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Full text of "Dictionnaire universel françois et latin : vulgairement appelé dictionnaire de Trévoux, contenant la signification & la définition des mots de l'une & de l'autre langue, avec leurs différens usages; les termes propres de chaque etat & de chaque profession : la description de toutes les choses naturelles & artificielles; leurs figures, leurs espèces, leurs propriétés: L'explication de tout ce que renferment les sciences & les arts, soit libéraux, soit méchaniques, &c. Avec des remarques d'érudition et de critique; Le tout tiré des plus excellens auteurs, des meilleurs lexicographes, etymologistes & glossaires, qui ont paru jusqu'ici en différentes langues"

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IN  THECUSTODY  OF  TliE 

BOSTON     PUBLIC   LIBRARY. 


DICTIONNAIRE 

UNIVERSEL 

FRANÇOIS  ET  LATIN, 

VULGAIRE  ME  NT    APPELÉ 

DICTIONNAIRE  DE  TRÉVOUX. 


TOME   TROISIEME 


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DICTIONNAIRE 

UNIVERSEL 

FRANÇOIS  ET  LATIN, 

VULGAIREMENT     APPELÉ 

DICTIONNAIRE   DE    TRÉVOUX, 

Contenant  la  Signification  &  la  Définition  des  mots  de  l'une  &r  de  l'autre  IanQ;i!e; 
avec  leurs  diiférens  ufages;  les  termes  propres  de  chaque  Etat  v\'  de  chaque  l^oftllion  : 
La  Defcriptionde  toutes  les  chofes  naturelles  &  artificielles;  leurs  figures,  leurs  efpèces 
leurs  propriétés  :  L'Explication  de  tout  ce  que  renferment  les  Sciences  ôc  les  Arts  ^  foie 
Libéraux ,  foie  Méchaniques ,  SCc. 

AVEC  DES  REMARQUES  DÉRUDITION  ET  DE  CRITIQUE  ; 

Le  tout  tiré  des  plus  excellens  Auteurs,  des  meilleurs  Lexicographes  y  Etymolcifles 
êC  Gloffaires  ,  qui  ont  paru  jufquici  en  diff'érentcs  Langues. 

NOUVELLE    ÉDITION. 

Corrigée   et    coNsioiRÀBLEMENT   augmentée. 
TOME     TROISIEME. 


A    PARIS, 

PAR  LA   COMPAGNIE   DES    LIBRAIRES    ASSOCIÉS. 


M,  DCC  LXXt 

AVEC     APPROBATION     ET    PRIVILEGE    DU    ROL 


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UNIVERSEL 

CONTENANT   TOUS   LES    MOTS 


DELA 


LANGUE   FRANCOrSE, 

ù 

DES  SCIENCES    ET   DES   ARTS, 
y^vec  les  termes  latins  qui  peuvent  y  convenir. 


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C  R  E 


M 

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RÉ  ANGE.  f.  f.  Terme  de  Ju- 
rifprudence.  Somme  due  par  un 
débiteur  à  un  créancier.  Debi- 
tum  fides  creduori  data.  Créance 
«Se  dette  adive  font  termes  fy- 
nonymes  :  dette  qu'en  a  droit 
dexiger  de  quelqu'un.  On  lui 

contefte   fa   créance.    On    doit 

colloquerdansun  ordre  les  créanciers  fuivant  la  date 
ou  le  privilège  de  leurs  créances.  Foye\  Dette  & 
Créancier. 
Créance  ,  dans  le  droit  politique  ,  fignifie  l'inftruc- 
tion  fecrète  d'une  négociation  qu'un  Souverain  con- 
fie à  fon  Miniftre  pour  en  traiter  avec  un  autre 
Souverain.  Mandatum  alteri  fidcm  facïens.  Ce  Mi- 
niftre a  expofé  fa  créance ,  c'eft-à-dire ,  ce  que  fon 
Souverain  lui  a  confié  pour  en  traiter. 


C  R  E 

On  appelle  Lettre  de  créance ,  ou  en  créance ,  une 
Lettre  qui  porte  créance ,  c'eft  à-dire  ,  dont  eft  por- 
teur celui  qui  eft  cliargc  de  quelque  négociation  , 
afin  qu'on  ajoute  foi  à  ce  qu'il  dira.  Elle  ne  contienc 
autre  chofe  linon  qu'on  peut  ajouter  foi  à  celui  qui 
la  rend.  Linerii  mandamïs  Jidem  arrogances.  Les  Am- 
balfadeurs  prcfentent  leurs  kttres  cle  créance. 

On  appelle  encore  Lettre  de  créance  celle  que  donne 
un  Banquier  ,  ou  un  Marchanda  un  homme  qui  voya- 
ge ,  pour  lui  fervir  de  lettre  de  change  quand  il  aura 
befoin  d'argent.  Lictern  Jaciences  jidem  ad  pecuniam 


ab 


clio  accip 


<iendam- 


'ifir  Créance  ,  fynonymede  fcntiment.Croyance  qu'on 
1      a  pour  des  railons  folides  ou  apparentes.    La  raifon 
i     ne  fert  qu'à  augmenter  la  créance  du  périls  lorfqu'oii 
eft  épouvanté.  Sarr.  Dans  cette  acception  où  ce  mot 
ficnifie  la  perfuafion  où  l'on  eft  de  la  vérité  de  quel- 
^  A 


2,CRE  CRE 

que  cliofe  ,    il  n'eft   plus    ufué.   On  dit  croyanct.\         Ce  mot  vieRt  de  ricalien  «vaw  ,  fignifiant  la  mê- 

La   croyance  des  Chrétiens,  des  Myftetes.   ^tjq       me  chofe. 

Croyance.  CREATEUR,  f.m.  Qui  tire  un  être  du  néant.  Au  pro 


Caïance,   lignifie  quelquefois,    Confiance.  /"/Vatia. 
hn  déclarant  à  une  peilonne  ce  qu  un  autre  nous  a 
confie,  nous    lui   failons   entenare  par- là  qaon  a 
f/cû.re  en  nous^  qu'on  nous  eltime,  &   qu'on  nous 
confulte.  BouH.  Avoir  de  la  creuncc  parmi  les  peu- 
ples,  c'eft  un  iens  renverle,  iSi  par- U  très  élcgant , 
pour  dire  de  quelqu'un,  que  les  peuples  le  croient, 
&c  liu  détirent.  Charp. 
ÇuEANGi.,  en  termes  de  fauconnerie,  eft  un  nom  qu'on 
donne  à  la  fiaèie,  ou  ficelle  avec  laquelle  on  re- 
tient l'oifeau  qui  n'ell  pas  encore  bien  allure,  sxabena 
aucupacoria.Ei  on  appelle  un  oileau  de  peu  de  créance, 
celui  qui  n'eft  ni  bon,  ni  loyal ,  qui  eft  lujet  à  s'el- 
forer  &:  à  fe  perdre  ,  qui  n'eft  pas  affuré. 
Créance,   fe  dit,    en  termes  de  Chafte ,  des  chiens 
qui  ont  plus  d'adrelfe  &  d'obéilfance  que  les  autres. 
Memoria  dijcïpLïrust,  atque  objequium.  Les  chiens  bauds 
font  de  bonne  créance ,  font  aifés  â  conduire  à  la 
chalfe. 
CREANCER,  v.  a.  Vieux  mot.  AlTurer,  promettre. 
jéjjtrere,  promiccere,  fidcjubcre  ,Jlipulari.  Le  Comte 
de  Hainault  appela  fon  fils  ,  &  lui  fit  créancer  par  la 
foi  de  fon  corps  qu'il  tiendroit  cette  alliance.  Voyez 
encore  le  c.  5)7., &:  Villehardoum,  n.  15.  58.60.  110. 
i4Sî.    250.  &:  Du  Frefne  dans   fon  GlolL  fur  cet 
Auteur. 
CREANCIER,   iere.    f.  Celui  à  qui  il  eft  dû  quel- 
que chofe  par  un  autre,   une  fomme  d'argent,  une 
tente ,   du  grain ,   ou    autre    elpece ,    pourquoi  il 
a  contre  fon  débiteur  une  adion  perfonnelle  qu'il 
peut  valablement   intenter.   Créditer,  creditrix    \  es 
créanciers  chirographaues  j    font  ceux  qui    n'ont  de 
leur  débiteur  qu'un  fimple  billet  fous  lignature  p  1- 
vée  :  iss  créanciers  hypothécaires  j  font  ceux  dont  les 
obligations  font  munies  de  toutes  les  formes  nécel 
faites  pour  emporter  une  hypothèque ,    &  pour  être 
colloques  en  ordre  félon  la  date  de  leur  obligation. 
Les  créanciers  privilégiés  font  colloques  félon  la  qua- 
lité de  leurs  privilèges.  Les  créanciers  chirographaires 
viennent  fut  les  meubles  à  contribution.  Une  direc- 
tion de  créanciers ,  eft  une  aflemblée  qui  fe  fait  entre 
les  créanciers  À' nnt  perfonne  qui  leur  a  abandonné  fon 
fcien  pour  fe  faire  payer  à  l'amiable  ,  &  empêcher  les 
Frais  de  Juftice-  Conviclus  creditorum.   Créancier  en^a.- 
gifte,  eft  celui  qui  prête  fur  gages.  Créancier  délégué, 
eft  celui  qui  doit  recevoir  le  prix  d'une  chofe  vendue 
par  fon  débiteur,  qui  l'a  ainli  ftipulé  par  le  contrat. 
La  Loi  des  douze  Tables  permettoit  au  créancier  de 
mettre  fon  débiteur  en  pièces. 

Le  pâle  créancier  que  l'on  voit  au  palais 

Plaide  pour  un  argent  qui  fe  confume  en  frais.  Vill. 

Ce  mot  vient  de  credentiarlus.  Mén.  Du  Cangedit 
qu'on  difoit  autrefois  créant  ^  créanter ^  dérivés  du 
mot  de  c/ea/zrare  ,  qui  fignifioit/'ro//2er/'re  &C  Jiipulcr. 
CREANT,   f.  m.  Vieux  mot.  Terme  de  Jurifprudence 
féodale.  C'eft  une  promeffe  de  rendre  fervice.  Voyez 
M.  Du  Cange  ,  dans  fon  GlolTaire  fur  le  mor  crean- 
tare,S<.  dans  fon  GlolTaire  fur  ViHehardouin.  f-iducia, 
fihjujfw.  Ne  il  ne  puet  çaiens  entrer  trofque  adonc 
qu'il  ara  fait  notte  créant  des   convenz  qu'il  nos  a. 
CR'-^NTER.  v.  a.  Terme  de  Jurifprudence  féodale. 
Promettre,  alTurer  avec  ferment;   Créancer,  affu- 
rer.  Voyez  le  GlolTaire  de  M.  Du  Cange  fur  ViHe- 
hardouin, A(ferere  ifidejuhere  jyjiiculari,  promittere. 
Cette  convenance  créanta  Melîire  'Willaumes ,  dans 
les  preuves  de  XUiJl.  de  Bethune  ^  p.  164.  Du  Cange, 
Glojf.  de  Villehard,  Le  peuple  Champenois  dit  en- 
core, créanter  une  fille  ,  la  promettre  ,  l'accorder  en 
mariage.  Glof],  des  Poéf.  du  Roi  de  Nav. 
CREAT,  f  m.  Terme  de  Manège.  Gentilhomme  qui 
eft   élevé  dans  une  Académie    pour  fe  mettre  en 
état  d'enfeigner  l'art  de  monter    à  cheval.    Il  fert 
aufti  de  Sous-Ecuyer.  Magiftri  locum  tenens  infchola 
equejlri. 


pie  il  ne  fe  dit  que  de  Dieu  feul,  quia  tiré  toub  les 
êttes  du  néant,  qui  eft  le  Créateur  du  Ciel  &;  de  la  k'^- 
leuhunai  ejjectvr,  motitor ,  artijex  ,  opijex,  ttdijicator , 
Dcusjcreatorjprocreator.  Il  faut  rendre  grâces  cent  fois 
le  jour  à  fon  Créateur.  Dans  les  afflidlions  il  faut  avoir 
recours  à  fon  Dieu,  à  fon  Créateur.  Le  monde  ne  peut 
pas  être  éternel  y  donc  il  y  a  eu  un  Créateur.  Nicol. 
Dieu  n'agit  point  avec  nous  par  des  règles  arbitraires,  _ 
ni  en  vertu  de  fon  droit ,  Se  de  fon  pouvoir  abfolu 
de  Créateur -y  fa  juftice  fouveraine  eft  la  règle  de  fa 
conduite.  Sherlock.  Le  feul  afpeét  de  la  vafte 
machine  de  l'Univers  nous  prouve  allez  que  c'eft  li 
l'ouvrage  d'un  Créateur  fage  &  intelligent.  S.  EvR. 
On  ne  peut  écouter  fans  indignation  ces  excès  où 
tombent  quelques  Prédicateurs,  qui  comparent  la 
ciéature  au  Créateur,  &  qui  font  brûler  le  même 
encens  pour  l'un  &  pour  l'autre.  Fléch. 

On  dit.  Recevoir  fon  Créateur,  pour  dire,  rece- 
voir la  fainre  Communion. 
Créateur.  Se  dit  figurément  &  par  extenfion  de  celui 
qui  eft  inventeur  original  de  quelque  chofe.  Inve^tory 
ûrr.ye.y.Ménagedifoit qu'il  étoit  l'Auteur  de  fes  autres 
ouvrages,  mais  qu'il  étoit  le  Crdvzrcar  de  fon  fiiftoire 
de  Sablé.  Pour  compofer  une  fable  parfaite,  &  ornée 
de  tout  ce  qui  peut  la  rendre  agréable,  ilfaurêtre,pc>ur 
ainfidire,  le  Creare^/r de  fon  ouvrage.    M.  Scud. 
On  le  dit  aulfi  adjeétivement  génie  Créateur. 
CREATION,  f  f.  Adion  par  laquelle  Dieu  tire  les 
êtres  du  néant,  les  produit  fans  les  tirer  d'une  ma- 
tière préexiftante.   Creatio.  La  création  du  monde  eft 
décrue  dans  la  Genefe,Chap.  i.  Dieu  a  partagé  en  fix 
jours  fon  ouvrage  de  la  cr£?ario«.L'inftirution  du  Sab- 
bat nous  conduit  à  la  création ,  dont  elle  perpétue  la 
mémoire. Abad.  La  confervationdes  créatures  eft  une 
création  continuée.  Maleb.  Une  démonftration    in- 
vincible de  \^ création,  &  à  laquelle  l'impie  n'oppo- 
fera  jamais  rien  de  rolérable ,  c'eft  celle  qui  le  tire 
de  l'exiftence  de  l'ame  :  en  voici  les  principes  &  les 
élémens-    J'ai,  &  je   me  fiiis  témoin  à  moi  -  mê- 
me que  j'ai  en  moi  un  être  qui  n'eft  point  matière  , 
c'eft  un  efprit:    cet  efprit  n'eft  point  éternel,  il  a 
conmiencé  d'êrre.  Si  certe  fubftance  a    commencé 
d'être,  ou   elle  s'eft  produite  elle-  même    &  par 
elle  -  même  ,     ou  elle  a  été  produite  par  un  au- 
tre. Elle  ne  peut  s'être  donnée  l'êtte  à  elle-même  , 
elle  l'a  donc  reçu  d'un  autre  :  fi  elle  l'a  reçu  d'un  au- 
tte  ,  cet  autre  ne  peut  être  qu'efprit  ou  matière  ,   & 
elle  ne  peutêtre  produite  cjue  par  voie  de  génération 
ou  de  propagation  ,  ou  pat  voie  d'éduéfion,  comme 
on  parie  dans  l'école,  c'eft-à-dire ,   étant  tirée  d'un 
autre  fujet,  ou  par  voie  de  création.  Si  elle  vient  d'un 
efpiit,  ce  ne  peut    être    ni  par   voie  "de    généra- 
tion ou  de  propagarion  ,  ni  par  voie  d'éduélion.  Ui\ 
elprit  eftindivilible  &  n'a  point  de  patries  ;  on  n'en 
peut  tuer  un  autre  efprit.  Elle  ne  peut  venir  de  la 
matière  en  aucune  façon  ,  ni  par  voie  dé  génération 
*•  ou  de  propagation,  ni  par  voie  d  éduétion.  La    ma- 
tière ne  peut  produire  ,   &  l'on  n'en  peut  tirer  ce 
qui  n'y  eft  pas.  il  faut  donc  néceirairement  que  mon 
ame  exifte  par  création. 
Création,  fe   prend  quelquefois,    mais   rarement, 
pour  la  réproduélion  qui  fe  fait  de  l'humanité  de  J. 
C.  par  les  paroles  de  la  confécration.  Quelques  Petes 
l'ont  employé  en  ce  fens.  T^oye^  la  Liturgie  facrée 
de  Grimaud. 
Création,  fe  dir  figurément  des  nouveaux  ctablilTè- 
mens  de  droits,  de  charges,  d'impôts,  que  font  les 
Rois  &  les  Princes  dans  leurs  Etats.  Creatio.  Il  y  a  eu 
une  nouvelle    création  de  Cardinaux-  La  fonction 
de  ces  charges  eft  conrenue  dans  l'Edit  de  leur  c/j'iZ- 
rio/z.C'eft-làun  droit,  un  impôt  de  nowvtWe  création. 
On  le  dit  aufli  des  Particuliers  _,  quand  ils  fonrdes 
dettes,  quand  ils  confti tuent  des  rentes ,  des  penfions.. 
Ces  rentes  font  d'une  ancienne  création.  Il  n'a  rien 
jeçu  de  fa  penlîon  depuis  fa  création. 

On  le  dit  auffi  des  mots  nouvellement  fabriqués^ 


C  R  E 

Prendre  des  cngagcmens  avec  quelqu'un  j  font  des  ] 
termes  de  nouvelle  création.  Bouh. 
CREATURE,  f.  £  Erre  qui  a  été  créé  ,  riré  du  néant. 
Crc.uunz  :,  res  creata  ,   res  à  Deo  etfeâa,,  perjcàa. 
L'iiomme  ne  doit  ufer  des  créatures ,  &c  ne  les  auner 
que  par  rapport  à  Dieu.  S.  EvR.  Toutes  les  créatures 
annoncent  la  gloire  du  Créateur.  Il  y  a  une  diltance 
infinie  entre  le  Créateur  Se  la  créature.  Toutes  les 
créatures  s'élèvent  en  témoignage ,    &  portent  des 
traces  de    la   main  de  l'Ouvrier   tout-puiirant  qui 
les  a  formées.  S.  EvR.  H  y  a  une  caule  lupérieure  & 
intelligente ,  à  qui  toutes  les  créatures  doivent  leur  ; 
être.  Jac,  Le  Démon  fe  cache  dans  toutes  les  créatures-^ 
il  les  arme  toutes  contre  nous.  Nie.  Les  créatures 
retourneroienc   dans   le   néant   d'où  elles  font  fer- 
ries ,  fi  la    main    toute  -  puiiTante    du    Créateur 
ne  lès  confervoit.  S.  EvR.  Quelque  vertu  que  les 
créatures  aient  reçue  dans  leur  origine ,  pour  remplit 
leurs  fonctions,  elles  attendent  néanmoins  une  nou- 
velle influence  du  Créateur  pour  agir.  Le  delFein  de 
Dieu  en  donnant  l'être  à  fes  créatures  étoit  de  les  ren- 
dre toutes  heureufes,&  de  ne  les  point  aifujétir  à  tant 
de  maux,  &  à  tant  de  miferes.   Les  créatures,   fans 
fortir  de  leur  balfelfe,  &  fans  blelfer  la  fouveraineté 
de  Dieu ,  peuvent  avoir  une  force  mouvante  qui  leur 
ell  propre  &  naturelle.  Font. 


C   R.   E  3 

caufe  que  fa  voie  rellemble  au  bruitdecetinftrumenr. 
Palquier  croit  que  c'ell  le  Ion  qu'il  hiit  qui  ell  caule 
qu'on  l'appelle  ainli.  !vlcnage  prétend  qiiil  vient  de 
ciecarelLa ,  qui  eft  le  nom  d  un  oifeau  dont  la  voix  eft 
fort  aiguc ,  &  dont  cet  inftrument  imite  le  bruit.  Ma- 
gius,  dans  fon  livre  des  cloches  ,  dit,  que  ks  Chré- 
tiens Grecs  fe  fervent  d'un  certain  inftiument  de  bois 
qu'ils  :^pp(il[em  Jymafidre  :  ce  n'efl;  qu'un  ais  fort  fur 
lequel  on  trappe  avec  deux  maillets  de  bois  ,  qui  font 
le  même  eftet  que  la.  crécerelîe ,  &  qui  en  tient  lieu 
quelquefois. 

Ils  prennent  la  crécelle,  &  par  d'heureux  efforts , 
Du  lugubre  ïnjïiumcnt font  crier  les  r  efforts.  Boil. 


Les  arbres ,  &   les  plantes 
Sont  devenus  chei  moi  ctéztaves parlantes.  La  Font. 

Créature  ,  fignifie  aulfi  une  perfonne  individuelle  ,  & 
particulièrement  au  (émmïn.  Homo  j /nortalis  ,Jemi- 
na  j  mulier.  On  4it  qu'Hélène  étoit  la  plus  belle  créa- 
ture qui  tùt  jamais.  Cet  homme  n'a  eu  garde  de  vous 
oft'enfer,c'eft  la  meilleure  creatureqai  foit  fur  la  terre. 
Scaron  a  dit  en  parlant  de  Caron  : 

//  ne  fut  jamais  créature 

De  plus  mal  plaifante  flruclure. 

Créature,  fe  dit  quelquefois  par  mépris  d'une  femme 
de  mauvaife  vie.  Cet  homme  a  une  créature  qui  le 
ruine.  Il  fe  dit  aulîî  par  familiarité ,  &  en  bonne  part. 
Ah  :  la  jolie  créature.  Cette  créature  me  plairoit  fort. 
Créature  ,  fignifie  figurément  celui  qui  eft  attaché 
étroitement  à  un  fupérieur ,  à  celui  qui  a  fait  fa  for- 
tune, à  qui  il  doit  fon  élévation.  Cliens  y  alicujus  olfe- 
(juio  addiàus  j  devotus  y  mancipatus.  Les  Miniftres  font 
puilfans  par  le  grand  nombre  de  créatures  qu'ils  fe! 
font   tous  les  jours.  On  ne  fonge  prefque  point  à 
ctre  des  Favoris,  pourvu  qu'on  foit  de  leurs  créatures.^ 
S.  Evr.  Les  créatures  du  Cardinal  de  Richelieu  avoient 
à  la  Cour  après  fa  mort  les  mêmes  avantages  qu'il 
leur  avoir  procurés  pendant  fa  vie.  Roc.  On  le  dit 
p.articulierement  des  Cardinaux  qui  ont  été  créés  par 
le  même  Pape.  Les  créatures  d'un  tel  Pape  font  les  plus 
forts  dans  le  conclave. 
CRÉCERELLE,CRÉCELLE&  QUERCERELLE,f.  f. 
Oifeau  de  proie  de  couleur  fauve ,  de  race  d'épervier, 
efpèce  de  faucon  bâtard  qui  fait  fon  nid  dans  de  vieil- 
les tours  ,qui  fe  prend  au  vent,  qui  a  le  bec  bleu,  les 
jambes  hautes  Se  la  queue  longue.  Tinnunculus ,  cen- 
chris.  Les  Provançaux  l'appellent  ratier  j  &  les  Ita- 
liens fûttiventi. 

Jules  Scaliger  dérive  ce  mot  de  querquerella  ou 
^uerquedula,  à  caufe  que  les  Anciens  appeloient  quer- 
querumun  cri  lamentable.  Saumaife  le  dérive  de  crepi- 
racella  à  caufe  du  bruit  que  cet  oifeau  fait  en  volant. 
jMénage  le  fait  venir  de  crecarella  ,  qui  a  été  fait  du 
Grecxjd,  forte  d'oifeau,  dont  la  voix  eft  fort  aiguc. 
Crécerelle  ou  Crécelle  ,  eft  aufli  un  petit  infini- 
ment de  bois  qui  fait  beaucoup  de  bruit  en  tournant 
une  manivelle, &  dont  on  fe  iert  au  lieu  de  cloches 
le  jeudi  &  le  vendredi  de  la  Semaine  Sainte  ,  pour 
appeler  à  l'Office.  Crepitaculum.  Sonner  la  Crécelle. 

Prenons  du  Jeudi-Saint  la  bruyante  crécelle.  Boil. 

Son  nom  lui  eft  venu  de  l'oifeau  ainfi  appelé,  à 


CRECHE,  f.  f.  Mangeoire,  cii  l'on  met  le  foin  ,  les 
fourrages   des  bœufs ,  vaches ,   moutons.   Prafepe  j 
pr^fcpis  ,  prdfepium.  On  le  difoit  autrefois  des  che- 
vaux \  mais  ce  mot  eft  maintenant  banni  des  Ma- 
nèges. Ménage  dérive  ce  morde  l'Italien  greppia, 
qu'il  prétend  avoir  été  fiiit  du  Latin  prxfepe.  D'au- 
tres le  dérivent  du  mot  Latin  crater.  Le  grand  ufagè 
du  mot  de  crèche  eft  dans  l'article  fuivant. 
CRhCHE  ,  en  termes  de  dévotion,  fe  dit  du  lieu  où  fut 
mis  Notre-Seigneur  ennailfant ,  &c  où  il  hu  adoré 
des  Rois  &:  des  Bergers.  Sacrum  Chrijîi  Domini  pr&- 
ftpe.    C'étoit  en  effet  la    crèche  d'une  étable,    ou 
Dieu  voulut  naître,  pour  nous  apprendre  l'humilité. 
Crèche  ,  eft  encore  en  Archireélure  une  efpèce  d'épe- 
ron bordé  d'un  fil  de  pieux  ,  &  rempli  de  maçonne- 
rie devant  &  derrière  les  avant-becs  de  la  pile  d'un 
pont  de  pierre.  Anteris  ,  crifma.  La  crèche  d'aval  doit 
être  plus  longue  que  celle  ci 'amont ,  parce  que  l'eau 
dégravoie  davantage  à  la  queue  de  la  pile.  On  appe- 
lé crèche  de  pourtour,   celle  qui  environne  toute  une 
pile  ,  &  qui  eft  faite  en  manière  de  bâtardeau,  avec 
un  fil  de  pieux  à  fix  pieds  de  diftance. 
CRECI.  Nom  de  lieu  qu'il  feroit  peut-être  mieux  d'é- 
crire Crefji ,   mais  l'ufage  eft  pour  Creci ,  petite  ville 
de  France  dans  la  Brie.  Crejjiùcurn  ou  Creciacuni.  Elle 
eft  firuée  fur  le  Grand-Morin.  Creci,  bourg  de  France 
en  Picardie,  fur  l'Authie.  On  l'appelle  Creci  en  Pon- 
thieu.  Les  Rois  Mérovingiens  y  avoient  un  Châtcitu 
Crifciacum  j  Crifcuigum  .  Crijcecum.  C'eft  là  que  Phi- 
lippe de  Valois  perdit,  contre  Edouard  III.  Roi  d'An- 
gleterre, la  fameuie  bataille  de  Crccven  i34<S-  le  2(j. 
d'Août.  La  forêt  de  Creci,  Crefciacenjis  ftha.  Il  y  a  eu 
encore  Creci  fur  Serre  dans  le  Laonnoîs.Cr//ûc///£,  ou 
1      Criciaturn.  Le  P.  Sirmond  &  d'autres,  à  fon  exejn- 
ple,  ont  cru  que  Créa  fur  Serre  étoit  le  Carfiacum 
ad  Ifararn,  fameux  dans  l'Hiftoire  Eccléfiaftiquedit 
IX.  fiécle.  Valois  les  réfute,  &  montre  que   Cari- 
fiacum  eft  Chierfi ^  ou  Quierfi. 
CRÉDENCE.  f.  f.  Petite  table  qu'on  met  de  chaque 
côté  de  l'Autel ,  où  l'on  pofe  les  chandeliers ,  badin , 
burettes  ,  linge ,  &  autres  ornemens  ou  vaifleaux  qui 
fervent  au  Sacrifice  &  aux  cérémonies  de  l'AuteL 
Menfa  ad  utrumque  latus  ars.  adflrucla.  Credenria. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  credenia ,   fignifiant  la 
même  chofe. 

On  a  dit  auiîî  dans  la  baflè  Latinité  credcntia  dans 
le  même  fens. 
Crédence,  eftaufiî  fynonyme  à  buffet,  où  l'on  met 
la  vaiffelle  d'argent.  Ahacus  argentca  vcifa  ad  convi-^ 
viorum  magnifcent/am fufifieris.  Foye^  Buffet. 
Crédence,  fignifie  aufli  la  chambre  où  l'on  ferre  les 
vivres.  Cella  cibaria.  D'où  vient  qu'on  appelle  queU 
quefois  CréJenàer,  un  Sommelier.  Proinus-condus. 
En  Normandie  on  appelle  témoins  de  crédence,  les 
témoins  qui  dépofent  qu'ils  croient  que  la  chofe  eft 
ainli  comme  ils  la  difent. 
CREDIBILITE,  f.  f.  Terme  de  Théologie  &  de  Morale, 
raifons  humaines  qui  nous  portent  à  croire  les  révéla- 
tions divines ,  qu  dite  par  laquelle  une  chofe  eft  ren- 
due croyable  ou  di^ne  d'êtie  crue.  Voyei  Croyable 
&  L.ROYANCE.  Credlhilltas.  C'eft  le  mot  dont  on  fe 
fert  dans  l'Ecole  .  quoiqu'il  ne  foit  pas  fort  Latin. 
Quand  on  veut  convertit  lesPayens,  il  faut  établir 
d'abord  la  vérité  de  l'Eciiture  par  dos  motifs  de  cré- 

A  ij 


4  C   R   E 

dibilite.  Jesus-Christ  dit  lui-mcme  qu'il  eft  Dien  j 
&  il  le  prouve  en  taifantdes  miracles  :  cela  n'ajoure- 
til  pas  un  degré  de  cradibilicé  qui  nous  ôte  toute  la  li- 
berté d'en  douter. 

^fZT  CRÉDIT,  f.  m.  Signifie  en  général  la  faculté  de 
faire  ufage  ,de  la  puilFance  d'autrui. 

Dans  le  commerce  c'eft  un  prêt  mutuel  qui  fe  fait 
d'argent  &:  de  marchandifes  lar  la  réputation  de  la 
probité  &  de  la  folvabilité  d'un  négociant,  ou  faculté 
d'emprunter  fur  la  réputation  qu'on  a  d'être  lolvable. 
Fides.ll  a  bon  crédit  chez  les  Marchands,fur  la  place. 
Conferver,  perdre  fon  cre'c/^^  Faire  crédit^  vendre  à 
crcdit^  achetter  à  crédit,  emere,  vendere  Jme  préifence\ 
pecu?iiâ  ,Jed accepta  tantum  emptorisJide.Ne  pas  payer 
comptant  ce  qu'on  achette. 

A  CREDIT  ,  lignifie  quelquefois  envain ,  fans  profir. 
Perfonne  ne  vous  fait  gré  de  ce  que  vous  faites ,  vous 
travaillez  à  cr^ic.  Quelquefois  il  fignifie,  lans  preu- 
ve ,  fans  fonoement.  Tout  ce  que  cet  Avocat  allè- 
gue eft  à  crédit,  fans  preuve. 

On  dit  proverbialementque cr/i/ir  eft  mort,ou  qu'on 
fait  avo'/r  depuis  la  main  jufqu'à  la  bourle,  pour  dire 
qu'on  veut  être  payé  comptant,  &  d'une  fille  qui  eft 
groife avant  le  mariage,  qu'elle  a  pris  à  crédunn  pain 
iur  la  fournée.  Les  lettuesde  crédit  [ont  différentes  des 
lettres  de  change,&  cependant  s'exigent  par  les  mêmes 
voies.  Ce  font  des  lettres  millives  qu'on  donne  à  des 
gensde  confiance  pour  prendre  de  l'argent  fur  des  cor- 
refpondansen  des  lieux  éloignés,  en  cas  qu'ils  en  aient 
befoin.  Foye^  Créance  j  lettre  de  créance. 

CrÉi>it  j  fe  dit  aulîi  du  cours  que  les  papiers  ou  effets 
de  commerce  ont  dans  le  public  &  parmi  les  Négo- 
cians.  On  dit  que  les  billets  d'une  compaj»nie  ont  pris 
crédit,  lorfque  les  Marchands  ne  font  aircune  diffi- 
culté de  les  recevoir.  Prendre  crefl'if  fignifie  pareille- 
ment dans  le  né joce  des  aftions  de  compagnie,  lorf 
qu'elles  font  achetées  à  plus  haut  prix  qu'elles  n'ont 
été  créées. 

Dans  un  fens  métaphorique ,  ce  mot  eft  employé 
comme  fynony  me  de  confidération,de  pouvoir  :  Auclo- 
ritasj  gratiu.C'eù.  une  relation  perfonnelle  fondée  fur 
la  connoiffance  du  mérite  ou  fur  l'inclinarion  j  dont 
l'effet  eft  de  pouvoir  faire  ufage  de  la  puilTance  d'un 
aurrequia  quelque  fupériorité  fur  nous.  Car  il  faut  re- 
marquer que  le  mot  de  crédit  emporte  néceiTairement 
l'idée  d'infériorité  Se  de  dépendance.On  ne  dit  point 
d'un  Souverain  qu'il  a  du  crédit  furl'efprit  de  fon  Mi- 
niftre  :  mais  on  le  dit  du  Miniftre  à  l'égard  du  Souve- 
rain. 

On  dit ,  à  la  vérité  ,  qu'un  Souverain  a  du  crédit 
parmi  les  autres  Princes  les  alliés  puais  alors ,  étant 
pris  folitairement,  il  eft  regardé  comme  inférieur  aux 
autres  Princes ,  confiderés  comme  formant  enfemble 
lin  même  tout.  Ce  Miniftre  a  acquis  un  grand  crédit 
fur  l'efprit  de  ce  Prince.  Ce  Piéfident  s'eft  mis  en  cré- 
dit dans  fa  compagnie.  Perdre  fon  crédit.  Employer 
fon  crédit.  Ufer  de  tout  fon  crédit.  Abuferde  foncredit. 

Quand  fur  un  jeune  cœur  un  Amant  qiîon  ejlime 

A  pris  quelque   crédit , 
On  commence  à  douter  fi  T  amour  eft  un  crime 

Aufti  grand  qu'on  le  dit.  B.  Rab. 

On  le  dit  de  même  du  pouvoir  que  l'on  a  fur 
foi- même,  fur  fon  propre  efptit. 

Quoi!  l'homme  fur  foi-même  a  fi  peu  de  crédit 
Qu'il  devient fcélérat  quand  Delphes  l'a  prédit  ?  Corn. 

On  le  dit  dans  un  fens  plus  étendu  de  la  confidé- 
ration,de  la  réputation  &  de  l'autorité  qu'on  acquiert 
dans  le  public  par  la  vertu,  la  probité  j la  bonne  foi, 
le  mérite.  ExiJUmatio.  Les  Grecs  fe  font  mis  en  crédit 
par  les  fciences  qu'ils  cultivoient^les  Romains  par  leur 
valeur;lesChrétiens  par  la  faintetéde  leur  doétrine  & 
la  pureté  deleurs  mœurs.  L'éloquence  croit  nécellaire 
à  Rome  pour  fe  donner  du  crédit.  S.  Eyr.  Cet  habile 
hypocrite  jouit  de  tout  le  crédit ({mq  donne  la  vertu,  id. 
Crédit,  terme  de  coutumes.  C'écoit  autrefois  un  droit 


C   R  E 

que  les  Seigneurs  avoient  fur  leurs  fujets ,  &  qui 
confiltoit  en  ce  que  pendant  un  certain  tems  ils 
pouvoient  les  contraindre  à  leur  prêter  de  l'argent.  Il 
s'appeloit  aufli  droit  d'emprunt.  L'Evêcjue  de  Nantes 
avoir  crédit -pt^à^Lni  1 5  jours  fur  fes  fujcrs  i-:  fur  ceux 
du  Prince,  c'eft-à-dire,  qu'il  pouvoir  pendant  ce 
temps-là  les  contraindre  à  lui  piêterde  l'argent,  &  le 
Duc  de  Bretagne  avoir  auftl  le  même  crédit ,  ou  droit 
d'emprunt,  pendant  15  jours,  fur  its  hommes  & 
ceux  de  l'Evêque.  Lobineau  ,  T.  I.  p.  204. 

CREDITER,  v.  a.  Coucher  par  écrit  fur  le  Mémorial, 
fur  le  Journal,  ou  fur  le  Grand- Livre ,  la  fomme  que 
l'on  doit  à  quelqu'un,  ou  une  fomme  que  quelqu'un 
a  payée, 

CREDITEUR,  f.  m.  Terme  dont  les  Négocians  fe 
fervent  affez  fouvent,  pour  fignifier  un  créancier, 
ou,  comme  ils  difent,  celui  qui  doit  avoir. 

CREDO,  f.  m.  Le  Symbole  des  Apôtres  qui  contient  les 
articles  principaux  de  notre  Foi.  Apojlolorum  fym- 
bolum pr&cipuJ  fidei  capita  compleciens.  Il  fe  met  entre 
les  oraifons  du  Bréviaire  &  des  Heures.  L'Office 
commence  par  un  Pater,  un  Ave ,  &  un  Credo.  Les 
Curés  fon:  tenus  de  faire  apprendre  à  tous  leur  Pa- 
roifliens  leur  Credo.  La  Meffe  en  eft  au  Credo,  qui 
eft  un  autre  Symbole  drellé  au  Concile  de  Nicée  , 
qu'on  chante  au  milieu  de  la  Melle. 

Credo,  (le  mont)  montagne  de  France  j  dans  le 
Bugey.  C'eft  une  partie  du  mont  Jura  qui  eft  aulîi 
nommé  le  grand  Credo,  &  qui  s'étend  entre  la  Fran- 
che-Comté &  le  Rhône. 

CREDULE,  adj.  m.  &c  f.  Qui  croit  trop  facilement  & 
légèrement.  Crcdulus.  Les  enfans,  les  femmes,  les 
peuples  font  crédules  ,  ont  l'efpftt  crédule.  Qu'un 
Amant  eft  crédule  &c  qu'il  fe  laiffe  aifément  perfua- 
der  ce  qui  lui  puoît  agréable.  Il  fe  perdit  par  la 
crédule  &  fuperftitieufe  opinion  qu'il  eut  du  cour- 
roux des  Dieux.  S.  Evr.  Nous  ne  fommes  pas  fi 
fimples ,  ni  fi  crédules  ,  dans  les  chofes  temporelles, 
que  quand  il  s'agit  de  confcience  &  de  foi.  Port-R. 

CRÉDULITÉ,  f  f.  Difpolition,  ou  plutôt  foiblelfe 
d'efprit  qui  le  porte  à  croire  légèrement  &c  fans  exa- 
men tout  ce  qu'on  nous  propofe.  Credulitas.  L'incré- 
dulité qui  rejette  tout,  n  eft  pas  plus  dangereufe  que 
la  crédulité  <\u\  admet  tout  indiftinétement.  Les  Char- 
latans abufent  de  la  crédulité  des  peuples. 

Je  me  plais  dans  l'erreur  ;  laiffe^-moi  ce  que  j'aime. 
Et  jouir  des  douceurs  de  ma  crédulité.   Corn. 

Du  Cange  dit  qu'on  a  appelé  autrefois  Crédulité ,  la 
profeftion  de  la  Foi  Chrétienne, qu'on  a  depuis  appe- 
lée Croyance. 

CREER,  v.  a.  Tirer  du  néant,  faire  quelque  être  de 
rien  ,  &  fans  matière  préexiftante.  AUquid  è  nihilo 
creare  j  procreare  ,  efficere  ;  conficere.  C'eft  Dieu  feul 
quia  creV  toutes  chofes.  Dieu  .t  créé  les  âmes  des  hom- 
mes après  leur  conception  ,  félon  l'opinion  de  S.  Au- 
guftin. 

Créer.  Réproduire  l'humaniré  de  Jesus-Christ  dans 
l'Euchariftie  par  la  confécration.  Foye\  Création. 

Créer  ,  fe  dit  par  extenfion  des  hommes  à  l'égard 
des  chofes  dont  ils  font  les  inventeurs.  Invenire  _, 
excogitare  ,  fingere.  Boileau  femble  créer  les  penfées 
d'autrui  par  le  tour  qu'il  y  donne.  La  Bruy.  Si  la 
Nature  n'a  pas  formé  les  Sirènes,  ou  les  Néréides  , 
on  ne  peut  pas  du  moins  en  contefter  l'exiftence  aux 
Poètes  qui  les  ont  créées,^  qui  leur  ont  donné  l'être. 
Ab.   Nicaise. 

Créer  ,  fedit  figurément  &  abufivement  des  nouveaux 
établilTemens  d'Officiers  que  font  les  Rois  &  les 
Princes  fouverainsdans  leurs  Etats.  Creare.  On  3.  créé 
bien  des  Offices  pour  faire  des  levées  de  deniers  ex- 
traordinaires. Créerais  Charges,  des  Offices ,  c'eft 
établir  des  Charges  nouvelles ,  des  Offices  nouveaux. 
§Cr  On  dit  auifi  créer  des  rentes,  crcVr  une  penfion, 
conftituer  fur  foi-même  une  renre  ,  une  peu  (ion.  lia 
créé,  conftitué  des  rentes  fur  lui ,  fur  tout  fon  bien. 
Créer  une  penfion  fur  un  bénéfice,  fe  dit  du  Pape  qui 
o6troie  rétablilfementd'unepenfionfur  un  bénéfice. 


ÏL 


C  R 

Créer  ,  fo  dit  aiifli  des  dettes  que  font  les  particuliets. 
Coritrahtire.  L'homme  n'eft  point  tenu  des  dettes  accès. 


par  fa  femme  avant    Ion  maiiage. 
Crée  ,  ee.  paît.  Creatus,  prooreucus.   Il  a  les  fignifica- 

tion  de  ion  verbe. 
C?-^''c.VL.Crid'diu:n ,  Credelium,  comme  Valois  l'appellej 

oi  non  pas  Creodumy  ni  Crclonïu^n,  Petite  ville  de 

riilede  r  tance  dans  le  Comté  de  Senlis.  Ce  nom  s'eil 

formé  du  Latin  Crciuium,  en  retranchant  le  d,  cam- 

me  en  beaucoup  d'autres.  Prononcez  en  une  feule 

fyllabe,  &  mouillez  l'i,  fans  faire  fentir /'■'-f. 
CRELL'^Lr.  C'elt  le  cri  d'armes  de  la  maifon  de  Craon,   Crèaie  d'Orge.  Décodion  d'orge  dépouillé  de  fon  en 


C  R  E  i" 

cette  entreprife.  On  a  fait  un  recueil  qu'on  a  intitulé, 
la  Crème  des  beaux  veis.  Ce  Marchand  a  eu  toute  la 
Ci'ème  des  tableaux  de  ^ e  cabinet. 

On  appelle  encore  h -urément  crème fouettce,\m  Ou- 
vrage, un  livre,  un  diicours,  &  même  une  perlonne, 
loriqu'on  y  trouve  de  belles  paroles, queiqu'j  choie  d'a- 
greable,&  au  tond  rien  de  folide,  par  une  métaphore 
tirée  de  lai.rt/7Zi;,quis'enBepiodigieulement  quand  on 
la  touttte.  Ali^uid  levions   operut.  ,  levions  nianus. 

ifT  Tout  cela  ne  peut  paffer  que  dans  le  difcours 
familier. 


Je  ne  fai  pour  quelle  raifon  les  de  Craon  ont  pris  le 
mot  de  Creliau  pour  leur  cri  d'armes.  Ménage  ,  HtJL 
de  Sdbli.  Rem,  p.  544. 

CRÉMAILLÈRE,  f  £  Quelques-uns  difent  Crémillere, 
&  anciennement  cru/Tzu^^df^e.  inlhument  de  fer  plat 
&  délié,  large  d'environ  trois  ou  quatre  pouces, 
ayant  pludeurs  crans  ou  hoches ,  qu'on  attache  à  la 
chimmée  pour  y  pendre  des  marmitei,  des  chaude 
rons  qu'on  veut  inetre  fur  le  feu.  Cremathra  ,  eau  la 
ferrea  ad  Jujlinendutn  unco  pendeatem  injoco  iebctem. 
On  dit  proverbialement ,  lotfqu'un  homme  chan- 
ge de  maiion  ou  prend  fou  ménage,  qu'on  ira  pen- 
dre la  crémaillère  chez  lui,  pour  due,  qu'on  ira  man- 
ger &  fe  réjouir  chez  lui. 

Nicod  dérive  ce  mot. du  Grec  «.^tiitta  ,  &  Ménage 
de  avzOTata/ar/ij ,  qu'on  trouve  dans  les  Capitulaites 
de  Charlemagne.    Du  Cange  dit  qu'en  la  baife  Liti 
niréon  l'a  app'iiée  cruca,  &  crem.ijier ,  à^  l'Anglois 
aoûky  qui  fignifie  crochu^ou  plutôt  du  xjE^aa.yii/^d/ii/.i. 

Cremaihère,  fe  dit  audi  de  ces  garnitures  de  ter  qui 
lonc  en  travers  derrière  les  portes  des  grandes  mai- 
fons ,  qui  fervent  à  leur  donnet  telle  ouverture  qu'on 
veut  par  le  moyen  d'une  barre  qu'on  fiche  dans  leur 
divers  crans-  On  le  dit  aulfi  de  ces  fers  qu'on  met  _ 
aux  chaifes  &  lits  de  repos,  pour  en  hautferou  baif- 
fer  le  dollier  tant  &  (i  peu  qu'on  veut.  On  le  du  aulli 
des  crans  qui  fant  en  pluiîeur's  machines  ii  reiforts. 

CREMAILLON,  ouCREMILLON.  f  m.  Petite  cré- 
maillère qu'on  attacha  a  la  grande,  ^o\x  pour  l'alon- 
ger,  fou  pour  faire  cuire  quelque  choie  à  côté. 

CREMASCou  CREMASv'UE.  Cremenjls  agcr.  Pro- 
vince de  1  Etat  de  Venife  en  Italie,  qui  tire  fon  nom 
de  Crème  fa  capitale,  &  la  feule  vdle  qu'elle  ait. 
Le  Cremafc  eft  enclavé  dans  le  Milanois,  dont  il 
dspendoit  autrefois. 
Ce  mot  s'elT:  formé  de  l'Italien  Cremafco. 

CRE\iASTES.ES.  adj.  Terme  d'Anatomie.  C'ell:  une 
epithète  qu'on  donne  à  deux  mufcles  appelés  autre 
nmnt/ufpenfores,  qui  tiennent  les  tefticales  fufpen- 
dus.  Cremafieres.  Ils  prennent  leur  origine  d'un  liga 
nient  qui  eft  à  l'os  pubis  ,  &  s  infèrent  à  la  partie  ex- 
térieure de  la  tunique  vaginale  des  tefticules. 
C^  mot  vient  du  Grec  xp£«S»  ,  fufpendre. 

CRiiME.  f  f.  La  partie  la  plus  épailfe,  la  pins  délicate, 
la  plus  gralTe  du  lait,  &  dont  fe  fait  le  beurre.  Spuma. 
Lactis pinguior y  cremor  laciis.  Les  bons  fromages  ion; 
faits  de  crème.LQS  tartes  ,  les  tartelettes  font  faites  de 
crème  douce. 

Ce  xnotcreme,  vient  du  Latin  cremor,  qui  fignifie  la 
mémechofe.  On  trouve  auffidansla  balTe  Latinité cr <;- 
ma  laais.YoyyAcla  SS.April.  /".  II.  p.  175.  2.77.  D. 

|J3"  Crème  Fouettée.  Crème  qu'on  fait  élever  en 
moulle  en  la  fouettant  avec  des  brins  d'ofîer  &  qu'on 
mange  avec  du  fucre  ,  de  l'eau  de  Heur  d'orange  &: 
autres  ingrédiens. 

Crème,  fe  dit  figurément  de  ce  qu'il  y  a  de  plus  fubtil  j 
de  plus  fpiritueuxdans  un  corps  naturel,  de  fes  par- 
ties les  plus  déliées  &  les  plus  volatiles.  Spiritus ,  par- 
tes fuhnlijjlms,.  Il  fiut  qu'un  des  principes  deseaux  de 
Bourbon  ,  qui  en  eft  comme  l'ame,  &  qui  les  rend  li 
animées.  Il  pénétrantes  ,  fi expanfives,  foit  une  crème 
de  foufre  ,  une  fleur  de  bitume ,  une  quintelTence  de 
baume  extrêmement  exaltée.  Mém.  de  Tr. 

^fT  Crème  ,  fe  dit  figurément  de  ce  qu'il  v  a  de  meil 
leur  dans  une  affaire  d'intérêt,  dans  un  livre,  dans 
une   fcience.  Quod  e^  melius  ,    quod  e(l  exquijttius. 
Un  tel  a  eu ,   a  pris  toute  la  crème  de  cette  affaire,  de 


veloppej  qu'on  fait  dans  une  quantué  proportionnée 
d'eau.  Un  1  appelle  aulli  orge  monde  j  ou  orge pajj'é. 
Les  anciens  l'appeloient  crcmor  ptijandt,  ^  crème  de 
ùjanc. 

^fTOn  fait  de  même  de  la  Crème  de  md'uneconfif- 
tance  moyenne  entre  la  tilane  liquide  &  la  bouillie. 
Crème  de  Tartre,  ett  le    taitre  purifié  &   coagulé 
en  forme  de  crittaux.  Voye^  Cristal  de  Iartre. 
C'cll  la  même  chofe. 
Crème.   Liqueur  lacrée.  Voye\  Chrême. 
CREME,  f  m.  Terme  de  Coutumes.  Il  fe  prend  dans 
quelques  livres  qui  traitent  de  Jurifprudence  féodale 
pour  'Jioceje  ,  étendue  de  Juuldiétion  fpiruuelle. 
CREME.   Crtma.  Vdle  de  l'Etat  de  Venife   en   Italie, 
&L  capitale  du  Crémalc,  fituée  fur  la  rivière  de  Se- 
rio.  L'Evêque  de  Crème  eft  fuffragant  de  Boulogne, 
Cr^me  eft  tiès-bien  fortifiée.  Il  y  a  une  Hilloire  de 
Crune  écrite  avec  beaucoup  de  juftelfe  &  d'élégance 
par  Alemano  f  ino  au  XVl'.  fiècle. 
CREMELIN.   t^oyei  CREfviLiN. 
CREMENT.  f  m. Terme  d'Ordonnance  qui  fignifie  une 
augmentation  ou  accroilfement  de  terrein  qui  fe  for- 
me dans  les  rivières  ou  fur  les  rivages,du  verbe  Latm 
crefcere. 
Crement  ,  en  terme  de  Grammaire  ,  eft  en  Latin  ou  en 
Grec  l'augmentation  d'une  ou  de  plufieurs  fyllabes 
qui   furviLuncnt  d    un  mot  dans  la    formation  des 
temps  d'un  veibe,   ou  des  cas  d'un  nom,  comme 
dans  amabam,  de  amo ,  copias  de  d-pur. 
CRÈMER.  V.  n.  5l'e  dit  du  lait ,  quand  il  fait  de  la  crè- 
me. Il  y  a  du  lait  qui  crème  plus  que  d'autre.  Le  .lait 
qui  crcme  le  plus  elt  toujours  le  meilleur. 
Cremer.  f  m.  C'eft  le  nom  dune  maladie  qu'on  die 
être  endémique  en  Hongrie,  &  qui  paroû  à  en  juger 
par  la  defcription  qu'on  en  fait,  n'être  autre  chofe 
qu'une  fiiire  de  la  crapule  ou  de  l'ivrelTe.  Cn  en  gué- 
rit en  buvant  une  petite  quantité  de  quel  pie  eau 
cordiale,  j-^icl.  de  James. 
nCFCRÈMIÈRE.  f  f  G'eft  le  nom  qu'on  donne  à  Paris 

aux  femmes  qui  vendent  de  la  crème. 
CREMIEU.   Ville  de  France  en  Dauphiné ,  dans  le 

Viennois,  à  cinq  lieues  de  Lyon. 
CREMILLÉE.  f  f  On  appelle  ainfi  une  certaine  garde 

qui  eft  dans  les  fetrures. 
_;REMIR.  v.  a.  Vieux  mot.  Craindre. 


Si  doicon  de  paour  frémir  j 
Et  le  puijfant  Juge  cremir. 

on  a  dit  auffi  crémer.  On  trouve  encore  aémeteux  5 
pour  dire,  craintif,  &:  crémeur ,  pour  crainte. 
:REMLIN,  ou  CREMELIN.  f.  m.  Terme  de  Rela- 
tion. Nom  du  Palais  du  Czar  à  Mofcou.  Cremlinum, 
Cremeiinum.  Ce  bâtiment  confifte  en  diverfes  greffes 
malfes  encaifées  les  unes  fur  les  autres  fans  aucun 
ordre.  LErr.  Moscov. /7.  71. 
CRÉMONE.  Cremona.  Ville  du  Duché  de  Milan,  fi- 
tuée furie  Pô,&  capitale  duCrémonois.Crewo'/'eefl 
une  Ville  très  ancienne.  On  croit  qu'elle  fur  fondée 
par  les  Gaulois  Senonois  l'an  de  Rome  445.  Aujour- 
d'hui c'eft  un  Evê:hé  fuflfragant  de  Milan.  La  manière 
dont  hs  troupes  du  Roi,  qui  renoient  Crémone  pour 
Philippe  V.  Roid'Efpagne,  chafferent  le  Prince  Eu- 
gène ;*..'  les  Allemans,  qui  s'en  étoientfécrettement 
emparés  pendant  la  nuit  du  1  Février  1701.  eft  une 
des  plus  belles  &  des  plus  mémorables  actions  donc 
on  aie  oui  parler. 


6  C  R  E 

CRÉMONOIS.  Petit  pays  d'Italie  qui  prend  fon  nom! 
de  Crémone  la  capitale,  Cremonenjis  ager.  Le  Crd/no-  \ 
nois  eft  entre  le  l'ô,    lOglio  &  l'Adda,  ayant  pour! 
bornes  au  Couchant  le  Lodelan  &:  le  Crémafc,  au 
Nord  le   Brellan ,  au  Levant    le  Mancouan,  éi  le 
Duclié  de  Parme  au  Midi 

Çremonois  ,  OISE.  1.  m.  &i  f.  Qui  eft  de  Crémone. 
CremonenJiS. 

CRENEAU,  f.  m.  Terme  de  guerre.  Dentelure,  en- 
taillure  faite  au  haut  d'un  parapet ,  dune  muraille, 
d'une  tour,  pour  avoir  la  liberté  de  regarder  parLi,ou 
de  tirer.  Puma.  Toutes  les  villes ,  les  tours  tk  les  châ- 
teaux fortifiés  à  l'antique,  étoient  entourés  de  uc- 
neaux.  Les  créneaux  font  proprement  des  ouvertures 
pratiquées  dans  les  murs  des  ouvrages  de  fortification 
pour  palier  le  fuiîl  &  ruer  fur  l'ennemi.  Les  embra- 
lurcs  lerv.;nt  pour  le  Canon. 

Ce  mot  vient  de  tTe«e;//.7w,  diminutif  de  crf/?iî,  qui 
lîgnifie/d«fi;.  MEN.MaisFauchet  le  dérivede  cran^o^w 
fîgnifie  /zocAe.  Du  Cange  le  dérive  àtquarnillus^  parce 
que  c'eft  une  efpece  de  fenêtre  carrée  qui  fert  aux  fol- 
dats  à  tirer.  On  a  dit  autrefois  carneaux,  &  on  dit  en- 
core Ciirnt ,  en  parlant  de  l'angle  d'un  corps  carré. 

CRENEES.  f.  f.  pi.  On  donnoit  ce  nom  aux  Nym- 
phes des  Fontaines  ou  Nayades,  du  mot  Grec  x^w, 
Fontaine, 

CRENELAGE.  f.  m.  Terme  de  Monnoyeur,  Donner  le 
crc:/2(;/t7^£  à  une  monnoie,  c'eft  fure  un  cordon  ,  ou 
grenetis  fur  l'épailfeur  d'une  Pièce  de  monnoie,  ou 
y  mettre  l'empreinte  de  la  légende  ordonnée  par  les 
Edits  du  Prince, 

CRENELER,  v.  a.  Faire  des  créneaux  aux  tours,  aux 
murailles  Mûri  JaJUgiumpinnis  dijhnguere.  Créneler 
une  muraille. 

Créneler,  fîgnifie  aufli,  Denteler,  faire  des  dents, 
des  entai'lures  à  une  roue  de  montre,  de  moulin,  de 
machine.  Incidete.  On  eft  obligé  de  créneler  des  loues 
pour  les  faire  entrer  les  unes  dans  les  autres,  ou  dans 
des  pignons.  Crt^Wer,  terme  de  monnoie  ,  donner 
à  un  flanc  le  cordonnet  ou  la  légende  fur  tranche. 

Crénelé  ,  ée.  part.  On  appelle  une  monnoie  crénelée  , 
ou  carnelee ,  quand  il  y  a  un  cordon  ou  grenetis  relevé 
fur  l'épaiffeur  de  la  monnoie,  comme  on  voit  aux 
pièces  d'Angleterre.  Coronatus.  On  y  a  mis  depuis 
quelque  temps  une  légende. 

En  termes  de  Blafon  on  appelle  crénelé,tom  ce  qui 
eft  fait  ou  taillé  en  créneaux.  Pinnisdi/lincius.l\  porte 
d'azur  à  la  tour  crénelée  d'argent.  Il  y  a  des  chefs,  des 
fafces ,  des  pals ,  des  bandes  crénelées  &c  brételfées. 
Onditaulîî  crénelé  de  tant  (le  pièces,  pour  dire  de 
tant  de  créneaux. 

CRÉNELURE.  f.  f.  Manière  de  dentelure  fiire  à  cré- 

.  neaux.  DentkuU.  Il  y  a  des  plantes  dont  les  feuilles 
font  à  crénelure  ,   en  crénelure. 

CRENEURE.  f.  f.  Vieux  mot.  Coupure  par  dentelles , 
félon  Nicod. 

CRENNEOLIIN.  f.  m.  C'eft  ,  dit  Nicod,  comme  quel- 
ques-uns l'interprètent  j  une  efpece  d'habillement  di- 
têre  de  l'homme  de  guerre  à  cheval,  alfcz  femblable 
au  heaume.  Galea  ,  a(//7j.  Ainfi  pris  il  viendroit  du 
Grecxçawf,  tète,  duquel  Ariftote  &  Hérodote  ont 
ufé  Aulh  v,ç^v(»»  eft  le  têt  de  la  tête ,  &  on  dit  têtière, 
&  l'Efpagnol  capacete. 

CRENNEQUINIER.  f  m.Nomd'une  ancienne  milice. 
Soldat  portant  un  crennequin.  Èques galeatus  ,  ou  caf- 
fidatus.  Le  Duc  de  Bourgogne  avoir  fix  cens  Crenne- 
quiniers  dans  fon  armée.  Gollut  ,  Z.  X.  c.  96.  Les 
jjaiges  du  Crennequinier  à  cheval  feront  par  mois  de 
cinq  francs.   Id. 

CRENQUINIER.  f  m.  Terme  de  Coutumes.  On  ap- 
pelle en  quelques  endroits  Crenquiniers ,  des  Officiers] 
qui  peuvent  faire  exécution. 

CREOISON.  f  f  Mot  du  vieux  langage,  qui  fignifioit 
création  &  créature. 

CRFOLE.  Voyei  CRIOLE. 

CREPAGE,  f  m.  Apprêt  que  l'on  donne  aux  crêpes  que 
l'on  veut  crêper,  c'eft-à-dire,  qu'on  ne  veut  pas  qui 
reftent  hlfes. 

CREPE,  f  m.  Etoffe  claire  faite  de  foie  crue  &  gommée , 


C  R  E 

&  torfe  fur  le  moulin,  rannus  bonibycïnus  tenais  & 
crijpus.  Le  cr^pe  trile  le  met  lur  les  habits  pour  por- 
ter le  grand  deuil.  Lec/cpe  hlfe,  ou  uni,  eft  celui  donc 
la  loie  n  eft  pas  li  torle  que  l'autre  &  qui  fait  l'étofte 
plus  douce  cjue  le  cri.pt  ciepé.  (jn  appelle  abfolumenc 
(.répe  celui  qui  ieit  de  cordon  au  chapeau.  Le  crcpe 
leul  qu'on  appelle  autrement  voi;e,  eft  uneétofFed'une 
loie  déliée  &  retorle  ,  qui  eft  plus  claire  que  le  cré- 
pon &  la  ciêpodaïUe.  Le  crêpe,  lelon  Philon  Juif,  eu 
ion  1  radudteur ,  eft  une  toile  de  très-fin  Un  lerors. 

Ce  mot  vient  du  Latin  crijpus.  Men.  Boitl  le  dé- 
rive de  cr,.yii.e ,  qui  eft  une  elpcce  de  cocfîuve  de  fem- 
me ,  d'où  eft  venu  aufti  crapaudaille  j  qui  ètoit  forr  en 
ulageen  Languedoc,  où  l'on  fabrique  beaucoup  de  ces 
étoftes.  Dans  la  vie  de  SteBathilde,  Reine  de  Ftancejà 
la  fin  du  §.4^.on  trouveque  la  Sainte  Reine  fit  faire 
une  cr^j  e  j  crepam  ,  adninable  d'or  &  d'argenr  pour 
mettre  lur  le  corps  de  St  Eloi.  Les  BoUandiftes  difenc 
qu'ils  n'ont  point  trouvé  ccquec'étoitque  ac/ t:-Bmec 
dit  que  c'ètuit  une  chàlle  pour  enfermer  le  corps  du 
Saint;maison  ne  diroit  pas  que c'étoit  feulement  pour 
mettre  lur  les  reliques ,  ou  lur  fes  membres.  Je  crois 
que  c'étoit  ime  étufte  d'or  &  d'argenr  forr  claire  ,  afin 
que  l'on  put  voir  a  rravers  les  Saintes  Reliques  j  & 
que  c'eft  de  crêpa  qu'eft  venu  crêpe. 
Crêpe  fe  dit  aufti  figurèmenr,  &  fur-tout  en  Pocfie, 
pour  fignifier  la  nuir.  Jeneèraj  nox. 

Dès  que  l'ombre  tranquille 
Viendra  d'un  crêpe  noir  envelopper  la  ville.  BoiL. 

DCFCrêpe.  Terme  de  Perruquier.  Les  Perruquiers  ap- 
pellenr  crêpe  ,\es  cheveux  qu'ils  ont  nattés  &  tortillés 
dans  leur  longueur,  après  les  avoir  frilés  par  le  bout, 
&  avant  que  de  les  mettre  en  pâté.  Cette  opération  les 
fait  bouffer.  Encyc. 

^fT  Crêpe.  Terme  de  Jardinage.  Efpece  de  laitue ,  qui 
fe  cultive  comme  les  .autres. La  petite  crêpe  S>l  lagrolfe 
ne  tardent  pas  à  pommer  lur  couche  &:  fans  cloche. 
Pluche. 

fCTCREPE  eft  auffi  une  efpece  de  pâti fterie, fort  connue 
dans  quelques  Provinces.  Elle  eft  faite  de  farine  dé- 
layée avec  de  l'eau  ou  du  lait,,  où  l'on  mêle  quelques 
jaunes  d'œufs.  On  en  fait  une  pâte  femblable  à  celle 
des  beignets ,  &  on  la  fait  cuire  de  même  dans  la 
pocle  ,  en  mettant  chaque  fois  une  certaine  quantité 
de  cette  pâte  qu'on  étend  fur  toute  la  capacité  de  la 
pocle 

CRÊPELU  ,  UE,  vieux  adj.  Crépu,  crêpé,  Crifpatus ^ 
a  ,  uni. 

CRÊPER.  V.  a.  Frifer  doucemenr  &  à  la  manière  de 
ciêpe.  Crifpare.  Crêper  une  étoffe  Crêper  les  che- 
veux. Il  eft  aufli  réciproque.  Les  cheveux  fe 
crêpent,  quand  on  a  foin  de  les  mettre  fous  le 
boimet. 

Crêpé,  it-  part.  &  ad).  Crifpatus.   Ce  qui  tient  de  la 
nature  &  qualité  du  crcpe  ou  du  crépon.  Lne  étamine 
c-êpee  eft  une  étamine  fabriquée  à  la  manière  du 
crépon.   Cheveux  crêpés. 
Ce  mot  pris  au  figuré  n'eft  pas  d'ufage. 

Et  la  vague  à  l'entour  hlanchijfante  &  crêpée 
Grondant  fous  l'aviron  dent  elle  etoit  coupée  j 

ne  figure  bien  que  dans  les  ouvrages  du  P.  Le 
Moine. 

CRÉPEREIUS,  CRÈPÉREIA.  Nom  propre  d'une  fa- 
mille de  r.nncienne  Rome.  Gens  crepercia.  Les  mé- 
dailles de  la  fimilie  Crepereia  font  en  petit  nombre. 
On  y  trouve  Q.  Crêper.  M.  F.  Rocus ,  ou  Q.  Cre- 
PEREi  Rocus ,  &  dans  une  ancienne  infcription  citée 
par  Patin  ,  L.  Creperius  Heraca  vi  vir.  Et  Cre- 
PERiA  patera-  avec  L.  Creperius  Celer,  fa  fille  & 
fon  petit  fils.  C'étoit  une  famille  de  Chevaliers  Ro- 
mains ;  c'eft  Ciccron  qui  nous  l'apprend ,  L.  I.  in 
Verrem. 

CREPI.  Crifpeium  y  Crifpiacum  ,  Chrifpeiacum ,  Crif- 
piacenfe  Cafiellum  ,  Crifpiniacum.  Ville  de  l'Ile  de 
France ,  dans  le  Comté  de  Valois ,  appelée  commu- 


C  RE 


C  R  E 


nhmtnt  Crcpl  en  Faloîs.  Elleefl:  entre Meaiix  &  Com-'*  Le  nie  i  Heur  fe  fair  à  N  pies.  Les  Italiens  l'appelient 
piegne.  Valois  croit  que  l'on  ancien  6i  véritable  nom  ';  mont.  Le  crcpon  de  Zurich  ell:  une  étoffe  toute  de 
eil  Crifpeium  &c  Crïfpiacum  \  mais  qu'il  femblequon  \  laine  tortillée  ,  dont  les  hommes  s'habillent.  Crcpon 
l'ait  appelé  Cnjpinlacwn  _,  comme  li  Ion  fondateur  ou  j  de  Caitres ,  elt  une  même  .étoffe  de  laine  plus  claire  , 
fon  Sci'^îneur  avoir  eu  nom  Criipm.  Il  ell:  quelquefois]  qui  efl  unpeu  fnféejdont  les  femmes  font  des  iiabits. 
parlé  dans  l'Antiquité  de  la  monnoie  de  Crépi.  Solidi  5 CRÉPU ,  u£j  adj.  très-frifé.  Çrifpus.  Les  cheveux  des 
Crifpiacenfis  rnonctA.  N Ahois ,  Noc.  Galûar.  |     Nègres- font  crépus.  C'elHa  même  chofe  q^ue  crêpé  : 

CREPI,  f.  m.  Enduit  ou  mortier  qu'on   met  j   qu'on  !      mais  on  ne  le  dit  que  des.cheveux. 

couche  fur  une  muraille  avec  le  balais  fans  palier  iajCRliPU ,  ue,  adj.  Frifé.  Crlfpacus.  Les  cheveux  qui 
truelle  deffus ,  &c.  Arenatum.  On  fait  des  crcpls  à^       reviennent  fous  la  perruque  font  plus  beaux  &  plus 


chaux  &  de  fable,  déplâtre,  de  ftuc  ,  &c.  On  fait 
aux  Indes  un  cr.pi  de  la  chaux  vive  mêlée  avec  du  lait 
&dufucre,  dont  on  enduit  les  murailles,  qu'on  polit 
avec  une  agathe:  ce  qui  les  fait  unies  &;  luifantes  com- 
me une  glace  de  miroir ,  &  les  rend  plus  propres  par 
dedans ,  qu'aucune  de  celles  qu'on  voit  en  Europe. 
Relations  du  Recueil  deThevenot. 
CREPI ,  lE.  adj.  Ce  mot  fe  dit  d'une  muraille  enduite 
de  mortier,  ou  de  plâtre.  Incrujîatus ,  ar&tuud  inducius. 
On  le  dit  auffi  d'an  cuir  auquel  on  a  fait  venir  le 
grain.  Muraille  crépie ,  cuir  cnpi. 
CREPIN.  f.  m.  &:  nom  propre  d'homme.  Crifpinus.  S. 
Crepin  fut  maityrifcà^Soiffons  avec  fon  frère  S.'Crépi- 
nien  l'an  1S7.  de  J.  C.  S.Crepin  eft  le  Patron  des  C©r- 
donnniers.  Crifpinus.  Ce  mot  a  paffé  dans  la  langue 
dans  cts  phrafes  familières.  Perdre  fon  Saint  Crépin^ 
porter  tout  fon  Saint  Czépin.  Perdre,  porter  tour  ce 
qu'on  a.  Façon  de  parler  qui  vient  de  ce  que  les  gar- 
çons Cordonniers  qui  courent  le  pays  Se  vont  de  ville 
en  ville  pour  travailler,  portent  avec  eux  tous  leurs 
ounls  dans  un  fac  qu'ils  appellenr  un  Saint  Cre'pin. 
CREPINE,  f.  f.  Ouvrage  à  jour  par  le  haut,  par  en  bas 
pendant  en  grands  hlets  ,  ou  franges .  qu'on  travaille 
avec  des  fufeaux.  iieticulata  fupernè  fimbria.  On  en 
fait  de  fil ,  de  Jaine  ,  de  foie ,  d'or  ou  d'argenr.  On 
met  des  crépines  aux  dais,  aux  pentes  des  lits,  aux 
impériales  des  carrolfes. 
Crépine  ,  eft  auilî  un  terme  de  Rôti (Teur  &  de  Boucher. 
C'eft  une  manière  de  petite  toile  de  graiffe ,  qui  cou- 
vre la  panfe  de  l'agneau,  &  qu'on  étend  fur  les  roi- 
giions ,  lorfque  l'agneau  eft  habillé.  La  crépine  ne 
ferr  qu'à  parer  les  roignons. 
CREPINIEN.  f.  m.  &  nom  propre  d'homme.  Crifpi 

nianus.  Voyez  CREPIN. 
CREi^IR.  v.  a.  Enduire  une  muraille  de  chaux  &  de 
fable,  de  plâtre,  de  ftuc  ;  employer  le  mortier  avec 
le  balai  fans  paffer  la  truelle  par-deffus.  Incrujlare  , 
arenato  parietem  induere,  parïetem  trulliffare.  Le  bas 
d'une  muraille  fe  gâte  ,  fi  on  le  laiffe  quelque  temps 
fans  le  crépir.  Il  vient  de  crifpare ,  frifer. 
Crépir,  eft  aullî  un  terme  de  Corroyeur,  qui  fe  dit 
du  cuir  auquel  on  fait  venir  le  grain,  quand  il  eft 
forii  de  l'eau.  Crépir  un  cuir. 
CREPIR  LE  CRlN.  Préparation  que  les  Cordiers  don- 
nent au  crin  du  cheval  ou  du  bccuf ,  en  le  faifant 
bouillir  dans  l'eau,  après  l'avoir  cordé  pour  le  frifer, 
&  le  mettre  en  ctat'd'ètie  employé  par  les  tapiffiers, 
felliers  &  autres  artifans. 
CREPISSURE.  f.  m.  L'aétion  décrépir.  Trulliffatio ,  in- 
cruftatio.   Il  a  tant  coûté  pour  la  crcpijfure  de  cette 
muraille. 
CREPITATION,  f.  f.  Bruit  que  les  bouts  ou  pièces  d'os 
font  en  fe  froiffint  enfemble,  lorfque  le  Chirurgien 
remue  le  membre  pour  s'affurer  de  l'exiftence  d'une 
fradture,  par  l'organe  de  l'ouie.  Un  des  fignes  fenfi- 
bles  des  fraélures  eft  celui  de  la  crépitation.  M.  le  Ch. 
DE  Jaucourt. 
Crépitation  dans  les  fractures,  crai^uement qn on  {ent 
en  preffanc  les  tumeurs  emphyfémateufes,  &  cliquetis 
dans  les  articulations. 
Crépitation  fe   dit  au.HR  du    bruit   redoublé   d'une 
Hamme  vive  qui  pétille.  Crépitas.  Crepitantibu's  urere 
flammis. 


CKEPODAILLE  ,  ou  CRAPAUDAILLE.  f.  f.  Crêpe 
fort  délié  dont  on  fait  des  cocffes  de  femmes  fc  des 
voiles  de  Religieufes.  Le  peuple  prononce  crapadMle. 
Pannus  hoinbyclnus  crifpus  &  tenuis. 

