétendent que c'eft une ef-
pèce de divination dont ils attribuent l'inven-
tion à un certain Encyclus , qui n'eft connu de per-
fonne.
§3* S. Chryfoftome & (Ecuménius font men-
tion deces hommes divins , que les Grecs nomment
Engaftrimandres , de qui le ventre prophétique ar-
ticuloit des Oracles fi fameux.
§C?M. Schott, Bibliothécaire du Roi de PruflTe,
foutient dans une DilFertation fur l'apothéole d'Ho-
mère \ que les Engajîrirnythes des anciens n'étoient
autre chofe que des Poètes , qui , lorfquè la Prè-
treliTe ne pouvoir parler en vers, expliquoient à fbn
défaut j ce qu'Apollon difoit dans ta cavité du baf-
fin qui étoit placé fur le facré trépied.
ENGAZZE. Nomde villc^rt^ûçia. Foye\ Dungo.
ENGEANCE, f. f. Efpèce particulière qui vient d'une
même race. On le dit proprement des animaux do-
meftiques. Gens j genus. Voilà une belle engeance
de pigeons , de poules.
De tous les animaux onv'it poindre l'engeance.BENS.
Engeance ,fe prend fouvent en manvaife part, & fe
dit de la multiplication trop grande des infeéles &
chofes nuifibles. C'eft une maudite engeance que
les charençons.
Engeance, fe dit, figurément, des.hommes médians.
Jesus-Christ appeloit les Pharifiens engeance de
vipères , Genimina vïperarum , en S. Mathieu. C'eft
une méchante engeance que les Laquais. On ne le
dit jamais des hommes qu'en mauvaife part.
Mais tout niroit que mieux
Quand de ces médifans ^'engeance toute entière
Irait la tête en bas rimer dans la rivière. Boil.
Ce mot vient de gens , genus.
ENGÉDIN , ou ENGÉTIN. Bou'-g ou petite ville de
la Tï3.a(^\^a.nïe.Engedinun:. Ce lieu eil f^le Maros,
à cinq lieues de Villembourg j du côix ■i» nord.
ENGEIGNER, ouENGiNER. v. a. Tromper ^ at-
traper. Il eft vieux. Fallere j decipere.
Tel , comme dit Merlin , cuide engeigner autrui ,
Qui fouvent i'engeigne foi-même.
Toi regret que ce mot fait trop vieux aujourd'hui :
Il m'a toujours paru d'une énergie extrême. La F.
Voy. engaines dans le Supplément au GlofTaiie
du Roman de la Rofe.
EN'^EL. f. m. C'eft une des divifions de la livre
poids de marc en Hollande. Dix engels font le toot ,
& trente loots la livre.
ENGELHOLM. Petite ville de Suède, fituée dans la
Province de Schonen , à l'embouchure d'une grande
EN G
rivière dans le Catégat, à fix lieues au nord d'Ellîn-
borg. EngeLhomia.
ENGÈLMER. f. m. Nom d'homme. Engelmarus. En
Bavière S. Lnganicr^ Laboureurj puis Hermite ,
tué par fon affocié. Chast. au 14 ^e Janv. L'on a
la vie dans le quatiicme tome de Henti Canilius.
L'auteur d'une autre vie écrite dès le Xll'^fiècle,
dont on a des fragmens en quelques Bibliothèques
de Bavière , appelle le lieu de fa demeure la Ce//e-
Saint'Engdmer j dlla Sancli tngcimari. lo.
ENGELURE, f. f. Terme de Médecine. Endure aux
pieds ou aux mains , accompagnée d'inllammacion,
de douleur , & quelquetois de lolucion de conti-
nuité. Les engelures font caufées par un froid ex-
ceilif qui arrête le mouvement du fang dans les
vaiîfeaux capillaires.
Ce mot vient de gelu , parce que c'eft dans le
froid & en temps de gelées que fe forment ces fortes
de tumeurs. On les appelle en Latin perniones 3 à
pernicie _, ruine , dommage , à caufe dès vives dou-
leurs & démangeaifons qu'elles excitent j ou , félon
quelques-uns, a perone j le péroné , fécond os de la
jambe , parceque c'^ft à fon extrémité , c'eft-à-dire,
au talon , qu'elles viennent le plus fouvent. Quand
cette enflure inflammatoire affedle le talon , nous
lui donnons le nom de mule.
ENGEN. Petirc ville de Suabe , en Allemagne. En~
gêna. Elle eft dans le Comté de Furftemberg , fur
une petite rivière, près de Schafoufe , vers le nord.
Engen eft la capitale de la Seigneurie d'Heuvan ,
qui appartient à la Maifon de f urftemberg-Blom-
ENGENDREPv. v. a. Qui fedit, premièrement en
Théologie, du myftère ineffable de la Trinité. Ge-
nerare , gignere. Le Père a engendré fon Verbe de
toute éternité. Foyei Génération, ProceS:;
SION,
Engendrer , humainement parlant , fe dit de la pro-
duction des animaux par voie de génération. On
ne s'en fert guère j au propre, qu'en matière de
Religion. Ce qu'il y a de fpiricuel & de divin
efface en quelque façon ce que le niot a de maté-
riel & de groiîier. Il y a même trop d'exaftitude a
traduire , Abraham genuic Ifuac, par Abraham en-
gcndra Ifaac : c'eft s'éloigner un peu de l'honnêteté
de notre langue, qui évite avec foin tout ce qui falic
l'imagination, Bou. Certaines gens fe font fort ré-
criés contre cette remarque du R. P. Bouhours ;
mais le public s'eft rendu à fes raifons , & on a
mieux aimé voir, dans une traduction du Nouveau
Teftament , Abraham fut père d'Ifiac , qu'Abra-
ham engendra Ifaac. Voye\ Génération.
Engendrer, fe dit aullî des autres produdions de la
nature. Les météores s'e/z^e«t/re/zr dans la moyenne
région de l'air par les vapeurs & exhalaifons. Les
fruits crus engendrent les vers. Les infedles s'engen-
drent àc la pourriture, à ce quecroioient les anciens.
Les inéraux & minéraux s'engendrent daas les en-
trailles de la terre. Les fouliers étroits engendrent
des corps aux pieds. La débauche engendre plufieurs
maladies.
Engendrer , fe dit j figurément, en chofes morales ,
& lignifie produire, exciter , être caufe. On ne le
dit guère qu'en mauvaife part. Les procès engen-
(/re/ir les grandes haines dans les familles. Un pro-v
ces engendre un autre procès. La brièveté engendre
l'obfcurité dans les difcours. La contrariété des iitxv-
timens enpendrc l'avetfion. Bell. L'oifiveté enten-
dre le vice.
On dit, proverbialement, que la familiariré en-
gendre le mépris. On dit qu'un homme de bon-ie
humeur, ou qui aime la débauche , n'engendre
point de mélancolie.
§3* Engendrer , en termes de Géométrie , fe dit
d'une ligne produire par le mouvemenrd un point ,
d'une furface produite p.ir li mouvement d'une li-
gne , & d'un folide produit par I.' mouvement
d'une furface. Generare , producere. Un triangle ,
pat la révolution de fabafe autour d'un de fes côtés,
E N G
engendre uii côiic. On dit former dans le même
fens.
^fj" On dit .luin qu'une courbe eft engendrée par
le développemeac d'une autre, f^oy. Développe-
ment & Développée.
Engendrer. (S') Donner un mari à fa filb, prendi'c
un gendre. Dans la Comédie du Malade Imajji-
naire , Toinetre dit par dérifion à Argan , en lui an-
nonçant une vifite que Thomas Diatorus vcnoit lui
rendre : Que vous ferez bien engendre ! \o\xs allez
voir le garçon le mieux fiic du monde, & le plus
fpirituel.
Et qu aurie^-vous donc fait fur mai j chc'tlf beau-père ?
Ma fol je OT'engendrois d'une belle manière !
Molière, l'Etourdi.
Ty foufcris du meilleur de mon ame ,
ly autant plus que par-là je contredis m.ijenimc
Qui voudroit /n'engendrer d'un grand complimenteur^
Qui ne dit pas un mot fans dire une jadeur.
M. Dertouches.
fc. J4 du 2'^. acte du Glorieux.
IJCJ" Ce terme ne peut palTer que dans le ftyle
comique.
Engendre , ée. part. & adj.
ENGEOLLER. Foye^ ENJQLLER.
ENGEOLLEUR. Voye\ ENJOLLEUR.
ENGEPv. V. a. V^ieux mot qui fignifie remplir , em-
barraller, charger. Inficere^ affiiaere, onerare. Ce lit
elt tout engé ds punaifes. Ces vieux meubles nous
érigeront de vermine.
Enger, fe dit aulli desperfonnes, dans la (Iguitîcation
d'embarralfer. Je ne fai qui nous a érigé de ces mé-
chans laquais. Votre père fe moque-t-il de vouloir
vous f/zj^er de votre Avocat de Limoges ? Mol. C'eft-
à-dire , de vouloir vous marier avec , &cc. Ce mot
ne fe dit plus.
Engé , ÉE. part.
ENGEKBER. v. a. Terme d'Agriculture. Lier le blé ,
mettre les javelles en gerbe. Ligare j Jlruere fpica-
rumf^ces. Ce blé a été long- temps en javelles, il
eft temps de Vengerber. Il faut engerher ces ja-
velles.
Il lignifie aulîî mettre des gerbes fur le tas, les
ranger dans une grange. V^oilà une grange dîme-
relTe qui eft commune , le Curé engerbe d'un côté ,
& le Seigneur gros Décimateur engerbe de l'autre.
Engerber , fe dit aulli des muids de vin qu'on met
les uns fut les autres, fou fur l'étape , fou dans les
caves des Marchands. Congerere. Ce Marchand a
trois rangs de tonneaux engerbés, placés les uns fur
les autres , comme on voit les gerbes dans une
grange.
Engerbé, ée. part.
ENGERN , ou ENGERHEN. Petite ville du Cercle
de Weftphalie,, en Allemagne. Angna. Elle eft dans
le Com'té de R.ivenfperg, à trois ou quatre lieues
de Bilefeld du côté du notd. Engern a confervé le
nom des Agrivariens , fes anciens habitans, & il
eft le lieu de la fépulture du célèbre Vicikind, Duc
des Saxons , qui foutint fort long-temps la guerre
contre Charlemagne. A-Iatv. Corneille écrit aulîi
Engernhem.-
ENGHIEN. Petite ville du Pays-bas, en Hainaut: on
l'écrit plus communément. Anguien. Long. 21. d.
40'. Lat. jo. d. 40' .
ENGIA. FoycT^ ENGINA.
ENGIEN. Voye-^ ENGIN.
ENGIGNEMENT. f m. Vieux mot. I-ine{re. On a dit
aufti engignety pour tromper , duper. On difoit en-
core enginer àzvi^ le même fens.
ENGIGNIER. v. a. Tromper, amufer. Thibault,
Roi de Navarre.
ENGIGNOUR. f. m. Vieux mot. Engingnier. Ingé-
nieur. Machinarum bellicarum artijex _, moderator.
Philippe Mouskes dit :
ENG 71J
Quand li boins Maures Jmaaris
Le Sire des Hngignours
Commandite des Minours ^
Ce Sire des Engignours , ou des Ingénieurs , eft
celui que nous appelons aujourd'hui le Grand-Maî-
tre de 1 Artillerie. Du Freine. Glojjaire Jur /- zlle-
Hardouin,
Les Auteurs Latins fe fervent pareillement du
mot à'ingenium en la même lignification. Foy. les
Glollaires de Spelman , Watfins j & autres. Du
l'RESNE, Gl(iJJ'.Ji/r Fille-Hard.
ENGIN. 1. m. Machine pour élever ou foutenir de "ros
fardeaux, comme grue, vindas , moufics , verrins,
&:c. Organum^machinatio. On le dit, parriculière-
ment, de cette machine qui fert dans les bâtimens
ordinaires à élever les pierres, & les poutres, qui
eft compoiée de iole , poinçon, rancher j faucon-
neau, treuil, poulies, Hcc. Foye^-Qn larigurcj^
la defcription particulière de toutes fes pièces , dans
le Dictionnaire de M. Ozanam. p. 512. & dans la
nouvelle édition de la Charpente de Jouffe ^ par M.
de la Hire, p. 3.
Les Meuniers appellent aufiî engin une efpèce de
machine lur deux roues, pour tiret le moulin au
vent. C'eft aulli une forte de tourniquet au haut du
moulin pour tirer les facs de blé. M. de la Hire a
décrit ces deux engins au bouc de la Charpente de
Joujfe , p. 105 & 206.
Ce mot vient de ingenium, qui fignifie fimple-
ment efprit , induftrie, & parce qu'il faut de l'ef-
prit pour inventer les machines qui augmentent les
fotces mouvantes , on les a aulli appelées engins.
Ce mot eft ancien dans notre langue. Le Roman
de Garin , ou des Loherans,
Lievent en;jins , font périéres dreffées :
A mongonidux le feu Grégois l'y jettent.
Et Philippes Mousk ,
Si v allant hi portoit baniére ,
S'enfu alle-^ droit as engiens,
Etjaifoit la douleur matciens.
Foye^ Engingnier.
Engins de guerre j font toutes les machines pour
battre & prendre les places, comnae béliers, balif-
tes , & autres qui lont décrites dans Végèce , Jufte-
Lipfe J & autres Auteurs.
Le plus fameux engin ^ ou machine de guerre des
François , était le beftroi , ou tour de bois rou-
lante , fur laquelle on mettoit des hommes pour
donner les alTauts aux places. Il faut entendre nos
vieux Romanciers décrire cet engin.
Un Engin yèfj de [el parler n'o'iy
Qui ot de haut cent pies tos enterins.
Près de la porte f fi venir tels engins.
A fet étages tôt droit de fufl chenin.
Arbalefiriers i a mis juj'qu'à vint.
Biinfit cloés j couver de cuir bouli.
Les pierriers étoient d'autres engins à jeter des
pierres. Les mangoneaux , &iz.
dw appelle aulli , dans les fucreries , engins ,
les moulins, & autres chofes qui fervent à faire
le fucre.
Le mot à'engin fe trouve dans les Ordonnances
de la Marine J & dans celles qui regardent les Eaux
& Forêts. Dans ces endroits-là engin fignifie fim-
plemeht inflrument. Infrumentum. Les engms dé-
fendus, font les inftrnmens pour prendre le gi-
bier & le poiiïbn , defquels il n'eft pas permis de
fe fervir.
Engin. Vieux mot. Efprit, du Latin ingenium.
Matot n'emploie ce terme, en ce fens , qu'en
X X X X ij
j\6 ENG
deux encîroits de fcs Ouvrages : dans la Ballade qui
commence par .. Un jour fccnvis à tnamye j iSc au
commencement àsla. Métuinorpliofe. Ce renne avoir
déjà vieilli en ce fens.
On appelle aulli , par raillerie , engin, les oudls
qui.nefonr pas propres , ou alFez forrs pour faire
quelque dure. Vous me donnez-là un bel engin,
un engin à mouches. Voilà un bel outil, un for en-
gin. Les Marins , & fur tout les Officiers du Roi ,
qui fervent dans les vailleaux du Roi, appellent en-
gins les petits vailleaux qui ne font pas vailfeaux
de ligne, c^n ne peuvent tenir rang dans une Hotte.
lJi\ vaifteau de vingt , de trente pièces de canon ,
n'eft qu'un engin.
Engin, ledit, li'^uicment, pour fignifier finede, in-
duftrie. Autrefois, on juioit fur les traités & con-
trats avec cette formule, qu'il n'y avoir eu dol ,
fraude j ni mdi\enginj pour fignifier, qu'ils n'étoient
pas faits par furprife , ni mauvais artifice. Il n'ell
plus d'ufage en ce fens que dans le vieux proverbe
qui fuir.
On dit, proverbialement J mieux vaut engin que
force; pour dire que l'adrclfe & l'efpritj la dou-
ceur , la complaifa!)ce , font réuffir en des chofes
dont on ne vieudroit pas .i bout par la violence.
M. Voiture les a joints enfemble ,
Force & engin en ce cas f emploierais.
ENGINGNIER. f m. Vieux mot. Ingénieur. Celui
qui faifoit & qui fervoit autrefois les machines de
guerre. Machinarum bcllicariun arc/fex j inoderator.
On lit, dans le Roman de Gatin, ou des Lohcrans j
Li Engingniers qui ont Vengia bâti,
C'eft de là qu'eft venu le mot êC Ingénieur.
ENGISSOMA. f m. Terme de Chirurgie. EngrQ^oma.
Fratlure du crâne où la partie rompue elt enfoncée,
& hiit le pont-levis, comme dit Dionis. Pour un en-
^{//cJOTfl il faut trépaner fur la parrie voiiine. Dionis.
Ce mot eft GreCj l'/yumuct. eit le premier mot écrit
en caractères Grecs.
ENGLANTÉ. adj. Terme de Blafon. Qui fe dit d'un
écu chargé d'un chêne, dont le gland ell: d'un autre
émail que l'arbre & les feuilles. Glande onujlus j
glandibus opinas.
ENGLESQUEVILLE. Bourg de Normandie , dans le
pays de Caux. Il ell luné lur la rivière de Sanne , a
îept lieues de Rouen , entre Pavilly (Se Bafqueville,
& immédiatement au-dellous de Varannes, où
font les fourcesde la petite rivière de Sanne.
ENGLINCELER. v. a. Vieux mot. Mettre en peloton.
ENGLOBER, v. a. Mettre enfemble, réunir plufiéurs
chofes pour n'en former qu'un tout. Jungere. &c.
Je n'ai englobé la Taille de ivL Foubert avec les au-
tres , que comme dcuX Tailles de l'efpèce qu'on
nomme en général latérales, relativement au grand
appareil.... M. Morand. Mercure de Novembre. Ce
mot J étant félon les règles de l'analogie , mérite
quelque conhdération. Corgrave l'a mis dans fon
Didionnaire. Englober., fignifie, proprement, com-
prendre dans l'arrondilfement. On le dit , particu-
lièrement, des Domaines détachés qu'on réunit pour
former une terre co'nfidérable. Il a englobé Tp\\\Ç\'tms
terras dins la (lenne, plufiéurs .fiefs pour fe former
une grand-' Seigneurie. Il mefemble que ce mot en
ce fens dJUgne quelque chofe d'odieux.
Englobé , ée. part.
ENGLOUTIR, v. a. Avaler tout d'un coup & glou-
tonnement. Ahforhere , dcghnire. La baleine en-
gloutit'So-\^%. Un crocodile engloutit un homme. Ce
goulti engloutit un pâté tout d'un coup.
Engloutir, fe dit auOl, figurément, pour abforber,
dillîper, confumer. Les Ilots ont englouti toute cette
fuccedion. La mer englout'ffoit tous les matériaux.
"Vaug. Qui n'eût cru que cette tempête alloit e/2-
^/oj^fir tout le Royaume ? Patru. Il vient la bou-
che béante engloutir toas mes ticfors. Abl. Il faut,
ENG
feulement demander à Dieu que fa volonté foit
laite ; cette demande engloutit toute les autres.
Boss. C'ell-à-dire, les renferme. Le Spedlateur An-
gloisfe plaint que, dans les Opéra, la Mufique Ita-
lienne prédomine à l'Angloife jufqu'à {'engloutir.
Il fignifie aufii infecter d'une mauvaife odeur qui
faifit le cœur , &:c. Cette puanteur nous a tous en-
gloutis. Son haleine nous engloutit. Acad. Fr.
Englouti, ie. part.
ENGLUER. V. a. Enduire de petites branches de glu ,
pour prendre de petits oifeaux, Fijlo oblintre ^ tin-
gcre. Avec le pronom perfonnel, il fignifie fe lailfer
prendre à la glu. Ce petit oifeau s'eft fi bien englué
les ailes, qu'il n'a pu s'envoler.
Ce mot vient de gluten , glu.
CO* On a fait un alfez mauvais ufage de ce verbe
au figuré.
Il prête à notre entendement ^
Pour voler au Ciel ^ Je s deux ailes.
Nous les engluons follement
Parmi les vanités mortelles. Eertaud.
Englué , ée. parc.
ENCOMBRER. On a dit^ autrefois, sengomlrer; pour
dire, fuccomber , s'embarraller. Il vient de l'Italien
Ingombrare t caufer de l'empêchement.
ENGONASIS. Qu'on appelle plus ordinairement Her-
cule ou Prométhée. Conitellation feptentrionale.
ENGONATE. f. m. Eic und efpèce de cadran dont les
Anciens fe font fervis , & dont Vitruve parle fans
l'expliquer , L. IX. C. 9. Engonate. Il peut venir ,
ou de yxHx, qui fignifie angle^ ou de y'*", qui fignifie
genou.
ENGONCER, v. a. Qui ne fe dit que des habits qui
montent trop haut, qui rendent la taille contrainte ,
gcnée. Compingere 3 Jlringcre.Wi:^^ faire retailler
votre habit , car il vous engonce trop.
Engoncé, ée. part. & adj. Qui a peu de cou , & dont
la tête touche prefque aux épaules : gêné , contraint
dans fes habits. CompaHius.
Ce mot , engoncé , eft formé, par corruption du
mot ejconcé , qu'on trouve dans de vieux Auteurs
François ^ & qui vient à'abfconJus.Hncr:.
|p=- ENGORGEMENT. En Hydraulique. Embarras
formé dans un tuyau, dans une conduite , par les
ordures qui s'y font amalfées. Tabuli interclufi'o.
L'c;/;o'c)rgt'W4;/;f fait quelquefois crever les tuyaux, fi
on n'a loin de lâcher toute l'eau pour les déboucher
& entraîner les ordures.
'JIF Engorgement , En Médecine , fe dit, dans le
même fens , des embarras qui fe formenr dans les
vallfeaux du corps humain par des fluides rrop
abondans ou trop épais, pour y couler avec faci-
lité. Voye\ Obstruction. C'eft toujours V engorge-
ment des veines , qui fait le varicocèle & le cirib-
cèle. J'appréhendai même la mortification par \en~
gorgement oyx\. croit dans toute la jambe. Dionis.
%fF Engorgement J fcdit , aulli , en Jardinage^ dans
le même fens, des embarras qui fe forment dans
les vailFeaux des plantes, deftinés à la circulation
du fuc nourricier , par la furabondance ou l'épall-
filFement de ce fuc. Foye^ Maladies des, arbres, au
mot Arbre.
ENGORGER, v. a. Fermer un palTIige defl.lné à faire
écouler des eaux, ou les humeurs. Ohducere ^ ini'
pedire , intcrcludcre, percludere. Les immondices ont
engorgées tuyau, cet égout. ;• ~; .i,;;-.
Engorger. Terme d'Arçificier. C'cft re^inf)]!^ q^ com-
pofition le trou vide ou l'ame , qu'on a laiffe à l'ori-
fice d'un jet ou autre artifice. Gpplerc. ,
s'Engorger, v. récip. On dit qu'un port, qu'un havre
s engorge ;, quand il fe remplir de fable ,'ou de galet.
On doit prendre garde que les,égoats ncs engorgent.
Les veines s' tv/^^jr^e.'zrj qùelqucfois,'f);ar#opde plé-
nitude. On a dit \ s'engorger de viari^ÇS;.!! eft ba?
danscette dernière acception.
Ce mot vient du Latin Ingurgitare. ^ , ^
Engorgé , ée. part. & iidj. Des fuyaiix. eHgàrgés , des
veines- engorgées. Ce cheval a les jambes engorgies.
ENG
pleines de mauvaifes luimïïuis. Des moulins font
c/igorgcs , quand l'eau eit li haute , qu'elle empê-
che les roues de tournei:. On connolc un cancer au
iem par la mineur de la pairie , qui paroi cinégale ,
;l caul'e du gouHemenc des glandes , qui font dures
ex engorgées. Dionis. On appelle un drap engorge .,
un drap qui n'eft pas bien iiec de gralde , que le
foulon n'a pas bien dégraiiré.
ENGOUEMENT.!", ra. Etat de celui qui eft engoué.
Prafo.-ano.
Il lignifie , figurément & en ftyle familier, Préoc-
cupation en faveur de quelque choie, entêtement.
On ne le fauroit faire revenir de Ion engouement.
ENGOUER. V. a. EmbarralFer le palfage du gofier.
Prâ-focdre. Il s'eft engoué à force de crier. Il buvoit ,
il mangeoitavec tan: d'avidité, qu'il s engoua. Fau-
cespn-.pedire. On difoit , autrefois , ennouer.
s'Ensouer , fe dit j figurément , pour dire , Se préoc-
cuper, s'entêter en faveur de quelque perfonne , ou
de quelque ouvrage. Elle s'elf engouée de ce frelu-
quet. Le pauvre homme étoit tout engouéàiion ou-
vrage. Ménage. Il elldu ftyle familier.
Ce mot engouer vient d'angere. Huet.
Engoue, ee. part. Engou:. de la Cour.
lO^ENGOUFFRER^S'ENGOUFFRER. v.récip.Qui
ne fe dit que des vents , des rivières ^ des ravines.
Des vents , lorfqu'un tourbillon entre & s'enferme
en quelque endroit; comme, quand on dit, le
vent s'eft engoaffré àxns la cheminée. Les vents qui
s'engouffrent entre deux Montagnes , caufent de
grands ravages. Des rivières & des ravines , lorf-
qu'elles fe perdent par quelques ouvertures de la
terre, il y a des rivières qui s engouffrent dans ur
endroit , & relfortent par un autre.
Engouffrer, fe dit, aulli , quand on entre en quel-
que golfe ou lieu ferré de la mer. Quand on s'ell
engoujfré dans le détroit de Magellan , on a bien de
La peine à en fortir.
Engouffré, ée. part. &'adi. Vortice abreptus.
ENGOULER. v. a. Avaler tout-d'un coup. Vorare ,
abjorbcre. Ce mot eft vieux , & ne fe du plus qiie
parmi le peuple. Il engoule tout-d'un-coup les alouet-
tes toutes rôties. Engoulevent étoii , autrefois , un
perfonnage ridicule qu'on promenoit à Paris, qu'on
appeloit le Prince des fots.
Emgoulé , ée. part. palf. /^orarwj , abforptus;.
Ensoule , eft , aulli , un vieux mot qui (ignifioitune
chofe dans laquelle on avoit pallé la tête. On difoit
une robe engoulée , une chape engoulée , une her-
mine engoulée j un manteau engoule. Quelques-uns
ont cru que Ton nommoit ainfi les robes ou man-
teaux teints en gueules: c'écoit ainli que le rouge
s'appeloit autrefois , &c qu'il s'appelle encore au-
jourd'hui dans le Blafon. Mais il eft fur que c'étou
Lr partie d'une robe j ou vêtement , la plus proche
de la tète , de quelque écotfe iSc de quelque couleur
qu'elle fût.
Engoulé , en termes de Blafon , fe dit , d'une pièce ,
ou figure , qui eft dévorée par quelque animal , le-
quel alors s'appelle c/2^c)a/a;2f. Les Armes de Milr.n
font un enfant engoule , que la givre tient en la
gueule j à Tllfant de gueules. Il y a des Armes j oii
des bandes &: des fautoirs font engoulcs de léopards ,
ou des muftlesde lions mouvansdes angles. Sautoir
engoulé àt cinq têtes de léopards. DecuJJi<! ^ quem
quina Pardorum capita ore patulo arripiunt. Po-
MEY.
ENGOULÊME. ") fANGOULEME.
ENGOUMOIS. \Voye-{\ ANGOUMOIS.
ENGOUMOISIN.3 (.ANGOUJvIOISIN.
ENGOURDIR, v. ^. Oter > ou diminuer le fenti-
ment j le mouvement dans quelque partie du corps.
Stupejaccre j torporare. La torpille engourdit la main
de celui qui la touche. La jambe eft eigourdie ,
quand on s'eft couché delfus quelque tems. La gelée
engourdit les mains, l'oye-^ Engourdissement.
Ce mot eft compofé de gourd, àénvéA^ gurdus ,
qui fignifioit Mnfaten vieux Gaulois. Men.
Engourdir , fe die de mcme , au figuré. Les peuples
ENG JlJ
qui vivent dans les délices ^ dans l'oifiveté , s'e«-
gyurdijjent l'eiprit & le courage. Un efprit paref-
feux , &: qui n'eft point cultivé j s'engourdit aifé-
ment. Les forces du corps & de l'efpnr , sen~our-
dijjent , ù. elles ne font exercées , facile marcejcunt.
Engourdi , ie. part. &c adj. Torpidus , tofpens , tor-
poratus , conftnclus. Main engourdie par le froid»
Un efprit engourdi; c'eft-à-dire, pefant , lourd.
Hcbcs.
(ÇT ENGOURDISSEMENT, f. m. Défaut ou dimi-
nution de fentiment &c de mouvement dans quel-
que partie du corps. Stupor , torpor. L'engourdi ff'e-
n:ent vient de ce que les efprits ou le fluide qui
coulent dans les nerfs , n^ont pas un mouvement
aulli libre qu'à l'ordinaire. Lorfque le froid , par
exemple , a tellement relFerré la peau & les houpes
nervcules , que le fluide qui abreuve les nerfs ^ne
peut plus parvenir jufqu'à l'extrémité des parties
afteélées j il y a engourdi ffément dans ces parties ;
c"eft-à-dire , que le fentiment Si le mouvement y
font diminués. On voit alfez que la comprelfion
des nerts occafionnée par une fituation gênée de
quelque partie du corps , de la jambe ou du br.is ,
lur lelquelles on eft couché ou appuyé pendant quel-
que temps J doit produire le même eftet , & géné-
ralement tout ce qui peut empêcher le libre cours du
fluide dans les nerfs. ^
Engourdissement , fe dit , aufiî , figurément , d'une
léthargie d'efprit. La grande afllidfion caufe un tel
engourdijjement dans les eiprits , qu'ils ne font pas
capables d'agir.
ENGOURI , ou ENGURI , que l'on écrit: aulîî An-
t;uuri, Anguii , An<:ori , /^oy. Ancyre.
ENGRACE , ou ENGRATIE. f. f. Nom de femme.
Encratis , Engratia. Prudence , P erifiephanon. j
hymne 4, parle de Sainte Engrace , ou Engracia y
Vierge & Martyre à Saragolfe.
ENGRAIGNER. v. a. Vieux mot qui fe trouve dans
le Roman de Rofe. Si l'ire jaloujic en engraigne j
pour dire , fi elle entre dans la fureur que caufe
la jalouhe.
ENGRAINER un bateau ^ fedit, de certaines mar-
chandiles de gros volume, dont le propriétaire n'eft
pas pielfé J qu'on met dans un bateau qui n'elt
pas en état de partir fitôt ; pour raifon de^ quoi
on obtient meilleur marché de la voiture'^ que
n'obtiendront ceux qui y mettront huit ou dix jours
plus tard.
'îfT Engrainer un cheval , Terme de Manège. C'eft:
ajouter à fa nourriture ordinaire j desalimens con-
fiftansdans l'es grains des végétaux qui lui font pro-
pres : le nourrir de bon grain pour le rétablir ,
' lorfqu'il eft maigre , ouqu'daété malade. Opimare.
Quelques-uns écrivent engrener.
ÇCTEncratner J mettre du blé dans la trémie. C'eft
ainfi qu'on devroit écrire. Foy. Engrener.
ENGRAIS, f. m. Pâturages où l'on met des bœufs &c
autres animaux pour les engrailler. Pafcuum , paj-
cua. Ce Marchand a cinquante bœufs à Yengraîs.
Engrais , fignihe , aulli , la nourriture j & l'adtion
d'engrailfer les animaux. Le CommllFaire de la
Mare traite de la nourriture Se de Vengrais des
beftiaux dans fon Traite de la Police , L. V. Tir.
XVII. Ci.
I/CT On le dit , de même , d(rla pâture qu'on
donne aux volailles pour les engrailfer- Mettre des
chappons à l'engrais. Saginatio ,faginaiium ,fagina,
ou faguicimentum. Le premier , pour exprimer l'ac-
tion d'engrailfer ; le fécond j pour exprimer le lieu
où l'on met à l'eff^raw , la mue, par exemple; les
deux autres, pourexprimer \ engrais même, ce qu'on
donne pour cngrailfer.
Engrais ,' fignine , encore, l'amendement des terres
labourables j vignes & prés j coilime fumiers ,
marne , cendres de chaume , & généralement toutes
les chofes , qui , répandues fur la terre , fervent à
la Icconder , fertilifer. Stercoratlo , fercus.
Ce mot eft fur-tout d'ufage , quand on parle de
bœufs , ou de moutons , ou de volaille. Nous l'a-
yiS ENG
vous rilqué quelquefois en parlant des terre';, au
Jicu d'eiiiployâr lus termes de fumier , iX d'oidures.
On en voit bien la raifon. Speci. de la Nac. Vengruis
tait recueillir du vin plus abondamment j mais le
vin n'clt pas fi bon. Si lei engrais augmentent la
quantité du vin, conllamment ils en dmnnuenc ie
iuérice. La Quint. Les plantes que la terre avoir
produites j remiles au- dedous de la l'uperiàcie de
cette terre , y pournill-nt , & y font un engrais de
la même quantué Se de la même valeur , à-peu-
f»rès , que ce qu'il en avoir coûté à cette terre pour
a produire. Id. ^oj. Fumier.
£NGRAISS£MENIT. f. m. Terme de Jardinier & de
Laboureur. L'acbion d'engrailler ^ tout ce qui peut
rendre un fonds plus gras ik plus l^e; tile. Sarcurdcio.
Mettre de Venorai(fement aux terres. Cult. de la
TuL. Il ne faut que de légers engrai[jemens. La
Quint. Il elt moins ufité qu'engrais.
-EnijRaissement. Terme de Charpenterie. Alfembler
par engraijjement , c'eft joindre (i julledei pièces de
bois , que pour ne lailfer aucun vide dans les mor-
toifes , les tenons y entrent à force , afin de mieux
contreventer , & d'empccher le hiemenr.
ENGRAISSER, v. a. R.cndre gras. Opimare , ffginare ,
pinguefacere. On engraijjc les bœufs pour les vindre,
quand ils ne font plus propres au labour. On en-
graijje les chapons avec de l.i pâte. AI. Liger a traité
jde la manière à'engraijjer la volaille j les cailles,
4», les chèvres , iScc. dans la Mai/on liujlique, pag. 6^.
98. 164. /^oy. aulli le Dictionnaire (Economique de
Chomel , au mot engmijjer , &c. Il eft , aulli j
réciproque , Se lïgnifîe devenir gras , en bon point.
Pinguejieri , pinguefcere. Ce cheval s'engraijjera avec
ie temps.
Les Chanoines vermeils , & brillans de famé ,
^''engraiirent d'une molle & faince oif.veté.
BOILEAU.
On dit , abfolument , que le dormir engraiffe.
Engraisser J lignifie j aulli, Salir avec de la grailFe.
Inquinare , injicere adipe. Un Cuihnier engraijje fes
habits. Les cheveux engraijjenc un cs.'Hoï.
Engraisser, fe dit, aulli, des terres ^ comme fy-
fionyme àefumer , amender. Stercorare. La marne ,
les amendemens engraijjent les champs. Cette terre
a befoin d'être engraijjee. Engraijfer , c'elt fumer
une terre. Liger.
On dit, aulli, que le vin s' engraijje ^ pinguefit\
pour dire , qu'il s'épaillit , qu'il fe corrompt \ Se de
même de quelques autres liqueurs , Scc.
Engraisser, fignifie , figurénient j enrichir. Ditare.
Ce traitant s'ell bien engraijjd dans la ferme des Ai-
des. C'eft un fou qui engraijje la Julfice de fes re-
venus. BoiL. S'e^^/tz/Z/èr du fang des Citoyens, Se
des mifères publiques.
Ne vas point fonement faire le généreux ,
£ngtai(le-foi , mon fils , du fuc des malheureux.
B01LEAU.
N'imite point ces fous donthi fotte avarice
Va de fes revenus engrailTèr la Jufice. Id.
Engraisser i efl , aulïi, une verbe neutre , qui fig-
nirie , Devenir gras. Pinguefcere ,faginari. Elle en-
graijje tous les jours- On a beau nourrir ce cheval ,
il n'engraife point.
Les Architecles &: Tailleurs de pierre difent
qu'une pierre engrai[Je , ou qu'elle efl: graife , lorf-
que d'un côté elle fait un angle bien ouvert •, comme
ils difent qu'une pierre eft maigre , lorfqu'elle fait
un angle bien aigu.
On dit , proverbialement , qu\in homme en-
graiffe de malcdidions, qu'il engraijje de mal avoir;
pour dire ^ qu'un homme ne Liide pas de profiter ,
quoiqu'on le haïfiTe , & qu'il fouftre beaiwroup. On
dit, aufll , que l'œil du maître engraiffe le cheval ;
pour dire ^ qu'il faut que le maître prenne garde (i
ENG
l'on ne fruftre point les chevaux de leur avoine ; &
l'on^traniporte ce proverbe à toutes lescliofesoù l'on
veut marquer que la vigdance de la perfonne inté-
relFée eft nécellaire , is: qu'il ne faut point s'en rap-
porter aux autres , On dit , aulli , cjn'on ne fauroit
manier du beurre, qu'on ne sengra/jji les doigts ;
pour dire, qu'on ne lauroit manier beaucoup d'ar-
gent , fans qu'il en demeure un peu dans les mains.
Engraisse , EE.part. Se !Ld].Saginatus ,pinguejaaus ^
jartus.
ENGRANGER, v. a. Serrer les blés dans la grange.
Seponerein horreum. On laitle fécher les gerbes dans
les champs , avant que de les engranger, hngranger
la moilïon. i''oye-:^ Grange.
Engrange, ée. part.
ENGRAVER. v. a. Engager un bateau dans le fable,
de fotte qu'il ne fiotte plus. Impingere cymbam in
fdbulum. Un batelier mal adroit engrava fon ba-
teau. Le vailfeau fuf lequel il s'embarqua fur battu
par la tempête Se engravé fur un banc de lable..
Journ. des s. ï-jzo.p. ^04.
On dit , fur la Loire , Aggraver, mais mal.
Engraver , lignifie , aulli , Graver profondément.
Incidere j injigcre. Graver , imprimer une figure fur
quelque choie. Sculpere , impriniere. Vieux mot
dont on ne le fert plus.
s'Engraver. v. récip, Erre arrêté fur le fable , fur le
gravier , en navigeanr. H&rere in j'abulo y ai aren»
cumulas adhArejccre. Notre bateau s'efl: engravé.
Engravé , EE. part. On dit, proverbialement, qu'un
homme jure comme un Marinier qui eft engravé.
Engravé. ée. Vieux mot. Gravé, imprime. Sculptus ,
imprejjus j a , um.
Vous y verre^ votre nom engravé
Avec le deuil qui me tient aggravé. Marot.
ENGRÉGER. v. a. Rendre plus grief. Il eft vieux.
exacerbare.
ENGRÊLE , ÉE. adj. Terme de Blafon , qui fe ditdes
pièces honorables de l'Ecu , qui font bordées de
petites pointes minces Se délicates. Striatus , den-
ticulatim incifus, Vengrèlé eft oppofé au cannelé : le
cannelé ed fait en fêlions qui forment ce qu'on ap-
pelle une campane , SeXengrêlé , au contraire , eft
découpé en dedans , enforte que ce font des pièces
emportées de proche en proche en forme de demi-
cercle ; ce qui lailfe uns petite languette entre cha-
cune , arrondie des deux côtés par le dedans d'une
manière concave.
Cemot vient de^ri7a/i.f , à caufe que les engrê-
lures font minces & délicates.
ENGRELER, v. a. Faire de petits ornemens fur les
broderies , ou dentelles , qui repréfentent de petits
grains ou picots. Denticulis diftingucre , contexere ,
variare. Il avoit fiir engreler la broderie de fon ha-
bit de perles , pour la rendre plus riche. On le dit,
plus ordinairement , en termes de Blalon.
ENGR.ÊLURE. f. f. Petits picots , pointes, ou avan-
ces, qu'on fait par ornement aux dentelles, tant
de fil que de foie. Cependant, à parler proprement,
ïengrelure dans la dentelle eft différente des picots.
L'engrélurc eft la patrie d'en*liaut qui règne tout du
long de la dentelle , par l'endroit qui joint la den-
telle à la toile. Les picots font la partie d'en-bas.
L'engrêlure eft limbusfupericr , & intimus ; les picots
limhus inferior & extimus. On le dit , par exrenfîon j
de femblables ornemens qui fe font en plufieurs au-
tres ouvrages.
ICr Engrêlure. f. f. En termes de Blafon j eft une
bordure engrêléej qui n'a que le quart de la bordure
ordinaire,
ffT ENGRENAGE, f. m. fedit , en Mécanique, des
dents qui entrent les unes dans les autres , pour la
communication du mouvement. Si nous voyons
quelque mouvement fe communiquer, c eft parim-
pulfiouj par contad, par tendon, pat tiraille-
ment , par engrenage , par des poids , Sec. Pluche.
ENGRENER, v. a. Commencer à mettre fon blé dans
I
EN G
îa trémie du moulin j pour le moudre. Moletr'mu
injunders. Les premiers venus au moulm ont droit
^engrener les premiers. Engrener la trémie.
fer Engrener un cheval. Terme de manège. Voye\
Engrainer.
ifT ENGRENER j Mettre du grain dans la trémie ,
& engrener un cheval , le mettre au giain , venant
évidemment de grain j granum y on devroit écrire
engrainer, & non pas engrener , comme le terme
de Mécanique. Un ul'age bizarre a introduit cette
ortographedans tousnos Diélionnaires.
Engrener, v. n. S'inférer l'un dans l'autre , vient de
crena , une coche y un cran j parce que les chofes
qui sengrennent , ou qui engrennenc j entrent dans
des efpèces de coches , & ont comme des crans. Les
dents d'une roue, d'une machine j font comme des
crans,& ont des coches à droite & à gauche , & leurs
crans ou dents entrent nuuuellemenr dans les co-
ches l'une de l'autre. D'abord on a dit & écrit encre-
ner y puis cliangeant le c en ^ , comme on a fait fou-
vent , l'ufage a introduit engrener.
^CTEnûrener, dans cette acception j fe dit d'une
roue dont les dents entrent dans celles d'une autre
roue, de manière que l'une fait tourner l'autre. Une
petite roue engrène dans une grande , inférieur. Ces
deux roues cn^re/zc/zr bien, & au réciproque s'en-
grènent bien.
En mécanique , fi le mouvement horizontal
d'une demi-fphère lupérieure eft tel qu'elle ne
falTe en une féconde qu'un intervalle de deux demi-
fphères intérieures , il ell certain qu'à chaque l"e-
conde elle s'enfoncera toute entière dans un de ces
intervalles , c'eft-à-dire , qu'elle engrènera autant
qu'ileft pollible. Acad.des SciEN.1700. Hijl.p.i 50.
Plus le mouvement horizontal fera grand, par rap-
port au mouvement vertical du poids qui ne peut
changer, moins la demi-fphère fupérieure enton-
cera , &: engrènera dans les intérieures. Ib.
Engrener , fe dit de même en termes d'Horlogerie^
quand les dents d'une roue entrent dans les ailes
d un pignon , ou dans les dents d'une autre roue.
Quelquefois la roue engrène le pignon, & quelque-
fois le pignon engrcneX-xzoxxi. La roue engrené le pi-
gnon , lorf-iue les dents enrrent dans les ailes du
pignon , & le font tourner \ Se le pignon engrené la
roue , lorf4ue fes ailes entrent dans les dents de la
roue , &c lai donnent le mouvement. Toutes les
roues vilibles d'une montre engrènent [es pignons ,
èc avancent le mouvement ; mais le pignon de la
ENG
719
les honnêtes gens ne s'en fervent guère dans le dif-
cours ordinaire.
Engrossée , part. & adj, fém. Gravidata.
ENGROSSEUR. f. m. Qui engroffe , qui rend en-
ceinte une tille ou une femme. M. de Sénecé , dans
fes Triolets , dit à Madame la Baronne d'Icé, a'ccou-
chée nouvellement :
De votre Engrofleur enragé
N'ûbtiendre\- vous point quelques paufes ?
j4ure^-vous un mois de congé
De votre Engrolfeur enragé ?
Mercure d'Août 172;;^
ENGROSSIR. v._ a. Craffum reddere , facere. Rendre
gros. Il ell aufli verbe neutre , & fignifie , Devenir
gros. Craffejcere. On ne le dit plus. On dit , Gtoflir,
ENGROUTER. v. a. Vieux mot. Enfoncer.
S'ENGRUMELER. v. récip. Se mettre en grumeaux.
Concrejcere. Le fang sengrumèle. Cela fait engrume-
ler le fang. Le lait de cette nourrice s'eil engrumelé.
EngrumelÉjÉe. part.
ÉNGUAMBA. f. f. Arbre des Indes Occidentales qui
croît dans la Province de Mechoacin dans des ter-
reins pierreux. Ses feuilles font larges & concaves ,
dillinguces par de petits nerfs , en partie jaunes ,
&en parrie rouges. Ses Beurs pendent par bouquets,
& font de couleur verdâtre. Le fruit en eft noir &:
plein de grains. On en rire une huile jaune , fort
bonne pour réfoudre les tumeurs , & utile pour les
plaies.
ENGUELEGUINGUIL. Ville du Royaume de Ma-
roc , dans la Province de Hea.
ENGUENILLER. v. a. Vêtir déguenillés, couvrir de
haillons. Sordidare.
Enguenillé, ÉË. part. &adj. Sordidatus , lacernatus y
a , um. Couvert de guenilles j vctu de haillons.
Ces vers bouffis où fa Mufe hydropique
Nous développe enjiyle magnifique
Tout le Phebus qu'on reproche à Brébxuf^
Enguenillé des rimes du Font-neuf.
Rousseau j Epifl. VII,
ENGUENNER. v. a. Vieux mot. Tromper. On a die
aulîi enguigner , dans le même fens j ce qui vient
de l'Italien Ingannare , ou de l'Efpagnol Engannar^
qui fignihent la même choie-
grande roue engrem la roue du cadran j ce qui di-
minue le mouvement.
Engrener, fe dit,figurément,des affaires qu'on a com-
mencées. Inchoare , aufpicari. On a commencé à
mettie mon procès fur le bureau , il eft engrené. Ce-
la n'eft que du ftyle familier.
Engrener la pomi'e , ledit fur mer j pour dire,
Attirerdans la pompece qui refte d'eau dans le fond
du vaiflfeaUj pour l'en challèr par le moyen de la
pompe.
Engrené, ÉE. part.
ENGRI, f. m. Sorte de Tigre de la BafiTe-Ethiopie ,
qui a cela de particulier , qu'il n'attaque jamais les
hommes blancs. Pour dépeupler le pays de ces ani-
maux féroces , le Roi de Congo met leut vie à prix,
& fait récompenfcr celui qui en apportant la peau
d'un Engri , donne par-là une preuve qu'il l'a tue ;
mais il faut que les poils de fa mouftache y foient
encore attachés. C'eft un poifon fi fubtil , à ce que
difent les Ethiopiens , que qui en mangeroit , tom-
beroit aufli tôt en phrénéfîe.
ENGRI^TÉ. f. f. Vieux mot. Jaloufie, envie.
ENGROSSER, v. a. Rendre une femme enceinte.
Gravidarc. Quand on cngroffie une fille d'honnête
famille , on eft tenu de l'époufer , ou de la dotet.
Les caufes des tilles qui font engrojfées fous la pro-
meffe de maringe fc plaident à l'Omcialité. Ce terme
n'eft que du ftyle familier .• on le rrouve pourtant
dans le Journ. des Sav. d'Avril 1695. '^^^^ ^"' 1^^
c'eft dans un Traité qui concerne l'Anatomie ; mais
ENGUICHE , ÉE. En termes de Blafon , on .appelle
enguiché, le cor, corner , trompe, ou huchet,donc
l'embouchute eft de différent émail.
ENGUICHURE.f.f. Terme de Chaffe. Ce font les
cordons attachés par trois anneaux aux corps de
challe , qui fervent à les potter , qui s'étrécilfent &z
s'élargilfent à proportion de la corpulence du pi-
queur. C'eft aulh l'entrée de la trompe.
ENGUIEN. Foy. ANGUIEN. Nous écrivons cepen
dant plus communément Enguien. La valeur du
à'Eno
BoURD.
Duc A Enguien apporta remèdt; à tous ces maux. P.
ENGURI. Rivière de la Géorgie , en Afie. Engurius.
Anciennement Afteljus. Elle coule dans la Min-
grélie, baigne Anargie , & fe décharge dans la Mer
Noire.
ENGYRONNER. v. a. Vieux mot. Environner. Il
vient de gyrare , fe tourner.
ENGYSCOPE. f m. Terme d'Optique. C'eft propre-
menr l'inftrument qui fait voir les chofes de près ,
qui fair regarder de près, Engyfcopium. On donne
fpécialement ce nom à une efpèce de microfcope
fait de petits vetres longs, de petits globules de
verre, que l'on forme en mettant fondre à una
lampe , ou à une chandelle de petits morceaux de
verre foutenus par la poinre d'une aiguille mouil-
lée. On prend deux lames de plomb percées , &.' oti
place le petit globe de verre encre les deux trous
qui fe répondent : cela fait un engyfcope. Vengyjco-
pe groflît beaucoup les objers ; mais fon foyer eft
très-court : il faut approcher Vengyfcope tout prsî
710 E N H
de l'œil, & c'eft de- là que lui vient fon nom.
Car ce mo: eft Grec , & compofé de la prépofi-
tion iy-yiii , près , 8c r»tm« , je regarde , /e conji-
dere avec attencion.
E N H.
EN-HADDA, ou EN-ADDA. Ville de laTerre-Sainre
dans la Tribu d'IlFachar. Jof XIX. 21.
ENHARDIR, v. a. Uh de ce mot eft afpirée. \\ figni-
fie , Rendre hardi , donner de la hardiefle ,^ de
l'aliurance. Animas erigere^ audadamJacere.Vl stn-
hard'it beaucoup. Les déclamations que tont les
Écoliers dans les Collèges les enhardirent à parler
en public. Un efprit abattu , & comme dompté par
laccoutumanceanjoug, n'oferoit plus s'enhardir à
rien. Boil. Autant de témoins , autant de féduc-
teurs pour juftiher fa préfomption , & enhardir (a.
témérité. Roy.
Enhardi , ie. part & adj. Animofus j aiidacior facius.
ENHARMONIQUE, adj. de t. g. Enharmonicus. Mu-
fique enharmonique , qui procède par quarts de
tons. C'eft le troifième genre de la Mufique , qui
abonde en dièfes , qui font les moindres divifions
fenfibles du ton. Elles fe marquent fur la tablature
en forme de croix de S. André , ou de fauroir. Le
dièfe enharmonique eft la différence du demi-ton
majeur & du mineur. Le fyftême enharmonique. Les
cordes enharmoniques. Les Grecs donnèrent à ce
genre le nom de genre épais ù" condenfe , qui veut
dire , Mulique complète , tel qu'il eft expliqué dans
les Traités de Mufique de Meibomius y de Kuker
& de Merfenne. Bourdelot. Les Anciens avoient
trouvé une Mulique enharmonique j qui partageoit
les tons en moins de moitié , & ufoit de quarts de
tons. Ent. sur la Musique. Les Italiens ont in-
venté l'abus de la Chromatique ,& je prévois qu'un
de ces jours ils en viendront j s'ils peuvent \ à \ en-
harmonique tout pur j & en caSj que ce genre-ci foit
praticable dans la Mufique moderne, de quoi je
doute, dès qu'ils en aurontune fois tâté , vous ver-
rez qu'ils enteront leurs délices ordinaires : car il
aura encore un point de difficulté par-detfus le
chromatique. Id.
IÇ? Les trois fameux fyftcmes de Mufique des
Anciens que nous fuivons encore , font le Diato-
nique , le Chromatique & V enharmonique. Le pre-
mier , qui procède par des moitiés j le fécond, par
des tiers \ le troifième , par des quarts de ton.
gCT Le premier, qui eft le plus naturel, plaît à
tout le monde : le fécond , qui ajoute beaucoup
d'art à la nature , plaît , far-tout aux favans Mufi-
ciens : le troifième , qui eft le plus exaét & le plus
fin, ne plaît guère qu'aux plus habiles & aux plus
profonds d'entre les habiles.
ENHARNACHEMENT. f.m. Harnois. Stratum ^or-
nacus. Cet enharnachement-W ne iiéroit point mal à
un homme de ta profeflion. Mascur. Ce pourroit
être aulli Tadion d'enharnacher.
ENHARNACHER. v. a. Terme de Manège. Equum
integcrc. Voye^ Harnacher , c'eft la même chofe.
L'A de l'un & de l'autre s'afpire.
Enharnacher, fc dit auflî, figurément, des hommes,
& fignifie. Vêtir J habiller d'une manière extraor-
dinaire j fouvent ridicule. Injlruere ^ impedirevefii-
bus. Vous moquez-vous du monde , de vous être
fait enharnacher At la forte ? Mol. J'étois enharna-
ché en fameux chafteur. Id.
Enharnaché , ÉE. part. & adj. Ornatus ^ inflruclus ,
vcjluus. Un cheval magnifiquement enharnaché. La
Traduction de la Batrachomyomachie décrit ainfi
l'armure de tête qu'avoient les rats.
De fuperbes plumets leur tête empanachée
Sous des coques de noix eVoif enharnachée.
EN-HASOR , ou EN-ASOR. Ville qui s'appelle
auffi Hafor , & Nafor , par corruption & retran-
chement. Enhafor. C'étoit une place forte de la;
E N H E N J
Tribu de Nephthali au nord de la Terre-Sainte.
ENHaTIR. v. a. Vieux mot. Percer d'une lance. Du
Latin hajta , lance , javelot. On a dit aulli être en-
hati , pour dire , avoir h.âte.
EN-HAUT. Sorte d'adverbe. Dans un lieu haut. Su-
pra. Il eft en-haut.
d'En-haut. Autre forte d'adv. D'un feu haut. Sur-
sàm „defurfùm. Cela vïcm d'en- haut. Cela eft tombé
d' en-haut.
d'En-haut. Du Ciel , de Dieu , de la part de Dieu.
DivinitiiS , è Cœlo , à Deo. Les grâces qui nous
viennent d'en-haut font les feules nécelfaires.
Mes prières n'ont pas le mérite qu'il faut ,
Pour avoir attire cette grâce d'en-haut. Mol.
En-haut. Ce terme fignifie quelquefois la Cour, le
Confeil. Un ordre d'en-haut. Avoir du crédit en-
haut , le Confeil û'c'«-/îj//r.
ENHAZE , ÉE. adj. Embarralfé d'affaires j qui fe tour-
mente , ôc s'emprelfe à faire quelque chofe avec
trop d'ardeur , ou d'inquiétude j qui veut fe ren-
dre officieux en choies de peu d'importance. Faire
\'enha:^é , c'eft , faire Ihomme affairé. Ce mot eft
bas & vieux.
ENHENDÈ , ÉE. adj. Terme de Blafon , qui a été ex-
pliqué à Cb.oix enhendée.
ENHERBER. v. a. Vieux mot François , qui figni.6oic
autrefois empoifonner, Mifcere herbus & non innoxia
verha , parce qu'ordinairement les venins fe tirent
des herbes , comme plus faciles à trouver.
En/ans , qui cueille\ Icsflorettes ,
Et les jraifes jrcfches à>' nettes ,
Souhi gyjl lejrès Jerpent en l'herbe j
Fuye^ , en/ans j car il enherbe ,
Et empoijonne 6" envenyme
Tout homme qui de lui s'aprime.
Roman de la Rose.
Le Roman de Pépin dit auffi enherber , pour em-
poifonner. Recherches de Pafquicr.
ENHERDURE. f f Vieux mot. Poignée d'épée.
ENHEUDÈ , É£. adj. Qui eft attache par des heudes.
Pedicis implicatus. Ce mot eft un vieux terme de
Coutumes. Bêtes enheudées , font des bêtes rete-
nues par des heudes , qui font des liens qu'elles
ont aux pieds de devant.
ENHORTER. vieux v. a. Exhorter. Hortari.
La grand' amour que mon cxur vous porte
Incejjamment me conjèille t>' enhorte
f^ûus confoler en votre ennui extrême. Marot.
ENHUILE. ad), m. On appeloit autrefois enhuilé, ce-
lui qui avoir reçu l'Extrême-Ondion. Oleo fupre-
mo tinclus.
ENHYDROS. f. m. C'eft une pierre ferrugineufe du
genre des Pierres d'Aigle , de forme ronde , légère,
de couleur blanchâtre , creufe & remplie d'eau. Elle
paroît quelquefois fuer. î» , & "«^«f , aqua j eau.
E N J.
ENJABLER. v. a. Terme de Tonnelier. Mettre les
fonds des tonneaux , des cuves & autres vailTeaux
ronds dans leurs jables , dans les rainures faites aux
douves pour les arrêter , pour les retenir. Indere ,
compingere.
ENJACHAM. Fortereftedes Anglois j conftrulte de-
puis peu fur la côte d'or , en Guinée.
ENJALER. Voye-^ ENJAULER.
ENJALOUSER. v. a. Donner de la jaloufie , rendre
jaloux. Scarron s'en eft fervi dans Jodelet Duellifte.
Enfin ,7? cet Amant que vous enjaloufez ,
EJl un gladiateur, un homme acariâtre j
Qui vienne un beau matin vous battre comme plâtre :
Le jeu vous plalra-t-il ?
s'Enjalouser,
E N J
is EnjAlou3ER. Devenir jaloux. Dicî. Corn. Cot'îrave
a mis ce mot dans Ion Dictionnaire. Ils ne font en
uiage ni l'un ni l'autre
ENJAMBAGE. f. f. M. l'Abbé de ViUiers s'eft fervi
de ce mon à l'occafion des vers qui n'ont pas un fens
fini, mais dont le fens ne fe termine qu'au coip.men-
ceinent, ou vers le milieu du vers fuivant. f-'oye^
Enjambement.
ENJAMBEE, f. m. Efpace entre les deux jambes éten-
dues. C'elt à-peu-près quantum fpatu dijunui aura
compleclu/nur. Eiijambcc ell le pas le plus forcé
qu'on puille faire , & de toute la plus grande éten-
due des jambes. Cet homme fait de grandes en-
jambées.
Enjambée , fe dit au figuré. De Conftantinople , il va
à Paris d'une feule enjambée , pour dire qu'ayant
parlé de Conllantinople , il parle de Pany , l'ans
avoir préparé le Ledteur à ce trajet. On peut le dire
d'un homme qui d'une matière (e jette lur une au-
tre difparate, & qui va, comme on dit, du pré
dans les vi^jnes.
ENJAMBEMENT, f. m. Terme de Poche Françoife.
Qui fe dit lorfqu un vers enjambe fur un autre ,
c'eft-à-dire, lorfque le fens, qui commence dans
un vers , ne finit que dans une partie d'un autre
vers. C'eft un enjambement vicieux dans la Pocfie
Françoife, que de poulfer le fens^qu'on aura com
mencé dans un vers, jufques dans le vers fuivant ,
& de reprendre- là quelque lens nouveau avant, la
fin du vers. P. Moukgues. 'foye^ Enjamber.
ENJAMBER, v. n. Etendre la jambe plus qu'à l'ordi-
naire pour franchir quelque chofe j pour palTer par
dellus, ou au delà de quelque chofe. Protcnfo pede
prstergredi. Il faut enjamber pour palier le ruilteau.
Il a «/zyiz/7z/-e'par-deirus.
^^ On le dit quelquefois adivement. Il a en-
jambé le ruilFeau. Enjamber deux marches à la fois-
Tranfilire.
^fT Enjamber, fe dit quelquefois dans le ftyle fami-
lier pour aller à grands pas. Baud dejide pajfu ire.
Voyez comme ce jeune homme enjam.be.
^CT Enjamber, fe dit, dans un fens figuré, pour
avancer fur quelque chofe plus qu'il ne faut. Su-
pergredi, projerre fe. Ces folives n'enjambent pas
alfez avant fur la poutre. Cette poutre enjambe fur
le mur du voifin.
ENJAMBER. , fignine quelquefois empiéter, ufurper
dans l'héritage d'autrui ; pour agrandir fon jardin ,
il a enjambe hn moi.
gCF On dit quelquefois adivement , il a en-
jambé cela fur moi.
Enjamber, fe dit figurément en Pocfie, des vers dont
le fens n'eft point achevé , &: ne finit qu'au milieu
ou au commencement d'un autre. Ce n'eft point un
défaut dans la Pocfie Latine : mais c'en eft un très-
grand dans la Pocfie Françoife. Cependant les Poè-
tes du ficelé palféne taifoient point de fcrupule de
lailler enjamber les vers les uns lur les autres. Les
exemples n'en font pas rares. Dans les vers qui fui-
vent , le fens du premier demeure imparfait , &
ne finit qu'avec le demi vers qui fuit.
Les feux de fts regards , fa haute Majeflé
Le Jonc bientôt connaître.
Craignons quun Dieu vengeur ns lance furnos têtes
La foudre inévitable.
Il faut même éviter d'enjamber du premier hémif-
tiche au fécond , c'eft-à-dire que , fi l'on porte un
fens au-delà de la moitié du vers , il ne faut pas
l'interrompre avant la fin , parcequ'alors le vers pa-
joît avoir deux repos & deux céfures , ce qui eft
dclagréable. Il ell encore bien moins permis d'en-
jamber d'une ftance à l'autre j comme font les Grecs
& les Latins dans leuts ftrophes. De plus , nos fi-
xains comprennent ou un quatrain fuivi de deux
vers de rime différente en efpèce de celle qui a ter-
miné le quatrain, ou dedeux tercets. Mais le qua-
Tome ///,
. . ^ N î yzt
train ne doit point enjamber fur les deux vers , ni
le premier tercet fur le fécond. Il faut que le fixaia
ait un repos au troifième ou au quatrième vers. Le
Pays prétend que les vers d'un fonnct ne doivent
jamais enjamber l'un fur l'autre , cjuand même on
ne commenceroit pas un nouveau (ens : c'eil- à-dire ,
qu'il ne faut point que dun vers on rejette rien du
tout dans l'autre ; qu'il faut que chaque vers aie
en quelque façon un fens parfait. Cela elt bien dif-
ficile à garder , & il n'en faut pas faire une règle j
puifque les maîtres j & même Malherbe , fe per-
mettent de femblables enjambemens dans leurs fon-
nets. P. Mourgues.
ffC? Enjambé , ée. part.
fer On dit qu'un homme efi haut enjambé ^ pont
dire qu'il a les jambes extraordinairement longues.
ENJAULER j ou ENJALER. v. a. Terme de Marine.
Ancoram injiruere tigillis.Enjaler une ancre jc'ei\ y
attacher deux pièces de bois femblables , qu'on-
appelle jas , pourcontre-balancer la patte de l'ancre
dans l'eau , &; la faire tomber enforte que l'une ou
l'autre des pattes de l'ancre s'enfourche dans le ter-
rein, & morde le fond pour arrêter le vaifleau. Ces
deux pièces de bois s'appellent jas j ejjîeu j jouen ^
Se font étroitement empattées enfcmble vers l'arga-
neau de l'ancre, pour la foutenir & faciliter le
mouillage. On appelle furjaulé j lorfque le cable a
fait un tour du jas de l'ancre qui eft mouillée.
ENJAVELER. v. a. Mettre en javelle. Enjaveler la
moilfon. Defeclam fegetem componere in manipulas,
Enjaveler, c'eft lier les bleds, les avoines qui étoienc
en javelle pour en faire des gerbes.
Enjavelle , ée. part.
ENJEU, f m. L'argent que l'on met au jeu. Prsmlum
luforii certaminis j dépofita pccunia , pignus , £S ina-
nuarium. Il a été bien heureux de retirer fon enjeu.
ENIGMATIQUE. adj. m. & f. Qui ell obfcur , qui
tient de l'énigme, qui renferme une cnign-\e.--Ènig~
maticus. Donner à un pafFage un fens tropologique
& énigmatique. Jargon énigmatique. Mait. Pein-
ture énigmatique , paroles éntgmatiques.
ENIGMATIQUEMENT. ads.^nigmatké.Xyxxne ma-
nière obfcurc & énigmatique. Les Prophètes par-
lent toujours enigmatiqucment 3 & par figures.
'ifT ENIGME, fubftantif quelquefois mafculinj mais
plus ordinairement féminin. C'eft l'expofition d'une
chofe naturelle en termes obfcurs & métaphori-
ques , qui la déguilent & la rendent difficile à de-
viner. Dans les Collèges on donne ce nom à certains
tableaux qu'on expofe pour exercer l'efprit des éco-
liers à deviner le fens cachéjfous les ligures. J^nig-
ma. Le P. Meneftrier a donné un favant Traité des
énigmes Sc figures énigmatiques. Les Arabes onc
plufieurs livres d'énigmes. Voy. d'Herbelot au mot
Aloas.
L'ame en proie à t incertitude ,
AutrejoLS malgré fon étude j
Vivait dans un corps ignoré.
Mais le fang qu enferment nos veines
N'a plus de routes incertaines j
Et cet énigme ejl pénétré. M. de la Motte ,
Ode de l'Emulation,
La nature à tes yeux fe montre toute nue ^
T'apprend defes fecrets lafcience inconnue j
Découvre à ton efprit les énigmes divins.
Et fait faire à ton art obéir les Deflins.
Epître du Duc de Nevers à l'Abbé Bourde^
lot. Médecin de Chrifiine Reine du Suéde ,& en-
fuite du Prince de Condé j Tome IV. des Œuvres de
S. Evremond.
Voilà deux exemples d'tnigme au mafculin. Les au-
tres ne font pas rares. L'Académie ne le fait que
féminin.
Ce mot vient du Grec «/»/y/«« qui fignifie un dif-
cours obfcur, qui couvre une chofe fort connue
d'ellemcme , «(«Tj-îrCai , fignifie /"îr/er obfcurémcnt.
C'eft auffi quelquefois ' une efpèce d'emblème ,
Yy yy
'2.1 ENJ
quand , fous les figures d'un tableau, il y a quelque
lens , ou qusiquo myilèie caché. Le P. Bouhours ,
<lai'is les Mauoires de Ir^voux des mois de Sepr.
Odob. lyoï.a délir.i \'cnig;ne ; un tableau ou un
difcuurs qui renferme quelque lens caché qu'on
plopole à deviner. L'c:i/g;ne peinte, ou en pem- Enjolive j ee. part.
ture , etl une repréfentation des ouvrages de la na- ENJOLIVEUR. Qui enjolive. Artifex elegandarum.
E N J
Gne chofe pour la rendre plus agréable. On ne le
dit point des perfonnes. Ornare , decorare , addere
cUgaraïam. On ie plaie à erijvlivdries niaifonsdant
on ell propriétaire. Enjoliver fon cabinet, l'a bi-
bliothèque , un habit avec des rubans.
tuie, ou de l'art, que l'on cache fous des iigures
humaines tirées del'Hiftoirc, de la Fable. Par exem-
ple, Jfisos-CHRiSTau miheu des Docteurs repré
Le n-iOt à'tnjohveur ell commun à plulieurs Arti-
fms. Les Patenotriers «Se les Boutonniers s'appel-
lent enjoliveurs.
fente le Livre. L'énigme en paroles ell une defcrip-^ENJOLIVURE. f. f. Ceft la même chofe qnenjoli-
rion fpirituelle & myftérieufe de quelque choie. P.
BoUIiOURS.
CoUetêt a fait un livre d'énigmes en paroles.
JÈnigme , fe dit,iigurément, d'un difcours pea intelli-
gible , dont on ne peut pénétrer le lens. Cet hom-
me parle par cnigma j ce qu'il dit elt une énigme.
Rien n'ell: plus beau que d'écudier à développer les
énigmes de la nature. Font. La plupart àt% femmes
font incompréhenfibles : leur cara6tère n'ell point
net , ni développé : c'eft une énigme, Bell. Vous
aurez de la peine à entendre cette énigme. Voit.
C'elt une énigme pour moi. Scar. Nous ne nous
connoiiTbns point , nous fommes à nous-même une
véritable énigme. S. EvR.
ENJOINDRE. V. a. J'enjoins , j'enjoignis, j'ai en-
joint , j'enjoindrai , que j'enjoigne j que j'enjoign-JJe,
ou j'enjoindrois'. Ordonner , commander. Mand-Me -,
pr&cipcre. Dieu nous enjoint d'obier ver fes loix ,
fes commandemens. Le Roi a enjoint à tous les Of-
ficiers de retourner à leurs quartiers. Notre devoir,
notre honneur, notre amour nous £/2/0/^/2«;«^^ nous
obligent défaire bien des chofes. On lui enjoint de
répondre. Pat. Il leur enjoignit iX en ufer avec ref-
peél. Mauc. Le ciel a fait ceux dont nous tenons le
jour les maîtres de nos vœux j & il nous eft enjoint
de n'en dispoler que par leur conduite. Mol.
ffT Ce terme déligne plus proprement le pou-
voir dans le gouvernement : on s'en fert lorfqu'il
eft queftion de ftatuer j à l'égard de quelque objet
particulier, une règle indipenfable de conduite.
C'eft particulièrement un terme de Jurifprudence
.& de Chancellerie, t'oy. Commander & Ordon-
ner..
On dit, au Palais , on a enjoint ds par le Roi à
tous les Officiers de tenir la main à l'exécution de
tel arrêt. Ce terme efl: employé clans les lettres de pri-
vilège que le Roi accorde. Du contenu dcfquelles
(lettres) vous mandons & enjoignons de faire jouir
l'expofant , &c. On dit auili à laitif, enjoindre une
pénitence j un jeûne.
Ce mot vient d'injungere.
Enjoint , ointe, parr.
ENJOINTE , ÉE. adj. Terme de Fauconnerie , qui fe
dit des jambes de l'oifeau. Court-enjointé ■ c'elt-à-
dire , q^^i a les jambes courtes. L'épervier doit être
court-eujointé. On ne dit point enjointe feul.
^fT ENJÔLER. V. a. Surprendre , attr.aper quelqu'un
par des promeiTes ou par des paroles flatteufes \ l'a-
mufcr par de belles efpérances. Inefcare , illicere ,
inducere infraudcm. Il ell aifé di enjôler les enfans.
Enjôler une femme , une jeune fille. Il n'eft: que du
ftyle très-familier , même populaire.
§3° Ce mot vient de ^la jalle des Oifeleurs j &
jauge vient de gabia , cage.
§Cr Enjôlé , ée. part.
^fT ENJÔLEUR , EusE. f Celui ou celle qui furprend
par des paroles , par des promeffes flatteufes , par
de vaines efpérances. C'eft un enjôleur.
ENJOLIVEMENT, f m. Petit ornement qui
rend une chofe plus jolie, qui en relève la fim-
plicité. Ornamentum , elegantia. On n'eft pas obligé
de rembourfer à un locataire tous les enjolivemens
qu'il a faits dans une maifon. Cet habit eft fort fim-
ple pour l'étorfe, il n'y a que les enjolivemens qui le
rendent agréable. Eft-il polîlble que cette philofo-
phique amitié ait toutes les couleurs , toutes les grâ-
ces , & tous les enjolivemens de la Cour ? Bal.
ENJOLIVER. Y. a, Répandre de petits Qrnemens fur
veulent, linon que celui-ci le dit plus ordinairement
des petites choies. Décor ^ ornatus. L'enjolivure d'un
livre par des termoirs d'argent , par une reliure en
Compartimens. Enjolivures d'un étui.
Enjoué j ée. adj. Qui elt de bonne compagnie , qui
fitislait ceux avec qui il le trouve par le caraClcre
& la tournure d'un elprit agréable, tejlivus ^ ad hi-
laritatem compojitus. C'eft par l'humeur qu'on eft
gai, dit M. l'Abbé Girard ^ par le caraétère d'efpric
qu'on eft enjoué:, & par les façons d'agir qu'on eft
rejouifjant. Un homme gai veut rire. Un homme
rtyc»ai//a/2f fait rire. Un \\on^\n^e enjoué e^s. de bonne
compagnie. On ne lauroit avoir trop d'efprit dans
une converfation enjouée. Ch. de AL Une humeur
douce & enjouée donne des entrées que l'air grave
& ferieux ne donne pas. L'étude a je ne fai quoida
fombre qui gâte l'air e/zyoae qu'il tant avoir en con-
verfation. S. EvR.Les gens de cabinet , accoutumés
à rêver profondément, gardent un lilence morns'
dans une converfation enjouée. Bouh.
On dit aulîi qu'un ftyle eft fort enjoué , quand il
eft rempli de plufieurspenfées agréables & plaifan-
tes. Le llyle du Roman comique de Scarron eft fort
enjoué. La Métam.orphofe des yeux, de Pliilis- eft une
Poche fort enjouée.
ENJOUEMENT, f. m. ( On prononce enjoument. )
Caraétère d'efprit qui lait qu'on eft de bonne com-
pagnie , & qu'on fatislait autant ceux avec qui Ton
le trouve , que foi-même. C'eft l'oppofé de férieux.
Fefuvitas y hilaritas. L'enjouement tient fouvent lieu
de beauté à une fille. L'enjouement fubfifte feul j ôc
part d'un tempérament qui fe divertit de tout. Cet
homme, avec fon e^yo/^ewcAY artificiel, eft regardé
de tout le monde comme un perfonnage fort en-
nuyeux. Bell. Les plus mélancoliques font capables
de joie pour quelque événement heureux; mais peu
de perfonnes font capables d'enjouement. M. Scud.
Elle étoit dénuée de cette liberté, & de cet enjoue-
ment (\\iï ont tant de charmes. Vill. L'air galant pen-
che plus vers h. douceur & Xenjouement, que vers
le férieux. M. Scud. Il faur donnerquelques momens
à l'enjouement , ôc le refte au férieux. Amelot. L'en-
jouement de M. Pafcal a plus fervi à votre parti , que
tout le férieux de M. Arnaud : mais cet enjouement
n'eft point du tout votre caraélère. Racine , Lettre
à Nicole.
Et malgré la froide vieille [Je ,
Son ejprit léger & charmant
Eut de la brillante jeuneQ'e
Tout l'éclat & tout /'enjouement.
Enjouement , fe dit anfii des pen fées gaies, des def-
criptions fleuries qui fe rencontrent dans quelque
Ouvrage de proie ou de vers. Cette pièce eft trop
férieufe , il n'y a pas aifez d'enjouement. On le dit
aufti , en Peinture &en Mufiqiie , des manières de
peindre ou de chanter qui font égayées.
ÉNIS, Le Cap d'Enisj Enifum , anciennement Borxum
promontorium. Le Cap d'Enis eft dans l'Ultonie en
Irlande. C'eft la pointe la plus occidentale du
Comté de Donnegal. Il eft à Tentrée fepten -
trionale de la baie de ce nom. Cambden dit qu'on
appelle S. Helcn Head, ou le Cap de Sainte Hélène,
celui que les Anciens appeloient>ff(jr.caOT , & il le
fait le plus occidental du Comté de Dong.all , ou
de Tirconel ; m.iis il s'eft trompé , & n'avoit pas le
vrai plan de l'Irbinde. Le Cap Enis eft plus occi-
dental que celui de Ste Hélène. M. De Lille marqua
ENI
farfa Carte Cap Enlfon Je Tillin j S: Speed Tclin.^
ÉNISCORT, ou INiSCORTHY. Boiir;; d'irbndi;. j
En'-j'conum. Il ell; d.ins le Comcé de V/exturd , en La- -
génie j fur la rivière de Slone j à quatre lieues au-
dessus de la ville de Vextord. Hn/Jcorc a léance &
voix, par les députés, au Pairlemenc d'Irlande. Maty.
ÉNiSKlLLING. Pence ville ou Ibrcereffe de l'ultonie
en Irlande. -Arx Keilina. Cambden Tcippelle Juisj
ENI EN L
72-5
I\'c vous emwï!cz point des éloges flatteurs ,
Que vous donne un amas de vains admirateurs. Id.
Qn (lit , proverbialement, qu'un liomme s enivre
de fon vni , tant au propre , quand il boit tout feul
& avec excès , qu'au figuré , quand il a trop bonne
opinion de lui-même.
Kellin j ou Inis Kellin. Elle ell capitale du Comté 'Enivre, ée. parc. &: adj. Quand un homme e/z/vrt;' de
la lecture tait un premier pas dans le raonde , c'ell
piefque toujours un faux pas. S. Evr. Un pédant
enivré de fa vaine fcience. Boil. Un cœur emvre de
la volupté n'a des termes que pour la faire fcncir.
de Fermanach , fitute fur une petite Ifle que tonne i
le lacd'Earne j dans l'endroit oti il fe rétrécit pour
fe jeter dans celui de Broad. C'eft , dit Cambden ,
le meilleure fortercilc qui foit en ces quartiers-là.
Long. 9. deg. 5 5'. latitude 5^^- d. 18'.
ÉNISTOVVN. Bourg de la Âlommonie en Irlande.
Enijlonfum. C'eft le nom principal du Comté de
Clara j & le feul qui ait féance au Pailsmenc. Il eft
à une lieue au Nord de la ville de Clare. S 'ifT ENKIRIDION. f m. C'eft ainfi qu'en appelle utj
§C? ENIVKANT , ante. part. & adj. Qui enivre. Le petit livre portatif, contenant des remarques , des
E N K.
ENKI. ad. Vieux mot. Ainfi.
vin eft une liqueur enivrante. Qu'on ne s'imagine
pas que ces repa- fulfent des écoles de libertinage ,
où l'on raffinât fur les mets & lur les boissons eni-
vrantes, oii l'on cherchâcà étourdir la fevère raifon.
HiST. DE LA PhiL.
§C7 On ledit de même au figuré. Les joies eni-
vrantes des fens. Ibid.
ENIVREMENT, f. m. Etat d'une perfonne iv:e.Ebrie-
tas. A Sparte V enivrement des efclaves étoit une le-
çon de tempétance que les pères donnoicnt à leurs
enfans. Il n'a guère d'ufage qu'au figuré.
Enivrement , fignihe , au figuré , l'entêtement d'une
perfonne infatuée de quelque chofe. Cxcus amor, li-
bido , iinpotcntia. V enivrement de l'amour & des di-
vertiiremens du monde. L'aveuglement & Venivre-
ment où ils fe trouvent , ne leur permettent pas de
difcerner ce qu'ils font. l^oye\ Ivresse.
ENIVRER. V. a. Rendre ivre j troubler le cerveau \
en empêcher les fondions. //ze-Vi^rc. Le cidre, la
\>\hiz , enivrent plus fortement que le viuj & pour
plus long temps. Le pain où il y a de l'ivroye enivre.
Le vin qu'on foule dans la cuve e.^n'/'e. La coque de
Levant enivre les poillons j & il eft défendu par les
Ordonnances de s'en fecvir pour pêcher. Enivrer fe
dit fur-tout de ce qui a r.apport au vin , lorfque la
quantité qu'on en boit fait perdre la raifon. Les
vieillards font faciles à enivrer , un verre de vin les
enivre. Le Cavalier trouvais moyen d'e-^ivrc;/ le mari
de la belle. Colom.
]e mené une agréable vie ,
Dieu veuille en prolonger le cours ;
Je vois Cloris , je vois Silvie ,
Et je /n'enivre tous les jours. Liniére.
préceptes , des principes fecrets. VhnhirUun des
Alchymiftes.
ENKOPING, ou ÉNÉCOPING. Petite ville de
Suéde dans l'UpIande. Encopia. Elle ell aux confins
de Vy'ertmanie , près du lac Mêler. Maty.
ENKUSE, Voyei ENCHUSE.
ENKYSTE , ÉE. adj. Terme de Médecine & de Chi-
rurgie. Qui a un kifte , qui eft accompagné d'un
kifte. Un ulcère enhyflé. Les tumeurs enhyftêes
fonc celles donc la matière eft enfermée dans une
petite vefiie j ou membrane, qu'on nomme kyfte.
DioNis. La fixité de la pierre fembloic indiquer
qu'elle éroic C72^-vy?c;'<;. Merc. Juin 17^ j. Les hydro-
pifies enky fiées font une maladie jufqu'à préfent
alfez ignorée. Duverney 3 fils ^ Académ. des Se.
1705. Mém.p. i6i. Cette femme eft morte à l'occa-
fion d'une hydropilie enkyjnc. lu. p. 166. Suivant
l'étymologie il faut écnie enkyjié :ivec un y.
Ce mot eft formé de deux mois Grecs, t>, en y
x-j'-rif ^ Jac J ve{/le,
ENL.
ENLACEMENT, f. m. L'adion d'enlacer. Illigatlo,
implicatio, implexus. Pomey écrit enlaffement , Si
e/ilaffer,
ENLACER. V. a. Faire un lacs , un lacis, mêler plu-
ficurs cordes de filets, ou rubans , & les palfet l'un
dans l'autre. Involvere, illigare , implicare , imptec-
tere. Les Indiens fiifoient des ouvrages merveilleux
avec des plumes d'oifeaux <:\\x\\s e'ilacoient enfem-
ble, & repréfentoienr toutes fortes de figures. Les
pièces du nœud gordien étoienr cellemenc enlacées
enfemble, qu'il éroit impolîible de les dénouer.
Enlacer des papiers , pour dire les palfer tous dans
le même lacet.
Ce mot vient du Latin illaqueare.
Enlacer , fe dit aulii des br.anches d'arbres , de vi-
gne , &c d'autres chofes pliantes , qu'on palfe l'une
dans l'autre J ou à travers des perches, pour faire
des efpaliers , des clôtures , & autres chofes fem-
blables.
Ce mot vient du Latin inebriare.
§CrOn dit, par extenlion,quede certaines odeurs
enivrent. On dit la même chofe du tabac j des va-
peurs d'un prelfoir & d'autres chofes femblables
qui portent à la tête.
On appelle Bois à enivrer , une forte de bois qui
croît aux Ifles Antilles , & qui a la même qualité °(C/" Enlacer. Terme de Charpenterie. Faireuneen-
d'érourdir les poilFons , que cette drogue qu'on ap
pelle Coque de Levant.
Enivrer, fe dit , figurcment , en Morale , & fignifie
infacuer, troubler , étourdir la raifon. Dementare j
ad infaniam redigere. La bonne fortune enivre les
fots, leur fait perdre la raifon. Séjan étoit enivré
de fa bonne fortune , & des carelTes de Livia.
laçure. Voye-^ ce ir.ot.
Enlacer, fe dit aulii figurcment, & fignifie fur-
prendre, embarrafter. Ne vous engagez point dans
une difpute \ on ne cherche qu'à vous enlacer.
Enlace, Ée. part. & adj. Implexus ^ implicatus.
ENLAÇURE. f. f Terme de Charpenterie, qui fe
dit quand on petce une mortoife & un tenon pour
Ablanc. L'abondance enivre l'homme d'un orgueil y faire palfer une cheville, & faire tenir ferme les
infuportable à la fociété, le plonge dans les délices;
de Babylone. Roy. S'enivrer d'efpcrance j de la
bonne opinion de foi-même.
Evitons ces erreurs dont l'aimable poijon y
Par fes charmes trompeurs enivre la raifon. S. EvR.
Qu heureux eft le mortel j
Que l'amour de ce rien quon nomme renommée j
N'ajamais enïwté d'une vaine fumée. BoiL.
pièces alfemblées. Faire une e/2/jc//re , c'eft percer
avec les lacerets les mortoifes & les tenons.
ENLAIDIR, v.a. Rendre laid. Deformare , deturpare.
L'âge, les maladies enlaidilfent bien une perfonrie.
Le fard embellit quelque temps ^ & d.ins la fuite
il enlaidit. Ce verbe eft aufti neutre. Si fignifie de-
venir laid. Deformemfieri. Cette fille enlaidit toas
hs jours. L'Eglife imite l'exemple de Sara, qui en
vieillilTant n'enlaidiffoit point. Phrr.
[Enlaidi^ ie. patt.
Y y y y ij
yi4 E N L
ENLAIDISSEMENT, f. m. L'adioii denliidir. De
jormjuo. Danet. Il n'elt pas ufué.
ENLANGAGE , ee. adj. Vieux mot. Éloiiaent , qui
parle bien.
ENLANGOURÉ, ée. Vieux, adj. Langoureux , laa-
guillant. Languens.
ENLARME. f. m. Terme de Pêcheur. Il fe dit des
petites branches de i'aibriireau qu^on nomme
Trocne , que les Pécheurs plient en rond , & dil-
polenc le long de leur verveux , en les patîant à
travers des mailles de fa circonférence.
Enlarme , fignifie encore , parmi les Maîtres Oife-
liers , les mailles plus grandes que celles du h!et or-
dinaire , qu'on y ajoute pour prendre plus aifé-
ment les oifeaux.
ENLARMER. v. a. Terme d'Artifan. Enlarmer un
filet , c'ell: faire de grandes mailles à côté du filet
avec de la ficelle. Pour prendre des oifeaux au filet,
on ciûarnic les filets qui le doivent mouvoir comme
.les rets faillans. Voyci^ les Rufcs innocences du So-
litaire inventif , P'i''S 4 & 11 , &c.
CtT ENLASSER & ÈNLASSURE. Foy. Enlacer.
^jO-ENLAÏER, ou ENLOYER. v. a. Dans l'an-
cienne coutume de Bretagne j c'eft déférer le fer-
ment j du mot lai, ou loi , qui fij;nitàoit ferment.
ENLEVEMENT, f. m. Aclion violence &: fubite par
laquelle on ravit une perfonne, ou l'on s'empare
d'une q\ïoÇq. Rapius. Enlèvement as S-ihints. t'n-
Icvement de Ganymède , de Proferpine. L'Ordon
nance veut qu'on punilfe de mort les enlcvemens
des filles, quand même ils feroient volontaires. Il
y a une petite Comédie Françoifc qui s'appelle les
Enlevcmens , parce que pludeurs filles enlevées en
font le fujet. L'enlèvement des perfonnes s'appelle
communément rapt. Ce terme ert confacré en Ju-
rifprudence.
'Enl"evement, en termes de guerre , fe dit d'un quar-
tier, dtin corps-de-garde, lorfqu'on furprend quel-
que corps qui fait mauvaile garde , & qu'on em-
mené les foldats prifonniers. ImpreJJîo , occtipatio
fubita.
^fr Enlèvement , fignifie quelquefois un fimple
tranfport. A/ponatio. Enlèvement deshoiscoapés
dans les forêts dans les temps marqués par le mar
ché , ou fixé par les Ordonnances. Enlevementde
meubles d'une partie faifie.
En Pratique , on dit s'oppofer à l'enlèvement de
fes meubles, lorfqu'on ofirc de donner un gardien
folvable pour répondre , & qu'on a des moyens
pour empêcher la vente qu'un Sergent en voudroit
faiTe.
§£F Enlèvement j en fait de fepulture Eccléfiafti-
que , c'eli l'adion de lever procelîlonnellement le
cotps pour le porter à l'Eglife. Il y a des prières
propres pour l'enleverient du corps.
ENLEVER. V. a. Lever en haut, foit par adrelFe, foit
avec rapidité , avec violence. Extollere, aitollere.
Il n'y a point de corps (i pefant qu'on n enlevé avec
des machines , avec des mouftles. Quelques Hillo-
riens difent que les machines d'Archimède enle-
vaient les vaifleaux des Romains, La ir.ine a enlevé
ce ravelin , ce baftion,
fJ3" Enlever j fignifie quelquefois foudraire , enlever
quelqu'un à fa triftelfe, à fes plaihrs. Enlever un
criminel .1 lafévérité des Lois. Suhtrahere.
Enlever, fignifie aulîi ravir j emporter par torce les
chofes J ou les perfonnes. Aujerre y rapere. Les
%GK\% de guerre lui ont enlevé tous fes meubles.
Paris enleva la belle Hélène femme de Ménélas.
Les coureurs d'; l'armée viennent e«/t;i'er nos bour-
geois julques dans nos podes. On a condamné ce
Curé à reftituer les gerbes qu'il avoir enlevées , qui
ne lui appartenoient pas. Il ai?'7/£ve rargcnt du tré-
for public. Il enlevoït\(i% filles pour les violer. On
dit que la mort a enlevé un jeune homme à la fleur
de ^on âge :que la pefte a enlevé la plus grande partie
des habitans. Ils fe plaignoient que celui qui étoic
leur Roi , leur fut fi cruellement enlevé. Vaug.
Enlever , fe dit aufli des effets ptoduits par descho-
E N L
fes inanimées. Un ouragan a e/2/ev/tous les toits ds
la Beauce , a enlevé des arbres y des moulins. Le
vent lui a enlevé fon chapeau.
Enlever, le dit aulli des choies qu'on emporte fans
violence. Lfn Marchand de bois elt obligé , dans un
certain temps , ^enlever tout le bois qu'il a abattu
dans une foret ; ce qu'on appelle vider les ventes.
Xes Munitionnaires ont enlevé tout le blé qu'ils ont
trouvé à acheter dans cette Province.
On du enlever un corps , pour dire prendre un
corps mort pour le porter en terre, ou pour le met-
tre en dépôt dans quelque Eglife. On dit aulli
qu'un Commiifaire elt venu enlever le corps d'un
homme trouvé mort, pour dire que la Juilice s'en
elt lai fie.
Enlever , fignifie aulli , fimplement , ôter , de façon
qu'il ne relie aucun veftige. Aujerre , abolere. Cette
lavonette enlevé toutes les taches d un habit, il n'y
paroit plus. L'eau-forte enlevé toute l'écriture d'un
parchemin. Le verjus, le citron , enlèvent les ta-
ches d'encre qui font fur le linge.
Enlever, en termes de guerre , fe dit audi des villes
ou des poltes qu'on force, qu'on furprend. Occu-
pare. Le Roi enleva plus de quarante villes en un
mois aux HoUandois en idji. Cette ville a été
prife, enlevée d'affaut. Cet Officier eft bon Parti-
laii , eft fort habile à enlever des quartiers.
§CFEnlever, chez les Serruriers , c'eit, d'une barre
de fer en faire la pièce commandée. Enlever une
coignce , &c. pour dire forger.
^CFEnlever la Meute. Terme de chafle ; c'eft en-
traîner les chiens par le plus court chemin au lieu
où l'on a vu le cerf, Hc où l'on retrouve la voie.
Ac. Fr.
IJCTEnlever des marchandifes , en terme de com-
merce j c'ed fe hâter de les acheter avant que les
autres en loient fournis. L'n tel a enlevé le plus
beau poiiïon de la Halle. A peine ce livre a-t-ii
paru , que l'édirion a été enlevée.
ffT Une marchandife qui s'enlève eft celle qui
eft d'un prompt débit.
Enlever, fe dit aulli en parlant des ébullitions, des
écorchures de la peau , foit qu'elles arrivent par
caufe violente , ou par quelc^ue chaleur ou humeur
maligne intérieure. On l'a tant fouetté , on lui a
tant donné de coups d'étrivières , qu'on lui a en-
levé la peau. Les éréfipèles font enlever toute la
peau. Ceux qui ont le teint délicat font fujets à
avoir fouvent le vifage enlevé. On le dit fouvent
avec le pronom perfonnel. Quand on boit après
un homme qui a Ihaleine forte, la peau s'enlève.
Enlever , fe dit auflî en chofes fpirituelles & mora-
les, ôc fignifie, Tranfporter , foit d'admiration,
foit de colère. Ce Prédicateur eft éloquent, il dit
de il belles chofes , qu'il enlève fes auditeurs. Ra-
pitin adnûrdtïonem. Voilà un trait délicat qui enlève.
Il y a plufieurs Sainrs qui ont été enlevés en efprit
jufques dans le ciel, ravti , fublati ^ enlevés en ex-
tp.fe, en contemplation. La colère enlève l'ame, 8c
la poulie impétueufement. M. Esp. Les pallions à-
demi touchées ne favent ni lailfer les âmes dans
leur afliette , ni les enlever hors d'elles - mêmes.
S. EvR.
On dit , proverbialement , qu'un homme a été en-
levé comms un corps fainr. Voyez l'origine de ce
proverbe au mot de Banquier. On dit aulfi , cela
enlève la paille; pour dire, cela eft au-delFus de
tout , cela eft décifif.
Enlevé , ée. part.
Enlevé, fe dit, en Blafon , de certaines pièces qui
paroiffent enlevées.
ENLEVEURS DE QUARTIERS, f. m. C'eft ainfi
qu'on appelle des foldats qui forcent , qui pren-
nent & enlèvent d'autres foldats qui font à l'armée
logés dans leurs quirciers. Dieu vous garde, lorfque
vous dormirez , de tous Enleveurs de quartiers.
Voit.
ENLEVURH. f. f. Petite tumeur ou bube qui en-
lève la peau. PuJtuLtj veficula. Quand le fang eft
ENL
trop échauffé , on a le vifage plein d'cnlevurcs.
Cette Dame a mis une mouche pour couvrir une
petite enlevure. Aujourd'hui on dit élevun 3 Ôc cet
ufage eft prefque général.
Enlkvure , le prend aulli pour le relief en fculpture.
Eminentïa , pars cxjlans , cmincns ; exprejci.
^J3°Les Serruriers , les Taillandiers , ikc. appel-
lent généralement enlevure une pièce foegée , lorf-
qu'elie eft féparée de la barre de ter don: elle a
été tirée.
ENLIER. V. a. Ill'ig.ve. Terme de Maçonnerie. Join-
dre & engager des pierres enrcmble , en élevant
des murs. Pour bien '■nuer des pierres & des bri-
ques , on en aflied lune fur fa longueur, &: celle
de delFus fur fa largeur , & ainli en continuant,
Ce mot vient à'illigare.
ÉNLIGNER, V. a. Ad eandem lïneam componere,Jld-
tuere. Terme d'Architeélure & de Charpenterie.
Enligner le bois avec une règle, ou un cordeau ,
c'eft. Mettre les pièces fur une même ligne , ou
réduire la furface de plulîeurs pièces mifes bout à
bout à une même ligne.
Enligner , eft aulli un terme d^Imprimeur. On ap-
pelle livre bien e aligné ^ un livre dont les lignes de
chaque page répondent exactement l'une à l'autre.
ENLUMINER, v, a. lUuminare , illujirare ; colorum
luminihus exornare. Rehauiïer de couleurs un def-
fein qui eft hmplemeiu tracé. Ce Peintre n'a fait
que delliner , que tracer les delFeins des tableaux
<le ce cabinet, il a lailfé à un autre le foin de les
enluminer i d'y appliquer des couleurs. C'eft plus
particulièrement colorier, mettre des couleurs à la
gomme avec le pinceau iur les Eftampes & papiers
de tapllferie , fur les caites , fur un éventail, fur
un écran , &c. Enluminer des Cartes de Géographie
Image enluminée.
Ce mot vient à'illuminare.
Enluminer, fe du auflî pour. Rendre rouge & en-
flammé. Et en ce fens , il ne fe dit que du teint.
La pudeur enlumine agréablement un vifage. L'ar-
deur de la fièvre l'avoir mis tout en feu j & fon
vilage en étoit tout enluminé. Les femmes ne pren-
droient pas tant de foin de fe farder & de s'enlumi-
ner 3 li elles fa voient que toute cette peinture les
rend afFreufes & dégoûtantes. La Br.
Enluminer, feditaulîi.figurément ic familièrement,
de ceux qui, à force de boire, fe rougiflTent le vi-
fage. S enluminer la trogne.
Je /72 'enlumine le mufeau
De ce trait que ]e bois fans eau. S. Amant.
Enluminé , ée. part. 5c adj. Picius j coloribus ïllujlratus.
La venu du vieux Caton,
Che"^ les Romains tant prônée j
Etait fouvent , nous dit-on ,
De Falerne enluminée. R.
Tout paraîtra jufqu aux /omettes
Enluminé de nobles épithetes,
ENLUMINEUR, f. m. Peintre en détrempe, qui ap-
plique des couleurs fur des images, des delfeins,
ou des cartes pour les rehaulTer. Piàor. Il eft dé-
fendu aux Enlumineurs de s'ériger en maîtrife par
fentence du z8 Mats 1608.
A vas Enlumineurs fantafques y
Mauvais Peintres de mauvais mafques.
On appelle ironiquement un méchant Peintre,
un Enlumineur Aq jeu de paume, un Barbouilleur.
^CT On nppelle aufti Enlumintules^ les Ouvrières
qui travaillent à mettre ces fortes de couleurs , &
qui appliquent aulïï quelquefois l'or & l'argent
moulu.
ENLUMINURE, f. f. VEnlumlnure eft l'arc d'enlu-
E N L ENN 715
miner, d'appliquer des couleurs fur des cartes , des
eftampes , &c. Il entend bien l'Enluminure.
On appelle encore Enluminure , l'Image &C l'Ef-
tampe même enluminée. Imago picla. Ce mot eft
ancien dans notre langue .• on âppeloit ainli les
Peintures dont on ornoit les MbS. & Dante, qui
avûit habité Patis , dit quelque part, dans fon Poè-
me l'une quilluminarji dice m Farigi. On lui a fait
préfent d'une belle enluminure. Cette eftampe eft
belle , mais l'Enluminure eft mauvaife.
On le dit aulli, aufiguré,dequelques defcriptions
qui le font dans un ouvrage d'elprit. La condam-
nation des cinq propolitions ayant été repréfentées
dans un Almanach, les Janféniftes , pour le ven-
ger , publièrent le Poème fameux qui a pour titre
les Enluminures de l' Almanach. Vous croyez qu'il
eft plus honorable de faire des Enluminures. Rac.
A l'Aut. des Herm. Imag.
CJ'Enluminure fe ditdes ornemens dudifcours. La
conduite 6c 1 ordonnance du poème doivent précé-
der l'enluminure : c'eft dans le delfein que paroît le
génie j l'Ordonnance ne demande que de l'efprir.
Mais ordinairement ce mot fe prend en mauvaile
part pour vains ornemens , peu naturels &C re-
cherchés.
N'eus nous mettons à la torture
Pour alemblqucr un écrit :
Nous voulons partout de l'efprit y
Du brillant de /'ealuminure.
Du Cerg.
Parmi 1:7 foule trop habile
Des beaux difeurs du nouveau f y le ^
Qui , par de bi:^arres détours j
Quittant le ton de la Nature ,
Répandent fur tous Leurs difcours
L'académique enluminure
Et le vernis des nouveaux tours.
Rovs.
E N M.
ENMANCHÉ. Voyez EMMANCHÉ.
ENMARINE. Voyez EMMARlNE.
ENMISPHAT. Nom de lieu , qui fignifie fontaine
du jugement , Gen. XIV. 7. C'eft la même chofe
que Cadès. Voyez ce mot.
ENA'IOTTÉ. Voyez EMMOTTÉ.
ENMUSELER. v. a. Voyez EMMUSELER.
ENN.
ENNA. Ville ancienne de Sicile. Enna. Cette ville ,
fameufe dans l'Antiquité, eft au milieu de l'ifle,
dans la vallée de Noto , près de la rivière de Da-
taino , c^: des confins de la vallée de Mazara. Les
Anciens croyoient que c'étoit en ce lieu que Piofer-
pine fut enlevée par Pluton. C'eft un lieu fore
agréable , où demeuroit Cerès. Voyez Ovide ,
Fajl. L.IV. V. 419. & Diodore de Sicile, L. V. On.
voit environ à deux lieues de cette ville, du côté
du .midi , le Lac d'Enna ou de Coridan que les
Anciens nommoient Pergufe. Vigenère dit Enne
dans fa Tradudlion de T. Live, & non Enna.
Bochart j dans fon Chanaan , L. I. C. lo croit
que cette ville tut nommée d'abord Ennaam, Se
que ce nom lui fut donné par des Phéniciens , à
caufe qu'il y avoir là plufieurs fontaines ; car il pré-
tend que ce nom eft compofé de î'y , Ain ^ &c Dj;j
beau , agréable j Se qu'il fignifie ,fons amœnitans ,
Belle fontaine , comme quelques lieux que nous
avons ainfi nommés en France pour la même raifon.
ENNE. Petite rivière de France , en Normandie , au
pays de Caux.
ENNÉADÉCATÉRIDE , ou ENNÉADECAETE-
RIDE. f. f, Enneadccaëteris. Eft l'efpace de dix-neuf
ans. Ce mot eft Grec 'iniii.è^ixuîT>:fif , i^t: , formé de
«►yU,neuf, i'ix.'i, dix , Se tmc , année. On appelle
7
i6 E N N _
enniadicikéride , la période ou révolution de dix-î
neuFannées , relie qa'eii: celle du nombie d'or, donc
Ivlédion fut i'inventeLir , & qu'où appelle aulli cy-
cle lunaire , parce qu'au bout de dix-n-'uf ans fo-
laues la lune revient à peu-près au même point \
d'où vient que les Athéniens y les Juiis , ^ autres
peuples qui ont voulu accommoder les nuis lunai-
res avec l'année folairc-, le font fervis de Xenncadé-
^aéténde , en faifant pendant 19 ans , fepc ans de
treize mois lunaires & les autres de douze, i^oye^
Période j & Methon j Cycle.
tNNËAGONE.f. m. tnncagonus. Terme de Géomé-
trie. Figure qui a neuf angles & neuf côtes. "£« ,
fignifte ne ij , y*»» , anole.
iLW matière de Foitirication , c'eft une place qui a
neuf baflions. . ^
ENNEAPHARMAQUE. f. m. C'eft une compofition
dans laquelle il entre neuf ingrédiens fim^les. C'elt
le nom d'un pessaire quj Galien , Llb. Li de CM.
S. L. c.ip. 6 prefcrit contre les inHammations de f u-
terus & de l'anus. Eginéte j Llb. FUI , cip. lj^ in.
fin Ce mot vient d'i'»£« , neuf, & çàfrc-ix.» ^ reiiede.
ENNEAPHYLLE. C'eft le nom que Ray donne à \hel-
leborajhr ,\ caufe que fes feiulles font ordinaire-
ment divifées en neuf autres petites. D'i»«£«, neuf,
l<c (pj^y^'i , feuille.
EMNEMENT. adv. 'Vieux mot, auHl-bien. On a dit
auflî Ennement que , pour , quoique.
ENNEMI j lE. f. m. Hc (■ 6c adj. Ini/nicus , infenfus.
Qui a de la haine contre quelqu'un: qui veut du mal
à quelqu'un. L'Evangile veut qu'on pardonne à les
ennemis. Il faut marcher dans le monde conuiie en
'piys ennemi. S. 'EwK. C e'A.ioïi e-inemi mortel, fou
ennemi juré , capital. C'eft un dangereux , un re-
doutable , un •ç\iûXxni ennemi. l\ hiut toujours fe
défier d'un ennemi réconcilié. N'ayons pas trop
d'horreur pour les vicieux , afin de ne nous pas
rendre tous les hommes pour ennemis S. Evk. Le
moindre mépris eft capable de taire d'un ami très-
inutile , un e/2/2ewi très dangereux. S. Evr. On re-
garde toujours un ennemi réconcilié d'un autre
œil, qu'un ami avec lequel on ne s'eft jamais brouil-
lé. Il faut être bien dupe pour être trompé par fes
ennemis , parce qu'on doit s'en défier toujours.
Bêle. Ce n'eft pas affez d'être jufte & légitime
ennemi , Il faut être civil & généreux ennemi. Bal.
Elle ignore à quel point je fuis fon ennemi. Rac.
Moi qu'une humeur trop libre, un efprit peu fournis
De bonne heure a pourvu d'ut ilcs nnnsnih. Boil.
Fuye:( d'un froid ami la faujje politique ,
Qui donne aux ennemis avec foin ménagés ,
Les égards qu'il dérobe anx amis négliges. 'Vill.
La plus sûre louange , & la mieux affermie ,
Eft celle que nous donne une bouche ennemie.
Enmemi , fe dit abfolunient pour celui qui nous fait
la guerre , ou à qui nous la faifons , en conféquence
d'un ordre du Souverain. Hofis. Dans ce fens on le
dit quelquefois pour une armée entière , pour un
parti contraire qui vient nous attaquer. Voilà Yen
nemi qui eft anx portes. L'ennemi tient la campagne
Cette ville s'eft rendue à ['ennemi, ce traître l'a li-
vrée à re««c//i/. On dit aulli , une ville , une terre
ennemie , de celle qui eft dans un parti différent. Il
fe dit auill au pluriel dans le même fens. Tomber
entre les mains des ennemis. Il fut pris par les en-
nemis. Il repoufta , il chalTlr les ennemis. On y peut
joindre aulli le pronom polfeliif.
Pour conferver l'état que Dieu vous a commis.
Combatte'^ juflemenr contre vos ennemis ;
Mais fuye\ comme un crime une injufle vicîoire.
L'Abbé Têtu.
Ennemi, feditauffi des chofes contraires qui fe détrui-
E N N
fent j qui fe nuifeiu. Le feu & l'eau font ennemis ,
le cliaud &c le troid , le fec & l'humide. Le vin elt
ennemi Aq la fièvre , de la goutte. Les venins , les
poilons font ennemis des corps. La débauche ett {'en-
nemie uc la ianté. En Poche , on dit la fortune enne-
mie j les dcftins ennemis , pour dire, contraires.
ÈwNEMi , le dit aulîi de ce qui a une certaine anti-
pathie contre quelque autre chofe , foit qu'elle vien-
ne par nature , foie par caprice. Il y a des gens
qui lont cm, émis des rc:es j qui ne les peuvent lout-
frir. Les autres font er.nsmis des douceurs , des fu-
cceries. On le dit aulli des animaux , pour marquer
l'averfion qu'ils ourles uns pour les autres , ou pour
certaines chofes. Le chat eft l'ennemi delà fouris. Le
hibou eft ennemi de la lumière. Le choueif ennemi
de la vigne.
Ennemi , en peinture. On appelle couleurs ennemies,
celles qui s'accordent mal , tk qui ne peuvent fub-
Iifter enlemble fans otrenler la vue. Le bleu & le
vernuUon lont des couleurs ennemies , leur mélange
produit une couleur aigre , rude & desagréable.
fjCF Comme il y a dans la Muhque des fons ac-
cordans & des fons difcordans , il y a aulli , dans
I Optique & dans la Peinture, des couleurs amies
& des couleurs ennemies. Des couleurs amies , qui
femblent fe rechercher pour s'embellir mutuelle-
ment; &: des couleurs ennemies qm femblent fe fuir.
II n'y a point de couleurs h amies , qui, étant alfem-
blées lut le même londs , n'aient befoin de quel-
qu'autre couleur moyenne qui les fépare un peu ^
P'jur empêcher que leur union ne parollfe trop
brulque ; ni de con\eii:s h ennemies , que l'on ne
paille les réconcilier enlemble par la médiation de
quelqu'autre , comme par une amie conmuine.
Dans ces deux points conlifte la perfection de la
Peinture.
§Cr On veut , dir Felibien , que parmi les lumiè-
i res &c les ombres bien ménagées , on voie dans un
tableau les vraies teintes du naturel : qu'on apper-
! çoive des malles de couleurs , où l'on obferve loi-
gneufemeni cette amitié , ou cet accord qui fe doit
trouver entre elles : qu'on alfortille habilement les
chairs avec les draperies , les draperies les unes avec
les autres , les perfonnages entre eux , les payfages ,
les lointains , enforte cjue tout y paroi lie à Toeil H
artiftement lié , que le tableau femble avoir été
peint tout d\ine fuite i &: , pour ainfi dire, d'une
même palette de couleurs.
Ennemi, fe dir, en chofes morales, pour marquer
Taverlion qu'on a pour certaines choies bonnes ou
mauvaifesj juftes ou injuftes. Il faut être ennemi du
vice. La Reine ne connollfoit d'autres ennemis que
fes péchés. Boss. Il eft ennemi de fon repos. Il eft en-
nemi de la joie. Il eft ennemi du bon fens. Il eft en-
nemi de nature , c'eft-à-dire , il hait ce que les au-
tres aiment , tout ce qui eft commode , tout ce qui
flatte les fens. Souvent le plus grand ennemi que
nous ayons , c'eft nous-mêmes.
Mes défauts déformais font mes feuh ennemis.
BOILEAU.
Ma's de tout temps ennemi d'Apollon
Me foi ce à quitter mon empire. De la Font.
Ennemi , fe dit quelquefois en galanterie par anti-
phrafc. Un Amant appelle fa MaîtrelTe , fa douce
ennem.ie ; & fes yeux , fes doux ennemis. Cela eft
bien du vieux ftyle. Le goût de ce fiècle eft ennemi
de ces fortes d'exprellions , qui feroient intoléra-
bles dans la bouche même des précieufes ridicules.
On dit proverbialement , d'un homme qui a fait
quelque méchante aftion , qu'il a bien été tenté de
l'ennemi, c'ertà-dire, du Diable, (\m ék Xennemi
du genre humain. Koye\ au mot Diable les rcmi;-
ques fur cette exprelHon. On dif^ aulli , Amis au
prêter , ennemis au rendre. On dit aulîi , c'eft au-
tant de pris fur l'ennemi , quand on a attrapé quel-
que chofe à un homme dont on ne peu: rien tirer,
EN N
On dit auffi , Plus de morts j moins à'infi'ei'n'is.
Dans l'Altrologie jiidiciaiie la douzième maifon
céleite ell la m.ulon des ennemis.
ENNENSOIS , OISE. f. m. Habitant , Citoyen de la
ville d'Enne , ou d'Enna en Sicile, linucnjes. Les
Ennenfois , enclos dans le fond du théâtre , étoient
mairacrcs (par les Romains) contre qui ils avoient
conjuré. Vigenère.
ENNEQUE-TENQUE. Place forte d'Alie, dans l'In-
doullan, fur la route de Surace à Golconde.
ENNION. f. m. Vieux mot cjui fe trouve quelque-
fois écrit avec un a , annion: il lignihe délai d'un
an accordé à un débiteur par Lettres de Chancelle-
rie. Privilège dV/2/2io«, benélice à'ennion.
ENNOBLIR. Rendre plus noble, plus illuftre, plus
confidérable. NobUkare , illufirare. Cette Univer-
fitc s'eil fort ennoblie j depu!<; qu'il y a eu tant de
gtands hommes qui font eiirres dans fon corps. Les
Iciences , les beaux Arts , ennoblirent nn^ Langue.
Ennoblir fon Ityle. Abl. Pour ennoblir l'art du Poc-
me dramatique, on lui donne pour objet j d'inf-
truire , aulli-bien que de plaire- Corn.
Ennobli , ie. part. NobiUcaais.
Mais enfin par le tems , le mérite avili
Vit l honneur en roture y (S' /e iv'ce ennobli. Boil.
ENNOM. f. m. Norn de peuple. Ennom. C'etoient
apparemment des Chananéens. Ce qile l'on en lait,
c'ell qu'ils avoient habité la vallée qui étoit à l'O-
rient de Jérufalem , qui en avoir pris fon nom , «Is:
s'appeloit Gehennom , c'eft-à-dire , Vallée à' En-
nom , Qw Ghe hcn Ennom , vallée des entans à En-
nom. Dq Gehennom s'étoit ù'n gehenna , & de - là
notre mot François , gcne. Voyei; Jojl XV. 8.
XVlII.xG. ^. XXIII. lo.
ENNON. Ennon. Lieu près de Salim , & peu loin
du Jourdain , où S.Jean baptifoit. Jean III. 15.
Jean baprifoit aufli de fon côté à Ennon auprès de
Salimj parce qu'il y avoir là quantité d'eaux. Boun
Ces deux endroits, Ennon cc Salim , croient fur
les confins de la Samarie Se de la Galilée en-deçà
du Jourdain.
Quelques Auteurs prennent ce nom pour un di
minucif de VJ j En , fontaine j & difent qu'il li-
gnifie petite fontaine : mais il y a plus d'apparence
que c'efl: un dérivé de ce nom , & qu'il lignifie lieu
plein de fontaines , abondant encfources , où il y a
beaucoup de fources : cela convient mieux à ce que
dit S. Jean , qu'il y avoit là quantité d'eaux.
ENNOR.TEMENT. f. m. Vieux mot , qui fe trouve
dans Beaumanoit : il fignifie exhortation. Adlior-
tdtio.
ENNOSSER. V. a. Vieux mot. Tuer.
Celui voijlc reconfonter ,
Et fi la maie «orr /'onnoiïe ,
Je le conduis j ufqu à lafojje,
ENNOYE , ou ENNY. Petit ferpent fans yeux. En
Latin cœcilia & amphisbena , qui vient de amphi ,
ôc ds baino ,]q marche, comme ferpent marchant
des deux côtés : car on lui attribue deux tctes j & ce
qui a donné occafion à cela , c'ell: que fa fi^^ure cil:
toute femblable à celle des vers de tatre j dans lef-
quels il eft fort difficile dé diflinguer la tcte d'avec
la queue. Voye^ Emphisbene. Ce rcprile eft fort
commun en Champagne , où on l'appelle Invau.
Il n'eftpas fi venimeux qu'on le croit. Fureticre dit
que fa piquure n'eft pas mortelle , mais feulem'jnt
comme celle des guêpes. DuPinet, L. VII, Chap.
2}. defaTraQU(Sbion de Pline , le nomme Envoyé^
de même que Nicot & Monet. Corgrave lui a don-
né deux articles , l'un faus le nom àlEnnoyc , &
l'autre fous celui d'£'/2V£iyc. Maison croit f\v\Ennoye
a été corrompu à'Envoye , par la faute de quelque
Imprimeur , qui, en renverfint 1'« en aura fait une
n j car en ce temps- là on ne diftingujit point enco-
re Vu voyelle d'avec l'v confonne. Ce petit ferpeni
E N N 717
eft .-îppelè Orvef dans le Didionnaire des Drogues
de Lémery de l'édition de M. de Jullieu , au moc
Cœcilia. Orvet, félon les apparences, vient d'orbus,
aveugle. Orbus , orée _, Orve , orvet.
ENNUBLI , JE. adj. Vieux mot. Obfcurci. Temps
ennubli , pour dire , plein de nuages j du mot La-
tin nebula _, nuée. Il veut due aulli , fâché , con-
trite.
ilC? ENNUI, f. m. Mal aife, langueur de l'efpritj qui
n'ell; ni le chagtin j ni la triltelle , ni la mélancoliei
Voye^ ces mors. T^dium. L'ennui j dit M. Scuderi ,
n'ell autre chofe qu'une privation de tout plaifir,
caufée par je ne fais cjuoi de dehors qui nous impor-
tune. L'ennui vient de ce que l'ame n'eft ni alFcz
agitée, ni alFcz remuée. Nie. L'ennui eft un fi grand
mal , qu'on ne peut s'y accoutumer j & ficiuel,
qu'on entreprend tout, les chofes même les plus
pénibles, pour s'en délivrer. L'homme abandonné
à lui-même, à fes propres penfées , ne peut fe dé-
fendre de \ ennui qui l'accable, dès qu'il eft fans
adion. Val. Aufii la rell'ource de la plupart des
hommes courre re«/2//i_, c'eft de fe livrer aux iin-
preflions des objets extérieurs qui occupent l'ame ,
& la font fortirde l'érat de langueur où elle étoit.
Les plaifirs , la bonne compagnie , charment j dif-
fipent les ennuis.
Hélas ! m'cnvic^-vous j dans l'état où je fuis ,
La trific liberté de pleurer mes ennuis ? Rac.
. . . Malheureux , reconnais ton erreur ,
Cet ennui que tu Juis efi au Jond de ton cœur.
De Valincourt.
|tcr Dans une fignification plus générale , ennui
fe prend pour chagiin , déplaifir. Les ennuis de la
vie. Cette affaire m'a caufc beaucoup d'ennuis. Fa~
fiidium. Si cette femme fe couchoit fans être afinrée
d'un divertillement pour le lendemain , elle mour-
roir d'ennui , de la feule peur de s'ennuyer.
|icr En amour, e/2/:ai, fignifie une tendre dou-
leur. Je vois l'ennui peint dans vos yeux.
Ce mot vient de innoia, & de innoiare , qui a été
fait de noxia. Mén.
ENNUICT. Ancien adverbe , qui fignifioit Aujour-
d'hui./foc/iè. Favyn , dans fon Hifi. de Na\arrCy
L. V^. p. iGÎ. & i6i^. croit que ce mot vient de ce
que les Gaulois comptoient les jours par les nuits;
èc annuicl fe difoic encore à Paris au commencement
du dernier fiècle , qu'il écrivoit. A la façon des Hé-
breux, dit-il j les Allemans & les Gaulois avoient
leurs ans & mois lunaires , & comptoient leurs
jours par les nuits. Nous en gardons & retenons en-
core l'antiquité , nous autres PanfienSj en p.irlanc
notre vulgaire : Je ferai ennuicl cela ; j ai fait ennuici
cette affaire, au lieu de dire aujourd'hui. Les Al-
lemands parlent de même, Sant Johansvacht^Sant
Martins. La nuit S. Jean , ou S. Martin , pour dire,
le jour ; iS: Vordrcy nechten , Je ferai cela avant
trois nuits , au lieu de dire , avant qu'il foit trois
jours. Favyn. Il n'y a plus que le payfan dans les
Provinces , qui dit ennuicl , qu'il prononce anui.
ENNUITER , v. n. Se mettre en danger de voyager la.
nuit. Iter Jaccre per noclcm. Quand on a une longue
route à faire , il faut partir de bonne heure , de
peur de s'ennuitcr. Quelques-uns difent anuiter. Il
eft vieux.
ENNU5URE , ou ANNUSURE. f. f. Termed'ArcIn'-
teéfure. Morce.iu de plomb en forme de b-i'que
fous le berceau , & au pied des poinçoiis &-' amor-
ti(Temens d'un comble.
ENNUYANT , anfe. adj. Qui ennuie. Moleflus,im^
portunus,odiofus. Le bal eft Çqxx. ennuyant. Quand
Dio^.ène voyoit qu'un dif.onrs e-"^.uyant cto\i^<îi%
la fin, il crioiten fe réjouilîant : Je vois terre. Men.
ENNUYAITMENT. adv.Vieux mot. Ennuyeufcment.
ENNUYER, v. a. Cauferde l'ennui. Tsdnm yfiatieta-
tem aijerrc. La meilleure Mudque à la hn ennuie.
i Un fade Panc'^vrique ennuie les auditeurs. Nou«
-^2;:8 E N N E N O
pardonnons plus ailcment a ceux qui nous cnnuunt
ciu'a ceux que nous ennuyons. Rochf.f. Je ne puis i
Supporter ces froids Ecrivains , qui vont ennuyer\
Jeur Hérosde i^i propres expions. Ce qui plaie rend
attentif j & ce qui ennuie alloupit.
Quand on ne f aurait divertir ,
IL jaut au moins n'ennuyer guère,
^fT s'Ennuyer , Eprouver de l'ennui. T&dcre. Lorf-
qu'on n'eft touché de rien , on i ennuie beaucoup.
Le Ch. de m. On choiiic plutôt de % ennuyer avec
les autres , que de s'e/z/zayer avec foi-même. S. Evr.
-Je ne fais quoi de délicat que j'ai dans l'efprit j fait
qu'il m'arrive fouventde m ennuyer. M. Scud. Il
£iut apprendre à ne le point ennuyer : c'eft un grand
art. S. EvR. On s'ennuie prefque toujours avec ceux
avec qui il n'eft pas permis de s'ennuyer. Rochef.
Il vaut mieux s'ennuyer comme une perfonne d'ef-
prit , que de le divertir d'une manière impertinen-
te. Le Ch. de M. On doit bien fouhaiter d'être
d'agréable converfation, quand ce neferoitque pour
s'entretenir foi-même : car on ell quelquefois feul ^
& quand on s'ennuie de fes penfées , on ne s'en dé-
fait pas comme on veut.
s'Emnuver. Trouver le tems long. C'eft un homme
'mqinez,quïs ennuie par-tout. On s'en fert imperfon-
nellement. Il m'ennuie ici. Il m ennuyait do ne vous
point voir.
On dit , proverbialement , qu'il ennuie à qui at-
tend ; pour dire , qu'un homme s'impatiente d'at-
tendre ceux qui ne viennent pas à l'heure.
£NNUYEUSEMENT. adv. D'une manière ennuyeu-
fe. Molejlè j jd(lidiofè j tddioje. Il m'a raconté fon
affaire fort ennuyeujement , & avec de longs détails.
Combien de malheureux à qui il ne relte d'autre
confolation , que de redite ennuyeufement leur mi-
sère ? Fl. Dans une vieille habitude le temps fe
confume ennuyeufement à aimer moins , ou à n'ai-
mer plus. S. EvR.
ENNUYEUX , EusE. adj. Qui ennuie , Tadiofus , ma-
lejlus. La vie eft ennuyeufe, quand l'amour ne la
ranime pas. S. Evr. Quand on a l'efprit libre j tout
ce qui contraint, & tout ce qui eft cérémonie , eft
ennuyeux. M, Scud. Cette complaifance qui cède
&c qui applaudit à tout , eft une qualité fort t/z-
/zayez/ye en converfation.MoNT.il ne faut pas que le
Prédicateur s'abaille à une /Implicite ennuyeufe , &
& qu'il en demeure à une modeftie languiiÏÏinte.
Ab. Du Jarry. Corneille , plein de grands fenti-
timens J ne s'araufe point à de petits foupirs en-
nuyeux. S. Evr.
E N O.
ÉNO, ou ÉNIO. Petite ville de Turquie en Europe.
^nos J ^nus. Elle eft dans la Romanie , à l'em-
bouchure de la Marifa dans l'Archipel. Long. 45 d.
50'. lat. 40. d. 46'.
Le Golfe ^Eno , ^nijînus , ^nenjls finus . C'eft
un golfe de l'Archipel , qui prend fon nom de
la ville ^Eno : c'eft la partie occidentale du Golfe
de Marife.
ENOBARBE. f. m. Surnom de plufieurs anciens Ro-
mains de la famille Domitia. AhenoharbuS , ^no-
barbus. Ce mot eft compofé de aheneus j mneus ,
qui_ eft d'airain , & de harha y barbe ; & fignifie ,
Qui a une barbe d'airain, c'eft-à-dire , Barberouffe.
Il fe trouve, fur les médailles de la famille Domitia,
. une tête d'homme nue & fans barbe , AHENO-
BAR. au revers une poupe de navire , fur laquelle
. eft érigé un trophée. Imp.
HNOCH. f. m. Nom propre d'homme. Enoch ,
Enochus , Henncus y Hanochus. C'eft le nom^ du
ENO
appelé par Caïn fon père , parce quil naquit dans
le tems qu'il dédia la ville qu'il a\oit bâtie \ car
Henoc y ou Henoch, 3T:n lîgnihe dédié, ou dédi-
cace , de 3Jn hhnach > dédier. C'ell encore le nom
d'un faint Patriarche père de Matiiulalem : c'eft cet
Enoch , qui , félon l'exprellion de Moyfe , Gen. J^.
23. Z4. marcha devant le Seigneur , & qui difparut,
parce que le Seigneur l'enleva. Les Payens l'ont
connu, & l'ont appelé ^/7/zflC//^ & Cannachus , &
par corruption Nannacus. C'eft lui, dit Bochart,
qui fut l'inventeur de l'Aftrologie. C'eft lui que
les Arabes nomment Idris j & les Carthaginois ,
Atlas. Voyez cet Auteur, Phal.L.ll.C 15. C'eft
encore cet Enoch dont faint Jude rapporte une pro-
phétie dans fon Epître canonique, v. 14. foit que
ce faint homme l'eût écrite , comme quelques-uns
ont cru , ce qui donna occafion de faire ce faux
livre d'Enoch dont les premiers Pères ont tant
parlé j foit qu'on fût feulement cette prophétie par
tradition , comme il eft plus probable. L'Ecriture
écrit Henoch , dans la Genèfe , & Enoch dans faint
Jude : nous fuivons ordinairement cette dernière
orthographe.
ENOCHIE. Enochia , Henochia ^ Hhanochia^ Caïn,
après avoir couru long-tems en divers endroits ,
s'arrêta en un lieu où il bâtit une ville , qu'il nom-
ma du nom de fon fils Enoch , Enochïe. C'a été la
première conftruite dans le monde. Elle fut peu-
plée de fes defcendans , qui s'étoient fort multi-
pliés. GoD. La ville d'Enochie étoit dans le pays
de Nod , à l'orient du pays d'Eden \ car c'eft là que
Caïn s'arrêta. Ccn. If^. 16. Ainfi , félon ce que
nous avons dit au mot Eden, le pays de Nod, où
étoit Enochie 3 devoit être une partie de ce que
l'on appela depuis la Suluane. Au refte , l'Ecriture
dans tous les textes, appelle cette ville Enoch, Hé-
, noc , & non Enochie.
ÉNOINDRE. v. a. On s'eft autrefois fervi de ce mot
pour Oindre; tk. on a dit, Enordir 3 pour. Ren-
dre fale ; falir.
ENOISELER. v. a. Terme de Fauconnerie , qui fe
dit de l'oifeau, que l'on fait, que l'on accoutume
au gibier , que l'on inftruit. Injîituere, docere. Il
faut conduire fagement un oifeau , jufqu'à ce qu'il
foit bien énoifelé, & faupoudrcr fa gorge de can-
nelle & de fucte candi , le mettant fur la chaic
de l'oifeau qu'il a pris \ car cela lui fera aimer fon
, gibier.
ENON. Voyez ENAN. C'eft la même chofe.
ÉNONCÉ, f. m. Ce qui eft exprimé dans quelque
aéfe ou écrit. Cela n'eft qu'un fimple énoncé qui
ne détruit point les claufes ftipulées. Un faux
énoncé rend la demande nulle. Mauc.
IJCF En Logique & en Géométrie , énoncé s^-ç-
plique aux propofitions & aux termes dans lef-
quels elles font préfentées. Cette propofition eft
obfcure dans fon énoncé. \1 énoncé de cette propo-
fition.
tNONCER. V. a. S'exprimer \ parler pour faire en-
tendre fa penfée. Efferre , eloqui , cxplicaie. Ap-
prenez à vous mieux énoncer. Mol. Cet homme
parle bien , il s énonce en bons termes. Cet autre
eft obfcur ; il n'a pas le don de s'énoncer. On dit,
au figuré , les Rois ne s'énoncent que par la bou-
che des canons.
Enoncer , fe dit auflî de ce qui eft compris dans
quelque écrit , & fignifie , Déclarer. Toutes les
claufes font énoncées expreftl'ment dans ce contrat.
Une claufe eftentielle qui n'eft point énoncée ne
fe fupplée point. L'aéle contient huit articles , où
tous fes menfonges font énoncés.
On dit aufiî, en termes de Pratique, Enoncer
faux ; pour dire , Avancer quelque chofe contre la
Vérité.
premier des enfans de Caïn , dont l'Ecriture parle. Énoncé , Ée. part. & ad). Declaratus.
Gen. IF. 17. Ceft auilî au même endroit le nom ÉNONCIATIF , adj. Qui fait mention de quelque
d'une ville bâtie par Caïn, que nous appelons chofe. f/z^^/zm/m'aj. C'eft une maxime de Droit que
auflî Enochie. | les termes énonciatifs ne prouvent rien j excepte
JÏNocH, dit Bochart, Pkal. L. I. C. XV. fut ainfi dans les antiques. ^"y^T Énonciation.
ENONCIATION.
E N O
LNONCIATION. f. f. Exprefîîon. Eiiundatio. Cette
pièce ne prouve rien , elle ne contieur qu'une !nn-
plsénonaation. Une fimple nunciadon dans les cho-
ies anciennes eîl un titre. Patru. In antiquis cnun-
ciatio valet j ciunclativa plané probanc.
Énonciation , fo ditauili de la manière de s'énoncer.
Avoir Vénor.ci.iclon belle. lia Vénonciacion hcuroule.
Énonciation , ell: aulli un terme de Logique , qui fi-
gnifie une propofirion qui nie , ou qui aSirme.
£nunciatïo. Il y a trois opérations dans l'entende-
ment : 1.1 (impie appréhenlion , Vinoncïadon j & le
raifonnement.
ÉNOPTROMANCIE. f. f. Sorte de divination qui fe
pratiquoit par le moyen dun miroir qui montroit
lesévénemensà celui même qui avoir les yeux ban-
dés. L'Enoptromante ctoit un jeune garçon ou une
femme. Les Magiciennes de Thelîalie fc fervoient,
pour deviner , d'un miroir , où elles écrivoient avec
du f^ing ce qu'elles vouloient répondre. Ceux qui
•les avoientconfultéslifoient leurs téponles , non pas
dans le miroir, mais dans la lune , à ce qu'elles pré-
tendoient , car leurs enchantemens avoient la force
de faire defcendre la lune. Du Grec "ejrrpoii ^miroir j
(Se /.■.nntx j divinacion. ,
ENORCHIS. f. m. Termede Lithologie. Pierre figu-
rée. Elpèce de Gtodts ou à'^dccs de forme ronde,
polie èc pefante , qui renferme une autre pierre
londe, laquelle reprélente les tefticules , & change
de nom fuivantleur nombre. Orchis ou Orchices n'a
qu'un feul tefticule , Diorchues en a deux , Trior-
chices trois.
ENORGUEILLIR, v. a. Donner de l'orgueil. Inflare
animum. La laveur l'a enorgueilli. Les bons fuccès
enorgueillijj'cnc ks Tyrans. Il s'emploie plus com-
munément avec le pronom perfonnel. l'oye^ Or-
gueil. Je menorgueillirois de louanges j fî ceux qui
me les donnent ofoient me dire le contraire ,difoit
- l'Empereur Julien. Un Sage ne s'enorgueillit ja-
mais , quelque bonne fortune qui lui arrive. La
nature n'apprend point à s enorgueillir de la vertu
de ceux qui ne font plus. S. Real. Il ne faut point
fe fixer à une chofe fi frêle que la fortune , ni %en-
orgueillir d'un bien qui eft fouvent le partage des
focs. Ablanc.
De ^Ko:.î'enorgueillit un Souverain de Rome,
Si par-refpccl pour allé iljaut cejfer d'être homme ?
Corneille.
Pour avoir fecoué le jouet de quelque vice y
■ Qu avec peu de raifon /'/^ci/«/«e ^'enorgueillir.
Nouv. Ch. de Vers.
Enorgueilli , ie. part. & adj. Superbior facius.
ENORME, adj. m. & f. Excelfif , d'une grandeur
ou d'une grolfeur démefurée. Immanis j enjrmis.
Le cololle de Rhodes étoit d'une grandeur énorme.
Ce mot vient de norma , comme fi on difoit con-
tra normam. On a dit, dans la balTe Latinité, binor-
mis Se inormis , pour dif'i, immenfus , énorme ^ fans
règle. Borel témoigne qu'on difoit aurefois , anorme
Se anormal , pour dire , contre la règle commune.
Énorme j fe dit, fi^urément, en morale , des vices.
Atrox y immanis. W'^ 3. d^s gens dont la vertu ne
confiitequ'à s'abftenir des crimîs les plus t'/zor/Tzej.
L'Ab. Têtu. Une avarice , une ambition énorme ,
un crime énorme.
Là y dans ramas confus de chicanes énormes ,
Ce qui fut blanc au fond rendu noir par les formes.
BoiL.
En Jurifprudence y on appelle léfon énorme, celle
qui excède le double de la valeur d'une chofe ven-
due. Enormis. Elle donne lieu à la refcifion d'un
contrat fait même par un majeur. La lef on énorme,
& d'outre moitié du julte prix, n'efl: pas reçue dans
les adjudications par décrer.
ÉNORMÉMENT, adv. D'une manière énorme. Enor-
Tome III,
miter , fùnii^cm y incredihiliier. l\ a été léfé ér.ormé-
ment dans la vente de fa maifon.
ENORMITE. f. f. Excès. Lnormicas , exce{Jus. Il fe
dit quelquefois de l'excès de la grandeur de la
taille. On eft iurpus de i'énormité de la taille de ce
géant.
Il s'emploie plus ordinairement dans le figuré ,
& fignifie , Atrocité, ^trociths. Vénormité de fon
•crime, de fon ambition , de cette Icfion , de cette
ufuie , &c. On a horreur de Vénormice de fon cri-
, me. Ael. L'énormité du fait le confond. Le MaÎt.
ENOSSE. adj. Se dit de ceux qui ont un os qui leur
demeure au milieu de la gorge. OJJè prafocatus. Le
loup énojfé , qui refufa le falaire de la grue qui lui
avoir retiré l'os de la gorge , eft le fymbole de l'in-
gratitude. Ce mot ne fe trouve point dans le Dic-
tionnaire de l'Académie , ni dans aucun de ceux
que nous avons contultés, excepté celui de Nicot.
, Ilell: abfolumenr hors d'ulage.
ENOUER. V. a. Terme de Manutadure de Draperie.
Eplucher un drap , en ôter les nœuds.
ENOUEUSES. f. f. pi. Ouvrières qui travaillent à
énouer les draps, & autres ctotfes de laine»
E N P.
ENPESER. V. iT. ■\''ieux mot. Caufer de la fâcherie. Et
cela lui enoefa.
ffr ENPOINTER. V. a. Chei les Épingliers y fe die
de l'aébion de faire la pointe d'une épingle. Acuere-^
acuminare.
E N Q.
ENQUADRUPÊDER. V. a. Métamorphofer en bête à
quatre pieds. Aliqucm induerc in quadrupedumvul-
tus. Mot forgé par Scarron.
Tel homme bien fait par nature y
Prenoit une horrible figure ,
Sefentam enquadrupéder ,
Sans ofe feulement gronder. Scarr . Virg. trav.
ENQUÉRANT , ante. adj. Curieux y qui s'enquierc
des aftaires d'autrui. Inquirens y inquijuor ,quxfîtor.
Il fe prend d'ordinaire en mauvaife part. Cet hom-
me eft importun y parce qu'il eft tiop enquéranc. Il
n'eft pas du ftyle ordinaire.
S'ENQUERIR, v. lecip. Je m 'enquiers y tu t'enquiers ,
il s'enquierc y nous nous enquerons y vous vous en-
quére\ , ils s' enquiérent , je m'cnquérois y je m'enquisy
je mefuisenquis, je m'enquerrai, enquiers-coi , qu'il
s'enquiére , que je m'enquiére , que je m'enquijje , ovL
je m'enquerrois. S'informer y faire une recherche.
Quizrere , inquirere. On le dit également des chofes
&des perfonnes. Enquére^-vous décela. Je me fuis
enquis de lui , & perfonne n'a pu m'en donner des
nouvelles. Il faut s'enquérir de la \'éiité du fait ; en-
quére:[-voiis à ceux qui le fivent.
IKTCe mot n'eft pas noble. Il paroît profcrit du
difcours ordinaire J admis tout au plus dans le jar-
gon du Palais.
Enquérir J en termes de Palais, fignifie. Interro-
ger, faire enquête. Quxfioncm cxercere. J'ai fait in-
terroger ma partie, il a été enquis fur plufieurs faits.
On dit, proverbialement. Trop enquérir n'eft pas
bon, pour dire , qu'on s'enquierc fouvent de cho-
fes dont on eft fathé d'apprendre la vérité.
Enquis , ise. part, du verbe Enquérir actif. Terme de
Palais , dont on fe fertdans les interrogatoires. In-
terrogatus , inquificus ya , um. Enquis de fon nom,
de fon âge, qualité , demeure. Cela ne fe dit que
des témoins. On dit des accufés , ou des criminels i
Un tel interrogé , &c.
$3° Enquis. f. m. Terme ufité au Parlement de Pro-
vence , fynonyme à information. Vu l'Arrct de la
Cour , qui ordonne VEnquis , l'information faite
en conféquence Les Gens du Roi requérent ce
qu'on appelle dans ce Parlemeiit un Enquis ^ c'eft-
à-dire , une information.
Z z z 2
730 ENQ
ENQUERRE. v. n. Terme de Blafon , fynonyme de
s'enquérir. Demander la raifon pourquoi il y a quel-
que chose dans un écu qui eft contre les règles ordi-
naires du Blafon. Jnquuere. Des Armes à enquerre ,
font celles qui font irrégulières j & qui ayant cou-
leur fur couleur , ou métal fur métal , donnent
lieu de demander pourquoi elles font contre les rè-
gles. Ce verbe autrefois n'étoit pas feulement un
terme de Blafon , il fe difoit communément pour
enquérir , chercher. Inquirere. C'eft de ce verbe La-
lin qu'il s'eft formé.
|Ç?On le dit, par forme de fubftantif, pour fi-
gnifierla recherche de l'étymologie, de l'acception
d'un mot j reclaircilfement d'un fait de Littérature.
Faire enquerre d'un terme d'art. Meilleurs de l'Aca-
démie , dans leurs délibérations, mettoient fur les
'mots douteux , mots à enquerre. Ménage.
^ ENQUÊTE, f. f. Recherche qu'on fait pour s'af-
furer de quelque chofe. On ne le dit plus que des
recherches faites par ordre de Juftice. Inqu'i/uioju-
diciaria; dans la barbare Latinité, Inquejia, L'en-
quête , en cq fens j eft une preuve ordonnée en Juf-
tice j qui fe tait par audition de témoins , dont la
dcpohtion eft rédigée par écrite fur des faits dont on
veut être inftruit. On permet aux parties de faire
enquàe , quand elles font contraires en faits. On ne
pouvoit faire autrefois une enquête fans un adjoint.
L'enquête fe fait en matière civile , &c l'information
■en matière criminelle. On ne peut faire enquête
pour argent prêté , quand la fomme excède loo 1.
On a abrégé la formalité de l'ouverture & publica-
tion des ^«.y.'/eVfj. L'Ordonnance de 1667. a abrogé
les enquêtes par tourbes : c'étoient des enquêtes qui
fe faifoient fur des points douteux de Coutume , &
fur un ufage qui n'étoit pas rédigé par écrit. On n'y
entendoit que des Praticiens , & dix témoins n'é-
toient comptés que pour un feul j parce que chaque
tourbe devoir être compofée de dix perfonnes non
recufées de part ou d'autre. Ces dix perfonnes for-
moient leurs avis enfemble 3 & l'un d'eux portoic
leur réfolution au CommilTaire pour toute la tour-
be. Une enquête devoir être compofée de deux
tourbes ., tout au moins. Il y avoir aaffi enquêtes
d'examen à futur. Quand quelqu\m prévoyoit qu'il
pouvoit avoir un procès en demandant , ou en dé-
fendant , & qu'il appréhendoit que la preuve des
faits ne vînt à périr , ou par l'abfence , ou par la
mort des témoins, ilobtenoitdes lettres de Chan-
cellerie, par lefquelles il étoit mandé au Juge
d'ouïr les témoins qui lui feroient préfentés.C'étoit
une information par précaution : ces fortes d'enquê-
tes ne fe pouvoient faire , ni en matière criminelle,
ni en matière bénéiïciale. Elles ont été abrogées par
l'Ordonnance de i66-j. Ce qu'on appelle j Enquête,
en matière civile , fe nomme Information en ma-
tière criminelle. On dit , que les informations ont
été converties en enquête], lorfqu'on a civilifé un
procès criminel.
On appelle les Chambres des Enquêtes, celles où l'on
juge les procès par écrit , qui ont été appointés en pre-
mière inftancc , où d'ordinaire il y a des enquêtes.
Inquifitionum difceptatorcs , ou Inquijitores , Inquifi-
torum Colleoium. Aduellement au Parlement de
Paris il y a trois Chambres des Enquêtes ; à Rouen ,
deux \ aux autres , deux ou trois. A Paris , les
charges de Préfident aux Enquêtes ne font que de
iîmples commiffions. Pafquier a remarqué qu'en
1588. fut érigée la cinquième Chambre des En-
quêtes. Dans l'inftitution du Parlement j il n'y
avoit qu'une Chambre des Enquêtes , dont les
Confeillers ctoient appelés Rapporteurs , parce
qu'ils ne faifoient que rapporter les procès par écrit,
comme le dit Pafquier , lequel ajoute que la Grand-
Chambre réforma un Arrêt des Enquêtes le 7 Jan-
vier 1409. & qu'elles n'avoient point droit de met-
tre les appellations au 'néant ; ce qui ne leur fut
permis que le 8 Janvier 1411,
S'ENQUÊTER, v. récip. fynonyme, de s'enquérir. Il
s'enquête de tout.
E NQ ENR
Ce verbe étant joint avec une négative , fans laquelle
il n'a point ici d'ufage, lignihe, ne fe foucier, ne
craindre point ^ fe moquer de tout ce qu'on peut
faire & dire. Cet homme ne s'enquête de rien. Il
ne s'enquête point de cela. Moi. Ce font des en-
cans fans fouci qui ne s'enquêtent de rien. Il eft bas
dans tous ces fens.
ENQUÊTEUR, f. m. Officier établi pour faire les
enquêtes & informations. Inquifitor , quafitor. Les
Commilfaires du Châtelet fe qualifient Com-
milTaires-Examinateurs & Enquêteurs. Les Lieute-
nans-Généraux ont traité des Offices d'Enquêteurs ^
& les ont unis à leurs charges. Ils ont été nommés
d'abord Enquêteur s-^on y ajouta enfuite le nom d'Au-
diteurs , & on les appela Auditeurs & Enquêteurs ;
ôc quelques-uns même difoient Auditeurs feule-
ment , eftimant que ce nom renfermoit dans foa
énergie leur ancien titre d'Enquêteur. De la Mare
dit Auditeurs - Enquêteurs , & traite de ces Offi-
ciers :, & de leur antiquité , leurs fonôtions , leur
Bombre , leur éredion , &c. dans fon Traité ds
la Pol. L. I. Tir. XI. c. 3.4. Les anciens aâes les
appellent Inquijitores. Il montre que les Enquêteurs
Confeillers au Parlement , que les Intendans des
Provinces , les Commillaires pour les réformes , ou
pour affaires extraordinaires ^ & les Confeillers de
la Cour en commiflion prennent ce titre. Il appelle
Enquêteurs de la foi , ceux que nous nommons In-
quihteurs. Il dit que les Airelfeurs, ou Confeillers
des Magiftrats , étoient divifés en deux clalfes , les
uns nommés Enquêteurs ou Rapporteurs ; & les
autres Regardeurs des Enquêtes , ou Jugeurs.
Ceux qui étoient autrefois envoyés pour connoître
des abus qui fe commettoient dans l'ufage ou l'ex-
ploitation des bois , turent nommés Enquêteurs
des Forêis , Inquijitores forejiarum. Du Tillet ap-
pelle le Grand-Maître des Eaux & Forêts , Grand-
Maître Enquêteur , & Général Réformateur des
Eaux & Forêts. Voyez P. I. p. 421 où il traite de
cette Charge , qui ne fut créée que vers le com-
mencement du XV^ fiècle.
Enquêteur , eft aulli l'Officier qui tient le regiftre des
Enquêtes. Inquijitorum tabellarius , tahelli. Pomey.
ENQUINAUDER. v. a. inventé par M. de la Fon-
taine.
// me perjuada. ;
A tort , à droit me demanda
Du doux, du tendre , & femhlables fornettes ^
Petits mots , jargon d' amourettes ,
Confits au miel: bref il W2'enquinauda.
Enquînauder , ne fignifie point tromper , comme
on l'a dit dans la précédente édition de ce Didiion-
naire, & n'a jamais pu lignifier cela. Molière a die
Enquinauder comme il a dit Tartufier. Vous ferez
tartufiée, vous ferez mariée à Tartuffe. Enquinau-
der , s'enquinauder , faire prendre à quelqu'un o\x
prendre le goût & le ftyle du Pocte Quinaut,
Jean de la Fontaine a afpiré jufqu'.i faire un opéra,
& il s'eft plaint dans le conte du Florentin, que le
fieur Lulli l'avoir enquinaudé. Mais cet efîorr n'a
fervi qu'à donner au fieur Quinaut le plaifir de
voir qu'il y avoit en France un Auteur qui lui
étoit inférieur en capacité. Second Faclum de Eu-'
retière.
ENQUIS. Foyei ^" ^°^ Enquérir.
ENR.
ENRACINER. S'enraciner , v. récip. prendre racine ,
poulfer des racines. Radiées agere ^ radicefcere , m-
dicari. Il n'a prefque point d'ufage au propre, fi ce
n'eft au participe.
Enraciner , fe dit , plus ordinairement , en morale
des chofes qui ont fait une imprellîon fi profonde
fur l'efprit, par une longue habitude, qu'il efl:
difficile de s'en corriger. Accrcfcere , augefcere, in~
veterafcere. Il ne faut pas lailTer enraciner 'c& mal.
On n'irrache pas aifément les vieilles opinions qui
font enracinées dans l'efprit des peuples. Il faut
ENR
tous les joars réfifter à fes amiriés , & à Tes aver-
lions naturelles ; garder fon cceur des pallions naif-
laiices , & en arracher celles qui loiit enrac'imes.
Fl. Tant ce penchant eft erirLicim chez certaines
perfonnes du fexe. Mlle. l^Héritier.
Enraciné , ée. part. & adj. Au propre » radicatus.
Arbre enracine. Au figuré , inveceratus , êcc. Porter
une haine enracinée à quelqu'un. Vaug.
Ces mots viennent d'inruaidire.
Le Cap ENRAGE. C'eft un Cap de la côte orientale
de i'Acadie , à une lieue du Cap d'Erpoir , & à
trois lieues de l'Ille Percée. Promontorium j uriofum.
En cet endroit, il fe trouve bien fouvent deux
vents contraires. Un navire , par exemple , viendra
de Mifcou , ou baie des Chaleurs, portant beau
trais le vent arrière ; l'autre navire viendra de la
baie des Morues j ou l'Iile Percée , avec aulli vent
arrière , qui eft à l'oppoiite l'un de l'autre : lorf-
ciu'ils approchent de ce Cnp, ils trouvent le vent
tout calme tous deux , ou ^len il faut que l'un des
deux vents l'emporte fur l'autre & le repoulfe.
Cela arrive fouvent en cet endroit. Denis, P. I.
C. cj. C'eft apparemment pour cela que ce Cap a
été appelé le Cap En, âgé.
ENRAGEANT, ante. adj. Qui donne bien de la
peine , du dcplaifir. On le met abfolument. Cela
eft enrageant. Permolefium ejî. Il eft du ftyle
familier.
ENRAGÉMENT. adv. formé à:Enragé. Nicot &
Monet, qui l'ont mis dans leurs Didtionnaires , le
traduifent en Latin par rakiosè. Je définis enrage-
menc , peut-être bien , peut-êrre mal : mais enfin je
veux fixer mes idées . . . Corlnnelli T. I. des Let-
tres de Bujfy. Ce mot y eft en italique. On ne le
dit point.
ENRAGER, v. n. Etre faifi de la rage. Rable furere.
Les chiens font fujets à enrager dans la Canicule,
quand ils manquent d'eau. La morfure d'une bcce
enragée en fait enrager i\nz autrej lui communique
fon venin.
Les chiens font plus fujets à la rage que bien d'autres
animaux , parce qu'ils ne fuent prefque jamais.
Leur fang , faute de lueur , fe charge de particules
grolîîcres '6c hétérogènes , qui infettent leur lalive
&i leur caufent la rage. Lorfqu'on eft mordu par
un chien enragé , la lalive empoiionnée de l'ani-
mal , compofée de parties folides , ignées, faunes ,
tranchantes & corrolives, coule dans le fang, &
lui communique fon venin.
Enrager, fe dit figurément, mais dans le ftyle fa-
milier feulement, de celui qui louftre une douleur
exceflive. J'enrage du mal de dents. Enrager de
douleur. Cruciari , excruciari.
Enrager, fe dit encore d'un befoin vif & preflantj
des grandes difficultés , d'un defir violent , d'une
grande colère, il car.igc de taim j de foif. Voilà un
chemin qui feroit enrager le diable. Il enrage de
fe battre. Il enrage de tout fon coeur. Il eft enragé
contre lui.
Enfin , ilfe dit d'un dépit , d'un dcplaifir fenfible. Il
enrage de voir fon ennemi dans la profpérité. Le
mariage aftemble fouvent des perfonnes qui fe
font enrager toute leur vie. Bell.
Voyant la fplendeur non commune
Dont ce maraut ejl revêtu ,
Ditok-on pas que la foi tune
Veut faire smagQZ la vertu} Gom.
©n dit proverbialement qu'un homme W enrage point
pour mentir j pour dire , que c'eft un grand men-
teur. On dit qu'il a mangé de la vache enragée:^
pour dire , qu'il a Ijien fouftert de la difette & de
la fatigue. On dit aulli , prendre patience en cnra-
.geant ; pour dire , malgré foi. On dit aulli j il en-
rage comme un l'octe qui entend mal réciter fes
vers. On dit encore , d'un homme qui ne fait que
tracaflèr, &■ qu'on ne fruroit fatisfaire fur rien,
qu'il feroit enrager la bête tSc le marchand.
ENR 73 i
EnrAgÉ , ÉE. part. & adj. Rahiofus. L'homme qui a
été mordu d'un chien c-/zrjo^-, a un vifage altéré,
des yeux triftes , le regard aiFreux ; il écume quel-
quefois , & paroK toujours tranfi de chagrin- & de
colère, ayant perdu la rai fon -, il fe jette fur tous
ceux qu'il rencontre , pour les dévorer , &, quoi-
que fon altération foit extrême, il aimeroit mieux
mourir que de boire. Mem. di: Trévoux.
Cette grande averfion que ceux qui ont été mordus
d'un chien enragé j ont pour l'eau j vient fans doute
de ce que l'eau agite les fels venimeux , dont la
gorge , l'œfophage & l'eftomac du malade font
imprégnés.
On appelle une mufique enragée, celle qui ne vaut
rien : un travail enragé , qui eft grand & difficile.
On appelle un chien enragé , tout méchant hom-
me qui s'attache à nuire aux autres , à faire des
cruautés.
Enragé, fe prend auffi quelquefois fubftanrivement;
comme lorfqu'on dit d'un homme fougueux & em-
porté , que c'eft un enragé. Il le bat comme un en-
ragé. Elle crie comme une enragée.
Ce terme étoit admis autrefois- dans le ftyle noble.
Corneille s'en eft fervi dans Pompée. Il faifoit le
même eftetque Varrabiato des Italiens. Aujourd hui
il n'eft plus que du bas comique. L'ufage fait tout.
ENRAGERIE. f. f. Tout ce que le dépit, la jaloufie,
la rage en un mot , infpirent à un homme en co-
lère. Simié fit contre fa femme tontes les enrageries
dont il fe pur avifer .... Hijh des Amours de* *,
On ne le dit point.
ENRASER. v. a. Terme de Menuiferie, Mettre plu-
fieurs pièces d'une égale hauteur. On appelle Pan-
neau <r/2ria/i , un panneau égal en epailïèur .à i'af-
femblage. On dit plus communément Arrafer.
Voy. ce mot.
ENRAYER, v. a. Paflet une pièce de bois entre deux
roues d'un carolïe , ou d'une charctte , ou les lier
avec une corde, pour empêcher qu'elles ne rou-
lent , &c retarder leur mouvement à la defcente
d'une montagne. Rotas conjîringere , prapedire.'En-
rayer une roue , & abfolument , il faut enrayer.
Enrayer J terme d'Art ôc de Charron; c'eft garnir
ùpe roue de rais. Il faut d«?v7)'e/' cette roue.
Enrayer , fe dit, figurément &: familièrementj pour
dire , arrêter la trop grande vivacité. Il faut faire
à CCS grands parleurs ce que l'on fair aux roues des
carrolles à la defcente d'une montagne, il faut les
enrayer. Ménage.
Enrayer , en teitaes d'Agricultute , c'eft tracer la
premier fillon. Voy. fillon , raie.
Enrayé , ée. part.
ENRAYURE. f f. Terme de Charpenterie , qui fe
dit des pièces de bois qui aboutllfent à une efpèce
décentre, & s'éloignent en forme de rayons, foit
dans les planchers plats , ou dans les combles &C
dômes. Alfemblage de toutes les pièces qui compo-
fent une ferme. Les enrayures carrées fervent aux
croupes des pavillons j 5c les rondes aux dômes.
Les goulfets fe mettent dans les enrayures d'un en-
trair à l'autre. Les enrayures 6c doubles enrayures
font tous les entraits des fermes d'alfemblage.
ENRAYtiRE j fe dit 3ulîi d'une corde , d'une perche.
Se en général de tout ce que l'on emploie pour en-
rayer une voirnre ; c'eft-à-dire, pour empêcher la
roue de tourner , quoique la voiture foit en mou-
vement j en forte qu'elle ne falfe que gliffer fur le
terrein , au lieu de rouler.
ENRÉGIMENTER, v. a. De plufieurs compagnies
féparées, en former un régiment. Legioni adfcrl-
hcre , in legiones diflrihuere. Enrégimenter des Com-
pagnies franches enrégimenter les milices. Les Ca-
rabins dans la fuite furent enrégimentés. M~m. de
I Trév. Avril 1722. /7.- 5 91 .
'Enrégimenté, ée. part. Les troupes SuilTes qui font
I en France confiftent en plufieurs régimens , & eii
' quelques compagnies non enrégimentées , qii on
I appelle pour cette taifon Compagnies francliçs.
i P. Dan. Mil. Fr.
Z z z z 11
732- ENR.
.ENREGISTREMENT. T. m. Pluficurs n'écrivent , ni
ne prononcein l'j. L'Académie la conferve comme
■dans le mot fuivant. Adion par lac]iielle on enre-
giftre, on tranfcrit fur les regiftres un Ade^ un
Edit j une Ordonnance, une Déclaration & autres
Lettres Patentes. Cette tranfcription fur les regif-
tres du Tribunal eft précédée de la vériiîcatioa ou
examen de la Uouvelle Ordonnance fait par la
Cour , Se de l'Arrct d'enregiftrement , qui ordon-
ne l'exécution de la loi , iSC qu'elle fera mfcrite
dans les regiftres. Relado in aiia. On s'ell oppofé
à Venregijlremeni & à la vérification de telles Pa-
tentes, il lignifie aufli j L'Aéte qui s'écrit fur la
pièce enregiftrée , pour faire foi qu'elle l'a été.
Lifez Xenregiftiemau de cette Déclaration , &c.
ENREGISTRER, v. a. Décrire dans un regiftre, y
inférer quelque chofe pour en conferver la teneur,
& lui donner une efpèce d'approbation. Rejerre in
acta, in aclis perfcrlhere. Les Edits, les Lettres Pa-
tentes & plufieurs Bulles senregijîrenc au Parle-
ment. Tous les arrêts & fentences , & les délibé-
rations publiques, senregijlrenc , fe gardent dans
<les regiftres. Les Privilèges senregijlrenc par le Syn
die des Libraires fur le livre de la Communauté.
Le mot à'enregijirer fe trouve dans l'Auteur de
la vie de faint Louis, C'eft la première fois qu'il
en eft fait mention dans nos Archives , ou ai!
leurs; & il étoit alors très-nouveau. Avant le
règne de ce Prince, l'on écrivoit fur des peaux
«nrières , & fouvent même fur plufieurs de ces
peaux coufues les unes avec les autres. On les rou-
ioic enfiiite, comme autrefois les livres; & au-
jourd'hui les cartes de Géographie ; &c lorfque ,
pour rendre un ade authentique , on étoit obligé
de le faire infinuer dans le dépôt public de la Ju-
rifdidion , comme cela arrivoit très-fouvent ^ l'on
ne fe fervoit point du mot à'cnregifirement , qui
n'étoit point encore en ufage ; mais on difoit que
l'aéle avoir été mis ou dépofé au nombre des ades
publiées ; depojîtus inter acla. Etienne Boileau ,
Prévôt de Paris fous S. Louis , fut le premier qui
fit écrire en cahiers les Ades de fa Jurifdiétion : il
commença p-ar une compilation de tous les anciens
Réglemens de Police. D'autres firent aufti de fem-
blables compilations , ou recueils , lefquels , parce
que ce n'étoientque des pièces tirées d'ailleurs j
donnèrent commencement au lïom de Regiftre ,
du Latin RegeJIum j quafi itcrîim gefliim , d'où vien-
nent les mots à'enregijîrer , & ktnregiflrement-^
pour dire , Mettre dans ces Regiftres , mettre au
nombre des Aétes publics , dont les compilations
s'appeloient Regiftres. De la Mare , Traité de la
Police , L. I. Tic. XF. c. 2.
Enregistré , r,E. part. & adj. Relatas in acla.
ENRENER. v. a. Terme de manège, qui fe dit de
l'aét^on d'arrêter & de nouer les rênes d'un cheval.
Enrêner trop court.
ENRHUMER, v. a. Caufer j donner le rhume. In-
ducere gravedinem. Le pallage du froid au cluud
eft ce qui enrhume. Il eft auili réciproque. Quanci
on fe dégarnit trop tôt , on eft en danger de %en
rhumer. Ce Prédicateur s'eft enrhumé à force de
crier contre les vices.
Enrhumé ,^ ée. part. On eft enrhumé tantôt de la gor-
ge y tantôt du cerveau , tantôt de la poitrine. Voy.
Rhume.
Ces mots viennent du Çrec ft«ft« , fluxion.
ENRICHEMONT. Bourg, ou petite ville de France
dans le Berry. On la nomme autrement Boisbelle :
mais ce nom neft point dans l'ufage ordinaire , &
ne fe dit jamais ^ quoiqu'il fe trouve dans quelques
Auteurs. Il eft fitué à cinq lieues deBourges , du côté
du nord. Ce Bourg a le titre & les droits de Prin-
cipauté ; & l'on dit la Principauté à^Enrichemont.
Elle appartient à la Maifon de Béthune-SuUy.
ENRICHIR, v. a. Rendre riche. Ditare , locupletare.
Le trafic des Indes a enrichi la Hollande. L'avidité
des avares eft ingénieufe à inventer les moyens de
ienrichir. Les grandes rivières enrichirent les Pro-
ENR
vinces qu'elles traverfent. Les Fermiers du Roi sV/i-
richijl'encen peu de temps. Il eft impoilible à'enn-
chirce prodigue.
Enrichir , fignifie aufli , Rendre de plus grande va-
leur, ajouter des oinemens riches ik précieux. Or-
nare ^infignire. Il lui a donné fon portrait , qu'il a.
fjit e/2TC./2i:>de diamans. Ce livre eft enrichi de fi-
gures.
Enrichir j fe dit figurément en chofes morales, &
lignifie , Embellir , orner , rendre plus abondant,
Amplificare , cxcoiert ,decorars.\\:!i enrichi fon ef-
prit de toutes fortes de belles connoillances. Elle n'a
travaillé qu'à enrichir Ion ame. Patuu. Cet Ouvra-
ge eft e«;/c7?^ de pkificurs nouveaux traités, palFa-
gcs, hiftoires, &c. On ditaulîi , Enrichir une langue.
fer L'ibondance , la pluralité des mots fait In ri-
chelFe d'une langue : mais ce n'eft pas la pluralité
purement numérale , dit M. l'Abbé Girard ; elle
n'eft bonne qu'à remplir les cotïres d'un avare : c'eft
celle qui vient de la.diverlité , telle qu'elle brille
dans les produirions de la nature.
ifT On ne doit faire cas de la quantité des mots
que par celles de leurs valeurs. S'ils ne font variés
que par les fons , & non par le plus ou le moins
d'énergie , d'étendue & de prccifion , de comi^fi-
tion ou de fimplicité que les idées peuvent avoir,
ils me paroilfent plus propres à fatiguer la mémoire
qu'à enrichir & faciliter l'art de la parole. Protégée
le nombre des mots j fans égard au fens,' c'eft j ce
me femble , confondre l'abondance avec la fuper-
fluité. On ne peut nneux comparer un tel goût qu'à
celui d'un Maître-d'hôtel qui feroit confifter la rr.a-
gnificence d'un feftin dans le nombre des plats ,
plutôt que dans celui des mets. Qu'importe d'avoir
plufieurs termes pour une feule idée ? N'eft-il pas
plus avantageux d'en avoir pour toutes celles qu'on,
fouhaite d'e;;p''imer.
On dit, proverbialement, qui s'acquitte s enrichir.
Ce verbe eft auflî réciproque tant au propre qu'au
figuré. Le cabinet de ce curieux s'enrichit tous les
jours de nouvelles raretés, & figurément, La mé-
moire s'enrichit par la lefture. Âcajd. Fr. On die
qu'une langue s enrichit, quand on met de nouvel-
les expreilions en ufago. Horace a dit : Cùm lingua.
Cac^nis & Enni fermonem patrium ditaverit , &c.
Enrichi , ie. part. Ditatus.
ENRICHISSEMENT, f. m. Se dit , tant au propre
qu'au figuré , des embelliffemens , âss ornemens
qu'on ajoute à quelque chofe. Illujlratio j ornamcn-
tum. Les dorures , les broderies j font les enrichif-
femens qu'on métaux meubles, aux habits. Il y a
des fujets (\ bas , fi ftériles , qu'ils ne peuvent rece-
voir aucuns enrichiffemens. Cette pièce peut fervira
l'enrichllfement de notre Hiftoire. Abl.
ENRIMANT. part. a. pour Enrhumant. GloQ'. fur
Marot.
ENRIMER. V. a. Enrhumer.
En m'esbatantjefais rondeaux en rime ,
Et en rimant bien Jouvent je /n'enrime. IvIarot.
EN-RÎMMON. C'étoit une ville de la Tribu de Ju-
da j 2. L. à'EfJr. XI. 29. Jofué fjmble en faire
deux villes , En Se Rimmon , Ch. XV , v. 3 z. mais
ioÇ. XIX. 7. & I. des Parai, r/. 52. on lie en un mot
p31('y , Enrimrnon.
Ce nom lignifie fontaine de la grenade , ou du
gi'enadier, py ,£« , fontaine, \\•y^ , Rimmon , gre-
nade j ou grenadier ; apparemment qu'il y en avoir
eu là quelques - uns , auprès de la fontaine qui y
étoit.
ENROCHEMENT. ;^(7vr? Pifrre perdue.
EN-ROGEL. Nom de lieu de "la Tribu de Juda , Jof.
XV. 7 La Vulgate traduit la fontaine Rogel. LaPa-
raphrafe Chaldaique , la fontaine du Foulon. Car
Sjn , Rhogel , vient de hxi , reghel , pied , & Vj:i ,
raghal^îowXax. aux pieds; & de l.i,difent les Rabbins
^chelomoh , Jarkhi & David Kimhi , le participe
l
E N R
*7JT, Roghel , fignlfie un foulon , parce qu'on foule
les draps avec les pieds.
ENRÔLEMENT, f. m. Aftion par laquelle on enrô-
le. Conjcripclo , adjcriptio , icUitio in album j, in indi-
am. Il s'ell fait un grand cwJ/e/7îd«r de loldats en
telle Province. Tous ces enroUmens firent une ar-
mée de cent mille hommes. FlÉch. Il fignihe aufli ,
L'atfle, la feuille où V enroUmenc t[\ éizin. J'ai Ion
enroiancnt dans ma poche.
ENRÔLER. V. a. Mettre lur un rôle , fur un crat , ou
une lille de plulieurs perlonnes de même condition,
& qui font dans le même engagement. Conjcribcrc j
rejerre in iniium. On le dit, particulièrement , des
foldats qui s'engagent à fervir le Roi. Ce Capitaine
lève des foldats, il en a Éj/i/ti/e' dix aujourd'hui. Il
faut qu'un foldat marche quand il ell enrôlé. S'en-
rôler, fe faire foldat. Militidt. nomen dare. Les Ro-
mains ne s'enrôloienc, 8c n'entroient dans la milice
qu'à l'âge de dix-fept ans.
Enrôler , le dit par extenfion des autres engageniens
que l'on prend. Vous êtes donc enrôlé au fer vice de
cette belle. Souvenez-vous que vous êtes enrôlé par
Jebaptême dans la milice de Jefus-Chrift. Du Pin.
Onditaulli, qu'un homme s'ell t/2rc)// dans une
Confrérie , nomen dédit , pour dire , qu'il ell écrit
fur les regiftres. Gufnan d'Aifarache parle d'un re-
giftre où l'on enrôle les fors qui ont fait quelque
chofe conforme à l'Editdes fottifes qui y elt men-
tionné. Ce mot ell compofé de rôle , tk vient du La-
tin inroculare. Men.
Enrôlé, ée. part. & adj. Confcripcus , adfcriptus.
ENRO.MANCER. v. n. Vieux mot. Faire un Roman
ou une ElUloire j ou plutôt écrire une Hiftoire en
Langue Romance.
ENROUEMENT, f m. Accidentproduit dans la voix
par une fluxion cathareufe , qui aftecte principale-
ment les parties qui conlHtuent l'organe de la voix ,
d'oùréfulte la voix rauque, moins nette & moins li-
bre qu'.i l'ordinaire, ii'^^«, raucitas , raucedo. Une
humeur épaifUe qui rend les collihons de l'air ru-
des , qui empêche les vibrations de la glotte , &
les rend moins fonores , produit V enrouements Koy.
Voix.
ENROUER. V. a. Rendre la voix plus rauque & moins
nette. Ravim afferre j voce/n raucam Jdcere-, Le
brouillard , le (erein la enroué. La contenfion avec
laqu'.Ue il a difputé l'a fi fort enroué, qu'on nel'en-
tend plus. Il fedit aulu avec le pronom perfonnel.
Il s'eft enrouez, force de crier. Ravihi comraxit.
Jamais Docteur ^ armé d'un argument frivole ,
Ne j'enroua che'^ eux fur les bancs de l'Eccle.
BoiLEAU.
Enroué , ée. part. Ce mot vient du Latin raucus , d'où
vient le verbe raucire. On dit. Parler enroué. Se en-
roué fc prend adverbialement dans cette phrafe.
Onditj proverbialement, d'un homme enroué ,
qu'il a vu le loup, f^ox quocjueAtdtrim \amfuaiti;fa:
lupi M.s.rim videre priores. Virgile. C'étoit une er-
reurdes Anciens.
On dit audî , enroué, du cri de certains animaux,
par exemple , de celui des grenouilles. Dans la Ba-
tracliomyomachie, Pallas dit :
Un jour,je m^enfouviensfortant d'un grand carnage,
Teus befoin de repos ; mais ce peuple maudit ^
Parfis cris enroués tellement m'étourdit ,
Que lûjfe que f étais j pendant la nuit entière
Je ne pus repofer , nijermer la paupière.
Nouv. CH. DE Vers.
ENROUILLER. v. a. S'ENROUILLER. v. recip.
Faire venir la rouille , fe charger de rouille. Rubi-
gine vitiare , ou vitiari. Le fer & le cuivre s'enrouil-
lent à. VGZW^ferrugintm ^ druginem contrahunt. L'air
humide cnrouille les armes.
Ce mot vient du Latin rubigo , rubiginnfus.
Eî-.'rouiller. , fe dit,figureinint, en Morale, du cou-
• ENR ENS 7n
rage 3 de l'efprit, qui s'enrouillent àins h p:i\x ôc.
dans la hinéantile , taute de leur donner de l'exer-
c^ice , c elt-à-dire , le relâchent & s abâtardillent.
Hchejcunt , marcejcunt. Je viens d'un pays où mort
elpnt s'clT: fort enroudlc. Voit. L'imagination s'e/J-
rouille faute d'exercice.
Enrouille , ée. p3.xx..Rubiginemjeclus , exefus^ rubl^
giiiojus.
ENROULEMENT, f m. Terme d'Architeâure. Ih-
lix , fptra. Il fe dit de tout ce qui ell contourné ert
ligne Ipirale ^ comme l'enroulement d'un pilier bu-
tant en confole.
Enroulemensde Parterre. Ce font des plate-ban-
des de buis , ou de gazon , contournées en ligne
fpirale. Les Jardiniers les appellent rouleaux.
ENROULER, v. a. //77r//Vjrej involven. Rouler uns
choie dans une autre. On ne le dit point.
ENROUSSI. adj. Vieux mot. Endurci.
ENROYER. v. a. On s'eft fervi de ce mot dans le
vieux langage , pour dire , entteprendre , com-
mencer.
ENRUE. f f Terme d'Agriculture & de labourage.
Une d//rae eft un liUon fort large, & compofé de
plufieurs raies de terres relevées par la charrue.
Sulcus altior & latior. On dit j Labourer en enrue.
Cette terre eft toute en enrues. Liger.
ENRUMER. Foyei Enrhumer.
EN S.
ENS , Ans. Vieux mot François , pour dans j dedans:.
MoNET. C'eft un adverbe de lieu, dont Nicot & le
Dicfionnaire des Arts ont fait mention.
Fiji Néron ung bain g apprcflcr ^
htfiflQns le prcud' homme mettre^
ht puis feigner , ce dit lalccire ^
Et tant Lui fade fana efpandre ,
Qu'il lui convint fon ame rendre,
Borel prétend qu'il falloir écrire ents , qui vienÊ
du Latin intus , & que le changement d'orthogra-
phe fait perdre les étymologies des mots. Il rapporte
pour exemples j les anciennes manières d'écrire ,
dotbt,foubs y efcripture , qu'on ne reconnoît plus par
doit f fous , écriture. Il ell vrai que l'orihographe
moderne ell plus facile L^plus commode \ mais elle
a moins d'analogie avec notre langue. En vain s'é-
carte-t-on de l'ancienne façon d'écrire , on ne fera
point de la Langue Françoife une Mère- Langue : il
lera toujours vrai de dire que c ell un compofé de
Gaulois, de Grec & d'Anglois-Saxon , où le Latin
a la meilleure part. Snp, au Glc(juirc du Rom.an di
la Rofe.
ENS. Petite Ville de la haute Autriche en Allemagne*
Enfa , j4najfus, Anifus. Elle ell fut la rivière d'£'^j,
environ à une lieue du Danube, & à cinq de là
ville de Lintz ,du côté du Levant. Matv. Long, 32»
d. 11 . lat. 48. d. iz'.
Ens. Rivière d'Allemagne. Anajfus , Anifus. Elle prend
fa fource près de Saint Weit , dans l Archevêché de
Salrzbourgj traverfe une partie de la Stirie , baigne
Steisj& /i'wjdans l'Autriche, & peu après le dé-
charge dans le Danube. M aty.
Ens. Petite ville du Zuiderzce. Enfa. Quelques Géo-
graphes elliment que l'Ified'Ê'rtjj & celles d'Urk,
font les Ifles des anciens Frifons , que l'on appeloic
Flevo Se Flctio , Se qui étoientdes Illes , non pas de
la mer , mais d'un grand Lac nommé i/tio , qui
éroir où e(l aujourd'hui le Zuiderzée.
Ens Veneris. J^oye^ Venus.
ENSABATÉ , ée. (. m. &f Nom de Seéle. Sahatalusi
In-:^abbatus , dans le Concile de Tarragone tenu l'an
ii4i. Infabbatatus dans Gropper , cité par Du
Cange. Les Enfabc.tis étoient une fetle d'hérétiques
Vaudois , qui s'éleva dans le XIIT liècle , ou un
nom qui fut donné à ceux des Vaudois qui préten--
doient être dans une plus grande pcrfedion , coirt^
mePratcolel'infinueen parlant de cis hétctiq,u3ï.
754
E M S
Le Concile de Tarragone j clone nous avons parle ,
lembie nioncrei- que cette led- a eti plus de cours en
Eipagne qu'ailleurs. Ces xHérétiques euleignoieut
qu'il n'étoit jamais permis de jurer j qu'on n'éroit
point obligé d'obéir aux puillancesj ni ecclélialh-
ques, ni iéculieres i qu'on ne devoir jamais con-
damner perfonne à des peines corporelles.
Ce nom , félon Piaréole , vient de ce que les
plus parfaits des Vaudois portoient une marque
fur le haut de leurs fouliers , qu'Us appeloient Sab-
idtes. Cctoir aDparemment ce que nous appelons
encore aujourd'hui Savates-^ ctii-i-div^, mechans
fouliers , vieux & ufes ; ou bien de l'Elpagnol p-
pato, foulier : car ce que dit DuCange , que ce nom
\-\entdeSal.-o:^ parce qu'ils ne portoienc que des
Sabots , eCi moins probable.
fp^ENSABLEMEN T. f- m. Amas de fable forme par
un courant d'eau, ou par le vent, ^irc.i^ cumuius.
Les enfatUmcns gênent , embarralfent la naviga-
tion.
ENSABLER, v. a. Faire échouer fur le fable. Implicarc
aifabuUtcL j ad arenx. cumuios ; iiUdere navïm are-
nis. Comme la rivière étoit balle , la Batelier nous
enfdbloh à tous momens. Notre bateau s étoir enfa-
blé. Ad arenx cumulas adkdftrut. On ne le dit que
fur les rivières.
Ensablé , ée. part.
ENSACA. Province d'Afrique , au Royaume d'An-
gola , entre les rivières de Coanza & de Bengo , à
neuf ou dix lieues de Lovando San-Paulo , vers le
Levant.
' ENSACHER, v. a. Mettre dans un fliCj emplir un fie.
Siiccoindudcre, concluderc. Chez les grands Ttcfo-
riers on voit des écus en monceaux qui ne lont
point enfac'-iés. Il faut cnfachcr ce blé , ces pois ,
pour les porter au marché.
EnsachÉjÉe. part.
ENSADE. f. m. Arbre qui fe trouve en l'Ifle de Lo-
vando dans la balfe Ediiopie , & qui eft une efpèce
de hguier d'Inde , que les Portugais appellent ïar-
vore de raix , c'clt à-dire , l'arbre de racine. Son
tronc , qui e!t forr haut j 6c ordinairement de trois
bralTes d'épailTeur , poulie des rameaux de tous cô
tés , qui étant encore jeunes le diviient en plufieurs
branches. Quelques-unes de ces branches tombant
jufqu'à terre j y prennent racine , & poulFent un
autre tronc j d'autres branches, d'autres filamens,
ceux ci d'autres j &ainfi de fuite ^ en forte qu'un de
ces arbres occupe quelquefois une étendue de mille
pas de circuit. Les plus hautes bianches , de même
que les plus balfes , tiennent à la terre par ces for-
tes de filamens , & cela fait une touffe de bois & de
feuilles que le Soleil ne fauroit percer j & qui re
pouffe la voix comme un écho. Les feuilles reffem-
blent à celles du coignaffier j & font vertes au de-
hors , blanches & lanugineufes au-dedans. Le fruit
paroît lorfque la fleur eff tombée, & fort d'entre
les feuilles des jeunes rameaux , comme font les
figues. Il ell gros comme le pouce , & rouge par
dedans &: par dehors. Les Payians taillent la pre-
mière écorce de cet arbre , 8c en tirent une efpèce
de chanvre , dont ils font des étoffes groffières. V en-
fade croît aulîî fort bien aux environs de Goa , & en
d'autres endroits des Indes. On en fait des pavillons
pour prendre le frais, en coupant les rejetons , &
les pentes branches qui embarraffent la terre. Quel-
ques-uns appellent cet arbre enxenda ,o\x enfandra.
Se les Siamois ^ co-pai.
ENSAFRANER. v. a. Teindre en fifran. Crocoinfice-
re , tingere. Pomey. Il efc effacé dans lesaddirionsdu'.
Dictionnaire de l'Académie. Effedtivement on ne
s'en fert guère , peut-être parce qu'on n'en a pas
beaucoup d'occafions.
|!CT ENSAISINEMENT. f. f. Terme de Jurifpruden-
ce. Mife en poffeilîon civile j inveftiture que donne
le Seigneur Féodal d'un héritage mouvant de lui ,
fur la notification & exhibition du contrat d'acqui-
fition. Autrefois on ne devcnoit propriétaire d'un hé-
ùtage que par la formalité du Devejî &c du p'ejl.
EN S
l''oyei( ces mots. C'eil-à-dire , qu'il filloit que le
vendeur le tût deffaifi entre les mains du Seigneur,
qui inveliiUoit l'acquéreur , c'elt-à dire , lui don-
noit la polk-iiion ou failine : d'oùeft vanixenful/irie-
menc Se enjuiji/ier.
ifT Y!enjaij\nement fe met à la marge du contrat.
Se le donne fous feing privé , par le Seigneur , ou
autre, ayant charge de lui. Le droit eft de douze
deniers.
CK? \J enfaïjjnement ne concerne que les biens eu
rorure. Cette formalité pour les fiels s'appelle inféû ■
dadon. f-'oye- ce mot.
§CF Ensaisinement des rentes conftituées. Formai' té
qui fe pratique dans quelques coutumes, à l'effet dfc
donner la préléience à celles qui lont enfaifinées fur
celles qui ne le font pas, ou qui ne l'ont été qu'ap es
quoique conibtuées antérieurement. On enfaifine
les contrats de rentes , comme les contrats d'acqui-.
lition parce cju'anciennement elles étoient regar-
dées comme emportant aliénation des fonds , pouc
lefquels il lalloit Deveft & Veff , dellaifine & fai-
fine. Ferr.
ENSAISINER. v. a. Recevoir l'exhibition d'un fon-
tr.at d'acquifition d'un héritage dépendant de fa Sei-
gneurie. Un Seigneur ne peut plus prétendre ds
droits Seigneuriaux du pallé , depuis qu'il a enjai~
Jinean contrat. On lait ordinairement erifaifiner uh
contrat , en payant les Droits Seigneuriaux. Il ell:
même avantageux à l'acquéreur de le faire, quoi-
que le Seigneur ne puiffe pas Fy contraindre ; parce
que l'an Se jour pour le retrait lignager ne coure
que du jour de l'enfaifinement; mais, depuis l'Edic
des Infinuations, l'an Se jour ne court que du jour
de l'infinuation. Autrefois Enfaifincment fignifioit
feulement Meure en pojfcjjion.
EnsaisinÉ , ÉE. part.
ENSANGLANTER, v. a. Rendre fanglant ; couvrir ,
tacher de fang. Cruentare , oblinire J'anguine , cruore
tingere. Il lui eff venu un faignement de nez qui a
enJl;ngLinté fon linge , fes habits.
Ensanglanter, fe dit figurément , en parlant des
meurtres, des carnages. Hérode a enjanglantc' {qs
mains du fang des Innocens. Ce Prince fut débon-
naire, il ne voulut point cnfanglanter fon règne. On
dit qu'un Prince a enfanglante ion règne , pour dire
qu'il a été cruel , & qu'il a fait mourir beaucoup de
monde. Ac. Fr.
Oui j fans frémir , j'irai dans fon perfide cxur^
Moi-même cnfanglanter L'image de ma fœur.
Corn.
Ensanglanter. Ce motj quand il eft queftion de
Tragédie , veut dire , Reprélenter un meurtre fur
le tliéâtre, y tuer , faire mourir quelqu'un. C'eft
une règle du Pocme Dramatique, qu'il ne faut point
cnfanglanter la fcène.
Nec pueras coram popula MedsLa irucidei. Hor,
Ensanglanté , ée. part.
Ensanglanté , en termes de Blafon , fe dit du pé-
lican , Se autres animaux finglans.
Ip- ENSEIGNANT, ante. part.& .idj. L'Eglife e«-
feignante y Hcclef a docens. Tevm& Dogmatique. Or»
entend par-là dans l'Eghfe Romaine le Corps des
premiers Pafteurs,àqui Jesus-Christ a dit:^//t;j,
enfei^ne^ toutes les Nations ^ voici que je fuis avec
vous jufquà la confommation des fiècles. Il a été de
la Providence de Dieu qu'il y eût dans l'Eglife un
Tribunal vifible , pour donner le vrai fens de l'E-
cricure; & la même Providence doit veiller iur ce
Tribunal , afin qu'il ne s'égare poinr. Mais quel
eft-il ce Tribunal , finon l'Eglife enfeignanre , finort
le Corps despremiersPafteurs, héritiers Se luccef-
feurs des Apôtres?
ENSEIGNE, f. f. Tableau , marque publique & évi-
dente qu'on met en quelque endroit pour trouver
quelque perfonne , ou quelque choie. Sigaum , ia-
ENS ■ ^ ENS 73 j
figne. Les Marchands metrenc une enfelgne à leurs ^ entendre qu'elle contient quarante- cinq aunes,
boutiques, afin qu'on les reconnoille. Ils envelop- ! Enseigne de pierreries j le dit d'un ornement où plu
peut leurs marchandifes dans une image de leur en
J Signe. Ils payent un droit au Voyer pour pofer leur
fieurs pierreries font enchàllees. Monde jiiuclUe ex
adamanubus j ex gcmnns adamamcs umoilicati corn-
enjeigne-, pour changer d'cnjeigne. Les armoiries des 1 pacliles. C'étoit autrefois uneefpèce d'aigrette qu'on
nouvelles inailons font , la plus grande partie, les! porroit au chapeau.
c/2/£/^«ejde leurs anciennes bouriques. Men. truand (Enseignes , au pluriel j fe dit des preuves , d
c
on vend une maifou , pour la déiigner , on du , ou
pend pour e/z/tv^'^i.', &c. Il elt détendu aux Mar-
chands &c aux Artiians de changer ou d'ufurper les
enfeignes ou les marques les uns des autres.
Ce mot vient de injigne. Nicot.
Enseigne, eft aulÏÏ un figne militaire fous lequel fe
-rangent les foldats , félon les diftcrens corps dont
ils font , ou les ditiérens partis qu'ils luivent. isïdi-
tarefignum, vexdlum. Les enfeignes des Chinois fon
des quelles de cheval. Celles des Européens font
des drapeaux de tatetasdediverfes figures, couleurs,
armes &; devifes. Xénophon dit que les Perles por-
-toient pour enfeigne un aigle d'or dans un drapeau
blanc. Les Corinthiens portoienc le cheval ailé ,
ou Pégafe j dans les leurs j les Athéniens, une
chouette ; les MelFéniens, la lettre Grecque M;
\q% Lacédémoniens le ^. Les Romains ont eudiver-
iQ% enfeignes , de la louve , du minotaure j d'un che-
val , d'un fanglier , jufqu'i ce qu'ils s'arrêtèrent d
l'aigle , la féconde année du Confulat de Marins.
En ce lens on dit , qu'un homme combat fous les
. enfeignes d'un autre \ pour dire , qu'il elt de fon
parti 3 qu'il marche fous iés enfeignes. Certe garni-
ion elT: fortie tambour battant, èc enjeignes dé-
ployées. Quand on remarque des enfeignes vriXm^xix.^s
lur les médailles des Colonies Romaines, cela mar-
que une Colonie peuplée de vieux foldats. Enfeigne
a fignihé autrefois un cri de guerre qui fervoit à
rallembler les troupes dans la mêlée j & à leur en-
feigner le drapeau fous lequel elles dévoient fe ran-
ger. On difoit, crier fon enfeigne \ pour dire j faire
fon cri.
%fT Enseigne , eft un terme générique , dont les ef-
pèces lont, chez nous , le drapeau pour l'Infanterie ,
& r étendard pour la Cavalerie.
JEnseigne. f m. Signifie aufli un Officier d'Infanterie
qui porte \ enfeigne , le drapeau \ & dans la Cava-
lerie, celui qui porte l'étendard s'appelle cornette.
Signifer , vexillijer. Dans les Compagnies Suides il
y a un Enfeigne & un Porte enfeigne qui eft fous lui.
Dans les autres Corps j il n'y a que deux enfeignes
par Régiment. Un enfeigne Colonel. Dans le Régi-
ment des Gardes il y a un Enfeigne pa.v Compagnie. :
Il y a auih des enfeignes dans la Cavalerie. Dans les
Gardes du Corpsily en a trois par Compagnie j dans
les Gendarmes j un Enfeigne Se un Guidon ; dans
les Moufquetaires,un Enjeigne &c un Cornette. Il y a
aulli des Enfeignes fur les yailfeaux. En général , & \
es ti-
tres de quelque chofe, du mérite d'une affaire. Jr-
gumcmuin ,^docMncnium. Cet homme eft noble à
hom\t% enfeignes , il a bien des titres pour cela. Si
on l'a fait Maréchal de France , c'eft à bonnes enfei-
gnes , il l'a bien mérité , il a bien fervi. Non in-
juria ! jure ac merito.
Enseignes, fe dit aulli des marques , des indices qui
fervent à jfaire reconnoître quelque chofe , pouc
n être point trompé. Je vous ai vu en telle occalion,
aux enfeignes que vous y fûtes blelTé ; & quidem _,
6 eo quidem argumento , &c. Ne donnez ce
dépôt qu'à ceux qui le viendront demander à telles
& telles enfeignes. Je crains qu'on ne le vienne
prendre à faulfes enfeignes. FalJ'o nomine. Vous ne
in'avez pas donné de bonnes enfeignes. Un homme
inconnu vient me demander .à taulfes enfeignes.
Bussî. J'ai vu M. qui fe portoit fort bien , aux e/i-
feignes qu'il me demanda un jugement pour un ca-
valier qu'il répétoit. Id. h\QC ces enfeignes je don-
nerai alïèz à entendre qui elle eft. Voit- Toutes ces
fiiçons de parler ne font pas du ftyle noble.
Ce mot , au pluriel , fe dit encore pour les armes
d'un peuple, d'une nation. Il porta nos e/z/Ivo/iej au-
delà de l'Elbe. Signa _, arma.iKhL.
Enseigne , s'emploie auflî, hgurément, pour marquer
la profeilion , ou l'occupation de quelqu'un. On ne
palfe point dans le monde pour fe connoître en vers.
Il l'on n'a mis ï enfeigne de Poète, ni pour habile en
Mathématique j, n Ion n'a mis V enfeigne de Mathé-
maticien. Mais les honnêtes gens n'ont point à' en-
feignes : ils font de tout. Le Ch. de M.
Enseigne, fe dit proverbialement en ces phrafes. On
dit qu'un homme eft logé à V enfeigne de la lune^
qu'il a couché à {'enfeigne de la belle étoile , pour
dire, qu'il n'avoir point de logis , qu'il a couché
dehors. Sub dio. On dit aufti d'un méchant portrait,
d un méchant tableau j qu'il eft bon à faire une en-
feigne à bière , parce que ces fortes A' enfeignes font
toujours très- mal faites.
ENSEIGNEMENT, f m. Ce qu'on montre , ce qu'on
apprend aux autres , infttuétion que l'on donne,
précepte. OoeumentunijinJ^itutio. Cet enfanta bien
profité des enfeignemens de fon maître , il a bien re-
iex\\x{e% enfeigne!fiens.. Il eft un peu vieux , & ne
laiife pourtant pas d'être bon dans le ftyle élevé &
oratoire, fur tout dans les chofes morales. Ils y
puifent de filutaires enfeignemens. Bourd. Exh. T.
l. p. \ÇjO.
tant fur mer que fur terre, XEnfeigne eft un Offi- ; Enseignement , fe dit auflî des preuves que l'on
cier major qui obéit au Lieutenant, & qui a par
fubordination , & en fon abfence , les mêmes fonc-
tions que lui.
Enseigne , en termes de guerre, fe prend quelquefois
pour toute une Compagnie. Cohors, turma.Qn leva
dix Enfeignes d'Infanterie. P. Daniel. Hijl. de la
Mil. Franc.
Enseigne , chez les Turcs s'appelle Baietaolar. Il
porte, dans les JanilTaires, un drapeau moitié rouge
& moitié jaune, avec deuxépées en fautoir.
Enseigne, fe dit aufli de la charge , aulli bien que de
l'Officier. Il a vendu fon enfeigne.
donne de quelque chofe j par titres , pièces ou au-
tres indications. Dans ce fens, il eft fouvent joiric
avec le mot titre. Cette partie a jullifié fon droit par
de bons titres & enfeignemens. On a fait un vol i\~
gnalé , &.'ona publié monitoire pour en avoir quel-
ques preuves ou enfeignemens.
ENSEIGNER. V. a. Indiquer , montrer une chofe a
quelqu'un , lui en donner connoiflance. Docere ^
commonflrare. S.m\ alla chercher Samuel , afin qu'il
lui enfeignât où il pourroit trouver les ânelfes de
fon père. L'étoile enfigna aux Mages le chemin de
Bethléem. Quand elle eut difparu à leur vue j ils
Enseigne, f f. En termes de Marine , fe dit du pavil- s'adrefsêrent à Hérode , afin qu'il leur enfeianucoh
I „ V ,,i r.._ I T '...r. -.^- J. ^j.q:j. jg fi^QJ ^^j Juifs. Les Anciens nous ont enfei-
gne \e chemin pour pénétrer dans les fciences.
Ce mot vient , félon Saumaife, de infinuare, dont
les Latins fe font fervis en cette lignification. Mé-
na'^e croit qu'il vient de infignare , qu'on a fait de
fignum.
Enseigner, Relativement à la culture d'efprit , c'eft:
uniquement donner des leçons. Apprendre , c'eft
donner des leçons dont on profite. On fe fert prin-
cipalement de ces deux verbesj lorfqu'il eft queftion
Ion que l'on arbore fur la poupe. \J enfeigne de pou
pe eft un drapeau qu'on met à l'arrière du vailfeau ,
pour marquer qu'il eft d'une relie nation. En France
\ enfeigne de poupe des vailTeaux de guerre eft blan-
che j & celle des vailleaux marchands eft bleue. Le
bâton à' enfeigne.
Enseigne. Terme de Manufacture de draperie , qui
fignifie unfe certaine mefure de drap , qui revient à
trois aunes de France; enforte que, quand on dit
qu'une pièce de drap eft de quinze enJeignes,on doit
^^G EN S
des Arts & des Sciences. Voye\ encore iNSTRurRE.
Il taiu lavoir à tond pour êcre en état à^enjeigner. Il
faut de la méthode & de la clarté pour apprendre
aux autres. Voyei IcsSyn. Fr. Les Maîtres d'école
enfcignenc à lire èc à écrire aux enfans. Les Prêtres
leur enfeignent le Catéchifme. Les Régens, les Pro-
felleurs , leur cnfeigneniXts Humanités, laPhilolb-
phie. 11 y a de? Maîtres qui cnjagnenc le Droit , les
Mathématiques, les Arts, à daufer , à voltiger, à
peindre , à chanter , &c. C'ell une bonne œuvre
d'enfàgner les ignorans. On dit aulîî ., les Stoiques
enfeignent, c'eft- à-dire j font profelîion d'une telle
tloctnne. Enfeignei la vertu fans la pratiquer , c'ell:
une v.anité de Philosophe : la pratiquer ians Vcnfei-
gner , c'eft une dévotion louable , mais ftérile. Fl.
On dit , proverbialement , que les animaux nous
enfeignent i vivre, pour dire , que les Savans peu-
vent apprendre des ignorans. On dit auiii , que la
nature nous irifeignc notre devoir.
Enseigné , ée. part.
ENSEIGNEUR. f. m. Vieux mot. Qui enfeigne , qui
fait connoître, qui déclare quelque chofe. Index ,
monjlrdtor.
Si la /'■'•^vei jfoyei m'en enfeigneurs. Marot.
ENSEL. Terme de Chirurgie. On appelle cautère en-
Je/ , un cautère qui a la pointe faite comme celle
d'une épée.
Le nom d'^/?/e/ vient du Latin enjîs ^, cpée.
ENSELLE,ÉE. adj. ou plutôt participe du vieux verbe
Enfeller , qui n'eft plus en uiage. Terme de Manè
ge , qui fe dit d'un cheval dont le dos creufe , dont
Je dos ell: enfoncé comme le liège d'une felle j &
iur lequel il ell par cette raifon très-difticile d'ajuf-
terla felle. Les chevaux e«y£;//t.j- lont relevés de cou
& de tète 3 & ont les reins bas : c'ell pourquoi ils
couvrent bien leur homrnre.
Enseli.é , eft aufli _, par métaphore , un terme de Ma-
rine. On .appelle un vailfeau enfetlé , celui dont le
milieu eft bas , &: les deux extrémités relevées j
comme font les gondoles de Venife , qui font rele-
vées de l'avant & de l'arrière , en .forte que leurs
précintes paroillent plus arquées ou courbées que
celles d'un autre vailfeau. C'eit de-là qu'un vailleau
e^^//e s'appelle auili vailfeau gondolé.
ENSEMBLE, adv. L'un avecl'aurre. Unà ^Jimul ^pa-
riter. Aller tous eujemkk , c'eft-à-dire , Aller de
compagnie. 0\\ difoit autrefois enfemblement. Mê-
ler tout enfemble, c'eltà-dire. Mêler l'un avec l'au-
tre. Ce font des perfonnes difcrétes , & vous pou-
vez ici vous expliquer cnfeinble. Mol. Ils font for-
ris enfemhle. Corn. Acheter tout enfemble , c'elt-à-
dire , en tâche &C en bloc. Cicéron ell tout enfemhle
bon Orateur & bon Philofophe , juxcà , aquè. Il
eft difficile d'allier enfemble le monde & la vertu.
Nie. Ces deux pièces vont enfemble , c'eft-à-dire ,
ne fe féparent pas.
Ce mot vient de in Scfmul. Mén.
Ensemble , en termes de Manège , fe dit d'un cheval
qui , en marchant j approche fes pieds de derrière
de ceux de devant, en forte que le devant eft léger,
&c que les hanches foutiennent , en quelque ma-
nière , fes épaules. On dit , Mettre bien enfemble
un cheval , le mettre bien fous lui , quand on le
inet fur les hanches j l'obliger à ralTembler les par-
ties de fon corps & fes forces , en les diftribuant
également fur les quatre jambes.
IJCT Ensemble, f. m. Terme ullté dansplufieurs Arts.
Il fe dit, généralement, de l'union des parties d'un
tout. Ainfi il ne défigne pas proprement la perfec-
tion , mais feulement l'alfemblage. L'enfemble peut
être bon ou mauvais.
On dit , en Architeéture j l'enfemble d'un bâti-
ment, pour en fignifier la malle j & quelquefois
pouf marquer la proportion relative des p.irties.
Tous ces corps de logis font un très-bel enfemble.
En Sculpture , on dit , Pour juger bien d'u^n ou-
vrage , d'une ftatue , il faut d'abord examiner fi
EN S
\enfcnible en efi: bon , par une jufte proportion des
parties.
On dit tout de même , en Peinture , Tout enfem-
ble. Le tout enjemble d'un tableau ell l'harmonie
qui rélultede la diluibution des objets qui le com-
pofent. Cette peinture ,;ce tableau ell beau partie à
partie \ mais le tout enfembU y ell mal entendu. P.
Mf NESTRIER.
ifT Ce mot , afïe6lé d'abord aux ouvrages de
l'art , a palfé par analogie aux ouvrages d'elpnt , &
fe du d'un fyltème , d'un pocmej&c. pour deligner
l'union des parties du tout , &c leur correfpondance
réciproque. Dès que Racine s'annonça, on entrevit
ces beautés de \enfcmble , cim lorment le caractère
dilhnttif de ce célèbre Poète. Dans le Pocme Epi-
que j les épifodes ne font pas elïentiellement liés à
l'adlion principale , le Pocme n'aura plus cette
unité, cet enjenihle qui enchante &C qui ravit.
ENSEMBLEMENT. adv. Vieux mot. Pareillement ,
tout d'un temps. Onadit aulfi iînjèmcnt dans le mê-
me fens. On dit^ préfenrement, Enfemble, conjoin-
tement. Simul , conjunclim,
ENSEMENCEMENT, f m. Adion d'enfemencer.
Sementis. L'abondance des pluies dans le Royaume
de Portugal ayant empêché les Paylans de travail-
l:-rà len/'emencement îk X la cahiUQ des terres j Sc
ayant rendu la plupart des chemins impraticables ,
prefque toutes les denrées néceiraires à la vie y font
d'un prix exceilif... Merc. de Mai ly^S,
ENSEMENCER, v. a. Jetet de la femence fur des
terres la'bourées , & en faifon convenable , pour
les laite rapporter. Sementemjacere ^ confrère. La
récolte appartient à ceux qui ont enfemencé les ter-
res. Quelques Fermiers les reçoivent toutes erfc-
mencées. Koye\ Semence.
Ensemencé y ee. part.
On dit aulfi , au figuré , de l'efprit d'un jeune
homme à qui on donne de bpnnes inllruèlions, que
c'cll une terre qui a été bien enfemencée.
?]3' Ensemencer , Semer , conddérés dans une figni-
fication fynonyme. f/J^ewertcf: arapportà la terre,
fenur au grain. On enfemencé un champ. Onfeme le
grain. Enjcmencer , ne fe dit que des grandes pièces
de terre préparées par le labourage. L'on enfemencé
ks terres &: non fes jardins. Une autre différence ,
c'eft qnenfemencer ne fe dit que dans le fens pro-
pre ; femer , dans le fens propre & dans le fens fi-
guré.
ENSEMENT. Vieux adv. Sûrement , enfemble.
EN-SEMÈS. Nom de lieu. En-femes , ou En-Sche-
mefch , c'ell-à-dire ,1a Fontaine du Soleil : c'étoient
des eaux qui étoient fur les confins des Tribus de
Juda ^ de Benjamin. Jof XV. 7.
ENSEPULTURE , ee. adj. Qui eft mort , qui eft au
tombeau. Sepeiitns , terrji mandatas. Ce mot eft à
fa place , quand il fe trouve en la compagnie de
plulicurs autres qui ne font pas moins vieux ,
comme dans ces exemples :
A tantfe tut le Normand Philofophe ^[S. Evremond)
De fon temps gentil Clerc , ains gaudifjeur juré ,
Etquepieca, dit- on , avie:[ pour tout Cure ,
Mais dont prônes meshuy pas ne font de l'étoffe
D'un Pafeur enfépulturé ....
Le Comte d'Hamilton ,
Epitre au Chevalier de Grammonti Qiuvres de l'^ibbé
de Chaulieu.
ENSEPULTURER. Vieux v. a.Enfevelir, mettre au
fépulcre. Sepelire , tumularc. Madame de Seélej qui
étoit confine germaine dudiél Meiîire Gautier de
Briennej print les os dudiél feu, & les fit enfépulturer
en l'Eglifede l'Hôpital d'Acre. Joinville.
ENSERRER, v. a. Ce mot vieillit. Il fignifie, enfer-
mer dans quelque enceinte. Claudere , condere , ab-
dere , recludere. La mer enferre tout le globe terref-
tre. La terre enferre dans fon fein bien des tréfors,
c'eft-à-dire , ils y font enfermés. Ce divin Efprit ,
que
E N s
t}'ae rien r\ enferre 3 vole par rout. Voit. De ce qnc
le ciel enferre, il n'eft rien qui loir fans amour. ïn.
i^ E.MSERRtR. Terme de j.irdui.ige. Renfermer dans
une ferre, i^.r.firrer des orangers , ou des plantes dé-
hcares quand le hoid approche;.
Enserre , ee. parr. Autret-ois on diloic erfcrrc pour
empcché , qui eft en peine.
ENSEVELIR, v. a. Envelopper un corps mort dans un
drap, dans un fuaire, pour lui donner enluite la fé-
pulc.ire dans la terre. Sepelire. Ceft un adbe d'hu-
manité à'enjevelir les morts. Tobie & quelques au-
tres Hébreux ont montre un grand zèle pour enfe-
vef/rlcs morts. Lailfez aux morts le ioui d'enfvelir
leurs morts. Port-R.
Ensevelir, lignifie aulfi j Enterrer un mort. Inhu-
ri.irj j inf erre ,mandare terra. Les Chrétiens erfevc-
liffent leurs morts , les enterrent. Les Romains & les
Orientaux les briiloient , au lieu de les enfevelir. On
a dit autrefois en ce lens j enfépulturer.
Ensevelir , fe dit figurément, en parlant des corps
abymcs , abforbés , ou péris. Ahforhere , kaunre.
Tout cet équipage a été enjeveli dans les ondes avec
le vailFeau &c les marchandifes. Cette ville a enfe-
veli tous fes habitans fous fes ruines , par un trem-
blement de terre. L'Infidelle tremble à l'approche
de vos flottes, & croit fe voir enfevelir fous les rui-
nes de fes Mofcjuces. Bourdal.
Ensevelir , fe dit auiiien Morale, Se fignifie , Abo-
lir , perdre j plonger. Abolere , iinmergere , opprime-
re, obruere. Les plus grandes aétions font avec le
temps cnfevelies dans un protond oubli- Sa gloire a
été enftvelie avec lui. Il faut enfevelir la mémoire
des grands crimes. La piété efl comme étouffée &
erfevelie fous la pompe des cérémonies. Cl. Sa rai-
fon étoit étouffée &: enfevelie dans le vin. Combien
y a-t-il de vérités cjui lont cachées , & comme en-
fevelies dans l'Ecriture ? Nic,
Ces tréfors dont le Ciel voulut vous embellir ,
Les ave\-vous reçus pour les enfevelir ? Racine.
On dit auiïi qu'un homme eft enfeveli dans un pro-
fond fommeil , quand il dortprotondément. Somno
fepultus. On ledit aullî dans une grande léthargie.On
dit au!li de celui quis'enierme dans un Hermitage ,
ou qui fe retire du monde , qu'il fe va enfevelir àxns
la folitude. Abl. Il ne huit pas enfevelir nn beau fe-
cret j le cacher fi bien , qu'on le laide perdre.
Enseveli , i£. part. & adj. Sepultus j immerfus.
Alors dans le plaifir fon cxur enfeveli
Ne prétoit à fes yeux quun regard affoibli,
vENSEVELISSEMENT. f. m. L'adion d'enfevelir. Se-
pultura. h'enfevelijjement des morts eft au nombre
des œuvres de miféricorde.
ENSEUILLEMENT. f. m. Terme d'Architedure. Ce
mot fe prend pour l'appui d'une lenccre au-deiïlis
de trois pieds :c'eft pourquoi on dit qu'une fenêtte
eft à 5 , 7 J ou S» pieds à'enfeuillement.
ENSI , INSING. Vieux mots. Ainfi , auflî.
ENSIMAGE. f. m. Terme de ALinut-aclure de lainage,
qui fignifie l'aétion de mettre légèrement avec la
main du Laindoux fur la fuperficie des étoffes , du
côté de leur endroit, afin de les pouvoir tondre plus
facilement , le famdoux aidant à faire couler les
forces. Voye-[ Ensimer.
ENSIMER. v.a. C'eft humederavecles mains d'huile
oude graiffe, une pièce de drap ou autte étoffe,
gour la pouvoir tondte de plus près & avec plus de
facilité. Il eft défendu aux Tondeurs d'ufer de cette
manœuvre. Il leur eft feulement permis d'adoucir ,
avec de l'huile d'olive j le tranchant des forces dont
ils fe fervent pour leurs apprêts. Les Tondeurs fe
fervent quelquefois pour e/2,'î>72£r d'une compofition
appelée Flambart: cetenfimage leur eft encore trcs-
cxpreffément défendu, parce que les ctoftes ainfi
Tome m
E N S
737
engraillées perdent de leur qualité. Rcglcment con-
cernant les Mantijùcîures
a dit enfirfors >
ENSINC. adv. Vieux mot. Ainfi.
ENSÎR. V. n. Vieux mot. Sortir. On
pour , fortir dehors.
ENSISHEIM , que nous prononçons Inci:{in. Ville de
la Haute-Alface, dont elle étoit autrefois capitale.
Enfiskemum. Elle eft fur la rivière d'Ill j à quatre
lieues deBriiach , du côté du midi.MAXY. M. Cor-
neille diz L'nshe/m ou tnfsheim • mais je ne trouve
point Ensheim ailleurs. Long. 15 d. 1' 55". Latit.
47 d. 51' 1".
ENSOIGMANTES. Ancien terme qui fignifioit conçu-,
bines, Chron.de fland. chap. 15 Cet Empereur
( Frédéric II ) tint plulîeurs femmes enfoignantes ;
en Grec «^'Oj^a? , >-iz'-t àmoilix;.
ENSORCELERENT, f. m. Aélion d'cnforcelcr , ou
l'effet qui en réiulte. Maléfice jeté iur quelqu'un
par un art prétendu magique qui nuit à Ion corps
ou trouble i\ raifouj ou l'effet prétendu de cette
aétion. l''oye-{ Sort, h afcinatio ,venefcium. Lespay-
fans appellent enforcelemens , les maladies de lan-
gueur que les Médecins ne peuvent guérir.
Ce mot fe dit aulfifigurémentpourim entêtement opim a--
tre , féduélion d'efprir. L'on ne peut faire aucun cas
de ce quidifpatoît avec tant de promptitude,fans un
véritable enjbrcclement. Ac. de la Tr.
ENSORCELER, v. a. Jeter un fort ou maléfice fur
quelqu'un. Fafcinare , incantc.rc. Quand il arrive
quelque maladie aux payfans j ou .à leurs beftiaux,
dont on ne peut découvrir la caufe, ils difent cju'ils
ont été enjorcelés. Je vous prie , Madame , de ne
point accabler un miférable de reproches: affuré-
ment je fuis en for celé. B. Rab.
^fj Le peuple a cuij & croit encore que par le
moyen d'un fort on peut altérer le tempérament &
la fanté , rendre même extravagant & turieux. Mais
les gens de bon fens favent que tout ce qu'on attri-
bue à un fort malicieufement jeté , n'eft que l'effet
ou d'une mauvaife conftitution,ou d'une application
phyfique de certaines chofes capables de déranger
l'économie de la circulation du lang , & par con-
féquent propres à nuire à la fanté &; à bouleverfer
les fonclions de l'ame.
On dit, par exagération, d'un homme qui eft
fort amoureux d'une femme , qui en eft teljemenc
cocfté qu'elle le gouverne abfolument , qu'il eft c«-
yùrtf/dj qu'elle Ta enforcele.
Un foir que f attendois la belle ,
Qui depuis deux ans /«'enforcele
Voit.
E:4SorcelÉ , ÉE. part. & adj. Fafinatus.
ENSORCELEUR, f. m. Qui enforcele. Incantator ^
magus , vencficus. Les doux appas enforceleurs. Voit,
Cependant l'Académie efface ce mot dans fes addi-
tions, après l'avoir mis dans fa Table.
ENSOUFREK. v. a. Enduire de foufre quelque vaif-
feau. Sulphure illinere. On enfoufre les tonneaux »
quand on veut tranfporter du vin par mer, & ea
des lieux éloignés. On dit plus communémentyoa-
frcr.
ffy Ensoufrer. Expofer les laines au foufre. Foye)^
Ensoufr.oir.
Ensoufrf.,ee. part.Ce mot wlanxàe fulphur^infulphurare.
ENSOUFROIR. f. m. Lieu bien fermé , en manière
d'étuve , où l'on expofe à la vapeur du foutre les
étoffes de laine j pour leur donner le blanc.
ENSOUPLE. f £ On dit auffi enfuble , & plus_ com-
munément e«/i^^/e. Men. D'autres veulent qu'ils ne
foient tous deux en ufagequepar rapport.! deuxdit-
férentes fortes d'Ouvriers : enforre que les Tiffe-
rands difent enfouple , & les Ferrandiniers c^"/^/'/*.
Quoi qu'il en foit , c'eft une partie du métier du
Tifferand , ou d'autre Artifanqui travaille en tiffu.
C'eft le cylindre ou le rouleau autour duquel on
roule le filet qui doit fervirde cliainc ou de lilfei
la toiie , ou à l'étoffe qu'il rravaille.L'Ecriuue-fainte
nous a dit que la hampe de la halebarde de GoUatU
A a a a a
T
738 E N S E N _
èioh groiïe comme ïenfuplc d'un Tiileiand. Ven-'
jouuc.iu elt un rouleau oppofé , fur lequel roule
i'écofïe à meluie qu'elle le ùu. Il but que l'ecorte
demeure quelque temps liir Vcnfii l: pour la rendre
plus unie , i3<: empêcher qu'elle ne le gnppe ^ qu'elle
«e fe fronce.
Ce mot vient du Latin Infuhida , fignifiant la mê-
me chofe^ comme dit Ménage , après Cujas.
Ensouple , elt auili un terme de Brodeur. On appelle
ainfi ces colonnes de bois percées , au travers des-
quelles pailent des lattes , &c fur quoi travaille le
Brodeur.
ENSOYER. V. a. Terme de Cordonnier. C'efl , atta-
cher la foie au bout du hl pour le palier plus faci-
lement dans le trou qu'on a fait avec i'alène. Setù^,
afpero pHo munue , armure. Enjoyer le ril. Du hl
azfoyé.
ENbUÎiLE. /-"oyc:;; Ensouple.
ENSUITE. Prépohtion ou adv. Dans le premier fens,
il ell toujours fuivi de la particule de , &c veut dire
.après , enj'uiu de cela , enfu'ue de quoi. Quand il
eil adverbe , il s'emploie abfolument. Enjuue nous
ferons le relte. Vous irez-là enfuicc.
ENSUIVANT. Ce mot fe trouve dans les livres de
Palais & dans les procédures de Juftice : il eft ad-
jedif& participe , & veut ^nsfuivanc , qui fuit.
Secjuens , jubjcquais. Le premier Novembre enfui
vaut. Primo Juhj'equenùs proxnnc Novcmbris dit.
Cela marque le mois de Novembre de l'année dont
on parle- Le fécond de Juin enfulvant elle tut cou-
ronnée. Maug. On dit dans les procédures, qu'on
produit en enfulvcLnc l'appointement d'un tel jour.
Ce mot eft ici un géiondii:.
ENSUIVRE. ( S' ) V. récip. Ce verbe n'eft ufité qu'en
quelques temps. Il fignihe , êrreenfuite j venir im- \
médiatement après j ou bien procéder , dériver de.
Seqià. Il a appelé de cette fentence , de ce décret , \
Se de tout ce qui s'en eft enfuivi. Ce Prince a pro-
teilé n'être point refponfable de tous les malheurs!
<]ms(:::fuivroiem: de la rupture. La belle lui lit la rc-
ponfe qiii s'enfuit. B. Rab. Lesaccidensqui s't.vi/'l'i-
virenc fortifioient l'acculation. Vaug. Le comptede
tutelle eft rendu en vertu de la fentence d'un tel jour
dont la teneur serfuit. Après avoir reconnu nos iccl-
lés nous avons procédé à l'inventaire ainfi qu'il s en-
fuie. La mort du mari peu de temps après s'en enjuivic.
MÉNAGE. Un urandbien s'i^^yaii-vf detousces maux.
Ensuivre j ( S' j fe dit aulVi dans l'Ecole, des confé-
quences qu'on pourroit tirer d'une propohtion , des
eîFets qui pourroient arriver d'une caufe qu'on. au-
roit fuppofée. Quand on pofe une chofe abfurde ,
mille abfurdités s'en enfuiyent. Woyiz c e qu'il s't/z-
yà.vro.f delà.
On s'en fert fouvent à l'iinperfonnel. Il s enfui:
de là que , &c. De là il %erifuivoit que , &c. Si
vous admettez ce principe j il s'en enfuivra que ^
&c. De ce principe il s'enfuivroinw-i contradiction.
Ce mot vient du Latin infequi.
ifT ENSUPLE. Foye:^ Ensouple.
E N T.
ENTABLEMENT, f. m. Terme d"Architec1:ure. C'eft
le dernier r.rng de pierres qui eft au haut d'un bâti-
ment fur lequel pofe la charpente ou la couverture.
Parieds cjrona ^ fuperdlium j crepido j lorici if^g-
grunii.
Ce mit vient de tabulatum , inuihulamentum.
Quelques-uns appellent cette force ^entablement
l'échappée de la pluie , &: le nomment en Latin//-'/-
• liddiiim. On dit donc j cet eitablcmentns. pas alfez
de portée,car l'eau tombe fur le pied de la muraille.
Entablement, fe dit aufll à Tégarddes colonnes , de
la partie qui eftau-dellusduchapiceau , &: quicom-
prend l'architrave ^ la frile &c la corniche. Le mot
â.' entablement pris en ce fens s'appelle en Latin tr.i-
beatio , & quelques-uns le nomment en François
travaifon. \d entablement eft différent félon les divers
ordres d'Archiceduie. On appelle cntabUmsnt re-
E N T
coupé J celui qui fait retour par avant corps fur une
colonne ou pilaftre. Voye^ Gueule ou Doucine»
ENTABLER , s'ENTABLER. v. récip. Terme deMa-
nège , qui fe dit d un cheval , lorfque fa crouoe
va avant les épaules j lorfqu'il manie de deux pif-
tes , tant fut les volces que fur les changemens de
main, cheval entablé , (\\û. rentable.
ENTACHER, v. a. Intecter , gâter de quelque vice ,
moral ou nacutel. Inquinare j inficere , Contaminare.
Il n'eft guère en ufage qu'au participe. Ils ctoient
er.taches de lèpre. Cet homme eft fort entaché d'hc-
relie , d'avance. Il étoit entaché àlnn vilain mal dès
le venue de la mère. La Vierge n'a point été enta-
chée du péché originel. Ce mot ne doit guère fortic
de la conveilation. Corn. Il vaut encore mieux ne
l'y pomc taue entrer.
Entache, EE.part. pall. & adj. Inquinatus ,injeâu^.
Souillé, marqué. Glojjairejur Marot. Au Hgmé en-
taché d'avarice.
ENTAILLE, f. f. Ouverture qu'on fait dans un corps,
qu'on taille en un certain endroit , pour y en em-
Doitcr Se y en faire entrer un autre qu'on y veut
joindre, huifo , incfura. Les entaules fe font carré-
ment , & de la demi-épaiffcur du bois. On place
dei folives dans les entailles des poutres. Les entail-
les à queue d'arondes lonc les plus fortes. Il lignifie
quelqueioîs une limplc hoche , ou coche qu'on fait
dans le bois pour y taire quelques marques.
ENTAILLE carrée. C'eft lorlqueles morceaux de bois
fe joignent carrément dans leurs entailles.
Entailles , ou dents d'alîi^^ic de bord. Ce font des ho-
ches ou coches qu'on fait au derrière de l'aflùc dans
les llafques j pour y mettre le traveihn fur lequel fe
met le coin de mire.
Entaille chez les Menuifiers. C'eft un billot de bois
fendu, dans lequel les Menuiliers font entrer le fer
de leurs fcies quand ils veulent en limer les dents.
fCF Entailles en Lutherie. Ce font dans lefommiec
de l'orgue les mortoilesque l'on fait aux longs côtés
du chaftis , pour recevoir les barres qui forment les
gravures.
ENTAILLER, v. a. Faire une entaille, un trou , une
ouveicure dans un corps , pour y faire entrer un au-
tre coprs. Incidere. Il faut entailler les pierres pour
y mettre les incruftations.
Entaillé j ée. part.
ENTAILLLJRE. f. f. petite entaille. Inc'fîo 3 incifura.
PoMEY. On s'eft audi fervi de ce mot pour dire ci-
felure ouvrage d'Orfèvrerie. Dicl. des Arts.
ENTALANTER.v. a. Vieux mot. Faire naître un fort
defir de faire quelque chofe.
f'ûire qui m'as encornagucre entalanté ,
Déchanter un faj et par autre non chanté.
Borel dit que ce mot vient de Talen, qui e*
Languedoc veut dire fliim j appétit j ou.à'Ethélontéf
autre vieux mot , qui lignifie délireux de quelque
chofe. du Grec ii^mms , volontaire, qui agit de Ion
bon gré.
ENTALINGUER. v. a. Terme de Marine. C'eft amar-
rer un cable à l'arganeau de l'ancre, liudentem alli-
gare adancoram. On dit aufli talinguer ôc étalinguer^
amarrer un cable , c'eft le lier , l'atracher.
ENTALIUM. i. m. C'eft un coquillage plus long &
plus gros que le dentalium ; mais qui lui reftemble
d'ailleurs en tout: fes cannelures font feulement plus
profondes, & vertes pour la plupart. On nous l'ap-
porte des Indes Orientales. Ces deux coquillages,
font de peu d'ufrge en Médecine. Dicr. de James.
ENTAME, f f. Proprement le premier morceau qui
fe coupe , ou fe fépare de quelque chofe , de
même qu'entamure. Ce mot n'eft ufitc queparmi
le peuple.
ENTAMER, v. a. Au phyfique. C'eft retrancher , fcpa-
rer d'un tout, ou d'un corps conlldérc comme un
tout, une partie qui eft regardée comme la première.
Decidere. Entamer une pièce d'étoffe : entaw.tr le
pain , entamer un bateau de bois de charbon. Dans
b
ENT
trette acception i! lignifie aulll faire une légère inci-
fion , une petite déchirure. Entamer la peau. Strln-
■ gère ,pcrjlnngire.ÇIt^\x\\zow^ de hache qui n'a
tait i^' eW-ivner l'armet. Ablanc.
Ménage dérive ce mot de entamare ^ Latin , qui
a été fait du Grec hrinnn , ligniiîant la même choie.
Bord dit qu'il vient du vieux mot François ra/Tzer j
qui vient du Grec î-i,"»"» , raimt ^ fignifiant àiffi-
quer.
On dit , en terme de Manège , entamer le che-
min , pour dire , commencer à galoper. Entamer du
pied droit , du pied gauche , en parlant de la jambe
qui précède ou qui embrallè la première le terrein.
IJCT On dit aulfi , entamer un cheval , pout dire ,
lui donner les premières leçons du Manège. Ina-
pers , inchoare.
Entamer, fe ditauflî au figuré pour commencer. Auf-
picari j inchoare , aggrcdi. Entamer un difcours,, en-
tamer ant quertion, entamer une négociation. Ce
Rapporteur 3. entamé ce matin mon procès. Le Duc
s'étoitptopofé de ne faire qu'écouter j fans rien en-
tamer de (on côté. L'Ab. Regn.
CET On dit aulfi , au figuté , entamer un corps de
troupes, pour dire, commencer à l'ouvrir j d le
rompre. Dès que la première ligne Em entamée ^ le
refte prit la fuite.
(Ç3~ Il a encore d'autres acceptions au figuré qui
feront expliquées dans les exemples fuivans. Ma ré
putation ell entière, & vous V entame^.^onKX). Vous
y donnez atteinte. Ce n'elt pas allez qu'une femme
n'ait rien à fe reprocher j il tant que le public ne
puilfe entamer fa conduite par aucun endroit. Blll.
On du également ^ il s'ell liillé entamer, pour dire ,
qu'on a découvert fes fentimens , & qu'on en a tiré
av.ancage. Dès qu'un Amballadeur s'ell lailîé enta-
mer, il eft perdu •, c'eft-à-dire , dès qu'il s'efb lailfé
pénétrer , ou qu'il a fouffert qu'on retranche les hon-
neurs qui lui (ont dûs. Bouh. Un homme qui parie
peu , &c qui fe ménage , ne donne point de prife
aux plaifans, qui ne faventpar où V entamer. ^tLh.
Lesaccidens du monde ne peuvent e«wmerrame du
vrai Philofopho. Bal. L'unique foin des enbns eft
de trouver l'endroit foible de leurs A'Iaîtres , comme
de tous ceux à qui il font loumis:dès qu'ils ont pules
entamer , ils gagnent le delfus.LA BauY.C'étoitavec
un ridicule appareil de danfeurs , de joueurs de fiûte
&c de courtiianes , que Caligula marchoit à la con-
quête do llfle Britannique , dont toute la valeur de
Jules- Céfar & de les Légions n'avoir pu entamer
que les bords. Larrey.
Entamé , ée. part.
ENT AMURE, f. £ Le premier morceau qu'on coupe
de certaines chofes , particulièrement du pain, Pri:-
mumfruflum , primitif. Donnez-moi l'entamureàa
de la pain.
§CF En tamure , fe dit aulîi pour légère déchirure. Ce
coup ne m'a lait qu'une pente en tamure. Ventamure
peau.
En TAMURE de carrière. Ce font les premières pierres
qu'on tire descatnères.
On dit aulli , Ventamure d'un jambon , pour
l'Ouverture d'un jambon.
EN TANDIS. Voy. TANDIS.
ENTANT-QUE. Conjonction , qui fert à fpccifier
ou à reftreindre quelque idée , quelque propoli-
tion. Quantum j ut. Jésus -Christ eft confidéré
diverfement, entant que Dieu j Se entant (/«'hom-
me. En Philofophie , on confidère les fubftancos
félon leurs accidens , entdnt que longues , entant
qui chaudes , entant ^a'animées j &c. En Jaftice on
dit, le Procureur du Roi joint, entani> queïe fait
• le touche, ou le peut toucher.
EN-TAPPUCH , ou TAPPUAH. Nom de lieu en
Jof XVIII. 7. Il fignine Fontaine de pommier,
ou de la pomme. C'étoit une ville fur les confins
de la demi - Tribu de ManalTé d'en - deçà du
Jo'irdain.
ENTASSEMENT, f. m. Aitlon par" laquelle on met
plirfiitirs chofes , en un tas -les unes fat les autres.
ENT ■ 739
CongeJIIa. VentaJJement des gerbes dans une grange.
Il fe dit figurément des atfaires. Il y a dans cette
famille un entajjement à'âAVues qu'il fera difficile
de débrouiller.
ENTASSER, v. a. Mettre plufieurs chofes les unes
fur les autres. Congerere , compingere. Prononcez
b pénultième longue. Entajfer des meubles l'un
fur l'autre , papiers fur papiers. Ce terme eft fore
ulué parmi les Laboureurs. Entjffer des gerbes j
la grange eft trop embarralfée , il faut entajfer ces
gerbes coacervare. On dit par exagération que des
hommes font entajjes les uns fur les autres , quand
ils font fort preflcs. Ce terme eft d'un fréquent
ufage au figuré , & hgnilie accumuler j mettre l'un
fur l'autre en grande quantité. Voilà un fcélcrat
qui entajfe crime fur crime. Il faut avcrrir les
hommes que tous ces biens qu'ils entaient n'ont
pour baie qu'une vie périlfable. Nie. Entafftr cri-
me fur crime. Enta{jcr penfée fur penfée. Les
Ariens entamèrent un grand nombre d'accufations
contte S. Athanafe. Herman. La plupart des Com-
mentateurs entaffent une érudition qui ne fert qu'à
fatiguer les Leéteurs. Dac. S'il y a quelque défaut
dans cet Ouvrage , c'eft que les beautés y font trop
entajjées. Ablanc. Le perfide entajjoit fermens fur
lermens , &c trouvoit l'éternité trop courte pour
mefurer la paflion. P. CoM. Entajjer victoire fut
viéloire. Bouh.
Lui que de mille Auteurs retenus mot à mot 3
Dans fa te te entalfésj n'afouventfaitquunfot. BoiL.
Ménage dérive ce mot de intajfare , qui eft fdit
du Grec £i'-«î--iî>', iignihant la même chofe.
Entassé , ée. part.
Entassé , fe dit aufti des perfonnes malfaites de
taille , qui ont la tête enfoncée dans les épaules ,
compacli , ftipat:,
ENTE. f. t. Petite portion d'un arbre qu'on insère
dans un autte par une incifion qu'on y fait , afin de
corriger le goût de Ion fruit , ou même pour lui
faire porter un fruit différent. Inftum, Infitio. On
appelle auiîi cela une greffe. La Quintinie remar-
que qu'en certaines Provinces on le fcit plus ordi-
nairement des termes d'ente , & d'enter , mais
qu'aux environs de Paris on dit plus communé-
ment greffe & greffer. Il ajoute qu'il y a aufli des
Provinces où l'on le lert du terme d'enture, pout
dire greffe, f^oyey^ Enture. Ainfi fuivant La
Quintinie ente & greffe font lynonymes : mais Li-
ger , dans fon Diclionnaire des termes propres à l'A-
griculture , foutient qu'on fe trompe, que greffe &
ente ne font point fynonymes quoiqu'entet & gref-
fer lignifient la même chofe & s'emploient indiffé-
remment l'un pout l'autre. Le mot ente , félon lui j
ne s'entend que de la greffe & du fujet mis enfem-
ble, c'eftà-dire , de l'arbre fur lequel on a inféré
une branche étrangère , ou du compofé qu'ils font
enfemble ;au lieuque greffe ne doir lignifier que
les petites btanches feulement qu'on a appliquées
fur le fujet , fans y comprendre ce fujet : il ne figiii-
fie que la petite partie d'un arbre étranger appli-
quée fur un autre arbre , & non cet atbre fur le-
quel on l'applique, ni le compofé de ces deux cho-
fes. Il prouve fon fentiment -par l'ufage. Car, dit-
il, on ne dit point couper des entes fur un arbre,
ainfi qu'on dir couper des greffes ; ni appliquer une
ente J Comme on dit appliquer une greffe- Ainfi ente
n'eft point la même chofe que greffe , quoiqu'entet
foit la même chofe que greffer J & c'eft mai parler
que de confondre ces deux mots. Nous examinerons
ces raifons au mot greffe.
Ente en fetire, ente en éculfon , emplajlrat'o ^ fcutu-
lata infitio. Ente en écorce , en flute , en bouton ,
ou en oeil dormant, inoculatio. |y«(f).9-«//4i»-^'îï- Ente en
germe , en tronc , en couronne , ert morcel , en
pied de chèvre , en fcion. Ente en perche, &c. Voy.
Greffe & Greffer.
Ce mot vient du Latin inCia. Mén. Du Cange dit
A a a a a ij
*7^0
74
ENT
qu'il vient du Fiamaml ou Allemand i«/e , qui! dé-^
rive du Latin iii/àum. On ditaullien L-Anncalamus,]
d'où vient que les Italiens ditent encore i/tcalmare , !
ce que nous dilôns enur. Les anciens n'avoient pas j
l'ait des e/iccs li partait & Il étendu que nos Jardi-
niers l'ont miimenant. Ils en ont cependant parlé
allez bien, t^oye:^ les Auteurs des Géoponiques , les
Gcorgiques de Vugile, le z^ vers le conimencenient.
Columelle, L. 'V. C. n. Pline le Nacuralilte, &c.
On appelle aulli entes , les jeunes arbres nouvelle-
ment entév
Il y en a qui appellent ainfi des arbres à enter , &
qui font encore lauvageons. Il y a dans ce jardin
deux enres de pommiers qu'il faudra grefter.
On appelle aulli le manche d'un pinceau , ente ^
mais il faut écrire hunu. F'oye^ Hampe.
Ente de moulin j fe dit de la patrie du volant où eft
entée une autre pièce de bois pour lui fcivir d'a-
longe.
Ente j eft aufli un terme d'Architeétare.Pilaftre carré
que les Anciens mettoient aux coins des Temples.
Et en général le mot à'ente fignifie les jambes de
force , qui fortent un peu hors du mur.
BONNE ENTE. /''oyq Doyenné.
ENTE , . ÉE. adj. Terme de Blafon , qui fe dit lorfque
les deux parties de l'Ecu entrent l'une dans l'autre par
des entures rondes , qui pourroienc être dites enbùc-
tures. Infertus _, cornmijjus , injitus. On appelle enic
en pointe , lorfqu'il y a une pointe ou une entaille
qui fe fait à la pointe ou au bas de l'Ecu par deux
rraits arrondis qui aboutillent au point du nombril.
La Maifon de Maillé porte d'or à trois falces entccs
de gueules. Les cadets partiirent , flanquent, ouew-
tentQïy pointe.
ENTÉLÉCHIE. f. f. Perfedion d'une chofe. Ce mot
eft Grec, £»r£At;i;£i« , 5c les Philofophes s'en font
fervis pour exprimer l'ame. Il vient de 'tniM; , par-
iait ^ te du verbe '%"' , avoir. Dict. des Arts.
^3' Les Philofophes font peu d'accord fur la figni-
ficationdece terme employé par Ariftote , qui en-
tend par là la forme elTentielle qui conftitue un in-
dividu dans fonefpèce, & qui le meut fans celTe
vers les fins convenables à fon organifation. Telle
eft l'ame végétative dans les plantes , fuivant la Plii-
lofophie ancienne , & l'ame fen fit ive dans les ani-
maux. Ronfard, parlant à fa niaîtrelfe, difoit , êtes
vous pas ma feule entéléchie ? Je ne fais fi cela croit
beau du temps de Ronfard. L'attradion toute-puif-
fante eft trop femblable aux entzléchies mervcilleu-
fes de la vieille école. Les qualités occultes, \t%enté-
léchies , les petits êtres métaphydques reviennent au
monde fous d'autres noms.
ENTELLE. Ancienne viUs de Sicile. Entc'.la. L'Empe-
reur Fridéric II ruina Entdle & fa citadelle , & l'on
n'en voit plus que les ruines dans la vallée de Ma-
zara , fur le bellice dextro, à demi-lieue au dellous
de C.ilatrifi. Maty.
ENTEMENT. f. m. Aâion par laquelle on ente les
aibres , ou les vignes. Infitio. Voy. Enture.
ENTENAL. f. m. Terme d'Agriculture. Marcote de'
vignes entée pour transplanter. Infuuni malleoli. j
ENTENDE-?,IENT. f. m. Terme de Logique & de,
Métaphyfique. C'eft la principale faculté de l'ame,!
celle qui conftitue le fonds de fon elTence , & qui
en eft comme la lumière. C'eft. une faculté ou une
puillance de l'ame , par laquelle elle apperçoit les
chofes , 6r s'en forme des idées, pour parvenir à
la connoiuance de la vérité. Intelleclus. On diftin-
giie deux facultés dans l'ame : entant qu'elle difcer-
■ne, on l'appelle entenderner^t -^ &C volonté, entant
qu'elle juge , & confe.nt : ainfi la convidion de Ven-
tendemsnt dirige ^c détermine la volonté. Maleb.
L'entendement eÛ une faculté diftinde de l'imagina-
tion. Il n'y a nulle proportion entre les propriérés
descorps,& l'excellence des opérations de Ventende-
menc : les mouvemens dont ils font capables n'ont
nul rapport avec ce que nous appelons penfer , mé
diter , réfléchir, raifonner. Dernier.
V entendement , qu'on appelle aulli puifTance in-
ENT
telleduelle, eft la faculté de l'air.e , qui conno't ,
qui raifonne. Les Philolophes la définilient une fa-
culté de l'ame qui a pour objet le vrai &: le faux ,
lavérirétN: la faulieté. Ondiftingue dans l'ame d.ux
puilfances ou facultés diftcrentes. L'ame en ranc
qu'elle s'occupe de la vérité ou de la faulieté par la
connoilFance & le jugement , on l'appelle entende-
ment ; & volonté , loifqu'elle a pour objet le bien
ouïe mal. Amfi X entendement &l la volonté font la
mcmeame , connoiliant diflérens objets &: agillanc
diftéteminent. Les opérations de \ entendement ionx.
l'objet de la Logique. Ces opérations font l'idée ou
l'appréhenfion ^ le jugement , le taifonnement & la
méthode , qui proprement le réduifent à deux : l'i-
dée &C le jugement. V entendement n'eft point une
faculté palîlve, comme fe le font imaginé les Car-
téliens. L'entendement eft adif , auffi-bien que la
volonté ; & li X entendement ne l'eft point , on ne
fauroit ûllurer que la volonté le foit. De-là plus de
liberté , plus de mérite , ni de démérite. L'enien-
dcment s'exerce, opère fur le vrai & le faux , auffi-
bien que la volonté fur le bon & fur le mauvais.
L'entendement éton de tout temps en polleilion de
juger. Il a plu à Descartes de le dégrader , & de lui
enlever cetce prérogarive j mais certainement il a
toit.Qu'eft-ceque jugei? C'eft aiHrmer qu'une chofe
eft vraie j ou àne qu'elle eft faufie. Or, à qui ap-
partient la faculté d affirmet ce qui eft vrai , ou de
nier ce qui eft faux ? Elt-ce .à celle qui n'a pour ob-
jet que le bien ou le mal, ou à celle qui a pour ob-
jet le vrai ou le faux ? Juger qu'une propofinon eft
véritable , eft-ce vouloit qu'elle le fou ? Affirmer
que deux èN: deux font quatre , que le tout eft plus
grand que fa pattie, eft-ce vouloir que deux &deux
foient quatre, que le tout foit plus grand que la
partie ? Ce n'eft pas non plus ne le vouloir pas. Le
jugement donc , quoiqu'en difent les Cartéhens,
n'el'c pas un ade de volonté , mais d'entendement.
Or, le jugement eft une action , aufti-bica que la
volition. L'entendement n'eft donc pas une tacultc
purement paftlve- L' entendement elt une tacultédil-
tinde de l'imagination & de la puillance lentitive. Il
n'y a nulle proportion entre les propriétés uu corps
& l'excellence des o^èiMionsàiï entendement. Lts
mouvemens dont ils font capables n'ont nul rapport
avec ce que nous appelons penler, méditer , reflé-
chir, raifonner. Dernier. / t)ye.{ Idée.
f:3°L'<;'/r^/2ij't'Wc'/2r humain eft naturellement droit,
& il a en lui même la force néceliaue pour p.avenir
à la connoiftance de la vérité & pour la diicemer de
l'erreur , principalement dans les cbofes cjui inté-
relfent nos devoirs , & qui doivent former les hom-
mes à une vie heureufe , honnête & tranquille ;
pourvu que d'ailleurs l'homme y apporte les foins ôc
l'attention qui dépendent de lui. Le ientimcnt inté-
rieur tk l'expérience concourent à nous convaincre
de la vérité de ce principe , fur lequel roule tout le
fyftcme de l'humanité. On ne fauioit le révoquer
en doute fans fapper par le fondement, Se lans rcn-^
verfer de fond en comble, tout l'édifice de la locie-
té; puifque ce feroit anéantir toute diftindion en-
tre la vérité <ïc l'erreur, entre le bien &: le mal j &
par une fuite nécelfaire , on fe trouveroit enfin ré-
duit à la néceilité de douter de tout , ce qui eft le
con\ble de l'extravagance.
§Cr II eft vrai qu'une mauvaife éducation , des
habitudes vicieufes , des panions déréglées peuvent
obfcurcir les lumières de l'efprit , «Se que l'inatten-
tion J la légèreté & les préjugés jettent fouventles
hommes dans les erreurs les plus groftières en ma-
tière mêine de Religion & de Morale : mais cela
prouve feulement que les hommes peuvent abuiec
de leur raifon, & non que fes facultés foient telle-
ment dépravées qu'elles ne peuvent plus feryir a
l'homme de guide fur & fidèle , & que la reditudc
naturelle, des facultés de l'ame foit abfolument dé-
truite.
IJCr Entendement, dans le langage ordinaire feprend
pour difcernement , habileté dans les affaires. Il fe
EN
T
forme des idées précilcs deschofeSj&empcciie qu'on
ne fe trompe en donaaiic dans le faux. L'imbéciUité
ell roppofc de Xcntcniement.'L'ibonfcns convient
avec tout le monde. Le jugement eîi nccelFaire pour
fe maintenir dans la lociété des grands. L'e/itenJc-
mau eft de mile avec les politiques & les Courti-
fans. /^j>'S{' Bon sens, JuGEMtNr, Intelligence.
ENTENDEUR, f. m. Qui entend j qui conçoit. Intd-
l'i^cns. Il n'efl en ulage que dans ces phraies prover-
biale?;. A howcnundcur lalut; ce qui le dit quand on
reproclie en paroles couvertes à un homme fes dé-
fauts. On ditauiîî , à un bon cntmicur , peu de pa-
roles. Intdli^cnû paucd.
ENTENDIS, adv. Vieux mot. Cependant.
EN FEN DilE. v. a. J'entends , j'entendis , j'ai entendu.
Ouïr , écouter. C'cft la notion qu'on donne ordinai-
rement de ce mot. Mais fi l'on veut parler exacte-
ment, on ne coiifond point ces trois mots, enten-
dre, écouter & ouïr. Quelquefois on n entend pouic
quoiqu'on écoute j ôc louvent on entend fans écouter.
Entendre , audire , C'eil proprement être Irappé des
{on'i. Il eir fouvent à-propos de femdte de ne pas
entendre, t^oye-^ [ico\JiE:<.,Ov'iR. Entendre dur, en-
tendre de loin.
Hc'.ds on /z'entend rien furies bords du Cocyte !
Des-H.
Je n'ai jamais c,7r£«iv cet homme-là ; pour dire,
je ne l'ai jamais oui prêcher, plaider , ni haranL;uer.
Plus nous fommes élevés , plus la vérité a de peine
à le faire entendrez nous. Nie. Le monde nous parle
en mille manières: il nous tait entendre fa voix
trompeufe par toutes les créatures qui nous fervent
de picjes. Id.
Hagetup , Médecin Danois , a foutenu que l'on
peut entendre par les dents, parceque h Ion met
dans un clavecin un couteau j que l'on ferre encre
les dénis , on ««.'e/ii l'harmouie du clavecin , quoi-
qu'on ait les oreilles bouchées. Il y avoit en Hollan-
de un Médecin Suiife qui apprenoit à entendre Se à
patler aux fourds muets , feulement en leur faifant
remarquer & imiter enfuite le mouvement de la
bouche & des organes de la parole. Ce Médecin
s'appeloit Jean Conrad Amman. Il a expli juéfa mé-
thode dans un pem in-dou~e , imprimé à Amlter-
dam l'an 1700 Se intitulé De Loquelâ. Il commence
par des remarques fur la nature de toutes les lettres
tant voyelles que confonnes. Ces remarques font
très-judicieufes , lavantes & très-lemblables à celles
que M. l'Abbé Dan^eau a faites dans fes Ejjdis de
Grammaire.
Ce mot vient du Latin intcndere.
On fefertd'e.'i.'.'.'za^re par-tout où l'onfefert ê^ouir:
mais on ne fe fert pis à'ouir par-rout où on fe fert
iïentendre. Il femblcqu'on nedoitlefervird'07/rque
quand il s'a':;it d'une chofe qu'on entend par hafard ,
& fins delfein ; & qu'il faut toujours fe fervir d'cr'7-
tendre , quand la chofe attire notre curiolité &: notre
attention. Bouh.
|t3'M. l'Abbé Girard dit aufnqu'cia'Vmarque une
fenfation plus conhife. On a quelquefois oui parler
fans favoirce qui a été dit. Racine , dans la Tragé-
die de Bérénice a ^\x.entendre des pleurs.
Elle «entend ni pleurs, ni confcil , ni raifon.
fier Le mot pleurs, joint avecconfeil & raifon
fauve l'irréqularité du terme entendre. On n'entend
point de pleurs j mais ici, n entend, fignifie ne don-
ne point attention. Volt.
On dit aullî', Entendre Xs. MefTe, adejfe facro ,
i/:ferf//f,-pourdire,a(lifterà la MelTe, encore qu'on
uenterde pas les paroles du Prêtre.
On le dit au'li de celui qui veut bien prendre la
patience; d'écouter. Ce Juge eft févère ; mais du
moins il entend les parties.
On dit j au Palais, à un Avocat , qui vous en^
E N T 74t
rc.'2j'.''C'efi:-à-direjqueI eft l'Avocat qui défend con-
tre vous ?
gC? Entendre , fe dit au figuré comme fynonynle à
concevoir & comprendre , c'cft-à-dire , fe faire des
idées conformes aux objets préfcntés ; mais avec
cette différence qu'entendre marque une conformité
qui a précifément rapport à la valeur des termes
dont on fe fert. ^oy. les autres mots. Ainli ce verbe
s'applique très -bien aux circonllances du di (cours,
au ton dont on parle , au tour de la phrafe à la dé-
licatelfe des expreilions ; tout cela s'entend. On en-
tend les langues. Il eft ditiicile d'entendre ce qui eft
cnigmatique. La Licilité d'entendre déligne un efpric
fin. Lé Courtilan entend le langage des pafliuns.
Tout le monde n'entend pas ce qui eft délicat, il eft
impoiîiblede bien faire entendre aux autres ce que
l'on n'entend pas bien foi-mème. S. EvR.
Que de raifons pour moi, /l vous pouvie\ .72 'entendre.
Rac.
Mais comme il m'en dit plus qu'il neji aifé d'ex\-
tendre ,
// m'apprit aujjiplus qu'il ne voulait m' apprendre j
Car dés le premier jour j'ai Jù que c eji unjot.
Entendre , fe dit aclli de celui qui excelle , qui eft
habile , qui fait tout ce qu'on doit favoir fur quel-
que chofe. Intellioentcm ejje ,peritum , àc. Il entend
bien fa charge , ion métier , la guerre , les affai-
res , les finances , la Philofophie , la Théologie ,
le Grec, le Latin , l'union des coideurs , le deifein ^
la perfpeétive , &:c. b,' entendre bien en galanterie.
Wi'entendhiQn aux Armes, au Manège. On dit au
Contraire à un ignorant j vous n'y entende-:^ rien , vous
nentende:^ pas cela , vous ne l'entende:^ pas. Nilul
vides. Vous vous y entende^ ? Rem caues ? Pulchrè
peritus es.
On dit auiïi , s'Entendre K quelque chofe ; pour
cire, lafavoiriortbien.il s'entend £0x^1 bien aux
affaires , à l'Agriculture , &:c. En ce fens , on dit
proverbialement j 'û s'entend à. cela comme à faire
un coffre , comme à ramer des choux ; c'eft-à-dire,
nullement.
Entendre , fignifie encore , prêter l'oreille , confen-
tir à quelque propofition.On luiaoft'ertcet emploi,
il y veut bien entendre. Il ne veut entendre à aucun
accommodement. Non acqulefc'it , conduiones om-
nés refpu'u.
s'Entendre avec l'ennemi , c'eft-à-dire j avoir iritelli-
gence avec lui. Confent'ire , colludere _, convenue. Ces
parties s entendent-., pour dire , colludent enfemble.
Donner à entendre , fignifie faire croire. Signifi-
care , exponere. Il a obtenu cette faveur fous un faux
donné à entendre , fous une faulTe allégation. S'il a
manqué , ce n'eft pas faute de lui avoir bien donné
à entendre. Il m'a donné à entendre que fon fuffrage
ne feroit pas pour vous. Ne comptez plus fur lui.
Entendre, fignifie aulfi , avoir intention, préten-
dre. Juhere , velle. Je vous donne cela , mais ') en-
tends que vous faftiez telle chofe ; quand on veut
impofer une condition à quelqu'un. Vous entende';^
cela, (Se moi je ne \ entends pas ; c'eft-à-dire , Vous
voulez que je fa'fe une chofe, & moi je he le veux
pas. Ç^\\ enteade\-vons par là ? Que prétendez vous ?
On dit encore , Je n'y entends point de fineffe ; pour
dire , je ne prétends point vous tromper.
On dit encore abfolument,Celas'e/îre/2£f, quand
on fuppofe une chofe qui fe fait ordinairemenr.
Quand on envoie quérir un Médecin , il le faut
payer; cq.\3. s'entend , oU eft fous-entendu.
s'Entend, fe dit imperfonnellement & abfolu-
ment fans nominatif, dans le difcours populaire
&: familier, pour cela s'entend , Se il fignifie, Jo
veux dire , on doit entendre par-là. Sec.
J'en ai promis , le fait ejl tout conjlant,
De te n'tcrjeferois grand fcrupule ;
Promis des vers j bons ou mauvais .r'entenaj
Tout de nouveau vous Us promets d'autant.
P» Db CiR<J.
742- E N T
On dit eiî proverbe , Ils % entendant comme lar-
rons en foire ; pour dire , Ils font en grande m- ■
telligence ; mais toujours en mauvaile parc. Il en- j
tend de corne \ pour dire , Il entend autre choie j
que ce q[u'on lui dit. Il n'y a point de pire fourd I
que celui qui ne veut point entendre. On fait tant
de bruit qu'on n entendrait pas Dieu tonner. Cha-
cun fait comme il l'entend, c'elVà-dire , à fa fan-
taifie. On dit d'un homme qu'on entend criez , Se
qui y ell accoutume : li on ne le voit, on Ve/uend.
Entendre le numéro, fe du des gens fort inceili-
gens eu affiiires. C'eft un proverbe tiré des Mar-
chands qui ont le prix de leurs marchandifes mar-
qué fous certains numéros , qu'il n'y a qu'eux qui
■entendent.
On dit auflî d'un brutal qu'il n'entend ni rime ,
ni raifon , qu'il n'entend ni à dia , ni à hurhau \
pour dire , qu'il fe refufe à ce qu'on lui propofe
de plus raifonnable. On dit aulli. Qui n'entend
qu'une partie n'entend rien.
Entendre , vieux v. a. Efpérer , demeurer attaché.
ENTENDU, UE. part. Il ell: auili adj. P eritus , fcïens ,
gndrus ) doclus exijiimator 3 artijex. Une perfonne
ent6J2du2\ pour dire, intelligente & habile. Il elt
entendu aux finances. En Aichitedure on dit aulli ,
Ce logis efl: bien entendu. Doinus eleganter , peritè ,
furnmo artifîcio Jirucla , venujlè ^ ex arte j è'c. Ce
tableau efl bien entendu , pour dire difpofé avec
beaucoup d'art , avec ordre , & félon les règles
de l'art. L'exadicude bien entendue efl dans les ou-
vrages d'efprit, comme dans les bàcimens, ou dans
les tableaux , je ne fai quoi de propre & de régu-
lier , qui s'accorde bien avec quelque chofe de
grand & d'augu'le. Bouh. Le naturel fiuvage des
anciens Romains produidt long-tems des vertus
mal entendues. S. EvR. La vertu mal entendue n'ell
guère moins incommode que le vice mal ménagé.
Ch. de m. Il faut que la complaifance même foie
bien ménagée , & bien entendue. Bell. Cette gar-
niture , cette broderie font bien entendues ^ pour
dire , elles font bien faites & de bon goût. Cet
habit efl bien entendu, de bon goût, bien afforci-
On dit aulli qu'un homme fait V entendu j lorf-
que mal-à-propus il fait le capable, l'important,
le fuffifrnt.
Bien Entendu , s'emploie comme conjonction ,
quand on ajoute une condition à quelque chofe
qu'on avoic propofée , ou promife auparavant. Je
vous accorde cette permilîion , bien entendu que
vous n'en abuferez pas.
Mal Entendu , excufer fa faute fur un malen-
tendu, c'eft dire, qu'on a entendu les choies au-
trement \ qu'on ne croyoit pas que telle chofe fût
néceiraire , fût commandée , fût défendue , &c.
Caufan fe rem intellexijje fechs , parum percepiffe
qus. juhe'-entur. Mal entendu fe prend auffi pour
mauvaife intelligence , efpèce de dilcorde entre
perfonnes qui devroienc s'accorder, & qui ne s'ac-
cordent pas, parce qu'ils ne fe parlent pas, ne fe
difent point leurs raifons l'un à l'autre : un petit
éclaircilTeraent les rat-ommoderoit. La plupart
des querelles des Savans ne viennent que d'un
mal entendu ; ils ne veulent pas s'entendre , ils
prennent parti fur le champ , & ne veulent pas
être détrompés. Les difFérens fentimens des Philo-
fopiiei font très-fouvent un mal entendu. S'ils fe
donnoient la peine de s'entendre les uns les autres ,
il fe trouveioit qu'ils font à-peu-près de même
avis ; mais ils difputent pour difputer , & fans
convenir des termes. Ce n'eft qu'un mal .entendu.
ENTENNE. f. f. Antenna. Voyez ANTENNE."
ENTENTE, f. f. Interprétation d'un mot qui peut
avoir plufieurs fens. Interpretatio. Dans ce fens on
dit que Ventcnte efl au difeur : celui qui parle fait
le véritable fens qu'il a voulu donner à un mot.
Mot à double entente , à deux ententes. Voyez
équivoque, ambigu, double fens.
Entente, s'efl aulli pris auttefois pour l'entende-
^ ment , l'efprit.
EN T
J^ous perde':^ temps de me dire mal d'elle j
Gens qui voulc^ divertlr mon entente.
Plus lu blame:^ ^plus ]e la trouve telle , &c. Ma'r.
Entente , fignifie aufii , un certain ordre & difpo-
luion qui donne de l'agrément aux chofes. Elegans
ordo J ordinis -v'r.tus , décor j, gratta. On dit l'en-
tente àe ce tableau eft merveilleufe ^ c'ell-à-dire,
que l'ordonnance en eft bien entendue , qu'il eil
conduit avec beaucoup à' entente j fou pour la dif-
pofition du fujet , fou pour les expreHions , foit
pour les jours ik. les ombres. L'entente d'un bâti-,
ment , d'un habit , d'un ballet ; c'eft-à-dite , La
belle difpoiition , là conduite , 1 agrément tjui s'y
trouvent.
ENTENTIF, ive. vieux adj. Attentif. Attentus , Cj
um.
ENTENTION. f f. Efpérance. GlojJ'. des Po'êf. du
Roi de Nav.
ENTER. V. a. Greffer , faire des entes. Inferere.
Enter un pommier iur un prunier. Enter fur franc,
enter Ç\\i un fruvageon. On ente en plufieurs ma-
nières. La première , enjente, fe fait en pied de
biche , lorl'qu'on coupe horifonralement & égale-
ment un fujer, ou lauvageon , fur lequel on met
une ou pluheurs greffes , l'ayant auparavant fendu
& paré pour emporter le trait de la fcie. On ente
en m.oélle , quand on place une greffe au milieu
d'un fujet moelleux , comme la vigne, ou jafmin
d'Efpagne. On ente en couronne les gros arbres au
printemps, lorfque la fève eft un peu montée. L'on
place plufieurs grefles taillées d'un feul côté , l'é-
corce en dehors entre la peau & le bois , après avoir
un peu incifé Ion écorce. On ente en approche^
quand on perce un arbre , & que dans le trou on
palle une branche d'un autre arbre , comme de
vigne dans le noyer ; ou bien en approchant deux
branches de divers arbres d'égale grcireur , dont
l'une eft fendue par fon extrémité , & que dans
cette fente on infère l'autre qui eft taillée de
deux côtés de figute plate. Uente en flûte ou en
flûte au 3 ou en canon ^ ou en cornuchet , fe fait
au mois de Mai , lois de la fève , en enlevant du
fujet qu'on veut enter un anneau de la peau , com-
me une efpèce de chalumeau, au lieu de laquelle
on en place autant d'une autre d'égale groffeur.
Cela fe pratique particulièrement fur le châtaignier
& le noyer. On ente enfcion _, quand on met un
fcion ou rejetton d'atbre dans l'entamure de l'é-
corce de l'arbre qui en fait le fujet , comme s'il y
étoit crû de foi-même. Pour enter en bouton, ou
en germe , il fiut mettre un bouton eu la place d'un
autre bouton fraîchement arraché. Enter en perche ,
c'eft garnir de grefies tous les trous d'une longue
perche d'arbre, & enterrer cette perche , la pointe
des greffes en dehors. Pline s'eft emporté contre
l'adrefTe de ceux qui fe font avifés d'enter les arbres
pour en rendre les fruits plus délicieux. Cette nou-
veauté de marier enfemble des efpèces différentes
lui paroilloit un raffinement de la volupté , & il
l'appelle un adultère : arborum quoque j dit-il, adul-
teria excogitata funt. Voyez aux mots greffée de
greffer, où nous parlerons un peu plus au long des
différentes manières de greffer, de l'avantage & de
l'utilité de cette opération, &c.
Enter , fe dit encore en termes de Charpenterie.
Inferere ,-immittcre. Il faut enter cette pièce de bois
dans celle-là ; pour dire , Les joindre , les alfem-
bler l'une avec l'autre, ou par tenon & par mor-
toife , ou pat entaille.
Enter, fc dit aufii figurément dans ces phrafes , &
femblables. Une telle maifon a été entée fur celle-
là j pour dire, que le bien, le nom & les Armes
d'une maifon , ont pafTé dans une autre par quel-
que alliance. Ce ne feroit qu'une comparaifon
entée fur une autre comparaifon. Pelisson. C'eft
un Financier enté (nr un praticien. Un Gafcon enté
fur un Normand. Ce qui fe dit d'un homme qui
ENT
réunit diiFéremes qualiccs. La vrtu eft entée fur
la Nature. La Religion taie quel.., icto.s Ais con-
verilons furprenaines ^n: des chaiigcineiîi iniiacu-
leux i mais elle ne fait guère toute une vie cgale ,
li elle n'eft entcc fur un natu: el puii.jl^'piic. Fonten.
Je trouve clans le peupl-- chi^nen , compolé de
tous les peuples du monde connu, le peuple héri-
tier des promedes, le peuple entt: lur l'ancienne
tige de la race d Abrnham. Fenelon.
Enter, en termes de Fauconnerie, lignihe, Rejoin-
dre une penne gardée à celle d'un oileau qui elt
rompue , hoilFee , ou alhrenée , ou la raccommo-
der à l'aiguille , ou au tuyau , 6ic.
Enîe , ÉE. part. Il a les lignihcations de fon verbe au
propre & au figuré.
§CF Enté , en termes de blazon , fe dit des partitions ,
des bandes, des peaux , «Sec. qui entrent les uns
dans les autres en ondes.
ENTERIN , iNE. adj. m. & f. C'eft un vieux mot,
qui veut dire entier. întegcr^ totus , univcrfus. On
trouve entérine relHtution au ch. 68. des Allifes :
c'eit ce que nous appelons rertitutioii en entier.
Car cil qui par regard plaifant ,
Ou par douce chère Jaifant j
Ou par aucun beau ris jerain
Donne fon cuer tout entéiin. R. de la Roze.
ENTÉRINEMENT, f. m. Jugement par lequel le
Juge , après avoir examiné la forme & la teneur
d'un aéle ou d'une pièce, ou de lettres de relcilion,
ou autres, ou faifant droit lur la Requête qui lui
a été préfentée , conhrme & approuve l'acîe , &
en ordonne la pleine (Se entière exécution. Voy. au
mot homologation en quoi ces termes diffèrent.
ConceJJio , rati habitio , approbatio. \Jcnt^!:!:emcnt
d'une rémilîion des lettres de reftitution.
Entérinement , s'ell dit autretois pour entièrement.
Vovez de Seaumanoir, ch. 6.
ENTÉRINER, v. a. Terme de Ealais. Approuver ju-
ridiquement, confirmer , &c , pour ainh dire , ren-
<lre entier un aile, en ordonner la pleine 6c en-
tière exécution, liatem habere _, approbare. Sa grâce
a été entérinée. Sa requête a été entérinée. Sa re-
tquêre civile a été entérinée. Entériner des lettres de
rémillion. Patru.
Ce mot, félon Ménage , vient de entérin j vieux
mot François qu'on a dit pour entier j qui vient
du Latin integer ; ou île integrinare j qu'on a fait de
integrinus , diminuât de inceger. Ce mot s'eft dit
apparemment d'abord des lettres de reuuution en
entier, Se depuis s'eft étendu à toutes fortes de
requêtes.
Entériner, autrefois fe prenoit pour Accomplir,
rendre entier , pariait.
Entériné , ee. part.
ENTEROCÈLE. f. h Terme de Médecine. Dafcente
des inteftins dans le pli de l'aîne. La caule pro-
chaine de Ventéroccle eli la relaxation , ou l'exten-
iion de la partie infciieure du péritoine dans le-
quel font contenus les inteftins. Les caufes éloi-
gnées font les grands efforts, les cris; d'où vient
que les enfans y font fort fujets \ les exercices trop
rudes, la toux violente, le fréquent vomillement,
&c. Il y a deux fortes èé entérocèles \ Xentérocète
complète , qui arrive lorfque l'inteftin tombe dans
le fciotum ; & Ventérocèle incomplète, qui arrive
lorfque l'inteilin ne tombe que dans l'aîne.
Ce mot vient du Grec "TEfoy , intellin, & de
xïPiî) qui fignifie tumeur en général , & en parti-
culier, tumeur du fcrotum.
ENTEROÈPIPLOCÈLE. f. f. Efpèce d'hernie dans
laquelle les inteftins & l'épi ploon defcendent en-
femble dans le fcrotum , d'où vient qu'en lui a
donné le nom à'Fntéroépiplocèle. Les caufes font
les mêmes que celles de l'entérocèle.
ENTÉRO-EPIPLOMi'HALE. f. f Terme de Mé-
decine. Entero-cpiplomphalus. C'eft une des efpè-
ces d'exomphalcs, de celles qui fe font de parties.
ENT 741
& non pas d'humeurs. L'inteflin & l'épiploon con-
courent enieaible pour former YEntéro-èpipluin-
pluùe.
Le nom ^ Enter o-cpiplompimle-e^ tiré de la Lan-
gue Grecque,, & compofé de trois mots , "i-ff»»
iineftin j tKi'wAoav epiploon ; ôwipaAôj ombilic.
ENTÉROHYDROMPHALE. f. f. Terme de Méde-
cine. Entcrohyiromphalus. Sorte d'exomphale de
l'efpèce de celles qui fe formenrde parties &: d'hu-
meurs. L'inteftin qui fort de fa place, & des eaux
qui s'amallant, forment X Entérohydromphale.
Ce moteft formé &: compofé de trois mots Grecs,
VtTff»;- intcftir. , lêaf eau , cff.(paX'.! ombilic.
fCFENTEROLOGlE. f. f. Terme d'Anatomie. Traité
lur les Vifcères. t'-îp"» intejlin ; Ao'yo; dijcours,
l^oy. Viscère.
ENTÉROMPHALE. f. f. Terme de Médecine. En-
tcromphalus. C'eft une efpèce d'exomphale, de cel-
les qui fe font par l'enflure des parties. UEntérom-
phale vient de ce que l'inteftin fort de fa place, &
caufe une tumeur dans le nombril.
Ce mot vient d^rspo» intejlin^ & iuifaXc; om-
bilic.
ENTEROPHYTON VULGAIRE, f. m. C'eft une
plante de mer, à laquelle l'on a donné ce nom,
parce qu'elle a la figure d'un inteftin. Elle croie
dans les f-ollés , fur- tout dans ceux qui font fur Itî
bord de la mer. Elle n'eft d'aucun ufage en Mé-
decine.
ENTERORAPHE. f. f. Suture des inteftins.
ENTEROSARCOCÈLE. Efpèce d'hernie.
ENTEROSCHÉOCÈLE. f. f. Hernie dans laquelle
les inteftins defcendent dans le fcrotum. DÉn-sfo»
inteftin, 'ca-y-wi le fcrotum , &t. x.'î^ii hernie.
|t:?ENTERRAGE. f. m. Terme de fonderie. On ap-
pelle ainli le maftit de terre qu'on met autour du
moule dans la fofTe, pour le contenir de tous côtes.
ENTERREMENT, f. m. Aéte de Religion , céré-
monie qu'on fait quand on met un corps mort daiis
la (épnhme. flumatio.Oix envoie aux parens & amis
des billets d'enterrement j qui portent, Vous êtes
priés d'allifter aux convoi , fetvice &c enterrement.
La pompe des emerremens regarde plus la vanité
des vivans, que l'honneur des morts. Rochef. Du
Tillet, dans fon F.ccueil ^ P. L p. 533. 5c fuiv.
traite des derniers jours, exéques & enterrement!
des Rois & Reines de France.
On dit proverbialement : Venterrement fur la
folEe •■, pour dire, qu'il faut confommer une chofe
fur le champ.
ENTERRER, v. a. Mettre en terre, donner la fépul-
ture à quelqu'un. Humare , condere tertâ. On en-
terre les Rois de France à Saint-Denis. On n enterre
pas les excommuniés en tetre-fainte. On a fait une
trêve pour enterrer les morts. Les Anciens n'enter-
roieriî pas leurs morts , ils les brûloient , comme
font encore les Indiens. La coutume de brûler les
corps morts cefTa parmi les Romains fous l'empire
des Antonins , long-tems avant qu'on permît aux
fidelles ^enterrer les corps dans les Eglifes ; car
autrefois on ne le fouflroit pas même pour les Rois
& les Empereurs. Les Abaflès , au lieu ^enterrer
les morts , les enferment dans un tronc d'arbre
crcufé , qui leur fert de bière , & qu'ils attachent
aux plus hautes branches d'un grand arbre.
On n'a point vu d'homme s'enterrer tout vit
après la mort de fa femme. S. EvR. Je fuis more
de votre abfence , Se il n'y manque plus rien , finon
que je ne luis pas encore enterré. Voit. Molière
repréfente fon Avare difant, après avoir perdu
(on argent , C'en eft fait , je n'en puis plus , je
me meurs, je fuis mort, je (ms enterré.
Enterrer, (Ignifie aufli , Enfouir, iTietrre , cacher
foui terre. Terra tegere. On a airalliné cet homme ,
& on l'a enterré à^ns un bois. Les avares enterrent
leurs tréfors. Je ne fai fi j'aurai bien fait d'avoir
enterré dans mon jardin dix mille écus quon me
rendit hier. Mol. Pendant la auerre on enterre ce
qu'on a de meilleur , pour le dérober à la violence
744
ENT
des foldats, Les Vignerons enterrent des fcions de
viiJK'r peur les faire provigner. Les Jardiniers en-
terrent la chicorée , pour la faire blanchir & la
rendre plus tendre. Enterrer les fauvageons dans
des toires , c'ell ce que Columelle appelle deponere
feminafcrobibus. Il y a des arbres , comme les fau-
tes & les oliviers, qui viennent fort bien quand
on en enterre les tronçons, ce que l'on appeloit au-
trefois aftier par tronçons. On coupe un tronçon ,
C/avoiam , plantale ., taleam , également de part Se
d'autre , & on le hche en terre. C'elt ce que les
Latins appellent Inhumare talens ^ferere , piquer ou
ficher j & Virgil?,
NU radias e^ort alis. , fummumque putator
Haud dubitat tcrrs, rejerens tnandarc cacuinen , &c.
EfiTERRER , fe dit , figurcment, en Morale , & figni-
fie, Cacher une chofe ; n'en faire aucun ulage. Il
ne faut pas enterrer les beaux talens que Dieu nous
a donnés. Quand on a abufé d'un talent j, fouvent
La volonté de Dieu eft qu'on \ enterre^ ou du moins,
qu'on en inteirompe l'ufige , julqu'à ce qu'on ait
fait pénitence des excès qu'on y a commis. Ab. de
lA Trap. Ce dévot s'ell mis en retraite , a renoncé
au commerce du monde, il s'eft allé ewrerrer tout
vif dans un défert , dans un Monaltère. Enterrer
Ton fecret. Abl. c'elf ne le point déclarer , le tenu
caché.
Enterrer, fe dit aufïï, de ce qui périt, qui ell
accablé fous quelque ruine. La ville de Ragule a
été toute enterrée par un tremblement de terre. On
fit jouer un fourneau fous ce ravelin , où plulîeurs
foldats furent enterres. Et , figurément , on ^\\i
qu'un homme s'eft voulu enterrer fous les ruines
de fa patrie 5 pour dire j qu'il la détendue jufqu'n
l'extrémité , jufqu'à la mort.
On dit , en termes de guerre, une batterie de
pièces enterrées , quand fa platetorme ell au dellous
du rez-de-chaulfée , enforte qu'il huit couper pour
faire les embrafures du canon. Ces batteries fe font
pour ruiner les défenles de la place. D'oii vient
qu'une batterie enterrée s'appelle aulli batterie
minante.
On dit d'un homme fort fiin qui promet une
longue vie : cet homme-là nous enterrera tous.
Ac.'Fr.
Enterrer les futailles ; c'efl:- à-dire j les mettre en
partie dans le lelt du vailleau.
On dit , proverbi.ilement , d'une miifon qui a
bien coûté pour bâtir , Il y a bien des écus enterrés
eu ce lieu. Enterrer la lynagogue avec honneur ;
pour dire. Terminer une affaire, fortir d'un en-
gagement ^ d'une liaifon , avecbienféance , & d'une
manière irréprochable.
Enterre , ée. part. Humatus , terr£ créditas. On
appelle une maifon enterrée, un jrrdin enterre,
une maifon , un jardin dont la iuuation ell trop
balfe , qui font entourés , dominés par des lieux
élevés.
ENTES, f. f. pi. Terme ufité dans la chalTe des oi-
feaux. Ce font des peaux remplies de paille ou de
foin j auxquelles on fiche un piquet par deifous le
ventre pour les hiire tenir à rerre , comme lur
leurs pieds j afin de tromper les autres oifeaux ,
qui les voyant j fe jettent dans les filets avec eux ,
croyant qu ils font en vie : on les nomme aullî quel-
quefois moquettes.
ENTESER. V. a. Vieux mot. On difoit , autrefois ,
entifer un arc \ pour dire j Bander un arc , l'ajuller
pour le rirer.
lô" ENTÊTEMENT, f. m. Ce mot ne feditpoint, au
propre , pour étourdiŒementjCere^ri tentatio , dolor,
quoiqu'on dife cntcter. On trouve fouventdes exem-
ples de cette bizarrerie dans notre lingue. Si l'on dit
que le mufc entête , que lo charbon entête, pourquoi
ne dit-on pas l'entêtement caufé par l'odeur du
mufc , par la vapeur du charbon , fur-tout fi nous
n'avons point de mot fynonyme , ni d'équivalent ?
ENT
Une langue ne doit-elle pas avoir des termes pont
toutes les idées qu'on veut exprimer , fans qu'on
foit obligé de le lervirde périphrale.
ff3° Entêtement , au figuré , déligne un défaut qui
conlilfe dans un trop giand attachement à Ion iens,
lequel vient d un excès de prévention qui léduit ,
6«: qui , nous tailant regarder les opinions que nous
avons embrallées comme les meilleures, nous em-
pêche d'en approuver & d'en goûter d'autres, f^oye^
aux articles Opiniâtre i^ Obstination j en quoi
ces mots dirtcrent. Pertinacia. Le plus grand
oblàacle à la connoilFance de la vérité eft \'en-
tacinent. Cet homme a un grand entêtement
pour cette femme , elle le gouverne ablolumenc.
Rien ne rellcmble plus à une vive perluafion que
Ventctewent. La Br. Dès qu'on eft médiocremenc
fage , on ne s'avife guère de faire le décifif , dans
un hécle oii rien ne règne tant que \ entêtement. Le
P. R. Ce qui me fâche le plus de Y entêtement: oi
l'on eft pour l'Opéra , c'eft qu'il va ruiner la Tra-
gédie. S. EvR.
Et les entêtemens les moins deraifonnables ^
Bien loin d'être approuvés ^ ne font pas e.xcufables.
^llle DE LA Vigne.
ENTÊTER. V. a. Etourdir , blelfer , & offenfer le
cerveau par des vapeurs fâcheulcs. Tentare caput ,
cijJJigerc , cerebrum turbare. Le mufc qui n'eft point
failifié entête fi fort , qu'on ne le peut IbufFrir. Le
vin, pris avec excès, entcte.Lz. mocle du palmicc
entêtoit les loldats. Abl. Le charbon allumé dans
un lieu clos entête , & fa vapeur eft fouvent mor-
telle.
\fF Entêter, fe dit, au figuré , pour donner de
l'orgueil , troubler l'efprit. Les louanges fonc
le parfum qui entête le pins. Quelquefois il
lignifie prévenir l'eiprit de quelqu'un i\ fortement,
cjLi'il ne peut plus goûter ni approuver d'autres
opinions que celles qu'il a embralîees. Qu'eft-ce
qui vous a entêté de cet homme , de ce fyftême ?
Il s'emploie plus fouvent dans ce feus, au récipro-
que , oi fe prend toujours en mauvaife part. Cet
homme eft tort entcté de la bonne opinion qu'il a
de lui-même; il elt fort entêté ds fa grandeur, de
la noblelle de fa maifon , de ton procès j de fa
femme , il en parle continuellement. Cette fille
eft entêtée d'un for. Les ignorans s'entêtent facile-
ment de leurs opinions. Nous croyons aifémenc
que les louanges les plus outrées qu'on nous donne
font lincères , parce cjue nous fouîmes tort entêtés
de nous-mêmes.
L'homme a peu de bonfens quand il va j'entcter ,
De la vanité de porter
Sa gloire au-delà de lui-même. Des-Houl.
Entêté , ée. part. & adj. Il n'eft guère d'ufige que
pour fignifier. Trop prévenu, fortement préoc-
cupé. Prdtoccupatus. Il eft aulîi fubftantif. C'eft un
entêté.
IP" L'homme entêté , d'après M. l'Abbé Girard ,
eft celui qui a un ttop grand attachement à fon
fens , lequel vient d'un excès de prévention qui
le féduit , &c qui lui faifant regarder les opinions
qu'il a embrallées comme les meilleures j l'em-
pcche d'en approuver & d'en goûter d'autres, f^'oy.
Opiniâtre & Obstiné.
IKT Entêté Se Têtu , défignent un défaut plus fondé
fur un efprit trop fortement perfuadé , que fur
une volonté trop ditlicile à réduire. Mais Ventete
croit & fe perfuadé également les fentimens des
autres comme les fiens , & même après quelque
forte d'examen &c de raifonnement : au lieu que le
têtu ne SQn tient qu'aux fiens propres j & le plus
fouvent du premier afpc-él fans aucune réllexion.
ENTEURE. Prononcé Se Foye^ ENTURE.
ENTHIQUITES. f. m. pi. Nom que l'on donna dans
le premier fiède à certains Sedtateurs de Simon
ïi
ENT
iû Magicien. Il n'y avoic rien de p!as déreflable
que leurs lacririces , pour les ialeccs quis'yconi-
mertoienc-
ENIHLASE ENTHLASIS. f. h Terme de Chirur-
gie. Efpèces de fi.idure du crâne taice par inl-
trumenc contundanc, dans laquelle l'os ell bril'é
en piufieurs pièces , avec dépcedion , Se plulieurs
fentes qui fe croilent. Ce mot eft Grec i'B-^as-n ,
cûi/I/îo , injrdclio , fradture à plulieurs pièces, du
verbe hâ-xâu, i/iJnngo,\cbnii. Col de Villars.
fO^ENTHOUSIASME. f. m. Mouvement extraordi-
naire de lame , caufé par une mlpiration , qui eit
ou qui paroît divine. Saiil le trouvant parmi les
Prophètes , fe trouva faili du même cnthoujlafnic
qu'eux. Mais nous appliquons particulièrement ce
mot aux prêtres du Paganilme , aux Sybilles j &i
généralement à tous ceux qui , faihs d'une fureur
prophétique , feinte ou viaie j prononçoient les
oracles du Paganilme. jincnoujiajrnos , i. Cicéron
n'écrit ce mot qu'en Grec.
V3° Enthousiasme , en matière de Belles-Lettres &
dans les Beaux Arts , ell une émotion vive de i'ame
par laquelle un honnne qui travaille de génie , un
Orateur j un Pocte , un Peintre j ccc. à la vue de
quelque nouvelle image qui le préfente à lui , s'é
lève en quelque lorte , au-dellus de lui-même,
crée , produit des choies furprenantes tk. extraordi-
naires. \Jc:uhjufiaJ}ne ell un tranfport de l'efprit
qui fait penler les chofes d'une manière fublime j
iutprenante & vrailemblable. De Piles. J'ai fait en-
trer du fublime dans la déhnition de ïenchoujiajme ,
parce que le lublime ell un effet &c une produtlion
de Ïcnchou/Lijhid. Venchouflafme contient le fublime,
comme un tronc contient Ïqs branches. L'enchou-
Jîafme eft un foleil dont la chaleur & les influences
font naître les hautes penfées. V cmhoufiafme Se le
fublime tendent tous deux à élever notre el'pric ^
mais Venthoufîjfme porte notre ame encore plus
haut que le fublime. Ver.thoujiafme a un effet plus
prompt que le fublime. V enchoujiafme nous enlève
ïans que nous le fentions. Venchoufiafme nous failit ,
& nous faillirons le lublime. Pour difpofer l'efprit
à ïenthoufiafme , rien n'elt meilleur que la vue des
ouvrages des grands Maîtres, & ialeduredes bons
Auteurs, à caufe de l'élévation de leurs penfées, de
la noblelfe de leurs exprellions. Id. L'enthoujlaj'me
fe trouve dans la Pocfie, la Mulique , l'Art Ora-
toire , Il Peinture, la Sculpture, &c. mais \en-
thoujiafme qui convient aux ouvrages des Arts eft
bien diftcrenc de celui qu'on attribue aux Sybilles ,
aux Prêtres Se aux Prètreiles des faux Dieux : celui-
ci tenoit du FanatifmCj &c ne confiftoit que dans
des grimaces & des contorlions femblables à celles
que font les Fanatiques. Quand la Sybille j ou la
Prêtrelfe rendoit fes oracles , elle étoit faifie d'un
certain enchoujiafme. Les Poètes ne font bien des
vers , que lorfqu'un enchoujiafme les tranfporte.
Get Auteurs'imaginantèrte cçn% A' an enchoujiafme ^
& d'une fureur divine J n'a que du vent & de l'é-
corce. BoiL. Il ne faut pas prendre une extra-
vagance , ou un emportement déréglé pour un
enthoujiaj'me &c une tureur poétique. S. Evr. La
vraie éloquence ne s'échape jamais jufqu'à ces en-
thoujiajmes qm tranfporrent un auditeur, comme
par magie , dans des pays perdus.
fîO" ENTHOUSIASMER.' v. a. Ravir en admiration.
Cet ouvrage l'a emhouJiafmé.W eft enchoujiafme de
la Mufique. Je fuis enthoufiafmé de l'air & des pa-
roles. Mol.
Il eft aulfi réciproque. Cet homme senchoufiafme
aifément. Il fe prend plus fouvenc en mauvaife
part.
Enthousiasmé, Ée. part,
ENTHOUSIASTE, i. m. Synonyme de fanatique,
vifionnaire. Enchoufiajies. Prononcez \s\ nom d'an-
ciens Sedlaires , qui étoient les mêmes que ceux qui
ont été appelés Mcfjalïens ; Euchites. On leur avoir
donné ce nom , a ce que dit Théodoret , parce
qu'étant agités du démon , ils croyoient avoir de
Tomt III.
ENT
74;
véritables infpirations. S. Jean Damafcène parle au
long de ces hérétiques dans ion Traité des I léiélies,
11. So. Se fait une Iule fort détaillée de leurs erreurs,
qui ne font que des rêveries extravagantes , & plei-
nes d impiétés. /oye-cc Pcre, &c les Notes du P. Le
Quien dans l'édiuon qu'il a faite de fes ouvrages.
yoy-d- aulli Mallalien.
On donne encore aujourd'hui le nom à'Enthou-
fiajïes aux Anabaptiltes , aux guakers ou Trem-
bleurs , à quelques autres Fanatiques. Les Enchou-
Jiajles J les Quakers ou les Trembleurs, dit M.
Stoupe , qui croient qu'ils font tombés d'une inf-
piration divine , foutiennent que la Sainte Ecriture
doit être expliquée par les lumières de cette inf-
piration divine, fans laquelle ce n'eft que lettre
morte j Se que ce n'eft point la vraie , unique Se par-
faite parole de Dieu. Ils Ibutiennent que leurclpric
eft plutôt cette parole qu'il faut écouter &; fuivre,
cet efprit que l'homme a en foi-même , Se qui lui
Icrt comme de Doéleur j pour lui apprendre tout
ce qu'il faut croire. Dans leurs alfeinblées, ils de-
meurent allîs long-temps , fans parler Se fans re-
muer. L'on entend feulement quelques gémilfe-
mens , jufqu'à ce que quelqu'un d'entt'eux , fen-
tant l'agitation Se le mouvement de l'efprit ^ fe
lève & dit les chofes que l'efprit lui commande de
dire.^ Les femmes mêmes fentent ces mouvemens
de l'efprit j qui les font parler aulfi-bicn que les
hommes dans les aftemblées. Dans leurs entretiens
ils parlent fouvent de leurs ravilTemens Se de leurs
révélations. Gafpard SwenkeFeldius , Gentilhomme
de Siléfie , a été un des premiers chefs des En-
ckoujiajles en 1 5 17. Il avoir une grande piété en
apparence , & ceux de fa feéle le regardèrent
comme un autre Enoch. L'Auteur des Lettres Phi-
lofophiques , en parlant du Quaker , ou Trem-
bleur qu'il alla voir.dit qu'il fe garda bien de lui rien
contefter ; qu'il n'y a rien à gagner avec un enthow
fiajie ; qu'il ne faut point s'avifet de dire à un
homme les défauts de fa Maîtrellè , ni à un Plai-
deur le foible de fa caufe , ni des raifons à un Illu-
miné. Première Leccre j pag. 7. de la première édi-
CLon , & pag. 4 £• 5 É^t (.elle ou il y a vingt-Jix
Leccres,
Enthousiaste, fedit, aulîî , de ceux qui pailenn
& qui agillent comme s'ils étoient agités, polfédés
du démon , laiiîs de quelque enthoufiafmé. Au
reftej ce qu'il y a de vif & d'animé dans cette
fcène , ce font des impiétés dîEnchouJiaJIes. P. de
Courbeville.
Ces mots ai enchoujiafme , enthoufiafmer y en-
choufiajies , nous font venus du Grec , Se nous n'y
avons changé que la terminaifon : 'eVSsaf ou "-S-.»,-, lig-
nifie un homme animé de f efprit de Dieu d'une
manière extraordinaire, dans lequel Dieu eft , que
Dieuanime," » ©"f.De-làon a fait le verbe "S^as-iâ^^,
ou f^naa , & le uom è»Sîs»v«o-^W, enchoujiaj'me
i'fus-iaç'tii ,^ qui eft fujet à Xenchoufiafme.
ENTHYMÈME. f. m. Argument qui n'a que deux
propofitions , l'antécédent & le conféquent. inr/^y-
/7/e/7Zij. Ariftote le nomme \ argument de la Rhétori-
que , ou Xargumenc probable. En cela il eft oppofé au
fyllogifme, qui a trois propofitions, qu'il appelle
ï'argumcnc de la Dialectique. Ou plutôt, c'eft un
fyllogifme parfait dans l'efprit , mais imparfait
dans l'expreOlon ; parce que l'on y fupprime l'une
des trois propofitions , comme trop claire & trop
connue , & comme étant facilement fuppléée par
l'efprit de ceux à qui on parle. Cette manière d'ar-
gumenter eft iî commune j qu'il eft rare qu'on ex-
prime les trois propohtions du fyllogifme, parce
qu'il y en a d'ordinaire une aflez claire pour être
fuppofée. Par exemple , ce vers qui nous eft refté
d'une tragédie d'Ovide, intitulée la Médée j con-
tient un enthymème très-élégant.
Servare potui , perdere an poffim rogas ?
Je t'ai pu conferver , donc je t'ai pu perdre ?
^ ■^ Bbbbb
746 E N T
Toute la grâce en feroit ôtée , Ci l'argiimerit con-
tenon les trois propoluions du lyllogiline. Car Tel-
prit allant plus vite que la langue , ians y faire ré-
flexion , il s'éloigne de ce qui ennuie , & le réduit à
ce qui eft précifémenc nécelfaire pour le taire en-
tendre. Il arrive même quelquefois que l'on ren-
ferme les deux propofitions de Verithvms,77i'. dans
une feuie propofition qu'Anftote appelle , jenunce
tnthymématïque. Il en apporte cet exemple.
Mortel 3 ne garde pas une haine immortelle.
\Jenthymême entier feroit ,
Vous êtss mortel , que votre haine ne foit donc pas
immortelle.
Ce mot eft Grec, lyf^Mf"' : le verbe Grec bSvfcilB-çn ,
ïîgnilie penfer & concevoir: %fioî fignifie la penlée ,
Tentendement , Vefprit.
ENTICHER. V. a. Commencer à gâter , à corrompre.
Il ne s'emploie guère an propre qu'au participe
paffif. Ces fruits Ibnt un ^enentichts. Aliquantulum
corrupti , Ufi. Mais , au figuré , en parlant d'opi-
nion ou de doélrine , on dit , Qui vous a entiche de
cette opinion, de cette doélrine ? /w^^ert?.
Entiche ; ée. part. &adj. Qui commence à fe pourrir,
Il ne fe dit au propre que des fruits. Les fruits enti-
chés ne font pas de garde.
Entiché , fe dit , figurément & batfement , des per-
fonnes, pour marquer quelque défaut qu'on com-
mence d'appercevoir en elles. Cet homme eftun peu
e/jric/ze d'héréfie , d'avarice, entiché à^Xz^it. Con-
taclus , imhutus.
Mon frère y ce difcours fent le libertinage.
Vous en êtes un peu dans votre ame entiche. Mol.
ENTICHITE. Voyei ENTYCHITE.
ENTIENGIE. f. m. Oifeau qui a la peau toute mou-
chetée de différentes couleurs j & que l'on trouve
au Royaume de Congo. Il a cela d'admirable j qu'il
ne met jamais le pied à terre j parce qu'il meurt ,
dit-on , fitôt qu'il la touche. Ainfi , il eft obligé de
fe tenir toujours fur les arbres. Sa peaU elt une
chofe fi rare , qu'il n'y a que le feul Ro: de Congo
qui en porte , ou les Princes & les Grands Seigneurs
auxquels il en donne le pouvoir.
gCF ENTIER J 1ÈRE. adj. Qui a toutes fes parties.
Integer, totus. Ce mot délîgne particulièrement la
totalité des portions qui fervent à conftituer la choie
dans fon intégrité elfentielle. Ainfi , une chofe
eft entière , iorfqu'elie n'eft ni mutilée , ni brifée,
ni partagée , & que toutes fes parties font jointes
ou affemblées de la façon dont elles doivent l'être.
Complet a plus de rapporr à la totalité des ponions
qui contribuent à la perfeélion accidentelle de la
chofe. Voye^i ce mot- Occuper une maifon entière.
Avoir un apparrement complet. Un jour entier. Un
pain entier. Une Province entière. Alexandre j maître
du monde entier , s'y trouvoit rrop ferré- Boil.
|iCF On ajoute quelquefois le mot de tout pour
appuyer davantage. J'ai lu ce livre tout entier. Une
matinée toute entière.
Ce mot vient du Latin integer.
En ce fens , on dit d'un cheval qui n'eft point
châtre , que c'eft un cheval entier , parce qu'on ne
lui a rien retranché, ni coupé. On dit au(îi , qu'un
cheval eft enéi^er , lorfqu'il eft rétif, qu'il n'obéit pas
à la main, qu'il y rcfift-e ^ & qu'il ne tourne, pas
aifément. On dit auftij qu'un mords tient de Te//-
tier , quand il ne plie point dans le milieu de la
■ liberté de la langue, tel que celui qu'on donne aux
- chevaux qui ont les barres rondes & peu fenfibles.
Entier., fe dit en chofes Morales. Il s'cft donné rout
entier à Dieu. On' fait bien de fe "montrer ai nli fon
ame toute entière. Cet emploi demande un homme
tout entier , ■ipoav dire ■ que cela le doit occuper ab-
folument , Se qu'il y doit donner tous fes foins. Il
me femble que ma vengeance feroit plus enùèrc j fi
ENT
mes yeux & ines actions vous confirmoient mon
innocence. Que perfonne n'ait fur un habile homme
l'avantage de trouver des bornes à fa capacité j 3c
qu'il fe ménage (i bien , que perfonne ne le voie
tout entier. Amelot.
Voudrois-je, de la gloire évitant le /entier ,
Ne laijjer aucun nom , 6' mourir tout entier ? Rac.
|^3"Cette expreflîon fublime , mourir tout entier^
eft prife du Latin d'Horace j non omnis moriar.
Avant Racine, Corneille avoir dit dans Cinna ,
Et font-ils morts entiers avec leurs grands dejfeins?
^^3" Enfuite il mit , font-ils morts tous entiers ?
Tout entier çd plus énergique.
Entier, fignifie encore j Entêté, qui eft fortement
attaché à Ion fens. /Jjper jtenax. On dit qu'un hom-
me eft <;/2rier, pour dire, qu'il eft ferme dans fes
rélolutions, qu'il n'en veut j.imais démordre. Cet
homme eft e/?^ie/' dans fes opinions , il ne revient
jamais. Il faut bien remarquer la différence que
nous mettons entre entier &C intégre. L'un fe prend
toujours en bonne part : un homme intégre , un
Juge intégre j c'eft-à-dire , défintéreffé , tjui ne
donne rien à la faveur , qui ne fait rien contre la
juftice, contre la vérité , qu'aucune confidcration
ne fait écarter de fon devoir , &c. Un homme en-
tier, un Juge entier, fe prend ordinairement en
mauvaife part , pour un homme qui ne veut pas
entendre raifon , qui eft entêté , qui ne veut point
démordre , &c.
On dit au Palais , que les chofes ne font plus en-
tières , lorfqu'on a changé la nature & la difpofi-
tion d'une afiaire. On ne peut renoncer à une
fuccelfion , lorfque les chofes ne font plus en-
tières. Lorfqu'on a fait quelque adte d'héritier , qui
ne peut être fait fans la qualité Se le caradère d'hé-
ritier. Voye^ces mors. Pour évoquer une affaire en
vertu d'un committimus , il faut que la caufe foit
entière , qu'on n'ait fait aucun aéte par lequel on
reconnoifîe la Jurifdiftion où l'on a éré afiigné.
Entier , fe joint fouvent avec difFérens fubftantifs
propres de certains arts ; par exemple , on dit , en
termes de Marine j rumb entier , la huitième par-
tie, ou 4/ degrés de la bouffole de la rofe du com-
pas. Nord J Nordeft , Eft , Sudeft , Sud , Sudouelt ,
Oueft , Nordoueft , font des rumbs entiers. I^oxà-
nordeft, & les autres divifions femblables, fonr des
demi rambs. Nord-quart-Nordeft:,&les autresfem-
blables , font des quarts de rumb.
Entier, eft aufli fubftantif , & fignifie , Un tout con-
fidéré à l'égard de fes parties , & fur-tout en Arith-
métique , où on l'oppofe aux fractions. Il f^qc ,
quand on a additionné les fraétions , les réduire en
entiers , en extraire les entiers. L'entier eft le nom-
bre qui fignifie une ou plufieurs chofes de mê^ne
genre, fans fous-divifion d'aucune. Le nombre (t2~
ticr eft oppofé aux nombres rompus j ou. frayions.
Voye\^ ces mots.
On dit aufli , Remettre les chofes en leur cn/ig/' \
pour dire , les remettre en l'état où elles étoi.enc
avant qu'elles fulTent changées. Ce Mineur a obtenu
des lettres de reftitution çnentier, & on l'a refais
au même état qu'il étoitaupatavant. Les.Hérétiqyçs
ont ruiné cette ville , mais la grande Eglife e^jen-
core dans fon e;;r/er.
ENTIERCEMENT. f m. Vieux mot. Terme deÇpu- .
tûmes. C'eli-l-'aâbion par laquelle on met une chofe
mobiliaire en. main tierce.
ENTIERCER. v. a. Terme de Coutumes. C'eft met-
tre une chofe mobiliaire en main tierce.
ENTIERCHIER. Vieux morde la Coutume d'Amiorti;
& de celle de Normandie , qui fignifie j xMettre en
main tierce , féqueftrer. Sequeftrare , deponere apui
/t-^'ae^'fri/ra. On difoit aufli , emiercheur , pour dire,
equcftrei ■ : :
ENTIÈREMENT, adv. Toift-à-fiit, d'une maniàrg
E N T
entière & complette. Omninb ,prorfus. Cet homme
eft entièrement perdu de réputation. Les mouve-
mens des pallions ne font p.is encièremenc volontai-
res. Nie.
JENTITATULE. f. f. Terme de Philofophie^'cholafti-
que. Petite entité. Enûtatula. On le du en Latin
dans l'école ; mais en François il faut dire , petite
entité j ik jamais entitatuU^ ïi ce n'elt en badinant ,
en fe moquant de certains Philofophes , qui admet-
tent de petites entités pour ce qui n'ell que forma-
lité j ou virtualité. On joint quelquefois encore le
mot de petite avec entitatule. Ces petites entita-
tules.
ENTITÉ, f. f. Tetme de Didactique. Entitas. Ce qui
conrtitue 1 être ou l'elFence d'une chofe. Entité j
dans la plus pure fcholaftique , fignifie auiîi un petit
être , une forte d'ctre qui n'exilte point à part , qui
n'eft pomt fubllance, corps, efprit , mais qui elt ce
pendant quelque choie , & regardé comme réel.
C'eft ce qu'on appelle autrement formalité, f^oj e:;
ce mot.
fer ENTOILAGE, f. m. Toile, monlTeline à laquelle
on coud de la dentelle. On le dit même de la dentelle
qui foutient une autre dentelle plus belle.
ENTOILER. V. a. Remettre de la toile à la dentelle
d'une garniture , d'une cravate , d'un mouchoir de
cou, &c. Entoiler une garniture , une cravate.
§C? Entoiler , fignilîe aulli j Coller fur une toile.
grap ier uneeftampe j un tableau j une carte géo-
hique.
Entoré, ée. part.
ENTOiR. f. m. Terme de Jardinier. On dit ordinaire-
ment Greffoir. F'oyc^ ce mot.
ENTOISER. V. a. Terme de Jardinier. Il fe dit des
choies qui s^achettent & fe vendent à la toife : fi
bien qu'on les peut mettre en des tas de figure
carrée , afin qu'on les puiffe toifer. In kexapedas
componere, ad hexapedas metiri. Entoifer àe la ter-
re, entoifer à\i fumier. La Q\i int. Entoifer j fedit
auffi des autres chofes dont on mefure le cube avec
le pied & la toife.
CiCF En Maçonnerie , on entoife les moellons , les
matériaux , on les arrange carrément pour en me-
furer le cube.
Entoiser un arc, le couïhcc.Lunare.
Entoiser une épée, c'eit la haulfer pour frapper. Ces
deux fignifications du mot entoifer font dans Nicot.
Entoifer , dans ce fens , ne fe dit plus
747
E N T
dere. Il a entonné [on vin au fortir de la tuve , d«
prelfoir.
Ce mot vient de tonne , tonneau.
On du, hyperboliquemi-nt , d'un ivrogne qui
boit beaucoup, qa A entonne bien. Ce goinfre en
trois coups a. entonné deux bouteilles de vin.
S'Entonner, v. recip. Se du du vent , lorfqu'il entre
avec impétuofité dans un lieu étroit. Le vent s'en-
tonnait dans cette vallée. L'Acad. Cette exprellion
neparoît pas d'un trop bon ufage, ni bien com-
mune.
Entonné , ée. part. Il a les fignifications de fon veibe.
D'un Benedicamus entonné foit^ement ,
L'inutile Chanoine ejl payé grajjement. Sanlecquh.
IfT ENTONNERIE. f. f. Dans les BtaiTeries, c'eft un
endroit au-dtlfous des cuves , oii lont placés les
tonneaux qu'on remplit de bière.
ENTONNOiR. 1. m, Vailleau plus ou moins grand,
fait en forme de cône , avec un cou j qui fert à
verfer les liqueurs dans unmuid, dans une bou-
teille. Injundibulum.
On appelle entonnoir , dans un fens métaphori-
que J le golier de ceux qiu aiment à boire. Cette ex-
prellion n'ell que du Ifyle burleique.
Ce bon Seigneur , que la foif pique ,
Dès le matin jufques aufoir j
De r organe de fa muf.que
N'a plus fait qu'un entonnoir.
De Chaulieu.
^C? Entonnoir J en Anatoinie. On donne ce nom à
une cavité ou folfette, qu'on trouve dans le cerveau
au-dellous de fon troifième ventricule , entre la
bafe du pilier antérieur de la voûte du cerveau , &C
la partie antérieure du point de réunion des nerfs
optiques.
IJCr Entonnoir. Inftrument de Chirurgie , dont on
fe fert pour conduire le cautère actuel fur l'os un-
guis J dans l'opération de la fiftule lacrymale , afin
d'en détruire la carie , & procurer une nouvelle
route aux larmes. Infundibulum, On ne le fert plus
du cautère aétuel à caufe des accidens fâcheux qui
en rélultoient.
Entonnoir. En termes d'Artillerie, eft ce qui fert à
couler la poudre dans la lumière des pièces.
ENTONNEMENT. f. m. Action d'entonner. i/2/î{/?o. Entonnoir. En termes d'Ingénieur ou d'Artillerie, on
appelle entonnoir , l'ouverture que lailfe à la tetre
une mine , lorfqu'elle a joué. Hiatus , chafma. L'en-
tonnoir dç la mine, du M. d'AUeinan, eft le trou
que lailfe une mine ou un fourneau après avoir joué.
M. de Saint-Remy s'eft trompé dans fon calcul
pour la charge des mines , parce qu'il n'y fait en-
trer que le poids de la terre contenue dans l'enton-
noir J 8c nullement la réfiftance qu'elle fait à fe
détacher. D'Alleman. f^oye^ aulli Bélidor &:
les autres Ingénieurs qui ont travaillé fur les
mines.
^C? On donne le nom d'eww/jwir à cette ouver-
ture , parce qu'elle a la figure d'un entonnoir renver-
fé, allant toujours en s'élargilfantde bas en haut.
On s'eft logé dans l'entonnoir , on a couronné l'en-
tonnoir. Couronner l'entonnoir , c'eft le garnir d'un
parapet.
L'entonnement du vin ne fe fait qu'après qu'il a étéj
cuvé quelque temps. Entonnement d'un motet , d'un
cantique ^pr¢io.
§Cr Je crois que ce mot n'eft d'ufage nulle part ,
ni comme terme de Mulique , ni comme tetme de
Marchand de vin. Dans le premier cas , on dit , in-
tonation : dans le fécond , je préférerois entonnage,
dont fe font fervis ceux qui ont donné des traités
fur la manière de faire le vin. La cueillette des rai-
fins -, le choix de ces fruits pour les difFérens vins ,
les attentions pour le tranfport de la vendange, pour
leprelfurage & l'entonnage , &c. voilà ce qui rem-
plit la moitié du Traité de M... fur la Vigne. Mém.
de Tr. 1759.
ENTONNER, v. a. Commencer le chant , chanter
les premières paroles pour donner le ton au choeur.
Incinère 3 pritirefono. Le Chœur a entonné l'Introir,
rHymne , le Magnificat La Mufique a e/zw/2/2d un ^CTENroNNoiR , en Bot:inique. In/undihulum. On
fe fert de ce terme pour déligner la figure de certai-
nes rieurs tk de certains calices. Elos injundihuli
jormis. Fleur en entonnoir , ou qui a la forme d'un
entonnoir , étant formée par un tuyau &; un difque
ou évafement. Voyci^ Pétale.
ENTOR. Prcpofirion. Vieux mot. Autour , à l'en-,
tour.
motet.
Entonner , fignifie auffi , Mettre fur un certain ton ,
fur un certain chant. Ce Muficien entonne jufte ,
forme jufte avec la voix les fons & les intervalles
qu'il s'eft propofé.
Ce mot vient du Latin intonare.
On dit , hgurément , Entonner , pour Chanter.
Entonner les lou.anges de Dieu. Boil. On dit aulli , '\ ENTORDRE. v. a. Lier, ou plutôt preffer fortement.
Entonner la trompette
ftvle.
pour dire , Enfler fon!
Vincire. Il me ferre , entord. Marot. Il ne fe dîc
plus.
Entonner, fignifie encore , Verfer une liqueur dans ENTORNER. v. a. Vieux mot. Etourdir par quelqu«
un tonneau , dans un muid , dins un bariL Infun- 1 coup,
13 b b b b ij
748 E N T _
gcr ENTORSE, f. f. Terme de Chirurgie. Moxtve-
meiK dans lequel une articulation oft forcée , fans
que les os fouttrent de déplacement fenfible. Dif-
tortio. Les entorfes du pied font ordinairement la
fuite d'un faux pas. Pour prévenir les accidens qui
peuvent arriver d'une entorfe , il faut dans le mo-
ment même , s'ileft pollible , plonger la partie dans
i'eau froide. Il fe dit au Manège, d'un effort
-violent que le cheval s'eft fait au boulet, qu'on ap-
.pelle autrement mcmarchure. Quand un cheval s'elt
donné une encorfe , il court grand rifque d'être ef-
tropié dans la fuite j à moins qu'on n'y remédie
promptement. Les entorjes aux jambes de derrière j
font plus difficiles à guérir ^ que celles qui arrivent
aux pieds de devant. Les bœufs & autres animaux
font aulii fujets 3.uii entorjes , quand on les fait mar-
cher par des chemins trop rudes , raboteux j pleins
d'ornières.
Ménage dérive ce mot du LAt'm intonus. On a dit
autrefois entordre , contorquere , intorquere , dijtor-
querc : il ne fe dit plus.
"Entorse , fe dit figuiémenr , & dans un fens moral ,
de quelque violence , obftacle ou empêchement
qu'on apporte à la fortune , ou aux affaires de quel
qu'un. Impedimentum , noius. Cet homme étoitprct
d'obtenir une telle dignité , mais fes ennemis lui
ont donné une entorfe qui l'en a fort éloigné. Cette
exprellion efl: de la converfation familière.
On dit audi , donner une entorfe à un palTage ,
pour dire , le détourner de fon vrai fens , de fon
fens naturel , pour lui faire fignitier autre chofeque
•■ce qu'il fignifie.
Entorse , fe dit aufTi , dans le ftyle didadique, en
parlant des Écrivains qu'on explique à contrefens ,
auxquels on fait violence. Ce n'eif pas expliquera
pafïlige , c'eft lui donner une entorfe. On ne peut
donner ce fens à Saint Auguflin, que par une fu-
rieufe entorfe.
ENTORTILLEMENT, f m. Adlion d'entortiller; ou
les divers tours que fait une chofe qui entortille une
autre, t'^erfatio infpiram ^ ingyruminfiexio^ 'L'entor-
tillement du liere autour d'un arbre. L'entortillement
des tiges qui font autour de la colonne.
Entortillement , fe dit aulfi au ligure , embarras ,
confufion du ftyle. Perplexitas. Cet homme efl ob(-
cur \ Se cet entortillement d'efprit me déplaît. M.
ScuD. Il faut corriger ['entortillement de cette pé-
riode.
ENTORTILLER, v. a. Envelopper dans quelque cho-
fe qui fait un ou plufieurs tours fur une autre. Con-
volvere , impUcare. Quand on a froid , on s entortille
dans fon manteau , dans fa robe de chambre , dans
fes draps. Les Marchands entortillent d3.ns du papier
les marchandifes qu'ils livrent à leurs chalands.
Entortiller, fe dit auili , des chofes qui font plu-
fieurs tours en s'attachant à d'autres. Amplecli j cir-
cumdare. Le lierre , la vigne s entortillent autour
des arbres , des colonnes. Laocoon fe vit entortillé
par des ferpens.
Entortiller, fe dit aufTi figuréineut en Morale, de
ceux qui embarralîent leurs penfées, leurs difcours,
enforte que l'intelligence n'en efl pas facile. Entor-
tiller fes penfées. Ariftote s entortille dans des argu-
mens , dont il ne peut fe démêler. S. Évr. Ménage
appelle exprejfion entortillée , une exprellion obfcu-
re Se tranfpolée.
Entortillé , ée. part. Impeditus , implicatus. Il a les
fignilications de fon verbe au propre & au figuré.
Serpent entortillé autour d'un arbre. Des conffruc-
tions entortillées. Mén. J'ai quelquefois l'efprit en-
tortillé., Se l'excès de ma mauvaife fortune m'occu-
pe malgré moi. M. Scud.
En rermes de Chirurgie , on die une future en-
tortillée : c'ell la même chofe que future enflée.
Voye:^ ce mot.
ENTÔUILLER, ou Andouilkr. Ç. m. Terme deChaf
fe. C'eft le premier cor le plus près des meules de
la tête d'un cerf. Cervini cornu primarius pollex ,
imusfurculus. Le fécond s'appelle yira/z(/o«i//er, &
ENT
tes autres plus hauts , chevillures ou cors ; mais ceux
du taîte s appellent efpoirs , lefquels n'étant qu'au
nombre de deux , s'appellentyo.vrc/zcj; ; mais étanc
trois ou quatre , ils s'appellent trochures , par méta-
phor9*d'une trochée de poires ou de pommes. S'ils
font cinq ou fix, & plus, ils s'appellent /'iî.v/Tî^re ,
à caufe de la reffemblance des doigts fortans de la
paume de la main. Et s'ils font ranges en cerne , ils
s'appellent couronnure , parce qu'ils refTembleiu à
une couronne.
ENTOUR. f. m. Circuitus ^ ambitus. Ce mot efl vieux y
au fingulier, pour fignifier le circuit. L'entour des
murailles. Ventour de la ville , de la maiion ; mais
il cil ufité au pluriel pour fignifier les environs. Il
s'eft affuré des cntours de la place. On dit encore ,
k\entour , & on l'écrit même fans apollrophe ,
alentour.
On dit fîgurément, qu'un homme fait bien pren-
dre les entours , pour dire j qu'il fait mettre dans
fes intérêts ceux qui ont du crédit fur l'efprit des
perfonnes dont il a befoin.
Entour. Prépolition. Auprès de quelqu'un. Circa y
circum. Les femmes font ii difficiles à habiller j qu'il
y a toujours à faire entour d'elles. Ce mot vieillit,
& on fe fert plus communément de alentour , eu
autour. Les Princes ont toujours beaucoup deCour-
nf^ns alentour , on autour d'eux. Le parapet règne
tout alcr.tour de la muraille. Les Princes emploient
les efprits médiocres à faite les chemins , & à ôter
les difficultés qui font à Ventour des chofes. Bal.
La difitte j au teint blême .,& la trife famine ,
Troublent l'air d'zlcmoiw de leurs geniijjemens.
BoiL.
Le P. Mourgues prétend qu'en profe il faut dire
autour de , & que c'eft comme une licence poéti-
que de dire à l' entour de. Ainfi alentour e^ toujours
adverbe en profe.
En vieux ftyle on peut employer entour.
A peine fut ma morale finie ,
Et de ma main votre Altejje bénie ,
Que Satan vint entour de vous jaj'er.
Dl Villiers.
ENTOURER, v. a. Cingere , circumvlecli. Enceindre.
L'Océan entoure la terre. Cette maifon efl entourée
d'eau , de bois , de foffés , de prairies.
Et pour fermer che^ vous Ventrée à la douleur y
De vingt verres de vin entourez votre cœur. Mol.
Ce mot vient de tornus y tornare.
Entourer J fignitie auffi j Environner, ctre alen-
tour.
Les gens charitables font toujours entourés de
gueux.
Les bonnes tables font entourées d'écornifleurs.
Cette ville efl entourée d'ennemis. Les Rois sen-
touroient autrefois la tête d'un diadème. Il vau-
droit mieux dire fe ceignoient. Entourer les plan-
tes , efl la même chofe que Encager. Foye^
ENCAGER.
E'NTOVV.à, ÉE. p:m. Circumdatus , cinclus.
ENTOURNER , v. a. Vieux mot, qui fîgnifioit.
Mettre autour , être autour, Gyrare, flcciere in fpi-
ram , in gyrum ; & entourer , Sc environner , Cir-
cumdare , cingere. Il faut entourner ce cable autour
de ces poulies j de ces moufles , lui faire faire deux
ou trois tours.
ENTOURNURE, f f. Terme de Tailleur d'habits,
qui fe dit du jour ou de l'échancrure qu'ils donnent
à des manches dans la partie qui touche l'épaule.
Gyrus. Cet habit feroic bien fans {entournure des
manches qui va mal.
ENTOUSIASME. Foyer ENTHOUSIASME.
S'ENTR" ACCUSER, v. récip. S'accufer l'un l'autre.
Ils % cntr accufoient de crimes énormes. Ac. Fr.
£NT
ENTR'ACTE. f. m. Terme de Poclle. Ballet, nuifi-
que , ou autre ^divercillement que l'on donne entre
les Actis d'une Comédie , ou d'une Tragédie, pour
réjouir Ijs Spectateurs par la diverùte , ou donner
le loiiir aux Acteurs de changer d habits j ou de
décorations. Diiuiium , inunnediuin. Les Anciens
mettoienc des Chœurs dans les Entr'a'des.
ENTRAGli. f. m. Tenue de Coutumes. Ce mot
veut dire entrée , commencemenc de jouillànce.
Dans quelques Provinces celui auquel a été fait un
b.id doit payer pour fon e/ifrao-c quelques deniers
au bailleur.
EN IRAGUES. Petite ville de Guienne dans le Rouer-
gue , en France. Irueraqus. M. Corneille , & quel-
ques autres écrivent hntraigues : peut-être elt ce
l'ufage d'écrire & de prononcer ainlî en Guienne ,
& dans les pays voilms, comme Ton dit Aigues-
mortes y Aigue-Perle , &c. mais d'autres Auteurs ,
& d'autres Cartes de Géographie , écrivent Entra-
gnes ; & l'on dit à la Cour c^: à Paris , La Mai fon
diEntrugues , Le Marquis d'Entragucs ', L'Hôtel
d'Encmgues. Entragues ell lur le Lot , à 1 endroit
où il reçoit la Trueyre ; & c'ell de-là que cette vilie
a pris Ion nom , parce qu'elle eft entve ces deux
rivières , à la pointe que tonne leur conHuent. En-
cragues ell; à cinq lieues d'AuriUac , fur les confins
de la haute Auvergne.
S'ENTR' AIDER, v. récip. S'aider l'un l'autre. Les
hommes doivent %'entr aider. Ac. Fr.
ENTRAILLES, f. f. pi. Les boyaux , les intelllns.i
f^ifcera, inccjlina , cxt.z. Le poilon lailTe principa-
lement fes marques dans les cntrailits. Ils vidèrent
les entrailles , ^-c embaumèrent le corps. A''aug.
Ménage dérive ce mot du Latin entcralLi qui a
été fait du Grec 'iiT^ov^ qui fignihe le ventre.
Entrailles , fe dit auiîl plus généralement de toutes
les parties eiifarmées dans les corps des animaux.
L'Arufpicine des Anciens s'cxerçoit en coniidérant
^ les entrailles des animaux lacrihés, le cœur, le
poumon , le foie. Us prétendoient deviner 1 ave-
■ nir , ou les chofes cachées , par l'inTpedlion des
entrailles des vidimes qu'ils immoloient aux faux
■ Dieux.
Entrailles , fe dit en morale pour affedion , ten-
drelfe, fenfibilité pour les malheureux. Cet hom-
]iie a des entrailles : il a le cœur tendre & fenhble.
L'on dit au contraire d'un homme dur & impitoya
ble qu'il n'a point d'entrailles. Un père a beau me-
nacer fes enfans de fermer les yeux lur leur mau-
vaife conduite, les entrailles paternelles ne fout-
frent pas qu'il exécute cette menace. Mauc. Cor-
neille a du dans le Cinna
Je leur fais des tableaux de ces triées batailles ,
Où Rome par fes mains déchirait fes entrailles.
On dit à peu près dans le même fens , un hom-
me dur & impitoyable , armé contre fes propres
entrailles. Pat. Un père armé contre fes enfans-
Avoir des entrailles. Bien fentir ce qu'on dit ,
prendre le vrai ton de la paillon dont on doit être
cmu. N'avoir point d'entrailles. Réciter , déclamer
mal , fans goût , fins intelligence. Nous voyons
des Acteurs qui femblent tranquilles , quand ils
conrePcent -, en colère , quand ils exhortent ; indif-
férens, quand ils remontrent \ ik froids, quand ils
invedivent. C'eft là ce qu'on appelle communé-
ment ne pas favoir ^ ne p:is fentir ce que l'on dit ;
n'avoir point d'entrailles. Grimaret , p. }6. de fa
Réponfe à la critique de la vie de Molière.
On ditaufll en termes de Dévotion les entrailles
de la miféricorde de Dieu , expreflion tirée de
l'Ecriture , per vifcera mifericordiA Dei noflri ,
dans le Cantique de Zacharie, dans l'Epître aux
Phllippiens IL i.&aux CololT. III. iz. Entrailles
fe dit fouvent dans l'Ecriture pour charité , amour ,
bonté , tendrelfe.
Entrailles , fe prend audî pour le cœutj pour fin-
/ ENT 74i,
tériein- de Thomme. Seigneur, votre loi ell gravée
dans le tond de mes entrailles.
Entrailles, fe du auiîi hgurément de l'intérieur de
la terre. L'avarice des hommes a fouillé jufqu'aii
fond des entrailles de la terre pour en tuer 1 or . . .
Itum cji in vijcera terra j
Ejjcdiuntur opes , irritamenta malorum.
La terre ouvrit fes entrailles. God.
ENTRAIN. Interamma j Interamna , Interamnus
Intcramnia , Interamnium. Robert d'Auxerre dit In-
terannus, mais c'eft une faute, ^wiriz/w ell un Mo-
nallèrede France fitué fur les confins de la Bretagne
& du Maine , entre Fougère & Pontorfon. Entrain
a pris fon nom de fa fituation ; car Entrain s'eft
tormé du Latin Interamnus , qui fignifie, Qui ell
entre-deux rivières, comme elt QW&Û'etEntrain, qui
elt entre le Coëfnon S.< un autre ruilTeau fans nom.
Entrain elt encore une petite ville du Donziois ,
dans le Nivernois 3 Province de France , à cinq ou
'■■- 'ieues à l'orient de la rivière de Loire dans le
lix
Diocèfe d'Auxerre. On écrit auflî Antrain.
r^ ENTRAINEMENT, f. m. Adion d'entraîner.
Quelques Auteurs ont employé ce mot dans ce fens,
faute d'un autre autorifé par l'ufage. Les Stoïciens
cioyoient que tout arrive par un entraînement né-
celïïure , que les événemens fe fuccédent les uns
aux^ autres , fans que rien puilTe changer l'étroite
ch.iîne qu'ils forment enrr'eux. Hift. de la Phil. les
Tourbillons inventés pour l'explication de l'ai-
mant , de la péfanteur & de \' entraînement des pla-
nètes j font aujourd'hui reconnus inutiles pour cela
p.ar les Cartéfiens mêmes. Sicorne. Expliquer la
loi de \' entraînement des couches d'un tourbillon.
Castel.
On criera tant qu'on voudra contre les mots
nouveaux que l'ufage n'a pas adoptés. Nous ne
nous lallerons point de répéter qu'il ell à defirer
que nous ayons des mots pour toutes les idées que
nous avons à exprimer j & que s'il n'y en a point,
il efl avantageux d'en faire.
ENTR.AINER. v. a. Emporter avec violence, traîner
avec foi. Trahere , repère. Les Sergens ont entraîne
ce pauvre homme en prifon. Cetre inondation a
entraîné lont ce qu'elle a trouvé dans la campagne.
Une forte purgation entraîne toutes les mauvaifes
humeurs du corps. La charrette entraîne quelque-
fois les chevaux dans les pays de montagnes. On
{'entraîna au fupplice. Ablanc. Le Stoïcien fe
vante que le ciel & la terre ne fauroient ^entraîner
dans leur chute, & qu'il demeureroit ferme fur les
ruines de l'Univers. La Br.
Ce mot vient de trahere.
Entraîner , fe dit fouvent en morale , pour fîgni-
fier, produire, être caufe ; en parl.mt des effets,
des accidens qui font , pour l'ordinaire , infépara-
blés de la choie dont on parle. La perte d'une ba-
taille pouvant entraîner la ruine entière de la Flan-
dre , Les Efpagnols ne Jugeoient pas à propos de la
hafarder. Sar. Une guerre civile entraîne après foi
bien des malheurs. Ce principe , cet argument, en-
traînent après eux de grandes abfurdités. On le die
aulTi très-fouvent de tout ce qui nous porte à quel-
que chofe avec force j & fouvent aux dépens de la
liberté. Rapere. Citéron entraînait {qs Auditeurs
par la force de fon éloquence. Un habile Rappor-
teur entraîne tous les ignorans dans fon opinion.
Je me fens entraîner ^3.1 une trop douce violence,
pour fouhaiter que les chofes ne fullent pas. Mol.
Un ami qui n'agit que par vanité , va feulement
au bien , à mefure que le foin de fa réputation
Ventraîne. S. Evr. Les défauts extérieurs frappent
les fens, & entraînent l'imagination. Nie. Le pré-
fent nous entraîne. Boss. Toutes nos pallions nous
entraînent avec violence : nous fommes ou touchés
de pitié , ou enflammés de courroux , félon les di-
vers objets qû; nous emportent. Vaug. On a com-
paré à l'harmo.-ie , & à la voix mclodieufe des Si-
rènes , tout ce qui flatte , &: tout ce qui entraint
inévitablement les coeurs. Ab. Nicaise. Cette per-
7JO E N T
fuafion , qui étoic un effet de fa raifon & de fa
veit'-i, n'entrainou pas fon cœur. P. de Cl.
De nos propres malheurs auteurs infortunés.
Nous fommes, loin de nous, à toute heure entraînés.
BOIL.
Quoi ! l'ame ejl toute cfclave ? Une loi fouveraine
V^rs le bien & le mal incejjamcnt /entraîne ?
Corn,
Entraîné , ée , parc.
ENTRAIT, f. f. Terme de Charpenterie , qui fe dit
des maîtrelles pièces de bois qui traverfent & qui
lient les deux parties oppofces dans les couvertures
des bâtimens. On les appelle aulll tir ans y quand
ils tiennent aux jambes de force avec le poinçon au
milieu ; c eft ce qu'on appelle b ^rand entrait. Le
petit entrait elt celui qui eft au-delfus. Outre les
entraits des maîtrclfes termes , il y a des entraits
de croupe; qu'on appelle demi- entraits des en-
traits de remplage ; i^ on s'en fert en plulîeurs au-
tres occafîons.
-ENTRANT, ante. adj. Qui entre en quelque lieu.
Inarediens , intrans. Tous les vins entrans à^n% la
ville doivent payer le droit d'entrée.
Entrant, fignihe encore un intriguant, infinuant,
qui fait facilement connoilfance. Les Gafcons font
des gens entrans y qui s'iniinuent aifément parmi le
grand monde , <Sc qui tont fortune. Il eil peu ufité.
Entrant, en termes de Philofophie hermétique,
lignifie pénétrant. On dit que le Magiftère ell fon-
dant , entrant , & tingent.
S'ENTRAPPELER. V. récip. S'appeler l'un l'autre.
Dans ce défordre & dans l'obfcurité ils ^'entr'ap-
pelaient. Ac. Franc.
ENTRAPETÉ. adj. En ArchiteAure on dit un pi-
gnon entrapeté , pour dire ^ un bout de mur à la
tête d'un comble, dont le profil a quatre ou cinq
pans.
ENTRASMES ou ENTRAMES. Lieu de France avec
le titre de Baronnie , au Diocèfe du Mans , Doyen-
né de Sablé , fur la Jouanne , un peu au-delfus de
fon embouchure dans la Mayenne.
ENTRAVAILLE. adj. Terme de Blafon , qui fe dit
des oifeaux qui ayant le vol éployé , ont un bâton ,
ou quelque autre chofe palfée entre les aîles & les
pattes. Impeditus,
ENTRAVER, v. a. Terme de Fauconnerie j qui fe dit
lorfqu'on accommode les jets de l'oifeau de telle
forte , qu'il ne fe peut ôter le chaperon , ni fe dé
couvrir. On dit aulli entraver un cheval , pour lui
mettre des entraves. Equo indere compedes. Il fe dit
aulîi quelquefois dans le fens figuré. Entraver quel
qu'un , c eft l'embarralfer. Telle eft la misère de
l'homme, quand l'efprit de contradiélion & l'hu
meur de penfer autrement que les autres, le polTé
dent : bien loin de parvenir à les fins , il s'enveloppe
& s entrave. De Villars. Les doutes affectés de
M. Bayle femblent partir du cœur y d'un cœur ma
lin & critique, qui aime à tendre des pièges, à
femer des difficultés, à entraver les confciences, à
embarrafter les efprits. Mém. de Trév. Peu ufité.
Entravé^ "n. part. palT.
S'ENTR' AVERTIR, v. récip. S'avertir l'un l'autre.
Ils firent des feux fur les montagnes pour s'entra-
vertir. Ac Franc.
ENTR'AVERTISSEMENT. f. m. Terme de Coutu-
mes. Entraveniffement de fang fe dit , lorfque l'un
des conjoints par mariage eft fait Seigneur des
biens du prédécéJé. Unius conjugis in alterius de-
funcli honafuccejjlo.
ENTRAVES, f. f. pi. Compedes ferreA. Fers ou liens
qu'on met aux pieds des chevaux, pour empêcher
qu'ils ne s'enfuient. L'entrave eft compofée d'une
petite chaîne de fer , longue de fept pouces , qui
tient à deux entravons , ou pièces de cuir tournées
çn rond , & rembourrées , qu'on met aux pieds du
E N T
cheval. Leurs chevaux repallfent avec des entraves
aux jambes , de crainte qu'ils ne tuient. Abl.-
Entraves y fe dit figurément des empêchemens
qu'on trouve à faire quelque chofe , lir.pciuntn-
tum , vincula, compedes. Dieu nous laille des entra-
ves qui nous retiennent , & qui font les effets & les
fuites de nos péchés. Ab. de la Trape.