CR.ÊPON.  f.  m.  C'eft  une  étoffe  de  foie  cuite,  qui  eft 
exceilivement  tortillée.  Pannus  bombycinus  cr'ifpatus. 


crépus  qu'ils  n'étoient.  Il  le  à\x.  aulfi  de  la  moulle,  que 
La  Quintinie  dit  être  une  petite  herbe  hifée  &  crépue. 
CREPUSCULAIRE,  adj.  Cercle  crépufculaire,  c'eft  le 
cercle  terminateur  des  crépulcules.  Voyez  CREPUS- 
CULE. 
CREPUSCULE,  f.  m.  Lumière  foible  qui  précède  le 
lever  du  foleil,  ou  qui  relie  après  fon  coucher  jufqu'à 
ce  que  la  nuit  foit  venue.  Crepufculum.  On  prétend 
que  le  crépulcule  commence  «Se  finit  lorfque  le  fo- 
leil eft  environ  iS  degrés  au- deffousde  Ihoiifon. 
Les  parties  les  plus  raréfiées  de  l'air  réiléchillenc 
la  lumière  5  ^  tant  que  le  ioleil  en  éclaire  quelques- 
unes,  elles  font  vihbles  à  ceux  à  qui  la  convexité 
de  la  terre  n'en  dérobe  pas  la  vue.  Les  crépufcules  font 
plus  longs  dans  les  folftices  que  dans  les  Equinoxes  j 
dans  la  Sphère  oblique  que  dans  la  Sphère  dioite.  La 
caufe  des  crépufcules  ne  doit  pas  être  attribuée  entiè- 
rement à  notre  air,  puifqu'il  y  aune  certaine  matière 
éthérée  qui  environne  le  foleil,  comme  s'il  avoir  lui- 
même  une  efpéce  d'atmofphère  \  ce  que  l'on  peut  re- 
marquer ,  par  exemple  ,  après  le  coucher  du  foleil , 
car  elle  eft  toujours  plus  de  tems  que  le  foleil  à  fe 
lever,  ou  à  fe  coucher.  Avant  le  lever  elle  paroît  de 
figure  circulaire  ,  parce  que  c'eft  un  fegment  de  i'at- 
mofphère  du  foleil  coupé  par  l'horifon.  En  un  mot  i"a 
lumière  ell:  tout-à-Iait  difterente  de  celle  qui  naît  de 
l'atmofphêre  terreftre.  injiit.  Jftronom.pag.  j^oi. 

Les  Crépufcules  d'hiver  font  plus  courts  que  ceux 
d'été ,  parce  que  l'air  eft  plus  condenfé  en  hiver  &  a 
conféquemment  moins  de  hauteur.  Par  la  même  rai- 
fon  les  crépulcules  du  matin  f  mt  plus  courts  que 
ceux  dufoir.  La  chaleur  du  jour  dilate  &  raréfie  l'air, 
augmenre  fon  volume  &  fa  hauteur. 

Papiasdérive  ce  mot  de  creperus  ^  qu'il  dit  avoir  fig- 
nifié  autrefois  incertain  &c  douteux ,  comme  étant  une 
lumière  incertaine- 
Crépuscule  fe  dit  au  figuré  de  l'efprit  &  de  la  raifon. 
M.  du  Bois,  Auteur  des  Conférences  d'Angers,  le 
prend  pour  les  premiers  tems  où  l'on  commence  à 
avoir  l'ufage  de  la  raifon.  Plufieurs  Docteurs  croient 
que  dans  ce  crépujcule  de  la  raifon  le  manque  de  con- 
noilfance  excufe  les  enfans  de  péché  mortel  (s'ils  ne 
font  pas  des  acLes  d'amour  de  Dieu.)  Conf.  d'Ang. 
CREPUSIUS ,  CREPUSI  A.  f  m.  &  f.  Nom  propre  d'une 
famille  de  l'ancienne  Rome.  Crepujiagens.  La  famille 
Crepufia  eft  peu  connue  :  il  y  a  une  médaille  de  cette 
famille  qui  a  d'un  côté  deux  figures  deMagiftratsalîîs 
fur  deux  chaifes  curules,  devaiireux  un  épi,  derrière 
Pa.  dans  l'exergue  m.  tani  cri.  De  l'autre  côté  une 
tête  de  femme  couronnée  d'épis  deblé.  Aed.  Pl.  c'eft- 
à-dire,  Aeddis  plehis.  Ces  derniers  mots  font  juger  à 
M.  Patin  que  fi  cette  médaille  eft  d'un  Crepufus,c&nQ 
fauMlle  étoit  plébéienne. 
CRÉQUI.  Cr<f^i/iw«.  Bourg  ou  village  en  Artois,  à  trois 
lieux  au  Nord  d'Hefdin.  C'eft  de  ce  bourg,  qui  a  titre 
de  Duché,  que  l'illuftre  maifon  de  Créqui  a  pris  fon 
nom. Baudouin  l^t  Créqui,  Chevalier  célèbre,  avoic 
pçur  devife  Nul  ne  s'y  frotte. 
CRÉQUIER.  f.  m.  Prunier  fauvage  ,  ou  cerifier  croif- 
fant  dans  les  haies  de  Picardie  :  Prunus  vel cerafus Jll- 
vejlris.  Il  eft  devenu  terme  de  Blafon,  à  caufe  que  la 
Maifon  de  Créqui  poae  dans  fes  armes  un  Créquier 
de  gueules  en  champ  d'or.  On^e  repréfente  avec  fept 
branches  en  forme  de  chandelier,  portant  des  petits 
fruits  comme  des  câpres.    Quelques-uns  croient  que 
c'eft  uri  arbre  imaginaire.  D'autres  alTiirentqu'il  vient 
fur  les  bords  d'une  rivière  qui  arrofe  les  prés  de  la 
Maifon  de  Créqui.   Les  Picards  appellent  fon  fruit 
crèqucs ,  &  dans  leur  vrai  Yi?i^o\s  Jourderaincs.  Dom 


s 


C  R  E 

Dupleiïîs ,  dans  fa  Defcnption  Géogr.  Sc  HlJ.  de  la 
Haute  Norm.  f.  Ijf.  lyx.  prccend  que  Crequi  vient 
abfolument  de  Kenh  j  inoc  Teutonique  qui  fignitie 
une  Ealije  ,  &  que  Créquier  fignifie  un  candélabre  ou 
un  giand  chandelier  à  lept  branches  ,  tel  qu'on  en 
voit  dans  un  grand  nombre  d'Lghles. 

CRES.  Sorte  de  toUes  de  lin  qui  le  fabriquent  à  Mor- 
laix  en  Bretagne ,  &  aux  environs. 

CRESCENTINO.  Ville  du  Piémont  dans  le  Verceil- 
lois ,  fur  le  Pô,  prife  par  les  François  en  1704,  &:  re- 
prife  par  les  Alliés  en  1706.  Crefcentinum.  Elle  eft  à 
huit  lieues  de  Turin. 

CRESCENZAGO.  Bourg  d'Italie  à  trois  lieues  de  Mi- 
lan ,  qui  donne  fon  nom  à  une  Congrégation  de  Cha- 
noines Réguliers,  donc  le  premi^er  Monaftère  fut  bâti 
dans  ce  bourg  en  1 140,  La  F«.éforine  de  Latran  y  fut 
introduite  l'an  1502.  Hiji.  des  Ordres  MonajL  &c. 
T.  Ilpag.  4S  (S-  49. 

CRESEAU,  que  quelques-uns  écrivent  Crézeau.  f.  m. 
Etoffe  de  laine  croifée  ^  qui  elt  une  efpéee  de  grolfe 
ferge  à  deux  envers^  couverte  de  poil  des  deux  côtés. 

CRESME.  Voyez  CREME. 

CRESPE.  Voyez  CRÊPE. 

CRESPER.  Voyez  CRÊPER. 

ÇRESPHONTE.  f.  m.  Arriere-petit-hls  d  Hercule  ,  & 
Chef  des  Héraclides ,  rentra  avec  fes  deux  treres  Té- 
mène  8c  Ariftodcme  dans  le  Péloponnefe  huit  ans 
après  la  guerre  de  Troye,  &c  fe  lit  Roi  de  Melfénie.  Il 
y  a  une  l'ragédie  de  M. Gilbert ,  Secrétaire  des  com- 
mandemens  de  la  Reine  Chtiftine  de  Suède ,  inti- 
tulée :  Crejphonte ,  ou  le  recour  des  HeratUdes.  Elle 
fut  repréfentée  en  1659. 

CRESPI.  Voyez  CREPI. 

CRESPIN.  Voyez  CRÈPIN. 

CRESPINE.  Voyez  CREPINE. 

ÇRESPINETTE.  f.  f.  Sorte  de  cocfTute  dont  on  s  eft 
fervi  autrefois. 

Et  par  dejfous  la  crefpinette 

Une  couronne  d'or  pourtruue, 

CRESPINIEN.  Voyez  CRÉPINîEN. 

CRESPiR.  Voyez  CREPIR., 

CRESPISSURE.  Voyez  CREPISSURE. 
'  CRESPODAILLE.  Voyez  CREPOÛAILLE 

CRESPON.  Voyez  CREPON. 

CRESPU.  Voyez  CRÉPU. 

CRESSELLE.  Voyez  CRECERELLE. 

CRESSERETTE.  f.  f.  Nom  d'un  oifeau.  Les  œuts  des 
faifans  &  des  cre(ferettes  font  rouges.   FAULTRitR. 

CRESSI.  Ville  de  France  dans  la  Brie  ,  au  Diocèfe  de 
Meaux.  Voyez  CRECI. 

CRESSON,  f.  m.  Terme  de  Botanique.  Le  crejjon 
Alénois  &  le  crejfon  d'eau  ne  font  point  du  même 
genre  ,  quoiqu'ils  aient  tous  les  deux  leurs  fleurs  en 
croix.  Leur  fruit  fert  fur-toutà  les  diftinguer. 

Le  crefjon  Alénois ,  ou  le  Nalitor  ,  Najlurtiujn  hor- 
■tenfe ,  eft  annuel  j  fa  racine  eft  blanchâtre  ,  limple  , 
quelquefois  branchue,  ligneufe  &  chevelue  :  fa  tige 
eft  droite,  haute  de  deux  pieds  environ,  ferme,  bran- 
chue à  fon  extrémité,  &:  garnie  de  feuilles  découpées 
en  des  fegmens  plus  étroits  à  mefure  qu'elles  appro- 
chent duTommet  de  la  tige.  Ses  fleurs  font  petites  , 
compofées  de  quatre  pétales  blancs  lavés  un  peu  de 
pourpre,&difpofcs  en  manière  de  croix.  Elles  font  ra- 
mallées  par  bjtits  bouquets.  A  ces  fleurs  fucccdent  des 
fiuits  féparés  en  deux  loges  commedans  leThlafpijiSc 
la  feule  différence  qu'on  ccablilFe  entre  cesdeux  plan- 
te^ne  fe  rire  que  des  feuilles  qui  font  entières  dans  le 
Th'lafpi.Toute  la  plante  eft  couverte  d'une  Heurgrifâ- 
tre  qui  rend  glauque  la  couleur  de  fes  feuilles  &  de  fa 
tige.LeNafitor  eft  apéritif:  bon  pour  le  fcorbut.  Cette 

Î liante  donne  plufieurs  variétés;  car  tantôt  fes  teuil- 
es  font  découpées  en  des  fegmens  plus  larges ,    & 
tantôt  ces  fegmens  font  crénelés  &  frifés. 

l.ecrd^/ô^i d'eau,  Sifywhrluin  i2Ç2^ar/V«m, diffère  du 
précédenr:  i°-  Par  fes  racines  traçantes  &^tilamenteu- 
fes.  2°.  Par  fes  tiges  creufes,  couchées  fur  l'eau.  j°. 
Par  fes  feuilles  qui  fpnt  découpées  en  fegmens  arron- 


C  R  E 

dis,  &  qui  reffemblenc  à  des  feuilles  compofées.  4"*. 
Par  fes  ii^urs  ,  qui  font  tout-à-fait  blanches.  5°.  Par 
Ion  huit ,  qui  eft  une  filiqiie  longue  d'un  pouce  fur 
une  dcmi-iigne  de  largeur ,  &  compofée  de  deux 
lames,qui  s'appliquent  lur  une  cloifon  nntoyenne  qui 
divile  la  filique  en  deux  loges  ;  fes  femences  i'onr  pe- 
tites &  brunes.  Le  i.TeJ]on  d'eau  a  un  goût  piquant 
&  agréable.  On  emploie  le  aejju/^  d'eau  contre  le 
fcorbut  ôc  contre  l'hydropilie  ,  &:  loilqu'il  s'agit  de 
purifier  le  fang.  On  le  fert  en  falade ,  &  fous  les 
volailles  rôties.  On  le  met  auifi  dans  les  bouillons. 

Il  y  a  plufieurs  autres  plantes  de  cette  famille  qui 
ont  un  goût  acre  Se  piquant ,  &  auxquelles  on  a  don- 
né le  nom  de  crcljon  fauvage ,  ou  de  cardamine.  La 
plante  qu'on  a  voulu  appeler  c/t;//è«  des  Indes,A'ij/?;^r- 
tium  Indieuin  ,  n'eft  point  dugenredu  crejjofi.  Voyes 
Capucine. 

Ce  mot  vient  du  Latin  crefco  j  à  crefcendlcelerkate, 

MÉNAG. 

On  trouve  dans  la  bafle  Latinité  criffonium,  ou 
crijonium  ,  pour  fignifier  une  herbe  marécageufe. 

CRESSONNIÈRE,  f.  f.  Lieu  où  croît  le  crelfon.  Locus 
Najlurtiï  ferax.  Il  y  a  peu  de  crejjonnières  où  il  n'y  ait 
de  la  berie. 

^C?  Cressonnière,  dans  Rabelais ,  femme  qui  vend 
du  crelfon. 

Le  CREST.  Ville  de  France  en  Dauphiné  ,  fur  la  Drô-? 
me  ,  à  fix  lieues  de  Valence.  Crifia. 

CRESTEAUX.  f.  m.  pi.  Ce  mot  fe  difoit  autrefois  au. 
lieu  de  créneaux ,  &  on  le  nommoit  ainfi  à  caufe 
qu'ils  étoient  à  pointes  par  intervalles,  comme  les 
crêtes  des  coqs. 

CRESUS.  Voyez  CRCESUS. 

CRESTON.  f.  m.  En  quelques  Provinces  frontière* 
c'eft  un   chevreau,   Cupreo/us. 

CRÊTE,  f.  f.  Excroilfancede  chair  rouge  extraordinai- 
rement ,  dentelée  qui  vient  fur  la  tête  des  coqs  & 
des  poules  &  de  quelques  autres  oifeaux  de  la  même 
efpèce.  Crifia,  apex.  Les  friands  aiment  les  crêtes 
de  coq. 

0CF  Crête  ,  fe  dit  pat  relTemblance  d'un  toupet  de 
plumes  que  quelques  oifeaux  ont  fur  la  tête,  comme 
les  alouettes.  Alors  il  eft  fynonyme  avec  Huppe.  Une 
crête  d'alouette. 

C'eft  encore  cette  partie  relevée  qu'on  apperçoit  fur 
laj  tête  de  quelques  fetpens. 

On  donne  aufli  ce  nom  .1  une  rangée  d'acrêtes  que 
quelques  poi'fons  ont  vers  la  tête. 

On  appelle  crcte  de  morue  un  certain  endroit 
du  dos  de  la  morue  qui  fe  coupe  entre  le  collier  & 
l'encre-deux. 

Crête  ,  fe  dit  par  la  même  raifon  de  la  partie  des  armes 
défenfives  de  la  tête,  qui  s'élève  par  delfus  en  formé 
de  crue.  La  crue  d'un  armet,  d'un  motion,  d'ui* 
cafque. 

On   appelle  actes,    en  termes  d'Anaromie,  de» 
excroilUmce  tiui  fiuviennent  antour  du  fondement. 
On  peut  ôter  les  crêtes,  ou  par  ligature ,  ou  par  cauté- 
rifation,  ou  par  amputation.  Ces  excroilfànces  ng 
s'appellent  crêtes  que  quand  elles  reflembknt  à  des 
crêtes  de  coqs  :  elles  ont  d'autres  noms  quand  elles 
ont  une  autre  figure.  Voyez  M.  Uionis ,  des  opéra- 
tions de  Chirurgie.    On  appelle  encore  crcte  une 
éminence  tortue  &  courbée  qui  eft  au  milieu  de 
l'épine  de  l'omoplate.  On  la  nomme  aufli  l'aile  de  la 
c*hauve-fouris ,  à  caufe  de  la  relfemblance  qu'elle  a 
avec   ces  deux  chofes. 
Crête  de  coq.  Crijla  galli.  Terme  d'Anatomie.  Emi- 
nence de  l'os  ethmoïde  qui  avance  dans  la  cavité  du 
crâne,  «Se  à  laquelle  s'attache  la  partie  de  la  dure  ■ 
mère  qui  fépare  le  cerveau  en  deux  ,  &  que  l'on  nom- 
me h  J aulx.  Cette  éminence  eft  appelée  crcte  de  coq^ 
parce  qu'elle  a  de  la  reflemblance  avec  la  crcte  d'un 
coq. 
Crête  de  coq  ,  fe  dit  aufli  d'une  plante  dont  la  racine 
eft  petite  &  blanche.  Ceft  une  efpèce  de  pédkulaire. 
Pedkularis  pratenfis   lutea  ,  ou    crifia  galli.  Voyeï 
Pédiculaire. 
Crête  cb  qo<i.  Ternie  de  Conchyliologie.  Nom  d'une 

deî 


C  R  E 

des  efpcces  de  coquilles  de  mer.  CrJlagaUi ,  coucha.  \ 
Une  crête  de  coq  dune efpèce  peu  commune  ,  à  poin- i 
tes  rondes  &  feuiliées.  Geiu-  Un  groupe  de  deux] 
crêtes  de  coq  parfaites.  Id.  Une  i^re  de  coq  à  pointes. 
Id. 
Crête  marine.  Plante  qui  eft  une  efpèce  de  crith/numJ 
ou  bacille.  Les   Fiançois  &  les    Italiens  l'appellent 
herbe  de  S.  Pierre.  Ses  feuilles  font  étroites ,  mais  plus  ! 
larges  &  plus  courtes  que  celles  du  tenouil,  charnues, 
fubdiviiées  trois  à  trois,  &■  d'un  ;^oùt(alé.  Sa  tige  elt 


C   R  E  9 

Rois,  dont  les  derniers  qu'on  connoit  furent  Idomé- 
néeS:  Merion  fon  hère, la  Crece  le  gouverna  en  Répu- 
blique. Dans  la  fuite  la  C>er.ï,  vaincue  par  Metellus  le 
donna  à  l'ompce.i^'ans  la  divilîon  de lempireelle  vint 
au  pouvoir  des  LmpereuisdeConttaruinople,  &  leur 
fut  ioumile  julqu'eu  815.  cjtie  les  Sarralms  la  prirent, 
t?c  y  bâtirent  la  ville  de  Candie  ,  qui  lui  fit  perdre  Ion 
nom.  Voyez  Candie.  Vigenere  paile  de  cette  île 
dans  fon  Célar.  Quand  on  parle  de  l'Antiquité  il  faut 
toujours  dire 


la  Oc 


Lommefait  M.  de  Fcnelon  , 


cannelée ,  verte  comme  un  porreau.  Ses  fleurs  font  ra- 1      dans  le  V^.  Livre  de  Téiémaque ,  <Sc  jamais  Candie 
malfees  en  parafol  &  de  couleur  jaune.  Sa  femence  eft   CRETELER.  v.  n.  C'eil  le  terme  dont  on  fe  fert  pour 

'  '^  exprimer  la  manière  dont  les  poules  crient  quand 
elles  ont  pondu.  Cerce  poule  a  pondu,  car  elle  créteile. 
Lorfqu'elles  veulent  pondre,  elles  caquettent,  de  lorl- 
qu'elies  couvent,  eWes  glouij en t ,  glo[jent ^  glocijj'erd, 
ou  clocloquent.  CrtteUr  elt  fans  doute  un  terme  ufité 
dans  quelque  Province. 


femblable  à  celle  du  tenouil  \  mais  plus  grande.  Sa 
ocine  ell  grolfe  ,  longue  ,  d'une  odeur  &:  d  un  goût 
agréable,  âcrc  &  aromatique.  Cette  plante  croit  dans 
lès  lieux  pierreux  le  long  de  la  mer.  Ou  la  couht  dans 
la  faumure.  Elle  eft  bonne  pour  l'eftomac,  &  pour 
exciter  l'appétit  :  elle  fait  aulîi  uriner ,  &"  ouvre  les 


obftrutfions.  Crithmum :,jxnLculum  maritinium  minus, \(Z'9^^T^^^'l-'^.  m.  On  a  appelle  CrcV.-Ww  des  Ecclc- 


ou  crijtii  marina.  Voyez  Bacille. 

Crête  ,  fignifie  aulli  en  termes  d'Agriculture,  la  terre 
quia  été  tirée  en  faifant  une  folfe  de  clôture ,  &  éle- 
vée fur  le  bord  du  champ. C'ell;  aulli  le  fommet  d'une 
butte  qu'on  abat  quelquefois  pour  jouir  de  la  vue. 
Crète,  croûte -,  crute.  On  appcloit  ainfi  en  Norman-! 
die  des  terres  inutiles  autour  des  marions.  |  „ 

Ce  mot  vient  du  mot  Saxon  crofia,  qui  eft  fort  com-  f  CRE 1  ENISTE.  f  i.  Cretemfta.  S 
mun  dans  les  anciens  titres  d'Angleterre.  Huet.      \     gation   de   S.  Joleph.    Nom_  c 

Crêtes,  on  appelle  ainli  en  bâtiment,  les  cueillies, 
ou  arrctieres  de  plâtre,  dont  on  Icelle  les  tuiles  lai- 
tières. 

Crêtes.  Les  Marchands  de  blé  appellent  à  Paris  une' 


fuiliques  que  M.  Crétenet  érigea  en  Communauté 
vers  le  milieu  du  dernier  liècle  ,  avec  la  pi^rmif- 
lîon  de  M.  le  Cardinal  de  Richelieu  ,  Archevêque 
de  Lyon.  Us  ont  été  fondés  par  M.  le  Prince  de 
Conti  &  M.  le  Aîarquis  de  Coligny.  On  voit  fort 
au  long  leur  origine  &i  leur  établifFemeiu  dans  la 
vie  de  M.  Crétenet,  imprimée  à  Lyon  en  i5So. 

'œur  de  la  Congrega- 
que  Ton  a  donné  en 
quelque  lieu  aux  Sœurs  de  la  Congrégation  de  S. 
Jofeph  ,  parce  qu'elles  ont  été  inftituées  par  un 
Chirurgien  natif  du  bourg  de  Champhte,  au  Comté 
de  Bourgogne  ,  &   nommé  Crétenet. 


crête  à^  blé,  ce  qu'on  appeleroit  ailleurs  un  tas  de  ;;CRE'l  INE.  1".  f.  Alluvio.  Ce   mot  fe  trouve  dans  une 


:'eft , 


blé.  Cumulus.  Ainli ,   mettre  le  blé  en  cr^tc 
félon  eux,  l'élever  en  forme  pyramidale. 

§Cr  On  dit  hgurément  levçr  la  crête,  s'enorgueillir 
bailTer  la  crête ,  perdre  de  fon  orgueil ,  de  'es  forces 
Rabattre  la  crête  de  quelqu'un ,  lui  donner  fur  la  crête,  j 
rabattre   Ion  orgueil,  le  mortifier.  Superbiam  retun- 
dere.  Toutes  ces  exprellionis  font  tout   au  plus  du 
difcours  familier. 
CRÊTE,  LE.  adj.  Qui  a  une  crête.  Criflaïus.  Un  coq, 
un  dragon  crête.  Il  fe  dit  particulièrement  en  Blafon  , 
de  ce  qui  eft  fur  la  tête  des  coqs  d'une  autre  couleur 
que  le  corps  entier.  On  le  dit  pareillement  des  na- 
geoires des  poilfons ,  comme  de  celles  des  dauphins. 
CRÈTE.   Ancien  nom  de  l'île  qu'on  nomme  aujour- 
d'hui Candie.  Creta.  C'eft  une  Ile  de  la  mer  Méditer- 
ranée ,  iituée  à  l'entrée  de  l'Archipel.  Elle  le  nomme 
Aërie,  Aêria\  Curétide,  ou  Pays  des  Curetés,  Cure- 
tis  -,  Hécatompole ,  ou  l'Ile  à  cent  villes ,  Hecatompo- 
lis  \   riieureufe  Macaros  ,  ou  llle  heureufe,  Macaro- 
neCos.  Cette  Ile  a  170.  milles  de  long  &  50.  de  large- 
La  Crèrc  a  été  célèbre  dans  l'antiquité  par  bien  des  en 
droits.  Jupiter  y  régna ^  &  ,  .1  I'oh  en  croit  les  Poètes, 
il  y  fut  caché  par   Cybèle  fa  mère,  pour  empêcher 
que  Saturne  Ion  père  ne  le  dévorât  comme  fes  autres 
enfans  ;  il  y  fut  élevé  par  les  Curetés.  Avant  Minos 
l'hiftoire  de   Crète  eft  incertaine  ou  fabuleufe.  Ce 
Prince  j  fils  d'Europe  &  d'Aftérius,  Roi   de  Crète, 
félon  Eufèbe,  &  félon  ApoUodore  ,   de  Jupiter,  & 
frère  de  Rhadamante  &  deSaipédon,   eft  le  premier 
Roi  de  Crète  dont  on  facile  quelque  chofe  de  plus 
certain.  D'autres  remontent  jufqu'à  Teftamus,  fils  de 
Dorus  ,  petit-fils  d'Hellen  ,   &  arrière-peric-fils  de 
Deucalion.  Il  y  vint,  difent-ils ,  avec  les  Eoliens  & 
lesPelafges,   &  s'y  fit  reconnoître  Roi.  Il  époufa  la 
fille  de  Cretheus,  dont  peut-être,   difent-ils,  vient 
le  nom  de  Crète,  &  il  en  eut  l'Aftérius  dont  nous 
avons  parlé  ,  &  fous  le  règne  duquel  Jupiter  enleva 
Europe, dont  il  eut  Minos,  Rhadamante  &Sarpédon. 
Aftérius  enfuite  époufa  Europe,    &  adopta  fes  fils  ,] 
auxquels  il  laifla  fon  Rovaume  ,  parce  qu'il  n'en  eut  ' 
point  d'enfans.  La  Crète  fut  encore  fameufe  par  le  fage 
gouvernement  &  les  fages  loix  de  Minos  ,  l'enlève 


ancienne  traduction  des  Inlacuts  de  Juftinien.  C'eft 
un  accroillement  qui  fe  fait  peu-à-peu. 
CRETOIS,  f  m.  &  f.  Qui  eft  de  Crète.  Cres  ,  Cretenfis 


aint   Paul  rapporte  ,  La.  1.  1 1.  qu'un  de  ceux  de 
cette  île   difoit  d'eux  :    Les    Cretois  font  roujours 
menteurs ,  ce  font  de  méchantes  bêtes ,  qui   n'ai- 
ment qu'à   manger  &  à  ne  lien  faire.  Port-R.  Les 
Cretois  étoient  bons  foldats  ,  habiles-  fùr-tout  à  tirer 
de  l'arc.  A  peine  le  vaiffeau  Phénicien  fut  arrivé  , 
que  les  Cretois  donnerenr  à  Téiémaque  &  à  Mentor 
toutes  les  marques  d'amitié  lincere.  Fénelon.  Ou 
dit   Cretois ,  en    parlant    des    anciens  Habitans  de 
l'ile  de  Crète  ;  &  Candiots  ,  en  parlant  des  Habitans 
de  la  même  île  ,  depuis  qu'elle  s'appelle  Candie. 
Ces  mots,  félon  quel  {ues-uns,  viennent  de  Cretheus^ 
comme  nous  l'avons  dit  \  mais  ce  que  l'on  en  dit 
iVeft  p.as  lur.  Bochard  ,  dans  fon  Chanaan.  L.  I.  C. 
15.  prétend   que  c'eft  un  nom    Phénicien.    Dans  la 
Paleltine,  dit  il ,  on  appeloit  THD  ,  Cretki  ou  Creti , 
un  Archer ,  un  homme  h:\bxlc  à  nrer  de  l'arc  Les  Ha- 
bitans de  cette  lie  étoient  très- habiles  dans  cet  art; 
c'eft  pourquoi  on"  leur  donna  ce  nom.  Grotius,  &: 
d'autres  encore,  adoptenr  ce  fentiment,en  parlant, 
des  Céréthi  &  Piélett  ,  dtmt    rEcruu.re  fait    men- 
tion dans   l'hiftoire  de  David.  Voyez  Ceretien. 

CRETONNE,  f  f.  Sorte  de  toile  blanche,  qui  fe  fa- 
briqué en  Normandie  du  côté  de  Lifieux.  Ces  toiles 
ont  été  ainfi  appelées  du  nom  de  celui  qui  en  a  fa- 
bnque  le  premier. 

CRETONS.  f  m.  pi.  Petits  morceaux  de  graille  de 
porc,  frits  dans  la  pocle. 

CREU.  Vovez  CRÛ. 

CREUE.  Voyez  CRUE. 

CREV AILLE,  f  f  Repas  où  l'on  mange  par  excès , 
&  jufqu'à  être  prêt  à  crever.  Jmmodcratum  epulum. 
Les  fréquentes  cr£vailles  ruinent  la  fanté.  Ce  mot 
eft  des  plus  bas.  Rabelais  s'en  eft  fervi. 

Crevaille,  eft  aufti  un  terme  de  Poclie ,  félon  quel- 
ques perfonnes  ,  qui  appellent  crevaille  la  pièce  de 
Saint-Amand  ,  qui  a  pour  titre  la  Débauche ,  ou  le 
Cabaret.  EpuU  j  convivium  j  compotatio  ,  helluatio  , 
perpotatio. 


ment  d'Europe  ,  les  amours  de  Pafiplnc,  le  tribut  CREVANT  j  ou  GRAVANT.  Petite  ville  de  France 
impolé  par  Minos  aux  Athéniens  de  douze  jeunes  en  Bourgogne  ,  au  Diocêfe  d'Auxerre,  proche  le  con- 
hommes  par  an  ,  le  Minotaure  ,  le  Labyrinthe  bâti  fluent  de  la  Cure  &  de  l'Ionne,  fameufe  p.ir  la  ba- 
par  Dédale,  la  victoire  de  Théfée,  &c.  Après  les  taille  qui  s'y  donna  entre  les  François  &  les  Aa 
Tome  ni.  " 


B 


ïo  C  R  E 

glois.  Crevennum.  Elle  ell  à  quatre  lieues  d'Auxerre. 

CREVASSE,  f.  f.  Fente  qui  fe  fait  à  une  choie  qui 
s'entrouvre  ou  qui  crève ,  rima  ,  fi(fura.  Il  y  a  plu- 
fieurs  crevajjes  dans  ce  mur.  Les  aevajjes  de  la  terre 
font  produites  par  la  fécherelle.  Les  engelures  font 
des  C!eVii[jei  fur   les  lèvres. 

Crevasse  en  maicchalleiie,  c'eft  auffi  une  fente  qui 
fe  fait  aux  pâturons  &  aux  boulets  d'un  cheval,  d'oii 
fort  une  eau  rouife  S>c  puante,  t^^'uru  in  capronis 
equiriA  fu^dginis. 

CREVASSER,  v.  a.  Faire  des  fentes ,  des  crevaifes.  Ri- 
mas agere.  Le  grand  froid  crevajj'e  la  peau.  Le  grand 
chaud  fait  que  la  terre  fe  creviiffe.  Il  fe  dit  auflî 
des  navires,  &  figniFie,  s'entr'ouvrir. /^ii^r^. 

Le  navire  comblé  de  morts  &  de  mourans, 
S'entrouve  &c  Je  crevalïè.     Breb. 

CaEVASsi,  ÉE.  Part. 

CREVHCFiÉ.  f  m.Cemots'efl:  dit  autrefois  pour  couvre- 
chef ,  qu'on  a  dit  dans  la  fuite. 

CRÈVECCËUR.  Nom  de  lieu.  Crepicordium.  Crèvecœur 
dans  le  Cambrefis  eft  une  petite  ville  que  la  vidoire 
que  Charles  Martel  y  remporta  en  717.  a  rendue  cé- 
lèbre. Elle  éroit  autrefois  défendue  par  un  château 
nommé  Vinchy,  Vinciacum,  &c  elle  avoit  un  pont 
fur  \Efcauty  qu'on  appeloit  Pons  Julius  ^  le  Pont 
Jules;  comme  s'il  avoitété  conftruitpar  Jules-Célar; 
aujourd'hui  ce  n'ell  plus  qu'un  bourg.  Crèvecœur  ^ 
dans  le  Beauvailis,  eft  un  bourg  à  quatre  lieues  de 
Beauvais,  dans  l'Ile  de  France.  Crèvecœur,  ou  comme 
difent  les  Italiens  ,  Crevocare ,  eft  un  bourg  qui  a 
titre  de  Marquifu  j  il  eft  enclavé  entre  les  Etats  de 
Milan  ,  &  ceux  de  Savoie ,  fur  la  rivière  de  Selfera. 
Crèvecxur ,  en  Hollande,  étoic  une  forterelfe  fur  le 
bord  méridional  de  la  Meufe ,  à  l'endroit  où  elle 
reço«  la  Diéfe.  Le  Roi  la  prit  en  iJyz,  &  la  ht  rafer 
en  i(î74. 

CRÈVE-CŒUR,  f  m.  Dépit  qu'on  a  d'une  chofe,  qu'on 
voit ,  qu'on  fouffre  à  regret.  Douleur  mêlée  de  dépit. 

.  Terme  familier.  Dolor  j  mœror  acerbus.  Ceft  un  grand 
■crève-cùcur  à  une  aînée  de  voir  marier  fa  cadette  la 
première. 

CREVER.  V.  a.  Rompre,  ouvrir  avec  effort  &  violence. 
Rumpere  ,  dirumpere ,  difrumpere.  La  chute  des  glaces 
a  crevé  \;x  chaulfée  de  cet  étang.  Ces  bas  de  foie  font 
Il  étroits ,  qu'on  ne  peut  les  chauller  fans  crever. 
Cet  homme  eft  fi  pefant,  qu'il  crève  les  lièges  oii  il 
s'afiied.  Ce  coup  de  balle  a  crevé  les  filets  du  jeu  de 
Paume.  Crever  les  yeux  aux  criminels  fut  un  fup- 
plice  allez  ordinaire  fous  la  11^  race  de  nos  Rois,  & 
dont  l'ufage  étoit  venu  de  l'Empire  d'Orient,  où  il 
éroit  fort  commun.  P.  Daniel.  Aiicujus  oculos  con- 
iïscre. 

Ce  mot  vient  de  crepo.  * 

IJCF  Crever,  v.  n.  fignifie  s'ouvrir,  fe  rompre  par 

.  un  effort  violent,  tiumpi ,  dirumpi.  La  foudre  ne 
tombe  que'  quand  la  nuée  crève.  Un  feu  trop  vio-' 
lent  fait  crever  les  matras  &  les  autres  vaifleaux  de 
chimie.  Son  fulil  creva  à  la  chalfe.  On  le  dit  tie 
même  en  parlant  des  bombes.  Dijjïlire,  Les  éclats 
d'une  bombe  qui  crève  font  fort  dangereux. 

Crever  ,  fe  dit  aulfi  par  les  Fleuriftes  des  œillets,  & 
de  leur  étui ,  lorfque  la  quantité  des  feuilles  les  fait 
ouvrir  &  éclater  ;  ce  qui  arrive  prefque  toujours 
aux  œillets  dont  l'érui  eft  gros  &  court.  Rumpi , 
difrumpi.  Il  eft  difficile  d'avoir  de  beaux  œillets  j  &: 
de  les  empêcher  de  crever.  Cult.  des  Fleurs. 

0\\  ditfi;;urémentjil  eft  temps  que  l'apoftème  crève  j 
pour  dire  qu'une  affaire  éclatie,  qu'elle  finiffe.  Tem- 
pus'utres  erumpjtpalàm.  On  dit  auliiqu'une  chofecrève 
les  yeux  ,  tant  au  propre  qu'au  figuré  ,  quand  elle  eft 
fous  les  yeux,  ou  li  évidente  qu'il  eft  impoilible  qu'on 
ne  la  voie.  Res  aperça  ,  manijcjta.  Notre  propre 
intérêt  eft  un  merveilleux  mftrument  pour  nous 
crever  agréablement  les  yeux.  M.  Pascal. 

Crever,  fignifie  aulli  fouler,  faire  manger  par  excès. 
Ingurp^icare  cibis.  Cet  homme  nous  a  crevés  j  tant  il 
nous  a  fait  faire  bonne  chcre.  Se  crever,  c'eft  manger 
&  boire  avec  excès.  Il  eft  d   foui,  qu'il  crève.  Ce 


CRE 

cheval  eft  crevé  d'avoine.  Un  écornifleur  mange  à 
crever.  Dans  cettte  acception  il  eft  bas ,  au  moius 
familier. 
Crever,  fe  dit  auÛi  en  parlant  des  efforts  extraor- 
dinaires qu'on  fait  ou  qu'on  fouffre.  Kumpi  ^di'umpi. 
Il  crève  de  faim  &c  de  foif  II  crève  de  chaud.  Il 
crève  de  rire.  On  dit  aulli  qu'un  homme  crève  feus 
un  fardeau  c^u'il  porte;  &  figurément,  fous  le  faix 
des  charges  qu'on  lui  impole.  Une  double  charge 
met  un  canon  en  danger  de  crever.  Les  fiors  les  plus 
élevés  viennent  crever  fur  le  rivage.  La  vague  crève 

GOD. 

Crever,  fignifie  auflî,  être  trop  plein,  regorger  Re- 
dundare.  Ses  granges,  les  greniers  crèvent  de  grains. 
Ce  Partifan  crève  d'argent.  Ce  fac  eft  (i  plein  qu'il 
crève.  Cet  homme  crève  de  grailfe.  Tout  crevé  de  che- 
nilles cette  année. 


Un  crros 


_  îrcon  qui  crève  de  fanté, 
Maisquidejens   a  bien  moins  qu'une  bu'^e y 
De  m'atta'quer  a  la  témérité , 
En  médifant  de  ma  gentille  mufe.  Mar. 

CR.EVER,  fignifie  auffî,  mourir,  &  fur-tout  d'une  mort 
violente  Interire  ^  penre,  occldere.  On  a  mis  le  feu 
à  une  tour  où  les  ennemis  s'étoient  fauves  ^  on  les 
a  tous  fait  crever.  Cette  médecine  étoit  trop  forte, 
elle  l'a  fait  crever.  Il  a  eu  le  plailir  de  voir  crever 
tous  fes  envieux,  tous  ceux  qui  le  chicanoient.  Touc 
cela  eft  banni  du  ftyle  noble.  Crever  un  cheval,  c'eft- 
à-dire ,  l'outrer  à  la  courfe  ,  le  poulfer  julqu'à  ce 
qu'il  en  meure ,  ou  qu'il  ne  puille  plus  lervir. 

On  dit.  Se  crever  de  travail ,  de  fatigue,  pour  dire  , 
travailler  avec  excès ,    s'outrer  de  travail.  Ac.  Fr, 

Crevïr,  fe  dit  aulli  figurément  en  chofes  moiales,  des 
pallions  violentes,  qui  nous  touchent  le  cœur,  qui 
nous  piquent  vivement.  Rumpi,  dirumpi.  Cet  homme 
crève  d'orgueil.  Ce  rival  crève  d'orgueil.  Cela  fera 
crever  de  rage  &  de  dépit  tous  fes  envieux.  Quand 
un  homme  charitable  voit  la  mifere  des  pauvres  , 
le  cœur  lui  crève  de  tendrelfe  ,  de  pitié.  On  dit  d'un 
impatient,  qu'il  crève  dans  fa  peau,  dans  fes  pan- 
neaux c]uand  il  ne  voit  pas  alfez  tôt  l'effet  de  ce 
qu'il  fouhaite.  Le  fecret  eft  infupportable  aux  fem- 
mes ;  elles  crèvent,  elles  étouffent  fi  elles  ne  parlent. 
BouH.  Je  crèverais  plutôt  que  d'abandonner  mon 
opinion.  A^ioL.  M.  Guéret  fait  dire  à  un  célèbre  Co- 
médien ,  Il  vaut  mieux  crever  de  rire  en  divertilïant 
le  Bourgeois ,  que  crever  d'une  belle  paffion  pour  fa- 
tisfaire  les  beaux  efprits.  Tout  cela  eft  du  difcours 
familier. 

Crevé  ,  ee.  Part. 

On  dit  d'un  gros  homme ,  d'une  grofle  femme,  que 
c'eft  un  gros  crevé ,  une  grolfe  crevée.  Il  fe  dit  par 
mépris. 

IfT  CREVET.  f  m.  Sorte  de  lacet  qui  ne  peut  être 
que  de  trelfe  ,  ferré  par  un  bout  en  forme  de  croix , 
&  pare  l'autre  à  l'ordinaire,  avec  lequel  les  femmes 
fe  lacent  en  échelle.  Encyc. 

CREVETTE,  f  f  Efpècc  d'écrevilTe  de  mer.  M.  Huet 
foutient  qu'on  a  dit  crevette  pour  chevrette  ,  parce 
que  ce  poiifon  relfemble  à  la  chèvre  par  fes  cor- 
nes ,  Il  y  a  même  des  endroits  où  tout  le  monde 
dit  chevrette.  On  dit  manger  de  la  crevette  _,  la  cre- 
vette eft  li  déUcate  qu'on  ne  peut  la  tranfporter  à 
Paris  des  côtes  de  la  balle  normandie ,  fans  qu'elle 
fe  coirompe,  à  moins  qu'on  ne  la  falïe  cuire  à  mi- 
chemin,  en  la  portant  par  la  pofte.  Elle  eft  blan- 
châtre, &  elle  devient  rouge  fur  le  feu  ,  comme  l'é- 
creviife.  Il  y  en  a  une  autre  efpèce,  qui  ne  rou- 
gir pas  à  la  cuilTon  ,  qu'on  appelle  cardon  ;  l'autre 
s'appele  la  crevette  franche.  Lémery  nomme  Chevrette 
ce  petit  poiifon  de  mer.  On  l'appelle  encore yr;//'cor, 
faiicoqiie ,  fallicoque  &:  foUcoque  ,  ce  dernier  nom  lui 
eft  donné,  parce  qu'on  prétend  qu'elle  engendre  les 
foies ,  ou  du  moins  que  leur  frai  s'y  attache.  En  effet 
fous  l'eftomac  de  la  crevette  pcchée  récemment,  on 
remarque  plufieurs  petites  vellies  inégales  collées  par 
une  liqueur  gluante.  Vues  au  microfcope  ce  font  des 
embryons  de  foies  :  cela  a  été  confirmé  par  l'expé- 


CRE 

rience.  On  a  pris  des  crtvenes  que  l'on  a  gardées  dans 
l'eau  de  la  mer  j  au  bout  de  quelques  jours  on  y 
trouva  de  pences  foies  :  on  mit  d'un  côté  des  crevet- 
tes avec  des  loles  j  d'un  autre  côte  des  foies  lans 
crevettes  :  les  foies  trayerent  des  deux  côtés  ;  les  cre- 
vectes  avec  des  foies  donnèrent  des  loles  \  les  foies 
fins  crevettes  ne  donnèrent  rien. 

fîCT  CREUSAGE,  f.  m.  Terme  de  gravure  en  bois.  Ceft 
dans  la  nouvelle  manière  de  préparer  le  bois  pour 
giaver  les  lointains ,  tx.  l'adion  de  le  creufer  aux 
places  nécellaires  avec  la  gouge,  &:  de  le  polir  avec 
le  grattoir ,  afin  de  pouvoir  delliner  dellus  &  les 
graver.  M.  Papillon. 

CREUSE,  ou  CREUZE.  Nom  de  deux  rivières  de  Fran- 
ce. Croja^  CroJîa^yMne  qui  s'appelle  la  Grande  Creufe, 
ou  fimplement  la  Creufe ,  porte  ce  nom  ,  félon  Valois, 
Not.  G  ail.  p.  i6j.  parce  qu'elle  elt  creufe ,  c'eft-à- 
dire  profonde  j  &:  félon  d'autres,  parce  que  c'eft  ce- 
lui de  fa  fource.  Elle  prend  fa  fource  dans  la  iiaute 
Marche ,  &  va  en  Touraine  fe  jeter  dans  la  Vienne  , 
après  avoir  fcpaié  le  Berry  du  Limoulin  &  du  haut 
Poitou.  "Ltl  Petite  Creufe,  Crofa  minqj-,  fe  décharge 
dans  la  grande ,  au-dcllous  des  Frolfelines ,  aux  con- 
tins de  la  Marche  &  du  Berry. 

CREUSE,  f.  f.  Fille  de  Priam ,  fur  mariée  à  Énée  , 
&  fut  mère  de  Jule  ou  Afcagne.  Comme  elle  périt 
djns  l'incendie,  Virgile  fait  par.oître  fon  ombre 
à  Enée  qui  la  cherchoit ,  &  lui  fait  dire  que  la  mère 
des  Dieux  &  Vénus  l'avoient  enlevée  aux  Grecs. 

CREUSEMENT,  f  m.  Aétion  de  creufer  Cavado,  exca- 
vatio.  Faire  rellimation  du  creufement  d'un  canal. 
Gault. 

CREUSER.  v>  a.  Rendre  creux,  faire  profond.  Cavare. 
Les  eaux  ont  creufe  la  terre.  Souvent  on  eft  oblige 
en  Orient  de  creufer  des  puits  pour  trouver  à  boire. 
PuteSm  jodcre.  Creufer  un  port.  Ab.  Les  Indiens  creu- 
fent  des  bouUeaux,  des  troncs  d'arbres,  pour  faire 
leurs  canots.  On  creufe,  on  perce  les  aunes,  pour  en 
faire  des  tuyaux  de  fontaine. 

Selon  E.  Guichard ,  creux  ,  &  creufer,  s'eft  fait  de 
l'Hébreuxma,  charak  j  qui  fignifis  en  effet,  creu- 
fer ,  fouir  e  i  terre.  Il  eft  mieux  de  le  tirer  de  ï;^^, 
^Atir^j/c/î,  labourer,  remuer  la  terre. 

tfT  Creuser,  v.  a.  Graver  en  bois.  F'oyei  Creu- 
sage. 

On  dit  figurémenten  Morale,  qu'un  homme  creuCe 
fafolTe,  fon  tombeau  j  pour  dire,  qu'il  avance  fa 
mcrt  par  un  excès  de  travail,  de  débauche,  &cc. 

En  vain  affermis  dans  h  vice  ^ 
Vous  vous  cac'n.e\  le  précipice 
Que  vous  creufe  l'impiété  ; 
Dieu  va  combler  votre  mifere  ; 
C'efi  du  tréfor  de  fa  colère 
Que  fort  votre  incrédulité.  DuchÉ. 

§3"  On  dit  .abfolument  &  fans  régime,  creufer  en  terre. 
Creufer  bien  avant.  Creufer  jufque  fous  les  fonde- 
mens.  En  creufant  on  trouvera  un  puits. 

§Cr  Dans  un  fens  figuré  ,  on  le  dit  adlivement  pour 
approfondir ,  pénétrer  dans  l'intérieur  des  chofes. 
On  dit  creufer  une  fcience ,  une  affaire  j  &  abfo- 
lument,  creufer  dans  une  affaire,  dans  une  fcience. 
Les  Modernes  ont  creufe  bien  plus  avant  que  les 
Anciens  dans  la  Phyfïque,  dans  les  fciences.  On  n'a 
pas  encore  alfez  creufe àins  ce  procès  criminef  pour 
découvrir  les  complices.  On  dit  qu'un  homme  s'eft 
aeufe  le  cerveau,  pour  dire,  qu'il  s'eft  donné  beau- 
coup d'application  ,  de  fatigue,  à  approfondir  cer- 
taine matière.  Ac.  Fr. 

Creusé,  te.  Part. 

CREUSET,  f  m.  Petit  vailTeau  de  terre  cuite  Si  fort 
feche,  qui  n'a  d'ordinaire  ni  anfe  ni  poignée,  & 
qui  fert  aux  Monnoyeurs,  aux  Orfèvres  &  aux  Chi- 
miftes ,  paur  fondre  &  calciner  l'or ,  l'argenr  iSc  les 
méraux.  Catillus  in  quo  liquatur  aurum.  Catinus.  Il 
eft  fait  en  forme  de  cône  renverfé.  Il  y  a  des  creu- 
fecs  de  différentes  matières  :  dans  nos  monnoies  il 


CRE 


II 


y  en  a  de  terre  &  de  fer.  Ce  qu'on  appelle  creufec 
de  terre ,  n'eft  autre  chofe  qu'un  vaiiTeau  en  ma- 
nière de  pyramide  ou  de  cône  renverfé  ,  qui  eft  fait 
de  rerre  glaiie  &;  de  pots  de  grais  piles  &;  tamifés-, 
on  s'en  fert  pour  fondre  l'or,  i'aigent  &  les  autres 
méraux.  Qiiant  au  crcufct  de  fer,  ceft  un  vailicau  en 
manière  de  petit  leau  lans  anfe,  qui  eft  de  ier  forgé, 
&  qui  eft  propre  à  fondre  les  métaux ,  à  la  réferve 
de  l'or,  parce  qu'il  s'y  aigriroit.  Boiz.  Il  y  a  des 
cvvi^erj  de  terre  qui  tiennent  julqu'àtroisàquatre  cens 
marcs  j  mais  on  ne  fe  fert  dans  les  monnoies  que  de 
ceux  de  cent  marcs  pour  fondre  l'or.  Les  creujets  de 
fer  font  ordinairement  plus  grands  que  ceux  de  terre. 
Il  y  en  a  qui  tiennent  jufqu'à  1400  à  1500  marcs. 
J'en  ai  même  vu  dans  la  Monnoie  de  Pans  qui  te- 
noient  jufqu'à  1700  marcs  &  plus ,  &  qui  y  ont 
lervi  long-remps.  Id.  On  obferve  de  mettre  toujours 
dans  le  creufet  moins  d'or  ou  d'argent  qu'il  n'en  pput 
tenir.  1°.  Parce  que  l'or  pécdle  beaucoup  lorfqu'il 
eft  au  plus  haut  degré  de  chaleur,  i".  Parce  que  le  Fon- 
deur en  pourroit  répandre  en  le  retirant  du  feu  pour 
le  jettecen  lames.  5°.  Afin  que  fi  rElfayeurne  trouve 
pas  l'argent  du  titre  qu'il  faut ,  on  puitfe  remettre 
dans  le  creufet,  ou  du  fin,  ou  de  l'alliage.  4".  Afin 
qu'on  puilfe  plus  aifément  braller  les  matières  quand 
elles  /ont  en  bain.  Il  fe.fait  aufli  de  grands  creufets 
pour  les  fourneaux  de  Verriers ,  qui  ont  beaucoup 
de  capacité. 

Charger  le  creufet,  c'eft  en  terme  de  Monnoie,  quand 
il  eft  au  plus  haut  degré  de  chaleur ,  &;  qu'il  pa- 
roit  blanc,  y  jetter  les  matières  que  l'on  veut  fon- 
dre. Faite  relfuer  le  creufet,  autre  rerme  de  Monnoie. 
Quand  un  creufet  de  ter  n'eft  plus  en  état  de  fer- 
viij  on  le  met  le  fond  en  haut  lut  les  barreaux  d'un 
fourneau  à  vent,  &  on  fait  un  grand  feu,  afin  de 
faire  fondre  l'argent  qui  eft  attaché  au  creufet;  c'efl 
ce  qu'on  appelle  faire  relTuer  le  creufet.. 
Creuset,  s'eft  dit  figurément  des  épreuves  que  Dieu 
envoie.  C'elt  une  vertu  éprouvée  dans  le  creufet.  Il  a 
été  mis  au  creufet  de  la  tcibulation.  Ces  métaphores 
ont  vieilli,  &  ne  fe  diroient  plus  que  dans  le  ftyle 
familier,  ou  en  fait  de  fpirirualité. 

Ce  mot  vient  de  l'Hébreux  keres  ,  qui  fignifie  tefla  , 
ficiile.   Du  Cange    le   dérive  de  crufelinum ,   qui  a 
fignifié  dans .  la  balTe  Latinité ,  un  petit  vaiffeau  à 
boire. 
CREUSON.  f.  m.  On  nomme  ainfi  à  Milan  l'écu  on 
piaftre  du  pays.  Il  vaut  env'ron   j  livres  17  foldis 
Milanois. 
fer  CREUSURES.  Cavités  pratiquées  fur  différentes 
matières,  &  qui ,  félon  qu'elles  font  plus  ou  moins 
profondes,  s'appellent  trair,  crenelures,  cannelure, 
rigole  ,  rainure,  àc. 
§3=-  CREUTZNACH  ou  CREUTZENACH.  Cn^cinia- 
cumoa  Crucinacium.  Ville  d'Allemagne,  au  Palatin  du 
Rhin  fur  la  Nave,,  qui  la  partage  en  deux  parties  , 
avec  un  château  fur  une  hauteur. 
liCrCREVURES  ou  CREVASSES,  en  gravure.  Endroit 
où  les  tailles  font  confondues  dans  l'ouvrage  ;  dé- 
faut qui  provient,  ou  de  l'eau  forte,  ou  des  coups 
de  burin. 
CREUX,    euse.  adj.    Profond.  Altus,  profundus.  Les 
puits  des  mines  ne  font  pas  bien  creux.  Il  faut  faire 
des  tondemens  bien  creux  dans  des  terres  fablon- 
neufes.  Plus  les  rivières  font  creufes ,  plus  elles  font 
navigables. 

On  le  dir  aufîi  des  chofes  étendues  en  longueur.  Pro- 

tenfus,   extenfus.  Cette  maifon  eif  fort  creufe,   fort 

profonde.  Cette  forêt  eft  fort  creufe  ^  fort  étendue. 

%fT  En  terme  de  chalTe  trouver  buiflon  creux ,  c'eft  ne 

trouver  plus  dans  l'enceinte  la  bête  que  l'on  avoir 

détournée;  &  au  figuré,  l'on  dit  familièrement  qu'on 

a  trouvé  builTon  creux,  quand  on  n'a  pas  trouvé  la 

chofe  ou  la  perfonne  que  l'on  cherchoit. 

[Creux,  fignifie  auflî ,  qui  eft  vide ,  qui  a  une  cavité 

intérieure,  foit  naturellement,  foir  par  art.  Vacuus 

;      intus  &  inanis.  Les  colonnes,  les  ftatues  de  métal 

font  creufes  en  dedans. 
ifT  On  dit  qu'un  homme  a  les  yeux  creux  pour  dire 

Bij 


pour 


ïi  C  R.  E 

enfoiicés.-d-ansJa  tête  :  qu'on  a  le  ventre  creux 
dire  qu'on  a  belom  de  manger. 
Le  peuple  appelle  creux  ce  que  les  Géomètres  appel- 
,  lent  cj'.cave. 
Creux,  le  dit  figurcm:nt  des  viandes  légères.  îevis. 
.Les  cornets  de  métier,  les  periti  choux,  la  crème 
fouettée,   font  des  viandes  crcujes ,  par  oppohcion 
à  nourriture  foiide.  (jn  du  autîi  de  lalvîudque,  des 
longs  récits  de  vers  &ç  de  profe ,  que  ce  font  des 
viandes  creujcs.   On  dit  d'nn  repas  où  il  n'y  a  pas 
iuliifamment  à  manger,  qu'il  n'y  en   a  pas  pour  la 
'  dent  crc:jfe  de  quelqu'un  j  pour  dire  qu'il  en  man- 
.  geroit   bien   davantage. 
Creux  ,  fe  ditaulli  au  fubftanrif-,  cavité,  vide  ,  pro- 
fondeur. Cavus  j  cavum.  Il  eft  tombé  dans  un  creux  , 
pour  dire ,  dans  -un  trou.  On  fe  peut  cacher  dans 
■  '\t  creux  d'un  arbre.  Le  creux  delà  main.   l^Q  creux 
de  l'eftomac  \  cavité  extérieure  qui  eil;  entre  l'efto- 
-.mac  &  la  poitrine. 

Je  ne  puis  arracher  du  creux  de  ma  cervelle  j 

Que  des  vers  plus  forces  que  Ceux  delà  PuceLle.^ow., 

r.  . 

G,AEux ,  en  terme  de  Droit ,  fe  dit  des  droits  cafuels 

des  Curés,   &  de  tout  ce  qu'ils  reçoivent   au-delà 

,  du  gros  ou  de  leur  portion  congrue.  Les  creux  font 

principalement  ce  qui  elt  donné  aux  Curés  pour  l'ad- 

niiniftration  des  Sacremens,  ôc  pour  les  fépultures  , 

.,  les  offrandes,  les  rétributions  des  MelFes ,  les  fonda- 

^  tions,  à'c.  Le  creux  s'appelle  aulii  honoraire. 

Creux,  fignifie  chez  les  Mulîciens ,  un  voix  qui  def- 
cend  fort  bas.  Ima  vox  j  gravis.  Ce  Chantre  a  un  beau 
,    creux  de  voix. 

Creux,  chez  les  Fondeurs  ,  eft  un  moule  dans  lequel 

.  ils  jettent  leurs  figures  ,  ou  leurs  autres  ouvrages. 
Typus  J  jorma.  Un  creux  fert  aiifli  à  ceux  qui  mou- 
lent ei>  plâtre  &  en  cire.  On  a  apporté  à  Paris  tous 
les  creux  des  plus  belles  figures  de  Rome  \  les  creux 
de  la    colonne  Trajane ,  qu'on  a  fait   mouler.  On 

^  appelle  colonne  cnufe ,  celle  qui  eft  dans  un  efca- 
lier  à  yis ,  pour  monter  jufqu'au  deiïlis.  Ori  le  die' 

.  a-uAî  des  poinçon^  &  coins  gravés  dont  l'empreinte 
fait  des  figures  en  relief. 

ÇaEUx,  fe  dit  figiirément  en  chofes  fpirituelles  amo- 
rales, &  fignifie,   vain,  léger,  peu  folide.  ïnanis  ^ 

;  -va/uis'j  y'açuui,Jaifus  j  levis.  C'eft  i^rt^rVeàu  g  eux , 
pu  vide  j_  un.efprit  creux  ,  ou  villonnaire  j  une  pen- 
fée  creuj'e  ,  qui  n'a  point  de  folidité.  Il  le  repaie  de 
vaines  cfpérances  ,  d'imaginations  crei^è.«.  Il  ne  faut 


CRI 

long  &  noir,  ainfi  que  les  jambes  &  toute  la  tête; 
mais  le  delîous  du  cou  &  de  la  poitrine  ,  &:  le  dei- 
ius  des  épaules  eft  blanc.  Le  relie  du  corps  eft  de 
couleur  cendrée.  Ses  ailes  font  brunes  ou  noirâtres, 
avec  une  ligne  blanche  fur  chaque  coté  en  travers. 
L'on  n'en  voit  pas  en  France.  Quelques-uns  veulent 
que  ce  loit  un  Corlieu  ou  une  Barge.  Il  le  nourrie 
de  petits  infeties  qu'il  trouve  fur  la  terre,  &  de 
mouches  qu'il  attrape  en  l'air,  ainli  que  le  Vanneau. 
Il  fait  beaucoup  de  bruit  en  volant.  Le  Crex  étoit 
de  mauvais  augure  chez  les  Anciens,  fur-tgut  pour 
les  mariages.  Foye:^  Meziriac,  p.  it/i. 
Cre:^.  C'cll  auill  le  nom  qu'on  donne  au  cri  de  FAvo- 
ieta,  qui  eft  un  oifeauque  l'on  voit  en  Italie.  Je  viens 
d'entendre  le  crex  d'un  Avofeta. 

C  R  I 

CR.I.  f.  m.  Voix  haute  &  pouliée  avec  effort  :  grande 
élévation  ou  eftort  de  voix.  Clamor.  On  le  dit  des 
hommes  &  des  animaux.  Les  douleurs  de  la  goutte 
font  jetter  dg  hauts  cris.  Dans  le  fac  d'une  ville  ou 
entend  plufieurs  cns  &  lamentations.  Les  Vidoneux 
pouiient  des  cris  d'allégrelfe. 

|CF  Clameur  &  cri,  mots  fynonymes  par  l'idée  géné- 
rale mais  diftingués  par  l'idée  particulière  qu'ils  pré- 
fentent  à  l'efprit.  Cndéfigne  limplement  une  éléva- 
tion de  voix,  fouvent  modifiée  par  des  cpithètes.  Cla- 
meur A\x.  quelque  chofede  tumultueux  ,  d'excefiif ,  ôC 
prefque  toujours  fans  fondement.  Refpeéfer  le  cri 
public;  méprifer  les  clameurs  des  fots,  delà  populace. 
Ce  mot  eft  ancien  dans  la  langue.  Il  eft  Celtique 
ou  bas  Breton.  Cri  fe  dit  de  la  voix  ordinaire  &: 
naturelle  de  certains  oifeaux.  Le  cri  des  hiboux,  des 
orfraies  eft  de  mauvais  augure.  Le  cri  de  la  corneille 
annonce  la  pluie. 

On  le  die  aulïï  d'une  voix  plaintive  &  quelque- 
fois balTe ,  qui  fert  à  témoigner  l'oppreffion  qu'on 
foufFre.  Clamor.  Un  bon  Prince  ne  doit  par  fermer 
l'oreille  aux  cm  ,  aux  plaintes  de  fon  peuple.  L'ame 
accablée  par  la  douleur ,  fe  foulage  &  fe  relâche  par 
des  pleurs  &  par  des  cris.  îvîont.  L'afïliétion  lui 
caufoit  des  cris.  S.  EvR. 


Sio/ij  le  jour  approche  oà  le  Dieu  des  armées 

Va  de  fon  bras  puisant  faire  éclater  l'appui  j 

Et  le  cri  de  fo-n  peuple  ejc  monté  jufqu.' à  lui.  Rac< 


,    prelquc  point  fonger  d'abord  aux  paroles  ;  il  ne  faut  Cri  public  ,  fignifie,  ban,  publication  qui  fe  fait  !iau 
,   longer  qu'aux  chofes,  fans  lefquelles  le  difcours  eft       tement,  &  après  avoir  amaiTé   le   peup 


creux  &  vide  de  fens.  Bouh.  Les  ponfées  creufes  Sc 
profondes  font  en  quelque  façon  fejnblables  aux  aby- 
mes  ,  dont  la  profondeur  étonne  &  trouble  la  vue. 
.iDi  Ce  qui  parqit  trop  recherché  pafle  aifément  pour 
creux,  C-c  pour  chimérique.  S.  Real.  Il  ne  fe  peut 
■  rien  voir  de  plus  creux  ni  de  plus  frivole  que  cette 
penfc-e  :c'ell  du,  faux  tout  par.  Bouii. 

On  , dit  ea  ce -fens  d'un  mélancholique ,  que  c'eft 
un  fonge-creuxj  un  rcveur.  Inanihus  pajat  Je  Jbm- 

i.aiif.  ,.   ■.    ,   ^-, 

Creux,  ;eti  terme  de  Marine,  eft  la  hauteur  ou  dif- 

-  tancç  jQui  ,eft  entre  les  b;igx  Sç  les  varangues  d'un 
:  ;  yaUîe^ii  v.ou^  depuis  le  dcirqus  dti .  pont  jufqu'à;  la 

quille  :  on  l'appelle  anffi  pomal.   Il  fe  prend  quel- 

-  quefois  pour  le  iein  d'une  yoile  qui  reçoit  «Se  enferme 
:    le  yent.        :  ,. 

Creux,  en  terme  de  jeu  de  cartes,  fe  dit  d'un  jeu 

dont  les  cartes, ne  font  point  dé  fuite.  Lesjeux:cre^;c 

font  les  plus  difficiles  à  tenir.  : 
CREUXER,  oiiKREUX.  f.  m. C'eft  en  Allemagne  tout 
,     enfemble  tiné  monnoie  courante,  <5c  une  monnpie 

de  compte.-.',.  :  ,  _.:.:'. 

.CREX.  f.jm.  C'eft  unoifeati-,,,ajriîî'  appelé  à  caufe  de 

fon  cri,  &  qu'il  répète  fonvent  «-cv,  crex.  Cet  oi- 
.     feau  eft  auirr  appelé  Avofeta.  Il  eft  haut  monté  fur 

fes  jambes  comme  un  chevalier ,  mais  un  peu  plus 


pie  ,  foit  en 
guerre,  foit  en  fait  de  police.  Promu! gatio  auclorc 
Magijlratu^  Principis  cdiclum  ^  Rcgium  cdiclum  pro- 
mirxiatum  publiée.  On  a  publié  un  tel  ord^e,  un  tel 
règlement,  à  fon  de  trompe,  &  cr/  public,  au  fon 
du  tambour.  Les  cris  fe  font  dans  \ts  carrefours  & 
lieux  publics. 

Scaliger, dérive  ce  mot  de  qiuritare.  On  appelle 
cri  public,  ce  qui  eft  publié  à  fonde  trompe,  par 
ordre  de  Juftice. 

Cri  ,  fe-  dit  anfli  en  parlant  de  ces  petits  Marchands 
qui  vont  vendre  ou  acheter  par  la  ville  de  menues 
denrées  Ou  marchandifes  ,  qui  annoncent  à  haute 
voix  plufieurs  chofes  pour  la  commodité  du  public. 
Propolarum  venaluia pr&conia  ,  rerum  venalium  prs.co- 
nium.  Ainfi  on  appelle  les  cris  de  PariSj  ceux  des 
Gazetiers  ,  des  Gagne-petits  j  des  Ramonneurs,  des 
Revendeufes,  &c.' 

Cri,  en  terme  de  chaffe,  fe  dit  premièrement  du  cri 
naturel  de  plufieurs  animaux,  comme  du  léopard, 
de  la  panthère,  de  la  giraffe,  du  tigre,  du  loup- 
■cervier  ,  du  lièvre,  du  lapin,  du  chevreuil  &  di» 
flion.  Clamor.  Mais  à  Féga.rd  du  loup,  on  dit  qu'il 
hurle.  Ululât.  Que  le  cerf,  le  daim  brament.  'Clamât. 
Que  le  fanglier  grumèle.  Frendet.  Que  le  boeuf,  le 
buil-j  iSi  l'ours  beuglent.  Mugiunt.  Le  cheval  hennit. 
Hinnlt.  L  âne  brair.  Rudit. 


gros ,  -moindre  néanmoins  que  le.coriis.  Il  a  le  bec  '  Cri  ,  fe  dit  aulli  à  l'égard  des  chaftsurs ,  du  bruit  qu'ils 


c  Pc  î         _  c  a. I  îi 

font  quand  ils  parient  aux  chiens  pour  !es  fucterj 
ou' les  aranier  à  pourluivre  la  bcice.  Clamât:  Comme 
hcurvùt.-,  eft  un  ai  pour  fairs  letouiner  les  chiens, 
quand  ils  font  hors  des  voies  ;^a'-!j  A^/^,  <:«  poul- 
ies faire  requérez  quand' ils  l'oni  eii  début  5  /lari  j  .    ,  „         _        ^ 
/U.77,  pour  les  faire  craindre  quand  lis  branlent  du'iJCr  CRIARD,  arde.  adj.  Qui  eà  iujec  à  criei ,  qui 
change.  H.iriou  eli  le  cri  qu'on  fait  à  la  vue  du  loup  ;       fe  plaint  ou  gronde  louvcnt  &  fans  iujet.  CVL.w-i^yw, 
&  houj  hou,  qifand  on  l-e  pouruiit.  f^  cueau  ,  eli:  lej 


clice  de  l'aiguille  de  l'Opérateur.  Sonans :,  refonaïui 
En  réiccrant  cette  opération  tie  la  cararacfe  lui  l'oeil 
droit,  après  avoir  plongé  1  aigudle  à  l'oidinuue  j  fO- 
pérareur  fencit  fous  (on  aiguule  une  membrane  dura 
&  criante  i  qui  rélutoi:  à  l'ar^uiile.  Pinson. 


cri  qu'on  fait  ans   chiens  courans,  à   la  vue  du  re- 1 
rard  ou  du  lièvre  \  tayau  ,  quand  on  lance  le  cerf,] 


c:c. 


Cri  ou  Cri  d'armes,  en  terme  de  Dlafon,  eft  un 
certain  mot  qui  ferc  de  devife,  &  qu'on  met  au  cimier 
des  armes:  ce  qui  vient  d'un  certain  cri,  ou  lignai 
que  les  chefs  de  maifons,  ou  les  foldars  crioient  à 
la  ouerre.  ALchgmus  g&ntilitius.  Autreloisnul  n'étoit 
reconnu  pour  Gentilhomme  de  nom,  d'Armes  &  de 
cri,  que  celui  qui  avoiî  droit  de  lever  bannière;  l'un! 
&  l'autre  fervant  à  mener  des  gens  à  la  guerre  j  à 
les  rallier,  &  à  les  aflembler  près  du  drapeau.  Il 
y  avoir  quatre  fortes  de  cris.  Le  premier  pour  le  ral- 
lier pendant  ou  après  le  combat  :  le  fécond  étoïc 
un  cri  d'heureux  préfage  ou  d'invocation ,  comme 
celui  de  Cdovis,  qui  voyoit  balancer  la  vidoire  à 
la  bataille  de  Tolbiac  j  Mûiicjoie  S,  Denis.  Le  troi- 
ficme  étoit  un  défi  qui  tenoit  de  la  rodomontade  5 
&  lequ.itrieme  fervoit  .à  fe  reconnoître  ,  &  à  fe  dil- 
tinguer  des  ennemis.  Le  P.  Anselme.  L'ancien  cri 
des  Rois  de  France  étoit  Montjoie  S.  Denis.  Il  y  avoir 
autli  des  cris  de  défi,  d'invocation  ,  d'exhortation  ,de 
téfolution,  d'év  ènement ,  de  commandement ,  &c.  les 
cris  fervoient  aulîi  aux  Hérauts  dans  les  tournois,  pour 
appeler  lesChevaliers ,  parce  que  le  cri  de  plufieurs 
étoitceluide  leurs  noms,  de  leurs  maiioiis  iScde  leurs 
villes.  On  dit  en  proverbe  àis  Maifons  d'Ally ,  Ivlailly 
&  Crequy ,  Tel  nom,  telles  Armes,  &  tel  cri.  Dans 
les  tournois,  chaque  Chevalier  avoir  fon  cri,  mais 
dans  les  occafions  de  guerre,  il  n'y  avoir  que  les 
Chefs  qui  en  pouvoient  avoir.  Le  cri  fervoit  à  fe 
rallier  :  à  prcfent  le  cri  de  guerre  n'eft  plus  que  le 
mot  du  giiet.  M.  Du  Cange  a  fait  une  dllfertation 
c.urieufe  du  en  d'Armes. 

On  dit  proverbialement  qu'il  n'y  a  qu'un  cri  après 
une  perfonne  \  pour  dire  qu'on  la  fouhaite,  qu'on 
l'actend  avec  empreirement.  On  dit  aulîî  qu'il  n'y  a 
qu'un  cri  fur  quelque  chofe,  fur  une  perlonne,  pour 
que  chacun  en   parle  de  même  manière.  On  dit  : 


challer  a  cor  &  à  cri  ■  pour  direj  chaiîer  avec  le 
cor  &  les  chiens.  On  dit  iigurément,  chercher  quel- 
qu'un à  cor  &  à  cri ,  pour  dire,  le  chercher,  en  de- 
mandast  par- tout  de  fes  nouvelles. 

CRI  AGE.  f.  m.  Pr^co.  Crieur  public,  O.ïcier  de  la 
ville  de  Paris,  qui  après  le  fon  de  la  trompette  ou 
du  tambour,  proclame,  annonce,  déclare  quelque 
choie  au  public.  Ce  mot  n'eit  plus  en  ufage.  Foye^ 
de  Lnuriere  fur  Raguea'u. 

^'  CRIAILLER.  V.  n.  Crier  fouvent ,  faire  du  bruir  à 
plulieurs  reprifes  &  fans  fujer.  Clamicajc.  Les  fem- 
mes font  fujettes  à  criailler.  Elle  criaille  tantôt  après 
fon  mari ,  tantôt  après  fon  enfant  ,  tantôt  après  fa 
fervante. 

ÇCF  CRIAILLERIE.  f  m.  Bruit  qu'on  fait  en  criant  à 
différcnres  reprifes ,  foit  en  contenant ,  foit  e'n  fe 
plaignant ,  foit  en  réprimandant.  Clamicatio  _,  cla- 
mor  importunas  ,  cucritatio.  Un  homme  ell  fouvent 
obligé  d'éviter  fa  maifon  à  caufedes  criailleries  de  fa 
femme.  Socrate  ne  fe  foucioit  pas  des  criailleries  de 
la  femme  Xantipe.  Ablanc.  \.q%  criailleries  à.\x '^21- 
reau.  I». 

CRIAÎLLEUR,  euse.L  Qui  criaille,  qui  fait  du  bruir. 
Ciamator ,  clamojus.  il  n'y  a  point  de  plaiiir  à  dif- 
purer  avec  des  criailleurs.  Il  faut  ces  menus  créanciers 
cjui  font  des  criailleurs.  Ces  trois  mots  font  du  dii- 
cours  familier. 

§C?  CRIANT  j  ANTÉ.  adj.  qui  fait  crier,  qui  excite 
à  fe  plaindre  hautement.  Une  injuflice  criante. 

On  fur  ufage  de  ce  mot  en  parlant  d'une  can- 
taâe  ou  membrane  dure  &  qui  fait  du  b.uit  tou- 


oblatr.itor.  C'eit  un  terme  familier.  On  le  dit  particu- 
lièrement des  enfans.  Les  enlans  lont  criants,  l-'tmma 
cruVuC,  Les  plus  grands  cnaras  ont  le  plus  d'avantags 
dans  leurs  alïemblces.  Abl. 

^fj"  On  appelle  oifeaux  criards  ceux  qui  cricnÈ 
beaucoup,  comme  le  geay  ,  la  corneille  j  ixc. 

On  appelle  dctie  criardes^  les  pentes  fommcs qu'on 
doit  au.x  Marchands  &  Artifans  pour  de  menues  four- 
nitures de  bouche  &  autres  choies  j  celles  des  créan- 
ciers qui  font  du  bruit,  &  viennent  importuner  leurs 
débiteurs  à  force  de  cris  iv  de  plaintes.  Cu:mj'j  de:ita. 
,  Les  plus  méchans  payeurs  ont  ioin  d'acquitter  les 
dettes  critirdes, 

m 

M-fmcire  jufie  &  bref  de  nos  dettes  criardes;  Regn» 

On  dit  en  Fauconnerie,  quand  l'oifeau  mord,  & 
qu'il  eli  criard ,  il  lui  faut  mettre  un  chaperon  à  bec 
couverr  comme  un  érui. 

CRIARDES,  ad),  f.  pi.  On  appelle  ainlî  des  rolles  extrê- 
mement gommées  ,  dont  les  iemmes  font  des  eipèces 
de  jupons  ,  pour  foutenir  &  eomnie  euHer  leur  jupes 
de  delFous.  Ce  nom  leur  vient  d'un  biuit  que  ces  toiles 
font,  lorlque  celles  qui  en  portent,  font  obligées  de 
faire  quelque  mouvement. 

CRIBLE,  f.  m.  Infrrument  à  vanner ,  à  nettoyer  le  gram , 
le  blé,  l'avoine.  Inllrument  tau  pour  l'ordinaire  d'une 
peau  tendue  au  dedans  d'un  cercle  ,  &  percée  dâ 
plufieurs  petits  trous,  pour  féparer  le  bon  grain  davce 
le  mauvais,  ^  d'avec  les  ordures.  Crihrum  ,  crp'fe- 
rium.  _,  incerniculum.  Il  y  a  des  cribles  à  pied  dans  les 
greniers  qui  font  compofés  d'une  grande  auge  élevée  ; 
oLi  l'on  verfe  le  grain  ,  qui  en  coulant  fur  des  petites 
planchettes  de  bois  ,  &•  lur  pkilîeurs  rangs  de  fil^d'ar- 
chal ,  s'évenie  ^  fe  nettoie  ,  tandis  que  la  poudre  6c 
les  ordures  coulent  le  long  d'une  peau  qui  eil  au  der- 
rière. ,  ,  , ,  1 

Ifidore  dit  que  crilrum  a  cré  appelé  aece  nom  ,  quci 
ibi  currat  jnunenv.im.  ^ 

Il  y  a  un  crible  de  main  dont  on  fe  fertdans  ics  écuries 
pournettoyer  l'avoine  chaque  foisqu'on  la  donne  aux 
chevaux.  Il  eli  compofé  d'un  grand  cercle  de  bois  large 
de  trois  doigts ,  &  d  une  peati  de  parchemin  enrière- 
remeiit  percée  par  des  trou,  de  dilîérenres  ligures.  Il 
y  a  auilî  des  cribles  qu'on  fufpend  nu  plancher  avec 
des  cordes ,  afin  de  pouvoir  s'en  fervir  avec  moins  de 

fatigue.  . 

^  CRIBLE,  dai, s  l'économie  animale  ,&  en  matieies 
de  Phyfique  ,  fe  dit  d'un  plan  percé  de  petits  trous  ^ 
qui,  en  refufant  palfage  à  certaines  parties  groflières  , 
en  féparent  les  plus  fines  ,  &  les  admettent.  Les  Car- 
téfiens  fe  fervent  de  la  comparailon  du  cr/i'/j  pour 
expliquer  comment  les  lues  de  la  terre  font  drlîcrens 
fruits  ,  qu.rnd  ils  montent  dans  les  aibres  ;  en  luppo- 
fantque  les  arbres  font  percés,  cornme  les  crMes,  de 
diflc-rente  efpèce  de  trous ,  qui  n'admettent  que  les 
atomes  des  figures  qui  leur  relfemblent. 

Crible^  en  teïmes  de  Pharmacie,  eil;  un  inftrumeuc 
dont  on  fe  fert ,  après  avoir  pilé  quelque  drogue  dans 
un  mortier ,  pour  féparer  ce  qui  eli  délié  d'avec  ce  qui 
efî  grollier.  On  pile  de  nouveau  ce  qui  n'a  pu  palfer 
6c  on  le  rem.et  d'us  le  crible.  Comme  il  but  que  le9 
poudres  foient  plus  ou  moins  fubtiles  ,  il  a  fallu  aufli 
inventer  plufieurs  fortes  de  cribles.  Il  y  en  a  qui  font 
faits  avec  des  écorees  de  tillet  coupé  ,  déliées  égale- 
ment, IcfqueUes on  entrelace  en  façon  de  treillis.  On 
en  fair  d'autres  avec  un  tilfu  de  crin  de  cheval ,  ou  de- 
foie  ,  tendu  d'un  côté  &  d'aucie  avec  deux  ci:.c\zi  de! 

Crible  des  Coquilles.  De  leur  variété  peut  dépendra 
celle  des  coquilles. 


î4  CRI 

On  dit  d'une  ckofe,qu'elle  efl:  percée  comme  un  cri-  ^ 
hle  ,  pour  dire, quelle  w  plulieurs trous.  Cette  tapilFe- 
rie  elt  vieille  Repercée  comme  nncrible.  Cet  homme 
xcciu  mille  coups  en  cecre  défaite  ,  on  le  trouva  percé 
comme  un  crible.  On  dit  au  iigurc.  Il  taudroit  taire 
pa'.Fer  tout  cela  par  le  cnlle.  Tout  cela  elt  tamilier. 

CRIBLER  ,  V.  ad.  Nettorer  du  grain  ,  du  blé  ,  de  l'a- 
voiiie.  Cribrare.  L'àne  de  Rabelais  difoit  qu'il  man- 
gcoit  fort  bien  de  l'avoine  fans  cribler ,  &  que  tant 
d'honneur  ne  lui  appartenoit. 

Cribler,  en  termes  de  Marine,  fe  dit  d'un  vailTeau 
•qui  eft  percé  ,  foit  par  des  trous  de  vers ,  fou  par  le 
canon  dans  les  œuvres  vives ,  &c  qui  ell  en  danger  de 
couler  à  fond. 

Cribler  ,  fe  dit  figufémenten  chofes  morales ,  &  figni- 
fie  ,  Eplucher ,  éprouver ,  examiner  de  près  &  avec 
foin.  Il  fe  dit  des  perfonnes  &  des  chofes.  Excutere  j 
perfcrutari ,  probare ,  explorare.  Vous  n'avez  qu'à  vous 
attendre  à  être  crible  comme  il  faut.  Quand  Satan 
crible  les  hommes  par  la  permiflion  de  Dieu,  il  fe 
trouve  plus  de  paille  que  de  bon  grain.  Herman.  On 
a  bien  crible  cette  affaire ,  cette  propohtion,  avant  de 
prononcer. 

Je  crible  mes  raiforts  pour  en  faire  bon  choix.  Rf.aH. 

Il  ne  fe  dit  plus  dans  cette  acception. 
CmsLER  ,  lîgnihe  aulli ,  Prendre  tout  le  meilleur ,  toute 
la  fubiîance  d'un   négoce  ,   d'une  ferme.    Il    n'y  a 
plus  rien  à  gagner  dans  va\  tel  trafic  ,  dans  iin  tel  parti, 
ils  ont  été  tiop  bien  i.r/i'/c'.i.  Terme  peu  ulité  ,  même 
dans  le  difcours  familier. 
Cribler  ,  en  termes  de  Pharmacie  ,  fignifie,  -Séparer 
ce  qui  ell:  délié  d'avec  ce  qui  elt  groliier.  Cribrare.  Ce 
mot  fe  dit  proprement  des  choies  féches  ;  &  couler 
fe  dit  des  liquides.  Lorfqu'on  veut  cnbler  quelque 
chofe  j  on  prend  le  crible  par  le  cercle  de  dellous ,  &. 
on  le  fecoue  contre  quelque  choie. 
Crible,  ée  ,  part.  Cribratus.  Ce  mot  dans  le  fens  propre, 
fe  dit  du  grain  qui  a  palfé  par  le  crible  qu'on  anertoyé 
&  féparé  du  refte  de  fes  immondices  en  le  criblanr. 
Un  vaifleau  criblé  àe.  coups  de  canon.  Des  voiles  cri- 
blées font  des  voiles  percées ,  déchirées  en  pluheurs 
endroits  par  les  boulets  de  canon.  Crible  fe  du  auiîi 
figurément  d'un  homme  percé  de  plufieurs  coups. 
Perjoracus,  vulneratus  ,  faucius.  Un  Officier  c/7/!'/e  de 
coups.  Ch.  de  Riûr.  Il  a  le  corps  tout  crible  des  coups 
qu'il  a  reçus  en  quinze  batailles. 
Criblé,  au  figuré.  On  dit  d'une  Religion  où  il  y  a  du 
bon  &  du  mauvais,  qu'elle  auroit  befoin  d'être  criblée 
pour  retenir  le  bon,  en  lailfant  échapper  le  mauvais. 
Tout  cela  eft  du  difcours  faivnlier. 

On  dit  proverbialement:  Criblé  comme  unepocle  à 
châtaignes. 
CRIBLEUR,  f.  m.  Celui  qui  crible  le  blé.  Cribrarius 
agitacor.  Par  un  Edit  du  mois  de  feptembre  1704, 
le  Roi  a  créé  en  titre  d'Offices  cinquante  Jurés  Cri- 
bleurs  de  blé,  froment,  feigles  &  orges ,  fur  tous 
les  ports  ,  halles  &  marchés  de  Paris. 
CRIBLEUX.  adj.  m.  Terme  d'Anatomie.  On  appelle 
os  cribleux  ,  un  petit  ©s  qui  eft  au  haut  du  nez  ,  qui 
eft  percé  comme  un  crible  ,  pour  laiffer  palfer  plu- 
fieurs petites  fibres  qui  viennentdes  produèlions  mam- 
niillaires  ,  &  qui  vont  fe  répandre  dans  les  membra- 
nes qui  tapiffent  les  cavités  des  narines.  Os  cribrarium, 
os  cxcufforium.  Il  eft  auffi  nommé  échmoïde.  Voyez 
Ethmoi'de. 
CRIBLURE.  f.  m.  Le  mauvais  grain  5c  les  ordures  qui 
reftent  après  qu'on  en  a  retiré  le  meilleur  par  le 
grancl  crible.'  Excraum.  Je  ne  veux  pas  acheter  ce 
tas  de  blé  autant  que  l'autre  ,  ce  ne  font  que  des 
criblures. 
CRIBRATION  ,  ou  CRIBELLATION.  f.  f.  Terme  de 
Pharmacie  ,  eft  une  fépararion  des  parties  les  plus 
déliées  des  médicamens  fecs  ,&  généralement  de  tout 
corps  pilé  ,  d'avec  les  plus  groOières ,  qui  fe  fait  par 
le  moyen  de  différens  cribles  &  tamis.  Cribraria  ex- 
cufflo 


CRI' 

fait  une  chofe  qu'on  déchire.  Crepitus  ,fragor  ,flridor. 
Il  fe  joint  ordinairement  avec  trac.  On  prononce  le  c 
final  dans  tous  les  deux.  Quand  on  rompt  une  choie 
avec  violence  ,  elle  fait  cric ,  crac.  Les  ivrognes  difent 
aulh  dans  la  débauche ,  cric  Se  crac ,  pour  s'inviter  à 
boire  ,  ce  qui  eft  tiié  du  Jargon  de  i'Argot  ,  où  il 
lignifie,  ye  boi  à  coi.  Nous  avons  porté  auttefois  en 
France  des  fouliers  au  cric ,  crac ,  qiu  faifoient  quelque 
eipèce  d'harmonie.  Vign.  Marv. 
CRIC.  f.  m.  (  ne  prononcez  point  le  c  final.  )  Terme  de 
Aiéchanicpe.  C'eftune  machine  qui  fert  à  lever  de 
très-pefans  £irdeaux.  Machina  tollendis  ponderibus. 
Elle  eft  compofée  d'une  roue  dentée  ,  ou  pignon  qui 
fe  meut  avec  une  manivelle  j  &C  qui  fait  élever  une 
groife  barre  de  fer  aulli  dentée  ,  quand  les  dents  du 
pignon  entrent  dans  les  dents  de  la  barre.  Le  tout 
eft  enfermé  dans  une  bocte  qui  eft  aufli  de  fer.  Cec 
inftrument  fert  aux  Charrons ,  à  l'artillerie  ,  &  ordi- 
nairement pour  foulever  le  train  d'un  carolfe. 

CRiCO ARITENOÏDIEN.  Terme  d'Anatomie.  C'eft  un 
nom  que  l'on  donne  à  deux  paires  de  raufcles  ouvreurs 
du  larynx.  Il  y  a  les  cricoariténoïdiem  poftérieurs  ,  & 
les  cricoariténoïdiens  latéraux.  Les  premiers  font  la 
première  paire  des  ouvreurs  du  larynx,  dont  les  fé- 
conds font  la  féconde  paire.  Les  cricoariténoïdiens 
poftérieurs  font  ceux  qui  ptennent  leur  origine  à  la 
partie  poftcrieure  &  intérieure  du  cartilage  cricoide 
&:  qui  s'infèrent  à  la  partie  fupérieure  &  poftérieute 
de  î'ariténoide.  Lts  latéraux  prennent  leur  origine 
du  bord  de  la  partie  latérale  6c  «fupérieure  du  cri- 
coide ,  s'infèrent  à  la  partie  latérale  &  fupérieure 
de  I'ariténoide.  On  voir  dans  ce  que  nous  venons 
de  dire  la  raifon  &  l'étymologie  de  ce  nom. 

CRICOÏDE.  adj.  quelquefois  employé  fubftantivement. 
Terme  d'Anatomie.  C'eft  un  cartilage  du  larynx  ap- 
pelé cricoide  y  c'eft-à-dire,  annulaire,  par  ce  qu'il  eft 
rond  comme  un  anneau,  &  qu'il  environne  tout  le 
larynx.  Cricoides.  Ce  mot  eft  formé  de  Kç/xos^  qui 
s'eft  dit  par  métathèfe  ou  tranfpofition ,  pourx/{xw, 
cercle,  &  de  ù^ct,Jorme ,  qui  a  la  forme  d'un  cercle 
ou  anneau.  Le  cricoide  qui  eft  le  fécond  cartilage  du 
larynx  ,  eft  étroit  par  devant,  large  &  épais  par  der- 
rière ,  fert  de  baie  à  tous  les  autres  cartilages  ,  &C 
eft  comme  enchafte  dans  le  tiroïde.  C'eft  par  fon 
moyen  que  les  autres  cartilages  font  joints  à  la  tra- 
chée-artère \   c'eft  pourquoi  il  elt  immobile. 

CRICO- PHARYNGIEN,  adj.  &  fubft.  m.  Qui  fe  dit 
en  Anatomie  de  quelques  mufcles  du  pharynx.  Crico- 
pharyngius.  Les  crico-pharyngiens  fonr  attachés  cha- 
cun au  bas  du  cartil.age  cricoide.  Ils  ne  fonr  qu'une 
fuite  des  thyro-pharyngiens,  &  ne  donnent  autre  mar- 
que de  diftinétion  que  les  attaches  &  une  direction 
un  peu  différente,  en  ce  qu'en  allant  en  arrière,  ils 
deicendent  un  peu.  C'eft  ce  qui  m'a  fait  quelquefois 
prendre  ces  deux  mufcles  pour  un  feul,  &  le  nom- 
mer thyro-crico-pharyngicn.  'VVinslow.  Les  plus  in- 
férieures de  ces  fibres  fonr  un  contour  entier  en  ar- 
rière depuis  un  côté  de  la  bafe  du  carrilage  cricoide  , 
jufqu'à  l'autre  côté,  lequel  contour  fait  le  commen- 
cement de  l'œfophage  ,  &  a  donné  occation  à  quel- 
ques -  uns  de  le  regarder  comme  un  mufcle  parti- 
culier fous  le  nom  de  mufcle  œfophagien.  Id. 

CRICO-THYRO-HYOÏDIEN.  adj.  &  f.  Terme  d'A- 
natomie. On  dit  auili  cricothyroidien  &cricothyroide. 
M.  'Winflow  emploie  les  deux  premières  indifférem- 
ment. Les  Crico-rhyrohyoldiens ,  ou  Cricorhyro'i- 
des ,  font  deux  petits  mufoles  placés  au  bas  du  car- 
tilage thyroïde  l'un  près  de  l'autre  ;  &  par  leurs  ex- 
trémités fupérieures  ils  font  attachés  latéralement 
au  bord  inférieure  du  cartilage  thyroïde,  l'un  écarté 
de  l'autre.  Par  cette  fituation  oblique  ces  deux  pe- 
tits mufcles  reprcfentent  un  V  romain.  W^inslow. 
Crico  -  thyroïdien  eft  un  nom  que  l'on  donne  à 
des  mufcles  du  larynx.  Les  crico-thyroïdiens  font  la 
première  paire  de  mufcles  propres  du  larynx.  Leuc 
nom  vient  de  ce  qu'ils  prennent  leur  origine  de 
la  partie  latérale  &  antérieure  du  cricoide.  Se  vont 


GRIC  Terme  indéclinable ,  qui  exprime  le  bruit  que       s'inférer  à  la  partie  inférieure  de  l'aile  du  tytoide 


CRÏ 

CRIE.  f.  f.  Promulgatio.  Ce  mot,  qui  n'ed  plu?  en  ula-} 
ge,  fe  difoit  aunefois  pour  cri^  proclamation.  Il  y  a 
encote  à  Bourges  la  pierre  de  la  aie ,  c'ell  à-dire ,  ou 
fe  faifoieiit  les  cris  publics. 

§C?  Il  y  avoit  autrefois  à  Paris  la  pierre  de  mar- 
bre dans  la  cour  du  Palais  qui  fervoit  au  même  uia- 
ge  :  il  y  en  avoit  nicme  dans  les  autres  Villes  que  1  on 
appeioit  crie  de  la  Ville. 

CRIHE.  f-  f-  Publication  en  Juftice  des  chofes  à  met- 
tre à  l'enchère  ou  au  rabais.  A'uàio.  La  cride  des 
meubles  exécutés  fe  doit  faire  en  place  publique  , 
&  les  jours  de  marché.  On  tera  la  crije  &:  l'adju- 
dication de  cette  terre  à  une  telle  heure  à  la  barre 
de  la  Cour.  Quand  on  a  réiolu  lentreprife  d'un  bâti 
ment  public,  on  en  tait  la  crije  au  rabais. 

CRIEE  Parisis.  Augmentation  de  prix  des  meubles 
qui  s'achectent  fur  la  piitée  de  l'inventaire.  Quand 
on  prend  des  meubles  lur  le  pied  de  la  pritce  d  un 
inventaire,  on  ell obligé  d'y  joindre  le  paiitis,  qu'on 
appelle  autrement  crije.  Voyez  Parisis.  Une  veuve 
peut  prendre  fon  préciput  en  meubles,  fuivant  la 
prifée  ,  en  y  ajoutant  la  t/vte. 

CaiÉt ,  fe  àii  plus  particulièrement  de  cette  forma- 
lité elfentielle  aux  décrets  qui  conlille  en  quatre  pu- 
blications qui  fe  font  à  la  porte  des  Eglifes  Paroif- 
lîalcs,  des  immeubles  dont  on  pourfuit  la  vente  en 
Juftice.  Prôicù.'tiiW!  ^  promui^ûtto.  La  première  j  la  fé- 
conde criée,  &c.  On  les 


CRÎ  if 

On  dit  plumer  la  poule  fans  crier  ;  pour  dire,  exi- 
ger des  choies  qui  ne  font  pas  dues  d'une  iws.niere 
adroite,  fîiis  bruit  iSi  fans  éclat. 

|C7"  On  dit  encore  criera  pleine  tète,  comme  un 
fou,  comme  un  enragé,  comme  un  aveugle  qui  a 
perdu  ion  bâton  :  crur  à  tue- tète.  Exprefiions  pro- 
verbiales &  familières. 
^fT  Crier,  dans  la  fignihcation  de  gronder,  répri- 
mander en  élevant  la  voix.  Gbjuroare  ^  increpini  ^ 
vocijerari.  Cette  femme  crie  toujours  après  fou  mari, 
elle_  ne  fait  que  crier,  laiiTez-la  aier.  C'eft  un  maître 
difficile,  de  mauvaife  humeur,  qui  fans  cefle  crie 
après  fes  domeftiques. 

|fCr  C'eft  encore  élever  la  voix  pour  fe  plaindre, 
quelquefois  avec  aigreur.  Queri ,  conqueri ,  expojlu- 
lare.  On  crie  d'une  chofe,  d'une  in  juftice,  contre  une 
injuftice.  Il  ell  accoutumé  à  entendre  critr  contre  lui. 
On  crie  depuis  long  temps  contre  la  dureté  &;  l'in- 
folence  des  Traitans.  Le  peuple  cric  contre  les  im- 
pôts. Il  eft  fi  naturel  de  fe  plaindre  ^  de  crier, 
qu'il  y  autoit  de  la  ftupidité  à  fouffrir  fans  dire 
mot. 
ffT  Crier,  élever  la  voix  pour  donner  confeii.  ^d- 
monere.  Il  y  a  long-temps  qu'on  lui  crie  qu'à  fon 
âge  il  devroit  être  plus  fage. 

Et  que  f  en  ci  Cotin  la  raifon  qui  lui  crie  , 

N'écris  plus  j  guéris -toi  de  ta  vaine  Jolie  ?  Boit. 


appelle  autrement  Les  qua- 
tre quator-^aines  ,  parce  qu'il  faut  qu  il  y  au  quatorze 
jours  d'intervalle  entre  chacune.  En   ^ays  de  Droit  I/O"  Crier,   blâmer  publiquement.   Les  ptédicateurs 


cent  on  fait  une  quinte  &  futabondante  crite,  Ln 
ce  fens  on  tiit,  certilicanons  Azciices ,  certificateur 
de  cri-ics  ,  en  parlant  de  l'atteftation  de  ceiax  qui  at- 
teftent  que  les  criées  ont  été  faites  dans  les  règles. 
Un  procès  verbal  de  criées. 

Criées  ,  fe  prend  quelquefois  pour  toute  la  fuite  de 
la  procédure  du  décret.  En  ce  fens  on  appelle  un 
pourluivant  cnVej ,  celui  lous  le  nom  duquel  fe  fait 
toute  la  procédure.  On  dit  qu'un  bien  eft  en  criées, 
quand  il  eft  failî  réelL^ment.  Il  faut  s'oppofer  du- 
rant le  cours  des  criées  pour  conferver  ion  hypo- 
thèque. 

CRIEE,  ancien  Bourg  de  la  Vicomte  d'Eu ,  qui  a  eu 
auttefois  trois  ParoilTes ,  réduites  aujourd'hui  à  une 
feule.  Defcript.  Geogr.  &  Hijl.  de  lu  haute  Norm.  T. 
l.p.  6ô. 

^CT  CRIER,  v.  n.  Elever  la  voix  avec  effort  ^  poufter 
un  ou  plufieurs  cris.  Clamare  3  clamorem  edere.  Il 
crioit  de  toutes  fes  forces.  Il  crioit  (î  fort  qu'on  l'en- 
tendoit  de  bien  loin.  Ne  faites  point  crier  ces  en- 
fans. 

IKJ"  On  dit  que  les  boyaux  crient  à  quelqu'un, 
pour  dire  qu'ils  font  du  biuit.  Jntejtina  murmurant. 
En  parlant  d'une  chofe  dure  qui  frotte  rudement 
contre  une  autre  ,  on  dit  figutément  qu'elle  crie  , 
c'eft  à-dire  cju'clle  rend  un  fon  aigre  &  défagiéable. 
Stridere,  Jîridorem  edcre.  Cette  porte  cne  quand  on 
la  ferme.  Cet  eftîeu  crie,  Virgile  a  dit  _,  Jlridemia 
plaujlra ,  des  chariots  dont  les  roues  font  mal  graif 
£èes. 

Nicod  dérive  ce  mot  du  Grec  «.fl^^  ,  lignifiant 
la  même  cliofe.  Ménage  le  dérive  du  latin  quâ.rita- 
re  J  d'où  les  Italiens  ont  fait  aufti  gridare.  D'autres 
croient  qu'il  vient  de  l'Allemand /cVireje/î,  lignifiant 
s'écrier. 

ffT  Crier  ,  fe  dit  aufii  de  cette  élévation  de  voix  pré- 
cipitée par  laquelle  on  demande  du  fecours  dans 
un  accident  inopiné.  Crier  au  feu.  Clamare  aquam. 
Crier  au  meurtre,  aux  voleurs  ,  à  l'aide  ,  au  fecours. 
Inclamare.  On  dit  de  même  crier  merci ,  crier  mi- 
féricorde. 

Crier,  fignifie  aulli  prononcer  fes  paroles  d'un 
ton  de  voix  élevé,  vocern  tollere.  Il  y  a  des  gens  qui 
veulent  l'emporter  fur  les  autres  à  force  de  crier  j 
qui  ne  fauroient  difputer  fans  crier. 

Tai  des  forces,  du  feu,  de  l'efprit ,  de  l'étude; 
Et  jam.iisjur  les  bancs  on  ne  vit  Bachelier , 
Qui  fût  plus  à  propos  interrompre  &  crier.  Vili. 


dans  les  chaires  crient  contre  la  débauche  ,  contre  le 
luxej,  contre  le  vice. 

fiCFOn  dit  figurément  qu'unechofe  cn'evengeance, 
pour  dire  qu'elle  demande  vengeance.  Cette  injuftice 
crie  vengeance. 

fCTCRiER,  jetter  certaincri,  foitpourrallierles  troupes 
dans  un  combat,  foit  pour  témoigner  fa  joie  dans 
une  occafion  particulière.  Les  François  en  allant  au 
combat  criaient  autrefois  Montjoie  Saint-Denis.  V. 
Cri.  On  crie  vivat,  vive  le  Roi.  On  crie  le  Roi  boit, 
le  jour  des  Rois. 

On  dit  proverbialement:  on  a  tant  cnV Noël  qu'il 
eft  venu  ;  pour  dire,  t]u'on  a  tant  demandé  &c  defiré 
une  chofe  ,  qu'elle  eft  arrivée. 

Crier  .  v.  a.  fignifie  ,  Proclamer  en  Juftice  pour  trou- 
ver des  enchérilfeurs-  Publicare,  aliquid  per  auclio- 
ncm  vende re  ,  praconiurnjacere  alicujus  rei ,  auclionari. 
Ces  meubles  ont  été  criés  &c  vendus  au  plus  offrant. 
&  dernier  enchériîîeur.  On  a  crie  ces  ouvrages  ,  ces 
réparations  au  rabais.  On  le  dit  plus  particulièrement 
des  immeubles.  On  a  crié  cette  terre  dans  les  formes  , 
on  a  fut  les  quatre  quatorzaines.  Au  Châtelet  de 
Paris  il  faut  avoir  un  congé  de  crier ,  avant  que  de 
procéder  aux  ctiécs. 

Crier,  fignifie  encore,  Publier  folemnellement  dans 
les  places  publiques,  &  à  fon  de  trompe  ,  des  régle- 
mens  ,  des  ordonnances ,  ou  autres  chofes  qu'il  faut 
que  tout  le  monde  fâche.  Aliquid ,  auclore  magiflratu, 
principe  y  promulgare,  denunciare  ,  edicere.  On  a  crié 
l'ouverture  de  la  Foire.  On  a  crie  un  tel  à  trois  briefs 
jours. 

Crier  dans  a  lous  ,  lignifie  citer  quelqu'un  ,  &  lui 
ordonner  de  comparoître  devant  le  Juge  dans  le  temps 
marqué. 

Crier  ,  dans  la  même  fîgnification  ,  fe  dit  pour  pro- 
clamer en  Juftice  pour  retrouver  une  chofe  égarée 
ou  perdue.  On  fait  crier  un  enfant  perdu.  On  a  crie 
ce  bijou. 

On  le  dit  aulîîdeceuxqui  vont  vendre  quelque  chofe 
par  les  rues.  On  cric  de  la  falade  ,  des  choux,  des  na- 
vets J  des  fruits. 

Crier  Haro,  eft  un  nfiige  de  Normandie,  qui  £iit 
qu'on  arrête  un  homme  ,  on  faifit  une  chofe  d'auto- 
rité privée  ,  pour  les  conduire  fur  le  champ  devant 
le  Juge  ,  ou  en  prifon.  On  a  crié  haro  fur  lui  &  fur  fa 
bête.  Voy.  Haro. 

On  dit  aulli  figurément.  Crier  haro  fur  une  per- 
fonne  ;  pour  dire  ,  Se  plaindre  hautement  d'elle  , 
lui  dire  des  injures  partoutoù  on  la  trouve.  Ohjurgare. 


r^ 


C   R  1 


Crier,  fe  dit  auffi  des  chiens  de  chalFe  ,  &  fignifie,^ 

abboyer  en  chairant.  Adlatrdn  ,  oblatraic.   J'ai  des  \ 

.   chiens  qui  crhnt  comaie  il  faut.  i 

Crié  ,  EE.parr.  S 

CllIE'rlI£  ,  f  f.  Action  de  celui  qui  crie  ,  le  bruit  qu'il  \ 
tait  en  criant.  On  n'eiicend  en  cette  mailon  que  des 
crierhs  perpccueiies.  Lfn  bon  Juge  ne  doit  pas  s'émou- 
voir par  les  cr^trus  des  parties.  C'elc  un  ternie  fa- 
milier. 

CRIEUR,  EUSE.  f.  Qui  fait  du  bruit  foir  en  querellant 
foit,  en  ie  plaignant ,  foit  d'autre  manière.  Claniator, 
clamofa:nuLicr.  Dans  les  diiputesles  plus  grands  i-.ridi/rj 
ont  le  plus  iouvent  l'avantage.  C'elt  un  ctieur  psrpé 
tuel.  Cette  femme  ne  peut  garder  de  domelliques  , 
c'ePc  une  trop  grande  crieufc. 

Crieor  ,  le  dit  auiîi  de  ceux  qui  vendent  ,  ou  qui 
achettsnt  de  menues  marchandifes  en  criant  par  les 
rucs.  Pr6xo  reru'm  venaiium.  Un  crieur  de  gazette.  Un 
cricur  àz  vieux  paifemens  d'argent.  Un  aïf/^r  de  vieux 
louliirs  ic  de  chapeaux. 

Cf.ieur  ,  eil  aulli  un  Oiiicier  public  qui  va  publier  par 
les  carrefours  les  ordres  delà  JufticCj  les  réglemens  , 
.le-3  défenfes,  les  aiîî^ijnanons  à  trois  briefs  jours.  Pr.zco. 
Le  Juré  Crieur  c'a  aiîiltéde  trois  Trompettes  ,  quand 
il  tait  un  cri  public. 

Chez  les  Romains  il  y  avoir  au  Théâtre  une  efpèce 
de  Crkur  public ,  dont  l'otfice  éroit  de  publier  de 
dellus  le  théâtre  ,  ce  que  le  Prince  ,  ou  le  Migill:iat 
oidonnoit  ciui  le  fût  j  &  de  lire  ce  que  les  Comé- 
diens kudonnoientà  lire^  foit  pour  demander  quel- 
que chofe  au  Prince,  ou  au  peuple  ,  foit  pour  avertir 
de  quelque  choie  ,  et  hure  les  Annonces.  Foye^ 
Martial,  dans  la  Préface  de  Ion  lecond  livre  \  &  Tur- 
nèbe ,   Adverf.  L.  XXV.  c.  b'. 

Crieurs  de  corps  et  de  Vins.  C'étoit  autrefois  des 
Officiers  de  Ville  qui  étoient  établis  pour  annoncer  ie 
vin  qui  étoità  vendre  ,  les  enfins,  les  papiers  ,  ou 
les  autres  ciioles  égarées  ou  perdues  ,  afin  qu'on  les 
.  pût  recouvrer ,  &  pour  avertir  qu'on  eût  à  prier  Dieu 
pour  quelqu'un  ,  &  à  fe  trouver  à  fes  funérailles. 
Pritco.  Maintenant  leurs  fonctions  font  réduites  à 
faire  les  cérémonies  des  enterremens.  FefpUlo.  Aux 
■fervices  des  i^rinces  les  Jurés  Crieurs  vont  faire  la 
fémonce  avec  leurs  habits  de  cérémonie  &  leurs  clo- 
chettes- Les  Maîtres  Peintres  ont  fut  défenfe  à  tous 
Cr/Vt/rj  d'entreprendre  &  de  frire  aucunes  armes  ^  ou 
banderoUes  ,  pour  les  funérailles  &  cérémonies. 

;CR1M.  Cn/nea  ,  autrement  CRIMENDA  ,  Cnme/hla , 
de  SOLAT.  Sûlatiim.  Ville  autrefois  ,  maintenant 
village  des  petits  Tartares  en  Europe  ^  elle  eft  dans 
la  Crimée  ,  à  laquelle  on  donne  fon  nom  ,  fur  la 
rivière  de  Gérukélu.  Quelques-uns  veulent  que  Crl;;i 
i'oir.  le  Ciinmerium  des  Anciens.  D'Herbelot  en  parle. 

CRIME,  f.  m.  Signifie  en  général  une  faute  énorme, 
une  aéfion  faite  contre  la  prohibition  de  !a  loi,  foit 
naturelle  ,  foit  divine ,  fou  eccléiiallique  ,  foit  civile, 
laquelle  alfujettit  à  quelque  peine.  Crimen.  Les  Ko-  ! 
mains  dillinguoienr  deux  efpèces  de  crimes  :  [escrimes  I 
privés  ,  qui  ne  regardoient  q-ue  les  particuliers ,  &  ! 
•dent  la  pourluite  n'éioit  pennife  par  les  Loix  qu'à] 
ceux   qui  y   éroienc  intérelfés  :  &C  les  crimes  publics  , 
dont  la  pouriuite  écoit  permife  à  toutes  fortes  de 
perfonncs ,  bien  que  non  intéreifées.  En  France  les  s 
crimes  fe  divifent  en  capicaux  ou  cas  royaux  ,  corn-  \ 
me  les  criâmes  d'Etat  &  de  lèze  Majefté  ,  ainHinat  ,| 
vol,  fudieté,  qui  méritent  la  mort,  qui  font  de  la: 
tonnoilîance  des  Juges  Royaux  ;  &  en  délies  communs ,  ; 
comme  fimple    fornication,    violation  de  vccu  ,   &! 
autres  dont  le  Juge  Ecclédaitique  peut  connoîrre.  Il 
y   a  des  crimrs  pour  lefquels    nos  Rois  ont  déclare 
qu'ils  ne  vouloient  point  donner  ni  oèlroyer  d'abo- 
lition ni  de  grâce.  Bp.uneau.  Ces  cri.-res  font  le  par- 
ricide, le  duel ,  l'aflaliinat  ,  l'empoifonnement ,  le 
rapt  commis  par  violence,  l'outrage  fait  aux  Magif- 
trats  &  Officiers  dans  l'exercice  de  leurs  charges ,  6r. 
Le  mot  de  cime,  pris  dans  une  lignification  moins 
étendue,  dans  le  fens  grammatical,  peut  être  conli- 
déré  comme  une  adion  énorme  qui  blcile  les  loix 
de  la  niture. 


C   R  I 

Lu  faute :,  ait  M.  l'Abbé  Girard,  tient  de  la  foi- 
bielle  humaine  \  elle  va  contre  les  régies  du  devoir. 
Le  crime  patt  de  la  malice  du  cœur  :  il  ell  contre  les 
loix  de  la  nature.  Lq  pcchériQ  fe  dit  que  par  rapport 
aux  préceptes  de  la  Religion.  Il  va  proprement  contre 
les  mouvemsns  de  la  confcience.  Le  délit  part  de  !a 
défobéiiiance  ou  de  la  rébellion  contre  l'autorité  lé- 
gitime. Il  eft  une  tranfgredion  de  la  loi  civile  \  voilà 
pourquoi  il^ft  du  ftyle  du  Palais.  Le  for/air  viim  de 
la  fcélérateiie  ,  ôc  d'une  corruption  entière  du  cœur  ; 
il  blelfe  les  fentimens  d'humanité,  viole  la  foi  ,  &C 
attaque  la  futeté  publique.  Il  faut  pardonner  hfauie^ 
punir  le  cnme,  ne  point  décider  fur  le  péché,  exa- 
miner la  nature  du  dét'ic ,  Savoir  horreur  daforfaic. 
Les  intrigues  de  galanterie  font  des  Jcutes  :  les  alfafli- 
nats  font  des  crimes  :  les  menfonges  font  àts péchés  : 
les  duels  &  les  contrebandes  font  des  délits  :  les  em- 
poifonnemens  font  des  Jorjairs. 

Ainii  le  mot  faute  peut  être  regardé  comme  le  mot 
générique  :  il  dit  moins  que  les  autres ,  quand  il  n'eft 
point  modifié  par  des  épithètes  aggravantes.  Foye}[^ 
tous  ces  mors. 

Le  nom  de  crime  renferme  en  foi  l'idée  d'une  dé- 
termination Se  d'un  deifein  formé  de  faire  injure  : 
ainh  ce  n'eft  pas  l'aifion  extérieure  qu'il  faut  punir 
dans  le  cnme  ,  c'ell  l'intention  intérieure.  Le  Mait. 
La  iimple  conception  du  crime  ,  Ik  même  le  confen- 
tement  de  la  volonté  ,  n'ert  point  du  rellort  de  la. 
Jullice  humaine.  De  launay.  Sous  le  règne  de  Tibère 
le  crime  étoit  moins  dangereux  que  la  vertu.  S.  EvR. 
Il  y  a  des  crimes  qui  deviennent  innocens ,  &  même 
glorieux  par  leur  éclat  :  de  là  vient  que  prendre  des 
Provinces  injudement,  s'appelle  faire  des  conquêtes. 
P.ocH.  Ses  ennemis  lui  ont  fait  des  trimes  de  tout 
ce  qui  leur  déplaifoit.  Nicol.  Lucrèce,  cette  prude 
farouche ,  ne  put  fe  pardonner  le  crime  d'un  autre. 
S.  EvR.  Le  crime  trouve  moins  d'averfion  dans  les 
efprits  ,  lorfqu'on  met  tant  d'adrelle  &  de  dextérité 
à  le  conduire.  Id.  Dans  le  Droit  les  crimes  les  plus 
atroces  s'appellent  du  nom  de  crimes  ,  &  les  moindres 
s'appellent  délits.  Lange. 

Donnez-moi  des  confeils  tjui  foient  plus  légitimes  , 
Et  plaigne^  mes  malheurs  fans  m' ordonner  des  crimes. 

Corn. 

C'ejl  un  crime  d'Etat  que  d'en  pouvoir  commettre.  Id. 

Ce  mot  vient  du  Latin  crimen  ,  qui  vient  dq  Grec 
»»/v«  ,  judicû  ,  comme  qui  diroit ,  aéVion  digne  d'être 
déférée  au  Juge  ,  &  d'être  punie. 

On  dit  qu'un  homme  elf  atteint  &  convaincu  de 
crime  ,  lotfqu'il  a  été  condamné  juridiquement  :  voye':ç_ 
au  mot  convaincu  y  ôc  qu'il  eft  pré/enu  de  crime  y 
lorfqu'il  elt  feulement  accufé  ,  &  qu'il  n'y  a  qu'un 
Imiple  décret  contre  lui. 
Crime  ,  en  termes  de  Dévotion  ,  fe  dit  de  tous  les 
grands  péchés  ,  ou  péchés  mortels  qu'on  commet 
contre  Dieu.  Il  y  en  a  qui  fe  croient  gens  de  bien  , 
feulement  parce  qu'ils  s'abftiennent  des  crimes  les 
plus  crolîiers.  Claud. 

Quelles  excufes  ne  trouverois  je  pas  en  votre  per- 
fonne  ,  fi  le  crime  pouvoit  s'excufet  ?  Abad.  Il  fentoic 
les  remords  que  l'on  fent  lorfqu'avec  beaucoup  de 
vertu  l'on  ell  fur  le  point  de  commettre  un  grand 
crime.  Vill.  Une  femme  s'affermit  dans  \e  crime  y 
quand  on  lui  ravit  la  honte  qui  la  pouvoit  retenir, 

ViLL. 

De  mes  crimes  pa[fés  ,  je  fais  un  faint  ufage. 

L'Abbé  Tétu. 

Crime,  fe  dit  auflî  dans  la  converfation  ordinaire, 
d'une  faute  que  l'on  commet,  ou  dans  la  conduite, 
ou  contre  le  devoir,  oucontre  l'amitié.  Vous  n'avez 
pu  fans  crime  violer  les  loix  d'une  li  étroite  amitié. 
S.  EvR, 

CRIMEE.  Crhnéia,  Tartaria  Crim&a  ,  ou  Procopenjis  ^ 
Tcurica  Ckerfonefus,  C'eft  la  plus  confidérable partie 

de 


CRI 

■âe  la  petite  Tartûriej  État  d'Europe  tributaire  du'^ 
Grand  Seigneur.   La  Crimée  eft  la  prelqu'île  que  les  , 
Anciens  ont  connue  fous  le  nom  de  Cherlbneie  Tau-  j 
rique,  ouScythique,  ouCimmériene,  parce  qu'ils! 
appeloient  les  peuples  qui  l'occupoient  Tauriques, 
Scythes ,  ou  Cimmcriens.  Ils  l'apeioient  encore  Cher- 
fonele  Pontique,  parce  qu'elle  s'avance  lur  le  Pont, 
ou  Pont-Euxin,  c'elt-à-dire,  la  Mer  Noire,  qui  la] 
baigne  au  midi  &  au  couchant.  Elle  a  au  levante 
le  détroit  de  CafFa  ,   qui  la  fcpare  de  la  Circalvie  , 
&  au  nord  la  Mer  de  Zabache ,   le  lac  de  Suco- 
Morzi,  &  un  petit  Illhme  de  demi  -  lieue  de  lar- 
geur, qui  la   joint   au  pays  des  Tartares  Nogais. 
Les  Tartares  ont  encore  tire  dans  cet  Illhme  un  tolFé 
du  lac  Morzi  au  GolFe  de  Nigréppli,  pour  couper 
cet  IlHime  &   rendre  la  Çrimcc   plus  inacceffible. 
On  nomme  encore  ce  pays  Crim  ,  Tartarie  de  Cnm , 
ou  Tarrarie  de  Précop,  ou  Précopenfe  j  à  caufe  d'une 
ville  qui  eft  dans  l'Illhme  ,  &  que  les  Polonois  ap- 
pelienc  Piécop,ou   Krimski.  Mais  le  nom  le  plus 
ordinaire  en  François  eft  Crimée,  comme  l'a  remar- 
qué d'Herbelot,  &  non  pas  Cnm.  P^oye\  fur  la  Cn- 
mee  les  Mémoires  des  Miffloris  du  Levant,  imprimés 
en  171 5.  où  l'on  écrit  Crimée.  Il  y  a  dans  ce  livre  un 
voyage  de  Crimée  tait   en   1701.  par  le  Sieur  Fer- 
rand,  Médecin  François  :  il  y  a  des  chofes  curieufes 
dans  cette  relation. 

CRIMINALISER.  v.  a.  Terme  de  Pratique,  qui  fe 
dit  lorfque  d'un  procès  civil,  on  en  ix\z  un  cri- 
minel. Criminalifer  une  affaire,  la  rendre  crimi- 
nelle. 

Criminalisé,  ée.  Part* 

CRIMINALISTE.  f.  m.  Auteur  qui  a  écrit  fur  les  ma- 
tières criminelles.  J'ai  dit  que  les  peines  félon  l'é- 
normité  des  crimes  funt  marquées  par  le  Droit  Ro- 
main. Parmi  nous  on  pourra  lire  Maluer ,  Jean 
Imber,  &:c.  &  les  autres  CriminaliJIes.  Brun. 

Criminaliste  ,  fe  dit  aulli  de  celui  qui  eft  inftruit 
fur  les  matières  criminelles.  C'eft.un  bon  Crimi- 
nalifie. 

Naudé  s'eft  fervi  de  ce  mot  dans  fon  Mafcurat 
pour  figniher  Juge  Criminel ,  Juge  du  criminel , 
Lieutenant  Criminel,  lierum  capitalium  cognicor,  Ju- 
dex.  Cela  montre  bien,  dit-il,  que  tous  les  Juges 
n'ont  pas  lu  ce  qui  arriva  au  Cardinal  Paulo  Are- 
fio  ,  lorfqu'il  n'étoit  encore  que  Criminalijie  à  Na- 
ples.  Il  quitta  enfuite  la  judicature ,  &  prit  l'habit 
de  Théatin ,  fous  lequel  il  vécut  h  religieufement, 
que  Pie  V,  lui  donna  le  bonnet  rouge.  Masc.  p.  j2j. 
En  parlant  de -nos  Juges  de  France  j  il  ne  faudroit 
peint  fe  fervir  de  ce  mot,  mais  dire  Lieutenant 
Criminel. 

CRIMINEL,  ELLE.  adj.  Ce  qui  appartient  au  crime, 
&c  fe  du  tant  de  la  méchante  action  qui  eft  com-j 
mife,  que  de  la  Juftice  des  Officiers  établis  pour  s 
la  punir.  CriiriinaHs-.  L'intention,  les  circonftancesj 
font  qu'une  chofe  eft  tantôt  innocente  ,   tantôt  cri- 
mineile.  L'action  criminelle  eft  éteinte  &  prefcrire 
par  le  temps  de  10.  années ,  à  l'égard  de  la  peine , 

•  &  non  pas  à  l'égard  des  intérêts  civils.  Un  Juge 
Civil  &  Criminel,  un  Greffier  Criminel,  font  les 
Officiers  qui  inlVruifent  les  procès  des  accufés.  Le 
Code  Civil,  le  Code  Criminel. 

(fT  Autrefois  on  décidoit  les  procès  criminels  par 
*^^  combat  &  par  le  duel,  f^oyei  Combat. 

§CF  Dans  cette  acception  il  fe  prend  quelquefois 
fubftantivement,  en  parlant  foit  de  matière  cnmi- 
nelle y  foit  de  procédure  criminelle.  On  dit  tirer  une 
affaire  au  criminel.  Il  eft  plus  en  peine  pour  le  cri- 
minel que  pour  le  Civil. 

On  diftingue  au  Palais  le  grand  criminel  &  le 
petit  criminel.  Le  grand  criminel  fe  dit  des  procès 
qu'on  juge  à  la  Tournelle  Criminelle  ,  &  fur  lef- 
quels  il  peut  intervenir  condamnation  à  peine  af- 
fliétive  :  &  en  ce  fens  on  les  appelle  injlruits  à 
l'extraordinaire.  Berum  capitalium  Tribunal.  Le  petit 
crirninel  fe  dit  de  ceux  où  il  ne  s'agit  que  de  répa- 
rations,  ou  d'amendes  qu'on  peut  juger  aux  En-' 
quêtes  ;  &  en  ce  cas  on  dit  qu'un  homme  eft  reçu  i 
Tome  IIL 


C  R  ï  17 

en  procès  ordinaire  ,  pour  dire,  que  fon  affaire  eft 
civihlée.  lierum  crtminalium  Icviurum  Tribunal.  Il  y 
a  au  Parlement  un  Greffe  parriculier  pour  le  petit 
criminel. 

%T  On  dit  proverbialement  &  hgurément,  pren- 
dre quelque  chofe  au  criminel,  s'en  tenir  offenfé. 
Aller  d''abord  au  criminel,  juger  malignement  d'une 
chofe  fur  la  moindre  apparence. 

Criminel  ,  fe  dit  auffi  figurément  des  organes  , 
des  inftrumens  du  crime.  Crimmalis  ,  noccns.  L'E- 
vangile confeille  d'arracher  les  yeux  criminels  qui 
nous  fcandalifent.  Il  a  trempé  fes  mains  criminelles 
dans  le  fang  du  jufte. 

Criminel  ,  fe  dit  auiiî  par  rapport  aux  aéticns ,  ou 
aux  pallions  mauvaifes ,  ou  illicites.  Une  femme, 
parce  qu'elle  eft  aimabre,  eft -elle  obligée  en  bonne 
confcience  .à  fe  féqueftrer  du  monde  ,  dé  peur  d'al- 
lumer des   delirs  criminels  ?  S.  EvR. 

B.ien  ne  peut 
Régler  de  nos  dejirs  la  pente  criminelle. 

Pavillon.' 

J)'un  criminel  amour  détruijè^  le  pouvoir. 

L'Abbé  Tétu. 

CRIMINEL,  ELLE.  f.  m.  &:  £  Celui,  ou  celle  qui  a 
commis  un  crime.  Nocens ,  fons.  Un  accufé  fe  rend 
criminel  par  la  fuite.  Il  vaut  mieux  pardonner  à  un 
criminel ,  que  de  punir  un  innocenr.  Courtin.  Sous 
un  règne  plein  de  foupçons,  c'eft  être  criminel  à' E- 
tat ,  que  d'être  capable  de  le  troubler.  Le  Gend. 
Un  Juge  qui  ne  pu;iit  que  pour  exécuter  les  loix , 
ne  fe  repaît  point  du  lupplice  des  criminels  ,  &c  ne 
s'en  tait  point  un  fpeétacle  de  plaihr.  Jur.  Nous 
fommes  ici-ba? comme  des  criminels  dans  leur  pri- 
fon  ,  toujours  incertains  de  leur  fupplicc  Nicot. 
A  Venife ,  comme  anciennement  à  Rome ,  les 
criminels  font  détendus  par  des  plaidoyers  pleins 
de  ligures,  pour  émouvoir  la  pitié  des  Juges.  S, 
Didier, 

Ec  parmi  les  pauvres  mortels  _, 
Quelque] ois  ceux  que  l'on  encenfe 
Ne  J'ont  que  de  grands  criminels  jï 
A  qui  notre  feule  ignorance , 
Au  lieu  de  chàtimens  ,  décerne  des  autels. 

I/C?  En  jurifprudence,  on  appelle  criminel,  celui 
qui  eft  atteint  Se  convaincu  de  quelque  crime ,  juf- 
qu'au  jugemenr   il  n'eft  qualifié  que  d'accufé. 

iCT  Un  Prélident  du  Parlement  de'Bourdeaux  a 
fait  un  traité  fur  la  manière  dont  on  faifoit  à  Rome 
le  procès  aux  criminels.  Le  Concile  de  Mayence 
de  l'an  S47.  ordonne  au  7^  Can.  que  les  criminels 
condamnés  à  mort  ne  feront  privés  ni  des  prières 
de  l'Eglife  après  leur  morr,  ni  de  la  communion 
pendant  qu'ils  vivent  encore  ,  s'ils  font  vraiment 
pénitens  :  quelques-uns  par  le  mot  de  communion 
n'entendent  que  l'abfolution. 

On  dit  d'un  homme  qui  interrage  trop  particu- 
lièrement un  autre,  qui  lui  veut  tirer  les  vers  du 
nez,  que  c'eft  un  bon  Lieutenant  Criminel.  On  die 
aulli  d'un  homme  qui  interprête  mal  les  chofes , 
qu'il  prend  tout  au  criminel ,  qu'il  va  toujours  au 
criminel. 
CRIMINELLEiMENT.  adv.  D'une  manière  criminelle. 
Crim.inalitcr ,  cfiminose ,  capitaliter.  Ce  qui  ^  fuivanc 
les  différentes  acceptions  du  mot  criminel,  fignifie 
par  procédure  criminelle,  d'une  manière  qui  rend 
criminel  devant  Dieu,  ou  d'une  manière  odieufe, 
avec  malignité  ,  en  mauvaife  part.  Cette  affaire 
fe  pourfuir  criminellement.  On  aime  une  femm^, 
on  la  regarde  criminellement.  On  prend,  on  inter- 
prête une  chofe  criminellement.  Le  peuple ,  cette 
bête  féroce  ,  n'entre  dans  aucune  difcuftion  des 
chofes  mêmes  dont  elle  juge  criminellement.  S.  Real. 
CRIMNUM.  f.m.  Voyc:^  FROMENTÉE.  c'eft  la  mê- 
me chofe. 


i8  CRI 

CRIM-TARTARE.  f.  m.  Ik  f.Nom  depeupIe.Habitant 
de  Crimée.  Cnmieus  Tartarus,  Les  Cnm  -  Tartares 
écrafen:  le  nez  de  leurs  entans  ,  &  croient  que  c'eft 
une  folie  de  porter  un  nez  devant  les  yeux.  Vign. 
Marv. 
CRIN.  1".  m.  Long  poil  qui  vient  au  cou  &  à  la  queue 
des  chevaux  &  de  quelques  autres  animaux.  Juba. 
Quand  le  cheval  fe  cabre,  on  le  prend  aux  crins. 
Le  crin  lert  à  plulierus  utages,  à  garnir  des  fom- 
miers ,  des  matelas ,  des  felles ,  des  chaifes ,  à  faire  des 
bouries,  des  boutons,  des  cordons  de  chapeau  ,  &c. 
Ce  mot  vient  de  crinis ,  Nicod.  Et  crlnis ,  félon  le  P. 
Pezron,  eft  pris  fur  le  crin  des  Celtes,  qui  veut  dire, 
aride  ,  n'y  ayant  rien  de  plus  fsc  &  aride  que  les 
cheveux.  Pezron. 

^fT  On  dit  populairement  prendre  quelqu'un  au 
crin  &c  aux  crins,  le  prendre  aux  cheveux.  Se  prendre 
aux  crins  ,  fe  prendre  aux  cheveux.  Ces  deux  hom 
mes  fe  font  pris  aux  crins  &  fe  lont  battus. 
Crin  d'Archet.  Terme  de  Luthier.  Crin  qu'on  frotte 
avec  de  la  colophane,  &  dont  on  fe  fert  pour  faire 
refonner  quelques  iiilhumens  de  Muiique,  comme 
violes,  violons,  &c.  Pleclrum. 
•JCTCrin.  Terme  de  Métallurgie.  C'eft  ainfi  qu'on  ap- 
pelle dans  l'exploitation  des  mines  une  interruption 
de  la  mine  ou  du  filon  ,  caufée  par  l'approche  d'un 
ban  de  pierre. 
CRINAL.  f.  m.  Crinale,  is.  Inftrument  de  Chirurgie 
pour  comprimer  la  fiftule  lacrymale,  f^oye^  le  Did. 
de  M.  Col  de  Villars. 
CRINIER.  f.  m.  Artifan  qui  accommode  le  crin.,  &  le 
met  en  état  d'être  employé  par  les  Selliers,  Tapif- 
fiers  &  Bourreliers.  Qui  jubasaptat  in  opus  quodliber. 
CRINIÈRE,  f.  f.  En  terme  de  ALanège,  eft  le  crin  qui 
eft  fur  le  haut  de  l'encolure  du  cheval,  tout  le  crin 
qui  eft  depuis  le  toupet  jufqu'au  f  arot.  Juba.  Les  cri- 
nières larges  font  moins  eftimées  que  les  autres.  Ce 
cheval  a  une  belle  crinière.  On  dit  ironiquement  de 
ceux  qui  ont  de  vilains  cheveux  ,  qu'ils  ont  une 
vilaine  crinière. 
Crinière  eft  aulïî  une  couverture  de  cheval  qu'on  met 
fur  les  crins  depuis  le  haut  de  la  tête  jufqu'au  furfaix. 
Jubtzjlragulum.  On  en  ufe  en  Angleterre,  &  en  plu- 
fieurs  autres  endroits. 
Crinière  j  fedit  plus  particulièrement  du  crin  qui  eft 
fur  le  cou  des  \ions.  Juba.  Un  lion  en  fureur  fecoue 
d'abord  fa  crinière. 

On  appelle  quelquefois  la  Comète ,  une  étoile  à 
longue  crinière.  Crinitus  cometa.  Voy.  Comète. 
CRI  NON.  f.  m.  Sorte  de  petits  vers  qui  viennent  fous 
la  peau  des  enfans,  &  qui  font  en  forme  de  gros 
cheveux  courts,  ou  de  foie  de  fangliers.  Par  le  moyen 
du  microfcope  ils  paroiirent  de  couleur  de  cendre, 
ayant  deux  longues  cornes,  les  yeux  ronds  &  grands, 
la  queue  longue  &  velue  au  bout;  en  un  mot ,  hor- 
ribles à  voir.  Ils  occupent  ordinairement  les  parties 
mufculeufes  du  dos ,  des  épaules  \  du  gras  de  la  jam- 
be au-  dedous  de  l'épiderme,  &  caufent  une  deman- 
geaifon  continuelle  &  fâcheufe,  qui  eft  très-fenfible, 
&  des  inquiétudes ,  des  cris  &  des  infomnies  aux 
enfans  ,  qui  s.'aimaigriflent  &  tombent  enfin  en  lan- 
gueur :  ce  qui  fait  dire  à  plufieurs  mères  que  leurs 
enfans  font  enforcelés.  Les  enfans  foibles  &  délicats 
y  font  le  plus  fujets.  La  caufe  des  crinons  eft  la  fup- 
preffion  de  la  tranfpiration  infenfible  ,:  la  matière 
retenue  fe  pourrit ,  &  les  femencesou  les  œufs  qu'elle 
contient  venant  à  éclorre  par  une  chaleur  douce  &: 
modérée,  fe  converriftent  en  ces  petits  vers.  On  les 
découvre,  &  on  guérit  l'enfant  en  le  mettant  dans 
lin  bain  ,  où  on  le  frotte  bien  avec  du  miel.  Les  cri- 
nons fortent  avec  la  fuenr,  &  il  eft  facile  de  les  racler 
&  de  les  arracher  avec  un  rafoir,  ou  une  croûte  de 
•  pain  ,  tandis  qu'ils  montrent  la  tète.  Quelques-uns , 
au  lieu  de  ce  bain,  mettent  les  enflms  jufqu'au  cou 
dans  une  ledive  où  ils  tout  bouillir  de  la  fiente  de 
poule  ,  &  les  y  lailfent  fuer ,  en  excitant  les  crinons 
avec  leurs  main';  enduites  de  miel.  Sitôt  qu'ils  paroif- 
fent ,  on  les  racle  de  la  même  manière  :  ce  qu'il  faut 
coniinuer  deux  ou  trois  jours ,  jufqu'à  ce  qu'on  n'en 


CRI 

voye  plus  fortir.  On  les  appelle  comedones ,  du  verbe 
Latin  comedercy  manger,  à  caufe  de  la  maigieur  des 
entans  dont  ils  mangent  la  nourriture  \  ou  crimones, 
de  crinis,  chcveuj  parce  qu'ils  fortent  d'ordinaire  par 
les  pores  de  la  peau,  en  forme  de  cheveux  courts,  ou 
de  poils  noirs,  ^oye^  DliAij  UA'CVlUS. 
CRIOBOLE.  f.  m.  Terme  d'Antiquaire.  Sacrifice  d'un 
mouton  ,  d'un  bélier.  Crioboliurn.  Le  Criohole  fe  fai- 
foit  autrefois  chez  les  payens  à  l'honneur  d'Atys  , 
comme  leTaurobole  fe  faifoit  à  l'honneur  de  Cybèle 
mère  des  Dieux.  Ce  facrifice  fe  trouve  marqué  fur 
plufieurs  bas-reliefs  anciens  par  une  tête,  ou  crâne 
de  bélier ,  avec  des  feftons  de  fleurs  &  de  fruits. 
On  f-aifoit  fouvent  le  Taurobole  h.  le  Criobole  en- 
femble  à  Cybèle  &  à  fon  favori,  comme  on  le  voit 
dans  de  vieilles  infcriptions ,  où  ils  font  appelés 
Grands  Dieux,  &  où  le  Taurobole  &  le  Criobole 
font  prefque  toujours  joints  enfemble.  Cet  Atys 
eftj  à  ce  que  l'on  croit,  le  même  que  le  Soleil, 
c'eft  pour  cela  qu'il  eft  appelé  Mcnotyrannus  j  M?»»- 
Tiifanùf ,  Roi  des  mois. 

M.  D.  M.  I. 

ET   ATTIDI  SANCTO 

MENOTYRANNO 

Q.    CLODIUS    FLAVIANUS 

V.  CL.  PONT.  MAJOR. 

XV.    VIR    S.    F.    SEPTEM 

VIR   EPULONUM 

TAUROBOLIO  CRIOBO 

LIOQUE  PERCEPTO. 

^oye\  Saumaife  fur  Lampridius  ,  C.  VIL  de  fes 
Notes,  édit.  de  Paris  in-folio ,  p.  ijç).  &  iSo.  Dans 
cette  infcription  je  crois  qu'à  la  première  ligne  il 
faut  M.  D.  M.  D.  au  lieu  de  M.  D.  M.  L  &  je 
l'explique,  Magnis  Diis  ,  Matri  Deûm  ,  &c.  comme 
on  le  voit  tout  au  long  fur  beaucoup  d'autres  qui 
font  dans  Gruter. 

CRIOLE.  f.  m.  Terme  de  Relations.  C'eft  un  nom  que 
l'on  donne  aux  familles  des  defcendans  des  pre- 
miers Efpagnols  qui  s'établirent  en  Amérique  dans 
le  Mexique.  Les  Efpagnols  qui  viennent  d'Efpagne 
font  grands  ennemis  des  Crioles ,  &  empêchent 
qu'ils  ne  parviennent  aux  charges,  yoye:^  Hornius. 
Orb.  Polie.  On  dit  plus  ordinairement  en  François 
Créole  que  Criole. 

^fT  On  donne  généralement  le  nom  de  Créole 
à  tout  Européen  d'origine  qui  eft  né  en  Améri- 
que. 

CRIOPHORE.  adj.  m.  Paufanias  parle  du  Tçmple 
de  Mercure  Criophore ,  ou  porte-bélier  ,  ainfi  ap- 
pelé j  parce  que  Mercure  avoir  empêché  que  la 
pefte  ne  défolât  la  viile  de  Thebes  ,  en  portant 
un  bélier  tout  autour  des  murailles.  De  là  ve- 
noit  qu'à  la  Fête  de  Mercure  j  le  mieux  fait  des 
jeunes  garçons  de  la  ville  faifoit  le  tour  de  fes  mu- 
railles, portant  un  bélier  ou  un  agneau  fur  fes  épau- 
les. 

CRIQUE,  f.  f.  Les  matelots  appellent  criques  de  pe- 
tits ports  fansart ,  ou  plutôt  de  petits  enfoncemens 
que  la  mer  fait  dans  la  côte,  où  de  petits  vaif- 
feaux  fe  peuvent  retirer  ,  &  fe  mettre  l'abri.  Scatio 
tuta. 

CRIQUET,  f.  m.  petit  cheval  de  peu  de  valeur.  |Afo/2- 
nulus.  Il  a  acheté  un  petit  criquet  pour  monter  un 
laquais. 

Que  plut- à-Dieu  que  faute  de  Pe'gafe  , 
Je  puje  au  moins  ,  monté  fur  un  cnquet , 
A  travers  monts  voler  au  Bourniquet, 
Et  voir  de  près  le  Patron  de  la  Café  ! 

P.  Du  Cerc. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  kerkettus ,  dérivé  dix 
GrecxeçKW.     M.  Huet  croit  qu'on  appelle  criquet j, 
un  petit  cheval ,    par  une  comparaifon  hyperboli- 
que avec  le   grillon ,  qu'on  appelle  criquet. 
^  CRISE,  f.  f.  Ce  mot  dans  fa  propre  hgnification 


CRI 

eft  fynonyme  à  jugement  étant  forme  du  Grec  x^lia, 
judico,  juger. 

Ip"  Les  Médecins  entendent  par  là  un  changement 
fubit  de  la  maladie  en  mieux  ou  en  pis  \  un  effort , 
pour  ainli  dire,  que  fait  la  nature,  ordinairement 
accompagné  d'une  Tueur  ou  de  quelque  autre  fymp- 
tôme  qui  donne  à-  juger  de  l'événement  de  la  ma- 
ladie. Crifis.  La  doctrme  des  cri/es  étoit  la  partie  la 
plus  importante  de  la  Médecine  des  anciens  ^  elle 
a  été  dans  dans  tous  les  tems  ,  &  eft  encore  au- 
jourd'hui attaquée  .5c  défendue  par  les  Médecms  de 
la  plus  grande  réputation. 

La  crife  fe  fait  ou  par  excrétion ,  comme  flux 
de  fang,  d'urine,  de  ventre,  ou  par  fueurs  &  vo- 
jiiilTemens ,  ou  bien  par  abcès.  Les  crifes  viennent 
d'ordinaire  le  7.  &  le  14.  ou  le  zo*-'.  jour.  Les  ma- 
ladies fort  aiguës  fe  jugent  la  plupart  dans  le  fep- 
tieme  jour. 

Crise,  fe  dit.  aufli  de  l'accident  qui  eft  alors  caufé 
par  la  nature.  Ce  malade  eft  en  fa  cnfe  ,  en  fa 
fueur ,  il  ne  faut  pas  le  découvrir. 

Crise,  fe  dit  ligurément  en  chofes  morales.  Cridcus 
dics.  Cette  intrigue  eft  dans  fa  crife,  nous  en  ver- 
rons bientôt  le  dénouement.  Ce  procès  eft  dans  fa 
crife,  il  eft  fur  le  point  d'être  jugé.  Je  ne  fais  quelle 
humeur  maîtrife' nos  volontés,  eft  la  crife  de  nos 
pallions.  ThÉoph. 

CRISPATION,  f.  f. Terme  de  Chirurgie,  qui  exprime 
l'eftet  que  produit  le  feu  appliqué  lur  des  chairs , 
des  mukles,  &c.  C'eft  un  relferrement  àes  parties 
extérieures  qui  fe  replient  fur  elles  même  à  l'approche 
du  feu.  Les  anciens  Chirurgiens  avec  des  ferremens 
rougis  au  feubrûloient  les  vailleaux  ,  pour  les  fermer 
par  la  crifpation  que  caufe  la  bridure.  Mem.del' Acad. 
des  Sciences. 

On  le  dit  en  Médecine  d'un  effet  à-peu-près  fem- 
blable  qui  arrive  aux  entrailles  ,  aux  mufcles  ,  &c. 
à  l'occalion  de  quelque  chofe  qui  les  irrite  ,  les  pi- 
cote &  les  contracte. 

CRISSER,  verb.  neut.  Qui  fe  dit  proprement  des  dents, 
quand  elles  lont  un  btuit  aigre  ,  lorfqu'on  les  ferre 
fortement.  Stridere. 

Ce  mot  eft  apparemment  formé  du  bruit  que  font 
les  dents.  S'il  eft  en  ufage  ,  ce  ne  peut  être  que  dans 
quelcjues  Provinces. 

CRISTAL,  f  m.  (on  peut  écrire  cryftal.  )  Pierre  tranf- 
parente  &  blanche  comme  le  diamant ,  mais  qui  n'en 
a  ni  la  dureté  ,  ni  la  vivacité  ,  ni  l'éclat.  Cryjlallus  , 
Cryftallum.  On  l'appelle  criflal  de  roche  ou  de  mon- 
tagne ,  quand  il  eft  net ,  fans  tare  ,  pailles  ,  atomes , 
petits  nuages ,  rouille  ,  ou  quelques  autres  imper- 
fecTrions.  La  nature  l'a  formé  hex.agone  ;  &  il  a  les 
angles  fi  liftes ,  fi  polis  &  fi  unis  ,  que  les  Lapidaires 
n'en  fauroient  faire  de  pareils.  Les  anciens  ont  cru 
qu'il  venait  de  congélation.  Mais  il  patoit  certain  que 
c'eft  une  terre  très-fine  &  très-déliée  ,  imprégnée  de 
particules  criftallines  ,  qui  nage  au  milieu  de  l'eau. 
Cette  eau,  trouvant  une  ilfue  ,  abandonne  ces  parti- 
cules cfiftallines ,  qui  fe  dépofent  les  unes  fur  les 
autres ,  fe  durcilîent  &  frorment  le  criftal.  Il  eft  bien 
vrai  que  l'eau  en  eft  le  véhicule  ,  èc  tient  les  parties 

Îiierreules  &  criftallines  en  fufion  ,  de  même  que 
es  fontaines  qui  font  des  incruftations  autour  des 
objets  qu'on  leur  oppofe.  De  plus  fi  le  criftal  étoit 
formé  d'eau  ,  il  devroit  fe  confumer  ou  fe  fondre 
dans  le  feu  ',  il  fe  réduit  au  contraire  en  une  terre 
friable ,  dégagée  de  tous  fels ,  de  laquelle  on  peut 
former  de  nouveaux  criftaux,  en  y  ajoutant  des  fels 
alkalis  fixes. 

Il  fe  trouve  dans  les  Alpes ,  en  Italie  j  en  Bohême, 
&  en  divers  autres  lieux  de  l'Europe-  Le  criflal  a 
une  qualité aftringente.  On  s'en  fertdans  ladiarrhée, 
dans  la  dyffenterle  ,  &  dans  plufieurs  autres  indifpo- 
fitions.  On  s'en  fert  aulli  pour  augmenter  le  lait  aux 
nourrices.  Le  criftal  de  roche  mis  en  poudre  efteftiiné 
le  meilleur  remède  contre  l'arfenic. 

_  Il  y  a  des  criftaux  rouges  appelés  frux  rubis  ;  de 
violets  ,  ou  fauffes  améthyftes  ;  de  jaunes,  ou  faulTes 
ïppafes  \  de  bleus ,  ou  faux  faphirs  i  d'un  rouge 


CRI  19 

jaunâtre  ,  ou  fauffes  hyacintes  \  de  verts ,  on  faulles 
cmeraudes ,  qui  font  des  criftaux  naturellement  co- 
lorés, fans  mélange. 

Ce  mot  vient  de  k^IktIuxMç  ,  glacies  ,  qui  vient  de 
xfà«f ,  jrigus  ,  rrsAPio.Kai ,  concrefco.  On  a  donné  ce 
nom  au  criftal,  parce  qu'il  relfemble  à  la  glace.  Pour 
xpuV  ,  il  vient,  lelonleP.Pezfon  ,  du  Celtique  Crou, 
ou  Grou. 

Cristal  ,  eft  auffî  un  corps  fadtice,  ou  un  verre  fort 
clair  &  fort  net  qui  fe  fait  dans  les  verreries.  Les 
beaux  verres  de  cnfal,  les  belles  glaces  de  crifal , 
fe  font  à  Mourran  auprès  de  Veniîe  :  c'eft  ce  qu'on 
appelle  crifal  de  Vemfe.  Un  œil  de  crifal  ^  eft  un 
faux  œil  qu'on  met  quand  on  eft  borgne,  &  il  fe 
fait  par  les  Emailleurs.  Oculus  cnfialUnus.  Pline  dit 
en  parlant  des  verres  de  criflal ,  que  leur  fragilité 
même  leur  donne  du  prix  ,  &  qu'on  a  mis  la  gloire 
du  luxe  à  avoir  des  choies  qui  puiifent  tout  d'un 
coup  périr  entièrement.  Il  y  a  des  amis  fi  pointil- 
leux ,  qu'il  faut  vivre  avec  eux  avec  la  même  précau- 
tion qu'avec  des  verres  de  crifal ,  tant  leur  amitié  eft 
fragile.  S.  Evr. 

Cristal,  en  termes  de  Chimie  ,  fe  dit  des  fels  &  de 
quelques  autres  matières  qu'on  fait  congeler  en  ma- 
nière de  criflal.  ^ 

Cristal  de  tartre  ,eft  du  tartre  purifié  &  coagulé  en 
forme  de  criftaux.  C'eft  la  même  chofe  que  crcmede 
tartre.  Pour  le  préparer  on  prend  du  tartre  qu'on  fait 
bouillir  dans  l'eau  :  on  ôte  l'écume  ,  &  on  le  paffe 
par  la  chaulfe  :  quand  on  l'a  laiffé  refroidir  j  on  trouve 
des  petits  criflaux  blancs  &  brillans  aux  côtés  &  au 
fond  du  vailfeau.  On  rrouve  auffi  une  pellicule  ou 
crème  qui  nage  fur  la  liqueur.  On  la  ramalfoit  autre- 
fois j  &  on  la  croyoit  différente  du  crifal  de  tartre  ; 
mais  c'eft  une  même  matière.  Le  crifal  de  tartre  eft 
purgatif  &  apéritif  ;  il  eft  propre  pour  les  hydropi- 
ques ,  pour  les  afthmatiques  &  pour  les  fièvres  in- 
termittentes. Le  crijlal  de  tartre  de  chalibe  ,  eft  un 
criflal  de  tartre  empreint  des  parties  les  plus  dilfelubles 
du  fer.  Le  criflal  de  tartre  émétique  ,  eft  un  criflal  de 
tartre  chargé  des  parties  fulfureufes  de  l'antimoine  , 
qui  le  rendent  vomitif. 

On  appelle  criflal  d'alun  ,  de  l'alun  purifié  &  réduit 
en  criftaux  de  la  même  manière  que  le  rartre.  On 
criftallife  tout  de  même  le  nitre,  le  vitriol  &c  les 
autres  fels.  Les  criflaux  d'alun  fonr  quadrangulaires , 
&  brillans  comme  le  diamant.  Ceux  de  nitre  font 
blancs  &  oblongs.  Ceux  de  vitriol  font  verts  ,  qua- 
drangulaires Ik  éclatans. 
Cristal  Minéral  ,  eft  du  falpêtre  préparé  avec  le 
foufre.   On  prend  du  flilpêtre  ,  par  exemple  ,  demi- 


livre  \  on  le  met  dans  un  creufet  qu'on  place  dans 
un  fourneau  entre  les  charbons  ardens.  Lorfque  le 
falpêtre  eft  en  fuiion  ,  on  y  jette  à  diverfes  reprifes 
deux  drachmes  de  fleur  de  foufre.  Après  que  la 
flamme  eft  palfée  j  on  renverfe  le  creuier  dans  une 
bafline  d'étain  plate ,  &  on  la  remue ,  afin  que  le 
fel  s'étende.  C'eft  ce  qu'on  appelle  criflal  minéral , 
ou  anodin  minéral.  On  le  uoxnmQ  zuffi  fcl prunelle, 
ou  ftl  de  prunelle,  parce  qu'il  eft  bon  contre  l'ef- 
quinancie  qu'on  ncmtmQ.pruna   on  prunella. 

On  appelle  Criflaux  d'argent  ou  de  lune,  un  ar- 
gent pénétré  &  réduit  en  forme  de  fel  par  les  poin- 
tes acides  de  l'efprit  de  nitrR  On  s'en  fert  pour  faire 
efcarre  en  touchant  la  partie.  On  en  fait  prendre 
aulTi  intérieurement  pour  les  hydropifies,  &  pour 
les  maladies  du  cerveau. 