De ces amples canons y où comme en des entraves
On met tous les matins J es deux jambes efclaves.
Mol.
Mais nous autres faifeurs de livres & d'écrits j
Du lecîeur dédaigneux honorables ejliaves ,
Nous nefcaurions bnfer nos Jers 6" nos entraves.
BoiL.
Le peuple aux lois d'un feul affèrvijfantfafoi ,
Crut Je donner un perc , en fe donnant un Roi :
Il n'a point prétendu , par d'indignes entraves ,
Dégrader la nature , & faire des efclaves. GresseT.
On le met aulli cjnelquefois au fingulier en ce
fens. La jeunelle eft naturellement emportée, elle
a befoin de quelque entrave qui la retienne.
ENTRA VON. f. m. Pièce de cuir dont on entoure
le paturon d'un cheval. Il tant deux entravons pour
faire une entrave. Pedica. Une petite chaîne de fer
les alTèmble l'un avec l'autre.
ENTRE. Prépofition de temps & lieu, qui marque
la diftance & la féparation de l'un à l'autre. Inter.
Il y a bien du chemin entre ci 5c l.i. Entre le ciel
& la taire il y a un grand efpace. Il eft entre onze
heures & midi , entre cinq & fix. Entre le Déluge
& l'Incarnation il y a tant d'années. Gouvernez-
vous bien entre ci & là. Mad. de Sevigné.
Il y a des Auteurs c]ui donnent .1 la prépofition
entre la fignification à'intra. Entre le feptième jour
de la Conception. Degori. Intra feptimum à Con-
ceptione diem. Cet ufage n'eft pas bon : il falloit
mettre dans les fept jours qui fuivent la Con-
ception.
Entre j fe dit auffi pour marquer un lieu précis. Je
lui ai livré cet homme entreX^s mains. Cela loir die
entre nous. Regardez-moi entre deux yeux , fixe-
ment. Cela a été fait entre quatre yeux, il n'y avoir
que deux perfonnes. O ! que voilà bien là entre vos
deux yeux un ligne de longue vie ! Mol.
On le fert aulli de certe prépofition pour expri-
mer ce qui tient de deux chofes, comme quand on
dit, le gris eft enfe le blanc & le noir : entre chien
& loup , pour dire cette partie du foir qui tient du
jour & de la nuit; traherent cum fera crepufcula.
noclem : de même que pour exprimer ce qui eft
dans l'efpace renfermé entre les deux extrémités
dont on paile : comme quand on dit entre les deux
pôles ; entre Paris &c Rome , le vert eft la couleur
mitoyenne entre le jaune & le bleu. La rivière cou le
entre les deux rives. Il a été volé entre deux folciis,
c'eft-à-dire J pendant le jour. Un vaiffeau bâti entre
le tiers & le quart , eft celui dont la largeur eft en-
tre le tiers & le quart de la longueur de la quille.
Ce détroir eft entre deux mers. Nager enrre deux
eaux. L'hydropifie fe forme des eaux qui font en-
tre cuir & chair. Il ne boit point entre fes repas.
On dit auftî dans les querelles , il s'eft mis entre
deux ; pour dire, il les a féparés.
Entre, fert aulli à marquer la différence. Entre un
bon & un mauvais ami il y a bien dqla différence,
comme entre le jour & la nuit.
Entre, fignifie quelquefois. Parmi, au nombre.
On l'a laiffé entre les morts. Il eft des premiers
enire les gens de bien. Entre amis tour eft com-
mun. Entre les petites planètes Vénus eft celle qui
brille le plus.
Entre , en termes de Palais , fe met à la tête de tous
les jugemens contradidoires. Entre un tel deman-
deur &C un tel défendeur. Il y a procès entre ces par-
ties. Ce partage fe doit faire entre quatre affociés.
E N T
En Arithmétique on die que deux nombres font
égaux entre eux, lont premiers ew/'/t; eux, ou qu'ils
n'ont aucune mefuce commune cncrs eux. On dit
en Géométrie que deux cliofcs égales à une troi-
lième 5 lont égales entre elles.
Entre, fe dit proverbialement en plulieurs phrafes.
Entre deux lelles le cul à terre. Il l'a pris entre
bond & volée. Entre deux vertes une miire.
Entiie , (e joint avec quantité de verbes réciproques,
en y ajoutant le pronom perlonnel : comme j '(.'«-
tr accoler, s' entr accompagner , sentfaccujer^ s'en-
tr avertir , s'entr aider j s'entr'aimer j s'entr'appeler,
s' eniT approcher , s'entr appuyer j s' entr' arracher ,
s' encr attendre, s entre-baifer ^ s' entre-baijfer , s' entre-
battre, s'entre carrejj'er, s'entre - chercher , s entre-
chérir, s'cntrc-déchircr-, s'entre-corinoitre ^ s'entre-dé-
f aire 3 s' entre-dire y sentre-donnei y s'entr'embra(]'er j
s' entr' entendre , s'cntre-e'gorger^ s'entre-fâcher^s'en-
tre - flatter 3 s'entre -fouetter j s'entre- jraper , s'en-
s'entre-grondcr y s'entrc-heurter ^ s'enrre-lajjer ^ s'en-
tre-louer ^ s' entre-mander 3 s' entre-manger ^ s'entre-
mêler, s'entre-moquer 3 s'entre-mordre, s entre-nuire j
s'entre-parler , s' entre-percer-ys' entre-piquer , s' entre-
plaider j s'entre-pouffer , s' entre-quereilcr , s'entre-re-
garder j s'entre regretter , s'ent'e-rencontrer , s'entre-
répondrc 3 s'cntre-reQembler , s'entre-faluer , s'entre-
fecourir, s' encre-faijir , s'entre-fuivie , s'entrc-tailUr,
s' entre-toucher , s'entre-trouver, s'entre-tuer j s'entre~
voir. Sec. Souvent on ajoute le mot, entre, avant les
verbes réciproques, immédiatement après les pro-
noms perionnels , pour marquer qu'une partie de
l'objet agit fur l'autre: comme, nous nous entre-
louons , vous vous entre-dJcrie^, ils sentre-tuent.
Le p. Buffier dans fa Grammaire Francoife. On en
forme aulîi quelquefois , fur-tout dans le ftyle fa-
milier & burlefque. Un Poëte a die.
Tandis que fraternellement
Les deux pieds j''enrre-déchauiïerent.
Entre , fe joint auflî à quelques verbes pour dimi-
nuer leur lignihcation , comme les Grecs , le 1er
vent de la prépofition ùto' & les Latins de /i^ii». Tels
font les verbes entreluire , entr'ouir , entrevoirjScc.
que l'on trouvera chacun à fa place.
Entre, fe met aulli en compolltion avec plufieurs
noms & verbes qui n'ont point de réciprocation ,
ôc qui ont divers fens. Tels font entr'acie, entre-
bataille , entre-colonnement , entre-couper , entre-
faites , entre-gent , entre-lardcr , entre-lacs , entre-la-
cer , entre-ligne, entre-mêler , entre-mets , entre-met-
teur, entre-mettre , entre-mife , entremodillon , entre-
parleur , entre -pas , entreprendre , entrepreneur ,
^ntreprife , entre- fol, entre-fuivre , entre-fuite , entre-
taille, entre-tailler , entre-taillure , entre-tcms , entre-
tenir, & autres encore qu'on expliqueraen leurrang.
ENTRE-BAILLE, ée. adj. On doit écrire ce mot
avec un circonflexe fur la pénultième , pour faire
voir qu'il la faut prononcer longue , l'A demi-
ouvert : il ne fe dit que d'une porte ou fenêtre ,
qui n'elt pas termée tout-à-fair. Hians , hiulcus ,
hifcens. On laiffe une porte entre-badlée dans une
chambre qui fume. Il croyoit avoir bien feimé fa
porte en la tirant ; mais elle eft demeurée entre-
bâillée.
s'ENTREBAISER. v. rédp. Se baifer l'un l'autre. Ils
sentre-bafent les uns les autres. Ac. Fr.
ENTREBAS , ouJlNTREBAT , qu'on nomme aulfi
- dairvoie. f. m. 1 erme de Manufactures de lainage.
C'efl: le trop grand éloignemenc , ou la diftance iné-
gale des f.Ls de la chaîne d'une étoffe , qui arrive par
la faute du Tillerand , ou parce que la chaîne eft
. mal diftribuée , ou parce qu'il y manque un fil, ou
parce que le fi! eft trop toible.
ENTREBATTES , ou ENTREBAMDES. f f. pi. Ter-
me de Mariufaiiure , particulièrement en ufage dans
la Sayerterie d'Amiens. Ce font pronrement le
commencement & la fin d'une pièce d'éto.^; de
Ê
7i.T
laine
queue
f t
, ceqaon nomme vulgairement le chefi:c la
IJO" On le dit aulîl de la marque du Maître , qu'il
ck obligé de mettre aux pièces d'étoffes qu'il fa-
brique.
ENTRECHAT, f m. En termes de Danfe , fe dit d'un
laut léger pendant lequel les deux pieds fe croiient ,
pour retomber à la troihème polltion. L'entrechat fe
palle à (ix , à huit , à dix, Imvant que le danleiir
eit plus ou moins adroit &: vigoureux. Ce mot cil
coriompude l'Italien capriola intrcciata , qui lignifie
miQCjpriole croifee. Il y a un entrechat en tournanr ,
un entrechat Qi\ arant , i5c un e/zr^aVia^ de côté. Le
P. Méneftrier , prétend qu'il faudroit dire entredtas
àc non pas entrechat. Voici les preuves. L'origine de
cette exprelîlon eft chas , pièce de bois un peu lon-
gue & carrée qui fert de châlfe à quelques inllru-
mens de fer , de plomb , ou de quelque autre métal.
Ainh on dit jeter un chas aux jambes , ÔC ce n'elt
que par corruption qu'on dit un chat aux jambes ,
pour dire, faire naître quelque obftacle , comme
lorfqu'on jette un bâton entre les jambes d'un hom-
me qui marche, ou qui court pour le faire tomber.
C'eft de chas qu'on a fait challisj&: comme on a dit
entrelas des fils j cotdons ou cordes palfées les unes
dans les autres , on a dit aullî entrechas des cloifons
de pièces de bois , qu'on appelle en Latin cancelii ;
d'où vient le mot chancel pour la clôture du Chœur
d'une Eghfe: ainfi les entrechas en la danfe font des
entrelacemens de jambes & de pieds, comme fi l'on
lautoic entre les vides d'une cloifon.
S'ENTRE-CHOQUER. v. récip. Se heurter , fe cho-
quer l'un l'autre. Incurfare fe uivicem , fe vicijfun
mutuo impetere. Ces deux vailfeaux fe iont entrecho-
qués , il y en a un qui s'eft entr'ouverr, C'eft ce
qu'on appelle aborder en termes de Marine.
On leditaulîi , figurément , enchofes morales»
pour figniher, fe nuire les uns aux autres , fe con-
tredire avec aigreur. Ces deux kmsms s entre-cho-
qtenten toutes rencontres. Ces deux ennemis s'entre-
choquent à tout propos , ne lailî'enr palier aucune
occafion de fe nuire.
ENTRE -COLONNE, ou ENTRE -COLONNE -
MENT. f. m. Efpace qui eft entre deux colonnes. Il
eft ordinairement employé au pluriel. Les entre-co-
lonnes doivenr être proportionnées à la hauteur &
grolleur des cônes. Vitruve l'appelle inteF- colom-
nium : & lelon le même Auteur , V entre-coionnemenc
eft de cinq efpèces \pycnoftyle ,fiftyle , enflyle , dia-
Jlyle & arxqftyle. Ces cinq mots font Grecs , &: font
expliqués en leur lieu.
S'ENTRE-COMMUNIQUER. v. réciproque. Qui n
fe dit qu'avec le pronom perfonnel. Il lignifie , f
communiquer mutuellement , fe faire part les uns
aux autres de ce que l'on a. Vocare fe vicijfim inpar-
tem omnium. Les hommes s' entre-communiquent leurs
penfées, par le moyen du langage. Port-R.
ENTRECOUPE. C'eft le dégagement qui fe fait dans
un carrefour étroit par deux pans coupés & oppo-
iés , pour faciliter le tournant des chariots.
Entrecoupe. Terme d'architeélure. Intervalle vide
dans deux voûtes qui font l'une fur l'autre, enforte
que la docle de la fupérîeure prend naifïànce fur
l'entre-dos de l'inférieure, qui y eft quelquefois ou-
verte , comme au dôme des Invalides à Paris , où la
calotte fe détache des côtés de la tour du dôme. On.
fait fouvent des entrecoupes pour fuppléerà la char-
pente d'un dôme , en élevant une voûte , pour ladé-
coration extérieure, au-delfus de la première qui p,i-
roîtroit trop écrafée au-dehors, comme à S. Pierre
de Rome j & en plufieurs Eglifes d'Italie. Frezier.
ENTRECOUPER, v. a. Dans le fens propre, c'eft
couper en plufieurs endroits. Les canaux qui entre-
coupent les jardins , les rendent plus agréables. Pays
entre coupé Aq monrac;nes.
Au figuré, il lignifie lamêmechofe qu'interrom-
pre. Interrumpere. On dit que les loupirs , les fan-
ç}oi<i entre coupent la voix , pour dire , qu'ils inter-
rornpent, qu'ils retardent la refpiraùon, tJ: eu ef.-
e
fe
/
;x
E N T
pèchent le libre ufage. Diiloius entreum}'.' ds cita-
tions, f^'oy. le participe.
Il le dit fouvencavec le pronotp perfonnel , & li-
giiihe , couper, traverler j >^' alors ilelt icciproque.
Sccareje muuo. Les méridiens lont des cercles c^ui
% entrecoupent ^wi. Pôles du monde. Les deux diago-
nales d'un carré % entrecoupait dans le centre. On dit
de mcnie j que des rues dans une ville , des canaux
dans un pays, s'entrecoupera , quand ils tbnt la mê-
me chofe que ces lignes.
Entrecouper , eft encore un autre réciproque , qui
lignihe, fe couper l'un l'autre. A quoi bon s'entre-
^.j-VjPtr la gorge. Vauc.
On du aulli d'un cheval , qu'il s entrecoupe j quand
le côté de l'un de Tes fers choque t^ entame un de
fes boulets. On dit plus ordinairement le couper.
Entrecoupé , éh- paît. Il a les fignitications du verbe
au propre & au hguré. Un ^xys entrecoupe à'i mon-
tagnes, de rivières. Une VOIX CA-rr^cj/z'/'cf. CJn llyle,
un difcours entrecoupé àc difgreliions , de cit.itions ,
de parenthèfes, c'eft-à-dire, où le til du dilcours
ell interrompu par des dilgreflion'; inutiles j par des-
citations longues & fréquentes. Entérines de Chi-'
rurgie, on .appelle Çinixïi entrecoupée , une luture
oii l'on coupe le ni , en l'arrêtant par un noeud à
chaquepoint que l'on hiit.
ENTRE-COURS. 1. m. Terme de Coutumes. Traité
entre deux Seigneurs , en vertu duquel les fujets de
chacun d'eux peuvent aller s'étabhr fur les terres
de l'autre fans danger de perdre leur franchife j
c'elt-à dire , en devenant fiijet , mais non leil du
nouveau Seigneur. Le droit qui réfukoit de cette
convention en faveur des lujets s'appeloit droit à' en-
tre-cours. Il y avoic autrefois entre-cours entre les
Comtes de Champagne & les Seigneurs de Bar.
S'ENTRE-CROISER.v. récip. Il feditdeschofes éten-
dues en long , & qui palfent les unes fur les autres
en formant quelque lorte de croix que ce loic. In-
terfecare. On le dit des rils des étoffes & des toiles ,
des fibres du corps des animaux &c des plantes , des
chemins , des allées , des rues , &:c. En taifint l'o-
pération de biais on coupe toujours les fibres de
l'une des deux obliques , parce qu'elles sentre-croi-
fcnt. DioNis.
ENTRE-DEUX. f. m. Partie qui ell au milieu de deux
chofes avec lelquelles elle a relation ou contiguïté.
Inter'rerium , fpatium ïnter médium , interger'tnum.
On a ôté l'entre- deux qui féparoit ces deux cham-
bres , foif mur , foie cloifon. Ventre-deux des épau-
les. Interjcjpuiium j ou interfcapilium. Dans Ventre-
deux de ces pilotis. Les médailles depuis Charlema-
"ne jufqu'au quatorzième liècle torment un vilam
enire-deux A'^ l'antiquité & du moderne. Le P. Jo-
BERT.
fer On appelle entre-deux de morue , la partie
qui cft entre la tête & la queue.
^ Entre- DEUX. Terme de Gravure. Voye-^ Entre-
taille.
Entre-deux. Les Tondeurs de draps .appellent ainfi
certains endrois de l'étoffe, que l'Ouvriern'a pas
affez tondus , pour avoir négligé d'ouvrir fuftifam-
ment la force , ou pour avoir un peu trop tiré l'é-
toffe fur la table à tondre ; ce qu'ils appellent trop
tabler.
Entre deux fers. , ou Entrefers. Terme de Ba-
lancier. C'elt lorfque pelant de la marchandife
dans une balance , ou des efpèces de monnoie dans
un rrébuchec , la lance ou iicau eft d'équilibre ,
& directement placée dans le milieu de la chape,
fans tomber plus d'un côté que de l'autre. Inter-
pendium. Cette piftole eft entre deux fers. Il faut
toujours que le trait foit du côté de la marchan-
dife.
Entre deux mers. L'Entre deux mers j le pays à'En-
tre deux mers. Bimans , Bimaris regio- Petit pays de
France dansla Guienne. Il eft entre la Garonne &
la Dordogne , depuis leur confluent jufqu'à Cadil-
lac , qui en eft le lieu principal ; & parce que ces
deux rivières font très-grandes en .ce lieu-lâ, qu'elles
EN T
y portent de grands vailleaux , & qu'elles y ont flux
&reriux, on lui a donnélenoindi;V;rre ^ea.v wt-n-.
DuCheine, Antiq.ù' iiech. des villes de France 3
L. il. c. 7. iVLity , Corn.
Entre-Dûuroet MinhOjûu Entre-Minho &Dou-
Ro. Province de Portugal , qui a tiré fon nom de
i"a ûtuanon entre la rivière du Minho au nord , &
celle du Douro au lud. luteramnenjis j Lujitania y
ou Portug.dlia. Elle a l'Océan Atlantique à l'oueft ,
& la Province de Tralos- montes à l'eft. Cette Pro-
vince eft une des plus plus fertiles de Portugal. Elle
fe divife en quatie territoires , qui prennent le
nom de quatre villes j Porto, Viana de i-'oz de Li-
ma , Ponte de Lima i^: Guimaracns. La ville de
Biague eft capitale de toute la Province. M. de la
Neuville écrit Entre-Douro & Minio , & dit que
les Places les plus conhdcrables de cette Province
font Viana, Caminha , Villa-Nova de Cerveira ,
VaLnça, Monçaon , Melgaço, Lindofo, Villa de
Coude Hc Porto.
ENTREDIRE. V. a. Vieux mot. Interdire. On die de
même Entreprêter , pour mrerpréter.
S'ENTRE-DONNER. v. récip. Se donner mutuelle-
ment quelque choie. S'entre-donner la main. Inter
jungcrc dextras.
ENTRFE. 1. f. Porte , chemin , ou paffage qui con-
duit du dehors d'un lieu au dedans. îngtejjus j adi-
tus. L'entrée ds la ville, de la forêt, du port. Les
entrées & les ilîues de ce pays font libres. L'entrée de
cette maifon eft belle & magnifique. LailTer re/2fr/c
libre d'une ville. Abi.. Défendre Ventrée du port aux
ennemis. L'entrée d'une maifon. Entrée eft oppofée
à ijjue.
Entrée , fe dit aullî des ouvertures qui font à pla-
ceurs choies. OJllurn, os. Ces bottes font trop larges
d't;/7r/cV. Elles ne font pas juftes. Entrée d'un chapeau.
L'entrée d'une ferrure.
Entrée J eft aullî l'adtion par laquelle on entre. A
fon entrée en prifon il paya fa bienvenue. A l'entrée
du jeu on paie rant dans les Académies. Deniers
d'entrée , c'eft l'argent qu'on paie en entrant en quel-
que affaire.
Entrée de choeur , c'eft en Architedure la décora-
tion de tonte la façade du Chœur d'une Eglife cjui
le fépare de la Nef. En Serrurerie , & en Ménuife-
rie, c'eft la décoration de la porte du Chœur, plus
exhauilée j & plus riche que le refte de la clôture a
jour.
Entrée de Serrure. C'eft une plaque de fer chan-
tournée félon un profil , cifelée & gravée de divers
ornemens , qui fert de paffage au panneton d'une
clef. _ ^ .
Entrée , fe dit aulli pour féance dans un Tribunal j
aux Etats , dans une Diète , &c. Le Gouverneur de
Paris , & l'Abbé de Cluni ont entrée au Parlement.
Ce Prince a entrée à la Diète. Ce Baron n'a point
d'entrée aux Etats. Il a entrée au Confeil.
Entrée , eft auffi le droit d'entrer en queLpe endroit.
On dit de celui qui entre fans payer à l'Opéra,
à la Comédie , qu'il a fon entrée à l'Opéra , à la Co-
médie.
C'eft prefcjue dans le même fens qu'il fignifie la
facilité , lapermiftion qu'on a d'entrer chez quel-
qu'un. Son favoir lui donne entrée en toutes les
comp.ignies. C'eft un tel qui lui a donné l'entrée
chez cette Dame , qui lui en a donné la connoif-
lance.
Entrées, aupluriel, fe dit aufti du privilège attaché
à certaines charges d'entrer à certaines heures dans
la Chambre du Roi , quand les autres n'y entrent
pas. Cette charge donne toutes les entrées. Cet Offi-
cier a vendu fa charge , «Se le Roi lui a conferyé
les entrées. Un brevet d'affiires donne les entrées
chez le Roi. Il y a les grandes & les petites entrées.
Entrée , eft encore une réception folennelle qu'on fait
aux Rois, Princes, Légats, Ambaffadeurs ou aii-
tres Seigneurs , lorfqu'ils entrent la première fois
dans les villes , ou qu'ils viennent triomphans de
quelque grande expédition. In$re£ïo , folemnis çum,
pompa,
ËNT
pompa. Lqs e/i^rd'es des Aiiib.iiradeiirs font des fpec-
caclcs qui ne font que pour le vulgaire , &non pas
pour les Philofophcs. S. EvR. C'etoit la coutume
jufques fous- CImrles VII , de donner aux cr.crces
des Rois d'efpaceen efp.icc , des Ipectacles , qui ne
feroient ni du goût , m de la politelle de ce temps-
ci , mais qui ne marquoient pas moins fenliblement
l'affediion & la joie du peuple. Cetoient des efpèces
de mafcarades de dévotion , des entans habillés en
Anges comme defcendans du Ciel, ^oye:; celle de
Charles VII, décrire par le P. Daniel, .«//^. de Fr.
T. II, p. 1 1 16 , 1 1 17.
ENTRÉE , ed aulli un impôt qu'on levé furies maichan-
difes qui entrent dans une ville , dans un Royaume.
InvecluiA meràs vccligjl. On a propolé autrefois .à
Sienne de doubler les portes de la ville, pour dou-
bler fes revenus , qui confiiloient aux entrées. La
traite-foraine etl le droit qu'on tait payer aux mar-
chandifes à ['entrée & à la lorrie du Royaume. Uen-
trcc du vin fe paie aux portes.
Entrée, lignifie encore figurément , commencement.
Prunordlum , iiiuium , exordiuin. Ce Magillrat , à
fon encrée dans fa charge , a fait de beaux régie -
mens. Dès Ventrée de fon difcours. Il taut fe trou-
ver à Ventrée du Conleil , à 1 entrée de l'Audience.
A Ventrée de t.ible , au commencement du repas.
IJCF On appelle entrées de table ^ quelques mets
qui 1er vent au commencem.Mir AntQ^is.Pri-namen-
Ja, ou cxna. Les Romains appeloient /'/'ûot^//m
l'entrée de table qu'ils mangeoient avant que de
boire le premier coup j & Promuljîdatlum le vafe
où l'on fervoit cette entrée.
^CT Entrée. Terme dedanfe. C'efl: l'air de violon fur
lequel les divertiiremens d'un ade d'Opéra entrent
- fur le théâtre.
On appelle audî entrées de ballet , chaque Scène
que font les Danfeurs dans un ballet. Sccnafaltato-
ria. Le ballet n'ell qu'une fuite d'iî/zrwjj comme
• une pièce de Théâtre efl: une fuite de Scènes. Dan-
fer une entrée de Satyres. Saltantes fatyros imitari.
Entrée. Terme dï Teneurs de Livres en parties dou-
bles. L'entrée du grand livre , c'eft l'état des Débi-
reur;: Z<. Créditeurs , portés par la balance ou le bi-
lan du livre précédent.
Entrée. Terme de forêts. On nomme bois Centrée ,
ceux qui commencent à donner quelque marque
de dépérillement. Duh.
Entrée, fe dit figurément, pour occafion , ouvertu-
re. Le mépris des lois a donné entrée à tous les
vices. Patefech jenejîram ad, Ikc. L'héréfie de Lu-
ther a donné entrée à une infinité d'autres erreurs.
Il n'y a que notre volonté qui puilfe donner entrée
dans nos âmes aux maladies de l'efprir. Nie.
On appelle er. Aftronomie re.7rrce du foleildans
un figne , le temps auquel le foleil commence à
parcourir ce ligne. Dans les Ephémérides on mar-
que exaétement Ventrée du foleil dans les douze
fignes du Zodiaque. L'Equinoxe du Printemps ell
l'entrée du foleil dans Aries. L'Equinoxe de l'Au-
tomne ell Ventrée du foleil dans Libra.
Entrée , en termes de Marine , eft l'embouchure d'une
rivière, l'endroit où une rivière fort de fon litpour
entrer dans une autre rivière , ou dans un lac , ou
dans la mer. Le havre d'entrée efl: , en termes de
Marine , celui dans lequel on peut entrer en tout
temps, parce qu'il y a toujours de leau futïïfam-
ment pour porter les navires.
On dit en proverbe , qu'un homme a fait une
entrée de ballet dans une compagnie , quand il v
eft entré , ou en eft forti brufqueinenr fans garder
les bienféances , & faire les civilités ordinaires-
On dit adverbialement , D'entrée , pour dire ,
D'abord. Il nous dit d'entrée trois ou quatre faulfes
nouvelles. Il vieillir. On dit aufli , Y)' entrée de jeu ,
pour dire , dès le commencement du jeu. Il fe mit
à jouer j & d'entrée de jeu il petdit la moitié de ion
argent. On dit figurément j D'entrée de jeu il fe mit
en colère : D'entrée de jeu il fit paroître fon extra-
vagance : c'eft-à-dire, D'abord. Les ennemis nous
Tome in.
E N
T
75}
j enlevèrent nos lignes d'entrée de jeu : pour dire.
Dès Ventrée de la campagne. Il lui lâcha un foufflet
d'entrée de jeu, c'eft-a-due. Il débuta par lui lâcher
! un foufflet.
ENTREESER. Vieux mot. On dii S' entreefer ^ ^oaz
dire j fe récréer j fe divertir enfemble.
ENTREFAITES, f. f. pi. qui fe dit du temps où l'on
fait , où l'on négocie quelque choie. Imereù , ime-
Ww. Il ne fe dit qu'avec la puépofition dans oafur.
On étoit prêt de donner bataille j mais fur ces en-
trefaites , il vint un courier qui apporta la nouvel-
le de la paix , c'eft-à-dire , pendant que les chofes
étoient en cet érar. On alloit faire ce mariage, mais
fur ces entrejaïtes le père mourut , & tout fut rompu.
Entrefaites. On ne lui donne que le pluriel. La Fon-
taine s'en eft fervi au fingulier.
•V ennemi \ientfur /'entrefaite.
ENTREFERIR. On a dit dans le vieux langage, S 'e,7-
trejérir ; pour dire , Se bleller l'un l'autre.
S'ENTRE-FRAPPER. v. récip. Se fr.apper l'un l'autre.
Ac. Fr.
ENTREGENT, f. m. Manière adroite de fe conduire
dans le monde. Dexteritas. Cet homme ne fera
point de fortune , il n'a ni adrelfe , ni entregent.
C'eft une très utile fcience, que la Icience de Ven-
trcgent. Elle eft , comme la beauté , conciliatrice
des premiers abords de la fociété. 2v1ont. Pourréuf-
fir dans le monde, il faut avoir de Ventregent,dz l'in-
trigue. Il eft vieux , iSc du ftyle familier.
S'ENTR'EGORGER. v. récip. S'égorger l'un l'autre.
Ac. Fr.
ip- ENTRE-HIVERNER.Terme d'Agriculture, c'eft
donner un labour pendant l'hiver. Comme on don-
ne ce labour entre les temps de gelée qui fe fuccé-
dent dans cette faifou , je crois, dit M. Duhamel ,
qu'on dit entre-hiverncr ^ pour exprimer qu'on la-
boure entre les ditîerens hivers qui fe fuccédent
ENTREJOINTE. f. f. Vieux mot. Jointure.
ENTREJOU. f. m. Ce mot fe trouve dans quelques
Coutumes , & fignifie Efpace pour donner cours à
l'eau. On permet aux particuliers de faire des mou-
lins fur les rivières non navigables , pourvu qu'il y
.nit fault & entrejou.
ENTRELACEMENT, f. m. Mélange de plufieurs
chofes mifes & entrelacées les unes dans les autres.
Complicatio , connexio. Il y a dans l'arrière-faix des
femmes , un entrelacement d'une infinité de vaif-
feaux. Mauriceau.
ENTRELACER, v.a. Mêler , enlacer plufîeurs chofes
les unes dans les autres. Imexere , impUcare^ irner-
Jerere , intcrjlccre , intercingere , interplicare. On ne
fauroit percer le fort de ce bois , à caufe des bran-
ches qui font entrelacées l'une dans l'autre. Il y a
bien de l'art à faire les chiffres , à entrelacer les let-
tres les unes dans les autres.
Entrelacer, fe dit figurément, en chofes morales;
LTn Orateur doit entrelacer fon thlcours de plufic^urs
peiifées , ou d'hiftoires agréables , qui réveillent
l'attention , & qui le varient , c'eft-à-dire , y mêler,
y faire entrer.
Entrelacé, Ée. part. Connexiis , intertextus. On le
dit , en termes de blafon , de trois crnllfans , de
trois anneaux , & autres chofes femblables paffées
les unes dans les autres.
Suppofé qu'on fît un verbe de la prépofitioii en-
tre , du verbe la(]~er , fatiguer ^ rendre las , caufer de
la laflîtude , comme on le pourroit , fclon la tL-mar-
que faite ci-delfus à la prépohtion entre , 1°. il ne
feroit que réciproque , s'tvifre/û^r, fe làifer mii-
tuellement.i". L'd de la pénultième feroit lon^,s'en-
tre-ldffer , au lieu qu'il eft bref aux mots dont on
vient de parler.
ENTRELACS, f m. Cordons ou filets joints , ou mê-
lés enfemble , Nodus , lUigatio , implexus , inter-
jeSus. L'entrelacs du nœud Gordien étoit tel, qu'on
ne le pouvoit dénouer. On le dit aufli des filets niê-
lés artiftcment , qui font le delTein d'une broderie,
C c c ce
/■•
754 E N T
Enr£-lacs , en Atcliicecture , c'eft un ornement de
iirtels , & de fleurons lies Se croifcs les uns avec
les autres j qui fe taille fur les moulures, ou dans
les Irifes. En Latin Implexus. 1
Entrelacs , en Sculpture , c'eft un orneinent à jour ,
de pierre , ou de marbre , qui fert quelquefois au
•lieu de baludres , pour remplir les appuis évidés
des tribunes , b.ilcons & rampes d'elcalier.
Entrelacs de Serrurerie. Ornemens compofés de
rouleaux &: joncs coudés , qui forment divers com-
partimens pour garnir les frifes, pilaftres, mon-
tans & bordures de ter.
Entrelacs , eft aufli un terme de Vitrier. Il fignifie,
les embelliiremens & les traits figurés des vitres.
Faire des entrelacs.
ENTRELAIDIR. v. a. On a dit autrefois S'entrelaidir-^
pour Se dire des injures l'un à l'autre.
ENTRELARDER, v. a. Mettre du lard entre les
chairs. Voye-^ Lardf.r. Carnem iariio pcr inter-
vada configure. Le bœuf à la mode n'ell boa que
quand on l'a encrelardé àe bon lard.
^3" On le dit j aulli, hgurément , des ingrédiens
que l'on met dans certains mets. Entrelarder de
clous de girofle , d'écorce de citron , &c.
Entrelarder , fignifie j auiîî , Mettre au milieu de
quelque chofe. Diftinguere _, interpungere. Il faut
entrelarder ces fleurs , ces arbres , pour donner à
ce jardin l'agrément de la variété. Il ne faut pas
que tous les hommes foient à table du même côté .,
il les faut un peu entrelarder.
Entrelarder , fe die , figtirément, des chofes mo-
rales. Cet Orateur fait li bien entrelarder Ton dil-
cours de penfées, d'hiiloires agréables, qu'il n'en-
nuie jamais. Le fétieux dégoûte à la fin , fi on n'y
entrelarde un peu de comique. Tout cela eft du ftyle
fainilier & populaire
Ç:T ENTRE-LIGNE, f. f. ordinairement inrerligne.
Efpace entre deux lignes. InterJUtium • ou écriture
qui fe met entre deux lignes. Interpojitio _, ïnterpo-
Jitus. Il eft défendu aux Notaires d'écrire en entre-
lignes :i\ faut qu'ils falFent des renvois & des apof-
tdles paraphés des parties.
ENTRE- LARDÉ, ee. part. & adj. On dit, au propre ,
qu'une viande eft entre-lardée , lorfqu'il y a naturel-
lement quelques filets ou tranches de graille entre les
chairs.
ENTRE- LUIRE, v. n. Luire à demi : ce qui fe dit
d'une foible lumière qui palfe entre quelques ou-
vertures. Interlucere J fublucere. J'ai vu entre-luirc
quelque chofe par les fentes de cette cloifon. Dans
l'obfcurité de la nuit on vit entre-lu'ire quelques feux
des ennemis. Peu ou point ulité.
ENTREMAIN , ou Jeu d'Entremaik, ou Le Cinq.
Terme de Mufique. C'eft le cinquième diapafon dc
la niufette. Le 5. eft communément nommé le Jeu
de V Entremain. On l'appelle le Cinq , parce que tous
les airs qui fe jouent lut ce diapafon doivent hnir
pat le cinquième trou. Il fe joue parc ,JoL ,Ja , ut ,
quoiqu'il commence par le Jbl de g re 3 fol , eu
égard au ton le plus bas du chalumeau, qui eft Vut
de cjbl , ut , Ja, Le 4 j le ^ j le 7 & le 9 font des
diapafons fort agréables, mais ils ne font point fi
naturels au chalumeau que le 5 , nommé î'ii/zzTf-
/nj/«. Anonyme. Traité de la Mufette jP. I.C.6.
S'ENTRE-MANGER, v. récip. Se manger l'un l'au-
tre. Ac. Fr.
ENTRE-MÊLER. v. n. Inférer," mêler une chofe avec
d'autres. Intermifcere , immifcere , inferere. On le
dit quelquefois, au figuré. Entre-meler des queftions
différentes. La Comédie , parmi fes plaif-nteries ,
doit entre-mêler quelques inftrudliions. Y entre-méle-
rai dans cette hiftoire plufieurs chofes prifes
d'ailleurs, Abl. On entre-mile les lettres pour faire
des chiffres , & les fils d'or ou de foie pour faire des
broderies. On ^«rre-/72£?/c' les orangers & les citron-
niers. On entre-mêle les fleurs rouges parmi les
fleurs blanches.
gCT" On dit , quelquefois , mais dans le ftyle fa-
milier feulement , s entre-mcUr , v. récip. dans la
ENT
même fignification ques'entre-mettre./^j'e?cemot.
ENTREMELLEMENT. ndv. Vieux mot. Pêle-mêle.
EN i REMETS. 1'. m. Plats de ragoiit qu'on met fur la
table entre les fervices, Se particulièrement entre
le rôt & le fruit. Medii convivu jercula. Ces Mei-
fieuis ne font encore qu'à ^entremets. Du Cange
l'appelle en Latin intronuljum-^ les Itdiens tramejjo.
if5" On appeloit , autrefois , entremets dans les
Pièces de théâtre , ce que nous appelons aujour-
d'hui intermède.
ENTREMETTEUR, EusE.f. m.& f. Médiateur entre
deux ou plufieurs perlonnes qui ont quelque diffé-
rend à vider, quelque mirchéou négociation à faire.
Mediator J feauefier , conciiïator. Ce qui facilite les
rraniaétions , c'eft l'adrelfe & l'habileté des entre-
metteurs. Il faut faire un préfcnt à Ventremetteur
qui a facilité l'achat de cette charge. Voici les ar-
ricles qu'il a diétés lui-même à notre entremetteur ,
pour vous être montrés avant que de rien faire.
Mol. Entremetteufe fe prend ordinairement en
mauvaife part , en parlant d'une femme qui fe
mêle de quelque commerce illicite , d'une négo-
ciaaon d'amour. Lena-. Quelquefois il le prend ,
dans un fens général , pour des femmes c}ui travail-
lent à airortir des partis pour le mariage. Par le
moyen des entremetceufes , un fait un mariage
comme une emplette. On marchande , on furfait ,
on meloffre. Conciliatrix , conciliatricula.
iCt S'ENTREMETTRE, v. récip. S'employer pour
une choie qui regarde l'intérêt d'un autre; ou bien
fe mêler d'une affaire, & entrer en négociation
avec ceux qu'elle regarde principalement. Interce-
dere J Interpûnere fe. il s'eft entremis pour les ^c-
corder.s'e«fre/72t'rrr£ des affilies publiques. Je viens
faire ici ce que je fais par- tout ailleurs ; m entre-
mettre d'aflaires J me rendre ferviable aux gens,
profiter du mieux qu'il m'eft poflible des petits ta-
lens que je puis avoir. Mol. Comment un homme
peut-il % entremettre dî \xï\Q réconciliation aufli faintc
que celle des pécheurs avec Dieu, s'il eft lui-même
ennemi de Dieu ? Boui<.dal. Exh. I.p. j6^.
§a- ENTREMISE, i. f. Ceft, quelquefois, Taétion
de celui qui interpofe fes offices , fon crédit , fon
autorité , ikc. Quelquefois iimplement , miniftère ,
médiation par laquelle une chofe Ce fa.'n. Intercejfus,
opéra j minijîerium , mediatio. Cela s'eft fait pac
Xentremife du Miniftre. Ce mariage n'auroit jamais
été fait fans Xentremife de quelques parens. On prit
des mefures pour empêcher que le Roi d'Efpagne
ne voulût offrir fon entremife. I'Ab. Régn. La mifé-
ricorde de Dieu s'eft fervie du miniftère des hom-
mes & de y entremife de fes Saints pour nous décla-
rer fes volontés. Ab. de la Tr.
Qui croiroic en effet qu'une telle entreprife
Du fils d' Agamennon méritât l'entremife. Rac.
Entremise. Terme de Marine, fe dit aulîï,de certaines
pièces de bois qui font pofées dans un vailfeau entre
deux autres J pour les tenir fujettes j & pour les
renforcer ; ou entre les taquets , ou fufeaux du
cabeftaa , Interpofta.
ENTRE- MODILLON. Terme d'Architedure. Efpace
entre deux modillons. f^oye-^ Modillon.
ENIREMONT , dit Chefery. Intermontium. , autre-
fois Cheferiacum. Nom de lieu , où il y a une Ab-
baye de l'Ordre de S. Auguftin. Il eft du Diocèfe
de Genève , mais dans le Bugey , alTez près de
Nantua. De Sainte Marthe ,page /24. du IV. Tome.
ifT ENTRE-NERFS, f. m. pi. Terme de Relieur. Ce
font les efpacesqui font marquées fur le dos d'un li-
vre, aux endroits où les livres font coufusaux ficelles.
S'ENTRE-NUIRE. v. récip. Se nuire l'un à l'autre.
Ac. Fr.
ENTRE-OUIR. Foye^ ENTR'OUIR.
ENTRE- OUVERTURE, ou ENTR'OUVERTURE.
f. f. Demi-ouverture , petite ouverture. Jpertura.
La double membrane dont Ventr'ouverture conftitue
la glotte. Dodart. Ac. des Se. 170Q. Mém.pag. zj2.
ENT
ENT
KNTREPÂRLER. Parlera quelqu'un qui vous i<'> ; ^ Ce mot vimtcomms à'imerprendn
pond. Cclioqui. Ce verbe ne le dit qu'iivec le pro-| %fT ENTREPRENDRE, v. a. qui le conjugue comme
nom perfonnel j sencreparler. Je les ai vus qui s en-
treparloienc avec grande vivacité.
ENTREPARLEUR, f. m. Perfonuage qui joue dans
un Pûcme Dramatique. Perjona , aciov. Dans les
anciennes Comédies , on nommoit toujouis Encrc-
pardeurs , ceux qui compofoient la lille des per-
fonnages qui dévoient jouer la pièce. On l'a dit ,
auOi des perfonnages introduits dans un Dialogue,
Ibic qu'ils fuirent deux ou plufieurs. On dit aujour-
d'hui Interlocuteur.
ENTRÉPAS. f. m. Eft un train ou amble rompu, qui
ne tient ni du pas ni du trot^ c'elt le train que vont
les clrevaux qui ont les jambes ruinées , ou les reins
foibles. On l'appelle autremenr le Traquenard.
ENTREPASSER, v. a. Incerpujjare. Terme de Méde-
cine. C'eft mêler les diftérens ingrédiens dont on
remplit un flichet, afin qu'ils foienc tous également
dillnbués dans toute fa capacité.
S'ENTRE-PERCER. v. récip. Se percer les uns les
autres. Ces deux hommes sencrepercerent. Ac. Fr.
^ ENTRE-PILASTPvE. f. m.Terme d'Architecture.
Efpace qui eftentredeux pilaftre.s. /'qy. Pilastre.
ENTREPOINTÉ , ée. adj. Terme de Chirurgie.
On appelle future entrepointée , une future où l'on
coupe le fil , & que l'on arrête par un nœud à
chaque point qu'on fait.
ENTREPOSER, v. a. Mettre des marchandifes dans
un magafin d'entrepôt ^ c'eft-à-dire , dans un lieu
de réferve , où on les garde , pour les en tirer &
les envoyer ailleurs. Dict. de Com.
ENTREPOSEUR, f m. Celui qui eft commis à la
garde des marchandifes entrepofées. Les Entrepo-
fcurs du tabac dans les villes le diftribuent en gros
aux Habitans, dans les villes mêmes, & aux endroits
de leur Eledion où il y a des Bureaux particuliers
ctablis. Encrepofcur fe trouve dans la Déclaration
du Roi du lo Odobre 1723. qui règle la manière
dont la Compagnie des Indes étoit obligée de faire
l'exploitation de la vente exclufive du calé.
ENTREPÔT, f. m. Lieu de réferve où l'on fait maga-
fin de quelques marchandifes pour les venir repren-
dre au befoin. 5Mrio, manfio. Il y en a qui écrivent
entrepoitylocuslnterpojkus. L'Ordonnance des Aides
défend aux Marchands de vin d'avoir des entrepots,
des magahns ou étapes de vin en-deçà de trois
lieues d"e Paris. Les Marchands qui amènent des
beftiaux de lieux éloignés font obliges d'avoir des
é-«frepo«, pour les laiirerrepofer& reprendre graille.
La ville de Niccmédie , iituée dans la Bithynie ,
alfez près du Bofphore , devint fous^ Antonin un
e-rrepot. fort célèbre. Huet. Il y a an Callao un Ma-
gafin pour V entrepôt àss Marchandifes de l'Europe ,
qu'on appelle Adminiftration. Frezier.
On appelle aulli , fur la mer, entrepôts^ des
ports où l'on établit des magafins de marchandifes
deilinécs à tranfporter au loin.
On appelle, aulfi , des villes ^'entrepôt, celles
où il y a d'ordinaire des CommKîîonnaires qui re-
çoivent des marchandifes d'un lieu élcsigné pour
les envoyer en un autte. Lyon & Orléans j Paris &
Rouen , 'font des villes d'e/zf.'ï/'of. Batavia eft \en-
trep6t des Hollandois pour leur commerce de la
Chine & de l'Europe.
Entrepôt , fe dit auili , pour Pcrfonne interpofée.
Ecrire par entrepôt.
ENTREPRENANT , ante , adj. Qui entreprend de
grands delfeins , des chofes hardies. Confidens ,
audax in fufdpiendo.W fe dit particulièrement des
gens de guerre. Alexandre étoit un Prince fort en-
treprenant.
Il fe prend , ordinairement , en mauvaife part ,
& fignihe , Téméraire j & qui entreprend fur le
droit d'autrui. Un Juge é^ entreprenant , quand il
empiète fouvent fur la jurifdidrion d'autrui. En
amourj les plus entreprenant réullilfent mieux que les
autres , quoiqu'ils ne foient pas les plus aimables.
ROCHEÏ.
prendre. Prendre la réfolution de taire quelque
chofe. Sufcipere. Entreprendre un voyage , un procès,
m\ bâtiment, &c.Nembrod(?«frif/);vf un ouvrage au-
deiuis de fes forces , quand il voulut faire bâtir \x
tour de Babel. Saint Louis entrepritla. guerre contre
les Infidèles , pour délivrer les Lieux Saints de leur
tyrannie. Cette Compagnie a entrepris la manu-
facture des draps. On n'a voit ofé jufqu'ici entre-
prendre la jonétion des mers. Le Roi a entrepris la
défenfe de ce Prince fon allié , il le protège, i'en^
treprends d'écrire la guerre du Péloponéie. Abl.
|J3° Entreprendre j hgnifie, aufli j, fe charger de
faire quelque chofe à certaines conditions , moyen-
nant un certain pnx. Opus faciendum rediniere. Cec
Archirede a entrepris ce bâtiment , & moyennanc
dix mille écus, il doit le rendre la clef à la main.
1)3" Remarquez qu'on trouve dans de très-bons:
^cmM\s, entreprendre contre quelqu'un, fans aucua
régime. Corneille a fait cette Faure dans Héraclius.
Et lorfque contre vous ilm'afaitemvepTenàte.
Ce verbe , dit Voltaire , efl: adif , & veut
ici abfolument un régime. On ne dit point entre-
prendre pour confpirer.
fCJ" On dit j très-bien , Je fais méditer , entre-
prendre , & agir , parce qu'alors ces verbes ont un
fens indéfini. Il en eft de même de plufieurs verbes
aébifs qu'on laille alors fans régime. Il avoir une
tête capable d'imaginer , un cœur fait pour fentir y
un bras pour exécuter \ mais j'exécute contre vous,
] entreprends contre vous , j'imagine contre vous ,
n'eft pas François ; parce que ce défini contre vous ,
fait attendre la chofe qu'on imagine , qu'on exé-
cute & qu'on entreprend. Tout ce qui eft régie efl
fondé fur la nature.
IJC? Entreprendre quelqu'un; pour dire ^ le
pourfuivre, l'embarralfer , le perfecuter , le railler.
Perfequi , exagitare. Si (\wz\i\uc ennemi l'entreprend^
il eft perdu. Vous courez rifque d'être malmené^
s'il vous entreprend. Ac. Fr.
CjC?" Entreprendre , pris dans ce fens , ne peut
fe dire à toute force que dans le Comique.
%fT II fe dit, auffi, en termes de Morale, Sc
fîgnifie attaquer. Adoriri. Quoiqu'il y ait des aver-
lions naturelles très-mal aiféesà vaincre, on en peuc
pourtant venir à bout, fion les entreprend àt bonne
heure. Vaug.
§CF II fignifie , encore , Embatrafter , rendre
perclus. Il a un rhurnatifmequilui entreprend toute-
la jambe. Ac. Fr.
Entreprendre j avec la propofition y7/r , fignifie,
Ufurper. Ujurpare. Il eft défendu aux Officiers d"e.7-
treprendre fur les charges^les uns des autres. Entre-
prendre fur l'autorité de quelqu'un. Il fignihe, aulTî,
Attenter à. Adoriri. Entreprendre fur la vie d'une
perfonne. Ablanc. On dit que des Artifans ewrre-
prennent fur le métier des autres , quand ils fonc
quelque ouvrage qui apparrient à quelqu'autre
métier que le leur , ou quand ils ne font pas reçus
dans la Ma'itrife. Fatceni in alienam mejje/n injicere.
Entrepris , ise. part.
^ ENTREPRENEUR, f. m. C'eft, en général , celui
qui entreprend à forfait un ouvrage confidérable.
liedemptor. On ledit, particulièrement, d'un Ar-
chitede qui entreprend un bâtiment. C'eft un ha-
bile Entrepreneur.
ipT Mais, on le dit aullî , en parlant de ceux
qui entreprennent d'autres ouvrages à prix fait.
Entrepreneurs à'an c:i.n:A.E?itrepreneur an pavé. On a.
traité avec un Entrepreneur ^onz fournir l'armée de
vivres, de munitions. L'EtapierjOu Entrepreneur
des étapes , eft commis pour la fourniture des vivres
& du fourrage dcftinésaux gensdeguerre.
Entrepreneur, en Marine , Eft celui qui le chargs
de fournir un vaiffeau conftruit , conformément au
marché fait avec l'Acheteur.
C c c c c ij
-j^G ENT
IINTREPPvENEUSE. f. f. Celle qui entreprend quel-'
que befogne , & qui a plusieurs ouvrières fous elle.
EJ>]TREPRIS jisE.adj. Perclus, qui ne le peut aider de
tous fes membres , ou d'une partie. Caprus , mur-
i:(;/;^a.y. Cette longue maladie l'a rendu tout encx-
frïs , tout perclus. Ileil entrepris d'un bras. Il a la
tcre entrepri'e , enibarrairée. On dit auiîi , dans le
fens hguré j qu'un homme eft tout entrepris , lorl-
iju'il paroît inquiet , embari.iiré de fii contenance ,
parce que cet embarras ku ôte j en quelque façon j
Jufage de (es membres j «?<: le rend comme perclus.
On le dit auîli , d'un jeune homme qui n'a point
encore vu le monde , & qui ne lait que dire ni que
faire les premières fois qu'il paroît en compagnie.
Tout cela ne peut palier que dans le Ityle familier.
Quelle pillé de voir /'Or^rewr entrepris
Relire dans la vcùte un Sermcn mut appris ?
Sanlecque-
Entreprise, f. f. DelTein formé d'exécuter quelque
chofe , ou l'exécution même de ce dellèin. Conji-
imm J fufccptio. C'ctoit une entreprije hardie que
celle du bâtiment de S. Pierre de Rome. La
traduétion de la Bible eil une entreprije bien difti-
irile. Les entreprijcs d'Alexandre ont quelque chofe
de plus étonnàr.c que celles de Céfar j mais la
conduite & la capacité ne paroiilent pas y avoir la
même part. S. Evr. De toutes les erureprijks des
hommes, il n'en eft point de fi grandes que les
conjurations. S. Real. Un homme prudent mefare
fes entreprifes à fes forces. Nicolk.
Entreprise , fe dit j au Palais , des attentats que font
les Juges fur la jurifdiction les uns des autres, &
lur l'autorité de leurs charges. FinLitio ^ ufurpacio.
Il y a tous les jours des procès en règlement pour
les entreprifes des Juges les uns fur les autres.
Entreprise. En terme de Barreau, on appelle en
Normandie entreprife , la pourfuite ou la conti-
nuation de quelque ouvrage , au préjudice d'un
haro crié ; ce qui s'appelle enfreindre le haro.
Celui qui entreprend au préjudice du haro , doit
être condamne à l'amende ; ik par l'article 59!! de
ia Coutuiv.c de cette Province , le Juge ne peut
vider le haro fans prononcer une amende.
Entreprise j fe dit encore , en fait de Police , quand
des Compagnons d'un métier font des ouvrages
qu'il n'appartient qu'aux Maîtres de faire ; ou quand
des Maîtres d'un métier en font qui appartiennent
à un autre métier. Il y a tous les jours à la Police
des affaires pour les entreprifes des Artifans.
Entreprise, en termes de Guerre , fe dit, d'un
delFein qu'on forme , de la réfolution qu'on prend
d'exécuter quelque grande opération , de donner
bataille , d'enlever un quartier , faire un liège, &:c.
Entreprise , fe dit aufli , des delTeins qu'on a fur
la vie de quelqu'un. Les méchans font des entrepri-
fes fur la vie des gens de bien.
On dit, en terme de ChalFe , qu'un chien ou
qu'un oifeau eft de grande entrepr'ife ; pour dire ,
qu'il attaque hardiment le gibier. On difoit autre-
fois emprife pour cntrcprifi , & emprendre pour
entreprendre. Il y avoir des emprifes de lettres , &
des emprifes de Chevalerie. Charles , Duc de Bour-
gogne , avoir pour devife : Je l'ai empris , bien en
aviegne. On trouve encore cette devife fur fes
médailles.
Entreprise , fe dit fort fouvent aujourd'hui , en ma-
tière de commerce , de finances , de traites , de
contrats & d'achats , &c. Une grolFe entreprifc.
Faire de grolFes entreprifes. Avoir partà une entreprife.
S'ENTRE-QUERELLER. v. récip. Se quereller l'un
l'autre. Ils ne font que % entrequereller. Ac. Fr.
ENTRER. V. n. Palfer du dehors au dedans. In^redi ,
introire. Entrer dans fa maifon. Entrer en un pays
étranger. On entrelàe plain-pied dans ces apparte-
mens. Il fe conjugue avec le verbe auxiliaire être :
& point avec avoir : il faut dire , il ejî entré-^ ôc
î^
T
non , il a entre. Vaug. Ainh , Péliiïon Se Scudéri
ont fait une faute , quand ils ont dit , J'ai entré
en ce lieu.
Entrer , fignifie aufli , Commencer à faire quelque
choie. Entrer dans le monde, Entrer i la Cour,
pour dire , Commencer à y paroître. Entrer ix^àAt ^
pour dire commencera fe mettre à table j foit pour
dînerjfoit pour louper. Entrer en Religion^pour dire,
y commencer Ion Noviciat. Entrer en poircllîon.
Entrer en charge. Entrer ^n difcours, en matière,
en procès J en furie , en chaleur, en foupçon.
Entrer en fa majorité. Entrer en danfe. Entrer en
lice. Vous entrei maintenant dans la belle faifon de
l'homme. Mql.
Entrer, fe dit aufli, des Compagnies qui s'alTem-
blcnt , en parlant du temps où elles reprennent
féance. Confilium ^ conce[lum habere ; convenire _,
confldere. Le Parlement entre tous les jours à huit
heures. On n'entrera point aujourd'hui au Cou-
feil.
Entrer j fe dit , aufiî , de toutes les chofes qui peu-
vent fe mettre les unes dans les autres. Interferi ,
immergi^ penstrarc , fukirc. Ce couteau n entre pas
bien dans fa gaîne. Ce pied entre avec peine dans le
foulier. L'épée eft entrée bien avant dans fon corps ,
a pénétré. Les pilotis ewrtwr facilement dans cette
terre. On dit qu'un chapeau ne peut entrer^ n'entre
pvis bien dans la tète ; pour dire, que la tête ne peut
entrer , n'entre pas bien dans le chapeau.
Entrer , fe dit aulîi j des chofes qui compofent un
tout, qui en lont les parties , ou les ingiédiens.
Conf.ure , conficere. Il entre dix aunes d'étoffe dans
ce manteau. Il y a cinq ou fix fortes de drogues qui
entrent dans la compolition de cette médecirie. Il eft
bien entré de la pierre dans cette malTe de bâtiment.
Ce font des médicamens où il entre de l'or & des
pierreries.
Entrer en prifon ; pour dire. Etre mis en prifon.
Entrer en condition. i:;2f/er au fervice de quelqu'un;
pour dire , Devenir domeftique de quelqu'un.
En rRER en jeu , fe dit de certains jeux de cartes , de
celui t]ui ayant levé une main , eft en état de jouec
comme il lui plaît. Il fe dit , figurément, pour dire.
Entrer à?M% une affaire, dans un difcours, avoit
fon tour, foit pour agir, foit pour parler, &c.
Entrer en compofition j pour dire. Ecouter les pro-
poiitions d'un accommodement.
On dit , en parlant d'une affaire d'intérêts, qu'un
homme y entre pour tant \ pour dire , qu'il y eft in-
téreilépour un tel denier.
On dit , Entrer en goût; pour dire , Commen-
cer à prendre goût. Ac. Fr. Entrer en colère , fe
mettre en colère.
Entrer dans le Confeil , dans les affaires , dans le
fecret , dans les plaifirs de quelqu'un \ c'eft-à dire ,
Participer à fes réfolutions , à fes plaifirs. Il eft
entré dans cette ferme pour un tiers , pour un
quart ; c'eft-à-dire , il y eft engagé pour une telle
portion. »
Entrer , eft auftî quelquefois verbe aéllf , pour dire,
faire entrer , comme on dit fortir , pour faire fortir.
Ainfi J on dit , en termes de A^arine , entrer &
fortir un Yaifte.iu ; pour dire, le taire entrer ., le
faire fortir. Cela fe dit du Pilote qui conduit le
vaideau à l'entrée ou à la fortie d'un port , d'une
rade , Sic.
On le dit aullî , figurément, de l'efprir. Tentrehien
dans votre fens ; pour dire , Je fuis bien de votre
avis. Vous n'entre:^ pas dans ma penfée ; pour dire ,
Vous ne concevez pas ce que je veux vous dire. Cela
n'eft jamais ewrAï dans l'imagination de perfonne.
Ce Comédien entre bien dans le caracbère des per-
fonnes qu'il repvéfcnte. Il pnroîr reffenrir la pailion,
enforte, qu'on le prendroit pour la perfonne même
qu'il repréfente. Cet Auteur, ce Peintre e/:tre bien
dans les pallions , il les exprime , il les repréfente
bien- Il enfe un pen de vanité dans fes aélions;
pour dire , qu'elle s'y mêle , qu'elle y a part. Entrer
dans la défcnfe de quelqu'un. Abl, Entrer dans les
ENT
EN
T
7J7
t
intérêts, dans les bafoins d'une pcrfoniie Sc.ar. ' ENTRESOL, f. m. Etage ménagé entfe deux plan-
chers un peu ck-vés , qui (ont parcages par un antre
pLincIier. Jntcn^6uld[u;n. Coucher dans un entrefol.
Les aitrejols^ font rarement bien éclairés. On le
faifoit autreiois du féminin , & on écrivoit encre^
foie. Mais l'Académie a décide pour entrefol maf-
cuUn.
i::'«:rer dans le ridicule des hommes. 1.\ol. Encrer ^
dans tous les devoirs de l'amitié. Il entre du niais &
de rimbécile dans leur procédé. La dillimulation |
t/;rre fubtilemencdans l'elpric de l'homme, i/zr/'^rj
dans des engagemens témetaires. Nu-. La vérité \
trouve toujours de la rchilance dans notre cœur,
.& n'y entre jamais Hins violence & Lins ctioct. Id.
On dit , encore , Je ne veux point entrer en
cette difcullîon j en ce détail , examiner ces chofes
en détail.
On dit , aulTi , Je ne veux point entrer en paral-
lèle , en comparaifon, être mis en compaiaiTon ,
en parallèle. Il eft entré en ordre avec les autres
créanciers j il a été mis dans le rang de ceux qui
doivent être payés. Entrer pleige , lignifie , dans
. quelque Coutume , Se rendre caution.
fjCF On dit , figurément , qu'il ne faut pas entrer
. dans le fanduaire ; pour dire^ qu'il ne faut pas | ENTRESOURCIL, f. m. Efpace qui cft entre les deux
vouloir pénétrer dans les Myltères que Dieu n'a ! fourcils
point révélés , ni dans les fecrets que Us Princes îENTRESLFITE. f. f. Séries , ordo , nexus, Difpofitioti
Puijfe-t-elle pour Pen punir ^
PaJJer une Jemaine entiers
Sans cdfé , fans ehocolatière ;
Et phffant ainfi tous fes jours ,
^fin que rien ne l'en confole ,
Trouver par- tout une ennciole. De Malezïeu^
§$?■ On ne le dit guère que d'un logement prati-
qué dans la hauteur du rez-de-chaulfée.
veulent cacher
On dit, proverbialement , entrer en danfe , dans
le fens propre, commencer à danfer ; dans le ri-
des chofes qui s'entrefuivent. Il ell: vieux. On dit,
fuite , la fuite des jours , la fuite du difcours , la
luite du livre, la fuite du bâtiment , dcc.
giiré , s'engager, ou fe trouver engagé dans une IS'ENTRESl'IVRE.v. a. Aller de fuite l'un après l'au-
affliircj dans une guerre donc on n'a été long-temps j tre. Continenterfequi. Tous les jours s'entrefuivent ^
que fpeébateur. I truditur dies die , mais ils ne fe relFemblent pas.
Entre , ée. parc. j Voilà un difcours mal arrangé , des paroles qui na
ENTREREGNE. f. m. Efpace de temps pendant le-j sentrefuivent -ç-xsh'izn.
quel il n'y a point de Roi dans un Etat j efpace vide S ENTRETAILLE, f. f. Terme de Danfe. C'ert: un mou-
entre la fin d'un règne , & le commencement du
règne fuivant. Interregnum. Le mot erurerevne fe
trouve dans quelques Auteurs du commencement
du dernier fiècle j mais aujourd'hui nous difons
interrègne. T~oye\ ce mot.
S'ENTRE-RÉPÔNDRE. v. récip. Se répondre l'un à
l'autre. Ces deux chœurs de mufique sentre-répon-
doienc. Ac. Fr.
ENTREROI. f. m. Magiftrat qui a l'autorité ou les
marques de l'autorité pendant un interrègne. Régent
d'un Etat dans un incerregne. Interrex M. l'Abbé de
vemenc de danfe , lorfqu'un Danfeur jette & met
un de fes pieds en la place de l'autre pied , tandis
que cet autre pied eft élevé en l'air pardevant.
Quand ce même pied eft élevé en arrière, ce mou-
vement s'appelle ruade: & quand ce mouvement
fe tau de coté , on l'appelle ru de vache.
îfT ENTRETAILLE, f. f. Terme de Gravure. Taille
légère b^ fine que les Graveurs glilTent & ménagent
entre Aqs tailles plus fortes , pour repréfenter cer-
tains corps qui ont du luftre 5i du brillant, comme
les étoffes , les métaux. On dit aulîi e/:rre-rf'ea.v.
Veitot fe ferc dd" ce terme dans plufieurs endroits fS'ENTRETAILLER. v. recip.Terme de Manège. C'eft
de fon Hiftoire. L'autorité royale par la mort de
Romulus fe trouva confondue dans celle du Sénat,
Les Sénateurs convinrent de la partager; &: chacun,
fous le nom d!Entre-Roi , gouvernoic à fon tour
pendanc cinq jours , & jouilfoic de tous les hou-
le même que S'entrecouper, l^oye^ ce mot.
ENTRETAILLURE. f. f. Bleffure que fe fait lui-mê-
me un cheval qui s'entretaille. /«rerrrzffo. Cette e/2-
trctdillure eft fàcheule. Pomey dit entretaillement j
calcium ilLijus ad caices.
neurs de la Souveraineté. Cette nouvelle forme de : ENTRE-TEJO ET GUADIANA, autrement ALEN
gouvernement dura un an entier....^ Quelques Se- TEJO. Province de Portugal. Provincia Tranfta
nateurs vouloient que le premier Conful nommât
xra Dictateur. On fe contenta de créer un Entre-Roi.
Ces Entre-Rois, étoient créés pour préfider aux Co-
mices des élections, ainfi que die Denys d'Hali-
carnaffe, Liv. IX. & T. Live, Liv. VI. non par la
voix & fuffiages du peuple , mais par le Sénat. Id.
fur T. Live T. I. p. 1050. Cetce Magiftrature ne du-
roit que cinq jours. Car, fi l'onneconvenoit pas de
l'éledion du fouverain Magiftrat , c'eft- à-dire , du
Roi , ou des Confuls , durant ces cinq jours , le
Sénat choifilToit un autre Entre Roi à la place du
premier , & enfuite un ttoifième au bout de cinq
autres jours , & ainfi du refte , jufqu'à ce que l'clec-
tiou fut faite. T. Live, L. FL & L. IX. Vigenére à
l'endroit cité.
ENTRE-SABORDS, f. m. pi. Terme de Marine. Bor-
dagesqui font entre les ouvertures des fabords d^un
bâtiment, ou dans ladiftancedes fabords.
ENTRE-S AMBRE ET MEUSE. Contrée du Pays Bas.
Interamnen/ïs Hannonix. plaga. Traclus inter Sahim
& Mofain. Elle eft renfermée entre la Sambre & la
Meufe , depuis le confluent de ces rivières , où
eft Namur , jufqù'aux confins de Picardie & de
Champagne. L'Entre - Samhre & Meufe comprend
une partie des Comtés de Hainaut & de Namur ,
& une partie du pays de Liège. Les François polFé-
dent la plus grande partie de ce pavs.
S'ENTRE-SECOURIR. v. récip. fe fecourir l'un l'au-
tre. Les troupes font bien poftces pour s entre fe-
courir. Ac. Fr.
gana , Provincia inter Tagum & Anam. Elle eft pref-
que toute renfermée entre le Tage «Se la Gi.adiane :
c'eft à cette lituation qu'elle doit fon nom. Elle a au
Nord l'Eftramadure de Portugal , au couchant celle
d'Efpagnej&: une partie de l'Àndaloufie : le Royau-
me des Algarvesla borne au Midi , &c l'Océan At-
lantique au Couchant. Ses villes principales font
Ebora, Ecja, Elvas , Portalegre & Eftremos.MATv.
ENTRETEMl'S. f. m. Efpace de temps qui fe trouve
entre deuxévénemens ou deux termes qui ne font
point trop éloignés. Tempus intercurrens , interpofl-
tum. Prévoyant que dans cet entre-temps il fe feroic
des mouvemens en fa faveur. Le Gendre. Dans cet
entre-temps , d'Amboile , toujours attentif à pouflTec
vivement la guerre , avoit recruté fes troupes. Id.
Je n'ai fait qu'aller & venir , dans cet entre-temps
vous êtes venu. Ce filou a pris Ventre-tempt qu'on
déllervoit la table pour faire fon coup.
ENTRETENEMENT. f. m. Ce qu'on donne à quel-
qu'un pour vivre , pour s'habiller , pour les chofes
nécelFaires à la vie. Ftclûs, vejUtûs aiiarumque rerum
fuppeditatio. Il en a tant coûté pour Xentretenement
de cet Hôpital. Cela fervoit à Ventretenement des
Soldats. Abl. Fournit de l'argent pour Ventretent-
ment d'une armée.
%fT II eft vieux , & ne fe dit guère qu'en ftyle
de Finance &" de Palais. Par-tout ailleurs on dit
entretien.
ENTRETENIR, v. a. T entretiens ,] entretins , j'ai en-
tretenu J j'entretiendrai , que j'entretienne > que j'en-
7;S ENT
tretJnffc , on J'entrecicfulrois. Tenir une chofe liée ,
afl'emblée. Connedac. Voilà une pièce de bois , un
liran: qui çntrcticntxo\M<i cette cliarpente. La clef
-d'une voûcc ell ce qui entretient la voûte en état ,
qui fiiit que les pierres le tiennent en l'air. Il elt
' aufli réciproque. Quand on danic un branle, on
s entretient , on le donne la main l'un à l'autre.- Les
chaînons d'une chaîne % entretiennent , font engagés
l'un dans l'autre.' ' '• '
Entretenir, lignifie encore , -Conferver, mainte-
nir en bon état. Sartum , tcaumque Jervare. Un lo-
cataire eft obligé ^'entretenir les lieux de inenues
réparations. Les péages & barrages font établis pour
entretenir le pavé, les grands chemins.
Entretenir j iîgnihe au(îi, Fournira la dépenfe j
fournir les choil-s nécelïaires h. lafubfillance. Sujhn-
tare, alere , omnia. qaà. ad viclum pertinent fuppedi-
icire. Le Roi entretient de grandes armées , de giolTes
■garni fons. Il entretient des ProfelFeuts Royauîf , des
Aciîdeinies pour l'avancement des lettres. Ce Prélat
Entretient, fait fublilter plulieurs pauvres familles.
Cet Oncle entretient fes neveux au Collège- Il y a
bien des gens qui s entretiennent 3 qui lublilfent du
jeu. Un Tuteur doit entretenir les pupilles j félon
leur condition & leur bien. Ce mari entretient un
carroife & trois laquais à fa femme. Où pouvez-
vous prendre de (^\\o\ entretenir l'état que vous por-
tez ? Mol. Cet entant eft: bien , ell mal entretenu.
On y joint audi les adverbes magniiiquement ,
proprement, pauvrement, meiquinement , & lem-
blables.
Entretenir, dit abfolument , fignifie , Faire fim-
plement la dépenle des habits. On donne tant de
gages à un laquais , fur quoi il faut qu'il s'entretienne
de tout. Ce mari donne tant .r la femme pour i'en-
tretenir.
Entretenir , fe dit fouvenr odieufcment. Entretenir
une femme. Fournir à la dépenle d'une femme avec
laquelle on ell en commerce.
Entretenir j lignifie auili,Conferver des habitudes,
des liaifons , pour négocier. Les Princes entretiennent
<!cs Ambalfadeurs , des Penfionnaires , des Efpions,
dans les Cours étrangères. Les Banquiers emrcùen-
«e«rdes correlpondances par toutes les villes, les
places du change, les échelles d'Orient.
Entretenir , lignihe auiH , Maintenir en même état.
Cette fenime ne vieillit points elle s'e/;f;-jf/t'«f tou
" jours belle & fraîche. Il n'y a rien qui entretienne
mieux les chevaux , qui conierve leur embonpoint ,
que le foin & la paille. Ce Marchand ne gagne pas
beaucoup, mais \\% entretient io\\]o\\x.'i en même état,
il roule tout doucement.
Entretenir,, fe dit dans les Arts mécaniques pour ,
tenir unechofe ferme dans le lieu j dans Létac & la
fituation où elle eft , afin qu'elle n'en forte pas. Con-
tinere. Un Charpentier , après avoir placé une pièce
de bois , un foliveau , par exemple , par un bout
dans le lieu où il doit être, pour pl.icer l'autre bout,
dit à fon compagnon : Entretenez ce bout-là pendant
que je place l'autre, c'eft: à-dire, Tenez ce bout-là
ferme dans le lieu & la fituation où il eft. Un Me-
nuifier qui aftemble pluiieurs pièces , dit de même :
-£«frertf^c'^ cette pièce , entretenez les tenons de ce
montant , de cette traverfe dans leurs mortoifes.
Entretenir, lignifie auili , Difcourir avec nue ou
pluiieurs perfonnes. Colioqui,IiahereJernionem, En-
tretenir une Compagnie. Les plaideurs ne s entre-
tiennent que de leurs procès , les braves que de leurs
combats, les femmes que de jupes &: de b.agatalles.
Je pourrois dans ma folitude m entretenir avec les
Anciens ; mais on ne s'entretient avec eux qu'avec
les yeux, & mes yeux me manquent. Nlcot. J'ai
c;z?^er6'n« votre Rapporteur de votre affaire, je l'en
ai bien instruit. Les Amans , les mélancoliques ,
vont dans les bois entretenir leurs pSnfées, entrete-
nir hmsKWQÙQS , penfer, méditer j rêver. Les Sa-
vans s'entretiennent par lettres , s'entretiennent tous
feulsj, ou avec les livres , avec les Mufes. J'aime-
rois mieus avoir à entretenir çgs gens qui ne four-
E N T
niffent rien à la converlation, & qui ne difent ja-
mais que ouï iSc non. M. ScuD. Je v.\ entretenais en
moi-même de la peine qu'il y a aujourd'hui à trou-
ver de l'argent. Mol. C'eft de mariage que je veux
vous entretenir. Id. Je m entretiens de mes propres
penlées. Nie.
|C? s'Entretenir de Dieu, c'eft parler de Dieu.S'f/z-
tretenir avec Dieu, c'eft y penfer, méditer fa pa-
role. •
Entretenir d'efpérances , de promelïès , fignifie >
Amufer , Dueere , producere ^ /aiî^r^. Les hâbleurs,
les CX\7i.ÛM:ins entretiennent\<i peuple de- belles pro-
melTes, de belles efpérances. Vous m'entretenez ici
de ladaifcs , tandis qu'on m'attend ailleuts. H lui
tailoit propoler des établifïemens, dont ûXéntrete-
«o^'r quelque temps. RocKEF.
Entretenir, fe dit en chofes morales pour , Con-
ter ver dans le même état. Les offices réciproques
entretiennentVdimmi.Alunt. L'zmmè ne s entretient
& ne s'augmente que par la communication des fe-
crersj & ce leroit la détruire que de n'avoir point de
confiance en fes amis. Bouh. La bonne foi entretient
lafociété entre Marchands. Les Juges font établis
pour entretenir les lois , la Police j pour faire entre-
tenir les con:v3.:s , lespromeifesj les traités, fwrc-
tenir les défiances. Ablanc. Toute cette cabale s'en-
tretient ioït bien : qui choque l'un , choque l'autre.
Entretenir un marché, une convention , un traité,
c'eft l'exécuter.
On dit, proverbialement & baiïement. Ce dif-
cours s'entretient comme crottes de ehëvré , pouc
dire , Il n'a point de fuit«. Nihii eo/neret.
Entretenu , ue j part. Un Régiment entretenu pouc
le fervice de Sa Majefté. Une femme entretenue.
Une maifon bien entretenue. Un enfant entretenu
proprement, magnifiquement, pauvrement.
ifc/" Dans les Troupes, on dit quelquefois. Un
Ca.pnàine en tretenuj en parlant de celui qui eft payé
par le Roi , quoiqu'il n'ait plus de compagnie fur
pied. On dit plus communément , Capitaine ré-
formé.
Entretenu, en termes de B!afon,'fe dit des clefs, Sc
autres choies femblables,quifetiennentliéesenfem-
ble par leurs anneaux. Aptus , nexus , coh^rens ^
coUigatus J confequens.
ifT ENTRETIEN, f. m. Ce qu'on donne à quelqu'un
pour vivre & pour s'habiller. Sumptus invictum y
yejlitum , cultum j &c. Il n'y a qu'un Roi qui puifle
fournir à \ entretien d'une armée. Ce particulier dé-
penfe beaucoup pour \ entretien de fa maifon. En-
tretien d'une garnifon.
)fT Entretien , fe dit aufli de la dépenfe qu'on fait
pour conferver &: maintenir une chofe en bon état.
Ce bâtiment eft d'un grand entretien.
tfî" Entretien, fe dit limplement de ce qu'on donne
à quelqu'un pour fubhfter & pour s'habiller , 8c
quelquefois pour les menus plailirs. Un rel donn®
tant à fi femme J à fon fils pour fon entretien. Ce
Maître ne donne point de gages à fon domeftique. Il
le fert pour fon entretien.
Entretien , fe dit aufli de la converfation des propos
dont on s'entretient dans la converfation. Sermo y
colloquium , conarejjus. Ces deux Meftieurs ont eu
enfemble un Ion'!, entretien ([.iz votre chapitre. Une
fimplicicé facile & délicate rend le tour de vos entre'
tiens agréable & inlinuant. Let. d'Eloïse a. Ab. Il
ûutdetout r^nyi entretiens. LkVoht. Les mauvais
entretiens gâtent les bonnes mœurs. Il faut abréger
la longueur du temps par des entretiens ■ agréables.
M. Esp.C'eftmoi qui vous ai f;icilitéde Ci dowyi entre-
tiens. Kxc.'DM^sles entretiens on a plus foin de faire
paroître la fcience , que de s'inftruire. S. EvR.
Mais hélas ! combien d'impoftures
A produit le defir d'être après Is trépas ,
Z'entretien des races futures ? Des Houl.
T évite , mais trop tard ,
Ces cruels entretiens oà je n'ai point de part. Rac,
E N T
|t? On die d'une perfonne, ou d'une chofe dont
K)ut le inond'e parle,, qu'elle taie Vawctiôn de rou-
ies ks compagnies, hi ore omnium vcrfatur. Cette
aventure voub rendra Yintnàen de toutes les com-
patibles. Fabula Jzes.
' VOnd'it auliij Cet homme là n'a point à' entretien-^
pour dire , qu'il ne laie pas parler , ni entretenir une
coinpajMiie.
Emireiien, ledit (purement en cliofes morales. Ven-
trcncn des lois , de la difeiphne militaire , ioniXcn-
aecien des Etats , des Armées. La fidélité conjugale
elt VenCrecU.i d'e la paix dans le Mari.:ge , &c.
IpT Dans ce lens , entretien ne fe dir plus.
^3" Oadit, d'un comemplatit, qu'il a des e/zrre-
r/e.-Ji fpirituels avec Dieu , qu'il elt occupé de l'idée
de Dieu j qu il médite ia parole.
§C? On appelle aulli j Encretkns fpiri.tuels , des
difcoursde piété, des intlruitions , des exhortations
l'piruuelles , que t-oiit des EccléTialHques dans les
airemblées convoquées pour cet ettec
EN TIIETOILE. t. m. Ornement , elpèce de réfeau ,
qu'on met entre deux bandes de toile au,x lieux où
l'on a coutume de hiire des coutures. Il eil tau de
quelque ouvrage de iil ou pallement.
ENTRE rOISE. 1. f. Terme de Charpenterie , qui fe
dit des pièwes de bols qui le mettent de travers dans
un pan de charpente, lis: qui s'airemblenc par de^
mortoifes i^ tenons avec les poteaux pour les tenir
fermes. Entrecolfe croijle ell un alFemblage en for-
me de croix de S. André, pofé de niveau entre les
entraitsdel'enrayured'un dôme. On le dit auiil en
plulieurs autres occalions: comme {'entrecoije d'un
carroire a'à la pièce de travers quialfemble & entre-
tient les moutons.
Entretoise, fe dit autïï dune pièce de bois qui efl
mife entre les flalques d'un altùt de canon de ma-
rine.
ENTREVAL. f m.Terme de Coutumes. Efpace qui-eft
entre deu-x mai-tons-
ENTREVAUX. Petite ville de FraïKe dan? la Pro-
vence. Intervalles , IntervaU'ium. Encrevaux clV iî-
tué fur le Var , aux confins du Comté de Beuil , &
à dix lieues au nord d'Annbe. C'ert la réfidence or-
dinaire de TEvèque de Glandève , qui eft une ville
prefque ruinée , à an quart de lieue à^ Entrevaux.
ENTREVÈCHER , qui ne fe dit qu'avec le pronom
poirellîf , (Si ùgnifie ^ S'embarralîer les pieds l'un
dans l'autre, ou dans fes vètemens. Impedire fe. Il
n'elt poinr uficé.
ENTREVENIR. Ce verbe neutre s'eft dit autrefois
pour , Survenir , venir pendant que quelque chofe
fe fait, ou qu'elle arrive. Il cft pris du Latin Inter-
venire , qui lignifie la même chofe.
ENTREVOIR, v. a. J'entrevois , j'entrevis ^ j'ai en-
trevu , j'entreverrai J que j'entrevoie J que j'entrevi[j'e.
Voir un peu , découvrir un peu ; voir imparfaite-
ment , ou en palfant. Le témoin n'a pu reconnoître
ce meurtrier , parce qu'il ne l'a tait (^n'entrevoir,
y entrevois quelque chofe qui brille à travers l'épaif-
feurde ce bois. Cet homme elt prefque aveugle,
il ne fait qu' t^fevûir , il ne dilcerne pas bien les
objets.
Il fe dit aufïï Jes vues de l'efprit. Nous ne faifons
(\\i entrevoir \:i. vérité à travers les nuages épais qui
nous la cachent. Milla gens laillent trop entrevoir
leur diftraction & leur inquiétude. Bell. Les liber-
tins ne difent pas tous leurs doutes ^ leurs palTions
les entraînent : mais, malgré tour cela , il y a des
momeiis où ils entrevoient la vérité. M. Scud. Il efl:
bien dotdoureux êîcntrevoir qu'on n'a pas tout le
mérite qu'on penfe avoir. Bell. Entrevoir l'intention
de quelqu'un. Pat. Un amour qu'on ne fait qu't/?-
frevo^r plaît davantage que celui qui fe montre fans
façon. M. Scud. ]' entrevois àxns vos refus moins de
refpe£t pour votre père , que de haine pour moi.
Rac. Une femme attaquée j qui ne prend pas le
parti de la févérité , efl; à demi vaincue, & laifle
entrevoir qu'elle fonge à capituler. Bell. Homère
ENT y^^
j nous lailTe encore entrevoir c^ns fcs Dieux ne fout
pus immortels. De la Motte.
Entrevoir. , s'Entkevoir. Avoir une entrevue. Coh?
■ grcdi. Pour accommoder cette affaire , il faudroit
les faire entrevoir. Ils s entrevirent dans une telle mai-
ion. Il hgniheauHi, Se rendre vilite. Se mutuh in-
vijerc. Ils lont fi voihns, qu'ils s'entrevoient ioawcnz
les uns chez les autres-
lENTREVOLfX. f. m. Terme de Maçonnerie. C'ell:
l'intervalle qui ell entre deux folives dans un plan-
cher. Intertignium. Les ais à'entrevcmx ont dix pou-
ces de large , & un d'épailfeur. Les entrevoux de
plâtre font fujets à fe détacher & à tomber. On le
dit aulîi des interv.alles remplis de plâtre , qm font
entre les poteaux d'une cloifon.
ENTREVUE, f f. Vifite, rencontre concertée de deux
perfonnes pour fe voir , pour fe parler. Cona,ejfus^
Demander une entrevue. Convenir d'une entrevue.
Il s'eit tait une entrevue des Rois de France & d'Ef-
pagne (ur la trontière. Les Rois de France& de Ger-
manie faifoient leurs entrevues fur des rivières qui
fervoient Ai bornes à leurs Etats ; & l'on trouve de
ces fortes à^entrevues fur le Rhin , fur la Meufe ,
fur le Cher , fur la Saône , &:c. On attachoit un ba-
teau magnifique au milieu de la rivière , & les deux
Princes s'y rendoientpour conférer. Le P. Bouhouis.
dans fes Remarques nouvelles , p. 440.obferve qiî en-
trevue ne fe dit proprement que pour la première
rencontre , & qu'on ne doit point appeler un lieu
à' entrevue l'endroit où des gens fe trouvent de temps
en temps pour fe voir _, pour converfer enfemble.
Ce n'eft plus un lieu d'entrevue , c'eft un rendez-
vous.
ENTRICHOME. f m C'eft le nom que quelques-
uns donnent aux extrémités des paupières d'où for-
tent les poils i»Tçi';(;a//<a. D'i» , dans , &C r^ix^fiJ.
le poil.
ENTRIGUET. f m. A la première entrée du Ballet
qui fuit la Comédie du Bourgeois Gentilhomme
un vieux Bourgeois b.abiHard n'ayant point eu de
Livre du Baller, dans la diltribution qui s'en ht
exhale ainfi fon chagrin.
Qwe notre fille
Si bien-faite & (i gentille ,
Z)e tant d' Amoureux l'objtt j
ISI'ait pas à fan fouhait
Un livre de Ballet ^
Pour lire le fujet
Du divertijfement qu'on fait.
Et que toute notre famille
Si proprement s'habille ,
Pour être placée au fommet
De la f aile où Ion met
Les gens de /'entriguet :
De tout ceci franc & net y
Je fuis mal fdtisfait ,
Et cela fans doute efl laid.
ENTROQUE. f m. Sorte de pétrification en forme
d'étoile. On croit qu'elle a été tormée dans un co-
quillage appelé l'étoile de mer. D'autres croient
que ce font les vertèbres de quelque poilFon , dont
la partie la plus dure fe fera pétrifiée &: confervée.
Ce pourroit bien être un jeu de la nature.
L'Auteur de l'hift. de la Phil. , dit Entrochus ,
comme en latin. Là on ne rencontre que à<i% ma-
tières moulées. Ce font les pierres figurées, les
cornes d'Ammon , \' entrochus , l'adroite.
ENTROUBLER. v. a. Vieux mot. Troubler.
ENFR'OUIR. V. a. Ouir imparfaitement quelque
chofe. J'ai entroui une voix qui relTemblc tort à
celle de mon frère. J'ai entr oui quelque chofe de
ce Sermon.
ENTR'OUVRIR. v. a. Tentr'ouvre , /entrouvris ,
j'ai entrouvert. Ouvrir à demi. Hiulcare. Il faut
entrouvrir la fenêtre pour empêcher la fumée. Cet
agonifarït n\hn (\\i'entr' ouvrir les yeux, & puis il
^6<
ENT
les a refermés. Les huîtres s entr' ouvrent pour rece-
voir la rofée.
s'Entrouvrir, en manège. Foye\ Entr'ouvert.
s'Entrouvrir , f^i àii aulîi des murs qui le crevaf-
fenc. Ce mur menace ruine, il ell entrouvert. Hiat,
hifck. Les goulfes des graines s entr' ouvrent quand
elles font trop mûres.
-Entr'ouvert , ERTE. part. & adj. A demi ouvert.
Hians , tantifper apertus. La fenêtre eft encr'ou-
verte , je fens beaucoup de vent. Quand il fume
dans une chambte on lailfe une fenêtre entrou-
verte pendant quelque temps. Je les .apperçus par
la porte , qui étoit entr ouverte.
Entr'ouvert, adj. m. Terme de Manège. Cheval
entr'ouvert eft un cheval qui a fait un effort à l'é-
paule avec tant de violence que l'os de l'épaule a
été disjoint du corps.
ENTRUIL. f. m. Vieux mot. L'entre-deux des yeux.
ENTRYON. f. m. Terme de Coutumes. Foyei EN-
TR EJOU. C'eli la même chofe.
ENTULE. adj. Vieux mot. Extravagant, ridieule,
privé du bon fens.
ENTURE. f. f. Il y a des Provinces où l'on fe fert du
terme d'enture pour dire grefte. La Quint. Liger
prétend avec raifon que c'eft une bévue de faire
enture fynonyme d'ente. Enture ^ félon lui, ne li-
gnifie que l'endroit du fujet fut lequel on ente ,
avant que l'ente foit pariaite j & non pas l'ente
achevée». C'eft pourquoi ceux, continue-t-il , qui
ne confondent point ces termes , difent , Prenez
garde que votre enture foit faite de telle manière,
qu'il n'arrive aucun inconvénient à l'ente , quand
elle fera achevée. Lorfqu'on greffe il faut toujours
avoir foin que Venture foit proprement faite. Il
veut aufli qu'on exprime enture en Latin , par aba-
cus , parce que l'endroit oii l'on ente eft une efpèce
de table prête à recevoir les greffes qu'on lui
deftine.
ENTURES. f. f. pi. Terme de Carrier. On appelle
ainfi les diverfes pièces de bois , dont l'échelle des
Carriers eft compofée. Ce font de petites pièces de
■ bois qui en traverfenr une grofle.
ENTYCHITE. f. m. &c f. Nom de fefte. Entkhyta ,
Entychites. Les Entychites étoient une branche des
Simoniens. Clément d'Alexandrie & Théodoret
font les feuls Auteurs que je fçache , qui en parlent.
Celui-ci j Hsret. Fab. I. C. t. de Simone, à la fin ,
& celui-là dans fes Stromates , L. VIL paragr. 17.
Ils ne nous apprennent rien en détail de ces héréti-
ques. Théodoret dit feulement qu'ils étoient du
nombre de ceux j qui ayant peu changé aux er-
reurs de Simon, n'ont pas fubfifté long -temps.
Dans Clément Alexandrin ils font appelés Enty-
chites \ mais dans Théodoret on dit Entychetes ,
& le P. Garnier l'a ainfi imprimé ; d'autres citant
Théodoret , difent Entychetes. Quelques demi-
Savans àikniEntychiJies , qui ne fe trouve nulle
part. S. Epiphane parle des Entychites dans fon
Pûnarium , héréfie 21. Ils furent nommés Enty-
chites , à caufe des abominations qu'ils commet-
toient j comme Clément d'Alexandrie nous l'ap-
prend dans le VIF Liv. de fes Stromates. Sponde
femble dire que l'on donna ce nom à tous les dif-
ciples de Simon ; mais Clément marque qu'il n'y
en eut que quelques-uns qui le portèrent. S. Epi-
phane rapporte , qu'ils célébroient leurs prétendus
facrifices avec des abominations affreufes, & leur
nom en eft une preuve. Il vient de crv^x'"'' ,
coëo. Voyei Baronius , à l'an 35. de J. C. &
les Auteurs cités.
EN V.
ENVAHIE, f. f. Vieux mot. Attaque. On trouve aufli
Envûhyffement, pour Eronnement,
ENVAHIR, v. a. Prendre tout d'un coup par voie de
fait , quelque pays ou quelque canton , fans préve-
nir par aucun ade d'hoftilité. Invadere. Ce Prince
a envahi les terres de fes voifins. Prendre des Pro-
EN V
vjncej. Après que la guerre eft déclarée, c'eft etl
faire la conquête, & non les envahir. Syn. Fr.
Le mot d'ufurper paroît renfermer quelquefois
une idée de trahifon j celui de s'emparer une idée
d'adrelfe & de diligence. Foye^ ces mots. Celui
d'envahir fait entendre qu'il y a du mauvais pro-
cédé. Souvent dans le langage ordinaire on dit e/2-
vrtAir à-peu- près dans le même fens que s'emparer ^
prendre par force & injuftemenr. Envahir nn héri-
tage, une fuccellîon. Envahir la puilfance fouviî-
raine , l'autorité.
Ce mot vient du Latin Inyadere.
Envahi , ie. part. Occupatus,
ENVAIN. Foyei VAIN.
ENVAIR. vieux v. a. Envahir le bien de quelqu'un 5
le prendre , le ravir.
ENVALER. v. a. Terme de Pêcheur. C'eft tenir ou-
vert cette efpèce de filet qu'on nomme un ver-
veux j ce qui fe fait avec une médiocre baguette
de laule pliée en rond, qu'on appelle un archelet,
qu'on lie autour de l'ouverture avec de la lignptte.
ENVELLIOTER. v. a. Terme de Faucheur. C'eft »•
.Mettre en véiiores j c'eft- à-dire j en petits tas Con-
' gerere j aggerere Enveiioter le foin.
ENVELOPE. Plus communément Enveloppe, f. f.
Tout ce qui fert de couverture artificielle à quel-
que chofe. La couverture qui fert à envelopper.
Involucrum, integumemum. On lui envoie fes lettres
fous une double enveloppe. Papier d'envchppe ,
emporetica charta. Toiles d'enveloppe pour les mar-
chandifes. Segejlria.
On dit Ecrire fous Venveloppe de quelqu'un ;
pour dire , Mettre fous l'adrellë de quelqu'un des
lettres qui font pour un autre. Acad. Fr.
Enveloppe j en termes de Botanique & de Jardina-
, ge, fignifie les peaux, ou les membranes , les tuni-
;: ques qui couvrent les bulbes d'un oignon. Tunica,
' involucrum. Les enveloppes de ces oignons font gâ-
tées j il les faut ôter. Liger.
Enveloppe , en termes de Fortifications j eft une ef-
pèce de conferve ou de contregarde qu'on fait dans
le foffé d'une Place & quelquefois au-delà. Amhi-
tus , munimentum ambiens , feptum , vallum. C'eft:
un ouvrage qui en couvre , qui en défend un autre.
Première j féconde enveloppe. C'eft tantôt un fim-
ple parapet , tantôt un remparr couvert d'un para-
pet , qui fert à couvrir les endroits foibles de la
Place , &c non à g.agner du tertein. Il y a de belles
enveloppes à Maftrichtj à Douai. La citadelle da
Befançon a trois enveloppes l'une fur l'autre. Oa
les appelle quelquefois filons quand elles ne fer-
vent qu'à fortifier un folié qui eft trop large. Oii
les appelle aufli lunettes ^ quand elles font dans un
foffe au-devant de la courtine.
Ce mot au figuré fignifie des termes qu'on em-
ploie adroitement , pour dire ce qu'on n'ofe ou
qu'on ne veut pas dire en termes propres & grof-
fiers. Circuitlo. Les ordures y font à vifage décou-
vert, elles n'ont pas la moindre enveloppe. Mol.
Vous m'avez parlé fans enveloppe. Nullà circuitione
ufus es. TÉRENCE. Cette expreflion n'eft que du
ftyle ordinaire.
ENVELOPPEMENT , f. m. Adion d'envelopper.
YJ enveloppement eft néceffaire pour la confervation
de plufieurs marchandifes. CompUcatio. Terme peu
ufité.
ENVELOPËR , & plus communément envelopper,
v. a. Dans la fignihcation générale, c'eft couvrir
une chofe par le moyen d'une autre qu'on applique
delTus.
Envelopper , couvrir une chofe d'une enveloppe de
papier, de linge, d'étoffe., &:c. pour la conferver
ou pour la mettre en paquet. Mettre une chofe au-
tour d'une aurre , qui l'environne de roures parrs,
Complicare , obtegere involvere. Envelopper des
marchandifes dans du papier. Envelopper des ha-
bits dans une toilette. Il vient d'involvere , dont la
racine eft vélum.
Enveiopper , fe dit auflî au figuré dans la même fi-
gnification
I
E N V
gnificatîon. Il ramalfe^ pour ainfi dire, toutes Ces
pièces , & s'en enveloppe pour fe faire valoir. La
Bruy. La vérité n'ell point enveloppée de ténèbres
inaccellibies. S. Evr. Dans mes plus cruelles difgra-
ces je m'enveloppe de ina vertu. B. Rab. Mea vircu-
te me invoivo. Horace.
Tel quun Poète morfondu ,
Qui dans fon chagrin j'enveloppe j
Tandis que Jon tfpric galope
Après un vers qu'il a perdu.
Envelopper, fignifie aufli, Deguifer ; ne pas expli-
quer à découvert fa penfée. Envelopper un conte
laie fous des paroles honnêtes. Les Poètes ont en-
veloppé bien des vérités fous leurs fables. Elle re-
çoit avec joie ce qu'on lui veut dire de fale , pour-
vîi qu'il fou enveloppe. Bussi.
Envelopper. j lignifie encore figurément, Entourer,
enfermer. Circumvenire ^ intercludcre. Ce Général a
enveloppé les ennemis , il les a enfermés de tous
côtés. Envelopper les ennemis par-devant & par-
derrière. Vaug.
Envelopper, fignifie encore au figuré , Embarralfer,
comprendre quelqu'un dans une affaire , l'y entraî-
ner. Impedire , impUcare. Ce Gentilhomme a été
■enveloppé dans une accufation fàcheufe. Un Mar-
chand ett enveloppé àloiàmxiïQ dans la banquerou-
te de fon alTocié.
Dans fa ruine même il peut r'envelopper. Corn.
La colère , uniquement attentive à fatisfaire fa ra-
ge j s'enveloppe fouvenc elle-même dans la ruine
de ceux qu'elle veut perdre. M. Esp. Voulant per-
dre Popea , il enveloppa dans fa ruine Valerius.
Ablanc
Enveloppé , ée. part, il a les hgnificationsde fon ver-
be au propre & au figuré. Implicatus , impeditus ,
vallacus. Tant qu'un objet demeure dans notre ef-
prit enveloppé Aq nuages j nous ne le préfenterons
jamais aux autres que d'une manière contufe.
S. Evr. Il avoir attendu des douceurs moins enve-
loppées. Bussi. J'ai bien des chofes à vous dire en-
veloppées dans ce mot, j'aime. Voit. Il faut fiatter
d'une manière un peu enveloppée. Bell. On dit ,
Difcours , raifonnement enveloppé , pour due,
Obfcur , embarralfé. On dit d'un homme qui ne
s'explique pas clairement , que c'eft un efprit enve-
loppé , quil a Y eÇçxM enveloppé. Et d'un homme
grollier, qu'il a l'efprit enveloppé A^ns la matière.
ENVELOPPEUR. f. m. Oktector. Celui qui enve-
loppe. Il ne fe die qu'au figuré , & c'eft même
une expreflion hafardée. M. de la Fontaine eft le
plus agréable Faifeur de Contes qu'il y ait jamais
eu en France. Il eft vrai qu'il en a fait quelques-
uns où il y a des endroits un peu trop gaillards ; &c
quelque bon enveloppeur ç\\i'\\ foit , j'avoue que
'ces endroits-là font trop marqués : mais quand il
voudra les rendre moins intelligibles tout y fera
achevé .... Letc. de BuJJï. Ce terme n'eft pas en
ufage.
ENVENIMER, v. a. Infeder de venin , ou de quel-
que qualité nuifible au corps. Fenenare ^ vencno
imhuere. Le ferpent envenime les corps par fa mor-
fure. On dit qu'une herbe a envenimé la bouche ;
pouf dire qu'elle y a caufé des élevùres.
Envenimer une plaie, c'eft la rendre plus doulou-
reufe & plus difficile ï guérir. Acerhare. Une plaie
s'envenime, quand elle eft mal panfée, quand on
l'elTuie avec du linge mal propre , quand on la
gratte. Crudefcit , ingravefcit.
Envenimer , fe dit figurément en chofes morales
Exulcerare , exacerbarc , exafperare. Les Satyiiques
ont toujours quelques tiaits envenimés à lancer
contre tout le monde. Les mauvais rapports enve-
niment, aigrilTent l'efprit des gens à qui on les fait.
Les plaies de i'ame peuvent devenir mortelles , {\
on les envenime. Nie. Plus une querelle dure , plus
Tome III.
E N V 761
notre chagrin s'envenime, & moins fommes-nous
en érat de revenir. Bell.
Envenime , ee. part. ï'enenatus , exafperatus, exacer-
bacus. On du une langue envenimée ^ difcours enve-
nima, efprit envenime , plaie envenimée.
ENVERGER. v. a. Terme de Vanier. Garnir de ver-
ges , de petites branches d^'ofier j enlacer des verges,
Kirgis , ou vimine impleclere , ou virgas , vimina
implecle.re , inneciere. Pour bien enverger les hottes,
les vans , &c. les Vaniers fe lervent d'un inftru-
mcnt de fer qu'ils nomment Bécalle, & dont nous
parlerons en fon lieu.
§3' Enverger une corde. Terme de rivière. C'eft la
porter au-dellus du pont , pour le palfa^e d'un
bateau.
ENVERGUER. v. a. Terme de Marine. C'eft Atta-
cher les voiles aux vergues, ou antennes. Vêla ad
antennas aptare , componere. Nous fîmes enverguer
un jet de voiles neuf. Mém. de irév. ly^o.p. 15^.
On fe lert du même terme , pour dire mettre les
fochs & les voiles d'étai,|quoique ces voiles n'aient
point de vergues.
ENVERGURE, f i. Terme de Marine. Antennarum
Jîtus. C'eft la manière d enverguer les voiles j leur
poluion lur les mâts , & l'allortillement des voi-
les nécclTaires : c'eft aulli la largeur des voiles. Àinfi
l'on du qu'un navire a trop d'envergure , lorfque les
vergues font trop longues , & les vodes trop lar-
ges j &c qu'il a trop peu d'envergure j quand fes ver-
gues font trop courtes.
M. Frézier , dans fon Voyage à la Mer du Sud y
p. iti. le dit métaphoriquement de l'étendue des
ailes d'un oileau. C'eft en parlant du Condor , oi-
feau du Pérou. Garcilaflb du qu'il s'en eft trouvé
au Pérou qui avoienr 16 pieds d'envergure , de que
certaine nation d'Indiens les adoroit. Frez.
Ainfi l'envergure eft l'étendue qu'il y a entre les
deux extrémités des aîles déplo)ées.
ENVERMEU.Gios Bourg de Normandie dans le pays
de Caux. Anvermodmm. Envermeu eft fitué à trois
lieues de Dieppe.
ENVERS. Prépolition relative à certaines perfonnes
dont on parle. Erga , in , adverfus. LTn méchant
eft ingrat envers Dieu & envers les hommes. Un
riche doit exercer l'hofpitalitc envers les pauvres.
Seigneur, vous êtes bon &: doux, & plein de mi-
féricorde envers tous ceux qui vous invoquent.
PoRT-R. L'amour des auttes envers nous ell la
nourriture de l'amour propre. Nie.
On dit en termes de civilité. Je vous fervirai &
protégerai envers tous & contre tous , envers ôc con-
tre tous. C'eft un homme afteélionné envers lui.
Au lieu d'envers, les Poètes difent quelquefois
vers. Mais c'eft une licence propre des Poètes, 5c
qu'il ne faut pas imiter en proie. P. Mourgues.
En eftet, vers fignifie le verfus des Latins, vers
l'orient J vers l'occident; & envers fignifie Verga.
La piété e/2verj Dieu, envers les parens. Vers eft
pour le lieu , envers pour les perfonnes. Si l'on dit,
il s'eft tourné vers moi ; dans cjt exemple même,
la prépofition vers regarde le heu plutôt que la per-
fonne , comme le mot de tourner le fait voir.
Envers , autrefoiss'eft dit pour A l'envers , renverfé*
Supinè.
ENVERS, f. m. Le côté le moins beau d'une étoffe.
Frons averfa , faciès intima , latus intimum. Les la-
pilferies de haute lice fe travaillent par ['envers.
Les étoffes à deux envers font celles qui font auffi
belles d'un côté que d'autre. Il vaut mieux dire
étoffe à deux endroits , qu'étoffe à deux envers. On
diroit plutôt étoffe fans envers, qu'étoffe à doux
envers, pour marquer une étoffe qui eft auilî belle,
aulTi travaillée d'un côté que de l'autre. L'envers
dans les ouvrages de toile eft le côté de la couture.
Envers , f. m. fe dit d'autres chofes que des étoffes.
On dit , par exemple : Les Banquiers certifient les
flgnatures de Cour de Rome fur V envers.
Ce mot fe prend quelquefois dans unfens figu-
ré. La Lettre à M. Perraut, & la verhfication de
Ddddd
7Ô2. ENV
l'Epître fur ramoiu de Dieu, font j fi j'ofe me'
feivir de ce terme nouveau , Icivers de l'ouvrage
du grand Boileau. Entrer, fur la Muf. Le Prince
d'Orange n'a pas voulu taire périr Ion beau-père ; '
il elt dans Londres à la place du Roi , ians en pren-
dre le nom , ne voulant que rétablir une religion
qu'il croit bonne j &c maintenir les loix du pays.
Voilà ['envers tout jufte de ce que nous penlor.s de
lui. M. DE Sev.
Ce mot vient de inverfus , Nicot.
A l'Envers. Façon de parler adverbiale, qui a diffé-
rentes lignifications , félon les différentes chofes
où on l'applique. Ainfi , Mettre un manteau à Ven-
vers 3 c'elt le mettre du mauvais coté de l'étofte.
On dit que les deifeins , les affaires d'un homme
vont à l'envers j quand elles lui fuccèdent mal , au
trement qu'il n'avoit penfé. On dit qu'il a l'efprit à
l'envers j quand il railonne mal , quand il a l'efprit
mal tourné : qu'un homme eft tombé à l'envers ,
pour dire fur le dos. Marot a dit d'une maladie
dangereufe dont il étoit attaqué.
Me menaçant de me donner le faut j
Et de ce faut m' envoyer à l'envers ,
Rimer fous terre ^ & y faire des vers.
Tout cela eft familier.
ENVERSE. adv. Vieux mor. A l'envers.
ENVERSIN. f m. Petite étoffe de laine, qui fe fa-
brique à Châlons fur Marr.e.
ENVERZER. v. a. Terme de Manufacture de lainage,
qui lignifie une façon qui fe donne aux étoffes en les
tirant. Il y a des étoffes qu'il eft défendu de laver
ni enver:^er ; comme les ferges blanches cSc grifes
de Beauvais : d'autres , qui doivent être lavées &
enver^ees , comme les ferges façon de tricot.
ENVL Vieux f m. Qui n'eft plus d'ufage que dans
cette phrafe adverbiale , à Cenvi, pour dire, avec
émulation j à qui mieux mieux. Ccrtatim. Ils fe
font ruinés pour taire de la dépenfe à /'e/zvi l'un de
l'autre j Se non àl'envie j c'eft un barbarifme.CoRN.
On s'efforce à Vcnvi de tromper les grands. Nie.
On a obfervé qu'tz Venvi n'eft guère propre que dans
le ftyle férieux \ & ^z qui mieux mieux dans le ftyle
familier. Ils burent à qui mieux mieux.
Et chacun à V&r\vif gnalant fes fureurs ,
Plus loin quefes rivaux veut porter fe s erreurs.
Genest.
ENVI, ENVIS. On prononce ^/zv/. adj. Vieux mot.
Du Latin invitus. A contre-cœur. Auparavant j'en-
gagcois mes hardes , & vendois un cheval , avec
bien moins de contrainte & moins envis , que lors
jenefaifois brefcheà cette bourfe favorie , que je
îenois à part. Montaigne. M. Cofte , en expliquant
ce mot J dans fa note , y joint ce fécond exemple :
Froiffarr, parlant d'un fameux Tournoy qu'Edouard
III. fit faire à Londres, pour y attirer la Comtelfe
de Salisbury j dit qu'elle y vint moult envis : car elle
penfoit bien pourquoi c'eftoit : & fi ne i'ofoit dé-
couvrir à fon mari,
Envis. adv. vient d'i/2virè adverbe Latin. Avec répu-
gnance. Les Payfans , en Bourgogne, difent enco-
re, il paie envis , c'eft-à-dire , malgré lui. Envis
qui eft au vers 66S du Roman de la Rofe ,
Ne Jugent de chanter envis.
Signifie , Envieux de bien chanter. On lit dans
les Maniifcrits aux envis , ce qui veut dire , A qui
mieux mieux ^ &c au chapitre .'5. du premier Livre
de Rabelais , on trouve à tous envis dans le même
fens. Sup. au Gloff. du Roman de la Rofe,
ENVIAL. C m. Vieux mot. Voyage.
§3° ENVIE, f f. Chagrin que caufe en nous la vue
d'un bien dont un autre jouit , accompagné du defir
de jouir de ce même bien. Invidia. l'envie eft un
cenfeur trifte & févère des bonnes qualités d'autrui.
ENV
Cette fombre rivale du mérite , dit Boileau , ne
cherche qu'à le rabailfer , quand elle ne peut pas
s'élever julqu'à lui. Sa malignité s'attache d'ordi-
naire à la vertu , & la vertu eft fécueil de Venvie.
C'eft une pallion baife, qui ne tend qu'à fupplanter
Ion rival j mais l'émulation , qui eft plus noble &
plus généreufe , ne fonge qu'à furpalfer fon con-
current. L'envie eft une humeur chagrine qui ref-
femble tort à la haine. Fel. La haine & Venvie, dit
la Bruyère , font deux palfions qui le contondenr.
S'il y a quelque différence, c'eft que l'une s'attache
à la perfonne ,& l'autre à l'état ôc à la condition.
Elle regarde avec dédain & avec chagrin les avan-
tages d'autrui , foit par rapport aux qualités de l'ef-
prit , foit par rapport à la fortune. Il n'y a point de
vengeance plus héroïque que celle qui tourmente
l'envie à force de bien faire. Amelot.
Cejfe de t'etonner f l'enw'ie anime' e 3
Attachant à ton nom fa rouille envenimée,
La calomnie en main quelquefois te pourjiiit. BoiL«
Z'envie a toujours fait la guerre
Aux vtrtus que Jts yeux ont vu trop éclater.
§3" Envie , fe prend quelquefois dans un fens qui
n'a rien d'odieux. C'eft ainfi qu'on dit. Porter en-
vie à quelqu'un , fouhaiter un bonheur pareil au
fien,fans en relfentir aucun chagrin. Alexandre por-
toit envie à Achille , d'avoir eu un Homère pour
chanter (es adlions. Son fort eft digne A'envie.
Envie. Divinité Poétique. , que les Anciens hono-
roient de peur d'être expofés à fes fureurs. Les Poè-
tes la reprefentent ordinairement fous la figure
d'une femme extrêmement laide , les yeux égarés
& enfoncés dans la tête j coëffee d« couleuvres ,
portant trois ferpens d'une main , & une hydre à
fept têtes de l'autre. Un ferpenr lui ronge le lein.
Attributs qui forment une expreflion aflez jufte de
l'envie J qui porte renfermé en elle-même le fup-
plice de fa malignité. Les Grecs en font un Dieu ,
parce que le mot <i>eoN02, qui en leur langue fi-
gnifie l'e«v/e, eft mafculin. L'anguille , félon quel-
ques-uns , & , félon d'autres , le ferpent , étoic
chez les Anciens le fymbole de l'envie. Voy. Gasp.
Barthius , dans fes Ânimadv. in Statium. Héfiode
ne parle point du Dieu <p3^o"f dans fa Théogonie.
Envie, fignifie auffi le defir qu'on a d'avoir ou de
faire quelque chofe. Cupiditas , libido. Avoir envie
de dormir , envie d'acheter quelcjue meuble. Il lui
a pris envie de fe retirer du monde. La colère efl
une envie qui impatiente de fe venger. M. Esp. On
dit , palier fon envie de quelque chofe , pour dire ,
Satisfaire le defir que l'on a d'une chofe. Et , l'envie
lui en eft paffée ; pour dire , Il ne la defire plus.
Faire paffer l'envie de quelque chofe à quelqu'un ;
pour dire , ou l'en ralfafier , ou l'en dégoûter. Nous
avons e/2vie pour nous j dit M. l'Abbé Girard , de ce
qui n'eftpas en notre pofteflion , nous voudrions l'-a-
voir. C'eft un mouvement de cupidité ou de vo-
lupté. Les enfans ont envie de tout ce qu'ils voient.
J^oy. Envier.
(fT On appelle envie de femme-grofiè , un de-
fir prelfant & lubit , fouvent défordonné de pren-
dre desalimens d'une efpèce particulière , quelque-
fois d'une mauvaife qualité , très-nuifi ble , & d'une
nature contraire à celle des alimens.
Envie. Terme de Médecine. Nnvus. On appelle en-
vies , certaines marques ou taches que les enfans
apportent en naiffant. On prétend qu'elles reffem-
blent toujours à ce que la mère a defire avec ardeur
pendant fa groflefle , ou à ce qui a frappé vivement
fon imagination. Elles reprefentent des poiffons ,
des taches de vin , des cerifes , des mûres , &c.
&c l'on dit qu'elles font ordinairement imprimées
fur l'enfant au même endroit que la mère s'eft tou-
chée dans le temps de {on envie. La caufe des envies
ne peut s'attribuer qu'aux flexions , contradtions ,
extenfions ou divulfions particulières que les fibres
EN V
•utaiiées du fécas fouirent j en confcqueiice des
dilïercns moiivemens que la mère leur communi-
que, conformément aux idées qu'elle a conçues.
Plulîeurs Médecins croient qu'elles ne font que
l'eifec de la bizarrerie de la nature & du hafard
Col. de Villars.
On appelle aulli envies , de petits morceaux , ou
plutôt filets de peau qui. fe détachent vers l'extré-
mité des doigiis , à la racine des ongles.
M. Huet dérive ce mot de invia.
^CT ENVIEILLIR. v. a. & n. Rendre vieux , ou pa-
roître vieux. Ce verbe ell vieux lui-même , & hors
d'ufage. On s'en fert quelquefois au participe , dans
le figuré feulement. Pécheur envie'dU : habitude tel-
lement enracinée & e/zviei///ej qu'on ne fauroit la
corriger que difficilement. Inyeteratus. Il vaut mieux
employer un autre terme.
La dureté de cœur & /'errearenvieillie ,
Monfires dont les projets fc font évanouis.
On voit l'œuvre d'unjlècle en un mois accomplie
Par lafage(fe de Louis. La Font.
ENVIER. V. a. Porter envie. Lnvidere. Il ne fe dit pro-
prement que des chofes j Reporter envie, âes perion-
nes. Je n'envie point la réputation d'autrui : je ne
^orre point envie aux Grands. Voiture aexadtement
obfervé cette diftinélion. Moi qui , en toute occa-
iion, me réjouis de vos avantages , & qui ne vous
envie pas votre efprit , ni votre fcience , je vous
porte envie d'avoir été huit jours à Balzac. Voiture,
au commencement de fa CXXV^ Lettre , adrelfée
à. Coftar.
Pourquoi m'eawiez-vous l'ulr que vous refpire^ ?
Racine
Non j il nejl point de Roi j qui fur le trône afjis
Ne voulût enviez mon illujlrc naufrage. Corn.
§C? Au Paflîf , on le dit quelquefois des perfon-
nes, comme dans cette phrafe. Les favoris lont d'or-
dinaire enviés.
Ce mot vient du Latin invidere.
On dit auflî , Envier , pour dire fimplement ,
Souhaiter pour foi-même un bonheur pareil à celui
qu'un autre polTéde , fans être fâché qu'il l'ait. Je
voudrois bien être auffi indépendant que vous f) en-
vie votre bonheur.
Il fe prend quelquefois pour Defirer. Voilà le
porte du monde que \ envierais le plus , que j^aurois
le plus d'envie d'avoir.
I^Envier, AvoirEnvie, confidérés comme fynony-
mes. Nous envions aux autres ce qu'ils pollédent j
nous voudrions bien le leur ravir. C'efl; un mouve-
ment de jaloufie ou de vanité , dit M. l'Abbé Gi-
rard. Les fubalternes envient l'autorité des fupé-
rieurs. Voye-[ Avoir Envie au mot Envie.
§Cr II paroît qu'on fe fert plus à propos ^envier
pour les avantages perfonnels & généraux \ mais
qu'avoir e/2vie va mieux pour les choies particuliè-
res & détachées de la perfonne. Ainfi l'on dit ^ En-
vier le bonheur de quelqu'un , & avoir envie d'un
mets.
§Cr Envier, qu'on avoit mis dans les éditions pré-
cédentes y comme terme du jeu du Berlan , du Ho-
ca , pour dire j Mettre une certaine fomme par-
• delfus le vade , ne fe dit point. On dit renvier tk
renvi , &C non envi & envier.
Envier, fignifie auflî en plufieurs fortes de jeux, Faite
des envis, enchérir fur quelqu'un , mettre fur une
cnrte une plus grolfe fomme qu'on n'y avoir mis
d'abord , pour la bonne opinion qu'on a de fon jeu.
Liceri ^ augere pignus ludl , majori pignore certare. Il
eft permis ^ envier 'xw Berlan , au Hoca.
Envi?. , ée. part. & adj. Il hgnlfie encore Recherché,
defiré. jE.vpiefirav muhis votis , fummo (îudio pctitus.
Ce Bénéfice ell fort envié. Cette Charge ell fort
enviée.
ENV 7^3
ENVIEUX , EUSE. adj. fouvent employé fubftantive-
inent. Qui porte envie, qui s'afflige du bonheur
d'autrui. InviJus. Les hommes font trop envieux
pour p.ardonner un mérite qui les blellè. Bell. La
bonne fortune tait bien des envieux. Le mérite at-
tire d'ordinaire moins d'amis que d'envieux. Bouk,
Les envieux groirilFent les profpérités des autres j
pours'en affliger. Le Vayer. Un envieux n'a jamais
de momens agréables : la bonne fortune des autres
ell un poifon mortel pour lui. Id. Quand on n'a
qu'un mérite ordinaire, on a des envieux- mais
cjuand on ell lans comparaifon , il n'y a plus d'envie.
B. Rab. L'envieux eft froid Si. fec fur les vertus d'au
trui j il les nie , ou leur refufe les louanges qui leur
font dues. La Bruy. B. Rab. Les envieux, au lieu de
cherchera devenir plus parfaits j ne fon,':;ent qu'I
ternir les bonnes qualités des autres. M. Scud.
La fureur des audacieux
Tôt ou tard de honte efl fuivie ;
Et la même vertu qui j ait naître l'envie
Confond enfin les envieux. N. Ch. de Vers.
On dit j en proverbe, que les envieux mourront ,
mais que l'envie ne mourra jamais.
ifT Envieux , Jaloux. On eft envieux de ce que les
autres poifédent , on voudroit le leur ravir. On ell
jaloux de ce qu'on polFéde foi-même : on veut le
conferver.On qÙ. jaloux de fa mairre!re,de farépura-
tion , de fon autorité , de la liberré. On ell envieux
de la gloire d'autrui , &c jaloux de la fienne.
^fT Dans les occafions où ces mots fe relTemblenc
davantage , & font relatifs à ce que les autres pof-
fédentj ils font encore dillingués par des nuances
particulières. Jtî/oùx dit beaucoup moins, /^.cemoi.
ENVILASSE. f. f. Efpéce. d'ébéne qu'on trouve dans
l'Ille de Madagafcar. Elle a peu de nœuds , & ell
femblable au bois de Sandraha.
EN VINÉ , ÉE. adj. m. & f. Il fe dit des Marchands de
vin, ou Cabaretiers qui font tournis de bons vins.
l^ini copia ahundans. Ce Marchand ell le mieux en-
viné de toute la ville. Quelques-uns dilènt aviné \
mais envine ell pUis propre en ce Cens. On peut dire
également enviné, ou aviné , en parlantd'un vailîeau
imbu & humeélé de vin.
|Cr Au relie, ce terme n'eft ufité que parmi les
ALarchands de vin.
ENVIRON. Prépofition qui régit l'accufatif , & qui
fignifie , Autour, à-peu-près. Circum j circa , circiter.
Il ell environ fix heures. Il ell dCi de cette rente envi-
ron 500 liv. d'arrérages. Environ cinq ou fix cens
hommes , ell un pléonafme j car cinq ou i\:i tont
un nombre incertain qui ne fouffre point qu'on
mette environ. Il faut dire fimplement j environ fix
cens hommes, ou feulement, cinq ou7/.v cens hom-
mes. Corn. Il y a 50 lieues de Paris à Rheims , ou
environ. Il y demeura fur le champ de batailledeux
mille hommes ou environ.
ENVIRONS, f. m. pi. Lieux circonvoifins j qui font
alentour. Vicinia , vicina loca. Cette armée s'ell
portée dans tous les environs ^\xne telle place , pour
la bloquer. Il fe fallu des montagnes qui étoient aux
environs. Abl. Les environs de Paris font fore
beaux. Scar.
ENVIRONNER, v. a. Entourer , enfermer tout au-
tour. Cingere , claudere , amhire , circumdarc: Cette
ville ert environnée de murailles. Ce pays ert envi-
ronnéds monragnes , de précipices. Cette maifon
eA environnée de folfés. De peur qu'il ne fe fauvât ,
ils environnèrent la maifon. Les Princes în.uchent
environnés d'une foule de Courrifans. La tctc d'un
image d'un Saint est environnée de rayons. Tous ceux
qui environnent les Princes ne fongent prefque qu i
les tromper. Nic.
Environner , fe dit figurément en chofes morales.
Les Saints font environnés de 'gloire dans le ciel, il
est difficile que l'homme pulfTe percer les ténèbres
qui ['environnent. Nie. L'homme fur la terre est £/;-
vironnéân toutes fortes de mifcres; il est environna
D d d d d ij
7^4 ENV
d'ennemis. Cette affaire est environnée de mille dif-
ficultés. Le moyen d'être environne de biens &
d'honneurs, & de ne s'en rien attribuer? Nie.
O Dieu que la gloire environne ! Rac.
La plus belle couronne
N'a que de faux briUans dontredatrenw'uonne.
Corn.
Environné , ée. part. Cinclus , drcumdatus. Province
environnée à'^ZM.^ A.VG.
Tous ces mots viennent du verbe virer, qui pour-
roit bien venir du Liùagyrare.
ENVISAGER, v. a. Regarder quelqu'un au vifage.
Jnfpeclarej incueri. Ce témoin n'a pu reconnoitre
î'accufé , parce qu'il a dit qu'il ne Tavoit pas bien
envifagé. Dès qu'il eut envifagé cette femme , il en
devint amoureux.
Envisager , fe dit figurément en chofes morales , &
lignifie j Conlidérer, voir attentivement , & avec
réflexion. J'ai envifagé cette affaire de tous les cô-
tés , je doute qu'elle puitTe réufiir. Les Sages ont
toujours envifagéh mort avec indifférence. Pouvez-
vous e/zv//l7^er ma perte fans frayeur. L'amour-pro-
pre envifagé avec chagrin tout ce qui peut relever
les autres au-delfus de nous. Bell. On ne peut envi-
fager, fans frémir , toutes les difficultés qui rendent
la religion prefqu'inaccelîible. Nie. Nous devrions
envfager tomes les grandeurs de ce monde comme
des chimères. S. EvR. Nous envifageons la nature
tout autrement que les Anciens. Id. Pour former un
fystème régulier, il faut une certaine étendue d'el-
prit capable dUenvifager plufieurs chofes à la fois.
Malherb. Il faut envifagerXa. mort fans émotion, Se
la recevoir fans trouble. Boss. Homère donne à cha-
cun de fes Héros des qualités propres & dominan-
tes qui le diftinguent j mais , malgré ces différen-
ces j il leur lailfe encore en commun des qualités
générales ; & c'eft par ce côté de relfemblance que
je les envifagé d'.abord. De la Motte.
Envisagé, ée. part.
ENVITAILLER. v. a. Avitailler. L'un & l'autre fe dit
fur mer , pour fournir de viduailles un vaiireau.
Munire conimeatu , inflruere rehus ad viclum neceffa-
riis. Plufieurs prétendent que le premier ne fe dit
pas ; mais Des Roches , fur le mot de viduailles ,
dit envitaUler un vallfeau. Pomey le ditaulli, avec
envitaillement. D'autres difent envitaillé. Un navire
envicaillé^ eft celui qui a fes vivres à bord j c'eft-à-
dire, ernbarqués.
ENULE. f. f. Henelium , enula , enula campana j
eft une plante que d'autres appellent année , ou
énule campane. C'eft une efpèce d'after. M. Tour-
nefort la nomme Jfter omnium maximus. Le P.
Rapin , dans le premier livre de fes jardins , l'ap-
pelle flos Helendi. On prétend qu'Hélène fut la
première qui s'en fervit contre la morfure des
ferpens Quelques Poètes ont dit que cette plante
avoit pris naiffance des larmes d'Hélène , lorf
qu'elle fut enlevée d'avec (on mari. Foye\ le
Traité des Drogues de M. Lémery , p. 546. f^oye-{
AuNÉfi.
ÉNUMÉRATION. f. f. Compte de plufieurs chofes
dont on fait mention par le menu. Enumeratio ,
calculas jy inJuclio. Je vous fais cette hiftoire en
gros : car il feroit trop long de laite Vénuméradon
de toutes fes particularités. Dans ce Panégyrique j
il a fait une longue énumération de toutes les vertus
de fon Héros, énumération n'eft pas fi ufitc que
dénombrement, f^oye-^ Dénombrement.
§CF ÉNtJMÉRATioN eft aulfi une figure de Rhéto-
rique , dans laquelle l'Orateur ralfemble tout ce
qu'il y a dans un objet de plus capable d'émou-
voir & de perfuader. C'eft ce qu'on appelle Enume-
ratio partium.
ENVŒRI. f. m. Animal qui approche du cerf. Il
a deux cornes, ?< fe trouve au Royaume de Congo.
ENVOI, f. m. Aétion par laquelle on fait tranfporter
£N V
une perfonne ou une chofe d'un lieu à un autre.
Mijjio. L'envoi des Apôtres par toute la terre pour
prêcher l'Evangile j a été tait par Jesus-Christ
même. J'ai fait ïenvoi de mes lettres , de mes pa-
quets , de mes bardes par la Pofte , par les Melfa-
gers , les Routiers. Cette affaire eft prelfée j &:
mérite bien ïenvoi d'un courrier extraordinaire.
IJC? Envoi, fe dit , particulièrement j des marchan-
difes. Je vous ait fait deux envois de Par ['envoi
d'un tel jour , on dit avoir reçu....
Ce mot vient d'inviare j d'inviaao , qu'il faut
tirer de in & via.
Envoi, fe dit, auffi, en Pocfie , du dernier couplet
d'une Ballade , ou d'un chant Royal , qui fert d'a-
dreife pour la faire tenir à celui auquel elle eft dé-
diée j qui contient un petit éloge ou compliment.
L'envoi don être délicat & ingénieux. Dans le chant
Royal , l'e/zvoidevoit ordinairement commencer par
Prince j parce que le chant Royal étant regardé
comme ce qu'il y avoit de plus majeftueux parmi
les petits pocmes j on vouloit qu'on n'en pût faire
l'adreffe qu'aux Rois ; d'où vient qu'on l'appeloit
chant Rtiyal. Dans les vers que l'on fait encore
maintenant pour le prix des Jeux floraux de Toii-
loufe , du Puy , de Rouen , de Cacn j &c. le fujec
du Chant Royal fe prend ordinairement de la Fa-
ble , ou de quelque trait éclatant de l'Hiftoire des
Héros ; & ['envoi doit contenir l'explication de l'al-
légorie. P. MOURGUES.
Envoi. Terme Eccléfiaftique , de Rubriques & de
Bréviaire. Leçon de Matines dans la Règle de S.
Célaire : ailleurs , fin d'Office , ou d'Airemblce.
Chastelain. Leclio Officii matutini ; finis Officii
EcclefialUci ; Cœtûs j ou Conventûs.
ENVOIE , impér. du v. Envoyer. Terme de Marine.
C'eft ainfi que fur Mer on commande au Timonier
de poulfer la barre du gouvernail pour mettre le
vailfeau vent devant.
ENVOILER. Terme de Serrurerie. Il ne fedit qu'a-
vec le pronom perfonnel , en parlant du fer à la
trempe , & fignifie fe courber. Inflecli , curvari.
On dit qu'un morceau d'acier s'envoile à la trempe ;
pour dire , qu'il fe courbe. Les limes i'envoilenc
quelquefois à la trempe.
EN VOISERIE. f. f. Vieux mot. Gentilleffe.
On a dit , auffi , Envoifure \ pour dire , Joie ,"
ébat , divertiirement.
ENVOISÉ , ÉE. adj. Qui fe dit d'un homme gai j re-
joui , enjoué. Thibault , Roi deNav.
ENVÔISIER. Vieux v. n. Se réjouir, fe défen-
nuyer.
ENVOISINE , ÉE. adj. Qui a des voifins. Vicinis
infiruclus. Il fe dit en bonne , ou en mauvaife part,
félon la qualité des voifins. Cet homme eft bien ,
eft mal envoi/îné. Il n'eft que du Style familier.
ENVOLER J S'ENVOLER, v. récip. S'enfuir à tire
d'ailes. Les canards fentent la poudre de loin , &C
renvoient. Avolant, aufugiunt. Les oifeaux ne s'e/2-
V oient c^ne parce qu'ils font effarouchés. Les oifeaux
qu'on trouva d'abord en Amérique ne s'envoloient
point.
Ce mot vient du Latin involare , ou plutôt de
avolare , avoler ^ & par euphonie, anvoUr ^ en-
voler.
Envoler, fe dit, figurément ,° en chofes morales'j
de ce qui fait & difparoît rapidement. Il avoit de
belles efpérances ; mais tout cela s'eft envolé. Quand
il étoit dans la claile , fon efpiit s envolait au ciel.
BOUHOURS.
Avec rapidité le temps fuit & j-'envole.
Des-Houl.
Sur les ailes du temps la trifejfe j'envole.
La Fontaine.
On dit , proverbialement, Il n'y a plus que le
nid , les oifeaux s'en font envolés , quand on va
chercher des gens qu'on ne trouve pas , & fur-tout
EN V
des banqueroutiers. On ditauni , ironiquement, à
ceux qui ont manqué une capture j Ils font pris ,
s'ils ne s envolent.
ENVOÛTEMENT, f.. m. Adion par laquelle on en-
voûte, manière d'en voiiterj forte de maléfice par
lequel on envoûte. Le Praticien François appelle
cela dtvouement.
ENVOUTER. V. a. Faire mourir quelqu'un par le
moyen d'une image de cire, i-^oye-^ Mézerai dans la
Vie de Louis X. le Diét. de Rochetorc , p. 385.
Thiers , Hijtoire des Superjluions , &: d'Argentré ,
Eiftoire de Bretagne.
ENVOYÉ, ÉE.adj. Mot qui fe trouve dans le vieux
langage j pour dire , Mis en voie.
ENVOYE, f. m. ou plutôt adj. pris fubftantivement.
Homme député exprès , pour négocier quelque af-
faire avec quelque Prince, ou quelque République.
Legdtus ^orator.QQwyiqvii vont delà Gourde France à
Gênes, vers les Princes d'Allemagne, & autres petits
Princes , ou Républiques , n'ont point la qualité
d'Ambalfadeurs , mais de (impies Envoyéi. Il y
a ici un Envoyé de Colagne , de Genève , &c. Les
f/ivoyw ordinaires , ou extraordinaires , jouilfent
de la protedion du droit des gens j & de tous les
privilèges des AmbalFadeurs , excepté qu'on ne leur
fait pas les mêmes honneurs. Wicq. La qualité
à'tnvoyé extraordinaire eft encore plus moderne
que celle de Réhdent. Id. Les Miniftres qui ont été
revêtus de la qualité ^'Envoyés extraordinaires ,
ont voulu fefai'feconfidérerprefque comme desAm-
balfadeurs. Autrefois on faifoit honneur aux En-
voyés en France , & on leur donnoit les carrolFes
du Roi & de la Reine pour les conduire à l'au-
dience ; mais en 1639, on déclara qu'on ne feroit
plus honneur à cette forte de Miniftres , & on ne l'a
point fait depuis. Le M. Juftiniani eft le premier
qui ait eu la qualité à'Envoyé extraordinire à la
Cour de France depuis que les honneurs y ont été
réglés. Il prétendit fe couvrir en parlant au Roi ,
ce qui lui fut refufé. Le Roi déclara lui-même j à
cette occafion , qu'il n'entendoit point que {'Envoyé
extraordinaire qui eft de fa part à Vienne , fût au-
trement regardé qu'un Réiidenc ordinaire \ c'eft
pourquoi on traite de la même manière ces deux
efpèces de Miniftres depuis ce temps-là.
On appelle la femme d'un Envoyé j Envoyée.
U Envoyée de Gênes.
ENVOYER. V. a. Dépêcher quelqu'un vers quelque
lieu pour y faire un meftagCj ou pour quelque au-
tre objet : donner ordre qu'une perfonne aille en
un certain lieu. Mktere j /égare. Dieu a enyoyé
l'Ange Gabriel à la Vierge , pour lui annoncer le
Myftère de l'Incarnation. Dieu a envoyé [on Fils en
terre , pour racheter le genre humain ; il a envoyé
annoncer fa parole aux Gentils. On dit, au futur de
l'indicatif, ] enverrai , & à l'imparfait du fubjonc-
tif , ïenverrois. Il n'y a pas long - temps qu'on écri-
voit , ]envoyerai &c ]envoyerois. Je ne fai , dit
Corneille dans fes Remarques , Ci la prononciation
as ] enverrai eft reçue de tout le monde; mais je
voudrois toujours écrire )'envoyerai. Ce n'eft plus
une queftion aujourd'hui. L'on écrit & l'on prononce
] enverrai & Renverrais, i' enverrai eft plus en ufage.
Refl. Maintenant tout le monde prononce ]'enver-
rai , & la plupart de ceux qui écrivent bien^i'écri-
vent point autrement. L'ufage général veut que
l'on prononce le futur & le conditionnel préfent
à' envoyer^ comme j'enverrai , ] enverrais -^ Se nous
l'avons écrit de même , quoiqu'on life encore dans
plufieurs bons Auteurs , ]'envoyerai ,'fenvnyerois.
M. Reftaut dans fa Gram. Eranç. Le P. Buffier eft
du même fentiment dans la fieiine.
Ce mot , félon Ménage , vient de inviare ; c'eft-
à-dite , in viam mittere , qui fe trouve dans Solin.
On dit , en ce fens , qu'un Prince a envoyé un
courtier, un Amballadeur extraordinaire , pour féli-
citât un Prince étranger. Cet homme m'a envoyé
faite un étrange compliment. Le Grand Seigr
envoie à un Bafta luidemanderfa tête.
£ N Y E o L
-/éj
Envoyer, fignifie, aulîî ^ Faire tranfporter des mar
chandifes ou autre chofe d'un Heu à un autre. Ce
Marchand a envoyé un vaifleau aux Indes. Il a
mieux aimé envoyer par terre que par mer. Il lui a
envoyé fon argent par lettres de change. Il lui a en-
voyé_ un beau préfent pour étrennes. En Termes de
Marine , on dit , on a f/2voye deux volées de canon
à ce vailfeau pour le faire venir à bord. Envoyer ,
ou donner une bordée \ c'eft , Tirer tout le canon
qui eft à un côté du vailfeau.
Envoyer, fe dit aufli des vapeurs qui s'élèvent.
Le bas ventre envoie des vapeurs au cerveau.
Envoyer, fe dit en choies Morales. Dieu nous
envoie des grâces & des infpirations. On le dit de
toutes les chofes qui nous viennent de Dieu. Dieu
nous e«vo/e la pluie j le beau temps, une bonne
année... Les aftliétions que le Ciel nous envoie ,
c'eft pour éprouver notre patience.
On dit , proverbialement , Envoyer en l'autre
monde \ pour dire , Faire mourir. Ac. Fr.
Envoyé , ee. part. MiJJ'us , immi^us j mandatas , le-
gatus.
E N Y.
ENYALIUS. f. m. Terme de Mythologie. Nom de
faux Dieux. Enyalius. Hiftixus de Milet j ancien
Auteur Grec j qui avoir écrit l'Hiftoire de la Phc-
nicie , difoit, au rapport de Jofephe , que certains
Prêtres avoient porté les facrifices de Jupiter Enya-
lius dans la campagne de Sennaar ; c'eft-à-dire ,
dans la partie de la Nléfopotamie qui eft la plus pro-
che'du conriuentdel'Eiiphrate Se du Tigre. Vollius,
De Idol. arig. & prog.L. I. C. 16 , croit que Ju-
piter f/iy^j/zi/j eft Mars, & que ce Mars des Alfy-
riens , ou Babyloniens, n'eft autre que Nemrod. On
convient,en eftet, alFez communémentjqu'£'«jd//aj-
eft un furnom deMars.Macrobeledit pofitivemenr,
3c les Poètes , à l'exemple d'Homère, lui donnent
cette épithète. D'autres difent a^\x Enyalius eft le
hls d'Ènyo , ou de Bellone , £»»5? ùiof. Cependant
Denis d'HalicarnalFe, qui dans fon fécond Livre,
dit (\\xEnyaUus chez les Sabins , étoit le même que
Quirin , ajoute , qu'on ne fait pas bien au vrai fi
Enyalius eft M.ars , ou quelque autre Divinité égale
à Mars en puiftance & en honneur ; qu'à la vérité
il en eft qui difent qviEnyalius eft le Dieu qui pré-
fide à la guerre Se aux armes ; mais que d'autres
les (liftinguent. Faye-{ Enyo , d'où ce mot vient.
ENYO. f. f. Bellone, Déeife de la guerre, chez les
anciens Gtecs & Romains. Enyo. Héfychius die
c{\\Enyo eft une Déelle guerrière , & qu'il fignihe
aulli combat. Les Poètes varient fort fur l'état & la
condition A'Enya. Les uns la font mère de A-lars.
D'autres difent qu'elle fut fa nourrice ; d'autrcq
veulent qu'elle fût fa fœur , & d'autres, fa femme «
quelques-uns , fa cochère. Quoi qu'il en foit , c'eft
d'elle , à ce qu'on prétend , qu'il portoit le furnom
à' Enyalius. Héfychius dit qu'on repréfentoit le vi-
faged'£/2>'0, comme celui de l'Eftroi, delà Conten-
tion,&c. c'eft-à-dire, agitée de ces pallions différen-
tes. Faye:[ Bellone , & V'igenèze /ur Tite - Live ,
T.I.pag.74,S. _ _ _
Cet Auteur croit que ce mot t»"* vient de hi'v-rtc
S-vficv Ku) à>ix.liy Ttiç ^xx.i>fii"iç. Celle qui infpire du cou-
rage & de la force dans les combats.
ENYVREMENT. Foye^ ENIVREMENT.
ENYVRER. Foye^ENlVRER.
E O L.
EOES. f. m. pi. On difoit , autrefois , Eoes , pour
Œufs.
g:T ÉOLE. f m. Terme de Mythologïs. ^olus. Éole ^
Dieu des vents, fils d'Hippotas, ou, félon d'autres,
de Jupiter , étoit Roi des îles/de Vulcain , qui furent
depuis appelées de fon nom Èoliennes, aujourd'hui
les îles de Lipari. Ce fut lui, dit Diodore, qui in-
venta l'art de fefcrvir des voiles dans la navigation.
Str.ibon dit que par le Hux S< le réflux des eaux , il
E O L
it «Je la nature du vent qui devoit régner bien-| _ jàlapénulcicme, £'o///7)/e, comme f:iic l'Académie,
près j Se qu'ainlî , il prelidoitles tempêtes : ce EON. 1. m. Nom propre d'homme , qui etl le même
76g
jugeoit
loz après j Cic q
-qui fît croire au vulgaire ignorant qu ilétoit le Dieu
- des vents , qu'il tenoit enchaînes dans un antre
profond.
^f3' ÈoLE , Etoit Aftronome , & avoitquelque connoif-
fance des vents , qu'il prédifoit en obrervant le
cours des nuées &: de la tumie qui lortoit de IMle
de Vulcain. Ses avis ne lurent point inutiles à
Ulilîe, qui le conlulta en pailanc, & qui apprit
<le lui les vents qui dévoient régner pendant Ion
■ voyage. Homère a donné à cette vérité un tour
fabuleux , mais fort ingénieux. Il feint que cet Eole
étoit le Roi des lUcs Eoliennes , qu'il tenoit les vents
dans des cachots, &qu\m jour il les enferma tous
dans une outre, dont il ht prélent à UlilTe.
ÉOLIE, ou EOLIDE. f-^oye^ ^OLIE. Néanmoins,
tant de gens écrivent aujourd'hui Eolie , qu'on peut
dire que c'elt l'ufage.
ÉOLIEN , ENN£. f. m. Se f. Nom de peuple. Foye^
Julien.
ÉoLiEN. adj. m. Terme de Grammaire. Dialedle de la
langue Grecque, ^olkus. Il a été d'abord en uiage
dans la Béotie , d'où il a palFé dans l'Eolie, Pro-
vince de l'Afie Mineure. Sapho & Alcée ont écrit
dans ce dialeéle. On. le trouve mêlé dans quelques
pièces de Théocrite j & fur-tout dans Pindare. Le
Du\QC.Eolien rejette fur-tout l'accent rude & âpre.
Il convient en tant de chofes avec le Dorique , que
l'on n'en fait qu'un feul Dialeéle.
EoLiEN. Terme de Muhque. Ceft le nom qu on donne
à un des modes de la Mufique. Le mode Eolicri elt
propre pour les vers Lyriques , il a de la douceur
& de la gravité : ceft le fol de G re fol ut. Le mode
fous -Eoiien , fub - ^olius , fub - jjEolkus , hypo-
^ol'ms , a les mêmes effets que le mode Eoiien j
c ell le re De fol re. Il commence un diateifaron
plus bas que fon mode naturel authentique. Bros-
SARD. Dicl. de Alufique.
EOLIENNES. Ifles. Foye^ EOLIENNES.
liCJ" EOLIPILE. f. m. Terme de Phyiique. Machine de
cuivre faite en forme de poire creufe , & terminée
par un tuyau fort étroit qui lui tient lieu de queue.
Lotfqu\in veut le remplir de quelque liqueur , on
le met fur des charbons ardens j & on le retire
avant qu'il foit rouge. On met enfuite l'extrémité
de fa queue dans la liqueur que l'on veut y faire
entrer ; on jette en même temps de l'eau froide fur
le corps de Vcolipile , Se on en remplit , fans peine ,
moins les deux tiers de fa capacité.
$C7 Les corpufcules de feu qui le font infinués
" dans le corps de cette boule , ont divifé l'air inté-
rieur ik chalfé , en partie , par le petit tuyau de la
queue. Le peu d'air qui refte a été condenfé par
l'eau froide que l'on a jetée fur le corps de la ma
chine. La liqueur prefTée par l'air extérieur trouvant
peu d'obftacle dans la capacité de Xéolipiie , doit!
rem
rempli d'efprit de vin , la liqueur fera chaflee en
forme de jet j parce que Véûtipile continuant tou-
jours à s'échauffer , la liqueur fe dilate : dilatée ,
elle cherche à s'étendre. Elle eft donc forcée de
fortir par le petit tuyau en forme de jet j & de s'é-
lever .quelquefois , jufqu'à 25 pieds. On rend le
fpedtacle plus amufant , fi l'on préfente au-delTous
de la naiffance du jet , une bougie allumée. Car
alors la liqueur s'enflammera , & formera un Jet
de feu.
Ceft par la comparaifon de ces éolipiles , que
Defcartes explique la caufe naturelle des vents. Ce
nom lui a été donné à caufe du Dieu JEolus , que
les Poètes ont regardé comme le Dieu des vents.
^oli pila , eft une boule du Dieu Eole , ime boule
de vent j qui eft pleine de venr, qui fert a expli-
quer la nature & les effets du vent.
Ce mot vient plutôt du Grec f^' icxc^xlxai , qui /îg-
nifîe , portes d'Eole , ou du vent ; d"A'UM;Eole, &c de
niAi, j porte ■ ^ en ce cas j il faut l'écrire avec un
EON E P A
que Eudes , ou Odon. Eudo , Ouo. Rarement
néanmoins , on a dit Eon pour Eudes , & pour
Odon. Eon , ou Eudes de l'Etoile , Gentilhomme
Breton J qui vivoit dans le Xlle fiècle ; il étoit It
ignotant j qu'ayant entendu chanter à l'Eglife ces
paroles qui fe dilent dans les Exorcifmes, J-^er eum^
qulventurus ejt judicure vivos ùf mortuos y il s'ima-
gina qu'il étoit cet Eon , fie le Prophète , *<: fe mit
à dûgmatiier. Le Concile de Rheims de l'an 11 48.
le fie mettre en prifon comme un fou j & il mourut
peu après. P^oye^ Baronius &c Ion Abtcviateur, à
l'an 1 14S.
ÉON , ou EONE. f. m. Nom Grec j qui fignifie fiècle,
& que Valentin , Héréfiarque du fécond fiècle , don-
noit à fon Dieuj &: à toutes les produétions de fosi
Diêu. yEon. Valentin , raffinant fur ceux qui l'a-
voient précédé, déduifoit une longue généalogie
de plulieurs Eones , ou ^onesj car il les nommoit
ainh , abufant d'un nom qui fe trouve fouvent dans
l'Ecriture, & ne fignifie que le fiècle : mais il en
failoit des peifonnes. Fleury. Valentin admettoit
trente Eones. Il nommoit le premier & le plus p3.v-
i'j.ït ,nftii» Proonj c'eft-à-dire, Préexifiant. Il lui
donnoir encore plufieurs noms, mais plus ordinai-
rement celui de Bythosj iv%;^ profondeur. Il étoit
feul avec E"v»a;i» , Ennoea , Penfée , que Valcntia
nommoit auffi Charis , x«f(j ^ grâce j ou Sige, 2;<y» ,
Silence. Bythos avec Sige produific Nous ^^t , l'En-
tendement, ScAletherie, a'a^tsi* , la Vérité fa lœur.
Nous , engendra deux Eones ^ Logos , Aiya; , le Fér-
ié j ik Zoéj z«i, la Fie; &c ces deux en produifi-
rent deux autres Anthropos jA"tTfUTTiis,YHomme, ÔC
EVKAijs-i'«, XEgiife. Ces huit Eor.s étoient les princi-
paux de tous. Le Verbe, AoV«î, &: la Vie, Zoe ^
avoient produits dix autres Eons. L'Homme & l'E-
glife en avoient produit douze , entre lefquels
ccoientle Parader, la Foij l'Efpérance, la Charité,
le Parfait, Tî/et-,;?, ^- b Sagefie, 20?/«. Voil.iles rrente
Eons qui, tous enfemblcj taifoient le Pieromny
Tix^(ii:u.a , ou Plénitude invifible & fpirituelle. Ces
trente Eons croient figurés, difoient les Valenti-
niens, par les trente années de la vie cachée du
Sauveur. M. l'Abbé FleUry écrit Eone^ Se au plu-
riel, Eones. Nous croyons qu'il faut dire Eon Sc
Eons.
EON. Foye^ JEON.
EORDÉE. Ancienne ville de Macédoine , dans la
Migdonie. Eord&a. Elle étoit proche du deuve nom-
mé alors Axius, à préfent Vardari; Si. elle donnoit
fo'n nom à la région qui l'environnoit, qui s'appe-
loit aulli Eordée., Eordxii. Il y avoir deux contrées
du même nom dans la Migdonie, une troifième en
Ibérie , & une quatrième en Thrace, qui avoir pris
fon nom d'un certain Eordtis , dont l'Hiftoire ne
nous apprend rien autre chofe.
c y entrer par l'extrémité de la queue. Si l'on • ÉO't^îES. f. f. pi. Terme de Mythologie. Fête établie
let {'corcpile fur le brafier ardent, lorfqn'il ell,, à Athènes en l'Iuinneur d'Erigone, fille d'Icare, fur
ce que cette fille j qui fe pendit de défefpoir, avoit
prié les Dieux de faire périr de la même forte les
filles des Athéniens, s'ils ne vengeoient pas la mort
de fon Père. Pliheurs filles en effet fe pendirent,
dit-on , dr.ns le défe.'poir d'un amour m.-.!h,'ureux.
Apollon confulté là de/lus ordonna rétablilfement
de c -tte fête, pour apnaifer les mânes d'Erigone.
ÉORTOLOGIE. rojeTHÉORTOIOGIE.
ÉOUS. f m. Terme de Mythologie. Eoils. Ceft le
nom qu'Ovide j dans le II. Livre de fes Métamorp.
V. 153. donne à l'un des chevaux du Soleil. Ce
nom, qui eft Grec, & qui vient d'H», AuroteS:
Orient, fignifie oriental.
É P A.
ÉPACTAL. adj. De l'épate. On_ trouve deux fois
nomhxe épaâal. Se une fois nomhzes épaclaux, dans
le V^ Tome du ''^our & Contre.
ÉPACTE. f. f. Terme de Compuc Eccléfiaftique.
EP A
Ep&cîa„ C'eft !a différence de l'année commune
lunaiie, qui n'ell que de 554 jours, d'avec l'année
commune l'olaire qui elt de 565 jours. Cette dirié-
rence fait que les nouvelles lunes reculent tous les
ans d'onze jours , ce qui hut que ['hfade augmente
de 1 1 chaque année j ôc quand le nombre palle
30, le furplus elt Vt pacte. On trouve 1 âge de la
lune, à un, &: quelqueiois à deux jours près, en
ajoutant {'Hpacic de l'année au nombre des jouis
du mois où l'on elt, & au nombre des mois écoulés
depuis celui de Mars, en obfervant auili de retran-
cher 50 jours, quand ces trois lommes ajoutées
enfemble vont au-delà. Ainii au 18 de Juillet de,
i'année 1701 on compta le 23 de la Lune, parceque
nous avons eu i à'Epacie qui , joint aux li, jours du
mois & aux 4 mois, depuis le mois de Mars, font
25 jours. UEpacic augmente tous les ans de 1 1 jourç.
Par conféquent nous avons eu iz A'Epacte en 1703
puilque nous avons eu 1 en I70z:mais li nous
avions eu \<j à'Epacie ^ l'année lui vante on n'auroit
pas compté 38 , en y ajoutant 1 1 ÏEpacle feroit * j
c'ell à-dire, qu'on prendroit cette année-là l'altéril-
que, que ïtpacle feroit nulle j qui! n'y en auroit
pas cette année-là, & que la Lune tomberoit au 1 de
Janvier. Remarquez que les Epacies n'augmentent
cliaque année que de 1 z , à la réferve de l'année qui
fuit celle où finit le nombre d'or, où l'on ajoute iz
à la vieille tpacle j pour taire celle de ladite année :
te qui n'arrive que de 19 ans en 19 ans, & que l'on
a vu aux années lyij/j 174^ & 1767 : S>c que l'on
verra aux années 1786, l'^o^, &c. En 1700 on
auroit dû compter 11 à'Epacte^ en joignant iz à
%} ■ mais parce que cette annèe-là n'a point été
bilîextile, on n'a compté que 10 à! Epacle, zi en 1701
& î en I70Z. Le Cycle des Epacies eft de 30 années;
c'eft-à-dire , qu'après 30 ans écoulés, à la 3 1"^ année
les Epacies reviennent telles qu'elles étoient à la
première de ces 30 années palTées , & que leurs
cours recommence pour 30 ans, le même que dans
les 30 années précédentes.
Dans tout le cours de ce Cycle , poUr avoir l'épo-
que d'une année donnée, tant billëxtile que com-
mune , il ne faut jamais ajouter que 1 1 à ÏEpacle
de l'année précédente. Les Epacies commencent
l'onzième des Calendes d'Avril , ouïe 11 de Mars.
Denis le Petit, Ifidore, Clavius, Scaliger & Gaf-
fendi ont écrit amplement des Epacies. f^oyei
aulTî les Traités du Calendrier Romain par M. Blon-
de! & M. Ozanam , &c.
Au VIIF liècle la coutume s'indroduifit de mar-
quer VEpacle dans les dates. D'abord il n'y eut que
des particuliers qui le firent, pour marquer plus
particulièrement & plusfctupuleufement les temps;
enfuite cet ufage palTa dans les aétes publics j &
enfin dans les bulles des Papes. Le premier exemple
que le P. Mabillon en ait ciré , eft de l'an 855. Le P.
Labbe, & après lui le P. Pa:pbroch, en rapportent
un de l'an 737. l^oye\ les Acla SS. du mois de
Mai , T. Fil. Parai, ad Conac. in Catai. PontiJ.
Diff.XXr.p.èo.
Ce mot vient du Grec l^âyv , induco , intercala.
ÉPAGNEUL, EULE. f. m. & f. Canis Hifpanicus cirra-
tus , benè auritus. Sorte de chien de chalTe & de
chambre, qui a du poil un peu long, tantôt blanc
varié de noir, tantôt de roux & de tané, & qui
a la queue épailTe & touffue. Les ChalTeurs s'en
fervent pour la caille & la perdrix. Dans Fouilloux
& Rabelais on trouve ces chiens nommés efpa^nols,
parce qu'ils viennent d'Efpagne; comme en revan-
che les Efpagnols ont nommé Galgo un lévrier ,
parce que la race leur en eft venue de France. Men.
Nicot l'appelle aulTi efpagnol. Petit épagneul. Belle
épagneule.
ÉPAGOMÉNES. adj. pi. Terme de Chronologie.
Epagomenus Les Egyptiens , les Chaldéens, qui fui-
voient l'année de Nabonalfarj la partageoient en
11 mois égaux , de 30 jours chacun : mais parce que
iz fois 30 ne font que 560, & que le Soleil em
ploie 365 jours à parcourir fon orbite^ après leur
. EP A j6j
douzième mois, ils ajoutoient 5 jours qu'ils appe-
loient epagomenes.
Ce mot nous eft venu des Aftronomes Grecs ,
qui ont appelé ces 5 jours cpagomcncs ; c'eft-à-dire ■ '
, ajoutés ,jur-ajûutes ,àQi-^> Juper , &c«y», duco.
EPAGON. f. m. En termes de Mécanique, eft la
troihème mouHe de Polyfpafte. Les Grecs l'ont
, appelé iw«y*» , iSc les Latins ^ artemon.
EPAGRIS. C'eft le nom d'une des Cyclades qu'Ariftote
appelle Hydrullè ; c'eft-à-dire, aqueufe , à caufede
1 abondance des eaux qui s'y trouvent. Epaaris.
HydruJJa. Pline, L. IF. C. 11. / a, .
fC? EP AILLER. V. a. Terme ufité dans quelques Arts.
C'eft enlever avec l'échoppe toutes les faletés quî.
fe trouvent dans l'otj pour lui donner plus facile-
ment le poli.
ÉPAIS , AissE. adj. On ccrivoit & on prononcoit
autrelois épais. Terme relatif à la dimenlion , fe'dit
d'un corps folide confidéré par rapport à fa profon-
deur. Une chofe eft grojje par la quantité de fa
circonférence : elle eft épailjé par une de fes dimen-
fions. Un arbre eft gros. Une planche eft épaijjé. Un
rempart doit être épais, de zo toifes, pour réfifter
au canon. Le verre trop épais n'eft pas bon pour
certains ulages. Un livre eft épais, quand il eft
compofé d'un grand nombre de feuillets, eu égard
à Ion format. On a de la peine à percer ce qui eft
épais. Crajjus. Son oppolé eft nûnce.
Il eft quelquefois lubftantif, & fignifie épaijjeur,-
Une pierre qui a deux piedi à'ipais. Il a bien neigé,
il y a de la neige deux pieds à'cpais. On dit hyper-
boliquement , qu'une femme a du rouge deux
doigts d'épais j pour dire , qu'elle a beaucoup de
rouge.
IJC? Epais, fe dit encore relativement à la confif-
tance , en parlant d'une chofe liquide qui prend
une conliftance moins claire. DenJ'us. Dans ce fens
on dit : voilà un vin trop épais. Ce firop eft trop
épais. Concretum. On dit dans le même fens brouil-
lard épais , nuée épaijfe j ténèbres épaijjes.
On le dit au propre & au figuré. On dit au pro-
pre un homme épais , par oppofition à délié. Une
taille épaijj'e. On dit dans le même fens un cheval
épais , par oppolition à fin.
On dit au figuré un homme épais, un efprit épais ^
hcbes 3 ohtufus , efprit grolîier, qui a de la peine à
comprendre : une mâchoire épai{je , un homme qui
s'exprime fans finelTe & fans délicatelfe. Le monde
étoit plongé dans les épaijjes ténèbres de l'idolâtrie
avant l'incarnation.
0CF Epais , fe dit encore relativement au nombre 8c
à la pofition des chofes placées les unes auprès des
autres. SpiJJus, denfus. Dans ce fens on dit à la
guerre bataillons épais, gros & ferrés. Conjertus. On
dit encore que les bêtes farouches fe retirent dans
le plus épais des forets , dcnfjjlma fylvarurn : l'en-
droit le plus garni , le pk's touffu. On dit dans
le même fens que l'herbe eft épaijfe , que les bleds
font épais , qu'un bois eft éra:s.
Dans ce fens il eft quelquefois adverbe- Il ne
faut pas femer ces graines fi épais. Ces blés font fe-
més trop épais.
§3° Âlaroc a dit ejpès , efpejje , pour épais j,
épaijfe.
De l'encre efpeffe & fore ohfcure..
UCTEPAISSEUR. f f Profondeur d'un corps folide,
h'épaijfeur d'un mur. Cette poutre n'a pas alfcz d'/-
paiff'eur. Crajjitudo.
ifT On dit en jardinage , Couper une branche
à YépaiJJeur d'un écu.
0C7" Epaisseur , fe dit auiïi relativement à la confif-
tance. L'épaiff'eur de l'air , des brouillards. Denfncis.
On le dit aufli des ténèbres j Xépaijféur des ténè-
bres.
fp"On dit auffi Xépaiffeur d'une foret, l'endroit
où les arbres font plus ferrés, plus près à près.
ÉPAISSIR, v. a. Rendre épais , donner de la confif-
-68 E P A
tance. Ccndenfare y confiringere j cogère. Il faMt
cpaijfv ce fuop , Is laiirer cuire davantage. Les va-
peurs épaiUllJi'ic l'air.
^Épaissir. Il ell encore neutre & fignilie, Devenir
épais. Lqs (zailes épaiffiJh'U en refioidilTanc. Con-
crefcere. Il ell aulli réciproque. L'air s'apaijjîr. On
dit aulli que la taille d'une femme s'cpaij/ù , pour
dire , qu'elle grollit. Ac. Fr.
Épaissir, le prend aulîi hgurcment par rapport à
i'efpnr. La nature, qui fe joue par-tout, forme
quelquefois des hommes à fa fantaifie j elle les
epailju ou les raffine indépendamment du climat.
Son efprit sépaijfu.
Epaissi , ie. part.
EPAISSISSEMENT. f. m. Condenfation. Concreûo ^
condenfado , fpijjdmcntum. Ce mot ne fe dit p.as
des chofes fermes 6c folides , mais feulement de
celles qui peuvent fe ferrer & fe condenfer. L'e-
paijjijfement du fang fait redoubler l'effort & les
vibrations des arrêtes. •
Ip" On le dit particulièrement en Médecine des
humeurs du corps humain qui ont trop de confif-
tance.
Il fignifie auflî , L'état de ce qui eft épaiflî. Vé-
pai(Jï[Jemcnt de la langue.
ÊPAMPREMENT. f. m. L'adion d'épamprer la vi-
gne.
ÉPAMPRER. V. a. Il ne fe dit que de la vigne. C'eft
retrancher les pampres inutiles qui empêchent l'ac-
tion du foleil fur les grappes , & retardent par là
la maturité du raifin. Pamplnare.
EPANADIPLOSE , ou ÉPANALEPSE , efpèce de
figure, qui confille à placer à la fin d'une propofi-
tion le même mot par lequel elle commence.
^,72^0 jlorentes dtatibus ^ Arcades ambo.
ÉPANCHEMENT. f. f. EfFufion de quelque liqueur.
Effujlo y Les libations anciennes le faifoient par
Yépanchenient du vin & de l'huile. La Chamb.
(fT En médecine ce mot eft fynonyme à efïu-
fion , extravafacion. Epanchemcnt de la bile par
tout le corps.
Épanchement , fe dit auflî au figuré. Le plus doux
plaifir de l'amitié , c'eft Vépanchement du cœur.
S- "Ey s.. Épanchement en amitié eft une ouverture
de cœur pleine de confiance, de tendreire & de
vérité.
De doux épanchemens, de nouv elles. tendrejf es.
S. EvR.
Si les hommes connoifToient le plaifir des épan-
chemens de l'amitié , ils le préféreroient à tous les
autres. Id.
IJ3" En Morale, épanchement fe dit auflî de l'ame
qui fe livre toute entière aux objets extérieurs qui
la flattent ou qui l'amufent. Il n'y a rien de plus
oppofé à la prière que ^épanchement de l'ame dans
les fens : c'eft la fource ordinaire de nos dillipa-
tions. Nic. Leur cœur eft dans un perpétuel épan-
chement , il s'attache à tout ce qui leur frappe les
yeux. BouRDAL. Exh. T. I ^ p. 41. Ne foufFrez
pas, ô mon Dieu, que le premier ufage de cette
vie & de cette fanté que vous venez de me rendre,
ne foit qu'an épanchement de mon cœur vers le
monde ^.c la créature. Madame de la Val.
ÉPANCHER, v. a. Verfer doucement, ou laifTer
tomber quelque liqueur. Effundere , fpargere. En
cette bataille il y eut bien du fang épanché. J. (H.
a épanché fon fang pour nous. Arn. Epancher du
vin.
Épancher , fe dit figurémenr en Morale. Profun-
dere , dlvidcre , largiri. Dieu épanche fes grâces fur
lesjuftes &■ fur les pécheurs. Le Roi a épanché ks
bienfaits d'une main libérale fur cette maifon. Dans
ce fens on ne le dit plus. Mais on dit épancher
fon cœur , l'ouvrir avec fincérité , avec tendrelTe,
EP A
en épanchant le cœur , en fait échapper le fecret.
BoSSUET.
C'eJI ce qui doit rajjeoir votre ame effarouchée ,
Puifque ma compLaïfancc eji fur-tout épanchée.
Mol.
Epanché , ée. part.
EPANCHOIR. f. m. Quelques-uns kcnv&Tuépenckoïr.
IlTue par ou l'eau d'un canal s'épanche , quand il eft
befoin. Effluvium Les éclules , les acquéducs , les
ponts , les rigoles de conduite , les épancholrs ou
pertuis. Gaultier.
ÉPANDRE. v. a. J'épands , j'épandis , j'ai épandu ^
j'épandrai , que fépande. ^Jeter çà & là. Difpergere.
Il faut épandre le fumier , après qu'on l'a porté fur
les terres. On épand le grain quand on le feme. On
épand\& foin pour lefanner.
Épandre , fe dit aullî pour éparpiller. Le Soleil épand
{qs rayons par tout le monde. Après le Déluge les
peuples fe font épandus en diverfes régions. Le Nil
s épand ^zï les campagnes d'Egypte, quand il s'en-
fle. Le fleuve h'épand dans la plaine- Vaug. Le bruit
de cette nouvelle s'eft épandu en moins de rien. Le
venin s'épand par tout le corps.
Epandre , fedit auflî au figuré. Un Prince épand ks
faveurs fur ceux qu'il lui plaît. Ce Conquérant épand
la terreur par tout l'Univers. Les Barbares sepandi-
renten Italie.
J'ai vu j j'ai vu déjà lesfieres Euménides
Epandre leur poijon dans vos âmes perfides.
Brébeuf.
Dans toutes ces acception ce mot eft vieux. On dit
aujourd'hui répandre.
Épandu , ue. part. & adj. Profufus , difperfus.
De toute la vertu fur la terre épandue ,
Tout le prix à ces Dieux j toute la gloire eft due :
Us apijfent en nous j quand nous penfons agir.
Corn.
Tous ces mots viennent du Latin expandere ,
étendre.
ÉPANITÉ. Foye:{ ÉpavitÉ
§Cr EPANNELER. v. a. Terme de Sculpteur. Couper
à pans un bloc de marbre j fuivant le delTein
tracé.
ÉPANORTHOSE. f. f. Epanorthofs , correclio , emen-
datio. Terme de Rhétorique. C'eft une figure par
laquelle on corrige j ou on révoque ingénieufement
ce qu'on avoir auparavant allégué , en condamnant
fes exprellîons comme trop foibles , pour en ajouter
de plus fortes , & de plus conformes à la paflion
dont on eft agité. Par exemple , on fait dire par
Didon à Enée.
Non , cruel , tu ries pas le fils d'une Déeffe,
Tu fucas en naiffant le lait d'une tigreffe j ôcc.
Ce mot eft Grec f^uvifTcirt; , & vient de h'^" ,
droit , «fTÔa je dreffe «yof&c'a , IvaufS-tu^ je redreffe , je
corrige , IvatifruFiç^ correciion.
#Cr EPANOUIR , S'ÉPANOUIR, v. récip. Terme de
Botanique. Qui fedit des fleurs qui commencent à
déployer leurs feuilles , ^ à fortir du bouton. Ex-
plicare fe. Mn bouton de rofe qui s'épanouit., qui
commence à développer fes feuilles. Le foleil fait
épanouir les fleurs.
On le dit , auflî , de la fleur qui a pris toute fon
étendue. Cette rofe eft entièrement épanouie. Les
tulipes fe ferment tous les foirs , & s'épanouijjent
tous les matins. C'eft une fotife de croire que la
rofe de Jerico ne s'épanouiffe que pendant la Mefle
de minuit. Cela lui arrive toutes les fois que fa
queue trempe dans l'eau , parce qu'elle eft fort
fpongieufe.
avec confiance. Souvent une douce converfation , ^CTS'épanouir fe dit , auflî , en Anatomie , pour
s'Etendre
»
EP A
s'étendre j fe développer. Extcndl , porrigl. Les fi-
bres de l'un de ces mulcles vont fe rencontrer avec
les fibres de l'autre , Se s'épdnouijjd/u réciproque-
ment de côté ne d'autre. WiNbLow. Koye^ Epa-
nouissement. Il ert aétif au rigaré , épanouir le
cœur , épanouir la rate. Ce conte lui a bien épanoui
la rate.
^fT On dit audî j vous vous épanoui ff}^.
gCFOn dit encore , fon hont sepanouu , fon vi-
fage s'épanouLt , fon front fe déride , devient fetein.
Frontem explicare.
Ce mot vient du Lann Explanefcere , ou expan-
dere , ou du vieux mot François esbanoyer , qui
fignifie s'élargir. Je dilater , Je mettre à jbn aijé.
Épanouï, ïe , part, èc 3.à]. Explicatus ^ aperçus. On
dit, en termes deBlaion,unefl-"ar-de lis épanouie ,
loriqu'elle ell ouverte avec fes teuiUes , 6i dont il
fort des boutons entre les Heurons ; telle qu'eft la
fleui-d; lis qui coinpoie les Armes de la ville de
Florence, qui porte d argent à une Beur-de-lis s/^tj-
/2(;;/^d de gueules j ce qu'on appelle Heur-de-lis de
Florence.
ÉPANOUISSEMENT, f. m. Action par laquelle une
chofe s'épanouit. Explicatio, evolutio ^ diffujîo. Il
fe dit, au propre, des Heurs, & au tigaré , du
cœur,d3 la rate, 3cc. Ai-jedonc compofé un Foëme
Epique pour procurer plutôt des épanoiéiyémens de
rate j que des tranfports d'admiration ? G. G.
|iC? On le dit , en Anatomie , de l'expanfion des
nerfs , qui fe partagent en plulieurs rameaux , ou
filamens. La rétine clt formée par l'expanlîon ou
Vépanoiîje-nent du nert auditif, des plus délices
fibres , duquel elle eft compofée.
ÉPANTER. v. a. Molinet, dans plus d'un endroit
de fes Poefies, a dit Epanter pou: Epouvanter. Les
EfpaL^nols difent Efpentar. GlojJ. Bourg, au mot
Epoiite. Le verbe epanter ell: fort connu du petit
peuple Champenois j aullî-bien qiîEpantau pour
Ejouvantail.
EPA?HE,ou ÉPAPHUS. f. m. Terme de Mythologie.
N in d'un faux Dieu de la Gentilité. Hérodote,
L. L '.Se L. IL dit (\\xEpaphus ell l'Apis des Egyp-
tiens ; que c'ell: le nom que les Grecs donnoient à
Apis. Elien dit la mèine chofe, L. XL Des Ani-
maux , C. 10. mais d ajoute que les Egyptiens
s'infcrivoient en faux contre cette opinion , ik qu'ils
afluroient qii ^pa.T^e n'avoir été que plufieurs fiè-
cle? après Apis. Vollius , De Idol. L. I. C. 29. croit
que l.s Egyptiens avoientraifon : car Epaphus étoit
aïeul d'Agenor ^ & bifaieul de Cadmus ; mais les
Grecs avoient l'ambition de palFer pour avoir donné
les Dieux à 1 Egypte. Epaphus étoit fils de Jupiter
& d'Io , & par conféquent petit-fils d'Inachus , qui
avoir jeté les fondemens du Royaume d'Argos. Voy.
les Métamorphofes d'Ovide , L. I. v. 749. Eufébe ,
dans fa Chronique, Servius, fur le j^ L. de l'E-
néïde , Macrobe , L. III. des Saturnales, C. 6.
& Voirius , De Hijl. Gr. L. III. & à l'endroit cité
ci-deffus
^C? EPARCET. f. m. Efpècede foin fort commun en
Dauphiné, fur-tout auprès de Die. Sa graine tient
lieu d'avoine & d'orge. Véparcet elt fucculent &
très-nourriiranr. Acad. Fr.
EPARER , S'ÉPARER. v. récip. Terme de Manège^
qui fe dit d'un cheval qui détache des ruades & qui
noue l'aiguillette.^oy.AiGUiLLETTE en Manège. Un
Cheval doit séparer de toute fa force à l'air des
cabrioles. Il ne sépare qu'à demi aux balottades ,
& point-du tout auxcroupades. Un cheval qui sé-
pare tft rude.
ÉPARGNANT , ante. adj. Qui va à l'épargne , qui
ménage ce qu'il a en fon pouvoir. Parcus. La jeu-
nelTe eft trop prodigue , & la vieillelTe trop épar-
gnante. Humeur épargnante.
ÉPARGNE, f. f Parfimonie, ménage dans la dé-
penf«? -, branche de l'économie qui confifte à éviter
les dépenfes fuperflues, & à faire à peu de frais
celles qui font nécelTaires. Parcimonia , partiras. Il y
a anehonnhe épargne qui fait partie de la prudence,
Tome m.
EPA 7^^
& une épargne outrée, fordide , qui eft une vraie
avarice. 11 a voulu aller à l'épargne , fane une épar-
gne de dix mille francs , & il a gâté un bitunent
de cent mille écus. Quelques-uns appelent écono-
mie ce qui^ n'eft qu'une épargne hcnteufe. Bhlu
C'eft une fille nourrie &c élevée dans une grande
épargne. Id. Prendre ma fille fans dot eil pour moi
une épargne conlidérable-
Epargne j fedit aulli , de la chofe même qu'on a
épargnée j qu'on a ménagée. lies JumptiùUs de-
traclu , parcunoniA fruclus , reditus. Faire une épar-
gne de dix mille francs. Cette femme regrette tout
ce qui fort de fes mains j elle feroit charmée de
l'y retenir , & d'en grolfir ^&s épargnes. ^c,\^^q^^^
Exh. T. I.p. s 4. Son épargne monte cette année à
1000 écus.
fJCr Epargne , Ménage , Ménagement , fynony-
mes. On fe fert du mot de ménage , en fait de dé-
penfe ordinaire ; de celui de ménagement , dans la
conduite des affaires j ôc de celui d'épargne , à 1 é-
gard des revenus. Syn. Fr. Le ménage eft le talent
des femmes : il empêche de fe trouver court dans
le beioin. Le ménagement eft du relfort des maiis ^
il fait qu'on n'eft jamais dérangé. L't/;i?r^/2e convient
aux pères. Elle fert à amaller pour rétabliiremens
de leurs entans.
0C? Epargne lignifioit autrefois, Tréfor- Royal , Se
la calfette du Roi s'appeloit chatouille. L'épargne
étoit le lieu où l'on portoit toutes les finances du
Royaume, ^rarium regium. Après la mort de Phi-
lippe , on ne trouva dans fon Epargne que cinq
cens talens d'argent monnoyé. Ce Prince avoit
épuifé fon Epargne autant par fes libéralités, que
par fes guerres continuelles. Du Riir. Il y avoit
trois Tréforiers de \' Epargne , &c on difoit : Cela
eft du fonds de l'Epargne : des billets, quittances
& relcriptions de l'Epargne. Aujourd'hui on dit
encore dans tous les comptes particuliers , la pre-
mière partie de l'Epargne, la première moitié des
deniers que les Comptables font obligés de porter au
Tréior- Royal. La féconde partie de l'Epargne j celle
qui porte les charges 6c les gages des Officiers. Cela
eft porté en première , en féconde partie de l'E-
pargne.
Epargne, fe dit aufti du ménagement du temps
& autres chofes. C'eft une épargne nécelTaire que
celle du temps , on ne la iauroit trop ménager. La
Loi de l'Epargne , dans le langage de quelques Phy-
ficiens modernes , c'eft le décret par lequel Dieu
règle de la manière la plus fimple tous les chance-
mens qui arrivent dans la nature. •
Tailler en épargne , eft une manière de graver
ou entailler les bois , les pierres , le métaux _, &c.
qui fe dit lorfqu'on taille & qu'on enlève le fond
de la matière , & qu''on épargne , & qu'on ne laille
en relief que les parties qu'on veut faire paroître à
la vue. Anaglyphum Jcalpere , incidere. Ainfi , les
gravures des planches en tailles de bois, font taillées
en épargne ^ car au lieu que dans la taille-douce les
traits ou lignes qui doivent paroîtte font gravés &
enfoncés j hc que les blancs demeurent relevés fut
la planche ; au contraire , dans les tailles de bois ,
les blancs font enfoncés , &: les traits qui paroiirent
font élevés & épargnés.
Epargne, f. f. Nom d'une efpèce de poires, qu'on ap-
pelle auilî Saint Samlon. L'Epargne eft une poire
rouge alfcz grolfe , & fort longue j & pour ainfi
dire , un peu voûtée en fa taille ; elle a la chair
tendre, & un peu aigrelette; elle mûrit vers la fin
de Juillet; elle a plus de beauté que de bonté- La
Quintinie ne change point ce nom au plurier.
ÉPARGNER. V. a. Ufer d'épargne dans la dépenfe.
f'^'oyey Épargne. Parcere fumptibus , parce facere
fumptum , comparcere. Un prodigue n'épargne rieu
pour fes plaifirs , rien ne lui coûte. L!n avare fe cou-
che de bonne heure pour e£7j/-û'«er fa chandelle. Dans
les grandes affaires il ne faut point c'/'flr^«eT l'argent.
Épargner , eft aufti un terme d'Art ; pour dire ,
Ménager quelque chofe dans la matière que l'on
E e e e e
^jo E P A
travaille, & faire en forre qu'on en tire qudqnei
embellillemenr qui n'en foit pas détaché , ou qui '
failTe même une pièce utile. Cette table a été e/izro^«e'e .
dans l'épaifleur du roc.
Épargner j fe dit auffi , avec le pronom perfonnel ,j
dans tous les fens qu'on vient de marquer. Cetj
homme eft fi avare , qu'il s'e)''?rj°«t; tout. L'ambi-
tion & l'envie font des vices dont on fe doit déten-
dre avec d'autant plus de foin , que la corruption
du grand monde s'en eft fait des vertus , comme
pour % épargner la honte de fes raifères & de fes
foibleiïes. P. Veri.
Epargné , ée. part.
• |C? On dit au figuré, épargner quelqu'un.
Parcere aiicui , pour dire , ne lui faites pas tout
le mauvais traitement qu'on pourroir. H commanda
d'épargner les troupes. Dans le fac des villes , les
Turcs n'épargnent perfonne. On palfa tout au fil de
répée , fans épargner ni âge ni fexe. Ael. Ce crimi-
minel n'a pas été traité à la rigueur , on l'a un peu
épargné.
^fT En Morale , épargner défigne encore une
forte de Ménagement qu'on a pour les perfonnes
qu'on ne veut pas chagriner ou mortifier. Epargner
à quelqu'un le chagrin, la douleur, la honte de
voir, &c. Vous voulez m épargner {?. éonlein de
voir toute votre indifférence, & vous nediliimulez
vos fentimens que par pitié pour ma foiblelfe. Un
• ami doit prévenir fon ami , & lui épargner\?L honte
de demander.
^T On dit d'un médifanr j qu'il népargne per-
fonne.
Les ihjujliccs des pervers
Servent fouvent i'excufe aux nôtres :
Telle ejl la loi de l'univers j
Situ veux qu'on f épargne , épargne au{files autres.
La Font.
On nen peut trop avoir (de bien) & pour en amajfer.
Il ne faut épargnez ni crime 3 ni parjure. Bon.
IJCT Épargner , en termes de Delîin & de Miniature
fur ivoire , fe dit , quand le papier ou l'ivoire pro-
-duifent , fans crayon ni peinture , les lumières des
chairs.
On dit auflî j qu'un Tailleur, qu'une Cou-
turière épargne de l'étoffe , pour dire , qu'en la
taillant j ils font enforte qu'il en refte pour faire
quelque autre chofe que ce qu'ils ont entrepris. Ce
Tailleur a épargné une culotte dans le drap de ce
manteau.
Ce mot vient du Latin parco. Ménage , après Sau-
maife , le dérive du Latin exparcinare ; d'autres j
de l'Allemand 7/Ji2rf /2.
Épargner, fe dit, par extenfion de Morale , de
toutes les chofes qu'on peut retrancher & ménager.
Les machines qu'on a trouvées pour faciliter les
arts épargnent bien du temps j de la peine & des
pas.
ÉPARPILLER. V. a. Jeter ou laiiTer tomber quelques
corps çà & là. DiJJlpare , difpergere. Son chapelet
s'eft défilé , tous les grains fe font éparpillés. Il
■ fignifie aufli , Etendre , féparer. Cette femme étoit
décocfrée , & avoir tous les cheveux éparpillés fur
les épaules. PaJJls capilUs , [parfis , proUxis , circum
humeras rejecîis. Le vent éparpille leurs cheveux. S.
Am. Il faut éparpiller la braife pour faire cette gril-
lade. Il faut éparpiller le fumier fur les terres qu'on
fume. Ces deuxefpècesde vailfeaux font unis dans
les tiges , & éparpillés dans les racines & dans les
branches. Lémery.
lie? Éparph-ler , ne fe dit que des petits corps min
ces & légers. Les épandre çà & là, dru & menu.
i3° Éparpiller. Terme de Peinture. Voye'^ Dis
perser
On dit , figurcment & familièrement , d'un dif-
fipateur , qu'il a bien éparpille de l'argent , pour
EP A
fignifier , qu'il a beaucoup employé d'argent en
folles dépenles.
Éparpille, ée. part- & adj. Pi7//ij , difperfus , dif-
Jipatus.
IJCF EPARS 3 ARSE. adj. Se dit des chofes de même
nature difperfées , dillribuées çà & là. Sparfus.
Corps morts épars fur le champ de bataille. Les
Juifs font épars dans tous les pays du monde. Son
bien conlifte en plulieurs morceaux d'héritages
epars çà &là. Il a ramallé toutes les particularités
de notre hiftoire qui étoient éparjes dans les livres ,
dans les chartres , &c.
Rajfembla les humains dans les forêts épars.
BoiLEAU.'
La plaintive Elégie
Sait J les cheveux épars , gémir fur un cercueil. Id.
Ces mots viennent du La.nn fpargere.
EPARS. 1. m. Terme de Marine. C elt le bâton qui
foucient le pavillon. Le P. Pomey dit aufii ejpurs ,
ou cpjrre de fenêtre , ou de porte. FerreafuUes in~
nexa cardini
Épars J eft aufli un terme de Charron, qui fignifie
une pièce de bois j large de trois doigts , ou envi-
ron , qui entre dans les brancards , & dans les ri-
delles des charriots: ou j comme dit Liger j ce font
des morceaux de bois plats , larges de quatre bons
doigts, & longs d'environ un pied & demi : ces
épars font enclavés dans des morroifes le long des
timons d'une charrette. Les Laboureurs difent, il
manque un épars à ma charrette. Voilà une char-
rette dont les épars ioni bons. Liger.
EPART. f. m.Efpèce de jonc, dont les Marfeillois font
des paniers & des cabats , pour mettre & emballer
plufieurs de leurs fruits fecs, & diverfes autres mar-
chandifes. Ce jonc croît en Efpagne
EPARTS. f. m. pi. Terme de Carrier. Ce font les qua-
tre plus petits morceaux de bois deiixdont eftcom-
polé le baquet ou civière dont les Carriers fe fer-
vent pour tirer le moillon hors de la carrière.
ÉPARVIN, ou EPERVIN. f. m. Maladie de cheval.
Tumorfuffragini equi innafcens. Il y en a deux for-
tes. Un éparvin de bœuf, eft une grolfeur qui vienc
au bas du jarret en dedans , qui fait boiter le
cheval. Un éparvin fec, eft un roidillement du jarret
qui l'empêche de fe plier. On nomme auiîi Eparvin
l'endroit où vient cette maladie. Soleisel.
Epater, v. 'a. Rompre le pied d'un veïie.Pedem
Jrangere. Qui eft-ce qui a e)îûre ce verre ? Il n''eft
guère d'ufage qu'au participe. Verre épaté , dont le
pied eft cafîé.
Epater, fignifie auflî. Etendre le pied, l'afiiette
d'un verre, d'un vaiffeau. Pi^dem diflendere. En gé-
néral J donner à quelque partie d'un corps moins
de faillie qu'elle n'en doit avoir , enforte qu'elle ait
peu de hauteur , eu égard à fa bafe. Les verres de
fougères ne font pas 11 épatés , non tam lato pedc
fnt, que les verres de criftal j c'eft pourquoi ils font
plus fujets à fe renverfer & à fe calfer. C'eft en ce
fens qu'on dit ,figurément& burlefquement, qu'un
nez eft épaté , patulus , lorfqu'il eft écrafé , applati,
qu'il eft trop large par en bas.
ÉPAVE, f. f. Droit d'un Seigneur haut-Jufticier , par
lequel les chofes mobiliaires égarées qui fe trou-
vent dans fa Seigneurie , & qui ne font réclamées
de perlonne , lui appartiennent. Caducum ^ caducum
jus , jus caducarium , caducaria lex.
On appelle au(îi épave , la chofe non réclamée &
perdue. Res juris caduci. On appelle cela en l>^oc-
m3.ndïe chofes gayves. Epave s'eft dit proprement
des bêtes égarées j effrayées & errantes , qui ne
font réclamées de perfonne ; Se ce mot eft venu de
metu feu pavore animalium.
CCrÔn a depuis compris,fous le nom Sépaves,x.o\xiQ%
les cirofes mobiliaires perdues j donron neconnoît
point le propriétaire. Il y a même des perfonnes
qu'on appelle épavées y & on le dit de ceux qui
E P A
font nés fi loin hors le Royaume j qu'on ni peut
lavoir le lieu où ils ont pris iiaillance. Ba'^l'et.
Traire du Droit d'Aubaine. CeDroir s'appelle Ca-
ducarialex
§3" EPAVES Maritimes, font tous les effets que la
fi Mer poulie & jette à terre , & qui ne iont point
réclames par un propriétaire légitime.
§cr Epaves de Rivière, font tous les effets qui fe
trouvent abandonnés fur les rivières , fuit par
naufrage, inondation, chute de ponts j ou autres
accidens. Traité de la Police.
>3Cr Epaves Foncières & Immobilières , héritages
abandonnés , de manière qu'on en ignore le pro-
priétaire. C'eft improprement qu'on appelle épaves
les biens vacans.
Il elt aulli adjeélif. Un cheval épave. Les bctes
épaves. Biens épaves.
ÉPAUFRURE. f. f. Terme de Maçon. Eclat du bord
du parement d'une pierre , qu'un coup de têtu mal
donné a emporté, h'ragmcntum.
ÉPAVITÉ. f f. Terme de Coutumes. C'efl: la même
choie i\^auhaine. En quelques endroits c'eft une
maxime de Droit coutumier , <\\xcpdv'uc wt gît en
roblelfe ; c'eft-à-dire, que la nobielfe n'ell point
fujetre au droit à'epavite ou d'aubaine.
ÉPAULARD. f. m. Orcu. Grand poilfon de mer,
dont le corps cft fait comme celui du dauphin ,
mais vingt fois plus gtos , principalement par le
ventre. 11 n'a point d'écailies. Sa peau eft lilfe
&i polie , noire fur le dos, rougeâtre fous le ventre ,
& bleuâtre aux côtés. Son nez ell camard. Sa lèvre
inférieure elt fort grolfe. Il a quarante dents gran-
des & tranchantes. Ses yeux font petits. Sa queue
elt longue de plus dune aune , Se elt en figure de
crollfant. Le mâle a la partie génitale longue de
deux pieds. Ce poifTon pefe jufqu'à mille livres.
n eft ennemi de la baleine.
ÉPAULE, f. f. Partie double du corps humain, fituée
à l'extrémité fupérieure , au-delfous du chignon
du cou , &c qui fe joint au br.is dans l'homme. Hu-
mérus. L'épaule eft compoiée de deux os parti-
culiers j un grand & poltérieur , qu^on nomme
omoplate ; un petit & antérieur qu'on appelle cla-
vicule. WiNSLOW. L'os de l'épaule , fcupu/a _, elt
celui qui couvre le derrière des côtes , qu'on nom-
me aulli [q palleron , ôc furtout aux animaux. La
figure da pa/Ieron elt prefque triangulaire. Sa par-
tie large ik. plate fe nomme par les Médecins omo-
plate. Le bras eft attaché à Xcpaule. Aux animaux à
quatre pieds j c'eit le membre où elt attachée la
jambe de devant. Les Pocres ont feint qu'Atlas &
,■ Hercule portoient le ciel fur leurs e/'au/e^. Jbsus-
CiiRisT porta fa croix fur fes épaules.
Ce mot vient àe fpalla j qui a été fait àsfpatula
ç\n fp adula. Ménage.
On dit d'une perfonne qui commence à être bof-
fue J que l'épaule lui poulie , qu'elle a une épaule
plus haute que l'autre, qu'elle a l'épaule ronde ; &
de celle qui eft engoncée , qu'elle a la tête entre les
deux épaules.
On dit aulîî , qu'on a le manteau fur les épaules ,
quand on eft prêt à fortir. On dit d'un cadet , qu'on
lui a mis le moufquet fur l'épaule ; pour dire , qu'on
l'a envoyé à la guerre. On dit de celui qu'on a challé
honteufemènt J qu'on l'a mis dehors par les épau-
les \ &c d'un orgueilleux J qu'il regarde les gens par- '
detTus l'épaule. Dans cette detnière phrafe ce mot
eft pris au figuré.
Épaule , fe dit auflî à la Boucherie, des animaux ,
des bœufs , des moutons. Sec. Armus. Ce font les
gros os du quartier de devant qui eft appuyé fur les
jambes de devant. V épaule de bœuf contient le paf
leton , le collier.
Epaui-e de mouton. Les Charpentiers appellent ainfi
les plus grandes coignées , dont ils fe fervent pour
équarrir & dreffer leurs bois.
Epaule , en termes de Manège , fe dit de la partie du
train de devant d'un cheval , comprife entre le ga-
rot, le poitrail & les côtes. Un bgn cheval doit être
E P A
'yyv
léger ^cpauus ,^{^]^r ,\^^ hanches. Le coup de
lance elt une marque à i'.>^./. qu'ont quelques
Barbes & chevaux d'Efpagne & de Turquie : c'eft
un f.gne de bonté. On dit auHi , qu'un cheval a le«
épaule, chevillées , fquand elles font engourdies &
lans mouvement. On dit qu'il a fait un effort à'é-
paulcs- , quand il s'eft entr'ouvert.
Epaule en dedans. Terme de Manège , A/errre T/-
paule en dedans à un cheval -^ faire lller un cheval
l épaule en dedans. Cette leçon fert à affouplir les
épaules d'un cheval , en le mettant dans une poltute
où il foit obligé, à chaque mouvement , de paffet
les jambes de devant l'une par-deffus l'autre. Pour
cela on mena un cheval au pas le long des mu-
railles ou barrières d'un Manège, en lui plaçant
la tête & les épaules vers le dedans du Manège', Se
lui lailTiint la croupe fur la ligne de la muraille.
Lorfque le cheval marche dans cette attitude , il
décrit deux lignes droites j celle des épaules , S>c
celle des hanches. La ligne des épaules ou des jam-
bes de devant doit être en dedans du Manège à la.
diffance d'environ un pied & demi du mur ; ôc
celle des hanches, c'eft-à-dire , des jambes de
derrière , doit toujours êtte fur la ligne de la mu-,'
raille, roye^ l'Ecole de Cavalerie de M. de la Gué-,
rinicre j p. 1 04.
Epaule, en termes de Guerre, eft la partie du baf-
tion où la face fe joint au flanc ; l^ius propugnaculiy
&c l'angle que forment ces lignes s'appelle angle de:
l'épaule, ou fimplement épaule. On fait aulli des:
épaules au-devant des batteries des afliégeans. On eit
fait avec des facs de laine qui ont 17 pieds de long .
fur /d'épailfeur, & on en met jufqu'à trois rangs.
Epaule, en termes de Marine, fe dit des parties da
bordage du Vailleau qui viennent de l'éperon vers
les haubans du mât de mifaine.
Épaule, fe dit figurément en chofes morales, & fur-
tout du fecours qu'on prête à quelqu'un. Ce Traitant
auroit fuccombé, fl quelqu'un ne lui eût prêté l'épau-
le , ne lui eût aidé : ce fardeau étoit trop lourd pour
fes épaules. Un homme foible , opprimé par un
homme puilTant, n'a qu'à plier les épaules , fouffrir
& fe taire. Vous avez un ridicule orgueil qui fait
haulfer les épaules à tout le monde. Mol. c'eft- à-dire,
qui vous rend infupportable.
Lever , haulfer les épaules eft fouvent un mouvement
& une exprellîon de mépris : quelquefois c'efl un
mouvement de compaffion. Auxfoupirsque je pouf-
fois , la bonne Sœur Convers, tout en continuant
fon chapelet j &: fans parler , levoit quelquefois les.
épaules de cet air qui lignifie qu'on plaint les gens^'
& qu'ils nous font compalllon. Marivaux.
Toutes ces exprelîîons figurées , plier, bailfer les épau-'
les , porter quelqu'un fur les épaules, prêter l'épaule^
ne font que du Ityle familier.
Epaule , fe dit proverbialement en ces phrafes ,■
Quand on parle d'un avare, on dit qu'il eft bien lar-
ge , mais que c'eft par les épaules. On dit d'un pro-
digue,'qu'il jette les épaules de mouton toutes rôties
p.ar les fenêtres. On dit d'un puant , qu'il fent l'é-
paule de mouton. On dit que quand le Diable trai-
te fes amis, il leur donne une épaule de veau. On
dit d'un homme qui elt à charge j qui importune,
qu'on le porte fur fes épaules ; qu'il femble qu'on
l'a toujours fut fes épaules. On dit ironiquement ,
Par-delfus l'épaule , on comme lesSuilfes portent la
hallebatde ; pour dire j qu'il n'y a rien de vrai en
ce qu'on allègue. Pafquier remarque que ce prover-
be vient d'un joueur de flûte, qui s'étant vanté d'a-
voir en fon jeu un as , qui eft la principale carte,
montra, la découvrant, qu'il n'avoit qu'un valet , &:
pour s'excufer , "il dit que un c'étoit as par-dellùs l'é~
paulc. On dit aulfi, poulferle tems zveciépaule , pour
dire , Dilayer, différer fa condamnation ; vivre pe-
titement , en attendant un meilleur temps. Tant y a
que ce grand Prince, tout informé qu'il étoit de la
malvetfation de fes financiers, réfolut de diilimu-
Icr, de les foufîrir encore quelque temps, & d»
E e e e e ij
7-
EFA
poudrer ainfi ic temps , comme Ton die nvtcVepau-
., /cjMascur. ;,
jÉPAULEE. f. f. Effort qu'on fait de l'épaule pour pouf-
fer quelque chofe. On à remué cette poutre par
é'jaul-Jes. On dit, Faire une chofe par épaulées , c'ell-
à-dire, à diverfes repiifes &: wégiigemment , fans
foins d'avancer le travail. P-crlnurvaLlà , nlfu inier-
■rupto ,op_6rrâjnferfupcâ: On.lc dit fur-tout des-"murs
t<. de; fondemens qu'on n'cleve pas pau-touc en me
me temps à même liauceiu.;ni tout de fuite au ni-
, veau ; mais à diverfrs reprifes.
On appelle aufli à la. Boucherie, Epaulée , le quar-
tier de devant du mouton d'où l'on a retranché
l'épaule. .- ■>' ■'■ •"--■'
ÉPAULEMENT. f.; ma-. Terme de fortification.
C'ett une efpèce de rempart tait à la hâte pour fe
couvrir décote, foit qu'on le falfe déterres remuées ,
foit de- gabions j'fafcines j, ou de facs de terre
pour couvrir le canon , ou pour fe mettre à l'a
bri. Alunkio extcniporar.iea. On fait des épaule-
meas aux places d'armes qui.font à la queue de la
tranchée. On leur faifoit quehjue épâulemait à
î'épreuve du canon , s'il n'y en avoir point de na-
'\ turel. Bussi Rabuïin.
Épaulement , fe dir a.uiiidesDrillons carres qu'on fai-
foit autrefois aux baftions fur le flanc, auprès de
l'épaule , pour couvrir la câfemate.:
JÈpaulement, elt pris quelquefois pour demi - baf-
rion compofé d'une face Se d'un flanc j qui fe met
à la pointe d'un ouvrage à corne ou .à couronne.
On le dit aulli d'un. petit flanc qu'on ajoute aux
côtés d'un ouvrage à corne , pour lesvdé&ndre
quand ils font trop longs. ■".;.'■ "'. .
'Épauleme'it, fe dit auiu des redens qu'on fait fur
\ une ligne droite, pour la fortifier.
Épaulement. Terme de Charpenteric. On appelle
ép^u!c:nsnt d'un tenon, une partie & un des côtés
du tenon, qu'on diminue moins que l'autre, afin
que la pièce de bois en ait plus de force.
ÉPAULER, V ad. Démettre , difloquer une épaule
Humerum frangere. On le dir particulièrement du
cheval ,,& quelquefois des autres bètes à quatre
pieds. £'/'iia?c7' un cheval. Il eft âuffi réciproque j ce
cheval s'ëft épaulé.
Epauler, fignifie aulfi à la Guerre, Faire un épaule-
ment, mettre à couvert. Munire , tucri. Epauler des
troupes exp.ifées au canon. On dit aulli , Epauler
fou camp d'une colline-, d'un rideau , d'un bois ,
d un marais •, pour dire , S'en couvrir , enforte
qu'on ne puiffe être attaqué de ce côté-là.
Epaule[<. , iignifie encore Appuyer. Sujccntare. Les
,- efpaliers fonr toujouis épaulés d'un mur. Morin ,
Traicj -des Fleurs.
Épauler, fignifie figurément, Aflifter, fecourir. Ju-
vare , ade{j'e , auxUlari. Cet homme n'a pas fait
une (\ hardie encrepnfe -fans être bien épaule ,
bien; foutenu des Puilï^irices. Il eit bas en ce feus.
Épaule , ée, part. Munkus ^ tutus ,Mdjutus. Cheval
épjulé, Humeris fraclus. ■
On appelle une fille qui s'eftxjeshonorée. Une bête
épaulée , dont on ne fait plus grand cas. Espreiiion
populaire.
ÉPAULETTE. f. f. La partie d'un corps de jupe
qui palle par-deffus l'épaule , & où l'on attache
des manches. Humerale. C'eft aulîl la petite bande
de toile qui e(l fur l'épaule de la chemile. C'ell
encore li ruban que les Religieufes attachent
fur l'épiule, & qui eft attaché au fcapulaite.
ÉPAULIERE. f. f. La partie de l'armure d'un Cavalier
qui couvre & défend l'épaule. Nicot appelle
auffi épaulière, a que les Italiens appellent y^^/-
liera j pour une efpèce de tapilïerie d'une ou de
deux aunes de haut au plus , qu'on tend en Italie
dans les falles & chambres où l'on a coutume de
s'a'Teoir. On l'appelle épaulière^ parce qu'elle ne va
guère que jufquà la haureur des épaules : fon ufagc
eft d'empê.-her que les habits de ceux qui font af-
fis ne fe gâtent contre la muraille. On l'appelle en
Latin pojîergale ; mais ce mot n'elt pas bon La-
E P E
tin. Stragulurn aulli cft trop général. Nicot l'ap-
^tWiJiragulum humerale.
ÉPAUNE. Nom d'une ancienne ville de France ,
qui n'eft connue que par un Concile qui y fut tenu
en 5 17. fous Sigilmond Roide iSourgogne. Â-'oye^.
Epone. , . : .
Quelques Auteurs s'imaginent que ce nom Epa-
«a hit donné à ce lieu parce qu'il étoit. confacré
à la Déefie Epone , & quelle y étoit adorée.
P^oye^ fur ce lieu le P. Labbe, DiJJ.phllol. de Cvnc.
Epaun. Chiftlet , Diffcn. De Lqco.. Ugh. Condl.
Epaun. Chorier , Hijt. de Dauph'iné, J. I.p. 5 Si.
ÉPAUPs.E. f. f. Terme de Charpenteiie. On appelle
épaures _, certaines folives qui fervent à faire la
levée d'un bateau foncet , Hc autres.
EPAUTIER. v. a. Vieux mot. On a dit Epautier les
arbres ; pour dire , En ôter le bois inutile.
E P E.
ÉPE AUTRE, ou É.PEAUTE, f. m. Le premier eft
plus v.ûié. Arinea,:iea. Qn nomme épcautre dans
quelques provinces du Royaume, une efpèce d'or-
ge dont l'épi n'a que deux rangs de femences ,
ce qui l'a fait appeler en Latin hordeum dijlkhum.
Vépeautre eft une plante qui eft fort femblable
au from.ent , mais qui a fon tuyau plus mii-i'ce , plus
ferme de plus courr. Son épi j qui fleurit environ
à la fête de S. Jean-Baptifte , eft applati : il n'eft
point barbu le plus fouvenc j & quelquefois il
l'eft. Ses grains font difpofés feulement de deux
côtés, deçà & delà : ils font joints deux à deux, 8c
enfermés dans leur bafe , d'où l'on ne peut les fé-
parer que difficilement. En Latin , :(ea dkoccos ,
vel-{ea major. Il y a une autre efpèce à'épeautre qui
a le tuyau & l'épi plus petit , & les grains rangés
un à un. En Latin :^<;v2 hr'i-pi dlcla , feu monoloccos
Gcrmanka. M. de Tournefort l'a rangé fous le
genre des orges, & il l'appelle hordeum dijlkhum ,
fpka nk'ida ,Jeu bri^a nuncupatum. Injlk. rei Herb.
515. Vépeautre^ été autrefois fort eftimé en Italie.
Les Anciens en faifoient la fromentéê , qui étoit
une bouillie fort vantée. Les Allemands en font
à préfent du pain qui n'eft pas moins blanc que
celui du froment \ mais il n'eit pas fi nourrilHint, il
eft difficile à digérer, il n'a pas le goût & les
qualités du pain ordinaire. Théophrafte dit que
Xépeautre étant femé fe change en f-roment , non
pas la première année, mais la troi'ieme. Quelques-
u'.is appellent l'épeautre blé loculuar , ou locar.
EPEE. f. I Arme oiT^nfive qu'on porte au côté, qui
perce, pique & coupe, & qui eft en ufage chez pref-
que toutes les nations. £'«/;j j gladïus. Elle eft com-
pofée d'une lame de fer tranchante & pointue ,
avec une garde j une poignée & un pomn-ieau. Les
fujets n'ont point droit de titet Xcpée contre le
Souverain : ils ne peuvent s'en fervir que par
l'ordre de celui qui la porte par l'ordre de Dieu.
Nie. Les Sauvages du Mexique avoient des épées
de bois garnies de pierres qui n'étoient pas moins
dangereufes que les nôtres. En Efpagne il n'y a
des épées que d'une certaine longueur : elles
fonr marquées pour cela- Les Scythes adoroien;
Mars; mais ils n'avoienr point de ftatijs de ce Dieu:
une épée leur en fervoir.
Ce mot vient, félon Nicot, du "Linn fpata , qui
eft un vieux mot Gaulois, que Bochart dérive de
l'Hébreu sbatim , qui l;gnifie un bâton.
Les Maîtres en fait d'armes divifentl'<?/'eV en trois
parties , en haure, moyenne & b.iiîe ; en fort, mi-
iort Se foible. Le fort de Yépée eft la partie la plus
proche de la garde. Le mi-fort gît au milieu Se aux
environs de la lame , & le foible eft le reftequi va
jufqu'à la pointe. Ils divifent de même le corps en
troiS , dont la partie haute comprend la tête, la
gorge Se les épaules ; la moyenne eft la poitrine,
l'eftomac & le ventre fupérieur, & la baiFe eft le
ventre inférieur. Se au-delTouSjjufques vers le mi-
lieu des cuifies.
EPE
(i^ On dirabfolument ïcp/e , pour dire, la pro-
felîioii des gens dV^et'. L'epce par oppoiuion à la
lobi. Cédant arma tog£. Aind l'on dit, pren.Jie l'f-
pce , piendie le para de Vepée. Quiccer la robe pour
ïcpée. .
A la fin j'ai quitté la robe pour l'éfés,
dit le Menteur de Corneille.
On appelle , par mépris, tratneur d'épée, un bret-
teur , un batteur de pavé j qui porte une longue épéc
fans aller à la guerre. MacnArophorus.
On dit, en Ityle familier , il s'elt laifTé dire cela
Vépce au côté j pour dire , qu'il n'a pas voulu con-
telter fur cela , fur telle chofe qui lui a été dite.
Agad. Fr.
On dit aulîî qu'il v.ant mieux être percé d'une
épée bien luil'anre , que d'une ê^oc^'^ rouiUéej pour
dire , que de deux maux il faut choifir le moindre.
On dir, fe battre à Vépée blanche , c'ell-à-dire ,
tout de bon , ïépée nue à la main. Il eft déiendu en
Angleterre de tirer \'ép:e. Il lui adonné du tranchant
A<i\'épée , des coups de plat à'épée, il lui a fait
rendre \'épée. On dit dans un fac de ville , qn'on a
tout palfé au fil de ïépée ; pour dire , qu'on a fait
main-balTe , qu'on a tué tous les habitans. On dit ,
fe faire un palfage X'cpéc à la main. Abl. Lbnitem
agkjerro , fa via vi. Fondre fut l'ennemi Vépée à la
main. Id. Se voir Tc'^'ec à la gorge. Patru. On ditî
indifféremment , mettre Vépce 1 la main , ou mettre
la mainàre;^.-!.' j poardire, tirer l'^y-t'. Quelques-uns
y trouvent de la différence, & prétendent que mettre
ïépée à la main , c'eft la tirer tout-à-fait hors du
fourreau, & que mettre la main à l'e/'^^e , c'eft feu-
lement porter la main fur la poignée , pour être prêt
à la tirer. Evaginare , enjcm Jtrir.^ere j difiringere
gladiuni. E vagina gladium educere.
£pÉe à deux mains , ou EJpadon , efl une large épée
qu'on tient à deux mains , Se qu'on tourne li vite oc
fi adroitement qu'on en demeure toujours couvert.
Il y a des épées carrées , il y en a de plates , de
longues , de courtes. Un Lacédémonicn difoit que
ceux de fon pays povtoient des cpées fort courtes ,
pour en frapper de plus près leurs ennemis. LesFran
çois font terribles dans les combats ïép-je à la main :
rien ne leur rélilfe. C'eft ce que les Italiens appellent
l'armi bianchc , à caufe que les cpécs brillent quand
on s'en fert. Les parties de ïépée font le pommeau ,
ia poignée , la garde , la lame.
Les anciens Chevaliers donnoient des noms à
leurs épées. Joyeufe étoit le nom de celle de Char-
lemagne. Celle de Roland s'appeloit Duranial ;
celle d'Olivier , Hautec'ère; celle d'Ogier , Cowdn-^
celle de Renaut , Flamberge , comme on voit dans
le Roman des Quatre Fils Aymond.
En Allemagne les Princes Eccléhaftiques qui ont
des Fiefs & des Terres de Hau^e- Juftice , accolent à
leuts armoiries \é','éc &: la croî^e j leurs Maréchaux
la portent nue devant eux. Le Connétable , aux en-
trées de nos Rois , portoit Xépée nue devant eux ^ le
Grand Ecuyer la porte en fourreau avec la ceinture
fleurdelifée.
Quand l'Evêque de Wirtsbourg officie folennel-
lement , on met à l'un des côtés de TAutel la crolTe,
& à l'autre Vépée nue. L'on dit Hcrbipolenfis fola
enfejudicat & Jlola. Il eft Duc de Franconie. Nos
Rois en la cérémonie de leur facre vont prendre Xé-
pée fur l'Autel j pour marquer que c'eft de Dieu
qu'ils tiennent leur fouveraineté.
On dit , emporter une chofe à la pointe di Vcpéc \
pour dire, l'emporter après de •grands efforts.
i>;';E , fe dit aufli pour la perfonne qui la porte \ &!
c'eft eti ce fens qu'on dit d'un homme brave &
adroit , que c'eft une bonne épée , que c'eft une rude
épée. Il n'y a point à^ meilleure épée que lui. j
On dit d'un homme en qui la vivacité d'espritl
nuit à fa fanté , que Xépée ufe le fourreau ; & d'un
foldcit qui a vendu fon épce pour avoir de quoi]
EPE y-j^
boire &: manger ^ on dit qu'il s'eft palfc îoiiépée au
travers du corps.
Au Manège on appelle la main àtXépéeoaàz la*
lance, la main droite. On zççeYiQ zviffi épé-e iiomai-
«e J une marqué ou fuite en forme d'épi qui vienn
à fcncclure du cheval vers la crinière , qui eff faite
de poils relevés & tèdreifcs , repréfentant une lam<s'-
àiCpée. '■,,■■ •■■.-,-
Plais de l'c^Ve^ J/écoit autrefois la Haufé-Jiiftice,
qui a droit de rt^)»c;à,oa de contraindre -pair armes
à l'exécution de la Juftice. Philippe, Comte de Boix-
logne , dans une chartre de l'an 1115. Habebimus
magnam jujUtiam j (ju« vocatur Placitum enfis. Le
Roi Philippe le Bel accorda, en 1196, à l'Évêque
d'Evreux toute Hautc-Juftice appelée, dit-il, en
Normandie, Plais dsXepéc. Dans un Regiftre du
Parlement de l'an ix^çf. le Plais de Vépée eft appelle
Haute-Juftice : cette exprelllon a été fort uhtce en
Normandie, & elle y eft encore en ufage en certains
endroits.
Épéh , eft aulTi un terme de Cordier ; & c'eft un mor-
ceau de buis en forme de coutelas , large d'envi-
ron trois doigts , & long d'un bon pied , dont onfe
fert pour battre la fangle.
hpée , en termes de l'hdolophie hermétique, fe die
du feu, qu'on appelle épée des Philofophes. On ap-
pelle aulli la pierre au blanc parfait , épée des Phi-
lofophes.
Épée , fe dit proverbialement en plufieurs phrafes. On
dit qu'un homme eft vaillant comme fon épée y
comme l'e/'S" qu'il portejpourdire,qu'il eft fort brave.
On dit pareillement J à vaillant homme courte épée.
Il fe fait tout blanc de fon épce j pour dire , il fe fie
en fa force , en fon crédit , pour venir à bout de
quelque chofe. On dit d'un homme toujours prêt à
fe battre , que fon épée ne tient point dans fon four-
reau. On dit qu'on fe bat de Vepée qui eft chez le
Fourbiifeur , quand on contefte fur une chofe c[ui
n'eft pas en notre puilîance.On dit qu'un homme n'a
que la cappe & Xépée \ pour dire , qu'il eft fort
gueux. On le dit aulli des chofes qui font minces &:
légères. On dit que des gens en font aux ty ées & aux
couteaux , pour dire , qu'ils ont rompu enfemble y
qu'ils font prêts à fe battre. On dit encore de celui
qui a un ami brave ,que c'eft fon épée de chevet. On
ledit aufti des chofes donton fefert continuellement.
On dit de celui qui ne s'eft p^oint déshabillé la nuit ,
qu'il a couché comme Xépée du Roi , dans fon four-
reau. On dit aulli de celui qui n'a jamais tiré Vépée ,
qui ne s'eft jamais battu , que fon épée eft pucelle ,
ou qu'il n'a vit à'épée nue que chez le Fourbilfeur.
On dit d'une viande fort dure , que c'eft Durandal
Xépée de Roland. On dit d'un homme qui demande
les chofes avec empreirement , qu'il pourfuit Vépée.
dans les reins : & de celui qui fait les plus grands
efforts pour les obtenir , qu'il les veut avoir à la
pointe lie Vépée • & de celui qui ne peut obrenir c©
qu'il prérend , que fon épée eft trop courte. On di:
auîli , mettre quelque chofe du côté de Vépée , pour
dire, s'en failir, fe l'approprier. On dit, mourir
d'une belle épée \ pOTir dire , fuccomber fous un en-
nemi auquel il eft glorieux de céder : Se figurément,
recevoir du dommage par une chofe qui eft belle ,
agréable , & qui fait plailir. On dit aulli j qu'un
homme joue de rcjptV à deux talons _, quand il s'en-
fuit. On dit , d'i'n homme qui ne rcullit pas , qui
manque fon coup, que c'eft un coup à^épée dans I'cmu.
On peint Saint Michel &: Elle avec une f/'/f flam-
boyante. On donne aux Chevaliers l'accolée avec
Xépée dont on les frappe fur l'épaule. On montre a
Saint Denisj ou du moins on montroic il n y a pas
encore long-temps , Vépée de la Pucelie d 'Orlc.ans.
On fe battoir autrefois à Xérée & au poignard.
S. Jacques DE l'éphe. ^o)é'r Jâcoues.
Epée, s'entend encore quelquefois d'une efpcce de
règle de bois très-plare , longue d'environ trois
pieds , & large de deux pouces & denr , dont on
fe fert chez les Marchands Drapiers & Merciers ,
pour replier plus facilement & plus proprement l«s
774 ,EP,E
ctofes qui ont été dépliées , pour faire voir aax
chalands.
Épée d'Etat. Ceft vineépee qui fe porte devant le
Roi d'Angleterre dans les cérémonies.
Épée. Poillon. Foyei ESPADON : c'eft la même
chofe.
É^'ÉE. Ordre de Chîvalerie du Royaume de Chypre ,
qui fut établi par Gui de Lulignan j après qu'il eut
acheté l'Ule qui porte ce nom , de Richard I- Roi
d'Angleterre , ce qui arriva lur la tin du douzième
iiècle. Le collier de cet Ordre étoitcompofé de cor-
dions ronds de foie blanche , c^ liés en lacs d'amour
«entrelacés de lettres S, fermées d'or. LFne ovale où
étoit une epée , peiidoit au bout du collier , &: cette
épe'e avoir la lame émaïUée d'argent , la garde croi-
fettée & fleurdelifée d'or , avec ces mots pour de-
vife jjecurims re^ni. Le Roi Gui de Lulignan donna
cet ®idre à fon ftère Amauri, Hc à trois cens Barons
qu'il établit. La première cérémonie s'en fit l'an
1195 dans l'Eglife Cathédrale de Sainte Sophie de
Nicofie le jour de l'Afcenlion.
L'Ordre DES DEUX Epées DE Jesus-Christ. Ou les!
Chevaliers du Chrift des deux npées j car Juftiniani
nomme cet Ordre de ces deux manières. C'eft un
Ordre militaire en Livonie& en Pologne. Cet Au
teur rapporte que Berrhold , fécond Evcque de Riga,
vers l'an 1195 j pour avancer la propagation du
Chriftianifme dans la Livonie , perfuada à. quelques
Gentilshommes qui revenoient des Croifades , de
palTer en Livonie j mais qu'étant mort, il ne put
exécuter ce projet: qu'AIbett, Chanoine de Brème,
ion fuccelfeur , ie lit l'an 1103 ou 12.04, que ces
Gentilshommes formèrent une compagnie , qui fut
•érigée en Ordre militaire ^ que les hilloriens mar-
quent Vinnus pour premier Grand-Maître de cet
Ordre en iioj , qu'ils s'appelèrent Chevaliers de
J. C. des deux épees j parce qu'ils portoient dans
leurs bannières deuxe^e't'-îpalfées en fautoir ; qu'ils
s'opposèrent aux entreprifes des Idolâtres contre les
Chrétiens , & les arrêtèrent. I^oyei le Chapitre
35. de fon Hiftoire des Ordres de Chevalerie , T. IL
■ p. 5 65. Il cite , p. 570 les Auteurs qui ont écrit de
cet Ordre-,
Ordre des Epées en Suéde , autrement Ordre des Sé-
raphins. Voye:^ Séraphin.
JÈPEICHE. f f. Nom d'un oifeau qu'on appelle aufli
Cul rouge , ou Pic rouge. Pkus ruber major. C'eft
uneefpècede Piverr, bu Pic- vert. Je croirois volon-
tiers que ce mot auroit été hait c\s Jpic.ire , qui li-
gnifie piquer \ Se que àQjpicare on aura dit avis fp'i-
ca , pour dire , avis quis, pungit ; & que de Jpica
nous aurons fait épcichc 3 à caule que cet oifeau
pique fanscelTe les arbres... Les Payfans d'Anjou di-
fent épcicre. Dicl. Etyni. de Minage.
On prononce , & on devroic même écrire Epé-
que , ou Épec , comme l'a mis Adrien Junius , p.
15 de fon Nomenclator , au mot Picus. On le nom-
me Cul rouge , parce que les plumes de delfus &
de delfous fa queue, & celles qui font entre fes
jambes , font rouges. Sa langue n'eft pas fi longue
quecell; des autres pics ^ mals'felle eft ronde , four-
chue , rouge , pointue par le bout j & dure à l'ex-
trcmicé. Son pannageeft divcrfifié de plufieurscou-
leurs , donc trois (ont plus remarquables que les
autres : il a le delfous de la gorge tout blanc \ le def-
fus de fon cou eft noir, & entremêlé de blanc : ces
deux couleurs font difpofées comme des lignes ,fa-
voir , une noire entre deux blanches , & une blan-
che entre deux noires. Les plumes de delFus fa tête ,
& celles qu'il a aux deux côtés des tempes, font rou-
ges , mêlées de cendré. Le deffus du dos eft brun ,
ayant une rache blanche large à chaque côté fur les
ailes , qui font toutes mouchetées de blanc & de
noir , le delfous couvert de plumes roulTes. Sa queue
n'a que dix plumes , non plus que celle du Pic vert
jaune. Elle paroîtroit toute noire par-delfous, s'il
n'y avoir deux plumes à chaque c">té qui tirent fur
le blanc , & onr des taches noires. Elles font noires
à la racirue , roides Se dures par le bout. VEpeiche
EP E
s'en fert pour s'appuyer. Toutes fes façons de faire
font femblables aux autres elpèces de Pics. On du
que VEpeiche m:inge les œuh du Pic jaune. Ces 01-
feaux peuvent changer de couleur fuivant les difié-
rences dis pays j mais il taut oblcrver que tous gé-
néralement ont le delfous de la queue rouge, & les
ailes madrées &c tachées de blanc. Aldrovand dic
que cet oifeau a les plumes du lommet de la tète
d'un rouge ardent , Î5c très-éclatant , ce qui ne fe
voit point à la temelle quoiqu'elle loic en tout fem •
biable au mâle. Belon , qui a décrit cet oifeau le plus
exaétement , ne parle point de cela , ce qui iai:
croire qu'il n'a déctit que la femelle.
ÉPELER. V. a. Nommer fes lettres l'une après l'autre
pour en compofer des fyllabes. C'eft le fécond pas
dans l'art de la leéture. Le troilième eft d'alfem-
bler les fyllabes ôc de lire. Appellare licceras. U n»
fe dit que des enfans, ou de ceux qui appren-
nent à lire. C'eft pourquoi , dans les règles de l'éty-
niologie , il faudroit dire j appeler: aulli l'Auteur
de Marc de parler s'en eft fervi. Il ne faifoit qpCappe-
/drles lettres fans pouvoir lier leurs fons. Epelercd
le plus ulité. MÉN.Il commence à épelcr. Lpelerua
mot.
Ce mot eft corrompu du Latin appellare litzc-
ras. Bochart le dérive de l'Allemand ^^e/ , ou dia
Flamand fpellen , fignifiant la même chofe. Les La-
tins ont dn/yllabi^are dans la balfe Latinité.
$Zr EpelÉ , ÉE. part.
EPENTHÈSE. f. f. Terme de Grammaire. Interpofi-
tion J lorfqu'on infère une lettre , ou une fyllabe ,
au milieu d'un mot, comme Kelligio , pour iîe/i-
gio , alittuim , pour alitum. Xm^ii-iç elt Grec. Il vient
de '?!•' , ê» , & T('3-x/:( , iTriirlS-nfii , injero , immitto.
ÉPERDU , UE. adj. Qui a l'efprit troublé, ou égaré
par quelque violente pallion , ou furprife. Perdicusy
perculfus , exanimacus j Jlupejaclus. Ce jeune hom-
me eft éperdu d'amour. Cette femme a couru dans
la rue toute éperdue , fâchant qu'on allailinoit foa
mari. Il les étonna tellement par la fermeté de fou
courage , qu'Us prirent la fuite tout éperdus. Vaug.
Tous ces gens i éperdus aufeul nom de Satyre ,
Font d'abord U procès à quiconque ofe rire.
BoiL.
Ce mor vient duLatin/Jcr^Z/rw.
ÉPERDLIMENT. adv. D'une manière éperdue. Pef'
dkè. Ces deux perfonnes s'aiment épsrdumenc. Il
étoit épcrdumenc amoureux. Oa le dit des deiirs vio-
lens , particulièrement de l'amour.
ÉPÉR.IES. Éperii. Ville de la haute Hongrie , (\-
tuée dans le Comté de Saros , ou Scharos , à
une petite lieue de la ville de ce nom , & à fepc ds
CalTovie. Epéries eft fur la rivière de Tarifa & très-
bien fortifiée. Mat y. A deux mille à' Epéries il y a
une mine de fel qui a cent quatre-vingts bralfes de
profondeur. Corn. Les mcconcens prirent Epéries
en i^Si. En 1684 ils faifoient travailler à la forti-
fier : le Général Schultz les défit, mais il forma inu-
tilement le iiége A' Epéries au mois de Novembre
de la même année. Il l'alfiégca une féconde fois
l'année fuivante , &c la prit par compofîtion le
Il Septembre. Longitude 38. deg. 36'. Latitude
48. d. 50'.
EPERLAN. f. m. Eperlanus j viola marina. Petit poif-
fon. Il y en a de deux fortes : l'un de mer & l'au-
tre de rivière. Uéperlan de rivière fe pêche à la fin
de l'été , & au commencement de l'automne. On
le prend à l'embouchure des rivières qui tombent
dans l'Océan. Ce poiiron a le corps menu & long ,
avec une grande bouche. Il eft long comme le doigr ,
& gros comme le pouce : il vit de mouches j de
moucherons & d'infeéles: il relfemble beaucoup au
goujon par fr figure & par fes qualités. Sa chair eft
tranfparente & fent la violette. Il eft forr bon à
mander. Uéperlan de mer eft un poilfon blanc, fein-
blablc aux petits merlans , & de la grandeur d'un
pied ou environ, Quelques-uns prétendent qu'il eft
k
E P E
grand pour l'ordinaire comme un moyen hareng.
Denis.
Nicot dérive ce mot de eperlanus , à caiife de fa
blancheur , qui imite celle de la pcile.
ÉPERNAY. Ville de France, en Champagne, dans le
Rhemois. AJ'preniiacum j Spernacum. Il y a à tper-
riay une célèbre Abbaye de l'Ordre de S, Augulhn.
Epcrnay ell: ficué fur la Marne entre Châlons &
Château -Thierry, à quatre ou cinq lieues de Rhemis.
Quand on creule la terre dans cette ville , on y
trouve des vertiges d'antiquité qui tout voir qu'elle
eft plus ancienne qu'on ne croit communément \
c'eft-à-dire, que le Vie i\hz\z. Foye\ les Sainre-
Marthe.
S. Martin d'Épernay. Voye-{ MARTIN.
£PERNON. Bourg ou petite Ville de France avec
titre de Duché- Sparno , Sparnonum , Efperlio,
Foyei Adrien de Valois, Not. Gai. p. jjo. Epernon
eft dans la Beauce j fur la petite rivière de Gucile ,
environ à deux lieues de Chartres & de Nogenr-le-
Roi , du côté de l'Orient. Louis XîV. a rendu
à Epernon le titre de Duché en laveur de M. le Duc
d'An tin.
§3" Il y a dans le bourg de S. Thomas , qui n'eft
féparé de la petite ville à'Epernon que par les mu-
railles & une petite rivière , un Prieuré alfez con-
lidérahle , dépendant de Marmouticr , aujourd'hui
à la nomination du Roi. On l'appelle Prieuré de
S. Thomas-lez-Epernon.
ÉPERON, f. m. Quelques-uns difent Epron j &: pré-
tendent que c'elt ainli qu'il laut parler dans la con-
verfation. Rich. C'eft une pièce de fer dont eft armé
le talon d'un Cavalier qui veut monter à cheval.
Calcar. Il eft compofé de deux branches qui em-
bralfent le talon du Cavalier , & d'une pointe ,
rofe , ou molette f^aite en forme d'étoile , qui avance
par derrière pour piquer le cheval. Il eft attache à la
botte par deux pièces de cuir qu'on appelle le delfus
&C le deiîbus de Xéperon. Il faut donner un coup
^'éperon jufques-li \ pour dire , y aller en diligence.
En 8 16. fous Louis le Débonnaire , une alfemblé;
des Seigneurs & des Evèques défendit aux Evèques
& aux Eccléfiaftiques la mode protane de porter
des éperons , qui étoit alors celle des gens de la
Cour. P. Dan. HiJÎ: Franc. T. I. p. /ôS. Autrefois
la différence entre le Chevalier & l'Ecuyer , étoit
que le Chevalier porroit les éperons dorés , & l'E
cuyer les pori:oit blancs. Du Tillet. Calcaria ar-
gent a ta.
Ce mot vient defph£rula, félon Nicot, à caufe de
fa relT^mblance avec la moLtte. Ménage le dérive
de l'Italien fperone , qui a été fait de l'Allemand
fporen , oufporn. Les Anglois difent à Spur-^ & en
balfe Latinité on a dkfporones &C J'perones.Voyex les
Acla SS. Junii , T. IF. p. 12^. ou l'Eloge hiftori-
quedeS. Rodolphe, Archevêque de Bourges, fait
par Dom Mabillon.
On dit au Manège , qu'un cheval n'a ni bouche
ni éperon , pour dire, qu'il n'y eft pas tort fenlible ,
& qu'il a la bouche forte : &c au contraire j qu'il a
l'éperon délicat & lin , quand il le fent bien. On du
qu'il fuit Yeperon , pour dire , qu'il y obéit 5 (?C
qu'il connoît Vcperon , qu'il s'attache à Yeperon _,
qu'il fe manie aifément avec l'éperon. C'étoit une
^des cérémonies , en faifant les Chevaliers j de leur
chaulfer les éperons. Quand on rend la foi Se hom-
mage, il faut quitter les éperons.
JÈfERON en Architecture. On appelle éperons , 1°. Les
avant-corps terminés en pointe qu'on met au-devant
des piles d'un pont pour rompre l'eau ; 1°. Les
piliers ^ arc-bourans , ou contre-murs dont on ap-
puie une terraflTe , & généralemenr tout ouvrage de
maçonnerie terminé en pointe , fait en-dehors d'un
bâtiment ou d'une muraille pour les foutenir. C'eft
ce que Vitruve appelle anteris & crifma.
Eperon , parmi les Botaniftes . fe prend pour la pointe
qui eft derrière certaines fleurs. Apex j cacumen.
Une fleur épeionnée , eft celle qui a des éperons, La
77s
E P E
fleur de la linaire eft éperonnée, ou terminée pax
derrière en éperon _, en pointe.
§3" On appelle encore éperons , en Botanique ,
des branches qui font courtes , droites , regardant
1 horifon,& qui lont pl.rcées en forme à! éperon. Les
, ambrettes font lujcttes à porter des éperons.
Eperon , fe du autli d'une eipèce d'ergor qui vient
en pointe aux jambes des coqs Se des chiens. Les
coqs l'ont au derrière de la jambe , vers le bas , S>C
les chiens au derrière des jambes de devant. Calcar.
Eperon , en termes de Guerre , le du d'une fortifica-
tion en angle faïUant , qui fe fait au milieu des
courtines J ou au-devant des portes, ou fur le
bord des rivières , pour empêcher qu'on n'entre
dans la place par - l.i. Rojlrum , rojlratum munï~
mcnium.
Eperon. Terme de Marine. Se dit aulli de la proue ,
(!k de la pointe des vaiffeaux tk galères, qui fait une
grande faillie , & avance en mer. On l'appelle auflî
cap J avantage & poulaïne. C'eft ce que les Latins
appeloient ry/?r;/m , ou calcar galets..
Éperon , eft aufti une matquc de vieillelfe. Ce font
certaines rides qu'on voit au coin de l'œil, & qui
reprélentent une molette d'd^tvow.
On dit figurémenr , qu'un homme a befoin
à' éperon, qu'il lui faut donner de l'éperon y pour
dire , qu'il le faut prelfer , l'exciter. Et qu'il a plus
befoin de bride que à' éperon , pour dire j qu'il a
plus befoin d'être retenu que d'être excité- Ac. Fr.
On dit proverbialement , Chaufler les éperons
à quelqu'un , pour dire j le mettre en fuite , & le
pourliiivre : la Journée des Eperons. On donna ce
nom à une bataille donnée au mois d'Août 15 13.
près de Guincgafte, fous Louis XII. Les François
prirent tout-diin coup l'épouvante , & ne fe fervi-
rent que de leurs éperons pour fe fauver. Il y en a
eu une autre fous le règne de Philippe le-Bel j Tan
1314 , à Courtrai. La déroute fur générale. On y
perdit 1100 Chevaliers, & la quantité A'éperons
dorés que remportèrent les Flamands , fit donner
à CL-tte journée le nom de la Journée des Eperons.
Couper , ou trancher les éperons , étoit autrefois
une des cérémonies de la dégradation desChevaliers,
ou des Ecuyers y à qui on tranchoir les éperons fut
un fumier. Foye^ Du Cange fur les Etabliftemens
de S. Louis , pag. iS(J.
On dit auflld'un homme ftupide & lentj qu'il n'a
ni bouche , ni éperon j qu'il n'eft bon à rien. Cette
métaphore eft prife du cheval. On dit d'un homme
ambitieux, jaloux de la gloire, qu'il a plus befoin
de bride que à'éperon. Boileau le dit aufti de l'ef-
pnt : Notre efprir allez fouvent n'a pas moins be-
foin de bride que à' éperon. Ifocrate , au rapporr de
Cicéron , difoit de deux de fes difciples , Ephore
& Théopompe j qu'il fe fervoit de bride pour l'un ,
& A'éperons pour l'autre.
Ordre de l Eperon j ou de |'Eperon d'or. Ordre
de Chevalerie , donr l'Abbé Juftiniani parle , T. II.
C. XXXV. p. S)l '■> ™^'s dont il ne rapporte rien
de certain. Quelques Auteurs prétendent qu'ils fu-
reur inftitués par Conftantin pour être la g.irde , &C
qu'ils prirenr leur nom d'une de leurs principales
fonctions , qui étoit de chauifer les éperons à l'Em-
pereur ; qu'ils portoient au cou une croix fembla-
ble à celle de Malte, de laquelle pendoit un petit
éperon d'or ; mais tout cela fe dit fans fondement.
Il ajoute, après Menenio, Michieli &: d'autres,
que Pie IV' réforma cette milice , & leur donna le
nom de PU Participanti. Foy. Participant. D'au-
tres difent que c'eft un Ordre de Chevalerie inftitué
à Rome par le Pape Pie IVe , en 1 560. Les Cheva-
liers s'appeloient Pies , PU j du nom de ce Pon-
tife. Foy e^PiE. Les Chevaliers de l'iT^ercJ/z portent
une Croix riftue de filets d'or.
Ordre de I'Eperon. Il y a eu à Naples un Ordre
de l'Eperon inftitué par Charles d'Anjou, Roi de
Naples & de Sicile. Ce Prince ayant été couronné 1
Rome en 1 166. & ayant gagné la batailla fur Main-
froy, Se en conféquence de certe vidoire , tout le
77^^ E P E
Royaume s'étant fournis à Charles , pour récom-
penfer la NûblelFe qui l'avoit fuivi , inftitua cet
Ordre. LeP. Hélyoc, dans fon Ville Tom. C. 6j.
décrit la manière dont ces Chevaliers étoienc re-
çus. On ne fait point quelle étoit la marque de cet
Ordre.
ÉPERONNER. v. a. Mettre des éperons. Induere ,
calcaria addere. Ce verbe n'eft plus ufué en ce fens.
Il n'y a que fon participe qui le foie II ell botré &c
eperonm ; c e(t-à-dire , il y a des éperons aux bottes
qu'il vient de mettre.
ÉperonneRj fe dit balTement , pour Donner de
l'éperon. Calcaria adhibere , admovere. Eperonner
VM cheval. Ces Nobles eperonnen pour être des pre-
miers. Sar.
fC? Eperonné j ée. adj. Qui a des éperons aux talons.
inflruàus cakaribus. 11 elt botté & épcronnél,ioiK prêt
à monter .r cheval.
Des yeux eperonnés j ce font des yeux qui ont à
l'angle extérieur, ou au petit angle, pluiisurs ri-
des , qui partent de cet angle comme d'un centre ,
& repréfentent quelque chofe de femblable .à une
partie de la molette d'un éperon. B.u^ofi ocul'i. Les
vieilles gens ont toujours les yeux eperonnés. Les
Tartares de Crimée ont le vifage large & piac, de
petits yeux eperonnés. Mem. de Tr. Il fe dit auili
des coqs & des chiens qui ont un ergot. Un coq
eperonné. On dit que les chiens eperonnés ne font
pas fujets à la rage Ac. Fr. Voy e^ Eperon.
Ce mot étoit en ulage dans le XV^ liècle. Antoine
de la Salle , Secrétaire de Jean d'Anjou j Duc de
Calabre & de Lorraine, s'en fert quand il dit , Il
fut jadis un Seigneur touthouffé & eperonné i toute
fa gent va en une Abbaye.
ÉPERONNIER. f. m. Arcifan qui forge & qui vend
des éperons 6c des mors de bride , &c. Calcarium
artljex j opijex -, propola.
On appelle aulli , en Anatomie j éperonnier j ou
plutôt péronier j quelques mufcles de pied. Foye\
PÉRONIER.
ÉPERVIER. f. m. Oifeau de Fauconnerie, de grolTeur
médiocre, à peu-près comme un pigeon, mais très-
fort & très - courageux. FrmgULarius. Acdpiter
Jrinp'dlarius. L'Epervier s'appelle fringillarius j à
caule qu'il aime extrêmement les pinçons. \]n bon
épervier a la tête ronde , le bec gros , les yeux ca
ves , avec un cercle entre vert & blanc autour de la
prunelle de l'œil , le fourcil blanc , le cou Ion
guet , les épaules bollues. Il doit être affilé vers la
queueavecdes pennes pointues commele boutd'une
épée,quifoient de travers, grolfes & vermeilles jou
rouffes. Il eftbon aulli , quand il a la couverte noire,
& la maille ou tache noire & blanche , quand il a
les pieds déliés , les ongles noirs & petits , quand il
n'eft pas trop haut affis , & fur-tout quand il eft
familleux. On lui fait voler les faifans , les perdrix,
les cailles, & en quelques lieux , le merle , l'étour-
neau , la grive , la pie & le geai. Les meilleurs
viennent de l'Efclavonie.
L'Epervier diffère de l'Autour , en ce qu'il eft
plus petit , moins fort & plus délicat. Il y en a de
deux fortes ; les uns font appelés niais , à caufe qu'ils
font pris dans le nid, ou qu'ils en font nouvelle-
ment fortis. Ceux-là font faciles à former , de
même que les branches , qui ne font pas encore
mués , i?c qui n'ont point fait d'aire , ni nourri
de petits. Les autres font nommés Ramages , qui
font mués de bois.
Le temps de la mue des éperviers efl. à la fin de
Février, ou au commencement de Mats: on les
mec dans des chambres en liberté en leur particu-
lier ; il faut qu'il y ait des cages , l'une au levant,
l'autre au couchant , avec un banc haut élevé , ou
chofes femblables , à laquelle il y ait des attaches
de cuir pour y attacher leur viande \ qu'il y ait aulli
plufieurs perches, de l'eau fraiche dans un badin de
terre plombé de vert,& du fable en bas. Leur meilleure
nourriture eft le mouton ck les oifeaux , principa-
lement la poule J mais il en faut cacher la tête. Si
EPE
on leur donne du vieux pigeon , il faut qu'il ait la
tête arrachée , qu'il air bien laigné , Ôc qu'il {q^^
bien habillé. Il faut leur donner à manger deux fois
le jour , (k. une fou feulement lotlqu'onles voudra
faire voler le lendemain j car Vépervier doit être
atîamé , afin qu'il fuive & prenne mieux fa pioie.
Il cjuitte facilement ion maître, s'il ne lui a la
mam douce , & s'il contredit , parce qu'il eft dé-
daigneux j & quelquefois lorfqu'il n'a pu prendre
l'oifeauj il vole J de colère de l'avoir manqué, il
s'en va , & fe perche fur un arbre , fans vouloir
revenir.
On dit Ç\\\q\. V épervier , aiTurer l'e^cmer j faire
Vépervier ^ faire voler Xépervicr. Le plus beau vol <Sc
le plus agréable , c'eil la volerie des eperviers aux
allouettes. Qui fait faire un épervier , fait duire ua
autour.
Quelques-uns eftiment <\wq ï épervier , pour être
bon , doit être choifi grand & large deflus &:
délions , bien élevé de mahutes , & qu'elles foient
bien déliées , le vol long , la queue grolfe & courte ,
de grolfes mailles barres & courtes , les pieds grands
& les doigts déliés , court enjoinré , le pennage
à grolTes mailles par le devant j faites en cœur,
tirant fur le roux , bordées de feu fur les mailles de
derrière , & des gros yeux à fleur de tête.
Eufébe dit , L.III. C. i z. que l'£pervier étoit dédié
au foleil. Les Egyptiens 1 honoroient avec Ibis :
enforte qu'il y avoir une ville appelée l'efÛKm jriAij ,
c'eft-à-dire , la ville des Eperviers , où cet oifeau
d'Apollon étoit révéré dans un Temple qui lui
étoit dédié. Aulli VEpervier étoit-il qualifié , le
prompc &C fidèle Mellager d'Apollon , comme l'ai-
gle l'étoit de Jupiter : témoin Arillophane dans fa
Comédie des oileaux, & Origènc , dans fon IV "^
Livre , courre Celfus , après Homère , L. XV. de
fon OdylTée. Apollon s'en fervoit pour les préfa-
ges (5^: pour les avertilTemens de ce qui étoit à faire ,
ou à éviter. Tristan, T. II.p. 6^^.
Il y a vers les Antilles des eperviers marins, qui ,
lorfqu ils font trop éloignés du rivage , palTenc la
nuit fur le dos des tortues , qui dormenr dans la
mer , s'y épluchent , s'y divertiffenc , & y font
toutes les adions naturelles , y en ayant de fi gran-
des , qu'elles ont bien trois pieds de large. Mais
ces oiieaux , qu'on nomme éperviers marins, ne
font pas proprement des éperviers \ ils font à -peu-
près de la figure de nos goilands : ils ont le bec
fort long , pointu, un peu crochu & dentelé. Ils onc
les pieds fort courts , & des pares d'oie. Ils font en-
viron de la grolfeur d'un chapon ; leur plumage eft
fauve , ranné. On les appelle des fous, parce qu'ils
fe lallfent prendre aifément pendant la nuit. Le Père
Plumier appelle cette efpèce d'oifeau Fiber marinas
rojiro fert ato iongiori j à caufe que fa forme appro-
che afTez de celle du bièvre , ou Fiber & cajior
Bellonii. P^oye:^ Aldrovand. Ornith. l. 15. chap. (Sz.
p. 284.
Ce mot vient àefparvarius, qui fe trouve dans la
Loi Salique , & de l'Allemand //Jtznver, owfperber.
MÉN. Il vient plutôt dey/i^A/è// , vieux mot Celti-
que ou Bas Sreton , fignifiant épervier. Quelques
Auteurs , & entr'autres , M. de Sainte - Marthe ,
l'appellent /ri/wV/a/wj- , parce qu'ils mangent des
friquets , ab eju fringillarum.
On appelle un épervier ramage , celui qui a vo4é
par les forêts , & qui a été à foi. Un épervier royal ,
qui a été pris au nid, nourri & façonné pour gi-
boyer à plaihr.
On ditj proverbialement. Mariage êî épervier,
où la femelle vaut mieux que le mâle.
ÎPERViER J eft aulÏÏ un filet de pêcheur. C'eft un
grand fie dont la forme eft conique , rerenu par une
corde attachée au bout du cône. Quand on le jeté
à l'eau il fe développe & s'étend ; les plombs donc
le bord inférieur eft garni, le font defrendre en
forme de voûte , fous laquelle le poilfon fe trouve
pris. On retire le filet par le moyen de la corde donc
nous avons parlé i les bords garnis de plomb fe
réunillènj
EPH
, réunilTl'nCj & empêchent le poillôn de s'cch.ipper.
Epervier. Terme de Chirurgie. Sorce de b.ind.i'^e donc
on fe ferc pour les plaies & les fraiftures du nez. Ac-
cipicer , tns. Il ell ain(i appelé , parce qu'il imite par
les circonvolutions de {ss bandes, Iss cours que
font les attaches du bonnet de l'épervier , oifeau de
chafFe.
ÉPERVIN , ou éparvin. f. m. Tumor uiccrcfus equi-
n& fuQrao'inis. (.It^iiQ maladie vient au bas du jar-
ret , lequel ell embarrafTé de matières cralFes &: vif-
queul'es , qui s'arrêccnt à l'endroic où fe fait le mou-
vement, /-'oje^ encore Eparvin.
EPETER. Terme de Coutume. C^eft empiéter fur le
grand chemin avec la charrue , en la faifant tour-
ner au bouc du liUon. i'"iam puhlkam aratro aum-
gerc , profcinderc,
El-'EUS. f m. Fils d'Endymion & d'Hypéripné, ayanc
remporté le prix de la courfe fur les deux frères j
régna , après la mort de Ion père , fur les Eléens ,
qui furent appelés de fon nom Ephccns,
EPH.
EPHA. f. m. Epha. C'étoit une mefure ordinaire des
Hébreux. On s'en fervoit pour mefurer les chofes
ieches j c'eft pourquoi 1 Ecriture parle fi fouvent
épha de jarinc. Cettemefure étoit laplus commune
chez les anciens Juih , & fervoitde règlepourcon-
noitre les autres. C'ell pourquoi, lorique Dieu or-
donne aux Marchands d'avoir des mefures julles ,
& de ne point frauder dans le commerce , il fe con-
cente de commander qu'on ait wwcpha entier is' jujle.
On croit ordinairement que cecce mefure, réduite
à celle des Romains , concenoit quatre boilfeaux Ik
demi. Chaque boilleau des Romains pefoit vingt-
livres ; ainh Xéphd pefoic ouacre-vingcdix livres
de blé ou de farine. L hofpi talicé de Gédéon eft louée,
parce qu'il fie cuire un épha de farine pour un Ange
îeul. Cela auroir pu fuffire à la nourriture de qua-
rante cinq hommes pendant l'efpace d'un jour en-
tier, car la portion de chaque ouvrier n'éioic que
de deux livres de pain par jour.
ÉPHA. Nom Hébreu , qui diffère du précédent , s'é-
crivanc par un ]} , ain ^ aulieu que celui-là s'écrit
par un K , aleph , d'où vientque quelques-uns écri-
vent le précédent par un e (implemenc, comme
nous faifons;& d'autres par un h&c\xne,Hepha. C'eft
un nom propre d'homme & de lieu j car, i". c'ell le
nom d'un des petits fils d'Abraham & de Cetura ,
6: fils .liné de Madian. Gen. XXV. 4. i. Parai. I. 55.
2°. Et parce que les pays prenoient le nom de ceux
qui les habuoientj celui que les habitans A' Epha
occupèrent s'appela Epha, Quelques Auteurs difent
que c'étoit feulement une ville , mais il y faut join-
dre fon territoire. Cette ville & fon territoire étoient
de la terre de Madian , & fitués furie bord orien-
tal de la mer morte , oudu lac Afphaltite. Il y avoit
beaucoup de chameaux & de dromadaires dans
VEphd , iSc dans tous le pays des Madianites , comme
il paroît par le Livre des Juges 'VI. 5. & par If. LX.
6. Vous ferez inondée par une foule de chameaux ,
par les dromadaires de Madian & à'Epha. Sacy.
Les Arabes appellent encore cette ville Gaipha ,
d'où les Grecs avoient fait r«i'^» , qui fe trouve
dans les Sepcance , & par corruption rai<p«p, f^o-
yei Bocharc j Hiero^ , P. /. L. II. C j. Cet Au-
teur croit que parce que VEpha , ou Hipha , étoit
pleine de chameaux, c'eft de ce mot que les Grecs
avoient fait le i-arwo; , hippos , qui en leur langue
lignifie cheval. S. Jérôme met cette ville ou ce pays
d'Epha dans l'Arabie heureufe , apparemment par-
ce qu'en If LX. (S. après Epha , il eft parlé de Saba :
mais au même endroit Epha eft joint à Madian. De
plus , Gen XXF. 4- & i- Parai. I. 35. Epha eft fils
aîné de Niadian. Enfin , Ptolomée place un bourg
nommé îans-ar, furie bord oriental du lac Afphal-
tite , un peu au-delïbus de Modian , c'eft-à-dire ,
Madian,
ÉPHEBE. f m. Mot dont on s'eft fervi autrefois. Jeu-
Tome III,
E P H y-^y
ne homme arrivé à l'âge de puberté ; qui a quatorze
ans. Il vient de la prépofition is-i , & de «£■>) pu-
bercé.
JfJ- On appeloic Ephcbeia les fêtes qui fe fai-
foientà la puberté des enfans.
IP" ÉPHEBEUxM. f m. Endroit particulier du gym-
nale où s'alFembloient les Ephèbes pour leurs exer-
cices.
EPMEDRE. f m.Ephedra. AtbrilFeau qui redembla
à la Prèle, mais qui eft plus grand &c plus haut-
Son tronc eft gros comme le bras , fus branches mon-
tent 6c s'étendent dans celles des arbres voifins. Ses
fleurs font petKcs,mouireufes,pâles.Il leur fuccédedes
fruits qui relfemblenc à de petites mûres , decouleuc
rouge & d'un goût aigre. Cet arbrifteau croît parti-
culièrement le long des vallées du mont Olympe &:
dans l'Illyrie.Il y en a de plufieurs autres fortes. L'une
qui croît vers Frontignan , qui n'a pas plus d'un pied
&: demi de haut , dont le fruit relFemble aux mûres
de renard j & eft d'un goût doux. Une autre efpèce
croît en Elpagne , & diifère des autres en ce qu'elle
a des leuillesen quantité (.^ très -menues. On mec
encore le raifin de mer au nombre des éphcdres.
, f^oy. Raisin de mer.
Ephedre. Nom que l'on donne à un Athlète. Ephe-
drus. Les Athlètes tiroient au fort à qui combatroic
enfemble. On apparioit ceux qui avoient des lettres
femblables. Si le nombre des Athlètes étoit impair
celui qui reftoit fins anragonifte étoit mis en réferve
pour le battre contre le vamqueur
iic cet
Athlè
cte
impair s'appeloit (Çe^fn^ Ephedre. Plutarque fait uno
application heureufe de ce mot à Crallus ; il die
qu'il étoit V Ephedre du combat, & comme un
Athlète de réferve qui tenoic en refped Céfar Se
Pompée.
ÉPHELIDES. f. f pi. Ephelides , dum. Taches larges,
rudes , noirâtres, qui viennent au vifage par l'ar-
deur dufoleil, par Fapplication d'un air chaud ou
par la réverbération des rayons. On donne aufli ce
nom à certaines taches du vifage qui naillent aux
femmes grofles , Ik. qui leur rendent la peau noire &C
ridée. L'accouchement les fait difparoître. Les filles
qui font fur le point d'avoir leurs règles y font aulîi
fujettes. Elles s'effacent lorfqueles règles paroiffent;
elles renaifteut lorfqu'elles font fupprimées. Ephe-
lide eft un mot Grec, l^iMi , compol^ de <=r<', & da
i'A;ef , folcil. Auffi Liuden traduit- il ce mot par Ta-
che folaire.
EPHEMERE, adj. de t. g. Terme de Médecine. Ce qui
ne dure qu'un jour. Dïalis , dlurnus. On appelle
fièvre éphémcre un accès de fièvre qui n'a point de
fuite, qui ne revient plus.
M. l Abbé Régnier a employé le mot ^éphémère
en parlant de chofes ordinaires, lorfqu'il dit, les
parens & les Miniihes du Pape eurent recours à
l'expédient de cette Légation éphémère , pour di-
re , une Légatiojî qui ne dura que vingt- quatre
heures.
Ce mot & le fuivant , éphémérides , viennent de
la prépofition '«^' , de ^fuper, apud , ob , in , pru-
ter j 6c en François fous j de j fur , dans j parmi ,
pour , en , à , che^ , par , auprès , & de ^r«É(i« ^
dies , jour i t(p>!uifcc -is-ufiTis dans Galien , fièvre éphé-
mère.
Les Relations d'Arabie parlent de certains arbres
éphémères qui croiffent tous les jours depuis l'aurore
jufqu'à midi, &quialors difparoiffent , fans qu'on
puiffe connoître s'ils s'évanouiffent entiétement, où
s'ils rentrent dans lesfablonsde F Arabie, parmi lef-
queis ils croilTent.
Éphémère J fe dit en Botanique de plufieurs fleurs qui
s'épanouiffent au lever du foleil j & qui fe flétrif-
fent entièrement à fon coucher. Les fleurs de la Denc
de Lion font éphémères.
ÉpHÉMâRE. , eft aulTi un animal qui ne vie que cinq
heures, pendant lefquelies il naît, croît, étend fcs
membres, changedeux fois de peau, faitdesœufs»
jette des femences , vieillit & meurt. Ariftote en .i
fait la defcription , & l'a ainfi nomme , parce qu'il
^ fffff
778 EPH
ni dmc qu'un jour. Il paroît vers la Saint Jean, c efl;
un infecti volant qui naît à lix heures après midi ,
& meurt à onze heures. Il eft vrai qu'avant d'avoir
pris cette figure , il a vécu trois ans fous celle
d'un ver j au bord de l'eau dans la vafe j ou dans
des trous qu'il a creufés lui-même. Il s'en trouve de
deux ou trois pouces. Les Pêcheurs s'en fervent pour
appâter leurs hameçons. On a obfervé dans quel-
ques-uns de ces infedes jufqu'à 7000 yeux fem.-s
par-tout le corps. Us ne s'accouplent point. La temelle
jette fes œufs , & le mâle les rend féconds en les cou-
vrant de fa femence. Il ne prend aucun aliment de-
puis qu'il efl: changé , Se il ne change que pour fe
multiplier. Aldrovand , Jonfton & Chihus en ont
écrit , mai3 avec bien moins d'exa£l;itudeque Swam-
merdara, qui en a fait les dilTedions & les obferva-
tionsavecle microfcope. Il l'appelle ephemera, ou
hemerobios j & en Latin diaria. Il dit qu'il fe {-orme
d'abord en ver , puis en nymphe j & qu'il a des ai-
les difpofées d'une manière particulière, & qu'on
diftingue aifément le mâle d'avec la femelle. Il en
efl: aullî parlé dans le Recueil de Thévenot , in S°.
Éphémère, f f Mouche dont le nom n'exprime pas
même allez la courte durée de fa vie. Les éphémères
font de très-jolies mouches qui doivent être rangées
parmi celles qu'on nomme papïllonacées. Hijioire de
l'Acad. des Se. 1741. i ;.
ÉPHÉMÉREUTE. f m. C'eft ainfi que Philon appelle
les Prêtres des Thérapeute , qui étoient chels de
l'alTemblée j chacun à leur tour. Le nom d'Ephé-
méreutea. perfuadé que lesThérapeutes étoient Chré-
tiens , parce que ce terme ell connu dans l'Eglife ,
Se qu'il en efl: parlé dans un fermon qu'on trouve
parmi les œuvres de S. Athanafe. Cela a fait une
grande queftion dont on trouvera les divers fenti
mens au mot Thérapeutes.
ÉPHÈMERIDES. f.m. pi. Terme d'Aftronomie.^f/'A/-
mérides.Ce font des tables calculées pardesAftrono-
mes,qui marquent l'état du ciel tous les jours à midi,
c'efl:-àdire j le lieu où à midi fe trouvent toutes les
Planètes: &:ce font ces tables qui fervent à drelTer
les horofcopes , ou thèmes célelles, à marquer les
éclipfej, les conjonétions & afpeds des Planètes ,
&c. Les Ephémérides d'Origan , de Kepler , d'Ar-
goli } de Jean Heckerus , de Mezzaracchis , de M.
de la Hire , de Beaulieu , de M. Desplaces , &c. M.
Jean-Dominique Caflini afaitdes Ephémérides àos
afl:res de Médicis j ou des Satellites de Jupiter , qui
fervent à la découverte deslongitudes.
On donne ordinairement quatre tables , ou Ephé-
mérides , pour marquer le lieu du foleil dans l'E-
cliptique \ l'une pour l'année biffextile, & les trois
autres pour les années communes.
Quelques anciens Auteurs font ce nom fingulier
& féminin. Une Ephemeride , ou papier journal,
dit Vigenère fur Tire^Live j L. I. p. 671.
UC? ABEPHEMERIDE SERVUS. £fclave qui avoit
foin de confulter le Calendrier Romain , & d'aver-
tir fon maître du jour des Calendes , des Nones ik
des Ides.
ÉPHÉMÉRUM. f. m. Ephemerum.Teume de Botani-
que qu'on donne i diverfes plantes. On croit que
l'épkémérum de Diofcoride efl: une efpècede colchi-
que, qui efl: un puiffant poifon croilfant au pays de
Colchos. Il efl: fi dangereux qu'il fait mourir en
moins d'un jour ceux qui en mangent ; ce qui lui a
fait donner ce nom. Véphémérum de Mathiole ,
ainfi appelé ^ parce qu'il l'a découvert le premier
en Italie , efl: une efpece de corneille ou lyfimachia.
Ses feuilles font oblongues, larges, femblables à
celles du paftel , mais plus petites. Il a plufieurs
petites tiges ronde? , hautes d'une coudée & demie.
Ses fleurs font blanches , compofées de cinq feuil-
les *, fa femence efl; petite , & fa racine garnie de
beaucoup de fibres. Il y a auflî quelques plantes qui
croilfent dans la Virginie, & qu'on appelle e/^Ae-
merum V irginianum y ou phalangium Kirginlanum ,
dont la racine efl: fibreufe & traçante. Aujourd'hui
le nom à'éphémérum eftconfacré à un genre de plan-
EPH
te qui poulfe plufieurs feuilles larges à leur baCe ,
longues &: étroites , pomtues par leur bout , pref-
que de la même façon que celles du chiendent. Il
fort parmi ces touilles une tige haute environ d'un
pied & demi , roide & noueufe : à chaque nœud il
y a une teuille femblable aux précédentes j il y
en a aulli quelques-unes à l'extrémité , entre lef-
quelles on voit un bouquet de plufieurs fleurs , fou-
tenues de trois pétales, ou trois teuilles pourprées
foutenues par un calice qui efl: aulli à trois Veuilles
vettes : au milieu de chaque fleur il y a quelques
étamines avec leurs fommecs jaunes qui enrourenc
lepilHl ; & , lorfque la fleur efl palfée, ce piftil de-
vient un huit oblongjdiviféen trois loges remplies
de quelques femences qui ont le plus louvent lalj;-
gure du grain de koment, étant iillonnéesde mê-
me dans leur longueur, yoyei le P. Plumier.
ÉPHER. /^oje-OPHER.
EPHÈSE. Ephefus. C'ell le nom d'une des plus fameu-
fes villes du monde : elle efl célèbre dans l'antiqui-
té profane &Z dans l'antiquité ficrée , illuflre chez
les Chrétiens & chez les Payens : Ion ancienne iplen-
deur a diminué peu-à-peu fous les Empereurs Giecs,
& s'eft entièrement évanouie fous les Empereurs
Mahométans. Ephèfe ell une ville de l'Ionie, dans
l'Afie Mineure j fituée proche de la mer , (ur une
rivière appelée aujourd'hui Chiais , vis-à-vis l'Ifle
deSamoSj entre letrente huitième & le trente-neu-
vième degré de latitude , & à plus de cent degrés
de longitude. L'origine de cette ville efl incertaine:
Jurtin,L. U.C. 4. & Pline , L.XXV. C. 29. di-
fent qu'elle fut bâtie par les Amazones : d'autres ,
comme Eusèbe , rapportent qu'Androcus , un des
fils de Codrus , Roi d'Athènes, la bâtit autrelois
du temps de David , & y établit le fiége de fon Em-
pire. Syncelle appelle Andronic le Fondateur d'i?-
phèfe. Quoi qu'il en foit , fa fituation agréable Sc
avantageufe en firent bientôt une ville conlidérable:
à la vérité fon port n'eft proprement qu'une rade ;
mais elle étoit meilleure autrefois qu'elle n'eft: au-
jourd'hui , & les vailfeaux entroient dans la rivière;
ce qu'ils ne peuvent faire parce que la barre eft
comblée de fable j ainfi tout le commerce êC Ephèfe
a été peu à peu tranfporté à Smyrne. Dans les pre-
miers temps Ephèfe jouilfoit de fa liberté , Hi elle
eut grand foin de la conferver durant les guerres des
Athéniens & des Lacédémoniens , en vivant en
bonne intelligence avec le plus fort. Alexandre vint
à Ephèfe après le palfage du Granique , & il y ré-
tablit la Démocratie. Annibal , dans la déroute de
fes aflaires , fe retira en Afie , &c choifit Ephèfe pour
s'aboucher avec Antiochus , & prendre de concert
des mefures contre les Romains. Mithridatefit faire
dans cette ville un horrible malfacre des Romains,
& par cette barbare perfidie il attira contre lui leurs
armes & toute leur puilfance. Lucullus qui fut en-
voyé pour commander leur armée j fit de grandes
fêtes à Ephèfe j & elle fe vante , dans fes médailles,
d'avoir été trois fois néocore. Pompée , qui lui
fuccéda dans le commandement , vint rin'Xi à Ephèfe:
& Cicéron , qui avoit tant de goût pour les arts, ne
manqua pas devoir Ep h èfe.Scïpion fit piller les tré-
fors immenfes de fon Temple. Augufle l'honora
d'une de fes vifites ; & l'on y drelfa des temples i
Jules Céfar & à la ville de Rome. Tibère^ fit rebâtie ^
Ephèfe : car il efl impollible qu'elle n'eût fouffert
de la préfence de tant d'armées durant tant de guer-
res & de révolutions. Ici Ephèfe , fi attachée! fes
fuperftitions , commence à devenir Chrétienne. S.
Paul y trouva quelques Difciples , quand il y arriva
avec Prifcille & Aquila ( Aét. XVIIL 18. XIX. i.
21.) & il en forma de nouveaux durant trois ans
qu'il y féjourna •, mais ce ne fut pas fans peine. ( Act.
XIX. 10. XXL 31. ) S. Paul dit quil combattit à
Ephèfe contre les bêtes. ( i. Cor. XV. 12. XVI. .-^cli
XIX. ) Ephèfe , célèbre en Afie & en Europe par fon
fameux Temple de Diane , ne pur, fans s'éniou-
voir , fe voir tomber dans le mépris par l'établiire-
ment de la Religion Chrétienne. S. Paul , obligé de
E P H
de quitter Ephèfe, y envoya Timotlice pour achever
lie la convertir : il en fut le premier Evêque, &: on
croit qu'il l'étoit encore lorlque S. Jean eut dans
l'Iile de Patlimos ces himeules viiions , rapportées
dans TApocalypfe , & dont une regarde l'Ange de
l'Eglife à'Ephcfe. Mais ce qui relevé infiniment la
gloire de cette ville , c'eft que S. Jean , le dilciple
bien aimé , y établit fon (iège : elle devint par-la la
métropole de l'Alie. La Samte Vierge y luivit S.
Jean ,que Jefus-Chiill en mourant lui avoit recom-
mandée i comme à un hls , & elle y finit la plus
fainte vie qui fut jamais , après celle de J. C. Elle y
fut houotée après fa mor{ comme Mère de Dieu,
dans ces remps où la foi étoit pure au lentiment mê-
me des Hérétiques, &c la providence lemble avoir
ménagé cette circonllance , pour donnera la piété
deceux d'BphèJl un objet fi touchant , pouretîaccr
de leurs efpiits& de leurs cœurs les luneltes impref-
(ions que le culte qu'ils rendoient à Diane avoit
faites , & pour confondre les Hérétiques des liécles
fuivans.
La fituation avantagcufe â'Epkcfc , placée entre
l'Afie , l'Europe & l'Atrique , en fit l'objet de l'am-
bition des conquérans. Les Perfes la pillèrent dans
le troifieme fiècle : les Scythes ne l'épargnèrent pas
queLfue temps après , &: frayèrent dès-lots le clie-
min aux Turcs leurs defcendans. Elle étoit encore
conliiérable dans le quatrième fiècle , car elle fur
choifie pour y célébrer un Concile , qui eft le IIF
Concile Œ;uménique l'an 43 1 , où l'Egliie con-
damna l'impie Neitorius , qui nioit que la Sainte
Vierge eût été vraie mère de Dieu. C'elt vers ce
temps-là qu'on croit avec alfez de vraifemblance
que le fameux Temple de Diane hit détruit , en-
fuite de l'Edit par, L- ^uel Conilantin ordonna de
renverfer tous les Temples d;'s Payens.
Dans les fiècles fuivans l'Empire fut expofé aux
incurfions des Barbares : ils le rendirent maîtres
à! Ephèfe fous l'empire d'Alexis Comnène, qui en-
voya contr'eux Jean Duras fon beau-pere. Il défit
les Généraux Mahométans : la bataille fut donnée
dans la plaine qui e(l au-delîous de la Citadelle,
par où l'on voit que la plus belle partie de la ville
étoit déjà détruite. Il y a apparence que la Cita-
delle dont parle Ducas, qui rapporte cette hiftoire ,
elt l'ancien château de matbre abandonné. Théo-
dore Lafcans fe rendit maître d'f/jAtf/tf en 1106. Les
Mahométans y revinrent fous Andronic Palsologue.
Tamerlan, après la bataille d'Angora , établit fon
quartier à Ephèfe , & ordonna à tous les Princes
d'Anatolie de l'y venir joindre. Ce B irbare s'occupa
pendant un mois à faire piller la ville & les envi-
rons. Si tout fut enlevé. Dans la iuite diftérens
Princes Turcs fe rendirent maîtres d'Ephèfe tour à
tour, & fe l'enlevèrent fuccellivement les uns aux
autres. La conquête étoit toujours fuivie du pillage
de la ville , & fouvent du malfacre des habitans.
Enfin cette ville malheureufe , tant de fois afiiégée ,
prife & défolée, tomba entre les mains de Maho-
met premier qui regnoit au commencement du
quinzième fiècle , & depuis elle eil reftée aux
Turcs , mais fi ruinée que ce n'eft plus aujourd'hui
qu'un méchant village habité par trente ou quarante
familles Grecques , qui font parmi de vieux mar-
bres, & auprès d'un bel aqueduc. Aujourd'hui la
citadelle où les Turcs fe fjnt retirés eft fur un tertre
qui s'étend du nord au fud , & domine toute la
plaine : l'enceinte de cette citadelle, qui eft fortifiée
par plufieurs tours , n'a rien de magnifique : mai9 à
quelques pas de là on voit les reftes d'une citadelle
plus ancienne, beaucoup plus belle (^ dont les ou-
vrages étoient revêtus des plus beaux marbres d'E-
phèfe.
[]m des portes d'Ephèfe s'appelle la Porte de
• Perfécnrion. Elle fubfifte encore aujourd'hui. L'ou-
vrage eft de fort bon goût : on y voit trois bas reliefs
qui font fort beaux. Cette porte étoit défendue par
des ouvrages a'.fjz irréguliers, qu'on avoit agran-
dis en difFérens temps , félon le befoin. Au iud Se
E i^ H 7^9
au nord de la colline? où le château eft bâti , on voie
une mofquée qui étoit autrefois l Eglife de S. Jean :
le dehors de cette Eglife n'a rien d'e.xtraordinaire ;
mais il y a de belles colonnes en dedans. L'aquéduc
qui eft à moitié ruiné , & l'ancienne citadelle qui
i'eft entièrement, font l'ouvrage des Empereurs
Grecs : on y voit de grandes pièces de marbres , avec
des infcriptions qui p.ulent des premiers Célars.
On voit aulli de tous côtés aux environs d'Ephèfe ,
des ruines de vieux châteaux qui ne nous feroient
pas connoître la grandeur &c la magnificence de
cette ville , ni la richelfe de fes habuans fi nous
ne lavions par Ihiftoire ce qu'elle a été. Les Turcs
ont emporte les plus beaux marbres & les plus
belles colonnes d'Ephèfe , pour en orner les mof-
quées Royales de Conltantinople.
Ephhse eft à une journée & demie de Smyrne. Du-
LoiR, pag. 2z. Du Cayltre à Ephèfe il n'y a qu'un
marécage d'une demi lieue , que nous limes fur
une chaulfée, dont le pavé me donnoit du refpeél;
la plus grande partie n'étant hute que de morceaux
de colonnes , de corniches brifces , & de diverfes
pièces de figures qui pourroient bien enrichir les
cabinets de nos Curieux. Au bour de ce précieux
pavé on palfe un pont à trois arches, qui eft bâti
lur le Méandre. La première choie que l'on trouve
eft le château bâti fur une petite montagne qui n'é-
toit pas autrefois dans la ville j car pour y aller j
il faut fortir une porte faite de brique au-
delfus de laquelle on voit une plate- bande de
marbre blanc, enrichie de figures de balfe- taille,
qui font juger qu'elle fervoit autretois à un tombeau.
L'Egliie , autrefois dédiée à S. Jean , eft bâtie fur une
petite éminence. Les muts, aulli- bien que les bafes
des colonnes, qui font encore en leur entier, ont
beaucoup de mrrques duChriftianifme, comme des
croix taillées fur des tombes, & font connoître que
tout l'édifice étoit de marbre blanc. Sa largeur pou-
voir être de 60 pieds , & fa longueur de 1 îo. Les
ouvertures des Portes y font encore aujourd'hui fa-
çonnées à la ruftique , dont l'une regarde le midi Se
l'autre le feptentrion. Les Turcs en ont retranché la
partie qui eft au couchant , pour en faire une mof-
quée : on y voit quatte merveilleufes colonnes de
porphyre, ou de ces pâtes que faifoient les Anciens,
lefquellesavoient bien 50 pieds de haut.
Vers l'orient de la ville font des montagnes ftériles
& des rochers détachés , entre lefquels le Méandre
prend fon cours. Du côté du feptentrion fe voit le
marais que nous avions traverfé entre le Cayftre & le
Méandre \ & la forêt qui eft au bout , fur le penchant
de la montagne j repréfenie un agréable amphithéâ-
tre de verdure. Au midi il y a des aqueducs & une
contmuationde petites collines jufqu'à la mer, où je
juge par les apparences que les plus belles maifons
de la ville étoient bâties. Entre ces collines & le ma-
raisj la plaine qui eft vers le couchanr eft fi agréable
& (1 belle jufqu'à la mer , que je ne m'étonne pas (î
le Méandre l'embraifant par nulle dcrours , a tant de
peine à la quitter. Tous les édifices étoient bâtis dans
cette plaine. On y voit encore les ruines de certaines
caves voûtées, qui ne font pas plus élevées au-delFus
de la terre qu'elles font profondes dedans , & qui,
Lion mon opinion , étoient des bains. Près de -là eft
l'amphithéâtre, dont il ne refte plus que la figure,
qui eft plus longue que large. Il y a aufti une porre
entière de marbie bl me , dont je nepuis deviner l'u-
fage,parcequ'ellceft détachée de tou t autre bâti ment.
Encore moins puis-je expliquer une figure en bas-
relief d'environ un pi.-d (.S: ilemi Se qui n'cft pas des
mieux faites, repréfentant un jeune Cavalier armé
à la Romaine, avec cette foufcription : Ascensorem-
SIS ET AsiyE.
Proche de cette porte il y a quantité de colonnes
de matbre blanc, brifées &r couchées par terre, mais
qui ne font ni d'une matière, ni d'une grandeur ex-
traordinaire. Deux feulement font pareilles à celles
de laMofquce, avecun ballinrondd'une feule pierre
defemblable niaticre, qui a bien ù^i pieds de diamè-
Fffffij
^8ô
E P H
{lu, Se qui parmi toutes ces ruines eft entier , dansj
•ieque-llesChrâiens du pays tiennent que S.Jean l'E-
vaiigéiiîle baptifa 503operfonnesen unleuljour. La
crotte des fept Dorinans eft derrière l'amphithéâtre.
Au lieu que nous jugeâmes par la htuation être cefui
•où le Temple de Diane avoit été bâti , il n'y a pour
toutes ruines que peu de colonnes rompues , une fon-
taine revêtue de marbre , i^ une efpèce de réiervoir
•qui étoit à l'ombre d'un platane-
Si l'on en veut croire quelques-uns, Lyfimachui
■voyant que la plus grande partie à'EphèJc avoit péri
par un déluge, latraniporta ailleurs, qui doit être,
félon l'aufanias , au rivage de la mer , où elle étoit
de ion temps j mais comme on n'y voit aujourd'hui
aucunes ruines, & que celles que je viens de décrire
en font bien éloignées, je ne fais fi elles (ont de la
première ou de la dernière fituation. Ils ajoutent que
Lyfimachus lui donna le nom de la lemme , ou , le-
lon Euftachius , celui de la fille Arfinoci & qu'après
la mort de ce Prince elle reprit fon premier nom
^Ephefe , qu'on lui donna d'abord , du mot Grec
îVis-(ir pour "?"'■'? permiffion j fi l'on en croit Héra-
•dides de Polh/cis j parce que les Amazones , fuyant
Hercule qui les pourfuivoit, fe réfugièrent vers
l'autel de Diane qui étoit là ; & qu'Hercule leur
permit de jouir de ce territoire- Voyez Callimaque
dans l'Hymne de Diane ; Strabon , L. XtV. Paufi-
iiias, L. IV. Mêla, L. I. C. 17. Pline, L. XXXVI.
C. 14. Solin, C. 53. Denis leGéographe. Quoiqu'il
en fi)it , il eft certain qu'elle fut une des plus célè-
bres villes de toute l'Antiquité. La commodité de
fon porc commença Ton établilfemenc 5c fa grandeur.
Elle fut après augmentée par la dévotion folennelle
que tout le Paganifme avoit pour la Déelle qu'on y
adoroit ; Hc le féjour du Roi Agélilaiis l'acheva, en
la rendant un arfenal aulfi fameux pour la guerre ,
qu'elle étoit déjà renommée pour le commerce &
pour la religion de Ion temple. Il n'y a guère que
-deux ou trois iiécles qu'elle étoit encore florilfante,
& en l'an 1+59 un Evêque de ce lieu donna des preu-
ves de la vivacité de ion efprit, aulli-bien que de
fon oblHnation en fon héréfie contre tous les Evc-
ques q'.ii aflifterent au Concile de Florence , fous le
Pape Eugène ; nuis maintenant elle n'a pas alFez
de maifons pour pouvoir être nommée village. Du
Loir, /7. 2.3-30. Le Temple d'f'/^/jt'/è , la Diane d'i^-
phèfi , font célèbres dans l'antiquité. Pline appelle
le Temple à' Eplicfe 3 le miracle de la magnificence
Grecque, & le met au nombre des merveilles du
-inonde, L V C. 19. L. XXXVI. C. 14. Voyez au
mot DIANE ce que nous avons dit de ce Temple ii
de la Diane A'Ephtfi.
Toute l'Afie, fur le delTein de l'Architeéle Cher-
fiphon, employa durant l'efpace de lio années tout
ce qu'elle put trouver de plus rare , rant pour la ma-
tière que pour la ftrudure du Temple d'fpAè/è, afin
de rendre l'ouvrage merveilleux , choifilfant pour le
bâtir un endroit fort marécageux, qui fut alfurc
contre le tremblement de terre. Toute la charpente
étoit de bois de cèdre , & on montoit, à ce que dit
Pline, par un degré qui étoit fait d'un feul lep de
vigne, apporté de l'île de Chypre. Le temple avoit
de longueur 42 5 pieds , & de largeur z 10. Six vingt
Rois à l'envi l'un de l'autre , pour marque de leur
magnificence & de leur dévotion envers Diane, y
avoient donné autant de colonnes d'une matière fi
rare Se fi belle, qu'on pouvoit la dire précieule :
elles étoient hautes de 60 pieds. Entre les autres ,
il y en avoitcrente-fix admirables pour l'artifice dont
elles étoient taillées , avec des corniches & chapi-
teaux dont l'ouvrage n'éroir pas moins merveilleux.!
Par la richelfe du corps du bâtiment l'on peut juger J
de la beauté des peintures & des ftatues qui fervoient ! , un corps humide.
E P H
cléte avoit faite , & qui étoit fi recommandable,
qu'Augufte la renvoya aux Ephéfiens. De tout cela
il ne refte pas alfez de ruines pour faire croire qu'il
y ait jamais eude temple en ce lieu. Du Loir, p. jt*
Mais il eft inutile de rapporter, pour caufe de la
deftru£lion de tant de belles choies, ce qu'avancent
quelques-unsquidil'ent que l'an 58 5 de la fondation
de Rome , le jour qu'Alexandre le Gtand vint au
monde , ce Temple fut brûlé par Héioftrate , qui
voulut faire parler de lui dans la poftérité. Il eft
certain que les Ephéfiens fe fervirent des pierres (ïc
des colonnes que le leu n'avoir point gâtées pour
relaiie le temple, & que les femmes, afin de le
rendre encore plus magnifique, donnèrent leurs ba-
gues & tous leurs joyaux. C'eft pourquoi il ne faut
poinr chercher d'autre laifon de la ruine, ou plutùc
de l'anéantilTement de ce merveilleux édifice, que
la colère & la vengeance de ce Dieu jaloux de fa
gloire , qui voulut tellement ruiner les trophées de
l'idolâtrie, qu'il n'en refta pas même de veftiges.
Du Loir, p. j/ , jS.
Il nous refte beaucoup de médailles SEphèfc ^
E<iEzIi2N fur la plupart on voit l'image de la Diane
d Lphèfc, Ephéje étoit alliée avec Smyrne, avec Sar-
des, avec Jéropolis , Cyzique, Traites, Pergame,
Iviilec, Alexandrie, Laodicée ; & routes cqs allian-
ces font marquées fur les médailles àEphèfe , ou de
fes Alliés. E<i)Ezii^:N AAEEANAPEnN dans Antonin
Pie ; EOEZiriN AAESANArEON oMONiA dans M.-.crin ;
KoiNON E<»ECif2N KAi aaehanapeïjn dans Antoniii
Caracalle ; E-JEZiaN tixh AAEHANAi'£i2N dans Gor-
dien Pie ; E<i>EziiiM KAi lEPAnoAEiTiîN QUOA dans
Marc Aurèle EcECoC kYzikoC omonoia dans An-
tonin Pie , &c. Voyez les médailles Grecques des
Empereurs par Vaillant, pag. 125 , 224, 225 , ii6.
Les Dieux à'Ephcfe fur les médailles font , TO
hAh'aOn Ed-ECinN dins Salonine; c'eft , félon Vail-
lant, le Bon Evénement, ou peut-être le Génie
à'Ephèfe:^nOAAQ.ii EMBACiOCE<i)ECii2N dans Anto-
nin Pie ; c'eft Apollon Pie ; c'eft Apollon préfidanr
aux embarquemens : zEYC E*ECiOC Jupiter Ephé-
fien , dans Sévère -, nEiOC E<î>ECii2N dans Antoniii
Pie ; c'eft-à-dire, nEiOC zEYC comme il eft fur
une médaille de irajan irapèe à Pergame; c'eft-à-
dire , Jupiter le débonnaire : aptEmic E<î'ECIa ou
E*ECli2N la Diane à'Ephèfe, dans Néron, dans Do-
mitien , dans Trajan , &c. jufqu'i Valérien & Ga-
lien.
Les Ifies d'Epkèfe, Ephefia. InfuU ^ font trois pe-
tites Illes qui font près de la ville à'Ephèfe^ & que-
les Anciens appeloient les illes de Pifiltrate, P'Jif-
traù infuls..
Le port à'Ephèfe étoit peut-être à l'embouchure
du Cayftre, ou plutôt c'étoit celui d'une petite ville
qui étoit peut-être Myus chez les Anciens, & qui
n'eft éloignée que d'une demi-lieue du Méandre ,
appelé par les Turcs Couch-Adujî ^ c'eft-à-dire, l'ifle
des Oifeaux , & par les Marchands étrangers ScaLz
Nuùva. Du Loir j/'. 33.
Quelques-uns croient que ce mot fignifie dejira-
hU j & qu'il vient du verbe Iç^ifuii je defire. D'au-
tres veulent qu'elle ait été nommée du mot '£i?£«*
qui fignifie appellation j parce (fue c'étoit la capi-
tale de la Province d'Ionie & le fiége de la Cour
Souveraine , où l'on appeloit des autres villes. Les
Desmar. Etienne de Byzance à^\if\\xEphèfe s'appela
auparavant Smyrne , Samorne , Trichie , Orcygie
& Ptélée. Aujourd'hui on la nomme Ephefo , ou
Fiena.
ÉrHÈsE. Terme de Philofophie Hermétique. C'eft i.i
féconde digeftion de la pierre des Sages , faite par
d'ornement à ce fuperbe édifice. Pline rapporte que
celle de Diane, qui étoit la principale , avoit été
faite par Canétias; & plufieurs croyoient que la ma-
tière étoit d'ébène , quoique ce ne foit pourtant pas
celle qu'on emploie ordinairement en de femblables
ouvrages. Il y en avoit une d'Apollon , que Poly-
ÉPHESIEN , ENNE, f m. & f. Çui eft d'Ephèfe, Ci-
toyen d'Ephèfe, habitant d'Ephèfe,£/'/!eÂ'«-f. LePhi-
lofophe Heraclite , furnommc le Ténébreux, qui vi-
voir environ 500 ans avant Jéfus-Chrift, & qui
pleuroit de tout , & le fameux Parrhafius ^ excel-
lentPeintre, contemporain de Socrate, émirat Ephé-
EPH
Jlcns. Quclqu-s-uiis doLiccvu ncamnoiiis liP.i;;li."àius
n cioit pas Achciueii. L'Epîcie de S. Paul aux tphc-
Jiens tut cctite de Rome , ou le S. Apôtrt: ctoic dans
les fers , vers la 6i"^ aiuiee de Jelus-Cluif:, iy ans
après la paiiioii. Port-R.
Les hphe/icns [oni les habitans d'Ephèfe. Les
Grecs d'Âlie Se en particulier ceux de l'Ionie , où ell
Ephcfe , avoient un grand yoât pour les arts , <ïc
beaucoup de déhcatelie dans leur goûc : on en peut
juger par le caratlère du mode Ionien dans la Muii-
que, i5>: de l'ordre lonuiue dans l'ArchiteCxure, lïc
par les ouvrages en proie «S: en vers qui nous relient
des Auteurs de ce pays ou des ifles voifînes.
^Cr E'.'HEsiEN eft aulli un furnoni de Jupiter, ainli
nommé du culte qu'on lui rendoic dans cette ville.
Diane, par la même railon, avoit été furnommée
Epkjjcci.'w.
Lettres Ephcficnnes. Litterx Epkejîx. Lettres magi-
ques auxquelles on attribuoit cette propriété , que
quiconque les prononçoic avoitaulli-tôttoutce qu'il
deiîroit. Elles étoient écrites fur la couronne, la
ceinturée les pieds delallatue, de Diane d'Eplicfe ;
& c'elt pour cela qu'on lesappeIoiti-c-r<rrc'j' d'isphèjtj
ou Lettres Ephificnnes. Elles avoient aulli la vertu
de chalfer les mauvais e(prits des corps des poIIeJés
à qui on les faifoit prononcer. (,Plut. Sympof. l. j .
|tr Ephésies , f. f. pi. ou auj. pris fubif. Fêtes qu'on
célcbroit à Ephèfe en i'honncur de Diane. Lphcfia.
EPHESTIA ou EPMESTIE. Viib autrefois de l'Ille
de Lemnos. EphejUa. Elle ctoit (ituée au pied d'une
montagne célèbre par la chute de Vidcain.. Les ha-
bitans l'appellent aujourd'hui Cochyno. C'ell de la
iivjntagne donc on vient de parler , cjue l'on tiroii
autrefois, comme on fait encore aujourd'hui, la
lerre lîgillée avec beaucoup de cérémonie. Du Loir.
P' -9'''-
Ce mots'ed bit à^ii^x'^^f Ephtjîos , Vulcain.
EPHESTIES, f. f. pi. ou adj. pris fubft. Fêtes en Fhon-
neur de Vulçaln , dans lelquelles trois jeunes garçjns,
portant d;s torches allumées , couroient de toutes
leurs forces j &i celui qui avoit atteint le but le pre-
mier 5 fans avoir éteint fa torche , gagnoic le prix
deftiné à cette coùrfe.
ÉPHESTRIES. f. f.pl.ou plutôt adj. pris fubft. Terme
de Mythologie. Lyhcfiria. tctcs établies à Thèbes ^
dans lefquelles on habilloit en femme la flatue du
Devin Tirélîas , 6i on la promenoir ainll par la
ville. Au retour de la promenade , on la déshabil-
loit , pour lui remettre un habit d'homme. On pré-
tendoit déiigner par-là le chan^îcmen: de fexe que
la fable lui attribue. Le mot Ephejïric lignifie une
forte d'habit , un furtout ufitéen Grec.
§CT On a nommé Ephejhies , quelques mafca-
rades
mens.
modernes ou lou a vu les mêmes
ÉPHETE. f. m. Nom d'un Magillrat chez les Athé-
niens. Epheta y Ephéies. Les Ephétes furent inftitués
par le Roi Démophon , pour connoître des meurtres
commis par accident. Us étoient cent , cinquante
Athéniens , & cinquante Argiens. Dracon étendit
enfuite leur jurisdiction. Ils n'étoient mis dans ce
polie qu'à 50 ans , Hc dévoient erre d'une réputation
bien faine, f^oye^ Suidas , Pollux , Samuel Petit ,
Comment, in. Leg. L. T'^III. t'.t. I. Franc. RclÏÏcus ,
ArchiLol. Ait. E. m. C. 3. Ubo Emmius , De
Rep. Athen. où il dit , page 10. que Draco tranf-
porta aux Ephétes une partie de l'autorité de
l'Aréopage.
ÊPHIALTE. Koye^ Incube oc Cauchemar.
EPHIALTE. f. m. Nom d'un des Géants qui firent la
guerre aux Dieux. Ephialthes. Ephialtc ao\t llls de
Neptune ; il ctoit d'une force & d'une grandeur
prodigieufe ; &:, félon les tables ^ il croiiroit cha-
que mois de neuf doigts. Fier de fa force & de (.\
taille , il déclara la guerre aux Dieux avec fon frère
Crus , & fur précipité aux enfers par Jupiter d'un
coup de foudre.
ÉPHIPPIUM. f. m. Mo: Grec & Larin , qui ligni.fie
EPH 7St
une fellc à feller un cheval. On le donne à une deî
elpèces de coquillages marins , appelé autrement
felle Polûnoile , ou pelure d'oignon. Voyez ce der-
nier moL.
HPHOD. f. m. Eft un h.abic facerdotal qui étoit en
ufage cirez lis Juirs. liuiiu-rde ., fupcrhuir.er.ile ,
Omophorium. C'étoïc une elpèce d'aube , ou de fur-
piis de toile , que les Latins ont appelé fuperhuine^
raie. Il eil bien dilHcile de lavoir au julle ce que
c'ctoit que VEphod : au moins eit-il certain que les
Interprètes font fort partagés là-delfus. Ils ne con-
viennent que d'une choie j c'ell que c'étoi: une ma-
nière d'habillement qui fe mettoit fous tous les au-
tres, Ik. immédiatement fous le pectoral. Les uns
prétendent qu^il avoit des manches , & les autres
prétendent qu'il n'en avoit point. La plupart d;feuc
qu'il étoit fort court \, Se cjnelques - uns ajoureivï
qu'il vtnoit^jufqu'aux pieds par la partie de derrière.
Il y avoit deux iortes d'dphod. L'un écoutommun à
tous ceux qui fervoientau temple, ôc étoit fait feu-
lement de lin : i5c l'autre étoit particulier au Souve-
rain Sacrihcateur , & étoit fait d'or, de pourpre,
d'écarlate, de cramoih, & de lin Im retors. Il ell
parlé du premier au I. Livre de Samuel , chapitre 2.
verfer 18. Si il eft parlé du fécond au ty. de l'Exode
verf. 4. & 15. Il e!f dit encore au fécond Liv. des
Rois'VI , 14. quedanslarranllation de l'Arche d'Al-
liance , de la mailon d'Obédedom dans la ville de
David , lorfque ce Prince danfoit devant l'Arche ,
il éroit revêtu d'un éphod de toile \ d'où e]uelques
Auteurs concluentqu'4 Véphod étoit aulli un habille-
nrent des Rois dans les cérémonies de Religion.
Ce met "tiiiV , ephod , vient Q'^2^J aphad , verbe
Hébreu, qui lignifie Rcvctlr , hatuicr , comme
il paroît par l'Ecriture, Exod. XXIX. 5. & Lcvit.
VilL 7.
ÉPHÛDDEBUTS. Terme du Grand Art. C'ellle nom.
qu'on donne à la pierre des Sages , lorfou'elle efl:
parvenue au rouge parfait.
ÉPHORE. f. m.Ephorus. Magilfrars qui étoient établis à
Sparte pour balancer & réprimer l'autorité des
Rois , & pour en être les infpetleurs ; comme les
Romains avoient établi à Rome les Tribuns du
peuple pour brider & contrôler la puiirince Ats
Confuls. Les Ephores ont quelquefois challc & fait
mourir les Rois. Ils abolilfoient la puillance des
autres Magiftrats, & faifoient rendre compte à qui
bon leur fembloit de fa conduite. Licurgue avoic
bien compris , que l'intelligence parfaite entre le
Peuple &: le Souverain eil la bafe & le fondement
de leur félicité réciproque. Pour maintenir cette
inrelligence , il avoic établi les Ephcres , ou Inf-
pecteurs , qui n'obfervoient pas moins la conduite
du Roi que celle du Peuple, & tenoient li biea
dans l'équilibre l'un & l'autre^que l'autorité Royale
ne penchoit jamais vers la dureté & la tyrannie , ni
la liberté populaire vers la licence Hc la révolte.
TouRREiL. Les Ephores , dans les conjonéirurcs im-
portantes , faifoient agréer au peuple tout ce qu'on
avoit rélolu. Id. Ag/lilas, au milieu de les conquê-
tes , qui faifoient déjà trembler le Grand Roi , s'arr-
iére , Se retourne fur fes pas. Et cela par détérence
pour les Ephores , qui le rappellent ; tant la modé-
ration avoit pour lui de charmes, & lui paroilToit
plus glorieufe que les conquêtes. Tous les Auteurs
ne conviennent pas qu'ils aient été établis par Ly-
cufgue.
Ce mot vient du Grectfo^àv, intuerl , formé de
la prépofitioni— ' , & du vetbeèçSi', voir; 'if'^'t eft ua
Infpedleur : les Ephores étoient les Infpeéteurs de
toute la République.
EPHRA. Lieu que les Interprètes Grecs appellent
Ephrata. C'cft une ville de la Terre Sainte. Ephra.
La ville d'Ephra étoit dans la Demi-Tribu de Ma-
naffé d'en-deçàdu Jourdain, &: à l'orient de cette
Tribu ^ fi l'on en croit le P. Lubin. C'étoit la patrie
de Gédéon j dit Jofephe, Antig. L. K. C S. L'Au-
teur du L. des Juges, VIII. 27. dit quec'étoit la ville
de Gédéon.
ySi EPH
Il y avoir encore une Ephrci de la Tribu de Ben-
jamin , dans la rerre de Suai , ou dans Ion voili-
nage , & aux environs de Machmas. i. Liv. de
Jlois Xin. i6 , 17. Quelquefois elle eft appelée
Opheraj Jol". XVIII. 15. Le Grec appelle A'<p«j;« ,
ro;p£j« & r*(pEç«. Le P. Lubin l'a confondue avec la
précédente.
ÈPHRAIM. f. m. Le fécond fils que Jofeph eut en
Egypte d'Aféphet, fille de Putiphar , Prêtre d'Hé-
liopolis , fut nommé par l'on père j Ephr\:ïm j parce
que Dieu , en le lui donnant j multiplioit & faifoit
croître ou fruûifier fa frmille , Genele XLL 5 1. par
où il eft manifefte que onSit, EphrJ/n , vient de
ma, qui ûgn'iûe /ruci i/z^r , de qniï veut dus devenu
fruclueux , ou frudihcation , li l'on peut ainfi par-
ler , multiplication. Jacob en mourant, béniiïant
Manalfé & Ephruïm , préféra le cadet à l'aîné , &
transféra à Ephrcïm le droit d'aînefle ; mais il les
adopta tous deux , afin que dans la diftribution de
la terre que Dieu lui avoir promife , ils fulFent
cenfés fils, & non pas feulement petits-fils de Jacob,
& qu'ils n'eulfent pas une feule portion de cette
terre à partager entr'eux deivx , du chef de leur
père ; mais que de leur propre chef ils eulTent cha-
cun la leur , comme en effet cela hit exécuté. Delà
vient que la poftérité de chacun de ces deux fils de
Jofeph fit chacune une Tribu, Gen.XLVIlI. 16.
La Tribu d'Epkrùïm , ou Innplement Ephraïm ,
font les defcendans de ce fils de Jofeph , qui dans
•le dénombrement fait par Moyie , fe Trouvèrent
40500 hommes en état déporter les armes j qui
moururent tous dans le défert , à la réferve de Jo
fué, qui fit la conquête de la terre promife : de forte
que dans le dénombrement qui fut fait par Moyfe
3 8 ans après le premier , & à la veille d'entrer dans la
Terre de Chanaan, il ne le trouva plus dans la Tribu
d'Ephmïm que 3 1500 hommes en âge de porter les
armes j Nomh. XXVI. 3 7. Les chefs des familles de
cette Tribu font indiqués au même endroit , v. 25
& 3 (j. La Tribu d'Epraïm étoitune des plus nombreu-
fes & des plus puilfantes, Gen. XLVIII. 19. Deut.
XXXIII. 17. Pfeaum. LIX. 9. & C VIL 9. comme
une des plus vaillantes , des plus belliqueufes , Pf.
LXXVII. 9. La Tribu d'Ephraîm eft quelquefois
appelée du nom de Jofeph, comme Apoc. VIL 8.
Parce que Jéroboam j premier Roi d'Ifraclj ou
des dix Tribus j qui fe féparèrent de Juda après la
mort de Salomon , & firent un Royaume à parr ^
parce que Jéroboam , dis- je , étoit de la Tribu
d'Ephraïm j louvent par Ephr^iïn , l'Ecriture entend
ces dix Tribus J ou le Royaume d'Ifracl, à la dif-
férence de celui de Juda. par exemple. 1. Parai.
XXV. 7, 10. Pf. LXXVII. 9 , 66. If VIL 2 ;, 5. c\'c.
Jérem. VIL 1 5. Of. IV. 17. V. 8. &c.
Quelquefois même toutes les douze Tribus font
comprifes fous le nom d'Ephravn , parce quE-
phraïm étoit une Tribu des plus peuplées &des plus
puilTantes, ainfi que nous avons dit. C'eft en ce
fens qu Ephro'in eft pris en Jércm. XXXI. 9,18,
20. & en Zachar. X. 7.
Èphraïm , ou la Tribu d'Ephraïm, eft encore le pays
qui échut aux defcendans du Patriarche Ephraïm
danslaTerre promife. C'étoit une des XIII. Provin-
ces, ou des XIII. parties de cette terre j fituée d-
peu-près à fon milieu. Elle s'étendoit depuis la Mer
Méditerranée, qui la baignoit à l'occident, jufqu'au
Jourdain , qui la bornoità l'orient ^ &elle avoit au
nord la demi-Tribu de Manalfé d'en-deça du Jour-
dain , & au midi les Tribus de Dan & de Ben-
jamin. Elle entermoit ce qu'on appela depuis la
Samarie.
La montagne d'Ephraïm. Quelques Auteurs ont
cru que toute la Tribu d'£'/'^'''^''^ étoit ainfi appelée^
parce qu'elle étoit pleine de montagnes; mais ils fe
trompent : on n'appcloit ainfi qu'une partie de cette
Tribu qui étoit montagneufe , comme on n'appe-
loir montagne de Juda , que la partie de la Tribu
de Juda J où paftoit la chaîne des montagnes qui
coupe la Terre-Sainte en deux en montant du midi
E P H
au feptentrion, C'eft donc proprement le milieu de
la Tribu d'Ephraï-m j que l'Ecriture appelle Mon-
tagne d'i/j/znriTZ , parce qu'en effet ce font des mon-
tagnes ; au lieu que vers le Jourdain & du côté de
la Mer le pays eft plus plar. /^ojejjofué j XVII. iç^
\6 , iS.XiX. 50. L. des Jug. IL 9. IIL 17. XIX. i',
16. X. des Rois. I. i. IX. 4. &c.
Il y avoir auili une forêt dans cette Tribu appelée
la lorêt d'Epkrùi a. Elle étoit à l'orient de la mon-
tagne d'Ephrdïm , entre le Jourdain & cetre mon-
tagne. C'eft dans cetre forêt d'Ephrc:ï;n qu'Abfalon
fut défait , & que ies cheveux s'étanr embarralfés
dans les branches d'un arbre , il fut tué par Joab ,
z. Reg. XVIII. 6. Le P. Lubin la place , mais mal ,
dans la Tribu de Gad : car l'armée de David avoit
palfé le Jourdain le matin du combat.
La Porte d'Ep/iraï 72 j étoit une Porte de Jérufa-
lem du côté du nord , ainfi appelée , parce qu'on
fortoit par cetre porte pour aller de Jérufalem dans
la Ttïbud' Ephruïn.
On dit Se écrit quelquefois Ephrem , au lieu d'f-
phraïm. Ainfi l'on dit S. Ephrem , Diacre de l'Eglife
d'Edelfe ; & la ville d'EpIirem appelée Ephrcï:n
au IL Liv. des Rois XIII. 23. f^oye^ E'.'hrem.
ÉPHRAIMITE. f. m. & f. Qui eft de la Tribu d'E-
phraim. Ephràinûta. S. Jérôme d\z Evhrath.tus j aa
Liv. des Juges XII. 5. mais Ephrath&us fignifie plu-
tôt, qui eft d'Eplirata.
ÉPHRATH, ouÉPHRATA. C'eft Bethléem. Voye^i
ce mot.
EPHREM. f. m. Nom d homme , qui eft la même
chofe qu'Ephraïm. Ephrem, EphrA/n. Sai'nt Ephrem ,
Diacre de l'Eglife d'Edelfe , florilfoit vers l'an 370.
de J. C. Gérard Volîius a ramalfé &: traduit les Ou-
vrages de S. Ephrem , qui furent imprimés la pre-
mière fois à Rome en 1593. puisa Cologne en 1603.
& après à Anvers en 161^. in-fol. Depuis le com-
mencement de ce fiècle on en a fait une btlle édi-
tion Grecque & Latine à Oxiord fur les manufcnts
de Bodley. Cave alFure qu'il y a beaucoup d'Ouvra-
ges de ce Père en Syriaque dans la Bibliothèque de
Bodley & dans celle de la Haye : car S. tphrem
écrivoit en Syriaque , & le Grec n eft qu'une tra-
duârion ancienne.
S. Ephrem , Diacre d'Edelfe , & Père de l'Eglife,
étoit originaire de cette partie de la Méfopotamie
que l'on comprenoit fouvent fous le nom de Syrie
de de-là l'Euphrate. Il vint au monde vers le com-
mencemenr du IV. fiècle de l'Eglife , & mourut
vers l'an 381. V^oye\ BoUandus & Baillst au fécond
jour de Février j Godeau , Elijl. de l'Egl. L. IV.
p. 6^10.
Ce nom eft Syriaque & Hébreu , £.< le même
qu'Ephraïm, qui fignifie cro'ijjance , accroiffernerit.
Ephrem. Jefus ne paroiftoit plus parmi les Juifs; mais
il s'en alla dans le pays voifin du défert, à une
ville nommée Ephrem. Bovu. en S. Jean XI, 54.
Cette ville eft appelée Epi h;-!m au 2. L. des Rois
XIII. 25. On la place comir.uiic.-nent fur les -confins
d'Ephraim & de Benjamin. Elle n'étoit pas éloignée
de Jéricho.
EPHRON. C'étoit une ville de la Tribu d'Ephra'im,
félon le P. Lubin , & de la Tribu de Benjamin , fé-
lon M. Reland , dans fa Paleftine , T. IL p. 765.
Ephron , dit Euiebe, étoit à 8 milles es Jérofaleni
du côté du nord.
Il y avoit encore une ville de ce nom à l'orient
du Jourdain J vis-à-vis de Scyrhopolis. i. Mackab.
/^.45, 51. Elle étoit dans la demi-Tribu de Ma-
nalle.
Le mont Ephron étoit dins la Tribu de Juda, du
côté de l'occident , dans fa partie Septentrionrde.
jor.xr.o^.
ÉPHYDRIADE. f. f.Termede Mvrhplogie./^r/:;. . .
Les Ephydriadcs , appelées nulfi iimplemenr M^ '1,1-
des, font des Nymphes des eaux; qui prélidènt ,
aux eaux.
Ce nom vient d'i'-^j?, àiiùa ,• de l'em, &: its-V^Ju-
pcr, fur ; de fignifie une Déelfe qui eft i\r '■-■ 4";lx ,
l
EPI
prcpofée fur les eaux ,qui a l'intendance des eaux.l
f'^o)ci VolÎRis :, De Mol. II. C. jS. à la hn. Par-'
ihenius dans fes Erodca. j C 14. fait mention des
Ephydriades.
ÉPHYRÉ. f. f. Terme de Mythologie. Nom d'une
Nymphe. Ephyrci , Ephyrc. Hérodote en parle fur
Je témoignage d'Eumelus j hls d'Emphylice, qui,
dans une hiltoire de Corinthe qu'il avoir écrite,
difoir (\\xEphyré avoit la première habité le terri-
toire de Corinthe.
La Nymphe Ephyré n'c^ connue que pour avoir
donné fon nom à Corinthe. Elle étoit hile de l'O-
céan & de Thétys. Car Ephy re ell aulli un nom de
- cette ville du Peloponefe , comme on le voit dans
Ovide , Met. L. II. v. 259. dans la Pharfale de Lu-
cain, L. VI. v. 57. De-là vient que le même Lucain
appelle les murs de Durazzo , les murs Hphyriens
au même L. v. 17. Ephyreaque mxnia fcrvat ^ parce
Durazzo avoit été tonde par un Corinthien nommé
Phahus. Et Virgile , Georg. II. v. 4<Î4. dit de l'ai-
rain Ephyréen , pour de l'airain de Corinthe : «.'s:
Claudien , d&^cllo , Cet. v. ôit). les filles Ephy-
réennes , pour Corinthiennes. Plufieurs autres
villes ont encore porté ce nom. Foye^ Etienne de
Byzance.
EPHYREEN , ENNE. f. m. & f. & adj. Qui ell: d'E-
phyre ; c'eft-à-dire , de Corinthe j Corinthien.
Ephyr£us. /'ojc^EphyrÉ.
EPI.
^fT ÉPI. f. m. Spici. Terme de Botanique , défigne
proprement l'amas de fleurs & de grains de blé.
Un épiàe froment, de feigle , d'orge , &c. Et par
comparaifon , on dit que les fleurs de la lavande , de
l'amorpha , &c. font rallemblées en épis j parce
qu'elles forment un cône allongé qui termine les
branches.
On dit la tige de l'épi , ou le tuyau , ou chaîne;
le nœud de Yépi ; l'arête ou rangée des grains de
Vépi-^ la bourfe ou la balle qui renferme chaque grain
de lepi'i la barbe de l'e/^/.Cérès eft couronnée d'e/7ij
mûrs , iXépis dorés. On a vu fortir d'une même ra-
cine 80 épis de froment.
On dit , communément , que jamais Avril ne fe
pafla fans épi. Ac. Fr.
Épi. Terme de Chirurgie. Spica. Efpèce de bandage ,
ainfi appelé, parce qu'elle repréfente j par fes tours
de bande & dedoloires, les rangs d'un épi de blé j
qui fe nomme en Lmnfpica.
Épi. de la Vierge. Terme d'Aftronomie. C'ed: le nom
d'une étoile Royale & de la première grandeur ,
qui s'appelle autrement Arifta , Afimech & Vinde-
miarrix. Cette étoile en l'année 1722. étoit jufte-
menr à 200 d. o'de longitude ; c'eft'à-dire , à vingt
degrés du ligne de la balance.
Ce mot vient du hMin fpica.
Épi J en terme de manège j efl: une efpèce de frifure
naturelle du poil du cheval , qui fe relève fur un
poil couché J (Si qui forme une marque approchante
de la figure d'un épi de blé. Le cheval doit avoir un
épiz\x front. SoLEisEL. On l'appelle autrement /wo-
leue , & il fe trouve plus fouvent entre les yeux. Si
VépitÇi haut au deflTus des deux yeux ^ le cheval a
ordinairement la vue bonne \ fi l'epieft frontal au-
detfous des yeux , fouvent le cheval a la tête grofle,
& la vue n'eft guère aflurée. Beaugrand.
Épi , en Architedure , eft l'alfemblage des chevrons
qui fe fait dans un comble circulaire avec des liens
autour du poinçon. On appelle épi de faîte le bout
du poinçon qui paroît au-delfus du faîte d'un com-
ble. C'eftoù s'attachent les amortilTemens , loit de
poterie, foit de plomb. Soudure en épi, efl: une
grolTe foudure avec batures en forme d'arête de
poiflon. Briques en éni font des briques pofées dia-
gonalement fur le côté en façon de point de Hon-
grie.
Épis , font encore des crochets de fer qu'on met fur
EPI 783
k s baluftrades , & autres endroits, pour empêcher
qu'on n'y palîe.
L'Ordre de l'Epi. Ordre militaire des Ducs de Bre-
tagne. EqucJIris Gido Spic<e. Il paroît que c'eft le
même que l'Ordre de l'Hermine, auquel on ajoute
un leccnd collier compofé d'épis de blé , & termi-
né par une hermine pendante , attachée au collier
avec deux chaînes. Ce collier étoit ordinairement
d'argent. Ceux qui ont traité des Ordres militaires
rapportent l'inftitution de celui-ci au Duc François I.
qui, difent-ils, l'inftitua vers Tan 1450. félon d'au-
tres 1448 i mais le P. Lobineau dit qu'en 1447. Le
Duc donna cet ordre à des Anglois , & que c'efl: la
première lois qu'il en efl: parlé. Ce Père dit que ca
collier fut inventé pour être donné aux Gentilshom-
mes moins diflingués. Sur l'hermine étoient ces
mots , A MA VIE , Poaus mori , qui faifoient la
devife de cet Ordre. Jufliniani en parle, T. Il,
C 17.
Epi d'eau y f m. Fontalis. Genre de plante à fleur en
lorn^.e de croix , compolée de quatre pétales fans
calice.
Epi , Ce mot entre dans la compofirion de plufieurs
mots François qui viennent de la langue Grecque ,
& qui dans cette langue commencent par la prépo-
fition tîs^î. Ces mots François ne prennent jamais
d'j après l'e. Tels font Epibatére ^ Epicarpe, Epi-
ploon , Epiphane , Epicéde , Epicéne _, Epicérani-
qiie , Epicherême , Epiphonême , Epidcrme , &:c.
ÉPI A LE. .adj. On appelle fièvre épia/e , une efpèce de
fièvre quotidienne continue , dans laquelle on lent
une chaleur répandue par tout le corps ^ & en mê-
me tems des trifl'ons vagues & irréguliers. hpialus.
Selon P. ^ginet, il eii formé par métaphore de
«Af, àxxos mcr-^ parce que la mer paroît d'abord
tranquille : mais elle ell très-orageufe quand elle
s'agite. Col de Villars.
ÉPIAN, Vulgairement Pian, f m. C'efl une mala-
die fort commune dans l'Amérique, qui efl la mê-
me que nous appelons en France Alal de Naples
ou vérole ; mais qui fe guérit avec bien plus de fa-
cilité qu'en Europe, principalement à l'égard des
enfans. VEpian eft fort contagieux : il n'eft pas be-
foin d'avoir commerce avec une femme débauchée
pour le gagner \ il fuffit de coucher dans le hamac
d'un Epianijh , ou peut-être de boire après lui.
Ceux qui mangent du carrer, qui eft une des ef-
péces de tortues, en font infailliblement guéris;
car cette nourriture chalTe tout le venin du corps
en dehors par de gros doux ou puflules qui gué-
riflent généralement de toutes fortes de mala-
dies. Il y a d'autres fauvages vers le Canada qui
s'en guériflènt en fe purgeant violemment deux ou
trois fois j & fe couchant cnfuite tout nuds fur le
fable , expofés au foleil pendant toute la journée ;
mais la méthode la plus ailée eft de boire de la ti-
fane de Gayac & de Squine pendant quelques
jours , &: faire quelque exercice violent qui puilTe
provoquer la fueur. Foye-{ le P. Labat. Le P. Plu-
mier dit que le fruit de Xagua , autrement Gempa ,
eft excellent contre YEpian. M. Aftruc dit que la
vérole chez les Américains s'appelle Epian , êc que
c'eft le nom que lui ont donné les naturels de l'Ile
de S. Domingue.
ÉPIBATERE. f. m. Sorte de pièce de vers chez lei-
anciens Grecs. Epibacerium. Quand quelqu'un après
une longue abfence , ou un long voyage , retour-
noit dans fa patrie , il aflembloit fes concitoyens
un certain jour , & leur faifoit un difcours , ou
leur récitoit une pièce de vers , dans laquelle d'a-
bord il louoit le Prince ou le Magiftrat , enfuite il
rendoit grâces aux Dieux de fon heureux retour,
puis finilloit par un compliment à (es compatrio-
tes. C'eft cette pièce de pocfie que les Grecs appe-
loient 'E'-zri/iar^fut , Epibatère , mot qui vient d 'w(-
f<ï(»», je reviens. L'Apobatère , Apobacerium ,éio\t la
pièce que l'on faifoit en partant. Il n'y avoit que
les Notables des villes qui fiifent l'Apobatère ôc
ÏEpibatere.
784 EPI
ÉPIBATÉRIEN. adj. ni. Terme de Mythologie", fur-
nom d'Apollon, comme qui diroic j Apollon de
bon recour. Eplhatcnus. Ce Dieu étou honoré en
cette qualité à Trœzene , dans un temple que lui
bâtit Dioméde , parce qu'en revenant de Troye il ne
fouth.it point de la tempête,, qui réduiht tous les
autres Grecs à l'extrémité. L'étymologie ell la même
que celle d'épibatèce.
ÉPICAIE. f. f. Vieux mot. Equité , adoiicidement de
la rigueur du droit. Ce mot ell Grec , èî^»^»-"* , &
fe trouve dans \i Dictionnaire de Nicot , aulli-bien
que epicaifer, pour dire , ftatuer félon le droit ^ la
raifon.
ÉPICARE. Montajzne des Alpes. Epïcarus mons. Le
mont Epicarc ell éloigné de Suze de quatre lieues.
C'eft fur le mont Epk.ire que fe retira d'abord Hu-
gues Fondateur de l'Abbaye de Clufe. P. Hélyot,
T. V. C. 20. Le mont Epicarc eic vis-à-vis le
mont Carpâze. Mabillon , Ann. Eéncd.h. XLFII.
EpiCARPE. f. m. Terme de pharmacie. Epicarpiurn.
C'ell une efpèce de cataplatme compofé d'ingré-
diens acres & pénétrans , comme d'ail , ou d'oi-
gnon , de toile d'araignée , d'ellébore j de camphre,
de thériaque j &c. lequel on applique autour du
poignet à l'entrée d'un accès de iîèvre , pour chaf-
îer la fièvre. Il y a aufll des Epicarpes confortatifs.
Ce mot eft Grec, il vient d'éra-» , & de x-afi-'^s , car-
pe j poignet. On dit auffi péricarpe dans le même
lens.
ÉPICASTE. f. f. Fille d'Egée j fut une des femmes
d'Hercule , qui la rendit mère de Tlieifala.
Épicaste , c'ell la même que Jocafte j mère d'CEdipe.
ÉPICAUME. f m. Terme de chirurgie, elpèce d'ul-
cère qui fe forme fur le noirderœil. i=ri'x«u^«, de
Kcila , brûler, Voye:^ le Dictionnaire de James.
ÉPICE. f. f. Aromata. Sorte de drogue Orientale , &
aromatique , qui a des qualités chaudes & piquan-
tes ; tels que font le poivre j lamufcade, le gin-
gembre, le macis, la cannelle, le clou de girofle j la
maniguerte , &c. donc on fe fert pour alfaifonner
les viandes. Il n'eft pas fain de mettre trop êîépices
dans les fau (Tes.
EpicE BLANCHE , ou jPffzVs épicc. C'eft le gingembre
battu iSf réduit en poudre.
On dit d'un Auteur dont le ftyle eft mordant &:
cauftique , qu'il n'épargne pas les e'pices : d'un Li-
vre , d'un difcours écrit dans ce gouc j qu'il eft
plein d'épices, que les épiceries n'y manquent pas ,
qu'il eft falé & e'picé.
Pain d'epice j eft un pain qu'on aftaifonne avec
des épices , qu'on paîtrit avec de l'écume du fucre ,
ou du miel , qu'on donne aux enhans- Le pain d'e-
pice de Rheims fe fait .avec de la farine de feigle,
du miel & un peu de poivre & de cannelle
E P I
gent qui appartiennent au Rapporteur & aux Ju-
ges pour i'éxamen & le jugement d'un procès
par écrit. Au commencement il n'y avoir que les
Juges pcdanées à qui on donnoic des f/'icvjr ^ par-
ce qu'ils n'avoienc poinc de gages : les épices n'en-
croient poinc en taxe. Celui qui gagne fon pro-
cès avance les épices , ma.\s ii a droit de les répé-
ter , faiianc partie du coût de la Sentence ou de
l'Arrêt ; &c l'on donne au Secrétaire pour le rem-
bourfement des Epices.
Les Epices fe partagent entre les Juges. Le Rap-
porteur a une part plus force , comme ayant eu
plus de peine.
Les droits qui fe p.ayent aux Juges dans les
procès qui fe jugent de grands ou de petits Com-
milfaires , s'appellent vacations.
On dit proverbialement d'un homme fort ru-
fé, que c'elt une fine épice-.ww'i fine mouche. On
dit qu'un Juge aime bien le pain d't'/^ice j quand
il fe taxe de grolies épices. Dans les petits fats
font les bonnes épices j pour dire que les petites
perfonnes font ordinairement les^his fpirituelles.
Le mot d'épice vient du LRÛnjfpec:es : ce mot
fpecies a été d'abord employé par les Jurifcon-
fultes pour exprimer ce que dans l'ufage ordinaire
on appeloit/z-v/oej-j Biens de la terre. Dans la fui-
te on reftceignit le mot dtjpecies aux aromates ,
& on leur donna le nom d'épices Se d'épiceries.
EPICEDE. f. m. Terme de Poêfie Grecque îk Latine.
Pièce de vers iurla mort de quelqu'un. Epicedium.il
y avoir aux obiéqnes d'un homme de marque trois
fortes de difcours. Ce qui fe difoic proche du
bûcher , s'appeloit Nanix \ ce qui fe gravoit fur le
tombeau , épitaphe , & ce qui fe faifoic dans
la cérémonie des funérailles , s'appeloit épicéde :
c'eft notre oraifon funèbre. Voye\ Scaliger, Poéc.
L. I. C 50. Il y a dans Virgile deux exemples d'i-
picédes, deux beaux épicédes ; celui d'Euryalus, &
celui de Pallas.
Ce mot eft Grec j & vient d'fari ,fur , Se x^'ê'iB-ai ,
qui fignifie, faire les funérailles, rendre à quel-
qu'un les derniers devoirs, de xî<^« , cura.
EPICENE. adj. Terme de Grammaire. Promijcuus y
communis. Il fe dit de tous les noms qui fous un
même genre, & une même terminaifon , mar-
quent les deux efpèces , comme aigle , fouris , &c.
On diftingue épicène & commun. Commun , eft un
nom qui peut fe joindre à l'article mafculin & au
féminin ; épicène eft celui qui eft toujours joint à
un feul des deux articles, & cependant fignifie les
deux genres. Il vient du Grec (nrlxeitc; ^ qui fignifie
la même chofe.
EPICER. V. a. Afl^ifonner quelque chofe avec des
épices. Condire aromatibus , imbuere. Les gens du
Nord épicent beaucoup coût ce qu'ils mangent.
On dit figurémenc & familièremenc qu'un Ju-
ÉPICES , s'eft dit particulièrement autrefois, des dra- ! §^ 'Pf be.iucoup , qu il epice rudement , quand il
gées & des confitures qu'on donnoit en préfent aux ' a ^^^^ ^^' epices^ trop fortes pour fes jugemens.
Juges , quand ils avoienc faic gagner un procès, & Epicer , ou plutôt e;.#r , en termes de Marine , fi-
cela par pure gratification. Depuis , ce préfent a ^nihe , alfemoler un bouc de corde avec un ancre ,
été converti en taxe pécuniaire. Opers. judiciarid,
pretium , merces j JporcuU judiciaria j fpecies
erum.
entrelaçant leurs fils ou cordons l'un dans l'autre:
ce qui fe faic par une broche de fer appelée cor-
net d'épice, &a lieu de cornet d'épijje.
ÈpicÉ , Ée. parc. Imhutus ,conditus miilto aromate.
s'apeloient épices\ parce qu'avant la découve'rte ÉPICÉRASTIQUE. f m. Terme de Médecine. Epl-
'' --.. - - ^.„.. ceraflicum. Ce font des remèdes , qui par leuc
qualicé emplaftique , ou par leur humidité tem-
pérée, émouftenc l'acrimonie de Ihumeur , & le
fentiment irrité de la partie affligée : tels font les
racines d'alchéa , de mauve & de réglilfe \ Iss
feuilles de laitue, de mauve , de nénuphar, de
pourpier, les femences de lin , de pavot, &c.
mène J que le Sire de Tournon, par la licence de ^fT II eft aulîi adjedtif. Remède épicéraftique. Les
la Cour, bailla 20 francs d'or pour \qs épices. On : racines de mauve , guimauve, &c. font des remè-
demande encore le vin &: les épices à la fin des re- ' des cpicérajliques.
pas qui fe font dans les écoles de Théologie & ÉPICERIE, f £ Eft le Corps des Marchands Epiciers,
de Médecine, de quelques Univerfités. 1 qui eft le fécond des fix Corps de Marchands de
EpicEs J aujourd'hui fe dit au Palais des droics en ar- 1 Paris. Foy. épicier L'Epicerie a quacte ^tats difrc-
r€ns
Ces forces de préfens qu'on faifoic aux Juges
s'apeloient épices , parce qu'avant la découverte
des Indes on confifoic les fi-uics , & on faifoic les
dragées avec des épiceries, & non pas avec du fu-
cre, qui écoit fore rare en ce temps-là. Foye^ Paf-
quier. La libéralité volontaire des dragées & con-
fitures fut tournée en nécelfité, & changée en ar-
gent. On trouve l'origine 'de ces ^'pices en argent
dès l'an 15(39. On voit fur le Regiftre du Parle-
EPI
retîs,qui l'ont les Epiciers, Ciergiers, Apothicai-
res & Confifeurs.
C'clt aulli un nom coUedif qui comprend non
feulement les épices, comme la cannelle , la muf-
catle,&c. mais encore le fucre, le miel &c les dro-
gues médicinales qui viennent des pays éloignés ;
en un mot tout ce que vendent les Epiciers, --^/o-
mata , merx aromacana. Les Hollandois, fe font
enrichis au trafic des épiceries. Il en eft des pro
verbes comme de épiceries: elles rélevenc le goût
d'une faulfe , fi l'on en met un peu j & elles la
gâtent j (\ l'on y en met trop. Gail.
ÉPICHEL, Le Cap £Epichet. Barbarium promonto-
rium. Il eft fur la côte de l'Eftramadoure Pcjrtugai-
fe , à quatre ou cinq lieues au fud de l'embou-
chure du Tage.
EPICHERÊME. f m. Terme de Logique. Epichere
ma. Syllogifme dans lequel chaque prémiffe eft
accompagnée de fa preuve. VEpichérème eft d'un
grand ufage dans l'éloquence, furtout quand la
propolicion pourroit révolter ceux à qui on par-
le. Il faut donc alors joindra à la majeure la preu
ve , & de même à la mineure j s'il eft nécelfaire
Le chef-d'œuvre des Oraifons de Cicéron , la Mi-
Ionienne , eft un épicherème perpétuel : ce mot
, vient du grec ïTupif.fi».
EPICIER , 1ÈRE. i.m. Se f. Qui fait trafic d'épicerie j
droguerie & grofterie. Aromatarius. Les Apothi-
caires font partie du Corps des Marchands Epi-
ciers & Droguiftes. Les Epiciers prennent pour
leur Patron Saint Nicolas , à caufe que la plupart
de leurs marchandifes viennent par eau , & que
Saint Nicolas eft le Patron de ceux qui trafi-
quent fur l'eau. Les Epiciers ont des Maîtres &
Gardes, qui ont droit de vifite & de rétormation
des poids , balances & mefures , fur tous les
Marchands & métiers de la Ville, faubourgs &
banlieue de Paris, qui vendent leurs marchan-
difes au poids , & ont eu de tout temps la garde &
l'étalon des poids & mefures. Les méchans Auteurs
font fujets a allet chez ['Epicier. Deferar ii\ vi-
cum vendenùm thus & odores , & piper j & quid-
quid charcis amicitur ineptis. Ainfi il y a long-tems
que la coutume en eft établie, f^oye^ les Régle-
mens fur les Epiciers & les Epiceries dans le
Traité de Police du Commifiaire De la Mare ,
Titre X. T. I. p. 5 85. & p. 530. l'Article VI. &
VII. de l'Edit du Roi donné en Juillet i68i tou-
chant la vente ou garde des poifons.
ÉPICLIDIES. f f. Pi. Fêtes en l'honneur de Cèrès à
Athènes , félon Héfychius.
ÉPICRASE . f. f. Amélioration d'humeurs. Epicrajis,
Une cure faite avec des alcérans , par degrés & avec
des remèdes tempérans , eft appelée une cure /7er
epicrajîn. Ce mot vient de K£ç«vyi/|«( , mêler ^tempérer.
ÉPICRÉNE. f. f. Fête des Fontaines a Lacédémone.
EPICURIEN, f. m. Epicureus , de grege Epicuri. Ce-
lui qui foutient les opinions , ou qui fuit les maxi-
mes du Philofophe Epicure. Quelques-uns mettent
de la différence entre Epicurien & Epicuréijie. Les
Epicuréiftes font les Atomiftes modernes j qui ont
Gaflendi à leur tête , & qui en faifant Dieu auteur
des atomes, & de leurs mouvemens , ont cru pou-
voir expliquer par l'union & ladéfunion de ces cor-
pufcules primitifs, les perpétuels changemens du
monde. Les Epicuriens ont été de tout temps dé-
criés pour leur morale & leur attachement au plai-
lîr fenfuel. Bien des gens ont voulu les juftifier,
en prouvant que le plaifir , dans lequel Epicure
metioit le fouverain bien de cette vie , n'étoit
pas le plaifir brutal , mais le contentement de
i'efprit , la tranquillité de l'ame exemte du
trouble des paffions , &c. Il y a bien de l'ap-
parence que cela eft vrai, mais fans entrer dan?
cette queftion , que M. Galfendi, M. du Rondel
& autres bons écrivains ont traitée à fond, il eft
certain que dans notre brigue , félon l'ufage le plus
reçUj Epicurien {q prend eri mauvaife part j pour
un homme débauché , ou du moins pour un
Tome III.
EPI y'^s
hornme indolent, mou , efféminé , qui ne cherche
qu'à^ vivre doucement , qui ne fonge qu'à foti
plaiiir ,^ & ne s'occupe que peu ou point d'af-
faires fcrieufes , qui n'aime que foi-même , &c.
C'eft un franc Epicurien. Epicuri de grege porcus.
Il y avoir de deux fortes d'Epicuriens ; les ri-
gides, & les relâchés. Les Epicuriens rigides,
attachés aux fentimens d'Epicure , mettoient
la félicité dans le plaifir honnête de Tefprit ,
caufé par la pratique de la vertu. Les Epicu-
riens relâchés , prenant grolfièrement les termes
de ce Philofophe, la mettoient dans les plaifirs du
corps & dans la débauche. Les premiers , qui
écoient les véritables Epicuriens , appeloient les
autres les Sophiftes de leur doifrine. Les Epicuriens
reconnoilToient un Dieu , mais ils ne croyoient pas
qu'il fe mît fort en peine des chofes de ce bas
monde , ni de fon gouvernement ; &c nioicnt la
providence.
Les Epicuriens ont été ainfi nommés du Chef
de leur fedte Epicure , qu'on accufe pourtant de
n'être pas auteur, mais de n'avoir fait que débi-
ter fur la Phyfique la doctrine de Démocrite , Sc
fur la Morale , celle d'Ariftippe. Quoi qu'il en
foit, Epicure étoit Athénien, de la famille des
Phelaides. Il naquit la troifiéme année de la cent
neuvième Olimpiade , & conféquemment 541 ans
avant Jefus-Chrift j le 20* du mois Gamelion ,
qui repondoit à peu-près à notre mois de Décem-
bre, Il commença fon Ecole à l'âge àt ^C ans.
Il mourut de la pierre , la féconde année de la
cent vingt-feptième Olympiade j la 72,' de fon
âge, & la 17 1*^ avant Jefus-Chrift. Voye^ Dio-
géne Lacrce , dans la vie de ce Philofophe.
ÉPICURISME ou EPICUREISME. f m. Epicurifmus.
Nom de feéte. Doctrine d'Epicure , fyftême , mo-
rale , manière de vivre d'Epicure &c des Epicuriens.
On a formé ce mot fuivant l'analogie des autres
noms de fedles , Mahometifme , Arianifme , Plato~
. nifme 3 Luthéranifme ^ &c. Lucrèce a mis VEpicu-
rifme en vers. IJEpicurifme étoit regardé par les
Payens même comme une fette abominable. L'Epi~
curifme embralfoit & la Phyfique & la Morale. Dans
la nature le premier principe, félon les Epicuriens,
ce font les atomes. Par rapport aux mœurs, le pre-
mier principe , c'eft le plaifir , qui eft la fin Se le
bonheur de l'homme. Cicéron a prérendu qu'Epi-
cure entcndoit parler du plaifir raifonnable Si fpi-
rituel de l'ame, & non du plaifir des fens & du
corps. On peut comparer le Janfénifme à \Epicurif~
me. FÉNF.L. Combien VEpicurifme étoit-il plus fage,
plus mefuré , plus favorable au libre arbitre , plus
accommodé à la règle des mœurs , plus propre à
réprimer le vice. Se à foutenir la vertu \ en un mot ,
plus digne de l'homme, que votre honteux fyftême,
qui ne lailTe rien de réel au libre arbitre , & qui
abandonne tout au feul plaifir pour le vice contre la
vertu. Id.
ICTSur l'Epicuréifme, voyez atomes & Elémens.
Il ne fiut pourtant pas confondre l'Epicuréifme
dont nous parlons avec celui qu'embraffi le fameux
Galfendi , Prévôt de Digne, Se Profefieur en Aftro-
nomie au Collège Royal. Celui-ci ne donne rien au
hafard , & admet des atomes ctées par le Tout-puif-
fant. Il ôte toutes les impiétés qui infeéfoient l'an-
cien fyftême d'Epicure, & le préfente avec des beau-
tés qui le rendent plus fupportable Se moins con-
traire aux loix de la faine phyfique.
§3* Les atomes d'Epicure, dit M. Pluche , ne
font dignes que de rifée. Ceux de Gaffendi , ou nous
mènent à l'irréligion. Se déshonorent la raifon, Cl
l'on prétend en tirer quelque chofe d'organifé fans
un ordre exprès de Dieu , ou ne nous apprennent
rien , Ci Dieu en fixe Se la nature Se Tufige p^r des
volontés fpéciales.
ÉPICYCLE. f m. Terme d'Aftronomie. Epkyclus, or-
biculus. Comme les Aftronomes ont inventé un cer-
cle excentrique pour expliquer l'irrégularité appa-
rente dss Planètes , Se leurs diverfes diftancgs à l'é-
/
»tS 6
EPI
E PI
' gard de la terre , ils ont de même im.iginé un petit* les étangs & dans les marais. L'cpi- d'eau efl: aftrin-
cercle pour expliLjaer les lUci^ns «Se i^s réctograda- gent ik rétngeiant. On i'ernploïc pour loulager les
rions des Planètes. Ce petit cercle, qu'ils ont appelé
epicyde , a pour centre un point pris fur la circon-
férence d'un autre plus grand iSi excentrique , lur le-
quel il ie meut, emportant avec foi la Planète dont
Te centre fe meut aulîi régulièrement lur la circon-
férence de l'e'pkydey en delfous félon l'ordre des
figues , & en delTus contre la fuite des lignes. Le plus
haut point de ['epicydc s'appelle Vapogct , & le plus
hxs pcrigée. Le grand cercle fur la circontèronce du-
quel ïépicyde 3. ion centre, s'appelle le déjàcnt de
répkydey parce qu'il porte Vépkydc^^ en le traver-
fant par le milieu. La Lune fe meut iur un épkyde
dont le centre eil fur l'oibite de la terre, félon 1 hy
pothèfe de Copernic. Mais dans celle de Ptoiomée ,
gr.mdes douleurs de la goutte. Acad. Fa.
ÉPIDÉMIE, ou EP1L)L\11E, f. h Mal contagieux
qui atlecte en même tems dans un même heu un
grand nombre de perfonnes , & qui dépend d'une
caule commune & accidentelle, comme l'altération
de l'air ou des alimens. Epidemia , morbus epidtml-
ciis , popular'is. Ce nom vient de ce que ces maladies
font communes à toutes lortes de perfonnes, de
quelque lexe , âge &c qualité qu'elles foient , pro-
venant d'une caufe générale. Les Latins les appel-
lent populaires. Elles lont oppolécs à celles que les
Méc^ecms t^^^<i\\i^u\. fporadiques , qui font épatfes
çà & là, iic qui ont des cauies particulières. Elles-
lont de mcme diftinguées des Endémies qui atta-
qui fuppofoit les cieux folides , X épkyde étoit un quent particulièrement les habuans d'une contrée,
globe qui tournoit avec la Lune dans TépailTeur ''
/-''oye^ ces mots,
qu'on donnoit à Ion ciel, & qui la faifoit voir tan-', EPIDEMIE. 1. f. Nom d'une fête d'Apollon à Delos
"^ -A^_i..i_,T\ ,1 __ _ I < 2^- à Milet , & de Diane à^rgos. ii/;ia'tfw/<«.
Ce mot vient d'^^-Zdans, & ^^^«s- peuple; «Se
on l'avoit donné à cette tête, parce qu'on s'imagi-
noit qu'en ces jours ces Dieux étoient parmi le peu-
ple. D'où vient que le dernier jour de {'Epidémie ,
on chantoit des hymnes qu'on nommoit àzrtiz^efi7rTix.éi
pour leur dire adieu & les conduire à leur départ.
Comme ces Dieux ne pouvoieiit être par-tout , ÔC
qu'ils ètoienr honorés &c invoqués en pluhcurs en-
droits dirtérens , ils avoient des tems marqués pouc
aller en chaque lieu recevoir les vœux de leuts ado-
rateurs. Voyez Scaliger , Poët. L. j C. 114.
ÉPIDEMIQUE. adj. m. &c f. Terme de Médecine. Qui
tient de l'épidémie. Maladie cpidémique. Epidcmicus.
Les efprits font fujets aux maladies épidémiques
comme les corps : un feul homme infatué tout. un
pays en peu de temps. Bay. Le vice eft dans le mon-
de comme une maladie épidémique à laquelle peu
de perfonnes échappent.
On appelle médicamens épidémiques j àts re-
mèdes alexipharmaques propres à guérir les mala-
dies épidémiques malignes. Tels font l'eau épidémi-
que 3 l'eau antidotale ou alexiphatmaque, la théria-
que, ikc.
ÉPI DERME, f. m. Terme d'Anatomie. Cuticula yjum-
nia curis. C'ell cette membrane très-déliée qui fert
d'enveloppe générale à la peau à laquelle elle eft
fortement attachée. On l'appelle aulli la cuticule , la
première peau i ou X^xfurpeau. Quelques-uns croient
qu'elle eft née de l'excrément de la peau. Hippo-
crate croit qu'elle s'engendre par le hoid , comme
fur de la bouillie il fe fait une petite peau , & fur
du fang hgé ; mais il eft certain qu'elle eft produite
dans le même tems & de la même manière que les
autres parties , & qu'on la trouve aux enfans qui
font encore dans la matrice , quelque âge qu'ils
aient. \Jépideraie n'a ni veines, ni artères, ni nerfs;
c'eft pourquoi il eftinfenfible. Les parties aqueufes,
qui lont les velîies, palfent aifément au travers de
la peau , & s'arrêtent fous Vépiderme.
tôt plus haute & tantôt plus balfe. Il y a long-tems
qu'on eft revenu de cette erreur.
Épicycle. C'eft aufli un terme d'Horlogerie. C'eft un
petit cercle qui fe meut dans un autre cercle excen-
trique qui le fait mouvoir.
ÉPICYCLOIDE. f. f. Terme de Géométrie. Ligne dé-
ctite par le mouvement'rl'un cercle fur la circonté-
rence d'un autre cercle. Epicydoïs. Tout le monde
fait qu'une Cycloïde fe forme par le mouvement
d'un cercle fur une ligne droite, qui devient la baie
de la Cycloïde ; mais fi le mouvement du cercle, au
lieu de fe faire fur une ligne droire , fe faifoit fur la
circonférence d'un autre cercle prife pourbafe, alors
la courbe qui fe formeroit , ne feroit plus une Cy-
cloïde , mais ans Epicydoïde. M. de la Hire a donné
au public en 1694 un Traité des Epicydo'des , où
il examine leur nature & découvre particulièrement
plufieurs ufages quelles peuvent avoir dans la Mé-
canique- Font. Acad. des Se. \-joi. Hift. pag. 57.
La courbe formée par la réfraétion doit être une
Epicydoide. Id. /J. 58.
Ces mots vienent du Grec £=•< & x-Uxt; cercle , cir-
culas. Comme qui diroit cercle fur un autre cet de.
EPICYÊME. f. m. Terme de Médecine. EVixu'^i^* de
«ua> concevoir. Ce mot ftgnifie dans Hippocrate ,
un fétus conçu dans l'utérus, après qu'un autre l'eft
déjà, Se quelquefois une mole.
ÉPICYÈSE , f. f. Ce mot , qui a la même dérivation
que le précédent, Cigm^^ fuperfetation , c'eft-à-dire,
conception d'un nouvecvu fétus après qu'un autre eft
déjà conçu. Epiciejis. Hippoctate a compofé un
Traité fur ce fujet.
ÉPIDAMNE. C'eft un ancien nom de Dyrrhachium ,
ou Durazzo. Voyez ces noms. On écrit Epidamme
dans le Moréri ; mais pourquoi , dira-t-on Epi-
damme , & non pas Epidamne comme en Latin Epi-
damnus , Ear/i^a^Kif en Grec, & comme font Maty ,
Cotneille & tous les autres ?
ÉPIDAURE. Epidaurus. C'étoît anciennement une
ville de l'Atgie , dans le Péloponèfe. Il y avoit à
Epidaure un temple fameux d'Efculape- L'an deFgCJ"L'EpiDERME fert principalement à amortir les im
Rome 461 dans un tems depefte, les Romains , par
ordre de l'Oracle , envoyèrent à Epidaure un vail-
feau &: des AmbalTadeurs , pour amener Efculape à
Rome. Les Epidauriens ayant de la peine à donner
leur Dieu tutélaire , on dit que pendant qu'ils ter-
giverfûient, il vint un grand ferpent au navire des
Romains, qui s'entortilla à la poupe du navire;
qu'ils s'ima'j/merent que c'étoit Efculape, & l'em-
menèrent à Rome avec de grands honneurs. Scali
ger , dans fes Notes fur la Chronique d'Eufebe ,
diftingue trois Epidaures. Ragufe a été nommée
autrefois Evidaure.
preftions des objets qui pourroient afteéter trop vi-
vement les houpes ou papilles nerveufesde la peau.
Foyez tait.
^fy 11 contribue beaucoup à la beauté du teint,
parce qu'il rend la furfice de la peau égale & polie-
Quelques auteurs ont fait ce mot féminin.
La beauté du vifa^e efi un frêle ornement y
Et qui neft attaché quà la fimple épiderme .*
Mais celle de l'cfprit eji inhérente b ferme.
L'ufage le plus général le fait mafculin.
ÉPIDAURIEN. ENNE.Oui eft d'Epidaure. £"p.'Vi7«r/ttJ.i Épiderme. Terme de Cunchyliologie, en Latin Cor-
EPIDAURIES. f m. Terme de Mythologie. Fêtes quij
fe célébroient à Epidaure & à Athènes en l'honneur
d'Efculape, Dieu turélaire de cette ville. Epidauria.
Paufanias, L. IL parle des Epidauries , & dit qu'ils
étoienr magnifiques.
^ EPI-D'EÀU. f. m. Plante aquatique qui croît dans
tex. Quelques coquilles font couvertes d'un épider-
me 3 qui eft une première pellicule, ou un certain
drap marin, velouté, ou à poil, tel qu'on le re-
marque fur les tellinés, les moules , les limaçons
& fur certains corne'ts. On ôte ordinairement Vépi-
derme aux coquilles pour jouit de leur beauté na-
I
EPI
tUreîle : cette peau leur eft entiéreinent étrangère.
Épiderme fe dit aulli eu Botanique de l'enveloppe gé-
nérale des plantes, f^oye^ Ecorce.
Ce mot eft Grec, & fignihe, qui couvre la peau ,
que les Grecs appellent êif^a.
ÉPiûIDYME. f. m. Termed'Anatomie. Epididymus ,
parafiata. Petit corps rond qui eft couché far le dos
de chaque teftcule, & qui eft tormé de plulieurs
plis & replis que font quelques vailfeaux qui en
fortent. On l'appelle aufti parajlatc. L'ufage des
tpididymes eft de perfeétionner la femence , & de
la porter des tefticules dans les vallfeaux détérens
auxquels ils font contigus.
Ce mot vient d'ïi^' fur, & de ^«''i-fof jumeau,
tefticule.
ÉPIDOTES. f m. pi. Terme de Mythologie. C'étoient
les Dieux qui prélidoient à la croillance des enfms ,
comme le mot le fignific. Du verbe EV/J'iiTa^i j'u-
peraddo j j'aJgtrtente.
ÉPÏE. f. m. Qui eft payé pour obferver les aétions
d'autrui , &c furtout ce qui fe palfe dans une armée.
Exploracor. Il n'y a point de camp où il n'y ait quel-
que épie. Il eft vieux. On fe ferr plutôt aujourd'hui
du mot à'efp'ton.
Ce mot vient à fpicis fervandis , comme on difoit
fycophanta , à Athènes à l'égard des figues : d'autres
difent de fpecula _, ou de l'Italieny/'ia.
ÉPIEMENT. f m. Indagaùo , aucupatïo. Il eft vieux :
ce mot fe trouve dans Pomey.
ÉPIER. V. a. Obferver fecrètement & adroitement
quelqu'un & fes aélions Specularï ^ explorare, agere
exploratorem. Les Sergens ont long-tems épié cet
homme pour le prendre , ils ont épié l'occafion fa-
vorable pour le faifir à leur avantage. Les Grands
doivent bien prendre garde à leurs aélions , car il
y a toujours quelqu'un qui les épie. Cet efcadron
s'eft mis en embufcade , pour épier quand le con-
voi paderoit. Epier la contenance des ennemis. Abl.
f/j/e/ l'occafion , capture ^ aucupari.
Épie, Ée. part.
JËPIER. V. n. Terme d'Agriculture. Monter eri épi.
Spicari. Voici le temps que le blé commence à épier.,
Les Laboureurs difent, nos h\és épiem dé]i , les blés
font déjà épiés j c'eft-à-dire , ont formé leur épi.
LiGER.
Ontitt en terme de Chafte , que la queue d'un chien
eft épiée jfpicjca ;pour dire , qu'elle eft rerminée au
bout en forme d'épi, qu'elle eft éparpillée en barbe
d'épi. On appelle encore chien épié , celui qui a
tIu poil au milieu du front plus grand qu'ailleurs j
enforte que les pointes de ce grand poil fe rencon-
trent & viennent à l'oppofite. C'eft une marque de
vigueur.
ÉPIER, f. m. On donne ce nom à un droit domanial
qiii fe levé dans la Province de Flandre, confiftant
ordinairement en grain.
ÉPIERRER. V. a. Oter les pierres de quelque terrein ,
d'un champ , d'un jardin. Purgare lapidibus _, ela-
pidare. Il faut épicrrer les carreaux où l'on veut
planter des ficurs. On épierre ou avec une claie , ou
fimplement avec un râteau, f^oye^ Claie.
Épierré^ ée. part. ,
ÉPIÉS, f. m. Terme de Mythologie Egyptienne. C'é-
toitchezlesEgyptiens le grand Interprètedes Dieux.
Epies, Ces peuples lui donnoient une tète d'éper-
vier , & en racontoient beaucoup de chofes très-
fuperftuieufes.
ÉPIEU. f m. Arme faite en forme de hallebarde ,
garnie par un bout d'un fer large & pointu , Pilum,
hajlile , fpiculum , lato venabulaferro. On s'en fer-
voit principalement pour la challe du fanglier. Le
bois s'appeloir la hampe. Cette arme n'eft plus en
ufage. Théodebert attendoit , Vépieu à la main, un
taureau fauvajje. Méz. Pafadin dit efpieu de guerre.
Ce mot vient de l'Allemand y^^c^Jj qui fignifie la
même chofe. Mén.
ÉPIGASTRE. f. m. Prononcez l'j. Epigafler. Terme
d'Anatomie , qui fe dit de la partie moyenne de la
EPI 787
région épigaftrique , ou, félon quelques-uns, de
la partie antérieure du bas ventre que les Latins
appellent abdomen.
Ce mot vient à'f^\ &c de y«5-/f ventre.
EPIGASTRIQUE.adj. Prononcez l'^£;^;^tf7?r/f«5.Nom
qu'on donne .à la partie la plus haute du ventre, qui
va depuis le cartilage xyphoide prefque jufquaa
nombril. On appelle cette partie la région epigaf-
trique j & on la divife en trois , deux latér.ales ^
qu'on nomme les hypocondres, &: celle du milieu
qu'on appelle Vépigajlre. Il y a aulli deux artères de
deux veines épigajtriques. Les artères font des ra-
meaux des artères iliaques externes , & fe répan-
dent dans quelques mulcles du bas-ventre : les vei-
nes vont fe rendre aux veines iliaques externes.
EPIGEE. f. m. Fils d'Hypfiftus , fut dans la luite ap-
pelé Uranus , & fa fœur Gé. C'eft le nom de ces
deux entans , dit Sanchoniaton , que les Grecs ont
donné au Ciel &: à la terre-
ÉPIGENÊME. f. m. Du grec f-snyeûo^aj Supervenio.
La même chofe que Epiphénom'.-ne. V'oye^ ce
mot.
ÉPIGEONNER, y. a. Terme de Maçonnerie. C'eft
Employer le plâtre un peu ferré , fans le plaquer ,
ni le jeter , mais le lever doucement avec la main ,
& la truelle , 'ps.ï pigeons , c'eft- à-dire, par poignées,
comme pour les tuyaux &c languettes de cheminée
, qui font de plâtre pur.
Epigeonné, ée. part.
EPIGIES. f. f. pi. Nymphes de la terre , pat oppofi-
fition aux Nymphes Uranies,ou Nymphes du Ciel.
Epigies o\x terrejh-cs , c'eft la même chofe, d'îf' ,
fuper ^ & r?j terra , fur la terre.
ÉPIGLOTTE. f. f. Terme d'Anatomie* Epiglottis , Un-
gula. C'eft le couvercle du larinx , qui eft fait comme
une petite langue qui porte fur la fente du larinx,
que Galien appelle glotiis , ou languette j & ce mot
veut dire une Jurlanguecte , ou petite langue , du mot
Grec j y^-àiTTu ou 'y'^'ûrra , langue. On la nomme au-
trement luette. Elle eft faite d'un cartilage mobile en
forme de feuille de lierre. Sa bafe eft un peu large ,
& elle aboutit peu-à-peu en pointe moulTe. Galien
croit que c'eft le principal organe de la voix , qui
fert à la rendre harmonieufe. Sa bafe eft en la partie
fupérieure du cartilage fcutiforme , &: fa pointe fe
tourne vers le palais. Elle ne fe ferme que par la
pefanteur du morceau qu'on avale \ mais ce n'eft
pas fi exadement que quelque goutte de la boillon
ne fe fourvoie quelquefois , 6c n'entre dans la tra-
chée - artère. Les Anatomiftes accufent André Vé-
fale d'être tombé dans le même défaut qu'il reproche
à Galien j c'eft-à-dire , de nous avoir donné plu-
fieurs defcriptions des parties d animaux pour des
parties du corps humain j par exemple , d'avoir at-
tribué à Vépiglotte de 1 homme des mufcles qui ne
fe trouvent qu'à l'épiglotre des bêtes, f^oyei Voix.
ÉPIGONES. f. m. pi. Nom qui fut donné pat les Grecs
aux enfans de ces vaillans Capitaines qui alliégè-
rent inutilement la ville de Thèbes. Cette malheu-
reufe expédition fe fit l'an du monde 2845. &c dix
ans après ces fils généreux vengèrent la honte que
leurs pères avoient reçue. Ils firent un grand butin,
ayant Alcméon pour Chef, & emmenèrent l'aveu-
gle Tiréfias , dont la fille nommée Manto j fut en-
voyée par eux à Delphes , où elle fervit dans le
Temple d'Apollon. Ce mot EpigoneetiGtec , isriy»»»?,
& veut dire , Né après.
ÉPIGRAMMATIQUE. adj. Qui appartient à l'épi ••
gramme , qui eft de l'épigramme. Epigrammaticusi
L'Art épigrammatique. Le ftyle épigrammatique- La
Voé(\Q épigrammatique. M. Le BruUj dans la Pré-
face de fes Epigrammes j Madrigaux & Chanfons,
traite de l'Art épigrammatique. Le P. Vavallèur en
a traité avant lui dans fon Livre Latin De epigram-
mate.
ÉPIGRAMMATISTE. f. m. Qui fait des Epigram-
mes. Epigrammatarhis , fcripior epigrammatum. Mar-
tial eft le'premier des Epigrammai^es , au goût de
G g g g g ij
7SS EPI
ceitaine gens. André Naii^ier, Se plufîcius , préfé-
renc Lifimplicité de Catulle aux pointes de Martial
Les bons Lp/grammaùJIes François font Clément
Marot , Mainard , Gombaut > le Chevalier d'AciUy j
ou de Cailly , Le Brun , &c.
ÉPIGRAMME. f. f. Epi^ramma. Quelques-uns veu-
lent qu'il l'oit mafculin , ou féminin, félon ladiver-
fe iîtuation de l'adjectif. Ils difent une belle epigram-
me,Sc un épigramme aigu. Cei:e diiWnctlon ed con-
damnée. M. de Balzac a pourtant dit , pour une
épigraruTie de haut goût , combien y en a-t-il d'in
hpides &deyÂoi./^.^ Car je vous apprends qu't/'i-
gramme efl: mâle & femelle. Le P. Moargues le fait
féminin. Maroc l'a fait mafculin.
Anne 3 mafxur ,fur ces miens cpigrammes
Jette les yeux doucement regardanc.
Aujourd'hui l'ufige général fait ce mot féminin
C'ell une efpèce de Poclie courte , qui finit par
quelque pointe , ou penfée fubtile. Les Epigrammes
de Catulle , de ^Lartial , de Marot , de Mainard ,
de Gombaut j ont beaucoup de fel. Ménage a fait
aulîi un livre ^epigrammes Latines , plufieurs Grec-
ques , & quelques-unes en François. Le P. Vavaifeur
a fait un Traité De Epigrum'matc , De l'Epigramme,
imprimé au commencement de fe? trois livres
d'd'pigrammes. C'eft Lazare Baït , qui , dans le der-
nier fiècle , enrichit la langue du mot épigram,ne.
Épigrammk , fignihe proprement Inlcripcion , & tire
fon origine des Lifcriptions que les Anciens nut-
toien: aux tombeaux , aux (tacues , aux temples , aux
Palais , aux Arcs de triomphe. Ce n'écoit d'abord
que de fimples Monogrammes : on fit d.ins la fuite
de petites pièces en vers pour les rendre plus faciles
à retenir. Hérodote j & d'autres nous en ont con-
fervé plufieurs. Ces petits Poëmes gardèrent le nom
à^épigramme : outre l'ufage de l'inftitution l'on s'en
fervic pour raconter un fait , ou pour caraélérifer
une perfonne. Les Grecs les renferment dans unef-
pace alfez étroit ; car quoique l'Anthologie nous
en fournilfe quelques-unes alfez longues , commu
nément elles ne palfent pas \\yi , ou tout au plus huit
vers. Les Latins ne furent pas toujours fi fcrupu-
leux , !k les Modernes le font encore moins fur ces
bornes.
M. Le Brun définit Ve'pigramme, un petit Poc-
me fufceptible de toutes fortes de fujets , qui doit
finir par une penfée vive, nette &: julle. Ce font
trois qualités elfentielles à l'epigramme , & fur-tout
à la dernière penfée , que l'on appelle la pointe , ou
la chute de l'epigramme. On nomme Madrigaux
les epigrammes dont la chute n'ell pas vive & bril
lante.
Le but de l'epigramme doit être de corriger les
'mœurs, &c d'inlhuire en divertilEint. Il faut qu'un
élégant badinage , un ingénieux enjouement alfai-
fonne les leçons qu'elle renferme.
i'Epigramme plus libre , en fon tour plus borné j
N'ejl fouventquunbon mot de deux rimes orné.
BoiLEAU.
L'epigramme efl: de tous les ouvrages de vers
que l'antiquité ait produit , le moins confidérable :
c'elt plutôt un coup de bonheur , qu'un effet de
l'art , d'y réulfir. Le P. R. Le fens de l'epigramme
doit être fin , & lailfer quelque chofe à deviner; car
rien ne plaît tant à l'efprit que de trouver quelque
choie de lui-mcme dans les objets qu'on lui préfen-
te; & au contraire rien ne le choque davantage que
de lui donner fujet de croire qu'on fe défie de fa ca-
pacité & de fa pénétration, en lui montrant tout.SEG.
L'équivoque eft d'ordinaire ce qui brille davantage
dans une épigramme. Bouh. Il faut que la finelfe iS:
la fubtilité de l'epigramme roule fur les mots , &
non pasfurlapenfée.BoiL. CependantM. Defpréaux
dit tout le coi^traire dans le IL Chant de fon Art
Poétique. Après y avoir déclamé contre la pointe ,
EPI
il dit que par grâce on lui a lailTé l'enttce dans
\!épigramme.
Pourvu que lafinejfe , éclatant à propos j
Roule fur la penfée , & non pas fur les mots.
L'epigramme eft peu de chofe , quand elle n'eft
pas admirable. Le P. R.
L'un peut tracer en vers une amoureuf flamme ,
L autre d'un trait plaifant aiguifer /'épigramme.
BoiL.
Ve'pigramme, toute férieufe & toute trifte qu'elle
eft dans le fond , a un air plaifant , & je ne fais
quoi de comique , qui fouftre le proverbe Scie quo-«
libet. BouH. Les exprellions licencieufes j &:un peu
hardies , font le vrai langage des epigrammes. G. G.
Dans notre verfihcatiou l'epigramme-Sc le Madrigal
différent entre eux , i°. par le nombre de vers, qui
ne va poinr au-delfus de huit pour V épigramme mo-
derne j comme il ne defcend point au-delfous de
fix pour le Madrigal ; 1°. parce que la chute de l'e-
pigramme doit avoir quelque chofe de plus piquant
& de plus étudié , qui en falfe ce qu'on nomme la
pointe. Il eft vrai que comme le goût préfent de
notre nation eft extrêmement oppolé à tout jeu de
paroles , & à toute mauvaife plaifanterie , & qu'on
a peine à pardonner les pointes à nos plus vieux Au-
teurs , on ne tait plus à' epigrammes , & on n'en a
plus goûté depuis celles de l'inimitable Mainard:
** ceux qui favent taire des vers, &: qui ne veulent
point être Poètes, ne travaillent qu'en Madrigaux.
P. MOURCUES.
La plupart des epigrammes de l'Anthologie ont
un caradère de naïveté ^ qui confifte en je ne fais
quel air fimple & ingénu , mais fpirituel & rai-
fonnable , tel qu'eft celui d'un villageois de
bon fens , ou d'un enfant qui a de l'efprit. S'il n'y
trouve rien qui pique le goûcj il s'y trouve pour-
tant quelque chofe qui le chatouille ; & on peut
dire que fans avoir le fel de Martial , elles ne font
point iniîpides. Il y en a cependant de bien fades ;
& quelques-unes que l'on traduifit à Racan lui pa-
rurent (i mauvaifes , & d'un goût fi plat , que dî-
nant à la table d'un Prince , où l'on fervoit devant
lui un potage qui ne fentoicque l'eau j Voilà, dit-
il tout bas à un de fes amis, qui avoit vu les épi-
grammes avec lui , un potage à la Grecque , s'il en
fut jamais. Bouh. Cette hiftoire eft tout-à-fait dif-
férente dans les obfervations de Ménage fur les poc-
fies de Malherbe. Il n'eft pas croyable combien les
Auteurs de l'Anthologie , fi naïfs & fi fimples en
pluiieurs fujets j ont raffiné fur les Médecins & fur
les Avares, ni jufqu'où va là-delfus leur fubtilité.
Idem.
On a appelé pendant quelque temps épigramme à
la Grecque, une épigramme qui n'eft pas bonne, qui
n'a point de fel.
Ce mot vient du Grec ÉCTi'yp«^,«« ^" Infcription,
'f7tiyfà<^ut Jaire une Infcription.
ÉPIGRAPtiE. f f. Infcription qu'on met fur les bâti-
mens particuliers pour en marquer l'ufagejle temps
de leur conftrudion , & le nom de ceux qui les
ont fait conftruire. Epigraphe. Ces épigraphes font
gravées fur le marbre ou fur la pierre.
Ipr" On donne au(fi le nom à' épigraphe à unefen-
tence ou maxime tirée d'un Ecrivain connu , que
quelques Auteurs mettent au frontifpicâ de leurs
ouvrages, & qui en indiquent l'objet.
^fT Enfin , épigraphe fe dit d'une infcriprtion gra-
vée fur une eftampe j & qui fert pour l'intelligence
de l'eftampe.
Ce mot eft fait du Grec far/yftfipi , qui fignifie
fufcription,
ÉPIKIE. f f. uEquitas. Tempérament qui , fans être
injufte, modère la févérité de la loi. Epikit fe dit
en François , au lieu de Epieikie j qui eft un mot
Grec ^ 6c a la même fignification : i=f«<x:<'t vient
EPI
du veibe Vix« , je reJJ'embU , dont les compofcs ont
des fignihcations bien diticientes. 11 faut un peu d'c-
pikic àans le gouvernement , & rien n' elt plus in-
jure qu'une jullice trop exacte & trop lévère. Sum-
mum jus , junima injuria.
Ce mot n'a pas fait fortune , & ne fe dit point
du tout. Equité a dans notre langue le même iens
que Epikie, P'oye^ Equité.
ÉPILA. Village d'Arragon , litué fur le Xalon , .à cinq
lieues de Saragolle j vers le coucliant Jean I. Roi
deCalblle naquit à t'pila , l'an 13^8. Matv.
EPILANCE. f. f. Terme de Fauconnerie. Haut mal ,
épileplie des oifeaux. EpiUpJia. On s'apperçoit que
l'oiieau en ell: attaque , quand il tombe iubitement
du poing ou de la perche. Il demeure quelque temps
comme mort. Les accès le prennent le matin & le
foir. Il a les yeux clos , les paupières enflées , l'ha-
leine puante, & s'eftorce démentir. Vcpilance eft
contagieule : il ne laut pas mettre un oifeau qui l'a
parmi les autres.
IKJ" ÈPILATOÎRE. adj.de t. g. Quiôte le poil, qm
fait tomber le poil. Il y a des pommades , des cires
épilatoircs , pour dégarnir les lourcils qui font trop
épais , & le front , quand il ell trop garni de che-
^ veux,&c. /oy. Dépilatoire.
EPILEPSIE. f. f. Terme de Médecine. Ep'depfu. , mor-
bus fondc'is j comitialis. C'ell proprement une con-
vulfun de tout le corps , ou de quelques-unes de
fes parties , avec léfion de l'entendement & des
fens, qui vient par accès de temps en tem})S. Le
patient tombe tout-à-coup , & jette force écume
par la bouche ; & comme toutes les parties font
dans une violente contraétion j il en provient un
écoulement involontaire d'urine , de femence & de
iTiatière técale. Uépiiepjie procède d'une abondan-
ce d'humeurs actes qui fe mêlant avec les efprits
animaux , leur donnent un mouvement extraordi-
naire & déréglé ; ce qui fait que le malade tombe
foudainement ; & en cela elle ditïére de la fyncope
& de l'apoplexie , qui ôtent le mouvement aulli-
bien que le fcntiment. h'épilepjie ell idiopathiqiie ,
ou fympathique. Elle eft idiopatique j lorfqu'elle
furvient par le féal vice du cerveau : on la nomme
fympatique, lorfqu'elle eft précédée de quelque au-
tre maladie. Il y a des gens qui difent que c'eft un
remède contre ïépdcptic que de boire tout chaud le
fang qui coule du corps d'un homme décollé. L'at-
on jamais éprouvé ; Et li on ne l'a pas fait , qu'en
peut-on favoir ?
Ce mot vient du Grec Ê3r(A««?«»c9-!4i ^ qui fignifie
furprendre S<. empoigner , à caufe que ce mal faidt
tout d'un coup ceux qui y font fujers. Les Latins
Vont a.'()ps:\é comuidUs morbus , parce que dans les
Alfemblées du peuple Romain ^ qui s'appeloient
Comitia , fi quelqu'un étoit furpris de quelque ac-
cès d'épiiep/îe , on rompoit rAlfemblee , à cauie
que cet accident étoit regardé comme de mauvais
augure. Quelques uns l'ont appelée maladie d'^'i'ie
OJacrée , parce qu'ils la regardoient comme une
punition fpéciale de Dieu. On l'appelle aulfi m^tl
caduc , à cadendo , ou haut-mal , que le peuple ap-
pelle ma/ de Saint Jean , ou abfolument mal de
Saint, parce que la tête de S. Jean tomba à terre
, lorfqu'il fut décapité.
EPILEPTIQUE. adj. Qui appartient à l'épilepfie j qui
eft lujet à l'épilepfie , qui en eft attaqué. Epilepticus,
morbo fontico 3 comitiali captas , ajjeclus. Symptô-
me epilepti(jue , appliqué aux perfonnes. Il eft aulli
employé fubftantivement. Les épileptiques perdent
roiite connoilFance en un moment.
fCTÉPILER. v. a. Foyei Depiler. C'eft la même
chofe.
EPILOGUE, f. f. La dernière partie d'un difcours ,
d'un traité , où l'on fait d'ordinaire une courte ré-
capitulation de ce qu'on y a dit de plus fort. Epilo-
gus , peroratio , orationis claufula. L'Orateur y doit
réveiller les mouvemens qu'il a excités , y ramalfer
avec adrefte , & y répéter d'une manière animée
ce qui eft répandu dans tout le difcours. Cicéion
£ P I * 7S9
excelle principalement dans fes épilogues. Le grand
art des Orateurs paroit dans les épilogues.
Ce mot vient du Grec 'i-ntMycç^ du verbe ItsiXiy^^
je dis après. L'épilogue eft la hn du difcouts.
Epilogue, étoit dans l'ancienne Tragédie, ce que l'on
diloit aux fpedateurs pour les remercier &: les con-
gédier, après que le chœur avoit celfé de chanter
pour ne plus reprendre. On l'.ippeloit aufti exode j
exûdium , de ;i , & â^i _, ctianjon. On devroir ra-
mener l'ancien ufage , î<: chanter une épilogue après
la repréfentation tinie. S. Evr.
|J3° /^'oye^au mot Exode combien l'on abufedu
paftage d'Anftote , pour contondre l'ipilogue avec
l'Exode de l'ancienne Poche Dramatique , qui font
deux choies totalement diftérentes. Uépilogue étoit
proprement ce qu'un des Acleurs adrelfou aux Spec-
tateurs , après la pièce, de relatif à la pièce même
ou à Ion rôle.
;03° EPILOGUER. v. a. Qui n'eft point d'ufage au
propre. Il lignifie au figuré trouver à redire, recher-
cher curieulement ce qu'il y a de mal dans les ac-
tions d autrui. Aîordere , dente livido carpere. Cet
envieux épilogue toniQs les aélions de fes voifins. Il
ell auili neutre. Il épilogue fur tour. Pourquoi lui
donner un Savant qui lans celfe épilogue. Mol. Il
eft du llyle lamilier.
EPILOGUEUR. f. m. Qui eft accoutume à épiloguer
iur les aclions des autres. Cenfor. Ce mot n'entre
guère que dans le ilyle lamilier.
EPliMEDiUM.f m. Plante dont parlent Diofcoride
&C. Pline. Les Botaniftes rie conviennent ponit quelle
elle eft. Celle à laquelle Dodon donne ce nom, a
beaucoup de feuilles grandes, qui font le plus fou-
vent au nombre de neut , & rarement davantage ,
attachées à une queue ronde & menue, femblables
à celles de lière, larges, aiguës, alfez dures j &c lé-
gèrement dentelées : leur couleur eft d'un vert alfez
gai. Il fort d'entre ces feuilles de petites tiges ten-
dres, rondes, longues de fept à huit pouces, qui
fervent de pédicule à de petites fleurs fort belles ,
dont le bord eft rouge , le dedans jaune , des filets
verts au milieu. La fleur eft aufti rouge par dehors ,
avec de petites lignes blanches & droites : elle eft d
quatre pétales jaunes , taillés en cornet , & foute-
nus d'un calice à quatre feuilles rouges. Sa racine
eft menue j traçante , tic pouife plufieurs queues
liantes d'un pied au plus, branchues , & divilées
ordinairement par trois. En Latin Epimedium Do-
don,ii. Le P. Plumier a remarqué que ces petites
fleurs de V Epimedium font compofées de quatre piè-
ces difpofées en croix : chacune de ces pièces eft en-
core coinpoféc de deux autres ; favoir , d'un corner,
& d'une feuille en cueiUeron qui fuutient le cornet.
Le piftil , qui s'élève du milieu de la fleur j devient
enfuite une goulfe qui s'ouvre en deux parties ,
longues & étroites, & renterme quelques fcmences
prefque rondes, un peu aplaties & rouges. Cette
plante vient dans les hautes montagnes d'Italie ;
mais on l'élève aifément dans les jatdins j parce
Ju'elle est vivace , & qu'elle ne craint point le
roid.
Epimedium. Efpèce de trèfle. f^oye\-Qn les caraétères
dans le DiClionnairedeJames.
ÉPIMELÉTES. f f. pi. Terme de Mythologie. C'é-
toientles Ministres du culte de Cérès, qui fervoient
principalement le Roi des facrifices dans fes fonc-
tions.
ÉPIMENIDE. f. m. Grand Prophète des Cretois. Les
Lacédémoniens lui élevèrent dans leur ville des
monumens héroïques-
ËPIMETHËE. f m. Nom célèbre dans la fable. Epi-
metheus. Les Poètes difent qn'Epiméthee croit fils
de Japhet , & frère de Prométhée j que Jupiter ,
pour punir Prométhée d'avoir formé l'homme, ôi
de l'avoir animé du feu céleste qu'il avoit dérobé ,
fit faire Pandore par 'Vulcain ; qu'étant faite il
l'en voya,non pas à Prométhée,qui étoit trop prudent,
mais à Epiméthée j que quoique fon frère lui eîit fort
recommandé de ne point recevoir de préfent de Ju-
?
y^ù E P ï
,piccr, mais de le lui envoyer, celui-ci néanmoins le
reçur, & que de-U vinrent tous les maux, dontl'im-
■prudent hpimechce ne s'apperçut que lorlqu'il les fen-
tit. F. Hésiode, O^'er. v. S4. ùjuivans. Les Mytho-
-logisces difentque Proméchée est l'cfprit del hom-
me éclairé, fage , prévoyant , félon la fignihca-
tion de l'on nom nftf»i^il, , & que par Epiméchée ,
■f-iB-ift>,B-ilf ^ qui veut dire celui qui ne s'appélçoic
que tard des chofes , les Poctes ont défignc l'appé-
tit , la partie inférieure de lame , qui est aveugle ,
ignorante , précipitée , téméraire, & fou vent re-
belle à la raifon.
iPlNAL. Petite ville de Lorraine dans la Seigneurie
ik Prévôté de même nom. Spinal j Spinalium ^
Caftrum Spinaienfc. Elle est placée fur la Mofelle j
vers le mont Vauge. Nos Cartes écrivent aulfi Ef
pinal.
La Seigneurie & Prévôté à'Epinal j ancienne dé-
pendance de l'Evèché de Mets, est enclavée dans
le Bailliage de Mirecourt.
Les L^hanoineires A'Ëpinal croient originaire-
ment Rèligieufes Bénéditlines. Elles eurent pour
Fondateur Thierry I. Evêque de Mets , vers l'an
f)Sj. Sur la tin du XV^ fièc le elles fc fécularifèrenc,
èc prirent le nom. de Clianoineifes. Elles font au
nombre de vingt. L'^ur habillement de L^hceur est
femblable à celui desChanoinelles deRemiremont.
L'Abbelfe, la Doyenne >ic la Secrète , au lieu de
couvre-chef, ont une efpèce de guimpe, & l'Ab-
belfe , àulli-bien que les autres CTianoinclTes , por-
te en tout temps & en tout lieu un luban bleu de
la largeur de quatre doi-gts pardelfus l'épaule droite
jufqu'à la hanche gauche avec un nœud au bout. P.
HÉLYor, r. A'. C. 5 1.
ÉPINARD. f. m. Qui ne s'emplsie qu'au pluriel. Her-
be bonne à manger , dont on ufe particulièrement
en Çjd^xhmi.Spinacia ,fpinachia , fpinachlum ^Jpina-
r'mm. Les épïnards font une plante potagère qui fe
feme en plufieurs temps de Tannée. Sa racine est
inenue , blanchâtre j & garnie de quelques fibres
chevelues : elle poulfe une tige haute d'un pied,
creufe , branchue , cannelée , & chargée de feuil-
les vertes taillées en fer de pique, alfez grandes vers
. le bas de la plante , foutenues par des queues lon-
gues de quelques pouces. Celles qui occupent le
haut font au contraire plus petites j plus étroites j
& font feulement anguleufes à leur bafe. L'extrémi-
té des tiges & des branches est garnie de petites
fleurs lavées de pourpre , & ramalTées en épi. Cha-
que fleur est compofée de quatre étamines foute-
nues pat Un calice à quatre quartiers. Cette fleur est
stérile : les pieis qui la portent (ont appelés mâles ,
à la différence de ceux qui ne donnent que des fe-
mences , qu'on nomme femelles. Ces femences font
par petits tas dans les aifelles des feuilles , & font
renfermées dans des capfules anguleufes & piquan-
tes; & c'est apparemment d'où vient i'étymologie
de toute la plante , Ipinacia , quafi olus fpïnofum.
* On mange les feuilles d'épinards cuites dans leur
propre jus , & apprêtées au beurre , à la crème j en
pàtéj en tourte, au jus de viande. Elles tiennent
le ventre libre. Le Bon-henri , Chenopodium folio
triangulo , feroit mis au nombre des épinards , fi
l'on n'avoir égard qu'à la figure de fes feuilles & à
fes ufages.
En vieux François on les appeloitcp/wocAe^f. Quel-
ques-uns croient que ce nom leur aéré donné, parce
qu'ils font venus d'Efpagne , &. qu'il les f;uit plutôt
lïommev épanars. Mais il y a plus d'apparence qu'on
les a nommés ainfi , parce que les femences des épi-
nards commims font épineufes. Nicot le fait dériver
du Latin Spinachia.
On dit qu'une frange eft à graine d'édinards, lorf-
qne fes qrains font en forme de graine d'épinards.
ÉPINCELER, ou EPINCER. v. a Terme de Manu-
facture de Draperie. C'eft ôter les nœuds du drap
avec de petites pinces de fer. On dit plus commu-
nément époutier.
ÉPINCELEUSES. f. f. pi. Ouvrières qui épincélent le
EP î
drap. On les appelle autrement Mo«e//y£j,épineufeî,
ou épincheleules.
ÉPINCETER. V. a. Terme de Fauconnerie , qui fe dit
du bec & des ferres de l'oifeau. hpinuttr le bec &:
les lerres de l'oifeau , c'eft lui faire le bec & les
ferres.
EPINÇOIR. f. m. Gros marteau court & pefant donc
fe fervent les Paveurs, pour couper ou tailler le
pavé de grés , foit lur la carrière , lorfqu'ils débi-
tent ces fortes de pierres , foit lorfqu'ils mettent le
pavé en place.
ÉPINE, f. h Sorte d'arbre , qui outre les feuilles porte
des pointes fort aiguës. Spina , fencts. Véptne eft
une des neuf efpèces du mort-bois contenues dans
l'Ordonnance. Dans les lieux qui ne font pas culti-
vés , il y croît toujours force épines. Les haies vives
A' épines font les meilleures pour fermer un champ. Il
y a plufieurs arbres & arbrilleaux qui portent des
évines. Il y a deux fortes d'épines j les unes ligneu-
fe<: , comme celles de l'épine - vinette \ les autres
corticales , comme celles des framboifiers. Celles-ci
ont leurs pointes tournées en bas , & les autres un
peu élevées en haut.
Épine Arabique , eft une plante dont Diofcoride ne
dit autre chofe , linon qu'elle eft de même nature
que l épine blanche , &c que fa racine eft aflringente
& propre au flux des femmes , ou crachement de
fang J &c aux autres fluxions. Quelques-uns croient
quec'eft une efpèce de chardon que C. Bauhin ap-
pelé cardiius tomentofus capitula majore.
Epine blanche, ou aubépine , oxyachanta ^ eft un
arbrilfeau des plus communs qui foient dans les haies
& dans les bois. C'eft une efpèce de néflier. Il eft
armé de piquans roides & aigus. Son tronc eft d'une
grolfeur médiocre , fes feuilles font larges , pro-
fondément intifées par les bords : fes fleurs lonc
blanches J odoriférantes, femblables aux fleurs de
cénfier ou de prunier , après lefquelles vient le
fruit , qui eft rond & rouge quand il eft mûr. L'e-
pine blanche eft fort propre pour faire des haies , à
caufe qu'elle jette quantité de branches j & que fes
pointes font fort aiguës. L'eau diftiUée de fes fleurs,
ou l'efprit que l'on en tire , en les diftillant avec
le vin , foulage beaucoup les pleurétit^ues , & ceux
qui ont la colique. En Latin mefpilus apii folio , fil^
vejlris ^fpinofa ,flve oxyacantha. C. Bauhin , Pi-
nac.^^4. f^oyei Aubépin.
Epine de Bouc, eft une plante qu'on appelle anflî
Barbe-renard, f^oye-^ Barbe-Renard.
Épine jaune. Scolymus. Eft une plante qui croît dans
les lieux maritimes. Elle eft fort épineufe , & a
quelque rapport avec le chardon. Sa racine eft vi-
vace, de la grolfeur du pouce s jaunâtre, & rem-
plie d'un fuc laiteux , & bonne à manger : elle
pouiïe quelques feuilles longues, étroites, épineu-
fes fur leurs bords & ondées. Ses tiges ont la hau-
teur d'une coudée : elles font droites , en partie
inclinées , ailées , épineufes , & garnies de feuilles
plus étroites & plus épineufes vers le bas que vers
le haut : l'extrémité de fa tige & de fes branches eft
garnie de tètes écailleufes, environnées de feuilles
très - piquantes , d'un vert brun avec des taches
blanches: ces têtes renferment des demi- fleurons
d'un beau jaune doré, & rangés conime dans la
fleur de la dent de lion. Ils font portés par des fe-
mences plates qui font étroitement unifs à une pe-
tite écaille , & qui font par ce moyen adhérentes
à la couche. On mange les racines de V épine jaune :
elle croît communément en Languedoc. La couleur
de fleurs lui a f^iit donner le furnom de Chryfan-
themos. Il y a en Sicile une autre efpèce d'f/'/'2«
jaune dont on mange les jeunes tiges toutes crues &:
en falade. Toute cette plante eft fi pleine d'aiguil-
lons fort durs , qu'il eft bien difficile de la pouvoir
manier fans fe piquer.
Épine vinette. 5er^m.î,oxyffc^«Atf. Arbrilfeau qu'on
voit raremenr s'élever à la hauteur des arbres. Sa
racine eft jaune, ligneufe ^ rraçante , & peu en-
foncée en terre. Elle poufle plufieurs jets longs.
EPI
EPI
791
affez droits , branchus d'efpace en efpace, !^ ar-1 & Uanc. Elle mûrit à-peu-près dans le même temps
;i
mes d'épines aftilcus , jaunâtres , au nombre de deux j
à trois j 6c placées à la naiirance des feuilles qui
viennent par paquets & alternativement le long des
tiges & des branches. Les pointes font prefque ova-
les , dentelées dans leurs contours , ik comme épi-
neufes : les queues qui les ibutiennent ont environ
demi pouce de longueur. Ses pointes font longues
menues j blanchâtres , aifées à rompre &c à plier :
elles fortent trois à trois d'un même lieu. L'écorce
eft blanche j polie , lice & mince. Son bois eft jaune,
frêle &:fpongieux. Il a beaucoup de racines jaunes &
rampantes prelque .à fleur de terre. Il poulfe dès le
pied plufieurs jetons comme le coudrier. Ses feuilles
font prefque femblables au grenadier , fi ce n'elt !
qu'elles font plus déliées , & plus larges. Au com-
mencement de Mai il poulTe une fleur jaune faite
en grappe , aulTi-bien que fon fruit , dont l'odeur
elf forte , mais peu agréable. Cette fleur ell petite ,
a fix pétales jaunâtres , & ramalfés en épis courts j
Se qui lortenr des paquets de feuilles à l'extrémité
"des branches. Le piltil de ch.acune de ces fleurs de-
vient un fruit oblong , verdâtre d'abord , rouge
dans fa parfaite maturité, aigre au goût, ôc qui
renferme une ou deux femences oblongues j blan-
châtres & acerbes. L'écorce de fa racine eft apéri
que l'Ambretts ik la Lefchaflerie. Elle e(l tendre &
beurrée ayant d'ordinaire la chair très- tendra. d:
très-délicate , le goût agréable , l'eau douce & ffer-
fumée. Elle fait de beaux buiflbns , & réuHit , foie
fur franc, foit fur coignallier , quand le pica ell
bon j & le fond bien conditionné |ic'eft-à dire j
plutôt fec qu'humide. La Quint. P. j'Jl. C. 2.f\a.
205. Il faut un foin particulier pour le builfon d'/*?-
rine iX hiver , pour le tenir bien ouvert , .Se même
dépouillé de fes feuilles dès la fin du mois d'Août ,
enforte que la poire, dont le coloris ell naturelle-
ment fort vert , y reçoive une cuiOon extraordi-
naire, & qu'enfin dans la ferre elle vienne à jaunie
un peu pour marquer la première apparence de fa
maturité. Id./'. 301, Cette poire à'tpine \Qx\\\e en
pays alfez chaud dans un terrein {ne, en bonne ex-
podtion , pendant des années médiocrement plu-
vieufes , & venue fur - tout en arbre de tige , ou
demi-tige, bien placée, ell fi parfaite en toutes fes
parties, qu'elle égale la délicatefle de chair des
bonnes pêches, & que le nom de Merveilles lui en
a été donné dans les l^rovinces de Saintonge , d'An-
goumois & de Poitou. Id. p. 300.
La Quintinie ne change point ce mot au pluriel ,
& n'y ajoute point à's à la fin.
tive , & teint en jaune. V épine -vineae vient dans; Epine du dos. Spina dorji , fediten termes d'Anato»
les bois & dans des endroits humides : on en forme
des haies vives en plufieurs endroits. U^arrive quel-
quefois à certains pieds de cet arbrilfeau que fes
fruits n'ont point de femen'ce , ce qui n'eft qu'ac-
cidjntel. Berheris Jinenucleo. Le nom à'Oxyacdniha
qu'on a attribué à cette plante , eft tiré du Grec , &
ngnifie une plante épineufe &c acide : à l'égard de
Berberis on croit ce mot Arabe.
Épine-vinette , eft aulli le fuit de la plante dont on
vient de parler. Ce fruit eft un petit grain longuet,
qui devient rouge quand il eft mûr : il eft alfez fem-
blable au pépin de la grenade -, mais il eft plus long,
& enferme un périt noyau : fon goût eft âpre. Ce
fruit eft beaucoup plus en ufage dans la Médecine , ^
que parmi les alimens. Il a un petit goût acide , vif
«ji piquant j qui réjouit j mais à caufe de cela il ne
convient point à ceux qui ont l'eftomac & la poi-
trine foibles. On fait avec ce fruit un firop acide &
artringent On met les mêmes fruits dans des tifanes
♦ propres pour tempérer l'ardeur de certaines fièvres^
& pour arrêter des dévoiemens. Les Confifeurs en
font des dragées. On fait autli avec ce fruit du vin ,
que les Apothicaires appellent improprement vin de
berberis , qui eft beaucoup plus acide que le jus de
grenaHe. On en confit , & on en fait du cotignac.
Èpine , fe dit aalfi de chaque petite pointe d'un arbre
épineux. C'ell une produdion pointue qui eft tel-
lement adhérente à différenres parties des plantes ,
«^u'on ne fauroit l'arracher fans faire une plaie.
Spina , aculeus. Il a été piqué d'une épine. Sainte
JBrigide a eu révélation du nombre des évines qui
ctoient en la couronne de Notre-Seigneur. Il y a
à Port-Royal une relique qu'on appelle la Sainte-
Epine.
Gaichard dérive ce mot de l'Hébreu ttnâ , pa-
rach J piquer. Il vient de fpina , en ajoutant une e
devant [s , efpine ; comme efcadron vient de Jijua-
drone , mot Italien , & efpérerAw L:inn Jperare.
Epine. Nom d'une efpèce de poirier j &c des poires
que ce poirier produit.
La QuintinieTaplielleaufllE/J/w i' hiver. L'Epine
à.'hivern la chair tendre & délicate j avec une eau
douce , fucrée & de bon goût , & un peu de par-
fum. La Quint. III. P.p. 151.
L'Epine d'hiver eft une fort belle poire , qui ap-
proche un peu plus de la figure pyramidale que de
la ronde ; car elle finit un peu en pointe grollière
vers la queue : cette queue eft aflcz courre & menue,
excepté à l'endrou cle fa fortie , où elle eft un peu i
mie des os ou vertèbres qui foutiennent les reftes du
corps, & auxquels font attachées les côtes- L'épine fe
divife en quatre parties. Le cou a fept vertèbres , le
dos douze , le rable cinq , & l'os facré quatre. Cette
épine eft ce qui renferme la moelle. Les Anato-
miftes nous font remarquer qu'il fort de la moelle
de l'épine 50 paires de nerfs j & que cette moelle
n'eft qu'une produdion de la fubftance du cerveau.
Quelques- uns l'ont appelée le canal , le conduit , ou
le tuyau facré. On la nomme épine , parce qu'elle
eft munie à fa partie poftérieure de plufieurs apo-
phyfes pointues en forme d'e)Di/zej. On appeloit an-
ciennement en France le crime de Sodomie , le délit
de Yépine du dos.
Epine du nez. La partie du nez qui eft pointue j &
plus bas que la partie ofleufe , s'appele aufli l'épine
du ne^. A^af fpina.
Epine , fe dit figurément en chofes morales , des cha-
grins & des peines , des embarras j des difficultés.
Les commencemens des études font pleins d'épines
&c de difficultés. Pourquoi êtes-vous fi iriaceflible ,
& toujours hérilTé d'épines ? Bell. Le Journal du
Palais eft écrit avec tant de politeffê j que les épines
du Barreau s'y font rarement fentir. S. Evr. Elle eft
née parmi les épines d'à mariage. Le Mai. Les com-
mencemens des règnes ne font jamais fans quelques
épines. Patru. Le chemin delà vertu eft traverfé de
ronces & d'épines. S. Evr.
Que t/'épines , Amour j acompagnent tes rofes I
Malh.
Je fais que l'Evangile enfts leçons divines
N'offre pour le Salut qu'un chemin plein <f 'épines ;
Et que loin d'approuver les jeux & les plaijlrs ,
Il nous en interdit j ufqu aux moindres dejîrs.
Épine, fe dit proverbialement en ces phrafes , Il n'y
a poinr de rofes fans épines , pour dire , de plaifirs
fans douleurs. On dit qu'un homme eft gracieux
comme un fagot d'épines , pour dire, rude , rébar-
batif, d'une humeur bourrue. On dit qu'un homme
s'cft tiré une grande épine du pied , lorfqu'ila fur-
monté quelque difficulté , qu'il s'cft défait d'un
ennemi qui lui nuifoit. On dit aufli qu'un homme
eft fur les épines :, qu'il marche fur des épines ^
quand il a impatience de fe dégager de quelques
affaires difficiles , ou de quelques lieux incom-
mode':,
charnue : du refte ^ la poire eft grolTe par tour, {C? EPINES, f. f. plur. Terme de Chimie. C'eft le
& cala d'environ doux à rtois pouces du côté de la j cuivre hérilfé de pointes , qui refte après l'opération
tcte. Elle a la peau farinée, & le coloris encre vert i du relfuage Se de la liquation.
79i EPÏ E P ï
ÉPINETTE. f. f . Infiniment de Mufique à clavier & bizarres & épineux , qui mettent la patience à des
à cordes de fil d'archal , à-peu-près comme un petir épreuves bien délicates. Bell.
clavecin. Organum ^dkulare. Elle ellcompoCée d'an Epineux, fe dit en termes d'Anatomie j d'une des
dbffie de bois le plus poreux iSc le plus rélineux apophyfesdes vertèbres ,& d'un mufcle du cou.5i'i-
qu'on peut trouver j d'une table de fapin qui cft /zo/«j. Les vertèbres ont toutes trois fortes d'apophy.
trouver
collée éc appuyée fur des tringles qu'on appelle/o/Tz
miers j qujujofent fur les côtés qu'on appelle les pa.
rois. Les Ouvriers appellenr manche, une petite pro-
minence qui s'élève au-delFus de la table , & qui
fembie en continuer le corps , parce qu'on y mec
autant de chevilles qu'il y a de cordes , qui font
ie même eftet que la queue du manche fait à
l'égard du luth & des autres inftrumens. Vapinccte
joue par le moyen d'un clavier compofé de quarante-
i&s y f avoir , quarre obliques , deux tranlverfes , 6c
une épineufe. Le troifième des mufcles du cou , qui
elHe premier des extenfeurs, eft V épineux , ainli
nommé parce qu'il prend fon origine des apophyfes
épineufes des quatre & cinq vertèbres fupérieures
du dos , & qu'il va s'inférer à toutes les apophyfes
epmeufes des iix vertèbres inférieures du cou qu'il
étend. Dionis.
,,..^ ^-- . , EPINGARE. f m. C'eft une petite pièce de canon qui
neuf touches, qui fontautant de morceaux de bois! ne p^fe pas une livre de balle.
longs & plats, arrangés félon l'ordre des rons & (ÉPINGLE, f. f. Petit brin de fer , ou de
1 ^ ^ .
<les demi-tons de Mufique, qui, tandis qu'on les
touche par un bout , font de l'autre élever un faute-
reau , lequel fait fonner les cordes par le moyen
■d'une pointe de plume de corbeau dont il ell armé
•Les trente premières cordes font de laiton. Les au-
tres plus déliées font d'acier , ou de fil de fer. Elles
font tendues fur deux chevalets collés fur la table.
La figure de Vépinetce eft un cavré long, ou parallélo-
gramme large d'un pied &c demi. Quelques-uns
ont appelé Vépinette une harpe couchée , & la harpe
une épinette renverjée. L'épinens a cela de bon ,
qu'un feul homme fait routes les parties d'un con-
cert : ce qu'elle a de commun avec l'orgue & le
luth.
On ajoute quelquefois au jeu fondamental de
Vépinette , qu'on appelle fon jeu commun, un fem-
blable jeu à l'unilTon , & un autre à l'odave , pour
en tirer plus d'harmonie. On les joue féparément j
ou tous enfemble: ce qu'on appelle double, ou
triple épinette. On y joint un jeu de violes par le
moyen d'un archet , ou de quelques roues parallèles
aux touches , qui ptelfent les cordes j & font durer
les fons tant qu'on veut. On les renforce , ou
on les afloiblit félon qu'on les prelFe plus ou
moins. L'pinette a fon tempérament , aulli - bien
■que le luth & l'orgue , dont le fecrec confifte à favoir
quelles confonnances ondoit tenir fortes ou foibles
pour les rendre juftes , & tempérer tout le fyftème
da clavier. Le clavecin eft une efpèce d'epinette dans
une autre difpofition de clavier. Ce nom lui a été
donné j à caufe de ces petites pointes de plumes
qui tirent le fon des cordes , Se qui reffemblent à
des épines.
-Epinette. Terme de Fauconnerie. C'eft l'épine, ou
l'échiné du dos de Toifeau. Spina dorfi.
ÉPINEUSE. Foye? HUITRE ÉPINEUSE.
ÉPINEUX , EUSE. adj. Qui eft plein d'épines. Spino-
fus ,J'pineus , hirfutus aculeis. Les chardons , les ro-
iiers j font des plantes épineufes. La branche aînée
de la famille des Caraftes brife fes armes d'un bâ-
ton épineux de finople. La rofe étale fa pompe incar-
nate au milieu d'un trône épineux.
Épineux, fe dit figurément en Morale , des affliires
pleines de difficultés , & des perfonnes difficiles à
manier & à ménager. Les affaires d'État font délica-
tes & épineufes. Les hautes fpéculations des fcien-
ces font trop épineufes pour des efprits fi délicats.
GoD. Les hommes font fi épineux fur leurs moin-
dres intérêts , & fi hérilFés de difficultés , que je ne
fai comment ils peuvent s'accorder fur quelque cho-
fe. La 3r. Il ne faut être ni formalifte , ni épineux.
Bell. Tel qui eft né avec des mœurs faciles change
de complexion , & il eft tout étonné de fe trouver
dur»5c éoineux. La Br. Les queftions de la grâce font
fort embrouillées , & lort épineufes , lorfqu'on ne
laiton pointu
par un bout , ayant une petite tête à l'autre qui ferc
à arracher des habits j du linge , à cocffer , &c à au-
tres ufages. Acicula. Il y a des épingles qui ont deux
têtes J & ce font celles dont les femmes fe fervenc
pour pafferdans leurs cheveux , afin que les pointes
ne leur blefient pas la tête j mais les communes ont
une tête & une pointe. Quand on veut parler d'une
partie très-petite de quelque chofe, on dit, gros
comme une tête d'épingle. Les épingles fe vendent
au cent , au millier. On appelle épingles de diamans,
celles qui ont de petits diamans au lieu de tête.
On dit figurément d'un difcours affe(^é : ce dif-
cours eft tué à quatre épingles, Acad. Fr.
Ce mot, félon Nicot , vient de fpinula ; Sc ^
félon Ménage, dejpitula, qu'on a dit pour Jpiculum.
D'autres le dérivent de JpHren , mot Celtique, ou
Bas-Breton , lignifiant épingle.
Épingles , fcdit aulli du préfent qu'on fait aux filles,'
ou aux femmes, lorfqu'elles ont rendu quelque fer-
vice , ou qu'on .achette quelque chofe où elles ont
part , pour leur tenir lieu de ce qu'on appelle entre
les hommes /Jorûfe v//2. On donne les épingles aux
fervantes de ceux chez qui on loge. Quand on achet-
te quelque chofe du mari j on ftipule que la femme
aura rant pour fes épingles. Le mot d'épingle en cç
fens n'a point de fingulier.
Épingle , fe ditptoverbialement en ces phrafes , tiret
fon épingle du jeu, pour dire , retirer les l:rais& les
avances qu'on avoir faits dans une affaire ruineufe
où on s'étoit engagé.
En ce cas là , Chêne , vous dis adieu j
En retirant mon épingle du jeu.
P. Du Cerc.
On dit auffi , pour exprimer une fort pe Aie fom-
me , je n'en donnerois pas une épingle davantage».
On dir aulli d'une femme qui eft foitajuftée, qu'elle
eft tirée à quatre épingles. On dit aulli d'un chat ,
qu'il a des épingles au bout de fes manches , en par-
lant de fes griffes.On dit aulFi , mettre une épingle
fur fa manche , afin de fc faire fouvenir de quelque
chofe,
^ EPINGLETTE. f. f. Terme d'artillerie. Efpèce de
petite aiguille , fervant à percer les gargOulFes ,
lorfqu'elles font introduites dans les pièces , avant
que de les amotcer.
ÉPINGLIER, 1ERE. f. m. & f. Ouvrier qui fait des
épingles, ou le Marchand qui les vend. Acicularius ,
acicularum opifex , propola.
Épinglier , eft auiîi un terme de Fileufe au rouet,
qui fignifie un inftrument de bois ^ auquel font at-
tachés de petits crochets de fil de fer ou de laiton
gtos comme des épingles, à travers de l'un defquels
palFe le fil quand on tourne le rouet.
mDrouiiiees , , _
veut pas s'en tenir avec fimplicité aux décifions de ÉPINGUER. v. n. Vieux mot Trépigner,
l'Eglife. _
Et épiague , fautéle , & balle
Ecfierc de pié parmi lafalle.
EPINICE. f. m. Terme de Poëfie Grecque & Latine.
Epinicion. Ce mot fignifie deux chofes dans 'anti-
bien épineux J remplis de difficultés. Il y a des gens j quité. i°. Une fête , une célébrité , des réjouilFan-
ces
Courir du bel efprit la carrière épineufe.
BoiLEAW.
On dit auflî des principes des fciences , qu'ils font
EPI
ces pour une victoire gagnée ; Se i^'. Une pièce de
vers , un poëme fur le même lujet. Scahijer eu traite
dans la Poétique , L. I. C. 44.
ÉPINICION. f. m. Terme d'Hilloire Eccléliaftique &
de Liturgie. Il lignifie l'Hymne Sancîus , Sanclus ,
Sancius Donnnus Dcus Sahaoth j par où finit la
Préface de la Melle j tan: chez les Grecs que chez
les Latins.
ÉPINIERE. adj. f. Terme d'Anatomie j ce qui ap-
partient à l'épine du dos. Artères cpiniéres , moelle
épiniére. C'ell la moelle de l'épine du dos , qui ell:
dans l'épine du dos. MedulLi fpiriA dorfi. L'Hilloire
de l'Académie des Sciences de 1714. marque qu'on
y avoir vu un fétus fans cervelle, ni cervellet, ni
moelle épiniére , quoique très-bien conformé d'ail-
leurs. Il étoit venu à terme, avoir vécu deux heures'
& donné quelque ligne de lentiment, quand on lui
verfa l'eau du baptême fur la tête. Ce n'elf pas la
première fois que l'on a vu' ce fiit , dont on rire
une rerribie objection conrre les efprirs animaux ,
qui doivent s'engendrer dans le cerveau , ou tour
au moins dans la moelle de l'épine , & que Ton
croir communément li nécelfaires à toute l'écono-
mie de l'animal.
Les Médecins appellent au(Ti moelle épiniére , me-
dulla fpinarïa , celle qui eft renfermée dans les
vertèbres du dos.
EPINIERS. f. m. pi. Terme dechalTe. Ce font des bois
d'épines où les bêtes noires fe retirent. Sentes. On
le dit aulli des lieux bits exprès pour garantir les
lapreaux des oifeaux de proie.
ÉPINOCHE. f. f Petit poilfon qui a fu: le dos des
épines ou aiguillons dont il fe défend. En Latin
acuieatus piJ'cis.Ce^ un poilïon d'eau douce très-
petit. Il drelfe &C abailfe à Ion gré fes piquans.
Les épinards en vieux François s'appeloient épi-
noches.
Épinoche. f. m. C'eft aulîî le nom que l'on donne
chez les Marchands Epiciers & Droguilles , au café
de la meilleure qualité.
ÉPINOI. Bourg de la Flandre Wallonne , entre Douay
& Lille , avec titre de Principauté. Spinctum.
ÉPINYCTIDE. f f. Epinyclis , idis. D'esr' , fur. vers ,
3c »'"1, nuir. C'eft, dit Celfe, le nom que l'on
donne à des puftules livides, noirâtres, rouges ou
blanchâtres , accompagnées d'inflammation & de
douleur , qui fe changent en un ulcère muqueux ,
qui rend une grande quantité de fanie. Elles fe for-
ment fur les extrémités fupérieures , & paroilTen:
ordinairement la nuit ^ ce qui leur a fair donner le
nom à'épinyclides. Dicl. de James. M. Col de Villars
écrit epinycliques. Il faut_ mieux dire épinyctide ,
EPIONE. f. f. Femme d'Efculape.
EPIPHANE. f. m. Nom d'homme. Epiphanius.
Saint Epipkane , Evêque de Salamine, ou de Conf-
iance , a écrit un excellent ouvrage des Héréfies. Le
P. Pétau a donné une belle édirion de S. Epipkane.
ÉPIPHANÈS. f. m. Nom d'homme , que nous pro-
nonçons comme en Grec &'en Latin. Epiphanès.
C'eft un titre , & une épithète que l'on a donné à
quelques Princes Grecs , fuccelfeurs d'Alexandre
dans rOrienr. Antiochus Epiphanès. Pr«fque tous
les Anthiociis, Rois de Syrie, ont porté le titre
, à' Epiphanès y excepré les trois premiers.
Epiphanès. adj. m. Terme de Mythologie. Surnom
donné à Jupiter. Il lignifie qui eft prélent , qui ap-
paroir ; pour marquer que ce Dieu faifoit fouvent
lentir fa préfence fur la terre , ou par le bruit du
tonnerre &: des éclairs , ou par de véritables appa-
xitions pour y voir fes m.iîtrefles.
Ce nom eft Grec , E'snipavif , ?^ fignifie Illuflre. On
le retient fouvent en notre langue , fur-tout dans
des Ouvrages d'érudirion , & en parlant de mé-
dailles. On écrit aulli Anriochus l'illuftre.
EPIPHANIE. Epiphania. Ville ancienne de Syrie fur
l'Oronte. Epiphanie étoit entre Antioche, qu'elle
avoit au nord , & Damas au midi , à 80 milles de
l'une & de l'autre , à 18 de LarilTe , & à 70 de Sé-
Tome ///.
73
EPI
leucie. Il y avoir encore une mue Ephiphanie en
Cilicie j une tioiiîème en Bithynie j 6c une qti.i-
trième proche du Tigre.
Epiphanie, f. f. Ou Fcte des Rois. Epiphania. Pète
double de la première cbHe , & qu'on célcbre avec
Oôtavele 6= de Janvier,en l'honneur de l'apparition
de Jesus-Christ aux trois Rois qui le vinrent ado-
rer, & qui lui apportèrent des préfères. La Fête que
l'Eglile célèbre aujourd'hui en l'honneur de l'Ado-
ration des Mages , en fa première inlluution parmi
les Grecs j avoir pour objet la naillanco de Jesus-
Christ , qu'ils nommoient Théophanie , & jEoi-
/i/^awe , c'eft -.i-dire , Apparition & manifeftatioii
de Dieu; &:ils la folennifoient le 6e jour de Jan-
vier, auquel ils croyoient que le fils de Dieu étoit
né. Gou. Le Pape Jule, qui fut fur le trône de S.
Pierre depuis 537. jufq n'en 552. eft le premier qui
air appris à diliinguer les Fêtes de la Nativité & de
{'Epiphanie , & qui en ait réglé le jour. Pape-
broch , Parai, ad Conat.p. 23. J^cZ. SS. Mati ^ T.
Cette Fête s'appelle aufli chez les Grecs Tht'o-
phanie, & la Fête des lumièies j foit à caufe du
baptême qu'on nommoit illumination, foit parce
que les Chrétiens portoient ce jour-là des cierges
allumés , comme nous faifons aujourd'hui le jour
de la Chandeleur. Voye^ Gretferus dans fes Notes
fur Cedrenus j C. 3. & Baronius à l'année 31^ de
J. C.
Les Ethiopiens & les Copres célèbrent aufli XEpi-
phanie avec beaucoup de folennité l'onzième de
Janvier j qui eft le ô'^ chez nous , auquel ils croient
par une ancienne Tradition , que J. C. fut baptifé.
Confukez Ludolf dans fon Hijtoire d' Ethiopie ^\^.\\\.
C. G. n. 54. & dans ion Commentaire fur cet en-
droir. Ammien Marcellin parle de cette fête dans
fon XXXF Liv. C. 2. & marque qu'elle fe célé-
broic au mois de Janvier. Henri Valois , dans fes
Notes lur cet endroit d'Ammieiij prétend que ce
que cet Hiftorien appelle Epiphanie , eft la Fête de
la Nativité. Voy. fur le mot Epiphanie ^, Cafaubon ,
Exerdt. Il.in Baron. Seci. XI. &c\q Ihefaurus Ec-
clefiaftic. de Suicerus au mot E'=r(fi«»£i«.
Ce mor fignihe en Grec apparition ; & à caufe de
l'étoile qui apparut aux Mages , ce nom a été donné
à cette Fête. S. Jérôme & S. Chryfoftôme difenc
que ce fut le jour du baptême de Jesus-Christ ,
auquel remps il a été connu des hommes par cette
voix célefte , Hic ejifilius meus dtleclus in quo mihi
complacui. C'eft aulli le jour que Jesus-Christ fie
fon premier miracle. Plufieurs Auteurs diftnt qu'il
y a eu diverfes Eglifes qui célébroient ce jour- là la
Fête de Noël, qui étoit nommée Epiphanie , ou
apparition du Seigneur , parce que c'eft le jour
auquel Notre Seigneur a commencé à paroître lue
la terre. En efl^et , le mot Gipc Epiphanienç. fignifie
pas dans les anciens Pères Grecs l'apparition de l'é-
toile aux Mages , mais l'apparition de Notre Sei-
gneur dans le monde, C'eft en ce fens-là que S.
Paul s'eftfervide ce mot Epiphania dans fa II. Epi-
tre à Thimothée J chap. i. v. 10. Les Arméniens
célèbrent encore aujourd'hui en un même jour la
Fête de la Nailfance de Notre Seigneur , & celle
de l'Epiphanie , félon l'ancien ufige de l'Eglife.
Quelques Miflîonnaires Latins , qui n'ont confidéré
que les coutumes reçues dans leurs Eglifes , ont
fait là-delTiis un procès mal-fjndé aux Arméniens,
parce qu'ils n'ont pas fu que XEpiphanie dans fa
première origine , eft propremenr la naiflance de
Notre Seigneur. Les Ecrivains Payens fe font fervis
de ce même mot Epiphania , pour exprimer l'ap-
parition de leurs Dieux en terre \ & les Chrétiens
onr aufli employé cette cxpreilion pour marquer en
général l'apparition de Dieu.
I/O- EPIPHENOMENE , ou ' ÉPIGÉMÈME. f. m.
Terme de Médecine , formé d'£=^'', fur- (Se ^««««/es'»^,
qui paroît. Symptôme qui fufviènt dans le cours
d'une maladie, & qui procède d'une caufe diff^é-
rente de celle des fymptomec propres de la maladie
Hhhhh
794 EPI
EPIPHÎ. f. m. Onzième mois Copte 3 qui répond à
Juillet , en commençant cinq jours plutôt. Chas-
TELAiN. Penultimus anni Copcki Alenjîs , Julïus
Coptorum , EVipi , EV>i?i j dans le Menologïum
de Fabricius , p.i^ Voy. TAnthoIogie Grecque,
L. I. Ep. 71. Fabricius j p. i6. montre que ce
n'eft qu'une corruption du nom que ce mois avoir
chez les Egyptiens , qui l'appeloient Abii j Abib ,
d'où elt venu E'sriia-j & de-li E'=^"?i.
ÉPIPHONÈME. Terme de Rhétorique. Epiphonema.
C'eft une figure & une efpèce d'exclamation qu'on
ajoute louvent à la tin de la narration de quelque
cliofe , à la fin du difcours , ou une réfiexion vive
& prelUmte fur le fujet dont on parle. Telle eft la
réflexion fenteiitieule de S. Paul, quand, après
avoir difcouru de !a réjedion des Juifs , & de la
vocation des Gentils, il s écrie : O protondeur de
la (agelFe & de la connoi(T[ance de Dieu ! Telle eft
la réflexion de Boileau dans fon Pocme, quand il
dit, à l'imitation de Virgile:
Tantàe fiel entre-t-H dans l'ame des dévots !
EPIPHORE. f. f. Terme de Médecine. EpIpkora.CeA
un continuel écoulement de larmes j accompagné
quelquefois d'ardeur , de rougeur , & de picote-
ment. Les caufes internes de cette maladie font le
relâchement des glandes des yeux , Ck la trop grande
acrimonie de la lérofité qui s'y fépare , laquelle en
rongeant & en picotant les yeux , y attire une plus
grande quantité de fang & de lymphe. Les entans
font fort lujets à ce mal. L'e'piphore invétérée dé-
génère fouvent en fittule lacrymale. Les caufes ex-
ternes de ïépiphora font les vapeurs acres , ou les
poudres qui entrent dans les yeux , & qui les pi-
qu.:nt. L'air trop froid ou trop âpre produit aufli le
même effet. M. Huet, ancien Evêque d^Avranches,
a fait autrefois un petit poëme Latin , intitulé
Epiphora , en ftyle de Lucrèce , & d'une grande
beauté.
Ce mot eft Grec, il vient de fwdpéço^wa» , je fuis
entraîné.
ÊPIPHYSE. f. f. Terme d'AnatomV Ejjiphyfis.Ced
un os adhérent à un autre par une (impie contiguïté.
Sa fubftance eft rare & lâche : elle eft aux enfans
nouveaux nés , ou peu âgés , cartilagineufe ; mais
elle s'endurcit à meiure que l'on avance en âge , &
enfin elle devient tout - à - fait ofleufe. La con-
nexion de \ épiphyfc avec l'os fe fait par une réci-
proque entrée des tètes ou extrémités de l'un dans
les cavités de Tautre. Il y a des os qui n'ont point
A'épiphyfe, comme la mâchoire inférieure. Il yen
a qui en ont jufqu'à cinq , comme les vertèbres.
Les épiphyfes font ajoutées aux os , comme pour
fuppléer à leur défaut j afin de les rendre plus longs
& plus gros en leurs^xtrèmités. En dilatant le troi-
fième ventricule du cerveau , l'on apperçoit quatre
éminences , deux fupérieufes & plus grandes , qu'on
appelle protubérances orbiculaires \ & deux aurres
inférieures , & plus petites , nommées épiphij'es des
protubérances orbiculaires. DiONis. Cet Auteur écrit
toujours épiphife j ce qui eft contraire à l'origine de
ce mot.
Ce mot vient de '»r' , delTus , & ç»"'"» , naître,
s'attacher.
On appelle e'piphyfes verm'iformes, deux éminen-
ces du cervelet en forme de vers , qui tiennent
ouvert le patTage du troifième au quatrième ventri-
cule.
ÉPIPLÉROSE. f. f. Terme de Médecine. Sur-réplc-
tion. f/ji/'/erci/w. Elle fe fair dans les artères, lorf-
qu'elles fe rempliiTent dans le temps de leur dilata-
tion de l'efprit que le cœur leur envoie , &c qui oc-
cafionne leur distenfion. Galien j de diff. pulfuum ,
Lib. IF. cap. 6. 27.
ÈPIPLOCÈLE. f. f. Terme de Chirurgie. Efpèce de
hernie caufèe par la chute de l'épiploon dans l'aîne
ou dans le fcrotum. Ce mot est Grec , \7n-K\miM ^
EP I
compofc de èjriVAoo» , épiploon , &; xba» , ramex ,
hernie.
ÉPIPLOÏQUE. adj. Epithète qu'on donne enAnatomie
aux artères & aux veines qui le diftribuentdans l'épi-
ploon. hpiploicus.W ya une artère épiploiqueqin vient
de la branche hépatique de l'artère cceluque. Il y a
aulli deux veines epiploïques , la droite & la polie-
rieure. Vépiploïque droite vient du côté droit de l'é-
piploon j & va fe rendre au rameau fplénique de la
veine porte. Vépiptoïque pojUncurc vient du der-
rière de l'épiploon , & fe termine au même rameau
fplénique.
ÉPIPLOMPHALE. f. f. Terme de Chirurgie. £>i-
piomphalus. C'eft une maladie du genre des exom-
phales. ISépiplompliale eft de l'efpèce des rumeurs
qui fe font de parties , & non d'humeurs. Celle-ci
eft caufée par l'épiploon.
Le nom à'epiplomphale vient de èan'srAM» ^ & de
ÉPIPLOON. f. m. Terme d'Anatomie. Epiploum ,
adeps^ omentum. C'eft une membrane grailfeufe qui
couvre les boyaux ,& qui va même dans leurs fi-
nuodtés : elle s'étend depuis le fond du ventricule
auquel elle eft attachée, jufqu'au nombril , où elle
finir pour l'ordinaire. Elle a la figure d une gibe-
cière j ou d'une poche. Sa fubftance eft membra-
neuie , tiflue de deux tuniques , de plulieurs veines
& artères , de petits nerfs , & de force graifte.Tous
les animaux n'ont qu'un e/'ip/oo'z j à la réierve des
marmottes , qui en ont trois ou quatre l'un fur l'au-
tre. On adécouvert par le moyen du microfcope,
que Vepiploon eft comme un grand fac plein de
quantité d'autres petits facs , qui renferment des
amas degrailfe ; & quelques-uns prétendent qu'il y
a pluheurs vaillcaux qu'on nomme adipeux , qui
fortent de cette membrane, &: fe répandant par roue
le corps , y portent de la graifle , de même que les
artères y porrent du fang.
Les Anatomiftes étoient fort embarraftés à dé-
montrer la conformation totale, faute de connoître
lendroit par où on peut y introduire l'air , fans
qu'il s'en échappe \ mais enfin M. Winflow , de l'A-
cadémie des Sciences , a trouvé cette ouverture na,-
turelle. Elle eft rrès-confidérable, & fituée fous le
grand lobe du foie, enrre un ligament membra-
neux > qui lie le commencement du duodénum
conjointement avec le cul de la védcule du fiel au
foie , à côté d'une éminence , qui eft comme la
racine du petit lobe de Spi^^elius , & un autre qui
attache le colon avec le pancréas. Foye^ les Mé-
moires de l'Académie des Sciences pour l'an 171 5.
Ce mot eft purement Grec , & vient du verbe,
(5njrAfs<y , qui i\gn\^t furnager , parce qu'elle fem-
ble nager fur les inteftins ; & on l'appelle s.affifu~
gène , ou Jilet , parce qu'elle eft entrelacée d'une
mi lliallè de petites veines & autres nerfs, comme
un rets.
ÉPIPLOSARCOMPHALE. f. f. Terme de Chirurgie.
Epiplofarcomphalus. Sorte de tumeur qui fe rap-
porte au genre des exomphales : elle eft de l'efpèce
de celles qui fe forment de parties & d'humeurs.
L'épiploon & de la chair forment \épiplojarcom~
phale. «
Ce mot eft formé de trois mors Grecs, îan'arAo»)! ^
épiploon, ™pl, chair, ifi^a^^'s , ombilic.
ÉPIPLOSCHEOCÉLE. f. f. Terme de Chirurgie.
Hernie accompagnée de la chute de l'épiploon dans
le Scrotum. De «anVAoo» ^ l'épiploon, oox"" j \q fcro-
tum, & xi/a;;, hernie.
ÉPIPYRGIDE. f. f. Terme de Mythologie. Statue que
les Athéniens avoient confacrée à Hécate ; ou plu-
tôt c'étoit une triple ftatue , ou à trois corps, d'une
hauteur extraordinaire, femblable à une rour ; ce
que fignifie le mot de wc/'çyor , une tour.
ÉPIQUE, adj. Qfii appartient à la Poëlîe héroïque,
ou Pocme qui décrit quelque adion fignalée d'un
Héros , embellie d'épifodes & d'événemens mer-
veilleux. Epicus. Le Poëme épique eft un difcours
inventé avec art pour former les mœurs pat des inf-
E P I
trudtlons dcgûifées fous les allégories d'une adion
importante, racontée d'une manière vraiiemblable
& merveilleufe. La dirtcrence qu'il y a entr^ le Poc-
me épique &C la Tragédie , c'eft que dans le Poëme
eptcjueÂts perfonnes n'y lont point incioduites aux
yeux des fpeCtaceuus , agilFant par elles-mêmes ,
comme dans la Tra'^édie ; mais l'adrion eft racontée
par le Poëte- Les comparaiions conviennent beau-
coup plus au Poëme épique qu'à la Tragédie. S. Ev.
L'Enéide ell: le plus beau de tous les Poèmes épi-
ques. Le Poëme epicjue ne doitpointlaiirer les Héros
malheureux : les fins triltes ne font bonnes que
pour la Tragédie. Le P. le B. La table , ou la hclion,
maiche toujours avec la vérité dans le Poëme épi-
que. Le Poëme épique doit embralïer un certain nom-
bre d'mcidens , afin de fufpendre l'adion , qui lans
cela iroit trop vite à fa fin. Men. Il haut obférver
i'unicc d'aétion dans le Poëme t^.tVi^^ve j enforte que
l'accion que le Poëce a pnie talfe un tout achevé. Le
P. LE B. Le fondement & i'ame du Poëme épique j
c'ell la fable. M. Daci£R.
La Poéjîe épique
Se foudent par lafable j & vit de ficlion.
AL De la Motte , qui a fait tant de réflexions iu-
dicieufis dans les ouvrages qu'il a compolés à l'oc-
caliou du différend qu'il a eu avec Madame Dacier
au fujec' d'Homère , a prétendu que la vie entière
d'un Héros pouvoir être le fujec d'un feul Poëme
épique y Sc que le Lutrin de Bodeau pouvoir pader
pour un Poëme épique ; mais il a paru dans la luite
vouloir revenir au fcntimenr commun. En efiet , il
n'elVpas quellion du fens qu'on peut donner aux
mots de Poëme épique , mais de la lignification que
l'ufage leur a attribuée. Si l'on n'avoir égard qu'à
l'étymjlogie du mot épique j tous les Poëmes où le
Poëte parle lui-mime , raconte les chofes , & ne
fait parler les perfonnages de fon Poëme qu'en rap-
portant ce qu'ils ont pu dire dans les occafions où
il les l'iippole i & dans les lituations où il les met ,
feroient des Poëmes épiques , & il n'y a point d'E-
pigtamme , de Sonnet , de Madrigal, qu'on ne pût
appeler un Poëme épique, ce qui ell; contre l'ufa-
ge. Ce nom de Poërne épique n'a été donné qu'à
un Poëme dont le fujet ell grand , inltructif , gra-
ve J férieux , qui ne renterme qu'un feul événe-
ment principal j auquel tous les autres doivent fe
rapporter ; & cette aélion principale doit s ctrepaf-
fée dans un cerrain efpace de temps, qui eft à-peu-
près d'une année. Toiitcela ell: arbitraire , il eft vraij
mais la fignihcarion des mots ell quelque chofe d'ar-
bitraire , &dans les langues il faut s en tenir à l'u-
iage. Si AL De la Motte avoit feulement prétendu
qu'on peut taire un Poème fort beau ^^c fort inllruc-
tir fur toute li vie d'un Héros , ou un Poëme agréa-
ble &c divertilfant fur quelque aventure bizarre &
ridicule, tout le monde eût été de fon fentiment ;
mais l'ufage n'a point voulu qu'on appelât du nom
de Poëme épique , ni les fujets qui ont trop d'éten-
due , ou qui font chargés de trop d'événemens que
rien ne lie enfemble , ni les Poëmes burlefques ^
comme la Batrachomyomichie d'Homère , la Sec-
chia rapica du Talfoni , la Défaite de Dulot ou des
Bouts-rimés , le Lutrin de Boileau. Au refte , il ell
, fi vrai qu'il faut s'en tenir à l'ufage dans la hgnifica-
lion des mots , que l'on doit dire, la rue de la Co-
médie J aller à la Comédie , l'hôtel des Comédiens ,
quoiqu'on repréfente fouventdes tragédies à l'hôrcl
des Comédiens, qui eft fitué dans la rue de la Co-
médie j 3«: dans les Arrêts du Confeild'Etatj quand
on lit ces paroles , Le Roi en fon Confeil , on doit
entendre que le Roi n'y étoit pas , parce que l'ufage
â établi, que pour marquer que le Roi étoit en
perfonns au Confeil , on ajouteroic ces mots , Sa
Ma]eflé y ét.mt , ou Sa Pdajejié préfente.
Ce mot vient du Grecï^-ar, qui fignifie, vers, poë-
fc , de "Va , dico. Voye\ le Traité du P. Le Boffu
fur le Poëme épique.
E P I
79S
Cette épithète s'applique aufTi aux perfonnesî
Vn^oiiiQ épique , Auteur d un Poëme qu'on appelle
épique.
ÉPlRE. Epirus. L'Epire eft une Province de la Grèce,
qui avoir autrefois pour bornes au levant l'Ache-
loiis ; au couchant , les montagnes appelées Acro-
céraunes , ou Acrocérauniennes , du côté qu'elles
touchent la mer Adriatique j aufeptenirion , la Ma-
cédoine ; & la mer Ionienne , au midi. L't-pire fuc
nommé d'abord Molofiie j ihoujfiu , puis Chaonie^
Chaonia , de Chaon frère d'Helénus. Les Anciens
eftimoient fort les chevaux à'Epire , comme on le
voit dans Virgile , Georg. L. /. v jç. Liv. 111. v.
121 . & dans Végece , L. III. h'Epire produifoic
aulîl des taureaux &c des bœufs vigoureux & fore
grands, Ovide , Métam. L. FUI. v. jpi. Ariilote,
Hift. Anim. L. lll. C. 21. Homère témoigne dans
l'Odylfée , L. I. & L. XIV. que ce pays étoic encore
très fertile en blés.-L'f^J/fhitautrclois un Royaume
puilfant \ eni'uite il fut ioumis aux Rois de Macédoi-
ne , & enfin aux Romains. Il eut enfuice fes Prin-
ces particuliers , dont Croie étoit la Capitale. Les
Turcs en dépouillèrent le fils du fimeux Scander-
berg , & l'ont toujours polfédé depuis.
Le P. Briet dit que les patties ou provinces de
\Epire étoient la Chaonie , la Thefprotie y l'Acar-
nanie , la Calîiopée , l'Amphilochie , l'Athmanie ,
la Dolopie, la Alololfie.
Aujourd hui VEpire a l'Albanie au nord j la
Thellalie à l'eft^ l'Achaie au fud j & la mer de
Grèce à i'ouell. On divife ce pays en deux contrées,
celle de Chimera , ou Canina , qui eft au nord , Sc
celle de l'Arta j ou de Larra , qui eft au midi. Ses
villes principales font Larta , Preveza, Joanina ,
ouJanina, capitale; Butrinto j Chimera , Canina
& Perga. Cette dernière appartient aux Vénitiens.
Les Turcs font maîtres de tout le refte.
ÉPIROTE. f. m. & f Qui eft de l'Epire. Epirota. Les
Epiroces étoient un peuple très-nombreux ; ayant
été foumis par les Romains j &■ s'étant fcuvent ré-
voltés, leurs vainqueurs défolèrent tellement leur
pays, qu'ils le réduifirent prefque en folitude. Pyr-
rhus , fils d'Achille » fuc Roi des Epirotes. Paul
Emile ayant vaincu Perfée , dernier Roi de Macé-
doine , ruina foixante & dix villes des Epirotes , &C
emmena cent cinquante mille efclaves. Aujourd'hui
les Epiroces , épais par les villages & par les villes
ruinées, s'occupent à cultiver la terre & à garder
le bétail. Les Epirotes font Chrétiens Grecs , & par-
lent Albanais. CoRN.
ÉPISCAPHIES. f f pi. La Fête des barques à Rhodes,
de i^x-^ipi , une barque.
ÉPISCËNES. f. f pi. La Fête des tentes à Sparte , de
c-i^m , une tente.
ÉPISCOPAL J ALE. Qui appartient à l'Evêque. Epif-
copalis. Le gouvernement Epifcopaltitczlmà^nn.
Diocèfe , où un feul homme légitimement confa-
cré préfide fur tout un Clergé , & fur toute une
Eglife,en qualité de Pasteur & d'Infpedeur,cini con-
fère les Ordres , & exerce une cerraine jurildiclion.
Les Presbytériens d'Angleterre rejettent le gouverne-
ment £';7//co;7a/.Le Siégef/Jz/cti/Jû/ est élevé à la droite
du Chœur. Enrre les fonéiions Epifcopalesls. princi-
pale est de faire fouvent des vifites dans le Diocèfe.
Le Roi fut reçu par cet Evêque revêtu de f>îs orne-
mens Epijcopaux. Le Pape ne peut ériger, ni tranf-
férer les Sièges Epifcopaux fans le confentement
du Roi. Fevret. Les Calvinistes condamnent l'Or-
dre Epifcop.il comme un établjlfemenf humam ,
que l'ambition a produir. Nie. Et ils font en cela
démentis par les traditions de toutes les Eglijes ,
par les écrits de S. Ignace le Martyr , 8cc. La fé vé-
rité des reptéhenfions doit être modérée par la cha-
rité , fans affoiblir la vigueur ^ la puilfance Lpif
copales. Herman.
Ce mot vient du Grec ta-icrr.Éa-r!.?-*' , infoicere , d'où
est formé iw/rr.oTrw, Infpeéleur , Evêque, parce que
les Evcques font les infpeéleurs du troupeau que
' Dieu leur a confié.
H h h h h ij
-jc^^ EPI
EPISCOPAT. f. m. Dignité d'Evêque ; fouveralii de- 1
gré , plcnicude du Sacerdoce de la nouvelle Loi.
£pïfcopatus ^ Epïfcopale munus. Sa demeure esc dé-
ferce , qu'un autre prenne fa place dans Vtpijcjpat.
PoRT-R. Cet homme ess parvenu à VEplJcopai: put
les bonnes voies , par la prédication , par la fam •
teté de vie. Quidefire ÏEpifcjfmt , délire une bonne
chofe , dit S. Paul.
Épiscopat des enfans. Par le Concile de Salsbourg
de l'année 1174. c. 17. il est détendu de faire dans
les Egliles le jeu nommé VEpiJ'œpac des cnjans , fi
ce n'est qu'il fe falFe par des jeunes gens de feize
ans & au-deiïbus. Fleury , UlJI. EccL
ÊPISCOPAUX. On nomme Epifcopaux , les Protef-
tans d'Angleterre qui ont confervé la Hiérarchie
Eccléliastique, telle qu'elle étoit dans l'Eglife Ro-
maine, lorfqu'ils s'en font fcparés. Rdij'ionis An-
gticiriA feclatores. Us ont des Evêques , des Prêtres ,
des Chanoines , des Curés , un office qu'ils appel-
lent la ^liturgie Anglicane. Ils ont aulfi confervé
une partie du Droit Canon qui est dans les Décré-
tais des Papes; enforte que ces Anglicans , qui re-
prochent aux Catholiques Romains d'être Papijhs,
£onz en plufieurs chofes , pour ce qui regarde le
droit nouveau des Décrécales, plus Papistes, s'il
est permis de fe fervir de ce terme , que quel-
ques Etats Catholiiaes^ lefquels ne fiuveiic point
ces Décrétales (1 littéralement que les Evêques d'An
gleterre. Si l'on ne confidére que l'extérieur de la
Religion des Epifcopaux , elle ne paroît guère
éloignée de la Religion Romaine , dont elle a tous
les dehors. La Reine Elifabeth ayant demandé à un
Ambairadeuf d'Efpagne ce qu'il croyoit delà Reli-
gion Anglicane , il lui fit réponfe j que le cheval
étoit fellé & bridé , & qu'il ne restoic plus qu'à
faire monter le Pape fur la bête. Mais , dans le
fond, pour ce qui est du dogme, ils ne diftérent
guère des Calvinistes , ennemis de la Hiérarchie
Eccléhastique. Voye\ Presbytériens. Ils ont ce-
pendant avec eux de grandes controverfes fur l'inf-
titution de \Epifcopat\ & quelques Do6l;eurs Angli-
cans, ow Epifcopaux , font Ç\ attachés à ce point ,
qu'ils regardent comme ca[ ic d , qu'on leur a oui
dire , que fi VEpifcopac étoïc aboli en Angleterre ,
comme on le craint depuis quelques années , ils
embralTeroienc auflî-tôt la Religion Catholique ,
parce qu'ils font perfuadés qu'il ne peut y avoir de
vraie Religion Chrétienne Apostolique , que là où
est la fucceffion des Evêques. Le principe est vrai ;
mais il devoir les mener plus loin , &c leur faire re-
connoître leur erreur.
ÉPISCOPIA. l^oyei PiscopiA.
ÉPISCOPISANT.f. m. Qui afplre à l'Epifcopat. Am-
biens Epifcopatum. La Cour est toujours remplie de
plufieurs Abbés épiJcopifans.CQ terme est bis, &
peu en ufage. On pourroit dire de même Epijlo
pifer.
tPISCOPISER.v.n. Terme qui ne fe peut fouffrir
que dans une converfation familière. On Ty pr.Mid
de deux fens. \°. Pour afpirer à l'Epilcopat, npifcj-
patum affeclare-^ 2°. Pour imiter un Evêque, prendre
àts airs & des manières d'Evêque. On dit dans le
premier fens que les Abbés de Cour épifcopifcnt. On
die au fécond fens que certains Curés épifcopifent \
c'est-à-dire , qu'ils imitent les Evêques , qu'ils
prennent, foie dans leur extérieur, foit dans leur
conduite , des airs & des manières d'Evêques.
ÈPISCYRE. f. m. Sorte de jeu des Grecs où l'on em-
ployoit une bille. E'wiV^iugof. Les joueurs tiroient au
milieu du jeu une ligne appelée fcyms , fe fépa-
roient en deux bandes , & traçoient encore chacun
une ligne derrière eux ; enfuite on pofoit la balle
fur la iKjne du milieu , & les joueurs faifoient tous
leurs efforts en courant pour l'attraper , & la jetrer
au-delà de la ligne tracée au bout du jeu de leurs
adverfaires. Ce jeu étoit auflî appelé i^Uoivcs , pro-
mijlua, & tipi^ix-k ( Pollux , /. 9. c. -r. ) Le Jé-
fuite Bulengerus , ( de Lud, vet, c. 1 4. ( dit que ce
EPI
jeu étoit de fon temps fort à la mode à Flo-
rence.
ÉPISODE. Ce mot eft mafculin ou féminin , mais
plus fouvenc mafculin. Meilleurs de l'Académie le
font mafculin. Il fignifie , Incident , hiftoire , ou ac-
tion détachée, qu'un Pûcte j ouun^Hiftonen in-
fère & lie à fon aélion principale , pour remplir
fon Ouvrage d'une plus grande diverfité d'événe-
mens. Epijodium. L'Hiftoire de Didon elt un agréa-
ble épifode dans l'Enéide. Les digrellions ne font pas
des cpifodes. Les épi/odes ne font guère bien reçus
dans le Dramatique. Il faut que cous les épifodcs
foient liés à l'action principale , enlorte qu'ils eu
foient comme des dépendances & des parties né-
celfaires. Le P. le B. Les épifodes doivent être au-
tant de membres du corps auquel ils font arrachés ,
& autant d'incidens qui n'empêchent point l'unité
d'action. Id. Les cpifodes ne doivent être ni con-
trainrs J ni forcés j ni amenés de trop loin , pour ne
paroître pas étrangers \ ni trop fréquens , pour ne
point faire de confufion. Id.
Ce mot vient d't=r' & de ^^'1 , cantus.
Épisode. Seconde partie de l'ancienne Tragédie. Les
épifodes n'étoient d'abord que des récits qui fe fai-
foient entre les chants du chœur dans l'ancienne
Tragédie , pour délalfer le chœur , & défennuyer
les fpectateuis. Ainfi c'étoient des pièces ajoutées à
la pièce principale , dont ils ne faifoient^point une
partie nécelfaire. C'eft pourquoi on les appela épi-
fodes. Ces divers épifodes pouvoient être tués d'au-
tant de fujets diftérens , ou être cous pris d'un mê-
me fujet divifé en autant de parties , ou dincidens,
que l'on vouloic mettre d'intervalles pour lailfer re-
pofer le chœur. Mais ces pièces hors d'œuvre, cjui
d'ordinaire n'étoient point liées enfemble , &c
n'avoient aucun rapport entre elles , devinrent en-
fin le principal de la Tragédie. Les meilleurs Poètes
les tirèrent d'une feule aél:ion,enforteque ces récits,
partagés par les chants du chœur, étoient des mem-
bres dépendans les""uns des autres. On regarda même
comme une irrégularité , & une pluralité vicieufe,
quand les épifodes croient compofés de divers inci-
dens. Les pièces les plus fimples & les moins intri-
guées étoient les plus fujetces à cette irrégularité ,
parce qu'ayant moins d'incidens j la matière étoit
épuilée dès le premier récit. Il s'enfuit de-là que les
épifodes devinrent des membres naturels & nécef-
faires de la Tragédie , & que ce n'étoient plus des
fiièces étrangères , & inférées , comme le fignifie
e terme à'epifode. C'eft pourquoi Ariflote , en re-
tenant ce terme trompeur , confond \ épifode avec
la Tragédie , & donne des règles pour la Tragédie
fous le nom ^épifode. Les épifodes font donc , fé-
lon la définition d'Ariftote j les parties néceQ'aires de
l'action , étendues avec des circonflances vraifemhla-
blés : c'eft-à-dire , que les épifodes ne font point
des adions particulières ; ce font des parties d'une
a£tion. Ils ne font point ajoutés à l'aétion & à la ma-
tière du Pocme. Ils font eux-mêmes cette aélion ,
comme les membres font la matière du corps. Ils
ne font point tirés d'ailleurs ; ils font pris du fonds
même de l'adtion : ils ne font point joints & unis
à l'aélion ; ils font joints & unis les uns aux autres.
Enfin cette union des uns avec les autres eft nécef-
faire dans le fonds de V épifode ^ & vraifemblable
dans les circonftances : ainli ce n'eft pas là ce qu'ct\
entend aujourd'hui par épifode. La chofe a retenu
le nom de fa naiflance & de fon origine , quoique
dans la fuite elle en ait perdu la nature, /''oye^ le P.
Le Bolfu , la Pratique du Théâtre ded'Aubicnac,&
les Commentaires de Caftelvetro, de M. Dacicr ,
&c. fur la Poétique d'Ariftote.
Épisode , en Peinture. En matière de Peinture comme
en matière de Pocfie j on appelle épifode, toute ac-
tion accelfoire qu'on ajoute à l'aélion principale ,
pour l'étendre , ou pour l'embellir.
ÉPISODIER. V. a. Etendre par les épifodes. P.pifo-
dier une adion. Quand le Pocte a compofé fa fable,
fon fujet, L^: qu'il a impofé le nom à fes p jtfonaa-
EPI
ges , il do?t Xépifoihr par fes circonftane»s. Ac. Fr.
1718. Ce mot n'eft guère uficé.
E?isoDiÉ, ÉE. part. Epifodits ornatus j a , um. Quelle
fable ridiculement epifoiiée ! Houtteville.
ÊPISODIQUE. adj. m. & h Epifodkas. ArUtote ap-
pelle Fable épijodique, une action chargce d'incidens
fupetilus , & donc les épifodss ne iont pomt né-
celîairemenr ni vraifemblablemenc liés les uns avec
les autres. Il les condamne comme défedtueuies. Le
P. LE B. Nos premiers Poètes François compoioienc
des pièces éplfodiqucs. Pour remplir chaque Acte ,
ils prenoient des adtions différences d'un Héros, qui
n'avoienc aucune liaifon entre elles. 1d. Comment
a-t-il pu croire que les Dieux n'étoienc que des per-
fonnages tp'fodiques dans le Poëme Epique ? M. Da-
ciER. Il ne faut jamais noyer l'objet principal dans
des détails épijodiques. W. de Ramsay.
ÉPISPASTIQ JE. adj. de t. g. fouvent employé fubf-
tantivement. Terme de Pharmacie. Médicament
qui étant appliqué attire les humeurs. Kemedium
epifpaflicum , attrahens. On appelle aullî ces fortes
de remèdes du nom à'atcrdi^:/s. Il y en a qui agif-
fent modérément j & d'autres avec beaucoup de
violence. Ceux-ci enHeit le cuir , le rendent rou
ge, & y excitent même dis vellîes. Les tpijpjjiiques
font le pyréthre , l'ail , la moutarde , les oignons , le
levain , la hence d'oie , & celle de pigeon ; les
cantharides , &c. l'ail, la moutarde, \Ôcc. font d-s
médicamens epifpajiiqnes.
Ce mot eft Grec „ il vient de Èsi-i , & de '■tcù.'j, at
traho j je tire.
Ei'ISSER. V. a. Terme de Marine. Eprjfer une corde ,
c'eft l'entrelacer avec une autre en mêlant enlem-
ble leurs fils ou cordons j par le moyen d'une bro-
che de fer , ou de bois, ou de corne, qu'on appelle
épijjhir.
Episse , ÉE. part.
EPISSOIR. f. m. Terme de Marine. Inftrument pointu
de fer , ou de bois , qui fert à taire l'épillure.
ÉPISSURE, f. f. Terme de Marine. C'elt l'entrelace
ment de deux bouts de corde que l'on fait au lieu
d'un nœud pour plus grande commodité. Ep/Jjurc
courte , c^eft lorfque les deux bouts de corde que
l'on veut épiiïer ^ font coupes d'une même lon-
;;ueur : épijjure longue ,ell celle qui le fait avec des
bouts de cordes inégaux ,& mis enforte qu'ils puif-
fenc pader fur une poulie. Voyez le Lîi'diûnn.ûrc
d'Ozanam , p. 304. où vous trouverez la manière
d'épilfer deux cables enfemble.
ÉPISTAPHYLIN. VoyeiSxKvmi.m.
EPISTATE. f. m. Commandant , celui qui com-
mande , qui a le gouvernemenr. Epijîates. Ce mot
eft en uGige quand on parle de l'ancien gouverne-
ment d'Athènes. h'EpiJïate étoic le Sénateur d'A-
rhènes en jour de prélider. Tourreil. Les dix
Tribus d'Athènes éliloient par an chacune au fort ,
cinquante Sénateurs ,qai compofoient le Sénat des
cinq cens. Chaque Tribu tour-à-tour avoit la pré-
iéance , & la cédoit fucceffivement aux autres.
Les cinquante Sénateurs en fonctions fe nommoient
Prytanes ; le lieu particulier où ils s'alfembloient ,
Piytanée ," & le temps de leur exercice , ou de la
Prytanie,duroit trente cinq jours. Pendant les tren-
te-cinq jours,dix des cinquante Prytanes prélldoient
par femaine lous le nom de Procdres 5 & celui des
Proëdres qui dans le cours de la femaine étoit en
jour de prélider ,s'aopeloit Epiftate. On nepouvoit
l'être qu'une fois en fa vie , de peur qu'on ne prît
trop de goût à commander. Les Sénateurs des autres
Tnbus ne lailfoient pas d'opiner _, félon le rang que
lelorcleur avoit donné; mais les Prytanes convo-
Îjuoient l'alfernblée , les Proëdres en expofoienc le
ujet , XEpiJîace demandoit les avis. Tourreil. Il
faut remarquer que de dix Proëdres de chaque fe-
maine il n'y en avoit que fept qui préfidoient cha-
cun fon jour , &: trois qui ne le faifoienc point , &
31'écoient point Epijîates. Les dix Proëdres élifoient
les fept Epifldtcs. Voye\ Prytane.
Ce nom , qui cil Grec , vient A"fs\^fupci\ Si •'^'if'-i,
EPI 797
J?o. Un Epïflau ctoit celui qui étoit fur les autre s,
le chef des autres.
ÉPISTÉMONARQUE , ou ÉPISTOMONARQUE :
le premier elt mieux, f m. Nom de dignité dans
l'Eghfe Grecque. C'étoit celui qui étoic prépofé
pour veiller fur la dodtrine de l'Eglife. Le Cenfeur
de la dodrinc. Epijlemonarcha _, Epijlomonarcha.
VEpiJiémonarque avoit foin de tout ce qui concer-
ne la foi. Son office répondoir , à-peu-près , à celui
du Maître du facré Palais à Rome.
Ce nom vient d'isr'V?^' , fcio , ist91iu.it fcience
\zn74f<.!>!i ^ Javant y Se «f;ei , commandement ., préfi-
dence j intendance.
ÉPiSTOLAIRE.adj. de t. g. Qui appartient .à l'épître,
qui concerne la manière d'écrire des lettres, h.pijlo-
laris , epijiolicus. Il ne fe dit qu'en ces phrafes , Style
épiftoUire , Genre épiflolaire. On dit , fubltantive-
ment , les Epi(lolaires , pour les Auteurs qui ont
écrit des lettres , dont les lettres ont été recueillieSj
comme Sidonms Apollinaris , Sénéque , Pline le
Jeune , Pétrarque , Busbecq , Erafme , Jufte-
Lipfe , Muret , le P. Petau , M. Sarau j M. de
Bulfy Rabutin , &c. On trouve dans les EpiJIolaires
des faits parriculiers qui peuvent fervir à éclaircir
des points d'Hiltoire, qui feroient obfcurs fans leur
fecours. P. Menestrier. J'ai toujours été de l'avis
du P. Petau , que dans les nouvelles éditions qu'on
fait des Ameats e'pifioLiires , il ne faut pas changer
l'ordre des épîtres, fous prétexte d'en donner un
meilleur, BaluzEj duns les Mém. de Trév. 1714.
p. 1 547. Balzac & Voiture ont réu(îi dans le genre
épi(iolaire , De Vign. Marv. Il faut ajouter auffi
Rabutin Se Madame de Sevigné.
f3" Ce jugement ne s'accorde point avec celui
que des gens plus capables d'apprécier le mérite ,
ont porté des lettres de Balzac. L'art où cet Ecrivain
s'elt employé toute fa vie , eft celui qu'il favoit le
moins , je veux dire l'art de faire une lettre .• car ,
quoique les fiennes foient toutes pleines d'efprit Se
de chofes admirablement dites , on y remarqua
partout les deux vices les plus oppofés au genr»
épiflolaire , l'atfedtition & l'enflure. Boa.
ce? Je ne crois pas non plus que celles de Voiture
trouvent aujourd'hui desadmirareurs. Quoiqu'elles
pétillent d'efprit , on eft choqué du ton finguliet
qu'il affedte , & de l'inexaétitude de fon ftyle.
03" Pour celles de Madame de Sevigné , i! y a
apparence qu'elles palïèront à la poftérité comme
un modèle du ftyle épiflolaire^ c'eft-à-dire , du ton
fimple, aifé & naïf de la converfation , qui en fait
tout le mérite. Je voudrois pourtant qu'on en re-
tranchât quantité de petits riens doucereux adrefles
à fa fille , qui m'affadilfent le cœur.
ÉPISTOLIER. f. m. Ce mot ne fe dit qu'en badinant,
de ceux qui font célèbres par le grand nombre de
lettres qu'ils ont compofées. Voiture , Coftar, &c.
font au nombre des EpifioUers.
Epistolier. Auteur de Lettres. C'eft le titre que Mé-
nage , dans fa Requête des Diétionnaires, p. 2(îi.
du 4. to. du Ménagiana j a donné à Balzac.
Au politique Prie\ac j
Au grand Epiftolier i5û/^ac.
On appelle Balzac le grand EpiJloUer de France.
Epistolier , (e dir dans quelques Chapitres pour
celui qui à la Mefte chante l'Epître. Cantor EpiJloU.
Ce Chapitre a plulîeurs Chapelains à fon fervice ,
en qualité de Chantres j de Vicaires, à'EpiJloUers^
d'Evangéliftes. Dicl. étym. de Men.
iÇT Ab epiftoUs fervus . C'étoit chez les Roinains
Tefclave qui écrivoit fous fon 'maître les lettres
, qu'il lui didoit , & fervoit de fecrétaire.
EPISTYLE. f f Terme d'Architedure. Epiflylium.
C'eft ainfi que les Grecs nommoient ce qu'on ap-
pelle maintenant <7r<:A/fr(2ve ; c'eft-à-dire , la pierre
ou la pièce de bois qui pofe fur le chapiteau des
colonnes.
Ce vnot vient de i^^ , & de f»^W , colonne , parce
7^8
EPî
que Xe'pifîyle j ou l'architrave eft au-deffus de la co-
lonne.
ÉPITAPHE. f. f. Monument qu'on drefle à l'honneur
d'un déhint pour en conferver la mémoire j inl-
cription pour marquer le temps de fa mort , & qui
contient quelque éloge de les vertus , & de ies bon-
nes qualités. ib/'iw/'/^/i^OT , ùtulus fepulcri. Epkaphe
gravée fur le cuivre. Le P. Labbe a lait un Recueil
qu'il appelle le Tréjbr des Epuaphes. Ronfard a
fait ce mot mafculin. Quelques-uns l'ont cru des
deux genres. Aujourd'hui on ne peut l'employer
qu'au téniinin.
Madame de Crécy fit ces quatre vers fur Mada-
me de Montbafon , qu'elle n'aimoit pas, qui tomba
fous un pont , & qu'on crut ftoyée.
Cy gijl Olympe , à ce qu'on dit :
S'il n'ejl p-is vrai, comme onfouhaite^
6'(j/2 épitaphe ejl toujours Jaice :
On ne fait qui meurt , ni qui vit.
fCT On donnoit anciennement le nom à'Epitaphe
aux vers que l'on chantoit en l'honneur des morts le
jour dî leurs obféques , & que l'on rcpétoit tous
les ans à pareil jour. Il s'ell pris depuis pour l'inf-
cription qu'on met fur les tombeaux , tantôt en
vers , tantôt en profcj pour couler ver la mémoire
des déhints,
êfT Les Grecs mettoient fimplement le nom de
celui qui étoit mort, avec l'épithète de bon homme,
bonne femme; d'où vint {'cx^ïtiïxon xf^n TsaCw,
faire bon , pour dire , faire mourir. Les Athéniens
mettoient feulement le nom du mort , celui de fon
père \ & celui de fa Tribu. Les Romains ajoutoient
au haut de leurs Epuaphes , Diis manibus. Quel-
quefois les Epitaphes ctoieut remplies de morali-
tés , accompagnées de pièces de Sculpture & d'v\r-
chitecture , qui ne fervoient pas feulement d'orne-
ment aux tombeaux , mais encore d'inftruélion à la
pollécicé , par les aitions illuftres qu'elles repré-
fentoient , & par les penfées morales qu'elles
exprimoienr.
A Lacédémone on n'accordoit des epitaphes qu'à
ceux qui étoient morts à la guerre. Abl. Un Pocte
préfentant à un grand Prince Xépitaphc de Molière ,
qu'il avoit faite : Plût à Dieu , dit le Prince en la
recevant , que Molière me préfentàt la vôtre. Bons
MOTS. Boxhornius a fait un recueil ^epitaphes peu
étendu , mais de fort bon goût. De Vign. Marv
Ce mot vient d'È^^ri , & de T^ipor, fepulcrum.
On dit proverbialement , Menteur comme une
épitaphe , parce que les éloges qu'on fait des morts
dans leurs epitaphes ne font pas toujours mérités.
Epitaphe , fe dit aulll de certains éloges en profe, ou
envers, qui demeurent fur le papier, fans aucun
delfein de les faire graver fur les tombeaux. Dans
les Recueils d'Epigrammes on trouve plulîeurs epi-
taphes : il y en a même de fatyriques.
ffT De toutes les epitaphes faites pour Molière j
celle qui fuit eft une des plus eftimées.
Rofclus hic Jîtus eft parvâMolierus in urnâ ,
Cuigenus humanum liidere Indus erat.
Dum ludit mortem ^ Mors indignata jocantem
Corripit , & Mimum fingerefâ,va negat.
C'eft Etienne Bachot , Médecin du Roi , qui en
eft l'Auteur ; du moins elle fe trouve à la page 40.
de îonParerga ^ feu horA fubcifivA , imprimé à Pa-
ris en i(>8(î. Elle y eft intitulée, Molieri Comoedi
Tumulus. Merc. de Janvier i y ^6. Elle futainli tra-
duite en vers François.
Cette urne eft le dépôt des cendres de Molière.
Ilfefaifoitunjeu de jouer les Humains:
Mais en jouant la mort , ilpaffa par fes mains :
La cruelle à l'inftant lui ravit la lumière.
Épitaphe , eft auffi un morceau d'Archicedture , ou
EPI
de Sculpture , avec bufte & figures fymboliques -,
qui fe met dans un cimetière , ou contre les murs
d'une Egiife.
EPITASE. f. f. Epitafis. Terme de l'ancienne poëfie.
C'étoit fa féconde partie du pocme dramatique , celle
qui fuivoit la protafe j & dans laquelle fe faifoit le
progrès de l'action avec tous les mcidens qui fai-
îoientlc nœud de la pièce. C'eft proprement ce que
nous appelons nœud & intrigue.
Ce mot vient du Grec i-^iTà(ns ^ d'i^inUa ^ Imendcx.
Epitase j fe ditaufill en Médecine, de l'augmentation
& du commencement de l'accès de quelque mala-
die, particulièrement des fièvres.
ÉPITÉ. f. f. Terme de Marine. Petit coin ou cheville
de bois carrée & pointue , que l'on met dans le bout
d'une autre cheville pour lagrollir, ou à quelques
autres endroits néceiïaires. Subfeus, fibula lignea.
ÉPITHALAME. f. m. Terme de Poéfie. Ce font des
vers faits à l'occafion d'un mariage de quelques per-
fonnes illuftres , un chant de noces , pour féliciter
les époux. Epithalamium 3 carmen nuptiale. Les épi-
thalames du Cavalier Marin ne font pas compara-
bles à ceux de Catulle qui n'ont rien de bien mer-
veilleux. Il eft apparemment bien difficile de réulîic
dans ce genre de poëfie, puifque les meilleurs poè-
tes n'ont rien fait qui vaille. Quelquefois ce mot eft
écrit fans h , épitalame. f^oye^ les fables de Madame
de Villedieu.
Epithalame. Les Graveurs de Hollande appellent
ainli certaines eftampes , laites en l'honneur de quel-
ques nouveaux mariés, dans lefquelles on les repré-
iente avec des attributs allégoriques , convenables à
leur état & à leur qualité. Perfonne n'a mieux
- réufii dans ce genre que Bernard Picart. Diciion~
naire de Peinture & d'ArchiteBure. Avant Picart per-
fonne n'avoit encore fait de ces' fortes d'eftampes
allégoriques : la mode s'en eft établie en Hollande
de fon temps. Ces eftampes ne paroiiloient jamais
qu'accompagnées de vers Hollandois ; & c'est ce qui
les a fait appeler Epithalames.
Ce mot vient d'sîs-< , & de ^â>^»fio? j cubile nup-^^
tiale.
ÉPITHÈME. f. m. Terme de Pharmacie. C'est une
efpèce de fomentation fpiritueufe , un remède ex-
terne qu'on n'applique que fur les régions du cœuc
ou du foie, pour les fortifier, ou pour les corriger de
quelque intempérie. Epithema. Il y en a de deux for-
tes , le liquide & le folide. h'épitheme liquide est
une efpèce de fomentation plus fpiritueufe que les
autres, h'épitheme folide est un mélange deconferves
de thériaque , de confeélion , de poudres cordiales ,
qu'on étend ordinairement fur un morceau d'écar-
late , ou fur du cuir.
Ce mot eft Grec : il vient d''«r< , & de rlâ-i}f*i ,
pono, impono.
ÉPITHÈTE. f. m. Epitethum. Les Anciens l'ont tou-
jours fait mafculin. M. de Vaugelas veut qu'il foit
plutôt féminin que mafculin. Je crois qu'on Je peut
faire indifféremment l'un & l'autre. Mén. M. de
Balzac a dit épithètes oijijs. Meffieurs de l'Académie
fur le Cid l'ont fait du même genre , dans la der-
nière édition de leur Diélionnaire (1740.) ils le
font féminin. Cet ufage a prévalu , & tout le monde
fait ce mot du féminin. C'eft un nom adjeétif , qui
défigne quelques qualités d'un nom fubftantif qui 1 ui
eft joint. Je voudrois qu'on lou.ât les Héros par les
chofes , & point par les épithètes. M. Scud. Homère
enclave trop fouvent des épithètes vagues pour la
commodité du Pocte. Perr. Homère équipe chaque
Hèios à'm\Qépithète , non pas félon l'exigence des
cas , mais félon la mefure des vers. Id.
Encor , fi pour rimer , dans fa verve indifcrete j
Ma Mufe au moins fou ffroit une froide épithète,
ÉpiTHâTE , eft auffi un furnom , ou une féconde ap-
pellation. Anciennement les François donnoient des
épithètes 3.ax perfonnes avec adez de liberté , fou
par rapport aux défauts de l'efprit , foit par rap-
E P I
port à ceux àa corps. Les Rois eux - mêmes n'en
étoienc pas exempts. De-là viennent ces épichèces fi
fréquentes dans l'Hiftoire. Charles le Simple, Louis
le hainéant j Luiovicus nihiljaciens , Pepin le BreJ ,
Louis le Bègue. Pasq.
fC7 On peut établir delà la différence qui fe
trouve entre adjeciif&c epichèce. Tous les adjeéliis
qui fervent à marquer les qualités particulières
des perfonnes ou des chofes , s'appellent proprement
épichetes • ceux qui expriment les qualités communes
gardent le nom à'adjeclijs.
Le mot e'phhète vient du Grec sï3-i'.9-£T«fr, adjcclicius,
ajouté.
ÉPITHYME. f m. Terme de Botanique. Ce font des
fîlamens roulfâtres qui viennent fur le Thim , d'où
vient qu'on leur a donne ce nom. Epithymum. VE-
pickyme n'a point de feuilles- Ses racines font lon-
gues , de couleur brune. Ses Ûevfts lont de petits
godets , dans le fond def^uels il y a un trou : elles
font évafées en haut , & découpées en quatre ou
cinq pointes. Leur calice poulfe un piftil, tjui s'em-
boîte dans le trou de la fleur ; Ik lorfqu'elle efi: paf-
fée , ce piftil devient un fruit membraneux , pref-
que rond , élevé de trois ou quatre c'^tes arrondies.
Ce fruit eft percé dans Ig tond , &c il s'applique lur
une petite capfule qui eft au fond du calice , lequel
envelope le bas de ce truit. Il renferme quelques
femences alTcz menues. Vepichymc purge doucement
les humeurs féreufes & mélancoliques : on s'en
fert dans la galle , dans les aftecf ions hypochon-
driaques , & dans les obftrudions. C'eft une elpèce
de culcute que G. Bauhin appelle epithymum , Jïve
^ cufcuta /Tziwor. PiNAC. 119.
EPITIE. f. m. Terme de Mer. Petit retranchement de
planches fait le long du côté d'un vailfeau , ou à
quelque autre lieu pour mettre les boulets. Imniuni-
tio , detraciio.
EPITOGE. f. f. Epitogium. C'étoit une efpèce de
manteau que les Romains mettoientfur la toge, qui
étoir leur habillement diftin6tif. Le mot épicoge eft
encore préfentement en ufage , & fe ditd une forte
d'habir que les Eccléiîalliques mettent par-delfus
leurs autres habits. >
C'eft aulîî une efpèce de chaperon ou de capuce
que les Préfidens à Âlortier , & le Greffier en chef
du Parlement , portoient autrefois fur la tête dans
les grandes cérémonies , de qu'ils ne portent plus
, que fur l'épaule. Ac. Fr,
EPITOIR. f. m. Inftrument de fer pointu & quatre ,
pour couvrir le bout d'une cheville de bois , &
y mettre un coin , qui eft une autre cheville
quarrée de bois , qu'on appelle épice , afin de la, ,
renfler.
ÉPITOME. f. m. L'abrégé, le précis, le principal
d'un livre qui traite amplemenr d'une matière ,
Epicome , compendium. \J Epitome de Baronius a été
fait par M. de Sponde. Bernier a tait XEpitome ou
X Abrégé de la P hdofophie de Gaffendi.
ÉPITRAGIE. Terme de Mythologie. Surnom donné à
Vénus , parce qu'elle fe changea en Chèvre. Théfée
étant prêt d'aller en Crète pour tuer le Minotaure ,
fit des facrifices à Apollon &c à Vénus j & l'Oracle
de Delphes lui ordonna de prendre Vénus pouri
guide , & de lui immoler une chèvre fur le bord de
la Mer, laquelle fut'changée en bouc, d'où vient
le furnom Epigragia , de rfâyn , hircus : AulII-tôt la
Déelfe lui apparut fous la figure d'une Chèvre. Hof-
MAN , Gyraldi. ( Hijl. Deor. Sync.i^.)
ÉPITRE. f. f. Lettre milfive. Epijlota. Il ne fedlt main-
tenant que de petites lettres en vers qu'on écrit à fes
amis, ou des £)'^Vej préliminaires ou dédicatoires
qu'on met à la tête des livres. La Serre ne vivoit que
d'£/'/frejdédicatoires. G. G. Quand il s'agit des let
EPI 7^9
Pierre. Les Epures As S. Paul aux Corinthiens, &c.
11 taur ajouter qu'on dit aujourd'hui lenres aulli-
bien (\\\epLtres , en parlant de celles des Anciens.
Lettres de Cicéron à Atticus , lettres de S. Auguftin ,
de S. Bernard , &c. Mais on dit toujours epi'ins ,
en parlant des parties de la Sainte - Ecriture qui
font en forme de lettres. Epures de S. Paul , de
S. Jean , &c.
Ce mot vient du Grec ïsrjs-ÉAAa ^ micto.
ÊpÎtre , fignifie aulli cette partie de la Meffe chantée
par le Soudiacre un peu avanr l'Evangile , & qui
eft un texte de l'Ecriture-Sainte. Cette partie de la
Sainte-Ecriture n'eft jamais prife de» quatre Evan-
giles , mais de quelque autre endroit de la Bible , Se
fouvent des Epures de S. Paul , ou des Epures des
autres Apôtres j ce qui lui a fait donner le nom
d'Epiùe. Chanter fur le ton de VEpirrc. Il y a à
l'Autel le côté de l'/:/'/rrt? , qui eft le côté droit du
célébrant.
On dit en proverbe , qu'un homme eft familier
CQmme les Epures de Cicéron , parce qu'on a appelé
les Lettres de Cicéron à fes amis , les lettres ou
épures familières. Mais c'eft un abus , & il y a long-
temps que les Savans ont remarqué que le titre des
t pures de Cicéron ii'étoit pas LpijloU Jamiliares ,
mais epifioU ad jamiliares. Il y a dans les épures de
Cicéron des chofes qui ne font rien moins que ce que
nous appelons yaOT//.'er en François. Les épures de
Cicéron à Atticus font en quelques endroits plus fa-
milières que les autres , parce qu'il y écrit fans dé-
guifement & en confidence , tout ce qu'il lui auroïc
dit dans un entretien familier.
EpÎtre Dedicatoire. C'eft VEpùre qu'un Auienr
met à la tête de Ion livre, & par laquelle il l'otirc,
il le dédie à la perfonne à qui cette izpure eft adref-
fée. Epijîola dedicatoria , nuncupatoria. Que dites-
vous de ces perfonnages qu'on introduit dans les
Epures dédicatoires ? L'Auteur d'un ouvrage qui
traite des conquêtes de Céfar, ou des aventures
d'Hippolyte , ne fait point de difficulté de dire à
un Prince, en lui dédiant fon Livre : P'oici le Vain-
queur des Gaules qui vient vous rendre fes homma-
ges. Hippolyte fort du jond des bois dans le deffein
de vous Jaire fa cour. Il n'y a rien de plus faux que
cela , & c'eft fe mocquer que de confondre le livre
qu'on dédie avec le Fléros qui tait le fujet du livre ;
à moins que l'Auteur, par une efpèce de fiction ,
ne falfe parler fon Héros , ou fon Héro'ine , au lieu
de parler lui-même : comme l'a tait fpirituelliment
un de nos Poètes, en taifant imprij|ier une pièce
de Théâtre. Cependant Voiture confond le Fléros
avec le Roman, & prend l'un pour l'autre dans deux
de fes lettres. Si j'olois condamner Voiture , je di-
rois qu'en ces rencontres il s'oublie un peu , bc fore
du caradère de véritable Bel-efprit \ mais j'aime
mieux dire qu'il fe joue agréablemenr de fon fujet,
& que des lettres galantes ne demandent pas une vé-
rité \\ auftère , que des Epures dédicacoires , qui font
d'elles-mêmes graves & férieufes. Bouh. f^oye^ en-
core DEDICATOIRE.
ÉPITRITE. f m. TermedePocfie Latine & de Pro-
fodie. Les Anciens avoient quatre pieds compolés
qui s'appeloient Epitrites , fous le titre à'Epitrite
premier j fécond rroiiième & quatrième. VEpitrice
premier eft compofé d'une brè/e & de trois lon-
gues , comme Salutantes \ \Epitrite fécond eft com-
pofé d'une longue , d'une brève , &: de deux lon-
gues , comme concitati \ le troifième eft compofé de
deux longues , une brève & une longue , comme
communicant; enfin, r/^'/'/Vri/t; quatrième eft com-
pofé de trois longues & une brève,comme expeclare.
Les Epitrites font oppofés aux Péons.
très des Modernes , l'on ne fe fert point du nom ' ÉPITROPE. f. f. ou confentement. Concejfio. Figure de
èiépure. On dit les Lettres du Cardinal d'Offit : les Rhétorique , par laquelle on accorde ce qu'on poui-
, épure.
Lettres de Voiture : Epure feroit mal placé. Mais
quand il s'agit des Letttes Latines des Anciens , on
dit Epures. Les Epîtres de S. Auguftin , de S. Jé-
rôme. Les Epures Catholiques de S. Jean , de S.
roit nier , afin de difpofer les efprits par cette ef-
pèce d'impartialité à nous accorder de même ce
que nous demandons. Par exemple , Qu'on vante
la probité , j'y foufccis , &: je f"is ptêt à me taire :
Soo E P L
mais qu'on le propofi pour le modèle Hes beaux ef-|
prits j ma bile alors s'échaufte, &c.
EPITROPE. 1. m. Juge , Arbitre , que les Chrétiens
Grecs qui font lous la domination du Turc élifent
dans leurs villes , pour décider les procès qui fur-
viennent entre les Chrétiens , & pour éviter de plai-
der devant les MagiHrats Turcs. Epicropus. On élu
pluheurs Ephropes en chaque ville. M. Spon dit ,
dans Tes Voyages , P. II. p. 247. qu'il y en a huit
à Athènes, pris de différentes paroitTes, & qu'on
•îes appelle aulli VecchUrdï \ c'eft-à-dire , Vieil-
lards. Mais Athènes n'eft pas le feui endroit où il y
ait de ces Ephropes. L'on en crée dans les Illes de
l'Archipel , comme il paroît par les Lettres édifian-
tes & curieufes que les Jéfuites ont imprimées fur
leurs Miifions. L'on y dit j Recueil X. p. 3 47. en par-
lant de Serphoj Les Epitropes , ou Primats, & le
Vaivode Turc, nous iirent beaucoup de careffes.
'Dqs Auteurs Latins du V^ fiècle appellent Epitro-
pes J ceux que l'on appeloit plus anciennement T^U-
i'ici , & qu'on a appelles dans la fuite Vidâmes. Dans
une antiquité plus reculée , les Grecs appelcnent
Epitrope , ce que les Romains ont appelé Procura-
ror , c'eft-à-dire, un Commillàire, un Intendant
commis à quelque fonélion, im Provéditeuv. Ainh
les Commillaires des vivres dans les armées des
Perfes font appelés Epitropes par Hérodote & par
Xénophon. Et le nouveau Teftament Grec nomme
■Epitrope , IwÎTfiTToi^ l'Intendant d'une [maifon ,
l'hommô d'affaires, que la Vulgate appelle Pra-
curcttor. Mais il ne faut dire Epitrope en notre lan-
gue aujourd'hui que pour défigner les Juges ou Ar-
bitres des Grecs Modernes , dont nous avons parlé
d'abord.
E P L.
ÉPLAIGNER y ou EMPLAIGNER. v. a. Terme de
Drapier , C'ell Garnir le drap , & y faire venir le
poil par le moyen des chardons. Villuni inducere. Il
faut éplaigner CQtx.& pièce de drap.
ÉPLAIGNEUR, ou EMPLAIGNEUR. f m. Ouvrier
qui avec les inftrumens qu'on nomme croix , &
qui font montés fur des chardons , répare le drap ^
c'eft-cà dire , y fait venir le poil , en faifant aller
ces croix depuis le haut jufqu'au bas du drap qui
ell: étendu fur une perche, failli iaduSor. Il faut
trois ans d'apprentiffage pour être reçu Eplaigneur.
EPLORER. /re i/z /cîcrywrtj. Fondre en pleurs , avoir
les larmes aux yeux. Il n'a d'ufage qu'au participe.
J'ai trouvé ^tte femme toute épLoree \ on ne pou-
; ^tl
nTol
voit la conToler. On dit aulii épleuré. Il furent au
Palais tout épleurés. Vaug.
ÉPLOYER , qui n'eft en ufage qu'au participe. Aigle
éployé. Terme de Blafon , qui fe dit de l'aigle de
l'Empire J qui a les aîles étendues , ^ deux têtes,
Biceps , atque a/is exp/icatis ; ce qui fe dit particu-
lièrement à caufe de la tête & du cou _, qui étant
ouverts & féparés , repréfentent deux cous tk deux
têtes. On appelle en général éployés , tous les oi-
feaux qui ont les aîles étendues. P. Mén.
Ce mot vient du Latin eAr/'//Ciîre.
EPLUCHEMENT. f. m. L'aétion d'éplucher. Purga-
tio , ddigentior invefiigatio rerum minimarum.Q'e^
un terme dont les Jardiniers , les Rubaniers, &
autres , fe fervent. Les Jatdiniers s'en fervent j
quand il s'.agit d'ôter les petits fruits d'un arbre j
lorfqu'il y en a rrop de noués : & les Rubaniers ,
quand ils ôteiit les bouts de fil ou de foie inutiles de
leurs ouvrages. Vépluchement des arbres ne doit
fe faire que lorfque les fruits commencent à être
gros comme des noifettes , enforte qu'on foie af-
fûté qu'ils tiennent bien , & qu'apparemment ils
gtolîiront jufqu'à parfaite maturité. La Quint, qui
écrit épeluchcment.
UC? La plûpattdesOuviersdifentfyac^iî^e. Eplu-
chage des laines , des étoffes.
EPLUCHER, v. a. Nettoyer avec attention , ôterles
ordures d'anechofe, en retrancher tout ce qu'il y a de
EPL EPO
mauvais, degâté , d'inutile. Purgare y muniare. On
epLuchc les herbes qu'on met au pot , la falade. On
épluche àes pois, 6: tout autre grain qu'on veut man-
ger. On dit aulli éplucher , pour ôter la vermine.
Les gueux s'épluchent au foleil.
Ce mot vient de explicare , félon Nicot ; & fé-
lon Ménage , de expellicare.
Eplucher , fe dit aufli chez plufieurs Artifans de ce
qu'on ôte ou retranche de plufieurs ouvrages qu'on a
faits ou défaits. Les Ouvriers en foie épluchent les
rubans j les étoffes où il demeure quelques fils ou
bouts de foie inutiles. Les Tailleurs qui ont découfii
un habit , ont foin d'en éplucher les points. Les Va-
niers épluchent leur ou''rage , en ôtant, en coupant
les brins d'ofier qui font deflus.
Éplucher , fe dit aulli des fruits dont il faut ôter une
partie quand il y en a trop de noués. Eplucher , fe
dit encore du bois mort , ou du menu bois qu'il faut
, ôter aux arbres fruitiers.
Eplucher J fe ditfigurément , mais dans le ftyle fa-
milier feulement , pour dire , examiner avec une
artention fcrupuleufe , rechercher ce qu'il peut y
avoir de mauvais dans une chofe. Perjcrutû ri. Les cri-
tiques ont épluché \ss ouvrages de l'antiquité. Eplu-
cher quelqu'un , fes ouvrages j fa conduite , fa
généalogie , &:c.
Epluché , ée. part.
EPLUCHEUR. f. m. Celui qui épluche. Il fe dit au
propre & au figuré. Purgator , mundator ^ Jcrutator.
Il faut parler comme les autres , fans daigner écou-
ter ces éplucheurs de phrafes. Vaug. Les La-
tins difoient aucupes fylîabarum , fotmularum j cau-
tionum , &c.
Éplucheuse. f f. C'eft ainfi que les Chapeliers appel-
lent celle qui ôte la jarre de la vigogne. Mundatrix ,
Purgatrix.
Eplucheuses. f. f. pi. Femmes ou filles qu'on em-
ploie dans les manufiidures de draperies à manioc
& éplucher les laines avant que de les carder ou de
les filer.
EPLUCHOIR. f. m. Terme de Vanier. Sorte de petit
couteau qui fert à éplucher, à parer l'ouvrage,
c'etf-à-dire, à couper tous les bouts d'ofier qui excè-
dent l'aire de la pièce.
|p"EPLUCHURES. f. f. pi. Sont en général les ordures
qu'on ôte d'une chofe qu'on épluche , toutes les fa-
letés , tout ce qu'il y a de mauvais j de gâté ou
d'inutile. Exuvia , quifquili<t ^ purgamenta.
EPO.
ÉPODE. f. f. Epode. Efpèce de Poëfie. Dans la Pocfie
Lyrique des Grecs , l'épode eft la troifième partie ,
ou la fin de l'Ode; c'eft-à dire, du chant divifé en
ftrophe , antiftrophe & épode. Ainfi ce mot figni-
fioit proprement la fin du chant ; Se comme dans
les Odes ce qu'on appeloit épode renfermoit tout le
chant , &c le finilfoit , on appela épode , nn petit
vers qui étant mis après un grand, fermoir la pé-
riode, & renfermoir tout le fens qui étoit fufpendu
dans le premier vers. C'eft de-là que le V^ livre des
Odes d'Horace eft intitulé , Livre des vers épodes ,
ou livre où chaque grand vers eft fuivi d'un petit
qui finit le fens. On a étendu encore plus loin la
fignification de ce mot ; car on appelle en général
épode toutes fortes de petits vers qui font après un,
ou plufieurs grands , de quelque nature qu'ils
foient. Dac. En ce fens le Pentamètre eft ï'époae
' après l'Hexamètte , qui eft le proodique. Les petits
vers ne finilfent p^s toujours le fens dans les épodes
d'Horace.
ÉPOIGNER. V. a. Vieux mot. Expofer.
ÈPOINÇONNER. v. a. Vieux mot , qui fignifioit
autrefois exciter , aiguillonner quelqu'un par un
defir de gloire. Excltare , Jlimulos addere , Jlimu-
lare.
ÉPOINDRE.V. a. Piquer , élancer. iîriOTa/are j/^ere
aculeos. Il eft vieux, ,
ÉPOINTER.
EPO
ÉPOINTER. V. a. Ôter la pointe à quelque cliofe.
Acumine minuere, Efoïntcr une cpée, une aiguille,
un canif , &C.
EpointeRj chez les Relieurs , c'efl; racler avec un
couteau les bouts des ficelles avec lelquelles un
livre eft coufu , afin de pouvoir les coller & les
palFer en carton.
HpointÉ , É£. part. & adj. Acumine diminutus. On
appelle en termes de nianége , un cheval ép ointe ,
coxà iiixatus ^Q^\ elt éhanché, qui a fait un tel
effort de hanches , que fes ligamens font relàdiés.
En rermes de chalfe^un chien épointc ell ce-
lui qui s'eft calfé les os des cuilfes.
ÉPOINTURE. f. f. Eft un mal qui arrive aux chiens,
quand l'os de la hanche qui fort au-delFus du râ-
ble a reçu quelque eftort ou quelque heurt , en-
forte qu'il eft plus bas que l'autre \ Se alors le chien
ne peut plus fervir. Coxa vubms.
ÉPOIS. f. m. Terme de Vénerie , qui fe dit de cha-
que cor ou fommec de |la tête d'un cerf. Surculus,
digitus. Il y a des épois de coronure,de paumu-
re,de trochurej& enfourchure dans le bois de
la tête d'un cert.
ÉPOISSE. Spinfia , ou Spi^^ffî^t. C'étoic autrefois une
Maifon Royale entre Avjlon & Semur en Au-
xois. HaJr. rai. Not. Call.p. loi.
ÉPOMIDE. f. f. Ce mot fignifie Chaperon-^ vmzc\nQ
de dignité. Quod idem fignïficat quod fuperhume-
rale , dit Menochius , Exod. XXVIII. 6. Sur le
pocle croit l'Epomide & la ceinture Re6torale.
Alcrc. d'Avril lyiîJ, ou Scwulaire ,(\.\\w2ini l'ex-
plication de JM. Fleuri en Ion Hijl. Ecd. L'Em-
pereur Conftantin fit , dic-il , dépouiller George
Syncléte , fon confident, premièrement de l'Epo-
mide ou Scapulaire , puis de la cuculle , & on
les jetta parmi le peuple qui les foula aux pieds.
ÉPOMIS , ou EPOMIDE. i. f. Terme d'Anatomie.
Epomis. Partie fupérieure de l'épaule qui va ju(-
qu'au cou. Quelques-uns appellent épomis, une
partie de l'os humérus. Les anciens Médecins Grecs
ne donnoient ce nom qu'à un mufcle placé où l'on
vient de dire.
Ce mot eft Grec , & vient de £!»■< , defilis , &
Z/ios , l'épaule. ThÉvenin, Dicl. des macs Grecs
de Médecine, in.-^°. 166^. p. jpS.
ÉPONCE. f. f. Vieux mot qui fe trouve dans de
certaines Coutumes ^ & qui veut dire , Déguerpif-
fement. On y trouve aulîi e/^o/zcer ; pour j Tenir
quitte j & exponclion , pour j Quittance.
ÉPONE, & EPAUNE. Nom d'un ancien bourg ou
Village où , au commencement du VF fiècle , fe
tint un Concile convoqué par Avitus , Archevê-
que devienne, fous le règne de Sigifmond , Roi
de Bourgogne. Epaonenjls Ficus. On ne convient
pas de ce que c'eft que cette Epone , ni de fa li-
tuation. Chifflet dans fon Hifl. de Befançon , croit
qu'il étoit dans l'Evêché de Lauzane, proche de
Soleure , parce qu'on y a trouvé une Infcription
conlacrée à la Déelfe Epône , ainfi appelée , dit-il ,
du nom de la ville ou du lieu à'Epône j com-
me la Deelfe Avantica de celui à\4venncum \ cit
il remarque que les peuples ont fouvent donné à
leurs divinités le nom des villes où elles étoient
adorées. D'autres ont cru qa Epône étoit PamierSj
trompés par la conformité des mots Apamien-
fe , & Epaonenfe. La même rai fon a fait pré-
férer à d'autres Mandeuvre fur le Doux , parce-
quS cette ville eft appelée dans l'ancienne Géo-
graphie Epamanduo-Durum , ou Epamantadurunt
civitas. Quelques-uns ont dit que c'étoit Beau-
ne. Belna. Plufieurs l'ont placé à S. Maurice dans
le Chablais , appelé anciennement Agaunum , &
veulent qu'au lieu à'Eponenfe ^ on iife Agaunenfe
Conciliuni. Il s'en trouve même qui le mettent dans
la Tarantaife, parce qu'elle étoit firuceau milieu du
Royaume de Bourgogne. Chifïlet , dans une Dif-
fertation poftérieure à fon Hijloire de Besancon,
. s'eft déterminé pour Nions fur le lac de Genève ,
Necuidunum , parce , dit-il , qu'elle étoit la capitale
Tome ni.
EPO Eot
de la Province appelée Equejlris, où la Déeffe £>c--
ne etoit reverce \ cette Province ayant depuis été
nommée le Ch.blais, par corruption du mot Ca-
baUica au lieu à^tciuejins. Chorier réfute tous ces
ientimens ^ de veut que Epôna fou un petit vil-
lage ou une Paroilfe fituée entre Lavier & Co-
lombier,, nommé à préfent Ponas, à quatre lieues
de Vienne , & à la même diftance de Lyon. On
y voir encore quelques mafares qui font con-
noitre que ce lieu a été plus confidérable. Cette
opinion j qui fembloit avoir quelque fondement ,
le trouve ablolument détruite par un ade tiré du
Cartulaire de l'Eglife de Vienne , & rapporté dans
\-x Diplomatique du P. MabiUon , p. 566. Il y eft
fait mention d'un lieu dit Tortilianum : fa fitua-
tion y eft marquée aux portes de Vienne, & dans
un territoire voifin j «S: ce lieu eft appelé indiffé-
remment Tortilianum & Epona. Il ne faut donc
point s'écarter des environs de Vienne pour trou-
ver le lieu à'Epone. Il eft encore moins nécelfaire
de recourir à des conformités de nom , ou à des
conjectures forcées. \Jïiq ordonnance de Louis le
Débonnaire , qui fe trouve dans fes Capitulaires ,
rétablit l'Archevêque dans la potTcllîon de fes an-
ciens droits, & remet en fon pouvoir le village
à'Epone avec deux Eglifes prefque ruinées , qui
étoient dans l'étendue de Ion territoire : l'une étoit
dédiée à S. Romain le Martyr, & l'autre à S.An-
dré. Or un Terrier de l'Archevêché marque que ces
deux Eglifes étoient du côté de la porte de S. Mar-
tin y en tirant vers le Pont l'Evêque & le Mont
Salomon. On trouve encore en effet quelques ma-
fures qui paroilfent près de là fur une petite hau-
teur. Tout ceci eft tiré d'une Differtation de M.
le Préhdent de Valbonnet, inférée dans les Mé-
moires de l'révoux 171 5. p. 251. 5c fuiv.
ÉPONE. f. f. Nom d'une fauffe Divini:é du Paga-
nifme,Déeffe tutelaire des Muletiers , qu'on ap-
peloit autrement Hippone. Foye^^ ce mot & le
précédent.
ÉPONGE, f. f. Spongia. Plante marine que l'on em-
ploie à différens ufages. Les Naturahftes ont été de
tout temps fort embarrallés pour la ranger dans
une des trois familles: plulieurs la faifoient parti-
ciper du végétal Se do l'animal j ce qu'ils appefoienc
Zoophytes. On dit que c'eft une concrétion qui fe
forme du limon de la mer : c'eft n'avoir pas égard
à faftrutture organique qui lui eft propre. Se qui
convient avec plulieurs efpèces de ce même genre ;
d'ailleurs, fa végétation n'eft point ordinaire aux
pierres. On dit aulîi qu'elle tient de l'animal , parce
qu'elle a un mouvement de relferremens , ôc qu'elle
renferme dans fes porofités plufieurs coquillages :
c'eft ne pas connoître les eifets de lélafticité j c'eft
donner de l'intelligence à ce qui n'en a pas. En
effet, il en eft du mouvement de l'éponge comme
d'un paquet de laine , ou de coton , qui j après
avoir été comprimé , revient infenfiblenient à fon
premier état. Veponge ordinaire eft toute criblée
de trous plus ou moins grands. Elle eft ordinaire-
ment jaunâtre, légère, arrondie, d'une odeur de
mer , &c d'un riffu fi ferré , qu'on peut la comparer
aux étoffes de laine. Elle boit l'humidité, Se la
rend lorfqu'elle eft comprimée. Ve'ponge eft d'une
grande utilité dans les Arts , elle fert en Médecine
pour fomenter des parties enfl.immées. Dans l'ana-
ly fe elle donne beaucoup de fels volatils , acres , de
même que les aurres plantes marines. L'cponge
prife intérieurement étouffe : on la donne coupée
menu , fricadée, ou paffée dans du miel , aux ani-
maux à quatre pieds j ce qui ne manque guère de
de les tuer \ car Ve'ponge en fe renflant empcche le
cours des allmcns dans les boyaux. On ne connoit
guère l'éponge que comme un corps léger, aride j
& forr poreux, facile à s'imbiber de liqueur com-
me une efpèce de moulfe. On la trouve attachée
fur des rochers de la mer.
Il y a plufieurs efpèces d'épongés, qui fe diftin-
guent par leur figure j «C P»"". '.'^"^ ' ''^" ' P^"* ^*
I i i i i
Sol
EPO
moins ferré. Elles croiirenc au bord & au fond de
ia mer', fur des lochers & des coquillages. Les
plantes qu'on rapporte aux éponges , i^ qui nailTent
dans les eaux douces , font friables lorlqu'elles font
féches. Diofcoride dit qu'il y a îles cponges mâles
& femelles. Les mâles font épailles , &: ont des
trous petits & ferrés : les plus dures font ap-
pelées par les anciens r^âyi , ou boucs. Ariftote du
■qu'il y en a de trois fortes j de claires, d'épailfes ,
éc d'autres qu'il nomme iu/4i//ee«t'^. Cette troiliè
me efpèce ell la plus fine, la plus épailfe 6c la plus
forte. Toutes les tponges s'engendrent contre les
pierres fur le bord de la mer j & lont nourries du
limon. Les meilicures font celles qui croiflent où
l'e.TU eft la plus protonde. Les Imprimeurs fe fet-
venc d'épongés pour mouiller leurs lettres, quand
ils font la diltribution.
Depuis les découvertes de M. Peiïbnel, on ne
doute plus que les éponges ne foient formées par
des infcdlies de mer j ainli que plulîeurs autres pré-
tendues plantes marines.
On appelle éponges pyrotechniques, celles qui (<:
font avec de grands champignons qui viennent fur
les vieux trcnes , chênes ou lapms , qu'on hait
bouillir après qu'ils ont été féchés j Ik bien battus
dans une forte leîlive de falpêtre , & derechef fé-
chés au four. Ce font les mèches noires d'Allema-
gne propres à prendre feu lous une pierre à fulil
qu'on bat , c'eli ce qu'on appelle amadou.
Eponge , en termes de Manège j fe dit de l'extrémité
du fer d'un cheval qui répond à fon talon j tk. qui
ell l'endroit oii l'on fait les crampons.
Eponges , terme de Plombier , ce font les extrémités
du chaOis de la table , ou moule qui fert aux Plom-
biers d jeter les tables de plomb.
ifT Ce mot eft quelquefois employé dans un fens fi-
guré. Les femmes fervent d'épongé aux jeunes
gens: elles en ôrent la cralfe. La Bruy. II n'y a
rien qui relfemble mieux à une éponge qu'un ava-
re : comme il ne vife qu'à fe remplir , il lailFc à
fes héritiets le plaifir de la preller. Le C. d'O-
XENSTIRN.
On le dit aufli des partifans, des gens en place:
qui abufent de leur autorité pour s'ernplir du fuc j
de la fubftance des peuples. Les Bnchas pilloient
impunément le peuple , & le Prince .à fon tour
preiïoit ces éponges , & pour s'enrichir faifoit fou-
vent mourir les plus puilîans. Vertot. Quand la
fngefTe divine dit au peuple Juif: je vous ai donné
dis préceptes qui ne font pas bons j cela fignifie
qu'ils n'avoient qu'une bonté relative ; ce qui ell
Vépvnge de toutes les difTiculrés que l'on peut faire
fur toutes les lois de Moyle. Montesq.
On dit proverbialement, qu'on palTe l'éponge
fur une chofej pour dircj qu'on l'efl-ace; parce
que les Peintres s'en fervent pour effacer ce qu'ils
ne trouvent pas bien : delà on l'emploie au figuré ,
■& cette expreiïion n'cft point baiïe \ de bons Au-
teurs s'en fervent. Le parti le plus alfuré pour un
Chrétien , eft de perdre toute mémoire des fujets
qu'il pouvoit avoir de fe plaindre des hommes.
■Quand il aura palfé
tpon
ge fur les chofes dont
le fouvenir pourroit lui déplaire, il aura plus de
liberté pour recourir aux miféricordes de Dieu.
Abb. de la Trap.
Déto-nnc tes regards de ma faute effroyable \
Pa£ejur mes forfaits fcponge favorable. God.
^S? Il faut pourtant remarquer que ces expreflîons ,
pader Véponge , tirer /e rideau ^ font un peu trivia-
les , admifes dans le flyle familier, mais peu di-
gnes du ftyle nohle , & bannies du ftyle tragique ,
quoique Corneille s'en foit fervi dans Rodogune.
On dit audi d'un homme qui boit beaucoup ,
qu'il boit comme une éponge. On dit aufli , qu'on
prelfe Véponge , quand on fait rendre gorge à ce-
lui qui s'eft enrichi par des voleries. On dit aufli.
EPO
pour fe moquer d'une entreptife iinpo(fible j c'eft
vouloir fécher la mer avec des éponges.
Ce mot vient du \.7ii\\-\jpongia, du Grec •;Ts-.y\iç.
ICr EPONGER. V. a. Palfer une éponge imbibée fur
quelque chofe. Eponger un cheval, c'ell le nettoyer
avec une éponge. Spongià dctergere.
%T Epomger le pain d'épice , c'eft palfer une éponge
imbibée de j.iunes d'œufs battus j pour lui donner
de la couleur.
fCT" Epongé, ée. part.
EPONGIER. f m. M. de la Fontaine s'eft fervi de ce
mot j pour dire , chargé d'cponges.
Camarade Epongier prit exemple fur lui ,
Comme un Mouton qui va deijus lajci d'autru':.
EPONTILLES. f. m. Terme de Warine. Pièces de bois
longues de trois pieds que l'on met le long des cô-
tés d'un vailfeau, pour y palfer de menues cordes
propres à tenir les pavois. Eponcilles d'entre les
ponts, font des étances pofées fur un des ponts du
vailf;aii, pour foutenir celui qui eft au-delfus. On
dit :ii\'Xipontilles.
ÉPOPÉE, f f. Terme de Poëfie. C'eft i'hiftoire , la
fable , ou le fujet qu'on traite dans un Pocme Epi-
que. Epopea J epos. Il fe prend auiîi quelquefois
pour la Poclie Héroïque. En ce cas V épopée eft une
imitation en récir, d'une aétion intérelïante &: mé-
morable. Un dilcours inventé avec art , ou une fa-
ble agréablement imitée fur une aétion importan-
te, qui eft racontée en vers d'une manière vrai-
femblable , divertilfrnte , & merveilleufe. Le P.
LE B. Vépopée eft le chef-d'œuvre de la Pocfie.
U épopée ne doit jamais finir par l'infortune de ce-
lui qui a joué le premier rôle. Le P. le B. Il y a des
fables, des épîtres , des idylles , & d'autres poè-
mes, qui ont, en petit, l'invention & les agrémens
de l'épopée , fans que la leéfure en foit ennuyeufe , '
comme l'eft celle de quelques-uns de nos pcënies
éépiques. Ls P. Bouh. f^oye^ épique.
Ce mot vient du Grec iVoj, carmen ^ & «n».'»,
fùcio.
ÉPOQUE , f f. Terme de^ Chronologie. C'eft ua
temps certain & fixe , d'où l'on commence à comp-
ter les années; c'eft dans I'hiftoire un poinr, ou
un terme fixe de temps, ordinairement marqué
par un événement coniidérable, depuis lequel on
compte les années vEn?. Vépoque des Chrétiens elt
la Naifl'ànce ou l'Incarnation de Jesus-Christ.
On fuppofe ordinairement qu'elle commença à
l'an 47:4. de la période Julienne ; des Olympia-
des le 770. & de la fondation de Rome le 731.
Celle des Turcs eft l'Hégire , ou la fuite de Maho-
met j celle des Romains là fondation de Rome;
celle des Grecs le commencement ou le rétablilfe-
ment des Olympiades ; celle des anciens Perlans tic
des anciens Aftronomes , celle de NabonaflTar. Les
Chronologiftes les appellent iTr^j. Denis le Petit,
vers le commencement du VI^ ficelé , pour paci-
fier les troubles qui divifoient les Eglifes d'Orient
& d'Occident , propofa une forme commune de
Calendrier , laquelle peu d'années après fut nni-
verfellement approuvée par tous les Chrétiens :
c'eft le vieux Calendrier dont l'Hglife s'eft fervie
jufqu'à la fin du dernier fiècle , &C qui eft encore en
ufage parmi ceux qui n'onr point reçu la correc-
tion Grégorienne. Jufqu'à Denis le Petit, la plu-
part des Chrétiens avoient compté leurs années ,
ou de la fondation de Rome , ou fuivant l'ordre
des Confuls , ou des Empereurs, & félon la m.a-
nière des peuples au milieu defquels ils vivoienr.
Denis le Petit commença donc à compter par l'In-
carnation ; & cette époque eft encore en ufage à la
Cour de Rome pour les dates des Bulles & des
Btefs : au lieu que nous comptons du premier de
Janvier , immédiatement après la Nailfmce de
Jesus-Christ. Blond. Voici les époques qui font
f:ns contredit , rapportées par le Père Pétau en fon
Rationnrium 2 emporum. Les Olympiades ont corn-
E P O .
mencé l'an 776. avant Jesus-Christ, Se dans l'an
35jj8.(Je la Péciode Julienne, fur laquelle comp-
tent tous les Chronolo3,iftes.
L'année Varroniennc , ou de la fondation de
Rome, elt de 7^5 ans avant Jesus-Christ, dans
Ja troifième année de la fixième Olympiade j & l'an
3 1^5 1. de la Période Julienne.
L'Ere de Nabonallar , Roi de Babylone, dont fe
font fervis Piolomée , Cenforin & autres Auteurs ,
a commencé en l'an 747. avant J. C. & l'an 35567.
de la Période Julienne j le 26 Février.
Vépoijue ou l'Ere des Séleucidesj dont fe fer-
voient les Macédoniens , & qu'on appeloit en
Orient les années des Grecs , dont il ell parlé dans
les Livres des KLichabées ^ a commencé l'an 312.
* avant J. C. & de la Période Julienne 5.J01.
La première année Julienne a commencé 45 ans
avant J. C. &c l'an 4(j6</ de la Période Julienne.
Les ans de Grâce, ou l'Ere Chrétienne commu-
ne, a commencé en Janvier de l'an 4714. de la
Période Julienne , & la quatrième année de la cent
nonanre-quatrième Olympiade. C'ell Denis le Pe-
tit j qui vivoit vers l'an 517. du temps de Jufti-
nien , qui a introduit l'ufage de compter les années
par la Naiffance de Jefus-Chnlh Alais pluiieurs
Savans prétendent que Bédé, qui vivoit lan 710 ,
n'ayant pas fuivi exadtement fon calcul, ell cauie
d'une erreur de deux ans qu'il y a en cette époque
fur le pied que nous la comptons à préfent. Avant
lui, les Auteurs, & fur-tout ceux d'Alexandrie j
fe fervoient de \epoque de Dioclétien. Les Grecs
ont compté de trois manières les années julqu'à la
NailTlince de J. C. La première fupputation , qu'on
nomme à' Amioche , compte 5495. ans. La féconde,
qu'on appelle Ethïopique , en compte 550 t. La
troilième , qu'on nomme ^ Alexandrie , & que le
Père Pétau appelle Romaine , compte 5509. ans.
\S époque ou l'Ere de Dioclétien , ou des Martyrs,
a comniencé en l'an 184. de J. C. d'autres difent en
301. Onl'appelle l'Ere des Martyrs, à caufe du grand
nombre de Chrétiens qui fouftrirent le martyre fous
le règne de Dioclétien.
\J époque des Arabes , qu'ils appellent \' Hégire j
ou la fuite de Mahomet, a commencé l'an de grâce
621. le 16 de Juillet.
On met aulîi entre les époques les plus remar-
quables, le Déluge de Noé l'an du monde \G'^G. la
naiiruice d'Abraham, l'an 2059. la fortie des Ifrac-
lites l'an 2544. la fondation du Temple de Jérufa-
lem en 5013. la ruine de Jérufalem l'an de grâce
70,lecommencement de l'Empire des François l'an
420, la prife de Conftanrinople par les Turcs l'an
145 3. Il y en a d'autres d'événemens fameux qu'on
trouve dans le livre du Père Pétau. Voy. Du Cange,
qui a fait des Tables de toutes ces époques ou pé-
riodes , & des cycles folaires & lunaires, des in-
dictions , Lettres Dominicales & Fêtes de Pâques ,
même des époques des Arabes & des Perfes , Ca-
tayens & autres Orientaux , qu'il a réduites à notre
fupputation commune.
%fT Epoque, fe dit aulIl, en termes de Scepticifme,
pour fufpenfion de jugemenr \ c'eft-à-direj cet état
où l'efprit balancé par des raifons oppolées , d'un
poids égal, demeure en équilibre, fans pouvoir
affirmer ni nier quoi que ce foit. Voye\ Scep-
tique.
Ce mot ^époque vient du Grec ««■«a;^ , qui figni-
fie inhibitio , reprejlo. L'époque définit 8c détermine
' un certain efpace de temps : iîn^"», fignihe, foute-
nir, arrêter.
ÉPORE, ou ÉPORA. Ancienne ville d'Efpagne. On
croit communémentquec'eft Montauro, àdix lieues
de Cordoue. Quelques-uns néaniTioins veulent que
ce foit Aidea del-liio , petite ville de l'Andaloulie,
' à dix lieues de Cordoue. HoFFMAN.
ÉPOUDRER. v. a. ôter la poudre de deffus quelque
ÉPO Sdj
des habits j en les fecouant. On époudre des tapis eii
les battant avec des houllines.
Ce mot vient du Latin expulverare.
Epoudré 4 EE. part. & adj. Pulvere pureatus.
ifT EPOUFFER , S'EPOUFFER. v. 'récip. S'efqul-
ve|, s'enfuir fecrétement , fans qu'on s'en apper-
çoive. Aujuaere , dam evadere. Cet efcroc , qui
avoir petdu la collation , s'eH: epouffé, quand il a
fallu payer l'écocCe coupeur de bourfes se II epouffé
dans
bas.
un embarras. Ce terme ell
: epoL
populaire
ôc
Ce mot vient du bas Languedoc, où il rignifie>
s'en aller fubicemenc. Il eft dérivé de bouffer , qui (i-
, gnifioit chajjér. Borel.
EPOUILLER. v. a. Oter les poux j la vermine. Pedi-
culos eximere. Hérode mourut , parce qu'il fut im-
poiliblede l'c/'Oi/zY/cr, il avoir une maladie appelée
phthiriafe. Les gueux s'epouillent au foleil. Les lin-
ges fe plaifentàepowV/eries hommes &: les animaux,
, Ce verbe préfente une idée dégoûtante.
Epouillé , ÉE. part. Pediailis pur^atus.
EPOULLE. f. h Terme de ManufaAure , qui fignifie
une partie du fil de la trame d'une étoffe , lequel fil
de trame ell dévidé fur un petit tuyau de rofeau ou
e/pèce de bobine fans queue ni tête , & fans bords ,
que quelques-uns appellent /-«Aow. L'epou/le fe mec
dans la partie creule de la navette , que l'on nomme
botte ou poche. Ce mot femble venir du Latin ex-
pellere j chalfer , parce que l'on challe la navette
avec fon époulle entre les deux aîles de la corde.
ÉPOULLEUR. f. m. Ouvrier qui a foin de charger les
époullms.
HPOULLIN. f. m. VépouUin ou épolet eft un petit ro-
feau fut lequel on a dévidé une jufte quantité de
trame , qui roule fur la fuferolle.
Epùullin , ou EspoLiN. Cell une efpèce de perite
navette dont les Gaziers fe fervent pour faire le
brocher de leurs gazes. Il y a cetre différence entre
Vépoullin Se la véritable navette , que XépoulUn eft
plus long j mais il n'eft pas fi large. En termes
d'ourdiirage,c'eft aulîi une petite navette qui con-
tient l'or & la foie propres à brocher.
Ip-ÉPOUMONNER. v. a. & r. Fatiguer les pou-
mons. Vous va époumonne\ a force de me faire
crier. On sepoumonne dans les difputes. Ce mot eft
du difcours familier.
Ceux qui jouent fouvent du cor de challe ou de
la trompette font fujets à sépoumonner. Sa Gouver-
nanre qui éroit à côté d'elle, regardoit fa pupille
qui s époumonnou de redoubloit de plus en plus fes
oraifons. Andri. Tandis que les Philofophes de
l'Ecole s'époumonnoient en public fur des queftions
de néant, ou fe tourmentoient dans la retraite à
diftribuer leurs idées par feélions &c par paragra-
phes J fans fe mettre en peine fi ces idées étoienc
d'accord avec la Nature tk le monde qu'ils évitoienc
de voir , il fe forma des Savans d'une aurre efpèce,
des Philofophes réels , dont le favoir éroit fondé
fur l'expérience, & fe rapportoitanosbefoins. Speci.
de la Nat. tom. ^. p. ^j\6. 447.
îK? Epoumonné , EE. part. Prédicateur époumonné.
ÉPOUSAILLES, f f. ph Cérémonie qui fe fait à l'E-
glife pour la célébration d'un mariage. Sponfalia y
nupÛA. On invite les parens t<. amis d'affifter aux
époufailles.
ÉPOUSE. /^oye^ ÉPOUX.
^3" ÉPOUSÉE, f. f. Celle qu'un homme va époufer,
ou vient d'époufer. Nupca. Mener Yépoufce à l'E-
glife. On dit proverbialement tl'une femme ridicu-
lement ajuftée , qu'elle eft parée comme untépou-
fec Aq village.
03" EPOLTSER. v. a. Prendre en mariage. Kubere. Ce
jeune homme a époufé une belle fille. Certe fille a
époufé un riche parti. Ils fe fonr époufcs , après
avoir fait l'amour long remps. Il elt permis auxBra-
mines è^ époufer autant de femmes qu'ils veulent.
Ce mot vient de fponfare Latin.
chofe. Pulverem excutere. On ey^o^c/re les tableaux Épouser , fe dit abfokiment & fans régime, comme
avec des balais de plumes. On époudre des livres j' un verbe neutre. Il y a des temps auxquels l'Eglife
I i i i i ij
So4 E P O
détend à'époufer ,commQ l'Avent , le Caiême , &c.
De Paris la veille des Rois ,
Van milfix cens quatre-vingt-dou-^e j
Temps où , par defévères lois ,
L'Eglife dejend qu'on époule. ||.
Épouser , fe dit figurément en chofes morales, pour
s'actaclier par choix à quelque choie , à quelque
parti. Addicere fe j adh&refcere , amplecli. Il faut
ccre indifférent , népoufer aucune opinion dou-
teufe. Un Juge ne doit époufer les intérêts de per-
ibnne. Les Hiftoriens époufent d'ordinaire les paf-
fions de ceux qui les récompenfent, & déguitent les
évcnemens comme il leur plaît. M. Scud, Epoufer
le parti de quelqu'un. Abl.
Non j je ne prétends point
De -vos averfions époufer le caprice. Vill.
Mariez-vous , cejlchofe honnête :
Mais ne foye^ jamais fi bête .
Que t^'époufer votre mari. Motin.
L'Orateur y vendant fa colère y
Epoule une haine étrangère. P. Cleric. J.
V. Le Recueil de vers choifis.
ftT Épouser la mer. Cérémonie qui fe pratique
tous les ans à Venife. Tous les ans , le jour de l' Al-
ceniion , le Doge , fuivi des principaux du Sénat ,
monte fur le Bucentaure, & s'écant avancé hors du
port , il jette dans l'eau un anneau d'or j en dilanc
ces paroles : " Mer , nous lépoufons en ligne de
» l'empire véritable & perpétuel que nous avons ac-
>■> quis fur toi!>.
Voici l'origine de cette cérémonie fingulière : le
Pape Alexandre III , pour fe fouftraire aux pourlui-
tes de l'Empereur Frédéric , fe réfugia à Venile.
Le Doge lui promit , au nom de la République ,
de le remettre fur le trône Pontifical. Frédéric , de
fon côté, arma contre les Vénitiens foixante-quinze
Galères , dont il donna le commandement à fon
fils Othon. Les Vénitiens préparèrent en diligence
un armement capable de réfifter. Les flottes fe ren-
contrèrent & s'attaquèrent avec fureur ; la vidoire
fe déclara pour les Vénitiens. Le Doge Ziani ren-
tra triomphant à Venife , conduifant le Prince
Othon qu'il avoir fait prifonnier. Le Pape fe rendit
fur le rivage à la tète du Sénat & du Clergé , il em-
braffa le Doge , & lui préfenta un anneau , en lui
difant : " Recevez cet anneau , fervez-vous-en com-
» me d'une chaîne j pour tenit la mer alFujettie à
» l'Empire Vénitien. Epoufc^ la Mer avec cet an-
» neau ; que déformais , à pareil jour , tous les ans
» la célébration de ce mariage foit renouvellée par
» vous & par vos fucccireurs , afin que toute
» la poftérité fâche que les armes Vénitiennes ont
» acquis l'empire des flots , & que la Mer vous eft
" foumife , comme l'époufe l'eft à fon époux».
Telle eft l'origine de l'ufage d'e'pouferh Mer. Con-
fultez l'Hitl. de la Répub. de Ven. par M. l'Ab.
Laugier.
Épouser , fe dit proverbialement en ces phrafes , Qui
époufe la femme, c'poufe les dettes j pour dire,
qu'il faut qu'il défende fes intérêts , & qu'il
paie les dettes mobiliaires. On dit auili , que tel
fiance qui n époufe pas ; ce qui fignifie figurément
que les affaires , qu'on regardoit comme les plus af-
fûtées , manquent quelquefois.
Épousé j ée. part.
ÉPOUSEUR. f. m. Qui veut époufer , qui eft dans la
difpofition d'époufer. Sponfus, Il ne fe dit que dans
le ftyle comique. Ce jeune homme eft bon pour
galant , mais il n'a pas la mine à'éponfeur. Il y a
desjpoufeurs prêts à époufer toutes celles qui ont
de l'argent- Toutes les femmes veulent avoir Thé-
raméne pour Galant , & toutes les filles pour épou-
feur. La Brov. Voyez-vous une grande preffe à'é-
E.PO
poufeurs autour de cette fille avec fon bel efprit ? P.
CoM.
ÉPOUSSETER. V. a. Ôter la poudre des meubles
\ic des habits avec des époulîettes. Ex'.utere , de-
tergere fcopulà. On dit plus communément ver-
gettr.
^CFEpousseteb.. Terme de Manège, /^ojr^ Épous-
SETTE.
Epousseter, fignifie auifi , Battre quelqu'un. On a
>■ bien époujjeté cet inlolent , on lui a donné vingc
coups de canne. Il fignifie auiîi j fouetter. Le Ré-
gent l'a lait époufjccer en enlant de bonne maifon.
Cette exprelîion figurée n'cft que populaire.
Epousseté , EE. part.
ifT EPOUSSETOIR. f. m. Petit pinceau de poils
fort doux, dont les Metteurs-en-œuvre fe fervent
pour ôter ce qui peut refter de poufflère fur le dia-
mant , quand on l'a nettoyé.
EPOUSSETTE. f f. Pente brolfe ou vergette , qui fert
à nettoyer les habits & les meubles. Il fe dit plus
fouvent au pluriel ; mais il vaut mieux fe fervir
d'un autre mot. Celui-ci vieillit. Foye^ Vergette.
IJCF Epoussette pour les chevaux. C'eft un morceau
d'étoffe dont fe fervent les Palefreniiers , pour faire
voler la pouflière que l'étrille n'a pas pu em-
porter.
Ce mot vient àe poudre , félon Nicot , qui écrit
époulcette,
ÉPOUTI. f. m. Petite paille, ou ordure qui fe trouve
dans les ouvrages de laineries , particulièrement
daiis les draps.
ÉPOUTIER. V. a. Terme de Manufaâiure de Drape-
rie. C'eft ôter & tirer avec de petites pincettes de
fer les époutis , ou menues pailles & ordures , qui
fe rencontrent dans les draps j après qu'ils ont été
dégraiirés & dégorgés à la foulerie. On dit dans le
même fens épinceler.
ÉPOUTIEUSE. f. f. Ouvrière qui époutit, qui net-
toyé les draps. Koye:^ Enoueuse.
EPOUVANTABLE, adj. m. & f. Qui caufe de l'épou-
vante. Ce terme, ainfi qu'effrayant, fuppofe un
objet préfent , qui infpire une crainte vive & fii-
bite. Il dit plus qu'eff^Layant,& moins qu'effroyable.
Il fe prend toujours en mauvaife part. Ainfi il n'eft
point fynonyme de terrible , qui ie prend quelque-
fois en bonne part. Un Dieu terrible. Foye:^ aulli ce
mot. Monftre , fpeétre épouvantable. Terrihdis ^hor-
rificus. Menaces épouvantables.
%f3' Dans le langage ordinaire , épouvantable
s'applique à tout ce qui eft étonnant , étrange , in-
croyable , exceffif, & fe prend toujours en mau-
vaife part. Une dépenfe épouvantable , un bruit
épouvantable. Il a dilfipé tout fon bien au jeu ,
cela eft épouvantable. Les Martyrs ont fouffert des
{a^^WcQs épouvantables. Laideur épouvantable. J'ai
une faim épouvantable.
ÉPOUV ANTABLEMENT. ad v. D'une manière épou-
vantable. Terribiliter\ terrifiée, miré, miris modis.
Les damnés fouffriront épauvantablement. Cette
femme eft épouvantahlement laide , excelfivement.
ÉPOU VANTAIL, f. f. Haillons qu'on met aulîout
d'une perche, dans un jardin , dans un champ ,
dans une chenevière , pour faire peur aux oifeaux,
& les empêcher d'en approcher. Terriculum , terricu-
lamentum , fimulacrum. On appelle généralement
épouvantail tout ce que l'on met dans un champ ou
dans un jardin , pour faire peur aux oifeaux & aux
bêtes noires , qui viennent manger les graines & les
fruits.
On le dit figurément de ce qui épouvante , de
ce qui empêche qu'on ne falFe quelque chofe. Voi-
là la chimère d'un petit nombre d'agreffeurs témé-
raires des Pères de l'Eglife , & {'épouvantail de
quelques-uns des juftes admirateurs de ces grands
hommes.
On dit proverbialement d'une chofe qui fait
peur J mais qui ne fauroit faire du mal, que c'eft
un épouvantail à ou de chenevière.^ Efope fut
1 acketé pour fetvir âîépouvantail pat la mauvaife
EPO
mine, & par«.fes effroyables grimaces. La Font, i
Un vieillard qui veut fe faire craindre eft un vrai j
épouvaniaïl de clienevière. Mont.
^ EPOUVANTE, i. F. Mouvement fubit de craince,
caufc dans lame par la vue des difficultcs qu'un ob-
jet imprévu préfenteà furmonter, & par la vue des
iiutes fâcheufes qui doivent rcfulter du mauvais
fuccès. Tremor. L'approche de l'année a jeté ïcpou
varice dans le pays ennemi. Il a été faili d'épouvunce
à la vue du danger qu'il falloit courir. Foyc-^
Crainte j Peur j Frayeur , Terreur, Effroi
Foye^ aulïï Alarme, ou les nuances qui dilhn-
guent ces mots , font marquées , ainll que fous les
articles particuliers.
fer HPOUVANTEMENT. f. m. Ce mot s'eft dit au
trefois pour épouvante, & ne fe dit plus.
fer EPOUVANTER, v. a. Infpirer à l'ame un mou-
vement fubit d'une crainte violente. Pavorcin mcu
tere, tcrrere. Il eft aulH réciproque. Il n'y a perionne
de (i hardi que le tonnerre n épouvante. La menace
d'un Prince irrité eft capable ^épouvanter. Il faut
que le Prédicateur épouvante les libertins , ôc qu'il
faircj gronder le tonnerre lur leur tête. Ab. du
Jarry. Le peuple s'épouvante de peu de chwfe. La
raifon ne fert qu'à augmenter la créance du péril
lorfqu'on eft épouvanté. S. Evr.
Epouvante , ée. part. palf. 6c adj. P erterrefactus ,
rerricus.
Tous ces mots viennent du Latin expavefcere.
ÉPOUX , OUSE. f. Qui fe marie , ou qui eft joint
par mariage. Conjux. On dit en fe mariant qu'on
prend une telle pour fa légitime époufc , Ik. un tel
pour fon e/»t):^.v. Le fuiaz. époux j h fainie époufe.
Jufquau moment oh l'on s'engage ,
Les cnjlans font charmans & doux ;
Mais J des quon a le nom rf' époux.
Adieu le tendre badinage ,
Les Grâces prennent un air fage ,
Les Jeux deviennent férieux ;
Les Ris compofent leur vifage ,
Et la complaifance en ménage
A des tons trop impérieux.
La perte d'un époux ne va point fans foupirs :
On fait beaucoup de bruit ^ & puis on Je confole.
La Font.
Époux , au pL fignilîe quelquefois le mari & la femme
tout enfemble.
Aimables jeux , vene:^
Combler de vos douceurs nos éponK fortunés.
Quiîi.
Cke:^ les Amans tout plaît , tout eft parfait •
Che\ les époux tout ennuie , 6" toutlaffe :
Le devoir nuit j chacun eft ainfi fait. La Font.
Epoux , fe dit auffi en chofes fpirituelles. L'Eglife a
Jesus -Christ pour {owEpoux. Le Saint-Efprit eft
X Epoux des Vierges. Tous les Chrétiens font invites
aux noces de V Epoux , à la béatitude éternelle. Le
Cantique des Cantiques , en parlant à'époux ik
à'époufe , eft une allégorie de l'union de Jesus-
Christ avec l'Eglife. C'eft , à proprement parler,
méprifer Jesus-Christ , que de lui donner des
epoufes qu'il ne connott point _, qu'il n'a point ap-
pelées, & qui ne font pas dignes de lui. Abb. ve la
Trap. On appelle époufcs de Jesus-Christ les
âmes faintes , véritablement Chrétiennes, les per-
fonnes vertueufes, &c les Religieufcs, les Vierges
confacrées à Dieu.
Ce mot vient du Latin fponfus,
E P P.
EPPIA. Nom d'une .ancienne famille de Rome. Eppia
gens. La famille Eppia étoit Plébéienne , répandue
EPR 805
dans la Tribu Cornelia, & dans la Tribu Fabia ,
comme il paroîc par des infcriptions antiques, ik'
quelques médailles coniulaires , qui ne font pas i'orc
communes.
EPPINGEN. Petite ville duCcrcle Eledoral du Rhin,
en Allemagne. Eppinga. Elle eft dans la partie orien-
tale du Palatinat du Rhin , fur la rivière d'Eliats ,
entre Helbron & Philisbourg. Maty. Longii. 27.
d. 34'. lat. 49. d. li .
EPR.
ÉPREINDRE. v. a. Prelfer une chofe qui a du fuc ,
ou du jus, pour le faire fortir. Exprimere. Il faut
cpreindre des citrons dans de l'eau &c du fucre pour
faire de la limonade. On épréint le verjus fur le
preftoir avec la poire qu'on rourne dellus. Ce mot
vient du Latin exprimere. Nicot.
Épreint j linte. part.
EPREINTE. f. f. Maladie du fondement qui caufe de
fréquentes Se inutiles envies d'aller à la felle. Do-
lor inteftinoium , tormina. Ce mot ne fe dit d'ordi-
naire qu'au pluriel. On fait venir àesépreintes à la
femme dont l'enfant eft mort dans le ventre. Mau-
riceau. Les lavemens forts &C acres , picotant les
boyaux , excitent des épreintes qui peuvent facili-
ter la fortie de l'enfant. Dionis. Les épreintes eau-
fées par la dylfenterie , font fouvent fortir le rec-
tum, lu.
Epreintes , en termes de ChalTe : c'eft ainfi qu'on ap-
pelle les fientes des loutres & de quelques autres
bêtes. Stcrcora , firnus.
^ EPRENDRE , s'EPRENDRE. Vieux mot. Foy.
Épris.
tfJ' EPREUVE, f. f. Manière de s'afturer fi une chofe
a les qualités que nous lui attribuons. Probatio , ten-
tamen , tentamcntum. Ce mor s'emploie également
au propre & au figuré. Faire l'épreuve d'une machine
nouvelle. Faire V épreuve à'xin canon. Donner quel-
que chofe à Vépreuve. On dit qu'une cuirafte eft à
Xépreuve du moufquet , pour dire que le moufquet
ne la perce point ; qu'un chapeau , qu'un manteau
est à répreuve de la pluie , pour dire que la pluie
ne le perce point : qu'un homme n'est point .à Vé-
preuve de l'atgent , pour dire , qu'il est capable de
fe lailfer corrompre par l'argent. Quand l'amour
réfisteà l'abfence, ilestà l'e/^/tuvede tout. LaSuze.
Caton avoit une force d'ame à l'épreuve de la more
& de la douleur. S. Evr. Il n'y a guère de vertu à
l'e/jreave de la néceflité. S. Evr. Ce nouveau Ma-
gistrat crut que pour première épreuve de fon inté-
grité , il devoit renoncer à toutes fes amitiés. Bal.
J'aime mieux douter de ma vertu , que d'avoir la
témérité de la mettre à une épreuve fi délicate. S.
Evr. Les grands revers font la feule épreuve de la
force de l'ame. S. Real.
1^ Nous confondons tous les jours ces trois
mots , épreuve , ejfai , expérience , & dans tous nos
Dictionnaires on les définit l'un par l'autre , quoi-
qu'ils aient chacun leur idée propre , & qu'ils ex-
priment trois manières différentes dont nous acqué-
rons la conuoilfince des objets. Vépreuve est propre-
ment la manière de s'alfiifer fi une chofe a les qua-
lités qu'on luiatttibue. L'épreuve, dit M. l'Abbé Gi-
rard , a plus de rapport à la qualité des chofes :
elle inftruit de ce qui eft bon ou mauvais , diftin-
gue le meilleur. Elle eft le remède contre l'erreur
& contre la fourberie. L'expérience regarde propre-
ment la vérité des chofes , & \'effai , leur ufage.
On fait des expériences pour favoir , des ejfais pour
choifir , des épreuves pour connoître.
On a donné le nom à' épreuves à differenres ma-
nières de décider de la vérité ou de la fauflete des
accufations en Matière Criminelle , reçues & pra-
tiquées dans des fiècles d'ignorance. Ces épreuves
s'appeloient le Jugement de Dieu, parce quoû
s'étoit ridiculement perfuadé que par l'événement
de ces épreuves , effet du pur hafard , Dieu i^^o\i
connoître la vérité, en punilîant le coupable. Telles
to6 EPR
étoient l'épreuve du fer chaud , de l'eau bouillante j
de l'eau froide , du duel , &c.
Le P. Daniel die preuve au lieu à'épreuve. Voyez
ci- delfus au mor Eau , la preuve de l'eau bouillante ;
mais l'ufage eltde dire épreuve. C'elt ainfi que par-
ient Mczeray , Cordemoy, T. I. p. 318.T. li.p. li.
3i<î. 317. L'kmQmdesi.'^ïQawQsJiiperJinieufes ap-
pelées U Jugement de Dieu , &c. dans les Mém. de
Trévoux 171 1. p. 1015. & fuiv. & p. 1407- & fuiv.
& généralement tout le monde , excepté Vk\i-
teur que nous avons marqué. Foye:^ le livre du
P. Le Brun. Hijioire critique des Pratiques fupcrfii-
ûeufes.
V épreuve de la Croix confiftoit en ce que quand
deux perîbnnes s'y foumettoient pour la décifionde
quelque différend , l'une & l'autre fe tepoient de-
bout j ayant les bras étendus en forme d'une croix,
pendant qu'on faifoit TOffico Divin , &: celui qui
remuoit le premier les bras ou le corps , perdoit fa
caufe. CoRDEM.
Il y avoit un Office , c'eft-à-dire , des prières &
une Meiïe pour ces fortes ^épreuves. On en trouve
encore dans les anciens livres de l'Eglife , tels que
le Mandatum de l'Eglife de Soilfons , où la céré-
monie de \épreuve& l'eau froide fe trouve. Voye\
les Mémoires de Trévoux aux endroits cités , Cor-
demoy dans Charles le Chauve , p. 316. D. Ma-
billon Analecta , T. I. & M. Baluze Mifie/. Fride-
ric Heiniiis , & Chriftien Ebelingius ont aulîi fait
des Traités Latins fur ces épreuves.
Les Myftiques appellent épreuves extrêmes ^ les
tentations par lefquelles Dieu jaloux veut purifier
l'amour , en ne lui faifant voir aucune efpérance
pourfon intérêt propre j même éternel. Ces d/^re/^vdi
purifiantes font repréfentées par les Comtemplatifs
comme un Purgatoire terrible , qui peut exempter
du Purgatoire de l'autre vie les âmes qui les foaf-
frent avec une entière fidélité. Ces épreuves , qui
purifient l'amour de tout intérêt propre , ne reffem-
blent point aux autres tentations communes de ceux
qui commencent. Il ne faut fuppofer ces épreuves
extrêmes que dans ces âmes très-pures , & très-
mortifiées, qui ont folidement pratiqué les vertus
Evangeliques. C'eft la dernière purification de l'a-
mour intérelîé. Les Myftiques le nomment auiîî ,
abandon , fécherejje , ténèbres divines. Les faux Myf-
tiques ont abufé de ce mot , comme de tous les ter-
mes des faints Auteurs Contemplatifs ; & c'eft
une erreur de croire qu'on puilfe renoncer à fon
falut éternel pour aimer Dieu plus purement & plus
parfaitement , ou qu'on ne puifte point faire d'ades
d'efpèrance. Ne point faire d'aéles d'efpérance ,
c'eft défobéir à Dieu qui le commande , & par
conféquent , c'eft ne le point aimer véritablement.
Épreuve , fe dit des premières feuilles qu'on tire des
formes d'Imprimerie pour les corriger. C'eft fur
'\ épreuve que le Corredeur marque les fautes que
le Compofireur a faites dans l'arrangement des
caradères. Periculum prdi , lypici periculi pagina.
Cet Auteur veut toujours voir deux épreuves pour
rendre fon livte plus correét. On le dit auflî des
feuilles des eftampes que Ton tire d'une planche j
&c fur lefquelles on tire auftî des contr épreuves. On
dit de mêmejla première épreuve, d'an portrait.
Ép reu VF. , dans l'Artillerie , fe dit des moyens qu'on
emploie pour connoître la bonté des pièces de ca-
non J des mortiers , de la poudre, &c. Cette épreuve
fe fait de la manière fuivanre. On appuie les pièces
feulement fous la volée , près des tourillons , fous
un morceau de bois ou chantier : elles font tirées
trois fois de fuite avec des boulets de leur calibre;
la première fois chargées de poudre à la pefanteur
du boulet , la féconde aux trois quarts , & la troi-
fième aux deux tiers. Si la pièce foutient cette e/rra-
ye , on y brûle de la poudre pour la flamber , &
aulfi tôt , en bouchant la lumière , on la remplit
d'eau que l'on prefte avec un bon écouvillon , pour
connoître fi elle ne fait point eau par quelqu'en-
droit. Après ces deux épreuves , on examine avec
E PR
le chat & une bougie allumée , Satie miroir lorf-
qu'il fait foleil, s'il n'y a point de chambres danS
lame de la pièce , fi les métaux font bien exadtement
partagés , & fi l'ame de la pièce qui doit être droite
& concentrique , n'eft point égarée & ondée.
l'Epreuve des mortiers fe fait de la même manière ,
excepté qu'on les examine d'abord en grattant, avec
un inrtrument bien acéré, les endroits où l'on foup-
çonne qu'il y a quelque défaut.
l'Epreuve des fufils : Les canons de fufils & de mouf-
quet s'éprouvent en y mettant de la poudre , le
poids d'une balle de plomb de dix-huit à la livre ,
& une balle de vingt à la livre par-dellus. Ils font
plantés en terre , &c appuyés contre une perche
qui les tient en étar.
Épreuve de la poudre : elle fe fait en mettant une
pincée de poudre fur du papier blanc. On l'appro-
che doucement fur un charbon de feu. La poudre
qui eft bonne prend fubitement la fumée , & s'élève
en colonne en lair. Elle ne lailfe fur le papier ni
rayons , ni noirceur , ni flammèches qui puilTenc
brûler le papier. La méchante poudre fait tout le
contraire , & même le falpêtre & le foutre s'atta-
chent fur le papier , & on peut l'écrafer avec le
doigt. Il y a plulieurs manières d'éprouver la pou-
dre : celle qu'on vient de rapporter eft la meilleure
& la plus fùre-
fCF ÉPRIS , ise. adj. ou plutôt participe du vieux
verbe réciproque éprendre , s'éprendre , qui n'eft
plus d'ufage qu'au participe j qui fignifie celui qui
s'eft lailfé furprendre par quelque paflion. On le dit
particulièrement de l'amour. Correptus , cap tus. Ce
jeune homme eft: furieufement épris de cette fille.
Les fpirituels font épris des beautés céleftes j de
l'amour divin. Rien n'eft indifi^érent à des cœurs
bien épris. La Font. Il y a des âmes paîtries de
boue éc d'ordure , qui ne font éprijes que du gaia
&c de l'intérêt , comme les belles âmes le font de la
gloire & de la vertu. La Bruy.
Tu vis de quel courroux mon cœur alors épris
f^ûulut J en l'oubliant j punir tousjes mépris. Rac.
EPROUVER, v. a. Terme relatif à la manière de s'af-
fûrer des qualités d'une chofe. Probare ^ experirî.
Eprouver un cheval. Eprouver un canon, un filfil.
^ojej Epreuve. On n'eft point fur de la bonté d'un
remède , qu'on ne Tait plufieurs fois éprouvé. On
pourroit douter de la chafteté de Pénélope , fi elle
n'avoit poimété éprouvée. S. Evr. Eft-ce pour éprou'
ver ma docilité, que vous m'écrivez comme vous
faites. Je fentois des élans fecrets qui ne peuvent
être compris que par ceux qui les ont éprouvés. Mon
cœur s'eft éprouvé contre leurs appas , & j'en fuis
forti plus alfuré de mon indifférence. Font.
f^a contre un arrogant éprouver ton courage.
Corneille,
Dieu commanda à Abraham d'égorger fon fils 1
trois journées de chez lui , afin que fa tendrelfe Se
fa foi eulFent letempsdele déchirer & de l'éprouver.
Le Mai. Vous avez alfez éprouvé ma conftance.
ViLL.
Ce mot vient du L^n probare. Nicot.
Éprouver, fignifie auftij reffentir les effets, con-
noître par l'ufage , par expérience. Experirî. J'ai
éprouve plufieurs fois la fidélité de ce valet. On ne
connoît point la douleur de la goutte , qu'on ne
l'ait éprouvée , pour dire j qu'on ne l'ait fentie.
Ceux qui ont toujours été heureux font bien plus
fenfibles à la mauvaife fortune quand ils viennent
à l'éprouver. Bouh. Vous auriez épiouvé qu'on eft
beaucoup plus heureux, & qu'on fent quelque
chofe de bien plus touchant , quand on aime vio-
lemment , que lorfqu'on eft aimé.
Éprouvé , ée. part. palf. & adj. Probatus , fpeclatus.
J'ai des amis d'une fidélité éprouvée. Il y a des mo-
mens délicat où la vertu la plus éprouvée , ne peut
EPS EPT
tenir. Bell. Une arme eft éprouvée^ îorfqu'on lui
a fait fiibir certaines ch.uges de y^owà^^ prdcrues.
ÉPROUVETTE. f. f- Sonde de Chuurgie'"'-//^^'-'''^'^'"-
Eprouvette , eft auffi ""5 madime pour éprouver la
poudre. Il y en a de plu'i^urs fortes. C'eft^"'" parmi
les Potiers d'étain une petite cuiller de fer , dans
laquelle ils tondent de l'étain fin , pour en connoi-
tre la qualité.
Hprouvette , eft encore une petite verge de fer que
l'on met dans un canon de fer avec les limes , Iorf-
qu'on les chauffe pour leur donner la trempe : on
rire cette verge pour voir quand les limes font alfez
rouges.
Eprouvette , Terme des Aides. Petite chaîne, au
hout de laquelle il y a un morceau de plomb, dont
fe fervent les Commis aux Aides. Pour connaître la
hauteur de la liqueur, il lailFent ton^ber V eprou-
vette dans le vailfeau par le bondon , & évaluent la
quantité de liqueur lur la partie de la chaîne qui
ell marquée par la liqueur.
EPS.
EPS. f. m. Termes de Coutumes. Abeilles , mouches à
miel. /^/"/j. Si aucuns tW , ou mouches à miel s'en-
volent hors leurs vaiueaux. Coutume d'Amiens,
art. \iji.
Ce mot vient du Latin avis , ou apes , au pluriel.
EPSTEIN. Gros bourg , défendu par un château, (î^c
fitué dans le Comté de NalTàw Dietz j en Wctera-
vie , parmi les montagnes qu'on nomme Diehole.
Epjlelmum. Epftein eft chef d'une Seigneurie qui
appartient au Landgrave de HelFe-Darraftat. Maty.
E P T.
Ip- EPTACORDE. f. m. Foyex Heptacorde.
EPTAGÔNE. f. m. Terme de Géométrie. C'eft une
figure qui a fept angles & fept côtés.
C^e mot vient d'^a-ray*»»!- ^ formé de f^^^"- fept , .Se
y^'*/'», angle. Il faudroit écrire heptagone par une h ,
puifque dans le Grec I'e eft afpiré. /'. Heptagone.
EPTAMERIDE. Voye:{ Heptaméride.
EPTE. Rivière de France, dans la Haute-Norman-
die, tpta. Elle prend fa lource au Diocèfe de
Rouen , dans le pays de Brai j une lieue environ
au-dellus du Bourg de Forges , & fe tend dans la
Seine , au delFus du village de Limets. L'Epte fcpare
au.x environs de Gournai le Diocèfe de Rouen de ce hii
de Beauvais , & depuis Neuhnarché , elle divife
le Vexin Normand du Vcxin François. Dejcrïpt.
Géograp. & Hijloriq. de la Haute-lSorman. /'. //.
ÉPLTCER. V. a. Orer, chafter les puces, Pulkes cx-
cutere. Epucer une chienne.
ÉrUCE , EE. part.
EPUISABLE. adj. m. & f. Qui fe peut épuifer. Ex-
haufilbills , qui potefi cxhauriri. l! n'y a point de
tréfor qui ne fût épuijahlc par tant de folles dépen-
{is. Ce mot fe dit peu, quoiqu'i«ty-v///à/^/e fou fort
uhté.
ÉPUISEMENT, f. m. Adion par laquelle on tarit ,
on épuife. Exhaujïio. Uépuijement de ce bâtardeau
a été difficile , à caufe des lources qui s'y font trou-
vées. Ce mot &c les fuivans fon dérivés du Latin
puteus. Nicot. Djns ce fens , ce mot n'eft guère
d'ufage.
Épuisement, fe dit des Finances , lorfqu'elles ont été
épuifées par des dépenfes eT.ceiîives. \J epuifement
des Finances fut caufe qu'il fallut avoir recours à
mille voies inouies , pour avoir de Targenr.
fer Epuisement , fe dit plus fouvent en Médecine j
pour déligner la perte des forces , la dillipation des
efprits J de quelque caufe qu'elle provienne. /:'.v-
haujiio dijfipatio virium. Voy. Enerve 5: Enerva-
TioN. L'épuifement eft fouvent la fuite d'un exercice
violent, continué pendant quelque temps, d'une
maladie aigiie j de quelque durée , d'une longue
& pénible contention d'efprit j & plus fouvent
E P U S07
encore de la débauche habituelle des femmes &c du
vin.
CCT Epuisement, fe dit quelquefois au figuré. L'e-
puifcnient de cette matière eft difficile. Un Auteur
bien entendu dans les pallions n'épuifera jamais la
douleur d'une afiligée : cet epuifement qMw\ d'une
indolence languillante. S. Evr.
ÉPUISER. V. a. Ôier toute l'eau d'un endroit ; tarie
une fource. Exhaurire On épuife les puits , on en
vide l'eau pour les curer. On a bien de la peine à
épufer les lources^ vives. Ce mot s'emploie au
propre & au figuré.
|fcF On le du dans le même fens en parlant de
tout ce qui contribue à la dillipation des forces na-
turelles J du fang , des efprits. Une maladie aulîî
longue que dangercufe , a épuife fes forces. Les
débauches continuelles des femmes Oc du vm l'ont
épuife. f^oyei Epuisement.
i^? On dit encore au figuré , épuifer le tréfor
public , épuifer les Finances , les vider j les con-
lumer, épuifer nn Province d'hommes & d'argenr ,
en tirer une fi grande quantité , c^u'elle en foie
confidciablement affoiblie. Ce prodigieux nombre
d hommes dont vous avez épuife tout l'Orienr ,
pourroit être formidable à vos voifins. Vaug.
IP" Epuiser une matière , un fujet, c'eft ne rien
oublier de tout ce qu'on peut dire lur le fujet donc
on parle. Après avoir épuife toutes les idées , Sc
tous les fentimens de triftelTe. Bouh. Le chapitre
de votre efpnt épuijé toutes les louanges. Sar. Sa
médifanc^ ne s'ir/'i/z/è point. Scar. Les efprits les
plus fertiles à la fin viennent à % épuifer , &c nous
font tomber avec eux dans la langueur. S. Evr. Il
n'y a fi bel efprit en amour qui ne s'epuife. Id. L'O-
rateur ne doit pas épuifer toute la fenfibilité des
auditeurs. Ac. du Jarry. Enfin vous ères épuife à&
chicanes tk de fubtihtés. Ne peut-on pas dire que
la nature j après avoir fait des efforts pour pro-
duire des effets extraordinaires , demeure ftérile du-
rant quelques fiècles J comme h fes dernières pro-
, duélions l'avoient epuifee ? Per.
Epuisé , ee. part. & adj. Exhaufius j effœtus. On die
qu'un efprit eft f/3/^//} J effœtus ^ quand il eft ufé ,
, qu'il ne peut plus rien produire de nouveau.
ËPUISETTE. i. f. Elpèce de petit rets , ou filet pour
prendre les ferins dans une volière, licticulum.
Lorfqu'on veut prendre un ferin dans un volière,
on peut fe fervir d'une épuifette ; c'eft une efpèce
de petit filet que l'on fait faiie exprès pour les
prendre. Hervieux. Il dit enfuite qu'un trébuchec
vaut mieux qu'une épuifette.
ÉPULIE , ou EPULIDE. f f. Terme de Chirurgie, f/^tf-
lis. Maladie des Gencives : c'eft un tubercule qui y
vient accompagné de douleur j & qui empêche
fouvent le malade d'ouvrir la bouche. On l'appelle
au.9î\ pcrulis. Vcyei^^ ce mot.
Ce mot eft Grec : î^ra^lf ^ fignifie la maladie dont
on vient de parler.
EPULON. f. m. Terme d'Hiftoire Romaine. Miniftre
des facrifices chez les Romains. Epulo. Les An-
ciens appeloient épuions certains Prêtres inftitués
premièrement au nonîbre de trois ^ puis au nombre
de fept J enfin au nombre de dix. Ils avoient la
charge des banquets facrcs , que l'on faifoit ordi-
nairem.-nt à Rome aux lacrifices & cérémonies de
Jupiter & des autres Dieux \ & s'il y avoir quelqJe
chofe omife , ils en ordonnoient avec les Pontifes.
Paul Boyer , p. 618. de fa Bihliot. univ . Voye^ les
Antiquités Romaines de Rofin j Liv. ;. chap. 18.
£■: l'Antiquité expliquée du Père de Montfaucon ,
T. II. p. 44 & z^ç. Les Epuions ctoient exempts
de donner leurs filles pour être Veftales , dit Aulu-
Gelle J Liv. I. c. ii. Ce fut l'an 558. de la fondation
de Rome y fous le Confulat de L. Furius Furpureo j
& de .M. ClaudiusMarccllus J qu'ils firent établis.
Voye\ Vigenère fur T. Live , L. I. p. Su.
La Vierges de Vefla j les Savans Ticiens ,
Les Epuions joyeux , & Us fies Saliens. Brébevf.
to^ E P U
^Toutes les viandes que l'on off.oit aux Dieux
dans les banquets faciès qu'on leur préparoit , aux-
quels on donnoic le nom d'Epu/um , appartenoienc
aux Miniltres des facriiices, appelés pour cecte rai-
fon Epulons. ,
IP" Épulon , fe die dans le ftyle plaifanc pour Con-
vive.
Mais aurois-tu pour agréable ,
Toi qui fais ce que nous valons ^
Que je tapprtjfe auJJI les noms
Et Us rangs que tenoicnt à table
Ces neuf modernes Epulons ?
Chapelle au Marquis de Jonfac.
ÉPULOTIQUE. ad). Souvent employé fubftanrive-
ment. f. m. Terme de Pharmacie. Epulotlcus.CQ'A.
un remède aftringenc & iic , qui ell propre pour
cicatrifer les plaies &c les ulcères : tels font les em-
plâtres de cérufe &c de diapalme , l'onguent pom-
pholix , t*:c. La cerufe , la colophone font épuloti-
ques j de bons épulotiques.
Ce mot elt Grec : il vient d'f^', & de ka^, ci-
catrice.
0Cr EPULUM. f. m. Dans l'Hiftoire ancienne y mets
préparés pour les Dieux , comme s'ils eufTent dû
manger , dans les fêtes qu'on célébroit à leur hon-
neur. F'cyeT^ Epulon.
ÉPURE, f.' f.Terme d'Archiredlure & de DefTein.Ceft
le delleiiî d'une voûte tracé fur une muraille ou
fur un plancher , de la grandeur dont elle doit
être exécutée j pour y prendre les mefures nécetFai-
res à la conftrudion des voulfoirs. Frézier. Forni-
cis deformatio , adumbratio , vediglum , imago. On
le dit généralement d'un delfein en grand , de
quelque édifice. Il faut faire une épure du profil de
la colonne pour la bien conftruire , quand elle eft
liante. Quand l'ouvrage eft fort grand , on fait des
apures particulières de chaque partie féparée. Lorf-
qu'on veut tracer des épures , on a beaucoup de
peine à trouver fur les lieux des fuperficies , ou des
plans allez unis & alfez grands , pour recevoir ces
patrons. Il y a encore beaucoup de difficulté, foit du
côté des inllrumens, qui le plus fouvent font j ou , EQUANT, f.
rrop petits , ou difficiles à manier , ou de trop peu
de juftefle , comme les cordes qu'on prend pour
faire des cercles j foit enfin du côté de la fituation
de ces fuperficies , qui eft trop haute le plus fou-
vent pour porter la main avec juftelfe à tous les en-
droits requis ; ce qui oblige à des échafaudages em-
barralfans , & à beaucoup de précautions. Du Ry.
|PT Dans la Charpenterie , on appelle crelon ce
qu'on appelle Epure en Architecture.
Ce mot vient apparemment d'épurer, mettre au
net. Frézier.
ÉPURER. V. a. Rendre une chofe pure & nette, en
féparer les ordures & les corps étrangers. Purgare ,
expurgare. Epurer \ss liqueurs par la filrration & la
diftillîtion. Epurer le mercure en le palfant par le
chamois ^ & en le fublimant. Epurer les métaux
par les fufions réitérées.
Épurer , fe dit figurément en chofes morales , fur-
tout au participe , & fignifie , Purifier , purger.
Une foi fort épurée. Il n'entrera dans le ciel que des
âmes nettes & fort épurées. Je fuis fâché que vous
m'ayez dit que cet Auteur étoit de vos amis : mon
jugement eût été plus libre , & plus épuré de
complaifance. Bal. Les malheurs épurent no»! de-
iîrs , & nous font perdre le goût du monde. Boss.
La fatyre
Sait feule ajfaifonner le plaifant & V utile ,
Et d'un vers quelle épure aux rayons du bonfens.
Détrompe les efprits des erreurs de leur temps.
Boileau.
M. Perrault a dit épurer, en parlant de l'homme ,
dans fon Epître à M. de Fontenelle.
EPU E Q U
L'homme ^fans ce beau feu qui l'éclairé & /'épure
N'eji que l'ombre de l'homme à fa y aine figure.
On dit auffi , Epurer la Langue j pour dire , Ren-
dre la Langue plus pure & plus polie. Epurer un
Auteur \ pour dire , Rerrancher d'un Auteur ce
qu'il peut y avoir d'obfcène & de trop libre. Epu'
rer le Théâtre , fe dit des Poètes qui tout des pièces
de Théâtre, où il n'y a rien qui bielle la pudeur.
Epurer le goût j pour dire , Le rendre plus sûr èc
plus délicat.
§3° s'Epurer, v. récip. Devenir plus pur. L'or % épure
par la coupelle , par l'inquart & la cémentation.
Le mercure , les métaux , les liqueurs Repurent de
diftcrentes manières.
IJCJ" On ledit de même au figuré , pour dire,
fe/'ÊA/tcIio/zwer. La langue , le Ityle , le goût s épu-
rent tous les jours. Le cœur des juftes % épure dans
les fouftrances comme l'or dans le creufet.
Épuré , ée. part. & adj. P ur gâtas , purus , liber. Il fe
du au propre Se au figuré. Or épuré , mercure épuré.
Il faut avoir l'ame épurée de flatterie & d'intérêt S.
EvR. La vraie chafteté de l'ame confilte à tenir les
fens toujours épurés de lacorruption du ficcle. Boss.
On ne trouve plus de véritable ami, ni d'amitié bien
épurée. Bell. Vous faites profeffion d'une dévotion
trop fublime & trop épurée. Boss. Des fentimens
épurés, c'eft-à-dire, nobles, détachés de tout in-
térêt. Ab. de la Tr. Une vertu commune réfifte
aux calomnies ; mais il en faut une bien épurée
pour rélifter aux louanges. Id.
EPURGE. f. f. Herbe médicinale, qui purge avec vio-
lence par haut & par bas , d'où elle a tiré fon nom.
Lathyris. C'eft une efpéce de tithymale , qu'on ap-
pelle autrement petite catapuce , & en Latin tithy-
malus latijoha cataputia dicla. Voye-[ Catapuce
& TiTHiMALE. On difoit autrefois épurgir pour
purger.
ÉPURGEMENT. f. m. Vieux mot , qui fignifie Ex-
cufe. Excufatio , purgatio.
E Q U.
m. Terme d'Aftronomie. Cercle que les
Aftronomes ont imaginé dans le plan du déférent,
ou excentrique , pour régler certains mouvemens
des Planètes. Circulus izquans. Ces cercles ont eu le
même fott que les excentriques. Ils font aujour-
d'hui bannis de l'Aftronomie.
ÉQUARRIR. V. a. Ceux qui difent équarrer parlent
mal. Tailler un corps folide à angles droits. Qua-
drare , efformare in quadrum. Equarrir une pierre ,
la metire d'équerre en tout fens. Il faut equarrir le
bois à vive arête , n'y lailîer aucun aubier.
ÉquarrIj ie. part. & adj. Quadratus j in quadrum
efformatus.
ÉQUARRISSAGE. f. m. Etat d'une chofe équarrie.
Opération par laquelle les bois en grume fe rédui-
fent avec la coignée en bois carrés , qui doivent
avoir au moins fix pouces A'équarriffage. Le bois
d'un équarrijjage inférieur fe nomme chevron. Duh.
Quadratura. Cette folive a fix pouces fur neuf d'e-
quarrijfage. Il fe dit aulli de la façon , de la peine
& de la dcpenfe d'équarrir. L'équarrifage de ces
poutres me coûte tant.
É(^UARRISSEMENT. f. m. Ce qu'il faut faire pour
equarrir un corps , ou rédudtion d'une pièce de
bois en grumes à la forme carvée.Quadratio. Il faut
retrancher la moitié du bois de l'arbre pour l'équar-
rijfement d'une poutre , d'une folive.
Equarrissement. Terme d'Architeéluredans la cou-
pe des pierres- Tailler en équarrijfement : c'efl: une
manière de tailler les pierres fans le fecours des pan-
neaux , les ayant feulement préparées , en les équar-
rilTant, pour y appliquer les mefures des haureurs
& des profondeurs qu'on a trouvées dans ledef-
fein de l'épure pour chaque voufToir. On l'appelle
auffi
EQU .
âuffi dérobement , tailler par dérobemsnt. Fré-
ZIER.
ÉQUARRISSOIR. f. m. Quadracor. Vez'nz broche
d'acier , un peu pointue , qui a pludeurs taces éga-
les , donc on fe lert pour au;^mencer les rrous dans
le cuivre ou l'acier. Elle ell taillée en dépouille;
c'ert à-dire , qu'elle va un peu en augmentant vers
le talon ou le manche. Il y a des equarrijjoirs de
diverfesgroireurs. Les Horlogers fe fervent fouvent
A'équ.urijj'jirs & d'arrondilloiis.
EQUATEUR, f. m. Terme d'Alhonomie & de Géo-
graphie. Prononcez écouatcur. ^juator, C'eft un
des grands Cercles de la Sphère, également éloigne
des deux Pôles du monde , qui ellamli appelé , par-
ce qu'il fait les jours égaux aux nuits , quand le
foleil efl; arrivé au point oîi il coupe \tcliptique.
C'ell: le terme d'où l'on commence à cciinpcer la dé-
clinaifon des aftres. On l'appelle autrement i:^ai-
noclial ; & quand il e!t décrit lurles Cartes on l'ap-
pelle l^igie équinocl'uiU , ou (iinplemenc la Ligne.
^fT Ce cercle également éloigné des deux pôles
^1 monde , divile la fphère eu deux parties égales ,
l'une boréale , où le trouve le pôle arétique , &
l'autre méridionale , où fe trouve le pôle antaréti-
que. On le nomme Equateur ^ parce c]u'envuon le
20 Mars £c le 12 Septembre , temps auquel le foleil
paroît le parcourir , le jour ell parfaitement égal à
la nuit , c'ell-à-dire , que le foleil paroît auOi long-
temps fur notre horifon que Ibus notre horifon.
On divile ce cercle j de même que tous les autres
de la iphère , en 360 parties égales , qu'on nomme
degrés. Chacun de ces degrés fe lubdivife en 60 mi-
nuceSj ciiaque minute en (îofecondes j & chaque
féconde en autant de tierces j &c. Cassini. L't'qua-
teur tait fa révolution en 14 heures. Ainfi 1 5 de k$
degrés palfent au méridien en une heure ; 1 5 de fes
minutes en une minute d heure , S<. 1 5 de fes fécon-
des en une féconde d'heure , &:c.
ÉQUATION f f. yEquado , projlaphîrcfis. Terme
d'Aftronomie , qui fe dit de la manière de réduire
le temps , ou les mouvemens inégaux du foleil , à
un temps , ou à un mouvement égal & moyen. Les
mouvemens des altres font tellement inégaux à no-
tre égard , que nous les voyons quelquefois s'a-
vancer avec beaucoup de vîteflTe y & quelquefois
marcher avec beaucoup de lenteur \ enforce qu'il elt
uès-difticile , ou même impodible de faire des fup
putations certaines de ces mouvemens irréguliers.
C'eft pourquoi il a fallu que les Aftronomes en aient
imaginé d'autres pour s'en fervir dans leurs calculs :
ils ont donc fuppofé ces mouvemens égaux & uni-
formes , & moyens entre les plus vîtes & les plus
lents , les difpofant de telle forte , que donnant au
plus lent ce qu'ils ôtenc au précipité , ils achèvent ,
par une compenfation bien mefurée,la période en-
tière de toutes ces inégalités , au même moment de
temps que les aftres achèvent leurs cours dans le
ciel par leurs mouvemens réels & véritables. Par
exemple , le jour Aftronomique fe compte depuis le
départ du foleil d'un méridien, jufqu'à ce qu'il y
retourne le jour fuivant : c'eft ce qu'on appelle le
jour o\x\q mouvement égal. Mais cependant le fo-
leil avance dans l'écliptique, tantôt plus , tantôt
moins à notre égard , félon qu'il eft apogée , ou
périgée ; & c'eft ce qui rend les jours inégaux. lia
donc fallu que les Aftronomes , qui ont befoin d'un
iour égal pour faire leurs fupputations , trouvaf-
fent ce mouvement ou temps moyen ; & c'eft ce
qu'on appelle équation , c'eft-à-dire , ce qu'il y a
de trop ou de trop peu , ce qu'il faut ôter ou ajou-
ter pour rendre le mouvement égal. L'addition que
Ton fait de trente jours à la troifième année lunaire
s'appelle équation lunaire , parce que cette addition
égale l'année lunaire à l]année folaire. Jean-Baptiste
Morin a fait un beau Traité des équations en fon
livre des Longitudes. M. Huyghens a doHué une
table exaéte de ïéquation des jours pour régler
les mouvemens des horloges à pendules ^ ou l'on
coit combien ces horloges doivent avanc&r ou re-
lomi II J,
EQU $09
culer en chaque jour de l'année à caufe de l'irrégu-
larité du mouvement du foleil. On a fait depuis
d'autres tables d'équations pour le même ufage , de
encore plus exaétes , parce qu'elles font fondées fur
un plus grand nombre d'obfervations. Dans la table
de M. de la Hire la plus grande équation eft le 10*
de Février de 31 minutes dix fécondes j & va en-
fuite diminuant jufqu'au i4de Mai j quelle eft de
onze minutes 59 fécondes. Enfuite elle augmente
tous les jours jufqu'au 17 de Juillet , qu'elle eft de
21 minutes 5 6 fécondes. Après elle diminue jufqu'au
premier Novembre , auquel jour il ne marque point
d'équation dans fa table , parce qu'il fuppofe que
ce jour-là l'horloge fut mife ou réglée fut le foleil.
Il y a aufti des tables d'équations pour les planètes.
Ces tables fervent à réduire le heu moyen de la
planète au vrai lieu , la conjonélion moyenne à la
conjondion vraie J &c. On appelle l'équation j prof-
taphérèfe j qui eft un mot Grec , compoft ée ^p",
ou a-fiVCsv ^ devant, & «ipaiçé» , j'ôte , je fouftrais ,
parce que l'equation eft tantôt additive, &: tantôt
fouftradtive j c'eft-à-dire , que pour avoir le mou-
Yement vrai , il faut quelquefois ajouter l'équation
au mouvement moyen, & quelquelois la fouftraire.
Dans leî anciennes tables astronomiques on fe fert
plus fouvent du mot de prostaphérèfe ; dans les nou-
velles on fe iert du mot d'équation.
Équation, en termes d'Algèbre , estlarédudbion de
deux non^^res hétérogènes , ou de diverfe nature
à une même nature en valeur, pour les rendre égaux.
L'équation fe dit aulli de la connoillance juste de la
partie qu'il faut ajouter à deux nombres différens ,
pour les mettre dans l'égalité. La fcience des Equa-
tions eft la principale partie de l'Algèbre. L'équation
fe marque ainfi -^ , ou oc. M. de la Hite a fait un
Traité de la conftrudiun ou cft'eétion des équations
géométriques.
(CF On appelle membres d'une équation , les
quantités qui font féparées par le ligne = ou os .
ffT Les termes d'une équation font les différentes
quantités ou parties dont chaque membre gft cotn-
pofé, & qui font jointes par les lignes -f. & — ,
Dans cette équation , par exemple j b ^c-^d. l^c
eft un membre : d eft l'autre membre ; ôcb , c , d
font les termes , & l'équation lignifie que la feule
quantité dei\ égale aux deux quantités è &c c prifes
enfemble. La racine d'une équation eft la valeur de
la quantité inconnue àtV équation.
ÉQUE, f. m. & f. ^quus. Les EqucsizoïQntvLn ancien
peuple de l'Italie, dans le Latiuin , ou pays des La-
tins. Ils occupoient les montagnes de Tivoli.
EQUEA. Province d'Alrique au dedans du Pays des
Nègres. Cette Province eft un fort petit Canton dont
nous n'avons guère deconnoiffance.
ÉQUERRE. f. f. Quadra. C'eft un lien de fer plat à
angles droits, qu'on cloue fur les angles delà char-
penterie pour faire tenir les fablicres aux poteaux
corniers , ou dans les efcaliers , ou autres aftem-
blages de pièces de bois. On en met d'étage en
étage.
Equerre , eft auflî un inftrument de Géométrie qui
fert à conftruire & à mefurer un angle droit , ou de
90 degrés. Norma , gnomon. Il eft compofé de deux
règles ou jambes jointes ou atcachcesperpendiculai-
rement fur l'extrémité l'une de l'autre; & quand
ces deux règles font mobiles par une charnière , on
dit que c'eft une faufte équerre ou biveau qui fert à
mefurer & à conftruire toutes fortes d'angles aigus
& obtus. Ainû , quand on dit qu'un bâtiment est
bâti à fauffe équerre ; c'est-à-dire , qu'il n'est pas à
angles droits.
Faufte équerre s'entend ordinairement du compas
d'appafeilleur , quoiqu'il lignifie en général un ré-
cipiangle , c'est-à-dire, un instrument propre à me-
furer l'ouverture d'un angle. Ceux de bois s'appel-
lent Sauterelle. Frézier.
ÉQUERUE. f. f. Termede Marine. Nom qu'on donne
dans la Manche l la jondion de deux pièces de bois
mifesdans un vailfeau , qui en font les msmbces
Kkkkk
^ïo EQU
l'une à l'autre. C'est ce qu'on appelle ailleurs empà-
tae. f^oye\ ce mot.
ÉQUESTRE, adj. de t. g. Equejîris , qui n'est d'ufage
que dans les phrales luivantes. StzivLQequeJire\ c'est-
à-dire , qui repréfente un homme monté iur an
cheval. Fortune équcjlre ; c'étoit une statue de la
Fortune à cheval. Ablanc. Figure equejlre. Dans ce
mot la deuxième fyllabe fe prononce comme la der-
nière d'e^/^e^ en Latin, c'est-à-dire j qu'on prononce
Vu & \'s.
La Reine des à ces dans /a vajïe étendue
N'aura rien qui ne cède à ce double ornement.
X'équestre, (statue) ejl encore à fon commencement.
De la Font.
Le mot équeftre a quatre fyllabes dans ce vers ,
quoinu'en le prononçant dans les difcoursen profeon
ne lui en donne que trois. C'est une dilfolution &
une licence poétique qu'il faut rarement imiter.
gCT L'Ordre Equejtre chez les Romains , l'Ordre
<ies Chevaliers Romains. Equités, equeJlris Ordo.
P^oyei Chevalier.
^ZF Et encore aujourd'hui en Pologne dn fe fert
' de ce mot pour déligner la noblelLe du fécond
rang.
ÉQUIAN. Petite ville d'Egypte j bâtie par les fuccef-
feurs de Mahomet. Elle est peuplée d^Jacobites,
qui s'occupent au labourage.
ÉQUI ANGLE, zdj. ^quiangulus.Tevms de Géomé-
trie j qui fe dit des iigares qui ont des angles égaux.
Tous les triangles équilatéraux font équiangles. Le
carré est une figure équiangle. Quand les trois angles
d'un triangle font égaux aux trois angles d'un autre
triangle, ces triangles font appelés équiangles. Bou-
GUER.
ÉQUIDISTANT, ante. adj. Terme de Géométrie.
Qui eft également diftant d'une chofe à laquelle il
a relation, ^quidiftans j aquè dijîans. Les lignes
parallèles font équidiflantes. Deux murs parallèles
entre eux font équidifians.
Cependant le mot de parallèle s'.applique parti-
culièrement à une étendue continue. Des lignes
font parallèles , des allées (ont parallèles : & celui
à!équidijlant,2. des patries ou points de ces étendues
que l'on compare l'un avec l'autre. Deux points
qui fe correfpondent dans deux parallèles font
équidifians.
ÉQUIGNETTE. f f. Terme de Marine. On appelle
équignettes , ou équllles de girouettes, certains petits
bois qui fervent à tenir le haut & le bas des gi-
rouettes.
ÉQUILATER/\L , ale. adj. Terme de Géométrie.
Qui a les côtés égaux. JEquilaterus. Triangle équi-
latéral , eft un triangle dont les côtés font égaux.
Tous les polygones réguliers , & tous les corps
réguliers font équilatéraux. On dit aalli équilatère
en ce fens. Une figure eft équilatère & équiangle.
PORT-R.
£QUILB0QUET. f. m. Petit inftrument de bois ,
efpèce de calibre pour vérifier les mortoifes : il
eft fait de deux morceaux de bois alfemblés à
l'équerre.
ÉQUILIBRE, f f. Egale pefanteur de deux corps
comparés l'un à l'autre. Egalité de force exade
entre deux corps qui agilTent l'un contre l'autre.
Une balance eft en équilibre , quand les deux par-
ties fe foutiennent fi parfaitement , qu'elles con-
fervent toutes deux leur pofition parallèle à l'ho-
rifon. D'où vient le mot équilibre formé de aquus
égal , & libra , balance, u^quilibrium. Pafcal a fait
un beau Traité AzV Equilibre à^s liqueurs. Quand
un corps eft pofé hors de fon centre de gravité, ih
n'eft plus dans Véquilihre. Les Peintres doivent ï
avoir grand foin d'obferver cet équilibre , & de|
bien pofer leurs figures fur leur centre de gravité ,
afin qu'elles ne femblent point tomber,, ou poner
à faux, ^'b) tfj centre de gravité. Eft-ce par hafard
EQU
que le monde s'eft trouvé dans cet équilibre fi juftè ?
Nie.
Équilibre, ce mot fe dit en matière dogmatique
-''une certaine lituation de la volonté mue par la
race d'un côtéj & de l'autre par la concupif-
d'i
grâce
cence.
Èquilibp.e , fe dit auflî figurément en Morale , & li-
gnifie , Egalité j même proportion. La paix eft
plus alfuree , quand les puillances voifines font
dans l'équilibre. Quand la balance penchoit d'un
coté , la Reine la chargeoic de l'autre , pour la re- *
mettre dans Vequiiibre. Mez. Les biens & les maux
de ce monde font dans une efptce d'équilibre, &c fe
balancent tellement qu'on les trouve prefquc dans
une égale proportion. Nic.
De la droite raifon je fens mieux /'équilibre. Bon.
On dit encore figurément : Faire l'équilibre 5 pour
dire , rendre les chofes égales. Ac. Fr.
|1CJ" On dit en ce fens , le fyftcme de l'équilibre , c'eft-
à-dire, qui tient les Puillances dans l'équiiib^,
dans i.ne e(pèce d'égalité.
EQUILLE. 1. f. Wa/5 , Acicula. Sorte de poilfon qui a
pris fon nom du Latin.
ÉQUIMULTIPLE. adj. m. &: f. Terme de Géomé-
trie. ^quimuUiplus. Il fe dit des grandeurs lira-
pies également multipliées. Ainfi en prenant A au-
tant de fois que B , & en le« multipliant également,
il y aura toujours même raifon entre ces grandeurs
multipliées, qu'entre ces grandeurs fimples. Or ces
grandeurs ainfi également multipliées s'appelent
équimultiples des fimples j A & B , & l'on dit que
les équimultiples font entr'elles comme les limples.
En Arithmétique les équimultiples font des nom-
bres qui contiennent également, & autant de fois
les uns que les autres ^ leurs fous multiples. Ainfi
les deux nombres li & 6. font équimultiples de
leurs fousmultiples 4 & 2. , parce que chacun con-
, tient fon fousmuhiple trois rois.
ÉQUINOCTIAL , ale. & plus régulièrement équi-
noxial. adj. ^quinoclialis. Quia rapport à l'équi-
noxe. Ainfi le cercle équinoxial e(l celui que le So-
leil décrit, ou nous patoît décrire , lorfque Téqui-
noxe eft par toute la terre , c'eft-à-dire , lorfque la
longueur du jour eft par- tout égale à la longueur
de la nuit, ce qui arrive deux fois l'an, au com-
mencement du prinremps vers le 21 de Mars, &:
au commencement de l'automne vers le 25 de Sep-
tembre. Ce cercle équinoxial s'appelle quelquefois
fimplement l'équinoxial , comme on dit fimple-
ment le méridien , l'horifon , &:c. en fous-enten-
dant le mot de cercle. V Equinoxial , en ce fens , eft
fubftantif , & la même ehofe que l'Equateur 3 quia
aquat diem nocli : quand il eft repréfente fur les
Cartes de Géographie , on l'appelle plutôt Equino-
xial, ou la ligne équinoxiale , ou iimplement la
Ligne , parce que les grands cercles de la fphère
font repréfentés comme des lignes fuivant les rè-
gles de la projeébion. Il coupe en deux également
la fphère droite ; & les peuples qui habitent def-
fous ont toujours les jours égaux aux nuits , ou un
perpétuel équinoxe : au lieu que les peuples qui
font fous la fphère oblique n'ont cette égalité que
quand le foleil eft dans cette Ligne, à f^avoir, en-
viron le 2 1 de Mars & le 2 3 de Septembre-Un Cadran
équinoxial, eft celui qili eft fair fut un plan incliné
qui regarde l'Equateur. La France équinoxiale, c'eft
rétablilfement des François en Guyane dans l'Amé-
rique méridionale. La capitale de la France équi-
noxiale eft la Cayenne. C'eft un établilfement des
François dans une Ile formée par la mer, & par
une rivière appelée la Cayenne.
Équinoxial. Il eft quelquefois fubftantif mafc. &:
alors c'eft la même chofe que MEquateur. Voye\ ce
mot. Aoad. Fr.
ÉQUINOKE. f m. Le temps où les jours font égaux
aux nuits par tout le monde Aiqumoclium. C'eft
quand le foleil eft dans le Cercle équinoxial vers
EQU
le îi de Mars & le 25 de Septembr?. Comme le
f jleil nous paroît marcher d "un pas inégal , c'ell-
à-dire j tantôr plus vîte^ & tantôt plus lentement,
à caufe de fon excentricité, il y a maintenant huit
jours de plus depuis Véquuioxe du piintems juf-
qu'à Véquinjxe de l'automne , que depuis Véqui-
noxe de l'automne jufqu'à ïéquinoxe du prin-
tems ; le foleil employant plus de rems à parcou-
rir les lignes feptentrionaux , que les méridio-
naux. Comme l'apogée du Soleil avance tous les
ans , quoiqu'infenfiblement , cette inégalité des
faifons changera , & aura fa vicilîitude. Les plus
hautes marées font dans Vcquinoxe. f^oye^ Précef-
fion des équinoxes.
ÉQUIPAGE, f. m. Se dit en général de la provifion
de tour fe qui eft nécelfaye pour faire une chofe
avec facHité & fuccès. Ainfi 1 on dit équipage de
guerre , équipage de chalTe , de pèche , &c. Cc.ii-
meatus ^ ornatus j apparatus j, injlrumentum.
Équipage , fe dit particulièrement de la provifion de
toutes les chofes deftinées au fervice de quelqu'un,
& paroît en quelque façon fynonyme à train , avec
cette différence que le train regarde la fuite & l'f-
quipage le fervice. Il n'appartient qu'aux Princes
d'avoir des trains nombreux, &: de luperbes équi-
pages. Le peuple ne diftingue les hommes que par
leur train, & ne falue que les équipages & les che
vaux. CoM. Combien de jeunes gens qui n'ont
d'autre mérite, que d'être fui vis d'un nombreux
cortège , & de traîner en tous lieux un équipage
magnifique? Bell. Eft-il rien de plus fcandalcux,
que ce fomptueux équipage que vous promenez par
la ville ? S. Evr. Tous ces ajurtemens , & tout cet
équipage mondain , ne font propres qu'à irriter la
cupidité. Nie.
Quand on dit abfolument qu'un homme a équi-
page y on entend qu'il a un carrolfe &z des che-
vaux. Il elt venu avec fon équipage.
On dit. Etre en bon ou en mauvais équipage ;
pour dire , Etre bien ou mal vctu : &; figutément,
qu'un homme eft en pauvre j en trifte équipage
pour dire que fa fanté ou fa fortune eft en mau-
vais état.
Équipage en termes de chalTe^fe dit de tout ce qui eft
néceffaire pour la challe , chiens , chevaux , valets ,
&c. VenatLCus comitatus , apparatus.
Équipage de guerre. On entend par ce mot , la pro-
vifion de toutes les chofes utiles à la guerre, com-
me chevaux, harnois , tentes, & généralement tous
les uftenfiles que les Officiers poitent avec eux j ce
qui forme le bagage.
Les Equipages de l'Artillerie font le canon , les
mortiers & généralement toutes les armes i^ mu-
nitions, nécelTaires.
Les Equipages-pour les vivres, font les charriots
pourvoiturerle pain, la farine, 6: deftinés à l'ulagc
des troupes.
Les gros équipages, font les charriots & les char-
rettes ; les petits, font chevaux & mulets.
Équipage , en termes de Marine ^ eft un mot collec-
tif, qui comprend les foldats, matelots & moulfes,
ou garçons qui fervent dar^ le vaifleau. Il n'a plus
que pour quinze jours de vivres pour fon équipa-
ge. L'équipage n'eft pas la provifion des chofes qui
fervent à équiper le vaifteau. Il ne faut pas con-
fondre l'équipage avec l'équipement j & les Tra-
ducteurs de Mons fe font rendus ridicules , lorf-
qu'en traduifant un paftage des Acfes , & le mot
A' armcmcnta , ils ont dit que les Mariniers jette-
rent dans la mer de leurs propres mains V équipage
du vaifleau. Voye'^ la fuite des Remarques du P.
Bouhours , pag. 355. Les mâts du vaifleau , fes voi-
les, fes cordages, & tout ce qui a rapport à ces
trois chofes , font compris fous le nom d'.-igrès.
Agréer un vaifleau, c'eft le fournir, l'équiper de
tout cela. Mais l'équipage du vailfeau font les gens
S:i
EQU
vice d un vaifTeau. Les Officiers ne font point com-
pris dans l.quipage, ce mot ne les déligne pas. Il
s'eft bien défendu, on n'a pu le prendre , quoiqu'il
eût perdu cinq Officiers, & cent cinquante hom-
mes de fon équipage. Le mot d'équipage eft un
écueil contre lequel plufieurs Ecrivains ont échoué.
l'Equipage ,^ fur les galères , comprend les bas Offi-
ciers j, lesloldats, les matelots, les mariniers, les
Pertaifaniers & les Proyers j mais il ne comprend
pas la chiourme : elle fait un corps à part compofé
d'efclavcs 5c de forçats.
Equipage de Pompe. On comprend fous ce nom la
roue , le balancier ou manivelle, le corps de Pom-
pe , le pirton cn: toutes les autres pièces d'une
Pompe.
Équipage, en Architeélure , fe dit dans un atelier,
tant des grues, chèvres, vindas , charriots , que des
échelles, cordages, &: de tout ce qui fert à la conf-
tru6lion , ou au tranfport des matériaux.
De même en niafitte , Equipage d'aieVier fe dit
dans le port des machines & outils qui fervent à la
conftruélion.
Les voituriers parterre appellent auflî Equipage j
tout ce qui fert à conduire les voitures par terre ,
chevaux _, rraits , arelages , &c.
ÉQUIPARER. v. a. "V^ieux mot. Comparer , du Latin
icquiparare.
ÉQUIPE. {. f. Nombre de bateaux appartenans à un
même Voiturier. Une équipe de douze bateaux. On
dit aufli Train.
ÉQUIPÉE, f. f. Adion téméraire, indifcrete & ex-
travagante , & qui attire toujours le blâme public.
Facinus audax & temerarium , protervia. Cette fem-
me a quitté fon mari fans dire mot-, elle a fait là
une belle équipée. Ce petit Noble vouloit aller à
l'armée; mais il eft revenu dès l'entrée de la cam-
pagne : il a fait une plaifante équipée.
ÉQUIPEMENT, f m. Injhuciio 3 aiornatio nav'is ,
comparatio armamentorum , commeatus , ^. Il fe
dit en termes de Marine, de la provifion & de
l'airortiment qui eft nécelfaire à la fubhftance , à la
manœuvre & à la fureté d'un vaifTeau qu'on met
en mer.
ÉQUIPER. V. a. Fournir à quelqu'un toutes les cho-
fes dont il a befoin , foit en chevaux , habits, ar-
mes, &c. Injlruere , adornare , fuppcditare. Il eft
bien équipé pour faire fon voyage. Equiper ua
foidat. il eft aufli réciproque- Il lui faut tant pouc
s'équiper.
Ce mot vient A'efquif , qui fignifîe vaijfeau.
MÉN. Du Cange le dérivé d'ejchipare, mot de la
balfe Latinité lignifiant la même chofe.
Équiper, fe dit auflî d'un navire que l'on met en
état de faire de longs voyages , avec fes agreils_, ou
^grès, apparaux, viduailles & autres provifions
*néce(Tàirei On équipe diverfement les vaifleaux ,
les uns en guerre, les auttes en marchandife. Equi-
per un navire d'éperon , de voiles & de cordages.
Vaug. Equiper une flotte. Abl. Equiper une frégate.
Voit.
On dit fîgurément & familièrement d'un hom-
me qui a été bleflé grièvement , ou battu , ou
maltraité en quelque rencontre , qu'il a été mai
équipé.
Équipé , ée. parr. Injlruclus, ornatus , munitus.
Equipé , en termes de Biafon , fe dit d'un vaifleau qui
a fes voiles, cordages & autres chofes. P. Men.
Les mots d' équipement & d'équiper fe trouvent
dans les Ordonnances pour la Marine \ les Mar-
chands y les ouvriers , les matelots s'en fervent :
il y a cependant des gens qui veulent qu'on due
agréer & agr'es y & non pas équiper Sc équipement ^
apparemment parce qu'ils croient qu'équiper re-
pond à équipage , comme \gréer à tf^''" -"triais
leur exaditude eft trop grande , & il f^ut fuivre
l'ufage.
du vaiffeau, tous ceux qui ont quelque emploi. La'ÉQUÏPOLLE, Ée. Terme de Biafon , qui fe dit^ de
moitié J le quart de l'équipage , c'eft la moitié , le plufieurs pièces & parties de l'Ecu mifes en mc-me
quart des hommes qui font néceflaires pour le fer- 1 nng.^ Alternus , alternatim vanus. Quand un bcu
K k k k k ij
«Il E QU E Q U
eft rempli jie neuf cartel en forme d'échiquier Équitable, feduaulîî de ce qui eft conforme à la
railbn, aux règles de 1 équité. Un fencimenc eç^a
qu'on àppdle pomcs , tàc que ceux c i quatre coins i
Hc du milieu font d'un émail, & les autres quatre]
points d'un autre émail , on blaloniie les pie- |
mieis par le mot d cquipoilé. U purcoit cinq points i
d'azur équipoLés à quatre d'argent. Les neut points
équïpoUes fs dillinguent toujours à l'échiquier.
P. Men.
ÉQUIPOLLENCE. f. f. Egalité Je valeur, ^quï-
poUenûa. LéquipotUncc des proportions. On ap-
table j un partage équitable j une équitable dilhibu-
tion de grâces , de faveurs. Rien ne contribue tant
à nous rendre équitables envers les autres que la
connoilïance de nous-mêmes. Nie. Suivre la nature,
c'elt luivre la raifon : il n'y a rien en elle que d'<;-
qukable & d'égal. S. EvR. J'aune mieux lailler mon
nom dans l'obkurité, afin que les jugemens des Lec-
teurs loient plus libres &: plus équitables. P. le Cl.
pelle en logique EquipolUnce des propofitions , la ÉQUITABLEMENT. adv. D'une manière équitable.
propriété qu'elles ont d'exprimer la même choie i tx &quu à bono. Cette fentence a été rendue eoui-
de différentes f.açons. C'etl la réduthon des pro- 1 tablement.
pofitions oppofées .1 un même lens par le moyen ÉQUITATION. f. f. L'Arrdemonter à Cheval. Equi-
d'une ou de plulieurs néguions. C'eit un terme de tatio. M. l'Abbé Sallier a fair une Dillértation de
f-J.??r^.^^T*TT-vT-T^ ,• ^ •' I I l'origine de lV^;/irj:i(î« dans la Gréce**L'extrait fe
Ev^UIPOLVENT , EN!.. a>lj. Ce qui égale en valeur trouve dans le VII<=. vol. des Mémoires de l'Acadé-
une autre thole^à la quelle il eft L^wvpxiz. ^quipol-l i-,^ie ^ies Belles-Lettres.
Uns , Aqualls i}^' , ^quivalens. Les belles Traduc- \ ÉQUITÉ, f. f. Juftice mitigée , & adoucie par la con-
tions ne fe font pas mot à mot, mais en termes lidération des circonftances particulières : tempéra-
parncuiicres : tempêra-
menr qui modère la fé vérité de la loi. Jt quitus.
C'eft ce que les Grecs appellent épikie, i-auUim, La
rigueur du Droit ell fouvent contraire à la juftice :
il faut que X équité lui ferve de règle. Ce partage
a été Hiit dans XéoMté. Les arbitres penchent tou-
jours plutôt vers \ équité 3 que vers la rigueur. P'oy,
Epikie.
Equité , fe prend auffi pour Juftice , droiture. Jus ^
jas , jujîitia. U a fait cela contre toute équité. Cet
homme eft plein Séquité, Violer ïéquité.
Qu'une faintc équité règle tous vos projets.
L'Ab. Têtu.
La timide équité détruit l'art de régner. Corn.
La force tenant lieu de droit & <^ équité ,
Le meurtre s exerçait avec impunité.
|IC? Si l'on entend par le mot droit , la loi prifô
dans fil plus grande rigueur, ['équité lui eft oppo-
fée. V équité , fupérieure à toutes les lois, s'en
écarte loifque cela paroît plus convenable.
|Cr La juftice décerne des peines ou des récom-
penfe conformément aux lois établies •.r<?^i/ire pro-
nonce contoimément aux circonftances variables
d'une aélion. Elle eft puifée dans la loi narurelle.
Elle eft la règle & le fondement des devoirs des
hommes les uns envers les autres. Vûye-2[_ encore
Droit , Justice.
Equité, f. f. Terme de Mythologie. Nom d'une Di-
vinité. JÏLquitas. Aiarnanus Capella , L, IL n'en
fait qu'une de Thémisi^ de l'-t^/ft/fe, Confeillère
& Miniftie de Jupiter , & lui donne nne balance
en main , & des épis de blé en raurre.,Pindare ,
Ode 13 des Olympioniques , dit que Eunomie,
Dicé & la Paix , font filles de l'Equité. Et Germa-
nicusCéfar, fur fon Pocme Aratéen , dit qu'Hé-
liode la fait fille de Jupiter Se de Thémis ; qu'elle
s'appeloit premièrement Jujla , puis Jujliiia , 8c
que Nigidius l'appelle Virginem Jujlairt , Jlve Ai-
quitatem j qui n'eft futre j dit-il, que cette Erigone
qui eft placée dans le Zodiaque entre le Lion & la
- . , . - . ; balance. Tristan , T. I. p. zyj.
d autres Equiries qui fe célébroient quinze jours ÊQUIVALEMMENT. adv. D'une manière équÎTa-
plus tard , la veille des Ides de Mars, c'eft-à-dire , | lente. On prononce éki. Il y a dans tout difcoars un
le 14 de ce mois , & fur le bord du Tibre , à l'en- nom & un verbe énoncé , foitexprelFément , comme
droit ou eft aujourd'hui la place Navone , & non dans les termes ordinaires j ou équivalemment ,
point dans un cirque particulier , comme quelques comme dans les termes d'abréviation & de fup-
Auteurs le le font imaginé. Voye\ ^ outre les Au-;' plément. Gr^^w. Fwwc. û'a P. 5zi^er. Il eft peu ufité.
teurs cites J le CalendriepRom.iin qu'a donné Stru-' Je n'en fai pas la raifon.
vins dans fon Amiqnitatum Rom. Syntagma, &far-: ÉQUIVALENCE, f. f. Egalité de valeur, valeur égale,
tour Pitifcus qui ^e tous ceux qui ont parlé des j ^quivalentia. On définit dans l'école la diftinftion
Equines , & Vigeftie fur Tite-Live , T. I.p. <^3i j| virtuelle, {'équivalence à'nnQ k\\\e & mênie chofe
1169, 1605. I à phifieurs chofes. Il peut tout au plus paiFer dans
EQUITABLE, adj. m. & f. Juçre modéré & fage , qui ^ le didactique.
fait tempérer la rigueur des loix par les circonftan- : ÉQUIVALENT , ente. adj. Qui vaut autant qu'un
ces particulières du fait, ^quus , verus. yn Prince I autre, qui a la même valeur, la même force , les
équitable. U;î jugement équitable. \ mêmes effets qu'une autre chofe. jS^quivalens. L'au-
équipollens. Une raifon équipoUente à une autre
Profit equipollent à la perte : il n'eft pas fort ulité.
Equipollent , te. Terme de Logique. Propodtions
equrpoilemes : ce font celles dont le fens eft le
même.
■ Equipollent. f. m. Je lui ai rendu V equipollent de ce
qu'il m'a piètc. Aurretois on a appelé equipollent
un droit qui le levoit fur des choies mobiliaires
par ordre de Charles VI. pour les frais de la guerre,
au heu de douze deniers pour livre qui fe levoient
ailleurs, & c'cft delà que ce droit a eu" les noms
èé equipollent, ou a équivalent.
A l'Equipolleni. adv. A proportion. Proportione,
pro ratione,'pariter. Un Marchand a mis cent écus
pour cette affaire , & fes affociés à ['equipollent.
Ce créancier a touché mille francs en cette con-
tribution , &c les autres à C equipollent fur le même
pied. En ce fens il lignifie quelquefois proportion ,
auftl%ien qu'égalité.
EQUIPOLLER. v.a.&n. Etre de même valeur qu'une
autre chofe à quoi on la rapporte, j^quivalere , par,
Jimile 3 &quale ejfe. Sa dépenfe équipoUe fon gain, il
faut que dans les échanges une terre donnée équi-
pai le 3. celle qu'on leçoir. Une laifon equipolle une
aufe , équipallei une autre.
^3' Équipollé, ée. part. Compenfé , compaffé. La
perre équipolUe au gain.
|CJ Au refte ce verbe & fes dérives font plus de
ftyle de pratique & de commerce que du langage
ordinaire. «
)UiPkOQUO. f. m. On dit ordinairement (/wpo-
ç/io; cependant on trouve dans quelques ouvrages
allez récens équiproquo. f^oye^ Quiproquo.
OUIRIES. f. m. pi. Nom d'uiTe tête de l'ancienne
Rome. Equiria. Les Equiries étoient la fête des Qa-
valiers. Elle fecélébroit par des courlel de chevaux.
Varron Se Ovide en parlent , celui-ci dans fes faf-
les ^ L. IL V. 8^7. & celui-là d.ans fon V« L. De
Ling. L. Il dir qu'ils fe célébroient dans le champ de
Mars ,& Ovide marque que c'étoit le viigt-fepticme
jour de Février. Feftus ajoute qu'ils furent inftitués
par Romulus à l'honneur de Mars. Les equiries s'ap-
peloient autremenr Jeux Curules 3 Ludi curules.
Ovide , dans fes Faftes , L. III. v. 517, parle encore
ÉQ(
qi
al
ÉQl
EQU
toritc d'un Auteur grave eil équivalente à une taifoïi.
Il y a dans la Logique des propoluions équivalentes.
Les ^zo^oiitiom <-qMvaieiUes lonx. celles qui dileiu
piécileiiienc la même chofe en termes diftérens.
|iCr Les termes equivalens font ceux qui , quoi-
que ditfcrens pour le (on j rendent prccilément \x
même idée. Il n'y a pas autant de termes equivalens
qu'on le croit communément. Quand on fait des
échanges but-à-but j ou lans recour j il faut que
les chofes folent équivalentes.
Éijui VALENT, f. m. Qui eft d'égale valeur qu'une autre
choie à laquelle on le rapporte. Le Roi a demandé
les terres de la Flandre qui appartiennent à la Reine,
ou du moins {'équivalent.
On a appelé autrefois équivalent un droit que le
Roi levoit pour les frais de la guerre. Foyei Équi-
POLLENT.
§CF On le dit dans le même fens eu Grammaire.
Nulle langue n'a dans fon propre fonds des equi-
valens futHlans pour exprimer parfaitement ce qu'il
y a d'heureufement du dans une autre langue.
Gedoyn.
|tCT On le dit de tout ce qui a la même va-
leur , la même force , les mêmes effets qu'une au-
tre chofe- Un homme qui a la même force que
deux hommes , équivaut a deux. Le ciime de celui
qui confeille un meurtre équivaut au crime de celui
qui le commet. Un poids d'une livre équivaut à un
poids beaucoup plus grand en l'éloignant du centre.
Une once d'or équivaut à quinze onces d argent.
ÉQUIVALOIR. V. n. Valoir autant, yt! quivalere.
Quelquefois une feule voyelle , comme a , o , y ,
tient autant de place que les fyllabes qui font com-
^ofces d'un plus grand nombte de lettres , par
exemple dans ce vers :
O Ciel ! il a pâli : fon cœur y tient encore.
L'o j ïa , \'y , chacun en particulier j équivalent
à la fyllabe tient qui ell: compolée de cinq lettres.
, PrÉpetit de Grammont, Tr. de la l'erfij. Franc.
Toute expreflîon qui n'ell pas nom , verbe , ou mo-
dihcatif , eft terme de fupplément, il équivaut à
plufieurs des parties d'orailon. Le P. Buff. Gram.
Franc. Il eft de peu d'ufage à l'inhnitih
ÉQUIVOQUE, adj. m. & fv En Grammaire, fe dit
de ce qui a un double fens provenant ordinaire-
ment d'une mauvaife conftruclion j i<: peut rece-
voir plufieurs interprécations qui conviennent à
différentes chofes. Difcours j ie\:me équivoque , ex-
preffion équivoque. .Aiquivocus , dubius , anceps. Un
habile Négociateur fait parler ambiguement , & fe
iervir de tours & de mots- équivoques , pour les
interpréter enfuite félon les occafions. La Bruy.
sj3° Equivoque , fe dit en Morale des chofes fur
lefquelles on peut porter des jugemens oppofés ,
en les interprétant en bien ou en niai. Vertu ,
réputation j louange équivoque. La vertu , qufnd
elle n'eft point équivoque , ne fe dément jamais.
Bell. Il y a des louanges équivoques , qui font de
fines railleries j & des manières détournées pour
nous rendre ridicules. Id. La tînedè eft une qua-
lité e^z^ivo^we entre le vii^ & la vertu. Les expref-
iions qui échappent à la colère font d'ordinaire des
lignes peu équivoques des fentimensducoeur. Mal.
C'eft un homme diftimulé & toujours équivoque.
Equivoque, en termes de Médecine, fe dit des
lignes des maladies. Un figne équivoque eft un figne
qui peut convenir à plulieurs maladies j Se qui
n'eft pas effentiellement caraftère d'une maladie
en particuHer. Equivoque en ce fens eft oppofé à
univoque , épithète des fignes qui conviennent
uniquement à une maladie.
Équivoque, en termes de Dialedique onde Logi-
que , fe dit d'un mot qui convient à deux ou plu-
fieurs chofes félon le même nom , mais félon une
fignification diftértnte ; & il eft oppofé à uni-
roque. Taureau eft équivoque , parce qu'il convient
& a un animal j & à un ligne célefte \ &c en Latin
EQU 8î3
taunis convient encore à une montagne d'Afie. Le
mot eft le même j mais la lignification eft diffé-
rente en ces trois choies.
En Phylique on app^elle génération équivoque y
celle qui ne fe lait pas par les voies ordinaires,
par la conjondion du mâle avec la femelle. Les
infeéles , les aninaux imparfaits j fe font par une
génération équivoque ; comme les mouches j les
araignées, les grenouilles j c'eft-à-dire, par la
chaleur du Soleil qui échauffe la pouflière , la terre
corrompue. C'eft une erreur de l'ancienn î Philofo-
phie. f^oye:[ Génération.
Nos anciens Poètes François fe fervoient quel-
fois d'une manière de rime qu'on appelle rime
équivoque j dans laquelle la dernière fyllabe de
chaque vers eft reprife en une autre fignification
au commencement ou à la fin du vers qui luit.
M. Richelet , ckns fa l' erfification Francoijc de l'an
1671. p. 1S5. apporte cet exemple tire de Maroc
de ces fortes de puériUtés ou inepties , aujourd'hui
décriées.
En m ébattant je fais rondeaux en rime.
Et en rimant bien fouventje m'enrime.
Brej c'eji pitié entre nous rimailleurs,
Car vous trouve'^ ajje^ de rime ailleurs ;
Etqua-id vous plaijl , mieux que moi rimallez ,
Des biens avei j & de la rime alfez , ôcc.
Equivoque, f. f. f^ox anceps j dubla. La diverfité des
lentimens fur le genre de ce mot j a déterminé
Boileau à le qualifier d'hermaphrodite. Les fenti-
mens étoient alors partagés fur ce mot. Aujourd'hui
l'ufage général le fait féminin. Les équivoques dans
le difcours font des exprellions louches , qui le ren-
dent oblcur , 8c embarraffenr l'efprit du Leèfeuc
pour découvrir le véritable fens. La Langue Fran-
i,oife eft ennemie de ces fortes d'ambiguités. M.
Ménage a remarqué que celui qui dit autre chofe
que ce qu'il veut dire , ne dit pas ce qu'il dit j
parce qu'il ne le veut pas dire ; & il ne dit pas non
plus ce qu'il veut dire j parce qu'il ne le du pas en
effet. On ne peut rien penfer de plus jufte , ni de
plus joli fur les équivoques. Bouh. Il eft vrai que la
leéture de toute la période lait d'ordinaire entendre
le fens dès que l'on y prête un peu d'attention. Mais
il vaudroit mieux que cela n'arrivât point ; car
c'eft aux paroles à faire entendre le fens , & non
pas au fens à faire entendre les paroles. Si l'on
vous relu deux lois j que ce foit pour vous admi-
rer , & non pas pour chercher ce que vous avez
voulu dire. Vaug. Il eft bon d'ajouter, qu'il ne laut
pas fe gêner trop, ni prendre l'ombre d'une équi-
voque pour une équivoque réelle. La fuite du dif-
cours dillipe quelquefois ces petits nuages qu'un
mot détaché j ou pris à part , pourroit faire naître.
?)cr Equivoque , fe dit aulli fouvent parmi nous des
termes à double fens , des allufions , des pointes
ordinairement fort mauvaifes , qui ne roulent que
lur des jeux de mots ." ludus in verhis. V. Pointe.
& Jeux de Mots. Autrefois les pointes ^ les jeux
de mots , les équivoques , étoient les ornemens de
la converfation : c'étoit l'efprit à la mode. Mais
l'ambiguité en quoi confifte le caraétère de l'équivo-
que , eft moins un ornement qu'un défaut : c'eft ce
qui la rend infipide. L'apparence myftérieufe que
donne fon double fens , fait qu'on ne va pas facile-
ment au véritable; & quand on l'a trouvé on a
regret à fa peine.
0C7 Equivoque en Morale , ambiguïté, double fens.
Ces trois façons de parler font dans l'occalion des
fubterfuges adroits pour cacher fa véritable penfée;
mais ces trois mots font diftingués par des nuances
particulières. On fe fert de l'équivoque pour trom-
per , de l'ambiguité pour ne pas trop inftruire ; 6c
du double fens pour inftruire avec précaution. Syn.
Fr. /'ov. Ambicoité &■ Double sens.
I/C? l'Équivoque a deux fens ; l'un naturel qui paroît
être celui qu'on veut faire entendre , & qui eft efj
fedivemem entendu de ceux qui écoutent ; l'autra
8i4 EQU
détourne , qui n'eft entendu que de la perfonne quî
parle , ôc qu'on ne loupi^onne pas même pouvoir
être celui qu'elle a intention de taiie entendre. Il eft
bas ôc indigne d'un honnête homme d'uler à'équi-
yoque. Il n'y a que la fubtilité d'une éducation
fcholaftiquc qui puilFe perluader qu'elle foit un
moyen de fauver fa fincérité du naufrage \ car
dans le monde elle n'empêche pas de palFer pour
menteur ou pour mal-honnête homme :elley donne
de plus un ridiculed'efprit méprifable.
§3° L'E<iuivoQUE , en terme de Théologie Morale j
préfente la même idée. C'eft un mot qui a deux lig-
nifications différentes , dont l'une efl: commune &c
ordinaire , l'autre moins ordinaire & moins ufitée ,
de forte que celui qui parle, fe fervancde ce mot
dans la fignification la moins ordinaire , il arrive
aifémentque ceux à qui il parle j prenant ce mot
dans la fignification la plus ulitée , conçoivent
quelque chofe de différent de ce que l'autre a voulu
dire. Nous en avons un exemple en S. Jean , ch. 1 1.
où il eft marqué que Jesus-Christ dit à fes Apô-
tres , que le Lazare dormoit : i^s Apôtres prenant
ce mot dormir dans fa fignification la plus com-
mune, crurent que le Lazare j qu'on leur avoic
dit être malade , commençoit à repofer j & qu'il
î?.e tarderoit point à guérir ; & cependant Jesus-
Christ , ayant pris ce mot dans fa lignification
moins ordinaire , avoir voulu dire que Lazare écoit
motuÇ^mnàV équivoque confifte en plulieurs mots ,
on l'appelle proprement amphibologie : nous en
avons un exemple en Saint Jean , ch. i. Abattez ce
temple J dit Jesus-Christ , en parlant aux Juifs,
& je le relèverai dans trois jours. On a fort dif-
puté dans ce dernier temps de l'ufage des équivo-
ques : l'Auteur de la Théologie morale de Greno-
ble a prétendu avec quelques Auteurs récens , qu'il
n'étoit jamais permis de s'en fervir, dans quelque
rencontre que ce fût : leur raifon e't que {'équivo-
que ne diffère point du menfonge. D'autres au con-
traire iCommeCabalFut J Théologien célèbre parmi
les Pères de l'Oratoire , foutiennent qu'il y a une
grande différence entre {équivoque &c le menfonge ;
qu'il n'eft jamais permis de mentir , mais que
dans de certaines rencontres on peut quelquefois fe
fervir d'équivoque : que c'eft le fentim.'nt de Saint
Thomas , de S. Antonin , de S. Raymond , & fur-
tout de S. Auguftin , comme Cabalfut prétend l'a-
voir démontré , L, 4. Theor. de Prax. Jur. Can.
Edit. Lug. 16S5. c. 4. Le terme A' équivoque eft dé-
licat , fur-tout en ce temps ci. On ne fauroit appor-
ter trop de réferve à l'approbation qu'on peut don-
ner aux équivoques &r\ certaines circonftances , parce
que mlagré toutes les fages précautions dont un bon
Théologien fe fervira en difant fon fentiment fur une
matière li délicate j il fe pourra toujours trouver
des gens qui abuferont de fa dodtrine , faute de
la bien entendre; & d'autres qui la déguiferont,
pour en faire plus aifément des calomnies , &c la
rendre odieufe.
Ud? On peut établir comme une règle de conduite
dont il n'eft pas permis de s'écarter, qu'on ne doit
jamais ufer d'équivoques , quand on parle à quel-
qu'un à qui l'on eft obligé de découvrir fa penfée.
Dans ce cas , ce n'eft pas un moindre mal de le
tromper pai- une équivoque que par un' menfonge.
_ f^oy. encore Restriction mentale.
Equivoque, eft quelquefois une bévue, une inad-
vertence qui nous fait prendre une chofe pour une
aurre. Error. Plulieuts intrigues des Romans font
fondées fur des équivoques de billets rendus à ceux
à qui ils ne s'adreffbient pas. Une fâcheufe équi-
voque.
EQUIVOQUER. V. n. Faire des équivoques. Ludere
in amhiguo. Cet homme eft heureux à équivoquer , à
trouver des équivoques. Employé avec le pronom
perfonnel , il fignifie , Se tromper , fe méprendre ,
dire un mot pour un autre. Aherrare , alludnari.
Il s'eft équivoque en prenant un fac pour un autre j
en pailant à une perfonne pour une autre.
E R E R A
Ceux qui citent de mémoire font fujets à s^ équivo-
quer. MÉN. Il ne peut palfct que dans_le ftyle fa-
milier.
E R.
ER. Denicre fyllabe deplufîeurs mots. On ne la met
ici que pour obferverà l'égard de la Pocfie , que
tous les mots terminés en cr ne fe doivent pas em-
ployer indifféremment pour la rime. Vanter _, &
Jupiter , par exemple , ne riment pas : \'er eft fermé
en vanter , & eft ouvert en Jupiter. On appelle ces
rimes vicieufes , des rimes Normandes , parce que
les Normands prononcent Ter ouvert, comme Ver
fermé. Ils prononcent du/erj comme_/Ê oujai , au
lieu de prononcer du/a^A. On trouve beaucoup de cqs
rimes dans Malherbe , qui fait rimer clair avec
aveugler. On ne les excufe que quand on ne peut
pas taire aucremenr fans perdre une belle 'penfée.
Il faut cependant avouer qu'il y a peu de Poètes qui
s'allujettilfent à ces règles. Ce qu'il y a de certain ,
c'eft que les mots en er riment avec ceux en air^ Se
que pour les infinitifs en eril ne faut appuyer fur l'r
que lorfqu'clle eft fuivie d'une voyelle , ou lorf-
tjue l'oreille le demande à caufe de la rime ; car
on juge de la bonté de la rime plutôt par le foa
que par l'écriture.
E R A.
ERABLE, f. f. Jcer. Aibre de haute futaie , qui à
pris fon nom Latin de fa dureté , comme le rap-
porte Voftius J quia acris feu duri admodùm eji ligni.
Il y a plulieuts efpèces d'Erable , & la plupart ont
leur bois veiné; c'eft pourquoi on l'emploie da|is
les ouvrages de Marqueterie.
Le grand Erable , ou le faux Platane, Acer majus^-
pfeudo Platanus , s'élève fort haut : fon bois eft fort
uni ; Ç,\ partie blanchâtre eft fort recherchée par les
ouvriers. Ses feuilles font oppofées , grandes, à
cinq pointes , cS: reftemblanres en quelque manière'
à ctlles du vrai Platane du Levant. Ses fleurs font
petites , à cinq pétales , verdâcres : le piftil , qui
en occupe le centre, eft compofé de deux capfules
ou noyaux gros comme de petits poids j terminés
par un aileron : chaque noyau renferme une fe-
mence arrondie & blanchâtre.
Ce qu'on nomme Sycomore à Paris eft une fé-
conde efpèce de grand Erable , qu'on élève dans les
jardins. Les feuilles de celui-ci font d'un vert plus
clair que dans les précédentes : elles font aufîi plus
tendres, plus aiguës & plus refîemblantes .à celler
du vrai Platane. Ses Heurs font par bouquet , au
lieu que dans la première efpèce elles ^iennenr par
grappes ou épis. Ces deux arbres croilfent naturel-
lement en plulieurs endroits du Rovaume : le dernier
eft très-commun en Canada , où l'on a trouvé le
moyen de tirer de fa fève un fucre , qui étant pu-
rifie , & préparé comme celui des cannes d'Améri-
que, en a prefque toutes les mêmes qualités. La
faifon la plus propre pour ce travail, eft le prin-
temps: il faut obferver encore, que pour que la
fève de cet atbre foit fucrée 3 il eft néceffaire qu'il
gcle les nuits , qu'il flilîè du foleil pendant la jour-
née , & que le pied d'Erable , auquel ow doit faire
des incifions pour l'écoulement de la fève, foie
couvert de neige à Çon pied , autrement la fève ne
fentiroit que le bois. Le refte du rravail confifte
dans la purification , clatification & coâion de cette
fève ; ce qui n'a rien de parriculier. On alTure que
cet Erable fournit une alFcz grande quantité de fève
{ans s'altérer ; & ordinoirement un arbre de deux
ou trois pieds de circonférence en rendra jufqu'à
quatre-vingts livres, qui donneronr par la coârion
quatre livres de bon fucre. '
Le petit Erable , Acer campeflre minus G. B. eft
alTez commun dans les bois , & on l'emploie dans
les palilfades & dans les charmilles. Il eft ordinai-
rement arbufte : on le trouve quelquefois arbre, '
& fes feuilles ne font guère plus grandes que celles
ER A
du Lierre : cilesfonc à cinq pointes d'un vert foncé:
leurs nervures deviennen: iouvenc roiigeârres , aiilli-
bieij que leurs qi;eues. Ces espèces J'^/ui'itdonnfcnc
un lue laiteux , iorlqu'on coupe leurs jeunes bran-
ches , ou leurs feuilles. Elles viennent bien dans
les difFtrences terres , même à l'ombre , 6: lous les
autres arbres, croilfcnt vite , ôc demandent peu de
culture.
On peut ajouter à ces trois Erables un quarrième,
qui vient aux environs de Grenoble (^ de Mont-
pellier : fes îeuilles font petites , & à trois pointes
égales & arrondies. Acer zrijoiiu:n , C. B.
ÉRAC, ouIRAC, IRAQUE. /^ujc^ YEIUC.
CKACLEE. /'ojeiHCRACLEE.
E.IADICATIF, iVE. adj. Terme de Médecine qui
s'applique à ce qui emporte la maladie & toutes les
cauies. Uradicuuvus , cradicdndi vim hahens. On ne
trouve point que ce mor Toit en ufage au malculin :
au féminin on dit guérifon éradkjùve : c'ell une
guérifoa qui emporte , qui ôte la caufe de la ma-
ladie : la guénfon c'rudicacive ell oppoléeà \d. palttu^
tive. La guérifon éradicddve ell celle qui non-feu-
lemeût remédie au préfent , mais qui en otant les
racines du mal, §v allant à la caufe , empêclie qu'il
ne revienne. Dionis.
■gO-ERADICATION.f f Aétion d'arracher une chofe
par la racine. Erddtcado. Ce mot n'ell pas d'ulage.
LeDiclionnaire del'Ac. Fr. le donne comme terme
de Phyfique. Dans ce fens il peut être admis dans
notre Langue , où nous avons déjà Déracinement ,
mais qui n'ed pas fort uhté. Au relie , ce font des
termes d'Agriculture & de Jardinage.
VCF ER.AFLER.. v. a. quiparoît du llyle familier , &
fignifie , Ecorcher légèrement , effleurer la peau.
Perjlririgcre. Uns épingle lui a érafii le vifage. Le
char m'a érjfié la peau.
ÉRAFLE , ÉE. part.
ÉRAFLURE. f. f. Plaie qui fe fait fur la peau , par
quelque chofe de.pouitu ^ & qui ne pénétre pas.
Les épingles , les griffes d'un chat , font des crjfiurcs
aux mains , au vilage. Ce coup d'épée n'a pas pé-
nétre , il n'a fait qu'une éraflure fur la peau ^ une
écorchure légère. P'oye^ Ecorchure.
ÉRAGNAC. ViUagt de Provence j qui ell pris par
quelques Géographes pour l'ancienne Enarg'mum ,
Ênjrgi/ia.li eil fitué entre Cavaiilon Se Ailes, fu-
ie chemin lie Milan à Arles par les Alpes Cottien-
nes. Il ell entre Cavaiilon & Tarafcon. f^oye:^
.(£thicus , la Table de Peutinger , & Hadrien de
Valois. Noc. Gall.p. l'i-j.
ÈRAILLEMENT. f m. Renverfement de la paupière
intérieure. /^oyejEcTROPioM.
ERAILLER. v. a. Tirer avec effort une toile, ou
une étOiTe j en telle forte que les fils s'entr'ouvrent j
fe féparent , ou fe relâchent. Dijiendere. Le crêpe j
lagize, la moulFeline , font fujets is'érailler. On
le dit aulÏÏ des chairs , lorfque les fibres s'en fépa-
rent par quelque effort. Une épingle lui a eVai//^ la
peau. EraïUer les yeiïx , divaricare oculos.
Ce mot vient de irradiare , félon Nicot.
ERAiLLÉ, ÉE. part. On appelle un œil eVai///, divari-
catus , un œil rouge, i?c dont la paupière ell trop
ouverte par la violence de quelque lluxion.
hRAILLURE. f f. Endroit d'une étoffe qui a été
éraillé , qui a fouffert quelque violence , laquelle a
féparé fon tilfu en long , ou en large. Dijienth ,
divaricaùo. L'ufure d'une étoffe commence par
VéraiHure.
ÉRAN ARQUE, f. m. Nom d'office chez les Grecs. Ce-
lui qui préfidoit aux aumônes des pauvres. L'Admi-
niflrateur des aumônes des pauvres. Eranjrcha.
Quand quelqu'un chez les Grecs étoit réduit à l'in-
digence , qu'il étoit captif, ou qu'il avoit une fille
nubile, à laquelle il ne pouvo't trouver d'établif-
fement , faute de bien, il y avqit un Magillrat ou
Officier public qui faifoit une Affemblée d'amis,
& les taxoit chacun félon fes facultés , peur fub-
E R A Sij
auinone ,• contrihucion ■ & «çvj , commandement j,
intendance. C'ell ce que nous apprend Cornélius
. Nepos j dans la vie d'Epaminondas , c. ç.
ERAiiNO. Rivière de la Morée. trafinus. Hoffmaa
dit qu'on l'appelle aujourd'hui Hajuio. L'hrajino a.
la iource dans la Zaconie, d la monragnede Stym-
phald , dont elle porta d'abord le nom. Enfuitc en-
trant dans la Sacanie elle ie cache quelque temps
lous terre j d'où iort uit lous le nom d'^^rci/ïno , elle
traverfe le Lac de Pétrina, ou de Lerna , & fe va
décharger dans l'ancien Inaque , qu'on nomme
maintenant Planiza. Matv. L'izrjjuto e!l dans ce
qu'on appelou autrefois l'Argie. Foye^ iur ce fleuve
Pline j L. IV. C. 5 . Ovide , triétum. L. XV. v. zy 5.
11 y a encore dans l'Antiquité d'autres lieuves dé
ce nom, mais moins connus. } oye-z birabon t
L. VI. p. zr,, •
ÉRASTIEN j ENNE. f m. & f Nom de Seéle. Eraf^
tianui. Les Erajiicns font une ledte de faélieux &
d'Hereciques en Angleterie , difciples d'un certain
Thomas Eralte, dont ou leur donna le nom , qui
nioit que 1 Eglife eiit le pouvoir d'excommunier.
Salmonet parle de ces ilérétiques dans fon jriijfoire
des troubles d'Angleterre. Les. LraJ:iens formèrent
une fadlioa pendant les troubles de l'Angleterre en
ERATE f. f Nymphe marine , fille de l'Océ.an & de
Téthys, dit Hoilman. Ne l'auroir il point con-
fondue avec Erato : Erate. Ce nom lignifie aimable
en Grec.
ERATER. V. a. Liencm adimere. Orer la rate. On érate
les chiens , & ils ne lailfent pas de vivre.
Eraté , tt.^vsX.dciià). Lienis cxpers.
ERATO. f. f. Terme de Mythologie. Nom de l'une
des Mu fes. £'.7^. La Mule Eratj préiidoit aux Poc-
hes Amoureufes , comme ion nom le marque. C'eft
au moins le fentiment de quel 4 les Auteurs. 0:\ la
repiéfente fous la figure d'une jeune niie enjouée,
couronnée de inyrthe &c de rôles , ten.mt une lyre
d'une main , & de l'aune un archet. On met aallî
auprès d'elle un petit Amour ailéj armé de Ion arc
& de fes flèches. Nat. Comes , cité par. Môr. Elle
prélidoir encore , félon d'autres, aux chants de ceux
qui celébroienr les grandes atlioni des Héros. Ce-
pendant cela ne nie paroît pas bien lùr. Il ell vrai
que Virgile ^ L. VIII. v. 57. en commençant à chan-
ter les guerres d'Enée en Italie-j les Rois , les
Princes, les peuples qui les foutinrent, les armées,
les combats , les meurtres , 6cc. invoque Erato ;
mais fouvent les Poètes invoquent une Mufe pour
l'autre, ou plurôt une certaine Mufe en particulier;
pour leur Mufe en général. C'efl ainfi qu'Horace
dans fes Odes invoque comme la Mufe qui prélide
aux vers Lyriques, tantôt fa Mufe en général , L. II.
Od. 1. tantôt Euterpe tk Polyhymnie , L. 1. Od. i.
tantôt Clio, L. I. Od. 12. tantôt Calliope , L. lll.
Od. 4. tantôt Melponiène , L.IV. Od. ;. tkc.
Erato. f f Nom d une Nymphe. Erato. Héfiode , qui
en parie dans fr Théogonie , v. 247. la tau fille dç
Nérée & de Doris.
Ce nom Grec vient ^Ifân J'airre , fi>«»-à , aimable ,
d'où 1 on a dit Eparà , qui a le même fens.
ERATOSTHÊNES. C'ell le nom d'un ancien Au-
teur, grand Philofophe, Poète & Ailronorae. On
a donné fon nom à une des taches de la Lune ,
qui eft au numéro 15. de la Sélénographie du
P. Riccioli.
ERAULT. Rivière de France dans le Languedoc.
y^rauris 3 Erarns , dans les Auteurs Modernes. A-
drien de Valois écrit Erhau j & Erau, ou .4irau.
Corneille, Erault, Maiy Eraad , on Lcrraul. Ccue
Rivière prend fî fource au pied du mont Aignal
auxCevenneSj & fe rend dans la Méditerranée i
Agde. On lui a aulli donné le nom Grec Cyrta, à
caufe de fes fréquens détours. J^oyeikàt. de Valois*
Not. Gall. au mot Arauris.
E R B.
Venir à la nécefiité de celui qu'on en vouloir tirer.
Cet Officier s'appeloit£'ri:/2ar^i^<r,du mot Grec :?«.;f,'ERBICAR A. Cap. de l'iHe de Corfe. Il eft fur là
8iô
E R B ERE
côte orientale , vers le midi , près de Porto-iiovo.
Quelques Géographes le prennent pour le Grania-
cum , ou Granïanum Promontorium des Anciens.
ERBLAND. f. m. Nom d'homme. //erwt^Ajw:///^. Saint
Hermeland , que nous appelons communément
S. Erbland, étoit de la ville de Noyon , forn d'une
famille très-noble. Il fut Religieux au Mon.rllère
de Fontenelle , dit S. VandiiUe, au pays de Caux ,
€n 66 j. S. Ouen , Archevêque de Rouen, l'ordonn.!
Prêtre en 675. & en 6-i. il fut fait premier Abbé
d'Antrein en BrétagnCj & mourut vers l'an 710. ou
715. Bollandiftes , Mars j L. IL p. 574, ô- fuiv-
Baillet, Z). Mars.
E R C.
ERCEUS. Terme de Mythologie. Le Jupiter Erceus
:« étoit invoque pour la garde des murailles. D'Vf «of ,
Jeptum , Muraille.
ERCHIE. f. f. Vieux mot. Trait d'.irc. On a dit aufli
Archiée.
ERCOLE. Foyei PORTO-ERCOLE.
ERCONWALD. 1". m. Nom d'homme. Erconw.ddus ,
Erkenwaldus , Erkcriwoldcs , Earconwaldus. Saint
Erconvfald eft un Evêque de Londres de la tîn du
VII'^ (iècle. Voyci les BolLmdiltes, April. T. IIL
p. -jS'o. & fuiv. Baillet , 30. d'Avril.
ERCTZEYDORFF. Ville d'Allemagne, dans l'Au-
triche , fur la W^ifche. '
E R D.
ERDEWDL Village de Hongrie, dans lequel il y a
' un Monaftère. Hcrcaturrts. Il eft dans une Ifle du
Danube , vis-à- vis de l'embouchure de la Drave. On
y vuyoit des ruines de l'ancien Teucoburgium , ville
de la Pannonie , que d'autres placent à Dr.izat j
village du voilinage, & d'autres à Cinq-Egliies,
Maty , Corn.
ERDHOLM.Ecueilsde la Mer deDannemarck.On les
trouve dans l'Ille de Bornholm.
ERDINAGA. Villas^e du Cercle de Bavière, dans l'Ar-
chevêché de Saltzbourg , à cinq lieues delà ville de
ce nom , du côté du nord. Erdinga. Il paroît par une
ancienne infcnption qu'on a trouvée à Erdinga ,
que c'eft-là qu'étoit la petite ville du Norique ,
nommée anciennement Ariodunum,
ERE.
ERE. Cette terminaifon dans notre Poëfie rime fort
bien avec aire, comme fingulière , vulgaire j &c.
mais les mots en cre ne riment point avec ceux en
erre.
Ère. f. f. Terme de Chronologie. C'eft un mot dont
les Modernes fe font fervis pour lignifier ce qu'on
appelle autrement Epoque, ^ra. Certain temps
arrêté & déterminé à volonté , d'où l'on commence
à compter les années qui ont fuivi. On ne fait pas
trop bien l'origine de ce mot. La plupart des Auteurs
ont prétendu que XEre étoit une façon de compter
les années , fuivant les Efpagnols , dont XEre eft
de 58 ans plus ancienne que celle de XEre Chré-
rtenne , ou de nos ans de grâce. Pierre IV. Roi d'Ar-
ragon , a été le premier Prince , qui dès l'an i j 50
abolit XEre d'Efpagne dans fes Etats. On en ufa ainfi
dans ceux de Valence en 1558. aulii-bien qu'en Caf-
tilleen 1383. Le Roi Jean I. fit de même en Portu-
gal en 141 5. Le Quien de la Neuville.
LTredes Mahométans eft l'hégire, ou la fuite
de Mahomet. On dit auffi XEre de Diodétien j XEre
de NahonafJ'ar,&Cc. /^oyej Époque.
Ce mot fe trouve auffî employé dans de vieux
titres, pour fignifier ircOT. Favyn , dans (onHifl.
de Navarre , L. I. p. 8. prétend qu'^era fe trouve dans
Ciceron & dans Lucilius , qui le font pluriel j qu'il
fignifie la même chofe que commentaria , les feuil-
lets d'un livre décompte &pipier journal d'un Mar-
chand où il écrit ce qu'il achette £c débite tous les
ERE
' jours tant en gros qu'en détail. Selon le même Au-
teur, d autres difent qu'il s'eft dit pour hera , de
herus , Maître j Seigneur j & on l'a pris pour fi-
gnifisr la domination d'un Prince. D'autres , comme
Ilidure , de £s ^, itris , à caufe de la pièce d'argent
que l'Empereur Augufte impofa par tête fur tous
les iujetsde lEmpire. De là les Efpagnols introdui-
lîrenccé mot dans la chronologie, pour marquer !e
commencement de quelque changement ertraordi-
naire. D'autres que ce font les lettres initiales des
trois premiers mots que l'on mettoit dans les Atles
publics J Annus erdc Augujh.
ERÈBc. f. m. Terme de Mythologie. Erebus. Les
Poi.'ces donnent ce nom aux Euicrs , & à Pluton
Dieu des Enfers , félon Vollius j De Idolol. L. II.
C. 60. vers la fin. D'autres difent feulement que
c'eft un Dieu des Enfers. Dans Hélîode , Theog.
V. 1 Z3 , Xtrèbe eft produit par le chaos , & eft frère
de la nuit , qui fut aufti fon époufe , (^ dont il eut
XALttz &C le Jour. Cicéron fuit f^éfiode , L. III. De
A^ac. Deor. n. 44, Hygin , Eabul. Po'ét. C. i dit que
XErehe eft , à la vérité , fils du chaos & de l'obfcu-
ritc , mais qu'il tft père de la nuit, & non pas
ion frère. Héliode & Cicéron font préférables à
Hygin. *
Les liabiles gens conviennent aujourd'hui 4ue ce
nom eft formé de l'Hébreu ■2-\y , ereb , mot répété
plufieurs tois au I. Chap. de la Genèfe, & qui li-
gnifie , l'obfcurité , les ténèbres, le foir , la nuit.
Ils conviennent encore de ce qu'Héfiode dit , que
YErcbe n'cft autre chofe que l'ancienne tradition de
la création du monde obfcurcie par le temps , &
mêlée de fables , ou traveftie en fable. / oye\ Steu-
cus fur le I. Chap de la Genèfe , &: Grotius , De
Vtrit. Relig. Ckriji. L. I. Anriùt.
^REC. Province d'Afie, qui s'étendoit le long du lit
commun du Tigre & de l'Euphrate , à droite & à
gauche, depuis leur jonélion jufqu'à la mer. Cette
Province a été enfuite nommée Iraque , qui eft le
mêm^ nOrin un peudéguifé : mais l'/ra^^^ d'aujour-
d'hui n'eft pas le même pays que l'ancienne Pro-
vinced'£Vt'f , car avec le temps l'/ra^^e a empiété
fur la Babylonie , qui étoit anciennement au-delfus
de la jondion des deux fteuves : elle a aulli empiété
fur l'Alfyrie & fur la Médie , auxquelles elle a fait
porter ion nom. La Babylonie de fon côté s'eft mife
en pofTeffion de toute l'ancienne Province à'Erec ou
Slraqus,
ÉRECHTHÉE. f m. Nom d'homme qui fut déifié.
Erechtheus. Il étoit Egyptien d'origine , & fut le
fixierae des Rois d'Athènes. Ercchthée fut mis au
nombre des Dieux pour avoir immolé une de it^
filles, en obéilfrnt à l'Oracle , qui lui prédit que
s'il le faifoit, il vaincroit EumolpusRoi des Thra-
ces.
£RECTELTR.adj.prisau(fifubftantivement.Termed'A-
natomie, qui fe dit des deux mulcles de la verge ,
qui fervent à fon éreftion. Ereclor. Ils prennent leur
origine de la partie interne de la tubérofité de l'if-
chion , & vont s'inférer latéralement aux corps ca-
verneux. Le clitoris dans les femmes a aulTi deux
mufcles érecleurs : ils prenr\ent leur origine de l'é-
minence de l'ifchion , &" vont s'inférer aux parties
latérales du clitoris , dont ils produifent l'éredion
dans le coït. Les ére3.euPi du clitoris.
ÉRECTION, f. f Elévation d'une chofe en droite li-
gne. Aélion par laquelle une chofe est mife dans
une fituation perpendiculaire à l'horifon. Ereclio.
L'éreclion d'une ligne perpendiculaire fur une autre
est un problême enfeigné dans les Elémens d'Eu-
clide. Ce mot n'est pas d'ufage dans le fens propre.
Erection , fedit figurément pour institution, établif-
fement. L'éreclion d'une Baronie en Comté. Ve'rec-
tion d'un Préfidial. L'éreclion en titre d'Office d'une
charge de Mouleur de bois.
0C? Erection . fe dit aufti des statues & des monu-
mens qu'on élevé & qu'on confacre en l'honneur de
quelque perfonnage illustre. L'érecliou d'une statue.
On
ERE
On le dit auffi des maifons destinées aux exercices
de piété.
Le Concile de Trente est celui de tous les Con-
ciles qui s'est appliqué avec plus de foin à la rétor-
mation du Clergé , qui nous a donné làdeirus de
plus folides Ik de plus faintes règles , Se en particu-
lier celle qui regarde ïireciion des Séminaires. 3our-
dal. Exh. -l. I.p, ii'i\
Érection , est aulli un terme de Médecine j par le-
quel on déhgne l'état de gonflement & de tcnlion du
membre viril , relativement à la tonclion à laquelle
cet organe est destiné dans l'ouvrage de la généra-
tion. On le du encore en Médecine , mais dans un
fens moins propre , de l'état de quelques autres par-
ties du corps dans lesquelles ce gonflement est af-
fez fenlible.
ÉREIE. Foyc:; YRIEZ.
EREINBREISTEIN. ^oye^ HERMANSTEIN.
EREINTER, ou EKENERj ou ERRENER. v. a. Mais
éreincer est aujourd'hui leul en ulage. Rompre les
reins. Renés Jrangere , ou diff^rmgere j delumbare ,
opprimcre , iuxarc. Voilà un poids qui est capabl.
^éreinur ce Crocheteur , ce cheval. On a donn.
tant de coups de bâton à ce pauvre homme , qu'un
l'a ércïnté.
Ce mot vient du LatinT^^e renibus. Ménage après
Nicot b dérive de erenare , comme qui diroit/tw^j
luxure.
Éreinté , ÉE. paît. Qui a les reins rompus j ou fou
lés : qui efl extrcnu-mcnt fatigué, pour avoir porté
une grolfe charge, ou pour avoir marché Ion.;
temps. Dans le Diftrait de Regnard , Scène der-
nière. Carlin tout eiroufïlé , dit d'une voix entre-
coLTjjée :
Ouf. je fuis éteinte.
On trouve dans Borel-f^r/ze.C'eft un mot de pro-
vince.,
;^-3' EilÉMITIQUE. adj. de t. g. Qui concerne les
Ermites. Il n'a d'ufag'e que dans cette "phrafe : vie
ère' -liùque , vica erémedca, pour dire , la vie que
mènent 1-s folitaires dans le defert , par oppohtion
à la vie cé/iob'ulque , qui eft celle des Religieux qui
vivent en commun. l^oye\ Ermite.
ÉREMODICIE. i. m. "Vieux mot. Défert j d» Grec
Èç>r/Ka9i'xn» , fait de t^yi^ùa ^ folitude , défert.
ÉRiu,N r. T.rme du vieux langage j qui a été employé
pour la troifiéme perfonne du pluriel de l'imparfut
du verbeètre j étoient, du Latin eranc. On a dit aufiî
ère pour , étoit , & en , pour fera , du Latin erh.
Miroér erc à toutes gens J ^owz , ce fera un miroir.
Ce n'en pas Bible iofangere , pour, ce ne fera pas un
livre flatteur & pleiQ dé louanges.
ÉRÉSIPÉLATEUX , ou ERYblPELATEUX, euse.
adj. Qui tient de Téréhpèle. Ereftpelat^tus ., a, uni.
C'eft un terme de Médecine. Petites bubes inflam-
matoires & ércfipé'idteufis. Brigandage de la Méde-
cine. Le fang dans une difpolîtion inflammatoire
peut former un dépôt flegmoneux ou eréjipélateux
dans la cavité de la dent , ou dans ion voifinage.
Chirurgien Dentiste. Une fluxion éréfipélateuje.
La fluxion erefipélateufe augmenta. Duvermey ,
Acad. des Se. 170 ^- Mem.p. iS.
ÉRÉSIPÈLE,ouERYSIPELE.f.m.Ê'ry/;7c/.-i-. Tumeur
fuperficielie, inflammatoire, caufée par des humeurs
piquantes, d'oùnair une chaleur acre accompagnée
jde douleur avec démangeaifon. Quelquefois cette
tumeur occupe une partie de la chair qui eft fous
la peau relie provient d'un fang bilieux & bouil-
lant J qui, pour fa fubtilité ne canfe point de tu-
meur apparente , mais s'étend de proche en proche
aux parties voihups. Sa couleur eft d'un rouge peu
foncé , tirant fur le jaune ,&:plus la bile y ell pure,
& plus Véréfipele eft danaereuv. Sous Xérefipéie font
0 comptifes les puftules bilieufes , comme les dar-
tres , les vellies & les bubes, que. le Vulgaire ap-
pelle feu fauvage. Quelques-uns donnent à Vérefi-
péle les noms de rofe , à caufe de fa couleur , feu
Tome III.
E R E 817
facié , feu S. Antoine j à caufe de la chaleur vive
qu'il caufe.
Ce mot vient du Grec (fuiT» , trahere j & dewÉAsf ,
prope , parce qu'elle fe retiré proche du cuir i ce qui '
lait que Galien rappeile/'i?//Yj/2 du cuir , ou bien du
mot Grec Èprfoî , ruber , Si %'ihu, ^ prope ; preique
rouge J ce qui lui a fait donner le nom de rofa par
les Latins. Il y a un er^riipcic limple , & l'autre avec
ulcération. ^
ERESMA , ou Elcréna. Rivière d'Efpagne. Areva,
Ellea fafourceaux montagnes qu'on appelle Sierra
Tabladaj fur les conlîns des deux Caltillcs. Maty ,
après lui Corneille, diient (jue de la vieille Caf-
tille elle entre dans le Royaume de Léon, où elle
le décharge dans le Douro environ à une lieue au-
delfus de Tordelillas j mais dans la Carte de M. De
Lille de 1701. elle n'entre point dans le Royaume
lie Léon , elle le décharge dans le Duraton un peu
au-delFus de Penatiel , dans la vieille Caftille , & à
dix lieues de Tordelillas.
ERETHISME. f m. Terme de Médecine. Irritation ic
tcnlion violente des fibres , qui lurmonte le mou-
vement naturel de leurs olciUations. Erethifmus. M,
Geohoi, Dodeur de la faculté de Pans, fiifoic
conlifter les maladies & leurs caufes elfentielles dans
Xéruhifine des fibres qui trouble leurs olcillations ,
ou qui les éteint , S<. qui par ce moyen arrête dans
leurs petits tuyaux les liqueurs qui les arrofent j ce
cjui s'oppofe à leur circulation , à leur trituration j
& à la féparation de leurs parties inutile? , d'où re-
luire une altciation datîs les londtions du corps , ÔC
un nombre infini dé fymptomes. Eritlnfme eft un
mot Grec , Ifilurfia; J irritation j du verbe IfJ'i'i' ,
i'irrite.
On peut en général donner le nom à'ércthifme à
tout ce qui s'oppole au cours de la nature , ou re-
tarde Ion mouvement vers la crife j foit aliment,
remède , faignée , topique , ou affedion de lefpric
& du corps. Dicl. de James.
ÉRETIA. Bourg ou petite ville de Livadie , en Grèce.
Ereti. Elle eft aupics du golfe de Négrepont , vis-
à-vis du cap Litar , qui eft à la pointe occidentale
de rifle de Négrepont. Quelques Géographes met-
tent à Eretia l'ancienne Cnemls.
ÉRETRIAQUE, ou ERÊTRIQUE , qui a rapport 1
Erétrie. tretricus ^ Eretri.xus, Il y avoir à Erétrie
une Ecole de philofophes que Strabon nomme Ere''
triaques 8< Eretriques. Elle avoir été établie par Mé-
nedemus l'Eiétrien.
ERETRIE. Ancienne ville de l'Eubée , ou du Négre-
pont. Eretria. Elle eft fur une côte qui regarde la
Grèce , à 8 lieues de la ville de Négrepont, du côté
du levant. Quelques Géographes la nomment au-
jourd'hui Kocho. Strabon , L. X. nous apprend
qu'après Cha<tis, c'étoit la plus grande des villes
de I Eubée , que l'une & l'autre avoient été bâties
par les Athéniens avant la guerre de Troye j qu'a-
près cette guerre un Athénien j nommé .(tclus, y
avoit conduituneColonie j que ces vdles devenues
puilfantes avoient ét.ibli des Colonies dans la Ma-
cédoine; que quelques-uns dif.iientqu'z.'er/-/eétoic
une Colonie de Macifte de Tnphylie ; (.yxEretrie
s'appela d'abord Mélaneis , ou Ménaleide , c'eft-à-
dire*, la Noire , & enluite Aiotric , c'eft-à dire ,
cultivée, labourée ; qu'/ire'rr/'e commandoit à An-
dro , à Teno , aux Ceiens &: à d'autres Ifles ; que
les Perfes, comme dit Hérodote , la dérniilnenr,
qu'on en voyoit encore de fon temps les runies en
un heu appelé la vieille Erétrie ; qu'on avoit rebâti
une nouvelle Erétrie j qui fut célèbre en paix & en
guerre : & au L. IX. il,dit que l'ancienne Erttrie
étoit vis-à vis Delphinium dans la Béotie, féparée
(le ce port par un trajet de 60 ftades , qui font 7
lieues & demie. L'£r£;^/-/e nouvelle ctoir plus an mi-
di. Fcjf? les Tables du P. Lubin & M Tourreil fur
Dem. p. z8 5 . Cet Académicien , dans fes Notes fut
la harangue de Démofthcne touchant la paix , écrie
Entrhye 5c Erétrhyens , mais mn\. Tous \cs An-
ciens , Démofthcne , Strabon , Mêla , Pline écri-
LlUl
^iS
ERE ERG
vent E retrie y &c [tniCquQ ce moc vient d'Arotrîe ,
comme il paroi: pai' Strabon , & qu'Arotne elt
manifeftemenc dérivé d «forfo» , charrue j il faut
écrire , comme nous faifons , Erétne fans A Se fans j.
ÉRÉTRIEN , ENNE, f m. Se f . & adj. Qui eft: d'Eié-
trie. Eretrleus , Eretrienfis. Ménédéme Y Eretnen.
Après le déparc de Plutaïqiie & de la gainifon étran-
gère j ks Eréchryens , devenus maîtres de leur ville
& de Porthmus , embralFerent les uns notre parti ,
les autres celui de Philippe. Tourreil-Cc n'elt pas
là le feul fervice qu'ait rendu aux Eréchryens a bon
ami,&:ce fidèle allié. lo.il faut écrire i:'wr/e/2. ^'oy.
Eretrie.
M. Corneille a dit, les Philofophes Erétrïens :
mais il faut due Erétriques, ou Erétriaques , avec
Strabon , qui met de la diitérence encre le nom de
cette Ecole de Philofophes, & celui des Citoyens
d'Erétrie, appelant ceux ciErécriens , & diiant qu'on
nommoit ceux là Erétriques & Erétriaques ^ loit
qu'en effet ils portalfent ces deux noms , fou qu'il
, y ait une faute au premier moc , & que les Copilles
• y aient oublié un a.
ÉRETRIENNE. adj. f. Terre Erétrlennc. C'eft le nom
d'une terre argilleufe approchante de la terre figU-
lée , qu'on ciroit autrefois d'un champ voilin de la
ville Eretrla. dans l'Ule d'Eubée, d'où eft venu Ion
nom. Il y en a de deux efpcces , l'une très-blanche,
& l'autre cendrée. On le fert de la dernière pour ar-
rêter le fang, étant prife intérieurement, & la blan-
che eft employée pour la Peinture.
ÉREUX , tusE. adj. Vieux moc. Qui eftfujet à être
en colère j à quereller.
E R F.
ERFORT , ou ERFURT. Ville du Cercle de la haute
Saxe, en Allemagne. Erjordia , ErphorJia j Erjur-
tum. C'elt la principale ville de Turinge. Erjorc eft
fitué fur la rivière de Géra, entre Weimar & Gotha.
Son château s'appelle Cyriaxbourg , ou Château de
S.Cyriaque. Erjorc étoit autrefois ville Impériale.
■ Elle a uneUnivérfité.f:A/orrdcpendoit autrefois des
Archevêques de Mayence : ellecroyoit s'en être ra-
chetée, mais en 1654. le Prélat fit revivre fes droits,
& foutenu par l'Empereur , qui mit Erjorc z\i ban
de l'Empire , & par le Roi de France , qui donna
des croupes pour la foumeccrê , elle tue obligée de
reconnoître l'autorité de l'Archevêque. Le terri-
toire à'Erforc comprenoic autrefois 80 à 90 bourgs
ou villages; maiîl'an i6(î^ l'Archevêquede Mayen-
ce en céda 17 àl'EledleurdeSaxe pour tous les droits
qu'il pouvoir prétendre fur la ville. Merouée , Roi
de France , donna autrefois (on nom à Erjorc , &
le fit appeller Mervigisbourg, Quel-iues Géographes
le prennent pour l'ancienne Btcurgium , que d'autres
placent à Swichaw en Mifnie. ''Audifret, Maty ,
Corneille. Long. 28 d. 5 5'. Lac. 5 1 d. 4'.
ERG.
ERGANE. f. f. Epithète ou furnom que les anciens
Grecs donnoientà Minerve du mot fcvi' , art. Er-
^(z;2e.Palias étoit appelée £>^a/2e, parce qu'elle pré-
fidoit aux Arts , & que les ouvrages des Arts paf-
foienr pour lesoiivr-ages de la fagelfe , qui eft Pallas
ou Minerve. P^oy. Volfius , de Idolol. L. II. C. 66.
ERGATIES. f. f. pi. Fête d'Hercule à Sparre.
ERGERS. Rivière d'Allemagne. Elle a fa fource aux
montagnes qu'on voicau-delàde faint Léonard. Elle
pafle par la hauce & parla balfe Ehenheim.
ÊRGO. Terme dogmatique tiré du Larin , qui fignifie
la conclufion d'un argument. Il eft pris fouvenr pour
l'argument même. C'eft un homme qui nous impor-
tune par fes ergo , qui eft bien fort f ir Vergo.
Ergo , s'emploie auftï dans le ftyle familier pour donc,
c'eft-à-dire , dans la fignlfication propre qu'il a en
Latin.
J<1 croit que fa Jîlle aime : ergo les rende:;-vous , &c.
Mlle L'HÉRITIER.
ERG
Or ma planeîe Menfaifante
Promet a ma vie un ions cours :
brgo , y aurai Jur mes vieux jours
(^um^e ou vingc mille écus de rente. Pavillon.
On dit proverbialement, ergo glu j à ceux qui
font de grands railonnemens dont on ne conclut
rien.
ERGOT, f. m. C'eft un éperon ou pointe dure qui
vient au derrière de la jambe des coqs & de quel-
ques autres animaux. Unguïs poflicus.
On du figurément , qu'un homme monte fur les
ergots ; pour dire, qu'il menace , qu'il eft en colère,
qu'il parle d'un ton fier & élevé.
Ergot, fe dit en parlant du cheval. C'eft une corne
molle de la grolFeur d'une châraigne , qui eft au der-
rière &: au bas du boulet, & cachée fouvenc par le
fanon.
Ergot, fe ditauflî de plufieurs autres bêtes qui ont de
femblables partiesunaisaux fanglierson les nomme
les gardes , & aux cerfs , les os.
Ergot , fe dit audi en Botanique , pour fignifier l'ex-
trêmité dune branche qui a été taillée, & qui efi:
« morte dans le bout , comme il arrive fouvenr aux
branches qu'on éculTonne. On coupe ce bois mort
jufqu'au vif , ou julqu'à l'écullon \ Ôc c'eft ce qu'on
appelle tailler l'ergoc. Cette coupe donne lieu à l'é-
corcede couvrir inienfiblement ce qui refte du bois
taillé.
Ergot, maladie des feigles. On appelleainfi lesgrains
de feigle , qui deviennent , dans certaines années
longs ; noirâtres &: cornus. La farine de ce grain eft
blanchâtre & très-pernicieule. Lorfqu'il eft arrivé
que les épies du feigle étoient chargés de i.e mau-
vais grain , tk qu'on n'a pas eu foin de le rejeter ,
on a vu régner à la cainpagne des maladies qu'on
appelle feu faint Antoine. Voyez les Journaux des
Savans , & les Mémoires de l'Académie. M. Do-
dart a donné plufieurs obfer varions fur le mauvais
effet de ce blé cornu.
IJCJ" On donne auflî le" nom âïergot à cette ma-
ladie iingulière dont le feigle eft attaqué. Quelques-
uns ont attribué cette maladie aux brouillards qui
gâtent les épis. Mais pourquoi les brouillards n'a-
giroient-ils que fur les graine du feigle j & n'atta-
qtltroient-ils pas également le froment ^ l'avoine,
&c. De plus une caufe générale devroit produire un
effet générai. Cependant tous les feigles ne font pas^
ergotes dans tous les endroits où les mêmes brouil-
lards ont régné : dans le même champ tous les épis
voifins les uns des autres , & fouvenr dans le même
épi , tous lesgrains ne font pas ergotes. Il eft plus
raifonnable d'attribuer cette maladie à la piqûre de
quelqae infedfe qui depofe fes œufs dans le grain du
feigle ; & cela s'accorde avec les obfervationsde M.
Tiller qui a découvert de petits vers dans les grains
de feigle ergotes.
ERGOTE , ÉE. adj. Qui a des ergots. Voilà un coq
bien ergoté. Unguibus talariis , calcaribus inJIruclus,
Ergoté , ée. Armé d'éperons en forme d'ergots. Cal-
carlbus armatus j a 3 um,
Sefent encor diffamer les côtés
Par deux talons de pointes ergotes.
Rousseau j Ep. Vil.
Ergoté. Terme de Chaffe. Chien ergoté : c'eft ua
chien qui a un ongle de furcroîc au-dedans & au-
deffiis du pied.
^fT Ergoté. Terme d'Agriculture. Seigle ergoté , at-
taqué de la maladie que l'on appelle l'ergot. Voye\
ce mot.
^ERGOTER. V. n. Signifie, au propre procéder
dans fes raifonnemens fuivant la forme Scholafti-
que. Par atqui & ergo. Argutari , difieptare. Ils ont
long - remps ergoté fur cette propofition en Sor- <
bone. , -Il
|Cr Et comme l'efpric de chicanne & de vetillç
E U I
ell un vice aiftz ordinaire dans les Ecoles , on a dit
au figuré ergoter j pour cunteller nnl-à-propos &
avec iiiiporcuniré, cliicauer lur roue, trouver à re-
dire à tout. Ces deux hommes ne peuvent s'accor-
der. Us font toujours à ergoterïnu contre l'autre.
C'eft un importun , il ne tait (\\.\ ergoter. Ce mot
n'eft admis que dans le fljle hrmilier.
ERGOTERlii. f. f. Chicane &: mauvaife conteftation
fur des Bagatelles. Tries. M. Amelotd;; la HouHaye,
dans fa lettre à M. Bayle au lujet de la critique de
fa verlion de Fra-Paolo, dit que la quatrième ob-
jection n'ell encore qu'une ergoteric.
ERGOTEUR, f m. Celui qui difpute , cjui pointillé
fans celle , qui contelte tout lans railon. Ineptus
difceptator. C'eft un terme de mépris , bon dans le
ftyle familier.
ERGOTIS. f. m. pi. 'Vieux mot. Chicanes Théologi-
ques. GlolJ. fur Marot.
ERGOULE.' ycryei Goule.
E R I.
ÉRI. Petite rivière de l'ancienne Tofcane^ & main-
tenant du Patrimoine de S. Pierre en Italie. C£.res ,
Cdretanus. Elle coule dans le Duché de Bracciano ,
^ fe décharge dans la Mer de Tofcane , à deux ou
trois lieues au levant de Civita-Vecchia.
ÉRIBEE. f. f. Belle-mère des Aloïdes.
ERIC , ou ERRIC. f. m. nom d'homme Errlcus ,
Ericus , Henrieus. SdJim Eric , que d'autres appellent
Saint Henri ^ étoit de la première Noblelfe de
Suéde, & d'une famille alliée .i la Maifondes Rois
du pays. L'an 1 141. il fut choili par la Nobleife (Je
le peuple d'un commun ccnfentement pour être
Roi de Suéde, au préjudice de Charles ^ fils du
Roi Smercher , qui ne régna qu'après lui. Il fubju-
gua la Finlande , & la fit inflruire des vérités de la
foi. Il fut tué après dix ans de règne , par un parti
rebelle qui vouloic mettre fur le trône MagnuSj
fils d'Henri Scateler, Roi de Dannemarck , qui
prétendoit à la Couronne de Suéde par fa Mère ,
quoique ce fut contre les Lois du Royaume j qui
n'admettoient pas les Etrangers ; & Saint Eric eft
honoré comme Martyr. Il y a neuf Rois de Danne-
mark & quatorze Rois de Suéde qui ont porté le
nom d'Eric.
Eric , fe dit aufîi pour Evaric^ nom propre d'un
Roi des Gots en Efpagne , fils de Théodoric I. &
frère de Thorifmond , & de Théodoric II. auquel
il fuccéda en j.66.
Ce mot Eric , ou Erric, eft le même qu'Henri ,
qui en a été fait. Eric vient de deux mots de la
langue Allemande, ehr,honneur^icreich , riche : ainfi
fr/c veut dire , quia beaucoup d'honneur.
Eric. Bourg & port de l'Etat de Gènes en Italie. Eri-
cis portas. Il eft fur le golfe d'Efpezzia , vis-à-vis
de Porto-Venére. Maty.
ÉRICHTHON. f. m. Ce fut un Roi d'Athènes , fuc-
celfeurd'Amphidyon , qui fut placé parmi les aftres
pour avoir trouvé l'ufage des quadriges. FoJJlus ,
de Idolol. L. I. C. i}-p. /4.
ERICHTHON. f. m. Terme d'Aftronomie. C'eft le nom
de la II', conftellation des zi feptentrionales. On
l'appelle aufiile charertier. Erichthonius, Ileniochus,
ce dernier mot eft Grec 'ii"";^-Tf , auriga , de >!"'« ,
habena , Sc h'-"} habeo , teneo.
ERIDAN. f. m. Ancien nom du Pô , fleuve d'Italie.
r.ridanus. Koyc:^ Pô. '^/irgile appelle VEridan le Roi
des fleuves j Georg. L. I.'^Zi. Fluviorum Rex Eri-
darius. Voy. Pô.
l'^RiDAM , EridamiSj eft aufti le nom d'un fleuve de
Pologne nommé en Polonois , Rodoun. foyer^
ce mot.
Êridan. f. m. Terme d'Aftronomie. Eridanus. Eft le
nom que les Aftronomes ont donné à la troifième
conftellation des quinze méridionales.
L^nonx à' ETtdan pris pour une conftellation, fe
dit en profe & en vers^ mais il ne fe dit qu'en vers
E R ï
§19
quand il eft pris pour le fleuve que nous appclc
communément Pô.
ÉRIE. Le Lac d'/;>^e , ou du Chat. Lacus Erius , Lacus
Jclis. Lac de la Nouvelle France en l'Amérique fep-
tentnonale. Il eft au midi de celui de Karegnondi ,
& au couchant de celui d'Ontario ou Je Fronrenac.
, Le Baron de la Hontan 1,; nomme Errié , mais mal!
EKILNS. 1. m. pi. Hérétiques qui foutenoient qu'il n'y
avoit point de difl-érence entre un Evèque & un
Ancien; que les Evèques n'avoicm point le pouvoir
de conteier l'Oidre ; qu'il ne falloir pas prier pour
les morts, & qu'on ne devoir point ctabhr de jci'i-
nes. Us fuivoient les Encratites en ce qu'ils ne pei-
mettoient à perfonne de venir à la Cène , s'il n'avoic
quitté le monde, pour mener une vie très- régu-
lière. On les nomma i;>/f/7j , d'Erius l'ancien , qui
vivoit lous Valentinien I. trois cens quarante - neuf
ans après J. C-
ERIEU. Rivière de France dans le 'Vivarais. Elle a fa
fource près de S. Agréve, fépare le haut "V^ivarais
d'avec le bas , & va ie décharger dans le Rhône, à
Beçiuchaftel. Davity , Corneille.
§cr ERIGER V. du Latin trigere. Drefler , on mettre
de bout. On ne dit point au propre ériger une
échelle , mais lever j ni ériger une perpendiculaire,
mais élever une perpendiculaire.
ICT Mais on dit abufivement , ériger une ftatue ,
ériger un autel. Eriger un trophée , un monument à
la gloire de quelqu'un. Ac. Fr. On érigeait autre-
fois des ftatues aux grands perfonnages, aux Em-
pereurs. Quelqu'un demandoit à Caton le Cenfeur
pourquoi on ne lui avoit point érigé de (tatuc :
J'aime beaucoup mieux , dit-il , qu'on falfe cette
demande , que fi on demandoit pourquoi on m'en
a érigé 'Qons Mots.
Ijsyj'ai dit abufivement , malgré l'autorité de
l'Académie qui adopte cette figmfication , parce
que pour parler exactement , il faut dire élever ^ Se
non pas ériger une ftatue. ^oye^ Elever. Eriger
ne fe dit bien que pour les Fiefs ôc les dignités.
C'eft changer en mieux la valeur des ehofes. P^oye:^^
plus bas les Synonymes.
Ainfi /r/|rt?r fignifie , figurémenr j attacher à une
chofe , à une Terre , à un Fief, &c. qu.lque titre ,
quelque degré d'honneur. Evehc-e ad. Enaer un
Marquifat en Duché, ir/ffer une fondtion , ou
fimple commiflion en titre d'office , faire d'une
commilïïon amovible une charge dont le Roi
donne des provifions. Eriger un Bailliage en Pré-
fuhaU en Cour Souveraine. C'eft au P.i'pe à ériger
des Evêchés; mais il lui faut pour cela le confen-
tement du Roi. Le Pape ne peut ériger une Eglife
en Cathédrale, ou Métropolitaine, ians le confen-
remenr du Prince. Fevret.
IJCT S'ÉRIGER, Verbe récip. S'ériger eh Cenfeur, en
Auteur, en Critique, en Bel- Esprit, en Réforma-
teur, &c. fe dit défavorablement , pour s'attribuer
un droit, une qualité qu'on n'a pas, ou qui ne con-
vient pas. ^rrc^jrf, yindicare fibi.
Quand des Cojlards & des Ménages.
S'érigent en grands perfonnages ^
On s'en rit. BoiL;
Il eft aflcz ordinaire aux maris de s'ériger en ty-
rans. Ib. Je ne puis foufl^rir que vous vous érigiez
en dévot de profeflion , pour vous animer d'un es-
, prit chagrin contre les vices. S. Evr.
Eriger, confidéré comme fynonyme à fonder, éta-
> blir, inftitiier^a fon idée particulière. C'eft pro-
prement changer en mieux la valeur des ehofes,
Syn.fr. il ne s'emploie bien que pour les lîefs & les
dignités. Paris a iLi!t éri gé çx\ Archevêché en i6ii,
fous Louis XIII. Cette terre a écc érigée eu Duché.
, Voye^ les autres mots.
Erigé J ée , part,
ERIGNE,ou ÉRINE.f. f. Terme de Chirurgie. C'eft
un petir inftrument qui ferr, comme un crochetj 1
élever, à fqytenir des parties fur lesquelles on veut
Lllllij
Sio
ERI
tiavailler, qu'on veut dilicquer, découper, ?cc.
ÉRIGONE. l. f. Terme de Niychologie 6c d'Altrono-
mie. trlgone. C'ell le nom d'une temme & d'un
a(tre. Erigonc , hlle d icare, le pendu de délespoir,
lorsqu'elle fu: la mort de Ion père. On dit que ikc-
chus enleigna à Icaiius l'art de taire du vin , tk. que
même il lui ht prélent d'un outre du plus excel-
lent. Quelques bergers de i Actique j amis d'Ica-
rius, en ayant un peu trop bu s'enivrèrent, & fi-
rent mille extravagances : & d'autres les voyant
dans cet état , crurent qu'ils étoient empoifonnés.
Dans cette penfée, ils allatîinèrcnt Icarius, & mi-
rent ion corps dans une tolFe qu'ils couvrirent de
terre. La chienne d'Icarius appelée Moera, fit con-
noître par' l'es hurlemens l'endroit où fon maître
croit enterré ; fa hlle Erigone l'ayant trouvé le
pendit à un arbre. Quelque temps après les filles
& les temnies Athéniennes turent transportées
d'une fureur lî violente , qu'elles s'alloienc pen-
dre elles-mêmes. L'oracle confulté répondit que ce
malheur venoit de ce qu'on avoit négligé de ven-
ger la mort d'Ic.irius & d'Erigone ; &" que pour le
taire celler, il falloir inftituer des jeux en leur hon-
neur. On inventa ceux où les fil les fe balançoienr fur
une corde attachée à des arbres par les deux bouts.
Les filles & les femmes ne fe pendirent plus. Jupi-
ter, pour recompenfer la piété de cette fille, & la
fidélité de cette chienne, métamorphofa Erigone,
& la plaça dans la conftellation nommée la Vierge,
^'îo^ra dans celle qu'on appelle la Canicule j ts:
Icarius dans celle qu'on nomme le Bouvier.
ÉRIMANTE. Foyei Erymante.
Primante, f. f. Nom de Tulipe parmi les Fleuri-
Ites. L'tri/na/2fe eit rouge , feuille-morte 6c jaune,
MORIN.
ÉRINACEE. f. f Erinacea. Petit atbrilTeau d'un
très-bel afpeét , & dont les branches fe difpofenc
en rond , garnies d'éphies vertes &c piquantes j ce
qui lui a fait donnet le nom àilérinacée , à'érlnaàs ^
hériiron , parce que les épines de cette plante font
dispofées en h^r/jjDn , Hc ramalfées à peu près
comme les aiguillons du Porc-épi. Ses fleurs ioiit
léguinineules , plus petites que celles du genêt , de
couleur bleue tirant fut le purpurin. Après ces
fleurs naifient des goufies plates. Cette plante ell
ordinairement fans feuilles : elle en poulie rare-
ment quelques unes quand elle fleurit. Elles font
femblablcs à celles du lenticule , & durent peu de
temps fans tomber. Cet atbrilTeau croît au Royau-
me de Valence aux lieux rudes & le long des che-
mins. Toutes fes parties font allringentes.
ÉRINGDRANE. Province de l'île de iVlad.'gascar. On
divife ce pays en grande &c petite Eringdrani.
ÉRINNYS. f f. Terme de Mythologie. Nom propre
d'une des trois Furies. Erinnys. On ne fçait rien de
patticulier de cette Furie. Les Anciens, Grecs ik La-
tins, difent au plurieUes Erinnyes, pour les Furies.
•.. Héfiodc, dans fi Théogonie, v. 185. écrit que les
Erinnyes étoient nées dans la fuite des temps des
gouttes de fang qui coulèrent de la plaie que Sa-
turne fit à fon père Uranus , ou Cœlus ^ c'ell:-à-
dire^ le Ciel, & qui tombèrent fur la terre. Il ap-
pelle les Erinnyes rortes , puiifmtes ; & dans fon
premier Poëme Oper. & Dier. v. 80. il dit qu'elles
iont les vengerelfes du parjure; & que c'eft le cin-
quième jour qu'elles rodent pour exercer leur ven-
geance.
Paufanias dit qu'il y avoit à Athènes proche de
l'Aréopage un Temple de Déefles qu'on appelle
Sévères , &c qu'Héfiode a nommées Erinnyes. Êf-
chyle leur a donné des ferpens pour cheveux , &
rous les Poètes l'ont fuivi. On les arme aulTi de
fouets 8c de flambeaux ardens , témoin Lucain ,
L. VL .v. 747- & Ovide, Ep. XL v. lo^On appelle
aufll Erinnys une mauvaife femme qui a canfé
beaucoup de maux. Ainfi Virgile dit qu'Hélène fut
VErinnys de fa patrie ; & Lucain , que Cléopatre
fut VErinnys de l'Italie.
ÇCTÉp.innys. f. ou adj. Cérès Erinnys ou C/rès fu-
ERI E R L
rieufe. Les Siciliens donnèrent ce nom à Céres ,
lorsque 1 injure que lui fit Neptune tandis qu'elle
parcouroit le monde pour retrouver Proierpuie ,
lui eut ahéné l'esprit.
ÉRIPHYLE. f f. Sœur d'Adrafte ^ Roi d'Argos , M. de
Voltaire a donné en 1732 une Tragédie qui a pour
' . fujet la mort d'Ejipkyle.
ERISICTHON f. m. Un des aïeux maternels d'U-
; . lylfe.
ERISSE, ou RISSO. Ville ancienne & Episcopale de
l'Anatolie. Ri:[us j lii:(£às. Elle ell fituée lut ia côte
de la mer Noire , environ à trente lieues au le-
vant de Trébizonde , dont fon Evèché étoit fuffra-
gant.
ERISSI. Ville ancienne de l'île de Mctélin , qu'on a
aufli appelée Cedonia. Erijjus. Elle ell fur la côte
méridionale de l'île. C'étoir autrefois un Evêché
furtiagant de Mctélin : ce n'eil plus qu'un village.
Maty.
ÉRîSSO. Ancienne ville de la Macédoine en Grèce.
Achantus. C'ell un Evêché fiiffiagant de Saloniki.
, Erijjo ell fitué au for.d du Golfe de Monte Sanclo.
ERISSON. f. m. Terme de Marine. Ancre à quatre
bras dont on fe lert dans les Bânmens de bas bord ,
ou dans les Galères. Erinaaus. On l'appelle autre-
ment grapin de jer ^ ou rijjon. Voyez herijjon. U y
a bien de l'apparence que le terme de Marine vient
de la re lie ir.b lance que les grapins de fer ont avec
l'animal qu'on appelle hcriffon , en ce que le gra-
pin de 1er ell pointu &: comme armé de quatre cô-
tes , comme un hérlifon efl tout couvert de pointes
piquantes.
ERISTIE. f. f. Terme de Fleurifte. Tulipe pourpre &
blanc. MoRiN.
ÉRITHROIDE. f f. Terme à' Anatomle. Erythroïdes.
C'efl la première des membranes propres cjui en-
velopent les tellicules : elle ell parfemée de fi-
bres charnues du muscle cremafter , qui la font
paroître rougeâtre ; d'où vient qu'on lui a donné
ce nom.
Ce mot ell Grec , il vient d'^fV'* » rouge , Se i'^'t , fi-
gure, rellemblance.
ÉRIVaN. Ville de Perfe, qu'on appelle aniîi /rivartj
Irvan , & Revan. Erivanum j Bxvanum. Elle eft dans
la Province aErivan, fur la rivière de Sanguica.
Erivan ell grand , & détendu par une grande for-
terefle 5 où ell le Palais du Gouverneur de la Pro-
vince , & par un château fitué à quelque diflance
de la ville. A trois lieues d'Eriran ^ où les Armé-
niens ont un Evêché , on trouve les ruines de l'an-
cienne Anaxaca, que les Arméniens appellent Ar-
dachat. Sa latitude eft de 40°. 19', j \" , Gouye.
ERIVAN. Province de la Perfe. Erivania , Irvania.
C'elt une partie de la grande Arménie às.% Anciens.
Ses bornes font, au couchant , la Turcomanie ; au
nord, la Géorgie ; au levant, le Scirvan \ Se au mi-
di , l'Adirbnïtzan. VErivan eft fort froid , à caufe
des montagnes qui s'y trouvent, dont la plus cé-
lèbre eft le mont Ararat. Il eft pourtant fort fer-
tile, même en vin. Ses principales villes font Eri-
Viin _, Karasba , Bilagan , Chiurcar, Si Naschanan.
P^oye^ Tavernier dans fes Voyages de Perfe j T. I.
E R K.
ERKÈLENS. Ancienne ville des Ubiens , & aujour-
d'hui de la Gueldre Impériale. Hcrculeum j HercuUs
caftra. Elle eft enclavée dans le Duché de Juliers ,
Se fituée à une lieue du Roer, entre la ville de Ju-
liers , & celle de Ruremonde. Erkélens étoit for-
tifié \ mais les François en ruinèrent les fortifica-
tions en i(î74. Maty. Long. 24. d. S', lat. 5 1. d. t>' .
E R L.
ERLACH. Petite ville ou bourg de Suiflè. Les Fran-
çois le nomment Serlier : il appartient au Canton
de B=;rne , Se eft fitué au bord du lac de Bienne, C'eft
un Baillia<ie.
E R L E R M
ÊRLANG. Pecice ville du Cercle de Franconie , en
Ailemagne. ErLanga. Elle etl fur la rivière de Red-
niiz j dans le Marquifar de Ciilembach , aux con-
h.iç de l'Evcché de ûamberg & du terriroire de Nu-
remberg. Loni;. 28. d. 41 . la:. 41;. d. 38'.
ERLAPH. Rivière d'Allemagne. Arlapa , Arlape.