On  appelle  Criflaux  de  Mars  ,  un  fer  pénétré  ?C 
réduit  en  forme  de  fel  par  une  liqueur  acide.  C'eft 
un  admirable  remède  pour  toutes  les  maladies  qui 
viennent  d'obfttudtion.  On  les  appelle  aufli yt/,  ou 
vitriol  de  Mars. 

On  appelle  Criftaux  de  Vénus,  du  cuivre  péné- 
tré &  réduit  en  forme  de  vitriol  par  l'efprit  de  ni- 
tre. Ils  font  cauftiques.  On  s'en  fert  pour  confumer 
les  chairs  baveufes.  On  les  appelle  aufli  vitriol  de 
cuivre ,  ou  de  Vénus. 
Cristaux  de  Verdet  ,  c'eft  du  vert  de  gris  criftaU 
lifé. 

Cii 


îLo  C  R  I 

Cristal  d'Islande  Corps  diaphane,  pierre  rranfpa- 
rente  que  l'on  apporte  d'Illande.  Cetce  pierre  relfem- 
ble  au  cale  ;  elle  eft  molle  comme  le  talc.  On  re- 
marque des  réfractions  tout-à-hiit  particulières  dans 
ce  crijlal.  i.  Dans  les  autres  corps  il  ne  le  lait  qu'une 
réfraction  ,  dans  celui-ci  il  y  en  a  deux  ditîéren- 
tes  ,  enforte  que  les  objets  parollfent  doubles  à  tra- 
vers ce  crijlal.  2.  Dans  les  corps  tranfparens  le  rayon 
qui  tombe  perpendiculairement  lur  leur  furface , 
palFe  tout  droit,  fans  foutïrir  de  rchadionj  &  le 
rayon  oblique  fe  rompt  toujours  ;  mais  dans  le  aif- 
tal  d'IJlande  le  rayon  perpendiculaire  fouffre  ré- 
fradrion ,  &  il  y  a  des  rayons  obliques  qui  pallent 
tout  droit.  Vûye-{  M.  Huygens,  qui  a  traité  exprès 
des  rcfradions  extraordinaires  de  ce  crijlal. 

Cristal  ,  fe  dit  figurément  &  poétiquement  des  eaux 
fort  claires.  Aqua  limpida.  Cette  lource  répand  le 
crijlal  de  fes  eaux  dans' cette  prairie.  Daphné,  ne 
cherchez  point  le  crijtal  des  fontaines,  pour  vous 
inliruire  de  vos  appas ,  mes  loupiis  vous  en  inf- 
îruiront  affez.  Font. 

DansUcn^dX  des  eaux  fouvcnt  Philisfe  mire  ^ 
Et  là.  contre  mon  azur  elle  apprête  Jes  traits.  Id. 

'  Couchés  près  du  criftal  d'une  onde  vive  &  pure  , 
Nous  n'étions  jamais  las  d^ admirer  la  nature. 

NOUV.   CHOIX    Dfc   VSRS. 

CRISTALIER.  f.  m.  Ouvrier  qui  taille  ou  qui  grave 
le  criftal. 

CRISTALLIN  ,  ine.  adj.  Pur ,  clair  &  tranfparent 
comme  du  criftal.  Crijlallmus.  La  cafcade  naturelle 
de  ce  ruiireau  eft  une  eau  pure  &  c'rijialline. 

Cristallin  ,  f.  m.  Efpece  de  verre  que  l'on  fait  avec 
de  la  fonde  d'Alican  j  &  du  fablon  vitrifiés  en- 
femble. 

Cristallin  ,  en  termes  d'Optique  ,  eft  une  humeur 
épaiftie  en  forme  de  petite  boule  pofée  au  milieu 
de  l'œil ,  dans  laquelle  fe  fait  la  rétradtion  des 
rayons  de  lumière,  afin  qu'ils  fe  réunillent  dans 
la  rétine ,  &  y  formenr  l'image  de  l'objet  qui  doit 
produire  la  vilion.  Humor  criJlaUinus.  C'eft  la 
configuration  du  crijlallin ,  qui  eft  caufe  que  la 
vue  eft  plus  courte  ou  plus  longue.  Quelques- 
uns  difenc  crijlalline  i  féminin.  Crijlallin  eft  plus 
en  ufage ,  &  beaucoup  mieux.  Voye^  (Eil  ,  Vi- 
sion. 

En  Aftronomie  on  appelle  les  cieux  crijlallins  deux 
oibes  qu'on  s'eft  imaginé  être  entre  le  premier 
mobile  &  le  firmament,  dans  l'hypothtfe  de  Pto- 
lomée,  félon  laquelle  on  croyoit  les  cieux  folides 
&  fufceptibles  d'un  feu!  mouvement  propre.  Ccelum 
crijlallinum.  Ils  ont  été  imaginés  par  Alphonfe  Roi 
d'Efpagne  ,  pour  expliquer  deux  mouvemens  qui 
ont  été  appelés  de  trépidation  ,  ou  de  titubation ,  ou 
de  variation.  Le  premier  crtflallin,  félon  l'hypothèfe 
de  Ptolomée  &  de  Regiomontanus ^  fert  à  expli 
quer  le  mouvement  tardif  des  étoiles  fixes  j  qui 
les  fait  avancer  d'un  degré  en  70.  ans ,  félon  la 
fuite  des  fignes,  c'eftà-dire,  vers  l'Orient:  ce  qui 
caufe  la  préceiîion  des  fignes.  Le  fécond  crijlallin 
fert  à  expliquer  le  nTOuvement  de  libration,  ou  de 
trépidation ,  par  lequel  la  fphere  célefte  eft  portée 
d'un  pôle  à  l'autre  ;  ce  qui  caufe  de  la  différence 
dans  la  plus  grande  déclinaifon  du  foleil.  Les  Mo- 
dernes expliquent  ces  divers  mouvemens  d'une  ma- 
nière plus  facile- 

CRISTALLINE,  f.  f.  Terme  de  Chirurgie.  C'eft  une 
maladie  qui  vient  à  la  partie  honteufe  de  l'homme 
par  une  fluxion  d'humeurs ,  cpi  la  font  paroitre  com- 
me de  criftal. 

Cristalline,  f.  f.  Efpece  de  poire.  Crijlallina.  Pyrum 
crifiallinum.  La  Quintinie  met  la  Crijlalline  parmi 
les  mauvaifes  poires.  Elle  fe  mange  en  Février  &:  en 
Mars. 

CRISTALLISATION,  f.  f.  Terme  de  Chimie  &  d'Hif- 
toire  N.rturelie.  On  entend  en  général  par  ce  mot  un 


C   R  I 

phénomène  phyfique,  par  lequel  les  parties  folides 
d'un  corps ,  d'une  pierre,  par  exemple,  dilloutedans 
un  liquide ,  fe  rapprochent  &  forment  une  malle 
folide  d'une  figure  régulière  &  déterminée.  Congela- 
tio.  Crijlal ujatio.  Plus  particulicremeiit ,  on  entend 
par  ce  mot ,  des  amas  de  pierres  d'une  forme  régu- 
lière &  conltante. 

En  Chimie  ^  la  criftalllfation  eft  une  opération 
chimique,  par  laquelle  les  parties  ou  molccules  des 
fels  difiousdans  un  menftrue  convenable  ,  fe  rappro- 
chent &  forment  des  malles  différemment  figurées  , 
fuivant  la  nature  des  diftércns  fels. 

§3°  Crispallisation  Terme  de  Lithologie.  Ce  font 
des  pierres  dures  ,  ou  des  cailloux  ,  dans  lefquels  il 
fe  trouve  des  parcelles  de  criftal  en  trop  pente  quan- 
tité pour  former  du  vrai  criftal ,  mais  fuinlammenc 
pour  produire  un  effet  brillant  aux  yeux.  En  rom- 
pant de  certains  cailloux  ,  on  les  trouve  ordinaire- 
ment remplis  de  ces  particules  de  criftal  j  &  c'eft: 
ce  qu'on  nomme  cailloux  criftallifés. 

§3°  Cristallisation.  Terme  de  Gabelle.  C'eft  l'épaif- 
iilTèment  de  l'eau  marine,  foit  dans  les  marais  falans, 
foit  dans  les  chaudières ,  cuves,  plombs ,  où  l'on  tait 
lefel. 

CRISTALLISER,  v.  a.  Terme  de  Chimie.  Réduire  en 
criftal  après  l'évaporation  de  l  humidité.  Congelare. 
On  fait  bouillir  le  falpctre  pour  le  crijlallifer.  Quand 
on  fait  le  fel  des  puits  lalans  ,  on  fau  évaporer  l'eau 
jufqu'au  fec,  &  ce  fel  fe  uouve  crijfallje.  Le  tartre 
le  crijiallije  autour  des  tonneaux.  L'alun  fondu  dans 

•  l'eau  fe  crijiallije  autour  des  bâtons  qu'on  y  jette  ,  & 
fait  plufieurs  petits  corps  pyramidaux. 

Cf3"  Cristalliser  eft  quelquefois  neutre.  Faire  crif- 
tallifer  un  fel.  Il  eft  plus  fouvent  actif  Se  réciproque. 

Cristallisé  ,  ée.  part. 

CRISTALLOM ANCE,  ou  CRISTALLOM ANTIE.  f  F. 
Art  de  deviner  ,  de  connoîrre  les  chofes  fécrettes  & 
cachées ,  par  le  moyen  d'un  miroir ,  en  les  faifanc 
voir  dans  un  miroir.  Autrement  Catoptromantie. 
Crijlallomantia.  Catoptromantia.  On  dit  qu'il  y  a  des 
devins  qui  font  voir  dans  un  miroir  la  perfonne  que 
l'on  veut  connoître.  j  par  exemple  ,  celui  qui  a  volé  , 
ou  fait  quelque  autre  chofe  que  l'on  veut  favoir. 
C'eft  ce  qui  s'appelle  Crijlallomance  ^  ou  Catoptro- 
mancè ,  de  xpiîo-raAAc?  ,  glace  ,  eau  gelée  ,  &  crijlal  ,  ■ 
verre  ,  glace  de  miroir  j  ou  x.KTc?rTfDv  miroir  &  /umnla , 
divination. 

CRISTE-MARINE.  Plante.  La  même  ciiofeque  Crête- 
Marine,  f^oy.  ce  mot. 

CRIT.  {.  m.  Petit  poignard  de  1 1  ou  1 5  pouces  de  long, 
dont  la  lame  eft  plate  &  en  onde  par  les  côtés ,  qui 
eft  en  ufage  chez  les  Siamois,  ou  plutôt  les  Macaf- 
fars.  La  plupart  de  ces  armes  fonr  d'un  acier  ëmpoi- 
fonné  d'un  poifon  lî  fubtil  &  li  puilFant  ,  que  La 
moindre  égratignure  qu'il  fait  eft  mortelle,  princi- 
palement en  été.  Le  Père  Tachard  dit  qu'il  y  a  de  ces 
lames  qui  coûtent  près  de  mille  éeus.  Rendre  le  crit 
parmi  les  Macalfars  ,  c'efl:  inhimie  ;  le  rirer  &  ne 
tuer  perfonne  ,  eft  la  dernière  des  lâchetés.  Id.  Le 
Chevalier  de  Forbin  envoya  à  l'inftant  lui  demander 
le  crit  de  la  part  du  Roi.  Id. 

CRITHOMANCE.  f.  f.  Crichomantla.  Sorte  de  divi- 
nation ,  qui  confiftoit  à  conhdérer  la  pâte  ou  la  ma- 
tière des  gâteaux  '.{u'on  offroit  en  facrifice  ,  &  la^ 
farine  qu'on  répandoir  fur  les  viétimes  qu'on  dévoie 
égorger  \  &c  parce  qu'on  fe  fervoit  fouvent  de  farine 
d'orge  dans  ces  cérémonies  fuperftitieufes  ,  on  a 
appelé  cette  forte  de  Divination  Crithomance  ,  de 
xçiS-f' ,  orge  ,  &  de  ^«»™«  ,  divination.  Voy.  Peucer 
des  Divinations ,  &  fon  Traduéleur. 

CRITHOPHAGE.  f.  m.  &  f.  ou  adj.  Mangeur  d'orge  , 
qui  vit  d'orge.  Crithophagus.  S.  Macédoine,  Pictre 
d'Antioche&  Solitaire,  i\\xwovL\\wk\Q.Ckrithophage, 
croit  Syrien  de  nation  ,  &  il  vint  au  monde  vers 
l'an  320.  Il  vécut  45  ans  fur  le  haut  des  montagnes 
des  environs  d'Anrioche ,  fans  autre  cellule  que  les 
trous  qui  s'y  trouvoienc  ;  &  il  en  pafîa  40  fans  fs 
nourrir  d'aucune  autre  chofe  que  de  l'orge  broyée  &: 
détrempée  dans  de  l'eau  avec  le  fon.  Cailli-t  ,  24. 


CR 


C   R  I 

Jan.  &  CîiASTELAiN,  au  même  jour  ^  p.  593  &  59S  , 

Ce  nom  vient  de  «.^i^^  j  orge ,  &  Çctyùfta,  ^jemange.  j 
Ainlî  pour  êrre  exact,  il  hiiic  écrire  CrkJiophage  ,\ 
comme  l'Abbé  Chalk-lain  ,  &  non  pas  Crhophage  , 
comme  Bailler  j  mais  dans  ces  mots  Grecs  Tulage  ôte 
fouvent  l'h. 
CP.ITIQUABLE.  ad),  de  t.  g.  Que  l'on  peut  critiquer. 
Pour  quelques  endroits  critiquables  du  Payfanparvenu 
Szds-Manan.'ie  ,  par  M.  de  Marivaux,  vous  trouverez 
certainement  des  penfées  originales ,  des  manières 
de  s'exprimer  qui  furprennent  l'efpnt ,  Se  happent 
agréablement  l'oreille  ;  des  portraits  li  bien  toiichés  , 
qu'ils  vous  font  connoitre  les  gens  comme  li  vous 
les  aviez  vus  toute  votre  vie  ;  des  récits  dont  les 
circonftances   font  ménagées  li  habilement  ,    qu'il 
vous  femble  être  préfent  à  tout.  AJerc.  d'Ocî.  1737. 
IITÎQUE.  adj.  m.  &  i.  Terme  de  Médecine  ,  fe  dit 
d'un  iymptome  ,  d'un  accident  qui  fait  juger  de  l'é- 
vénement de  la  maladie.  On  le  dit  des  jours  où  ces 
accidens  arrivent  ordinairemenr.  Dits  cruici.  Le  fep- 
tième  jour  eft  un  jour  critique. 
Critique.  Ternv^  d'horlogerie.  Moment  où  les  Lima- 
çons d'une  répétition  changent  de  fuuation.  S'ils  ont 
quelques  défauts ,  &  que  l'on  poulie  la  répétition  au 
moment  du  changement,  la  répétition  mécomptera  5 
c'ell  pourquoi  une  partie  le  meut  par  laut  pour  éviter 
le  moment  critique. 
Critique,  f.  m.  Se  dit  de  celui  qui  porte  fon  jugement, 
ou  fur  le  texte  ,  ou  fur  le  fens ,  ou  fur  l'Auteur  de 
quelque  ouvrage.  Criticus.  Les  grands  Critiques  des 
derniers  fiècles  ont  été  les   Scaligers ,    Cafaubon  , 
Lipfe  ,  Erafme,  Turnèbe  ,  &c.  Les  Critiques  font  des 
bcces  faro.uches.  Bal.    Saumaife  a  été  un  judicieux 
Critique.  On  appelle  grands  Critiques ,  les  notes  de 
divers  Auteurs  fur  la  Bible.  Politien  ,  au  rapport  de 
Scioppius,  a  été  le  premier  des  Critiques  modernes 
qui  ait  examiné  &  corrigé  les  anciens  Auteurs  en  les 
faifint  imprimer.  Audacieux  Critique,  Critique  outré, 
téméraire,  trop   hardi;   Critique  judicieux,  fenfé  , 
ingénieux  ,  habile.  • 
Critique  ,  fe  dit  particulièrement  de  celui  qui  reprend 
les  fautes  d'autrui ,  quelquefois  avec  févérité.  Criti- 
cus j  Cenjor.   En  qualité  de  Critique  l'on  s'engage  à 
avoir  évidemment   raifon  ,    autremenr  il  n'ell  pas 
permis  d'infulter  un  Auteur  fur  une  faute  douteufe 
&  ambiguë.  S.  Real.  Plutarque  étoit  férieux  S>c  cri- 
tique,   BoUH. 

Craignez-vous  pour  vos  vers  la  cenfure publique  ? 
Soye-^-vous  a  vous-même  unfévère  critique.  Boil. 

1^  Critique  ,  fe  prend  quelquefois  dans  une  lîgnih-  | 
cation  plus  étendue  pour  un  homme  de  mauvaife  I 
humeur  qui  trouve  à  redire  à  tout.  Dans  ce  fens ,  \ 
il  ne  fe  du  qu'en  mauvaife  part.  Moleftus  cenjor  ,  ' 
Ariftarchus.  Le  moyen  de  vivre  avec  un  critique  ,  &  un  1 
cenfeur  perpétuel ,  à  qui  rien  ne  plaît  ?  C'eft  un  vrai  j 
critique  j  un  fâcheux  critique. 

Je  ne /aurais  foufjrir  qu'un  cagot  de  cririque  , 
Vienne  ufurper  céans  un  pouvoir  tyrannique.  Mol. 

Critique  ,  eft  aulîî  adjeéfif  dans  tous  ces  divers  fens. 
Criticus.  Ouvrage  critique  ,  Diicours  critique  ,  Dilfer- 
tation  critique  ,  où  l'on  examine  avec  foin  un  ou- 
vrage pour  en  porter  fon  jugement.  Il  y  a  une  Hif- 
rojre  critique  du  V.  &  du  N.  Tellament  ,  par  le 
P.  Simon.  Humeur  critique  ,  efprit  critique  :  alors  ce 
mot  annonce  une  difpolîtion  à  critiquer  trop  légè- 
rement. Redoutez  ces  dévots  chagrins  &:  critiques  , 
qui  ne  pardonnent  rien  :  toujours  plus  fatisfaits  de 
trouver  une  faute  à  reprendre ,  qu'une  vertu  à  imiter. 

Gardez-vous  ,  dira  l'un ,  de  cet  efprit  critique  ; 
Onne fait  bien  fouvent  quelle  mouche  le  pique.  Boil. 

Critique,  f.  f.  Se  dit  du  goût ,  du  difcernement ,  de  la 


CRI  21 

fcience ,  de  la  capacité  qu'on  a  de  juger ,  de  faire 
un  bon  ouvrage  critique.  Dcjcriptis  ]udiainais  ars  _, 
Critice.  La  Critique  el1:  l'art  de  juger  des  faits  qui 
compofent  l'hilfoire ,  des  ouvrages  d'efprit ,  des  dif- 
férentes leçons  qui  s'y  rencontrent,  de  leur  Ûyle , 
&  de  leurs  Auteurs.   Tout  cela  eft  du  rellort  de  la 
Critique ,  Se  M.  le  Clerc  en  a  donné  une  idée  impar- 
faite ,  quand  il  la  délînit,  l'art  d'entrer  dans  le  iens 
des  anciens  Auteurs ,  &  de  faire  un  jufte  difcerne- 
ment de  leurs  véritables  ouvrages.  D'autres  vou- 
droient  qu'on  la  définît  fîmplement  l'arr  de  juger. 
C'eft  fa  véritable  notion ,  &  la  lignification  propre 
de  fon  nom.  Rien  n'eft  plus  propre  que  la  Critique 
à  former  le  bon  fens,  à  donner  de  la  juftclTe  à  l'ef- 
prit.  La  Critique  fouvent  n'eft  pas  tant  une  Icience 
qu'un  métier ,  où  il  faut  plus  de  fanté  que  d'efprit, 
&  plus  de  travail  que  de  capacité.   La  Bruy.  La 
Critique  Sacrée  de  Cappel  fur  le  texte  Hébreu  ,  eft 
très-fage  &  très-exaéte.  S.  Evr.  Il  faut  autant  de  bon 
fens  que  d'érudition  ,  pour  bien  réuflir  dans  la  Cri- 
tique. La  Critique  d'un  tel  eft  lure  &  judicieufe.  La 
Critique  eft  le  dernier  effort  de  la   réllexion  &  du 
Jugement.  Dac.  Il  y  a  telle  obfervation  de  Critique 
qui  demande  plus  de  fagacité  &  d'invention  qu'une 
belle  penfée.  S.  Evr. 

On  peut  appeler  Critique  Philofophique ,  l'art  de 
juger  des  opinions  de  Philofophie  \  Critique  Théclo- 
gique,  l'art  de  juger  des  explications  des  dogmes  ; 
Critique  Merale  ,  l'art  de  juger  des  aéfions ,  des  in- 
tentions, du  mérite  des  perfonnes  \  Critique  politique  ^ 
l'art  de  juger  des  moyens  de  gouverner  ,  d'acquérir, 
de  conferver  fes  Etats.  Mais  on  n'appelle  commu- 
nément Critique  que  la  Critique  Littéraire  ,  qui  ren- 
ferme pludeurs  efpèces  \  car  elle  comprend  l'arr  de 
juger  des  faits  \  efpèce  de  Critique  fort  étendue  ,  qui 
ne  regarde  pas  feulement  l'hiltoire  ,  mais  encore  le 
difcernement  des  véritables  ouvrages  d'un  Auteur , 
du  véritable  Auteur  d'un  Ouvrage ,  de  la  véritable 
manière  de  lire  un  texte  \  l'art  de  découvrir  la  fup- 
polîtion  des  monumens  antiques  ,  des  chartes  ,  èr. 
Les  autres  parties  de  la  Critique  littéraire  font  la  cri- 
tique des  ouvrages  d'efprit,  qui  eft  l'art  de  juger  de 
leur  excellence  ,  ou  de  leurs  défaurs  \  la  Critique 
grammaticale,  ou  l'art  d'interpréter,  de  découvrir 
le  Iens  des  mots  &  des  difcours  d'un  Auteur  \  la 
Critique  des  Antiquaires  ,  qui  conlifte  à  diftinguer 
les  vraies  médailles  ,  les  cliftérens  goûts  que  l'on 
y  remarque  ,  félon  les  difiérens  peuples ,  les  dif- 
férens  pays  ,  les  diftérens  rems  où  elles  ont  été 
frappées ,  à  reconnoître  ce  qui  eft  moulé  de  ce  qui  eft 
frappé  ,  &:  ce  qui  eft  retouché  &  réparé  ,  ou  ajouté, 
de  ce  qui  eft  véritablement  antique  ,  le  véritable 
verni  du  faux,  &c.  à  les  déchitrer ,  &  à  les  expliquer. 
La  Critique  facrée  en  général ,  eft  celle  qui  travaille 
fur  les  matières  Eccléfiaftiques ,  hiftoire  de  l'Eglife  , 
ouvrage  des  Pères  ,  Conciles  ,  vie  des  Saints  ,  i-c. 
Et  plus  en  particulier  celle  qui  s'occupe  de  ce  qui 
concerne  les  livres  de  l'Ecrirure.  Quelqu'un  a  die 
fagemenr  de  celle-là  quelle  devoir  aidet  la  Théo- 
logie ,  mais  que  la  Théologie  devoit  la  gouverner  ; 
Adjuvanlam  Criticà  Theologiam  j  moderandam  Theo- 
logiâ  Criticarn. 

Ariftote ,  fi  l'on  en  croit  Denys  d'HalicarnalTe  ,  eft 
le  premier  inventeur  de  cet  art.  Ariftarque,  Denys 
d'Halicarnalfe    lui-même  ,    Varron  &   Longin  ,  s'y 
fignalerent  en  leur  tems.  Le  Chriftianifme ,  dès  les 
premiers  rems ,  n'a  pas  manqué  de  Critiques.   Ori- 
gène  ,  S.  Denys  d'Alexandrie  ,  Lucien  ,  Héfychius , 
Eufcbe  ,  Tichonius ,   S.  Jérôme  ,  Théodoret ,  ont 
été  de  grands  innitres  en  cet  art.  Le  Décret  du  Pape 
Gelafe  fur  les  Livres  Apocryphes  n'a  pu  êtte  fait  fans 
le  fecours  de  la  Critique.  Elle  tomba  avec  les  autres 
arts  ;  elle  fe  rétablit  enfuite  fous  l'empire  de  Charle- 
magne,  &  fous  celui  de  fes  enfans.   Les  foins  des 
Religieux  de  Citeaux  pour  corriger  les  manufcrits 
de  la  Bible  ,  prouve  que  les  règles  &c  l'ufage  de  la 
Critique  n'étoient  pas  inconnus  dans  le  onzième  fiè- 
cle.  Les  Ouvrages  de  Jean  Salisbery,  d'EuftathiuSj  de 


2,1         CRI        C  RO 

Tzetzès,  montrent  qu'on  la  cultivoitdans  !e  douziè- 
me. Les  manulciits  de  la  Bible  corriges  par  les  Domi- 
ivicains  de  Paris ,  &  par  les  Dodeurs  de  Sorbonne 
dans  le  XIII'.  liècle  montrent  qu'elle  fubfiftoit  en- 
core. Elle  fut  cultivée  avec  plus  de  loin  encore  dans 
les  liècles  fuivans  ;  le  XVi*-'.  &  le  XVII''.  fur-tout 
l'ont  beaucoup  pertedionnée ,  &  aujourd'hui  tout 
le  monde  veut  s'en  mêler.  Le  P.  Honoré  de  Sainte 
Marie  ,  Carme  Dcchaulfé  ,  a  fait  des  Réflexions 
■fur  les  règles  &  fur  l'ufage  de  la  Cr nique.  Foye^ 
•cet  Ouvrage.  De  tout  ceci  il  s'enfuit  que  la  Criù- 
que  fuppole  une  grande  connoillance  des  matières 
■far  lelquelles  on  l'exerce,  &  des  principes  des  arts 
&c  des  iciences  qui  en  traitent  j  mais  que  la  Critique 
elle-même  n'ell  pourtant  autre  chofe  que  le  bon  fens 
peiieclionné  par  la  Logique. 

"CtvItique.  Se  dit,  en  terme  de  Palais,  de  l'examen 
que  l'on  fait  des  moyens  que  propofe  la  partie  ad- 
verle,  des  réponfes  qu'on  y  fait,  des  témoins  que 
l'on  produit,  dans  une  enquête,  &  des  reproches 
qu'on  y  oppofe ,  delà  réfutation  qu'on  en  fait.  Con- 
Jutano,  rcjutado.  On  a  fait  une  cruique  des  témoins 
qui  confilte  à  trouver  de  la  contradiclion  dans  ce 
qu'ils  ont  propofé.  Durand. 

Critique,  fignitie  encore,  Cenfure  maligne,  examen 
rigoureux,  foit  des  adbions,  foit  des  Ouvrages. 
Cenfura.  Les  hommes  ne  doivent  point  fe  jugera 
toute  rigueur  y  perlonne  ne  peut  arriver  à  un  dé- 
gré  de  perfection  qui  foit  au-delTus  de  la  plus  fé- 
vere  critique  S.  Real.  Après  avoir  invoqué  en  vain 
la  critique  la  plus  chagrine  ,  la  plus  dégoûtée  & 
la  plus  piquante,  il  n'a  pu  s'empêcher  d'admijer 
vorre  ouviag^.  La  critique  eft  une  arme  offenfive 
dont  il  faut  fe  fervir  avec  précaution.  Id.  Il  ne  faut 
pas  outrer  la  critique.  Bouh.  Rien  n'échape  à  fa  cri- 
tique. 

Sans  crainte  &  fans  inquiétude  j 

Je  livre  mes  amufemens 

A  la  critique  la  plus  rude.  Des-Houl. 

f3°  Le  mot  de  critique  s'applique  proprement 
aux  Ouvrages  lutcraires:  celui  de  ctf/T/Z^/d,  aux  Ou- 
vrages Théologiques ,  à  la  dodrine  ,  aux    mœurs. 

CRITIQUER,  v  a.  Juger  d'un  Ouvrage  ^  en  exami- 
ner, en  corriger  les  défauts.  Alicujus  fcripta  cenfo- 
foriâ  virgulâ  notare.  Les  meilleurs  Auteurs  ont  été 
critiques  par  les  Grammairiens.  Critiquer  un  tableau , 
un  bâtiment. 

Critiquer,  fe  prend  odieufementj  pour  dire  cen-* 
furer ,  reprendre  fans  celle ,  ne  trouver  rien  de  bien 
fait  à  fa  tantaifie.  Reprshendere  ,  carpere.  Les  fem- 
mes font  fujettes  à  fe  critiquer  les  unes  les  autres. 
Les  gens  qui  critiquent  fur  tout  font  infupportabies. 

Perfonne  ne  lit  pour  apprendre , 

On  ne  lit  que  pour  critiquer.  Des-Houl. 

Critiqué,  ée.  Part.  Cenforiâ  virgulâ  notatus. 
CRITIQUEUR.  f.  m. Celui  qui  reprend,  qui  critique. 

Cenfor.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Richelet   &    dans 

La  Fontame. 
CRITOMANCE.  Foye-^  CRITHOMANCE. 
CRITOPHAGE.  Foyei  CRITHOPHAGE. 

■\  C  R  O. 

CROACER.  V.  n.  C'^ft  ainfi  qu'il  fuidroit  écrire,  & 

non   pas  croajjer.   La  première  manière  me  paroît 
;     plus  naturelle  ,  étant  plus  conforme  au  latin  crocire , 

crodtare  j  dont  on  a  fait  croacer  ;  mais  l'ufige  eft 

d'écrire  croa[]er. 
SO-CROAILLEMENT.  f.  m.  Cri  des  Corbeaux. 

Crocitus.  Ce  mot  fe  trouve  dans  le  Didionnaire  de 

C.  Etienne  :  Croailler ,  crier  comme  des  Corbeaux. 

Crocire.  Id. 
CROASSEMENT,  f.  m.  Cri  des  Corbeaux.  Crocitus. 
CROASSER.  V.  n.  Crier  comme  les  Corbeaux  Croare. 

Ce  mot  vient  du  latin  crocitare. 


C  R  O 

Croasser,  fignifie  figurémenr,  criailler,  c'eft  un  ter- 
me de  mépris.  Clamitarc  ,  croiuaic. 

Si-tôt  que  d'Apollon  un  gcnie  infpiré  ^ 
Trouve  loin  du  Fulgaire  un  chemin  ignoré^ 
Ses  rivaux  objiurcis  au  tour  de  lui  cioafTent. 

BoiLEAU. 

Laijfons  chanter  fur  ce  fullime  ton  , 
Chaulicu  j  la  Mothe  y  &  tel  autre  Génie  _, 
Qui  de  la  Lyre  a  reçu  l'harmonie , 
ht  n'allons  point,  Poètes  croalfans , 
JDe  leur  concert  troubler  les  doux  accens. 

P.  DU  Cerc; 

Or  à  préfent  que  le  Parnaffe 

Eji  vilainement  injcclé , 

Et  n'eji  plus  qu'un  mont  déferté , 

Ou  maint  &  maint  Corbeau  croalTe , 

N'efpere  plus  de  telle  race 

La  louange  qu'as  mérite.     M.  DE  LA  Fare. 

CROATE.  Nom  de  Peuple.  Corbas  ,  Chrovatus,  Croa~ 
tus.  Les  Croates,  que  Cédrénus  appelle  Corhatcs, 
font  les  peuples  qui  habitent  la  Croatie ,  dont  nous 
allons  parler.  Quelques  -  uns  prétendent  qu'on  les 
appelle  indifféremment  Croates  ,  on  Cravates ,  ou 
même  Corvates  j  &  Ctobavates  ^  cela  n'ell  pas  vrai  : 
"  quand  on  parle,  en  terme  de  guerre,  de  foldats  de 
Croatie,  il  tàut  dire  Cravate,  c'eft  l'uilige  en  no- 
tre langue.  Une  compagnie  de  Cravates ,  un  régi- 
ment de  Cravates.  Un  Capitaine  de  Cravates.  Les 
Cravates  furent  commandés  pour  attaquer  ce  pofte, 
&  l'emportèrent.  Foyei  Cravate.  Qu.and  on  parle 
des  habitans  de  Croatie  en  d'autres  matières.  Croa- 
tes paroît  mieux.  Les  Croates  font  bons  foldats. 
Les  Croates  font  originairement  les  Chrovates ,  qui 
vinrent  fur  la  fin  du  IX.  fiècle  s'établir  en  Croatie, 
&  lui  donnèrent  leur  nom. 

CROATIE  ,  Province  du  Royaume  de  Hongrie.  Croa-  - 
tia  ,  Corbavia.  Elle  eft  bornc"e  an  couchant  par  la 
Carniole  ,  au  nord  par  la  Save  ,  rivière  qui  la  iépare 
de  l'Hfclavonie.  Elle  a  la  Bofnieau  levant ,  &:  au  midi 
le  Comté  de  Zara  &  le  Golfe  de  Catnero.  La  Croatie 
fe  divife  en  deux  parties  ;  l'une  ,  qui  eft  le  long  dit 
Golfe  de  Carnero,  s'appelle  Morlaquie  ;  l'autre  ,  qui 
eft  au  nord  &  à  l'orient  de  la  Moilaquie  ,  s'appelle 
Corbavie.  La  Morlaquie  &  la  partie  occidentale  de 
la  Corbavie  eft  à  la  Maifon  d'Autriche.  Les  Turcs 
font  maîtres  de  la  Corbavie  orientale-  L'ancienne 
Croatie  y  comprejioit  encore  la  Bofnie  occidentale  , 
une  partie  de  la  Dalmatie  &  l'Efclavonie  ;  &.  elle 
avoir  fesRois  particuliers.  Charles,  Roi  de  Hongrie ^ 
s'en  empara  en  131  o.  Le  Ban  de  Croatie.  Foye\  Ban. 
La  première  Hiftoire  particulière  que  nous  ayons* 
eue  de  la  Croatie  parut  en  \GGG.  in-Jol.  Amfterdam. 
Joannis  Lucii  Dalmatici  de  Regno  DalmatiA  &  Croatiz 
Libri  FI. 

CROC,  f  m.  (  le  cfinal  ne  fe  prononce  point.  )  Uftenfiler 
de  cuihne  qui  a  plufieurs  pointes  recourbées  011  l'on 
attache  de  la  viande.  'Uncus.  Lin  croc  toujours  bien 
garni  de  volaille,  de  gibier.  C'eft  un  ancien  mot 
François  qui  fe  trouve  dans  la  Loi  Salique.  Ménage. 

^^fT  Croc  fe  dit  généralement  de  tout  inftrument  à 
plufieurs  pointes  courbées  dont  on  fe  fert  pour  y 
pendre  ou  pour  y  attacher  quelque  chofe.  Uncus  ^ 
Hamus    Pendre  quelque  chofe  au  croc. 

On  dit  figurémenr  &  populairement  ,  pendre  les 
armes  au  croc,  fon  tpée  au  croc ,  pour  dire  quitter  le 
métier  de  la  guerre. 

On  dit  de  même  qu'un  procès  eft  pendu  au  croc  ," 
pour  dire  qu'on  ne  le  pourfuir  plus.  Les  vers  &  la 
profe  font  au  croc.  Gomb.  C'eft-à-dirCj  qu'on  iieveuc 
plus  écrire  ni  en  vers  ni  en  profe. 

Ze  Paradis  vous  efl  hoc:, 

Pende^  le  Refaire  au  croc.  Furet. 

Croc  ,  fe  dit  aulli  de  tout  autre  inftrument  de  fer  ayant 


C  KO  • 

des  pointes  recoinbées ,  avec  lequel  on  tire  j  on  artère, 
on  pêche  quelque  choie.  Harp^igo  j  huma.  Les  Bate- 
telieis  tirent ,  pouirent ,  arrêtent  les  bateaux  avec 
des  crocs.  L&s  crocs  des  Bateliers  oiu  une  pomte 
de  fet  alongée  outre  le  croc  qui  leur  donne  leur  nom. 
Le  leau  étoit  toir.bé  dans  Je  puirs ,  on  l'a  péché 
avec  un  croc.  On  le  dit  aulli  dijs  harpons  &  mains 
ce  fer.  Les  crocs  de  la  ville  ,  dont  on  le  lert  pour 
ariêrer  le  cours  du  feu ,  en  abattant  les  endroits  où  il 
a  pris. 

On  appelle  crocs  ,  de  grandes  mouftaches  recour- 
bées en  forme  de  crochet. 

Arquebuse  a  caoc  ,  eft  une  arme  àfeu  plus  pefante 
que  l'ordinaiie ,  qu'on  tiroit  autrefois  lur  une  four- 
chette, ou  par  les  petites  ouvertures  d'une  muraille. 
On  l'appeloit  ainil  ,  patce  que  le  tût  étoit  recourbé. 
FerrcaJiJîulafurc'dUJuperpoJUa. 

Crocs  ,  en  termes  de  Manège  ,  font  quatre  dents  au- 
deli  des  coins,  ficuées  fur  les  barres ,  où  elles  pouf 
fent  à  chaque  côté  des  mâchoires ,  deux  deiTus  &  deux 
dellous  j  6c  cela  entre  trois  ou  quatre  ans.  Dentés 
unci  i  uncinati.  On  les  appelle  aulli  crochets. 

On  dit  en  termes  de  Nlarine  Croc  de  Pompe  \  c'efl: 
un  crochet  de  fjrquiellau  bout  d'une  longue  vergue, 
qui  fert  à  retirer  1  appareil  de  la  pompe ,  quand  on 
y  veut  raccomm.oder  quelque  choie.  Croc  de  cande- 
ictte  ,  eft  un  c^oc  avec  lequel  on  prend  l'ancre  pour  la 
remettre  à  fa  place.  Crocs  de  Palais  ,  font  deux  crocs 
de  fer  mis  àchaque  bout  d'une  corde  loit  courte  , 
que  l'on  met  au  bouc  du  palan  ,  quand  on  a  quelque 
chûfe  à  embarquer.  Crocs  à  brcjjins  ou  crocs  de  palans 
di^canon  ,  font  des  crocs  attachés  au  bout  des  palans  \ 
ils  fervent  à  arrêter  les  canons  par  le  moyen  des  autres 
crocs  qui  font  à  la  herfe  de  l'affût ,  ou  aux  côtés  des 
fabords  ,  auxquels  on  les  accroche.  Crocs  de  palan- 
quins,  font  de  petits  crocs  de  fer  qui  fervent  à  la  ma- 
nœuvre dont  ils  pottent  le  nom. 

On  le  dit  auiîi  des  dents  pomcues  qui  viennent  aux 
chiens.  Caninl  dentés  uncinati.  Et  à  l'égard  des  hom- 
mes-, on  le  dit  de  certaines  petites  pointes  qui  reftent 
d'une  dent  rompue  fur  les  gencives. 

Croc  ,  eft  auiîî  un  terine  bachique  ,  qui  exprime  l'ac- 
tion de  celui  qui  avale  promptement  un  verre  de 
vin  ,  ou  quelque  gros  morceau.  Statim  ,  repente  ,  in 
ipj'opuncio  temporis.  Il  a  avalé  cela  croc.  On  l'emploie 
en  plufieurs  chanfons  bachiques.  Ainfi  Collecet  a  du 
de  Flotte  à  table  : 


Et  toi  faifant  cric  &  croc 
Plus  que  tout  le  monde  , 
Paroîtras-là  comme  un  roc 
Qui  miprife  l'onde. 

Il  fert  auflî,  dans  le  ftyle  familier  j  à  exprimer  le 
bruit  que  les  choies  féches  &  dures  font  fous  la  dent 
quand  on  les  mangé  :  &c  alors  le  C  final  fe  prononce 
fortement. 


C  R  O  2.5 

Donner  le  croc-en-jambe  à  quelqu'un  ,  c'eft  le  fup- 
planter.  Supplantare.  , 

D'un  tour  d'adrejfe  tout  nouveau  , 
Enlui  donnant  le  cioc-Qn-]2LmhQ, 
LatraitreJJe  le  fit  tomber  dans  le  tombeau.  MÉN. 

CROC-AU-SEL.  Voyei  CROQUE-AU-SEL. 
CROC.  f.  m.  lilou,  Efcroc.  Au  lieu  d'Efcroc  ,  cfiidic 
populairement  C/orpar  une  apherèle  ou  fouftraétion 
qui  arrive  quelquefois  dans  les  langues.  Je  me  tiou- 
vai  avec  trois  ou  quatre  crocs  qui  avoient  bien  envie 
de  me  bonneter.  11  y  a  néanmoins  c^uelque  différetice 
encre  ces  deux  termes.  Celui  ^ Efcroc  n'eft  pas  fi  in- 
jurieux. Un  Croceft  un  filou  de  profelîion  ,  qui  s'en- 
tend avec  d'autres  qu'il  ne  fait  pas  femblant  de 
connoître  j  qui  fréquente  les  Académies  de  Jeu , 
pour  y  chercher  des  dupes ,  qui  prend  beaucoup  de 
mefures  pour  tromper  ,  qui  ne  s'occupe  que  de  cela , 
^-  qui  n'a  point  d'autre  métier.  Un  £/croc  ne  s'alïocie 
avec  perfonne,  &:  ne  travaille  que  pour  lui  :  il  attend 
plus  patiemment  les  occafions ,  &  fait  feulement  ea 
profiter ,  lorfqu'elles  fe  préfentent. 
Croc  ,  fe  dit  aulli  des  fuppôts  de  mauvais  lieux  &  de 

jeux  défendus. 
Croc-de-chien.  Arbre  des  îles  Antilles,  qui  eft  tout 
armé  de  petites  épines  faites  en  tonne  de  crochets. 
Il  n'ell:  pas  fort  gros  \  mais  fes  branches  fe  traînent 
jufques  fur  les  arbres  les  plus  hauts.  Ses  feuilles  font 
pentes  ,  en  fort  petit  nombre  ,  affez  femblables  à 
celles  du  prunier.  Son  fruit  eft  jaune,  gros  comme 
de  perites  prunelles.  Ce  nom  lui  a  été  donné  ,  parce 
qu'il  accroche  les  chiens ,  lorfqu'ils  vont  à  la  challe  , 
&  les  arrête  tout  court. 
CROC  ANS.  f  m.  Nom  de  fadion.  Voye\  Croquant. 
CROCANT£.  Patillerie.  Voye\  Croquante. 
CROCÉ ,  ÉE.  adj.  'Vieux  mot-  Qui  eft  de  couleur  de 

fafran  ,  de  crocus  ,  fahan. 
CROCHE,  adj.  Qui  eft  courbé  &  tortu.  Jambe  croche  , 

main  croche.  Il  vieillit. 
CROCHE,  f  f.  Terme  de  Mufique.  Note  qu'on  figure 
ordinairement  avec  une  tête  noire  &  un  crochet  au 
bout  de  la  queite  :  dans  le  triple  double  on  fe  fert 
fouvent  de  croches  àont  la  tête  eft  blanche.  La  croche 
à  tcce  blanche  vauc  la  moitié  de  la  valeiu  d'une 
blanche  :  la  croche  à  cêce  noire  vaut  la  moitié  de  la 
valeur  d'une  noire.  La  double-croc/^e  eft  figurée  par 
deux  crochets  à  la  queue,  ce  qui  diminue  fa  valeur 
de  la  moitié  de  celle  de  la  crocl^e.  Dans  la  mefute 
à  i  ou  à  4  tems  ,  il  faut  huit  croches  ,  ou  feize  dou- 
h\s-croches  pour  faire  une  mefure  \  dans  le  Triple  il 
ne  faut  ordinairement  quefix  croches,  ou  douze  dou- 
h\t-croches.  Brossard.  La  note  noire  pointée  vauc 
trois  croches.  Montecl.  l.^  croche  pointée  vaut  trois 
double-croches.  Id.  Il  y  a  des  mefures  où  les  croches 
font  égales  &  d'autres  où  elles  font  inégales.  Id.  On 
dit  croche  pointée,  triple-croche  ,  fextuple  àQcroches , 
nonuple  de  croches  j  &c. 


CrcTc,  s'eftdicfiguréinenc  de  ce  qui  accroche,  qui  faicl Croche,  f  f .  Petite  monnoie  de  billon  j  qui  fefabri- 
romber.  Uncus.  Comme  on  voit  dans  cette  vieille  que  à  Bâle  en  Suiife  ,  qui  n'a  cours  que  dans  ce  leul 
Epitaphe  Acarde.  Canton. 

CROCHEE.  f.  f.  Terme  de  Mufique.  M.  de  Brollard 
An  croche,  ou  crochée  ;  c'eft  la  même  chofe.  f^oye:[ 
Croche.  CrdcAfc  eft  peu  en  ufage. 
CROCHET.  {.  m.  fignifie  quelquefois  la  même  chofe 
que  crocj  comme  le  crochet,  ou  le  croc  où  l'on  pend 
de  la  viande  ,  les  crochets  ou  les  crocs  de  dents  d'ua 
cheval.  Uncinus  ,  harnus  ,  hamulus.  Quelquefois  il  eft 
feulement  diminutif  de  croc,  &:  fignifie  un  petit  fer 
arrondi  ou  recourbé  ,  comme  le  crochet  d'un  Serru- 
rier, avec  lequel  on  ouvre  des  ferrures  qui  ne  font 
pas  fermées  à  double  tour  -,  ou  qui  eft:  recourbé  à 
plomb  ,  comme  un  clou  à  crochet ,  qui  fert  à  fou- 
tenir  des  rapifteries ,  ou  à  pendre  route  autre  chofe. 
On  dit  figurémenr  en  ce  fens  ,  Aller  aux  mûres  fins 
crochet,  pour  dire  ,  entreprendre  quelque  chofe  fans 
avoir  ce  qu'il  faut  pour  réuffir.  ^ 

On  appelle  aulli  Crochets  d'enfauement  8c  à  chai-' 
neaux ,  ceux  qui  fervent  à  foutenir  les  parties  d'un 
bâtiment.  Ce  font  des  fets  plats  &  coudés. 


Croc  de  la  mort  quefcaper  ne  pouvons  _, 
Croqua  l'Elu  Croquet  qui  croquoit  les  capons. 

Le  fens  eft  que  la  mort  a  accroché  ou  pris  l'Elu 
•Croquet,  comme  il  accrochoir  les  chapons.  Croqua 
fignihe  ici  accrocha  ,  &  croquoit,  accrochoit.  Les  Pi- 
cards difent  croquer  ^goix^c  crocher ,  comme  ils  difent 
nu  compofé  accroquer  pour  accrocher  ;  efcaper ,  au 
lieu  d'échapper,  6c  capon,  au  lieu  de  chapon. 

Croc-en-Jambe  ,  eft  un  tour  d'adrelfe  dont  fe  fervent 
les  Lucceurs  pour  renverfer  leur  adverfaire ,  en  lui 
accrochant  les  jambes.  Adverfarii  crus  crure  implicare 
ad  euni  proflernendum. 

Croc-en-Jambe  ,  fe  dit  figurément  &  familièrement 
d'un  tour  d'adrelTe  de  ceux  qui  ruinent  un   projet,] 
une  affaire,  la  fortune  de  leur  ennemi ,  de  leur  rivai ,  j 
d;  leur  compétiteut  ,  Fraus,  dolus  j  fallacia  ^  infî- 
di^..  Il  a  donné  le  croc-en-jambe  à  Cupidon.  Ablanc. 


14  C  R  O 

Crochex  ,  lignifie  aufll ,  Agraffe.  Fibula.  Le  crochet 
d'une  montre.  On  lui  a  donné  un  crochecàc  diatnans. 
On  appelle  aulïi  crochet ,  la  balance  Romaine  ,  à 
^raufe  que  la  choie  qu'on  pefe  s'attache  à  un  crochet 
pofé  à  peu  de  diftance  du  centie  de  la  balance. 
Stùtera. 

Çn  le  dit  auITi  de  certaines  dents  aiguës  de  quel- 
ques animaux  ,  paiticulicrement  des  chiens  &  des 
chevaux.  Voye:^  Croc 

Crochet  ,  en  termes  de  Boucherie  ,  fe  dit  d'une  partie 
du  trumeau  de  bœuf  qui  eft  coupée  du  côté  du  pied. 
On  le  nomme  aulîi  crojfe. 

Crochet,  en  terme  d'Iniprimerie,  fe  dit  de  certains 
traits  ou  lignes  ,  tantôt  droits ,  tantôt  faits  en  S  ,  & 
recourbés  par  le  bout,  qui  fervent  à  lier  &  accoler 
quelques  articles  qu'il  faut  lire  enfemble  ,  avant  que 
d'aller  à  des  fubdiviiions  qui  fe  mettent  à  côté  avec 
de  femblables  ou  de  moindres  crochets.  Nexus.  j 
vincula.  On  s'en  fert  dans  Ids  Généalogies ,  8^  fîir- 
tout  dans  les  Traités  qu'on  veut  faire  par  abrégé  , 
'&  difpofer  en  forme  de  Tables  pour  en  faciliter  les 
difpohtions. 

On  appelle  auffi  crochets  des  figures  courbes  pour 
marquer  les  parenthèfes. 

Crochet  ,  eft  aulîi  un  nom  que  les  Tourneurs  don- 
nent à  pkifieurs  de  leurs  cifeaux  ,  à  caufe  qu'ils 
font  faits  en  crochet.  Il  y  a  crochet  plat  ,  crochet 
rond,  crochet  çomivi  j  àoi\\i\.Q  crochet  rond  ,  double 
crochet  plat,    doabli  crochet  pointu. 

Crochet.  Terme  d'Agriculture.  Foyei  Courson  ; 
c'eft  la  même  chofe. 

Crochet  à  tirer  du  fumier.  Inftrument  compofé  de 
deux  dents  de  fer  de  fept  à  huit  pouces  ,  & 
,  recourbées.  Au  bout  de  ces  dents  eft  un  gros  an- 
neau de  fer  ,  dans  lequel  on  met  un  manche  de 
bois  de  la  longueur  de  trois  pieds  &  demi,  &  d'en- 
viron quatre  pouces  de  tour.  On  fe  fert  de  cet  outil , 
lorfqu'il  eft  queftion  de  remuer  du  fumier  entallé  , 
&c.  Hn  quel4Ues  lieux  ce  crochet  s'appelle  lire-fienu 

LlGER. 

Crochets  ,  au  pluriel  ,  fe  dit  d'une  petite  machine 
de  bois  dont  les  Portefaix  de  Paris  le  fervent  poui 
porter  plus  commodément  les  fardeaux  &  les  meu- 
bles. ^rumnuLéi.  Elle  eft  faite  de  deux  bâtons  liés 
enfemble  par  deux  traverfes  ,  qui  s'appliquent  le 
long  du  dos  avec  des  bretelles  j  &:  par  le  bas  il  y  a 
•deux  aunes  petits  bâtons  en  pointe  qui  remontent , 
&  qui  arrêtent  les  meubles  qu'on  pofe  entre  deyx. 
Il  eft  étrange  que  dans  les  Provinces  on  ne  fe  ferve 
pas  de  crochets  _,  attendu  la  grande  commodité  qu'ils 
apportent.au  tranfport  des  meubles  &  des  marchan- 
oiies. 

Dans  la  coëffure   des  femmes  ,   on  appelle  cro- 
chets,  des  petites  boucles  de  cheveux,  ou  naturels 
■ou  poftiches  qu'elles  mettent  fur  le  front  auprès  des 
temples. 

Crochets  de  retraite.  Terme  d'Artillerie.  Ce  font 

■dans  Tatfr.t  d'un  camion  des  fers  crochus  qui  fervent 

à  traîner  la  pièce.    Vnci.  L'ufage   des  plus  élevés  , 

c'eft  de  la  faire  avancer  ,  &  celui  des  plus  aballFés  , 

eft  de  la  faire  reculer. 

Crochets  d'armes.  Termede  Marine.  Sont  des  croc/^erj- 
en  forme  de  râtelier  ,  qui  fervent  à  foutenir  des 
armes  dans  les  chambres  des  vaiffeaux ,  dans  les 
corps  de  garde  ,  &c. 

•Crochet  d'établi.  Terme  de  Ménuifier.  Eft  une 
efpèce  de  crochet  de  fer  à  dents ,  enfance  par  le 
pied  dans  un  morceau  de  bois  carré  qui  fert  à  l'élever 
ou  à  l'aballFer  :  ce  crochet  ■àxxx.x.Q  l'ouvrage  fur  l'établi, 
tandis  que  les  ouvriers  travaillent. 

Crochet.  Terme  de  Fortification.  Dans  l'attaque  d'une 
place  il  faut  embralfer  tout  le  polygone  attaqué  j 
affurer  les  flancs  de  •l'attaque  par  des  crochets  ,  Se 
même  par  des  redoutes  fermées.  M.  De  Feuquiéres- 
L'Ingénieur  habile  fait  fe  défiler  par  des  crochets  &: 
traverfes  tournantes  ,  &  par  ce  moyen  il  fupplce 
fouvent  au  blindage  ,  qu'il  faut  éviter ,  autant  qu'il 
tft  poflible.  Idem. 


C  R  O 

Crochet.  Uncinus.  Inft-  umerit  de  Chirurgie ,  qui  eft 
de  deux  fortes  i  l'un  pour  accrocher  &  tirer  la  tête 
du  fœtus  reftée  dans  la  matrice  ,  l'autre  pour  extraire 
les  pierres  qui  font  au  paft'age ,  dans  l'opération  de 
la  taille.  Col  de"Villars. 

Crochet.  En  termes  de  Fauconnerie  ,  on  appelle  les    ■ 
ongles  des  griftes  des  aigles  ,  des  crochets.  En  général 
on  appelle  ces  ongles  ou  griftes  dans  les  oifeaux  de 
Fauconnerie ,   &c  même  de  l'aigle  ,  ferres  j  mais  le 
propre  nom  de  ceux  des  aigles,  c'eft  crochets. 

Crochet.  Terme  de  Doreur.  Les  Doreurs  fur  métal 
fe  fervent  d'un  crochet  quand  ils  veulent  dorer  d'or 
moulu.  Il  eft  de  fer  ,  fort  recourbé  j  avec  un  bouton 
aufli  de  ter  par  un  bout ,  &c  un  manche  de  bois  à 
l'autre.  C'eft  avec  cet  inftrument  que  l'on  remue  l'ot 
&  le  vif  argent ,  quand  on  les  a  mis  dans  le  creufet, 
pour  les  amalgamer. 

Crochet.  Terme  de  Vannier.  Les  'Vanniers-Clôturiers 
ont  aulTl  un  crochet  de  fer  ,  long  d'enviren  fepc 
pouces ,  pointu  &  recourbé  par  les  deux  bouts  , 
en  iorte  que  les  pointes  fe  regardent.  Us  s'en  fer- 
vent pour  tourner  les  bords  de  leuis  hottes  &  de 
leurs  vans. 

Crochet.  Terme  de  Chandelier.  On  appelle  ,  en  ter- 
mes de  Chandelier  ,  le  crvchet  du  culot  d'un -moule 
à, chandelle  ,  une  petite  lame  de  métal  ,  qui  s'avance 
jufqu'au  milieu  de  cette  partie  d«s  moules  ,  qu'on 
nomme  culot.  C/eft  par  le  moyen  de  ce  crochet,  au- 
quel la  mcche  s'attache  ,  qu'elle  fe  maintient  jufte- 
ment  au  milieu  de  la  tige  du  moule  où  fe  jette  le 
fuif  liquide. 

Crochet.  Terme  de  Couvreur.  Les  Couvreur?  ap- 
pellent le  crochet  d'une  tuile  ,  cette  efpèce  de  petit 
rebord  ,  ou  mentonnet  ,  qui  eft  au  haut  de  chaque 
tuile ,  &  qui  fert  à  l'arrêter  fur  la  latte. 

Crochet.  C'eft,  en  termes  de  Charpentiers  ,  une  des 
marques  dont  ils  fe  fervent ,   pour  ligner ,  ou  mar- 

.  quer  les  bois  des  bâtimens ,  à  mefure  qu'Us  les  fa- 
çonnent ,  pour  les  reconnoître  ,  lorfqu'ils  veulent 
les  mettre  en  place.  Cette  marque  eft  faite  en  crochet, 
avec  la  roinette,  ou  les  tracherets. 

Cri>chets.  Terme  de  Fondeur  de  caractères  d'Impri- 
merie. Ce  font  deux  morceaux  de  gros  fil  de  fer  , 
recourbés  par  le  bout  ,  qui  font  attaciiés  au  haut 
des  moules  ,  dans  lefquels  le  fondent  les  lettres.  Leur 
ufage  eft  pour  retirer  du  moule  le  caractère  quand 
il  eft  fondu. 

Crochet.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  en  plufieurs  en- 
droits ,  &  principalement  en  Normandie  ,  au  mar- 
ché où  fe  vendent  certaines  denrées  ,  comme  les 
laines  ,  les  fils  &c  les  filaiïes  ,  &  autres  thofes  qui  fe 
pèfent  avec  la  petite  romaine  portative.  On  a  meil- 
leur marché  d'acheter  au  crochet  que  chez  les  mar- 
chands débitans.  Les  "  Marchands  filoutiers  courent 
tous  les  crochets  circonvoifins.  Ces  marches  tirent  leur 
nom  du  crochet  de  la  romaine  qu'on  nomme  aufli 
crochet ,  foit  parce  qu'elle  a  un  croc  où  l'on  attache 
les  marchandifes  qu'on  veut  pefer  ,  ou  parce  que  les 
Marchands  coureurs  de  marchés  ont  chacun  une  de 
ces  petites  romaines  qu'ils  accrochent  à  la  ceinture 
de  leur  culotte. 

On  dit  aufli  figurément  &  familièrement ,  Allons 
dîner  enfemble  ,  chacun  fur  nos  crochets ,  c'eft-à^ 
dire  ,  à  nos  dépens  ,  Se  chacun  payant  fon  écor. 
NoJIris  ïmpenjis ,  fumtïhus.  Etre  fur  les  crochets  de 
quelqu'un  ,  c'eft  vivre  à  fes  dépens. 

CROCHETER,  v.  a.  Ouvrir  luie  ferrure  de  porte  , 
de  coffre  ,  &c.  avec  un  crochet.  Uncino  rejerare  , 
aperire.  Les  voleurs  ont  crocheté  (a.  porte. 

Crocheté  ,   ée.  part. 

CROCHETEUR.  f.  m.  Qui  crochette  des  portes ,  des 
ferrures.  Qui  arcas  unco  aperu  j,  référât.  On  a  pendu 
le  Serrurier  avec  un  écriteau  au  dos.  Crocheteur  de 
portes. 

Dans  cette  acception  il  ne  fe  dit  qu'avec  une  ad- 
dition ,   Crocheteur  As  ^onc,   de  ferrure. 

Crocheteur  fignifie  aufli  un  Portefaix  qui  tranfporte  * 
des  fardeaux  fur  des  crochets.  Bajulus.  Ce  Laquais 

eft 


R    O 

eft  trop  chargé  ,  on  lui  a  donné  la  chargs  d'an 
Crocheceur. 
Crocheteur  ,  fe  die  aii!iî  par  extenfion  ,  des  gens  d-; 
balfe  condition  qui  font  des  chofes  indignes  des 
honnêtes  gens.  Il  n'appartient  qu'aux  Crochcccurs  de 
battre  leurs  femmes.  On  nous  a  donné  à  ce  repas 
du  vin  de  Crocheceur.  Homère  fait  dire  à  les  Héros 
des  injures  de  Crocheteur.  G.  G.  On  di:  une  flintc 
de  Crocheteur  ,  pour  dire  une  fanté  torte  &  robuîle. 
CROCHETON.  1".  m.  Les  deux  petites  branches  des 

crochets  du  Portefaix.  Unanus. 
CROCHU  ,  UE.  Ce  qui  eft  recourbé,  qui  eft  fait  en 
crochet..  Uncus ,  aduncus,  reduncus  ^  huma  tus  ^  un- 
cinatus.  Ce  clou  ne  vaut  plus  rien ,  il  ell  tout  cro- 
chu. Les  cagneux  ont  les  jambes  crochues.  Mains 
crochues. 
Crochu  ,  en  termes  de  Manège  ,  elt  un  cheval  qui  a 
les  jarrets  rrop  proches  l'un  de  l'autre. 

On  dit  hgurément  ^  proverbialement  d'un  hom- 
me ,  qu'il  a  les  mains  crochues,  pour  due  qu'il  eil: 
fujet  à  dérober. 
CROCODILE,  f.  m.  Efpèce  ISe  grand  lézard  amphi- 
bie qui  fe  nourrit  dans  les  joncs  fur  le  rivage  des 
grandes  rivières.  Crocodilus.  Les  Crocodiles  font  cou- 
verts d'écaillés  difficiles  à  percer,  excepté  lous  le 
ventre  où  ils  ont  la  peau  tendre.  Leur  gueule  elt 
grande,  avec  cies  dents  aiguës  &  féparées  qui  en- 
trent l'une  dans  l'autre ,  &  il  y  en  a  pluiîeurs  rangs. 
Ils  font  fort  bas  fur  les  pieds,  rampant  prefqu'à  terre. 
Ils  vivent  long-tems,  &c  font  leurs  œuts  quelque- 
fois jufqu'au  nombre  de  60.  qu'ils  dépofent  dans  le 
fable  :  la  chaleur  du  foleil  fait  éclote  les  petits  fans 
incubation.  Us  ont  des  yeux  de  pourceau ,  &  leurs 
pattes  armées  d'ongles  aigus  &  rranchans.  Il  y  en 
a  de  fi  grands  aux  Indes ,  qu'un  homme  de  la 
plus  grande  taille  pouiroit  demeurer  debout  entre 
leurs  mâchoires ,  quand  leur  gueule  eft  ouverte. 

En  16^1.  le  S''- du  Veiney  dilléquaà  Verfailles  un 
petit  crocodile.  Son  eftomac  étoit  rempli  de  quantité 
de  pierres,  &  d'ailleurs  lemblable  à  celui  des  oifcaux. 
Avant  ce  temps  -  là  on  n'avoit  point  vu  de  croco- 
dile vivant  en  France.  Pendant  deux  mois  que  ce- 
lui-ci avoir  été  à  'Verfailles ,  il  n'avoit  rien  mangé. 
Il  étoit  long  de  près  de  quatre  pieds,  avoir  tout  le 
corps  couvert  d'écaillés ,  à  la  rête  près.  Il  ne  re- 
muoit  que  la  mâchoire  inférieure,  la  fupérieure 
étoit  immobile.  Vers  le  milieu  de  l'inférieure  ,  il 
avoir  des  deux  côtés  deux  glandes,  d'où  fortoit  une 
liqueur  d'une  odeur  très-défagiéable.  Voliius  parle 
des  crocodiles  dans  fon  IIP.  livre  De  Idolol.  C.  47. 
55.  56.  59.  (58.  73.  74.  &  examine  différentes  pro- 
priétés de  ces  animaux ,  ou  qu'on  leur  attribue. 
Pline  s'aveugle  lui-même,  lorfqu'en  traduifant  Dé- 
mocrite ,  il  dit  que  le  caméléon  eft  fait  comme  le 
crocodile,  &i  qu'il  eft  aulli  gros  que  lui.  Il  ne  fon- 
geoit  pas  que  le  mot  KjkotJ'si;,»; ,  dont  s'eft  fervi 
Democrite,  fuivant  le  langage  des  Ioniens,  ne  li- 
gnifie pas  un  crocodile  ,  mais  un  lézard  ^  V  i  g  n. 
Marv.  Le  crocodile  eft  le  fymbole  du  Nil  &  de 
l'Egypte  qu'il  arrofe,  parce  qu'il  naît  dans  ce  fleuve. 
Quelquefois  il  marque  (  fur  les  médailles  )  des  fpec- 
tacles ,  où  l'on  avoit  donné  au  public  le  plaifir  de 
voir  de  ces  animaux  extraordinaires.  P.  Joobert. 
Ce  mot  vient  du  Gtec  «foW ,  fajrun.  Se  de  J'eiAs^, 
participe  qui  fignifie  craignant.  Les  crocodiles  ap- 
préhendent le  fafran  à  le  voir  feulement,  &  en- 
core plus  à  le  fentir.  Quelques-uns  aiment  mieux 
le  dériver  de  »^m.yi  ,  litus  ou  ripa ,  bord,  rivage,  parce 
que  cet  animal  accoutumé  dans  les  eaux ,  n'aime 
guère  à  venir  à  terre ,  où  les  hommes  lui  dreffent 
ordinairement  des  embûches.  En  l'Ile  de  Bâton  il 
yen  a  pUifieurs  qu'on  apprivoifc,  qu'on  engraille, 
&  qu'après  on  tue  ,  dont  on  frit  un  mers  très-dcli- 
cat.  Loifqu'on  les  blclfe  ,  ou  qu'on  les  éventre, 
leurs  entrailles  fentent  fort  bon,  8c  parfument  l'air 
tout-au-tour.  Cette  odeur  reffemble  à  celle  du  mufc, 
.  Se  quelquefois  elle  eft  fi  f-trte  qu'elle  eft  capable 
dé  faire  tom'oer  en  foiblelfe  ceux  qui  la  fentent  : 
^eci  n'eft  vrai  que  des  crocodiles  d'eau  douce , 
Ton:e  III. 


C  R  O  15 

les  crocodiles  de  mer  n'ont  aucune  odeur.  On  a 
trouvé  quelquefois  dans  le  ventre  de  ces  animaux  , 
des  cailloux  qu'ils  avalent  pour  appelantir  leur 
corps,  &  aller  à  fond  \  parce  qu'ils  n'y  peuvent 
pas  defcendre  bien  avant  fans  ceia.  Aux  Indes  Oc- 
cidentales on  les  appelle  cayma.-is ,  tic  û  y  en  a 
delî  forts  j  qu'on  en  a  vu  un  fe  défendre  coatie 
trente  hommes ,  qui  lui  tirèrent  Çx-^  coups  d'arque- 
biile  fans  le  pouvoir  percer.  Herrera.  On  n'en 
trouve  que  dans  les  grands  fleuves  Ck'  dans  les  pays 
chauds,  comme  le  Nil ,  le  Gange,  l'Orénoque,  &c. 
Thomas  Gage  dit  qu'il  s'eft  garanti  d'un  crocodile 
en  fuyant  &  tournoyant  tantôt  d'un  côté,  tantôt 
d'un  autre,  fans  aller  tout  droit,  parce  qu'il  ne 
fîuroit  tourner  Ion  corps  que  diliicilement,  à  caufe 
qu'il  eft  roide  &  pelant,  '<  que  d'ailleurs  il  court 
en  avant  aulli  vite  qu'une  mule.  Les  Egyptiens 
iionoroient  le  crocodile  dans  une  ville  qu'ils  appe- 
loient  la  ville  des  crocodiles ,  Crocodilopolis ,  don: 
parle  Strabon.  En  langage  hiéroglyphique  le  croco- 
dile fignifioit  la  tyrannie  dans  le  Gouvernement 
politique.  I  oyei  Kirker ,  (Ed.  tgypt,  T.  I.  p.  ijp. 

Le  crocjdile  étoit  un  animal  ficré  chez  plufiéurs 
d'entre  les  Egyptiens.   Ceux  de  Thebe's  &  du  Lac 
Mœris   Lii  rendoienc  un  grand  cuire.   Ils  en  pre- 
noient  un  qu'ils  apprivoifoient  :  ils  lui  mettoient 
aux  oreilles  des  pierres  précieufes  &  d'auties  orne- 
mens  d'or  ,  &  l'attachoient  par  les  pieds  de  devant  : 
ils  lui  donnoient  pour  fa  nourrirure  une    certaine 
•quantité  de  viandes  qu'ils  appeloierSt  facrées.  Les 
Egyptiens  croyoient  que  les  vieux  crocodiles  avoient 
la  vertu  de  deviner,  &  que  c'éroit  un  bon  préfage 
lorfqu'ils  prenoient  à  manger  de  la  main  de  quel- 
qu'un ;  &  au  contraire  un  mauvais,  lorfquils  le  re- 
fufoient.  Lorfque  le  crocodile  qu'on  avoit  élevé  étoit 
mort,  on  l'embaumoit,   &  on  le  mettoir  dans  des 
urnes  facrées  que  l'on  portoit  dans  le  Labyrinthe, 
où  étoit  la  iépulture  des  Rois.  Ces    mêmes   ani- 
maux étoient  regardés  avec  horreur  dans  tout   le 
refte  de  l'Egypte  &  on  y  en  tuoit  autant  qu'on  pou- 
voit  en  attraper.  La  Religion  leur  infpiroit   cette 
haine.   Ils  croyoient  que  Typhon,  meurtrier  d'O- 
refte  s'étoit  transformé  en  crocodile. 
Crocodile  ,    eft  aulli  un  petir  animal  qu'on  appelle 
autrement  Stmx  ,  qui  eft  allez  femblable  au  lézard, 
ou  à  de  petits  crocodiles.  Il  vit  partie  dans   l'eau, 
&  partie  fur  la   terre.  Il   a  quatre  jambes  courtes 
&  menues.  Son  nuiieau  eft  lort  pointu,  fa  queue 
,    courte  &   menue.  Il  eft  alfez  beau  à  voir,   parce 
qu'il  eft  couvert  de  pentes  écailles  fort  bien  arran- 
gées,  de  couleur  argentine,  brunies  en  divers  en- 
droits, de  couleur  dorée,   particulièrement  fur  le 
dos.  Il  demeure  toujours  petit,  &  naît  en  Egypte 
vers  la  Mer  rouge ,  en  Lybie  &  aux  Indes.  On  en 
prend  les  reins  &  le  ventre  pour  les  faire  entrer  en 
la  compolîtion  du  Mithridate.  Il  a  une  raie  rirée  le 
long  de  fon  corps  depuis  la  tête  juqu'à  la  queue. 
II  relfemble  à  nos  lézards.. Diolcoride  l'appelle  crc- 
codlle  terrejlre. 
Crocodile  j  fe  prend   figurément  &  Eimilieremenc 
pour  méchant,  traitie,  p;rnde.  Nequam  ,  irr.prolus , 
perjidus.  Ah  crocodile!  qui  luitte  les  gens  pour  les 
étrangler.  Mol. 

On  appelle  des  larmes  de  crocodile ,  les  larmes 
par  lefquelles  on  veut  émouvoir  quelqu'un  pour  le 
tremper,  une  feinte  douleur  qui  ne  tend  qu'à  fur- 
prendre  quelqu'un.  Crocodili  lachryms..  Les  pleurs 
.  des  Courtilannes  font  des  larmes  de  crocodile. 
CROCODILIUM.  f  m.  Plante  qui  eft  Semblable,  fe*- 
lon  Diofcoride,  au  caméléon  noir  :  elle  croîr  parmi 
les  bois,  &  a  la  racine  longue,  lilTe,  un  peu  large, 
d'une  odeur  comme  le  crelTon.  Cette  racine  cuite 
dans  de  l'eau,  &  prife  en  breuvage,  fair  fortir  le 
fang  par  le  nez.  On  s'en  fert  dans  les  obftrucfions 
de  la  rate.  Sa  graine  qui  eft  ronde,  pro.^oque 
l'urine.  Les  Botaniftes  ne  conviennent  point  quelle 
eft  cette  plante-  Quelques-uns  croient  que  c'eft 
le  caméléon   noir -^   d'autres,   une  efpèce  de  char- 

D 


i6 


CR  O 


don  j  qn'on  appelle /phtcroiephalas.  Il  y  en  a  qui  la 
prennent  pour  ïeringium  marin, 

CROCODILOPOLIS.  Crocodilorum  Cmuis  ;  c'eft-à- 
dire.  Ville  des  crocodiles.  Il  y  en  a  deux  dans  l'an- 
tiquité  qui  portent  ce  nom  :  l'une  dans  la  haute 
Egypte,  on  dans  la  Thébaïde  ,  fur  le  bord  du  Nil , 
ainfi  appelée  ,  parce  que  les  crocodiles  y  étoient 
adorés.  Strabon  en  parle  dans  fon  VII*.  Livre.  L'autre 
ctoit  aux  contins  de  la  Phénicie,  &  de  la  Palelline 
dans  le  JVlont  Carmel ,  au  rapport  de  Pliue  ,  L,  V. 
c.  9. 

CR0COM  AGM  A.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie.  Ce  font 
des  trochifques  compofés  avec  le  fahan,  la  mirrhe, 
les  rofes  rouges ,  l'amydon  ,  &  la  gomme  Arabique. 
Ce  mot  vient  du  Grec  k^Uo;  ,  fafran ,  &  de 
fJtyfi»,  qui  iignifie  le  marc  de  quelque  matière  qu'on 
a  épreinte. 

CROCOTE  ou  CROCOTON.  f.  m.  Terme  d'Anti- 
quaire. Crocoton  ou  Crocota.  C'eft  un  habit  ancien. 
Apulée  parle  de  gens  habillés  de  crocous  Phrygien- 
nes. Crocotifque  Fhrygiis  induti ,  dans  la  defcrip- 
tion  de  la  Pompe  d'Ihs.  C'ell  ce  au'il  appelle  ail- 
leurs dans  le  même  Livre  Stola  Olympionica ,  dé- 
■crite  ainfi  dans  un  autre  endroit  :  floride  depicîâ 
vejle  confpicuus ,  paré  d'une  velle  à  Heurs.  Les  La- 
tins ont  aufli  appelé  ce  vêtement  PalU  Se  Lacerna, 
comme  Ovide  parlant  d'un  Joueur  de  flûte  : 

f^enit  humum  Tyriâ  faturatà  murice  Pallâ, 

Dune  vefte  de  pourpre  il  balaye  la  terre.  Ce  qui 
ert:  proprement  le  crocoton.  D'où  vient  que  Vopif- 
cus  dans  la  vie  de  Carinus  appelle  Tyrianthinum., 
à  Heur  de  couleur  de  pourpre ,  le  manteau  du 
Joueur  de  flûte.  Paltium  ChorauU.  Baudelot.  HiJI. 
de  Ptol.  Aul,  P.  U.C.  F.  p.  26^  ,  t6û  Au  refte  on 
ne  voit  pas  pourquoi  faire  orocote  féminin  ,  &  pour- 
quoi due  la  crocote  &  le  crocoton  •  il  paroît  mieux 
de  ne  point  changer  le  genre.  Le  crocote  ctoit  un  ha- 
bit à  frange,  comme  l'expliquent  les  Lexiques,  vejlis 
Jimhriata  ,  un  habit  de  foiej  léger,  de  couleur  de 
Kalran,  à  l'ufage  des  Comédiens,  des  femmes  g.a- 
lantes ,  &c.  Baudelot  en  voit  une  repréfentation 
dans  un  deiTein  tiré  d'un  Manufcrit  du  Vatican , 
&  que  Bartholin  a  publié  dans  fon  traité  des  flûtes. 