Elle a fa fource vers les contins de Stirie j traverfe
une partie de la balfe Autriche , & fe décharge
dans le Danube, un peu au-delFous de Pechlarn ,
qu'elle arrole.
E R M.
les Suilles donnent à
la fabrique d-'s tro-
de Gruyère & de
ERMA. Voye-{ Germaste.
ERMAILLY. f m. Nom que
celui qui travaille en clief .1
mages dans les montagnes
Berne.
ERMELAND, autrement WARMIE , ou WERME
LANOr. Contrée de la Prulfe Royale, 'iy'.irmia
L'irmehind ett: enclavé entre le Golfe de Frisch-
Matf & la Prulîe Ducale, & dépend du Palatinat
de Mariembourg. Ses villes font Heilsperg, qui en
eft la capitale, VVartemberg , Gurtad 6c Braunsberg.
Si l'on écrit LWmelLtnJe , il hiudra le faire léminin ,
fuivant ce que nous dirons au mot Land.
ERMENSUL , ERMINSUL , ERMINSIL. Foye-
Irminsul, ou Irmensul.
ERMES. Vieux terme de Coutumes , qui fe dit des
terres non labourées, ni cultivées j qui font vacan-
tes ,- en hiche & en défert. On les appelle aulîi ter-
res brehaines. Dans les Coutumes de la Marche &
du Bourbinnois on appelle terres hermcs , ou hc-
rc:nps , das terres en triche.
Ce mot vient du Grec ifif*'^, en Latin ercmus ,
défert : d'où vient qu'on a nommé l'Abbaye de Saint
Michel en l'herm , Sancli Mlc'iaelis in eremo.
ERMIN. f m.C'ell ainli qu'on nomme dans les Echel-
les du Levant, 6i particulièrement à Sniyrne , le
' droit de Douane , que l'on paie pour l'entrée oc L;
fortie des marchandiies.
ERMINE. V'oye:^ Hermine. C'eft ainfi qu'il faut
écrire.
ERMINETTE. f f. Outil de Charpentier fait en for-
me de hache recourbée , ou d'ailTette , qui lui fett à
aplanir , à unir le bois- Affia incurvci.
Ménage dérive ce mot de l'Arabe alermin , qui i\-
gn'iûs fcu/prum.
ERMITÀ DE LOS PALACIOS. Village de l'Andalou-
iie , en Efpagne. PaLitiorum Eremus yfoUtudo. Il eft
fur la rivière d'Almudiel , à fept ou huit lieuas au
nord de Baëza. On y voit les ruinfes dellavium Vi-
vitanum , qui étoit anciennement une petite ville
delaBétique^ Province d'Elpagne.
Ce mot eft Efpagnol , & (ignifie Ermitage des
Palais.
^CTERMITAGE. f m. C'eft un ufige prefque général
d'écrire h&rmïcjgz & herm'ne. Cependant on doit
écrire ces mots fans h , parce qu'ils viennent du
Grec 'if>if"i , dont l'efprit eft doux. Les Centuria-
teurs de Magdebourg ont eu plus grand tort encore
d'écrire Heremita en Latin.
§3" On appelle iVwiwc-e , l'habitation d'un Er-
mite 5 une petite maifon en lieu défert, où un Er-
mite fait fa demeure. .-^«iJcAordre Cella , Eremus. Ce
folitaire ne fort jamais de fon Erm't.Tge.
fer On le dit figurément d'un lieu folitaire &:
écarté j tel que ceux que les Ermites choiiilfoient
pour leur retraite. Solïcudo , fecejfus. Ce lieu eft un
vrai ermitage.
ERMITAGE, eft auffi un lieu, ou une maifon de
campagne folitaire & écartée , que quelqu'un a fait
bâtir pour y vivre en retraite , &c hors du com-
merce du grand monde. Si vous venez chez moi ,
vous ne trouverez pas un château , mais un joli pe-
tit ermitage.
Défert où faî vécu dans un calme (l doux ,
Pins y qui d\m fl heau verd couvre.-; mon ermin^ej
La Cour detuis un an me fépare de vous. Main
ERM 82.1
Malgré l'injujlice des Cours j
Dans cet agréable ermitage ,
Il coule doucement jes jours j
Et vit en véritable Sage. Chapelle.
ERMITAGE. Villag^ de l'Ecolfc méridionale. £>ewi/j.
Il eft le lieu principal de la Province de Lidefdàle ,
& défendu par un château bien fortihc. Maty.
ERMITE, l. m. Homme dévot qui s'eft retiré dans
la lolitude , pour mieux vaquer à la contemplation,
Se fe débarraller des affaires du monde. Eremita ,
Jinachoreta. \5n Ermite n'eft point cenfé Religieux ,
s il n'a point fait de vœux. \^ Ermite reclus du mont
Valérien. L'Ermite de k forêt de Compiegne. S.
Paul V Ermite eft un de ces anciens folitaires , &c le
père ou le premier des Ermites. S. Jérôme a écrie
. la vie. Le P. Héliot dans fon hiftoire des Ordres Re-
lig.P.l.C.i. l'a aulîî donnée. S. Jérôme au commen-
cement de la vie de S. Paul premier Ermite . du que
l'on ne favoit pas quel étoit celuiqui avoit été lepre-
mier Ermite. Que quelques-uns remontoient à Elle
& à S. Jean-Bapcifte ; que l'opinion la plus com-
mune parmi le peuple étoit que S. Antoine étoit
1 inftituteur de la vie érémitique ^ mais qu'il avoit
plutôt augmenté l'ardeur pour cet état : que des
difciples de ce Saint difoient que c'étoit Paul de
Thébes qui l'avoit le premier pratiquée. Saint Jé-
rôme eft de ce fentimant. Ce fut à l'occafion de la
perfécution de Déce & de Valérien. Les Centuria-
teurs de Magdebourg traitent des Ermites , Cent.
II'. C. 6. Cent. V. C. 10. Ils reprennent fur-tout en
eux la folitude & l'auftérité de la vie. Le Cardinal
Bellarmin les a folidement Se favammer.t rctutés
dans fes Controverfes , Tome II, Contr. II. L. Il,
C. 3 9. où il montre que cet état eft louable j agréa-
ble à Dieu , faint. Les anciens Ermites., comme laint
Antoine , vivoient dans les déferts j & ne laiftoienc
pas d'avoir plufieurs Religieux avec eux. Arnaud
d'Andillia fait la vie des ï'cyqs Ermites.
Tout homme ejl homme , les lE.:m\x.ss fur-tout.
La Font.
En France , les Ermites , quoiqu'ils ne foient pas
Religieux , font incapables de fuccédec. Arrêt du 17
Février 1653.
Plufieurs Religieux fe qualifient A'Ermites. Les
Ermites de S. Auguftin. Les Ermites de Camaldoli.
Les Ermites de S. Jérôme^ d'autresque l'on va trou-
ver parordrealphabétique.
Ermite de S. Augustin. Nom d'un Ordre de Reli-
gieux qu'on appelle communément Augaftins. Ere-
mita fancli Augujlini , Augujiinianus. Cet Ordre fut
formé un peu après le milieu du XIII' fiècle par la
réunion de plufieurs Congrégations 6'Ermites qui
n'avoient point de règle , ou qui n'avoient point
celle de S. Auguftin , fi l'on en excepte celle de
Sainte Marie de Murcette. Ces Congrégations font
celles des Jean-Bonites , la plus ancienne de toutes ,
celle des Ermites de Tofcane , celle des Sachets , ou
Frères du fac , ou de la Pénitence de J. C. celle des
Ermites de S. Auguftin , celles de Vallerfura , de S.
Blaife de Fano , de S. Benoit de Monte Fabalo , de
la Tour des Palmes , de Sainte Marie de Murcette,
de S. Jacques de Molinio & de Loupcavo proche de
■Luques. Ce n'eft point Innocent IV. qui fit cette
union , comme la plupart des Histotiens de cet
Ordre le prétendent ; il avoit feulement uni enfem-
ble quelques Ermites en Tofcane , auxquels il avoit
donné la règle de S. Augustin , qui faifoient une
Congrégation féparée des Jean-Bonires , des Britti-
niens j des Sachets & des autres j qui entrèrent dans
l'union générale. Ce fut Alexandre IV qui fit cett«
union , comme il paroît par fa Bulle rapportée dans
le Mare Magnum des Augusrins. Ce Pontife travailla
à cette union dès la première année de fon Pontifi-
cat, c'est-à-dire, l'an 11^4. f es Supérieurs de rou-
tes les Congtégations nommées ci-delfus, ne purcnc
li E R M
s'afTembler qu'en ii^6. Dans ce Chapitre Généial
l'union fe fit. Lanciranc Seprala, Milanois, fut élu
Général , & l'Ordre futdiviféen quatre Provinces ,
favoir, de France, d'Allemagne , d'Efpagne &
d'Italie. Le tout fut confirmé par une Bulle d'Alexan-
dre IV. du 13 Avril de la même année. L'habille-
ment des Ermites de faint Augustin , coufiste en
«ne robe & un fcapulaire blanc, quand ils font
dans la maifon. Au Chœur, & quand ils fortent ,
ils mettent une efpèce de coule noire , & par-delFus
un grand capuce qui fe termine en rond par-de-
vant , ëc en pointe par - derrièrre , où il defcend
iufqu'à la ceinture , qui est de cuir noir, /''oye^
Je Père Hélyot , T. lll. C. 3. Dans la fuite on
a encore uni d'autres Ordres à celui de Saint Au-
gustin , comme des pauvres Catholiques. Et main-
tenant cet Ordre comprend quarante- deux Pro-
vinces.
Après toutes ces réunions cet Ordre s'est divifé
en plufieurs Congrégations ,\ auxquelles les relâche-
mens qui s'y introduifirent donnèrent lieu.
La Réforme qu'on appelle Ermites de S. Au-
gustin DÉCHAUSSÉS , 6c en France ordinairement
Augustins déch.iuirés , fut faite , félon quelques Au-
teurs, par le P. Louis de Léon, mais cette gloire
est due au P. Thomas de Jésus , né à Lisbonne l'an
15 20 de l'illustre famille d'Andrada , originaire de
Castille , mais dont une branche s'établit en Por-
tugal dès l'an 1301. Ce faint homme commença
cette réforme , mais il ne l'acheva point. Dom Sé-
bastien , Roi de Portugal , lui ayant ordonné de le
fui'^re dans fa malheureufe expédition d'Afrique;
après la défaite de ce Prince, le P. Thomas demeura
captif chez les Barbares, & fut d'abord efclave d'un
Morabite, efpèce d'Ermite Mahométan , qui lui ht
foufFrir les plus mauvais traitemens ; enfuite il le
fut du Roi de Maroc. La Comtelfe de Linatès fa
fœur, & fes païens, voulurent le délivrer j & en-
voyèrent fa rançon , mais il les remercia & écrivit à
la Comteilb qu'il vouloit rester au fervice des efcla-
ves Chrétiens de Maroc. Il y demeura en effet , & y
mourut le dix-fept d'Avril 1531 âgé de cinquante-
trois ans.
Après fa mort on continua le projet de la réfor-
me, & l'an 1 5S8 fous le Pontificat de Sixte V. &le
règne de Philippe II elle commença en Efpagne
fous le nom ^Ermites de faint Augustin Déchauf-
fés. Le P. Louis de Léon travailla aux constitutions
fuivant les vues du P. Thomas , qu'il avoit vu en
Portugal. Le premier Couvent qui la prit , fut celui
de Talavéra en Castille , la même année 1588.
L'ao,,.! 590 le Comte de Pimentel fonda celui de Por-
tilo. L'année fuivante ces Religieux obtinrent celui
de la Nava. L''an 1591 cette réforme fut portée par
le P. André Diaz en Italie, où l'an 1(514 Urbain
VII ladivifa en quatre Provinces. En Kî^^ellepalla
en Allemagne , où l'on bâtit un couvent à Prague.
De -là Ferdinand III. les appela à Vienne. Enfuite
la Province de Gênes fut divifée en deux , celle de
Gênes & celle de Piémont. Celle de Naples le fut
en quatre, cjui portent les noms de Naples , de Ca-
labre,de Sicile, de Palerme & de Melline. Il y
a eu des changemens dans ces Provinces , qui ne
font plus que huit, Rome, Naples, Gênes, Pa-
lerme, Allemagne, Piémont , Melfine & Milan ,
foumifes à un Vicaire Général que le Général lui
accorda en Kîiz.Ces Provinces comprennent fqji-
xante & treize couvens.
En 1596. Cette réforme fut apportée en France
par les Pères François Amet & Matthieu de Samte-
Françoife. Ils furent d'abord introduits par Guil-
laiime d'Avanfon , Archevêque d'Embrun , Se
Prieur commendataire de Saint Martin de Miferé
dans la vallée de Givaudan en Dauphiné; ils fu-
rent ,dis-je, introduits.dans le Prieuré de Villar-
Benoît dépendant de celui de Miféré , & qui avoit
été ruiné par les Huguenots. L'année fuivante Mar-
feille les reçut , Avignon l'an 1610; Henri IV.
ERM
leur avoit accordé des lettres-patentes, Louis XHI.
les confirma en 161^ , & l'an 16 ic). tout fut rec-i-
ftré au Parlement de Pans. Ils ont trois Provinces
en France; lavoir, de Paris, de Dauphiné , de
Provence. Louis le Grand leur donna des Armes
qui font d'azur femé de fleur de lis d'or, char-
gées en cœur d'un écullon d'or à trois cœurs de
gueules , furchargées de rrois fleurs de lis d'or ,
l'écu lurmonté d'une couronne de Prince du fang,
& entouré d'un chapelet , avec une ceinture de
Saint Auguftin , Se timbré d'un chapeau d'Evêqiie.
Ce Prince donna encore des armes particulières à
chacune des trois Provinces de France. En 1603.
ceux d'Efpagne entrèrent au Japon; en 1606. aux
Philippines ; en i6ii. Grégoire XV. érigea la Ré-
forme d'Efpagne en Congrégation particulière.
Elle eft plus auftère que ceux de France & d'Ita-
lie , qui ont des Conftitutions particulières. Ils
diffèrent aufîi dans leurs habits.
Ceux de France ne font diîîérens desCapucins que
par la couleur, qui eft noire. De-là vient qu'on les
appelle en France Capucins noirs , & même quel-
quefois en raillant Capucins d'ébéne. Les Italiens
font de même j mais ils fe rafent la barbe, que les
François portent longue. Les Efpagnols ont aufïi
la barbe rafe , mais ils n'ont point de capuces
pointus, comme les autres , & ils portent un man-
teau plus long , avec des fandales de cordes ap-
pelées Alpergatas , à la manière des autres Dé-
chaulfés d'Efpagne. Tous ont deux fortes de frères
lais, les uns appelés Convers,&les antres com-
mis. Les Convers portenr le capuce , Se les frères
Commis ont un chapeau & point de capuce. P.
HÉLioT, T. III. C. 6. On les nomme en France
Augultins Déchaullés , Capucins noirs ou Capu-
cins d'ébéne ; mais feulement en iiyls populaire
& familier pour la raifon qu'on a dite , Se com-
munément à Paris , Petits-Peres. Ils font à préfenc
comme les Efpagnols. '
Avant la réunion des Congrégations d'^rm/Vej quî
formèrent l'Ordre des Auguftins, il y avoit une de
ces Congrégations qui fe nommoit les Ermites de
S. Auguhin. Foyei le P. Hélyot , T. III. C. 2,
p. 12. Cette Congrégation avoit eu pour Supérieur
le B. Jean de la Caverne , qui eut pour fuccefîèuc
le B. Jean de la Celle.
Il y a aufîi desReligieufes^derOrdredese^^wircjde
S. Auguftin , que l'on appelle Auguflines. Les pre-
mières, celles que S. Augulfin établir à Hippone,
Se auxquelles il adreiFa la lettre qui eft la i 1 1^ dans
la dernière édition des Ouvrages de ce Père , & la
109*^ dans tes précédentes. Et quelques uns croienc
que Félicité, à laquelle ce Père écrivit fa 77* let-
tre , ou la 210^ félonies derniers Editeurs, étoic
Supérieure de ces premières AuguHines. On ne
fait combien ces Religieufesont fubiifté.
Dans ces derniers fiècles il s'eil; formé plufieurs
Monaftcres de filles , vivant fous la Règle de S. Augu-
flin , les unes en congrégation , & les autres fans être
d'aucune Congrégation. Du nombre de ces dernières
font les Religieufes des Vierges à Venife. V~<^y&'{_
au mot VIERGE. Les Religieufes de Sainte Agnès
de Dordrecht , ainfi appelées parce qu'elles de-
meuroienr proche d'une Églife dédiée à cette Sainte,
furent fondées en 1 3215 par une Dame de Norvège,
qui avec quelques autres s'y confiera à Dieu pac
des vœux folennels , fous la Règle de S. Auguflin.
Ce monaftére fut détruit par les Hérétiques dans
le XVP fiècle. Foye\ Bonani , P. //. Schronebeck,
Se le P. Hélyot . P. III C. 7. Telles étoienc
encere les Auguftines de Champeau , fondées à
Tournai par Pierre de Champeau, ou deChampion ,
l'an 1414. & réformées en KÎ52. par François de
WanderBurch, Archevêque de Cambrai.
Il y a encore à Rome deux Monaftères de Religieu-
fes Auguftines,dont l'inftitut eft d'élever Se d'inftruire
les jeunes filles. Le premier eft fîtué fur les rui-
nes du Cirque de Flaminii^s , qui auparavant fec-
E R M
voit de place aux Cordiers pour travailler. Leur
Eglife, dédiée aucretois à Sainte Rôle, l'elt main-
tenant à Sainte Catherine , ce qui fait qu'on les
appelle les Aiigullines de Sainte Catherine des Cor-
diers. Saint l;^nice de Loyola l'an 1556 obtint cette
place de Paul ilL Se le Cardinal Douai Céli y ht
bâtir le Monallère , où l'on transféra Tan 15^.4 les
filles que S. Ignace avoir alfemblées dans un autre
lieu , pour les retirer des occalions de fe perdre.
Cetétablillementfut approuvé par Pie IV^l'ani 5 59.
& favoriié de_beaucoup de grâces &c de privilèges
par Pie V. Se Clément VIIL les Religieul'es font
vingt j leur habillement conliite en une robe de
ferge blanche, ferrée d'une ceinture de cuir, un
fcapulaire de même étoff; que la robe j Se un voile
noir doublé de roile blanche. L'habiUemenr des
filles qu'elles élèvent ell unitorme. Le Mon.iltère
eft gouverné pour le fpirituel A; pour le temporel
par une Congrégation ,de perfonnes pieufes , qui
a pour protecteur unCardinal./^jjej le P. Bouhours,
f^ie de Saine Ignace , L. III. & le P. Hélyot ,
T. IF. C. 41.
L'autre Monaftère eft celui des quatre Couronnés,
déftiné à élever les jeunes filles orphelines de per;;
& de mère , qui ont vécu honorablement. C eft
encore un établillement de S. Ignace fondateur des
Jéfuites. Ces filles turent mifes d'abord dans l'île du
Tibre , à l'endroit où étoit autrefois le temple _dcs
Veftales , Se elles furent gouvernées par des Béné-
did:ins. Eni 560. Pie IV. les transféra fur le mont Cœ
lius, dans un Palais que Pafcal II avoir fait bâtir.
Les Orphelines , dont le nombre eft limité à cent,
font habillées de ferge blanche, avec une ceinture
blanche, à laquelle eft attaché un chapelet ; ell'js
ont un voile blanc. Les Religieufes qui ont cjuitté
la Règle de S. Benoît pour prendre celle de S. Au-
guftin, font 45, habillées comme celles de Ste.
"Catherine des Cordiers. Voye^ le P. Hélyot ,
T. IV. C. 41. Celles qui font en Congrégation , font
les Auguftines Déchaulfées , i«ftituées par le P. Al-
phonfed'Orozéo de l'Ordre des hrfnitcs de S. Augu-
ftin, dont le premier Monaftère fut achevé l'an
1589. Elles furent d'abord fous la jurifdidon des
Augurtins Déchaulfés , qui y renoncèrent l'an 1600.
D'autres Auguftines Dèchaulfées j fondées par
D. Jean de Ribéra Patriarche d'Antioche , & Ar-
chevêque de Valence , en un lieu appelé Alcoy,
portent l'habit de Religieufes Erm'nts de S. Au-
guftin , & ont les Conftitutions des Carmélites
DéchaulTèes. Cet ctablitrement commença l'an
1557-
Les Auguftines Dèchauffées de Portugal ^ éta-
blies en 1663. par la Reine Louife femme de Jean
IV. dans la vallée de Xabégras , hors les murs de
Lisbonne , portent tous les jours un habit blanc ,
confiftant en une robe ferrée d'une ceinture de cuir,
& un fcapalaire \ Se les fêtes feulement elles ont un
habit noir , avec uft manteau auftl long que la robe,
& vont nuds pieds , avec des fandales de corde
Elles couvrent leur tête d'un voile blanc qui leur
pend jufques fur les yeux , Se par-delïus ce voile
blanc, elles en mettent un grand qui eft noir , Se qui
defcend par derrière de la longueur d'environ cinq
palmes. Elles font un quatrième vœu, de ne parler
i'amais aux perfonnes du dehors , non pas même à
eurs parens ; & lî pour raifon de maladies les Mé-
decins , ou Chirurgiens font appelés dans le Mo-
naftère j elles fe revêtenr d'une grande mante ,
qui leur couvre tout le vifage , & qui traîne jufqu'à
terre.
Les Religieufes Auguftines de la Récollaftion
furent fondées par la Mère Mariane Mançanedo de
S. Jofeph , au commencement du dernier hècle-
Le P. Antonilez , Auguftin , leur donna des Conf-
titutions , qui furent approuvées par deux Nonces,
& confirmées par Paul V. Foye-^ le P. Hélyot , P.
III. C. S & Q.
Il y a aufti un Tiers Ordre des Ermites de S. Au-
guftin. Le P. Bruno Sauvé , Auguftin de la Com
E R M 815
munauté de Bourges , a compofé un Livre qui trai-
te de l'établilfement de ce Tiers Ordre. Le P. Hé-
, lyot en traite aulîi , p. ilL C. 10. Le P. Sauvé croit
qu'il en eft parlé depuis l'an 1 199. mais il prétend
qu'il eftplus ancien ^ que le B. Gérard , Inllitu-
teur de l'Ordre de S. Jean de Jérufalem, ètoit de ce
Tiers Ordre , Se que ce fut pour cela qu'il donna à
fes Hofpitaliers la règle de S. Augultin. Il croit en-
core que les fcEurs Pénirentes , dont il eft parlé dans
les Bulles de Grégoire IX. de l'an my étoientdece
Tiers Ordre ; mais au vrai ce Tiers Ordre ne com-
mença que fous Bonitace IX. l'an 1401. par quel-
ques lemmes dévotes j auxquelles, pat permiilion
de ce Pape, les'Auguftins commencèrent à donner
leur habit. En France il y à de ce Tiers Ordre des
Hofpitalières , dites de la Société de Saint Thomas
de Villeneuve, dont nous parlerons au mot So-
ciété. •
Ermite Brixtinien. Religieux Ermites d'uneCongré-
gation qui commença lous Grégoire IX , qui doiuia
à ces Ermites la Règle de S. Auguftin. Ils avoienc
établi leur première demeure dans un lieulolitaire,
appelé Brittini , dans la Marche d'Ancône , d'où on
les appela Btittiniens. Ils étoient très-auftères , ne
mangeoient jamais de viande j jeiinoient depuis la
fête de l'Exaltation de la Sainte Croix jufqu'à Pâ-
ques , & dans les autres temps tous les merctedis ,
vendredis Se famedis , outre les jeûnes ordonnés
par l'Eghfe. Ils ne mangeoient du fromageai| des
œufs que trois fois la lemaine , s'en ablflBiient
pendant l'Avent j qu'ils commençoient à la Saint
Martin , Se pendant le Carême , auquel temps il
n'étoit pas même permis aux Voyageurs d'en man-
ger dans les lieux où la coutume étoit de le faire.
Herréra,& quelques autres Ecrivains, croient qu'ils
n'étoient pas diftérens d'abord des Jean-Bonites.
P. Helyot, r. ///. C. z.p. 11.^
Ermite de Camaldoli. Foye:^ Camaldule.
Ermite de Saint Jean-Baitiste de la Pénitence.
Ordre Religieux en Navarre, dont le principalCou-
vent J ^ Ermitage , étoit à fept lieues de Pampe-
lune. Jufqu'à Grégoire XIII. ils vécurent fous l'o-
béilTance de l'Evêque de cette Ville. Ce Pape con-
firma cet Ordre , approuva leurs conftitutions j &
leur permit de faire des vœux folennels. Ces Ermi-
tes étoient très-auftères , marchoient nuds pieds
fans fandales : ils étoient vêtus de bure , ne por-
toient point de linge , couchoient fuf des plan-
ches, ay.xnt pour chevet une pierre , Se portant jour
• Se nuit une grande croix de bois fur la poitrine. Us
habitoient une efpèce de laure , plutôt qu'un cou-
vent , demeurant feuls dans des cellules féparées
au milieu d'un bois. Ils mangeoient feuls , ne vi-
vant que de légumes , buvoient rarement du vin j
Se ne mangeoient de la viande que dans les mala-
dies, avec la permiilion du Supérieur , ou Prévôt.
Ils avoient quelques Prêtres parmi eux , mais ils ne
prêchoient ni ne confelToient. Foye^ Sylvestre
Maurolic , Mare Océan, di tutt. gli. Re/ig. L. III. p.
zo6. Se le P. Hélyot , T. IF. C. 40. ^
Il paroîr par un titre qui eft au Tréfor des Char-
tres du Roi , Sac. 4. n. 49. qu'il y avoir en France au
XIII* ficelé un Ordre qui portoit le nom d'Ermite
de Saint Jean. Ce font des Lettres par lefquelles le
Prince Général de cer Ordre s'oblige de faire dire
tous les jours trois Melfes pour Alphonfe Comte de
Poitiers & de Touloufe , pour la Comtefte Jeanne
fa femme , Se pour leurs pères Se mères. Ces Let-
tres font fans date ; mais Alphonfe mourut l'an
1 170. P. Hélyot , T. IF. C. 40.
Ermite DE Saint JÉRÔME, ^oye^'^^'''-^'*'^'^^'
Ermite ne Notre-Dame de Gonzague. François de
Gonzague , dernier Marquis de MantouCj allant
un jour fe promener à une Maifon de plaifance
appelée la Gonzague , aux environs de Mantoue ,
fon cheval fecabra , & le jeta par terre. On le crut
morr. Alors Jérôme Raigni de CaftelgiofFre s'etant
profterné devant une image de la Sainte Vierge j
fit vœu de quitter le monde , fi Dieu rendait la fan-
8i4 EI^M
té à ce Prince. Il fut exaucé fur le champ ; & le |
Prince ayant fu le vœu qu'il avoir fait , lui bâtit un
monaftère, où quelques autres fe joignirent à lui.
L'Evcque de Reggio leur donna une règle , qu'Ale-
xandre VI. confirma ; mais dans la fuite ils prirent
celle de Saint Auguftin. Faoh Morigia , hiji. deii.
orig. di tutt.oLi Relier. L. I. C. 5 9. P. Hélyot, T. IF.
C. 40.
Ermite de PATACH,oudeS. Jacques de Patach. Nom
de certains Religieux en Hongrie. Barthélemi, Evê-
que deCinq-Eglifes, en Hongrie , réunit au com-
tnencement duXIIF liècle pluiieurs Ermites <yxi vi-
voient dans fon Diocèfe en grande réputation de
fainteté y leur prefcrivit une règle , & leur fit bâtir
en III 5. un Monaftère fous le titre de Saint Jac-
ques de Patach , qu'il dorade quelques revenus, 6c
dont il fe réferva la conduite. Ils s'unirent enfuite à
d'autres, dont nous allons parler, & parent en-
femble le nom de l'Ordre de Saint Paul , premier
Ermite.
Ermite de S. Paul , premier Ermite. Ordre de S.
Paul, premier Ermite. Eremita Paulianus , ex Or-
dine Sancîi PauU, primi EremitA. Les Ermites de
Patach & ceux de PifiUa s'étant réunis en iz $0 , ils
choifirent pour patron & protedeur de leur Ordre
S. Paul,premier Ermite,&CQa prirent le nom,au lieu de
CQnyià' Ermites de Patach ou de Pifilie,qu'ils avoient
eu jiifqu'alors. Cer Ordre fe multiplia beaucoup dans
la fuite en Hongrie , en Allemagne , en Pologne ,
tk 4ai)d'aLicres Provinces, & ils avoient autrefois
foixaiite-dix Monaftères en Hongrie feulement- ,
félon les Annales de cet Ordre. Ils parlent d'un
Monaftère qu'ils nomment de S. Laurent j où il y
avoir cinq cens Religieux. Cet Ordre fut confirmé
eni 3 17. par Jean XXII. Les révolutions & les guer-
res de Hongrie ont beaucoup diminué cet Ordre j
qui fuit la Régie de S. Auguftin , & non pas celle
de S. Benoît , comme 1 ont voulu quelques Ecri-
vains de ce dernier Ordre. André Eggérer en a fait
les Annales, qu'il a intitulées , Fragmen vanis Cor-
vi proto-Eremitici y Jive reliquiA Annalium Ordinis
Fratrutn Eremitarum Sancîi Pauli primi Eremita, ,
&c. Elles furent imprimées à Vienne en 1693. Foy.
auffi le P. HÉLYOT , Pan. III. C. 41.
Il y a encore un Ordre de S. Paul , premier Er-
mite, en Portugal , qu'Auguftin Barbofa , Jurif-
confulte Portugais , dit avoir été fondé par un
nommé Efenoît, citoyen Romain , qui fe retira dans
la folitude de Serra de OlTa. Dom Nicolas de Sainte-
Marie, Chanoine Régulier de la Congrégation dé
Sainte-Croix de Conimbrcj dit dans les Chroni-
ques de fa Congrégation , que ce fut l'an 1 1 8(J. fous
le Pontificat d'Urbain III. & fous lerègnedeSanche
I. que cet Ordre fut fondé , non par Benoît, mais
par Ferdinand Anèz ou Yanès , qui fut depuis
Grand-Maître de l'Ordre militaire d'Avis. Le P.
Hélyot, Part. III. C. 43. conjedure qu'il y aura
peut-être eu quelques Ermites en ii2>6 3 dont ce
Grand-Maître aura bâti l'Ermitage, ou à qui il aura
piefcrit des réglemens ; ou enfin dont il aura été
fupérieur, comme l'Abbé de Morimond, Ordre de
Cîteaux , l'eft en Portugal des Ordres d'Avis & de
Chrift , & en Efpagne de ceux d'Alcantara j de
Calatrava & de Montéfa j mais le véritable fonda-
teur de ces Ermites fut Mendo Gomez de Suubra ,
l'an 1481. Il convient cependant qu'il y avoit des
Ermites à Serra de Olfa , qui fe voyant fans Supé-
rieur par la mort de Jean Fernandez qui les avoit
gouvernés long-temps, élutent Mendo Gomez, re-
tiré dans une folitude proche de Sétuval , où il
s'étoit bâti un Oratoire , qui a depuis éré appelé de
fon nom Mendoliva. L'an 1482. dans le'chapitre
qui fut tenu après fa mort pour lui donner un fuc-
celTeur , on fit des ftatuts & des réglemens ; on y
fit quelques changemens dans la fuite , &C ils lu-
rent approuvés par Grégoire XIII. qui confirma
cette Congrégation l'an 1578. Le Cardinal Henri
étant Légat à latere , leur donna la Régie de Saint
Auguftin j pour les conformer aux Ermites de Saint
ERM ERN
Paul en Hongrie. Il fit aufli quelques changemens
à leurs ftatuts , après quoi ils firent des vœux fo-
lennels , & prirent l'habit qu'ils portent , & qui
confifte eu une tunique de couleur tannée , un fca-
pulaire , un manteau, & un chapeau noir. Voye\^
les Auteurs cités.
Il y a aulli des Ermites de Saint Paul en France ;
on les appeloit Frères de la mort. Foy. Frère.
Ermite de Pizilia. Eremita Pifdianus. Ordre Reli-
gieux fondé au treizième fiècle par le P. Hufébe de
Strigonie , qui prit le nom de l'Ordre de S. Paul,
premier Ermite , après qu'il eut été uni à celui des
Ermites de Patach en 1 250. M.Baillet dit dans la vie
de S» Paul J premier ii/w/re , que la Congrégation
des Ermites de Saint Paul, premier Ermite , ne
commença que dans le quatorzième fiècle ; mais
il fe trompe , comme le montre le P. Hélyot dans
fon Hiftoire des Ordres Religieux , Part. III. C
42. Ce fut en 1246. qu'Eufcbe , né à Strigonie en
Hongriej de parens nobles , après avoir diftnbué
tous les biens aux pauvres, fe retira avec quelques
Compagnons dans la folitude de Pifilia , forêt pro-
che de Zante , dans le territoire de Strigonie. Il y
bâtit un Monaftère &" une Eglife , lous le titre de
Sainte Croix de Pihlia, d'où ils prirenclenom d'iV-
wirej de Pifilia, ou deSain'tp-Croix de Pifilia,&pria
le Frère Antoine , Supérieur des Ermites de Para Jie
de lui envoyer la Réglequ'ils avoienrreçue del'Evê-
que de Cinq-Eglifes, & lui propola de faire union
enfemble j ce qu'ils firent la même année 1250.
Religieux Ermite , Servite, ou Serviteur de la
Sainte Vierge, /^oy e:^ Servite.
Ermite de Toscane. Nom d'une Congrégation à'Er-
mites , qui n'avoient d'abord aucune règle , & à
qui le Pape Innocent IV. donna celle de Saint Au-
guftin j par une Bulle du 17. Janvier 1244. Cela
paroît encore par une autre Bulle de l'an 1252.
Cette Congrégation fut une de celles dont l'union
forma l'Ordre des Auguftins , ou des Ermites de
S. Auguftin. *
Ermite. On appelle audi Ermite , un homme retiré
& folitaire , qui fuit la converfation du monde ,
& qui vit comme un Ermite. On appeloit Balzac
l'Ermite de la Charente ; & c eft ainfi que j dans
fes pocmes , Mainard parle de ce grand homme ,
en s'adreiïant à la France.
Sans une ingrate cruauté ,
Pourrois-tu cacher fon mérite?
Ton langage na plus fa force , & fa beauté ,
Que du charmant défert de ce fameux Ermite.
On dit proverbialement , Quand le Diable fut
vieux , il fe fit Ermite , pour dire , que l'âge nous
rend fages.
Le Diable eut tort quand il fefc Et mite.
Des Houl.
On appelle auflî , populairement, les noix feches
des pâtés d'Ermite.
Ermite, f. m. Efpèce d'Ecrevilfe. Voye^ Bernard
l'Ermite»
Ce mot vient du Grec ifi/^irii^ j d'kif^'^ , qui fi-
gnifie proprement une é.endue inculte de pays , où
chacun peut envoyer fon bétail.
ERN.
ERNE. Foye^ Éarne.
ERNÉE. Nom de ville & de rivière. Ernée eft une
petite ville de France dans le Maine , qu'on appelle
aulli Errcnée j Ereneum. Elle eft (ituée fur une pe-
tite rivière de même nom , à quatre lieues de Fou-
gères, & à pareille diftance de Vitré. La rivière àlEr-
née va mêler {q% eaux à celles de Mayenne , un peu
au-deffus de Laval. 1
ERNELLE, Voye\ Renelle.
ERNEMONT.
ERN ERP
ERNEMONT. Les Sœurs à'Ernemont. Foye^ Écoles
Chrétiennes.
ERNEST, f. m. Nom d'homme. Erneflus.
ERNESTINE. adj. Qui ne fe dit qu'au féminin , &
en cette plirafe. La branche Erneftinc , Stirps Er-
nejhna. C'eft une branche de la Maifon de Saxe qui
a pris ce nom d'Erneft, Eledteur de Saxe , duquel
elle defcend , comme la branche Albertine vient
d'Albert fon frère.
E R O
ÉROMANCE , ou ÉROMANTIE. f. f. L'une des fix
manières que les Mages des Perfes avoient de devi-
ner les choies future?, l'art de les connoître par le
moyen de l'air. .^erj/72j«ritz.
Ce nom vient A'acr , ou «^p^ IW, & ^«^vt-»» ,
divination , de ^«""'f ^ dcvïn. Il paroît par-là que
puifque nous difons air , &c non er , il faudroit
peut-être écrire Airomunce , Se mieux encore .^ero-
mance\ car c'ell le mot Grec que nous confer-
vons, en lui donnant feulement une terminaifon
Françoife. r i- j
ÉROSION, f. f. Terme de Médecine , qui fe dit de
i'adlion des humeurs acres ou acides, qui rongent ,
mangent, ou déchirent les chairs & autres lubf-
tances. Erofio. L'arfenic & les autres poifons cauf-
tiquv'sfont à.Q%érofions aux intellins. Après la prile
de ce poifon , il fentoit une érùfion par tout. De-
GORi. C'eft la même chofe que Corroiion. Foye-{
ce mot, & ÛIABROSE.
ÊROSTRATE, ou ERATOSTRATE. f. f Ephefien.
C'eft lui qui s'avifa de brûler le fameux Temple de
Diane à Ephéfe , pour faire parler de lui.
ÉROTIDIES,ouEROTIDES.f.f. &: pi. ou plutôt adj.;
pris fubftantivement. Fêtes de Cupidon , ou de .;
ERQ ERR 82.;
pcchenjîs Comhatus , eft un petit Etat du Cercle de
Franconie en Allemagne. Il eft entre les Etats duPa-
latinat du Rhin & de Maience, & prefque entre le
Rhin , leNécre & le Mein. Il peut avoir environ
lept lieues de long & trois de large , &: il a fon
Comte particulier. La Maifon à'Erpach palfe pouc
une des meilleures de Francon'ie. Il en eft même qui
la font defcendre d'Eginhard , gendre de Charle-
magne. La branche qui polféde aujourd'hui cet
Etat vient de Geocge Albert , Comte 6!Erpach ,
qui mourut en 1645. Voye\ Phil. Jac. Spener.
Thcatr. NobiUt. Europ. P. I. p. 99- ^ P. III. p. I.
£•88.
ERQ.
ERQUIVIAS. Bourg de la Nouvelle Caftille , peu
éloigné de Tolède. C'eft la patrie de Michel Cer-
vantes , Auteur de Don-Quichote de la Manche,
Roman Efpagnol très-ingénieux. Quelques-uns le
font natif de Séville.
ERR.
ERRAME , ( quelquefois on trouve éramme y Se cra-
me ) f. m. Terme de Coutumes, Les fentimensfonç
partagés fur la fignihcation de ce mot. Bouchel dit
que ï'errume eft proprement le détaut que fait le
défendeur de comparoir à l'^ftlgnation qui lui eft
donnée par-devant le Juge à la Requête du deman-
deur , ou le congé de Cour que le défendeur ajour-
né obtient contre le demandeur. DuCange prétend
que ['érarris eft l'adlion par laquelle quelqu'un re-
vendique fi chofe , & affirme avec ferment qu'elle
lui appartient. M. de Lauriére veut que Xérammc
foit le défaut de paiement pour lequel le débiteuc
qui s'eft obligé par ferment envers fon créancier , Se
l'Amour. Erotidia. Les Thefpiens avoient inftitué ^ ^ JQur certain , doit payer l'amende.
des jeux & une fête en l'honneur de Cupidon : ils j Bouchel dérive le mot dîerame du Grec '£|>«/««f , oiJ
la célébroient avec beaucoup de folennité , & 1 ap- ' tf.i>/.».
pelotent Erotidies , ainfi que nous l'apprenons de ERRAMENT. adv. Vieux mot. Incontinent , tout-i-
Plutarque, de Paufanias & d'Apulée, L. XIII. p. ^^^^
^6. Plutarquedit qu'ils faifoient les jeux de Cupi
don de cinq ans en cinq ans ^ Se toujours avec
beaucoup de magnificence & de folennité.
EROTIQUE, adj. Qui a rapporta l'amour , qui en
procède. Erockus. On appelle , en termes de Mé-
decine, dé/ire erotique , une efpèce de mélancolie,
qu'un véritable amour, quiva jufqu'à l'excès, fait
contracter. Quoiqu'il n'y ait point de pouls amou-
reux j, c'eft-à-dire , d'une efpèce qui foit diftinguée
des aurris , on ne laifte pas de reconnoître l'amour
par le battement du pouls , qui eft fort changeant ,
inégal , turbulent Se déréglé. Si on parle au malade
de la pirfonne qu'il aime , fon pouls fe change d'a-
bord, devenant plus grand , plus vite & plus vio-
lent. Skôt qu'on a celle d'en parler , le pouls fe ca- j
Errament^/è_/ô«r adrécies
La ou il murs i ert depéciés. Guit. Guiart-'
fous l'an 120 fi
Philippes Mouske écrit eframcm.
Quand il foi que fes frères ert morts
Tûf eframent en ijjï forts.
Le Roman des Lolierans dit erraument.
Et paies efl revenu erraument.
Voytj le Glolfaire de Du Frefne fur 'Ville-
Hardouin.
che , fe trouble & fe dérégie de nouveau. Ce mal- ERRANT, ante. adj. Qui n'eft point fixe , ni atta-
fe guérit à - peu - près comme les autres mélan
colie>;.
îJCF Or\ appelle aufti Chanfon erotique , une ef-
pèce d'Ode Anacréontique , dont l'amour Se la ga-
lanterie fournilfent la matière. Ces fortes de chan-
fons , pour être bonnes , doivent êtte l'ouvrage du
cœur , l'expreftion du fentiment.
Ce mot eft Grec , il vient de 'k"' , amour ^ îf^rf^W,
qui vient de l'amour , ou qui y a rapport
ÉROTOMANIE f. f. Délire amoureux. C'eft la mê-
me chofe que délire erotique. Foye^ ce mot. Ce
mot eft Grec , £?«",««<« , compofé de k'^tg^ti. 'ifara ^
amour y i^andy délire y folie.
ERP.
ERPACH. Petite ville d'Allemagne , dans la Fran-
conie. Erpachium. C'eft la Capitale du Cointé à'Er-
pach. Erpach eft fitué fur la rivière de Mublin , à fix
lieues d'Heidelberg, du côté du nord. MAxv.Long.
zy. d. 41'. lat. 48. d. 13 .
Le Comté à'Erpach j Erpacenfîs y ouplutôc Er-
Tome III.
ché. Errans , vagus. Autrefois mon imagination
errante Se vagabonde fe portoit à toutes chofes : au-
jourd'hui l'âge me ramène à moi-même. S. EvR.
De nos defirs errans rien n'arrête le cours :
Ce qui plaît aujourd'hui déplaît en peu de jours.
S. EvR.
En ce fens , on dit que les Planètes font des étoi-
les errantes , inerrantes j quoiqu'elles aient une
route certaine , par oppofition aux étoiles fixes ,
qui font toujours dans une même diftance en-
tr'elles.
Errant, Vagabond, qui erre çà & là j fans avoir
de route certaine, ni de demeure affurée. Nos vaif-
feaux font errans fur la mer à la merci des eaux ,
ou des oncles. Les Chevaliers errans font des per-
fonnages fabuleux qu'on a feint voyager par le
monde, fans autre deftein que de chercher des
aventures , Se redrelTer les torts. Don-Quichote
s'etoit mis en tête de faire le Chevalier en-ant. Les
fréquens voyages de Charles-Quint l'ont faitnom-
M m m m m
mer Chevalier errant par les Efpagnols. S. EvR.
Vous êtes toujours errant Se vagabond , expofé aux
embûches de vos ennemis. Abl. Une vieille im-
prclîion de Chevalerie errante , comme en Efpa-
gne , tourne tous les efprits aux aventures bilar-
res. S. EvR.
Je demeurai long-temps errant en Céfarée ,
Lieux iharmaaSy où mon cœur vous avoit adorée-
Racine.
Errant, fignifie auffi , Qui fe promène négligem-
ment de côté & d'autre. '
Tantôt eninz dans les prairies j
J'étudie au bord des luiJfeauXy
Dans l'éternel cours de leurs eaux _,
Le cours abrégé de nos vies. De Villiep.s.
Le 3m£errant ,eCian Juif que le peuple s'ima-
gine courir inceffamment par le monde , depuis la
mort de Notre-Seigneur , & qui iera ainii errant
jufqu'à la fin du monde.
On dit figurément d'un homme qui change fou-
vent de demeure j qui voyage lans ceiïe , que c'eft
un Chevalier errant , un iiwi errant. Acad. Fr.
On appelle audî les peuples errans , les peuples
qui n'ont point d'habitation fixe , comme les Tar.
tares , les Arabes , & plufieurs peuples d'Afri-
que qui habitent fur des charriots , fous des tentes,
&qui changent fouvent leur camp. Quorum plaufcra
vagas rite trahunt domos. Hor.
Errant , fe dit aufïï de celui qui eft dans l'erreur
en matière de foi; Nos frères errans.
^fT Dans ce fens , il eft quelquefois pris fubftan-
tativement. Errans dans la foi : redreller les errans.
Turenne , devenu Catholique , avoit ôté aux er-
rans leurs vains prétextes ^ BolTuet leur ôta leurs
préjugés. P. DE LA Rue.
ERRATA, f. m. Table qu'on met au commencement ,
ou à la fin d'un livre , qui contient les fautes fur
venues dans l'impreflion. Le livre du Père Hardouin
fur les Médailles pourroit être intitulé , {'Errata des
Antiquaires. Les Critiques de l'Hiftoire de Périfo-
nius pourroient être appelées VErrata des Anciens
Jîijloriens. Dans ce fens , le Didtionnaire de M
Bayle peut être appelé \ Errata de Moreri. On a
fait ï Errata des Congrégations de Auxiliis. Linen-
berg a fait une Dilfertation fur ks fautes d'impref-
fion , De erroribus typographicis , dans laquelle il
dit qu'il n'y a aucun ouvrage qui en foit exempt ,
pas même les livres faints ; il en cherche toutes
les caufes, & propofe les moyens de les éviter. Il
ne dit rien fur cet article qui ne foit commun , ou
qui foit faifable. Il faut que les Auteurs , les Com
pofiteursj & les Corredteurs d'Imprimerie , faf-
fent leur devoir ; qui ne le fait ? Il faudroit que
chaque Auteur eût fon Imprimerie chez lui , com-
me Calixte & Opitius. Qui le peut ? D'ailleurs la
bonne Police le doit-elle permettre ?
§cr Ce mot eft purement Latin. C'eft le pluriel
^'erratum _, faute , méprife , dont on a tait un
fubftantif fingulier dans notre langue.
ERRATIQUE, adj. de r. g. Terme d'Aftronomie.
Errat'icus. C'eft une épichète qu'on donne auxPla-.
nètes , qu'on appelle plus communément errantes.
Erratique. Terme de Médecine. Irrégulier , déré-
glé.//2or«'i/;i«(^j , abnormis. On appelle fièvre erra-
tiijue , une fièvre qui ne garde aucun ordre , au-
cun° règle dans le retour de fes accès. Ce mot vient
du Latin erwre , errer , ne tenir aucune règle cer-
taine. Col de Villars. D'aujourd'hui on commen-
ce .-i nommer double tierce la fièvre du Roi , qui pa-
rollfoit auparavant erratique &c irrégulière. M. PÉ-
i.issoN ; Lettres Hijloriques.
ERRAUMENT. adv. Vieux mot. Promptement j à
pas prelfés.
ERRE. Cette terminaifon ne rime point en François
E R R
avec la terminaifon ère. Ainfi terre , guerre , An-
gleterre , ne riment point avec l'ère , Mère , écc.
Erre. f. f. Allure , train. Qui nefe du qu'en ces phra-
fes , Aller grande erre , aller belle erre \ céleri ^ con-
citato gradu -^ ^onv: àne , Aller bon train.
^fT La même expreiîion a heu au figuré , pour
dire , Faire trop grande dépenfe. Ce jeune homme
va grand'erre , il aura bientôt mangé ion bien.
Erre. Vieux mot, qui fignifioit force, vis. Fairequel-
que chofe à grande erre, c'eft la faire avec grande
force, jivec promptitude, ou même avec beaucoup
de courage. Magno impetu , magna virtute.
Tous les humains' qui êtes fur la terre ,
D'auprès de moi retire-^ - vous grand'erre.
Marot.
C'eft-à-dire, bien vite, au plutôt.
Erre, eft aulh un terme de Marine , dont on fe fert
quelquefois dans un fens figuré. On dit Xerre d'un
vailfeau j pour marquer fa vîtelle , ou fa lenteur.
Le vaiifeau endormi eft celui qui n'a pas encore pris
fon erre, fon train > la manière d'aller.
Erre, s'emploie encore dans la vénerie, pour figni-
fier les allures par où une bête va'.Ilfedit auffi pour
arrhe , arrhabo , arrha. Voyc\ Erres : car en ces
deux derniers fens il fe dit au pluriel.
ERREMENT. f m. Terme de Palais. C'eft la dernière
procédure d'un procès , le dernier état d'une af-
faire. Les héritiers d'un tel ont repris fon procès pour
y procéder fuivant les derniers erremens. H a donné
copie de l'appointement en droit , comme étant le
dernier errement. Il eft moins en ufige au fingu-
lier qu'au pluriel. En Normandie on dit Erremen-
ter \ pour dire , Procéder en caufe avec fa partie
adverfe.
Autrefois errement fignifioit la même chofe que
gage de bataille , c'eft-à-dire , arrhe , ou arrement ;
on difoic adhramire bellum , jeter le gage de ba-
taille.
Errement , fe dit aulîî par rapport à erre j arrha. Er-
rement de blé & de vin. Erumentaris, ac vinarix. emp-
tionis per arrham inita affirmatio. Pomey.
ERREMENTER. v. n. Terme de Coutumes , c'eft
prendre expédition , procéder en caufe avec fa
partie adverfe. Jus perfequi.
ERRENER. v. a. Errené , ée. part. f^oy. Ereinter.
ERRER, v. a. Donner des erres , ou des arrhes. Lorf-
qu'on fut que cette grande affaire devoir fe termi-
ner en Grève , chacun fongea à errer des fenêtres.
Mad. du Noyer. Let. Hift. Errer une place au
carrolle , errer une litière. Balzac a dit , Errer les
ennemis j pour , les dilliper j mais cela n'eft pas
François.
Errer. v.n.frrarSjVfl^iir/. Vaguer j aller çà & là à
l'aventure , & fans avoir de route certaine. La tem-
pête fut fi grande, que le Pilote abandonna le ti-
mon , & nos vailfeaux erroicnt au gré des vents. Les
neiges avoient couvert les chemins, & nous errions
à l'aventure par la campagne. Par- tout erre l'image
de la mort. Le Mait.
Tandis que /'errerai fur les fomlres rivages.
Des FiouL.
Ce futur errerai eft rare : mais il doit fe former
ainfi fuivant l'analogie , chanter , chanterai : le fé-
cond e eft muet, comme il l'eft dans les autres ver-
bes à la féconde fyllabe. Quoique l'e dé la première
fyllabe foit fuivi de deux rr, il n'eft point ouvert
comme dans guerre , terre y &c. On le prononce
comme l'e fermé, ou à-peu près de même , d'un
fon mitoyen entre celui de Xé fermé & celui de l'e
ouvert.
Errer , fe dit au figuré , pour dire , n'être point fixe,
ni arrêté fur aucun objet. Fluere , divagari. Com-
bien voit-on de Chrétiens lailfer errer leurs penfées
& leurs defirs vers les créatures , au lieu de les réunir
en Jesus-Christ , qui s'immole fur les autels ? Fi.
E R R
Mais fans errer en vain dans ces vagues propcs.
BoiLEAU.
J'errois de fleur en fleur j de plaiflrs enplaifirs ,
Au grc de mes dcjirs. Rec. de Vers.
Errer , fignifie aulH , fe tromper , avoir une faufle
opinion, hrravi , deapï , JaiLi. L'Eglile ne peut
errer dans la foi. Les plus habiles peuvent errer
lourdement.
ERRES, r. t. pi. Traces , veiliges. Fejîigia. Les Chaf-
feurs luivent les t/zti' du gibier.
On dit auili , en termes de ChalFe , qu'un cerf ell:
de hautes erres , lorlqu'il va hors de fon enceinte ,
ou qu'il fait de trop longues fuites , après avoir eu
le vent du trait en le détournant au matin. On ap-
pelle aulli erres y les lieux par où une bète s'enhiit
de bon temps , ou de mauvais temps, ou de vieil
temps y c'ell-à-dire , comme une jeune bête , ou
une vieille qui eft recrue. On appelle auili erres j
les pieds , routes &c voies du cert j & on dit j Dé-
mêler , redreller les encs , rompre les erres j les
effacer en marchant.
On appelle au(îi en termes de ChaflTe les erres, les
parties de devant de toutes les bêtes à quatre pieds j
c'ell-à-dire , les pieds Hc les épaules.
Erres , fe dit fouvent au figuré. Il marche fur les
erres de fes Ancêtres , de fes prcdécelfeurs , pour
dire , marcher fur les traces , être dans les mêmes
fentimens.
Erres , ou Erre , fe dit aulfi du paiement qu'on fait
d'une partie du prix d'une choie pour gage &c allu-
rance du marché. Arrha , arriiabo. 11 a donné des
erres au coche, ik cela par corruption du mot d'ar-
rhes. Du Cange témoigne que dans la balfe Lati-
nité on a dit erra pour arrha. f^oye:^ Arrhes.
ERREUR, f. f. Fauffe opinion qu'on fe met dans Tef-
pnt, ioit par ignorance , foit faute d'examen. Ega-
rement de l'eîpnt qui fait porter un faux Juge-
ment. Error. L. Joubert a fait un Traité des erreurs]
populaires. La vanité humaine fe repaît de l'agréa- 1
ble erreur , de vivre ^ien loin dans l'avenir. Des-H.
Je ne veux point d'un Critique qui me vient tirer
d une douce erreur. Les Anciens ont fait beaucoup
êi erreurs dans la Philofophie , faute de s'être appli-
qués aux expériences. Nous retenons nos erreurs ,
parce qu'elles font aurorifées des autres j nous ai-
mons mieux croire que juger. S. Evr. Quelle vérité
peut être aulli avant.igeule que ces bonnes erreurs
qui forment en nous le fentiment des biens que
nous n'avons point ï Id. Pourquoi vouloir guérir
les hommes d'une vieille erreur qu'ils aiment ?
Des-H. V erreur ç\k. le partage de la condition hu-
maine. Nie L'impatience qui nous porte à nous
élever contre tout ce qui nous paroit faux,efl: fouvent
un plus grand défaut que Verreur dont nous vou-
drions délivrer les autres. Id. On donne d'ordinaire
à Dieu plus d'indulgence pour les foiblelfes du
cœur , que pour les erreurs de l'efprit. Le Vulgaire
aui refpecle des erreurs myllérieufes , mépriferoit
es vérités toutes nues. S. Evr. Combien d'erreurs
par lefquelles l'homme abuié fe deshonore lui-mê-
me .'' Bos3. Les libertins difent qu'il importe peu
que l'homme fe trompe dans fes opinions , pourvu
que fon erreur foit agréable , &C qu'elle le conduife
a la fin ds la vie par une route femée de fleurs. S.
Evr. Ceue erreur ell: encore plus capitale que toutes
celles que je viens de réfuter. Mde Dacier.
LaiJJûns les s^ applaudir d'une pieuje erreur ;
Mais pour nous , hannijfons une vaine terreur.
Boileau.
Erreur, prife .-ibfolumenr , s'entend de {'erreur en
la foi , de l'héréfie. L'erreur ne prefcrir jamais con-
tre la vérité. On dit qu'Origène eft tombé dan? X er-
reur. Verreur déguifée , & traveftie en vérité , entre
dans tous les droits de la vérité. Bayl. Les Théolo-
ERR S17
giens traitent plus favorablement les erreurs fur les
dogmes de Morale , que les erreurs fur les do,^mes
de fpéculation. Id. L'humanité mêle aifément les
erreurs dans ce qui regarde la créance. S. Evr. C'cll
le génie de Verreur, qu'aulli-tôt qu'elle fe fent pref-
Ice j elle reprend ce qu'elle avoir abandonne : il
faut la vaincre de tous côtés ; où elle fe croira tou-
jours vicliorieufe. Pel. 1 outes les grandes erreurs ont
leurs martyrs. Miférable aveugleinent de l'efprit
humain ! il s'ignore lui-même , & enivré de fa pro-
pre gloire , il s'imagine que c'eft celle de Dieu. Id.
Environnés comme nous fommes de ténèbres épaif-
les qui nous cachent les objets , & livrés aux doutes
& à 1 incertitude , devrions-nous être refponfabies
de nos erreurs t Disc. d'El.
Les Poètes perlonnihent \Erreur. Dans un Sonnet
n\\\\.vXk le tùmheau du Calvinifme , le P. Commire
lui fait dire ,
J'eus pour Père l'Orgueil j & pour Mère /Erreur.
Un autre a dit :
Erreur , qui vois toujours l'Impie opiniâtre
Ojffnrfur tes autels un encens idolâtre _,
Par tes menfonges vains, dent fon cœur eji féduït,
A quel aveuglement a-t-il été réduit?
Nouy. Ch. de Vers.
Erreur j fignifie quelquefois , Faute , & fur - tout
eu matière d Arithmétique, trreur ài^ calcul. L'er-
reur de calcul eft la mépnfe qui fe fait en comptant
& marquant un nombre pour un autre. Les faux &C
doubles emplois , ni les erreurs de calcul , ne fe cou-
vrent point par les arrêts , ni par les tranfadtions.
CetHiftorienafait beaucoup terreurs dans la Chro-
nologie.
On le ditaulîî d'une méprife, d'un mal-entendu.
J'ai reçu une lettre où je n'entends rien , il faut qu'il
y ait en cela de \ erreur , qu'elle s'adrelfe à un autre.
Une erreur de fait eft plus excufable qu'une erreur
de droit.
^fT L'erreur àé droit , eft l'ignorance de la loi ,
quand on ni^ fait pas ce que la loi ou la coutume
ordonne ou défend. On peut être dans l'erreur par
rapport au droit pofitif. Mais on n'eft jamais pré-
fumé ignorer le droit naturel.
IJcT ['erreur de fait confifte à ne pas favoir une
chofe.
IJCT On appelle encore errear de fait , lorfqu'un
fait eft avancé pour un autre. Si on fait que le fait
qu'on avance eft faux , c'eft mauvaife foi.
§3" Erreur de nom , lorfque dans un aéle on nom-
me une perfonne ou une chofe pour une autre.
UCT Erreur de perfonne , quand on prend une per-
fonne pour une autre , quand on croit traiter avec
une perfonne , & qu on traite avec une autre, le con-
trat eft nul..
On le dit auffi en général des fautes que l'on com •
met dans la conduite de la vie , ou dans l'ufage du
monde , des égaremens où l'on tombe. Il a grand
regret de fes erreurs paifées.
Je fais fur leurs avis corriger nos erreurs ,
Et je mets à profit leurs malignes jureurs.
On appelle, en termes de Palais, Propofiiion ter-
reur, une voie de droit de fe pourvoir contre un
arrêt. La requête civile n'attaque que le fiit de la
partie j mais la propofition d'errez/raccufe celui des
Juges. Cette procédure eft maintenant abolie.
Erreurs , au pluriel , fignifie quelquefois , De longs
voyages remplis de traverfes. Il n'eft guère en ufagc
que dans cette phrafe , Les erreurs d'Ulyfle.
^3" Grefiet a dit dans fon Verr-vert :
Sur fa vertu , par le fort traverfée ,
Sur fon voyage & fes longues erreurs j
On aurait pu faire une autre Odvffec. •
M m m m m ij
SiS
ERR
Erreur, ctoit autrefois mafculin.
Mais vous de haut [avoir la voyt
Saurc\par trop mieux m'excujer
D'un gros erreur ^fifaïtCavoye. Marot.
ERRHINE , ou ERRINE. f. f. Terme de Pharmacie.
Errhina. Remède qu'on prend par le nez pour pur-
ger les humidités du cerveau. Il y en a en poudre ,
comme la bétoincj le tabac j la marjolaine , l'iris,
le laurier rofe , l'ellébore blanc &c l'euphorbe. D'au-
tres font liquides , qui font faites de fuc de marjo-
laine , de fauge y de bettes , de cyclamen , d'iris ,
&c. D'autres en Uniment , incorporées avec de l'on-
guent rofat ; d'autres en pyramide folide pour arrê-
ter le fang des narines , compofées de bol de Le-
vant , de terre fcellée , de maftic , de fang humain,
ou de pourceau delTéché , &c. Les errhines feches ,
& faites feulement de poudres, font appelées pro
prement_/?er/7ttwr£)irej. Les Modernes les appellent
caput purgantia. Le fuc de la poirée blanche afpirée
par le nez en errhine fait éternuer , & dilfout la
pituite cralfe- Lémery. Le creiron ^ & principale-
ment 1 alenois, eft employé dans les errhines pour
faire éternuer.
Ce mot vient du Grec, " , & {> , ou p'<V , nafus j le
nez-
ERRIC. Foyex Éric
ERRIF. Partie feptentrionale de l'Egypte, ^gypcus
inferior , uSgyptus Angujiamnica. On l'appelle au
trement Baife Egypte, f^oye:^ Egypte.
Errif, eft aulH le nom d'une Province du Royaume de
Fez en Barbarie, frmij. Elle eft bornée au couchant
par celle d'Habat , au midi par celle de Fez &: de
Chaus , & au levant par celle de Garet. La Médi-
terranée la baigne au nord. L'£rr{/"eft rempli de bois
& de montagnes , qui font des branches du mont
Atlas. Les Efpagnols tiennent dans Ti^'r/'i/^la forte-
refte de Pennon du Vêlez.
^T ERRINS. adj. pi. On donne ce nom à tous les re
mèdes qui font deftinés à être introduits dans le
nez. yoye\ Errhine.
ERRONÉ , ÉE. adj. Erroneus j implicatus errore j im-
butus. Les fentimens ont été partagés fur ce mot.
Les uns vouloienc que l'on dît erronée au mafculin
comme au féminin : les autres vouloienc qu'en dif-
tinguant le mafculin du féminin, on dît erro/ze pour
l'un , & erronée pour l'autre. L'ufage a fait préva-
loir ce dernier fentiment j & l'Académie l'a fixé
dans la nouvelle édition de fon Didionnaire. Ce
mot fignifie , Qui eft faux , qui tient de l'erreur.
Sentiment erroné. Maxime erronée , dodrine erro-
née ; propofirion erronée. Il ne fe dit qu'en matière
de foi , en parlant d'une dodbrine qui contient de
l'erreur.
En Théologie , on appelle erroné Se erronée ce
qui eft contraire au fentiment commun des Fidèlesj
ce qui eft oppofé à des vérités univerfellement re-
connues comme inconteftables , mais non pas uni-
verfellement reconnues comme vérités de foi, en
quoi erro/2e diffère d'hérétique. On appelle héréti-
que toute doûrine direélemenc & formellement
oppofée aux vérités catholiques : on appelle erroné
tout fentiment qui approche de l'héréfie par quel-
qu'un de ces quatre endroits, i^'. Parce qu'il eftcon-
traire aux vérités catholiques , non diredbement &
formellement , mais par une conféquence aftez
claire. 1°. Parce qu'il fuie afTez vifiblement une
doctrine condamnée comme hérétique. j°. Parce
qu'il eft oppofé au fentiment unanime , ou prefque
unanime des Pères fur quelques dogmes qu'ils ex-
pliquent. 4°. Parce qu'il eft combattu par le torrent
des Dodeurs. Une doftrine qui n'a point quelqu'un
de ces quatre caradtères ne peut être traitée à^ er-
ronée.
§-"3" Confcience erronée. Voye\ au mot Cons-
cience.
ERRONÉMENT. adv. D'une manière erronée. Erro-
ERS ERU '
n^è. Dans toute la neuvième queftion de la caufe 3 5*.
il n'eft parlé que de leiuences où fur des taits erro-
nés l'Eglife &<. les Souverains Pontifes ont enoné-
/we/2r prononcé. Pat. plaid. 1 5*^. L'autorité de Patru
n'a pu faire palfer ce mot.
ERS.
ERS. f. m. Plante dont il y a deux efpèces. Elle s'ap-
pelle en Latin Ervum. La première efpèce poulfe des
tiges à la hauteur d'environ un pied , foibles , an-
guleufes , rameufes , s'étendant en large. Ses feuil-
les font femblables à celles de la lentille , rangées
par paires le long d'une côte. Ses Heurs font légumi-
neules , petites , purpurines , ou quelquefois blan-
ches , portées par des calices formés en cornetden-
telé. Il leur fuccéde des goulfes ondées j pendantes
de chaque côté. Les femences en foiiç. prefque ron-
des, relfemblant aux orobes , d'un goût qui n'eft
point défagréable. La féconde efpèce relfemble
beaucoup à la première j mais elle eft plus p'>tlte ,
ainfi que fa femence , qui d'ailleurs eft de mauvais
goût. L'une & l'autre eipèce eft apéritive , adou-
cilfante , purifiant le fang, &c augmentant le lait
des nourrices. On femerjfc/idansplulieursendio^ts
du Royaume \ & fa femence fert à nourrir les pi-
geons. Cette femence s'appelle quelquefois Orobe,
Orobus : elle entre dans la compofition des trochif-
ques de fquillepour la Thériaque.
Quelques-uns appellent aulll ers , l'épaule du
cheval , que d'autres nomment ars , du mo: Latia
armus , qui fignifie la même chofe.
ERSE d'une poulie. C'eft une corde qui entoure le
moufle d'une poulie , & qui fert à l'amarrer.
ERSES, ouETROPES d'affût de mer. Ce font des
erfes avec des colles quiUonc paifées au bout du
derrière du fond de l'afrût du canon j où l'on accro-
che les palans. f^oye\ Etrope.
ERSOIR. adv. Vieux mot qui a été dit pour Hier au
foir.
E R T.
ERTE , dans cette expreffion être à Verte, Foye^
Alerte.
ERTZGEBOIIRG. Ert^geburgum ; Terrïtorium Monta-
num ; Mi/nia Montana. Contrée de la Mifnie dans
la haute Saxe. L'Ert^géiourg eft prefque tout ren-
fermé entre les rivièresdeMulde &deMuIte.Chem-
nitz en eft la capitale. C'eft dans l'Ert:;gébourg que
font les mines célèbres de la Saxe , d'où l'on tire du
plomb , de l'étain, & même de l'argent.
ERU.
ERVAN. Foye^ Érivan ; c'eft la même chofe.
ÊRUCAGO. f f. L'Académie dit Érucague. Plante
qui poufte plufieurs tiges , au commencement pur-
purines , à la hauteur d'un pied , on d'un pied ÔC
demi, rondes , cannelées , rudes j s'élevant en gros
rameaux. Ses feuilles d'en-bas font éparfes à terre ,
oblongues , étroites , velues. Celles des tiges font
jointes deux à deux , ou trois à trois. Ses fleurs font
petites , à quatre feuilles difpofées en croix , de
couleur jaune. Il leur fuccède des fruits allez fem-
blables à une mafle d'armes , garnies de pointes
fortes^ contenant chacun trois ou quatre niches qui
renferment chacun une femence ronde, roulTe, gar-
nie ordinairement d'un périt bec. Cette plante croît
aux pays chauds encre les blés , comme vers Mont-
pellier en Languedoc. Elle eft bonne pour raréfier
la pituite du cerveau , & faire éternuer. Elle rire
fon nom d'Eruca, parce qu'elle approche en plu-
fieurs chofes de la Roquette. Lémery.
ÉRUCTATION, f. f. Éruption des ventofitésde l'ef-
tomac par la bouche , avec un bruit défagtéable.
Eruclatio. Ce mot vient A\ruclare , faire des rots.
Col de Villars.
0CrÉRUDIT. adj. m. Se trouve dans phifieurs ouvra-
ges nouveaux , & paroîtaffez accrédité. On appelle
ERU
ainfi celui qui a de 1 érudition. Voye-:^ ce mot \
c'ell- à-dire , celui qui a acquis un genre de favoir
qui confilte dans la connoillance des fairs , & qui
ell le fruK d'une grande lecture. Eruditus, Sauniii-
le écoit un homme crès-tr/^t/jr.Ce mot fe prend aulli
fubftantivement , un Erudu ^ pour un homme eru-
dit. Les Tragédies deSénéque lont-elles deSénéque*
le Rhéteur j ou de Sénéque le Philofophe ? C'elt un
point difputé entre les irudits. Plus érudu que Phi-
lofophe , les principes que Mr Dacier avance , les
conléquences qu'il en tire , ne font pas toujours
jultes. GowjET. Qu'un eV«(/ir reftitue quelque palla-
ge de Lucrèce , de Virgile , d'Horace ; une toule de
Littérateurs l'accablent de louanges. ObJav.Jur les
Ecrits iMod. L'Abbé Des Fontaines, prévenu comme
il étoit contre les mots nouveaux , ne fe fervoit pas
férieufement de celui-ci.
ifT Ce mot fe trouve quelquefois employé au
féminin. Par - tour Wrudite Antiquité triomphe.
Alerc. de Janv. 1717. Prohifion érudice. Womttl-
viLLE. L'Abbé Des Fontaines critiqua cette expref-
fion. Vos critiques, dit-il j en parlant à l'Auteur ,
trouvent à redire que vous vous ferviez de termes
inconnus. Qui vous a donr^é le droit de créer les ex-
prelîions fuivantes,untait inéclairci, uneprofufion
crudité , &c.
Érudit , fe prend fouvent en mauvaife part , pour
un faux favant, un homme entêté de fon érudition,
& fortement prévenu pour les Anciens. On n'a lu
fouvent qu'un eifai , un abrégé , tScTon tranche de
Véiudit. Mém. de Trév. Ne prenez point l'ordre de
ces rtupides Erudics qui ont prêté ferment de hdé-
lité à Homère , Abbe de Pons , Lettre fur l'Iliade de
M. de la Motte. La divine Iliade n'étoit entendue
que des Erudits. Id. Les Eruditsfont comme les Mé-
decins. Ils ont un idiome incommunicable au vul-
gaire .• ce qu'ils feroient ailément comprendre en
ufant des exprellîons reçues ^ ils le rendent inintel-
ligible par l'emploi de termes ignorés, qui ont
eux-mêmes befoin d'être définis, lo. Dijferc. fur le
Poème Epique. Merc. de Janv. 17 17.
^ ERUDITION, f. f. Ceft , dit-on , une grande
étendue de favoir , une connoiiïance fort étendue
dans les Belles-Lettres & dans toutes fortes de Litté-
rature. AcAD. Fr. L'érudition y dit M. l'Abbé Girard, \
ERU ERY 819
ginofus j a. Les Mémoires de Trévoux écrivent
drugineux , comme en Latin. U y a une bile verte ,
qu'on peut appeler ^rugineufe &: porracée. Mem.
DE Tr. Cependant comme dans l'orthographe ré-
cente nous changeons fouvent 1'-« Latin en e fimple ,
& que nous difons /Egée ôc Egée , ^ole & Eole ,
y£chmalotarque &: Echmalorarque ■, Equateur, équa-
tion , équilibre , Se non pas Aquateut , œquation ,
.xquilibre, &c. on peut due erugineux , auifi-bien
■du moins qnarugineux.
ÉRUPTION, f. f. Terme de Phyfique. Sortie prompte
&c avec effort. Eruptio. Une s'emploie qu'en parlant
des chofes , & non des pQtionxiQS.L! éruption du Ve-
fuve a fait celfer le tremblement de terre. Il n'eft
point de plus violente éruption que celle delà pour
dre à canon renfermée , & à laquelle on met le feu.
En Médecine , ce terme figniiîe la fortie de la ma-
tière morbitique fur la furface de la peau , qui for-
me des taches , comme dans la fièvre pourprée, ou
de petites tumeurs j pullules, boutons, ou autres
exanthèmes , comme dans la rougeole , la petite
vérole. La petite vérole , la rougeole , la fièvre
pourprée fe manifeftent par des éruptions fur la
peau, ^oje^ Exanthème.
^fT On le dit aulfi de la fortie fubite d'un liqui-
de j du fang , du pus, des vents , &c.
ERY.
ÉRYCINE, ou ÉRUCINE. Terme de Mythologie.
Surnom de Vénus , qu'on lui avoir donné du mont
Ery en Sicile , fur le iommet duquel cllo avoit un
Temple , dont la figure fe voit au revers de quel-
ques médailles de la tamille Conhdia , avec ces
lettres Eruc.
ÉRYMANTHE , ou ÉRIMANTE. Montagne de
l'Arcadie, couverte de bois & de forêts, tryman-
thus. La forêt d'Erymanrhe , ou la montagne d'i^ry-
manthe , eft célèbre dans la Poëiîe ancienne. Le fan-
gUer ^Erymanthe étoit un fanglier énorme quigif-
foit dans cette forêt , & qui ravageoit tout le pays
d'alentour. La prife du fanglier â^Erymanthe ,
qu'Hercule apporta vif à Euryfthée , eft un des
douze travaux de ce Héros j & le troifième félon
plufieurs.
annonce des connoifTances plus recherchées quecel-iÉRYNGlUM. f. m. Plante qu'on appelle auffi pani-
les qu'on acquiert par les études ordinaires du Col- caut , chardon roland , ou chardon a cent têtes. Voy.
\hgQy mais dans l'ordre leulement des Betles-Let- Panicaut. Morin l'appelle £'''j'/20'iJ/OT^/a/2Z/w. Ceft
•très. Ce mot vient du Latin eri^^^Vc , enfeigner , & une fleur d'automne : elle fleurit dès le mois de
lignifie proprement connoiflances j mais il paroit , Juillet. Id.
qu'on a particulièrement appliqué ce mot aux con- ÉRYNNYES. f. f. pi. Terme de Mythologie. Ceft le
noiirances qui roulent fur les faits, & qui font le' nom que les Grecs donnoientauxFuries.Ellesavoienc
fruit de la leébure. Eruditio. 1! érudition a pour objet 1 fous ce nom un Temple à Athènes , proche de l'A-
la connoiflance de l'hiftoire, la connoiflance des' ' réopage. /^ojeç ÉRYNNys.
langues favantes , & la connoilfance des livres. L'd- ÉRYSIMUM. f. m. Plante qu'on appelle autrement
rudition n'eft point une fcience. Ce mot eft confacré ve/ar, ou tortelle. F^o).q*VELAR.
aux connoillances qui font le truit du raifonne- ÉRYSIPELE. f i. Ceft ainfi qu il faudroit écrire ce
jnent & de la réflexion. La fcience appartient à < mot , conformément à l'étymologie. Voye^ Éré-
l'efprit : Xcrudition eft du fait de la mémoire. Un
habile Philofophe n'eft pas nécelTairement un hom-
me d'érudition : parce que l'érudition confifte dans
les connoilTances qui concernent les faits , les au-
teurs , leur doctrine , les langues , les ufages de
l'antiquité. Les livres duDoéteurLaunoy font pleins
d'érudition. Quand on a l'efpritfauXj l'ignorance
vaut mieux qu'une vafte érudition , qui ne produit
que de la confufion Se de l'obfcurité. La connoif
fance des Belles-Lettres devient dans plufieurs fa-
vans une érudition fort ennuyeufe, & il eft plus utile,
comme dit Locke , de fe remplir la tête de ré-
flexions, que de remarques d'e'rac/rfzo/z. Enfin, fui-
vant la remarque de Bouhours , il y a une certaine
érudition qui ne ferr à rien , ou qui ne fert qu'à
fatiguer les lecteurs. Caelqu'un a dit qu'il fied aulfi
mai à une femme de fe hériiïer d'érudition que de
porter des mouftaches. ^*y^? Littérature , Sa-
voir, Doctrine.
ERUGINEUX, EusE.adj. Qui tient de la rouille de
l'airain , qui relTemble à la rouille d'airain. u£ru-
SIPELE.
ERYTHRE. adj. m. Terme de Mythologie. Surnom
donné à Hercule j d'un temple qu'il avoit à Erythrès
en Achaïe. La ftatue du Dieu étoit fur une cfpèce
de radeau , à caufe d'une traditiorr des Erythréens ,
qui difoient qu'elle avoit été ainfi apportée de Tyr,
par mer. Les feules femmes Tliraciennes avoient la
liberté d'entrer dans ce Temple.
ERYTHRÉE. Ancien nom d'une ville d'Ionie dans
l'Afie mineure. Erythrxa. Elle étoit entre Clazo-
mène & Téon. ErythreT^ eu un Evêché fuffragant
d'Ephèfe. Quelques Géographes croient qu'elle croit
où eft aujourd'hui le bourg de Colyre , ou Gefmer ,
& d'autres où eft celui de Palfagio , qui four l'un &
l'autre dans l'Anatolie propre.
Erythrée, adj. m. & f. Ce mot fignifie deux chofes.
I". Rouge : dans ce fens il fe dit de la mer rouge ,
qui eft un grand golfe , qui s'ércnd du midi au
nord , depuis Ormus jufqu'à Suez , Mare Ery~
thrétum.
Ce mot en ce fens vient du Grec , ''fo^i-f , rouge ,
§30 E RY ES
dérivé d'k^i^'^ , rougeur , & il fut donné à cette
mer à caufe de' fa couleur, qui lui vient , félon
quelques-uns, de la réveibération des rayons du
foleil: d'autres difoient qu'elle avoit naturellement
cette couleur; d'autres que ce nom lui venoit de
fon fable, ou de la terre qui fait fon fonds i d'autres
d'^rychret fils de Perfce & d'Andromède j d'autres,
enfin d'Efaii j qui fe nommoit Edom ; c'elt-à-dire ,
rouge , qui fe du en Grec Lrychrde -.ii demeuroit
dans ces quartiers-là. Cette mer s'appelle aujqur-
d'hui mer rouge , ou mer de la Mecque, i^'oye^ en-
core EusTATHius fur Denis le Géographe , v. 38.
2°. L'adjeclif ^'o^Ar/t; fignifie, qui elt de la ville
•d Erythrée j dont nous avons parlé dans l'article pré-
cédent ; & en ce fens on le dit d'une des Sybilles
qui ctoit dan5 cette ville , ik. que pour cela on ap-
pelle la Sibylle Eryduce. La Sibylle Erythrée efl
la cinquième des Sibylles. Voyei Sibylle.
ÈKYiHKi.^. (. m- Erythr&us. Ceft le nom d'un des
chevaux du Soleil , félon Fulgence le Mythologue.
Erythrée, ou le Rouge, dit-il j donc le nom fe
prend du lever du Soleil, où les rayons font rou-
geâtres , de èçuS-çoî , rouge.
ÉRYX. f m. Fils de Butés & de Vénus , ou de^quel-
que belle Sicilienne , fut Roi d'un canton de la
Sicile , appelé de fon nom Erycie , où étoit la ville
de Drépane.
E R Z.
ERZEGOWINE. Voye^ Herzegowine.
ERZERON , ERGERON , ou ERZERUM ,& ERZE-
RUN. Ville de Tuiquie en Aile, tr-^erum^ Simya.
On dit auifi Ar\erwn. Elle eft en Tarcomaiiie, capi-
tale d'un Béglierbcghc qui prend fon nom, & li-
tuée fur l'Euphiate, entre la ville de Trébizonde &
le lac de Van. cr^tron eft grand environ comme
Marfeille. Quelques Géographes le prennent pour
l'ancienne Arzitis , ou Aziris. La latitude lepten-
trionale d'/ir^ero« eft 59° $6' 35" , &: 1
68° 45' 45". GouYES.
E S A ESC
E S A.
ES A AN , ÉSAN , ou ESCHAN. Ville de la Tribu de
Jada , dans la Terre-Sainte. JoJ'. XF. 5 2.
£SA(^UE. f m. Fils de Priam ^ d'Alexirhoc , une des
Nymphes du mont Ida , fille du tleuve Cédréne.
D autres lui donnent pour mère Arisba fille de Mé-
, rope , première femme de Priam.
ESARO. Petite rivière du Royaume de Naples. vE/ir,
yiifarus. Elle coule dans la Calabre Ultérieure, &C
ie décharge dans la Mer Ionienne ,près de Cortone.
Maty.
ÉSAURILLER. Foye^ ESSORILLER.
ESBAHIR.
ESBAhISSEMENT.
ESBANicR.
ÊSBANOl.
S'ESBANOYER.
ESBARBER.
ESBAT.
ESBATTEMENT,
S'ESBATIRE.
ESBAUBI.
ESBAUCHE.
ESBAUCHER.
ESBAUCHOIR.
ESBAUDI.
ESBAUDIR.
ESBALÎDISE.
ESBAUDISSE-
M EN T.
ESBLOUIR.
ESBLOUISSANT.
ESBLOUISSE-
MENT.
a longitude; ES BONN ER.
Iesborgner.
Le Bégiierbéglic , ou Gouvernement d'iBY^era/iiESBOUFFLER.
eft dans la Turcomanie , traverfé par l'Euphrate. ' ESBOUILLIR.
Ceft un des Gouvernemens généraux , qui en ren-;ESBOULEMENT
ferme douze particuliers , appelés Sangiacats \ &c ESBOULER.
Er^erum , dont il prend le nom , en eft la capitale. ESBOULIS.
E S.
ES. Tous les mots quicommençolent autrefois par esj
de où Ve ne fe prononçoit pas , comme esbduchtr ,
efmotion,ejcnre , ejî're , &c. s'écrivent aujourd'hui
fans aucune diftitu^iion par : , ou é , ou c. Ceft une
orthographe généralement autorifée^ confirmée par
le nouveau Diétionnairede l'Académie. Ainfiil faut
écrire , ébaucher, éniMon , écrire , être , &c. & on
ne conferve plus \'s que dans les mots où elle fe
prononce.
Plufieurs mots François qui commencent par es
ont été pris des langues étrangères : ils commen-
cent dans ces langues par une s ; & les François ,
pour adoucir la prononciation , ont ajouté un e au
commencemant du mot ; & dans quelques-uns mê-
me on ne prononce point 1'^ ; Efprit, du Latiny^i-
ritus:^ E /cadran , de \' [z:i\ien fquadrone ; dans ces
deux mots Vs fe prononce : Efpaule , du f pal la : l'^
ne fe prononce pas dans le mot efpaule , & mainte-
nant on la retranche, en écrivant, épaule.
ES. Ce mot s'eft fait par «ftntraôtion de la propofition
en , & de l'article plurier les , pour fignifier c/ans
les , ou du Grec U ou in , in, en. Il n'a maintenant
plus d'ufage qu'en cette phrafe , Maure es Arts.
&c en quelques autres qui font purement du ftyle da
Pratique ; comme lorfqu'on dit j II y eft obligé par
un acte paifé es études dc'i Notaires .■ ce que l'on
ne peut imiter qu'en riant. On dit maintenant aux,
à la place de es qu'on difoit autrefois. Notre Père
qui êtes aux Cieux, dans les Cieux ; au lieu de Notre
père qui eftes es Cieux. 1
ESBOURGEONNE-
MENT.
ESBOURGEON-
NER.
ES BRANCHE-
MENT.
ESBRANCHER.
ESBRANLEMENT.
ESBRANLER.
ESBRASEMENT.
ESBRECMER.
ESBRENEll.
ESBRUITER.
E S B.
S ÉBAHIR.
EBAHISSEMENT.
EBANIER.
EBANOL
S'EBANOYER.
EBARBER.
EBAT
EBATTEMENT.
S'EBATRE.
EBAUBI.
EBAUCHE.
ÉBAUCHER.
EBAUCHOIR.
EBAUDI.
EBAUDIR.
EBAUDISE.
E BAUD ISSE-.
MENT.
ÉBLOUIR5
EBLOUISSANT.
roye^.KE B L O U I S S E-
M E N T.
EBONNER.
EBORGNER.
BBOUFFER.
EBOUILLIR
EBOULEMENT.
EBOULER.
EBOULIS.
EBOURGEONNE-
MENT.
ÉBOURGEON-
NER.
ÉBRANCHE-
M E N T.
ÉBRANCHER.
ÉBRANLEMENT.
^ÉBRANLER.
ÎEBR A SEMENT.
ÉBRÊCHER.
EBRENER.
ÉBRUITER.
ESC.
ESCABEAU, f. m. ou ESCABELLE. f f. Petit fiége de
bois qui eft carré , dont on fe fervoit autrefois pour
s'affeoir à table , qui n'eft ni couvert , ni rembour-
ré, & qui n'a ni br.as ni dollier. Scabellum. Ceft de-
là qu'on appelle les écotnifleurs , piqueurs d'efca-
belle , parce que ïefcabelle ne fervoit guère qu'à la
table.
Sur une efcabelle commode
Il place mon bœuf à la mode. De Malezieu.
On dit figurément & familièrement , Déranger
les efcabelles à quelqu'un , pour dire , Rompre
toutes fes mefures, mettre du défordre dans £qs
affaires.
On dit , proverbialement , Remuer les efcabelles.
r
1,SC
pour dire , Déménager j ic figurément , CRanger
d'état , de fortune, de firuarion.
Escabeau j lignihe aiilli quelquetois j Marche-pied ,
ou un petit liége de bois fur lequel on peut monter
pour s'élever plus' haut. Ainfi le Prophète Royal a
dit, Julqu'à ce que j'aie rendu tes ennemis l'e/tiZ-
/^L\7u de tes pieds ■, qu'ils te fervent de marche-
pied.
ESCABLON. t. m. Terme d'Architeéture. ScamUlus.
Efpèce de piédeltal fur lequel on metdesbuftes dans
les galeries &: cabinets à<is curieux. Il eil haut de
trois pieds j & va en diminuant par le bas. Il eft
d'ordmaire de marbre. On en fait aulli de bois
marbré.
ESCACHE. f. f. Terme d'Eperonnier & de Aianège.
Nuc'ijrangibuLum. Pomey. Ceft une eipèce d'embou-
chure, ou de mords de cheval , qui e(t différente du
canon , en ce qu'elle elf plus en ovale tjue le canon
qui efi; rond \ que ïejcache elf arrêtée à la branche
parim chaperon qui entoure le banquet. Elle tient
aulli la bouche plus lujette que le canon ; & les fi-
lets fe font d'ordinaire à e/tat/zir. On compte quatre
iortes à'ejcdchcs : celle à pignatelle , celle à bavette,
celle à bouton & l'e/cache montante.
ESCACHEMENT. ^ rECACHEMENT.
ESCACHER. >>'-'<^y^ï< ECACHER.
ESCACHEUR. ) (ECACHEUR.
ESCADES. f. f. pi. Sorte de marchandifes dont il eft
parlé dans le chapitre II. de la Pancarte de la Pré-
vôté de Nantes. Elles font du nombre de celles qui
ne paient pas le droit du Quarantième j mais dont
le droit ell fixé a 2 f. 6. d. par ballot de 150 liv.
pefant.
ESCADRE, f. f. Pdrs duffis j dajjïs minor. Partie
d'une armée navale j compofée d'un nombre de
vaiffeaux de guerre commandés par un Officier
Général, foit Lieutenant- Général , foit Chefd'Ef-
cadre. On le dit aulli - bien des galères que des
vailî'eaux. On le dit aulli de trois divifions qui
compofent dans un ordre de bataille l'avant garde j
le corps de bataille , & l'arrière-garde. On emploie
plus communément dans ce fens le terme de divi-
îion. L'Efcadre blanche , VEfcadrc bleue. Un petit
nombre de vaiireaux qui fait un corps, & a le même
Commandant , peut le nommer Efcadre. S'il y a
un grand nombre de vaillèaux , on fait trois Efca-
dres \ & fi les Efcddres font bien nombreufes , on
divife encore chaque Efcadre en trois divifions.
Pomey prend z\\'\'î\ Efcadre , pour une troupe de fol-
dats , militum globus j manipulas. Efcadre ne fe dit
point en ce fens.
ES(^ADRON. f. m. âgmen equeflre , turma equejiris.
Corps de Cavalerie rangé en ordre pour combat-
tre , foit dans une bataille , foit dans une rencontre.
Il eft compofé de trois rangs , & ell d'ordinaire de
1 10 maîttes j quelquefois de deux cens , ou de 150.
On les compte ordinairement à cent Cavaliers ef-
fedifs , mais il n'y a rien de bien déterminé là
dellus ; & le nombre des hommes , celui des rangs
& des files varie fouvent , fuivant les circonftances.
Il y avoir tant d'e/ciZûfra/zj de Cavalerie , &tantde
bataillons d'Infanterie pour compofer cette armée.
On met enfemble plufieurs compagnies pour former
un ef cadran. •
Ce mot vient de l'Italien fquadrone , qui vient
du L.n\nf(juadro,(\aon a dit pour quadro. On difoit
au (lècle paffé (au XVIe fiècle )fquadion pour efca-
dron. MÉN. Du Cange le dérive àt fcara , qu'on a
dit dans la baffe Latinité. En vieux François on
difoit efquière , d'où les Italiens ont (m fquierre.
Dans la première origine , Vefcadron étoit toujours
carré , îc les Latins l'appellent agmen quadracum ,
qui fe difoit de l'Infanterie j auffi-bien que de la
Cavalerie.
EscADROi-i , fe dit figurément de plufieurs perfonnes
unies cSc liées enfemble pour foutenir un même
parti dans les occafions.
Escadron volant. Faétion de Cardinaux, qui dans
un Conclave font protelfion de n'être attachés à
E se
8;
aucune Couronne , de iVembraffer les intérêts d'au-
cune Cour. Cette faction commença au Conclave
où le Cardinal Chigi, qm pat l,. ;,o,-^ d'Alexan-
dre VIL fut élu Pape. Elle a duré plufieurs Con-
claves fuivans. On a aulîi donné quelquefois ce nom
à Malthe , à quelque parti , dans l'Allèmblée pour
l'éleélion d'un Grand- Maître.
Escadron , fe dit auffi dans le ftyle comique & faty-
rique ^ pour plufieurs perfonnes jointes enfemble.
Ainfi Boile.iu a dit un efcadron de plaideurs «Se il
appelle plaifamment une troupe de femmes, un
efcadron cocfîé.
// trouve de Pedans un eiczàton fourré. Id.
Et par-tout des plaideurs Us efcadrons épars
Eaire autour de Themls voler fes ctendarts. Id,
ESCADRONNER. v. n. Se ranger en efcadron , oiî
faire les différentes évolutions militaires qui appar-
tiennent à la Cavalerie. Procedere turmatim : in ag-
mcn équestre , in turmam equestrem convenire. Ceité
compagnie efcadronne avec celle-là, c'cft-à-dire ,
qu'elles fe joignent pour former un même efca-
dron.
EscADRONNER, fignifie au figuré , S'accorder , être
d'intelUgence. Ces deux Officiers font brouillés ,
ils VLefcadronnent pas bien enfemble. Non benè con~
veniunt , non convenu inter ipfos. Cela ne fe dit
qu'en badinant.
ESCADRONNISTE. f. m. Terme de Faction. Nom
qu'on a donné en Italie à des Cardinaux unis , lies
enfemble. Fœderatus ^ Confentiens ^ Cun/pirans. Ls
peu d'inrelligence qu'il y avoir entre lui'& les Car-
dinaux de la création d'Innocent X. qu'on appeloit
alors le Efcadronnistes. L'Ab. RÉg.
ESCAETE. Termes de Coutumes. Héritages , on
rente non noble qui eft de la fuccefi!ion des prédé-
ceffeurs de ceux à qui il appartient.
ESCAFIGNON. f. m. Vieux mot , qui fignifioic au-
trefois une chauirure légère , comme efcarpin , ou
chaufFure. Maintenant il ne fe dit qu'en mauvaife
part J de la puanteur qui s'exhale des pieds de ceux
qui ont beaucoup marché. Cela fent Vejcafianon
c'efl-à-diie , le pied de Mellager , ou fent mauvais!
Terme populaire.
Ce mot vient àtfcafa ^ parce que les fouliers de
ce remps-li étoient faits en forme de petits vaif-
feaux , & avoicnt une pointe qui s'avançoit fore
loin au-delà du pied ^ qu'on appeloit /'o/^/tzj«e , à
l'imitation de la /•oaAzi^e des navires. /^c)_>e? Pou-
laine.
ESCAIT. f. m. Mefure fervant à l'arpenrage, qui eft
en ufage en divers endroits de la Généralité de
Bourdeaux. Elle eft plus ou moins grande , félon les
lieux.
ESCALADE, f. f. Affaut qu'on donne brufquemenc
avec des échelles à une ville ou à un ouvrage qu'on
veut f urprendre. Admotio fcalarum ad muros , ap-
plicatio. Les villes ne fe prennent plus guère par ef-
calade , depuis qu'elles font flanquées. Les Géans
vouloient prendre le Ciel par efcalade.
iP' ESCALADER, v. a. Ceft dans l'Art Militaire,
attaquer, emporter par efcalade , c'eft-à-dire j en
franchiffant les murs ou les remparts avecdes échel-
les. f/tWc^o'e/- une ville. La place fut efcaladée en
plein jour. Les Géans voulurent e/ca/iîû'e/-le Ciel. Jd-
movere , applicare fcalas ; fcalis admotis invadere.
fer On dit auffi efcalader une maifon , monter
dans une maifon avec des échelles. Ejcalader une
muraille , la franchir avec une échelle. Les voleurs
ont efcalade ca château.
ESCALADE, Ée. part. SC adj. Scalis admotis oc-
cupatus.
ESCALBORDER. v. n. Vieux mot. Monter , par-
venir.
ESCALE, f. m. On nomme ainfi fur l'Océan , les
ports où abordent les navires pendant leurs voyages ,
foit pour rafraichiffement ou autres chofes nécef-
831 ESC
faires , foit pour y décharger partie de leur fret,
ou pour recevoir des marcliandifes dans leur bord.
f^oyti EcALE.
Escale. EÛ une machine dont on fe fert pour appli-
quer le pétard.
ESCALEMBERG, ou COTON DE MONTAGNE.
C'eft une forte de coton qui vient de Smyrne par la
voie de Marfeille.
ESCALER. roye:i EGALER.
^ ESCALIER, f. m. Sca/^ gradus. Partie du bâti-
ment où font pratiques les degrés ou marches qui
fervent pour monter aux différens étages d'une
maifon , ëc pour en defcendre. On le du audi en
parlant d'une terralle , des degrés qui fervent à
monter (Se à defcendre. Le mot d'e/cd/ier comprend
avec les degrés tout le bâtiment qui les contient.
Caill. On fait des efcaliers à deux , quatre noyaux ,
en Umace , &: à plufieurs paliers. Il y a des efc.i-
llers ronds & fans noyau , comme la vis Saint
Gilles , &c. Il y a un efcalier dérobé, un efcalierdé-
gagé à côté du grand efcdUer. Les rampes , les pa-
liers d'un efcalLer.W faut, pour être beaux, que
les ejc.iûsrs foient bien éclairés. Vitruv. Abr.
|CJ' EscALitR , degré , montée , étoient autrefois en
ufage. Degré eÙ aujourd'ui un terme bourgeois ,
& montée un terme populaire.
DuCange dérive ce mot de efcalarium , qn'on a
du dans le même fens dans la balfe Latinité.
On appelle efciutr à vis , ceux des maifons
nioyjnnes qui participent de la vis & de Xejcalier.
Ejcaiier drou & fans contours. EfcaUer à repos ^ ef-
calkr hors d'œuvre , &c.
Marm Lcgeret a publié en KÎ91. la manière de
conLhuire des ej'calicrs de bois , compoiés de cour-
bes rampantes. En 1711. un Gentilhomme Breton
donna une méthode générale pour tracer des cour-
bes lampantes de bois , propres à la conftrudion
des efcaitcrs, teh qu'ils font piéfentement àla mode.
Ils ont pris l'idée de ces méthodes fur le principe
du quartier de vis fufpendu , duquel le P. Dérand ,
Jéfuite , fait mention dans fon Livre de la Coupe
des pierres , ou de l'Architedure des voûtes , p. 415.
Ces efcaliers à rampes courbes , évidés par le mi-
lieu , s'appellent par les Ouvriers , efcaliers à
noyaux vides j& plus communément ç/ci?/zerj à jour.
Leur plan eft ou en rond , ou en ovale j ou en fer à
cheval , &c. Ceux dont le plan eft rond , ou qui
font en rond , évidés par le milieu j s'appellent ef-
caliers en puits.
EscALiFR. Coquillage. Fojyeç CADRAN. _
ESCALIN. f m. Schelinus. Petite monnoie d'argent
valant environ fept fous monnoie de France j qui a
cours aux Pays-Bas & ailleurs.
ESCALONE, ouESCALONA, comme en Efpagnol.
Bourg avec un Château , dans la Nouvelle Caf-
tille en Efpagne. Efcalona. Efcalone eft fitué fur la
rivière d'Alberche , à neuf lieues de Tolède , du
côté du couchant. Efcalone a titre de Duché.
ESCAMITE. f f. Sorte de toile de coton qui fe tire
du Levant par la voie de Smyrne. Elle fe fabrique
àMénémen, aullî-bien que les Demites.
ESCAMOTÉ, f. f. C'eft un terme de Joueurs de Go-
belets , qui fi Tuifie une petite balle de liège ,
qu'on prend fubtilement entre les doigts. Subereus
globulus.
ESCAMOTER, v. a. Terme de Joueurs de Gobelets.
C'eft , Prendre fubtilement entre les doigts l'efca-
mote , pour en faire quelque tour. Faire difparoî-
tre quelque ch ofe par un tour de main fans qu'on
s'en apperçoive. Suhereis globulis ludere.
Escamoter , fignifie aulli , Voler fubtilement &
avec adrelfe. Furari , Jubducere , fuffurari. Il eft en-
tié un filou qui m'a efcamcté une montre , fans
que je m'en fois apperçu. Ce Gafcon fe vante de
favoir d/ciî/worer les filles. Corn. On vous efcamo-
tera l'honneur Je ma conveifion. S. Evr. On a dit
autrefois corbiner -, c'eft- à -dire , dérober en cor-
beau , au lieu d'efcamoter.
ESC
Escamoter, fignifie aulfi. Tromper au jeu par quel-
que habileté de muin , comme en dérobant ik. chan-
geant des dez, enluppofant des cartes , ou en les
mêlant adroitement.
^fT Escamoter , eft auffi un terme ufité parmi les
Brodeurs au métier, & fignifie faire difparoître
par le moyen d'une aiguille les bouts d'or ou de
loie , en les tirant de deifus l'ouvrage en dellous.
Escamote, ee. Clam ereptus ^ fubducius.
gC? ESCAMOTEUR, f m. Au propre celui qui efca-
mote. Fr&fligiator. Et par extendon , celui qui
prend avec adrelfe & fubtilité. C'eft un grand
Efcamoteur.
On dit efcamoter, & efcamoteur , en parlant en
général de ceux qui trompent adroitement les au-
tres , & leur emportent , leur enlèvent quelque
chofe , foit au jeu , foit ailleurs.
ESCAMPATIVOS. adv. Terme populaire j qu'on em-
ploie pour lignifier qu'un homme s'enfuit , fe dé-
robe lecrétement. Ce banqueroutier a fait efcampa-
tivos J a pris de la poudre d'ejiampativos.
Faire des efcampativos. S'échaper j fortir à la dé-
robée, s'elquiver en cachette , fe couler douce-
ment èc fans bruit hors d'un lieu. Ah! je vous y
prends donc. Madame ma femme, & vous faites
des ejiampativos pendant que je dots. Mol. Geor-
ges Dandin. On lit ejcamp^:tinus dans Furetière :
Ta faute vient apparemment de l'Imprimeur , qui
a pris \'u du Manufcrit pour une n. Cette faute a
pallé jufques dans le Diâiohnaire François & Latin
de Danet.
ESCAMPER. V. n. S'enfuir habilement. Proripere fe ,
aujugere , fubducere fe fugù. Quand cet homme a
vu que les Sergens le cherchoient , il a bientôt
cfcampé. Ce mot eft bas , & vient du Latin ex &C
campus , comme qui diroit yôrrir du champ.
ESCAMPETTE, f f. Il n'a d'ufage qu'en cette phrafe.
populaire , Prendre de la pondît à' efcampette , pour
dire , S'enfuir.
ESCANDILLONNAGE. f. f. Terme de Coutumes.
Droit àa aux Seigneurs pour la vifite , l'examen ôc
l'étalonage des mefures & des poids. Ce mot vient
d'échantillon , qu'on difoit autrefois pour étalon.
Voyei Echantillon , EcHANTiLLER , Echantil-
lonner.
ESCANDOL A. C'eft dans une galère la chambre de
TArgoufin. Ce mor vient à'ejcandula ; & les marins
Levantins appellent efcandolacQ que nous appelons
ordinairement échandole. Foye\ Echandûle.
ESCAP. f. m. Terme de Fauconnerie. Faire efcap si
un oifeau , c'eft lui faire connoîtie fon gibier.
Pr&dam indicare.
ESCAPADE, f f. Adbion d'emportement , de liberti-
nage , échapée. Cet écolier a pris de l'argent à fon
père , &: eft allé voyager , il a lait-là une jolie efca-
pade. Cette femme eft fujete à fe dérober d'avec fon
mari , elle a fait déjà deux ou trois efcapades. C'eft à-
peu-près la même chofe que équipée , excepté que Vef-
capade femble marquer qu'on s'eft enfui qu'on s'eft
cchapé : cependant cela n'eft pas nécellàire ; Sc
comme on dit qu'un homme s'eft échapé à faire
ou à dire quelque chofe qui eft contre fon devoir,
on peut dite aufli dans le même fens , qu'il a fait
une efcapade.lAûs séchapei,e[t du ftyle férieux, Sc
peut fe dite par-tout; efcapade n'eft que du bur-
lefque , ou de la converfation familière.
Escapade, fe dit aullî en termes de Manège, de
l'adlion fougueufe & emportée d'un cheval qui
n'obéit point au Cavalier.
ESCAPE, f. f.Terme d'architeéture. C'eft la partie de
la colonne qui pofe fur la bafe , & qui lait le com-
mencement du ivLi.Scapus. Quelque fois on le prend
généralement pour tout le fut de la colonne. Blon-
del appelle aufti efcape , ou nacelle , un demi-creux
qui eft moitié moindre que la yZo^/V. On l'appelle
Siu^i chanfrein.
ESCARBALLE. f. f. Nom que l'on donne aux dents
' d'éléphant, du poids de vingt livres & au-deftous.
i ESCARBILLAT . ate. adj. & fubft. Terme popu-
laire ,
ESC
laire, qui figniiîe Gai , enjoué , &: fe prend quel-
quefois en mauvaife partj pour un homme un
peu eTcroc. Fejllvus j iiilaris. Entant EjcarbiUat. Ne
vous liez pas trop à cet homme-là : c eft un efcarh'd-
lac , il joue des tours de palFepade. Plulieurs di-
fent Ejcarbiliard.
Borel dit qu'il fignifie gentil, mignon, à qui on
a ajullé les cheveux & paré le vifage : car il pré-
tend que ce mot vient de hara ^ qui lignitioit vi-
fage y parce qu'on difoit autrefois j Jcarabillat.
ESCARBIT , f. m. Terme de Marine. Petit inftrument
de bois creufé , pour tenir de l'étoupe mouillée , &
tremper les ferremens du Caltateur , lorfqu'il tra-
vaille.
ESCARBOT, f. m. Efpèce d'infeite qu'on nomme
en général fcharah^ui Camharus , îk particulière-
ment celui qu'on appelle yo«^//e/72er(fd. Stercorarius.
L'djcirl'o: a les os en dehors , & les chairs en de-
dans 5 comme a remarqué Swammerdam , aptes
l-abricius ab Aquapendcnte ; & fes mufcles ibnt
femblables à ceux des grands animaux qui ont du
fang. Les différentes elpèces d'ejc^rboc le jugent
par la différence de leurs cornes. Il y en a un qu'on
nomme efcarl'ot-licorne j à caufe qu'il a une corne
lur le nez qui fe courbe quelquefois en arc vers
les épaules. On le nomme en Latin naficjrnls. On
peut taire voir de petits poux qui s'attachent à Ion
corps j & cet animal le forme de la groffe forte
de ce ver qui s'engendre dans le bois , qu'on nomme
tojjus. Hoetnagel donne les ligures de vingt fortes
dc'/iarl'ots ordinaires,& de lept extraordinaires. Gœ-
dard en décrit dix-neut loites , &c Swammerdam
trente deux fortes. Il y en a de longs , de courts ,
de ronds, de découpés, ou fendus, de colorés,
de velus , de farineux comme les papillons. Il y
en a dont la furface du corps eft inégale Se parfe-
méc d'yeux & de petites taches. La plupart des
efcurbots ne volent que la nuit. Il y a auiii un ef-
carhot-mouche qui bat des ailes avec une vitelîe in
croyable. Il y a des ejcurbuts verts & dorés , fort
puans, quilontdesefpecesdecantharides.il y a encore
des tjcjrbotsfautereliei, qui après avoir rellerré ou ra-
malfé enfemble la tête & la poitrine j tont un faut
en alongeant le corps. Il y en a qui rendent un fon
fi clair , que quelques-uns ont cru la nuit que c'é-
toit la voix de quelques Lutins , ou Efprits folecs.
On nomme cette efpèce efcarbot bruyant. Swam-
merdam l'appelle yo/z^ctf/'A^^/«J , à caufe qu'il rend
ce fon par le mouvement de fa tête^ en la frot-
tant contre fa queue, ou fon ventre, ou les écail-
les dont fes ailes font revêtues. Il y en a un autre
qui relfemble à des tortues , qu'on appelle tejludi-
natus ; & un autre qui a la queue faite en aiguil-
lon , qu on appelle aculeatui , qui eft tort particu-
lier. Il y a une lorte d't^'2jr/5or qu'on trouve auprès
des fours , & dans les ordures des cuilines , que
Moufet appelle blattd. Il y en a encore fix fortes ,
dont le nez reffemble à celui d'un pourceau, & on
les noxwmQ pourceaux volans. Il y en a un autre qu'on
appelle jiaph'dïnus , ou dévorant , qui fe rue fur les
vers de terre y les tue , &: en fuce la fubltancc. Il
y a un efcarbot cornu & volant , qu'on appelle
cer-volant , en 'Laixw fcarahitus-taurus , on lucanus
Le grillon eft une efpèce à' efcarbot , rxowivnh. fcara-
bttus grïllus , qu'on trouve dans les prez &: dans les
foyers. Il y en a un autre marquette de taches blan
ches , qu'on r\om\r\z fcarab£us fui lo.
Les Egyptiens rendoient les honneurs divins à
Xefcarbot. On en trouve encore aujourd'hui en
Egypte une infinité de figures qui délignent claire-
ment ce culte. On en voit qui repréfentent un e/^
car^of avec la tête du foleil rayonnant. Dans la ta-
ble Ifiique on voit un efcarbot avec une tète d'Ifis.
LesBafilidiens qui mettoient dans leurs Abraxas,ou
pierres magiques toutes les divinités des Egyptiens,
ne manquoient pas d'y mettte aulîi {'efcarbot.
Ménage dérive ce mot àt fcarabutius j diminutif
de fcarabdus.
ESCARBOUCLE. f. f. Carbunculus, Il faut prononcer
Tomi III»
ESC S^5
Vsy quoique bien des gens ne le falTent pas , & que
Pomey & Rochetort l'écrivent lans s , ecarboucie.
C'eft une pierre précieufe dont Pline & plufieurs
autres ont dit beaucoup de merveilles. Ce n'eft en
effet qu'un gros rubis ou grenat rouge , brun & en-
foncé, tirant lut le fang de bœuf, qui jette beau-
coup de feu., fur-tout quand il eft en cabochon &
chevé. On a voulu faire accroire que ïeJcarboucU
venoir d'un dragon. 'Varioman dit que le Roi du
Pégu n'ufoit point d'autre lumière la nuit pour fe
faire voir que de fon efcarboucie, qui rendoit une
lumière auHi vive que celle du foleil. Cela ne s'eft
pas trouvé véritable. Cette pierre a la dureté de
i'émeraude Orientale j & quelques-uns l'eftimenc
le plus après le diamant.
Son nom lui vient du Latin carbunculus , comme
qui diroit charbon ardent \ & pour cela ks Grecs
l'appellent «►«ç4j qui lignifie charbon. Pline parle
de Vefcarboucle, Livre XXXVII. chapitre 7. Hc en
diftingue douze fortes.
EscARBoucLE , en termes de Blafon , fe dit des Écus
chargés d'une pièce qui eft divifée en huit rais ^
dont quatre fe difperfent en forme d'une croix ordi-
naire, & quatre autres en forme d'un fautoir. Carbun-
culus tefjerarius , dijlincius raiiis. Ces rais font ap-
pelés par quelques-uns bâtons ■, à caufe qu'ils font;
ronds & enrichis de boutons ou pommettes per-
lées , comme les bourdons des Pèlerins , & ibnt
fouvent bornés d'une fleur de lis. Quelques-uns les
z^^tiWenc fceptres royaux ^ pofés en fautoir, pal,
& tace. Les anciennes armes de Navai re étoient de
gueules aux ïùsà'efcarboucle ^ accollés & pommet-
tes d'or.
ESCARBOUILLER. Foye:[ ÉCARBOUILLER.
ESCARCELLE , f. f. Grande bourl'e de cuir a l'anti-
que , qui fe fermoir à relfort avec du fer. Crumenct
fcortea.
Escarcelle, fe dit dans le ftyle familier, plaidant j
burlefque j de la poche & de la bourfe en généraL
Fouiller dans Ion efcarcelle. La Font.
Mais fes doigts J ont encor fortlr ^
En rejoulUant cette efcarcelle ,
Pièce de cinq fous auj/l belle. DiVERT. DE ScEAUX.
Ce mot vient ^q fcarcella , Italien j qui lignifie
bourfe , qui a été dérive de Jcarfo j qui lignifie
avare.
ESCARE , & mieux ^ Efcarre. f. f. Terme de Chirur-
gie. C'eft une croûte qui eft faite fur la chair par
le moyen d'un fer ardent , ou d'un médicament
cauftique , ou par quelque humeur interne extrê-
mement acre, & généralement tout ce qui peut dé-
truire le tilFu des fibres , enforte que la partie du
corps privée de nourriture , fe delléche Ôc s'en-
croûte, c'eft-à-dire, forme^J'elcare. Crujia uicerls y
vulnerls. La pierre à cautère tait une efcare ronde
au lieu qu'elle a brûlé. On applique même le feu
avec des jfers chauds, on y produit des efcarres.
JouRN. de 16^^. M. Dionis fait le mot efcare du
genre mafculin , quand il du dans fon Traité des
Opérations de Chirurgie , on laille dans la fuite tom-
ber les efcares d'eux-mêmes.
Ce mot eft Grec, '<^;ï«?«j & fignifie croûte par
rapporr aux plaies , aux ulcères , ou à l'adion des
cauftiques ; mais efchara fignifie encore une plante
marine , dont Bocrhaave compte trois efpèces.
DicT. DE James. f''^oye:( Escare. Quelques Au-
teurs difent que ce mot vient, de « , & de »«''«,
je brûle. Mais cela eft difficile , quand ce ne feroïc
qu'à caufe que »«'« s'écrit par un », & 'fx,'?" pac
un %. Il faudroit pour garder l'étymologie Grecque
écrire en François efchare , & non pas efcare : mais
l'ufage en a décidé autrement.
ffT EscARE , fe dit figutément pour une grande ou-
verture faite avec violence & fracas. Strages. Une
bombe fait une grande efcare quand elle crevé :
elle tue bien du monde. Un coup de canon fait une
grande efcare dans une muraille j il fait une gtande
N n n n n
^34 ESC ESC
efcarc dans un bataillon , il éclaircît les rangs, f/^ta- î ^ojeç ESCHAROTIQUE. Ce mot eft auffi adjeo
rfi en ce fens vient du verbe écarter, & iignifie kl tif. Médicamens efcarodques.
même chofe qu'écart. Faire grande efcare , c'eft j ^ Ce mot ell: Grec : il vient de IrxafK , qui figni
obliger les gens de fe retirer j de s'écarter, de laif-
fer bien de h place vide.
EscARE en Blafon. f^cy. Elcare.
ESCARGOT, f. m. Gros limaçon à coquille blan-
che. Cochlea. Il y a des gens qui mangent des efcar-
gots. Les Anciens avoient des garennes & des vi-
viers pour nourrir & engrailFer des ejc:irgots. Les
efcargots ferment l'entrée de leur coquille par une
€fpèce de mur qui paroît être fait de plâtre , pour
-ie défendre du froid.
-On dit proverbialement d'un homme mal faiîj
mal bâti , qu'il eft fait comme un efcargot.
ESCARLATE. Foyei ÉCARLATE.
ESCARLATIN. Fojq ECARLATIN.
ESCARLINGUE. Terme de Marine. Foyei CAR-
LINGUE , c'eft la même chofe.
ESCARMIE. f. f. Vieux mot. Efcrime.
ESCARMOUCHE, f. f. En termes de guerre, efpèce
de combat fins ordre , qui fe fait par des gens déta-
chés en petit nombre de deux armées qui font pro-
ches l'une de l'autre , & qui engagent fouvent un
combat général & régulier. Vditaûo , pfolufio pu-
gn&^ procurfado, Icvc pr&Uum, On attacha ïefcar-
mouche long-temps avant la bataille. Tout le jour
fe pafïii en légères efcarmouchcs de part & d'autre.
Nicot tient que ce mot vient du Grec x'-pr-' ,
qui fignifie combat léger , &c la joie, la promptitude,
l'ardeur avec laquelle les foldats vont au combat ;
ce qui fe remarque fur-tout dans les efcarmouche^ .
Ménage le dérive de l'Allemand fchirmen ou sker-
men J qui fignifie efcrimer. Borel le dérive du vieux
mot François efcannie , qui lignifie efcrime , & fe
trouve dans le Roman de la Rofe. Du Cange le dé-
rive de /caramuccia J qui fignifie un combat Icger,
ouafiycYzm & muccïa, une rroupe de foldats cachés ,
parce que la plupart des efcarmouchcs fe font par des
gens qui font en embufcade.
Saint Amand a fait un alfez mauvais ufage de ce
mot , en difant des ortolans ,
Qu'ils conviaient la bouche
A leur donner des dents une prompte efcarmouche-
ESCARMOUCHER. v. n. Se d:5tacher d'une armée
rangée en bataille , ou d'un camp , pour aller atta-
quer , défier l'ennemi, Kelitari, proludere ad pu-
gnam j procurfare in hoftem. On efcarmouche long-
temps J avant que de livrer une bataille. Ils ej-
carmoucherent quelque temps avec avantage égal.
Ablakc. Les Miquelets d'Efpagne mcfcarmouche-
rent !e plus incommodément du monde. Bussi Rab.
On fe fert de cavalerie ou d'infanterie pour efcar-
moucher {mva.\M la firuation & la nature du terrein.
Il fe dit figurément des difputes de des contefta-
tians. On n'a pas approfondi la queftion , on n'a
fait qa'efcarmoucher. On le joint ;quelquefois avec le j
pronom perfonnel. Ces deux Doéteurs sefcarmou-
cherent long-temps.
ESCARMOUCHEUR. f. m. Celui qui va efcarmou-
cher, Velcs procurfator. On tua quelques efcarmou-
cheurs. Ils détachèrent quelques efcarmoucheurs j
Relat. de M. de la Feuillade j parmi les Lettres Hiji.
de M. Pélijfon , tom. 3.
ESCARNELÈ, ÉE. adj. Vieux mot. Fait à créneaux.
Les tourelles efcaruélées.
ESCAROTIQUE. f m. Médicament cauftique, qui
étant appliqué extérieurement fait des efcares , ou
croûtes, en brillant la peau & la chair : tels font
la pierre à cautère, la pierre infernale j le précipité
rouge. Medicamenta efcarotica, cruftas inducentia, in-
cruflativa. M. Allior veut qu'on confumc la tumeur
' chancreufe avec fon efcarotique ahforbant. Dionis.
S'il rcftoit encore de ces petits filamens qui atta-
choient le cancer aux cfpaces intercoftaux , il fau-
droit par des efcarodques les détruire peu-à-peu. Id.
1 fie croûte.
: ESCARPE, f. f. Terme de fortification. C'eft le pied
de la muraille , du rempart _, la partie du lolfé qui
f air face à la campagne , qui la regarde. Lonca in-
terior J agger intimas. On appelle aulli eJ carpe , un
talus ou empâtement qui eft moindre que la per-
pendiculaire, ou que la hauteur de la muraille , ou
du remparr. Efcarpe eft oppofé à contrefcaipe, qui
eft l'autre côté du folié. On ne dit guère elcarpe
que par rapport à la contrefcarpe.
Escarpe , terme de Maçonnerie. Inftrument avec le-
quel on fait taluter les maîtres ou règles , lorfqu'on
veut faire le ralur d'un rempart ou d'une muraille.
C'eft une pièce de bois coupée félon la grandeur du
talut. De la Fontaine.
ESCARPEMENT, f. m. Terme de fortification ^ qui
lignifie, Pente. Clivus ^ declivitas , crcpido. Faire
l'ej'carpement d'un folTé.
ESCARPER. V. a. Elever un mur , un rempart en ta-
lut, ou même à plomb , avec peu de pied ou d'em-
pâtement. Munire aggere , crepidine. C'eft auftî
Couper & abatte les endroits par où l'on peut
monter , & les rendre fi roides qu'on n'y puilfe
grimper. Efcarper un rocher j les bords d'une
rivière.
Escarpé, ée» part. & adj. Qui eft coupé à plomb j ou
avec peu de talut, roide, & de difficile accès. Pr<i-
ruptus , abruptus. Une falaife efcarpèe , une roche
efcarpée j qu'on appelle efcore en termes de Ma-
nne. Vous voyez dans ce défert des rochers efcar-
pés , qui femblent menacer ceux qui les regardent.
Ménage dérive ce mot de rAllemandytvi/^'j ou
du Yl-^mznà fcherp , ou de l'Angloisy/iû^y , qui figni-
fient aigu.
ESCARPIN, f. m. Soulier à fimple femelle \ la plus
légère de toutes les chaufturcs d'hommes. On en
portoit autrefois dans les mules. Socculus , calceo~
lusjimplarius. Comme Xefcarpin eft fort léger , les
Danfeurs de corde s'en fervent.
Et qdil aurait hienfu querellant ciel & terre
Ufer en brouhahas les poulmons du parterre ,
Si prenant /'efcarpin Simon facétieux
Il eût youluparoîire en fon air gracieux.
Le mot Xefcarpin fe prend ici figurément pour
la Comédie \ c'eft un fymbole & un caraétère qui la
défigne J comme le Cothurne défigne la Tragédie.
Ilfe dit auft^iau pluriel d'une efpèce de torture où
l'on ferre les pieds. Il a eu les cfcarpins. Compedes.
Ce mot vient de ritalienyci7r^//?o , qui a été fait
du Latin carpi , qui fignifie une efpèce de fouliers
détoiipcs, félon Ménage, après Saumaife ik Cœ-
lius Rodiginus. D'autres le dérivent de càrpinus j
qui eft une efpèce d'érable , dont on fait les û-
bots, & dont on a tranfporté le nom à efcarpin ^
par antiphrafe
On difoit autrefois efcharpin au lieu à' efcarpin.
Brantôme , dans les Eloges des grands Capitaines
de fon temps , rapporte que Gafton de Foix au fié-
ge de Brelle , allant à l'affaut , pour marcher plus
ferme fe fit ôter fes fouliers, & fe mit en efcarpins
déchauffes ^ 5c que tous les autres en firent de mê-
me. Celui qui a eu foin de l'édition des Mémoires
de Brantôme , dit qu'il n'entend pas bien ce mot.
Il y a un endroit dans la vie de M. d'Epernon qui
peut fervir à fon érlairciftement j car il y eft remar-
qué en parlant d'Henri III. qu'il n'encroit perfonne
dans fa chambre , qui n'eût \ efcarpin blanc j & la
mule de velours noir. D'où l'on peut conjeârurer
que c'étolt la mode , en ce fiècle , de porter des
efcarpins j que Brantôme appelle efcharpins , ou
chauffons de cuir dans les fouliers , à-peu-près com-
me l'on porte des fouliers légers dans des galoches.
De Vign. Marv.
ESCARPIN ER. V. n. Courir vîre & légèrement ,
comme on fait quand ou eft chaufte avec des efcat-
f
, avec
ESC
pins , avec une chiuflure commode. Levl pede cur-
rtrc. Cela ne fe peut dire qu'en riant. Gui-Patin
écrivant le 5. de Juillet itS^S. à fon ami Charles
Spoii fur le départ de M. Parker pour l'Angle-
terre , n'a pas lailFé de dire fort lérieufemeiit ,
Tous ces Etrangers aiment trop à efcarpiner & bat-
tre la femelle.
ESCARPOLETTES, f. f. Jeu j exercice champêtre,
qui confifte à le balancer fur une planchette ou un
liège fufpendu par une corde attachée par fes deux
bouts à deux arbres qui font à une diftance conve-
nable. Celui qui eft aOis fur ce ficge efl: balancé ,
poulie & repoulfé en l'air par ceux qui tiennent le
lié"e en volée j en faifant remonter la corde lorf-
qu elle eft defcendue à fon point le plus bas. Pto-
jeclorium.
On dit , en ftylc populaire , qu'un homme a la
tète à Vt/carpolene i pour dire j qu'il eft étourdi.
ESCARQUILLEMENT. Foye^ ECARQUIL-
LEMENT.
ESCARQIJILLER. Foye^ ÈCARQUILLER.
ESCARRE, f. f. Foyei ESCARE.
EscARUF, , en termes de Blafon , fe dit abufivement ,
au lieu de dire , Equierre , quand on en charge les
Ecus àes Armoiries. Bara l'appelle autrement po-
tence ^ quand l'une des branches eft plus lontjue
que l'autre , Se lui fert de pied pour la foutenir ,
parce qu'elle repréfente en efict une potence.
ESCARRIR. V. a. Vieux root. Difperfer de côté tk
d'autre. On trouve auffi E/cùi n d.\ns la fignifàcation
de Perdu.
ESCART. Foye^ ÉCART.
^CT ESCARTABLE. Terme de Fauconnerie. Foye:^
ÉCARTABLE.
ESCAlvT-DOL/CE. Sorte de coton qui vient d'Alep
par la voie de Marleille.
ESCARTS ou ESCAS. 1. m. pi. Dans quelques Cou-
tumes on appelle droits dcjcurcs ., un droit qui ell
dû fur tous les bien§- meubles Hc à feux , quand ils
palFent des mains d'une p.^rlonne bourgeoife à une
autre qui ne l'elt pas. Quelquefois on trouve droit
à'e/'cûs, pour droit d'ej'cans.
EscARTS , c'ertainfi qu'on appelle certains cuirs qui
viennent d'Alexandrie. On donne le même nom en
quelques endroits de Barbarie j aux cuirs les moins
bons que les Francs négocient ayéc les Maures. Les
meilleurs s'appellent Toroux. Entre les deux il yen
a d'une efpèce moyenne.
ESCARTELER. -) Ç ÉCARTELER.
ESCARTELURE. ^FoyeA ECARTELURE.
ESCARTER. 3 ^ ECARTER.
ESCAS. Foy ESCARTS. Terme de Coutumes.
ESCASSA8LE j adj. Terme de Coutumes. Meuble
efcaffaNe , eft un meuble fujet au droit d'ejcans ou
d'dfais. Foye^ Escarts.
ESCAUDE. f. f. Petite barque dont on fe fert fur les
marais & fur les petites rivières.
Ce mot vient d'cxcavaca. FtIuet.
ESCAVE. Efcava. Fleuve de la Tucumanie , dans l'A-
mérique méridionale. La ville de S. Michel eft fur
YEjcave.
ESCAVESSADE. f f. Terme de Manège. C'eft une
fecoulfe de cavefl'on pour faire obéir un cheval.
ESCAI.IPONT. Village du Hainaulr. Pons Scaldls ,
Scaldi pons. Il eft fur VEJlaut à une lieue de Condc
Se à deux de Valenciennes. On croit que c'eft l'an-
cien Scaldls Pons des Nerviens, que quelques Géo-
graphes néanmoins mettent à Condé. Quoiqu'il en
ibit , les noms font les mêmes , & fignifient Pont
de VEfcaut , Pont fur \Efcauc. Foyei Hadr. Valef.
Nota Coll. p. 454.
ESCAUT. Rivière des Pays-Bas. 5cjWm. Elle a fa four-
ce dans la Picardie , où elle b.iigne le Catelet : en-
fuite elle traverfe le Cambrefis, le Hainault ^ la'
Flandre ; & aux confins du Brabanr elle fe divife en ;
deux branches , donc l'une s'appelle ÏF.fcaut occi- j
dental , ou le Mont , & l'autre \Efcauc orienta!. Ce- j
lui-ci fe jette dans la mer Qcéane entre l'Ifle dej
ESC 8^j
Walcheren & celle de Showen. L'autre fe décharge
dans la même mer entre l'Ifle de Cadfant & celle de
Walcheren.
ESCAYOI.LE. f . f . Drogue qui vient du Levant nar la
voie de Marfeille. Elle eft fujette au droit de vingt
pour cent.
ESCERVELÉ.
ESCHAFAUD.
ESCHAFAUDAGE.
ESCHAFAUDER.
ESCHALADER.
ESCHALANS.
ESCHALAS.
ESCHALASSE -
MENT.
ESCHALASSER.
ESCHALIER.
ESCHALIS.
ESCHALOTE.
ESCHANCRER.
ESCHANCRURE.
ESCHANDOLE.
ESCHANGE.
ESCHANGER.
ESCHANSON.
ESCHANSONNE-
RIE.
ESCHANTILLER.
ESCHANTILLON.
ESCHANTILLON-
NER.
■ÉCERVELÉ.
ECHAFAUL».
ECHAFAUDAGE.
ECHAFAUDER.
ECHALADER.
ECHALANS.
ECHALAS.
[ECH ALASSË-*
, MENT.
ÉCHALASSER.
ÉCHALIER.
JECHALIS. ■
Foy, C ECHALOTE.
)echancrer.
échacrure.
echandole.
Iechange.
échanger,
'echanson.
echansonne-
RIE.
ECHANTILLER.
ECHANTILLON.
ECHANTILLON-
NER.
ESCI-IAPILLE,ÉE. adj.Qui s'elWit des cheveux. Epar
pillé , épais çà & là , mal en ordre. PaJJus ,
um.
Car ce font crins _, non point efcarpiilés y
Mais poliment fans art entortillés. Marot.
ESCHAPPATOIRE
ESCHAPPE.
ESCHAPPE.
ESCHAPPEE.
ESCHAlPER.
ESCHARBOT.
ESCHARDE.
ECHARDER
ÉCHAPPATOIRE.
ECHAPPE.
ÉCHAPPÉ.
>Foyei ^ÉCHAPPÉE.
ECHAPPER.
ECHARBOT.
ECHARDE.
V. a. Vieux mot. Irriter , fâcher.
ESCHARDONNER. ^oyeç ECHARDCNNER.
ESCHARDONNOIR. Foy. ECHARDONNOIR.
ESCHARE. f. f. Efchara. Plante qui pouffe une lubf-
tance pierreufe , groffière , ayant la forme d'une
l.iitue crêpée , poreufe comme un crible , blanche «
fragile , ayant en dedans beaucoup de crevafles ,
fans goût ni odeur manifefte. Lémeridit qu'on don-
ne le nom d'efchare à de certaines plantes qui naif-
fent au fond de la mer, & qui font d'une matière
pierreufe^ aplatie en feuille , & d'une tilfure ap-
prochant de celle de la toile. C'eft pour cela
qu'on lui a donné le nom de dentelle de mer ou de
manchette de Neptune. M. PeilFonnel a découvert
que cette prétendue plante marine , ainfi que bien
d'autres , étoit formée par des infedes de mer.
ESCHARNER. Foyej ÉCHARNER.
ESCHARNlR.v. a.Vieuxmot. Offenfer, médire.
ESCHARNURE. Foyex ÉCHARNURE.
ESCHAROTIQUE. f. f. Terme de Médecine. Foyei
EsCAROTiqUE.
ESCHARPE. \rr (ÉCHARPE.
ESCHARPER. K "''''^tECHARPER.
ESCHARROGNEUX, euse. adj. Vieux mot. Que-
relleur.
Foy.
ESCHARS.
ESCHARSE.
ESCHARSEMENT
ESCHARSETE.
ESCHASSES.
ESCHAUBOULÉ.
ESCHAUBOU-
LURE.
V. a. Vieux mot. Chafler,
H a u n n ij
ÉCHARS.
ÉCHARSE.
ECHARSEMENT.
ECHARSETE.
ECHASSES.
FCHAUBOULÉ.
ECHAUBOULURE.
ESCHAUCIER.
ESCHAUDÉ.
ESCHAUDER.
ESCHAUDOIR.
ESCHAUFFAISON
ESCHAUFFE-
MENT.
ESCHAUFFER.
ESCHAUFFOISON.
adiion d echaufter.
ESC
•ÉCHAUDÉ.
ECHAUDER.
lECHAUDOIR.
^0)'. <ECHAUFFAISON.
iCHAUFFEMENT.
tiCHAUFFER.
f. f. Vieux mot. EchaiiïFemenc ,
Calejaciio.
Quand l'humeur vieille alors des eaux laijjee ^
tt par l'ardeur du clair J'oled prejfee.
Z)'ef<.haufFoiron , & que paludi à' fanges
Furent enflés fous ces chaleurs étranges. Marot.
ÉCHAUFFOUR.
ECHALIGUETTE.
Foye-^ <^ECHAULER.
ECHE.
^.^..v..w,^^. ^ .ECHEANCE.
ESCHEBABA. Petite ville , aiuretuis Epifcopale. Sco-
/e/uj. Elle ell dans la Romanie,près de laBilgarie,
& de la l'ource de la rivière Capiza , au nord d'Aii-
drinople , dont elle é:oit luffragante. On la nomme
auHI Ifchéboli.
ESCHAUFFOUR.
ESCHAUJ (JETTE.
ESCHAULER.
ESCHE.
ESCHEANCE
I
ESCHECS.
ESCHELAGE.
ESCHELETTE.
ESCHELLE.
ESCHELLER.
ESCHELLIER.
ESCHELON.
ESCHEMER.
ESCHENAL.
I
^ECHECS.
Techelage.
Iechelette.
j echelle,
-'echeller.
echellier.
ECHELON.
ECHEMER.
'ECHENAL.
RSCHENECK. Bour^ de la Balle-Hongrie. Echene^
cuni. Quelques Gé )graphes le prennent pour l'an-
cienne Céfaré^ , Czfarea , bourg de la iTaute-Pan-
nonie , que d'autres placent à Tinta. Echiueck eft
Gtuc entre Albe Royale & Komore.
ESCHENILLER. -j , /-ECHENILLER.
ESCHEOIR. f r, 3ECHEOIR.
ESCHERPILLER. ('^'^y^l "\ nCHERPILLER.
ESCHERPILLERIE. > C ECHERPILLERIE.
ESCHERPILLEUR. f. m. Vieux mot. Voleur. On ap-
peloit aind les voleurs , à caufe qu'ils porcoi.-nt une
écharpe , appelée efcherpe ou efcherpéte j dans le
vieux langage.
ESCHET.
ESCHETE.
ESCHEVEAU.
ESCHEVELÉ.
ESCHEVER.. V. a, Vieux mot.
ter , traiter durement un
.P''oyei
ECHET.
'ECHETE.
ECHEVEAU.
ECHEVELÉ.
Efq dver , fuir
perljnne
Un
evi-
de nos
Poëces anciens dit que pour bien vivrejl y a quatre
points à obfetver :
Bien penfer , bien dire , bien faire ,
Et efchever ( éviter ) tout h contraire.
Gloss. des Poëf. du Roi de Nav.
ESCHEVIN.
ESCHEVINAGE.
ESCHEUTE.
ESCHIF.
ESCHIFFLES. f.
ESCHIFFRE.
ESCHIFFRE.
ESCHIGNER.
ESCHILLON.
ESCHINADES.
ESCHINE.
ESCHINÈE.,
ECHIQUETE.
ESCHIQUIER
-vECHEVIN.
j. fECHEVINAGE.
'^"^^ >ÉCHUT£.
3 ÉCHIF.
f. Sorte de fortification ancienne.
ÉCHIFFRE.
fECHIFFRE.
\ ÉCHIGNER,
lÉCHILLON.
^^oye? <ÉCHINADES.
JHCHINE.
IfiCHINÈE.
f ECHIQUETE.
^ÉCHIQUIER.
ESCHIS'îf. m. Vieux mot. Guerrier , foldatj vient du
mot Efchelle, qui fignifie utre ligne , une colonne
d'armée. Le mot Efchis eft employé au même fens
que l'on dit un aigrefin, un pillard. Glojf.dss Poëf.
du Roi de Nav.
l
ESC ^
LSCHOITE. -x ( ÉCHOIT^
ESCHOPPE. iFo) e:^ ) ECxiOPPE.
ESCHOOER; 3 C'^v.J^OUER.
ESCHRAKil E.(.m. Hcf.Pionvuctiz j-JcneraÀite. Nom
de IcCte parmi les Mahométans. v,Jrakita , hjchra-
I kita , liLuminjiui. Les tjcnr^kitts , ou tfrakues ,
l font les Philylophes Mahométans qui fuivent les
î opinions de Platon j les Mai-ométans Platoniciens.
A'JahomiLcni tiatonici. Les Ljcnruhues mènent le
fouverain bien lî^i la bcaiicudc dans la concempla-
tion de la majcllc divine , ik méprilent les imagi-
nations grolîièces de l'Alcoran couchant le Paradis.
Ils tuient les vices , conletvent une humeur égale
& toujours agtcable j aiment la mufique , & fc piai-
ient à compoler de petites pièces de veis & des
chanfons Ipimuelles. LesScheichs j ou Prêtres , &C
les plus habiles Piédicateurs desMofquéeshupéria-
lesfont Efchrakites\ &c les Ejchrakites ne font point
éloignés duChiillianifme.
Ce nom vient du verbe Arabe pTi£? Scharaka ^
qtii à la quatrième conjugaifon pntt;N , ajchraka ,
lignifie luire , éclairer , briller, con.me tait le foleilj
dcfoite que Efchrakue eft la même chofe qu'illu-
miné , iiluminatus .
ESCEiWÉGE. Petite ville de la balTè partie du Cercle
du haut Rhin. Schuvcgia. Elle eft dans le Landgra-
viat de Helfe , aux confins de la Turinge , fur la
Werra , à huit lieues de Calfel du côté du levant,
ESCIENT, f. m. Pleine connoiifance de ce qu'on fait,
ou de ce qu'on veut faire , lérieufement & tout de
bon. Cor.fcientia. Ce mot ne s'emploie qu'avec la
particule à. Faire quelque chofe Wnonejuent , ou
à kn ejcient y avec connoillaiice , fâchant bien ce
qu'on fiiit. Scienier, cum attentione. Une faut jamais
mentir à fon efcient.
ifT A hon efcient J façon de parler adverbiale j
qui lignifie tout de bon , féiieufement. Je parle à
bon ejcient. Dites- vous cela à bon efcient. Il vieillit
dans les deux acceptions. Il vient du Latin fciens.
ESCLACHE. Nom d'une Abbaye de filles de l'Ordre
de Cîteaux dans la Bafte- Auvergne. Escleajia ^zm.-
trefois Efchalaria. L'Abbaye de XEfclache eft dans le
Diocèfe de Clermont,à huit lieues environ de cette
capitale de la Province , du côté du couchant. Db
Sainte-Marthe.
ESCLAIR.
ESCLAIRCIR.
ESCLAIRCISSE- ^Voye^
MENT.
ESCî A!RE.
|}Cr ESCLAIRE. f. m. Terme de Fauconnerie. Oifeau
d'une belle longueur , & qui n'eft point épaulé. Les
ejciairesioViX. beaux voleurs. Les f/c74^irej iont plus
beaux voleuts que les goulfauts, ou ceux qui font
courts & bas alîis.
E< CLAIRER. Vùye-^ ÉCLAIRER.
ESCLAME. adj. Terme de Manège , qui fe dit d'un
cheval qui n'a point de boyau. Gracliis. Il eft vieux.
EscLAME, Terme de Vénerie, qui fignifie, grêle,
menu. On dir que les cerfs font bruns j longs,
grands &' efclames.
ESCLANCHE.roye? ÉCLANCHF.
ESCLANDIR. v. a. Vieux mot.Scandalifer.
ESCLANDRE, f. m. & f. Vieux mot , qui fignifioit
autrefois un accident fâcheux qui troubloit & inter-
rompoit lecoursd'une affaire, & qui fe dit encore
en ftyle f imi iier. Scandalum , jaclura _, damnum , de-
trime'itum ,perturbaào i flrc.ges 3 clades. Il ne faut
pasfouffrir une ejclandre pour une bagatelle.il fe-
roit venu à bout de ce deifein , fans un efclandre qui
lui arriva. Ce qui tourne au grand efclandre de la
juftice. CouT. d'Anj, Loret , dans (es vers burlef-
ques , a dit efclandre , pour déroute , dejaite.
Car on dit que dans cette efclandre
Plufîeurs Hollandais firent filandre.
Ou , pour parler plus nettement.
I Se retirèrent doucement.
■ÉCLAIR.
(ECLAIRCIR.
ECLAIRCISSE-
MENT.
-ECLAIRE.
ESC
Ce mot vient du latin clades. Mais Ménage & Du
Cange le dérivent à^fcanialutn j qu'on trouvedans
les vieilles Coutumes de Bourges , ou du verbe
Grec r.A«a , Jrango j rumpo. \]\\ trille accident n'ar-
rive jamais fans efciandic.
ESCLAi'I^ES. de Languedoc. Marchandife employée
dans le Tarif de la Douane de Lyon, de 1652..
ESCLARON. Petite ville de France en Champagne.
C'eft la même i\\xEcUiiron , ou Lclaron. AI, De
Lifle & autres bons Auteurs écrivent Ejclaron.
ESCLAT. \r, J ECLAT.
ESCL ATEx^. 3 ^ ''^'^^ 1 ECLATER , &c.
ESCLAVAGE, f. m. Condition dun efclave : état dans
lequel , à la honte de l'humanité , un homme eii
allujetti au pouvoir abfohi d'un autre homme qui a
le droit de difpofer à fon gré de fes biens ii: de la
vie. Servicus. Cet état choque également le droit na-
turel & le droit civil, & paroit direilement con-
traire aux' meilleures formes du gouvernement.
yoye\ Esclave.
fer ESCLAVAGE, fe dit dans un fens figuré de Ja trop
grande dépendance dans laquelle on eft fous la do-
mination d'un Prince trop ablolu. Ni les préceptes
ni l'indullrie ne fauroient exciter cette fureur di-
vine que h liberté infpire , èc que Vefdavage
étourle. S. EvR.
Esclavage , fe dit aulîi d'une fervitude & foumif-
fion volontaire. Cet emploi l'occupe tellement ,
qu'il n'a pas«n moment à lui j c'eft un honnête , un
pompeux cjclavdge i un véritable «î/cAiv^^e.
Esclavage , fe dit encore en morale à l'égard de
cet empire que nous lailfons prendre fur nous à
nos paillons. Les Amans fe plaignent qu'ils font
chirgés de chaînes , qu'ils languilfent dans 1 efcla-
VJge. Les ambitieux , qui fuivent la Cour , font
dans un vrai ejclavage. Quelle eft cette hlle j ché-
rie du Ciel, qui fe peut glorifier de n'avoir ja-
mais été fous ['efdavage du démon ? P. Chemi-
nais. Gémir fous Vefdavage du péché.
Mon cœur devrait finir d'un fi rude efclavage :
Mais ce faible capûj n en a pas le courage. La Suze.
Il y a une dévotion ou Confrérie qu'on ap-
pelle l'efdavagc de la Vierge.
L-s femmes ont aulli depuis quelque temps don-
né le nom A' efclavage à une efpèce de collier j ou
plutôt à un demi cercle , tantôt hmple , tantôt dou-
ble , de pierreries , attaché par fes deux exttcmités
au collier , qui pend en forme de chaîne, & le.ur
couvre la gorge.
Esclavage, en termes de Négoce , eft un dioitqu'une
Compagnie de Marchands Anglois a feule d ache-
ter & de vendre les m irchandifes à l'égard des étran-
gers ; ou un impôt qu'elle a établi fur toutes les
marchandifes qui entrent par mer en Angleterre , ou
qui enfortent. On ne le tait payer qu'aux François.
ESCLAVE, f. m. & f. Qui s'emploie aulli adjeélive-
ment. Celui qui eft privé de la liberré &qui eft ré-
duit fous la puillimce d'un maîtte , foit par fa naif
fance , foit pat la guerre , foit par achat , foit au
tremenc. Servus. Les efdaves d'Alger font des cap-
tifs pris par des Corfaires. On fait dans l'Amérique
un grand trafic à'cfclaves Nègres. Dès qu'un efclave
peut aborder en France , il eft libre. Les payfans en
Pologne font naturellement efdaves des Gentils-
hommes.
Quelques-uns ont dérivé ce mot de Includo ^ ou du
Grec i'rxXu'à) parce que les efdaves font enfermés
en prifon. Ménage le dérive Je ,^/iii«j, dont les
Italiens ont fait fckiava j qui a été fait de l'Alle-
mand,^Zj?/, onjlave^ que VolTîus croit avoir été
dit des peuples Efdavons j que Charlemagne con-
damna à une fervitude perpétuelle. Ménage dit que
les Italiens & les autres peuples de l'Europe avoient
coutume d'acheter les Sdaves , ou Slaves , pour
en fiire leurs f.'rfs : ainfi un nom propre de nation
eft devenu par l'ufage un nom d'état & de condi-
tion. En François nous difons Efdavons Se Scia-
ESC 837
vons , ou Sdaves & Slaves, pour marquer les peu-
ples appelés en Latin , Slavi , ik ejclave ^ pour duc,
jer:f , ou capti} .,fervus, capnvus.
Paimi les Romains y lorlquon mettoit un efdave en
liberté, il changeoit fon nom en furnom ; il pre-
noit le nom & le prénom de fon maître, api es ief-
quels il ajoutoit le nom ou fobriquet qu il avoïc
étant efdave. Par le Dtoit Civil , le pouvoir de
faire des ejclaves eft du droit des Gens, comme une
fuite naturelle de la guerre. On dit que les Lacédé-
monicns ou les Alîyriens , félon quelques-uns , en
ont les premiers introduit l'uiage. Non-feulement
les Romains approuvèrent la lervimde \ mais ils
inventèrent de nouveaux moyens de faire des efda-
ves ; par exemple , un homme né libre pouvoir
vendre fa liberté, & devenir e/c/i2ve. Cette fervi-
tude volontaire lut introduite par un Décret du
Sénat du tems de l'Empereur Claude , & abrogée
par Léon le Sage par fa Nov. ^^. Les Romains
avoient droit de vie &c de mort fur leurs ejUaves.
Prelque toutes les autres nations n'en ufoient pas
ainh j cette (évérité fut modérée par les lois des
Empereurs , & Adrien décerna la peine de more
contre ceux qui tueroient leurs ejdaves fahs rai-
fon. Les efdaves étoient le domaine & le bien pro-
pre de leur maître : tout ce qu'ils acquéroient lui
appartenoit. Mais li le maître ufoit trop cruelle-
ment de la correction domeftique , on l'obligeoit
de vendre fon ejUave à prix raifonnable. Comme
l'efclav.ige n'a point été aboli par l'Evangile , la
coutume d'avoir des ejdaves a duré long-tems dans
le Chriftianifme. Du tems de Louis le Gros ils
étoient en fi grand nombre dans l'Europe , qu'on
eut bien de la peine .à rompre & à dilîiper ceux
qui s'étoient foulcvés. Bat thole , qui vivoit en
1 300 , dit qu'il n'y en avoit plus de fon tems. Voy.
Bùdin. ù,
UCT II y avoir chez les Romains trois manières
d'avoir des efclaves. i". Quand on l.-s ache
toit du butin tait fur les ennemis, & de la parc
relervée pour le puhlic. 1". Ou de ceux qui les
avoient pris en guerre les armes à la main qu'on
appeloit proprement mancipia^ quafi manu cipta ^
pris avec la main , pour les diftinguer de ceux qui,
après avoir mis bas les armes _, fe vendoient au
peuple Romain , & qu'on appeloit dedici, 1'^^^ fi
dederanc. 3°. Ou des marchands qui en faifoient
trafic & les vendoient dans les marchés. On les ven-
doit onfub hafiâ ^ on fib coronâ , onfuhpileo. Sub
haftâ , au plus offrant &c dernier enchérilTeur , ayant
planté une javeline -.fub coronâ j quand on insttoit
fur leurs têtes une guirlande ou chapeau de fleurs :
fub piieo , quand ou leur mettoit un chapeau fur la
tête , afin de les faire remarquer.
IJCF Ils portoient à leur cou des écriteaux fur lef- '
quels on écrivoit leurs bonnes & leurs mauvaifes
qualités , leuts talens &: leurs défauts. C'eft ce que
dit Aulu-Gelle. Titulus firvorumfingulorum uc fcrip-
tusfiet curato j uà ut inielligi reclè poffic quld morbi
viciique , cuique fiet.
^fÙ" Il y avoit auflî des hommes libres qui fe
vendoient eux-mêmes.
1^ Les enfans nés d'une femme efdave étoient
aulli efdaves par la naiftan'ce , fuivant la maxime
du droit Romain parcus ventremfiquitur.
IKT Les efclaves étoient affranchis & obtenoient
la liberté par des voies différentes. Souvent les maî-
tres la leur donnoient & en faifoient leurs affran-
chis , quand il les fervoient avec afTeéfion. Quel-
quefois ils fe rachetoient eux-mêmes de l'argent
qu'ils avoient amalTé de leur épargne ou de leur
trav.ail , qui formoit leur pécule. On leur donnoit
quatre boilfeaux de blé par mois, pour leur nour-
riture y fur quoi il leur étoit permis d'épargner ce
qu'ils vouloient , & d'en faire une bourfe à part,
un petit tréfor qu'on appeloit peculium. Quand les
maîtres avoient commis quelque ctime puniflable
félon la loi , ils accordoient la liberté à leurs Efda-
ves. Devenus par là Citoyens Romains , on ne pou-
S3S ESC
voit plus leur donner la queftion , Se ils n'étoient
plus témoins contre eux. Sous les Empereurs il y
en avoir au(lî qui affranchiiroient leurs efdaves par
avance , afin de pouvoir participer aux libéralités
que le Prince faifoit au peuple par tête.
Cette liberté leur étoit ordinairement accordée de-
vant le Préteur à Rome,& dans les Provinces devant
le Proconful , avec certaines formules de paroles,
& d'une baguette nommée vindicla, dont il les frap-
poit. La Vindicla étoit une verge dont le magiftrat
frappoit fur la tête de celui qu'il affranchilloit en
difant : Nous déclarons cet homme ici préfent être
libre & citoyen Romain. Feltus prétend que c'étoit
le maître , qui , prenant fon efclave par la main ,
prononçoit ces paroles i hune homïnem libcrum ejje
volo. Il le frappoit en même tems de la baguette ,
& lui faifoit faire un tour entier , ce qui s'appe-
loit vertigo. Faut una quiritem venigo , dit Perle.
§3" On affranchilfoit encore les ej'dares, lorf-
qu'on manqiioit de foldats, & qu'il falloit les armer
dans des befoins prelfans ; mais cette liberté ne leur
ctoit acquife , qu'après qu'ils s'étoient fignalés par
quelque exploit confidérable : ce qui s'appeloityér-
vos adpUcum vocare. Voy. Affranchi.
^3" On donnoit aux efcUves divers noms ou
diverfes épithètes , relativement aux difFérens em-
plois qu'on leur donnoit. On trouvera tous ces noms
à leurs articles particuliers.
Esclave , fe dit auiïl de celui qui eft attaché à un em-
ploi qui demande beaucoup d'afliduité , qui im-
pofe beaucoup de contrainte j qui ne lailfe point de
liberté. Un Avocat employé ell un efclave dans fa
profelïïon. Les Rois Çomefclaves fur le trône. S. Evr
On dit qu'un homme eft efclave de fa parole ,
pour dire , qu'il garde exadement ce qu'il promet.
Esclave fe dit non-feulement des perfonnes , mais
auffi des pays, des Royaumes , des Provinces. Il
n'avoir pas pu voir fans douleur cette terre où No-
tre-Seigneur a racheté le genre humain , devenue
efclave des Infidèles. Bouh. Fie de S. Ignace.
Esclave , fedit figurément en Morale de ceux qui ,
par flatterie ou par intérêt fe rendent tellement
dépendans de quelqu'un , qu'ils font aveuglérnent
tout ce qu'ils croient devoir lui plaire, foit bien ,
foit mal ; de ceux qui font tellement attachés au
fervice de quelqu'un , qu'ils ne peuvent s'en éloi-
gner, ni fxire autre chofe ■■, & enfin j de ceux qui
font foumis & alfujettis .1 l'empire des pallions ,
qui font tout pour les fatisfaire. C'eft une ame vib ,
une ame à'efclave j qui flatte les vices de fon maî-
tre. Ceux qui font réduits à fetvir font moins ef-
daves de leur maître j que de la néceflité. Le Mai.
Il eft beau qu'il fe trouve dans le Chriftianifmedes
âmes fi détachées d'elles-mêmes, qu'elles femblent
indépendantes du corps, qu'elles traitent en ef
dave. Nous fommes efdaves de toutes les choies
que nous craignons 5i que nous defirons. Dac. L'in-
térêt fait du plus fier & du plus orgueilleux un ado-
rateur & un vil efclave de tous ceux qui font en
fortune. M. Esp. L'on eft efdave de fa Maîtrelfe ,
efclave de fes pallions. Il faut fe fetvir des chofes ,
en être le maître, & non pas Vefdave. S. Evr. La
crainte de la mort & des enfers ne convient qu'à
des efdaves. Fen. Efdave des plus honreufes ac-
tions. BouH. Efdave de la fortune , de la faveur ,
de fes intérêts , qui fait tout pour la fortune j qui
facfifie tout à fes intérêts.
L'ame eft donc toute efclave ; une loi fouveraine
Vers le bien , ou le mal , incejfamment l'entraîne.
Corn.
/^i/ efclave toujours fous le joug du péché. Boit.
Mais nous autres faifeurs de livres & d'écrits ,
* Du Lecleur dédaigneux honorables efclaves. Id.
/ Esclaves de la VERTU. Ordre de Chevalerie pour
les Dames, inftitué eni<5(îi. par l'Impératrice Eléo-'
ESC
nore de Gonzague 3 femme de l'Empereur Ferdi-
nand III. laquelle en fut Grande Maîtrelfe. La de-
vile de cet Ordre étoit un Soleil dans une couronne
de laurier , avec ce mot j Sol ubique triumphat. Les
Dames Efclaves de la vertu dévoient porter cette
devife en forme de médaille attachée à une chaîne
d'or en forme de bracelet au bras gauche. Voye:^
Juftiniani , T. IL c. 90,
ESCLAVINE. Vieux mot. C'étoit une efpcce d'habit
long & velu. Penula , chlamys. Les Pèlerins mar-
choient avec efdavine & bourdon. Poiney écrit au(li
efdaméne. Ce mot a aufli fignifié une grolfe couver-
ture de lit , & il vient àEj'davonie.
ESCLAVON , oNNE. f. m. & f. Nom dépeuple, que
nous appelons aullî Sclavon , onne y &c Sclave m.
& f. Sdavus j Slavus. Procope & Jornandez dilent
Sdavinies. M. de Cordemoy dit toujours Sclave àins
fon Hiftoire de France : il parle des anciens peu-
ples qui portoient ce nom. Le premier , dit-il,
Tom. I. pag. 3 18. qui s'apperçut de la foiblefle de
Dagobert , fut Samon , Roi des Sclaves. Il étoic
natif de Sennegaw , &c par conféquent né fujetdes
Rois de France. Il avoir toute la vie fait prof ellion de
la Marchandife ; & comme il alloitavec une troupe
d'autres Marchands trafiquer dans la Bohême ëc
les pays voifins , il trouva toute cette partie de la
Germanie en armes , parce que les Sclaves , qui l'ha-
bitoient , vouloient s'affranchir déBa tyrannie das
Arabes. Il s'oftrit avec fes compagnons aux Sclaves,
comme ilsétoient prêts de livrer le combat , & fie
tantd'aârions de valeur en cette occafion , qu'ayant
gagné la bataille^ ils le firent leur Roi. Et p. 319.
Ce Marchand né Chrétien , devenu Roi d'un peu-
ple idolâtre , vécut en homme qui n'avoit jamais
eu de religion. Il idolâtra comme les Sdaves , 8c
prit douze femmes ; dans tout le refte il parut de
gtand fens , & capable du gouvernement ; il alfura
par divers combats la liberté des Sclaves , ôi mie
tout le pays en paix, &c. Et de même , T. II. p. 7.
11. 23. 32. 47.48. i4{. 149. 159. 157. 174. 175.
& ii)6. Il paroît que l'on parloir autrefois ainfi ,
car c'eft de ce mot que s'eft formé le nom efdave ,
comme on l'a dit ; Se de Sdavus j on a dû natu-
rellement dïve Sclave.
Mézeray dit Sclavon. Les Huns recommencèrent
bientôt la guerre , mais les Sclavons en caulèrenc
une auparavant. Cette nation , Scythique d'origine ,
s'étoit épandue en diverfes contrées. Mézer. T. I.
p. 180. Les Willhes ne celfoient de courir fur les
terres des autres Sclavons leurs voilms & fujers des
François , & fur les Abodrites. Id. ibid. où il décric
leur défaite par Charlemagne j & de même dans
Charles le Chauve , p. x6o. Moréry , & fes Con-
tinuateurs , M. Corneille , & plufieurs autres , di-
fent Efdavons. D'autres écrivent indifféremment
Sclavon & Efdavon.
Les Efdavons., comme on le vient de voir,
étoient un peuple de la Scythie Européenne. Bi-
bliander , dans fon Livre De Ratione commun, lin-
guar. p. 15. croit qu'ils ne fortirent de leur patrie
que vers l'an 600. mais il eft fur qu'ils l'abandon-
nèrent fous l'Empereur Juftin , qui monta lut le
trône en 5 18. c'eft-à-dire j près d'un fiècle plutôt
que ne le dit Bibliander. Sous l'empire de Jufti-
nien ils ravagèrenr la Grèce; ils établirent le
Royaume de Pologne & celui de Moravie , &c vin-
rent fe fixer dans l'Illyrie , qui prit de-là le nom
d'Efcla^onie. L^Myfiens, les Serviens , les Bul-
gares , ceux de Bofnie , les Dalmates , les Croates,
les habitans de la Pannonie , ceux de Bohême & de
Moravie, de Siléfie , les Polonois , tant de la grande
que de la petite Polog;ne , ceux de Mazovie , de
Poméranie , de la Caffubie , les Ruinens , les Mof-
covites , font tous ou Efdavons , ou Vindéliciens ,
dit Bibliander à l'endroit cité. Les Efdavons em-
brafterent la foi en 8 17 , à l'exemple de? Bulgares ,
qui s'étoient faits Chrétiens dix ans auparavant.
Ils eurent des Rois juqu'au XIII« fîècle i enfuite
ESC
ils devlni-ent trib^itaii-es des, Hongrois. Foye^Es-
CLAVONIE.
Le nom d'cfdavon , ou Sclavon , Sc'.avus , fclon
Théodore Polycarpouvitz , Auteur d'un DicStion-
naire Grec , Latm iS: EfcLivon , impnmé à Mofcou
en 1704. vieiic du mon tjcldvon, Sluvu, qui daus
cecte langue lignihe gloire.
Il y a une Clironuiue Latine des Efdavons en
fept Livres. Helmold , Prêtre de Buzu ou Bouzou ,
a tait les deux premiers Livres , & Arnoul , Abbé
de Lubec , l'a continuée , & ajouté un fupplcment ,
qui comprend la lia du fécond Livre (ic les cinq
derniers. Le Baron de Leibnitz l'a corrigée fur un
manufcric j & l'a imprimée dans (csScripcores lie
runi BrunJ'ivkenJium , T. II. p. 557. & Juiv. Cette
Chronique nous apprend que les Efdavons on: ha
bité les côtes de la mer Baltique j que les tjcla
vons étoient divifés en Orientaux & en Occiden-
taux; que les Occidentaux étoient les Ruiiîens,
les Polonois, les Prulîiens, les Bohèmes, les Ca-
rinthicns & les Sorabes ; que les autres , qui habi-
toient lElclavonie propre , étoient les peuples
qu'on avoit autrefois appelés Vandales , & qu'au
temps d'Helmold on nommoit 'Vénétes ; qu'il y
avoit encore beaucoup d'a.utres Efc' avons au midi ;
que ces ditiérens peuples avoient rei^u la foi en dif-
férens temps. Helmold va jufqu'à l'an 1 170. & Ar-
noul depuis 1170. jufqu'à 1109.
Il y a une Hiftoiie Italienne des Efdavons par
Dom Maur Orbini Ps.aufer , Abbé de l'Ordre de
Malte, intitulée // regno de gli Slaviy & impri-
' mée h-fol. à Péfaro en 1601. Cet Auteur prétend
que les Efclavons font originaires de Finlande j
dans la Scandinavie ; qu'ils en fortirent pour la
première fois au temps qu'Othoniel , le premier
des Juges, gouvernoit le peuple d'Ilracl , 1460.
ans avant Jesus-Ciir.ist , félon le calcul de cet
jluteur J & l'an du monde 3790. & tju'ils en for-
tirent fous le nom de Goths ; qu'ils conquirent
toute la Sarmatie , & fe divifèrent enfuite en plu-
fîeurs peuples , qui font , dit-il , après Dubravius,
Hift. de Bohême , L. I. les 'Vénèdes, peuples qui
habitèrent le territoire de Dantzick , lesSclaves,
les Antes J les Verlesj ou Erules, les Alains , ou
Malïagètes , les Hyrtes , les Scyres , les SirbeSj les
Emenclènes , les Daces , les Suèdes , ou Suédois, les
Finnes , ou Finlandois, les Pruiîiens , les Vandales,
les Bourguignons , les Goths , les Olbogoths , les Vi-
lîgotlis , les Gétes , les Gépides , les Marcomans ,
les Quades , les Avares, les Peucins , les Baftarues j
les Rudiens, ou Mofcovites, les Polonois, les Bo-
hèmes, les Siléfiens & les Bulgares.
. Lin balmate , nomm.é Laurent Prlbevo , a fait
un difcours fut l'origine &: les conquêtes des Efda-
vons , où il prétend que les Illyriens &c les Thraces
ne font qu'une même nation ; que les Efdavons
font originaires des Thraces ^, qui font la poftérité
de Thiras , feptième fils de Japhet. E'oye~ ce dif-
cours , qui fut imprimé en Italien, par Aide Ma-
nuce le jeune, à Vénife en 1595. //2-4°.
EscLAvoN. f. m. Langue Efclavone. Langage des Ef-
davons. Sdavonica , ow Ulyrica lingua.L'Efdavon
■ €ft après l'Arabe , la langue la plus étendue. Elle
fe parle depuis la mer Adriatique jufqu'à l'océan
feptentrional , & prefque depuis la mer Cafpienne
jufqu'en Saxe , chez tons les peuples Efdavons dont
nous avonsparlé dans l'article précédent. Quelques-
uns l'appellent ^indtfch. L'Efdavon ell langue-
■ mère du Bohémien , du Sorabe , du Bulgare, du
Polonois, du Lithuanien, du Mofcovite^ & de
beaucoup d'autres langues. Mem. de Ta. Sur la fin
du IX' liècle , fufiige de fe fervir de l'Efdavon
dans l'Eglife , de dire la Melfe , de tr.aduire l'Ecri-
ture & de la lire en Efdavon, s'introduifit dans la
MoMvie & dans la Bulgarie. Voye^ fur cela la Dif
fert. XVII. du P. Papebroch dans le PropyUum ad
Acl. SS. Mail , />. 1 57. &fuiv.
EscLAvoN , ONNE. adj. Qui appartient , qui a raport
aux Efdavons. Sdavomcus. M. Leibnitz croit
quelles Huns étoient une n:iùon S davo/ine. 'h. -eu-.
DE IR. La langue Ejduvonnc On compte au moms
vingt peuples izfdavons. Nous avons un Litlion-
naire afdavon compofé par le P. Jacques Micalia ,
Jéluite, & imprimé à Lorette en 1649. i"-^"- B".-
bliander", p. 15. de tiac. Lom. lar.g. p.irle anlîî
d'un ouvrage lur cette langue, dont l'Auteur eft
Jean Maczuisky. Chronique Efdavonne. Poye^
ci delTus.
ESCLAVONIE. Nom du pays que les Efdavons onc
habité depuis que , fortis du Nord, ils fe fuient
fixés en Europe ; mais qu'on ne donne point à
celui qu'ils occupoient dans le ieptentrion avant
leur fortie , ni même à toutes les contrées que les
diftérens peuples Eldavons ont pollédées , ou pof-
fèdent encore j mais feulement aux terres des Ef-
davons propres , c'eft-à-dire j de ceux qui ont re-
tenu & conlervé le nom d'Efclavons. EJdavonia.
Comme ce pays a eu différentes bornes en difïe-
rens terr.ps, il faut diftinguer \' hjdavonie ancienne
& la nouvelle. L'ancienne EJdayonle comprenoic
tout ce que nous appelons l'Illyrie. VEfdavonie
aujourd'hui eft une Province du Royaume de
Hongrie J renfermée entre le Danube, la Save 5c
la Drave , & qui a au midi la Croatie & la Bof-
nie J au levant la» Servie & la Haute Hongrie , au
nord la Balle-Hongne , &c au couchant la Stirie.
On la divife en deux parties j l'occidentale, qui
retient le nom à'hfdavonie , & quia les villes de
Polféga , de Crentz , de Zagabria , de Waradin ,
de Capranitz , & quelques autres. L'orientale ,
qu'on nomme Rafcie , ik où il y a Walpo , EfTek ,
Walcovas & Sirmifch. On la divife auflî en Ef-
clavonic à l'Autriche , & Efdavonie au Turc. VEf-
davonie efl un aifez bon pays , mais ruiné, pac
les guerres.
ESCLOPE. \rr C ÉCLOPÉ.
ESCLORRE. r "-^^^IeCLORRE.
bSCLOS. f. m. Vieux mot qui fignifie des falots'.
Calceus , Lgnarius. Il eft encore en ufage en
quelques Provinces. Rabelais a fait une Ifle des
Efdos , où il entend parler des Moines qui portenc
des fandales , que les Italiens appellent Z occoUmù.
Ce mot ^cfdos vient de ce que c'étoit la chauf-
fure d'eiclavûs , ou de gens miférables.
ESCLUSE. -V r ECLUSE.
ESCLUSÉE. \Fc,yei\ ECLUSEÉ.
ESCOBILLE. > ^ (. ECOBiLLE.
ESCOCHER la pâte. Terme de Boulanger , particu-
lièrement en ulage parmi ceux qui font le bifcuit
de mer. C'eft battre la pâte du plat de la main ,
afin de la ramaflfer en une feide malTe.
ESCOFFION. i. m. Terme populaire, qui fe dit de^
la coëtTure des femmes du peuple , ou des payfan-
nes , des femmes cocttees mal- proprement. Calan-
tica ruflica. Les harangères qui fe querellent s'arra-
chent leur efcoffion.
ESCO¥KM.J[oyc^ ÈCOFRAI.
ESCOGRIFre. f. m. Terme vieux & populaire , qui
fe dit néanmoins encore en raillant , ou par injure,
à des gens de grande taille , mal-bâtis &c de mau-
vaife mine- C'ell un ^rxnàefcogriffe.
Ce motfe prend aufB pour une manière d'efcroc
qui ne cherche qu'à attraper quelque chofe , qui
prend hardiment fans demander. C'efl: un vrai efio-
griffe. Il eft venu un Sergent avec trois ou quatre
efcogriffes de Records.
On dit efcogriffe par corruption pour hypcgryfe,
HUET.
ESCOINSON. \j^ /ÉCOINSON.
ESCOLAGE. 3 ''■^'^^(.ECOLAGE.
ESCOLÂTRE. f. f. Les Chanoinelfes d'Ardennes
donnent ce nom à une des dignités de leur Chapitre.
Les principales dignités de leur Chapitre font celles
de Prévôté , de Doyenne , à' E folâtre, de Chantre.
P.HÉLioT, T. F. C. 54. On prononce Ecolâtre.
Foyer ce mot.
ESCOLE. \rr f ÉCOLE.
ESCOHER. i^'e>'^n ECOLIER.
840 ESC
ESCOLTÊR. V. a. Vieux mot Ecouter.
ESCOM3RARA. Ifle de la mer Méditerranée. S corn
braria. Elle eft fur la côte de Murcie , à l'entrée du
petit golte de Carthagéne. Ce nom vient du Latin ;
il elt dérivé de Scombrus , ou Scomber, un ma-
quereau , & il lui a été donné à caufe de la quan-
tité de maquereaux qu'on pêche autour de cette
Ifle.
ESCOMPTE, f. f. Terme de Négoce. Ceft la remife
que fait le porteur d'un billet de change, quand il
en demande le payement avant l'échéance. Pecu-
nÏA renùjjio. h'escompce eft fouvent un prétexte
pour colorer l'ufure. L'escjmpte eft encore en ulage
dans le négoce, & fe dit lorsqu'un Marchand prend
la Marchandife à crédit pour trois, fix, neuf, douze
ou quinze mois, à la charge den faire ïcscomvte. à
chaque payement ; c'eft-à-dire , rabattre fur le bil-
let deux & demi pour cent, qui tiennent lieu d'in-
térêt à proportion qu'il paie. L'escompte diffère du
change, en ce que le change fe paie par avance , &
Vescompre , à mefure qu'on s'acquitte. J-^oye'^ Sa-
vary , Itfon , Barrême , Gobain , & femblables
Auteurs.
fe?" ESCOMPTER, v. a. Faire l'escompte. T^oye^ ce
mot. Escompter un biliet , autrefois Excompter.
Quand un Banquier paie une lettre de change avant
l'échéance j il escompte l'intérêt du temps. Ufuram
decrahit.
§CF Escompté , ée part.
ESCONDIRE. V. a. Ancien terme qui fignifie, Excu-
fer. Excufare. Leur offre à jurer encontre le ferment
de ciaux qui escondirent femonce ne peut ri .n faire.
Des Fontaines. On dit dans le Roman de Thibaud
de Mailly ,
Tuit i fommes fimon
Nuns ne s'en escondie.
Ne je ne voi nulul ,
Que ja. s'en échonie.
On dit aufïï Escondlre , pour défendre une chofe :
nous difons encore éconduire à peu près dans le
même fens.
3ESCONDRE. V. a. 'Vieux mot. Cacher ; du Latin
ahscondere. On a dit auffi Esconfet j & on trouve
Escons, &c escondh, pour Caché.
ESCONDUIRE. -% rÉCONDUIRE.
ESCONDUISSE-/ VeCONDUISSE-
MENT. >J^oyeiJ MENT.
ESCONDUIT. l i ÉCONDUIT.
Escopi. J Cecope.
ESCOPERCHE. ^ ECOPERCHE.
ESCOPETTE. f. f. Arme à feu faite en forme de pe-
tite arqiiebufe , qu^on porte avec une bandoulière.
Sclopetta , catapulta adunca. La Cavalerie Françoife
s'en fervoit fous le règne d'Henri IV. & de Louis
XIIL Elle portoitjà ce qu'on dit, cinq cens pas.
Gaja écrit que Mescopette étoit longue de trois pieds
& demi , ic qae c'étoit une manière de carabine
que les Carabins portoient à l'arçon de.la felle.L es-
copette ell hors d'ufage , & à peine eft-elle aujour-
d'hui connue.Une barbe diVescopette fedit baffemenc
d'une barbe relevée, recourbée, parce qu'on pré-
tend que l'f.fco/^efrc étoit courbée par le bout.DANET.
Ce mot vient At fclopetta ^<X\.min\xiïi <\efcloppus,
qui fe trouve dans Perfe. Mén.
ESCOPETTERIE. f. f. Décharge de plufieurs coups
d'escopette , de carabine , de mousquet , faite toute
à la fois. Sclopettarum fragor. On entendit un grand
bruit d'escopetterie qui annonça l'arrivée du Gou-
verneur. Une falve d'escopetterie. Escopetterie , fe
dit aulli du bruit que font plufieurs fufées ou pé-
tards en l'air. Des pots à feu remplirent l'air d'une
escopetterie merveilleufe. Merc. Sept. 1739.
ESCORCE. " "
ESCORCER.
ESCORCHER.
ESCORCHERIE. > roye^ <
ESCORCHEUR.
ESCORCHURE.
ESCORCIER.
-ÉCORCE.
ÉCORCER.
icCORCHER.
ÈCORCHERIE.
|ÈCORCHEUR.
'ÉCORCHURE.
-ÉCORCIER.
ESC
|ESCORE. Foye^ Écore.
EscoREs. Terme de Marine. Koye:^ Écorf.
ESCORNE. f. m. On fe fervoit ue ce vien:-; ir.ot, pour
dire Honte, dijjamc^ ou ignominie. Kemaïq.Jur la
Sut- Ménip. Voye-^ Écorne.
ESCORNER. -^ r ÉCORNER.
ESCORNIFLER. (^ )eCORNIFLER.
ESCORNIFLERIE. (" -^^ ) ECORN1FLERIE.
ESCOPs-NIFLEUR. 3 C ECORNIFLEUR.
ESCORTABLE. adj. m. & f. Terme de Fauconnerie.
Il fe dit d'un oileau fujet à s'écarter , tels que font
les plus vêtus J & les plus coutumiers de monter en
elfor quand le chaud les prefîe.
ESCORIE. f. f. Troupe de gens armés qui accom-
pagnent quelque perfonne, ou quelque chofe dans
un voyage, pour la défendre d'infulte. Pr^/Zt/iw/H,,
prsjîdiariorum cohors, manus, agmen. On a mené un
convoi au camp, devant Arras avec une escorte de
iiooo homines. Les vaiiïèaux Marchands ont d'or-
dinaire une escorte de vaifTeaux de guerre- Quand
on voyage en Turquie, on prend des Janiliàires
pour escorte. Ce Maréchal de France elt allé vifiter
les places frontières avec une escorte de deux mille
hommes. Le Général , après la vidoire, envoya les
prifonniers fous bonne escorte dans les villes voi-
lines. La Garnifon ayant capitulé, & étant fortie
de la ville , \' escorte qu'on lui avoit promife la con-
duilit à Bruxelles.
Quelques-uns dérivent ce mot du Latin cohors.
Escorte , fe dit aulîi de la fuite d'une perfonne de
qualité, ou d'une troupe de Courtifans, d'amis, ou
d autres perfonnes qui accompagnent. Comitatus.
Errant dans le Palais , fans fuite & fans escorte j
La mère de Ccfar veille feule à fa porte. Rac.
On dit aufîi par civilité. Je veux vous faire es~
corte jusques chez vous \ pour dire , Je veux vous
accompagner.
Droit d'Escorte. Ceft un droit dont jouifTent
plufieurs Princes d'Allemagne d'escorter les Mar-
chands qui voyagent avec leurs marchandifes ,
moyennant une certaine fomme. Jus conducendi.
ESCORTER. V. a. Faire escorte. Cufiodire , agere ,
comitari. On fait escorter l'argent du Roi, qu'on eu-
voie à l'armée. Pour transférer ce prifonnier, on l'a-
fait escorter par cinquante Archers.
Escorter J fignifie aulli fimplemenr. Accompagner,'
conduire. Quand ce Seigneur eft arrivé à la Cour,
il étoit escorté dt cinquante Gentilshommes.
D'importuns créanciers une affreufe cohorte
En tout temps , en tous lieux l'importune & /'escortée '
Recueil de Vers.
Escorté J ée. part. & adj. Comitatus.
ESCOSSE. ->v f ECOSSE.
ESCOSSE. J i ECOSSE.
ESCOSSER. f lECOSSER.
ESCOSSEUR. >;^<jye^<ECOSSEUR.
ESCOSSOIS. I JECOSSOIS.
ESCOT. \ /ECOT.
ESCOTARD. J LeCOTARD.
ESCOUADE, f. f. Manipulas , globus i cohors ^ ma-
nus. Dans l'art militaire , c'eft une patrie ^d'une
compagnie d'Infanterie , qui répond à ce qu'on
appelle Brigade dans la Cavalerie. Les Compagnies
d'Infanterie font ordinairement divifées en trois
Escouades. Les Escouades fe relèvent, & montent
la garde l'une après l'autre ; elles font comman-
dées par un bas Officier.
Former les escouades. Les escouades font plus ou
moins fortes, fuivant l'ufage des garnifons où l'on
fe trouve. Le moins qu'elles puifTent être , c'eft de
fix hommes avec un Caporal : l'ordin.iire ell de
neuf à dix , & l'on ne palFe guère le nombre de
douze , compris le Caporal. Bombelies. Les es-
couades formées J le Caporal doit vifiter les armes
de celle qu'il commandera, Id. Affembler fon cj-
couade, Id.
EscouADB
ESC
EscouADS ERisÉE. C'cft Une escouade compofée de
loldacs lie pliiiîeurs Régimens. Bombelles. Il arri-
vera quelquefois qu'après toutes les escouades for-
mées , il reftera quelques foldats pour compofer
une escouade hrifee. Id.
On die aulli une Escouade du Guet, en parlant
du Guet à pied j il n'a même guère d'autre uiage.
fSCOUER. •^ /-ÉCOUER.
nsCOUENE. / \ ECOUÉNE.
ESCOUFLE. >rojfî<ECOLJFLE.
ESCOULEMENT. l ) ECOULEMENT.
ESCOULER. J CeCOULER.
ESCODLOUBRE. Petite ville de France. Ceft le
chef-lieu du pays de Sault, au Diocèfe d'Aleth , fur
les trontières du Roullillon.
ESCOULOURABLE. adj. Vieux mot. Muable, chan-
geant.
ESCOUP. f. m. Terme de Marine. Brin de bois d'une
très médiocre grolFeur , dont on fe fert à jeter de
l'eau de la mer le long du vailleau , pour le laver.
Il elt creufé par le bouc , & tient de la ligne droite
& de la courbe.
ESCOUPE. i. f. Sorte de pelle, inftrument de Mi-
neur. Elle elt arrondie du côté du tranchant j mais
en pointe dans le milieu,
ESCOURGÉE. ^r^ jÉCOURGÉE.
ESCOURGEON. T -^^^ tECOURGEON.
Escourgeon. Lanière de cuir dont on fait des cordes
de rouit , des liens pour les fléaux à battre le blé.
ESCOURRE. Terme de- Marine. Scie escoune , eft
un commandement qu'on fait aux Galères far la
Méditerranée, lorsqu'on veut que les rameurs vo-
guent à rebours, & reviennent lur leur fillage.
ïscouRRE, vieux v. n. Se dilliper, Difirahere anl-
mum.
ESCOURTER. Voyei Écourter.
ESCOUSSE. f. f. Quelques pas qu'on fait en arrière
pour fe mettre en train de fauter quelque folfé, &
s'élancer avec plus de force &c de légèreté. Impecus.
Pluiieurs blà'nent ce mot comme populaire & cor
rompu, & éLxknt fecoujje. Prendre i'a. J'ecoujfe j aa
lieu d j dire , Prendre fon escoujje , comme on fait
à Paris. Il n'eft que du ftyle familier
ESCOUTANT.
ESCOUTE.
ESCOUTER.
ESCOUTFUX.
ESCOUTILLE.
ESCOUTILLON.
■ Voye'^ ■
ECOUTANT.
lÉCOUTE.
Iecouter.
.écouteux.
fECOUTILLE.
ECOUTILLON.
ESCOUVE , ou ECOUVE. f. f Vieux mot qui figni-
iie un Balai. Il vient du Latin Scopa , qui a la
même lignification. Ce mot eft encore ufité dans
quelques Provinces. En Limoulin on dit escoube ou
ecouhe , & pour les diminutifs écoubet ou écoubillon.
ESCOUVETTE. ;) rECOUVETTE.
ESCOUVILLON. f , . JECOUVILLON.
ESCOUVILLON-r^''->'^îj ECO U VILLON-
NE R. 3 C NER.
ESCOYEUX. Ville de France, dans la Saintonge.
ESCRAN. ;) r ECRAN.
ESCRASER. {rr ) ECRASER.
ESCREMER. ^l^ oye^ < eçréMER.
ESCRENNES. 3 t ECRENNES.
ESCRETEAU. f. m. Terme de Tondeurs de draps.
Voye:^ Démarche.
ESCREVISSE. -> „ i ÉCRÉVISSE.
ESCRIER. K^-^^^l ECRIER.
ESCRIME, f. f. Exercice qui apprend l'art de fe fer-
vir de Tépée pour blélfer fon ennemi , & pour fe
garantir de fes attaques. Glad'iatura rudiaria , um-
bracUis. Végue l'appelle armatura. Les Maîtres à' es-
crime s'appellent aujourd'hui Maîtres en fait d' ar-
mes , ^ plus ordinairement, Maures d'armes. On
apprend Y escrime avec des fleurets , rudibus. Fran-
çois Pyrard dit que cet art eft tellement eftimé aux
Indes Orientales , que ce font les Princes & les plus
grands Seigneurs qui l'enfeiiïnent. Us portent aux
bras droit la marque de Maîtres d'armes , qu'en
leur langue on nomme esçru ^ que les Rois eux-
Tome III.
ESC 841
mêmes leur donnent avec beaucoup de cérémonie.
L'art de Vescnms fe divife en deux parties, le jeu
fimple & le jeu compofé. Fûyc:i Jeu. Il y a des pa-
tentes accordées à la Compagnie des Maîtres en
hiitd armes de la ville de Pans , des itatucs , & des
Maîtres-Gardes de cette profellion. Les Maîtres ne
lunt reçus qu'à 15. ans, après avoir fait expérience
ou all.iut contre les fix derniers reçus en piéfence
du Syndic, des Gardes des Maîtres^ (k du Procureur
du Roi.
Ce mot vient, félon Du Cange, de /crama, qui
ctoit une espèce d épce large & tranchante , d'où
elt venu aulii ejiramacon. Guichart le dérive de
l'Hébreu LZ:irt, hharam , tuer ^ détruire, perdre.
Icquez le lait venir du mot Angio Su-non fcrimarij
déjendre. Selon d'autres ce mot vient de Scherma^
Jcnmij J mot Allemand, formé du Grec «-"laiKaxi'",
umbratilispug/ia : d'où vient qu'en Allemand S'cbe-
rani lignifie Soldats , &cjckieru actes ^ une armée en
bataille, & yc/!e/-/7zire , faire des armes. Cette éty-
mologie eft de Ferrarius , dans fon Traité De
GLadiùtoribus. Montagne dit dans fes ElTais, liv. i.
chap. x-j. que l'art ^escrime déroge à la veitu, «Se
que la NoblelTe de fon temps évitoit avec foin la
réputation de favoir faire des armes, comme une
chofe capable de corrompre les bonnes mœurs.
Escrime , fe prend figurément pour toutes fortes de
coups d'adrelFe , pour 1 habileté que l'on a à faire
de certaines chofes, & à s'en fervir, fur-tout dans
les ouvrages d'esprit. Mais il ne s'emploie guère
que dans le comique & le burles,que. Vous leur
avez fait voir un coup d'escrime , qui dans le cœur
leur donne un coup d'eftoc. Voit. Elle a obtenu le
prix de V escrime d'amour. Reg.
Dans les combats d' esprit fameux Maître «"escrime
Enfeigne-moi, Molière, oii tu trouves la rime. Boil. '
Moi donc qui fuis peu fait à ce genre d'escnme.
Je te laijje toutfeul v et fer rime fur rime. Id.
On ditproverbialemenc, qu'on eft hors à' escri-
me J lorsqu'ori eft troublé & en défordre j qu'on
n'eft plus en état de fe défendre.
ESCRIMER. V. n. Faire des armes avec des fleurets.
Rudibus ludere , certare. Ceft un bretteur qui es-
crime J qui fait affaut tous les jours , qui fré-
quente les falles d'escrime. Il eft un peu vieux dans
le propre. On dit. Faire des armes.
Escrimer , fe dit auflî figurément pour disputer l'un
conrrc l'autre fur quelques matières d'érudition ,
de fcience. Il y avoit du plaifir à la dispute de ces
jeunes Bacheliers, à les voir escrimer l'un contre
l'autre. Ces deux Joueurs ont escrimé tout le jour
l'un contre l'autre, & ne fe font rien fait.
On dit aulli s escrimer ào. quelque chofe, favoir
s'en fervir. Il fait des vers, il s'en escrime quel-
quefois. Il fait ^escrimer du violon.
Mais laiffons-les entre-eux s'Qscnvnmn repos. Boiu
Pas , il efl^ vrai , je n'aurais Vaffurance
De ^'escrimer en œuvre d'importance. Ménage.
Ce mot vient de l'Allemand fcbirmen , ou de
fchermen, hgnifiaiit la même chofe, ou qui fi"ni-
he défendre comme dit Coquille. °
On dit en plaifantant qu'un homme escrime
bien , s'escrime bien de la mâchoire ; pour dire ,
qu'il mange beaucoup. Tout cela n'eft bon que dans
le ftyle comique, ou familier.
ESCRIMEUR, f. m. Qui fait fort bien escrimer.
Lanijla, rudibus pugnare pericus. S. Michel eft le
Patron des Escrimeurs. En mon enfance la No-
blelfe fuyoit la réputation de bon escrimeur ,
comme un métier de fubtilicé qui déroge à la'
vraie vertu. Mont.
Ce mot eft vieux. On dit préfentemenc Maître
d'armes.
Oo o o o
8al
ESP
ES^RîN. Voyei ÉCRIN.
EbCRlPûEUR. f. m. Vieux mot. Éccivaira.
ESC.RIRE. ECRIRE.
ESCRIT. ") ^ ECRIT.
ESCRITEAU. f „ )eCR1T£AU.
ESCRITUIKE. y'^'y^l ^ECRITOIRE.
ESCRITURE. \ /ECRITURE.
ESCRIVAIN. ^ ^ECRIVAIN.
ESCROC, i. m. Ceft ainfi qu'on appelle une efpèce de
fripon accoutumé à tirer des autres foit de 1 argent ,
foit autre chofe , par fourberie j par aitihce. txtor-
torfraudulentusj rapacidis. Défiez-vous de lui., c'eft
un cfcroc. A femme avare galant e/trjc. La Font.
Les gens d'épée font des efcrocs qui ne cherchent
qu'à filouter un cœur. I'. CoM. M. Ménage, appelle
efcrocs des écorniHeurs, des parafites , des gens qui
vont chercher à dîner chez les autres. Mcnfarnui
ajjecla.
Ce mot vient defcroccare^ Italien , qui hgnifie ,
Obtenir quelque avantage , ou quelque plaifi.: pour
rien. Mén.
On dit aulïïd'un Auteur qui tâche de fe mettre
en eftime par cabaje,.que cell: un efcroc de répu-
tation. On le dit encore figuréinenc en d'autres
matières.
Voleur y efcroc de pénitences ,
Banqueroutier de conjckncei. N. Ch. de Ver.5.
ESCROIX. f. m. Vieux mot. Sotte d'inftrumenc à fen-
dre les pierres.
ESCROQUER, Quelques-uns difent e x croquer , mais
mal. V. a. Tirer de l'argent par artifice , attraper le
bien d'autrui par furprife, par finelfe , en le trom-
pant. Subducere , furripere ; clam , clanculùm auferre \
per fruudem eripere , fuffurari. Brufquet , fameux
boufon , efcroqua fubtilement une chaîne d'or , que
le Roi avoir donnée à un boufon de l'Empereur.
Perroniana.
Escroquer , fe dit aufli figurément , C'eft un parafite
qui êfcroque tous les jours un dîné. C'eft un de ces
fiux honnêtes gens qui ont efcroqué mon amitié.
Bal.
Escroqué , ée. part.
ESCROQUERIE, f f. Filouterie, mauvais artifice
avec lequel on attrape le bien d'autcui. MaU arces.
^maffer du bien à force d'efcroqueries.
ESCROQUEUR, euse. f C'eft ainfi qu'il faut écrire
& prononcer. Qui efcroqué. C'eft un ejaoqueur de
Livres. On ne le dit jamais qu'avec un régime.
ESCROU.
ESCROUE.
ESCROUELLES.
ESCROUER.
ESCROUIR.,
ESCROUISSE-
MENT.
ESCROULEMEET.
ESCROU LE R.
ESCROUTER.
ESCRU.
ESCU.
ESCUAGE.
ESCUBIERS.
ESCUEIL.
ESCUELLE.
ESCUELLEE.
ESCUIAGE.
?^ey«?'
CECROU.
lECROUE.
' ECROUELLES.
ECROUER.
ECROUIR.
E C R O U I S SE -
MENT.
ÉCROULEMENT.
ECROULER.
ÉC ROUTER.
^«E RU.
ECU.
ÈCUAGE.
ÇCUBIERS.
\ECUEIL.
Iecuelle.
[ecuellee.
UCUIAGE.
ESCUISSER. v. a. Terme d'Exploitation & de com-
merce de bois. Il fe dit des bois taillis que l'on écla-
te en les abbatant.
ESCULAN. Foye-^ i£SCULAN. Comme il n'y a
point d'ufage alfez établi fur ces noms , on peut les
écrire comme on te jugera plus à propos. L'Analo-
gie fembleroit demander qu'on écrivît ^fcuLan;
car fi de aer nous avons fait air ^ de à.s , airain _, &c.
il faudra d'-^/t«/e;2tti faire AïfcuUn: mais l'analo-
gie n'eft pas toujours ce que l'ufage fuit ; & c'eft à
ESC
l'ufage qu'il s'en faut renir , quand il y en a un alTez
établi : D'ailleurs à'^JiuLtipius nous failons Efcu-
lape j à'^jcliylus , Efchyle , &c.
ESCULAPE. f. m. Dieu des Payens , que les Grecs
appellent Afclépe, AV^iAiwiif, & les Latins yÎLfcu-
lapius , d'où nous avons rait Efcuiape. C'étoit un
ancien Médecin Grec qui vivoit avant la guerre de
Troye , & qui fut mis au nombre des Dieux , parce
qu'il perlectionna biaucoup la Médecine. Les ta-
bles le font fils d ApjUon & de la Nymphe Coro-
nis. Voye^ Homère j Hymne XV. v. i. & z. &
Ovide apiès lui ^ MetJ.m.L. II. p. 599. &fuiv. Il die
que Coronis ayant eu commerce avec le jeune Iphys,
Apollon, outté de cet atfiont , la perça d'une tie-
che ■) qu'il s'en repentit aufTi-tôt après ; que n'ayant
pu lui rendre la vie , comme on brûloir Ion corps,
félon la coutume, il retira le fils qu'elle portoit
dans fon fianc , des flammes & du bûcher, & le
donna à Chiron , pour l'élever. Plutarque, Conviv.
L. IX. q. 14. Pindare , dans la troillème Ode des
Pythie'ines , Paufanias , L. IL Laciance , Inllit.
L. I. C. X. rapportent aufli ces chofes à'Efculape,
D'autres dilentque la mère à'H.Jculape fe nommoit
Arfinoë. C'eft le Scholiafte de Pindare ciui nous
l'apprend. Ariftide de Cnido concilie ces deux opi-
nions , en diianr qu' Arfinoë s'appela Coronis , tan-
dis qu'elle fut vierge. Homère Hc Pyndare , aux en-
droits que l'on a cités , la lont fille de Phlegyas.
D'autres difent qu'elle étoit HUe de Leucippe^ fils
d'Amyclas, & pecit-rils de Lacédémon,
On du communément ^acfculape étoit Epidau-
rien : quelques - uns néanmoins prétendent qu'il
éroit de Melléne , aujourd hui Mocénigo , mais
qu il étoit établi à Epidaure. Dans un temps de
perte j les Romains envoyèrent à Epidaure cherchée
le Dieu EjcuL^pe. Les Epidauriens ne voulant pas
donner leu. Dieu , un grand i'erpent entra dans le
navire des Romains : ils le prirent pour la divinité
qu'ils cherchoicnt , & 1 emportèrent à Rome.
Quand on y fut arrivé , le Ici peut lortant du vail-
feau s'en alla dans l'Ile du Tibre , & ne parut point :
on lui bàtit un temple dans ce quartier de la ville,
& on l'y adoroit fous la figure dun ferpent. Les
Anciens lui facnfioieiu un œuf de poule j & ceux
de Cyrène , une chèvre. On le reprélente oïdinai-
rement avec un ferpent. J'ai vu depuis peu un fort
beau médaillon de P. Licinius Valérianus , frappé à
Metelin , JHHTiAENAinN, au revers duquel on voit
un Efculape aflis, tout femblable à un Jupiter,
mais avec un attribut fingulier \ car î\ de la main
droite il préfente à l'ordinaire une patère à un fer-
pent qui eft devant lui, de l'autre il eft appuyé fur
une malfue , comme Hercule. Efculape étoit ho-
noré dans l'Ile de Cos. Triftan l'infère de ce que
lur les Médailles de Cosj kaioNj on trouve un
bâton entouré d'un ferpent.
Efculape profita beaucoup dans l'art de la Mé-
decine fous la conduite de Chiron , jufques-là qu'a
la prière de Diane j il reifufcita le jeune Hippolyte
que fes chevaux avoient tout brifé j plus habile en
cela qu'Apollon fon père , qui , ii l'on en croit
Ovide , fit tout ce qu'il put pour relfufciter Coro-
nis. par le même art ^ & n'en put venir à bout. Au
refte , cette guétifon fi fingulière fut la caule de fa
mort; car Jupiter, qui en fut irrité, le tua d'un
coup de foudre.
Cicéron , dans le IIF L. De naturâ Deorum \
diftingue trois Efculapes. Le premier fut fils d'A-
pollon : c'eft celui que l'Arcadie honoroljc, & qui
palfoit pour l'inventeur de la fonde, & de la ma-
nière de mettre l'appareil à une plaie. Le fécond
Efculape étoit trere du fécond Mercure. Il fur frappe
d'un coup de foudre. Le troifième étoit fils d'Aru-
pe & d'Arfinoc; & on lui attiibuoit l'invention des
purgations , & l'art d'arracher les dents. Il y a en-
core un Efculape Egyptien nommé Torostre. Voy.
ce mot.
Efculape eut deux fils , excellens Médecins l'un
& l'autre , Machaon &: Podalirius \ & ttois filles ,
ESC
ou vraies , ou fabiileufes , Hygiée j ou Santé j Eglé ,
c'elt-d-dire, fplendeuij Se Panacée, c'eit à-dire, qui
g'iéiit tout. Ses deux hls rendirenc de grands fervices
aux Grecs pendant la guerre de Troye.
Les Mythologes trouvent des raiIons à toutes les
fables qu'on a débitées fur ce Dieu. Paufanias ^ .'«
Ackjids , croit <\\xtjculape n'eil autre choie que
l'air, parce que la bonté de cet élément contribue
beaucoup à la fanté. On le fait fils d'Apollon, parce
que c'elt le Soleil qui purifie l'air , &: le rend fi
falutaire. On a dit qu'il relfufcitoit les morts, parce
qu il avoir guéri des malades défeipérés, icc.
Bochart Hiero\. P. I. L. IL C. 55. croit que le
nom à'EJculape vient de l'Hébreu , ou du Phéni-
cien Spmrîj c'eft-à-dire, l'homme aux chiens.
Au rapport de Feftus j il y avoir des chiens dans fon
temple, parce qu'il avou été nourri de chiens j &
que ce pourroit bien être pour cela qu'on lui auroit
donne ce nom. Thomas Guidot nous a donnç un
ouvrage fut Efculape. Alex. Rofarus expofe aulli
fort exaftement toute fon hiltoire dans !on Myjta-
gogus Poéticus. Il y a dans Gruter , P. LXXI. une
pierre qui fe voit à Rome j & fait connoître que
jufqu'aux Antonins il y eut un Oracle à'BJ'culape à
Rome.
ESCULER. ■) yr^^ S ÉCULER.
ESCULON. i'^'^-lECULON.
ESCUME. Ç. f. & efcumer. Termes de Bonneteurs.
/"oyc?- ECUME & ECUMER.
ESCÙiVlÉNIER. V. a. Vieux mot. Excommunier.
ESCUMEUR. -) C ECUMEUR.
ESCUMEUX. yJ'^oyei^ ECUMEUX.
ESCUMOIRE. 3 ( ECUMOIRE.
ESCURE. f. f. Ce mot en quelque Province fe dit
pour une petite Métairie, une petite ferme j une
petite maifon à la campagne. V'dlula j pradlolum,
C'eft ce qu'on appelle ailleurs Borderie , claufe-
rie , &c.
EscuRE J Province du Royaume de Maroc. Plulîeurs
la nomment Hafcore, Foye\ ce mot.
ESCUREE. ÉCURÉE.
ESCURE } Ç ÉCURE.
ESCURER. Irr ) ECURER.
ESCUREUIL. /^^^■^K ECUREUIL.
ESCUREUR. \ / ÉCUREUR.
ESCURELTSÊ. -^ ^ ECUREUSE.
ESCURIAL. Petit village d'Efpagne. Efcuriale , Efco-
rlale ^ Scoriale. Les Efpagnols àiient Efcorial , com-
me il paroît par la Delcription Espagnole qu'a don-
née de i'Efcurial le P. François des Saints j intitu-
lée Dejcripùon brève del Monafierio de S. Loren^o
el real del Efcorial ^ &c. Se imprimée à Madrid en
11^57. ui-fol. à l'Imprimerie Royale. Mais en Fran-
çois nous difons toujours Efcurial. L'Auteur que
l'on vient de citer dit , dans fon fécond difcours que
VEJcurlal eft dans le Royaume de Tolède , à fept
lieues de Madrid, du côté du couchant j à neuf
lieues de Ségovie , qui eft au nord , à neuf aulli
d'AviIa qui eft au couchant de XEfcurial , ôc a
quinze de Tolède, qui eft du côté du midi; à côté
d'une chaîne de montagnes que quelques-uns nom-
ment les Monts Carpentains, ou Carpetanées, &
d'autres , Pyrénées ; parce qu'en efFer c'eft une
branche des Pyrénées qui fépare les deux Caftil-
les. Il ajoute que XEfcurial eft au 41^ degré de
latitude ; mais M. de l'Ifle le met fur fi Carte juf-
tement au milieu entre le 40 & le 41 degré , ou à
40 degrés 30 minutes à peu près , & près du 14^ de
longitude.
Philippe fécond y fit bâtir un fuperbe Monaftère
de l'Ordre de S. Jérôme , que les Efpagnols appel-
lent une merveille du monde. Le P. Francefco De
los Santos, dit que ce fut en mémoire de la bataille
de S. Ouentin , gagnée le jour de S. Laurent, il-
luftre Martyr Efpagnol , & pr.r l'inrercenion de ce
Saint. Le Roi & la Reine d'Efpagne y ont leurs .ip-
partemens ; le refte eft occupe p.ir les Moines Jéro-
nimites. Il y a une fort belle Eglife , dans laquelle
Philippe IV. fit bâtit une Chapelle appelée Pan-
E S D ES E 845
tlifon, dans laquelle eft la fépulture des Rois &
des Reines d'hlpagne qui lailfent des enfans; ceux
qui n'en lailîent point font enterrés dans un ca-
veau de la même EgUfe , avec les Infants & les
autres Princes. Il y a aulli une belle Bibliothèque,
bien fournie de Manufcrits Aiabes. Voye^ la Uef-
cription dont nous avons p.arlé, &c le Voyage d'tf-
pagne & d« Portugal par Joviu de Rochefort. C'eft
Louis de Foix, Pan tien , Architeèle très- h.ibile,
dont Philippe II. fe fetvit pour bâtir ce Monaftère.
ESCURIE. Koye:i ECURIE.
EiCUROLLES. Petite ville de France j au Bourbon-
nois , dans l'Eleftion de Gannat , Généralité de
Moulins J dans une plaine proche de la rivière
d'Annelot.
ESCUSSON. ;) r ÉCUSSON.
ESCUSSONNER. ( ,^ ) ECUSSONNER.
ESCUSSONNOIR. (^''->^?") ECUSSONNOIR.
ESCUYER. 3 C ECUYER.
ESCUYER. i. m. L'.f ne fe prononce pas. Bâton rond ^
quelquefois ouvragé , que l'on mer le long du mur
d'un efcalier, & auquel on fe tient pour monter ou
pour defcendre.
ESCYPOUR. Petite ville d'Afie , fur la route de
Diarbekir à Alep , à une journée de chemin de la
première.
E S D.
ESDRAS. f. m. Nom d'homme, que nous difons en
deux manières J EJdras , ou E\ra. Car quand il s'a-
git d'£/i/raj j dont il eft parlé dans l'Ectiture, lur-»
tout dans les Livres qui portent fon nom , l'ufige
eft de dire EJdras , con)me en Grec & en Latin .•
mais quand on parle des Rabbins, ou Juifs pofté-
rieurs, qui ont porté ce nom , on du E\ra , comme
en Hébreu; EJdras ^ E^ras , E\ra. Efdras, fils ou
defcendant du Souverain Pontife Séraia que Nabu-
chodonoforfit mourir, fut le Chef de ceux qui revin-
rent dans la Terre-promife la feptième année ce
l'Empire d'Artaxerxès , furnommé Longue- main.
EJdras ramalîà les Livres faints qui fe trouvèrent
après la captivité j les revit &c les corrigea j marqua
les Variantes, Voye:; la Préface de R. David Kimh-
hi fur Jofué J celle d^Abarbanel fur Jétémie, Rabbi
Elias Lévita, MaJJbr, HammafJ. prdf. j. Prideaux,
HiJI.desJuiJs,&cc.Tom.lI.L. V.
Les Livres à'Efdras , font deux Livres de l'Ecri-
ture, dont l'original eft en Hébreu, & dont le fé-
cond eft appelé par les Hébreux , Néhémias ou Li-
vre de Néhémias. Ces Livres contiennent l'Hiftoire
du retour des Juifs de la captivité de Babylone , &
de leur rétablilfement dans la Terre-Sainte : ils font
canoniques. & ont été reconnus pour tels , tant par
la Synagogue J que par l'Eglife. Sanélius a fait d'ex-
celUns Commentaires fur les Livres d'Efdras , im-
primés à .Anvers in fol. \6ij. Le Canon d'Efdras eft
la CoUeftion de lEcriture faite par ce Prêtre &
Doûeur de la Loi. La Synagogue a ajouté encore
après Efdras des Livres à fon Canon , témoin le Li-
vre d'Efdras lui-même Se celui de Néhémias f^oy.
encore EZRA.
Ce nom eft Hébreu , avec la forme Chaldéenne,
^^;;, e:^er, en Chaldéen , NHlV, ^ira, fignifie a:-
de , fecours.
ESDRÉLON. Nom de lieu dans l'Ecriture -Sainte.
Efdrelon. C'eft une grande campagne , qui étpic
dans la Tribu de Zabulon. On l'appeloir aurre-
ment la Campagne de Mageddo, la plaine de Ga-
lilée. Elle étoit dans la Galilée inférieure, & s'é-
tendoit depuis Betfan jufqu'à Mageddo. Mais ce
nétoit pas une ville, comme a dit Corneille, qui
la met dans la Tiibu d'Ilfachar.
E S E.
ÈSE. Vill: ge des Etats de Savoye. Tfi- On croit que ce
lieu eft l'ancien ^iv/zo. Maty. tf eft dans le Comté
de Nice , fur la côte , où il y a un petit port , à une
lieue à l'stieft ^e Monaco.
0 o 0 O O Ij
E s F E s G
ÈSE , ou ÉSIEN. f. m. Terme de Mythologie. Nom
de faux Dieux, ^fus. Les E/es ^ ou EJiens ,
écoienc des faux Dieux des Tyrrhéniens. Hésy-
cKius. On ne fait pourquoi on a die EJi en notre
langue dans Moréri , & en Grec «""< , Deftm. Il
falloir dire «<»■«, qui fignifie Deftin , Deflinée ,
Parque , & de là «'"W , heureux : peut-être eft-ce
de là que le nom de ces Dieux étoit venu , & qu'ils
étoient cenfés préfider au bonheur, lie le procurer
aux hommes.
ÉZEKH. Foyei ÉZECH.
ÉSENS. Petite ville d'Allemagne , dans ie Cercle de
Weftphalie. Efenit Elle eft dans la Frife orientale
fur la mer d'Allemagne. Mat y.
ÉSÉRO. Petite ville de Grèce dans laThelTalie. E-^e-
rus , Bcebe, Boebos. Elle elHur un lac de même
nom , entre les montagnes d'Offà, de Pelion & d'Û-
Jympe Maty.
ÉSERTER , ou Déferrer a fignifie dégarnir , d'oii
vient ce vieux proverbe qui fe trouve dans le Roman
d? Guarin de Lohéranes : qui fon nez cope , il dé-
fenefonvis \ qui coupefon nez.dégarnit fonvifage.
Il y a apparence que ce mot fignifioit la mêmechofe
qu'effarrer. On dit encore elfarter un bois , le dégar-
nir. Une vigne elTanée : éferter &c elfarter ne font
que le même mot.
E S F.
ESFAR AIN.VilIe d'Afie dansia Province du Khorafan.
ESFIGIAL. Ville d'Afie , dans la Tranfoxane.
E S G.
ESGARD. Voyez ÉGARD.
ESGARDER. vieux Regard, l'adtion de Con-
fidcrer une perfonne : à préfent on dit égards :
avoir des égards pour quelqu'un
ESGAREMENT.
ESGARER.
S'ESGAUDIR.
ESGLANTIER.
ESGLANTINE.
ESGORGER.
ESGOSILLER.
ESGOUSSER.
ESGOUT.
ESGOUTTER.
ESGOUTTOIR.
ESGRAFIGNER.
ESGRAINOIRE.
ESGRATIGNER.
ESGRATIGNEUR.
ESGRATIGNURE.
ESGRENER.
ESGRILLARD.
ESGRILLOIR.
ESGRUGEOIRE.
ESGRUGER.
ESGRUGEURE.
ESGUÉER.
ESGUEULER.
VoycTi
<
E S H.
EGAREMENT.
ÉGARER.
j'ÉGAUDIR.
ÉGLANTIER.
ÉGLANTINE.
ÉGORGER.
ÉGOSILLER.
ÉGOUSSER.
ÉGOUT.
ÉGOUTTER.
ÉGOUTTOIR.
ÉGRAFIGNER.
ÉGRAINOIRE.
EGRATIGNER.
ÉGRATIGNEUR.
ÉGRATIGNURE.
ÉGRENER.
EGRILLARD.
ÉGRILLOIR.
EGRUGEOIRE.
EGRfJGER.
ÉGRUGEURE.
ÉGRUÉER.
EGUEULER.
Xjr iÉHANCHE.
f^^^lEHONTE.
ESHANCHE.
ESHONTE. Voyez
ESHOUPPER. v. a. Terme des Eaux & Forêts. Foy.
Ehouper.
ESI.
ESIL. Vinaigre. Le feu Grégeois s'étoignoit avec \'éfd ,
comme die l'Auteur du Roman de Guarin de Lo-
héranes.
Et li vins , £'/'éfil ,
L'eu^ éteint j Jt s'en feujl entremis.
E S K E S L
fent en effet qu'il s'éteignoit avec le vinaigre. On
dit que ce mor èiéfd eft corrompu de celui à^Ace-
tum , qui fignifie la même chofe en Larin.
E-SI-MI. Terme de Mufique qui indique la note de
la gamme que nous appelons mi ) le ton de mi.
Car air eft en e-Jî-mi.
'ESINO. -i ,. cFIUMESINO.
ESJOUIR. ^''<'y^\ \EJOUIR.
E S K.
ESKDALE. M. Corneille écrit Eskdail à l'Ecofloife.
Eskia , Efcia 3 Eskedalia. C'eft une petite contrée
de l'Ecofie méridionale. Elle s'étend le long de la
rivière d'Bsk,qui lui donne fon nom. Blleeft bornée
au midi par le Comté de Northumberland j au cou-
chant, par l'Anandale ; au nord , par la Tuwedale;
& au couchant par la Tivedale& par la Liddefdale.
Maty. Eskdale fignifie vallée d'Esk.
ESKERDOU. Ville d'Afie, danslepctir Tibet, dont
elle eft la capitale. M. de Lille , dans fon Atlas ,
la nomme Elkerdow
ESKIMAUX f. m. pi. Peuples de l'Amérique fepten-
trionale. Ils habitent la grande terre de Labrador ,
& font fi féroces , qu'on n'a pu jufqu'à préfent les
humanifer. Les Danois font les premiers qui ont
découvert cette contrée. Foye^ le Dictionnaire de
la Martinière.
ESKODAR , ou ISKODAR. Les Turcs nomment ainfi
la ville de Chalcédoine en Afie , vis-à-vis la pointe
du ferrail de Conftantinople. Nous l'appelons Scu^
tari j ou Scutaret,
E S L.
ESLA. Rivière d'Efpagne. EJlola, Elle a fa fourceaux
montagnes des Afturies , baigne la ville de Léon ,
& va fe décharger dans leDouro,à quelques lieues
au-deflus de Miranda de Douro. Maty. & au-def-*.
fous de Zamora. M. de Lille écrit Ejla.
ESLA INDRE, f . f . Vieux mot. Sorte de machine à
jeter des pierres.
ESLAIS , ou ESLAY. f. f«Vieux mot. Élans , courfe ,
choc de Chevalier dans un tournoi. On a dit auflî
ejlejjer, pour élancer.
ESLAIZER. Voyez ÉLAIZER.
ESLAM, ou ISLAM, f. m. C'eft un nom que l'or*
I donne au Mahométifme. C'eft apparemment une
corruption du nom (Ijjj^maël , parce qu'on appelle
les Mahométans Ifmaclites, par la raifon que l'on
croit que les Arabes, qui furent les premiers Maho-
métans , étoient les defcendans d'ifmacl ; comme
on les appelle Agaréens par la même raifon qu'ils
venoient d'Agar, mère d'Ifmacl , que quelques Ra-
bins , comme David Kimhhi , croient avoir été la
même que Céthura , &c conféquemment la mère de
la plus grande partie des peuples de l'Arabie. Foy.
ISLAM, ISLANISME.
ESLAMIAT. f. m. 'Ce mot en Arabe lignifie le Muful-
manifme ; 8c pa.v ta.ppott à la Géograplue,il fe prend
dans le même fens que le mot de Chrétienté dans
cette phrafe : je ne crois pas que dans routé la
Chrétienté on puifte trouver , &cc- de même les
Arabes appellenr Belad el Eflam j le pays que pof-
fedent les Mufulmans ou Mahométans , & ils nom-
ment EJlamiat ridanifme & le Mufulmanifme.
Foye^ le Diclionnaire de la Martinière.
ESLANCEMENT. a f ÉLANCEMENT.
ESLANCER. S- Foyei < ÉLANCER.
ESLANS. 3 . ^ ÉLANS.
ESLARGI. part. & adj. Vieux mot. Donné, accorde.
Glojf.fur Marot.
ESLE. f f. Vieux mot. L'aile d'un oifeau. Ala. Autre-
fois on écrivoit ainfi , au lieu d'aile.
Luitprand , liv. j. chap. 6. & Ditmar , liv. 5. di-
Mais toutefois entende\par ces efles ,
Qùà. un befoin pour vous avecqucs elles ,
J'entreprendrais voler jufqu'à la lune. Marot*
Ê s L ESM
Si ne demeura, guercs
Mercure à prendre aux pieds efles légères. Ib.
ESLE. Voyez ÉLE.
ESLECTLJRE. f. f. Vieux mot. Choir.
ESLIGIER. vieux v. a. du Lacin eligere , clioifir ,
prendre.
ESLIMER. Voyez ÉLIMER.
ESLINGEN. Ville du Cercle de Suabe en Allemagne.
EJlinga , E^elinga. Elle efl: dans le Duché de \Vir-
temberg fur le Nèkre , à deux lieues à l'ell de
Siavg:\t:d. EJIingen e(t Proreftaiic & ville Impériale.
Long. 17 d. 50'. lat. 48. d. 40'.
ESLOCHER. V. a. Vieux mot. Tirer de fon lieu.
ELOIGNEMENT.
ELOIGNER.
ESLOIGNEMENT.
ESLOIGNtR.
I^'^J-I
ESM.
EMAIER.
EMAIL.
r:MAILLER.
EMAfLLElJR.
EMAILLLJRE.
EMANS.
.Inéanrir. Jene l'ai vu
ESMAIER.
ES M AIL.
ESMAILLER.
ESMAILLEUR. > Voyei
ESMAILLURE
ESMANS.
ESMARMELER. v. a. Détruire
v.^ue d.msCotgrave. Venronfes font appliquées, to
nientations , onétions , emplâtres , lefquels premiè
rement pulleurdilToudre , puis atfermir & aulll ef-
marmeler Se chalFer la vénimeufe malignité, y^po/.
pour Hcrodoce , ck. /p. t. j p. 4\\. On ne le dît plus.
ESMARRI , RIE. adj. Vieux mot. Etonné, taché.
ESMAY. i. m. Vieux mot. Trilbire.
t
Ce fut au temps du mois de May _,
Qu'on doit chaffer deuil & efrrlay.
On a dit auflî émayer pour attrifter.
S'ESMAYER. vieux v. qui ne fe difoit qu'avec les
pronoms perfonneh. S'éb-thir , s'étonner j être fur-
pris. Mirari , ohftupefure.
ESME. Voyez ÉME. _ # ^
ESME. f. f. Vieux mot. Intention , delîr , volonté.
A fon cfme.
ESMER. V. a. Vieux mot. Du Latin &Jlimare , eftimer
GloÇt'. des Po'éf. du Roi de Navarre.
ESMERAUDE. Voyez. EMÉRAUDE.
ESMEREj ÉE. adj. Vieux mot. Emaillé.
ESMERI. Voyez ÉMERI.
ESMERILLON. f. m. Oifeau de proie , très-vif. Glojf.
fur Marot. Vovez ÉMERILLON.
ESN ESP 845-
ledion & Généralité de Limoges. Longitude 19,
d. ii'. latitude 45 d. 55'
IMOUVOIR. Foyei EMOUVOIR.
ESMOY. Foyei EMOI.
E S H.
ESNE. Voyez ÉNE.
ESN£. f. f. Vieux mot. Outre , forte de vaifleaii.
ESNEDARBASSI. f m. Terme de Relation. Oificier
de la Porte. Chef des Allaoglandari , ou Garde dii
Trélor. Grand Ticforier de la Cour Ottomane , du
du ferrai!. AuU Turcics. Qu&ftor ^ thefuuri Cujios.
L'Eunuque Efnedarhaffl a la clef du tréfor. Il ne lui
eft pourtant pas permis de l'ouvrir fans la permif-
(lon de deux autres Eunuques fes fupérieurs , qui
en fcellent les portes & les armoires : l'un eft le
Tefredar , & l'autre le Nifangi. VEfnedarbaJfi A
tfois ducats de gages par jour , & trois fois l'an de
fort riches vêtemens , des fourrures , Se de plus deux
pour cent de tout ce qui fe riredu tréfor. Il en donne
un tiers au Teftedar , Se un autre tiers au Jacutaga,
ou premier Eunuque , & l'autre tiers eft pour lui. Il
a droit encore de prendre des chevaux à l'écurie dii
Prince. Le tréfor s'ouvre toutes les fois qu'on tient
le Divan. Il a fous fa charge foixaiue ou quatre-
vingt jeunes garçons de ceux qui font nourris au
fcrrail j Sc quind il faut tirer quelque chofe du
chafna , ou tréfor , un Checagui , ou commis de
YEfnedarbjffi , s'y en va avec autant de ces garçons
qu'il ell beioin , pour prendre & porter ce qu'on
en veut tirer. Vigencre j fur Chalc. page 551.
Ce mot eft compofé de chafta , qui en Turc fi-
gnifie tréfor. Se de h ajfa j ou éajcha , Comman-
dant, Chef ,&c. Vigenère dit EfnedarbaJfiSe Chaf-^
natarhajfi. Se femble diftinguer ces deux Officiers }
mais il paioît par ce qu'il dit de l'un & de l'autre ,
que ce n'ert que le même , comme c'eft le même
nom différemment prononcé. Car ck dans Chafna-
tarbaJJI n'en quel'afpiration retranchée du mot £/^
nedarbajfi. Se don rfont fou vent mis l'un pour l'au-
tre, royei CHASNATARBASSI.
ESMERVEILLA
BLE.
ESMERVEILLER.
ESMLTTRE.
ESMIS.
ESMEUTE.
ESMEUTIR.
ESMIER.
ESMIETTER
ESMIGAUX
\
(E M E RV E I L L A-
BLE.
EMERVEILLER.
ExMETTRE.
•^EMIS.
m.
] EMEUTE
/ ÉMEUTIR.
f EMIER.
^EMIETTER.
pi. Vieux mot. Bracelets & au
très joyaux de toutes fortes.
ES440NDE.
ESMONDER.
ES.VIORCHE.f f.VieUx terme populaire 5: burlefque.
Une aélion vive, une échappée , un coup hardi i^
extraordinaire. Faclum audax & extraordinarium.
\rr s EMONDE.
]^^«.y«?.tÉMONDER.
ESMOTION.
ESMOTTER.
ESMOUCHER.
ESMOUCHETTE
ESMOUCHET.
ESMOUCHOIR.
ESMOUDRE.
ESMOULEUR.
ESMOUSSER
.EMOTION.
(EMOTTER.
lEMOUCHER.
JÉMOUCHETTE.
-^ ÉMOUCHET.
EMOUCHOIR.
EMOUDRE.
EMOULEUR.
ÉMOl'SSER.
ESMOUTIER. ( l'-s ne fe prononce point) M. Cor-
neille écrit Eimouftier, Ville de France^ dans l'E-
E S O.
ÉSO. Voye-( lEÇO.
ESON. f m. Fils de Ctéthée , lloi d'Iolchos enThef-
filie , ayant fuccedé à fon père , il fut détrôné par
fon hère Pclias , & obligé de vivre en fimple par-
ticulier dans fa capitale. Il fut le père de Jalon.
ESOPE, f m. Nom d'ui^Phrygieh , comtemporain
de Solon , Se fort connu par fes Fables. ^Jopus.
Il vivoit en la Lie Olympiade , ptès de 600 ans
avant Jésus - Christ ; car la LI' Olympiade com-
mence 576 ans avant l'ère Chrétienne.
Nous difons proverbialement d'un homme boiïii,
contrefait , d'une figure ridicule. C'eft un Efope.
Voilà Un plaifantfyope / Que veut dire ce vilain £/0-
, pe ; C'eft qii Efope étoit bolfu , & fott mal fait.
ESOPHAGE. Foye^ ŒSOPHAGE.
ESORILLER. Foye:^ ESSORILL^R.
ESOUCHER. v. .a. Arracher les fcvûches. Foy. SoucHÊ»
ESP.
{ji^ESPACE.f.m.Spatium.LesVhilofophes tant ahciens
que modernes ont donné de ce mot des définitions
fort différenres Se fou vent tout oppofées. Les uns
prétendent que Vefpace n'eft rien fans les corps , ni
même rien de réel en lui-même , en forte qu'en dé-
triiifant les corps , il ne refte plus d'espace qui n'eft
qu'une abftradion d'ofprit. D'autres prérendent que
Ycfpace eft un être abfolu , réel , diftingue des corps
qui y font placés : enforte qu'en fiippofant les corps
détruits , on conçoit encore l'étendue impalpable ,
pcnétrable dans laquelle ils étoienr placés.
Quoi qu'il en foit, ora peut dire que VelpaCe en
générale eft une étendue indéfinie, un fluide im-
menfe dans lequel on conçoit que les corps peuVenï
84^ ESP
ène pl.iccs. En termes de l'école la capnclté de re-
cevou- & de coanenir les corps.
§^ Oïl appelle e/^ja'5 laVaginaires, des e/paces
qui ne font remplis d'aucun corps réel, mais qui
peuvenc recevoir &: contenu tous les corps que Dieu
voudra y créer , & cju'on a luppolc y exilter liors
de l'enceinte du inonde. Spacia iinagïnaria. tfpaccs
vraiment imaginaires.
Espace , ie dit en particulier d'un lieu déterminé ,
étendu depuis un point julqu'à un autre , fou qu'il
foit plein , (oit qu'il foit vide. Lorlqu'on conlidètt;
par abltradion la dillance qui eit entre deux corps,
lans avoir égard à ceux qui peuvent remplir cet
intervalle, on le peut nommer proprement ej'pace.
Et loffquel'on conlidére la diltance qui eil enrre les
extrémités d'un corps lolide , on lui peut donner
le nom d'étendue. Locke. L'^y/^^JC:.' corporel elt celui
qui ell occupé etîectivement par un corps. Ej'pace
purement local, ell l'intervalle qui elt entre les
trois dimenfions, longueur, largeur <Sc profondeur-,
quand même le corps , que nous concei'ons qui
l'occupe, feroit détruit j& qu'il feroit entièrement
vide.
^fT Espace , dans le droit civil , eft une étendue de
lieu , en longueur , hauteur , largeur &: profondeur.
Il tait beau bâtir dans cette place, il y a bien di-
\ ej'pace. Cette rue ell fort étroite, il n'y a que \ej-
pacî d'une charrette. Il n'y a pas dans cettg cour d.
Vefpace pour tourner.
Espace , fe dit aulli d'un intervalle de temps. Spa.
ûum j intercapedo. Dans ïej'pace d'un (iècle. Dans
tout cet e/paci de temps il n'a pu taire que c^i
Ouvrage. Si nous conhdcrons la durée de notre vie
danî cet e/pace infini , & dans l'éternité qui noui
fuit, elle ne nous paroîtra que comme un atome
imperceptible. Nie.
Espace , fe dit à la Guerre , des intervalles réglés qui
doivent être entre les rangs &c les files des foldat
rangés en hitàWle. Interva//um , inarJîhiumAxsS^i
gens font établis pour faire garder les efpaces. Il
marchent à côté pour obfeiver K^s efpaas. On 11
dit audidans l'écriture. Il faut qu'il y ait un efpacc
c^al entre les lignes.
|Cr Espace , en Muhque , fe dit aulli de l'inrervalltr
cjui le trouve entre les lignes de la portée.
En termes dlmpiimerie on appelle efpacesXz^
petits plombs qu'on met entre chaque mot pour le
féparer des autres.
Espace , en termes de Géométrie , elt l'aire d'une fi
gure renfermée par des lignes droites on courbes
qui terminent cette fig^. L' ej'pace parabolique eli
ce qui elt renfermé dam toute la parabole :L'<r//?.ji:£;
d'un triangle elt {^tw aire, fa dimenfion , arca
L'ej/Jt^ctfconchoidal , \efpace cilToidal j elt ce qui elt
renfermé dans la courbure d'une ligne conchoiJe ,
d'une lignecilToide. Parles nouvelles méthodes dont
on s'eft fervi pour appliquer l'Algèbre , ou l'Ana-
lyfe à la Géométrie , on a démontré que \ ej'pace
conchoidal , aulli-bien que X espace c\\^o\\A, quoi-
que infiniment étendu , elt cependant d'une gran-
deur finie.
ESPACEMENT, f. m. Terme d'Architeflare. L'es-
pace ^ l'intervalle égal qu'on lailft entre un corps
& un autre. Imerftuium. , \J espacement des foli-
ves , des poteaux, d'une cioifon. \! espacement ôit%
Î)ilafl:res , des colonnes , doit être proportionné à
eur hauteur ^: grolfeur. Les Latins ont dit en par-
ticulier intercolumnium , &c. comme nous difons
entrecolonnement
Espacement. Les Chartreux nomment leurs prome-
nades e//wce/ne;zr , ou efpaciment , QultaXisn fp a f-
f^g^/o & jpajjegiare. Spatiari. On ànfpaciment du
Lma/patiar, &non ej'pacemenc. Aurelte , ce terme
n'elt ufitc que chez les Chartreux.
ESPACER, v. a. Garder, obferver les efpaces conve-
nables , lorfqu'on plante, qu'on difpof.^ quelque
chofe. Spatiis dijlinguere , panhus numeris dimetin.
On dit d'un plant d'arbres , des murs , des co-
lonnes d'un bâtiment , des lignes dans l'écriture j
ESP
qu'ils font bien ou x\\Aefpc,cis , trop ou trop peu
I ejpaces , en parlant des intervalles qui les léparcnu
Les Imprimeurs le dilent aulli : il faut mieux cj-
j pacer le titre de ce livre. J'ejfacerai lesaiUresde
I la première clalle de neuf à dix pieds. La Quint.
I Si le fonds ell bon , je les e/pace d'environ lix
pieds l'un de l'autre. 1d.
Un dit au/îi, qu'il faut ejpacer des folives, des
chevrons , des poteaux , pour dire , les mettre dans
un elpace ou une diltance convenable. Il y a des
gens qui prononcent & qui écrivent ej'paciei. Ces
gens là prononcent mal & écrivent mal.
ESPACE , EE. part. &i adj. Spatiis dijtincus.
ESPADASSIN j untraineur d'épée. Ondit Spadallln.
ESP A DE , oii ESPADON, f. m. Terme de Cordier,
Efpèce de labre de bois à deux tranchans , qui 1ère
à affiner le chanvre & à iépurger de fa chene-
votte.
\fT ESPADER. v. a. Qui fe dit de la façon qu'on
donne a la filalfe après qu'elle a été broyée. C'clt
mettre le chanvre fur le chevaletj &: le battre avec
' l'elpade pour le nettoyer entièrement , en féparec •
les parties de chenevottes cjui tiennent encore à la
filallë , avec l'étoupe la plus gtoilièie.
^fT Dans quelques Provinces au lieud'^aierle
chanvre , on le pile avec des maillets. *
'^fT L'ej'pade ne futfit pas pour donner au chan-
vre le degré d'affinage nécelHiire. Il faut le peigner
pour lui donner Li dernière perfeétion.
ESPADEURS. f. m. pi. Terme de Cordier. Ouvriers
qui aftinent le chanvre en le frappant avec le tran-
chant d'une palette ou efpade , lur le bout d'une
planche pofée verticalement.
ESPADILLE. rojyf^ EPADILLE.
ESPADON, f m. Grande & large épée, & qu'on ne
tient que d'une main. Mach&rapr&vaiida. Autrefois
on le tenoit à deux mains \ mais on efpadonne au-
jourd'hui autrement. Un homme qui fait bien jouer
de Vej'padon elt un ennemi dangereux.
M. Corneille , dans (on Dictionnaire Géographi-
que , au mot EsTHONiE, parle diiin Ordre militaire
qu'il appelle l'Ordre de VEj'padon. Je ne trouve
poin«' qu'il foit fait mention ailleurs de cet Ordre.
C'eit peut-être l'Ordre des épées en Suéde , ou
l'Ordre des deux épées de Jesus-Christ en Li-
vonie & en Pologne, qu'il appelle l'Ordre de
VEfpadon.
Espadon. Sorte de poiiron de mei , aulli grand qu'un
Cétacée , ainfi nommé à caufe de fon long muleau
fait en façon d'épée à deux tri»nchans, ou tXefpadon.
Il y en a de deux fortes : l'une fe trouve dans les
mers de Provence \ on l'appelle /ti ejpafo , c'elt-à-
dire ,poijjûn épée. Il a la figure d'un thon , & il efl
même un peu plus gros. La pointe de fon mufeau
a quatre ou cinq pieds de long , félon la grandeur
du poiilon , & près de trois pouces de large. Elle
efl offeufe , & couverte d'une petite peau : les pê-
cheurs de Madragues craignent tort ce poilFon ,
parce qu'il coupe tous leurs filets avec (on mufeau.
L'autre forte à'efpadpn fe trouve particulièrement
dans les mers des Iles de l'Amérique. Ils ont ie
corps à-peu-près de la forme & figure des requins
ou chiens de mer, Canis carchatias , fon épée a
quelquefois jufqu'à feptou huit pieds de longueur,
& quatreou cinq pouces de largeur. Elle ell oiTeufe,
& couverte d'une peau chagrinée. Elle elt fort plate,
& bordée des deux côtés d'une rangée de dents
longues & larges prefque comme le doigt , à la
façon des dénis d'un peigne. Rondelet appelle la
première forte xiphia, 1. 8. c. i^. & la féconde
prijtis , 1. ii5. c. 1 5.
Je viens de mefurer une épée â'efpadon , qui a
quatre pieds deux pouces de long , dix poucef de
large vers fa racine entre les deux premières dents ,
& biendeux pouces d'épallfenr au milieu du même
endroit. Elle a dix-feptTÎents d'un côté, & dix-huit
de l'autre ; une plus petite en a dix-huit de chaque
côté. Sur les bords elles font moins épailFes , &c
vers le bout moins largts, allant toujours en dimi-
ESP
nu.im. La pfemicre &c la plus grande de ces deux ci
a au bouc pies de quan-;- pouces de large, ëc trois
à quarre lignes dcpais. Hllss ont toutes deux les
dents affilies & un peu recourbées en dedans , c'eft
à dire j du côté de la tète du poillon.
Quelques uns appellent ces monlhes , PoilTons
à icie j ou Empereurs , à caule qu'ils iont la guerre à
la baleine j (Si bien (ouvenc la blellent à mort. De
Poi.NcY , BtjL Ndt. des Ane. C. XV IL An. I.
ESPAGNAC. Village ou Bourg de Fiance , dans 1
Gevaudan , fur le Tarn.
ESPAGNE. Nom d'une grande Région d'Europe.
HifpaiÏLj. _, Hifpanli. , ibciia , Ccltiberia , Hcfptrta
C'eftune grande prefqLi'Iîlejfcparée de la France au
nord par les Pyrénées, & baignée au rerte du nord,
au couchant & à la partie occidentale du midi, par
l'Océan \ ailleurs par le détroit de Gibraltar, &
par la mer iMéditerranée. Elle ell renfeiniée , àw.
Mary , entre le 9« degré de longitude &: le 14' j &
entre le 36' de latitude & la 44'; mais M. de
Lille la renferme dans la Carte entre le '<iz degré
îJc à- peu près 30 min. iSi le 11^ de latitude; &
pour la longitude il ne diftère point, ou pieique
•point de ce que dit Maty. UEfpagne ell un pays
çlein de montagnes pierreufes & llériks , & fort
lablonneux dans les plaines," ce qui , joint au petu
nombre de rivières j le rend peu lertile. Les princi
pales \Wih'ceà'Efpagnc^(ont rEbre,le Guadalquivir,
la Guadiane j le Tage , ii fameux chez les Poètes an-
ciens , qui difent qu'ils roulent de l'or j le Douro ,
ou Duero , le Minho , la Ségure & le Xucar. L Vy-
pugi'e produit des chevaux ^ des laines , des huiles
d'olive, & des vins excellens. Entre les chevaux
êiEjp.igne j les Andalous foncelUmés pour la beauti.;
les Portugais , pour la légèreté \ 6c les Allurcons .,
pour la torce. Les lames à'Ejpague font très hn.-s
Les àïAxisû'tfpjgne font très beaux , très-bons , £x
durent long- temps. Les vins d'njpagne font vins
de liqueur j & ne font pas fi bons pour l'ufage or
dinaire , que les vins de France. On croit que Plu-
ton régna dans XLfpagnt fur la Bétique , aujour-
d'hui 1 Andaloulie. Comme il y avoir alors en ce
pays la beaucoup de mines d'or & d'argent, & qu.
Pluton y falloir travailler fous terre j on dit qu n
étoit Roi des Enfers j & par la même raifon j il
palfe pour le Dieu des richeffcs.
On dit non-feulement VEfpagne au fingulier,
mais aulîî les Efpcg.ies au pluriel \ &c dès le temps
des Romains on le difoit, parce qu'ils diviloieni
cette grande région en plulîeurs parties ^ à chacun^,
defquelles ils donnèrent le nom a'EJpagne . avec
quelque épithète pour la diftinguer : c'eft d'eux
qu'eli venu cet ufage. Les Efpagnols le fervent fou
vent de cet ufage dans leur langue , & aimenr à
dire , ias tfpanas : nous en ufons plus rarement
dans la nôtre , & nous dilons ordinairement le Roi
à'Efpagne , rarement le Roi des Lfpagnes
Les Romains divifèrent VEfpagne en Efpagne
citérieure j ou fupérieure, & en Efpagne ulréneure,
ou inférieure , & enfuice en Efpagne Tarragonoife,
Bétique & Ludtanique. Ces divifions & tous ces
mots font de l'ufage de notre langue , dans l'Hif-
toire de ces temps anciens tant Eccléhaftique
que Civile ; nous les expliquerons ci-dellous
en leur place : car l'Eglife garda en Efpagne ,
comme ailleurs , Tordre & les divifions établies par
le Gouvernement politique ou civil. Aujourd'hui
VEfpagne renferme trois Etats ditïèrens : la Cou-
ronne de CaftiUe , celle d'Arragon & celle de Por-
tugal. La dernière eft un Royaume particulier : les
deux autres furent unies en un feul Erar par le ma-
riage de Ferdinand d'Arragon & d'ifabelle de Caf-
lille l'an 1474. & font ce qu'on appelle le Royaume
à'Efpagne. Outre cela les diftérens Royaumes que
les Maures y établirent , ont fait qu'il y a peu
de Provinces dans cette contrée qui n'aient titre de
Royaume \ car outre le Royaume de Caftille &
celui d'Arragon , on dir encore le Royaume de Va-
lence , le Royaume de Murcie , le Royaume de
E S'P 847
Grenade, le Royaume d'Algarve , le Royaume de
Léon , &c. Foy. tous ces mots en leur place.
Le Royaume d'j^Jpagne comprend toute VEfpa-
gne dont nous venons de parler , d la réferve du
Portugal &de l'Algarve. 11 a huit Provinces Ecclé-'
fialfiques , ou Archevêchés , qui font Tolède , Bur-
gos J Compoftelle , Seville , Grenade , Valence ,
Saragoce & Tarragone , fous lefqliels il y a qua-
rante-cinq Evèques. Le Royaume û'Ej'pagne eft un
Etat Monarchique , &: abfolument héiéditaire j
mais féminin J c'eft-à-dire, que les femmes y fuc-
cèdent au défaut des hoirs mâles. C'eft par-là que
ce Royaume entra dans la mailon d'Autriche au
commencement du XV' fiècle en la perfonne de
Charles , qui fut enluite Empereur fous le nom de
Charles-Quint , &c que ico ans après, la première
année de ce fiècle , il a palfé à la Maifon de France
en la perfonne de Philippe Duc d'Anjou , fils de
Louis Dauphin de France, & petit-fils de Louis le
Grand ti< de Marie-Théréfe Infante A'EJ'piigne ,
fille aînée de Philippe IV. Roi d'tjpagr,e , dont
les droits ont pallé à ce Prince , qui a régné fi glo-
rieufement ; Louis Dauphin fon père , & Louis
Duc de Bourgogne fon frère aîné étant héritiers
prélomptifs de la Couronne de France , & le bien
de 1 Europe demandant que la France & VEfpagne
ne fullcnt point réunies en un feul Etat. Le Pvoi
d'i fp£gne porte le titre de Roi Catholique & de
MajeftéCatholique./^oj e^ au mot Catholique. Le
fils aîné du Roi à' Efpagne, ou l'héritier prcfomptif"
de la Couronne j porte le titre de Prince des Aftii-
ries , fans doute , dit Maty , parce que cette Pro-
vince eft la première & la plus noble du Royaume ,
n'ayant jamais été conquilt par les Maures, comme
les autres. Le Royame À'kjpagne fe divife aujour-
d'hui en général en deux Couronnes, celle de
Caftille , &c celle d'Arragon. Eoye:^ ces mots ; &
en particulier , en quatorze Provinces , qui ont
prefque toutes titre de Royaume j pout La raifon que
nous avons dite. De ces quatorze Provinces , trois
s'étendent le long de la côte leptentrionale ; c'eft:
la Galice, les Afturies & la Bifcaye: trois j qui font
la Navarre , l'Arragon & la Catalogne j fe trouvent
le long des Pyrénées : il y en a quatre fur la côte
de la Méditerranée & le golfe de Cadiz , depuis la
Caralogne jufqu'au Portugal ; favoir , Valence ,
Murcie j Grenade & Andaloufie : trois dans les
terres, la nouvel!.' Caftille avec l'Eftramadourej
la vieille Caftille & le Royaume de Léon
Le Roi à' Efpagne pofl;de encore en Afrique l'Ifle
Pantalarée j la ville de Ceuta , de Mellille j & le
Penon de Vêlez ; en Amérique , les Grandes An-
tilles avec la meilleure partie de l'Amérique fep-
tenttionale , & prefque toute l'Amérique méridio-
nale , le Mexique j la Caftille d'or , la Guiane ,
le Pérou , le Chili , la Paraguay j la Plara , le Tu-
cuman , &c. En Afie, les Illes Philippinnes en
parrie , & quelques-unes des Ifles Marianes , ou des
Larrons ; de forte que c'eft avec raifon que l'on dit
que le Soleil ne fe couche jamais fur fes terres. Un
Efpagnol a dit , qu'il avoir le Soleil pour chapeau.
Tolède a été la capitale d'EJpagne : aujourd'hui c'eft
Madrid. Manana a écrir l'Hiftoire d'EJpagne en La-
tin & en Efpagnol, l'une & l'autre très-élégam-
ment. Pacat fait en peu de mots un bel éloge de
VEfpagne dans fon Panégyrique.
Ont dit proverbialement , Bâtir des châteaux en
Efpagne. Voye\ Chateai;.
Poètes font ajfe^ fujets
A bâtir Châteaux en Efpagne ,
Et hâti(fent à peu de frais. P. Du Cerc.
Espagne B/etique. /"-^oy. B/Etique.
Espagne citérieure. Hifpania dterior. C'eft la mcrne
chofe que VEfpagne Tarragonoife, appelée cité-
rieure , du mot Latin citerio'r, fignihant , qui eft en
deçà , &: venant de citrà , en deçà \ parce que c'c^
toit la partie à'Efpagne que les Romains rencon-
S4B ESP
troient d'abord en venant de Rome. Elle s'appela
aullî extérieure & fupéneure. J^oje^ ces mots ci-
deffous , & Tarragonoise.
Espagne extérieure. Hifpania exurior. C'étoit la
partie à'tfpagns qui fe préfentoic la première en
venant de Rome j & la moins entoncée dans le
pays , & que pour cela on appeloit cxurieurc. C'é-
toit la Tarragonoife. Voy. ce mot.
Espagne iti?EraEUR^.H'ffuriij injerior. C'eft une par-
tie à'Efpagne ainli nommée par les anciens Ro-
mains , parce qu'elle elt moins montagneufe que
celle qu'ils appcloicnc fupéneure , & parce qu'elle
paroît erre plus balFe , puifque tous les principaux
Heures àEfpagne coulent de ce côté -là , & y ont
leur embouchure. Ils l'appeloient aulTi inrérieure j
parce que c'eft la partie lïEfpagnc la plus reculée
dans le pays , la plus éloignée de Rome en y en
trant par terre , ou par la Gaule Narbonnoife. C'ert
pour cela qu'ils la nommèrent encore Ultérieure ,
parce qu'elle étoit la plus avancée dans les terres, &
au-delà de la Tarragonoife. Elle comprenoit tout
ce qui n'étoit pas de ÏEfpagne Tarragonoife ; &
étoit renfermés entre le Douro , ou Duero depuis
fon embouchure jufqu'à Zamora , & une ligne
que l'on tireroit de Zamora à Calatrava fur la Gua-
diane, la Sierra d'Alcaraz, l'Océan & la Méditer-
ranée. Elle comprenoit ce que nous appelons au-
jourd'hui le Royaume de Grenade, l'Ândaloufie j
la Manche & une partie de la nouvelle CaftiUe ^
TEIlramadoure , la plus grande partie du Royaume 1
de Léon j tout le Portugal , à la réferve de ce qui
eft au nord du Douro j & les Algarves. Les Romains
ladiTifèrent en deux parties , ou Provinces, la Bx-
tique &c la Lufitanique. ^oy. ces mots.
Espagne intérieure. Hi/pania interior. Koye^ Es-
PASNE inférieure: c'elt la même chofe.
Espagne lusitanique. F'o)'. Lusitanique, ou Lu-
SITANIE.
Espagne Tarragonoise. Voy. Tarragonoise.
Espagne Transfrétane ^ ou d'au-delà dn détroit.
Hifpania iransfrecana. Les Anciens donnoient ce
nom à la Mauritanie Tingitane , qui n'étoit féparée
de la véritable Efpagnc que par le détroit de Gi-
braltar. C'eft la partie d'Afrique où eft aujourd'hui
le Royaume de Fez. On la nomma Efpagnc d'au-
delà le détroit , comme on a autrefois donné au
Royaume de Naples le nom de Sicile de deçà le
Fare j parce qu'il n'eft féparé de la vraie Sicile que
par le Fare de Melline. Maty.
Espagne ultérieure, /^oyt-j ci-delïïis Espagne infé-
rieure : c'eft la même partie à'Efpagne.
Î.ES FoiiEs d'Espagne. Foyei Folie.
Mer d'Espagne. Mare Hifpanicum , ou Iberum mare j
ou Ihericum , Balearicum mare. C'eft la partie de la
mer Méditerranée qui baigne les côtes à'Efpagne à
l'Orient & au Midi.]
Nouvelle Espagne. Partie de l'Amérique fepten-
trionale j grand pays que l'on nomme autrement
Mexique. Hifpania Nova. Comme on dit plus
communément Mexique en François que Nouvelle
Efpagnc. Foyc'^ Mexique. Quelques-uns entendent
quelquefois 'ç>az Nouvelle Efpagnc loai ce c\}xe les Ef-
pagnols polTcdent en Amérique : ce n'eft pas parler
iexactemenc.
Espagne , fe met aulTi dans la nomenclature de plu-
ileurs fleurs & plantes qui nous font venues à'Ef-
pagne , & que l'on diftingue par-là des autres ef-
pèces qui ont le même nom générique. Aind on dit
Jonquilles à'Ejpagne , narcijfus Iberus _, juncifoUus ;
fauge à'Efpagne _, jafmin à'Ejpagne.
Espagne. Hifpania. Nom d'une Abbave de filles de
rOrdi-e de Cîteaux , dms le Diocèfe d'Amiens,
fondée en 1178. par Enguerrand Des Fontaines ,
Sénéchal de Ponthieu. L'an 1^45. elle fut réformée,
& transférée du fauxbourg d'Abbevilledans la ville.
De Sainte-Marthe.
ESPAGNEUL. Voyez ÈPAGNËUL.
ESPAGNOL, OLE. f. m. Se f. Nom de peuple. Natu-
rel, originaire d'Efpagne. Hifpanus , Iberus. Les
ESP
premiers Efpagnols, fi l'on en croit les Hiftoriens
de la nation , defcendoient de Tubal , fils de Ja-
phet , qui peupla ce pays , & y régna. Koye:^ Ma-
ri an a , Hijloire à'Ejpagne , L. L C. i. Les Celtes
s'établirent auili dans la partie d'Elpagne voifine de
l'Ebre : c'eft pour cela que les Anciens appellent les
EJpagnols Celtiberes. Les Ejpagnois ont eu piu-
fieuts colonies Phéniciennes. Us ont été foumis aux
Carthaginois , enluite aux Romains j puis aux
Goths , après cela aux Maures , qui vers l'an i4>/i,
furent exterminés par Ferdinand ik. Ifabelle. Les
EJpagnols lont graves, circonfpeéts , fecrets, io-
bres , lents à délibérer , mais fermes dans leurs ré-
folutions, conftans dans l'exécution , patiens dans
les travaux & dans les maux. Ils ont le corps faiii ,
l'efprit pénétrant & profond, de la grandeur & de
l'élévation dans les penfées, de la noblede dans les
fentimens; mais on les accule de rendre prefque
inutiles tanr d'excellentes qualités par leur parelle :
on leur reproche encore de i'orgucil & de la fierté.
Ils ont pris des Arabes & des Maures l'efprit & les
idées de Chevalerie : ils avoient peut-être auiîi au-
trefois quelque chofe de leur cruauté. Il faut ce-
pendant convenir qu'entre tous les peuples du
monde , il n'en eft point d'un fi bon commerce
avec les étrangers. Les Ejpagnoles font peu fécon-
des j ce qui fait que depuis l'expulfion des Maures
& des Juifs par Ferdinand & Ifabelle , & les gran-
des colonies que les EJpagnols ont envoyées , &
qu'ils entretiennent aux Indes Orientales ik Occi-
dentales , l'Efpagne n'a pu fe bien repeupler. Les
Anciens mettent de la différence entre un naturel
d Efpagne & un homme qui eft né ailleurs. Se de-
meure en Efpagne. Ils appellent le premier Hifpa-
nus, & le fécond HiJ'panienfîs.
Espagnol , ole. adj. Qui appartient à l'Efpagne, qui
eft propre à l'Efpagne , ou des EJpagnols. HiJ'panus.
\J n Aazeur Ejpagnol ^ le Ûegmc Ejpagnol , la gra-
vité Ejpagnole. Une penfée Efpagnole , un tout
Efpagnol , c'eft une penfée recherchée , outrée ,
qui a de l'enflure & de l'exagération. Le Lope dit de
la Nation Efpagnole j
Es una fiera gente la de Efpana ,
Q«e quando àpechos una empreja toma y
Los tiembla elmar ^la muer ce los'eftraâa 9
Diga Numantia , que le cuefla à Roma.
Que c'eft une fiére nation , que quand les Efpa-
gnols fe mettent en tête quelque entreprife j la mer
tremble devant eux , la mort les fuit , &c que Nu-
mance , qui coûta fi cher à Rome , en peut dire des
nouvelles. BouH.
AVEfpagnol, à la Hongroife, à rAllemantle ,
à la Turque; pour dire j à la façon , à la manière
àes Efpagnols , &c. Dans ces expreflions adverbia-
les , on foufentend le mot manière.
Rivière aux Efpagnols. Voye^ dans l'Ifle au Cap
Breton.
L'Académie Royale Efpagnole ^ c'eft une Acadé-
mie établie à Madrid par le Roi d'Efpagne fur le
modèle de l'Académie Françoife. C'eft le Duc
d'Efcalone qui en forma le projet , que le Roi ap-
ptouva le Z5^ Mai 17 14. s'en déclarant le Protec-
teur. Elle s'étoit a.Tembléej fous le bon plaifir du
Roi, pour la première fois , le (ï^ de Juillet 171 J.
Elle eft de vingt-quatre Académiciens, y compris le
Direéleur & le Secrétaire. Elle a pris pour devife tin
creufer fur le feu , avec ces mots Efpagnols , Lim-
pia y fija 3 y da fplendor^. Voyez La jondation y^
Eftatutos de la Real Academia Efpanola , &c. a
Madrid 1-715. Ondifoit autrefois Infanterie Efpa-
gnole y & Cavalerie Françoife.
ESPAGNOLE. Ifle appelée autrement Hifpanolia &
Saint Domingue. Foye\ Domingite , ou Saint
Çomingue , Veft le nom ordinaire que nous lui
donnons.
ESPAGNOLETTE, f. f. Sorte de ntine fine. On
porte
^ ÉPAIS.
\ EPAISSEUR.
< Èi'AlSSIR.
/ÊPAISSISSE-
^" MENT.
ESP
porto en hiver des jupons & des camifolcs A'Efpa-
gnolcne.
EsPAiMOLETTE , figiiifis encore une efpèce de ferrure
pour l'js tenctres. Elle ouvre & terme cour d un
coup les deux battans de la lenétre.
■ESPx\GNOLlS£R. v. a. Rendre Efpagnol. Ilifpanum
reddcrc , ejJLceic.
EsPAGNOLisE , ɣ. part. pair. & adj. Rendu Efpagnol,
devenu Elpagnol. Hifpduus Jacîus , a, z//«. Cette
Panlïenne tfpagnoUfe^ conlervoit toujours beau-
coup d'amiticpour les François.
EspAGNoLisÉ , fignitie aulli j Dévoué aux Efpagnols ,
ligué avec eux j ou qui a pris leurs manières. Les
Ligueurs EfpagnoLifis apprehendoienc que Henri le
Grand n'embrallàt la Religion Catholique ; ce qui
leur eût ôré tout prétexte... Perefixe. Hijloire de
Henri le Grj.nd. On dit que la Reine de Suéde e(l
toute Elpag.'ioliJ'cc... Gut-PAXiN.
Ces mots ne font bons que dans le ftyle fa
milier.
ESPAIS.
ESPAISSEUR.
ESP A ISSIR. >f^oye
ESPAISSISSE-
M E N T.
ESPALE. f. f. Terme de Marine. Banc de rameurs le
plusprochede la poupe dans lesGalères. Primusremi-
gum ordo , Jcdile ad puppïm^ thataniium. M. Oza-
nam dit que c'eft l'efpace proche de la poupe qui
eft depuis l'échelle julqu'au premier banc, & qui
ell fépirée en deux parties par le tabernacle , à l'op-
polîte des rambades.
ESPALEMENT. Voyc^ ESPALLEMENT.
ESPALIER, f. m. Terme de Jardinage. Rangée d'Ar- .
bres fruitiers , régulièrement plantés contre des
murs , & dont les branches font étendues , cou-
chées & alTajetties par un treillage, ou avec des
clous , pour former une tapilïerie de verdure na-
turelle, & avancer en même temps la maturité des
fruits. Arbores palatA , applicit^ mura. L'ufage des
efpaliers n'eft pas lott ancien. Us lont aujourd'hui le
principal ornement des jardins fruitiers j mais ils
exigent une culture étendue : & d'autant plus d'art
& d habileté dans celui qui les conduit , que la li-
gure à laquelle on les alfujettit , ell moins natu-
* relie. A un bel ej'palicr les branches doivent être
difpofées de façon qu'on ne voie point la muraille.
Il y a des arbres délicats qu'on ne peut élever qu'en
elpalicr.
CoMTREiPALiER, cft uu petit treillage à hauteur d'ap-
pui , à quatre ou à lix pieds de Xejpaiier j entretenu
par des chevrons debout de fix pieds en lix pieds ,
&c girni de feps de vigne, ou d'arbres fruitiers
nains. Le P. Rapm appelle les concrelpaliers , arbo-
res confcru rani'ts , confertis in fe ramis. Autour des
carrés on plante des arbres en builTons. Autrefois
ort faifoit des contre fp allers \ mais lufage en eft
prefque aboli : il faifoit alfez de peine à bien en-
tretenir, & n'éîoit que d'un très-médiocre r.ipport.
ESP §4^
fait dans les bralTeries. Les droits fur la bière fe
paient lur le pied de Vejpallement ,\^s chaudières ,
tant pour celles ou il y aura des gantés , que pour
celles ou il n y en aura point ; & ne peuvent être
les gantes que de quarre pouces de hauteur.
EsPALLEMENT. Terme de Mefuieur. Il le du aulTi de
a comparaifon qui fe fait dune mefure neuve avec
la melure originale, ou matiice , pour enfuire l'é-
talonner, # marquer de la lettre courante de l'an-
née^ Il elle lui ed trouvée égale & conforme. .(>f«f/2/«-
rarurncollatio cum archecypis , prubuùo. On le fait
en verlant deux fois di^grain de millet par la tré-
mie dans la mefure matrice, qu'on met d'abord
comble, &: qu'on rafe fans lailfer grain fur bord*
& quand la mefure qu'on apporte fe trouve de la
même mefure 6c continence que l'étalon j on la
marque à la lettre courante de l'année.
ESPALAiER.v. a. Terme de Marine. Enduire le dcf-
fotis d'un vailfeau avec du fiiif depuis la quille juf-
qu'à la Hgnede l'eau , pont le faire voguer avec plus
de facilité, lilimre bitiuninc ,feho , &c. On du auili
crt.ier ^ principalement des vailleaux ; efpalmer , fe
du particulièrement des galères : du moins cette dif-
tinction a été long-temps en ufage. On du aulli
ejpurmer , ou dorer, ordonner Le flore , o\iflorer.
Ce mot ell corrompu de fpaitum , abrégé à'ajphal-
tun , qui elf un bitume qui vient du lac de So-
dome en Judée , dont on enduifoit autrefois les
vailleaux.
EsPALME. part, t^ adj. Un navire efpalmé de frais ell
meilleur voilier , & va beaucoup mieux qu'un au-
tre à proportion.
ESPALOUt^O. 1. m. Animal qui fe trouve au Royau-
me de Siam. Il a une lace allez femblable à celle de
l'homme. Il monte aux arbres , &c jette de grands
cris. Il ne va que de nuit.
ESPAMPRER. /^o^ejEPAMPRER.
ESPAN. 1. m. Palmus j quantum expansâ manu meti-
mur. NicoT. On du maintenant empan , c'ell la mê-
me chofe. l^oye:{ Empan.
E S P A N C H E- -k r É P A N G H E-
xMENT.
ESPANCHER
ESPAN ORE.
Voye\ .
La Quint.
Espalier, en termes de Marine , eft
MENT.
EPANt.,HER.
EPANDRE.
ESPANITE. f. f Terme de Coutume. /%d^ Épa-
virÉ.
ESPANOUIR. Foye:; ÉPANOUIR.
ESPANOUISSEMENT. ^oy. EPANOUISSEMENT.
ESPARDILLES. f m. pi. Mot Catalan , qui lignihe
desfculieis de corde.
ESPARGNANT. ^ (ÉPARGNANT.
ESPARGNE. Y Voye-^ \ EPARGNE.
ESPARGNER. ) (EPARGNER,.
ESPARGOUTE de Mer. f f Plante. 1 npcuum. Voyez
le Liicl. de James , & Turbit.
ESPARGOUTTE. f. f Nom qu'on donnoit autrefois
à la plante qu'on appelle aujourd'hui matricaire.
Foye:^ Matricaire. Matnçaria.
le rameur qui
ESPARMER.
ESPARPILLER.
\ Foyer i ^SPALMER.
I ^"J'^r lEPARPILLER.
tient le bout de la rame , qui donne le mouvement ESPARRE. Ville de la Guyenne , en France^ Au-def-
aux autres. Thalamius, thalamita. L'Efpalier eft or- fous de Bourdeaux , & joignant la côte de la mer ,
dinairement un homme fort & robufte , parce
qu'il a plus de peine que l s autres, étant obligé à
chaque mouvement de la rame de fe lever de delfus
oc ae le ra
aifeo
ir.
ion b.mc
ESPALIER. V. a. Mettre des arbres fruitiers en efpa-
lier , en étendre , coucher , drelTer les branches
treillage de perches , d'échalas. Quand on efpalie
des arbres , il ne faut gêner le bois que le moins
qu'on peut : les branches gcnéjs poulfent de miu-
Vais jets , qu'on appelle branches gourmandes.
Dicl. des Arts.
Ce mor vient de l'hiWen fpaliere. Aîén.
ESPALLEMENT. f. m. Terme en ufage parmi les
Commis des Aides , qui fignifie la même chofe que
Jaugeage. Il ne fe du guère que du niefurage qui le
Tome m.
ft la Ville de VEfparre , & le Cap de Sainte- Ma-
rie. Du Chesnb , Antiq. des Filles de Er. P. lE G
}. Efparre a donné fon nom à un Seigneur de la
Maifon de Foix. Moréri.
espars: } a-c^^ï { épars.
contre un mur , fou avec des clous, fou avec un i ESPARTEL. C'eft le cap le plus Septentrional de l'A"
^1 /- ; ini^uQ. Efpartelum caput. Je trouve aulli Spartel ,
Sparto & Efparto. Ce cap eft fur la cote du pays
o'Habara, province du Royaume de Fez, au cou-
chant de la ville de Tanger, vis-à vis du détroit de
Gibraltar. Mêla , L. L C 5. dit que les Grecs l'ap-
peloient Ampelufie, Ampelufia\i\\\t\ç% Africains
luidonnoicnr un autre nom , mais qui lignifioit la
même chofe ; fur quoi Vollius remarque que ce
nom Africain étoit K^tw, Cotes , que Pline dit Co-
Ppppp
8jo ESP
ia\ que c'eft ain fi qu'il faut lire, L. XXXII. C. 3.
& non pas LfOtta : &: qu'un Savant s'eft trompé en
prenant ce promontoire pour le Solois , ou Sylois ,
dont parle Hérodote , & qui ell fort éloigné de la.
Pline du aulli qu'il y avoit en cet endroit une ville
nommée Cotes: L. V. C. 1.
L'ESPARVIÈRE. lile de Fiance , dans le P.hône.auprès
de Valence.
ESPARVIN. \r. ^ÉPARtlN.
ESPAÏER. 5 °^ "^ \ EPATER.
ESPATULE. f. f. Plufieurs écrivent &c prononcent
ainfi. Le mot de<5rar«/t' faroît plas généralement
reçu. ^o)'. Spatule.
Esp/tule. C'eft auîli que ceux qui fabriquent des
from.iges dans les mont.agnes de Gruyère & de Ber-
re en Suilléj nomment un certain petit fapinde la
grolftur d'une bonne canne , qu'on a pelé , & dont
on a coupé les branches ou rameaux , à deux ou
trois pouces de long jufqu'aa milieu, qui fert à tour-
ner le lait caillé dans la ciiaudière , pour le délaire
& le rompre.
ESP4.TULE , Xyris. Plante qui poulie beaucoup de
feuilles, longues d'un pied ^s: demi ou de deux pieds,
plus étroites que celles de l'iris ordinaire, pointues,
ie couleur verte-noitàtre , luilante , d'une vilaine
odeur de punaife. Il s'élève d'entre (es feuilles plu-
iieurs tipes de grolleur médiocre j droites , portant
en leur fommet une fleur femblable à cellede l'iris ,
mais plus petite, compoléedeneut feuilles purpu
rines, quelquefois rouges. Il leur fuccéde des goul-
ies oblongues qui s'ouvrent en mârilîant , & dé-
couvrent des femences rondes comme de petits pois,
rouges , d'un goût acre ou brûlant. Sa racine, qui
de fibreufe dans les commencemens groffit dans la
fuite , a un goût acre comme celle de l'iris. Cette
plante croît aux lieux humides , entre les vignes &
dans les jardins. Sa racine & fa lemence , prifes en
médecine, font purgatives , hydragogues , apéri-
tives , propres pour les convulhons, pour les rhu-
matifmes j pour les obftructions , & pour l'hydro-
pilie. On s'en fert auffi extérieurement pour di-
gérer , pour incifer , pour atténuer & pour rc-
foudre. Cette plante fe nomme encore Glayeul-
puànr.
ESPAVE ÉPAVE.
ESPAVITÉ. . 'v /-EPAVÏTE.
ESPACEE. J l EPAULE.
ESPAULEE. / I EPAULEE.
ESPAULEMENT. ^^ JePAULEMENT.
ESPAULER. /^''•>'^ï'^EPAULER.
ESPAULETTE. l IëPAULETTE.
ESPAULIÈRE. 1 fEPAUHER.
ESPAURE. J \EPAURE.
ESPEAUTRE. ÉPEAUTRE.
ESPECCE. Voyez SPEZZIA.
ESPÈCE, f. f. Species. Terme de Logique. On appelle
ainfi ce qui eft fous le genre , &i. contient fous foi
plufieurs individus. Développons cette idée ordi-
nairement fort embrouillée parle jargon de l'Ecole.
Dans la comparaifon des êtres , nous appercevons
des relfemblances ik. des diffcrences,c'eft-à-dire,des
qualués communes , par lefquelles ils fe rclfem-
blent J & d'autres particulières par lefquelles ils
diftérent. Ces qualités qui font les mêmes dans dif-
férens individus , féparées par l'abftraélion de celles
qui font propres , forment la notion générale à'cf-
pèce : ainli Yefpèce n'eft autre chofe que tous les in-
dividus dans lefquels fe trouvent ces qualités par
lefquelles ils fe relfemblent. L'animal eft une efpèce
a l'égard du corps y l'homme eft une efpèce à l'égard
de Tanimal. Dieu , en détruifmt par le déluge tout
ce qui avoit vie fur la terre , voulut conferver les
efpèces : il renferma dans l'arche des animaux de
toutes les efpèces. ^ *
ffT Comme V efpèce peut être genre par rapport
aux parties qui la compofent , & à des idées parti-
culières , on diftingue dans l'Ecole trois différentes
efpèces, la fupérieure ou fuprême , la fubaiterne
ou moyenne , & rinférieure ou la plus baffe. La
ESP
fupérieure , fuprema, eft celle qui n'a que le genre
au-delfus d'elle , qui n'a point d'autre ejpece au-
delfus d'elle; comme fubltance & accident, qui
font les ejpeccs de l'être, qui eft le genre fupiême;
& qui n'ont point d't;y/icf(;c" au- dellus d'elles, mais
qui en ont au-delfous : car la fubftance le divife en
eiprit &c en corps. L'e//)«ce fubaltcine, ou moyen-
ne jy/ziiiî/^crr/zj , vq\ média , eft celle qui eft entre
ààii)!. ejpe ces , dont l'une eft fon genre, & l'autre
fon ejpecc. Comme corps, qui a pour g^mnjuâjàin-
:e , & pour ejpéce , animé Se inanimé. L'efpece infé-
rieure , ou la plus balfe , infima , eft celle qui n'a
point À'efpece audelfous d'elle j qui ne peut être
genre par rappoit à aucune autre idée plus particu-
lière J & qui n'a fous elle que des individus : hom-
me ^, par exemple J qui n'a fous foi que des indi-
vidus , Pierre , Paul , Louis , &c. dans lelquels le
trouvant les attributs qui fervent à caractcrifer
1 homme.
IvL de BufFon , qui prétend que Vefpéce n'eft au-
tre chofe qu'une fuc'celîion conftante d'individus
f^mblables îk. qui fe reproduifent , prétend confé-
quemment que cette dénomination ne doit s'éten-
dre qu'aux animaux &: aux végétaux, & que c'eft
par un abus des termes ou des idées que les nomen-
clateurs font employée pour défigner les différentes
fortes de minéraux : qu'ainh on ne doit pas regar-
der le fer comme une efpèce , & le plomb comme
une autre efpèce , mais feulement comme des mé-
taux différens.
|t3° Espèce DE Plantes. Species. En Botanique j on
appelle ainfi les plantes , qui j outre le caractère
générique , ont quelque chofe de Imgulier qui les
diftingue de toutes les autres plantes de même gen-
re. Le Buillon ardeat eft une efpèce du genre des
Néfliers.
Espèce , fe dit quelquefois des individus de chaque
efpèce à part- Voilà un homme fingulier, d'une nou-
velle efpèce. C'eft une pauvre efpèce. Un habit d'une
nouvelle efpèce , d'une nouvelle mode. Je ne fai
quelle efpèce de fruit c'eft-là. Il m'amena une ef-
pèce de Gentilhomme qui avoit l'apparence d'un
Noble. On ne fait quelle efpèce d'homme c'eft-là ,
s'il eft chair ou poillon. Le mot à'efpèce en ce fens
ne fe dit guère que par dérifion des perfonnes j &
même alfez fouvent des chofes. »
Espèce , fignifie auflî j Sorte , nature j ce qui fe peut
rapporter à quelque chofe de plus connu , &c qui
néanmoins en eft- différent. Modus , fpecies , genus,
Tûtio J jnrma. La civilité , de la manière c^u'on la
pratique , eft une efpèce de jargon que les hommes
ont établi entr'eux. Bell. Un Ermite eft une efpèce
de Religieux qui habite à part j qui ne fait point de
communauté.
fC? On dit figurément que Xefpèce manque j
pour dire , qu'elle devient rare \ ôc cela fe dit des
hommes , des animaux, de l'argent, &c. Ac. Fr.
IJCT Espèces visibles. Dans l'ancienne Philofophie ,
où l'on ignoroit la manière dont les rayons de
lumière viennent fe réunir fur la rétine, & y pein-
dre l'image des objets, on avoit imaginé je ne fais
quels fimulacres ou images qui fe détachoient per-
pétuellement des objets extérieurs j étoient reçus
dans nos fens , ôc nous faifoient connoître l'objet
dont ils s'étoient détachés. On avoit donné à ces
fimulacres ou images, le nom à'efpèces.
Quod fpeciem , aucformamfmilemgerlt ejus imago.
LUCRECB.
fer On diftinguoif deux iomsi' efpèces-^ les mies
qu'on nommoit imprefles , 6c d'autres auxquelles
on donnoit le nom d'exprelTes. Species impreftc ,
fpecies exprefa. Les premières s'appeloient im-
preffes , parce que les objets les impriment dans les
feus extérieurs , par lefquels elles font^ porrées au
fens commun. Jufque-là elles font fenfibles & ma-
térielles ; mais l'intelleét agent dans lequel elles
font reçues, les travaille, leurôte ce qu'elles ont
ESP
de matériel ^ les rend intelligibles , & propres à
ctre reçues par l'intelled patient. Ces efp^ces ainii
fpiritiialilées , palFent de l'intelleift agent dans l'in-
lelleifl patient , qui s'eni'ert pour conuoitre les êtres
matériels. C'eft alors qu'elles prennent le nom
à'efpècts exprejfes _, parce qu'elles lont , pour ainli
dite, exprimées des imprelFes. /''oje^ Intellect.
|ÎCr Voyez aux mors Emission , Emanation
lesraifons qui combattent ce fyftcnie. On peut ajou-
ter que les efpèccs imprelfes étant de véritables
corps, & par conféquent impénétrables & rem-
pli'Tant tous les efpaces , elles devroient fe froilTer ,
le brifet , à caufe de leurs mouvemens oppofés ,
au lieu de rendre les objets vilibles.
I/CF De plus , on voit les objets plus grands ou
plus petits , félon le plus ou le moins d'éloigne-
ment. Comment ces efpèces peuvent-elles être plus
ou moins grandes , & que deviennent les parties
qui les^ompolent , quand elles diminuent , & de
quelles parties peuvent-elles s'accroître , quand
elles deviennent plus grandes , quand on regarde ,
par exemple ^ un objet avec un microfcope ?
Esi'ÈcESj en termes d'Optique, fe dit des rayons de
lumière diverfement rélléchis par l'inégalité de la
fur'ace des corps ^ &C qui font des imprelîions fur
la rétine de l'œil , qui font caufe de la vilion. Spe-'
des. Les Modernes ont trouvé l'invention de faire
des yeux artificiels pour ramalfer les efpi'ccs des ob-
jets fur delà toile , ou fur du papier j de la même
façon qu'elles fe reçoivent dans l'œil , & ont décidé
nettement la quellion dont les Anciens étoient fi
fort en peine , touchant la manière dont fe faifoit
la vilion. C'eft quelque chofe de réel &de très réel,
& mêmeforporel j que nos Philofophes appellent
efpèces. Pelisson. Les Pbilofophes n'ont pu déter-
miner entr'eux lî les efpèces font une elFufion de la
fubftance àas corps , ou une fimple imprc-llion
qu'ils font fur tout ce qui les environne , & que
tous les autres corps leur renvoient ^ quand ils fe
trouvent à certaine diftance , & en certaines difpo-
fitions i ou enfin , fi ce n'efl point quelque autre
corps plusfubtil, comme feroit la lumière, qui,
reçoive toutes ces différentes impreffions de tous
les corps , &i qui font ainfi envoyés & renvoyés in-
celTamment de l'un à l'autre avec ces empreintes
différentes qu'il a prifes de tous côtés. Pelisson.
M. Le Clerc , dans fon fyftême de la Vifion , par une
de ces révolutions très-ordinaires aux opinions
philofophiques , ramène fur la fcène les efpèces ex-
prejfes des anciens Philofophes. Car ce n'eft pas ,
félon lui j par les images imprimées dans le cerveau
que l'ame connoît les objets ; c'eft par des rayons
qu'elle dirige vers eux j & dont elle fe fert comme
un aveugle de fon bâton pour tâter les corps.
Espèces , fignifie auflî , Idée , image des chofes qui a
palfé autrefois dans le fer.s ou dans l'efpnt. Ima-
go , idea ^ forma. Avec le temps les efpèces fe con-
fondent, fe perdent dans notre ame. Les fonges
ne font que des efpèces confufes qui reftent dans
notre imagination des objets que nous avons vus en
veillant.
EsRÈCES. f. f. pi. Species j erum. Terme de Pharma-
cie. On donne ce nom aux poudres compofées ,
comme à celles de la confedlion d'hyacinte , de la
confedkion alkermès , de la thériaque j à la poudre
diamargaritum , diarrhodon-abbatis j &c. Col de
Villars.
Espèces ^ en termes de Monnoie , fe dit des pièces
de diverfes fabriques Ôc matières dont les monnoies
font faites. Nummus , numifma. Il y a des efpèces
d'or & d'argent. Les francs , les teftons font des ef-
pèces décriées.
^3" Espèces j fe dit de même dans le Commerce , des
différentes pièces de monnoie qui fervent à payer
le prix de la valeur des chofes. Payer en efpèces
ayant cours , en louis , en écus de 6 liv. en ccus
de } liv. Les Notaires font obligés de faire mention
des efpèces avec lefquelles un paiement a été fait.
§C7" On dit payer en efpèces formantes , c'eft-à-
ESP 8;i
dire, en pièces d'or , ou d'argent, 5c non pas eu
papiers ou billets.
Esi'icH J en terme de Jurifprudence , fe dit de la
quellion , de l'hypothèfe , du cas particulier fur
lequel fe fait une dccihun , du fait & des ciiconf-
tantes qui ont précédé ou accompagné quelque
chofe. Species. Les Jurifconfultes appellent e/pèce
à peu-piès ce que les Logiciens appellent l'individu
d'un fait, &c. Ces deux cas font de même ejpèce.
Pofer Vefpèce d'un procès , c'eft pofer le fait. Les
cuconftances changent le fait.
Espèces, fe dit au(li de toutes fortes de denrées, & n'a
point de (ingulier en ce fens. Il y a des droits Sei-
gneuriaux payables en argent, & d'autres en ef-
pèces , en blé , en vin , volaille , &c. On a appelé
proprement efpèce , les fruits , comme vin , huile ,
'froment , légumes. Dans dans ce cas , efpèce fe dit
par oppohtion à argent.
(G" Espèce, fe dit auflî en Jurifprudence , pour la
chofe même qu'on doit rendre. Il faut rendre en
espèce un cheval qui a été prêté, c'eft-à-dire, le
même , & non pas un femblable.
Espèces , en termes de Théologie , fe dit des accidens
qui demeurent après la confécratiun dans le pain &
dans le vin , quoique leur fubftance feit détruite „
qui les rendent encore fenfibles. Les apparences du
pain &■ du vin. Le Prêtre communie fous les deux
espèces. Nous ne voyons que les espèces facramen-
telies , l'apparence du pain & du vin, fa quantité,
fa blancheur , ekc. félon le fentiment le plus com-
mun des Théologiens , les espèces facramentelles
font des accidens abfolus. f^oye^ Accident. Le
P. Magnan dit que ce ne font que des apparences ,
des impreffions que Dieu fait fur nos fens : Les
Cartéfiens & autres nouveaux Philofophes , qui
ne peuvent fouffrir le terme d'accidens abfolus ,
expliquent le mot d'espèces le mieux qu'ils peu-
vent fuivant leur fyftême. Ils n'ont encore rien die
de bien net là-deftus , pour accorder la dodrine de
l'Eglife avec leurs principes dePhilofophie. J^oye:^
Accidens absolus.
ESPÉE. Foyei ÉPÉE.
ESPÉJO. Village de l'Andaloufie. Aspavia. Il eft fitué
fur la rivière de Caftro , entre Cordoue & Efcija.
Espejo étoit autrefois une ville de la Bétique.
ESPEONTER. v. a. Vieux mot. Epouvanter.
ESPERABLE. adj. de t. g. Qu'on peut efpérer. Il fe
trouve dans Montagne , Liv. IL chap. j.du fécond
Tome. Toutes chofes , difoit un mot ancien , font
espérables à un homme pendant qu'il vit. Omnia
homini , dum vivit ^ speranda sunt. Mot rapporté
par Sénéque , epift. 70. M. Coste , noce 24. Mon-
tagne fe faifoit une affaire d'enrichir la Langue , &
nous avons vu des Ecrivains qui ont pris à tache de
l'appauvrir. C'eft à l'Académie Françoife à s'oppofer
à ces faux Puriftes qui , avant que de fe mêler de
profcrire des mots , devroient examiner fi ce font
les chofes qui ont été faites pour les mots , ou les
mots pour les chofes. Id. note 88. sur le douzième
chap. du second Liv. Il s'agit là du mot de gratitude
que Montagne a francifé , & qui eft aujourd'hui
reçu par-tout. Il me femble , difoit Montagne en
l'employant , que nous avons befoin de mettre ce
mot en crédit. Le P. Bouhours , qui, p. 50. de f;s
Doutes , obferve que le Public accepte volontiers
les mots dont les Auteurs ne paroiftent point , a eu
tort de compter gratitude parmi ceux-là. A l'égard
àiespe'rable, il a été oublié tout en naiftant. C'eft ainlî
qu'entre plufieurs enfans d'un même père , on en
voit quelquefois qui s'avancent,tandisque les autres
croupiffent dans l'obfcurité.
ESPERANCE, f f. En Théologie. Spes. Vertu Théo-
logale , par laquelle nous attendons de Dieu avec
une ferme confiance, les biens que fa bonté infinie
nous a promis, & que Jesus-Christ nous a méri-
tés. Ces biens fontlefalut éternel , les grâces & les
fecours dont nous avons befoin pour y arriver.
Dieu, après avoir menacé les hommes, les attire
à \\x\^AzV espérance de fa gloire. Nie. Il faut mettre
p p p p p ij
ts^ ESP
toure notre espérance en Dieu qui fera miféricode,.
^ conferver la crainte de fes jugemens.
L'objet matériel de la vertu théologale à'espé-
rance ell en premier lieu Dieu , en tant qu'il eft
notre fouverain bien &c notre béatitude; Se en fé-
cond lieu les grâces qui nous font néceflaires pour
arriver à lui , & mériter de le poUéder. L'objet
formel de Xespérance Chrétienne eft la fidélité de
Dieu à accomplir fes promelfes. Ceux qui n'ont
point la foi , n'ont point , à proprement parler ,
X'epérance.S. Paul, /. Cor. XIIL ij. dit que dans
l'état préfent où nous fommes , ces trois chofes
fubfiftent , la foi , Xespérance 6c la charité : ïefpé-
rancc n'exclut point la charité , & la charité ne
détruit point {'espérance y elles demeurent enfem-
ble. Le fondement de \ espérance Chrétienne eft la
mort de Jesus-Christ pour tous les hommes, 6c
fes mérites ; de forte que l'on ne peut faire un ade
^espérance , ni avoir la vertu à! espérance , li l'on
ne croit fermement que J. C. eft mort pour tous
les hommes , & pour nous en particulier , afin de
nous mériter le falut & les grâces néceflaires pour
l'acquérir.
Espérance. Se dit encore de la caufe de notre espé-
rance , des perfonnes & des chofes fur lefquelles
elle eft fondée. Ainfi nous difons ; Dieu eft notre
efpérance. Ne vous fondez point fur vos mérites \
que J. C. foit toute votre espérance. Et parce que la
Sainte Vierge nous obtient de fon Fils les grâces
dont nous avons befoin j en intercédant pour nous \
nous appelons auflî la Sainte Vierge notre espérance.
Nous le difons même des hommes tur la terre , &
des chofes humaines. Je n'ai ni crédit ni recom-
mandation \ mon bon droit eft mon espérance. Mon
Juge ,, mon Rapporteur eft mon espérance. Ce fils
unique étoic l'espérance de toute fa famille. Que
nos Hérétiques viennent après cela nous dire que
nous égalons la Sainte Vierge à Dieu, que nous en
faifons un Dieu. Faifons-nous aufli un Dieu d'un
Rapporteur & d'un Juge ?
I^EsPÉRANCE, en Morale. C'eft une pen fée douce
& flatteufe qui occupe l'ame , une prétention qui
nous fait attendre un bien que nous defirons : c'eft
une joie anticipée que l'ame éprouve en penfant à
la jouilfance d'un bien qu'elle croit pouvoir obte-
nir. Comme le fouvenir du paiïe donne du plaifir,
l'espérance de l'avenir en donne aulîi j & lorfqu''elle
n'eft pas douteufe , c'eft un plaifir qui ne le cède
guère à la jouiftance : quelquefois , dit Montagne,
le défit & l'espérance nous entraînent vers l'avenir ,
& nous dérobent le fentiment du préfent ; mais
elle devient chagrine & inquiette , quand ;elle fait
trop attendre fes promeftes. La douce espérance ,
plus qu'aucune autre paffion , gouverne l'efprit
changeant des mortels. Dac. C'eft le feul bien qui
refte à ceux qui n'en ont plus ; c'eft le dernier bien
des miférables. Il arrive tant de changemens aux
chofes humaines , qu'il eft mal aifé de juger à quel
point nous fommes au bout de notre efpérance.
Mont. Il faut fur-tout éviter les chimères &r les il-
lufions de l'efpérance. \J efpérance eft une étourdie
qui croit tout ce qu'on lui dit , pourvu qu'il lui
plaife \ des chimères la divertiflent : elle n'a que
de l'imagination & point de jugement. Bouh. Eu-
ripide lui donne des ailes , parce qu'elle eft tou-
jours errante , incertaine & vagabonde : fi elle a
été utile à plufieurs , elle en a trompé un plus grand
nombre. Ariftote appeloit Xefpérance le fonge d'un
homme éveillé : toute trompeufe qu'elle eft , elle
fert du moins à nous mener à la fin de la vie par
un chemin agréable. Mais la vie de l'homme ne
fauroit être heureufe, fi fes e//Jt;Va«cej fe bornent
aux biens temporels Voye^i Espérance Chré-
tienne.
§C? On dit avoir , concevoir des efpérances. Ce
jeune homme eft bien né , il donne de grandes
efpérances. Tromper , remplit, paffer , furpafterles
efpérances de quelqu'un.
gC? Racine en parlant de Bérénice , qui devoir
ESP
cpoufer Titus , fait dire ces vers par Arface à An-
tiochus qui demandoit à la PrinceflTe un entretien
fecret.
Quoi ! déjà de Titus époufe en efpérance ,
Ce rang entr'elle & vous met-il tant de diftance ?
§3r Epoufe en efpérance j dit Voltaire j expref-
fion heureufe & neuve , dont Racine enrichit la
langue , & que par conféquent on critique d'abord.
Remarquez encore qn époufe fuppofe , étant époufe.
C'eft une ellipfe heureufe en poche. Ces fineiîes font
le charme de la diétion.
Les Jardiniers appellent une branche d'e/pé-
rance, celle qui donne des marques d'une fécon-
dité prochaine. Liger. On appelle les blés & tous
les fruits de la terre , pendant qu'ils font fur pied ,
ïefpérance des Laboureurs.
On appelle proverbialement , un Abb4 de Sainte
Efpérance, de Sainte Elpide , un homme qui s'ell
fait tonfurer dans la croyance qu'il lui pourra venir
quelque Bénéfice , & qui cependant prend la qua-
lité d'Aibbé : t^îsrif , en Grec , fignifie efpérance. C'eft
à-peu-près ce que Nicéphore Grégoras appelle d'un
nom plus général, un Parafitede l'efpérance.
Espérance , en Mythologie. Déefte de l'Antiquité
payenne. Spes. Elle étoit honorée à Rome , où elle
avoir un temple dans le marché aux herbes. Tite-
Live , L. XXI. Ce temple fut brûlé avant !a guerre
d'Aétium par le feu du Ciel. C'étoit Collacinus qui
l'avoir fait bâtir. On en conftruific plufieurs autres
dans la fuite. Rien n'eft plus commun que les mé-
dailles , au revers defquelles la Déelfe Efpérance eft
gravée. Elle eft défignée par une femme , qui pré-
fente de la main droite une poignée d'herbes naif-
limtes J ou un bouquet de fleurs, & qui de la gau-
che relève fa robe par derrière , avec les infcrip-
tions J Spes publica. Spes aug. Spes augusta.
Spes p. r. Spes. perpétua. Spes reipubl. & dans
Philippe , Spes felicitatis orbis.
Sur une médaille de Galien , frappée l'année 1 1'
de fon Empire , l'Efpérance eft repréfentée tenant
d'une main un lis , & de l'autre elle tient & levé
légèrement le bas de fa robe. Tristan , T. III,
p. 114. C'eft l'attitude ordinaire qu'on lui donne
fur les médailles. Elle eft encore repréfentée de
même fur une médaille de ValerianusSaloninus rap-
portée par le même Auteur. Ib. p. 114. Quelques-
uns , à ce que l'on dit , ont repréfenré l'Efpérance
vêtue de vert, allife fur un tonneau , ayant auprès
d'elle une corneille \ mais on ne la voir point ainfi
fur les médailles. Fortunatus Licetus, De Lucernis
antiq. L. III. C. 1 3. a donné la forme d'une lampe
antique, qui repréfenré une femme debout , fléchif-
fant un peu le genou, & étendant les deux mains ,
comme fi elle vouloit prendre la main de la Fidé-
lité qui y eft aufli repréfentée \ Se il prétend que
c'eft-là une effigie de l'Efpérance. Pindare donne à
cette Déelfe l'épithète de ruparfiçts , c'eft - à - dire ,
Nourricière des vieillards , ou de la vieillefle.
Nous appelons le vert la couleur de l'Efpérance.
Cap de Bonne Espérance. f^oye\ Cap.
ESPERDU. roye^ EPERDU.
ESPERDUMENT. Foyei ÉPERDUMENT.
ESPÈRE. C'eft un ancien mot qui fignifie Efpérance.
On dit encore en Dauphiné , Aller à l'efpére , pour
dire. Aller .à l'affur.
ESPÉRER. V. a. Prétendre à un bien qu'on prévoit
pouvoir obtenir; vivre dans cette attente. Sperare,
confidere. Il faut efpérer une vie meilleure après
celle-ci. Les chofes du monde font fi incertaines ,
qu'on ne fait s'il y a plus à craindre , qu'à efpérer.
Celui qui nefpére rien , ne fait rien , ou fait toutes
chofes négligemment. M. Scud. On peut efpérer
avec un efprit tranquille ce qu'on defire avec rai-
fon. B. Rab. Quand on nefpére plus, on eft bien
proche du détefpoir. Id. La perre d'un bien long-
temps attendu n'eft que la douleur d'un jour; au
lieu que la joie de l'avoir efpéré a fait le bonheur
ESP
de plufieurs années. Id. On e(l trop heureux de
pouvoir efpérer , pourvu qu'on ne loïc pas vilîon-
naire,& de s'amufer par-là. M. Scud. Quand on
a tour mérité , on a dioit de tout efpérer. Cob.n.
C'eft une faute de mettre un de après efpérer^ quand
c'ell un autre verbe qui fuit. J efpere de revenir :
ôtez le de. Corn. Il eft pourtant des occadons où
ce verbe fe conltruit fort bien avec la prépofition
de, particulièrement quand il eft à l'infinitif, &
que le verbe qui le fuit immédiatement eft aa(îi à
l'infinitif. Peut-on ejpérer de vous revoir encore au-
jou
rd'hui ? Ac. Fr.
I/Cr On peur remarquer ici <\\x efpérer ne fe pre-
nant jamais en mauvaife part, ne peut pas fervir
de fynonyme à craindre.
I^EspÉPvER, Attendre, conlîdérés comme fynony-
mes. hfptrer a pour objet le fuccès en lui-même j
& il dcfigne une confiance appuyée fur quelque
motif. Attendre, regarde particulièrement le mo-
menr heureux de l'événement , fans exclure , ni
déligner par fa propre énergie aucun fondement de
confiance. Onefpére d'obtemr les chofes ; on attend
qu'elles viennent. Il faut toujours efpeteren labou-
ré du Ciel, & attendre, fans murmurer , l'heure
de la Providence. Syn. Fr. Il lemble aulliquece
qu'on efpére foit plus une grâce ou une faveur ; &
que ce qu'on arre/îi foit plus une chofede devoir ou —
d'obligation. Nou-; efperons des réponfes favoru- ESPINGLE.
blés .1 nos demandes , & nous en attendons de con-
venables à nos propofitions.
Ce mot vient du Latin fpcrare.
Espéré , ée. part.
ESPÉRIR. V. n. Les Anciens fe fervoient de ce verbe ,
pour dire , Reprendre fes efprits , revenir à foi.
ESPERIT. f. m. Nos vieux Poètes difoient quelque-
fois efpérlt au lieu à'efprit ^ pour gagner une fyl-
labe.
ESP 8j3
miroir, qui fert de titre à un périt Roman où on
décrit plufieurs tours de malice & de fripon-
nerie.
ESPIEGLERIE, f. f. Petite malice que fait un enfanc
vit & éveillé. Jocus malignus. Cet enfant fait tous
les jouts quelques nouvelles efpiégleries. Ces deux
mots ne font que du ftyle familier.
ESPIEMENT. -v (EPIEMENT.
ESPIER. ( ^ )ePIER.
ESPIERRER. { '^"■^'^MÉPIERRER.
ESPIEU. ) (EPIEU.
ESPINACES. f. f. pi. Sorte de vailFeaux. Le Comte dé
Dunois faifant le iîége de Bayonne en 1451 ^ avoic
fur la mer douze vailTèaux Bifcains , appelés Efpi-
naces. Le P. Daniel.
ESPINAL. Voy. ÉPINAL.
ESPINARD. Voy. ÉPINARD.
ESPINÇOIR. f. m. C'eft un gros marteau court S: pe-
fant , qui eft fendu en angle par les deux côtés com-
me un têtu , qui fert particulièrement à tailler du
pavé. Malleus pavimentarius.
ESPINE. -) f ÉPINE.
ESPINETTE. > Foyer \ EPINETTE.
ESPINEUX. 3 (.EPINEUX.
ESPINGARD. f m. Petite pièce d'artillerie qui ne
porte pas plus d'une livre de balle. Tormentum
minus
Cœur & raijon de prendre tout plaifîr
A efveiller mes efpérits indignes
De vous fervir
pour faire œuvres condignes.
Marot.
ESPERLUCAT. f. m. Terme populaire , qui fignifie,
Eveillé , finj adroit, qui eft plus propre à tromper
qu'à être trompé. Cautus. Vous aurez de la peine à
furprendre cet homme-là jà lui gagner fon argent;
car c'eft un efperlucat.
Ce mot vient ^expers lucis j par antiphrafe , car
il eft toujours en aékion au jour, éveillé : ou bien
d'experreSîus ante luccm
jour J ou de grand matin,
lerie.
ESPERNAY.
ESPERNON.
ESPERON.
ESPERONNER. y^oyei
ESPERONNIER.
ESPERVIER.
ESPETER.
éveillé même avant le
Il ne fe dit qu'en rail-
-ÉPERNAY.
EPERNON.
JEPERON.
'eperonner.
jei'eronnier.
'epervier.
.EPETER.
ESPINGLIER.
ESPINIÈRE.
ESPINIERS.
ESPINOCHE.
ESPINOCHER.
Voye\
■ÉPINGLE.
hpinglier.
'epinière.
lEPINŒRS.
ÉPINOCHE.
-EPINOCHER.
ESPHLASE. Terme de Chirurgie. Efpèce de fradure
du crâne , dans laquelle l'os eft brifé en plufieurs
pièces , & enfoncé. C'eft la même chofe que entha-
iis. Ce mot eft Grec , 'îr^xcms , rupture avec en-
foncement.
ESPI.
ESPIAN.
ESPICE.
ESPICER.
ESPICERIE.
ESPICERIES.
ESPICHEL.
ESPICIER.
Foye^
■ ÉPI.
EPIAN.
EPICE.
ÉPICER.
ÉPICERIE.
EPICERIES.
EPICHEL.
•ÉPICIER.
ESPIE. f.f. Vieux mor. Efpion. Marot s'en eft fervi
dans ce fens. On a dit auftî Epie.
ESPIÈGLE, adj. di fubft. Éveillé , fabtil. Jocofus ,
malignus. Ce garçon eft un petit ejpitglc, il a fait un!
tour àîefpiegle. |
Ce mot vient d'un mot Allemand, qui fignifie 1
ESPINOSA. Bourg de Bifcaye en Elpagne. Efpinofai
Spinoja. Il eft vers les confins des Afturies , à trois
lieues de S. Andero. Quelques Géographes le pren-
nent pour l'ancienne Oâaviolea j ou Ottaviolea ,
ville des Cantabres , que d'autres placent à Ordunai
HOFFMAN , MatY.
EspiNosA DE LOS MoNTES,ou de los Monteros, com-
me a mis M. De Lifle dans fa Carte d'Efpagne. Ef-
pinofa , Spinofa. Bourg ou petite ville de la vieille
Caftille, fur les confins de la Bifcaye , du côté des
Afturies. La plupart des Géographes prennent ce
lieu pour l'ancienne Vellica, ville Épifcopale j que
quelques autres placent à Trévino , petite ville dd
l'Alava. Maty*
ESPINOY. /^oje^EPINOY.
ESPION, f. m. Prononcez Xs , quoiqu'on ne la pro-
nonce pas dans le verbe efpier. Celui qui fait métier
d'obferver les aétions d'autrui ; ?>i dans l'Art Mili-
taire , celui que l'on paie pour obferver les mouve-
mens de l'ennemi j & découvrir ce qui fe palTe dans
les armées. Speculator , exploratnr , auceps. Parmi
les domertiques des Grands il y en a toujours quel-
qu'un qui eft traître, qui eft efpion de fon maître ,
qui eft payé pour prendre garde à ce qu'il fait. Un
AmbalTadeur eft un efpion honorable, & à couvert
fous le droir des gens. Wicq. Quand on trouve dans
un camp un efpion , il eft pendu. Les efpions dou-
bles font ceux qui fervent les deux partis. Je ne
veux point avoir fans cefTeun efpion de mes affaires
dont les yeux maudits affiégent toutes mes adions.
Mol.
Espion jfe ditanflî quelquefois au figuré. Soy&tespion
de vous-même &: de vos propres aétions.
Ce mot vient à^efpoine , tait de fpia , qui a été
fait de l'Allemand fpie. M en.
On dit J proverbialement d'un homme qui ne
fait pas les affaires qu'il lui importe de favoir , qu'il
ne dépenfe <^uèreen efpions.
ifT ESPIONNAGE.^ f. m. Métier d'efpion. l'espion-
nage feroit peut-être colérable , s'il pouvoir être
exécuté par d'honnêtes gens. Montesq.
ESPIONNE, f. f. Celle qui obferve & épie les avions
de quelqu'un. Exploratrix. Cette femme eft une es-
p'onne que vous avez dans votre maifon.
(ESPIONNER, v. a. Obferver les adions d'autrui
pour en rendre compte à quelqu'un. Obfervare , ex-
Sj4 ESP
plorare. Ce mari jaloux paie des gens pour espion-
ner fa femme , pour la fuivre par - tout où elle
va.
Espionné, ée. part.
ELESPIRITQ SANTO. Ville de l'Amérique Septen-
trionale j & fur la côte du Mexique , veis les monts
de S. Martin j dans la Province de Guaxaca.
ESPLANADE, f f. ou Glaas , PlanUles. Terme de
fortification. C'eft ce qui fert de parapet au corri-
dor , une pente de terre qui commence du haut de
ce parapet , &c qui fe perd infenfiblement jufqu'au
niveau de la campaj^ne. Faite une e/planade. Abl.
Esplanade , fignifie au(îi le terrein qu'on a aplani de-
puis le glacis de la contrefcarpe juiqu'aux premières
maifons, l'efpace vide entre la citadelle j & les
maifons de la ville.
On le dit encore de tout autre terrein qu'on a
aplani , quand il y avoir quelque éminence qui
incommodoic une place.
On appelle aufii efplanade , planchas S£ plane/or-
me , les planches , ou madriers fur lefqtieis on ^ait
les batteries de canon. La première planche joiananr
la barbe de la trônière doit être de neuf pieds \ la
féconde de neuf & demi j & la troifième en aug-
mentant à proportion jufqu'i vingt. Elles doivent
avoir un pied &c demi de large , & quatre doigts
d'épaiffeur. L'efilan^de doit être élevée au derrière
d'un pied &c demi , «Se avoir trente pieds pour le
recul.
ifT Esplanade , en termes de Jardinage , eft un lieu
élevé Se découvert pour jouir de la belle vue.
Esplanades , en termes de Fauconnerie, fignifie les
routes que tient l'oifeau quand il plane en l'air.
ESPLETTE. f f. On trouve auiii efplecle, & explecle.
C'eft le nom que les ouvriers donnent en quelques
endroits à leurs outils. Injlrumenta.
- ÉPLORER.
JEPLOYER.
I EPLQCHEMENT.
If ÉPLUCHER.
rcjye^SrEPLUCHEUR.
(ÉPLUCHOIR.
lEPLUCHURES,
jÉPOI N CON-
*^ NER.
ESPLORER.
ESPLOYER.
ESPLUCHEMENT.
ESPLUCHER.
ESPLUCHEUR.
ESPLUCHOIR.
ESPLUCHURES.
ESPOINCON-
NER.
ESPOINDRE. V. a. Vieux mot. Animer , encourager.
Glo[f. sur Maroc.
ESPOINTER. Xi-nv. /EPOINTER.
ESPOINTURE. ^ 3 -^'^lEPOINTSJRE.
ESPOIR, f. m. Efpérance. Spes. Il fe du particulière-
ment de l'amour , Si eft plus propre dans la Pocfie
que dans la Profe. Ce refus a étoutfé dans mon ame
toute forte <Xespoir. Mol. Alors je revis en moi
même les doux espoirs , les bizarres penfées. Voit.
On ne peut trouver que des charmes chimériques à
loupirer , &c à être fans cefle agité de mille espoirs
trompeurs. M. Scud.
Souvent d'un /aux efpoir un Amant eft nourri.
Molière.
Si l'Amour vit of'efpoir , il meurt avecque lui.
Corneille.
Les Amans fe flattent d'un doux espoir : ils fe
plaignent d'un efpoir trompeur. On dit aulîi en dé-
votion, qu'il faut mettre tout fon espoir en Dieu ;
que la forcunenenous donne qu'un espoir àéce\anz.
Le pur amour n'a pas befoin d'être excité par l'espoir
de la récompenfe. Ab. Rég.
Espoir , en termes de Marine , eft un fauconneau j ou
petite pièce de bronze qui eft montée fur le poftt ,
dont on fe fert pour les defcentes. On en a vu quel-
quefois fur les hunes dans les grands vaifteaux, com-
me aux carraques de Portugal.
ESPOIS. \^ CÉPOIS.
ESPOISSE. 3 '^''■^'^ tEPOISSE.
ESPOISSEUR. f. f. M- Amontons ^ dans les Mémoi-
res de l'Académie des Sciences, 1701 , pag. i^t j
ESP
a dit deux fois espjijjeur pour EpaiiTèur. On dit
Epais &C épailleur , âc n^n pas espois ik esvoiljeur j
qui lont lucannés.
ESPOLINON , ESPOULIN. Foye^ ÉPOULLIN.
ESPONCE. Foye:^ EXPONCE. Vieux terme de Cou-
tumes , qui lignifie d-guerpijj'ement. UeccJJlo j ex-
puljio. On die aulli efponjer, &c ejponcion-^ pour dire,
quuter Se quittance.
ESPONDRE. v. a. Vieux mot. Expliquer, découvrir le
fens de quelque chofe j ài'exponere. On a du aufli
efpondre pour Traduire. On trouve ejpont pour
Expliqué.
ESPONE. Lieu fur la Maudre , proche de l'endroit où
elle fe jette dans la Seine. Spedotenum j Spedona _,
Efpona , Efpedona j Spedona ad Alaldram. Il eft
fur les confins du Diocèfe de Pans & de celui de
Chartres. Uad. Val. Not. Gall.p. 330. V. ÉPONE.
ESPONGE. J ^ f ÉPONGE.
ESPONTILLES. l ''^^''■y^? IePONTILLES.
ESPONTON. f. m. Sponto. Efpèce d'arme , demi-
pique dont on fe fert particulièrement fur les vaif-
feaux, quand on vient à l'abordage. C'eft auili une
arme d'Officier d'Infanterie. On donne àesefpontons
à quelques Moufquetaires j & autres de la Maifon
du Roi , en certaines occafions. Aller aux ennemis
Ve/ponton à la main.
Ce mot vient de fpontone , Italien , parce que
c'eft une arme pointue & aiguë. Voye:^ Sponton.
ESl'ORLE. i. f. Terme de Coutumes. C'eft la recon-
noiifance des devoirs à l'égard du Seigneur. Servitu-
tis , ou clientèle projeta.
Ce mot d'e;'^'or/e vient duLarin Sporta ^fportula ,
fporla , qui fignifie ce que le vallal donne ou offre à
fon Seigneur j pour obtenir de lui l'inveftiture de
quelque fief ^ ou ce qu'il lui offre pour relief lorf-
qu'il y a mutation. Voye^ Du Cange dans fon
Glolfâire au mot Sporta , & M. De Lauriére fur
Ragueau au mot efporle.
ESPORLER. Ternie de Coutumes. Reconnoître fon
Seigneur , lui rendre les devoirs en la manière
prefcrite. Clientelam profiteri.
ESPOUDRER. ■) C ÉPOUDRER.
ESPOUFFER. >- Voyer \ ÉPOUFFER.
ESPOUILLER. 3 (EPOUILLER.
ESPOULETTE. Terme d'Artillerie. Canal de fer-
blanc , rempli d'une compofition de poudre fort
vive , que l'on emploie pour porter le feia plus
promptement à la charge du canon.
ESPOULLE.
ESPOULLEUR.
ESPOULLIN.
ESPOURES.
ESPOUSAILLES,
ESPOUSER.
ESPOUSEUR.
ESPOUSSETER.
ESPOUSSETTES,
ESPOUVANTA
BLE.
ESPOUVANTA.
ELEMENT.
ESPOUVANTAIL.
ESPOUVANTE.
ESPOUVANTE-
MENT.
ESPOUVANTER.
ESPOUX.
ESPREINDRE.
ESPREINTE.
ESPRELLE. f f.
EPOULLE.
EPOULLEUR.
EPOULLIN.
EPAURE.
ÉPOUSAILLES.
EPOUSER.
EPOUSEUR.
/-EPOUSSETER.
\ EPOUSSETTES.
Voyei <E POUVANT A-
i BLE.
Cépouvantable-
MENT.
ÉPOUVANTAIL.
EPOUVANTE.
EPOU V ANTE-
MENT.
ÉPOUVANTER.
ÉPOUX.
]-^.veriéPREINDRE.
5 '^ '^^ lEPREINTE.
Afperella. Nom de Plante. C'eft
une forre d'herbe dont la tige eft fore rude. Le vrai
nom eft Prêle , autrement queue de cheval y ou che-
valine. _ ^
Le nom à'afperelle vient du Latin asper , d'où
Ton a fait asperella ^ & en François esprelle. Ce
nom a été donné à cette herbe à caufe qu« fa tige eft
rude.
ESPRENDRE. v. a. Vieux mot. Surprendre , preller.
RSPREUVE. Voye\ ÉPREUVE
ESP
ESPRINGALE , ou ESPRINGARDE. Ancien Indrii-J
ment de guerre qui lervoic à jetter des pierres ,
comme les frondes , don: Froiirarc , Fauciiet (ïc au-
tres Auteurs fonr mention. Genus hatïju.
Il vient d'un autre vieux mot, espringaler , qui
llgnihoit sauter.
ESPRIS. Foy. ÉPRIS. .
fCJ" ESPRIT, f. m. Qui dans le fens propre fignifie la
même chofe que louftli, vent fubt;l. Spiriius. Dans
la Grammaire Grecque , on appelle i'j or. c*, un li-
gne particulier deftmé à marquer l'aipiiation. On
diflingue deux esprits , le rude qu'on prononce tou
jours ,& le doux qu'on ne prononce jamais. Ils font
marqués l'un & l'autre par une efpèce de petit c ,
avec cette différence que \' esprit tnàQQii tourne de
gauche à droite , en cette forte c , &c l'esprit doux
de droite à gauche:». Ces deux esprits des Grecs ré-
pondent à notre k , qui efl quek]uelbis afpirée , &:
quelquefois ne l'eft pas. /^oy. Aspiration.
§3" Esprit , en Mctaphyfique, eil un être penfant &
intelligent. Dans ce fens , l'esprit çii incréé , tel que
Dieu feul j ou il efl: créé , fans être uni à un corpsj
comme les Anges , ou créé Se uni à un corps , com-
me l'esprit humain.
Esprit. Spiritus. En termes de Théologie , le S. Esprit
fe dit par excellence de la troifième Perfonne delà
très-Sainte Trinité. Dieu envoya Ion S. tsprit à les
Apôtres. Il topba fur eux en langues d^ feu. On
baptife au nom du Père , du Fils & du S. tsprit.
Macédonius nioit la Divinité du S. Esprit. Le S. i'j-
/m procède du Père & du Fils , ou de la voloiué du
Père 6c du Fils, comme le terme de l;ur amour &
le lien naturel de leur chanté. Il ell véritablement
Dieu confubftantiel au Père & au Fils j & tout égal
à eux. L'adion par laquelle il procèdedu Père &c du
Fils s'appelle par les Théologiens Spiration. Le S.
Esprit elt le terme des productions Divines , & il
n'eft point fécond dans la Sainte Trinité comme
les deux autres Perfonnes. Il ne peur pas produire
comme elles , parce que les deux principes de pro-
duction dans un pur Esprit , l'entendement & la vo
lonté , ont été épuifcs par la produition du Fils Hc
du S. Esprit. Les dons du S. Esprit. Voyez Don.
Quelqu'un difant d'un Prédicateur qu il prêchoit
comme les Apôtres , un railleur répondit, c'eft com-
me les Apôtres, avant qu ils eulfent reçu le S. Esprit.
, Un Prédicateur s'excufant au Cardinal de Richelieu
de ce qu'il n'avoir pas eu le temps d^ préparer un
fermon qu'il avoir prononcé devant lui, ajouta qu'il
avoit été obligé de s'abandonner au S. Esprit , mais
qu'une autre fois il fe prépareroit, iSc feroit mieux.
Foyei Menagiana , T. II. p 3c.
Ce mot vient du Latin spiritus. Dans cette accep
tion on dit Ch®ioine Régulier du S. Esprit , ou
Congrégation du S. Esprit , ou Chanoine Régulie
de la Congrégation du S. Esprit à Vcnife. Cette Con-
grégation de Chanoines Réguliers fut fondée à Ve-
nife par quatre nobles Vénitiens , Dom André Bon-
dimerio , D. Michel Maurocini , D. Philippe P.i-
ruta , & Do:n François Contarini.qui d'abord fe ti-
rent Ermites de S. Auguflin ^ puis ayant eu le Mo-
naftère du S. Esprit à trois milles de Venife, ils
quittèrent leur premier habit par permillion de
Martin -V ,*& prirent celui.de Chanoines Régu-
liers, l'an 1484. Alexandre VII. les lupprima en
1(5 5 5. Penot , Hi/i. Tripartita C.inonic. Kegular.
L. //. Morigia, Hifl. de toutes les Religions j L. I.
&c le P. Hélyot , Tit. II. C. 44., font Ihiftoire de ces
Chanoines Réguliers du S. Esprit.
Ordre du S. Esprit de Montpellier. Ordo S. Spi-
ritus à Monte Peffulano diclus. C'elt un Ordre Re-
ligieux de Chanoines Réguliers & Flofpitaliers ,
ainii nommé en Franc^ car en Italie on l'appelle
l'Ordre du S. Esprit i^ajn-r. Olivier De la Trau ,
fieur de la Terrade^ qui fe qualiii^ Archi-Hofpi-
talierj Général & Grand Maître de l'Oidre, Milice
& Religion du S. f.îpr/^j ( c'eft dans un difcours
adrelTé à Marie de Medicis l'an 1619 ) prérend que
cet Ordre a écé fondé par Sainte Marche , &c qu'il a
ESP 8;x
toujours fubfillé depuis ce temps-là. De Blegny, qui
pxend la qualité de Commandeur & d'Admuurtr.a-
teur-Gcneral de cet Ordre, eftde même fentimenc
d.ans un projet dhilloire des Religions militaires,
qu'il donna en 1694. Mais ces Chanoines Réguliers
n'ont jamais reconnu d'autre Fondateur que Guy
de Mohtpelliec , hls de Guillaume , Seigneur de
Montpellier &: de Sybille. C'eft lui qui fur la tîn du
Xil'' liécle fit bâtir à Montpellier un célèbre Hôpi-
tal pour les pauvres malades , & qui y mit des per-
fonnes pour en avoir foin j d'où font venus ces Flof-
pitaliers. En 1 104 le Pape leur donna l'Hôpital de
Ste Marie i«6'i.^V.i^ou en Saxe, duquel l'Eglifeavoit
été fondée par lna,Roidcs Saxons Orientaux fous le
titre de Ste Marie in S'aJ/iJ .- & en 7 1 8 ce Ptince étant
venu à Rome , il y ajouta un Hôpital pour les réle-
nnsdefa nation. Otta Roi des Merciens l'amplifia.
11 lut brûlé en 817 lîi en :347. & rétabli par Inno-
cent III en 119S pour les pauvres de Rome. En
1471. Sixte IV le fit rebâtir tel qu'il eft aujourd'hui.
Cet Hôpital eft Chef d'Ordre. Le Supérieur-Géné-
ral s'appelle Précepteur , ou Commandeur.
L'Ordre du S. Esprits, été d'abord mixte , com-
pofé de Religieux , faifant des vœux folennels, Sc
de Laïques faifant des vœux (impies. On regarda
dans la fuite cet Ordre comme militaire. Les Supé-
rieurs-Généraux prirent le nom de Maître , qui tut
changé enluite en celui de Précepteur , ou Com-
mandeur ; & le terme de Refponfion , qui eft pro-
pre aux Ordres de Chevalerie , fut dimné aux char-
ges que les Commanderies dévoient au Grand Maî-
tre. Il n'y a cependant aucune preuve que ces Hof-
pitaliers aient porté les armes. Le nom de Comman-
deur leur eft donné dans uneBuUe d'Alexandre l-'ape
de l'an 1 2 ^(î,& dans une de Nicolas IV de l'an i2;;i.
par laquelle il foumet l'Hôpital de Montpellier à
celui de Rome. Honorius III fépara l'Hôpital de
Montpellier de celui de Rome, & lailfii néanmoins
au Commandeur ou Grand- Maître de l'Ordre du
Saint Esprit de Montpellier , la Jurifdi(flion fur
tous les Hôpitaux qui étoient hors d'Italie. Grégoire
X la lui ôta , & la donna à celui de Rome j & en
1419. Pie II fupprima entièrement la Milice de cet
Ordre. Les Chevaliers de cet Ordre^fi véritablement
il y en eut jamais, étoient cesLaiquesdont nous avons
parlé. Après leur fupprelîion l'Ordre fut purement Ré
gulicr,&il n'yeutplusde Généraux en France, depuis
Sixte IV jufqu'en 1619 que Paul V renditcette qua-
lité pour la France, & toutes les autresProvinces delà
Chrétienté, excepté l'Italie , laSicde , la Hongrie 6c
l'Angleterre , au Commandeur de Montpellier. Les
Prêtres de cet Ordre font qualifiés Chanoines
Réguliers dans plufieurs Bulles. Ces Religieux por-
tent l'habit Eccléliaftique avec une croix de toile
blanche à douze pointes fur le côté gauche de leur
foutane & de leur manteau , & au chœur le (urplis
l'aumulfe, le camail & la chappe , félon les faifons.
Il y a eu encore des Chanoines Réguliers alfociés
de l'Ordre du S. Esprit \ mais on ne fait ni l'année j
ni le lieu de leur établilfement , ni quand ou com-
ment ils ont fini. f^oye\ fur cet Ordre l'Abbé Juf-
tiniani,T. il. ch.3 5,&: le P. Hélyot,T.II.ch.30 & 51.
Ordre DU S. Esprit. Orc/a S. Spiritus. Ordre de Che-
valerie inftitué par Henri III en 1^79. Il devoir être
compofé de cent Chevaliers feulement. Pour y être
admis il falloit faire preuve de fon extraction noble
de trois races. Le Grand-Maître & les Comman-
deurs , aux jours de cérémonies font vêtus de longs
manteaux j faits à la façon de ceux qui fe portent le
jour de la S. Michel , de velours noir en boilt-rie
tout autour d'or & d'argent , ladite broderie faite
de fleurs de lis & nœuds d'or , entre trois divers
chiffres d'argent j & au-deftiis des chiffres , des
nœuds & (leurs de lis , il y a des flammes d'or fe-
mées. Ce grand manteau eft garni d'un mantelet de
toile d'argent verte , couvert de broderie faite de
même façon que celle du grand manteau , excepté
qu'au lieu de chiffres il y a des colombes d'argent.
Ces manteaux & mantelets font doublés de facia
8j^ ESP
jaune orangé Ils fe portenc retiouirés du côté gaiî
thc,& l'ouverture eic ducôcéiiroir. Le Gcand-Maj
tre 6c Commandeurs portent aufll alors des chaudes |
6c des pourpoints bLuicSj avec façon, à la dilcretion
du Commandeur , un bonnet noir , & une plume
blanche. Sur leurs manteaux ils portent à découvert
le grand collier de lOrdre ^ qui leur elt donné à leur
réception.
Quant aux OlHciers , le Chancelliet eft vêtu de
même que les Commandeurs : il n'a pas le grand
collier, mais feulement la croix coufue au-devant
de (o[i manteau , & celle d'or pendante au cou. Le
Prévôt , le Grand Trélbrier , & le Greffier ont aulli
des manteaux de velours noir , & le manteiet de
toile d'argent verte ; mais ils l'ont feulement bordés
à t'entour de quelques flammes d'or , & ils portent
au!ii la croix de l'Ordre coufue , & celle d'or pen-
dante au cou. Le Hérault &; l'Huilliet ont des man-
teaux de facin , & le manteiet de velours vert bordé
de flammes, comme ceux des autres Officiers. Le
Hérault porte la croix de l'Ordre avec fon émad
pendue au cou , & l'Huiifier une croix de l'Ordre,
mais plus petite que celle des autres Ofliciers. Sta-
tuts del'Ordredu S. Espric , anicie /r.
Tous les Prélats , Commandeurs & Officiers ,
portent toujours la croix coufue fur le côté gauche
de leurs manteaux, robes & autres habillemens de
delTus. Le Grand-Maître , qui eft le Roi , la porte
aux habillemens de deflous , au milieu de l'eftomac
quand bon luifemble , 5: en ceux de dellus au côté
gauche , de même grandeur qUe les Commandeurs.
Elle eil faire en la forme d'une croix de Malte en
broderie d'argent : au milieu il y a une colombe fi-
gurée , & aux angles des rais & fleurs de lis aullî en
broderie d'argent. Les mêmes (latuts j art. 84. Ce
llarut de porter toujours la croix aux habits ordi-
naires , avec celle d'or au cou pendante à un ruban
de foie de couleur bleue célelle, &c l'habit aux jours
deilinés , ell un des ftatuts irrévocables de cet Or-
dre- Ibid. art. 8. Les Cardinaux , Prélats, Com-
mandeurs & Officiers portent aullî une croix de
l'Ordre pendante au cou à un ruban de foie de cou-
leur bleue célefte, ladite croix faite aullî en la forme
de celle de Malte, toute d'or, émaillée de blanc par
les bords, tk le milieu frns émail : dans les angles
il y a une fleur de lis ; & fur le milieu ceux qui
font Chevaliers de l'Ordre de S. Michel portent b
marque dudit Ordre d'un côté , & de l'autre une
colombe, qui eft portée des deux côtés par les Car-
dinaux &: Prélats , ôc par ceux qui ne font pas de
rOrdrede S. MicheL ié, arr. 85.
Le collier de cet Ordre eft d'or fait à fleur de lis ,
& trois divers chiifres entrelacés de nœuds , de la
façon de la broderie du manteau. Ce collier eft
toujours du poids de deux cens écus ou environ, fans
être enrichi de pierreries, ni autres chofes.Les Com-
mandeurs ne le peuvent vendre , engager , ni alié-
ner , pour quelque nécelîîté ou caufe , iic en quel-
que manière que ce foit ; mais il appartient à l'Or-
dre,.?»: lui revient après la mort des Commandeurs.
Jf'/J. Art. S<j. C'eft à caufe du ruban bleu célefte
aon pend une croix d'or , & qu'ils portent au cou ,
qu'on dit un Cordon bleu; pour dire, un Cheva
lier du S. Esprit. Avant que de recevoir l'Ordre du
Esprit , ils reçoivent l'Ordre de S. Michel : c'eft
pourquoi lents Armes font entourées de deux col-
liers. En \6f,j^. ie Roi a fixé à cent le nombre des
Chevaliers du S. Efprit. Les Officiers de cet Ordre
font le Chancelier & G.irde des Sceaux , le Prévôt
^ Grand-M une des cérémonies, le Grand Tréfo-
rier, le Greffijr , leslntendans , le Généalogifte de
l'Ordre, le Roi d'Armes & les Héraults, & enfin
les Huilliers. En 1(^75 le Roi & les Chevaliers de
fes Ordres , portèrent le Cordon bleu par-deffus
le jufte-au -corps : auparavant ils le portoient def-
fous, comme plufieurs le font encore préfentement.
ils le portent de la droite à la gauche. Les Pairs Ec-
rléhartiques le portent en forme de collier pendant
fur l'eftomac.
ESP
Juftiniani traite de cet Ordre , T. ïl , ch. S i . On
imprima en 1643 à Paris in-JoL le.s Ordonnances &c
ftatuts de L'Ordre du BenoifiS. Esprit, avec les noms,
furnoms j qualités & blafon de tous les Chevaliers
qui avoient été faits juiques-Li. Et en 1703. les
mêmes Statuts & tous les Edits , Déclarations, Let-
tres-Kaientes , Arrêts *iu Conlcil , tenues de Cha-
pitres , faits julqu'à cette année-là, petit in-jol. de
l'imprimerie Royale.
il y a aullî des Religieufes Hofpitalières de \'Or-
dre du S. Esprit en France , en Franche-Comté , 3
Rome, en Pologne , en Allemagne , en Efjugne ,
&c. Il n'y a que celles de P>.ome qui gardent la clô-
ture.
Le s. Esprit , ou la ville du S. Esprit, en Efpagnol
:El Spiritufanto , oa Espiritu Jantn.Penze ville de
la nouvelle Efpagne j dans l'Amérique feptenrrio-
nale. Civitjs Spintus sancii j Fanum Spiritus sancli.
Elle eft fur le golfe du Mexique , dans la Province
deGuazaca, aux confins de celle de Tabafco.
Il y a encore dans le Biéiîl une ville de même
nom , qui eft capitale d'un Gouvernement qui porte
aulli fon nom. Elle eft fur la rivière du S. Elpnt ,
_ qui fe décharge dans la mer du Biéfil , vers le 17^
degré de latitude Sud.
Le Cap du S. Esprit.Promontorium Spiritûs fancît.
C'eft un Cap des Philippines en Alie. C'eft la pointe
de l'Iflede Tendaya qui joint la côt^feptentrionale
avec Torientale.
La rivière du S. Esprit. Flavius Spiritûs fancii.
Il y en a deux de ce nom dans l'Amérique. L'une
eft dans l'Amérique feptentrionale. Elle a fon em-
bouchure a la côte feptentrionale du golfe de Mexi-
que , venant du Nord-eft , & la partie de ce golfe
ou elle le décharge s'appelle de fon nom, le golfe du
S.Esprit.Vznne eft dans ie Bréfil,& fe décharge dans
la mer du Bréfil vers lei7^ degréde lat. méridionale,
ayant fon cours de l'Oueft à l'Eft , félon nos Cartes.
Il y en a encore une autre de même nom, en
Afrique. Elle a fa lource dans le Royaume de
Monomotapa , dont elle traverfe une partie \ puis
entrant dans la côte orientale des Cafres , elle fe
jette dans l'Océan Ethiopien par trois embouchu-
res entre la terre de Natals , & le Chjcanga.
Esprit , fe dit auiTi de la puilTance & de la vertu di-
vin?, & de la manière dont elle fe communique
aux hommes. V Esprit de Dieu étoit porté fur les
eaux , Genève I. z. Les Prophètes étoient infpirés
par l'/^j^pr/'f de Dieu. La Providence eft cet Esprit
univerfel par lequel Dieu fait agir toute la nature.
La Vierge a conçu du Saint Esprit, S. Matthieu,
Ch.I. V. 18. Saint Paul difoit qu'il croyoit avoir
Y Esprit de Dieu, i Cor. VIL 40.
|t3" Esprit, fe dit encore en ftyle'3''écriture 3 1°. par
oppofition à chair. Marchez félon ïesprit , Se non
félon la chair. L'esprit eft prompt , & la chair eft
foi b le.
i°. Par oppofition à la lettre. La lettre tue , ôc
l'esprit vivifie. Mes paroles lont esprit i<c vie.
5°. Pour les dons de Dieu. L'esprit de conleil ,de
force , de fcience j de fagelfe, &c.
Esprit , fe dit auflî des Êtres ipirituels , & des Intel-
ligences. Les Anges font des purs Es^nits , des In-
telligences. Les Démons font des Esprits d'orgueil ,
de menfonge, de ténèbres; & abfblument on appelle
le Diable, le malin Esprit. Remarquez par confé-
quent , qu'il y a une grande diftérence entre ces
deux phrafes , avoir un Esprit malin , & avoir un
malin Esprit. Il faut mettre la même différence
entre double Esprit &c Esprit double. Le Prophète
Elifée demandoit le double Esprit d'Elie fon maî-
tre. Esprit double eft un Esprit fourbe.
Esprit j fe dit en ce fens de ces vifions , ou appari-
tions qu'on voit, ou qu'on croit voit fous diverfes
figures , & qu'on tient être des Démons , ou des
âmes des défunts. Spiritûs , larva. Les Apôtres
croyoient que Jesus-Christ reffiifcité étoit un es-
prit : il leur dit j Tàtez, vovez qu'un esprit n'a point
de chair ni d'os. S. Luc, XXIV. 3 8. Cette maifon eft
inhabitable
ESP
inhabitable , parce qu'il y revient cîes Esprits. La
Pythoniire ht revenu Vespru ou l ombre de Samuel
devant Saiil. Il s'elt trouvé un honnête homme à'cs-
/7;'if,quij Tans battre & lans faire de vacarmcj a bien
voulu entrer dans une converfacion régide. Ces Mef-
lieurs les Esprits {ont d'ordinaire ^ort brufques , &:
l'on diroit qu'ils ne reviennent en ce monde que pour
faire des tours de laquais. Quelques-uns dentr'eux
fe rangent volontairement à 1 ccuiie , (1:^ ne le, ju-
gent dignes que de panier les ciievaux. Le Ch. d'H.
^fT II y a des esprits folets , ou esprits familiers.
Onappell,^ ainli un démon, qu'on fuppofe faire du
bruit i3c dvi vacarme dans une mailon : ces eipèces
d'êtres mitoyens , ces Génies admis dans l'Antiqui-
té , comme Vefpra de Socrate j izmon , aemus ,
dimùn j amiLiaris , ou cornes. C'elt , dit-on , un cs-
pric avec lequel on cften comine.ce, pour connoî-
tre par Co:\ moyen des choies qu'on ne peut con-
noitre naturellement, & raire des choies furpre-
nantes , extraordinaires , (Se qui iurpaifent les forces
de la nature humaine. On du que Socrate avoit un
démon familier , m.iis il ne put le prélerver de
la mort qu'on lui fit foutïrir. D.uis le dernier (lécL
on foupçonnoit facilement les grands hommes
d'avoir des esprics familiers j à qui l'on attribuoit
leur fage conduite &c toute leur to: tune.