CpvOcote,  f.  f.  animal  des  Indes.  Sa  couleur  efl:  mêlée 
de  celle  du  Lion  &  de  celle  du  Tigre ,  &  la  con- 
formation de  fes  parties  tient  quelque  chofe  du 
Chien,  &  quelque  chofe  du  Renard.  Parmi  quan- 
tité de  bêtes  amenées  à  Rome  pour  les  jeux  célé- 
brés à  l'occafion  du  retour  de  l'Empereur  Sévère, 
la  dixième  année  de  fon  règne  &  de  fes  viéloi- 
res ,  il   y   avoit   une  crocote   qui  fut,    comme   on 

■  croit,  la  première  qui  eût  jamais  été  vue  à  Rome. 
M.  Cousin  ,  p.  m.  jçS.  de  fa  Trad.  de  l'HiJl.  Rom. 
de  Xi  phi  lin. 

CROCUS,  f.  m.  Mot  Latin  qui  fignifie/r/r^/?.  Quel- 
ques-uns lui  donnent  le  même  nom  en  François. 
I'  oyc^l  Safran. 

Crocus,  en  termes  de  Chymie  ,  fe  dit  de  plufieurs 
préparations  à  caufe  de  leur  couleur  rouge.  Le  crocus 
Martis  eft  une  préparation  de  fer.  Il  y  a  le  crocus 
Martis  apéritij ,  &C  le  crocus  Martis  ajlringent.  V. 
Safran  de  Mars.  C'eft  la  même  chofe.  Le  crocus 
metallorum  eft  une  préparation  d'antimoine,  qu'on 
appelle  autrement  y^/ru^  des  métaux ,  ou  foie  d'an- 
timoine. On  en  fait  le  vin  émétique  Foye^  Anti- 
moine. 

CRODON.  f.  m.  Faufle  Divinité  des  anciens  Saxons. 
Crodo,  Crodus ,  ou  Krodo  ,  Krodus.  Saxon  le  Gram- 
mairien ,  L.  I.  le  nomme  le  premier  entre  les 
Dieux  des  Saxons ,  qui  font ,  dit-il ,  Codrus ,  Hama , 
Jrmus ,  Flivius  &  .S/'/'j.  Crantzius  ,  Saxonict ,  L.  II. 
,c.Ii.  dit  qu'il  étoit  honoré  lur-tout  .à  Harsbourg. 
Quelques  -  uns  croient  que  Crodon  étoit  Saturne. 
George  Fabricius,  au  premier  Livre  de  fes  Origines 
Saxones ,  rapporte  la  manière  dont  on  le  repréfen- 
toit ,  qui  convient  en  efiet  alfez  à  Saturne.  Il  avoit, 
dit-il,  la  hgute  d'un  moiflonneur  qui  eft  ceint  d'un 


C  R  O 

morceau  de  linge.  Il  tenoit  de  la  main  droite  un 
petit  vafe  plein  de  rofes  ,  &  une  roue  de  char  de 
la  main  gauche,  qu'il  élevoit  en  l'air.  Il  fouloit 
aux  pieds  une  perche,  poilfon  hérilTé  d'écaillés  «Se 
de  piquants.  C'eft  une  penfée  bien  raifonnable  de 
croire  que  le  culte  de  ce  Dieu  avoit  pafl'é  de  la 
Grèce  aux  Germains  voifins  du  Danube,  de  là  dans 
la  Saxe  _,  &  que  ,  de  même  que  le  Dieu  Irmus  fem- 
ble  avoir  été  fliit  de  I'e^^w  des  Grecs  ,  je  nom  Cr,- 
dus  pouvoir  bien  aufli  venir  du  icçoW  des  Grecs, 
qui  eft  le  Temps,  ou  Saturne.  Charlemagne  abolit 
le  culte  de  ce  Dieu,  aufli  -  bien  que  de  toutes  les 
autres  Divinités  Saxones.  I  oyer  Voflius ,  de  Idol. 
L.  II.  c.  ;?. 
CRCESUS  ou  CRÈSUS.  f.  m.  Nem  propre  d'un  Roi  de 
Lydie ,  le  plus  riche  dont  il  y  ait  mémoire  dans 
l'antiquité.  Crœfus.  Ce  mot  eft  fort  en  ufage  dans 
notre  langue  ,  pour  fignifier  un  homme  pmflam- 
ment  riche.  On  dit  tous  les  jours,  c'eft  un  Cr^Jus ; 
il  eft  riche  comme  un  Créfus  ;  il  a  des  richefles  de 
Créfus.  ^ 

Doué  en  biens  j  tel  fut  Créfus  tenu , 

Qui  tout-à-coup  un  Job  eft  devenu.  Marot. 

CROIE.  Ville  capitale  de  l'Albanie.  Croia,  ancien- 
nement. Antigenia  ,  ou  Erïbonea.  Elle  eft  fituée 
fut  la  rivière  d'Hifmon  ,  ou  de  Lifance.  C'étoit  au- 
trefois une  ville  Epifcopale  de  la  "Province  de  Du- 
razzo.  Cette  ville  eft  nommée  dans  l'Hiftoire  de 
Scanderberg.  Vbye:{  la  vie  de  ce  Prince  écrite  en 
notre  langue  par  le  P.  du  Poncet  Jéfuite,  &  d'Herbe- 
lot  au  mot  Croya. 

CROILER.  Terme  de  Fauconnier,  qui  fe  dit  des  oi- 
feaux  qui  fe  vident  par  le  bas.  Subter  fe  alvum 
reddere.  On  dit  aufli  emeutir.  Quand  un  oifeau  de 
proie  croile ,  c'eft  marque  de  fanté. 

|Cr  CROIRE.  V.  a.  quelquefois  n.  Ainfi  on  dit  qu'un, 
homme  croit  on  nQ croit,  &  qu'il  croir  les  myftères. 
Dans  le  fens  vulgaire,  c'eft  être  perfuadé  de  la  vérité 
d'une  propofition  ou  d'un  fait.  Donner  fon  aflentimenc 
à  une  chofe  que  l'on  eftime  vraie ,  foit  après  un  exa- 
men fuftifant ,  foit  qu'on  n'ait  point ,  ou  qu'on  aie 
mal  examiné.  Credere.  On  prononce  je  croi  ;  mais 
il  n'y  a  que  les  Poètes  à  qui  il  foit  permis  d'écrire 
je  croi.  On  écrit  je  crois  en  Profe.  Vaug.  Corn. 
Remarquez  encore  qu'on  met  rarement  de  après  le 
verbe  croire:  il  a  cra  bien  faire  ,  eft  mieux  que,  il 
il  a  cru  de  bien  faire.  Il  faut  encore  remarquer  que 
croire  étant  une  chofe  pofitive  ,  exige  l'indicatit ,  & 
qu'il  taut  dire  ,  je  crois  qu'elle  eft  aimable  ,  &  non 
pas  qu'elle  foit.  Plufieurs  Provinciaux  ne  font  point 
cette  remarque.  Corneille  lui-même  a  dit  dans  le 
Menteur. 

■gCF  La  plus  belle  des  deux  ,  je  crois  que  ce  foit  U autre 

C'éroit  une  faute  de  Grammaire  du  temps  même 
de  Corneille.  Mais  pourquoi  dit-on  ,  je  crc^z  qu'elle 
eft  aimable  ,  qu'elle  a  de  l'efprit  ?  Et  aoy<rç-vous 
qu'elle  foit  aimable,  qu'elle  ait  de  l'efprit?  C'eft,  die 
M.  de  Voltaire  ,  que  cr<3ye^-vous  n'eft  point  pofitif. 
Croje^-vous ,  exprime  le  doute  de  celui  qui  interro- 
ge. Je  fuis  fur  qu'il  vous  fatisfera  :  êtes-vous  fur  qu'il 
vous  fatisiafle. 

Vous  voyez  par  cet  exemple  que  les  règles  de  la 
Grammaire  font  fondées  la  plupart  fur  la  raifon  Se 
fur  cette  logique  naturelle  ,  .avec  laquelle  naiflent 
tous  les  hommes  bien  organiféà. 
^fT  Croire  ,  en  termes  Théologiques  ,  &  en  parlant 
de  la  foi ,  c'eft  ,  dit  l'Auteur  des  Conférences  d'An- 
gers, donner  fon  approbation  &  fon  confentemenc 
aux  vérités  révélées  dont  on  a  la  connoiflance  \  c'eft 
y  adhérer  ,  parce  que  Dieu  les  a  révélées  à  fon 
Eglife,  qiii  nous  les  propofe.  Ce  n'eft  pas  proprement 
approbation  Se  confentement ,  c'eft  adhéfion  d'efprit 
&:  de  cœur  ^  d'efprit ,  pour  juger  qu'elles  font  vraies  , 
puifque  Dieu  ,  qui  ne  peut ,  qui  ne  veut  nous  trom- 
per ,  nous  les  a  révélées  i  de  cœur ,  pour  vouloir.les 


CRO  ^  CRO  %j 

emtraffèr ,  les  profeiler  ,  &c.  Car  la  foi  comprend,     croire  comme  le  peuple.  La  Bruy.  Le  monde  a  des 
cet  acla  de  volonté  que  les  Théologiens  appellent 
fius  a^'ccius-^  &  par-là  la  foi  de  l'homme  chrétien 
eft  différente  de  celle  des  démons  ,  qui  ,  comme 


dit  Saint  Paul  ,  croient  8c  tré  mi  lient  de  crainte  , 
credunt  &  contremifcunt  ;  &:  de  la  foi  de  bien  des 
Apoltats  qui ,  quoiqu'ils  foient  perfuadés  des  vérités 
de  la  foi  ,  fe  laillent  vaincre  par  la  crainte  des 
fupplices  j  ou  par  quelque  autre  conlidération  hu- 
maine. 

Ne  croire  que  ce  que  l'on  voit  ,  ou  ce  que  l'on 
connoît  par  l'évidence  naturelle  \  ne  confulter  là- 
delfus  que  foi-même  ,  &  ne  déférer  à  nul  autre  qu'à 
foi-même  ,  voilà  le  premier  principe  de  l'orgueil 
humain.  Bourdaloue.  Ex.  II.  Il  laut  croire  les  ar- 
ticles de  la  Foi  ,  l'Evangile  ,  la  Sainte  Ecriture. 
Dieu  a  voulu  accoutumer  l'homme  à  croire  fans 
connoître ,  afin  de  le  tenir  dans  la  dépendance  & 
dans  la  fervitude.  Il  y  a  des  dévots  qui  aiment  Dieu 
fans  y  bien  croire.  S.  Evr.  Celui  qui  croira  ,  Se  qui 
fera  baptifé  fera  fauve.  A  moins  que  la  Foi  n'adu- 
jetcilfe  notre  raifon  ,  nous  palFons  la  vie  dans  une 
contrariété  perpétuelle  ,  à  croire,  &  .i  ne  croire  point. 
S.  EvR.  Les  perfonnes  pieufes  embrairent  d'abord  le 
parti  de  croire  ;  qui  iîxe  &  arrête  les  courfes  de  l'i- 
magination. ViLL.  Les  gens  qui  fe  bornent  à  une  foi 
fpéculative  &  fuperficielle  ,  croient  tom  ce  qu'on  veut 
fims  répugnance  ^  ils  n'y  tout  pas  alfez  d'attention 
pour  fe  rendre  ditîiciles.  ÀIoni.  jles  prudens  du  fiècle 
fe  font  un  honneur  de  ne  rien  croire  ,  pour  fe  diftin- 
guer  du  vulgaire  ,  &.  ne  pas  bazarder  leur  créance. 
Tail.  En  quel  temps  (î  malheureux  a-t-il  été  permis, 
ou  de  faire  dans  la  République  j  ou  de  croire  dans 
l'Eglife  ce  que  l'on  veut .'"  Peliss.  Croire  n'efl:  pas 
imaginer.  Nous  croyons  Dieu  en  tous  lieux  ,  &  tout 
entier,  fans  qu'il  occupe  aucun  lieu;  mais  nous  ne 
l'imaginons  pas ,  parce  que  nous  n'avons  jamais  rien 
vu  de  femblable.  id.  Croire  n'eii  pas  comprendre  , 
c'efl:  plutôt  ne  pas  comprendre  ;  mais  recevoir  par  une 
autorité  fupérieure  ce  que  l'on  ne  comprend  pas,  &  fe 
perfuader  feulement  qu'il  eft  poUîble  ,  tant  par  cette 
autorité  fupérieure  qui  nous  l'ordonne  ,  que  par  la 
comparaifon  que  nous  faifons  de  cette  merveille 
avec  d'autres  dont  nous  ne  pouvons  douter,  ou  par 
la  proportion  entre  la  merveille  5c  fon  auteur,  id. 

Préfume\-  vous  pouvoir  détruire 
Une  loi  qui  fut  vous  injîruire  j 
Dès  que  le  monde  a  commencé  "i 
Et  ce  qu'ont  cru  les  plus  habiles  j 
Des  aveu°les  ,  des  indociles  j 
Croiront-//^  L'avoir  effacé  ?  Duché  ,   Ode  fur 

l'imin.  de  l'ame. 

Croik^e,  fe  dit  aufli  de  l'imagination  qu'on  a  qu'une 
chofe  eft  vraie  ,  quoiqu'elle  foir  faulfe.  Les  petits 
efprits  croient  a.\ix  Devins ,  aux  Sorciers ,  aux  Songes, 
aux  Aftrologues  ,  ajoutent  foi  à  tout  ce  qu'ils  leur 
difent  d'extraordinaire.  On  dit  en  converfation  ,  cet 
homme  eft  fi  fimple  ,  qu'on  lui  fait  croire  que  des 
veilles  font  des  lanternes.  Cet  homme  eft  fi  jaloux 
de  fa  femme ,  qu'il  ne  la  cnvr  pas  où  il  la  voit. 

Croire  ,  lignifie  aulfi  Ajouter  foi  à  ce  qu'on  nous  dit  \ 
témoigner  qu'on  eft  perfuadé  de  quelque  chofe ,  fur 
le  rapport  d'autrui.  Fidere  alicui.  On  doit  croire  un 
halnme  fur  fa  parole.  Cela  eft  vrai  ,  fi  l'on  en  croit 
les  Hiftoriens.  En  l'état  où  je  fuis  _,  je  lui  dois  par- 
donner ;  mais  je  ne  la  dois  pas  croire.  Rochef. 

Cefl  un  homme,  entre  nous  ^  à  mener  par  le  ne-^  , 
Et  je  l'ai  mis  au  point  de  voir  tout  fans  rien  croire. 

Molière. 

Croire  ,  fe  dit  aulTî  des  opinions  qu'on  fe  met  dans 
la  tête  ,  fondées  fur  plulîeurs  raifonnemens  &  con- 
jeilures.  Il  n'y  a  point  d'opinion  fi  extravagante  , 
que  quelques  Philofophes  ne  la  croient.  Ily  a  des 
hommes  qui  s'imaginent  qu'avec  une  certaine  éten- 
due d'efprit ,  &  de  certaines  vues  ,  il  ne  faut  pas 


apparences  bien  trompeufes,  ce  n'eft  pas  tout  ce  qu'on 
croit.  Entre  les  iciences  il  n'y  a  que  la  Géométrie  qui 
oblige  à  croire  fes  démonftrations. 


Quoi  !  le  foihle  intérêt  de  ce  quon  pourra  croire 
D'une  bonne  aclion  empêchera  la  gloire}  Mol. 

Croire  ,  fignifie  encore  ,  fuivre  l'avis  ,  le  confeil  dô 
quelqu'un  ,  déférer ,   fe  rapporter  à  quelqu'un.    Si 
vous  m'en  croye^  ,  vous  n'entreprendrez  point  cette 
affaire.  Mon  droit  eft  li  bon ,  que  j'en  croirai  qui  l'on 
voudra.  Il  ne  faut  pas  croire  ion  icns ,  fa  paillon.  Il 
ne  laut  pas  quelquetois  même  croire»à  fes  yeux. 
Croire  ,  en  termes  de  Palais,  fignifie  ,  Recevoir  pour 
preuve ,  admettre  .à  un  ferment  en  Juftice.  On  ne 
cTo/r  point  les  limples  allégations  des  Avocats,  mais 
les  preuves ,  hs  titres  qu'ils  rapportent.  On  doit  en 
croire  le  ferment  du  Défendeur. 
Crue  ,  ue.  parr.   Il  a  les  fignifications  de  fon  verbe. 
On  dit  ablolument  au  Palais  ,   après  qu'on  s'eft 
rapporté  au  ierment  de  quelqu'un  ,  qu'il  viendra  cru , 
c'elt  .l-dire  ,  qu'il  gagne  fa  caufe  en  taiiant  Ion  affir- 
mation en  Juftice. 
Croire.  Etre  du  croire  ,  demeurer  du  croire  ,  c'eft  être 
garant  à  fon  correfpondant  pour  les  dettes  que  l'on 
contracte  pour  fon  compte  ,  ou  pour  les  Lettres  de 
change  qu'on  lui  remei^ 
CROISADE,  f  f.  Guerre  entreprife  par  les  Chrétiens 
pour  recouvrer  les  Lieux  Saints  ,   ou  pour  l'extirpa- 
tion de  l'héréfie  &■  du  paganifme.  Sacrum  bellum , 
facra  crucis  miiitia.  On  y  alloit  autrefois  par  dévotion, 
&  ceux  qui  avoient  deffein  d'y  aller  fe'diftinguoient 
des  autres  en  mettant  des  croix  de  différentes  couleurs 
fur  leurs  habits ,  fuivant  leur  nation.  Les  François 
la  portoient  rouge  ,  les  Angloisblainhe,  lesFlamands 
verte  ,  les  Allemands  noire  ,   &  les  Italiens  jaune. 
On   compte  huit  Crtijodes  pour  la  conquête  de  la 
Terre  Sainte.    La  première  hit  entreprife  en  1055 
au  Concile  de  Clermont.  La  féconde  en    1 144  fous 
Louis  VII.  La  troifième  en   118S  par  Philippe  Au- 
gulle  &  Henri  II.  Roi  d'Angleterre-  La  quatrième 
en    1195   P^"^  Is   l^'ips  Céleftm  III.   &   l'Hn-.pereur 
Henri  "VI.    La  cinquième  fut  publié*  en   119S  par 
ordre  d'innocenr  Ili.  Les  François,  les  Allemands  «Sc 
les  Vénitiens  fe  croifèrent.  La  fixième  ,  fous  le  même 
Pape,  commença  tumultuairem^nt  en  lii?,  &  finit 
en  1244  par  la.  victoire  des  Cotafmins  lur  les  Chré- 
tiens. La  feptième  fut  réfolue  au  Concile  de  Lyon 
en  1145  ;  c'eft  la  première  de  S.  Louis.  La  huitième, 
qui  eft  la  féconde  de  S.  Louis  ,  &   la  dernière   de 
toutes,  fut  entreprife  en  liôS.    Les  Religieux  de 
Citeaux  formèrent  le  projet  de  ces  Croifades  :  Phi- 
lippe  Augufte    en    follicita    l'exécution   auprès  du 
S.  Siégé  ,  &  Innocent  III.  leva  le  premier  l'étendard 
de  la  Croix.  Il  fut  ordonné  au  Concile  de  Clermont 
qu'on  mettroit  dans  les  drapeaux  le  figne  de  la  Croix, 
&  que  ceux  qui  voudroient  s'enrôler  ,  le  porteroient 
fur  leur  habir.  L'ufage  le  plus  ordinaire  fut  de  porter 
une  croix  d'étoffe  fur  l'épaule  droite  ,   ou   au  chape- 
ron ;  &  c'eft  de  là  que  vint  le  nom  de  Croifade. 

C'eft  Pierre  l'Hcrmite  qui  le  premier  prêcha  là 
Croifade.  Tous  n'alloient  pas  aux  Croifades  pour  la 
gloire  de  Dieu  :  les  uns  partoient  pour  accommoder 
leur  dévotion  à  leurs  intérêts ,  &  les  autres ,  pour 
ne  palfer  pas  pourdes  lâches.  Chev.  T'o\.  M.Fleury. 
Les  Croifades  ont  été  inftituées  d'abord  pour  aller 
conquérir  la  Terre- Sainte  ;  mais  depuis,  les  Papes 
les  ont  employées  contre  les  Infidèles  &  contre 
les  Hérétiques.  L'Abbé  Juftiifiani  dans  fon  Hifîoria 
de  gl'Ordini  milit.  T.  I  ^  c.  20  ,  fiir  un  Ordre  de 
Chevalerie  des  Croifés  qui  fervoicnt  dans  les  Croi- 
fades. # 

"Vers  le  milieu  du  XIF.  fiècle  il  v  eut  une  Croi- 
fade des  Saxons  contre  les  j'nvens  du  Nord  ,  de  la- 
quelle les  Chefs  furent  Frideric  ,  Archevêque  de 
Magdebourg ,  les  Evêques  d'Halberftat ,  de  Munfter, 
de  Mersbourg  ,  de  Brandebourg  ,  d'Havelberg  &  de 
Moravie ,  ou  d'Olmuts ,  ^  l'Abbé  de  Corvei ,  avec 

Dij 


.s 


C  RO 


C  R  O 


plufieurs  Seigneurs  laïques.  Vers  le  commencenient       qui  fe  fabrique  à  Marfeille  ,  &  qui  eft  principale- 


da  XII^  fiècie  de  l'Eglife,  fous  le  Pontificat  d'In- 
nocent III ,  Se  fous  le  règne  de  Philippe  Augufte  , 
î'héréfie  des  Albigeois  devine  fi  puiilance  dans  le 
Languedoc  &  dans  les  Provinces  voifines  ,  que  les 
Catholiques  ne  virent  plus  d'autre  remède  eriicace 
à  lui  oppofer  que  celui  d'une  Croifade.  P.  Langlois. 
Cet  Auteur  nous  a  donné  en  notre  langue  une 
Hiftoire  exade  des  Croifadcs  contre  les  Albigeois,  à 
Rouen  1705.  Tout  le  monde  fait  que  Maimbourg 
a  cent  celle  des  Croifades  de  la  Terre-Sainte. 

■Croisade  j  en  termes  d'Aflronomie  ,  eft  une  Conf- 
tellation  qui  eft  vers  le  Pôle  Anrarctique,  compoice 
de  quatre  étoiles  difpofées  en  croix  j  par  le  moyen 
de  laquelle  les  Navigateurs  peuvent  trouver  le  Pôle 
Antarctique.  Sydiis  crucis  Jignum  rejerens. 

CROISAT,  f.  m.  Efpèce  de  monnoie  d'argent ,  valant 
environ  un  écu  &c  demi.  Moneta  figno  cruas  Jignata. 
Les  Cruifats  fe  fabriquent  à  Gênes  ,  &  font  marqués 
d'un  côté  d  une  Croix  ,  &  de  l'autre  ils  ont  une  image 
de  la  Sainte  Vierge. 

fp"  CROISE,  adj.  pris  fubft.  Terme  de  Manufadures. 
Foyei  Croiser. 

CROISÉE.  Fenêtre ,  grande  ouverture  qu'on  lailFe  dans 
une  muraille  en  l'élevant,  pour  éclairer  les  appar- 
temens.  Fenejira.  On  ne  fait  plus  de  croifee  avec  des 
meneaux ,  parce  qu'ils  défigurent  tout  un  bâtiment  \ 
c'eft  cependant  de  ces  tnéneaux  qui  formoient  une 
croix  dans  l'ouverti^re  M  la  fenêtre  qu'elt  venu  le 
nom  de  croifee  ,  que  les  fenêtres  retiennent  encore 
aujourd'hui  :  on  les  appelle  en  ce  fensfcapi  per  me- 
diamjencjlram  projecU.  Une  croifee  cueillie  en  plâtre. 
UuQ  croifee  partagée,  eft  celle  qui  a  4.  à  6.  ou  8- 
jours.  Croifee  cintrée ,  eft  celle  dont  la  fermeture  eft 
en  plein  cintre,  ou  en  anfe  de  pannier. 

On  appelle  auffi  croifee  ,  le  chaffis  de  menuiferie 
qui  fert  à  boucher  cette  ouverture  ,  avec  les  vitres 
Oc  les  volets  qu'on  y  applique.  Cancelli. 

Demi-croisée  ,  eft  une  petite  fenêtre  qui  n'a  que  la 
moitié  de  la  largeur  d'une  croifee ^  ou  fenêtre  ,  quoi- 
qu'elle en  ait  toute  la  hauteur.  Media  feenejlr a  pars. 

Croisée  ,  dans  les  Egliles ,  eft  cette  repréfentation  de 
croix  qui  fe  fait  dans  la  voûte  des  grandes  Eglifes , 
quand  les  ailes  font  élevées  au  milieu  auflî  haut  que 
le  chœur  &  la  net.  Quatuor  angulorum  tcmpli  _,  junc- 
tura  ,  commifeura,  pofeuio.  Ainfi  on  appelle  croix  le 
travers  que  forment  les  deux  bras  d'une  Eglife  bâtie 
en  croix. 


<;:aoisEE  d'OcivES.  Terme  d'architedture.  On  appelle 

amfi  les  arcs ,  ou  nervures  qui  prennent  nailfmce  des 

branches^  d'ogives  ,   &  qui  croifent   dtagonalement 

dans  les  voûtes  Gothiques.  Arcus  decuffhdm  crajecli. 
Croisée  de  l'Ancre.  Terme  de  Marine.' C'eft  la  partie 

de  l'ancre  qui  en  fait  la  croix  ,  laquelle  eft  fondée 

au  bout  de  la  verge  ^  c'eft  fur  les  bras  ,  ou  la  croix 

de  l'ancre  que  les  deux  pattes  font  foudées.  Pars 

extrema  anchorx  m  crucem  confermaza. 
Croisée.  Terme  de  Tilferand.  C'eft  un  entrelacement 

de  fils  bien  ferrés  enfemble.   Stamen  ac  febtegmen 

directb  tranfverjum. 

Croisée.  Terme  de  Danfeur  de  corde.  Ce  font  quatre 
percbes  à  quelque  diftance  les  unes  des,  autres  , 
croifees  vers  le  haut ,  &  fur  lefquelles  on  bande  la 
grolTe  corde  fur  laquelle  on  danfe  avec  un  contre- 
poids. Mettre  les  croifees ,  &:  bander  la  corde.  Peràc£ 
decufeatin. 

Croisée  ,  fe  dit  de  petits  bâtons  croifés  au  haut  de 
la  ruche  ,  par  dedans  ,  autour  defquels  les  abeilles 
font  leur  eue.  BaciUi  decuffaci. 

Croisée.  Terme  d'Horlogerie.  Rayons  qui  maintien- 
nent le  centre  d'une  roue. 

Croisée.  Terme  de  Co^verturier.  C'eft  un  petit  inftru- 
ment  de  bois  fait  en  croix  ,  fur  lequel  font  montées 
les  bolfes  de  chardon  ,  dont  on  fe  fert  pout  lainer 
une  couverture.  Les  autres  ouvriers  en  laine  l'appel- 
lent une  croix. 

CROISELLE  ,  ji^  CROISETTE.  f.  f.  On  appelle  en 

France  ,  Papier  à  la  eroifeelle ,  uns  efpèce  de  papier  ifCF  Croiser  eft  auftî  verbe  n.  &  dans  cette  accspùon 


ment  pour  le  commerce  du  Levant. 
CROISEMENT,  f.  m.  Terme  de  Maître  d'armes.   Le 
croijement  confifte  à  mettre  fon  épée  en  forme  de 
croix  fur  l'épée  de  celui  contre  qui  on  fe  bat.  Enfees 
deculjact.  Faire  un  croifement  d'epte.   Liancourt. 
Croisement.  Terme  de  Phyfique.  Action  de  fecroifer, 
de  fe  mouvoir  en  fens  différent  d'un  autre  mobile. 
Motus  in  di-verfe.   Defcartes  n'a  jamais  expliqué  la 
pefanteur  &  larrondiftement    des   tourbillons  que 
par  les  mouvemens  du  tourbillon  &  du  refiux  de  la 
matière  fubtile  aux  pôles ,  &  des  pôles  à  l'équateur. 
Ce  croifement  n'a  rien  de  convenable  ni  de  naturel. 
Mém.  pour  les  Sciences  17 40^.  1991. 
Croisement.  Terme  de  filage,  ou  devidage  de  foies. 
Cet  apprêt  fe  fait  en  palfant ,  ou  croifant  les  uns  fur 
les  autres ,   les  dix  ou  douze  petits  fils  dont  on  forme 
le  premier  fil  de  foie  ,  qu'on  deftine  à  la  fabrique 
des  étoffes. 
CROISER,  v.  a.  Mettre  une  chofe  de  travers  fur  une 
autre  ,  en  forte  qu'elle  repréiente  une  croix  ,  en  la 
coupant  ou  traverfant.  Decujjure  ,  canceiiarc.    Ces 
deux  lignes ,  ces  deux  diamètres  fe  croifent ,  c'eft-à- 
dire  ,  le  rraverfent  à  angles  droits ,  à  angles  aigus. 
Les  fils  de  la  toile,  de  la  ferge  ,  fe  croifeem,  palfent 
les  uns  fur  les  autres.  Croifer  les  piques  ,  les  épées. 
Les  Tailleurs  croifentles  jambes  quand  ils  travaillent. 
Les  Vanniers  croifent  les  ofiers.  Les  Jardiniers  croifeent 
les  branches  des  efpaliers  ,  ce  qui  eft  quelquefois  une 
beauté  ,  &  quelquefois  un  défaut.  Les  parelfeux  onc 
fouvent  les  bras  croifees. 

^fT  On  dit  aurti  que  deux  chemins  fe  croifent,  pour 
dire  qu'ils  fe  rraverfent  j  que  deux  lignes  fe  croifent , 
qu'elles  fe  coupent. 
Croiser  ,  fe  dit  auffi  de  ce  qui  traverfe  le  chemin 
devant  quelqu'un,  f'iam  feecare  in  tranfeverfeum.  Ces 
Cavaliers  font  venus  croijer  le  chemin  pour  nous 
reconnoître.  Nous  avons  vu  un  fanglier  qui  a  croifee 
notre  route.  On  dit  à  la  chafle  ,  croifer  les  chiens  , 
quand  on  traverfe  le  chemin  où  ils  courent. 
Se  Croiser  fe  dit  proprement  de  deux  perfonnes  qui 
vont  l'une  par  un  chemin  &  l'autre  par  un  autre, 
en  forte  que  ces  deux  chemins  foient  traverfés  ou 
coupés  perpendiculairement.  De-là  on  l'a  dit  pour 
aller  par  des  chemins  oppofés  en  quelque  manière 
qu'ils  le  tcMent  ,  ou  par  le  même  chemin,  en  le 
faifant  en  fens  contraire.  Ainfi  l'on  dit ,  le  Courier 
du  Pape  (Si  celui  du  Roi  fe  font  croifees  ,  c'eft-à-dire  , 
l'un  allant  &  l'autre  venant  par  la  même  route.  Ils 
fe  font  croifees  à  Lyon  ,  c'eft-à-dire ,  qu'ils  fe  foiit  ren- 
contrés à  Lyon  j  l'un  allant  &  l'autre  venaiar. 
Croiser  ,  fedit  prefque  dans  le  même  fens  au  figuré, 
pour  dire  ,  Se  traverfer  les  uns  les  autres  ,  s'oppofer 
à  quelqu'un  ,  fe  nuire  mutuellement  dans  les  mêmes 
vues,  ou  dans  les  mêmes  prétentions.  Sibi  mutua 
adverfeari,  obfeiftere  ,  nocere.  Ces  deux  rivaux  fe  croi- 
feent ,  &  fe  traverfenr  par-tout.  On  a  tranfporté  ce 
verbe  aux  fentimens  &c  aux  Auteurs ,  pour  fignifier 
fe  contredire.  M.  Languet  ôc  quelques  autres  l'ont 
pris  en  ce  fens.  Ces  deux  Auteurs  font  tellemeat 
oppofés,  qu'ils  fe  croifent  continuellement. 
Croiser,  fignifie  aufli  ,  Rayer  quelque  partie  d'une 
écriture,  en  la  traverlant  avec  un  trait  de  plume  eo 
forme  d'une  croix.  Litieas  canceliatim  inducere  j  fecrip- 
tum  aliquod  cancellare.  Ne  faites  pas  fond  fur  la  claufe 
de  ce  contrat ,  il  y  a  trois  lignes  de  croifeées ,  de  rayées , 
de  barrées. 
Croiser.  Terme  de  Palais  &  de  Finance  ,  fignifie  aulîi 
Marquer  quelque  chofe  d'une  croix,  pour  montrer 
qu'il  y  a  quelque  chofe  à  redire,  ou  à  refaire.  Cruce 
aiiquidfegnare.  On  a  croife  cet  arrêt ,  pour  empêcher 
qu'on  ne  le  délivrât ,  que  le  procès  ne  fût  un  peu 
mieux  examiné.  Quand  on  eft  appelant  d'une  taxe 
de  dépens  ,  le  Procureur  eft  pourfuivi  pour  coter, 
&  croifetr ,  c'efl-à-dire,  marquer  d'une  croix  les  ar- 
ticles dont  il  eft  appelant.  Cr:iifer  des  dépens  j  en  ce 
fens ,  c'eft  mettre  des  croix  à  côié  des  articles  que  l'on 
veut  contefter. 


C  R  O 

il  fe  dit  des  vêtemens  &c  des  chofes  donc  les  corés 
palfenc  l'un  fiif  l'aucie.  On  die  qu'un  rabat  cro/jè  , 
qu  une 


C  R  O 


2.9 


camifûle   croiji  trop  ,    ne  croijè    pas    allez. 
Croiser  ,  avec  le  pronom  peifonnel,  sV-lt  die  du  temps 
des  guerres  fainces  ,  de  ceux  qiu  taïf oient  vœu  dy 
aller  ,  qui  fe  cro{foiem ,  âc  qui  prenoient  la  marcjiLe 
d'une  croix  fur  leurs  habits.  S.i-crjm  muiàdm projeter:, 
facr.z  m'ditU  nomen  date.  Philippe  de  Valois  propola 
à  fes  Sujets  de  fe  croifer,  Ik  commença  lui-mtme  à 
prendre  la  croix.  De  Pkade. 
Croiser,  en  termes  d'Art  Alilitaire,fedit  de  laconduire 
de  la  tranchée  qui  va  en  zigzag.  Il  ne  bat  pas  s'é- 
loigner des  capitales  prolongées,  donc  il  tauc  renoii- 
vefer    les  piquets  de  tems  en  tems  ,  &  les  coëtîer 
d'un  bouchon  de  paille ,  même  de  quelque  mèche 
allumée  pendant  la  nuit ,  pour  les  reconnoîcre  ,  ahn 
de  ne  s'en  pas  éloigner,  Se  delà  fréquemment  cvo/yè/-. 
Desprez  de  s.  Savim. 
Croiser,  en  termes  de  Marine,  fignilîe  ,  Rôder  fur 
une  côte  ,  y  faire  diverfes  bordées  &  traverfes  \  aller 
&  venir  fur  une  mer  pour  la  garder ,  &  empêcher 
les  Corfaires  de  piller  les  Marchands,  de  faire  des 
defcences.   Il  fe  dic  aulli  des  ennemis  qui  cherchent 
à  pirater,  &  qui  attendent  les  vallfeaux  à  l'encrée 
ou  à  k  fortie  des  ports.  Maria  percurrere  ,  ohlldtrc 
ad  eadem  mtanda  vel  injejïanda.  L'armée  a  palfé  une 
partie  de  l'été  à  croijcr  fur  les  côtes  de  Barbarie. 

En  termes  de  Jardinage  on  dit  qu'il  huit  ie  donner 

de  garde  de  croijcr  les  branches  d'un  arbre  qui  efl 

enefpalier,  c'eft-à-dire ,  de  les  faire  palFer  les  unes 

^r  les  autres.  Une  branche  croifde  a  mauvaife  grâce. 

Croiser  les  foies.  C'ell:  les  tordre  légèrement  par  le 

moyen  d'un  moulin  ,  ou  métier  à  tuer  les  foies- 
Croiser  une  étoffe.  C'eft  la  travaillera  quatre  marches, 
pour  en  ferrer  les  fils ,  &c  faire  ce  qu'on  appelle  la 
croifure. 
Croise  ,  ee.  part.  Il  a  les  lignifications  de  fon  verbe  , 

en  Latin  ,  comme  en  François. 
Croise  ,  en  termes  de  Blafon,  fe  dit  du  Globe  Impé- 
rial ,  ôc  des  bannières  chargées  d'une  croix.  Crace 
ihjiractus. 
Croisé  ,  ée.  En  termes  de  Pocile  Françoife  ,  on  ap- 
pelle des  rimes  croijies  ou  des  vers  croifts ,  ceux 
donc  les  rimes  lont  alternées  j  comme  dans  les  llances 
où  elles  font  éloignées  &  entremêlées,  à  la  différence 
du  poëme  héroïque  ,  de  l'Elégie  ,  &  autres  ouvrages 
qui  ne  louffrent  point  la  croifure  des  vers. 

Je  ne  fin  Jï  je  dois  par  des  rimes  croifées 
Conjlruijlinc  d'abord  un  quatrain  j 

Joindre  de  deux  tercets  les  phrafes  repofées 
Dans  un  terme  égal  &  certain.  La  Motte. 

M.  Corneille  dans  l'examen  de  fon  Andromède 
dit  :  la  diverfité  de  la  mefuie  &  de  la  croifure  àzi 
vers  que  j'y  ai  mêlée  ,  me   donne  occafion  de  les 
jullifier. 
Croisé.  En  termes  de  Guerre  on  appelle  feu  croifé  , 
quand  on  charge  l'ennemi  en  tête  &  en  queue  ,  ou 
fimplement  quand  l'ennemi  fe  trouve  encre  deux 
feux. 
Croisé  ,  en  terme  de  Danfe  ,  fe  dic  des  pas  qui  fe 
font  en  allant  de  côté  ,  foit  à  droit ,  foit  à  gauche. 
Pajfus  ,  ou  gradus  obliquas.   La  cinquième  poficion 
du  corps  eft  pour  les  pas  croifes.  Rameau. 
Croise,  f  m.  Celui  qui  eft  de  la  Croifade  ,  qui  a  pris 
la  croix  pouraller  Liire  laguerreaux  Infidèles.  Sacram 
militiam  projeffus.  Il  alla  au  fecours  des  Croifés. 
Croiset.  f.  m.  Terme  populaire.  Jour  de  l'Invention 
de  la  Sainte  Croix  le  troifième  de  Mai.  Ce  mot  ne 
fe  dit  que  dans  ce  proverbe  du  peuple.  Georget  , 
Marquer,   Croifet  de  Urbmet  font  des  jours  funeftes 
aux  biens  de   k  terre  par  la  gelée.  Foyer  au  mot 
GEORGET. 
CROISETTE  ,  ou  CROISILLE.  f.  f.  Diminutif  de 
croix.   Ce  mot  n'a  guère  d'ufage  qu'en  termes  d. 
Blafon,  où  on  voit  fou  vent  des  Ecus  femés  de  aoi- 
fettes ,  ou  de  petites  croix  ;  &  les  fafces  ou  autres 
pièces  honorables  chargées  ou  accompagnées  de  croi- 
jfettes.    Crux    miner.   Les  woix   mêmes  abouti llcnc 


fouvent  en  croifcttes  ,  &  font  appelées  alors a-cJ/è^tci 
ik  rccroifettees. 
CROISETTE.  f.  f.  Cruciata.  Plante  qui  a  tiré  fon  nom 


de  la  dii'pofition    de  les   feuilles.    L'elpèce   la  plus 
commune  cil  celle  qui  eff  toute  veiue.  Cruciatu  hcr- 
Jura.  C.  B.  Ses  racines  lont  menues ,  jaunâtres ,   & 
pûnlfentphilieuis petites  tigescarrées  ,  velues,  garnies 
a  chacun  de  leurs  noeuds  de  quatre  leuiiles  dilpoiees 
en  croix,  comme  arrondies ,  velues,  &:  des  ai'.ielles 
delquelles  nailfent    des  fleurs  qui   torment  comme 
des  verciciUes.  Ces  fleuis  (ont  tort  petites  ,  jaunâtres , 
d'une  ieule  pièce  découpée  en  quatre  ou  cinq  parties. 
Le  calice  qui  les  foucienc  devient  un  huit  compofé 
de  deux  très-pecices  femences  rondes  ,  <?i  appliquées 
l'une  contre  l'autre.  On  met  cette  plante  au  nombre 
des  apéritives  &  aftringentes.  Des  Médecins  la  lont 
palfer  pour  une  antiépilepcique.  Elle  eft  très  connnune 
à  la  campagne. 
Croiseïte.  "ferme  de  Marine.  Quelques-uns  appellent 
croijettes  la  ciel  ou  les  chevilles  qui  joignent  &:  en- 
tretiennent le  bâton  du  pavillon  avec  le  mat  tjui  eft 
au  dclfus.  , 
CROISETTE,  ÉE.  adj.  Terme  de  Blafon.  On  appelle 
croix  croijettee  ,  celle  ciont  les  quatre  extrémités  font 
terminées  par  des  cioiietres. 
|KF  CROISIC,   ou  CROISIL  (  le  ).  Petite  Ville  de 
France  eii  Brecigne,  dans  le  Pays  Nantois  :  c'eft  un  des 
poits  de  la  Loue. 
CROISIE.  f.  f.  Crux.  Vieux  mot  qui  s'cft  dit  en  quel- 
ques endroits  en  parlant  des  croix  qu'on  ivit  iur  des 
écritures  ,  pour  en  contcfter  quelques  articles. 
CROISIER.  1.  m.  Nom  d'an  Ordre  Religieux  ,  qui  eft 
une  Congrégation  de  (chanoines  Réguliers  ,  qu'on 
appelle  Croijiers,  ou  Porce-croix.  CruciataSj  Cruciger. 
11  y  a  trois  Ordres  qui  ont  porté  ou  portent  encore 
ce  nom.   L'un  eft  d'Italie  ;  le  féconda  pris  fon  ori- 
gine aux  Pays-Bas  i  &  le  troifième  en  Bohême.   îls_ 
prétendent  venir  de  S.  Glet  \  que  S.  Quiriace  ,  Juif 
qui  montra  à  Sainte  Hélène  le  lieu  de  k  vraie  Croix  , 
&c  qui  fe  convertit,  les   réforma.   Ce  qu'il  y  a  de 
certain  ,    c'eft  que  cet  Ordre  étoit  établi  en  Italie 
avant  qu'Alexandre  III  ir.oncâc  fur  la  chaire  de  Saint 
Pierre,  puifque  ce  Pontife  fuyant  la  perfécution  de 
l'Empereur  Frédéric  Barberouffe  ,  trouva  un   aide 
dans  les  Monaftères  des  uw7?e;\r,  &  après  que  l'Eglife 
fut  en  paix,  l'an  1 16<;  ,  il  renouvela  cet  Ordre  ,   lui 
donnant  une  Règle  &  des  conftitutions ,  &  le  pre- 
nant fous  la  protedion.  Pie  V.  l'an  1 5  iS  ,  l'approuva 
de  nouveau  ,  &  confirma  les  privilèges.  La  dikiplma 
étant  encore  aftoiblie ,  Alexandre  Vlil 


régulière  s  y 


la 


leTupprima  tout-à-fait  en  16^6.  Ils  avoient  la  qua- 
lité de  Chanoines  Réguliers ,  la  Règle  de  Saint  Au- 
guftin  ,  &  cinq  Provinces  toutes  en  Italie  ,  celle  de 
Boulogne-,  de  Venife  ,  de  Rome  ,  de  Milan  &  de 
Naples.  ils  étoient  aufti  Hofpitaliers. 

M.  Allemand  ,  dans  fon  Hijî.  Mon.  d  Irlande  y  dit 
qu'il  y  avoit  quatorze  Monaftères  de  Croijlas  en  Ir- 
lande ,  &  qu'ils  étoient  venus  de  ceux  d'Italie  ,  puii- 
que  ceux  de  France  &  des  Pays-Bas  ne  les  recon- 
noiffoient  point  pour  membres  de  leur  Ordre.  D  au- 
tres croient  qu'il  y  a  lieu  d'en  douter. 

Mathieu  Paris  dit  que  des  CroiJiers  ,  ou  rveligieux 
Porte-croix  ,  portant  des .  bâtons  au  bout  delquels 
il  y  avoit  une  croix  ,  vinrent  en  Angleterre  en  1 244  , 
fe  préfenter  au  fynode  que  tenoit  l'Evêque  de  Ro- 
chefter  ,  pour  être  reçus.  Dodfworth  &  Dugdale  , 
dans  le  Monajiicon  Anoiicanum  ,  parlent  de^  deux 
Monaftères  de  cet  Ordre  en  Angleterre  ,  Tun  à  Lon- 
dres ,  l'autre  au  Bourg  de  Rigat  ,  celui-ci  londc  en 
11^5  ,  &c  l'aucre  en  1198.  Us  en  avoient  encore  un 
.à  Oxfort,  où  ils  furent  reçus  en  1549.  Ces  trois 
maifons  ont  fubfifté  jufqu'au  fchifme. 
Croisiers  de  France  &  des  Pays-Bas,  qu'on  nomme 
auffi  de  Sainte-Croix  ,  &  à  Paris  de  Sainte  Croix  de 
la  Brctonr.erie  ,  autre  Congrégation  de  Chanoines 
Réguliers  fondée  fous  le  Pontificat  d'Innocent  III , 
l'an  121 1  ,  p:ir  Théodore  de  Celles ,  fils  du  Baron 
de  Celles ,  ilfu  des  Ducs  de  Bretagne.  Le  P.  Verduc, 
Religieux  de  fainte- Croix,   qui  a  écrit  la  vie  du 


5  0  C  R  O 

Peie  Théodore ,  die  que  ce  jeune  Baron  s 'étant  croifé 
en  1  iSS  ,  &  ayant  été  iervir  en  Paleftine  ,  il  y  con- 
nut de  ces  Croijlers^  inftitués  ,  à  ce  que  l'on  prétend , 
par  S.  Clet ,  &  conçut  dès  lors  le  dellcin  d'en  inlluuer 
une  Congrégation  dans  fon  pays.  Ce  qu'il  y  a  de 
certain,  c'eit  que  Théodore,  étant  retourné  de  Palef- 
tine ,  tut  engagé  dans  l'Etat  EccléiialUque  par  Raoul 
Evcque  de  Liège  j  qu'il  alla  en  qualité  de  Millionnaire 
à  La  Ctoilade  contre  les  Albigeois  j  qu'étant  retourné 
en  Ion  pays  en  izii  ,  l'Evêquc  de  Liège  lui  donua 
l'Eglife  de  Saint  Thibault ,  fituée  fur.une  coUinne 
appelée  Çlairlieu  proche  de  la  ville  d'Huy  j  que  ce 
fut  là  qu'avec  quatre  compagnons  il  jeta  les  fonde- 
mens  de  fon  Ordre ,  qu'Innocent  III  &  Hononus  III , 
confirmèrent.  Théodore  envoya  de  les  Religieux  à 
Touloule  qui  fe  joignirent  à  Saint  Dominique  ,  pour 
combattre  les  Albigeois^  &  cette  Congrégation  s'é 
lablit  &  fe  multiplia  depuis  en  France.  Les  Papes 
ont  voulu  foumettre  les  Cro'ifiers  d'Italie  à  ceux  de 
Flandre,  dont  le  Général  fait  ordinairement  fa  réfi- 
dence  à  Çlairlieu,  quleft  leChef-d'Ordre. 

Ces  Religieux  portoient  dans  le  commencement 
une  foutajie  noire  avec  un  fcapulaire  gris  ,  &:  par 
delTus  une  grande  chape  noire  avec  un  grand  capu- 
chon :  ils  changèrent  la  foucane  noire  en  blanche  , 
par  une  Bulle  de  Clément  VIIÏ  ;  &  fur  la  tin  du  der- 
nier fiècle  ils  changèrent  encore  leur  habillement, 
qui  confiile  à  préfent  en  une  foutane  blanche  &  un 
Icapuiaire  noir  chargé  fur  la  poitrine  d'une  croix 
rouge  &  blanche.  Lorfqu  ils  font  au  chœur  ,  ils  ont 
Tété  un  furplis  avec  une  aumulïe  noire  ;  &:  lorfqu'ils 
vont  en  ville ,  ils  mettent  un  manteau  noir  comme 
les  Ecclélîalliques.  Ils  mettent  encore  dans  quelques 
Provinces  le  furplis  fur  le  capuchon ,  &  le  capuchon 
à  U  tête  au  lieu  de  bonnet  carré  ;  & ,  en  mémoire  de 
leur  ancien  habillement ,  les  Novices  portent  la  fou- 
tane noire  pendant  deux  mois. 

Croisier  ,  ou  Porte-croix  avec  l'étoile.  Autre  Con- 
■grégation  de  Chanoines  Réguliers  de  Sainte-Croix 
établis  en  Bohème  ,  qui  prétendent  faire  remonter 
leur  origine  jufqu'au  temps  de  Quiriace  ,  puifqu'ils 
difent  qu'ils  font  venus  de  Paleftine  en  Europe,  où 
ils  ont  embraifé  la  règle  de  S.  Auguftin  j  qu'ils  bâ- 
tirent pluheurs  Monaftères  ou  Hôpitaux  ,  entre 
autres  celui  de  Sorzik  proche  de  Prague  \  que  la 
bienheureufe  Agnès  de  Bohème  en  tirades  Religieux 
pour  fonder  celui  de  Prague  ;  &  qu'afin  que  ces 
Cro'ifiers  fulfent  diftingués  des  autres ,  cette  Prin- 
cefTe  obtint  d'Innocent  IV" ,  qu'ils  ajouteroient  une 
étoile  à  la  croix  qu'ils  portent.  Mais  ce  que  l'on  dit 
de  S.  Quiriace  n'eft  point  fondé  ;  c'eft  la  bienheu- 
reufe Agnès,  fille  de  Primiflas,  ou  d'Ottocare  I, 
Roi  de  Bohème ,  qui  inllitua  cet  Ordre  à  Prague 
en  1134,  &:  leur  donna  l'hôpital  qu'elle  y  fonda 
auprès  du  pont.  Ils  ont  maintenant  deux  Généraux  , 
l'un  à  Prague ,  auquel  une  partie  obéit  ,  &  l'autre 
à  Breflav;  ,  auquel  une  autre  partie  des  Cro'ifiers  de 
Bohème ,  &  ceux  de  Pologne  &  de  Lithuanie  font 
fournis,  l'^oyc-^  les  Bollandiftes  dans  la  vie  de  la  bien- 
heureufe Agnès ,  T.  I.  de  Mars,  p.  5 18  ,  àc:.  f^oye:^ 
aulli  fur  tous  ces  Croifiers ,  ÏHiJÎ.  des  Ord.  Mon.  & 
Relig.P.H,   C.35. 

Croisier  avec  le  Navire.  Le  P.  Anaftafe  de  S.  Agnès  , 
Auguftin  Déchaufie ,  fait  mention  de  certains  Reli- 
gieux Croifiers  en  Bohème  j  qui  ont  lur  le  côté  gauche 
un  navire  ,  &  qu'il  dit  avoir  été  établis  en  1400. 
Pontanus  parle  aufli  de  ces  Croifiers  avec  U  navire, 
qui,  dit-il,  ont  trois  maifons  en  Bohême,  f^.  ÏHifi. 
des  Ordr.  Mon.  &  Relig.  P.  II ^  C.  3  5.  Pontanus,  Bo- 
henïia  Sacra. 

CROISIÈRE,  f.  f.  en  termes  de  Marine,  eft  une  cer- 
taine étendue  de  mer  ,  où  les  vailîeaux  vont  croifer 
&  faire  des  courfes.  Injefidi,  p'iratis  or  a.  Staûo  ,  locus 
obfiervationis.  Cette  frégate  femble  avoir  établi  fa 
croifière  depuis  Livourne  julqu'à  Nice.  Gazette  , 
1740,  p.  550.  Dès  que  le  temps  lut  plus  calme  ,  je 
revins  iâir  ma  cro'fière.  Forbin.  En  revenant  fur  ma 
cro'ifiicre  ^  j'eus  ordre  de  retourner  à  Cadix.  Idem. 


C  R  O 

Etre  en  bonne  croifière  ,  c'eft  être  en  un  bon  endroit 
pour  attendre  les  vailfeaux  &  pour  les  attaquer. 
VailFeaux  en  croifière ,  font  des  vailfeaux  qui  font 
dans  le  parage  qu'on  doit  ou  qu'on  veut  tenir  pour 
croifer. 

CROISILLE.  f.  f.  Terme  de  Cordier.  Petite  pièce  de 
bois  taillée  en  portion  de  cercle ,  qui  eft  lur  le  rouet 
des  trieurs  ,  &c  qui  porte  les  molettes. 

Croisille.  Terme  populaire.  Petite  croix.  Crucicnla. 

CROISILLON,  f.  m.  Le  bras,  le  travers  d'une  croix. 
Cruc'is  brachia. 

Croisillon,  eft  auiîî  une  partie,  foit  de  pierre,  foit 
de  bois  3  qui  fépare  une  croifée  en  deux  par  fa 
hauteur  &  par  fa  largeur.  Fenefirs.  tranfiverfius  fcapus. 
Il  lignifie  aulli  une  demi  -croifée.  On  appelle  cro/- 
fiilions  de  chafiis  ,  de  petits  morceaux  de  bois  croifés 
qui  féparent  les  carreaux  d'un  challis  de  verre. 

CROiSOIRE,  qu'on  nomme  aulli  quelquefois /Je/j^nc. 
Inftrument  de  fer  ou  de  bois ,  dont  on  fe  fert  pour 
faire,  fur  les  galettes  de  bifcuit  de  mer  ,  diverfes  fa- 
çons en  forme  de  croix. 

CROISSANCE,  f  f.  Augmentation  qui  fe  fait  de  La 
taille  ou  de  la  hauteur  des  animaux  ,  ou  des  arbres  , 
jufqu'à  un  certain  âge.  Acaetio  yincremei:tum  ,  accre- 
mcntum.  On  pardonne  aux  jeunes  gens,  s'ils  mangent 
beaucoup  ,  jukju'à  ce  qu'ils  aient  pris  leur  croijjai.ce. 
Les  chênes  lur  leur  retour  ne  font  plus  en  état  de 
croijjance. 

Ce  mot  vient  de  creficent'ia  ,  qu'on  forme  de  crefi 
cere.  Il  vieillit  un  peu  dans  le  propre  ,  &  dans  le 
figuré  ,  il  eft  furanné.  C'eft  un  jeune  efprit  qui|Ji'a 
pas  encore  pris  toute  fa  croifjance.  L'amour  &  l'eftime 
que  j'ai  pour  vous ,  ont  déjà  pris  toute  leur  croi(]'ance. 

COSTARD. 

On  appelle  aulfi  croijfances  3  certaines  herbes 
congelées  qui  fe  prennent  fur  les  rochers  ,  &  dans 
la  mer,  dont  on  orne  les  grottes.  Il  y  a  de  ces  croifi 
fiances  qui  font  en  forme  de  crête-de-coq  ,  qu'on 
appelle  cro'ijjances  des  Indes.  Elles  font  un  très-bel 
effet. 

IfT  CROISSANT,  f.  m.  La  figure  de  la  nouvelle 
Lune  ,  jufqu'à  fon  premier  quartier.  Elle  préfente 
alors  un  petit  rayon  de  lumière  aboutilTant  en  pointe. 
Luna  crejcenns  cornua. 

On  appelle  improprement  cro'ijfant  ,  la  même 
figure  de  la  lune  en  décours  \  mais  alors  les  pointes 
font  tournées  du  côté  de  l'Occident,  au  lieu  qu'elles 
font  du  côté  de  l'Orient  pendant  le  cro'ijjant.  Voy. 
Lune. 

Avant  que  les  Turcs  fe  fulTent  rendus  maîtres  de 
Conftantinople  ,  &  de  toute  antiquité  ',  la  ville  de 
Byzance  avoitpris  un  cro'ifiant  pour  fymbole  ,  comme 
il  paroît  par  les  médailles  des  Byzantins  ,  frappées 
à  l'honneur  d'Augufte ,  de  Trajan  ,  de  Juha  Domna  , 
de  Caracalla. 

Croissant  ,  fe  dit  aufti  de  ce  qui  a  la  figure  de  cette 
nouvelle  lune.  Ainfi  S.  Amand  a  dit  d'un  fromage. 

Pourquoi  toujours  s'appet'ififiant  _, 
De  lune  dev'ient-'d  croilîànt  ? 

Croissant,  fe  dit  figurément  &  poétiquement  de 
l'Empire  du  Turc ,  qui  a  un  croijjant  en  fes  armes  , 
&  qui  le  fait  mettre  fur  tous  les  toits  &  lieux  élevés , 
comme  nous  mettons  les  girouettes  en  Occident, 
Turcicum  Imperium  cujus  luna  creficens  infigne  efi.  Faire 
pâlir  le  Croiffiant.  Boil.  C'eft- à-dire ,  Epouvanter  les 
Turcs. 

Croissant  ,  eft  aiifli  un  inftrument  tranchant ,  &  fait 
en  arc  ,  dont  fe  fervent  les  Jardiniers  pour  tondre 
leurs  palilFades.  Falcis  genus  creficentis  in  morcm  luna 
conjormatum.  On  le  dit  aulîî  des  autres  ferremens 
taillés  de  cette  manière  ,  comme  ceux  qui  fervent 
à  tenir  la  garniture  du  feu  dans  une  cheminée. 

On  donne  le  même  nom  aux  branches  recourbées 
de  fer  ou  de  cuivre  ordinairement  doré  ,  dont  on  fe 
fert  pour  arrêter  les  portières  &  les  rideaux  de  fe- 
nêtres. 


CRÛ 

Croissant  ,  en  termes  de  Luthier  ,  eft  un  enfoncement 
fait  en  foime  de  demi-cercle  aux  côtés  des  violons , 
des  violes ,  des  baffes ,  6't.  FiJJura  crefcencts  ui  more/n 
luns,  citharis  adacla. 

Croissant,  f.  m.  Ornement  de  tête  des  Dames  & 
Demoifelles.  C'eft  une  partie  de  la  cocffure  que  l'on 
nommoit  Commode. 

Croissant.  Papier  aux  trois  aoiffans.  C'ell:  ainfi  qu'on 
nomme  à  Conftantinople ,  une  elpéce  de  papier  de 

,  France,  qui  le  fabrique  dans  plulîeurs  lieux  de  la 
Provence. 

Ordre  du  Croissant.  Ordre  de  Chevalerie  militaire 
fondé  par  René  d'Anjou ,  Roi  de  Sicile  j  &  Comte  de 
Provence,  en  1448.  Ordo  militaris  a  crejjente  luna 
nuncupatus.  Les  Chevaliers  portoient  iur  le  bras 
un  croiff'ant  d'or  émaillé,  duquel  pendoient  autant 
de  petits  bâtons  travaillés  en  façon  de  colonnes , 
que  chacun  de  ces  Chevaliers  s'ctoient  trouvés  ou 
à  des  batailles  ,  ou  à  des  fiéges.  Le  P.  Anselme. 
Ce  qui  donna  o«ca(ion  à  l'établilTement  de  cet  Or- 
dre, c'eft  que  René  avoir  pris  pour  devife  un  croif- 
fam,  fur  lequel  étoit  cent  le  mot  Los  ;  ce  qui, 
en  ftyle  de  rébus,  vouloir  dire,  Los  en  croijjanc-^ 
c'eft-à-dire  ,  qu'en  avançant  en  vertu,  on  mérite  des 
louanges. 

Croissant  double  ,  double  croissant.  Autre  Or- 
dre de  Chevalerie,  appelé  autrement  l'Ordre  du 
Navire.  Foye^  Navire.  Le  P.  Hélyot,  T.  VIU. 
c.  3 S.  prétend  que  cet  Ordre  ell  chimérique  &  fup- 
poié  ,  quoi  qu'en  dife  l'Abbé  Giuftiniani,  dans  fon 
Hiltoire  des  Ordres  militaires ,  &  quelques  au- 
tres Auteurs.  Il  parle  de  l'Ordre  que  ces  Auteurs  pré- 
tendent avoir  été  inftitué  par  S.  Louis ,  &  porté 
à  Naples  par  fon  frère  Charles  d'Anjou ,  Roi  de 
Naples  \  car  pour  l'Ordre  du  Croijjant  que  l'on 
nomme  aulli  du  Navire  ,  ou  des  Argonautes  de  S. 
Nicolas ,  il  convient  qu'il  a  été  plus  réel ,  qu'il 
fut  inftitué  par  Charles  de  Duras,  Roi  de  Naples, 
que  Jeanne  L  qui  n'avoir  point  d'enfans  avoit  adop- 
té,  &  à  qui  elle  avoit  bit  épaufer  fa  Nièce  Mar- 
guerite ,  dont  il  voulut  rendre  la  cérémonie  du  cou- 
ronnement plus  augufte  par  l'inftitution  de  l'Ordre 
du  Croijjant  &:  du  Navire.  Le  collier  de  cet  Or- 
dre étoit  compofé  de  coquilles  &  de  Croijffans ,  au 
bas  duquel  étoit  attaché  un  navire  ,  avec  cette  de- 
vife :  Non  credo  Tempori.  L'habillement  de  ces 
Chevaliers,  félon  le  P.  Bonnani,  confiltoit  en  un 
grand  manteau  parfemé  de  fleurs  de  lys  en  brode- 
rie, au  côté  gauche  duquel  il  y  avoit  un  navire 
flottant  fur  les  eaux.  Leur  toque  étoit  de  velours 
noir,  couverte  par-devant  d'une  plaque  d'or,  qui 
repréfentoit  auffi  un  navire..  Après  la  mort  de  ce 
Prince,  qui  arriva  en  13815.  cet  Ordre  fut  aboli 
dans  des  tems  de  troubles. 

En  terme  deBlafon,  on  appelle  croijfant  montant, 
celui  dont  les  pointes  font  tournés  en  haut  vers 
ie  chef-,  qui  eft  fa  plus  ordinaire  repréfentation. 
Lunula  refupina.  Les  Ottomans  portent  de  iinople 
au  Croiffant  montant  d'argent  Les  Croiffuns  adojfes 
font  ceux  qui  ont  leurs  parties  les  plus  greffes  &: 
les  plus  pleines  à  l'oppofite  l'une  de  l'autre,  &  dont 
les  pointes  regardent  le  flanc  de  l'Écu.  LunuU  ob- 
yerf&.  Le  Croijjant  renverféow  couché,  eft  celui  dont 
les  pointes  lont  au  rebours  du  montant.  Inverfa. 
Les  Cmijfans  tournes  fe  pofent  comme  les  adoffés: 
la  diflérence  eft,  qu'ils  tournent  toutes  leurs  pointes 
d'un  même  côté  vers  le  flanc  dextre  de  l'Écu  , 
foitentafce,  foit  en  bande,  les  contournés  au  con- 
traire ont  leurs  pointes  vers  le  côté  gauche  de  l'Ecu. 
Lunuls,  vcrjis  in  [cuti  latus  cornibus.  Les  CroiJJans 
ajfrontés  ,  ou  appointés,  ont  leur  alTiette  contraire 
à  celle  des  adoffés,  parce  que  leurs  pointes  fe  re- 
gardent, &  font  oppofées  les  unes  aux  autres.  Lu- 
nuU advcrjîs  cormbus  pojics..  Du  Tillet  dit  que  Clo 
•vis  porta  autrefois  trois  CroiJJans,  Saint  Louis  infti- 
tua  l'Ordre  du  double  Croisant.  La  devife  d'Henri 
IL  étoit  auffi  un   double   Croijjant. 

CRÛISSET.  Lieu  de  Normandie ,  fitué  à  une  lieue 
de  Rouen. 


C  R  O 


^î 


CROISSIER ,  V.  n.  Vieux  mot ,  qui  a  fignifié  /e 
croifer,  c'eft-à-dire,  mettre  une  croix  fur  fon 
habit ,  pour  marquer  qu'on  va  faire  le  guerre  aux 
Infidèles. 

CROISSIR.  V.  n.  Se  rompre.  Vieux  mot ,  d'où  font 
venus  en  Languedoc  crouijji  &  s'ccroujjlr,  pour  due, 
craqueter  en  fe  rompant. 

CHOISI.  Foyei  CROIT. 

CROISTRE.  Foyei  CROÎTRE. 

CROISURE.  f.  f.   La  tiffure  de  la  ferge  qui  fe  fait 

.  en  croix.  Stamuûs  ac  J'ubtegminis  direclo  tranj'verfa 
pojitio.  Celle  du  drap  s'appelle  Jîlure.  On  connoît 
la  fîneffe  d'une  ferge  à  la  croifure  ,  Se  celle  du  drap 
à  la  filure. 

Croisure,  eft  auiïi  un  terme  de  Pocfie  Françoife  , 
qui  fe  dir  des  vers  dont  les  rimes  font  alternées. 
^oye^  Croisé  ,  terme  de  Pocfie. 

CROIT,  f.  m.  Augmentation  d'un  troupeau  par  le 
moyen  de  petits  qui  y  nailfent.  Accretio ,  incremcn- 
tum  ,  accrementum  ,  accejjïo.  Dans  tous  les  baux  à 
chepteil  des  beftiaux  ,  après  qu'on  a  remplacé  le 
premier  nombre  qu'on  en  a  donné  d'abord  ,  le  maî- 
tre &  le  métayer  partagent  le  croit,  c'eft-à-dire, 
les  beftiaux  qui  fe  font  multipliés,  &  qui  font  le 
profit  du  bail. 

§C?  Dans  Montagne  ce  mot  fe  trouve  comme 
fynonyme  à  croiffince.  Dans  la  fleur  de  fon  crcijî. 

CROITON.  f.  m.  Nom  que  l'on  donne  à  une  pri- 
fon  ,  dit  M.  Bruncau  ,  dans  fes  obfervations  &  Ma- 
ximes furies  matières  criminelles.    Carccr ,  ergaf- 

.    tulum. 

CROITRE  V.  n.  Prononcez  crêtre.  Je  crois ,  je  croij- 
fois,  je  crûs  ^  j'ai  crû  ,  je  croîtrai  ^  que  je  croijjc, 
croijjant.  Augmentation  en  hauteur  ,  en  groffeur , 
en  étendue  j  devenir  plus  gros  ou  plus  grand.  Cref- 
cere,  accrejcere,  excrejcere  ,  increjcere.  Tous  les  ani- 
maux &  les  plantes  croijjent  jufqu'à  un  certain  âge  , 
jufqu'à  un  certain  état  de  hauteur  &  de  groffeur  , 
qui  eft  différent  félon  leur  efpèce.  On  dit  que  le 
crocodile  croit  pendant  toute  fa  vie.  L'enfant  croit 
dix  mille  fois  plus  vite  au  ventre  de  la  mère,  qu'a- 
près qu'il  eft  né.  Andri. 

Ce  mot  n'eft  pas  tellement  neutre  que  les  an- 
ciens Auteurs  ne  le  faffent  quelquefois  aétif,  & 
alors  il  lignifie,  faire  croître.  Ort'en  trouve  divers 
exemples  dans  la  Poèflcj  &:  quelques  -  uns  dans  la 
Profe. 

A  des  cxurs  bien  touches  tarder  la  jouijjance  , 
■  C'cjl  injailliblement  leur  cïomQ  le  dejîr.  Malh. 

Corneille  a  dit  : 

ALiis  la  plus  belle  mort  Jouille  notre  mémoire , 
Quand  nous  avons  pu  vivre  6'  croître  notre  gloire. 

§C?  Et  dans  le  Cid. 
M'ordonner  du  repos  _,  c'ejl  croître  mes  malheun. 

Auxquels  on  peut  ajouter  Racine ,  qui  a  dir  :  les 

I     Dieux  m'ont  didé  cet  oracle,  qui  croîtra  fa  gloiie 

&  fon  tourment.   Ces   phrafesj  où  croître  eft  dans 

une  lignification  active  ,   ont  été  blâmées  par  de 

bons  Auteurs. 

|!CF  Voltaire  fur  Corneille,  dit '•  croître  aujour- 
d'hui n'eft  plus  actif,  on  dit  accroître  ;  mais  il 
femble  ,  continue- 1- il,  qu'il  eft  permis  en  vers  de 
d'\ie  croître  mes  tourmens,  mes  ennuis,  mes  dou- 
leurs, mes  peines. 

fC?  A  la  bonne  heure  dans  la  Pocfie  où  il  y  a 
affez  d'autres  difficultés  à  furmonter  ;  mais ,  hors  de 
là ,  on  ne  doit  point  iifer  de  cette  licence, 
Croître,  fe  dit  auffi  des  parties  des  animaux  ôC 
des  végétaux  qui  ne  leur  font  point  effentielles , 
ou  néceffaires ,  des  ongles ,  des  cheveux  ,  de  la 
barbe ,  &c.  Les  Moines  Grecs  laiffent  croître  leur 
barbe  &  leurs  c\\Qws\ix.'Barbam ,  crines  promittere. 
Croître,  s'employe  aufli  en  parlant  de»  herbes,  des 
plantes,  des  fruits,  &  fignilie  veniY ,  être  produit 


31  CRO 

dans  un  lieu.  Les  blés  de  Fiance  ne  croijfent  point  ' 
en  An>crique,  ni  n'y  peuvent  venir.  WcrouAw  tabac,  , 
des  cannes  de  fucie  en  Languedoc  ,  mais  ils  n'y  | 
mûriirent  pas  bien.  Telle  plante  croît  dans  les  ma-  ] 
rais ,  qui  ne  croît  pas  dans  les  montagnes.  Il  croît  ; 
plulieurs  gommes,  de  la  moulle,  &  autres  chofes 
fembLibles  fur  les  aibres. 

C  R  o  i  T  R  E  j  le  dit  pareillement  des  chofes  qui 
s'entlent,  qui  s'augmentent,  qui  deviennent  plus 
grandes.  Crtfare^  augefccre.  Les  eaux  j  les  rivières 
a-ûi\j'-ent  à  la  fin  de  l'hiver.  Les  marées  croijjcnt  en 
pleine  lune,  &  dans  les  équinoxes.  Les  jours  cro//^ 
fent  en  été.  La  lune  croit  julqu'à  ion  plein.  L'eau 
croît ,  en  termes  de  Manne ,  c'eft-à-dire ,  il  y  a 
flux ,  la  marée  monte. 

Croître  ,  fe  dit  aullî  des  maladies  qui  empirent , 
qui  augmentent.  Ingravefcere.  Sa  fièvre  croît  au  lieu 
de  diminuer.  Ce  cancer ,  cette  louppe  croijjent  tou- 
jours. La  gangrène  croît  eu  peu  de  temps ,  fi-l'on  n'y 
remédie. 

CRbÎTRE, s'applique  aullî  aux  corps  politiques,  &  fi- 
gnifie  j  multiplier ,  augmenter  en  nombre.  Accrefce-  \ 
re y  crefcere ,  è-c.  Le  peuple  croît  tous  les  jours  à  Paris.  » 
Son  revenu  croît  tous  les  jours.  La  rivière  eft  crae , 
a  crû  d'un  pied.  Son  armée  eft  crue  par  la  défertton 
des  ennemis.  Dieu ,  après  avoir  imprimé  à  l'homme 
fc  penchant  qui  le  porte  au  mariage,  lui  ordonna 
encore  de  croître  &  de  multiplier.  S.  EvR. 

CroÎiRE,  fe  dit  figurément  des  chofes  morales  & 
incorporelles.  L'amour,  la  colère  cro///ê«r par  la  pré- 
fence  des  objets.  Cette  maifon  a  bien  crû  en  hon- 
neur &  en  dignité  depuis  fa  faveur.  Les  difcours, 
le  commerce  des  gens  du  fiecle  lont  cro/Vc,  malgré 
nous,  une  foule  de  delirs  féculiers  dans  nos  cœurs. 
Flech.  Les  réflexions  doivent  être  placées  dans  un 
tel  ordre,  que  les  plus  fortes  Se  les  plus  fenhbles 
foient  les  dernières,  afin  que  le  difcours  aille  tou- 
jours en  croijfant.  Claud. 

Je  vois  mes  honneurs  croître  j  &  tomber  mon  aidit. 

Racine. 

Puijfe  durer ,  puijfe  croître  , 

L'ardeur  de  mon  jeune  Amant, 

C'imme  jeront  fur  ce  hêtre  , 

Ces  marques  de  mon  tourment.    Des-Houl. 

Crefcent  ilU  ,  crefcetls  amores. 

Voyez  d'autres  exemples  de  ce  fens  figuré  dans 
les  vers  qu'on  a  cités  au  milieu  du  premier  auicle. 

?,fT  Les  chofes  matérielles  croijjent  par  la  nour- 
riture qu'elles  prennent ,  par  une  addition  inté- 
rieure &  méchanique,  qui  fait  l'effence  la  nourri- 
ture propre  &  réelle  ;  elles  augmentera  par  la  fim- 
ple  addition  extérieure  d'une  nouvelle  quantité  de 
même  matière. 