Esprit j fe dit aulîi de Tame raiioniiable , entant
qu'elle penfe , & qu'elle eft incurporell^. Spirnus ,
m;ns , anima. L'eilence de \ esprit , c'eft la penlce.
Desc. Il eft difficile d'expliquer ce qui peut formei
le commerce entre le corps &c V esprit : car li y'ifpra
n'a point de parties inatérielles ^ il ne peut point
mouvoir le corps. Maleb. I
Esprit , fe dit comme Ame , de ce qui maintientjqui 1
foutient , qui gouverne quelque chofe, qui y donne
le mouvement j qui fait agir. C'elt une métaphore
tirée du fens qu'a le mot esprit dans l'Article pré-
cédent.
Et que n as-tu point fait ? Tu nous as tons sauves ,
-En conservant pour nous le plus or and des Mo-
narques.
C eji par lui que nous respirons ^
En lui seul que nous espérons,
C'eJil'ECpth, le salue j l'Ame de son Empire.
|fCF Esprit , en matière de Belles-Lettres , défigne
une qualité de l'ame qui conçoit j raifonne , juge ,
imagine, &c. Sous ce point de vue, le fcns litté-
ral d'tfi'/vir eft d'une valle étendue : c'eft un de ces
termes vagues auxquels chaque perfonne qui s'en
fert, paroît attacher une idée parriculière , & fou-
vent bien différente de celle que les autres y atta-
chent. Il renferme en effet tous les divers fens des
mors , raifon , bon fens , jugement , entendement ,
pénétration, conception, intelligence , génie ; il
tient de tout cela , & par conféquent il eft le fon-
dement du rapporta de la relfemblance qu'ils ont
entr'eux : mais ce mot a aulîi un fens particulier, &
d'un ufage moins étendu, qui le diliingue, & en
fait une des différences comprifds fous l'idée géné-
rale.
IJCT C'eft félon cette idée particulière que Rouf-
feau le définit raifon afl"aifonnée.
Qu'ejl-ce ç/^'efprit ? Raison cifflùsonnée.
Qui dit efprit , die se! de la raison.
%fy Quelques-uns entendent par esprit l'art de
joindre promptement les idées , de les varier j d'en
faire des tableaux qui divertitrent «Se frappent l'ima-
gination.
fjCFM. de Voltaire, Juge compétent en cette ma-
tière , dit qu'on pourroit le définir une raifon in-
gcnieufe. Dans une lettre (arïe/hrit, il dit que ce
qu'on appelle espric eft tantôt une coinparaifon nou-
velle, tantôt une allulion fine : ici l'abus d'un mot
qu'on préfente dans un fens , &c qu'on lailfe enten -
Tome III,
ESP 8j7
«îre dans un autre j là un rapport délicat entre deux
idées peu communes : c'eft une métaphore fingu-
herc J c'est une recherche de ce qu'un objet ne pré-
fente pas d'abord _, mais de ce qui est en effet dans
lui J c'est l'art , ou de réunir deux chofes éloignées,
ou de divifer deux chofes qui paroiffent fe joindre ,
ou de les oppofer l'une à l'autre : c'est celui de ne
dire qu'a moine fa penfée poui- la lailler deviner.
Enfin, ^dit-il, je vous parlerois de toutes les diffé-
rentes façons de montrer V espric , ùj'enavois da-
vantage.
|^'3^Tout l'esprit du monde est inutile à celui qui
n'en a point. 11 n'a nulles vues, &c il est incapable
de prohter de celles d autrui. Ce quil y auroit de
meilleur en nous j après ['esprit , ce fcroit de con-
noître qu'il nous manque. Par- là on feroit l'impolll-
ble , on fauroit lans esprit n'être pas un fot , m un
fat, m un impertinent.
ifT Tous ces brillins j ( je ne parle point des
faux brillans ) auxquels on donne le nom d'esprit ^
ne conviennent point, ou conviennent forr rare-
ment à un ouvrage férieux & qui doit intéreffer. La
railon en est , qu'alors c'est l'auteur qui paroît, &
que le public ne veut voir que le Héros. Or , ce
Héros est toujours , ou dans la pallion j ou en dan-
ger. Le danger ôc les pallions ne cherchent point
[espru. Prum iSi Hécube ne font point d cpigram-
mes , quand leurs entans font égorgés dans Troie
embialé,' : Didon ne foupiie point en madrigaux ,
en volant au bûcher fur lequel elle va s'immoler :
Dimosthènes n'a point de jolies penfées , quand il
anime les Athéniens à la guerre. S'il en avoir, il
leroit un Rhéteur, & il est un homme d'état.
§CJ"Ces jeux de l'imagination, ces finelfcSj ces
tours, ces traits faillans , ces gaietés, ces petites
fentences coupées , ces familiarités ingénieufes ,
qu'on prodigue aujourd'hui , ne conviennent qu'aux
petits ouvrages de pur agrément. Lafaçadedu Lou-
vre de Perraulr est fimple & majestueufe. Un cabi-
net peut recevoir avec grâce de petits ornemens.
Ayez autant d'efprit que vous voudrez , ou que vous
pourrez J dans un Madrigal, dans des vers légers,
dans une fcène de Comédie, qui ne fera ni paiiion-
née , ni naive , dans un petit compliment, dans un
petit roman, dans une lettre où vous vous égayerez
pour égayer vos amis j mais , encore un coup , ban-
nilfez tout cela des grands ouvrages , faits pour
instruire ou pour toucher , même des Opéra. La mu-
lique exptime les pallions, les fentimens, les ima-
ges: mais oii font les accords qui peuvent rendre
une épigramme ; Quinaut étoit quelquefois négli-
gé, mais il étoit toujours naturel.
1^ M. TAbbé Girard définit , ou plutôt caradc-
rife ainfi Vespri:. L'esprit esr fin & délicat ; mais il
n'est pas abfoiument incompatible avec un peu
de folie & d'écourderie. Ses productions font bril-
lantes, vives & ornées: fon propre est de donner
du tour à ce qu'il dit , & de la grâce à ce qu'il
fait.
|fCF La bctife est l'oppofé de l'ejprit; la folie l'est
de la raifon j la lottife l'eft du bon fens j l'étourde-
rie l'eft du /«^ewtvir 5 l'imbécillité l'eft de \enten~
dcmeiu j la ftupidité l'eft de la conception \ l'incapa-
cicé l'eft de Xintdligencc • & l'ineptie l'eft à\x génie,
Koye^ tous ces mots. Un galant homme ne fe pique
point d'e/^/vr, mais dans le commerce des Dames
il faut de \ efprit , ou du jargon qui en ait l'appa-
rence. La nature donne une partie de V efprit , Se le
commetce du monde l'autre. Les vrais agrémens ne
viennent pas d'une fimple fuperficie , mais d'im
grand fonds d'efprit qui fe répand fur tout ce qu'on
dit. La Bruv. Vous eûtes la malice ingcnieufe de
lui Inllfer avoir de Yefprit tant qu'elle voulut , &: de
remporter ainfi fur elle une viéloire qui ne l'a point
offenfée. Le ch. d'H. C'eft un défaut que de vouloir
avoir trop d'efprit. S. Evr. & il y a quelquefois plus
d'efprit qu'on ne penfe à n'en montrer guère. Quand
l'efprit commence à perdre fa force , il aime à dire
ce qui ne coûte rien à penfer. S. Ev. Il y a des efprits
Qqqqq
Sj8 ESP
fiiperficiels qui n'approfondiirent jamais rien. Il
faut nourrir notre ejprit au grand , .ïc le tenir tou-
jours plein &c endi , pour ainli dire , d'une cer-
taine fierté noble & généreufe. Boil. On a plus be-
foia de raifon dans la vie que à'cjprà,ôc quel avan-
tage peut-on tirer de ïefpru , quand on ne fait pas
fe faire aimer , Se que l'on ne s'en fert que pour le
faire rédouter.
1^ Ce terme vague eft toujours déterminé par
l'épithèce qui l'accompagne. L'tjprit protond ik
éclairé d'Ariftote ; Vefpnc railleur de Cicéron ; Vef-
pnt (oWAq Se judicieux de Virgileircj/r/rfublime de
Corneille \ l'esprit exaét de Boileau ; rout cela ne
fignifie point la même chofe , mais annonce '.dirté-
rentes fortes à' esprit , ou différentes qualités de
l'aine qui conçoit ^ imagine, juge. Ainli , pour
marquer la facilité de l'imagination & de la concep
tion , on dit , efpntsxî^ ex^w lourd. Cet homme a
beaucoup d'esprit , mais il n'a point de jugement.
Quelquefois par ce mot nous délignons l'imagi-
nation feule , quelquefois la conception feule.
Dans le premier fens , on dit un esprit fécond , fté-
rile ; un esprit brillant ^ &cc. Les esprits de feu ont
beaucoup d'imagination & peu de jugement. Dans
le fécond fens , on dit qu'un homme a ['esprit ou
vert , bouché , &c. Ce n'eft p.is la raifon qui frappe
les esprits greffiers , ils ne l'entendent pas ; c'eft l'ar-
deur & l'émotion avec laquelle on leur parle. Le
P. Rap.
§C? Souvent par esprit nous entendons le juge-
ment feul. Cet homme a mille bonnes qualités ;
mais il n'a pas l'esprit de fe conduire , de régler
fes affaires. Quand I âge marche feul, &c que Ycfprit
refte derrière , il n'y a point de folies dont les hom-
mes ne foient capables. Il faut que l'âge & l'esprit
marchent toujours d'un pas égal. Dac.
^fT Ce mot s'applique aulli à l'humeur des per-
fonnes , au caraéière j à la trempe de l'ame : &
dans cette acception il n'a aucun rapport avec ce
que nous entendons ordinairement par esprit dans
la fociété. C'eft ainfi que nous difons un esprit àon\,
commode j fâcheux, bourru, remuant, faétieux ^
&c. Cromwel éroit un de ces esprits remuans &
audacieux , qui femblent nés pour changer le mon-
de. Fléc. Son esprit , malgré le poids des affaires &
des années , conferva fa force & fa vigueur, dans
les ruines même du corps. Dans le loifir de la mau-
vaife fortune l'on acquiert un esprit as règle &c de
réflexion. La Bruy.
IJCr Esprit , fe dit encore de la facilité , de la difpo-
lîtion que l'on a à faire certainej chofis. C'eft ainfi
qu'on dit qu'un homme a l'esprit de feu j l'esprit
d'affaires , l'esprit de chicane , &c. L'on dit dans
cette acception d'un homme qui a la main adroite ,
qu'il a de l'esprit au bout des doigts j jufqu'au bout
des doigts.
0C? Ce terme s'emploie encore par oppofirion à
cœur. C'eft ainli qu'on dit que le cœur eft plus in-
génieux que l'esprit. Voiture eft peut-être le pre-
mier qui ait oppofé l'un à l'autre , en écrivant à
la Marquife de Sablé. Mais cette expreflion devint
enfuite fort à la mode. L'esprit eft toujours la dupe
du cxur. Chacun dit du bien de fon cœur , &
perfonne n'en ofe dire de fon esprit. L'esprit ne fau-
roit jouer long-temps le perfonnage ducœur. De la
RocHEF. L'esprit ne paroît jamais davantage que
lorfqu'il reçoit la loi du cœur.
Z'efprit n'efl jamais las d'écrire
Lorsque le cœur ejl de moitié.
§C? On a dit de Corneille & de Racine , que le
premier voulut par l'esprit aller au cœur , & le fé-
cond par le cœur à l 'esprit.
Bel Espriit , fe dit & de la chofe , & des perfonnes ;
& autant en mauvaife qu'en bonne part. En bonne
part. Le bel efpnt pns pour la chofe eft, félon le
P. Bouhours , un efprit qui a du folide & du brillant
dans un égal dégcé : c'eft, à le bien définir, le bon
ESP
fens qui brille ; c'eft un jufte tempérament de la vi-
vacité & du bon fens. Le bel ej'pnt, pris pour la per-
fonne , eft un homme qui ne du rien que d une
manière ingénieuie, mais pleine de bon fens. Un
vrai bel eiprit fonge plus aux choies qu'aux mots :
cependant il ne meprife pas les ornemens du lan-
gage J mais il ne les recherche pas aufii. En mau-
vaife part, le bel efprit pris pour la chofe, eft un
efprit qui a beaucoup de faux briilans, mais peu de
vrai & de folide: un ejpnt de pointes, qui a de
l'afféterie. Et pris pour la perfonne , c ell celui qui
a cette forte iX efprit , qui en fait parade, avec affec-
tation & vanitéj ou qui , fans l'avoir , veut paroître
en être doué. Ce n'elt guère que des difeurs & des
faifeurs de jolies chofes dont on a coutume de dire ,
il eft bel efprit. Il y a de beaux efprits qui n'ont pas
le fens commun. On a ufurpé ce titre dans notre
(iècle avec autant de liberté &i d'injuftice, que ce-
lui de Genulhomme & de Marquis ; & ii les Ufur-
pateurs étoient punis dans l'Empire des Lettres auili
févérement qu'ils le font depuis quelques années
dans la France, il y auroit bien gens dégradés de
bel efprit ^ comme il y en a beaucoup qui font dé-
gradés de noblelfe. C'eft un caraélère ridicule que
celui de bel ejprit\ & je ne fai fi je n'aimerois point
mieux être un peu bête , que de palfer pour ce qu'on
appelle communément bel efprit. Id. Le bel efprit eft
fi fort décrié depuis la profanation qu'on en a faite
en le rendant trop commun , que les plus fpirituels
s'en défendent comme d'un crime.
Saint Evremont a fait une pièce de vers fur le
btl efprit.
Le bel efprit efl un titre fort beau ^
Quand on aime à courir de ruelle en ruelle :
Mais ce n efl point le J ait d'une fage cervelle ^
De cherchera briller fur un terme nouveau.
Le bon fens de l' efprit efl le guide fidelle ,
Lui feul peut le conduire ^ & fait le ménager.
Un bel Q^^niyfi j'en fai bien juger ^
EJi un difeur de bagatelle. S. EvR.
Un Auteur qui donna en 169) un Traité du bel
efprit, en diftingue quatre caradtcr«s. Un homme
qui avec un air dégagé , & certains mouvemens li-
bres , émeut agréablement ceux qu'il rencontre^j
qui fur le fujec qui fe préfente , produit des penfées
nouvelles, & qui les orne d'un tour animé, eft pref-
que par tout le monde un homme de bel efprit. Un
autre , qui fe mettant moins en peine de la rareté des
penfées , fe fliit valoir par je ne fai quel difcours
foutenu j qui attire l'attention, qui eft vif & ani-
mé dans fes récits , & prompt dans fes reparties ,
eft encore un bel efprit. Un rroifième qui a moins
de foin de bien penfer que de bien dire, curieux
de beaux termes , dépourvu de bonnes chofes ,
qui plaît par une prononciation aifée & par un
certain ton de voix , fe fait mettre au même rang.
Un dernier , dont le principal bur n'eft pas tant de
fe faire eftimer que de faire rire j rencontre à pro-
pos, raille plaifamment, & trouve fur les plus pe-
tits fujets de quoi amufer. Or dans tout cela, félon
cet Auteur, point de bon efprit: tout eft imagina-
tion , ou tout au plus mémoire : tout naît du tem-
pérament.
Un véritable (5e/ (f/cT/V a un difcernement jufte: il
a tout enfemble de la force & de la délicatefte : fes
penfées font fines , fes imaginations font nobles &:
agréables; fes expreffions fonr polies & naturelles.
Il n'a rien de faux , ni de vain dans fes difcours &
dans fes manières. Id. Il n'eft point de l'eftence du
bel efprit de courir toujours après les briilans, &
après les jolies penfées, & de ne rien dire qui ne
furprenne & qui n'éblouilFe. Cette afFecftation d'ê-
tre toujours fleuri, & d'avoir toujours de X efprit ^
eft ridicule, & peu judicieufe. Id. Celui qui parle
d'un air poli & dégagé , qui penfe vivement &:
hardimenr, & qui relevé tout ce qu'il dit par des
expreffions délicates & animées, pafte d'ordinaire
pour bel efprit. Val. Vous êtes un bel efprit j difoic
ESP
M'n Provincial à M. Racine : Bel efprit vous-mcme ,
répondit brafqiiement M. Racine ; comme (i on lui
eue dit une injure- C'e(l,dit Voltaire, que \'i bel efprit
elt une atHche ^ c'eli une efpèce de protellion » &
qui par-ld expoleà l'envie & aa ridicule.
Esprit, fe dit aulli des effets & des inventions que
produit cet ^'f^f; des penlées ingcnieules répan-
dues dans un livre j ou dans quelque ouvrage que
ce foit. Voilà un difcours plein à'efpr'u, où ïefpric
brille par-tout. Pour toucher , il hiat faire parler le
coîur autant tiue ïefpru. S. Evr. On ne fauroit
avoit trop à'ejprit dans une converfation enjouée.
Le ch de m. Voici une diftindion qu'il eli; bon
d'obferver : tout ce que les hommes inventent dans
les fcicnces Se dans les arrs , eli: un ouvrage de i ef-
prit. Les compolitions ingéni.eufcs des geiis de let-
tres font des ouvragei d'efprit. On entend par un
ouvrage de l'efprity un ouvrage de la raifon &C de
l'intelligence ; & par un ouvrage d efprit , un ou-
vrage de la raifon poHc. L'un eft un ouvrage de
jugement & de conduite , & l'autre n'a que de la
vivacité & du brillant. Ainli ouvrage de l efprit n'a
^as une (ignification ni ù ample , ni fi belle. On en-
tend une compolition fpirituelle & ingénieule , par
un ouvrage d'eff rit. Bouh.
Esj'RiT , fe dit aulli pour , Perfonne, gens. Les efprits
brouillons &violens font caufes des guerres ,des fé-
ditions. L'impiété perd les jeunes ejprits. Ablanc.
Aliéner , aigrir les efprits. Un efprit vain.
Jefai qu'un noble eCpùt peut fans honte & fans crime
Tirer Uefon travail un tribut légitime. BoiL.
Esprit port. On appelle ainh celui qui par une folle
prélomption veut le mettte au-dellus des opinions
ik. des maximes reçues , fur-tout en matière de reli-
gion. Les prétendus efprits forts du monde vou-
droient que Dieu les gouvernât parla raifon j &
Dieu leur répond : Je veux que ce foit la foi qui
vous gouverne , ou plutôt je veux moi-même vous
jjouverner par la ioi. Bourd, Exh. II. p. jpo. La
plupart des beaux efprits font les ejprits forts j qui
ne s'étonnent de rien j qu'on ne perfuade pas aifé
ment. J'attens un efprit jort à l'agonie.
'L2i force de V efprit ne doit pas conlifter à douter de
tout , & à fc roidir contre les vérités établies. Elle
conlille à bien raifonner , & à découvrir les vérités
les plus cachées. C'ell le propre d'un efprit Jort de ne
le paslailfer furprendrepar les apparences ,& d'ap-
profondir les fujets qu'il traite. Les raifons qui
contentent les ejprits foibles ne font pas pour lui.
Bouh.
ESTRiT PARTICULIER. On dcfigne par-là le fentiment
particulier, la connoi'Jance que chacun a fur les
dogmes de la foi & fur le fens des écritures , fui-
vant ce qui lui eft fuggéré par fes propres penfées
& par la perfuafion dans laquelle il eft par rapport
à ces matières. Privatus fpiritus. Ce mot a été îou
vent répété depuis Tapoilafie de Luther , qui lui a
donné vogue. Cet héréliarque & fes fucceiTeurs ,
Luthériens & Calviniftes , ne reconnollFant point
de juge des controverfes , ni d'interprète infaillible
de lÉcriture , difent qu'elle eft claire , & que cha-
cun , par fes propres lumières aidées de la grâce ,
doit l'interpréter, & juger par elle feule des véri-
tés révélées : c'eft ce qu'on appelle Vefprit parti-
culier. Les premiers Réformateurs n'avoient pref-
que autre chofe dans la bouche que V efprit particu-
lier ; mais on Içur fit tant la guerre fur cet eTprit par-
ticulier, que leurs fucceireurs en ont eu honte. Ce
n'eft plus aujourd'hui qu'à l'extrcmité ; & quand
on n'a plus rien à dire , qu'on y revient. Pelisso.m.
En effet, rien n'eft plus infoutenable qu#cette doc-
trine ; car les vérités révélées étant unes , & tou-
jours les mêiTies pour tous les Croy.ms , la règle que
Dieu nous donne pour en juger _, doit nous les ex-
pliquer d'une manière uniforme & toujours la mê-
me ; mais Vefprit particulier inftruit Luther d'une
façon . Zuingle d'une autre, & Calvin encore d'un»
ÊSP î^9
aittre.IldlvifeGïcolampade ,Buc£r, Oriander , occ^
Le dogme qu'il fait voir évidemment dans 1 Ecri-
ture aux Confelliuniftes eft différent de celui qu'il
découvre au même endroit aux Anabaptistes &: aux
Mennonistes. Il en est de même des Arminiens 6c
JesGomanstes, des Sociniens & dei autres Protet-
tans , &c. Ln un mot , il fait autant de dogmes dif-
férenslurle même point, tk autant de religions qu'il
y a de têtes. Est-ce donc là i'ejpnt de Dieu , ou ,
peut-il être la règle qu'il nous donne pour nous réu-
nir tous dans une même foi (S:dans une même Egli-
fe , comme nous le devons, & comme Dieu le veut?
Ils ont lubstitLié à l'Eglife un esprit patticulier , par
qui ils prétendoient être instruits de tout , &c fans
lequel ils ne vouloient rien croire. Bourd al. lixh.
Il , p. y)i^.
EsPK.'r J fedu auiïl du fens, du caradkèrcjde l'intel-
ligence d'une chofe , du delFein , de l'mtention, des
fcntimens, du motif par lelquels on agit. Il faut
regarder plutôt à Vejpnt de la Loi , qu'auï paroles.
'V'oici quel -st l'efprit de notre contrat. Pat. La Po-
litique d'Elpagne a toujours agi par un ejprit de do-
mination univerielle. Les tranfadions le doivent
faire par un efprit de paix pour fuir le procès.
Quand on fait le procès à un homicide , on regarde
s'il l'a fait innocemment , ou par un ej'prit de ven-
geance. Il faut , en traduifant , prendre bien \efpr:c
de fon Auteur, fon fens,fon caracière. Il règne
toujours un efprit de politelfe dans la fociété des
honnêtes gens. Bell. Bellegarde s'est trompé , dit-
on , dans l'emploi qu'il a fait de ce mot. On ne dit
point esprit d<i politelfe , comme on dit efprit de
vengeance , de taélion , de dilfention j Sec' parce
que la politeife n'est point une pallion animée par
un motif puilTant qui la condui'e , lequel on appelle
ejprit métaphoriquement. Cette remarque est de
M. de Voltaire. M. de la Bruyère fe fcrt pourtant
delà même exprellion. L'on peut bifn , dit- il, dé-
finir Vejprit de poiitejfe j l'on ne peut en fixer la
pratiqué .■ elle fuit l'ufage &: les maximes reçues :
Elle est attachée aux temps, aux lieux , aux perfon-
nes , & n'est pas la même dans les deux kxQs , ni
dans lesdifférenies conditions.
Pourquoi en etfet ne duoit-On pas efprit de poli-
teflè , de paix , de charité , comme on dit efprit de
vengeance , de faétion , de procès, Sec. Le mot <^'
/?r/r ne dcfigne ici que le principe d'où partent le/
aéfions , les procédés dont on parle , le motif qui
les anime &: les conduit. Ce que vous appelez du
zèle n'est qu un ejprit de facf ion & de parti ^ vous
agilLez dans un ejprit de cabale. S. EvR. Vefprii du
Christianifine est l'humilité & la patience. Cette
Monarchie fe gouverne toujours par un même ef-
prit Se par les mêmes maximes. On ne fe remplit
point de le/put Eccléfiastique dans le monde. Her-
MAN.
Les Muficiens emploient le mot d'efprit pour
marquer le caïadêre propre des instrumens. Il ne
faut pas fortir de ['esprit du jeu de l'instrument.
Rousseau.
Esprits , au pluriel , en tetmes de Médecine , fe dit
des parties les plus volatiles du corps, qui fervent
à faire toutes les opérations. On distingue deux for-
tes d'efprits , les vitaux & les animaux. Les efprits
vitaux ne font autre chofe que la partie la plus fub-
tile & la plus agitée du fang , de laquelle dépendent
fon mouvement & fi chaleur. Les efprits animaux
fontces corps três-fubtils & très-mobiles , contenus
dans le cerveau Se dans les nerfs : ils ne font diifé-
len'i ds% esprits vitaux ^c^uqu ce que ceux-ci font
confondus avec les parties grodîerés du fang , «a
lieu que les ejprits animaux en ont été féparés dans
le cerveau pav le moyen des glandes , dont la fubf-
tance corticale est compofée : ils font les auteurs du
fentiment iS: du mouvement animal , d'où vient
qu'ils ont été ainfi nommés. Les Anciens établif-
foient quatre fortes d'e/pr/w j le naturel , \s vital ^
Vanimal Se \o genit.^/. Ils mettoient le naturel dans
l'estomac & dans le foie ; le vital dans le cœur ;
Q q q q q ij
Séo
ESP
Wminuil (^ans le cerveau j &C le génital dans les tefti-
cules. Mais comme cetce divilion eft tondée lur
une faulfe hypothèfe , il vaut mieux.s'en tenir à la
première. L étude continuelle fait une giande dif-
iipatioii d ejfrus. La nature a donné Vi lommeil
aux animaux pour réparer les tjpr'ns épuifés par le
travail : & on dit qu'un homme reprend les ejprks _,
quand, par quelque furprile ou accident, les ej-
prics qui tont agir la raifon éioieiit émus & trou-
blés. A la mort, on ramalfe tout ce qui refte d'e/-
prics &c de forces , pour exprimer ce qu'on fent.
Boun. Les animaux venimeux ne tuent que par
des e/prics irrités qu'ils poulTenc au dehors , qui
coa,;;ulent le fan:^ , comme a fort bien prouvé
Charras dans Ton Traicé des Vipères. "ViUis prétend
que les efpr'us le font par la diftillaiion du plus fub-
til du fang , qui defcend des artères dans la partie
extérieure & corticale du cerveau •, & il enieigne
que le lang ciui eft renfermé dans le (inns de la
dure -mère fert à cette diilillation , de la même ma-
nière que le feu j dans les difiiilations chimiques
qui fe font par defcente , étant mis au-delïus de
la matière , fert à en taire delcendre ce qu il y a
de phis fubtil.
il n'ell pas vraifemblable que les esprits animaux
foient une liqueur compofée; on la verroit couler
quand on coupe le nerf tranfverfalemenc ; les par-
ties voillnes en feroient inondées , ainfi qu'il ar-
rive dans les vaiifeaux fangnins , & dans ceux
qui portent la lymphe j les nerfs liés s'enfleroient
dans leur partie fuperieure \ les ébranlemens que
les objets font fur les filamens, feroient amortis,
& l'ame fe trouveroit fruftrée des impreiîions qui
viennent du dehors: il n'eft pas pollible qu'une
liqueur ait deux mouvemens oppofés en même
temps dans un tuyau. La vivacité des fenfations &
la rapidité des aélions de Thomme prouvent que
les esprits animaux font plutôt de la lumière,qu'une
liqueur. Mém de Trév.
Il y a dans les Mémoires de Trévoux 1711.
p. 2160. une lettre fur les maladies des efprits
animaux , dont les principales font la frénéfie , la
manie, la mélancolie, la rage, l'épilepfie , les
affedions convulfives , le vertige & le tremble
ment. Le délire frénétique eft la fièvre continue
des efpri:s. La manie elt, dit-on , une lièvre lente
des efprits \ Se ainfi des autres.
Esprit. Il y a un e/prit répandu par tout l'univers ,
premier principe de toutes les produdions dans
les trois regnes.Les Sages l'appellent Mercure. C'ell
dans cet ej'prit qu'il faut chercher la matière pre-
mière : il donne aux animaux cette faculté de pen-
fer que nous appelons iiiftinâ:. Voyez /a Lettre
d'Eugène à Clarice sur les Polypes.
Esprit, en termes de Chymie , eft une fubftance
aërée, fubcile & pénétrante, défignée fous le nom
de Mercure, qui s'élève d'ordinaire après que le
flegme eft m in-é. Le propre de X esprit eft de péné-
trer & d'ouvrir les corps folides. Il carie , ronge,
brife, dilfout & btille même certains^ mixtes,
en coagule d'autres , & fait une infinité d'autres
effets , & même tout contraires.
Esprits. Terme de Chymie. Ce qu'on appelle esprits
en Chymie font des liqueurs dont toute la torce
confifte en certaines particules fubtiles & adtives ,
qui nagent dans une eau ou flegme inutile , que
l'art n'en a pu féparer. Ces esp'its doivent toute
leur force ', aux fels dont ils font chargés \ &
comme le mélange de ces fels avec le flegme eft
en différente proportion dans les difFérens esprits ,
•il feroit très - utile de connoîcre cette proportion
toutes les fois que l'on veut faire quelque opé-
ration délicate j 011 une exaéle précifion eft nécef-
faire. Faute d'avoir nn moven fur d'y parvenir, la
même opération réulllr différemment à différentes
performes, & quelquefois à la même. Ils les appel-
lent eCprits acres, quand ils excitent fur la langue
quelque fentiment de chaleur ; & acres corrofifs ,
quand ils font fur la langue quelque érofionj e>pmj
ESP
salins, les liqueurs qui tiennent de la faveur du
fel commun j c.t^mi" j^//«/ej j les liqueurs qui ont
une laveur ayant quelque rapport avec celle des
Icls fultutés : quand cette faveut eft trop forie,
on les appelle esprits urineux. Lsprits mixtes , font
les liqu-uis où l'acide domine, & qui tiennene
du fulturé.
En ce lens on dit que les Chymiftes tirent Ves~
prit de loutre 6; de lel, & de tous les autres corps,
quand ils en tirent relfence ou le plus fubtil par
la dirtillation , ou autrement. On appelle en-
cote esprits, les liqueurs diftillées qui ne font ni
eau, m huile. Il eft dangereux de travailler aux
mines, parce qu'il s'en exhaie toujours des esprits
arfénicaux 6c vitrioliciues.
Esprit ARCENr.Ternie de Chymie. Spiritus ardcns.
L'huile des plantes , quand elle eft en alfez grande
quantité, allez déliée, & mêlée d'affez peu de fleg-
me, eft ce qu'on appelle en général ej'prit ardent,
parce qu'il eft inllamniable y îk en particulier c'elt
l'eau-de-vie, quand elle vient du vin. Ac. des Se.
Hijt. ijoi. p. 41. De quelque moyen que l'on fe
ferve en examinant les fruits qui donnent de If es-
prit ardent , on ne le lauioit tirer avant qu'il au
fermenté. Id. L'esprit ardentd'un fruit dépend d'une
certaine proportion de quantité &c de force que
les acides doivent avoir avec l'huile Id.
Esprit fugitif. Terme de Philoiophie hermétique.
On appelle le mercure esprit jugitif, cjuoique ce
foit un corps métallique. On l'appelle auliî esprit
de mercure , & esprit de vie.
Esprit des philosophes. Terme de Philofophie her-
métique. C'eft ainli que les Sages, quand ils parlent
le langage de leur art, appellent leur magiftère.
L'Esprit dt vin n'eft autre chofe que de l'eau-de-
vie plufieurs fois reélifiée ou diftiUée. On lui donne
en Chymie divers noms, ejjence très-subtile & in^
cortuptible , soujrc célejie j soujre hé^oardique , ve'gé-
table J clef des Philosphes jcicl de Raymond Lulle,
corps éthéré composé d'eau & de Jeu , &c.
L'Esprit de vin double n'eft autre chofe que de l'eail-
de-vie redifiée. Foy. DOUBLE.
Esprit universel. Terme du Grand Arr. On définit
{'esprit u.iversel , une fubftance fubtile & rare,di-
ftingi^ée de fon total premier créé , qui diverfe-
nienc réuni à fon folide , qu'on nomme fel, con-
ftitue avec lui toute la variété fpécihque & indivi-
duelle de la nature, la régit &c la vivifie , moyen-
nant les accidens qui les font paroure au dehors.
On dit proverbialement , qu'un homme a l'es-
prit aux talons, lotfqu'il fait quelque lourde faute
contre le jugement, qu'il manque de conduire.
On dit aulîi, qu'd s'alambique Vesprie , quand il
s'applique trop fortement à quelque compofition.
On dit. Vive les gens d'esprit, quelquefois férieu-
fementj quelquefois en fe moquant des gens qui
s'imaginent avoir trouvé un bon expédient.
ESPRITE, ÉE. adj. Qui a de l'efprit. Ce mot a eu
une grande vogue , fur-tout pami les Précieufes.
Il n'eft pas trop bon , même dans le difcours fami-
lier y quoique Chapelle , dans fons voyage j ait dit
de Madame d'Ofneville:
Elle cil jeune , riche , efpritée :
Et que l'on trouve, Qui eft esprité ^ dans le petit
Diélionnaire Latin-François de Boudot, au mot
Ingeniatus.
ESPROUVER.
ESPROUVETTE.
ESPUISABLE.
ESPUISEMENT.
ESPLTI^ER.
ESPURE»
ESPURER.
ESPURGE.
ESPURGEMENT.
Foy Cl-
E S Q.
ÉPROUVER.
ÉPROUVETTE.
ÉPUISA BLE.
ÉPUISEMENT.
EPUISER.
ÉPURE.
ÉPURER.
ÉPURGE.
ÉPURGEMENT.
ESQUADRILLE. f. f. mouillez les dsux //. Compagnie
ESQ
ESg>l/AilRlSSAGE.j
ESi^UARRISSE-
M £ N T.
ESQUAPvRISSOÎR.
Hecombatcans dans un Tournoi Turtna^ Ala. Ce mot
eil vieux on dit qu.idnlle f'^uy. ce nur.
ESQUARRIR. ^ / EgU'ARRlR.
L(^JARRISSAGE.
Voyei'{ E(^UARRISS£-
MENT.
EOUARRISSOIR.
ESQUERDE. f. h Vieux mot. liuthc fore p.ate.
ESQLTERRE. P^oyci E'.^UERRE.
fKFESQUAlN.Tcraïc de Alarma. P^oyci QUIEN.
QLiN".
ESQULWINE. f. f. PcnuU. Vêtement de payfan, ou
- defclave dont on s'eft fervi aurref-ois , (^ qui e!t en-
core en iila^^e en Efpagne. Ce pourvoit bien être l.i
même choie que Vcj'cavm^e. Les Italiens appellent
scliiavo ce que nous appelons efclave , t^ changent
ainfi notre / en i.
EsQuiAviNE.en termes de Manège, s'eft dit aufll d'un
long & ("évcre châtiment qu'on (-aifoit foufFrir au
cheval pour le rendre Couple &i obéiirint.
ESQUIERMiE. 1". f. Vieux mot. Alchimye.
ESQUIERS , ou ESQLJIERRE. Terme de coutumes :
c'ell; fclon quelques Coutumes, l'endroit des clo-
chers , & lelon d'autres la diftance d'un clocher
à l'autre. Interjecluin incer parxcias spatium.
ESQUÎf f. m. Petit vaiifeau de mer: chaloupe , pour
mètre à terre^ &: qui ne va guère qu'avec les rames.
Scapha j cymba açtuariolum. Vesqu/J , ou le canot j
fe prend ordinairement pouf le petit bateau qu'on
embarque dans le navire, & qui fert aux oMiciers
de la Marine pour allet d'un vailleau à l'autre ,
ou de leur vaiileau à terre.
Pour moi ,fur cette mer qu'ici bas nous courons ,
Je songe à me pourvoir d'e(L\\.nf & d'avirons. Boil.
1^ Le noir ef-iuif , en ft
barque à Caron , de la
yie poétique,
mort
fe dit de la
Mais Jl quelque jour moi chctif
Je pajjois sur le noireiqniî ,
Je naurois qiîunc vue hièrre. Volt.
Ce mot vient de l'Allemand schif o\i sch't , qui
fignilàe n.ivire, qui a été [ait du Grec 5-r.«^«. AIe.m.'
Végèce dit que les Latins appeloient/'/â'a ces vaif-
lenux , d'oii peut avoir été fait le nom de patache.
ES'>^UiL[ES. f. f. pi. tixquilix. , esquilin,. Quartier de
Rome. Voyei tSQUILIN. Nos Auteurs difent ,
le Mont Efquilin , & non pas les Esquiiies.
C'éîoit à Rome un lieu où l'on expoloit les cada-
vres des criminels : c'étoit aulîi le lieu deitiné pour
les fupplices. Voye-:^ Horace, 1. i. fat.VIIL
ES^UiLIN , iNE. adj. Epithète qui fe donnoit à une
des fept collines de la ville de Rome , & ce qui y
apparienoit.£y^tti/i«aj. Le Mon: Efquilin, £Jquili£,
Mons Efquilinus. C'eft ce qu'on appelle aujourd'hui
la montagne Sainte Marie Majeure. On écrit aulli
en Latin Exquilia , &: l'on croit que ce nom s'eft
formé par corruption d'<î.vci^/'/< , & qu'il fur donné
à cette hauteur , à catife des fentinelies que Romu-
lus y mit , de crainte d'être furpris par Tatius , au-
quel il ne fe fioit pas. D'autres veulent qu'il fe foit
fait de qu:fquiH.t , parce que c'îtoit-la que ceux qui
prenoient des oifeaux tendoicnt leurs filets , &
qu'i.s jetoient des ordures , quifquilias , pour les
attirer & leur fervir d'appas. D'autres enfin pré-
ESQ S6i
donnoit fon nom , &c qu'on nommoit Région, j./-
qudme. Voyez Onuphnus , Dejctipc. An- . xiegion
(Jrb. Koms j & Juan, liojin. Anciq. liom, L. i. c, 6.
La porte Efquiline étoit une porte de Rome qui
étoit du côté du mont hfquUin. La Tribu tfqui-
iuie étoit la féconde des quatre Tribus de la Cité
de Rome.
Ck? ESQUILLE, f f. Petite partie qui s'efl: détachée
d un os quand il s'etl: rompu. Sduila , aljuia. Il faut
tirer avec foin toutes les efquiiLes d'un os fraduré ,
qui picoteroient le périofte ou les chairs.
§C? Esquille. Eft quelquefois lynonyme à Exfolia-
tion. /^ti)efjce mot.
Ce mot vient A<îfquama.
Esquille. Rivière de l'Amérique feptentrionale. Ef-
quilla , Squilla. Elle fe décharge à Port- Royal dans
lAcadie.
ESQULMAN. f m. Terme de Mer. Quartier-Maître.
yjjjutor recloris nautici. C'elt un terme Flamand. Il
ell comme l'aide du Maître, ou du Contremaître du
vaiileau. f^o)e^ Quartier- Maître.
ESQUIMAUX", f m. pL Peuple de la Nouvelle France,
dans l'Amérique leptentrionale. Ejquunaxii. Les
Efquimaux font placés au nord de la rivière de
S.Laurent, &: au levant de celle de Sainte Mar-
guerite , vers laBaie d Hudfon. Les tfquimaux font
trcs-cruels : on a peu de commerce avec eux. Quoi-
que dans un pays très-froid, ils ont le vifage ba-
fané & aride , la taille belle, le corps vigoureux,
la peau du corps fort blanche, la jambe très-bien
faite ,les dents tort larges ts: mal propres , les che-
veux noirs avec un toupet au-delfis du front , 6c
une barbe de trois doigts. Leur habillement efl; un
jufte-au-corps en domino de Chanoine , & un
haut de chaude , le tout fait de peaux d'animaux
du pays.
ESQUINANCIE. f. f. A n gina. Ttnx^Q de Médecine.
Maladie cjui bouche les pafîl^es de la refpiration.
C'eft une inflammation de la gorge , ou du larynx,
qui empêche fouvcnt l'air d'entrer & de fortir par-
la trachée artère , & la viande d'être avalée t^k con-
duite dans l'eftomac. Il y a deux efpèces générales
à'efquinancie , la fauffe, ou bâtarde j & la vraie.
La faulfe e!l; un dépôt de férolltés , ou de pituite ,
qui abreuve les glandes de la gorge (ans fièvre, fans
inilammation , i!k lans grande difhculté d'avaler &c
de refpirer. La vraie elt une inilammation & un
gonllement des mulclesdu larynx avec fièvjre , cha-
leur , & ardeur à la gorge , refpiration difficile ,
fufFocation & douleur en cette partie: le malade ne
peut être couché , i5c toutes les matière liquides ,
comme les bouillons & la boiilon qu'il veut avaler,
lui reviennent par le nez, La vraie efquinancie eft
toujouts accompagnée de fièvre j la bâtarde en eft
exemte : elles font caufées par un fang bilieux ,
qui coule par des rameaux des artères carotides j &
qui y produit un fiegmon fimple ou érélipèlateux.
On divife aulli la vraie efquinancie en interne &C en
externe. V efquinancie eft plus périlleufe, & même
mortelle, loifque la tumeur ne paroît ni dedans
ni dehors: celle où elle paroît dehors, elt la plus
aifce à guérir. •
On prétend que l'on a trouvé un remède prefque
alTuré contre cette maladie. On prend de l'ordLire
dechien que l'on pulvérile, après l'avoir fait fécher.
On remplir de cette poudre un tuyau de plume j &
on en foulTle dans la bouche d« malade. Il eft à re-
marquer que 11 fiente d'un grand chien , & la plus
blanche eft la meilleure ; & fi le temps le permet ,
il faut donner à ronger des os au chien : fon ordure
en fera plus efticace.
Le mot à'esquinancie vient du Grec '■"lâyzut suf-
foquer.
tendent qu'il vient ^excolo , & qu'il fe donna à czz
endroit lorfqu'il fut cultivé, de même que nous!
avons appelé Couturts , des endroits nouvellement
cultivés, & que ce nom leur eft enfuite refté ,
comme nous avons dit aumot Couture. Quoi qu'il
en fo!t J c'eft Servius Tullus qui l'enferma dans
.Rome, & s'y fit un palais & des jardins. Le Mont'
Efquil'n avoit à l'orient les murailles de la ville, ESQUINE. f f. Terme de Manège , qui fe dit des
an midi la voie Lavicane , à l'occident la vallée qui reins du cheval , au lieu à'eschine. Lumhus , spina.
éroit entre le mont Cœlius & le mont Palatin , & On dit un cheval fort Mesquine , qui manie fur \es-
an feptentrion le mont Viminal. Il étoit la cin- ^a//2e , quanci il eft fort de reins. Cheval foible d'd/^
quicme région on quartier de Rome , à laquelle il quine , qui eft fujet à broncher , fjible des reins.
%6i, ESQ
EsQuiNE. Voyez Squine.
ES,,) Jii^OT. f. m. £it une efpèce de petir tronc , ou
boire qui eft dans la boutique des i3arbieis , où les
garçons mettent tout l'argenc qu'ils reçoivent de
ceux qui fe tont râler , Hc qu'ils partagent enfuite
entr'eux. Pixis , capfula. On le du encore en quel-
ques autres protellions.
ESQ JISSE. f. f. Terme de Peinture. Quelques Auteurs
ont eu tort de Faire ce mot du genre malculin. Pre-
mière penfée d'un fujet de l^inture tracée fur le pa-
pier ou fur la toile. Modèle de l'ouvrage qu'on a
tracé légèrement , qui ne contient que l'efprit de
l'ouvrage qu'on fe propofe d'exécuter. En général ,
deirein Fait à lahàted'une chofe qu'on veutpeindre,
graver ou tailler. Adumbrado , informatïo. Légère
esquiffz , esquïffe coloriée. Il n'a pas eu la peine de
faire undellein fini, arrêté , ou terminé ; il a tra-
vaillé fur l'^j^a/Z/t. Il y en a de deux fortes , esquijfe
au crayon , ou à la plume ; & esquijji au coloris.
Le dernier ed un elfai d'un plus grand ouvrage que
le Peintre médite.
ESQ
rlpere se. Les voleurs s'esquivent adroitement dès
qu'ils ont fait leur coup. Oiï vouloir le retenir dans
la compagnie : il s'cll esquivé.
ifT Dans toutes fes acceptions il n'ell admis
que dans le llyle familier.
Ce mot vient à'esquij, yûi^Qa.w propre à s'enfuir,
comme échapper a écé tait àtscupha. Borel le dérive
du mot clievir\ Paf^mer du rtiot Italien JC/^-f^îz/-.
Esquivé , ee. part.
E S R.
ESRACHER. v.a.Ce mots'eft die autrefois pour arra-
cher. i.ve//e/cr. Se aucuns extirpe owesTuche mes ar-
bres. De Beauman.
ESRAFLER.
ESRAFLURE.
E-,RAILLER.
ESRAILLURE.
ESRATER.
ESREîNTER.
*Voyt
E S S
ERAFLER.
ERAFLURE.
ERAILLER.
ERAILLURE.
ERATER.
ÉREINTER.
Ce mot vient de l'Italien schi-{-{0 , qui dans fon
fens naturel lignifie éclaboulFure , hcschiware ^ écla-
boulFer, parce que ['esquive dans la peinture ne re- ' ESSAI. T. f. Adionpar laquelle on examine ,on cprod-
prélente que comme des taches de couleurs. ■■ --L.r. _ ■:.__ t. ^ i- >
Es juissE , eft en Sculpture un petit modèle de terre ,
ou de cire , heurté d'art avec l'ébauchoir. C'eft à
peu près dans ce fens qu'on appelle esqui{]es de pe-
tits foutiens de bois qui fervent aux delferts des
bonnes tables : on met fur ces esquijfes des porce-
laines , ou des foucoupes de faïence propre 6c fine,
& fur ces porcelaines on fert des gelées, des confi-
tures féches j &c. Ces esquives [evvem à accompa-
gner les grands & les moyens plats de delferr.
^pT Esquisse ne fe dit que dans quelques arcs où l'on
palTe du modèle à l'ouvrage : ainfi esqui(j'e Si éhjw
che ne font pas des mots fy-nonymes. Vesquijfe eft
proprement la première penfée d'un tableau que
l'on jette rapidem'ent fur un papier, fur un carton
féparé. \Jebauche eft le commencement du tableau
même , dont on trace les premières lignes fur la
toile. L'esqu'ffè eft féparée du tableau. L'ébauche fe
fait fur le tableau même. Nous avons les esquijfet
de Raphaël , de Jules Romain : nous ne faurions
avoir leurs ébauches. Dicl. dr Peine. & d' Arch.
Esquisse , fe dit au figuré , d'un ouvrage de Littéra-
ture j d'un pncme, d'un projet.
ESQUISSE l. V. a. C'eft Faire une efquilTe , croquer un
dellein à 1 1 hâte. Informare , adumbrare. On dit es-
quijfcr une penfée. Il Faut qu'un Peintre ne touche
que légéreiient as ( petites ) figures , comme s'il
vouloir feulement en esquijfer l'idée. Vinci , trud.
Il faut qu'un P.nntre qui repréfente des figures &c
d'autres chofes éloignées de l'œil , en esquiffe Çqvx-
lement la fotm?, par une légère ébauche des princi-
pales ombres, fins rien terminer. Id.
§3" M. Wateler, célèbre amateur, obferve que
par une fingularité dontl'ufige feul peut rendre rai-
fon , faire une esquijje ou esqu'ffer ne veut pas dire
précifémept la même chofe. Chez nous esquiffer ,
dit-il, fignifie former des traits qui ne Fmt ni ombrés
ni terminés \ S>c Faire une esquijfe , fi'^nifie tracer
rapidement la panfée d'un fujet de peinture, pour
juger enfuite fi elle vaudra la peine d'être mile en
ufage.
|CF Esquisse, it. part.
ESQUIVER, v. a. Eviter avec adt-ilTe & promptitude
un coup, un choc. Declinare , vkare. Cet homme
auroit été tué par la chute de cette folive , s'il n'eût
heurenfement esqiuvé le coup.
Ileft auflî neutre. Il poulFa fon cheval contre moi:
^'esquivai adroitement.
Les petits en toute affaire
\ Efqu i ven t fort aisément ;
Les Grands ne le peuvent/aire. La Font.
fer s'ESQUIVER.v. réciproque. S'éahapper fins rien
dire& fans être apperçu , de quelque endroit. Pro-
ve une chofe, pour en coinoître la qualité : ma-
nière de s'aliuier qaelbs lont les qualités d'une
chofe. Periciitatio , spécimen _, periculum. Les Mé-
decins font ejjai des drogues pour connoître leur
nature j fi elles font chaud is , ou froides, douces
ou acides. On feit des ejjuis des efpèces à la Mon-
noie , avant que de Icsexpofer au public. Pour n'ê-
tre point trompé en fait de chevaux , il ne les faut
prendre qu'à Veffai.
^CTL'tf// (2 •' concerne particulièrement l'ufagedes chofes.
Il juge de ce qui convient ou ne convient pas, il en
fixe l'emploij & détermine la volonté. On fait Xejfai
d'un remède fur les animaux pour pouvoir l'em-
ployer enfuite plus sûrement fur l'efpèce humaine.
f^ov. Epreuve & Expérience.
1^ On dit dans le même fens faire VeJJai d'une
m ichine , du canon , &c. Il faut faire un eJJai des
machines en grand j car ce n'eft pas allez que Ces-
sai réulliire en petit. On fait Vejjal du canon avec
charge &c double charge.
§CF On d\t faire Yejjai des viandes & du vin
qu'on ferr fur la table du Roi. Pr&guftaiio , pr&gus-
tare. L'Ecuyer-bouche les préfente au Maître d'Hô-
tel.qui en boit & en mange une petite partie j pour
s'assurer que le Roi peut en manger fans danger.
§Cr Essai , coup d'ejfai, c'eft proprement le premier
^ii qu'on fait en quelque chofe. L'ouvrage que font
les jeunes apprentifs avant que de palier maîtres :
exprellion qui a été tranfportée aux chofes morales
pour fignifier les premières actions par lefquelles on
donne a connoître ce qu'on eft capable de faire. Spé-
cimen.
D'un courage naijfant sont-ce là les eflàis.
Racine.
Mes pareils à deux fois ne se font pas connaître ^
Et pour leur coup c/'eiFai veulent des coups de maure.
CoRN.
Voyez au mot coup les remarques fur cette exptef-
fion coup d'ejjai , coup de maure.
^Cr Essai , feditaulTî , en Littérature, des ouvrages
d'efpritdans lefquels l'Auteur faite léi;érement &
fuperficiellement de plufieurs fujets. Levittr pars-
trirgere , ou d'un feul , mais fans chercher à l'ap-
profondir , & Fans le traiter avec toute l'étendue
dont la matière eft fufceptible. Tenramen. Plufieurs
ont Fait des e(fdis poétiques. Montaigne a Fait un li-
vre qu'il a appelé fes effais.
De fon pinceau naïf les traits inimitables
Montrent Ik cxitr humain dans tout /on naturel.
Ce Mortel fe peianant lui-même & fes Jemblables,
A trouvé leficr'it defe rendre immortel :
ESS
Ëc s'd i efl rencontré des Auteurs téméraires ^
Q^uL inuU'is ou dévots Calent voulu censurer ,
D'un m.i}derne ( M. Coile ) tcnvain Les savans
Commentaires.
Toujours de plus en plus nous le font admirer.
Il eft forci de Port-Royal de beaux e(]als de Mo-
rale. L't?//jj' des merveilles de nature du P. Binec ,
fous le nom de René François, a ère imprimé vini^:-
c\n.\ rois. L'effdi d'un Didtionnaire L/niverfel.
Essai , fe dit encore des petits morceaux de verre qu'on
mec dans le fourneau , iorfi-^u'on cuu la peinture lur
le verre.
ij^ EiSAi , dans le commerce, fe dit d'une petite
portion de queLjue choie qui ferc à juger du relte ,
particulièrement en parlant des denrées dellinées à
la nourriture. Envoyez des ejjais ai vin , d'huile ,
de [rom.ige , S<.c.
Essai , fe dit aalli du vailfeau , qui fert à faire Yejfzl.
Il a toujours dans fa poche un cjjai ,une petite taife.
Les Cabaretiers appellent ejjals , de très petites
bouteilles , dans lesquelles ils envoient du vin pour
en taire Vejj'ut. On appelle aulli ejfac j le couvercle
de la calfe ou de la coupe dans lequel on tait i'ejjui
chez les Princes.
§Cr Essai j en termes de Chimie , eft une opération
par laquelle on cherche à s'assurer de la pureté d'un
métal , ou de la nature de celui qui eftcontenu dans
une mine, f^oyt^ Doci.masie & Métallurgie.
C'efl: , dans une fignihcation plus étendue , l'expé
rience qu'on fait d'une fubitance de l'un des trois
règnes j pourconnoître la qualité des matières dont
elle eftcompofée , ou la quantité de chacune de fes
matières. Quelques-uns dérivent ce mot du Latin
examen.
En matière de nionnoies on fait un premier ejfal
des matières qu'on y apporte pour tondre, atîn de
les afliner , 5c mettre au titre requis. On en fait un
autre ejjal dans la chambre des délivrances par les
Juges-Gardes qui en font elfayer la bonté , & pour
cet effet prennent une pièce de monnoie qu'ils cou-
pent en quatre parties appelées peullles , dont ils
lailTent une partie au Maître, l'autre au Juge-Garde.
Il en retient une pour lui , & il fait e(fal de la
quatrième. Un fourneau à'e(fal eft échautté par un
fourneau de réverbère, où l'on clfaye l'argent dans
de petites coupelles , où l'on met un demi gros avec
une balle de plomb, cjuien s'évaporanten emporte
l'impureté. Mais VeJJai dor fe fait fur quatorze
grains d'or, auquel on ajoute le même poids d'ar-
gent très-fin j & après l'avoir battu en lames tort dé-
liées , on les met dans un matras avec l'eau de dé-
part , qui en (épare tout l'argent \ &c on juge de la
bonté de l'une &: l'autre de ces matières , luivant la
différence du poids qu'on trouve avant 6c après l'o-
pération.
Essai. Dans la Congrégation des Filles de l'Enfance
de Jefus ,on appelle e//ii ce qu'on nomme ordinai-
rement Noviciat danslesautres Congrégations. L'es
sal eft de deux ans.
IJO" Essai , fe prend aufti quelquefois pour l'épreuve
que l'on fait de la vie religieufe , en habit féculier ,
avant que de prendre l'habit religieux. Cqz eJfal n'eft
point compté pour Noviciat-
ESSAIE, f f. C'eft le nom d'une patite racine dont on fe
fert dans les Indes pour teindre en écarlate. La meil-
leure croît fur la côre deCoromandel. Pour en con-
noître la bonté , il faut la rompre & voir h elle eft
d'un rouge obfcur , ou bien la mâcher , parce que
les meilleures ont un goût de nitre. Pour éprouver
il les draps ont été teints avec la véritable ejfale , on
en frotte un petit bout avecciu jus de cèdre j puis on
le lailTe fccher au foleil. Si la couleur diminue de
fon éclat , c'eft une marque que la teinture n'a pas
été faite avec ['ejffale. Description des Côtes des Indes
Orientales.
ESSAIM, ou JETON, f. m. Prononcez c/Z^zi//, ainfi
que plufieurs l'écrivent. C'eft une volée , une mul-
titude de jeunes abeilles , qui forcent de leut ruche
ESS 865
pour aller loger ailleurs. Examen. Dès que la Reine
eft lortie de la ruche , elle eft fuivie de toutes les
abeilles qui doivent compoCtt ïeij ai m , lefquelles
après avoir voltigé quelque temps , fe pofenc ordi-
nairement les unes après les autres fur une branche
d'arbre , où elles tormenc une efpèce de groupe en
s'accrochant & le cramponnant les unes aux au-
tres par les jambes. C'eft alors cju'on met ïej]ium
dans la nouvelle ruche.
IfT Quand les abeilles ont pris leur vol trop
haut pour le repofer fur une branche &s'y arracher,
on elt dans l'ufage à la campagne de faire du bruic
avec des chaudrons iSc des poêlons afin de les obli-
ger à s'arrêter en quelque endroit. Je ne fai fi cette
méthode eft bien sure, m fi les abeilles font effrayées
par ce bruit. Il vaut mieux jeter en l'air de la pouf-
lière ou du fable fin , qui tombant fur les ailes Ls
rend plus pelantes , moins propres au mouvement ,
&C oblige conlequemment les abeilles à defcendre ôc
à fe fixer. '
Pulveris exigui jaclu . . . qulefcenr. 'Virgile.
§Cr Les bons ejfalms , dans ces pays- ci , fe font au
mois de Mai.
Ce mot vient du Latin examen apum , ou du Grec
i5;«W , qui tignitie la même choie , ou de '»■»"')'' , le
hoi des abeilles. Et fi l'on en croit le P. Pezron ,
Examen , ejjaun d'abeilles , eft formé fur le Celti-
que ejjaim ; mais il taudroit prouver d'abord qu'cj-
salm eft Celtique.
■SSAIM , fe dit figurément d'une troupe de jeunes
gens demêmeprofeliion ,oude quelque chofe fem-
blable. Les Latins ont dit examen dans le même
fens. On a vu au (îècle pafte un cjjalm de Poètes de
même volée. Au Palais on voit un ejfalm d'Avocats
qui fe font recevoir à la faint Martin. On a vu for-
tir du Nord plulieurs ejfalms de barbares.
Ciel ! que! nombreux eftaim d'Innocentes beautés
S'ocre à mes yeux en Joule , & sort de tous côtés.
Racine.
ESSAIMER. V. n. Qui fe dit des ruches d'où il fort un
elfaim. Faire un cJfalm j jeter un eJfalm.Tom&s nos
mouches ont eJJuimé. Cette ruche n'a pas encore
ejjaimé.
ESSAMPLE. f. m. Vieux mot. Exemple. Gloff. des
Poésies du Roi de Nav.
ESSANGER. v.a. Dor.ner la première façon au linge
qu'on mer à la lelfive pour le blanchit :1e laver dans
l'eau froide , & le décralTer dans la première e.iu.
Purgare , cruorem ahJïergere.L-j. leflive a trois façons:
on ïejjange le premier jour , On la lave le troifième.
Vonzejjungerli linge , on le tait tremper dansl'eau,
afin d'en ôter la plus grofle ordure.
EssANGÉ , ÉE. part.
ESSART. f m. Vieux mot. BroufTailPes. Foyer ES-
SARTER.
ESSARTER, v. a. Défricher une terre , en arracher les
bois , les racines , le taillis , ou le vieux plant qu'on
yavoit mis, ou les ronces qui y font venues faute de
culture , pour y femer ou planter ce qu'on voudra.
Eruncare , purgare veprlbus. Il y a bien de vieilles
fouches fur cette terre , elle fera difficile à ejjarier.
On appeloit autrefois e//iirM des brouffailles ; ce que
Du Cange dit venir d'un de ces mots qu'on a dit dans
la baife Latinité, exartus , exartum ^ exarces , es~
sartum , affartum , sartum & sartus , qui fignifioienc
to is Jorèt coupée , & déjrichée : ce que Spelmanus
dérive du Latin exertum , qui lignifie arracké Se dé-
raciné \ d'autres , du mot sarrlre , qui veur dire sar~
cler ^ purger de méchantes herbes \ d'autres enfin du
verbe e.varo ^ qui (ignirie labourer, d'où on a fait
exaratum j & par contraétion exartum. Dans les lois
des Bourguignons exartum facere Injilva , c'eft es-
sarter un endroit d'une forêt. D'autres enfin , comme
M. Huer, dansfes Orlg. de Cacn , du verbe exaro.
Charles Eftienne appelle ^y/^^rcr ce qu'on dit en La-
S64 ES S
tiii collucare j uiterlucare , retrancher les branches
qui offufquenc .1 arbre ; ou même retrancher , cou-
per quelques arbres dans un bois , afin que les au-
tres arbrjs voifins aient plus d'air , plus de jour. Il
dit que de l'on temps cela s'i-ppelou ùailtcr jour , ou
bailUr solt'd , parce que les branches ou les arbres qui
étoufFent les autres, les empêchent d'avoir du jour,
du ibleih On appelle cela égayer. EjJ.iner , c'elt dé-
fricher en arrachant les bois , les épines.
ESSAUCEIl. Vieux v. a. Exalter , invoquer j parler.
ESSALJCIER. V. a. Vieux mot. Exaucer. On a dit aulh
Eff'auUr.
' ESSAY. Exaquïum. Lieu de Normandie , avec un Mo-
naftère. Adr. Valef. Not. Gall. pag. i^o. Foyei^
ESSEY.
ESSAYER. V. a. Faire un elia'. Voyc\ ce mot. Pro-
bare j perïduari , experiri. On effaye des gants , des
bas, desfouliers, pour en choilir qui conviennenc.
Les femmes fe lont effaycr deux ou trois fois une
robe , avant que de la trouver à leur gré. Il faut
ejjayer, éprouver Tes armes , pourvoir lion peut
s'y fier. Il ne fait ce que c'elt que la guerre , il tant
un peu qu'il en ejjaye. Je ne lais fi cela efl; bon ou
mauvais , je n'en ai jamais ejjayé. t'Jjave~ ce vin ,
îâtezen. On fait une année de probation pour ef-
Jayer fes forces , pour voir l\ on pourra fupporter
i'audérité de la Règle. On ne peut bien juger d'une
chofe qu'on n'en ait ejfayé. Ejjayc-^ fur moi votre
main mal alFurée. Rac Je veux eJJayer le goût du
public. S. REAL, Après avoir vu fon aiigulte père
lui eJJayer lui-même fa couronne, &: avoir appris
de fa bouche qu'il devoit bientôt la porter , il eut la
force d'en garder le fecret, &c le mérite de s'en
affliger. Mongin.
|Cr On dit auHi ejfayer d'une perfonne ou d'une
chofe, faire un elfai, une épreuve, pour voir h
elle eft bonne , propre j convenable. Cet homme a
ejfayé de toac. Je veux ejjjyer de ce domeftique.
EssAYiR. v. n. Se du pour Tâcher. Il faut ejfayer de le
gagner. Il vit que ce leroit peine perdue d'ejffdyeràe
le dilfuader. Ablanc. On dit en Latin txpcrïrt dans
le même feus.
s'EssAYfcR. V. récip. S'éprouver, voir fi l'on eft: capa-
ble d'une chofe. Il eli lùr de faire une telle chofe ,
il s'y eftf//dy<?'.
UCT II fauttoajo irs dire ejfayer dejUc s'ejfayer à...
Ce mot vient du Latin Examinare.
Essayé , ee. Tencams , probatus.
ESSAYERIE. f. f C'eft un lieu particulier dans les
Monnoies, où l'on en fut l'effai. Prohacionis locus.
ESSAYEUR, f. m. Officier des Monnoies , qui en lait
l'elfai , qui éprouve i\ la monnoie ell au titre requis
par les Ordonnances. Probator , inquifitor. On le dit
de ceux qui éprouvent la qualité de lot ou de l'ar-
gent qu'on emploie dans les ouvrages. Il y a un
£//^yeiir général pour toutes les monnoies de France,
créé par François I. en 1559. Il y a aulH un EJJayeur
particulier en chaque Monnoie. f-^oyei Boizard ,
Tr.de Mon. P. II. C. S. 6- y.
ESSE. f. f. Terme de Charretier , Cheville de fer j
petit clou ou morceau de fer , tortu ou courbé en
forme d'^ , qu'on mot au bouc des ellîeux pour y
arrêter les roues. Fibula camerata j uifiexa • Jîbula
rou carrucarU , mora ^ reànaculurn , fubjcus. Quand
on va en voyage ^ il faut avoir des eQes dans fon
carrolîe , pour mettre à la place de celles qui peu-
vent fe peuiie par les cahots.
On aposile auffi XeiJ'e d'une louve , un double
crochet de fer fiit en forme d'une S , qui s'accroche
d'un côté au cable de la grue , & de l'autre dans
l'œil de la louve qui fert à enlever les pierres qu'on
veut élever dans un bâtiment.
Les Carriers donnent encore ce nom au picot à
deux pointes, dont il n'eft différent que parce qu'il
efl: double.
Esse de fléau. Terme de Balancier. Morceau de fer
tortillé en forme d'5. Ainfi on dit, Effe de fléau de
trébuchet. Ejfe de fléau de balances.
ESSEAU de bois à couvrir les toits, f. m. Scandula.
E
SS
l'oye\ EscHANDOLE : c'efi: la même chofe, Effeau
fe dit comme petit ais,
Es'jEau , elt aulii une petite hache recourbée à Tufige
des Charpentiers , Méiiuiliers ëc autres Ouvrieis.
^•ifcia , djiabeila. Pomey.
ESSECHIRE. Ville d'A.rménie , anciennement Ar-
taxate. Elle eft fituée piès de l'Araxe j félon Cior-
neille.
ESSECK. Ville de la Bafle-Hongrie. EJJechium. Quel-
ques-uns écrivent E^ech , t-^ccliium j mais en hran-
çois nous prononçons tJjecK. Cette ville eft fur la
Drave , environ .à cinq lieues de Ion embouchure
dans le Danube. Le pont d'EJjeck eft fameux ; il
s étend lut la Drave iSc lur un marais voilin , depuis
la ville d'EJJeck jufqu'au fort de Darda j & l'on allure
qu'il a 8565. pas géométriques de long j fur fix de
large.
UC? ESSEDUM. f. m. Efpèce de Charrio:. I^oyei
Char, ôc CnARRioT.
ESSEENS , ou ESSENIENS. Nom d'une Sede chez
les Jaïfs.EJfei , tjfeni. Jofeph , parlant des Seûes
qui étoient de fon temps parmi ceux de fa nation , en
marque trois : favoir, les Phariliens , les Saduceens
& les Elfniens. Il préfère ceux-ci aux deux autres
pour ce qui etoit du genre de vie. Il allure de plus
qu'ils étoient Juifs d'origine. Si cela eft j S. Epi-
phane s'eft trompé quand il les a mis au nonsbre
des Samaritains. Il paroît que c'étoit de véritables
Ph'.lofopiies Pythagoriciens dans tout ce qui regar-
doit leur manière de vivre j aimant la retraite &C
la lolitude, &c évitant tout commerce avec les
femmes , pour s'appliquer entièrement à la vie con-
templative. Ils étoient parmi les Juifs ce que les
Moines les plus retirés & les plus auftêres foijc
parmi les Chrétiens; &c'eft ce qui leur a fait donner
le nom de is^«(x»( ào-Kjjraè , Afcètes Juifs. Plulieurs
Ecrivains Catholiques ont cru que l'origine des Moi-
nes venoit d'eux , & ils s'appuient principalement
far ce que Philon en a rapporté , qui , ielon eux,
a dirtingué deux Sedles à't.Jfcniens. Les uns fe ma-
rioient, S<. les autres vivoient dans le célibat. Il
femble que Jofeph ait diilingné ces deux fortes
d' Ejjénieris. Sèi3.ïms , qui a écrit fort au long fur
cette matière , fait, après Philon , deux clalfes
d'EJf'nie/is. La première eft de ceux qu'il nomme
Praclici , & qui vivoient en commun ; la féconde,
eft de ceux qu'il appelle Theoretici j c'eft-à-direj
qui menoient une vie purement contemplative ,
vivant dans la folitude , &: éloignés de tout com-
merce du monde. Il ajoute que Jofeph n'a fait men-
tion que des premiers , & qu'il n'a point parlé des
contemplatifs, que Philon a appelés Thérapeutes ,
& qui étoient principalement dans l'Egypte. Ils vi-
voient d'une manière très-faintedans leurs cellules,
imitant en toutes chofes la vie Religieule. Lifez
là-delfus Philon, dans fon Livre de la Vie Con-
templative, Se Sérarius Trihares j Liv. 5. Eufébea
prétendu que ces Ejjéniens , nommés Thérapeutes,
ont été de véritables Chrétiens , autrement des
Juifs convertis par S- Marc , lefquels avoient em-
bralfé ce genre de vie. Scaliger au conrraire alTurs
que ces Thérapeutes n'ont point été Chrétiens •, mais
de purs EJjenieiis qui faifoienc profellion du Ju-
daïfme. Il reconnoît cependant les deux lottes d'EJ^
féniens , donc on vient de parler. Mais Henri de
Valois , dans fes remarques fur THiftoire Ecclé-
fiaftique d'Eufébe , rejette abfoluinent cette diftinc-
rion. Il nie que les Thérapeutes aient été de vérita-
bles Ejféniens , & il fe fonde fiîr l'autorité même
de Philon , qui ne les appelle jamais EJJeniens , ôc
qui ne place les Ejféniens que dans la Judée &dans
la Paleftine , au lieu que les Thérapeutes étoienc
répandus dans la Grèce , dans l'Egypte &dans d'au-
tres pays. Philon , de plus j attribue plufieurs chofes
aux Thérapeutes, qui ne conviennenc nullement au
genre de vie des Ejjéniens ; outre que Philon , qui
a traité exprès des Effeniens en deux endroits de fes
ouvrages , ne dit pas un mot des Thérapeutes en
ces endroits- là. ,
ESSEKÉBE,
E s s
ESSEKÈBE , ou ESSEQUÈBE , ou ESQUIB. Rivière
de l'Amérique méridionale. Eljequebi.i. Elle a L\
fource dans la Guiane , & coulant du midi au nord,
elle traverfe la Caribane , lix: le oécliarge dans la
mer du nord , encre l'embouclHue de l'Orenoque
& celle du Berbice.
ESSEIN. f- m. Mefure de continence pour les j^rains ,
donc on fe fertà Soiirons. Le muid de blé , mefure
de Soilfons, eft compote de douze feciers, &c le
fecier de deux ejfeins.
ESSELIER. f. m. Terme de Charpenterie. Ce font des
pièces de bois qui forment les cmtres j ou qui fup-
portenc & foutiennenc par jes bouts les encrairs , ou
tirans , on les appelle AwiXx goujjsts. Il y a de petits
ejfeliers qui s'allemblenc dans les grands.
ESSEMAGE. f. m. Vieux mot. La crue des bêtes de
chaque année, comme on du t/fj/f/Tz dans les abeil-
les. On àhus ce mot dV////V, fortir j & VeJJemage
feroit la fortie Se le provenu du bétail.
ESSEMER. V. n. Terme de Pécheur. Tirer une femeà
bord pour en dégager le poillbn qu'on y a pris.
Sa<Tenam aperirc i exonerare, exponere.W faut aller
ejjemer entre ces deux faules j c'eft-à-dire, vider la
feme.
ESSEN. Petite ville du Cercle de Weftplialie , en Al-
lemagne. EJJendia. Elle eft fituée dans le Comté Je
la Mark , aux confins du Duché de Cleves ,^ près de
Duisbourg, du côté de l'Orient. EJ]in a été ville
•Impériale : elle dépend maintenant de l'Abbelle
à'Effen , dont le Monaftère eft près des murailles de-
là ville. L'Abbaye d'EjJcn eft libre, & dépend im
médiatemenc de l'Empire. On n'y reçoit que des
filles Nobles , qui ne font point de vœux , & qui
peuvent fe marier quand il leur plaît. Maty. Cette
Abbaye conlifte en cinquante-deux Religieufes , ou
ChanoineiTes , & vingt Chanoines. Corn.
ESSENCE, f. f. Ce qui conftitae , ce qui détermine
la nature d'une chofe : ce qui eft abfolument né-
cefïaire pour la faire être^ ce qu'elle c^. tjjenc'ui ,
natura. Selon Defcartes , l'étendue Q'Hi X ejj'cnce de la
matière \ &c félon GafTendi ^ c'eft la folidité : car li
l'étendue feule conftitue Vejc^cede la matière, rien
^ ne diftinguera les corps de l'efpace , qui eft aulli
une étendue. Bernier. Que Veffence des chofes dé-
pende du libre arbitre de Dieu , c'eft une chimère
Cartéfienne dont les Pères font fort éloignés. L'infi-
nité eft de VEJJence Divine. La r.aifon eft de ['effl-nce
de l'homme. Les chofes ne font différentes que par
leurs cffences , & non par leurs accidens.
On dit, en ftylede P.il.iisj que les chofes ne font
plus en e//è/2ce , pour dire , qu'elles ne font plus
en nature, qu'elles font détruites ,& qu'elles ne font
plus en notre pouvoir j qu'on ne peut pas les repré-
fenter comme on les a reçues. Quand des meubles
ne font plus en ejjence , il en faut payer la jufte va-
leur & eftimation.
En termes d'Eaux & Forêts j on dit que les bois
font de bonne ejjence , pour dire , de bonne nature,
de bonne qualité. Le bois de chêne eft le bois de la
meilleure ejjence.
IfCr Essence , en Chymie. On donne généralement
ce nom à différentes préparations, auxquelles on
attribue les mêmes qualités &les mêmes propi^cés
qu'aux fimples dont elles ont été extraites. C'eft-aifin
ce qu'il y a de plus pur & de plus fubril dans les
corps , dont on fait les extraits par le teu. FIos ex-
prejjus j cremor elicicus , dej&caûor fuhfantu pars.
Les ejjences font tirées des fleurs ou des fruits.
ifT On donne encore ce nom aux huiles effen-
îielles, c'eft-à-dire , aux huiles aromatiques qu'on
©btient par la diftillation des plantes. Ejjence de
cannelle , de romarin , ^"c.
Les huiles dont fe fervent les Parfumeurs ne font
pas proprement des elj'enccs \ mais ils fe fervent
aulfi d'ejjences naturelles. Ltsefjenccs naturelles font
ïejjence de Neroly , autrement , QuintelTence de
fleurs d'oranges ; Vejjence de Cédra , qu'on nomme
de Bergamcne i V ejjence de Citron , & Vejlence d'o-
range forte , ou de petit grain. Celle de Nétoly fe
Terne III,
ESS 865
nro fur l'eau de fleurs d'orange , ^ eft produite par
le fruit qui eft dans la fleur. Celle de Cédra eft pro-
duite par les zeft que l'on tire de l'écorcede Citron
de Bergamote. Celle de Citron eft tirée du Citron
diftillé & celle d'Orange, des Oranges diftillées.
Voila la diftcrence qu'il y a entre hs ejjences & les
huiles. Barbe.
L'<?//è«c,? de Cédra ou de Bergamote fe tire d'un
Citron produit par une branche de Citronnier qui
eft entée dans le tronc d'un Poirier de Bergamote •
ainfi le Citron qui en provient tient de deux quali-
tés J & pour en tirer i'e[fence , on coupe de petits
morceaux d'écorce de ces Citrons , que l'on prelfe
avec les doigts dans une bouteille de verK- , où l'on
peut feulement faire entrer la main pour prefler
le zeft , tout comme l'on fait de celui d'Orange
dans un verre de vin j ainfi par la quantité on a de
\'e[jence. Barbe.
L'effencc d Oranges forte , ou de petit grain , fe
fait aind. Vous mettrez une quantité , telle que vous
voudrez , de petites Oranges point trop mûres dans
l'alambic au réfrigératoiie avec de l'eau , & vous
recevrez la diftillation dans ufl matras ou bouteille
, de verre à long goulot : étant repofé j Vejjence {q
trouvera deifus. Barbe.
Les ejfencesqiie l'on boit , ou qui entrent dans les
liqueurs que l'on boit , fe font avec de l'efprit-de
vin le meilleur & le plus fort , &:ducloudegirofl:le»
de la cannelle , de la maflie , du poivre long , de la
coriandre. On met le tout dans un vailTeau bien
fermé qu'on expofè au foleil pendant fixfemaines,
ou dîux mois pendant le jour en été, & qu'on mec
fur le feu pendant la nuit : en hiver on ne fe ferc
que du feu. Comme cette ejjence eft fort violente ,
fouvent on ne s'en fert que pour donner de la force
à quelques autres liqueurs moins fortes. On peut de
la même manière faire de i'ejfence d'ambie , de
mufc , & de toute forte de fleurs odoriférantes pour
donner de l'odeur aux liqueurs. Quand on fait de
Vejjence de fleurs , on fait dans un vaifleau des cou-
ches de fucre en poudre, & de fleurs alternative-
ment : on les lailfe infufer à la cave , ou au frais ,
pendant vingt-quatre heures , le vailfeau étant bien
bouché ; & enfuite au foleil pendant autant de
temps : puis on pafle la liqueur par l'étamine
fans prelfec les fleurs.
Essence j fe dit figurément en chofes Morales. Les
paroles facramenrales font de \'e_lience des Sacre-
mens. Ce Rapporteur a pénétré jufques dans Ve/^
fence de cette affaire , dans le plus obfcur & le
plus difficile j il a tiré la quinte- ç//è;2ce de cette
affaire.,
ESSENCE, ÉE. adj. Qui eft rempli d'elTence ou de
parties aromatiques. Les efprits , qui font ejfence's
eu aromatiques dans bien des fleurs , fe difperfenc
aifément dans un air raréfié par les chaleurs ; ôc
alors ils affeétent foiblement l'odorat: au lieu qu'ils
ne percent qu'avec peine l'air qui eft relferré par
le retour de la nuit. L'aétion du Soleil qui les dé-
tache eft trop foible le foir tk le matin pour les
écarter aune grande diftance , (ï.: par leur réunion
ces efprits font fur nous une impreflion plus forte
Specî. de la Nac. Cet homme eft toujours frifé,
e [fence' , pondvéj Sec.
ESSENCIFIÉ J ÉE. adj. Terme de Phllofophie hermé-
tique. Qui eft devenu eflence , qui a été faitelfence.
Infiorem, in cremorem verfus, def&càtus. Si dans
cet Art ont dit ejfencifié ^ il femble qu'on peut dire
aufli Effenc/fier , v. a.
ESSENIEN , ENNE. Foye^ ESSÊENS. On dit cepen-
dant toujours Ejjénien j & ceux même qui mar-
quent £//ée/z , oa Ejffenien, fe fervent toujours du
dernier en écrivant. Foye^ VHiJî. Ecd. de Godeau,
L. I.p. 15. 89. &• fuiv.
ESSENS. Voyc-^ EStNS.
■ESSENTIEL, elle. adj. Ejfentlalis , naâvus , wge~
niius. Ce qui eft nécelTaire pour conftituer un être ,
qui appartient à fon eflence. Il eft ejjeni'iel à Dieu
d'être bon , d'être jufte j &c. Comme il eft eJJcnncL
R rr rr
Z66
ESS
à la fainteté de Dieu de haïr le péché , il t^ejfentkl
à fa jullice de le punir , &c de maintenir le pouvoir
de fes loix. Les bons efprits vont d'abaid iaifir dans
leschofes je ne lai quoi d'ejjentiei, & qui e(l d'or-
dinaire indépendant des circonltances. La Font.
Le coeur, le cerveau, font des parties (.^/ewr/eZ/cj
dans le corps des animaux , lans lelquelies ils ne
peuvent vivre.
Essentiel^ en parlant d'affaires Se en chofes morales ,
lignifie la même chofe que néceir.ure j principal.
GraviJJimus , maxiinus , pr&dpuus.Qo. contrat elt la
partie ejj^enuelle du procès. Il taut mettre cette claufe
dans ce traité , c'ell le point le plus e//è«^i^/jleplus
important. Avoir des obligations ejjendelles à quel-
qu'un j rell-à-dire , folides , particulières , fondées
fur des fervices très-importans. On du , Un hom-
me ejffentiei , un ami eU'emiei j c'ell-à-dire , folide ,
fur qui l'on peut compter.
UCT En Médecine , on appelle maladies ejjentiel-
îes , celles qui blellent les tondions par elles-mê
mes , (ans dépendre d'aucune adtion contre na
ture.
Essentiel, elle , en*termes de Théologie , & en par-
lant de la très-fainte Trinité , ell: oppofé à notionel,
& fe dit de ce qui eft commun aux trois perfonnes.
Le Saint Efprit n'a point l'entendement ni la volonté
notionels , mais il a l'un & l'autre ejjenùcls.
^3" Essentiel, en Chimie, fe dit de ce qui tient de
la nature des elTences j c'ellla portion d'un médica-
ment la plus pure , la plus fubtile & la plus effi-
cace , féparée des parties groflières. L'afperge cft
compofée de beaucoup de fel ejjentiel. Lemery.
L'odeur agréable que les fraifes exhalent dénote
affez que les fels volatils, ou effentkls , qu'elles
contiennent , ont atténué , dilTous & exalté leur
foufre.
Essentiel j s'emploie quelquefois fubftantivement.
Rei caput. Pour conclure ce mariage , ce marché ,
il faut avoir de l'argent comptant : c'eft Vejfendel.
Nousfavons en vertus transformer tous les vices :
De la dévotion cejllà /'eirenciel. Des-Houl.
ESSENTIELLEMENT, adv. D'une manière nécefTaire
& elfentielle. Ejfentialiter , necejfarib , intime. Il n'y
a que Dieu qui ion ejjentiellement bon. Dieu, qui
e(tejfentiellement']iiù.ey n'ell ni indifférent , ni in-
fenfible à nos défordres. Maleb.
Essentiellement , fignifie aulîi quelquefois , folide-
ment , dans une matière importante. Il m'a obligé
ejjentiellement. Il aime effentiellement (qs amis.
ESSEOI.f. m. Vieux mot. On appelle EJfeois, les char
riots de guerre dont les anciens Gaulois fe fervoient.
Ils écoient garnis de faucilles.
ESSERA , ou Sora des Arabes, f. m. Ampoulles , ou
Porceliines. EJfera, Ce font de petites puftules
écii'.leufes, femblables à celles de la gale , quis'é
lèvent fur la peau. Foreftus les met au rang des
cpinyflides. On appelle encore f'/Zera _, Ampoulles
ou Porcelaines , des puftules qui fortent en manière
de bulles accompagnées de rougeur , de chaleur ôc
de démangeaifon. Les femmes & les enfans y font
fujets. Il en paroît alfez fpuvent dans le commence-
ment des accès de lièvres intermittentes ; mais elles
fe dilTipent dans un quart d'heure. EJfera Se Sora
font des mots Arabes. Col de 'Villars.
ÇCT ESSERET. {. m. Morceau de fer un peu long ,
formant un demi-cercle en dedans par en bas, tran-
chant des deux côtés , fervant aux Charrons à faire
des trous dans des pièces de bois.
ESSERPILLER. v. a Vieux mot. Dérober. Borel dit
qu'il vient du Latin E.xcerpere ,Sc Ménage le dérive
a ot?r 1 erharpe.
ESSETTE.f f. Outil de Tonnelier , de Charron ^ &
d'autres Artifans travaillant en bois. Afcicula. C'eft
une efpèce de marteau qui a une tête ronde d'un
côté , & un large tranchant de l'autre.
Ce mot vient du Latin aCcia , &c quelques-uns
pécgndent qu'il faut dire aijfette.
ESS
§3" ESSEULE , ÉE. adj. Appliqué dans le difcours fa-
milier à celui qui ell délaiilé , abandonné par fes
connùilfances. Il ell; ejjeule , tout ejjeulé.
ESSEX. Le Comté àltjjex j Province d'Angleterre.
EJjtxia. Ejjexià!, Comitatus. Le Comté à'LJJex eft
fitué entre la mer d'Allemagne , qui le baigne au
levant i la rivière de Stoure , qui eff au nord & le
fépare du Comté de Suftolk , & la Tamife qui le
fépare au midi du Comcé de Kent. Il a au couchant
ceux de A'Iidlefex , & d'Hartford. Le Comté A'EjJex
a trois villes , qui ont iéance au Parlement ; Clo-
che Iter £^ capitale , Harwik «Si Maldon. Maty.
ESSEX. Le Royaume d'tjjex, ou d^taJl-Saxon^ com-
me écrit Cainbden dans fa Carte j c'eft-à-dire j des
Saxons orientaux. EJfexia , ou hjifexia. j ou Saxo-
nu, n oriencdlium Re°num. C'eft un des Royaumes
que les Saxons fondèrent en Angleterre :, Ik ceux
qui le compofoient furent appelés Saxons orien-
taux , parce qu'ils habitoient à l'orient de l'Ifle. Ce
Royaume avoit au couchant le Royaume de Mer-
cie , au nord celui des Eaff Angles; c'elt- à-dire,
des Anglois orientaux, au midi celui de Kent , &
au levant la mer d'Allemagne. Il renfermoir ce
qu'on nomme aujourd'hui le Comté d'ElTex, qui en
a conlervé le nom j celui de Midlefex , & une
grande partie de celui d'Hartfort. Londres en étoic
la Capitale Maty.
ESSEY.,Bourg de France en Normandie , dans le Dio-
cèfe de Séez, à deux lieues de cette ville. Exaquium.
Hadrien de Valois , Not. Gall. p. 1 90. écrit Ejfay.
De quelque manière qu'on écrive , il faut pronon-
cer EJfj. VEjJey, Abbaye , fituée i quatre lieues au
nord de Coutances. L'Abbaye de l'ii^èy. Ordre de
S. Benoît, fut fondée en 1064.
ESSIDEUIL. royei EXIDEUIL.
ESSIEF. f. m. Vieux mot j qui fignifie j Patron j oto-
dèle. Exemplum , & dans les titres exemplar.
Du mot Latin examen on a fait ejfein j &c peut-
être enfuite ejfzy ôc ejjîej, Voye\ Du Cang£ dans
fon Gloll. au mot exagium.
ESSiEU , ou AISSIEU. f. m. Axis , eft un bois qu'on
débite en grume , de fix pieds de long , & de fepc
à huit pouces de diamètre par le menu bout. C'eft:
la pièce des charrettes & carrolfes qui entre dans le
moyeu des roues : il y a aullî des ejfieus de fer.
Ménage dérive ce mot de axiculus , d'où on a fait
premièrement û/7/?//, enfuite ejfeuil, 5c cuis ejjieu.
On appelle ejfieu , en Géométrie , la ligne ou
broche qui ell: entre les deux pôles d'un globe , ou
d'une fphère.
En termes de Marine , eJJJeu fignifie la même
chofe que joues Se /as. KoyeT^ Jas.
On appelle dans les Iffcs Antilles Françoifes
\ejjieu d'un rôle de tabac , le bâton autour duquel
fe roule le tabac cordé. On dit aulîi l'ame d'un
rôle.
ESSILLER. V. a. Difliper. Ce vieux mot étoit d'ufage
dès le douzième fiècle. Il fignihoit dès-lors ravager.
Pr^dari , latrocinari , vaflare. La Chronique de
Flandre en ufe es Chapitres 47. 58. & 75. En ce
dernier ; Puis alla veis Péroné aidant & effilant
tout le pays. Du Fresne , Gloff. de Ville-Hardouin.
Le règne avons effîllé & gâté.
Et maint monftier contre terre jette.
Les Picards difent encore aujourd'hui effller^^ovit
Diffiper fon bien.
ESSILLEUR. f. m. Diffîpateur , voleur , qui gâte ,
qui détruit, qui ravage. Prsdator , vajlatcr , liftro.
On a dit ejfilleurs de biens; pour dire ^ des mau-
vais ménagers. Voye\ Philippe de Beaumanoir ,
Ch. 58. On l'a dit auifi pouï Incendiaires , voleurs.
Incendiarii , latrones.
Ces mots viennent 6l exiler.
ESSILLES. Foye-; EXILEES. • _
ESSIMER. V. a. Terme de Fauconnerie , qui fe dit
quand, pour ôter la graiffe excelîîve d'un faucon,
èc l'amaigrir, on lui donne diverfes cures , comme
E s s
fi on difoit ejfuymer ^ c'elt-à-dire , en ôtec le fiùf.
Emacïare j macerarc , doniare. On dit aulîi , EJJîmer
roifeau ; pour dire, le mettre en état de voler,
ioilqu on le drcire, ou au fortu" de la mue. Après
la mue il faut ejjimcries oifeaux.
EssiMER, ell aulli un terme d'A.s^ricuhure , qui veut
dire , Exténuer , confumer , réduire à rien. Exhau-
rir£ j a[]umere , conjiccre , pcrdere. Il y a des gens
qui ejjimenc les vignes à force de les faire porter. Si
on ne retient la vigne, elle s'<[//2/7ze d^elle-mcme à
force de porter du fruit. Fit effixta j injructumfe co-
tam e^undit. PoMEY.
ESSIVE , EE. adj. Terme de Fauconnerie , qui fe dit
des cures de l'oifeau. Les cuies baignées font laxati ••
ves , les ejfivées font les meilleures.
ESSOGNE. f. f. Terme de Coutumes. C'eft un droit
feigneurial qu'on paie en pludeurs lieux au Sei-
gneur , lorfque quelqu'un de fes Tenanciers meurt
lur fa terre : c'eft d'ordinaire le double du cens an-
nuel que doit l'héritage. On ccrivoic autrefois
t[ion<yr.e.
ESSOINÉ. f. m. Vieux mot. Peine , fatigue , difficul-
té. Labor j difficukas.
ESSOINE, ESSOINE. Foyei EXOINE , EXOINÉ.
ESSOME j De E (J'omis. Nom d'uiîe Abbaye de l'Or-
dre de S. Augullin. De Sainte-Marthe.
ESSONE. Bourg de France , fitué fur la petite rivière
d'Etampes, vis-à-vis de Corbeil. £.vo/?a j ^V.vu/w ,
Exona Parijlorum. Il eft à lept lieues de Pans j &
à pareille diftance de Fontainebleau. Ejjone eft
fort ancien , & il en eft fouvent parlé dans nos
Ecrivains.
ESSONIER , ou ESSONNIER. f m. Terme de Rla-
fon. G'eft un double orle qui couvre l'Ecu dans le
fens de la bordure. Cmgulum , ambitus, Umbus. Il
vient du Grec t'imut , qui lignifie ceinture. En ef-
fet , c'étoit autrefois une ceinture , ou enceinte , où
les chevaux des Chevaliers étoient placés , en atten
dant qu'ils en eurent befoin pour le tournoi , &
qui étoient féparés par des barres & traverfes , com-
me ils font à préfent dans les écuries. On les appe-
loit aulîi ejjognies. EJJonier eft prefque la même
chofe que trejcheur.
ESSONIER. v. a. Vieux mot , qui veut dire excufer.
Excufafe , Si dans les anciens titres ejjoniare , exo-
niare. Vqye\ Exoiner.
ESSONNIERE. f. m. Celui qui donne une excufe au
nom d'un autre.
§CF ESSOR, f, m. Air découvert & libre qui defféche.
A eï païens j liber j folutus, aperçus. Mettre du linge
à Ve[for.
fC? Ce terme n'eft d'ufage qu'en parlant d'un oi-
feau qui part librement pour s'élever fort haut dans
les airs. Il fe dit particulièrement des oifeaux de
proie qui s'élèvent fort haut. Son faucon a pris
Veffor.
^fT On a tranfporté ce mot au figuré , & l'on
dit d'un homme qui débute ou commence une
chofe avec une forte de hardielfe , qu'il prend
l'ejjor , qu'il prend fon ejjor.
fX?" On fait entendre dans le Diétionnaire de
l'Académie Françoife , que ce mot s'applique aux
perfonnes _, qui , après avoir été quelque temps dans
la fujétion & dans la contrainte , s'en tirent tout
d'un coup , & fe mettent en liberté. Je ne crois pas
que ce mot emporte l'idée de contrainte & de fu-
jétion. Il défigne fimplement la manière de débu-
ter , de commencer une chofe avec une certaine
hardielfe & liberté. C'eft ainfi que l'on dit donner
Yejfor à fon efprit , à fa plume, pour dire , écrire,
CHi parler avec une forte de liberté ou d'élévation.
Quelque eiroi que prenne Voiture j il ne s'élève ja-
mais fi haut qu'on le perde de vue. Bouh. Il ne faut
pas qu'un eiprit médiocre prenne un trop grand
efforj ni qu'il embrafle trop de chofes. S. ÊvR.Dès
que le génie de la Pocfie eft retenu par les précep-
resde l'art, &: qu'on ne lui laiffe pas prendre fon
f//or, il perd tontes fes grâces naturelles. Id. En-
core un autre e£or d'imagination au fujet de la
E S S ' ^
mort d'Œdipe. P. De Courbev, Vous n'autet qu'à
fiiivre votre inclination , & à lailTer prendre l'ejfor
à votre génie , pour répondre à nos efpérances.
L'Abbé dEstrees.
ESSORANT, ANTE. adj. Terme de Blafon. On ap-
pelle un oifeau ejjforant ^ alas expandens , celui qui
eft repréfenté n'ouvrant les ailes qu'à demi pour
prendre le vent, & qui regarde le foleil.
ESSORE , Et. Vieux adj. Emoulfé. Hebes , hchetatus y
a , um.
Essoré , ée. adj. Terme de Blafon. Fariusyvariè imbrl-
cuus , fe dit de la couverture d'une maifon , d'une
Eglife , d'une tour , ou d'un château , quand elle
eft d'un émail diftérent de celui du corps du bâti- ,
ment.
ESSORER , ( s' ) V. récip. Prendre l'elfor. Terme de
chalfe , qui fe dit des oifeaux de proie qui font fu-
jets à voler au loin , qui ont de la peine à revenir
fur le poing , qui fe perdent. Avolarê , digredi lon-
gitis. Ces fortes d'eileaux font fujets à sejjorer.
Essorer, eft aulïï actif, & f e dit en parlant du lin-
ge qu'on mec à l'air pour le fécher. Arejaccre , ma-
dorein j hunwrem adimere jjiccandum ponere fub dio.
Ejjvrer du linge fur des perches.
ifT Essorer , fe dit auiïi , en termes de Jardinage ,
en parlant des oignons de Heurs & autres chofes
qu'on étend fur un plancher , qu'on lailfe s'eftliyer
& fe fécher avant que de les ferrer dans des boîtes.
Il y a des fimples j des herbes qu'il faut lailfer e/^
yôrcr à l'ombre , de peur que le foleil ne leur ôte
leur force & leur qualité.
Essorer la laine , ou la mettre à l'évent , c'eft l'éten-
dre à l'air.
On dit auffi Effarer un faucon , lorfqu'on le lailTe
fécher au feu ou au foleil.
Essoré , ée. part.
ESSORILLER. v. a. La raifon voudroit qu'on dît ef-
foreiller-., mais l'ufage veut qu'on dife Ejjoriller. Il
lignifie J Couper les oreilles. Aures preadere , auri-
busdecurtare , mutilare , truncare. Ejjoriller un chien.
Au commencement du règne de Charles VIII. om
cQorilla Dojac j qui avoir été l'un des Miniftres de
Louis XI. MÉzERAY. Naudé, dans fon Mafcurat ,
écxnéfauriller. L'on m'avoit dit que tel Curé, tel
Baillif de village , telPayfan avoient été efaurillés ^
bâillonnés parles Polaquesj lefquels j'ai fu depuis
fe porter bien , & n'avoir rien fouffert de fembla-
ble. Mascur. Ejjoriller eft mieux.
On le dit aufti figurément dans le ftyle familier ,
pour lignifier , Couper les cheveux fort courts. Vous
voilà tout ejjorille.
EssoRiLLÉ , EE. part Si adj. Auribus truncatus , mu-
tilus.
Ce mot vient de la prépofition es , ou ex , qui
dans la compolition fignifie retranchement, & du
nom Latin auris , qui lignifie oreille.
ESSOUAHILA. Petite ville d'Afrique ,, dans la Nu-
midie : on l'appelle aulfi Zuahila. f'^oye:^ ce mor.
ESSOUFLER. v. a. Mettre hors d'haleine par une
forte courfe ou agitation. Anhelumfacere , anhelicu
privare. Vous montez trop vite , cela vous ejfoufiera.
Ce Courier étoit tout effoufié quand il apporta
cette nouvelle. Il ne faut pas tant le faire travail-
ler tout d'une haleine , il ne tarderoit guère à %ef-
foufler.
EssouFLÉ , ÉE. part. & adj. Anhelus. Crier comme
uneperfbnne effhuflee. Mot.
ESSOUR. Vieux mot qui fignifioit une fôurce , une
fontaine. Il y a dans le Diocèfc de Rouen deux Pa-
roilfes appelées , l'une Ernemont des EJfours^ ^ l'au-
tre S. Germain des Ejfuurs , en Latin S. Germanl
de {oniihus. ^
ESSOURDER. v. a. Rendre fourd. Surditatem inaucf
re. Il fe prend au fens figuré pour Ennuyer. PoMEr:
Ce mot eft hors d'ufage.
EssouRDÉ, ÉE. part. & ndj. Auditu hebetatus.
ESSOURISSER. v. a. Terme de Manège. C'eft cou-
per un cartilage appelé /omJ , qui eft au-dedans des
nafeaux du cheval , & qui eft caufe qu'il s cbroue,
R r r rrij
868
ES S
EssouRissÉ , EE. part.
ESSUCQUER. V. a. Terme ufité dans rAgiicultiire,
& qui veut dire, Exprimer le lue des railins. Expri-
mcre. On le fertde ce moCjlorfqu'il eftquellion de
tirer le moût de la cuve , & d'en preller pour cela
la vendange. Ainfi on dir, il ell i^mps à' sljucquer
cette vendange. Ce vmprendra trop decouleurli l'on
n'c//ic.yz/t' bientôt cette cuve. LiGUR II ya de l'ap-
parence que c'elt un mot de l'Auxerrois, patrie de
Licer. Dans bien des Provinces on ne connoît point
le terme à'ejjucquer. Cela s'appelle tirer la goutte
d'une cuve , tirer la ciwe.
ESSUL f. m. Ce mot iignihe en général un lieu où l'on
• met fecher quelque choie: mais en particulier il le
dit du lieu où les Tanneurs mettent lécher les cuirs
tannés. Locus madorl abjlergcnio. Ce Tanneur a un
fort bon e[fui. Tous les cuirs font à Xejjui.
fC7" Les Chamoifeurs , les Papetiers , & plu-
fieurs autres Ouvriers ont leur cjjui j un lieu ou ils
étendent leurs marchandifrs pour les laire lécher.
ESSUIE-MAIN. 1". m. Lingeà ellayerlcs mains. Mati-
t'iLe. Il y a des ejfuie-malns da.ns les Sacnilies , qui
fervent aux Prêtres à elluyer leurs mains après les
avoir lavées , avant la célébration de la MelFe.
ff3' On donne le même nom au linge dont le
Prècre le iert a l'autel pour eiruyer l'es doigts après
le layabo.
(yT Dans les Communautés, &: ailleurs , il y a
un linge fur un rouleau de bois , qui Iert à elFuyer
les mains.
ESSUI -PIERRE, f. m. Morceaux de lin qu'ont les fol-
dats pour elFuyer la pierre de leur lulil. Un effui-
pierrc & une pierre de rechange. Bombelles.
ESSUYER. V. a. Pafler un linge par dellus un corps
mouillé ou fuant , pour en emporter l'humidité.
Abjlergtn _, detergere. Ejjuye:^ cette table, cette af-
fiette , avec un torchon. Ejfuye^ vous la bouche
avec votre lerviette. Les joueurs de paume fe font
fuer , frotter & elfuyer.
Essuyer les larmes , fe dit figurément pour confoler.
Les Amans ejfuj enc ziiémeni les larmes des veuves
EST
EST.
EST. f. m. Orkns. Nom qu'on donne à !a partie du
monde qui eft à notre loleil levant. On appelle vent
éCEJi le vent qui fouftle du côté d'Orient. En Italie
on l'appelle Levante , ik partoute lamerMéditerra-
née ^ en Grec «3r;)Aifc7-w, parce qu'il vient du foleil,
àsr , iM'n j en Latin turus. Le mot à'EJl eft pur Al-
lemand. Nous navigeâmes trois jours par un venc
àîEJl. On marque louvent ce nom par un E feul.
C'elc l'ufage de la mer , quand on lait fur un vaif-
feau le journal du voy.age , de marquer les vents pac
la première lettre de leur nom. Après avoir couru
huit heures au NEj £ nous crûmes voir des brifans.
Frézier. Le mouillage ordinaire ell à l'E i NE de
la pointe de la Galère ( nom du lieu ( Id.
Est, lignifie aulli lecôtéde l'Horifonqui rcgardeTO-
rient. Nous avions tourné Cap à Vtjî. Les Illes du
Cap Verd font à l'-fcyZ de l'Amérique. Nous allions
de VEJl au Sud. Notre route étoit Elt-Ouejl ^ c'eft-
à-dire , en longitude fur le même cercle parallèle ,
& fans changer de latitude , ou par la même éléva-
tion du pôle.
EST. C'eftle nom de la famille Souveraine du Duché
de Modène. La Maifon à'EJl. Gens Ejitnjis.
ESTABLAGE. -v rÉTABLAGE.
ESTABLE. {y ) ETABLE.
ESTABLER. > -^ ^ ) ETABLER.
ESTABLERIES. 3 C HTABLERIES.
ESTABLETE. f. m. 'Vieux mot. Durée.
-ETABLL
I ETABLIE.
ETABLIR.
ETABLISSEMENT.
.ETABLURE.
■ Foyei .
Heureux qui fît couler vos larmes j
Plus heureux qui les effuyeta. S. EvR.
Essuyer ^ fe dit aufll des périls & des difficultés où
Ton s'expofe , & qu'il faut foutîrir ou surmonter.
perferre i fuflinere. Pour aller à cette attaque il a lallu
c^/àjer tout le feu de la courtine. Il zhitnejjuyé enix
vie des canonades & des moufquetades.il ejj'uyon de
vingt pas les falves par rang d'un gros bataillon
ii'Erpagnols. BussxRab. La quantité defottes vifitcs
qu'il faut ej/iy^rePtcaufe que je demeure feul. Mol.
E(fuyer la gravité , le ris amer &C le laconifme d'un
Aîiniftre- La Bru y. Perfonne n'a tint e[juye' de cen-
fure , ni reçu tant de louanges que moi. Mén. Je
ne fuis point d'humeur à e/f«yer des relus offenfans.
MoL.Jenefii point e//«ver les outrages d'un faquin.
BoîL. La plus brillante fortune ne vaut pas les hu-
miliations , ni les hontes qu'il tant essuyer. La Br.
Il ell bien dur d'essuyer les fiertés d'un vainqueur
infolcnt. S. EvR. On fuit la converlation d'un Sa-
vant chagrin & févère , on voudroit bien profiterdej
fes lumières ; mais on ne veut pas essuyer {^ mau-
vaife humeur. S. Evr. Avec un ami fidelle , quel-
que bifarreriedudeftin que j'aie d'ailleurs à essuyer,
Je défie la fortune de me rendre malheureux. Id.
Essuyer des injuftices.
Je ne fuis point d'humeur
^vouloir d'une belle elfuyer la froideur. Mol.
^C? Essuyer, en parlant du vent & du foleil, eft
fynonyme à fécher. Le vent , le foleil a essuyé les
chemins. La terre qui a été trempée par la pluie , eft
bientôt essuyée pendant l'été. Siccare j exficcare.
Essuyé , ée. part.
ESTABLI.
ESTABLIE.
ESTABLIR.
ESTABLISSEMENT
ESTABLURE.
ESTAC ADE. f f. PalilTàde j pieux fichés en tet te , Se
particulièrement dans des eaux , pour empêcher le
palTage , ou fermer l'enrrée d'un port. Pallatio ,
vallatio. On fit une eflacadc fur lellraii du côté de
Nieuport. Bussi Rab.
• ^CT On donne le même nom à ces pieux plantés
& alfemblés , pour empêcher les glaces d'entrée
dans un bras de rivière où les bateaux font à l'a-
bri.
Ce mot vient de l'Italien ftecchie , qui eft une ef-
pècede paliflade. Du Cange le dérive à^flaca , qui
ngnifieun pieu fiché en terre. Les Anciens, quand ils
faifoient leurs duels en champ clos , les appeloieot
efiache.
ESTACHES. f. m. pi. Pieux, poteaux ; on dit les eS'
taches d'un pont. Le feu eft aux eltaches , pour dire ,
le feu eft aux poutres. Guiart, qui eft en Manufcric
à la Bibliothèque du Roi.
A doulourcs & à hafches ,
Vont defrompant pieux & eftaches.
Et c'eft del à que vient efîacade.
L'Épitaphe de Pierre de Carville , Maire de
Rouen , enterré dans l'Abbaye de Saint Oucn , fi-
nit ainfi :
Orprie^ que merchi li fâche
Chil qui fui battu en /'eftache.
C'eft-à-dire , à la colonne. Ce Pierre de Carville
pourroit bien être celui qui a bâti la Chapelle
qu'on appelle du Dieu battu près des fourches pati-
bulaires.
ESTACLE. Terme de Marine. Voye\ Itacle , c'eft
la même chofe. On l'appelle aufli eflagle ou étagle.
$3- ESTADON. f. m. Voyei Étadon.
ESTAFE. f f Termegrivois. Certaine rétribution que
les fûuteneurs & autres gens de cette forte exigent
des femmes de débauche, & de ceux qui tiennent
des jeux publics.
Tous ces mors viennent du Latin exfudarc , qui ESTAFETTE, f f. Terme de Pofte. C'eft un courrier
fignifie en cette occiCion fudorem extergere.
1 qui court avec deux guides , comme il arrive au
EST
grand ordinaire. Curfor blnis ducioribus comhatus.
On s'ea 1ère beaucoup en Italie. Nous avons em-
prunté ce mot des Elp.agnols , qui appellent Ejlafe-
ta , le courrier ordinaire qui porte les lettres. Les
Italiens àiinnz Jà^/dtca j dà/l.i^'a , étrier
§CT Estafette , en pluheurs p.iys le dit d'un courier
qui ne porte ion paquet que d'une porte d l'autre,
pour le remettre à un autre courier qui le porte de
même à la porte fuivante.
§3° ESTAFFIER. 1. m. On donne ce nom en Italie à
des domertiques qui portent la livrée , & qui mar-
chent en manteau , à la dirtcrence des laquais qui
n'en ont point. Par extenlîon nous appelons ejifaj-
/lers de grands laquais. Servus grandior , Jlapeda-
rius , Jiipator. Le train des Italiens confirte en un
i^rand nombre A'ejîajfiers j qui font gens mariés ,^'
âgés de plus de trente ans , &c qui foncée que les
laquais font en France.
Un Chevalier d'humeur hautaine j
V enu d'une rive lointaine ,
Suivi de vinat Géants altiers ,
Quil avoir pris pour ertafeers.
Div". DE Sceaux.
Un de nos Poètes appelle le Démon j dans une
pièce badine l'^A/^?erdeS. Martm.
Mais gare dans cette conduite
Que /'ertaffier de S. Martin j
£)e tout temps cauteleux & fin ,
Quclquejois ne marche à la fuite.
EsTAFFiER, fignifie encore ces fouteneurs de lieux pu-
blics j comme il ert expliqué fur le mot efiaje.
Ce mot vient àtfiapes ^ Latin , ou def.:ffa. Ita-
lien , qui fignifie étrier \ ou de l'Allemand &c Da-
nois fiah , qui fignifie un hâton fur lequel on s'ap-
puie, parce que les étriers en font l'Ofiice à l'égard
du Cavalier ; ou bien de /lœjf , Scfiapa , qui figni-
fient pas , passas j veflige , le marcher j l'adtion de
marcher 3 incessus : c'efi le fentiment d'Icquez.
ESTAFILADE, f. f. Coupure faite , principalement
auvifige, avec un razoir j une épée , en général
avec un inftrument tranchant. Plaga luculenta. Les
Barbiers mal-adroits foncfouvenc en rafanc de gran-
des ejtafïlades au vifige.
Sais-tu pourquoi , cher camarade ,
Le heaujexe n'ejl point barbu ?
Babillard comme ilefi ,on nauroit jamais pu
Le rase' fans Q^ioLhïzàQ. Ménage.
Estafilade , fe dit auflî familièrement des coupures ,
des déchirures des habits. ^Saj^ura. 'Voilà un clou
où je me fuis accroché , qui a fait une grande cjla-
filade à mon manteau.
Icquez dérive ce mot efiafilade du mot fla^ ,
qui veut dire coup , coup de bâton : ce met JtaffeA
de la langue des Francs , qu'Icquez appelle Franco-
Teutifca , c'eft à-dire , Franco-Tudefque. Ceîte lan-
gue elt l'ancienne langue Allemande , cju'on appelle
Tudefque; ou un dialed:e de cette langue que par-
loient les Francs avant qu'ils fe fulfent établis dans
les Gaules.
ESTAFILADER. v. a. Faire des eftafilades. Cadere j
difcerpere. Il lui a efiafilade le vifage.
Estafilade j ée. part.
ESTAFORT. Corneille dit mal Efiahort. Petite ville
de France dans le Condomois.
ESTAGE.
EST
ESTAGER.
ESTAGIER.
ESTAI.
ESTAIE.
ESTAIEMENT.
ESTAIM.
Voyei^
ETAGE.
ETAGER.
lETAGIER.
ETAL
[ETAIE.
ETAIEMENT.
-ÉTAIM.
ESTAIN , ou ETAIN. Ville de France , au Duché
de Bar , ci-devant dans les Etats du Duc de Lorraine,
869
avec titre de Prévôté, & fur les confins du Veidu-
noi£. Long. 23. J. ,8'. Latitude 49 d. 1«'.
ESTA.N. :) .^ r ETAIN
ESTAINS. r^''->'^?{ETAINS.
ESTAiRES. Petite ville de Flandres. Stegra. On la
nomme en Flamand Svgers. Elle ert fur la Lys, au-
dellus &L près d'Armentièies.
EST AL. y oyei ESTE AU. Ce mot ert encore demeuré
dans Ion compolé pied-d'ejlal.
ESTAL. f. m. Vieux mot hors d'ufage il y a long-
temps. Locus J habitaiio j ftallum , chez les Auteurs
du moyen âge , demeure , place j d'où vient le mot
d'inrtaller. Du Fresne, Glof.de l'illehard , & peut
erre celui i^etaltr. Ainfi furent longuement les ba-
tailles des Pèlerins .Se des Griens vis-à-vis , que li
Grien ne s'osèrent venir férir en leur efial. 'Ville-
hart. n. 93.
ESTALAGE. -v .ÉTALAGE.
ESTALER. ) f ETALER.
ESTALEUR. / \ ETALEUR.
hSTALIER. # IeTALIER.
ESTALÎNCUER. / \ETALINGUER.
ESTALON. l^ JETALON.
ESTALONNAGE. ^^oj^-:^ ETALONNAGE.
ESTALONNE( ^ETALONNE-
M E N T. \ J M E N T.
ESTALONNER. \ /ETALLONNER.
ESTALONNEUR. 1 / ETALONNEUR.
ESTAMBOT. j ( ETAMBOT.
ESTAMBRAIES. \ _ ^ÉTAMBRAIES.
ESTAME. f. f. Laine tricotée avec des aiguilles \ ou-
vrage de fils de laine, pafies, enlacés par mailles
les uns dans les autres. On fait des bas à'cfiame ,
des gants , des chemifettes , des bonnets, &:c. à'ef-
tame.
Estâmes. On appelle ainfi de petites étoffes de laine
qui le fabriquent à Chalons-lur-Marne.
ESTAiViENE. 1. m. Petite ertame , ou etamine.
Ces deux mots viennent Aq Jiamen Latin, figni-
fiant la même chofe.
ESTAMER. Foye^ ETAMER.
ESTAMET. f. m. Petite étofte de laine , qui fe fait à
Châlons-fur-Marne , iic aux environs.
EST AMINE. Foye^i ETAMlNE.
ESTAMINET, f. m. Us fe prononce. Efpèce de caba-
ret à bière où l'on va boire & fumer. On donne le
nom à'efiaminet a. l'alfemblée de buveurs t"s: de fu-
meurs, & au lieu où elle fe tient. En Flandres les plus
gros marchands vont à Vefiaminet; ils s'allemblenc
là pour parler de leur négoce &: de leurs affaires. On
appelle autrement ces fortes de lieux tabagies. Dans
l'Ecole des Amours grivois , Opéra comique , joué
pendant l'été de 1744, le Théâtre repréfente un Ha-
meau Flamand. On voitdans l'éloignement une ville
dont les remparts font détruits par le canon j de l'au-
tre côté un camp , à la tête duquel ert une batterie de
canon. Les ailes repréfentenc des maifons de paylans
& des cftaminets. . .
ESTAMINIER. Foye:; ÉTAMINIER.
ESTAAÎO , ou ESTEMO. Foye^ ESTMAMO.
ESTAMOIS. f. m. Terme de Vitrier. C'eft un ais fut
lequel eft attachée une plaque de fer ou de tôle, où
les Vitriers font fondre , avec le fer à fonder, l'étain
& la poix réfine , dont ils fe fervent pour leur fou-
dure.
ESTAMPE, f. i. ImprelTion d'un cachet, ou autre
chofe dure & gravée, qui marque fafigure fur quel-
que matière molle, tctypum. Les Graveurs font des
efiampes fur la cire , pour faire voir les emprein-
tes de leurs cachets.
Ce mot vient de l'Iralien /?û;7;^a , qui fignifie la
même chofe. Son origine primitive eÂfiamrJ , mot
Allemand, qui fignifie un marteau i &cfi.mffen^
piler , parce qu'on eftampoit en frapant fur les
coins des monnoies.
Estampe, Empreinte qui fe tire d'une planche gravée.
L'origine Acs Efiampes eft de l'année 1460; elle
vient d'un nommé Mafo Finiguerra , Orfèvre de
Florence. Marc-Antoine eut la gloire de mettre la
>royeT
ETANCHE.
E T A N C H E-
MENT.
ÉTANCHER.
ETANÇON,
ETANÇONNER.
S70 , EST EST
dernière main à cette invention. Voyez !e Diclion- Estampiiler j «ft un terme de Papetier. Ceft mac-
naire de Peau. & d'Arclutcc, \ quer le papier d'une certaine marque. Chaque
EsTAMPt , fe dit plus particulièrement d'une image \ Manutac>ure de Papier eiUimpiUe diiicreir.ment.
en papier , tirée de quelque planche gravée & paf- Estampille , ee. part
.féefous la prelTe. /wû^ûyc^Z/^^aj inaja inn.L^is Li- ,'' '"^ ^^'^'
vres à'ejtampes de Marc-An«oine j de Lucas , d'Al-
bert, lont extrêmement chers, quand ils font en-
tiers Hi. bien conditionnés. Les Peintres nomment
eftampes toutes les pièces gravées à l'eau-forte , au
bunn & en bois. Les Marchands & le Vulgaire les
appellent images \ & celles qui ioiit fur le cuivre -,
■tailles-douces.
On appelle à Rome, des écus , fous, & deniers
d'or A'efiampc , en Italien dijlampa , des monnoies
de compte , dont les Banquiers Hi Ncgocians Ro-
inains fe fervent pour tenir leurs livres.
Estampe, f. f. Nom de Tulipe chez les Fleuriftes.
ejiampe eft colombin blanc &c incarnat. Morin.
Estampes , dans les arts. Ce font des outils qui fer-
vent aux Serruriers à river les boutons, & à quel-
ques-autres ouvriers pour eftamper. Foy. ce mot.
Ces eftampes ont diftérentes figures.
^3" Les Maréchaux fe fervent auili i^cflampes ,
c'eft-à-dire , d'un morceau de fer acéré, pour per
cer les trous des fers qu'ils attachent aux pieds des
chevaux.
ESTAMPER. V. a. Faire une empreinte de quelque
matière dure & gravée fur une matière plus molle.
Imprimer e , exprunere.OneJlampe la monnoie avec
le balancier. Voilà une image qui elt bien ejlampée^
bien nette , bien tirée.
Les Orfèvres appellent aulîî eftamper , former
•des figures en bas relief de lames de métal: ce qu'ils
font fur des moules ou un modèle de bronze.
On le dit auili des figures que l'on forme fur le
cuir, pour en fliire des tapilferies , des ornemens^
&c. Il y a à Guamanga au Pérou une célèbre Ma-
nufacture de pavillons qui fervent de rideaux pour
les lits, & de plufieurs fortes d'ouvrages de cuirs
eftampes & dorés. Frezier.
Estamper. Terme de Chapellerie. Il veut dire , paflTer
à plat fur le bord d'un chapeau une forte d'outil
appelé la pièce, afin d'en ôter les plis, & en même-
temps l'égoutter.
fCF Estamper, chez les Eperonni'ers. C'ed avec un
poinçon de fer, donner de la profondeur à un mor-
ceau ^de fer dont on veut taire un fonceau.
^3" Estamper, en termes d'horlogerie. Ceft don-
ner la figure requife à une pièce & .à un trou par le
moyen de l'eftampe, ou morceau d'.icier trempé.
Ces Eftampes ont différentes figures , fuivant les
différens ufages auxquels on les deftine. Ceft
toujours faire prendre à une pièce la figure d'une
autre. Ainfi on dit eftamper une roue de champ ou
de rencontre, lorfqu'on relevé le champ avec un
tas d'acier.
^Cr Estamper un fer, terme de Manège & de Ma-
réchallerie. Foy. ÉTAMPER.
Estamper un Nègre. Ceft le marquer avec un fer
chaud, pour reconnoître .à qui il appartient. Les
habitans François de l'Ile de Saint Domingue ont
coutume è^ estamper leurs Négtes aullitôt qu'ils les
ont achetés.
ESTAMPES. Foy. ÉTAMPES.
^ ESTAMPILLE, f f. Marque dont on fe fert en
plufieurs états , & qui fe met au lieu de fignature ,
ou avec la fignature même, fur des breversj des
commiflions , des Lettres , &c. On en mer aUlli fur
des livres. Il y a une eftampille pour chaque manu-
facture de papier. Foy. ESTAMPILLER.
ESTAMPILLER, v. a. Diminutif à'estamper. Faire
une empreinte de quelque matière dure & gravée
fur une matière plus molle. Le premier livre Turc,
forti de l'Imprimerie de Conftantinople , fut im-
primé en I7i8. fur du papier laifant ou gommé ,
& Estamvillé de trois croiirins en pal , & d'une
Couronne Impériale particulière aux Turcs. Obfer-
vations fur les Ecrits modernes , corn. z6, p. 180,
x8i.
LSTAMPUIS. -i ^ ( ETAMPOIS.
EbTAMURH. ^^^°y^i.\ ETAMURE.
ESTAN. Ville de France en Gafcogne. Laterra, Stag-
num Linguadoci^. Baudrand , qui écrit Estang j
ou tjian. EJtan eft dans i'Evêché d'Aire j fur une
montagne , & proche d'une petite rivière , qui
porte auili le nom A'Estaii. Cette rivière fe dé-
charge dans le Midour alfez près de la ville de
Montaigu, Baud. Corn.
ESTANk^. adj. Ciaufus ^ obferatus. Terme de Marine,
qui le dit d'un vaiileau bien clos où il n'y a aucunô
voie d'eau , qui eft bien capable de naviger , tel
qu'il doit être quand on le frette.
ES'l'ANCE. f. f. Terme de Marine. Ce font des pi-
liers pofés tout le long des hiloires , pour foute-
nir les barotins. Ils font de la longueur de l'entre
deux ponts.
ESTANCHE.
£ S T A N C H E-
MENT.
ESTANCHER.
ESTANÇON.
ESTANÇONNER.
ESTANFORDE. Bourg des Pays-Bas. Stenfordia, Il
eft dans la Flandre, fur la petite rivière à'Estan-
Jorde , environ à deux lieues de Caftel j du côté du
levant. Maty.
ESTANG. Petite ville ou bourg de Fiance, dans le bas
Armagnac, aux confins de l'Eaufan.
ESTANG. ■) S ETANG.
ESTANGUES. 3 ' "^^^ \ ËTANGUES.
ESTANT, part, préfent , du latin Stans , en état ^^
droit , debout. Bois en eftanr. Foy. ETANT.
ESTAOL. ■\ f ÉTHAOL.
ESTAPE. ( . 3 ETAPE
ESTAPIER. Çf'^y^lS ETAPIER.
ESTAPLES. 3 (. ETAPLES.
ESTAPO. Ville de l'Amérique, dans la Nouvelle Ef-
pagne , en remontant la rivière de Tabafco , qui
tombe dans la Baie de Campêche.
ESTARKE. Ville de Perfe, dans le Farfiftan , ou la
Perfe proprement dite ; & c'en eft une des plus an-
ciennes villes.
ffT ESTASES. f. f. On donne ce nom à deux pièces
de bois qui fervent à fixer les quatre pieds du mé-
tier d'étoffes de foie.
ESTAT. Foyeç ETAT.
ESTATEUR. Qui fiùt cefflon de fes biens en Juftice à
fes créanciers. Il eft ainfi appelé , parce qu'il doit
préfenter debout fes Lettres de bénéfice de ceilion.
Cela peur venir auiîi du mot de efter, qui dans l'an-
cienne Jurifprudence fignifioic comparoître per-
fonnellement en Juftice
EST AU. Foy. ET AU.
ESTAVAYEK , ou ESTAVAYEL , en Allemand
Stceffis. Ville Se Bailliage de Suiife, dans la partie
orientale du Canton de Fribourg. Long. 24. d. 50 .
lar. 4(3. d. 46'.
gcr ESTAV ILEON. Terme de Gantier. Foyei
ÉTAVILLON.
EST AVER. Foye:( ÉTAYER.
ESTE. Maty & Corneille difent qu'on écrit aufli Esr ,
& Corneille paroît préférer ce dernier à l'autre.^ Il
femble néanmoins que l'ufage foit pour Este. Ceft
tme ville de l'État des Vénitiens , en Italie. Atcste.
Elle eft dans le Padouan , fur la perite rivière de
Eacchilione J, entre Rovigo & Vicenze. Maty dit
que c'eft une bonne petite ville. Corneille, citant
de Seine , Nouveau Foy âge d'Italie , L. I. C. 5. dit
que le Tyran Erzelio la ruina vers l'an i ^47. & que
ce n'eft plus aujourd'hui qu'un bourg qui fait ce-
pendant encore dix mille âmes. Ceft de cette ville
que 1 illuftre Maifon à'Este a pris fon nom. Le
premier de cette Maifon dont on ait quelque chofe
de sûr, eft Azon I. Seigneur à' Este, furnommc
EST
Le Gtand Marquis, qui vivoi: dans le X & XI*^
fiède.
ESTE /^ojq ÉTÉ.
ESTECA. FoLcereire du Tucuman dans l'Amérique
méridionale , & bàcie par François Aguire , Gou-
verneur de cette Province, Van i^6}. Del Techo ,
Hisc. Paraq. L. 1. C. lo.
ESTECO. Petite ville du Tucuman dans l'Amérique
méridionale. Esucum. Elle eft à 50 lieues de Saitx,
& à Go. de Saint lago. Elle ell fur le chemin du
Pérou au Tucuman. Elle leroit devenue une des
plus grandes villes du Tucuman , li l'air n'y étoit
pas mauvais. Elle a 50 villages dans fa dépendance.
H-ïst. Paraq. L. I. C. 24 6' 2c. Z. /^. C. 20.
ESTEIGNOIR. Xj^ S ETEIGNOIR.
ESTEINDRE. Ç'^'^y^r\ ETEINDRE.
ESTEING. Ancienne Baronie, qui depuis a été érigée
en Comté. Stagnum. Le Comté d'izsieing eltdans
le Rouerque. t'steing a donné ion nom à l'anci'în-
ne & noble Mai Ion atsceing. De Stagna. Les
'D'Esteing portent les armes de France , avec un
chef d'or pour brifure ; & ils ont les mêmes livrées
que nos Rois , par conceflîon de Philippe Augufte ,
en faveur d'un Seigneur de cette Maifon qui le
remonta Se lui fauva la vie à la bataille de Bovi-
nes en 1214-
ESTEINS. \„ S ÉTEINS.
ESTEINTE. f ^ ^J ^î I. ETEINTE , &c.
ESTELAIRE. adj. Terme de Challeur, qui fignifiu
Apprivoifé: un Get( escéiairc ^ un Cert apprivoilé,
que l'on envoie dans les bois enfuice j pour aider à
prendre les autres.
ESTE LES. f f. pi. Foye:; ÉTELES.
ESTELIN ou ESTERLIN. f. m. Poids d'Orfèvre qui
pefe 28 grains & demi. Il eil: moindre que le demi
gros , qui en péfe 36. Il eft le double de la maille ,
qui n'en péfe que 14. Uesulin ell la 20^ partie du
ne once. Le marc contient 1 60 estelins.
Du Cange die qu'on trouve dans la Chambre
des Comptes, qu'il elt dit que chaque scerlin ou
estelin , doit pefer trois oboles tournois j & le fou ,
douze oboles pefant.
ESTELLA. Ville de la Navarre Efpagnole. Stella ,
Estella. Elle eft fur la rivière d'Ega, à huit lieues
de Pampelune , vers l'occident feptentrional. Es-
tella eft capitale d'un Majorât. Quelques Géogra-
phes la prennent pour l'zncïenneCarnonium ou Cur-
iiovium j petite ville des Vafcons ou Gafco.ns an-
ciens, que d'autres placent à Carnobio, village de
la Navarre, aux confins de l'Arragon.
ESTEMENAIRE. f. m. Terme de Marine. Les esté-
ménaircs font deux pièces de bois ajuftées aux ex-
trémités des madriers. Il y a bien de l'apparence
que ce mot vient du Latin extrcmus j dernier , qui
eft au bout.
EST
S
ESTEMOA.
ESTEN.
ESTENDARD.
ESTEN DEUR.
ESTENDOIR.
ESTSNDRE.
ESTENDUE.
•Voye\
ESTHEMOA.
ESTONIE.
ÉTENDARD.
ETENDEUR.
ÈTENDOIR.
ETENDRE.
ÉTENDUE.
ESTENSE. adj. Estcnfis. Ce mot ne fe dit point feul.
Le mont Estenfe , Morts Estenjîs ^ eft un mont de
trois cens mille écus de capital que la Maifon
d'Efte avoir fondé fur elle , à en prendre la rente
fur les revenus des biens qu'elle polTédoit dans
l'Etat Eccléfiaftique. Il s'avança de dire que Sa,
Sainteté fe chargeoit de l'extindion du Mont Es
tenfe. L'Ab. Régn. _
ESTEPA. Astcra. Petite ville ou bourg d'Efpagne. Ce
lieu eft dans le Royaume de Grenade,, aux confins
de l'Andaloufie , à Îk ou fept lieues d'Écija , du côté
du midi. Maty. Long. ij. d. 25'. lat. 57. d. 10'.
ESTEPONA. Petite ville ou bourg d; l'Andaloufie en
Efpagne. Il eft fur la côte entre Marbella & Gibtal
tar. Quelques-uns y placent l'ancienne Ostio , pe-
tite ville de la Bétique , que d'autres mettent à Es
testa. Maty.
ES i ER. V. n. Stare , adejje. 1 erme de Jurlfprudence.
ifr Ester en jugement, c'eft comparoitre eu juge-
ment loit eu demandant, fou en défendant, ou con-
ftituer Procureur pour intenter ou défendre une ac-
tion. Les mineurs ne peuvent ejhr en jugement ,
s'ils ne lont ailiftés de leur tuteur ou curateur j c'eft
même le tuteur qui eft nommé dans les aftes ju-
diciaires. Il en eft de même des Moines &: généra-
lement de tous ceux qui font incapables des effets
civils. En pays coutumiers les femmes mariées ne
peuvent ejUr en jugement fans l'autorifation de
leurs maris.
^fT Ester à droit, en matière criminelle c'eft compa-
roître, fepréfenter devant le Juge pardevant lequel
on a été aftigné. Un conmmax qui a lailfé palier les
cinq années depuis le jugement , fans fe préfenter ,
ne peut plus ester à droit ^ c'eft- à-dire , être écouté ,
ni propofer fes moyens de juftification , à moins
qu'il n'ait obtenu en Chancellerie des Lettres qu'on
appelle Lettres pour ester à droit.
Ce mot vient de stare in judkio owjîstere.
Ester , fe prenoit autrefois anciennement pour héfi-
ter. C'eft en ce fens que Charles 'VI. fit une devife
en rébus d'une plante de genêt avec le mot jamais ;
pour dire , genelle jamais j je nestc jamais \ c'eft-
à-direj je n'héhte point : il en fit un Ordre de
Chevalerie , compofé de deux gouiïes de genêt ,^
l'une blanche, & l'autre verte ; dont l'une écoit le
fymbole de la viedlefte, & l'autre de la jeunefte
P. Men. Art. des Dev.
Ce mot vient du Latin harere , & l'on difoit pro-
verbialement h^ret aqua II cjle ou il hejite.
Ester. Vieux mot. Du Latin cjj'e oajijlere , demeu-
rer , rcfter. Po'cjUs du Roi de Navarre,
ESTERAC. Le Comre d'Esterac, Astaracenfis Comita-
tus. Contrée de Gafcogne en France. Elle eft en-
tre le Bigorre , le Comté de Comminges &c ce-
lui d'Armagnac, dont il fait partie. La petite ville
de Mirande en eft le lieu principal. Maty. On l'ap-
pelle plus communément Aftarac. Corn.
ESTE RE i. f Natte de joncj qui vient d Italie, de
Provence & du Levant.
ESTERELLE. f. h Faulfe Divinité que l'on dit avoir
été autrefois adoré^ en Provence, hsterella. Bouche,
dans fon Hist de Prov. L. V. fed. 2. p. 7 5 8. du I, T'
tient pour fable tout ce que l'on en dit dans la vie de
faint Armentaire. Je tiens, dit-il, pour fufpeél tout
ce qui eft ajouté de la Fée Esrerellc , <Sc de les Sacri-
ficateurs j qui donnoient à boire quelques breuva-
ges enchantés aux femmes ftériles pour avoir des
enfans ; comme encore de cette pierre vulgaire-
ment dite La Lau~a de la fada , où fe faifoient les
facrifices de cette Divinité. Car au temps où vivoit
St. Armentaire (fur la fin du IX^ fiècle ) la Religion
Chrétienne & Catholique étoit fi fort affermie, &C
Il univerfellement reçue en Provence , que je ne
crois point qu'il y eût en fon temps aucun veftige
du Paganifme ; quoique toutes ces fortes de forti-
léges peuvent avoir été faites en cette Province au
temps de la Gentilité. Bouche.
ESTERLET. f. m. Nom d'une efpèce d'oifeau aqua-
tiç^ue. Il fe trouve des esterlets fur la côte de
l'Acadie.
ESTERLIN. f m. Sorte de monnoie ancienne d'An-
gleterre. Dans l'Inventaire des biens de Jean II. Duc
de Bieragne , rapporté par D. Lob. dans ÏHist. dc_
Bret. T. II. p. 45 5. on lit : Item , en un autre grant
fac de grolfe rcille étoicnt LXXVIII. mars III. on-
ces VI. estrellins au marc de Tours. Sur quoi D. Lo-
bineau remarque que le marc de Tours pefoic
douze folides 11 deniers i obole estcrlin , &c ren-
voie à Pelletier, Traité de la Livre de S. Benoi't, où
en effet il en parle, p. ^Gi. Vesterlin ou denier es-
tcrlin^ étoit la lo'^. partie de l'once.
Le Blanc dans fon Traité des Monnaies, \>. 182 &
183, montre qu'en 1158,1200. & jufquen 124s.
le marc d'argent valoir i ? fous 4 deniers eflerlins
Saint Louis en i2(Î2. à la ToulTaints, donna cours
aux f/?e/-/i/2j, jufqu'-à la mi-Août pour quitte de-
niers iGurnois; après quoi il les décria entièrement.
En 12:89 & ii^p, fous Philippe le Bel, le bon de-
nier steriin n'étoit évalué qu'à quatre deniers tour-
nois. En 1195. le marc de bons & loyaux sudim
eft du poids de 1 5 fous 4 denxrs. Auiii les deniers
esieriins d'Angleterre furent de même loi & de mê-
me poids pendant 137 ans , &C ils valoient de notre
Hionnoie courante environ }i.~ deniers. Le Blanc.
On uowve Esteriin, EscrJIin jEsierlingj Sterling,
ou Streling. Foj€{ Steiuin. _
rERLiN , f. m. Sorte de poids ancien. Foy. Pelletier
EST
fondé fur Jofué XXI. 14. où Jofuc rapporte les
villes des Tribus 'de Juda ik de Siméon qu'il donna
aux Lévites & aux Prêtres. Ainfi l'on en conclue
très-bien qu elle n'eft pas la même que VEJIhemo ,
qui étoit de la tribu de Dan ; mais on n'en peut
pas conclure , comme fait M. Reland , qu'elle fût
de celle de Juda. Peut-être étoit-elle de celle de Si-
méon. EJlhenwa s'écrit en Hébreu , par y, ain, a
la fin , yoriDiS j au lieu (\\xEjihcmo s'écrit par un n,
he. Ce qui a trompé le P. Lubin , c'eft qu en Latin
ces deux noms s'expriment de la même manière j
EJlliemo.
£sT_-
Traité dclalhre de ScSanolc,&C3.nvnoiSTEKi.iH
Car c'ellainfi que nous difons 6c que nous écrivons ESTHER. f. t. Nom de temme. Efcner , Efiera , a.
oiiîoiif.l'hiii C'eft ane Juive j captive en Perfe , ou dans la Su-
ijour
ISTERNIR. V. a. Donner un coup h violent, que la
perfonne paroilfe morte, & tombe fans mouve-
ment fur la place \ 1! eft tout-à-fait hors d'ufage .• au
moins ne le trouve-t-on que dans le Diétionnaire
de Nicot, qui le fait venir du Latin stemsre.
ESTERNUER. \iroveA I^ERNUER.
ESTERNUMENT. Vy^^X ÉTERNUMENT.
ESTERP. Bourg de France avec Abbaye. Styrpum. Il
eft dans le Limoufinj à huit lieues à l'occident de
Limoges. L'Abbaye à^Escerpàs l'Ordre de S. Augu-
ftin,fuc fondée Tan loyo.
ESTERRE. f. m. On nomme ainfî fur les côtes de
l'Amérique , des embouchures de rivières ou de pe
tirs ports j qui fervent pour embarquer ou débat- j
quer les marchandifes des villes qui font plus avant
dans les terres.
ESTEVANONS. Monnoie de S. Etienne de Dijon. Il
eft parlé de ces Estevanons dans quelques aéles rap
portés par Penaid dans fon Rec1!eil de Pièces pour
l'Hiftoire de Bourgogne.
ESTEVAY.Petite ville de Svn'i^Q.Estzvxa. Elle eft capi-
tale d'un Bailliage du canton de Fribourg. Estevay
eft fitiié furie bord oriental du lac de Neufchaftel.
ESTE'V'ENANT. Vieux mot ufité en Bourgogne. Sorte
de monnoie décompte. C'eft la même chofe <\\xEf.
tevanon. Mais dans dans les titres de Franche-Comte
je trouve toujours Estevenant. Lefdits Bourgeois doi-
vent chafcun an audit de Fontenoy , au Seigneur
ou Dame dudit lieu à chafcunes Pafques chaînées ,
chafcun trois fous estevcnans... La pièce pour douze
deniers estivenans par an...*. La pièce par an poui
quatre deniers estevenans. Chartre de Thiibaut Sei-
gneur de Neufchastel & de Fontenoi en Foges , & de
Marguerite de Bourgogne fa femme , du i Octobre
ESTEUBLE. ■% ") ÉTEUBLE.
ESTEUF. (vov^r ( ETEUF.
ESTEUFFIER. V^^'"^ \ ETEUFFIER.
ESTEULE. ) 3 ETEULE.
ESTE'VOIR i f m. "Vieux mot ^ qui fe lit dans les Cou
tûmes & dans quelques-uns de nos vieux Auteurs:
on trouve aulîi estouvoir , & estouvitr Ces mors li-
gnifient tous befoin , néceffité , CQ qui eft nécefjaire
dans un ménage. ,
ESTEZ, f m. "Vieux mot , qui s'eft die peut Ponts &
foifés. Pontes , Jof^. .
ESTHAMO , ESTHEMOj ville de la Terre-fainte ,
fuuée dans les montagnes de Juda. Jof. XF. 50. Eu
fébe dit que de fon temps c'écoit un grand ''bourg
'au midi de la Tribu de Juda , au nord du village
nommé Anem \ 5i qu'il étoit dans le territoire d'E-
leuthéropolis. C'étoit une ville de refuge & Lévi-
tique. Elle fe trouve auftî nommée Isthemo, & dans
Adrichomius , Istimon.
ESTHAOL, ou EST AOL. Nom de lieu. EstaoL Ce
fut d'abord une ville de la Tribu de Juda Jo/ XF.
3 5. Enfuire elle fut donnée à celle de Dan , comm.e
il paroîtpar Jof. X/X.41 & Liv. des Juges XIII. 2 y.
Eufébe la place entre Azote & Afcalon , à dix mil-
les au nord d'Eleuthévopolis , fur le chemin de Ni-
topolis. Elle écoic fuuée dans la plaine. Elle fe
nomme aujourd'hui Afto^ die le P. Lubin.
ESTHÉMOA. Ville delà Terre-Sainte , que quelques
Géographes confondent avec Efthamo. M. Reland
l'en diftingue , 5c la place dans la Tribu de Juda ,
fiane j Se que fa beauté rendit digne du lit d'Alfué-
rus & du trône de Suze. EJlher délivra les Juifs
fes compatriotes , de la mort à laquelle AlFuérus
les avoir condamnés par les confeiis d'Aman fon
favori.
Le Livre A'Esther eft un Livre Canonique de
l'Ecriture-Sainte, où l'hiftoire de cette Rçine eft
racontée. Liber Esther. On l'appelle quelquefois
fimplement Esther. Il eft dit dans £jrA<f/- IX. 29,
o^nEsther & Mardochée inftituèrent la fête appelée
Phurim , ou des forts. On ne fait pas fùremenc quel
eft l'Auteur du Livre d'Esther. S. Epiphane , S. Au-
guftin & Ifidore l'attribuent à Efdras. Eufébe le
croit plus récent. D'autres croient qu'il eft de Joa-
chim , Grand-Prêtre des Juifs , & petit-fils de Jo-
fedeck. Quelques-uns veulent qu'il au été fait par
TAlfemblée ou la Synagogue des Juifs, à laquelle
les Lettres de Mardochée furent rendues. Esth.IX.
^o. Mais le plus grand nombre des Interprètes Hé-
breux , Grecs , Larins , &c. le donnent à Mardo-
chée. C'eft le fenciment d'Elias Levira , Maff. ha-
mum , Pr&f. 3. qui le donne pour confiant. Ces
Auteurs croient que cela eft marqué dans le ch. IX.
V. zo. où il eft die , Mardochée écrivit donc tout ceci j
& l'euvoya aux Juijs après l'avoir écrit. Ils penfenc
encore c]}à Esther y eut quelque part , parce qu'au
même chapitre , v. 29. il eft dit que la Reme
Est/ter Se le Juif Mardochée écrivirent encore une
féconde lettre pour ordonner que l'on folennisâc
avec beaucoup de foin les jours des forts,c'eft-à-dire,
auxquels on avoit tiré le fort pour condamner les
Juifs à mort.
Quelques-uns. difent que ce livre n'eft que Deu^
térocanonique. D'autres croient qu'il eft canonique
jufqu'auX*' ch. v- 3. inclufivement , Se que le relie
n'eft que Deutérocanonique. S. Jérôme , De Lyra ,
Denis le Chartreux , Hugues de Saint Cher Se Ca-
jetan ont même regardé ces additions comme apo-
cryphes avant le Concile de Trente : depuis ce Con-
cile j Sixte de Sienne eft le feul parmi les Catholi-
ques j qui ait fuivi ce fentiment , avec tous le Pro-
teftans. Bellarmin les a très-bien réfutés dans fes
concroverfes j L. I. De Ferbo Dei , c. 7. Foye^
aufii Sanétius au commencement de fes Commen-
taires fur ce livre , Serarius , Proleg. C. FUI. q. 8.
Marins, Proleg. Q. III. fecl. 6. p. 29,
ESTHUIR. v. a. en ufage chez nos Anciens, pour
dire, Oter ou éviter. Ce mot fe voit dans un titre de
l'Abbaye de Saint Urbain du mois de Septembre
1 5 58. Pour eflhuir toute meue de plaitz qui eft hai-
neufe j c'eft-à-dire , pour ôrer rout fujet , toute oc-
cahon de plaider j ou pour éviter toute matière à
procès qui engendre des haines.
ESTIENNE. Foy. ETIENNE.
ESTIENNETTE. Foye^ ÉTIENNETTE. ^ '
ESTIEZ, f. m. Nom d'homme. C'eft le même que S.
Anaftafe de Perfe , qui avant fon baptême s'appe-
loit Magundat. ^/2ûJw7?irj.C'eft de ce nom ques'eft
formé Eftic^. Voyez Chaftelain , dans fes Noces lur
le 12 de Janvier , Se dans la Table de fon Martyro-
loge , T. I.
ESTIFLET.f. m. Vieux mot, que M. le Roux a rangé
dans fon Didtionnaire comique fous le mot eftiffet ,
qui a la même fignification. Cela veut dire une ba-
•gacelle, un rien, pas la moindre chofe. Quand,
dit
EST
dit Sancho , j'ai apporté à la fueur de mon corps ,'
de bons écus d'or à la maifon , ma femme s'en eft
bien 8c beau acheté de bonnes bardes ) ôc hormis
deux pièces de vin qu'elle a fait venir , je n'ai pas
tâté un e/iifiet de ce que j'avois eu rant de peine à
amaffer , & la bonne pièce en a encore plus bu que
moi. Hiji. de Dom-Quichottc , t. /. ch. 6. p. //.
ESTILET. f. m. Stylus. C'eftla même choie quejîi-
/er, Pugio ^fica mïnor. Quelques Auteurs appellent
elîilctXnJlilet que les Dames Efpagnoles portent or-
dinairement dans leurs bufcs.
ESTILLE. Foye:ç ÉTILLE.
ESTIMABLE, adj. m. & f. Qui eft digne d'eftime ,
qui mérite d'être eftimé. ^snmabUis ^dignus laudc.
La veita edescimah/e. Ce livre eft estimable par la
doctrine qu'il renferme. Cet homme eft estimable
par fa valeurj & cet autre par fa fincérité. Othon
étoit plutôt fans vices c^estïmable par fes vertus.
TiLL. Magis extra vitia quàm cumviriutibus.
ESTIMATEUR, f. m. Celui qui eft choifij nommé
pour faire une eftimation , pour déterminer la va-
leur d'une chofc. Les Huilfiers font Jurés Prifeui s,
vendeurs &eftimateurs des biens meubles. On nom-
me des experts en chaque métier pour être estima-
teurs des ouvrages.
Ce mot s'emploie plus ordinairement au figuré
pour fignifier celui qui donne un jufteprix aux cho-
fes. Judex j arbiter , £stimator, existimator. Cet
homme fe connoît bien en ouvrage , il en eft un
jufte estimateur. Un Prince aufll jufte estimateur des
chofes. Bussi-Rab. Un jufte estimateur as la gloire.
Idem.
Les biens les plus exquis doivent leur caractère
A la capacité d'un juste eftimateur. Vilb.
ESTIMATIF, adj. Se dit des procès-verbaux & devis ,
où les experts nommés font , article par article ,
l'eftimation des réparations des bâtimens dont les
Juges ont ordonné la vifite ; après quoi l'adjudica-
tion s'en fait au rabais. Un devis estimatif.
ESTIMATION, f. f.Prifée ou évaluation d'une cliofe,
& quelquefois fa jufte valeur, ou la femme qui en
repréfente la valeur, ^stimatio ,pretium. Cette fen-
tence ordonne que les meubles faifis feront rendus j
s'ils font en nature , finon leur jufte valeur & esti-
mation.On nomme des Experts pour faire la vifite ,
prifée & estimation des ouvrages j des meubles ,
&c. On dit auffî , juger d'une chofe par estimation ,
c'eft-à-dire , à peu-près, en fuppofant quelque va-
leur certaine , pour juger d'une fomme incertaine.
Estimation , ou estimative : en Lyonnois le peuple
dit efme , 8c proverbialement , tu n'as point à'efme
tu n'as point d'efprit , tu ne fais pas eftimer les cho-
fes ; acheter à l'efme , pour acheter à la main , c'eft
à-dire , à V estimation Se non au poids : delà eft ve-
nu le proverbe commun en ce pays-là en forme de
rébus. Tu n'as pas d'e/me , vas en prendre à Tré-
voux ; parce qu'on y forgeoit des liards marqués à
l'M , pour la Maifon de Montpenfier , Souveraine
du Pays de Dombes. P. Men.
ESTIMATIVE, f. f. Connoilfance ou faculté de l'ame
qui nous apprend à juger, & eftimer des chofes.
yEftimandi , judicandi facultas , peritia. Il faut qu'un
Iw^ftxiiQxxvaÀiV estimative bonne, pour connoître de
loin la longueur d'une courtine ,1e nombre des fol-
dats rangés dans un camp ennemi ; pour avoir ac-
coutumé long-temps fon imagination à faire cette
eftimation , ce jugement. Terme inufité.
ESTIME, f. f. Opinion favorable que nous avons du
mérite & des bonnes qualités de quelqu'un qui fait
que nous le diftinguons des autres hommes. -^J^/-
matio. L'homme eft naturellement Ç\ malin , que
s'il a de X'estime pour quelqu'un , c'eft prefque mal-
gré lui. Nie. Denis le Tyran difoit, qu'il favorifoit
les gens de lettres , non pas pour V estime qu'il en
faifoit , mais par {'estime qu'on faifoit par-là de lui.
K'&L.l^estime n'égale pas toujours le refpeél exté-
ïjeur j parce que l'un fe règle fur la raifon , & l'au-
Tçme ///,
EST 873
tre fur l'ufage. Port-R. On fait moins ^zi ejlime
que par inclination : la raifon eft que Yejtime eft
comme étrangère chez nous , £; que c'eft une juf-
tice que nous fommes obligés de rendre. S. Evr. En
écrivant à une perfonne au-deiïus de nous, il n'eft ni
alfez civil, ni alfezrefpeclueux, de l'airurer qu'on
a de V estime pour elle : mais ce mot , accompagné
de quelque autre qui le relevé , n'a rien de cho-
quant. L'e/lime des gens qui favent juger eft la feifle
dont il faut fe réjouir. C. de M. L'estime mmaelk de
deux amis eft toujours le premier lien qui doit fer-
rer leurs nœuds. S. Evr.
Démêle:^ la vertu d'avec Jes apparences ;
Ne hafardei jamais votre eftime trop tôt.
M0LIERE4
i'eftime bienfouvent va plus loin qu'on nepenfe.Q„
Z'eftime & le respect font de jujles tributs _,
Qu'aux plus fers ennemis arrachent les vertus.
Idem<
UCT Corneille , dans la Tragédie de Nicoméde ,
a dit j faire efime de quelqu'un.
Et vous ojfenferiei /'eftime quelle enfuit.
Cela n'a jamais été François , dit Voltaire , oti a
de l'estime , on conçoit de ['efime , on fent de i'ef-
time ; & c'eft précifément parce qu'on la fent, qu'on
ne la fait pas.Par la même raifon on fent de l'amour,
de l'amitié; on ne fait ni de l'amour, ni de l'amitié.
§3° Estime , en termes de Marine , fe dit du calcul
que le pilote fait tous les jours du fiUage du vaifleau
afin de juger à peu près du lieu où il eft , & du che-
min qu'il a fair. ^stimatio , conjectura j judicium.
La plus grande fcience du Pilote est de favoir faire
une bonne efime. Le lendemain ï'efime nous pré-
céda un peu ; le jour fuivant au contraire nous la
précédâmes. Frézier. Nous trouvâmes un jour avoir
fait 25 lieues ; lorfque l'estime n'en donnoit que 16:
ces erreurs venoient des courans. Id. L'estime esc
beaucoup facilitée par les Tables loxodromiques.
Le P. Defchales a bien écrit fur l'estime j, & furtouc
ce qui regarde la théorie & la prarique du pilotage.
ESTIMER, v. a. Prifer j déterminer le prix & la va-
leur de quelque chofe. -<^^r//;:are, d'où le mot Fran-
çois est pris. Le Roi a fait estimer ces hétitages en-
fermés dans fon parc , pour en payer la valeur aux
propriétaires. En troc chacun estime fes denrées
plus qu'elles ne valenr.
Estimer, fe dit aulîî en chofes Morales, pour faire
cas , avoir de l'estime, f^ov. ce mot. On ne fauroic
noç estimer lî vertu , la liberté , les gens fincères,
les vrais amis. Cet Officier s'est fait fort estimer par
fon Général ; il s'est fait estimera, la Cour. On hait
naturellement tout ce qu'on estime beaucoup , &
qu'on ne fauroit aimer. S. Real. Quoique l'estime
des hommes flatte plus notre vanité que leur amour
il vaut mieux en être aimé que d'en hte estimé.
Nic.
Que vous fert-il qu'un jour l'avenir vous estime.
BoiL.
Sur quelque préférence une estime fe fonde ;
Et c'est «'estimer rien j ^«'estimer tout le monde.
Mol.
|/3"On le ditavec le pronom perfonnel. C'esc
une injustice de vouloir être aulfi estimés qu'on % es-
time , parce qu'il faut toujours fuppofer qu'on s'es-
time trop.
Estimer, fignifie aufli , a"oir quelque opinion , quel-
que croyance d'une chofe j bien ou mal fondée ;
penfer , croire j préfumer qu'une chofe est, ou
n'est pas ainfi. Conjlc.re , judicare , oplnari ^ per-
fuadere fbl. Il n'y a perfonne qui n estime qu'il a de
Sffff
S74 EST
i'efpnc. Le peuple esdme que c'est le foleil qui tour-
■ ne, & bien des Astronomes fuppofent que c'est k
terre. Quand on voyage par eau , l'œil estime que
c'est le rivage qui fe meut , qui s'éloigne. Dans
cette acception il est neutre , & quclquctois aârif.
Ils repondirent qu'ils esdûioiencla. pldCQ imprenable.
Vaug. Au reste ce terme n'est pas du style noble.
Estimé ^ ée. part. jSstimatus , crediciu , prohatui
ETINCELANT.
ETINCELLE.
ETINCELLE-
M E N T.
ETINCELER.
ETINCELETTE.
oy. ETIOLER
ESTINCELANT
ÏSTINCELLE
ESTINCELL l.\ro\ei
MENT.
ESTINCELER.
ESTINCELETTE.
ESTIOLER, ous'ESTlOLER
fO* ESTIOMÈNE. adj. de tout genre. Se dit en Mé
decine des ulcères qui rongent , qui corrodent ,
qui confument les chairs.
P.STIOMENE , ÉE adj. ou part. Terme de Médecine ,
mangé , rongé , delîéché. Monet. Estïomenus , cor-
rpfus, ol-efus.Ls verbe estiome'ner (e ttouve dans
NicoT. Brantôme , dans le premier tome de Ces
Dames Galantes, [p. m. x+i. ) piile d'une Dame
£fpagnole qui avoit une cuilfe belle , blanche , po-
' lie & refaite , &: Tautre toute sèche , exténuée & ef-
tloménée , qui ne paroilloit pas plus grode que le
bras d'un petit -enfant. Il ajoute (/j. 248.) qu'il fe
voit force Dames , qui ne font pas ainfi estioménées
de catharr^s , mais qui font fi maigres , dénuées ,
afféchées & décharnées , qu'elles n'en peuvent rien
montrer que le bâtiment.
Ce mot est Grec , il vient de è<5('((», manger. Il
y a des Auteurs qui l'appellent en Latin ignisjacer ,
eryjipelas. NicOT.
ESTIRE. - \ vS ÉTIRE.
ESTIRER. S ^ ""y"^ l ETIREPv.
§cr ESTISSEUSES. f. f. & ESTISSU. f. m. Petites
tringles de fer lervantdans les manufaéturesen foie
& chez les Rubanniers à retenir lesRoquetins & les
canons dans les Cantres.
ESTIVAL, f. m. Nom d'une ancienne chauffure ufitée
en France, henfe", homne. estivale. Par les régle-
mens que fit le Dauphin Humbert pour fa dépenfe,
& de toute fa maifon, il paroît que la chaulfure
étoit en ce temps là peu différente de celle d'à-pré
lent , fi l'on en excepte une efpèce de bottines qu'on
appeloit itfcivalui , henfes , ou eftlvaux. Selon Du
Cange, elles étoient alors fort en ufage parmi les
Nobles & les gens de guerre , qui affedoient d'en
porter par ornement & par diftinétion. Ces botti-
nes étoient faites d'un cuir fort mince & fort uni ,
teint en pourpre , ou en quelqu'autre couleur. L'ha-
bit d'été qui laifioit paroître la jambe àdécouveit ,
donna lieu de rechercher cette forte de parure , que
les longues robes d'hiver faifoient fupprimer pen
dant cerce faifon. Il femble que le nom (ïefcivaux
dont on fe lert en quelques Provinces de France j
&: celui defdvale , parmi les Italiens , pour expri-
mer ce qu'on appelle botte en François, doivent leur
origine à l'ancien mot eftivalia , qui n'avoit point
une fignification fi étendue dans les temps dont nous
parlons. De Valbonnet j /. 218.
ESTI V AY. Nom de lieu & d'un Monaftère. Sdvagium.
Adr. Valef. Not. GalL p. 330.
ESTIVE. f. m. Terme de Mer , qui fe dit de l'équili-
bte & du jufte contrepoids qu'on donne à chaque
côté des bâtimens , pour balancer leur charge , afin
qu'Us ne pefent pas plus d'un côté que de l'auue ,
pour faciliter leur mouvementé leur cours. /£qui-
librium , Aqu'tpondium. Un Pilote doit avoir foin que
fon vailTeau ne foit jamais hors à'ejuve.
ESTOC, f. m. Il fignifie originairement un tronc d'ar-
bre, ou plutôt une fouche morte. C'eft ainliqu'on dit
en termes d'eaux & forêts que les Marchands font
tenus de faire couper & ravaler près de terre toutes
les fouches & vieux eftocs ou étoc. Couper à blanc
eftoc , c'eft abattre tous les arbres , & n'en réferver
âucuj. !
^ Ce mot fe dit auffi d'un long bâton ferré par
EST
un bout. Truncus ^ hacculus ferro munltus.Lespay-
fans des montagnes & des lieux matécageux portent
en main des brins d'estoc pour fauter par-deffus les
canaux , ou d'un rocher fur Tautre.
Ménage dérive ce mot de l'Allemand stock , qui
fignifie un 6àton , un tronc , une fouche j tant pour
le propre que pour le figuré.
Estoc , lignifie aulîl le fer , la pointe d'une arme. Punc-
tum j actes , cuj'pis. Ainfi on dit , Fraper à'estoc &c
détaille. Puncitm & ajim.
Y) estoc , c'eft pointer, pouffer le fabre pour le
faire entrer par la pointe ; de taille , c'eft fabrcr ,
donner dos coups avec le tranchant.
Estoc , eioit autrefois une forte de groffe épée j nom-
mée aullî épée d'armes. C'eft la notion qu'en donne
Olivier de la Marche , lorlqu'il parle des Tournois
& des joutes de fon temps. Et cette arme nommée
aulli bâton , qui eft la vraie fignification à'escoc , ne
fervoit que pour le battre à pied j & pour pointer
& poufier ; Se quand elle étoit tranchante , elle fer-
voit auili pour tailler & pour fabrer : delà eft venue
Ja manière de parler à'estoc & de taille ^ c'eft-à-dire,
de la pointe & du tranchant d'une épée. Notes fur
a. Marot.
Estoc eft encore une épée d'argent doré , longue d'en-
viron cinq pieds , que le Pape bénit folennelle-
ment avec un cafque à la lête de Noël. Le Pape Be-
noît XIII. veut donner au Grand-Maître de l'Ordre
de Malte une marque éclatante de fon affedion. Il-
dépêche à Malte un de fes Camériers d'honneur , /
pour préfenrerà ce Prince Vejloc&c le cafque bénits
folennellement à la fête de Noël. Vertot.
Les Papes envoient un bennet & un ejîoc bénits
aux Capitaines qui ont remporté furies Infidèles &
les ennemis de la Religion quelque grande viâoire,
utile à l'Eglife. Le Pape Clément XI. vient d'en-
voyer au Prince Eugène de Savoie le bonnet & Yejloc
bénits , à caufe de la viéloire remportée fur les
Turcs près de Pétri-Waradin , comme le Pape
Alexandre VIII. les avoit envoyés au Doge de Ve-
nife Francefco Morofini \ Innocent XL au Roi de
Pologne Jean Sobieski, Galette du j.4 Ocl. 1715.
p. 508.
Estoc , eft auflïî un inftrument des Ouvriers qui tra-
vaillent en fer & en ouvrages qui demandent quel-
que poliment. Il fert à tenir leur matière pour la
limer , percer & façonner. On ne prononce ni r.f ,
ni le c de ce mot , & c'eft poui cela que les Artifans
l'appellent étau. l^oy. Et au.
Estoc , en termes de Jurifprudence , fe dit figuré-
ment pour tronc, ou fouche commune , dont plu-
fieurs perfonnes font ilFues. Ainfi ejloc fe dit figuré-
mentde la liaifon de parenté qui vient d'une com-
mune fouche ^ Xefloc étant pris pour le chef dont
plufieurs perfonnes font defcendues en ligne di-
rexSe, & qui eft à leur égard comme le tronc d'un
arbre , dont plufieurs branches font fotties. En La-
tin on dit communis Jtipes , pour dire la fouche
commune dont plufieurs defcendans fonr ilFus.
I^CT Quand un père ou une mère en mariant leur
fille Itipulent que les deniers qu'ils lui donnent en
mariage , lui feront propres à elle Se aux fiens de
fon ejlûc & ligne , cette claufe comprend tous les
parens que la fille peut avoir du côté de celui des
père ou mère , qui lui a tait le don,
|C Dans la Coutume de Paris » ces mots ejloc
Se ligne , font fynonymes ; mais ils ne le font pas
dans les Coutumes Soucheres.
|ÏC7" On dit familièrement , Cela vient-il de
votre eJ?oc , dites-vous cela de votre ejloc , pour di»
rej de votre chef 5 de vous-même j ou à l'inftiga-
tion d'un autre ?
Estoc , en termes de Joueurs de Gibecière. On ap-
pelle faire l'e/foc, lorfque l'on fait palfer la carte
de deffus delfous , fans que perfonne s'en apper-
çoive. Cartam fup&norem inferiori mutare. Les Bon-
neteuts font Meftoc avec une adrefTe merveilleufe ,
de forte que l'œil y eft trompé, & ne s'en peut ?p-
percevoir.
EST
ESTOCADE, f. f. Ce mot fignifioit autrefois une lon-
gue cpce. l^'ll''s , giddius pr&longi hafi'dls. Il a été
un ti^mps qu'on portoit de longues ejlocddes.
V\. Végéce a appelé Vejiocade j, puiicla , Scia tail-
lade j cxjà- C'elt dans le 1 1^ chapitre de fon pre-
mier livre de re miUtan , où il loutient qu'il faut
accoutumer les foldats à happer d'ell:oc,& non point
frapper de taille \ que les Romains ont toujours
frappé d'ertoc , & font venus aifcment à bout des
ennemis qui ne frappoient que de taille. Les railons
qu'il en apporte peuvent être encore d'ufage en ces
temps-ci , par rapport à la manière dont fc battent
plufieurs nations de l'Europe. L'<;/?c>a;c/e j dit-il ,
pour peu qu'elle enfonce , eft mortelle , au lieu
que la taillade ne l'eft guère ; parce que les armes
&: les os l'empèclient de pénétrer jufqu'aux parties
vitales. De plus, la taillade découvre celui qui s'en
fert , qui eft obligé de lever le bras droit , & de dé-
garnir tout fon côté droit j au lieu que \eJlocadc
couvre toujours fon homme , & bielle l'ennemi j
avant qu'il puilfe le parer , ou même s'en apper-
cevoir.
Estocade , ne fe dit plus aujourd'hui que d'un grand
coup de pointe alongé , & qu'en termes d'Efcrime
on appelle botte. Ptaga punclim inflicla. Il a reçu
deux coups à'cjîocade. Il lui allongeoit à tous coups
des ejiocddes qui le faifoient bien reculer.
Estocade , fe dit burlefquement de la demande d'un
impottun , ou d'un ekroc qui veut emprunter quel
que chofe. Dieu nous garde de tous préfenteurs
à'eftocades. Scar. Ainli on dit proverbialement ,
Alonger , porter Xejiocade à quelqu'un , pour dire ,
lui emprunter quelque lomme d'argent , qu'on n'ert
pas en état de rendre , & que quelquefois on n'a pas
intention de rendie.
ESTOCAOER. v. n. Se battre avec une eftocade. Di-
gladiari. Ces deux bretteurs ont e/?ûtiZ(fe long-temps,
& ne fe font point fait de mal.
Estocader, fe div figurément en matière de difpu-
tes , de procès, pour dire , fe prefler l'un l'autre
par de fortes raifons. Ils ont long-temps ejlocadé fur
cette queftion , & ils l'ont plutôt embrouillée que
réfolue. Ces deux Avocats ont ejlocadé vigoureufe
ment tout le long de l'audience en plaidant une
telle caufe II n'eft que familier.
Estocader , fe dit aulfi en ftyle burlefque , pour ,
importuner à force de demander quelque chofe. Les
Poètes le vont bien elîocader. Scar. On dit aulîi dans
le même ^y\Q^eJfocader latril^efte , le chagrin, pour
dire, les combattre. Ce mot en ce fens ne peut for-
tir du ftyle burlefque.
ESTOC AGE. f. m. Terme de Coutumes. C'eft un droit
de quatre deniers qui eft dû au Seigneur en vente
d'héritages.
ESTOFFE. \ j. f ÉTOFFE.
ESTOFFER. 3 "'^'^^t ETOFFER.
ESTOI. Ville de Portugal , dans les Algarves , fur
la côte méridion le , à l'orient de Faro. De l'Isle ,
Corn.
ESTOIER. V. a. Vieux mot. Setter , rengainer l'cpée ,
comme qui auroit dit ejluyer, mettre en un étui. On
a dit aulîi ejloyer j pour combatte.
ESTOILE. •) ( ÉTOILE.
ESTOILÉ. > VoyeA ÉTOILE.
ESTOILER. 3 " ^ÉTOILER.
ESTOIRE. f. f. Vieux mot & inufité depuis long-
temps. Navis j clajjîs, navalis exerc'uus. Vos ptient
por dieux que vos aiez pitié de la tetre d'olttemer ,
& de la honte Jefu-Chrift vengier , comment ils
puilTent avoir navire & e/?o/>e. Villehard. n. i^.
Mule fut belle celle ejloire &c riche , & mult y avoit
grant fiance li Cuens de Flandre , & li Pèlerin , pot-
ce que la plus grant plentez de lot bon ferians s'en
allèrent en cette e/?o/r^. Id. /i. 15. En cel termine
mut uns efloires de Flandres pat mer , con mult
gtant plenté de bonne gent armée. Id.
Ce mot femble être tiré de Scolus j & Scolium ,
dont les Auteurs Latins du moyen â'4e fe fervent
fouvent. RiGORD. an. 1 201. Cejla Innocenta Papa j
EST 87;
p. 49. (5'4. Tom. UT. Hijl. Francor. p. 741. Du
Fresne j Glojf. de VUUhart. Stolus & Stolium vien-
nent du Gtec fôAof j qui a le même fens , de f'M»,
j'envoie.
ESTOLE. Voyei ÉTOLE.
ESTOLT. adj. Vieux mot. Rude.
ESTOMAC, f. m. Tetme d'Anatomie. Stomachus j os
ventrkuli. C'eft proprement l'onhce fupérieur du
ventricule , que quelques-uns appellent la bouche
du ventricule. Il commence où lœlopage finit : il
eft d'un fentiment très-vif, à caufe de la quantité
de nerfs qui l'environnent : il donne entrée aux ali-
mens j i?c afin qu ils ne remontent pas dans la bou- ■
che, il eft terme par une infinité de fibres charnues
& circulaires.
M. Lémery écrit félon l'étymologie, ejlomach avec
une h à la fin après le c, comme ftomachale : mais
l'ulage eft contraire.
Ce mot eft Grec, ^'f*»x't, & vient de «■«/«« , qui
fignifie bouche.
Estomac, fe dit auflîi du ventricule même. Cette par-
tie , que les Anatomiftes comparent à une cotne-
mufe , eft une elpèce de poche qui fe trouve fous
le diaphragme entre le loie & la rate. L'on y re-
marque deux ouvertures, l'une fupérieure à gauche,
& l'autre inférieure à droite. Par la première , que
l'on nomme la fin de l'éfophage , il reçoit les ali-
mens dont nous nous nourrillons : par la féconde ,
que l'on appelle lepilore, ces mêtnesalimens fe ren-
dent dans les inteltins. Pour vivre long temps , il
fiut avoir bon e/lomac. Le vomilfenient eft unecon-
vulfion de \eJlomac. Il ne faut rien donner aux ma-
lades qui leur charge ïejlomuc ; c'eft-à-dire , qui foie
difficile à digérer. On dit aulîi de celui qui a la voix
forte , qu'il a un bon ejtomac. Veftomac eft formé de
tiois membranes, l'intérieure eft charnue , celle du
milieu mufculeufe , &i compofée de fibres , partie
étendues félon fa longueur , & partie circulaires :
l'extérieure eft nerveufe. La première eft ridée : c'eft:
un tilfu de veines , d'artères & de neris , femé de
glandes qui répandent une liqueut qui a quel-
que rapporta la lalive. Les animaux qui ruminent
ont quatre e/?o/7z<7CJ. Il parut, il y a quelque temps,
un Moine Mofcovite à Berlin , qui propofoit un
infttument pour nettoyer Yefiomac. C'étoit une biof-
fe toute femblable à celle dont on fe fert pour net-
toyer les bouteilles. Elle avoit un manche de fil de
fer couvert de foie. Avec cette brolfe il prétendoit
nettoyer un ejlomac , comm#on nettoie une bouteil-
le. Mem. de Tr. ^oy. Ventricule.
Estomac , fe dit abufivement de la patrie extérieure
du corps, qui répond à la poitrine & à Veflomac.
Peclus. Les pécheurs fe frapent Vejlomac en figne de
pénitence. Quand on fe confelfe^on fe frape trois
fois fut Vejlomac, endifant mea culpa. Le creux de
V estomac.
Estomac, à l'égard des volailles, fe dit des chairs
qu'on tire dedelTus leur partie éminente, quandon
a levé les ailes & les cullfes. Un estomac de chapon ,
de perdrix.
On dit proverbialement , qu'un homme a un ef^
tomac d'Autiuche , qu'il digéreroit le fer , quand,
il mange excelîîvement , fans en être incommodé.
On appelle , en termes de Chimie , Estomacs
d'Autruches , les eaux tortes qui digèrent !k dilfol-
vent tout. C'eft particulièrement une eau pliilofo-
phale , qui eft propre à diftoudre tout. Elle fe fait
avec de l'huile philofophale , le fublimé <?c la li-
queur gommeufe.
lier ESTOMAQUER , S'ESTOMAQUER, v. récip.
S'oftenferde ce que quelqu'un dit ou fait. Stoma-
chari , Juccenfere. C'eft un homme qui s'estomaque
de tout. Stomachatur omniù. Vous ne devez pas vous
estimaquer de ce que je n'ai pas fait telle chofe. Il
n'eft que du ftyle fainiliet.
§cr Estomaqué , ée. parc. Il me vint trouver un jour
fort estomaqué d'avoir été repris comme d'une
ignorance ou d'une nouveauté hardie. Le voilà tout
estomaqué.
Sffffij
Îj6 EST
ESTOMBAR. Village de Portugal. Estomburum. Il eft
dans le petir Royaume des Algarves , à une lieue
de Silves , du côté du midi. Estombar ell un reftede
l'ancienne OQ'onaba , Exonaba ^ & Onoba ^ y'\\\Q
Epifcopal-e , dont le liège a été transféré à Silves.
Mat Y.
ESTOMBER. Voy. ESTOMPER.
ESTOMMIR. V. a. Vieux mot , qui lignifie, Etonner,
troubler. N'y a meilleur remède de falut à gens ef-
tomïs &c recrus que de n'efpérer falut aucun. Ra-
belais, On a dit premièrement escorber_ à'extur-
barc , puis estormer ^ cstormir ^ & enfin estom-
. mir. Not. 9. Au refte ce palfage de Rabelais n'eft
9 qu'une tradudion du vers 354. du fécond livre de
l'Enéide.
Unafalus viclis , nullam fperare faliuem j
Que Segrais a rendu par cet autre vers François.
Tout l'efpoir des vaincus est dans le défefpoir.
ESTOMPER. V. n. Terme de DelTinateur. Ceft ^ Def-
finer avec des couleurs en poudre qu'on applique
avec de petits rouleaux de papier gris , ou de cha-
mois, dont le bout fert comme de pinceau.
Ip" On appelle estompe y le papier ou le chamois
ainfi roulés & barbus par le bout , dont on fe fert
pour estomper.
ESTONIE. Nom de la partie feptentrionale de la Li-
vonie. Estonia , Estlandla. VEfton'ie , qu'on nom-
me autrement Efien , a au midi la Lettonie j & la
Mofcovie au levant. Le Golfe de Finlande la baigne
au nord, celui de Riga au couchant. Les principaux
lieux de VEftonie font, Nerva , Derpt , Félin , Pcr-
naw , Hapfel & Revel , qui en eft la capitale.
M. Corneille écrit Efthonie. Elle comprend fept
^ petites Provinces ou Diftriâs , \E.fthonïe propre ,
l'Harrie ou l'Harland , le Wirland , l'Oldempo, le
Jervenland , le WiJcelland , & l'Aleotaken. Corn.
E S T O N N A M- ^ ^ETONNAM-
MENT. / \ MENT.
ESTONNANT. V Fojeç BÉTONNANT.
ESTONNEMENT. Ç JETONNEMENT.
ESTONNER. ) l ÉTONNER.
ESTOQUIAU. f. m. Ceft une partie de la ferrure ,
une petite cheville qui en tient le relFort. On 'nova-
tne midi efioquiaux , dans lacloifon d'une lerrure ,
certaines pièces de .'fer qui entretiennent la cloifon
avec le palaftre.
ESTOR. Vieux mot , qui fignifioit embarras, bruit ,
défordre.
Ce pourroit bien être la même chofe que efiour.
F'oje:^ EsTOUR.
ESTORCE, f f. Vieux mot. Effort. Conaïus , nifus.
ESTORE , ou ESTORA. Ville ancienne de Numi-
die. Stora , anciennement Rujicada. Elle eft au-
jourd'hui dans la Conftantine, Province du Royau-
me d'Alger. Sanfon l'appelle Stora dans fa Carte
de la Méditerranée. EJiore eft un grand & bon port
de mer , à douze lieues environ au levant de GoUe
ou Collo. Le Golfe à'EJIora eft celui que les An-
ciens nommoient Laturus j ou Olchachites (inus.
Maty.
ESTORÉE. f. f. Vieux mot inufité depuis long-temps.
Armée navale. ClaJJls , navalts exercaus. Le Roi
d'Anj^leterre avoir fait appareiller une grande ejlo-
rée de nefs. Chroniq. de Flandres. Ck. 84. On a
dit aufti ejloire. F'oye^ ce mot.
ESTORBR. V. a. On fe fert de ce mot en Normandie ,
pour dire , Se poutvoir , faire fa provifion. Il vient
d'auclorare , M. Huet , tom. 2. des V'iff- rec. par
M. de Tilladet ip. iSç. iço.
EsTORBR.. Vieux mot. Créer, ordonner^ arranger.
ESTORMÎIR. v. a. Vieux mot. Alarmer. On a dit aulli
eftoumir , pour , fe réveiller.
ESTORS. f. m. Vieux & inufité. Combat , bataille ,
confliclus. Voye\ Du Cange au ÇlolTaire de ViUe-
hardoutn.
EST
jESTOTILAND, ou ESTOTILANDE. Grand pays
de TAmérique feptentrionakj qui eft encore appelé
la Terre de Laborador, ou de Cortereal , ou la Nou-
velle Bretagne. Eftotdandia j Terra Laboratoits, ou
Cortereaiis , Britannia Nova, Il a au midi le Cana-
da , dans lequel on le comprend quelquefois j le
Golte de Hudlon le baigne au couchant , le dé-
troit de Hudlon au nord , & la mer de Canada
au levant. On ne connoît que les côres de ce
pays.
IP" ESTOU. f. m. Voye^ ÉTOU.
ESTOUBLAGE. f. m. Terme de Coutumes. Eftoubla-
gium, comme parle une chartre d'Odon , Archevê-
que de Rouen , de l'an 1 1C2.. Ceft un droit qui fe
lève fur les blés j ou efteules.
ESTOUBLE. f. m. Chaume , ce qui refte du tuyau de
blé fur la terre , quand on a fait la moilî'on. Il
y a quelques endroits où l'on dit éteule : en Bour-
gogne on dit éteuble , mais mal. Liger. Voye^f^
ËTEULE.
EsTOUBLE vient de Stipula. Quelques-uns tirent fon
étymologie de databis. Liger.
ESTOUDEAU. f, m. Un jeune coq. Pomey.
ESTOUFADE. /-ETOUFFADE.
ESTOUFFANT. ") \ ETOUFFANT.
ESTOUFFEMENT. ( VoyeA ETOUFFEMENT.
ESTOUFFER. ( / ÉTOUFFER.
ESTOUFFOIR. J ^ÉTOUFFOIR.
ESTOVOIR. f. m. Vieux mot hors d'ufage depuis
trèi-long-temps ; Nécelîlité. Par eftovoir , par né-
celîité. GloJ]'. des Poéfies du Roi de Navarre. On a
dit aulii Estouvier. f-^oye:^ Du Fresne , Glolf. de
ViUehard.
ESTOVOIR. Vieux verbe n. Combattre, difputer.
ESTOUPADE. ■) C ETOUPADE.
ESTOU PE. S- Foyei ^ ETOUPE.
ESTOUPER. 3 CeTOUPER.
ESTOUPILLE. f. f. ou ESTOUPILLON , & ESTOU-
PIN. f. m. & Foy. ETOUPIN. Ceft la même
chofe,
ESTOUR. f. m. Vieux mot & hors d'ufage , qui figni-
fioit dans les anciens Romans combat j ayaut de
ville. Difcrimen , certamen , confliclus j concurfus.
L'eftour des combattans fut rude & cruel. Veftourde
la bataille. On difoit aulli l'eftour des vents , pour
dire , une rencontre des vents contraires j d'où eft
venu le mot de tourbillon. On a dit autrefois eftour-
mir pour combattre.
Ce mot vient de stormo , Italien, qui fignifie une
aftemblée de plufieurs perfonnes armées pour com-
battre. Ad ftormium pulfare j c'eft-à-dire j fonner
l'alarme,
ESTOURDERIE. ^ r ÉTOURDERIE.
ESTOURDL / VeTOURDL
ESTOURDIMENT.V <^ ÈTOURDIMENT.
ESTOURDIR. Ç j ÉTOURDIR.
ESTOURDIS-},^ (ETOURDIS-
SANT. \''^y^lt SANT.
ESTOURDISSE-( JÉTOURDISSE-
M E N T. > A M E N T.
ESTOU RNE AU. \ /ÉTOURNEAU.
ESTOUTEVILLE, •' ^ ÉTOUTEVILLE. ^
ESTRAC. adj. Vieux terme de Manège , qui fe difoit
d'un cheval qui a peu de corps , peu de ventre , peu
de flanc , qui eft ferré des côtes. Arclus, On dit
aujourd'hui cheval étroit.
ESTRACE. f. f. Vieux mot. Extraâion.
ESTRADE, f. f. Ce mot fignifie proprement route pu-
blique , grand chemin. Viaftrata, De-là vient cette
phrafe militaire, Battre l'e/rra^e , c'eft-à-dire , en-
voyer des coureurs , des cavaliers à la découverte ,
pour avoir des nouvelles des ennemis , & être inf-
truit de leurs difpofitions. Les armées ne marchen^
point qu'on n'envoie de tous côtés des batteurs d^/-
trade. Il fut pris par des foldats qui battoient Xefira-
</e. B0UH0UR.S.
Il vient de l'Italien /rrai/cz , qui fignifie rue., ou
chemin , qui eft dérivé du Liùn /irata , qui fignifie
rue pavée. Quelques-uns le dérivent àEftrudiotSy
EST
qui écoient des Cavaliers qu'on employoir à battre
Vcjirade.
On die proverbialement , Battre Vefcrade j pour
dire , Aller en divers pays , en diverfes provinces :
le peuple fe ferc de cette exprellion en parlant des
garçons de boutique qui vont travailler de ville en
ville , avant que de s^établir. L infulte taite à Lon-
dres en i5(5i.le dixième d'Odlobreau Comte d E(-
trades , Ambaiûdeur de France , par le Baron de
Batteville , Ambaindeur d'Elpagne , ôc qui hu
hautement réparée, a mis en vogue cette exprellion
pour un temps ; mais ce n'étoit qu'une pointe , &
une troide équivoque dans le fens qu'on lui don-
noit , en difant. Que fait Batteville à Londres? Il
bat Vtftrade.
Estrade , etl audi une élévation de plancher qui fc
fait dans une alcôve , ou dans la moitié d une cham-
bre , avec des ais cloués fur des lambourdes , pour
en faire un réduit plus dillingué & plus paré , afin
d'y recevoir les gens apparens, & que l'on conlidé-
re. Tabulatum ^ concignadoy locus edkior. On con-
vre les efcrades de grands tapis de Turquie. Les ej-
trades des Divans, &i falles d'audience chez les Le-
vantins , s'appellentyo/i.
03" EsTR,ADE , en Jardinage. Foye\ Gradins de
GASON.
ESTRADIOT. f. m. Vieux mot François , qui figni-
fioit foldac à cheval , chevau léger d'Albanie ; & on
difoit autrefois monter à cheval à la Stradiote , pour
dire, avec les étrivières longues : ce qui eft oppofé
à la Ginette j ou à la Morefque , c'elVà-dire , avec
des étrivières courtes.
Ce mot vient du Grec «-çaTi'oT-if, qui fignifioit hom-
' me de guerre. Nicor. Les Vénitiens ont eu fouvent
de ces foldats à leur fer vice.
ESTRAGALE. Aftragalus. Terme de Tourneur. Petit
rond de bois noir qui fert d'ornementaux ouvrages
tournés.
ESTRASALE , OU plutôt AsTRAGALE , COmme OU l'c-
crit, 6c comme on le prononce plus ordinairement,
eft aullî un terme d'Architetture. C'ell une petite
moulure ronde , qu'on nomme ain(i quand on
l'emploie dans des ouvrages circulaires j & ba-
guettes , quand on l'emploie dans des ouvrages
droits.
Ce mot eft tout Grec : «r(i«y«AV fignifie la même
chofe , &C a encore plulieurs autres lignifications j
qui ont quelque rapport à celle-là.
ESTRAGE. f. m. On trouve auili eftaige Se efiage : ces
mots qui font aujourd'hui hors d'ufage , lignifient
enclos d'une maifon de campagne. Septum vilU.
ESTRAGON, f. m. Dracunculus. Plante aromatique
qu'on mec au rang des auronnes. Cette herbe a les
feuilles entières , étroites , un peu longues , & noi-
râtres , alfez femblables à celles de l'hyfope , ou du
lin j d'un goùr très-piquant, acre & aromarique. Ses
tiges font rondes , d'environ deux piedsde haut, di-
vifécs en plulieurs branches , d'où fortent de petites
fleurs jaunes , aulli-bien que fes fruits. Ces Heurs
font de la même ftrufture, & difpofées de la mê-
me manière que dans l'auronne ordinaire & dans
l'abfynthe. Sa racine eft longue , grêle , & fort fi-
breufe ; elle jette tous les ans de nouvelles tiges. On
mange fouvent de cette herbe dans les falades, pour
corriger la crudité & la froideur de la laitue , &
des autres Herbes femblables , & pour en relever!
en même temps le goût.
Les frians modernes ont rais en crédit le vinaigre
d'eftra^m : c'eft celui où l'on fait tremper &c macé
rer de jeunes branches à'eftragon , jufqu'à ce qu'il
ait pris l'odeur & le goût de cette plante. Veftragon
fe nomme auttement dragon , ou targon. C.Bauhin
l'appelle dracunculus hortenfis. D'autres l'appellent
abrotanum Uni folio acriori & odorato. Vefcragon for-
tifie le cœur & l'eftomac , il aide à la digeftion , &
eft eftimé propre pour réfifter au venin. La plupart
des payfans font perfuadés qu'il peut préferver de la
pefte & de toute forte de corruption \ & en plufieurs
endroits ils fe fervent àïejîragon , comme on fe fem
EST 877
ordinairement de thériaque & d'orviétan.
On fait du vin d'ijlragon en faifanr bouillir des
branches de cette plante dans du vin blanc , qu'on
palle euluiie. Ce vin ell propre à appaifer les dou-
leurs des dents &c des gencives caufccs par quelques
humeurs vifqueufes (Se acides ; il eft encore bon
pour raifermir les dents 8c les gencives des fcorbu-
tmies. On s'en ferc en le prenant dans la bouche ,
& l'y confervant quelque temps. Foye^ M. Tour-
NEFORT, Elémens de Botanique ^ 364. M. LÉmery,
i raicé des alhnens _, &c.
ESTRAIN. f m. Vieux mot , qui fignifioit de la pail-
le. Stramen,
EsTRAiN.On appelle ainfi une côte de la mer qui eft
plate & iablonneufe. Diction, de la Manïniére.
ESTRAMAÇON. Coup qu'on donne du tranchant
d'une forte épée, d'un coutelas , d'un cimeterre.
Iclus ci-lim Hiatus. On le dit aulîi de l'arme même":
& c'eft la partie du fabre qui eft environ d'un demi-
pied au-delFus de la pointe. Acinacis pars média.
Les Héros des Romans pourfendoient les Géans
d'un coup à' efcramaçon.
Ce mot eft vieux Gaulois , félon Ménage , qui
cite Grégoire de Tours , qui appelle ces armes ycr^z-
mafaxos : ce que Borel dit être dérivé de l'Alle-
nxinàfcram , qui fignifie e/irime. Il pourroit bien
venir de extrema actes ^\q bout de la pointe du tran-
chant.
EsTRAMAçoN , eft aufii la partie d'un bâton à deux
bouts qui eft un bon pied au-delfus de la pointe.
Avec le bâton à deux bouts , on peut faire le demi-
moulinet pour fe mettre en garde , & aux ap-
proches fe fervir de la pointe , ou de \eJlra.macon.
G Al A.
ESTRAMAÇONNER. v. n. Se battre à coups d'eftra-
maçon. C^dere , afim ferire. Ils ont ejhamaconné un
bon quart d'heure. Il n'a guère d ufage.
§CF On diroit plutôt ejlramaçonner , donner un
coup d'eftramaçon. Il fut ejlramaconné dans cette
attaque. En ce lens même , qui eft le vrai fens, il
eft peu ufiré.
IpT ESTilAMADURE. ^oye^ ESTREMADURE.
ESTRANJE. l^oyei ETRANGE.
ESTRANGEL. Terme de Gramiaaire Syriaque. Leca-
raiilère Eftrangel , EJlrangelus characler , eit
„--.„. . une
efpèce j une forme particulière des lettres Syria-
ques. Ce font comme les Lettres majufcules de la
Langue Syriaque. Abraham Echellenfis a cru que le
caradlère Eftrangel étoit l'ancien & le vrai caraélère
Clialdaique. Les Abyirins,qui fe difent Chaldcens,
fe fervent quelquefois du caradère Eftrangel, d l'on
en croit Hottinger dans fon Thefaur. Philol. p. ziG.
^oyej fur ce caraôl:ère la Critica facra de Pfeitferj
George Amira , dans fa Grammaire Syriaque , &
Walton , dans fes Prolégomènes , ont donné un Al-
phabet Eftrangel.
ESTRANGE-^ ^ETRANGE-
MENT. XJ^oyeA MENT.
ESTRANGER. j 1 ÉTRANGER.
ESTRANGER. v. a. Vieux mot. Eloigner , écarter.
Gloif.fui Marot. Foye^ ETRANGER.
ESTRANGETE. f. f. Vieux mot. Merveille , nou-
veauté d'une chofe avenue qui caufe un grand
étonnemenc.
ESTRANGLELIEPARD. f. m. Jconitum pardalian-
ches. Voye:^ ACONIT. C'eft la même chofe.
NiCOT.
ESTRANGLELOUP. tupararia, lycoclonum aconitum.
NrcoT.
EST RANG LE- -y /"ÉTRANGLE-
MENT. / \ MENT.
ESTRANGLER. >^oyeç< ÉTRANGLER.
ESTRANGUIL-l iÉTRANGUIL-
LON. } l LON.
ESTRAPADE, f f Efpèce de punition militaire j dans
laquelle , après avoir lié les mains derrière le dos à
un foldac , on l'élève avec une corde au haur d'une
longue pièce de bois , & puis on le laKIè tomber
jufquesprès déterre, cnforte que le poids da fon
SyS EST
corps lui difloque les bras. On donne quelquefois ,
julqu'à crois d/frdp^c^e^jquelquefois mêmedavantage.
1^3° On donne aulîi le nom à'efcrapade à l'efpèce
de potence ou d'arbre élevé pour donner Yefirapade.
Trochieucum paûbulum. Planter une eftrupadc. Ce
fupplice neft plus en ufage _, au moins en France.
|(C? On a donné le nom A'efcrapade à quelques
endroits où l'on faifoic fubir ce fupplice aux loldats.
Il demeure à \efcrapade.
Ce mot vient du vieux mot François efcréper , qui
fignitioit autrefois b'ifer , extirper , évencrer.
Estrapade de marine. C'elHe châtiment qu'on fait
fouffrir à un matelot , en le guindant à la hauteur
d'une vergue , & le iailfant enfuite tomber dans la
mer, où on le plonge une ou plulieurs fois , lelon
que le porte la fentence. C'eft ce qu'on appelle au-
trement donner la cale.
Estrapade, fedit aulIi de ces tours de Bateleurs qui
voltigent fur la corde , qui fe donnent la limpie ou
\x donhlc efcrapadc, qui palfent une ou deux foisi
le corps entre leurs bras arrachés à une corde , en-'
forte qu'ils paroilfenc dilloqués comme ceux à qui!
l'on donne Vejirapade.
Estrapade , en termes de Manège j ell une défenfe
du ch',-val qui ne veut pas obéir, qui en même temps
lève le devant , & détache des ruades avec furie.
Ce cheval donne fouvent des efcrapades à fon ca-
valier , le fatigue fort. Ce mot n'eft plus d'ufage.
On dit figurément , Donns'cX eftrapade , la tortu-
re à fon efprit , quand on fe fatigue l'efprit à quel-
que chofe de difficile.
ESTRAPADER. v. a. Donner l'eftrapade , faire fouf-
frir le fupplice de l'ellrapade. PxnariA trochlcA
addicere. Ce foldat a été condamné à être efirapadé.
Estrapade, ÉE.part.
ESTRAPASSER. v. a. Terme de Manège. Fatiguer un
cheval à force de lui faire faire un trop long ma-
nège. On àix.furmener 3 quand on lui a fait faire un
trop long voyage.
ESTRAPER. V. a. Culmi reliquias fecare. Scier le chau-
me qui refte après le fciage des blés. L'inftrument
dont on lefert pour cela fe nomme eftrapoïre , qui
ell un petit faucillon emmanché d'un baron d'envi-
ron deux pieds de long. CuLmorum rcliquiarum refec-
torium. Nicot.
ESTRAPONTIN. f. m. Petit fiége qu'on met au de-
vant d'un carrolTe coupé. Stratum , fedcs antica.
On doit dire Strapontin. Voye\ ce mot.
EsTRAPONTiN , ell auili une efpèce de lit fufpendu en
l'air à deux arbres , dont ufent les Sauvages.
^ÇT On donne aulH ce nom à une efpèce de lit
fufpendu avec des cordes , fur lequel on couche
dans \Q%sxi^tz.\x\. Stratumnauticuin. Voyc\ Bran-
le , Hamac & Strapontin. Car c'eft ainll qu il faut
dire.
^ ESTRAQUELLE. f. f Nom qu'on a donné dans
les verreries à la pelle à enfourner.
ESTRASSE. f f. Bourre de foie que l'on nomme au-
trement Cardaffe. Le mot ellrajje femble venir de
tric£ : petits filets embarralïans, d'où ont été for
mes intricare &C extricare , d'où l'on a fait intrigue.
Efcra([e eft un tas de filets embarraflcs les uns dans
les autres.
ESTRAVE. ^oje^ ÉTRAVE
ESTRAYER. adj. Terme de Jutifprudence , qui n'efl
plus en ufage. Biens eftrayers , font biens étrangers
dévolus au fifc. Dans la fuite on a appelé de ce nom
toutes fortes de biens confifqués, toute forte de con-
fifcacion.
ESTRAYERE. f. f. Vieux mot. Selon un regiftre de la
Chambre des Comptes , ce mot ell fynonyme de
Confifcation au profit du Souverain.
EST
ESTREE. On ne prononce pas \'s. Vieux mot inufité ,
qui lignifioic Chemin. De Strata , en fous-enten-
danc via. Etymologique de Ménage. La Maifon à'Ef-
trses porte à fes armes fretté de fable. Ces frerces
font des armes parlantes j repréfentant des chemins
qui fe croiient. M. Huet.
ESTREE. Abbaye de France en Normandie. Strata.
Elle ell fuuée fur le bord de la rivière d'Eure , aux
confins des Diocèfes d'Évreux & de Chartres , à
deux lieues de Dreux vers l'occident. L'Abbaye
à'EJirée elt de l'Ordre de Cîteaux , fille de Ponti-
gny , & ffit fondée en 1 144.
ESTRÈHAM , ou ESTRÉHAN. On ne prononce pas
1'^. Petit porc de mer dans la Baile-Normandie. Ef-
trehanum. Il eft dans le Diocèfe de Bayeux à l'em-
bouchure de l'Orne j crois grandes lieues au-delfous
de Cacn. Eftrehan a titre de Baronie , «Se c'eft l'Ab-
belfe de S. Etienne de Caën qui eft Baronne di Ef-
trehan.
C ÉTREIGNOIRS.
JETREIN.
'^-''^ j ETREINDRE.
ESTRE, fiibft
ESTRE , verbe.
ESTRECHL
ESTRPCIR.
ESTRÉCISSE
MENT.
ESTRÉCISSURE.
jETRE.
'ÊTRE.
ÉTRECHI.
*^o>'e^>ETRECIR.
É T R É C I S S E-
M E N T.
ETRÉCÏSSURE.
ESTREIGNOIRS.
ESTREIN.
ESTREINDRE.
EsTREINTE. 3 ( ETREINTE.
ESTREJURE. f. f Terme de Jutifprudence. Ce moi
eft hors d'ufage : il veuc dire une chofe aban-
donnée.
ESTRELAGE. f. m. Terme de Gabelle. Sorte de droit
qui fe lève par quelques Seigneurs fur les fels , lorf-
que les voitures des fermiers palfent fur leurs terres.
Ce droit fe paie aujourd'hui en argent, & il eft
défendu par l'Ordonnance iur les Gabelles de le-
ver aucun droit de péage & ejirelage en elfence fur
le fel.
ESTRELIN. Foy. ESTERLIN.
ESTRÉMADURE , ou ESTRÈMADOURE. Nom
d'une contrée d'Efpagne , dont une partie eft dans
les Etats du Roi d'Efpagne j & l'autre dans ceux de
Portugal ; ce qui fait deux Provinces , l'une d'Ef-
pagne &c l'autre de Portugal. La première s'appelle
Ejtremadure de Léon ou de CaftiUe , & la féconde
\ Eftremadure As Portugal. Eftremadura. Ce nomj.à
ce que quelques Auteurs écrivent , s'eft formé de
deux mots Latins Extra Durum^ au-delà du Duéro ;
, & il fut donné à ce pays par les peuples qui habi-
toient au nord de ce fleuve , parce que c'étoic à
leur égard le pays qui étoit au - delà du même
fleuve. D'autres précendent que ce nom vient de la
dureté du terroir , qui eft fort fec & fort ftérile.
V Eftrémadure de Léon a été ainfi appelée , par-
ce qu'elle étoit autrefois du Royaume de Léon^ &
parce qu'elle eft maintenant annexée à la CaftiUe,
on la nomme Eftrémadure de CaftiUe. Eftremadura
Legionenfis , Eftremadura Caftcllana j ou Hifpanica.
Elle a le Royaume de Léon au nord , l'Andaloufie
au midi , le Portugal au couchant , & la nouvelle
CaftiUe au levant. C'eft une grande partie de l'an-
cienne Bétique. V Eftrémadure Caftillane fe divife
en trois parties \ celle qui eft au nord du Tage , où
l'on trouve Cora& Placenziaj celle qui eft entre le
Tage & la Guadiane, où font les villes de Truxil-
lo J de Médeiin , & de Mérida : enfin , celle qui
eft au midi de la Guadiane , qui renferme les
villes d'EUéréna J de Badajos, & de Zeres de Ba-
dajos.
V Eftrémadure de Portugal , Eftremadura Lufita'
nica , eft une Province de ce Royaume , bornée au
nord par la Province de Béira , au levant & au mi-
di parcelle de l'Alentejo , & au couchant par l'O-
céan Atlantique. Lisbonne , capitale de couc le
Royaume, l'eft aufli de cette Province , qui fe di-
vife en cinq territoires , qui en montant du midi au
nord fe trouvent dans l'ordre que voici , Sétuval ,
Aulanger , Santaren , Leiria & Tomar , & qui
prennent chacun le nom de fa capitale. C'eft dans
XEstrémadure de Portugal j que fut plantée^ la pre-
mière tige d'Oranges douces qui fut apportée de la
Chine.'&quidehîont pris le nom d'Oranges de
Portugal. Foyei iur cette Province M. os lA
EST
Neuville , au commencement de fon Histoire de
Portugal.
La nouvelle EJîrémadure , Eftremadura nova , eft
une Piovmce de la nouvelle Elpagne dans le Nica-
ragua , fur la côte de la mer du nord.
ESTREMOS. Petite ville du Portugal dans l'Alentéjo.
Quelques-uns écrivent Extrenios. Extrema Stremo-
nium. lille ell près de lafource delarivière du Tcraj
entre les villes d'Evora , d'Elvas & de Porcalcgre.
Maty. Long. 10 d. 46'. Jat. 38 d. 44'.
ESTRENNE. ") „ f ETRENNE.
ESTRENNER. / ^"-^^^ t ETRENNER.
ESTREPAGNY. Bourg de France dans le Vexin Fran
çois , encre Gifors & les Andelis. Valois dit Eftrc-
pigny. foye^ ce mor.
ESTREPER. v. a. Ce mot , qui eft hors d'ufage , s'eft
dit autrefois pour extirper.
ESTREPIGNY. Nom de lieu. Sterpiniacum _, Stnpi-
niacam , Stripeiineium. Il eft dans le Vexin Nor-
mand , proche de Gifors & de Gamaches, Hadr.
VaUf. Noc. Gall. pag. 531. F'oye^ la Defcrtpt.
Géograph. 6- Hijlor. delà Haute-Normand. Toni. II.
P- 5 5 9-
ESTRESILLONNER. Foye^ ETRESILLONNER.
ESTRESILLONS. ,ro> fi^ ÉTRESILLONS.
ESTRIBORD. f. m. Terme de Marine. Ceft le côté
droit du vailFeau , eu égard à celui qui eft allis à la
pouppe. Pars dextra^ dcxtrum latus. On dit aullî
dextribord. & tiembord , pour dire la même chofe.
royex STRIBORD.
ESTRIER. l ^ ( ÉTRIER.
ESTRIERE. Ç ^ '^^^ t ETRIERE.
ESTRIF. f. m. Querelle ou débat de paroles. Rixa ,
jurg/uin. Ce mot eft vieux. Foye-^ Estriver.
ESTRILLE. ( -) ÉTRILLE.
ESTRILLER. \ Foye^. \ ETRILLER.
ESTRIPPER. (. 3 ETRIPPER.
ESTRIVANT , ante. part. ad. Vieux mot. Difputant.
Difputans j contendens, Marot fait dire à la Mort.
Maints autres faints pleins d' efpritvéritable
N'ont dejiré que moi en leur vivant.
Or e(i ta chair contre moi eftrivant.
ESTRIVE. f. f. Vieux mot. Difpute. Glojf.fur Marot.
ESTRIVER. Vieux, v. n. Quereller , fe choquer ou fe
débattre de paroles. Jurgare , rixa^i. Ces plaideurs j
après avoir long-temps ejlrivé y fe font enfin ac-
commodés.
On ne peut s'en tenir
Quoiqu'on eftrive. Marot.
Ce mot fe dit encore dans la Flandre Wallone ;
mais il eft inconnu en France.
EsTRiZER j & Estrif, félon Nicot, viennent d'ejfr/er,
parce que les gens qui le battent à cheval , fe tien-
nent fermes far les étriers. Il dit auflî que estriver
dans le propre eft mettre le pied dans l'étrier , fubi-
cibus ephippiariis pedem indere \ en forte que l'autre
fîgnification à' estriver ^ pour dire, fe débatt-re, fe
quereller , iScc. n'eft que métaphorique
EST 879
I tcre à quelqu'un , qu'il l'a estropié ^ parce qu'il lui
a ôcé l'ufage du bras.
%fT On le du de même par extenfion des mala-
dies qui ôtent l'ufage de quelque partie du corps. Il
lui eft tombé un rhumatiime fur le bras qui la ej-
tropie j il en eft estropie.
L'ambition , £' toute fon efcorte ,
L'envoie enjurieux au milieu des hafards
Se faire eftropier yir Us pas des Céfars. BoiL.
En termes de Jardinage , Estropier fe dit des ar-
bres , &c il fignifie , Taillader un arbre , lui ôter l'^s
branches qu'il faudroit lailTer j & qui font nécef-
laires pour fa beauté ou pour la produdion des
fruits. Ce pêcher eft tout estropie. Les Jard niers
mal habiles estropient tous leurs Arbres. Liger.
|k? Ce mot fe dit au figuré de plufieurs objets
différens , pour dire, défigurer j ne pas obferver
les proportions, retrancher une partie elTeiKielle ,
«Sec. Ainfi on dit d'une penfée mal exprimée, d'un
fens imparfait , qu'il eft eftropié , pour dire , qu'il y
manque quelque chofe. Les périodes trop coupées ,
& comme mutilées , estropient le fublime. Boil.
Les Tradudeurs estropient les Auteurs, quand ils ne
peuvent les fuivre. G. G. Ce valet estropie tous les
noms de ceux qui viennent demander Ion maître,
c'eft-à-dire , il les altère enforte qu'on ne peut re-
connoître les perfonnes.
Froids Inventeurs fu[fie\-vous bien damnés ^
D'avoir brouillé du papier mainte rame j
Eftropianc des noms de gloire ornés ,
Et de lauriers en tous lieux couronnés.
DivERTiss. DE Sceaux,
Mais qua-t il prétendu par fon Art Poétique ^
Eftropier Horace en foi f méthodique ?
ÉTRIVIÈRE.
(ÉTROIT.
ETROITEMENT.
>ETROITESSE.
ETRON.
ETRONÇONNER.
'ETROPE.
ESTRIVIÈRE
ESTROIT.
ESTROITEMENT
ESTROITESSE. '^f^oy}
ESTRON.
ESTRONÇONNER.
ESTROPE.
ESTROPIAT. Soldat qui a perdu quelque membre à
la guerre , & qui fe fert de ce prétexte pour men-
dier.
CCJ" Ce terme ne fe dit que parmi la populace.
ESTROPIER, v. a. Priver quelqu'un de l'ufage d'un
membre , de quelque manière que ce foit j par une
bledTure, par un coup, &c. Mutilare. Un coup de
canon lui a emporté une jambe , & l'a estropié. On
dit d'un Chirurgien , qui eu faignant a piqué Tar-
On dit auftî en Peinture , qu'une figure eft estro-
piée, lorfqu'elle n'eft pas bien delfinée j qu'elle
n'eft pas en une belle attitude , qu'elle eft fans juf-
tefle & fans proportion. Les Chinois peignent alFez
bien les fleurs fur leur porcelaine j mais les figures
humaines y font estropiées. Ils fe font tort dans Tef-
piit des Etrangers , qui ne les connoiflent que par
cet endroit , & qui s'imaginent qu'ils font en effet
auffi ridicules, & aulli monftrueux dans leur taille j
qu'ils le paroiflent dans ces peintures. P. le Comte.
CtT Estropié, ée. part. & adj. Ce mot fe dit au pro-
pre d'un animal qui eft privé de l'ufage de quel-
3u'unde fes membres , ou qui en a quelques-uns de
éfigurés, par quelque caufequece foit , foit natu-
rellement , foit par accident , par bleffure , pat
maladie ou autrement. Soldat estropié d'un coup de
moufquet. Malade estropié d'un rntjmatifme, d'une
paralyfie. Mutilus , mutilatus j mancus.
|t3" On l'a tranfporté au figuré à une multitude
infinie d'objets différens. Figure estropiée , paffage
estropié. Exprellîon , penfée estropiée ., &c.
On dit familièrement d'un extravagant qu'il eft:
estropié àt la cervelle , & d'un grand parleur , qu'il
n'eft pas estropié de la langue.
M. Broffette fur le vers 16^. de la XII' Satyre de
M. Defpreaux j
Z'eftropié marcha j l'aveugle ouvrit les yeux j
a eu raifon de remarquer que le mot à'estropiée^ un
terme générique qui convient également à ceux qui
n'ont pas l'ufage de leurs bras , ou de leurs mains ,
& à ceux qui font perclus des jambes. Il y a lieu
d'être furpris des vains efforts de M. Defpreaux fur
la correélion de cet endroit ; rien n'éroit , ce fem-
ble , plus naturel que de s'exprimer de la manière
fuivante.
Le boiteux marcha droit ^ l'aveugle ouvrit les yeux.
88o
ES T
ESTROS. Mot du vieux langage , où l'on trouve à
escros , pour dire foudain j tout- à-coup.
ESTROUSSE. r ■) ETROUSSE.
ESTROUSSER. > ^^^^^ ( ÉTROUSSÈR.
ESTRUBLE. "i -^^ ( ESTOUBLE.
ESTRUN. C 3 EIRUN
ESTUC. f. m. Ceft un certain droit que les voleurs
paient à un autre fripon qui les prorège & leur
rend fervice dans les occafions , tantôt en leur pro-
curant des entrées dans certains lieux j Se tantôt en
favorifant leur évafion lorfqu'on les prend fur le
fait. L'Arrêt rendu contre Jean-Baptifte Cybour en
lyzi. rapporté dans le Mercure François de Juillet
de la même année , porte qu'il étoit convaincu d'a-
voir tiré l'escuc des voleurs.
ESTUDE. I^f ÉTUDE.
ESTUDI ANT. j ^ ^ \ ETUDIANT.
ESTUDIE. f. f. Vieux mot. royei ÉTUDIE.
ESTUDIER. ■> y„^^^ S ÉTUDIER.'
ESTUDIOLE. f -^^ \ ETUDIOLE.
ESTUET. Elpèce de v. impeifonnel. Mot du vieux
langage , pour dire, Il faut , il convient. Ou trouve
âufli m'estourra , pour il mefaudra.
ESTUI. roye^ ETUI.
ESTUIRE. On trouve dans le vieux langage , Fait à
estuire , pour dire j Fait exprès.
ESTUQUE. Province d'Afrique , dans le Biledulge-
nd. Ceft un quartier de Villes & châteaux où il y
a plus de 40. habitations de Bércbéres,
ESTURENT. Troifième perf. pi. de l'Aorifte. Vieux
mot, qui a été dit pour , Ils demeurèrent debout \
ce qui femble venir du Latin jrarc , steurunc,
ESTURGEON, f. m. Beaucoup de gens prononcent
écurgeon^ & l'écrivenr ainfi^ mais l'Académie veut
que l'on prononce Esturgeon , en faifant fentir \'s.
C'eft un gros poilFon de mer , qui monte dans les
rivières , qui a le mufeau pointu , le ventre plat ,
& le dos bleu. Acipcnfcr. Le cavial eft fait d'œufs
^'esturgeon. On a vu un esturgeon qui étoit une fois
aullî gros qu'un buffle. Aldrovandus dit qu'on ne
ne fauroit prendre X esturgeon qu'avec des filets ,
car il ne mord pointa l'hameçon, & vit de limon.
\.' esturgeon au lieu d'arêtes a un cartilLage tendre
& gros d'un doigt, qui s'étend depuis la tête juf-
qu'au bout de la queue , & qui foutient tout fon
corps. On levé ce cartilage , qui s'étend comme un
boyau , & qu'on féche au foleil ; & c'eft la meil-
leurechofe qu'on puilTe manger en carême. Du ven-
tre de \euurgeon on fait la colle de poilïbn. La chair
du ventre eft la partie la plus délicate de ce poilîon.
"L'esturgeon étoit (\ eftimé à Rome , qu'on le fetvoit
avec beaucoup de pompe & de cérémonie ; non-
feulemenr il éroit couronné , mais ceux qui le fer-
voient poctoient eux - mêmes des couronnes j &
marchoient au Ion des flûtes. Dac En Latin acipen-
fer y fuivant Rondelet \ ou turfio , félon Pline \ ou
Jilurus , fuivant Aufone ; en Italien porcelleto.
Ménage le dérive de sturcio. Quelques-uns l'ap-
pellent/oa/? de mer'. & en la baffe Latinité on l'a
appelé i-rur^io , ou strutio.LncWias, Cicéiouj Ho-
race en ont parlé , à ce qu'on croit ordinairement,
fous le nom à' acipenfer : ^^mrts le nomment j-rario,
& en François esturgeon. Pomey. En 1669. l'Acadé-
mie de Caën fit la diffedion d'un esturgeon : ladef-
cription en fut envoyée à l'Académie Royale des
Sciences , & fut mife toute entière dans les regif-
tres , d'où M. du Hamel a tiré l'extrait qu'il a donné
dans fon hiftoire , p. 67. L'esturgeon pefeotdinaire-
iTient environ cent livres ; mais il s'en trouve quel-
quefois qui pefenc davantage. Ce poitTon a une
très-grande force , & d'un coup de fa queue il ren-
verfe l'homme l_;^plus robufte.
ÉTUVÉ.
ESTUVE.
ESTUVÈE.
ESTUVEMENT.
ESTUVER.
ESTUVISTES.
ESTUY.
'Foyci.
RTUVÉE.
ÉTUVEMENT.
, ETUVER.
ÉTUVISTE.
ÉTUI.
ES V ET
ESTUYER. V. a. Vieux mot. Foye^ ÉTUYER.
E S V.
ESVANOUIR. roye:^ ÉVANOUIR.
ESVANOUISSEMENT. Foye^ EVANOUISSE-
MENT.
ESVE. f. f. Vieux mot. Eau.
ESVENTRER. "> ^ ( ÉVENTRER.
ESVERTUER. f '^^>'^î 1 EVERTUER.
ÉSULE. f.f. £yw/fl. Terme de Botanique j qui fe dic
de quelques plantes. Il y en a une qu'on appelle or-
dinairement petite éfule 3 efula minor ojficinarum.
C'eft une efpècc de tithymale. Sa racine eft plus
grofle que le doigt , fouvent plus petite , fibreufe
& ligneufe. Ses feuilles font femblablesà celles de
la linaire ; & fes fleurs difpofées en parafol , &
jaunes. La petite éfule eft un bon hydragogue .• on
la corrige en la faifant tremper dans du vinaigre;
& on s'en fert dans l'hydropifie , & dans la cachexie.
Ses racines entrent aullî dans quelques compofitions.
C. Bauhin appelle cetteplante tithy malus cyparijjias,
Pinac. zpi. ^ciyc:f Tithymale.
ÉSUS. f. m. Ancien Dieu des Gaulois. Efus. Laûance
dit que ces peuples offroient des hommes en facri-
fices à Efus Se à Tentâtes , Si. les appaifoient , fe les
rendoient propices par le fang humain.
ESVOLLE J ÉE. adj. Vieux mot. Glojf.JurMarot. Voy.
ÉVOLER.
E S Y. '
ÉSYMNITE. f. m. Certain Magiftrat chez les Grecs.
LJymnica.Denïs d'Halycarnaile nous apprend que les
Grecs appeloient Efymnites certains Magiftrats élus
par le peuple J qui leur donnoit une puiflance ab-
folue, mais feulement pour un certain temps pré-
fix & limité , & dans des occafions Se des néceflités
preflantes qui fe préfentoient. Il leur compare les
Diâateurs de Rome , & il dit que c'eft fur le mo-
dèle des Efymnites que les Romains firent des Dicta-
teurs.
E T.
ET dans toutes les langues eft une. conjonâion ;
comme on parle en tetmes de Grammaire , c'eft-
à-dire , un mot qui lie les parties d'oraifon , les
membres d'une période , & les périodes même. Foy.
Conjonction. Et ^ atque. La parricule & eft quel-
quefois Amplement énonciative , quelquefois elle
eft pat les fens des phrafes abfolument & eflentiel-
lementcopulative; enfin quelquefois elle eft même
disjondlive. On doit fupporrer ici tous ces termes :
ils repréfentent différentes idées , Se expriment des
fens très-difîérens.
Elle eft énonciative lorfqu'elle joint différentes
chofes qui font énoncées, Se qui peuvent être fé-
parées ou omifes fans que le fens de la phrafe foie
faux. Tel eft l'ufage qu'elle a dans cette phrafe. Au
commencement Dieu créa le ciel Se la terre. Gen. L i.
On peut dire Amplement : Au commencement Dieu
créa le ciel , ou bien j Au commencement Dieu créa
la terre: ces deux propofitions font vraies , aufîi-
bieu que la première 3 parce que la particule &
n'eft qu'énonciative , & que Dieu ayant effedive-
ment créé au commencement le ciel & la terre , il
eft également vrai qu'au commencement Dieu a
créé le ciel , & qu'au commencement il a créé la
terre.
La particule & eft eflentiellement & abfolument
copulative lorfqu'elle joint des cKofes qu'on ne fau-
roit féparer fans détruire le fens de la phrafe Se le
rendre faux. C'eft en ce fens qu'on doit la prendre
dans la phrafe fuivante. Celui <jui croira Se qui fera
baptifé , fera fauve. Marc, XVI. 16. il eft vifible
que la propofirion feroit fauffe , fi l'on rerranchoic
l'une des deux chofes énoncées : car on ne fera jamais
fauve fi l'on fe contente de croire fans vouloir re-
cevoir le baptême lorfqu'on peut le recevoir , ou
fi l'on fe contente de fe faire baptifer fans vouloir
croire les myftères de la foi. Il y a dans la Sainte
Ecriture
ETA
Ecriture pliifieurs exemples où la particule (S* a la'
même force & le mêmelens que dans celui-ci. Ainfi
quand nous lifons dans l'Exode , XX, 1 1 Honore:^
yotre père & votre mère , afin que vous vivie^ long-
temps fur la terre j &c. &c dans la première Epître de
S. Pierre , X. 1 1 . 1 2. .S/ quelqu'un aime la vie , &C
dejïre d'avoir des jours heureux I^'^fe détourne
du mal & faffe le bien. Quand, dis-je , nous lifons
ces palFages , & quantité d'autres femblables , nous
devons donner à la particule (& un fens copulatif.
Enfin cette parricule eft disjonélive qirand la
phrafe s'entend indiftéremment de Tune ou l'au-
• tre des chofes énoncées j fans qu'il foit nccef-
■ faire , pour qu'elle foit vraie , de Tentendre de
' toutes enfemble : dans ces occadons on peut met-
tre à la place de la parricule «S* j la particule ou
dans les propofitions affirmatives , & la particule ni ,
dans les propolitions négatives. En voici àz% exem-
ples : Celui qui maudira fon père &C fi mère , fera
puni de mort , Exod. XXI. 17. Pierre dit (à un pau-
vre) je n'ai point d'or 8c d'argent. Certainement,
pour être digne de mort , il n'étoit pas nécelFaire
d'avoir maudit fon père & fa mère ; mais il
fuffifoit d'avoir maudit l'un ou l'autre. Et pour
faite l'aumône , il n'eft pas nécetTaire d'avoir de
l'or & de l'argent .• il fuffit d'avoir de l'un ou de
l'autre
Et vient du Latin et, avec cette feule différence
Îu'en prononçant le mot François on ne fait point
entir le t comme en Latin. £t en Hébreu i , en
Grec X*'. Cela eft bel & bon. Vous & moi. Remar-
quez que cette particule & ne fe met point en vers
devant une voyelle, parce que 1er ne fe pronon-
çant point , cela feroit une efpèce d'hiatus infup-
portablc. On en peut fcntir le mauvais effet dans
ce vers.
Qui fer t & aime D'ieu , pofféde toutes chofes.
Et. Conjonction. On dit à la fin d'un conte, d'un récit,
fr de boire , &c. Et àe rire pour dire que l'affaire
dont on parle fe termine par boire, par fairerire,
&c. Ac. Fr.
Et C/tTERA. (leT de I'et fe prononce dans ce mot ,
parce qu'il a paffé du Latin dans le François ) qu'on
écrit fouvent par abréviation, &c. lignifie c5c le refte.
roy. CETERA.
ETA.
ETA, ouTTA, f. m. Terme de Grammaire Grecque.
Nom d'une voyelle de la langue Grecque qui a cette
forme H, t. Eta. La prononciation de cette lettre a
• varié. On l'a prononcée comme un e & comme un /.
Térencien marque la première; mais les Grecs de-
puis plufieurs fiècles ne lui donnent plus que la fé-
conde. Cette lettre, aulfi-bien que 1'», fut ajoutée à
l'Alphabet, & n'y étoit point dans le commence-
ment. On en voit encore des preuves fur d'anciens
monumens , tels que font les colonnes des Farnè-
fes , apportées à Rome de la voie Apple , où l'on
voit I'e , pour I'h , AEMErros , kopes , pour ahmh-
TFOS & KOPHS. On dit que c'eft Simonide qui
l'ajouta. Bibliand. de Ratione communi linguarum ,
/».40. Les Latins rendent cette lettre par un e. Car
pour tiitfi.ir^i(it , BiiTct , H/u'i^a, Qr,Tiv; , QÂrxufo! , &C.
ils on dit Demetrius j Beta j Hemera , Thefcus , The-
faurus j &c. Voye-^ la Nouvelle Méthode Grecque j
p. 5 &;6. Ce fentiment eft le plus commun aujour-
d'hui. Néanmoins de très-habiles gens conviennent
que dans l'Antiquité même on prononçoit cette let-
tre comme un i. Louis de Dieu , l'un des plus fa-
vans Grammairiens de nos temps, l'a remarqué dans
fes Animadverfious fur la Genéfe VL 2 4. & que c'eft
pour cela que les anciens Hébreux , comme le Para-
phcsfte Jonathan, l'expriment par Hhirik\ f-wp;
nwoa. Jean Rodolphe Wetften , dans fes favantes
Oraifons fur la véritable prononciation de la lan-
gue Grecque , le démontre par une infinité d'exem-
ples. Il cite un Pfeautier manufcrit d'Ulférius du
Tome III,
ETA
88
commencement du VIIF fiècle, & pal: conféquent
bien plus ancien que celui qu'on allègue après Mé-
kerque , &c qui n'étoit que du douzième fiécle.
Dans ce Pfeautier d'Ulférius tous les h lont expri-
més par un /.Wetften prouve que les Latins l'ont ex-
primé & rendu par un i y qu'en écrivant il fc con-
fond avec un / ; qu'on l'a rendu par <& & par ia ,
qu'on le rrouve mis pour Y & pour ei ; que depuis
Alexandre le Grand on le prononça plus légère-
ment qu'on ne faifoit auparavant ; que du temps
de Platon cette lettre avoir un fon mitoyen entre
l's , & l'i ; que plufieurs l'ont prononcé comme
un i, & que c'eft ainfi qu'il le faut prononcer.
Voye-^ cet Auteur, dont les Difcours ou Oraifons
font pleins d'érudition. Ainfi il y auroit de l'entête-
ment à prétendre que Tune de ces prononciations
eft la feule vraie , la feule ancienne , & que l'au-
tre eft faulfe & nouvelle ; ce qui est d'ailleurs une
question allez inutile. Voftius y De Idolol. L. II.
C. 16. remarque que 1'"; s'est quelquefois changé
en 0 ou en ».
ETABLAGE. f. m. Le louage d'une étable; ce qu'on
paye pour l'attache , pour la place d'un cheval ou
autre animal dans une écurie. Lvcatio stabuli ^ ta-
herna y stabulatio. On dit proverbialement d'une
chofe qu'on veut bien mépriferj qu'elle ne vaut
pas Xétablage.
Ëtablage, est aufti un droit que les Seigneurs lèvent
en quelques lieux pour permettre aux Marchands
d'expofer leurs marchandifes en vente. Jus exci-
tanddi. tabcrndi ^ stabulationis. On l'appelle en d'au-
, très Vieux plaffhge, hallage &: étalage.
Ëtablage j dans l'Artillerie, est l'entre-deux des li-
, monierès d'un avant-train , ou d'une charrette.
ETABLE. f f. Couvert où on loge , où l'on retire les
bestiaux J particulièrement les bœufs, les vaches
&c les brebis. On le difoit autrefois des chevaux ; &C
la plupart des payfans le difent encore, au moins
en bien des endroits j & ne font point ces diftinc-
tions que font les gens qui parlent bien. Siabulum ,
prsfepe ^claufum. On dit étable pour des bœufs,
bubile ; pour des brebis , ovile ; pour les chèvres ,
caprile; pour des pourceaux ,fuile , hara. I^oye-^ les
noms particuliers, Ecurie, Bouverie j Bergerie , &c.
Notre Seigneur voulut naître dans une étable.
Ronfard s'eft encore fervi du mot d'étable pour
des chevaux. C'eft lorfqu'au 2*^ livre de la Franciade
le Géant Phovére dit à Kilfe fa cavale.
Je doublerai pour telle récompenfe ,
En tes vieux ans ton foin & ta dépenfe ^
Seule au haut bout je te ferai loger
De mon étable.
Ce mot vient de stahulum,
Etable , en termes de Marine , fe dit de l'avant ou de
la pointe du vaiifeau j de la continuation de la quille
du navire, laquelle commence à l'endroit où la
quille celTe d'être droite. Proréc caput. Et on dit, s'a-
border de franc étable, lorfque deux vailfeaux s'ap-
prochent en droiture pour s'enferrer par leurs épe-
rons. C'eft la même chofe c^'étrave , ou estante ,
que les Italiens nomment rota diprora , & les Mar-
feillois capion de proue.
On dit proverbialement : Fermer Vétable quand
les chevaux n'y font plus; pour dire, apporter un
remède à quelque mal , quand il n'eft plus remps.
On dit aufti des gens hargneux j qu'il leur faut une
étable à part,
ETABLER. v.a. Mettre les beftiaux dans une étable. In-
ducere in stahulum, s tabulât e. Dans les pays de mon-
tagnes les beftiaux font établés , Htabulantur, verfan-
tur in stabulis , huit mois de l'année fous i^s neiges.
On dit auffi, Etabler les chevaux, pour dire , les
mettre à couvert en quelque lieu que ce foir.
Il faut que l'écurie où l'on étable les chevaux , foit
unie. SoLEisEl..
ifT On le dit particulièrement dans les hara« pour
T 1 1 tt
88i
ETA
défigner l'asTrion de mettre les poulains j les )u-
mens & les étalons dans l'écurie.
Établé, ée. par: & adj. Scabulatus
ETABLERIES.f. f.Diverfes érables en un même corps
de \og\s. Pecuaria stabula, Pomey. Il y a dans cette
maifon des écabUries fort commodes.
ÉTABLI, f. m. Félibien en fait un fubft. f. & dit tou-
jours établie-^ mais c'eft établi qu'il faut dire. Table
qui fert aux Ouvriers à travailler à leurs ouvrages.
, Tabular.um menfa. Les Menuilîers drelfent leur bois
fur l'établi. Les Tailleurs travaillent les jambes croi-
fées fur {'établi.
Ce mot vient de tabulatum , félon Nicot.
ÉTABLIE, f. f. Ancien terme de guerre. Bataillon.
Agmcriy cuneus , phalanx. Le Regiftre des Comptes
diiant que c'eft au Connétable à ordonner toutes
les établies, eft aifez clair pour enfeigner que le
mot Connétabliesj écrit es Chroniques, ne fignifie
autre chofe que établies & bataillons , ainli appelés,
pour ce qu'ils étoient établis en certains lieux &
formes : t^ le commun depuis leur a baillé nom
de Connétablies, peut-être pour ce qu'elles étoient
établies par le Connétable. Du Tillet , P. I.
§5* ETABLIR. V. a. terme fouvent employé dans di-
verfes lignifications, qui ne font déterminées que
par les mots qu'on y ajoute. Dans l'acception géné-
rale il exprime quelque chofe de ftable & d'ailuré.
C'eft ainli que l'on dit que les fondemens d'un édi-
fice qui font établis & pofés fur le roc, durent long-
temps. Ce mur eft bien établi & arc-bouté. Stabilité.
^^3^ ETABLIR, fignifie auiîi mettre dans un état avan-
tageux j dans une condition ftable, ce père a bien
établi fes enfans , les uns dans la robe, les au-
tres dans l'épée : pour s'établir dans le monde ,
on fait tout ce qu'on peut pour y paroître établi.
La Roch. Cet homme eft bien établi à la courj il y
a du crédit; il a bien établi fa réputation. On dit
dans ce lens établir une fille, la marier, collocare
filiam fuam in matrimonium , nuptui , nuptum. S'éta-
blir , fe pourvoir par mariage. Uxorem ducere. Il
s'eft ennuyé de vivre feul , il s'eft établi , marié.
s'Établir, fignifie auflî j Se placer en quelque lieu ;
fixer fa demeure. Domicilium ponere j defigere , fe-
dem ponere. Plufieurs Etrangers fe viennent établir
ETA
nés Fois. La paix & la concorde font établies par
l'obfervation des lois & de la difcipline. Il ne
ne faut point aller contre les ufages établis. Bell.
On dit aulIi , Etablir une manuladlure, une im-
poluion, un droit j établir ou conftituer une pen-
lion fur un Bénéfice. On a établi un nouveau Pré-
fidial , un nouveau Siège en une telle ville. Le Roi
a établi de bons officiers dans les charges. On a éta-
bli des Commis en tous les Bureaux. On dit que
des Ouvriers % établirent à^ns un atelier, lorfqu'ils
en prennent polfellion , & qu'ils y apportent tous
les outils nécelfaires pour commencer leur travail.
On dit aulîi établir des pierres lorfqu'on trace def-
fus quelque marque , ou lettre alphabétique , pour
deftiner fa place à chacune. Dans les grands ateliers
chaque Ouvrier a Ja marque particulière pour les
pierres de fon canton.
fCF Etablir , fe dit aulîî en matière de fciences &
de raifonnemens , pour poferj avancer, s'appuyer
fur un fondement. Il ne faut pas établir pour prin-
cipe une chofe faufte. Il y a bien des erreurs popu-
laires établies, qu'on croit fermement, qui ne font
fondées que fur des préjugés. Chacun confulte
fon humeur pour établir les droits de l'amitié^ l'ami
froid & l'ami ardent en établirent de contraires*
S. EvR. les efprits forts s'élèvent contre les vérités
les mieux établies. Bouh. Ponere , conjirmare.
%T On dit au palais établir un fait, le déduire, l'ex-
pofer. Etablir l'état d'une queftion , établir fon
droit , une propofition , c'eft prouver , établir une
propofition par des raifonnemens convaincants, éta-
blir fon droit fur des pièces aurhentiques.
Établir, fe dit auflî des mots- Voilà un mot qui aura
de la peine à s'établir. Vaug. Rem. c'eft-à-dire j à
être reçu , & à prévaloir par l'ufage. Non facile ob-
tinebit.
vEtabli j lE. part. & adj. Conjîitutus y pojltus. Il a les
fignifications de fon verbe , tant au propre qu'au fi-
guré. Il eft dangereux dlnnover^ de toucher aux
chofes établies j il faut s'arrêter à ce qui eft établi
d'ancienneté. On dit en ftyle de Notaires , Etabli
en fa perfonne un tel ; pour dire , Fut prélent j &c.
Sur les opinions établies en matière d'ouvrages d'ef^
prit, les hommes forment d'ordinaire deux fortes
de jugemens. La Motte.
en
France , s'y font naturalifer. Les Provinciaux fe i ÉTABLISSEMENT, f. m.Adion par laquelleon établie
viennent établit à Paris , y fixer leur demeure. Il
s'eft venu établir dans notre voifinage une telle
Communauté.
Établir J fe dit aulîî des chofes qui ne doivent pas
durer long-temps. On a établi garnifon chez ce Fi-
nancier. On a établi des étapes fur la route de
l'armée. Etablir une Chambre de Juftice. Ménal-
que va rendre vifite à une Dame ; & fe perfua-
dant que c'eft lui qui la reçoit , il sétablit dans
fon fauteuil , & ne fonge nullement à Tabandon-
ncr. La Bruy,
Etablir, fignifie aullî, accorder une place & un lieu de
réfidence. Sous ce point de vue il a un rapport parti-
culier à l'autorité & au gouvernement. Louis XIV.'
a établi les filles de S. Cyr. Dans ce fens il n''eft point
une chofe. Constitutio , ereclio j Janâio. Ce mot fe
prend dans toutes les fignifications du verbe éta-
blir. Voye^ ce mot. Les établijfemens des Corps &
des Communautés ne fe font point fans Lettres Pa-
tentes, fans autorité publique. V établijfement d'ua
Parlement, d'un Préfidial.
Établissement , fignifie aufli , Fortune, condition
avantageufe, pofte brillant. Cet homme a un bon
établijjement ï la Couronne belle charge. Par ce
mariage avnntageux il s'eft fait un bon établiffe-
ment. A la Cour rarement on honore le mérite feul
& dénué de grands établijfemens. La Br. Il ne faut
pas chercher tout le bonheur de la vie dans ces éta-
bliQemens, qu'on met au-deflus de tout 5 ce font des
grandeurs de théâtre. Le Ch. de M.
fynonymede fonder, qui fignifie donner le nécelTaire Établissement, fignifie auftî, Demeure ftable, retraite
pour la fubfiftance , & n'exprime proprement quei fixe. Domus, domicilium. Depuis fon établijjement ï.
lès libéralités temporelles ; ni du mot inftituer j
qui fignifie créer & former les chofes, & défigne
l'auteur ou celui qui les a imaginées & mifes au
Paris, il y a bien gagné du bien. Il s'eft fait à la Cam-
pagne un établijjement agréable, pour vivre en re-
_,- J, ,_ -_ , pos le refte de fa vie.
monde, fonder uneÉglife, inftituer un Ordre. Foy. î Établissement , fignifie aufti , Commencement , în-
ftitution. V établi (j'ement des Religions , des Sacre-
ces, mots.
§3* Etablir fe dit auftî pour donner commence-
ment aune chofe qui a ou doit avoir cours, l'af-
fermir. Iniùum dure , funiare : on dit en ce fens ,
Etablir une Religion , un Etat , un Empire , pour
dire le fonder , lui donner un commencement , ou
quelque grand accioiftement. Jesus-Christ a éta-
bli fon Eglife fur Saint Pierre : il a établi fa Morale
Xur l'humilité , la patience & la charité \ c'eft lui
qui a établi & inftitué les Sacremens. Les Turcs ont
établi un puiftant Empire. Ce Prince a bien établi
fon autorité , il eft bien abfolu : il a établi de bon-
mens, des cérémonies, des lois, des Magiftrats ,
des impôts, des régies, des principes dans les
fciences. Pourquoi s'ofFenfer fi les hommes ne nous
rendent pas certaines déférences qu'ils ne nous doi-
vent que par des établi ffemens humains ? Nie.
On appelle en termes de Guerre, V établi (fement
des quartiers, la diftribution des troupes dans les
lieux qu'elles doivent occuper durant quelque temps.
On dit ,à-peu-près dafis le même fens. Cette adion
fut \' établijfement de fa réputation ; pour dire , Sa
réputation, commençai s'établir par là. On dit
ETA
VttabliJJement A'\xn droit, d'une queftion , d'un fait \
pour lignifier , leur expolîtion , accompagnée quel-
quefois de preuves.
On dit aulli , Saiiîr réellement des héritages avec
écablijj'emsnc de CommilFaire.
|CF Etablissement j en jurilprudence j a fignihé au-
trefois la mêmechofe que Règlement , Ordonnan-
ce. On a donné le nom d'établiileinens .1 d'ancien-
nes Ordonnances de nos Rois.
ÉTABLURE. f. f. Terme de Marine. C'eft la même
choie que rétrave,ou l'étable. f-'^oye-:^ ci-dellus Eta-
BLE en termes de Marine.
Ces mots viennent du La.nn stabilire , quifignihe
établir.
ÉTAÛOU. f. m. C'eft le principal outil des Maîtres
Tabletiers faifeurs de peignes. C'ell une Icie à deux
lames dont ils fe fervent pour ouvrii: & féparer les
dents d'un peigne
Ip- ETAGE, f. ni. Terme d'Architedure.Ceft l'efpace
compris entre deux planchers dans un bâtiment.
Tabulatum. Toutes les pièces d'un appartement qui
font de plain-pied , de niveau. On dit en ce fens ,
premier , fécond , troilîème , &c. étage. Un ita^e
bas , qui ell peu exhaulfé. Quand on parle des étjges
féparément , \q j^remier étage ntiiY>^s celui qui eft
au rez-de-chauflée , mais celui qui ell au-delfus.
Loger au premier , au iecond , au troilîème étage.
Occuper le premier , le fécond , le troilîème étage.
Quelquerois ce mot fe dit de V étage qui elb au
rez de-chaulfce. Voye\ ce mot. Dans quelques en-
droits il y a des bâtimens qui ne font qu'à un etage^
que d'un étage. Etage carré.
Nicot dérive ce mot du Grec , ^iy^ qui fignifie
tabulatum , ou cont/gnatio j Du Cange de eftoca ou
stagium j qu'on a dit dans la balïe Latinité pour
fignifier la même chofe.
Étage, fignifioit autrefois Logement, demeure. Z)o-
mus , domtcilium , habitatio. Gautier de Mets en fa
Mappemonde j ch. 14. dit :
.Après cette vive volage ,
Où cafiuns fait petit eflage.
Les aflîfes de .Terufalem manufcrits , Ch. 218. Et
fe il n'a manoir eftable en la ville où il doit fon
estage tenir , il le doit femondre en l'oftel où il fut
devrainement manant.
^CT Lige-Etage. Terme de Coutume. Staglum , asta-
gium. C'étoit un devoir des Valfaux envers leur
Seigneur. Ce devoir étoit une obligation pour les
Valïàux de demeurer, de réfider dans la terre du
Seigneur , pour garder fon Château en temps de
guerre , & défendre fa perfonne contre fes enne-
mis. Si le Valfal n'avoit point de maifon dans le
lieu , le Seigneur étoit obligé de lui en fournir.
^fT Devoir étage en un lieu , être étager j c'eft
être tenu à ce devoir par l'inféodation.
§C? De-là eft venu le stage y ou réfidence des
Chanoines , pendant la première année entière , ou
en partie , félon les différentes coutumes des Cha-
pitres.
§C? Étage , eft aufti un terme ufité parmi les Jardi-
niers , en parlant des arbres. Ordo. Il lignifie un rang
de branches placées fur la même ligne. Il faut laifter
monter ces arbres par étages. On le dit également
d'un rang de racines placées de même. Il fuffit qu'un
arbre ait un feul étage , de bonnes racines , c'eft-à-
dire : placées horifontalement fur la même ligne ,
en forte qu'il n'y en ait point de beaucoup plus
balTes les unes que les autres.
Étage, fe dit aulïî au figuré de certaines chofes qui
ont quelque marque de diftinction dans leur hau-
teur. Des fraizesa neufou dix étages. Masc.
Son menton fur fon fein defcend à double étage.
BoiLEAU.
Etace, fe die auffi au figuré , pour marquer les divers
E TA
88^
degrés d'élévation. Genus ,conditio. Il y a des efprits
de tous étages ^ celui-là eft du plus bas étage.
On le dit aufti des conditions. C'eft une Dame
du plus haut étage. Scaliger devient une harangètc
dans les emportemens, <5<: s'abbailfe jufqu'au der-
nier étage d\x menu peuple, pour dire des injures à
fes ennemis. Bal.
// tutaie , en parlant ^ aux du plus haut étage.
MoLIbRE.
|KJ" Bas Étage. C'eft une exprelfion baffe : elle eft au
moins profcrite du ftyle noble.
Oa dit proverbialement & figurément , qu'un
homme eft fou , qu'il eft foc à triple étùge , pour
dire, excellîvement, au dernier point.
§3° Ce mot eft aulH d'ufage dans l'Amérique en
parlant des plantations. Les habitations s'établilfenc
au bord de la mer , ou le plus près qu'il eft pollîble.
Celles qui font au bord de la mer , s'appellent le
premier étage. Celles qui viennent immédiatemenc
après , le fécond étage. Si le quartier eft bon , il s'y
forme jufqu'à quatre étages.
ETAGER. f. m. Vieux terme de Coutumes , qui fe dit
des fujets qui font demeurans & domiciliés dans
une Seigneurie, cm de celui qui eft obligé d'y venir
rélider en temps de guerre. On les appelle aulîi
manfoniers en Bretagne. Stagerius. Etre étager, ou
devoir étage. Le Roman de Lohérans dit:
Ferei fermer h chastel de Belin _,
Etjaices dire vostre Prévost Oudin ,
Les eftagers/àfe céans venir
Trestost femongne & les grands & petits.
Jr°y^l Du Frefne Gloff. de Villehard.
CCT Etager. v. a. Terme de l'erruquier. Metrre les
cheveux par étages j en forte que les plus hauts
foient les plus courts, & les plus bas les plus longs,
pour former des boucles à différentes hauteurs,
quand on les frife. On ne le dit guère qu'en parlant
de la coupe des cheveux. Les Barbiers enlJeignèrent
, à étager les cheveux. Dacier , fur Bor.
ETAGIER. Vieux verbe neutre, qui n'eft plus en
ufage il y a long - temps. Habitare , commorari ,
manere. Une mêlée commença de Griens & des La-
tins , qui èrent en Conftantinople estagier. Vil-
lehard. n. 107.
ETAGUE. f. f. Terme de Marine. Manœuvre qui fert
à hiller les vergues de hune au haut des mâts. On
dit aulli Itaque y Etaque, Itacle &C Etagle.
ETAL f. m. Terme de Marine , eft une groftè corde
qui prend depuis le fommet d'un mât jufqu'au pied
de celui qui eft devant lui vers la proue , & qui
fert à raffermir. Rudens fulciens , funis nauticus
crajjlor. Il y a le grand état , X'étai du grand hunier ,
Vetai du perroquet, \'étai de mifaine , Métai d'arti-
mon. Ces étais fervent encore pour y attacher d'au-
tres manœuvres , & il y en a qu'on appelle àefaux
étais. Le faux étai eft celui que l'on met pour ren-
forcer le grand mât , ou pour le remplacer en cas
3u'il foit coupé par quelque coup de canon. Le collier
e Xétai eft comme une ganfe par laquelle Vétai eft
accolé au mât au-delfus des barres. Les voiles à'étai ,
ou qu'on attache à l'iT^/, font coupées à tiers points.
Vétai eft la plus groftè corde de toutes les manœuvres.
ÈTAIE. f f. Fulcrum. Il eft affez difficile de reprc-
fenter par l'écriture comme on doit prononcer ce
mot. Richelet veut qu'on prononce comme s'il y avoic
étée J mais on croit c\uétaie eft plus approchant
de la véritable prononciation. Etaie eft une groffe
pièce de bois ou de charpente pour foutenir les
planchers d'une maifon dont on veut rebâtit un gros
mur , ou pour en foutenir feulement quelque partie
qui menace ruine- On fait aulli des étaies avec de
la pierre par des piliers & des arcs-boutans.
Étaie , a une fignification plus étendue quétançon ,
& s'entend généralement de toutes fortes d'appuis ,
foit de charpente , foit de maçonnerie.
T c c 1 1 ij
SS4 ETA ^ ETA
£taie, en termes de blafon , fe dir d'un petit che- l'Ètain de Coinouaille , qui vient d'Angleterre, eft
vron dont on fe lert pour écayer ou foutenir quel
que chofe. Tigillum. L'etaii ne doit avoir que le
quart de la largeur du chevron. P. Men. Il lemble
qu'on devroit écrire étaye j comme ccayemenc &c
écayer. On fe conforme ici à l'orcographe du Dic-
tionnaire de l'Ac. Fr. mais je ne vois aucune laifon
qui puifTe la faire préf-érer. '
ÉTAIEMENT. f. m. A6iioa d'etayer. Ftt/a/72e,7r«/w, F.
Etayhment.
ÉTAIM.ouETAIN. f. m. C'eft le plus fin de la laine,
qui n'eft appelé écalm , que quand il ell tiré de la
laine. Foy. Laine. L'Ouvrier qui carde la laine ,
s'appelle ûmp\cmenz Curdeur , & celui qui en tire
'le plus fin , s'appelle Tueur iVctaim. On le contente
de faire chauffer la laine ; après quoi on la brile
avec deux grands peignes , dont les dents j appelées
pics y font longues d'environ dix pouces , un peu
recourbées par l'extrémité. Quand la laine fe trouve
bien brifée , le Tireur tait fuivreà la main le fin de
la laine , &c alors c'eft de ['âuim. Ecaim à filer ,
■étdim filé , bas A'écaim.
Si Vcraim n'étoit que de la laine cardée propre à
filer, comme on l'a du dans les précédentes édi-
tions , bas à'écdim &c bas de laine leroient abfolu-
ment la même chofe. La différence cependant eft
grande. Des bas à'ctaim font des bas haits du fin de
la laine, Se des bas de laine font des bas faits de
iimple laine cardée , dont communément on n'a pas
tiré le fin. On fait de grands filets d'frj^/w pour laire
des étoffes , des tapilFeries , des bas , &c. Et on
appelle particulièrement écaim, les filets de laine
étendus de long pour faire l'étoffe , par oppohtion à
trame, qui font les filets qui les traverlent.
Ce mot vient de Stamen. Jean Biaunius j dans
fon Livre des Ornemens Sacerdotaux des Hébreux,
dit que le mot Ai stamen vient àscancibusfilis , parce
qu'on faifoit ces vêtemens au métier, autour du-
quel on tournoit pour y travailler debout.
^CT ETAIN, comme l'écrit l'Académie , pour le dif-
tinguer du mot ecaim , dont on vient de parler , e(l
fubff. m. C'eft un des fix métaux primitfs. Efpèce
de métal blanc , flexible & moû, plus léger que tous
les autres métaux, & qui f;iit un petit cri ou bruit,
scridor , quand on le plie, ^w/^^i/m. Les Chimiftes
nous affûtent que fes parties élémentaires font le
ibufre , la tetre & le fel \ & ils affurent qu'il a des
pores beaucoup plus gtands que ceux de l'argent.
C'eft en Angleterre & en Allemagne que fe trou-
vent les meilleures mines à'écain. Vecain s'unit
très-facilement avec les autres métaux; mais il leur
ôte leur du6lilité , les rend aigres & caffins : c'eft
pour cela que quelques-uns l'ont appelé diabolus
metallorum. h'étain ne devient fonote que par l'al-
liage. Ainfi J quoique Vécain fonnant foit le meil-
leur ^ il n'eft pas le plus pur.
Etain vient du Latin Stannum,
Ce mot a pludeurs lignifications en termes de
Philofophie hermétique. Ecain des Philofoplies , li-
gnifie ou bien l'ouvrage de la pierre , ou le mercure
des Philofophes , ou l'œuvre au blanc qu'il faut
encore cuire.
La cérufe à'écain , eft une poudre blanche dont
on fait un émail blanc qui colote les vaiffeauxde
•fayence. On en fait auffi du fard qu'on appelle blanc
à'EJpagne. Cène cérnk ne fe fait pas avec du vi-
naigre , comme celle de plomb , mais avec de l'u-
rine de jeune - homme , parce qu'il faut une plus
grande force pour entrer dans fes pores, qu'en ceux
du plomb. La potée qui fert à polir les miroirs d'a-
cier , eft de la chaux d'écain , ou de l'écain calciné
& brûlé. Les Chimiftes appellent beloard Jovial , la
chaire à'écain , & i'efprit de nitre diftillé & évaporé.!
On rient que c'eft un remède fpccifique pour les
maux de matrice. On appelle fleurs d'écain , ce
qu'on tire de l'écain, par la lublimation , lorfqu'il
eft mêlé avec quelques fels , comme l'ammoniac &
auttes. Les Chymiftes appellent ce métal Jupicer ,
croyant qu'il a quelque rapport avec cette Planète.
meilleur que celui d'Allemagne : car on ne ttanf-
porte celui-ci qu'après que le plus pur a fecvi à co-
lorer du fer blanc. Le plomb & Vecain perdent leur
pétillement, leur mollelle îk leur noirceur, étant
tondus & éteints dans du jus de fquille , qui eft un
oignon marin qui a la tonne d'un navet.
l'Etain fin , Xetainfonnanc , c'eft le meilleur écain \ &
par les réglemens il doit être inatqué par-deffous
l'ouvrage. L'écain commun eft celui qui eft de moin-
dre prix , qui fe doit marquer par-deilus l'oiwrage,
& qui approche plus du plomb. L'écain à'ancimoine,
eft celui oii l'on a mêlé une partie d'antimoine pouc
le blanchir & durcir. L'écain de glace , eft une iorte
à'ccain luifant j qu'on appelle autrement bifmuch.
Un Potier à'écain eft celui qui tait & qui vend la
vaiffelle à'écain.
ETAINS. f. m. Terme de Marine. Stamina. Les écains
font deux pièces de bois d'une même figute , lef-
quclles étant mifes en œuvre fur l'etambord, font
portion de cercle , & forment le rond de l'arrière,
ou l'arcalTe du vaiffeau.
ETALAGE, f. m. Expofition d'une marchandife pour
être vue & vendue. Expoflcio.
^fT Etalage , fe dit aufti des mauvaifes marchan-
difes qu'on étale & qu'on déploie pour fervir de
montre. Je ne veux point dem3rchandifesd't;'w/i.?^e.
M. De la Mare , dans fon Traicé de la Police , ap-
pelle aulîi écalage les bans , ou tables , &c. fur lef-
quelles on étale. C'étoit aux Ediles à taire retirer les
écalages. Les écalages feront retirés à fix pouces du
gros mur.
Ce mot ^ientdu Latin Stallagium- Du Cange.
Étalage , fignifie aulîi le droit que paient les Mar-
chands pour la place ou la boutique que leurs mar-
chandiles occupent , pour la permillion d'étaler.
Jus propalandi merces. Les Marchands dans les Foires
paient ['écalage y c'eft-à-dire , pour la boutique,
pour le droit du Seigneur.
Etalage , fe dit au figuré de l'ajuftement , de la pa-
rure affedce , & fur-tout de celle des femmes. Elle
avoit employé bien du temps àfe parer pour le bal j
mais elle a perdu la peine , & fon étalage. Bon dans
le rtyleplailant & badin.
Ce chêne creux & toujours verCy
Qu'on voie en fuperbe étalage
Dominer fur vocre village ,
Semble m' offrir fon fianc ouvert. P. Du Cerc.
Étalage , fe dit encore fîgurément de tout ce qa'on
pi end plaifir à faire voir, de tout ce dont on tait
parade avec afteélation. Ainfi on le dit toujours en
mauvaife ^ah. Apparatus , ostencacio. K (\ao\hon
ce pompeux écalage de paroles étudiées ? L'envie de
faire parade de ce que l'on fait , & d'éblouir le
monde par le pompeux écalage d'une érudition faf-
tueufe J eft la marque d'une lotte vanité. Bell. Ce
grand écalage de fcicnce , par où vous cherchez à
éblouir les autres , ne fert qu'à vous faire regarder
comme un pédant incommode. Id. Elle croyoit je-
ter de la poudre aux yeux par le dévot étalage de fos
haires & de fes difciplines. S. Evr.
ÉTALER. V. a. Expofer de la marchandife en vente,
la mettre en étalage , .à la vue du public. Exponere,
vénales proponere , propalare. Ce Boucher étale fa
viande , ce Mercier fa mercerie. Il eft défendu d'e-
ra/er certains jours & en certains lieux. On a dit au-
trefois esceller 3c escaler , pour écaler.
Etaler , fe ditaufti de ce qui eft déployé , expofé aux
yeux. Oscencare , explicare. Le paon écalefo. queue.
^fJ' On dit dans ce fens j écaler fon jeu , mon-
trer, étendre fes cartes fur la table.
ipr Étaler, fe dit figurément , pour déployer,
montrer avec oftentation , faire parade de quelque
chofe. Voye:^ Montre , Parade. J'ai-Jiorreur de
leur infamie , car ils écalenc ici par-tput leur mol-
leffe & leur lâcheté. Abl. Ecaler fa folie- Id. Ecaler
fon zèle. Racine. Etaler fes charmes. Chacun étala
ETA
fes talens. La Font. On ne regarde la converfation
que comme un moyen à'iCaUr ce qu'on croit favoir.
S. EvR. Dieu ne pardonna pas à Lzcchias la fecicte
complaisance avec laquelle il écala fes trélors aux
Amballadeursd'Alfyrie. Roy.
Trop aimable Tirjîs j pourquoi mal- à-propos
Etaler tant d'appas , & troubler mon repos ?
La Suze.
§3* On dit auJîî étaler fes raifons , fes preuves ,
fon éloquence, fes talens, les étendre, les dé-
ployer.
ifT Et dans le ftyle familier, étaler fa marchandife ,
faire parade de ce qu'on a de meilleur , de rare, de
lîngulier.
Etaler , en termes de Marine , fignifie Mouiller pen-
dant un vent , ou une marée contraire à la route ,
pour attendre un temps plus favorable. Ceft au(lî fe
iervir du courant de la mer pour faire fa route par
un vent contraire , quand la maiée ell favorable
Quand la tempête eft trop forte , au lieu àl étaler \q%
marées , il faut relâcher au premier port.
Nicot avec Poftel tient que ce mot vient du
Grec 'eV«>n» ^ dérivé de nAA* qui fignifie ] arrange ^
je mets en ordre. Ménage le dérive de stellare ,
comme cstau àQ stallum , qui a été fait de stabulum.
Étalé , ée. part. palT.
ÊTALEUR. f. m. Institor librarius. Pauvre Librairequi
étale des livres pour les vendre. On trouve quelque
fois d'alfez bons livres chez les Etaleurs.
^y On peut le dire de tout autre marchand qui
étale fes marchandifes fur des pieux pour les ven-
dre , qui vend à un étalage, /To^û/a. Mercier Hta-
leur.
ÉTALIER. adj. m. Qui ne fe dit que des Compagnons
Bouchers qui vendent en détail , & qui étalent en
public la viande de boucherie. Institor laniarius. Il
faut être fra/ie/- Boucher avant que dctre Maître.
Les Normands appellent ew//Vr^, certaines fafci-
nes qui ferment les terres , afin que les chevaux n'y
puillent pas entrer. Kom. Com.
ÉTALINGUER. v. a. Terme de Marine. Voye\ Ta-
LiNiiUER , c'eft la même chofe.
ÉTALON , autrefois ETELON. f. m. Equus admif-
farius. Cheval entier qui fert à couvrir les jumens
poulinières qu'on enferme dans un haras pour en
avoir de la race. Il faut laitier aller l'étalon aux ca-
vales , & ne les point faire couvrir en main , c'eft-
à-dire en les tenant par le licol. Les meilleurs éta-
lons font les chevaux d'Efpagne.
Ce mot vient de stallone , qui a été fait de stal-
lum j qu'on a dit pour stabulum. Mén. Du Cange
dit qu'il vient de equus ad stallum.
ETA LON , fignifie auili la mcfure publique & certaine
qu'on garde au Greffe de la Haute-Jullice , ou au
Bureau de la ville , fur laquelle toutes les autres font
réglées ; ce qui fe dit tant des poids que des vaif-
feaux , & des mefures de longueurs , comme li-
vres , marcs , boiHeaux , pintes , aunes , minots ,
- &c. Prototype des poids & des mefures , autorift
& confervé par le Magiftrat, fur lequel les mefures
& les poids des Marchands doivent être réglés.
Modulus , modus , exemplar , archetypum. Les
Romains & les Juifs gardoient dans leurs temples
l'eM/û/z des mefures & des poids. Le Roi Henri H.
en Î557. ordonna que les ifrj/c>,7j de gros poids &
mefures feroient gardés dans l'Hôtel de Ville de Pa-
ris. Ils étoient anciennement gardés dans des lieux
publics & dans les Monaftères ; & par l'Ordonnance
de 1 5 40. il eft dit que ['étalon du poids de l'or & de
l'argent , lequel étoit anciennement gardé dans le
Palais du Roi , fera gardé à la Cour des Monnoies.
Ainfi la Cour des Monnoies prétend qu'elle a feule
le droit de faire étaloanerces poids , parce qu'elle
en a feule l'étalon général, le principal & l'arché-
Etalon , en ce fens , u l'on en croit Ménage , eft
un compofé de ces deux roots Latins est talis , pour
HT A 88;
faire entendre, dit-il , que la mcfure qui a pafTé
par cette épreuve eft telle qu'elle doit ctrej félon les
Lois du Royaume , ou qu'elle eft telle que la me-
fure originale. Il eft pl^s probable qu'il vient du
Saxon stalone qui fignifie mefure.
Les Charpentiers appellent auili étalon , ou ételon.
des ais qu'ils pofeiit à terre pour y tracer la maîtrellè
ferme d'un bâtiment. C'est aulli une cheville qui lie
deux bois enchalfés dans des mortoifes. Fibula li-
gnatia. PoMEY.
En termes d'Eaux & Forêts, on appelle aufîî éta-
lon, un chêne ou autre arbre de l'âge du bois , qu'on
a réfervé à la dernière coupe , qu'on appelle autre-
ment lais , ou baliveau , quercus refes.
Ce mot en ce fens vient de stare , «Se de lonaus
c'est-à-dire , des arbres qu'on laifie debout afin
qu'ils deviennent longs & hauts.
Etalon. Terme de Cartier. On nomme auffi de la
forte dans la Communauté des M.iîtres Carriers ,
faifeurs de cartes à jouer , FeuilletiersTarotiers
les moules & modèles déposés à la Chambre du Pro-
cureur du Roi au Châtelet de Paris , fur lefquelsils
doivent fe régler pour la fabrique des carres à
jouer.
ETALONNAGE, f. m. Voye\ Étalonnement qui
fuit : c'est la même chofe. Aétion d'étalonner les
poids &les mefures. Menfurarum ad archetypum exa-
men j exaclio. M. de la Mare traite de l'étalonnage
des mefures dans fon Traité de la Police, L. V. Tit.
FUI , C.j. T. II. p. 7^6.
ÉTALONNEMENT, f. m. Adion d'éralonner. Proba-
tio ad modulum archetypum. U faur porter ce poids à
la Monnoie pour en faire \ étalonnement.
fO" On appelle aulli étalonnage j ou étalonnement
le droit qui fe payoit à l'OfHcier qui étalonnoit ,
droit qui ne fubfifteplus.i
ETALONNER, v. a. Faire marquer au Bureau public
les poids & mefures , pour certifier qu'ils font juftes
& qu'ils ont été confrontés avec la mefure originale.
Metiri , probare ad modulum. Les poids de ce trébu-
cher ont été marqués & étalonnés. On condamne
les Marchands à l'amende , quand ils n'ont pas fait
étalonner leurs mefures. Pour l'étymologie , voye:i
ci-deirus Étalon , mefure publique.
f^ Etalonner , dans les haras. Couvrir une jument.
Voye-[ Etalon.
Étalonné j ée. part. Prabatus ad exemplum ^ ad exerri'
plar.
ÉTALONNEUR. f. m. Oflicier qui eft commis pour
marquer & étalonner les poids & les mefures. PrO'
bator j, inquijltor , ex aclor ad archetypum.
ETAMAGE. f. m. L'adion d'étamer. Il y a un Arrêt
du Confeil du Roi du 17 Septembre 1745 , qui dé-
fend aux Chaudronniers d'employer du plomb
dans Vétamage de la vailfelle de cuivre , fous peine
de confifcation Aq% pièces de chaudronnerie dans
Vétamage defquelles il v aura du plomb j 6c de 500
liv. d'amende. Foye:; Etamer.
ÉTAMBOT, ou ÉTAMBORT. f. m. Caput ad pup~
pim , qu'on nomme fur la mer de Levant , Rota
dipoppa , capion de poupe ) eft une grande pièce de
bois qu'on ente fur le bout de derrière de la quille,
fur laquelle on bâtit le château de poupe. Elle mon-
te par un angle obtus jufqu'au-delfus du premier
pont. Cette pièce avec l'érable font l'élancement on
la quête du navire. Elle fert à foutenirle château de
poupe, & le gouvernail qui y eft attaché. L'tr'w/;z-
hot doit être piété , c'eft-à-dire , divifé par des me-
fures de pieds de Roi , afin qu'on puilTe favoir com-
bien le navire tire de pieds d'eau.
Le P. Le Comte , dans fes Nouveaux Mémoires'
de la Chine, écrit eftambort. Le gouvernail des vaif-
feaux Chinois j beaucoup plus large que les nôrres,
eft fortement attaché à Vefiamborr par deux cables
qui paftent fous toute la longueur du vaiffeau juf-
qu'à l'avant j où ils font bandés à l'aide d'un vire-
veau. Etambot eft feul ufité.
Contre-Étambot. C'eft une pièce de bois coutbe ^
U6
ETA
qui lie par-dedans l'écambot du vailFeau avec la
quille.
ÉTAMBRAIE. f. m. Terme de Marine. Ce font des
planches ou pièces qui le mectenc audcllus des
ponts , aurour des mâts , pour foruher ces endroits.
Tibianes _, JuLcra, On les appelle aulli etarabrcs , ou
ferres demucs. On appelle auiii tcamhraïc , une toile
poillée qu'on met autour des mâts lut le plus haut
tillac , de peur que l'eau ne les poui ritle.
ÉTAMER. V. a. Enduire avec de l'étain tondu , ou en
menues leuilles. Obducerc j incoquere ftaiino. On
étame les marmites de cuivre , arin qu'elles ne pren-
nent point le goût de l'auain. Previent-on par-là
tous les inconvéniens ? L'ét.image couvre-t-il exac-
tement toutes les parties du cuivre.'' Ne peut-il pas
fe fondte par la violence du teu ? Ne contient-il pas
lui-même quelque parties d'arlenic.
On écarne , on blanchit les ferrures, le fer blanc,
les mords & les éperons.
§C? Chez les Cloutiers on étame les clous de cui-
vre en les failant chauffer dans un pot de terre : En-
fuite on y jette de l'étain & du fel ammoniac. L'étain
fondu par la chaleur des clous s'y attache , s'y amal-
game & les rend blancs.
Etamer , chez leî Miroitiers , c'ell appliquer fur le
derrière d'un miroir une compohcion de mercure
& d'autres ingtédiens , qui feri à réiléchir l'image
des objets.
Ménage dérive ce mot de stannare , comme qui
diroit stanno inducere.
Etamé j ée. part. & adj. stanno incocîus , iUltus.
ETAMEUR. f. m. Celui qui étame. Les Maîtres Clou-
^ tiers de Paris prennent la qualité à'étameurs.
EXAMINE, f f. Petite étoffe fort mince , qui n'eft
point croifée &: travaillée carrément comme la toile
Subtile textum. Etamïne de laine , étamine de foie ,
étainine du Lude buratée. Les étammes de laine fe
font avec de la laine féche dégraiflee avec du savon
noir auparavant que d'être filée. Il y a aulll une ef-
pèce à' étamine qu'on appelle voi/e , qui ell toute de
foie crue, telle qu'elle vient du cocon.
Le Cardinal Jacques de Vitry , dans la vie de la
B. Marie d'Oignies, C. 14. n. j/. femble marquer
que de fon temps , & au commencement du XIV^
iiècle, le moi étamine fe difoit d'une étoffe grof-
fière & rude , car il dit de cette Sainte , qu'au lieu
d'une chemife de linge , elle portoit un fac de cilice
rude, qui en langue vulgaire , s'appeloit étamine.
Lineâ camtfîâjuxta carnem utehatur ;fedfaccj cilici-
no afpero , qui linguâ publtcà nuncupatur eltamine.
Acl. Sanci. Junii , T. IF. p. 6^^:). mais il y a de l'ap-
parence qu'il ne dit cela que par rapport au linge ,
au regard duquel ïétamine eft en effet une elpèce de
cilice.
Etamine, fe dit aufll d'un morceau d'étoffe claire ,
dont les Apothicaires & autres fe fervent pour paf-
ferou filtrer leurs Médecines ou autres liqueurs. On
a audl appelé étamine les bluteaux , ou facs déliés
faits de crin ou d étoffées. Cdicium, textum cilicinum.
Quelques gens ptopres portent aulîi une étamine
dans leur poche pour nettoyer leurs habits aube-
foin.
On dit figurément qu'un homme a pairéparTeM-
mine , quand il a été bien purgé, bien nettoyé,
bien examiné. Ce Traitant a été taxé à la Chambre
ce Juftice , il a palfé par Vétamine. Cet homme a
été deux rnois entre les mains des Chirurgiens j il a
bien paffe pat ïétamine.
Tout ce qui s offre à moi paffe par Tétamine.
Bon..
Les Académiciens de la CrufcakV\oxtnct préten-
doient être en droit de faire paffer par t étamine
tous les ouvrages de quelque réputation qui tom-
boient entre leurs mains : c'eft pour cela qu'ils
ont pris le nom de la Crufca , qui fignifie du fon ,
& pour devife un fas. Ab. de Ck. Sans la correc-
tion de cette explication , paiïer par l'etamine eft
ETA
j une exprelTion populaire , qui ne s'emploie point
j dans un Ouvrage léneux Bouh.
' 0Cr Examine. Terme de Meuriltes&deBotaniftes. Ce
qu'on appelle etammes , stamen j capiilamentum
lont les parties mâles des plantes. Elles font compo'-
fées d'un iA^\..,jiiamentum , & d'un lommet , antkera.
Le hlet fert à foutemr le loinmet, faifant fondion
d'un pédicule. Le fommet elluneou pluheuis bour-
fes ou caplules remplies de pouiliere. On nomme
ÛQWïsietamines o\i miias ^ jios stamineus ^ cQ\[Qi
qui n'ont point de pilbl. Linnasus a défigné la diffé-
rence de l'une à l'autre partie des c;'w/7ï/rt<rj, ayant
égard à leur nombre, leur figure, leur pofition ,
comme quand il dit anthera erecla , un fommet qui
fe tient droit fur fon filet , anthera verfatUis ou in-
cumbens , un fommet qui eft attaché au filet par le
coté.
Selon la définition à'étamine donnée par M. Tour-
nefort , il eft eifentiel aux etamines d'être chargées
de lommets : ainfi les etamines font des filets placés
ordinaitement au centre de la fleur , & qui foutien-
nent des fommets, apices. M. De Reaumur alfure ,
dans les Mémoires de l'Académie des Sciences 1 7 1 1 .
p. iyo. qu'avec quelque foin qu'il ait examiné les
hkis âwjucus marinus , il n'en a pu trouver dont
les extrémités fulfent chargées de fommets : ce qui
l'empêche de leur donner le nom ^etamines. Mais
il ajoute qu'on peut fuppofer que les lommets de
ces filets tombent dès-lors que ces filets commen-
cent à fe développer ; que peut-être même tom-
bent-ils plus tard , quoiqu'il n'en ait point apperçu ;
5f qu'une fuppofitionde plus ne coûte guère dans un
fVftême. Les Etamines &C les fommets font differens
dans certains genres déplantes. Foye^ Sommet. Les
tulipes les plus eftimées font celles qui ont le fond
bleu , & les etamines noires.
Ce mot vient de stamina , c'eft à dire , petits fi-
lets.^ Liger croit que ces parties des fleurs ont été ap-
pelées etamines , par la relTemblarice qu'on a vu
qu'il y avoir entre la couleur de ces parties , Sc
celle qu'on remarque fur les étoffées qu'on nomme
etamines.
M. De TourneFort regardoit les etamines comme
les canaux excrétoires , qui déchargeoient l'em-
bryon naiffant des fucs inutiles ; & il croyoit que
ces excrcmens de la nourriture du fruit formoient
la poudière qu'on remarquoit dans ces etamines.
M. Geoffroi le cadet , qui explique la génération
des plantes d'une manière qui a de l'analogie avec
celle des animaux , prétend que cette pouffière , en
tombant fur le piftil, communique par ce canal ,
ou tuyau , la fécondité à la graine , ou au fruit que
ce piftil renferme. Sur ce pied- là on peut dire qu'une
même fleur auroit les deux fexes j qui concourroient
enfembleà la génération ; que \es etamines {ero'ient
la partie mafculine de la fleur ; que la poudière ,
qui eft toujours d'une nature huileufe & gluante ,
répondroit à la liqueur féminaie , &c que le piftil
feroit la partie féminine, qui conduiroit aux em-
bryons ce que cette poullière fourniroit d'utile pour
les féconder. Foye:[ l'Hiftoire de l'Acad. Royale des
Sciencesde 17 11. p. 110.
ÉTAMiNiER. f. m. Celui qui fabrique ou quijvend
des etamines.
ETAMPE. f, m. Certain outil donc les Serruriers fe
fervent pour river les boutons.
C'eft auflî un modèle fur lequel on coupe , on
frappe de l'argent, du cuivre j pour en faire l'em-
preinte.
ÊTAMPER. V. a. Terme de Maréchal. Percer un fer
de cheval j y faire les huit trous. Fodcre , cavare ,
forare. On dit étamper maigre , quand on fait les
trous bien près du bord du fer ; & étamper gras ,
quand on perce le fer un peu plus en dedans. Et on
dit que le Maréchal encloue les chevaux fur l'en-
clume, quand les clous font mal étampés j foitgras,
foit maigre : car il eft difficile , en bronchant les
clous, de ne pas enclouer le cheval. En Dauphinc
ETA
on dit étAmvcr pour ccançonner , & étampc pour
écançon.
Ipf ETAMPER un Nègre. Voye\ Estamper.
ÉTAMPES. Ville de Bsauce j dans le pays Chartrain ,
du côté du Q^(vL\o\%.Stamp(t jScampdt. castrum. Cette
ville eft fur la rivière d'Yonne , ou d'Etampes , fin-
ie chemin de Paris à Orléans. Quelques Géographes
croient que c'eft l'ancienne ^^/^a'/ra , que d'autres
conjeéturent être Saclé. Etampes elt éloigné de qua-
torze lieues de Paris j & de dix-huit ou vingr d'Or-
léans. La rivière qui palfe à Ecampes , s'appelle la
Juines j ou l'Yonne j & plus communément la ri-
vière à' Etampes. Ecampes eft de l'ancien Domaine
de nos Rois. Le Roi Robert jeta les premiers fon-
demens du Château 6^ Etampes , & y fit bâtir l'Eglife
de Notre-Dame , qui eft une Collégiale. Du Chefne,
Antlq. (S* Kecherchti dss villes de France. Le Château
fut ruiné en 1651. pendant les guerres civiles de
France. Charles IV. érigea Etampes en Comté l'an
1327. & François I. en Duché. Henri IV, le donna
à Céfar , Duc de Vendôme , fon fils naturel. Il eft
revenu à la Couronne par la mort de M. de Ven-
dôme. Dans ce mot on ne prononce jamais ïs finale,
pas même quand il fuit un voyelle. Long. 19. d'.
45. lat. 4S. d. 14'.
ÈTAMPOIS. Territoire d'Etampes. Pagus Stampenjis^
dans Grégoire de Tours , Fredegaire & Nitard \
Stamphifis Pagus , dans les Capitulaires de Char-
lemagne j Stampifus , dans ceux de Charles le
Chauve \ & Provincia Stampenfis -, dans la Chro-
nique de Maurigny. Adr. Valef Not. Gall. p. 55 1.
ÉTAMURE. f. f. Terme de Chaudronnier. C'eft l'é-
tain dont les Chaudronniers fe fervent pour étamer.
Stcinni illitus. Etamer à funple étamure , à double
étamure. C'eft aufti l'action d'étamer. Starmi in-
duclio.
ETANCHE. f. f. On dit , Mettre à étanche un bâtar-
deau , c'eft-à-dire , le mettre à fec par le moyen des
machines qui en tirent l'eau pour pouvoir fonder,
Ex/lccare , cxhaurlre.
ÉTANCHEMENT. f m. Adtion d'ctancher. Ex^cca-
tio, rcprejfio. Les plaies dans la veine cave font mor-
telles , à caufe qu'on ne peut faire ï étanchement du
fa'ig-
ETANCHER. v. a. Appalfer lafoif. Siccare,reprlmere.
Les hydropiques ont beau boire , ils ne peuvent
ccancher leur foif. Sitim pellere , resûnguere. Dans
l'âge d'or le gland étoit la nourriture des hommes ,
& les xW\ixt% étanchoïent\t\\z foif. S. Evr. On dit
aulîî au figuré , Un avare ne peut étancher la foif
qu'il a des richeffes. Tous les fleuves qui roulent
l'or avec leur fable ne fauroient étancher \2.{d\i^v\v\
nvare. Cos. Etancher fes larmes , ceftèr de pleurer.
Etand.er les larmes de quelqu'un , faire celTer fes
pleurs.
Étancher, fignlfie auftI , Arrêter une liqueur , em-
pêcher fa fortie , boucher les petites ouvertures
d'un vaiiïeau qui s'enfuit. OUïnere. On ne peut
étancher et bâtardeau , en épuifer l'eau , einpêcher
qu'elle ne coule. Il faut abreuver cette cuve pour
Xétancher , pour empêcher qu'elle ne coule. Les
blelTures font mortelles , quand on ne peut étan-
cher le fang j empêcher qu'il ne coule en abon-
dance.
^CT On le ditauftîen Marine, pour pomper l'eau
d'un vaifteau, ou boucher les voies. On dit d'un
vailfeau qui ne prend pointeau , qu'il eft étanché.
On dit auftî j que les foufïlets d'une orgue font
bien étanché s , obferati , claufî , lorfqu'ils font fi
bien bouchés , que le vent ne fe perd point.
Ménage dérive ce mot de stancare , qu'on a dit
dans la bafte Latinité , au lieu de stagnare. D'autres
le dérivent de extinguere.
ÉTANCHÉ, ÉE. part. Oblitus j Jîccatus ^ restincîus ^
repreffus.
ÉTANÇON. f m. Terme de Maçonnerie. Grofte
pièce de bois qu'on met pour foutenir un plancher ,
une muraille qu'on fappe , ou qu'on reprend fuus
œuvre. Tibicen ,fulcrum j fulcîmentum.
ETA . S87
Ce mot vient ds ftançonmm , mot Celtique , ou
, Bas Breton , fignifiant la même chofe.
ETANÇONNER. v. a. Mettre des étançons fous uii
nuir , qu'on reprend , ou qu'on veut détruire. Fui-
cire , adminiculart.
(fT On le dit auiîi d'une prefte d'Imprimerie, eit
parlant des pièces de bois qui fervent à la maintenir
dans un état ftable & inébranlable.
ETANFICHÉ.f. f. Terme de Carrière. C'eft la hauteur
de plufieurs bancs de pierre , qui font maife enfem-
bie dans Une carrière.
03" ETANG, f. m. On donne généralement ce nom a
un amas d'eaux dormantes, qui ont quelque profon-
deur , & qui font fournies foit par les pluies, loit
par quelque fource peu confidérable. Il diflcre du
lac , en ce que le lac eft plus grand , plus profond,
qu'il reçoit &c forme quelque rivière ou ruifteau :
au lieu que Vctang n'en forme, ni n'en reçoit. Il
diffère de la mare , en ce que la mare eft plus peti^
te j moins profonde , &: plus fujetteàie delfécher
pendant l'Eté. La Martinièrk.
§Cr En France , nous entendons communément
par étang , un réfervoir d'eau douce dans un lieu
bas , fermé par une digue , ou chauffée , pour y
nourrir du poilFon ,Stagnum. On pêche les étangs tous
les trois ansjmais fi l'on veut avoir une belle pêche,
on ne le fera que de cinq ans en cinq ans.Cela fe fait
ordinairement au mois de Mai. On les empoiflon-
ne avec du nourrain , ou petit poilfon. On lâche la
bonde d'un ctang pour le mettre en cours de en vider
l'eau. La queue de \'etang eft l'endroir par où l'eau y
entre. La grille ou la décharge eft le lieu par où elle
fe décharge , quand il y en a trop. Il y a des étangs
proche de la mer, dont l'eau eft falée , parce que
la mer s'y décharge quand la marée eft haute , Sc
les lailfe remplis quand elle fe retire. On les appelle
étangs falés.
Du Cange le dérive àtftannum^ quajlaquaftans.
Mais il vient du Latin Stagnum , ôcftagnum , fui-
vant Varron , vient du Grec f£'/>à» , quod non haèec
riniam , parce qu'il n'y a point d'ouverture par où
l'eau puilFe s'écouler.
On dit familièrement. Ne voir plus qu'un étang-^
pour dire , Ne favoir plus ce qu'on fait.
ETANGUES. f. f. C'eft une efpèce de grande tenaille,
dont fe fervent les ouvriers des monnoies pour tenir
leurs flancs & carreaux , quand ils les veulent flàt-
tir , rehaulTer & bouer. Forceps.
ETANT. Terme des Eaux & Forêts , qui fe dit du
bois qui eft en vie, debout , fur pied ic fur racine.
5 tans. Il y a dans ce bois tant d'arbres en bois mortj
6 tant en étant. Ondifoit autrefois , qu'un homme
étoit en fon fM/zr j pour dire, debout, commeon
dit encore, en ionfeantj pour dire, qu'il eft aliis.
L'Ordonnance défend de faire des ventes d'arbres
en étant avec les chablis.
ETAPE, f f Place publique où les Marchands font
obligés d'apporter leurs marchandifes pour être
achetées par le peuple. Forum. Les Ptolomées ,
& principalement Philadelphe, ouvrirent une route
depuis Alexandrie jufqu'aux Indes , en difpofant
des étapes commodes par les canaux du Nil jufqu'â
la mer rouge. Huet. À Paris l'étape eft à la Grève
devant l'Hôtel-de-Ville. Les Marchands de vin de
dehors font tenus de faire venir leurs vins ÇnvYétape-y
& les Taverniers qui vendent à huis coupés & pots
renverfés , font tenus d'y en faire venir un tiers par
l'Ordonnance des Aides.
Ménage dérive ce mot de (laplus , qui fe trouve
dans les lois Ripuaires, pour dire , le lieu où on
exerce la Juftice , qui vient de l'Allemand jlapel y
ou plutôt de Jlapula , que Boxhornius dérive de
l'Allemand ftapelen ^ qui .fignifie mettre en un
monceau , & fignifie aufti le droit de faire venir
aux marchés les denrées , pour y être vendues au
public.
Étape , en termes de Marine , fignifie ^ Attache, car-
can , pilori j & on le voit en cette fignification dans
l'Art. XXVI. des Jugemens d'Oléron,
888
ET A
Étape , Ce die auiîî d'une ville de commerce. Apo-
thccd florens corninercio ^mercaturâ. Le port de Re-
don en Bretagne eft Vétape des vins pour Rennes.
Calais étoit ['étape des laines & draps d'Angleter-
re , qui a été transférée à Bruges. Gand eft Vécape
des blés qui font amenés en Fiance. Arras étoit au-
trefois Vécape des vins de France , &c.
Étape, en termes de Guerre, elî une fourniture &
diftnbution de vivres & de fourrages à des troupes
qui font en marche. Annona mditaris. L'étape a été
établie pour empêcher que les foldats ne foulent les
payfans qui les logent. L'étape fe fournit pour tant de
places & de rations pour chaque compagnie. Une
partie de la taille étoit ci-devant impofée fous le
nom d'étape,
C'eftaulfi le lieu où l'on diftribue Vétape aux fol-
dats. On dit , brûler l'étape , pour dire , ne s'y ar-
rêter pas , palfer plus loin.
ÉTAPIER. [. m. Entrepreneur qui fe charge, moyen-
nant un certain prix j de fournir les étapes ou les
vivres aux gens de guerre qui palfent dans une Pro-
vince. Redemptor annons. militaris , annonarius. Les
Etapiers ne doivent point fournir aux foldats l'étape
en argent : ils la doivent fournir aux Majors & aux
fergens en efpèces.
ÉTAPLES. Ville de France en Picardie , dans le Bou-
lonnois. StapuU j Stapula. Elle eft fur la rivière de
Canches y alTez pioche de fon embouchure , du
côré des montagnes de Neufchâtel , à quatre lieues
de Boulogne. Jacques le Fevre à' E tapies^ Stapulen-
fis y étoit de ce bourg dont il prit le nom. Il fut
célèbre dans le XVF fiècle par fes ouvrages fur l'E-
criture. Il penchoit beaucoup du côté des Calviniftes,
s'il n'étoit pas tout- à-fait Calvinifte. Dans une Dilfer-
. ration qui parut il y a quelque temps , on prétend
que le Fevre d'E tapies eft l'Auteur de la Bible d'An-
vers en 1530. avec privilège de Charles V. Cet ou-
vrage ne le juftifiera pas fur fon penchant pour les
nouveautés. Adr. de Valois , dans fa Notice des
Gaules, p. 249. croit q\xE tapies eft l'Iccius portus de
Céfar, de Strabon & de Ptolomée.
ETAT. f. m. Empire , Royaume , Province , ou éten-
due de pays qui font fous une même domination.
Status j ditio. Une main fi habile eût fauve l'Etat,
fî l'Etat e\it pu être fauve. FLEcH.Les^MwduTurc,
du Roi d'Efpagne font fort étendus : ceux du Roi de
France font fort unis , & peuplés. Il y a quantité de
petits Etats en Italie , de petites Souverainetés : on
peut fortir de ces Etats en une heure. Les Etats Con
fédérés de Hollande. Davili a fait de gros Volumes
des Etats & Empires.
Son mérite plus grand que tout ce quon peut croire y
Au Ministère même ajoute de l'éclat :
C'était lefeul degré qui manquait à fa gloire _,
Et lefeul ornement qui manquait à /'État. M. de V.
État de l'Église. Voye^ Église.
Etat , fe dit aulîl du Gouvernement d'un peuple
vivant fous la domination d'un Souverain , ou en
République. Les Politiques ont fait plufieurs (ot-
vnQ% d'Etats, ou de Gouvernement j le Monarchi-
que, comme celui de France \ le Démocratique,
comme celui de Rome & d'Athènes ; l'Oligarchi-
que , comme celui de Venife ; l'Ariftocratique ,
comme celui de Sparte. Boëce étoit un grand homme
d Etat. On a tenu un grand Confeil d'Etat. Les
maximes d'ffarfont différentes félon les conjondu-
res. L'intérêt particulier cède à la raifon 6! Etat. En
matière d'Etat , être malheureux ou imprudent ,
c'eft prefque la même chofe. S. Evr. La raifon
d'Etat eft une raifon myftérieufe inventée par les
Politiques, pour autorifer tout ce qu'ils font fans
raifon. Id.
Mais la raifon rf'État veutfouvent quon préfère
A la vertu nuïfible un crime néce(falre. Quint.
La Jujliçe riefipas une vertu d'Éut. Corn.
ETA
C'est un crime t/'État que d'en pouvoir commettre,
Id.
On nomme Coup d'Etat , un parti vigoureux ,
& quelquefois violent, qu'un Souverain eft obligé
de prendre contre ceux qui troublent l'État. On le
dit aulli d'une adion qui décide de quelque chofe
d'important pour le bien de l'Etat. L'atfaire de De-
nain fut un coup d'Etat. On appelle encore ainfi
tout ce qui eft important ôcdécifif dans quelque af-
faire que ce foit. Ce mariage fut un coup d'Etatpoat
cette famille.
État , fe dit auffi des Officiers , tant grands que pe-
tits , qui fervent à gouverner l'Etat, à y entretenir
l'ordre & la police. Les premiers font les Miniftres
d'Etat , qui font du Confeil étroit du Roi , les Se-
crétaires d'Etat , oudescommandemens , les Con-
feillers d'Etat.
Lettres d'Etat y font des lettres qu'on odroie à
ceux qui font employés pour le fervice de l'Etat , à
la guerre , ou dans les Ambaffades , afin que pen-
dant ce temps perfonne n'entreprenne fur leurs per-
fonnes , ni fur leurs biens.
§3" On appelle Etats _, raftemblée des Députes
des différens ordres de citoyens qui compofent une
nation.
1^ États Provinciaux j l'aflemblée des Députés
des différens ordres d une Province, f^oye^ plus bas
Pays d'États.
^CF En France , on entend par Etats Généraux y
l'alfemblée des trois ordres du Royaume , qui fonc
le Clergé , la Nobleffe , & le Tins-Etat , ou les
Bourgeois notables. Quelques-uns prétendent que
l'Airemblée des Etats eft une conftuution très-an-
cienne. Il eft vrai qu'avant la conquête de Céfar, il
y avoir des Affemblées générales dans les Gaules :
mais le peuple n'y avoir point de part. On trouve
encore , fous la première & la féconde race , des
convocations folennelles qu'on appeloitPar/e/;2e/2j.-
mais l'on n'y appeloit que les grands Seigneurs da
Royaume. Le peuple , que l'on a depuis honoré du
nom de Tiers Etat y tenius arda , n'y entroit point.
Ce changement n'eft arrivé que bien avant fous
la troifième Race. Le befoin que les Rois avoienc
de faire des levées , les obligea à ménager le peu-
ple qui ne lesfupportoit point fans murmure. Ainfi
on réfolut de le confulter , d'ordonner qu'en cha-
que Sénéchauffee & Bailliage le peuple députât cer-
taines petfonnes à l'Alfemblée générale, pour dé-
libérer fur les néceffités de VEtat On ne donna donc
entrée au peuple dans l'Aflemblée générale , con-
tre l'ancien ordre , que parce qu'il devoir porter la
plus grande partie du fardeau , & pour le faire con-
fentir à la foutenir avec moins de répugnance y à
caufe de l'honneur qu'on lui faifoit de le confulter.
Le premier qui mit cette invention en ufage , c'eft
Philippe-le-Bel. Pasq. Les villes s'enrichirent &C
devinrent fi puiffantes , que pour les faire contri-
buer avec moins de répugnance , on les appela par
députés aux Affemblées générales. Leurs députés y
entrèrent en 1504. Ce ne fut cette première fois
que pour y repréfenter leurs befoins & leurs facul-
tés. Les honneurs augmentèrent félon le plus ou le
moins d'argent que les Villes fournirent dans les
néceffités publiques ; de forte qu'infenfiblement
elles formèrent un Tieis-fwr , qui eut dans ces
Affemblées autant & plus de pouvoir que la No-
bleffe & le Clergé. Le Gendre. Mœurs & Coutumes
des Franc. p. 193. Le P. Daniel prétend dans fon
Hlftolre de France, que ce fut l'an 1355. dans l'Af-
femblée que le Roi Je.an II. affèmbla à Paris , que
la France fut repréfentée la ptemière fois par les;
trois corps , qu'on a depuis apelés Etats, Juf-
qu'alors , dit cet Auteur , nos Rois n'avoient guère
convoqué , pour délibérer fur les néceflités du
Royaume , que la Noblelfe & les Prélats : ce qu'on
appelle le TiQZS-Etat n'avoir point encore paru en
ces occafîons J comme faifant un membre du Corps
de
ETA
de VEtat, & comrtie aurorifé adonner (en raffrage
dans les délibérations publiques. On voir bien, con-
tinue-tMl , par un Regiftre de la Chambre des
Comptes de Paris, que Philippe de Valois , prédé-
ceffeur de Jean II. fit 1 an 1532.! Oricans une Or-
donnance cou;.hant les monnoiv-s , «Si quelques au-
tres points de Police , par lavis des Prélats , Ba-
rons & notables du Royaume : miixs il ne paroî't pas
que cette Ailèmblée fût générale. M. l'Abbé de
Choid fuit aùlfi ce lentiment dans le VIP Tome de
(on histoire de l'EgUfe. Ces AlFemblées n'ont été
appelées Etats Généraux que depuis que le peuple y
eut entrée. Elles fe nommoient auparavant Parle-
mens.LE Gendre,
Les Etats ont été afTemblés en France à Compie-
Sne fous Pépin , environ l'an 751. A Paris , par
Blanche de Caftille, mère du Roi , & Régenre du
Royaume , fous Louis IX. Après la mort de Char-
les le Bel , les Etats s'alfemblèrent en 1318. pour
juger à qui devoir appartenir le Royaume de Fran-
ce , à Philippe de Valois fon coufm, ou à Edouard
Roi d'Angleterre. Le Roi Jean alTembla les Etats à
P.iris en 1354. pour avoir des fecours d'argent. Ils
furent encoie alfemblés pendant fii captivité , pour
fa délivrance \ & depuis encore pour le règlement
des monnoies- Au commencement du règne de
Charles VI on alfembla les Etats généraux à caufe
du jeune âge du Roi , & depuis encore durant (»
maladie. Sous Louis XI. ils furent alfemblés pour
les apanages des enfans de France. Sous Char-
les VIII. à caufe de fon bas âge , ils furent airemblés
à Tours. Sous Charles IX. à Orléans en 1560. ils
avoient été délibérés & convoqués dès le règne de
François II. Ils ont été tenus à Blois fous Henri III.
tn 1^79. & 1538. fous Louis XIII. en 16 14 Sous
Louis XIV. il y a eu une Affemblée de la NoblelTe
à Paris en 1650. mais cette ademblée ne repréfen-
toit pas les Etats Généraux. On n'a point convoqué
rAlfcmblée des Etats depuis l'année ifîi4. Les Or-
donnances d'Orléans & de Blois ont été faites dans
les Etats , in comitiis , ou affemblées à' Etats tenus
en ces villes. Les Etats tenus pendant la Ligue ont
été tournés en ridicule par le Cacholicon d'Ef-
pagne.
États Généraux. C'eft le nom qu'on donne à l'Af-
fembléecompofée des Députés des fept Provinces-
Unies. Les Députés de chaque Province, en quel-
que nombre qu'ils foient , ne font qu'une voix , &
on opine par Province. Les Provinces préfident
tour-à-tour à l'Alfemblée , félon le rang qu'elles
tiennent entre elles. La Gueldre préfidc la première;
enfuite la Hollande j &c. Cette Alfemblée ell re-
prélentative de la Souveraineté de l'Union, laquelle
rcfide principalement dans l'Aiïemblée générale des
Etats de toutes les Provinces. Mais comme elle étoit
compofée de fepr ou huit cens perfonnes , il fut ré-
folu , après le départ du Comte de Leycefter , pour
éviter les frais iSc les embarras d'une fi nombreufe
Alfemblée j par ces Etats Généraux , que les Etats
Provinciaux feroient déformais reprélentés parleurs
Députés , fous le même nom àEtats Généraux ,
toujours rcfidens à la Haye, qui feuls font préfenre-
ment appelés Etats Généraux.La. dernière Alfemblée
générale des Etatsde toutes les Provinces fe fit à Berg
op-Zoom , pout confirmer avec plus de folennité
la trêve conclue avec l'Archiduc Albert en 1609. Il
yen eut encore une autre en 16^1.
États de Hollande. C'eft une Alfemblée compofée
des Députés des Confeils de chaque ville , & dans
laquelle réilde la Souveraineté de la Province. Ori-
ginairement il n'y avoir que la Noblelfe, laquelle
fait un corps , & fix villes principales, qui euffent
voix Se féance aux Etats. Aujourd'hui il y entre
des Députés de dix-huit villes. LaNoblefle a la pre-
mière voix. Les autres Provinces de l'Union ont
de même des Etats qui repréfentent la Souverai-
neté.
Etats , Comitia , conventus , cxtus provinciales , fe
dit auOi des AITemblécs qui fe font en quelques
Tome ni.
ETA U')
Provinces qui fe font confervées en U poiïeffion de
ce dioit , afin d'ordonher elles-mêmes des con-
tributions qu elles doivent faire pour foutenir les
charges de VEtat , & les régler S.C faire payer : com-
me iont les Provinces de Bretagne , de Languedoc,
de Bourgogne & de Franche - Comté. Outre ces
pays AEtats , la Breiïe , le Bugey , Valromey &
Gex , la Navarre , le Béarn , leBigorre & Nebou-
fan , le Comté de Foix^ le Roulïîllon , l'Artois ,
la Flandre & le Haynaut, font .lulfi pays lï Etats. En
ce lens on oppofe les pays àEtats aux pays de Gé-
néralités j ou.d' E/ecIions.
Etat , fe ditaulfi des rôles qui s'expédient au Confeil
tous les ans , qui contiennent les ordres nécef-
faires pour faire payer les dépenfes Se les charges
de Vhtat. On expédie des états pour les dépenfes
de l'artillerie, de la marine, de l'extraordinaire de
la guerre j & il y a un état des penfions. Etre couché
fur Vétat. Un tel a été couché fur Vétat pour telle
fomme. Le Pocte Clément Marot demandoit à être
fi bien couché fur l'état, qu'il ne pût jamais s'en re-
lever. Il a fait bien des jeux de mots femblables fut
cet arricle qui lui tenoit fort au cœur. Il y aaufli une
ballade de Marot à Madame d'Alençon pour être
couché fur fon état. Le refrein de cette ballade eft.
// n'eji que d'être bien couché»
État de distribution. Rôle qui s'eXpédie au Con-
feil Royal, à: qui contient les parties que le Roi
ordonne être payées à divers particuliers , pour pen-
fions , appointemens , gratifications , dcc.
L'État de la Maifon du Roi , c'ell-à-dire , des Offi-
ciers de fa Maifon & des Princes , ell envoyé tous
les ans à la Cour des Aides. On ne jouit point des
privilèges , fi on n'eft employé fur ïétuc. On fait de
temps en temps imprimer des livres de l'i^tat de
France , d'Efpagne , d'Italie , d'Allemagne , où fonc
compris les noms & les qualités des Officiers, & les
autres particularités préientes d'unfrt^r.
Etat , fe dit auflî d'un compte ou d'un mémoire fuc-
cinét qui ferra compter , à faire quelque recette >
à payer quelque dette , à régler quelque chofe , &c.
Inde.x j breviarium , perfcriptio. Les Comptables
comptent fur un état au vrai, qui eft dit par oppo-
fition à Xétat par eftimati-on , qu'on faifoit autretois
au commencement de l'année des revenus & dépen-
fes qu'on prévoyoit s'y devoir frire. On appelle état
au vrai , en ftyle de la Chambre des Comptes , un
état arrêté, foit au Confeil , foit au Bureau des
Finances , de la recette & de la dépenfe par le
comprable. On compte au Bureau des Tréforiers
de France fur un bref état. V>ïqÎ état ell: un compte
par fimple mémoire : en quoi il eft diftingué d'un
compte en forme. On appelle état final , la clôtura
& l'apurement d'un compte. On a donné à ce Com-
mis un état de recouvrement , ou des taxes pour un
rel droit. Le Juge a ordonné que les parties compte-
roienr par un bref état. Voilà {'état des réparations
de cette maifon, des frais que j'ai faits en ce pro-
cès. Une caution eft tenue de donner un eWde fes
biens &: facultés. Ce débiteur a donné ïétat , le mé-
moire de fes dettes.
État de fourniture. Ce terme eft ufité dans les
vivres , & fe dit d'une quantité de rations de pain
fournies aux troupes du Roi.
État de franc-salé. Celui qui contient la quantité
de minots de fel que l'adjudicataire des Gabelles
fait délivrer aux particuliers qui ont droit de franc-
, falé.
État de produit. Ce terme eft en ufage dans les Bu-
reaux, & principalement dans les Fermes généra-
les. Ce font des cartes qui renferment en plulieurs
colonnes le produit aâruel que rendent les Fermes
générales, foit par mois, par quartier , ou par an-
née, il y a un Bureau particulier à l'Hôtel des Fer-
mes , pour les états de produit.
En rermesde Guerre ,on appelle Etat major, de-
curia. mnjor , primus ordo , un Etat particulier qui
V V V V V
S^o ETA
comprend un nombre de quelques Oiiiciers difHn-
gué'j du rerte du corps , auxquels on aliigue une
plus grande folde & une plus grande foutnuure de
l'étape &: de l'ultenlile j comme dans l'intanterie,
le Colonel , TAide-Major, l'Aumônier j le Prévôt ,
le Chirurgien & le Commiiraire \ ôc dans la Cava-
lerie j le Colonel , Meftre de Camp j Commiflàire ,
& Maréchal des Logis , le Prévôt Général j & dans
chaque Régiment, le Meltre de Camp , le Major
& Aide-Major j &c. Il y aaulH un Ecac Major de
toute la Cavalerie prile enfemble , compofé de
tous les Officiers Généraux , comme Colonel ,
Meftre de Camp , Commiiraire , Maréchal des
Logis, &du Prévôt j tous Officiers Généraux, les
Fourriers-Majors de quelques Archers &c Carabins
qui font compris dans les Ordonnances faites fur
ce fujer. Il n'y a pas toujours un Ecac Major pour
tous les Corps 8c tous les Régimens.
{CF L't'cjc Mjjor d'uns armée Françoife eft com-
poié d'un Général , d'un nombre de Lieutenans Gé
néraux & de Maréchaux de Camp , proportionné à
la force de l'armée , & des Officiers & autres per
fonnes chargées en chef de certains détails. Le Ma-
réchal général des Logis de l'armée eft chargé des
marches j campemens j logemens j fourrages au
vertj correfpondances par elpions & inftrutlions
pour les Officiers généraux Sc particuliers chargés
de quelque expédition. Il a fous lui les Aides-Maré-
chaux généraux des Logis de l'armée, le Capitaine
des guides , les Fourriers ou Marqueurs j dont les
fonélions font de marquer les logemens des Officiers
de VEiat Major au quartier général , ceux des Offi-
ciers généraux dans les villages voifins du camp , le
Vaguemeftre général & les Vaguemeftres^ particu-
liers , chargés de conduire les éq^iipages du quartier
général , & ceux des troupes j à la fuite des Colon-
nes ; &c les Ingénieurs Géographes , qui doivent
lever les plans de tous les lieux occupés par l'armée.
(j^Cr Le Major Général de l'Infanterie , chargé du
détail du fervice , de la difcipline de l'Infanterie
& de la police du camp. Le M.ijor du Régiment des
Gardes Françoifes , par une prérogative de fa char-
ge , eft de droit Major Général de l'Infanterie de
l'armée où il fe trouve avec le régiment. Dans les
autres le Roi nomme un Major Général de l'In-
fanterie.
§3" Le Maréchal Général des Logis de la Cava-
lerie , chargé des mêmes détails pour la Cavalerie.
Ces deux Officiers ont auffi leurs aides.
^3" Le Major Général des Dragons chargé des mê-
mes détails pour les Dragons.
^3" L'Intendant de l'armée , chargé du tréfor ,
des vivres J du fourrage au fec , de la viande, des
hôpitaux, des Commillaires des guerres , de la porte
& du Prévôt Général.
(fT Le Commandant de l'Artillerie , qui a fous
lui deux Commandans , un Major & un Commif-
faire du Parc ; le Commandant des Ingénieurs , le
Général de la Cavalerie Sc celui des Dragons , char-
gés du détail de leurs corps.
tO" Le Munitionnaire général , le Tréforier , le
Médecin en chef, le Chirurgien Major , & le Di-
i-e6teur de la Pofte , four encore membres de VEmt
Major de l'armée. Acaij. Fr.
Sur la mer , on appelle un Capitaine du grand
Etat, un Capiraine de vaiffeau avec commiiTion du
Roi. Les Capitaines du/'cr/f fwr , font les Capitai-
nes de frégates légères , de galiottes , de brûlots Sc de
♦lûtes.
§3° Etat, en Métiphyllque , fignifie dans fa plus
grande généralitéjl'airemblage d'un nombre de qua-
lités accidentelles qui fe trouvent dans les differens
êtres. Pendant que ces qualités font les mêmes, l'être
est dit conferver le mcmeeVar. Le changement de
ces modiiications produit le changement d'état.
Comme ces modiflcations peuvent être intrinfé-
ques ou extriniéques , l'/fjr de l'être est interne ou
externe. Un corps qai , de carré qu'il étoit j devient
rond , change d'ctac externe. Si de froid il devient
ETA
chaud , fon état interne est changé. Un homme
qui change d'habits , qui de bien vêtu devient mai
vctu , change d'état externe : Il de gai il devient
triste , de fam , malade , fon écut interne est
changé.
État , le dit auffi dans un fens approchant de celui-
ci, de la constitution préiente d'une perfonne , d'une
chofe , d'une atïaire ; diipolition de corps ou d'ef-
prir. Status , ratio , habicudo. Ce malade est main-
tenant en bon état., j'ai envoyé favoir des nouvelles
de \état de fa fanté. L'armée a été défaite , & esc en
lin mauvais état: cela changera Vétat des affaires. Ce
Capitaine n'est pas en état d'entteptendre un (iége.
Cette citadelle est élevée , & est en état de délcnle.
Pour faire valoir cette ferme , il faut mettre les
lieux en ewr, les réparer. On change de réfolution
fuivant le différent état des chofcs, les diverfes cir-
constances, ouconjonéiures. Un arc bandé est en un
eVûf violent. Rien n'a dépéri en cette affaire , tout
est encore en état, en iTiême état. La clef d'une voûte
est ce qui la tient en état. Il s'est mis en état de bien
recevoir cette compagnie. On le voit toujours en état
de fuppliant. Elle ne lui cachoit pas \'etat de fon
efprir. De la Roch..
§cr Dans ce fens , le mot d'état peut être regarde
comme fynonyme avec le mot d^ Jhuatïon , avec
cette différence (\n^ Jituation dit quelque chofe d'ac •
cidentel & de palfager j au lieu c\\xétat dit quelque
chofe d'habituel & de permanent. M. l'Abbé Gi-
rard obferve qu'on fe fert communément du mot de
Jituatïon pour les affaires , le rang , ou la fortune \
Sc de celui dé état pour la fanté. Le mauvais état de
la fanté j dit-il , eft un prérexte afTez ordinaire dans
le monde , pour éviter des/ttuations embarraffantes
ou défagréables. Cela n'empêche point au refte que
le mot état ne fe dife des autres chofes \ Sc l'on
peut bien dire avec M. l'Abbé Girard lui-mêmej
qu'on peut être réduit dans un efjr déplorable, après
avoir vécu long-temps dans un e'wr brillant.
T abandonne l'ingrat , & le laijje rentrer
Dans /'état malheureux d'où je l'ai fu tirer.
RacJ
État, en termes de Théologie &de chofes fpirituel-
les & morales , fe dit des différentes conditions ,
des différentes fituations , où l'homme, la-iiature
humaine fe peut trouver , s'eft trouvée j ou fe
trouve. L'eû7f de pure nature eft an état où l'homme
feroitcrééde Dieu fans dons furnaturels , & avec
les feules facultés naturelles. Des différentes con-
damnations que l'Eglife a faites des héréfîes de ces
derniers temps , il s'enfuit que Vétat de pure nature
eft poffible au moins quant à la voie. Vétat d'inno-
cence, ou de la nature innocente , c'eft Vétat où fe
trouvoit Adam avant (on péché. Etat de la nature
corrompue, c'eft l'/wr où l'homme, la nature hu-
maine fe trouva réduite par le péché d'Adam. L'état
de la nature réparée , c'eft Vétat où. Jefus-Chrift a ré-
tabli l'homme en fatisfaifanc à Dieu pour le péché.
L'état de la voie , c'eft Vétat où l'homme eft pen-
dant cette vie , où il travaille à parvenir à fon ter-
me j Se à une fin bonne ou mauvaife^ félon fes
œuvres. L'état du. terme , ou état de jouiirancej c'eft
Vétat où font les hommes qui meurent dans la grâce
de Diçu. fr^^r de grâce , c'eft Vétat d'un homme qui
eft dans la grâce de Dieu , qui eft bien avec Dieu.
Etat de péché , c'eft Vétat d'un homme qui eft cou-
pable de péché , qui en a commis quelqu'un. Etat
de damnation fe dit en deux manières. Il fignifie
1°. Vétat d'un homme qui eft encore dans cette vie,
&qui a commis des péchés qui lui font mériter la
damnation , qui l'en rendent digne , enforte que
s'il venoic à mourir en cet état-Xz. , il feroit damne.
C'eft la même chofe que Vétat de péché morteU
x°. C'eft Vétatdt% hommes qui font morts en péché
mortel , & que Dieu a condamnés aux fupplices
éternels. Être en bon état, dans Vétat de grâce. Etre
en mauvais état, c'eft être en état de péché mojteL
ETA
Pont communier , il faut être en bon état , en erat
de grâce. LVwrpailifdes contemplatifs ell un écuc
paifible & tranquille. Fen. Ce feroit un fentiment
mauvais &c condamné que d'entendre par ce mot
d'eiat pajjï/un étac habituel où l'ame n'agiroit plus ,
mais où elle ne feroit que recevoir les impref-
fions que Dieu lui voudroit donner.
Etat, fe dit encore des ditlérens degrés ouconditions
des perfonnes diftinguées par leurs charges , offi-
ces , profelfions , ou emplois. Condïdo j gradus.
On fait toutce qu'on peut pour foutenir fon ecdc , fa
dignité j fort rang.
^3* Le mot d'e'wrconfidéré comme fynonymeà
condition, a plus de rapport à l'occupation ou au
genre de vie dont on fait profelTîon. La condition en
a davantage au rang qu'on tient dans les divers or-
dres qui forment l'économie de la République. Re-
marque de M. r Abbé Girard. Les richeiles nous font
aifément oublier le degré de notre condition, & nous
détournent quelquefois des devoirs de notre état. Il
est difficile de décider fur la différence des condi-
tions , ôc d'accorder là-delfus les prétentions des di-
vers états. Il y a beaucoup de gens qui n'en jugent
que par le brillant de la dépenfe. Si l'on fiit ré-
flexion fur la conduite des hommes dans le choix de
l'emploi Se dslétat où ils doivent palfer la vie , on
trouvera que rien n'est plus mal réglé. Nie. Peu de
gens favent prendre l'efprit , Se garder le caradère
de leur étac. Bell.
Heureux qui fatisfait de fon humble fortune ,
Libre du /ougfuperbe où Je fuis attaché j
yic dans /'état ohfcur où les Dieux l'ont caché.
Rac.
^C? Etat , fe dit encore du brillant de la depenfe ^
de la manière magnifique , fomptueufe, fimpleou
modeste dont on s'habille. Les Bourgeoifes portent
aujourd'hui un aulîi grand e'faf que les femmes de
qualité. Où pouvez-vous prendre de quoi entretenir
X'éiat que vous portez. Mol.
U3° Etat , fe prend quelquefois comme fynonyme
à office Ainfi on dit un état de Préfident , de Maî-
tre des Requêtes , A(^ Juge. Munus ^ dignitas. Il
vieillit.
^3' On le dit généralement d'une place j foit que
ce foit une dignité , ou que ce foit une fimple fonc-
tion ou commillion.
^fT Etat , en Jurifprudence. Ce terme a plufieurs fî-
gnifications.
U^" On le dit de la condition d'une perfonne , en
tant qu'elle est légitime ou bâtarde , noble ou ro-
turière , &:c. & l'on appelle question dVrjrcelle où
il s'agit de favoir fi une perfonne est libre ou efcla-
ve , légitime ou bâtarde , rtoble ou roturière , &:c.
Difputer Vétat à quelqu'un. Alfurer fon étac. Cette
fille a manqué de bons partis , parce qu'on lui dif-
pute fon état.
^fT Etat d'ajournement personnel , est la por-
tion d'un accufé qui est décrété d'.ijournement per-
. foryiel. f^oye^ ce mot.
SfT On dit qu'un homme a été interrogé en état
d'ajournement perfonnel j c'est-à-dire , après une
comparution perfonnelle au greffe. Csjte notion
conduit à celle d!étdt d'afllgné pour cj^ ouï , &c.
On dit encore qu'un criminel doit Te mettre en
écaty c'est-à-dire , fe rendre efFedivement prifon-
nier, afin de fe justifier , ou de faire entériner fa
grâce dans les formes.
^y On dit qu'un procès est en état , lorfqu'il est
instruit contradidoirement , & que les deux parties
ont fait les procédures & les produdions nécefTaires
pour le faire juger. On dit qu'on l'a mis hors d'<fWj
lorfqu'on a fait quelque nouvelle procédure qui en
recule le jugement.
§3" Quand on entérine des lettres de Requête
civile , ou de refcifion , on remet les parties en tel
& femblable eVjf qu'elles étoient avant l'arrêt, le
contrat. Quand on donne des défenfes , on pronon-
ETA 891
ce , toutes chofes demeurant cependant en état ^
pour dire qu'il n'y fera rien changé.
IfT Etat , en matière de Régale" fignifie la même
chofe que ce qu'on appelle récréance , polfeffion
provifoire dans les autres matières bénéfictales. Un
Eccléfiastiquepouivû en régale demande Yetat. Cn
adjuge l'Iïtati un Régaliste.
^ Pour juger de la qualité d'un bénéfice , on
regarde fon dernier état. On appelle état denucry
en matière bénéhciale, cequicaradénfe la dernière
polfellion , foit par rapport à la nature du béné-
fice , foit par rapport au CoUateur & Patron , foit
par rapport à la manière de le polféder.
Etat , fe dit aulîi de la penfée , de l'estime, de l'o-
pinion qu'on a de quelque chofe. ^ftimatio , rutio^
exifimatio. Cette exprelhon est alfez ulitée , mais
elle est mauvaife ^ & les bons Ecrivains ne s'en fer-
vent point. La Judiciaire , la Chiromance font des
choies vaines, dont il ne faut faire aucun état. Je
fais état de votre amitié , de vos otfres de fervice,
je compte làdelfus. Je faifois état que ce bâtiment
ne me reviendroit qu'à dix mille écus. Sic apud me
fatuebam j mihi perfuaferam. On fait fouvent é'at
de venir à bout de pluïieurs chofes qu'on ne peut
exécuter. Les hommes ne doivent faire aucun état,
nihil pendere , de toutce qui est appuyé fur un fon-
dement aulli branlant Se aufli fragile que leur vie.
Nie. Je fais plus d'e'wf de votre cœur que de tout
ce que la fortune me peut offrir. Voit. Faites
état que les Pères n'ont jamais parlé de la forte. 5ic
habe , fc vclim existimes.
Etat j fe prend aulli pour le delTein qu'on a de faire
quelque chofe. Je tais trjr d'aller bientôt en Italie.
Cogito in Italiam. Il faifoit état d'attaquer les Grecs.
Ablanc. Dansce fens il vieillir.
En termes d'Astronomie , on appelle état du
ciel, la difpofition des asttes les uns à l'égard des
autres en un certain moment , qui est ce qu'on
marque dans une figure ou thème céleste. Les
Ephémérides marquent tous les jours Xétat du ciel
à midi. Ce mot vient du Latin Status.
Terres des Etats , que les Hollandois appellent ^M-
ten Eyland. lile des Etats- Ordinum terra , ou Infuia,
Il y a trois Ifles très-éloignées les unes des aurres ,
qui portent le nom des £ww des Provinces-Unies,
parce qu'elles ont été découvertes par leurs fujets.
L'une est dans la mer Glaciale , près de la Mofco-
vie , dont elle dépend. Lhie autre est dans l'Océan
Oriental , entre la terre de Jelfo , & l'Yupi en
Tartarie. Elle fépare les Canaux de Urièsj & de
Pieko. Les Hollandois l'appelent Staten Land ,
Terre des Etats. La troifième est dans la merMagel-
lanique , non pas entre le détroit de le Maire &c
celui de Brouvers , comme dit Mary , apparemment
fur la foi des Cartes Hollandoifes ; mais vis à-vis
la pointe la plus orientale de la Terre de Feu , ayant
fa côte australe par les 55 degrés de latitude méri-
dionale, & fa côte fepcentrionale par les ^4 degrés
45' environ. Le détroit de Brouvers , qu'on met à
l'orient de la Terre des Etats , est une pure imagi-
nation , félon la remarque de nos derniers naviga-
teurs , & en particulier de M. Frézier , p. z6z. de
fon Voyage à la Mer du Sud. La Terre des Etats à
l'Orient , la pointe que j'ai dit de la Terre de Feu à
l'Occident, forment le détroit de le Maire. La Terre
des Etats du côté du Sud ne gît pas E. S. E. Se O.N.
O. (c'est-à-dire , est Sud Est , Se Ouest Nord Ouest)
comme les Cartes le marquent. Elle ne couit que E.
Se O. du monde, &: prend même un peu du Nord ,
auprès du Cap S. Barthelemi. Frezier. Cet Auteur
dit , en parlant des côtes de cette Ifle , La côte
des Etats , & non pas la côte de la Terre des Etats.
ÉTATER. V. a. Terme de Barreau , qui fignifie ex-
hiber & repréfenter une fomme de deniers pour en
tenir état aux créanciers , fuivant leur ordre d hy-
pothèque ou autremenr. On condamne un débiteur
d'étater une fomme. Un débiteur qui cherche à fe
libérer.obtient d'errer des deniers jufqu'à la fomme
de tant. Peu ufité.
V V vv V ij
%^%
T A
£TAU, f. m. Quelques-uns difent étal On ne trouvî
xnême ce mot que dans le Didionnaire de l'Aca-
démie Françoile ; mais on du plus généralement
étau , boutiqiie , quelquefois fixe , quelquefois por-
tative , où l'on travaille , où l'on étale , où l'on
vend différentes lottes de marchandifes , du poif-
fon, des fruits fie autres menues denrées. On le
-dit patticulièrement des places où les Bouchers
étalent & vendent leur viande dans les Bouche-
îies publiques de Paris. Pluceus operarius , venaii-
tius ^ menfa. On loue bien chèrement les etaux de
Boucher. Il n'y a que le Roi qui accorde la permif-
iîon de conflruire des etaux de Boucher. La Placerie
de la halle a tant à'écaux à louer.
Ménage dérive ce mot de ftallum , qui a été dit
ainfi abrégé as Ifabulum , d'où l'on a fait auili les
.mots à'écaler & à'injialler. Ce mot de ftalLum fe
trouve en plulieurs Auteurs.
Les Artiians appellent aulli étau ,pluteus j la ma
chine qui leur k rt à foutenir & arrêter le fer , &
autres matières fur iefquelles ils travaillent , pour
les limer, polir , forer, &c. Il y en a de petits
chez les Ouvriers qui travaillent à des ouvrages
plus délicats , comme font les Horlogers , & il y en
a de très-gros chez les Serruriers, &:c. Le vrai mot
étoit estoc. Il eft fait de deux pièces de fer qui s'é-
loignent, & s'élargilfent par le moyen d'un relTort
qui eft entre deux , & qui fe rapprochent , & fe fer-
rent par le moyen d'une vis qui entre dans des trous,
qui s'appellent Mœil de Yétju. Les tètes ou parties
d'enhaut, qui ferrent le fer , s'appellent mâchoi-
res ; & fes deux pièces principales , qu'on appelle
tiges, font affemblées enfemble par une efpèce de
charnière qu'on appelle jumelle. Ce qui en refte
au deffous de la jumelle fe nomme pied, la boete
où entre la vis, la manivelle qui lert à mouvoir la
vis , \^ patte qui attache ïetau à l'établi : il y a quel-
quefois encore une vis par-deflous pour tenir Vétau
ferme contre l'établi. Il y a des étaux dont les
mâchoires font en chanfrein. Il y a une efpèce d'fViïw
fervant à la marqueterie , qu'on appelle âne.
ETA"\^ILLON. f. m. Terme de Gantier. Il fignifie un
morceau de cuitj coupé & difpofé pour en former
un gant. Doler les étavlllons , c'eft les parer &c amin-
cir avec le couteau à doler ; ce qui fe fait avant que
d'en tailler les doigts.
§C? ETAYE. f. £ C'eft ainfi qu'on devroit écrire ,
quoiqu'on écrive étale dans le Diélionnaire de l'Ac.
Fr. f^oye-^ ce mot.
ETAYEMENT , eft en Architeéiare un plancher pour
foutenir les voûtes en plafond. Il tient lieu du
ceintre dans les voûtes concave?. Frézier. Adlion
d'étayer, ou l'état de ce qui eft étayé. Métaycment
d'un mur.
ETAYER. V. a. Appuyer avec des étaies un bâtiment
qui menace ruine ^ un mur , une poutte. Fulcire.
Ce font les Charpentiers qui étayent les maifons.
Etayhr , fe dit figurément en chofes morales. Il y a
long-temps que la fortune de cet homme feroit ren-
verfée , s'il n'étoit étayé par la proteélion de ce
Miniflre, par l'argent & le crédit qu'il trouve dans
fa famille.
Dijppe l'ennui qui meprejjc ,
Et viens étayer ma vieillejfe. Le Duc DE Nev.
On dit proverbialement , qu'un homme vou-
droit étayer le ciel , ne cxUm ruât ; pour dire , qu'il
voudroit prendre des précautions inutiles & lu-
perflues contre des accidens qui n'arriveront ja-
mais.
Etayé, ée. part. &adj. Fultus.
Je [ai quel est le prix d'une heureufe opulence ,
Que fuit la joie & l'innocence ,
Etquun Philo fophe étayé
D'un peu de riche ffe & d'aijlince
Dans le chemin de fapience
Marche plus vite de moitié.K.
ETE
ETE
ÉTÉ. f. m. La pluschaudedesfaifons de l'année, ceije
où l'on moillonne , celle qui eft entre le printemps
& l'automne. L'été commence le jour même que le
foleil paroitfous le premier degré du Cancer j en-
viron le zi de Juin , & il dure tout le temps que le
foleil paroît fous les fignes du Cancer , du Lion &
de la Vierge , c'eft-à-dire , trois mois. ^stas.
Des tréfors de Céres l'été pare les plaines.
M. Sgud.
Notre été est de huit jours plus long que n'est
l'hiver , parce que le foleil emploie huit jours de
plus à parcourir les fix fignes feprenttionaux , que
lesfix méridionaux ; de manière que depuis l'équi-
noxe du printemps jufqu'à celui d'automne, il s'é-
coule près de iti6 jours & demi , quoique pen-
dant ce temps le foleil paroifte parcourir précifc-
ment les 180, ou la moitié de l'écliptique : aulli de-
puis l'équinoxe d'automne jufqu'à celui du prin-
temps , il n'emploie que 1 78 jours & demi à
parcourir l'autre moitié de l'écliptique , & qui ré-
pond aux fignes méridionaux. Institut. Astronom.
p. 1G4.
Les cigales chantent tout Xété. Les foutmis font;
leur provifion rt;'rt;'pout l'hiver. On a des habits d'eVe
& d'hiver , des logemens d'hiver & dVrc Apparte-
ment d'hivet & appartement à'été. Cet homme va
palfer tout l'ère' à la campagne. En Portugal on met
les armées en quartiers àiété \ car elles ne peuvent
tenir la campagne.
Z'été n a point de feux , l'hiver n'a point de glace y
Qui puijjent retenir fa vigilante audace.
BOUEAU. .
Les Héros de l'Antiquité
N'étoient que des Héros d'été ,
Ils fuivoient le printemps comme les hirondelles:
Mlle ScuD.
Solstice d'/re. ï^oy. Solstice.
Ce mot vient du Latin astas , qui vient ab astu ,
la chaleur.
§3" Quelquefois nous entendons par le mot été y
la plus belle moitié de l'année. C'est ainfi que nous
difons fémestre d'hiver, fémestre à' été.
On appelle aulli été , les parties de l'automne oii
il fait encore beau temps \ comme Vété S. Denis, S.
Michel & S. Martin , &c. Nous avons un petit été
S. Martin y froid &; gaillard , que j'aime mieux que
la pluie. Mde de Sév.
On entend au(îi quelquefois par ce mot la jeix-
nelfe.
Dans ton été ce n'est point un affront
D'être arrivé fur le penchant du mont. R.
TÉ , petfonnifié chez les Poètes & dans les aïKÎens
monumens. C'est un génie à demi-nud, couronne
eiral
d'épics ,^ qui en touche d'autres qui font entaf-
.corne d'abondance. Il tient de plus une
main , qui marque la faifon des moif-
fés daa
faucille
fons.
Les Poètes défignent les années par plufieurs étés
prenant la partie pour le tout. Un de nos Poê'tes ,
fe moquant d'un autre Pocte fort gueux , a dit
qu'il étoit comme les atbres , nud l'hiver y & vêtu
lete.
ÉTÉCHEMINS. Nom de peuple. Les Etéchemins font
un peuple de l'Acadie , qui habitent tous le pays qui
eft depuis Bofton jufqu'au Port-Royal.
La riviète des Etéchemins. C'eft une rivière de
l'Acadie. Etecheminorum fluvius. La première rivière
que l'on renconrre le long de la côte en allant de la
rivière de Pentagouet à'celle de S, Jean, eft celle
ETE
des Etéchemîns qui porte le nom du pays depuis
Borton jufquesau Porc-Royal. Il y a dans cette ri-
vière grand nombre d'Illes, quelques-unes de deux
lieues de tour , les autres plus ou moins , qui font
toutes dans une anfe de grand circuit j où il fe peut
mettre des navires de cent cinquante tonneaux en
toute fureté. Dans le fond de cette anfe fe déchar-
gent de petits ruilleaux , dans lefquels on trouve
du fiumon , de la truite , du bar , du gafparot •,
&c le long de la côte on pccJie de la morue & autres
pollfons Denis.
ETÉFLER. V. a. Dccacuminarc , meure fummum ap'i-
cem. On dit y Eiefler un arbre j pour dire , en cou-
^ per la cime. C'eft apparemment un terme ulité dans
^ quelque Province.
ÉThlGNOIR. f. m. Petit morceau de fer blanc tourné
en cône , attaché au bout d'un bâton pour éteindre
les cierges dans les Eglifes. Il y a des éceignoirs de
cuivre, d'argent , de vermeil , ou d'autre matière,
dont on fe fert pour éteindre la bougie , ou la chan-
delle.
ÉTEINDRE. V. a. J'éteins ^ tu éteins , il éteint, nous
éteignons , vous éteigne'^ , ils éteignent j j'éteignois ,
j'éteignis , j'ai éteint ^ j'éteindrai , que j'éteigne , que
féteignijje \ ou j'éteindrvis. Faire cefler l'aétion du
feu. Extinguere. Un grand embrafement eft difficile
à éteindre. Le feu s'éteint en verfant de l'eau delfus ,
en lui ôtant l'air & l'aliment.. On éteint tontes les
lumières j les cierges de l'Eglife , quand le Service
cftdir.
^CT Eteindre , dans la lignification d'amortir. Etein-
dre la chaleur de la fièvre. Eteindre la chaleur na-
turelle.
fer On dit que des boutons fur le vifage font
éteints , quand ils font moins rouges, quand leur
feu eft amorti.
Eteindre la foif , l'étancher. Sitim restinguere.
Éteindre en Peintute , eft la mêmechofe qu'adoucir,
affoiblir. Les grandes lumières doivent s'éceindre
infenliblement vers leurs extrémités. Dicl. de Peint.
& d'Arch.
Eteindre , fe dit encore en chofes morales dans un
fens figuré , pour dire , faire celfer , diminuer la
violence. Sedare j coercere , inhihere. Ce Prince a
éteint les fcditions & les troubles de fon Royaume.
Les mortifications éteignent le feu & les ardeurs de
la concupifcence.
J'ai voulu vous quitter pour éteindre ma flamme.
La Suze.