§Cr  Les  chofes  fpirituelles  croiffènt  p:\r  une  efpece 
de  nourriture  prife  dans  un  fens  figuré  ;  elles  au- 
gmentent par  l'addition  des  degrés  jufqu'où  elles 
font  portées. 

§Cr  Mieux  on  cultive  un  terrein  ,  plus  les  ar- 
bres y  croijjent  J  &plus  les  revenus  augmentent. 

ify  L'amour  qui  fe  tonne   dans  l'enfance  croît 
avec  l'âge.  Le  vrai  courage  n'eft  jamais  fanfaron; 
il  augmente  à  la  vue  cm  péril.  L'ambition  croît  à  me- 
fure  que  les  biens  augmentent.  Voye^  au  mot  Adg- 
menter,  la  différence  dléicate  qui  fe  trouve  entre 
ces  deux   mots,  dans    les  cas  même  où  ils  paroif-^ 
fent  abfolnment  fynonymes,  expliquée  par  M.  l'Abbé 
Girard. 
Croître,  fignifie  aullî  fe  répmdre,  en  parlant  des 
bruits.  Le  brait  de  la  pelle  ,  de  la  guérie  ,  croît  tous 
les  jours.  Increbrefcerc. 
Croître,  fignifie  aullî  naître.  Corneille  a  dit  de  Pa- 
ris :  il  y  croît  des  badauts  autant  &  plus  qu'ailleurs. 
Nafci. 
Croître  ,  ft  dit  proverbialement  en  ces  phrafes  :  à 


C  RO 

chemin  battu  il  ne  croît  point  d'herbes.  On  die 
aux  jeunes  gens  qui  croijjent,  qui  font  devenus 
grands  ,  Mauvaife  herbe  croît  toujours.  On  dit , 
quand  on  veut  louer  une  perfonne  ou  quelque  cho- 
ie, qu'elle  ne  fait  que  croître  &  embellir.  On  dit 
d'un  homme  de  néant  qui  a  fait  une  grande  for- 
tune en  peu  de  temps,  qu'il  eft  cru  comme  un  cham- 
pignon, tout  en  une  nuit. 

CRÛ,  ÛE.  Part. 

CROIX ,  f.  f.  Pièce  de  charpente  compofée  de  deu.x 
morceaux  de  bois  j  dont  l'une  traverfe  &  coupe 
l'autre  ordinairement  à  angles  droits.  Crux.  Elle  Ici- 
voit  autrefois  de  lupplice  pour  les  malfaiteurs  &  les 
efclaves.  Les  Romains  faifoient  élever  des  cn-ix , 
pour  faire  peur  aux  loldats ,  comme  on  fait  ici 
des  potences.  Vers  l'an  311.  Conftantin  abolit  par 
une  loi  le  lupplice  de  la  croix  ufité  chez  les  Ro- 
mains. SozojM.  Hijt.  hccl.  L.I.  CCI. 

Crux,  une  croix,  un  gibet,  prend  fon  origine  du 
Celtique  ,  croug  &  croas.  Pezron.  Si  (.roug  Hc  croas 
ne  viennent  pas  de  crux ,  une  croix. 

Cr-oix  j  fignifie  parmi  les  Chrétiens  les  myfteres  de 
la  Rédemption  du  genre  humain.  Saiutare  repara- 
tionis  human&  Myjterium.  La  croix  a  été  un  fcandale 
pour  les  Juifs  J  une  folie  dans  l'opinion  des  Payens, 
dit  S.  P.U1I. 

Croix,  fignifie  auflî  le  bois  facré  qui  a  fervi  d'inf- 
trument  au  Myftere  delà  Rédemption,  .ijcv «7« cra- 
cis  Lignam.  La  croix  a  été  en  une  grande  vénération 
depuis  que  J.C.  y  a  voulu  être  attaché  pour  nos  pé- 
chés. On  dit,  la  vraie  croix,  adorer  la  croix,  l'é- 
tendard de  la  croix  ;  &  l'on  dit  figurément,  en  ce 
fens,  mettre  fes  injures,  fes  relleatimens  au  pied 
de  la  croix,  pour  dire  les  offrir  à  J.  C.  pendant  a 
l'arbre  de  la  croix. 

Il  y  a  des  fentimens  difFérens  fur  la  manière  dont 
fe  faifoit  l'exécution  du  fupplice  de  la  croix  ^  lî  l'on 
clouoit  avec  quatre  doux,  ou  feulement  avec  trois 9 
fi  les  pieds  ctoient  immédiatement  attachés  à  la 
croix ,  ou  s^ils  portoient  fur  uh  petit  morceau  de 
bois  ou  efpèce  de  marche  -  pied ,  ou  de  foutien 
attaché  à  la  croix,  &  auquel  on  les  clouoit:  Ci  l'oa 
plantoit  la  croix  en  terre  avant  que  le  patient  y 
fût  cloué ,  l'y  attachant  enfuite  par  le  moyen  d'un 
échafaut  élevé  à  la  hauteur  de  l'endroit  où  les  pieds 
dévoient  être  attachés ,  lut  lequel  on  faifoit  mon- 
ter le  patient  :  ou  fi  on  n'élevoit  &  on  ne  plan- 
toit  la  croix  qu'après  qu'il  y  avoit  été  cloué  j  comme 
nos  Peintres  le  fuppofent  :  enfin,  h  le  Patient  y 
étoit  attaché  tout  nu  ,  ou  s'il  étoit  couvert  j  &  tou- 
tes ces  queftion  fe  font  fur-tout  par  rapport  à  J.  C. 
crucifié. 

On  demande  fi  J.  C.  fut  attaché  à  la  croix  avec 
trois  clous  feulement,  ou  avec  quatre.  Il  femble 
que  le  fentiment  de  ceux  qui  difent  qu'il  ne  fut 
attaché  qu'avec  trois  clous ,  foit  aujourd'hui  le  plus 
répandu.*  Au  moins  prefque  toutes  les  images  du 
Crucifix  ,  n'ont  que  trois  clous.  Ce  fentiment  eft 
auHi  très-ancien.  S.  Grégoire  de  Nazianze,  ou  Apol- 
linaire, ou  quel  que  foit  l'auteur  de  la  Tragédie  de 
J.  C.  fouffrant  ,  appelle  la  croix  T^irxhn  iUm  , 
un  bois  à  trois  clous.  Et  Nonnius ,  fur  S.  Jean  C. 
XIX.  V.  iS.  dit  que  les  pieds  du  Sauveur  furentat- 
tachés  avec  un  feul  clou  a^i-y»  r»!^^».  Daniel  Mallo- 
nius  tâche  de  confirmer  ce  fentiment  dans  (qs  no- 
tes fur  Alphonfus  Pala'otus,  C.  19  De  Jligmatibus 
Chrifli.  Il  paroît  cependant  plus  probable  qu'il  y  eue 
c]uatre  clous.  C'eft  le  fentiment  de  Grégoire  de 
Tours ,  Z.  /.  De  Glor.Mart.  c.  6.  On  voit  par  l'ade 
II.  Scène  I.  du  Moftellaria  de  Plante  que  c'étoit  la 
coutume  des  Romains.  Nonnius  lui-même,  fur  S. 
Jean  C.  XIX.  v.  15.  repréfente  les  Juifs  pleins  de 
fureur  j  criant  à  haute  voix  que  J.  C.  fût  mis  en 
croix,  &  qu'il  y  fût  attaché  rsTp«y«n  hs-fia  ,  d'un  qua- 
druple lien.  Enfin  il  y  a  beaucoup  d'anciennes  ima- 
ges du  Crucifix  qui  ont  quarte  clous,  comme  on 
peut  le  voir  dans  le  Romu  fubterranea  de  Paulus 
Arringhius.  L.  III.  C.  41. 

Grégoire 


CRO 

Grégoire  de  Tours  êft  le  premier  qui  ait  parlé 
d'un  foLUien  pour  les  pieds   des  crucitiés,  w^y^a, 
ieion  la  remarqué  de    Nanlius    fur    la  Paraphrafe 
de  Nonnius    lur   S.   Jean   XIX.    S.  ôc  de    Vollîus 
dans  l'on  Harmo.i.  Evang.  L.  H.  c.  7.  §.  28.  Bien  des 
gens  ont  embralTé  ce  fentimenr ,  entre  autres  Feuar- 
denr  dans  fes  Notes  fur  S.  Irénée,  L.  II.  c.  41.  où  il 
le  prouve  par  plufieurs  très- anciennes  Images  du 
Crucihx,  qu'il  avoir  vues  à  Verdun j  à  Cologne,! 
Trêves,  (Sv.  &  qui  avoien:  toutes  cerre  efpèce  de 
petit  banc.  On  allure  que  l'on  conierve  dans  le  Mo- 
naftère  de  Liefties  en  Hainaut,  une  Médaille  Grecque 
dont  Juite  Lipfe  a  parlé,  L.  II.  De  Cruce ,  c.  10. 
où  l'on  voit  ce  marche-pied,  auHl-bien  que  dans  plu- 
lieurs  autres  Images  dont  il  elt  fait  mention  dans  le 
lioma  fuburranea  de  Paulus  Arlnghius.  Cependant, 
malgré  cette  nuée  de  témoins,  plufieurs  gens  ha- 
biles fouriennent  le  contraire.  Saumaife,   dans  fa 
première  épitre  fur  la  Croix  ,  foutient  que  ce  petit 
banc  ell  de  l'invention  de  Grégoire  de  Tours.  George 
Callixte,  dans  l'Addition  qu'il  a  faite  au  livre  de 
Lipfe  fur  la  Croix ,  Dilherus  dans  fes  Nores  furie 
Crucifiement,  &  Vofiius  dans  ion  Harmonie  Evan- 
gélique ,  font  du   même   ientiment.  Voye^  encore 
Anton.  Binxus  L.  III.  De  Morte  J.  C.  c.  5.  1 1.  ]  2. 
où  il  le  prouve  avec  beaucoup  de  foin. 

Il  étoit  î\  difficile  aux  exécuteurs  de  ce  fupplice 
d'avoir  à  élever  une  croix  chargée  d'un  corps,  que, 
quand  on  voudroit  qu'ils  n'eullenr  point  eu  d'égard 
aux  douleurs  atfreufes  que  les  fecoulFes  de  la  croix 
auroient  caufées  au  patient  ,  on  ne  peut  prefque 
douter  que  pour  s'épargner  à  eux  mêmes  be.uicoup 
de  peine ,  ils  n'élevairent  &  n'atfermillenr  'oien  la 
croix  dans  fon  trou  ,  avant  que  d'y  attacher  celui  qui 
y  étoit  condamné. 

Quant  à  la  dernière  queftion  ,  S.  Ambroife,  Hé- 
fychuis,  S.  Augultin ,  S.  Bonaventure,  &  d'autres 
anciens  \  &,  parmi  les  modernes, Saumaife ,  Gérard- 
Jean  'Volîius,  Bynxus,  &c  beaucoup  d'autres  veu- 
lent que  J.  C.  fut  attaché  tout  nu  à  la  croix  ;  que  , 
c'étoit  la  coutume  des  Anciens  ;  qu'Artémidore  le 
dit  pofitivement  dans  fon  fécond  livre  des  fonges, 
c.  58.  yc-^»«(  y«|)  5-T«!/^3»r«(  ;  qu'Arrieu  monrre  la  même 
chofe  dans  fa  Dillertation  fur  Epidète  L.  IV  c.  t.6. 
quand  il  dit  qu'on  fort  du  bain  tout  nu ,  &  qu'on 
s'étend  comme  les  crucifiés ,  pour  être  frotté.  Mais 
on  répond  à  cela  que  les  paroles  d'Artémidore  ne 
fignifient  pas  qu'on  fût  entiéremenr  nu  à  latro/.v; 
que  pour  Arrien  fa  comparaifon  tombe  ,  non  fur 
ce  qu'on  eft  nu  au  bain  comme  un  crucifié,  mais 
fur  ce  que  pour  fe  faire  frotter  on  s'étend  comme 
un  crucifié.  Ainfi  plufieurs  Savans  croienr  que  le 
fentiment  contraire  ell  plus  probable  ;  que  la  pu- 
deur ne  permettoit  pas  qu'on  en  usât  autrement  , 
que  les  Images  du  Crucifix  fonr  toutes  couvertes, 
au  .  moins  en  partie;  qu'à  Aix-la-Chapelle  on 
croit  encore  avoir  le  Hni^e  dont  le  Sauveur  fut  ceint; 
que  plufieurs  anciennes  Images  ou  ftarues  le  repré- 
fentent  même  vêtu  d'une  efpèce  de  jupon  qui  prend 
à  la  ceinture,  &  defcend  jufqu'aux  genoux;  que 
dans  l'Eglife  de  Nantes,  que  Félix  Evêque  de  Nan- 
tes fit  bâtir,  &C  qui  fut  confacrée  en  568,  il  y  fit 
mettre  un  Crucifix  d'argent ,  ceint  d'un  jupon  d'or, 
embelli  de  pierres  précieufes  ;  &  que  ce  font  les 
Peintres  qui  ont  introduit  la  coutume  de  ne  met- 
tre au  Crucifix  qu'un  linge  autour  de  la  ceinture. 

On  appelle  Invention  de  Sainte  Croix  ,  la  fêre 
qui  fe  fole'mnife  le  5  de  Mai  en  mémoire  de  ce 
que  Sainte  Hélène  mère  de  Conllantin  trouva  la 
vraie  croix  de  Nôtre-Seigneur  bien  avanr  en  terre 
fur  le  Calvaire,  où  elle  fit  bâtir  une  Eglife  pour 
y  en  laifler  une  partie  ,  l'autre  ayant  été  depuis  ap- 
portée à  Rome  en  l'Eglife  de  Sainte  Croix  de  Jé- 
rufalem.  Pia  inventa  Sancld  Crucis  mer:toria ,  cele- 
hritas  ,fejlivitas.  Théodoret  raconte  qu'on  trouva  les 
trois  croix,  de  J.  C.  iSc  des  deux  brigp.nds  crucifiés 
avec  lui ,  &  que  pour  faire  le  difcernemenr,  on 
toucha  une  Dame  malade  ,  qui  fe  fcntit  guérie  pat 
l'attoudiement  de  la  vraie  Croix.  Cousin.  Eufèbe 
Tome   III. 


CRO 


3 


rapporte  que  le_  Grand  Conllantin  vit  en  fonge  une 
Cru:x  luniineufe,  avec  ces  paroles,  w  vaincras  à  la 
javeur  de  cejigne.  lu.  f-'oye^  fur  l'invention  de  la 
Croix  J  Théodoret,  II/JI.  Ecd.  L.  1.  c.  18.  Rufiiii 
L.  I.  c.  7.  8.  Socrare  L.  i.  c.  17.  Sozom.  L.  il.  c.  i.  S. 
Ambroife  De  obitu  Theod.  n.  41.  S.Cyrille  de  Jéiu- 
lalem  ,  Epitre  à  l'Emp.  Conft. 
Exaltation   de  la  Sainte    Croix,   eft   une  autre 
Fcte  qui  fe  tait  le  14  Septembre  en  mémoire  de  ce 
qu  Héraclius  rapporta  fur  le  Calvaire  la  vraie  Cro/x 
que  Cofroès  Roi  des  Perfes  avoir  enlevée  quatorze 
ans    auparavant ,  lorfqu'il  avoit  pris  Jérufalem  fur 
l'Empereur   Phocas.  lu/ata  a  Perjis  SancU  Crucis 
memoria. 
Croix,  fe  dit  aufli  des  repréfenrations  &:  figures  de 
la  Croix ,  qui  font  dans  les  Eglifes  &  les  maifons 
chrétiennes ,  &  fur  les  chemins.  Crux.  On  va  à  la 
Procelîion  avec  la  Croix  &  les  chandeliers.  On  porre 
des  croix  d'argent  aux  enterremens  des  perfonnes 
riches.   On   appelle    ces  croix  procclkomielUs  ;  & 
quand  elles   lonr  d'argent ,  elles  doivent  être  con- 
tremarquées  à  la  douille.  On  dit  en  ce  fens,  qu'il 
laur  avoir  la  croix  S<  la  bannière  ,  la  croix  &l  l'eau 
bénue  pour  avoir  quelqu'un  ;  pour  dire ,  qu'on  a 
de  la  peine  à  en  jouir.  On  dit  auili  qu'il  faut  faire 
\x  croix  À   la  cheminée,  quand  on  reçoit  cjuelque 
vifite  qui  furprend,  ou  lorfqu'il  arrive  quelque  choie' 
d'extraordinaire.  On  dit  en  ce  fens  bgurément,  d'un 
homme  .à  qui  on   difpute  un  bénéfice  dont  il  ell 
en   polTellion ,  qu'il  fe  défend  avec  le  bâton  de  la 
croix,  des  pierres   du  clocher. 

Julqu'à  Conitantm  ,  jufqu'au  quatrième  fiècle  , 
on  ne  grava  point  \.\  croix  par-tout  comme  on  le 
fait  :  comme  la  Religion  n'avoit  pas  encore  la  li- 
berté qu'elle  eut  depuis,  on  ne  le  pouvoit  faire; 
mais  J  depuis  que  Conftantin  l'eut  embralfée  ,  011 
grava ,  on  peignit ,  on  mit  des  croix  prefque  par- 
tout, fur  les  temples  J  fur  les  vafes  facrés  j  fur  tous 
les  habits  facerdotaux,  &  jufque  fur  la  couronne 
des  Céfars  &  des  Auguftcs. 

Macaire ,  Patriarche  de  Jérufalem ,  ordonna  le 
premier  que  la  croix  feroit  placée  dans  un  lieu  for: 
élevé  de  l'Eglife.  On  a  toujours  adoré,  c'eft-à-dire, 
honoré  la  croix  dans  l'Eglife  ;  &  comme  les  Fiéré- 
tiques  nous  le  reprochent  j  les  Payens  le  repro- 
choient  aux  premiers  Chrétiens ,  ainfi  qu'il  paroic 
par  Minutius  Félix  &c  par  Tertullien,  Apolog.  c. 
16.  Autrefois  les  rémoins  qui  lignoient  dans  les 
Aéles  J  ajoutoient  quelquefois  des  croi.v  à  leurs 
feings.  ^oye^  la  Diplomatique  du  P.  Mabillon,p. 
265.  Il  paroîr  par  les  vingt-neuvième  &  trentième 
canons  du  Concile  de  Clermont  en  1095.  que  les 
croi.x  plantées  dans  les  grands  chemins  étoient  alors 
des  ailles  comme  les  Eglifes. 
Croix,  fe  dit  aufli  des  mêmes  figures  qui  fervent 
d'ornemens  &C  de  marques  pour  quelque  Dignité. 
Les   Evêques  ,   les  Abbés  Réguliers ,  portent    une 


croix  peêlorale  ,   une  petite  croix 


d'or 


pendue  au 


cou.  La  coutume  de  porter  un  croix  pendue  au  coij , 
eft  torr  ancienne.  S.  Procope,  Martyr  fous  Dioclé- 
tien  J  en  porroit  une,  félon  le  témoignage  de  Ni- 
céphore  ,  L.  VII.  C.  15.  du  Concile  àt  Nicée  Ad. 
IV.  &  de  Métaphrafte  d.ins  Surins  au  huitième  de 
Juillet.  Le  P.  Gretfer  Jéhiite  ,  De  Cruce ,  L.  I. 
c.  5 S.  L.  II.  c.  ij.  (S*  34  &  Rofweid,  Onom.  en  rap- 
portent beaucoup  d'auttes  exemples. 

Croix  de  Caravaca.  Voye-^  CARAVACA. 

Porte-Croix,  eft  l'Aumcnier  d'un  Archevêque,  d'un 
Primar,  qui  porte  une  croix  devant  lui  dans  les 
cérémonies.  Crucifer.  Un  Patriarche  porte  une  croix 
double  J  &  le  Pape  une  croix  triple  dans  leurs  Ar- 
mes. Le  Pape  fait  porrer  la  croix  par-  tout.  Les 
grands  Pacriarclies  la  font  aufii  porter  par- tour, 
hors  de  Rome  ;  les  Primats  &  Métropolitain? ,  & 
ceux  qui  ont  droitde  Pailium,dans  leurjurifdiélion. 
Grégoire  XI.  a  tait  défenfe  aux  Patriarches,  Pré- 
lats &  Evêques  ,  de  la  faire  porter  en  préfence  des 
Cardinaux. 

Les  Archevêques  font  porter  la  croix  devant  eux 


3  4 


C  R  O 


par  un  Ecc\éCu\(i\que  nommé  Porte -Croix.  Dans  la 
vie  de  S.  Samfon ,  premier  Evcque  de  Dol  en  Bre- 
tagne ,  L.  II.  C.  IV.  il  eft  marque  que  ce  Saint  fai- 
foic  porter  devant  lui  une  croix  bénite,  &  ornée 
d'or  &  d'argent  &  de  pierreries.  M.  l'Abbé  Fleury 
en  conclut  en  général ,  Hijf.  EccL  L.  XXXI IL  p.  41 5 . 
que  l'onportoit  devant  les  Evêques  une  croix  bénite  , 
tk  ornée  d'or  &  d'argent.  Ce  feul  exemple  fuiBt-il 
pour  prouver  cet  ufage  ?  Il  pareit  parla  narration  que 
c'croit  par  une  dévotion  particulière  que  i).  Samibn 
avoir  fait  faire  ,  &c  avoir  béni  cette  croix  ,  &  qu'il 
la  hiifoit  porter  devant  lui.  V'oyç^i  Acia  Sancl.  Bc- 
nedicî.f£c,  I  ,p.  165. 

Croix  j  on  ce  lens  ,  fe  dit  auflî  des  mêmes  figures  que 
portent  les  Chevaliers  de  divers  Ordres  ,  foit  à  leur 
cou  ,  au  bout  d'un  ruban  en  écharpe  ,  foit  fur  leurs 
habirs.  Elles  Ion t  différentes  par  leurs  ligures ,  ou  par 
.'leurs  émaux.  La  croix  des  Chevaliers  du  S.  Efprit  j 
de  S.  Lazare,  de  Malte  ;  &  on  appelle  Chevaliers 
Grands-Croix, ,  ceux  qui  tiennent  le  premier  rang 
dans  l'Ordre  de  Malte. 

Croix  PEcroRALE.  Terme  d'Evêque.  Crux pecioralis. 
C'eli  une  croix  d'or  que  les  Evêques  &  les  Abbés 
Réguliers  portent  au  cou,  qu'ils  prennent  après  avoir 
pris  leur  aube,  avant  que  de  mettre  l'étole. 

Grand-Croix.  La  première  dignité  de  l'Ordre  des 
Chevaliers  de  Malte  aprcs  celle  de  Grand-Maître. 
■Primaria  inter  Mtlitenfes  équités  dignitas  ^  &  c'eft 
parmi  les  Criinds-Croix  qu'on  clioiht  le  Grand-Maître 
cie  l'Ordre.  Le  corps  du  Grand-Maître  d'Aubulfon 
fut  porté  à  l'Eglile  de  S.  Jean  fur  les  épaules  des 
principaux  Grands  Croix.  Bouh. 

Grand-Croix.  Chevaliers  de  l'Ordre  de  S.  Louis , 
inftitués  en  1695.  Primarii  Ordinis  S ancii  Ludovic: 
Equités.  Il  y  a  huit  Grands-Croix  ;  ils  ont  le  privilège 
de  porter  la  croix  de  l'Ordre  attachée  à  un  large 
ruban  rouge  qu'ils  portent  en  écharpe.  Ils  portent 
aulli  une  croix  en  broderie  fur  le  manteau  ,  &  fur  le 
jufte-aucGips. 

Croix.  Se  dir  des  guerres  entreprifes  autrefois  par  les 
Princes  Chrétiens  pour  chalfer  les  Infidèles  de  la 
Terre-Sainte  ,  parce  que  ceux  qui  s'engageoient  à 
ces  guerres  portoient  une  petite  croix  fur  leur  habit. 
En  ce  fens  prêcher  la  croix  ,  c'eft  exhorter  les  Fidèles 
à  ces  guerres.  Prendre  la  crvix ,  c'eft  s'enrôler  dans 
■ces  guerres  ,  &  pour  marque  de  fon  engagement  . 
mettre  la  figure  d'une  croix  fur  fes  habits.  On  ne 
le  dit  en  ce  fens  que  dans  ces  deux  phrafes.  Au 
facrum  bellum  proficifci  ,facr£.  rnilitia  nornen  dare.  La 
croix  ,  félon  le  P.  Meneftrier  ,  a  été  non -feulement 
la  marque  des  Croifades  &  des  voyages  d'Outremer , 
mais  encore  la  marque  de  la  liberté,  fur-tout  dans 
1  Itaiie._  C'ctoit  autrefois  une  efpèce  de  pénitence 
qu'on  impofoir  ,  de  fe  tenir  long-temps  les  bras 
étendus  en  cr\)ix.  C'a  été  aulli  un" examen  dont  on 
s'eft  fervi  pour  vérifier  les  crimes  dont  on  ne  pouvoir 
avoir  de  preuves.  Dans  ce  comique  jugemenr  de  la 
croix  ,  on  donnoit  gain  de  cauie  à  celui  des  deux 
Plaideurs  qui  tenoit  le  plus  long  temps  fes  bras  élevés 
e_ncA)/.v.  Il  étoitenufage  en  France  dans  le  neuvième 
iiècle. 

On  le  dit  aulli  des  Ordres  de  Religieux  qui  fe 
•diftinguent  par  diverfes  figures  de  croix.  La  croix 
àçs  Mathurins  a  les  branches  comprifes  fous  des  arcs 
de  cercles.  \jnQ  croix  de  S.  Antoine  ell  faite  en  ferme 
He  T ,  G'c. 

-Croix  (  Ordre  de  la  vraie  )  ou  de  la  Croisade  .  ou 
de  la  Croisée.  En  1668,  un  grand  incendie  ayant 
confumé  tous  les  bijoux  de  l'Impératrice  Eléonore 
de  Gonzague,  femme  de  l'Empereur  Ferdinand  III , 
qui  l'époufa  en  16,1  ,  cette  Princelfe  étoit  inconfo- 
lable  de  la  perte  d'une  petite  croix  d'or ,  dans  La- 
quelle étoient  renfermés  deux  petits  morceaux  de 
la  vraie  croix  ^  lorfqu'un  Cavalier  l'ayant  cherchée  la 
trouva  au  milieu  des  cendres,  l'étui ,  dans  lequel  elle 
éroit ,  brûlé  j  le  crifcal  dont  elle  étoit  -ornée ,  fondu , 
&  le  bois  de  la  fainte  croix  aulli  entier  que  s'il 
Ji'avoit  pas  été  pluf»curs  jours  au  milieu  d'un  brafier 


C  R  O 

de  chaibons  ardens.  L'Impératrice ,  en  reconnoiiïance 
du  recouvrement  miraculeux  de  cette  précieufe  reli- 
que ,  qui  ert  aujourd'hui  dans  i'Ahbaye  de  S.  Germain 
des  i-'rés  à  Paris  ,  inftitua  un  Ordre  ,  ou  une  Société 
de  Dames  ,  lous  le  nom  de  Conftellation  de  la  croix 
pour  marquer  que  la  croix  doit  être  la  conftellaticn 
qui  nous  conduit  dans  le  chemin  du-falut ,  comme 
l'étoile  polaire  conduit  ceux  qui  vont  au  nouveau 
monde.  Foye^  l'Abbé  Juftiani  ,  T.  IL'  C.  91.  Cet 
Ordre  ne  fut  inftitué  que  fous  Léopold  en  i6é8. 

Sainte-Croix  de  rontavelle.  (  Ordre  de  )  Ordo  Sancla 
Crucis  de  Jonte  Avellano.  Le  B.  Liulolf,  Evêque  de 
Gubio  au  Duché  d'Urbin  en  Italie  ,  eft  l'Inftituteur 
de  l'Ordre  de  Sainte- Caw.v  de  Fontavelle  ,  fous  la 
Règle  de  S.  Benoît.  Cet  Ordre  a  pris  fon  nom  du 
lieu  où  il  a  commencé  comme  beaucoup  d'autres. 
Ce  lieu  ,  qui  eft  au  Dioccfe  de  Gubio  j  &  non  pas 
d'Eugube,  comme  dit  M.  Chaftelain  \  ce  lieu  ,  dis-je, 
fe  nommoit  origin.airement  Font  -  Avelines.  Fons 
Avellinus  ,  parce  qu'il  y  a  là  une  fontaine  qui  étoic 
entourée  de  noyers  ,  dit  M.  Chaftelain  5  il  falloic 
dire  d'Aveliniers  ,  ou  de  Coudriers.  S.  Pierre  Damien 
étoit  Moine  de  Sainte  Croix  de  Fontavelle. 

Croix  de  S.  Dominique  &  de  S.  Pierre  Martyr. 
(Chevalier  de  la  )  Il  y  a  eu  un  Ordre  militaire  de- 
ce  nom  que  les  Inquiliteurs  Dominicains  donnoienr. 
Les  ftatuts  de  cet  Ordre  portent  pour  titre  :  Règle  & 
Jlatuts  des  Chevaliers  du  Jaint  Empire  de  la  Croix  de 
Jefus.  Il  y  a  bien  de  l'apparence  que  cet  Ordre  n'étoic 
que  celui  de  la  Milice  de  Jefus.  Voyei  le  P.  L^éylot  , 
:/.///,  C.  22. 

Croix  rouge  (Ordre  de  la  J.  Chevalier  de  la  Croix 
rouge.  Ordre  de  Chevalerie  du  Royaume  de  Bohême. 
Ordo ,  ou  Equités  Crucis  rubrA.  Les  Chevaliers  de  la 
Croix  rouge  ont  une  Eglife  à  Prague.  Voyc\  la  Ga- 
zette   1725  ,  /».  52v5. 

Croix  (Filles  de  la).  Nom  de  Congrégation  de  filles 
qui  inftruifent  les  jeunes  perfonnes  de  leur  fexe.  La 
première  de  ces  Congrégations  fut  étabbe  en  Picardie 
l'an  i<î2  5  ,  lous  la  direétion  de  M.  Guérin  ,  Curé  de 
....  qui  leur  prefcrivit  des  réglemens.  En  i<î3<î,  la 
guerre  &  des  perfécutions  ayant  oblige  les  quatre 
filles  qui  la  compofoient ,  de  fe  réfugier  à  Paris  ; 
le  P.  Lingendes  ,  Jéfuite  ,  les  adrelTa  à  Madame  de 
Villeneuve  ,  Marie  Luillier ,  qui  les  plaça  à  Brie- 
Comte  Robert.  Cette  Dame  obtint  l'an  i(34ode  Jean- 
François  de  Gondy,  Archevêque  de  Paris,  l'éreétion 
de  cette  Compagnie  de  Filles  en  Congrégation  ,  fous 
le  nom  de  filles  de  la  Croix.  Elle  fut  autorifée  par 
Lettres-Patentes  du  Roi  vérifiées  au  Parlement  de 
Paris  l'an  1642.  Alors  Madame  de  Villeneuve  &  les 
Filles  qui  demeuroient  avec  elle  à  Vaugirard  ,  firent 
les  vœux  fimples  de  pauvreté,  chafteté,  obéillance  & 
ftabilité  entre  les  mains  de  M.  Froyer  ,  Curé  de 
S.  Nicolas  du  Chardonnet  ,  que  l'Archevêque  de 
Paris  leur  donna  pour  Supérieur.  Toutes  les  filles 
de  la  Croix  ne  font  pas  ces  vœux  ,  mais  toutes  s'e- 
xercent aux  œuvres  de  charité  fpirituelle  qui  leur 
conviennent  ,  auprès  des  perfonnes  de  leur  fexe. 
P.  HÉLYOT,   T.  FUI,  C.  17.   _ 

Demi-Croix,  f.  m.  Qui  ne  fe  dit  pas  feulement  dans 
l'Ordre  de  Malte ,  mais  encore  en  d'autres  Ordres 
militaires  ,  comme  dans  celui  de  S.  Etienne  en  Tof- 
cane  ,  où  il  y  a  aulli  des  Demi-Croix. 

La  confraternité  de  Ste  Croix  des  Luquais  eft  une 
Société  ou  Confrérie  de  Pénitens  établis  à  Luques 
en  Italie. 

Sainte-Croix  de  Conimbre  en  Portujjal  (Chanoines 
Réguliers  de).  Congrégation  de  Chanoines  Réguliers 
formée  fur  celle  de  S.  Ruf ,  dont  elle  a  pris  les  Conf- 
titutionsj  les  réglemens  ,  la  forme  &  la  manière  de 
gouvernement.  Elle  commença  en  1151  ,  par  le  zèle 
d'un  Chanoine  &c  Archidiacre  de  la  Cathédrale  de 
Conimbre  j  nommé  Tellon  ,  aidé  par  onze  perfonnes 
de  piété.  Don  Paterne  ,  Evêque  de  Conimbre  ,  lui 
donna  l'habit  de  Chanoine  Régulier  dans  fa  Cathé- 
drale. Il  prit  la  réfjlution  de  réformer  les  Chanoines 
Réguliers  en  établiinuu  une  nouvelle  Congrégation, 


CRO 

En  1131  ,  ïa  première  Communauté  fe  forma  à 
Coiumbre.  Après  la  more  de  Telloii  arrivée  eu  1 1 3  6 , 
ils  piiretit  les  règles  des  Chanomes  Réguliers  de 
S.  Ruf.  Ces  Chanoines  font  vêtus  de  blanc  :  ils  ont 
un  furplis  fermé  déroutes  parts  ,  qui  n'clt  point  phllé 
autour  du  coa,,^s  portent  en  tout  temps  des  au- 
niuifes  de  drap  noir  fur  les  épaules  ,  les  Novices  en 
ont  de  blanches.  HijL  des  Orures  Mon.  o-  ^Uttg.  r'.  ii-, 

Ch.  29.  .... 

Croix  ,    fignifie   quelquefois  la   doéirine  de    la    Foi 
Chrétienne  ,  &  la  marque  qu'on  laiife  aax  lieux  où 
G»i  l'a  plantée.  S.  Xavier  eil  allé  planter  la  croix  , 
élever    la  croix  dans  les  Indes.    On  y   a  arboré  la 
croix  en  pUi.'ieurs  endroits ,  quand  on  a  pris  pol- 
felfion  de  la  terre  que  les  Chrétiens  ont  découverte. 
On  appelle  aulfi ,  Planter   la  Croix  ,  commencer 
la  fondation ,  l'etablilFement  d'un  xMcnallère  en  quel- 
que lieu.  Il  n'y  a  qu'à  planter   la  croix  ,  ik.  lailler 
le  foin  du  relie  à  la  Providence. 
Croix  (  Si;;ne.de  )  ou  Signe  de  la  Croix,  fe  prend  en 
deux  manières.  Premièrement ,   il  fignifie  cette  com- 
mémoration  qu'on  fait  du   myftère  de    la    Palfion 
de   Notre-Seigneur  ,     un  mouvement  de  la  main 
droite,  par  lequel  on  exprime  la  figure  dune  croix  , 
en  allant  de  h  uit  en  bas  j  puis  de  gauche  à  droite  ; 
on  le   fait   fur  foi  en  portant   la   main  à  la  tête  , 
puis  cà  l'eftom-ic  ,  à  l'épaule  gauche ,  &   enfin  à  la 
droite.  Les  Piètres  font  fouvent  le  /g-ie  de  iu  croix 
dans   la  célébration  des  Sainrs  Myltéres.    Les  Mi- 
niftres  des  Sacremens  font  aufli   fouvent  \i  Jigne  de 
la  croix  en  les  aJminiltrant.  On  donne  la  bénédiétion 
en    faifaiu  le  Jigne  de  la  croix  avec    la  inain  ,   ou 
avec  le  S.  Sacrement.  Tous  les  bons  Chrériens  l'ont 
le  figne  de  la  croix   en  commençant  toutes    leurs 
acl:ions.  La  première  chofe  qu'on  apprend  aux   en- 
fans  ,  c'ell  à  faire  le  Jîg'ie  de  la  croix  ,  &  en  leur 
parlant ,   l'on  appelle  fouvent  ce  figne    \ In  nomine 
Facr:s  ,  parce  qu'en  le  faifant  on  prononce  ces  pa- 
roles In  nornhie  Pacis ,   &  F  du ,    ù"  Spiritùs  Sandi , 
Amen  i  comiiie  nous    appelons  l'Oraifon  Oomini 
cale  ,  le    Pacer  nojler  j  la  Salutation  Angélique  j 
\Ave  Maria  ,    parce  que  c'en  font   les  premières 
paroles  j  &  ainfi  le  CreJo  ,  le  Conficeor,  le  le  Deu/n, 
&CC.  On   fait   quelquefois  dans  les    cérémonies  de 
l'Egliie  le  /^gne  de  la  croix  d'un  feul  doigt  ,  c'eft 
celui  que  l'on  fait  de  la  main.  Les  Evcques  donnent 
leur  bénédiction   en  levant  l'index  &  le  doigt  du 
nulieu  ,  &  abailTint  les  autres  j  &   faifant  ainfi  le 
Jîg-e  de  la  croix  fur  le  peuple.  Au  refte  ,  quoi  qu'en 
aient  voulu  dire  quelques  mauvais  Théologiens,   la 
coutume  de  faire  le  Jîgne  de  la  croix  eft  très  -  an- 
cienne ,  &  en  ufage  dans  les  premiers   fiè^les  de 
1  Eglife.    A    toutes  nos    démarches  ,   dit   Tertullien 
dans  le  Livre  delà  Cour ^  à  tous  nos  mouvemens, 
en  entrant,    &  en  fort.mt,  en  nous  h  ibillant  ,  en 
nous  chaulfaiic ,  en  nous  baignant,  en  n.nis  mettant 
à   table,   en   entrant  au  Ut  ,  en  prenant  un  fiège  , 
en  allumant  une  lampe  ,  à  quelque  action  que  nous 
falfions  ,   nous  marquons  notre   front  à\x  figne  de  la 
croix.  Origene  en  parle  aulli ,  Hom.  5  fur  les  Nom- 
bres. S.  Epiphuie,  Hir.   50  ,  n.  ^  ,  dans  le  récit  de 
la  ipiverfion   du    Comte  Jofeph  ,    marque  que  le 
Jîgne  de  la  croix  rendoit  les  charmes  inutiles.  L'Em 
pereur   Julien  s'étanc  livré  à  un  Magicien  qui  lu: 
fit   apparoître  les  Démons ,  il  eut  peur  ,  S<   ayant 
fait  fur  fon  front  le  figne  de  la  croix  ,  aullî  tôt  l  s 
Démons  difparurent.    L'enchanteur  s'en  plaignit  a 
Julien   oui  avoua    fa  peur 


CRO   ,  _       ys 

ne  point  îire^^;ze  ^e  croix  ,  comme  on  fait  fouvent 
dans  la  première  lignification. 

En  termes  de  manège  on  dit ,  Faire  la  croix  à 
courbettes ,  à  ballot  ides,  quand  on  fait  de  ces  fauts 
avant ,  en  arrière  ,  &c  aux  côtés  tout  d'une  haleine, 
parce  que  cela  fait  la  figure  d'une  croix.  Equum 
m  tranjvcrjas  dirccio  panes  agere  j  cruccm  faitikus 
exhibere. 

Croix  ,  fe  dit  aufîi  de  toutes  les  lignes  ou  autres 
choies  qui  le  coupent  ou  cjui  fe  traverfent  les  unes 
les  antres.  V  ranfverfas  direcio  lineas  ponere.  Il  y  a  des 
fuperititieux  qui  ne  veulent  p.as  qu'on  mette  des 
couteaux  en  croix.  Deux  diamètres  qui  fe  coupent 
font  une  croix. 

Croix  ,  ell  aulli  une  petite  marque  qui  fe  fait  à  la 
hâte  par  deux  petites  lignes  qui  le  coupent  fuc 
quelque  chofe.  Comptez  jufqu'à  dix  ,  &  puis  faites 
une  croix.  Les  croix  dans  le  Milfel  marquent  qu'il 
faut  faire  des  lignes  de  croix  ëc  des  bénédiélions  en 
ces  endroits  là.  Les  croix  dans  l'imprellion  marquenc 
des  renvois.  En  Algèbre  la  cto^a- fignifie //:^j- ,  &  eil 
une  marque  qu'il  faut  ajouter. 

On  fait  au  Palais  des  croix  à  la  marge  des  Dé- 
clarations de  dépens,  ou  de  dommages  &  intérêts 
qu'on  a  taxés,  pour  marquer  les  articles  dont  on  veut 
être  appelant.  Une  appellation  fous  deux  croix  eft 
unç  caufe  d'Audience  \  ions  trois  crutx  ,  elt  un  procès 
par  écrit. 

Croix  ,  ell  auffi  une  marque  qu'on  met  d'un  côté  à  la 
plupart  des  rnonnoies  des  i-'rinces  Chrétiens.  On  dic 
aufii  croix  ,  pile  ,  pour  lignifier  les  deux  côtés  de  la 
monnoie.  dverja  i^'  obverja  nun^n.i  ji  des  ^  ou  caput^ 
lilia  \  Se  en  ce  fcns  on  dit  qu  un  homme  n'a  ni  croix 
ni  pile  ,  pour  dire  ,  qu'il  n'a  point  du  tout  d'argent. 
On  dit  aulîi ,  jeter  à  croix  6c  à  pile,  pour  dire  , 
mettre  une  chofe  au  hazard.  Cmnem  aleam  fulire  , 
adiré.  Les  Anglois  appellent  le  côte  de  la  tête  King 
Jide  ,  le  côté  du  Koi  j  &  le  revers  ,  Crojjjide,  le  côté 
de  la  croix  ,  comme  nous.  Cet  ufige  vient  de  ce  que 
fur  leur  anciennes  monnoies ,  auili  bien  que  fur  les 
nôtres ,  il  y  avoir  une  croix  au  revers. 

Croix  ,  fignfie  figurément  ,  Peine  ,  alTliélion  que 
Dieu  nous  envoie.  jEaus-diRisT  veut  que  chacun 
porte  fa  croix.  Il  n'y  a  guère  de  gens  qui  ne  portent 
leur  croix  en  ce  monde.  Dieu  envoie  des'  croix  ,  des 
afflidions  aux  pécheurs.  C'eft  une  grande  croix  qu'une 
méchante  femme. 


&    témoigna  admirer 


qui  avoua    la  p: 
la    vertu  de  la  croix.  ThÉodoret  ,   HiJL  L.  III  ^ 
C.   3. 

Secondement ,  figne  de  la  croix  fignifie  quelque- 
fois la  croi.Vj  parce  que  plufieurs  ont  entendu  du  luge- 
ment  dernier  ^  de  la  croix  ce  que  J.  C.  dit  en 
S.  Matth.  XXIV  ,  jo.  c^mqXq  figne  du  fils  de  l'Homme 
paroitra  fur  les  nues  ,  on  entend  par-là  la  croix  ,  & 
on  appelle  quelquefois  la  croix  ,  le  figne  de  la  croix  ; 
&  au  lieu  du  figne  du  fils  de  l'homme  ,  on  dir,  le 
fiigne  de  la  croix  ^  dans  des  fermons  &  des  livres  fpiri- 
tuels  J  mais  alors  il  faut  toujours  mettre  l'article  ,  &c 


Celui  qui  veut  fuivre  mes  loix , 

En  tout  temps  doit  porter  fi  croix  , 

Se  détacher  de  tout ,  Je  1  énoncer  foi-même. 

L'Ae3É  Te  ru. 

Croix  de  par  Dieu  ,  eft  une  croix  qui  eft  au  devant 
de  l'Alphabet  du  livre  où  l'on  apprend  aux  enfans  à 
connoître  leurs  lettres.  On  le  dit  aulli  de  l'Alphabec 
même  ,  Literarum  elementa  ,  &  du  livre  qui  le 
contient  ,  Codicilli  puerorum  literas  appellare  difi- 
centium  ,  ahecedarium.  Je  vous  enverrai  par  le 
premier  ordinaire  une  croix  de  par  Dieu.  Siamoife^ 
De  Choisi. 

Les  fouets  auront  bientôt  lieu  3 
Dès  quatre  ans  la  croix  de  par  Dieu  , 
Croix  de  tous  enfans  abhorrée  , 
p^a  vous  apprendre  à  votre  dam  j 
Que  vous  êtes  né  fils  d'Adam. 

P.  DU  Cerceau. 

On  dit  auflî  au  figure  ,  quand  il  faut  recommencer 
une  affaire  ,  ou  quelque  procédure  mal  faite,  qu'on 
eft  encore  à  \i  croix  de  par  Dieu. 

On  dit  encore  croix  de  par  Dieu  dans  un  fens  figure, 
en  parlant  des  chofes  qu'on  fait  le  mieux,  qu'on  .-i 
apprifes  dès  fajeuneffe,  &  dans  lefquelles  on  s'ett 
exercé,  des  commencemens,  des  rudimens  d'un  art, 
ou  d'une  fcience. 

Eij 


3(î  C  R  O 

Le  touc  dépend  des  momens  &  du  tour ," 
Vous  l'apprendre\  des  Rheceurs  de  la  Cour  , 
Point  ne  connais  pour  l'art  de  la  parole  ^ 
De  plus  adroite  iy  plus  fubtde  Ecole  j 
Le  beau  parler  vint  au  monde  en  ce  lieu^ 
'    Et  compliment  ejl  leur  croix  de  par  Dieu 

P.  DU  Cerceau. 

Croix  ^  fe  dit  auffi  en  termes  de  Blafon,  quand  la 
croix  eft  toute  feule  dans  un  Ecu  ,  &  fans  être 
accompngnée  ni  cantonnée.  Elle  doit  en  occuper 
juftemenc  le  tiers  j  parce  qu'elle  eft  mife  au  rang 
Aes  pièces  honorables  qui  font  la  divifion  de  l'Ecu. 

Croix  alésée  ,  ou  racourcie,  etl  celle  qui  ne  s'étend 
pas  jufqu'au  bord  de  l'Ecu.  Crux  accifa. 

Croix  ancrée,  qui  a  des  ancies  ,  dont  les  branches 
finllfent  &  fe  terminent  en  ancres  de  navire,  yln- 
chorata.  , 

Croix  S.  André  ,  en  termes  de  Charpenterie ,  eft  aufli 
un  alTemblage  de  poteaux  ou  de  pièces  de  bois  in- 
clinés l'un  vers  l'autre  ,  qui  fe  coupent  diagonale- 
inent  ,  &  qui  arcboutent  les  pièces  d'un  pan  de 
charpente.  DecuJJis.  On  s'en  fert  fur-tout  dans  les 
clochers  ,  combles  &  autres  charpenres  maffives. 

Croix  S.  André  j  qu'on  appelle  autrcinent  Sautoir  ^ 
ou  Croix  Bourguignone  ,  ell  une  croix  qui  n'eft  point 
à  angles  droits  ,  ni  à  plomb  ,  &  dont  il  y  a  deux 
pointes  qui  pofent  fur  la  ligne  horifontale.  Decujfata. 
La  Croix  de  S.  André ,  que  portent  les  Rois  d'I^colfe 
dans  leurs  armes ,  leur  vient  des  Rois  Pides  ,  dont 
ils  joignirent  les  armes  aux  leurs  quand  ils  réunirent 
les  deux  Royaumes.  Les  Rois  Pides  la  pottoient  de- 
puis que  ce  Saint  apparut  la  veille  d'une  bataille  con- 
tre les  Saxons  à  Achaius  qui  gouvernoit  les  Pides  fur 
la  lin  du  VIIF.  fiècle. 

Cr.oix  de  s.  Antoine,  ou  tau,  eft  celle  qui  n'a  que 
trois  branches,  celle  de  delhis  étant  retranchée.  In 
morem  literni.  T. 

Croix  bordée,  eft  celle  qui  atout  autour  un  filet  d'au- 
tre couleur ,  ou  métal  que  le  corps  de  la  croix.  Cincla 
limbo. 

Croix  bourdonnée  ,  eft  celle  qui  a  ,  aux  extrémités 
&  au  milieu ,  des  cercles  qui  repréfentent  les  pom- 
mes d'un  bourdon.  On  l'appelle  2.\xS\  pommée.  Glo- 
bata. 

Croix  bretessÉe  ,  eft  celle  qui  a  les  branches  garnies 
de  breteflès,  compofcede  crénaux  qui  fe  rapportent 
les  uns  aux  autres.  U trinque pinnata. 

Croix  câblée  ,  eft  une  croix  qui  eft  compofée  ou 
chargée  de  plufieurs  tortils  de  cables  j  de  cordes ,  ou 
de  cordons.  Funibus  implicata. 

Croix  cantonnée  ,eft  celle  qui  a  aux  cantons  quelques 
iigures  qui  rempliirent  les  vides  de  l'Ecu.  Angulata  , 
fiipata.  Et  croix  chargée,  Q^ceWe  quia  fur  fes  branches 
des  coquilles,  des  étoiles ,  ou  autres  meubles  de  l'Ecu. 
Iinprejja.  Il  y  a  aulîi  des  croix  cpi  font  chargées  d'une 
autre  croix  plus' étroite. 

Croix  cercelée  ,  eft  celle  dont  les  bouts  fe  recourbent 
en  demi-cercle  ,  comme  une  volute.  Curvata. 

Croix  clavelée  ,  eft  celle  qui  eft  compofée  de  barons 
tronçonnés  qui  femblent  être  enclavés  dans  le  bois 
principal  de  la  croix.  Clayiculata.  On  l'appelle  aulli 
croix  baconnée. 

Croix  componée  ,  eft  celle  qui  eft  faite  de  divers 
émaux,  dont  les  parties  font  d'un  métal,  ou  d'une 
couleur  différente.  Compojua. 

Croix  croisée  ,  ou  recroifettée  ,  eft  celle  qui  a  de  pe- 
tites croix  aux  quatre  extrémités.  Crucibus  repetita. 

Croix  a  degrés  ,  eft  une  croix  haulTée  ,  dont  le  pied 
eft  pofé  fur  la  maçonnerie  en  forme  de  dégrés  ,  com- 
me font  celles  des  grands  chemins.  Gradihus  julta. 
On  dit  aulli  wwq  croix  enterrée  de  quatre  dégrés  ,c^-x\-\i\ 
à  chaque  bout  de  fes  branches  il  y  a  trois  dégrés  figu- 
rés ,  comme  à  celui  qui  lui  fert  de  marche-pied. 
Quelques-uns  appellent  aulli  cette  croix  ,  denchée  , 
dentée  ,  endenchée ,  endentée  ,  ou  dentelée.  Denficulata, 
Jlriata.  Cette  dernière  a  les  dents  plus  petites.  L'en- 
grêlée  ne  diffère  de  l'endentée  ,  que  parce  que  l'en- 
denture  elt  différente  de  l'engrélure. 


C  R  O 

Croix  bq-obie.  Le  P.  Meneftrier  dans  fon  Origine  des 
Armoiries ,  croit  que  l'origine  des  croix  doubles  vient 
de  ce  que,  la  croix  étant  devenue  le  fceptre  des  Em- 
pereurs Chrétiens  de  Comlantmople  ,  quand  ils 
étoienten  même  temps  deux  Empereurs  fur  le  thrô- 
ne ,  au  lieu  de  mettre  deux  croix  d'un  même  coté 
de  leurs  monnoies ,  ils  mertoient  Ine  feule  croix  , 
mais  à  double  traverfe  j  &  chacun  d'eux  la  te.noic 
d'une  main. 

Croix  écartelée  ,  eft  celle  qui  eft  divifée  par  une 
ligne  tirée  tant  de  haut  en  bas ,  que  de  travers  de 
droite  à  gauche;,  &  dont  les  parties  divifées  font  de 
diftérens  émaux ,  foit  couleur ,  foit  métal.  Quadnfida. 

Croix  Écottée  ,  eft  une  croix  dont  le  montant  &  les 
branches  ont  plufieurs  chicots  ,  nœuds ,  ou  inégalités. 
Nodofa. 

Croix  enhendÉe  ,  eft  celle  qui  a  les  branches  termi- 
nées en  façon  de  croix  ancrée ,  &  qui  a  entre  les 
deux  crochets  une  pointe  comme  un  fer  de  lance. 
Anchorata  3  fpiculata.  Celle-ci  eft  cemmune  chez  les 
Efpagnols  ,  qui  lui  ont  donné  ce  nom. 

Croix  echiquetÉe  ,  qui  eft  chargée  de  carrés  pofés  en 
échiquier.  Teffelata. 

Croix  e endue  ,  eft  celle  qui  eft  entr'ouverte  &:  féparée 
en  deux.  Fiffa. 

Croix  florencée,  owfleuronnée,  owfleurdelifée  ,  eft 
celle  qui  a  des  Heurs  j  ou  des  fleurs  de  lis  à  fes  ex- 
trémités. Liliata.  Croix  treflée ,  qui  a  des  trèfîes. 
Trifoliata. 

Croix  fourchée  ,  eft  celle  dont  les  branches  fe  termi- 
nent par  rrois  poinres  qui  font  deux  angles  entrans  ; 
S^  croix Jourchetee  celle  dont  les  branches  fe  terminent 
en  fourchettes,  dont  on  fe  fervoit  pour  porter  un 
moufquet.  Bifida. 

Croix  frétée  qui  eft  compofée  ou  plutôt  chargée  de 
cotices  qui  fe  traverfent  ,  &  laifTent  un  vide  en 
forme  de  carrés  pofés  en  pointe  comme  des  lofanges. 
On  l'appelle  autrement  croix  coticée  ôc  recoticée. 
Clathnita. 

Croix  «ivrÉe,  ou  gringolée  ,  eft  celle  qui  finit  fes 
branches  par  des  têtes  de  ferpens  recourbées  de  parc 
Se  d'autre  de  la  manière  des  croix  ancrées.  Binis  an- 
guibus  in  quadruplici  extremo  anchoratis  a^ecla. 

Croix  d'hermine  j  celle  qui  eft  chargée  d'hermines. 
Muftelis  Ponticis  affecta.  Il  y  a  aulîi  des  croix  à  quatre 
queues  d'hermine,  &  aboutées  en  croix  qui  abou-, 
tifPent  à  un  centre,  &  forment  une  crai.v. 

Croix  de  Lorraine  ,  eft  celle  quietl  double  ,  comme 
les  croix  Patriarchales  j  qui  a  deux  travers ,  chacun  à 
l'endroit  de  chaque  tiers  du  montant ,  celui  d'en 
bas  un  peu  plus  long  que  l'autre.  Lotliaringica  ,feu 
tranfiro  gemino  affecta.  Ainfi  la  portent  les  Religieux 
de  l'Ordre  du  S.  Efprit ,  &  autrefois  les  Templiers. 
Cette  croix  à  double  travers  eft  proprement  appelée 
la  croix  des  Grecs  ,  parce  qu'ils  l'ont  fouvent  ainfi 
repréfentée  à  l'imitation  de  celle  de  Porphyre  ,  que 
Conftantin  fit  drelFer  au  milieu  du  marché  de  Conf- 
tantinople. 

Croix  losangÉe  j  qui  eft  compofée  ou  chargée  de  lo- 
fanges de  métal  ou  de  couleur ,  qui  en  font  le  plein 
&  le  vide.  Scutulata. 

Croix  nillée  ,  ou  de  moulin.  On  l'appelle  auffi  n^ée , 
nil ,  ou  nigle ,  qui  eft  flrite  de  deux  bandes  féppées 
&  crochues  par  le  bout ,  telle  qu'en  porte  la  Maifon 
d'AubulFon  Anchorata.  Elle  eft  ancrée  &  fort  déliée 
comme  eftl'anille  ou  le  ter  de  moulin. 

Croix  ondée,  eft  celle  dont  les  branches  fe  tournent 
en  ondes.  Undata. 

Croix  partie  ,  qui  eft  divifée  par  en  bas  par  une 
ligne  qui  fépare  les  émaux  diftérens  de  deux  côtés. 
Partita. 

Croix  patéé  ,  eft  celle  qui  s'élargit  vers  l'extrémité 
des  branches,  comme  celle  des  Mathurins  ,  ou  qui 
eft  un  peu  croifée  en  quart  de  vouffure.  Pedata.  Il 
y  en  a.  qui  ont  les  bouts  des  brancires  plus  larges  trois 
fois  que  leur  racine  ,  &  qui  font  vidées  fur  les  Bancs 
par  un  trait  d'ovale. 

Croix  au  pied  fiché  eft  celle  quia  l'extrémité  d'en  bas 
aiguifée  en  pointe,  &  qui  eft  d'ordinaire  un  peu  plus 


CRO 

haute  que  large.  Spkulacu.  £n  ce  cs.s  on  l'appelle 
croix  kuujjie  ,  ou  croix  de  Cuiv^ire. 
Croix  poxencee  ,   eft  celle  dont  les  extiémités   font 
faites  en  potence  double  ,  ou  félon  la  rigure  de  la 
IcttieT  ,  comme  celle  de  Jéiulalem.  jc atwuLata. 
Croix  re.'arcelee  ,  clt  unecru.-.v  divifée  en  fa  largeur 
par  le  moyen  d'un  tilet  d'un  autre  cinail  qui  règne  tout 
le  Ion"  de  ÎQ^  bords-  Laancus  uitiaca. 
C:ioix  DE  Toulouse  ,  ell  une  croix  vidée,  tr.flée,  & 
pommelée  d'or  ^  c  elt-à-dire  ,  cpi  parou  cruuie,  qui 
a  pour  chef  aux  extrémités  quatre  peats  carres ,  tk 
à  chacun  trois  pommettes,    iv.ojunu  Jeu  ctavicuiata  ^ 
trijûiutJ.  j   glùbacd.    On   met  la  croix  de  ■  l'oulouje 
entre  les  Aimoiries  qu'on  prétend  ctie  defcendues 
du  ciel. 
Croix  de  vair  ,  ou  vairce  j  qui  eft  chargée  de  vair  , 

ou  de  pots  ou  de  cloches  vairees.  t'ct^jata. 
Croix  ,  en  termes  de  Tondeurs  de  draps ,  fe  dit  d'une 
petite  cou.ioie  de  cuir  j  qui  tait  partie  de  linlliument 
que  ces  Ouvriers  appellent  Manicle. 
Croix    geome trique.    Terme  de  Marine.    C'eft  un 
inlkument  compofé  d'un  long  bâton  ,  &  d'un  autre 
plus  court  mis  en  croix  ,   dont  les  pilotes  le  Icrvenc 
pour  mefurer  les  hauteurs.  On  l'appelle  auiîi  An^u- 
Utrilie  ,  bacon  de  Jacob  ,  R-adiomecre  ,  ArbaLcte  ,  &cc. 
Croix  ,  ou  Croijele  du  Sud.  C'elt  une  conltellation  de 
quatre  étoiles  difpofées  en  croix  ,  ou  le .  pilotes  pren-| 
nent  hauteur  dans  la  mer  Méridionale.  Sidusjiguram  | 
crucis  rejerens  .,  exhibens. 
Croix    Indienne,   f.  f.    C'eft  une  des  Conftellations 
noavellement  découverte  dans  la  partie  méridionale 
du  ciel ,  &  qui  ne  paroît  jamais  fur  notre  horifon. 
Croix  de  cerf.  C'eit  l'os  que  l'on  trouv  _■  dans  Ion  cœur  , 
'    qui  approche  de  la  figure  d'une  croix. 

Les  Chimiftes  ont  appelle  Frères  de  La  Bofe-Croix , 

certains  Vihonnaires  qui  cherchoient  la  Pierre  Phi- 

lofophale ,   qui  etoienc   fi  cachés  ,    qu  ils  palfoient 

pour  invUibles  j   &   leur  cabale  étoïc    marquée  par 

ces  lettres  F.  R.  C.  que  quelques-uns  d'entr  eux  ont 

interprétées  ,  i-ratres    Uoris  Cocii  ,  à  caufe  qu'ils 

prétendoieut  que  la  matière  de  la  pierre  étoit  la  rofee 

cuite,    ^'oye^    Gabriel  Naudé  ,    qui  a  fait  un  très 

docfe  livre  contr'eux,  quoiqu'ils  n  en  vaiulfent  guère 

la  peine. 

Cp-Oix  ,  en  Botanique  ,    eft  employé   pour   exprimer 

l'arrangement   des  pétales  de  certaines  fleurs  qu'on 

appelle  plantes  à  fleurs  en  croix.  Piano,  jlore  cruci 

formi.  Telles  font  les  girofl'iets  ,  les  choux  ,  le  cref- 

fon,  &c.  Les  fleurs  ne  doivent  avoir  ni  plus  ni  moins 

de  quatte  pétales  ,    leur  calice  n'eft  autîî  compofé 

que  de   quatre  pièces.    Le   piftile   devient  prefque 

toujours  un  fruic  qu'on  nomme  filique  ,  ou   lilicule. 

Croix  de  Jér-ufalem.  Le  fimple  eft  peudechofe  j  mais 

la  double  eft  une  belle  fleur.   Le  lieu  où  elle  croît , 

ne  doit  être  ni  trop  chaud  ,  ni  trop  humide. 

Croix  ,  en  termes  de  Serrurier  ,  ledit  des  gardes  qu'on 

mit  dans  les  pannetons  des  clefs  :  ces  gardes  ,  quand 

elles  font  en  forme  de  croix  ,  ont  difl^érens  noms 

pris  de  leur  figure  &  de  leur  fituation.  Pleine  croix  , 

fimple,  matquée,  pleine  cro^A:  renverfée  en  dehors , 

pleine  cr&ix  en  fond  de  cuve  &  en  bâton  rompu  , 

pleine  croix  hâtée  en  dedans ,  pleine  croix  hâtée  en 

dehors  &  renverfée  en  dedans  ,  pleine  croix  hâtée  en 

dedans  &  renverfée  en  dehors ,  pleine  croix  renverfée 

en  dedans ,  pleine  crâix  renverfée  au  fond  de  cuve  , 

pleine  croix  en  fond  d^cuve  renverfée  des  deux  côtés 

en  dehors  &:  en  dedans,  l^oye^  \'Ait  de  la  Serrurerie 

de  Mathurin  Joulle  ,  où  il  y  a  des  figures  de  toutes 

fortes  de  croix. 

La  Pierre  de  Croix.  Lapis  Crucifer.  Sur  un  fond 
■blanc  ,  elle  repréfenre  une  croix  en  noir,  ou  en  gris , 
lur  chaque  tronçon ,  dans  lefquels  on  la  coupe  ordi- 
nairement ;  il  y  en  a  une  efpèce  plus  ferrugineufe  où 
la  croix  eft  extérieure  &  en  reliefs  ,  laquelle  refte 
dans  fon  entier,  &  ne  fe  coupe  point. 
Croix  du  tiroir  à  Paris  y  c'eft  une  croix  auprès  de 
laquelle  il  y  a  une  fontaine  ,  dont  le  robinet  fort 
du  picdeftal  de  la  croix ,  ce  qui  lui  a  fait  apparem 


CRO  ^j 

ment  donner  ce  nom.  Brunehaut,  Reine  de  France  ., 
fut  condamnée  par  les  Etats  Généraux  des  François 
d'être  attachée  par  un  bras  &  une  jambe  à  la  queue 
d'une  jument  indomptée  ,  &  traînée  par  la  ville  de 
Pans ,  où  elle  mourut  ccraféc  au  lieu  où  depuis  une 
croix  a  été  élevée,  due  la  croix  duTrahoir,^:  crakendo 
&  par  le  vulgaire,  lu  Cu.ùx  du  liyoir.ï-WYn  ^  Rifi. 
de  iV'rfv.  L.  1  ,p.  37.  On  appelle  aufii  Crc)i.v  du  Tiroir^ 
le  carrefour  où  eit  cette  Croix  &;  les  environs.  Il  de- 
meure à  la  Croix  du  1  iroir, 

L'Ile  de  sainte  Croix  ,  eft  une  des  Antilles  de  Barlo- 
vento  ,  ou  la  dernière  de  celles  de  delîous  le  vent-. 
Elle  eft  entre  celle  de  S.  Jean  de  Porto- Rico,  &  celle 
de  S.  Chrillophe.  Son  circuit  eft  de  30  lieues.  Elle 
appartient  aux  François  depuis  1650.  Elle  eft  à  la 
hauteur  de  10  d.  «Se  quelques  minutes.  Les  Car.aibes , 
qui  en  turent  challés  par  les  Elpagnolsla  nommoieuc 
Agay.  Le  Chevalier  de  Poinci  la  décrit  dans  fon  Hi[l. 
acs  Antilles  ,  L.  I.  C.  5 ,  att.  7. 

CROLER.  V.  n.  Terme  de  Fauconnerie,  f'^oy,  CROI^ 
LER. 

Crôler  Marot  a  dit  crôler  au  lieu  de  crouler. 


Qu'il  fuit  crôler  les  tours  du  lieu  infâme, 

CROLIS.  f.  m. 'Vieux  mot.  Fondrière,  il  vient  de  crouler^ 
qui  fe  dit  d'une  tetre  c^ui  n'eft  pas  ferme  ,  qui  s'en- 
fonce lous  les  pieds.      ' 

la-  CROMASTY.  Petite  Ville  de  l'Ecoiïe  Septen:rio- 
nale  j  dans  la  province  de  Roif. 

CROMATIQUE.  Foyci  CHROMATIQUE. 

CROMMYGN.  f  m.  Le  troifième  des  combats  de 
Théfée  fut  fon  combat  contre  le  fanglier.  Cronimyon^ 
félon  Diodore. 

CROMORNE.  f  m.  Terme  de  mufique.  C'eft  un  jeu 
de  l'orgue  accordé  à  l  uniilon  de  la  trompette.  Ordc^ 
Luborum  oraani  muj.ci  tuba  confo.-^us.  Il  a  quatie  pieds 
depuis  fon  noyau  jufqu'.iu  fomrret ,  dont  le  premier 
demi-pied  va  en  élargilfanc  julqu'à  cin^pouees  ,&C 
puis  il  continue  tout  droit ,  ayant  un  pouce  &  demi 
de  diamètre. 

On  appelle  aulfi  cromornes  en  général ,  les  tuyaux 
qui  font  longs  ,  &:  qui  ne  s'élargilfent  pouit  par  en 
haut.  . 

On  uouve  quelquefois  ce  mot  écrit  avec  un  h  ait 
commencement ,  cnroinorne  ,  &  quelquefois  avec 
deux  h  ,  Fune  au  commencement ,  &  1  autre  au  mi- 
lieu ,  chromhorue.   l'^oye^  M.  de  Brolfard. 

IP'CRONAGH.  Ville  d'Allemagne  au  Cercle  dePran- 
conie  ,  dans  l'Evèché  de  Bamberg. 

CRONE.  f.  m.  Terme  de  marine.  C'eft  fur  le  bord  d'un 
port  de  mer ,  une  tour  ronde  j  &  balTe  ,  avec   ua 

'   chapiteau  ,  comme  celui  d'un  moulin  à  vent ,  qui 
tourne  fur  un  pivot ,  &  a  un  bec  oui ,  par  le  moyen  . 
d'une  roue  à  tambour ,  &  des  cordages ,  fert  à  char- 
ger &  à  décharger  les  marchandifes.  furrii  depreffior. 

CRONE.  Terme  de  pêche.  Ce  font  des  endroits  qui 
font  au  fond  de  Feau  ,  garnis  de  racines  d'arbres  ,  de 
grands  herbages  ,  &C  autres  chofes  de  cette  nature. 
C'eft  ordinairement  où  fe  retire  le  poilfon. 

CRONENBOURG.  Ville  de  Finlande.  Foyei  THA- 
VASTUS. 

CRONIES.  f  f.  pi.  Fêtes  â  l'honneur  de  Saturne,  qui  en 
Grec  s'appelle  Kj.'yjf  ,  Cronos  ,  d'où  fe  forme  le  nom 
de  Kfivicc,  Cronies.  Les  Sronies  font  chez  les  Grecs  ce 
que  les  Romains  .ippeloient  Saturnales.  Confultez 
Macfobe  ,  L.  I.  des  Saturnales  ,C.  7  ,  &  voyei  SA- 
TURNALES. 

CRONIQUE.  Foye^  CHRONIQUE. 

CRONIQUER.  /^oje- CHRONIQUER. 

IfT  CHRONOS.  f.  m.  La  même  chofe  que  Saturne. 
T'''oye~  ce  mot. 

CROON.  f.  m.  Ancienne  monnoie  d'argent  qui  fe  fa- 
bnquoit  autrefois  en  Hollande.  Le  croon  vaut  deus 
florins  ^  ce  qui  revient  à  4liv.  i  f.  3  den.  argent  de 
France. 

CROONE,  ou  COURONNE,  f.  f.  Monnoie  de  compta 
du  Canton  de  Berne, 


38 


CRO 


CROPIERE.  Curdpetra.  Petite  Ville  de  France  dans  la 
balle  Auvergne  ,  à  llx  lieues  de  Clermont  ,  vers 
Lyon. 

CROPIOT.  f.  m.  Petit  fruit  de  l'Amérique ,  ridé  , 
renfermant  une  femence  noire  ,  femblabie  au  poivre 
d'Etliiopie  ,  d'un  goCutrès-âcre.  Les  Indiens  en  mêlent 
avec  leur  tabac  j  quand  ils  veulent  fumer  ;  il  foulage 
le  mal  de  tête  j  comme  fait  quelquetois  le  tabac. 
Clufius  &  Bauliin  en  font  mention. 

CROQUANT.  Nom  de  fadion  de  payfans  révoltés 
en  cjuelques  Provinces  au-delà  de  la  Loire  pendant 
la  ligue  lous  Henri  IV.  Il  fe  fit  en  1595  un  foule- 
vement  de  payfans  dans  le  Périgord ,  le  Limoufin 
&  le  Poitou,  ils  s'attroupèrent ,  fe  firent  des  Chefs  , 
&  des  Officiers ,  refuferent  de  payer  les  impôts , 
coururent  la  campagne,  tk  ne  fiifoient  aucun  quar- 
tier aux  Gentilshommes  qui  tomboient  entre  leurs 
mains,  pour  fe  venger,  difoient-ils,  des  violences 
qu'on  leur  avoit  fait  fouffrir,  &  des  extorfions  des 
Gouverneurs  des  villes  &  des  châteaux.  On  leur 
donna  le  nom  de  Croquants ,  parcequ'ils  croquoient, 
c'ell  le  terme  populaire,  c'eft-à-dire,  qu'ils  man- 
geoient  &  buvoieiit  tout  ce  qu'ils  trouvoient  à 
manger  &  à  boire  dans  les  maifons  des  Gentils- 
hommes, &c  que  tout  leur  butin  étoit  employé  à 
faire  bonne  chère.  P.  Daniel  ,  dans  Henri  IK.  T. 

III.  p.    16 4,%. 

Croquant  ,  fe  dit  par  extenfion  d'un  homme  de 
néant  j  d'un  gueux,  d'un  miférable  ,  C'eft  un  Cra- 
quant ,   un  pauvre  croquant.  Ce  terme  eft  populaire. 

Croquant,  ante.  Se  dit  neutralement  des  fruits  & 
des  mets  durs,  (ses,  fermes  qui  croquent  ou  font 
du  bruit  j  en  fe  brifant  fous  la  dent. 

CROQUANTE.  Se  dit  abfolument  d'une  tourte  ou 
pièce  de  patitferie  compofée  d'amandes ,  mince, 
fechée  au  four,  &  qui  croque  fous  la  dent. 

CROQUE,  f  f.  On  dit  manger  quelque  chofe  à  !a 
cru^z/e-au-fel ,  pour  dire,  manger  quelque  chofe  fans 
aune  apprêt  flue  le  fel ,  ou  comme  on  la  trouve. 
Dans  le  fens  figuré  ,  on  dit  qu'un  homme  en 
mangeroit  un  autre  à  la  cTO^wc-au-fel  ,  pour  dire  ' 
qu'il  eft  beaucoup  plus  fort  que  lui.  Expreflion  fa- 
milière. I 

CROQUE-LARDON,  f  m.  AflT^m^.  ^rnrnifleur  decui- 
fine.  Terme  populaire.  { 

CHOQUER.  V.  n.  C'eft  en  parlant  des  chofes  dures  ' 
ou  feches  qu'on  mange  ,  faire  du  bruit  fous  la  dent. 
Crepitare  fub  dentibus.  Le  bifcuit  de  mer  ,  les  aman- 
des à  la  praline  croquent   fous  la  dent.  Les  mou-  i 
les  ,  les  laitues  qui  ne  font  pas  bien  lavées  j  croquent^ 
quand  on  y  a  lailfé   du  gravier.   Quelquefois    ce 
verbe  eft  ailif,  &  fignifie  manger  des  chofes  qui 
font  du  bruit  fous  la  dent.  Croquer  du  petit  métier. 

Adivement  il  fignifie  auffi  manger  avec  avidité. 
Glutire.,  deglutire,  v 01  are.  Ce  cadet  a  bon  appétit, 
il  auroit  bientôt  croqué  ce  poulet.  Il  croquera  toute 
notre  collation  ,  fi  l'on  n'yprend  garde.  La  fontaine 
fait  dite  par  le  Renard  au  Lion  : 

Et  bien ,  manger  moutons ,  canaille  ^fotte  efpece , 
EJl-ce  un  péché?  non^  non. -vous  leur  fîtes  ^Seigneur, 
En  les  croquant  beaucoup  d'honneur. 

AjJaiUir  un  poulet  hér':J[é  de  lardons  j 
Fripper  un  bon  morceau  ^  croquer  des  macarons. 

Nouv.  Choix  de  vers. 

Croquer,  fignifie  encore,  d'ffiper,  perdre.  Ahligu- 
rire  bona ,  nummos  comedere  ,  patrimonium  conficere  j 
dijjipare.  C'eft  un  homme  qui  a  croqué^  qui  a  dif- 
fipé  tout  fon  bien.  Vous  avez  prêté  votre  argent 
à  cet  infolvablej  c'eft  autant  de  croqué. 

Croquer  J  figurément  fignifie  ,  dérober  avec  adrefie 
&  promptitude.  Suffurari  ajiutè.  JelaiiTai  mon  livre 
fur  la  table,  il  fut  incontinent  croqué.  Tout  cela  eft 
du  Ityle  familier  ou  populaire. 