L'âge «e//2f toutes les partions tumulcueufes. Cet
amour, qu'on croyoit éteint, s'eft rallumé: c'étoit
un feu mal éteint , & caché fous la cendre. Cicéron
a un feu qui ne s'éteint point , &: qui , à mefure
qu'il avance j prend de nouvelles forces. S. Evr.
La vertu s'éteint , fi elle celfe d'agir. Caill. Dès
que la colère eft allumée, elle emporte l'ame j &
éteint en elle la lumièrede la raifon. M. Esp. Comme
l'homme ne peut pas éteindre fes paffions , le public
eft trop heureux quand on en fait un bon ufage , &
qu'on les rend utiles. S. Evr.
Cette foif de régner que rien ne peut éteindre.
Racine.
Si je n'ai pas affez de force pour éteindre la paf-
!fion que j'ai pour vous , j'en aurai du moins alfez
pour la cacher. Voir. La charité eft un feu qui a
befoin de matière pour ne s'éteindre pas. Nie.
Eteindre, le dit aulH , pour exterminer entiè-
rement. Il faut éteindre cette malheureufe race ,
pour abolir , faire qu'on ne fe fouviennc plus d'une
chofe : éteindre un crime, un procès , la mémoire
de quelque chofe. Enfin j on le dit des chofes qui
finiÔent. Aholere, delere. Il y a bien des maifons
iliuftres qui font éteintes j des nations donc le nom
même eft éteint.
On die auffi, éteindre un penfion, une rente, une
ETE 8^5
dette ; pour dire , la racheter , l'amortir , l'a-
néantir.
En termes de Maçonnerie on dit j éteindre de la
chaux J quand on la délaie avec de l'eau pour la
conferver jufqu'à ce qu'on l'emploie , fans quoi elle
fe gâte , & devient f ulce & inutile. Ca/cem macerare.
On dit aulh , éteindre le fer , quand on lui donne
une trempe qui lui acquiert delà dureté, ou quand,
après l'avoir fait rougir dans le feu, on le plonge
dans l'eau Iroide , pour lui faire perdre fa chaleur.
Temperare. Alors le mot éteindre elt pris dans le fens
propre; mais quand on dit en Pharmacie éteindre.
le mercure , c'eft à-dire , l'unir à de certaines fubf-
rances qui en détruifent la fluidité , ce mot fe prend
dans un fens figuré.
Eteint , einte. part. & adj. Extinclus. La mémoire
des grands hommes eft bientôt éteinte dans ceux
même qui les ont aimés davantage. Ab. de la
Trap,
On die qu'un homme a les yeux éteints , pour
dire , qu'ils font fans feu & fans vivacité : & qu'il a
la voix éteinte, c'eft-à-dire, foible j qu'on a peine à
l'entendre parler.
#3°" Le P. de la Rue dans l'oraifon funèbre de M.
BolFuet, dit: il eft éteint celui qui répandoit dans
, la maifon du Seigneur une '^\ vive clarcé.
ETEINS , ou Cornières. Terme de Marine. Cornua.
Ce fondes pièces qui formenr lesanglesde l'arcafle
ou de la poupe d'un vailfeau , étant courbées en deux
fens. Elles font aflemblées par les bouts d'enbas à
l'étambord , & par les autres , à deux alonges nom-
mées moatans, ou trépots , qu'on appelle autrement
allonges de cornières j qui parachèvent la hauteur &:
rondeur de la poupe.
ÉTEINTE DE CHANDELLE, f f. Terme de Coutu-
mes. Extinclio candeU. Cette exprelhon fe dit de
certains baux qui s'appellent baux à éteinte de chan-
delle J parce que l'adjudication des héritages , & la
conclufion du bail , fe fait pendant qu'un fort petit
bouc de chandelle qu'on a allumé fe confume. Les
Fermes du Roi s'adjugent à éteinte de chandelle : on
dit aulli à chandelle éteinte ; & c'eft delà qu'eft venu
à éteinte de chandelle. On a faic un nom fubftancif
du parricipe éteinte.
ETELES. f. i. pi. Vieux moc. Copeaux. Borel croix qu'if
vienr d'effero ^ extuli , à caufe que ce font des éclats
qu'on a emportés d'un gros bois, C'eft un mot fore
ulite eu Champagne. Il ne l'eft pas moins en Bour-
gogne.
Borel dit qu'on les appelle des hastillons. Foyer
l'article des ASTELES , qui a beaucoup d'affinité
avec celui ci.
ÉTELON. f. m. Terme de Charpenterie. C'eft dans la
Charpenterie ce qu'eft Epure dans l'ArchueÛure.
Foyq EPURE.
ETEMPER. V. a. Terme d'Horlogerie. Foyez ES-
TAMPER
IfT^ ÉTENDAGE. f. m. C'eft ainfi qu'on appelle dans
l'Imprimerie un alfemblage de cordes tendues d'un
mur à l'autre d'une chambre , fur lefquelles les
Imprimeurs font fécher les feuilles imprimées.
ifT l'Etendage, dans les Manufactures en Laine j eft:
une des opérations qui fe font fur les laines avant
que de les employer.
Ip- ETENDARD, f. m. Dans l'Arc Militaire, c'eft
proprement l'enfeigne de la Cavalerie. Vexillum. Se
ranger fous l'étendard. Les étendards fonr aujour-
d'hui de fatin brodé d'or ou d'argent & de foie,
fixés fur une lance.
IJCTOn appelle figurément étendards , fignum ^
Militare vexillum , toutes fortes d'enfeignes , foie
pour la Cavalerie, foitpour l'Infanrerie. Voye-^ En-
seigne. C'eft ainfi que l'on dit planter , arborer
\étendard-\es étendards pris fur l'ennemi. U étendard.
des Rois de France n'a pas toujours été le même.
Les Rois de la première race fe fervoienc de
la chappe,ou du Manteau de Saint Martin. Ceux
de la troifième prirent la Bannière de Saint Denis ,
à laquelle on donnoic le nom d'Orifiamme , parce
S94 ETE
qu'apparemment elle étoit femée de fleurs d'or.
Dans la fuite cet ufage a celTé.
Étendard céleste. C'eft une enfeigne verte , que
les Turcs difent avoir été {étendard de Mahomet :
ils le refpedent comme une chofe fainte & facrée.
Ils prétendent qu'il fut apporté par l'Ange Gabriel.
On le garde dans le tréfor avec un refped extraor-
dinaire ; &; lorfqu'on le déploie , tous ceux qui
font profeffîon de la Religion de Mahomet font
obligés de prendre les armes ; &on regarde comme
des Infidelles ceux qui ne viennent pas fe ranger
fous cette bannière.
^Zr En Termes de Marine j on appelle étendard
fur les galères , ce qu'on nomme pavillon fur les
vaifleaux. L'étendard , c'eft le pavillon de la Réale ,
ou de la principale galère. On difoic autrefois sten-
dard.
Parmi les Tailleurs on nomme étendard , ou ban-
nière , une pièce d'étoffe qui refte d'un habit qu'on
a fait , & qu'ordmairement les Tailleurs ne rendent
pas; & l'on dit que le Tailleur a levé ['étendard
pour lui.
Du Cange dit que ce mot vient de standarum ,
stantarum , standardum y ou standale , qu'on a dit
dans la balte Latinité , pour fignifier la principale
enfeigne d'une armée. M. Ménage le fait venir de
l'Allemand stande ^ c'eft -à- dire, stare ^ qui eft
auflî Flamand & Anglois.
On a fait une jolie petite pièce de vers intitulée
['Etendard, fur la première campagne de Mon-
feigneur le Duc de Bourgogne. Elle commence
ETE
forte. Il ne crève pas en lui lailFant cinq boutons.
MORIN.
Chez les Botanifles , étendard fe prend pour le
étale fupérieur large , & redrelTé de fleurs légu-
ainfi
Amour voulant lever un régiment
Battait la caijfe autour de Jes domaines.
Soins &foupirs étaient f es Capitaines ,
Flèches & dards jaifoient fan armement.;
Un étendard lui manquait feulement, j
Le Prince l'envoie à Adélaïde lui compter fes pre-
miers exploits. Le Dieu va la trouver :
En lui parlant j il voit couler Joudain
Des pleurs mêlés de tendrejfe & de joie j
PriX du vainqueur, qu'une Joigneuje main
Va recueillir dans un drapeau de foie.
Amour fourit & le mettant à part j
Bon , bon , dit-il , voilà mon étendard , &c.
IJCJ" Étendard , dans un fens figuré , fignlfie la même
chofe que parti. Suivre les étendards , fe ranger fous
les étendards de quelqu'un , c'eft embraflèr fon parti.
Les Chrétiens combattent fous les étendards de la
Croix.
On dit dans les même fens ^ lever j arborer l'éten-
dard de... pour dire, embraflèr hautement une cho-
fe , en faire profeflion ouverte. Palam & apertè pro-
f-teri. Thérèfede Jefua levé, pour m'exprimerainfi,
ïétendard de la plus févère auftérité. Bourdal.
Exhort. T. I. /7. 305. Lever \ étendard de la vertu.
Ces impies levèrent enfin l'étendard ^q\' kûi^iimc
& de la débauche, c'eft-à-dire , firent ouvertement
profeffion de , &c. Ne parler par-tout que de
févérité , & en lever par-tout l'étendard , dans les
difcours publics , dans les entretiens particuliers 3
dans les tribunaux de la pénitence , dans les ouvra-
, ges de piété. 1b. f.vÂ. //./>. 141.
Étendards , eft aufli un terme de Fleurifte. Il fe dit en
parlant de certaines fleurs qu'on appelle iris j & fi-
gnifie les trois feuilles fupérieures qui s'élèvent au-
deflus des autres. Ces Iris ont leurs étendards tout
déployés. Liger. On les appelle autrement voiles.
On les nomme ainfi à caufe que ces feuilles relfem-
blent à de petits étendards. Liger.
Les Fleuriftes donnent aufli le nom ^Etendard
Royal à un œillet. C'eft un cramoifl blanc bien
tranché de gros panaches détachés : fa fleur eft hâ-
tive , fon feuillage d'un beau vert , & fa plante
mineufes. P cxillum.
ÉTENDEUR. adj. m. Terme d'Anatomie. C'eft une
épithète qu'on donne aux mufcles qui feivent à
étendre les autres parties du corps , comme les pou-
ces , les bras , les jambes , &c. Extentor. Ce mot
n'eft pas François ^ même en Anatomie. On dit Ex-
tenfeur. Voyei ce mot.
ETENDOIR. f. m. Terme d'Imprimeur. C'eft un bâ-
ton long de quatre ou cinq pieds , au haut duquel
il y a une petite planche fur laquelle ont met le»
eftampes j & les feuilles des livres qui viennent
d'être imprimées , pour les porter à l'étendage, afin
qu'elles s'y puilfent fécher.
Étendoir. Terme de Papetier. On appelle ainfi l'en-
droit où l'on étend fur des cordes les feuilles de
papier nouvellement faites , pour les faire fécher.
Locus in quo jolia papyracea recens facla extendun-
tur fccanda.
Les Chamoifeurs ont auflî des étendoirs.
^fT ÉTENDRE, v. a. J'étends , f étendis j j'ai étendu.
J'étendrai, que j'étende. Verbe qui a principalement
rapport à l'elpace , & quelquefois au temps. Dans
ces deux acceptions , c'eft généralement faire occu-
per plus d'efpace jjou faire embralTer plus de temps.
Extendere , expUcare j differre , proferre. Et il fe die
avec le pronom perfonnel dans ces deux fignifica-
tions.
§3" Dans la première acception , étendre fignifie
quelquefois la même chofe que déployer en long 6i
en large. ExpUcare ^ evolvere. Etendre une nappe
fur une table , un tapis fur une eftrade. Etendre du
linge mouillé, des feuilles d'Imprimerie fur des
cordes , pour les faire fécher.
fCF On dit dans ce fens qu'un oifeau étend fes
ailes pour voler , qu'un homme étend les bras , qu'il
s étend tout de fon long fur fon îitj fur un gafon.
On dit de même que Notre-Seigneur a été étendu
fur l'arbre de la Croix pour nos péchés j & qu'un
homme a été étendu fur le carreau d'un coup d'épée.
f^ Quelquefois étendre fignifie la même chofe-
que faire occuper plus d'efpace en longueur & en
largeur. Expandere. On étend les métaux fous le
marteau : étendre du beurre , des confitures fur du
pain. L'or s'étend fous le marteau. C'eft propre-
ment donner une pins grande furtace ou une plus
grande longueur.
§C? On dit dans ce fens étendre fes troupes , fon
armée , leur donner plus de terrein , plus de front.
^fT Etendre , en tant qu'il eft relatif au temps. Faire
embraffer plus de temps ; il n'avoit qu'un délai de
huitjours jmais il raeVf/zc/i^ jufqu'à quinze. L'heure
du, rendez-vous d'ordinaire s'étend. Mol.
^CJ" Etendre , fignifie aufli aggrandir , augmenter.
Etendre fon empire. Imperium proferre. Etendre ion
parc , fon jardin , fa Seigneurie , en reculer les li-
mites , les bornes.
§3° Étendre la lumière. Terme de Peinture. C'eft
groupper enfemble plufieurs parties qui naturelle-
ment reçoivent la lumière 3 ôc dont les objets ne
font fépatés que par des demi- teintes adoucies Ac.
Franc.
^^ Étendre , fe dit au figuré dans la plupart de ces
fignifications. Etendre la claufe d'un contrat , les
termes d'une loi , d'mn arrêt , la fignification d'un
mot , c'eft en porter le fens au-delà de ce que les
termes fignifient précifément. On étend la fignifica*
tion d'un mot propre à plufieurs chofes différentes.
C'eft une maxime de droit j qu'on peut étendre les
lois dans des cas favorables. Les hypocrites ou faux
dévots lavent l'art de refferrer ou ^'étendre les
liens de la confcience , félon leurs intcrêrs. Bell.
On dit qu'un Agent a étendu fon pouvoir j tranf-
greffus , pr£tergrejjus efl , pour dire qu'il a pauc
au-delà de ce qui lui avoir été prefcrit. Le Roi a
étendu fa gloire par - tout où i étend le genre-hu-
ETE
main. Boss. On a die que Ciccron pat £on élo-
quence avoic eicndu oc ag>;i'andi l'efpiit des Ro-
mains , autant que Céiac avoic augmenté leur
Empire.
EiÊNDiiE une ordonnance fur une requête > fe dit
quand un Juge met un mot au bas d'une requête ,
comme vienmnc y foit montré, &:c. lequel ell t;rt//t//^
par le Secrétaire j ou le Greffier , &c mis au long
dans le Ityle ordinaire. On dit qu'un Notaire étend
la claule d'un contrat , lorfqu'il l'amplihe, en fai-
iant mention de toutes les cliofes particidières qui
y font fous-entendues j lorfquc des t^f. qui font
dans la minute après ces mots promettant , obL
gcant , renonçant , il en fait cinq ou fix rôles de
grofïes.
IJCr On dit proverbialement j Etendre la cour
roie , pour dire , paifer les bornes prefcrites , por
ter les droits , les pouvoirs plus loin qu'ils ne de
vroienc aller : & étendre le parchemin j pour dire ,
faire des procédures inutiles, pour augmenter les
frais. Ces exprelîions où le mot étendre ell pris dans
un fens hguré , ne font que du difcours familier.
Etendre. En termes de Triélrac étendre fon jeu , c'eft
diftribuer fes dames en autant de Bêches qu'on le
peut , ou au commencement d'une partie pour pou-
voir facilement faire des cafés dans le grand jan ,
ou dans un recour pour fe ménager plus d'occadons
de remplir fon jan de retour. On ne fauroic trop
étendre fon jeu , quand il ne manque qu'une dame
au plein.
§C? s'Etendre, v. réciproque j qui fe prend dans dif-
férentes hgnifications au propre & au figuré.
IJC? s'Etendre, occuper, tenir un certain efpace.
Cette campagne s étend fort loin. Patet. La domi-
nation d'Efpagne s'étend jufque dans les Indes.
Propagatur , extenditur. Cette Seigneurie s étend juf-
qu'à tel endroit. Le reffort du Parlement de Paris
s'c;e/?i/t//rdansplu(ieurs Provinces. Une tache d'huilè
s'étend.
§3" On le dit figurément des perfonnes. Ce Sei-
gneur ne peut s'étendre de tel côté , parce qu'il elf
relîerré par fon voifin.
§Cr On le dit figurément de plufieurs autres cho-
fes. La puilfance de Dieu s'étend par-tout , n'eft
point bornée. Son nom, fa réputation , fa gloire
s'étendent jufque dans les pays les plus éloignés. Mon
pouvoir ne s'étend pas jufque-là.
§3" On dit d'une voix forte, & qui s'entend de
loin , qu'elle s'étend bien loin. Tant que la voix peut
s'étendre.
^fT On dit de même de la vue , qu'elle s'étend
plus ou moins loin , fuivant qu'on peut voir les
objets plus ou moins éloignés.
§3" On dit dans un fens figuré s'étendre fur une
matière J la traiter fort au long ; & dans le même
fens , s'tteidre fur les bonnes ou mauvaifes qualités
de quelqu'un j s'étendre fur fes louanges.
1^ s'Etendre, fe dit aulfi de la durée. La vie de
l'homme ne s'étend guère au-delà de cent ans. La!
durée de notre vie s'étend à toute réternité qui nous
fuit. Nrc.
ÉTENDU , UE. part. & adj. Qui occupe un efpace :
fpacieux. Extentus , explicatus j /ongè j latèque per-
zinens , patens. Pour concevoir un folide étendu ,
il faudroir avoir une idée de la cohéfion des parties.
Or il n'eft pas aifc de concevoir comment des par-
ties folides demeurent unies & attachées les unes
aux autres. Donc il efl: difficile de concevoir un corps
étendu. Locke. Cette femme a l'efprit étendu fans
l'avoir vafte. S. Evr. Les femmes oni d'ordinaire
l'efprit plus \i£ (\n' étendu. Nie. Ces deux vues font
belles: mais l'une eft trop «f're/ît/ae , & l'autre trop
bornée.
ÉTENDUE, f. f. Efpace de lieu, ou de temps. Ex-
tenfïo. Si l'on confidère par abftraélion la diftance
qui efl: entre deux corps , fans avoir égard à ceux
qui remplilfenr cet intervalle j on la peut nommer
proprement e/î'ace. Et lorfqu'on confidère la diftance
qui eft entre les exttêmités d'un corps folide j on
ETE 89J
lui peut donner le nom à'étendue. Locke. L'étendue
julce &; réglée fait le grand. La grandeur démefutée
fait le valte. S. Evr. Rien ne redouble plus notre
adiuiration pour le Créateur de l'Univers, que ctcta
étendue valle &: immenfe dans laquelle font fufpen-
dus tant de globes qui roulent fur nos têtes. Huv-
GHENS. •
IfT Les Phyficiens entendent par étendue, la di-
menlion d'un corps en longueur , largeur & pro-»
fondeur. Quelques-uns prétendent que l'elléncede
la maricrc conlilfe dans cette propriéré , enforta
que le Tout-PuilUrnc même ne peut lui ôter foa
étendue. Queftion peu importante. Une matière pri-
vée de fon étendue ne feroit plui l'objet de laPhyfi-
que. yoye\ Matière.
^fT bans le langage ordinaire , éten 'ue 5c fuper-
fîciefont termes fynonymes , au moin, nuis ne le
difons guère que par rapport à la fuperfîcie. Une
campagne, une ville, un Royaume d'une grande
étendue. L'étendue à! nne Seigneurie, &c.
Etendue , fe dit aufti du temps. Notre vie eft fort
courte , d'une petite étendue. Dans l'étendue de tous
les temps , de tous les fiècles j &c.
Ce mot s'applique à pluheurs chofes dans un fens
figuré. L'étendue de l'efprit , du pouvoir j de Tima-
ginacion.
On dit d'un efprit qu'il eft d'une grande étendue ^
c'eft- à-dire J qu'il a de la capacité , de la pénétra-
tion : qu'il eft de petite étendue , lorfqu'il eft fort
borné. Nous ferions moins de fautes , li nous com-
prenions bien toute \ étendue de nos devoirs. Nie.
Apprenons à bien connoître toute {'étendue &c la
grandeur de nos défauts. Id. En di'ant que Dieu ne
peut faire ce que nous ne pouvons pas comprendre,
c'eft fe figurer que notre imagination a autant d'e-
tendue que fa puillance. S. EvR. Pour former uia
fyftcme régulier, il faut une certaine grandeur, &
une certaine étendue d'efprit , qui puilTe envifagee
plufieurs chofes à la fois. Maleb. Il n'y a rien qui
donne plus à.' étendue à l'efprit , 5c qui le fortifie da-
vantage i que de l'accoutumer à comprendre , & à
penfer plufieurs chofes diftérentes. Id. Pour être un
excellent Pocte , il faut avoir un génie d'une grande
étendue , & d'une grande élévation. S. Evr. Plu-
fieurs fe trompent dans l'idée qu'ils ont de la com-
plaifance : ils n'en connoiirent ni le degré , ni IV-
tendue. Bell. On dit aulîi , qu'on a un pouvoir de
grande étendue , quand il n'eft point limité. Le Roi ,
en étendant les limites du Royaume , donne eu
même-temps plus é^etendue à fa gloire. M. Scud.
Je \eux la braver à fa vue ,
Et donner à ma haine une libre étendue Rac.
On dit encore Vétendue du vers en termes de Poe-
fie , & r tendue de la voix , Vétendue du chant , IV-
tenduedu mode en terme de Mufique.
ifT L'étendue de la voix n'eft autre chofe que fa
portée , c'eft-à-dire , le plus ou moins de tons
qu'elle peut parcourir. P^oyei Voix & les autres
mots.
CiCTETEOBUTADES. Terme d'Antiquité. C'eft une
famille Sacerdotale parmi les Athéniens, confacrée
à Minerve. Le droit de porter le dais dans la pro-
ceftion qu'on faifoit aux Scirropheries appartenoit
aux Eteobutades. Tourreil. Ces Prêtres tiroient
leur nom de Butes J fameux Sacrificateur,
ÉTEOCLE. f m. Fils aîné d'Œdipe & de Jocafte. ^
Etéocle. Roi d'Orchomène en Béotie , fut .nppelé le
père des Grâces, parce qu'il fut le premier , dit
Paufanias, qui éleva un Temple & des Autels aux
Grâces , & qui régla les cérémo lies de leur culte.
Éteocle.'fIs d'Iphis & frère d'Evadné , fut un des
Chefs de l'armée des Argiens contre Thèbes.
ETEOCLÉES. U. pi. Surnom des Grâces , parce qu'on
difoit qu'elles étoient filles d'Etéode.
ÉTERNAC. Bourg que l'on nomme aulTi Echter.
Epternacum. Il eft dans le Duché de Luxembourg ,
fur la rivière de Saur , à trois lieues au couchant de
s 9^ ETE
Trêves. L'Abb.iys SEternac eft fort célèbre. Elle eft
à-i l'Ordre de S. Benoît. MM. de Sainte-Marthe éùri-
vent Eternac. Il faut les fuivre, & non Maty.qui
•écrit Etteniack , ni ceux qui écrivent tjtemach.
L'Abbaye à!EtcrndC fur fondée par Pépin le Gros ,
Maire du Palais en 69(5. Sainte-Marthe.
ÉTËRNALES. f. m. pi. Hérétiques des premiers fiè-
cles, appelés ainiî j parce qu'Us croyoïent qu'il n'y
auroit point de ckangeir.ent après la rélurredion ,
& que le monda deir.eureroK dans toute l'éternué
comme il eft préfentemenr.
ÉTEPN.NE. Vieux adj. m. & f. Eternel. ^"r^m, a, um.
Marot s'en eft fervi.
ÉTERNEL, f. m. Oui n'a ni commencement ni fin.
jEtcmus. En ce f-Tns il ne le dic proprement que de
Dieu. Prions XEurneL C'eft \ tztcrnd qui com-
mande, les reçoit comme des hôtes que \Etanel \\.\\
envoie. Pat. \J Eternel elî-il donc dilFemblable à
lui même , loifqu'il parle par l'organe & par la voix
de Jésus ? P. Catrou. Mes yeux ne vous verront
pas pins long-temps occuper la place de Dieu , &
recevoir un culte qui n'appartient qu'à Xttcrnel. Id.
La Veriîon Françoife de la Bible appelée Ve.-fion de
Genève , traduit ie nom propre de Dieu fjin» P-ir
X'Eurnd. Il fignitie proprement Celui qui cil.
Éternel, elle. adj. On le dit aufli de Dieu & de fes
attributs. Le P. éternel , le Verbe éternel, la Sagelfc
éternelle, la Providence ^'rer/2d//e. Les Aritns fai
ioient Dicu le Père feul éternel , à i'exclufion dt
fon Fils. Herman. C'a été une grande erreur de
croire le monde éternel.
§Cr On appelle propofition ^éternelle vérité ,
celle qui a toujours été vraie &c qui le fera toujours.
Les axiomes de Géométrie font djs propoiicions
d'/rerae/Ze vérité.
Éternel , fe dit auffi de ce .qui doit durer toujours,
quoiqu'il ait eu un commencement. Dieu a promis
à fes Saints une gloire éternelle , une béatitude éter-
nelle ; & a deftinc aux réprouvés une peine , une
mort éternelle. La feule idée des biens éternels rend
méprifable la polfeilion de tous les autres. S. EvR.
Nous devrions être bien plus prudcns , & bien plus
circonfpeéts que nous ne Ibmmesdans le choix du
chemin qui aboutit à une iïélicicé , ou à une miière
éternelle. Nie. L'enfer éîoit appelé par les payens
\ ombre éttrnelle.
Éternel, fe du aulfi des chofes qui durent long-
temps , & plus qu'il ne faut , dont on ne voit pas
la fin. Je vous aurai uns éternelle obligation. Voilà
un homme éternel , il ne meurt point. La chicane
rend les procès éternels. Votre abfence rigoureufe
& peut ctre éternelle , ne diminue en rien l'empor-
tement de mon amour. Une éternelle inquiétude
agite mon ame. Ovide a dit que la Tragédie étoit
un travail éternel , un ouvrage dont on ne voit point
la fin; au lieu qu'une élégie étoit bientôt faite j &
ne demandoit pas tant de contention.
Tu labar aternus , quoi petit illa brève eft.
Éternel , fignifie auffi Continuel , qui ne change
point. Aux Ides Fortunées , il y a un éternel pr'in-
tcmps. En Efpagne il y a une mode éternelle ôc
conilante.
Lepajfé n'a point vu ^/'éternelles amours.
Et les ft. des futurs n'en doivent point attendre.
On dit aufîî, Un caufeur, un harangueur éternel,
pour dire , Un homme qui parle trop , & qui ha-
rangue trop lons^-temps.
ÉTERNELLE, f f. Sorte de plante qui produit <les
fleurs jaunes ou rougeâtres en forme de bouquet.
Les feuilles & la tige de Véternelle font d'un verr
blanchâtre. Au haut des tiges il vient de petites
fleurs ramaffees en bouquets jaunes de paille ou
rou'îeâfre ; & comme la fleur , quoique coupée de
défais le pied, fe coûferve fort long-temps fans
ETE
changer de couleur, on la nomme éttrnelle. \\ ne
hu laut que la culture commune & ordinaire. Mo-
RiN. Cuit. desjieurs j 11. f. Ch. 7. Elle vient de
graine ou de bouture.
ETERNELLEMENT, adv. ^rcrw^w. D'une manière
étemelle. Dieu a été & lera éternellement. Les julles
leront eterneUcmenta.^ec lui dans lagloir».
Eternellement, fe du auili d'un long temps.
Moi j quand j'aime une fois 3 j'aime éternellement.
Malherbe.
Ce que Malherbe écrit dure éternellement.
C'eft une vanité poétique que MalUerbe a imitée
des anciens Poètes Grecs & Latins.
Eternellement , iignihe aulli , Sans celfe , toujours.
Ferpetuù.CQi importun me demande eter/ietlement,
il parle étemellement.
Il est certain qu'un jeune Amant
Croit aimer d'un amour exttème ;
Il jure ç^^'éternellemenr
Il aimera l'objet qu'il aime. Rec. du P. G.
ETERNISER, v. a. Prendre éternel , ou d'une fort lon-
gue durée, yî^ternarc ; orriare immortali , Aternl
glorià i i&ternuati commendare. Les conquérans n'ont
tait tant de carnage que pour éternijer leur nom.
Les Pyramides ont eternifé la grandeur des Rois
d'Egypte. Les hommes ne pouvant éternijer leur vie
tâchent à eternifer leur réputation. La Roch.
Déjà marchoit devant les étendards
Bellone les cheveux épars j
El Je flattuit d'éiernilsz les guerres
Que fa fureur fouffloit de toutes parts. RacinE'»
Quel magnifique fpeciacle
Frappe mes yeux éblouïs !
Faut-il encore ce miracle
Pour eternifer LOUIS}
Eternisé , ée. part.
Envain par des fermens leur haine éternifée
Sejaifott de la France une conquête afée.
ÉTERNITÉ, f. f. Durée que le temps ne peut mefu-
rer , qui n'a ni pafle, ni avenir, ni commence-
ment, ni fin: qui exiile toute enfemble , fans au-
cun écoulement , & fans aucune fucceflion des par-
ties antérieures & poftérieures. u¥,ternitas , £vum
immortale , tempUs J'empiternum . Cetiforinus , de die
Natal, définit {'Eternité nns Durée infinie , qui efl: ,
qui a toujours été,& qui fera toujours. Cette éternité
abfolue ne convient proprement qu'à Dieu. Le temps
n'eft qu'une partie déterminée de {'éternité. Maleb.
Il n'y a point dcnéceffité qui ne cède au danger de fe
perdre pour l'éternité. Nie. L'efprit en étendant , & en
répétant l'idée de la durée fans jamais arriver au
bout , fe forme à lui-même l'idée de {'éternité. Locke.
Les hommes vontécourdimenr à la mort & à {'éter-
nité. C'ell une étrange condition que celle des hom-
mes ; ils marchent fans celle vers une éternité de bon-
heur ou de malheur. Nie. Je ne fai pourquoi ce peu
de temps qui m'eft donné à vivre m'eft alligné à ce
point plutôt qu'à un autre de l'erÊr/z/r/ qui m'a pré-
cédé , &z de toute celle qui me fuit. Pasc. La nou-
veauté des Arts défavoue refcrar/ du monde. Nie.
Les hommes pouflent l'extravagance jufqu'à aller
hafarder étourdimenr l'eVerwife , fans fonger à l'.a-
byme où elle les va précipiter. De Vill. La négli-
gence des hommes pour Xéternité m'irrite plus
qu'elle ne m'attendrit : elle m "épouvante ; c'eft un
monftre pour moi. Pasc. En comparant Xctemité
qui fuit la mort avec quelques momens d'une vie
fragile , il ne faudroit fongec qu'à mourir. Mo-
rale DE P.
Éternité,
ET E
ETERNfTH , fe die hyperboliqiiement d'une longue du-
rée, ^vum. Voilà une bonne étotte, elle durera une-
éternité. hQ% Rois bâulFenc pour Vécernlte ^ c'elt-à-
dire, ils font des bâcimens bien foUdes. Nous avons
joui de ce privilège de toute ctcnuti , de temps im-
mémorial.
Dans les ouvrages de piété , en profe , ou en
vers, Eternicé fe prend pour la durée inlinie qui
fuit la mort des hommes, & pour l'état heureux ou
malheureux où ils ieront alors. Il tauc penfer fou-
venc à ïécernké.
PaJJant , qui lis mon aventuré ^
Reconnais ta fragilité ,
Et puifquici bas rien ne dure ,
Penfe à /'éternité. Recueil de Vehs.
^fT Corneille a employé ce mot au pluriel dans
Héraclius. On n'a jamais du , du Voltaire , mettre
ce mot au pluriel , dans aucune langue , excepté
dans le Dogmatique , quand on dilhngue mal-à-
propos VEternité^iSée îc ['Eternité k venir.
£ccr C'ell ainfi que Platon dit que notre vie eft un
point entre deux Eternités ; penfce que Palcal a ré-
pétée , penfée fublime , quoique dans la rigueur
méiapliylîque elle foit faufïe.
Éternité, f. f. Terme de Mythologie. Nom d'une
Déeire chez les Anciens. uî,ternitas.]s\:{.ï\.. Capella ^
L. I. dit que ['Eternité étoit fille de Jupiter. Tril-
mégirte & Platon difent que le temps ell l'image de
l'Eternité. Claudien j dans fon fécond Livre De
l.audibus Stiliconis , fur la fin , vers 414. nous a
donné une defcription de ['Eternité , ou plutôt de
l'antre de ['Eternité. Il die qu'il eft dans un lieu
inconnu , où notre efprit ne peut pénétrer , & où
apeinelesDiEuxontacces.il appelle cette caverne
la Mère des années , toute hideufe de vieiileire , une
caverne d'une durée infinie j qui fait partir de fon
vafte fein tous les temps , & qui les y rappelle : il
dit que cet antre comprend tout ce que fignifie un
ferpent recourbé en rond , qui mord la queue fans
jamais la ronger ni la confumer> & toujours au(lî
vif ik audi vert que jamais- La Nature , cette
vieille , dont le vifage eft toujours plein de grâces,
fait la garde à l'entrée du vellibule. De tous fes
membres il pend des âmes , qui voltigent tout au-
tour d'elle. Un vieillard vénérable préhde dans l'an-
tre , &C Y donne des lois qui durent éternellement :
c'eft lui qui régie le nombre, le cours & le repos
des Aftres, par qui tout vit & tout périt félon des
lois immuables. C'eft lui qui détermine ce que la
révolution incertaine de l'alhe de Mats , & h ré-
volution certaine de celui de Jupiter doit caufer dans
le monde ; Se les effets de la Lune , qui achève fi
vîte fa carrière , ou du parelfeux Saturne , h lent à
fournir la fienne ,ceux que produit Vénus, toujours
fereinej & Mercure, compagnon du Soleil. Dans
l'antre font tous les fiècles diftingués chacun par
fon métal j Se tous en différentes places. On y voit
les ficelés d'airain ramalfés enfemble. Les fiècles de
fer y paroifTent durs Se roidcs. La blancheur de ceux
d'argent y jette un éclat merveilleux : mis ce qui y
brille le plus, c'eft le troupeau des iiècles d'or pla-
cés dans le plus bel endroit & le plus diftingué de ce
Palais j& qui portent un caractère qui les rend d'un
commerce difficile avec la terre. Telle eft à-peu-près
Ja defcription que Claudien fait de la demeure de
l'Eternité. Elle a dans le Latin des beautés auxquel-
les , fclon le favant Barthius , dans fes Notes fur
Claudien, Rome, toute féconde qu'elle eft en gé-
nies éloquens , n'a pu rien produire d'égal depuis ce
Poète.
Les Egyptiens déhgnoient ['Eternité par le Soleil ,
dit Horus Apollon dans les Hiéroglyphes , <?<: par
la Lime. Tes Grecs & les Romains en ufoient de
mènie , au (entiment de quelques Auteurs. Il y a
une médaille d'Antiochus Epiphanès , au revers de
laquelle j pour marquer j difent-ils , ['Eternité Se
l'apothcofe du Prince j 00 a mis une figure d'hom-
Tome III.
ETE
S97
me qui tient le foleil dans fa main droite , & qui a
la Lune lut la tète. De même on voit fur les médail-
les de Vefpafien , de Domitien , de Trajan , d'A-
drien , &c. La DéelFe Eternité vêtue d'une robe lon-
gue , qui tient dans fes mains les têtes rayonnai. tes
du Soled & de la Lune. C'eft le type , ou l'effigie
ordinaire lur les médailles Latines.>o>Ê^ Tristan,
T. I. p. 3ic). 381, Une inkription rapportée dans
Gruter , p. 31. joint auffi le Soleil & la Lune avec
['Eternité. La voici.
^TERNIT ATI
SACRUM
SOL I ET L UNtE
P. N O V E L L I U S P. F;
PAL. VERUS DD.
XVIII. KAL. IVL.
SER SCIPIONE ORFITO ET
Q. NONIO PRISCO COSS.
Sur une médaille d'Adrien rapportée par Occo j
p. 237. & expliquée par Triftan , T. I. p. 475. ['E~
ter.iité e(i enlieimé^ dans un cercle . iS: tient un glo-
be fur lequel il y a un aigle arrêté : la légende eft ,
Pi\L TR. p. COS. III. S/£C. AVR. On la repréfen-
toit aulli portant la main vers le ciel. On défignoit
encore ['Eternité par un ferpent qui mord fa queue,
& lait un cercle j Se on l'adoroit dans un Temple
conftruit en dôme. Une Déelfe debout devant un
Autel , qui tient en une main l'effigie du Soleil ,
Se en l'autre celle de la Lune , eft le type ordinaire
de ['Eternité fur les médailles : Tristan j T. I. p.
319& 3S1.0Ù il n'y a point d'autel. Elle eft aulli re-
préfentée dans un cercle tenant un globe. Id. Mar-
tianus Capella , L. I. dit que ['Eternité efk fille de
Jupiter j parce que Dieu n'a ni commencement ni
fin. Id. T.I.p. 381. Quelquefois elle eft repréfen-
tée comme une jeune Déeffe debout , tenant un
globe fur lequel il y a un oifeau arrêté , & de l'autre
main fouleve le pan de fa robe. Id. T. III. p. 11^.
Au refte , cette Déelfe fur les médailles des Empe-
reurs ne déhgne louvent que la perpétuité de l'Em-
pire, & non en effet ['Éternité, laquelle , à pro-
prement parler , & auflî félon le fens auquel les Em-
pereurs l'ufurpèrent en leurs titres Se qualités,n'étoic
qu'une longue Se heureufe fuite d'années. Id. T. III.
p.iiS.
Eternité. Titre de grandeur que l'on donnoit i.
l'Empeteur Conftantius , qui fe faifoit auflî appeler
Eternel, ^temitas. Un des Officiers de l'Empereur
Conftantius demandant à Lucifer de Cagliari j fi le
livre qu'on avoir envoyé à l'Empereur étoit de lui ,
il lui dit , Vous devez donc écrire ce qui en eft , Sc
nous rsnvoyer le livre , afin qu'on le puiife préfen-
ter à fon*£rer«/r£.''^ c'eft à-dire , à Conftantius. Les
Catholiques tournoient en ridicule les Ariens , qui
refufoient de donner au \'erbe la qualité d'eVer^r/,
Sc qui la donnoient à Conftantius. C'eft peut-être le
fens qu'a le mot ^ternitas , au revers de quelques
•médailles, comme Imp. C/Es. Vespasianvs .Avg.
Se au revers ^ternitas. diva favstina, au revers
^TERNITAS.
En François , éternité fignifie la vie future. Il ne
fe dit pas du fouveriir perpétuel que les hommes
confervent de la gloire & de la vertu des grands
hommes. Il faut dire Immortalité. Pi^tendre à l'im-
mortalité , afpirer à l'immortalité , ^ non pas pré-
tendre Se afpirer à \ éternité. Le premier fignifie pré-
tendre ou aipirer à une gloire qui ne finira point
lur la terre parmi les hommes ; le fécond veut dire.
Prétendre j afpirer au ciel , à la gloire des bienheu-
reux, k
ÉTERNUER , v. n. Faire un éternument. Sternutare.
La bétoine , le tabac en poudre, font éternuer. Les
gens enrhumés font fujets à éternuer. La coutume
de faluer les gens quand ils éternuent, fi l'on croit
un Profolfeur de Kiel , eft un refte de Paganifme.
Le P. Strada l'a montré av.Tnt lui. U avoue cepen-
dant qu'elle étoit en ufage chez les Juifs jaul-îi^
X X X X X
^8 ETE ET H
bien que chez les Grecs & les Romains, & il veut^ gnifie anniverfaires.On dit auflî vents étéfiens, Voy.
bien même faire grâce aux Chrétiens lur cela , & j Vent.
avouer que cela leur eft permis, pourvu qu'ils n'y ETETEMENT. f. m. L'adion d'étêter un arbre. Dc-
jmêlent point de fuperftition. Sur ce principe on
peut s'alfurer que la politeire ne fouftrira point de
la décilîon de ce ProfelFeur ; car je ne lais qui a ja-
mais penfé à fuperltition , quand il a falué une per-
fonae qui éicrnuoït^.Qxx qu'il lui a fait quelque fou-
cacuminatïo. Un arbre étêté qui pouiïe de nouvelles
branches , où les prend-il ? . . . . Elles dévoient exii-
ter avant Xcutemtnt , mais en petit , &: renfermées
dans des bourgeons invifibles. Acad. 1701. Hljl.
P\ 75. ^cjyeç Arbre , Branche , Bourgeon.
hait honnête. Par l'onzième Epigramme du XII^ t ÈTÈTÈR. v. a. Ôter latête. Z?ecaa^/«^«i7re. Il ne fedic
Chap. du II. Liv. de l'Anthologie , il paroît que
chez les Anciens , celui qui turnuoit faifoit une
courte prière aux Dieux j par exemple , Z'S «'*«?'" j
Jupiter^ fauve\-moi.
Ce mot vient du 'L^.ùn fternuare qui fe trouve
dans Plante. Men.
••ÉTERNUMENT. f. m. Sternutaùo. Mouvement con-
vullîf des mufcles de la poitrine qui fervent à l'ex-
piration. Dans ce mouvement , après la fufpenfion
de l'infpiration commencée , l'air eft repoulfé par
le nez , & par la bouche avec une violence fubite j
ou momentanée. La caufe de ce mouvement con-
■vuhif eft l'irritation de la membrane fupérieure du
îiez qui communique avec le nerf intercoftal , à
caufe des rameaux que celui-ci lui fournit par fon
principe. Cette irritation fe fait ou extérieurement
par des odeurs fortes j comme par celle de la mar-
jolaine & des rofes ; par des poudres qui volant en
l'air font reçues par l'infpiration, ou par des médi-
camens acres , comme le crelfon &; autres fternu-
tatoires , qui picotent la membrane du nez , ou in-
térieurement par l'acrimonie de la lymphe qui hu-
mede naturellement la membrane des narines ^
comme le coryza. Cette lymphe devient acre par
fa chaleur & par fon acidité ; & alors elle irrite la
membrane; ce qui fait éternuer. Les matières qui font
rejetées en éternuant, viennent premièrement du
nez & de la gorge , parceque la membrane pitui-
taire y exfude continuellement de la lymphe ; & en
fécond lieu de la poitrine , de la trachée-artère , &
des bronches des poumons. Le Père Strada a fait
un Traité de Xétcrnument , où il découvre la raifon
pourquoi on falue ceux qui éternuent : ce qui eft
une coutume venue des Payens. Martin Schookius ,
qui a écrit de ï éternument ^ prétend qu'il fe fait par
l'irritation de la membrane inférieure des narines.
Véternument qui vient de la tête étant fans blâme,
nous lui faifons un honnête accueil. Ne vous mo-
<juez pas de cette fubtilitéjelle eft d'Ariftote. Mont.
Uecernument étoit un bon prcfage s'il fe faifoit
après dîné, & encore meilleur s'il fe faifoit du
côté droit: il paftbit pour mauvais lorfqu'il fe fai-
foit le matin. Quand quelqu'un éternuoit,on lui
difoit Jupiter vous conferve ; & quand c'étoit le
matin, on prioit les Dieux de détourner le mal
que {'éternument devoir préfager. Les érernumens
croient encore d'un bon où d'un mauvais augure
fuivant les fignes dans lefquels la Lune fe trouvoit.
Cette fuperftition a cefte , même parmi le peuple ,
mais on a continué de faluer un mouvement con-
viilfif , & de faire de cet ufage un des devoirs de
la vie civile.
ÉTERODOXE. \ j^ S HÉTÉRODOXE.
ÉTEROUSIEN. 5 ^''■>'^^- IHETÉROUSIEN.
ÉTgRSlLLON. ou arc-boutant V^>y. ETRESILLON.
ETESIEN. adj. m. Les vents Etéfiens. M. de Tille-
mont parle ainfi , au lieit de dire les Etéfies ^ etes'û-
venti , ou Eté fia. Voyez ÉTÉSIES.
ETÉSIES. f. m. pi. Vents anniverfaires & réguliers ,
foufflans chaque année en même faifon , & pen-
dant certain nombre de jours Etefi&. Ils foufflent
non feulement vers l'Aquilon , mais auftî vers l'O-
rient, le Midi & le Couchant , félon Pline & Stra-
bon . Ils foufflent en E,fpagne,en Alîe, & vers le
Royaume de Pont au Levanr. Le Siroc , félon
Strabon , eft un vent étéfien fonfflant entre l'Efpa-
gne & la Sardaigne. Aquilons Etéjlen% , font des
vents foufflans quarante Jours de fuite vers le lever
de la Canicule.
Ce mot eft Grec j & vient du grec tTims ^ qui fi-
que des arbres & des chofes artilicielles. On étète les
laules , marfaux , peupliers & autres bois blancs.
Il eft défendu d'JftJi^er les gr£.nds arbres desforêts. On
a étêcé ce clou , cette épingle , ils ne peuvent plus
fetvir.
Étêté , ée. part.& adj. Dccacuminatus.
Etêté , en termes de Blafon , fedit d'une aigle , d'un
poilfon , ou autre animal qui n'a point de tête \ foit
qu'on Tait coupée , ou arrachée.
ÊTEUF. f. m. Pila luforia. Balle pour jouer & pouffer
avec la main. L'éteufe& renbourré de bourre déten-
deur ou de fon j couvert de cuir. Pila. On ne pro-
nonce point ry du mot Eteuf , fi ce n'eften Poëfie,
quand il eft fuivi d'une voyelle.
§CF II y a une autre efpèce à'éceufow balle dont
on fe fert pour jouera la longue paume. Cette balle
èft plus petite que l'autre , plus dure j ordinairement
couverte de drap. Le peloton eft fait de rognures fer-
rées & ficelées.
Ménage , après Lipfe , dérive ce mot du Latin
tufa , qui fignitioit une boule qui étoit au haut des
enfeignes.
On dit proverbialement , Repouffer , ou ren-
voyer ï'éteujf, pour dire , répliquer vertement j re-
pouffer une injure par une plus forte. On dit auffi ,
qu'il ne faut pas courir après fon éteuf ; pour
dire , relâcher j ou quitter les sûretés , ou nan-
tillemens qu'on a entre les mains , pour n'avoir
après cela qu'une aétion incertaine pour fe faire
payer.
ÉTEUFFIER. f. m. Faifeurd'éteufs, ou balles à jouer
à la paume.
ÉTEULE. f. f. Stipula. La partie du tuyau de blé qui
eft comprife entre deux de fes nœuds. Internodium.
L'épi de blé naît au bout de la troifîème ou qua-
trième éteule.
Il vient du Lazin Jlipula , oxxjlibula j ou bien à
tubis & calamis frugum.
On appelle aulîi éteule , ou ejleuble , le chaum»
qui refte fur la terre , après que le blé eft coupé. En
quelques lieux on dit étroubles.
E T H.
ÉTHAM. Nom de lieu dans l'Ecriture. Etham. C'eft
un lieu à l'Orient de l'Egypte fur les confins de l'A-
rabie déferre , dans l'Ifthme que forment la Médi-
terranée & la Mer rouge. Ziégler prétend (\\.\ Etham
étoit où eft aujourd'hui Sues ; mais on n'a point de
raifon de croire qu'il fût fur la mer. Ce fut le troi-
fîème campement des Ifraclites à leur forrie d'Egyp-
te. La partiedu défert qui y répondoit s'appelle le
àéÇeTK.à' Etham , & s'étend au-delà delà Mer rouge.
Le P. Lubin croit que le défert d' Etham 6c celui de
Sur font la même chofe.
ÉTHANIM. f m. Nom d'un rnois des Hébreux. Etha-
nim. C'étoit le mois de l'équinoxe d'autom.ne. On le
nomme plus communément Tifri ; & l'on dit aufli
communément que c'étoit le premier mois de l'an-
née civile des Juifs.
ÉTH-CATSIN. Ville de la Tribu de Zabulon , dans
la partie feptentrionalede la Terre-Sainre. Eth-cat-
Jin. Cette ville étoit à l'extrémité de cette Tribu ,
du côté de l'Orient. La Vulgare l'appelle Tacajîn j
& l'Hébreu y\)i^ nv -, Eth-Katfin.
ÉTHEB. Terme de Philofophie hermerique ^ qui
veut dire parfait. Converrir en Etheb, c'eft, conver-
tir en métal parfair.
ÉTHELBERT. f m. Nom d'homme. Ethelbertus. S.
EthelberCy Roi de Kent en Angleterre , avoit pour
ETH
îrifateiii Hengift , chef des Saxons quis'étoienc éta-
blis en 449 Cil Angleterre avec les Juttes & les An-
giois. Il parvint à la couronne vers l an 560 après la
mort 3e Ion père Irminric , & mourut lui-meme le
24 de Février 616. après avoir reçu & amphiîé la
Foi dans Ion Royaume. On dit aulii Edilbert , fé-
lon Bailiec au 14 Février.
Le nom à'h'cnelhert eA formé de deux mots de la
langue Anglo-Saxone que parloient les Juttes , &
qu'ils portèrent en Angletetre : -«^Ae/ j noble ^ UluJ-
tre , £<.beorhc, brillanc , éclatant \ ou heriht ^ pru-
dent, avifé. /^oj e^ Cambden j Se Verf. teg.
ÉTHHLIA. Terme du grand Art. Ce mot fignifie ou
laiton , ou terre très-noire qu 11 faut blanchir.
ÉTHER, ou ATHAR.. Ville quifuiôtéeà la Tribu de
Juda pour être donnée à celle de Siméon. Athar ,
Ether j Jof. XIX. 7. Eufébe rapporte que de fon
temps il y avoit un bourg nomme ttherru , pro-
che de Malatha ^ dans la terre de Daroma. M.
Reland juge que cette fuuation convient allez à
Et lier.
ÉTHE.v. f. m. C'eftla matière fubtilequi eft au-de(Tus
del'^tiiivjfphèrede l'air grollier. M. iJernoulli, dans
fa Dillertacion de gravitate ^theris , n'y traite pas
fealemdnc de la pcl.inteur de l'air fi inconteitable &:
fi leniible pa^ le B irom^tre , mais principalement
de M^tker, ou d'une' matière beaucoup plus lubtile
que l'air quj nous refpirons. Fo.vrENELLE. Le Doc-
teur rrein.l rétuce ceux qui prétendent qu'on doit
chircKer le principe agiUant dans Vcilicr , ou dans
un rtaide très fubcil. Il demande ce qui remue cet
éther , & qui lui conferve le mouvement petpétutil
qu'il a. Le Clerc.
Ce injt qui eft purement Grec , A'iôif , n'ad'u-
fage que dans le did idiqiie , & on sqw fert pour
fignifi.-r l'étendue immente d'une fubltance fubrilc
& duide dans laquelle font les corps célelces , &c.
^c ler.
^fcTETHER, en Chimie , ou liqueur éthérée. C'eft
le nom qu'on donne à une huile très-fpiruueufe &
très volatile , que l'on tire du mélange de l'efprit de
vin & de l'huile de vitriol. C'ell l'efprit de vin dé-
pouillé d'eau autant qu'il elt pollible.
§Cr Ce nom ell nouveau parmi les Chimifte;.
L'extrême légeretéde cette liqueur lui a fait donner
le nom d'ef/zer par analogie i létker des Phyliciens.
On co.npte trois fortes d'e'thersj /'eVAer vitriolique,
l'eV/jer nitreux & Vether marin : dénominations qui
viennent de trois fortes de mélanges qui peuvent fe
faire avec de l'efprit de vin ; mélange d huile, de
vitriol, mélange d'efprit de nitre , mélange de fel
marin.
ÉTriERE , iE-O-d). yEthereus.QniQCi del'éther ^ qui
a rapport à l'cther , qui en a les qualités , ce qui elt
pur , fubtil , pénétrant, &c. Ce mot pendant long-
temps ne s'efl dit qu'au féminin , matière ou fub
ûuncs éthe're'e ; mais on trouve maintenant des exem
pies du genre mafcalin. L'efpace étkére eft celui que
l'éther occupe. La matière étherle eft cette fubftance
pure qui eft au-deifus de l'atmpfphère , qui remplit
tout le ciel où lesafttes font leur cours. Les couleurs
ne font que des feutimens de la part de lame \ de
la part du cot ps , ce ne font que des vibrations plus
ou moins promptes de la miticrj éthérée. IvÎaleb.
Les Poètes appellent le ciel la voûte éthérés j la ré-
gion etherée. <^\\ d'stingue dans l'urine deux princi-
pes ^ l'un est un fel volatil & urineux femblable à
l'efprit de nitre , & l'autre un foutfre éthéré qui
tient de la nature de l'efprit de vin. Dionis.
Ce mot est Grec «'*ip , & vi^nt à ce qu'ont
cru quelques Philofophes & Grammairiens j du
verbe à'^'-" brûler , enflammer , & fignifie in-
flammation ., fplendeur , telle qu'on l'attribue à la
fubftance de ces petits corps qu'on croit être enflam-
més.
ÉTHICOPROSCO:^TES. Nom de fcéle. Ethicopro-
fcovtes S.Jean Damafcène^ dans fon Traité des
Héréfiesn. 9^. dit qu'on appelle, de. ce nom ceux
qui errent dans les chofes ds morale , & pat rap-
ETH
899
port à ce que l'on doit faire , ou éviter , & qui blâ-
ment des chofes qui font bonnes . ou qui en louent
& en pratiquent qui loht mauvailes. Ce qui montre
que ce n'étoit point une lecte particulière.
Ce mot vient de ^"«r, les mœurs , & de ■afoTx.û-Kra ,
offendo , qui erre dans les mœurs.
ETHIOPIE. Nom qui a été commun à divers pays ^
tant de l'Alie que de lAtiique, quoique dans la
Géographie moderne il ne le donne qu'aux pays de
cette dernière. Les Grecs nommoient Ethiopiens
tous les peuples qui ont la peau noite ou bafanée:
lesColchesont été nommés Ethiopiens, & la Col-
chide a été apj^elee ntniopie. Le nom d'Ethiopien
n'est pas un nom qu aucune nation le fou donné ;
mais une cpitliéte donnée par les Grecs , tk. qui j.
p.ilfé dans les autres langues à la place du vrai nom
que l'on ignoroit : c est ainli cjue quelques Géogra-
phes ou Defcripteurs de i'Ahique y mettent le rtz)\r
des Noirs , qui n'est pas un nom particulier à une
Province , mais une phrafe qui tient lieu du nom
propre.
Ethiopie. Grande contrée de l'Afrique, ^thiopia.
Elle ell bornée au nord par l'Egypte , & par le dé-
fert de Barca ; le Zara , la Nigritie , la Guinée la
contînenr aunord-oueft ; tout le relie eft entouré de
l'Océan Ethiopien. V Ethiopie QÏi ptelque toute en-
lenuée dans la zone torride , entre le 23^ degré de
latitude nord , & le 5 ^' de latitude fud. Sa longi-
tude eft du Jji^au 8j^ degré. L'au y eft très-chaud,
excepté au Cap de Bonne- Elpérance. Elle elt pour-
tant par-tout habitée , contre le fentiment des An-
ciens. Les deux plus grandes rivières de l'AIrique ,
le Nil & le Niger . y ont leurs fources. On la di-
vile en deux grandes parties , c^ui lont la haute Ethio-
pie , Sclwbàiïn Ethiopie.
La haute Ethiopie , que les Ajiciens appeloient
{'Ethiopie d'au-delfus de l'Egypte , ou ïtithiopie in-
térieure , ^thiopia Jhperior , ou interior ^ ou fub
jEaypto , eft la partie la plus fepcentrionale , & en
même- temps la plus orientale de V Ethiopie. Elle
renferme la Nubie , l'Abyftinie , les Giaques , on
Galles , «Se les côtes d'Abex , d'Ajan &: de Zangue-
bar. Quelques Géographes mettent cette dernière
dans la balle Ethiopie.
La balle Ethiopie, en Lzùn ^thiopia inferior ,
ou exterior , eft la partie de lEthiopie la plus nfé-
ridionale , qui en même temps s'étend le plus vers
le couchant. Elle renferme les Royaumes de Monoë-
mugi & de Monomotapa, dans les terres ; & fur les
côtes, 'les grandes régions de Biafara, de Congo &c
des Cafres. Les Portugais découvrirent , il y a deux
cens ans ou environ , la balFe tthiopie , qui étoit
prelque inconnue aux Anciens.
L'Abyftinie s'appelle .encore plus proprement
& plus communément Etniopie. Voyc^ ÂBYSSI-
NIE.
ÉrHtopiE j dans l'Ecriture ^ & fur-tout dans l'Ancien
Teftament n'eft point la contrée à laquelle on donne
ce nom depuis tant delîècles.Elle n'étoit pas même
dans l'Afrique, mais dans ce que nous appelons Ara-
bie heureufe , dont elle laifoit partie ; de-là vient
que le Paraphrafte Chaldéen Jonathan l'appelle
Arabie : le Texte Hébreu la nomme Terre de Chus,
parce quedans la divihon de la terre, qui fe fit après
le déluge , ce fut la portion qui é-hut à Chus , pre-
mier fils de Cham. Genéfe X 7. ^'bye^ CHUS. Cette
région étoit voifine du pays des Madianites ; car
Moife appelle Ethiopienne la fille du Prêtre des
Madianites , qu'il avoit époufée. Dans le Nouveau
Tellamentil n'y eft parlé qu'une fois àEihiopie ^
c'eft dans les Aéles des Apôtres , Vill. 17- où l Eu-
nuque que Saint Philippe baptifa eft appelé Ethio-
pien, & la Reine Candace, qu'il fervoit , Reine
des Ethiopiens. Rien n'oblige d'entendre par-là un
autre peuple, ni une autre contrée ., que dans l'An-
cien Teftament.
• Les Anciens n'ont point ignoré cette premièrei"de-
meure des Ethiopiens. Homère, au commencement
dul Liv. del'OdyiréejV. 2i. ij.diftinguelesEthio-
X X X .X X ij
€)oo E T H
piens en Orientaux & en Occidentaux. Il eft vrai
que quelques-uns, au rapport du Scholiaile d'Ho-
mère , diloient que ces deux peuples n'écoient fé-
parés que par le NU ; mais Homère tait entendre
quelque chofe de plus. D'ailleurs , dans le IV^ Liv.
de rOdylFée , v. 84. il nomme les Ethiopiens parmi
les peuples qui habitoient proche des côtes que Mé-
nélas avoit courues , l'Ille de Chypre , la Phénicie j
l'Egypte , V Ethiopie j Sidon , les Erembes &c la Li-
bye , pays qu'il faut trouver près des côtes , ou fiir
les côtes de la Méditerranée , d'où Ménélas n'étoit
pas forti. Denis le Géographe , v. 177. Se Eufta-
chius, placent aufli les Ethiopiens'Orientaux pro-
^che de l'Arabie & des Erembes , qui, félon Eufta-
thius , font les Sarralins , & les autres j v. 216.
dans le milieu de l'Afrique, au-delà de l'Egypte, bien
avant dans les terres. Enfin les Anciens mettent la
Chaldée & la Sufiane dans l'Ethiopie : &c Memnon ,
que les Poètes nomment fils de TAurorej parce qu'il
étoit des régions les plus Orientales que l'on connût
alors,& qu'ils font venir de Sufe à la guerre deTroiej
Memnon , dis-je , ell appelé Roi des Ethiopiens
dans la Théogonie d^Héfiode , v. 984. &c dans la fé-
conde des Olympiques de Pmdare , l'Ethiopien fils
de l'/Uirore. Selon Pomponius Mêla , l'Ethiopie efl
entre l'Arabie & l'Afrique ^ L. I.C. z. & au Liv. II.
C. 9. il met encore des Ethiopiens au-delà de l'E-
gypte , vers lafourcedu Nil , & dans le vafte pays
que ce fleuve arrofe au commencement de fa courfe.
Ployez encore Strabon dans fon premier livre. Il y
a donc eu deux Ethiopies dans l'antiquité profane^
l'une orientale , qui eit une partie de l'Arabie heu-
reufe, «Se celle là même dont parle l'Ecriture^ &
l'autre occidentale , qui étoit ce que nous appelons
aujourd'hui Ethiopie propre , ou Abyflînie.
Il pleut cinq piois de l'année en Ethiopie. Le P.
Kirker,dans fon (Edip.u¥.gyp.Synt.l.c. 7. en recher-
chela caufe j& l'attribue aux montagnes de /'£rAio-
pie qui fontentre l'Equateur & leTropiqueduCapri-
rorne , & qui font une triple enceinte à l'Ethiopie.
ÉTHIOPIEN, ENNE.f m. &:f.Nomdepeuple.^rAzo/7j.
Les Ethiopiens font les defcendans de Chus fils de
Cham. L'Ecriture & les anciens Auteurs profanes,
qui nous apprennent que les Ethiopiens ont demeu-
ré dans l'Arabie heureufe , ne nous difent point en
^uel temps ils font palfés en Afrique : il efl: cer-
tain qu'ils y font depuis un temps injmémorial ,
puifque dès le temps d'Homère ils y étoient , ainfi
qu'il paroît par ce que nous avons dit au mot Ethio-
pie. Mais quoi qu'il en foit du temps qu'ils fe font
partagés , on ne peut dcuJter que les Ethiopiens orien-
taux ne foient les premiers &c les plus anciens j &
que les occidentaux ne foient une colonie , ou peut-
être plufieurs colonies de ceux-ci , qui paiïerenc la
Mer rouge , s'établirent en Afrique , & peuplèrent
ce que nous appelons aujourd'hui iï'r-^iopie, ou Abyf-
finie. Foyei ABYSSIN.^
Quelques Auteurs prétendent que ces peuples re-
çurent la foi de S. Philippe"Apôtre , d'autres difent
de S. Matthieu , ou de S. Barthelemi; & d'autres ,
de l'Eunuque de la Reine Candace , baptifé par S.
Philippe , Acl. FIL Mais l'Ethiopie de l'Ecriture
n'eft point celle dont nous patlons. Baronius en l'an
de J. C. s 45. & Scaliger , foutiennent qu'ils ne fu-
rent convertis que la 1 5' année de l'Empire de Juf-
linien. La tradition des Ethiopiens eft qu'ils n'ont
reçu la Foi que du temps de S. Athanafe , environ
l'an 5 zo. Et de vrai , Socrate , Hijl. Eccl. L. I. c. 10.
&c Théodoret , HiJl. Eccl. L. I. c. z 5 nous appren-
nent que Frumantius ayant été mené par un Mar-
chand Ethiopien à la Cour du Roi d'Ethiopie , il y
annonça J. C,& que peu après ayant eu permif-
fion de retournera Alexandrie pour y rendre comp-
te de fa prédication , il y arriva peu de temps après
l'ordination de S. Athanafe , qui l'ordonna Evêque
du paysoù il avoit prêché & l'y renvoya. Foye^ au
mot Abyssin ce gui regarde leur Religion. Pline
dit, Liv. VI. c. z9.'quelenom de Candace fut long-
temps celui des Reines d'Ethiopie.
ETH
Les Ethiopiens font noirs , ou Maures. On dit
qu'ils naillent blancs , avec une petite tache noire
au nombril , qui s'étend , peu de temps après leur
nailTance , par tout leur corps. Quand ils lônt trans-
plantés en Europe, ils deviennent blancs comme les
autres hommes j à la z^ou à la 3e génération. On
dit , noir comme un Ethiopien , & on appelle Ethio-
piens ceux qui ont le teint noir. Les tthiopiens en-
fevelilfoient leurs morts dans du verre. Unt-thiopien.
bien noir fous un beau criltal de Venife feroit un
bel émail , & encore quelque chofe de plus beau ,
dans une enveloppe d^ambre jaune. De Vign.
Marv.
Ethiopien J ENNE. adj. Qui appartient à l'Ethiopie,
qui y a rapport, ui^ihiopicus. Ludolfe a donné une
Grammaire & un Didlionnaire de la langue Ethio-
pienne. La Langue Ethiopienne efl: ime efpèce de
Chaldéen \ aufli , bien des Auteurs l'appellent-ils
langue Chaldéenne, Chaldea /ingua. Il y a des Re-
ligieux Ethiopiens. Foye^ le P. Hélyot , T. Le. 11
& iz.
L'Océan Ethiopien , ou la met Ethiopienne ^ qu'on
appelle autrement l'Océan méridional , Oceanus
J^thiopicus , eft une partie du grand Océan , laquelle
a au nord l'Océan Atlantique , au couchant la mer
du Bréûl j au midi les terres Auftrales , s'il en eft ;
& au levant l'Océan oriental , ou Indien. Quelques
Géogtaphes avancent l'Océan Ethiopien jufqu'aux
embouchures du Niger j mais d'autres le terminent
à la ligne équinoâiale , & n^y comprennent que
les mers de Congo , des Caffies & de Zanguebar.
Maty.
L'Océan Ethiopien des Anciens différoit du nôtre.
C'étoit le même que l'Océan Indien j & en effet on.
lui donnoit indifféremment ces deux noms. C'elHa
pattie de l'Océan qui eft à 1 Orient de l'Afrique ;
& tout ce qui eft à l'Occident , ils le nommoienc
Océan Atlantique , y comprenant tant la mer a
laquelle nous donnons ce nom , que celle que
nous appelons Océan Ethiopien , & qui eft plus
méridionale. Foye^ le Commentaire Grec d'Euf-
tachius fur le z8 , 29 , 30^ vers de Dionyfius Be-
riegetes.
Ce mot eft Grec , A'<«/l!^î/ , & vient du verbe <*'(" j
uro J parce qu'ils font brûlés par les ardeurs du So-
leil , ou parce qu'ils font noirs comme ce qui a été
brûlé.
On difoit autrefois en proverbe Lavare ^thio-
pem , laver un irAio/j/ertj pour dire , faire quelque
chofe d'inutile , ou même d'impoflible.
ÉTHIOPIENNE, f. f. ^thiopis. Plante ainfi nom-
mée , parce qu'elle nous eft venue d'Ethiopie. Pline
l'appelle Méroide, parce qu'elle croît en abondance
dans l'Ifle de Méroé. Elle pouffe de grandes feuilles,
larges , molles , blanches , lanugineufes , fembla~
blés à celles du bouillon blanc ^ mais plus blanches
& plus chargées de laine , finueufes & dentelées en
leurs bords , couchées la plCipart en rond par terre.
Les feuilles de fa tige font plus petites. Ses fleurs font
alfez femblables à. celles du lamium , de couleur
blanche , &c.
ÉTHIOPIQUE. adj. m. & f. C'eft la même chofe qu'E-
thiopien ^ enne, adj. mais il ne fe dit pas fi com-
munément. JEthiopicus. L'Océan Ethiopique ; la
msï Ethiupique , h langue Ethiopique , une nation
Ethiopique.
fp- ÉTHIOPS minéral. Foye^ ^thiops. ^
ÉTHIQUE, f. f. Ëthica. C'eft un nom tiré du Grec ^
Î|u'on donne quelquefois à la Morale j ou à la
cience des mœurs. L'Ethique , ou plutôt les Ethi-
ques , les livres de Morale d'Ariftote , i'""'* , qui
vient de «V , «*'» j les mœurs. Ce mot n'eft plus
ufité.
ÉTHMOÏDALE. adi. & f f. Terme d'Anatomie. Nom
d'une des futures du crâne de l'homme. £'^/''«0^^^-
lis. Les futures communes font celles qui fépareut
les os du crâne d'avec ceux de la face : il y en a
quatre , la tranfverfale , l'éthmoHale , la fphcmoï-
dale , & la zigomatique. Vethmo'idale prend fon
ETH
nom de ce qu'elle tourne au tour de l'osethmoïde :
c'eft celle qui le fépare des os qui le touchent. Dio-
NIS.
ETHMOÏDE. adj. m. Terme de Médecine. Ethmoidcs.
C'eft un os (itué au milieu de la baie du front , & au
haut de la racine du nez , emphlFant prcfque toute
la cavité des narines. Ce mot vient de ce qu'il ed
cribleux & fpongieux. Par fa partie cribleufe il ell
joint à la tête , par la fpongieufe , à la cavité des
narines , & par celle qui elt pleine , à la folle des
yeux. Sa partie cribleufe a une apophyfequi avance
en pointe dans la cavité du crâne j qu'on appelle
crête de coq: à caufe qu'elle en a la figure. L'odeur
eft portée aux éminences mamillaires , qui font des
nerfs fort mous , ilfus des ventricules antérieurs du
cerveau, qui font les vrais organes de l'odorat. Jean
Philippe IngralTias , Sicilien , qui Heurllfoit vers
l'an 1 54.6 a expofé plus parfaitement qu'aucun autre
la ftrudure de l'os cthmcHc j ou cribleux , à la ra-
cine du nez.
Ce mot eft tiré du Grec «^^^î cribrum , colutn , &c
cï^ei j fpecies j forma \ coli , cribri injlar.
ETHNARQUE. f. m. Qui commande à une nation ,
Gouverneur d'une nation. Ethnarcha. Il y a des mé-
dailles d'Hcrode I. furnomméle Grand, fur lefquel-
les on lit d'un côté HPi2AOï , & de l'autte e©napxoy
c'eft-à-dire , monnoie d'Hérode Ethnarque. Après
la bataille de Philippes , Antoine ayant pafté en
Syrie conftitua Tétrarque, Hérode & Phafacl fon
frère , & leur confia le loin des affaires de Judée.
Jof. Ant. L. XIV. c, 25. Hérode eut donc un gou-
vernement & une adminiftration avant l'entrée des
Parthes en Syrie , &: l'invafion d'Antigonus , qui
n'arriva que fix ou fept ans après qu'il eut com-
jnencé de commander en Galilée. Jof. XIV. c. 24.
<& 25. Alors Hérode étoit véritablement Ethnarque ;
mais il n'étoit encore <\\îEthnarque , & on ne put
l'appeler q^x Ethnarque. C'eft donc pendant cet ef-
pace de temps qu'ont dû être frappées les médailles
qui ne lui donnent que ce titre \ Se ces médailles
font la preuve de ce que Thiftoire nous apprend du
Gouvernement qu'eut ce Prince avant que d'être
élevé à la Royauté. P. Souciet , Dijfert fur ces mé-
dailles. Jofeph donne à Hérode le titre de Tétrar-
que , au lieu de celui ^Ethnarque j mais ces deux
termes étoient fi peu différens, qu'il eft aifé qu'on les
ait confondus. Hérode le Grand ayant laifté par
fon teftamcnt à Archélaiis la Judée , la Samarie &
l'Idumée , Jofeph dit qu^il ne fut cependant appelé
q\iEthnarque.
Ce mot eft Grec , & vient d'tS-'Of , nmon , & de
àfxt , commandement , gouvernement.
ETHNIQUE, adj. m. & f. qui s'eft dit autrefois pour
Gentil, Payen , Ethnicus , a, um. Ce mot vient du
Grec E-'>»«, nation. Et parce que l'Ecriture &'les Juifs
appellent nations tous les peuples différens des
Juifs , delà les premiers Chrétiens ont nommés Gen-
tils , nations , Ethniques j tous les peuples ido-
lâtres.
Ethnique en Grammaire. On appelle un mot Ethni-
que, celui qui fignifie l'habitant d'un cettain pays,
ou d'une certaine ville. François j Parifien , font
deux termes Ethniques : l'un pour exprimer un
homme né en France j & l'autre un homme né à
Paris. M. Le Clerc en parlant d'Hyriens , père d'O-
rion , dit qu'il a la même terminaifon que les mots
appelés Ethniques par les Grammairiens , c'eft-à-
dire ^ les noms qui fignifient les habitans de quel-
que Province ou de quelque ville , & qu'Hy-
riens pouvoir fignifier un habitant de Hur. Voye^
GENTIL.
ETHNOPHRÔNE. Nom de fefte. Ethnophron. Les
Ethnophrônes , ou Paganifans ^ font des Héréti-
ques du VIF fiècle , qui faifoient profelîion du
Chriftianifme , & y joignoient les cérémonies du
Paganifme, l'Aftrologie judiciaire, les fortiléges,
les augures & autres divinations ; &c en un mot ,
toutes les impiétés fabuleufes & ridicules du Paga-
nifme. C'eft ce qui leur fit donner le nom d'Ethno-
E T I 901
phrônes , compofé d'^^or , nation , & <pp» ,penfee ,
lencimcnt 5 de forte qu'il fignifie un homme qui a
les penfees, les lentimens des Payons, ou des:
Gentils. Ils pratiquoient toutes les expiations des
Gentils , célébroient toutes les fêtes , obfervoienc
comme eux les jours j les mois, les temps & L's
années , ainli que Saint Jean Damafccne nous l'ap-
prend dans fon Livre des hcréfies. N 04
ETHOPEE , ou ETHOLOGIE. f. f. Èthouea. Figure
de Rhétorique , qui eft une defcription'des mœurs
& des paffions de quelque perfonne : on l'appelle
aufti Ethologic. Elle diftère delà Profopopée en ce
que dans celle-ci ce font des perfonnes feintes qu'on
fait parler, au lieu que dans ÏEthopee on décric les
mœurs des perfonnes véritables.
Ce mot eft Grec , &c fignifie peinture des mœurs.
Il vient du Grec t^^, mos , confuetudo , Ss. ■^"'m facto
fingo , defcribo. Quintilien, 1. 9. c. 2. appelle cette
figure imitatio morum alienorum,8cen Grec ,«<^»V(f
qui fignifie imitation. Chez nous portrait , ou ca-
^ ratière.
ETHRA. f f. Fille du fage Pitheus , Roi de Thrczéne,
fut mariée fecrétement par fon père à Egée
donc elle eut Théfée.
E T L
ETIENNE, f m. Nom propre d'homme. Stephanusl
Saint Etienne eft un des fept Diacres choifis par les
Apôtres , &: le premier des fept • ce qui a porté Saine
Irénée , &c quelques Anciens après lui , à lui don-
ner la qualité d'Archidiacre , c'eft-à-dire, chef ou
Prince des Diacres. Sixnt Etienne , premier Diacre,
eft auffi le premier des Martyrs de J. C. Il fut lapidé
la même année que J. C. mourut \ Se , comme l'on
croit , fept mois après l'Afcenfion de ce Dieu hom-
me. L'hiftoire de ce Saint eft décrite aux Ades des
Apôtres , c. 6. 7. 8. Ils élurent Etienne , homme
plein de foi & du S. Efprit. Port-R. Or htienne
étant plein de grâce & de force , faifoit de grands
prodiges & de grands miracles parmi le peuple. Id.
Une grêle de pierres vole ,
Etienne s'en voit accablé :
DeCinjuJie arrêt qui l'immole
Son cœur confiant n'efl point troublé.
ifouv. Ch. di; Vers.
Saint Etienne, Fondateur de l'Ordre de Gram-
mont J que plufieurs furnomment de Muret , vint
au monde l'an ioj^6. dans le Château de Thiers
Ville de la Limagne en Auvergne, appartenant à fa
faniille en titre de Vicomte. Baillet. En 1076. il fe
retira fur la montagne de Muret près de Limoges j
pour y vivre dans l'exercice de la pénitence , comme
il en avoit obtenu la permillion de Grégoire VIL II
y paffa cinquante années dans une auftérité toujoiurs
égale , quoiqu'en apparence au - delfus des forces
naturelles de l'homme.
Ce mot eft formé du Latin Stephanus , qui eft un
nom Grec, & fignifie couronne. On a dit Ejlephane ,
Eflphane , _ Efip'hene , EJleerne , Eflienne , Etienne.
On écfivoit autrefois Efhenne , quoiqu'on ne pro-
nonçât pas l'j ; mais aujourd'hui on ne l'écrit plus
ainfi.
S. Etienne. L'Ordre de S. Etienne. Les Chevaliers de
S. Etienne , à Florence. Ordo , ou Militia Sancll
Stephani. Cofme de Médicis , Grand Duc de Tof-
cane , pour défendre fes côtes des defcentes & des
incurfions des Turcs & des Maures de Barbarie ,
inftirua un Ordre de Chevalerie , fous la règle de
Saint-Benoît, l'an 1561. & lui donna le nom de
S.Etienne, en mémoire d'une vidoire remportée a
Marciano , l'an 1356.1e 15'. d'Aoûr , jour auquel
on fait la fête de S. Etienne Pape 5z Martyr , die
Mirxus , Orig. Ord. Equejlr. c. 7. ou plutôt, félon
l'Abbé Juftiniani ,ran 1454. le fécond jour d'Aoîit,
que l'on fait la fête de S. Etienne , Pape & Martyr.
Pie IV. confirma cet Ordre par une Bulle de l'an
9
oz
T
I
^
1 561. le premier de Février. Cofme deMédicis s'at-
tribua la Grande-Maîcnfe de cet Ordre , à lui Se à
les SuccelTèurs. Confuitez Mirsus cité , & l Abbé
JulHniani , T. II. c. 80.
Etienne. Religieuies de l'Ordre' Militaire de Saint
Btienne. Après que Cofme 1. Duc de Tofcane , eut
inlVuué l'Ordre Militaiie de S. tticnne , l'an 1 561.
pour des Chevaliers , des Chapelains , & des Frères
fervans , il voulut encore y joindre des Rehgieufes,
pour imiter davantage l'Ordre de Malte, qui lui
avoir fervi de modèle pour former celui de Saint
£'rie/2/je. C'eft pourquoi lesReligieufes Bénédictines
qui defTervoient l'Abb-iye de Saint Benoît de Pife ,
qui avoit été donnée à l'Ordre de Saint Etienne par
le Pape Pie l'V. l'an 1565. furent incorporées à cet
Ordre , & en prirent l'habit. Le fécond Monaltère
de ces Religieufesfut fondé à Florence en 1591. Les
Religieufes^de cet Ordre doivent faire preuve de
noblelfe. Elles ont pour habillement une tunique ,
ou robe de laine blanche , avec un_ fcapulaire de
même é:ofe , & fur le côté gauche line croix rou^e
comme lesChevaliers. Celles de Florence y ajoutent
une trelfedefoie jaune à l'entour. Au Chœur & dans
les cérémonies , elles ont une coule bLinche avec de
grandes manches doublées de taffetas incarnat. Les
AbbelFes portent la croix plus grande , de velours
rouge. Les Soeurs fervantes , ou converles la porrent
deferge rouge , mais plus petite que celle des Sœurs
de Chœur. Bonanni. Le P.Hélyot , T. FI. C. 3 i.
Le 5 Njvembre 1740. le Pape Benoît XIV. ûi
expédier un Bref pour rétablir l'Ordre de Che-
valerie de Saint Etienne Roi de Hongrie , qui étoit
depuis long- temps enfeveli dans l'oubli. Gaz. 1740.
fug. 590. ,
Saint Etienne de Caën eft une Abbaye de Bené
diélins j fondée par Guillaume le Conquérant , &
dont le premier Abbé fut Lanfranc. Foyez le P. Da
chery , dans fes Notes fur la vie ds Lanfianc , &: les
Saints-Marthe, T. IV. p. 845. &(uiv. SainiEtknne
de Dijon j eft une autre Abbaye de Bénédictins ,
fondée en îii3.à Dijon. Sainte-Marthe.
ÉTlENNETTE.f. f. Nom de femme. Stephania. Gar-
das , Roi de Navarre , le premier des Rois d'Ef-
pagne , du vivant de fon père , avoit époufé la fille
de Rogier , Comte de Carcallonne & de Beziers ,
nommée Eftevanette , c'ell Efiiennette , de laquelle
il eut quatre fils & autant de filles. Favyn. HijL de
Nav.L. III. p. 147. Ceoftroy , ou Leoffroy, VHP
Comted'Arles .commença de régner feul l'an 10^4.
ii\: il régna environ neuf ans j, étant déjà décédé 1 an
1063. comme il confte par une donation auMonaf-
tère de Mont-Majour que font cette année Estien-
nette fa femme & Bertrand fon fils. Bouche , Eist.
de Prov. T. I. p. 70. Le même Auteur , p. 91. dit
Estcpkanie, ou hstiennette. Des Auteurs plus an-
ciens difent Estephanette j mais il ne feroit plus
permis de le dire.
ÉTIENS. f. m. pi. On dit , & l'on doit dire Aériens ,
comme on dit Actius , en parlant du Chef de ces
Hérétiques. Voye\ ce mot.
ÉTIER. f. m. Termes de Gabelles. C'eft le canal ou
conduit qui fert à recevoir l'eau de la mer dans les
marais falans. Canalis , aqu-iduclus , alveus. Les Or
donnances fur le fait des Gabelles ont tait plufieurs
réglemens touchant les ctiers de marais ialans.
|Cr ETINCELANT , ante. adj. Qui jette des éclats
de lumière. Scïnt'dlans.
p? Ce mot fe dit particulièrement des corps qui
jettent des échus de lumière vive & tremblotante. La
Lumière des planètes n'elt pas fi éùncelante que celle
des étoiles. Un rubis kmcelmt- Des yeux ét'mc&laiis
de colère. Vovex Etinceler. & Etincellemen r.
Étincelamt , fe dit en termes de Blafon , des char-
bons d où fortent des étincelles.
fCTETlNCELER. v. n.- Jetter une lumière vive,
tremblotante , & qui femble avoir descfpècesde vi-
brations. Les étoiles étïnrelenti^\w% les unes que les
autres. Les planètes nétincelent point, fi ce n'eftl
vers l'horifon , à caufc des réfradions. La colère,!
E T î
l'amour, font etinceler les yeux. Micare ^ fcin--
tilure.
|C? On dit de même que les diamans , les pier-
reries J les phofphores , &cc. étinceUnt , parcS
qu'ils brillent & jettent des étincelles.
|f3" Ce mot s'emploie aulli au figuré. Par-touc
les Egloguesde Vitgde étincetlent àe figures brillan-
tes. Boileau a dit en parlant de Juvénal :
Ses ouvrages tous pleins d'ûjffreufes vérités ,
Etincelent/io«rM«r defublimes beautés.
ÉtincelÉj adj. m. Terme de Blafon , qui fe dit d'un
écu chargé d'étincellgs.
ÉTINCELETTE. f. f. Diminutif d'étincelle , petite
étincelle. Scintillula. Ce mot n'eft que du llyle
badin.
ETINCELLE, f. f. Particule de feu qui fe détache de
quelque corps où il eft enfermé , ou d'un corps qui
brûle. i;Vi/2ce//e de feu. .S'ci/2f/7A7. Il ne faut qu'une
petite étincelle pour caufer un grand embrafement.
Dans l'obfcuritéil fort des étincelles an bois pourri,
du poiiron corrompu , des chats qu'on flatte à con,*
trepoil. Les vagues , les feuilles du laurier agitées
jettent des étincelles. Quand on choque des cailloux
les uns contre les autres , ou avec un fufil , il eu
fort des étincelles.
Ce mot vient du Laùnjcintil/a.
Étincelle , fe dit figurément en chofes fpirituelles.
En tout cet Ouvrage il n'y a pas une étincelle d'efpiic,
il n'y a rien de brillant. Il eft û ftupide , qu'il n'a
pas une étincelle de bon fens , de raifon. S. Athanale
infpire l'amour de la vie religieule , & allum.eles
premières étincelles de ce feu célefte dont tant de
cœurs furent embrafés. Herman. Il ne faurpas faire
fejitir aux gens par des termes durs & humilians,
qu'on ne leur trouve pas la moindre étincelle de rai-
Ion. Nie.
ETINCELLEMENT. f. m. Eclat de ce qui étincelle.
Scintillatio. h'etincellement de la pierre de Boulogne
vient de ce qu'elle s'eft imbibée de la lumière , &
qu'elle la rejette dansl'obfcurité.
Étincellement. Radiatio. On apperçoitdans les étoi-
les fixes une efpèce à' étincellement ^ ou vibration de
lumière qui eli beaucoup plus grande que dans les
planètes qui font les plus près du foieil , telles que
Mercure & Vénus , & qu'on ne diltingue point
dans Mars , Jupiter & Saturne , ni même dans les
comètes , dont la lumière eft pour l'orduL^irc plus
foible que dans les planètes. Cassini. ^Jir, L. I.
C. 3 1 L'ctincellement des étoiles fixes eft une efpèce
de radiation & de pétillement de lumière vive Sc
brillante , qui nous les fait regarder comme ayant
en elk's mêmes le principe de leur lumière. Id.
fCF On peut attribuer cqz étincellement Ui grande
quantité de rayons lumineux qu'elles répandent,
jointe au mouvement de l'air ëc des vapeurs. Cet
air toujours agité & tremblotant détourne fans celTe
les rayons de lumière , & nous fait paroîtrc de fem-
blables vibrations dans la lumière des étoiles. Dans
les pays où le ciel eft toujours très-ferein , ï étincel-
lement des étoiles n'eft pas fenfible- Il en eft de
même lofqa'on les regarde avec une lunette, parce
que les rayons arrivent à notre œil moins troublés èc
plus rafteniblés.
'fT ÉTIOLEMENT. f. m. Terme de Jardinage , qui
fe dit des plantes qui pouffent beaucoup en hau-
teur , & peu en groifeur. M. Bonnet penfe que 1'/-
tiolement des plantes eft principalement produit
par la privation de la lumière. Ne pourroit-on pas
ajourer , dit M. du Hamel , que les plantes étiolées
tranfpirant moins que les autres, ce défaut de
tranfpiration doit les entretenir plus tendres, plus
herbacées , plus dudiles \ ce qui fair que fe prê-
tant davantage aii mouvement de la fève , elles s'é-
rendent beaucoup en longueur , & ne prennent
point de grolfeur. GraciUtas.
gcr ÉTIOLER , s'ETIOLER. v. récip. Terme de Jar-
dinage , qui fe dit des plantes &: des branches, qui
ET î
pour être trop ferrées & privées d'air , font foibles
ôc menues, 6c montent plus iaaut qu'elles ne doi-
vent, de forte qu'elles s'élèvent beaucoup, fans
prendre de grolfeur. Les feuilles des plantes fort
edolées n'ont pomt la couleur verte de celles qui
fe portent bien. Ces plantes s'edolenc , ou font écio-
lées. Aldus furgunt , diQunduncur , gracilefcunt.
ÇCr Toutes les plantes qu'on élève dans des petits
jatdins , entourés de bâtimens élevés , poulfent
beaucoup en hauteur , peu en grolfeur , & périlftnt
ordinairement avant que d'avoir produit leur fruit.
C'ell ce qu'on appelle s'cdoler. Il en elt de même
des plantes qui croillentà Tombre , qui font élevées
entre les doubles chaHis d'un appartement , celles
qui font feniées trop dru , trop près les unes des
autres , Ôcc.
^3" EtLokment 8c Edoler pourroient bien venir
du Lznn fiylus , pointe aiguë tk menue. Les plantes
deviennent ainfi quand elles sédolenc.
fer ÉTIOLOGIE. Foyei ^TIOLOGIE.
ÉTIQUE. adj. de tout genre. Quelques-uns écrivent
Ectique i mais on ne doit point prononcer le c. 11
fignifie , qui eft atteint d'une maladie qui defféche.
& confume toute l'habitude du corps. Eclicus _, ta-
bidus. Il eft devenu édque. Il eft mort étique. On ex-
prime des amandes douces j pilées & délayées dans
de l'eau , un lait d'amande que l'on fait boire aux
gens maigres , aux édques , Sec. Lémeri.
Ce mot fe dit auHi d'une fièvre qui rend les per-
fonnes e/i^"ej, en les delféchant &c en les confumant.
Et delà vient qn édque fe prend pour maigre , atté-
nué , qui n'a que les os Se la peau, /•^/.v ojfihus haret.
Corps édque. Vifage edque. Il fe dit auilî des ani-
maux : cheval édque , chapon édque.
Sur un lièvre flanqué dejix poulets étiques ,
S'élevaient deux lapins , animaux domeftiques .
BoiL.
On voitjlx mois après tout ce train magnifique ^
Réduit à la moitié , revenir faible , étique :
On voit fur les chemins Féquipage en lambeaux,
' Des mulets décharnés , des ombres de chevaux.
E T I 905
cureurs , & la qualité d'une affaire, comme fî
c'eft urie caufe , ou une produdion fur un procès
par écrit.
Il y en a qui croient que ce mot vient de ce qu'au-
trefois on écrivoit les procédures en Latin, & qu'on
mettoit pour infcripcion fur le fac , tfl hic quljlio
interN.Ù- N. Et comme on mettoit quelquefois,
par abréviation ^ EJl hic quaf. des Clercs ou des
Praticiens ignotans, ont du par corruption étiquet ,
ou caquettes.
Etiquette , fignifie quelquefois un bulletin, Sche-
dula. L'Ordonnance de Blois défend aux Maréchaux
de Logis & Fourriers j de bailler des édquettcs Ytowi
loger des Capitaines & Soldats dans les habitations
des iiccléliartiques.
Étiquette j fe dit au Grand-Confeil des placets ou
mémoires qu'on donne au premier Huilfier pour
appeler lescaules à l'Audience. Dans plulleursCou-
tumes , comme en telle de Troyes , on appelle éti-
quette j le billet par écrit que le Sergent qui fait des
criées met à la porte de l'auditoire & de la maifoii
faifie : ce qu'on appelle ailleurs t^^c/R". On a dit aulli
autrefois en pratique , ttiqueter les témoins , ^uand
on mettoit entre les mains du Commilfaire- En-
quêteur un brevet ou mémoire qui contenoit leurs
noms , &: les articles fur lefquels ils dévoient être
enquis.
Etiquette. En termes de Pêche, eft auffi un fîlet carré
qu'on attache au bout d'une perche pour prendre du
poilTon.
^fT On appelle auffi étiquette, un petit couteau
relFemblant à celui des ALarchandes de cerneaux,
dont les Pêcheurs fe fervent pour cueillir les
moules.
On dit proverbialement , Juger un procès ou une
affaire fur X étiquette ,ou fur \ étiquette àw fac j pour
dire , Juger une aftaire fans l'approfondir , fans
voir les moyens & les pièces qui font dans le fac. Ec
généralemenr il fe dit de tout jugement téméraire ,
qu'on porte fans un examen fufnfant.
Ce mot eft Grec, sKriKW , & parce qu'il a un ef-
prit âpre j il faudroit fuivant les règles de Téty-
mologie écrire en notre langue heélique , ou héti-
que par un h. Voye\ Hectique. Cependant bien
des gens écrivent étique , & il y a même longtemps
quecetufage s'eîHntroduit, «Se eft devenu (i général,
qu'il eft palfé en règle. Ainfi je ne voudrois écrire ni
eclique y ni hectique, malgré l'analogie ^ & je fui-
vrois le torrent en écrivant étique.
ÉTIQUETER, v. a. Mettre des étiquettes fur des facs
d'argent , de procès , fur des paquets , fur des mar-
chandifes , pour diftinguer les chofes qui fans cela
pourroient être confondues avec d'autres. S ignare ,
infcrihere. Les Apothicaires fe fervent auftî dece mot,
& difent étiqueter une fiole. Edqueter des témoins ,
c'eft dans le vieux ftyle du Palais , donner à un Juge
une lifte des témoins. Voye\ Etiquette.
Etiqueté, ée. part. & adj. Signatus 3 fcriptus. Au
figuré.
Tous les jours on voit
Du nom d' ef prit fatuité dotée ,
Et de vertu fottife étiquetée. R.
ÉTIQUETTE, f. f. Petit écriteau de papier, ou de
parchemin , qu'on met fur quelque chofe , pour
faire fouvenir de fon prix , ou de fa qualité. In-
fcriptio. C'eft un fac de mille francs , le poids'& la
fomme font marqués fur fon étiquette. Aiercez des
étiquettes fur chacun de ces paquets , afin qu'on les
reconnoifte. Les Apothicaires appellent aulli étiquet-
tes \qs écriteaux ou titres qu'ils mettent fur les fioles.
Étiquettes , fe dit plus particulièrement de ces par-
chemins qu'on met fur les facs des procès , où l'on
écrit le nom des Parties, des Rapporteurs , des Pro-
On n'écouta ni les fi ni les mais ;
Sur /étiquette on me fit mon Procès. P. du Cerc'
Etiquette. On appelle ainfi à la Cour de Vienne les
Lois du Palais, ou le cérémonial. Mémoires du Ma-
réchal de Villars. On regarde à Vienne Vétiquette
comme une Loi inviolable. In. Le Roi avoir exigé
des chofes qui violoient les Lois de \ étiquette. 1d.
Ce voyage fut réglé par ^étiquette. Id.
Etiquette. On donne encore ce nom en Efpagne &
en d'autres Cours j à de certains formulaires des
règles que l'on doit obferver à la Cour. Il y a des
Etiquettes pour le Roi , la Reine , les Princes , les
Grands & les autres perfonnesdelaCour. Il y a plus
de cent cinquante ans que les étiquettes du Palais
ont été compofées j cependant on les obferve en-
core régulièrement. Il y a une des Etiquettes qui
porte que les Reines d'Efpagne fe coucheront à dix
heures en été, & à neuf en hiver. Quand la Reine
n'y prendroit pas garde , fes fdlnmes l'en ferôienc
bientôt reffouvenir ; car à l'heure marquée elles
viendroient la décoëffer , la déchaulfer , ôi en un
mot la mettre au lit. Mad. Daunoy.
UÇF Les Efpagnols font un peu revenus fous
Philippe V. de ces ridicules impertinences qu'ils
/ronfervoient fous le nom de cérémonial du Palais.
IJCF Étiquette , fe dit généralement du cérémonial
établi dans la fociété , qui règle les devoirs exté-
rieurs à l'égard des perfonnes conftituées en dignité.
Précaution bien fage pour conferver aux places la
confidération qui doit y être attachée , fur lefquelles
réjailliroit fouvent le mépris qu'on a pour les per-
fonnes qui les occupent. On fuit la coutumedans le
cérémonial , comme dans la façon de penfer.
ÉTIRE, f f. Inftrument de Corroyeur, qui eft une
mafte de fer plate &: carrée, qu'on tient à la main
en guifed'un cefte , qui fert pour épreindre l'eau du
cuir en le corroyant, pour les étendre, pour en
904 ETL ETO
abattre le grain da côté du poil. Il y a auffides édres
de cuivre pour les cuirs de couleur.
ÉTIRER. V. a. Explicare. Terme dont fe fervent plu-
iîeurs Ouvriers ; pour dire , étendre , alonger ,
comme les Serrutiers font er. battant le ter fur
i'enclame , &c.
E T L.
ETLINGEN , ou OTLINGEN. Petite ville de Suabe.
Edinga, ou Otllnga. Elle ell dans le Marquifat de
Bade-Doarlac ,à une lieue de Dourlac, vers le midi.
La (îtuation à'Edingen au confluent du Wirim &
de l'Entz eft fort agréable. Maty. Long. 27. d. 6'.
latitude 48. d. 55'.
E T M.
ETMADAULET. f. m. Nom du premiei; Officier du
Royaume de Perfe. C'eft le même (\}ji Achama-
daulet. Vo^e\ ce nom.
E T N.
ETNA. Foye^J^'Y^k. On écrit cependant commu-
nément Etna , comme nous l'avons remarqué au
même endroit.
ETO.
ÉTOC Souche morte. Foyei ESTOC.
ÉTOFFE, f. f. Ce mot fe dit généralement des draps
& autres tilfus de fil , de foie , de laine , d'or , d'ar-
gent, &c. qui fervent à faire des habits , des meu-
bles , 5<:c. Pannus , textum. Ce Marchand a toutes
fortes de belles étoffes chez lui. Cette femme eft
allée levet des efo^^f. Ce Tailleur a fourni i'etoffe &c
fes façons. L'Ordonnance pour les ManufaÂures
d'or , d'argent & de foie , eft du mois de Juillet
i66y. & comprend toutes les mefuresdes longueurs
8c largeurs que doivent avoir les étoffes 3 leurs qua-
lités & leurs façons. Toutes les pièces à'étofft doi-
vent être marquées d'un plomb qui porte la marque
à\i Marchand fabriquant. On die familièrement ,
"Donner àansl'd'to ffe ; pour dire, Dépenfer beau-
coup en habits Se en meubles. Cet homme fe pique
de magnificence, il donne dans l'eVo^è.
^C? Ce mot s'emploie parmi plulieurs Ouvriers
dans les Manutattures , pour marquer les matières
qui doivent entrer dans les ouvrages. Materia.
IJCFCeft ainfique les Chapeliers appellent étoffe
les différentes matières ; les poils de cartor , de liè-
vre, de lapin, & les laines qui entrent dans les
chapeaux.
Les Brodeurs donnent le nom d'étoffes aux foies
letorfes qui font entortillées fur la broche , avec
, laquelle ils travaillenr.
Etoffe , fe dit pareillement chez les Fondeurs de
grands ouvrages , du laiton allié avec d'autres mé-
taux j dont ils fe fervent pour la fonte des ftatues ^
des pièces d'artUleries & des cloches.
Etoffe ,' fe dit circz les Raffineurs de fucre y des fu-
cres bruts qu'ils mettent au raffinage. Ménage dit
que ce mot vient de l'Allemand Stoffe.
Etoffe , chez les Ouvriers qui travaillent en fer , fe
dit d'un fer qui eft préparé, ferrum. tanperatum,
enforte qu'il eft meilleur que le fer ordinaire , &
moindre que l'acier. On en fait les rappes & les
fcies , qui font moins caftantes que l'acier , & plus
dures que le fer. Qxy en faitauflî les bra vers.
11:3" Parmi les gens de rivière, étoffe fe dit de
toutes les parties de bois qui entrent dans la compo-
fition d'un train.
^ Parmi les Potiers d'étain, on appelle baffe
étoffe^ ou petite eVo^è , une compofition faite de
plomb & d'étain.
fCT M. Pluche s'eft fervi de ce mot en parlant d?s
feuilles des fleurs, qui ont du corps, qui font épaif-
fes. Les feuilles de la tulipe doivent être au nombre
ETO
de fix , ni plus ni moins j tou;es bien épaiftes , &
de bonne étoQe , pour durer plus long-temps.
Etoffe, le dn non-feulement dan^ les arts mécani-
ques , mais il fe dit encore au figure dans les arts
libéraux, & des ouvrages d'elpiit en parlant de la
matière qui lescompole. Materia, argumentum. On.
pourroit taire de ce livre un très bon ouvrage.
h'etojj-e en eft excellente , mais la forme pourroic
être meilleure. Je ne fuis occupée que de cette joie
fenliblede vous voir, de vous recevoir, de vous
embralFerj avec des fentimens & des manières d'ai-
mer , qui font d'une étoffe au-deft^us du commun ,
Se même de ce qu'on eftime le plus. Mad. de Sév.
Cela n'eft bon que dans le ftyle familier & en con-
verfation.
On dit figurément par extenfion , On n'a pas
épargné , on n'a pas plaint Yétoffe ; pour dire qu'où
a employé une grande abondance de matière , ou
qu'on en a employé plus qu'il n'en falloir. Voilà de
la vaiflelle d'argent bien pefante , on n'y a pas plamt
{'étoffe.
On dit d'un jeune homme dont les difpofitions
fontheureufes , & n'ont befoin que d'être cultivées.
On peut faire de ce jeune homme quelque chofe de
bon , il y a de Vétoffe. M. de la Rochefoucaultadic
d'un fot , qu'il n'a pas alfez d'étoffée pour être bon.
U^CT" M. le Cardinal Mazatindifoit de Louis XIV.
encore jeune ^ qu'il avoir de l'étoffe pour faire qua-
tre Rois& un honnête homme, il y a bien des gens a
qui l'eVtJ^t' manque ,&qui voient atout moment le
bout de leut efprit. Mad. dh Sev. Le ciel ne m'a
pas fait d'étoffe aflez fine pour faire un courtifan.
Rousseau.
Etoffe j fignifie auflî figurément. Condition. C'eft un
homme de baffe étoffe , de petite ^Vo^. Ils ne valent
pas mieux l'un que l'autre , ce font des gens de
même étoffe. On ne l'emploie guère que pour dé-
primer ou dénigrer , & jamais hors du difcours
familier.
0C? ETOFFER, v. a. Signifie en général employer de
bonne étofte , de bonne matière , & n'épargner ni
la qualité m la quantiré. Ce Chapelier a bien étoffé
ce chapeau. Cuiralfe bien étoffée , bien condition-
née.
Étoffer , fignifie aufll garnir de tout ce qui eft né-
certaire , foit pour la commodité, foit pour l'orne-
ment, iicbus omnibus iiijlruere : on le dit particu-
Uèremetit d'un carroûTe, de quelques meubles. Car-
rofie , lit bien étoffe.
Etoffer , fe trouve employé dans le figuré. De biens j
d'honneurs, l'Eternel l'eVo^î. Marot.
ÉTOFFÉ, ÉE. pa'rt. & adj. Ornatus , imertcxtus, d:f-
tinclus. Il fe dit figurément pour Ornéj embelli,
chargé.
Tel un arbre chargé de fuperbes trophées .
î)' armes, d'or & d'azur richement éioSées.BKtB.
Dans la Satyre contre la Fabrique & les Mar-
guilliers de on dit figurément ,
Si vos Bedeaux dans votre Eglifc
Ne marchent courbés fous le Jais
D'un pain bien large & bien épais ,
Bien étoffé de beurre/rais ,
Une offrande rieji pas de mife.
Les Corroyeurs appellent un cuir lilTé, bieneVq^'
de fuif , de chair & de fleur , celui où le fuif a été
mis bien épais des deux côtés.
^fT Parmi les Chapeliers , on appelle chapeau
bien étofféceXm dans lequel il enrre fiiffifammcnt
de matière , bonne &bien condirionnée.
Etoffé , ée. Se dit errcore en matières d'ouvrages
d'efprit. Les ouvrages de cet Auteur font tous bien
étoffés \ c'eft à-dire , bien pleins , contiennent beau-
coup de matière, beaucoup de chofes & de bonnes
chofes. On dit anlîi : un difcours bien eto^e , pour
dire. Rempli de toute la matière néceiraire &con-
venabl2^
E T O
venable. Cela n'efl bon qu'en converlation. Je ne
voudrois pas i'éciire.
On dit. Un homme bien étoffe ; pour dire , Un
homme bien vctii , bien meublé , qui a en abon-
dance coûtes fes ailes di: toutes les commodités. Avec
de la dorure &C un air écoffg , comme l'on dit , un
bel elprit parle à Ion tour dans Ijs compagnies , il
fe fait écouter. De Nesle. Un fot jouit fouvent
du même avantage.
ÉTOILE, f. t. Globe ou corps lumineux qui brille la
nuit dans les cieux. Scu'^u. Il n'y avoit pas unnu:i;^e
qui dérobât j ou qui oblcurcit les tYtvVtj j elles pa-
roilïoient toutes d'un or pur de éclatant , & qui
étoit encore relevé par le lond bleu où elles font at-
tachées. La Font. Il femblequelestr'fji/ej marchent
avec plus de lilence que le foleil. Id. Il fe peut cjue
la vue des ctoilcs feméescont-Qlément, & difperlces
en mille figures ditlérentes, favorife la rêverie. Id.
On fixe le nombre des éroiUs qui font apparentes.
Le moyen de compter celles qu'on n'apperçoit point ?
La Bruy. Les Grecs appellent une cfoi/c, «fip, &
attribuent ce nom tant aux l'ianètes, qu'aux étoiles
du Firmament. En François il fe dit plus particuliè-
rement des étoiles qui font attachées au Firmament,
qui ont toujours un même mouvement, & une
même diftance entr'ellcs \ d'où vient qu'on les ap-
pelle étoiles Jixes : au lieu que les autres s'appellent
étoiles errantes , ou planètes. Les Anciens , dit Bou-
guer , ont confédéré les étoiles fixes par troupeaux ,
&z ils les ont appelées conllellations ; ils ont donné
à ces conltell.icions des noms d'animaux , ou de
chofes que la Fable avoit rendues célèbres , comme
la grande Ourfe , la petite Ourfe, le Dragon j le
grand Chien , Andromède , Perfée , Pégafe , la
Balance,, &c.
Les étoiles femblent être autant de foleils , qui
ont une fource inépuifable de lumière. M. Huy-
ghens croit même que ces foleils ont des Planètes
qui tournent autour d'eux , & donc elles emprutent
la clarté , mais que nous en fommes trop éloignés
pour les appercevoir.
Les Athonomes diftinguent deux mouvemens
dans les étoiles fixes : l'un avec le Firmament au-
quel elles font comme clouées j & attachées , le-
quel fe fait de l'Orient à l'Occident dans l'efpace de
vingt-quatre heures à l'entour des pôles du monde :
l'autre par lequel elles rétrogradent de l'Occident à
l'Orient à l'entour des pôles de l'écliptique avec une
lenteur extrême, n'avançant que d'un degré de leur
cercle dans l'efpace de 71 ou de ji ans. Quelques-
uns fe font figuré , je ne fai fur quel fondement ,
que lorfqu'elles ferojic revenues au même point j la
nature aura achevé fa courfe , & que les alîres
ayant rempli leur carrière , le ciel demeurera en
repos , fi l'intelligence qui lui a donné le mouve-
ment ne luiordonnede recommencer fonceurs. Par
ce calcul-là le monde dureroit environ 30 mille ans,
félon Ptolomée ; 25811?, félon Tychobrahé & lt»s
Tables Rudolphines ; 25910 , félon le P. Riccioli ;
& 24800, félon M. Cailini. On ne fauroic conce-
voir dans quel éloignement prodigieux les étoiles
font à notre égard. Pour en donner quelque idée ,
il fuffît de dire ^ que cet éloignement elt tel j que
la diftance de la terre au foleil ( laquelle eft de
12 mille diamètres de la terre , & beaucoup plus
même j félon quelques nouveaux Allronomes ) n'ell
lien par rapport à celle qui eft entre les étoiles Se
nous. Elle eft (ï peu confidérable , que cer efpace
de plus , ou de moins , n'apporte aucun change-
ment .1 nos yeux. A quelque point que foit la terre
fur l'orbe qu'elle décrit autour du foleil , les étoiles
du Pôle paroilTent également grandes , ou égale-
ment dictantes les unes des autres : cet interv.nlle fi
vafte , & cette différence fi grande , lorfqu'elle eft
au point le plus proche ^ ou le plus éloigné des
étoiles poWires ^ ne lesgrolfic, ni ne les diminue à
notre vue. Huyghens.
Les étoiles fe divifent en fix clalfes , qui font de
la première, feccnd* & troifième grandeur, &:c.
Tome III.
E T O 90J
au-delà defquelle, on ajoute les nébuhufes , ciui ne
le voient que coniulcinenc j & qui ne paroilfeiit en-
lemble que comme des nuages \ elles ont été appe-'
lées de laleptième grandeur : c etl un amas nébu-
leux d'étoiles qui compofenr la voie de lait , que les
Agronomes nomment Galaxie. On a depuis'quel-
ques années découvert quelques-unes de ces eioiks
ncbulcufes. Les étoiles font efetlivement en nom-
bre infini , fuivant ce que Dieu dit à Abraham :
Compte les étoiles du ciel , ii tu peux. Cependant
les anciens Ailronomes avoient prétendu en fixer le
nombre. Ilscioyoïent qu'il ne poiivoit rien paroi-
tre de nouveau dans le ciel , puifqu'il ne s'y fait au-
cune génération. Et en effet jufqu'au temps d'Arif-
tote , & plus de deux cens ans après , on n'y avoic
apperçu aucun changement. Mais en l'année 125
avant l'Incarnation jriipparque y ayant découvert
une nouvelle étoile , il fit un dénombrement des
principales étoiles , avec une defcriprion exadte de
leur grandeur & de leur fituation , afin qu'on pùc
reconnoitre s'il y arriveroir dans la fuire des temps
quelque choie de nouveau. Dans le feizième ,'iècle ,
en 1572, Tychobrahé obferva dans la Confiellation
de Cafliopée une nouvelle étoile., qui parut grolTe
d'abord, &: diminuant peu-à-peu difparut au bout
de fix mois. David Fabricius en a découvert une
dans le col de la Baleine , qui s'eft montrée & ca-
chée plufieurs fois, & a paru en 1648 & \GGi..
M. Bouillaud en a décrit le cours & le mouvement.
Simon Marins fut le premier qui en découvrit un;;
dans la Ceinture d'Andromède , quoique Bouillaud
dife qu'elle eût paru dès le XV-" fiècle. Elle s'cll
montrée en 1612 & i<îij , & s'eft cachée jufqu'ea
i(î(Î4. Kepler en a obfervé une autre dans le Serpen-
taire. En l'année 1601, il en a paru une de la troi-
lième grandeur dans la Conftellacion du Cygne au-
près du bec, qui difparut en ic;2^, & hu obfer-
vée de nouveau par Hévéliusen i<?59Jufqn'en 1661,
& on a commencé à la revoir en i<j66. Elle a été
obfervée au mois de Juillet 11571 par Dom Anthel-
me , Chartreux de Dijon. M. Calfini a le premier
remarqué une autre nouvelle étoile de la quati lème
grandeur entre laConllellation de l'Eridan & celle
du Lièvre , au premier degré de Gemini , &: aa
37' degré de latitude Auftrale. Ptolomée e!l le pre-
mier des Anciens qui air réduit Icis étoiles bien vifi-
bles au nombre de lozi. Onen compte beaucoup
davantage , même fans le fecours du Télefcope \ de
forte qu'il ell: bien furprcnant que Rohault , féconde
partie de fa Phyfique , ch. 2. n. 5. alFure qu'on n'en
compte que 1022. avec le fecours des feuls yeux.
Kepler en compte H93 , Dayer 1709, Griemberg
122) , Schickard 1692 , Riccioli 1457 , le P. Par-
dies 149 1 j Hévélius i83S , Royer 1S05 , M. de la
Hire 157(1, Flamftéed , Anglois, 3000. D'autres
en comptent encore davantage. Il n'y en a que i j
de la première grandeur , 62 de la féconde , 12S
de la troifième , &:-c. Les anciens Altronomes ont
foutenu qu'il n'y en a que 1012 de vifibles, félonie
catalogue d'Hipparque, qu'ils ont réduites en 48
Conftellations ; & que (\ en hiver on en voit quel-
quetois davantage , c'eft que la vue fe trompe. De
ces 48 Conftellations, ou Aftérifmes , il y en a 11
dans le Zodiaque , 21 dans la partie feptentrionale,
& 1 5 dans la méridionale. Les Modernes en comp-
tent bien davantage, qu'on découvre avec l'aide un
télefcope. Ils ont découvert douze nouvelles Conf-
tellations vers le Pôle Antarctique, & deux vers Is
Pôle Arârique, fans compter quelques autres qui
ont été formées par quelques Aftronomes , & qui ne
font pas encore reçues de tout le monde , comme
la fleur de lis , le Charles I,&c. Galilée dir en avoir
obfervé avec le télefcope dans les Pléiades plus de
40, & dans l'efpace d'un ou de deux degrés d'Orion
plus de 500; ce qui le détourna , dit il, d'en donner
la figure & le nombre. Le P. Rhéita , Capucin , die
en avoir obfervé près de 2co en cette feule Conf-
tellation \ de forte que Riccioli dit dans fon nouvel
Almagefte , que celui qui diroit qu'il y a plus de
Y y y y y
oo^ £ i O
vingt fols cent mille ecoiUs , ne dii'olt rien qui ne
pCu êcre véritable.
M. Caiiini hls croit qu'elles pourroient bien
tourner fur leur centre , puilque le loleil , qui en
elt une , rourne lut le lien \ que quelques-unes peu-
vent avoir de? hémifphères inégalement lumineux
ETO
poudre qui prend feu fucceflîvemsnt. Voilà ce qui
nous repréicnte une ecoiU Tombante, y oye^ Exha-
laison , Météore. L'cYL\/i des Mages étoit un mé-
téore muacideux , qui , à ce qu'un peut croire ,
n'étoit pas éloigné de la terre : autrement, elle n'au-
loit pu les conduire.
Ces raifonsdétruifent lesdécouveices que quelques Étoile, eu termes de Guerre, fe dit d'un petit fort
Aftronomes ont cru faire de laparalla.xe de asecùi
les. Jcad. Hijt. 1 6çç. p. è'i. ^
§Cr A l'égard de l'aberration des étoiles , leur
-latitude & leur déclinailon , leur longitude & leur
afcenfion droite , leur amplitude orientale & leur
amplitude occidentale, ^oye^ tous ces articles par-
ticuliers fuivant l'ordre alphabétique-
On appelle Vétnle du iicroer, la Planète de Vé-
nus, qui paroît la plus grande des étoiles, quand
elle elt proche de la rerrc , & allez dégagée des
rayons du foleil pour être vifible. On l'appelle Z.^^-
dfcr, Pkofphorc , ou l'Etoile du matin , lorfqu'elle le
précède ; & f^efpcr , quand elle le fuit ^ &: alors on
■la voit le foir. L'étoile polaire , autrement ïétoiie
du nord , c'efi: celle qui eft la plus voifine du Pôle ,
Ce la dernière de la queue de la petite Ourfe. Cette
étoile n'a pas toujours été polaire j & ne le fera pas
toujours ; c'ell; .iJire , qu'elle n'a pas toujours été
Xétoile la plus proche du Pôle , & qu'elle ne le fera
pas toujours. Elle ne fera jamais au Pôle , & s'en
•ccatcera même un joar , enforte qu'à la tin elle en
fera éloignée de plus de 40 degrés. Cela vient de ce
que le cercle qu'elle décrit par fon mouvement pro-
pre, eft à l'entour du Pôle de l'Ecliptique , ou du
Zodiaque , & non pas à l'entour du l'oie du monde.
Sur la mer, quand on dit V étoile, caXx s'entend de ïé-
toiie du Nord.
Le Chevalier Marin appelle les étoiles les lam-
pes d'or du firmament , les flambeaux des funé-
Tailles du jour j les miroirs du monde & de la na-
ture \ les fleurs immorcelles des campagnes céleftes.
BOUH.
Étoile , fe dit auflâ en parlant des influences célefl;es ,
comme fi elles avoienc la force de nous entraîner
avec une nécellité fatale , ou du moins que par leurs
influences elles enflent quelque pouvoir fur nos
âmes.- Cette expreflion métaphorique eft venue de
l'Aftrologie. Mais dans l'ufage elle n'a point ce fens
qu'on lui donne dans cet Art : elle fert feulement à
marquer le bonheur ou le malheur , les conjonétu-
res heureufes ou malheureules ; en un mot des cau-
fes inconnues , ou fuppofées telles. Fatum , fors _,
natale ajlrum. Cet homme a fait une grande fortune,
il eft né fous une heureufe étoile. C'eft l'étoile de
notre nation de fe lalfer de fon bonheur. La Roch.
Il femble que nos aftions aient des étoiles heureu-
fes , ou malheureufes , à qui elles doivent une
partie de la louange , ou du blâme qu'on leur don-
ne Id. Ruiter eft le Dieu des combats : Guittaut ne
lui réfifte point ; mais en vérité l'étoile du Roi
lui réfifte ; jamais il n'en fut une fi fixe. Mad. de
Sev.
Etoile , fe dit aulfi figurément des perfonnes dont
les lumières éclairent les autres , qui ont de l'éclat.
S. Athanafe parut fur le trône d'Alexandrie comme
une étoile brillance. Herman . Horace a dit , Micat
inter ownes Julium Jidus , velut inter ignés luna mi-
nores. Régnier a dit dans fon mauvais ftyle , d'un
pot.ige maigre , qu'avec un Aftrobale on n'y pou-
voir trouver une étoile de grailfe.
Étoile , fe dit aufli d'une exhalaifon graffe & enflam-
mée , ou mcccore qui paroîr fouvent dans une belle
nuit fous la forme d'une étoile qui tombe. Stella ca-
dens. Elle lailfe après elle une longue traînée de feu.
Ce n'eft qu'une exhilaifon légère , prefque toute
fulfureufe , qui s'enflamme , ou par l'aétion de
quelque matière fubtile , par le foufle des vents,
ou par le mélange feul des parties qui la compofenr.
La partie fupérieure de l'exhalaifon s'allume d'a-
bord , parce qu'elle eift plus légère, & par conCc-
quent plus inflammable. L'inflammation fe com-
munique à la partie inférieure : c'eft une traînée de
hexagone, ou octogone , qui a lix pointes en an-
gles entrans & laïUans , qui fe flanquent les uns
les autres , & ont des faces de 15 à zo toiles,
On fait des étoiles dans les lignes de circonvallatiou
après deux ou trois redoures.
On appelle auUl étoile, en termes de Jardinage ,
plufieurs allées d'un jardin , ou d'un parc , qui
viennent aboutir à un même centre , ou à un mi-
lieu, duquel on a ditîérens points de vue. Voilà
une belle étoile. Cette étoile de charmille eft fort
agréable.
On appelle étoile , en termes d'Imprimerie , ces
petites marques qu'on met dans les livres imprimés,
qui ont des pointes , & qui lervent à taire des ren-
vois, ou des annotations, ou à marquer des lacu-
nes. C'eft la même chofe qu'Aftérifque. AJterifeus.
On en met auiîi dans les chants d'Egiile.
On dit aulTi des fufées à étoiles & à lerpentaux.Lorf-
quece petit artifice eft adhérant à un taucillon j on
l'appelle étoile à pet.
Etoile , ou Pelote , en termes de Manège , eft une
marque blanche fur le tronc d'un cheval , dont le
corps eft d'une autre couleur.
Étoile j en matière d'Horlogerie : il y en a de plu-
fieurs nombres & formes. L'étoile d'un limaçon de
répétition , eft une roue plate divifée en douze ,dont
les dents fe terminent en pointes.
Etoile , eft auifi une petite fleur blanche ou jaune ,
qui vient en Avril & en Mai. Efpèces d'Ornitho-
galum.
Étoile terrestre. Nom de Plante. Elle croît dans
les montagnes du Dauphiné qui regardent la Pro-
vence. Elle a la forme d'un champignon en naillant:
peu-à-peu elle s'ouvre , ôc à mefure qu'on la voit
éclore , on en voit fortir cinq petites feuilles , Ci
déliées & fi peu colorées j qu'il femble d'abord
que ce n'eft que de la toile d'araignée. Elles luifent
la nuit comme fi c'écoienc des étoiles ; & c'eft de-là
qu'on les a appelées Etoiles terrefires. Ce n'eft pas
néanmoins une fimple lueur: elles ont une vraie lu-
mière , à la faveur de laquelle il eft même aifé de
lire. Chorier. Hift. de Dauph. L. I.p. 61.
Étoile de Bethléem , plante, f^oye-^ Ornithogale.
Étoile , fe dit encore d'une efpêce d'infeéte de
mer qui a la figure d'une étoile j avec cinq bran-
ches , au milieu defquelles eft la bouche qui a cinq
dents.
M. Lonvillers de Poincy , dans fon Hifl. nat. des
Antilles , Ch. XIX. ne les appelle point fimplement
Etoiles , mais Etoiles de mer. Elles ont , dic-il, cinq
poinces , ou cinq rayons, tirant fur le jaune ^ &
un bon pied de diamètre. Leur épaiffeur eft d'un
pouce , leur peau aflez dure , & relevée par de
perires bofles , qui lui donnent meilleure grâce. Ce
poilfon , ajonte-t-il , fe promène pendant le cal-
me \ mais fi-tôr qu'il prévoit quelque or.age , de
crainte d'être poulfé fur la terre , il jette de petites
ancres de fon corps , avec lefquelles il s'accroche
fi fortement contre les rochers , que toutes -les agi-
tations des ondes irrirces ne l'en peuvent détacher.
Sa bouche eft juftemcnt au centre de fon cotps ;
mais il ne dit pas qu'il ait des dents. Les Curieux
font féchet ces étoiles , & en parent leurs cabinets.
Étoile. Nom d'un oifeau. Stella avis. Cet oifeau eft
tellement diverfifié par tout le corps de blanc, de
jaune & de noir , à l'exception du ventre., de la
queue , & des grandes pennes des ailes :, qu'il fe-
roit bien difficile de dire quelle couleur domine de
ces trois. Le ventre &i les cuifles font blanches «aufli-
bien que la queue , qui a plufieurs taches noires ,
entre lefquelles il y en a deux qui craverfent , qui
font très-remarquables par leur grandeur. Les ailes
È T O
font pareillement blanches à l'endroit où elles ap-
prochent du ventre. Les grandes pennes font noires
en dehors , & cendrées en dedans. Ses pieds font
jaunâtres, il a trois doigts tort gros. Ses ongles font
noirs & très-courts : Ion bec elt allez long , courbé
îk noirâtre à l'excrêmité j le dellous en elt blan-
châtre. Peut-être que le nom à'tcoile lui a été àon-
né i caufe de ces trois couleurs dont il eft également
, diverfîfié.
Etoile. Sorte de pomme. La pomme qui eft faite en
étoile , de qui en porte le nom , elt jaune , & le
garde jufqu'en Avril : elle a la chair aigre, dure ,
& de mauvaife qualité. La Qoint.
Ordre de l'Etoile , ou Notre-Dame de l'Etoile.
Ordre de Chevalerie j inltitué par le Roi Jean en
1 5 5 z. Les Chevaliers portoient une chame de cinq
chaînons entrelacés , de laquelle pendoit (ur l'elto-
mac une écoi/e d'or à cinq rais, ils portoient aullî fur
leur habit , vers l'épaule gauche , une étoile d'or en
broderie. Il n'y avoit d'abord que trente Chevaliers :
mais il fut avili par la multitude de ceux qui y tu-
rent admis fans diltinâiion , c'ell pourquoi Char-
les VIL le quitta & le donna au Chevalier du Guet
de Paris, Si à fes Archers , qui portoient à gauche
une étoile fur leurcafaque. Voilà ce qu'on dit ordi-
nairement.
D'autres difent que cet Ordre fut inftitué par le
Roi Robert l'an 102,2, en l'honneur de la Sainte
Vierge j qu'il prit pour fa protedlrice , &c qu'il re-
gardoit comme l'étoile de la mer , & fa guide dans
le gouvernement de fon Royaume. Cet Ordre étoit
compofé de trente Chevaliers , en y comprenant
le Roi, qui en étoit Grand-Maître. Le collier étoit
d'or , à trois chaînes entrelacées de rofes d'or ,
cmaillées alternativement de blanc & de rouge : au
bout de ce collier pendoit \xx\q étoile d'or à cinq rais.
Les Chevaliers portoient le manteau de damas
blanc t le mantelet & les doublures de damas incar-
nat J & la gonelle ou cotre de même j fur le de-
vant de laquelle étoit au côté gauche une étoile bro-
dée d'or. L'Ordre de Vécoile tomba dans l'oubli pen-
dant les guerres de Philippe de Valois , & Ton en
intorrompit alors les cérémonies & les pratiques ^
mais le Roi Jean fon fils le rétablit en 1 3 51 ^ Se en
1 3 5(î, il choifit le palais de S. Ouen , dit autrefois
de Clichî , qu'il venoit d'acquérir du Comte d'A-
lençon , pour en faire le fiége principal de l'Ordre
dont nous parlons, f^oyei Favyn dans fon Théâtre
d'honneur.
Quant à ce que l'on dit , que cet Ordre s'étant
avili , Charles VII le donna au Chevalier du Guet ,
il eft des Auteurs qui s'infcrivent en faux contre ce
fait, &àjufte titre, parce que Louis de France,
Doc d'Orléans , tîls de Charles V, porte le collier
de cet Ordre aux Céleftins de Paris ; que Char-
les VII le donna en 1458 au Prince de Navarre ,
Gafton de Poix j fon gendre \ & qu'en 1^61 que ce
Roi mourut , & que fut bâtie la porte de S. Mar-
ceau , on y mit une image de la Sainte Vierge fur
unpiédeftal, chargé d'un écu d'azur à une étoile
d'or.
IJCFII eft plus probable que Louis XI ayant infti-
tué l'Ordre de S. Michel j les Grands du Royaume
afpirèrent à en être décorés , & que celui de ['étoile
tomba peu-à-peu dans l'oubli & dans le mépris.
Il y a encore un Ordre de l'Etoile à Medine en Si-
cile , dit Juftiniani , Ch. 44. appelé Ordre du
Croiilant en France & en Italie. Il fut inftitué l'an
1 i6S, à Medine en Sicile par Charles d'Anjou , frère
de S. Louis , Roi des deux Siciles , fous le nom de
l'Ordre du CroilTant , ou de la Lune croiirante ,
parce que le collier de cet Ordre étoit compofé d'é
roi/cj Sr de fleurs-de-lis , d'où pendoit par une tri-
ple chaîne un croiftantjavec ce mot pour devife ,
Donec totum impleat. D'autres prétendent qu'il ne fut
inftitué qu'en 1464, par René , Duc d'Anjou , qui
prenoit le titre de Roi de Sicile. On trouve dans
des armes de ce Prince , qu'il avoir au moins chan-
gé en «Quelque chofe le collier de cet Ordre; car
£ T O ^oj
1 au lieu de fleurs-de-lis & à'etoiles j ce font fimple-
ment deux chaînes , defquelles pend un croilfant ^
lur lequel eft le vieux mot François loç , fans antre
devife j ce qui tait, en (tyle'de rébus , Lo^ en
croijjant.^ Cet Ordre s'étant obfcurci , les habitans
de Meltîne le relevèrent fous le nom de la Nohle
Académie des Chevaliers de l'Etoile , réduifant l'an-
cien collier à une feule étoile pofée fur une croix
fourchue qu^ils portoient dans leur enfeigne , & le
nombre des Chevaliers à loixante-deux. Juftiniani,
HijL de tutti gl' Ordini Milit. e Caval. C. 44. Il y
donne la fuite des Grands-Maîtres , &: le nom des
Auteurs qui ont parlé de cet Ordre. La devife de
cet Ordre étoit Monjlrant Regihus Aflra viaw, qu'on
n'exprimoit que par les quatre premières lettres de
ces mots , ainfi difpofces « y L'eroi/e au milieu ayant
une queue qui pendoit en bas , comme les comètes.
Voye\ l'Abbé Justiniani , T. IL C. 5 5 ■ où il indi-
que tous les Ecrivains qui ont traité de cet Ordre.
Le P. Hélyot, dans fon VIU"^ Tom. ch. 70, met cet
Ordre parmi ceux qui n'ont jamais exifté , 6c pré-
tend que ce qu'en dit l'Abbé Juftiniani eft fup-
pofé.
Ordre dv' l'Etoile de Notre-Dame. Cet Ordre fut
inftitué à Paris en 1701, par un certain Aniabaqui
y avoit été baptifé , & qui fe difoit Roi d'Eiszinie ,
dans la Zone torride. Il inftitua cet Ordre , poun
mettre , difoit-il , fa perfonne & fon Royaume fous
la proteilion de la Sainte Vierge. La marque de cec
Ordre étoit une croix d'or émaillée de blanc en for-
me d'étoile , au milieu de laquelle il y avoir l'image
de la Sainte Vierge ; &c cette étoile étoit attachée à
un ruban blanc de la largeur de quatre doigts. Cet
Aniaba n'étoit ni Roi ni Prince : de retour en foa
pays il reprit fon ancienne idolâtrie , & cet Ordre
s'eft évanoui.
Étoile , eft aulïï un terme fort ufité dans le Blafon ,
comme étant un meuble dont on charge fouvent les
Ecus , & leurs pièces honorables. Elle diffère de la
molette d'éperon , en ce qu'elle n'eft point percée
comme la molette. Elle eft ordinairement en France
de cinq rais. Quand elle en a fix ou huit , comme
chez les Allemands & les Italiens , il_en faut faire
une mention particulière en blafonnant TEcu. P.
MÉNÉTRIER.
Sur les médailles les étoiles font la marque de
la confervation ou de la déification , & elles étoienc
prifes pour fimbole de l'éternité. Tristan , T. 1.
page 348 & 349. Les étoiles marquent quelque-
fois les enfans des Princes regnans ; quelquefois
au contraire les enfans morts , & mis dans le ciel
au rang des Dieux. P. Jobert. Elles étoient auflî
des fymboles de félicité. Tristan j Tome II. p.
6^. Uetoile qu'on voit furies médailles de Jules-
Céfar , c'eft l'étoile de Vénus dont il fe difoit ilFu j
ou bien c'eft le fymbole de la déification.
Etoiles , ou Planètes des Phllofophcs , fe dit en ter^
mes de Philofophie hermétique, des métaux (jue les
Sages confidèrent comme les étoiles de leur ciel ter-
reftre , ou des couleurs qui paroilfent durant l'ou-
vrage de la pierre.
On dit proverbialement , qu'un homme eft
logé à la belle étoile , fub dio , fub jove frigido ;
qu'il couche à la belle étoile , pour dire j qu'il n'a
point de logement, qu'il couche dehors. Quand
on donne un grand coup fur la tête à quelqu'un,
on dit , qu'on lui a fait voir des étoiles en plein
midi.
CtT On dit figurément & familièrement d'un
homme qui en impofe aux autres (^ à lui-même,
qu'il fait voir aux autres , qu'il croit voir des étoiles
en plein midi.
L'Abbaye de I'Etoile , eft une Abbaye de l'Ordre
de Cîteaur , fille de Ponrigny , fondée vers le com-
mencement du Xlle fiècle , dans le Diocèfe de Poi-
tiers , par Ifambert Sénebaut de la Maifon de Lefi-
I gnac. De Sainte Marthe.
Yy y yyij
5)oS
ETO
PORTE-ÉTOILE. Foyc^ Bethléhémite , & à la let-
tre P. Porte-Etoile.
£TOILE , EE. adj. Brillant d'étoiles, femc d'étoi-
les. StcUatus _, JicUis dijuncius. Lorlqu'il gelé bien
fort , ou que le ciel ell fort ferein , û paroi: bien
étoile.
On appelle une bouteille étoilée , une bouteille
ou il s'elt fait quelque fêlure en forme d'étoile.
Etoile. Terme de Chirurgie. On donne ce nom
a une elpèce de bandage qui eft de deux lortes j
le (impie & le double. Le limple eft pour les frac-
tures des omoplates, ou du fternum. Le double
s'applique à la luxarion des deux humérus à la
fois, & à la fiacluie des deux clavicules. Col de
ViLLARS.
En Blafon , on dit qu'un Ecu eft étoile , quand il
eft femé d'étoiles fans nombre.
£TOILEë. f. f. Terme de Fleurifte 3 nom de tulipe.
\J étoilée a prefque les couleurs de la Dorilée , qui
font un beau violet iSi blanc. Morin
S'ETOILEK. , fe dit , en termes de Monnoie , lorf-
que les Hancs & catreaux s'ouvrent pat les car-
nes , quand on les bat , faute d'être recuits. L'Or-
donnance veut qu'on tecuife les carreaux à toutes les
façons qu'on leur donne , de peur qu'Us ne s,'étoi-
lent.
Ce terme vient de ce que les fentes , qui fe font
dans les pièces de Monnoies , reiremblent un peu
aux rayons des étoiles.
£TOLE. f. f. Ornement facerdotal que les Curés met-
tent par - delfus leurs furplis pour marq^ue de fu-
périorité dans leur Ei^life. Le P" Thomalîin prétend
que Xétole eft plus aftedlée à l'adminiftration des Sa-
cremens& aux fondions Eccléliaftiques, qu'à mar-
quer la jurisdiâion. Stola. Les Prêtres en portent
auffi fur leur aube pour célébrer la Mefte \ Si. alors
elle eft croifée fur leur eftomac. Les Diacres la portent
en écharpe fur leur épaule gauche. C'eft une grande
bande d'étoffe chargée de trois croix , qui pend de-
puis le cou jufqu'aux pieds. On met le bout de Vé-
iole fur la tête, quand on dit an Evangile pour quel-
que perfonne. Les Evêques ont prétendu que les
Curés ne dévoient point patoitrc devant eux avec
i'école. ^
Ce que les anciens Romains appeloient Jlola eft
bien différent de Vétole d'aujourd'hui : c'étoit une
robe plus convenable i des femmes qu'à des hom-
mes. C'étoit pourtant une robe d'honneur chez tou-
tes les nations. Les Rois même s'en fervoient , &
ladonnoient qu.Ljuefois pour le prix de la vertu.
" Celle des Prêtres d'aujourd'hui n'eft autre chofe que
les extrémités de cette longue robe que portoit le
Grand Ptêtre, dont elles font la repréfentation. L'u-
fage de Vétole a commencé dans TEglife avec celui
de l'aube. Les Prêtres la portoient toujours autre-
fois , même en prêchant j comme le dit Alcuin :
d'où vient qu'on Ta appelée auili en Latin orarium ,
de orare , parce qu^ils étoient les Orateurs de !'£-
glife. Koye^ le Traité qu'en a fait le Sieur Thiers ,
Curé de Champrond. Il y a encore des pays, comme
en Flandre j où Ton ne prêche jamais qu'avec IVro/e.
On le fait aulli en Italie,
L'Ordre de l'Etole. Ordre de Chevalerie des Rois
d'Arragon. OrdaftoU, Equités JloU. On ne fait quel
eft l'Auteur de cette Ordre militaire, ni en quel
temps il fut inftitué. Il n'en eft point patlé avant le
règne d'Alphonfe V. Roi d'Arragon , qui monta
fut le ttône l'an 1415. L'Abbé Juftiniani conjediire
cependant, qu'on n'eft point obligé de fixer là l'é-
poque de la nailLincs de cette Milice ; car en 1 587,
Sigifmond Roi d'Hongrie , ayant fiit alliance avec
le Roi d'Arragon , une des conditions du traité fut
que les deux Rois pourroient donner mutuellement
leurs Ordres de V Etale Se du Dragon. Ainfi il croit
que cet Ordre fut inftitué en Arragon -, en même
temps que celui de la Bande en Efpagnc , qui le fut
vers l'an i ? 5 1. comme nous l'avons dit en fa place,
^oye^ Juftiniani , T. II. C. ^6.
Étole d'or. Ordre de Chevaleiie à 'Venife,ainfî nom-
ETO
mé d'une étole d'ot que les Chevaliers portent fut
l'épaule gauche j & qui eft large d'une palme & de-
mie , 6c delcend par-devant & par derrière jufqu'au
genou. OrdoJioU aurm. On n'élève à ce rang que
les Paciices , ou Nobles 'Vénitiens. Ils portent une
robe iouge de taffetas , ou de damas , lelon la fafr-
fon. Cette robe s'appelle Ducale. Ils ont \ étole donc
nous avons parlé, bous la robe ils ont un habit de
rouge cramoifi. Quand on crée quelqu'un Chevalier
il paroît pendant huit jours au Palais dans cet équi-
page. L'hiver ils portent des fourrures d'hermine 3
de loup cervier , de marte , ou de zibeline. L'habic
ordinaire eft un habit commun , & par-delTus une
robe de drap noir avec une étole de drap noir, ayant
une orle d'or. La robe ell différemment fourrée fé-
lon les faifons ■, l'été elle n'eft point fermée \ l'hiver
on la ceint d'une ceinture de velours noir avec des
franges d'or. L'ornement de tête eft un bonnet de
laine noiie avec des franges autour. L'Abbé Juftinia-
ni dit qu'on ne fait quand cet Ordre a commencé.
C'eft dans fon premiet Tome , C. XI p. 1 19 & fui-
, vantes de la féconde édition qu'il en parle.
ETOLUS.f. m. Troifième fils d'Endymion &:de Na'i's,
qui fe retira chez les Curetés , & donna à leur pays
le nom d'Etolie.
ÉTONNAMMENT, adv. D'une manière étonnante ,
prodigieufement. Mirabiliter. Elle çii étonnamment
laide. C'eft un adverbe de nouvelle création , dont
les premiers qui s'en font fetvis étoient étonnamment
infatués. Il eft du ftyle familier,
ÉTONNANT, ante. adj. Mirabilis , mirus. Qui
étonne , qui caufe de l'étonnement. Comme l'éton-
nement elf quelquefois mêlé de furptife & d'admi-
ration , ou bien dégénère en crainte & en délef-
poir , on le dit fouvent dans le difcours ordinaire
des objets qui produifent dans l'ame ces différentes
imprelfions. On le dit quelquefois pour extraordi-
naire. l^ûye\ Etonnement. La bonté , la fageffe de
Dieu font étonnantes. Il y a une infinité de fecrets
dans la natute qui font étonnons. Les Voyageurs
nous racontent des chofes étonnantes de* mœurs des
diflérens peuples. Je me repréfente à toute heure ce
^én\ étonnant , qui commença de nous offrir aux
regards l'un de l'autre. Mol. Il n'eft pas étonnant
que la Poëfie des Idolâtres ne fût pas toujouts fi ré-
guliete , & qu'ils fe permilTent pour le théâtre quel-
ques libertés. P. de Courbeville. C'est un homme
étonnant,
ify ETONNEMENT. f. m. Forte împrefllon caufée
dans l'ame par un événement imprévu , & qui , fé-
lon la nature de l'événement, dégénère en furprife;
ou est mêlée de crainte , de défefpoir , d'admira-
tion. Stupor. Tous les prodiges caufen.t de Yétonne^
ment. Ils étoient tous interdits de crainte & d'e-
tonnement.Donnev de l'étonnement^ jetet dansl'iîVo/z-
nement. Un bel efprit Allemand n'apparoît point
fans donner de Yétonnement. Bouh.
Etonnement J fe prend aufîî pour admiration. Admi-
ratio. Cette aétion fera Yétonnement des fièdes fu-
turs. On dit aulli d'une perfonne exttaordinaire, que
c'est Yétonnement de la nature ; qu'on est ravi à'éton-
tnent ; qu'on a de la peine à revenir de fon etonne-
ment.
^O" Etonnement , furpfife, consternation, confi-
dérés dans une fignifîcation fynonyme. Un événe-
ment imptévCi J fupétieur aux connoilf.inces &aux
forces de l'ame , lui caufe des (ituations humiliantes
qu'expriment ces trois mots, etonnement j futptife,
consternation. Mais Yétonnement est plus dans les
fens , & vient des chofes blâmables ou peu approu-
vées. J'^oye:^ les autres mots. Etonnement ne fe die
guère en bonne part. La beauté d'une femme ne
caufe point A'étonnement, & fa laideur produitquel-
quefois cet effet. Vétonnement fuppofe dans l'évé-
nement qui le produit , une idée de force ; il peut
frapper jufqu'à fufpendre l'aéf ion des fens extérieurs.
Les cœurs bien placés font toujours étonnés des per-
fidies , quelque fréquentes qu'elles foient. P|us
on est expérimenté , moins, on efc fufciptible d'«-
ETO
tjrincmcnt , parce que les chofes réelles donnent l'i-
dée Jes p'jUibles. SvN. Fa.
Étonnement , le dit au Phyfiqiie, pour fécouf-
fe , comiiiotion intestine, iremor ^ concujjio. Les
chariots ont c.iulé un (i grand étonnement à ces
mciilons , qu'elles en dureront moins. Le grand
bruit a caulc à ce malade un étonnement de cer-
veau.
ÉTONNER. V. a. Caufer à l'ame de l'émotion , foit
par lurprife , fou par admiration , loit par crainte.
On le du généralement de tout ce qui produit cette
imprelîion dans lame par quelque choie d'imprévu,
d'inopiné. Terrcre , admlrationem Jacere. Cet acci-
dent imprévu , cette nouvelle a étonné tout le mon
«le. Les événemens extraordinaires étonnent tous
ceux qui n'en connollFent pas les cauies. Les Ty-
rans n'ont point étonné les Martyrs , ils n'ont pu
vaincre leur constance. Ce Héros j au bruit de l'es
exploits étonna 1 Univers. Mén.
§C? S'ETONNER, v. récip. Être étonné. On s étonne
de tous les accidens extraordinaires qui arrivent
dans le monde. Quand on fait la caufe de quelque
effet , on ne s'en étonne plus.
s'Etonner , fe dit aulli des mouvemensde l'ame or
dinaires, & peuconfidérables, & lignifie la même
chofe que trouver étrange , extraordinaire. Je fuis
étonné defon procédé à mon égard. Je m étonne de
ce qu'il est iî long-temps fans me venir voir , fans
in'ccrire. Miror.
Le P. Bouhours a remarqué qu'avec le verbe éton-
ner on ne met jamais l'indicatit dans les phrafes où
le que fuit immédiattement le verbe. Ainii on ne
dit pas , je métonne qu'il est venu, qu'il va à la
campagne par un lî mauvais temps. Il faut dire, je
ni'(;'w/2/2e qu'il foit venu , qu'il aille à la campagne.
L'indicatif ne fe peut mettre qu'en mettant de ce
que après le verbe étonner ^ au heu de que , comme ,
je m'étonne de ce qu'il est venu , de ce qu'il va à la
campagne.
«'Etonner, fe dit auflî ^au figuré, pour dir*», ébmn
1er par quelque commotion violente. Les uemble-
mens de terre étonnent, quaffunt , concutiunt ,
les édifices les plus folides. Les premiers coups de
canon n'abbattent pas une muraille ; mais ils l'é
tonnent. Une chute étonne le cerveau de telle for-
te, qu'il fe fait fouvent un abcès par un contre-
coup.
Étonner , fe dit proverbialement en ces phrafes. On
dit qu'un homme est étonné commà s'il tomboit des
nues \ comme (i les cornes lui venoient à la tête ;
qu'il est étonné comme un fondeur de cloches. On
dit aulïi d'un homme ferme , ou opiniâtre , qu'il est
bon cheval de trompette , qu'il ne jVfo,7«jr pas du
bruit
Étonné , ée. part. & adj. Terrhus , admirans. Tous
ces mots viennent du Latin attonare , attonitus.
Étonné. Terme de Lapidaire, qui fe dit d'un morceau
de cristal mis au feu par un lapidaire , lorfque par
l'atlion du feu il perd fa couleur , & commence à
prendre celle qu'il fe propofoit de lui donner.
ÉTOU. f. m. Les Bouchers nomment ainfi une efpèce
de table à claire voie , fur laquelle ils attachent les
, moutons j pour les tuer Se pour les habiller.
ÉTOUBLE. f. m. Chaume. Ce qui refte de blé fur la
terre après que l'on a fait la moi (Ton. Il y a quelques
endroits où Ton dit éteule. Ce mot vient de ftipuLa,
o\xft'ibula. Quelques-uns le dérivent àtub'cs & calamis
frugum.
ÉTOUFFADE , f. f. Terme de cuifine. Vétouffade eft
une fauce ou préparation pour manger de cer-
tain gibier j & principalement la perdrix. Pour
manger les perdrix à Vétouffude , on les larde de
gros lard j puis on les paflè à la calferole avec lard
fondu , &: on leur fait prendre couleur. Cela fait ,
on y met du bouillon , fel , poivre , & paquet
de fines herbes. On laifTe cuire le rout \ on y ajou-
te champignons , truffes & culs d'artichaux.Lorf-
qu'on e(t prêt à fervir, on y ajoute un coulis de
bœuf.
(G^
XL JL v^ y ^ V
ÉTOUFFANT , ante. adj. Suffoquant ; qui f"iit qu'on
écoufte , qu'on relpue mal. Temps etoujfant , cha-
leur etoujjante. Et quelquefois qui a de la peine à
refpirer, qui étouffe. uE^rè ducens fph uuni. Je l'ai
trouvé tout ecoujjunt.
ETOUFFEMENT. f. m. Difficulté de refpi.er. Pr^fo-
cjtio , fu^ocatio. Cet homme aunallhiiie qui lui
caule un etou^ement ,\xne refpiration difficile. Mer-
credi la Reine s'eff encore trouvée incommodée
de les étoujjcniens. M. Pelisson ^ Lettres Hijtori-
ques.
ETOUFFER, v. a. Oter la refpiration , fuffoquer , &
généralement, fupprimer la communication avec
l'air libre. Pr£fo':are, interdudere fpiruum. Eiou^jer
le feu dans un fourneau. Cette nourrice a étouffé
ion enfant en dormant. On étouffait autrefois ceux
qui avoient la rage. Il y avoir une Ci grande preffs
en cette cérémonie , qu'on a penfé m! étouffer. L'a-
poplexie étouffe , parcequ'elle bouche les conduits
de la refpiration. La fumée etouiffc.
On nuit à force de careffe ,
Et l'on étouffe en emirajjant.
P. DU Ce P.C.
J'embrajfe mon rival j mais cefi pour /'étouffer.
Rac.
0^ ETOUFFER, v. n. Avoir la refpiration empêchée.
Cette chambre eft chaude comme une écuve , on y
étouffe. Donnez promptcment de l'air à ce malade,
il étouffe.
^3" On dit figurément étouffer de rire j rifucne-
cari , difrumpi , pour dire, rire avec excès , quand
un ris violentempêche de refpirer. Cette exprcffîon
n'eft quedudifcours familier.
Ce mot vient de7?'{/^'e , qu'on a fait as Jlufa,
qui fignifie étuve. Men.
Étouffer, fe dit fouvent dans un fens figuré pour
détruire , faire celTer , & généralement empêcher
qu'une chofe n'ait des fuitesen éclatant. Ovpnmere ^
extineuere. Il faut cacher &trVoa^erfonreffentimenr.
La pénitence étouffe les mouvemensde l'amour pro-
pre. Souvent on eft obligé d'étouffer {es foupirs _,
l'es pl.iintes , fes penfées. Ce Prince a étouffa l'hy-
dre de la rébellion , comme Hercule étouffu des fer-
pens dans le berceau. Etouffer les femences d'une
guerrecivile. AELANc.La mifére e'r.ja^l'cfprit, Oé-
tundit, habetJt ^ajfligit humo divins, particulam au-
r&.S. EvR. L'aéfion & la vivacité de l'efprit s étouf-
fent par trop d'étude. Mont. Puilfent être ou-
bliés pour jamais ^ étouffes fous les ténèbres d'une
nuit éternelle tant de funeftes exemples. Pelis-
S ON.
Etouffe promptcment une naiffante flamme.
CORM.
Nous étouffons les remords de notre confcience en
nous perfuadant témérairement que nous n'avons
point tott.Nic. La contrainte des préceptes étouffe de
éteint le feu de l'imagination. La modération que le
monde affeéte n'étouffe pas les mouvemensde la va-
nité .-elle ne fert qu'à les cacher. Bùss.On étouffe lis
agrémens naturels , quand on veut en avoir d'em-
pruntés. Bell. Il vaut mieux étouffer un bon mot qui
eft prêt à nous échaper , que de chagriner qui que ce
foit. Id. Etouffer une affaire j, étouffer une querelle ,
pour dire, Empêcher qu'elles n'éclatent, Acad.
Fr.
Étouffer , fe dit encore , en termes de Jardinage , en
parlant des arbres dont les branches dérobent l'air
aux autres j leur ôtent la liberté de l'air. P réméré ,
inumhrare y ohumbrdre j offfufcare. Cet arbre eft
étouffé A:\r\s le milieu ; c'eft- à-dire , qu'il y a dans
le milieu une telle confufion de branches, qu'il
eft impolfible qu'elles puiifenr avoir de l'air. Ces
plants font étouffes , il leur faut donner de l'air
L t G E R. Les pluies ont fait croître tant de iné-
^io ETO
chantes herbes dans les champs , qu'elles étouf-
fenc tous les blés. Cette ente eft toute écoutée '
fous ce grand arbre j comment veut-on qu'elle)
poufTe ? 8
Étouffé , ée, part. & adj. Opprejfus j pr<tfocacus. On
leditau fimple & au figuré.
Des dejjclns étouffés auffi-tôc que naijjans. Rac.
En termes de l'Ecriture ^ on appelle Viandes
étouffées , la chair des animaux qu'on avoir tués
fans verfer leur fang.
On dit , un air ecouffé , pour dire. Etouffant.
§CF Un arbre étouffé , en termes de Jardinage ,
eft celui qui eft entouré d'autres arbres plus élevés ,
épais & touffus , qui lui dérobent l'air j & l'em-
pêchentde profiter.
ÉTOUFFOIR. f. m. Inftrument de métal , haut d'en-
viron trois pieds, creux, rond , ouvert par le bas j
&couveuparlo haut, que les Boulangers mettent
fur la braiie pour l'éteindre & pour l'étoufter. Il y
a une aune forte d'étouffoir dont ont fe lert fort en
Hollande. Il eft aufti de métal ou de terre cuite j
mais ouvert par le haut. Il fert à éteindre ou à
étouffer des tourbes : ce qui fe lait en le couvrant
après qu'on y a mis les tourbes qu'on y vouloir
mettre.
ÉTOUPADE. f f. Stupa. C'eft une certaine quantité
d'étoupe préparée , mife enfemble, & deftinée à un
certam ufage , comme à couvrir une plaie. Pour
panfer le malade on a trois petites compreifes, deux
plumaceaux , une étoupade couverte d'aftringens , &c.
DiONIS.
ÉTOQPAGE. f. m.LesChapeliers appellent étoupage,
ce qui refte de l'étoffe dont ils ont fait les qua-
tre capades d'un chapeau j & qu'ils conferventaprès
l'avoir feutré avec la main , pour renfoncer les
endroits foibles de ces capades.
ÉTOUPE. f f. La bourre , la partie le plus groffière de
Ja filallè , du chanvre , ou du lin. Stupa. On fait
des bouchons de bouteille avec de Vétoupe. On
mêle de Vétoupe avec du goudron pour calfater
les vaiffeaux. On la fait auffi de vieux cables
battus,
Etoupe. On appelle auffi étoupe , les toiles qui font
faites avec des étoupes de chanvre, ou de lin.
Étoupe à étamer. Les Chaudronniers nomment ainfi
une efpèce de goupillon , au bout duquel il y a
de la filaffe , dont ils fe fervent pour étendre l'é-
tamure.
Ce mot vient du 'LMnJfupa. Mén. Ifidore le fait
encore venir j quod ex eâ rim£ navium ftipentur. Il
vient plutôt à^ftoup , mot Celtique, ou Bas-Bréton,
qui fignifie la même chofe.
On dit proverbialement & figurément , Mettre le
feu aux étoupes j pour dire , excirer quelqu'un à la
fédition , à quereller, à plaider, à faire l'amour, ou
à fatisfaire quelque paffion emportée.
ÉTOUPER. v. a. Boucher , fermer avec de l'étoupe.
Stupa obturare, Jiupare. Etouper une bouteille , un
tonneau qui s'enfuit, un vaiffeau qui fait eau, Etou
per les oreilles.
ÉîouPER, s'eft dit autrefois pour boucher, barrer
une rivière. Claudere. Et fut advifé que le Roi fé-
journeroit-là un jour , randis qu'on eftouperoit le
fleuve , afin qu'on ne puft paffer. Et fut la chofe
faite aftez aifément j car on eftoupa ledit fleuve ras
à ras de la grant rivière, en telle façon que l'eau
d'un courte & d'autre ne fe hauffa point, & qu'on
pouvoit paffer à Ton aife. Joinville.
Étouper. "Terme de Chapelier. C'eft fortifier les en-
droits foibles d'un chapeau, avec la même étoffe
dont on fait les capades.
On dit figurément , d'un homme qui ne veut en-
tendre ni plaintes, ni remontrances, qu'il s'eft eroupe
les oreilles , qu'il les a fermées à la pitié.
Ce mot vient Atftupare, qui fignifie /lOttcAer avec
de l'étoupe, & qui a été (aitàtjlupa. Les Allemands
difent7?o^^/z.
ETO
ÉtovpÉ , il. part. & adj. Obturatus.
ETOUPERIE. f. f. Le tarif de la Douane de Lyon
nomme étoupenes étrangères , les toiles d'étoupes
qui fe fabriquent hors du Royaume.
ÉTOUPIÈRES. f. f. pi. Terme de Cordier. Femmes
qui charpiffent les vieux cordages , pour en faire de
l'étoupe pour calfater les vaiffeaux.
ÉTOUPIl.LE. f. i. Terme d'Artificier. C'eft une forte
de mèche, non d'étoupes, comme le mot femble
l'indiquer , mais de coton filé , trempé d'eau fim-
ple , ou d'eau-de-vie , ou d'huile d'afpic j & roulé
dans de la poudre , pour que le feu fe commu-
nique d'un bout à l'autre , avec plus ou moins de
vîteffe.
ETOUPILLER. v. a. C'eft garnir les artifices desétou-
pilles nécellaires pour la communication du feu j
& l'attacher avec des épingles j ou de la pâte d'a-
morce.
ÉTOUPIN. f. m. Terme de Marine. C'eft un pelotor»
de fil decarret fur le calibre des canons , pour bour-
rer la poudre quand on les charge. Obtumamen-
tum y epïfiomium, Pomey dit ejioupillon , d'autres
eftoupiile.
^ ÉTOURDERIE. f. f. Ce mot défigne également
caradtcre de l'étourdi , c"eft-à-dire , de celui qui agic
fans confidérer ce qu'il fait j &c fon aâion. inconji-
deratio , inconjiderantia j inconfiderate j inconfultè
facium. Il y a des gens qu'on ne fauroit corriger de
leur étourderie. Il a fait une étourderie. Voilà une de
vos étourderies ordinaires.
ÉTOURDI , JE. adj. C'eft proprement celui qui agit ,
qui eft dans l'habitude d'agir fans confidérer les
fuites de Ion action. Inconfultus , inconjideravis.
Jeune homme étourdi. Femme fort étourdie. Et fubt
tantivement, jeune étourdi. Franc étourdi. Il y a plus
de prudence qu'on ne croit à être un peu étourdi j
carquandon approfondit tantleschofeSj on n'a pref-
que point de repos. M. Scub. Il ne faur pas prendre
garde à ce qu'il dit : c'eft un eVoar^i, qui fait toutes
les chofes en ''taurdi. Vous êtes une étourdie , je ne
me fie pas à vous. Il y a une Comédie de Molière j
qui s'appelle l'frcjar^/. Un jeune ewarc^i eft fouvenc
le plus heureux en amour.
Ménage dérive ce mot de Wx.zXxtnJloriito ^ & cite
Fauchet , qui croit plus vraifemblablement qu'il
vient à'eflour ; ayant appelé efiourdis _, ceux qui
dans \qs ftours étoient afrbiblis & comme endormis
à force de coups.
Étourdi , fe dit proverbialement en ces phrafes. On
dit qu'un homme eft étourdi comme un haneton ,
comme le premier coup de Matines. On dit auffi
qu'un homme n'a été ni fou j ni étourdi _, lorfqu'il
a fu profiter d'un défordre , d'un embarras où il s'eft
trouvé J qu'il s'en eft fauve , ou en a tiré quelque
avantage.
On dit auffi adverbialemenr , faire une chofe à
l'étourdie ^ pour dire j brufquement & fans ré-
flexion. Ménage prétend qu'on dit plus communé-
ment à i'étourdi. Ablancourt préfère à l'étourdie. Je
dirois auflià l'étourdie -^ notre langue aime ces façons
de parler adverbiales au féminin. Corn, Les Bar-
bares coururent fur lui à l'étourdie. Vaug,
ÉTOURDIMENT. adv. A l'étourdie. Inconfiderate,
inconfultè. Il a entrepris cette affaire forr étourdi-
ment-., fans prendre confeil , fans l'examiner. Il eft
furprenant que les hommes portent l'extravagance
jufqu'à hafarder étourdiment\ix.Qm\ik, fans fonger
en quel abymeelle les va précipiter. Vill. On craint
renfer,&: cependant on y court étourdiment. Morals
deP. Ladifcrétion eft l'amede la politeffe: ellenous
empêche de parler étourdiment. Bell.
Clothon ne peut vous faire d'autre grâce
Que de fier vos jours très-lentement :
Mais Clothon va toujours étourdiment, La Font.
ÉTOURDIR. V. a. Qui fignifie au phifiquecauferdans
le cerveau un ébranlement affez confidérable pour
faire perdre la réflexion , & fufpendre pour un mo-
ETO
ment les fondions des fens. Stupefacere. Il a reçu un
coup à la tête qui l'a étourdi. On donna un coup de
malfueriu la tcte d'an bœuf pour \'ctJu:dir.L<i\\n pris
avec excès ccourdic. Le grantl bruit du canon étourdit,
^fj" Ou le dit par métaphore , d'une imptelîion
fubite j qui ôte à l'ame, pour un moment , l'ufage
de fes hicultés. Cette nouvelle , ce coup imprévu
les a tort étourdis. Une bataille perdue djurd'u bien
un parti j la déconcerte , rompt les melures.
§Cr Étourdir, j étourdir les oreilles, lignifie fatiguer
par fes difcours , importuner à force de répéter
quelque chofe , ou de parler. ' Obtunderc aures.
Cicéron étourdijjoit tout le monde de la gloire de
fon Confulat. Nie. Les vieillards étourdijfent les
oreilles de leurs remontrances. Vous êtes de plai-
fantes gens avec vos règles dont vous nous étourdi_(J'd~
tous les jours. Mol.
gCJ" On dit figurément , étourdir la douleur ,
l'endormir , la rendre moins fenfible.
(fZT On le dit de même de l'aftliclion , pour dilli
per la douleur, fe diftraire. Il va à la promenade pour
étourdir fa douleur. Et dans le mime fens , qu'im
homme cherche à sétourdir.
.^CTÉTOtjRDiR la grolTe faim : autre exprellion figurée,
commencera l'appaifer.
(fT On le dk aulli figurément , des viandes qui
ne font qu'à àcmi-cunas. le\ /ter aJJLire , coqucre.
Cette édanche n'eft ^n étourdie. Il faut étourdir cette
viande , de peur qu'elle ne fe gâte.
s'hTOURDiR , (ignifie , S'ôterle fentiment d'une chofe,
fe difttaire de quelque chofe , s'empêcher d'y pen-
fer. Les efprits déréglés , & qu'on appelle elprirs
forts , cherchent à 's'étourdir fur l'avenir. S. Êvr.
Regardez ce faux brave (Sénéque) vous verrez qu'en
faifantde beaux raifonnemens fur l'immortalité de
l'ame , il cherche à sétourdir fur la crainte de la
inort. PoRT-R. Les libertins qui ont le cœur plus
déréglé que l'efprit, pour jouir plus tranquillement
des plaints de la vie , ràchent à s étourdir Çu^ l'éter-
nité. BouH. Les faulles prudes , par leurs maximes
ds fagelfe , tâchent de s'étourdir iiir la privation des
plaifirs qu'elles regrettent. Bell. Pourvu qu'on fe
trompe toujours j &c qu'on s'jtourdijje bien fur tout
ce qui fait de la peine , c'eft tout ce qu'on peut
fouhaiter. S. Evr. L'arrogance humaine tâche de
sVfoara'ir elle-même par de grands noms, pour ne
pas appercevoir fon néant. Boss. Il n'appartient
qu'à un homme d'cfprit de s'étourdir un peu fur les
malheurs. Ch. de ^L Cette femme ell toujours en
mouvement ; c'eft un artifice pour s'étourdir fur la
perte de fon amant. La Bruy.
fj^ s'Etourdir, lignifie encore fe préocuper , s'en-
têter de quelque chofe. Il s'étourdit de toutes ces
chimères. Il s'étourdit de vaincs raifons.
Etourdi , ie. part. Stupefacius II alesfignifications de
fon verbe au propre & au figuré. Il tomba tout
étourdi du coup qu'il reçut. Elle parut toute étourdie
de ce que vous lui dites.
Après qu'une grande douleur s'eft palTce , & qu'il
n'en refte qu'un léger relTentiment , on dit cjue la
partie eft encore toute étourdie.
(fZ? On dit pfoverbialement & figurément d'un
homme qui n'eft: pas encore bien remis d une mé-
chante atfaire , bien rétabli d'une maladie, qu'il
el^ encore tout étourdi du bateau.
ÉTOURDISSANT , ante. adj. Qui fait bien du
bruit j qui étourdit. Oôtundens aures. Bruit étour-
difjljnt.
IJCr" ÉTOURDISSEMENT. f. m. Ebranlement caufé
dans les nerfs & dans le cerveau , qui furprend
pour un moment les fondions des fen^. Stupefaclin,
Jlupor. L'étourdilfement efl le premier degré du
vertige. Voye-:^ ce mot. Ceux qui ont des étourdif-
femeris croient voir tourner les objets qiii les en-
vironnent. Il lui a pris un étourdiiTement -, il eft
tombé. Les étourdijfemcns fréquens font les avant-
coureurs de l'apoplexie.
Etourdissement , fe di: n^iiTi au figuré. Dieu a ré-
pandu fur cet Impoiteur l'eiptit à'étourdijjc mène
ETO 5)tî
de vertige. Patru. Il n'eft pas encore revenu de
^ Vet'jnra/Jfdmcnt que lui a cauié cette nouvelle.
Etourdissement , eft aulîi une maladie qui arrive
aux brebis 6c à d'autres animaux j fur-tout pendant
les grandes chaleurs,
gcr ETOURNEAU. f. m. Sorte d'oifeau noirâtre,
marqué de petites taches gnles. Sturnus.
L'etoumeùu a beaucoup de rapport avec le merle.
Il eft à- peu- près de même grolleur- ilfe nourrit des
mêmes alimens ; il eft: fort docile ; le plumage de
l'un & de l'autre de ces oifeaux eft noir ^ enforte
qu'on auroit peine d difcerner un jeune ctoumeau
d'un jeune merle: mais Xetourneau qui a plus d'un
an , a iow plumage marqueté de pluli^urs petits
points gris blancs J qui les diftinguent. Les (f^ui^r-
ncjux ne paroiilent preique jamais qu'en troupes
nombreufes , & ne vont que par bandes. Ils s'af-
lemblentainfi pour leur propre coniervation contre
les oifeaux de proie. L'étendue qu'ils occupent en
volant les fait quelquefois paroître comme une
nuée. C'eft apparemment pour cela qu'Homère
compare une troupe de Troyens envelopés &
battus par un périt nombre des Grecs , à une nuée
à'étourneau.x , qui évitent pat la fuite la rencontre
de 1 épervier.
L'étourneau vit cinq à fix ans. Le mâle à l'œil
noir ; la femelle a une petite maille dans le blanc
de l'œd. Le mâle a la langue pointue, la femelle l'a
fourchue.
{fT Les étourr.eaux aiment beaucoup le raifin.
Ils fe nournlfent aulîi de baies defureau , de millet,
d'avoine , & autres fémences , de fcarabées , de pe-
tits vers , &c. Ils apprennent alFez bien à parler.
Pline , L. X. c. 41. dit que les deux jeunes Prin-
ces Drufus (S: Britannicus , fils de Claude , fous le-
quel il écrivoit , avoient un étourneau qui parloic
fort bien Grec t^' Latin \ qu'il étudioit feul les leçons
qu'on lui donnoit \ que tous les jours on lui enten-
doit dire quelque chofe de nouveau \ & qu'il répé-
toit quelquefois des difcours entiers & fuivis. Gef-
ner , De Avibus L. IV. p. 715. dit avoir vu un
étourneau nourri avec des roilignols , lequel s'étanc
déinis un pied, prit des œufs de fourmis dont on
nourrilfoit les roftîgnols , les écacha avec fon bec,
les échaufa fous fes ailes , & en fuite s'en frotta le
pied malade , qui peu de jours après fe trouva
guéri.
La chair des eiourneaux étoit plus efl:imce des
Anciens qu'elle ne l'eftaujourd hui: ils en fervoienc
fouvent fur leurs meilleures tables. Galitn, De
fanit. tuend. L.Vl. c. \6. les met au nombre des ali-
mens d'un bon fuc, & qui nourrilfent beaucoup. Il
en confeille l'ufage à ceux qui font incommodés de
la gravelle J ou de la pierre. Cela ne fe peut néan-
moins entendre que des jeunes étourneaux, tk en
automne, lorfqu'ils font plus grasj plus tendres,
& d'un meilleur goût , parce qu'ils mangent beau-
coup de raifin j car lorfqu'ils font vieux , ou qu'ils
font maigres , leur chair eft dure , d'un goîit défa-
gréable , difficile à digérer. De la Mar. Ti- de
Pol.L. F. Tit. XXIII.c. i. §. 25.
V étourneau commnn eft ^ comme on l'a dit, de
la gr.indenr d'un merle , avec cette différence qu'il
eft divetlifié de taches blanches & rougcâtres : l'on
en voit quelquefois de jaunes. Son pennage ne pa-
ro!t pas entièrement noir: il a des parties verdârres,
principalement aux ailes & proche des yeux , &:
pareillement au bas du corps fur le derrière. Les
plumes de fes ailes font à leurs extrémités , ainfi
que celles de la queue j qui eft courte & noire. Son
bec eft alfez robufte , ci approche de celui des
pies: il eft jaunâtre, & brun à l'exrrcmité. Ses
pieds font quafi jaunes , & fes ongles noirs. Il eft
alFjz agréable à la vue , tant d caufede la diverfité
de fes couleurs , que • pour la quanriré des taches
defquelles fon corps eft tout parfemé. C'eft peut-
être pour cette rai fon que les Poctes donnent à \'c-
tnurneau l'épithète de/'tv"-' , avis piaurati , comme
fi quelque Peintre avoii mis toute fon induftrie à
cfi% E T O
l'orner & l'embellii" de la diverfité de fes coulairs
La femelle n'a pas cant de caches : le j^nnc ecjurncau
n'en a aucune : il ell touc brun , excepté le cou j
la ccte & le ventre, qu'il a cendrés.
Il y a encore trois autres efpèces différentes d'/-
iourneaux. Lepreniierj qui ne le voie que rarement ,
eà tout blanc , excepté le bec , qui ell d'un jaune
rougeâtre , &i les pieds qui font d'une couleur de
chair pâle.
Le fécond a la tète , le cou & le bec blancs , hor-
mis qu'il a au-delfus des yeux , & proche du bec
deux taches contigues , qui font noires- Son ventre
eft blanc j ainfi que les commencemensde ks ailes,
avec des taches divcriitices de bleu. Les grandes pen-
nes des ailes iSc de la queue font femblables à celles
de l'ecoumeau commun , à cela près que les deux
dernières font blanches. Ses pieds font jaunes, ik
fes ongles noirs.
La troilième & dernière efpècs ell entièrement
d'un cendré tirant fur le roux , ou , pour mieux
dire j jaunâtre. Il a quelques points à la poitrine.
Ses pieds & fon bec font noirs. Les Oifeliers d'Ita-
lie le difcnt de l'efpèce des éiourneaax. Aldrovand
elt d'un autre fentiment j mais ne fâchant rien de
particulier de Thumeur & des façons de faire de cet
étourncau , il a fuivi la coutume des autres. Il dit que
cet étourneau eft de couleur changeante , comme le
cou d'un ramier , & madré de marques tannées par
roue lecorps, mêlées de gris &: de cendré , lefquel-
les font feulement fur le bout des plumes , qui font
plus longues & plus étroites que celles des autres
oifeaux. Les jeunes ont le bec de couleur de corne ,
un peu courbe en faux comme celui du guêpier. Ce
. bec devient rouge en vieillilTant , de même qu'au
merle. Les pennes de fes ailes font brunes, & bor-
dées de tanné.
Aldrovand parle encore de deux autres elpèces.
Le premier eft tout blanc , à l'exception du bec , qui
eft jaune , rougeâtre; & des pieds, qui font d'une
coulcurde chair pâle.
Le fécond a la tête , le cou & le bec blancs ; il a
néanmoins au-deifus des yeux deux caches conti-
gues qui font noires. Sq-^ ventre eft blanc ainfi que
le commencement des côtés, qui font couverts de
radies bleuâtres. Les grandes plumes de la queue
font comme celles de {ctourneau commun , à la ré-
ferve des deux dernières qui ionc blanches.Ses pieds
font jauues & fes ongles noirs.
On dit proverbialement , que les écourneaux font
maicrres , parce qu'ils vont en troupe. On dit aulli
ironiquement a un jeune homme de peu de mente
qui fe veut mêler dans une converlation , Vous êtes
un bel étcurncau pour jafer.
Ecjcmme d'un mari , qui peut pajf^r pour beau ,
Fauc-ilquunmar/7ioujc:c,ijuunmaudi:étoiiïneau,^c.
Mol.
Le nom A'écourneau vient du LMnJIurnus , qui
fignifie la même chofe. En quelques endroits on
appelle un étourneau , \xn fanfonnet.
Étourmeau Marin. Les Oifeleurs d'Italie appellent
étourneau marin Sturnus mjrinus , une efpèce de
merle , que d'autres appellent merle couleur de
rofe. Mcrula rofea. J^oye\ Merle.
(CT Etourmeau. Cheval étourneau. On appelle ainfi ,
en termes de Manège , un cheval dont la couleur du
poil relfemble à celle du plumage de ïetourneau\ un
cheval d'un poil gris-jaunâtre.
Etourneau. Terme de Mécanique. Pièce de bois qui
fait le delFus d'un engin , dans laquelle font deux
poulies pour lever un fardeau. On l'appelle autre-
yaçwifautonneau.
ETOUTEAU. f. m. C'elt le nom , en termes d'Horlo-
gerie, d'une cheville qui eft attachée perpendiculai-
rement,ou à angles droits., fur le plat d'une certaine
roue qui s'appelle , à caufe de cela , roue d'étouteau.
La roue d'étouteau fert à régler la fonnerie tant des
heures que des quarts. Communément cecce route
£ T R
fait un tour p-our le quart, deux pour la demie
trois pour les trois cjuaus , 6c quatre pour l'heure '
mais ces nombres dépendent de l'ouvrier. Si l'étou-
tcau manquoit de faire fon devoir , l'horloge fon-
neroit toujours fans difcontinuacion jufqu'à'^ce que
le poids , ou pefon , qui donne le mouvement à
l'horloge, fût delcendu jufqu'à fon repos.
ETOUTEVILLE.Village ds France en Normandie.Ce
lieu eft dans le pays_ de Caux au Doyenné de Can-
villej èc a donné Ion nom A une illuftre famille ,
fondue dans la maifon ds Bourbon. C'eft en Latin
EjloidiviUa. Etouteviiic fut érigé en 1554. en
Bûché non Pairie , donc la haute-Juftice fut établie
au Bourg.de Valmonc. Defcript. Géogr.Ci' Hijî. delà
Haute- JSorm. Tom.l.p. 16 j & 16^,
E T R. I
ETIvAIN. f. m. En Picardie , & dans les pays conquis,
on appelle etram , la côce de la mer qui eft plate Hc
fablonneufe. Ora maris pLena 6" arenoj'a,
ÉTRANGE, adj. m. & f. Qui eft éloigné , lointain.
Ce voyageur a couru dans plufieurs pays & nations
étranges. Ménage remarque liu'on peut dire peuples
étranges, & non \)3.s étranges peuples, à caufe de
l'équivoque. Mais il vaut encore mieux dire pays
étrangers que pays étranges ; & ce dernier com-
mence à vieillir , & n'eft plus bon qu'en vers. "Voi-
ture a dit à M. le Prince en 164 5 ,
Que votre les fe portera ,
Dam les terres les plus étranges.
L'Académie Françoife remarque dans fon Dic-
tionnaire , qu'on ne dit étrange pour étranger que
dans les phrales fuivantes j Terres étranges , na-
tions étranges , il eft venu d'étrange pays \ tout cela
eft vieux îk hors d ufage.
Ce mot vient de extraneus. '
Etrange , fignifie auftî , Qui n'eft pas connu , ou
fort familier. Les chiens aboient , quand ils voient
venir quelqu'un d'étrange dans la maifon. Je vous
donnerai à manger familièrement J il n'y aura per-
fonne d'étrange ; perfonne que vous ne connoifliez.
Expreffion populaire.
|J3" Etrange , le dit dans un fens figuré de tout ce
qui n'eft pas dans l'ordre &. dans l'ufage commun j
de tout ce qui nous paroît conttaire aux idées, vraies
ou faulFes , que nous nous fommes £iites des cho-
fes j de tout ce qui réunit des circonftances aux-
quelles on ne s'attend pas , & qui ont une appa-
rence de contradidion. Si elles n'étoient que rares ,
elles tormeroient \ejingulier,\ejurprenant. Extraor-
dinarius , injrequens , injolens. Il eft arrivé un étran-
ge accident à ce pauvre homme. Les relations des
Voyageurs nous apprennent des coutumes étranges
& extravagantes. Ce Poète a des vilions , despen-
fécs étranges. L'honneur eft une étrange affaire. La
Font. Le pécheur a un étrange aveuglement. Ces
hommes qui ne favenc que tuer des gens , font
d'étranges gens. M. Scud. L'amour fait faire d'é-
tranges chofss. B. Rab. Nos mœurs plus civilifées
nous font trouver fort étranges les injures féroces Sc
barbares d'Achille &d'Agamemnon dans Homère.
S. EvR. Je trouve étrange que tous les grands hom-
mes étant fatisfaits de vous , il n'y ait que vous feul
qui ne le foyez pas. Voit. Les favoris font jouer
d'étranges relforts pour fe maintenir dans leur
pofte. Bell. On fe trouve quelquefois entre la fri-
ponnerie & l'indigence : étrange fituation ! Tous
les avisallèrenr unanimement j à ne point faire de
réponfe au Bref, à témoigner que le Roi trouvoit
étrange la manière dont on en ufoit à Rome. L'Ab.
RÉGN.
Les Princes font d' étinn^es gens
Heureux qui ne les connaît guère ,
Plus heureux
qui n
en a
que /ail
aire.
Vi
OIT
iTRANGE ,
E T R
Étrange , ou Étranger, fe dic par les Médecins ou
Chirurgiens , quand ils parlcnc de touc ce qui fur
vient au corps de l'animal contre fa nature , loi
qu'il vienne de dehors, loic qu'il s'engendre de
dans : on le dit mieux des corps qui viennent de de
hors , comme d une balle de moulquet , d'un écl.u
de grenade , &c. On ne peut guérir les plaies tandis
qu'il y a des corps ecranacs dedans , des corps itran-
gers. Alicnd j extranea corpora. On met dans les
commencemens des tentes dans les plaies pour taire
fortir les corps ârdnges. Dionis. On tient par leur
moyen une plaie dilatée , quand il s'agit de faire
fortir quelque corps étrange j ou lUie etqaille. Id.
^3" En Chirurgie , comme ailleurs , on doit dire
corps étranger ^ & non point corps étrange , qui ne
fe dit plus.
ÉTRANGEMENT, adv. D'une manière étrange , con-
tre l'ordre tk l'ulage commun j extraordinairemont.
Miruni in moium y \'eh':menter. Cet homme elt etran-
gementw\£ , étrangement co\hïQ , amoureux, bour-
ru. On s'ennuie err^i/î^ewe/îr, quand on n'a que de
i'indiiférence. Ch. de M. L'amour -propre nous
préoccupe étrangement. Nie.
ÉTRANGER, ère. adj. Qui ell d'une autre nation.
Extraneus. Coutumes' , lois , plantes étrangères.
Nous voici tranfportés lut un bord étranger. La
Font. Ce peuple a pallé fous une domination étran-
gère. Cet homme enfeigne les langues étrangères.
La plupart des plantes étrangères ne s accoutument
point chez nous.
Rome j par une loi qui ne fe peut changer ,
N'admet avec fonfang aucun fang étranger.
Rac.
§C? Ce mot eft très-fouvent fubflantif , & figni-
fie celui qui eft né fous une autre domination &
dans un autre pays que celui où il fe trouve. Ho/pes^
alienigena , advena. Voy. Aubain. Les étrangers ne
peuvent tenir offices , bénéfices en France. Ils peu-
vent acquérir, & donner entre vifs; mais ils ne
peuvent point dilpofer de leurs biens par teftament.
Leuts enfans nés dans le Royaume leur fuccédent.
Les étrangers mourant en France donnent lieu au
droit d'aubaine. Les lettres de naturalité s'obtien-
nent par les étrangers pour jouir des privilèges des
régnicolijs. Les Suilfes, les Savoyards, en France,
lie font point réputés étrangers. Les François trai-
tent fort humainement les étrangers. Les jaloufies
fatales au mérite des étrangers cédèrent à la né-
celîité préfente. S. Evr. Un homme de bien n'eft
étranger nulle part. Bouh. Omne folum forti patria
^/?. .
On dit , en termes de Commerce , Vétranger au
fingulier, pour dire, l^sétrangers.W faut faire palFer
cela à l'étranger.
Étranger , fe dit aufli de ceux qui ne font pas de la
mêmemaifon, ou famille. Alienus. Il ne faut pas
que les étrangers foicnt inftruits de nos affaires ,
qu'ils fâchent les fecrets de notre famille. Cet hom-
me a deshérité fes parens pourlailfer (on bien à des
étrangers. Les Romains , par l'adoption , mettoient
des étrangers dans leur famille.
On dit hguf émeut qu'un homme eft étranger A:ins
fa famille, en fon pays, en une fcience, quand il
ne fait point les aftaites de fa inaifoii , les nouvelles
de fon pays j les premiers principes d'une fcience.
HoJ'pes & peregrinus. Touteft en défordre dans ce
monde: les honnêtes gens y font comme en pays
étranger. S. Evr. Dieu veut que nous gémillions
comme étrangers en ce monde. Nrc.
§3"Etranger , fe dit encore des chofes qui font hors
de nous , qui ne font pas narurelles , qui ne con-
viennent point à l'état. Aiïenus , adjciticius , fugatus.
La dilîcrence d'un homme qui fe revêt d'un carac-
tère eVra/2D^er , à lui-même quand il rentre dans le
fien , el^ celle d'un mafque à un vilage. Les oine-
mens font Acsht^wiis étrangères , qui tiennent lieu
des narurelles à ceux qui ne les ont pas. S. Evr.
Tome III.
ETR 915
Dans la plus belle amitié , l'on a befoin des chofes
étrangères c[n\.Q\cntiu le goût du plaifir & le fen-
timent de la joie. Id. Le but des ambitieux n'elt que
de foutenir leur propre foiblelfe par des appuis
étrangers. Nic^ La fcience n'elt point le partage des
femmes j c'ell le parer de beautés étrangères. Monti
Autrefois mon imagmation errante & vagabonde fe
portoit à toutes les choies étrangères : aujourd'hui
monefprit me ramène à moi même. S. Eva. Il faut
écartet tout cet attirail tfrrcz/2^er, pour aller jufqu'à
laperfonne. La Bruy. Sénéque le bande , & s'ani-
me à la vertu , comme h ce lui éccit une choie étran'
gère, S. Evr.
La prudence la plus profonde
Ne /aurait fe pajjer de rejjorts étrangers.
La plus grande v. leur périt dans Les dai^)a^
Si perfùnne ne la féconde. Des-Hovl.
On dit qu'un fait eft étranger à la caufe , pour di-
re , qu'il n'y a aucun rapport.
On du aulli en Chirurgie , qu'il ne faut pas laif-
fer dans les plaies les corps étrangers, f^oye:^
Etrange.
ETRANGER, vieux v. a» Eloigner, chaffer. Amovere ,
fugare.
Et ha defir de fuir le danger
De fon malheur pour tel /«u/ étranger. Mar.
Les mauvais traitemens, la mauvaife chère, étran-
gent les honnêtes gens d'une maifon. LesécorniHeuis
Ion: bien difficiles ^étranger. La fouine a étrange
les pigeons de ce colombier; l'a fait déferrer par les
pigeons.
Etrange, ée. part. paff. & adj. Vieux mot. Éloigné,
écarte. Remotus ^ amandatus , a um -^Jugatus.
Etranger (s* ). Se retirer de quelque lieu , s'en éloi-
gner. Les habiles gens sétrangent d'une alTemblée ,
quand ils voient que les fots s'y mêlent , s'y intro-
duifent. Le gibier s'efl; étrange àe cette plaine. L'Aca-
démie ne lait aucune remarque fur ce mor, &C obferve
feulement qu'on le dit familièrement des perfonnes.
Etranger la mauvaife compagnie de la maifon. Je
ne le crois pas même du ftyle familier parmi les hon-
nêtes gens.
Quelques-uns dérivent étranger de f rages , ou
d'extraneare.
ÉTRANGLEMENT, f. m. Refferrement exceffif. Con-
traclio. Si on ne tait pas l'opération du bubonocèie
dans un étranglement de boyaux , on meurt infailli-
blement. Dionis. Dans les exomphales il arrive
quelquefois des étranglemcns qui caufent la mort.
Id. Etranglement ne fe dit point dans le fens propre^
en parlant d'une fuffocation qui arrive, parce que les
conduits de la refpiration font bouchés.
fer Je fuis fâché que l'ufige n'ait pas adopté ce
mot dans le fens propre pour l'aétion d'étrangler;
c'eft-à-dire , d'ôtsi la vie en comprimant le canal
de la refpiration. Il nous faut des termes pour toutes
les idées que nous avons à exprimer-
Étranglement, fe dit auffi , en termes d'Hif-
toire Naturelle , en parlant de quelques animaux ,
tels que les Abeilles j les Guêpes , les Frelons, les
Araignées , &c. dont le corps eft compofé de plu-
fisurs parties unies par un filet très-délié, qui fe
nomme étranglement. Pars arclior , angullior ,arcla-
ta , fauces. Le corps de l'Abeille eft divifé par deux
étranglemcns en trois portions , la tête, la poitrine
& le ventre. Pluche. Ces deux parties ( la tête &- le
ventre des Araignées ) tiennent enfemble par un
étranglement fort petit. Homb. Mém. de tAcad..
. 1707- . .
ETRANGLER, v. a. Suffoquer, ôrer la vie en bou-
chant ou en comprimant le canal de la refpiration.
Strangulare , fuffocare. On condamne certains cri-
minels à être pendus & étranglés , tant que more
s'enfuive. Je Vétranclerois de mes mains , fi elle
avoic forfait X fon honneur. Mol. Un Empereur
T. LZZZ
9i4 E T R
s étrangla d'un pépin. Bens. Le Sénateur Fabius fut
ccrangli: à' an. cheveu en buvant du lait. Ce morceau
l'a étranglé. Une apoplexie l'a étranglé.
Ce mot vient du L3.unjlrangulare , qui lignifie le
même.
ÉTRANGLER,(s')fe dit fouvent en une lignification plus
étendue; pour dire, perdre la relpiiation à force
de crier. C'ell une aacriâtre qui s'étrangle à force de
crier.
On dit figurément j qu'on étrangle de foif j quand
on a le gofier fi fec, qu'on a de la peine à lelpirer.
Et dans ce fens il eil neutre ; comme il l'eft auffi ,
quand on dit , fecourez-moi j ]' étrangle.
Étrangler, fignifie aulli , Serrer , prelfer quelque
partie du corps. Comprïmere , opprimere , arclare.
Voilà un col de chemife qui m étrangle \ qui me
ferHî trop , qui m'empêche de refpirer à mon aife.
On le dit aulli des habits. Ces manches font trop
étranglées y font trop étroites.
Étrangler , Terme d'Artificier, C'eft rétrécir l'ori-
fice d'un cartouche en le ferrant d'une ficelle , com-
me le cou avec une cravate,
Étrangler les baftions. Terme de guerre : c'eft en
faifant une ronde ne pas parcourir un baftion tout
entier j mais palfer feulement fur la gorge du baf-
tion. Compendium faccre. Il faut que les Officiers
qui font la ronde , portent du teu , ion mèche
allumée j ou un fallot , qu'ils marchent fur la ban-
quette , dans les faulfes braies & dans tous les en-
droits néceffaires , fans étrangler les baftions , c'eft-
à-dire , fans prendre le plus court par la gorge , mais
les parcourir le long des faces jufqu'aux angles fail
lans \ d'où l'on peut mieux écouter le bruit & dé-
couvrir dans les dehors. Bombelles.
OnditaulTij Etrangler \xn(^c\ pour dire, Fer-
mer fon ouverture en la liant avec une corde bien
ferrée. Ocdudere. Etrangler une f ufée ; pour dire ,
la ferrer fortement du côté où l'on met le feu , afin
qu'elle s'élève & monte plus haut. On dit aufli pat
imprécation , Que la pefte vous étrangle y pour di-
re , vous faififie - vous fafte mourir.
gcr On dit figurément , étrangler \ix\& affaire,
la juger à la hâte , fans l'avoir fuffifamment exa-
minée.
On dit aulîi , qu'un bâtiment eft trop étranglé ,
quand il a peu de face fur la rue , quand les ailes
en font trop refterrées , & généralement de tout ce
qui n'a pas une largeur convenable Se proportion-
née. En ce fens on le dit des habits : ces manches
font trop étranglées , font trop étroites. On le du
aulH des difcours qui n'ont pas toute l'étenduecon-
venable. Cetexorde^ ceraifonnementefttrop étran-
glé. Le livreferoitbonh les matières y étoient moins
étranglées.
On dit proverbialement , par imprécation , que
ce morceau m'étrangle , ou me piulfe étrangler ,
■ fi j'ai fait telle chofe. Cette exprellion vient de ce
qu'autrefois , quand quelqu'un étoit .iccufé de vol,
s'il n'y avoit pas de preuves contre lui j on lui fai-
foit avaler un morceau de pain d'orge fans levain ,
& un morceau de fromage de brebis fait du lait du
mois de Mai : ces morceaux pefoient chacun neuf
deniers , & étoient bénis pendant la Melfe après
l'oraifon qu'on appelle fecrète. Si l'accufé ne pou-
voir avaler ces morceaux j il étoit réputé coupable &
convaincu du crime.
Étranglé , ke. part.
ÉTR.ANGU1LLON. f m. Terme de Maréchalerie.
Maladie qui , dans les chevaux, eft précifément la
même chofe que celle que nous appelons efquinan-
cie dans l'homme.
Ce mot vient de flranguillo , qu'on a dit dans la
bafte Latinité dans le même fens.
On appelle des poires A'étranguillon , (îrangulan-
tlapyra _, celles qui ont un goût fort acide , & re-
vcche , qui ofFenfe la gorge , & qui femble étran-
gler , quand on les avale. On y eft trompé , parce
qu'à leur couleur on les croit mûres & en état d'ê-
tre mangées. Qut cum pulchrkudine & rubro colore ,
ET R
& luteo , quafi muturitatis indice , prdcereuntes in-
vitent ad carptum , manfa tarnen tanta difplicent acer-
bitate _, ut deyorari nequeant , fed morfa protinus
refpuantur , dit Charles Etienne dans fon Semina-
rium.
ETRAPE. f. f. Petit inftrument de fer qui fert à cou-
per i^c fcier le chaume , qu'on appelle autrement
Jauciilon. Secula. On dit aufli étraper le chaume ;
pour dire, le fcier, le couper avec une écrape. Agrum
Jicdire. Pomey.
ÉTRAQUE. f. f. Tetmede Marine. C'eft la largeur du
bordage.
ÉTRASSE. f. f. Efpèce de bourre de foie, que l'on
nomme autrement Cardafte.
ETRAVE ji:rj72re, Etuhle , Etablure, Capion de proue.
Rota , prorte, caput. C'eft une courbe de charpente ,
qui s'ente au bout delà quille d'un vailfeau , du cô-
té du devant , pour faire la proue. Elle eft élevée
jufqu'audeilus du deuxième pont. Elle le fait ordi-
.nairement de deux pièces y & celle qui fert d'allon-
ge s'appelle hriou.
Contre-Etr.4ve. Pièce de bois courbe qui lie par le
dedans du vaiffeau Xétrave avec la quille.
ÊTRE. f. m. Qui exifte réellement.^ jÈ«j. Il fe dit par
excellence de Dieu 3 qui ett un Etre incréé & indé-
pendant , qui fubfifte par lui-même. Ens àfe. L'E-
criture dit j pour le définir , qu'il e/? celui qui e(l.
Les plus épurés d'entre les payens concevoient un
Etre immatériel qui a animé toute la machine du
monde. Les hommes éclairés par la nature , & inf-
rruits par le fentiment intérieur de leur foiblelîèj
font d accord à fe foumettre à quelque Être fupé-
rieur , & difconviennent fur l'idée qu'ils s'en for-
ment. Epicure trouvoit que ces Dieux oififs , ces
êtres impuilfans , dont il n'avoit rien à craindre , ni
à efperer , ne meritoient pas la peine de fon culte.
S. Evjr..
Comme tu ne veux pas te foumettre à fa loi ^
Tune peux te réfoudre à croire un premier Être.
L'Ab. Té tu.
Quel bonheur accompagne une vieillejfe extrême !
Toujours à charge aux jiens , S^ fouvent à foi même^
Comme un être inutile on eji mis en oubli.
Ce mot vient du Latin ens.
Être , fe dit aufti par participation , des corps & des
efprits créés. Vétre en général eft l'objet de la Méta-
phyfique. Les Anges font des êtres purs & incor-
porels. L'objet de la Phyfique comprend tous les
êtres ôc fubftances corporelles. Un Chrétien doit
toujours confidérer fon être , fa baftefte , fes infir-
mités.
Êtrej fe dit quelquefois pour exiftence. C'eft Dieu
qui nous a donné l'être.
Être de raifon j ens rationis _, figmentum mentis ^ en
termes de Logique , eft un être qui ne fubfifte que
dans l'imagination qui le forme \ qui eft oppofé à
être réel. Les Univerfaux font des êtres de raifon ,
Les Pédans multiplient fort les êtres de raifon , Se
forgent mille chimères qui font de purs êtres de
raifon , qui ne font point dans l'être des chofes.
Il ne faut point multiplier les êtres fans necef-
fité.
On dit , le non - être ; pour dire , le néanr.
ÊTRE. E(fe , fare. Verbe fubftantif & auxiliaire ,
qui fert en Grammaire à laconjugaifon de tous les
verbes pallifs ; qui exprime ou féparément , ou con-
jointement avec eux la manière d'exifter & de pâ-
tir , &c qui par conféquent a une infinité de fignifi-
cations , & plufieurs inflexions ou manières de fe
conjuger j dont on verra les principales dans les
phrafes fui vantes. Voici comme il fe conjuge : Je
fuis , tu es J il eJi jy nous fommes , vous êtes , ils font ^
J'étois , je fus J j'ai été , je ferai , que je fois , que
jefuffe, je ferois , que j'aie été , j'aurai été. Il faut
remarquer que je fus fignifie quelquefois ] allai :
, mais i'ufage ne l'a admis que dans la converfation.
E T R
Dans les autres langues le verbe être fert de verbe
auxiliaire à lui-mênse. Les Italiens à\ii:nt fo no, Jia-
to: il n'y a que les Walons qui dilent en François /«
fuis été , au lieu de j'ai ctc : c'ell une traducbiun du
Flamand. Le verbe auxiliaire ctre. prend quelque-
rois la place du verbe avoir. Ils (ejbnc connus : on
ne peut point rendre raifort de cet ufage ; car les
Allemands , qui ont introduit les verbes auxiliaires
ne s'en iervenc point en cette rencontre. Gram.
RAI. Ceux qui s'attachent à la pureté de la langue
ne demeurent point d'accord que ces mots écanc ,
oa ayant , puillent être quelquefois parcicipes, en
ïortequ'ils puillentrecevoirune^au pluriel: comme,
les foldats écans iur le point : il ell toujours géron-
dif, & il faut dire les ioldats étant. Puifqu'il ne
pourroit pas être participe adjedrii: au féminin,
pour dire , je l'ai trouvée ayante j il ne doit pas l'f-
tre non plus au pluriel du malculin. Corn. Il hiut
dire , zt font eux qui ont vaincu, & non pas ceft
eux. Mrs de l'Ac. Mais l'ufage paroît contraire ,
puifque l'on trouve dans de bons Auteurs c]ue ce
verbe fe conlhuit au finsiulier quand il eft précédé
do pronom et; , quoiqu'il fuive un pluriel. C'^/ là
lesraifons qu'il apportoit.
Le P. Bùubours a remarqué qu'on die également
bien en François j ccji i vous à taire cela , & ccji
à vous de lairecela.
C'd'tou là les motifs dont notre Saint animoit fj
mortilication ik' fa patience. P. Vhrj.
Être, fendit premièrement de ce qui exifte réelle-
ment. Etre en vie , en fanté. Il y a eudes Philofo- j
piles qui ont cru que le monde étoit de toute éter-
nité. Je penfe , donc je/uis , ell une conclufionbien
froide & bien languiflante. S. Evr.
fCr On met quelquefois le pronom ce devancée
verbe , pour démontrer. Ce/? lui. Quelquefois après
pour interroger. Q^aejl- ce ? Et pour réfumer. W^ullî
vfl-ce.
Le défefpoir le dévore ;
Contre lui-mcme irrité ,
Il fe maudit^ il déplore
Le malheur d'avoiï été.
Nouv. CHOIX DE Vers.
Ûefl-là de Mantjufer F héroïque vifage ,
C'efl là fon air f grand , & fi noble &fifage j
C'efi: toutce qu'il nous laiffe après avoir été.
Mlle De Scudery.
Être , fe dit auffi de ce qui marque quelque domina-
tion ) ou propriété. Tout efi en la main de Dieu.
Les plus hautes montagnes font au Seigneur. Port-
R. Tout ce que je polféde efi à moi , & rien à la for-
tune. S. EvR. Ce Prince eft un Roi pulifant. Un
Stoique doit être maître de fes pallions. Cet homme
efi à foi , pour dire , il n'a point de maître ni de
femme. On dit en Fauconnerie, qu'un oifeau efi à
foi ; pour dire , qu'il efi en liberté ^ qu'il n'a point
été pris pat des Fauconniers. Cette maifon va être à
moi , j'en aurai la propriété. Ceft un malheur d'être
à autrui j d'être obligé à fervir. Je fuis tout à vous.
Cela nefi pas de votre jurifdidion , de votre compé-
tence.
Être j embralTer le parti de quelqu'un , le défendre ,
le protéger. Si tu la regardes , ta feras pour elle.
Voit. Si le Seigneur e/? pour moi, je ne craindrai
rien. Si Dieu efi pour nous , dit Saint Paul ,
qui fera contre nous ? On trouvera mieux fon
compte d'être à Dieu. Abb. de la Tr.
Selon les âges &les temps
Leur crédit tombe , ou bien augmente.
7'étois pour Ovide à quin-;^e ans \
Mais je Ç\x\spour Horace à trente.
P. Du Cerc.
ÊrRE , avec la particule de ^ fignifie l'état , le parti ^
la condition dont l'on eft, la part que l'on a à une
E T R 91J
afbire à une adion , &c. Cefi un homme du grand
monde , un homme de la Cour , un homme d'é-
pée, un homme de robe. Cette Damée// de toutes
les compagnies , de toutes les parties de divertilfe-
mens. Cette jeune perfonne eft fort retirée , elle ne
veut êtredQ rien ^ c'cft-à-due, d'aucun divertilfe-
ment. Ce Marchand ejl de la Compagnie des Indes.
Il ^y/ de cette affaire j de ce traité , de cet embarque-
rnent. ïy fuis ,oa] enfuis '^omi mille écus. J'ai avan-
cé ou donné mille tcus pour cette affaire. J'y yiij,
ou j'en Jiiis pour mon argent , pour ma tabatière ,
c'eft-à-dire , j'y perds mon argent , ma tabatière.
Etre de tout , c'eft avoir part à tout ce qui fe fait.
N'erre de rien , n'y avoir aucune part. Le mieux
qu'on puiffe faire dans un temps d'iniquité eft de
n'erre de rien j & de faire fon principal de fe ca-
cher dans le fecret de la face de Dieu , pour y trou-
ver cette paix fainte j, &: ce facré repos qui ne fe
rencontre point dans l'agitation & dans les affaires
de ce monde. Abb. de la Tr.
Être , fe dit audià l'égard de l'état des chofes , de
la manière d'exifter. On le dit dans tous les feus ,
le phyfique , le moral , le naturel, le figuré. On le
dit des diipofitions du corps , de celles de lame ,
des événemens libres, & de ceux qui ne le font pas,
des biens , des charges , de la fortune , des états
de la vie , &cc. Etre content. Etre heureux. Etre en
échec. Etre en faveur , en fortune. Etre en chance.
Etre en pouvoir. Etre aux abois. Etre bon pour une
telle lomme.£fre couché fur l'état. Etre en pbfture.
Etre en fentinelle. Etre à couvert de l'orage. Etre en
fanté, en bon point. Etre furie bon pied. Etre en
charge. Etre endormi. £Vre debout. Il eft fi naturel &C
fi ordinaire à d'être dans l'erreur. Mad. Da-
cier.
Vous êtes aujourd'hui ce qu'autrefois je fus.
Corn.
Je fuis ce que ]efuis. Il faut prendre les gens pour
ce qu'ils font. Ne regardons pas tant le monde
comme il devroit être , que comme il efi. S. Evr,
Dis-moi qui tu vois , & je te dirai qui tu es. S. Evr,
L'Auteur de la nature n'a pas voulu que nous puif-
fions bien connoître ce que nous fomnies. S. Evr.
On fonge plus à paroître ce que l'on n'e/?pas , qu'à
être ce que l'on veut paioître. Id.
Être , fe dit auflî pour, confifter. Efie j fitum efie. La
félicité efi dans le goût, &c non pas dans les chofes.
Rochef.
De? Être , fert encore à comparer , à marquer la
conformité des chofes. Il en efi des peintres com-
me des Poètes, ils ont toujours eu la liberté de fein-
dre. Picloribus atque Poetis femper fuit aqua po-
t efi as.
Être, fignifie auflî , arriver, s'enfuivre. Sequi , con-
tingere ,fieri. Quand il l'auroitmal traité, qu'en/e-
roit-il ? Il l'a étendu prefque mort fur la place , &c
il n'en a rien été. Il en fera tout ce qu'il plaira à
Dieu j mais je veux me fatisfaire.
Être , s'emploie aufli fort fouvent pour marquer
l'origine d'une chofe , le lieu d'où elle part, l'Au-
teur qui l'a faite , de quelle profellion on eft. Ce
vin efi de Bourgogne , de Champagne. Ce livre efi
delà Bibliothèque du Roi. Ce tableau e/? du Pouf-
fin , du Titien. Ces vorsfont de Corneille , de Raci-
ne , de Molière. Ile/?d'Eglifej ile/?d'épée, iley?de
robe.
Être , fe dit auili en parlant de la matière , des par-
ties intégrantes d'un tout , ou de fa nature , ëc des
paitis difïérens. Cette ftatue c/?d'or, d'argent, de
pierre, de bois. Ce tableau efi de la main d'un
grand Maître. Vous êtes des nôtres. Cette terre efi
de mbn lot. Le corps ik \'':ime font les parties inté-
grantes de l'animal. Il efi des gens de toutes fortes
d'humeurs , de génies. Cela efi de fes manières,
de fon ftyle. Cette perle cfl Orientale. Il efi mon
ami J mon afibcié , il efi en part dans toutes mes af-
faires. C'e/Z un homme qui eft tout en Dieu, qui
Z z z z z ij
^i6 E T R
^Ji tout fpirituel. En voulez- vous ecref On fous- en-'
tend de cette atîaue. 11 pouiroi: bien ticre complice
de ce cnme. ttre d'un corps , d'une compagnie. Il
faut tv/e toujours pour la raiion. Ils Jo/u aux
mains , aux prifes. Ils Jie font ni bien ni mal en-
^ femble.
£tre , fe dit auffi à l'égaiil des temps &c des lieux.
Etre en place. i;rre en palle. Il va bien;ôt ccre nuit.
Cet Otiicier va être de jour. Il ne hmt pas <:tre tout
le jour à s'habiller. On Juc tout le jour à monter &
à dcfcendre. Ablanc. N'cVre ni dehors , ni dedans.
Etre aux écoutes. Il n'en eji pas ou il croit ccre. Ce
Courrier ne fauroit <-crt loin. Ce n'c'/V plus le
temps j cela croit" bon autretois. Ce fruity^rj mur
au mois d'Août. Il ell au logis, il cji en pèleri-
nage. Js/irai demain à voire lever. En écts-vous
là logé ? Etes -vous de cette opinion ? Vous n'f-
tds pas dans fon fencimenc , vous en tces à cent pi-
ques. Où en eji-on de la Comédie ? On fait tant de
bruit, qu'on ne fait où Ton en 4/?. Après avoir bien
chicané, nous enjbmmes i recommencer. Il «r en
■demeure de payer. Il c/r'enmain pour recevoir la
balle.
§3" On s'en fett encore pour marquer le point ,
l'état d'une affaire. Où en elt votre procèsPj'en fuis à
faire nommer mon Rapporteur
|!3° On dit d'un homme troublé , qui ne fait que
faire , qu'i/ ne fait où il en efl. Et quand 0.1 ell té
moin de quelque événement malheureux , de quel-
que grand déîbrdre ; he où enfommes-nous !
-|tT Le bien Être. f. m. fignitîe tigurément les aifes,
les commodités , les plaifus de la vie.
||C? On dit à un homme qui devine , qui com-
prend ce qu'on lui dit, vous y êtes. Rem acu tetigijti:
& dans un fens contraire , vous n'y c:es pas.
§Cr Être , dans les temps où ce verbe prend l'auxi-
liaire , eft quelquefois aulli fynonyme dialkr. J'ai
^té à Rome j pour dire qu'on y ell allé , & qu'on
en eft' revenu. Il eft allé à Rome , pour marquer
qu'il n'eft pas encore de retour.
tfT Dans la converfation , j'aurois /re vous voir ,
ou je ferois allé vous voir. Je jus , ou j'allai hier à
l'Opéra.
§^7" Être d'une AfiTemblée , d'un Concile. Y allîfter ,
s'y trouver.
Etre , fe dit aufll pour , affirmer , ou nier. Cette ma-
jeure cjl vraie , ou ç/? faulle. Il efl impofîible
qu'une chûfeyc>/>^&: n&foic pas. L'Evangile, en dé-
fendant de jurer, veut qu'ondife feulement , ceh
e/?, ou, cela n'e/? pas ; tout ce qu'on dit au-delà
e/? vicieux , Saint Matthieu , 5. 37. Cela n'e// pas,
ne. fut jamais. Cela ne peut pas ttre. Ce mariage eii
rompu , il n'en fera jamais rien. Il Qnferu ce qu'il
pourra. '
Être , fe prend auffi quelquefois pour , il faut , on
doit. Il esti craindre qu'il n'autorife les maximes du
Cardinal. LaRochef. Cestz. vousà lairecela j pour
dire , vous devez faire cela-
On dit quelquefois, ri était que, pour_/7ce n'étoit
que.W eft vieux.
Tourne^ fur moi les yeux , ces yeux tant adorables.
Ces ^eux que l'on pourrait nommer incomparables,
N étoit que l'un à l'autre on peut les comparer.
POEME DE CaRT.
fer Etre, le ditauflîimperfonnellement. Ile^r jour, il
est nuit. Il esc à prélumer j Sec. On peut préfu-
nier.
UCr II nesc pas en moi de fliire cela , il n'eft pas
en mon pouvoir , ou dans mon caradère.
ffT Dans le ftyle foutenu , il fe dit pour il y a.
Il eftttès-peude gensqui étudient leurlang*ie.
Être rien. Il ne m'e^rrien , je ne \\x\fuis tien. Cela
veut dite: Il n'e/? point mon parent ; je ne fuis point
fon parent. Quoi ? vous croyiez qu'un tel étoit mon
coulln ? 'Vous vous trompiez , il ne m'ecoit rien , il
il ne me fuc jamais rien.
ETR
Ex te clens fier j & louanges retiens
D'un pciejeuu , qui pour yr^ù ne r'eft rien.
Marot,
Être à quelqu'un. C'eft écre vaincu , être pris , ne
pouvoir lui rcliller. Vicium e\je. Un Capitaine dit
a ies loldats, en avançant contre 1 ennemi : coura-
ge , camarades , ûifoncï nous.
Ils font à nous , die- il , le Ciel les a livres ,
Ces ennemis, de meurtre ô' d'orgueil enivrés,
P. LE Moine.
QZT Être , Exister , Subsister , confidérés dans une
(îgnihcation fynonyme. ttre j dit M. l'Abbé Gi-
rard , convient à toutes fortes de fujets , fuhftan-
ces ou modes & A toutes les manières d'à/e, foit
réelles j foit qualihcatives ou relatives. Exijler ne
fe dit que des fubftances , tk. feulement pour en
marquer l'ctre réel. Subfijfer s'applique également
aux lubftances & aux modes \ mais avec un rapport
à la durée de leur être que n'expriment pas les deux
autres mots. On dit des qualités , des formes , des
aélions , de l'arrangement , du mouvement , & de
tous les différens rapporrs , c\\.\\\s fonc. De tous les
êties réels qu'ils exittent : des états , des ouvrages,
des affaires , des Lois i?c de tous les établillemens ,
c[\x As fubjijlent.
fjcr Le verbe être fert ordinairement à marquer
l'événement de qu-^lque modification ou propriété
dans le fujet. Celui d'exi/ler n'eft d'uiage que pour
exprimer l'événement de k hmple exiftence j &
l'on emploie celui de fubjîjlcr , pout défigner un
événement de durée qui répond .à cette exiftence
ou à cette modification. Aind l'on dit que l'homme
e/3inconftant \ que le phœnix n'exijle pas j que touc
ce qui eft d'établiirement \inn\3.\nnQ fubjijie qu'un
temps.
§fT Soit, troidème perfonne du fubjonéfif du
verbe être , s'emploie pour accorder _, confentir.
Vous le voulez, hé hicnjoit. Per me licct. Par ma-
nièie de fouhait , on dit ainfiyjir-il. ^/^t/z, adv.
Hébreu.
^fT C'eft quelquefois une conjonction. Sive.Voy,
Soit.
Être, fe dit proverbialement en ces phrafes , Il faut
ttre tout un , ou tour autre ; c'eft-à-dire j S'atta-
cher fortement à un parti. Il faut être Marchand ,
ou larron. On ne peut pas i.'r/e & avoir été:, pouc
A\ïQ,êcre vieux & jeune tout enfemble. Ondit auflî.
Quand on ejl bien , il faut s'y tenir. Il efi de tous
bons accords. Entre amis tout eft commun. Il faut
lailfer le monde comme il ejî. Vous êces bon de
vous arrêter à ces bagatelles , &c. Oi\ dit en com-
mun proverbe , quand on y efl , on y e/?; & vous
n'y êtes pas , à celui qui ne touche pas au point de
la difficulté.
ETRECHI. Nom propre de différens lieux en France.
Stripiniacum. Il y a Etrechi fur la Juine j entre Bon-
nes & Etampes , fur les confins du Diocèfe de
Paris & celui de Sens. Il y .^.Etrechi en Berri , à cinq
ou lix lieues au levant de Bourges.
EJirechi s'eft fait du Latin Stripiniacum , par cor-
ruption & abréviation de ce mot Latin , &en chan-
geant le p, en ch , de même que dans Ache du
Larin Apium , Gamache de Gamapium j Attichi
à' Attipidcum , échine àefpina. De plus , aux mots
Latins qui commencent par un s , fuivie d'une autre
confonne, nous avons ajouté une au commence-
ment , Spiritus , efprit , fpina , efpine , Strena ,
eftrennes,ytT(5/ù/<« J efcrouelles , fpada , épée, &c.
j'jdr. Valef. Notij. G ail. p. ^51.
ÈTRÉCIR, V. a. Ôter de la largeur , rendre plus
étroit. Coarclare , conflringere. Il eft plus aifé
àétrécir des habits que de les élargir. Etrécir un
chemin.
Etrécir. v. récip. Tenir plus étroit. La toile rétrécit
à la première Ififlive. Le cuir s'c'fr/aV, feraccourcit
ET R
paiîa l'éciierefic. La rue en cet endioic va en s'd'cre-
ajjant.
êfT Etrecir un cheval. Terme de Mincge. C'ell en
relFerrer la pille , le ramener mlenliblemenc lur un
terrein moins érendu tjue celui qu'il parcouroic.
:^CT s'ErREciR , fe dit du cheval qui ne va pas allL-z
large, qui en le rellerranc lui-même s approche
trop près du centre de la voke^ & faulî'e aiali ks
lignes qu'il devroic décrire.
EniEcia, le du rigurémenc. Si on ne furmonce cer
cloignement , & ce dcgou: qu'il eft facile à tout le
monde de concevoir de routes les choies qui pa-
roiirenc un peu lubriles cs: Icolaltiques, on ecrtcu
inienliblemenc Ion elpric , & on le rend incapable
de comprendre ce qui ne le connoîc que par l'en-
chaînement de pluheurs propofirions. Log. 11 fem-
ble que ijs tètes des plus grands hommes s'cY/c-
C{//t;«rlorrqu'elle3 fontairemblées j& que là oii il y a
plus delages, il y ait monis de lagelie: les grands
corps s'attachent toujours li fore aux minuties , que
l'elientiel ne va jamais qu'après. Monthsq.
ÉTRECl , lE. part, .iv: adj. Ou Gange dit que dans l.i
balFe Latinité on a dit cjlrcdacus j pour dire, arclu-
ais j écréci.
ÉTRECISSEMENT. f. m. Action par laquelle on ctré-
cir. Coarclaùj , coiitraclio. Vàirccijjhnc.it du canal de
la rivière par les quais laïc remonter l'eau , peut
caufer des inondations.
ÉTRECiSSURE. T. F. Action par laquelle on étrécic ,
ou piutôr état de ce qui ell étréci. Coarciacura. L'é-
tiectijure de cer habir e'.t nécellaire. /ùrcdffurc de
terre, ferr^Jauccs , imguj. , angujlit. Etrccijjurc de
cxur. PoMEY. Ce mot n elt plus d'ufage.
ÉEREIGNOIRS. f. m. Ce font den.x morceaux de bois
percés de plufieurs trous , joints avec des chevilles.
Ils fervent au mjme ulage que le fergenc , peur
emboîter des portes, ou autres chofes.
ÉTREIN. f m. ^r-wKe/z. Foarre ou paille fourragée ,
qu oa met fous le ventre des chevaux pour leur fei-
vir de litière. Il n'ell pas d'ufage.
Ce mot vient du L:ii.\nftramtii , lignifiant la même
choie.
ÉTREINDRE. v. a. J'crnins , fétrclgnois , fécreignls ,
j'ai étreinc, fctrcinlrai , qm j'ecreignc , feCiiidro/s,
quefécreignijfe. Serrer lorcemenr. Conjbingcre, flrin-
gere. Hercule tua Antée en ïcircignant lortenient
On étreint , on ferre les nœuds, les cordes avec un
garrot. On le dit particulièrement de ce qu'on ferre
en \^dknx..Eireindrc une gerbe , un fagot.
Ce mot vient Aajhingere. M en.
Etreindre , fe dirfigurément en Morale. Con/un^cre ,
uriire. Cette double alliance a étrdnt l'amitié de ces
deux familles. L'intérêt commun eVei«r les nœuds de
la fociété. Saint Paul du que la charité de J. C.
nous eVreiwf.
On dit proverbialement, qui trop enibralfe, mil
étreïnt\ pour dire , qu'il ne faut pas faire plufieurs
entrepriies à la fois. On dit auffi , Plus il gcle , plus
il étreint \ pour dire. Plus un mal continue, &
plus on en eft accablé , plus il eit difficile de le
lupporter.
IP" ÉTREINT , tiNTE. part.
ÉTREINTE, f. f. Action par laquelle on ferre, on
étreint. Serrement. ConJlncUo , conlhiclura. On s'en
ferttantau propre qu'au hgmLVitreinte de ce ballot
croit trop lâ;he. Vàreinte des Amans eft bien plus
forte que celle des amis ; mais elle dure moins. On
lui a donné deux ou trois c'creintes de corde ; pour
dire , des coups de fouet. Etreinte de ceinture , &c.
Jffriclona yfibula. PoMEY.Ce mot eft vieux & hors
d'ufage.
§a-ETRENNE. f f. Préfens que l'on fe fait le pre-
mier jour de l'année. Xen}.2 , Jhena. Dans ce fens ,
on fe fert ordinairement 'de ce mot au pluriel.
Donner , recevoir des étrennes. Les Poètes donnent
des vers pour étrennes,
Cy gît dcjfous ce marbre blanc
Le plus avare homme de Rennes ,
E T R 917
Qui mourut tout exprès le dernier jour de C an
De peur de donner Us étrennes.
Après tant de cruelle % peines ,
Q«e vos rigueurs m' ont fait /ouvrir ,
S'il Jaut vous donner des éttewnes j
C'ejé un cœur qui s'en vu mourir.
itr Ce mot vient du Latin Strenx , qui lignifie la
même chofe, & qui a été formé du \nox.Jaemus j
parce que ces préfens Strcnuis vins dabantur.
Oi-i rapporte l'origine des étrennes au temps de
Romulus , &deTatius, Roi des Sablas, qui ré-
gnèrent enlemble dans la ville de Rome , l'an 7. de la
fondation. On dit que Tatius ayant reçu comme un
bon augure j des branches coupées dans un bois
conlacré à la Déelfe Sirenua, Déelfe de la Force ,
& qu'on lui prélenta le premier jour de l'an , au-
torifa cette coutume dans la fuite , &. donna le nom
dsjiren^ à ces préfens , à caule de cette Déelfe , qui
prélida depuis à la cérémonie des tfr/e««e.f. Les Ro-
mains firent de ce jour-là un jour de Fête, qu'ils
dédièrent au Dieu Janus qu'on repréfentoit avec
deux vifages, comme regardant l'année palfée ifc
celle oii l'on entroit. Ce jour-là on fe fouhaitoit une
heureufe année les uns aux autres. Les préfens or-
dinaires étoient des figues , des dattes de palmier
& du miel ; Se chacun envoyoït ces douceurs à les
amis , pour leur témoigner qu'on leur fouhaitoit
une vie douce (Se agréable. Les figues & les dattes
étoient ordinairement couvertes de feuilles dor ; ce
qui n étou pourtant que le préfenr des perfonnes
moins riches. Les Ciiens j c'eft-à-diie , ceux qui
étoient fous la proteCl:ion des grands , portoienc
ces fortes d' étrennes à leurs patrons , Se y joi-
gnoient quelque pièce d'argent. Sous Augulie , le
peuple, les Chevaliers & las Sénareurs lui préfen-
toient des étrennes , Se lorfqu'il étoit ablent , ils les
portoienc dans le Capicole. L'argent des écenr.es
étoit employé à acheter des ftatucs de quelques Di-
vinités. Tibère défendit par unédit \ss étrennes palFé
le premier jour de l'an , parce que le peuple s'occu-
poic de cette cérémonie pendant huit jours. Cali-
gula déclara au peuple qu'il accepteroic celles qu'on,
lui préfenteroir. Claude fon fuccelleur, détendit
qu'on rimportunât de ces préfens. Cette coutume
le confervi parmi le peuple. Les Grecs empruncc-
rent cet ulage des Romains.
03" Dans les premiers fiècles de l'Eglifc , la cou-
tume il'eiTvoyer des étrennes aux Migiltrats Ik. aux
Empereurs ne lailla pas de s'oblerver. Les Conciles
& les Pères déclamèrent fort contre cet abus. Ils Icj
appclùienc Calendes, du nom général qui lignihoïc
le premier jour du mois j mas l'Eglife n'a pouu
condamné cette coutume depuis que ces être/mes
n'ont plus été que des marques d'amitié & de fou-
milfion , Se que l'on s'eft abftenu des cérémonies
payennes , comme de préfenter de la verveine oïl
de certaines branches d'arbres , de chanter , de
danfer dans les rues. Sec. Mor. qui cite différens
Auteurs.
Ètrenme, chez les Marchands , fe dit figurément de
la première marchantUie qu'ils vendent chaque
jour ; .5: chez les mendians, de la première aumône
qu'ils reçoivent. Un Marchand dit qu'il fait bon
marché, àcaufe que c'eft fon étrenne. Il prend pré-
texte de ne point faire crédit , parce que c'eft fon
étrenne:
Etrenne, fedit aulTi des chofes neuves dont on com-
mence à fe fervir. Vous aurez Xétrenne de ces meu-
bles , de cette chambre. Il a bien plu fm' cet habit
neuf : c'eft fon etrenne \ il a été tout gâté pour fon
étrenne.
On die provcrbialemeet , A bon jour, bonne
étrenne , quand il nous arrive queJque chofe d heu-
reux en un bon jour.
ÉTRENNER. v. a. Donner des étrennes. DareXenia.
J'ai été étrenne par des aubades. Il m'a coûté tant
à étrenner tous ceux qui fon venus me voir.
^1% ETR
On doit des écrennes aux Dieux :
Dès le temps des Romains ^ à ce que dicl'hiftoire.
D'être étrennés ils j aifoient gloire ,
Et par confequent c/'écrenner.
Chei^ les Dieux recevoir ne va point fans donner.
Nouv. CH. DE Vers.
•Étrenner, fighifie auffi , Etre le premier qui achecte
quelque chofe d'un Marchand. Si vous voulez me
faire bon marché , je vous étrennerai. Je ne veux pas
vous laiffer aller j vous métrennere\.
€trenner , le dit auffi du premier ufage que l'on fait
d'une chofe. Cette vaillelle n'a point encore fervi ,
vous Vétrennere^. Ce linge étoit tout neuf, c'eft vous
qui l'avez etrenné.
'Étrenner , eft auffi quelquefois neutre , & fe dit du
premier argent que reçoit un Marchand de fa Mar-
chandife, dans la journée, ou dans la lemaine , &c-
Je n'ai pas encore men«c d'aujourd'hui. Un Mar-
chand eft fort chagrin , quand il palfe des jours en-
tiers fans étrenner.
ÉTRENNE , ÉE. part.
ÊTRES, f. m. pi. fe dit des diverfes parties d'un bâ-
ment , des degrés, des corridors , des détours qui
conduifent à tous fes membres , deleurdifpohtion ,
& de leur (ituation. Domùs partes j loca. Il faut
enfeignec aux nouveaux valets tous les êtres du
logis : ce qui s'entend auffi des lieux où fe mettent
les uftenfiles & provifions.
Quelques-uns en ce fens le dérivent âe Jlrada,
comme qui diroit les rues &c chemins de la maifon.
Mais Du Cange prétend qu'il vient par corruption
du mot d'aùres , ou âtres j qui lîgniiioit foyer ,
étant dérivé du mot Saxon aftrum , qui fignifioit
un foyer , une fournaife , & toute la maifon \ de
forte qu'en favoir les aîtres , c'eft en connoître les
chambres & les foyers.
ÉTRESILLON. f. m. Terme d'Architefture. On ap-
pelle ainfi les pièces de bois qu'on met entre des
ais , ou dolTes j qui font appliquées contre les terres
dont on craint l'éboulement, quand on creufe les
fondemens d'une maifon , ou dans les galeries des
mines. On le dit auffi des pièces de bois qui fe
^mettent entre deux murs, & qui lesétayent réci-
proquement. Fulcimen j fulcrum.
1)3^ ÉTRESILLONNER. v. a. Mettre des étrefiUons,
des pièces de bois qui fervent d'appui ou d'arc-
boutant pour foutenirdes murs qui déverfent , des
terres qui s'éboulent , & en général 3 tout ce qui
a befoin d'être contenu de même. Voye\ Appui ,
Arc-Boutant.
ITF ÉTRESILLONNE , ée. part.
ETRIER. f. m. Appui pour le pied du Cavalier , qui
le tient ferme à cheval , & qui lui aide à monter
en felle. Scanfde , (lapes ,flapeda , ou flaphia. Ce
font des bandes de fer rondes par en haut , & plates
par enbas , qui forment une ouverture pour y paflTer
le pied à l'aife , qui font fufpendues à la felle par
une longe de cuir , & qui font une partie du harnois
du cheval. Il faut pefer fur les êtriers pour arrêter
un cheval. La plus grande adreffe d'un Cavalier
dans un tournoi , étoit de faire perdre les e'triers à
fon adverfaire. En combattant on doit avoir l'é-
trier droit plus court d'un demi point que le
gauche. On appelle les êtriers détroulTés , quand ils
font pendans. Au Manège on appelle chapelet ,
une paire ^êtriers attachés à des êtrivières , que
porte chaque Cavalier tout ajuftés à fon point.
Mathio'.e dit que les Turcs empoifonnent les êtriers
d'un venin fi lubtil , qu'il perce les bottes , & fait
mourir le Cavalier ; & l'on tient qu'Amurat II.
Empereur des Turcs fut empoifonné en 14S0, par
un êtrier d'uns largeur extraordinaire. Les Tartares
font à cheval les jambes doublées & les êtriers ex-
trêmement courts. P. le Comte.
Ce mot vient àejlriparium ,o[x {lrivarium,<\\xon a
fait de flrepa , ou plutôt de fireparia , dont la
bafte Latinité s'eft fervie dans la mêmefignification.
ETR
Strepa a été fait de l'AllemandyZre/, ou du Grec
«5-ç«oij , qu'on trouve dans Suidas & dans Héfi-
chius i mais il lignifie plutôt l'arçon de la felle que
ïêtrier. Mén. Les êtriers ont été appelés autrefois
fautoirs j & la plupart des Savans tiennent qu'ils
font d'invention moderne. Ménage, qui cite Voilius,
dit que Saint Jérôme eft le premier Auteur qui en
ait parlé. On ne voit point à'arier dans les anciennes
ftatues j ni fur les médailles.
§Cr II eft étonnant qu'une invention fi utile , &
même fi nécelfaire , &c fi lacile à imaginer , ait de-
meuré fi long-temps inconnue. On fe jetoit agile-
ment fur le corps d'un cheval ; quelquefois on ac-
coutumoit un cheval à fe baifler fur les jambes de
devant. Ceux que l'âge , la fcibleffie , la grolfeur
rendoient plus pefans , fe fervoient d'un valet pour
y monter. Depuis on fit placer des pierres dans les
chemins pour fervir de montoirs.
§C?Onécrivoit & on prononçoit autrefois étrieu.
§3^ Sur cette importante matière , confultez la
très- longue & très-lavante diffiertationqui fe trouve
dans le Didionnaire Encylopédique au motETRiER.
L'Auteur, tout plein de fon Art , ne lailFe certai-
nement rien à défirer fur les articles qui concernent
l'hippiatrique , & les traite avec toute l'étendue que
M. d'Alembert pouvoir donner aux queftions de la
plus fublime Géométrie.
On. dit figurément & familiairement , qu'on a
fait perdre les êtriers à quelqu'un , ou qu'on l'a mis
hors d'arçon ; pour due , qu'on Ta mis hors de
combat j qu'on l'a déconcerté , qu'on l'a mis en
défordre. On dit aufti , qu'on lui tient \'êtrier^(\mr\à
on lui aide en quelque chofe qu^il a entreprife. On.
dit encore , qu'un homme eft ferme fur les êtriers ;
pour dire , qu'il n'eft pas aifé à ébranler dans fes
réfolutions , fes opinions.
On appelle le pied de Y écrier , le pied gauche du
devant, celui du montoir.
On appelle proverbialement vin de Ve'tier , le der-
nier coup qu'on hoir, quand on eft prêt de monter
à cheval, ou à cheval même. On dit qu'un homme
a toujours le pied à Vêtrier ■, pour dire , eft tou-
jours en voyage j en courfe , ou prêt à fe mettre en
chemin.
Etrier. Terme d'Horlogerie. C'eft une efpècedepont
dont les pieds font parallèles.
Etrier, en termes de Charpenterie , eft une pièce de
fer plate qui accole & embralfe une poutre j ou un
tirant , pour l'attacher plus fermement à un poin-
çon. Il fert audi à airêter les folivcs pofées en baf-
cule , lorfqu'un pan de bois eft en faillie fur une
roue , ou fur une cour. C'eft aufti une bande de fer
en forme de crampon , qui fert à lier une pièce de
bois avec une autre.
Etrier. Terme de Charron. Les êtriers d'une charrue
font deux efpèces d'épars , auxquels on attache les
traits des chevaux ou des bœufs qui tirent la charrue.
Liger.
Etrier, en termer d'Anatomie ,* fe dit d'un petit os
qui eft dans l'oreille intérieure de l'homme auprès
des deux autres qu'on appelle Venclume & le mar-
teau • & il a été ainfi nommé , à caufe de fa figure
triangulaire , qui étoit celle des êtriers à l'antique.
Jean-Philippe Ingrafiias, Sicilien , qui fioriffoit vers
l'an 1546, s'eft acquis quelque réputation pour
avoir trouvé le ttoifième olfelet de l'oreille appelé
Yêtrier.
Etriers, en termes de Marine, ce font de petites
cordes dont on a joint les bouts enfemblç par des
épilfures , & dont on fe (ert pour faire couler quel-
que chofe au haut des mâts , comme une vergue,
ou une voile de perroquet. FunicuLi nautici.
Etrier, eft encore un des chaînons de cadènes de
haubans , que l'on cheville fur une fécond* prpcinte
pour renfoncer les mêmes cadènes.
Etrier , fe dit des choies qui relfemblent à on etrier ,
qui en ont la figure. Ainfi on appelle , Bas à etrier ^
des bas qui n'ont point de pied , Hc qui font cou-
pés en etrier. Daus la Chirurgie on dit que le ban-
ETR
dage rampant j lorfqu'on le pratique à la jambe,
commence par un écrier , parce qu'on palTe le pie-
niier chef par delFus la plante du pied , & qu'on
conduit le bandage en le faifant monter au long
delà cuilFe. fmer, c'eft le nom d'un bandage qui
a la forme d'un écrier, &c qu'on fait à la jambe.
Avec une bande on fait un bandage qu'on ap-
pelle l'écrier, parce qu'il en a la figure. Dionis.
Scanes , edis.
ÉTRIÈRE. f.f.C'efl: une petite bande de cuir pour atta-
cher les étriers à la felle, quand on ne veut pas.qu'ils
pendent. Jambe écrière. yoy. Jamee.
ÉTRIF. f. f. Vieux mot. Querelle , débat de paroles.
Ce mot , dit Nicot , efi prins par niitaphore de ce que
les Chevaliers comhatcantrun cancre l' aucre j advan-
tagencù ajfermijfenc /es pies dans les écrie rs j pour
êcre plus r aides à cheval , & plus mal - aifés à
ahaccre.
ÉTRILLE, f. f. Scrtgilis , flrig'dlum. Efpèce de peigne
de fer qui a plulîeurs rangs de dents en forme de fcie ,
avec lequel on ôte la cralfe , l'orduie , la poullière
qui s'eft attachée à la peau & au poil des chevaux.
On dit , pour méprifer une chofe , qu'elle ne vaut
pas le manche d'une ecrïlle.
ifT Le l'. du Cerceau , dans fon dépit contre le
jeu de Quadrille , dit :
Et quand j'aurais à moi tout l'argent du Pérou j
Je n'y rifquerois pas le manche d'une étrille.
On dit proverbialement , Être logé à Xccrille ,
pour dire , en une hôtellerie où l'on rançonne , où
l'on fait payer trop cher.
Ce mot vient du Latin7?ri^i//i.
ÉTRILLER.v.a.Panferuncheval avec l'étrille, détacher
avec l'étrille , en la faifant palfer à poil >k à contre-
poil, toutes les malpropretés qui ternilfent le poil du
cheval , & nuifent à fa fanté. Scr/gUi defricare.
Étriller, dans un fens figuré, fe dit familièrement
pour battre bien quelqu'un , le rolfet comme il
faut, le fouetter. Muicure , malè h<:berejplagis one-
rare. On a pris un coupeur de bourfe fur le fait , il
a été bien écrillé j bien battu par le peuple. Les
ennemis turent bien ecrihés au temps de cette ba-
taille.
Je vous étrillerai d'un air, &c. Mol. Ha .' je tV-
trillerai fur le ventre & par-tout. Scar. Le Marquis
de Grancey entrant au Louvre avec un habit mal-
propre , & tout couvert depoudière, deux Officiers
lui dirent. Comme vous voilà fait , vous êtes fait
comme un Palefrenier. Oui , leur répondit-il bruf-
quement , tout prêt <à vous bien écriller.
ÈTRiLLER,fe dit audi lorfque l'on a gagné au jeu tout
l'argent de quelqu'un. Ces filoux l'ont furieufement
étrillé.
Étrillé , ée. part.
ÉTRIPPER. V. a. Oter les trippes d'un animal qu'on
cventre , qu'on habille. Evifcerare , inteflina dccra-
here , exenterare. Les Arupifces étrippoient les vic-
times pour en confidérer les entrailles, pour fon-
der leurs divinations.
Ce mot vient de e.vrir/'ar^.
On dit adverbialement , Aller à étrippe cheval ;
pour dire. Outrer un cheval, le pouller à toute
bride j & le prelTer tellement , qu'il femble qu'on
le veuille étripper avec les éperons.
§3° Ce mot eft bas, & préfente l'idée d'une cho-
fe dégoûtante. Comme il a des fynonymes , on peut
dans le difcours lui fubftituer un autre terme.
Étripper. Terme de Cordier. Sécripper fe dit d'un
cordage dont les fîlamens s'échappent de tous côtés.
Étripper, eft aufli un terme de Fleurifte. C'eft, Sé-
parer les feuilles d'une fleur en l'élargifTant. Conca-
minare , difcerpere. Il ne faut point étripper les
fleurs.
ÉTRISTÈ. adj. Terme de Vénerie , ou de Chafle.
Qui fe dit d'un lévrier qui a les jarrets bien faits.
Venacrus efregiis crurihus. Ce mot fe trouve dans le
Didionnaire des Arts de l'Académie Françoife.
ETR c> I p
ETRIVIÈRE. f. f. Courroie par laquelle les étriers
font iufpendus. Lorumfcanjûis , oa Itapedis. Avant
que de monter k cheval, il faut ajufter les étrivières,
les alonger , ou les accourcir.
Ménage dérive ce mot Aq aflrabarium , diminutif
de ajlraba , iignitiant etrier.
Donner les écnvières , c'eft , Châtier , frapper
avec des écnvières, 8c ligmément maltraiter quel-
qu'un d'iine manière humiliante. On du aulli qu'un
homme s'eft lailfc donner li^s écnvures , quand il a
foufterr quelque .affront ^ quelque indignité, lorfque
par fa lâcheté il fe foumet .à tout ce qu'on veut. En
ce fens le mot d'écrivières n'a point de fingulier.
0Cr ETROIT, oiTE. adj. Jrclus , angujlus. Qui a peti
de largeur. Ce terme ne fe difant que par oppofi-
tion à large , ne lignifie rien d'abfolu , non plus que
tous les autres termes relatifs. Ainli nous difons
qu'une chofe e'à.écroice, lorfqu'elle n'a pas la lar-
geur requife pour l'ufage que nous en voulons fai-
re, ou lorfque cette dimenlion n'eft pas audi g^nde
dans cette chofe , que dans une autre à laquelle
nous la comparons. Cette rue eft fort longue , mais
elle eft iio^g étroite. Tantôt on porte du ruban large,
& tantôt ecroic. Les fouliers trop étroits font venir
des cors aux pieds.
Etroit , oite. Terme de Matrone. Les Matrones di-
fent qu'une fille eft étroite , pour dire , qu'elle a en-
core fa virginité. Elles difent dans leurs procès-
verbaux de vifite qu'elles ont trouvé la perfonne
ecroice , &: fans aucune divillon des caroncules myr-
tiformes.
^fT En termes d'Ecriture Sainte , on dit la voie
écroice , le chemin étroit , en parlant du chemin du
Ciel j par oppoiition à la voie large, qui eft le che-
min de la perdition. Combien eft étroit le chemin
qui mène à la vie !
ifl" Etroit, fe prend encore au figuré comme fyno-
nyme d'intime. On dit dans ce fens union , alliance ,
liaifont'V/tî/re. C'eft une c^ro/>e union que celle de
Jefus-Chrift & de fon Eglife , du mari &c de la
femme. La vertu lie les amis d'une amitié plus
étroite. La liaifon de l'ame & du corps eft fi ecroiie,
qu'il eft difficile de féparer leurs plaifirs &c leurs
fouffrances. S. Evr.
%fT On le dit encore par oppofîtion à relâché.
Il y a des Cordeliers, des 13ernardins de ['étroite ob-
fervance ,Jiriclce. obfervantia, , qui obfervent la règle
dans la première rigueur,, dans fa première pureté.
On permet à un Religieux de pallerd'un Ordre dans
un autre , pourvu que la Règle foit plus étroite. Un
Général doit faire obferver une étroite difcipline à
fes Soldats.
ifT Étroit , en termes de Jurifprudence, fe dit dans
le même fens de ce qu'on doit exécuter à la rigueur ,
& avec toutes les formalités. Le Droit diftingue en-
tre les adtions de Droit Etroit , Juris Jlricli , Se
celles de bonne foi. Les Retraits , les Dévoliits , font
desaéfions de Droit Etroit , qui ne fouftrent point
d'extenlion. Les contrats qui peuvent être fujets à
interprétation , donnent lieu aux avions de bonne
foi.
ifT On dit en ftyle didadique , prendre quelque
chofe dans le fens étroit , c'eft-àdite , dans toute la
rigueur de la lettre, dans le fens précis, relTerré, par
oppoiition à un fens plus étendu , plus général.
On dit , en parlant d'un homme , que c'eft un
front étroit , un crâne étroit^ pour dire , qu'ilnian-
que de jugement. On appelle , Génie étroit , efpnt
étroit j un génie , un efprit de petite étendue.
On dit qu'un homme a la confcience étroitecom-
me la manche d'un Cordelier ; pour dire , qu'il a
la confcience large, & qu'il n'eft pas fcrupuleux.
^fT Ce mot vient de (Iriclus , qui iîgnifie la même
chofe. NicoT.
Étroit, en termes de MaaègCj fe dir d'un cheval qui
a les côtes plates , ferrées ou raccourcies , qui a le
flanc retrouiïe, tel que celui d'un lévrier. On l'ap-
pelle aufli ejîrac ou étroit de boyau. On dit aulli ,
Conduire un cheval étroit:, pour dire, lui donner
910 E T R
peu de terreih , & empêcher qu'il ne nurclie large :
quand il a la bouche force, il tauc le conduire eVroi;.
i^uand l'Ecuyer dic eu donnant leçon , li^rge , alors
l'iicolier approche le caloiî de dedans j pour em-
pêcher que le cheval ne lerre trop , 6c ne s'appro-
che trop du cenne de la volce : quand il du ecroïc ,
alors lEcolier approche le talon de dehors , pour
empêcher le cheval de perdre ion cerrein.
Ud" A l'Etroit, adv. Au propre , dans un efpace
étroit. Cette maifon ell petite \ nous fommes loges
trop à l'étroit. Au figuré : être à l'étroit , vivre à
l'étroit , c'efl: être mal à fon aile, n'avoir pas toutes
les commodités de la vie.
Ip- ETRC^ITEMENT , ou A l'étroit, adv. D'une ma-
nière étroite. On le dit dans les mêmes fens qu'étroit.
Striclc , a/iguscè. Logé étroitement, à l'étroit , étroi-
tement unis , intimement. 11 eft ecroitcment déicndii.
Il obferve étroitem.intli. règle , &c.
ÉTROITESSE. f. t- Angustia. Dilpoluion d'une chofe ,
forme, figure qui fait qu'elle eft étroite. Ce mot
fe trouve dans M. Dionis , qui dit , en parlant de
la formation des pierres dans le corps de l'homme ^
la matière de ces tumeurs eft un lue cru diftribué aux
glandes , où il s'embarralle & féjourne à raifon de
X'étroiteJJe du pallage.
|P° Ce terme ne paroîc pas autorifé par l'ufage j
mais il eft commode j & même nécellaire. Il n'a
point de fynonyme ni d'équivalent. Ce n'eft pas la
même chofe c\w'etrécilfement , qui lignihe l'adlion
d'étrécir , ou l'état de ce qu'on ctrecit.
ÉTRON. f. m. Terme populaire j que la politeife
a banni de la converfition. C'eft l'excrément folide
&lié qui fort par la partie poftérieure des animaux,
& particulièrement de l'homme. Stercus Immanum.
Nicot dérive ce mot du Latin stercus ^ d'autres
du Grec , ÎV?»» ou iV^o» , dont Hippocrate fe fert pour
fignifier le bas ventre , en prenant le contenant pour
le contenu. Ménage le dérive de strunclus , dont les
Latins fe font fervis en cette même fignification.
Les Allemands difent aulîî strunt, &c les Flamands
strunt , qui iîgnihe rond , parce que ce mot lignihe
• proprement un excrément dur & rond.
ÉTRONÇONNER. v. a. C'eft un terme de Jardinier,
qui lignifie , Couper entièrement la tête à un arbre,
enforte qu'il ne foie plus que comme un tronçon.
Decdcuminarc. On étronconne les arbres , lorlqu'on
veut les enter en poupée , ou en couronne, y oye\
ces mots.
0Cr On étronconne aullî les arbres dans la vue de
leur faire poulfer de nouvelles branches , lorlque
les anciennes font trop vieilles £i fe portent mal.
L'arbre ainfi bailTé en devient fou vent plus beau.
Cela fe pratique à l'égard des ormes j des châtai-
gniers , des noyers , des abricotiers & quelques au-
tres arbres fruitiers.
ÉTRONCONNE , ée. part. adj. Decacuminatus j de-
truncatus. Si l'arbre étronconne eft en plein air , i!
pourra être difpofé à faire un beau bulifon \ & s'il
eft près de quelques murailles , il pourra être dif-
pofé à faire un bel efpalier. La QurNT. Quand les
murailles font hautes , on y plante des arbres de
tiges pour garnir cette hauteur , & on contraint
leurs JDranches tout de même que celle des arbres
étronconnés. Id.
Ce niot eft dérivé de tronçon , qui vient de trun-
cus , tronc ^ étronçonner , ôter le tronc à un arbre ,
n^en lailTer qu'un petit bout , qu'un tronçon.
fCr M. Du Hamel paroît attacher une autre idée
à ce terme. Etronçonner , dit-il , c'eft couper toutes
les branches d'un arbre , & ne lui conferver que le
tronc.
ÉTROPE, ou ESTROPE. Erfe , ou herfe de pouli.
Terme de Marine. C'eft la corde qui foutient &
ilifpend un moufle de poulie dans le vailfeau. Elle
fert aullî à bander l'arcaffe de la poulie j pour em-
pêcher qu'elle n'éclate. On l'appelle aufli gerfeau.
Etropes , on herjes , font encore des bouts de corde
cpiccs à l'extrémité defquels ont met ordinairement
une cotfe de fer pour accrocher quelque chofe. On
ETR ET V
appelle kerfes, ou étropes d'afût , des herfes avec
des colfes qui font palTées aubout du derrière du fond
de l'artut du canon , où l'on accroche les palans.
ifT ETROPER, ou ESTROPER. Mettre les cordes
aux poulies.
ETROUSoE. f. f. Terme de Pratique ufité dans quel-
ques Provinces. Adjudication de quelques biens faite
en Juftice. ^ttrihutio mcliorem conditionem oQ'erenti.
Il fe dit particulièrement des fruits, de la récolte
d'une année. L'étroujj'e d'un bail judiciaire. On dit
auOî , Vétroujfe des réparations , ou des ouvrages
qu'on publie au rabais. Il eft de grand ufagedans
les Provinces. On le dit moins fonvent à Pans.
Il eft parlé dans quelques chartres d'un droit
nommé étroujje &c mal-étroujje , que ceux qui ont
recueilli du toin dans l'année , ou qui ont des
bœufs J doivent au Seigneur : il confifte en quinze
deniers tournois pour le foin , & douze pour les
bœufs.
ETROUSSER. vieux v. a. Adjuger en Juftice. Attri-
buere. Il s'eft fait etroiijjer cette maifon , ce loyer,
ces fruits à prix raifonnable. Nicot dit que ce mot
fignilie proprement Défempaqueter , délier ce qui
eftenfagoté.
ETRUFFER. vieux v. a. Terme de ChafTe , qui (e dit
d'un chien boiteux quiaunecuilTe qui ne prend plus
de nourriture. Mutilare. Ce chien eft étruffe , eft
inutile.
Etruffé , Ée. part. & adj. Mijwc^j j mutilus , inutilis.
ETRUFFURE. f. f. Skcitas , impotentia , débilitas ,
eft un mal qui vient aux cuilfes des chiens , lorfque
l'une fe féche & ne prend plus de nourriture : ce
qui arrive lorfque le nerf a été foulé par quelque
eltort , ou pour avoir été trop ferré en quelque
palÏÏage.
ETRUN. Nom de lien. Strum. On l'appeloit autre-
fois Stroms. Il eft dans l'.'^rtois , & il y a une Ab-
baye de Bénédidins. Hddr. Valef. Notit. GalU
p. 5^4. Elle fut fondée , ou rétablie en iot)5j par
les foins de l'Evêque Gérard. De Sainte-Marthe.
On dir que ce nom à'EtrunwÏQnt du Lzùnjîruma ,
écrouelles, parce qu'autrefois il y avoir en ce lieu-là
une maifon où l'on mettoit ceux qui étoient attaqués
des écrouelles.
ÉTRURIE. Foyei HÉTRURIE.
E T S.
ETSCHLAND. Petit pays d'Allemagne. Athefinus
ager. Il eft dans le Tirol : on l'appelle autrement
pays de l'Etlch ou de l'Adige , parce qu'il ^"étend le
long de l'Adige. L'Etfchland a bien dix lieues ou
enviroh de long , depuis la fourre de l'Adige juf-
qu'àBolzano j & une lieue de large. La petite ville
de Méran en eftle lieu principal. Davity, Maty,
Corn.
ETSEM. Ville de la Tribu de Simeon, dans la Fa-
leftine. Etfem. Le P. Lubin t<. M. Reland croient
que c'eft la même chofe qu'Afem, Foye^ Jof.
XV. içj. XIX. 3. I. Par. IV. 25^.
E T T.
ETTALCHE. f. m. Arbre étranger, qui s'appelle au-
trement Sangu. Fo\e\ ce mot.
ETTINC. Foye:;^ OTTINC.
ETTRIC. Petite Rivière d'Ecolfe. Ettricus. Elle coule
dans la Tv/edale, baigne Selkirk, Se peu après
fe décharge dans la Twede. Maty.
E T U.
ÉTUDE, f. f. Travail, application d'efprit , foit à
plufieurs fciences en général , foit d quelqu'une en
particulier. S tudium. L'étude de l'Hiftoireeftnécef-
faire à ceux qui gouvernent. L'étude da la Philofo-
phie demande une grande méditation. L'étude de la
Géométrie. L'étude de la Langue Latine eft une
étude ïeche, longue pénible ôc ennuyeufe. Nie.
I.'occcupation
E TU
L'occupation de Xdtude eft un peu trop fonibre. Id.
L'érudti ell la nourrituie la plus lolide de l'efprit.
S. EvR. Il y a des jeux ik des amufemcns qui fati-
guent autant qu'une dcudc Icneufe. CcAn. C'eit
i' étude qui augmente les talens de la natute , c'elt
la conveifation- qui les met en œuvre , & qui les
polit.S. EvR. L'écude immodérée engendre unecralle
dans l'eTprit : il faut que la converlation 1 épure &
le redrelfe. Id. Pourvu qu'en étudiant nous cher-
chions uniquement Dieu , nos études font de bonnes
dévotions. Bouhours-
On dit proverbialement , Etude de jeu , étude de
feu, études de fenêtre ne firent jamais un lavant
Prêtre. C'eft-à-dire , qu'on n'avance ou qu'on n'ap-
prend guère , quand on étudie en jouant j ou en
compagnie de gens qui jouent, en fe chauttant au-
près du feuj & regardant par la fenêtre ce qui Te
palft; dehors, parce que dans toutes ces lituations
on eft trop diftrait j on ne peut avoir l'application
nécelFaire à ïétudc.
03° Etudes j fe dit aulîi des différens exercices def
tinés ' à l'inftrudion de la jeunelfe. Etudes de
droit, de Médecine.
On le dit auiH des connoilTances acquifes avec
application d'efprit. Cet homme a de Xétude^ eft
fans étude \ a fait de bonnes études.
Quand ce mot ie prend pour les exercices pu-
blics qui fe font pour apprendre les lettres, il n'a
point de lîngulier. Il eft allé faire les études à Paris ,
il a fini fes études. Studiorum cunlculum.
Étude , fe dit dans un fens figuré de l'application
d'efprit pour parvenir à quelque choie que ce loit,
& le dit également en bonne & mauvaife part.
Les méchans mettent toute leur érade à faire du
mal ; un chicaneur à ruiner les parties.
La libre vérité fut mon unique étude. Boil.
// mît , à tout blâmer ,fon étude & Ja gloire. Id.
La loi de Jefus- Chrijîfait toute mon étude.
L'Abbé Tétu.
On appelle, Etudes, en matière de Peinture ,
différens delfeins de figures j & elfais que les Pein-
tres font des parties qui doivent entrer dans quel-
que ouvrage. Etudes de Raphaël, de Michel Ange.
Recueil d'études des plus grands Maîtres.
Étude j fignific aulli. Artifice j je ne fai quoi de con-
traint &c de compofé. ^rs ,/ucus , Jimulatio , com-
po/itio. Je hais Xetude des actions ; & un extérieur
compofé eft un piège où les âmes délicates ne tom-
bent point. M. ScuD. L^n ami hncère fe montre
fans étude à fon ami. Vill. Cet homme eft naturel-
lement raifonnable, & ridicule par étude. S.Eyk.
Dans laconverfation ordinaire, comme il ne faut
rien dire avec étude, \\ne faut rien dire aulfi par
hafard. S. Evr. Je crains Vétude des aâiions , beau-
coup plus que la froideur du tempérament. La
fimplicité plaît fans étude, & fans art. Doil.
Étude , fe dit auftî du temps & du lien où l'on étu-
die , foit public , foit particulier. On a mis ce
jeune hohime aux études , au Collège. Il eft en'core
aux études. Il eft toujours dans fon étude , in muf<to y
dans fon cabinet, où il étudie. Pour être Gradué,
il faut avoir un bon ceitificat de fon temps à' étude ^
du quinquennium.
Étude , fe dit abufivement de la falle où un Notaire
travaille. On l'appeloît ci-devant boutique. Se on
l'appelle encore ainfi en Quelques Provinces éloi-
gnées. On le dit auffi de celle d'un Procureur. Il y a
auftl \'étude du Maître , & Vétude des Clercs.
Étude , fe dit auftî de la pratique des Notaires ?c des
Procureurs , des facs , des papiers ôc des minutes qui
y font. Ce Notaire a une bonne étude , il a bien des
minutes. A la mort de ce Procureur on a donné
dix mille francs de fon étude. Il s'eft défait de fon
étude: on a vendu fon étude ^ c'eft-à-dire, fa
pratique.
Tome m.
ETU 9?.i
ETUDIANT, f. m. Qm va au Collège , qui étudie.
Qui dut operarn iatcris. Les bourles font fondées
dans les Collèges pour de pauvies etudians.
^ Etudiant en Uroit , en Médecine , celui qui
prend les leçons d'un Profeireur lur le Droit ou fur
la Médecine. On le dit plus Couvent au pluriel. Il
, y a beaucoup à'etudiuns dans 1 Univerlitc.
ETUDIE, f. f. Vieux mot. Soin , étude, application.
Studium , contentio.
ETUDIER. V. n. Studere , addifcere , navare oycram
litteris , eJJ'e in Utteris. C'eft uniquement travailler
à devenir favant. Apprendre , c'eft y travailler avec
fuccès. On étudie pour apprendre j & l'on apprend
à force d'étudier. Les Içavans ne font pas ceux qui
ont le plus étudié , mais ceux qui ont le plus appiis.
M. l'Abbé Girard. Syn. Foyey^^ APPRENDRE &
, S'INSTRUIRE.
Etudier J v. a. tâcher d'enrendre j de comprendre
une Icience , un auteur , une aftaire. Il a fort étudié
fon Platon, fon Ariftote. Il a bien étudié ceziQ af-
fliire. Il a étudié l'architeèfure. Ac. Fr.
Il fignifie audi tâcher de mettre dans fa mémoire,
d'apprendre par cœur. Etudier fa leçon, étudier une
harangue. Ac. Fr.
Il fignifie encore méditer , préparer, cpmpofer.
Il fait des contes plaifans, mais il les étudie.
Etudier un compliment. Ac. Fr.
Etudier , fignifie auOi figurcment faire des obferva-
tions. Obfervare, attendere. fm^/ier l'humeur , l'ef-
ptit des gens à qui on a afFaite j étudier le monde.
Je les vois fur mon front étudier mon cœur. Rac.
Des flédes , des pays étudier les mœurs. Boit,
s'Etudier fol-même, fignifie apprendre à feconnoître.
Etudier, avec le pronom perfonnel & fuivi dt; la
prépofition à, fignifie s'appliquer, s'exercer à faire
quelque chofe , méditer de quelle manière on s'y
peut prendre. Il sécudie à faire du mal. Je m'étudie
à vous plairq. Ac. Fr.
Étudié , ée. Il a les fignifications de fon verbe j & fi-
gnifie encore feint , afFeèlè, préparé avec attention,
avec defiein. Le gefte de ce prédicateur eft trop étu-
dié. Des fentimens étudiés ne touchent point : ils
marquent un efprit tranquille plutôt que de la
pallion.
Le cruel! de quel œil il m'a congédiée ?
Sans pitié, fans douleur y au moins étudiée. Rac.
Il fe dit aulli de ce qui regarde les arts mécani-
ques , &: fignifie , Fait avec foin j fait exprès , fait
par art. Tableau fort étudié. Ces fortes de fruits de-
mandent un terroir alfez {tz , ou qu'au moins il
foit delféchc par des pierres & des pentes étudiées .,
fi naturellement il eft humide. La Quint. Nos
jardins uriles doivent avoir une propreté aifée,
naturelle , & non pas une propreté contrainte &
étudiée.
ÉTUDIOLE. f f. Scrinium. C'eft un petit buffet pofé
fur une table , qui a pjufieurs tiroirs j & qui eft
commode aux gens d'étude, pour y ferrer leurs pa-
piers, ou mémoires.
ÉTUI. f. m. Efpéce de boîte, qui fert à mettre, à
porter J à conferver quelque chofe. Theca. On Bit
des étuis de cuir pour les calices, & pour la vaifielle
d'argent i des éiuis de carton pour des chapeaux ,
pour des manchons. Un étui à lunettes. LTn étui
de poche pour des outils de Chirurgien. Un étui
de Fauconnier. Un étui de Damafquineur, &c.
Étui. C'eft auill en termes de commerce de poilfon
d'eau douce , un petit baquet couvert , de forme uo
peu longue & étroite j que les Pêcheurs onr dans
leur bateau , pour y mettte leur poiflon , à mefure
qu'ils en prennent.
Étui , ou Rouleau. rûye:[ ABEILLÇS , coupeufes de
l feuilles.
A a a a a a
^ii ETU
Ce mot vient, félon Nicot, de theoJ , qui efl
originairement Grec j S-nV.».
On dit proverbialement d'un homme fort laid ,
que c'elt un vilage à 'icui ; pour dire, qu'il le faut
cacher , le mettre dans un ecui,
ÉTUVE. f. f. Poêle, lieu fermé qu'on échauffe, afin
d'y faire fuer , ou d'y faire chauffer quelque chofe.
Caldarlum. Il y a chez les Baigneurs des bains &
étuves. Therm£, balnearuim. Dans les fucreries,
chez les Chapeliers , il y a des étuves pour y faire
fécher les pains de fucre , les chapeaux. Il y a au(h
chez les Confifeurs ^ ailleurs des ttuves pour faire
fécher les pâtes & les confitures féches. Une çiuve
pour ces u(ages eft un petit cabinet bien fermé, où
il y a par étages des tablettes de fil d'archal fur lef-
quelles l'on merdes ardoifes, des feuilles de fer
blanc , des planches bien unies , des tamis pour fou-
renir ce qu'on veur faire fécher après l'avoir fait
égoutter : en bas, au-delTous des tablettes de fil
d'archal , on met un réchaut dont on augmente ou
on diminue le feu félon le befoin.
Étuve. En termes de fucrerie, c'eft une partie de bâ-
timens d'une Manufadure de fucre. Uctuvc eft une
efpèce de pavillon de douze pieds en carré dans œu-
vre, fous lequel eft un fourneau , & dont l'intérieur
eft diftribué en fix étages fur lefquels on range les
pains de fucre, pour les faire fécher. L'étude en
peut contenir fix à fept cens. Fornax faccharo
ficcando.
Étuve de Corderie, c'eft dans un Arcenal de Mari-
ne j le lieu où font les fourneaux & chaudières
po ur goudronner les cordages des vailïeaux
Étuve, fe dit hyperboliquement d'une chambre
chaude & bien fermée. Vous avez une bonne cham-
bre pour l'hiver, c'eft une etuve. Les Chinois por-
tent toujours des bottes \ & en été , dans iin pays
où les chaleurs font extrêmes, il n'y a qu'eux au
monde , qui , pour conferver un air de gravité ^
puilfent fe réfoudre d'être ainfi dans une efpèce
^étuve depuis le matin jufqu'au foir P. Le Comte.
Ce mot vient de stubâ. y ou stuffa, dont on s'eft
fervi dans la balfe Latinité en la même lignifica-
tion ; lequel mot eft dérivé par Lipfe de tubus , ou
tuyau j qui porte h chaleur ; par Saumaife du Grec
riçtc , qui i\s,mfie échauffer -^ par Voflius de l'Alle-
mand stube , qui fignifie étuve ^ ou du Latin sjiuo.
MÉN. Il vient plutôt de flouff^a , mot Celtique ou
Bas-Breton , qui fignifie boucher , parce qu'une étu-
ve doit être bien bouchée. On les a nommées aulli
vaporarium j hypocaujium , &c en François , hypo-
caufte.
|C? Les anciens appeloient hypocaustes , les four-
neaux fouterrains qui fervoient à échauffer leurs
bains.
En Médecine on diftingue les étuves en féches &
humides. Les féches font faites avec une évapora-
tion d'air chaud & fec , qui en échauffant tout le
corps en ouvre les pores , & provoque les fueurs \ ce
qui fe fait par des grès ou briques forr échauffées.
Les étuves humides font faites par une décodion &
ébullition d'herbes, dont la vapeur eft conduite par
des canaux de fer blanc dans une cuve à deux fonds,
où l'on a mis le malade pout lui provoquer la fueur.
^'ufage d'entretenir la ftntc par le moyen des étuves
a été inventé à Lacédémone.
ÉTUVÉE. f. f. Sorte de cuilFon Se de préparation de
viandes , qai fe fait d'ordinaire entre deux plats ,
enforte que la faulfe qui bout y foit comme étouf-
fée. Caro ]uri incocla. Pfltinarium. Mettre du veau ,
une cirpe à Xétuvée. Ce mot fe dit aulIl des viandes
mêmes alfaifonnées &i cuites de la forte. Une étuvée
de poulets , une étuvée de carpes.
Ces mots étuve & étuvée viennent du mot Gothi-
que & Allemand stoven , qui fignifie , Cuire quel-
que chofe dans un plat couvert, ou, comme nous
difons , entre deux plats : delà le mot Allemand
stuve, Etuve; en Italien stuva, en Efpagnol estufa^
en François étuvée.
ÉTUVEMENT!! f. m. A6tion par laquelle on étuve.
ET Y
F ûtus , fûtnentum. L'étuvement d'une plaie.
ÉTUVER. V. a. Ballîner une plaie avec quelque li-
queur préparée , tiède ou chaude , comme de l'huile
6c du%in J ou de leau-de-vie, l'en humeâer dou-
cement , & la rafraîchir. Fomentare _, jovere. On
étuve les plaies pour les bien nettoyer. On étuve.
une partie malade. Quelques Auteurs , comme Ri-
chelet , prétendent que le mot à^etuver ne fe doic
dire que des plaies des animaux , & que lorfqu'il
s'agit des plaies des perfonnes , il faut due, BaJJi-
ner. On ne fait point cette diftintVion.
Etuvé , ÉE. part.
ETUVISTE. f. m.' Baigneur , qui rient des bains &
étuves. Balnearius , balneator. Les Perruquiers onc
des lettres de Baigneurs & Etuvistes. On les ap-
pelle fimplemenc Baigneurs. Etuvifte fe dit peu au-
jourd'hui.
ETUYER. V. a. Vieux mot. Renfermer, mettre dans-
un étui. Thecâ indudere j in thecam. indcre.
E T Y.
ÈTYMOLOGIE. f. f. Origine d'un mot ; dérivation
d'un mot formé d'un feul ou de plufieurs autres. Le
mot dont un autre vient, s'appelle primitif j & l'on
donne le nom de dérivé à celui qui vient du primi-
tif. Etymolegia, etymon j verhorum origo. Varron a
écrit de Xétymologie des mots Latins ; Ménage, de
celle des mots François & Italiens , ce qu^il appelle
Origines. Henri Eftienne , Tripot, Borel , &c. onc
travaillé fur les Etymslogies Françoifes, Monfieur
Guichard & le Père 1 homallin ont prétendu faire
remonter les étymologies de la langue Françoifey
l'origine de plufieurs de nos mots, jufqu'à l Hébreu.
Poftei avoir cjtte penféc avant eux. Il y a un Ety^
mologicon Grec imprimé in-folio ^ dont l'Auteuc
s'apeloit Nicas. Il y en a aulli un Latin de Gérard
Volfius, un autre de Martinius, 6cc, le Père Labbe
a fait un Traité des Etymologies Françoifes : il y a
un Recueil des mots dérivés du GreCj que Dom
Lancelot a mis à la fin de fon Jardin des Racines
Grecques. Oéfave Ferrari en a fait un de la langue
Italienne. Bernard d'Aldrette en a fait un de la lan-
gue Caftillane. L'attachement à rechercher les éty~
mologies n'eft point un delfein frivole , ni une en-
ireprife fans utilité. Au contraire, les peuples qui
fe font honneur de leur antiquité ont cru qu'il n'y
a pas de meilleur titre que l'ancienneté de leur lan-
gue : car \étymologie , qui va chercher dans les
noms la raifon véritable & originaire des notions 5c
des idées attachées à chaque terme & à chaque ex-
preflion , peut fournir une preuve d'antiquité par
les vertiges qui s'y confervent , & par les indices
qui fubfiftenc encore dans l'ufage préfent, en le
comparant avec l'ufage des fiècles palfés. D'ailleurs,
les étymologies fonr nécellaires pour bien entendre
la langue ; car pour expliquer les termes plus préci-
fément , il faut retourner à la première impofition ,
afin de parler jufte , & de bien entendre ce que l'on
dit. On comprend mieux la force & la fignification
des mots , quand on en fait l'origine & l'étymclo-
gie. Quelques-uns prétendent que cette fcience eft
arbitraire , & qu'elle fe réduit à des ccHijeâures èc
à des reffemblances affez incerraines. On fait def-
cendre les mots d'où l'on veut. Mais cette fcience
eft réelle , & aulfi régulière que les autres : elle a
fes principes & fa méthode. A la vérité , il eft diffi-
cile de retourner dans les fiècles Gaulois, pour fui-
vre enfuite , comme à la pifte , les altérations im-
perceptibles qu'a foutfertes notre langue de fiècle en
iiècle. LTn habile Etymologifte a befoin d'appeler ï
fon fecours toutes les lumières qui lui peuvent fer-
vir de guides pour conduire fûremenr les mots qui
fe font déguifés fur leur route, & pour marquer les
changemens qui y font arrivés. Comme ces alréra-
tions font quelquefois arrivées par caprice ou par
hafard , il eft aifé de prendre une conjedure bifarre
&c imaginaire, pour une analogie régulier'?. Ainfî
il faut moins s'étonner de la préoccupation du
ET Y
monde contre une fcience , qui n'a que des règles
qui paroiîlent fi chancelantes , ik indéterminces.
On a beau profiter des exemples qui lonc hors de
doute Se de controverfe ^ 6c où les changemens lont
fi lenfibles qu^on les apperçoit d'abord ; l'on ne s'ac-
coutume ponat au concours de divers changemens
dans un même mot. Quoique chaque principe pris
féparément foit alFez évident, il arrive pourtant
fouvent que tous ces principes étant réunis, ils s'ô-
tent leur évidence l'un à l'autre ; & l'on elt tout prêt
à nier ce que l'on avoir accordé ians peine , i5c ians
en craindre les conféquences. Le P. Besnier. M. Mé-
nage fembloit infpiré pour les ccymologics. Bal. il
faut avouer que les anciens Auteurs Grecs & Larins
n'ont pas été foit heureux pour les ccymologies. 11 y
en a de très-miférables dans quelques Ecrivains ,
d'ailleurs fort favans & fort polis. Cicéron appelle
l'etymo/ogie , nocatio , &C vtriloquium, Quintilicn
fenible mieux aimer qu'on l'appelle o'^iginano , 1. i.
c. 6 : c'ell là qu'il fait aulli quelques rctlexions trés-
fenfces fur les écymologles.
Les citymologks qui ont de la vraifemblance font
plaifir ; mais celles qui n'en ont point font pitié. M.
Huet a bien caraélérifé fon ami M. Ménage , dans
une efpèce d'Epître dédicatoire qu'il lui adrelïè , &
qui ne relfemble pas à tant d'autres où la flatterie
ell outrée. Si vous étiez j lui écric-il, moins habile
Etymologille que vous n'êtes , vos ctymologics fe-
roient meilleures, vous feriez plus circonfpecl, S>c
vous vous alfujettitiez .aux règles & aux principes.
Mais comme vous polTédez fouverainement la ma-
tière , que vous favez partaitenient les permuta-
tions des lettres , & que vous avez de grandes lu-
mières dans les langues originales , & dans celles
qui ont quelque arhnité avec la nôtre , vous vous
mettez au-delfus des lois , & votre confiance vous
fait halarder des paradoxes & des origines incroya-
bles &infoutenab!es, en vous repofant avec une en-
tière fécurité fur l'éloge que vous donna la Reine
Chrirtine , lorlqu'elle dit que vous faviez non-feu-
lement d'où les mots viennent , mais encore ou ils
vont. Delà font venues ces étymologïes monftrueu-
fes qui vous ont attiré tant de reproches , & qui fe-
ront tort (Si déroberont la créance à une infinité d'au-
tres que vous avez découvertes heureufement & ha-
bilement j & qui méritent l'applaudilfement des
cox\\\o\'X<i\ii%....Diffcnadons recueiliies par M. l'Abbe
di TiUadit.
ÉTYMOLOGIQlFE. adj. Qui appartient à l'étymolo-
gie. Etymologicus , peninens ad or'tginem vocum. Un
Diétionnaite étymologique ^ Is gt:a.nd étymologique,
Étymologique, f m. Il ne devroit être qu'adjeélif ,
mais tous les jours,pour abréger,on fupprime le mot
de Diclionnaire , & on dit limplement l'Etymo-
logique. La plus belle édition de l'Etymologique de
la Langue Latine de Voilius efl celle des Élzévirs
in.-fol. i66i. M. Huet a fait des Additions à l'E-
tymologique de la Langue Françoife de M. Mé-
nage , qui ont été imprimées dans le fécond Tome
des Diflertations recueillies par M. l'Abbé de Til-
ladet.
ÉTYMOLOGISER. v. a. Donner l'étymologie d'un
mot, en expliquer l'origine.
Maure Martin aura mon grand manteau ,
Que mante à fûtt/étymologifois.
Test, de Goulu de Sar.
Le Didionnaire comique écrit étimologifer. Mon
explication eft un peu différente de la fîenne:car il eft
bon d'avertir que je ne le fuis pas toujours à la let-
tre. Au refte l'étymologie de manteau eft dans le
goût de cell« de Cordonniers , que Voiture , dans
les Entretiens avec Coftar , dir plaifamment avoir
été ainfi nommés , parce qu'ils donnent des cors,
^oyeç l'Etymologique de Ménage, au mot Cor-
donnier.
ÉTYMOLOGISTE. f. m. Auteur qui a écrit des éty-
E U ^15
moîogies. Qui de vocum origine Jhihit y diipucat j
dnjerit. Ménage. Du Cange , Saumaifs , 'Volfms ,
Ferrari , M. deOaleneuveonc été des grands Ltymo-
logijies. U n'eft pas vrai que le méricv; des ttynioio-
gisiesioK bien mince&bien fupcihcicL Le IVBts-
NIER.
Le R. Père Dom Paul Pezron , ancien Abbé de la
Charmoye _, Docteur de Soi bonne, a traité dus Ety-
inologies de plulieurs mots Grecs , Allemans & La-
tms , qui font tirés de la Langue Celtique, dont
Platon même, Servius j Donat _, & autrjs \ut-. irs
Latins n'ont pas vu la véritable Êrymologie , ni l'o-
rigine , faute de lavoir les Racines de la lans^ue
Celtique j dont le Grec , le Latin , l'Allemand tk le
François ont tité un grand nombre de leurs mots.
Koyei ion Livre De l'origine & de ta Langue des
Celtes , imprimé à Paris , chez Boudot l'an 1703.
in-ix. Il faut cependunt convenir que cet Etymolo-
gistezionwem été trop loin , &: que plutieurs de fes
ctymologies n'ont pas la moindre apparence. Nous
en donnons fouvent des exemples dans ce Didioii-
naire.
Ces mots viennent à'""i^'s , verus , & de >^iyu ,
dico , d'où on a tonné Aay/» ^ difcours , trai-
té J &c.
E U.
EU. Cette diphthongue fe prononce différemment en
François , car quelquefois on lui donne le vrai fon
d'une diphthongue, qui doit avoir un fon compolé
de celui de ces deux voyelles , &c quelquefois elle
n'a le ion que de Vu ; &c dans ce dernier cas fouvent
on omet l'e , & l'on écrit comme on prononce , u
au lieu à' eu : Ci on le faifoit toujours ainli : les Etran-
gers ne feroient point fi embarralfés pour cette pro-
nonciation ; mais parce que bien des gens y man-
quent , & qu'il y a même fouvent de bonnes rai-
(ons pour conferver les deux voyelles eu dans l'écri-
ture , quoiqu'on ne prononce que l'u , il feroit bon
de donner quelques règles là-delfus. Voici le précis
de celles que donne le P. Mourgues , dans fon ex-
cellent Traité de la Poéjîe Francoijé , i . La diphthon-
gue eu fe prononce en vraie diphthongue , c'eft-à-
dire , on lui donne un fon mitoyen entre l'e & l'u.
Se mêlé des deux j lorfque l'eu vient de l'o Latin ,
comme odeur , Ûeur , couleur , feu , &c. qui vien-
nent de odor jjios , color , jocus. On prononce ce-
pendant meuxQ , morum , comme s'il y avoir mare ,
&CC. Sarrafin fait rimer meure zwqc hvwslure. z. Dans
les fubilantifs en eure formés des participes en e ,
l'eu fe prononce comme u : ainfi gxtveure , parewre,
&c. fe prononcent & s'écrivent même à préfenr gra-
vée , parère , &c. 3 . Lorfque l'eu vient de deux fyl-
labes Latines , on ne le ptononce que comme «
Ainfi ieur j meur , de fecurus , maturus , fe pronon-
ce & même s'écrit comme iur , mûr , &c. Remar-
quez cependant qu'il ne faut ni prononcer , ni écri-
re,jûne , jûner, de iejunus,Jejunare.Ondiz }eûne,jeû-
ner,& point autrement.4. Eu da.ns le participepaifé ,
& dans le prétérit indéfini des verbes en oir^ie pro-
nonce Amplement en ea j veu,eu,peu, émeu .comme
vu,u , pu,ému. Eu feprononce encore comme un W
au commencement des noms propres. Ainli l'on
dit UCche , f/fébiens , f/tichès , £/tichiens , Utev-
pe J Uzrope , &:c. quoiqu'on écrive Euféhe , EuCé-
biens , fétiches , Atttichiens , Eutevpe , £'ttrrope ,
Sec. Ajoutez encore à ceci une autre remarque du
P. Mourgues : c'eft que , comme notre langue a
beaucoup de mots terminés en eu , on ne fouffre
point dans notte verfification la rime de ieu , avec
eu : par exemple , feu Sc Dieu ne riment point dans
une Pocfie exaéte & férieufe.
EU , Ville de France , dans la Normandie, /iucia , Au-
ga, Aucum, Alga caftrum : on dit maintenant //«-
gum. Adrien de Valois croir que le premier nom de
cette ville ^'^ Aucia , & qu'elle fut ainfi nommée
de la petite rivière fur laquelle elle eft firuée. Eu eft
ficué aux confins de la Picardie , fur la Btcle , à une
A a a a a a ij
^14
E V A
lieue de la mer , & à cinq de Dieppe du côté du
Levant. Elle a titre diComté-Paine, un beau cliâ-
leau , ane Abbaye célèbre de Chanoines Réguliers
4e S. Auguftin , du titre de S. Laurent , & un Col-
lège de Jéluites. Le Comté iXEu appartenoic à M.
le^bucdu Maine, à qui Mademoilelle d'Orléans ,
fille de Gallon , Duc d'Orléans , le lailla par tella-
ment ^ & le fécond fils de ce Prince porte le titre de
Comte A' Eu. Sur la ville d'fa ^ voyq la-De/c. Créo-
gr. & HijL de la Haute- Normandie. T, I.p. 54. 6-j.&
il^- /• M I r • > 1
La brièveté de ce nom monolyllabe f-aïc quon le
dit rarement feul, &c que communément on y
ajoute le nom de ville. Au lieu de il q^A'Eu , il de-
meure à Eu , &CC. on dit , il ell de la ville d'Eu j il
demeure à la ville A'Eu , vous palferez par la ville
à: Eu. Sur quoi l'Auteur d'une Géographie Latine en
vers a dit.
•Vrbs ejl,/înefds , atquè urhs afnatilU vocari.
Mais on n'ajoute rieil , quand on dit le Comte
d'ftt , tk. le Comté à'Eu.
Adrien de Valois, dans fa Notice des Gaules , re-
marque que les Auteurs Anglois appellent cette
ville Ou ^ &cOw \ d'où il juge que c'elt-Ià Ton pre-
mier nom en langue vulgaire , & que delà s'eft tait
Eu, de même que de auca , qui fe trouve dans la
bnlfe Latinité , on a fait oye , & oue. M, Huet ,
Orig. de Caen , Ch. z i , dit que Au , Aw , Avre , &c
Ou en Allemand, figmhe un Pré , de l'Hébreu
icrtl , comme il croit que la ville A'Eu , fituée dans
des prairies, a pris delà Ion nom.
Le Comté d'Eu a toujours fait partie du Du-
ché de Normandie. Il a été érigé en Pairie en fa-
veur de Charles d'Artois , par le Roi Charles Vil.
en 1458.
Les habitans A'Eu s'appellent les Eufiois \ & le
Comté d'jc« l'Eulîois: mais ces noms qui fe trouvent
dans quelques Auteurs , comme on le peut voir
en leur place , ne s'emploient jamais, ou prefque
jamais. . . .^
Eu , eft aufli le nom d'une petite rtviere de France en
Normandie. Aucia , dans Adrien de Valois. Elle
fépare la Normandie de la Picardie , & après avoir
arrofé Aumale ^ Blangy & la ville A'Eu, elle tombe
dans la mer. Davity , Corn. Son véritable nom
propre ell la Brèle; mais parce qu'elle palle à la ville
d'Eu on la nomme Rivière d'fw , comme quelques-
uns donnent à la Sie le nom d'Arqués , parce qu'elle
palFe à Arques près de Dieppe.
Bu , Rivière d'Efpagne j qu'on nomme autrement
Miranda , Nabius. Elle coule fur les confins de
la Galice & des Afturies , baigne Ribadeo , &
fe décharge un peu au-delfous dans la mer de Bif-
caye.
Ë V A.
ÉVACUANT. Foye^ ÉVACUATIF;
ÏIVACUATIF, iVE. adj. Evacuamïa remédia. Terme
de Médecine. Ce font des médicamens qui font
propres à faire fortir les mauvaifes humeurs du
corps par les voies convenables. Il y en a qui agif-
fent par les felles , d'autres par les urines , & d'au-
tres par l.icranfpiration.Ils prennent différens noms
félon qu'ils affedlenï différens couloirs. Voye-{ pur-
gatifs , Sudorifiques , Diurétiques , Expeèlarans ,
Salivans & Enhins. C'ell la mèmechofe qu'éva-
cuant.
Il s'emploie aulfi fubftantivemenr. Les evacuatljs
l'ont fort foulage,
fô" ÉVACUATION, f. f. Terme de Médecine. Dé
charge d'humeurs oud'excrémens qui fe fait derou
le corps i ou feulement de quelque partie. Il y a des
maladiesoù les évacuations copieufes font nécelTai-
res : fouvent aulTi les grandes évacuations font dan-
gereufes. Le malade fe trouva mieux après une lé-
gère évacuation. Pourquoi les femmes ont- elles leurs
E V A
évacuations périodiques par l'utérus? C'eft , dit M.
Pitcarne , i" Parce que cet utérus eft fitué enbas.
x°. Parce que les vailleaux qui arrofent cette partie
lont parallèles à l'honlon , & que leurs parois ten-
dent enbas , iSc ne lont appuyés lur rien.JouRN. des
Sav.
ÇdT Evacuation , fe dit auflî des matières évacuées,
LeMédeciii jugepar les évacuations de l'eut du ma-
lade. Egerics , egejiio , egestus.
En termes de Guerre, faire l'évacuation d'une
place , c'eft en faire fortir la garnifon , par un traité,
par une capitulation , pour lailler la place libre à
un autre, t^duciio ex arce.
Evacuation , eftauiîi un terme de l'art de Raymond
Lulle , lequel ne conlifte qu'en {'évacuation des
cellules , dans lefqueiles on diftribue toutes les
qualités qu'on peut attribuer à quelque être que ce
foie.
EVACUEP,.. V. a. Chafter , faire fortir les mauvaifes
humeurs d'un corps, fou par les voies naturelles ,
foit par les remèdes. Expellere j egerere , vacueja-
cere. Evacuer la bile. Mol. Ce remède eft propre
pour évacuer les humeurs.
|{Cr EVACUER, dans l'Art Militaire, c'eft faire for-
tir une garnifon d'une place, ordinairement en ver-
tu d'un traité , ou d'une capitulation. Pr^JUia _, mi-
lites ex arce deducere , educere. La garnifon fur obli-
gée A' évacuer \3. place. On dit de même évacuer ua
pays , une province , faire retirer les troupes qu'on
y avoir établies , foit qu'on le falfe de gté ou de
force.
tfT Evacué , ÉE.part. Voye\ le verbe.
S'EVADER. V. n. S'échapper fecrctement ; fe tirer
d'un péril en trouvant moyen de fe faUver. Evade-
re , aujugere. Il nous prit envie de nous évader.
Ablanc. On a fait une ouverrure fécrère aux muts
de la prifon , tous les prifonniers fe font évadts.HQ
banqueroutier s'eft évadé avanr qu'on allât faific
chez lui.
ÉVADNE. f f. Fille d'Iphis , & femme de Capanée.
Elle ne voulut point lurvivre à fon mari , &: le jeta
dans le bûcher où il devoir être confumé.
ÉVAGATION. f. f. Evagatio. C'eft proprement l'ac-
tion de marcher au halard , fans route certaine , 6c
fans terme fixe. On ne le dit guère qu'en termes de
dévotion & de fpiritu.alicé , pour marquer une luire
de diftradlions , qui empêchent l'elpric dé s'appli-
quer à l'oraifon. Il y a des répugnances, des triftef-
fes , des abatemens , des langueurs , mille évaga-
tiorii , mille diftradlions , mille légèretés d'une ima-
gination inconftante & volage à fupporter. P. Bour.
Exh.I. p. sjs.Uns attention qui recueille l'efprit....
qui le rappelle de fes égaremens , &c de fes évaga-
lions , dos qu'il commence à s'en apperçevoir. Id. II.
Ce mot eft tout Latin. Il vient de vagari , qui li-
gnifie j s'écarter, aller ça & là , à l'avenrure , fans
deftein , fans règle.
ÉVAGRE , ou ÉVAGRIUS. f. m. Nom dhomme.
Evagrius. On dit également bien l'un & l'autre.
Evagre , ou Evagrius , Patriarche de Conftantino-
ple , fut élu l'an 570. par les Orthodoxes , & chaf-
fc enfuite par Valens. Voye^ Bailler au 6t de
Alars. M. de Tillemont & d'autres difent toujours
Evagre.
S'ÉVALTONNER. v.récip. Prendre des airs, des ma-
nières trop libres. Jeune homme j vous vous éval-
tonne-^. Ce mot fe dit rarement , & jamais hors du
ftyle lamilier.
§3" C'eft quelquefois abufer de fes forces. Vous
vous évaltonne-^ trop pour un convalefcenc-
^p° Evaltonné , ÉE. parr.
00" ÉVALUATION, f. f. Eftimation , appréciation
d'une chofe. Foye:^ ces mots, ^stimatio. On fait
'l'évaluation d'une maichandife. Les ouvrages font
payés fuivant {'évaluationc^ai en eft faite. On a nom-
mé des Experts pour faire \évaluation des héritages
dont on demande la licitation. On fait à la Mon-
noie l'évaluation des efpèces à proportion de leuc
E VA
poids Se de leur titre. Les évaluations de inonnoie
fc doivent faire de fin contre fin avec {a traite ; car
cela ell fonde en raifon de nionnoie : c'etl pourquoi
les monnoies qui doivent être rendues ne peuvent
être évaluées avec traite contre celles qui n'en ont
guère. Cela tourneroit au dommage du débiteur &
payeur , qui payeroit plus qu'il n'auroit reçu; mais
quand Ics eva/uadons [•£ ton: d'sipècQ qui n'ont écc
chargées de traite excelîive j contre d'autres efpèces
courantes, qui ne font femblablement guèie char-
gc-s , il n'y a aucun doute qu'elles ne le doivent
taire Je fin contre tin avec leur traite. Le Blanc. Boi-
2ard traite de l'cvaluacion des Monnoies dans fa i p.
c. 8.
I' y a dans le Roman Bourgeois un tarif ou c'va-
i'^'^ûùn des partis fortables.
On appelle j en Arithmétique, M évaluation d'une
ii^aelion , la rédudion d'une tratlion Arithmétique
à fa véritable valeur , comme en livres , fous &
deniers, s'il s'agit d'argent: en pieds , pouces &
lignes j s'il s'agit d'une mefure , Sec. Par exem-
ple , dévaluation de \. d'Ecu de foixante fous j
eft de quarante- cinq fous, ou deux livres cinq
lous , \ évaluation de \. de toife ell quatre pieds
&: deiiii,6cc.
^ EVALUER. V, a. Fixer le prix d'une chofe , l'ap-
précier. jUstimare , pretiumjacere alicui rei , arro-
£'are,staruer€, constituere^impomre. Cette terre, cette
charge a été évaluée à cent mille francs. Evaluer un
ouvrage de peinture, de menuiferie à tant de toi-
fes. Le marc d'argent de Paris &: le marc d'argent
d'Allemagne font différemment évalués. On e'vrf/^e
les arrérages des rentes en blés lur les extraits qu'on
met au greffe du prix du blé à chaque jour de mar-
ché.
(f3' Quelquefois ce verbe eft employé fans la
particule à. Cette terre à été évaluée cent pif-
toles.
Évalué , ée. part.
EVAN. f. m. Terme de Mythologie. L'un des furnoms
de Bacchus. Evan. On dit que ce furnom fut donné
à Bacchus du cri que faifoient fes Prètrell'es en célé-
brant fes fêtes & fes facrifices, c'eft-à-dire , les Or-
gies. Clément Alexandrin , dans fon exhortation
aux Grecs , trouve dans ce nom une antiquité plus
tefpeclable & plus grande. Il dit que ces Prêtrelfes
courent couronnées de ferpens , hurlant & criant
Evan , qui ert le nom d'Eve , qui felailla féduirepar
le fetpenr. Ainlî il trouve dans cette cérémonie des
veftiges & une tradition du péché de la première
femme.
É'V ANDRE, f. m. Nom d'homme. Evander. Ceft
Evandre qui fut le chet des Arcadiens , qui palle-
rent en Italie , & qui s'y vinrent établir. Evandre
apporta les Letttes & l'Agriculture en Italie. On en
fit dans la fuite honneur à Saturne. 'VoUîus croit que
c'eft parce qu'on \\or\otz.Evandre dansSaturne,&que
c'eft ce qui donna occafion à la fable de la venue
de Saturne dans l'Italie. Aurefte^ le même Auteur
ne croit pas (\\i Evandre , mot Grec qui fignifie
Courageux , brave , fut le nom propre de ce chef
des Arcadiens, mais un furnom qu'ils lui donnè-
rent pour honorer fa valeur. Foye^ De Idol. L. I.
C. II. p. 48.
ÉVANGELIAIRE , ou ÉVANGELISTAIRE. f. m.
Terme de Liturgie. On appeloit ainfi autrefois, non-
feulement dans l'Eglife Grecque j mais auili dans la
Latine , un Livre qui comprenoit tous les Evan-
giles de l'année , c'eft- à-rlire, tous les Evani^ilesqui
fe difent à la Mefte chaque jour. Evangeliarium ,
Evanaelisiarium. Honorius d'Autun dit que l'Evan-
géliaire fut compofé pat S. Jérôme. J'ai vu un bel
Evangélistaire de l'Abbaye de Chelles.
É"VANGELIDE. L'Oracle des Evangelidcs.Evangeli-
darum Oraculum. Il y avoir à Mdet, aujourd'hui
Mileto , un Oracle qui paiïoit pour le meilleur de
toute la Grèce après celui de Delphes. Le Chef & le
Préfidentdu lieu où étoit cet Oracle ayant été un
certain Branchus , on appela cet Oracle l'Oracle des
É V A ^ij-
Branchides. Evangele ou Evangelus ayant fuccédé i
Branchus , il pru fon nom, & fut nommé l'Oracle
des EvanccUdes. Voye:^ Photius , Bibiioth. Cod.
, 1S6. &Volhus, De laol.L.Il.C n.n .s,
EVANGELIQUE. adj. m. &c f. Qui eft félon 1 Évan-
gile , lelon la Docl:rine de Jes us-Christ. Evange.
licus.Lo. pmvtezéévangc:llque, ks coniViU évangé-
l'faes.^ La limplicitéeV^/7^6%:^t ne fouftre point que
lEgliIe loit loutenue pat le luxe & par Téclat.
Port R. Les Ouvriers Evangéliquis. Cette conftance
avec laquelle le Saint fouft'roit Iss injures & les
n-iauv.ais traitemens des hommes, Recette manière fi
évangelique de fe venger de its ennemis , parue
merveilleufe. P. 'Verj. Il crut que fon miniirère
évangelique deinandoit de lui qu'il achevât de con-
vertir ces Roy.iumes. BouH. Fie de Xav. L. III. Ac-
compagner les Prêtres dans leurs travaux évangéli-
ques. BouRD. Exhort. T. Lp. 1^7.
^ Les Proteftans fe donnent pour la plupart le titre
A'Evangcliques , parce qu'ils font tous profellion de
ne s'attacher qu'à l'Evangile , fans avoir égard à la
tradition des Pères de l'Eglife , ni à l'autorité même
de leurs Pafteurs; ils difent qu'ils ne favcnt que
l'Evangile ; mais l'Evangile que chacun d'eux en-
tend , interprète , explique à fa manière : ainfi cha-
cun d'eux a fa foi & fa religion particulière , ou
n'en a point du tout. En Suilfe on diftingue les Can-
tons qu'on appelle Réformés , ou t^vangéliques ,
d'avec les Cantons Catholiques. En lyiz. leCon-
firtoire Luthérien de l'Eleélorat de Saxe , en don-
nant fa réfolution fur le projet de réunion avec les
Proteftans d'Allem.agne , déclara que Ls Réformés
ne pou voient pas prétendre au ritre d'rvangeliques j,
puifqu'ils ne font pas d'accord entr'euxfur les points
de Dodrine , d'autant qu'ils donnent diverfes ex-
plications aux paroles les plus claires de la fainte
Ecriture.
ÉVANGELIQUEMENT. adv. D'une manière évange-
lique. Evangelico more-^juxta Evangelii régulas, dog-
mata, utdignum est fanclo Evangelio. Ce Miftion-
naire prêche fort évangéliquemeht , c'eft-à-dire,
l'Evangile tout pur, fans" pompe & fans oftentation ,
fans affedation de tours , de penfées ^ d'exprelllons ,
fans art , fans étude.
ÉVANGELISER. v. a. Annoncer , prêcher l'Evangile.
Nuntiare , Evangelii pr&cHnium facers , pr&conenz
agere. S. Paul évangélifa les Gentils. Il eft aulîi neu-
tre. Jesus-Christ envoya fes Apôtres évangélifer
par toute la terre.
^fT On difoit autrefois au Palais évangélifer un
fac ; pour dire , vérifier s'il eft complet, fuivanc
fon inventaire de procédure. Cette vérification
, s'appeloitaufti Evangile, ^oy. encoreEvANCELisTE.
E'VANGELISE , ée. part. Gomme pauvres , ils doi-
vent être eV^w^s/i/èj ^ mais il eft nécelfaire à leur
égard que l'Evangile fou accompagné d'amples lar-
geiTes & d'utiles fecours. Bourd. Exk. T. Lp. 135.
EVANGELISME. f. m. Ancien nom d'une fête de l'E-
ghfe Chrétienne. Evangelifmus. Dominique Macri
dit que XEvangélifnie étoit la fête de l'Annonciation
de la Sainte "Vierge. La lignification du nom , qui
veut dire Bonne nouvelle.,^ convient fort. Mais Bal-
farnon éctir que c'étoit le Dimanche des Rameaux
qu'on appeloit ainfi. Cependant Nicon , dans l'on
Ouwïàgt De Religione Armenorum , témoigne que
les Arméniens célèbrent la fête de \Evangéltfme le
5* de Janvier. Apparamment que ces ces deux fêtes
ont eu le même nom en diftérens lieux.
EVANGELISTE. f. m. Auteur Sacré qui a écrit l'Evan-
gile, la vie , les miracles , la doélrine de J. C. Eyan-
gelista , facri Evangelii Scripcor. S. Mathieu ,
S. Marc, S. Luc & S. Jean font les quatre Evan-
gélistcs.
On nommoitaufti Evangélistes ceux qui alloient
prêcher l'Evangile de côté & d'autre , fans être
attachés à aucune Eglife particulière. C'eft en ce
fens, àce queprétendentquelques Interprètes, que
Philipes , qui étoit un des fept Diacres , eft ap-
pelé VEvangéliste au ch. 21. des Aétes des Apôtres ,
\
916 EVA
V. 8, Saint Paul dit à Timotliéf au IV* Ch. de la
2. Ep. qu'il lui écrivit , Faites l'Ouvrage d'un Evan-
gelistc. Le même Apôtre, Eph. IV. ii. mec les
tivangêustes après les Apôtres & les Prophètes.
M. TiUemont prend ce mot en ce fens. La plupart
de ceux qui embralFoient alors la foi j étant remplis
de l'amour d'une laintephilofopkie ,commençoient
par dillribuer leurs biens aux pauvres \ &c après
cela ils alloient en divers pays faire la fondion
d'Evangéiisces , annoncer JESOS-Cnaisràceux qui
n'en avoient point encore oui parler , & leur don-
ner les Livres Gicrès de l'Evangile , T. U.pag. 526.
& ^ij.
ÉvANGÉLisTE , fe dit dans des Chapitres de celui qui
à laMeile lolennelle chante l'Evangile, i'wj^^e/ijff.z,
cantor Evangdii. Ce Chapitre a plufieurs Chape-
lains .à fon lervice en qualité de Chantres, de Vi-
caires j d'Epiltoliers, iXEvangélistes.
Cn nomme auffi Evangeustcs les Prêtres qui
récitent des Evangiles en mettant un bout de l'étole
fur la tête des perfonnes qui font dire ces Evangiles:
un tel ell ['Evangéliste de Notre-Dame.
ÉvANGÉLisTE. Daus l'aucien ftyle du Palais , étoit
celui qui vérifioit un fac ou un procès j pour s'af-
furer s'il étoit complet , fi l'on n'y avoit rien .ijouié
ou retraHché.
On donne encore aujourd'hui le nom à'Evar.gc-
/wz-t'^ aux Confeillers qu'on donne pour alliftans au
Rapporteur, pour vérifier s'il dit vrai. Quand on
rapporte un procès dans l'ordre j il y a deux Con-
feillers alîillans aux côtés du Rapporieur, qu'on lui
donne pour Evangdistes , dont l'un tient l'inven-
taire , Se l'autre les pièces i & après que le Rap-
porteur a expofé le fait & les moyens du procès ,
l'un lit les claufes des pièces produites i l'autre , les
induclions qui en font tirées.
On le dit aulli à la Chambre des Comptes de celui
qui tient les acquits du Comptable & les vérifie ,
tandis que l'Auditeur rapporte au Bureau.
§3° On appelle encore Evangéiiste dans lesCom-
pagnies Litréraires , celui qui ell nommé pour être
témoin & infpeéleur du Scrutin. Ac. Fr.
On nomme par abus dans Paris Evangélisies , les
revendeurs qui fe tiennent au coin des rues , aux-
quels on demande les adrelfes des perfonnes que
l'on cherche dans leurs quartiers , Si dont on ignore
la demeure.
ÉVANGILE, f. m. Livre qui contient la vie & la
Dodrine de Jesus-Christ , écrit par les quatre
Evangéliftes. Evangelium.
Il y a aulfi de faux Evangiles , compofés par des
Impofteurs & des Hérétique dès les premiers fiècles
de l'Eglife. Les plus célèbres font l'Evangile félon
les Hébreux , l'Evangile félon les Egyptiens , & le
ProtévangiU de S. Jacques , l'Evangile des douze ,
ou des Nazaréens, qui étoit le même que \ Evangile
félon les Hébreux. Ces premiers Schifmatiques du
Chriftianifme avoient même inventé trois nouveaux
Evangiles \ l'un qu'ils appeloient Evangile de per-
feclion , écrit en vers \ l'autre qu'ils appeloient
Evano/le d'Eve , & le troifième qu'ils attribuoient
à S. Matthieu, écrit en langue Hébraïque, dont
parle S. Jérôme , &c que l'on appeloit l'Evangile des
Nazaréens , ou l'Evangile des douze j ou l'Evangile
félon les Hébreux. L'Evangile de Nicodême ; l'E-
vangile de S. Pierre ; l'Evangile de S. Thomas , celui
de S. Mathias , celui de S. Barthelemi , celui des
douze Apôtres j l'Evangile de S. Philippe fait par
les Gnortiques, au rapport de S. Epiphane , & dont
les Ebionites , Bafilides & Appelles fe fervoient ;
l'Evangile de Judas , fuppofé par les Caïanites ;
l'Evangile de S. Thadée , celui de S. Barnabe, &
celui de S. André.
Évangile éternel. C'eft le titre d'un Ouvrage que les
Moines mendians firent paroître vers le milieu du
treizème fiècle j par lequel ils prétendoient que
l'Evangile de J. C. ne devoit durer qu'un temps ,
& que ce temps étoit expiré ; que c'étoit à eux qu'il
étoit réfetvé de prêcher un Evangile qui devoit
EVA
durer jufqu'à la an des llècks ; que comme J. C.
par Ion uvangile avoir abiogé la Loi de Moyfe ,
ainlîleleur, cjui devoir être éteincl , abrogeroïc
celui de J. C. que la Doélrme qu'ils enfeigneroienc
feioïc beaucoup plus parfaite que celle de l' uvangUe
du Fils de Dieu , qui ne pouvoit coiiduire à la per-
fcdion; que leur tvanguc leroit celui du S. Efprit j
que julqu'à prélent l'Eglile n'avoit point encore eu
de véritables enfans , & que J. C. lui-même & fcs
Apôtres l'avoient pas été paifuts dans la vie con-
tempLtive.Ces propofuions & pluheurs autres fem-
biablts révoltèrent toutes les perfonnes raifonna-
bles. Guillaume de S. Amour écrivit contre , & pu-
blia Ion Traité Des fenis des derniers temps. Le
Livre de l'iiûWo-^/e c7e//2e/ fut condamné à Rome;
& Jean de Parme , Général de l'Ordre de S. Fran-
çois, accufé d'en être l'Auteur, fut obligé de fe
défaire de fon Généralat , afin d'éviter le fcandale
qui auroit tletri fon Ordre , qu'on cherchoit à mé-
nager à Rome , à qui il étoit utile. Luc Wading ,
dans les Annales de l'Ordre des Francifcains , cher-
che à difculper ce Général d'être l'Auteur de l'E-
vangile éurnel. Il y foutient que c'étoit un autre
Jean de Parme j qui n'étoit pas le Général de
l'Ordre. Tamn dans Ion Etat de l'Eglife ^ & plufieurs
autres Auteurs parlent amplement de cet Evangile
éternel.
Quelqu'un a appelé les Offices de Cicéron , VE~
vangile de la loi naturelle. Les fermens les plus lolen-
nels fe fonz (u: Y Evangile. Les Miniftres Proteftans
fe difert Miniftres du S. Evangile.
Ce mot vient du Grec , Se fignifie, bonne nouvelle ,
É»«yyfA(«» , de l'abverbe «ù, bene , & «y^iXc; ^ nun
tius.
Évangile , fe prend aufTi pour la Loi de Jesus-
Christ , & la Doétrine contenue dans l'Evangile.
La prédication de l'Evangile. L'Evangile n'annonce
que l'humilité & la repentance , & ne prêche que
le renoncement aux plus chers atrachemens du mon-
de. De Vill. Il y a des Prédicateurs dans l'extérieur
àijfqacïs l'Evangile eft prêché.- c'eft -à -dire, la
limplicité j l'aullérité & la mortification. Ab. du
Jarry.
Z'Evangile à l'efprit n offre de tous côtés j
Que pénitence à faire ^ ù' tourmcns mérités. Boit.
Parle ,fûns te flatter : fais-tu bien de quel style
Aux coupables mortels s'annonce l'Evangile} Vill.
Évangile j lignifie de plus chez les Grecs le livre qui
contient les Evangiles qu'on lit pendant tout le
cours de l'année dans la célébration de la Liturgie.
Il eft diviié en plufieurs leérions ou leçons j qui ont
été accommodées aux ufages des jours & des Fêtes,
lis le portent en proceflîon avec beaucoup de folen-
nité. Le Prêtre , avant que de célébrer la Liturgie ,
fortant par la petite entrée j qui eft celle de la rable
ou autel de laprothèjh , porte le livre des Evangiles,
&tous feprofternentdevantce livre qu'il tient élevé:
c'eft Jesus-Christ qu'ils adorent, & non pas le
livre , comme il paroît par ces paroles que le
Chœur chante alors : f^ene\ , adorons & nous prof-
ternons devant Jejiis-Chrijl : fauve^-nous , ô Fils de
Dieu.
Petits Evangiles , nom que les Grecs don noient
à de certains extraits des Evangiles , que l'on por-
toit comme des préfervatifs contre les maladies.
S. Jérôme , qui en a parlé dans fon Commentaire
fur S. Matth. fefert aulli du mot de petits Evangiles,
parvula Evangelia.
fCJ" Évangile fe dit aulli de cette partie des Evangiles
que le Prêtre dit à la Melfe , pendant laquelle tout
le monde fe tient debout par rcfpeét. Le premier
Evangile eft l'Evangile du jour. Le deuxième eft
le commencement du livre de S. Jean qui parle de
l'Incarnation. La MelFe eft bien avancée j le pre-
mier Evangile eft dit.
ifj" Daps cette acception, ce mot eft mafculin ,
' EVA
comme dans les autres , & il n'y a que le peuple
, qui lefall'e téminiii.
Evangile, fe duaulli de certains extraits des Ev^z/z^i/^j
qu'un Prêtte récite en mettant fur la tête d'une per-
fonne le bout de fon étole. Dites-moi un Evangile
de la Vierge , un Hvar.gile de S. Jean , &c. Il y a de
l'apparence, du Jérôme Acofta , hist. des revenus
Ecdéfiastïq. pag. ii. que ces Evangiles qu'on lu au-
jourd'hui dans plulieurs liewx , fur tour dans ceux où
il y a une grande dévotion à la Saime Viu-rge , font
des reftes de ces Melfes qu'on appeloi: Meires fé-
ches. C'eft une coutume fort générale à la campagne,
& même à la ville, de fe faue due des tvangdes.
Evangile j fe prend quelquefois pour une vérité ,
pour une chofe certaine : ce que je Vousdis-là, c'elt
l'Evd/:gile, ou bien c'ell mor d'tvangile. Et l'on du
d'une perfonnedontl'onnecroir pas lesparoles tou
jours bien vraies , nibienlûres , que ce qu'elle du ,
ou tout ce qu'elle die n'eft pas mot à'i:.vangile. Je
ne crois pas que tout ce que du Longin fou mot
d'Evangiie. BoiL.
Evangile j fe du en mauvaife part en y ajoutant
quelque épulièce ; Se il fignifie alors , Erreur ,
Hérélie , Se6l:e. Calvin revenu de Bourges , où pen-
dant (es études de Droit l'Allemand Volmar lui
donna les premières notions du nouvel Evangile ,
avoit déjà publié la Dodrine de Luther & celle de
Zuingle. Bouh. f^ie d'ign. L. 11.
On dit figurément &: proverbialement d'une chofe
nouvelle, & dont tout le monde s'entretient, que
c'eft {'Evangile du jour : d'un homme qui croit
fermement une chofe , qu'il croit cela comme
VEvang.le.
On du proverbialement : Nous fûmes pendant
.quelque temps comms ï Evangile du jour, c'eft-à-
dire, qu'on ne s'entretenoit que de nous, les dil-
cours ordinaires de la converfation rouloient fur
nous.
Le s. Evamgile. La Congrégation du S. Evangile j
ou du Capuce J eft une Congrégation de l'Ordre de
S. François , ou des Frères-Mineurs. Jules IL en
1505. ordonna par une Bulle que cette Congréga-
tion & lis autres qui partageoient rOrdie des Frè-
res-Mineurs , fe réunilfent à celle des Conventuels,
ou à celle des Obfervans. P. Heliot. F. FUI. C.6.
En Efpagne ils furent appelés aullî de l'Etroite Ob
fervance , ou les Déchaulfés. lu. C 17.
^ ÉVANOUIR , S'EVANOUIR, v. récip. Tomber
en défaillance , éprouver un état de folbleife , dans
lequel la diminution dis forces vitales ell: li grande,
qu'on p^rd av;c le mouvement, l'ufage & les fonc-
tions des fens. An-mo deficere. yoye:^ Evanouisse-
ment. En apprenant la mort de fon mari , elle s't;-
vanQu'ir. On lui a tiré tant de fang , qu'il ell tombé
en foiblelFe , qu'il s'eit énanoul. Votre pauvre Ma-
riane n'en peut plus, elle % évanouit en finiiïant
cette lettre.
^Cr Évanouir j fe dit figurément pour difparoître ,
fe didiper j venir à rien. Evanejcere. Les plailirs ,
les grandeurs de ce monde iévanouïj^nt , paifent
bientôt. Les biens du monde ne font que de faux-
biens , qu'on fent évanouir ^ lorfqu'on croit les pof-
fèder. Fléch- Sa gloire ell évanouie. Voit. Tout ce
qui fe fait au monde étoit pour vous évanouir. Id.
La difficulté % évanouit dès qu'on en pénétre le fond.
Nie.
omogcnes , on peut commencer par faite
évanouir celui que l'on voudra ; mais la régie géné-
rale ell de taire évanouir le terme négatif pîutôt que
le poluit , & le plus petit politif plutôt que le plus
grand négatif, lorlqu'ils ont tous deux le même
ligne. On tau évanouir les rennes négatifs en ajou-
tant de part & d'autre de l'équation leur valeur po-
litive ; on fait au contraire évanouir le plus petit
des termes politih en l'ôtantde part & d'autre ^ que
il les deux termes homogènes étoient égaux avec le
même'ligne , il n'y auroit qu'à les effacer de parc
<?c d'autre. Faire évanouir , faire difparoître. De
Lagnv. f^oye-^ dans le même Auteur , les Elcmens
d'Arith. & d'Algéb. P.II.C.i,^, 5 , &c. la ma-
nière de faire évanouir les autres termes , comme
les fradions , les ^inconnues , les incommenfura-
bles , &c.
ÉVANOUI , ÏE. parc. .
'3Cr EVANOUISSEMENT, f. m. FoiblelTe qui faific la
tête ôc le coïur , lulpend en nous tout mouvement,
avec l'ufage & les fondions des fens. Ci- r.'ell , à
proprement parler , ni déiaiUance ,*ni fyncope. C'eft
un état moyen entre les deux. Il du plus que défail-
lance , ik. moins que lyncope , qui eu le dernier
degré de la diminution des foices vitales. Deli-
quium jdejeciio animi. Cette femme ell tombée dans
un évanouïjfement , en apprenant la morr de fon
mari. A peine étoit-il revenu de fon e\3njuïffement^
qu'il ell tombé dans un autre. U évanoui Jementt^
caufé par tout ce qui peut altérer j corrompre &
dilliper les efprits vitaux j comme les longue.?
veilles, les grandes douleurs, les grandes &"fu-
bites évacuati >ns , les v.ip.-urs putrides forrant de
quelque abcès qui ell dans les parties nobles , &c.
Èyanouïssement. En termes d'Algèbre , c'ell
la ma-
Crois-tu que mes 1
iigrins doivent /évanouir.
Rac,
^fT On le dit dans ce fens de toutes les chofes
qui fe dilîipent tellement qu'il n'en refte plus aucun
veftige.
Évanouir. En termes d'Algèbre , Faire évanouir des
termes homogènes , faire évanouir des inconnues ,
faire évanouir d^s incommenfurables, fii^ç évanouir
des termes moyens , & en général faire évanouir ^
c'eft ajouter ou ôter également de part &: d'autre
nière , la méthode , ou plutôt l'opéiacion par la-
quelle on fait évanouir, c'cil-i-dire , on délivre
une équation de certains termes , pour la réfoudre.
M, De Lagny, dans fes Elém. d'Arith. & d'Al.»
P. II. C. 3 , 4. &c. traite de Xéi'anouiffemenc des
fraclions , & de l'abfolu de la haute puilTance j de
Vévanouijjement des inconnues, du l'évanouiffèment
des incommenfurables , de i'évanouïffemenc des
termes moyens, f^oyei aufli le P. Reynaud dans fa
fcience du calcul.
EVANTAIRE. Foye:^ ÉVENTAIRE.
ÉVANTE. f f Terme de Mythologie. Bacchante ,
Prctrelfe de Bacchus. Evan. Les Evanus furent ainù
nommées , parce qu'en célébrant les Orgies , &
courant comme des furieufes, elles crioient Evan
Evan. Foyei BACCHANTE. "*
ÈVANTILLER. v. a. En cas de retrait , de rachat , de
lods & ventes , on évantille le contrat , c'eft à-dire.
On fait voir en détail la valeur de l'héritage , & ce
qui relevé de chaque Seigneur , pour en payer les
droits au prorata. Diil. des Arts. Le terme ordi-
naire de Pratique, eft Ventiler , v. a. Faire l'efti-
mation des biens \ & la ventilation , c'eft i'eftima-
tion même.
ÉVAPORATION. f f. Adlon par laquelle on fait ex-
haler rhumidité de quelque corps , par le moyen
du feu ou du Soleil. Evaporatio , exhalatio vapo-
rum. Le fel fe forme par l'évaporation de l'humidité,
foit par l'ardeur du Soleil , comme dans les marais
falans , foit par le moyen du feu , comme aux lieux
où il y a des puits falés. L'évaporation fe fait en
Chimie pour faire la dilTipation de l'humidité fu-^
perdue , Se diffère de Vexhalation , en ce que celle-
ci ne fe pratique que fur des marières féches.
ffS" On appelle aulîî en Phyfique évaporation ^
l'élévation dans l'athmofphèrede certaines particules
très-fubtiles & très-déliées , qui fe dét.ichent des
corps liquides & de la plupart des corps fol ides.
Foye:^ Exhalaisons , Vapeurs , Émanation j
Météore.
Évaporation , fe dit figutcment pour légèreté d'ef-
prit. Vanitas , levitas animi j, inconfiderantia. Cettâ
extravagance vient d'une grande évaporation d'ef.-
d'une équation. Abolere. Pour faire évanouir les ter- prit. Dieu fe fert des plus terribles objets pour teti-
928 EVA
ïer les âmes d'une certaine évaporaûon que leur in-
feiilibilué produit , &c pour les faire lencrer en
• elles-mêmes. Poa.T-R. Le P. Boulioius met en qiiel-
tion fi ce terme peut être tiré de la Phyiique & de
la Chimie j pour lui donner un fens moral , i5c h
l'on peut dire Vcvaporadon de l'elprit j comme on ;
dit un elpru évaporé,
^pr ÉVAPORER. On donne rarement une fignifica-
tion adive à ce verbe. Alors il lignihe dilîiper j
faire çxhaler en vapeurs. C'eft un fait que le Soleil
évdpore plus vite une eau fupetlîcielle qu'une eau
profonde. MÉm. de Trév.
fer Evaporer eft plus louvenc neutre ou réciproque,
& fignifie fe réfoudre &c s'élever en vapeurs, txha-
lare vapores y evancfcere infumum. Toutes fortes de
liqueurs iévaporait à la longue. Plus les liqueurs
font ipiritueufes , plus elles 'sevjporent. Il rélulte
de pluheurs expérience^ qu'il s'évapore beaucoup
plus d'eau d'une terre humide , que d'une eau non
mêlée de terre. Mairan. Lorfqu'on tau le fel des
«aux des fontaines , on en tait évaporer tout l'hu-
mide , <?>: le Câl demeure au fond. Pour cuire le fal-
pêtre , il en faut faire évaporer toute la lelîive qui
s'eft empr^ignée du fel de- la terre.
Evaporer, fe ditaullifigurément en Morale & avec le
pronom perfonnel: il (ignifie, fe dilîiper, fe perdre.
Perire^evanefcere,diJJipari. Son efprit s'évapore. Sa râi-
fon j fon bon Çenss' évaporent\ pour dire, fe perdent j
il extravague. N'appréhendez point ceux qui vous
•menacent : leur pallion s'évapore par- là \ Se ils con-
fument leur vengeance en paroles. Abl. Les efprits
trop r.-rffinés s'évaporent en des imaginations vaines
& chimériques. Bouh. Il ne fiuc point fubtilifer en
matière de reconnoill'ance : elle s'évapore en fubti-
lifant. Nie. Au milieu des objets de vanité l'ame
fe dilîipe &c s'évapore. Fl. Les Grecs de l'armée
d'Alexandre , animés de fon efprit , s'evaporoienc
en fixions. Huet.
On dit figurément , fv^/^orer fon chagrin , éva-
porer fa bile ; pour dire, foulager fa colère, fon
chagrin, &c. pardes difcours , des plaintes, &c.
Et dans cette acception , Evaporer elt adtif.
ÉVAPORÉ, ÉE.part. Dijjipacus , vanus, /evis.Onle
dit au propre & au figuré. Liqueur évaporée. Efprit
évaporé. Ce n'eft plus le temps de s'abandonner à
des joies évaporées , quand on efl vieux. Bell. Il
eft un cœur évaporé , qui ne peut fe renfermer un
moment en lui-même. Bourd. txh. T. I.p. 44.
Il eft aulli fubftantif , & fignifie, Etourdi, ex-
travagant. C'ell nn évaporé , qui ne fxit ce qu'il dit ,
qui ne fait rien par raifon. Il vaut mieux elfuyer
les railleries d'un jeune évaporé , que de s'expofer
à la cenlure des gens fages. M. Scud. Remarquez le
ridicule de cet évaporé , qui afteéte une gravité
étudiée. Bell.
Ip- EVASEMENT. f. m. Voyei ÉVASION.
EVASER, v.a. Agrandir l'ouverture de quelque chofe ,
lui taire une ouverture un peu large. Os d'dacare ,
aperire j laxare y diducere. Il ne faut pas évafer les
matras comme on fait les cruches & les autres
vailfeaux.
1^ Evaser un arbre , en termes de Jardinage , c'eft
lui donner plus de circonférence , empêcher en ou-
vrant les branches , qu'il ne fe relferre & fe rappro-
che trop. On évafe aulli le* arbres dont le milieu ell:
trop ferré : c'eft quelquefois un détaut à un atbre
d'être évafé , de n'être pas afiez ferré. Les Poiriers
de Beurré s'évafent trop : il faut avoir loin de les
relferrer , ou rapprocher. Les Poiriers de Bourdon
fe ferrent trop : il les faut ouvrir & évafer. Ramos
diffundere. La Quint.
Evasé , éé. part. & adj. Vaiflèau donc l'ouverture eft
large. Patulus , laxus.
fCF Évasé J fe dit du nez , dont les narines font trop
ouvertes. Furetière prétend qu'on le ditaufli des ha-
bits qui ont de trop grandes ouvertures, comme des
manches.
* ^C? Évasé. Patens. En Botanique fe dit de ce qui fe
dilate vers fon ouverture en manière de vafe. On
EUB '
emploie ce terme dans la defcription des fleurs &
des tiuits.
On ditaufiî en Jardinage, qu'un buifibn doit erre
évaj'd j qu'un bon Jardinier doit évafer les arbres
en buiifon.
ÉVASION, f. f. Fuite fcctète : adtion par laquelle on
s'évade. Evafio , juga. L'evafion d'un prifonniec
donne une grande préfomption qu'il elt coupable.
Il tut irrite de (on evajion. Mauc.
Évasion, f. f. Ouverture d'un vailfeau qui eft évafé.
JJilatado , lat'uudo , ampluudo.
ifT Je ne crois pas que ce mot foie François j &
je ne l'ai vu nulle part employé dans cette acception.
Il elt vrai que nous n'avons point de terme qui ex-
prime l'état d'une chofe dont l'ouverture eft agran-
die, enforte que fon orifice foit plus étendu que
fon tond. Je préférerois t'V({/e/«e/2^, qui me patoît
plus analogue Hc moins équivoque.
ÉVAïE. f m. Sorte de bois noir qui reflemble à notre
ébène , & qui fe trouve dans l'Abyrtinie , où il eft
fort eftuné. On en fait des plats j & on dit que par
une propriété particulière à ce bois , ces plats fe
rompent en pièces fitôt que Ton met du poïfon
dedans.
ÉVATES. ^ojqVATES, EUB AYES , DRUIDES.
EUB.
EUBAGES. f. m. Prêtres , ou Do6leurs des anciens
Celtes J ou Gaulois. Eubages. Chorier , dans fon
Uift. du Dauphiné , L. II. n. 3. fuppofe que les Eu-
bages font les mêmes que les Druides & que les Sa-
ronides de Diodore. Quelques-uns croient que les
Eubages (onx. CQ\\:i. que Strabon, L. IV. p. 197. de
l'Edit. de Paris 1620. appelle û'ciaT-EÎ"?, Vates. Peut-
être même s'eft-on perluadé qu'il falloir fire O'ofeVf j
étant aiféde prendre un r pour un t. Quoiqu'il en
foit , il paroît que les Eubages étoient diflerens des
Druides. Voye-:^ ce que nous avons dit fur cela aii
mot Druide. Ammien Marcellin parle des Eubages
dans fon XV« L. C. 9. & parce qu'il ne s'agit-là que
de l'ifle Britannique , quelques Auteurs ont cru
que les Eubages n'étoient que dans cette Ifle , 6c
qu'ils y étoient ce qu'étoient les Druides en Gaule.
Mais encore un coup les Anciens , & fur - tout
Strabon & Ammien lui-même, àcetendtoit, ne
lailfent aucun lieu de douter que les Eubages ne
fulfenc ditFérens des Druides j & au moins une ef-
pèce particulière de Druides , & qu'il n'y en eût
dans les Gaules. Ammien fait entendre que c'étoienc
les Philofophes de ces nations j & que leur occupa-
tion principale étoit l'étude de la nature. Bouche ,
_dan5 fon Hifi. de Provence , L. IL C. II. T. I. p. 68.
diftingue les Vates de Strabon des Eubages d'Am-
mien. Les Vates , dit-il , étoient ceux qui avoient
foin de faire des facrificei j Eubages j ceux qui
s'occupoient des raifons des plus haut fecrets de la
nature.
EUI30ëE,^u EUBÉE. La plus grande des Ifles de
la mer Ej^e. Euboea. Elle s^étendoit le long des côtes
de la Béotie depuis le Golfe Pélafgique julques vers
l'IIle d'Andros. Euboéc , Ifle de la mer Egée j que
l'Euripide féparoit de la Béotie. Cette Ifle s'appela
Euboée à caufede fes grands & beaux pâturages j &:
fe nomme aujourd'hui Négrepont. Tourreil.
Quelques-uns ont dit qu'elle avoir été féparée de la
Béotie par un coup de mer. f^oye:( Lucain.Elle s'ap-
pela d'abord Macridea^ft'eft- à-dire , la longue,
parce qu'elle eft fort longue en comparaifon de fa
Largeur ; Abanride j Chalcide ^''c Afapide; & fut
nommée Euboée du nom d'une Dame j ou d'une
Héroïne qui s'appeloic Euboée. Voye\ Pline, L, IV.
C. 1 2. Strabon , L. IL & L. X. dit qu'elle fut encore
nommée Oche, & Ellopie. Les Athéniens eurent
ï Euboée fous leur domination , & ils avoient établi
des colonies dans fes deux principales villes Eré-
thrye & Chalcide. Th.ucydide dit que dans la guerre
du Péloponéfe , la révolte de V Euboée confterna les
Athéniens , parce qu'ils en retiroien; plus que de
l'Attiquc
E U C
l'Attîque. Après quoi VEuboée fut en proie aux fac-
tions. Tourreil. Philippe n'oublioïc rien pour s'em-
parer de VEuboce , qu'il appcloic les entraves de la
Grèce. Id. Ce fur la troilieme année de la cent cin-
quième Olympiade que ['tubccc fe diviia en deux
fadlions , dont l'une réclama le lecours de Thèbes ,
& l'autre celui d'Athènes. Id. Meilleurs Tourreil &
Corneille , tous deux de l'Académie - Françoife ,
écrivent Euboée , &c non pas Eubcc.
EUBOEEN. fubft. mafc. & fém. Qui eO de l'Euboée.
Eubocus j a.
EUBOÏQUE. adj. m. & f. Qui appartient à l'Euboée.
Eubcïcus, a. Là mer Eubùïqut , EubCicum mare ,
ctoit la partie de la mer Egée qui baignoit l'Eu-
boée.
EUBOULIE. f. f. ou la Déefle du bon Confeil , avoir
un Temple à Rome , félon Plutarque. De sî , bien,
& ftuAi , confeil.
EUBULEE. f. m. Eubuleus. Un des trois Diofcures,
dit Cicéron, de ceux qu'on furnommoit Anaces, Hls
de l'ancien Roi Jupiter & de Proferpine. Ils étoient
nés à Athènes.
Eue.
EUCADE. f. m. Nom propre d'homme. Euchjidius.
On le trouve aulîi nommé Euchoiius _, & Eochodius \
ce que Ferrarius & autres Modernes ont lu Euglo-
dius. Chast. au 25. Janv. p. 410. Dans la Province
de Galloway en Ecolle , S. Eucude ^ Moine fous
S. Colmkil. It). p. 401.
EUCAIRE. Voye- EUCHAIR.
EUCARISTIE. f. f. Foyei EUCHARISTIE.
EUCHAIR. f. m. Nom d'homme. Eucharius. S. Eu-
tAi/jrou Eucaire , premier Evêque de Trêves , vi-
voit au nie fiècle. Bédé en parle au t)= Décembre.
Grégoire de Tours dans les Vies des Pères, C. 17.
& Pierre de Cluny , L. I. Ep. z. en tont mention.
EUCHARISTIE, f. f. Eucharijha. Quelques-uns ôtent
l'A en Françoi's , & écrivent Eucarïfiic , comme on
prononce. Monlieur de Tillemont en ufe toujours
ainlî. Cela eft contraire à l'ufage. Le très-Saint Sa-
crement de l'Autel, qui contient réellement le Corps
& le Sang de Jesus-Ciirist , fous les efpèces du
pain &: du vin : le myftère de ÏEuchariJlie eft in-
compréhendblej comme les autres myftères j il hu-
milie l'efprit du Chrétien ^ & exerce fa foi. L'Eu-
charistlz ell: le gage le plus précieux de l'amour de
Jesus-Christ pour fon Eglife, & une fourcc abon-
dante de grâces & de bénédictions. Si on eft en état
de péché mortel j on ne doi: point recevoir le Sa-
crement de YEuchariscie qu'après le Sacrement de
Pénitence. Calvin n'a pu s'empêcher de dire que fur
XEuchatistie l'erreur des Luthériens ell encore plus
grodicre que celle de l'Eglife Romaine. Luther de
fon côté avoue de bonne foi , qu'il a fait ce qu'il a
pu pour nier la préfence réelle, voyant, dit-il ,
combien cela eût incommodé le Pape j mais qu'il
n'a pu s'y réfoudre contre les paroles précifes de
Jesus-Christ. Pélisscn.