Croquer  ,  en  termes  de  Peinture,  fignifie  ,  tracer  fur 
le  papier  à  la  hâte  les  premières  idées,  les  premiers 
traits  d'un  deffein,  dans  l'intention  de  lescoriger. 


CRO 

de  les  reûifier  à  loifir.  Aliquid  adumlrare  levifer^ 
leviore  manu ,  rudiore  pcrdciUo.  On  le  dit  aulîi  des 
vers  ,  &  de  tous  les  ouvrages  d'efpiit  qui  ne  font 
pas  achevés  ,  où  l'on  n'a  pas  mis  la  dernière  main. 
Cet  ouvrage  n'eft  que  croque ,  c'eft  dommage. 

Croquer.  Terme  de  Marine,  il  le  du  pour  accro- 
cher. Croquer  le  croc  de  palan ,  c'eft  le  paifer  dans 
l'arganeau  de  l'ancre. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  a  été 
long-temps  à  croquer  le  marmot  j  pour  dire  qu'on  l'a 
lailfé  long-tems  à  attendre  fur  les  degrés ,  dans  un 
veftibule.  Ce  proverbe  vient  apparemment  des  com- 
pagnons Peintres  qui,  quand  ils  attendent  quel- 
qu'un ,  fe  défennuient  à  tracer  fur  les  murailles 
quelques  marmots,  ou  traits  grofiiers  de^ quelque 
figure  :  ce  qu'on  appelle  croquer  le  marmot,  fuivanc 
la  phrafe  qui  vient   d'être  expliquée. 

Croqué  ,  ée.  Part.  Il  a  les  fignificaiions  de  fon  verbe. 

CROQUET,  f  m.  Efpece  de  pain  d'épice  qui  eft 
fort  mince,  fort  fec  &  fort  dur,  qui  par  confé- 
quent  croque  fous  les  dents.  Dulciarius parus  dura- 
tus  ac  Jiccatus  igné ,  qui  fub  dentibus  crépitât ,  cùm. 
jrangLtur. 

Croquet,  Pomme  de  croquet.  Nom  d'une  efpece  de 
pomme.  La  pomme  de  croquet  eft  une  efpète  de 
châtaigne. 

CROQUEUR.  f.  m.  Celui  qui  prend,  qui  attrape, 

qui  mange  ,  qui  croque. 

Un  vieux  renard ,  mais  des  plus  fins , 
Grand  croqueur  de  poulets,  un  jour Jut  pris  au  piège. 

La  Font. 

CROQUIGNOLE.  f.  f  Quelques-uns  difenc 
craquinole  \  mais  mal.  C'eft  une  eipèce  de  chique- 
naude ou  de  nafarde.  C'eft  un  coup  qui  fe  donne 
fur  le  vifage,  en  lâchant  avec  violence  un  doigt 
qu'on  a  poIé  fur  un  autre,  lalitrum.  Donner  des  cro- 
quignoles.  L'un  en  pailant  me  donnoit  une  nalarde, 
&  l'autre  une  croquignole.  Ablanc.  Choililfez  d'a- 
voir trente  croquignotes.  Mol. 

CROQUIGNOLER.  v.  a.  Donner  des  croquignoles  à 
quelqu'un.  1  .liitris  illudere.  Il  n'eft  pas  uiité. 

0Cr  CROQUIS,  f  m.  Terme  de  Peinture.  Efquiffe 
faite  à  la  hâte^  moins  finie  que  les  efquiffcs  ne  le 
font  ordinairement. /''oye^  Pensée,  Esquisse. 

CROSSE,  i.  f.  Bâton  crochu,  ou  recourbé  par  le  bout, 
avec  lequel  les  enfans  jouent  &  s'échauftent  en  hi- 
ver ,  en  pouffant  &  fe  renvoyant  une  balle,  une 
pierre.  Baculus  extremorum  altero  recurvus. 

Crosse,  eft  aufli  la  partie  du  fût  du  moufquer,  d'un 
fufil ,  qu'on  appuie  contre  l'épaule  en  tirant.  Sclo- 
peti  majoris  pars  incurva.  Ce  loldat  a  achevé  de  tuer 
fon  ennemi  avec  la  crojj'e  de  fon  moufquet. 

0C?  Crosse  ,  eft  aulfi  un  bâton  Paftoral  que  portent  les 
Archevêques,  Evêques  &  Abbés  réguliers,  ou  qu'on 
porte  devant  eux  dans  les  cérémonies.  C'eft  un  bâ- 
ton d'argent  ou  d'or,  recourbé  &z  ouvragé  par  le 
haut.  Pedum  Poniificum,  Pontificale  ^  Pafiorale.  C'eft 
le  fymbole  de  la  corredrion  Epilcopale.  Les  Evêques, 
les  Abbés  ,  Abbelfes,  la  font  porter  devant  eux  ;  & 
ils  la  tiennent  à  la  main  ,  quand  ils  donnent  la 
bénédiélion  en  cérémonie.  La  crojfe  d'Evêque  d'un 
côté  eft  pointue,  de  l'autre  courbe  :  ce  qui  eft  ligni- 
fié par  ce  vers. 

Curva  trahit  mites  ^  pars  pungit  acuta  rebelles. 

L'ufage  de  porter  un  bâton  paftoral  devant  les 
Evêques  eft  très -ancien,  comme  il  paroît  par  la 
vie  de  S.  Céfaire  d'Arles,  L.  IL  n.  ii.  ce  Saint  vt- 
voit  vers  l'an  500.  &  par  la  vie  de  Saint  Germain  , 
Evêque  de  Paris  qui  mourut  en  571J.  Mais  on  ne 
trouve  point  de  mention  de  croffe  avant  le  XI^ 
fiècle.  Chez  les  Grecs  il  n'y  avoit  que  les  Patriar- 
ches qui  euftent  le  droit  de  porter  la  crojje.  Les  pre- 
mières crojjes  n'étoient  que  de  fimplcs  hâtons  de 
bois ,  qui  d'abord  eurent  la  forme  d'un  Tau ,  T.  Se 
dent  on  fe  fervoit  pour  s'appuyer.  Enfuite  on  les  fi: 


C  R  O 


me 


plus  longues ,  &  peu-à-peu  elles  ont  pris  la  foin 
que  nousléui:  voyons.  Conîulcez  le  P.ThoniaiUln. 
UiJ\ipl.  Ecacf.  Tom.  1. 1.  II.  C  5 S.  §.  2.  Coquille 
rapporte   cette    efpcce   de  proverbe    qui  écoïc    de 
Ion   tems  dans  la  bouche  du  Peuple. 

^u  tems  pajfé  du  fie  de   d'or  , 
Crolle  de  bois ^  hveque/d'or , 
Alaintenant  changent  les  loix  , 
CrolTe  d'o/'j  Evé^jue  de  bois. 

Les  Abbés  Réguliers  peuvent  officier  avec  la  crojje 
Se  la  mure.  La  lanterne  d'une  croJ.le. 

Du  Cange  du  qu'on  l'a  appelée  en  Latin  ,  cam- 
■buca  8c  cambuta,  ou  cambucurn  ôi  petdlum  ;  ik.  Su^n- 
Suca^  ou  Çambucarius ,  celui  qui  porte   la   cro[\e , 
oii  la  croix.  On  l'a  appelée  aulli  en  h^wnpedum  & 
crocia ,  &  erol/u  dans  la  plus  balLe  Latinité,  J^Lz 
SS.  Mart.  F.  I.  p.  m.  t.  Papias  croit  que  ce  mot 
vient  à  fitniiitudine  Cruas.  Les  crojjes  ,  comme  on  l'a 
dit,  n'étoient  anciennement  qu'un  long  bâton  de  bois, 
qui  par  en  haut  le  terminoit  en  croix.    Y)c  là  vient 
que  dans  la  balFe  Latinité  on  appelle  du  même  nom 
croffa  &  crucca  ,  croca  j  crocia  j  crocàa,  les  béquil- 
les ,  ou  potences  donc   les  gens  perclus  ie  fervent 
pour  marcher  en  les  mettant  lous  leurs  aillelles ,  & 
s'appuyanc  defliis.  Camhotta  ,  qui  étoit  le  nom  pro- 
pie  dune  crojje.  Te  prend  aulii  pour  une  béquille, 
par  Gocelm  ,  ivloine  de  la  tin  du  XF.  iiècle  ,   dans 
i'Hiftoire  de  la  Tranllation  de  S.  Augullin ,  Arche- 
vêque de  Cantorberi ,  C.  3.  ^cla  SS.  Maii.T.V. 
p.  418.  A.  Tout  cela  montre  que  Papias  a  raifon. 
Cependant  cjnelques  Auteurs  prétendent  qu'il  vient 
de  camoc  ,    qui  en  ancien   Saxon   lignitîe  quelque 
chofe  de  courbé.  D'autres  veulent  que  l'on  ait  dit 
cambotJ. ,  qui  vient  de  "■«■f/.Tslce ,  je  courbe,  f^oye^  Du 
rand ,   Rationale  Off.  L.  III.  1 5  &  le  Glojjar.  Ar- 
chs.olog.  de  Spelman, 
Crosse  fedit,  en  termes  d'Anatomie,  des  parties  dos 
vaifTeaux  du  corps  animal  ,   qui  fe  recourbent  en 
forme  de  croffe  ou   de  demi-cercle.  Curvatura.  La 
aoffe   de   l'aorte  afcendante.   La   crojj'e   de   l'aorte 
defcendante.  La  crojje  droite  ,  la  crojje  gauche  de 
l'attère  du    poumon.   Toutes   ces   exprellions  font 
de  ^L  Du  Verney,  dans  la  deicnption  du  cœur  de 
la  tortue. 
Crosse  d'Eguière,   c'eft  une  anfe  d'éguière  en 
forme  de  crojfe.  Anja.   Les  égciières  à  crojj^e  font  à 
la  mode. 
^CF  Crosse  j  terme  de  Rivière  3  pièce  de  bois  qui 

fert  au  gouvernail  d'un  bateau  foncer. 
CROSSE  ,   EE.  adj.  Qui  ne  fe  dit  que  des  Prélats  (Se 
dignités  qui  ont   droit  de  porter  la  crolfe  j   &  de 
la  mettre  au-detTus  de  leurs  armes.  Pomifidi  pcdi 
jus  habens.  Tel  Abbé  el1:  croffé  &;  mitre. 
|p=  CROSSEN.  Ville  de  Siléfie',  au  confluent  du  Bo- 
ber  &de  rOdei;^j  capitale  de  la  Principauté  de  Crof- 
fen  j    aux  confins  de  la   Marche  de  Brandebourg. 
CROSSER.  V.  n.  Jouer  avec  une  crolfe  ,  pouffer  une 
balle  avcx  une  z'ioS^i^.Baculo  rëcurvo pïLim pulj'arc.  Les 
laquais  j  les  petits  gatçons  j  c7û//c«  pendfant  l'hi- 
ver. Il  y  a  des  défenles  de  tirer  de  l'arc  ,  de  jouer 
au  mail  _,   à   la  paume  ^  crojjer  ,    ou  faire  quelque 
autre  exercice  dangereux  dans  les  rues ,  places  pu- 
bliques ,  ou  autres  lieux  fréquentés  &c  palfins.  De 
L4  Mare  ,  Tr.  de  la  Pol.  L.  I.  T.  XI.  c.  7. 
Crosser  ,  fe  dit  figurément  &  populairement ,  pour 
dire ,  Traiter  avec  un  grand  mépris.  C'elf  un  homme 
à   crojjer.  Ac.  Fr. 
CROSSETTE.  f.  £  Terme  d'Agriculture.  Branche  de 
vigne  taillée ,  oii   il  refte  un  peu  de  bois  de  l'an- 
née précédente.  Decifus  de  vite  malUolus.  Ces  crof- 
feues  reprennent  facilement  racine  quand  on    les 
fiche  en  terre.  Les  crojfettes  de  figuier  font  des  bran- 
ches coupées  de  deflus  un  figuier,   6c  auxquelles 


diniers  difent  ,    j'ai  beaucoup  de  croffettesàe  figuier* 
à  planter.  LigeRj  ôc  la  Quint. 

tfl'  Crojjectes  tll  lynonyme  à  bouture  ;  mais  bou- 
ture eft  un  terme  générique.  Crojj'ette  le  dit  parti- 
culièrement de  la  vigne  ôc  du  figuier  ;  plancon  des 
laules. 

Crosshttes,  en  Architeéture  ,  font  les  retours  aux  coins 
des  chambranles  de  porte  j  ou  de  croilée  qu'on 
nomme  aulii  oreilles  j  ou  onllons.  Acones.  On  ap- 
pelle crojjettes  de  lucarne  ,  des  plâtres  de  couver- 
ture à  coté  des  lucarnes. 

§CT  Crossettes.  Terme  de  Marine,  f^oye:^   Vous- 

SOIRS. 

CROSSEUR.  f.  m.  Qui  poutfe  une  balle  avec  une  crolle. 
Qui  pilam  pulfat  baculo  recurvo.  On  a  de  la  peine  à 
le  garantir  des  crojjeurs  durant  la  gelée. 
§3-  CROSSILLON.  f  m.  Terme  d'orfèvre  en  grolfe- 
rie.  C'eft  l'extrémité  recourbée  d'une  crolle  j  &  la 
fin  des  tours   qu'elle   tait  au- dedans.  \.e  crojjillon 
eft  terminé  ordinairement  par  un  ornement  qui  lui 
donne  de  la  grâce. 
CROSSON.  f.  m.  Berceau  ,  Cun&.  Ce  mot  n'eft  en 
ulage  t)u'en  Dauphiné ,   &:  peut-ctte  dans  les  lieux 
voilins.  Il  vient  de  K|»5-ro;  ,    mot  Grec,  qui  lîgm- 
fioit  une  forte  de  vailleau  \   &  les  berceaux  en  ont 
la  lorme.  Chor.  HijL  de  iJauph.  L.  H.  p.  10 1. 
CPvOTALAIRE.  i.  h  Plante  qui  nous  eft  venue  d'Afie. 
Sa  tige  eft  de  la  hauteur  d'un  pied  &  demi  ou  da- 
vantage ,  anguleufe  ,  noueufe  ,  &  jetant    beaucoup 
de  rameaux   diipofés  en   rond.  Ses  feuilles  nailfenc 
alternanvement  &:  feules  le  long  des  branches ,  com- 
me celles  du  genêt.  Elles  lont   longues  d'un  donii 
doigt ,  ts;  larges  d'un  bon  pouce,  obrufes ,  nerveules, 
verres  endelTus,  blanchâtres  en  delfous,  parfemées 
de  verrues  J  &  ondées  en  leurs  bords.  Ses  fieurs  font 
difpoléesen  épis  au  haut  des  rameaux,  légumineufes, 
femblables  à  celles  du  genêt ,  de  couleur  bleue.  Il 
leur  luccéde  des  goulfes  enllées  &  arrondies  comme 
celles  de  l'arrête  -  boeuf  ,    noirâtres    &  garnies  de 
quelques   poils  éloignés-  Elles  renferment  de  petites 
femences  jaunes ,  qui  ont  la  figure  d'un  petit  rein  , 
d'un  goût  un  peu  âcro  &  ingrat  ,   &  qu'on  eftime 
purgatives.   Lemery. 
CROTALE,  f.   m.   Terme  de  Médaillifte.   Crotalum. 
Elpéce  de  tambour   de   Bafque  qu'on  voit   fur  les 
médailles  dans  les  mains  des  Prêtres  de  Cibcle.   Le 
crotale  étoit  diftérent  du  liftre ,  quoiqu'on  lémble 
avoir  conlondu  quelquefois   ces  noms.    Le  crotale 
confiftoit  en  deux  petites  lames  ,  ou  petits  bâtons 
d'airain  ,  que  1  on  remuoit  de  la  main  ,    &   qui  en 
fe  choquant ,  failoient  du  bruit.  On  en  faifoit  aulli 
d'un  roleau  fendu  en  deux  ,   dont  on  frappoit  les 
deux  parties  l'une  contre  l'autre;   &,  comme  cela 
falloir  à  peu  près  le  même  bruit  que  celui  du  bec 
d'une  cigogne  ,  on  appeloit  cet  oifeau  Crotalijiria  , 
joucuj'e    lie    crotales.    Aujourd'hui    nous   avons   des 
triangles  faits  de  trois  verges  de  cuivre  ,  dans  lefquels 
il  y  a  plulieurs  anneaux  ,  &:  qu'on  frappe  par  dedans 
en  cadence  avec  une  baguette  de  fer.    ÎJn  Ancien 
dans  Paufanias  dit  qu'Hercule  ne  tua  pas^  les  oifeaux 
du  lac  Stymphale  ,  mais  qu'il  les  challa  en    jouant 
des  crotales.  Si  cela  eft  vrai  ,  les  crotales  étoient  en 
ufage  dès  le  temps  d'I  lercule.  Clément  d'Alexandrie 
en  attribue  l'invention  aux  Siciliens ,  &  en  détend 
l'ufage  aux  Chrétiens ,  à  caufe  des  mouvemens  & 
des  geftes  indécens  que  l'on  faifoit  en  jouant  de  cet 
inftrument.  Saumaife  patle  des  crotales  dans  fes  notes 
fur  Vopifcus,  p.  491  de  l'Hiftoire  d'Augufte  ;  &i  le 
P.  Abraham  Jéf. dans  fes  notes  lur  l'Oraifonde  Cicéron 
In  Pi  l'on  ,  n.  10. 
CROTAPHITE.  adj.  Terme  d'Anatomie  ,  qui  fe  dit 
du  mufcle  temporal  qui  occupe   la  cavité  àts  tem- 
pes i  &  qui  tire  la  mâchoire  intérieure  en  haut. 
Crotaphit£. 

Ce  mot  vient  du  Grec  i^'Ua^of,  qui  fignifie,  la.  tempe, 
royc:^  Temporal. 


on  obferve  de  lailfer  an  talon  un  peu  de  vieux  bois  1  CROTE.  (.  f  &  fon  diminutif  Croro^.  Il  y  a  à  Chartres 
de  l'année  prccédenre ,  Se  ce  font  ces  forres  de  bran- 1  deux  Notrc-Damcs ,  dont  l'une  eft  dans  le  Temple , 
ches  dont  on  fe  fett  pour  boutures.   Ainfi  les  Jar-  j      l'autre  dclTous.  Celle  qui  eft  dedans  s'appelle  Notrt  - 


40  C  R  O 

Dame  d'en  haut  ;  l'autre  ,  Notre-Dame  d'en-bas , 
eu  Notre-Dame  fous  terre  ,  ou  Notre-Dame  des  Cio- 
tes  ,  non  pas  qu'elle  foit  crottée ,  mais  parce  qu'elle 
eft  en  un  creux  fous  rerre,  fair  en  façon  de  cave  ; 
car  ce  mot  crocc  en  cette  fignification  vient  du  Grec 
Crypca.  Encore  en  quelques  lieux  on  ufe  du  mot 
Crocon  dans  les  prifons ,  comme  qui  dirait  balfe-foire. 
Apol.pour  Hérodote ,  c.  38  ,  arc.  16  ,  t.  j  ,  p.  z6^  de 
l'idiuon  de  la  Haye ,  1735.  (^''ote  pour  Grote  j  caverne  ; 
&  Croton  ou  G-roton  pour  cachot ,  prifon  obfcure  , 
font  dans  Pomey. 

Croie,  Croter.  C'eft  ainfî  qu'on  devroit  écrire  ces 
mots ,  parce  qu'ils  tirent  leur  étymologie  de  crufia  j 
félon  Nicod,  ou  de  creta  ^  félon  Ménage.  Voye^ 
Crotte. 

CROTIN.  Voyei  CROTTIN. 

Ci<.OTOI(  le).  Bourg  iuué  à  l'embouchure  de  la  Somme 
eji  Picardie  ,  vis-à-vis  de  S.  Valeri.  Adrien  de  Valois 
croit  que  ce  doit  être  le  Corocotinum  des  Anciens. 
Dom  Dtiplellîs  croit  que  ce  doit  être  plutôt  Har- 
fleur  ,  à  moins  que  l'Itinéraire  d'Antonin  qui  en 
fait  mention  ,  n'ait  été  altéré  en  cet  endroit-là  par 
les  Copilles.  Defcnpt.  Geogr.  &  Hijî.  de  la.  Haute- 
Njy:n.  T.  1  ,p.  ^  Cl"  II. 

CROTONE.  Ville  ancienne  d'Italie  ,  qu'on  nomme 
aujourd'hui  Cc.rtjne.  Crjco.  Elle  étoit  dans  le  pays 
des  Brutiens  ,  l'ur  l'Efaro.  Croto.-^e  étoit  fur  la  côte 
de  la  Mer  Ionienne,  dans  un  très-bon  air;  ou  du 
moins  dans  un  lieu  dont  l'air  pallait  pour  être 
excellent  ,  parce  qu'il  fortoit  de  cette  ville  beau- 
coup d'Arhieres  vigoureux.  Le  Scholialle  de  Théo- 
crice  dit  que  Crotoue  l'emportoit  fut  toutes  les  villes 
d'Italie  en  courage  &  en  toutes  fortes  de  richelfes. 
On  croit  que  cett«  ville  fut  bâtie  par  les  Achcens , 
&  par  Diomède  ,  ou  Melille  ,  la  troifième  année 
de  la  X^  Olympiade.  Selon  Eufèbe  ,  c'eft  la  féconde 
année  de  la  XIX^.  Olympiade  ;  &  félon  Denys 
d'Haï icarna (Te  ,  L  II.  la  rroifième  année  de  la  XVIl"^. 
Olympiade.  Crotone  étoit  une  très-grande  ville  de 
quatre  lieues  de  tour.  Elle  eft  encore  très-grande. 
Foye^  les  médailles  de  Crotone  dans  la  grande 
Grèce  de  Gohzius.  Tab.  XXVIII.  XXIX. 
KPOTONIATAN. 

CROTONI ATE.  f.  m.  &  f.  Cfotonias.  Qui  eft  de  li  ville 
de  Crotone.  Citoyen  ,  habitant  de  Crotone.  Les 
Crotoniatcs  étoient  excellens  Arhlèces  ,  &  bons 
guerriers.  Milon  Crotoniate  fut  fix  fois  vainqueur 
aux  jeux  Olympiques.  Il  y  porta  une  fois  un  bœuf 
fur  fes  épaules  & ,  après  l'avoir  mis  bas  j  il  le  tua 
d'un  fenl  coup  de  poing  qu'il  lui  donna.  Mais  toi , 
Croconiats  groifier ,  crois-tu  que  fe  vanter  de  porter 
un  bœuf,  ce  ne  foit  pas  fe  vanter  de  lui  relfembler 
beaucoup.  Fonten.  Le  Milon  Crotoniate ,  qui  eft 
dans  les  Jardins  de  Verfailles,  eft  une  ftatue  admi- 
rable. Milon  Crotoniate  flonlfoit  vers  la  LXIF. 
Olympiade  ,  Se  fut  difciple  de  Pithagore.  Il  y  eut 
des  Jeux  Olympiques  où  tous  les  fept  prix  furent, 
remportés  par  des  Crotoniates.  Delà  vint  le  pro- 
verbe :  Le  dernier  des  Crotoniatcs  l'emporte  fur  le 
premier  de  tous  les  autres  Grecs- 

CROTONS.  f  m.  pi.  On  nomme  ainfi  dans  le  rafinage 
des  lucres  ,  les  morceaux  de  fucre  qui  n'ont  pu 
pairer  par  l'hébichet. 

CR.OTTE.  f  f.  boue  ,  finge  ,  qui  eft  dans  les  rues  , 
&  dans  les  chemins  j  formée  par  la  poulîière  dé- 
trempée par  les  eaux  de  pUiie.  Lutum.  On  ne  fau- 
roit  marcher  pendant  la  pluie  ,  qu'on  ne  foit  plein 
de  crottes.  Les  Perfans  ne  fauroient  fouffrir  une 
feule  crotte  fur  leurs  habits  j  ils  fe  tiennent  im- 
mondes ,  quand  cela  leur  arrive.  On  dit  prover- 
bialement &  populairement,  quand  la  gelée  a  féché 
les  rues  ,  les  chiens  ont  mangé  les  crottes. 

Nicod  dérive  ce  mot  de  crujla  ;  Ménage  de  creta^ 
terre  gluante  &  rémce. 

Crotte  ,  fe  dit  aufti  des  excrémens  de  certains  ani- 
rnaux.  Fimus.  Des  crottes  à&  fouris,  de  lapins,  de 
lièvres,  de  chats,  &c.  Les  crottes  de  fouine  fcntenr 
bon. 

•CROTTER.   V.  ad.    Éclaboulfer ,  faire  jaillir  de  1 


C  R  O 

crotte  fur  quelque  chofe ,  falir  avec  de  la  crotte, 
Luto  afpergere  ,  inficcre.  Cette  Dame  marche  fi  pro- 
prement,  qu'elle  ne  Îq, crotte  point.  Un  cheval  qui 
galoppoit  m'a  tout  crotté  ,  éclaLoufle.  Il  ne  faut 
pas  lailVer  entrer  ces  p.ayfans  dans  les  chambres  , 
ils  crofxroient  le  plancher  ,  les  meubles. 

On  dit  proverbialctrrent  qu'un  homme  eft  crotté 
comme  un  barbet ,  crotté  julqu'au  cul  ,  jufqu'à  l'é- 
chine  ,  juiqu'aux  oreilles  ,  pour  due  qu'il  eft  fort 
crotte.  On  dit  aulïi ,  crotté  en  Aichidiacre  ,  parce 
qu'autretois  les  Archidiacres  faifoient  leurs  vifites 
à  pied.  On  appelle  un  Poëte  crotté .,  un  méchant  Poète 
qui  fe  crotte  en  allant  à  pied.  On  dit  de  mcmemufe 
crottée. 

Quand  on  efi  en  pays  barbare  ^ 
Sans  douceur  j  fans  foùeté  ^ 
Pa£e  qu'on  ait  l'efprit  bifarre  _, 
Et  que  d'écrire  on  foit  tenté  ; 
Alais  qu'en  ces  lieux  ,  mais  qu'à  Lucienne  j 
L'envie  ou  la  fureur  me  vienne 
De  vivre  en  Poëte  crotté  , 
Je parourois  bien  dégoûté.  P.  di;  Cerceau. 

Crotté  ,  ée.  part.  palT.  &  adj.  Un  Pédant  crotté.  Lutofus, 
luto  injeclus. 

On  dit ,  il  fait  bien  crotté ,  plus  ordinairement  j  il 
fait  bien  de  \i.  crotte  dans  les  rues,  pour  dite  j  que 
les  rues  font  bien  fales. 

CROTTIN,  f.  m.  qui  fe  dit  des  excrémens  de  certains 
animaux  ,  du  cheval  j  du  mouton  ,  t'c.  La  fienre 
haîche  du  cheval  s'appelle  crctdn.  Fimus  j  ftercus. 
Le  crottin  de  mouton  hc  de  chèvre.  La  Quint.  Le 
crottin  de  mouton  eft  de  tous  les  fumiers  celui 
qui  aie  plus  de  difpofition  à  fertilifer  la  terre.  Id. 
Les  fels  de  cet  engrais  font  très-aéliis  \  c'eft  pour- 
quoi il  faut  avoir  la  précaution  de  le  laifler  repofer 
long-temps ,  &  perdre  à  l'air  fon  trop  de  chaleur 
avant  que  de  l'employer. 

CROTTON  ,  ou  CROTON.  D'autres  difent  GRO- 
TON.  f.  m.  Cachot.  Ce  mot  ne  fe  trouve  que  dans 
Pomey. 

CROU  ,  ou  CARROA.  Efpèce  de  Monnoie  de  com- 
pte ,  dont  on  fe  fert  à  Amadabath  ,  &c  prefque  dans 
tous  les  Etats  du  Grand  Mogol-  Chaque  crou  fait 
quatre  arebs. 

fC?  CROU.  Petite  rivière  de  France  j  qui  a  fa  fource 
,  près   de   Louvres  en  Parifis  ,  palfe   à  Gonelfe  ,   à 
St.  Denis,  &  fe  rend  dans  la  Seine. 

CROUCHAUT.  f.  m.  Terme  de  Charpenterie  j  qui 
fe  dit  des  pièces  de  bois  qui  pottent  fur  le  chef  d'un 
bateau.  Foyei  Chff. 

CROULANT  ,  ante.  adj.  Qui  croule  ^  qui  eft  prêt 
à  tomber.  Un  édifice  croulant  ,  une  maifun  cron- 
lante. 

CROULARD.  f.  m.  Oifeau  nommé  autrement  Tra- 
quer &  Tarier.    Voye\  Traquet. 

CROULEMENT.  f  m.  EhouUmcm.  Le  croulement  des 
terres  ^    d'une  terradè.    Le  crouïement  d'un  baftion. 

CROULER,  v.  n.  Tomber  en  s'affaifant.  Concuti  ^ 
nutare.  Cette  terre n'eft  pas  ferme,  on  la  fent  crouUr 
fous  les  pieds.  Les  fondemens  de  cette  maifon 
croulèrent  tout  d'un  coup  j  &  la  maifon  tomba. 
Nicod  dérive  ce  mot  du  Grecxçoîa,  c'eft-à-dire  , 
pulfo  J.  je  poujje. 

Crouler  J  eft  auffi  quelquefois  aélifj  &  fe  dit  des 
arbres  qu'on  fecoue  pour  en  faire  tomber  le  fruit. 
concutere.  Croule-^  ce  pommier,  ce  poirier  _,  ce  prunier. 
PoM.  Danet.  Ce  mot  n'eft  ufité  que  dans  quelques 
provinces. 

Crouler.  Terme  de  Marine.  Cioulerwn  bâtiment  j  un 
vaiireau  J  c'eft  le  rouler  pour  le  lancer  à  l'eau.  Dans 
ce  {iin%  il  eft  audi  aétif. 

^CJ"  Crouler  la  queue.  Terme  de  chafte  j  fe  dit 
du  mouvement  que  l'animal  fait  de  cette  partie  j 
lorfcju'il  fuit. 

CROULIER,  ÈRE.  adj.  Qui  fe  dit  des  terres  qui  ne 
font  pns  fermes  fous  les  pieds ,  àe%  fables  mou-, 
vans  où  l'on  enfonce.    Terra  treniula  j    vacill.tns  , 

dèhifcens.  . 


C  RO 


C  R  O 


4^ 


dehlfcens.  On  ne  peut  bâtir  en  ce  champ-là  ,  parce  i     domeftiques.  Ecole  du  monde.  L'auteur  neft  pas  d'un 

que  ce  font  des  terres  croulières.    On  dit  auili  des'      grand  poids. 

mis  crouUers.    On  appeloit    autrefois  croidis      les  |  Croupe.    Vieux  mot.   Epais   ,   de  l'Allemand    C-rub, 
s       .  .,  „  .-■>  1    -  ■\    ._       _L-_j--        I       r-'-Ai.   J.-  l>  -..>  Il   j.     1         1 


fondrières ,  &  croulières ,  des  ornières  prorondes 
CROUPADE.  f.  f.  Terme  de  Manège.  La  croup^ide  e(k 


C'ell  de-là  qu'eft  venu  croupe  de  cheval ,   &  crou-" 
pion. 


un  faut  plus  relevé   que  lacourbecte^  &  qui  tient  CROUPETONS  (à),  adv.  Terme  populaire  ,  relatif 


le  devant  Se  le  derrière  du  cheval  en  une  égale 
hauteur  j  en  forte  qu'il  troulfe  fes  jambes  de  der- 
rière fous  le  ventre  ,  fans  les  alonger  ni  montrer 
fes  fers.  EquifaUus  erectis  Aqualker  tam  antcrioribus  j 
^uàm  poflerioribus  pedibus.  Hautes  croupades  j  ce 
font  des  croupades  plus  relevées  que  les  croupades 
ordinaires.  Manier  à  croupades.  Mjttre  un  cheval  .1 
l'air  des  croupades.  Cheval  qui  fe  préfente  à  crjupades. 
CRO  JPE.  f  f.  La  partie  de  derrière  du  cheval ,  qui 
comprend  depuis  l'endroit  cù  la  felle  porte  jufqu'à 
la  queue,  fergum.  Il  fe  dit  de  toutes  les  bêtes  de 
monture  &c  de  fomme.  Ce  cheval  porte  en  croupe. 
Le  poftillon  met  la  valife  fur  la  croupe.  Les  Meuniers 
ne  montent  que  fur  la  croupe  de  leurs  mulets.  Monter 
en  croupe  derrière  un  autre. 

âCT  On  appelle crj«:'c  de  mulet ,  \xnQ  croupe  pointue 
&  aiguë.  Ce  cheval  a  la  croupe  de  mulet. 

Ce  mot  vient  de  crouppa  ,  qui  fe  trouve  dans  les 
Glofes  ,  iSi  ell:  formé  de  l'Allemand  grub  ,  qui  fignitie 
gros  ,  gras ,  épais.  Men.  On  trouve  Cruppa  equi  dans 
le  procès  des  miracles  de  S.  Yves  ,  fait  l'an  1321. 
C.  15.  Acla  Sancl.Maii,  T.  IK  p.  567.  F.  Bochart 
croit  que  ce  mot  a  été  fait  par  retranchement  de 
croupion.  Du  Cange  le  dérive  de  l'Italien  groppa  , 
qui  lignifie  Jejje. 
Croupe  j  fe  dit  figurément  dans  quelques  façons  de 
parler  ,  comme  lorfque  Voiture  dit  que  l'Hymen 
porte  d'ordinaire  en  croupe  le  repentir  &  la  miière  , 
pour  due  que  le  mariage  entraîne  fonvenr  après  lui 
la  pauvreté   Si  les  chagrins. 

JJnjou  rempli (i'eris.ui\s  qucle  trouble  accompagne  y 
En  vain  monte  à  cheval  pour  tromper  fon  ennui  ; 
Le  chagrin  monte  en  croupe  ,  &  galope  avec  lui. 

BoiLEAU. 

Pojl  equïtemfedetatra  cura.  Horace. 

Croupe  ,  fe  dit  auili  ironiquement  &  populairement' 
du  derrièie  d'une  femme.  Cette  femme  a  une  belle 
croupe. 

On  dit  figurément  d'un  homme  fort  délicat ,  & 
qui  fe  fâche  aifément  &  fans  iujet ,  qu'il  eft  cha- 
touilleux fur  la  croupe. 

On  dit  aulîi ,  Gagner  la  croupe  du  cheval  de  fon 
ennemi,   pour  dire,  l'approcher  par  derrière. 

Croupe  ,  fe  dit  auili  du  haut,  du  fommet  d'une  mon- 
tagne. Vertex  ^  apex  ,  Jugum.  Cette  maifon  a  belle 
vue  J  elle  eft  fur  la  croupe  de  la  montagne.  Ils  s'é- 
toient  faifis  de  h  croupe  du  mont.  Vaug.  Ils  firent 
des  feux  fur  la  crouse  des  montagnes.  Ab. 

Croupe  ,  en  Architectu'-e  ,  fignifie  aulfi  le  derrière  du 
chevet  d'une  Eglife  ,  qui  etl  arrondi.  Tejludo.  La 
croupe  de  l'Eglife  Njtre-Dame  eft  belle  à  voir  de 
delTus  le  Pont-Marie. 

Croupe  ,  fe  dit  auili  de  la  partie  d'un  bâtiment  ,  ou 
pavillon  ordinaire  ,  qui  n'eft  pomt  bâtie  en  pignon  , 
mais  qui  eft  coupée  obliquement  &  couverte  en 
penchant  comme  le  refte  du  comble ,  &  qui  eft 
garnie  d'arrêtiers  qui  font  d'ordinaire  de  fept  à  dix 
pouces  de  gros  ,  compris  le  délardement.  Teclum 
tejludinatum.  On  dit  auili  des  entraits  de  croupe  ,  des 
chevrons  de  croupe  ,  des  fermes  de  croupe. 

Croupe  au  Mur.  Terme  de  Manège  ,  qui  fignifie 
faire  aller  un  cheval  de  côté  ,  ayant  la  croupe  placée 
du  côté  de  la  muraille  ou  de  la  barrière ,  &  la  tête 
&  les  épaules  vers  le  centre  du  Manège.  Voy.  l'Ecole 
de  Cavalerie  de  M.  de  la  Gueriniere  ,  p.  109. 

CROUPE ,  ÉE.  adj.  Cheval  bien  croupe  qui  a  une  belle 
croupe.  Philargyre  a  une  maifon  bien  réglée  ,  un  bon 
carrofTe  uni  ,  deux  chevaux  bien  croupes  j  deux 
laquais  vêtus  d'un  bon  drap  gris  ,  une  fervante  pro- 
pre ,  un  ordinaire  bien  jufte  pour  lui  Se  pour  fes 
Tome  Illi 


à  la  manière  de  fe  tenir,  lorfque  la  plante  des  pieds 
touchant  à  terre  j  le  derrière  touche  les  talons. 
Apprejfis  humi  clurûbus  accubare  y  incubare.Qn  ^\t  ^ 
Etre  a  croupetons  ^  pour  dire.  Etre  afîîs  à  terre  fur 
fa  croupe.  Marcher  à  croupetons ,  pour  dire  j  Marcher 
en  fe  traînant  contre  terre.  On  dit  auÛi  qu'un  lièvre 
en  forme  eft  à  croupetons  j  (k.  qu'on  le  prend  à 
l'accroupie. 
CROUPIADER.  V.  n.  Terme  de  Marine.  Il  fignifie 

mouiller  en  croupière,  ^oytj  CROUPIÈRE. 
CROUPIAT.  f  m.  Terme  de  Marine.  Ceft  un  nœud 

qu'on  lait  fur  le  cable.  Nodus  in  June. 
CROUPIER,  f.  m.  Celui  qui  eft  alfocié  avec  nn  autre 
qui  tient  le  jeu  ou  le  dé.  Ludijoàus.  Cet  homme  ne 
pourroit  pas  jouer  fi  gros  jeUj  s'il  n'avoir  des  croupiers 
avec  lui.  En  terme  de  Bailette  &  de  Pharaon  ,  croupier 
eft  un  homme  que  le  Banquier  choifit  pour  l'avertir 
des  cartes  qu'il  oublie,  &  pour  lui  aider  à  recevoir 
&  à  payer  :  quelquefois  le  croupier  eft  intéreifé  à 
la  banque. 
Croupier,  fignifie  auili  un  allocié  fecret  en  un  traité, 
en  une  ferme ,  qu'il  laiife  mettre  &  régir  fous  le 
nom  d'un  autre,  dont  il  partage  le  gain  ,  ou  la  perte; 
à  propoition  de  ce  qu'il  y  a  avancé.  Aùcujus  ncgotii 
focius. 
Croupier,  fe  dit  auili  en  Jurifprudence  Canonique, 
d'un  conhdenriaire  qui  prête  fon  nom  à  celui  qui 
plaide  pour  un  Bénéfice.   Confidentiarius.  Ceft  ainfi 
qu'on  l'appelle  dans    le  Droit.   Quand  on   fe   défie 
dfl  Tnii  ri  roi  r  ,  on  tait  obtenir  un   dévolut  lur  foi- 
même  ,  afin  de  l'obtenir  en  tout  cas  fous  le  nom  d'un 
croupier. 
Croupier  ,  vient  fans  doute  de  croupe  ;  parce  que 
celui  qui  ell  monté  en  croupe  derrière  un  autre  ,  eft 
cenfé  fon  compagnon  de  fortune. 
CROUPIÈRE,  f  f.  Longe  de  cuir  qui  paiTe  au-deiTons 
de  la  queue  du  cheval ,  ou  autre  bête  de  montiye, 
qui  s'attache  à  la  felle  pour  la  tenir  en  état.  PoJliUna  j 
quaji  pojl  celia  ,  dit  Papias. 

On  dit  figurément  &  proverbialement  ,  Tailler 
des  croupières  à  quelqu'un  ,  pour  dire ,  le  pourfuivre 
vivement ,  le  faire  bien  aller ,   &  courir ,  lui  donner 
bien  de  l'exercice.   Aiiquem  acriter  infequi  j  perfequi. 
Croupière  ,  ou  Croupias  ,  eft  une  corde  qui  tient  le 
vaitTeau  arrêté  par  fon  arrière.    Navis   rctinacu.um. 
Ainfi  on  dit  en  termes   de  Marine  ,    Mouiller  en 
crouvicre  ,    ou    en  croupe  ,  pour  dire  ,     Jeter  un 
ancre  du  côté  de  la  poupe  pour   maintenir  les  an- 
cres de  l'avant ,  &  empêcher  un  vaiiïe.-.u  de  fe  tour- 
menter ,  ou  pour  lui  faire préfenter  toujours  le  même 
côté. 
CROUPION,  f.  m.  Os  pointu  qui  eft  à  l'extrémité  de 
l'épine  du  dos  &  proche  du  fondement.  Vropyglum. 
Il  eft   compofé  de  trois  os  j   dont  le    plus    grand 
touche  l'os  facrum  \  le  fécond  eft  plus  petit  ;  &  le 
troifième  eft  le  moindre  de  tous.  Au  bout  de  ce  der- 
nier eft  attaché  un  petit  cardLige.  Cet  os  eft  autre- 
ment appelle  coccys  ,  parce  qu'il   reiîemble  au  bec 
du  coucou.  Il  s'eft  démis  le  croupion. 
Croupion  fe  dit  auffi  particulièrement  de  cette  partie 
des  oifeaux  ,  où  font  attachées  les  l'iumes  de  leur 
queue.    Croupion  de  poularde  ,  de  chapon. 
Garnir  un  Croupion.  Ceft,  parmi  les  Rôtitfeurs  j 
Mettre  proprement  fous  la  peau  du   croupion  plu- 
fieurs  petits  lardons  ,  pour  faire  paroitte  le  chapon 
plus  gras. 
CROUPIR.  V.  n.  Demeurer  dans  une  même  fituation  j, 
fe  corrompre  faute  de  mouvement.  Defidere  .^Jiagna- 
re ,  (lare.  On   le  dit    particulièrement   des    chofes 
qui  fe  corrompent  faute  de  mouvement.  L'eau  qui 
croupit  eft  bientôt  puante.  On  le  dit  auiTi  des  per- 
fonnes  qii'on  n'a  pas  foin  de  changer  aifez  fouvenc 
de  liasse-  t-'ri  malade  j  un  paralytique  ,  un  enfant , 

F 


41  C  R  O 

eroupîroknt  dans  leur  ordure ,  fi  l'on  n'avoit  foin  de 
les  nettoyer. 
Croupir  j  fe  dit  figurcment  en  chofes  morales  ,  pour 
dire  ,  languir  honceuienienc  dans  l'oifivecé  ,  dans  ia 
nonchalance  ,  ou  dans  cjuelque  état  trifte.  Demeurer 
long-temps  dans  le  même  état.  Languere  in  orW,  lan- 
guejcere  ,  inerùu  manejcere.  Les  pécheurs  croupiraient 
reujours  dans  le  péché  ,  fans  la  grâce.  Comment 
Dieu  qui  eft  lî  miféricordieux  ,  a-t'il  laifTé  li  long- 
temps croiivir  les  nations  idolâtres  dans  l'ignorance 
de  ia  Loi  de  grâce.  Tay. 

Las  de  vous  fignaler  ^  &  de  vaincre  en  tous  lieux  j 
Allc\,  aà'e^  cvoupii  daris  un  calme  odieux.  Breb. 


Croupi  ,  ie.  parr. 

CROUPISSANT  j  ANTE.  adj.  Qui  croupit.  Stagnans  , 
de/es  j  pig<^''.  L'habitation  dans  les  lieux  marécageux 
n'ell  pas  faine  ,  à  caufe  des  eaux  croupi£'antes  qui  y 
font  d'ordinaire. 
|p;CROUPISSEMENT.  f.  m.  Etat  des  différentes  ma- 
tières qui  croupifTent.  Le  croupijfement  des  ahmens 
dans  les  intellins. 
CROUPON.  f  m.  Les  Tanneurs  j  &  ceux  qui  font 
commerce  de  gros  cuirs  ,  appellent  ainli  les  cuirs  de 
bœuf  &  de  vache  tannés ,  lorfqu'ils  n'ont  ni  tête  ni 
ventre  ,  comme  quidiroit  ,  cuit  de  croupe.  Un  crou- 
pon  de  bœuf. 
CROUSTILLE,  f  f.  Petite  croûte  de  pain.   Crufiula. 
Dans  ce  mot  &  les  fuivans  ,  prononcez  \s ,  quoiqu'ils 
viennent  de  croûte  ,  où  l'on  ne  la  prononce  point ,  & 
mouillez  les  deux  //. 
CROUSTILLER,  v.  n.  C'eft  manger  de  petites  croûtes 
en    buvant  ,    pour  refter  plus  long-temps  à   table. 
CruJluU  frujium  comedere  j  roJerc.    Ne  voulez-vous 
.    pas  crouimUr  ayez  nous  ?  Il  eft  familier 
CROUSTILLEUSEMENT.  adv.  D'une  manière  crouf- 
tilleufe  ,  boufonne  ,    plaifante.    Lepidè  ^  facetè.    Il 
faitj   il  dit  toutes  chofes  croufiilleufement.  Cela  eft 
populaire. 
CROUSTILLEUX  ,   euse.  adj.   Terme  populaire  & 
vieux,  boufon,  plaifant ,  qui  fait  rire.  Lepidusfacetus. 
Cet  homme  eft  croujiillcux. 
Croustilleux.  Ce  mot  fe  prend  encore  pour  extraor- 
dinaire ,  ridicule  ,  impertinent.    Incptus  ,  infutjus. 
On  dit   quelquefois  dans  le   difcouis   populaire  & 
familier  en  fe   Lâchant  ,  ou  en   fe  mocquant  d'un 
homme   :  Voilà   un  plaifmt  corps  ,  ou  crouJhlUux 
perfonnage. 
CROÛTACou  demi-DANTZ'KHORS.  f.m.  Monnoie 
d'argent  qui  a  coursa  Dantzick,  &  en  d'autres  villes 
du  Nord.    Les  croûtacs  valent  neuf  gros ,  à  prendre 
le  gros  pour  i8  penins. 
CROUTE,  f.f.  Partie  extérieure  du  pain  j  endurcie  par 
la  cui(ron,&  principalement  par  celle  du  four.  On  le 
dit  aullî  de  plufieurs  autres  chofes.  Crujia.  La  croûte 
d'un  pain  ,  la  cro;/r«  d'un  pâté.  La  cro.vre  hne  eft  celle 
où  il  y  a  du  beurre  mêlé  avec  de  la  fleur  de  farine. 
La  croûte  bife  eft  celle  où  l'on  n'emploie  que  la  grolle 
farine. 
Croûte  ,  fe  dit  aufll  de  tout  ce  qui  fe  féche  ,  s'endurcit 
fur  la  furface  de  quelque  chofe.  Il  fe  fait  fur  le  fel 
qu'on  garde  une  croûte  qui  eft  fort  dure  &  cpailfe.  La 
fécherelfe  avoir  fait  une  croûte  fi  dure  fur  la  terre, 
qu'on  avoit  de  la  peine  à  la  labourer. 

On  appelle  aufti  croûte  en  Chirurgie ,  cette  gale 
qui  vient  fur  les  plaies ,  quand  elles  fe  cicatnfent  ; 
éc  aulîi  ce  qui  vient  fur  les  boutons  ,  dartres  & 
autres  maladies  de  la  peau.  On  du  d'un  homme 
couvert  de  gale  ,  que  fon  corps  n'eft  qu'une  croûte. 
Croûte.  Terme  de  Conchyliologie.  Foy.  EPIDERME. 
CroÛte  de  fucre.  ^o)'£:|' Sucre. 

Croûte,  figniiîe  auftl ,  en  terme  de  Peinture  ,  un  ta- 
bleau douteux  ,  une  copie  qu'on  voudroit  faire  palfer 
pour  original,  iSc  généralement  tout  tableau  noir, 
écaillé  j  &  donc  le  plus  grand  mérite  eft  le  plus  fou- 
vent  d'être  fort  ancien. 
Croûte.  On  nomme  cuir  en  croûte  ,  le  cuir  de  vache  , 
de  cheval  &  de  veau,  quia  été  plané,  coudre  &; 


C  R  O 

tanne,  &  qu'on  a  fait  fccher ,  après  l'avoir  tiré  delà 
fofte  au  tan. 

On  appelle  auflî  ,  Parchemin  en  croûte ,  ou  par- 
chemin en  cofte  ,  celui  qui  n'a  point  été  raturé  fur  le 
fomnner  par  le  Parcheminier. 

Croûte  veloutée.  Terme  d'Anaroniie.  Willis ,  dans 
la  Pharmaceutice  rationalis  ,  prétend  que  la  croûte 
veloutée,  qu'on  prend  feulement  pour  l'épiphyfe  de 
la  tunique  nerveufe  ,  eft  véritablement  une  tunique 
particulière  alfez  épaiife  de  fa  nature  \  &:  on  peut 
l'appeler  proprement  une  tunique  glanduleufe  ,  à 
caufe  du  grand  nombre  de  glandules  dont  fa  fuper- 
lîcie  extérieure  eft  couverte. 

On  dit  d'un  avare  ,  qu'il  ne  mange  que  du  pain 
&  des  croûtes  ,  pour  dire  ,  qu'il  fait  très-petite  chère. 
On  dit  aulîi  ,  que  croûte  de  pâté  vaut  bien  pain. 
Pour  dire  ,  qu'on  portera  la  peine  de  quelque  chofe, 
on  dit  proverbialement  qu'on  en  aura  les  croûtes  à 
ronger. 

CROUTELETTE.  f.  f.  Synonyme  zl  Crouftille  ,  moins 
ulité.  Crujiuld. 

CROÛTIER.  f.  m.  Ce  mot  fe  dit  dans  le  même 
fens  que  Brocantent  qui  ne  fe  charge  que  de  mau- 
vais tableaux  ,  &  "qui  voudroit  vendre  fes  copies 
pour  des  originaux.  Ce  Peintre  n'eft  qu'un  vrai 
Croutier. 

CROUTON,  f.  m.  Morceau  de  croûte  de  pain.  Crujîa  j 
Crujlula.  Manger  un  croûton. 

CROWN  ,  ou  COURONNE.  Monnoie  d'argent  d'An- 
gleterre. 

CROY  ,  ou  CROUY.  Car  c'eft  ainfî  que  l'on  prononce. 
Bourg  fitué  proche  le  Monaftère  de  Saint-Médard 
dans  le  Soiflonnois.  Croviacum ,  Croniacum  j  Croi- 
ciacum.  Valois.  Notit.  Gall.  C'eft  de  ce  Bourg  que 
la  Maifon  de  Crouy  tire  fon  nom.  Henri  IV.  l'érigea 
en  Duché  l'an  1 598  ,  en  faveur  de  Charles  de  Croy 
Duc  d' Arfchor.  Foyei  Imhoff",  Not.  Imp.  i.  /^.  C.  1 3 . 
fur  la  Maifon  de  Croy. 

CROYABLE,  adj.  m.  &  f.  Digne  d'être  cru  ,  qui  mérite 
d'être  cru.  Credibilis.  Il  fe  dit  des  perfonnes  &  des 
chofes.  C'eft  un  Auteur  grave  ,  &  qui  eft  fort  croyable 
quand  il  dit  quelque  chofe.  Cet  Ôratelir  a  reçu  tanc 
d'applaudiflemens ,  que  cela  n'eft  pas  cvoytz^/e.  Tout 
cela  n'eft  pas  croyable. 


Ce  que  je  viens  d' entendre  ^  6  Ciel  ^  efi-il  croyable  ! 

Molière. 

|KJ"  Le  mot  de  croyable  s'applique  aux  chofes  qui 
ne  font  pas  évidentes  par  elles-mêmes  ,  ni  évidem- 
ment déduites  de  leur  caufe  ou  de  leur  effet ,  mais 
dont  la  vérité  eft  établie  par  d'autres  preuves.  On 
ne  dit  pas  qu'il  eft  croyable  qu'on  croit  que  la  neige 
eft  blanche ,  que  le  tout  eft  plus  grand  que  fa  partie  j 
mais  on  du  que  cela  eft  évident.  On  voit ,  on  connoît 
que  cela  eft  ainfi. 

lia-  CROYANCE,  f.  f.  Ce  mot  fignifie  proprement  la 
perfuafion  où  l'on  eft  de  la  véiicc  d'une  chofe  ,  d'une 
propofition  quelconque.  Le  confentement  que  l'efpric 
donne  à  quelque  choie.  Confidéré  comme  fynonymei 
z.  foi ,  il  en  diffère  par  fa  génétalité.  Le  mot  de/o 
pris  feul  ,  exprime  la  perfiiafion  où  l'on  eft  des 
myftères  de  la  religion.  La  croyance  des  vérités 
révélées  conftitue  la/o/.  ChriJlianA  fidei  capita.  Bien 
que  croyance  &c  créance  foientdeux  chofes  différentes, 
on  prononce  toujours  créance  j  à  la  fin  on  n'écrira 
plus  autrement  ^  c'eft  déjà  l'opinion  de  plufieurs ,  & 
j'y  foufcris.  Vau.  Peu  de  perfonnes  écrivent  préfen- 
tement  croyance.  La  dclicateffe  de  la  prononciarion 
a  pallc  dans  l'orthographe.  Corn.  Ces  Auteurs  ont 
mal  vu  la  deftinée  des  mors  croyance  &  créance.  Oa 
écrit  croyance  &  créance ,  fuivant  les  cas.  Les  prudens 
du  fiècle  fe  font  un  honneur  de  ne  rien  croire  ,  pour 
fe  diftiiigner  du  vulgaire  ,  &  ne  pis  hazarder  leur 
croyance.  Tall.  Dans  la  plupart  des  Chrétiens  l'envie 

'  de  croire  tient  lieu  de  croyance  :  la  volonté  leur  fait 
une  efpèce  de  foi  par  les  defirs  ,.que  l'entendement 
leur  rcfufe  par  fes  lumières.  S.  Evr.  Parmi  les  No- 
vateurs ,  diacun  s'eft  fait  un  tribunal  à  foi-même , 


CRO 


CRU 


CRU 


&  s'efl:  reixln  l'arbitre  de  fa  croyance.  Flech.   La 
croyance  des  Chrétiens  eft  contenue  dans  le  Symbole. 
Les  Idolâtres  ont  eu  des  croyanas  ridicules  6c  extra 
vagantes.  | 

Croyance  ,  lignifie  auflî  ,  opinion  qu'on  s'eft  mife 
dans  l'elpric  iur  des  railbnnemens  &  desconjeda-j 
res.  Opinio,  Scncentij.  Lu.  croyance  à' ^.n^oiaùion  , 
que  le  monde  ctoir  intini  &c  éternel.  Il  arrive  bien 
des  chofes  contre  la  croyance  générale.  Il  y  a  des 
hyperboles  ir.oins  hardies ,  &  qui  ne  vont  pas  au- 
delà  des  bornes  bien  qu'elles  foieuc  au-delHzs  de  la 
croyance  commune.  Bouh. 

Croyance,  fe  die  encore  de  la  confiance  qu'on  a  en 
une  perfonne  à  laquelle  on  ajoute  pleine  loi.  h'i- 
des ,  fiducia.  Ce  Prince  a  une  entière  croyance  en 
fes  Miniftres.  La  vertu  fouple  &  maniable  d'Atticus 
lui  attiroit  fouvent  une  croyance  &c  une  approbation 
qu'il  ne  méritoit  pas.  S.  Real. 

^CT  Corneille  dans  Poiyeuiite  a  dit  j  donner  de  la 
croyance  à  quelque  chofe.  Cette  expreffion  ,  dit  M. 
de  Voltaire,  n'cft  pas  d'un  françois  pur. 

^CT  En  etFet,  la  croyance  eft  dans  celui  qui  croit , 
&  non  pas  dans  la  chofe  qu'on  croit. 

fçCr  CROYANT,  ante.  f  Qui  lignifie  littérale- 
ment celui  ou  celle  qui  croit.  Ce  mot  ne  s'emploie 
guère  parmi  nous  qu'en  parlant  de  celui  qui  croit 
ce  que  la  religion  enleigae.  Qui  Chrijl'ianin,  Fïdci 
capuibus  credu ,  fidein  habei.  Les  Juifs  appeloient 
Croyons,  ceux  qui  faifoienc  profeflion  de  la  Reli- 
gion Judaïque  ,  par  oppofition  aux  incrédules. 
Abraham  ei'c  appelé  dans  lEcriture  ,  le  Père  des 
Croyans.  Credendum  Pater.  Les  Turcs  fe  font  appro- 
priés le  titre  de  Mufulmans  ,  qui  veut  dire  en  leur 
langue  Vrais  Croyans. 

Les  Albigeois,  ou  du  moins  quelques-uns  parmi 
ces  Hérétiques ,  ont  été  appelés  Croyans.  Voyez 
jaa  SS.  Mail,  Tom.  VU.  p.'  t%i.  B.  Ceux  des 
Albigeois  qu'on  nommoit  Croyans  ^  menoient  une 
vie  déplorable,  parce  que,  mêlant  avec  les  plus  énor- 
mes crimes  une  auftérité  apparente,  ils  s'alluroient 
d'être  fauves  par  la  feule  foi,  fans  être  obligés  , 
à  ce  qu'ils  prétendoient ,  ni  à  la  confeflion  de  leurs 
péchés ,  ni  à  la  reftitution  de  cequ'ils  avoient  pillé 
par  les  ufures ,  les  rapines ,  les  brigandages  dont  ils 
ne  fe  faifoient  aucun  fcrupule ,  non  plus  que  de 
tous  les  autres  déréglemens  de  la  volupté ,  à  la- 
quelle ils  s'abandonnoient  avec  une  liberté  effré- 
née ,  ne  doutant  pas  de  leur  falut ,  pourvu  qu'a- 
vant de  mourir  ils  pulfent  recevoir  l'impohtion  des 
mains  de  quelqu'un  de  ceux  qu'ils  appeloient  les 
Bons-hommes  ou  les  Parfairs.  P.  Benoit. 

CROYE.  f.  f.  Terme  de  Fauconnerie,  qui  fe  dit 
d'une  mal.adie  des  oifeaux  de  proie  j  ou  efpèce  de 
gravelle  qui  leur  caufe  de  l'obllrudion  dans  la  veifie. 

CRU. 

fk?  CRU.  f.  m,  Produit  d'un  fonds  de  terre  qui  ap- 
partient à  quelqu'un,  ou  plutôt  un  terroir  où  quel- 1 
que  chofe  zïoii.  Fundus.  On  le  dit  particulièrement' 
du  blé,  du  vin,  des  fruits  ,  &  généralement  de  cou- 
res fortes  de  denrées.  Ces  fruits  font  de  mon  cru. 
Il  ne  boit  que  du  vin  de  Ion  cru,  c'eft-à-dire  ,' 
tiré  des  vignes  &  vignobles  qui  lui  appartiennent. 

\fT  Quelquefois  il  fignifie  la  même  chofe  qu'ac-  ' 
crollfement.  Ces  aibrcs  ont  bien  poulfé  j  voilà  le, 
cru  de  cette  année.  8 

fit?  Dans  le  ftyle  figuréj  mais  familier,  on  dit; 
qu'une  chofe  eft  du  cru  de  quelqu'un  j  pour  dire; 
qu'elle  vient  de  lui ,  que  c'efî  lui  qui  l'a  inventée.- 
Toutes  les  circonftances  du  fait  que  vous  nous  con-i 
tez,  font  de  votre  cru.  Cet  écrivain  ne  nous  donne' 
rien  de  fon  au,  il  ne  fait  que  compiler.  > 

ifT  Qkm.  Part,  du  verbe  croître.  Champignon] 
€ru  en  une  nuit.   Natus  ,  orcus.  Voye:^  Croître. 

IJC?  Cru.  Part,  du  verbe  croire.  Foye\  ce  mot. 

§Cr  Cru  ,  par  oppofition  à  cuit.  Voye^  Crud. 
Cru   ScCrud.  Terme  de  Fauconnerie.  Le  cru  du 
builfon,  c'eft-à-dire  ,  le  milieu  du  builfon  où  fej 


43 


met  la  perdrix  pour  fe  garantir  des  chiens.  On  ui'c 
auiîî  le  creux  du  buiifon. 
CRUAUIE.  f.  f.  Paifion  féroce  qui  exclut  tout  ien- 
timent  d'humanité,  &  nous  porte  à  faire  du  mal 
aux  autres ,  fans  avoir  delfcin  de  les  rendre  meil- 
leurs ,  par  pure  infenfibilité  ,  ou  par  le  plauir  de  les 
voir foutî"rir. /'"t'}t-;{  Barbarie,  Inhumanité.  i.ru- 
delàds  j  Jkvuia.  L2.  cruauu  leroit  naturelle  aux  hom- 
mes, h  la  vertu  n'en  étoit  le  correé^if.  Il  anûa 
le  cours  d'une  cruauté  li  barbare  &:  fi  deteftabiC. 
S.  EvR.  L'amour  que  nous  avons  pour  la  vie,  le- 
double  notre  averlion  pour  la  cruauté.  M.  EbP.  il  ne 
faut  pas  prendre  une  cruauté  lâche  &  alfouvie  j  pour 
la  clémence.  Ib.  Les  Anglois  avides  de  la  ciucuté 
du  fpeéfaele,  veulent  avoir  des  mtUitres  is;  des 
corps  fanglans  fur  la  fcene.  S.  EvR.  Dans  Tacite 
la  cruauté  eft  prudente,  &  la  violence  avifée.  1d. 
L'humeur  chagrine  du  Roi  dégénéra  en  cruauté.  S. 
EvR. 

Engrai^e-toi,  mon  fils ,  du  fuc  des  malheureuK , 
Vas  par  tes  cruautés  mériter  la  jortune. 

BoitEAU. 

Dans  le  fond  de  la  Thrace  un  barbare  enfanté ^ 
EJl  venu  dans  ces  lieux  fouffier  la  cruauté. 

Racine. 

Cruauté  ,  fe  dit  des  bêtes  fanguinaires  &  féroces. 
La  cruauté  des  tigres ,  des  ours,  des  lions. 

^fT  On  dit  auifi  la  cruauté  Ai\  fort,  du  deftin,  de 
la  fortune  &  de  chofes  femblables  que  l'on  paroît 
perfonniher. 

Cruauté,  fignifie  auffi  l'aétion  même  qui  eft  cruelle. 
Les  Turcs  ont  fait  foufFrir  d'étranges  cruautés  aux 
Chrétiens. 

Cruauté,  fe  dit  figurément  en  chofes  morales,  & 
fur-tout  dans  les  exprelîions  amoureufes,  5:  fignifie  j 
dureté  ,  rigueur ,  infenlibilité.  Tous  les  amans  fe 
plaignent  eus  uudutts  de  leurs  maicreffes.  Vos  yeux 
exercent  une  grande  tyrannie  fur  mon  cœur.  Hé- 
las !  vous  appelez  votre  cruauté  le  foin  de  votre 
repos  P.  Di  Cl.  Quoi  !  vous  voulez  éprouver  ma 
conftancc  par  un  ellai  de  toutes  vos  cruautcs.  S.  Evr- 
La  cruauté  n'eft  point  fi  dangereufe  que  des  bontés 
prodiguées,  ôc  mal  ménagées.  Id. 

//  ne  faut  point  qu'une   rare  beauté 
Ait  trop  d'amour  J  ou  trop  de  cruauté  j 
L'une  dégoûte  j  &  l'autre  defefpere.  Main. 

Haï  de  tous  'les  Grecs  ^  preffé  de  tous  côtés  j 
Me  faudra-t-il  combattre  cncor  vos  cruautés? 

Racine. 

Cruauté  j  fignifie  quelquefois  une  chofe  fâcheufe  , 
odieufe,  inlupportable  C'eft  une  crwjwrirde  lai'ler 
jouer  cet  homme  -  là  avec  ces  filoux  ,  il  perdra 
tout  fon  argent.  Il  fignifie  quelquefois  fimplcment, 
c'eft  dommage.  C'eft  une  cruauté  d'abattre  cette  belle 
allée  qui  vient  fi  bien,  de  couper  ce  taillis  qui  n'a 
que  quatre  ans ,  de  ruiner  ce  pavillon  qui  eft  fi  bien 
bâti. 

§Cr CRUCHE,  f.  f.Vailfeau ordinairement  déterre  ou 
de  grès  \  large  par  le  ventre ,  étroit  par  le  cou  ,  fer- 
vant  à  puifer  de  l'eau,  à  mettre  ou  tranlporter  des 
liqueurs.  Il  a  une  anfe.  Hydria.  Remplir  une  cru- 
che d'eau.  Vider,  calfer  fa  cruche.  Les  Danaides  font 
repréfentées  avec  des  cruches  ,  &:  occupées  à  remplir 
leur  tonneau. 

Ce  mot  vient  de  l'Allemand  krug,  fignifiant  la 
même  chofe. 

Cruches  fÉcondï s  ,  qui  viennent  du  Levant.  Le  Sr. 
Paul  Lucas  en  a  apporté  en  France.  Les  meilleures 
fe  fabriquent  dans  une  ville  de  la  H.iute -Egypte, 
nommée  Kana  ,  près  des  mines  de  Dindera.  Ces 
cruches  rafraîchilfent  les  liqueurs  en  très- peu  de 
temsj  &C  l'on  y  fe  me  fur  l  extérieur  de  la  falade, 
qui  y  croîtj  &  eft  bonne  à  manger  en  4.  ou  8.  jours 

1-  ij 


CRU 


CRU 


On  dit  que  l'eau  qui  a  été  quelque  temsT     àale, çoviV  dire  Une  incifioa  faite  en  forme  dé  croix. 

crrat/zcjj  a  la  vertu  de  guérir  les  dylfente-j 


dans'ces  cruches ^  a  la  vertu  de  guérir  les  dyirente-]      Cruels  Jormam  rejcrens. 

ries  &  pertes  de  fang  caufées  par  quelque  vailfeau  CRUCIATA.  f.  f.  Plante.  Fcyei  Croisette.  Ceft  la 
xom-^n  ànm  \q  CQi^s.  Toy âge  de  Paul  Lucas.  \      même  çhofe. 

CruchEj  fignifiehguréinent  ^populairement  un hom-  CRUCIFERE,  adj.  m.  &  f.  On  appelle  colonne  a^ci- 
me  bète  &.  ftupiJe  ,  qui  ne  fait  point  taifonner.!  /ère  toute  colonne  qui  porte  uiie  croix,  &  qui  e 11 
Stolidus  j  fiupidus  j  plumbeus.  |      pofée  fur  un  piédeftal ,  ou  fur  des  degrés  pour  fer- 

On  dit  proverbialement  i  tant  va  la  cr/^cAe  àreau,!      vir  de  monument  de  piété  dans  les  cmiétièresj  ou 
quà  la  fin  elle  fe  brife^  pour  dire,  qu'à  force  dej      devant  les  EgUfes,    ou  dans  les  places  publiques, 
«'expoier  aux  dangers ,  on  y  demeure  à  la  fin.  On  ]      Crucijcr. 
dit  auflià  ceux  qui  veulent  trop  s'opmiâtrer,  trop  '  |^j   Crucifère,  adj.  Terme  de  Botanique,  qui  s'ap- 


tourmenter  un  homme,  vous  le  feriez  devenir  cru- 
che. 

CE.UCHÉE.  f.  f.  Plein  une  cruche.  Ce  que  peut  con- 
tenir une  cruciie.  Une  cruchce  d'eau  fraîche.  Il  a 
une  crachée  d'huile. pour  fa  provifion.  Les  Artichaux 
d'un  an  ou  de  deux  doivent  être  arrofés  régulière- 
ment deux  ou  trois  fois  la  femaine  à  une  crachée 
dans  chacjue  pied.  La  Quin. 

CRUCHER^E. f. f. Terme  du  difcours  familier,  qui  ne 
fe  dit  qu'en  riant,. &  fignifie,  folie,  bctife  ,  ftu- 
pidité.  Stultiùa_,  infanïa  ^  ftoMitas.  On  deman- 
doit  un  jour  à  Madame  la  Marquife  de  Sablé  , 
pourquoi  elle  prenoit  des  précaurions  fingulières 
•  pour  fa  fanté  ,  &;  pourquoi  elle  avoir  tant  d'appré- 
henfion  de  la  mort,  c'elt  là  ma  crucherie^  répon- 
dit elle.  Dank 


plique  aux  plantes  dont  les  fleurs  font  difpofées  en 
forme  de  croix ,  comme  dans  le  crelfon ,  le  thla- 
fpi ,  le  chou ,  6'c. 
CRUCIFIEMENT,  f.  m.  Le  fupplice  qu'on  faifoit  au- 
trefois endurer  fur  la  croix.  Cruels  fupplicïum.  Le  cru- 
cijiemcnt  de  J.  C. 

Le  Grand  Con{l.antin ,  après  avoir  embralfc  la 
Foi  Chrétienne  défendit  de  faire  endurer  aux  cri- 
minels le  fupplice  de  la  Croix  ,  par  le  refpeét  qu'il 
avoir  pour  le  crucifiement  de  J.  C.  Voye\  au  mot 
Croix  ,  comment  fe  faifoit  le  crucifiement  chez  les 
Anciens. 

On  le  dit  auflîdes  tableaux  qui  repréfentent  le 
crucfiement  de  J.  C.  Les  Peintres  ont  lait  des  cru- 
cifiemens  de  diverfes  manières.  Chrfiu  In  Cruce  mo~ 
rïentïs  in  tahella  adumhratio ,  delineatio. 


CRUCHON,  f  m.  Petite  cruche.  J7rW<2.  Dans  les  caves!  Crucifiement,  fe  dit  figurément  en  chofes  mora- 


on  fe  fert  de  cruches  &  de  cruchons. 
CRUCIAUE.  Bulle  de  la  Cruclade.  Ce  mot  fe  trouve 
dans  l'hiftoire  de  Jérôme  Acofta ,  touchant  l'origine 
&  le  progrès  des  revenus  Ecclélialliques.  Voici  ce 
qu'il  en  dit_,  p.  175.  Les  Rois  d'Efpagne  tirent  encore 

aujourd'hui  un  très-grand  revenu  de  la  Bulle  qu'on!  »        1        ^1  •       c- 

nomme  la  Cmciade.  L'on  fait  que  les  Bulles  des   CRUCIFIER,  v.  a.  Attacher  a  la  croix,  faire  moarir 
Papes  pour  avoir  la  permillion  de  manger  pendant 


les  des  pallions ,  des  fentimens  &  des  inclinations 
de  la  nature,  pour  marquer  leur  extin(5tion.  Ceft 
alors  un  terme  de  fpiritualité.  Extinciio  j  reprejflo. 
L'oraifon  eft  le  crucfiement  de  toutes  nos  paflions  , 
la  mort  de  notre  amour  propre.  Madame  de  la 
"Vall. 


le  Carême,  des  œufs ,  du  fromage  ,  &  quelques  au- 
tres chofes  femblables  ,  ont  beaucoup  de  cours  en 


en  croix.  In  Crucem  tôlier e^  agere  y  Cruce  afficere, 
Cruci  affigere  ,  fî^ere.  Nos  péchés  ont  érc  caufe  que 
les  Juifs  ont  crue  fié  i.  C.  qu'ils  l'ont  fait  mourir  en 
croix. 


Efpagne.   Celle  de  la  Cruciade  fe  publie  folennel-S  r        ^    r     i-    r 

lement,  &  dure  trois  ans,  du  jour  qu'elle  a  été l Crucifier,  avec  le  pronom  perfonnel,  fe  dit  figu- 


publiée.  L'on  fait  trois  prédications  dont  la  pre- 
mière s'appelle  fiufpenfion,  parce  qu'elle  fufpend 
toutes  les  autres  Bulles  qu'on  auroit  pu  prêcher  \ 
enforte  que  ceux  qui  veulent  jouir  des  permif- 
fions  que  leur  donnent  les  autres  Bulles,  font 
obUgés  de  prendre  celle- ci.  La  féconde  prédica- 
tion fe  nomme  compofition  ,  parce  qu'elle  contient 
une  claufe  qui  remet  l'obligation  de  reftituer  juf- 
qu'à  la  fomme  de  1 5.  ou  20.  ducats ,  quand  on  ne 
fe  fouvient  pas  à  qui  l'on  doit  reftituer.  On  nomme  j 
la  troiheme  reprédication  ^  parce  qu'on  prêche  de] 
nouveau  .la  première  &  la  féconde.  1 


rément  des  perfonnes  dévotes  qui  ont  renoncé  au 
monde  pour  s'attacher  à  Dieu.  Chrifti  in  Cruce  mo- 
rientis  dolores  &mulari  ;  fie  totum  Chrifiti  in  Cruce  mo- 
rientis  ohfiequio  ^voluntati  mancipare.  Ils  itioni  cru- 
cifiés en  elprit. 

On  dit  hyperboliquement,  qu'un  homme  fe  fe- 
roit  crucifier  pour  de  l'argent,  pour  fervir  fes  amis, 
plutôt  que  de  faire  une  telle  chofe  ;  pour  dire  qu'il 
feroit  capable  de  faire  tout  pour  fes  amis,  pour  de 
l'argent  3  qu'il  cndureroit  toutes  fortes  de  lourmens 
plutôt  que  de  faire  une  telle  chofe. 
Crucifié,  ee.  Part.  Saint  Paul  ne  vouloit  rien  fa- 


„  /1-      ■  .  I      yoiïmcomxoitïQ  mQhCcrucifié.Crucifii.\-us,affixuSy 

Outre  ces  prédications,  on  en  aioute  une  qua-i      r  n^ 

trieme,  6i  Ion  publie  au   moins  nx  Jubiles,   ^.^^i ril^lr^v^l 


font  taxés  à  huit  maravedis  par  tête,  &  à  quatre 
pour  les  morts.  Chaque  Jubilé  produit  au  Roi  d'Ef- 
pagne plus  de  vingt -cinq  mille  ducats  par  an.  Les 
Efpagnols  font  monter  le  revenu  que  le  Royaume 
tire,  tant  des  Bulles  que  des  Jubilés,  pendant  les 
trois  ans  de  la  Cruciade  ,  à  un  million  vingt-quatre 
mille  ducats,  tous  frais  faits,  c'eft-à-dire^  fans  comp- 
ter la  dépenfe  des  Prédicateuts ,  des  Exécuteurs 
èc  des  Imprimeurs  des  Bulles. 