L'Eucharistie eft tout cnfemble & facrifice & facre-
ment. Le l^icrifice de {'Eucharistie eft le même que
celui de la Croix. La viélime eft Jefus-Chrift ; la
Confécration eft l'action du facrifice; le Miniftre
eft le Prêtre qui confacre. Ce facrifice eft tout-à-la-
fois propitiatoire , euchariftique ou de remerci-
ment , d'adion de grâces j impétratoire & facrifice
d'adoration. Le peuple ne confacre point avec le
Prêtre; c'eft une erreur infoutenable. Ondifpute
fortement en Angleterre , fi \ Eucharistie eft Un fa-
crifice. M. Johnfonaécrit pour le prouver. D'autres
Miniftres le tiennent aulli après le fameux Cud-
■worth. M. Lewis a prétendu les combattre , & n'a
rien dit de raifonnable. Le favant & célèbre Dodwel,
dans fon Ouvrage De Cyciic. Diffère. IT. paragr.
^4. p. 414. reconnoît des facrifices non f.'.nglans des
Chrériens, & pour rapporter ces termes : Sacrificia
Cliristianorum iialfutKn'..
En tant que Sacrement j {'Eucharistie eft un facre- 1
Tome m.
E U C c)^cf
ment de la nouvelle Loi , inftitué par Jefus-Chrift
la veille de fa Pallion , après la Cène éyale , &: qui
contient réellement & fubltantiellement le Corps
&c le Sang de Notre Seigneur. La matière de ce
ûcrement font le pain & le vin ; la forme font les
paroles de la Confécration. Le Miniftre eft le Prêtre
qui confacre.
Le Conciliabule de Sardique tenu en 547 ac-
cufe P.iul de Conft.intinople d'avoir fait tirer des
Prêtres par force dans la place publique , & que le
Corps confacre de Notre-Seigueur qu'ils portoienc
pendu à leur cou , avoir été découvert aux yeux du
peuple & protané. Cette accufation fait voir qu'il
y avoir une confécration de l'Eucharistie dans l'E-
glife ancienne ; qu'elle fe gardoit après l'ufage des
Fidèles , & qu'elle étoit confidérée comme une
chofe très-fainte, qu'on ne pouvoit montrer en pu-
blic fans profanarion, digne en un Evêque de la dé-
polition de fon liège. Dodeau.
ifT Eucharistie elt un mot Grec qui fignifie action
de grâces. On appelle ainfi le facrifice èc le facre-
ment du Corps & du Sang de J. C. parce qu'en
offrant & en recevant le Corps & le Sang de J. C.
fous les efpèces du pain & du vin , on rend à Dieu
l'action de grâces la plus agréable qu'on puifte lui
rendre.
EUCHARISTIQUE, adj. Qui appartient à l'Eucha-
riftic. Il n'a guère d'ufage que dans le ftyle dog-
matique (Se dans ccue phrafe: Les efpèces Eucha-
ristiques.
EUCHECRATE. f. m. Jeune Theftalien qui enleva la
Pythie J qu'il venoit con(a\itz. Euchecrates.
EUCHER. f. m. & nom propre d'homme. Eucherius.
Saint Eucher , Evêque d'Orléans au VIII* fiècle ,
naquit en 6)>-/. fe fit Moine à Jumiége en 714. fut
fait Evêque d'Orléans par Charles >/Iartel après
Suavaric fon oncle maternel, en 721. & mourut
en 743. d'aurres difent dès 738. Il y a deux Saints
Euchers Evêques de Lyon j le fécond s'appelle Eu-
cher le jeune. Le nom de Saint Eucher d'Orléans a
été ajouté dans l'Autographe de l'Ufuard de Saine
Germain-des-Près, le 17* Mars; & il paroît Evê-
que de Toufs , fur ce qu'on y a mis Turonenjis pour
Trudonenjis. La même chofe eft au Martyrologe de
Cîteaux. Sur cela BoUandus & Henfchenius , fans
s'avifer de Trudcnen/is , ont mis aa Prater/mJJJ de
ce jour-là les noms d'Euftochius , & Euprhonius ,
n'en trouvant point parmi ceux des Evêques de Tours
qui approchalfent plus de celui d'Eucherius. Chas-
tel. Martyrol. au zo. Fev.p. 69S.
EUCHITES ou EUCHETES. ( Prononcez Ucjultes ,
Uquetes. ) Anciens Hérétiques qui ont été ainfi ap-
pelés , parce qu'ils prioient fans celFe , & qu'ils
croyoient que la feule prière fufîifoit pour être fau-
ve. EuchitiSL. ï^x" , en Grec fignifie prière , d'où les
Grecs ont formé le mot i^;:!»-»*! , qui eft la même
chofe queprecdtores en Latin. Ils s'appuyoient fur
cesporoles de S. Paul,Ep.i aux TheO-c. 5 v. 17. Priez
fans cefTe. S. Cyrille d'Alexandrie reprend dans une
de fes lettres de certains Moines d'Egypte,qui,fous
prétexte de ne vaquer qu'à la prière , meiioient une
vie oifivc. Théodoret parle des Euchites dans fon
livre 4 des hérédes. /^oyejMetraliens. On les ap-
pelait aufîi Enthoufiaft^s. f'^oye^ Saint Jean Damaf-
cène , L. des hércfies , n. 50. Les Orientaux di-
fent que \es Euchites , ou Meffaliens , étoient dans
les mêmes fentimens que Célefte & Pelage. Tille-
mont.
EUCHOLOGE. ( Prononcez Eukologe. f. m.) tucho-
logium. Ce mot eft purement Grec , &: fignifie litté-.
ï3\Qm.Qnx. difcours de prières , deia^^i, prière , &'>'oy»£
difcours : c'eft le Rituel des Grecs , où l'on trouve
tout ce qui appartient à leurs cérémonies ; foit dans
leurs liturgies , foit dans l'adminiftration des Sa-
cremens, foit dans la collation des Ordres. Le P.
Goar Dominicain, a fait imprimer VEuc'nologc en
Grec & en Latin à Paris , avec des notes.
EucHOLOGE, ( Le Didtionr.aire de l'Académie écrit
Eucolopc. 1 fedit aulîi d'un Livre imprimé à Paris'
Bbbbbb
^30 E U D
par l'ordre de M. le Cardinal de Noaillcs , où fe
trouve tout i'Oiiice des Dimanches & principales
Fêtes de l'année , félon le Miirel & Bréviaire Pari-
fîen.
EUCINA. Nom d'un Ordre de Chevalerie qui j
félon quelques Auteurs , hi: établi l'an 711 par Gar-
das Ximéiics , Roi de Navarre. On dit que fa dé-
vifeécoit une Croix rouge fur une chaîne ; mais un
Ordre de Chevalerie du VilF fiécle eft un Ordre
fuppofé.
EUCLIDIEN , ENNE. adj. Qui appartient à Euciide.
Plufieurs nouveaux Géomètres ont abandonné la
inéthode Euc/Uienne. La Géométrie accoutume l'ef-
prir à foutenir long-temps la comparailon , & à voir
clairement une confcqu^nce tirée d'une multitude
d'autres : c'eft ce qui dans la méthode Euclidienne
donne l'habitude de la contention de l'elprit. Des
FoNTAINfS.
Plufieurs de nos Modernes , en s'éloignant de
cette méthode Euclidienne , ont fouvent luppo-
fé , au lieu de démontrer. Id. Depuis l'invention
de ce terme j on en a même étendu l'ulage jufqu'à
lui faire ligniherce qu'on appelle Géométrique. Nos
beaux efprits , armés d'argumens philolophiques ,
s'élevèrent cgntie l'ancien Lyrique , & lui fubf-
tiruerent un Lyrique méthodique <3c Euclidien.
Idem.
EUCRASIE. f. f. Terme de Médecine , qui figni-
fie un bon tempérament , c'e(t-à-dire , im tem-
pérament qui convient à la nature ^ à l'âge & au
fexe du fujet. Ce mot eft Grec , èuiças-i'a ^ tempéra-
ture du corps bonne , égale j de «ï » àien & de x-fâtru^^
tempérament.
E U D.
EUpÉMONIE. f. f. En Grec £.<^«,,«o»r« , DéelTc de la
félicité.
EUDES, f. m. Nom propre d'homme. Odo , Eudo.
EUDIQUE. Terme de grand Art. Les Sages appelent
ainfi les fcces du verre.
EUDISTE. f. m. Eudistd. C'efl; le nom qu'on donne à
une Congrégation de Prêtres féculiers, inftituéspar
le p. Eudes , qui étoit Irère de Mezeray , Hiftorio-
graphe de France. Le P. Eudes avoir été Prêtre de
l'Oratoire j & il en fortit pour établir fa Congréga-
tion. Le P. Eudes l'établit d'abord à Caen , éc c'eft
delà qu'elle s'eft répandue dans la France, fui-tour
€n Normandie, comme à Rouen , à Evreux, àCou-
tances. Ces Meilleurs ont aulîi des maifons en Bre-
tagne. Leur iniHtut eft de former à l'Eglife de faints
Prêtres & bons Eccléliaftiques j dans les Séminaires
^ dont les Evêques veulent bien leur confier la con-
duite. Ils prennent le nom de la Congrégation de Je-
fus& de Marie. Le P. Eudes faifoit une protellion par-
ticulière de la dévotion à la Sainte Vierge. Les Eu-
distes n'ont point d habit diftingué des Eccléfiafti-
ques Séculiers.
EuDisTE. f . f . Nom de Religieufes. Eudista monialis.
L'Ordre des Religieufes f^^cZ/jVtrj fuit la règle à>iS.
Auguftin ,!& outre les trois vœux de Religion , elles
en font un quatrième, de s'employer à l'inftruftion
des femmes &des fiileslibertincs, qui veulent chan-
ger de vie & fe convertir. Elles furent d'abord éta-
blies à Caen fous le titre de Notre-Dame de la Cha-
rité. Cet établiiïement fut le fruit des Prédications
du P. Eudes, Fondateur d'une Congrégation d'hom-
mes, noinmcs aulli de fon nom les i-'i/^/jré'i'. Elles
fe font répandues en fuite en Normandie & en Bre-
tagne , & il y en a à Rennes.
EUDORE. f. f. Nom d'une Nvmphe marine. Eudora.
La Nymphe Eudore étoit fille de Nérée & de Doris,
Héfiod , Theog. v. 244. & non de l'Océan & de
Tcthys jComme a ditHoffmnn.Le même Auteurdit
encore que l'une des fept Atlantides s'appeloic Eu-
dore,
Ce mot vient de £^» , bien , Se ^ù'^a, , préfent , 5c
fignifie beau préfent.
EUDOXE. f. m. Nom propre d'homme. Eudoxius ,
EUD
Euâoxus. Les Entretiens de Cléandre & à'Eudoxi
font une réfutation des Lettres Provinciales , faite
par le P. Daniel Jéi. Nous ne mettons point de dif-
tcrence en notre langue entre les noms de ceux que
les Latins appelent Eudoxius & tudoxus , ëc nous
dilons toujours Eudoxe. Eudoxe , hls d'Efchine,
elt un ancien Grec de Cnido . Aftronome , Mé-
decin , Légiilateur ôc Géomètre très-célèbre. Eu-
doxus. Eudoxe hérétique Arien ufurpa le (îège
d'Antioche l'an 356. Eudoxius, & ainli des autres.
Apparemment l'on a voulu éviter l'équivoque du
nom féminin Eudoxie. M. Godeau dit quelquefois
Eudoxius. Par exemple , L. IV j p. 475.
Quelques-uns difentaulîi Eudoxe tcminin , pour
Eudoxie. t^oyt^ ce nom.
Cenom J aulli-bien que celui d'Eudoxie, eftGrec
compofé &c formé de '", bien , beaucoup , très, Sc
iiia , gloire , Se fignifie glorieux , & Eudoxie , glo-
rieujc.
EUDOXIA. Terme de Fleurifte. C'eft un œillet pi-
queté très- fin : le blanc en eft beau , il fleurit faci-
lement : fa Heur eft médiocrement large , & fa
plante fort délicate , & fujette à la pourriture. Il
porte graine : quatre boutons lui fuftilent. Mo-
RIN.
EUDOXIE , ou EUDOXIA. f. f. Nom propre de fem-
me, f^^t^o.via. L'Impératrice Eudoxie, temma d'Ar-
cadius J favorifa Théophile d'Alexandrie contre S.
Jean Chryfoftôme qu'elle fit exiler deux fois , Se
auquel par là elle caufa la mort. Eudoxie , femme
du jeune Théodofe , étoit fille de Leontius , Sophit-
te d'Athènes , qui la rendit habile dans les belles-
lettres : la Philofophie & les Mathématiques. Eu-
doxie, qui s'appelle auiîi Eudocie , Eudoxia, fille
de Théodofe lejêune^cpoufaValentinien III. Quel-
ques Auteurs difent Eudoxe féminin , au lieu d'Eu-
doxie. Eudoxe , femme d'Arcadius , ne pouvant
plier comme les autres fous le joug de ce favori
( Eutrope ) il fut fi hardi que de la menacer que
dans peu de temps il la feroit répudier, Godeau.
Maxime monte fur le trône par ces degrés , & con-
traint l'Impératrice Eudoxe _, fille de Théodofe
le jeune, à l'époufer. Bossuet. Et de même Eudoxe
femme de Théodofe le jeune. Godeau appelle Eu-
doxe , femme de Valentinien , Eudoxe la jeune.
Mais il feroit mieux de dire Eudocie , & de réferver
Eudoxe pour le mafculin , Eudoxus. C'eft ainli
que ^Eugenius nous faifons Eugène , & non pas
tugenie , qui eft toujours le féminin Eugenia ,
&:c.
EUDOXIEN , ENNE. f. m. & f. Nom de Sefte. Eu-
doxianus , a. Ce font des hérétiques du quattième
fiècle, dont Saint Epiphane parle , Haref. yC. Les
E.udoxiens prirent leur nom A'Eudoxius , Patriarche
d'Alexandrie & de Conftantinople , grand défen-
feur du dogme Arien , dit Nicéphore , & qui fut
leur chef. Les Eudoxiens fuivoient les erreurs des
fectes Aériennes , & Eunomiennes , foutenant que
le fils avoit une volonté différente du Père , & qu'il
avoir été fait de rien, /^oyej Saint Epiphane, Il£-
réf. 76.
EUDOXIOPLE , ou EUDOXIOPOLIS. Ville de
Thrace , dont le nom eft aujourd'hui Selymbrie ,
Eudoxiopolis , Selymbria. La ville de Selymbrie
en Thrace voulut porter à caufe d'elle ( d'Eudoxie
femme d'Arcade ) le nom d'Eudoxiople que l'hif-
toire lui donne quelquefois , Se l'on rapporte à cela
la loi du 14 Juillet cie l'an 404 de J. C. donnée en
faveur de la ville d'Eudoxiople. Tillem. T. V. p.
471. Souvent nos Auteurs confervent le nom des
Villes dont le nom fe termine sn polis \ il femble
qu'il feroit mieux , à l'exemple de M. de Tille-
mont, de fuivre l'analogie , & de leur donner une
terminaifon Françoife en ople j comme l'ufage le
£iit dans Conftantinople , Andrinople , &c.
EUDOXUS. C'eft le nom d'un ancien Mathémati-
cien , qu'on a donné à une des taches de la Lune.
C'eft le nombre iz dans la Sélénographe du P. Riç-r
ciolL
EVE
E U E.
EVE, ou A.IVE. f. f. Aqitix Vieux mor François, qui
ligiiihoic l'eiu. Les plus anciens Romans , celui
de Guériu le Lorraiu entre autres , qui eit en ma-
nufcrit à la lîibliothéque du Roi , écrivent Eve ,
ôc non pas ^ive. Mais dans la luite on a mis Aive.
C'ell de là qu'ell venu le mot d'aivicr , ou évier.
& d'éguière , ou aiguière. Du Bouchet croit que
la torèc Evcli^ie , appelée aujourd'hui des Yve-
lines , eft ainfi nommée à caule des eaux dont elle
dl pleine. Dans le Roman de Guérin je trouve.
Del bruit de l'éve ornent un moulïncU
EVE. f. R Eva. La première des femmes fut ainfi
nommée par (on mari , le premier des hommes.
Dieu la torma lui-même d'une des cotes d'Adam,
& la lui donna pour femme «^ pour aide , en les
béniirant , &c leur ordonnant de multiplier le genre
humain iur la terre. L'hiltoire d'Eve eil allez
connue.
Les Rabbins ont débité je" ne fai combien de fa-
bles fur le fujct d'Eve , qui ne mentent pas qu'on
y falle artencion. Ils dilent que le mot hébreu que
nous interprétons par côtes ne fignifie pas en cet en-
droit (Gen. II, 21. ) côte , mais côté ; que Dieu
forma Eve d'un des côrés d'Adam ; que ce premier
homme étoit androgyne , comme parle Abravanel,
c'ell-à-dire , que le corps du premier homme , tel
qu'il fut d'abord formé de Dieu , étoit compofé de
deux corps , l'un d'homme & l'autre de temme j
que ces deux corps étoient joints & fe tenoient par
le côté _, & que , quand Dieu voulut tormer Eve,i\
ne Ht que féparer le corps de femme du corps mâle.
Voilà les imaginations des Rabbins. Leur grande
preuve eft qu'il ellditj Gen. V. i. que quand Dieu
créa l'homm.' il les ht homme ôc femme ; comme
fi cette exprelîion dans l'Ecriture fignitîoit autre
chofe, finon que Dieu créa les deux fexes , un in-
• dit^idu de chaque fexe , Se que lorfque Dieu com-
mande A Noé de faire entrer dans l'arche des ani^
maux mâle & femelle , fe fervant précifément des
mêmes termes qu'en parlant d'Adam , il eût voulu
que ces animaux eulfent été un compofé de deux
corps j l'un mâle & l'autre femelle.
Eve , en Hébreu j mn , lihavh , fut ainfî appelée par
Adam du verbe mn j ^Afl/a.^ , oumrt, hhavuk,\i-
vre , parce qu'elle étoit la mère de tous les vivans ,
Gen. m. lo. C'eft Adam qui lui donna ce nom ,
parce qu'elle donna la vie, qu'elle devoit être
la mère de tous les hommes, Gcnéfe 11. i3. ///.
zc.
Ev£, a fîgnifié aufll une femme adultère y péchîrelfe j
à caufe \'Eve la première femme & la première pé-
cherelTe du monde.
Eve a encore fignifîé une jument , une cavalle. Equa.
Voye-[ M. Ménage.
On dit populairement , je ne connois cet homme-
là ni d'£ ve ni d'Adam , pour dire , je ne le connois
nullement.
ÉVÊCHÉ. f. m. Diocèfe , territoire qui eft fournis à
lajurifdiélion fpiricuelied'un Evêque. Cette abbaye
eft dans un tel Evêché. Il y a en France dix-huit
Archevêchés & cent treize Evcchés qui font leurs
fuffragans.
Lqs Evêchés font des bénéfices féculicrs & con-
fiftoriaux. Ils étoient autrefois remplis par élec-
tion. Aujourd'hui , en France , c'eft le Roi qui y
nomme.
Ce mor étoit autrefois féminin. Du temps de Ron-
fard on difoit enccjre une Evêché.
Voudro'u avoir le dos & le chef empêché
Dejfoui la pefancear d'ans bonne Evêché.
Le Concile de Sirdique en 3^7, condamna le
EVE 9 3 î
changement des Evéchés , afin de borner rin4uié-
tude &c la cupidité des Evêques. Herm."
EvÉciiE, lignilie aulii la PrcLuure, la dignité d'Evê-
que. Munus EpijcjpaU , di^iuus i.pijcopalis. Ca
Prédicateur va droit à VEvilcié , afpiteà L'Evccié^
On dit plus ordinairement épifcopat.
Avec moins de tdens vingt Abbis ont prêché y
Q^e lu chaire a portés jufques à /'Evêché.
ViLt.
Evêché, c'eft, par rapport à i^■\rchltea:ure, la de-
meure d'un Evêque , le Palais Epil'copal. Domiié
tpifcopaiis ., Paluuum Epifcjpi , Epifcopium. Il eft
logé à VEvcché.
Evêché, feditaulfi pour fîcge épifcopal. C'eft ainfi
qu'une ville a été érigée en /l'vtcAt; , & qu'on ap-
pelle Evcche une ville où il y a un fiége hpifcopal.
Orléans eft un Evêché.
EVÈCHESSE. f. f. Nom que l'on donnoit dans la pri-
mitive Eglile à des femmes qui avoient certaines
fonctions dans l'Eglife , où il y avoit des EvCcheiJes
comme il y avoir des Prètrelles j des Diacouelles
&desî^ous-Diaconeiles. Epijcjpa. Le Doôleur d'Ef-
pence , dans fon Commentaire fur la première Epî-
tre de S. Paul à Timothèe , parle des EvèchcjJ'es,
Il n'oublie pas de parler des tvcchejjes , des Dia-
conelTès & des Sous-Diaconelfes. Du Pin: Une an-
cienne infcription rapportée par les Macri , dans
leur Hiérolexicon j parle d'une Dame Théodora ,
Evéchejje. Dans le moyen âge on a dit Epijcopifja j
& il fe prenoit pour la femme d'un Evêque , car
cet abus s'étoit introduit en quelques endroits ,
comme en Ibernie , & Saint Bernard , dans la vie
de S. Malachie , parle de quinze Evêques piédécef-
feurs de ce Saint , qui avoient été mariés.
\fT EVEIL, f m. Mot qu'on cherche à accréditer de-
puis que'que temps , mais qui ne paroît pas allez
établi pour erre employé hoisdu difcours famihen
C'eft un avis qu'on donne à qujlqu'un d'une chofe
qui l'intérefte. Si à laquelle il ne penfoitpas. C'eft
lui qui m'en adonné ye^eil.
EVEILLER. V. a. Rompre le fommeil de quelqu'un.
Sufcitare, excitare , expergejacfe. La Tragédie de
Marianne commence par un longe qui évei.lu Elé-
rode en furfxur. Eveille-^- moi demain de bo;i
matin. On faifoit un bruit capable A'éveilUr m\
mort. • '.
t)Cr Eveiller & reveiller ont à peu-près la même fi-
gnifîcation. On peut feulement obferver avec M.
l'Abbé Girard, que le premier de ces mots eft d'un
ufage plus fréquent ila'is le fens littéral , au lieu
que le fécond eft plus fouvent e^nployédans le fens
figuré. Le moindre bruit éveille ceux qui ont le fom-
meil tendre. Il faut peu de phofe pour réveiller
une paillon qui n'a pas été parfaitement déracinée
du cœur.
^3" Il femble aulTî qu'on éveille fans le vou-
loir y ÔC que reveiller marque ordinairement da
delfein.
Ce mot vient de evigilare.
Eveiller , fîgnifié fîgarément , rendre plus gai , plus
vif, plus ardent. Hilarare. Cet efpnt eft pefanr, il
le faut mettte au Collège pour Veveiller. Il elt mé-
lancolique , il lui faudioit quelque chofe qui Vé'
veillât. La colère éveille le courage j Se l'excire à en-
treprendre des chofes grandes & magnanimes. M.
Esp. Le zèle trop emporté nen'uine pas moins l'ami-
tié que la froideur qu'on n'éveille point. S. Evr. La
cl>air du pauvre accablée de travaux feroit-e'letf'vif//-
lée par les délices qui viennent en loule accabler
l'homme fortuné ? Roy.
On dit en proverbe, il ne faut pas évcillerlQ chat
qui dorr.
Ip- S'EVEILLER, v. rccip. CelTor de dormir. Eperge-
. /leri , evigilare. Il s'éveille tous les jours de bon ma-
tin J au chant du coq.
Éveillé , ée. part. & adj-H a les fignific.itions de (en
vetbe au propre & au figuré. ExcitJtus ,hilaris ,10-
Bbbbbbij
932. EVE EVE - ^
cofus. L'ame éveillée par l'exemple , on par le dlf- 1 la Tragédie Angloife un aniàs d'événè/nens confus,
cours , s clance au-deià àt 1 ordinaire. Mont. Voi- i S. EvR.
là une morale bien éveiUée.ï\ Cou. Cell-à-dire , Bon Evénement. Terme de Mycliologie. /^oje:j- au
en ftyle badin , une morale un peu relâchée. On mot Bon. Eiiphranos avoir fait la itatue du Bun
du qu'une femme eit fort crcv/Zce ^ pour une, qu'elle
eil un peu coquette. On dit provcrbialemi;nc d'ua ;
jeune eniant gai ;^ vif ^ qu'il elt éveille comme une
potée de louns.
Éveillé, le prend quelquefois fub.lancivement , &
/îgniàe ardent , foi^ncax. Auenius ^ uidcer. C'elt un
cW//d;'dont il fe faut garder. Il elt bien éveille qaind .
il s'agit du gain. Ils font i;.uli.iids,eve:lles ik. gentils, j
Éveille-chien. Surnom que l'on donnoit à Herbert |
le vieux. Comte du, Mans , parce qu'il tailoit
fouventdescourles denuit furies Angevins. //cic-
turnas expcdulonss crébro ageb^zt , 0' Andegaven-
fes , hortiines & cjnes in- ipsâ urbe , vel in muni-
cioribus oppi^!S terrebar ^ à" korrendis ûjfulcibus vigi-
Iqrecjgebdt. Orderic Vital , Liv. 4. pag, 5 5i.Trin-
cant, ' Mémoires des Comtes du Maine . ^ oye\ Mé-
nage.
ÉvÉïLLE-rou. On appeloit ainfi chez les Moines li-
bertins , la cloche qui fonnoit les Matines. Ils
traitoienc de fous ceux qui fe levoient de bon ma-
tin pour aller chahrer à l'Eglife. Dans une char-
tre de l'Hèrel-Dieu d'Angers de l'an 1183. on
Trouve tintinmibiilum ^ quod evigd'^ns Jiultum di-
ciur. Au contraire , à l'entoui: du timbre ou de la
doclie qu'on fonnoit pour .aller au rereétoire , quel-
ques-uns avùiïUt mis ces vers , en ces termes , ou à
peu près.
Vox mecL vox grataefl , quia prandia dico parataA
hvénemei.t. Il cenoit de la main droite une patère,
de la main gauche un épi &c un pavot. Pime , L.
XX XL y. C. '6. On trouve lur les médailles une fi-
gure debout , tenant de la main droite une patère
au-dcllus d'un autel ^ «ïc de la main gauche d.s épis
de blé, avec ces mots, Bon. even. Aug. ou Bonus
EVENTUS AuG. Le Père Chamillart en a décrit 6c
fait graver deux dans les dillertations , p. 58.
I ÉVENT. f. m. Impredion ou adion de Tair qui chan-
ge la qualité de la plupart des choies. Aens , vend
motus ^ aura. Anh on dit, mettre .à l'eve«f,pour
dire , mettre à l'air & fécher. Les Teinturiers met-
tent à Xévent leurs foies & étoftes fur des perches
qu'il leur eft permis, de mettre lur les rues. Cette
viande fent ïevent. Le vin prend mauvais goût ,
quand on le lailfe à l'air, à Xevent. Cette bouteille
n'a pas été bien bouchée, le vin fentl'tve/zr. Evanï-
dus , vapidus.
ÉvENT , fe dit d'un lieu en grand air , où l'on par-
fume les choies qui viennent des pays attaqués de
pelle. Dans le temps de contagion il doit y avoir des
évents, ou des lieux en grand air, pour parfumer
tout ce qui vient des pays inteétés. De la Mare ,
I raité de Police.
ÉvENT, fe ditauffi d'un trou ou ouverture qu'on lailTe
en quelques vailfeaux pour donner palfage à l'air ,
pour y entrer , ou en fortir. On ne lauroit tirer du
vin d un tonneau , fi on ne lui donne de l'evewpar-
deffiis. Les Fontainiers lailFent quelques tuyaux ou-
verts pour donner de Vévent à l'air enfermé dans les
conduits de leurs fontaines.
Il y a encore de ces timbres dans quelques Monaf- s ÉvENT , en termes d'Artillerie j eft l'aifiince qu'on
tères de Bénédidins , qui lont mamten.ant trcs-re-
glés & très -réformés.
ÉVEMEillON. f. m. Terme de Mythologie. Un des
Dieux de la Médecine chez les Sicyoniens , qu'ils
in voquoient tous les jours après le loleil couché. Son i
nom iignitie celui qui vit heureufement j mais i'
eft Dris ici dans une lignification adive , &: marque
l'ailreur mcmedu bonheur, celui qui porte bonheur
celui qui fait vivre lie ureufement. De tïj ik-i^'-f^,
jours heureux.
EVENEMENT, f. m. IlTue , fuccès ,' bon ou mau-
vais, de quelque cllbfe. ii"ve«r;^j , e.rvAj. Perfonne
ne peut répondre dtisévénemens : ils lont en la main
de Dieu La Fortune fe conlerve un empire plus ab-
folu fur les événemens que la prudence. Cail. Les
Hilforiens , époufant les pallions de ceux qui les re-
■ componfent , déguifent les événemens comme il leur
plaît. M.Sc. Le peuple prend les événemens pour les
interprètes île la filouté du Ciel. Fl. C'eft la For-
tune , cette aveugle Divinué, qui prélîde aux évé-
nemens. BouH. Le Cardinal de Richelieu étoit éga- 1
lement capable d'aiî~arer les bons événemens , &z de j
réparer les mauvais. Disc. d'El. Les plus lagescon-,
feils font fouvent fuivis de mauvais événemens, Ua
vendeur eft garant de l'événement du procès d'é-
viéèion qu'on fait à l'acheteur. On dit aulîi j à tout
événement ; pour dire , en tout
aller;
|(C?" Evénement , accident , aventute , confidérés
dans une lignification fynonyme. Ce terme fe dit
en général (1j out ce qui arrive dans le monde,
fou au public , foit aux particuliers , & il eft le mot
convenable pour les faits qui concernent l'état. Les
révolutions d'Etats font des événemens. Il feinble
audl , jit M. l'Abbé Girard , que le hafard a moins
de part dans l'idée dl événement que dans celle d'ac-
cide-it &i d\iventure. La vie eft 'pÏQinQ d' événemens
que la prudence ne peut prévoir.
Événement , fedir aulTi des chofes grandes, furpre
liantes & fingulières qui arrivent dans le monde.
C :fus fingularis. M. Le Camus Evcque du Bellay , a
£ilt plulleurs volumes dlévénemens finguliers , d'hif-
toires remarquables & extraordinaires. On voit dans
donne au boulet pour rouler dans le calibre d'un
canon; la différence du diamètre d'un boulet à celui
du calibre de la pièce. Ce boulet a trois pouces de
diamètre, & le calibre eft de deux lignes plus grand
pour Vévent.
Évent, eft encore une ouverture ronde, ou longue^
*'* qui fe trouve dans une pièce de canon, ou autres
armes à feu , enforte que la fumée fort par cezévent.
liimuLi. On rebute ces furtes.de pièces, comme dé-
feétueufes.
Évent , fe dit aufli des petits tuyaux que lesF©ndeurs
mettent dans les moules des figures ini'ils veulent
jeter en métal, afin que l'air puilfe foitir à mefure
que le moule s'emplir. Spiramentum,
On appelle aulli évent , cet endroit du pollFon
par où il refpire. On l'appelle auffi ouie.On appelle
aufii évent , les ouvertures que les baleines ont fur
la tète , par où elles jettent une grande quantité
d'eau.
Évent , fe dit aufii dans l'aunage de ce qui eft donné
par les auneurs au-delà de la mefure. L'Ordonnance
enjoint aux Auneurs de mefurer les étoffes bords à
bois Ik fans évent.
"On appelle proverbialement une tète à Vévent^
un efprit léger, étourdi , évaporé. //.'^e««/;2 levé -^
pnceps.
cas , ou au pis î ^ EVENTAIL, f. m. Il n'y a que le peuple qui fade
ce mot féminin. Flabellum.On difoit autrefois éven-
toir. C'eft un inftrument qui fert à agiter l'air , &
à le porter contre le vifage j pour le ratraichir. C'eft
une peau mince j, un papier ou tafetas taillé en de-
mi-cercle , monté fur de petits bâtons plats , qui fe
replient les uns fur les autres, dont on fe fert pour
s''éventer. En Orient ou a des éventails de plumes
pour fe garantir du chaud Se des mouches. En Italie
il y en a qui lalfent les bras de quatre valets j comme
dit Balzac. Du Bartas a appelle les vents frais, éven-
taux ds. l'air. On dit maintenant éventails 1l\x plu-
riel , &Z on ne dit point éventaux. Qn a remarqué
^le l'agitation de l'air par un éventail m fiit aucun
effet fur le thermomètre , & qu'elle n'eft pas capable
de le refroidir.
Chez les Grecs on donne un éventail aux Diacres
EVE
dans !a ccrémonie de leur ordination , parce que
dans TEglile Grecque c eil une tondbion des Diacres
que de chairer avec un éventud les mouches qui in-
commodent le Prêtre durant la MeiG. Koyc^ fur
cela le P. Roiweide dans l'Onomafticon de Ton Kiu
Patrum , au mot tlabeilum.
Wicquefort, dans fa Traduction de rAmbalfade
de Ga'.cias de Fi^ueroa j appelle éventails certai-
nes cheminées que les Perians praciqucnt pour
donner de l'air & du vent dans leurs apparteniens ,
fans quoi les chaleurs ne feroient pis fupporta-
bles. /^oyej-en la defcription dans cet Auteur j
, pageji;.
Eventail. Terme de Conchyliologie. Se dit d'une ef-
pèce de coquillage de mer, qu'on appelle autrement
la Sole , parce qu'elle ell brune par-delfus & blanche
par-dellous , comme la Sole, poillon. Flabdluni ,
marina concha j rhomhus concha. Un cycntuil d'une
grandeur énorme.
Éventail, chez les Emailleurs. Les Emaiilcurs ap-
pellent aufli de la forte une pLuine de fer blanc ,
ou de cuivre.dont ils fefervent pour n'cne point in-
commodés du feu de la lampe à laquelle ils travail-
lent.
|Cr On donne aulTi le nom dVv<;/2ri2//,dans quel-
ques pays , en Italie & en Efpagne j à une ma-
chine qui eft faite de carte j & fufpendue au plan-
cher ; laquelle par le mouvement qu'on lui donne
& qu'elle conferve long-temps , agite l'air j donne
du venc & de la fraîcheur j tv' chaile les mou-
ches.
En termes de Jardinage on fe fert de ce mot pour
marquer la ligure que doit avoir un efpalier. Cet
efpalier pour être bien formé doit avoir la forme
d'un évcmad. Liger. Les Jardiniers dilent encore ,
des arbres en éventail , pour dire , des arbres dont
on ne lailîe point venir les branches en rond , mais
que l'on conduit de bonne heure à prendre une fi-
gure plate , comme celle d'un efpalier. J'ai une al-
lée de tilleuls en éventail. Arbor fiahcUi fïgurum rc-
ferens , inflahcUi morem difpojita.
ÉVENTAILLISTE. f. m. Marchand qui tait & vend
des éventails, hlahcllorum propola.
. ÉVENTAIRE , ( le peuple dit INVENTAIRE ) f. m.
Terme de Vanier. C'ell un plateau long d'environ
trois pieds , large de deux , & fait allez groflière-
inentd'ofier \tn.l^annus.Lts femmes qui vendent
du fruit , des herbes , du poilTiiii fe fervent d'f-
ventairesiiovn porter leurs marchandifes par la ville.
Elles les portent en les attachant avec deux cordes
qu'elles fe pafient au cou , ou fous les aifelles. Id.
, J Ou plutôt avec une fangle attachée par un bout au
côté droit de Véventaire , Se par l'autre bout à fon
côte gauche J & qu'elles fe paifent derrière le dos ,
fur les reins.
EVENTE, f f. Les Chandeliers .appellent ainfi une ef-
pèce de calïètte balfe j plate & fans couvercle , di-
vifée en trois ou quatre petits carres , où l'on met
de la chandelle défilée. Capsa candelaria.
ÉVENTE, ÉE. adj. Se dit d'un homme qui a la tête
légère,. qui ell évaporé, étourdi. Prxceps , levis.
C'ell un homme bien éventé , une femme bien
éventée.
fC? Il fedit auffi fubft.antivemenr. C'cft un éven-
té. On accufe les Trançois d'être des éventes , prin-
_ cipalement dans leur jeunefTe.
ÈVENTEMENT. VentÛaûo. Eventement de vin , va-
pidi vini vitium. Pomey. On ne le dit pins.
EVENTER. V. a. Faire du vent en agitant l'air. J-^en-
tilare , ventulum facere j rejrigerare , auram commo-
vere. Les Indiens ont des îjens gagés pour les éven-
• rerperpétuellement avec des plumes. Les Dames s'e'
ventent ici en été.
Éventer , fe dit auflâ de ce qu'on nettoie , de ce
qu'on rafraîchit en le remuant, en le mettant à l'sir.
Si on n'évente le blé avec la pelle, il fe gâte bientôt.
Dans les temps de contagion on évente fouvent tous
les meubles , on les met à l'évent.
On dit aufli , éicntcr la veine , pour dire , faits
7 . EVE 933
une légère faignée pour donner de l'air aux hu-
meurs , t<. éviter la réplétion. Aperire , fiçarc vc-
nam.
Ce? Eventer, donner de l'air , déboucher. £vd/2fer
la mine. Les ennemis om cventi la mine , lui ont
donne de l'air , ont empêché Ion effet.
jfT On le du dans ce fens au figuré pour décou-
. vrir un fecret j mettre au jour une chofe qu'on
vouloir tenir cachée. Patefaccre , projerre. Eventer
un lecret J un complot. Cette affaire ne réuiîira pas,
on a évente la mine.
Éventer, v. n. Terme de Manège. Il fe dit d'un che-
val cpii lève trop lenoz:c'élt la même chofe que
porter au vent. Lorfqu'un cheval évente , on lui
donne des branches hardies pour le ramener.
•uT Eventer la voie. Terme de Vénerie , fe dit en
parlant d'un chien qui rencontre une voie Ç\ fraîche
qu'il l'a fent fans mettre le nez à tetie \ ou quand
après un long déhiut j les chiens ont le vent du
cerf qui ell lui le ventre dans une enceinte. Acad.'
Franc.
Eventer les voiles, en termes de Marine, c'eff ,
mertre le vent dans quelques voiles cocftées. On dit
qu'un vailTeau ell éventé, lotfqu'après avoir eu le
vent fur les voiles , il l'a dedans, i^'^ela dare ventis.
Ce que les Marins appellent, mettre lèvent dans les
voiles.
Eventer, en termes de Charpenterie& deMaçon-
nerie. Sustinere. inventer une pièce de bois , ou une
pierre que l'on monte , c^eff la tirer avec un corda-
ge , pour empêcher qu'elle ne heurte contre la mu-
raille & qu'elle'ne s'écorne.
ifT s'Eventer, v. recip. Se gâter, s'altérer par le
moyen de l'air. Vitiari , corrompi. Le fil , la foie ,
la laine s'éventent à l'air. Les parfums s'éventent fa-
cilement. Ce vin s éventera , li on ne bouche la
bouteille.
tfT On dit dans le même fens , en termes de Jar-
dinage : Les racines d'un arbre font fujettes à s'e-
venter, lorfqu'on néglige de les bien garnir de terre
en les planrant. Liger- Eventer s'entend alors d'une
altération qui arrive aux racines quand elles ne font
pas bien couvertes de terre.
Eventé , ée. part, ôc adj. Du vin éventé. Vinum vapi'
dum , evanidum , vappa. Cependant avec fes airs
éventés , fon amour pour le jeu j & les toiles dé-
penfes , &c. M. l'Her. Voye\ plus haut Eventé.
EVENTEUR. f. m. Qui évente quelque chofe de fc-
cret , qui le publie qui le fait connoître. f'ulgator.
Ce motfe trouve dans Marot. Il n'eft point ufité.
ifT EVENTILER. Terme de Jurisprudence, f'oye-^
Ventiler.
EVENTILLER. Terme de Fauconn-erie , qui fe dit de
l'oifeau , lorfqu'il fe fecoue en fe foutenanten l'air ,
comme s'il faifoit une cabriole. Cela vient de venti-
Lire,
EVENTOIR.f. m. TermedeRôtilfeur & de Cuifi-
nier. Gros éventail d'ofier dont on fe fert pour éven-
rer les charbons , quand on fliit griller ou rôtir quel-
que choie. FlabcLuni excitandis carbonibus. On le
difoit aulli autrefois dec'e que nous appelons main-
tenant éventail. Je trouve que les Dames Romaines
fe fervoient à'éventoirs £iits des ailes de paon , pour
fe rafraîchir. Tristan, T.I.p. 60^.
ÉVENTRER. v. a. Ouvrir le ventre pour en tirer les
inteftins. Exenterare. On evenire les bœufs j les co-
chons , les poilTons , &c. Au Japon & en Angleterre
on éventre les criminels.
On dit figurément & baffement , %éventrcr , pour
dire , ixne les derniers efforts. Il s'évencreroit pour
votre fervice.
Éventré, ée. part.
EVENTUEL, elle. .adj. Terme de Droit public,
quieil de nouvelle création. Qui peut arriver. Qui
potest evenire. Le Pape a fait faire une proteffarion
entre les mains des Echevinsde laviUe de Cambra/
contre l'inveft.iture éventuelle des Etats de Parme &
de Plaifance, confcntie par la Diète de l'Empire, &:
donnée par lEmpereur à l'Infant d'Efpagne , Dom
9H E V E
Carlos. Gaz. 1713. p. 208. LeRoi dePriiffe a. déchré
que quoiqu'il ait leçulhommage de la i^rulTe fans
la participation du Roi Ôi de la République de Po-
logne , il n'a eu cependant aucun delfein de por-
ter atteinte au droit de fucceliïon eventuel/e , qu'il
• reconnoîc leur être légitimement acquis. Ib. 1715.
Eventuel, fignifie, qui eft fonde fur quelque évé-
nement incertain j qui ne dépend point des parties
contractantes. Deux couronnes tont un traité e'ven
tucl poiiv régler uns fucceiîion , en cas qu'un tel
événement :ir:vive. Investicure , fuccelfion éventuelle.
Suivant les Traités de 1736 & 1737. le RoiStanillas
a fait une prife de pollefîion attueile des Duchés de
Bar & de Lorraine , & le Roi Louis XV a fait ur.e
prife de polfellion éventuelle des mêmes Duchés \
■ 'c'eft-à-diie qu'il en reliera polfeircur par l'événement
delà mort du RoiStaniflas , après laquelle ces Du-
chés lui appartiendront en pleine propriété. Merc.
Mars & Avril 1737.
ÉVENTUELLEMENT, adv. qui ne fe trouve point
dans les Didionnaires François , & donc on peut
dire ce que l'Académie a dit de ['■iÀ\cù.i( éventuel ,
qu'il n'a guère d'ufage qu'en parlant des Traités
faits entre Souverains , & fondés fur quelque évé-
nement incertain , qui ne dépend point des parties
conrradantes. Le paffage fuivant ell tiré du procès-
verbal drelfé le 11 de Mars 1737 par les Commif
faires de S. A. R. le Duc de Lorraine pour l'exécu-
tion de l'ade de ceflîon de ce Duché. Nous avons
déclaré remettre au nomde Son Altelfe Royale à Sa
Majefté Très-Chrétienne éventuellement ^ &c à Sa
Majefté le Roi de Pologne Staniflas 1 actuelle-
ment , le Duché de Lorraine & fes dépendances ,
ainfi qu'il étoit polledéparS. A. R. Msrc. d'Avril
1737-^
EVÊQUE.f. m. Prélat du premier Ordre de l'Eglife qui
a la conduite fpirituêlle d'un Diocèfe , d'un Evêché.
Epifcopus y pra/ul, antijtes. Lqs Eveques (oni pré-
conifés dans le Confiftoire pour avoir des Bulles.
Quand un Evêque ofticie , il a la mitre Ik h croife.
Les Evêques ayant négligé d'exercer eux- mêmes la
Juftice contentieufe j elle a été commife à leurs
Officiaux. En France il y a trois Ducs & trois Com
tes Pairs Eccléhaitiqucs. L'Archevêque de Rheims
eft le premier Duc &: Pair. VEvêque de Langres eft
le z. éc VEvêque de Laon le 3. L' Evêque de Beau-
vais eft le premier Comte & Pair. VEvêque de
Noyon le 2. & \' Evêque àc Châlons fur Marne le 3.
Tous les Evêques de France prennent la qualité de
Confeillers du Roi en fes Coiifeils d'Etat & privé ,
quoiqu'ils n'y aient point de féance , à moins qu'ils
n'y foient appelés par une commiftîon exprelïe. Ils
prêtent ferment entre les mains du Roi.
\jNÉviquz in partibus Injîdelium , eft celui qui a un
titre d'Evêché j dont le Diocèfe eft occupé par les
Infidelles ; ce qui lui ferc pour être Coadjuteur
d'un antre. On a commencé à nommer des Evê-
ques in partibus Infidelium , lorfque tous les Evê-
ques furent chaiïés par les Sarralîns de Jerufalem j
& des autres terres d'Orient ; de forte qu'ils furent
oblioés de fe retirer en Italie , où pour les faire
lubnfter on leur attribua-des Coadjutoreries.
De tout temps on a diftingué dans l'Eglife les
Prêtres , & les Evêques. Les Evêques font au-delTus
des Prêtres par le Droit divin , non-feulement par
Je droit Eccléfiaftique ; mais par l'inftitution de
Dieu , & non par l'inftitution des hommes. Ce qui
fait cependant quelque difficulté dans cette matière ,
c'eft que les noms de Prêtre & à' Evêque font fou-
vent confondus dans le Nouveau Teftament : mais
la tradition de l'Eglife eft trop formelle Lt-delFus ,
pour laifter aucun doute à ceux qui lifenr les Livres
Sacrés comme il faut les lire; c'eft-à-dire, avec
fimplicité&foumifllonà l'Eglife. Les Presbytériens,
qui font des Hérétiques oppofés au gouvernement
Epifcopal , font obligés de reconnoître qu'ils ne
trouvent dans les Saints Livres aucune trace du gou-
vernement Presbytérien , que p-ir la tradition : ce
EVE
gouvernement l'resbytérien ,fans fubordination aux
tvcques , n'eft prelque point connu des Anciens,
qui ne parlent que de l'Epifcopat. L'égalité des
Prêtres dans le gouvernement de l'Egliie a peu
d'exemples qui ne foient contcftés;& pour l'Epilco-
pac j les Pères le fuppolent prefque rous d'une voix
d'inftitution divine. Le privilège d'enfeigner & de
prêcher étoit rélervé à VEvêque. L'ordination étoic
la principale prérogative des Evêques , & ils le lé-
lervent cette fonCtion comme une marque de fou-
veraineté dans leur Diocèfe. Cette formule , Evêque
par la grâce de Dieu & du Saint Siège Apollolique ,
commence à s'abolir en certains endroits. Il y a
quelque temps qu'elle étoit bien plus commune. Le$
hvêques jouilfant tous d'un même honneur , leur
dignité ne fe doit pas mefurer par la grandeur des
villes. Herman. L'Evêque doit faire ces repréhen-
iïons en père qui corrige , & non en ennemi qui {e
venge. Id. Anciennement on qualihoit les tvcqi:cs
de très-faims , & bienheureux. Il n'y a p.is un (îècle
qu'on a celfé d'a^^peler un Evêque j Révérend Père
en Dieu, MeftireN.
Les Evêques lont facrés avec beaucoup de cérémonies
dans l'Eglife Grecque j & diiis l'Egliie Latine :
fuivant le rit de chacune de cjs Egliies , ii laut tiois
Evêques pour en facrer un autre : un de ces trois
Evêques eft le Confécrateur , les deux autres font
aftirtans. Le Pape difpenfe de cette règle dans les
pays infidelles, où il eft difficile d'alfeuibler trois
Evêques.
On rrouve dans l'Euchologe des Grecs les céré-
monies qui fe pratiquent au facre des Lvcques dii
rit Grec. Après qu'on a chanté le Trifûgium j VEvê-
que élu , ou nommé , eft préienté à V evêque Con-
fécrateur par les Evêques Alîiftans ; & le Garde des
Chartres ou des Archives (XajroipiÎAa?) met entre les
mains du Confécrateur l'inftrument de 1 éleârion
de celui cjui elt préienté ; après quoi le Confécra-
• teur & les afliftans récitent quelques prières : la
première s'appelle Dtaconique : puis VEvêque élu
fait profellîon de foi après avoir demandé au Con-
fécrateur qu'il le falfe Evêque. Dans la profellîon de
foi , d'abord VEvêque élû récite le fymbole de Ni-
cée , & à la fin , il reçoit la bénédiétion du Con-
fécrateur , qui lui dit 5 La grâce du Saint Efpritjoit
avec vous. Auffitôt VEvêque eft interrogé par le Con-
fécrateur fur .ce qu'il penfe de la Sainte Trinité, à
quoi il répond par une longue profelîion de foi ,
après laquelle il reçoit encore la bénédiction du
Confécrareur , qui l'interroge enfuite fur ce qu'il
penfe de l'Incarnation : VEvêque élû répond en fai-
fant une troifième profellîon de foi , qui eft fuivie
de la bénédiction que lui donne encore le Confé-
crateur. Alors le Confécrateur donne à VEvêque cKi
le bâton paftoral , en récitant des prières qui ont rap-
port à cette cérémonie : on fait avancer VEvêque éîà
vers l'autel •, le Confécrateur prend l'Evangile ,
(c'eft-à-dire, la Bible, ou le Milfel ) il ouvre ce
livre, le met furla tête de r^vt^we élû j & tandis
que les deux Evêques allîftans le foutiennent , il
prononce ce qui fuit .• Par les fuffrages & l'appro-
bation des Prêtres très-cheris de Dieu de la ville de
N. la grâce divine , qui guérit ce qui efî infirme , /jui
donne ce qui manque , vous établie vous N. Prêtre
très-cheri de Dieu élu Evêque & pfépofé de la part
de Dieu fur la ville de N. Prions donc pour lui , afin
que la grâce de Dieu vienne en lui. Les Evêques
Affiftansdifentalorstroisfois , Ktîçie è/E^r:» , Seigneur ^
i7yc^jP,>/e'; puis l'itie^ue Confécrateur fait trois croix
fur la tête de celui qu'on facre , & dit , Au nom du.
Père , & du Fils & du Saint-Efprit , maintenant
ù toujours J dans les fiècles desjiècles: il ajoute une
prière qu'il récite en tenant la main étendue fur la
tête du nouvel Evêque ., auquel il donne enfuite le
pallium , fi c'eft un Patriarche , ou un Archevêque.
Le nouvel Evêque reçoit le baifer de paix de fon
Confécrateur &: des 5eux Affiftans ; puis il s'affic
le premier j & les autres après lui : il lit quelque
chofe de la Sainre-Ecriture , fait une prière , puis
EVE
il communie ^ & donne la communion à fon Con-
fccrateut (î^c aux autres, f^oye:^ Allatius & le Père
Goar , iSc les notes de ce dernier lur 1 Euchploge des
Crées.
Dans rEglife Latine on fait à- peu-près les mêmes
chofes : mais les cérémonies loin un peu différentes.
i". LeplusanciendesdeuxfvJ^wdi allillans préfente
à \Evcque Confécrateur celui qui elt éiû, ou nommé,
auquel le Confécrateur fait prêter Ift.jfe'^nifinf- i°-iOn
vient enfuite à l'examen: c'ell ainli ^u'on appelle la
profedion de foi divifée en différentes queltions &
différentes réponfes qu'on fait faire à celui qui eft
élu. j". Après quelques prières on met far la tête, en
tirant vers les épaules , le Livre des Evangiles ou-
vert. 4°. On lui fait avec le faint Chrême l'onétion
à la tête. 5". On lui donne le bâton paftoral j l'an-
neau , le Livre des Evangiles , &C après la commu-
nion on lui met la mitre lur la tcte : chacune de
ces cérémonies eft: accompagnée de prières , ou de
paroles convenables. 6-'. Vers la lin de la Meffe ,
un peu devant que de dire le dernier Evangile j
on chante le Te Dcum. Voyc\\t Pontitical Romain ,
& les Rituels rapportés, ou cites par le P. Materne,
Bénédiélin , dans fon Ouvrage des anciens rùs de
l'Eglife.
Ce mot à!Evcque vient du Grec , l-aU^izaç , & fi-
gn'ifie furve m an t , ou irifpccleur. Les Atiiéniens appe-
loient aindceux qu'ils envoyoient dans les Provinces
qui leur étoienc fujettes , pour voir fi tout fe paffoit
dans l'ordre. Les Latins ont auffi donné ce nom à
.ceux qui étoient infpeéfeurs & vidteurs du pain
Se des vivres. Il paroît par une Epitre de Cicéron
qu'il avoir eu lui-même cette charge , epifcopus or£
Ciimpani&. On appeloit auffi Dloctje , l'étendue
d'un gouvernement \ &c Cicéron s'en efl: fervi en ce
fens , ^ioUy,fii. Ces mots ont été pris des Payens ,
Si depuis confacrés par les Chrétiens , comme une
infinité d'autres. Jesus-Chrit , en établillant la
fainte Religion, n'a pas prétendu établir une nou-
velle langue. Les premiers Chrétiens ont pris
dans le Grec & dans le Latin les mots qui avoient
quelque rapport aux chofes qu'ils vouloient fignifier.
Il y a des Eveques immédiatement fujets au faint
Siège , fans reconnoître d'autre Métropolitain. On
les appelle Acéphales , Eveques Acéphales, f^oye^
Acéphale. Quelques Eveques ont le Pallium par
privilège j comme les Archevêques. On dlllingue
entre Evêque nommé , Ev-êque élu j & Evcque
confacré.
Le Roi en France nomme les Eveques : ils font
nommés éliis dans leurs Bulle; , avant leur confé-
cration.
On nomme Eveques députés de leurs Provinces ,
ceux qui alliftent aux ademblées du Clergé ordi-
naires , ou extraordinaires.
Il y a à Ro\ne àcs Eveques qu on nomirie afiif-
tans , qui entrent en diverfes Congrégations du
Saint Office , Sec.
EviquE dans les Monaftcres. Le Pape Etienne III.
donna à l'Abbaye de Saint Denis en France le pou-
voir d'élire un Evêque qui fit les fondrions épifco-
pales dans ce MonaP'ère & dans les autres qui en
dépendoient. Il y avoir de ces fortes d'Evèques à
Sairit Martin de Tours & en d'autres Monaftères.
Monfieur l'Abbé Fleury dit que ce n'ctoieiit point
des Eveques titulaires , comme fi ces Monaftcres &
ceux de leur dépendance euftent érc des Dioccfes ;
mais qu'ils étoient de ceux qui ayant été ordonnés fans
aucun titre , ou qui , après l'avoir quitté, fe reti-
roicnt dans cesMonaftères , & y faifoient les fonc-
tions comme en des lieux exempts de la jurifdiétion
àcs Ordinaires. Quelquefois c'écoient des Corévê-
ques , qui avoient leur ficge fixe dans des Monaftè-
res, où l'Abbé qui éroit en même-temps Evêque de
£on Monaftère ; & d'autres l'ois c'étoient de fimples
Prêtres ^ à qui on donnoit le titre à' Eveques , parce
qu'ils avoient milfion pour prêcher l'Evangile en
certain territoire. P. HÉlvot , T. l^. C. II.
EvÉQUE, fe dit proverbialement en ces phrafes. On
EVE 93;
dit qu on fe débat de la chappe à VEvéque ,
quand deux parties conteftent fur quelque chofe qui
n'appartient ni à l'une ni .à l'autre. Cioffe de bois ,
Evêque d'or j crolTe d'or , Evêque de bois. On dit
devenir à'Evêque Meunier ^ quand on quitte une
bonne condition pour en prendre une mauvaifc.
Cotgrave & Catherinot difent que ce proverbe
vient par corruption <X Evêque Aumônier : car il fe
peut faire qu'un Evêque , ravalant fa dignité , ferve
d'Aumônier à un Prélat plus grand Seigneur que
lui \ mais il n'y a point d'apparence qu'il puiffe ja-
mais devenir Meunier. Quelques-uns pourrant di-
fent qu'il y a eu un nommé Spifame , Evêque de
Nevers , qui étant devenu Huguenot , & réfugié à
Genève , fut réduit à la néceflité de fe faire Meunier
pour fubûfter , Se que c'eft de là qu'eft venu le
proverbe. On dit auîli à ceux qui fe tâchent de ce
qu'on les regarde , qu'un chien regarde bien un
Evêque}fin appelle Evêque des Champs , un pendu
qui donne la bénédiétion avec les pieds. Ce pro-
verbe eft fort ancien. Dans le Roman des quatre
Fils Aymon j Ogier dir qu'il avoir fait Ripus
Archevêque des Champs-^ pour dire , qu'il l'avoit
pendu.
Il y a à Paris le Fort-l'iBVe^^^e qui eft une Prifon
qui appartenoit anciennement à \ Evêque Àq Paris:
on voit la ligure élevée de l'un de ces Eveques fur
la porte avec fes armoiries. On dérive ce nom de
Forum Epifcopi ^ d'autres de Furnus Epijcopi , Four
VEvéque , comme li ç'avoit été un four banal.
Arrien donne le nom d'E'wiV»ijar»f, Epifcopus, Eve'
que , à des gens qui parmi les Indiens étoient char-
gés de paLCOurir les villes t<<: les campagnes j & de
rapporter au Roi dans les Monarchies » & aux Ma-
giîtrats dans les Républiques , rout ce qui fe paffoir.
C'étoir un crime pour eux de ne pas dire la vérité ,"
& cet Auteur ailure qu'il ne s'en étoit jamais trouvé
aucun qui la trahir.
Il y a un Poiffon £'vt^^c , que l'on dir avoir la
figure humaine avec une tête mitrée. La grande
Chronique des Pays - Bas rapporte que vers l'an
1433. de J. C. on pécha au-delà de la Pologne un
poilTôn qui avoir la forme d'un homme , une mitre
en tête , une croiTe en main , & tous les autres or-
nemens Pontificaux d'un Evêque qui officie ; qu'il
marchoit fur fes pieds j qu'il fe lailîoir volontiers
toucher , fur-tout par les Eveques , auxquels ii
marquoi: beauccJup de refpeél ; qu'il entendoit ,
mais ne parloir pas \ que le Roi de Pologne l'ayant
voulu enlermer dans une tour , il marqua beaucoup
de chagrin \ ce qui fit que les Eveques demandèrent
fa liberté; que d'eux d'cntr'eux le conduifirent à la
mer , lui au milieu d'eux s'appuyant fur leurs épau-
les : il falua les Eveques &: roue le peuple qui étoit
préfent à ce Ipeétacle , fe plongea , & ne reparut
plus. Tout cela a trop l'air d'une fable , pour qu'on
puiffe s'y méprendre. Les Hiftoriens de Pologne
n'en difent pas un mot , comme a remarqué Spond.
Ann.Ecclej. adan. 1433. A^ XXXIII.
Le Cnp de l'Evêque. Promontorium Epifcopi j eft
un cap de l'Amérique feptentrionale , qui fe trouve
dans le Canada propre , à l'embouchure de la ri-
vière de S. Laurent , vis-à-vis d'Anticofti.
ÉVERARD. f m. Nom d'homme. Eherhardus , Ebe-
rardus , Everardus. Un Everard , Difciple de S.Har-
wich, Evêque de Salzbourg , a compofé la vie de
ce Saint , qui a été imprimée par Canifius. Ce
nom ne fe donne point ou peu en France ; mais plus
en Allemagne. Il y a un Everard Duc de Wirtem-
berg J fils de Jean Frédéric , qui naquir en 1614.
& mourut en 165 ^. On prononce Evrard.
EVERDUMER. v. a. Terme de Cuifinier. Tirer une
fauce , une liqueur verte. Everdumerde la poirce , des
épinards , des porreaux. Viridejus het£ exprimere y
decocium pororum exprimere. Nicot.
EvERDUMER , eft aufti un terme de Confifeur, qui fe
dit de certains fruits j comme des amandes verres
que l'on confit. Everdumer , c'eft ôter le duvçt qui
couvre les amandes , & leur donner une couleur
3
^ HV E E UG
veite. Fl'occos decucere^ viroremexdtare. Pour eWr-l deux loges qui contiennent de la femence menue
■dumer j on fait une leliive avec des cendres neuves | & de couleur de cendre.
&deieau: on la met fur le feu , & quand elle ellî l'Eufraise eft eftimce propre à éclaircir, fortifier, &:
échauiiéejufqu'à bouillir , on y mec les amandiîs. & — <i- - 5 _i. lk 1 " ^ i._ j_
on empêche en les remuant qu'elles ne bouillent j &
lorfque le iom ou la bourre le détache bien, on les
retire , on les met daus un linge , ou étant enve-
lopées on les agite un peu , puis on les jette dans
l'eau hoide. Pour les faire reverdir on les met dans
de nouvelle eau fraîche, & on les fait bouillir à
grands bouillons fur le teu. Foye^ la Nouvelle Inf-
trudion pour les Confitures.
ÉVERGETÈS, ou EVERGETE. f. m. Ce nom eft pu-
rement Grec , & fignifie Bienfaiteur j étant formé
de iv benè , & Éçy»' , Jaclum^opus. Nous retenons ce
nom dans notre langue pour quelques Princes ou
Rois de Syrie & d'Egypte , fuccelfeurs d'Alexandre,
auxquels on le donna. Car nous difons Ptoloméa
Evcrgécès , Roi d'Egypte. h.niioc\\\i% Evergécès , Roi
de Syrie, monta fur le trône 159 ans avant J. C
Alexandre Evcrgcccs.
|p° EVERRER. V. a. Terme de ChafTe. Everrer un
chien , c'eft couper , ôter de dellous la langue
du chien un nerf, fans lequel il ne peut mordre.
Ce nerf fe nomme ver. NervumprAcldere.
ÉVERRE , EE. parr.
Ip-EVERRIATEUR. f. m. Terme d'Hiaoire An-
cienne. On donnoit ce nom à l'héritier d'un homme
mort, parce cju'après les kméraïUes il étoic obligé
de balayer la maifonj s'il ne vouloir pas être tour-
menté par les Lemuics. Du Latin verreie j balayer.
ÉVERSION. f. f. Ruine , renverfement d'une ville^
d'un Etat. Ever/io , claies , ruina. Le ravilfement
d^Hélène fut caufe de Vcverjion de Troye. On voit
de temps-en-temps des éverjions de grands Empi-
res &c Républiques. Ce mot fe trouve dans Nicot.
On le trouve aulli dans le Did. de l'Ac. Franc. Je ne
le crois pas fort ufité.
gCT S'EVERTUER, v.récip. S'exciter foi-mème à faire
quelque choie de louable , de convenable. Conten-
dere j audere. Il langullfoir dans la mifère , dans
l'oifiveté ; il s'eft évertué pour en forcir. Il eft du
ftvle familier.
ÉVÉSCHÉ. Foye^^ EVÊCHÉ.
EVESHAM. Bourg d'Angleterre dans le Comté de
Worcefter , vers les Comtés de Glocefter & de
Warwich. Eveshamum. Il a féance au Parlement
Il y avoir autrefois une riche Abbaye fondée dans
le Vii^ fiécle par Ewgin III. Evêque de Worceftre.
Mat Y.
ÉVESQUE. Foyei EVÊQUE.
I^ÈVEUX. adj. vieux. Terme d'Agriculture, qui
vient du vieux mot Eve , Eau. Un terrein éveux eft
celui qui retient l'eau , Se qui devient comme de la
boue quand il en eft pénétré.
EUFISTIS. f m. Suc des feuilles de Ciftus. On fe fert
à fon défaut de l'hypociftis j dont on double la dofe,
& qui a les mêmes qualités.
EUFRAISE. f. f. Euphrafia. Petite plante annuelle qui
ne paroît qu'en été & dans l'automne. Cette plante ,
qui ne s'élève tout au plus qu'à la hauteur de fix à
fept pouces, a fes racines menues , blanchâtres, tor-
tueufes , & rarement branchues. Sa tige & fes
branches font brunes , garnies de petites feuilles op-
pofées deux à deux , femblables en quelque ma-
nière à celles de la Germandrée , plus courtes cepen-
dant, plus pointues, d'un vert très- foncé , très-
brun, & un peu luifant en delfus. Ses fleurs naif-
fent des ailîelles des feuilles , & font d'une feule
pièce , percées par les deux bouts , découpées ordi-
nairement en deux lèvres , qui quelquefois font fi
peu diftinites qu'on diroit que cette fleur eft cou-
pée en cinq quartiers. Elles font blanches , mar-
quées d'une tache jaune au milieu , & rayées par
quelques lignes purpurines : les étamines fe trou-
vent cachées fous la lèvre fupérieure. Le calice qui
foutient la fleur eft à quatre pointes: il renferme
un fruit qui a fervi de piftil à la fleur. Ce fruit n'a
même à rétablir la vue. On l'ordonne en poudre
depuis un gros jufqu'à trois dans un verre d'eau de
fenouil , ou de verveine : il faut en continuer l'u-
fage pendanc quelques mois. On en tire l'eau par
la diftillation , qu'on donne , comme les autres ,
à cinq ou fIx onces intérieurement. Le vin doux
dans lequel on fait infufer ïeujraife, &c qu'on
fait boire lorfqu'il eft bien éclairci j eft un remède
vanté par Arnaud de Villeneuve , mais que Pena
& Lobel n'eftiment pas tant que la -poudre d'eu-
Jraife. Cette plante eft un tondant propre à débou-
cher les vifcères, & rétablit la fluidité des liqueurs.
On la furne comme le tabac pour les fluxions des
yeux : cela ne réuflit pas fi bien que la poudre.
Il y a un Traité de Jean Franc , intitulé : Spic'de-
gium de Eu\)hïa.Ci!i , /nedkina polychresm , verum que
oculorum fclacium , &c. impnmé i Leipfik en 17 17.
Matthieu Sylvaticus , célèbre Médecin de Man-
toiie,qui florifloit en 1520. eft un des premiers
qui ait parlé de VEufraiJe dans fes Pandedes de
Médecine , dédiées à Roberr, Roi de Sicile. On ap-
pelle VEuJraife en Grec Opchalmka _, Ophthamo-
dulia ; en Latin Ocularis , ocularia _, herba jacra , lu-
mïnella , l'herbe aux yeux.
EUFRANOR , f. m. Fameux Sculpteur Grec , con-
temporain de Praxitèle , dans la CIV* Olympiade,
environ l'an 390 de Rome. Pline en parle avec élo-
ge, & décrit fes ouvrages,!. 34. c. t!.
EUFRASQUE ,f. f. Les Fleuriftes donnent ce nom à
une rulipe rouge & blanc de fatin. Morin,
EUFRATE , f. ,m. Foye^ EUPHRATE.
E U G.
EUGENE, f. m. Nom d'homme. Eugenius. Le Diacre
Eugène fut un des Préfidens du Concile d'Arles tenu
en 314. contre les Donatiftes. Arbogafte ayant faic
mourir Valentinien éleva Eugène^ Maître de Gram*
maire, à l'Empire. Il y a quatre Eugénes Papes , &
huit £tt^e7zej Rois d'EcolT;. Les Entretiens d'Arifte
& àEugéne ont eu grand cours. Les fentimens de
Cléahte font une critique des Entretiens d'Arifte 6c
à'Eugéne.
Eugène. Terme de Fleurifte. Tulipe rouge brun &
blanc. MoRiN.
EUGÉNIE, f. f. C'eft le nom que les Grecs don-
noient à la Noblelfe. On ne trouve pas qu'ils aienc
jamais déifié la Noblelfe , non plus que les Ro-
mains : mais il eft certain par les Médailles , qu'ils lui
ont donné une formé humaine; car on la trouve
défignée d'une manière uniforme fur plufieurs de
ces anciens monumens. C'eft une femme debout j
qui tient de la main gauche une pique, & qui a
fur la droite une petite ftatue de Minerve. Il n'y
a point de fymbole plus propre à défigner la No-
blefle que Minerve, puifqu'elle eft née du cerveau
de Jupiter.
Eugénie. Nom de femme , Eugénïa. Sainte Eugénie ,
fille de Philippe , Seigneur Romain , Préfidenr d'E-
gypte fous Commode , laifla , par infpiration di-
vine, les habits de fon fexe-, & prit ceux du nôtre,
fous lefquels elle vécur long-temps parmi de Saints
Moines. Godeau. Eugénie fut martyrifée à Rome.
On appelle la Mère Eugénie, une Religieufe qui
porte le nom de cette Sainte.
Eugène & Eugénie font des noms Grecs , qui fi-
gnifient bien né -^ bien née: de '"j bien & yi'»»/"" j
fio , nafcor..
EUGÉNIEN. f. m. Nom d'homme, qui s'eft dit pour
Hégémoin. Foye^ ce mot.
EUGERIE. f. f. N'eft point le nom d'une Déefte qui
préfidât aux accouchemens, comme a dit Hofl^iTian,
c'eft Egérie. Feftus, & les autres qu'il cite,difenc
Égérie. Foye:^ ce mot.
que quelques lignes de longueur , Se eft divifé en EUGUBIO. Foye:( GUBIO.
EVL
E V I
E V I.
BVIAN. Petite ville du Duché de Chablais , en Sa-
voye. Aquianum. Elle ell iur le lac de Genève à dix
lieues au levant de la ville de ce nom. long. 24. d.
15'. lat. Y^. d. 13'.
ÉVICE. bvicc&c /viai, font la même chofe. /•'oye?
YvicA.Les Ifles Evlces, quelques-uns écrivent EviJ-
fcs , ou Evl\cs , font deux petites Iles de la Médi
terranée , Yvica & Formentera, auxquelles la pre-
mière donne ce nom. Les Eviccs font entre l'Ille de
Majorque & la côce du Royaume de Valence.
ÉVICTION , f. f. Terme du Palais. Action par la-
quelle on dépolféde quelqu'un d'un hérit.ige qu'il
avoit acquis. EricUo, vindkatio. Un vendeur, qui
ert garant de fa vente , doit des dommages & in-
térêts à l'acheteur , en cas à'éviclion. Voyc^. évin-
cer.
■ÉVIDEMMENT, adv. Manifeftement, & avec évi-
dence. Evidenter ^manijejlè. Il a été trompé evUem
mène. Cette pièce eft évidemment iàw'iï'i , la faulfeté
faute aux yeux.
ÉVIDENCE, f. f. Certitude manifefte , qualité des cho-
fes,quiles fait voir & connoitre clairement, tant
aux yeux du'corps , que de l'elprit. Evidcntia , da-
ritas , perfpicu'uas. En métaphyfique ce terme^lîgni-
fie une connoiiïance fi claire &: li manifefte par elle
même , que l'efpritne peut s'y refuler, c'eft une vut-
claire & diftinéte des chofes & des rapporrs qui lonc
entr'elles. Lévidencc étant le caradere eflentiel de
la vérité , ou la convidiori fùre à laquelle on ne
petit s'empêcher de la reconnoître, elle produit né
teflairement une conviélion intérieure j qui fait le
plus haut degré de la certirude j mais tous les objets
ne s'offrent pas à nous avec une lumière aulli vive ,
& malgré tous les foins &i toute l'application qu'on
peut y apporter, l'on ne peut fouvent fe procurer
que des lueurs , qui , félon qu'elles font plus ou
moins fortes, produifent diftérens degrés de pro-
babilité & de vraifemblance. Il y a une forte à\vi-
i/e/îCd attachée à la vérité à laquelle nulle préven-
tion ne peut réfifter. S. Real. Pour être légitime-
rnent alfuré qu'on eft parvenu à ïévldence , il faut
avoir examiné une thofe par rous fes différens cô-
tés, & avoir reconnu qu'elle ne peut être autre-
ment. Descartes. Dieu n'a point voulu que les
vérités de la toi fuifent propofées avec tant à'evi-
dence qu'il n'y reftât des nuages propres à aveugler
des efprits fuperbes. Nie. L'évidence eft la marque
elFentielle & infaillible de la vérité, Si fi une pro-
pofition évidemment vraie étoit taullè dans le fond.
Dieu feroit lui-même la caufe de notre erreur Si
Vévidence peut nous tromper , il n'y a plus aucun
caraélére qui diftingue la vérité de la faufîeté. Met
tre en évidence , c'eft faire connoître clairement,
manifeftement. Au jour du jugement univeifel Dieu
mettta en évidence jufqu'aux chofes les plus ca-
chées. ReveLre , patejacere.
On dit j cet homme n'a point de bien en évi-
dence, ou qui paroiffe , cbmine héritages, offices,
&c. ,
ÉVIDENT, ENTE. adj. Qui eft clair & manifefte. Evi-
dens , muni/tstus. Lesdémonftrations de la Géomé-
trie font claires , évidentes. La preuve qui eft au pro-
cès eft évidente ^ concluante. Le danger eft évident.
Une vérité évidente j un grief évident:, une collufion
évidente. Si l'on ne fe dérerminoit dans le monde
que par des raifons évidentes, on feroit fouvent flot-
tant, i!<^ dans une irréfolution perpétuelle.
|Cr EVIDER ou EVUIDER. v. a. Terme employé
parmi plufieurs ouvriers, & qui fignifie en géné-
ral ôtcr ce qu'il y a de trop dans une chofe , donner
à cerrains ouvrages des formes particulières, pour
les rendre plus légers ou plus agréables.
ÈviDER en Architeéture. C'eft, Tailler à jour quel-
que ouvrage de pierre ou de marbre, comme des
entrelas : ou de menuiferie, comme des panneaux
de clôture de chœur, de tribune, &c. autant pour
Tome III,
E V I 957
rendre ces panneaux plus légers, que pour voir au
travers
lier EviDER, fignifie aufli faire une certaine cantie-
1
ure a un ouvraiie
ou
pour le rendre plus léger
plus agréable, tvider un canon de piftolet, é\ider
une lame d'épée quand on la creufe. Paimi la.
plupart des ouvriers qui travaillent en fer , c'eft
rendre une furface concave , la crcufer plus ou
moins.
tJCTE VIDER. Terme de Chaudronnier. C'eft mettre
la dernière main à l'ouvrage , dégager les contoursj
& leur donner plus de grâce.
îfT EviDER. Terme de BlanchiiTeufe. C'eft ôter ce
qu'il y a de trop d'empois dans le linge en le frot-
tant. Ce rabat eft trop dur , il tant Yévider.
É VIDER , fe du aulH par les Tailleurs d'habits , pour
couper en arrondilfant. Evider une manche. In or-
bcm incidere. Il fe du aulîî en plulieuts autres arts,
, pour, ôterceqti'il y a de fuperHu.
E VIDER les aiguilles. Terme d'Aiguillier. C'eft en
limer les têtes pour les arrondir , Se en ôter les
quarres.
EviDÉ , ÉE. part. Unefcalierà rampe courbe eVic/cpac
le milieu.
fp=- EVIDOIR. f. m. Outil dont fe fervent les fac-
teurs d'inftrumens à vent, pour accroître en dedans
les trous de ces inftrumens.
ÉVIER, f m. Canal par où s'écbulsnt les eaux fales
d'une maifon, d'une cuifine , d'une qcmÙq. Emif-
farium aquarium. Un évier bouché , encombre.
|Cr On donne aulli ce nom .1 une pierre creufée
qu'on place dans les cuifines pour laver lavailTelle,
percée d'un trou pour l'écoulement des eaux. Ce
mot vient de l'ancien moteve ou aive, qu'on a dit
pour eau.
EVILASSE. f. m. Efpèce de bois d'ébène , qui fe tire
de l'Ille de Madagafcar. Ce bois a peu de nœuds , &c
beaucoup de rapport avec le bois de Sandraha.
ÉVILIN. n m. Nom d'homme. Aquilinus. C'eft Iç
même c\\\AquUin. Chastelâin. Àinfi à' Aquilinus
oii a fait Aquilin , Aiguilin , comme aigle à.'u~
quila ; Eguilin j Evilin , comme Villelmus Se Cuil-
lelmus.
EVINCER, v. a. Terme de Palais. DépolTéder quel-
qu'un d'un héritage , le dépouiller juridiquement
d'une chofe dont il étoit en poireflîon. Evincere ^
vindicare j rem repetere , deturbare , dejicere judicio.
Il a éié évincé de cette terre par un retrait ligna-
ger , ou par des demandes en déclaration d'hypo-
thèque.
Paris esc en procès avec Sa Majesté ,
Touchant les vieux fojjés , dus de Monjîeur Is
Prince :
Le Peuple craint qu on ne /'évince
De fa longue propriété ^ Sid
Evincé , ée. part.
ÉVIRE j EE.adj. Eviratus. Eft un terme de Blafon, qui
fe dit du lion , ou d'un animal qui n'a point la mar-
que du fexe.
ÉVITABLE , adj. m. & i. Qui peut être évité. H-
tandus j qui vitari potest. Il y a des maux évi-
tahles\ d'autres inévitables. Ce mot ne s'eft point
établi. BouH. L'Académie l'a mis dans fon Dic-
tionnaire, mais en avertiflant qu'il n'eft guère en
^^^?>^- . / • I > n.
§C?" Mais pourquoi , dit Voltaire , évitable n'eft
il pas en ulage , puifqu'inévitable eft reçu. C'eft
une grande bifarrerie des langues , d'admettre le
mot compofé & d'en rejeter la racine.
ÉVITÉE, f f. Terme de Marine. C'eft la largeur que
doit avoir une rivière , ou un canal , pour le libre
palTage des vaiffeaux. Alveus navlum copax. Cette
rivière en fon embouchure n'eft navigable que pour
des bateaux parce qu'elle n'a pas alTez à! évitée pour
les grandsl^âtimens.
Cf^- C'eft auili un efpace dl mêr ou le vailîeau
peut tourner tibrement à la longueur de fes amarres
C c c c c.c
93? EVI
EVITER. V. a. Prendre une autre route pour s'éloigner
des chofes qu'on ne veut pas rencontrer, & des per-
fonnes qu'on ne veut pas voir , ou dont on ne veut
pas être vu. Vitare. On doit éviter les gens durs &
épineux, fans qu'ils s'^ipperçoivent qu'on les fuit.
Bell. Il faut éviter dans un difcours les pointes , les
alliiiions , les cacophonies. Quoique la morr s^ap-
proclie à pas lents , perfonne ne peut \' éviter. Cl.
Il faut éviter tout ce qui relfent la balfelfe & la lé-
gèreté. Nie. Ne parlons plus de querelles , je vous
prie , ou fi nous en parlons , que ce loit pour les
éviter. Le defir de sévucr foi-iïiême eft la fource de
toutes les occupations tumultuaires des hommes.
Pasc. Sous le prétexte i^evlter la préfomption , il
ne faut pas tomber dans le découragement. Nie.
Loin qu'Homère airobfervé cet aitj on diroit qu'il
l'a évité à delfein. De la Motte.
(C? Pour éviter ,<^\x. M. l'Abbé Girard, on prend
une autre rouce , & l'on s'écarte fubtilement , afin
de n'être point apperçu , ou de ne pas donner dans
le panneau. Nous évitons ceux qui nous tont peine.
Nous fuyons ceuxquinouspourIuivent./''t>)e:{ Fuir
& Eluder.
fCTOn dit fuir & éviter le danger ; mais \efuir,
c'elt ne s'y pas expofer. XJévlter , c'eft n'y pas Tom-
ber. La peur fair/air devant l'ennemi: La prudence
en fait quelquefois éviter la préfence.
^Zr Éviter régit toujours l'accufatif : Ce n'efl: que
dans le ftyle barbare du Palais c]u'on peut dite éviter
aux frais , aux procédures , &c.
Poffedé d'un ennui qui/ ne /aurait dompter ,
IL craint d'être à foi-même ^ & cherche à ^'éviter.
BoiL.
De combien defoupirs interrompant le cours ,
Ai-jc évité vos yeux que je cherchais toujours.
Racine.
Éviter. , pour faire éviter, épargner.
Qùunfier fangllerdansfa rage ,
Des chiens ^ des filets je dégage \
JJ acier tonne ^ il fait l' arrêter.
Tendre Cyprls ! O que de larmes
Autrefois de fi sûres armes ,
A vos yeux pouvaient éviter ?
Eviter efl: mis là pour épargner , faire éviter, Celaeft
extraordinaire ^ & ne doit pas être imité.
§CF Eviter. Terme de Marine , fignitie aoffi pre-
fenter le bout au vent ou au courant.
Évitera marée, fe du d'un vaiffeau qui à la Ion
gueuf de fon cable , préfente l'avant au courant de
l'eau.
Éviter au vent., fe dit d'un vailfeau qui préfente l'a
vant au lieu d'où vient le vent.
Évité j ée. part.
ÈVITERNE. Terme de Mythologie. Ce n'eft point un
fiibftannf , ni le nom d'une Divinité , mais un ad-
jedlif & un épithète qui fe donnoit aux grands
Dieux, & qui fignifie Erernel, dont la durée n'a
point de fin. Eviternus. Ennius avoir donné cette
épithète à Jupiter. Scrvius femble dire néanmoins
qu'Ennius fe fervoit non pas du mot d'Evlterne ,
mais du mot à'Evintégre : ou plutôt il avoit em-
ployé l'un & l'autre. Les Dieux évlternes croient j
au fentiment d'Apulée , & félon les Platoniciens j
ceux qui n'avoient rien de matctiel ni d'humain ,
qui étoient placés au plus haut du ciel , qui avoient
toujours été, & dévoient toujours être Dieux. Pline
dir que l'on facrifioit des bœufs roux aux Dieux
évlternes , c'eft-à-dire , aux Dieux confidérés & ho-
norés comme évlternes & fous cerre qualité. Foyer^
Lilius Greg. Gyraldus , Hist. Deor. Synt. I. p. ly
de l'édit. de Bafle de l'an 1 580. Il cite une ancienne
infcription qui n'eft point dans Gruter,.& qui porte
D. Pot. etGen. AfviT. d" que Crinitus & Ccelius
lifent ainfi , Dels potentibus & Genia &viterno dica-
EUL
tum ; mais Dec potenti feroit peut-être mieux.
Cet Auteur écrit au même endroit que les Dieux
furent appelés Evlternes , qubd &vo fempitemo per-
maneant ; p^r où il lembloic vouloit iniinuer que ce
mot éviterne vient &â.vum & de sternum , durée
éternelle j car , s'ileft vrai j comme d'autres le di-
fent , c^uernus s'ell fait àLAvlternus , on ue peut
le tirer d'uvum Aternum ,q^\ paroîtroit y mieux qua-
drer.
EVITERNITE. f. f. Terme dogmatique. u¥.vum , tevi-
ternltas. C'eil une durée qui a un commencement ,
mais qui n'a point de fin.
EUL.
EUL. Nos Anciens écfivoient eul , 5i prononçoient
euil. Ilsécrivoient de même dcul ,orgueul , cercueul ,
qiioi qu'ils prononçalfent deuil , orgueil , cercueil: &
c'ell delà que le fameux Poëte Latin nommé San-
teull j fignoit toujours Santeul j parce que fa famille
n'ayant jamais ligné autrement , il ne vouloit pas
changer. Ses armes j par allufion à fon nom , étoient
une tête d'Argus ; ce qui ctoitune preuve de la pro-
nonciation contre l'orthographe. On devroit écrire
a:^i/ comme on le prononce , & non pas œil. Glojf.
Bourguignon au mot Euille. Il y a un jeton frappé à
Paris l'an 16)6 à l'occafion de l'échevinage de Clau-
de Santeul , qui confirme la remarque de M. de la
Monnoye.
EULALE ,.EULALIE, ou EULALIUS. f m. Nom
d'homme. Eulallus. Enrre les Prélars qui défendu enc
la caufe de Symmaque, dans le Synode de Rome l'an
501. Laurenr de Milan, Pierre de Ravenne , ôc
Eulalie de Syracufe , furent particulièrement remar-
quables. Godeau. Eulalce , Comre d'Auvergne, que
l'on acculok d'avoir fait étrangler fa mère , étoit fi
débauché , que méprifant Tétradie , qu'il avoir
époufée , il entretenoit un commerce déshonnête
avec toutes fes efclaves. Id. Le même dit fouvent
Eulalius.Eulalius Antipape j au commencement du
cinquième fiècle. Eulaitus j Evêquede Bourges, &c.
Au contraire j M. Tillemonr dit Eulale. Eulale fvic-
celfeur de Pierre , Evêque d'Icône y alîilla au Con-
cile de Nicée. Tillem. Philoftorge compte, entre
les fauteurs d'Arius, Eulale de Cappadoce , qu'on
ne connoît point. Id. pour Eulalie ; comme nous le
difons au féminin. Il eft mieux de ne le point dire
au mafculin , pour éviter la confufion , & de fe fer-
vir plutôt d'Eulale , ou û'Eulallus. Eulalius , qui
fut élevé fut la chaire Patriarchale d'Antioche en
351. après la dépofition d'Euftathe , faite en 330.
par les Eufébiens , croit un Ax'iqw. Eulalius , Anti-
pape , fut oppofé à Boniface I. l'an 418. chaiïé en-
fuite par l'Empereur Honorius , malgré la protec-
tion que lui donnoit le Préfer Symmaque. Il y a
d.ins le VI^ fiècLs un Comte d'Auvergne nommé
Eulalius.
Ce mot eft originairemeht Grec, compofé de ?» ,
bien j & >JtMa , Je parle , eûa«/(oî , & fignifie , Qui
parle bien , Beau parleur , dlfrt , élégant,
Eulalie. f. f. Nom de femme. Eulalia. Sainte Eulalie
de Barcelone , appelée parmi le vulgaire , Sainte
Ouille, Sainte Olare , Sainte Aulaire j & Sainte
Aulage , vécut au Ille & IVe fiècle , & Prudence en
parle dans fon Periftephanon , hymnf^. Voye\ les
Bollandiftes au li de Février, p. 176. Ghaftelain ^
Haglol. Ruinart, Acl, Mart.p. ^,^6. Bailler, 11'= Fé-
vrier. Foyeç encore AULAIRE , ouOLAILLE.
Sainte Eulalie. Nom d'un bourg de Caftilleen Ef-
pagne , fitué près de Tolède. Sancla Eulalia vicus
ou burgus. Comes de Caftro , né dans le bourg de
Sainte Eulalie , près de Tolède , eft le principal
Hiftorien de la vie du Cardinal de Ximénès. Flé-
CHIER,.
l'EULÉE. Rivièred'AfiedanslaSufiane. On ne doute
point que ce ne foit la même que le Fiai nomme
dans la Prophétie de Daniel , c. 8. v. t Pline , l. 6.
c. zy. dit qu'il baignoit la citadelle de Sufe j Héro-
dote , /. I. c. I8S. nomme ChoafpeU fîeuve qui
E U M
palTolc à Sufs. C'eil ce qui a faic naîa-e une difpute
eiKie les Savaas; flivoir» fi i'Euiée ik. le Ckoafpc
font uae mâne nvière ,ou deux iivièi-es diit'érences.
y^oye\ le Dict. de la Mairiiiiere.
EULOGE. f. m. Nom d'homme. Euloglus. En 59S.
Luiogc Ki: élu Patriarche d'Abxandrie : il bannit
les rléréciques de fon Eglife. M. de Tillemonc dit
toujours Euloge. yoye{ (oa HijL EccUf. T. VI. pag.
575. (.V fuiv. 5S1S. îk fuiv. f^79 , 680. Ow peu: auHi
dire Euiogius ; mais il ne faut point dive Eulogue ,
quoique nous dilions Palcolo.^ue. S. Euloge de Cor-
doue , Martyr du IXc iiècle dans la perfécution des
Saraiîns , a écrit les vies des Saints (Jciorges , Au-
réle , Félix , &c. rapportées par Suruis le 17c Août.
Ce nom eft Grec j & vient de i'-» , bien , & X'.yu ,
je des.
EULOGIE. f. f. Nom de femme. Eulogin. La fcsur
aînée de l'Empereur Michel Paléologue s'appeloit
Euljgie. f'^oyei fur cette Pnncelle Pachymcre ,
L. VI. C. I. & Maimbûurg , H:j?. du Schifme des
Grecs , L. iV.
SULOGIE. f. f. Terme de Liturgie. Bénédiétion.
Chofe bénite. Pain bénit, fi^/oo^^tz. On ne leditqu'au
pkniel. Les EulogUs étoienc des mets , des viandes
qu'on envoyoit pour être bénites. Donner ou en-
voyer à quelqu'un des eulogies après la Melle , c'é-
toir un ligne de communion. Rofweyd. Onomasc.
Après que les Grecs ont coupé d'un pain un mor-
ceau pour le confacrer , ils mettent le rcfte en petits
morceaux , & le dillribuent aux alhftans qui n'ont
pas communié , ou l'envoient à des perfonnes ab-
ïentes : ces morceaux du relie de ce pain font ce
qu'on appelle eulogies. L'Eglife Latine a eu quelque
chofe de femblable dès les premiers temps ; & c'eli:
delà que vient l'ulage du pain béni:. On donnoit
encore le nom à'culogie aux pains que les Fidelles
apportoient à l'Eghfe pour les taire bénir. On l'a
donné auHi aux (impies préfens qu'on fliifoitj & qui
n'étoient point bénis. F^oye:^ le P. Grerfet , Jcfuite ,
dans fon Traité De benediclionibus & maledïclioni-
bus , i. //. C. 14 , 1 5 , i(5 , 2.7 , iS , 29 j ^o , où
il traite à fond des eulogies. BoUandus au C^ de
Janv. fur la vie de Sainte Melanie , C 4. D. Ma-
biUon en die aulU quelque chofe , Acla Sancl. Ee-
nedicl. Séic. IH. F. I. Pr.if. p. XLI.n. di. Au relte,
il paroît par l'endroit de Bollandus que nous avons
cité , & par la vie de S.Sore , Ermite 3 C. i. n. 6.
dans fes Acl. SS. Fehr. T. I. p. 200. que les eulo-
gies fc faifoient non-fenlement de pain , mais aulfi
de toute autre forte de viandes ou de mets que l'on
bénidoir.
Tout le monde béni(roit& donnoit les eulogies.
Les Evêques , les Prêtres , les Ermites , tout laïques
qu'ils étoient , le faifoient ; & l'on en voit des
exemples dans les Auteurs que nous avons cités. Les
femmes en envoyoient aulîi j comme il paroît par la
viedeS. Waulry,C. III. n. 14. dans lesBollandilles ,
Acla Sancl. April. T. I. p. zo. Le vin que Ton en-
voyoit en préfent étoit aulîî une eulogie _, comme on
le volt dans la vie de S. Waulry j Ch. III. n. 14.
dans lesBollandifteSj Acia Sanci. April. T. I.p. to.
Bollandus , Acl. Sancl. Janu. T. II. p. \c)C).col. t.
remarque que l'Euchariftie s'eft aullî appelée Eu-
logie,
E U M.
§C? EUMECES. Pierre fabuleufe à laquelle onattri-
buoit des propriétés merveilleufes. On la trouvoit ,
difoit-on , en Badtriane. Mife fous la tête pendant
le fommeil j elle rendoitdes or.acles. Credut Juduus.
EUMÉE. f. f. Serviteur d'Ulylfe , qui rendit de grands
fervices à fon maître.
EUMENE , ou EUMÉNÈS. f tp. Nom d'homme.
Euménès. Ce mot eft Grec, 'î, fignifie bien, &
filnn , qui fignifie ,/o«refiir ,Jouffrir. Euménès j bien
constant , bien patient.
EUMÉNIDES. f. f. pi. Terme de Mythologie. Nom
que les Grecs ont donné aux Furies d'Enfer. Les S a-
vans ne conviennent pas fur Torigine de ce mot.
£ U M 939
Euftathe &: Servius ont cru qu'elles ont été ainli
nommées par un fens contraire , & par antiplirafe ,
comme parlent les Grammairiens. Car s",«£»w ^ eu-
rnerics en Grec , fignifie doux &c benin , qui font À<i%
qualités contraires à celles de Furies. Mais pluiieurs
Ecrivains modernes rejettent cette étyinologie , ou
origine. Ils prétendent que le nom ^Euininides a
été impofé aux Furies en fon vrai fens , & qu'elles
furent ainfi appelées, loirquOrefte fut abfous du
meurtre qu'il avoir commis en la perlbnne de fa
mère. Minerve appaifa les Furies , «Si les adoucit,
enforte qu'elles celfèrent de poutfuivre & de tour-
menter Orefte. Cette opinion eft fondée fur la Tra-
gédie d'^-Eichyle , intitulée les Euménides. Ce Pocre
raconte que Minerve s'employa fortement auprès
des Furies pour les adoucir, & qu'elle en vint à
bout. Les Athéniens prirent delà occalion de les ap-
peler Euménides. Harpocration a rapporté cette
même origine après /tfchile. Le SchoUalte de So-
phocle fait menrion de la même chofe \ mais il ne
cite point /Efchile. Quoique ce fentiment paroifie
bien appuyé y il n'eit cependant point vrai : car
avant le jugement d'Orelte ^ les Athéniens appe-
loient Euménides les Furies , comme on le peuc
prouver par l'autorité de Sophocle dans fa Tragédie
d'CEdipe , où il dit , que lorfqu'ÛEdipe fe rerira au
territoire de l'Attique, les Athéniens appeloient dès
ce temps-là les Furies Euménides. Or le jugement
d'Orefte arriva long-temps après la mort d'CEdipe.
Il y avoit dans Athènes , auprès de l'Aréopage , un
Temple dédié aux Euménides, ow Furies , auxquelles
les Athéniens avoient donné la qualité de vénéra-
bles Dceilès. Arirtide &: le Scholialte de Thucydide
parlent de ce Temple , qui fut érigé en mémoire du
jugement d'Oreile.
On peignoir les Euménides armées de fouets , de
ferpens & de torches ardentes.
J'ai vu , J'ai vu déjà les fières Euménides
Epancher leur poifcn fur vos armes perfides ,
Et de leurs noirs brandons distiller dans les cœurs
Des troubles effrayans & de fomhres terreurs.
Brébeuf.
EUMÉNIDIES. f. f. pi. Terme de Mythologie. Fête
que l'on célébroit à Athènes en l'honneur des Fu-
ries , furnommées Euménides .
EUMOLE. f m.Eumolus. Fils d'Atrée : ies deux frères
Aléon & Mélampus font appelés par Cicéron Diof-
cures.
EUMOLPE. f. m. Fils d'Orphée, félon les uns, ou
du Poëte Mufce , félon d'autres j fut un des quatre
perfonnages que Cérès établit pour préfider à fes
myftères.
EUMOLPIDES. f m. Nom des Prêtres de Cérès dans
la ville à'E\s\.\imQ. Eumolpides.Les Eumolpides ï\i-
rent ainfi appelés d'Eumolpus , ou Eumolpe , fils
du Pocte Mufée , qui vivoir avant Homère ; ou ,
félon d'autres , d'un Eumolpe fils d'un Roi de
Thrace , qui ayant été établi Pontife, & prépofé
aux myftères de Cérès , lailTa fon nom à ceux qui
eurent part après lui aux mêmes fon«5tions.
EUMONT. Village en Lorraine , diftant d'une lieue
& demiede Nanci. Il y a une fontaine minérale froi-
de j d'une eau claire , fans odeur, d'un goût un
peu piquant, ferrée & imprégnée de parties mar-
tiales. Par diverfes opérations Chymiques on y a
trouvé beaucoup de fel martial naturel. Cette eaa
convient dans les chaleurs d'entraillesj intempérie
au foie , maux de gorge , Se efquinancie. Elle em-
porte la jauniffe , la galle , & excite les règles des
filles qui ont les pâles couleurs. Elle foulage les
atrabilaires ^ les goûteux j fait bien dans le fcoibut ,
après avoir pris les remèdes généraux.
E U N.
EUNAPE, ou plutôt ElTNAPTUS. Nom d'homme.
C c c c c c ij
940 E U N
Eunûpius. Eutiapius de Sardes en Lydie vivoit au
IVe iiècle.
EUN£. i. 171. Surnom que l'on donna à un Saint nommé
Clironion , Marcyi au III* fiècle! S. Chionion j
furnommé Eune , étoit l'erviieur de S. Julien , Hc
fouftiu le martyre avec lui dans la perlécutuju de
Dèce. Bailler s'el>. fervi de ce mot. il lemble qu'il
eût éié mieux de le rendre par un mot François qui
l'exprimât j car itz/we cil Grec, £'"»«>, compolé de
ew, 6c it'-c , &c lijJnihe Bonne ame , doux, humain.
EUNIC£. f. f- Nom d'une Nymphe de la mer. Eunice.
Héliode , dans fa Théogonie vers 247. dit c\\x Eu-
nice aux bras vermeiU ( c'ell lépithète qu il lui
donne , ç'^ivilxa) étoit fille de Nerée & de Doride ,
ou Dons.
Eunice , eft encore une Nymphe du fleuve Afcanius j
qui eft aujourd'hui l'Acfu dans l'Aile mineure.
Eunice , Eumca. Celle ci , au rapport de Théocrit-j,
Idylle 1 5' , ell une des trois Nymphes qui ravirent
Hylas, favori d'Hercule, qui Tavoit envoyé puiler
de l'eau au Heiive Atcanius. Ce qui a donné occa-
fion à cette fable j c'eft qu'Hercule , en allant à
l'expédition de la toifon d'or , ayant rompu la ra-
ine , mit pied à terre fur les côtes d'AIîe aux envi-
rons du fleuve Afcanius , pour en couper une autre
dans les bois. Prelfé de la foif& de la chaleur , il
envoya Hylas puifet de l'eau à la rivière voiline j
dans laquelle le jeune homme tomba, & fe noya :
ou , comme le conte Théocrite , les Argonautes s'é-
tant arrêtés dans la Propontide fur la côte d'AIîe au
port de Cyane , & s'étanc mis dans des prairies fort
agréables pour y faire un repas j Hylas prit un
vafe d'airain, & alla puiler de l'eau pour Hercule
& pourTélamon ; mais le poids du vale l'emporta,
&i il fenoya.
Au refte , il ne faut point confondre ces deux
Nymphes ; car fans parler du refte , leurs noms tout
femblables en notre langue , font fott diftérens en
Grec. La première s'appelle 'E-'«ntx>i , qui eft com-
pofédet», bien, &: «sT^a; , querelle, difpute , dif-
férend , débat; de forte que ce nom fignifie que-
relleufe , opiniâtre ; & pour me fervir d'un mot
populaire qui l'exprime fort bien , hargneufe. La
faconde fe nomme E'i/h'xk , ou, comme parle Théo-
crite dans fon Dialeéle Dorique E'u«jx«, mot com-
pofé de e» j bien , & »""> j ou ««'""s , Victoire.
EUNOME , ou EUNOMIUS. f. m. Nom d'homme.
Eunomius. Nous difons prefque toujours Eunornius ,
quoiqu'on trouve Eun.onie dans quelques Auteurs ,
& que M. de Tillemoni l'ait toujours dit. Eunomius
eft un Arien du IV^ fiècle qui fit une fede à part.
Foye^EUNOMIEN.
EUNJMIE. f f. Nom d'une concubine de Jupiter
qui le fit père des Grâces. Eunomie. Béger j Tom. I.
pag. A,6. D'autres appellent la mère des Grâces
hurynome.
EUNÔMIEN , ENNE. f. m. & f. Nom de Sede. Euno-
m/a/z:^^. Eunomius , Evêque de Cyzique , défendit
les erreurs d'Arius touchant J. C. & y en ajouta
d'autres. Il foutenoif qu'il connoilFoit Dieu , aulfi-
bien que Dieu fe connoilToit lui - même. Il re-
baptifoit ceux qui avoient été baptifés au nom de la
très Sainte Trinité. C'étoit un homme d'une vie
ttès débauchée. Il difllmula quelque temps fes er-
reurs \ mais s'étant fait connoître , il fut chaffé de
fon fiège. Les Ariens tâchèrent de le placer fur celui
de Samofate ; ils n'en purent venir à bout. L'Em-
pereur Valens le rétablit à Cyzique \ mais le peuple
l'en ayant chalfé une féconde fois , ilvintàConf
tantinople trouvet Eudoxe dont il fe fcpara bientôt
après. Ses di(ciples s'appelèrent Eunomiens , & fu-
rent une branche de l'hérélie Arienne. L'hiftoire
Tri partira :, L. V. C. 15. & C. 5 ^ L. VIL C. 18
S. Epipha.ie , héréf. 75. Théodoret , hdtret. fah.
L. IV. C. S- Baronius à l'an 556. traitent de cet hé
rcrique & de fes erreurs. S. Baille & S. Grégoire de
Nazinnze ont écrit contre Eunomius.
EUNOMIOEUPSYCHIEN, enne. f. m. & f. Nom
d'une Sede du IV*^ fiècle. Eunomioeupfychianus. Les
E U N
Eunomioeupfy chiens j font dans Nicéphore , L. XII.
C. 30. les mêmes que ceux que Sozoméne , L. VIL
C. 17. z.^^fiÙ.Q tuc) chiens , ÔC auxquels il donne
pour chet un Eunomien j nommé nutychius , &i non
pas Eupjychius , comme du Nicéphore. Cet Auteur
néanmoms ne fait prefque que copier Sozoméne en
cet endroit ; de forte qu'on ne peut douter qu'il ne
parle de la même Seéle. Mais de fa voir dans lequel
des deux eft l'erreur , & d'où elle vient j celt ce
qu'il n'eft pas aifé de décider. Henri de Valois ne
l'a ofé , & s'eft contenté de marquer la différence
dans fes Notes fur Sozoméne , comme le P. Fronton
Du Duc l'avoir fait fur Nicéphore.
EUNOMIOPHRONIEN , enne. f. m. & f. Nom de
Seéte Hérétique. Eunomiophronianus , a. Les Euno-
miophroniens turent une branche d'Agnoïtes j qui
en 370. eurent pour chef Théophrône de Cap-
padoce , fous l'Empire de Valens. Socrate , /.5.
c. 24.
EUNOSTE. f. m. Terme de Mythologie. Nom d'un
faux Dieu. Eunoftus. C étoit le Dieu des habitans
deTanagra, aujourd'hui Anatoriadans l'Achaie fur
la rivière d'Afopo. Eunojle y avoir un temple , dont
l'entrée étoit fi exprelfement défendue aux femmes,
que s'il arrivoit quelque malheut à la ville j on fai-
foit aullitôt des recherches très exaéles pour décou-
vrir s'il ne feroit point entré dans le temple quelque
femme , ou expies, ou même par mégardet?c fans ~
attention , fans delïein. Alexand. Dier. Génial.
L. VI. C. 2. Ce Dieu fe nommoit auiîî Nofte, Nof~
tus. Héfychius dit que l'on nommoit ainfi une ftatue
que l'on mettoit dans les moulins , & que l'on
croyoit veiller fur la mefure de farine appelée NoVor,
Nojlus , d'où venoit le nom de la Divinité.
EUNUQUE, f. m. Eunuchus. Ce mot fe dit en général
de ceux qui n'ont point la faculté d'engendrer j par
la foiblelfe , ou par la froideur de la nature : &C
fpécialement de ceux à qui on a retranché les parties
propres à la génération. En France on ne fait des
eunuques que pour caufe de maladie qui rend cette
opération nécelfaire. En Italie on fait des eunuques
pour conferver la voix. En Orient on a des eunu-
ques pour garder les femmes. Tavemier dit qu'au
Royaume de Boutan on fait tous les ans vingt mille
eunuques qu'on envoie vendre en divers Royaumes.
En Perfe & dans quelques autres pays , les eunuques
riches & puiflans ne lailFent pas d'avoir un ferrai!.
Cet ufage eft fort ancien. Il y a aulfi dans ces pays
des manières de faire ou couper les eunuques , dif-
férenres de celles dont on fe fert en Europe. Il a été
jugé par arrêt de la Grand Chambre du 8 Janvier
166^. qu'un eunuque ne pouvoir pas fe marier ^ du
confentementmême des parties. Dans le Concile de
Nicée on condamna ceux qui fe fliifoient eunuques
eux-mêmes, par un zèle inconfidéré, & pour fe
délivrer des dellrs fenfuels. Herman. Origène , en
interprétant d'une manière trop littérale le chap. 9.
de S. Matth. ou il eft parlé de ceux qui le font eu-
nuques pour le Royaume des Cieux , avoir armé
fes propres mains contre lui-même. Id. Ceux qui
s'étoient ainfi mutilés ne pouvoient être admis aux
Ordres facrés. Léonce d Antioche fut dépofé pour
avoir exercé cette cruauté fur lui ; oc l'Evêque d'A-
lexandrie excommunia deux A-loines qui avoient
imité cet exemple .-^ fous prérexte de fe garantir des
mouvemens impétueux de la concupifcence. Les
Empereurs ont (ouvent fait des défenfes très rigou-
reuies de faire des eunuques , ou de fe couper foi-
même. Voye^ le Traite du P. Théoph. Raynaud.
Il étoit de mauvais augure de rencontrer un Eu-
nuque en forrant de fa maifon, & dès qu'on l'avoic
apperçu , on retournoit fur fes pas.
Eunuque. Eipèce de flûte qui n'a que trois trous:
celui par où on l'anime ^ celui de la lumière & ce-
lui du pavillon. On couvre celui par où on l'embou-
che d'une peau d'oignon , ou d'un cannepin de
cuir fort délié. On chante dans V eunuque, & la voix
en reçoit de l'agtément. On en fait même des con-
certs , quand on en a plufieuis de différtntes gran-
EVO
deiirs proportionnées. On appelle aufli ces flûtes
des Jombardes.
Ce mot vient du Grec ^^fix"' , qui fe forme de hn^li
ixti , Ucli curam geric. C'étoieiu les eunuques qui gar-
doient les temmes, & qui avoient loin du lu.
Il y eut dans le troilieme fiècle une heda d'Hc-
rétiques nommés Eunuques 3 parce qu'ils avoient
la cruauté ou la manie de faire eunuques , non-Ieu-
lement tous ceux de leur Secle , mais tous ceux
qu'ils rencontroient. Ils imitoient Orij^cne, qui,
prenant mal les paroles de J. C. en S. Matthieu ,
XIX. 1 1. s'étoit tait eunuque , à ce que l'on du , ou
par le fer, ou par des ingrédiens qu'il prit, félon
S. Epiphane, heréf. 50. On nomma aulÛ ces héré-
tiques Valéliens j à caufe de Valéluis , Arabe , qui
{■ut leur chef, foyei^ S. Epiphane cité, & Baronius,
an. 149. n. 9. Hc 160. n. 69. &c.
EVO.
ÉVOCABLE. adj. m. & f. Terme de PaUis. Qui fe
peut évoquer. Les décrets de la Province de Nor-
mandie ne font pas évocables. Cette affaire ell évo-
cable.
ÉVOCAT. Foye^ EXEMPT, milice Romaine.
ÇfJ- EVOCATION, f. f. C'elt proprement l'adion
d'appeler à foi , de faire venir à foi. Evocatio. Mais
on ne le dit en ce fens que dans les exemples fui-
vaps.
§3" Evocation. Terme d'antiquités Romaines. C'é-
toit l'ufage des Romains , avant que de forcer une
ville, de faire une évocation des Dieux tutélaires ,
c'eil-àdire, de les inviter, par une formule reli-
gieufe,à abandonner leurs ennemis, & à venir s'é-
tablir à Rome, où ils promettoient, en reconnoil-
fance , de leur bâtir des Temples , de célébrer des
Sacrifices & des Jeux en leur honneur. Foye:^ la
formule de cette evocacion dans Tite-Live.
^fT Ils pratiquoient la même cérémonie lorf-
qu'ils portoient la guerre dans quelques pays.
§3° Evocation des Mânes, des Ombres, des Spec-
tres. Lorfque Saiil fait évoquer l'ame de Samuel
par la Pythonilfe ; que Vévocaùon ait été réelle ou
jion -, que l'ame de Samuel ou Ion ombre , ou même
que rien n'ait apparu à la PythonilFe , il elt toujours
vrai que Saiil & les gens , avec le commun des
hommes , croyoient la choie poilible. D Calmet.
ifS' On le dit aufli dj la pratique des Magiciens
qui fe vantaient de tirer, par leurs enciiantemens,
ces Speélres ou ces Fantômes de leurs demeures
fombres. Foye^ dans les Pocres les defcriptions de
cette pratique , aulîi iuperftitieule qu'extrava-
gante.
^fT Evocation , terme de Junfprudence , fignifie en
général un jugement ijui tire une affaire d'un Tri-
bunal pour la faire juger dans un autre, (on en
vertu d'un privilège particulier ^ fou pour caufe de
parenté ou alliance , foit pour raifoii de litifpen-
dance , foit pour caufe d'incompétence, foit enfin
qu'il foit à propos d'évoquer le principal , pour le
juger à l'audience fur le champ avec l'incident ,
dont l'appel eft dévolu au Juge fupérieur. Lias ad
alios Judiccs tranjlatio , evocatio. C'efl: ôterla con-
noiffance d'une conteftation à ceux qui dévoient la
juger ^ félon l'ordre commun, en donnant à d'autres
le pouvoir d'en décider.
On fait des évocations d'un Parlement à un au-
tre, à caufe des parentés & alliances. Au Parlement
de Paris il faut dix parens au troificme degré ; &
huit feulement fi l'une des parties eft memlDre du
Parlement. A l'égard des Parlemens de Touloufe ,
Bourdeaux & Rouen , il en faut fix \ Si cinq (î lune
des parties eft du Corps du Parlement. Pour les au-
tres Parlemens il en faut quatre; Se trois feulement
fî l'une des parties eft du Parlement. L'évocation fe
fait auili d'une Chambre à l'autre dans un même
Parlement , lorfqu'une des parties eft Préfîdent ou
Confciller dans la Chambre où le procès eft pen-
dant. On le peut encore , lorfqu'une des parties a
EVO 941
! fon père, ou fon fils , ou fon gendre, eu fon beau-
frere, ou fon oncle , ou fon neveu , ou Ion coiilin-
germain dans une Chambie. Alors on peut deman-
der le renvoi dans une autre Chambre. /'o>e^ l'Or-
donnance de i6(5y. Les Juges des Requêtes du Pa-
lais & de l'Hôtel font des évocations des caulcs pen-
dantes devant d'autres Juges , quand elles ont de la
dépendance avec celles qui font retenues pardevant
eux : en ce cas , les évocations font des jugemens, &
, non pas des réculations.
Evocation du principal, eft quand une partie a in-
terjeté appel d'une fentence qui n'eft rendue que
lur un incident, en ce cas, on peut préfenter une
requête, par laquelle on demande que le prmcipal
fuit évoqué , pour être jugé conjointement avec
1 appel. Les Parlemens ne font plus d'évocations du
principal en juge.ant l'appel , fi ce n'eft du conftfn-
rement des parties.
IJCT Evocation fe dit particulièrement lorfque le
Roi fe réferve d lui & à fon Confeil la connoillancé
d'une caufe. Comme Ycvocation eft une marque de
la puilTlmce & de l'autorité Royale , le Roi peut
évoquer les inftances, toutes les fois qu'il y eft porte
par quelque raifon particulière , & l'on préfume
toujours que c'eft pour de jurtes confidérations qu'il
le fait. BoRNiER,
ÉVOCATOIRE, adj. m. & f. Qui fert de fondement
à l'évocation. On tait fignifier .à la partie une cédule
evocjtoiie :, c'eil-à d'nc , un aôte par lequel on de-
mande au Confeil du Roi qu'une inftance pendante
dans une Cour foit évoquée dans une autre, à cau-
fe des parentés tk alliances qu'une des parties a avec
un certain nombre déjuges. Les parentés, au de-
gré de l'Ordonnance , font des caufes évoca-
toires,
EVODE. f. m. Nom d'homme. Il v a des Evodius 8c
des Evodus en Laiin , que nous ne faurions appeler
c\\ïEvode en notre langue. Foye:^ YVED.
EVODIE. f. f. Nom de temme. Jbvodia.S. Paul conjure
Evodie de Syntyche de s'unir dans les mêmes fenti-
mens en J. C. Philipp.IF. 1.
ÉVOHÉ. Cri d'acclamation que faifoient les Bac-
chantes aux têtes de Bacchus j aulli bien que les
Satyres, les Silènes, compagnons de Bacchus,
qui tum a/acres pajjim lymphatâ mtnte furebant y
evohe Bacchantes 3 evohe capica infleclenies. Ca-
tulle.
EVOLA, ou L'ÉVOLA. Petite rivière de la Campa-
gne de Rome. Ligula _, Amajcnus. Elle travérfe les
marais Pontins, & fe décharge dans la mer de Tof-
cane , à la Torre de \Evola , à deux lieues au Le-
vant du Cap Circelle. Maty.
EVOLAGE. f. m. Dans quelques Provinces ce mot fe
an pour un étang plein d'eau & empoillonné.
Staanum aquâ & pijabus refenum.
EVOLE, ÉE, vieux adj. Étourdi, inquiet. Temerarius ,
pnceps J inconfidcratus.
EVOLI. Bourg de la Principauté citérieurCj dans le
Royaume de Naples. Ebulum j Etolum _, Eburi. C'é-
toit autrefois une ville des Picentins. £v'o/ia titre de
Diiché.
IjCT EVOLUER. Terme de marine. Faire exécuter
des mouvemens .à un ou à plufieurs vaifteaux, à une
armée navale. Man.
ÉVOLUTION, f f. Terme militaire, qui fe dit des
différens mouvemens qu'on fait exécuter aux trou-
pes , pour prendre une nouvelle difpofition , foie
qu'on les forme en bataille, foit qu'elles combat-
tent aétuellement, ou qu'on leur faffe fai;e l'exer-
cice. Explicatio , evolutio. C'eft par les évolutions
qu'on change la forme i?i la difpofition d'un batail-
lon & d'un etcadron , félon la difpofition du ter-
rein , foit pour attaquer, foit pour fe défendre. Les
évolutions fe font par converfions , contre-marches,
doublemens de rangs ou de files^ <?cc. Le P. Hofte ,
Jéfuite , a publié en 1697. "" Traité des évolutions
navales in-jolio. Il appelle évolutions navales, les
mouvemens que font les armées navales, pour f«
mettre dans l'arrangement Se dans la fituation qui
942-
E UP
convient, afin d'attaquer l'ennemi , ou de fe déten-
dre avec plus d'avantage. En généial , la fciencc ou
l'art des evolucions ^ elt l'art de conduire & de faire
agir plufieurs vallleaux enfemble, ce qui ell la troi-
fième partie de la kience de la Marine.
Évolution. Terme de Géométrie. Ligne à'ivolution.
royei DEVELOPPEE.
ÉVONIMO. Foye^ USTEGA , ou USTICA.
EVOQUER. V. a. Attirer à foi la connoulance d'une
aflùire. Caufam transferre , evocure , avocare. Le
Roi évoque à (oi & à fon Conleil toutes les affaires
de finances. Le Roi a évoque cette affaire d'un tel
Parlement j & l'a renvoyée en un autre. Cet hom-
me a évoqué du chet d'un tel pour parentés Se al-
liances. Il fiiutdix parens au degré fixé par l'Or-
donnance j pour <;vt></"t''- du Parlement de Paris. La
Cour a évoqué \e principal , & y a fait droit. Foye:^
ÉVOCATION.
Ce mot vient de dvtxr^re. NicoT.
Évoquer, fe dit auffi des fpeftres que font paroître
les Sorciers Se Magiciens, qui font crou-e que ce
font des âmes ou des démons qu'ils font revenir de
l'autre monde. EUcere animas. La Pytlionille évo-
qua l'ame de Samuel pour la faire voir à Saiil. Evo-
quer fignifie, en général, appeler à foi. Les Ro-
mains n'auroient ofé forcer une. ville afliégée ,
avant que d'avoir évoque les Dieux que l'on y ado-
roit.
ÉvbQUK , ÉE , part.
EVORA. Nom de lieu. Ebora. Un Bourg de l'Anda •
iouhe fitué à l'embouchure duGuadalquivir, porte
ce nom. Il y a beaucoup d'apparence que c'ell l'an-
cienne Ebora , ville des Turdules , que quelques
Géographes mettent néanmoins à Rota j bourg
fitué fur la c'^-'te , entre f embouchure du Guadalqui-
vir & la Baie de Cadix. Maty. La Capitale de
l'Alentejo, Province de Portugal j porte aulli ce
nom. Ebora j Eburia , Libéria Julia. C'el^ une ville
Archiépifcopale, & la principale du Royaume après
Lisbonne ; & il y a une Univerfitc. Evora de Alco-
baca j qu'on nomme auffi Amplement Alcobacaj &
en Latin Akobacia , Eberobricum y eft un bourg de
l'Eftramadoure de Portugal, dans lequel il y a un
Monaftère célèbre , fondé par Alfonfe I. Evora alca ,
bourg de l'Alentejo, en Portugal , avec un château.
Il eil: entre les villes à.' Evora & d'Elkemos.
E U P.
EUP.A.TOIRE. f. f. Eupatoria y eupatorium. Plufieurs
plantes de différens genres portoient autretois ce
nom , par rapport à leur ufige pour les maladies du
foie. On croit que l'eupatoire des Grecs eÙ. la plante
que nous connoilfons aujourd'hui fous le nom d'Ai-
gremoine , Agrimonia ; que le Coq des Jardins ,
Cojrus horienjis y efpèce de Tanaifie , elt VEupatoire
de Méfué , Se que VEupatoire d'Avicene eft la plan-
te que nous nommons avec C. B. Eupatorium Can-
nabinum. Cette dernière vient au bord des eaux :
fa racine eft vivace , chargée de beaucoup de fibres
blanchâtres \ fa tige eft droite , haute de trois à
quatre pieds, branchue , arrondie , velue. Si. rem-
plie d'une moelle bl.anche: fes feuilles font longues
comme celles du chanvre, étroites-, dentelées fur
les bords, oppofées , Se ordinairement au nombre
de trois fur une même queue. Ses fleurs font ra-
maîTées en bouquets. Ell-^s font compofées de fleu-
rons lavés d'un peu de pourpre , foutenus par des
femènces chargées d'une aigrette , & renfermés dans
un calice alongé , grêle & écailleux. On dit que fa
racine eft purgative, qu'elle fait vomir: toute la
plante eft bonne dans la Cachexie ; extérieurement
appliquée, elle eft vulnéraire. Si l'on en croit Pline,
elle a pris fon nom d'un Roi , qui s'appeloit Eup.a-
tor. Les Anciens appeloient Eupatoire femelle noire
Bidens ou Cannabina aquatiea.
Il y en a qui nomment M Eupatoire , hepatorium
en Latin, quod hepati maxime conveniat & medeatur.
Morin , d^ la ettlture -des ft-eurs y rétient en François
E UP
le mot Latin eupatorium. VEupatorium de Canada
eft en fleur au mois de Septembre.
EUPHEMIE. f. f. Nom de temme. Eupkemia. Sainte
Euphemie , Vierge de Chalcédoine , fouffrit le
martyre fous Dioclétien , l'an 307 de J. C. L'Im-
pératrice Euphemie y tcmme de Juftin I , fut
très-zélée pour la détenfe de la foi orthodoxe.
MORERI.
EUPHEMIE. f. f. Terme ufitc en Sorbonne. C'eft
une diftribution alTèz confidérable qui fe fait aux
Doébeurs à certain jour , dans une alfemblée qu'ils
tiennent, & qu'on ne fait qu'à ceux qui font prc-
fens. Euphemid. Il lemble qu'on ne le dife qu'au
pluriel. La Sorbonne s'alîemble pour avoir droit
aux Euphémies.
Ce mot vient du Grec '«a , benè , Se <p>!.«î , dlco ; de
forte qu.' Euphemie, dans fon origine Se grammati-
calement , eft la même chofe que bénéJiétion ôc
qu'eulogie, qui fignifie la même chofe, & qui s'eft
dit aulli des préfens qu'on faifoit, ou qu'on en-
voyoit, comme on le peut voir ci-deHus à ce
mot.
^- EUPHEMISME, f. m. Figure par laquelle, au
lieu de fe fervir d'expreffions propres qui excite-
roient des idées déshonnêres ou défagréables , 011
emploie d'autres termes qui reveiilent dire6temenc
des idées plus honnêtes ou moins défagréables. Loi
diétée par la pudeur Se par les égards que nous nous
devons les uns aux autres.
EUPHÉMITE. f. m. Se f. Nom de SeAe. On donnoit
au'.tetois ce nom aux Hérétiques Malfaliens, X cau-
fe des louanges & des cantiques qu''ils chantoienr.
Eunhemita. Les Oratoires des Mafl^aliens étoient
des bâtimens vaftes , & découverts en forme de pla-
ces publiques. Ils s'y aflembloient le foir & le ma-
tin -, Se à la lumière de plufieurs lampes , ils chan-
toienr certu'iins Cantiques à la louange de Dieu. On
les appclla auffi en Grec Euphémites. Fleuky.
Ce mot vient de ffipW« , louange, bénédiciion , quî
vient de sïj bien. Se (P'-f^'' ,je dis.
EUPHEMIUS, Se non pas Euphemie , qui eft fémi-
nin, ou Euphême, qui n'eft point en ufage. f. m.
nom d'homme- Euphemius. Euphemius , Patriar-
che de Conftantinople , fuccéda à Flavita , l'an
o ,
EUPHONIE. (. f. Euphunia. Facilité, aifance, agré-
ment , élégance de la prononciation.
Ce mot eft entièrement Grec : il vient de il, benè ^
Se de <P'^'>i , vox. On ne fe fert de ce terme que dans
la Grammaire. L'euphonie hait quelquefois fuppri-
mer une lettre trop rude , la fait changer en une
autre plus douce , même contre les régies ordinai-
res. Il y en a des exemples dans toutes les Langues.
Nous difons en François mon amitié ; il faudroit
dire régulièrement ma amitié ; {'euphonie fait dire
mon amitié. L'euphonie fait qu'on n'a pas toujours
égard à l'étymologie Latine ou Grecque , Sec. Quin-
tilien appelle l'euphonie y vocalitas : Scaliger l'ap-
pel! e/aa/i.? pronunciatio.
gCT On appelle lettres euphoniques , les confonnes
que l'on infère entre deux voyelles , dont l'une finit
un mot , Se l'autre commence le mot fuivant , Sc
ilont la rencontre produiroit un hiatus ou bâille-
ment j parce que ces lettres fervent à faciliter la
prononciation. Que dira-t-onde vous, fi l'on vous
entend ? Le r & / font des lettres euphoniques.
EUPHORBE, f. m. Fils de Penchée ou Panthis, étoit
un des principaux chefs des Troyens au fiége de
Troie.
EUPHORBE, f. m. Euphorbia y euphorbium. C'eft un
arbre femblable au férula. Cette plante croît dans
la Mauritanie. M. Paul Hermans excellent Profef-
feur en Botanique dans le Jardin de Leyde, l'.ap-
^tiWe tithv malus Mauritanus , aphijios angulofus &
fpinofus.'Hûrt. Acad. Lugd. Batav. 598. La tige de
l'euphorbe eft carrée , Se chaque coin s'avance rant
foit peu en façon d'une aile ondée : fur le dos de
chaque onde il y a un petit écuffon garai de deux
petites pointes courbées en bas. Cette tige ne pouf-
EU P
fe point de feuilles, mais feulement quelques bran-
ches de même nature ts: fans aucune feuille. La
couleur de toute la plante ell d'un vert brun tirant
fur le rouge. Sa iurface eft unie, & la conhilance
ell charnue. Quand on y htit des incifions, elle jette
un lait , ou gomme jaunâtre , très acre j ôc c'clt ce
que les Dto-^n'ûlss :ippi:hnt euphorèium qffïcinurum ,
dont on fe fert en Médecine , & qui a une très-
grande vertu cathartique. Les Heurs de cette plante ,
lelon ce qui eft rapporté dans Hoitus medicus Amjh-
iod. c. II. p. 13. lont compolées de cinq feuilles
. taillées en croilfant , vert-jaunes. Elles nailfcnt fur
les mêmes écullons , d'où lortent les épines, & pro-
duifent enfuite un truit à peu-près comme celui de
nos tithymales, c'eft-à-dire, relevé de trois coins,
& divifé en trois cellules remplies chacune d'une
femence ronde.
Les higos de Tuna du Pérou lont le fruit d'une
efpèce de raquette , ou à\upliorbe , gros comme une
noix verte, couverte de piquans prefque aulfi rudes
que celui de la calate de châtaigne. On le trouve bon
ic bienfaifant. Frezier.
EtJPHORBE. f. L Euphorbium ou Euphorbia, Efpèce de
gomme-réfine, qui eft en petits morceaux arrondis \
blanchâtre, lorfqu'elle ell nouvelle j jaunâtre, lorf-
qu'elle ell vieille j très-acre au goût ôc de nulle
odeur. Son principal ufage ell extétieur j elle entre
clans quel jues emplâtres télolutives , dans des tein-
tures & des poudres propres pour réliller à la gan-
grène , & pour confommer la carie des os. Inté-
rieurement elle purge très-violemment à la dofe de
quelques grains \ fa poudre eft un des puillàns fter-
nutatoires. On évite même de s'en fervic dans cette
vue, à caufe de fa trop grande adlivité.
La gomme que nous appelons euphorbe^ fe forme
du fuc de l'arbre doiat on vient de patler , & qui a
le même nom : ce lue eft un jus fort fubtil & fort
pénétrant, jufques là qu'il le faut tirer en le per-
çant de loin avec une pique , ou une lance. Le jus
qui en fort en abondance le recueille dans une peau
de mouron , dont on environne l'arbre \ &c c'eft ce-
lui qu'on appelle euphorbe vitré. Les Apothicaires
pe veulent pas le battre eux-mêmes, mais le font
battre par des Crocheteurs, parce que, quelque
précaution que l'on prenne , il monte au cerveau ,
oti il fait de dangereufes indammations. Pline dit
que l'invention de \ euphorbe eft attribuée à Juba ,
Roi de Libye , qui lui donna le nom AEuphorbius ,
fon Médecin, frère d'un Mufa, Médecin d'Auguf-
te. \S Euphorbe eft un médicament purgatif qui eft
fort dangereux j car c'eft le plus ardent & le plus
violent de tous les remèdes , quand même il feroit
pris en petite quantité. Les Botaniftes modernes
ont découvert plulîeurs plantes grades étrangères ,
qui donnent un fuc laiteux très-acre, & qui ont
leurs fleurs &: leurs fruits femblables à ceux de nos
tithymales : la plupart de ces efpèces de plantes
font anguleufes & épineufes. Et fi l'on a égard à
la defcription di Pline, la plante appelée Schadi-
da Calii dans VHorcus Malabarkus , fera la véri-
table euphorbe des Anciens. M. Jean Commelin ,
Profeffeur en Botanique, ScBourguemeftre d'Amfter-
dam, eft le premier qui ait fait cette découverte,
V. $. Amft. pw 1.
EUPHORIE, f f. C'eft-à-dire , manière ai fée ,• avec
laquelle les malades fouffrent des évacuations con-
fidérables fans inconvénient. Brigandage de la Mé-
decine. L'Auteur donnera , tant qu'il voudra , des
mots inufités , pourvu qu'il y joigne l'explication
comme il a fait ici.
EUPHRADE. f. m. Terme de Mythologie. Génie , ou
Dieu domeftique, dont les Anciens mettoient la fta-
tue fur leurs râbles. Euphrades. Il étoit ainfi appelé
à!iypf'u»i>fi>ii , je me réjouis , d'où fe faifoit luffunu^
un Jejlin , un repas : ivÇifxiytftxi vient de ï" , bien ,
& ççi» , ame , efprit : '^Çitcltiâ-ui , eft la même chofe
enGfiec ,(\u.s genio indulgere enLiùn. Euphrade ézoïz
donc le Dieu de la joie & des plaifirs ^ mais des plai-
fîrsdelatable.
E U P 943
LUPHRAISE. Euphrafia. Quelques-uns difent EU-
Pf IRAGE. Nicot dit euphrofine. f. f. Plante médici-
nale. Foyei EUFRAISE.
EWPHRAISE. f. m. Nom d'homme. Euphrafius. Une
ancienne Tradition , marquée dans une hymne qui
fe voit dans un ancien Bréviaire de Burgos , & que
les Bollandiftes ont fait imprimer. Acl. Sancl. Malt
T. III. p. 441. dit que S. Euphraife fut envoyé de
Rome en Efpagne par les Apôtres avec lix autres
Evêques. Grégoire de Tours dit aulfi que le Xlf^
Evêque de la Cité d'Auvergne, qui n'eft néanmoins
que le XIIF dans Savaron , fe nommok Euphrai/è -,
qu'il fut luccelfeur de S. Apruncule , luccelfeur du
célèbre Sidoine Apollinaire ; qu'il vécut quatre ans
après Clovis I. & qu'il mourut en la 15'^ année de
fon Epifcopat. Ainli nous jugeons qu'il fut élu l'an
490. & qu'il mourut en 515. Baillet. D'autres di-
fent Euphraje j ou retiennent le nom Latin Euphra-
fius. Saint Quiutien s'étant retiré en Auvergne, Eu-
phfafe , Evêque de ce pays le reçut fort humaine-
ment, & pourvut libéralement à fon entretien. Go-
DEAu. Paul , Patriarche d'Antioche , s'étant dépofé
lui-même en 5ZI. on élut le Prêtre Euphrafius à fa
place. Id.
EUPHRASE, ou EUPHRASIUS. f m. Nom d'hom-
me. /^o).£f EUPHRAISE. Ces mots viennent de t%
bien , &c ipçâC*, je parle.
EDPHRASIE. (. f. Nom de femme, qui fignifie la
même chofe , & a la même origine que le mafcu-
lin Euphraife. Euphrafia. Sainte Euphrajie , Vierge
& morte martyre à Nicomédie. Tillemont. Hiit.
Ecd. T. X.p. 5 1. Sainte Euphrajie , ou plutôt , Eu-
praxie , que l'on confond quelquefois avec Sainte
Euphrofine, a vécu depuis environ l'an 334.011 un
peu plutôt qu'elle naquit , jufqu'en 5^4. environ ,
qu'elle mourut âgée de trente ans. Idem. Ib. p.
hUl^HKATE. Euphrates. C'eft une rivière d'Afie, qui
a fa fource dans les montagnes delà grande Arménie
aftez près des fources du Tigre j fi bien que les An-
ciens ont cru qu'ils avoient la même fource. L'Eu-
phrate coule d'abord d'Orient en Occident ; puis ,
quand il eft arrivé aux confins de, la petite Armé-
nie^ il tourne au Midi , féparant l'Anatolie de la
Turcomanie , &c la Mélopotamie, ou le Diarbek ,
de la Syrie & de l'Arabie déferte : il va fe joindre
au Tigre à Gorno , n'a plus avec lui qu'un même
litqu'on nonwxit S chat el A rab , c'eft-à-dire, la ri-
vière des Arabes , & va fe décharger dans le Golfe
de Balfora , autrefois appelé le Golfe P.erlique. Il
eftdifHcile de déterminer quels étoient autrefois le
lit j le cours & les différens bras de ÏEuphrate ,
depuis les confins de la Méfopotamie & de la Chal-
dée jufqu'à la mer. Ceux qui ont le mieux débrouil-
• lé cela font les Auteurs qui ont écrit de la fitnation
du Paradis terreftre j car VEuphrate étoit un des
quatre fleuves de ce lieu de délices. V^oye^ Bochart ,
Hopkinfon , M. Huet & Vantil , dans leurs Dif-
fertations fur le Paradis terreftre. La violence du
Golfe Perfique caufe unreflux à XEuphrateâs plus de
50 lieues au-defllis de fon embouchure. Les Arabes
font perfuadés que les eaux de VEuphrate font très-
falutaires , & qu'elles ont la propriété de guérir
de toutes fortes de maux. Saumaife traite au long
de ce fleuve dans fes Notes fur Solin , p. 60 & fui-
vantes.
C'eft une erreur de croire que le nom de VEu-
phrate eft compofé de fon nom Hébreu jmg , phe-
rath , & du pronom Nin , hu , qui fe trouvent joints.
Gen.II. 14. ce queplufieurs habiles gens ont pour-
tant cru. Les Grecs ont changé Perathen Euphrate ,
en ajustant ce mot, ainfi que tous les mots étran-
gers , au gcniede leur langue , comme s'il étoit dé-
rivé du mot fu?if ai'ïîiv , qui fignifie réjouir, à caufe
de l'agtément que porte VEuphrate dans tous les
lieux de fon paflage. Cette étymologie a été reçue
de plufieurs , comme S. Ambroife l'a rernarqué.
Peut-être aulfi qu'ayant lu que ce fleuve étoit ainfi
nommé à caufe de fa fécondité, ils ont rappotté fon
^^44 È Û ï*
origine au mot tu?iopW , qui (igiùfie/econd , fertile j
& y ont accommodé fon nom. Peut-être fans avoir
en vue ces étymologies , de Pcrach , ils ont tait
Euphrate , comme de Thabor ils ont fait ^ca-
birlus , Se de Derceto, Atergacis. Anili la langue
Françoife , aulli-bien que le dialedte Eolien, aime
commencer pludeurs mots par dese, qui ne le trou-
vent point dans leur racine. De s-éy? , nous faifons
■ étage, ai fpirltus , efpric. Les Hébreux ont mis un a à
la tête du mot de Pa^ , qui ell le nom du pays
d'Ophir , &c l'ont nommé Vpha\. Huet. Sansavoir
rien ajoûté,il eft plus vraifemblableque lesGrecs en-
tendant nommer ce fleuve /nan , avec le ,-j, he , ar-
"ticle j haphplieruc , par unpatahh , c ell-à-dire , un
a clair , approchant fort d'un e , & changeant ,
comme il eft très - naturel de le faire & qu'il s'elt
fouvent fait en plulleurs langues , le premier ph ,
ouyen U j de happhrat ow hephphrat , ils ont fait
E'uipfki-^ S^avecla terminaifon Grecque £'"'?/' «7w, £«
phrate.
Quoiqu'il en foit j le mot Hébreu rr\Q^pherat ,
ou pArat , comme l'a remarqué M. Huet dans fa
Dijjen.fur le Paradis terrestre , C. 167. &c prefque
tous ceux qui en ont cherché l'origine , vient du
verbe Hébreu ni3 » pharah , qui fignifie s augmen-
ter, croître : (k dans la conjugaifon hiphil ^ rendre
fécond , fertilifer , parce que ce fleuve , en s'aug
mentant , porte par fes inondations la fertilité dans
tous les lieux qu'il arrofe. C'eft le fentiment de S.
Jérôme , de la plupart des Pères , des Intetprctes
de l'Ecriture , & des Rabbins. Jofeph écri: le nom
Hébreu <?«!» , le prononçant à la manière des Arabes
& il l'explique «-Kt^^ar^iv H àv^f\ç ,DiJJîpationonJîeur,
Ic'dérivant du verbe ni3 , pur, qui fignifie , entt'au-
tres chofes , dijfiper \ à caufe de l'écoulement , &c
pour ainfi dire , de la diiïïpation des eaux de V Eu-
phrate : ou du verbe ma , Parach , fleura ., germer \
parce que fes eaux font fleurir , germer les terres
qu'elles baignent. On s'étonneroit qu'un Juif allât
chercher des origines fi éloignées , & fi forcées ,
ayant celle de ma j fi proche & fi naturelle, fi on
ne favoit d'ailleurs qu'il ne raffinoit pas fur la lan
gue Hébraïque. Huet.
EUPHRATÈSIE. Province ancienne , ainfi nommée
parce qu'elle étoit fituée au long de l'Euphrate.
Euphratefia. Voye\ Commagene , c'eft la même
chofe.On dit aufli Euphratejienne , & Augujîeuphra-
téfienne.
EUPHRATÊSIENNE. Nom de Province , c'eft la
CommzgéuQ. Euphrateflana j Auaufta Euphratefia-
na. Il eft certain que la Commagene fut réduite en
Province par Velpafien : les Romains l'appelèrent
Augufieaphratéfienne , ou Euphratéfienne , parce
qu'elle éroit le long de l'Euphrate. Tillhm. T. II.
p. 30. yoye\ Commagene. On trouve 7i.\x\Jîi Euphra-
téfie , en Latin Euphratefia.
EUPHRONE. {. m. Nom d'homme. Euphronius. Les
foldats de Clotaire ayant brûlé l'Eglife de S. Mar-
tin j Euphrone , Evêque de Tours j la rebâtit plus
magnifique qu'elle n'étoit aupatavantj parla libéra-
lité du Roi. GoDEAU.
Ce mot eft Grec , compofé de eï , & !??"£* , je
penfe , de 'Pc*»' , penfée.
EuPHRoNE.l.f.Terme deMythologie.C'eft un nom que
les Poëtesdonnent à la nuit, dont ils font une Divi-
nité.£ù^/îro/ie. Ils lanommçntainfi,parcequela nuit
rend fage , fait penfer mûrement aux chofes , &
fait prendre de bons confeils j félon le proverbe
qui dit,quelaNuit porte confeil.iVci.v</<7/^irco«/?^z/OT.
Euphrone eft un mot Grec , qui vient de tï , bien,
S< Çfl' , efprit , penfée , confeil , & qui fignifie
bonne penfée, bon confeil, ou qui a de bonnes
penfées.
EUPHROSYNE. f. f Terme de Mythologie. L'une
des trois Grâces. Euphrofyne. Les deux autres font
Aglaé & Thalie. On difoit qa Euphrofyne & Aglaé
fe regatdoient mutuellement, pour marquer que
la gaieté & la bonne grâce , ou l'agrément fe pro-
duifent mutuellement ; car Euphrofyne eft un mot
EUR
Grec , v:iif(arit^ ^ qui CigmfiQhUaritas , gaieté. Fhy.
Vaillant j Nummi CoLoniar. p. 170. Berger, T. I.
P-47'.
EUPLOEE. adj. f. Terme de Mythologie. Surnom de
Vénus , lorfqu'on l'invoquoit pour obtenir une hcu-
reule navigation. Euploea. Elle avoit un Temple
fous^ ce nom , fut une montagne près de Naples ,
ainfi appelée Euploée, De h , bien , tk sr^s* , je
navigue.
EUPSYCHIEN, ENNE. f. m. & f. Hoffman , & les
Auceuts du Morérij qui le copient j difent que les
E upfy chiens (om des hérétiques du IV*^ ficelé , ainfi
nommés d'Eupfychius, qui étoit Eunomien. Il eft
vrai qu'il y eut au IVe fiècle un Eunomien que Ni-
céphore nomme Eupfychius , & Sozomene Euty-
chius , qui fit une feéle j mais fes Sénateurs ne s'ap-
pelèrent point Eupfychiens : félon Sozomene , ils
s'appelèrent Euty chiens j & félon Niccphoremêmej
ils ne s'appelèrent point Eupfychiens , mais Euno-
mioeupfy chiens. Hoftman & le Motéri citent Sozo-
mene , L. VII. C. 17. A la vérité il y parle de cette
feéVe i mais il en nomme toujours l'Auteur Euty-
chius , & il dit qu'il lailfa une feéte qui porte fort
nom. Elle s'appela donc les Eutychiens j &: non pas
les Eupfychiens. Voye\ Eunomioeupsychien , &
EUTYCHIEN.
È U R.
EUR. f. m. Vieux mot. Bonheur.
EVRARD, f m'. Nom d'homme. Eherhardus , Ehe-
rardus. Ebcrhard , ou plutôt j comme nous difons
en France , Evrard , forti de l'une des premières no-
blelfes de Bavière , naquit vers l'an 1085 de parens
qui fe diftinguoient beaucoup plus par leur piété
que par le rang qu'ils tenoient dans le monde. Il fuc
d'abofd Chanoine de Bamberg , puis il prit l'habic
religieux dans le Monaftère de S. Michel. Le Cha-
pitre de Bamberg l'en ayant faitfortir , il y rentta
vers l'an 1 115. âgé de quarante ans. Vers l'an 1132.
il fut fait Abbé d'un nouveau monaftère qu'on éta-
blit à Vibourg. Il le gouverna quatorze ans , & en
_ 1 146 il fut élevé à l'Evêché de Saltzbourg. Il mou-
rut la nuit du Dimanche au Lundi , 22e jour de Juin
de l'an 1165 après 79 ans de vie , & 19 d'Epifco-
pat. j'icla Sancl. Jun. T. IV.p. 260. &fuiy, & Bail-
LET.
ÉVRAU. royex ÉVROU.
EURE, ou EURUS. f. m. & nom d'un vent qui fouffle
entre l'orient & le midi , Se que nous appelons
vent duSud-eft. Eurus. Pline dit , L. II. C 47 que
ce nom eft celui que les Grecs lui donnoient ; que
les Latins l'appeloient Vulturne j Vulturnus. Les
Latins confondent fouvent ces deux vents , parce
qu'il foufllent tous deux du côté d'orient , l'un à
dfoite & l'autte à gauche de l'orient équinoxial.
Andronique de Cyrre avoit bâti à Athènes une tour
oétogoneoùleshuit vents, que l'on diftinguoit alors,
étoient marqués : elle fubfifte encore à ce que l'on
dit J & YEurus s'y voit repréfenté fous la forme
d'un jeune homme. Sur l'Océan nos Pilotes appel-
lent ce ventfud-eft \ &c firoco fur la Méditerranée :
l'ufage des premiers a prévalu.
EURE. Rivière de France. Owrtf , Auturà , Audura ^
Adura , Auclara. Elle a fa fource dans le Perche en-
tre Nulli & la Lende. Elle pafle à Bellomer , à Char-
tres , à Jouy , à Maintenon _, à Nogent-le-Roi : en-
fuite elle fe rencontre avec l'Aure , vient à Chef-
nebrun , à Verneuil , à Tilliers , à Nonancourt ,
coule par Anet, Pacy , Louviersj où elle reçoic
l'Iton , &c par le Vaudreuil , d'où elle va fe rendre
dans la Seine , à une lieue au-delfus du Pont de
l'Arche, h' Eure eft fort poiflonneufe , on y pêche
beaucoup de truites faumonées. La vallée â' Eure y
eft une vallée d.ins laquelle coule cette rivière , &
qui s'étend depuis Maintenon juiqu'au POnt de
l'Arche. Foyei Hadriani Vakfii , Notit. Gall.
p. 71.
Eure. Autre rivière de France, qui arrofe le Berry.
Avcra^
E VR
Avéra , Avarj. j Aura , E\rj. Elle fort des étangs '
tic Folignt & di Baui;y , delccnd à Savigny & à j
Omoy, où elle le jece diiis des marais larges d'en- j
viron une lieue , ic longs de crois \ d'où elle lorc
pour lediviler en crois branches , dont l'une entre
dans Bourges, & travt:rie une partie de la ville pour
s'aller rendre dans l'Auron entre la porte de laint
Sulpice & celle d'Auron. Ceiie-ci s'appelle l'Aurei-
re , ou l'Eurette , 6<. par corrupcion du peuple , la
Levrette. L'autre branche luit les toiles de la ville \
Se latfoilièniej nommée la grande turt , palle au-
delFous du taux bourg vie S. Privé j & après s'être en-
core divilée , toutes ces branches vont fe rejoindre
proche la porte de S. Ambroife, & fe jeter peu
de temps après dans l'Auron à côté de l'Abbaye de
S. Sulpice. De Valois , Noc. Gai/, p. 86. dit Eure j
ou lèvre.
EVRE. f. m. Nom d'homme. Aper. Apec ^ vulgaire-
ment appelé S. Evre j Evoque deToul, que nous ne
croyons pas devoir diltinguer d Aper ami de Saint
Paulin de Noie, s'étoit rendu coiilidcrable dans le
monde dès la jeunelle. Baillet , au ly de Sept.
Il hic élevé à l'Hvêché au commencement du V'
hècle. Catherinot , dans fes Doublets de la langue ,
écrit que l'on dit Apre & Evre-.^ mai^non point Aper.
ÉVKECL Bourg de France , en Normandie , dans le
Bocage. Il a titre de Vicomte.
EVREMON r. f. m. Nom d'homme. Evtrmundus ,
Ebieniundus. Saint £vre/«o.'2(^ que quelques-uns ont
fait fans raifon frère de S. Evroul , Abbé d'Uuche
au pays d'Hielmes en Normandie , étoit né à
Bayeux , d'une famille conlidérée par fa nobleffe &
par fes grands biens. Baill. Ses parens le tirent ve-
nir tout jeune à la Cour. Il tut dans la faveur'du
Roi Thierry IIL II (e maria avantageufement \ mais
dégoûté par la grâce des chofes du monde , il en
dégoûta fon époufe : elle entra dans un Monaltère.
EvreiriiTid diltribua fes biens aux pauvres, fe re-
tira dans une fohcude du Beilin , bdtic pluliours
Monallères , tut Abbé du principal que l'on prend
pour Fontenay- fur-Orne, & mourut l'an yio. du
remps du Roi Chilperic III. Baillet dixième
Juin.
EUREPA. f f. Petit pays de Finlande , dans la Carélie ,
le long du Golte de Finlande.
ÉVREULÉ , ou EBREQLE. f m. Château fur laSiou-
le en Auvergne, i^borolacum dxns Sidoniiis Apolli-
naris , Evrogilum dans !a vie de Louis le Débonnaire.
Valef. Not.Gall.p. 184.
ÉVREUX. Ville de France. Eburo , Eburovices , Au-
lerci, Meliolanum Eburovicum , ouAulercorum Ebroi-
cum , Ebroicî. Elle eil dans la haute Normandie ,
& a un Evèché l'utFragant de Rouen. Evreux ell an-
cien. S. Taurin, premier Evèque d'Evreux , vivoit
à ce que l'on prétend l'an 160. de Jesus-Christ.
Evreux eft fur la petite rivière d'Iton , à fept ou
huit lieues au midi de Rouen, fvrea.v a titre de Com-
té j & a eu long- temps des Comtes particuliers de
la Maifon des Ducs de Normandie. Le Comté d'£-
vreux eft aujourd'hui à la Maifon de Bouillon , à
qui Louis XIV le donna en 1651. en échange de la
Principauté de Sedan. f^oye\ Du Chefne , Antiq.
des Filles de Fr. P. II C. 4. Hadrian. Valef Not.
Gall. page 6^. les Sainte - Marthe , T. II. p. 571.
EURIPE. Détroit de mer entre îaBéotie & l'Ifle d'Eu-
boée , ou Négrepont j où les courans font fi vio-
' lens , qu'on dit que la mer y Hue & rellue fept fois
par jour. Euripus. On a voulu faire croire qu'Arif-
tote s'étoit noyé volontairement dans X'Euripe, parce
qu'il ne pouvoit comprendre la caufe de fon mou-
vement.
Beauc'^up de perfonnes , &c Mêla entr'autres ont
rapporte qu' b tlux & reflux s'y fait fept foislq jour;
mais Tltc-Live a mieux remarqué : il ne fe fait que
quatre fois , de fix heures en fix heures , comme à
Venife : il eft vrai qu'il eft fi violent , qu'il fait
moudre des moulins de part & d'autre. Du Loir,
p. ;oi. f'oxe:; iurïEuripe & fon flux & reflux,
Spon dans fes Voyages , P. II. p. jiS. Se fuivantes.
Tome m»
EUR ^4,
c«i une Lettie du P. Jacciues-Paul Babin , Jéfuive ,
quiavoit demeuré deux ans à Négrepont, Se que
Spon rapporte.
Oi\ a depuis attribué ce nom à tous les endroits
où l'eau écoudans un grand mouvement ^ ou une
agitation irrégulière. Les Cirques anciens avoient
leurs Euripes , qui étoient des foifés fur les deux
côtés , dans lefquels il étou dangeteux de tomber
en conduifant les chars , fur lefquels fe faifoient les
courfes. Les Romains donnoient en particulier ce
nom à trois canaux ou foliés qui ceignoient le cir-
que de ttois côtés , & que l'on remplilîoit d'eau ,
quand on vouloit y repréfenter un combat naval.
Ils appeloient aulîi i!:'tt/-//)<;j J ces aqueducs qui fer-
vent à conduire l'eau d'un lieu dans un autre. Spar-
tien dit qu'Héliogabale remplit par magnificence
des Euripes de vin , pour donner au peuple le fpec-
lacle d'un combat naval.
ify On appeloit Nils , ces canaux lorfqu'ils
étoient tort larges.
On fe fert quelquefois de ce mot au figuré , pour
fignifier des mouvemens ii réguliers. Naudé du dans
le premier chapitre de fon Apologie pour les grands
hommes accufés de magie , qu'une prudence cri-
tique des Auteurs nous découvre le calme ou la
tempête de leurs pallions , Veuripe de leurs mouve-
mens , Se l'admirable diverfité de leurs efprits. Il
s'eft dit quelquefois en ce lens des violentes agita-
tions d'efprit. Ainh le Poète des Vifionnaires a du :
Tantôt dans /'Euripe amoureux ^
Je mefens le plus malheureux ^ *
Des individus fublunair es.
Les Poètes Latins ont dit par une femblable mé-
taphore , magnis curarum flucluat undis. Catul. in
Epiik. Tliet.
Ce mot vient du Grec '" , facile _, ç''ip««( ^ prui-
pitari.
EURISTEE. f. m. Terme de Fleurifte. Tulipe colom-
bin mêlé de blanc Se de fin panaché. Morin.
ÉVROLS. f. m. Nom d'homme. Eberulfus , Ebrulfus.
Saint Evrols J que l'on prononce Saint Evrou, SC
Saint Evrau , tiroir fon origine de la ville de Beau-
vaij. Baillet, i^ Juillet. Saine Z^vaû^ fut reclus &
Abbé près de la même ville dans le Vli^ fiècle.
M. Baillet ditaulîi £i'rez///^5maiscen'eftpas l'ufage.
Ces noms le font formés du Latin Eberulfus j
Ebrulfus J Ebruljs , Ebroljs _, Ebrols , Ebrou , ou
Ehrau , changeant la lettre l en u , félon l'ordinaire.
Il eft mieux d'écrire Evrou , ou Evroul. Foye^
EvROUL.
ÉVP«.ON. Bourg de France avec une AhhAys. Ebro-^
nium. Il eft dans le Maine fur la petite rivièrs
d'Erve , à neuf lieues du Mans au couchant. L'Ab-
baye d'£rro« de l'Otdre de S. Benoît , a été fondée
au VIl^ fiècle par Hardouïn , Evêque du Mans.
Foye\ les Sainte-Matthe.
EUROPE, f. f. Nom de femme. Termede Mythologie.
Europa. L'Antiquité a connu plufieurs Europes. Il
y en a trois remarquables. La première fut fille d'A-
génotj Roi de Pficnicie. C'eft elle qui, pendant
qu'elle fe divertilfoic fur le rivage de la mer , fut
enlevée, difent les fables, par Jupiter changé en
taureau. Horace décrit cet événement dans fon III* L.
Ode 17 , qui eft très- belle.
Dès qu'on voit la mer tranquille ,
On brûle de s'tmbarquer.
Telle Europe , trop facile j
Croit n avoir rien à rifquer. Pellegrin.
Licophron appelle ce ravifletir Aftérus ; Se Dio-
dore , L. V. Aftérius; S. Auguftin , L. XVIII. de la
Cité de Dieu , Ch. 1 1. Xanthus , ou , comme on le
nomme encot^e Xuthus. Pourconfoler Agénor de la
perte A'Europe , on mit Artafte fa fille au nombre
des Divinités. Quelques-uns doutent fi Artafte n'eft:
pas Europe elle-même. L'hiftoire qui a donné occa-
Dddddd
p4^
EUR
fion à cette fable fe rapporte différemment. Quel-
ques-uns difent qu'un Jupiter, Roi de Crète , ayant
fait une defcente en Pliénicie , enleva plufieurs per-
fonnes , & entr'autres , la hlle du Roi du pays , nom-
mée Europe , &c qu'il k tranlporta en Crète lut un
vailfeau nommé le Taureau. D'autres difent que
c'ert Minos qui la ravit. PaLxphare de Patos écrit
qu'elle fut enlevée par un Gnoilien nommé Taurus,
dans une guerre qu'il eut avec les Phéniciens. Eu-
fébe , dans la Chronique , rapporte ce rapt au temps
de Jofué ; & plus bas , en fuivant d'autres Auteurs,
il le place à la quinzième année du Juge Othoniel.
Quelque fentiment que l'on fuive , lî c'eft un Jupi-
ter qui fut le ravilfeur j ce ne peut être le premier
& le plus ancien , qui étoit Cretois ^ & qui donna
le nom à fon Ifle j car il étoit contemporain de Ja-
cob , ou m.ême d'iiaac ; mais ce tut Jupiter II. dont
le fépiilchre étoit en Crète, comme témoigne Evhe-
nierus & Cicéron dans Laclance , De jalsâ Reli-
gione , L. l.C. \\. Les noms ditférens que les An-
ciens donnent à ce ravilfeur ne font point une raifon
d'en diftinguer plufieurs : c'eft le même homme
appelé différemment par différens Auteurs. Jupiter
eut d'fa^OyPe plufieurs enfans que l'on rapporte diffé-
remment. Voye-[ Louis Vives fur le XIP Ch. du
L. XVIIF de la Cité de Dieu ; Triflan , T. III.
p. 226 & 217. &: Vollius , De Idolol. L. l. C. 14 &
^2.C'e(\.j dit-on , cette Europe qui a donné fon
nom à la partie du monde que nous habitons.
Europe fut honorée par les Phéniciens avec Af-
tarte , ou Altharoth , c'eft-à-dire , avec la Lune j
& fous fon nom. Lucien , dans fon Traité de la
Déelfe Syrienne, dit qu'Aftarte étoit la Lune , & il
ajoute que les Prêtres Phéniciens croyoient qu'Af-
tarte étoit Europe, 8c que lui-même il le leur
avoir ouï dire : c'eft-à-dire , reprend Vollius , De
Jdoiol.L. VIL C. 10. qu'Aftarte phyfiquement par-
lant , & de fait , étoit la Lune ,que c'étoit à elle que
ce culte fe rendoit dans fon origine j & que depuis
d'Aflarte , on en avoit fait Europe.
Les Sydoniens mirent Europe au revers des mé-
dailles qu'ils frappèrent pour Elagabale , pour An-
nia Faultina j Se pour Alexandre Sévère. Les os
à'Europe éroient chez les Thefpiens , & ils les por-
toient en cérém.onie aux Ellotiis. yoye\ Elloties.
On trouve fur les médailles une Europe fur un
Taureau, & pour infcription ©EASniAiiNos. Con-
fultez Ttill:an, Tom. III. p. 2 2(î & 227.
Une autre Europe efl une Nymphe, fille de FO-
céan & de Téthvs, comme on peut le voir dans la
Théogonie d'Héfiode , v. 5 57. Lambert Barlée j qui
prétend que les noms des filles de l'Océan qu'Hé-
îiode rapporte en cet endroit j ne font que des qua-
lités ou des propriétés de l'eau , ou de la mer , écrit
que E'tigaïT!) , Europe , eftdit pour E'ufuaa-i}, Qui voit
fort loin , parce que la vue s'étend fore loin fur les
eaux.
En(i\:LEurope eft le nom de la XI* des Sybilles.
EUROPE. Terme de Géographie. Nom de l'une des
parties du monde. Europa. Les limites de l'Europe
ont toujours été les mêmes du côté du Septentrion ,
du Couchant & du midi ; car c'eft la mer. L'Europe ,
dit Mêla , L. I. C. 5. a au Midi une partie de la Mé-
diterranée , à rOccident l'Océan Atlantique , & au
Septentrion l'Océan Britannique. Pline dit la
même chofe , L. III. ProAm. & C. 1. où il décrit
l'Europe. Du côté de l'Orient, Mêla & Pline difent
qu'elle a le Pont, le Palus Motide &c le Tanaïs ,
que nous nommons le Don. Ils ne connoilïoient
point les pays plus feptentrionaux. Voici les bornes
que l'on donne aujourd'hui à cette partie du monde.
Elle eft baignée au Nord par l'Océan feptentrional,
au Couchant par l'occidental, au Midi par la mer
Méditerranée , qui la fépire de l'Afrique. Elle eft
féparée de l'Afîe au levant par l'Archipel , le détroit
de Gallipoli , la mer de Marmara , le détroit de
Conftantinople , la mer Noire, lé détroit de Caffa,
la mer deZabache,la rivière du Don jufqu'à fa cour-
bure la plus orientale-, où eft la ville de Taya; d'où
ËiJR
cette borne pafle au Volga , qu'elle remonte tant que
ce fleuve coule du nord au fud .■ delà elle va à l'Oby
qu'elle fuit jufqu'à fon embouchure dans l'Océaa
Scytique ic Septentrional. Ainli l'Europe elt une
grande prefqu'lfle htuée entre le 9^ &c le i)3e degré
de longitude , tk. entre le 34« 5c le 73c de latitude
feptentrionale. Maty,Corn. Voye:^ aulli Cluvier,
Introd. in Geogr. L. IL C. & les Anciens que j'ai
cités \ mais principalement Strabon , Liv. 111. &c
L. VII.
l'Europe J dit-on , s'appela Celtique dans les temps
les plus anciens : enfuite elle prit le nom d'Europe ,
fur l'origine duquel on varie. Les Poëres anciens ont
dit que Jupiter , pour faire honneur à Europe , fille
d'Agénor , qu'il enleva , donna fon nom à une des
parties du monde : tuajeclus orbis nomina ducet , lui
dit Vénus dans Horace, L. III. Ode 2j. Hérodote ,
dans fon IV= Livre appelé Melpomène, avoue qu'on
ne fait ni d'où vient ce nom , ni qui l'a donné à la
partie du monde qui le porte. Bochart , Phaieg.
L. IF. C 33. croit que ce font les Phéniciens qui
l'ont appelé Nax-Tin , Ur-appa, c'eft-à-direj Blane
de vifage , ou Vifage blanc , parce que les Euro-
péens font beaucoup plus blancs que les Africains.
D'autres ctoient que l'Europe a été ainfi nommée
d'une Province qui étoit autrefois dans fa partie
orientale , proche de l'Alie : où eft aujourd'hui
Conftantinople , &:que l'on rencontroir la première
en venant d'Alie. Ce fentiment paroît bien proba-
ble. Nous avons déjà remarqué ailleurs que , foit
dans l'Antiquité , foit dans des fiècles poftérieurs.
Se jufques à nos jours , on a fouvent donné à tout
un grand &c vafte pays le non« de la première con-
trée que l'on rencontroir en y abordanr. Les deux
autres parties du monde connues dans l'Antiquité ,
l'A fie &: l'Afrique , doivent leur nom à cet ufage. Il
en eft de même du Canada , de l'Allemagne j & de
beaucoup d'autres régions. Voyei tous ces noms à
leurs places. Les peuples d'Afie appellent l'Europe
Frankiftan. Voyei Européen.
l'Europe eft la plus petite des quatre parties du monde}
mais elle a fur les autres beaucoup d'autres avan-
tages : le principal eft la véritable Religion , qu'elle
a mieux confervée , &c qu'elle répand , principale-
ment depuis deux fiècles , dans les autres parties de
l'Univers. L'Europe eft très-fertile , & parlant en
général j plus peuplée & mieux cultivée que les
autres. Les parties générales de l'Europe font l'Ef-
pagne j la France , l'Italie j l'Allemagne Haute ôc
Baffe , Se les Etats adjacens , qui en dépendent , la
Turquie en Europe , la Mofcovie , la Pologne , la
Suéde, le Dannemarck & lesIflesBriranniques.il
n'y eut d'abord qu'une feule langue en Europe, la
Celtique -, ou la Gomariquc ; enfuite il y en eue
deux J la Celtique & la Grecque , qui vint de Phé-
nicie , ôc qui produifit la Latine. Aujourd'hui il y en
a trois. La Latine , dont l'Italienne j la Françoife Se
l'Efpagnole fonr des dialeétes , mêlées néanmoins,
fur-tout l'Efpagnol , de l'ancien Celtique , & des
autres langues Barbares qui ont inondé l'Europe en
différens temps ; la Tudefque , rejeton ou fille de
la Celtique , & qu'on parle dans l'Allemagne , dans
les Ifles Britanniques, en Suéde & en Dannemarck;
& l'Efclavonne , qui eft la langue de Pologne , de
la Mofcovie , d'une grande partie de la Turquie ,
de l'Efclavonie , & de prefque route l'Illyrie. Il y a
encore quelques langues moins érendues , qui font
le Grec , l'Alb.anois , l'Hongrois , le Tarrare , le
Bafque, le Bas-Breton , l'Irlandois 8c le Laponois.
La Capitale de ffi/zo/^e eft Rome. Ses plus grandes
villes font Paris , Londres, Conftantinople, Rome,
Mofcou , Amfterdam. Strabon dit que l Europe a la
figure d'un dragon : il y a des Modernes qui lui
do'ïinent celle d'une femme aftife. L'Efpagne en eft
la tête ; le cou eft la partie de la France qui touche
aux Pyrénées ; le relie de la France eft la poitrine ;
l'Italie & llfle de la Grande-Bretagne font fes bras;
l'Allemagne eft le ventre ; Se le refle de l'Europe ,
le refte du corps depuis la ceinture jufqu'en bas , Se
EUR
les jupes qui renviionnent. f^oy. Cluvierà l'endroit
eue.
t'IiuROPE , (elon nos dernières cartes Se obfervations ,
ell environ entre le j6= .S: le 56'^ degré de latitude
feptentrionale , & entre le je Se le 6 5 = degré de lon-
gitude. Elle eil polfédce par piulieurs Souve-
rains diftcrens , dont les principaux lont dsux Em-
pereurs , douze Rois, un Czar , huit Républiques,
& piulieurs Princes , tant Ecclélialtiques que Lai-
cjues. Les Empereurs iont celui d'Occident ou d'Al-
lemagne , &c celui d'Orient ou de Turquie. Les Rois
loin ceux de France j d'Elpagne , de Naples lïc de
Sicile , ou des deux Siciles, de Bohême, d'Hongrie,
de Portugal, de Pologne , de PrulFe^ de Suéde ,
de Dannemarck , d'Angleterre & de Sardaigne. Le
Czar eft le Souverain de Molcovie , qui depuis quel-
ques années prend la titre d'Empereur de Ruilie.
Les Républiques l'ont celles de Venife , Gênes ,
Luques j Ragule , Genève , S. Marin , les SuilFes
de les Grifons , la Hollande. Les Princes Ecclélial-
tiques font le Pape , i'Ele*5teur de Cologne, celui
de Trêves &; celui de Mayence , le Prince de Liège,
les Evcques de Munfter & d'Olnabruck , celui de
Saltzboarg,&c. Les Princes Laïques font les Eledeurs
de Bavière, du Palatir.at du Rhin, de Saxe, au-
jourd'hui Roi de Pologne , de Brandebourg ou Roi
de Prnlle , &c. _
Europe. Ville de Syrie , fituée fur l'Euphrate ', un peu
r-u-delfous de Zeugma. Europa.
Europe. Aticienne Province de l'Illyrie. iTaro^ca. Elle
faifoitla patrie orientale de la Thrace, &s'étendoit
tout le long de la côte qui regarde l'Ahe Mineure j
depuis le Pont-Euxin jufqu'à l'Archipel. Ses villes
principales étoient Bizance , ou Conltantino-
ple, Sèlivrée, Roditto ^ Apri & Gallipoli j qui
lubfirtent encore aujourd'hui. Il y a bien de l'appa-
rence que c'ell de cette contrée que la partie du
inonde appelée l'Europe a pris fon nom. M aty.
Foye-^ l'article qui fuit. Fellus & 'Vopifcus font
mention de cette Province de Thrace ^ & une an-
cienne infcription porte ,
PRAESIDI PROVINCIAE BYZACENAE
CONSVLARI PROVINCIAE EVROPAE ET
THRACIAE.
F'oyei les Notes deSaumaife fur l'Aurelien de
'Vopifcus, pag. 3 5 9. colon, i. àQl'HiJIorU Juaujln
Scriptf..
EUROPEEN , ENNE. On ne dit plus Européan , Eu-
péanne. f. m. & f. Qui appartient à rEurope,qui eft
de l'Europe. Europuus , a. Les Européens fontiils de
Japhet j car l'Europe fut peuplée après le déluge
par les enfans de ce hls de Noé , & les Payens mê-
me ne l'ont pas ignoré. Ils le nomment Japet. Bo-
chart prétend que des fept fils de ce Patriarche j il
n'y en eut que deux qui patlèrent en Europe ,
Tiras & Javanj d'où font venus les noms de Thraces
&c d'Ioniens,que le premier eut laThrace, la Myfîe&:
tout le Nord de l'Eijrope ; & le fécond les parties
méridionales & voiiînes de la Méditerranée , la
Grèce, l'Italie, la^aule, l'Efpagne ; que les cinq
autres reftèrent en Alie. Le grand nombre des Au-
teurs qui ont écrit fur ces Antiquités veulent que
tous les enfans de Japhet aient palfé en Europe , &
entr'autres, Gomer , que piulieurs difent avoir peu-
plé la Gaule : c'eft le fentiment de Poflel tk tie
beaucoup d'autres , qui l'ont pris des Anciens. Jo-
feph , L. I. Jntiq. C. Eufébe j Zonaras, Illdore j Cec.
Les Européens font les peuples de la terre les plus
policés J les plus civilifés & Us mieux faits. Ils fur-
palfenr tous ceux des autres parties du Monde dans
les Sciences &: les Arts, & principalement dans
ceux qu'on nomme libéraux , dans le commerce ,
dans la navigation , dans laguerrCj dans les vertus
militaires &: civiles. Ils font plus vaillans , plus pru-
dens , plus généreux , plus doux , plus fociables &e
plus humains. Les peuples d'Alîe appellent tous les
EUR 947
Européens Frankis ^ parce que les François font les
peuples qu'ils ont le plus connus , à caiiie des gran-
des expéditions de ceux-ci en Afie , & àss Empires
qu'ils y ont conquis.. . . Le plus grand de fes plailirs
ctoit d'entretenu- les Etrangers , de s'informer des
mœurs , des coutumes j iSc de la Religion des Eu-
ropéens. P, Catrou
EUROPS. f. m. Fils d'Egialée , régna à Sicyone , &:
donna fon nom à l'Europe , félon AppoUodore.
EUROTAS. Fleuve de la Lacome, qui palfoit à Sparte
ou Lacédémone. Eurotas. Ce Fleuve avoir été fait
de main d'homme. Eurotas , fils de Myles , petit-
hls de Lelex & père de Sparte , qui époufa Lacédc-
mon \ EurotLis, dis-ja , ralfembla dans un canal des
eaux qui croupilloient dans la Laconie , Se les con-
duilit à la mer : ce canal où cette rivière prit fon
nom; c'eft V Eurotas dont nous pailons. Il commen-
çoit dans l'Arcadie proche de l'Alphée , dans un
bourg appelé Afque , proche de Mégalopolis. On
l'appela Hymerus j Marathon j Neris & Eurotas.
Baudrand , Lloyd , Hoffmand.
Il y avoir aulli un Eurotas dans la ThelTalie. Il
tomboit dans le Pénce, auquel il ne fe mêloit point;
mais , fi l'on en croit Pline , Liv. IV. C. S. fes
eaux furnageoient comme de l'huile fur celles de ce
fleuve.
Leshabitans du paysle nomment aujourd'hui Iris,
à ce que l'on dit. D'auttes l'appellent Hafilico-po-
tamo , c'eft-à-dite , fleuve royal. Foyei les Tables
Géogr. du P. Lubin , & la GuiUetiére , Athènes
ancienne & nouvelle _, L. /.
ÉVROU./'^ojqEVROLS.
EVROUL. f. m. Nom d'homme. Ebrulfus , Eberulfus.
Saint Evroul naquit à Bayeux l'an 517. de parens
nobles & qualifiés. Il fut le premier Abbé d'Ouche
en Hiefmois , Utkenfis in pago Oximenjî. S. Evroul
mourut le 29. de Décembre de l'an 556. la 8oc an-
née de fa vie.BAiLL.On ne fait point fentirl'/ finale.
Bailler en parlant d'un aiureSaint Abbé du VII^ fiè-
cle écrit, Evrols , quoique ce foit le même nom , &
que de fon aveu on prononce toujours Evrou. Voy.
encore Évrols.
ÉvRouL. St Evroul. Nom d'une Abbaye de France
qui donne aulli fon nom au heu où elle eft fituée.
^ancli Ebrulfi fanum , ou monafîerium. Ce lieu eft
dans le Diocèfe de Lifieux en Normandie , dans ia
Forêt d'Ouche, proche d'Hiefmes. Hadr. Valef. No-
tlt. Gall. p. iC^. L'Abbaye de S. Evroul, Abhatia
Suncîi Ebrulfi , eft de l'Ordre de S. Benoît , daire le
Territoire d'Hiefmes en Normandie, du Diocèfe de
Lifieux J fondée au VI' fiècle par S. Evroul , qui en
fut premier Abbé. Ce lieu fe nommoir autrefois
Vticum.'DE Sainte-Marthe.
EURYALE. f. f. Nom de femme , qu'il faut pronon-
cer avec un é aigu à la fin , Se non pas avec un e
muet Euryale.
EuRiALÉ. f. f. Reine des Amazones j fecourut /€tes.
Roi de Colchide , contre Perfée.
EuRYviLÉ. Fille de Minos , fe lailfa féduire par Nep-
tune, & mit au monde Ofion. C'eft aulIi le nom
d'une des Gorgones dont parle Héfiode , Theopon.
vers fj6. il dit qu'elle étoit immortelle.
EURYALE. f m. Semblable aux Dieux , dit Homère,
commandoit les Argiensau fiègedeTroyCjavecDio-
méde Se Sténéliis. Il étoit filsdeMéciftée&petit fils
du Roi Talaiis.
Euryale. Ami de Nyfus j qui fe laifla furprendre par-
les troupes de Téomus.
EURYALigUE. adj. Terme de VocC\e.Euryalicus.Us
vers Euryaliques font la même chofe que les vers
Rhophaliques , c'eft-à-dire j vers, dont les niotsvon:
en augmentantcn nombre des fyllabes. f^oye^ Rho-
PHALIQUE.
Scaliger prétend que les vers Euryaliques ont été
ainfi nommés, parce que quelques-uns ont lu Eu-
ryalius pour Raphalycus : \'iner a lu Eurypalicus ,
6c Defpautére Eurvphallicus. M. Ménage croit qu'on
peut rerenir cette dernière leçon, &e qu'elle a un fort
beau fens. ElpWj & (fa^^! , voulant dire large , ex-
D d d d d d ij
94? EUR
jrcmité , le mot aT.uryphaUlque , ou plutôt Eury-
phalique , a la même iignilication que celui de Ka~
phaiique.
EURYB ATE. f. m. Un des Argonautes , qui fe rendit
célèbre au jeu de palet , aulli-bien que dans l'art de
guérir les plaies.
^ EURYCLÈS , furnommé l'Engartrimytlie, parce
que l'on croyou qu'il avoir un Démon dans les en-
trailles , qui lui reveloit l'avenir. Il fut fameux à
Athènes ^, &c les Devins furent appelés de ce nom
Eurydides,
EURYDICE, f. f. Femme d'Orphée , fuyant les pout-
fuitesd'Ariftée, le long d'uuHeuve, fut piquée au
talon par un ferpenr. Elle en perdit la vie ^ peu de
jours après fon mariage.
EURYMEDON. Rivière de l'ancienne Phamphilie.
Eurymédon. Ce fleuve avoir fa iource dans le
Mont Taurus , & fe déchargeoit dans la mer de
Pamphilie : il coule maintenant dans la Caramanie,
&: porte, dit-on , le nom de Zacuth. Hoffman ,
Maty.
EURYMEDUSE f. f. Nom de la mère des Grâces.
Euryinedufa.
EURYNOME. f. m. Terme de Mythologie. Euryno-
mus. C étoit un Dieu des Enfers. Pauianias j dans
la defcription qu'U fait du Temple de Delphes
dans fon Xe Livre intitulé <p«*ix«, dit que ce Dieu
ctoit nommé Eurynomc par les Prêtres de Delphes,
qui difoient qu'il rongeoit les chairs des morts , ne
Jailfant que les os \ qu'au furplus , m Orelle , ni
une Pocïie nommée Mynias, ni aucun autre mo-
nument fembiable , ne faifoit mention de ce Dieu j
qu'il y avoir une efHgie à'Eurynome dans le temple
de Delphes , qui le repréfentoit d'une couleur entre
le bleu & le noir j telles que font les mouches j qui
s'attachent à la chair \ qu'il montroit les dents , &
qu'il étoit aflis fur un ilège couvert d'une peau de
vautour.
EURYNOME f. f. Terme de^ Mythologie. Déelfe.
Eurynome, Héfiode dit dans fa Théogonie , v. 907.
qa Eurynomé étoit fille de l'Océan ; qu'elle étoit
d'une gtande beauté j qu'elle fut la troihème femme
de Jupiter ; &: qu'elle le fit père des trois Grâces.
Paufanias , dans fon VIII= Livre qui traite de l'Ar-
cadie , dit qu'environ à 11. ftades de Phigalie, au
confluent du Limax & du Neda , il y avoir un tem-
ple A'Eurynome \ que le Peuple de Phigalie croyoit
c^\i Eurynomé nèioii qu'un lurnom de Diane j mais
que ceux qui avoient étudié les monumens de l'An-
tiquité favent qu elle étoit fille de l'Océan j qu'Ho-
mère en parle dans l'Iliade. Paufanias ajoute qu'on
n'ouvroit ce temple qu'une tois l'an à un certain
jour 'y que ce jour-là on y faifoit des facrifices pu-
blics & particuliers. Comme il ne fe trouva point
à Phigalie en ce temps, il ne put voir la Ifatue de
cette Déelfe 5 mais il fut des Phigaliens qu'elle
étoit liée de chaînes d'or; qu'elle avoir la figure
de femme jufqu'au bas ventre; que depuis le haut
des cuilfes jufqu'en bas, elle reffembloit à un poilfon:
ce qui , dit-il , ne convient point à Diane.
On parle aufli d'une Eurynomé , fille de l'Océan
& de "Thétys, & mère de Leucothoé: c^efl appa-
remment la même. Il y en a une autre fille d'Ap-
pollon, & mère d'Adrafte j Roi d'Argos , &d'E-
riphile femme d'Amphiaraiis.
EURYSTERNON. f m. Terme de Mythologie. Sta-
tue de la Déeflè Tellus , ainfi appelée à caufe de fa
large poitrine. Elle avoir un temple fous ce nom
auprès d'/Egé , dans l'Achaie , un des plus anciens
de la Grèce. Sa Piêtrelfe devoir n'avoir eu qu'un
mari , & garder le célibat tout le refte de fa vie.
Xyiùflç j large , & féf»»» , poitrine.
EURYTE. f. m. Euryvus. Un des Géans qui firent la
guerre à Jupiter. Hercule étant venu au fecours de
fon pète, s'attacha à combattre Eury[e,Sc l'allomma
avec une branche de chêne.
EuRYTE. On honoroit Euryte dans l'Oéchalie de la
Meflénie, aujourd'hui le Belvédère dans la Morée,
& ce fut un nommé Sybotas qui inftitua la fête que
EUS
l'on y faifoit en fa mémoire. Fojf. De Mol. Z. /.
C. II. /;. 53.
EURYTHION. f m. Centaure , qui occafionna U
guerre des Centaures contre les Lapithes.
EURYTHMIE, f. f. Termes de Sculpture ^ d'Archi-
tedute , de Peinture, &c. Eurythmia , éUganda.
C'eft; une apparence majeftueule , & je ne lai quoi
d'.^.ilé & de commode, qui paroît dans la compofi-
tion de tous les membres d'un corps, d'un bâtiment,
d'un tableau , &c qui réfulte de leut belle propor-
tion. Ce mot elt Grec j & fignifie une bonne confo-
nancej un bel accord j & pour ainfi dire , l'har-
monie de toutes les parties. Il vient de eu bien, Se
de fSfi'f , qui fignihe la cadence , l'accord des fons,
des nombres, tk d'autres chofes femblables. Vi-
truve met l'-fc^'^^f/îw/t' parmi les efpèces ou parties
clfentielles de l'Architecture. Il dit que ['Eurythmie
elt la beauté de l'alfemblage de toutes les parties de
l'œuvre j qui en rend l'afped agréable , lorfque la
hauteur répond à la largeur, &; la largeur à la lon-
gueur , le tout ayant fa jufte mefure.
EUS.
ËUSAN J ou EUZAN. E/ufices , Pagus Elufanus ,
Eluj'enjis j territorium UcLifanum _, Helajanum, Pays
d'Eaufe, pattie de l'Aquitaine. L'ancien Eufan étoic
le pays qu'occupoient les Elufates. l^oye-^cs mox.
Aujourd'hui VEuJan cft une petite contrée deGaf-
cogne J dans le Comté d'Armagnac , qui prend fon
nom du bourg d'Eufe, ou d'Eaufe j fur la Gelife.
Les villes & Baronies de la Baftide , de Cafaubon ,
Maucret & Bretagne j font de \' Eufan. L' Eufan 3.
fon Gouvernement particulier.
EUSE J ou EAUSE. Bourg de Gafcogne , en France.
Elufa. Il eftfur la Geliie , entre Bazas & Tarbe \ ôC.
ce font les relies de l'ancienne Elufe, fiège de l'Arche-
vêché , que l'on a transféré .à Auch,
EUSÉBE. f. m. Nom d'homme. Eufebiits. Saint Eufébe
Pape, fuccéda à Saint VvdL'icû. Eufcbe de Célarée
& Eufche de Nicomédie furent deux grands Ariens.
Sainr EufebeAz Verceil & S^iini Eufebe de Samolate
furent deux grands Evcqucs.
Ce mot elt dérivé du Grec luTitii; ^ qui fignifie
pieux J de «ù bien , viZtftut , j'honore. Nous ne confer-
vons pomt Vi dans ce mot, non plus que dans Po-
lybe , Eugène & autres femblables en <'? \ mais nous
confervons cette Lettre dans leurs féminins. Com-
munément on prononce Veu dans ces mots prefque
comme un u fimple. Uféte , Vgéne.
Saint Eufehe , Abbaye de Bénédictins fondée dans
l'onzième liècle par S. Marcien , qui en fut premier
khhk.Sancli Eufehù Monaficrium. Voye\ les Sainte-.
Marthe.
EusÉBE. f m. Terme de Fleurifte. Nom de Tulipe co-
lombin, rouge & chamois. Morin.
EUSEBIE. f. f. Nom de femme. Eufcbïa. L'Impéra-
trice Euféhie , femme de l'Empereur Conftantius ,
étoit aulli entêtée que lui de l'Arianifme, Son érudi-
tion extraordinaire en toutes fottes de fcienccs , &
les autres qualités de fon efprit, la rendoient digne
de l'Empire j il elle ne les eût pas fouillées par l'A-
rianifme.
EusÊBîE. C'ell le nom que les Anciens donnoient à la
Piété y qu'ils avoient divinifé. De ivnZtitc^ piété.
EusÉBiE. f^oye^ YSOTE.
EUSÉBIENS. Nom de Seéke Arienne. Ariens qui fu-
rent ainfi nommés. Eufebiani. Les premiers Difciples
d'Arius , condamnés avec lui par S. Alexandre j font
proprement ceux qu'on a appelés Ariens. Les autres
qui ont pu enfuite embrafler la même Héréfie , ou fe
déclarer les protecteurs d'Arius , font plutôt nom-
més Eufébiens , à caufe d'Eufébe de Nicomédie ,
leur chef. On communiquoit prelque fans difficulté
avec ceux-ci , mais non pas avec les premiers ; Sc
quoique les Eujébiens les enflent reçus à leur com-
munion dans le Concile de Jérufalem en 555 , les
Orthodoxes ne lailloient pas de leur en faire tou-
jours un crime , lorfqu'ils y communiquoient effec-
EUS
tîvement. Cette diftinclion p.iioîr avoir duré jiif-
qii'en l'an 5 5 5.011 5 57. auquel les Eufchiens s etoienr
déclares ouvertement pour l'erreurd Arius j ce qu'Us
n\'ivoient ofé faire jufqu'alors ; cela produilit la
dillindion des Ariens &: des Seiniariens. Tillem.
Hijl. Ecd. Les premiers Ariens diminuant toujours
parla fuite des temps j on n'en a prefque plus parlé
depuis l'an 341. hç^ Eufebiens au contraire fe dé-
clarant peu-à-peu plus ouvertement contre la foi de
l'Eglife , & quelques-uns ayant même été féparés
de i"a Communion par le Concile de Sardique ,
on les nomma Ariens ^ fur-tout depuis le Concile
• de Milan. Jufques-là ils avoienr toujours paru fort
unis enfemble j mais depuis 557. au moins il fe
forma des divilîons entr'eux lur la doétrine , qui
caufèrent de grands troubles, & féparèrent entin
cette tour de Babel en diverfes fedles. Idem.
EUSICE. Foyei YSIS.
ELTSIOIS3 OISE. f. m.& f. Qui eft de la Ville d'Eu,
ou du Comté d'Eu. Aucenfis , Augenfls. yoye\
Adrien de Valois, Not. Gall. p. 56. Ce mot ne s'em-
ploie jamais , ou prefque jamais-
Le Comté d'Eu s'appelle auffi VEuJîois, Pagus
& Comitatus Aucenfis , dans Adr. Falef. Not.
Gall. pag. 56.
EUSOIE. t-'oyei YSOIE.
EIJSSI. Bourg de France fur la Marne , près de Meaux.
La plupart de nos Auteurs le prennent pour l'an-
cien Vuldacus j ou P^ulciacus. Hudr, Falef. Not.
Gall. p. 6}i.
EUST. Foye^ VUST.
EUSTACHE. f. m. Nom d'homme. Eufîachlus. Le
culte de Saint Eufiacke eft très-ancien dans l'Eglife,
&; très-répandu. Les Latins , les Gtecs , les Mofco-
vires , tous l'honorent depuis très-long - temps.
S. Euflache , fi l'on en croit les Aéles de fon Mar-
tyre , étoit un grand Capitaine. Baronius , à l'an
110. de J. C. dit qu'il fe nommoit Placide avant fon
baptême : que c'ell lui qui dans la charge de Colo-
nel-Général de la Cavalerie, rendit à Vefpafien&à
Tite des fervices imporcans dans la guerre contre
les Juifs , & dont Jofeph parle j L. III. De Bello ^
C. 4. L. IF. C. 2. & L. F. C. j. Il commanda l'ar-
mée en chef fous Trajan dans la Guerre contre les
Daces. Ses Actes difent qu'il fut jeté fous Adrien
dans un taureau d'airain ardent , pour la foi , avec
Thèopifte fon époufe & fes enfans. On révoque en
doute aujourd'hui ces Aétes de S. Eufiacke.
M. Bailler au vingt de Septembre croit que ce nom
fe dit pour Euftathe.
EUSTACHE. Foye^ EUSTASE.
EUSTAISE. Foyc- EUSTASE.
EUSTASE. f. m. Nom d'homme. Eufiafms. S. Eufiafe,
Abbé de Luxeu en Franche-Comté , nommé autre-
fois Saint Eufiacke par les Parifiens, Saint Eufiaife
par les Lorrains , vint au monde fous le règne de
Clotaire I.de l'une des plus nobles familles de Bour-
gogne , & mourut l'an 715. Foyc^ les BoUandiftes j
Mars , T. III. p. 76«. & Baillet , au ^9« de Mars.
Les Aéles de Saint Donat d'Arezzo lui font relfufciter
la femme (^Eufiafe, Receveur des Tailles en Tof-
cane, pour trouver l'argent du fifc qu'elle avoit ca-
ché. Tillemont.'
EUSTATHE, ou EUSTATHIUS. f. m. Nom d'hom-
me. Euftathius. Saint Euflatke étoit de la ville de
Side en Pamphilie. Il fur d'abotd Evèque de Bérée
en Syrie vers l'an 317. En 515. il fuccéda à Saint
Phiiogone dans le fiége d'Antioche. S. Eufiiathe
d'Aniioche fut grand ennemi des Ariens, qui le con-
damnèrent J & le dépofcrent de fon fiège , pour un
crime qu'ils lui avoienr fuppofé. Mais le parti Ca-
tholique ne reconnutpo nt les Evèques que ces Hé-
rétiques mirent à fa place , &; tintent toujours
Enflathe -ponr: leur Prélar ; ce qui les fit nommer
Eufthatiens. Blondel a raifon de croire que Socrate
& Sozoméne confondent le grand fi^/'i^iirAe , ou avec
Euftathe Prêtre de Conftantinople, qui, félon la
Chronique de S. Jérôme , eut foin fous Conftantin
du bâtiment de l'Eglife de Jérufalem, ou avet quel-
E U S <^^cf
qu'antre perfonne du même nom.TiLLEMoKT.Outre
ce Saint Eufiathe. Patriarche d'Antioche , dépolé par
les Ariens, il y a un Eufiathe Prêtre deConltantino-
ple, célèbre pour fa piété^ que Valens relégua^ parce
qu'Hdétendoit la divinité de Jesus-Christ. Eufiathe^
Eyêque de Séballe en Arménie , & Eufiathe , Moine
héréliarque & chef des hérétiques Euftathiens.
Foye:( ce mot.
EUSTATHIENS. Nom que l'on donna dans le IV«
iiècle aux Catholiques d'Antioche qui ne voulurent
point reconnoître d'autre Evêque que Saint Euftathe
dépolé par les Ariens. Euftathiani. Ce nom leur fut
donné au temps de l'intrufion de Paulin , que les
Ariens fubftituerent à S. Euftathe vers l'an 530,
lorfqu'ils commencèrent à tenir leurs alfemblées à
part. Ce furent les Ariens qui les nomnivjrent ainfi
d'abord. Vers l'an 350. Léonce de Phrygie , die
lEunuque, qui étoit Arien, &: qui fut mis fur b
fiége d'Antioche, pria les £'«/?i2rA^e/2^ de faire leur
fervice dans l'Eglife , &: l'ayant accepté , l'Eglife
d'Antioche fervit également aux Catholiques Se
aux Ariens : ce qui donna occafion , à ce que l'on
prétend, à deux inftitutions, qui depuis ont tou-
jours fubfirté dans l'Eglife. La première fur , dit-
on , la pfalmodie à deux chœurs j mais , comme a
remarqué Baillet, s'ils inftituerent alors la pfalmo'
die alternative à deux chœurs, ce fut plutôt entre
deux chœurs Catholiques , que pour répondre à un
chœur Arien. La féconde fut la doxologie , Gloire
au Père ,& au Fils j& au S aint-Efprit.
Cette conduite, qui fembloit renfermer une for-
te de communion avec les Ariens , déplut fort à
plufieurs Catholiques. Ils tinrent leurs alfemblées x
part, & commencèrent à former le fchifme d'An-
tioche. Les autres Catholiques qui continuèrent de
s'allembler dans l'Eglife , cefterent de s'appeler
Eufiathiens , & ce nom refta à l'autre parti. Foyeiç_
Baillet dans la vie de S. Euftathe, au 16" Juillet , 5C
Tillemont , Afe/;?. pour l'Hifl. Eccl. T. FIL p. i8.
& iç).T. FUI. p. 343. 344. 350. 355. Saint Flavien
cln Evêque d'Antioche en 381 , mais reconnu feule-
ment de l'Orient d'abord , fe voyant enfin réuni au
bout de 17 ans à ^ communion de tous les Evè-
ques , appliqua tous (es foins à réunir auftî les Euf-
tathiens au corps de l'Eglife d'Antioche ; & il y réuf-
fit à l'égard de la pliipart. Mais cela ne fe fit que
peu à peu, & ne fut entièrement achevé que fous
Alexandre , l'un de fes fuccelfeurs , qui fit cette
réunion avec la folennité que décrit Théodorer,
Hiff. Eccl. L. 3. c. 2. 8). ans depuis l'an 331. auquel
les Euftatkiens s'étoient féparés des autres Chrétiens
d'Antioche, c'eft-à-dire, vers l'an 415. Il en refta
même encore quelques-uns qui perpétuèrent cette
divifion jufqu'à l'an 482. auquel ils fe réunirent >
lorfque les reliques de S. Euftathe furent rappor-
tées à Antioche. Tillem. Hifl. Ecd. T. X, pag.
540. Alexandre, Evêque d'Antiocli£ , pacifia les
troubles des Mclétiens , des Eufiathiens j & des
Pauliniftes , en 413 ou environ. Godeau Fl^fiècle^
n. XXI.
EusTATHiEN , cft auftTi le nom d'une fedle hérétique
du IV' fiècle , qui a pris fon nom A'Eufiathe , fon
Auteur. C'étoit un Moine fi follement amoureux de
fa profeflion , qu'il condamnoit toutes les autres
conditions. Il excluoit les perfonnes mariées du fa-
lut ; il défendoit à fes feétateurs de prier dans les
maifons; il les obligeoit.i quitter leurs biens, com-
me incompatibles avec l'efpérance du paradis. Il
les retiroit des alfemblées des autres fidelles pour
en tenir de fecrètes avec eux, & leur faifoit portée
un habillement particulier. Il vouloit qu'on jeûnât
les Dimanches, & difoit que les jeûnes ordinaires
de l'Eglife étoient inutiles , après qu'on avoir at-
teint un certain degré de pureté qu'il imaginoit. Il
s'approprioit les oblations des fidelles à raifon de
fa fainteté. Il avoit en hotreur les chapelles bâties
en l'honneur des Martyrs, Se les aiïemblées qui s'y
fliifoient. Plufieurs femmes féduites par fes dif-
cours , quittèrent lem? maris j & beaucoup d'efcla-
4^jo E Ij i
VUS s'enfuirent de la maifon de leurs maîties. Ba-
roniiis croit que cet héréliarque eft un Eut.idus ,
donc Saint Epiphane paiis comme d'un impol-
teur , qui écoit Moine d'Arménie. Il fut condam-
né l'an 342. au Concile de Gangres en Paphlago-
nie. Saint Epiphane hxr. 40. Socrate , L. II. C 23.
Sozoméne, L. III. C. 3. Samt B.Uile, ép._74 Se «z.
Nicéphore, L. IX. C. 16. Baronius , à l'an 319 ,
parlent de cette héréfie. Les Eujlathiens font Malla-
liens ou Melfaliens. Tillemont, Hijl hccl. T.
FUI. P. 518.
EUSTOCHIUS. f. m. Nom d'homme. Euftochïus. L'an
584. Eujlochius, Patriarche de Jérufaiem, fut mis à
la place de Macaire, foupçonné d'C^ngémfme.
EÙSTOQUIE ou EUSTOCHIE , & EUSTOCHIUM.
f. f. Nom de femme. Euliûckium. Sainte Eujlochic,
que d'autres appellent JB'«/?t)c-Ae, écoit iiUe de To-
xoce, l'un des plus lUuftres Romains de Ion temps,
dont la famille faifoit une branche de l'ancienne
maifon des Juksj& de la célèbre Samte Paule j
qui venoit des Scipions &; des Paul-Emiles. On dit
suffi Sainte Eujlochium en notre langue. Foye:( ce
que Saint Jérôme a écrit de cette Sainte dans fon
Ep. XXVII^ , & Baillet au 28c de Sept. TiUemont,
mjl. Ecd. T. XIL p. 6i. 71. 85. 94. &: fuiv. Les
femmes mêmes ne purent s'exempter, par la foi-
blelfe de leur fexe, de la cruauté de Julien , s'il eft
vrai qu'étant à Tarfe , il y ait fait foutfrir un cruel
martyre à la Sainte Vierge Eujîoquie. Tillem. T.
Fl.p-iSo.
EUSTORGE. f. m. Nom d'homme. Euflofgus. Théo-
doric donna un refccit en faveur ^Euftorge, Evèque
de Milan, pour les biens qui lui appartenoient dans
la Sicile. Godeau.
Ce mot qui eft Grec , vient de h , bien , & «-'f?*,
j'aime.
EUSTRACE. f, m. Nom d'homme. Euftraûus. Baio-
ronius parle de S.aint Eufiracc en fes Annales à l'an
821. mais il l'y nomme Euflrq/îus , quoique dans la
vie de S. Joanice qu'il cite , & qu'il juge très-au-
thentiquej il foit nommé Eufirutius , & dans un
Manufcritde la Bibliothèque du Roi E'urfâriOf. Chaf-
telain,9 Janv. /7. 154. ^
EUSTYLE. f. m. Eujîylus. Se «d'un édifice ou les
colonnes font bien placées , & avec une telle pro-
portion , que chaque entrecolonnement elt de qua-
j;re modules , & un quart. Ce mot ell Grec , &; vient
de X» i bien, & de ?"^»? , colonne. Vitruve, 1. 3. ch.
2. dit que l'ordonnance de Xeujlyle eft la plus ap-
prouvée, & qu'elle furpalfe les autres en commo-
dité , en beauté & en force. Elle tient le milieu en-
tre le picnoflyle & l'aréoftyle.
EUSUGAGUEN. Ville d'Afrique, dans la Province
de Héa , au Royaume de Maroc.
EUT.
EUTERPÉ. f. f. Terme de Mytholofzie. L'une des
neuf Mufes. Euterpe. C'eft à Euterpé qu; l'on attri-
bue l'invention des Mathématiques. Aulon- la fait
inventrice de la Bâte, Idill. 2. v. 4. C'eft le lenti-
menc le plus commun ; c'eft pourquoi on la peint
tenant une flûte traverficre dont elle joue, avec des
hautbois à fes pieds & autour d'elle.
IP° On lui attribue aulli l'invention de laTia-
gé'lie -y c'eft pourquoi on ajoute un mafque à les at-
tributs.
^ EUTHANASIE. L f. Mort beureufe. Mot formé
du Grec ëS , bien , & de ^mut ; ^ mort.
EUTHÈRE. f. m. Nom d'homme. Eutherius. Euthère
de Procia, ou Prochyla j & Euthère de Pannonie ,
allifterent au Concile de Sardique. TiiLEMONTj
Hifl.Eccl. T. Fil/, p. 684. Parmi les Ouvrages de
S. Athanafe il y a dix-hnit Traités que le P. Lnbbe
vent qui foient de Théodoret ; & il femble qu'il n'y
a pas lien d'en douter , puifque Phorius y eft for-
mel. Cependmt d'iutres croi-.^nr qu'ils font d'Eu-
t/tère , Evêque de Tyanes, grand défenfeurde Nef-
torius. Id. /». 728.
EUT
EUTHYME , ou EUTHYMIUS. f. m. Nom d'hom-
me. Lutriymius.
§CT EuTHVMiE. f. f. Terme Grec, qui lignifie repos
de l'ame. Zenon avoir en horreur la volupté ; Epi-
cure en faifoir ion Dieu : mais tous deux vouloienc
arriver également à l'ataraxie , à l'apathie j à Veu-
thymii, à l'aporie, à l'acataplexie, c'eft-à-dire , en
François, au repos de lame. Batteux.
EUTRAPELIE. f. f. Manières gaies j agréables, ingé-
nieufes , aiîables, façon d'agir plaifante , tacétieu-
fe, qui plaît. Eutrapelia. Ce mot ne le dit guère
qu'enrre les Savans. Il eft Giec, & vient d'ïï , bien,
ècrfi-aa^ je tourne. Veutrapclie eft une qualité qui
fait bien tourner ce que l'on dit. L'eutrapeiie eft une
manière de plaifanter agréablement. Vtutrapéliey
pour être parfaite , demande un elprit délicat & fin.
En Grec ce mot fe prend auffi en mauvaife part ,
pour Scurrilité , dicacité. Aullî eft-il vrai que ïeu-
trapélie dégénère fouvenr en bouffonnerie. Mais en
notre langue on ne lui donne point ce mauvais
fens. Comme on pourroit faire de grands recueils
des e«r;v;/7t7ie.f des Anciens , on pourroit auffi com-
pofar des volumes de leurs inepties. Misson.
EUTROPE. f. m. Nom d'homme. Eutropius. L'Hif-
torien de ce nom s'appelle toujours jEtt^ro^pe , & ja-
mais Eutropius en François. Eutrope , dont nous
avons un Abrégé de 1 Hiftoire Romaine , vivoic
au IV« fiècle. On die de même S. Eutrope , premier
Evêque de Saintes & martyr , tk. non S. Eutropius,
Pour les autres qui portent le même nom j mais
qui font moins connus ^ on peut dire Eutrope , &c
Eutropius J même en François.
EUTROPIE. f. m. Nom de Femme. Eutropia. La mère
de Népotien fe nommoic Eutropie , &C étoit fcEur
deConftantin.
EUTYCHE , ou EUTYCHÈS. Ce dernier fe prononce
Eutychès jEutykès. f. m. Nom d'homme. Eutyches,
Eutyches. Archimandrite , ou Abbé d'un Monaf-
tère deConftantinople , en voulant combattre NeC-
torius J ou s'en éloigner , tomba dans l'héréfie op-
pofce , & fut auteur de rEutychianifme.
Ce nom lignifie heuteux , fortuné, 6i vient d'Jo ,
bien , & rLx"^ , jortune.
EUTYCHIANISME. f. m. Dodrine , héréfie, fede
d'Eutychès & des Eutychiens. Eutychianifmus. Pro-
noncez tutychianijrne , oa Eutykiûnijrne, Se voye:(
le mot qui fuit ( Eutychien ) où leserreurs quifonc
X'Eutychianifme fonr expliquées.
EUTYCFIIENS. Eutycniani. Anciens Hérétiques qui
ont pris leur nom d'Eutyche Archimandrite j du
Abbé d'un Monaftère de Conftaminop'e. La haine
qu'Eutyche avoir contre l'hérélie deNcftorius le jeta
dans un autre excès 3 qui n'étoit pas moins dange-
reux que celui qu'il prétendoit combattre : il crut
aulli être appuyé fur quelques endroits de Saint
Cyrille, qui relevoient l'unité de la peiTonne de
Jesus-Christ. D'aboid il s'imagina que le Vetbe
avoit apporté fon corps du Ciel ; ce qui approchoit
de riiéiéfie d'Appollinaire : & quoiqu'il eût témoi-
gné le contraire dans un Synode de Conftantinople ,
où il fut condamné J il ne voulut point cependant
reconnoître que le corps de J. C fût confubftantiel
au nôtre. Il ne parut pas même êtte tout-à-fait
conftant dans fes lentimens j car il fembloit mettre
deux natures avant l'union ; ce qui venoit arpa-
remmenc des principes de Philoiophie , fuppofant
la préexillencedesames ;& ainfi il croyoit que l'ame
de J. C. avoit été unie à la divinité avant l'incar-
nation ; mais alors il ne reconnoiffoit point de dif-
tinûion de nature dans J. C. depuis fon incarnntion.
Foyei la Dllfertatinn du P. Hardouin , De Sacra-
mento Altarh , nu fujet de la Lettre de Sainr Jean
Chryfoftôme t Céfaire , où ce Jéfuite tâche de dé-
veloper to'i<; hs fentiroens d'Eutychès & des Euty-
ch.ens. C. VI.
Cette héréfie, qui fut d'abord condamnée dans
un Synode tenu à Conftantinople par Flavien en
448. fut examinéî de nouveau j & foudroyée dans
le Concile général de Chalcédoiaej l'an 451. Les
EUT
Légats du Pape Léon , qui y alllftèrent , préreh-
direnc que ce n'étoïc pas alFez de déhnir qu'il y
avoit deux natures en J. C. ils inliltoienc Fort pour
ôter toute équivoque ^ qu'il falloir ajouter ces au-
tres termes J<-ins être changées , ni conjuj'cs , ni di-
V'fies. Mais cette dchnition du Concile de Chalcc-
doine oii alliltèrent 6jû Prélats, narrera point le
cours de l'hcrélie Eutychienne. Quelques Êvêques
d'Egypte , qui y avoient allillé, publièrent par-tout
que S. Cyrille y avoit été condamné j & Neltonus
abfous \ ce qui caula de grands délordres : car plu-
sieurs , fous prétexte de combattre pour les fenti-
mens de S. Cyrille, s'efforcèrent d'aftoiblir fauto
rite du Concile de Chalcédoine.
L'Hérélie des Euty chiens , qui fit de grands pro-
grès dans l'Orient , fe divifa en différentes bran-
ches. Nicéphore fait mention de douze. Les uns ïw
rent appelés Schématiques , ou Apparens , qui n'at
tnbuoient à J. C. qu'une image de chair , & non
une véritable \ quelques-uns de ceux ci furent ap-
pelés Thcodojiens , de ThéoJole, Evêque d'Alex. in-
drie : les autres furent nommes Jacobites , d un
cettain Jacques de Syrie, dont la réputation s'établit
principalement dans l'Arménie , qui garde aujour-
d'hui fes erreurs. Il y en eut qu'on appela Acéphales^
ceil-i-àke , fans chef , Se Se'vériens , d'un Moine
nommé Sévère, qui occupa par force le liège de
i'Êglife d'Antioche en 515. /^o>q Acéphales &
Severiens. Ces derniers fe partagèrent en cinq
faélionsi d'Agnoiites, qui atttibuoient quelque igno-
rance à J. C. de feétateurs de Paul, M£>.«f(W c'ell-à-
dire , noirs ; A'Ange'iitcs , qui furent ainfî nommés du
lieu où ils s'alfembloient ; ^Adritcs , de Conovitos.
On trouve dans les Ecrivains Grecs divers autres
noms des branches de la feéle des Euty chiens j &c
quoique toutes ces branches difïéralfent en quel-
ques atticles , elles s'accordoient toutes entr'elles
dans l'héréfîe d'Euryche , qui établiffoit l'unité des
deux natures.
EuTYCHiEN. Elf auflâ le nom d'une feéte Arienne &
Eunomienne qui s'éleva à ConftantinopleauIV fié-
cle. Eutychianus. Comme on agitoit à Conftantino-
ple entre les Eunomiens la quelHon ; favoir, fi le
Fils de Dieu connoilfoit la dernière heure du
monde , & l'endroit de l'Evangile de Math. XXIV.
3(î. ou plutôt Marc. XIII. 31. où Jésus -Christ
femble dire que le Fils ne l'a point \ que cette con-
noilfance elt réfervée au feul Père \ Eutychius fou-
tint J même par écrit, dit Nicéphore , que le Fils
l'avoit aulîi j & comme fon fentiment déplut aux
Chefs du parti Eunomien , il s'en fépara , & alla
trouver Eunoraius , qui éroit alors en exil. Cet hé-
rétique approuva le fentiment d'EutychiuSj qui
difoit que le Fils n'ignoroit rien de ce que le Père
favoit , & le reçut à fa communion. Eunomius
étant mort peu après j le chef des Eunomiens à
Conftantinople ne voulut point recevoir Eutychius ,
qui depuis ce temps-là fit une feét;i particulière avec
ceux qui fuivirent fon fentiment. Cet Eutychius, &
un certain Théophronius , à ce que l'on difoit au
temps de Sozoméne , furent les Auteurs des chan-
gemens que les Eunomiens avoient faits dans Tad-
miniltration du Saint Baptême , & qui confiftoient,
au rapport de Nicéphore, en ce que l'on ne faifoit
qu'une immerfiouj & qu'on ne la faifoit point au
nom de la Sainte Trinité , mais en la mort de
Jescs-Christ. Sozom. L. VII. C. 17. Nicéphore,
L. XII. C. 30. Nicéphore appelle le chef de cette
feéte Eupfychiusj& fes fedtateurs Eunomioeupsy-
CHiENS. yoye\ ce mor.
EuTYCHiEN , eft auffi adjeétif Eutychianus , a, La
feéte Eutychienne , une propofition Eutychienne. Le
fylfème Eutychicn eft extravagant en bonne Philo-
fophie.
Demi-Eutvchien, enne. Eutychien relâché, qui a
adouci la doctrine d'Eurvchès , pour tâcher de pa-
roître Catholique. S emi- Eutychianus. Pendant que
les Demi-Eutv chiens s'oppofoient au Concile de
Chalcédoine, fEmpereur Zenon publia contre le
EUV EX 9JI
Concile fon Hénotique. Rossuet.
EUTYCHITE. P''oye^ EUTYCHIEN. Nom d'une
ledte Arienne & Euromienne.
EUTYN , ou OUTIN. Nom d'une petite ville de la
Wagne , dans le HoUlein. O/'r.'/zaw, ou Oiinum. Elle
elt entre Lubetk 6c Kiei. tutyn elt capitale du do-
maine de l'Evèché de Lubcck. Maty.
EUTYQUE,ouEUTYCHE.f. m. Nom d'homme. E^<-
tychius. Saint f'^rj'/^e, Sous-Diacre d'Alexandrie,
fut martyrifé avec plufieurs autres par les Ariensen
356.Sainr Eutyque,owEutyche, Patriarche deConf-
ranrinople au IV<^ liècle. Koyci les BoUandiftes ,
Avril, Tom. I. p. 548, & fuiv. Lorfque Lucifer de
Cagliari fut banni .à Eleuthérople, Lutyque en étoic
Eveque. TilliiM. 1 . IV. pag. ///. de \^fiijï. Lcct.
Eut)che Se Vidtorin, frères de S. Placide , & Flavie
fa fœur , foulirirent le martyre en Sicile vers Tau
241. Godeau, au V^ liècle, L. I. n. CXXyiE
M. Chaftelain dit Eutychc. A Rome, S. Eutyche
illullre Martyr , cScc. Voye^ au 4= de Fcyrier.
EUV;
EUVERTE. f. m. 'Hoxnà'Uomxne. Evortius ,Evurtius ^
Eortius. Saint Euverte eft un Evèque d'Orléans , qui
fut chargé de la conduite de ce (lège après Defignan ,
vers l'an ^61. qui aiîifta au Concile de Valence en
374. & mourut après 50 ans d'Epifcopar. Bailler ,
au j^ de Sept. Euvertius , ou Euvortius , Se Euverte
en vulgaire, commença le bâtiment de I'Eglife de
Sainte-Croix , qui fut accrue & mife en fa perfec-
tion p.ir fes fuccelfeurs. Godeau. Saint Euverte eft
une Abbaye de Chanoines Réguliers de l'Ordre de
S. Auguftm à Orléans fondée en 1 163. De Sainte-
Marthe.
EVUiDER. Foye-{ ÉVIDER.
EVULSION. f. f. Aétion de tirer. On applique ce
mor aux cheveux , aux dents j aux fiagmens d'os.
Evuljio. DicT. DE James.
EUX.
EUX. ////. Pronom relatif pluriel de la troifième per-
fonne. Son lingulier eft lui. C'eft à faire à eux. Ils
ont partagé cette fuccelhon entre eux. A eux le dif-
férend. Cela eft à eux feuls. .
EUXIN. adj. m. Qui ne fe dit qu'avec le mot Pont.
Le Pont - Euxin. Voyez à la lettre P. Je le rrou-
ve néanmoins tout feul dans un Ode lur le Quin-
quina.
Et du Héros ji fier , qui fit trembler /'Euxin »
On verra Les armes fameufes
Se cacher devant le Dauphin.
E V Y.
ÈVY. f. m. Nom propre d'homme. Ceft le même
que Saint Ignace Martyr. Chast. en fon Marty-
rologe.
EUYLÉ. 1. m. Terme de Relation. C'eft chez les Turcs
l'heure de midi à laquelle ils font otaifon. Méridien
Foye^l DuLOiR , p. 13S.
E U Z.
EUZAN. Voyei EUSAN.
E Xi
EX. Prépofition latine , qui quelquefois dans notre
langue, étant mife devant un nom de charge ou de
dignité J fignifie une perfonne qui a été dans cette
charge ou dignité j & qui n'y eft plus , comme
Exrecleur , pour lignifier un homme qui a été Rec-
teur J Ex/yndic, Exconful , &c. Nous avons en
François plufieurs mots qui commencent pat ex ,
&onen forme rous les jours. Ils viennent du Latin,
ou ont été formés par analogie fur le Latin , ex en
9J1 E X A
Latin iignifie , de , dehors , hors. Ces fortes de
noms ne font guère en ufage que dans les Commu-
naïués , & peu dans l'ulage ordinaire du monde.
Exj'uperieur , Exgardien , Exajjiftant y Exprovm-
cïaL j c.xdijinuiur. J'ai dit, quel.jii-.'fois, parce que
cela n'elt en ulage nulle part pour grand nombre
de dignités ou de charges : par exemple y on ne
dira point Exevcque , Exarchevêque y Excuré _, Ex-
dovcn ; mais Ancien Evêque, ancien Curé , &c. On
en torme quelquefois par raillerie , & dans le ftyle
badin & bailclque , d.V(;j-«.«.j-, exiuquMS , &c.qui
a été Co.iimis , qui a été Laquais , &c. Quoique
ces mots là foient François j on ne doit pas s\.n
fervir dans toute iorte de iiyle -^ excommis 6c exla-
quais ne font que du ityle lamilier : mais il y a d'au-
tres mots compolés de la même manière , qui font
d'un ulage univcrlel dans tous les llyles , comme ex-
centrique., excd/uricicé, excommunier , exclure , exhu-
mer y & leurs dérivés , &c.
Ex. Ce mot , qui dans la langue Grecque , ( é'I ) ligni-
fie le nombre de fix , entre dans la compolîtion de
quelques mots géographiques ; par exemple , Exa-
milion ,Exafchjc ■ mais il tant mettre une h au com-
mencement , pour tenir lieu de l'efprit rude des
Grecs. Cependant l'ufage eft contraire à cette règle
en plufieurs mots.
Ex. f. m. pi. Vieux mot. Li ex , les yeux.
EX. Rivière d'Angleterre. Ifacdj Ijca. Elle a fi fource
dans le Comté de Sommetfet près du Canal de
Briltol , traverfe le Comté de Dévon , & fe décharge
dans la mer de Bretagne à Exmouth. MAXY.C'eltdu
nom de cette rivière qu'ont formé le leur plufieurs
lieux fitucs fur cette rivière , comme Exforde , Ex-
toriy Exbridge , Excejîer j Exmouth,
E X A.
EXACHORDE. f m. Terme de Mufique. C'eft la mê-
me chofe que yè;c^e. Les anciens Auteurs, & ceux
qui ont écrir de la théorie de la Mufique , fe ferveur
du moiè.' exachorde. LVvac/iLiri/eelUine confonnante
fimple : on ladivife en exachorde majeur , & en exa-
chorde mineur : \exachorde majeur elt compofé de
deux tons majeurs , deux mineurs , & d'un femi- j
ton majeur, c'eft-à-dire, d'un diatellaron avec un
diton : fa proportion eft de 5 à 3, V exachorde mi-
neur comprend deux tons majeurs , un mineur , &
deux femi-tons majeurs j c'eft-à dire , un diatef-
faron & un feim-diton. Sa proportion eft de
8. à s-
EXACiONITE. f m. & f. Koyei EXOCIONITE.
EXACOUNTIENS. Nom de Sede. Exacounni. Les
Exacountiens étoienr , comme leur nom le mar-
que , les mêmes que les Amonéens , ou Aériens ,
au moins pour la croyance. Ainii il haut peut-être les
diftinguer de fede, aulîl-bien que de nom , de ceux
qu'on a appelés Exacionites ou Exocionites. Tille-
mont.
■^fT EXACT , ACTE. adj. Epithètequi s'applique à ce-
lui qui n'omet rien , diftingué en cela de l'homme
attentif à qui rien n'échappe , & du vigilant qui ne
néglige rien. Accuratus j diligens y fedulus. Il faut
de la mémoire pour être exacl. Le Commillionnaire,
pour bien exécuter , doit être exaci dans le temps ,
comnie dans la manière de faire les choies , afin que
toutioufait à propos&comme on lefouhaite.L'hom
me fage eft attentif à fa conduite , exacl à fes de-
voirs , & vigiloatà fes intérêts. Ce mot fe conftruit
toujours avec la particule à quand il eft fuivi d'un
verbe. Il faut être exacl à tenir ce qu'on a promis,
/^fiyej Exactitude.
_ kpy On doit prononcer exacl y & non pas exac
ni exat. A.ini\ exaci ne peut rimer avec delicac , quoi-
qu'on trouve cette rime dansunPocme qui a eu
quelque fuccès.
Exact , fe dit auftî des chofes qui fe font avec foin ,
avec exaditude. Le ftyle pour être exacl, ne doit ilîorumohfcuramdiligentl
pasêtrefec, ni forcé -.autrement il relfemble à ces E.XAËDRE. f. m. Terme d
perfonnes propres & trop arrangées qui neplaifenci X.AÈDRE
EX A
point, parce qu'elles font droites ôc contraintes
BouH. Si les hommes nous traitoient avec une exacte
juftice, ils nous feroient infinnnent moins favora-
bles. Nie. La civilité eft une connoilfance exacU
des bienféances. Bell. Les libertés, pour plaire,
doivent être préférées à des règles exacles dont un
Auteur ftérile fe fait un art d'ennuyer. S. Evr.
On die exacte recherche exacte perquilition. Re-
lation exacte compte exacl. Ac. Fr.
EXACTEMENT, adv. Avec foin, d'une manière exac-
te. Diiigenter , exacte ; accuratc. J'exécuterai vos
ordres fort exactement. Ecvice exactement-^ c'eftécri-
re , compofer avec juftelfe, ou avec politelfe. C'eft
auili orthographier bien les mots , en prenant écrire
dans cet autre fens.
EXACTEUR, f m. Celui qui exige. Exaclor y coaclor.
Les Commis & Exactcurs dss impôts , des droits du
Roi. En ce fens il vieillit. Chorier s'en eft fervidans
fon Hiji.de Dauphiné , L. XI p. 860 011 il dit que le
Vice-Châtelain a aulIi la qualité à' Exacteur descens ,
des ufages , & autres droits Seigneuriaux y &c qu'au
XlVe liècle ces deux charges étoient toujours in-
léparables ; ce qui doit s'entendre des Etats des Dau-
phins. ^
Exacteur , fe dit plus ordinairement en mauvaife
partj de celui quife fait payer des droits injuftes, ou
au-delà de ceux qui font dus. On doit faire le procès
à un tel Greffier y comme à un Exadeur qui fe fait
payer au - delà de fa taxe. Il a de même un fens
odieux en Latin.
EXACTION. 1. fj Abus que commet un Officier pu-
blic , quand il le fau payer des droits qui ne lui
font point dûs , ou qui iont au-delà des légitimes :
action d'exiger d'une manière injufte ôc violente.
Exaclio. Accufer d'exaction. Pat. Les Grands Jours,
les Chambres de Juftice font établies pour faire la
recherche des exactions àss Officiers.
|p° EXACTITUDE, f f. Soin fcrupuleux que l'on ap-
porte pour ne rien omettre de ce qu'on attend de
nous pour que tout foit fait à propos & comme on
le fouhaite. Sedulitas, accuratio. Elle conlifte à fe
conformer rigoureufement à des régies qu'on nous
a prefcrites , ou à des conditions acceptées. L'exac-
titude demande de la mémoire. Le Magiftratdoit
erre attentif , l'Amballadeur exad j le Capitaine
vigilant. Les difcours des autres demandent de l'at-
tention ; le maniement des a^ffaires de ['exactitude ;
l'approche du danger , de la vigilance. Il faut écou-
ter avec attention , fatisfaire à fi promelfe avec
exactitude & veiller à ce qui nous eft confié. M.
l'Abbé Girard Syn. Ce juge voit fes procès avec une
grande exactitude. Un excès de prévention vous ôte
toute exactitude.
îfT Ce mot eft nouveau. Vaugelas dit qu'il l'a
vu naître comme un monftre contre lequel tout le
monde s'écrioit ; mais enfin on s'y eft apprivoifé,
parce qu'on en avoir befoin. Quelques uns difoienc
exadion, qui étoit infupportable , à caufedel'é-
quivoque.Exadecé neréuiîit pas mieux , parcequ'il
vint un peu tard , dans le temps que le mot exacli-
tiide étoit déjà établi.
ifT Exactitude , fe dit dans le même fens duraifon-
nement , du ftyle. Il eft étrange combien c'eft une
qualité rare , que ['exactitude de raifonnerrxent. Il
y a des négligences qui valent mieux qu'une féche
& ennuyeufe exactitude. Comme elle ne tend qai
embellir le difcours , elle s'accorde bien avec une
certaine négligence , qui en eft un des plus grands
afrnemens. Une exactitude outrée ^ & un foin fcru-
puleux des paroles, rend les ouvrages fecs, & fi peii'
naturels , qu'ils ne font point agréables avec touc
ce qu'ils ont de corred & d'élégant. C'eft dans ce
fens que Térence difoir qu'il aimoir mieux imiter
la négligence des bons Auteurs que re.vac?/«</« fé-
che y fcrupuleufe 8c rampante de certains écrivains.
Quorum smulari exoptat negllgentiam y potiàs quàrrt
ntiam.
de Géométrie. J^oyei HE-
EXAGÉRATEUR.
EX A
EXAGÉRATEUR. f. m. Qui exagère. C'eft un grand
Exag érateur. AmpLificaior.
ÊXAGERATIF , ive. adj. Qui exagère , qui amplifie.
Amplijîcans , exaggerans. Alot- némc elt un teiine
exageradj. Les rapports des nouveliiltes font ordi-
nairement tort exugerudjs.
EXAGERATION, f. h Figure de Rhétorique par la-
quelle on augmente, on amplifie les choies, on
dit plus qu'il n'y en a , foit en bien , foit en mal.
Exaggurado j atnplificado. Il faut prendre les exa-
gérations poétiques à leur jiilte rabais. S. Evr. Les
£xagéradons doivent être plaifantes pour l'enjoue-
ment. Bell. Qui voudroit ôter à l'amour les
exagéradons , lui ôteroit une partie de les agré-
mens. Recueil de P. G. Trêve d'hyperboles
& à' exagéradons. Le P. Dan. Voye^ HYPER-
BOLE.
Exagération. Terme de Peinture. Manière de reprc-
fenter les chofes en les marquant trop , ou en les
chargeant beaucoup. Il y a des contours chargés qui
plaifent , parce qu'ils font éloignés de la balFelfe du
naturel ordinaire & qu'ils portent , avec un air de
liberté , une certaine idée de grand goût , qui im-
pofe à la plupart des Peintres , lefquels appellent
du nom de grand goût ces fortes à' exagéradons. De
Piles. Le Peintre eft obligé de favoir l'Anatomic ,
& les exagéradons piquantes qui en dérivent. 1d.
L'Anatomieeft le fondement du delfcin : & les exa-
géradons peuvent conduire à la perIcClion ceux qui
peuvent en prendre , & en lailTer autant , &c. Îd.
Ces exagéradons font fupportables , & fouvent
agréables dans les delfeins qui ne font que les pen-
fées des tableaux. Id.V exagération des couleurs ,
à laquelle le Peintre eftobhgé d'avoir recours à cau-
fede la fuperficie de fon fond, de la diftance dj fon
ouvrage, & du temps qui diminue toutes chofes ,
doit être ménagée de manière qu'elle ne falfepoinc
fortir 1 objet de fon caraélère. Id.
EXAGERER, v. a. Augmenter, amplifier les chofes ,
en les faifant paroître plus grandes qu'elles ne font
en effet, par rapporta leurs qualités bonnes oumau-
vaifes. Ampdficare , cxaggerare. Les Poètes & .les
Orateurs font obligés ^exagérer les chofes pour or-
ner leurs difcours. Quand nous exagérons la ten-
dreffe que nos amis ont pour nous , c'eft pour faire
juger que nous avons du mérite. Roch. L'imagina-
tion quand elle eft échiuftée exagère tout ce qu'elle
reflent. Fen.
§3° On le dit auftî neutralement. C'eft exagérer
que de dire telle chofe. '
Exagérer, fe dit en Peinture des chofes qui fontj
trop marquées ou beaucoup marquées, foit à caufel
dudelfein , foit à caufe du coloris. 11 eft bon d'exa-
miner fi les Peintres qui ont exagéré\ç.s contours de
leurs figures pour paroître favans , n'ont point aban-
donné le vrai. De Piles. Quant aux couleurs arti-
ficielles, le Peintre endoitconnoître la valeur, la
force , & la douceur féparément , & par comparai-
fon, afin d'<;.Vi2 ff/rer par les unes ^ & d'affaiblir par
les autres , quand lacompofition du fujet le deman-
de. Id.
Exagéré , ée. part.
Ces mots viennent du Latin exaggero , qui vient
à'agger , levée de terre.
EXAGITATION. f f. Exagitatio. Ce mot eft tout
Latin , & n'eft guère en ufage dans notre langue j
nous difons : bien agitation , mais non pas exagi-
tation,
EXAGONE. roye:( HEXAGONE.
EXALTATION, f. f. Elévation. ExaUatio , eveclio ,
proveciio. Il eft vieux au propre , & hors d'ufage.
Exaltation , au figuré, fe dit de l'élévation d'une
perfonne en quelque dignité Eccléfiaftique , & fur-
tout à la Papauté : le terme d'exaltation eft devenu
propre pour le Souverain Pontife , & en quelque
façon confacré à fignifier le couronnement du Pape,
la cérémonie qu'on fait à fon couronnement quand
on le met fur l'Autel. Après \ exaltation de ce Pape
au Pontificat, l'Eglife re(^at une nouvelle fplendeur.
Tome m.
E X A 1^5^
Les jonrs de Con exaltation furent les jours de votre
gloire. Pat. La faveur n'a point eu de part à fon
exaltation • il eft lui-même l'ouvrier de fa fortune.
Le p. Gaillard. On fait aulll des prières pour
l'exaltation de la Foi , de notre Mère Sainte Eglife ,
c'eft-à-dircj fa propagation , fon honneur j fa
gloire.
Exaltation de la SAiNTE-CRoix,eft uneFête qui fe
célèbre dans l'Eglife le 14 Septembre, en mémoire
de ce qu'riéraclius , Empereur d'Orient , rapporta
la vraie Croix de J. C. iur fes épaules au lieu du
Calvaire, d'où elle avoir été enlevée quatorze ans
auparavant patCofiocs Roi de Perfe , quand il prit
Jcruialem du temps de Phocas. Elle fut rendue par
un Traité de paix fait avec Sirocs fils de Cofroës.
Cette fête fut marquée par un grand miracle ^ car
on raconte qu'Hérachus ne put fortir de Jcrufaleni
tant qu'il porta la Croix furies habits royaux char-
gés d'or & de pierreiies j mais qu'il maicha & porta
très- facilement la Croix , dès qu'il eut pris , par le
conieil du Patriarche Zacharie , un habit plus hm-
ple Se plus modefte.
Vodà ce que bien des Ecrivains ont penfé de l'o-
rigine de cette tète : cependant long-temps avant
Hcraclius , l'E^^life Grecque & Latine célébroienc
une tète de i Exaltation de la Saince-Croix , à caufe
de ce que Jesus-Christ dit en Saint Jean XII ,31.
Lotj que j'aurai etj exalté /'attirerai toutes chofes à
moij&c Chap.VIIIj i^,.Quand vous aure\ exalté le fils
de l'homme j vous connoure:^ alors que c'eft moi. Le
P. Du Soliernous aifure , dans fes notes fur le Mar-
tyrologe d'Uluard , que teu M. Chaftelain préten-
doit que cette fête avoit été inftituée , au moins à
Jérulalem , plus de deux cens quarante ans avant
Héraciius. Foye^ les Nores de Baronius , celles de
Flotennnius fur le Martyrologe Romain , & celles
du P. Du Solier Jéfuite fur celui d'Ufuard au qua-
torzième de Septembre, & Tillemont, Mem. pour
rHift.Eccl.T.Yll. p.S, ôc p. 13. Adon rapporte
ce qui ariiva fous Héraciius plus au long que les
autre-; MarryroiojJift-^s.
La fête de la D.dicace de l'Eglife de Jcrufalem 3
bâtie p>ar Conil.mtin, fe célcbroir tous les ans le
quaiorzième de Septembre , dit Niccphore , joue
auquel ce Templi avoir été confacré, l'an 335 ; &:
cerre fête s'appt!o;t Vtxaltadon de la Croix , à
caule qu'eucitemps-lii Evêque de Jérufalemmon-
toit fur un lieu élevé que Conftantin avoit fait bâ-
tir exprès en form^ d'une chaire , & qui s'appeloic
en Grec , les facrès Myllèies de Dieu , ou la Sain-
teté de Dieu , & que là il élevoit la Croix , afin de
la faire voir au peuple. Godeau. On voit la même
origine de ce nomdans la vie defainte Marie Egyp-
tienne, dans Boliandusau zc Avril, p. 17. § 21. So-
phronius Evêque de Jérufaiem, André de Crète,
dans leurs Homélies pour cette folennité , &c le for-
mulaire Grec de Sainr Sabas , en décrivent les céré-
monies. Il paroît par-là que ce nom & cette fête
font plus anciens qu'Hérachus. La vie de Saint Pau-
lin dit , Ep. 1 1 qu'on montroit la Croix tous les
ans , mais que de fon temps c'étoit à Pâques .. au
lieu du jour de l'Exaltation de la .'.ainte Croix ,
& que l'Evêque la donnoit à adorer au peuple après
l'avoir vénérée le premier. Tillemont cité-ci~
dejjus.
L'Ancienne Eglife appeloit exaltadon ,1a mort des
Martyrs; c'eft-à dire, leur élévation au ciel.
Exaltation, en termes d'Aftrologie, eft une cer-
taine dignité qu'acquiert une Planète en certains
degrés , ou fignes du Zodiaque; & cette dignité,
comme parlent les Aftrologues j lui donne plus
defHcace & d'influence. Le figne oppofé fe nomme
déje&ion, ou chûre de la Planète- Comme le quin-
zième degré du Cancer eft l'exaltation de Jupiter,
félon Albumnzar , parce qu'il croit que c'étoit l'af-
cendant de cette Planète lors de la création du mon-
de; celle du foleil eft au dix-neuvième d'Arics j 6C
fa dcjeclion au fisne de la Balance. Celle de la lune
au figne du Taureau, &c. Ptoloméc en reud la rai-
E e e e e e
9;4 .^^^
fou en foiî premier livre De Qudinp, _ ^ '
Exaltation. Terme de l^hyfique- C'ell f'^i^^ion , l'o-
pération qui exalte, élevé punhe, liibcUilo quelque
corps naturel , cni Tes principes , & les parties : c'eft
aufli la qualité & ladiipolition que les corps naturels
acquièrent par cette opération. C'eft encore cette
exaltation des parties iulfureufes des haifes , qui
les rend d'un goût vineux & agréable. Lémery.
Exaltation a encore un autre lens dans la Méde-
cine, mais qui eft peu ulîté, Exaltation en ce fens
fîgnitie Elévation , mouvement qui porte en haut.
Les coins font eftimés propres pour empccher l'i-
vreife ^ en précipitant parleurs parties groiîlères ,
les vapeurs du vin , ou des autres liqueurs fpiri-
tueufes , en s'oppofanc à leur exaltation au cerveau
LÉMERY.
Exaltation, en termes de Chimie , eft une Eléva-
tion & purificarion des métaux à un certain degré.
Il fe dit aufli de la fpiritualifation , ou volatilifa-
tion de quelques autres corps , comme quand on
redihe l'elprit de vin,ouquand on lépare les fels
volatils des mixtes. Ainlî \éxaltation des fels , des
foufres , des métaux eft proprement une opéra-
tion par laquelle on les épure , on les purifie au
plus haut degré dont ils font capables.
$3" Exaltation des puiifances. Terme d'algèbre au-
quel on a fubftitué celui d'élévation qui eft au-
jourd'hui feuf en ufage. Voy. ce mot. Exaltation
d'eau, Q^ un nom que les Sages donnent à leur
pierre.
EXALTER. V. a. Louer avec excès. Efferre laudihus.
Quand il parle de fon xwxïX.xq ^xW! exalte jufqù'au
troiliéme ciel. Il eft temps d'entendre cet incom-
parable Avocat (Ciceron) foutenir l'honneur des
Mufes , exalter la gloire de la Pocfie, &: défen-
dre en la caufe d'Archias fon Précepteur , la cau-
fe commune de tous les gens de Lettres. Pat. Que
fert aux Grands d'avoir été exaltés fur la tête des au-
tres , puisqu'ils fonr la proie des vers , comme le pau-
vre dans fa folfe? Le P. Gaillard. M. Perrault trou
ve que les admirateurs d'Homère exaltent trop l'élé-
gance de fa didtion. Amplificare dicendo.
Je pourrais dans quelque Ode injipidc,
r'exalter aux dépens & de Mars , & d'Alcide. Boil.
EXALTER Terme de Phyfique Perficere , attenuare.
Purifier , élever , perfedionner j arténuer , rendre
plus fubtil , plus délicat , plus pur. Le mot à\xaltcr
fe dit fort bien en parlant des parties des corps na-
turels , & des principes chymiques qu'ils contien-
nent. Ce mot eft fort en ufage aujourd'hui dans la
Phyfiûlogie : les Phyficieus & les Médc-cins l'ont
pris des Chymiftes, qui fe font fait un langage par-
ticulier, & qui emploient de grands mots pour ex-
prime'; même les chofes les plus fimples & les plus
communes. Cette chaleur douce & rempérée exalte
Se dégage infenfiblement les parties les plus volati-
les des alimens. Lémery.
Exalter, en termes de Chymie j c'eft. Elever les
métaux & les autres corps naturels à un degré de
perfeftion &c de pureté tel qu'ils font capables de le
fouifrir, & augmenter parla leur a(5hion& leur éner-
gie. Les Chymiftes Se les Fous, qui fe difent ama-
teurs des fciences fecrètes , aiment fort le terme
d'exalter, parcequ'il a plus d'emphafe , & ils s'en
fervent à tout propos. Celui qui a imité leur lan-
gage, dans la penfie de les rendre ridicules, leur
fait dite : Si l'on veut recouvrer l'empire fur les Sa-
lamandres , il faut purifier & exalter l'élément du
feu qui eft en nous, &c. En Médecine les fels du
fang font dits s'exalter, lorfqu'ils fe féparent des
autres principes , & fur-tour des foufres.
Exalté , ée. part. & adj. Il a les fignifications de fon
verbe dans l'ufage ordinaire , & dans les Sciences Se
les Arts. Attenuatus yperfeclus ,elatus,eveclus , exal-
tatus. Les alimens mous & humides, qui ne font point
vifqueux , & qui contiennent une fuffifinte quan-
tité de parties volatiles & exaltées, fe digérenraifé-
ment. Lémery. On remarque en Chymie que la
EX A
plupart des matières fulfureufes fort exaltées ont
cette couleur rouge. Id Les frailes contiennent
beaucoup de flagme & de fcl etlentitl , Se vwi^ mé-
diocre quantité d huile exaltée. Id. Le lue des vian-
des fe diftribue plus ou moins facilement , fuivant
qu'il eft plus ou moins chargé de particules, ou
flegmatiques , ou volatiles Se exaltéa. Dans les
, fruits niLus les parties huiieules étant plus exal~
técs fe féparent & le dégagent plus ailément du
refte de la malfe. Le chyle j après avoir ét#
confondu avec le fang reçoit une nouvelle atté-
nuation par les parties volatiles Se exaltées de cette
liqueur. Dans les plantes le lue le plus pur Se le
plus exalté i.<i\.\. à nourrir les Heurs Se les fruits. Les
coins font compolés de quelques principes alTez
volatils & exaltas. Le terroir des lieux d'où nous
viennent les oranges eft chargé de beaucoup de
foufres exaltés Se de fels volatils. Lémery.
EXAMEN, f. m. Recherche exade Se foigneufê, pour
tâcher de découvrir la vérité d'une chofe. On dit
dans le Diél. de l'Acad. que I'n finale fe fait fentir
comme .dans le latin. Cette prononciation eft con-
traire à l'ufage. Examen 3 perquijitio. Si les hom-
mes ne fe hâtoient point tant de décider après un
examen fuperficiel , ils ne fe tromperoient pas fi
fouvent. S. Evr. Il y a de la témérité à foumettre
la Religion à ïexamen de la raifon. Nie. La voie
de l'autorité eft fans comparaifon plus focile , &
plus proportionnée à la portée des lîmples Se des
ignorans, que la voie de difcuffion Se à' examen. Id.
Les règles de conduite que fuivent la plupart des
hommes , n'ont d'autre principe qu'une coutume
qu'ils ont embraffée fans examen. Nie.
Examen de conscience , eft le compte qu'un bon
Chrétien doit fe rendre à foi- même de toutes les
aétions de la jouri>ée , Se s'il s'agit de l'examen qui
eft une préparation au Sacrement de pénitence ,
c'eft une revue exafte cju'on fait de fa vie palfée,
afin de reconnoître les péchés qu'on a commis de-
puis la dernière confellion , Se de s'en confelfer,
S. Ignace le réduit à cinq points. Dans le premier,
on remercie Dieu de fes bienfaits. Dans la z* , oa
demande la grâce Se la lumière pour connoître
fes péchés. Dans le 5* , on parcourt fes occupa-
tions , fes aillons 3 fes penfées Se fes paroles ( â
quoi il faut ajouter les omiffions ) pour y décou-
vrir ce qui a pu déplaire à Dieu. Dans le 4^ , on en
demande pardon à Dieu ^ & on tâche de concevoir
un véritable regret de l'avoir oPrenfé. Dans le 5*^, on
prend la réfolution ferme de ne plus oftenler Dieu,
Se d'éviter fur-tour les péchés qui font les plus
griefs , ou auxquels on eft le plus fujet. Saint Ignace
a encore établi Vexamen particulier de la conf-
cience , Se il en a donné la méthode dans fes exer-
cices. Cet examen particulier conlifte à faire la
guerre au vice qui nous domine davantage, en l'at-
taquant feul , & le combattant fans relâche par une
attention continuelle fur foi-même, pour n'y pas
tomber \ par un retour douloureux vers Dieu toutes
les fois qu'on y tombe ; par une fupputation exaâe
de fes chûtes , comme Saint Ignace Tenfeigne en
détail.
Examen , fe dit auffi de l'épreuve, de la capacité de
celui qui fe préfente pour être promu aux Ordres,
pour remplir quelque fondion , qui afpire à quel-
que degré dans les Ecoles , pour fa voir s'il eft capable
du de;jré, de la fondtion , de l'emploi où il veut
être admis. Il finit fubir \^'\ rude examen quand on
veut être reçu Doâieur. L'examen de% Conleillers
du Grand Confeil fe fiic fur le Droit Civil Se Ca-
non. Les Ecoliers compofent pour \'ex.^men qui fe
fair au bout de l'année, pour Juger s'iis font capa-
bles de monter d?ns une plus haure claÎK'.
Examen, fignifis aufïï quelquefois, Cenfure, criti-
que. En ce fens il a fervi de titre à plufieurs Livres.
L'examen des efprirs , Se l'Examen de l'Examen
des efprirs. '
En termes de Palais on appeloir autrefois examen
à futur, une enquête quife faifoiten vertu de let-
E X A
très royaux, pour avoir preuve de la vcrité d'an fait
par la dépoluion des témoins qu'on avoit en main,
de peur qu'elle ne dépérît par leur mort, ou par
leur abfence; & cela avant qu'on eût intente le pro-
cès dans lequel cetre enquête devoit être produite.
L'ufage de cette preuve par examen à jutur a été
abrogé par la dernière Ordonnance de l'an \GG-;.
Ucxamen d'un compte , eft la dilcullion de tous les
articles l'un après l'autre.
EXAMILION. r. m. Muraille célèbre que l'Empe-
reur Emmanuel Ht élever fur l'Ifthme de Corintiie,
J'an 1413. & qui fut ainfi nommée de i^ , /ix , tic
ftiXnM y qui en Grec vulgaire lignilie un mille, du
Latin mille. Cette miiraiilc avoit lix milles, c'ell-à-
dire , deux lieues de long. ExamUion. VtixainiHon
fut bâti pour gaiancir le'Péioponèle de l'incuilion
des Barbares : il commençoi: au port Léchée à 16
llades de Corinthe, & hniiloit au port Cenchrée
vers le Golfe Saioniqne. Amurar II. ayant levé le
fiége de Conllantinople en 1414. iit démolir Vtxa-
milion , quoiqu'il eût conclu la paix avec l'Empe-
reur Grec. Les Vénitiens le iîrent létablir l'an 1463.
En quinze jours de temps l'ouvrage lut achevé
par ttente mille ouvriers , couverts par l'armée com-
''mandée par Bertoldo d'Eft, Général des troupes de
terre, & Louis Lorédo, Général delà mer. Les In-
fidèles firent des efforrs 'pour détruire ce rempart ;
mais ils furent repoulîés, &c contraints de fe retran-
cher aux environs: mais Bertoldo ayant été tué au
fiége de Corinthe qu'on fir enfuite, Bertino de Cal
cinato .ayant pris le commandement de l'armée ,
abandonna , à l'approche du Beglerbey , le iiége &
Ja défenfe de la muraille, pour laquelle on avoïc tait
tant de dépenfe. Voyc^ le P. Coronelli » dans fa
Defcription de la Moree.
EXAMINATEUR, f m. Celui qui examine. Proha-
lor , explorator ,judex. Il y a i.\\.\3.iïq Examinaietas
en l'Univerfité pour éprouver la capacité des afpi-
rans à erre gradués. On a des fpeètateurs & des
examinateurs j à proportion que l'on ell élevé.
S. EvR.
On appelle les Commiflaires du Châtelet de P.a-
ris , Commiifaires - Examinateurs , parcequ'une des
principales fonéf ions de leurs charges , c'eft d'ouïr
la dépofuion des témoins j & de faire des informa-
tions, & qu'ils examinent les comptes. f.vt7/7z//?iz-
tcur des Evêques , eft un Ofîiciet en Cour de Rome
qui fait l'examen des Evêques. Les Evêques ont
aullî des Examinateurs des Ordinands : ce lont des
Prêtres vertueux & habiles choifis du Clergé fécu-
lier, ou régulier , & prépofés par l'Evêque pour
examiner ceux qui fe prélentent pour être promus
aux Ordres. Il y a auili des Examinateurs de Li-
vres.
L'Examinateur croit autrefois un titre d'Office t<.
de Charge à la Cour des Lombards , comme on le
peut voir dans Du Cange. C'en eft encore un dans
la Chancellerie de Rome , où les Examinateurs
font chargés du foin de conférer les Bulles. Foye^
les Macri au inot Abbreviator.
EXAMINATION. f. f. Examen. Ce mot fe trouve
dans Ablancourt ; mais on ne croit pas qu'on s'en
pullfe fervir. Ainfi au lieu de dire avec cet Auteut
Vexamination d'un procès , on doit dire l'examen
d'un procès. Il femble i\\\ex^mination ait quelque
chofe d'extraordinaire & de choquant.
EXAMINER. V. a. Faire une exaéte perquifition ou
recherche de quelque chofe. Examinare , inqulrere ,
difcutere. Il eft du devoir d'un Juge de bien exami-
ner les témoins , de les tourner de tous côtés , pour
favoir bien la vcriré d'un fait, pout informer à
charge & à décharge. J'ai bien examiné ma con-
fcience , je me trouve net de tout crime ; je ne
erains que la calomnie.
horftjue je /n'examine ,
Je crois de ce défordre entrevoir l'origine. Rac.
Examiner, fignifie aullî , Éprouver la fcience i!s:
fur là loi. On doit dorénavant examiner fur le
Droit François.
ExA.MiNER , lignifie aufli , Regarder attentivement.
Injpiccre. Il y a_ longremps que \cxaminc cette pei-
fonne j il me fen)ble que je connois ce vilage.
Examiner, fe dit en chofes morales. Eplucher une
queftion ; rechercher toutes les beautés, les erreurs
d'un Livre : conlidérer attentivement , pefer mûre-
ment. On a envoyé ce Livr'j en Sorbonne pour l 'ex.i-
nnntr: on y a trouvé bien des erreurs. Mille gens
aiment mieux fuppofer les chofes véritables 3 que
d'avoir la peine de les examiner. I.og. On doit , non
àlafaullecéde certaines opinions, mais au mente de
ceux qui les iouriennent,la juftice de les examiner;
& il eft raifonnable d'acheter par la peine de les
apprendre, le droit de les méprifer. Id. On n'exa-
mine d'ordinaire les opinions des autres qu'avec
une fecréte envie de trouver qu'on a raifon ioi-
même. Bay. C'eft un mauvais caractère , que à'exa-
mJnerciwec uns curiofité maligne tout ce que font
les autres, pour les cenfurer. Bell. Quand le cœur
rélifte à une vérité, l'efprir l'examine, ou négligem-
ment , ou malignement. Jaq. Rien n'ell plus or-
dinaire que la parelFe d'examiner le fond des affai-
res , & une hâte indifcrète d'en juger. S. Real. Là
pallion de tout f.vfwi.Ter conduit enfin à l'incrédu-
lité. Le p. Thom. Il y a plus d'orgueil que de lagef-
fe dans la prétention d'examiner avant que de
croire. Id. Si nous nous examinions nous mêmes
avec le même loin que nous fxjminons les autres ,
nous n'aurions pas la lote vanité de nous croire
fi accomplis. Bull.
§CF Examiner un compte dans le commerce, c'eft en
difcuter tous les articles , en vérifier le calcul , pour
en découvrir les erreurs.
s'Examiner, v. récip. lignifie, S'ufer , & fe dit des
étoffes. Atterere , deterere , Cet habit commence
à s examiner \ il s'y va faire des trous en beaucoup
d'endroits. On dit auili , Mon argent eft bien exa-
miné, il né m'en refte plus guère. Il eft du ftyle
populaire.
Examine ,ée. part.
rp" EXANTHEMATEUX, euse. adj. Foyei l'arti-
cle fuivant.
EXANTHÈME, f m. Terme de Médecine, qui fignifie
proprement éruption des humeurs qui forment fur
la peau des taches qui ne s'élèvent pas au-dellus de
fon niveau ; ou de petites tumeurs de différentes ef-
pèces Levis humorum eruptlo pcr cutem.On voit de ces
■fortes d'éruptions dans plufieurs fièvres exanthéma-
teufes qui prennent différens noms , félon la na-
ture des humeurs viciées qui produifertt les exan-
thèmes fur la peau: fièvres Icarlatines, miliaires,
pourprées , &c. i!c généralement exanthème, figni-
fie toute forte d'éruption à la peau , foit avec folu-
tion de continuité, comme les pullules de la petite
vérole , de la gale , les tubercules , ulcères & autres
femblables ; foit fans folurion de continuité , com-
me les taches cutanées, hépatiques, fcorbutiques,
vénériennes , les roulTeurs, les pétéchies , la rou-
geole , le poupre , &c. Ce mot eft Grec , (1«»''!!^««,
du verbe 'tla^t\u , efflorefco, erumpo ^ je fleuris , je
m'épanouis , je fors , je m'élève.
EXANTLATION', f. f Terme de Phyfique. C'eft
l'adtion de faire fortir l'air ou l'eau de quelque en-
droit , par le moyen de la pompe , ce mot fe dit peu.
EXAPLES , f m. pi- Voyf{ HEXAPLES.
EXARQUAT. L'Académie écrir EXARCHAT; d'au-
rres écrivent EXARCAT , comme on prononce
f. m. Charge & Gouvernement de l'Exarque. F-xar-
chatus. V! Exarchat contenoit les villes de Ravenne,
de Cézcnne , de Crème , Imolc , Boulogne , Mo-
déne,&:c. Depuis, le Roi Pépin donna an Pape
toutes les x&ïïçs dQVExarcjuattn y^C
EXARQUE, f. m, "Vicaire de l'Empereur d'Orient,
ou Préfet qu'il envoyoit en Italie j pour la défen-
dre contre les Lombards , qui avoienr conquis route
l'Italie, à la réferve de Rome &de Ravenne. L'e-
capacité de quelqu'un. Ce Confeiller a été éx-imlni | xatque faifoit fa réfidence ordinaire dans cette der-
Ee e e e eij
9;/$ EXÂ
nière ville. Exarchus. Le premier Exarque fut iePa-i
trice Longin , envoyé par Julrin le Jeune en 568. |
Les £Artfny^t'j fubhrterenc environ 185 ans, jufqu'à
ce qu'Allulphe j Roi des Lombards , prit Ravenne
par force l'an 752-. Eurychius étoit pour lors Exar-
que de Ravenne , & ce fur le deni;er.
Le P. l'apebroch , dans le Fropyleum ad, Acîa
Sancl. Mail , a fait une Diirercation fur le pouvoir
& les fonctions de ^Exarque d'Iralie dans l'élettion
& l'ordination du Pape. C'eft la feizieme Dilferta-
tion de cet ouvrage , p. 1 1 6 & fui v. En 7 5 2. Ailol-
phe , Roi des Lombards , Prince plein dambinon
& de couia;^e , voyant que l'Empereur Conftantin
Coprony me, occupe des affaires d'Orient , aban-
donnoit prefque entièrement celles d'Icahe , il vint
avec une grande armée aflicger dans Ravenne l'i;'-
X arque Eutychius , qui , après une alfez vigoureufe
défenfe fut oblii;é de le rendre hmte de fecours j &
en lut finit cette efpcce de gouvernement j qu'on
appeloit ÏExarcat , environ 185 ans après qu'il eut
été établi. P. Dan. Hijioire de France , Tome Epage
397-
L'Empereur Frédéric créa Héracliiis, Archevê-
que de Lyon, de l'illudre Maifon de Montboiilîer,
iile créa j dis-je , Exarque dans tout le Royaume de
Bourgogne. Cette dignité n'avoitété connue julqua-
lors qu'en Italie dans la ville de Ravenne. P. Men.
Hi/l. de Lyon , p. 277.
Exarque, ctoi: aulii une dignité militaire. Foye:i^D\x
Cange.
I^FCétoit aulTi un titre de dignité écc!é(iaftique
dans les premiers liècles del'Eglilc. L'Exarque d'un
Diocèfe étoit la même chofe que le Primat : cette
dignité Eccléfiaftique étoit moindre que la Patriar-
■chale , & plus grande que la Métropolitaine, com-
me prouvent Juftel , & le P- Sirmond. UExarque
préfidoit fur plufieurs Provinces. Il étoit au-deHus
du Métropolitain.
L'ExARQUb aujourd'hui chez les Grecs eft une efpèce
de Léi^.it à lacère du Patriarche , qui fait la vifite
izs Provinces qui lui font foumiles , qui s'informe
des mœurs des Clercs , des caufes Eccléhaftiques ,
de la manière dont le fervice divin fe fait, des ma-
riages &c des divorces , des différends entre les Pré-
lats & le peuple, de l'obfervance des Canons , de
l'adminirtration desSacremens, fur-tout de la Con-
feflion , de la manière dont la difcipline Monalti-
que fe garde dans les Monaftères , des lois des Egli-
fes exemptes de la jurifdiétion de l'Ordinaire , tkc.
Se qui, pendant le temps de fa vifîte j fait des Ré-
glemcns fur tout cela , mais fur-tout qui fe fut
rendre compte de tous les revenus que le Patriarche
tire de ciiaque EgHfe , & de tout cequi les concer-
ne , qui les levé, & qui fouvent , après s'être fort
enrichi dans cette charge , parvient lui-même au
Patriarchat. l'^oye^ le P. Gretfer , Jefuite , dans fes
Obfervations fur Codin , C. XH. n, 4. & le Père
Goar , dans fes Notes fur Codin, p. 15. not. 55.
EXARQUE, eft aulli dans l'Antiquité Ecclcfuftique
d'Orient, un Supérieur général de pluheurs Mo-
naftères. Exarchus. Autrefois dans les Ordres Reli-
gieux l'Zi'.vjr<;?^e étoit différent de l'Archimandrite.
Celui-ci étoit le Supérieur d'une feule ^LaifonJ ou
d'un feul Monaftcre j & {'Exarque étoit fupcrieur
de tout l'Ordre , ou du moins d'une partie de l'Or-
dre i c'eit-à-dire, qu'il étoit ce qu'ell aujourd'hui
un Général ou un Provincial. Le Supérieur de cha-
que Monaftère s'appeloit Archimandrire , ou Hé-
guméne , & tous obéiffoient .à un Supérieur géné-
ral , qu'on appeloit Exarque. L'on voit dans le Pon-
tificat de l'Eglifc Grecque une formule de l'inftitu-
tion des Exarques de des Héguménes. Le Patriarche
leur impofe les mains , & leur donne un Mande-
ment ou lettres teftimoniales ^ qui contiennent l'o-
bligation de leurs charges. Par celles de VExarque
il paroît entre autres chofes qu'on lui confie le foin
des Monaftères patriarchaux , qu'il en doit faire la
vifite , ^c. P. HÉLYOT , T. I. Dijjert.prélim. p. 65.
En 493. Sebas fut établi Exarque , ou Chef de tous
EXC
les Anachorètes du territoire de Jérufalem. Du
Bois.
Exarque , dans Codin , L. IV. de l'édition du Lou-
vre , eft encore un des derniers Officiers de l'EgU-
fe , puifque de 46 qu'il nomme il n'eft que ie qua-
rante-unième.
Ce mot vient du Grec tU^x's > qui fignifîoit
ChcJ , ou Commandant , & fur- tom dans les fac-
tions d'Italie. Homère , Philon , & d'autres Au-
teurs , donnent le nom d'Exarque au Maître des
Chantres d'un chœur , ou à celui qui chante le
premier. Car le verbe afxa, ou ùpx'i^»' > lignihe éga-
lement commencer <k commander.
EXASSISTANT, ante. f. m. & f. Qui a été Alîlf-
tant, ou Siliiildnie. JJH/iends ojjicio defuncius , a.
_ /^'o).3EX. -^
EXASTYLE. f m. Terme d'Architeéture.Portique qui
a lix colonnes de front. Hexafiyius. Il eft propre-
ment adjeétif. Portique hexajiyle y qui a fix colon-
nes ou lix rangs de colonnes.
Ce mot vient de îi/Aoî, colonne , &: de ïl , fix.
Il faudroit écrire hexajiyle.
EXAUCEMENT, f. m. Aétion à'Q\mcQX. Exaudiilo.
Les méchans n'obtiennent pas louvent V exaucement
de leurs prières. Ce mot n'cft plus en ufage. Voy.
Exhaussement.
EXAUCER, v. a. Écouter favorablement une prière ,
& accorder ce qu'on demande. Exaudïre. Il nefe die
guère qu'en marière de Religion. Dieu exauce les
prières de ceux qui les font avec une vive foi. Si
mes vœux pou voient être exaucés ^ vous reviendriez
bientôt en ianté. Dieu exaucera les prières des gens
de bien. On leditauiîi des perfonnes. Exauce\'Vc\6\. ,
ruon Dieu , lorfque je vous invoque. Port-R. Dieu
exauce Ion peuple.
Que le Seigneur tej..\ncQ au jour de la tempête ^
Que {'ombre de fou nom mette à. couvert ta tête.
Wi> GOD.
Exaucé , ie. part.
EXAUDl. Terme de Bréviaire qui eft purement La-
tin , & qu'on donne au (ixième Dimanche d'après
Pâques, qui précède celui de la Pentecôte. On le mar-
que de ce nom dans les Almanachs , & on le lui
donne à caufe que 1 Introït de la Melfe de ce joue
commence par ce mot.
EX AUTORATION. Ï.Ç. Ce mot^, qui vient d'eAT^ea-
torcr ^ hgnihe Dégradation. Le Roi nomma le Com-
te de Ligny pour ôter le collier de l'Ordre à S. Val-
lier j ii>: Arrêt intervint qui ordonna que l's.Vi^wforiî-
tion feroit faite par ce Comte en prélence d'unPré-
fidenr , de cinq Confeillers , du Greffier criminel ,
& de cinq ou fix Gentilshommes. Le Comte de Li-
gny , adiité de cette compagnie , prononça à S. Val-
lier l'Arrêt d'ex autoration, & lui demanda le collien
de l'Ordre.
EXAUTORER. V. a. &ExAUTORé. part. Vieux mot
qui n'eft plus guère en ufage , ik qui fignifioir Caf-
fer , dégrader. Par l'article 9 de l'Ordonnance de
Henri II donnée à Amboife le 26 Mars 1555. il
eft fait défenfes à toutes perfonnes de changer de
nom fans permillion , à peine de mille livres d'a-
mende , d'être punis comme fauiTaires , ic d'être
exautorés & privés de tout degré & privilège de
Noblefte. Ce mot vient du Latin exauclorare , dé-
grader.
EXC.
EXCALCÉATION. f. f. Adion de déchaufTer le fou-
lier. Excalceatio. Parmi les Hébreux il y avoir une
loi , par laquelle une veuve . que le frère de fon
mari refufoit d'époufer , avoir droit de l'appeler en
Juftice ; & fur fon refus , elle lui déchaufloit un de
fes fouliers j & lui crachoit au vifage. Onappeloit
la maifon de celui qui avoit refufé , la maifon du
dcchaulfé. Cette loi de \'excalceation avoit quelque
chofe d'ignominieux. CQUE.TiN,y«r Croiius^
EXC
EX CATHEDRA. Termes Latins ufités dans le (lyle
dogmatique. Les Ultraaiontains croient que le Pape
elt uifailiiûle quand il parie ex cuchcdru. Le Pape
ell cenlé ^xd-a ex cathedra, quand il parle comme
Souverain Ponnte , & qu il enleigne toute l'Eglile,
c'eft-à-dire , lorfqu il porte une decilion dogiiiati-
que 3 de l'avis des Cardinaux , & qu'il l'adreire
aux tîdelles comme règle de toi Hc de mœurs.
1/3° On ie tert quelquefois de cette exprellîon
dans le dilcours familier , pour marquer une déter-
mination tonnelle. Venez , venez donc , marille,
puisque le bon Archevêque a dccidje.v cathedra que i
votre voyage éioit nécelfaire pour l'intérêt de votre
maifon. M ad. de Sev.
EXCAVATION, f. f. L'adion de creufer , ou le creux
qui a été rait dans quelque terrein. Excavatio j ca-
vatio. L'excavation des fondemens de ce bâtiment a
coiité tant. On a fait de protondes excavations dans
les mines de Hongrie pour en tirer le métal. Vex-
cavation des puits. Hijtoire de L'Académie des Se.
1741./^. 9.
EX^AVÈK. V. a. Caver j creufer. Excavare. Pour for-
mer le canal de Languedoc on a excavé'p\\is de deux
millions de toifes cubes de terre ,& plus de cinq
mille de rochers. Les Philofophes font en grand dé-
bat fur k caufe du Buxde I.1 mer. Quelques-uns pré-
tendent que la Lune en palfant directement au-def-
fus de nos mers , les foule y les excave , & en fait
remonter les eaux. Pluche.
EXCEDANT , ante. ad). Souvent employé fubftan-
tivement. Ce qui refte après qu'on a levé une pe-
tite ou une moindre quantité d'une plus grande.
Excedensj excejj'us. Dans la fouftiaction il faut qu'il
y ait une fomme excédante &: plus grande que l'au-
tre. Payez une telle fomme fur l'argent que vous
avez à moi , & m'envoyez {'excédant.
^ZF Dans le commerce on appelle excédant , ce
quieft au-de-li de la mtimc. Excédant à' 3.\imgs ^
bénéhce d'aunaije, bon aunage , termes fynonymes.
EXCÉDER, v. a. Être plus grand \ aller au-delà d'une
certaine chofe qui doit être réglée. Excedere , ju-
perare. Il n'excède pas le plus haut prix des étoffes
de cette forte. Pasc. La mefure d'avoine excède
celle de blé. La pinte de S. Denis excède celle de
Paris , eft la plus grande. La taille de Saul excédait
celle des autres hommes de toute la tête.
Excéder , fe dit aulîi dans le difcours familier , en
parlant de certaines chofes portées jufqu'.i l'excès,
au-delà des bornes ordinaires. Aind des gens à qui
on aura fair faire (\ bonne chère, qu'ils auront man-
gé plus qu'il ne faut , diront , on nous a excèdes.
Celui à qui on fera des railleries trop fortes , dira ,
vous mexcedeif^.
Excéder j fe met avec le pronom perfonnel , comme
les verbes qu'on appelle réciproques. Un jour ils'e.v-
céda de fatigue pour les pauvres qu'il traitoit Fon-
TEN. Excéder dans fes occafions fîgnifie j Aller au-
delà de fes forces , faite quelque excès de travail.
S'excéder à la chalfe.
Excéder, fe dit en Morale, pour dire , aller au-delà ,
oiitrepafler. Pratergredi j ex ire. Un Procureur qui
excède fon pouvoir eft fujet à défaveu. Les précep-
tes de la Loi n'excèdent point nos forces. A Rome,
les Maîtres perdoient le droit qu'ils avoient fur leurs
efclaves , quand ils excédaient la modération avec
laquelle ils les dévoient corriger. Du Bois.
Excéder, en termes de Palais, fîgnifie, battre, ou-
trager. Mulclare,indignis modis afficere. Il n'eft guè-
re en ufage qu'au prétérit, & fe joint prefque tou-
jours avec iiattu. Il a fait informer de ce qu'on l'a-
voit battu 8c excédé.
Excédé , ee. participe. Excédé de fatigue , de dé-
bauche.
EXCELLEMMENT, adv. D'une manière excellente.
Eximiè. S.Thomtis :i nané exceilemment de la Théo-
logie Scholaftique. S. Paul dit que la gloire que
Dieu deftine à fes enfans eft excellemment excel-
lente.
EXCELLENCE, f. f. Qualité extraordinaire que peut
EXC 9/7
avoir une chofe, qui lui donne de l'avantage & la
mer au-delHis de tout ce qui eft de la même efpece.
Excellentid , prdtjlantia. L'excellence de ce remède ,
c'eft qu'il purge doucement & fans qu'on s'en apper-
çoive. Cequi fait délirer aux hommes l'approbation
d^s aurresavec tant de pallion , c'eft qu'elle les af-
fermit & les fortifie dans l'idée qu'ils ont de leur ex-
cellence propre. Nie. j'admire \ excellence de fon ef-
prit.AB.L'amour de notre propre excellence doit être
fubordonné à notre fin principale , qui eft Dieu.
Fenelon.
Par Excellence. Façon de parler adverbiale & da
llyle familier , pour dire , excellemment. Cela eft
beau par excellence.
On le dit auiîi dans une acception différente , en
parlant de ceux qui ont tellement excellé dans un
certain genre, que le nom appellatif , qui eft com-
mun à toutes les peifonnes célèbres dans le même
genre eft devenu pour eux comme une efpèce de
nom propre & particulier. Ainfien parlant de Salo-
mon j on dit, le Sage ; & en parlant de S. Paul ,
on dit , l'Apôtre : & cette forte de dénomination
abfolue j eft ce qu'on appelle communément , par
excellence , &c ce que les gens de Lettres appellent,
par antonomafe.
On dit , que Dieu eft l'Être^ par excellence \
pour dire , qu'il eft le Souverain Être , & que tou-
tes les créatures n'ont l'être que par participation.
Excellence , eftauili un titre d'honneur qu'on donne
particulièrement au:; AmbalFadeurs.ic autres perfon-
nes qu'on ne peut pas traiter d'Altefte, parce qu'ils ne
font pas Princes, Ôcqu'onveutpourtanrélever au-def-
fusdes autres grandeurs. On le marqueen abrégé par
un fimple£'. S. E, Son Excellence.V. E. votre t,xcel-
lence,ikc.On ne le donne en France qu'aux Ambafta-
deuts^mais ilestcommun en Allemagne. Ceux à qui
leinred'Excellence a été d'abord atfecté,font lesPrin-
ces du fang de France, & des autres Maifons Sou-
veraines. Ils le quittèrent pour prendre celui d'AI-
tefte , parce que plufieurs Grands Seigneurs j qui
n'étoient pas Princes , prirent celui d'Excellence.
Les Ambairadeuis de France à Rome donnoient au-
trefois de l'Excellence aux parens du Pape régnant ,
au Connétable Colonne , au Duc de Bracciano, à
tous les fils aînés de ces Seigneurs, au Prince de Car-
bograno, aux DucsSavelliôs: Céfarini,& aux Prin-
ces des Maifons Papales : ils ont été plus réfervés
depuis ; mais ils le donnent à toutes les PrincelTes
Romaines. Les Vicerois de Naples ne traitent point
d'E.vcellencc\es Seigneurs Romains qui ont des fiefs
dans ce Royaume. On donna l'Excellence aux nièces
du Pape Clément IX pendant qu'on ne traitoit
leurs maris que d'Illuftriirimes. Après fa mort on
continua de donner l'Excellence à fon neveu , quoi-
qu'il n'eût ni Duché, ni Principauté. Les Ducs &C
Pairs de France ont eu à Rome le titre d'Excellence.
L'Evêque de Laon ayant prétendu le même titre , il
l'eut des Seigneurs Romains \ mais peu de Cardi-
naux le lui donnèrent. On prétend par laque ce titre
eft féculier.
Les Ambaiïadeuis ne l'ont eu que depuis 1595.
qu'Henri IV envoya au Pape le Duc de Nevers , à.
qui on le donna à caufe de fa qualité. Depuis il a
parte à tous les Ambaftadeurs , qui s'y font mainte-
nus. Ceux de Venife ne l'ont que depuis 1636 que
l'Empereur & le Roi d'Efpagnc y confentirent. Les
AmbalTadeurs des Têtes couronnées difputent ce
titre aux AmbalTadeurs des Princes d'Italie , parce
que cet ufage n'y eft pas établi. La Cour de Rome ne
veut pas non plus traiter d'Excellence les Ambafla-
deursEccléfiaftiques , pour la raifon qu'on a dite
ci defrus.LesCardinaux&: les Princes Romains don-
nent le titre d'^Arcc/Ze/zce au Chancelier , aux Mi-
niftres& Secrétaires d'Etat, aux premiers Préfidens
des Cours Souveraines de France j aux Préfidens des
Confeils d'Efpagne , au Chancelier de Pologne, &C
à ceux qui font revêtus des premières dignités des
Etats, s'ils ne font point Eccléfiaftiques. Les Am-
balTadeurs fe traitent réciproquement d'Excellence ;
95
EXC
■ceux de l'Empereur ne donnent pas cette qualité in- 1
différemment, ils la donnent aux Ambalfadeurs des
-Eledeurs. Ceux de France l'ont rehil'ée aux Ambaf-
fadeurs des Provinces-Unies. Wicq.
Ce mot ^'Excellence étoit aucretois un titre des
Princes & des Empereurs \ Se Anallafe le Bibliothé-
caire , page 106. a appelé Charlemagne , Son Ex-
cellence. L' Achevêque de Rheims , en qualité de pre-
mier Duc & Pair bccléfiartique , fe fait donner le
titre d'Excellence. On le donne aulîi au Sénat de Ve-
nife, où après avoir falué le Doge fous le titre de
Sérénidime Prince , on dit aux Sénateurs vos Ex-
cellences. Le Lil>er Diurnus Ponûficum Rom. donne
le titre d'Excellence aux Patrices & aux Exarques ,
C. /. Tit. } <& 4.
EXCELLENIi.ENTE.adj.Ceqm a le plus haut degré de
bonté poiFible , qui eft au-deflTus de tout ce qui eft
de la même efpèce. Eximius^prajlans , excellens. Ce
remède eft excellent contre la goutte. Ariftote eft le
plus e.vcd//d/zr des Philofophes des Anciens , E>efcar-
tes le ^\as excellent des Modernes. Chacun doit s'ef-
forcer d être eArce/Zc/zf en fon genre. La malic3 des
hommes n eft jamais plus haïllable, que lorfqu'elle
abuîe des choies les plus excellentes. S. Real. Le bon
fens eft la faculté la plus excellente de l'homme , &
par conféquent on la doit principalement cultiver.
Locke.
EXCELLENTE BURY. Terme de Fleuriste. Nom
d'un œillet.C'eft un pourpre noir fur un fond blanc ,
qui n'eft point fort détaché : fa plante eft difficile à
élever , étant fujette à la pourriture. Quatre bou-
tons lui fuffifent. Morin.
EXCELLENTISSIME. adj. m, & f. Terme fuperlatif
èïexcellent , qui fert à exagérer toutes les chofes.
Supereminens j excellentijjimus. Ce pâté eft excel-
lentijfime. Il eft un peu burlefque , ou du moins du
ftyle familier dans le fens propre.
C'eft auflî un titre d'honneur qu'on donne à des
perfonnes de très-grande qualité. Il fe donne aux Sé-
nateurs de Vénife alfemblés en Collège en préfence
du Doge. Séréniflime Prince. ExcellentiJJlmes Sei-
gneurs.
On donnolt {QtivcQSExcellentlJfimeïnos Rois de la
première & de la féconde race. Charlemagne &
Alcuin l'oHt aufti donné au Pape Adrien; Kérulphe ,
Roi des Merciens, à Léon III. &C Yves de Chartres
à Pafchal IL Fulbert de Chartres le donne à Luthe-
rie , Archevêque de Sens; & Saint Bernard à Ri-
cuin , Evêque de Toul \ le Liber Diurnus Pontifi-
cum , C. I. Tic. 3. le donne à un Patrice , & à l'Exar-
que , C. II. T. I. Ce qui montre que ce n'étoit
point un titre atfedé à aucune dignité , mais une
cpithète , que l'on donnoit à fon gré à qui l'on
vouloir.
|C? EXCELLER, v. n. Être au-deftus de tout ce qui
eft de la même efpèce. Avoir le plus haut degré de
bonté phyfique ou morale. Excellere ,fupereniinere.
Pour exceller en quelque chofe , il ne faut pas imi-
ter. Le Ch. de m. La plupart de ceux qui ont excellé
en quelque genre j n'y ont point eu de Maître.
FoNTEN. Il ne faut pas afïedter de parler des chofes
où l'on excelle ; il femble qu'on cherche à fe faire
louer. Le Ch. de. M. Sans lefecoursdes paftions l'on
ne peut exceller en rien ; & s'il eft vrai qu'on puifte
vivre fans peine , on vit aulTi fans gloire & fans
plaifir. M. Scud. Les Modernes ont excellé àzns les
Ouvrages de Théâtre. S. Evr. Il vaut mieux ex-
celler en un art, en une fcience j ou une profellîon ,
quelle qu'elle foit j lorfqu'on en eft capable , que
chercher à contenter fa curiofité en fâchant un peu
de tout , ne faifant jamais rien de parfait , & ne
fâchant jamais rien à fond. C'eft pour cela que Pi-
brac vouloir qu'on ne s'attachât qu'à une chofe , afin
de pouvoir plus aifément y réuflir , Se ■^ exceller.
Car exceller nejl pas chofe petite.
On le dit aufti des chofes inanimées. Le diamant !
excelle fur toutes les pierres. La Géométrie excelle [
EXC
fur toutes les autres fciences par fes démonftraiicns.
§3" Exceller , être Excellent, conlidcréscomine
fynonymes. Voici leurs nuances , d'après M. l'Abbé
Girard. Exceller fuppofe une comparaifoii ; met
au-dellusde tout ce qui eft de la même efpèce \ ex-
clud les pareils , ôc s'applique à toutes fortes de cho-
fes. Etre excellent place limplement dans le plus
haut degré fans faire de comparailon j fouftie des
égaux , & ne convient bien qu'aux choies de goût,
Ainfion dit que le Titien a excellé dans le coloris,
Michel-Ange dans le delfein , &c que M. Dumefnil eft
excellent Artifte.
§3° Quelque mécanique que foit un Art , les
gens qui y excellent fe font un nom. Plus un mets eft
excellent, plus il eft quelquefois dangereux d'en
trop manger.
EXCENTRICITÉ, f f. La diftance qu'il y a entre les
deux centres des cercles , ou fphères qui n'ont pas
le même centre. Excentricitas. Ce qui fait qu'une
Planète n'eft pas toujours également éloignée de la
terre , c'eft que fon mouvement propre fe fait dans
itn cercle , qu'on appelle déférent , & qui n'eft pas
concentrique à la terre. Or la diftance du centre de
ce cercle au centre de la terre eft ce qu'on appelle
excentricité.
Excentricité fimple , c'eft dans la nouvelle Aftro-
nomie , ou dans le fyftême des ellipfes , la diftance
qu'il y a entre le cercle de l'ellipfe & Xtfocus , ou
foyer ; ou bien entre le Soleil & le centre de l'ex-
centrique. Excentricité double , c'eft la diftance qu'il
y a entre les foyers de l'ellipfe \ diftance qui eft
égale au double de \' excentricité ^ww^Xq.
M. Caflini a donné la méthode de trouver I'ca:-
centricité des Planètes , & elle a été inférée dans les
Tranjactions Philofophiques , N. 57. Dans le même
Ouvrage, N. ii8.il y a une autre méthode géomé-
trique de trouver les aphélies, les excentricités , Sc
les proportions des orbués des principales planètes.
Elle eft de M. Halley , Ançlois.
EXCENTRIQUE, adj. m. & f. Excentricus. Terme
relatif, qui fe dit des deux cercles, ou corps ronds
qui n'ont pas le même centre. Au lieu de cercle
excentrique , les Modernes ont inventé un cercle
ovale, ou elliptique, pour expliquer l'irrégularité
apparente des Planètes, & leurs diverfes diftances à
l'égard de la terre. Le cercle excentrique de l'hypo-
thèfe de Ptolomée s'appelle aufti déférent , parce
qu'il femble déférer j c'eft-à-dire , porter , charier
la Planète dans fa circonférence. L'orbite du Soleil
eft excentrique à l'égard du globe de la terre. Mars
eft fort excentrique à l'égard du Soleil , c'eft-à-dire ,
fon mouvement ne fe fait pas autour du même
centre. L'oppofé d'excentrique eft concentrique.
Equation excentrique , c'eft dans l'ancienne Af-
tronomie , l'angle que font deux lignes tirées , l'une
du centre de la terre , & l'autre du centre excentri-
que, &c aboutiftant toutes deux au corps, ou à la
place d'une Planète- C'eft la même chofe que la
proftaphérèfe ; & cet angle eft égal à la différence
qu'il y a dans un arc de l'excentrique entre le lieu
véritable de la Planète j & fon lieu apparent. Har-
kis.
Le lieu excentrique d'une Planète j c'eft le vrai
point de l'orbite , fur lequel le cercle d'inclination,
partant du lieu de la Planète dans fon orbite, tombe
à angles droirs; Id.
Encentrique. Onfe fert de cemoren matière d'Hor-
logerie. On fait marquer les fécondes fur un cadran
excentrique , quand on parle de la diftance qu'il y a
entre les deux centres qui ne font point concen-
triques,
EXCEPTÉ. Sorte de propofition. Hormis, à la réferve.
Prêter , praterquam. Il faur être prêr à fervir fe?
amis en toutes chofes , excepté contre fa confcience.
J'ai rout perdu , excepté un fils.
EXCEPTER. V. a. Mettre hors de la règle ordinaire;
de la loi commune. Excipere. Les cas privilégiés
font exceptés de la loi. Les verbes anomaux font ex-
ceptés de la règle générale de la Grammaire.
EX C
Excepter j fîgnifieauilïdcriijnerune chofe pour n'ècre
poiiu coinpt'iie avec d'.iuci"es. Seponerc , eximcre. Il
lui a donné toiu (ou bien; mais il eu a cxce.u
une celle cerre ; il en a cxccpce Tulahuic , qu'il s'cft
rcfervé.
On die aufli au Palais , S'excepter. Il s excepte de
la nnaxime qui Jic qiia J ruus nc/.-nni patrocjiutur.
On du proverbialement j Qui du tout , n excepte
rien.
EXCEPTE, ÉE. parc. Exceptas, demptus.
EXCEPTEUR. ). mafc. Du Lariu hxceptor. Scribe ,
Clerc, Greffier , Notaire , Secrétaire. \J Exccpteui
Hilarius leur dit. Nous avons empli nos cibles : oi
donnez que d'autres Ecrivains prennent notre pi»
ce. . . . Ces tables étoienc des planches cirées, lue
lefquelles Us écri voient en noces. . . . Fleury , Hijt.
Ecdef.
EXCEPTION, f. f. Défignatioii d'une chofe , poui
n'être point compriie dans l.i loi co mmune, dans la
rè^le ordinaire, txceptio. Ce cas tombe dans 1 t.v-
cept'ion de la Iji- l^cxcept'ion e;l une preuve ik une
confirmation de la règle. Co.niue il ya du duiger a
fuivre \ exception prétérablement à la règle, il taut
être jfévère , & contraire à Xexceition : cependant ,
parce qu il cil certain qu'il y a des exceptiorn de la
règle , il en laut juger Icvéremei;t , mais juileuîeiu
Quand il y a le moindre doute dans les aèbons nio
raies, il huit toujours luivrc la règle , iSi non pas
Xexccpt'uyn. Nie. Il elt rare que la loi du ieciet re-
çoive des exceptions.
ExcEPriON j feditdesperfonnes, pour lignifier qu'elles
ne font point co:npriles dans ce qu'on a du , iii.li
que , marqué auparavant. Racine eft ant exceptun
de ce que j ai avancé touchant le Théâcte François
P. De Courb.
AL'hxcEPrio.-^ DE. Sorte de préporitioii. Excepté, hor-
mis. l-'r£ter.
ExcEPrioN. Terme de Palais. Ce mot comprend gé-
néralement toutes forces de détentes j que celui qui
eft appelé en Jullice peut oppofer à faction qui ett
intentée contre lui, pour en empêcher , ou pour en
retarder l etfec. Il y en a de trois fortes : les excep-
tions décUnatoires , les dilatoires & les péremp-
toires. Les exceptions décUnatoires , font celles par
lef4U"lles le défendeur décline la Jurisdiétion du
Juge , devant lequel il a été appelé, & demande
fon renvoi devant fon Juge naturel , ou devant un
Juge de privilège. Les Exceptions dilatoires, font
celles qui ne tendent qu'à éloigner pour vjuelque
temps le jagement cie l'uiftance ; comme lorlqu'un
Procureur, au lieu de défendre, y fournit feule-
ment des exceptions , par lefquelles il demande
communication des pièces. Les exc'ptions pc.remp-
toires font des défenîes pertinentes, fondéeslur des
fins de non-recevoir , comme fur la prefcription
qu'on oppofe \ fur le défaut de qualité en la per-
fonne qui agir; pour dol & fraude: ce qui peut
faire juger l'affaire fans entrer dans la difcullion du
droit au fond- Être reçu dans fes exceptions. Être
débouté de fes exceptions.
^CF Exception & Défenses fe prennent fouvent dans
le même fens : cependant en termes de Pratique on
entend ordinairement par dîjenfes les exceptions
péremptoires , enforte que toutes dijenfes font ex-
ceptiom -, mais toutes exceptions ne font pas dijenfes.
Celui, par exemple , qui décline li jurifdiclion du
Juge , pardevant lequel il eft alTigné , ne forme
point de dijenfes contre les conclu fions du deman-
deur; il requiert feulement que la caufe foit ren-
voyée pajdevant un autre Juge.
Exception des deniers non comptés, n'efl: pas ad-
mife en Frr-'ice. Celui qui a reconnu pardevant No-
taires ou fous feing-privé , qu'une fomme lui a
été prêtée, eft réputé l'avoir reçue ; & on n'admet
point de preuve au contraire.
On du proverbialement, qu'il n'y a point de
règle générale qui niit fon exception \ pour dire,
qu'on ne peut comprendre cous les cas particuliers
lous une même maxime.
E X C 9 59
EXCÈS, f. m. La pairie par laquelle «ne qunntité cfi:
plus grande qu'une autre, la ditfcience des deux quan-
tités inégales. .!^xcc;//^.«, Cette ligne elt plus grande que
celle là ; mais l'excès n'en eft pas confidérable.
§Cr Excès, fe dit quelquefois dans le commerce pour
ce qui eft au delà dune mefure fixe , delà dimen-
fion ou capacité que doit avoir une choie. Une bar-
rique de vin qui contient tant de pintes , paye tant
d'entrée fuivanc le tarif. Si elle en contient davan-
t.age , les Commis font payer \'exc:s, à raifon du
droit qui ell dû pour chaque pinte.
ffCF Au moral , ce mot confcrve à-pcu-près la.
même lignification qu'au phyllque, & s'applique
aux adions & aux qualités qui paftentau delà des
bornes & des mefures prefcrites à chaque chofe ; de
même qu'en appliquant une ligne (urime autre ,on
connoît le rapport qu'elles ont entr'ellcs ; de même
en comparant les aéf ions & les qualités avec les me-
iures que Ion fuppole , on juge qu'elles vont au-
de' '
i , ou qu elles ne vont pas julque-là , c'eft-à.dirc .
(ju'il y a ixcès ow dijaut. txcc[\us , dejeclus. Immo-
deratio. Quelquefois ce moc s'emploie fans régime.
L'ambition , qui n'a point de bornes , emporte
les hoilimes à des exch dangereux. Nie. Nos excès
'ne viennent point de la nature : elle ne les confeille
point. S. EvR. Pourquoi faire parade de vos excès
& de vos débauches ? Boss. Il y a des malheurs
auxquels les hommes approuvent qu'on foit fenfible
ju'qu'à rtx.t.y. Disc d'Hl. Quand il s'agit de faire
du bien, le procédé héroïque ^wwtWxces , & nj
cherche ni légle , ni mefure- Cn. de M. Clovis fe
jeta dans les cx:is où l'ambition & la bonne for-
tune précipitent les Conquérans. Le. P. Dan. Les
hyperboles font d'ordinaires faulles , ou trop har-
dies , à moins qu'on n'y mette quelqu'adoucillemenc
qui eh tempère l'c.vcijj-. Bouh.
Fuyei en toute chofe un ridicule excès. BoiL.
Néron , tant détejlé ,
N'a pointa cet exchs pouffé j'a cruauté.
ÇfT Quelquefois on le met avec nn régime.
■ h'exch desdelirs i.\\t manquer les plaidts. S. Evr.
Cecte femme fe rendoit illuftre par Vcxiès de fon
afflidion. Id. Le milieu entre \'exch de contrainte
& de liberté eft difficile à trouver. Les excès du vin ,
des femmes , du travail font nuifibles à la faute.
llCTQuand ce mot eft pris abfolument, il fignifie
plus particulièrement débauche , dérèglement. Il
fait des excès préjudiciables à fa fanté. On fe relfent
fouvent dans la vieillelfedesextw de la jeunelFe. In-
temperantia , incontinentia.
Excès, en termes de Théologie , fignifie relâchement
en fait de Morale. Plufieuts gens de bien fe font
écriés contre les excès de qtielques nouveaux Ca-
fuiftes.
Excès, en termes de Palais 4 fignifie bleffures, outra-
ges , mauvais traitemens. Contumelii. Il a eu de
grandes réparations pour les excès commis en fa
perfonne.
Ce mot vient de <'.vcf//i(j j c'eft- à-dire , outre me-
fure:, comme par la même raifon on a dit outrciae
dans le même fens.
§cr EXCESSIF , ivE.Qui excède les bornes, la me-
fure , la règle, le cours ordinaire des chofes. On
le dit au Phyfique &: au Moral. Immoderatus. \^\\
froid excejfij^ Un homme d'une taille cxcejfive. Dé-
penfe excejjlve. Sentimens exccffifs. On le du égale-
ment des perfonnes. C'eft un homme e x cejff Àzns
tout ce qu'il fait. L'efprlt humain n'eft jamais plus
exceffij \\\n<i la Ihuterie, que quand il eft préoccupé
par la terreur. Ben. Il n'y eut que Vexceffivc grandeur
de Rome qui fut caufe de fa ruine. Booh. La nation ,
accoutumée à une liberté exceffJve , ctoit tom'ours
prête à fe révolter. An. de V. Alexandre le Grand
étoite-YC<r//!/"en tout j foit pour le bien, foit pour
le mnl. Àbl. Tout ce qui eft excejfij eft vicieux,
jufqu'à la vertu , qui cerfe d'être vertu des qu'elle va
'^^O
EX C
E X C
auÀ' extrémités. Bouh. f^oye^ MoDUS , Milieu. La] coiirager, animer. Accendercj animas addere^com-
'' ' "' o-^i' i--; movd/c. L'éloquence e.vcv>f les pallicns. Les féditieux
exc'ucnc le peuple à la révolte. L'émulation excite
à 1 étude, au combat. Cet homme ell lent & paref-
feux , il n'agit point li on ne Vexcite. Il faut s'exci-
ter à la vue de la perleétion , & avoir du moms la
ferveur des delus , fi l'on ne peut avoir la j'.randeun
des œuvres. Flech. Qu'on voie tomber des larmes
de nos yeux , lorfque l'excès de notre douleur nous
les fait répandre j mais ne nous excitons jamais a
pleurer. M. Esp. Rien n'attire tant l'averlion que
l'amour propre : il ne lauroit le montrer fans l'e^v-
citer. Nie. Les pallions à demi touchées nexcuenc
en nos âmes que des mouvemens impartaits. S.
EvR. Les motifs intérelTés dans l'amour de Dieu
fervent à exciter\^ parelfe des hommes. Fen. Dieu
a répandu des ténèbres dans l'Ecriture , pour eArci-
rer notre diligence. Nie. Le criminel, tout indigne
qu''il étoit de la clémence du Roi , exckoit encore fa
dépenfe des repas d'Antoine & Cléopatte étoit ex
ce[flve. CiTRi.
EXCESSIVEMENT, adv. D'une manière exceflîve.
Jnteinpcranier , immoder.itè. Cet homme a été battu
excejjivement. Les flatteurs louent exccjjivement. Cet
homme ed fi excejji\ement complailant j qu'il a
fait un défaut d'une bonne qualité. M. Scud.
£XCESTER. Ville d'Angleterre , qu'on appelle au-
trement Exon , Exonia, Ificu , ou Ijcd Damno-
niorum. Elle eft far la rivière d'Ex, à trois ou quatre
:lieues de fon embouchure. Excejler Q,\i capitale du
Comté de Dévon , & il y a un Evêché futfragant
de Cantorbery. Mat y. Long. 14. d. 10'. lat. 50. d.
Si'-
ExcESTER. f m. Huile à'ExceJler, Excejlrenfe oleum.
Voyez-en la compofition dans le Diélionnaire de
.lames.
EXCIPER. V. n. Termes de Palais. Faire une excep-
rion , fournir des exceptions. Excipere ., rcjïcere. Ce
tendrelle &; fa compallion.
Procureur a excipé contre ma demande par un dé- Excité , ee. part. & adj. Excitatus ^ ardens j commo-
clinatoire, par une dégénération de ma qualité tus.
d'héritier , par la demande d'un délai pour délibc- EXCLAMATION, f. f. Élévation de la voix, qu'on
^ -'.,1 ? -_ .. j_- £_^^^ p^^^^ témoigner quelque furprife violente.
rer. On n'ell pas reçu à exciper ài\ droit d'autrui
On le joint toujours avec la particule de. A fuivie
l'induclion que N. voudroit tirer de ce prétendu
titre j de quelle nature feroit le privilège dont ils
excipent ? Norman't. Ces trois exceptions renfer-
ment toutes les exemptions j dont A' A^A^ font en
droit èiexcipcr. Id. Il ne peut avoir à autre titre les
franchifes dont il exc'pe. Id. C'eft-à-dire , dont il
fait des exceptions du droit commun. Quelle idée
A'exciper èi<i la forme devant la propre perlonne du
Roi , dans une affaire majeure ! Méin. à' Artois.
Ce mot vient du Latin excipere. Le défendeur eft:
celui qui excipe, & qui fournit des défenfes;
lO" EXCIPIENT, f m. C'eft , en termes de Pharma-
cie , une fubflance molle ou liquide , qui fert à
ralfembler &C à lier les diffèrens ingrédiens d'une
compofition Pharmaceutique , & à leur donner une
forme convenable \ comme les éleèfuaires des
boutiques j les conferves , les confeèlions, les robs
ou le miel. Excipiens. Dict, de James.
IP" EXCISE, f f. Impôt établi fur la bière , le cidre
& autres liqueurs en Angleterre. C'eft: auflî le nom
du Bureau général où l'on reçoit le produit de Vex-
cife.
EXCISION, f f Je ne donne pas ce mot comme bien
établi \ mais Cardin s'en eft: fi heureufement fervi
pour figniher le retranchement qui fe fait du pré-
puce aux mâles , & des nyinphes aux femelles , dans
l'opération de la Circoncihon , qu'il mériteroit être
reçu. La Circoncifion , dit cet Auteur , fe pratique
en Perfe fur les deux fexes , principalement vers le
golfe Perfique ; mais on ne circoncit les femmes
que lorfqu'elles ont -palfé la jeunelfe , parce qu'au-
paravant il n'y a pas d'excroilfances pour Xexcijion.
Ce mot , qui vient du Latin excijîo , qui fignifie
Echancrurej eft: ir.erveilleux pour fignifier celle qui
fe fait dans la Circoncifion.
EXCITATIF , ivE. adj. Qui excite. Excitans , excita-
tivus. Ce remède eft: trop violent , trop excitatif. Il
excite trop les humeurs. Style de Médecine-
EXCITATION, f f Adion de ce qui excite. Exclta-
tio. Cet homme agira alTez en cette affaire par fon
propre intérêt: il ne lui faut point d'autre e.vcifa-
îion. Les pl;is parfaits fe font de continuelles excita-
tions à eux-mêmes pour ranimer leur piété. Boss.
Ce terme n'eft pas d'un grand ufage.
-EXCITATRICE, f. f Qui dans les Communautés de
filles fe dit de celle qui éveille les Religieufes. Ex-
citatrix.
EXCITER. V. a. Provoquer , caufer quelque effet.
Incitare ^ creare , faccre. Le tabac , la bétoine , ex-
citent l'éternument. Les acides excitent la toux. Les
vents excitent les orages. Un peu d'eau fur un grand
feu Vexcite davantage, le rend plus vif. Les chofes Exclure, fignifieaufll, Excepter. Le Roi a accordé un
falées excitent la foif , l'appétit. j pardon aux rebelles d'un tel lieu i mais les chefs ea
Exciter, fe dit en Morale, & fignifie allumer, en-J font exclus ôc exceptés.
foit d'admiration , foit d'indignation , foit de dou-
leur, de peur, de defir, Hcc. Exclamatio. Les ex-
clamations font des figures qui conviennent bien i
un Orateur. A l'arrivée de fon ami il fit de grandes
exclamations de joie. Cette femme crut voir un
fantôme , elle fit une grande exclamation. Il ne faut
point aller jufqu'aux exclamations , quand on ne
fait qu'approuver S. Evr. La flatterie a un langage
qui lui elt propre : elle ne loue jamais que par des
exclamations. M. Scud. Les exclamations concertées
des flatteurs paroilTent fades aux gens de bon goût.
Bell. Ces mauvais dédamateurs font de lugubres
exclamations aux moindres réflexions douloureufes.
S. Evr. L'Auteur du Dialogue des Orateurs attri-
bué à Tacite, parle, paragraphe 51 , des exclama-
lions honnêtes , ou , félon d'autres , des exclama-
tions gracieufes d'Epicnre &: de Métrodore. HoneJÏA
exclamationes. Cafaubon fur Diogène Laërce , au
commencement de la vie d'Epicure , a fajt une fa-
vante & curieufe remarque fur ces exclamations gra-
cieufes.
fCF Exclamation (l') eft: une figure de Rhétorique,
dans laquelle on emploie une inrerjeétion pour faire
paroître un mouvement plus vif, comme on vient
de le dire. O ciel! ô temps ! ô mœurs. Prohfuperi!
o tempora ! o mores. Quelquefois auffi cette inter-
jection eft fous-entendue. Dieux , qu'elle eft belle !.
Me miferum.
Exclamer, v. n. vieux mot, qui fignifioit autre-
fois s'écrier , pouffer des cris caufés par quelque
émotion extraordinaire de l'ame. Exclamare.
Exclure, v. ait. j'exclus ^ tu exclus ^ il exclut J ou
il exclud J nous excluons j j'ai exclus j j'exclurai.
Empêcher que quelqu'un ne foit admis dans una
compagnie, dans une fociéré ; ne parvienne à une
place, à un emploi auquel il afpire : ou le retran-
cher d'une compagnie où il avoir été admis, le
faire décheoir de la dignité , de l'emploi , du porte
où il étoit parvenu. Excludere. Il briguoit une pla-
ce dans cette compagnie; ies amis l'ont fait exclu--
re. Tel Cardinal a été exclus du Pontificat. La bi-
gamie exclut du Sacerdoce. Il s'efl Ci mal comporté
dans fa compagnie , qu'à la fin il en a été exclus.
Ses ennemis ont employé tant de biais qu'ils l'ont
fait exclure de fon emploi. Les mauvais anges furent
exclus du paradis.
Ce mot vient du Latin excludere.
On le dit auilî des obftacles naturels on légîtî^'
mes. La loi exclut les bâtards des fuccefllorjs , des
bénéfices. L'héritier pur & fimple exclut le béné-
ficiaire.
EXC
On dit qu'un homme a. été exclus d'une fiiccef-
fion, pour dire qu'il a été déshérité.
Exclus , use. part, & ad/. Exclafus.
EXCLUSIF, ivB. adj. Qui a la force d'exclure. Exclu-
dens j exclujivus. Cette loi porte une détenle exclu
five. Les Souverains ont des voix exclusives dans
l'éleftion des Papes. La voix exclujive dans les élec-
tions , efl celle qm tend à empêcher que quelqu'un
ne fort élu. Privilège exclujîj , celui qui elt accorde
à quelqu'un pour faire une chofe , avec défenfe à
toute autre perfonne de faire la mcme choie. Ce
tellament a une claufe exclufive. Hotniis eft mi mot
exclujif.
EXCLUSION, f. f. Déclaration par laquelle on ex-
clut de quelque chofe, d'un droit, d'une préten-
tion , d'un emploi , &c. Exclujio. La loi lui donne
\ cxclufion. Cette couronne a donné Xcxclufion de
la Papauté à un tel fujet. Il a inftitué un tel fon hé-
ritier, à \' exclu/ion de fes autres parens.
Exclusion, fignifie auffi. Exception. On peutdifpo-
fer de fon bien , à Vexclufion des quatre quints de les
propres.
EXCLUSIVE, f. f. Exclufion. Rcpulfa. Ceux qui ont
écrit des Conclaves fe fervent de ce mot. Il
faut être d'une grande léferve pour donner l'e.v-
clufive à un Cardinal. Pour pouvoir donner l'e.v-
ctujïve à un Cardinal , il faut un peu plus du tiers
des voix.
EXCLUSIVEMENT, adv. D'une manière qui exclut,
qui excepte. ExcluJivè. Cette loi prononce exclufive
ment. Les noces iont permifes juiqu'au premier jour
as Cs.'cç^mQ exclufive ment : c'elt-à-dire, que le jour
des Cendres n'eft pas compris dans la permilfion.
La Cour a renvoyé un tel prifonnier pardevant le
Juge ordinaire, pour lui faire ion procès , jufqu'à
fentence définitive exclufivement ; pour due, qu'elle
n'a renvoyé que l'inftruétion, qu'elle s'eft réfervé le
jugement.
M3' On fe fert également de cet adverbe quand
on parle d'une certaine étendue de lieu, dans la-
quelle on ne comprend point le dernier terme. Je
lui ai donné permiOion de chaiîe , depuis tel
canton jufqu'à tel autre , exclufivement ^ pour dire
que ce dernier canton n'eft pas compris dans la per
million.
EXCOMMUNICATION, f. f. Peine, ou cenfure Ec-
cléfiaftiqucj par laquelle on retranche les Héréti-
ques de la fociété des Fidelles , ou les pécheurs
obftinés , de la communion de l'Eglife & de l'ufa-
ge des Sacremens. Excommunicatïo j anathema.
\J excommunication doit être précédée de trois mo-
nitions publiées au moins à. deux jours d'intervalle
l'une de l'autre. Celui qui la prononce doit avoir
jurifdi6tion contentieufe. Cela s'entend des excom-
munications impofées par le Juge. Mais celles qui
font portées par la loi font encourues de plein
droit , dès que l'aélion eft commife. Oii les appelle
excommunications du canon , ou lat&ficntentlA. Elles
font en fi grand nombre, qu'il feroit difficile , mê-
me aux plus favans Canoniftes , d'en faire un dé-
nombrement exa6t. Il y en a 50 dans les Clémen-
tines , xo dans la Bulle In cœna Domlnl , &c. Ré-
bufFe , fur le Concordar , rapporte foixante peines
qui fuivent V excommunication.
Il y a dans l'Eglife deux fortes 6i excommunica-
tions : {'excommunication majeure, & \ excommuni-
cation mineure. L'excommunication majeure eft une
peine, ou cenfure Eccléiiaftique , qui prive celui
qui en eft frappé de la fociéte des Fidelles , & de
tous les biens communs qui dépendent de l'Eglife;
fi l'on excepte les biens communs qui viennent im-
médiatement de Jefas-Chrift , comme la foi , l'ef-
pérance, la charité, la grâce , &c. C'eft l'exciulion
de la Communion des Saints. Quand on parle de
l'excommunication en général , cela s'enrend dans le
Droit de V excommunication majeure. Grégoire IX.
C. Si quem de fent. excomm. déclare que fi quel-
qu'un eft excommunié par le Juge , en cette manière
& fous cette fotmule : Je vous excommunie , cela
Tome III.
doit s'entendre de l'excommunication majeure ; mais
dans l'ufage ordinaire , 6i grammaticalement par-
lant, excommunication eft un terme générique , qui
comprend toutes les efpèces d'excommunications. Le
même Grégoire IX. au même chapitre , diftinguc
en deux mots l'excommunication majeure de la mi-
neure , en ce que la première prive l'excommunié
de la fociété des Fidelles , & la féconde , feulement
de la participation des Sactemens. En particulier ,
les eflers de l'excommunication majeure font de pri-
ver de la participation adive & pallive des Sacre-
mens , de l'afliftance au Saint Sacrifice de la Méfie,
& aux divins Offices , de la participation aux priè-
res publiques , aux indulgences , aux mérites des
bonnes œuvres des juftcs , & de la fépultute Ecclé-
fialtique, du droit de pouvoir obtenir aucun béné-
fice ou dignité Eccléiiaftique, de l'exercice de la
jurifdiition Eccléiiaftique , tant au for extérieur
qu'au for intérieur , de l'exercice des Ordres ; & il
elle eft dénoncée , elle ptive de tout commerce ,
même civil, avec les Fidelles, hormis en certains
cas. Il y a eu des temps où l'excommunication ma-
jeure n'avoir pas tous ces effets , au moins d'abord.
Elle n'eft point reçue en France. Autrefois les ex-
communiés étoient obliges d'impétrer dans l'année
leur abfolution des Evêques , ôc de fatisfaire â
l'Eglife : autrement ils y étoient contraints par les
Juges féculiers , par faifie de leurs biens j & em-
pril'onnement de leur perfonne, fuivant un Edit
de Saint Louis de l'an 121S. En Angleterre ils
n'avoient que quarante jours. Les fujets étoient
difpenfés du ferment de fidélité qu'ils dévoient à
leurs Seigneurs dominnns , qui étoient privés de
la polTelîion de leurs fiefs, jufqu'à ce qu'ils euf-
fent obéi. En Efpagne, celui qui ne fe fait pas ab-
foudre de l'excommunication dans l'an , eft tenu pouc
Hérétique.
Excommunication (l') mineure eft une cenfure Ec-
cléfiaftique , qui prive un Fidelle de l'ufage ou par-
ticipation des Sacremens , comme nous l'avons dit
ci-delTus d'après Grégoire IX. C. Si quem j dejent.
excomm. Le même Pape , C. Si célébrât , dit que
l'éleétion qu'on auroit faite d'un excommunié frap-
pé d une exommunlcatlon mineure , devroit être
annulée. Les Supérieurs Eccléfiaftiques pourroient
prononcer cette excommunication ■ mais cela n'eft
point en ufage. il n'y a maintenant d'excommuni-
cation mineure que celle qui eft portée par le droit
contre ceux qui communiquent d'une manière cri-
minelle avec un excommunié nommément dénon-
cé. C'eft pour cette raifon que les Canoniftes difenc
que l'excommunication mineure eft feulement à jure y
6c non point ab homlnc.
Excommunication (l') à jure eft celle qui eft portée
par le Droit Canon. U excommunication ab homlne
eft celle qu'un Juge Eccléfiaftique porte contre quel-
qu'un. \.' excommunication ipfo Jaclo eft celle qui
s'encourt par le feul fait , c'eft-à-dire , en commet-
tant la chofe défendue fous peine d'excommunica-
tion ; par exemple, en lifant un livre défendu fous
peine d' excommunication Ipfo fiaclo. \J excommuni-
cation comminatoire eft celle qui ne s'encourt point
par le feul fait : ce n'eft qu'une menace d'excommu-
nication. Il faut de plus une fentence pour qu'on
l'encoure.
La puiflance d'excommunier a été donnée par
J. C. aux premiers Pafteurs feulement. Le peuple,
ni même le Clergé, ne l'a point re<;ue, & n'y a
point de part : en un mot, ce pouvoir n'appartient
point à l'Eglife en général. Dire le contraire , c'eft
le Richerifme tout pur. Si quelquefois , dans l'an-
cienne Eglifc, les Prélats, av-rnt que de frapper
quelqu'un de l'afiathême , ont confulté leur Clergé
& même leur peuple ; Çi encore aujourd'hui les Pré-
lats _, dans les Mandemens par lefquels ils condam-
nent une doétrine fous peine d'excommunication ,
difent qu'ils le font, le S. Nom de Dieu invoqué ,
& après avoir confulté leur Chapitre & d<is Doc-
teurs en Théologie ; ce n'eft pas que le pouvoir d'ex-
FffffF
^6t E X C
communier ne réfide en eux feiils, & que le peuple
ou le Clergé y aie part. On ne l'a jamais cru. Dans
les Conciles on confulce aulîi des Docleurs & des
Théologiens : les E vêques n'y font pas moins les feuls
Juges.
Tout Fidelle, tour membre de TEglife, peut être
excommunié pour de juftes raifons. Ce n'eft point
au particulier à juger de la juftice de l'excommunica-
tion. La dotlrine contraire eft condamnée par l'Egli-
{e. Un homme excommunié fe doit tenir pour tel ,
& obéir à la fentence qui l'excommunie, y^oye^ fur
l'excommunication EveiUon, les Conférences de Pa-
ris, d'Angers, &c.
Il y a eu un temps où l'on étoit entêté de cette
opinion , que les corps des excommuniés, s'ils n'é-
toient abfous, ne pouvoient pourrir, mais demeu-
roient entiers pendant plufieurs fiècles , pour fervir
d'un horrible ipeélacle à la poftérité, comme le di-
ient Matthieu Paris , & d'autres Auteurs. Les Grecs
font encore dans cette opinion, &c difent qu'ils
en ont une infinité d'expériences , comme prou-
ve Du Cange par le témoignage d'un très-grand
nombre d'Auteurs.
Dans l'ancienne Eglife , l'excommunication avoit
•divers degrés : ce n'écoit pas toujours un retranche-
■ment des Sacremens , mais une féparation , &c une
efpèce de fchifme entre les Eglifes , ou de fufpenfe
de commerce fpirituel entre les Evêques. Depuis,
les caufes d'excommunication font devenues plus fré-
quentes. Se on en a ufé avec moins de circonfpec-
tion. Dans le neuvième iîècle, les Eccléfiaftiques
employèrent fouvenc ces aimes fpirituelles pour re-
poulTer les violences qu'on leur faifoit. La dureté
crollFant toujours, on palfa à des rigueurs peu con-
nues à l'antiquité , comme d'excommunier des fa-
milles entières, ou des Provinces, ou d'y interdire
l'exercice de la Religion , & d'accompagner les ex-
■communications de cérémonies terribles.
Préfentement on n'a ni les mêmes frayeurs , ni
les mêmes refpeébs pour ï excommunication , & on
en appelle comme d'abus , lorfqu'on la pratique
mal-à-propos. Par exemple , l'Ofhcial de Touloufe
ayant excommunié les Officiers de la Sénéchauffee
de Touloufe , fur le refus de lui rendre un prifon-
nier , l'Official fut condamné à lever \ excommuni-
cation & à la révoquer. Il y auroit de même abus, fi
l'excommunication étoit fulminée contre le Roi , ou
le Royaume, ou contre les Officiers Royaux dans
les chofes qui concernent l'exercice de leur charge.
Tout ceci eft de Fevret. On n'en doit venir que ra-
rement & fobrement au remède extrême de l'ex~
communication. La forme de V excommunication ,
c'eft d'avoir des cierges allumés , de les jeter avec
des malédiélions & des anathêmes , de les étein-
dre, & les fouler aux pieds au fon des cloches.
Aux excommunications décernées en conléquence
des monitoires publiés pour révélation de quelque
choie , on n'obferve pas les cérémonies extraordi-
naires.
On craignoit autrefois autant V excommunication
de S. Martin que celle du Pape, comme on voit
dans Sulpice Sévère. Pierre de Blois témoigne
qu'autrefois en Angleterre on fe contentoit d'ex-
communier ceux qui avoient tué un Eccléfiaftique;
au lieu qu'on punilToit de mort ceux qui avoient
tué un Laïque. C'eft qu'on croyoit alors que la pei-
ne à! excommunication étoit plus grande que celle de
la mort. Il y a eu des Evêques qui ont prononcé
des excommunications contre des chenilles & autres
infedes, après une procédure juridique, & avoir
donné à ces animaux un Avocat & un Procureur
pour fe défendre. Fevret rapporte divers exemples
de pareilles excommmunications , ou contre des rats
qui infeftoient le pays, ou contre d'autres animaux.
^oyei la forme de ces excommunications dans cet
Auteur. L' excommunication eft fondée fur un droit
naturel qu'ont toutes les fociétés de bannir de leur
corps ceux qui en violent les lois.
Dans l'ancienne Eglife ou diftinguoit deux fortes
EXC
^'excommunications : l'une par laquelle ceux qui
ctoient convaincus de leur crime par leur propre
contellion s'cloignoient de la communion ; & on
l'appeloit médicinale: l'autre fe lançoit contre lest
rebelles qui periilloient opiniâtrement dans leurs
erreurs ; & on l'appeloit mortelle. Le pouvoir d'ex-
communier appartenoit à l'Eglife en général , c'eft-
à-dire , que les Evêques & les Prêtres en avoient le
droit , du confentement du peuple. Cela fe prati-
quoit encore du temps de S. Cyprien. Depuis on ne
confultaplus le peuple. L'Evêque & le Clergé s'en
attribuèrent le pouvoir. Cette excommunication con-
firtoit à être banni de la fociété j & de l'aiïemblée
des Fidelles. On pouvoit avoir recours au Synode
delà Province , qui jugeoitde la validité de l'^x-
communication. Il eft fouvent arrivé que les Eglifes
s'excommunioient mutuellement: c'eft - à - dire ,
qu'elles rompoient la communion qui étoit entre
elles. Il y a divers exemples de ces fortes à'excom-
munications. Alors on pouvoit douter lequel des
deux partis étoit excommunié, & féparé de l'Eglife.
Du Pin. Les Papes en ufant de Vexcommun'xjtion
trop légèrement , & fans difcrétion , l'ont rendue
indifférente , ou moins redoutable. Pasq. La règle
de Saint Benoît nomme excommunication l'exclu-
fion de l'Oratoire , ou de la table commune. C'é-
toit la peine des Moines qui venoient trop tard.
Fleuri.
L'Excommunication étoit en ufage chez les Juifs
& ils chaffoient de la Synagogue ceux qui avoienc
commis de grands crimes. Foye^ l'Evangile deSainc
Jean , IX. zt. L. XVI. 2. & Jofeph , Antiq. Jud.
L. IX. C. 22. L. XVI. C. 2. Les Efféniens , quand
ils écoient excommuniés , n'ofoient même recevoir
à manger de perfonne , pour ne pas violer leur fer-
ment , & fe contentoient de vivre d'herbes : enforte
que quelquefois on les lailToit mourir miférable-
ment. Foyei Jofeph , De Bello Jud. L. II. C. 1 2.
Thomas Godwin , dans fon Mofcs and Aaron , i. /^.
C. 2. diftingue trois degrés, ou trois efpèces
d'excommunication , chez les Juifs, Il trouve la pra-
mière dans S. Jean j IX. la féconde dans S. Paul ,
1. Cor. V. 5. &la troifième dans la i. aux Cor
XVI. 22.
Excommunication , ou le retranchement de la par-
ticipation aux myftères , étoit aulli en ufage dans le
Paganifme. Ondéfendoit à ceux que l'onexcommu-
nioitd'affifter aux facrificcs , d'entrer dans les tem-
ples ; & enfuite on les livroitaux Démons & aux
Furies des Enfers avec de certaines imprécations :
c'eft ce qu'on appeloit facris interdicere j execrari ,
diris devovere. Les Druides des anciens Gaulois u-
foient aulli de V excommunication contre les rebelles
&c interdifoient de la communion de leurs myftè-
res ceux qui refufoient d'acquiefcer à leurs juge-
mens.
Excommunication. Quand ce mot fe dit des infeéles
Ou autres animaux , il fe prend alors métaphoti-
quemenr& improprenient , & fignifiemaledidion,
exécration ^ imprécation. Cette excommunication
confifte en des prières que l'on fait à Dieu j pour
le prier de détruire ces infeéles ou animaux nuih-
bles , & d'en délivrer les lieux qui en font infeftés ,
& dans des imprécations que l'on fait contre ces ani-
maux.
EXCOMMUNIE, f. f. Vieux mot. Excommunication.
Excommunicatio.
Le petit Pierre eut du Juge option j
D'être conjoint avec fa Demoifellc
Ou de fouffrir la condamnation
D'excommunié à cenfure éternelle j
Mais mieux aima 3 fans dire y j'en appelle ^
Z'excommunie & la cenfure élire ,
Que d'époufer une telle femelle ,
Pire trop plus qu'on ne pourrait écrire.
Marot.
Ce mot fe trouve auffi dans Joinville.
E X C
EXCOMM'JNÏEMENT. f. m. Terme popalake^
t^ui le dic des menaces d'excommunication qui fe
tonr au prône, cane en vercu des lettres moni-
toires contre ceux qui ne viendront pas à révé-
lation j que de celles qui font contenues dans le
Rituel contre les Uluriers , Devins , Hcc. On a je-
té des excommunienzens pour avoir preuve de ce
recelé.
EXCOMMUNIER, v. a. Rstr.ancher quelqu'un de la
communion des Fidelles. Excjmmumcjre , jcrlrc
anathemate. Il y a de grandes cenlures dans le Droit
contre ceux qui communiquent avec les gens qui
font excommuniés , qui iont toutctois limitées par le
Concordat. Le Roi ne peut être cxcommumc. L'Or-
dre de Citeaux, 6c quelques autres Ordres Reli-
gieux , ne peuvent être excjmmuniJs par les Evc-
ques, à caufe d'une exemption fpcciale émanée du
Saint Siège. Fevret. S. Àthanale excommunia un
Gouverneur ou Général d'armée dans la Lybie ,
qui y commettoitbeaucoup de crimes parfescruau-
tés & par fes débauches , &C en écrivit à S. Baille ,
ou plutôt à toute l'Eglife pour déplorer le malheur
de cet Officier , ^ demander qu'on n'eût commu-
nion avec lui , ni de teUj ni d'eau j ni de couvert,
comme parle S. Balile. Car ce Saint ayant reçu la
lettre de S. Athanafe, lui écrivit, & lui promit
que lui & tout {on peuple, à qui U avoir montré
cette lettre , le traiteroit de la forte , pour voir h cette
condamnation univerfeile le pourroit faire rentrer
en lui-même. Tii.\.. HiJI. EcdeJ. T. VI II. p. 246
Excommunié , ée. parc. , adj. & f. Anciennement il
étoit défendu do boire & de manger avec un exc.vn
munie , & de le faluer. 1'a">q. En fuyant tout com-
merce avec ï excommunié , l'on n'a d'autre but que
de le couvrir d'une falutaire conhifion. Fleuri. Dans
le X« & XL= liècle , on poulla bien loin la févérité
contre les cxcom-nunlés. Perfonne ne devoir appro-
cher d'eux, non pas même leurs domelliques , leurs
femmes , ni leurs enbns. Ils ne pouvoient tefter en
jugement, ni ufer de leurs droits j & ils étoient
exclus de toutes fortes d'emplois : par là un Roi
excommunié {^ voyoit réduit à l'état de fimple par-
ticulier. Ainfi , à force d'étendre la puilfance de l'E-
glife , on la rendit méprifable. Grégoire VII. ap-
porta ce tempérament : c'eft qu'il exempta de l'ex-
communication les femmes & les enians des e.v-
eommuniés , & leur permit d'avoir commerce avec
eus. Id. Pour rendre les excommuniés plus odieux, le
Prêtre écoit obligé de celfer, d'interrompre le fervice,
fi Mnexcommunie'iniïoli dansl'Eglife.On ne remarque
point certe averfionexceiîîvedans laprimiriveEglife.
Du Bois.Celafe pratique encore quand X excommunie
e(l nommément dénoncé , ou qu'il eft hérétique pu
bliquement déclaré , comme les Luthériens , les
Calvinilfes, &c. & il n'y a pas long-temps qu'un
Prince Proteftanc J après avoir vifité tous les lieux
d'une Communauté Religieufe, qui purent attirer
fa curiolité, voulut voir l'Ejjlife , on le pria d'ar-
tendre que la Melfe que l'on y difoit fût finie ; ce
cju'il fit.
Il y a des excommuniés dénoncés & non tolérés ,
& à^s excommuniés tolérés & non dénoncés. C'eft la
Bulle de Martin V. Ad evlcanda fcandala , qui a
donné lieu à cette diftinétion , en réglant qu'on n'é-
toic oblige d'éviterque les excommunlésx\ow\\r\è.'Ci\tm.
dténoncés , & qu'on n'encouroit point l'excommu-
nication mineure en communiquant avec ceux qui
ne l'étoient pas, quoiqu'on fût certainement qu'ils
écoienc excommuniés. Il excepte feulement ceux
qu'on favoit notoirement avoir frappé un Eccléfiaf-
nque ; mais cette exception n'a pas lieu en France.
his excommuniés àtnovïcès &C non tolérés font donc
ceux qui après avoir été déclarés hérétlqu.s par une
fentencedu JugeEccléfiaftique , ont enuiite érédé-
noncés publiquement à la hice de l'Eglife. Cette
dénonciation le fait par la leélure de la f.-ntencedu
Juge , quife fait à la Melfe paroiillile , ou en l'af-
fichant à la porte de l'Eglife. Cette dénonciation fe
fait quelquefois en termes généraux fans nommer
E X C 963
perfonne , comme cela fe pratique dans les fenten*
ces qu'on publie en exécution des monitoires , &C
mêinelans que ceux qu'on excommunie foitnccon-
nus : &: quelquefois la dénonciarion fe fait en ter-
mes particuliers , iSc nommément , en exprimant le
nom ix: le lurnom de quelques perfonnes , ou en les
delignaiit par des caïadères qui les fonr connoîrre.
Les exconununlés tolérés .."k non dénoncés font ceux
qui, quoiqu'ils aient encouru l'excommunication ,
ik; même qu'ils aient été déclaiés excommunies par
fentence , n'ont pas été publiquement dénoncés de
la manière dont on vient de le dire. Tous ces e.v-
communlés _, tant tolères que dénoncés , font fujetï
aux ertets de ï txcommunicadon, que nous avons rap-
portés .à ce mol.
fer On dit familièrement qu'un homme a un
vifage d'excommunié , qu'il eft tait comme un ex-
communié , tout comme on dit qu'il a un vifags
d'appelant J pour dire, un vifage pâle &: défait.
On dit proverbialement , qu'un fagot eft excom-
munié ^ quand on ne le peut brûler,
EXCOMPTE. Foyei ESCOMPTE.
EXCOMPIER. Voye^ ESCOMPTER.
iXCOIlIATION.f. f. Ecorchure de la peau; dépouil-
lement de la peau j par quelque caufe que ce foit.
Excorlaclo. Ce Chirurgien a tait fon rapport , que
les blelFures étoient légères , qu'il n'y avoit que de
limples excoriations.
EXCORIER, v. a. Terme de Chirurgie. Oter la peau,
l'écorcher j ou quelque membrane. Excorlare , co-
rlum detrahere. Le malade vomilîoit un mélange de
falive (^ de bile qui avoit excorié Se enflammé l'œ-
fophage. AcAo. des Se. Kîyfj. Hijl. p. .\-j. La pierre
l'a excorié dans le palfage. On lui a excorié la veflie
en le fondant.
Excorié j ée. part.
EXCREMENT, f. m. Excremenciim. Les Médecins
comprennent fous ce nom général , toute la mx-
tiére fluide ou folide , qui ell évacuée du corps des
animaux , parce qu'elle eft ou fuperflue ou nuifible.
Dans cette généralité on le dit non feulement des
matières fécales, mais encore de toutes les humeurs
qui fe féparent du fiiig par le moyen des ditférens
couloirs \ du fang menftruel j de la matière de la
tranfplration , des mucofités du nez, de la falive ,
de l'urine , cn^n de toutes les humeurs qui ne font
plus d'aucune utilité pour l'économie animale.
^ZT Dans l'ufage ordinaire on appelle particuliè-
rement e-vcrremewr , le marc des alimens digérés , la
parrie la plus grolllère qui fort par le fondement,
& même l'urine. Ainfi l'on dit que la matière fécale
& l'urine font les gros excrémens.
|tT En Phylique , on applique le même nwt ,
mais dans une acception différente, aux ongles,
aux cheveux & aux cornes des animaux. Quelques-
uns prétendent que l'ambre gris eft un excrément de
baleine , ou un excrémentài la mer.
On appelle 'ngmcmzntexcrément de la tstTe,/un~
gus , terra Jîllus , une perfonne vile , ou méchante ,
qu'on veut mépriferou injurier. Balzac blân>e Mal-
herbe qui avoit employé cette exprelîlon , excrément
de la terre , en parlant d'un favori , lequel avoic
abufé de fa faveur & de fon crédit. Ce mot , dit-il ,
me femble trop bas pour un fcélérat illuftre , plus
haï que méprifé. Le mot e.vcTdOTe/zr eft d'ailleurs
trop fale & d'alfez mauvaife odeur. Dans fa plu»
honnête fignification , il ne s'entend que des vermif-
feaux,& autres créatures imparfaites , quife for-
menr de la corruption de la terre.
En termes de Philofophie Hermétique , on ap-
pelle le tartre , excrément du fuc du plan de Ja-
nus.
ip-EXCRÉMENTEUX,EusE,EXCREMENTICIEL
& EXCREMENTIEL , elle. adj. Trois termes
fynonymesen Médecine. Qui tient de la nature des
excrémens en général , excrementitlus. On appelle
fang excrémenteux, un fang trop abondant ou fupcr-
flu , dont la nature fe décharge. Tous les alimens
ont deux parties , l'une nutritive ou alimenteufe,
^ Ffffffij
^ ^4 E X C
l'autre excrémenteufe. Les fermens fe trouvant mal
conditionnés;, la leparation de la Icrolité e.xcré-
menùadle da fang en eft interceptée. DioNis.(,)uand
'cet oifeau ( l'oie ) elt trop jeune , fa chair elt vil-
queufe , &: propre à produire des humeurs grofliè-
■res ècexcrdmenticielles. Lemery.
Ce mot , & les deux qui précédent , font dérivés
du mot excrément.
EXCRESCENCE. U.Foye^ EXCROISSANCE.
^ EXCRETEUR , trige. adj. Foyei EXCRETOI-
RE. C'eft la même chofe.
EXCRÉTION, f. f. Terme de Médecine , qui fe du
de l'adion par laquelle la nature poulie au dehors
les mauvaiks humeurs qui lui nuifent. Exaecio.
La plupart des crifes fe font par excrétion ■ comme
' flux de fang , d'urine , de ventre , fueurs & vomil-
iemens.
On donne aulTi quelquefois le nom d'excrétion à
■la matière évacuée.
On dit excrétion en Chirurgie j en parlant des
plaies j pour exprimer les écoulemens de pus & au-
tres matières qui fe font par les plaies. Les excré-
tions (ont des m^irques certaines de la nature de la
partie bielfée. Dionis.
EXCRETOIRE , ou EXCRETEUR, adj. m. & f.
Terme d'Anatomie. Excretorius. On le dit des glan-
des , des vailieaux qui fervent à filtrer , à féparer
les Aies , les liqueurs j les humeurs dans le corps
des animaux , & à pouller au-dehors les humeurs
qui font féparées du fang. Quand les mufcles de ces
deux os viennent à s'accourcir , ils prelfent le fac ,
& forcent la liqueur à en fortir par deux canaux
excrétoires qui aboutiflent dans les deux gencives
des grandes dents de la vipère. Lémery. Ces glan-
des féparoient &: filtroient une partie des impu-
retés du fang , lefqufclles étoient verfées par les
vaiflèaux excrétoires de ces filtres dans le redum.
DlONIS.
Ce mot vient du Latin excernere j féparer! Excré-
tion en vient auiîi.
EXCROC , EX CROQUER , EXCROQUERIE ,
EXCROÔUEUR. Foye-^ ESCROC, ESCRO-
QUER, ESCROQUERIE, ESCROQUEUR.
fO" EXCROISSANCE , & non pas EXCRESCEN-
CE , comme quelques-uns écrivent, f. f. Les Méde-
cins défignent par ce nom général une tumeur quel-
conque qui fe forme contre nature , fur la furface
du corps humain. Ainfi les loupes , les potreaux ,
les verrues , les polypes , 6cc. font des excroijfanccs.
Caruncula adnajcens , excrefcens.
Les Médecins appellent apophyfes , les excroif-
fances naturelles , comme celle des os. Foye\ Apo-
THYSES,
Ce mot vient de croiiTance , accroiffement. Ainfi
Ton doit dire excroilfance , parce que ces tumeurs
fe forment parlemécanifmedel'accroiffemenrD'ail-
leurs les bons Auteurs écrivent tous excroijfance.
$Cr Excroissance , terme de Conchyliologie. C'eft
la partie qui excède la fuperficie d'une coquille ,
laquelle forme comme une couture ou reprife de la
matière.
|3" EXCRU. Terme de Forêts. Un arbre efcru eft ce-
lui qui a pris fa croiflance hors de la foret ou des
bois , comme dans les haies.
EXCUBITEUR. f. m. Du] Latin excubitor.iw^m, de
fimple foldat , devint par tous les degrés de la Mi-
lice , Comte des Excubiteurs ; c'eft-à-dire , Capitai-
ne des Gardes du Palais Il étoit âgé de fwixante
huit ans, quand il vintà la Couronne j ignorant juf-
qu'à ne savoir pas lire , mais bon Catholique . . .
Fleur Y , HiJh.EccL
EXCURSION, f. f. Courfe , irruption fur le pays en-
nemï. Excurfus, incurjîo.
ifT Excursions , fe dit aufli en Aftronomie pour
déviations des Planètes par rapport à récliprique.
EXCUSABLE, adj. m. & f. Celui ou celle qui eft digne
d'excufe , qui peut être excufé,qui adesrailonsluf-
fifantes pour le juftiher de quelque crime , ou de
quelque faute commife. Dignus excufatione , venid.
EXC
■Il a tué ce voleur àfon corps dcfend.ant , il eft excu-
fable par toutes les lois. Sa faute n'eft pas excufable.
Ablanc. Celui qui pardonne contre la juliice , eft
plus excufable que celui qui condamneinjuftement.
COURTIN.
|Cr Excusable , fe dit des perfonnes & des chofes.
Vous n'êtes pas excufable. Sa faute e[\ excufable. Par-
donnable ne fe dit que des chofes. Cela ne feroit
pàs pardonnable. Mais on diroit mal : je ne ferois
pas pardonnable.
EXCUSATION. f. f. Terme de Jurifprudence , qui
fe dit des raiions que quelqu'un allègue pour n'erre
pas chargé d'une tutelle, ou d'une autre charge. Ex-
cufatio , caufa J exceptio. Il y a des titres dans le Droit
de Vexcufation des Tuteurs.
EXCUSE, f. f. Raifon ou prétexte qu'on apporte pour
le juftifier auprès de celui qu'on a oftcnfé , ou pour
aftoiblir la tautc qu'on a commife , ou celle d'un
autre. Excufuio ,piirgatio. Les excufts de ce crimi-
nel ne font point valables. La plupart des débiteurs
donnent des cA-c/^yèj en payement. N'alléguez point,
pour vous difpenfer de vos devoirs , ces vaines e.v-
cufes dont l'amour-propre fe fait un fragile appui.
PoRT-R. Vos excufes partent plutôt de votre paref-
fe , que de la défiance que vous avez de votre efprit.
Ablanc.
Quand l'amour ejl ardent , aifément il s'abufe ;
// croit ce qu'il fouhaite , & prend toutpourexciii'e.
Corn.
1^ Excuse fe dit fou vent des termes de civilité dont
on fe fert envers quelqu'un , pour le porter à avoir
de l'indulgence pour une faute légère. Je vous en
fais mille excufes. Je vous en fais excufe pour lui.
ter On fait excufe , dit M. l'Abbé Girard ,
d'une faute apparente. On demande pardon d'une
faute réelle. L'un eft pour fe juftifier , & part d'un
fond de politefte : l'autre eft pour arrêter la ven-
geance , ou pour empêcher la punition j ôc défigne
un mouvement de repentir.
On a mis en ufage une façon de parler imperti-
nente , je vous demande excufe j on n'a plus qu'à
y ajouter , je vous fais pardon : au lieu qu'on doit
dire , je vous demande pardon , je vous fais mes
excufes , &c. Demander excufe, eft un vrai galima-
tias , qui choque également l'ufage tk la raifon : il
n'y a que les bourgeois & la populace qui le difenr.
BouH. Ceci n'eft point arbitraire , mais eft fondé
fur une logique naturelle , fur la nature même de la
langue. On ne peut en effet demanderque ce qui peut
être accordé. Demandez excufe à un homme que
vous avez oftenfé. Peut-il répondre je vous accorde
\excufe que vous me demandez ? Non fans doute j
parce que \ excufe eft un ade , une prière de la part
de celui qui a offenfé , pour faire trouver bonnes les
raifons qu'il apporte pour fa juftification. Ainfi de-
mander excule à quelqu'un qu'on a offenfé , feroit,
à proptement parler j lui faire une nouvelle offen-
fé y c'eft demander qu'il s'excufe j qu'il fe juftifie
de l'injurequ'il a reçue \ au lieu qu'on dit très-bien,
je vous demande /'ar<i't)« , parce qu'on peut répon-
dre , je vous accorde le pardon que vous me de-
mandez. La raifon en eft évidente : c'eft que \q par-
don eft une grâce de la part de l'offenfé , qui veut
bien ne conferver aucun reffentiment d'une offenfé
qu'il a reçue. En un mot , il ne faut pas demander à
un autre ce que l'on doit faire foi-même. Il faut
donc dire demander pardon , faire excufe , faire fes
excufes , faire mille excufes.
On dit proverbialement : il n'y a fi petites ex-
cufes qui ne vaillent mieux que rien , pour dire , qu'il
faut toujours donner des raifons , quelles qu'elles
foient.
EXCUSER. V. a. &:s'EXCUSER, Alléguer des rai-
fons ou des prétextes pour juftifier quelqu'un , ou
pour fe juftifier foi-même auprès d'un autre , pour
aftoiblir à (es yeux une faute qu'on a commife. Il a
excufe fon ami auprès du Miniftre. Il s'eft excufe au-
EX C
■ près du Roi. Excufare , purgare. Souvent il fignifie
admettre, trouver bonnes les raifons que quelqu'un
apporte pour fe juftifier ^ & quelquefois tolérer une
chofe pardes confidérations particulières. Les exem-
ples iuivans font pour toutes ces acceptions. On ne
peut pas e.vcù/èr les crimes capitaux. Il faut excujer
cette petite incivilité : on doit excujer la jeunelfe. La
droiture de l'intention n'^.vc^c point le crime. Port-
Royal. Par le dogme de la probabilité on excujèroi:
bien des péchés. Pasc. On doit pardonner aux pre-
miers mouvemens de la douleur, quelque violens
qu'ils foient , mais on ne fauroit les excufer lorf-
qu'ils continuent. S. Evr. Quelles excufes ne trou-
verois-je point en vous, fi le crime pouvoir s'ex-
cufcr ? Elles envoyèrent des députés pour s' excufer de
ce qu'elles avoient prêté l'oreille à la révolte. Abl.
Vous cherchez à excujer ce que vous n'oferiez ap-
prouver. Boss.
On dit communément » quand on eft d'un avis
contraire à quelqu'un , excuj'e^-moi , ii je vous dis
que j &c.
On dit, S'exfufer fur quelqu'un , rejkere culpam,
transferre culparn m , pour dire , Remettre la taute
fur lui. Ce Capitaine s'elt excujh fur fon Lieutenant,
qui a mal gardé fon pofte avancé où il l'avoit mis.
s'Excuser , lignifie aulli, Refufer honnêtement ,
prendre quelque prétexte pour fe difpenfer de faire
une chofe. DeprecarL On m'a prié de folliciter con-
tre VOUS', je m'en fuis excfe. On l'a prié de cette
noce , mais il s'eft excufé d'y aller. Il sexcuje fur fa
pauvreté. Ablanc. Elle s'excuja iur ce qu'elle n'a-
voit jamais vu le Roi. Vaug.
1^ On dit eATCi/yèr envers ou auprès de quelqu'un.
Excufer à quelqu'un n'èlt pas François , quoique
Corneille s'en foit fervi.
Le mot excufare , excufer , eft tiré du Celtique
Efcu^o , qui veut dire la même chofe. Phzron, ou
plutôt le prétendu Celtique efcu^o vient du Latin
exaifare.
EXCUSÉ , ÉE. part. Excufatus. Je vous prie de me
tenir pour excufé.
EXCUSEUR. f m. Qui ercufe. Excufator. Voiture s'en
eft fervi en badinant j dans une lettre à Chapelain :
Quand je pcnfe que cette lettre s'adiefte au plus in-
dulgent de tous les hommes , à Xexcujeur de toutes
les fautes , au loueur de tous les Ouvrages. Je nefai
fi on le trouve autre part.
ËXCUSSION. f f. C'eft iln terme dont fe fert Bon-
net , Sepulchrec, Anat. Lïb. H. S. ObJ] ^r. Excuffio.
H dit en parlant de la palpitation du cœur , qu'elle
provient ou d'oppreÛion , ou à'excuJJîo/i. Dans le
premier cas , elle provient de quelque chofe qui
rélide dans le cœur même, & dans le fécond , elle
provient de quelqu'autre partie. Dict. de James.
EXCUSTODE, i. m. On appelle ainfi dans l'Ordre de
ois j un Religieux qui a exercé l'office
Saint-François .
de Cuftode.
E X D.
EXDÉFINITEUR. f. m. Qui a été Définiteur. Exdefi-
iiicor y Dejîn'uoris munere funclus. Voyez EX.
Ë X E.
ÈXEAT. f. m. Terme de Difcipline Eccléfiaftique ,
qui eft purement Latin j & qui fe dit de la permif-
fion que donne un Evêque à un Prêtre pour fortir
de fon Diocèfe.
|K?Sans cette permiffion , un Prêtre ne peut
faire aucune fondion de fon miniftère dans un au-
tre Diocèfe. Un Supérieur régulier donne aulli des
exeacÀ les Religieux pour aller d'un Couvent dans
un autte ; mais ces derniers s'appellent proprement
obédiences. Foye\ ce mot.
Ce terme s'emploie audî dans les Collèges de
Paris, quand on donne à un Ecolier la liberté de
fortir. Son Précepteur lui adonné un exeat. Ce mot
eft indéclinable. Cet Evêque a expédié plulîeuts
exeat.
EXE o6f
EXECRABLE, adj. m. & f. Qu'on doit avoir en hor-
Deteflabdis , execrandus. <^'eft un blalphèmateuc
exécrable, qui a des mœurs & des fentimens exé^
crables.
Contraint (Néron) Je s'arracher une exécrable vie :
^a lâche main cherchoic une main plus hardie.
ViLL,
IP* On le dit par exagération des chofes extrê-
mement mauvaifcs. Cette pièce eft exccrable. Les ra-
goûts de ce Cuilinier font exécrables
EXECRABLEMENT. adv. Dune manière exécrable.
Horribdem, deteflabilem , execrandum in niudani.
Ces Joueurs jurent & renient Dieu exécrabUment.
EXECRATION, f. f. Horreur de ce qui eft cxécr.ible,
la plus grande averfion pollible. Execratio. Les fenti-
mens de ces Hérétiques font dignes d'une perpé-
tuelle exécrjcion. Ton nom eft en exécration à ta pa-
trie. Ablanc.
ExECRArioN , fe dit aufli d'un ferment horrible , par
lequel on appelle fur foi ou fur les autres les ven-
gances du ciel. Il a prouvé fon innocence avec tous
les fermens & exécrations pofllbles. Il m'a donné fa
foi avec tant de fermens & à" exécrations j qu'il faut
bien qu'il me la garde.
Exécration, f. f. En termes de Théologie morale &
de Droit Canon, eft contraire à la Confécration :_
c'eft l'adion ou l'accident par lequel une chofe con-*
facrée perd fâ confccration & eft polluée. Quand la
plus grande partie des murailles d'une Eglife tombe,
ou que toute la croûte des murs fe détache , ou du
moins la plus grande partie , il y a exécration. Il faut
de nouveau la confacrer.
EXECRATOIRE. adj. m. & f.Qui appartient à l'exé-
cration : terme de Théologie morafe. Execr.itorius.
La chiite du toit d'une Eglife n'eft point exécratoircy
la confécration de l'Eglife n'eft point anéantie,
parce que c'eft fur les murailles que la confécration
fe fait. Ce mot fe dit des fermens horribles que l'on
fait pour affirmer ou nier quelque chofe. M. Bayle
dit dans fa Critiaue de l'Hiftoire du Calvinifme ,
que le P. Maimbourg renouvella dans un fcrmon
toutes les anciennes calomnies contre l'Abbé de
S. Cyran , & fit des fermens horribles , même celui
que les Théologiens appellent exccratoire , qu'il n'y
avoit ni erreur , ni menfonge j ni prévention , ni
pnllion contre les perfonnes , dans tout ce qu'il avoic
prêché, ^oyq Exécration.
EXECRER. V. a. Du Latin execrari. Avoir en horreur,
en exécration. Gotcrave. Si un Pape, comme
Sixte y. fait quelque chofe contre vous , il vous fera,
permis , UUJa conj'cientiâ de \ exécrer ^ maudire j
tonner , blalphémer contre lui , pourvu que d.ans
votre encre il y ait tant foit peu de Higuiéro. La.
vertu du Cacholicon d'Efpagne , art. /4. p. 7. de la
Sut. Ménip. M. D'Aubray dans fa Harangue pour le
Tiers-Etat, par Pierre Pithou, fait de juftes reproches
aux Ligueurs fur leurs mauvais delfeins , & dévoile
bien des myftères d'iniquité; mais leur fureur paroîc
iur-toutdansleur procédé à l'égard du Roi Henri IIL
après le meurtre du Duc &: du Cardinal de Guife
aux Etats de Blois. « Pour nous rendre, dit-il , ir-
» réconciliables avec notre Maître, vous nous lui
» fites faire fon procès, vous nous fîtes pendre &:
» brûler fon effigie j vous défendîtes de parler de
i> lui y fînon en qualité de tyran : vous le fîtes ex-
» communier, vous le fîtes ^x/crer, détefter &
» maudire par les Curés , par les Prêcheurs , par
» les enfans en leurs prières. <> Sat. Ménip. tom. r.
p. /40. Les preuves de ces faits inouïs font dans les
Remarques. Le verbe exécrer n'eft plus ufité.
^fT EXECUTFR. V. a. Terme général qui s'applique
à une infinité de chofes dans le fcns propre, ainlî
que dans le fens figuré. Exécuter un ouvrage , une
machine. Exécuter un projet , un deftein. C'eft en
général mettre à effet , réduire en aéle. Exequi ,
perficere. Ce n'eft pas le tout que d'avoir conçu un
al}6 ii -X. il
grand deflcin ^ 'ûlefmt exécuter , le réduire en pra-
tique. Henri VIII. encieprir & exécuta de grandes
chofes. De Larrey. Quand on donne une to\s fa
parole , il la faut exécuter, il la faut tenir. Exécuter
ponduellemenc les ordres. Exécuter un Traité.
AblanOtIIs veulent qu'on exécute le teftament. Le
vMai. Cette madxinii a. cié exécutée en grand j & a
réulîî. Quand on confirme une fentence, on dit
■qu'elle fera exécutée félon fr forme &c teneur. Les
provihons s'e.vc'cv/^tvzrnonobftant l'appel.
On dir que ces Muficiens ont bien exécuté une
Mufiquei pour dire, qu'ils ont bien joué, bien
chanté : qu'un Opéra a été bien exécuté ^ mal exé-
cute j que les Danfcurs on: bien , ou mal exécuté le
Ballit i pour dire , qu'Us ont bien ou mal danfé :
que les Comédiens ont bien , ou mal exécuté une
Pièce ; pour dire , qu'il l'ont bien ou mal repré-
fenrée.
Exécuter j fe ditauffi des a£bes que font les Sergens,
quand en vertu de quelque contrainte ils faililfent
les meubles d'un débiteur pour les hure vendre , à
moins qu'il ne donne un gardien folvable. Aujerre
pignora. On ne peut exécuter des meubles que pour
des fommes liquides , en vertu d'obligations , ou de
ju^emenSj ou de contraintes décernées par ceux qui
ont autorité pour le faire.
On dir figurément en ce fens , qu'un homme
sexécute lui-même , quand il vend une partie de
fon bien pour fatisfaire fes créanciers , &: éviter les
fiais de Juilice. On le dit auili , dans un fens plus
étendu , de celui qui fe détermine volontairement
à faire, contre fes propres intérêts, ce que l'équité ,
l'honneur & la prudence demandent.
|p" En termes de Guerre on dit , exécuter mili-
tairement , foiten parlant des Soldats qu'on punit
de mort pour quelque délit militaire j foit en par-
lant du malEicre d'une ville, ou du ravage d'un
pays, qui ne fe foumettent pas aux contributions
d'une armée , d'une garnifon.
Exécuter un canon j c'eft en termes d'Artillerie, le
fervjr.
Exécuter, fe dit auffi des fupplices qu'on fait fouffrir
par ordre de Jullice. Pleàere j ajficere extrême Jup-
plic'io j animadvertcre pœnâ capitis. Il y a eu trois
hommes qui ont été exécutés aujourd'hui, deux pen-
dus , & un brûlé.
Exécuté , te. part. & adj. Perfecius , &c.
|p=EXÉCUTELfR,TRicE. Celui ou celle qui exécute.
Exécuteur cïvmz entreprife , executor ^ adinuiifirator.
Néron trainou après lui ceux qui lui confeilloient
fes crimes , &'qui en étoient les exécuteurs. S. Evr.
Ce n'eft point aux enhins à être les exécuteurs de la
vengeance du ciçl contre leur père. Dac.
§3* On appelle auffi exécuteur , celui qui efl:
chargé de faire quelque chofe , en exécution du
mandement de celui qui a droit de lui en donner la
commilîion. Rei jLicicndx. pr&jeclus , rei exequendx
curator. Le Pape nomme dans fes Bulles trois exécu-
teurs pour les fulminer. Les Commilïïiires déparris
dans les Provinces font les exécuteurs des ordres de
la Cour.
Exécuteur , fe dit auffi d'un moindre Officier ou
Sergent qui exécute un ordre de Juftice. Accenfus ,
liclor y pignerator. Le Sergent porteur & exécu-
teur de cqxiq contrainte, a fait une defcription des
meubles.
Exécuteur Testamentaire. C'eft la perfonne qui efl
nommée par un teftateur pour avoir loin de taire exé-
•^ cuter fon teftament. Curator exequenditejîamenti. Un
exécuteur teftamentaire doit être faifi de tous les
meubles du défunt pendant un an , au bour duquel
il eft tenu d'en rendre compte. Pour la validité d'un
teftament , il n'eft point nécelTaire qu'il y ait un
exécuteur teflamentaire. DesTeftamens faits en Latin
au XV' fiècle appellent les exe'care^^rj tejiamentaires j
Provifores.
^3"ExÉcuTEURde la Haute Juftice. C'eft celui qui exé-
cute les Jugemens qui condamnent les criminels à une
peine affliAive , qui fouette , pend , roue , brûle.
EXE
décolle les criminels condamnés. Carnlfex ^ rcrtor>
On lui donne le nom àé exécuteur de La Haute
Juftice , parce qu'il n'y a que les Hauts Jufticiers ô£
les Juges Royaux qui aient Jus glad'n , le droit de
mort. hERR. On l'appelle autrement maure des hau-
tes œuvres , parce que la plitpart des exécutions fe
font fur un lieu élevé \ vulgairement & ordinaire-
ment Bourreau.
EXECUTION, f. f Adion par laquelle on exécute ,•
achèvement , accompiilfement a'une chofe qu'on
^oit iiiiiQ.Executio. il a été commis pour Xexécutioa
des ordres de Sa Majefté. Il a été chargé par le tef-
tatcur de YexccutLon de ce teftament , c'eft-à-dire ,
des dernières volontés portées par fon teftament.
Le Roi le montra fort fevère à maintenir Yexecution
des lois. Ils demandoient ï exécution du Traité. Abl.
L'Architeélure pratique , eft la connoillance qu'on a
acquile par \ exécution & la conduite des bâtimens.
Exécution. En Jurifprudence , lignihe aulli une faille
& enlèvement de meubles j faite par un Sergent ,
& par autoriré de Juftice. Pignorum executio , obia-
tlo. Il a été ordonné que \ exécution encommencée
fera parachevée j & les meubles faifis vendus. Les
exécutions militaires lont celles qui fe font promp-
tement & fans formalités , où l'on vend les meu-
bles au même temps qu'on les failit , au fon du
tambour.
iJCT Exécution Militaire. En termes de Guerre ,
C'eft le mallacre d'une ville ou le ravage d'un pays ;
en général les rigueurs qu'on exerce contt'eux ,
faute d'avoir payé les contributions. On a demandé
à tel pays la contribution, fous ^t\x\t à' exécution
militaire.
On le dit auffi des Soldats qu'on punit de
mort , pour caufe de contravention à un ban publié
dans l'aniiée.
On appelle au Palais , frais & miles ^exécution y
les dépens qu'on fait en exécutant des contrats , ou
des jugemens.
^fT Execution parée ,parata executio j c'eft-à-dire ,'
que l'on peut faire en vertu de l'ade , tel qu'il eft, fans
avoir befoin de formalité ni d'antres titres. Un ade
portant exécutionparéejeA unaéte qu'on peut mettre
à exécution , commandement préalablement fait ,
comme font les jugemens & les obligations en
forme.
03° Exécution provifoire de Sentence , eft l'exécu •,
tien d'une Sentence par provihon , ordonnée non-
obftant appel , & fans préjudice d'icelui , c'eft-à-
dire , que l'appel n'empêchera pas l'cxécution-y mais
que certe exécution provifoire ne fera pas de préjugé
contre l'appel.
Exécution, fe dit aufli en parlant des fupplices qui
fontfoulierts par les condamnés en Juftice. Animad-
verfto. Il y a eu une exécution as deux voleurs roués
à la Grève , de deux déferreurs palîés par les armes.
Après ^exécution du Duc de Nortumberland , la
Reine fit partir Commendon , avec ordre de ren-
dre un compte exad au Pape de toutes les affaires.
Fléch.
Exécution, fe dit auffi de l'aélion par laquelle on
exécute une entreprife hardie. Ce Général eft de
bon confeil, & il a un tel Brigadier, qui eft un
homme d'exécution. Les périls & les fatigues font
d'ordinaire inféparables de \'exécution des grands
delTeins. Boun. Cromwel étoit prudent & fige dans
le confeil, & brave dans {'exécution. As. Rag.
^ Execution , fe dir en parlant de Mufique , pour
exprimer la manière dont la Mufique vocale &
inftrumentale font rendues. La meilleure compofî-
tion en Mufique eft défagréable avec une mauvaife
exécution. Pour la manière de chanter , qu'on ap-
pelle exécution , aucune nation ne fauroic la dif-
puter raifonnablement aux François. S. EvR. Les
François trouvent dans le fecret de ^exécution ^
comme un charme pour norre ame, & je ne lai
quoi de touchant qu'ils favent porter jufquaucceur.
Id. Nous avons profité du commerce des Italiens
pour une plus grande & plus hardie conipofition ,
EXE
"comme ils ont tiré avantage du nôtre pour la pro-
preté d'une exécution polie. Id.
0Cr Ce mot ert unté dans plufieurs arts. On dit
d'un Peintre , d'un Graveur , Sec. que fon exécuûvn
eft tacUe , légère , foignée , lourde , &c. pour
marquer la manière don: fes ouvrages lonr exécutés.
EXECUTOIRE, adj. Terme de Palais. Qui a droir,
ou autorité fuffifante pour être exécuté , qui donne
pouvoir de procéder à une exécution judiciaire-
yalidus , autorlcj.ce pr^ditus. Le fcel duChâtelet de
Paris ell exccucoire par tout le Royaume de France.
Un contrat n'eft exécucoire que quand il eft en forme
& Icellé.
tkâcuToiRE, eft aulfi fubft. m. & fe dit d'une con-
trainte , en vertu de laquelle on exécute. Lhcera
pigneracicrâ autoritace. C'eft un mandement de Juf-
tice délivré en forme pour faire payer une fomme
liquidée. Un t.ve'curci ire de dépens j ell la contrainte
qu'on donne pour la fomme à laquelle fe montent
des dépens taxés. On. délivre des execucoires de cer-
taines fommes contre des témoins qui ne compa-
roilfent pas. On en délivre contre les Procureurs
qui ne veulent pas rendre les facs qu'on leur a don-
nés en communication. Les Traitans délivrent des
contraintes & exécutoires contre les redevables de
droits du Roi.
EXECUTRICE, rbyeî EXECUTEUR.
EXEDRES. C'étoient chez les Anciens des lieux où
difputoientlesPhilofophes , les Rlictoriciens , «Sec.
Exedrs,, comme aujourd'hui lesclalîes , & les Col-
lèges. M. Perrault dit que c'étoient de petites Acadé-
ixiies où les gens de lettres conféroient eni'embie.
Ce mot ett tout Grec , lii^^n. Budée croit que ce
que les Anciens appeloient cxédres , convient affez
avec ce que nous appelons chapitres , dans les Cloî-
tres de Moines, ou de Chanoines, /^oyeç Vitruvej
liv. 5.ch. II. & ailleurs.
Il fe fert de ce moren plufieurs fignifications.
EXÉGÈSE, f. f Explication, hxplicacio ,exegejis. C'eft
l'explication d'un ou plufieurs mors par un autre
ou plufieurs autres , qui , lans avoir le même fon ,
ont le même fens. Les Savans fe fervent quelquefois
de ce mot. M. Chaftclain l'emploie dans Ion Marty-
rologe. Plufieurs Interprètes de l'Ecriture préten-
dent que dans les trois endroits de l'Ecriture où il y
a Abba , pacer j deux mots , le premier Syriaque ,
Se le fécond Grec , ou Latin j qui fignifie la même
chofe j le fécond eft une exegèj'e du premier. On
appelle aufii exe'gèfe un difcours entier , fait pour
expliquer quelque chofe j un Commentaire.
^C? Exégèse Numérique, ou Linéaire. Terme de
l'ancien Algèbre , dont s'eft fervi Viéce. f^oyei
ExÉGÉTIQtJE.
EXEGÉTE. f. m. Exegetes. Ce mot fignifie propre-
ment, qui explique, du Grec ^'liymç ^ qui vient
d'tliiyÉ'^ai, y explique. On appeloit txéaétes à Athè
nés des gens habiles dans les Lois , des Jurifconful-
tesque les Juges .avoient coutume de confultet dans
les caufes capitales, comme on le peut voir dans
RolKïUS , Archcol. Atcic. L. III. C. 3. J. 2. Samuel
Petit , Comm. in Leg. L. VU. tic. i . de Sicariis.
Les Exégétes étoient encore cher les Athéniens
des Prêttes, fous l*>Hiérophante, aulH-bien que ceux
qu'ils appeloient Prophètes.
EXEGÉTIQUE. .adj. m. & f. Exegeticus. Ce terme eft
fcientifiquej & purement Grecj formé du verbe
i%>iyifi»' , qui , entr'autres chofes , fignifie Raconter ,
expliquer , interpréter. Exégetique eft donc ce qui
fert à expliquer , ou à raconter ; ce qui y a rapport.
Ainfi on dit en terme; fcientifiqucsj des notes exc-
ff'fit/j^w, un commentaire exégetique. Viète,quieft
Auteur de ce qu'on appelle la nouvelle Algèbre ,
la Zététique , YExégetique, &c. Et en ce fens Ve.vé-
gétique eft un fubftantif féminin, ou Un adjeélif ,
en fous-entendant partie, la partie exégetique de
l'Algèbre. Vexegétique en Algèbre eft la manière de
trouver , en nombres , ou en lignes , les racines de
l'Equation du problème , félon qu'il eft d' Arithmé-
tique ou de Géométrie.
EXE 967
EXEMPLAIRE, adj. m. & f Qui donne e^cempie, Jn
exemplum conjîicutus. On détend. i cous ceux qui font
notés en juftice de récidiver j à peine de punition
corporelle & exenifUire. Les Saints ont mené une
vie exemplaire. Dieu avoit élevé la Reine au plus
haut faîte des grandeurs j pour rendre la régularité
de fa vie plus éclatante &c plus exemplaire. Boss.
On appelle , en termes de Droit , Subftitution
exemplaire , la lubftitution qui eft faite par les pa-
rens à leurs enfans tombes en démence. On Ta
nommée exemplaire , parce qu'elle a été inven-
tée à l'exemple de la pupilL\ire. Domat j Lois
Civiles.
On dit dans le ftyle Didadique , Caufe exem-
plaire. Les idées de Dieu font la caufe exemplaire de
toutes chofes.
Exemplaire, f. m. Modèle, otiginal à imiter. £'.vem-
plar ^ exemplum, fpecimen. Cette temme eft un exem-
plaire Aq^qïhi. Vieux ftyle.
Dans le ftyle Didactique , Exemplaire fe dit pour
figniher le prototype , le ptemier modèle de chaque
chofe. Les idées de Dieu font V exemplaire de toutes
les chofes créées.
Exemplaire, fignifie aufll une copie d'un livre , ou
écrit. Les Privilèges des livres contiennent la daufe
de mettre deux eA-ew/i/a/rej des livres qu'on imprime
en la Bibliothèque du Roi. Les Critiques ont rétabli
les Auteurs anciens, en les conférant avec plufieurs
exemplaires manufcrits.
EXEMPLAIREMENT, adv. D'une manière exemplai-
rCi Ad exemplum. Les crimes fcandaleux doivent
être punis exemplairement.
EXEMPLE, f. m. En Morale. Mpdèle de conduite ;
aèlion vicieufe , ou vertueufe , qui eft propolée à
éviter j ou à imiter. Exemplum. L'exemple ne doit
jamais fervir de loi , ni de raifon. Les hommes font
trop fujets à faillir. S. EvR^ Lesperfonnes du monde
fur qui on ne prend point exemple, ne font coupa-
bles que de leurs propres péchés. Nic. Les Poètes
ont fait les Dieux vicieux j pour faillir avec exem-
ple. S. EvR. Combien de Chrétiens qui ne le font
que par la feule impreffionàeVexemple.Nic. L'exem-
ple d'une bonne vie eft une inftrudtion pour le genre
humain. Boss. Le meilleur moyen d'élever les en-
fans à avoir de l'horreur pour le vice , c'eft de leur
rendre le vice fenfible par des exemples. Dac.
Les vices ont coutume de s'autorifer par l'exemple.
Il n'y a rien de fi éloquent que le bon exemple. Le
plus puilfant moyen d'introduire la vertu dans un
Empire, c'eft le bon cAreWjt'/e du Prince. Les hom-
mes croient plus leurs yeux que leurs oreilles, & par
conféquenr le chemin des préceptes eft plus long
que celui des exemples. Port-R. Il eft didicile de
diminuer l'imprelîion que fait la force de [exemple.
Boss. Quoique les exemples ne foient pas des rai-
fons, les hommes croient pourtant pouvoir faire
avec juftice ce qui n'eft pas ians exemple. Les bons
exemples tont voir zoiit enfcmhle , &c que la vertu
eft poiiible , tic qu'elle eft approuvée- S. Real.
L'exemple nous conduir, au lieu que la raifon noua
devroit conduire : nous taiions ce qu'on fait , & noa
pas ce que nous devons faite. M. Esp. Je veux vous
obliger a regarder la vertu comme dans un miroir
dans la vie des autres , & à apprendre par leurtf.vf/«-
/'/f à faire le bien , & à fuir le mal. Dac. L'exem-
ple des bons écrivains eft plus contagieux que celui
des autres , & on ne fauroit trop fe ptéciutionner
contre certaines locutions , qui , toutes méchantes
qu'elles font j palTent pour bonnes, parce qu'elles fe
ttouvent dans d'excellens livres; Bouh.
Z'exemple bienfouvent ri eft quun miroir trompeur ;
Et l'ordre du deflin , qui gêne nos penfées ,
Keft pas toujours écrit dans les chofes pajfées.
CoRK*
Ma /eunejfe nourrie à la Cour de Néron
S'égarait , cher Paulin , /^ûr^exemple abufée y
Et juiyoit du plaifir U pent'e'trop aifée. Rac.
5>68 EXE
■^fT Exemple j fe dit audl d'une chofe pareîlle à celle
donc il s'agit , Se qui fart à la confirmer , à l'autori-
ier. Vous ne Trouverez pas un feul exemple dans
l'Hiftoire de ce que vous avancez. Je vous citerai
une infinité d'exemples. Cela eft fans exemple.
Dans ce fens , c'efl: un argument alité en
Rhétorique , par lequel on montre qu'une chofe
doit être de telle ou telle façon , en apportant pour
preuve desévénemensfemblables arrivés en pareille
occadon.
Cette efpèce d'argument n'eft concluant qu'au-
tant qu'il y a une exaâe parité entre les exem-
ples qu'on allègue pour preuve , & la chofe à la-
quelle on les applique. Circonftance très-rare.
On dit j Faire un exemple fur des gens de néant ,
Exemplum edere in anima vili , pour dire , en punir
quelques-uns des moins confidérables , pour donner
exemple aux autres , pour leur apprendre les peines
auxquelles ils s'expoferoient, s'ils commettoient les
mêmes fautes.
Exemple , en termes d'Ecriture , eft une ligne ou deux
qu'écrit un Maître-Ecrivain au haut d'une page ,
pour donner à imiter à fes Ecoliers. C'eft le patron ,
le modèle fur lequel l'Ecolier apprend à tormer fes
caraètères. Dans ce fens il eft toujours féminin.
Exemple j fe dit aulH des caractères formés j des li-
gnes écrites par l'Ecolier fur le modèle donné par
le Maître : il eft encore féminin. Son exemple eft
faite.
PyiR EXEMPLE. Façon de parler adverbiale, dont on
fe fert pour faire une comparaifon. ï^erhi gratiâ.
EXEMPT j EMPTE. adj. Le P. ne fe prononce point :
bien des Auteurs, écrivent même exemt. Ce mot fi-
gnifieen général celui qui n'eft point obligé, aftreint
à une règle j une loi commune , foit par droit, foit
par privilège , &c. Exemptas , immunis. Le Procu-
reur d'un Monaftère eft exempt d'affifter au fervice.
Chez les Anciens pas un n'étoit exempt d'aller à
la guerre. Les Académiciens font exempts de guet &
de garde.
Exempt , fe dit auftl de ceux qui font délivrés de quel-
ques peines , ou douleurs. Les corps glorieux , les
Anges , font exempts de nos infirmités , de la mort.
Celui qui vit dans le célibat eft exempt de beaucoup
defoucis, & d'importunités. Un feptuagénaire eft
exempt àù\a. conuiiiUQ par corps dans les affaires
civiles. On condame avec plus de chaleur les défauts
dont on fe croit exe/;z/jr, que ceux qu'on reconnoît
en foi. S. Evr. La tranquillité de la vie confifte à
eue exempt des foins & des prévoyances inquiètes de
la prudence humaine. Fen. L'ame du Sage eft exemp-
te du tumulte & de l'agitation des paillons. Bay. En
cenfurant les défauts d'autrui , l'on veut faire com-
piendre qu'on en eft exempt (oi-meme. S. Evr.
On appelle , Exempts j les Eccléfiaftiques fécu-
liersou réguliers qui ne font point foumis à la ju-
rifdiction de l'Ordinaire ; & dans cette acception ,
Exempts eft fubftantif. Les Exempts prétendent que
l'Ordinaire n'a pas droit de viiîce chez eux.
Exempt, f. m. eft aulli un Officier dans certains corps
de Cavalerie , qui commande en Tabfence du Ca-
pitaine & des Lieutenans. Ils portent un petit bâton
de commandement j fait d'ébene, garni d'ivoire par
les deux bouts , qu'on appelle bâton à'Exempt ,
quoique ce terme lignifie auiîî la place même
d'Exempt. On les appelle Exempts , parce qu'àcaufe
de leur fupériorité fur les fimples Cavaliers , ils font
<lifpenfés de faire le même fervice. Il y a quarante-
huit Exempts dans les quatre Compagnies des Gar-
des-du-Corps , douze dans chaque Compagnie.
Pr£torianus immunis,
^^ Exempts de la Connécablie , qui font chargés de
notifier les ordres de MM. les Maréchaux de France,
pour les affaires du point d'honneur j & d'arrêter
quelquefois les perfonnes.
fer Exempts des Gardes de la Prévôté de l'Hôtel, de
Maréchauffée , de Robe-courte , du Guet à cheval.
Se même à pied. Ils font chargés de notifier les or-
tires du Roi, & de faire les captures, foit en exé-
EXE
cution de css ordres , foit en rertu de quelque cpr,-
trainte par corps.
EXEMPT, f. m. Terme d'Hiftoire ancienne. M. de
TiUemonc a donné ce nom à des foldats Romains ,
qu'on nommoit Evocuti. C'étoit, dit-il j une efpèce
de milice , qu'on peut appeler des Exempts. Elle
étoit compofée ( il falloir dire, Elle fut compofée
d'abord) de ceux qui ayant fervi leur temps fous
Jules-Céfar , & étant exempts de fervir davantage ,
avoient néanmoins continué de fervir fous Augufte,
qui les avoir rappelés , en leurpromertant une plus
ample récompenle. Il en fit un corps particulier, que
l'on conferva toujours depuis. Tillem.
Il y a peu d'exaditude dans ce difcours. i''. Le
nom d'Evocatus étoit nouveau fous les Empereurs ;
la chofe ne l'étoit point. Ceux qu'on nomma ainli
étoient les mêmes qu'on appeloic auparavant Volo-
nés, onFoluntariijYo\omx\\ics, T. LIV. L. r.
C. 7. C'étoient des gens qui étant exempts de fer-
vir , ou à raifon de leur âge^ ou parce que leur
temps étoit fini, concinuoient cependant de fer-
vir. Tout ce qu'il y eut de particulier fous Augufte ,
c'eft qu'il les invita à reprendre le fervice, en leur
promertant une plus ample lécompenfe. Saumaife
de l'armée , & qu'ils conduifoient les autres corps ,
allas ordines. 2". Il y eut plus d'une forte de ces
Evocati , ou Exempts , comme il a plu à M. de
Tillemont de les appeler. Galba donna ce nom à de
jeunes Chevaliers Romains , qu'il choifit pour faire
à la place des foldats la garde autour de fa cham-
bre , &c leur conferva le droit de porter l'anneau
d'or; c'eft à-dire J qu'il voulur que cette fonction
ne les dégradât point. On trouve encore fouvent
dans les Infcripcions anciennes des Évok. A\jg. Evo-
cati Augujti , que Cafaubon croit être les mêmes
que ceux qui furent inftitués par Galba. On voir
par- là que le rerme d'Exempts rend alTez mal en
général le nom d'Evocati j qui d'ailleurs ne peut
guère s'exprimer convenablement en notre langue.
Ainfi j'aimeiois autant dire Evocats , les Evocats ,
comme nous faifons de tant d'autres mots Latins Se
Grecs.
Exempt. L'Abbaye de S.Denis ayant été donnée à la
Congrégation de S. Maur, l'an 1533 , les Monaftè-
res qui compofoient la Congrégation dont elle
étoit le chef, & qu'on nommoit la Congrégation de
S. Denis , choifirent l'Abbaye de S. Ouen de Roueii
pour leur chet , & prirenr le nom d'Exempts. Ainlî
ce ne fut plus la Congrégation de S. Denis , ni
même de S. Ouen , mais la Congrégation des
Exempts , ou des Bénédiélins Exempts.
On dit proverbialemenr , & en raillerie , d'un
homme qui ne fait rien pendant que fes compagnons
travaillent, qu'il ed exempt ds bien faire.
Ud? EXEMPTER. V. a. Rendre exempt , affranchir
quelqu'un d'une règle j d'une loi commune. Exi-
mere , ahfolvere. Cet Officier a été exempte du fervi-
ce j à caufe de fes bleffures. On a exempté de la taille
les Officiers Commençaux.
On le dit à-peu-près dans^fe même fens, pour
difpenfer quelqu'un de faire une chofe , lui en épar-
gner la peine. Levare , Uberare. Exempter quelqu'un
d'une corvée. Vous ne pouvez vous exempter d'aller
voir votre ami.
Exempté , ée. part.
EXEMPTION, f. f. En Jurifprudence. Privilège qui
difpenfe de la règle générale. Exemptio , immunicas.
Les Elus ne jouiffent plus de l'exemption des tailles.
On a révoqué toutes les exemptions. _ •
IJC? Exemption de tailles. C'eft un privilège qui dif-
penfe de payer la taille ,& généralement en matière
de Finances , de fupporrer fa part & porrion d'une
impofition , d'une contribution , d'une charge pu-
blique & pécuniaire.
fer Exemption de tutelle. C'eft la décharge de la
fondion de tuteur.
Exemption
EXE
•|Cr Exemption d'hommage. C'eft iinafîranclùirement
de l'hommige , lans lubiogacion d'aucune rede-
vance qui repréfente la toi 6c hommage. Ainfi les
abonnemens , ou les converlions d'hommages en
droits annuels , différent beaucoup des exemptions
ou atîranchiiremens d'hommages qui n'avililfoienc
point les tiets j au lieu que, non eji verumjeudum ,
de quo cenjus annuus prajtdtur.
i^C? Exemption & Privilège nefe reffemblent que par
l'idée générale , c'elt-à-ilire , qu'aurant qu'ils font
l'un & l'autre des exceptions à la règle commune :
mais le mot Privilège a une lignification plus éten-
due , & renferme dans fon idée non-leSlement la
difpenle d'une obligation , mais encore l'addition
de certains droits- l^oyc^ Privilège.
§CF Exemption , le à\t fouvent dans le langage ordi-
naire, pour l'ablence , la limple privation d'une
cho(e. Immu/iitas. La tranquillité d'Epicure n'étoit
qu'une exemption de trouble. S. Evr. Ne nous fiattoiTs
jamais de l'entière exemption d'aucun vice, ni de
i'amortiirement total d'aucune pallion. Nie.
Exemption , fe dit auQi des Eglifes & Monallères qui
ont un privilège du Pape qui les exempte de la ju-
lifdicf ion de leur Evcque Diocéfain. S. Bernard di-
foit que par ces exemptions les Papes prouvent bien
qu'ils ont la plénitude de puilfance ; mais que peut-
être ne montrent-ils pas qu'ils aient la plénitude
de la juftice. Le Concile de Confiance révoqua tou-
tes les eexmpiions , pour redonner à la loi générale ,
affaiblie & diminuée par le relâchement des iièclesj
fa force , & fon ancienne vigueur , & la faire va-
loir en tous lieux dans toute fon étendue. G. G. Les
exemptions èi\\w\x\\xftx\x. le refped que les intérieurs]
doivent à leurs fupérieurs , & renverfent l'ordre de
la Hiérarchie Eccléliaftique. Les premières exemp-
tions qui ont été accordées aux IVioines , n'ctoient
que pour la liberté d'élire leur Abbé , indépendam-
ment de l'Evêque , & non pour les exempter de la
juiifdi6tion desEvêques.
Le prétexte de ces exemptions a été que les Evc-
ques abufoient de leur autorité, & exigeoient cer-
tains droits des Monaftères qui étoient dans leur dé-
pendance. Il ell peut-être plus vrai de dire que les
Monaftères s'étant relâchés de la rigueur de leur rè-
gle , ils ne voulurent point d'infpecteurs fi proches,
& ils folUcitèrent ces exemptions pour n'être fournis
qu'an faint Siège. Comme c'étoit déroger au droit
commun , les Papes croient fort retenus & fort ré-
fervés à accorder ces pri/ilèges. Ils ne le faifoient
même d'ordinaire que du confcntement des Evêques.
Mais peu-à-peu les Papes fe font attribué le pouvoir
d'accorder ces exemptions , & ont profité de l'indul-
gence des Evêques , qui n'en confidéroient pas tou-
tes les conféquences. Ainfi ils ont favorifé du pri-
vilège ^exemption des Ordres entiers , comme
Cîteaux , Cluni , les Dominicains , les Chartreux ,
les Jéfuites , &c. Les chofes étoient venues à un
" point , que l'on fut obligé de reftreindre ces exemp-
tions, & le Concile de Trente les a prohibées, &
déclarées nulles pour l'avenir , confirmant celles qui
font fondées en jufte titre , & en vertu d'une con-
ceflion en forme du Saint Siège. Aujourd'hui relies
concelfions, fans le confentement du Roi j & de
l'Evêque Diocéfain, quieft le Supérieur naturel, fe-
loient nulles & abudves. Fevret.
Avant le Pontificat de Saint Grégoire le Grand ,
les Moines étoient fournis à la jurifdi6hion des Evê-
ques en toutes chofes. Mais ce Saint Pape , qui avoit
fondé plufieurs Monaftères, &c qui en avoir gouver-
né en qualité d'Abbé, ayant connu par fa propre
expérience les mauvais traitemens que les Moines
recevoient des Evêques Diocefains , Se voulant y
apporter un remède efficace pour l'avenir, alfembla
un Concile à Rome en (îoi. En ce Concile Saint
Grégoire fait une conftitution en faveur des Moines,
qui n'eft prefque qu'une extenfion du privilège ac-
cordé trois ans auparavant au Monaftère de Clalfe ,
qui avoit foufïert beaucoup de vexations des Evê-
ques Diocefains. Saint Grégoire, dans fon Concile,
Tomt III,
EXE 96^
dit d'abord qu'ayant lui-même gouverne des Monaf-
tères , il fait combien il eft nécelfaire de pourvoir
a leur repos ; & parce que , dit- il , nous favons que
dans plulieurs Monaftères les Evêques ont commis
beaucoup d'injuftices Si de vexations contre les Moi-
nes, il faut y mettre ordre pour l'avenir par un rè-
glement falutaire : c'eft pourquoi , ajoute til, nous
défendons, au nom de xNotre-Seigneur Jelus-Chrift,
& par l'autorité du bienheureux Pierre , Prince
des Apôtres , à aucun Evêque, de rien diminuer
des biens , terres Se revenus , ou titres des Monaf-
tères. S'ils ont quelque différend pour des terres
qu'ils prétendent appartenir à leurs Eglifes , qu'ils
choifillènt des Abbés, ou d'autres atbitres craignansi
Dieu, pour le terminer promptement, en préfence
des Saints Evangiles. On ne pourra ôrer à l'Abbé au-
cun de fes Moines malgré lui , pour gouverner d'au-
tres A4onaftères , pour l'élever aux Ordres Sacrés ,
ou pour entrer dans le Clergé. Nous défendons auffi
à TEvcque de célébrer des Melfes publiques dans le
Monaftère. Que l'Evêque ne prétende pas y mettre
fa chaire , ou y faire le moindre Règlement. Nous
voulons que ce Décret foit inviolablement obfervé
par tous les Evêques , dans tous les fiècles à ve-
nir. Tous les Evêques du Concile répondirent :
Nous nous conjouiltons de la liberté des Moines , 8c
nous confirmons ce que Votre Sainteté vient d'en
ordonner. M. l'Abbé Fleury , dans fon Hijîoire Ec-
clejtajiique j dit que ce Concile peut être regardé
comme le modèle des premiers privilèges accordés
aux Monaftères. Les Papes dans la fuite ont étendu
&C augmenté ces fortes d'exemptions , félon qu''ils
l'ont jugé à propos pour la gloire de Dieu , & le bien
de l'Eglife. On ne peut point oppofer à ces exemp-
tions \q quatiième Canon du Concile de Chalcé-
doine, parce que la difciplinc de ce Concile dans
ce point , aufli-bien que dans quelques autres, n'a
pas été reçue en Occident. Le Concile de Trente
n'eft point contraire aux exemptions des Réguliers :
il eft vrai qu'il y apporte quelque modification dans
de certains points; mais il ne le détruit pas , & les
Réguliers font demeurés dans leur poneirion.
Exemptions en termes de Coutumes. En quelques
Coutumes on appelle exemptions les terres , qui
étant enclavées dans un Bailliage j ou Sénéchaulfee,
font pourtant exemptes de la Juftice , & n'en relè-
vent point pour la Jurifdidion. La Coutume de Ni-
vernois eft intitulée , Coutume du Comté de Niver-
nais , enclaves j & exemptions d'icelui.
EXEQUATVR. {. m. Terme de Jurifprudence , qui ,
tout latin qv\'û eft , a palTé dans notre Langue , com-
me ceux d'Exeat j de Récépijfé , de Pareatis j de
/^{/d, &c, & s'y eft confervé long- temps. Il n'eft:
plus en ufage. C'étoit une foufcription ou ordon-
nance qu'un Juge mettoit au bas d'un jugement ou
d'un aéte émané d'un autre Tribunal j par laquelle
il permettoit de le mettre à exécution dans fon ref-
fort. Ces Magiftrats n'ont point donné leur Exequa-
tur ou lettres d'attache , félon l'ufage. Cette Bulle fut
publiée fans Exequatur. Foye^ Pareatis.
EXERCER, v. a. Drelfer , former quelqu'un à une
chofe par des aétes fréquens, ou en la lai faifanc
fouvent pratiquer. Exercitare , affiiefacere.On exerce
les chevaux à la courfe ; les hommes à l'efcrime , à
la lutte ,à ladanfej&c. Il s exerce au travail , à fouf-
frir le froid & le chaud , il s'y endurcit. S'exercer à la
chafte. Ablanc.
Le mot exercere , exercer , eft pris du Celtique
Eferci. Pezron. Mzn eferci eft- il Celtique ? N'eft:
il point plutôt pris du Latin par lesCaulois depuis
qu'ils furent fujets aux Romains ?
j{f3"ExERCER fedit auftr par rapport au mouvement
que l'on donne au corps ou à quelqu'une de fes par-
ties pour les tenir en état de mieux faire certaines
foncfions, ou dans une autre vue. Il faut exercermo-
dcrément fon corps. Exercer fes jambes. Exercer un
cheval dans la plaine. Exercer des fold.ats par des
marches , par des trav.iux. Ce maître donne afTez
d'ouvrage à fes compagnons pour exercerU\xxi\>ïi%,
G g g a g g
97^ EXE
me fens, en parlant d
Ip- ExERCERfeditau moral , à-peu-ptès dans le me- [
Je la mémoire, de l'efprit , £cc ,
exercer la mémoire , c'ell travailler à la fortifier en
apprenant l'ouvent par cœur. La mémoire fe perd ,
ou au moins s'affbiblit , Ci on ne l'exem: fouvent.
On emploie difiérens moyens pour exercer l'efprit
<les jeunes gens. On n'étudie la Théologie que pour
s'exercera, la difpute. S. Ev. exercer h vertu, la pa-
tience de quelqu'un , c'eft la mettre à l'épreuve. Dieu
permet que nous fuyons tentes, pour éprouver &c
pour c.vercer notre vertu. La Bruy.
Ip" Exercer fon efprit , fon induftrie , fa plume ,
c'eft employer fon efprit, fon induftrie ^ fa plume.
Il a exercé fon efprit fur un beau fujet.
^C? Exercer feditencorepour pratiquer, faire les fonc-
tions , remplir les devons. Exercer un art , une pro-
fellion.CeMagiftrat exerce fort noblement fa charge.
Cet om'ùev exerce honorablement fon métier. On le
dit auin abfolument. Il a la furvivance ; mais il
n'exerce pas encore.
On dit dans ce fens exercer fa clémence , fa
générofitéj fa cruauté, &c, faire des aébes de clé-
mence , de générofité , de cruauté, &c.
fer Exercer fe dit encore pour mettre unechofe en
pratique, en faire ufage. i'Afe^^/i , ud. Les femmes
exercent iav nous un pouvoir tyrannique. S. Ev. Le
Roi prêta fon autorité à fes Miniftres , pour exercer
des conculîîons violentes. De Larrey. Henri VIII
exerça le pouvoir arbitraire dans toute fon étendue.
iD.Ce févèrecenfeur exerce une impitoyable critique
fur tout le genre humain. Bay. .
La force tenant lieu de droit & d'équité ^
Le meurtre j'exerçoit avec impunité.
ExBRCER.Terme des Aidcs.C'eftla vifitequc les Com-
mis aux Aides font chez les Cabareciers & autres
débitans de vin , de cidre , d'eau-de-vie & autres li-
queurs , & l'obfervation qu'ils font de l'état où ils
trouvent les futailles^pourfavoir combien ils en ont
vendu d'un jour à l'autre. On exerce les Cabaretiers
& autres Débitans au moins une fois par jour , afin
d'empêcher les remplages & autres fraudes. Un Ca-
baretier eft en contravention lorfque les Commis
trouvent plus de liqueur dans le tonneau qu'il n'y
en avoit la dernière fois qu'ils l'ont exercé.
Exercer , en termes de Palais , fe dit des aétions &
des procédures qu'on fait au nom d'autrui j lorf-
qu'on a ccllion de fes droits , ou qu'on les a fai-
fis , & quand on eft en fa place. Fungi vice alicujus ,
munere ; locum ohtinere. Il a.^h en cette affaire com-
me exerçant les noms &C adions de fon débiteur.
Il exerce ce Greffe par commifiîon , au nom du pro-
priétaire.
Exercé , ÉE, part.
EXERCICE, f. m. Occupation , travail ordinaire.
Exercitiumj labor , munus. Le feul exercice d'un Of-
ficier eft de bien vaquer aux fondions de fa charge.
Le principal exercice de cet Auteur eft l'étude. Les
gens du monde font dans un cA-erace continuel de ci-
vilité. Nie. La Pocfie a fait votre amufement , &c
votre exercice le plus agréable dès vos premières an-
nées. BOUH.
En ce fens on dit qu'un OfKcier eft en fon an-
née à'excrcice , dans le temps qu'il exerce efledive-
ment fa charge , fur-tout lotfque les Officiers font
alternatifs \ qu'on a commis un tel à l'exercice d'un
Greffe , ou d'une autre charge ; pour dire qu'on lui
en fait faire les fondions.
Exercice. Terme d'Aides. On nomme ainfi parmi les
Commis aux Aides , la defcente & vifite qui fe fait
dans les caves des particuliers vendans vin.
Exercice j fignifie encore l'adion du corps à Laquelle
on fe livre , pour le plaifir , ou pour la fanté. Exer-
citatio. Il faut prendre un peu à' exercice après le re-
pas , agir , fe promener. Il furmontoit les incommo-
dités par la tempérance , & par {'exercice. Sar. Ve-
xercice du corps réveille l'efprit. Bouh. Cet homme
«ft fédentaire, Sine fait point d'exercice : c'eft ce qui
EXE
le rend fujet aux fluxions. La paume, la chafTe font
des exercices bien violens.
Exercice , fignifie au figuré, travailj embarras , labor y
agritudo i<ura.\Jn chicaneur donne bien de )îexeicice
à fes parties , il les fait bien courir. Cet homme a
des enfans débauchés qui lui donnent bien de l'e-
xercice. De tant d'heureux jours padés, il ne merefte
plus que le pénible exercice d'en effacer de mon el-
prit la trace profonde.
Exercice fe dit anlli en matière de dévotion , & figni-
fie , Pratique. Exercitium , praxis , vitdi. quotidian£.
institutum. L'exercice du Chrétien , c'eft ce que doit
faire unChrétien tous les jours. Il v.aque à tous les
exercices de piété. La contemplation palliven^elf que
ïexercice paifible de l'amour pur & déimtérelfé.
f EN. Quelque charme qu''on trouve dans l'exercice
de la vertu , l'ambition envifage toujours la récom*
penfe qui la fuit. S. Evr.
Exercice, fe dit aulfi des études, des conférences
qu'on fait pour fe pertedionner dans les Lettres.
Ces jeunes gens font tous les Jeudis des exercices
académiques , où ils profitent beaucoup.
Exercices , au pluriel, fe dit plus particulièrement
des chofes que la jeune noblelle apprend dans les
Académies j comme monter à cheval , danfer , faire
des armes, voltiger j tracer des fortifications , &c.
Ce Seigneur a fort bien appris tous fes exercices.
Exercices , fe dit aufli de l'occupation d'une com-
pagnie , d'une Académie. Les e.verac^j ordinaires de
l'Académie des Sciences , des Belles-Lettres.
Exercices, en matière de piété, font certains jours
de retraite que l'on piend pour méditer &c faire
des revues fur fa conduite. On dir faire les exercices
fpirituelsdehuit, de dix jours. On dit fimplement,
faire les exercices , être aux exercices. Saint Ignace ,
Fondateur de la Compagnie de Jésus, a introduit
l'ufage de ces exercices. Il a fait un ouvrage de Mé-
ditations pour un mois ^que l'on nomme Exercices
fpirituels: ce Livre a été imprimé en Latin de l'im-
preftîon du Louvre.
Exercice fe dit dans les Communautés Religieufesde
tous les points de la règle. Etre fidelle à fes eexrcices ^
faire tous fes exercices avec piété.
On a fait depuis plufieurs Livres fur l'idée de
celui-là , que l'on a intitulés les exercices fpirituels
de S. Ignace ; Rettaite de huit jours , &c. Le P. Bar-
toli , en Italien j & le P. Bouhours en François , ont
donné dans la vie de S. Ignace le plan admirable de
fes Exercices fpirituels. Les £.Ye/c/t« fpirituels de S.
Ignace ne font pas un fimple recueil de méditations
ou de confidétations chrétiennes; c'eft une fuite j un
enchaînement de méditations, une méthode sûre pour
la réformation des mœurs. S. Ignace y a réduit comme
en art la converfion d'un pécheur ; il y a établi une
voie par laquelle l'homme , avec le fecours de la
grâce, fort de Ion péché, & monte jufqu'au plus
haut point de perfedion. Bouh. Cet Ouvrage n'eft
autre chofe qu'un Recueil d'enfeignemens ou d'e-
xercices tirés de l'Ecriture , & des expériences de la
vie fpitituelle , & réduits en un ordre qui les rend
très propres à exciter les cœurs des Fidelles à la piété.
P. Verj.
Exercice J en termes de Guerre , c'eft tout ce qu'on
fait pratiquer aux Soldats , pour les rendre pkis pro-
pres au fervice miliraire , le maniemenrdes armes,
les évolutions militaires. C'eft ce que Végèce & les
Auteurs Latins appellent meditatio. Le Régiment des
Gardes fait toutes les Fêtes l'e.vemce. On appelle
de même fur mer \ exercice de la manccuvre , la dé-
monftration , ou la repréfentation ,de tous lesmoii-
vemens nécelfaires pour appareiller un vailfeau ,
& de tout ce que chacun doit faire dans l'occa-
fion.
Exercice pair et impair. Ces termes font en ufage
dans les Recettes générales des Finances ; dans l'ex-
traordinaire des guerres , &c. On nomme exercice
pair, celui qu'on fait les années paires, comme
1744 J i74<î ; & exercice impair, celui qu'on rem-
plit les années impaires , comme 174) , 1747. Lorf-
EXF
qu'une charge eft divifée en plufieurs corps d'office ,
on diftingue toujours l'exercice pair d'avec l'impair ,
parceque les comptes de chaque année Te rendent
ordinairement par ditlérens Officiers donc l'un
compte de l'exercice pair,& l'autre de l'exercice im-
pair.
EXERCITANT. f. m. On appelle ainfi celui qui fait
l'exercice de la retraite à S. Lazare , ou en d'autres
Communautés.
EXERCITATION.f.f. Differtation , Traité fait fur
quelque matière pour exercer Ion génie , fa criti-
que. hxercicaCio. Les Auteurs ont intitulé plulieuts
de leurs ouvrages , des Exercications , comme celle
de Scaliger contre Cardan. On a dit auffi Exerclter
pour exercer, parce qu'on dit en Latin exercitare , &
exercere. On difoit aulîi autrefois Exercice pour Ar-
mée , du Latin exercitus. Tout cela eft vieux , i^i ne
fe dit plus du tout.
EXERCITE. f. m. Mot écorché du Latin Exercitus j
Armée.
Le Nord nous a rendu vijîte ,
Suivi d'un nombreux exercite ,
De Lorrains , Croates j & Goths j,
Ainfi que Galette débite. Poésies de Chapelle
C'eft un vieux mot entièrement tombé , qui , comme
on voit , peut encore trouver fa place dans la l'ocde
badine. Vaugelas s'eft efforcé, mais envain , de le re-
mettre fur pied. Il en a fait un long Chapitre, qui ne
lailfe pas d'avoir fon utilité j dans les nouvelles Re-
marques.
EXERCITER. vieux v. a. Exercer , exercere.
ExERciTÉ , ÉE. Part, du même verbe.
EXERESE, f. f. Terme de Chirurgie. Ex&rejls. Vexe
reje elt une opération par laquelle on tire du corps
humain ce qui eft étranger , nuilible, inutile. Vexe-
reje fe fait en deux manières ; par extradtion , en
étant du corps ce qui s'y eft formé \ par détraétion ,
en ôtant du corps ce qui a été introduit du de-
hors.
Le nom à^exerefe vient du Grec 'iial^ni-is , qui ligni-
fie l'aélion.
EXERGUE. {. f.Exergum , fubfcripùo. Terme de Mé-
daillifte , qui fignihe un petit efpace hors d œuvre
qui fe pratique dans la médaille pour y mettre quel-
que infcription j chiffre , devife , ou date.
Ce mot vient de (| & de 'fv»» j & lignifie hors
d'œuvre.
EXF.
EXFOLIATIF , ive. adj. Terme de Chirurgie. Qui
exfolie , qui eft propre à exfolier. Trépan exfoliatij \
eft un trépan qui perce l'os en le ratilfant , & en
enlevant plufieurs feuilles les unes après les au-
tres. L'ufage du trépan exfoliat'J c\k. dangereux, parce
que cet inftrument peut beaucoup ébranler la tête.
En Chirurgie on appelle remèdes exfoiiatifs , ou
exfoliacifs fimplenient , ceux qui font propres à faire
exfolier les os cariés , c'eft-à-dire , à faire féparer par
feuilles la carie de la partie faine. Tels font l'eu-
phorbe, le cautère a6tuel ou potentiel , les poudres
de fabine , d'iris j d'angélique , la teinture de
myrrhe , d'aloës & d'ariftoloche , &c. Col. de
ViLLARS.
EXFOLIATION, f. f. Terme de Chirurgie. £'.v/o//ario.
Séparation des parties d'un os qui fe détachent par
feuilles. L'ufage des poudres céphaliques eft inutile
pour avancer l' exfoliation. Dionis. Ce qui a été dé-
couvert de lafurface du crâne fouffre l'exfoUation.
Id.
Ce terme qui s'emploie pour les os des animaux ,
eft aulîi d'ufage en Botanique , où il exprime la fé-
paration d'une partie morte , & defféchée d'avec
celle qui eft vive. On l'emploie pour le bois &: l'é-
corce.
EXFOLIER. Terme de Chirurgie , qni fe dit feule-
ment des os qui fe lèvent , ou qui le détachent par
E X H 5,71
feuilles, par lames minces. Exfoliare. On le du avec
un pronom perfonnel comme un verbe réciproque,
n ne laut point trop tamponner la plaie , laillant à
l'os la liberté de fe recouvrir , ce qu'il frit quelque-
fois fans s'exjolier, fur-tout auxenfans. Dionis.
Exfolie , ee. part.
EXFUMER, ou ESFUMER. v. a. Terme de Peinture.
C'eft , Eteindre une partie de quelque portrait , ou
d'autre ouvrage, qui paroît trop. Cb/orcj eiuere. Il
but exjumcr cette partie-là , parce qu'elle paroîc
trop forte en couleur.
• E X G.
EXGARDIEN, f. m. Terme en ufage dans l'Ordre
de Saint François. Guardiani ou (Jujlodis inunere
dejunctus. Dans cet Ordre tous ceux qui ont été
Gardiens fc donnent & confervent le titre à' Exgar-
diens, l^oye^ EX.
EXGENERAL. f. f. Qui a été Générai. Generalipra-
pofiturujunclus, Voye^ EX.
E X H.
EXHALAISON, f. f. fumée , vapeur fubtile qui s'ex-
hale , qui fort des corps & qui s'élève dans l'air. Lx-
halatio j vapor. En entrant chez un Parfumeur , on
fent une douce exhalaifon qui frappe l'odorat. On
relpire dans les mines des exhalaifons vitrioliques ,
& arfénicales , qui font dangereufes.
fCF On confond louvent les vapeurs avec les ex-
halaifons. Cependant on ne doit appeler vapeurs c^\q
les particules qui fortent du fein des eaux j & vol-
tigent dans l'air. Ces vapeurs réunies par le froid for-
ment une efpece de fumée fur les rivières, les étangs.
}^oye\ Vapeurs. Et l'on donne le nom d'exkalal-
yè«j aux particules très-déliées , aux fumées féchées
qui s'exhalent des corps folides , comme la terre ,
les minéraux , les foufres , les fels , &c. Sur l'exif-
tence de ces fortes d'écoulemens voye'^ Écoule-
ment , Emanation. L'aélion des feux foutcrains
agite les eaux & les corps terreftres , divife leurs par-
ties, les fubtilife, les volarilife , les rend plus légè-
res qu'un pareil volume d'air , Se par conféquenc
propres à monter. La chaleur du foleil détache en-
core & foulcve les vapeurs & les exhalaifons. Enfin,
la pefanteur de l'air ^ le foufie des vents réfléchis
font autant de caufes qui concourent à l'élévation de
ces écoulemens.
Les vapeurs & les f.vAa/i?i/c)/2j parvenues à une cer-
taine hauteur j fe mêlent enfemble , «Se forment les
diftérens météores aqueux, f^oye^ Météores
aqueux, Rosée , Brouillard , Nuée , Pluie ,
Gresle , Neige , &c.
Les exhalaifons lulfureufes j bitumineufes , ni-
treufes, vitrioliques, &c j font la matière des mé-
téores ignées. Foy. ce mot j Tonnerre j Eclairs ,
&c.
EXHALATION, f f. Terme de Chimie , eft une opé-
ration qui ne fe pratique que fur les matières fe-
ches , par laquelle on fait élever & diffiper les par-
ties les plus volatiles des fubftances , par le moyen
de la chaleur. Vaporatio , exfpiratio.
^XHALER. V. a. Poulfer en l'air quelque vapeur, des
parties fubtiles, i^nimenfes. Exhalare , fpirare. Ce
cloaque exhale une mauvaife odeur. Les rofes cat-
halent une odeur agréable.
S'Exhaler, fignifie , s'Evaporer, s'éiever en l'air,
Difperai in auras , diffundi. L'efprit de vin , l'ef-
prit de nitre , s'exhalent bientôt , /i les vaijièaux ne
font point bouché-;. L'efprit d'urine a un fel fort vo-
latil qui s exhale facilement- Hl s'exhale [des va-
peurs de liqueurs échauffées-
Exhaler , fe dit figurémenc pour diffiper ^ foulager.
Exhaler (3. colère en menaces , fa douleur en plain-
tes. On le dit de même avec le pronom perfon-
nel. La trifteffi; , la douleur s'exhalent par les fou-
pirs. La colère ^'exhale en injures , en invectives.
G g g ii g g ij
S?7'
EXH
Dufelnd'un Prêtre^ ému d'une divine horreur \
Apollon par des y ers exhala fa Jureur,
BûILEAU.
Cène belle affligée
Enfanglots mal formés exhala fa douleur.
Corneille.
£xHALERSABiLE , fe dit p®ur , palTct fa mauvaife hu-
meur , fon chagrin à quelque chofe , en faire fon
occupation pour fatisfaue la colère.
L'Efpagnol trifte & foihle , en chicane inutile ,
En Jrivûles procjs exhalera fa bile.
Recueil de Vers.
Horace après Lucile
^xhûoitenbons mots les vapeurs de fa bile.
BoiL.
Exhalé ^ ée. part. Diff'ufus , exkàlatus.
EXHAUSSEMENT, f. m. Terme qui n'a d'ufage
qu'en ArchiteiSture & en matière de bâtiment. Elé-
vation d'un plancher , d'une voûte. Jltitudo. Les
planchers qui ont trop à'exhdujjement rendent les
chambres trop froides en hiver.
Exhaussement j eft auili une hauteur , ou éléva-
tion ajoutée fur la dernière plinthe d'un mur de face
pour rendre l'étage en galetas plus logeable. Super-
■jlruclio.
%fT EXHAUSSER, v. a. Terme d'Archite6ture feule-
ment. Donner plus de hauteur. Effcrre altiàs , ele-\
vare. Exhaujfer une maifon , un plancher.
"^ZT Exhausser , haulFer, élever , conhdérés comme
fynonymes. On eleve en plaçant dans un lieu ou dans
un ordre éminent. f/fver une ftatue. On hauffe en
ajoutant un degté fupérieur , foit de fuuation , foit
de force, foit d'étendue. HaujferXts épaules & la
voix. On exhaujfc en augmentant la dimenfion per-
pendiculaire , c'eft-à-dire, en donnant plus de hau-
teur par une continuation de la chofe même. Ex-
haulfer un bâtiment. Syn. Fr.
Exhaussé, ee. part. Mur, planché eA'/2i7w//e.
^ EXHAUSTION. f f. Terme de Mathématiques.
Méthode d'exhauftion. L'Auteur déclare qu'il ne
prétend pas att.iquer la méthode des indivilibles,
qui ne feroit peut-être pas , fi elle étoit bien ana-
lyfée , diftérente de la méthode de; l'exhauftion.
Miu. de Trév. Cette méthode , pratiquée fur-tout
par les anciens Géomètres , eft la manière de prou-
ver l'égalité de deux grandeurs , en taifant voir par
la réduélion à l'abfurde, que leur différence eft
plus petite qn^aucune grandeur alîîgnable, qu'elle
épuife toute grandeur quelconque , & que par con-
féquent elle s'évanouit. Du mot Latin cxhauftio ,
épuifement.
fer EXHÈRÉDATION. f f. Terme de Jurifpru-
dence. Ceft une difpolîtion par laquelle on exclut ,
on prive de fa fucceftion , en tout ou en partie , ce-
lui i qui elle eft due &" appartient par la loi ou par
la coutume. Exheredatïo.Sô.on notre Jurilprudence
les enfans peuvent être exhérédés pour juftecaufe,
& fans cxhérédation & fans caufe , ils peuvent être
réduits à leur légitime ", mais fans exhérédation , ils
ne peuvent ttre privés de leur légitime. Il y a qua-
torze cauiesd'eArAeVe'a'ario;? portées dans la Novelle
ï 1 5. de Juftinien. Il a voulu que Vexhérédation fût
nulle , à moins que l'une des caufcs fixées dans cette
Novelle ne fût direétement exprimée. LIne exhéré-
dation fans caufe eft nulle : on fait caffer le tefta-
mentcomme inofficieux, Teflamentum incfflciofum :
c'eft ainfi que parlent les Jurifconfultes, anciens &
modernes. Vexhérédation eft le foudre de la puif-
fance paterneîlepour contenir les enfans dansle de-
voir, ou pour châtier leur défobéilTance &: leur in-
gratitude. De Laon. La caufe AeVehérédation doit
être véritable : autrement Vexhérédation eft nulle.
C. B. Par l'ancien droit Romain les pères avoienr
le pouvoir de prononcer Vexhérédation fans caufe. ,
EXH
Leur volonté étoit uns loi fouveraine qu'il falloit
refpeder ^ toute rigoureufe qu'elle étoit. Mais la
rigueur de cet ancien droit a été corrigée parJuf-
tinien , qui a voulu que les enfans fulTent ou com-
pris dans l'inftitutioUj ou exhérédés avec caufe , à
peine de nullité.
EXHEREDER. v.a. Terme de Jurisprudence. Deshé-
riter un filsi le priver de fa fuccellion pour caufe
légitime. Exheredare. Il a été exiicrédi pour s être
marié malgté fon père. Mn fils doit être exheredé
nommément & formellement. Avant la Novelle
1 1 5 de Juftinien j le père pouvoit exheréder fon fils
par un jugement ferme & réfolu j fans en rendre
d'autre raifon que fa volonté. Si les enfans ne font
ni inftitués , ni exhérédés exprellément, le tefta-
ment eft nul : la prétérition des enfans le rend in-
valide j de même que la prétérition des petits en-
fans , lôrfque le fils exheredé meurt avant le Tef-
tateur,
ExHERÉDÉ, Ét.pa.Tt.HereditatedejecluSj exclufus.
EXHIBER, v. a. Terme de Palais. Montrer les pièces,
les repréfenter. Exhihere j ojlendere , pnbcre j pro-
ferre , producere. Les parties font fouvent condam-
nées à exhiber leurs titres. Les Notaites font obligés,
en vertu decompulfoires, d'exhiber leurs regiftrts ,
pour en tirer des copies coilationnées. Il y a un titre
au Digefte de exhibendo.
Exhibé , ée. part.
EXHIBITION, f.f Montre des pièces, repréfen ration
de papiers. Exhibitio ^productio j editio. Ce Greffier
a fait Vexibition de fon regiftre fur le Bureau. Les
parties ont fait exibition devant les arbitres de leurs
titres Hc ,. capacités. On a du autrefois exhibition
d'une tragédie, d'une comédie, &; de tout autre fem-
blable Ipeétacle. On diloit aulfi exhiber des jeux ,
ludos edere ; mais cela ne fe dit phis.Ces exprellions
font encore dans les anciens Dictionnaires de Ni-
cot , ce Pomey.
EXHORTATION, f f. Difcours qui tend à perfuader
quelqu'un de faire Une chofe qu'il eft libre de faire
ou de ne pas faire. Adhortatio , cohortatio. Je reçois
de tout mon cœur les exhortations que vous me fai-
tes li-delfus. Voit. Un homme fage doit taire fon
devoir fans autre exhortation. Dès que les peuples
font perfécutés, de fimples exhortations à la patience
ne fuffifent plus pour les contenir. Bouh.
Exhortation , fignifie aufli un petit Sermon qui fe
lait avec plus de familiarité ^ & plus en particu-
lier que ceux qui fe font dans les chaires. Se qui
excite à pratiquer les vertus chrétiennes, les exerci-
ces de piété.
Exortation j eft auffi une figure de Rhétorique,
qui confifte à prcfter l'auditeur , & à exciter j par des.
figures & des pen(ées pathétiques, les mouvemens
& les affections qu'on lui veut infpirer,
EXHORTER, v. a. Tâcher déporter quelqu'un à quel-
que chofe. H or tari y impellere , e-vaVare.Démosthène
& les autres Orateurs haranguoient le peuple pour
\' exhorter fxvïioi à la guerre, tantôt à la p^ix. Les
Prédicateurs exhortent les Chrétiens à bien vivre ,
à être fidelles dans la foi, à faire des aumônes , à
bien mourir j II n'y a rien qui exhorte tant à bien
mourir , que de n'avoir point de plaifir à vivre.
Voit. Il m'exhorta à me faire violence. Pasc^. De
bons Auteurs conftruifent aulli ce mot avec la par-
ticule de. Oxortes voyant le Satrape étonné j Vex-
Aorw d'éprouver plutôt la foi des Macédoniens ,,-
que leurs armes. Vaug. Il l'cv/jorro/r d'entreprendre'
quelque chofe digne de fa naiiïance. Id. Quand ce
moteftjointà quelque fubftantif, alors il ne fe
conftruit jamais qu'avec la particule à. Exhorter à
l'union , à la patience , à fa mort. Le P. Bouhours
a remarqué qu'on dit également bien en François
exhortera, faire quelque chofe , & exhorter Aeiàiis:
quelque chofe. Exhorter à eft plus ordinaire.
Exhorté , ée. part.
EXHUMATION, f f. Aétion par laquelle on déterre
un cadavre , par Ordonnance de Juftice. Exhumatio.
On ordonne \' exhumationàé \x\\. corps enterré, quand
EXÎ
en prouve qu'il a été tué en duel. Un Cuié a droit
de demander Vcxhumacion du corps d'un de fes pa-
roifliens enterré hors de la Paroiire & fans fa per-
miflîon.
EXHUMER. V. a. Tirer de la terre un corps mort en
vertu d'une Ordonnance de Jultice. Exhumarc.
On a ordonné que ce corps feroit exhumé pour
le vifiter , & voir s'il n'est point mort de poiton.
Par l'Article X. de l'Edit de \G\i. contre les
duels i il est porté que les corps de ceux qui ont
été tués en duel & enterrés j, ferorit exhumes & je-
tés à la voirie. Après la mort de Charles-Quint il
fut arrêté à l'Inquifition en piéfence du Roi Philip-
pe II fonfils , que fou corps feroit exhume^ brû-
lé comme hérétique , pour avoir tenu en fon vi-
vant quelques propos légers de toi. Brantôme. Le
Maréchal d'Ancre fut exhumé fie ion corps fervitde
jouet au peuple. Le Prêtre MathurinPicarr, qui avoit
commis tant de profanations chez les Religieufes
de Louviers , & accufé d'être la c.iufe de leur pré-
tendue polfelfion fut exhumé de leurEglife par Sen-
tence du 12 Mars i<545. rendue par M. dePericard,
Evêqued'Evreux.
Exhumé , ée. part. Exhumatus.
Ce mot est formé de la prépofition ex j de , &
du mot humus , terre. Tirer de terre.
EXI.
EXIDEUIL. Petite ville de France dans le Périgord.
E xidoIium.E xideuil est fitué fur la rivière de Loulour,
à 8 lieues de la ville de Périgueux , vers les hon-
tiéres du Limoufm. Quelques Géographes écrivent
Ejjideu'd-^ c'est que dans la prononciation de ce nom
on adoucie le fon de l'.v.
EX- JESUITE, f. m. Celui qui est forti de chez les Jé-
fuites. C'est un Ex-Jéfulu.
ÇO" EXIGEANT, ANTE..idj. Qui exige trop d'atten-
tions, de devoirs , d'égards. Cet homme est bien
exigeant , trop exigeant. Qui coii , obfervari cupit à
vult.
EXIGENCE, f. f.Terme de Palais. Ce que les circonf-
tances demandent que l'on falTe, ce qui eft conve-
nable par rapport aux circonstances. Exigenùa.
On a renvoyé ces criminels devant leurs Juges,!
pour être punis fuivanc ïexigence àes cas. I
EXIGER, v. a. Demander une chofe à laquelle on a
droit. Exigere, repecere. Il est temps A'exiger le paye-
ment de cette dette , de cette lettre de change ; le
terme est échu. Exiger wn. impôt. N'e.vi^drque clij3-
fes raifounables. On peut exigeràe tous les hommes
qu'ils foient justes & équitables. Nous ne pouvons
exiger des autres qu'ils fe rendent d nos fentim.'ns.
Nie.
^fT Exiger, fignifie quelquefois faire fournir une
chofe par une efpèce de droit foutenu de la force.
Alors il marque autant de répugnance dans celui qui
accorde , quededroit danscelui qui demande. fA-i-
ger des contributions dans le plat pays.
Exiger , fe prend aulîi en mauvaife part , quand on
fait payer des fommes qui ne font pas dues, ou des
droits au-d«làde ce qui est du. Il est défendu d'exi-
ger des intérêts des obHgations, des purs prêts.
Les Procureurs exigent b'-cn des droits au-delà de
ceux qui leur font taxés. Un ufurier exige de gros
intérêts. Bien des hommes exigent des devoirs qui ne
leur font pas dûs.
Exiger, fe dit auffi figurémenten chofes morales ,
Hc fignifie porter, engager à des chofes convenables
ou de devoir. Pqflulwe. L'honnêteté e;c/^e qu'il fiilfe
les avances. Son devoir exige qu'il fafTe une telle fa-
tisfad^ion. Les lois de la fociétc exigent qu'on fe mé-
n.age obligeamment ks uns ies autres. Bell.
Exige , ée. part.
EXIGIBLE, adj. m. & f. Qui fe peut exiger, dont on
peut demander le payement. Qui potefl exigi. Ce
Marchand a montré pour cinvjuante mille écus d'ef-
fets tous bons Se exigibles. La dette ell créée , mais
EXI 973
elle n'eft pas encore exigible. Pat. Le terme neft
pas échu.
EXIGU , UE. adj. Terme du ftyle familier & de plai-
lanter:e, qui le dit des chofes qui lont en petite
quantité. Ce Pédant avoit des auditeurs en nombre
exigu. La fomme elt exiguë. Il eft entièrement La-
tin. Exiguus , & on ne s'en fett guère en Fran-
çois.
IP^- EXIGUË, f. f. Terme de coutume. AcT:e par le-
quel celui qui a donné des belhaux à cheptel ou
chepteil ^ fe départ du bail & demande le compte &:
partage des beltiaux.
EXIGUER. V. a. Terme de Coutumes, qui fignifie,
faire le partage des bêtes données à moitié ou d
chepteil ; ou ey rélbudre le traité.
Ce mot vient du Latin exigere , qui fignifie /à/>e
fortir de Cétable.
^T EXIL. f. m. Bannllfement. Exilium. Vexil chez
les Romains étoit proprement l'interdiftion du feu
ik de l'eau. Cehii qui étoit condamné à cette peine
étoit obligé d'aller vivre ailleurs. Les autres peuples
punilfoient certains crimes pavlexi/ ou bumiile-
ment. Les Athéniens envoyoient fouvent en c\il
leurs Capitaines j par l'envie qu'ils kur po! toient.
^Vye^ Bannissement j Déportation, Reléga-
tion.
§3" Il faut remarquer qu'il y a différence entra
exi/ & bannijj'ement, Bannijj'emenc ne fe dit que des
condamnations laites en julfice. L't.v/7 n eit qu'un
éloignement cauié par quelque difgrace, une peine
impofée par l'autorité fouveraine. Le premier eft
infamant , le fécond ne l'elt pas.
ifT Exil , fe dit auffi de la relégation d'une perfonne
dans quelque lieu qu'on lui alîigne, d'où il ne peut
fortir fins congé. Il a été exilé en Bretagne, à Saine
Malo. Un homme relégué a pour domicile nécef-
faire, pendant fon exil , le lieu où il elt relègue':
cependant le lieu de fon exil n'ell point réputé Ion
domicile pour les effets civils de fa fuccelîîon , par-
ce que pour cela il faut du choix & de \s. deltina-
tion j <5i qu'au contraire , celui qui eft en exil eft
toujours cenfé avoir l'efprit de retour. C. B Ani~
mumrevcrccndi y comme parle le droit j même des
bêtes , qui fortent de l'étable , de la maifon , & qui
reviennent enluite.
Ovide , c'ejlà tort que tu veux mettre Augujie
Au rang des Immortels :
Ton exil nous apprend qu il étoit trop injujle
Pour avoir des Autels.
De Lingendes.
Ce mot vient du Latin exilium , exil ., qu'on i
kcixtexul, dîextrafolum y hors du pays natal.
On appelle ngurément un £'.v.7 honorable, un em--
ploi qu'on donne à quelqu'un qui 1 oblige à tcfi-
dence dans des lieux éloignés, ou peu. agréables-.
Soude règne de Tibère, les emplois éioignés'étoienc
des exils myilérieux. S. EvR. Un périt bvêché dans
les montagnes eft un honnête exil. Une rélidence ,
une Ambalfade chez les peuples barbares , eft une
efpèce ai exil. Vexil de la Cour eft l'enfer des Cour-
tifans.
Exil _, fe dit figurément du lieu où demeure un hom-
me accoutumé d'être plus agréablement ailleurs. Le
lieu où il eft , eft un lieu d'c.v// pour lui, eft un vrai
£xi/' pour lui. Ac.Fr.
En termes de dévotion , on appelle la terre , le
lieu de notre exil : & le temps de notre exil , ou no-
tre exil , le temps que nous vivons fur la terre, tout
le temps de notre vie.
Seigneur , dans cet exil /e Joupire après vous.
Recueil de vers.
On a donné pour devife à une perfonne de-
venue célèbre par fon exil , une Lune au plein
dans fon oppolition au Soleil j avec ce mot,
Clara , potenfque recejju , ou Clarius elucet longe ;
974 E X I
ou ce mo: Italien j Quanta più s'allontana , plu rif-
plende.
EXILER. V. a. Envoyer quelqu'un en exil , ou
le reléguer en tertain lieu , où on l'oblige de de-
meurer. Minere in exUiuin , patriâ pellere. On a exi-
li un tel Magilhat pour s'être oppofé aux ordres du
Roi.
Ce mot vient du Latin exUium.
On dit aulli , que les mauvais Anges ont été exl
Us du ciel , pour dire , qu'on les en a chalTés : que
nous avons été exilés de notre patrie par le péché
originel. On dit encore, qu'un homme s'eft e.vi/e vo-
lontairement du monde , pour dire , qu'il eft allé vi-
vre en retraite , qu'il s'elt mis dans un Monaftère.
Sa MaîtrelFe l'a exilé , pour dire , lui a défendu de-
là venir voir.
Exilé , ée. part. Scadj. Exul, aclusin exilium.
Autrefois Scipion retrouva dans Lélie ,
Loin de Rome exilé j fa gloire &fa patrie.
VlLL.
Ma raifon loin de moi fe tenait exilée.
^Voiture.
Exilé j,ée, eft auflî fubftantif. On fit rappeller les exi-
lés. Abl.
EXILITE. f. f. Du Latin e.rz7/Mj. Petiteflè, foiblefle.
Quoique la parole ne veuille point être chantée elle
demande pourtant d'être cadencée jmais d'une ma-
nière douce qui varie infenliblemcnt les tons pour
plaire à l'oreille , en frapant avec les proportions
mefurées d'une harmonie fecrète les fabtes du tym-
pan ; au lieu que l'aigreur lesécorche j que Vexiluc
de la voix ne les remue point j &c que la monotonie
touchant toujours la même fibre , produit l'ennui &
le dégoût. Ecole du monde. L'Auteur n'a pas mis cc
mot en vogue.
EXILEES. Ville du Dauphinéen France. Ocelum.Cé-
far l'appelle la dernière ville de la Province cité-
rieure. Èxiiles eft fur la Doiredans le Briançonnois,
à deux lieues au-delFus de la ville de Suze , vers
les confins du Piémont ; & il a un château très- bien
fortifié .• Vigenère , Adrien de Valois & Audiftret ,
le prennent pour l'ancien Qcelum^ r/xtAo» & le fé-
cond traite de ridicule l'opinion de Marlien, qui
met Ocelun à Novalèfe , Novalicium , ou , comme
il l'appelile j Novalejium. Quelques-uns écrivent
EJJilles j & d'autres Eyjllles. Long. 14 d. 35'. latit.
4(5 d. 5'.
^3" EXIMER. v, a. Terme ufité en Allemagne pour
marquer l'adion par laquelle un État ou membre
immédiat de l'Empire eft fouftrait à fa jurididion ,
& privé de fon fuffrage à la Diète. La Suilfe & d'au
très États qui relevoient de l'Empire , en ont été
eximés.
Ip-j EXINANITION. f. f. Terme de Médecine ,
fynonyme d'évacuation , & par conféquent alTez
inutile.
EXISTANT , ANTE. Qui eft dans l'être des chofes.
■Ë'.vi/?e/zj. On a fait un inventaire exaét de tous les
meubles exiftans , qui fe font trouvés en nature dans
cette maifon. On ledit aulîî de ce qui n'eft plus en
la podelTion de quelqu'un. Vous ne fauriez nen fai-
fir fur lui , il n'a aucuns meubles exijlans , il les a
tous vendus.
EXISTÈE. {. f. Terme de Fleurifte. C'eft le nom
d'une anémone à peluche. h'ExiJléc eft une perii-
quine nouvelle & très-belle. Morin, cuit, des fleurs,
c. 7.
^3" EXISTENCE, f. f C'eft ici un de ces termes que
l'on ne devroic point définir , parce qu'on ne peut
rien dire de plus clair. On entend en Grammaire
par exiftence f. f. l'état d'une choie en tant qu'elle
exifte. Exifientia. Vexijlcnce de Dieu eft nécelfaire.
ISexiJlence des créatures eft accidentelle & paifa-
gère. Tout ce qui eft au monde tient fon exijlence de
Dieu. Ces meubles ne font plus en exiftence : on ne
peut plus les repréfenter. Il ne faut pas confondre
EXO
exiftence Se fubjîllance. L'exijlence fe donne pat la
nailFance ; la fubjijtance , par les alimens. y oye:;^
ExibTER.
EXISTER, jv. n. Être aûuellement. Exi(lere. Dieu
exifte par lui-même, par Ion infinité. Il y a eu plu-
lieurs villes autrelois qui nexijient^\i\s à préfent.
§Cr Exister , Subsister , Etre , conddérés dans une
lignification lynonyme. Le mot d't;ne,ditM. l'Abbé
Girard , convient à toutes fortes de lujets , fubf-
tances ou modes j & à toutes les manières d'être ,
foit réelles , loit idéales , foit qualificatives ou
relatives. J^oye-i ce mot. Celui à'exijter ne fe dit que
des fubftances, & feulement pour en marquer l'être
réel. Subjiftcr s'applique également aux fubftances
& aux modes , mais avec un rapport à la durée de
leur être, que n'expriment pas les deux autres mots.
On du de la matière , de l'elprit , des corps & de
tous les êtres réels qu'ils exijient.
%f3' Le verbe être fert ordinairement à marquer
l'événement de quelque modification ou propriété
dans le fujet \ celui <ïexifter n'eft d ulage que pour
exprimer l'événement de la limple exiftence ; &c
l'on emploie celui àsfubfijier^onz défigner un évé-
nement de durée , qui répond à cet événement de
durée , ou à cette modification. L'homme eji in-
conftant : le phénix nexijie pas \ tout ce qui eft
d'établillement humain ne ful'jijh qu'un temps.
Il fe dit en termes de Pratique, & en parlant des
biens & des effets civils qui font encore en nature.
Il s'eft faifi de tous les effets de la fucceflion qui
e.viftoient.
On dit d'une dette déjà éteinte, qu'elle n'exifte
plus. Ac. Fr.
EXISTIMATEUR. f. m. Eflimator , exijlimator. Le
P. Pomey dit que ce mot fe trouve dans M. Le Maî-
tre. Injuftes Exijiimateurs ,^o\ix connoifleurs, appré-
ciateurs. Il arrive fouvent que ceux qui font accou-
tumés à la leéture des Auteurs Latins hafardent
ainii quelques termes qui font purement Latins ,
& que certaines circonftances rendent plus toléra-
bles. Quoi qu'il en foit j celui ci n'a pas fait for-
tune.
Ip- EXITIRIES. f f. pi. ou plutôt ad), pris fubft. Fête
dans laquelle on failoit chez les anciens Grecs des
vœux & des facrifices pour les Généraux , lorfqu'ils
fe mettoient en marche contre l'ennemi. Les parti-
culiers qui partoient pour quelque voyage avoient
aulli|leats exitirics. Exitiria.
EXL.
EXLAQUAIS, f. m. Qui a été Laquais. Nuperfervus.
On attribue l'invention de ce mot à M. Mézeray.
Il ne fe dit qu'en badinant.
Penfes-tu que mon caur foit Jl fort au rabais ,
Que de borner fon vol aux vœux d'un Exlaquais.
P. CoM.
EXLECTELTR. f m. Quia été Leéleuren Théologie j
ou en Philofophie. Exleclor, qui Theologiam vel
Philofophiam docuit , & legit.
EXO.
EXOCATACŒLE, ou EXOCATACÉLE. f. m. Ter-
me d'hiftoire. Noin générique , que l'on donnoit
autrefois, à Conftantinople, au Grand (Econome,
au Grand Sacellaire , ou Grand Maître de la Cha-
pelle, au Grand Skenophylax, ou Garde des Vafes ,
dont néanmoins Codin ne parle point, C. i. p. 8.
au Grand Carthophylax , au Maître de la petite
Chapelle , & au Protecdique , ou premier Défen-
feur de l'Eglife. Exocatacxlus. Les Exocatacœles
avoient une grande autorité. Dans les AlFemblées
publiques ils avoient le pas fur les Evêqnes, & dans
le Patriarchat de Conftantinople ils faifoient les
fondions de Diacres. Ils font nommés Cardinaux de
Conftantinople dans la lettre de Jean IX. à l'Em-
EXO
pereur Bafile Léon. Il en eft parlé dans les aftes du
Concile de Florence. Les Exocatacxles avoient été
Prêtres d'abord ; mais je ne l'ai quel Patriarche de
Conllannnople, que C^odin ne nomme point, vou-
lut qu'à l'avenir ils ne hillent que Diacres. Laraifon
tut qu'étant Frècres, ils avoient tous chacun leurs
Egliles, où ils officioient dans toutes les grandes
l'êtes j de forte que jultement aux jours les plus
célèbres, le Patriarche fe ttouvoit ians principaux
Minirtres , ou Officiers , & qu'il ne paroillôit ja-
mais avec moins de iuite à l'Autel. Au relte , bien
qu'ils ne fulfent que Diacres , il leur permeciou ,
en les ordonnant , de porter la chafubie , que les
Grecs ^p'psWeniphelone , mais non pas 1 étole , qu'ils
nomment EpuracheU , itriTfux.'M".
On ne convient point de la raifon qui leur fie
donner ce nom , ni de Ion crymolo^ie. Junuis ,
dansfon édition de Codin , p. 15 i. & i^^. léparece
mot en deux, & lu 4 K«râj«i(/«r, lix L'atucxUs ; mais
cette leçon e(t fautive , quoiquelle fe trouve dans
les Manufcrits de la Bibliothèque du Roi , îk de
celle du Duc de Bavière : tous les autres Alanulctus
n'en font qu'un mot ; &c ces Officiers lont nommés
Exocatacoiies^ lors même qu'ils n'ctoient que cinq ,
&c par Codin qui n'en compte que quatre, C i.
p. S. de l'édition du Louvre. Le même Junius pré-
tend que le mot Cat^cele vient de ce que ces Offi
ciers demeutoient dans les Vallées, x<ir«rif ,,(„xaiu;^
comme (i les Cures de Conllantinople avoieiu tou-
tes été dans les Vallées : & de plus on n» don point
Icparer ce mot , comme nous avens dit. Perius
Gregorius Tholofanas , L. XI-'. c. ().Syntagm. Uru-
vcrfî juris , croit que ce mot vient de K«r«x!,A£a; _, per-
mulceo \fuavitate animumdeiano : en etteton trouve
ce mot écrit E'|«>!«r<t>:;);v«î j mais Gretfer répond que
cette leçon eft vicieufe, & cette étymologie fans
fondement. Il ptopofe enfaite une conjcdlure ,
qu'il n'avance que timidement; il lit ii.ixxceTây.ùtrisrj au
lieu d'i|ax«ra)ta;Aïr j comme s'ils étoient appelés ain-
fi, parce qu'ils couchoient ou demeutoient hors
du Palais Patriarcal II avoue cependant qu'on ne
trouve point llmy.xTuy.nTiïy en ce Cens \ mais ilaMiTùr
Le Père Goar rejette un peu durement cette opinion
pour cette raifon ; mais , dira-t-on , avec Léon
l'Arménien , les Clercs ne demeutoient point dans
le Palais. Il eft viai ; mais depuis ils y demeurè-
rent : il n'y auroit donc plus d'Exoc.2Ucx/es , ou
Exocatacxles ; cependant on en trouve encore après
lui. De plus, il ne s'agit pas du Palais de l'Empe-
reur, mais de celui du Patriarche. Cet Auteur ai-
meroit mieux que l'on dît qu ilfautlireE'|4i««T««;A>.!rf,
&c qu'ils font ainli nommés par oppohtion au Syn-
celle , quicouchoit dans l'appartement du Patriar-
che , au lieu qu'eux n'y couchoient point ; mais i!
ne croit pas que des Officiers fi diftingués aient pris
leur nom d'une chofe qui marque le défaut d'un
privilège qu'ils n'avoient pas. Ainfi il aimeroit en-
core mieux due que tous les Clercs inférieurs s'ap-
peloient CacacéUs , KaT«««iA«' , c'eft-à-dire, Gens
qui font dans un rang bas \ & que ceux-ci , qui leur
etoient fupéricurs , fe nommoient Exocatacéies ,
ceft-à-dire, des Gens qui font hors des Catacéles ,
qui font au-delfus d'eux , qui ne font point de leur
nombre , mais dans un rang plus élevé. Enfin , il
conclut à s^en tenir au fentimentde George Coré-
fius , qui dit que le Palais Patriarcal & les appar-
temensdu SyncelleSc de tous les Moines qui étoient
au fervice du Patriarche , occupoient un endroit de
la ville fort bas , & qui par rapport au relie paroif
foit une vallée ic comme un gouffre ; que les
Grands Officiers dont nous patlons avoient leurs
hôtels, ou palais particuliers f|» hors de cette vallée j
& en d'auttes quartiers , Se que ce fut la raifon
pourquoi on les nomma Exocatacéies. C'eft en effet
ce qui paroît de plus raifonnahle.
M. Du Cange croit que ce nom vient de ce que
dans les Alfemblées ils étoient hors de pair , hors
du rang des autres Clercs , mais aflls en des places
plus élevées & plus honorables , aux cotés du Pa-
E X O c^-7j
triarche. Ces deux dernières ctymologies font les
plus vraifemblables. roye:( furies Exocatacéies,
Gouin c. I. les Notes de Gretfer fur cet Auteur *
L. le. 1. celles du P. Goar ; le P. Morin , De Sa-
cris Ordmat. P. 111. Exerça, lll. c. 4. n. 5. Hnberr
Archierat. page 32. le Glolfaire Grec de Du'c
ge, &c.
EXOCHE. f, f. Tubercule ou condylome de 1',
Exoche , Si%ix- > j'avance. Dict. de James.
-au-
lanus.
ocne , d'f|(;K- > ] avance. Dict. de James.
EXOCIONITE. f m. & f Exocionha. Il y av^oit
Conltantinople un lieu nommé Exocïomum. C'etoic
unMoiiallère,ditMeutfius dans fon Glolfaire • &:
les premiers qui turent appelés tixocionites , furent
les Aioines de ce Monallère. Mais il s'eft trompé ,
comme on le verra dans 1 étymologie de ce mot.
Ce font les Ariens qui furent appelés Exuàomces ,
parce que , challés par Théodoie le Grand , ils fe
retirèrent dans le lieu appelé /:'.voc:/o«////w , & qu'ils
y tenoient leurs Alfemblées. C'eft Théodotet qui
nous l'apprend , Hdiret. Fah. L. IF. La Chronique
d'Akxandriedit la mèmechofeà la première année
deliiéodoie. Elle appelle encore les Ariens Exocio\
nites à l'an X. de Léon le Grand , Se à l'an onzième
de Zenon. Jullinien donna aux Orthodoxes toutes
les Eglifes des Hérétiques , excepté celles des Exocio-
nites. Theophane , Chorenus. Voye^ le Glodaire
Grec de Du Cange , & fa Conftantinople Chié-
tienne , Meurfius j Suicerus.
M. Tillemont, ///7?£Vc/. T. VI. p. 510. dit Exa-
cionites , ou Exocionices. Il faut peut être diftinguer
les Exouconriens , de fcde aulh bien que de nom ,
de ceux qu'on a appelés ExacioniteSj owExocioniteSy
& qui étoient , félon Théodotet , les mêmes que
les Eudoxiens , c'ell-à-due , l'ancienne fede des
Ariens j dont tous les autres s'étoient féparcs.
Tillem.
Ce mot vient de liant Inai , ou î|<wx((j'ki» , nom du
lieu dont nous avons parlé. Codin , dans fes Ori-
gines de Conftantinople, p. 25. de l'édition du
Louvre , dit que VExocionium étoit un endroit en-
touré de murailles, bâti & doté par Conllantin j
qu'en dehors de cette enceinte de murailles il y
avoir une colonne avec une ftatue de cet Empereur;
& que c'eft delà que vint à ce lieu le nom à'Exc^
cionium, de f?« , dehors , «Se ''>'«» , colonne. Ce
n'étoit donc point un Monaftère. Au refte , l'f.vo-
c'mninm ne dura que cent trente deux ans , c'eftà-
dire, jufqu'à Théodoie le jeune. Il y avoit un "rand
nombre de colonnes, & delfus des ftatues apportées
dte Cyziques. M. Tillemont dit que ce lieu étoit
ainfi nommé , parce qu'il étoit peut être orné de î\-i.
colonnes. Mais que feroit dans à^y-Unn^, ou '?««/:>(«,
cet « , ou cet « , entre VJ , fix , & y-im , colonne : de
plus, s'il venoitde '%%, fix, il feroit afpiré. Godefroy
prétend que Théodoretfe trompe, lotfqu'il dir que
les Ariens appelés Exacionites , ou Exocionhes ,
avoient tiré ce nom du lieu où ils s'alfembloient \ Sc
il veut que ce nom foit le même que celui d'Exou-
contiens, donné aufii aux Ariens, parce qu'ils di-
foient que le fils étoit tiré du néant, U é* oyTw,. Go-
defroy fonde cette cenfute fur fon autorité , qui ne
nous paroît pas alfez grande pour condamner d'er-
reur un homme aulli habile que Théodore. Tille-
mont. T. VI. /.78S.
EXODE, f m. Le fécond des cinq Livres de Moyfe»
Exûdus. Ce mot fignifie , Sortie ou voyage , parce
que ce Livre contient la fortie des Ilraclites hors
d'Egypte. L'Exode contient, outre cela, l'hiftoire
de ce qui fe palTa en Egypte depuis la nwrtdeJofeph
jufqu'à la fortie des Ifraclites, & dans le défert ,
fur-tout au montSinaï, jufqu'à la conftruétion Se
l'éredion du Tabernacle. Les Hébreux l'appellenc
Feelle femoth , parce que ce Livre commence en
Hébreu par ces mots V celle femoth , qui fignifienc
Et hîc nomina. C'eft par la même raifon que les
Hébreux appellent \zQix\h(tBercJît , ce qui fignifie
In pnnc':pio , parce que la Genèfe commence par czi
mots. C'écoit la coutume des Hébreux de défigner le3
97
6
EXO
Livres de l'Ecriture par les premiers aiots de chacun
de ces Livres. tic
Exode , Exodium, dans les Septante , fignine la fin j
la. conclufion d'une fête , Théodoret ^ m Levit. q. 3 1.
& Nonius. C'étoit le 8= jour de la Fête des Taberna-
cles, que l'on célébroitj dit-on, en mémoire de
\ Exode , ou la fortie de l'Egypte : cela néannioins
n'eft pas marque dans l'Ecriture. Le texte Hébreu
appelle ce jour,m;;j;, que les Septante ont tra-
duit £|«'^<«».
Exode dans l'ancienne Tragédie, f. m.Cefl: l'une des
quatre parties de l'ancienne Tragédie. Exodium.
iiriftote dit , que l'Exode eft ce qu on difoit après
que le chœur avoir celFé de chanter pour ne plus re-
prendre. Ainfi Vexode dans la Tragédie Grecque, &c
félon le fenrimentd'Arillote, ne peut être pris pour
l'épilogue, comme bien des gens l'ont cru. L'exoi/e
eft tout ce qui renferme le dénouement & la cataf-
trophe de la pièce : ce dénouement , dans les pièces
bien compoiees , commence toujours après le der-
nier chant du chœur j &c cela répond exactement à
notre dernier & cinquième adte. Foyci- M. Dacier,
pag. 166. de fon Commentaire fur la Puëtique d'A-
rilîote. ParmilesLatins, t'.voc/ea été pris dans un autre
fens. C'étoit , parmi eux, à-peu-près ce que la Farce
eft parmi nous. Après qu'on avoir joué la Tragédie ,
on faifoit venir le Farceur , qu'on appeloit Exo-
■diaire , qui par fes grimaces , fes plailanteries , fes
bons mots , divertilFoit le peuple , eftuyoit les lar-
mes que le fpeitacle tragique avoir fair verfer. C'eft
ce que dit le Scholiafte de Juvénal , utquidquid la-
crymarum ac trijlkid. cœpiffent ex cragicis affeclibus ,
kujusfptclaculi ri/us decergerec.
L'Exode étoit certains vers plaifans que la jeuneiïe
xécitoit à la fin des Comédies Atellanes , & qui ré-
pondoient à nos ïz.ices.ViGZ^ÏK^ , furTite-Live ,
p. 197. Le même Auteur du ailleurs, p. 1695. les
Exodes croient les entremets , qui fe repréfentoient
es pofes d'entre les atles ; partie de fables & plai-
fanteries , partie de mufique , partie de feintes ,
comme pour faire reprendre haleine aux fpedateurs.
Suétone , dans la vie de Domitien , C. 10. Juvé-
nal, Sat. VI. v. 71. & Feftus font mention de ces
Exodes.
Le mot à'exode eft Grec : ël«c^0J, Çigm^is fortie ,
ou bien digreffion, écan du chemin , d'il; & ô^»r ,
chemin.
Exode, Exodium, étoit auflâ le nom d'une chanfon ,
ou d'une hymne , qui fe chantoit à la fin d'un repas
chez les Anciens.
EXODIAIRE. f. m. Terme de l'ancienne Tragédie
Latine. Farceur j Adeur qui paroilîoit après la Tra-
gédie finie , &c faifoit ce que l'on appeloit l'Exode ,
ou la conclufion du fpedacle , en divertilTant le
fpedateur. Exodiarius. Voyei[ EXODE.
EXOINE. f. f. Terme de Palais. Excufe qu'on préfente
en Juftice , quand on eft obligé d'y comparoître en
perfonne j & quand on a une raifon légitime qui en
empêche. Ejuratio vadimonii , excufatio caufaria. Il
faut envoyer un homme exprès fondé de procura-
tion fpéciale , pour préfenter fon exoine en Juftice ,
avec la preuve en main de l'empêchement qui eft
caufe qu'on n'y peut comparoître en perfonne j
<.omme un certificat de Médecins j fi l'empêche-
ment eft caufé par maladie.
Exoine j fe dit aullî en d'autres cas, comme lorfque
le Seigneur mande fon vaftal pour le venir ac-
compagner à la guerre , pour lui rendre la foi Se
hommage, ou autres devoirs auxquels il eft obligé.
Ce mot fe dit differemmenr dans les Coutumes, où
l'on trouve enjoigne ^ eafoingne j enfonie, enjoing ,
oa enfongnie , ou ef'oine , & dans fes dérivés j exo-
nier , ejfonieur, exoineur & exoiniaceur.
Ce mot vient, félon Budée , Périonius & Nicot ,
«îe llcfuiuH-xi , jurer, à caufe du ferment qu'on étoit
obligé de faire pour Vexoine j & ce mot etoit aufti
en ufage chez les Grecs dans le même fens , comme
le prouve Nicot. Cujasle dénve de exidoneare , ou
exonerare , parce que c'eft en effet décharger d'une
EXO
aflignation^ Saummaife deyô/z/?/a j qu'on a dit par
corruption àyônrd , qui fe dit en Latin pouv empc-
chement , ou excufe. 'V^offius dit qu'il vient de V k\-
lemandyi/2/7ij , quifignifie empêchement nécejjaire.
D'autres le dèt'wQnià.Jontico morho , qui excufoit de
comparoître en Juftice. Mén. On difoit autrefois
ejjoine , pour fignifier abfence. Du Cange condamne
toutes ces étymologies , & dit qu'il vient de effoniu:,
exonia , & exonium , qu'on a dit dans la baffe Lati-
nité dans le même fens. L'étymologie la plus na-
turelle eft celle qui fait venir ce mot èi exonerare ,
décharger , débarraffer.
EXOINER. V. a. Excufer quelqu'un de ce qu'il ne
comparoît pas en perfonne , être porteur de fon
exoine. Jurejurando aliquem excufare qui vocatus ju-
dicio non adefi; vadimonium ejurare. On dit auOi
ejjoiner, & on le trouve même ainfi écrit. Foye^ ci-
deffiis efcondire.
ExoiNER, ou Ex oNiER, fignifieauffij félon Nicot 5
dédommager.
EXOINEUR. f. m. Celui qui excufe j ou qui eft por-
teur de l'excufe d'un autre qui ne paroîr pas en per-
fonne en Juftice. Excufator. C'eft un terme qui fa
trouve dans les Coutumes. On trouve auffi dans le
même fens exoniateur , & exonier.
EXOMIDE. f. f. E'Ia^W. Sorte d'habillement en ufage
parmi les anciens Romains , qui le laiffèrent aux
Efclaves & aux Comédiens. Il étoit taillé de façon
qu'il laiffbit l'épaule droite découverte , & n'avoir
qu'une manche. Comme le manteau des Philofo-
phes Cyniques faifoit le même effet 3 on lui donna
aufti le nom diexomis j ou exomium , & celui d'exo-
TO/<«àceux qui le portoient. (Ferrarius ,de re vejîiar.)
Ce mot vient de ê» ou il , qui en compofition figni-
fiee|« , dehors , & ofsw épaule.
EXOMOLOGÉSE. f. f. Ce mot eft peu ufité; mais on
le dit quelquefois en parlant des rits anciens de la
Pénitence, dont VExomologéfe eft une partie. Il
fignifie Confeffîon. Exomolegejts , du mot Grec
î|o,«!iAf'y^j-j5- , qui vient d'Èlo.KoAoy:» , Je confejfe. Saine
Cyprien le prend en ce fens , L. II. ép. 14. & L, L
cp. J. D'autres , comme Tertullien dans fon Traité
delaPénitence,C. ç.y donnent un fens plus étendu,
comme nous faifons auffifouventaumotconfeflion ,
& le prennent en général pour Pénirence. L'fA-owo-
iogéfe publique n'a jamais été commandée, ou or-
donnée par l'Eglife pour des péchés cachés, comme
on le peut voir dans les Capitulaires de Charlema-
gne , dans plufieurs Conciles , & dans celui de
Trente, Self. XIV. C. 5. Saint Pacien prétendoit
que les péchés d'idolâtrie , d'homicide & de for-
nication ne pouvoienr être remis que par 1'£'.vooto/o-
géfe. Le P. Sirmond , dans une Dilfertation qu'il
publia en 1631. prouve que ÏExomologéfe n'étoic
ordonnée que pour les péchés publics, f'^oye^ ce
qu'ont dit de VExomologéfe Meflieurs Lochon &
Lengelet , dans les traités qu'ils ont faits du fecret de
la Confefllon.
EXOMPHALE.fubft. fém. Terme de Médecine.£'AroOT-
phalus , mot générique qui comprend toute forte
de tumeur , qui arrive contre nature à l'ombilic.
On peurdiflinguer trois hvtesd' exomphales : la pre-
mière eft des tumeurs qui fe forment départies : ily
en a trois efpèces , l'enteromphale , l'épiplomphale
& l'enrero - épiplomphale : la féconde forte d'c-
xhomphale eft des rumeurs qui fe forment] par des
amas d'humeurs : il y en a quatre efpèces , qui font
l'hydromphale , la pneumatomphale , la fercom-
phale J & la varicomphale : la troifiéme forre d'c-
xomphalts eft de celles qui renferment les deux au-
tres fortes , qui font l'enrero -hydromphale , & l'é-
piplofarcomphale. Voye\ M. Dionis fur toutes ces
maladies , & la manière de les guérir.
^ÇT Quelques auteurs font ce mot mafculin : le
Didionnnaire de l'Académie Françoife le fait fé-
minin ou mafculin. Suivant l'étymologie il devroit
être mafculin. Mais l'étymologie n'eft pas toujours
une raifon fuffifante. Il paroît que l'ufage le plus
général le fait féminin.
EXOPTHALMIE.
EXO
EXOPHTHALMIE. f. f. Sortie de l'œil hors de fon
orbite. Ce mot eft Grec , i|a^.9-a!A«''« j avance ,Jorue^
chute d'œil , de li , & de içiixXfco; , œil.
EXORABLE. adj. m. & f nxorabUis. Qai fe lailfe
vaincre , fléchir par les prières. Ce Prince étoit f^rc
irrité j mais enhn il s'eil rendu exorabte , il s'ell ren-
du aux prières , il s'ell iallFé fléchir.
IJC? Corneille s''eltfervi de ce terme dans Cinna.
Rende^ la comme vous à ities vœux exorable.
Exorable ne fe dit point , & devroit fe dire. Volt.
C'eft un terme fonore, intelligible, néceflaire en-
fin. Il ell bien étrange qu'on dile implacable , Hc non
. placable ; inaltérable j &c non pas ame altérable j
héros indomptable , &i non héros domptable j ine-
xorable , & non pas exorable.
EX-ORATORIEN. f. m. Celui qui â quitté la Con-
grégation des Prêtres de TOratoire j qui en eft forti
ou qui en a été congédié. Dimijfus , ou Egrejfus ex
Oracorli Conareganone. M. Du Gué , Auteur du
Traite de la t'rière publique j étoic Ex-Oratorien.
EXORBITAMMENT. adv. D'une manière exoibl-
rante. Ultra modum ^ ultra vires ,fortem. Cet hom-
me a été taxé exorbitamment , à des fommes plus
ferres qu'il ne peut payer.
EXORBITANT , ante. adj. Exceflif : qui eft aU-deli
de la jufte mefure- Exfuperans modum , enormis,ab-
horrens. Il a lailfé des biens exorbitans. On donne à
Xercès une armée fi nombreufe que cela eft exor-
bitant & pâlfe toute croyance. Autorité exorbitante ,
fomme exorbitante.
Ce mot vient du Latin exorbitare , qu'on adit dans
la balfe Latinité , pour dire , recedere ah eo quod
rectum eft , quod eft extra orbitam , être hors du droit
chemin , du fentier commun.
EXORCISER. V. a. Faire des conjurations au nom de
Dieucontrele Démon , pour le faire lortir du corps
d'un polfédé , ou pour purifier des créatures im-
mondes. Exorcifmos , /acras obtejlationes adhibere.
En ce fens l'on dit exorcifer les Démons. On dit aulli
éxorcifer un polfédé , employer les exorcifmes de
l'Eglife pourchalfer le Démon de fon corps. Enfin
Von d\z ^exorcifer l'eau , le fel , &c, prononcer les
Prières del'Eglile fur Teau , fur le fel exorciio te j
creatura falis , dcc.
Ce mot vient du Grec, èlop^/lsi» , adjurare.
Exorciser , fe dit aulîi figurément & en riant , pour ,
Exhorter fortement ; conjurer quelqu'un de faire ou
de ne pas faire da certaines chofes. Adhortari etiam
atque etiam. Il y a quelques heures au jour où le bon
Père m'e.vorc//è. Voit. On l'a tant eA'orc^e, qu'en-
fin il s'eft rendu.
ExocisÉ j EE. part.
EXORCISME, f. m. Oraifons, prières , ou conjura-
tions qu'on fait en exorcifant j ou pour chalfer le
Démon du corps des perfonnes qui en font polfé-
dées , ou pour préferver de quelque danger. Exor-
cifmus j obteftatio facra , rite concepta. Le Démon a
réfifté long-temps aux exorcifmes , avant que de
quitter ce polfédé. On fait les exorcifmes en faifant
de l'eau bénite & autres confécrations. On a fait
aullî autrefois des exorcifmes pour tirer la preuve
de la vérité des accufés. C'étoit une elpèce de
pain conjuré & exorcifé \ car on croyoit alors qu'un
coupable ne pouvoir pas avaler un morceau de fem-
blable pain. Cela fe pratiquoit du temps d'Edouard
III Roi d'Ani^leterre , & c'eft ce qu'en Anglois on
appeloit co^eo'. Lindenbrock rapporte un exemple
de Xexorcijmeà'xm pain d'orge , ou d'un fromage ,
pour avoir preuve de la vérité, & il fe peut faire
que de là foit venue cette imprécation populaire ,
Que ce morceau de pain m'étrangle , fi je ne dis
vrai.
On ne peut difconvenirque l'uTige des exorcijmes
•ne foit aufll ancien que l'Eglife. On s'en fervoit pour
chafler les maladies des hommes & des bêtes, &i
pour chafler les animaux qui nuifent aux biensde
la terre. M.Thiers, Traité des Superftuions ^ rap-
Tomc II L
S>77
E XO
porte diverfes formules de ces exorcifmes ; &: il cite
Icxemplf de S. Grat , qui avoit obtenu de Dieu là
grâce , qu'il n'y auroit point de taupe dans le pays
d'Aoll^ m trois nulle pas à l'entour. On peut, le-
lon lui j ufer encore aujourd'hui très-utilcment de
ces exorcifmes. Si conjurer les rats ^ les fautcrelles,
les chenilles, les tempêtes , i<c. Mais pour cela il
faut avoir un caradcre , <Si être .approuvé de l'E-
ghle; 6c de plus il tant fe fervir des Oraifons &
des paroles autorifées par l'Eglife : autrement les
exorcifmes fom àii fuperftuions très-condamnables.
Dans le Didionnaire de Moreri on a mis hxor-
cz/wei ou Conjurations j comme deux fynonymes :
mais proprement la Conjuration n'eft qu'une partie
de [ExorciJ'me; Se ÏExorcifme, la cérémonie toute
entière. Je ne trouve pas même que nos Rituels Fran-
çois le lervent jamais du mot de Conjuration : là
partie même à laquelle on pourroit particulière-
ment donner ce nom , c'eft-à-dire , la formule par
laquelle on conjure le Démon , on lui commande de
fortir , ils lappellent toujours ^A-ofcv/me , & non
point Conjuration.
^C? Les Exorcifmes magiques font des formules
dont fe fervent les prétendus Magiciens Se Soiciers ,
pour attirer ou chafler les efprits avec lefquels ilà
prétendent avoir commerce. Agrippa rapporte plu-
fieurs manières de conjurer ces elprits.
EXORCISTE. 1. m. C'eft un Clerc tonfuré à qui on à
confété les quatre Ordteà mineurs ,run desquels eft
celui àExorcifk. txorcfta. On ledit aufli du Prélat
qui exorcifé etretftivement un polfédé.
Quelques Auteurs ont cru que l'Eglife Grecque
n'a point eu d'Exorciftes \ mais les anciens Auteurs
Grecs en parlent d'une manière qui ne lailfe aucun
doute là-delfus. S. Denis, ch. d, de la Hiérarchie Ec-
cléfiaftique, S. Ignace Martyr, dans fon épître à
ceux d'Antioche. Foy. les notes du P. Goar fur l'Eu-
cologe.
L'oidination des Exorciftesk fiiit pendant la Mef-
fe , comme les autres , on trouve les mêmes céré-
monies marquées dans prefque tous les Pontificaux
& les Rituels : s'il y a quelque diftérence , elle n eft
qu'accidentelle. Comme les txorciftes foht deftinés
à challer les Démons, le IV^ Concile de Carthage ,
can. 7. a réglé que dans l'ordination des Exorciftes
l'Evêque , en leur mettant entre les mains le livre
des Exorcifmes , diroir ces paroles. Receve\ & con-
ferve':^ dans votre mémoire , & ayc^ le pouvoir d'im-
pofer les mains aux Energumenes , foit baptifés , foit
Cathécumcnes. Et c'eft ainli qu'on ordonne aujour-
d'hui les Exorciftes.
Dans le Pontifical imprimé fous Léon X il eft
marqué qu'on préfentera le Pontifical à ceux qu'on
fait Exorcftes j Se dans le Pontifical revu par or-
dre de Clément VIII. il eft marqué que ce fera le
Pontifical , ou le Milfel j ce qui eft indifférent j
parce que c'eft un fymbole qui fignifie le pou-
voir qu'on donne aux Exorciftes : 8c d'ailleurs danS
l'Evangile on voit que Jésus-Christ a donné à
fon Eglife &c à fes Ivlmiftres le pouvoir de chalfer
les Démons, ^ciye^ l'ouvrage du P.Martenne des an-
ciens rits de l'Eglife , Tome II, Se le Pontifical Ro-
main.
Il y avoît autrefois parmi les Juifs des gens qui
couroient le monde & faifoient proleflion de chaf-
fer les Démons par des invocations j qu'ils préten-
doient avoir été enfeignées parSalomon : on les nom-
moit Exorciftes. Fleuri. Voy. Jofeph , Antiq. Jud.
L. FUI. C. X Origène , tracl.XXXF. in Maith.
XX FI 1.61.
EXORDE. f m. Entrée, préambule , commencement
d'un difcours, d'une harangue , pour préparer les
auditeuts à ce qu'on va dire. Exordium. C'eft lepréam-
bule des Orateurs , qui doit fervir comme d'in-
trodudionà la matière qu'ilsentreprennent de trai-
ter. C'eft un défaut où les Anciens font très fouvenc
tombés, défaire à<î%Exordes a;}X\ n'avoient riende
commun avec leur fujet, Se qui fe pouvoient appli-
• quer par-tout. Parmi les ouvrages de Déinofthcne
H h h h h h
*)1
EXO
nous avons un lecueil A'cxordcs , dont quelques
\\\\% lai ont fci VI dans les harangues qui nous rei
tent de lui. Cicécon nous a appris qu'il en avoit un j
volume de icferve : enfoice qu'ayant envoyé un
EXP
des Orientales , & qui ne ccoiflcnt point en Eu-
rope. Les plantes naturelles font dues indigènes.
Ce mot vient du Grec t|à , t^iiS-^v , e.xcra. Les Grecs
ont dit aulli iluTtx'-.ç.
raité de la Gloire à Atticus , où il avoit mis le EXOUCONTIbN , enne. f. m. & f. Nom 'à.'
une
fedte Arienne. Exoucomius. Les txoucontiens étoient
une lede Arienne qui vouloir que l'on dît que le
Fils de Dieu avoitétc fait II cw. 'inm , de nulle fubf-
tance , de rien qui exiltâti &c c'ell de ces trois mots
Grecs que leur nom fut formé.
E X P.
îiicme exorde , & la mime préface qu'il avoit déjà
employée à la tête du troifième Livre de les quef-
Eions Académiques , il le prie alfez plaifamment de
le couper , & d'y en coller une autre qu'il lui en-
voie. Les Grecs étoient encore plus licencieux dans
leurs exordcs qns les Latins: au lieu de defcendre
doucement & comme par degrés dans leucs matiè-
res j ils s'y précipitent , & brifant tout d'un coup ' CtC7 EXPANSIBLE, adj. de t. g. Terme de Pliyfiquej
le raifonnement général qui leur fert d'exorde , ils] qui fe dit des chofes capables d'expanlion.
entament brufquem^nt leur fujet , au lieu d'y con-î ÇCÏ^ EXPANSIBILITE. f h Propriété par Laquelle cer
duire infenliblemenr le leitîur. Si l'on ôtoic à Pia- 1 tains fluides , comme l'eau , l'air ^ tendent , à occu-
ton fes longues préfaces j & fes importunes digref-
lions , on raccourcit oit de moitié.
Un Orateur dans Ion exords doit gagner la bien-
veillance 5c l'attention de fon auditeur , fans pro-
mettre plus qu'il ne peut tenir. Il huit que Vixorde
foit fimple , & que l'on en bannilfe les figures 5c
les métaphores trop hardies. On n'y doit pas em
ployer un rtyle trop élevé j ni qui aille jufquM
•l'enflure , parce que l'efprit de l'auditeut étant
encore froide & dans Ion afliette naturelle , ne
peut pis s'échautfer d'abord. Il étoit défendu de
faire des exordes dans l'Aréopage , parce que c'eft
une manière indiredte & imperceptible de l'jrpren-
\dre l'auditeur. V exorde eft nécelHire pour ne point
entrer brufquement en matière fans aucune prépa-
ration.
Souvent j fis de trop loin , an exorde bigarre ,
Jette hors du fujet L'Orateur qui s'égare ;
Et fouvent, trop pompeux , il dérobe l'éclat
Au rejle du Sermon , qu'il fait paroitre plat.
VlLL.
^fs" Le mot Latin prologus , prologue , répond
au mot exordium exorde , mais ne s'applique qu'aux
pièces de théâtre ; /7rx///ai.v/72 , prélude, à la mufi-
que, & prxmium , préface , à un ouvrage j à un
traité.
ffT Ce mot eit formé du Latin ordiri j com-
mencer.
EXOSTOSE.f. f. Ojps cminentia. Tumeur olTeufe con-
tre-nature , qui s'élève fur la furtace de l'os. Cette
tumeur occupe quelquefois toute fa longueur j ce
qui eft ordinaire au rhachytis dans lequel fouvent
toute la fubftance de l'osfe gonîîe.Les exostojes font
£réquen-,ês dans les maladies vénériennes & dans le
fcorbut. Dans les écrouelles & la goutte elles atta-
quent ordinairement les apophyfes , les épiphyfes ,
Is carpe , letarfe, les jointures des doigts , & les
autres articidations des extrémité';. Ce mot eltGrec,
f|orffl5-/5- J ofjis cxtuberatio , éminence d'os , formé
de f| , hors, &de W(ai , oj. Quand l'e.\-o/?o/I' arrive
aux joues , on l'appelle fatyrihne ; par-tout ailleurs
c'eft exoflofe. Dans la plica de Pologne il vient des
£-'^oJïofes , Scies vertèbrsife dérangent. Brémond.
Les e.vq/?oyè,î précédent fouvent de quelque mal vé-
nérien. Onles appuie autrement nodus.
EXOTÈRIQUE. adj. Vulgaire , public & commun à
tout le monde. Exotericus. Les anciens Philofophes
faifoient des ouvrages exotériques qui étoient à la
portée ae tout le monde , tant ils etoient raciles a
entendre ', mais ils en faifoient d'autres qu'ils appe-
loient exotériques ou. acroatiques , qui étoient fi obf-
curs , qu'on ne pouvoir les entendre j fans qu'ils
en donnaflent eux-mêmes l'explication ; comme l'a
remarqué Aulu-Gelle, liv. zo , ch. 5 de fes Nuits
Attiques.
EXOTIQUE, adj. m. & f II ne fe dit guère que dans
le didaétiqua, & figaifiej étranger. Extransus , exo-
ticus , adventitius. Il ne le faut pas fervir de termes
exotiques &c barbares. Il fe dit aulTi en Botanique :
une plante exotique , efl: une plante étrangère , tel-
, les que celles qu'on apporte de l'Amérique , des In-
per un plus grand efpace , à s'étendre , à fe dila-
ter, fou par quelque caufe externe, comme la ra-
refaCl:ion , (oit par une caufe interne, comme l'élaf-
ticité. /^'oye^ ces mots.
EXPANSIF, ivE. adj. Qui a la force de s'étendre, ou
de faire étendre un autre corps. C'eft un terme de
Chimie. Expandcndi vim hahcns , expan/ivus. L'é-
vaporation qu'on fait des eaux de Bourbon au feu de
fable J ne lailfeau fond du vafe que quelques grains
d'un fel fixe , mêlé d un peu de terre blanche Se
légère. Il faut donc que l'autre principe qui eft com-
me l'ame de cette eau , qui la rend fi animée , fi
pénétrante , fi expanfve , foit une crème de foufre ,
une fleur de bitume épurée , une quinteflence de
baume extrêmement exaltée , qui cachée dans les
pores de ce fel alcali , caufe , en fe fermentant avec
lui , cette chaleur &c ces ébullitions qu'on remarque
dans les pui:s. MÉm. de Ta.
lO" EXPANSION, f. f. Terme de Phyfique. Aétion
par laquelle certains fluides s'étendent & fe dila-
tent, occupent un plus grand efpace, tomme l'air,
l'eau , &: tous les corps dans l'état de vapeur. Ex-
panfie , dilatatio. f^oyei Air & Eau , Chaleur j
Elasticité. Un demi-pouce cubique j ou environ-
d'eau forte bouillonna , & fit une expanjion confi-
dérable dans la dilfillation , qui s'acheva en très-
peu de temps : en réfroidiflànt, Vexpanfion diminua
fort vite. De Buffon.
^3' Expansion , en Anatomie , fignifiela même cho-
fe que prolongement , continuation. Expanfion
membraneufe, ligamenteufe , mufculeufe. Les fi-
bres du cerveau font des développemens & des ex-
panfions des vaiffeaux fanguins qui y aboutiilenr.
La moelle de l'épine du dos eft une produélion ,
une expanfion de la fubftance du cerveau. Exvan-
fio , produciio. Les vaiifeaux gonflés qu'on apper-
çoit dans un Cancer reflemblent à des expanjions
de pattes d'écrevifles. Dionis.
EXPATRIATION, f h Vieux mot , qui fignifie ab-
fence , éloignement de fon pays , fou par bannille-
ment , foit par emprifonnement j foit pour le bien
public , par ordre du Prince , &c. Extra patriam
commoratio.
EXPATRIE, ÉE. adj. Qui eft hors de fon pays , pour
quelque caufe que ce foit , abfent. Voye-{ ci-delfus
Expatriation. Un'y a qu'un Citoyen expatriépoar
le fait d'une Religion rebelle , qui puiflè penfer en
aufli mauvais Citoyen. Mém. deTr.Jenn Bouthillier,
Confciller au Parlement de Paris , fousCharlesVI
a traité au long des expatriés, & des différentes for-
tes d'expatriation , dans fa Somme rurale , tit. 90.
Expatrié fe trouve aulîl dans la Coutume de Cam-
bray , tit. 5 art. 9 & dans celle de Namur , art. 1 1
& 3 5. comme l'a remarqué Ragueau en fon indice.
EXPATR.IER ( S' ). V. récip. Quitter fi patrie pour
aller dans des pays étrangers. Abandonner fon pays
pour s'établir ailleurs. Les malheurs du Comte de
Rofamberc me revenoient à l'efprit : je n'avois
point de goût pour cette inulritude de courfes ôc
d'aventures , bonnes Se mauvaifes , qui font inévi-
tables à une perfonne qui s'expatrie.... Mémoires &
Aventures d'un Homme de qualité j qui s'cjl retiré dif
monde.
E X P
IJCJ" On dit rarement expatrier, v. a. Obliger quel-
qu'un de quitter la patrie.
ÉXPECTANCE. f. i. Un article du dernier Traité de
paix conclu entre la Reine de Hongtic & le Roi de
Prulle, porte : Que les expeclances ôc furvivances
accordées par l'Empereur Charles VI fur des tiers j
terres , & autres biens (itués en Silélie , ne pour-
ront jamais être réclamées.
EXPECTANT. f. m. ou plutôt adj. pris fubft. Terme
de Juriiprudence. Qui attend l'accompliirenient
d'une grâce , d'une collation qui lui eil due j ou
^ïomiiii. îzxped.ans. Il y a às\.\'iiexpeciaris fur la no-
mination de ce Chapitre , l'un pour l'induit, l'au-
tre pour le ferment de fidélité. Si le ColLueur aft'cc-
te de frurtrer \' Expeclanc , par des provilions don-
nées itérativcmont à fon préjudice , dans les vacan-
ces qui font arrivées depuis la notihcation des lettres
dénomination , on l'oblige à donner à V txpcclùiu
par chacun an le revenu d une prébende de fon
Eglifcj jufqu'à ce que l'expectative loit remplie.
FuEr.
EXPECTATIF, ive. Il n'eft en ufage qu'au fémi-
nin y & même il ne l'ell; guèie qu'en cette phrafe ^
grâce expcctdtive. Voye:^ ExPEcrAnvE.
EXPECTATION. f. f. Attente, tixveclado , fpes. Ce
mot ne le dit point dans le langage ordinaire.
La fèce de Mtxjeclaùon àe la Sacrée Vierge eft
une fètc c]ue l'on célèbre en Elpagneavec beaucoup
de dévotion le l'i^ jour de Décembre, fept jouis
avant Noël. Godeau , RijKEcd. ^W. fiècle, E. i.
n.CIII. remarque que cette lête pourroit bien s'erre
établie & confervée en conféquence du décietdu
X' Concile de Tolède, tenu l'an (Î57 , par lequel il
fut ordonné que l'on célébreroit la tête de l'Annon-
ciation de la Mainte Vierge , huit jours avant celle
de la Nativité de N. S. parce que le temps auquel ce
myfièie avoit été eftectivement accompli romboit
dans le mois de Mars, qui elt celui de Carême , ou
de Li Pâque , deftiné pas l'Eglife aux exeicices de la
pénitence , ou à la folennité de la Réfurredion de
N. S. ce qui ne fut pas obfervé longtemps \ mais
qui s'elt peut-être confervé en Efpagne dans cette
fête de XExpeïl.iûon de la Sainte Vierge. Exve:la-
tion ne fe dit point en aucune autre phrafe ; encore
en celle ci eft-ce un mot Elpagnol ou Latin, plutôt
que François- On fait , je crois , cette fête en quel
ques mailons Religieufes en France, peutêtiede
' celles qui font venues d'Efpagne; &c on l'.appelle
l'Attente des Couches de la Sainte Vierge- Il feroit
mieux de parler ainfi que de dire en François Ex-
pcclaiion.
EXPECTATIVE j ou GRACE EXPECTATIVE. Ter-
me de Matière Bénéficia le. adj. & fubiL f. Attente ,
grâce promife , dont on attend l'accomplilfemcnt.
Spes ,five jusobtlnenis. reï quz prima vaca\erlt. Les
grâces expeciadves fe donnoicnt anciennement par
les Papes, pour obtenir les Bénéfices qui viendroient
à vaquer. AinI: c'eft l'ofpérance , & le droit au pre-
mier Bénéfice vacant. Les grâces expeciadves déplai-
foient forr aux Evêques , parce qu'elles entrepre-
noient fur leurs droits. Fl. Elles font odieufes ,
parce qu'elles induifent à fouhaiter la mottd'iruttui.
On ne reçoit point en France les réferves, mandats,
& autres grâces expeciadves de Cour de Rome. L'u-
fage des expeclatives eft fort ancien , quoiqu'il ne
fût pas (î fréquent dans les premiers temps qu'il
l'eft aujourd'hui. Ce ne furent d'abord que de fim-
ples prières de la part des Rois , que les Evêques
acceptoient avec d'autant plus de foumillion , que
les Roii ne leur préfentoient que des Sujets capables
de bien fervir l'Eglife : delà vient qu'on nomme
encore aujourd'hui le droit de Vexpecladvc , du fer-
ment de fidélité, ou de joyeux avènement à la
Couronne , 7«j primarum precum. Mais l'exercice
fréquent de ce droit l'ayant fait palTer en coutume ,
on le regarda infenfiblement comme un droit d'o-
blioation&denécefllté. En 1 5 99, quelques-uns ayant
ofé révoquer en doute une coutume fi ancienne , le
Roi Henri IV. fit expédier fes patentes pour les
979
E XP
confirmer , & 'elles furent vérifiées au Confeil fans
refcricaon , ni modification. Depuis ce temps -U
elles ont toujours été obfetvées inviolablement.
Celt un privilège que l'Eglife accorde au Roi à fon
avènement à la Couronne j ou lorfqu'il reçoit le
fermentdefidélitc des Evêques, de pouvoir nom-
mer à deuxCanonicatsde chaque Eglife Cathédrale.
C. B. On prétend que quand la nomination au.t
prébendes appartient au Chapitre conjointement
avec l'Evêque , elles ne font point fujettes à l'e.v-
pecladve Royale du ferment de fidélité j parce que
cmiQ expectative eft une dette petfonnelle de l'Evê^
que , à laquelle le Chapitre ne doit pas contribuer.
Id.
On doit mettre an nombre des grâces expeclatives
les Induits accordés au Chancelier lie France j aux
Maîtres des Requêtes, aux Préfidens & aux Con-
feillers du Parlement de Paris, & à quehjues Ofti-
ciers de ce même Pailement. On n'a point reçu ert
France là-delTus le Concile de Trente , qui a aboli
toutes fortes ài'expecladves : au contraire le Pape
Clément IX. a augmenté les privilèges des Indul-
taites. Il y a une autte forte de grâce expectative en
France ; favoir , les privilèges accordés à ceux qui
ont étudié un certain nombre d'années dans quel-
cjue Univerdtèfameufedu Royaume, qu'on nomme
Gradués. Foyc-^ GRADUES.
Expectative, fe dit aulli d'une efpèce de droit de
furvivanceque l'on donne en certains pays , comme
en Efpagne. Il a V expectative de la première Com-
manderie vacante.
Expectative, eft quelquefois un droit acquis, &
non pas une grâce. Droit d'expectative , ou d'at-
tente. La République de Pologne a un Droit d'ex-
pectative fur la Souveraineté de la Priilfe Ducale.
Expectative, f. f. Terme en ulage dans les Univer-
iités , où l'on donne ce nom à une thêfe qui fe fou-
tient la veille que l'on doit palier Doèteur , & re-
cevoir le bonnet. Celui qui doit être paifé Doileur,
prie un jeune Etudiant en Théologie de vouloir
bien taire cette thèfe & la foutenir. Le jeune Théo-
logien eft libre d'y mettre ce qu'il veut. A Paris,
cette thèfe ne lui fett de rien , par rapport à fa li-
cence ; à Angers , quand elle eft bien fournie, elle
eft comptée pour une des thèfesde licence. Les Ba-
cheliers qui lont en licence argumentent contre le
jeune Théologien, qui foutient fa thèfe en préfence
de celui qui le lendemain doit recevoir le bonnet de
Docteur. Après que le jeune Théologien a foutenu
cette thèfe pendant environ deux heures j celui qui
doit être pallè Doèleur le lendemain prend fa pla-
ce , & foutient la même thèfe pendant autant de
temps .à peu-près. On la nomme ainli , parce qu'elle
fe foutient dans l'attente du Doftorat, 5c la veille
du jour qu'on le reçoit. Expeclo, j'attens.
Expectorant^ amte. .adj. Terme de Médecine,
louvent employé fubftantivemcnt. Anacadiardcus.
On appelle remèdes expeclorans j ou expeclnrans
fimplement , les médicamens qui font fortir par les
crachats les humeurs grolhères & vifqueufes atta-
chées aux parois des bronches & des vèlicules pul-
monaires. Tels font l'éryfimum , l'hyllope , le lierre
terreftrc, &:c. Ce mot vient du Latin expeélorare, il
efl , ejicere è peciore , chalLer de la poitrine.
expectoration, f. f. Aétion de cracher & de
vitler la poitt ine des flegmes qui s'y forment , & qui
engluent les Poumons. Les Médecins fe fervent
communément du mot d'expectoration au lieu de
crachement J excepté lorfqu'il s'agit d'un crache-
ment de fang , & encore M. de l.i Chapelle dit-il
d'après M. Blackmore : il avoit tous les fymptomes
d'un poumon ulcéré j excepté Vcxpecloration de
fang qui ne fe trouve pas dans toutes les confomp-
tioiis.
§Cr L'expectoration eft Bien une efpèce de cra-
chement ; mais tout crachement n'eft pas expecto-
ration : le mot d'expectoration étant deftiné .à expri-
mer l'évacuation des humeurs muqueufes de U poi-
H il h h h h ij
980 EXP
trine & des parties qui en dépendent. Foye^
CRACHAT.
EXPECTORER, v. a. Terme en ufage parmi les
Médecins & Apotiiicaires. Cracher j dégager la
poitrine de ce qui embarralle les poumons j des ma-
tières groiïîères & vilqueufes qui s'attachent aux
parois des bronches & des véficuies pulmonaires. Il
a expecloré fon abfcès. Les Auteurs Latins ont dit
expeciorare , mais dans un fens figuré , bannir de
fon efprit , ôter de fa mémoire.
^ EXPECTORÉ j in. part.
EXPÉDIENT, f ai. Moyen , voie qu'on trouve pour
, fortir d'une affaire difficile. Ratio j modus expli-
candut. r«i , conjîcknddi , expedienda. Donner des
expédiens. Les habiles négociateurs trouvent tou-
jours quelque expédlcm pour accommoder les cho-
fesj pour terminer une affaire. On prit l'e.v/^dt/iertr
de négocier par les Députés. De la Rochef.
Expédient, adj. Signifie quelquefois. Utile. H eft
expédient pour la Republique de bannir ce fédi-
ÛQUX. ExpeditReipublicx.
Expédient , en termes de Palais , fignifie Un arbi-
trage fommaire, auquel on renvoie les caufes de
légère difcuffion , fuivant l'Ordonnance ^ c'eft-à-
dire , qu'on oblige les Avocats à en paffer par l'avis
d'un ancien. Les déferrions j péremptions d'inffan-
ce , &c. font des caufes qui doivent être jugées par
exp.
•dient.
EXPÈDIEPv. V. a. Ne pas quitter une affaire j & la
terminer tout de fuite. Conficcrf. , expedire ^ abjol-
vere. Ce Confeillcr expédie h'isn des procès. Cet
Ouvrier expédie bien de la befogne. Je mefouviens
de ce que je fouff"ris à la maladie de ma pauvre
tante, & comme vous me fîtes CAr/jet^itr cette dou-
leur.
^Zr On le dit dans le même fens des perfonnes : c'eft
terminer promptement les affaires qui les concer-
nent. Expédiei-moi promptement Ce Juge , ce Mi-
niffre a expédié bien du monde ce matin. Plus je fe-
rai en Bretagne , & plus j'aurai befoin de votre
confolation : ne mcxpédiei point là-deffus Mad.
DE SÉV.
fer Expédier, dans leCommerce.Fairepartirpromp-
tement des marchandifes. Expédier un ballot , un
vallfeau pour quelque endroir.
§3" On dit dans le même fens , expédier un Cou-
rier, c'eft-à-dire, le dépêcher promptement , Ten-
voyer à quelqu'un avec les lettres & inftruétions
fuffîfantes. Abjblvere ., dimittere tabellarium. Il ex-
pédia aullîtôt à Rome le même Courier. L'Ab.
Régn.
Expédier j fignifie auffî , Exécuter à mort. Conficere ,
perimere ^ morte mulclare. Il y a eu aujourd'hui
quarre hommes expédiés à la Grève. Il fe dit fur-
tout pour faire mourir vite. Ce parient n'eut^ pas à
languir long-temps, il fut promptement expédié.
Redoutable aux filoux , terrible aux ajfafflns ,
Il expédioit plus de monde
Que Tiaur oient fait .quatre bons Médecins.
On le dit dans le même fens des maladies. Il
n'en faut pas davantage pour expédier un homme.
Ces maladies font très- violentes, & elles expédient
leurs malades en peu de temps. Dionis.
Expédier, fignifie encore^ Manger goulûment. On eut
beau fervir à ces afflimés un grand repas j ils l'eurent
bientôt expédié.
Expédier j fignifie auflTi en Jurisprudence , Délivrer
des aétes tirés d'un dépôt public jdéliver une grolfe ,
une expédition , ou copie collationnée d'un aâe au-
thentique. Apographum conficere^ exemplar defcri-
bere. Il effallé faire expédier fon brevet chez le Se-
crétaire d'Etar ^ expédier Çqx\ Arrêt par le Greffier^
expédier une féconde groffe de fon contrat par le
Notaire.
On dit proverbialemenr 8c en raillerie parmi les
Joueurs , expédier un homme en forme commune j
pour dire, lui gagner tout fon argent.
EXP
Expédié , ée. part.
EXPEDITEURS, f. m. pi. On nomme ainfi à Amf-
terdnm certains Commilnonnaires à qui les Mat*
chands qui font le commerce par terre avec les pays
étrangers, ont coutume de s'adreffer pour y faire
voiturer leurs marchandifes.
EXPEDITIF , iVE. adj. Qui expédie, qui fait beau-
coup d'affaires en peu de temps. Celer in agenda , mi-
nime cunclator. Ce Rapporteur eft fort e-v^eV/r//, il
ne fait point languir fes Parties. Il n'eft pas de ces
Médecins qui marchandent les malades , c'eft un
homme cxpedltij ^ qui aime à dépêcher les malades;
& quand on a à mourir , cela fe fait avec lui le
plus vite du momie. Mol. D'autres peignent feu-
lement de pratique par une habitude expéditive qu'ils
ont contractée. De Piles.
'^fT DiLiGENT,txpÉDiTiFj Prompt, confidérés comme
fynonymes. Lorfqu'on el\ expéditi/ , on ne remet pas
à un autre temps l'ouvrage qui fe préfente j & on
le finit tout de fuite. L'homme expéditi/nc quitte
point le travail. On eft expéditif dans les affaires
qu'on doit terminer. Foye^ Promt & Diligent.
Les délais font le défaut oppofé à cette qualité.
IKTEXPÈDITION. f. f. Vigilance dans les affaires qui
fait qu'on ne les quitte pas, & qu'on les finit promp-
tement. Agcndi celeritas. Prompte expédition. Ce
Miniftre eft un homme èi expédition.
ÇCF Expédition , dans le Commerce, fynonyme à
dépêches. Foye~ ce mot.
§3* On le dit généralement djs dépêches , foit
lettres particulières, foir ordres j inftrucliojis , foie
aétes de Juilice. Ce Courrier attend fes expéditions.
ifT Expédition en Cour de Rome. Foye^ Expédi-
tionnaire.
fier Expédition en Jurifprudence. C'eft la copie d'un
a(Ste , ou la groffe tirée de la minute , &c fignée par-
un Officier public. Exemplar defcriptum. La copiée
n'a pas la forme exécutoire , comme la groffe. Foy.
ces mots. Il y a auffî des expéditions faites fur la
grolfe. Ce font proprement des copies collationnées
fur la gioffe.
On dit auffî au Palais qu'un Procureur figne
fes expéditions , quand il figne les copies des adtes
qu'il fait fignifier.
|CT Expédition 3 dans l'Art Militaire. Entreprife
Militaire , marche d'une armée qui va commettre
des hoftilités dans un pays éloigné. Expeditio Mili-
taris. On le dit de même des vaiffeaux qui fe met-
tent en mer pour quelque entreprife particulière,
pour le commerce , pour des découvertes , &c.
On peut fe fervir de ce terme fans y ajouter l'épi-
thète militaire , comme le recommande Vaugelas ,
pourvu que la matière détermine le leéteur à une
entreprife de guerre. Il ne s'eft jamais vu d'expédi-
tions plus hardies , ni plus heureufes j que celles
d'Alexandre. Bouh. L'expédition de Cyrus contre
Artaxercès. Ab. L'expédition de Xercès courte la
Grèce fut malheureufe. S. Louis alla en perfonnc à
l'expédition de la Terre-Sainte. Céfar lui-même , au
milieu de fes expéditions dans les Gaules , compofa
deux Livres de l'Analogie des mots. L'Ab. Rég.
fpr On le dit ironiquement des entreprifes ordi-
naires. Voilà une belle expédition.
|p° On appelle homme d'expédition, un homme
hardi , entreprenant, qui vient promptement à bout
de ce qu'il entreprend.
EXPÉDITIONNAIRE, adj. m. Banquier Expédition-
naire en Cour de Rome. Qui foit expédier des lettres
& des ades en Cour de Rome, foit en Chancel-
lerie , foit en Pénitencerie. Expcditionarius. On a
créé en titre d'Office des Banquiers Expéditionnai-
res en Cour de Rome & en légation d'Avignon. Il
eft auffî fubftantif L'Expéditionnaire en Cour de
Rome.
EXPELLER. V. a. Vieux mot Latin francifé. Expel-
lere. Chaffer , mettre hors.
Par fa fureur, hélas ! elle m'expelle (la fortune)
Du bien que j'ai, Marot , Rond. 1 9.
EX P
EXPELLÉ, ÉE. part.
EXPERIENCE, f. f. Obfervation exacte des faits &
des phénomènes que nous préfente la riataie , iSc
de ceux que nous créons noiis-memes, pac de nou-
velles combinaifons des corps, pour découvrir la
caufe de ces différens etrets. Expeiimcntum , cxpc-
ricntia. La Phydque moderne elt préférable à celle
des Anciens, en ce que celle ci coinmençoic par
raifonner fur lescaufes , (Se celle-là ne railonne que
fur les e.vpmV/2Cf^. Defcartes ilifoic qu'il faifoit plus
de cas dés expériences des Artifans, que des Ipécu-
lationsde tous les Dodes. Il y a un curieux R.ecueil
fait par Sturmius, des découvertes & expérience
qui ont été faites en ce liècle , intitulé , Collcgium
expérimentale. Les expériences font devenues ii cé-
lèbres , & fi communes depuis quelque temps, que
le mot èa expérience eft devenu comme un terme
d'art en Phylîque , & en plulieurs parties des Mathé-
mathiques. On dit d'un railonnement qui paroît
démonifratif , mais qui ne s'accorde pas à ce que
l'on a vu : ce raifonnement eft bon , mais il eil con-
traire à l'cJ.v/'^Vie/ztrs. ïlya depuis quelque temps des
gens curieux & oilîfs , qui prennent le nom de Phi-
lofophes , & dont toute la Philofophie confifte à
faire des expériences fur la gravité de l'air , fur
l'équilibre des liqueurs , fur l'aimant. M. Dacier ,
au commencement de fou difcours fur Platon , qui
eft comme la préface de fa tradudtion de Platon ,
ell inJigné de voir que ces taifeurs d'expériences
s'attribuent le beau nom de Philofophes.
ffT On le dit en Médecine dans le même fens,
des ditférens moyens que les Médecins emploient ,
pour connoître h l'on peut faire ufige d un remède
dans telle Maladie , sil peut produire tel ou tel
effet \ en l'appliquant , par exemple j fur le corps
des animaux. La Phyfique & la Médecine ont be-
fûin d'être aidées par les expériences que le hafard
feiil fait naître , ôc qu'il n'amène pas à point nommé.
FOiNT.
Expérience j eft audî uneconnoiiranceacquife par un
long ufage , jointe à la réflexion fur tout ce qu'on a
vu. Ufas. L'expérience n'eff autre chofe que les
idées qu'on a de tout ce qu'on a vu, ou lu, fur
lefquelles le jugement rédéchit pour en faire un
bon ufage. Sans le jugement &c fans la réflexion ,
l'expérience ns fert de rien. M. Scud. Iln'elt rien de
plus utile à l'inftrudion des hommes , que de join-
dre aux exemples des liècles palfés les expériences
qu'ils font tous les jours. Boss. La plus grande par-
tie de la capacité des homm.!s n'ell fondée que fur
leur expérience , & ils raifonnent rarement jufte fur
la première affaire qui leur palFe par les mains.
S. REAL. Il faut beaucoup de jugement pour appli-
quer l'cv^mV/zce du palfé au prélent; les faits va-
rient beaucoup. Mont. Malheureufement l'expé-
rience ne vient qu'avec l'âge. S. Evr. La fagelle eft
communément le fruit de l'expérience. Id.
UC? On le dit aufli dans le même fens en Méde-
cine , de la connoiflance acquife par dcsobferva-
rions fuivies de tout ce qui peut conferver la fanté
ou la rétablir quand elle elf altérée.
tpy Expérience y Essai , Epreuve , conlîdérés comme
fynonymes. L'expérience regarde proprement la
vérité des chofes ; elle décide de ce qui ell ou de ce
qui n'eftpas; elle éclaircit le doute, & dillipe l'i-
gnorance. Elle confirme nos opinions \ elle eft la
nièrede la fcience. ^oje^ Essai & Epreuve.
On appelle homme d'expérience , celui qui a vécu
& raifonné long-temps; qui a vu i^ lu beaucoup
de cliofes ; quiconnoît tout le monde par ù propre
expérience. Il eft dangereux d'avoir à foutenir les ob-
fervations d'un Minilfre lupérieur , par l'avantage
du porte j & par celui de l'expérience. S. Evr.
Expérience , parmi les Artifans & les corps de mé-
tier , lignifie un demi-chef-d'œuvre. Expcrimen-
tum j tencamen. Les Compagnons afpirans à la Maî-
trife font obligés de faire un chef-d'œuvre : les fils
de Maître ne font qu'une fimple expérience , une lé-
gère expérience.
E X P
5?'
EXPERIMENTAL, ale. ad<. Experïmentdis. Qui eft
fondé fur des expériences. La Médecine eft une
Icience conjecturale & expérimentale. Phyfique ex-
périmentale.
EXPERIMENTER, v. a. Chercher à connoître par d^i
expériences ; taire plufieurs remarques à: obferva-
tions fur les divers effets de la nature. Experiri j
tenture -, jacere periculuin. On expérimente les remè-
des fur des perfonnes de peu d'importance.
Expérimente , ée. part, dont on fait l'expérience^
Uju probdtus. Les remèdes les plus communs font
les plus sûrs , parce qu'ils font les plus expérimen-
tés.
CCT II eft auffi adj. & fignifie qui eft inftruit par l'ex-
périence. Edoélus uju. Il ne faut pas fe flatter \ les
plus expérimentés font des fautes capitales. Il faut
s'en rapporter aux gens expérimentés.
Expert, erte. adj. Celui cjui eft fort verfé daiis
la connoillance d'un art qui s'apprend par l'expé-
rience jointe à la théorie. Ce Chirurgien eft fore
expert en {on art. Expertus. Matrone fort experte.
Expert, eft quelquefois fubftantif , & lignifie un
homme verfé dans la connoilfance d'une chofe ,
nommé par autorité de Juftice , ou choih par les
parties intéreffées , pour examiner cette chofe , en
faire le rapport, & donner Ion avis. AiJlimatoT . Il
faudra des Experts pour favoir ii le fondement eft
ruiné. Pélisson. Les réparations feront vifitées pat
Expert & gens à ce connoilfans. On paye les fruits
du rachat d'un relief au dire des Experts. Il faut
deux Experts pour la validité d un rapport. Si l'une
des parties refufe de convenir d'un txperc ^ le Juge
le nomme d'office. Par Arrêt du Confeil en 1690 ,
le Roi a créé un certain nombre d'Experts Jurés
pour chaque ville du Royaume , & 50 pour celle de
Paris; c'eft à-dire, 15 Architeétes, &i 1^ Entre-
preneurs, Maçons & Charpentiers, qui feuls peu-
vent être nommés d'office pour être arbitres des
conteftations entre les Bourgeois. Ces Experts^
dans leurs defcentes & vifiteSj doivent être accom-
pagnés d'un Greffier des bâtimens j dit de l'Ecri-
toire^pour écrire la minute de leur rapport; &
lorfqu'ils ne conviennent pas on nomme un tiers
pour décider la conteftatior..
EXPIATION, f f. Aétion par laquelle on fouffre la
peine de fes crimes. Expiatio , piaculum. Les âmes
palfent par le Purgatoire pour l'expiation de la
peine diie à leurs péchés. Il a été condamné à la mort
pour l'expiation de fes crimes.
Expiation, fe dit aulli des ficrifices qui fe font à
Dieu pour implorer fa miféricorde , Se la remif-
lion des péchés. Sacrijîcia piacularia.
La Fête de l'Expiation , chez les Juifs fe célc-
broit le dixième jour du feptiéme mois de l'année
Juifve, quicommençoit à l'équinoxedu printemps j
ce mois s'appeloit Tifri j & répondoit à peu près à
notre mois de Septembre- Dieu ordonne cette Fcte
dans le Lévitique C. XXIII. v. 2.7. jufqu'au 33'.
En ce jour le Grand-Prêtre , figure de Jesus-
Christ j confefloit fes péchés ; & après plufieurs
cérémonies , il faifoit l'expiation pour tout le peu-
ple , pour les laver de tous leurs péchés. Les Ifracli-
tes , félon l'expreffion de l'Ecriture , Lévitique
XXIII. xj. affligeoient leurs âmes ce jour-là ; c'eft-
à-dire , entroient dans des fentimens de compon-
étion & de pénitence & en faifoient des aftes. C'eft
par la même raifon que Jérémie XXXVI. 6. l'ap-
pelle un jour de jeûne , aulîi bien que Sainr Paul,
Aét. XXVII. 9. félon l'interprétation de quelques
Auteurs. On oftroit un holocaufte ce jour-là & l'on
ne faifoit aucune œuvre fervile. C'etoit le feul jouf
que le Grand-Prêtre entrât dans le Sancla Sanclo-
rum-y c'eft-à-dire dans l'intérieur du Sanétuaira ,
le lieu le plus faint du Templj. Après s'être lavé,
il fe revêtoit de fa tunique de lin , &' de fon habil-
lement intérieur de lin au/îi, d'un ceinturon &
d'un ornement de tête de fin lin. Enfuite il penoic
un jeune taureau roux pour l'offrir en expiation dit
péché j & un bélier en holocaufte. L'allèmblée du
98l EXP
peuple lui préfentoit deux boucs pour le pcchc ,
Hi an beliei' pour 1 oifrir en holocaulte. Il condui-
l'oir les deux boucs à la porte du tabernacle, ^
jetoit le for: fur ces deux vittimes en mettant deux
billets dans l'urne, l'un pour le Seigneur, în: 1 autre
pour Azazel , c'elt-à-dire, pour le bouc qui dévoie
être conduit hors du camp ou de la ville ^ chargé
des péchés du peuple, que les Grecs appellent izro-
■atfccc'ic; j (k les Latins bouc émillaire. Il immoloit
pour le péché celui qui écoit deltiné par le fort à
être ofrert au Seigneur ; &c réfervoit celui fur le-
quel le fort du bouc émilFaire écoit tombé , & l'of-
froit au Seigneur. Enfuite prenant l'encenfoir plein
du feu facré des holocauftes & d\m encens c^u'il
jetoir dell'us, il entioïc dans le Sanduaire, y fai-
foit fept afperfionsdu bouc qu'il avoit immolé. Il en
_fortoit pour immoler à l'autel des holocauftcs, le
bouc fur lequel écoit tombé le lort du Seigneur,
portoic de fon fang dans le Sanctuaire, Se faifoit
de même fept afperiions avec ce lang. Il revenoit
enfuite dans le tabernacle ou dans le Temple,
y faifoit des afperfions de ce lang !k en arrofoiti
les quatre coins de l'autel des holocauftes. Le Sanc-
tuaire , le tabernacle Sc-l'autel étant ainli purifiés ,
le Grand-i^rètre le laifoit amener le bouc émif-
fairé, mettoit la main fur la tête de cet animal,
confelîoit fes péchés & ceux du peuple, & prioit
Dieu de faire retomber fur cet animal la peine
qu'ils avoient méritée. Le bouc étoit enfuite con-
duit dans un lieu délert , où il étoit nns en liber-
té, ou précipité. Le Grand-Prêtre quittant enfuite
fes habits, fe lavoitdans le lieu faint, & les rcpre-
noit pour oftrir en holocaufte deux béliers j l'un
pour le peuple , l'autie pour loi. Il mettoit fut
l'autel la giailFe du bouc immolé pour le péché,
après quoi tout le telle de cette viétime étoit porté
hors du camp, & bridé par an homme qui ne ren-
troit dans le camp qu'après s'être punhé en fe lavant.
Celui qui a voit conduit le bouc émillaire en faifoit au-
tant.Telle étoit l'expiation folennelle pour toutle peu-
ple parmi les Hébreux, rapportée dans le Lévitiquc ch.
I ij. & autres , Se dans les Commentateurs j Cour, de
l'Hill. des Juifs depuis J. C. jufqu'àpréfent. Mgr.
Les Juifs aujourd'hui n'oblervent plus ces céré-
monies ^ mais pour viétime, ils offrent un coq. Ils
jeûnent depuis le premier jour du mois jufqu'au
dixième; ils prient beaucoup j ils récitent fouventi
la formule de la confelîion de leurs péchés, Se ne
mangent point pendant tout ce temps-là de pain
hiit par les Chrétien^; j ce qui eft pour eux une ob-
fervance d'une grande pureté. Le i)^ jour ils vont
de grand matin à leuts Ecoles j y chantent & y
prient be.rucoup. Enfuite ils reviennent dans leurs
maifons. Tous les mâles prennent un coq entre
leurs mains, les femmes, une poule; & celles qui
font grolles , un coq & une poule. Le père de
famille en difant quelques mets de prières, frap-
pe trois lois la terre de la tête de fon coq , une
lois pour loi , une autre pour fes enfans , & la
troilième pour les abfens. Enfuite mettant les mains
Au le coq, comme le prêtre le faifoit fur la tête
du bouc, il le facrificj le rôtit, & jette les intef-
tins fur le toit de la maifon,afin que les corbeaux
les emportent dans le défert, comme on y chalfoit
autrefois le bouc émllfaire. U'expiadon faite , ils
vont prier à leur cimetiète, & donnent le prix du
coq aux pauvres ; Se Tayant ainfi racheté de Dieu j à
qui il étoit otFdrt,ils le font cuire , bouillir , ou
rôtir, i3ç le mangent, f^oye^ Baxtozi,Synag. Jud.
C 15. (S' iiS,
Cet ufage des expiations pafTades Hébreux aux
Grecs, des Grecs aux Romains & autres peuples.
C'étoit en général une cérémonie religieufe pour
purilier les coupables & les lieux qu'on croyoit
fouillés, pour appaifer la colère des Dieux, pour
purifier les fbldats avant Se après le combat : ce
iju'on exprimoit par les mots , expiare , luftrare ,
puroare , februare. L'expiation fe faifoit avec di-
verfes cérémonies. La plus ordinaire étoit l'ablu-
EXP
tion. On failoit des expiations pour les villes ,
auiîi-bien que pour les perfonnes coupables. Après
que le jeune Horace eut été ablous par le peuple
du meurtre de fa fœur , il fut encore purifié par
toutes les expiations que les lois des Pontifes
avoient prefciites pour les meurtres involontai-
res. On drclfa deux autels, l'un à Junon , l'autre
à Janus ; on y oiîrit des facrifices , & on fit paifer
le jeune Horace fous le joug.
ifT Pour les Chrétiens qui font lavés du fang
de r.igneau fans tache , ils n'ont point eu d'autres cé-
rémonies d'^A-^wrio« particulière , que celle de l'ap-
plication des mérites de fon fang, laquelle fe fau
par les facremens, ou feulement quelques céré-
monies , comme l'eau bénite , qui ne font que
des fignes extérieurs de la purification intérieure
qui fe fait en eux par l'opération du St. Efpnt.
EXPIATOIRE, adj. m. & f. Sacrifice , offrande qui
fert à rendre pur Se net de péché. Piaculare. Le
grand facnfice expiatoire a été fait fur l'arbre de la
Croix J & fe renouvelle tous les jours fur nos Au-
tels. Le Pontife n'entroit dans le Saint des
Saints qu'une fois l'année , le jour de la Fête des
Propitiations , Se précifément à l'heure deftinée
au Sacrifice expiatoire Goerée.
EXPIER V. a. Efiacer les péchés , ou foufFrir la peine
qu'ils ont méritée. Expiare , piare. La mort a expid
tous f;s crimes. Le Sauveur en mourant a expié
tous les péchés des hommes. Ma repentance doic
expier ma faute. La Reine faifam un rigoureux
examen de fes péchés , les fA'/'io/V par la pénitence
& par les aumô'nes. Boss. J'ai fait le crime , & je
vais {'expier. Rac. Il a expié fon crime par fa
mort. Abl.
Expié , ée. part.
EXPILATION.f. f. Terme de Jurifprudence. Adion
de celui qui divertit & qui fouilrair les biens d'une
fuccellion avant qu'aucun fe foit déclaré héritier.
Expildtio J fubtraclio. C'étoit une efpece particu-
lière de larcin , parcequ'il ne peut y avoir de larcin
d'une chofe héréditaire qui n'étoit polfédée de
perfonne , avant l'acceptation d'hérédité. Ainfi le
Droit Romain a introduit l'aétion à'expilat.ion d'hé-
rédité , pour punir cette efpèce particulière de
crime.
EXPIRANT, f. m. Nom d'une efpèce de raifîn. Des
GennefinSjdes ChalfdatSj des Expirans , des rai-
fins Grecs , des Malvoifies , des Corinrhes. La
Quint,
1}^ Expirateur, adj. Se f. Terme d'anatomie. On
appelle mufcles expiratcurs j ceux qui fervent à
l'expiration. Quand la conttadion des mufcles iris-
pirateurs celfe , celle des mufcles expirateurs com ?
mence Se produit Texpiration. Elem. de phyjiol.
EXPIRATION. f. f. fin du terme accordé , jugé, ou
convenu. Exitus , finis j terminus. Il n'y a plus que
huit jours jufqu'à ['expiration du terme de fon ban-
nilTement; ]ai^qu' à. l'expiration de fon bail.
Expiration. Terme de Phyfique. Expiraiio. Mou-
vement par lequel Tanimal fait fortir Tair qui
étoit entré dans les poumons par l'infpiration. Ex-
piratio. \J expiration eft la moitié de la refpiration,
qui a deux parties \ favoir, Vinfpiration , celle par la-
quelle l'air eft attiré; &; l'expiration, celle par laquelle
il eft rejeté. Dans le mouvement alternatif d'infpi-
ration Se d'expiration , l'air fert à entretenir la cir-
culation du fang dans les poumons. Lémery. Le
poumon , dans fes deux mouvemens alternatifs
d'infpiration Se d'expiration , reçoit l'air au-de-
dans, & le rejette enfuite au-dehorsj à peu près
de la même manière qu'un fouftlôt. 1d. Parcequ'il
y a de l'apparence que c'eft dans l'inftant que l'ait
eft comprimé dans les poumons , qu'il eft obligé
d'entrer dans Les vailFeaux fanguins , M. Du Ver-
ney conclut que quoique Tair entre dans nos pou-
mons au moment de l'infpiration, il n'entre dans
le fang qu'au moment de l'expiration, Se lorfqu'un
refte fuperfla fort par la trachée. Ainfi la véritable
infpiration, c'eft-à-dire, l'entrée de l'air dans le
EX P
. fangjferoic lexpiriicion. FoîiTEn. Je. d. Se. lyrti.
Hijt.f. 4S. Gi:ï , fi l'on appelou inlpuation l'en-
crée tlii l'air dans le fang , mais c'c:t i entrée de
l'air dans les poumons , & jamais perloniie n'a en-
tendu autre choie par ce mor. i'our vouloir due
du nouveau &i furprendre j on ne du louvenc que
du faux. (^oy. Poitrine.
§3- EXPIRATION , quand on y joint le mot der-
nière , a lignihé la mort, v'uje, terminus. On ne le du
plus. /^oy. au mot morCj comment l'air cil ex-
primé de la poitiine pour la dernière fois-
Expiration. Terme de Théologie. Sorte de produ
(Aion. Expiratiû. Arius dans la lettre à Eufébe de
Nicomédie, accufe quelques Catholiques d'avoir
dit que le verbe ell une cspirucion.
En Chymie, expiration Iignitie toute forte d'é-
vaporation j & Icparacion qui fe tau de ce qui cil
de plus fubtil dans cous les corps , 61 qui fe mêle
dans l'air.
|kJ" expirer. V. a. Faire fortir l'air du poumon qui
y efl: entré pendant l'infpiracion. C eit le contraire
d'afpirer ou infpirer. Exotrare. On ne chante point
en rej'pirant l'air , on ne chante qu'en ['expirant.
DoDART. Acad. des Sci. 1700. C'elt le mo: primi-
tif.
|!C? Expirer. V. n. Mourir, rendre le dernier foupir.
Anim.vn expirare , edere fpiritum. J. C. expira fur
l'arbre de la Croix. Cet homme ell: venu expirer
dans fa patrie entre les bras de les pareus. Expirei
de douleur 6c d'amour.
Qu'il n aie en expiza.nt que mes cris pour adieux Rac
f/df" On le dit figurément des chofes morales. La
liberté de la République Romaine expira fous Ti-
bère. Dès qu'elle a paru, j'ai oublié tout mon cou
rouXj& mes reproches ont expiré dans ma bouche.
Dès que ma flamme expire jun mot la tau renaître
Corn. _ .<
EXPIRER, fignitîe au iïi au figuré , finir /t-cre à la
lin , au bout du tetrae. Le terme de cette obliga-
tion expire dans deux jours, n expirera de long-
temps. On veut que la fubllitucion foit expirée au
premier degré. Pat.
EXPLETIF, VE , adj Terme de grammaire j qui rem-
plit, du Latin e-v^'/tre. txpletivus, mol explétif ,^1):-
i\.c\i\Qexpletive.On le dit de certains mots qui encrent
dans unephrafe, fans être nécelfaires pour l'intel-
ligence du lens , qui ne fervent qu'à remplir le
difcours , donc le fens ne feroit pas moins en-
tendu quand même le mot expletij n'y ieroïc pas
énoncé. Ces mots explétifs font fouvenc employés
dans le difcours familier, où ils fonc purement oilifs
& furabonJans. Prenez-^oi ce flambeau. Il vous
le prend, il voa5 le traite comme il faut. yVfo/,CN:
vous dans ces exemples fonc des mots explétifs , qui
n'ajoutent rien à la valeur de la phrafe. Notre
même , ainlî que le met des Latins , moi-même ,
egomet , font de mémz explétifs. Vous êtes venu
vous-même \ vidi egomet. Les mots explétifs ne
font pas toujours oihfs 5 ils fervent dans bien
des occalions à exprimer plus forcement le lenti-
ment dont on eft affeété.
EXPLICABLE, adj. m. & f. Qui fô peut expliquer.
Explicacu faeilis j qui potefl ejcplicari. L'Apocaly-
p(e eft explicable en plutieurs fens. Il n'eft pas 11
■ ulîcé que fon contraire inexplicable. Il eft même
moins en ufage dans l'affirmative , que dans la né-
gacive. Ce palTage n'efl pas explicable
EXPLICATIF , iVE. adj. qui fer': à exnliquer le fens
d'une chofe. Commentaire explicatif. Aptus ad ex-
plicandum.
EXPLICATION, f. f. Difcours par lequel on expli-
. que un fens qui efl difficile .à entendre. Exphcatio.
Les Dictionnaires fervent à V explication des mors
d'une langue. 'L'Explication d'une énigme, d'un ora-
cle. Ce paflage peut recevoir deux explications dif-
férentes.
Explication , fe dit aufli des difcours que font les
EXP 9S3
Profeiieurs après leurs didiées , pour en faciluer
l'intelligence a leurs Ecoliers.
On le dic auih des gloles & commentaires
qu'on fau iur des Auceuts d'imporcance , pour en
pénétrer le lens. Les Pères onc donné plufieurs
e.vplkations des palfages de l'Ecriture , des expaca-
iions morales j allégoriques, &:c. Parmi les Calvini-
lles chaque Fidelle ell devenu l'interpière de lEcri-
ture , & croie que le Saine Efptu lui en dicte
V explication, Fl.
On appelle aulli en terme de verfification Fran-
çoile , explication de l'allégorie, les cinq ou fepc
vers qui terminent la Ballade & le Chanc Royal.
C'ell ce qu'on appelou autrefois envoi. On m.et
cecte explication après les crois couplets de la Ballade
îk les cinq couplets du Chant Royal. On l'appelle ex-
plication de 1 ailcgorie , parceque le lujet de la Bal-
lade , în: fur-tout du Chant Royal , elt pris ordinai-
rement de la lable,des mcraino.pholes,ou de quel- t
que trait écLitant de l'hittoire des Héros , d'où l'on
tire à la rin quelque moralité. P. Mourgues.
(fT EXPLICATION , fe du aulU d'une entrevue dans
laquelle celui qui croit avoir été offensé par un
autre , demande qu'on déclare li en diiant telle
chofe on avoir dellein de loftenser. Ce Cavalier
eil allé demander l'explication des propos qu'on a
tenus fur fon compte.
Explication , en termes de Phyfique , fe dit dans le
fens propre 1^ naturel defonétymolo;^ie,& fe prend
pour Etendue , développement de quelque thofe.
Les générations des plantes qui arrivent dans la fuite
des temps ne font que des explications de la pro-
duiftion des premiers germes. LEMtRV.
EXPLICITE, .adj m. & f. Terme de l'Ecole. Clair ,
formel jdiftinclj dcvelopé. Explicitus. C'eft le con-
traire d'implicite. Il y a une volonté explicite, qui
ell claire &i bien expliquée par les paroles j &c
une implicite , qui ne fe connoît que par les fuites
ne les conféquences. Il faur prclerer Dieu à toutes
chofes; mais il n'ell pas nécelfaire que cette préfé-
rence de Dieu à nous, & à nos intérêts, foie rou-
jous explicite. Fen. Tous les Juifs n'avoient point
• une connoilf^nce expucite de Jésus - Christ ;
mais ils en avoiencdu moins une connoilfance im-
plicite.
EXPLICITEMENT, adv. D'une manière explicite ;
en termes clairs , formels & précis, txplicuè. Ce
Teftateur a déclaré fa volonté explicitement , en ter-
mes formels , il ne faut point recourir aux expli-
cations.
EXPLIQUER. V. a. Donner l'intelligence d une chofe
difficile à entendre, donc les idées ne paroiflent
pas immédiatement liées les unes aux autres.
Exvlicare, expliquer un ^^i^AgQ as l'Ecriture Saine.
Souvent les commentateurs n'expliquent pas les
plus grandes difficultés. Le Roi a donné une Dé-
claration pour expliquer fon dernier Édir.
On le du aufli avec le pronom perfonnel \ fai-
re entendre , rendre clair ce qu'on dit. Cet hoûi-
me n'a pis le don de s'expliquer. On dic fouvenc
dans le difcours familier. Je ne fais fi je m'f.v-
plique. Elle s'expliqua mieux par fes larmes
que par fes foupirs. On le du à peu près dans le
même fens pour interpréter. Cec écolier commen-
ce à bien expliquer fes auteurs; il explique le latin
à Ifvre ouvert. Interprctari.
Expliquer, fe dic aufli en parlanc des divers fens
qu'on donne à quelques paroles, in varias partes , in
varios fenfus rrahere ,ducere. Il n'y a guère de chofes
qu'on ne puilTe e.xvUquer en bien on en mal. La
haine faic mal expliquer tout ce qui vient des gens
dont on croit avoir fujec de fe plaindre. Le C h. d6
M. On explique diverfement les fonges & les éni-
gmes, les prophéties. Un brave oblige fa partie à
s'expliquer , quand il lui demin'le un éclaircilfe-
meiu. Les mors équivoques fonc ceux qui s'expli^
q-uenten plul;eurs façons
On le dit n-ifli d'iin ahouchemenc, d'une confé-
rence qu'on fait pour confon>mer une affaire. Ces
:S^4 EXP
Miniftres fe font vus , &c fe font expliques.
Il fe dit aufli des déclarations que l'on fait de
fes fentimens , de fes penfées. lis ne s'en exp/i-
quent pas à nous, à peine s'en expliquent- ils à
eux-mêmes. Peliss.
fCF Ce verbe s'emploie quelquefois comme fy-
nonyme d'enfeigner , donner des leçons. C'eft en
ce fens qu'on dit d'un maître qu'il explique la
Sphère, la Géographie, ôcc.
Expliqué , ée. part.
£XPLOIT. f. m. A6lion grande , fignaice , mémora-
ble. Facinus magnum & memorabiLe , res pr&clara ,
pr&darè gefta. U fe dit principalement des actions
quefaitunCapitaine,uii Général d'armée. Alexandre
& Céfar ont fait de grands exploits de guerre. Les
Hiftoriens ont écrit les grands exploits des Capitai-
nes de l'Antiquité.
Grand Roi , qui par toi-même illujlfe ,
De ton mérite feul emprunte tout ton lujlre y
Et parois encore plus grand
Partes exploits que par ton rang.
0« s'ennuie aux exploits d'un Conquérant vulgaire.
BoiL.
Bien fouvent il m'éveille au bruit de fes exploits.
1d.
Pourquoi nous vanter lafageffe
Des Héros de F Antiquité ?
Ceft à leur jolie vanné
Qu'on doit tous les exploits de Rome & de là Grèce
L'Ab. Têtu.
Pour fe railler de celui qui a fait quelque chofe
oial-à-propos j on dit figutément , Vous avez fait
là un bel exploit.
^3" Exploit, en Jutifptudence,eft un ade par lequel
quelqu'un eft ajourné ou adignépardevant un Juge
compétent , pour être condamné à donner ou payer
au demandeur ce qu'il lui doit , ou faire & exécuter
ce qu'il lui a promis. Denunciatio. On le dit généra-
lement de tous les ades qui fe font par les Sergens j
tant judiciaires , qu'extrajudiciaires , fommations ,
commandement, failles, évc. mais ce mot s'applique
patticulièrement aux ades qu'on appelle ajourne-
ment,vj(^i/7zo«ittm.^. Ajournement. Unex/7/oird'af-
fîgnation. Un exploitas demande doit êtte libellé. Un
exploit de faille & d'exécution ; ex/^/o/rd'emprifon-
nement , d'offres , de fommation. Les exploits doi-
vent être fignés du Sergent & de deux Records , &
contrôlés. On dit au Palais, qu'un Avocat viendra
au premier jour à l'Audience à peine d'exploit ,
dont le profit fera jugé fur le champ. Souffler un
exploit, c'eft ne point donner à la Partie de copie de
l'exploit, enforte qu'elle n'ait aucune connoilfance
de l'aÛîgnation. Ce terme vient, dit-on , du Latin
explicare j quod expedire , conficere , & peragere fig-
nificat. Ainh exploiter j c'eft faire , agir & accom-
plir. D'autres le font venir du Latin placitum , par
corruption ,plaitum\ en François plet pour plaid.
EXPLOITABLE, adj. m. & f.TermedeJurifprudence.
Qui peut être fai(î , exécuté & vendu par autorité
de Juftice. On oblige par les baux le locataire d'une
maifon de la garnir de meubles exploitables , pour la
fîireté des loyers.
|Cr Exploitable , en termes d'Eaux & Forêts & de
Commerce , fe dit des bois qui ont l'âge requis,
pour être coupes, façonnés & débités-
Exploitable , fe dit aulïïdes fermes qui font en bon
état , qu'on peut faire valoit. Tous les bâtimens de
cette Seigneurie lont en ruine. La ferme n'en eft pas
exploitable , Ç\ on n'y fait beaucoup de réparations.
EXPLOITANT, adj. m. Qui fait des exploits. Capax
obeundi muneris y denunciandi , conficiendi acïa , &c.
C'eft la qualité qu'on donne ordinairement auxSer-i
gens. Les HuiiTiers du Confeil , les Huilfiers du .'
E X P
I Châtelet de Paris j font e.yploitans pat tout le
Royaume de France.
C'ejl un des Sergens de la Mort y
Exploitant jD^r tout ce bas monde ^
Qui jaifant dans Paris la ronde ,
hnpajjant eji venu m avertir de mon fort.
Pavillon.
'EXPLOITATION, f f Terme de Jurifprudence.
L'adion d'exploiter des terres , des bois j des biens.
Procuratio , adminijlratio. Ceux qui autrefois étoienc
envoyés pour connoître des abus qui fe commet-
toientdans l'ufage j ou l'exploitation des bois , fu-
rent nommés Inquifitores Joreflarum. De la Mare.
EXPLOITER. V. n. Donner des exploits j des aflîgna-
tions. Denunciare. Les Sergens des Juftices ordinai-
res ne peuvent exploiter que dans leur relïbrt. Ce
Sergent exploite , exécute , verbalife bien.
On dit proverbialement en ce fens , A mal ex^
ploiter , bien écrire \ pour dire , que quand les Ser-
gens ont fait des fautes dans leuis exécutions, ils
Iqs couvrent en faifant des faux exploits auxquels on
ajoute foi.
Exploiter, v. a. Se dit des fermes & biens de campa-
gne qu'on fait wa.\o\ï. Prucurare, Ce Fermier ne peuc
exploiter par fes mains qu'une terre à deux charrues,
il doit donner les auttes à fetme. On dit aulli , Ex-
ploiter des bois , pour dire , Abattre , façonner, &
débiter des bois dans la forêt. Ce Marchand de bois
n'a que cinq ans pour exploiter toute cette fotêt.
De? Exploiter, c'eft faire, agir & accomplir. Ainlî
exploiter unQ terre, c'eft la cultiver & en percevoir
les fruits.
IJCF Dans ce fens, on dit en Jutifptudence Féodale j
exploiter le Fief du Vaflal j en parlant du Seigneur,
qui jouit par fes mains du Fief de fon Vaffal , qu'il
a faifi, faute de foi & hommage, dont il recueille
les fiuirs pendant la faille , Jiucî'is facitfuos. Quel-
ques-u.As prétendent qu'on appeloit en vieux Fran-
çois expiées , ou exploits , les fruits & revenus
d'une tetre , d'où eft venu le mot d'exploiter en
ce fens : & les Auteurs de la baffe Latinité ont die
expletum , expletium , & expletare en la même ligni-
fication.
On dit aufli de ceux qui mangent de bon appétit i
qu'ils exploitent J qu'ils officient bien. Conficere. On.
le dit auill en d'autres affaires. Vous avez vraiment
bien exploité , vous avez fait une belle befogne. Il
ne fe dit en-ce fens que parplaifanterie. On dit des
Voleurs de grand chemin , qu'ils exploitent les paf-
fans. Nous nous mîmes à exploiter {ut les grands
chemins.
Exploité, ée. part. & adj.
EXPLOITEUR, f. m. Celui qui exploite. Denun-
ciator.
Ce mot d'exploiteur fe trouve dans quelques
Coutumes.
EXPLORATEUR, f! m. Efpion eft le terme ordinaire;
mais il y a des mots inufités qui ont quelque chofe
de noble & de hardi qui plaît d'abord: il femble
que l'ufage ait tort de ne les pas recevoir. Explora-
teur paroîr affez de ce caradère. Je crois qu'un pea
d'adrelfe à le produire lui feroit faire aifément for-
tune, & que l'ufage, tout tyran qu'il eft, felaifle*
roit fléchir en fa faveur.
tfT On peut ajouter que le mot d'explorateur
paroît annoncer des fondions plus nobles &c plus
diftinguées que celui d'efpion. Il convient à celui
qu'on envoie dans les Cours Etrangères, pour en
découvrir les fentimens, la manière de penfer, les
fecrets du Miniftéte, &c. Ce Miniftre a employé
d'habiles explorateurs tn cette Cour. Il femble qu'on
pourroit encore l'appliquer à celui qu'on envoie à
la découverte d'un pays , pour en connoître la /îtua-
tion , l'étendue , &c.
Ip-EXPLORATION. 1. f. Terme de Médecine. Ac-
tion de tâter le pouls , pour connoître fi une per-
fonne ade lafièvrcj & à queldegré.Les Anciens dé-
finiiToienc
EXP
finiiroient la fièvre par l'augmentatiûri de la cha-
leur , & ne la connoilîoienc pas jufqa'à ce figne ,
avant que' l'ufage de décermiiier la prétence î^ fes
degrés par Vexploration du pouls fe Ku mcroduk
daiis l'air. Venel.
EXPLOSION, f. f. Terme de Phyfique , qui le
dit du bruit que fait l'air challé & dilaté avec vio-
lence -y de l'air qui étant rellerré , le dilate tout-
d'un-coup avec force.
On le ditauflidu bruit, du mouvementfubit &:im-
pétueu.x que fait la poudre à canon , l'or fulminant,
& les autres mélanges de falpctre & de foufre ,
quand ils s'enflamment, /r'.v/i/o/i'o. Col. de Vilars.
Les mouvemens prompts qui fefont dans les corps
humains , s'y font par voie à'explojion , comme
ceux qui fe font dans les armes à feu. Journ. des
Sav. \~iio.p. 643.
Le fcl marin n'a pas une force d'explojlon , com-
me celle des autres quand ils font enllammés. De
BuFFON Trois drachmes d'efprit de fel ammoniac ,
fur autant d'efprit de nitre, mifesdans des vailFeaiix
léparés fous le récipient de la machine pneumati-
que, ont toutes les deux fumé tandis que l'on
pompoit ; &. après que l'on eut pompé l'air, aulli-
tôt que l'on verfoit l'efprit de nitre fur celui de fel
ammoniac j il fe faifoit dans l'inftant une explo-
fion qui difpL-rfoit une partie de la liqueur. Id. Ce
mot elfpiis du Latin explofio ,ç^\ vient à'explodere^
Poulfer , cliaifer avec force.
EXPOLITION. f. f. Figure de Rhétorique , qui ex-
plique une même cliofe par diliérentes plirafes &
expredions , pour la faire mieux connouie. txpo-
licio , exornaùo. Vexpolicion étoit la figure favorite
de Balzac. Pour peu qu'on foit fair au ftyle de l'E-
criture, on fait que ce n'eft-là qu'une expoitnon ,
pour parler avec les Maîtres de l'art j c'eft-à-dire,
une figure par laquelle l'auteur facré explique la
même chofe en difiérens termes fynonymes : l'Ecri-
ture eft pleme de ces fortesde figures , & je ne penfe
pas qu'elle en ait de pliis ordinaires. P. Souciet
Disert, p. 408.
EXPONCE, f. f. Terme de Jurifptudence. C'eft une
efpèce d'abandonnement ou déguerpiilement , &
un ade par lequel le détenteur d'un héritage chargé
de rentes ou de redevances foncières , l'abandonne ,
&c en fait remife à celui à qui la redevance , ou la
rente foncière ell; due , pour par-là demeurer quitte
de ladite cedevance ou rente. Le mot exponce pa-
roît venir à'expunclio , ioïvnià'expuncere , effacer.
Par V exponce , on fe prive foi- même de ce qu'on
polfédoit avec titre , fondement & droit j auquel
on renonce , parce qu'il devient plus onéreux
qu'utile.
EXPONENTIEL , elle. adj. Terme d'Algèbre. Ex-
ponentialis , e. On dit une courbe exponentielle , une
équation exponentielle , une quantité exponentielle.
Une courbe exponentielle , eft une courbe qui fe
détermine par une équation exponentielle ^ & une
équation exponentielle eft celle où il entre quelque
quantité exponentielle \ & une quantité exponen-
tielle eft celle qui a un expofant , ou qui eft élevée
à une puilfance quelconque. Aind en génétal expo-
nentiel eft ce qui a un expofant indéterminé & inva-
riable , ce qui eft élevé à une puilfance marquée
par un expofant. On dit aufli calcul exponentiel.
C'eft la méthode de trouver les différences des
quantités exponentielles , Si la femme de ces diffé-
rences. La quantité exponentielle eft une puilfance
dont l'expofantcft variable.
EXPORLE. Ancien terme , déclaration de cens. Droit
d'expor/e , droit de déclaration dû à un Seigneur
par un cenfiraire. Profeffîo.
^ EXPORTATEUR, f. m. Qui s'occupe de l'expor-
tation des grains , des matchandifes. L'Ami des
Hommes s'en eft fervi dans ce fens. Les Anglois
gratifient, aux frais de l'Etat, \e^ Exportateurs des
grains. Je trouverois plus raifonnable de gratifier
Y Importateur qnn l'Exportateur. Ce terme paroît né-
cenaire. .
Tome III,
EXP 98J
IP; EXPORTATION, f f. Terme de Commerce. Ac-
tion de tranf porter ou d'envoyer des, marchandiiés
d'un Etat dans un autre , foit que ces marchandiiés
foient du cru du pays , foit qu on au tiré d'ailleurs
les matières premières pour les fabriquer & les
mettre en œuvre, txportatio.
fC? EXPORTER, v. a. Tranfporter, envoyer des mar-
chandifes dans les pays étrangers. Terme nécclfaire
pour expruner cette branche du commerce. Fxpor-
tarc.
Si l'on veut favoir comment 6c jufqu'à quel point
une nation s'cft erarichie depuis un ficelé j les re-
giftres & les exportations ■çt\xst::m l'apprendre. Faire
des lois contre l'exportation de l'argent , défendre
qu'on ne le porte hors d'un Etat , d'un Royaume.
Obf. furies ccr. mod. tom. 22. p. 2çS.
1/3° EXPOSANT, ANTE. Se dit généralement , en
termes de Pratique, de celui qui expofc fcs raifons
& fes prétentions dans une requête ou acie fcm-
blable.
On le dit de même en ftyle deChancelleiie , de
celui qui demande des Lettres , &c auquel elles font
accordées. Reus , cujus res eft. Le Roi veut qu'on re-
mette ï expofant en 1 état où il étoit j fi ce qu'il expofe
eft véritable.
1^ Exposant, f. m. Terme d'Arithmétique. C'eft
ainfi qu'on appelle un nombre qui expofe le rapport
de deux autres nombres. Ainfi 3 eft Xexpofant du
rapport de 1 1 à 4.
En Algèbre j on appelle expofant , le nombre q»i
marque, qui exprime le degré d'une puiflànce. Les
produits 1 a J i2^ , dî , û4 , is:c. qui viennent de la
multiplicasjon d'une grandeur ^par l'unité j & en-
fuite de la grandeur a par elle-même j puis du pro-
duitiz^ para, &: du produit tz par a & ainfi de fuite à
l'infinijs'appellent lespuilLancesdecette grandeur. lû,
que l'on peut aufti maiquer(r7,,eft la première puilfan-
ce , ou la puiffance linéaire as a : a^ la îeconde
puilLince j qu'on nomme aulli le carré de û : a^ la
troifième puilfance > qu'on nomme aufti le cube
deû : a'^ la quatrième puilfince : a'' la cinquième j
& ainfi de fuite jufqu'à l'infini. Les nombres
1 , 2,5,4, &c. que l'on met à droite àca , un
peu au-deffus j s'appellent les expofans des puiffan-
ces : ainfi i eft Xexpofant de la première puilfance ,
2 celui de la féconde puiffance , j eft ïexpoJantAQ
la troifième puiffance ^ & ainfi des autres. On die
aufli que ctsexpofans marquent les degrés des puif-
fances: ainfi ai eft la puilfance de a du premier
degré; a^ la puiffance de a du fécond degré, &c.
Reyneau- Il en eft de même dïs nombres détermi-
nés : c'eft-à-dire, fi au lieu-de a nombre déterminé,
l'on met 2 , ou quelqu'autre nombre déterminé que
ce foit. Ainfi 2^ eft la féconde puiffance de 2, &: z
fon exposant -y zî eft la troifième puiffance de 2 ,
& ? en eft l'expofant , iS: de même 24 , z' , 2^ j &cc.
à l'infini.
Une grandeur linéaire ou d'une fimple dimen-
fion , eft toute élevée à la puiffance que marque
l'expofant , lorfque cet expofant cû. écrit au haut de
cette grandeur à la droite. Ainfi 2'' ou a"^ eft la
grandeur de 2 ou a , élevé à la feptième puiffmce.
Maisquand la grandeur eft de plufieurs dimenfijns,
comme aè , ahbc , ou quand elle eft complexe,
comme a-+-b , a^ ^ hd , & que fans l'élever à une
puilfance , par exemple , à la troifième , on veut
cependant marquer qu'elle y eft élevée , on rire fur
cette grandeur une ligne , qui la couvre , ëc l'on
écrira l'extrémité de cette ligne, vers la droite,
l'expofant de la puiffance à laquelle on veut mar-
quer que cette grandeur eft élevée. Ainfi ab — ' ^
abtc , = ' a+ b , a^ + b 1^ expriment que l'on con-
çoit chacune de ces grandeurs élevées à la troifième
puiffance. Id. S. de Ca/c.n. 144.
EXPOSÉ , f. m. Se dit au Palais , du narré d'un fait
contenu dans une requête , dans les lettres de Clian-
ceWeùc. Narrutio , expofitlo. Quand l'f.v^o/è d'un
partie ne fe trouve pas conforme à fes titres, au
I i i i ii
ux
9S
G . E X P
inrorinations , on la déboute de fes demandes. Ceux
qui obtiennenc des difpenfes fur des expofts qui ne
loni pas llnceies , n'obtiennenc lien qui les mette
à couvert , ni qui les délie au jugement de Dieu ,
quoiqu'ils paroiHent libres au ju^cinenc des hom-
mes. Abbé DE LA Trape.
EXPOSER. V. a. Mettre une chofe à la vue du public -,
faire voir, découvrir, montrer. Exponcrc ^ propo-
nere. On expofe les malfaiteurs ou banqueroutiers
au carcan , au pilori , à la rilce publique. Les meu-
bles qu'on vend à l'encan par autorité de Jultice
doivent être expofés en place publique & à l'heure
du marché.
^CTDans le Commerce , on dit expoferana mar-
chandife en vente, c'eft i'étaler dans la boutique ,
Vexpoftr à la vue du public , afin qu'elle puille êirt
vendue. Expojir des tableaux en vente. C'eit aulîi
annoncer la vente de quelque choie par des affiches
publiques. Expo/er en vente une mailon, une terre.
Porter des marchandifes dans les mailons pour les
vendre , c'eft proprement colporter.
On dit aulîi , qu'on expofe le S. Sacremenr j quand
on le fait voir au public & qu'on Vexpofe à la véné-
ration àes fidèles. On dit aufli , qu'on expofe un
Prince déhint à la vue du peuple dans fon lie de pa-
rade. Expojer l'état de fa confcience à Ion Confef-
feur. Expofer le fait de fa caufe. Le Mait. Expofer
de la fauffe monnoie, c'eft débiter de la faulTe mon-
naie, répandre de la fauffe monnoie dans le com-
merce. Ac.Fr.
§Cr Exposer , fc dit auftî des enfans que les pères &
mères abandonnent & laiflênt dans des rues & dans
quelqu'aurre endroit, foit pour fe décharger de leur
nourriture , loit pour éviter la honte que pourroit
leur caufer la nailfance de cet enfant, s'il n'eft pas
légitime. Projicere. Ce crime étoit autre! ois puni
de mort. Mais on s'eft un peu relâché de cette ri-
gueur ; on fe contente de faire fouetter & Hétrir
ceux qui en font convaincus. Ferr.
le? Du temps des anciens Payens on expofoit les
enfans en les mettant dans un lieu fauvage & écarté
pour s'en défaire.
Exposer , fe die encore de la fituation d'une chofe, &
du côté vers lequel elle eft tournée. Opponen. Cette
chambre eft exp-ofée au nord. On dit figurémentd'un
homme qui eft dans un grand pofte , qu'il eft expofe
au grand jour.
Exposer, feditaufli de ce qui eft fans défenfe. Obji-
ccre. Cette maifon eft fort élevée, & en belle vue j
mais elle eft expofée aux quatre vents , ou aux gran-
des chaleurs du foleil. Cette ville eft frontière & dé-
mantelée , elle eft expofée aux infultes de tous les
gens de guerre qui palfent.
§Cr Exposer, mettre en danger, mettre au hafard.
In periculum adducere , perkulo objicere. Expofer fa
vie pour le bien de l'Etat. Expofer fon honneur , fa
réputation.
s'Exposer , Courir le danger , fe mettre au hafard
d'une chofe. Adiré periculum ^ offerre fe difcrimini.
Ce Prince s expofe trop , il va au feu comme un fol-
dat. Un Auteur s expofe beaucoup , quand il donne
quelque chofe au public. Ceux qui font dans les
grands emplois font expofés à la haine & à l'envie.
Le monde eft aujourd'hui li raffiné , qu'on y eft
fouvent eAT^o/ê' à être pris pour dupe. Bell. Les pé-
rils à quoi les braves font expofés méritent bien
qu'on leur cède le pas. S. Evr. Les perfonnes fages
ie favent bon gré de n'être point expofées au dé-
goût & au repentir , qui fuivent d'ordinaire les
plaifirs. In. La vertu eft expofée à la vanité fur le
théâtre du monde. Il eft bien dangereux d'être ex-
pofée àl'importunité d'un foupirant qui eft aimable.
Bell. Ceux qui font dans une place élevée ne fau-
roient guère fe cacher : leurs aftions font plus ex-
pofées à la cenfure.Io. Il y a de la folie à croire que
Dieu nous délivre d'un danger où nous nous expo-
fons volontairement. Nie.
Exposer, fignifie auffi j Interpréter. ExpUcare , in-
terpretari. C« Commentateur expofe fort bien fon
E X P
texte: il a expofe clairement la difficulté de ce paf-
fage. Dans ce lens il eft vieux.
Exposer j fi'^nihe encore. Narrer , réciter , déduire
un fait. Expojer fa penfées , les intentions ^ le lai-
lons. Expojer l'état de l'atfaire. Dans les requêtes
pour des lettres de grâce , il faute.v^cjyêrle fait con-
tormément aux intormations. Quand on c\x/7cyé faux
au Pape, l'iuipctration eft nulle & fubrepnce.
ExpOiE j EE. part. & adj. Expoftus , pro/eaus. Profa-
it^rn'eft pas un de ces enfans expufs, dont on ne
connoit ni le père ni la mère. Bouii.
On dit en termes de Jardinier j Un mur bien ex-
pofe , un mur mal expofe , un mur exp-Je au midi,
au levant, &c. ^oye^ Exposition.
nXPOilTEUR. f. m. EXPDSITRICE. f f Celui ou
celle qui diftribue la faulfe monnoie , & qui eft
d'intelligence avec les faux Monnoyeurs. Termes
inufiiés.
EXPOSITION, f f Adion d'expofer , de faire voir
en public. Expoftio. Expoftion de marchandifes ,
de meubles , &c. Lexpo/ition , le débit de la faulfe
monnoie , eft un crime capital. V expoftion au
Saint- Sacrement ne fe doit point faire fans permif-
lion de l'Evêque.
Exposition , fe dit auffi des enfans abandonnés. Pro-
jeclio. Un Commilfaire fait fon procès- verbal de
{'expoftion d'un enfant j & puis il le fait porter aux
Enfans trouvés. Les expoftions des enfans font
cruelles & oïdinaires parmi les Chrétiens. Le MaÎt.
f^oje^ Exposer.
Exposition , fignifie aufli , Interprétation. Explicatio.
Les Saints Pères ont fait plulieurs expoftions de
ce palfage de la Bible , des interprétations diffé-
rentes.
Exposition, fedit aufli d'un narré , d'un récit. Nar-
ratio. Ce Rapporteur nes'eft pas contenté d'uns fim-
pie expoftion Se déduction du tait de ce procès , il
en a relevé juiqu'aux moindres circonftances. Ce
Voyageur nous a fait une expoftion naïve & fincére
de (es aventures. Quelle grandeur Se quelle éléva-
tion ne faut il point dans le Ityle , quelle netteté
dans re;;Cjt'ci/rr/C)/z, quelle précifion Ik. quelle brièveté
dans la narration ! Le P. Dan.
*f3" L'Exposition , en Rhétorique, eft une figure
par laquelle un fait voir une propofition par tous
les jours & routes les faces différentes dont elle eft
fufceptible. Le P. Euffier s'étend beaucoup fur l'e.v-
poftion,di,(\ on l'en croit , c'eft dans cette figure que
confifte proprement l'éloquence. Goujet.
Exposition , en termes de Jardinage , eft la fituation
d'un endroit par rapport aux vues &aux divers af-
pects du Soleil , à la pluie , au vent , &c. Ohjeclio ,
oppojîtio. Le plus communémenton emploie ce ter-
me relativementau foleil.
Il y a fégLilfèrement quatre fortes à' expoftions ;
favoir , le levant , le couchant , le midi & le nord :
mais chez les Jardiniers ces termes fignifient tout
le contraire de ce qu'ils lignifient chez les Aftrono-
mes & les Géographes , car les Jardiniers ne don-
nent pas ces noms de levant , de couchant , &c. aux
endroits où eft le foleil , mais à ceux fur lefquels
il donne, & ils regardent de quelle manière il y
donne j foit à l'égard de tout le j'âtdin j foit à l'é-
gard de quelqu'un de fes côtés. Si les Jardiniers
voient que le foleil à fon lever , & pend.int toute la
première moitié du jour continue de luire fut un
côté j ils appellent ce côté , le côté du levant \ Sc
c'eft en effet , en matière de jardins , le véritable
levant ; enforte que fi le foleil y commence plus
tard j ou s'il finit plutôt ^ cela ne fe doit point ap-
peler levant : &c par la même raifon ils appellent
couchant le côté fur lequel le foleil luit toute la fé-
conde moitié du jour , c'eft-à-dire , depuis midi
jufqu'.ui foir ; & félon le même ufage de parler ils
appellent midi , l'endroit où le foleil donne depuis
environ neuf heures du matin jufqu'au foir, ou
même Tendroit où il donne le plus long-teinps de
toute la journée , à quelque heure qu'il commence
ou qu'il ccfte d'y donner, Enfin, ils appellent le
E X P
c6nc du nord celui qui ell le moins flivoiifc des
rayons du loieil j car il n'en jouit qu'une ou deux
heures du matin j Se autant le loir. Voilà ce qu'on
entend par expojùions en tait de Jardinage, &: par-
riculièrement en fait de murailles de jardins, & par-
li on enten.d ce que veut dire cette manière de par-
ler fi ordinaire parmi les Jardiniers. Mes fruits du
levant font meilleurs que ceux du couchant : mes
efpaliers du levant font moins fouvent arroiées des
pluies, que ceux du couchant, La Quint. Pan.
Ch. G. ou il traite des Expojitions de jardin. Vexpo-
(ition du midi & celle du levant font , du confente-
ment de tous les Jardiniers , les deux principales j
&: l'emportent fur les deux autres. Id. L'expofition
du couchant n'clt pas mauvaife ; au moins elle eft
meilleure que celle du nord , qui ell la moins bon-
ne de toutes. Id. au même endroit où il décrit tous
\es avantages & toutes les incommodités de chacune
de ces cxpojhions.
De plus , ces noms à'expofiùons marquent encore
quels font les vents qui peuvent le plus ou le moins
donner fur les jardins , & par^conféquent leur faire
plus ou moins de préjudice. La Quint, au même Ch.
\J cxpofition du midi , généralement parlant , eft
fujette à de grands vents depuis la mi- Août, julqu'à
la mi-Oclobre. Id. Y! expojhïon an couchant craint
nonfeulement au printemps le vent de galerne ,
vent fi pernicieux pour les arbres en fleur , & en au-
tomne les vents de la failon , ces grands abateurs
de huits \ mais auflî , & cela particulièrement dans
les terres troides & humides, elle craint les grandes
pluies. Id.L' expq/idon du levant, quelque merveil-
leufe qu'elle foit, ne lailfe pas d'avoir fes incon-
véniens Au printemps j elle eft fujette à des vents
de nord eft , &c. Id. Vexpqfiûon du nord en tait
d'efpallers , fi d'un côté elle eft tolérable pour tous
les fruits d'été & pour quelques-uns d'automne, que
n'at-elle point à craindre pour la beauté & le bon
goût de ceux d'hiver ? ÎVlais aufli quels avantages n'a
t-elle point pendant les grandes ch.ileurs, pour les
légumes & pour les fruits rouges , qu'on veut faire
durer long-temps j favoir , les fraifes , framboi-
fes , ^grofeilles, &c.
EXPRÈS , ESSE. adj. Qui eft précis , en termes fi for-
mels , qu'il ne lailfe aucun lieu de douter. Exprcf-
fus , dtjercus. Je lui ai dit en termes exprès. Je lui
ai donné commiftîon exprefje. Il a eu un ordre ex-
près de faire telle chofe. Il faut faire mention e.v-
prejje & de mot-à-mot, dans un teftament , d'une
claufe dérogatoire. Cicéron , par une lettre exprejje
écrivit des nouvelles à Brutus. On dit aulfi au fubf-
tantif. Envoyer un Exprès \ pour dire j un courier ,
un homme envoyé à delfein pour un objet parti-
culier.
Exprès, fe dit adverbialement. ExprefTcment , à def-
{çin. De iidujlrlâ J data operâ.W eft allé exprès en
un tel endroit, pour une tel delTein. Les Payfans
d'Athènes difoient qu'il ne falloit pas fe fier à la
mort de Phillippe, Roi de Macédoine j & qu'il
s'étoit fait tuer tout exprès , pour attraper les Athé
niens. Bal. C'eft une de mes connoiftances que j'ai
voulu renouveller exprès. Un fyftème de Religion
fi commode femble i?inexprès pour applanir le che-
min du ciel. La Br.
EXPRESSÉ.MENT. adv. Formellement .pofitivement,
en termes exprès. Nominaùm. C'eft la même chofe
(\\xexpres. Je lui ai recommandé cela exprejjement;
pour dire j en termes précis. Il a dit cela exprejj'e-
ment^ont faire parler les autres. Les hommes n'en-
vifagent jamais exprejfément les bornes de leur vie :
ils font bien aifes de les oublier, & de n'y penfer
jamais. Nie.
EXPRESSIF, iVE. ad). Qui explique bien la penfée.
Aptus ad fignïficandum. Ces termes font fort ex-
preffifs , expriment bien ce qu'on veur dire. La
force d'un difcours confifte en un ftyle ferré & ex-
^ EXPRESSION, f. f. Manière de faire entendre fa
penfée j ce qui fefait par le ton de la voix , par le
E X P 987
gefte & par la parole écrire ou prononcée. Exprcjjio
Souvent le tour &; ïexprejjion fait toute la beauté
d une penlée, qui eft toute renfermée dans un mot.
L'e.rpA-e//Ft;/2 doit être accommodée aux matières que
l'on tr.ute , & pc-indre les idées que l'on veut faire,
palier dans l'efprit des autres.
ifJ' Dans l'éloquence , dans la Poëfie on entend
par exprcjjion la diction , l'élocution , le choix des
mots qu'on fait entrer dans un dilcours , dans un
poëme. Eloaido , diciiû , vcrborum ekganûa , delec-
tus. Il ne fuftit pas à un Orateur , à un Pocte d'avoir
de belles penfécs , il faut encore qu'il ait une heu-
itn^eexprejjion. lien eft des e.v/.re//w/M à l'égard des
penfées , comme des habits à l'égard des perfonncs :
ces ornemens extérieurs attirent du refped. Dans un
difcours public , il faut des penfées brillantes & des
exprejJ'ions\\2.ià\e%. Dans le Poëme épique Vexpref-
Jio/i doit être noble & élevée j mais les grandes cx-
preffton-: fans de grands fentimens , font comme ces
vailfeaux trop peu chargés , qui ne voguent pas
sûrement. La noblclfe de i'exprejfflon a deux parties;
le choix des mots & la diction élégante &: figurée.
Il y a une fimplicité d'expreliion qui note tien à la
grandeur des penlces. La plupart des beautés des
anciens font attachées , ou à une exprcjjion particu-
lière à leur langue , ou à des rapports qui ne nous
étant pas t;rmiliers , comme à eux j ne fauroient nous
faire le même plaidr.
gCT Expression , fe prend auftî fouvent pour un feul
mot , un terme : c'eft ainfi que l'on dit , cette ex-
prejjion eft barbare , n'eft pas françoife. Les ex-
prejfwns de Montaigne font irrégulières , mais har-
dies Se agréables.
%fT Expression , mot , terme , confidérés comme
fynonymes. Le mot eft de la langue j l'ufage en dé-
cide. Le terme eft du fujet \ la convenance en tait la
bonté. Vexprejfion eft de la penfée , le tour en faic
le mérite. La pureté du langage dépend des mots ;
fa précifion dépend àes termes j Se fon brillant des
exprejfions. Afof François , terme propre j exprejjïon
noble. Les exprejjions guindées Se trop recherchées
font à l'égard du difcours ce que le fard fait à l'é-
gard de la beauté du fexe inemployées pour embel-
lir , elles enlaidilfent. Syn. Fr.
|tT II faut diftinguer dans le corps du difcours
trois chofes qui en font comme les élémens , l'c^-
prejfion , le tour , Se le ftyle. Vexprejfion qui rend
norre penfée \ le tour qui lui donne une certaine for-
me i Se le ftyle qui la développe pour la mettre
dans lesditFérens jours qu'elle demande par rapporc
à notre deffein. /'oye^TouR & Style. Ces trois élé-
mens du difcours y doivent avoir chacun fa beauté
propre.
1^ On ne parle que pour fe faire entendre. La
première beauté de \expreJJion doit donc être la
clarté. C'eft elle qui porre nos penfées dans l'efprit
des autres avec toute la fidélité que demande le com-
merce de la parole. Il!y a même des fciencesquin'exi
gent dans les termes que cette feule beauté. Maisil y a
des fujetsoù les hommes n'aimentpas qu'on leurparle
d'une manière qui ne leur laifte rien à deviner. Ils
entendent à demi-mot dans un difcours de morale ou
de mœurs. C'eft donc alors une efpècede beauté dans
X'exprejfion de ne leur en dire qu'autant qu'il en faut,
pour leur donner leplaifir de fuppléer le refte \ fur-
tout quand on traite cettaines matières délicates où
la vérité ne doit jamais paroître que voilée. Lagran-
de difficulté eft de prendre un jufte milieu entre un
jour trop clair , qui n'attire point l'attention , Se un
jour trop fombre qui la rébute.
^fT II eft certain en général que le beau dans les
exprejjïons confifte dans la manière lumineufe donc
elles rendent notre penfée, tantôt fimplement &
en termes propres , pourla réprc-fenrer avec cette
juftelTe ineftimablequi eft lech.irme de l'efprit pur;
tantôt enfermes figurés j pour la revêtir de ces cou-
leurs intérefiantes , qui font les délices de l'imagi-
nation , tantôt en termes pathétiques, forts ou ten-
dres pour lui donner ce goût de fentiment qui en-
I i i i i i ij
,88 EXP EXP
levé le cœur. Foyei encore image, fentimetît , mou- primer facile ôc naturelle , qui va droit au ctrtir ,'
yy[„eut. j parce qu'il fembie que la nature parle elle mcme.
gCF Ces exprejjlons tranfplantces d'un efprit à Bell.
l'autre, dégénèrent le plus l'ouveut, comme les fC? Exprimer , en Peinture &: en Pocfie. /^cy'e^ Ex-
arbres,
chacun
nous les emp
nous les approprier , qu'on y apperçoive toujours
notre tour defprit ; mais un tour qui ne les dépare
pas. FoyeiTovK.
Expression , en Peinture , eft la reprcfentation natu-
relle de ce que l'on veut faire voir. Elle s ccend à re-
préfenter un corps avec toutes ies parties dans r.\c-
tion quiluielt convenable i àfaire voir fur le vifage
les palfions ncceifiires aux figures que l'on peint ,
&.ibienobfervcries mouvemens qu'elles impriment
-dehors. Fhl. VcxpreJJion vive des pallions cil
au-
comme l'ame de la Peinture , & cette connoillance
fuffic à ceux qui ne veulent apprendre que la théorie
de cet Art. Id. Raphaël a excellé dans CexpreJJion ,
ôc les autres Peintres n'ont fait que le copier. lu.
Les f^ens d'efprit non contens de la feule imitation
des objets , veulent que le choix en foit jufte pour
VexpreJJion du fujet. De Piles. Le mot à'cxprejjlon
fe confond ordin.uTement , en parlant de Peinture ,
.avec celui de palîion. Ils diffèrent néanmoins , en ce
qu'exprejjîon eft un terme général , qui fignifie la
repréfentation d'un objet félon le caraftère de fa
natiue , & félon le tour que le Peintre a delfein
de lui donner pour la convenance de fon ouvrage:
Si la pafiion , en Peinture , eft un mouvement du
xorps accompagné de certains traits fur le vifage qui
marquent une agitation de l'ame. Ainh toute pallion
eft une cxprejjion j mais iquiq exprejfionn i^H pas une
paillon. Ip.
Expression, en termes de Médecine & de Chimie ,
• &c même dans Tufage ordinaire , fignifie l'aétion
par laquelle on tire le fuc des fruits & des plan-
tes en les prelfanr. Exprejfio. Après avoir lailfé in-
fufer ces herbes , il faut en tirer le fuc par ex-
prejjîon avec un linge, oupar la prelfe. Quand les
railins ont acquis une parfa.ite maturité i on les
cueille &: enfuite l'on en tire par exprejjijn un fuc
doux & agréable au goût, qui n'a rien de fpiritueux.
LÉMERY.
EXPREST.Tabac expreJi.On nomme ainfi en Guienne
le tabac de la troillcme forte , qui fe fait avec les
dernières feuilles de la tige : c'eft un des plus com-
muns & de la moindre qualité.
EXPRIMABLE, adj. Qui fe peut exprimer , dire , dé-
clarer. Qui potejl enunciari j exprimi.
Une douce furprife , un défordre agréable ,
Par une émotion quin'efi point exprimable ,
Allume unfeufecret dans le fond de mon cœur.
LaSuze.
-^e mor n'eft guère en ufage , & notre langue
n'aime point la plupart de ces adjeftifs en ahle for-
més des verbes : il n'eft guère permis d'en former
de nouveaux. Celui-ci ne fe dit guère qu'avec la né-
gative.
EXPRIMER. v.a.Repréfenter les penfées , les rendre
par le difcours, peindre fes idées , & les faire paf
fer dans l'efpric des autres. Exprimere , enunciare. Il
faut fuppofer que quand on nous averritde nos dé-
fauts , on ne % exprime qu'à demi. Nie. Les Orateurs
doivent s exprimer en termes clairs , nets &choifis.
'Nous penfons plus fortement que nous ne nous ex-
primons : il y a toujours une partie de norre penfée
qui nous demeure. S. EvR. Quand un homme s ex-
prime avec peine ,on travaille avec lui , & on ref-
fcnr une partie de fa peine, mais il s'exnrime d'une
manière fi naturelles: fi facile qu'il fembie que cha-
que mot foit venu prendre fa place , cette facilité
plaît infiniment. Port-R. Quand on n'a que de
bons Se excellens modclc; , il faut comme par né-
ceHité qu'on s'exprime d'une manière noble &
élevée. Nie. Il y a une certaine manière de s'ex-
peur exprimer d'une manière allez forte.
Ce mot vient du Latin exprimere.
Exprimer, en termes de Phyfique , fignifie, tirer le
fuc ou le jus de quelque iubltance en la prelïànr.
Exprimere , elicerc. Onexprime tout le fuc du raifin
avec leprelfoir , tout le jus désherbes infufées , ou
bouillies, dans une ferviette.
Exprime , ee. part.
EX-PROFESi)U. Terme Latin dont on fefcrt en Fran-
çois, comme quand on dit j traiter une matière,
une queft ion ex-projeljo , c eft-à dire exprés , avec
rour le détail & toute l'exaélitude pofiible.
EXPROVINCIAL, f m. Qui a fait fon temps de Su-
périeur de la Province dans un Monallère , ou
Communauté Religieufe. Exprovincialis. Ce Ré-
vérend Père a pallé par les charges , il eft ex-
provincial de Guyenne. Il fe dit dans tous les
Ordres de Religieux qui ont plufieurs coavens j ou
Maifons dans une même Province , qui font fous la
diredion d'un même Supérieur.
EXPULSER».. V. a. Chafler avec violence, contraindre
à fortir. Expellere , exturbare , extrudere. Les Sédi-
tieux ont expulfé Aq la ville les meilleurs Magiftrais.
Les créanciers de ce Gentilhomme l'ont expuijé de
fon bien par arrêt. Ce mot n'eft guère en ulage que
dans la Pratique pour fignifier chalfer avec une ef-
pèce de violence & par autorité de juftice ; dépof-
féder quelqu'un d'un lieu dont il étoic en pollèf-
fion.
§3* Onle dit auflù en Médecine pour faire éva-
cuer , poulfer dehors les humeurs , les chalfer avec
effort.
Expulsé , ée. part.
LXPULSIF, iVE. adj. Terme de Chirurgie. Quichafie
8c fait fortir dehors. Expellens , expuljorius. On
I appelle bandage expuljif ( fafciatio expulforia )
une efpèce de bandage dont on fe ferr pour chaf-
fer au-dehors le fang d'une plaie lineufe j ou
le pus du fond d'une ulcère fiftuleux , & don-
ner occafion à la cavité de fe remplir de nouvelles
chairs.
^3" On ledir aufil en Médecine. Remède expul~
fij. Voye^ Expulser & Expulsion. Le cœur elt
une pompe expulfive fans difficulté , puifqu'elle
chalTe le lang avec tant de force julqu'aux extrémi-
tés du corps <à travers bien des détours & des plis qui
feroient en ligne droite plufieur» pieds de longueur.
Hecquet. ~
EXPULSION, f f Adlion d'expiilfer , par laquelle
on challe avec violence un homme d'une ville ,
d'une compagnie _, de fon héritage. Expulsio ,
extrufio. Vexpuljlon des Maures a dépeuplé i'£f-
pagne.
^3' On le dit aufll en termes de P.-jlais , de la
force qu'on emploie pour faire dcpolfeder quel-
qu'un d'un bien dont il écoit en polfelfion, & où il
n'a plus droit de refter.
Expulsion , eft aulfi un terme de Médecine. C'eft
l'aétion par laquelle une chofe eft pouffée avec ef-
fort du lieu où elle eft. La matrice fait Xexpulfion
de l'enfant. Mauriceau. Si Vexpuifion dufœrus ar-
rive entre le feprième jour de la conception , on
la nomme perte de fang , ou faux germe. Dégori.
§C? On le dit aulfi des humeurs , de quelque ma-
, tièrerécrémentitielle que ce foit. Alors ce mot eft
fynonyme d'évacuation , excrétion.
EXPULTRICE. adj. Qui ne fe dit qu'au féminin.C'eft
un terme de Médecine , qui veut dire , qui a la
force d'expulfer. Expuhrix. Force expultrice. Facul-
té expulirice. La faculté expultrice de la matrice fe
trouve alors incommodée & irritée. Degori.
EXPURGATION, f. f. Exvurgaiio ,emerfiû. Il y a des
EX G E X S
gens qui regardent ce terme comme un terme d'Af-
tronoinie, ÔC qui appellent expurgation, loifque le
loleil après avoir été éclipfc , & entièrement caché
par l'interpofition de la Lune , recommence à pa-
roître , ou quand la lune commence à fortir de l'om-
bre de la terie. Les bons Aftronomes appellent cela
cmerjijn Se non pas expurgation. On dit aulH récu-
pération , recouvrement de lumière , &c. Cepen-
dant M. Ozanam , dans (o:i Diitionnaire , appelle
minutes à'expurgdcion , dans une éclipfe partiale de
lune, le chemin que la lune fait depuis fa vraie
conjoniftion avec le nadir du foleil , juiqu'à ce qu'el-
le foit tout à-fait hors de l'ombre de la terre \ &
dans une éclipfe de foleil , le chemin que la lune
fait depuis la conjondion apparente , julqu'à ce que
le foleil paroilFe tout entier.
EXPURGATOIRE, adj. m. On nomme ainfi à Rome
les catalogues des livres qui ne lont défendus que
jufqu'à ce qu'ils aient été purgés & corrigés , à la
différence des autres qui font abfolument prohibé?.
On l'a fupprimé tant quil a été pollible \ on l'a infé-
ré dans l'Indice expurgatoire du Concile de Trente.
Mission , Lettre tj. Index expurgacorius. Daniel
Francus publia en 1(584. un traité latin des indices
expurgatoires.
E X Q.
EXQUILIES. Voye:{ ESQUILIES.
EXQUIS, isE.adj. excellent dans fon efpèce , recher-
ché. Exquijitus j eximius. Il a un cabinet garni de ta-
bleaux exquis. Il a dans fa maifon des meubles
ex^/uis. Sa table elt fervie de mets exquis. C'eft une
fille à laquelle il ne faudra ni table bien fervie , ni
confomméseAr^i^/.y, ni orges mondés perpétuels. Mol
Exquis , fe dit aulli des choies fpirituelles & mora
les. Elegans , delicatus. Tout ce Live ell plein de
penfées exquifes , de fentimens exquis , d'obfer-
vations , d'expériences ex^z/i/cj & curieufes. Ovide
a quelquefois une délicateile de fentimens très-cA:-
quifc. BouH. On goûte un plaifir exquis &c délicat
dans le commerce des petlonnes polies. Bell. La
politede demande une connoilTance exquife de fes
devoirs. Id. Son adtion fut applaudie par un audi-
toire compofé de.ce qu'il y a de plus exquis dans le
monde fpiritiiel. Charp. Ce livre contient une éru-
dition fort exquife. Bay.
EXQUISEMENT. adv. d'une manière exquife. -pA-^ai-
Jîtè , eximiè. Ce mot ne fe dit point , quoiqu'on le
trouve dansPomay & dans quelques autres Auteurs.
EXT 9^9
exi/!ens. On ne le dit guère qu'au Palais. On a faifi
tous les meubles extans de cette fucceOion , fauf à
le pourvoir pour ceux qu'on a diilipés & détournés.
L.e mot elt tout Latin.
EXTASE.f.f. Ravinement de l'efprit hors de fon afliet-
re naturelle. Etat d un homme tranfporté hors de lui-
même de manière que les fondions des fensfonc
fufpendues: fufpenfion desfens, caufée par une for-
te contemplation de quelqu'objet extraordinaire ou
lurnaturel. txtafis , raptus animi extra fenfus. Phi-
fieurs Saints ont cte ravis en e.vra/. pendant plu-
lieurs jouis. Les extafes contemplatives des Mvfti-
ques Ladhon interne du S. Efpnt n crt poinr une
extaje, m un enthoufiafme prophétique. Boss.
Tolîat traite des difterentes efpèces de révélations ,
& de 1 extafe , fur le lU^ Liv. des Rois C IX
queft 1. & Vollius d'après lui. De IdoLol L > C
10. àlahn. ......
E X R.
EXRECTEUR, f. m. Qui a été RecTreur d'une Univer-
lîté , ou d'un Collège de Jéfuites. Recloris defunclus
munere. VExrecleurde l'Univerfué a alfez bien fait
fes affaires pendant fon Redorât.
E X S.
EXSEQUIA. Lac queSanfon, dans fes petites Cartes,
pi ice fur les confins de la Turcomanie & de la
Géorgie , entre la ville de Cars & celle de Derbent.
ExechiA lacus , anciennement ZycA«/fej , ou Lych-
nitis palus. Sanfon met aufll fut le bord oriental de
ce lac une ville de même nom. Il femble à Mary
que ce lac eli: le même que celui que Vifcher , dans
fa Carte de la Turquie , appelle Gigaguni.
EXSICCATION. f f. On fe fertde ce mot en Chy-
mie, pour dire dejfechement. Exficcatio. Le mot La-
tin a fait formet le mot François.
|Cr EXSUCTION. f. f.Terme de Médecine & de Phy-
lîque. Action defucer. Il faut admettre dans la racine
des plantes une forte iXexfuclion. La digeftion fe
fait par exfucliono\x extraction des fucs des alimens.
QuESNAY.
^EXSUDATION. Foye^ EXUDATION.
^EXSUDER v. EXUDER. L'Académie écrit EX-
SUDATION &: EXSUDER.
EXT.
EXTANT, ANTE. adj. Qui ell en nature. Extans ,
de
r . . --- --«u concert
ravit en extaje ceux qui aiment la mufique II eft
dans une extafe perpétuelle auprès de cequ'ilaime-
toujours également ravi & enchanté. Le Ch d'h"
Il y a des extafes caufées par la véhémence des paf-
hons, QUI fervent à diltraire l'ame , & àla rendre
moins ienlible a la douleur. M. Esp.
Ainfi mourant j ne mourant pas ^
Je mefens ravir en extafe ,
Entre la \ie & le trépas. Dem. Vis.
Extase. Terme de Médecine. Extafts. C'efl une mala-
die femblable à la catalepfie , & qui n'en diffère
qu'en ce que les véritables caraleptiques n'ont aucun
fentiment extérieur , & ne fe fouviennent point de
ce qui s'cft palTé brs du proxifme , au lieu que les
Extatiques font toujours occupés d'une idée très-
vive , dont ils fe reffbuviennent après l'accident ex-
tatique. Dans ['extafe il doit nécclfairement y avoic
une trop grande tenfion des fibres , comme dans
toutes les fortes contenfions d'efprit & la plupart
des dé'"'"-
en
lelires.
EXTASIER. V. n. s'EXTASIER. v. récip. Être ravi -
extafe parlaconfidération de quelque objet extraor
dinaire. Rapi extra fenfus j alienari , abripi àfen-
Jibus. On dit aufli Être extasié. Cet homme elt eX"
tasie' , quand il contemple cet objet. Ce fot s'exta-
sie fur un galimatias dès qu'on parle. Le Ch. d'Her.
Ce curieux s'extasie devant les tableaux de Ra-
phaël. Un fiatteur groflîer fe récrie fur les moindres
bagatelles ; & les penfées les plus communes le font
extasier. Bell.
Chaque vers qu'il entend le fait extafier. Boit.
EXTASIÉ, ée. part.
EXTATIQUE, adj. m. & f. Qui appartient à l'extafe.
Extaticus. Tranfport extatique. Les tranfports d'une
ame qui fe fent élevée à la plus fubîimeoraifon par
un amour extatique , ne peuvent ctre compris que
par l'expérience. Boss. La contemplation pallive
n'ell point une fufpenfion extatique , ou une liga-
ture miraculeufe de l'ame qui la conftitue dans une
impullfance aétuelle de rien opérer. Fen.
EXTENSEUR, f. m. Terme d'Anatomie. On donne
ce nom aux difFérens mufcles qui fervent à étendre
les parties auxquelles ils font attachés. Le troi-
fième des vingt-trois mufcles des doiçcs eft le grand
extenfeur commun , ainli nommé, parce qu'il eft le
plus grand , & qu'il étend les quatre doigts j il prend
fon origine de la partie poftérieure du condile ex-
terne Se inférieur de l'humérus i il fe divife avant
que d'arriver au poignet , en quatre tendons plats
& comme membraneux , qui paiTant fous le liga-
ment annulaire , vont à la deuxième & troifième
phalange des doigts , qu'ils rcdrelFent & étendent-
X
T
990
DioNis. Les tendons de ce miifcle font plats , afin
qu'ils p-iroilFent moins lut le dos de la main par où
ils partent ; ce qui auroic été diliorme , s'ils eulTent
été ronds. Id. Il n'y a qu'un exccnfcur , parce que la
force de la maui conhile dans la flexion, m. Le
petit doigt a encore un e.v^e/j/è^r propre ; il prend
ion origine de la partie intérieure du condiie ex-
terne de l'humérus , c*^ couché entre les os du coude
& du rayon , il palfe par-dedous le li^^ament an-
nulaire , & s'infère par un tendon double à la fe-
confle articulation du petit doigt. Id.
Les orteils , ou les doigts du pied , ont aufli leurs
extenfeurs. Ils ont deux excenfeurs , dont le premier
etl appelé exunfeur commun , parce qu'il étend les
quatre doigts. Il prend fon origine de la partie fupé-
rieure Se antérieure du tibia, à l'endroit où il fe
joint au péroné ^^ puis defcendant le long du péro-
né , fe divifant en quatre tendons , & pallant fous
le ligament annulaire, va s'inférer aux quatre arti-
culations des quatre orteils , qu'il étend. Id. Le fé-
cond e.v«;7/c-«r des orteils eft le pédieux. f^oye^ ce
mot. Le gros orteil a encore Ion exunfeur propre-
Il prend ion origine de la partie antérieure &c fu-
pétieure du péroné , entre le tibia & le péroné ,
ic fe traînant par-delfus le pied , va s'inférer à la
fartie fupérieure du premier os du pouce , pour
'étendre.
^fT Ce mot eft aulîî adjedif. On dit les mufcles
excenfeurs du bras , des doigts , comme ori dit les
extenfeurs. C'eft l'opofé de Fléchilfeur.
EXTENSIBILITE, f. f. Terme de Phyfiqtie. Propriété
que certains corps on: de pouvoir s étendre. On
n'eût jamais cru que l'or eût été capable d'une auffi
grande extensibllicé , que celle que lui ont trouvée
les Batteurs d'or. Ils étendent un écu d'or de ma-
nière qu'ils en tirent plus de deux mille feuilles \
mais les Doreurs en font encore mieux voir ïexten-
sibUité. M. de Reaumur , par le calcul qu'il a tait de
cette extensibiiué , dit qu'un cy-lindre d'argent de 4 5
marcs j qui n'a que iz pouces de hauteur j vient
par la filière à en avoir 13963240 ou 1 153^10 pieds,
c'eft-à-dire, qu'il eft devenu IJ3469Z fois plus grand
qu'il n'étoitj & qu'il prévient jufqu'à cent onze
lieues de longueur : mais fi l'on emploie feulement
une once d'or à dorer ce cylindre de 4 \ marcs d'argent,
cette once d'or s'étendra julqu'à la même longueur
de cent onze lieues. L'humidité de la nuit fait que
de certaines fleurs , comme celles de tous les con-
volvuUis y & d'une efpèce d'ornithogale &: autres ,
fe ferment \ &c qu'au contraire celles des belles-de-
nuit& de l'arbre triftes'épanouilfent. Pourexpliquer
ces phénomènes contraires , il laut avoir recours au
ç\us on moins dexcensibilke's de la plante d'un côté
ou d'autre.
EXTENSIBLE, adj. Terme Didadlique. Qui eft capa-
ble d'extenfion , qui peut être étendu. Extendi ca-
pax. Une embrocation d'huile d'amandes douces ai-
dera la réduction , en rendant les fibres de cet or-
gane plus molalfes & plus extensibles. Dionis. L'u-
iage de ce mot eft rare ; &c on ne doit s'en fer-
v'ir que dans les matières de Phyfique. Cela eft dé-
fendu fous des peines rrès-rigoureufes , & exten-
. siblcs même jufqu'à la mort , fuivant la circonftance
du cas.
UC? EXTENSION, f. f. Extensio. Terme ^ de Phyfi-
que. Par rapport aux corps, c'eft la même chofe
qu'étendue, c'eft-à-dire , dimenfion d'un corps en
longueur , largeur & profondeur. Voye^ ETEN-
DUE.
§3" Extension , fynonyme d'expanfion, de dilata-
tion. f^oyt:{ ces mots.
^fj" Extension , fe dit aufiî de certains métaux , aux-
quels on donne une plus grande furface ou une plus
grande longueur , en les tirant ou en les frappant.
L'extension de l'or fous le marteau. Voye\ Extensi-
^BiLiTÉ & Etendre.
^T Extension, en Médecine, c'eft l'alonqement des
membres, quidépend de l'aâion des mufcles CA-ren-
seurs.f^oyeiMvsctZy Extenseur & Fjbre.
EXT
^fT On alonge une botte par \ extension du btas
Lin nerf retiré empêche {'extension delajamle
Extension. Terme de Chirurgie. £'xrd«y?o. A6lion par
laquelle on étend, en tirant fortement à foi ^ une
partie luxée ou haéluvée j pour remettre les os dans
leur fituation naturelle. Col de Villars.
§Cr On appelle exrd/iiio.'2 de nerf, le relâchement
qui arrive à un nerf lorfque j par quelque eftort ,il
s'étend plus qu'il ne faut.
IJCF Extension d'autotité , d'un privilège, c'eft la
même chofe qu'augmentation. Le Roi a fait de
temps-en-temps des extensions de privilège.
IJCT Extension d'une loi, d'une claufe , & dans le
figuré , c'eft leur interprétation dans un fens plus
étendu. On ne fauroit appliquer cette loi à notte ef-
pèce , fans une trop violente extension. Cette claufe
ne peut recevoir A'entemion.
i^fT On dit dans le même fens , qu'un mot figni-
, fie , par extension, telle ou telle choie , c''eftȉ-dire,
qu'outre fii fignihcation ordinaire , il s'applique en-
core à telle & teile chofe.
fC? Le fens par extension , dit M. d' Alembert , tient
le milieu entre le fens propre & le fens figuré. Quand
je dis, l'éclat de la lumière, le mot ec/ureft pris
dans le fens propre. f^oye\ Sens-Ppopre. Si je dis j
l'éclat de la vertu , éclat eft pris dans un fens figuré.
/^oye;{ Sens-Figuré. Mais fi je à'xsïeddt à\x (on y
alors le mot éclat eft tranfporté par extension de la
lumière au fon , du fens de la vue auquel il eft pro-
pre , au fens de l'ouïe auquel il n'appartient qu'im-
proprement. Ainfi l'on ne peut pas dire que le m.oc
éclat dans cette phrafe foit pris dans le Icns propre.
On ne peut pas dire non plus qu'il foit pris au fi-
guré , parce que les expreflîons figurées ne confiftenc
que dans l'application qu'on fait à un objet intellec-
tuel d'un mot deftiné à exprimer un objet fenfible ,
comme quand je dis \'éclat de la vertu. Ce milieu
entre le fens propre & le figuré , eft le fens par <f.v-
tension.
Extension, fe dit encore de cff qui eft une fuite
& une dépendance d'une autre choie. La commu-
nion n'eft autre chofe , félon les Pères , qu'une ex-
tension , ou une fuite de l'incarnation. Bourd.
Exh. 2.
EXTENUATION, f. f. Terme de Médecine. Di-
minution de forces , accompagnée de maigreur. Ex-
tenuatio. Cette fièvre lente lui a caufé une grande
exténuation. Cet état, qui eft ordinairement la fuite
d'une diflîpation exceflîve d'humeurs, confifte dans
un aftaifiement général des vailTeaux du corps.
Exténuation , eft aufli une figure de Rhétorique
oppofée à l'hyperbole , par laquelle on diminue j
ou amoindrit les chofes : les Grecs l'appellent
On dit exténuation d'un crime , d'un fait
pour affolbliffement , diminution.
On le dit quelquefois en Morale , de la Dodrine
& de la Difcipline. Ils ont voulu faire palfer ce fage
retranchement pour une exténuation de la Dodrine
de TEglife Romaine. Arnauld.
EXTÉNUER. V. a. Caufet de la maigreur en affoibif-
fant les forces Extenuare,deprimere. La fièvre quarre
a fort exténué CQ malade , l'a fort affoibli , amaigri.
Elle étoit toute exténuée par une longue abïlinence.
S. EvR.
Exténuer j fe dit aufii figurément pour Amoindrir,'
diminuer. Elevare , attenuare j dcprimere. On exténue
les chofes , quand on fe fert de la figure de Rhéto-
que appelée exténuation. Il exténue la force de mes
argumens. La mauvaife conduite des Chrériens
vient des doutes quitraverfent & qui exténuent leur
foi. ViLL. Un Hiftorien adroit peut exténuer les dé.-
fauts , fans les dilïîmuler abfolument. S.EvR.
EXTÉNUÉ , ÉE. part. & adj. Extenuatus. 'Vifage exté-
nué. La Chamb. Faciès macilenta , macie deformis.
EXTÉRIEUR, EURE. adj. & fubft. Terme relatif. La
partie , ou furface du corps quiparoît au-dehors, à
nos yeux , & qui eft oppofée à l'intérieur qui eft
cachée. Exierior , externus. La face extérieure de ce
EXT
bâtiment ell belle , mais l'intérieure n'y repond pas.
S'il y a un abcès dans ce corps , il n'en paroîc rien à
Vexcérieur. La piiip.-^ic des hommes ne fe détermi-
nent point à un icntimeiit par des raitons lolides i!5c
elTentielles , mais par certaines marques exicneures
& étrangères, qu'ils jugent plus convenables à la
vérité. La raifon eil que la vérité intérieure des
choies ell fouvent allez cachée j au lieu que ces
marques excéneurts font claires &c fenlibles : de lorte
?[ue les hommes le portent à ce qui leur elt plus
acile, & fe rangent prefque toujours du côté où ils
voient les marques cxtcncurts qu'ils dilcernent la-
cilement. Log. L'homme exïéncur , félon le langage
de l'Ecriture , le prend pour le corps , & pour les
fens. Quoique dans nous l'homme extérieur fe dé-
truife , néanmoins l'homme intérieur fe renouvelle
de jour en jour. Un homme extérieur peut iigmher
encore , un homme qui n'ell pas folide , qui elt lu-
perficiel : ou un homme un peu tourbe, &c quia
une apparence crompeufe. Bouh.
On dicauilî dans le lor intérieur , ou dans le for
extérieur-^ pour due , en conlcience , ou devant la
juftice des hommes.
En termes de Ipiritualité on appelle Chofes exté-
rieures , les affaires , les embarras , les objets du
monde ^ & tout ce qui empêche le recueillement j
l'attention à Dieu , à l'oraifon. Quand Dieu voit
une ame dégagée des choies extérieures , qui ne
font propres qu'à la remplir d'embarras & de nua-
ges, il fe communique à elle. Ab. delaTr.
Extérieur, lîgnifieencorej Dehors , apparence. F^z-
cies j vuitus j oris & totius corporis cjmpositio , com-
paratio , species. Un extérieur poli impofe beaucoup.
Bouh. L'air , & l'extérieur , doivent être une ex-
preffion naturelle de ce qui le palTe au-dedans.
S. EvR. La douceur fait que ['extérieur demeure tou-
jours pailible. M. Esp. Quoique l'extérieur ne falle
que la moindre partie du mérite d'un honnête hom-
me, cependant on ne peut négliger de certains de-
hors fans s'.ivilir &c fe dégrader foi-même. Bell. Il
ne fuffit pas à une femme d'avoir un extérienr mo-
defte & compofé, quand elle nourrit dans.le cœur de
véritables attachemens. Id. L'atfedtation d'un grave
extérieurQ^ unloupçon d'hypocrifie. S. EvR. \Jnex-
térieur ttop lévère ell inutile à la vertu ; il ne fert
qu'à en rebuter. M. Scud. Il y a des gens qui ont de
bonnes qualités fous des dehors mal compofés , &c
avec un extérieurnégVi^é & rebutant. Bell. L'exté-
rieur des hypocrites ell un piège groflier , où les
gens un peu pénétransne fe laillent plus furprendre.
S. EvR.
§Cr L'Extérieur eft ce qui fe voie , ce qui paroît &
fe préfente aux yeux ou au toucher. Il fait partie de
lachofe, mais la partie la plus éloignée du contre.
Les toits, les murs , les jours & les entrées fontl'e.v-
térieur d'un château. Il ne faut pas confondre exté-
rieur j dehors Se apparence. Foye^ ces mots. Syn.
Franc.
fjCT Dans le fens ^gmè^excérieur Çq dit plus fouvent
de l'air & de la phylionomie des perfonnes. L'exté-
rieur prévenant n'ell pas toujours accompagné du
vrai mérite. Foye\ Dehors & Apparence au li-
gure, qui ont leur idée particulière.
EXTÉRIEUREMENT, adv. Au-dehors. Extra, ex-
rer/w.Toutes les manières desCourtifans font belles
extérieurement-^ mais il ne faut pas trop fe fier à leurs
promeireSjl'honnèteté humaine imite extérieurement
la conduite de leur charité. Nie.
EXTERMINATEUR, adj. m. Qui extermine, qui
détruit pleinement. Exterminator , dejlrucior , ever-
sor, deletor. L'Ange exterminateur <^\\\ défit l'armée
de Sennacherib. Le glaive eATfer/ni/zarear.
Un chat exterminateur,
Et redouté des rats une lieue à la ronde.
La Fontaine.
11 eftaulTifubftantif. Hercule a été \ exterminateur
des Monftresde fon temps.
EXT 991
EXTERMINATION, f. f. Delhuûion entière. Ew-
Jio j de(iruclio. L'i:.xtermmation(its hérélies. L'exter-
mination du paganilme , des vices.
EXTERMINER, v. a. Détruire ablblument une na-
tion , une race , une engeance. Dclcrc junditus ,
extcrminare. On a chalfé , exterminé k-s Juifs de
Portugal i les Maures d'Efpagne ; les Albigeois de
France. On a extermine la race de ces rebelles. Il ex-
termina route la nation. Ablanc. Philippe L Bel ,
Roi de France 3 pour le venger des Templiers ,
prit eni 507. la rélolution de les exterminer àz.n% fon
Royaume , à la faveur du Pape Clément. Il en ex-
termina la plupart, & les fit cruellement brûler. Me-
zeray. On ne lauroit exterminer [3. vermine, les
charençons d'un grenier à blé, les fourmis d'un jar-
din , &c.
On le dit figurément des chofes morales. Ce Prin-
ce a extermine les hérélies , l'erreur , tous les vices
de fon Etat, de fa Cour. La politelîe du fiècle a e.c-
terminé I3. barbarie de celui de nos pères.
Exterminé , ee. participe. Excermmatus , deletus j
abolitus.
EXTERNE, adj. m. &: f. Terme relatif. Qui paroît au
dehors; il ell oppofé à interne , qui ell caché au de-
dans. Externus. La maladie de cet homme n'ell pas
externe , il n'en paroît rien aux yeux.
03" Externe & extérieur font abfolument fynonymes.
La furface d'un corps , ce qu'on voit , ce qu'on tou-
che , eft fa partie externe ou extérieure. Extérieur eft
plus ufitc dans le langage ordinaire : externe dans le
style didaélique.
Externe, fignifie aulTi ce qui vient du-dehors. La
fource de ce mal vient d'une caufe externe. Extra-
neus.
On appelle angles externes en Géométrie , ceux
qui font formés par les côtés d'une figure lediligne,
prolongés au dehors.
Externe , en termes de Collège ,_ & d'Académie , fe
dit au fubllantif des Ecoliers qui ne demeurent pas
dans le Collège , qui ne font pas penlionnaircs dans
l'Académie , mais qui y viennent prendre leurs le-
çons , &c y faire leurs exercices du dehors.
EXTINCTION, f f. Aélion par laquelle on éteint
une chofe. Extinclio. Le P. Bouhours a remarqué
fort judicieufementque ce terme nes'emploie guère
dans le propre , & qu'on ne dit point j l'exu.:clicn
d'un grand incendie fefait diiîicilementj il faut dire
un grand incendie s'éteint difficilement. Les fermes
du Roi s'adjugent à l'extinclion de la chandelle j &
ondit au premier feu , au fécond /eu , quand on al-
lume de petites bougies pendant la durée defquel-
les on reçoit les enchères. On fulmine aulîi les ex-
communications à l'extinction de la chandelle. C'eft
en ce fens un mot d'art ; car on ne dit point , j'ai lu
jufqu'à l'extinclion de ma chandelle , ni l'extinclion
d'un flambeau. Bouh. La mort d'un vieillard vienc
de l'extinclion de la chaleur naturelle. Extinclion de
voix.
On dit difputer jufqu'à extinclion de chaleur natu-
relle , & fimplement jufqu'à extinclion. AcAD. Fr.
c'eft-à-dire , jufqu'à l'entière ceiïationd'adlion des
facultés naturelles.
On dit auffi en Morale , & dans le figuré j l'ex-
tinclion d'une penfion , d'une rente , lorfqu'elles font
amorties,ou rachetées, ou qu'elles ceiïent. L'extinc-
tion d'une charge,d'un droit , d'une impofition,lorf-
qu'onles revoque.qu'on les fupprimCjqu'onles éteint.
L'extinclion d'xmQ famille, l'extincliondsl'héïcCis.
L'extinclion d'un crime, la rémilîion , l'abolition, la
prefcription d'un crime. Le P. Bouhours approuve
toutes ces phrafes ; mais il ne croyoir pas qu'on pût
mettre extinclion à tout indifféremment dans le fi-
guré , quoique de très-bons Auteurs n'en aient point
fait de fcrupule. C'eft une extinclion entière de rai-
fon que de ne fe point mettre en peine de ce qui ar-
rivera à la fin de cette vie. S. EvR. Les gens du mon-
de fe trouvent dans la diftipation , dans la fécheref-
fe , & par des fuites nécelfaires dans l'endurcilTc-
metu , dans l'infenfibilité du cœur , & dans l\x~
c; 55 2, EXT
■cinciiondc toute piété. Fl. La faiiire indifFcrence des]
dévocs conccinpUafs n'eft poiiu une exclulion de
tous delîrs, m une extincUon de toute volonté. Fen.
Une indiftcrence (î inleniée tend plutôt à ïextinc-
ûon du Chnltianifme , qu'à la pertedion Hvani;é-
•lique. Id. La fagessedes vieilbrds n'eft qu'une ex-
tinction des l'entunens , & une incapacicé de fen-
tir. S. EvR. Une telle extinction de la natute épou-
vante. Us feront plus à leur aile dans le Monaftère ,
qu'ilsn'étoient dans le liécle-; ce quieft prcciféi-nent
la ruine du deirein de leur retraite, & ['extinction
de l'efprit de pénitence.
Extinction , le die aullien Chimie &en Pharmacie,
lorfqu'on éteint dans quelque liqueur des minéraux,
■ou chofes fem'olableSjiougies au feu, loit pour adou-
cir leur acrimonie, comme la tutie , qui eft faite
de perles ; foit pour communiquer leur qualité à la
liqueur, comme celle de l'acier à Tcau , celle des
briques à l'huile 5 foit pour leur donner quelque
trempe , comme à l'acier , qui fe tait par i'extinchon
d'un fer chaud dans l'eau, ou dans quelque prépara-
tion convenable.
Extinction , fe dit encore j quand on mêle fi bien
du vif argent dans de la térébenihinej ou dans de la
grailfe , qu'il eft rendu imperceptible. /^o}'. Etein-
dre.
EXTIRPATEUR. f. m. Qui détruit , qui déracine.
Les Rois Trcs-Chrétiensont été lesplus grands ex-
cirpjteurs des héréfies \ ceux qui ont fait le plus la
guerre aux Hérétiques. On ne le dit point au pro-
pre.
EXTIRPATION, f. f. Adion d'extlrpçr , de déraci-
ner. Exnrpatio. Il n'eft guère d'ufage au propre
qu'en parlant de certaines excroilîances j de certai-
nes tumeurs qui ont comme des racines. Vexcirpa-
xion d'un cancer , d'une loupe , d'un polype.
^Tl fîgnifie figurément, Defttudtion totale. Dans>
les prières du Jubilé ^ on en met une pour l'extir-
pation des héréfies. Prier Dieu pour {'extirpation des
héréfies. Arn. L'extirpation des vices.
ifT EXTIRPER. V. a. Ce verbe n'eft guère employé
au propre qu'en parlant des mauvaifes herbes : c'eft
les déraciner , de façon qu'elles ne puillent plus re-
venir. Ext'irpare y evellere. On a bien de la peine à
extirper les méchantes herbes,
l)-T On le dit aufti en Chirurgie. Extirper un can-
cer , une loupe , un polype j &c. C'eft les arracher ,
les couper entièrement.
§CT On ledit plus fouvent au figuré , en parlant de
certaines chofes pernicieufesqu'on détruit entière-
ment.f-vfirjper les héréfies, les fedes,les vices, les paf-
lions,nne race.On a eA-rir^pt-'autrelois lesAlbigeois,on
lesadétruits abfolument.Sous prétexte d'e.vn'r/'er tous
lesdefirs,& de dépouiller l'homme de toute volonté,
il eft dangereux de le conftituer dans l'indolence , &
dans l'inadlion. Boss.On riexàrpe guère tout-à-fait
les vices originels -.on les cache, &on les couvre feu-
lement. Mont.
Extirpé , ée. participe. Stirpitus evulfus , ext'irpatus.
I^Ces mots viennent du Lisxxn fiir ps , izonc^
fouche , plante qui a racine. Extirper , ôter le tronc
jufqu à la racine.
EXTISPICE. f. m. Celui qui confidére les entrailles
des .animaux pour en tirer des préfages de l'avenir.
Extifpex. Cette forte de divination fut fort en vo-
gue dans la Grèce, où il y avoir deux familles \ celle
desJamides, & celle des Clytydes , qui y étoient
confacrées.En Italie où cet art eut aulfi grand cours,
les premiers Extijpices furent les Etruriens. Lucain
donne une image d'une de ces opérations dans fon
premier Livre. Voici comment Brébeufl'a rendue :
elle fera comprendre en quoi confiftoit cet art , &
combien il étoit vain.
La victime s'approche , & le couteau tout prêt,
Onfent quelle réfljie à ce cruel arrêt ,
Par de rudes écarts trouble fon facr'ifice ,
Et refufefon fang à cejunefle office \
Quelle ne peut fou^rir Us yeux des Immortels ,
EXT
Et qùunfccrct uiftinci l'arrache des Autels,
Elle tombe pourtant fous le coup du Mimftre _,
Mais , o prodige ajfreux ! Jpectacle trop Jinijlre .'
On voit en mcnie temps dejon gojier ouvert
Couler à gros bouillons un poijjon noir à" vert.
Le Prophète arrachant les entrailles vivantes
Examine le joie & fes fibres mouvantes :
Ll cherche, dans le cœur & dans les inieftins,
La colère des Dieux , & l'arrêt des jDefiins ;
D'unfang noir & pourri leurs membranes tachées ,
Les poumons altérés , 6' leurs fibres cachées ,
Le cœur fans mouvement , les veines fans couleur 3
Portent dans fon efprit le trouble & la douleur.
Au côté qu'il a fia ne à. lajorce ennemie
La couleur efi vermeille , G' la cha'ir a^erm'ie :
L'autre eft tout languijfant & tout défiguré \
Et ce qui lui prononce un malheur a (Juré ^
A la tète du foie une autre eft attachée :
L'une à demi pourrie & prefque dejféchée 3
L'autre dans fa vigueur à dans fon mouvement
E xplique les progrès d'un cruel changement.
Ce mot vient du Latin exta , qui fignlfie Entrail-
les j Scy/j/c^re ,y/'icio, regarder, conhdérer.
EXTISPISCINE. t'A. L'art des Extifpices , eft l'art de
deviner par l'infpeûion des entrailles des vidimes
ou des animaux. Extifpicina.
EXTOLLER. vieux v. a. Elever, exh-auffer, rehaulTer,
louer , du Latin extollere.
Extollé, ee. part. Vieux mot. Élevé, du Latin e.vfo/-
lere. Elatus , fublatus , a , um.
Vo'ici pour vrai , l'été , dont la volée
Par Jà vertu a la France extoUée.
Marot.
E X T O R A S. f. m. On nomme aînfi en Provence
cette gomme que nos Droguiltes appellent du fto-
rax.
EXTORQUER, v. a. Tirer quelque chofe de quel-
qu'un par force ou par importunité , par carreftes
ou par menaces , par fuggeftion ou par toute autre
voie qui exclut la libetté du confentement dans ce-
lui qui accorde cette chofe. Extorquere , auferre ptr
vim , eripere. On Extorque la vérité de la bouche
des criminels par les tourmens de la queftion. On a
extorqué le confentemeni de cette fille par menaces
& par importunité. Quand on prouve qu'on a ex-
torqué, ou fuggeré un teftament, on le déclare nul.
Ce font des grâces que les prellantes nécellités de
l'Etat ont extorquées. Pat.
Extorqué , ée. part.
EXTORSION, f. f. Adion par laquelle on extorque-
par force , par menace , par autorité. Extorfio , abla-
tio v'iolenta. Ce Juge n'eft liche que des extorfions
qu'il a faites fur le tiers & le quart. Les Grands-
Jours font établis pour faire juftice àz%. extorfions.
qu'on a faites fur le peuple. Antonius jeune Evêque
Africain , ayant opprimé le peuple d'un cerrain can-
ton de fon Diocèfe par des extorfions, on eut foin-
d'empêcher qu'il ne gouvernât à l'avenir les habitant
de ces lieux là. De la Roche.
CG° Ce mot dans cette acception ne fe dit guère
que desémoiumens exceiîifs, exigés d'aurofité par
quelques Officiers. Alors il eft fynonyme du mot
concujfion qui eft beaucoup plus en ufage.
IP" On le dit aufti par rapport aux ades pour
lefquels on a tiré un confentement forcé de quel-
qu'un.
^Xr/î-^. f. m. Terme de Pa!ai«. Jour extraordinaire
auquel on tient l'audience. Les audiences qui fe tien-
nentpendantles vacations s'appellent exrra, &dans
les fenrences on dit , les parties ont été renvoyées au
prochain extra.
Ce mot vient ou du mot extraordinaire , dont il
eft un abrégé j parce que les audiences appelées
extrxL font extraordinaires ; ou de la prépofition La-
tine extra. , qui veut dire hors , parce que ces au-
diences fe tiennent hors du temps ordinaire.
Extra
EXT
Extra, adv. ou prcpofuion latine. Terme de Cano-
nifte. On défigne parce mot les decrccales quand ou
les cite par écrit , comme qui diroit , iiors du dé-
cret de Gratien , parce que ce décret compofoitfeul
le corps du droit canon , iorfque cette manière de
cirer les dccretaies fut introduite. Extra , id elt , tx-
zra corpus juris.
EXTRACTION, f. f. Terme de Chimie. Opération
Chimique par laquelle on extrait les ellcnces , les
teinturei , & les autres qualités des corps naturels.
Excr^clio. C'elt en effet une léparation des parties
les plus pures i^ les plus eirentieiles du médicament
d'avec les groiîières & ter'eltres , par le moyen de
quelque inenllrue propre. C'ell par fon moyen que
le font les extraits de rhubaibe, defcné, d'ellébo-
re, &c
En termes du Grand kn^Extraclionkàk de l'é-
tat où ell l'ouvrage lorfque la couleur noue paroît j
& que la putréfaction de la matière fe bit.
^C? Extraction , en Chirurgie. C'eft une opération
par laquelle on tire du corps une matière étrangère
qui s'y ed formée, ou qui s'y eft introduite contre
nature; comme une pierre qui le forme dans la vef-
fîe , dans les reins. L'extraàion appartient à l'exé-
réfe , comme l'efpèce au genre.
On le dit aullides métaux & desmincraux.Quand
une mine n'ellpas riche, Xextracllon du métal coûte
plus qu'il ne vaut.
Extraction , fe dit figurément en Généalogie ,de la
fouche , de la famille dont on ell forti. Stirps , ori-
go , genus. Il tant prouver la nobleile de fon extrac-
tion , quand on veut entrer dans les ordres de Che-
valerie j ou dans certains Chapitres. C'elf la même
cliofe que defcendance.
Extraction. Terme d'Arithmétique & d'Algèbre.
h'excraciion des racines ell l'opéiation par laquelle
on trouve la racine d'une puillance donnée ; & elle
sappelleaulTilaréfolutiondespuiirances. Reyneau,
1. excraclion de la racine carrée j delà racine cubi-
que , &c. On forme le carré , le cube, &les autres
pu; (Tances , en multipliant continuellement le nom-
bre donné par lui- même. Cette multiplication coin-
pofe lespuilfances : XextraciioriàQ racine les décom-
pole. Vexcraclion de racine efl à la multiplication de
puilfances , ce que l'an.ilyfe ell à la fynthèse. Ainfi
4, par 4, fait i6 , qui eft le carré de 4, ou le pro-
duit de 4 , par lui-même 3 & iC , par 4 j fait (Î4 j
: qui eillecube de 4, ou le produit de 4 , par fon
carré. Voilà la compolîrion des puilfances. La racine
carrée de 1 5, eft 4, parce que 4, eft le quotient de
16, divifépar4, & la racine cubique de (Î4, eft
aulTi 4 , parce que 4 eft le quotienr de 54 divifé
par le carré de 4. Voilà Xextraclion de la racine.
EXTRADOS, f. m. Curvité extérieure d'une voûte ,
ou côté du voutToir qui fait le delfus , & q^ui for-
me le cintre de la voûte. Faciès excerior Jornicis.
On l'appelle douelle extérieure. C'eft l'oppofé d'in-
trados.
EXTRADOSSÉ, it. adj. On ne trouve ce mot qu'au
(èvnmm , voûte excradojjée , eft une voûte dont le
dehors n'eft pas brut ; c'eft-àdire , que les queues
des pierres font coupées également, en forte que
le parement extétieur eft aulîî uni que celui
de la douelle. Fornix utraque ex parte laboratus j
polltus.
EXTRAIRE. V. a. C'eft en général tirer quelque chofe
d'une autre. Extrahere. Il fe conjuge 2\n(\.yextrais^
tu extrais 3 il extrait^ nous extrayons , vous extraye^y
Us extrayent. Voyez Traire.
|Cr Extraire , en Chimie , c'eft féparerd'un mixte,
d'un compofé un de leurs principes, par le moyen
de quelque menfttue propre. Extrahere , exprimere.
Il y a plufieurs moyens è^extraire les principes des
végétaux & des minéraux , foit par la prefllon , in-
fufion , lotion , calcination , diftillation , cohoba-
tion , ou autres opérations qu'enfeignent la Phar-
macie ou la Chimie.
Extraire. Terme d'Arithmétique. Extraire les ra-
cines des pui (Tances. C'eû faire l'opération pat la-
Tome lll.
EXT
99 ^
quelle onrroiivele nombre par la multiplication da
quel la puillance a été produite oulorn.éc; par
exemple, extraire la racine carrée de 4, puillancei*',
c'eft taire l'opération arithmétique qui donne 2. pour
racine de 4 ; & de même de la racine cubique 8
& de la quatrième puilfance 16. C„da s'appelle
auHi réloudre les puilfances , & léfolutions des
puilîanccs.
Pour extraire les racines , 1°. confidérant la ra-
cine comme un binôme a + , où. a répréfente le
cluftre ou les chiffres trouvés , & b lepréftnte le
chirtre cherché. 2". Appelant /j l'exposant de la ra-
cine cherchée , & r/ le nombre des chiffres, qui for-
ment le nombre donné. 1". Divifez le nombre don-
né en autant de tranches que ^ contient de fois/; ,
de forre que chaque tranche , à commencer de
droire à gauche , contienne autant de chiffres que
p conrient d'unités, excepté la première à gauche ,
qui en peut contenir moins ; c'eft- à-dire, divifcz le
nombre donné en tranches de deux chiftres en deux
chiffres , li vous en voulez tirer la racine carrée.
Divifez ce même nombre de trois en trois , lî vous
voulez en tirer la racine cubique ^ &c.
i". Tirez la racine de la première tranche à gau-
che : cette racine fera le premier chiffre delà racine
cherchée.
3 ". Otez la puiffance ap de cetre première tran-
che j & écrivez le refte , s'il y en a un , avec la
tranche fuivante , comme un dividende.
40. Ecrivez comme divifeur fous ce dividende la
fomme de toutes les autres puilTanccs d'à qui fe
trouvent dans la lormule de la puillance d'à -f-3 qui
a /7 pour expofant; c'ell-à-dire , écrivez z a pour la
racine carrée ; écrivez j a^ plus 3 a pour la racine
cubique ; écrivez 4 «'-h 6^^4.4 a pour la
racine quatrième , &c. En obfervanr que a étanc
des dix.iines par rapport à 1^, il s'enfuit que i?t? font
des centaines & a' des milles j &c. Le quotient
b fera le fécond chiffre de la racine cherchée , & il
doit être pris plus petit qu'on ne le prendroit dans
la divifion ordinaire, parce qu'après avoir pris i^ ,
il faut fermer rout le refte de la puilTance d'^^.!
élevée à l'expolanr /^ , & l'ôter du dividende ; c'elt-
à - dire , que dans la racine carrée il faut ôter
la b ^bb , que dans la racine cubique il faut ôrec
3 aab^^ abb ^ b' , &c. & écrire le refte , s'il y
en a un , avec la troifième tranche , comme un
nouveau dividende.
5''. Confidérezces deux premiers chiffres trouves
comme un nombre incomplexe de dixaines ii , & le
troifième chiffre cherché comme des unités b y ëi
opérez pour trouver ce troifième chiffre, comme
vous avez fair pour trouver le fécond , & ainfi juf-
qu'au dernier.
S'il ne refte rien , la racine eft exade ; s'il refte
quelque chofe , la racine eft approchée. Exemple.
Il faut tirer la racine carrée de 131^9. Je le divife en
deux tranches 1 3 I 69. & je dis : la racine carrée de
15 eft 3. J'écris 3 := <z pour premier chiffre de la
racine cherchée.
2°. J'ôte 9 de 13 , il refte 4. &: j'ai pour divi-
dende 469. fous lequel j'écris comme divifeur z
a =: 60 ; & je dis : en 46 combien de fois 6} il y eft
7 fois ; mais avant que d'écrire 7 , je forme le reft
du quart à^a^b , c'ell-à-dire , i ab + b bz:: 420 6
49 = 4<î9-
3°. J'ôte 4(^9 de 4(^9 j il ne tefte rien : la ra-
cine carrée de ii6^ eft 37. nombre cherché D«
Lagny.
OriRATION ABRÉGÉS.
13 169. (37.
9
4
69
000
"Kkkkkk
QQA. £/ yL i
Le Myftère n'eft pas fi grand. Il n'y a qu'à ôcer
rexpolanc, & l'on a la racine a^ b' c^ &c. Se ôtez
z. 3. 4. & a j b , c , font les racines.
Extraire, fe dit en Morale, de la fubftance , de
l'abrégé qu'on tire de tout ce qu'il y a de bon dans
tirer d'un livre , d'un régiftre j &c
un livre
es
pa(ïages , les enfeignemens dont on a beioui. /^.v-
trahere i defcnbere , exscnberc. Cet homme a fait'
extraire pluiieurs titres du Tréfor des Chartres , des
Manufcrits de la Bibliothèque du Roi. Il a extrait
des fentences de l'Ecriture , des Pères, des Auteurs
profanes, des Pocies , des Hiftoriens , des Philofo-
phes : ce qu'on appelle autrement des lieux communs.
Cela a été extrait des Regiftres du Parlement,
|13" En matière de Littérature , c'eft faire ou don-
ner une expofition abrégée d'un livre, d'un ou-
vrage. Redioere in compendium. Voye\ Epitome.
§3° Extraire un Journal , dans le Commerce , c'eft
en faire le dépouillement , le relevé. Voye^ ces
mots.
Extrait, aite. part. & adj. Extraclus , exfcripm.
EXTRAIT, f. m. En terme de Pharmacie , c'eft la
partie la plus pure des végétaux , qu'on a féparée
des grolîières j Se dilFoute dans quelque menftrue
propre, par le moyen de la digeftion , & léduite
en une confiftance épailFe ôc humide par la dilHlIa-
tion , ou évaporation de l'humidité du menftrue.
Extraclum. La Pharmacie donne l'art de préparer
une infinité ^extraits , tant des végétaux , que des
autres corps naturels. On a trouvé depuis quelque
temps la manière de faire des extraits de viandes
bouillies : ces extraits font en tablettes , &: on peut
les porter commodément fur terre & fur mer. Ils fc
confervent alfez long-temps ; & par le moyen de
ces extraits on a , quand on veut , de bons bouil-
lons , des confomméî. Cette invention eft due à
M. Du BuilPon. Il la montra à TAcadémie Royale
des Sciences en i6G^. ^oye^ l'Hiftoire de M. Du-
hamel , p» 145- Lss extraits diftèrent des principes
chimiques , en ce que les extraits font encore joints
fort intimement à d'autres principes ; & que chacun
des ptuicipes chimiques eft féparé des aurres prin-
cipes j ou n'en contient pas tant , quand on a fait
l'analyfe entière d'un corps n.aturel.
Extrait , fe dit aulfi de ce qui eft tiré d'un livre ,
d'un regiftre , d'une expofuion abrégée d'un ou-
vrage. Sententia , compendium , epitome. Ce Docteur
a fa1c un extrait des palfages des Pères qui confir-
ment fon opinion. Cet Ecolier a fait un extrait , un
précis de tour ce qu'il y a de beau dans Cicéron ,
dansTite Live : il a fait un extrait, un abrégé de
fon cours. J'ai fait un extraitdes Coutumes des La ■
cédcmoniens. Abl. La Cour eft , pour ainfi dire , un
extrait de tout le Royaume : tout ce qu'il y a de plus
fin & de plus pur s'y rencontre. S. Evr.
Extrait , fe dit aufii au Palais des copies entières des
Arrêts, ou des titres enregiftrés qu'on tire des dé-
pôts & ades publics. Defcriptum apagraphum. Voilà
un extrait d'un tel Arrêt , d'un tel Edit , qui a été
véiifié & enregiftré. Un ex;rt;ir baptiftaire , ori un
extrait des regiftres mortuaires d'une telle Paroifie,
c'eft une expédition tirée fur ces regiftres. Tu portes
fur ton front ton extrait baptiftaire. S. Evr. Un Ar-
rêt par extrait eft celui qui n'eft pas exécutoire fans
une commilîion qui y doit être attachée , & qui eft
intitulé. Extrait des Regiftres du Parlement , du
Confeil -, à la différence de ceux qui font en forme ,
qui portent leur commilTîon , ôc qui commencent
ainh , Louis , par la grâce de Dieu , &c.
Extrait > fe dit aulTi de l'abrégé d'un procès que doit
faire un Rapporteur , qui contient la date & la lubf-
tance des pièces , pour foulager fa mémoire j lorf-
qu'il le rapporte fur le Bureau. Summa capita. Les
bons Rapporteurs devroient faire eux-mêmes leurs
extraits. On voit dans leftvle des Cours j des Lettres
Patentes du Roi pour difpenfer un Confeiller de
faire lui-même fes extraits , à caufe qu'il avoir la
vue balTe. Elles ne font que de Tannée 1625. Quand
EXT
une produèlion a été perdue , on ordonne que foi
lera ajoutée à ['extrait.
Extrait , dans quelques Coutumes , fignifie le droit
que les Seigneurs ont de partager les biens d'un bâ-
tard décédé fans enlans , & fans teftament.
ÇfT EXTR AJUDICIAIRE. adj. de t. g. Terme de Ju-
rilprudence , qui s'applique à tous les adles qui font
hors jugement, & ne font point partie d'un procès
acluellement pendant en Juftice , quoiqu'ils foient
faits par le miniftère d'un Huilîier. Une requête qui
n'a pas été ordonnée par le Juge, eft extrajudiciaire,
&c le Juge n'y a aucun égard. Tout aéle qui n'a pas
été fignifie à la Partie , quelque déciiif qu'il puifle
être , eft extrajudiciaire. Foye\ Judiciaire qui eft
fon oppofé.
EXTR A JUDICIAIREMENT. Hors de la forme ordi-
naire des Jugemens.
Ip- EXTRAORDINAIRE, adj.de t. g. quelquefois
employé fubftantivement. Quelques-uns prétendent
avec Richelet , qu'il faut prononcer & écrire ex-
trordinaire de cinq fyllabes. L'ufage général eft d'é-
crire & de prononcer extraordinaire.
fCF Ce terme s'applique aux chofes qui n'arri-
vent pas ordinairement , qui ne font pas d^un fré-
quent ufage j & lorfqu'il eft confidéré dans un autre
fens que dans celui du fréquent ulage , il le dit par
rapport au mérite des chofes \ alors il annonce quel-
que chofe de diftingué. Il eft employé dans ces deux
acceptions dans les exemples fuivans. Extraordina-
rius J inufitatus , infignis. Il naît de temps- en-temps
de grands génies , des hommes extraordinaires. Il
arrive bien des cas , des accidens extraordinaires 3
que les Lois ne peuvent prévoir. On a vu dans tous
les ficelés des fortunes extraordinaires. Les Comètes
n'ont rien êi extraordinaire que pour le peuple. Riea
n'eft fi commun , rien ne paroît ù. aifé à un Philo-
fophe , que de faire un fyftême fur tout ce qui pa-
roît d'extraordinaire. Le peuple fouffriroit plutôt un
vice commun , qu'une vertu extraordinaire. 'Voit.
On ne s'accommode des hommes extraordinaires ^
qu'autant qu'on leur relEemble. S. Réal. L'impoffi-
ble ne paroiiroit c{\\ extraordinaire à Catilina, &r^;c-
traordinairc lui fembloit commun & facile. S. Evr.
Il y a je ne fai quelle malignité dans le cœur , qui
fait qu'on ne peut fouffrir dans les autres un mérite
extraordinaire. Bell.
IJCF Ce tetme pris dans le premier fens, pourfi-
gnifier ce qui n'eft pas félon l'ulage ordinaire , fe
prend quelquefois en mauvaife part; voilà un hom-
me bien extraordinaire. Coiff^iire extraordinaire.
Manières extraordinaires, ici fignifie quelque chofe
de ridicule , de choquant.
On appelle un Ambafladeur , Envoyé extraor-
dinaire , celui qu'on envoie ou qu'on reçoit pour
trairer de quelque affaire particulière & impor-
tante , ou pour quelque cérémonie , pour un ma-
riage de Prince , ou pour des complimeus de con-
doléance. On appelle auffi Couriers extraordinaires,
ceux qu'on envoie exprès Se en diligencCjpour quel-
que affaire prelfée.
En termes de Palais , on appelle une procédure
extraordinaire _, une procédure irrégulière , nou-
velle, défeétueufe. Mais plus fouvent procédure
extraordinaire s'entend au Palais de la procédure
criminelle , Procéder à l'extraordinaire. Et quand
on a civilifé une affaire , & que les parties font re-
çues en procès ordinaire , on ajoute toujours j fauf
à reprendre l'extraordinaire , s'il y a lieu , c'eft-à-
dire , s'il furvient quelque nouvelle preuve.
On appelle queftion extraordinaire , la torture la
plus rude que l'on donne à un accufé pour lui faire
dire la vérité. Voye-^ Question.
§C? Dans leDig" tir. 11. liv. ^-j.deextraordinariis
criminibus , le mot à' extraordinaire eft pris dans une
fignification particulière. On entend dans ce rirre ,
par crimes extraordinaires , ceux qui ne font point
punis par des peines & des fupplices marqués &
délîgnés par quelque Loi , ou par quelque Ordon-
nance , mais dont la punition dépend uniquement
EXT
de l'arbitrage du Juge , eu égai'd aux xiconftances
dont ils font accompagnés , au lieu que la peine
d^s crimes oïdinaires elt détinie pat quelque Loi.
On dit aalli , quand on rend des jugemens à la
charge de l'appel, qu'on juge iVordinuire -^ mais
quand c'eil au iouverain , qu'on juge à Vexcrjordi-
naire , comme on tau aux Requêtes de l'riôtel.
On appelle Juges excraorutnaires , ceux qui ju-
j^ent en vertu d'une commillion extraordinaire qui
leur en a donné le pouvoir j comme les Commil-
fairesdu Conleil, les Chambres Royales des Francs-
fiefs , du Domame, de la Marine, les Requêtes
du Palais , à la didérence des Juges oidinaires du
domicile des Parties.
On appelle frais extraordinaires des criées ; ceux
qui font faits pour vider les oppofitions , ou pour
faire 1 ordre &c les collocacions des ciéanciers. On
appelle lesrequètes civdes,les propofuionsd'erreur,
des remèdes extraordinaires de droit
On qualilîjK autretois d'extraordinaires toutes
les appedations qui fe jugeoient au Parlement; ik
les Procureurs cotent encore les dolliers qu ils oni
de ces caules par ce mot extraordinaire.
On appelle encore en termes de Palais, un procès
à \ extraordinaire , celui qui le ju^e par les Com
nillfaires j c'elt-à dire, par les Prélulens Se anciens
Confedlers. Tous les Comptes , les collocations en
tre créanciers , Hc autres aftaues où il y a cinq
chefs ou davantage , le jugent à 1 extraordinaire.
Pour lors il faut configner les épices au Greffe de
la Cour avant qu'on travaille au jugement de ces
fortes de procès , &: la Cour fe tait payer lur le
pied de tant par heute.
(fCF On appelle l'extraordinaire des Guerres, ou
de la Guerre, un fonddelliné à payer la dépenie ex-
traordinaire de la Guerre. Trélorier de Vextraordi
naire des Guerres, ou limplement Tréforier de \'ex
traordinaire. Commis à \ extraordinaire.
ExTRAORDiN'AiRE , f. m. Se dit de quelques Officiers
fubalternes de rArtillerie. iuhjîdiarius adjutor. Le
Général d Arnllerie , les Lieuteiians- Généraux d'Ar-
tillerie ont leurs Aid'iS &i leurs Extraorsiinaues. Le
Commilfaire Général d'Artillerie , ou conduéteur
des machines , a un Extraordinaire , auili-bien que
l'Ingénieur. En un mot , tous les Officiers d'Artil
lerie ont un ou plulieurs Extraordinaires, ^'oye^ De
la Fontaine , Devoirs Militaires des Officiers de
l'Artillerie , C. III.
Extraordinaire , lignifie quelquefois ^ Cafuel.
Caducus j jortuLtus j adventaius. Les qumrs & re-
quints , lods & ventes j amendes, conlîfcations ,
font des revenus cafuels , extraordinaires d'une
Seigneurie.
Extraordinaire , fe dit aulfi de ce qui fedépenfe
dans une mailon au-delà de l'ordinaire. Il faut
mettre mille écus tous les ans pour ce qui fe dé-
penfe èi extraordinaire dans cette mailon pour les
lurvenans J'irai bien dîner chez vous ; mais je
veux que vous ne metriez rien d extraordinaire.
On dit aulli abfolument , C'eft un extraordinaire
pour lui de fe lever matin , de faire quarre repas ,
de boire du vin pur. C'ell un extraordinaire de vous
Voir de fi belle humeur.
ExTRAORDiMAiRE, fe dit aufTi d'un certaine feuille
volante c^ui contient des nouvelles , & qu'on donne
à lire comme la ^azette. On fait un extraordinaire
après les grands événemens , pour en favoir le dé-
tail qu'on ne fouve pas dans les gazettes ordi
naires. M. de Bautru avoir 1 infpedioiT fur les ga-
zettes & fur les exfaordinaires de France. Ménage.
Lite l'Extraordinaire. On dit auffl nouvelle extraor-
dinaire , g.xzene extraordinaire , le Mercure galanr
extraordinaire , le Journal des Savans extraordi-
naire , Sec.
§fr Extraordinaire, f. m. Terme d'Antiquité. Les
Romains avoient un corps de troupes , partie Ca
Valérie, partie Infanterie, qu'on appeloit les Ex-
traordinaires. Ils campoient communément près de
la tente du Général , pour être plus à portée d'exc-
E X T c^oj-
cuter fes ordres. On les nommoit ainfi , parce qu ils
campoient extra ordinem du rclte des croupes. Ci* Il
delà que vinrent les Ptétoriens.
^fT II y avoir aulli dans le camp des Romains
une porte appelée la porte extraordinaire, Cn cioit
qu'elle le nommuit ainh j parce qu'elle croit près
de l'endroit où caaipoient leS jj.xtraord. naires , ÔC
qu'elle etoit la même que li Prétorienne , ainh
nommée , parce qu'elle croit voiline du Prétoire ,
ou de la rente du Général.
EXTRAORDlNAIREMENr. adv. D'une manière
extraordinaire. x:.xtraordtnc:riè , miruin in mouum. Il
ell extraordinairement favant , extraordinairement
chicaneur , affamé , vilain , extraordinairement ma-
lade. Ceux qui occupent les prcm\ères places de la
Cour , ne ionr pas toujours d'un mérite à ne poinc
craindre ceux qui en ont extra^rd. nuiremencS. Real.
Il y a une elpèce délicate de colère qvu vient d'une
hamem extraordinaireinent diHiùle. Ai. Esp. Les dé-
vots lonc fufceptibles d'un certain orgueil fubcil qui
tend à (e flatter , qu'Us font des âmes extraordinai~
re ment condwncs. Fen.
On le dit aulîi pour Bizarrement , ridiculement.
Elle eff coiffx'e tort exvaordinairen.ent.
Il lignifie , en termes de Palais , criminellement.
On a ordonné qu'il leroit procédé contre lui e.v-
traordinairement.
IfT EXTRAP'\SbÉ , ÉE. adj. Terme de Peinture. Ce
qui n'eff point contenu dans les bornes indiquées
par la natuie.
EfCTilA-lEMPORA. f. m. Terme de Chancellerie
Romaine. C'eff un induit ou grâce du Pape attor-
dée par une limple lignature , par laquelle il permet
de prendre les Ordres faciès hors les temps portés
par les Lois canoniques.
EXTRAVAGAMMENT. adv. D'une manière extra-
vagante. Stiiltè j inj'anè , inepte, c'eff le propre des
fous de parler extravagamment. Il elt extravagam-
ment jaloux. Pat.
ffT EXTRAVAfiANCE. f. f Ce terme ne fignifie
point lolie , fottile , impertinence. Tous ces mots
ont leur caradtère propre. L'extraiiagance elt le ca-
raétère d'un homme qui manque par la lègle^ &
fuit fon caprice- Infanitas , injiinentia. Les enipor-
temens des jeunes gens leur font faire beaucoup
d'extravagances. Il ne faut pas prendre pour des lail-
lies d'elprit les extravagances d'une imagination dé-
réglée. G. G. On ne fauroit trop fouvent prélenter
le miroir aux hommes , pour les fane appeicevoir
de leurs extravagances. Bell. Si nous n'avons pas le
courage cie détromper nos amis , n applaudillons
pasdu moins à [enxsexfavagances. Id. Les égaremens
de ce/Poëre ne vont pas loin de V extravagance G. G.
La Poèlie doit parler le langage des Dieux lans
s'égarer , & fans dire des extravagances. S. EvR. La
Comédie étant faite pour nous divertir , pourvu
que le vraifemblable foit gardé , & que {'extrava-
gance foit évitée , c'eft affez. lo.
Ip- EXTRAVAGANT , ante. adj. & fub. l^extra-
vagant ell celui qui fait & qui du ce qu'il ne fau-
droic pas qu'il dît tk qu'il fît. Mais cela ell trop
vague & ne diltingue rien. L'extravagai.t n'^i^ ^:\S
non plus un homme fou , bizarre, fanraf lue , comme
on le dit dans le Did. de l'Acad. Fr. Le fou manque
par laraifon. Foy. Bizarre & Fantasque. L'extra-
vjgant , dit M. l'Abbé Girard , manque par la rè-
gle , Se fuit fes caprices. Les extravafans ont les
idées finjjulières. Infanus .,infenjatus. Il tant un alFcz
grand amis d'impertinences pour faire un extrava-
gant. M. ScuD. Rien n'eft plus extravagant ^.ni plus
infenfé , qu'un vain fon de paroles , qui n'elt point
foutenu par le bon fens. Bouh. ^- 'amour ell moins
extravagant en France que parmi les Efpagnols j qui
s'y abandonnenr davantage. S. F.VR. On ne met plus
guère de différence entre un Poète & un extrava.'
g mt. G. G.
EXTRAVAGANTE. f.f.Toime de Fleurifte.C'eff une
anémone à peluche, ainli nommée , .à caufe que fa
peluche eff d'une fi^'ire .r^ute extraordinaire » fa
K k k k k k ij
^^è EXT
couleur éunt blanche , rouge & verte.MoB.iN , Culc.
des fleurs , C 7. ^ , , v
Extravagantes. Nom que l'on a donne a certaines
conltuutions des Papes, qui ont été publiées depuis
les Clémentines , extravagances-^ qujji extra corpus
juris Viî^awrej.Les premières fonccciles de Jean XXII
lucceireur de Clément V. Elles furent ainli appelées,
lorfque n'étant pas encore miles en ordre, elles lem-
bloient vaguer hors du corps du Droit Canon ^ &
ce nom leur eft demeuré apiès qu'elles ont été inlé-
rées dans le corps du Droit. On a cnluite appelé ex-
travagantes communes la dernière coUedlion desde-
crétalesjufqu'en i48,',quoiqu'elles foient aulli com-
prifes dans le corps du Droit Canon. Dûujat , Hijl.
du Droit canonique. _ ^
|tC? Ces extravagantes n'ont d'autorité en France
qu'autant qu'elles font conlormes à nos ufages , à ce
qu'on appelle libertés de lEglile Gallicane , & à
notre Droit François.
EXTRAVAGUER. v. n. Dire ou faire quelque choie
mal-à-propos , &c contre le bon fens , ou la luite
du difcours, ou la bienféance. Infanire , inepti-
re , aberrare. Il y a des fous qui difcourent bien
quelque temps, à la tin on connoît qu'Us extrava-
guent.
On «'extravague plus en vers impunément,
P. MoURG.
.EXTRAVASATION,ouEXTRAVASION.f. f. Erup-
tto. Terme de Médecine & de Chirurgie. Adiofï ,
mouvement par lequel le fang ou une humeur quel-
conque , s'extravaie , fort de les vailfeaux ordinai-
res. L'extravafation pouvant être arrêtée par le hm-
ple affaiirement des vailfeaux défemplis. Joukn. de
1695.
ExTRAVASATioN , fe dit aufli en Botanique des fucs
des plantes , qui fortent des vailfeaux où ils font
connus. On trouve quelquefois fur les branches des
tamarins une efpèce de fel elîentiel femblable à
k crème de tartre. Ce fel eUentiel s'y amalfe &
s'y durcit après ï'extravafation du lue nourricier j
qui dans les grandes chaleurs s'échape au travers
de fes vailfeaux. Tournefort. Acad, i6'^<). Mém.
p.ioi.
§3" Ce mot vient du Latin extra 3 dehors , &
vafa i vailfeaux. Ainlî l'extravafation ou l'extrava-
fion eft propremenrune eifufionj un épanchement
hors des vailfeaux. Extravafion eft plus ulîté.
|C?'EXTRAVASER,s'£XTRAVASER. v. récip. Qui
le dit en Médecine du fang & des humeurs qui for-
tent de leurs vailfeaux ordinaires , & fe répandent
entre cuir & chair , ou s'épanchent dans quelque
cavité du corps. Effundi ^ diffundi. Il faut faigner
afin d'empêcher que le fang trop abondant ne s'e.v-
travafe. L'adion qu'il aura faite, aura obligé le fang
de s'échapet de la veine , qui n'ayant pu fortir au-
dehors, à caufe du bandage, fe fera extrava/eenuQ
la veine & la peau. Dionis.
EXTilAVASÉ , ÉH. part. &c adj. Terme de Méde-
cine , qui ne fe dit que du fang qui eft forti de fes
vaitfeaux ordinaires , c'eft-à-dire j des artères & des
veines, & qui demeure dans le corps : car le fang
qui coule hors du corps j ou qu'on en rire par la fai-
gnée , ne s'appelle point extravafé. Sanguis efflifus
extra venas.Tont (nng extravafé (e coïvompt &c fe
tourne en apofthème. Il faut faigner pour empê-
cher que le fang qui eft trop abondant ne s extra-
vafé.
fer EXTRAV\SÈ, en Botanique. Le fang qui fort
de fes vailfeaux , on pour remplir les vailfeaux lym-
pathiques , ou pour fe répandre dans le tillii cellu-
laire , eft dit exfavjfé. C'eft dans le même fens
qu'on dit que le fuc propre étant extravafé caufe des
maladies. Mais ce fuc s'extravafe quelquefois de fa-
çon qu'il fort entièrement des vailfeaux , & fe mon-
tre au dehors fous la forme de réfine, comme au
pin , à l'épicia ; fous celle de gomme comme au
cerifier j fous celle du fuc épailfi , comme aux _or-
EXT
mes. Ce fuc extravafé qui fort ainfi des plaies de
plulieurs arbres , caule moins de mal aux végétaux
que le fuc propre qui ie répand dans les vailleaux
lymphatiques 6idans le tilfu cellulaire.
EXfRAVASION. f. f. /-'ojcj EXTRAVASATION.
EXTREMADOURE. /^o>q ESTREMADOURE.
EXTRÊME, adj. m. & f. Ce mot qui tient heu de fu-
perlatil dans notre langue , le dit de ce qui eft au
dernier point , au plus haut degré. Douleur extrême.
Avarice extrême. Une chaleur extrême. Un froid ex-
trême. Quand f amour eft extrême , il méprile les
bienféancesi &c 1 on n'aime que toiblemenr , quand
les perlécutions font encore les maîtrelfes du tranf-
port. ViLL. Les extrêmes bienfaits font des en-
nemis.
|J3" On dit dans ce fens qu'il faut avoir recours à
des remèdes extrêmes, quand les maux font extrê-
mes. Immenfus , vehemens , ingens , fummus.
§3° On le dit aulfi de ce qui eft excelîif. Sallufte
dit que Catilina ne fe portoit qu'à des chofes extrê-
mes , au-delfus de l'ambition & de la fortune d'un
particulier.BouH. Balzac dit d'un ton grave des c\vo-
ïes extrêmes , & où il n'y a nulle apparence de vé-
rité.
1^ On le dit de même des perfonnesquine gar-
dent aucunes mefures. Henry VIII , Roi d'Angle-
terre étoit extrême en tout. De Larrey. Les femmes
font extrêmes en tout.
§C7" Quoique ce terme tienne lieu d'un fuperla-
tif, il eft quelquefois employé comme pofitif. Souf-
frir les maux les plus e.vr/V/Tzej. Se jeter dans les plus
extrêmes périls.
§3" Extrême , eft quelquefois fubftantif , & fignifîe
contraire , oppofé j mais alors il ne s'emploie qu^au
pluriel j les deux extrêmes , un des deux extrêmes.
Le froid & le chaud font les deux extrêmes.
^fT On le dit dans le même lens dans la morale.
La prodigalité & l'avarice font les deux extrêmes.
Il eft difficile de prendre un jufte milieu entre deux
extrêmes.
IJCT En Géométrie on dit qu'une ligne eft divifée
en moyenne & extrême raifon , quand elle eft divi-
fée de manière que la ligne entière eft à une de fes
parties , comme cette même partie eft à l'autre.
§Cr Dans une proportion on appelle extrêmes ,
le premier & le quatrième terme. Le fécond & le
troilième font les moyens.
EXTRÊMEMENT, adv. D'une manière extrême. /-^iî-
hementer 3 maxime. Il eft extrêmement robufte. Il a
plu extrêmement, c'eft beaucoup. Cela eft extrême-
ment fubtil.
§C7 Ménage prétend que Vaugelas s'eft trompé
en décidant qu'il faut éctn^ extrêmement , Se qu'il
eft fans doute qu'il faut dire extrêmement avec l'ac-
cent aigu au lieu du circonflexe. L'ufage le plus gé-
néral eft pour l'orthographe de Vaugelas. Il a ex-
trêmement de fefprit,ou il a extrêmement d'efprir.ll y
a de il grands fuftrages des deux côtés que je n'ofe
condamner ni l'un m l'autre. Bouh. L'ufage paroît
décidé pour la dernière façon de parler.
EXTREMENAS. Laines extermenas ; ce font des lai-
nes d'Efpagne , qui font partie du commerce des
Marchands de Bayonne.
EXTRÊME-ONCTION, f. f. Extrema unclio. Eft un
Sacrement de l'Eglife , lecinquième en ordre , qu'on
donne à ceux qui font dangereufement malades ,
avec des huiles facrées , & en faifant pour eux plu-
lieurs prières.
Caucus, Archevêque de Corfou , a prétendu que
les Grecs ne connoilloient pas le Sacrement àlextrê-
me-oclion ,en quoi il s'eft trompé : car toute l'Eglife
Orientale met au nombre des Sacremens cette onc-
tion: mais elle ne lui donne point le nom à extrême-
onclion. Aulîi les Orientaux n'attendent-ils pas que
leurs malades foient à l'extrémité pour les oindre :
les malades vont recevoir ce Sacrement à l'Eglife,
quand ils peuvent y aller commodément , ik on le
leur adminiftre toutes les fois qu'ils font malades j
parce qu'ils croient que Saint Jacques parle des
EXT
malades en général dans fon Epître. Il cil vrai
que le P. Jérôme Dandini , ch. 16 de ion Voyage
du mont Liban , diftir.gue deux fortes d'ondions des
malades chez les Maronites j dont l'une s'appelle
ondtion de l'huile de la lampe. Ils font , dit-il , un
petit gâteau un peu plus grand qu'une Hostie , où
ils drelfent fept mèches entortillées à de petites pail-
les, & mettent tout cela dans un balîin avec de
l'huile ; puis récitant une Epître de S. Paul , un
Evangile & quelques prières, ils allument toutes ces
mèches : ce qui étant rini , ils oignent de cette huile
au front j à la poitrine & au bras , tous ceux qui s'y
trouvent prélens , & celui qui eft malade , disant ,
Que Dieu , par cette oriciion^ te pardonne tes pèches,
qu'il taffermijje & fortifie tes membres , comme il aj-
fermit & fortifia ceux du paralytique. Après cela ^ con-
tinue le P. Jérôme Dandini, on lailfe brûler la lam-
pe tant qu'il y a de l'huile. Ilell bien vrai que cette
huile n'eil bénite que par un limple Prccrejmais aulli
cette ondion n'eft-elle pas l'oniition du Sacrement,
qu'on donne ordinairement à ceux qui font à l'extré-
miccjpuifqu'onla donne à tous ceux qui fontpréfens
& qui fe portent fort bien , &au Prêtre même qui
donne la bénédiction. Il y a une autre ondfion qui
n'etf que pourles malades ; & celle-là elt un Sacre-
ment : Elle fefaitavec de l'huile confacrée le jeudi-
faint par le feul Evêque.
Cette ondion de 1 huile de la lampe n'eftpas feu-
lement en ufage chez les Maronites ; mais les Grecs
& tous les autres Chrétiens d'Orient l'obfervent re-
ligieufement. Il femble même qu'ils n'aient point
d'autre Sacrement à' Extrême-onciion , que celui-là :
quoiqu'elle ne foit qu'une cérémonie à l'égard de
ceux qui fe portent bien , elle eft un véritable Sa-
crement à l'égard du malade. Confultez l'Eucologe
du P. Goar , où vous trouverez le rit de cette onc-
tion de la manière qu'il s'obferve parmi les Grecs.
Ils ont dans une grande Eglife une lampe où l'on
conferve cette huile des malades ; &c on appelle
cette lampe , Kairi^^Aa t» luxi^^tîn, c'ell-à-diieja lampe
de l'huile jointe à la prière-, car ce que nous appelons
Extrème-onclion, les Grecs le nomment 'mx^iXiim, ayi»
IxnUi, c'eft-à-dirc j l'huile avec U prière, lafainte hui
le. L'auteur des notes fur le voyage du mont Liban
corrige fur cet endroitle P. Dandini; il remarque que
danslescommencemenSjiln'y a eu qu'une forte d'hui-
le, qui a été étendue dans la luite à plulîeurs ufages :
la forme même dont on fe fert , ajoute-t-il , dans
l'onclion de l'huile delà lampe , eft une preuve con-
vaincante que c'eft fans fondement qu'on diftingue
ces deux huiles , comme fi l'une n étoit qu'une (im-
pie céiémonie, & l'autre un vérirable Sacrement.
Il eft d'une grande importance de faire cette ré-
flexion,parce qu'autrement toute l'Eglife Orientale
n'auroit point le Sacrement A' excrême-onclion. Or il
eftconftant que leurs rituels & leurs meilleurs Ecri-
vains reconnoilfent ce Sacrement. Arcudius n'a pas
rendu juftice aux Grecs, lorfqu'il a rejeté avec beau-
coup d'aigreur cette onétion de l'huile de la lampe-
Aurefte, la bénédidion de cette huile n'eft point
refervée.i l'Evêque parmi les Orientaux ; & le Pape
Clé.Tisnt VIII. a ordonné dans une de fes Bulles
qu'on n'obligeroit point les Grecs à prendre de la
main des Evêques d'autres huiles , que celles de la
Contîrmacion ; & il fe fonde fur ce que c'eft une an-
cienne coutume parmi eux , que les Prêtres bénif-
fent les autres huiles : d'où Ton conclura que le P.
Dandini auroit pu ne pas obliger les Maronites dans
un Synode à ne fe fervir d'autre huile pour VEx-
trême-onclion , que de celle qui auroit été bénite le
Jeudi-faint par l'Evêque.
Le Sacrement à' excrême-onclion eft marqué bien
clairement dans l'Epîttede S. Jacques j v. 14.
Nous avons vu une Dame parmi eux ( les Calvi-
niftes ( fe faire donner à la mort , par fon miniftre
& fes Anciens _, une Extrime-onclion à fa manière ,
ne pouvant défobéir difoit-elle , au précepte fi for-
mel de S. Jacques. PÉlisson.
On le nomme extrême-onUion , parce que c'eft le
EXT
997
dernier des Sacremens que l'on donne communé-
ment aux malades. Au XlilMiccie on lappeloiten-
COZQÏ onclion des malaies, & non point r.-'trcme--
onction Car dans les premiers temp. on la d'onnoic
avant le iaint Viatique. Ce n'eft que dans le XIII=
fieJe que cet ulagc a changé , dit le P. Mabillon : Sc
voici les conjectuies lur cela. Il le lép.mdu en ce fiè-
cle là des opinions que nous trouvons maïquées &C
condamnées dans Ls Conales d'Angleterre. On fe
perluada que ceux qui avoient reçu\e Sacrement ,
s ils revenoient en lanté , ne pouvoient plus uler
du mariage , ni manger de U viande , m aller nuds
pieds.v^uoique ces idées ludcnt iansfondemenr , oa
aima mieux , pour ne pas fcandalifer les fimples,
attendre à l'exrrémité pour conférer ce Sacrement.
Cet uiage s'elt conlervé. Foye:^ les Conciles de Wor-
cefter, d £xcester , de l'an 1187. deWinch«srer,de
l'an 130b'. & le Père Mabillon, AUa Sancl. Be-
ncd. Sxc. in. P. I. Pr^f§. I. n. 97. page 47 &
fuivantes.
Saint Jean Chrifostôme parle de ce Sacrement au
L. IILdu Sacerdoce , aulli-bien que le i'apj Inno-
cent I. Ep. 1. ad Decencium Eugubiam , & S. Au-
gustin i« jT^^dca/j. Saint Grégoire, dans fon Sacra-
mentaire, prefcritla manière de benir lamanerede
ce Sacrement , comme on le fait encore à piéfent.
Théodore de Cantoiberi, dans fon Livre Péaiten-
tiel , Chrodegand de Mets, dans fa Régie pour les
Chanoines, C. 61. dans les Capitulairesde Chade-
magne , C. 75. & 76. dans le Concile de Châlons,
en Si3.Can. 4S.d'Aix-la Chapelle, en 836 Can.
5. de Maycnce , en 847. Cap. iG. 5cc. Il y en ades
exemples dans BoUandus , au 1^ de Février , vie de
S.Tréfan Prêtre , dans la vie de faince Hunegonde ,
rapportée par Surius , C. 14. dans celle de Saint
Olwad ,&c. De Sainte Beuve , Dodeuren Soi bonne
a fait un Traité latin àt\' Extrème-o/iclion-, imprimé
à Paris en i6è6- /«-4°. Foye^ aufiî Bellarmin dans
fes Controverfes.
La matière éloignée de l'Extrême-onclian est
l'huile bénite , la matière prochaine font les onc-
tions ; une feule fuffit pour l'effet du Sacrement. La
forme de l'axtreme-onciion est aujourd hui dépré-
cative dans l'Eglife Latme & dans l'Eglife Grecque
Autrefois elle étoit abfolue^ &c j comme parlent
les Théologiens , indicative , dans l'Eglife Latine,
comme il paroîr par la forme Ambrofienne ^en ufa-
ge au IV^ liècle dans l'Eglife de Milan j par les an-
ciens rituels d'Allemagne, 6c le Sacramemule de
Venife approuvé par Léon X. f^oye7[ A.rcudius ,
L; V- C. 5 . Le P. Mabillon , dans fes annales des lié-
nédiétins J à l'an 1044. parle d'un Pontifical manuf-
critquiaplus de 700 ans j où la forme de ce Sacre-
ment est abfolue & indicative. Elle fut enluire dé-
précative Ôc indicative tout enfemble. Elle est celle,
1°. dans un manufcrit fait fous Louis leDébonnaire^
& cité par Sérarius ; Sc 1". dans le Sacramentaire de
S. Grégoire. Depuispluheurs fiècles elle n'est quedé-
précative en Occident.
EXTREMITE, f. f. Extremitas j extremum. Terme re-
latif à l'étendue , &qui défigne la dernière des par-
ties d'une chofe. Ce mot , dit M. TAbbé Girard ,
fuppofant une fituation & un arrangement, indique
la dernière des parries qui conftituenr la choie ,
comme celle qui eft la plus reculée dans la chofe.
Au lieu que le mot de bout fuppolant une longueur
& une continuité , repréfente cette dernière partie
comme celle jufqu'où la chofe s'étend ; & le mot de
fin , fuppofant un ordre & une fuite , '-i défigne com-
me celle où la chofe ceiïe.
Le bout répond à un autre bou- j \ extrémité au
centre ; & la fin au commenceMcnt. On parcourt
une chofe d'un bout à l'autre. On pénétre de fes ex-
trénités jufque dans fon cenrre. On la fuir depuis
fon origine jufqu'à iifin. Le boutà'wnt allée, \ex-
trcmité à\x Royaume. La jf'' de la vie. Comme il eft
impollible à l'efprir humain de marquer oii font les
extrémités du monde , il eft im||ollible auili de favoir
C\ la terre eft dans le centre. Bay.
Qf)^
>
EXT
On le dit auffi figiuémenten cliofes morales, de
l'excès , de ce qui elt outié & poulie trop loin. La
vertu tient le nidieu, les vices lont aux extrémités.
Virtus cji mcdium vhiorum , & utrlnque reduclum. \\
faut fuir toutes les extrémités . Comment, pendart ,
c'ell toi qui t'abandonnes à ces coupables extrémités'^
AloL.Je n approuve point la dévotion précipitée
de ces perfonnes, qui le jettent lans prudence dans
des extrémités de dévotion & de piété , que leur
propre violence rallentit bientôt. Fl. Les extrémités
font tellement vicieufes en toutes chofes , qu'il y
a même de l'injiiftice à vouloir être trop jufte.
S- EvR. XJ extrémité de la Philofophie elt dange-
reufe ; & celui qui palîe le but , le manque , aulli-
bienqueceluiqui n'y arrive pas. Mont. Voye^ mo-
dus j milieu.
La parfaite ralfon fuit toute extrémité ,
Et veut qui l'on folt fage avec fobriété.
Molière.
Extrémité, fignifie encore, violence , emportement.
La jaloulie lésa portés à en venir à de grandes extré-
mitssi
ffy EXTRÉMITÉ, fe dit quelquefois pour dernier
moment. N'attendez pas à {'extrémité pour faire
telle chofe , pour, vous en occuper.
ifj On le dit dans ce fens des derniers momens de
la vie. On dit qu'un homme eft k\ extrémité , in ex-
, trew.is pofitus\ pour dire, qu'il elt à l'agonie j &
qu'il a été à ïextrémité\ pour dire , qu'il a été près
de la mort.
^3" On le dit encore dans un fens figuré. Cette
ville elt réduite à Vextrémité , est prête à fe rendre.
4^3" On fait iqnQWts extrémités le bon fens j dans
les lettres , fut réduit par le débordement des Bar-
I bares. Le P. Rap.
IJCJ" Extrémité , fe dit encore de la fituation habi-
tuelle 3 ou d'une polition palfagère, dans laquelle
on manque non-feulement des commodités de la
vie , mais même des chofes nécelfaires. Angujii&
rei familiaris.\\ ne lui reste pas de quoi vivre : les
, pertes qu'il a faites l'ont réduit à la dernière extré-
I 7;zire. C'est une étrange cAYr/OTire que de fe trouver
, dans un pays étranger fans argent , fans fecours ,
fans connoilHinces. Ad incitas redaclus.
'ifT On dit adverbialement, k louiQ extrémité \
pour dire, au pis aller. A toute extrémité , j'en ferai
quitte pour cette fomme.
Extrémité en Peinture. Les extrémités d'un tableau
font les parties qui le terminent. Ces extrémités
doivent être remarquables. Les extrémités de figures
font la tête , les pieds , les mains , les épaules , les
coudes , les genoux , & les autres emmanchemens
ûes membres. Ces extrémités doivent être plus tra-
vaillées & plus recherchées que tout le reite. Les
extrémités des jointures doivent être rarement ca-
chées j fi elles étoient couvertes d'une draperie j il
eft de la fcience de les marquer par des plis : les
pieds doivent être toujours vus. Dicl. de Peint. &
d'Arch.
ExTRï.MiTÉ J fe dit aulîi en Anatomie des bras & des
jambes. Extremitates , ex tréma. On appelle les bras ,
les extrémités fupérieures j & les jambes , les extré-
mités\niîtÙQ\xï&s.
Les extrémités fupérieures font compof^es de
foixante & deux os , dont il y en a trente &: un à
chacune, qui fant l'omoplate j fhumerus , le cu-
bitus , le tî^dius , huit au carpe j quatre au méta-
carpe , & quinze aux doigts. Les extrémités infé-
rieures en om foixante j c'elt-à-dire , qu'il y en a
trente à chacim^; favoir , le fémur ^ la rotule, le
tibia J le péroné, fept au tarfe , cinq au métatarfe ,
-& quatorze aux doigts. Dionis
ÈXTREMOS. FovqESTRÉMOS.
EXTRINSÈQUE, adj. m. & f Qui vient de dehors.
Extnnfecus , extraneus _, externus. Il y a des mala-
dies intrinféques . QU cachées , & d'autres extrin-
Jéques , qui paronfenc au dehors , qui viennent de
EXU
câufes extrlnféques j & non de la eorruptioQ dd
dedans.
On appelle Valeur extrinféque j en parlant de
monnoie, la valeur que le Souverain donne aux
monnoies j indépendamment du poids.
EXTUBERANCE. f f Foye^ PROTUBÉRANCE.
EXTUCA. Contrée du Biledulgerid, en Afrique. Ex-
tiica. Elle elt dans le Royaume de Sus , qui fait par-
tie du Thelfet. L'Extuca ell fur l'Océan Atlantique ,
entre la contrée de Nun au midi , & celle d'Idant-
quérit au nord : c'ell un pays de pâturages. Maty.
EXU.
EXUBA. Foye^ ESTOMBAR.
EXUBERANCE, f f. Terme de Palais. Surabon-
dance. Abundantia. Cet Avocat ne s'elt fervi d'ua
tel moyen , n'a produit une telle pièce j que pac
exubérance de droit : il pouvoir bien gagner fa
caufe fans cela. Peu ufité.
1^ Exubérance , en parlant du ftyle , fignifie abon-
dance inutile , vice du difcours dans lequel on
tombe quand on emploie plus de paroles qu'il n'elt
nécelfaire pour dire ou expliquer quelque chofe.
EXUCONTIEN, ENNE. f m. Nom de kdcQ.Exu-
contlaiius , Exucontlus , a. Les Ariens après le Con-
cile de Nicée , s'étant divifés en différentes bran-
ches , ceux qui continuèrent de dire avec Arius que
Jefus Chrilt avoir été fait llix-oiTm, de rien, por-
tèrent ce nom.
1^ EXUDATION J ou plutôt EXSUDATION, f f.
Aétion de fuer. Foye^ ce mot. Certaines pierres 5c
cerrains bois ont leurs exsudations.
EXUDER , ou EXSUDER avec l'Académie, v. n. Ter^
me de Médecine & de Phyfique. Sortir en forme de
fueur. txudare , exfudare. Il y adesfueurs de fang
particulières , ou des écoulemens d'un fang qui
exudc par les pores de certaines parties, comme
par les oreilles, les yeux, les gencives. Bartholin
parle d'une femme dont le fang dégoutoit du vifage
ou de la main gauche , dès qu'on les lui touchoit. On
raconte de Scanderberg, Roi d'Albanie j que toutes
les fois qu'il marchoit au combat contre les Turcs y
il lui fortoit des lèvres une efpèce de fueur de fang.
Au rapport d'Henri de Hiers , un Flamand le ren-
doit par les ailfelles lorfqu'il buvoit des eaux de
Spa,&c. Alliot, Journ. d. S- ijii.p.c). Tout cela
s'appelle exuder. Dans le Diapédéfe , le fang fe dif-
fout de manière , & vient à une ^\ grande ténuité ,
qu^ii paffe au travers des pores. Dans la Plica-
Polonoife on voit exuder le fang par l'extrémité des
cheveux"
Ce mot eft formé du Latin exudare, qui fignifie 1.x
même choie, & elt compote de la prépofition ex ,
& du vethe/udare , fuer.
EXULCERATIF. adj. m. EXULCÉRATIVE.f. £'.V2^/-
cerans , exulceratorius. Pc me y.
EXOLCÉRATION. f f Terme de- Médecine. L'ac-
tion de caufer des ulcères , ou les érofions des par-
ties qui forment des ulcères. Exulceratio. Les exulcc-
rations qui fe trouvent dans les entrailles, font des
marques de poifon.
EXULCERER. v. a. Caufer des ulcères. Exulcerare ;
Exacerbare, exafpcrnre. L'arfénic exulctreizs intef-,
tins. Les humeurs corrofives exulcerent I.i peau.
EXULTATION, f f Grande joie. Exuluitio. Il ne fe
dit que dans le dogmatique , & en parlant de dévo-
tion. L'Exultation de la Vierge , de Saint Jean-Bap-
tifte,au temps delà Vifitation.il vaut encore mieux
ne le point dire.
EXULTER. V. n. Treifaillir de joie , rellèntir une
grande joie. Exultare , Udtiis incedere , triumphare
gaudio , mot purement Latin , profcrit de tout
Itvle.
EX-VOTO, f m. On appelle les offrandes promifes
par un vœu, des ex-voto, d'une exprelîion Latine
que l'ufage a fait pafter dans la Langue. Ce rableau
eft un Ex-voto. Ac. Fr. Les Payens ont en ce point
fervi d'e-xcmple : ils ornoient leurs Temples de ces
EYM
fortes de tableaux , qu'ils appeloient j TabelU vo-
àva Ces tableaux étoienc appelés e.v-voro , parce
que la plupart étoient accompagnés d'une inlcnp-
non qui h.iilïoit par ces mots , ex-vow , pour
marquer qus l'Auteur s'acquittoit de la promelle
qu'il avoit faite à quelque Divinité dans un ex-
trême danger , ou pour rendre public un bienfait
reçu de la bonté des Dieux en général , ou en par-
ticulier Jacques Philippe Thomallin a fait un
Traité, De Tabulis vonvis. lUckdet de ijzS.
EXUPERE. f. f. Nom d'Homme. Exuperius. Il y a
S. Exupére , Martyr. E.xupere Evêque de Cahors,
& S. Exupére Evêque de Touloule. S. Exupere ,
Martyr , étoit Enfeigne de la Légion des Thébains.
EXUPERIE. f. f. nom de femme. Exuperia. Sainte
Expéric louffritle martyre fousGallien ik Valérien.
E Y C.
EYCHELSTEIN. Refte de Pyramide qui fe voit dans
la Citadelle de Mayence , & qu'on dit être le tom
beau de Drulus , tondateur de cette ville. Eychels
tenium , Drufi monumcmum. M AT Y.
EYCHSTAT, AECHSTAT. Petit Etat du Cercle
de Franconis en Allemagne. Aijladïcnfis d'uio ,
Querccipothanus Epifcopacus. Cet Etat s'étend d O-
rient en Occident le long de la rivière d'Altmuhl j
l'efpace de dix-huit lieues. Sa largeur n'eft pas
grande : il a environ cinq lieues vers le couchant 5c
trois du côté du Levant, il ell environné du côté du
Couchant par le Marquifat d'Anlpach , & vers le
Levant par le Duché de Neubourg îic le Palatinat de
Bavière. Ses villes principales font Gutzenhaufen j
Dolurtin , & Aichifit ou Eychjtat qui en eft capi-
tale , & lui donne fon nom. Weillembourg y eft
enclavé , mais n'en dépend pas. L'Evêché à' Eychj-
tat eft fuftragant de Mayence. Il fut fondé par un
Archevêque de ce liège en 748. Son Evêque eft
Prince de l'Empire. Mat y.
E Y D.
EYDER. Rivière d'Allemagne. Eydera , Eydora. Elle
a fa fource vers la mer Baltique , à deux lieues de
Kiel , coule d'Orient en Occident , entre les Duchés
d'Holftein & de Slefwick , baigne Rendsbourg ,
Fridericftat &c Tonningen , & fe décharge dans la
mer d'Allemagne. Maty.
EYDERSTEDE. Petit pays du Duché de Sieswick en
Danemarck. Eyderfiadij ^ Eyderanus ager. Il s'é-
tend le long du bord Seprentrional de l'Eyder ,
qui lui donne fon nom \ &: Tonningin en eft la ca-
pitale.
Le Gouvernement à'EydcrJléde eft une prefqu'Ifle
formée par l'Eyder & par la mer d'Allemagne. Il
comprend YEyderJléde , qui lui donne fon nom ,
le pays d'Evershop , ou de VEyderJléde , & celui
d'Utholm , qui eft au levant des deux autres. Ce
pays s'appeloit autrefois Petite-Frife , Friflaminor,
Cimbrique Septentrionale, Cimbrïca Septentriona-
lis , & Cimbrique de Leyderj Cïmhrïca Eyderenjis.
E Y G.
EYGUfes , ou EIGUÉS , ou AIGUËS. Rivière de
France. Icarus ^ Eigarus, Aigarus. Elle a fa fource
dans le Dauphiné : elle traverfe une petite partie
du Comté Venaiffm & de la Principauté d Orange,
&: fe décharge dans le Rhône par deux embouchu-
res , dont l'une palfe à Orange.
E Y L.
EYLE. Voyei HALY.
EYM.
E 2 E ^^<)
Grubenagen , près de Lyne , entre Gottingen &
Hildesheim, tymbeck dépend de la Mailon de
Eiunlwick j & n'eft plus ville Impériale , & libre
comme autrefois. Maty.
EYMOTIERS. Antymonajlerium. Bourg de France,
dans le Limoufin , fur la "Vienne," à fept lieues au
levant de Limoges. Il y a un Monaftère ou Ab-
baye , d'où Ion nom lui eft venu.
E Y R.
EYRIEU, ou plutôt EIRIEU, comme d'autres écri^
venr.^ Petite ville de France , qui eft dans le Dau-
phiné. Enerum. Elle eft à quelques lieues de Lyon,
lur le chemin de Grenoble.
EYMBECK. Petite ville du Duché de Btunfwick , en
Bafle-Saxe. Eymbeca. Elle eft dans le Quartier de
E Y S.
EYSACH, ou EYSOCH. Rivière d'Allemagne. Eifci-
chus , Ifochus. Elle palfe .à Brixen dans le Tirol,
& à Bolfano dans l'Evêché de Trente , après quoi
elle va fe décharger dans l'Adige. Maty.
EYSENACH. Ville du Cercle d'^e la Haute-Saxe en
Allemagne. Eifaiacuni , Ifaiacum C'eft la capirale
du Duché à'Eyfcnach , en Thuringe. Eyfenach eft
fitué à 1 embouchure de l'Horfel dans la Neffa.
Le Duché à' Eyfenach, EyJcnacenJis,Q\x Ifonacen-
fis Ducatus , eft un petit Etat de la Thuringe , dans
le Cercle de la Haute-Saxe. Il appartient à la Mai-
fon de Saxe-Weimar , &c eft fitué entre le Duché
de Gotha & la Helfe. Eyfenach en eft la capitale;
Marckful , château fur la Verra , eft la rélîdence
des Ducs.
EYSILLES. Foyci EXILEES.
. E Z A.
ÉZAGEN. Ville d'Afrique , dans la Province de
Habat , au Royaume de Fez , à trois lieues de la
rivière d'Erguile.
EZAN. f. m. Terme de Relation. Proclamation de la
prière chez les Turcs. AvertilFement de Prier , que
les Muzzins donnent de delfus les minarets ou
tours des Mofquées. f^oye^ Ricaud de l'Empire
Ottoman.
Ce mot eft Arabe , Îtk , a-:^ana qui vient de
l'Hébreu j;^, oreille, fignihe Entendre, écouter ^
&ZC. & à la leconde conjugaifon , appeler , publier ,
ou proclamer à haute voix , appeler à la prière j aver~
tir d'v venir 3 & de-là le mot fNTN^ & avec l'article
\ NTn'7K , a-:^an , ou o^rt;z j & aU-^an , -le cri qui fe
fait, l'avertiftcment qui fe donne pour faire venir
à la prière , ou pour exciter à la faire.
E Z E.
ÉZECH. Voyei ESSECK.
EZECHIAS. f. m. Nom ^\^oxr\xt\t.E':{echias.E-3iechias .
Pvoi de Juda, fils d'Achaz , mauvais Prince, &;
père de Manaftès qui ne valut pas mieux Jufqu'à fa
converfion , hit un faint Roi. l! gouverna le Royau-
me de Juda depuis l'année de la période Julienne
3765. avant J. C. 749. jufqu'en 3995. de la même
période, 719. avant Jefus-Chrift.
Quelques-uns prononcent le ch comme nous le
prononçons àzn% chicaner. D'autres difent E-^équias:
le premier eft mieux , ^' fe dit plus ordinaire-
ment.
ÉZECHIEL. f m. Nom d'homme. Prononcez chi
comme dans chien , Chine , chicane, &c. E-^echiel.
E^echiel eft le troifième des gr.mds Prophètes. Il
prophérifa à Babyione pendant la Captivité. E^é-
chiel fe dit au Livre d'£';feV/'e/ , de fa Prophétie.
£":fec^/<r/ eft un Livre canonique. E-^échiel e^ dans
tous les Canons , dans celui des Juifs , & dans
ceux des Chrétiens. Vill.ilp.indus , Jéfuite, â fait
de favans Commentaires fur E-^échiel , dans lef-
quelson trouve quantité de rechercher fur les An-
tiquités Hébraïques , principalement fur le temple.
looo E Z O
fur les poids , les mefures , les monnoies des If-
raélites.
ÉZERO. Ville deThelTalie, en Grèce. E:(erus , Boebe.
Cétoit autrefois une ville Epifcopale. Elle eftfurun
petit lac , qui porte fon nom , entre le Golfe d'Ar-
jniro & la ville de Larilfe , qui étoit fa métropole.
E Z I.
ÉZIME. Petite ville de la Grande Tartarie , au
Royaume de Tangu.
E Z L.
EZLA. Foyei ESLA.
E Z O.
ÉZOTÉRIQUE. adj. Ce qui eft obfcur , caché , &
peu commun. Les ouvrages e:^otériques des Anciens
ne pouvoient s'entendre , s'ils n'en donnoient eux-
mêmes l'explication. Ces ouvrages étoient oppofés
à ceux qu'ils nommoient exotériques , qu'ils expli-
quoient volontiers publiquement à tout le monde.
M. Toland dit que les ouvrages de Platon font fi
remplis de la diftinâion exotérique , & eiotérique ,
qu'il en feroit bien un volume. Ils donnent aurti à
cette doârineobfcure & cachée X^nomà' Acroadque,
Voye\ ce mot , pour ne pas répéter ici l'explication.
EZZ
E z R.
EZRA. f. m. Nom d'homme, que nous difons des
Rabins qui portent le même nom que le Prêtre de
l'Ecriture que nous appelons Efdras. l oye\zç. nom.
E^a. Ainh , quoiqu'on dife toujours Eldras en par.
lani du Prêtre qui ramena les Juifs de la captivité
de Babylone, parce que les verlions Grecques & La-
rmes expriment ainfi ce nom \ on dit toujours e^ra,
comme en Hébreu , en parlant des Juifs poftérieurs.
Aben f çra mourut l'an du monde 5954 félon la
Chronologie de R. David Ganz,ou l'an 1 174 de l'è-
re de J. C. P. SouciET. Dijjert. Criûq.p. 376,
E Z T.
EZTERLf m. Pierre qui femble être un^efpèce de faf-
pe vert avec certains points de couleur de fang. On.
la trouve dans la Nouvelle Efpagne;& les Mexi-
cains aiïurent qu'en la portant liée au bras , ou au
cou , elle arrête toute forte de flux de fang. Cela eft
caufe que quand ils faignent extraordinairement ,
il fe mettent dans les narines de la poudre de cette
pierre.
EZZ.
EZZAL. Province d'Afrique , au Royaume de Tripoli:
quelques-uns la mettent entre les dépendances du
Biledulgérid.
Fin du Tome Troificme,
\
A Paris, de l'Imprimerie de Michbi LAMBERT , rue de la Harpe , près S. Côme, 1771
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