Les  Papes  ont  fouvent  accordé  aux  Rois  d'Ef- 
gne  &  de  Portugal,  des  Bulles  de  la  Cruciade, 
pour  lever  des  décimes  fur  les  Eccléfiaftiques,  fous 
prétexte  des  guerres  qu'ils  avoien:  contre  les  In- 
fidèles. Nous  apprenons  des  Hiftoriens  Portugais, 
que  leur  Roi  Jean  II.  en  ayant  obtenu  une  d'In- 
nocent VIII.  pour  le  fecourir  dans  la  guerre  qu'il 
avoir  en  Afrique  j  ce  Pape  la  lui  vendit  bien  cher  j 
car  il  ôta  au  Royaume  la  liberté  qu'il  avoit  de  ne 
recevoir   aucune  Bulle  venant   de  Rome  j   qu'elle 

•  ne  fût  auparavant  examinée  dans  le  Conleil  du 
Roi  de  Portugal,  f^oye:^  Emanuel  Telles  dans  la  vie 
de  Jean   II.  imprimée  à  Lisbonne  en  16S9. 

CRUCIAL,  ALE.  adj.  Terme  de  Chirurgie  qui  ne  fe 
dit  guère  que  dans  cette  phrafe.  Une  incifio»  -cru- 


\  CRUCIFIX,  f .  m.  Croix  où  J.  C.  eft  repréfenté  at- 


taché. Chrifii  in  Cruce  pendentis  effigies  j  imago.  On 
met  un  Crucifix  dans  toutes  les  Eglifes  fur  l'entrée 
du  Chœur.  Il  y  a  des  Chapitres  ou  J.  C.  eft  le 
premier  Chanoine  ,  il  a  les  fruits  d'une  Prébende.  Il 
y  a  dans  l'Eglife  ParoKriale  de  Caudebec  un  Crucifi.x 
hngulier,  6c  peut-être  unique  dans  fonefpece.  Ce 
n'ert  ni  la  Sainte  Vierge,  ni  Saint  Jean  l'Évangelifte, 
ni  la  Madeleine  ,  qui  fe  tiennent  au  pied  de  la 
croix  ,  comme  dans  prefc[ue  toutes  nos  autres  Egli- 
fes ^  c'eft  notre  premier  père  Adam  qui  en  em- 
I  bralfe  le  pied ,  un  genouil  en  terre  ,  fans  autres 
vêtemens  qu'une  ceinture  de  feuilles  d'arbre j  Se 
tenant  de  la  main  droite  un  calice  ou  une  coupe, 
pour  recevoir  le  fang  qui  coule  des  plaies  du  Sau- 
veur. Deficript.  Géogr.  &  Hifl.  de  la  Haute-Norm.  T,  I. 

On  dit  proverbialement  des  dévots  outrés ,  & 
des  hypocrites,  que  ce  font  des  mangeurs  de  Cru- 
cifix. 

On  dit,  mettre  les  injures  qu'on  a  reçues,  met- 
tre fes  reftentimens  aux  pieds  du  Crucifix ,  pour  di' 
re,  oublier  pour  l'amour  de  Jéfus-Chrift  crucifié 
les  reftentimens,  les  injures  qu'on  a  reçues.  Ac ad. 
Fr. 


CRU 

•On  dit  populairemenc ,  faire  le  demi  -  Cr^ayf.v  ,  ' 
pour  dire ,  demander  l'aumône  ,  parce  qu'ordinaire- 
ment les  gueux  alongen:  un  bras  de  côté  pour  de- 
mander la  charité. 
Crucifix.  Confraternité j  ou  Archiconfraternité  du 
Crucifix  à  S.  Marcel  à  Rome ,  eft  une  Société  ou 
Confrérie  qui  s'exerce  en  diftérens^  aétes  de  cha- 
rité. On  appelle  ceux  qui  y  font  allociés,  les  Con- 
frères du  Crucifix.  Foye^  le  P.  Helyot  ,  T.  FUI. 
p.  3^5. 
CRUCIFIXION,  f.  f.  Crucifiement.  L'adion  de  cruci- 
fier j  d'attacher  à  une  croix  ^  l'état  d'un  homme  at- 
taché à  la  croix.  Crucifixio.  Le  P.  Joieph ,  Capu- 
cin ,  ayant  établi  l'Ordre  de  Notre-Dame  du  Cal- 
vaire ,  donna  à  l'un  des  Monafteres  de  Paris ,  le 
nom  de  Crucifixion ,  afin  d'imiter  &  d'honorer  le 
Myllère  de  la  compalîîon  de  la  Sainte  Vierge  aux 
douleurs  de  J.  C.  Il  ordonna  qu'à  cet  effet  il  y_  eut 
jour  &  nuit ,  fans  interruption  ,  une  Religieufe  au 
pied  de  la  croix ,  afin  de  réparer  par  une  efpèce 
d'amende  honorable ,  &  par  des  aétes  d'amour  & 
de  reconnoillance  ,  les  outrages  que  font  les  pé- 
cheurs à  cet  arbre  de  vie.  P.  Heliot,  Tome  F 
Chap.  46. 

Prefque  tous  nos  Auteurs  fe  fervent  de  Crucifie-, 
ment;  mais  M.  Bayle  &  quelques  autres  ,  &  prin- 
cipalement les  Proteftans ,  atteclent  de  dire  tou- 
jours Crucifixion.  Milfon  ,  parlant  de  S.  Pierre  qui 
fut  crucifié  la  tète  en  bas ,  du  que  le  tableau  de 
cette  Crucii'ixion  fe  voit  à  lEglife  de  S.  Paul  aux 
trois  fontaines,  de  la  main  du  Guide.  Lorfqu'on  con 
facroit  l'Euchariftie  dans  l'ancienne  Eglife  ,  on  rom- 
poit  toujours  le  pain  à  l'exemple  de  J.  C.  pour  re- 
préfenter  fa  Paillon  &  fa  Crucifixion.  De  la  Ro- 
che. Si  l'on  ajoute  tout  ce  qui  fe  palfa  entre  la  con- 
damnation &  la  Crucifixion^  ainli  que  S.  Matthieu  le 
raconte ,  il  s'enfuivra  qu'il  étoit  bien  huit  ou  neirl' 
heures  quand  le  Seigneur  fut  attaché  à  la  croix. 
Le  Clerc. 
^CJ"  CRUD,  ue.  adj.  On  ne  prononce  pas  Xod.  Il  fe- 
roit  plus  hmple  de  ne  point  le  mettre  j  on  ell  même 
obligé  de  le  retrancher  au  féminin.  Crud  eft  l'op- 
pofé  de  cuit,  &  fe  dit  généralement  des  fruits,  des 
viandes ,  des  alimens  qui  n'ont  pas  encore  reçu 
par  l'adion  du  feu  ou  par  un  certain  degré  dj 
chaleur  ,  la  préparation  nécelfaire  pour  pouvoir 
lervir  de  nourriture  à,  l'homme.  Crudus,  Les  fruits 
cruds  ne  font  pas  fi  fains  que  les  fruits  cuits.  La  chair 
crue  fe  conferve  moins  que  la  cuire. 
^C7  Crud,  fe  dit  dans  les  arts  &  métiers  de  plufieurs 
chofes  qui  n'ont  pas  encore  reçu  la  préparation , 
1  apprêt  neceilaire  pour  être  employées. 

La  colle  ne  vaut  rien  crue ,  il  faut  là  cuire.  Du 
chanvre  tr^/c^qui  n'a  pas  encore  été  trempé  dans  l'eau. 
Canabis  nondum  macerata.  De  la  foie  crue  ,  qui  n'elt 
ni  lavée  ni  teinte.  Bombyx  nondum  abluta ,  non- 
dum tincla.  Les  petits  velours  à  un  poil ,  crêpes  & 
crêpons  fe  lont  de  foie  teinte  fur  le  crud.  Les  fa- 
lins,  damas  &:  vénitiennes,  ne  doivent  point  être 
faits  de  foie  teinte  fur  le  crud.  Toutes  ces  étoffes 
doivent  être  de  foie  cuire  en  chaîne  ,  trame,  poil  ou 
broche  \  ou  toutes  de  foie  crue  ,  fans  aucun  mélange 
de  crue  Se  de  cuite.  Teindre  fur  le  crud,  ou  teindre 
à  demi- bain,  ne  fe  dit  que  de  la  teinture  des 
foies.  C'eft  mettre  les  foies  à  la  teinture ,  fans  les 
avoir  auparavant  parfaitement  décreufces. 

Teindre  fur  le  Fil  crud,  qu'on  nomme  plus  com- 
munément Fil  écru.  C'eft  celui  qui  n'a  point  été  mis 
à  la  lellive  ,  foit  pour  le  blanchir,  foit  pour  le  tein- 
dre. 

On  le  dit  encore  de  ce  qui  eft  indigefte.  Le  me- 
lon eft  crud  fur  l'eftomac. 

En  Chimie  on  appelle  de  l'antimoine  crud,  quand 
il  eft  tel  qu'il  fort  de  la  mine  ,  fans  préparation. 
Du  mercure  crud,  &c. 

En  Médecine  9n  dit  que  les  humeurs  font  crues  , 
•  lorfque  la  chaleur  naturelle  eft  folble,   &  qu'elles 
n'ont 


CRU  4; 

nés  entendent  par  des  humeurs  crues,''  des  humeurs 
qui  ne  font  pas  broyées  comme  elles  le  doivent  être. 
Ce  font  ceux  qui  veulent  que  dans  le  corps  tout 
fe  falfe  par  trituration. 
Crud  ,  fe  dit  aulîi  d'un  cuir  qui  n'a  reçu   aucune 

préparation  ni  apprêt. 
Crud,   fe  dit  figuiément  des  dilcours  défobligeans 
auxquels  ou  n'apporte   aucun   adouciflement  pour 
ôter  ce  qu'ils  ont  de  rude  ou  de  choquant.  Durus ^ 
afiper ^  rigiJus  _,  feverus.  Faire  un  pareil  reproche  à. 
quelqu'un,  cela  eft  bien  crud.  Ne  nous  établillons 
point  d'opinion  fur  l'opinion  de  nos  maîtres,  &  no 
recevons  pas  leur  doclirine  toute  crue.  S.  Evr.  il  lui 
conta  cette  nouvelle  toute  crue. 
Crud  ,  fe  dit  aulli  des  ouvrages  ,  des  compcfitions 
d'efprit  qui  font  encore  informes ,  qui  n'ont  pas  la 
perfeétion  requile.  Impexus  ,  impolitus  ,  imperjcclus. 
Cet  Auteuf  a  lailfé  ion  ouvrage   imparfait,  il  eft 
encore   tout  crud  ,    il   n'y  a  pas   mis  la   dernière 
main.   . 
ifT  Crud  ,  &  mieux  Cru  ,  eft  encore  un  terme  da 
Peinture  qui   s'applique  aux  lumières  ,   lorfque  les 
grands  clairs  font  trop  près  des  bruns ,  &  aux  cou- 
leurs, lorfqu'elles   font  trop  entières  &  trop  for- 
tes. 
A  Crud  ,  fe  dit  adverbialement.  Un  homme  armé 
à  crud.   Cataphracius  3  concinuo  Jerro  teclus  Jinè  inte- 
riorivefie  ,  ocreatus  fine  ûbialibus  ;  botté  à  crud,  c'eft- 
à-dire,  fans  habits,   fans  bas  fur  la  peau.  Monter 
un  cheval  à  crud,  c'eft-à-dire ,  fans  felle  ,  ou  à  poil. 
Nudo   cquo  infidere. 
Crud  ,  f  m.  En  termes  de  Fauconnerie.  Foyc-{  Cru. 
CRUDELITE.  i.  f.  Mot  formé  du  Latin  Crudelitas  , 
qu'on  employoït  autrefois  pour  cruauté.  On  difoit 
aulli  Cruex  j  crueux  &c   crueufement  j  pour  cruel  ôc 
cruellement. 
CRUDITE,  f.  f.  Qualité  des  fruits  &  des  viandes  qui 
n'ont  pas  encore  reçu  par  l'adion    du    leu  ,    par 
la  cuilfon  proprement  dite ,  la  préparation  nccef- 
faire  pour  pouvoir  fcrvir  de  nourriture.  On  le  dit 
de  même  de  ce  qui  eft  indigefte.  Cruditas.  La-cra- 
diCi  du  melon  ,^dc  la  châtaigne  ,  des  coins  ,  eft  plus 
dangereufe  que  celle  des  autres  fruits.  La  bille  d'a- 
cier qu'on  tair  bouillir  dans  l'eau,  ôte  (zcrudice. 
L'eau  pannce,  où  l'on  a  trempé  du  pain  j  perd  fa 
crudité 
Ip"  Crudité  des  humeurs  en  Médecine  ,  c'eft  la  mau- 
vaife  qualité  des  humeuis  qui  ne  font  pas  digérées. 
On    entend  proprement  par  crudita  ,   les  humeurs 
crues  contenues  dans  les  premières  voies ,  produites 
par    des   alimens  mal   'digérés.  Saburra    cruda  ;   &ç 
cTMc/^Vi  d'eftomac ,  fi  elles  font  fentir  leurs  mauvais 
effets  dans-  l'eftomac.  Ces  viandes  engendrent  des 
crudités.   Il  a  des  crudités  dans  l'eftomac. 
§0"  Crudité  des  couleurs  &:  des  lumières.  F.  Crud, 

terme  de  Peinture.  . 

CRUE.  i.  f  Quand  il  vient  de  croître ,  il  fignifie, 
augmentation.  Incrementum ,  ûccrejfio  ,  accejp.o.  La 
crue  des  rivières  vient  de  la  fonie  des  neiges.  Les 
Anciens  admiroient  la  crue  du  Nil  en  été,  parce 
qu'ils  n'en  connoilfoient  point  encore  la  fource. 
Crue  fe  du  particulièrement  des  augmentations  des 
rivières,  caufées  parles  pluies  ou  parla  fonte  des  nei- 
ges. Les  crues  des  rivières  ont  caufé  dans  toute  l'Eu- 
rope à  la  fin  de  1746.  des  inondations  affreufes  , 
&  des  dommages  infinis.  Voilà  une  terrible  crue. 
Cette  crue  a  inondé  toutes  les  vallées.  La  Loire  eft 
dangereufe  dans  fes  grandes  crues. 
Crue",  eft  encore  la  féconde  partie  de  la  taille.  Oa 
l'impofoit  ci-devant  par  une  commiftion  particulière 
fur  le  pied  de  la  grande  taille.  Irihuti  acce(fio.  On 
diftinguoit,  taille  ,'taillon,  crue,  fubfiftance,  étapes, 
te  qui  font  à  préfent  confondues 
Crue,  fe  dit  aulli  pour  croiflance ,  augmentation  de 
grandeur.  Cet  arbre  a  pris  toute  fa  crue.  Par  exten- 
fion  ,  il  fe  dit  auflî  des  hommes.  Cet  enfant  n'a 
pas  pris  toute  fa  crue.  Foye^  Croissance. 


acquérir 


pas  la  préparation  que  la  d!c;eftion  leur  fait  Crue,  en  termes  de  Palais,  eft  iin  parifis,  ou  cin- 
:ir  ordinairement.  Quelques  Médecins  moder- 1     quième   denier    qu'on  ajoute   à   l'eftimation    des 


4^ 


CRU 


1 


CRU 


meubles  prifés  par  un  huillier,  &  qui  feit  de  fup-'CRUELISER.  v.  a.  Mot  nouveau  &  peu  en   ufage  , 


plémcnc  puui.  les  remetne  à  leui:  julte  valeuc.  ^'^c- 
cejjw.  Quand  Il-s  meubles  d'un  invencaue  n'ont  point 
cte  vendUi  a  l'encan  j  on  les  eiluiie  avec  la  crue 
<lans  un  compte ,  dans  un  partage.  Les  veuves  ont 
d'ordmaire  Ihpulé  l'avantage  de  prendre  leiu"  prc- 
ciput  en  meubles,  fuivant  la  pniée,  &  hnscrue. 
fer  CRUEL  ,  tLLh  adj.  Celui  qui  ie  plaît  à  faire  du 
mal  aux  autres  par  inrenlibilité  de  cœur,  ou  par 
le  plailir  de  les  voir  fouffru".  Crudeiis.  On  le  dit 
des  peri'onnes  &  des  adions.  Les  peuples  fauvages 
font  cruels.  'Voilà  une  action  crueile  ôc  fanguinaire. 
Les  gens  cruels  font  d'ordinaire  des  lâches  j  qui 
cherchent  leur  fûretc  en  exterminant  ceux  qui  IcS 


pour  due  ,  traiter  avec  cruauté.  J'aime  les  btiies 
cruelles  ;  mais  je  ne  veux  pas  qu'elles  me  crutlijent 
longuement.  'Vasconia.  U  elt  peu  de  femmes  ca- 
pables de  crueùjer  un  amant  couronné.   Maa'-'  Dv 

NoYhR. 

CRUELLEMENT,  adv.  D'une  manière  cruelle.  Cru- 
deiicer  ^  inhumanker ,  atroàicr.  Il  l'a  tait  mourir 
cruclkment.  Ces  Auteurs  le  font  déchirés  cruede- 
menc  dans  leurs  écrits.  Je  hais  crueUcment  ceux  qui 
n  ont  de  l'elprit  que  pour  déplaire.  Ch.  dh  Mer. 
V aide 3  muxiiîiè,  pej^ime.  Ce  critique  s'attache  cruel- 
lement lur  tous  leî  Ouvrages  ,  &  ne  trouve  rien 
de  fuppoi table  dans  les  livres.  Balz. 


pourroient  blelfer.  Mont.  La  ReUgion  nous  com-'CRUEMENT. adj.  D'une  manière  duie,  fans  qu'on 


fe  donne   la  peine  d'adoucir  ce  quil  y  a  de    mal 
ou  de  fâcheux  dans  ce  qu  on  dit  ou  dans  ce  qu'on 
fait.  Aujierè  ,  J'everè  j  parum  comittr.  Il  ne  faut  pas 
dire  aux  gens  tout  cruement  leurs  vérités  ,   quand 
on  veut  qu'ik  en  profitent.  Les  Grecs  le  piUoient 
tout  cruement  les  uns  les  autres.  Chaicp.  Omràno  , 
palùm ,   audacltr. 
toute 'fa   vie.  C'eft  mourir  d'une  mort  traeZ/e,  que   CRUPELLAIRE.  f.  m.  Crupellarius.  Les  Crupellaires 
de  mourir   de  la  pierre.  C'eft  une  toile  imagina- 
tion de  croire  que  la  vertu  adoucit  la  rigueur  des 


mande  des  chofcs  ditficiles,  mais  elle  n'eft  m  attreu- , 
fe,  ni  cruelle.  Ben.  _         ! 

Cruel,  fe  dit  auiîi  des  animaux  féroces.  Les  tigres; 
d'Hircanie  font  fort  cruels. 

Cruel,  fe  dit  encore  des  chofes  douloureufes.  Durus, 
afpcr  ^acerhus  ,  crudeiis  ,  moleftus.  C'efl  un  tourment 
cr^e/que  la  ialoulie.  Une  deftin  cruel  l'a  perfécuté 


fupplices  les  plus  ct.Wj  ,  M.   Esp.  Le  Magiftrat  qui 
punit  un  fcélérat  par  Ic-s  plus  cruels  fupplices ,  ne 


ccoient  chez  les  anciens  Gaulois  des  Soldats  armés 
de  toutes  pièces ,  de  pied  en  cap.  CaCùpkrucii  mUi- 
tes. 
CRUPÉZIA.  yoye^  Castagnettes. 


doit  avoir  pour  fa  perfonne  aucun  mouvement  de  3  CRURAL,  ale.  adj.  Terme  d'Anatomie.  Eft  l'épi 


haine 

Cruel,  fe  dit  aufii  pour,  dur,  fâcheux,  nuifible , 
accablant. 

Que  les  Dieux  fontcuxsh,  quand  ils  font  trop  faciles  ! 
Helas  !  que  les  refus  font  quelquejois  utiles  !  Mol. 

Les  Stoïciens  fe  piquoient  d'une  fermeté  intrépide 
dans  les  plus  cruelles  difgraces.  S.  Evr.  Il  avoir 
routes  les  apparences  d'une  entière  liberté  d'efprit 
dans  les  plus  cruelles  agitations.  S.  Reaï,.  Un  Ipec- 
tacle  fi  funerte  &  fi  cruel  ôta  l'ufage  des  pleurs  à 
ce  per.e  délolé.  Fel. 

Le  Ciel  a  pour  nos  vœu.x  une  bonté  cruelle  ; 
II  devrait  être  fourd  aux  aveugles  fouhaits. 

La  Font. 

Cruel  ,  fe  dit  aufli  des  chofes  qui  font  fimplement 
rudes ,  fâcheufes.  Les  Amans  difent  que  lablence 
eft  une  chofe  cruelle  ,  que  leur  Mairrelfe  eft  cruelle , 
quand  elle  ne  fatisfiit  pas  leurs  defirs.  On  le  dir 
même  des  fimples  paroles.  Epargnez  -  moi  de  ii 
cruelles  converlations.  P.  de  Cl.  Quand  on  eft  ac- 
coutumée à  être  jeune  6^  belle ,  c'eft  une  cruelle 
chofe  de  fe  voir  vieille  &   laide.  M.  Scud. 

Ne  m'affhjjîne^  point  de  vos  ciueh  adieux.  Corn. 

Ah  !  pour  jamais  adieu:  fonge^-vous  en  vous-même. 
Combien  ce  mot  ctuel  ef  affreux  quand  on  aime. 

Racine. 

Cruel  ,  fe  dit  fimplement  pour  mauvais.   Voilà  un 
cruel  tems  ,  pour  dire  ,  un  vilain  tems. 

On  ne  voit  plus  qu  Alcefle^ou  Théfee ,  ou  Cadmus  j 
Quoiqu'on  n'y  trouve  point  de  machines  nouvelles , 
Que  les  vers  foient  mauvais  ^  que  les  voix  foient 
cruelles ,   Se.  La  Font. 


thète  qu'on  donne  à  la  groffe  artère  &  à  la  grollè 
veine  de  la  cuilfe.  Crurum  artcriA.  L'artère  crurale 
vient  de  l'iliaque  ,  ou  plutôt  c  eft  l'artère  iliaque 
qui  change  de  Hom,  i?c  qui  s'appelle  crurale,  dès 
qu'elle  eft  entrée  dans  la  cuilfe.  Elle  porte  le  fing 
dans  toute  cette  extitmité  par  un  grand  nombre 
de  branches.  La  veuie  crurale  elt  formée  de  iîx  au- 
tres veines,  qui  font  la  fphène,  la  grande  c?i  la 
petite  iciatique  ,  la  mufcule  ,  la  poplitique  ,  ou  la 
jarietierre  ,  &  la  kirale.  Elle  reporte  le  fang  de 
toute  lextrémitc  inférieure  daus  la  veine  iliaque. 
Il  y  a  aulli  un  mulcle  c]u'on  appelle  crural,  qui 
eft  attaché  à  l'os  de  la  cuifte ,  comme  le  branchial 
l'cft  à  l'os  du  bras,  &  qui  va  s  inférer  au  haut  du 
gros  os  de  la  jambe. 

CRUSCA.  Ce  mot  eft  Italien  ,  &  fignifie  le  fon,  ou 
ce  qui  refte  quand  la  farine  elt  biutce.  Il  n'eft  ea 
ufage  que  dans  cette  phrafe  \  l'Académie  de  la 
Crujca.  C'eft  une  Académie  établie  à  Florence  pour 
la  perfeélion  de  la  langue  Tofcane.  Elle  a  pris  fon 
nom  de  Ion  etiiploi ,  5:  de  la  tin  qu'elle  fe  piopo- 
fe  ,  qui  eft  d'épurer  la  langue  Tofcane,  &  pour  ainii 
dire,  d'en  fcparer  le  fon.  Sa  dcvife  eft  un  bluteau, 
avec  ce  mot  italien  ,  Il  pià  bel  Jior  ne  ccgue  ,  c'eft- 
à-dire,  Il  en  recueille  la  plus  belle  fleur.  Dans  la  fille 
où  fe  tient  cette  Académie  tout  fait  allution  à  fon 
nom  Ck  à  fa  devife.  Les  lièges  ont  la  forme  d'une 
hotte  à  porter  du  pain,  leur  dolher  celled'une  pèle  à 
remuer  le  blé  ;  les  grandes  chaifes  font  faites  en  fa- 
çon de  cuves  d'oher,  ou  de  paille,  où  l'on  garde 
le  blé  j  les  couflins  des  chailes  font  de  fatin  gris 
en  forme  de  facs  ;  les  étuis  dans  lefquels  on  met 
les  flambeaux,  reflèmblent  aulli  à  des  facs.  C'eft  ce 
que  rapporte  Monconis  dans  fon  premier  voyage 
d'Italie. 

Le  Diéfionnaire  de  la   Crufca ,  eft  un  Didion- 
naiie  Italien  compofé  par  cette  /académie. 

CRUSTACE  &  mieux  CRUSTACEE.  adj.  Animal  qui 
n'a  point  de  fang  ,  &  qui  eft  couvert  d'écaillés  divi- 
fées  par  des  jointures  différentes. Cr^iîrec7z^j. M.  Wod- 


re 


r  on. 


v/ard  dans  fon  Hiftoire  Naturelle,  remarque  que  pour 
On  dit  qu'un  homme  fait  le  cruel  quand  il  ne  tous  les  coquillages  î>c  les  nautiles ,  &  dans  toutes 
pond  pas  bien  aux  cajoleries  qu'on  lui  fait  ;  &'  les  couches  de  différentes  matières  que  l'on  tire  de  la 
au  contraire ,  qu'une  femme  n'eft  pas  cruelle,  pouri  terre,  il  ne  fe  rencontre  prefqu'aucun  de  ces  poif- 
d  re  honnêtement,  qu'elle  eft  de  facile  compoii-        fonsC/vz/^iZc/w  ou  couverts  d'une  écaille,  tels  que  les 

écreviiïes,  dont  la  raifoneft,dit  cet  Auteur,  que 
CCS  fortes  de  poiftons  étant  plus  légers  que  les  co- 
quillages, ils  ont  dû  au  déluge  refter  à  la  furface 
de  la  terre,  après  l'aftaiftement  de  différentes  cou- 
ches, Se  s'y  corrompre,  enforte  qu'il  n'en  eft  de- 
meuré prefque  aucun  veftige.  Jcurn.  des  Sav. 


Cruel,  pour  le  mafculin  ,  &c  Cruelle,  pour  l-^  fé- 
minin, eft  aulli  quelquefois  fubftantif.  Néton  étoic 
un  C'uel. 

Jamais  Surintendant  ne  trouva  de  cruelles.  Eoil. 


CRU       C  R  Y 

'        L  ecrévifTe  eft  un  poifloii   Cru[iacée ,  fait  à  peu 

piès  fomme  le  Icoipion.  Andry. 

13"  On  dit  fublbncivemen:,   les  Crujiacées.  Le 

homar  eft  du  genre  des  Crujiacces. 
CRUYS-DAELDLR.  f.  m.  Monnoie  d'argent  qui  fe 

fabrique  à  Conisberg ,  ville  de  la  Pruire  Ducale, 

&  qui  a  cours  dans  les  Etats  du  Roi  de  Prulfe,   Hc 

tlans  plulîeurs  autres.  Le  Cruys  vaut  trois  tiorins  <Sc 

feize  gros. 
CRUZADE.  f.  f.  Monnoie  d'argent  de  Portugal,  bac-i 

tue  d'abord  fous  Alphonfe  V.  vers  1457.  dans  le 
tems  que  Callilte  IIL  y  envoya  la  Bulle  d'une  cro; 
fade  contre  les  Infidèles.  Elle  étoit  frappée  aux  ar 
mes  de  Portugal,  &  portoit  une  croix  fur  le  revers 
ce  qui  la  fit  appeler  cruiade.  Une  cru:[adc  vaut 
quarante  fous.  Les  pewples  ont  accordé  un  million 
de  cruiades  pour  l'entretien  des  Minières  que  l'on 
envoyé  dans  les  Cours  étrangères ,  pour  celui  des 
garnifons,  &  pour  le  paiement  de  quelques  dettes 
contradécs  durant  la  guerre.  Le  Quien  de  la  neuf. 
En  Portugais  on  dit  CV«^aifo ,  de  Cra.Vj  croix.  Les 
nouvelles  cruiades  ne  valent  que  trente  fous  de 
notre  monnoie.  Mariana  dit  dans  fon  fliftoire,  Liv. 
22.  Ch.  ij.  que  la  cru:;^ade,  monnoie  de  Portugal  a 
été  fabriquée  fur  le  motif  de  la  Croilade  accordée 
par  Nicolas  V.  au  Roi  de  Portugal. 
CRUZE.  Nom  d'une  Peuplade  de  l'Ifthme  de  Pa- 
nama ,  fur  la  rivière  de  Chagres,  à  quinze  ou  dix- 
huit  lieues  de  ce  port.  Cette  Peuplade  eft  com- 
pofée  d'une  centaine  de  cafés.  Elle  devint  conli- 
dérable  par  plufieurs  habitations  des  environs.  Il 
y  a  un  Alcade,  nous  dirions  en  François  un 
Bailli,  qui  dépend  du  Préfident  de  Panama.  Cru-:ie 
eft  à  fept  lieues  de  Panama.  Le  chemin  eft  affreux  j 
ce  ne  font  que  roches  pointues ,  qu'il  faut  monter 
^  dcfcendre. 

C  R  Y. 

CRYPTE,  f.  f.  Lieu  fouterrain  ménagé,  pratique  fous 
terre ,  &  principalement  fous  une  Eglife  ,  ordinai- 
tement  pour  enterrer  les  morts.  Crypta.  M.  Ciam- 
pini  ,  dans  fon  Traité  de  Sacris  édifiais  à  Conf- 
tantino  M.  conftniclis ,  en  parlant  des  dehors  de  l'E- 
glife  du  Vatican ,  décrit  la  Crypte  de  S.  André  , 
celle  de  fainte  Pétronille,  celle  de  Sainte  Marie 
aux  Fièvres  ,  &c  les  Cryptes  de  Saint  Paul  dans  la 
voie  d  Oftie  ,  &  de  Saint  Laurent,  On  trouve  dans 
l'hiftoire  de  l'Eglife  de  Meaux,  T.  I.  p.  41.  &Juiv. 
la  delcripiion  de's  Cryptes,  ou  des  catacombes  de 
Jouarre.  Les  Cryptes  étoient  voûtées.  Dans  Vitru- 
ve,  c'eft une  partie  d'un  bâtiment  qui  répond  à-peu- 
près  à  ce  que  nous  appelons  cave  ,  ou  caveau.  Juve- 
ï\z\,fdt.P'.v.  io6.  a  pris  ce  mot  pour  cloaque,  égoûr, 
parce  que  les  égoûts  font  des  lieux  cachés  ious  terre, 
&  voûtés  ,  que  l'on  pratique  pour  conduire  les  or- 
dures dans  une  rivière.  L'Abbé  de  Maroles  l'a  tra- 
duit vcûte. 

Ce  mot  vient  de  x^iiilij ,  ahfcondo  ,  je  cache,  d'où 
s'eft  fait  «juotIij  Crypta  ,  une  Crypte,  un  lieu  caché 
fous  terre. 

^fT  Crypte  ,  en  termes  d'Anatomie ,  fe  dit  de  cer- 
taines parties  qui  préfentent  un  orifice  en  forme  de 
petite  foffe. 

CRYPTOGRAPHIE,  f.  f.  L'art  d'écrire  d'une  ma- 
nière cachée ,  inconnue  à  tout  autre  que  celui  à 
qui  on  l'adrelfe.  L'art  des  chiffres ,  l'art  d'écrire 
en  chiffres.  Cryptographla.  La  Cryptographie  eft  né- 
cedaire  dans  les  Bureaux  des  Secrétaires  d'Etat. 

Ce  mot  eft  grec,  compofé  de  x.^ivrcs ,  ahfcondi- 
tus  j  occuhus  ,  de  y.çâsr»  j  ahfcondo  j  occulta  ,  & 
y^it(pa,   fcriho. 

CRYPTÔGRAPHIQUF.  adj.  m.  &  f  Qui  appar- 
tient .à  la  cryptographie.  Cryptographicus  ,a,  um. 
Un  Mémoire  cryptographique  ,  un  mémoire  en  chif- 
fres ;  des  lettres'  cryptographiques. 

CRYPTONYME.  f  &  adj.  C'eft  le  nom  que  les  Sa- 
vans  donnent  aux  Auteurs  qui  fe  font  cachés  ou 
déguifés.  Les  Auteurs  Cryptonymes  font  de  plufieurs 


C  R  Y       eu  B 

fortes  ,  les  uns  font  imprimer  leurs  ouvrages  fans  y 
mettre  leur  nom ,  &;  on  les  appelle  Anonymes ,  les 
autres  y  mettent  un  nom  faétice  &  inventé  à  plai- 
fir,  &  on  les  appelle /yèW(j«jTOej  .•  d'autres  le  ca- 
chent fous  le  nom  véritable  de  quelque  Autour  de 
réputation,  &  cherchent  à  leur  attribuer  di.s  ou- 
vrages qu'ils  n'ont  pas  faits,  comme  a  fait  pUiiieurs 
fois  le  Dominicain  Annius  de  Viterbe  ,  ôc  on  les 
appelle  Allonymes ,  ou  impoftcurs  ^  (^  d'autres  ne 
font  que  tranfporter  les  lettres  de  leur  nom,  & 
en  trouver  un  autre  dont  ils  fe  fervent,  &  tjui  eft 
l'anagramme  du  véritable.  Ce  font  ceux  là  qui  font 
les  véritablci:  Cryptonymes ,  ôc  qui  ont  donné  ce 
nom  à  tous  les  autres.  Adrien  Eaillet  avoit  com- 
mencé un  ouviMge  avec  le  recueil  de  tous  les  »-'  )/>- 
tonymes  j  mais  il  nui  a  fait  imprimer  que  la  pre- 
mière partie,  fous  le  titre  d'Auteurs  aeguijcs  ,  Le 
mot  de  Crypconyme  vient  du  Grec  «pi-Vra,  je  cache^ 
&C  ota^f, ,  nom. 

CRYPTO-PORTIQUE,  f  m.  Lieu  fouterrain  Se  voûté, 
arc  pns  par  fous-œuvre  dans  un  vieux  niur  j  Sc 
au-delTous  du  rez  -  de-chauifée.  Cripto- porticns. 
Crypto-portique  fe  dit  aulli  de  la  décoration  de  l'en- 
trée d'une  grotte.  Il  vient  du  Grec  xçisrxof ,  caché,  & 
du  Latin  porticus, 

CRYSALIDL.  Foyei  CHRISALIDE.  C'eft  ainfi  qu'il 
faut  l'écrire. 

CRYSTAL  ,  CRYSTALLIN,  CRYSTALLISER.  C'eft 
ainfi  qu'il  faudroit  écrire  j  mais  on  écrit  ordinai- 
rement cnJJal ,  &c. 

CRYSTALIEK.  foye,^  Cristalier. 
fSTALLIN.  Voye:^  Cristallin. 

CRYSTALLISATIÔN.  Foye-^  Cristallisation.'    ' 

CRISTALLISE,  ÉE.  Foye^  Cristallisé. 

CRYSTALLOMANTIE.    Foye^  Cristallomantik. 

CRYSTAUX   de  Verdet.   Foye:^  Cristal. 

fpy  CRYSTINE.  f  f.  Monnoie  d'argent  qui  a  cours  en 
Suéde  elle  vaut  14  fous   11   deniers  de  France. 

fp3'  C- SOL -UT.  Terme  de  Mufique,  par  lequel 
on  défigne  un  ton  d'ut.  Un  air  en  c-Jbl-ut.  La  clef 
de  c -fol -ut. 

C  T  E. 

CTÉSIPHON.  Ville  d'Afic  fur  le  Tigre  ,  vis-à-vis  de 
Séleucie.  Ctefiphon.  On  croit  que  Ctefiphon  fut  bâtie 
par  les  Parthes ,  pour  l'opporer  à  Séleucie.  Pline 
dit,  L.  IV.  c.  iG.  qu'elle  fut  la  capitale  du  Royaume 
deBabylone. 

CTESIPHON.  f  m.  Fameux  Arcbitede  ^  qui  eft  auffi 
nommé  Cherfiphron ,  donna  les  delfeins  du  Tem- 
ple de  Diane  dEphefe,  qui  furent  exécutés  en  par- 
tie fous  fa  conduite,  <Sc  en  partie  fous  fon  fils 
Méragène  &:  d'autres  Architeétes.  CrcZ/T/'/io/?  inventa 
une  m.achine  dont  il  fe  fervit  pour  tranfporter  les 
colonnes  qui  dévoient  fervir  d'ornement  à  ce  Tem- 
ple j  les  ayant  fait  amener  depuis  les  carrières  où 
on  les  avoir  taillées,  jufqu'à  Ephefe.  Dicl.de  Peint. 
&  d'Architecl, 


eu.  Foye-^   CUL, 


C  U. 


C  U  A. 


CUADAC.  Ville  e\-  Port  d'Afie ,  dans  le  Tonquin  j 

fur  la  rivière  de  même  nom. 
CUATI.  Foyci  COATI. 

C  U  B. 

CUBA.  île  de  l'Amérique,  la  plus  gr.md,;  des  An- 
tilles. C/^/^^z.  Chrirtophe  Colomb  découMtir  l'Ile  de  \ 
Cuha\  fon  fécond  voyage,  l'an  149^-  ^  ^■^  nom- 
ma Juana  ,  en  l'honneur  de  la  Reine  Jeanne  j  & 
enfuite  Ferdinanda,  en  l'honneur  de  Ferdin.-!nd  , 
Roi  d'Arragon.  Quelques-uns  difenr  qu'elle  fut 
encore  appelée  A  Sc  O.  Elle  a  repris  fon  ancien 


C  U  B 

nom  de  Cuba ,  qu'elle  conferve  encore  aujourd'hui. 
Sa  capitale  eft  la  Havana.  Elle  ell  dans  la  mer  du 
Mexique,  &  s'étend  du  couchant  au  levant,  ayant 
environ  150.  lieues  de  longueur.  Dans  la  monidre 
largeur  elle  a  douze  à  qumze  lieues,  &c  quarante 
dans  la  plus  grande.  C'ell  dans  l'Ile  de  Cuba  que 
l'on  trouve  le  Caninga^    arbre  qui  a  le  goîit  de  la 
cannelle  &  du  girofle.  On  trouve  de  l'or  dans  les 
rivières  ,   &  il  y  a  des  mines  de  cuivre  très-abon- 
<lantes.  La  chair  de  cochon  y  elt  la  plus  faine  de 
routes,  lly  a  entre  la  ville  de  Saint  -  Salvador  &  celle 
de  Saint -lago,  une  vallée    toute    pleine  de  cail- 
loux li  ronds  j   qu'on  s'en  fert  pour   des  boulets 
de  canon.    Il  y  a  des  tortues  très    grandes.   On  en 
tire  du  gingembre,   de    la    cafle  ,  du  maftic,   de 
l'aloës ,  de  la  {aifepareille ,  du  fucre ,  des  peaux  , 
du  cuivre  &  de  l'or. 
CUBA  ,  ou  CUBE.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  An- 
cienne DéelTe  des  Romains,  ainfi nommée  de  Cuba, 
je  fuis  couché  ,  parce  que  c'étoit  la  Divinité  qui 
avoir  foin  de  ceux  qui  étoient  au  lit ,  qui  étoient 
couchés.  On  metttoit  les  enfans  fous  la  protedion 
de  la  DéelFe  Cuba  ,    de  la  Dcelfe  Edufe  &  de  la 
Déiïè  Potinejafin  qu'ils  bulfent  j  qu'ils  mangeaflent 
■6c  qu'ils   dormiirent  bien. 
CU-By\S.  f.  m.  Jeu   de  cartes  qui  a  quelque  rapport 
au  Commerce  ,   excepté   que    dans  le   Commerce 
on  cherche  à  amafler  des  cartes,  &  à  celui-ci  on 
cherche  à  s'en  défaire.  On  joue  avec  le  grand    jeu  j 
&  l'on  donne  aux  joueurs  chacun  cinq  cartes  j  puis 
on  en  étale  à  découverr  fur  le  tapis    huit    autres  du 
talon.  Lorfqut;   le  premier  en  carte  apperçoic  une 
carte  dans  ces  huit,  femblable  à  une  des  liennes, 
comme  s'il  a  un  valet ,  &   qu'il  en  voie  un  dans 
les   huit   cartes,    il  le    couple    avec   le   fîen ,    & 
hs   met    bas  devant  lui  j   c'en  eft    déjà  une  dont 
il  eft  défait.  Les  autres   en  font  de  même  à  leur 
tour  :  puis  il  recommence.  Ceux  qui  n'en  ont  au- 
cune dans  leur  jeu  pareille  à  l'une  des  huit,  met- 
tent bas  leurs  cartes  à  découvert,  ce  qu'on  apelle 
mettre  cu-bas.  Cette  augmentation  aide  encore   aux 
autres  à  fe  défaire  de  leurs  cartes.  Celui  qui  s'eft 
plutôt  défait  de  fes  cinq  carres  j  gagne  ce  que  cha- 
cun a    mis   pour   \e  cu-bas. 
eUBATURE,  ou  CUBATION.  f.  f.  Terme  de  géo- 
métrie, l'adion  de  cuber,  ou  la  méthode  de  cu- 
ber une  quantité ,    de   la  réduire    en  cube  Aciio 
vel  methodus  cubandi  quantitatem  aliquam  ;  Cubatura. 
Dans  les   Mémoires  de  l'Académie   1714,  il  y  a  un 
article  des  cubaturcs  fphériques. 

fCF  La  cubature  confifte  à  mefurer  la  folidité  des 
corps  ,  comme  la  quadrature  confifte  à  en  mefurer 
la  lurface.  Quand  on  a  déterminé  cette  folidité  , 
on  trouve  enfuite  un  cube  qui  foit  égal  au  folide 
propofé,  &c'eft-là  proprement  ce  qu'on  appelle 
cubature. 
CUBE,  f.  m.  Corps  folide  régulier,  qui  eft  compofé 
de  fix  faces  carrées ,  &  qui  a  toutes  fes  faces  éga- 
les j  aulfi-bien  que  fes  angles.  On  l'appelle  aufli 
hexaèdre  ,  à  caufe  de  fes  fix  faces.  Cubus  j  qua- 
dratum  undique  Jolidum.  Les  dez  font  des  petits 
cubes. 

Ce  mot  vient  du  Grec  kÙ^os  ,  qui  fignifie  tejfera^ 
ou  de-{.  La  duplication  du  cube  eft  un  des  problêmes 
fameux ,  recherché  inutilement  par  les  Géomètres. 
Voye^   Duplication. 

Le  cube  eft  le  fymbole  de  la  fermeté  Sfde  laconf- 
tance  ,    &  peut  faire  le  corps  d'une  devife. 


C  U    B 


Un  cube  qui  s'y  voit  de  quatre  vents  battu , 
De  fon   ame  immobile  exprime  la  vertu. 

P.   LE    M. 

Cube  j,  eft  un.tetme  premièrement  de  Géométrie  ,  2°. 
d'Arithmétique  ,  tant  ordinaire  que  fpécieufe  , 
c'eft- à-dire  d'Algèbre.  Cube  en  termes  d'Arithmé- 
tique ,  eft  un  nombre  produit  par  deux  multipli- 
cations. La  première  eft  la  multiplication  d'un  nom- 


qui  fait  \6  carré  de  quatre.  La  féconde  eft  la  mul- 
tiplication de  ce  produit  i(S  par  le  même  nomme 
4j  ce  qui  produit  64,  qui  eft  le  nombre  cube, 
ou  le  cube  de  quatre.  En  un  mot ,  le  cube  eft  le 
produit  d'un  quatre  multiplié  par  fa  racine,  c'eft- 
à-dire  ,  par  le  nombre  qui  l'a  produit  \  \G  par  4. 
Le  cube  eft  la  troifième  puilTance  de  l'Algèbre.  64 
eft  un  nombre  cube  produit  par  la  multiplication 
de  4,  qui  eft  fa  racine  cubique,  par  lui-même, 
ce  qui  fait  16.  à  fon  carré,  &  de  ce  carré  16  mul- 
tiplié derechef  par  4. 

En  Algèbre  le  cube  fe  marque  en  écrivant  trois 
fois  de  fuite  la  même  lettre  -,  ddd  eft  le  cube  de 
d :,  ou  bien  en  écrivant  3  après  le  ^  ,  ou  toute  autre 
lettre  quelconque  en  forme  de  létrine.  Ainfi  (j??  w'j^ 
àc.  font  les  cubes  de  </,  de  /tz,  de jy  ;  &;  le  cule  s'ap- 
pelle en  Algèbre  la  troifième  puilTance  du  nombre 
par  lequel  il  eft  produit.  La  première  eft  la  ra- 
cine ,  la  féconde  eft  le  carré  ,  &  la  troifième  eft  le 
cube.  La  première  eft  d^ ,  la  féconde  a-,  &  la  troi- 
fième t/'. 

Cube  cubique,  f.  m.  Terme-  d'Arithmétique.  C'eft  le 
cube  d'un  nombre  cubique.  C'eft  le  produit  d'un 
nombre  cubique  muliipUé  par  lui  -même  ,  &  mul- 
tipliant le  produit  de  cette  première  multiplication  j 
8  eft  le  cube  de  1.  Multipliez  8  par  8  ,  vous  aurez 
<Î4  par  8  ,  il  vous  donnera  512.  Ce  produit,  ou 
512,  eft  un  cube  cubique.  L'expofant  àw  cube  cubi- 
que eft  <5. 

Cube  ,  eft  auffi  quelquefois  adjedif,  &  fignifie  cubi- 
que. Undique  y  ex  vmni  parte  quddrutus.  Un  pied 
cube,  une  toife  cube,  font  les  mefures  des  corps 
folides.  Ce  muid  contient  tant  de  pieds  cubc^  d'eau. 
Ce  rempart  a  tant  de  toifes  cubes  de  terre. 

CUbÈBE  f.  f.  1  erme  de  Pharmacie.  Fruit  qu'on  ap- 
porte de  Java,  qui  elt  m-ic  He  dp<:  ind^a  Cucii- 
tales.  Ce  font  des  grains  qui  rellemblent  en  forme 
&  en  grolTeur,  au  poivre  rond,  qui  croilleiu  en- 
taffés  de  m.ême  que  les  baies  de  lierre ,  &  qui  ont 
une  petite  queue.  Leur  goût  eft  acre  &  aiomati- 
que.  Les  habitans  de  Java  les  font  bouillir  avant 
de  les  vendre ,  afin  qu'on  ne  les  puilfe  pas  femer 
dans  d'autre  pays.  L'arbre  qui  les  porte  elt  fembla- 
ble au  pommier ,  &  a  des  feuilles  qui  approchent 
de  celles  du  poivre.  Les  cubèbes  fortifient  tous  les 
vifcères,  &  fur-tout  le  cerveau.  On  en  met  en  di- 
verfes  compofitions. 

CUBICULAIRE.  f  m.  Valet  de  chambre.  Du  Latin 
Cubicularius.  Saint  Ambroife  fut  engagé  à  écrite  fon 
Traité  du  Myftère  de  l'Incarnation  par  deux  Cubi- 
culaires.  Valets  de  chambre  de  l'Empereur  Gratien, 
qui  étoient  Ariens.  Fleury. 

CUBIQUE,  ou  CUBE.  adj.  Qui  appartient  au  cube, 
qui  en  a  la  figure.  Ex  omni  parte  quadratus.  Quel- 
ques Anciens  ont  attribué  à  la  terre  la  figure  cubi- 
que. Un  pied  cubique.  Les  nombres  cubiques  font 
ceux  qui  peuvent  fe  ranger  en  cubes,  comme  8  ou 
27  ,  dont  les  côtés  font  2  &  5 ,  &:  les  baies  font 
49.  Tout  nombre  cubique  multipliant  un  nombre 
cubique,  produit  un  autre  nombre  cubique.  La  racine 
cubique  eft  un  nombre  lequel  étant  premièrement 
mulriplié  par  lui-même,  &  multipliant  enfuite  fon 
carré ,  produit  celui  dont  il  eft  la  racine  cubique^. 
Par  exemple,  la  racine  cubique  de  125.  eft  5 ,  parce 
que   5.  multipliant  fon  carré  25,  produit  le  cube 

§3°  Extraire  la  racine  cubique ,  c'eft  Trouver  un 
nombre ,  lequel  étant  multiplié  deux  fois  de  fuite 
par  lui- même, donne  le  cube  propofé.  Par  exemple, 
2  par  rapport  à  8  ;  2  fois  2 ,  2  fois  4. 

En  termes  d'Anatomie ,  on  ne  dit  point  cubique 
pour  marquer  ce  qui  a  la  forme  cube ,  mais  cu- 
Doïde.  Vcye-;^^  ce  mot. 
CUBISTÉTER.  f.  m.  Les  anciens  appeloient  ainfi 
ceux  qui  danfoient  les  pieds  en  haut  &  la  tête  en 
bas.  Cette  efpèce  de  dnnfe  ctoit  admife  dans  la  fête 
appel  ée   Confularia.  Kv€itr1y,T>i^. 


tre  par  lui-même,  comme  4  multiplié  par  4,  cejCUBIT.  f.  m.  ou  COUDEE,  f.  £  C'eft  une  des  mefu- 
res 


-C  U  B       eue 

res  applicitives  ,    dont  on  fe  Terc  en  Angleterre  , . 
pour  mefurer  les  longueurs. 

|p"CUBiTAL,  ALE.  adj.  Cubuaiïs ,  du  mot  iatin  cu- 
bitus^ qui  ligmhe  le  coude  ,  partie  du  corps  humain, 
&  coudée,  mefure  d'un  pied  6c  demi.  Le  mot  latin 
euhuaiis  fe  prend  dans  ces  deux  feiis  \  mais  le  ii\\\- 
çois  cubital  ne  fe  dit  que  de  ce  qui  .appartient  au 
coude.  En  anatomie,on  du  muicle,  md  cubital , 
artère  cubitide. 

On  appelle  cuhitd  externe  ,  cubital  interne  ,  deux 
mufcles  du  bras ,  dont  le  dernier  elt  le  premier  des  \ 
fléchiireurs,  qui  ell  placé  le  long  de  l'os  cubitus,  &c 
qui  eft  en-dedans  du  bras  ^  raifous  pour  lefquelles 
on  lui  a  donne  ces  deux  noms.  Il  prend  Ion  origine 
du  condyle  inférieur  &:  interae_de  l'humérus,  & 
couché  le  Ion';  de  la  partie  inférieure  de  l'os  du 
coude,  il  palIe  par-deilous  le  ligament  annulaire, 
^'  va  s'inférer  par  un  gros  tendon  au  petit  os  du 
carpe ,  qui  elt  fitué  fur  les  autres.  Le  cubital  externe 
eft  le  premier  des  extenfeuis.  Son  nom  lui  vient  de 
ce  qu'il  eft  placé  le  long  de  l'os  cubitus,  &  extérieu- 
rement. Il  prend  l'on  origine  de  la  partie  polléneure 
du  coude,  palfe  fous  le  ligament  annulaire  ,  &c  va 
s'inférer  à  la  partie  fupérieure  &  externe  de  l'os  du 
métacarpe  qui  foutient  le  petit  doigt.  L'artère  ç^- 
bitale  s'enfonce  entre  l'os  du  coude  ,  &  les  parties 
fupérieures  des  mufcles  pronateur  ,  rond  ,  fublime  , 
palmaire  &■  radial  interne.  Enfuite  elle  quitte  l'os, 
&  fe  glilfe  tout  le  long ,  entre  le  mufcle  fublime,  & 
le  mufcle  cubital  interne  jufqu'au  poignet ,  pour  al- 
ler gagner  le  ligament  tranfverfal  interne ,  ou  gros 
ligament  du  carpe.  Dans  ce  trajet  elle  hiit  plufieurs 
rameaux  en  ferpentant ,  &  donne  plulîcurs  bran- 
ches. Wi>4SLOW.  Le  nerf  cubital  naît  de  l'union  de 
la  feptième  paire  cervicale  &  de  la  première  paire 
dorfale.  Il  communique  avec  la  racine  intérieure  du 
nerf  médian.  Id. 

CUBITUS,  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  Cubitus.  Ce  mot 
eft  Latin ,  mais  on  l'a  introduit  dans  la  Langue  Fran- 
çoife:  les  Chirurgiens  s  en  lervent  en  parlant  &  en 
écrivant.  L'os  cubitus  eft  cet  os  de  l'avant  bras,  long, 

*  irrégulièrement  triangulaire,  dont  l'extrémité  fu- 
périeure fe  termine  par  deux  apophyfes ,  dont  l'une 
fjrm;  le  coude.  Cubitus. 

CL'3  JÏDE.  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  Os  du  pied  qui 
a  la  forme  d'un  cube.  Cuboides.  Ce  inot  eft  Grec  , 
&  viint  de  xvôof,  cuhus 3  cube,  &  ei'^o?,  forme.  Le 
cuboide  eft  carré,  &  a  prefque  la  figure  d'un  cube. 
Quelques-  uns  le  nomment  Multijorme.  Il  eft  (itué 
au  devant  du  calcaneum  ,  auquel  il  eft  joint  par  une 
fuperhcie  inégale  \  il  s'articule  encore  avec  le  fep- 
tième o^  du  tarfe  j  &  fi  on  l'examine  feul ,  on  y 
trouve  fix  faces  comme  à  un  dé.  Dionis. 

CUBOCU3IQUE.  Terme  d'Algèbre.  Ceft  la  neuviè- 
me puilfance  des  nombres,  ou  un  nombre  multiplié 
huit  fois  par  lui-même.  Ainfi  le  nombre  de  ^iz  eft 
un  cubocubtquc ,  dont  la  racine  eft  i  multiplié  huit 
fois. 

CUBOSAMA.  f.  m.  Nom  de  dignité  au  Japon.  Général 
d'armée.  Dux  ^  Imperator.  C'étoit  autrefois  la  pre- 
mière dignité  de  l'Empire  Japonois.  Cubo  veut  dire 
Chef  de  Klilice  ,  cSc  Sarrra  fignihi  Seigneur,  Un  Cu- 
bofama  avant  ufurpé  l'empire  fur  le  Dairo,  lui  lailfa 
fon  nom  Se  tous  les  dehors  de  la  royauté ,  &  retint 
U  titre  de  Cubofama  avec  prefqne  toute  l'autorité 
royale. 

eue. 

eue  A.  f^oye^  Coca,  c'eftla  mêmechofe. 

CUCCICAPIGI.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Portier  du 
Serrail.  roye-^;  CAPIGI. 

CUeCINC  IMBHOORBASSL  f.  m.  O^cier  de  la 
Maifon  du  Grand  -  Seigneur  ,  premier  Ecuyer  de  ce 
Prince.  Primas  (lahuli  Magifler  apud  Turccis.  Le 
Cuccing  ImbroorhaJJi ,  en  l'abfence  de  l'Imbroorbadi, 
c'eft-à-dire,  du  Grand  Ecuyer,  commande  la  petite 
Ecurie,  tant  pour  les  chevaux  de  felle  que  pour  les 
mulets ,  chameaux ,  &  autres  bètes  de  voiture  qui 
Tome  III. 


eue  49 

portetit  réqiiipage  de  l'Empereur  quand  il  eft  en 
campagne  ,  6i  de  même  dans  le  Serrait.  U  a  foin  en- 
core de  faire  lournir  les  fourrages  Hc  munitions  à 
ceux  .i  qui  il  en  eft  du,  pour  leurs  chevaux  ou  autres 
voitures. 

CUCERON.  f.  m.  Petit  infedke  qui  fe  met  dans  les 
lentilles ,  les  pois ,  les  téveroles  &  autres  légumes  , 
excepté  la  fève  blanche  ou  haricot,  qui  n'eft  fujet  à 
aucune  vermine  ni  lulede  ,  pas  même  aux  rats  ni 
aux  louris. 

CUCI.  f.  m.  Fruir  des  Indes  Orientales  donc  'parle 
Lémeiy  après  Pline  &  Lmfchot.  Il  eft  rond,  oblung 
&  d'une  grolfeur  capable  de  remplir  la  main.  U  eft 
de  couleur  jaunâtre  ,  &:  d  un  goût  doux  &  agréable  , 
renfermant  un  gros  noyau  très -dur.  Il  croît  à  une 
èfpéce  de  palmier  que  ceux  du  pays  nomment  cucio- 
Jera. 

CUCIOFERA.  f.  f.  Plante  qui  eft  décrite  par  Théo- 
phrafte,  &  qu'il  dit  être  lemblable  au  palmier  par 
le  tronc  6c  par  Ls  leuill-.s  :  elle  en  eft  différente  en 
ce  que  le  palmier  ne  fait  qu'un  feul  tronc  ,  au  lieu 
que  hcuciqfera,  étant  un  peu  élevéede  terre  ,  en  fait 
deux  ,  qui  en  font  deux  autres  &c  produifent  enfuite 
beaucoup  de  petites  branches.  Son  huit  eft  alfez 
gros  pour  remplir  la  main,  rond,  doux  &  de  bon 
goût ,  fans  être  en  grappe  comme  celui  du  palmier, 
il  eft  jaunâtre  comme  un  coin  ,  auquel  il  relTemble 
alfez,  excepté  qu'il  n'eft  pas  cotonné  &  que  fi  chair 
eft  nerveufe.  Son  noyau  eft  gros  comme  une  noix, 
de  forme  quadrangulaire  j  large  delîous ,  pointu  au 
bout,  de  même  couleur  que  les  coquilles  d'aveline, 
&  couvert  dune  autre  plus  grande  coquille,  qui  eft 
dure  &  velue,  &  de  couleur  roulfe  &  noirâtre.  Cu- 
àojera  palm&  jade  ;  palina  cujus  Jruclus  cuci. 

CLICUBALE.  f.  m.  Cucubalus.  Plante  qui  pouffe  plu- 
fieurs tiges  de  la  hauteur  de  cinq  ou  kx  pieds ,  grê- 
les, flexibles,  rondes,  nouées  &  rampantes,  fi  elles 
ne  font  foutenues  par  les  arbres  voifins  ou  par  des 
perches.  Ceft  pour  cela  qu'on  l'appelle  aulli  la  Pa- 
reljeufe  ou  la  Couchée.  Il  îort  de  chaque  nœud  deux 
feuilles  oppofées  ,  femblables  à  celles  de  la  marjo- 
laine, mais  plus  grandies,  &  égalant  celles  de  la  pa- 
riétaire. Ses  fleurs  fortenc  d'une  enveloppe  ou  folli- 
cule ,  &  font  compofées  de  cinq  ou  fix  feuilles  blan- 
ches -  verdâtres ,  difpofées  en  oeillet.  Il  leur  fuccêde 
des  baies  groiïes  comme  celles  du  lierre  ,  ordinai- 
rement ovales ,  vertes  au  commencement,  puis  noi- 
res &  molles.  Elles  renferment  des  femences  le  plus 
fouvent  de  la  figure  d'un  petit  rein ,  entaflees  en- 
femble ,  noires  &  luifantes.  Cette  plante  croit  aux 
pays  chauds ,  comme  en  Efpagne ,  en  Italie  &  en 
Languedoc,  aux  lieux  humides  &  ombrageux  ,  con- 
tre les  haies,  dans  les  builTons  &  proche  des  fontai- 
nes. Elle  eft  humeétants,  rafraichiifante  &  propre 
pour  les  pertes  de  fang.  Lemery. 

eUCUFAT.  C.  m.  Nom  d'homme.  CucupHas.  La  mé- 
moire de  S.  Cucujat,  que  le  vulgaire  de  France  ap- 
pelle en  quelques  endroits  S.  Couquenfat,  en  d'au- 
tres ,  S.  Cougat ,  &  encore  autrement ,  a  été  célébrée 
par  le  Pocte  Prudence ,  Perijieph.  hymn.  4.  v.  55.  Il 
fouffritle  martyre  l'an  504.  Baillet,  ou  vers  l'an 
300.  Le  Martyrologe  d'Efternach  le  nomme  Locufas 
&  Cucubas  ;  celui  de  S.  Vandrille  Loquunfas  &  Q,uo- 
quofas  ;  celui  de  Corbie  Logunfas  Se  Cucujas  ;  6c 
celui  de  Corbie  une  fois  Cuentas ,  félon  que  l'a  lu 
Florenrinius.  Au  Martyrologe  imprimé  par  Plantin 
en  I  ^64,  il  eft  nommé  Cuxupas  dans  l'éloge  de  Tte 
Eulalie.  Son  nom  n'a  pas  moins  de  diverfité  en  fran- 
çois ,  félon  la  différence  des  lieux  où  on  l'honore  \ 
Cogat ,  Cougat  y  Couquefat ,  Couquenfat ,  Quiqifen- 
fat  jQuiqueJal  ,  Guiquefat  ,  Guiguefat ,  Gt-ignefat  ^ 
Gurgnefoâ,  Guigncfort ,  Gunefort ,  G  uni  fort  ^  Gouni- 
fort,  &■  même  tout  court  Fort.  Chastelain  ,  au  1 5^ 
de  Février  ,  p.  6^6. 

§CF  eUCUJO.  f.  m.  Efpèce  d'Efcarbot  ou  de  Scara- 
bée d'Amérique,  ^^oyei  Scarabée 

CUeULE.  f  m.  &  f.  C'étoit  .autrefois  une  efpèce  dr 
cappe  ou  chappe  de  Voyageur,  qu'on  appeloit  aulTt 
coule  j  ou  goule  ,  ou  gulcj  dont  le  nym  a  pafte  depuis 


jo  eue  GUE 

aux  Moines  pour  figiiifier  leur  froc  &  leur  cliappé.lCUCURMA.f.  m.  Plante.  Voyez curcuma.  C'efi:  ainfi 

Cucullus.  Les  Religieux  de  Citeaux  appelieiir  encore  I      qu'il  t-auc  écrire. 

coules  leurs    chappes.    ils  n'imaginèrenc   poinc  de  CODE,  f.h  On  nommoit  aurrefois  ainli  une  foire  de 


-moyen  plus  prompt  que  de  prendre  des  habits  de 
Aiumes,  &  la  tête  enveloppée  d'une  cu<:ule ,  ik.  le 
corps  couvert  du  refte  de  l'alîortiment,  ils  partirent 
à  pied  de  Florence.  Le  Noble.  Le  mot  de  oiculc  , 
dans  cet  exemple,  eft  féminin.  Quelques-uns, com- 
me Chorier  ,  HiJL  de  Dauph.  L.  X.p.  6ii ,  conton- 
dent  cucule  &  capuchon. 

Ce  mot  vient  de  ce  qu'on  portoi:  autrefois  des 
habits  rebordés  fur  le  cou  Se  fur  les  manches ,  de 
peaux  rouges  teintes  de  gueules,  qu'on  nommoit 
par  cette  raifon  gules  ,  gouLes  j  caules  oc  cucules  ,  du 
mot  approchant  de  cujculium  ^  qui  lignifie  graine  d'c- 
carlaie.  S.  Bernard  condamne  ces  peaux  de  gueules 
fur  les  habits. 

%F  CUCLFLE  ,  dans  l'Ordre  des  Chartreux,  fe  dit 
pour  ce  qu'on  appelle  ailleurs  Scapulaire. 

Quelques  -  uns  font  venir  ce  mot  de  colluin , 
parce  que  la  Cucule  couvre  le  cou. 

CUCCJLLAIRE.  adj.  Mitfrle  cucullaire  ,  ou  trapèze. 
Mufculus  cucuUaris.  Ce  mufcle  e!l;  un  grand  plan 
charnu,  large  &  mince  ,  qui  eft  litué  entre  l'occiput 
&  le  bas  du  dos ,  &  de-là  s'étend  julqu'à  l'épaule,  à- 
peu-près  comme  un  grand  carré  inégal  &  irrégulier. 
C'eft  de  cette  figure  que  les  Grecs  ont  tiré  le  mot 
trapèfe.  Il  forme  avec  celui  de  l'autre  côté  une  ef- 
pèce  de  lofange.  f^oy.  le  Dici.  de  James. 

CUCUPHE  ou  CUCUFE.  f.  f.  Cucupha ,  cucullus  :, 
pileolus ,  hyrethum  Sc  berrechus.  Terme  de  Pharma- 
cie. C'elt  une  calotte  odoriférante  pour  la  tête.  C'eft 
un  fachec  qu'on  s'applique  dans  les  maux  de  tête  : 
ce  fachet  eft  fait  en  bonnet  de  nuit ,  &  rempli  de 
poudres  céphaliques ,  pour  fortifier  le  cerveau.  Voy. 
en  la  defcription  dans  le  Diétionnaire  de  James.  On 
s'en  fert  peu  aujourd'hui. 

CUCURBITACEE.  ad.  de  t.  g.^  Cucurbitaceus.  C'eft  le 
nom  générique  qu'on  donne  à  toutes  les  plantes  qui- 
portent  des  fruits  qui  ont  quelque  rapport  à  la  cour- 
ge ou  calebalîe  ,  qui  fe  nomme  en  latin  cucurb'ua  ; 
en  forte  que  les  plantes  qui  portent  les  courges ,  ca- 
lebaffes  j  citrouilles ,  melons,  potirons, concombres, 
pommes  d'amour,  artichaux  de  Miftîllipi ,  &  autres 
femblables  fruits ,  font  routes  plantes  cucurbnacées. 
Leurs  fteurs  font  ou  ftériles  ou  fertiles.  Celles-ci 
nouent  &  donnent  des  fruits  charnus  de  différente 


padoue  ,  qui  le  tabriquoit  à  Lyon.  Il  ne  s'en  fait  plus. 

ffO-  C  U  D  R  E  T  i  N.  Petite  Ville'  de  iuilfe  ,  dans  le 
canton  de  Berne  j  .\  une  lieue  de  Neuf-Châtel. 

CUDuPARITL  i.  m.  Petit  arbrilfeau  qui  croît  dans  le 
Malabar ,  qui  s'élève  à  deux  fois  la  hauteur  de 
l'homme,  &  qui  porte  des  fieurs  pendanc  toute 
l'année.  Ses  feuilles  broyées  ,  mifes  dans  du  lait ,  & 
appliquées  luriatête  enforme  d'onguenc ,  procurent 
lelommeil  &:  calment  les  maux  de  tcte&:  les  vertiges. 
Son  truit  broyé  &  pris  dans  de  1  eau  ,  arrête  la  dyllen- 
terie  ,  guérie  les  gerçures  de  la  bouche.  Ray  , 
HijK   Plant. 

CUE. 

|::TCUEILLAGE.f.  m.  Terme  de  Verrerie.  C'eft  !a 
portion  de  matière  vitrifiée  qu'a  tiré' fucceflivemenc 
à  quatre  repriies  le  Gentilhomme  apprenti  d'une  ver- 
rerie ,  laquelle  eft  néceilaue  pour  hure  un  Plat.  f^. 

CuEiLLEUR  6i  Cueillir  en  Verrerie. 

CUEILLE.  1.  f.  Termede  Marine.  C'eft  un  des  lez  ,  ou 
^^s  bandes  de  toile  qui  compofent  une  voile. 

CdEILLERET,  f.  m.  Terme  de  Pratique.  Etat  des 
cens  &  rentes  dues  &  reconnues  par  les  Tenanciers 
d'un  Seigneur. 

%fT  Cet  Extrait  du  papier  terrier  fert  au  Receveur 
pour  fe  faire  payer  des  cens  &  rentes  dues  à  la  Sei- 
gneurie. Le  mot  de  Cuedlerec  vient  de  Cueillette  au- 
trefois fynonvme  à  Eeceite. 

CUEILLETTE.' f.  f.  Récolte  des  bleds  ,  des  fruits, 
rentes  &  autres  droits  qui  compofent  le  revenu 
d'une  terre  ,  d'une  métairie.  Mejjis  ,frugum  colleclio. 
On  donne  les  baux  à  ferme  pour  fix  ou  neuf  ans, 
c'eft-à-dire  ,  pour  autant  de  cuelUettes  ,  de  dépouil- 
les de  fruits. 

La  Quintinie&Ligerdifent  que  cueilleîte  fignifie  non 
pas  la  récolte  ,  mais  le  temps  de  la  récolte  \  &  Ligec 
alTure  qu'on  dit  en  ce  fens ,  Nous  approchons  de  la 
cueillette  des  Iruits.  La  cueillette  des  fruits  eft  venue. 

§3°  Cueillette  ,  fignifie  proprement  les  fruits  qu'on 
retire 'tous  les  ans  o'une  iQut  ^Jrucius  annui ,  fru- 
ges.  Au  refte  ce  mot  vieillit  dans  cette  acception  , 
&  n'eft  prefque  plus  d'ufage  qu'à  la  campagne  &: 
dans  les  baux. 


figure ,  &  qui  renferment  intérieurement  pluheurs   Cueillette  ,  fe  dit  aufli  d'une   quête ,  de  la  recette 


d'une  contribution  volontaire  qu'on  fait  pour  quel- 
que œuvre  pie,  pour  quelque  néceihté  publique. 
CW/fc/iî.  Le  MarguiUier  de  village  eft  Celui  qui  fait 
\:i  cueillette  pour  le  Prédicateur  j  pour  la  léfeétion 
de  l'Eglife. 
on,  le  concombre,  &cc.  font  plantes  Cucurbi-  Cueillette  ,  en  termes  de  Marine, eft  l'amas  dedifFé- 

rentes  marchandifes ,  qu'un  Maître  de  navire  cher- 
che Ik.  reçoit  de  divers  particuliers  pour  faire  le 
ciiargement  de  fon  vailleau  ,  qui  de  cette  manière 
eft  dit  chargé  à  cueillette  fur  l'Océan  \  on  àii  au  quin- 
tal fur  la  Méditerranée. 
CUEILLEUR,  EusE.f.  m.  &  f.  Celui,  ou  celle  qui 
cvxQÛie.  Qui  fruclus  decerpit,legit  ex  arhoribus  ,  Le- 
gulus.  On  le  dit  en  cette  phr.afe  proverbiale.  Il  eft 


femences  aplaties  &  placées  dans  trois  ou  quatre  io 
ges ,  ou  même  dans  un  plus  grand  nombre.  Ces  fe- 
mences ont  ordinairement  une  amande  blanche  & 
douce  ,  &  font  la  plupart  du  nombre  de  celles  qu'on 
nomme  froides  majeures.  La  citrouille,  le  potiron, 
le  m  '         ' 

tacées.  PJantsL  Cucurbitacea  ,  à  Cucurhità  fie  dicÎA  , 
parce  qu'elles  ont  toutes  un  rapport  Lonfidérable 
avec  la  calebalfe  ou  la  courge  ,  qui  doit  être  mife  à 
la  tète  de  cette  famille.  On  dit  Cucurbitacée ^  tant  au 
inafculin  qu'au  féminin,  &  jamais  Cucurbitace. 
CUCURBITE.  f  f.  Terme  de  Chymie.  Vallfeau  de 
terre  ou  de  verre ,  où  l'on  met  les  matières  qu'on 
veut  diftiller.   Cucurhità.  Il  y  en  a  aufti  d'étain  &  de 


cuivre  étamé.  Lorfqu'on  veut  faire  quelque  diltil-l      toi 
lation  on  y  adapte  un  chapiteau  de  verre  qui  a  une  Cuei 


toujours  troulfé  comme  un  cueilleur  de-  pommes. 


LLEUR  uo:i.   DE    Pailloles.    C'eft  ainfi  que  les 


y  aaapte  un  cnapiteau  de  verre  qu 
embouchure  proportionnée  &  un  bec.  La  cucurhite        ordonnances  appellent  ceux  qui  tirent  de  l'or  des 
fert  aufti  à  d'autres  opérations.  torrens  &  des  fleuves  qui  en  enrraînenr.  Boizard. 

CUCUR3ITE.  f  f.  Ec'aites  fioridus.  Pierre  très-pefan-   Cueilleur.  Terme  de  'Verrerie.  C'eft  celui  qui  prend 
te,  quoiqu'argilleufe ,  dont  la  figure  approche  de]      le  verre  les  quatre  premières  fois  dans  les  pots   à 


celle  du  concombre. 
CUCURBITIN.  f  m.  Terme  de  Médecine.  On  ap- 
■  pelle  '  cucurbltins  ou  cucurhitaim  -certains  vers  qui 
s'engendrent  dans  les  inteftins,  &  qui  font  de  la  lon- 
gueur des  afcarides  ,  mais  plus  larges.  Cucurbitini. 
Cucurbltins  ou  cucurbitaires  font  des  vers  plats,  ova-1 


cueillir. 

CLIEILLIE.  f.  f.  Terme  de  Maçon.  C'eft  une  traînée 
de  plâtre  étendue  le  long  d'une  régie  ,  qui  fert  de 
repère  pour  lambrilTer  ,  enduire  de  niveau,  faire  à 
plomb  les  piédroits  des  portes  ,  des  cheminées  , 
des  croifées. 


les,  blancs,  femblables  à  de  petits  pépins  de  cour-' CUEILLIR,  v.  aét.  Je  cueille ,  je  cueillais ,  je  eu eillis , 
ge  ,  d'où  vient  leur  nom  ,  à  cucurhità  ,  courte.  Ce  ''•  jai  cueilli ,  je  cueillerai  Se  non  pas  /e  cueillirai ,  coi'U- 
ne  font  que  des  pornons  du  t^nia  ,  ou  ver  folitaire,i  me  prétend  Vaugelasi  Men.  Bouh.  Que  je  cueille  ^ 
qui  fe  font  détachées  de  leurs  articulations.  Foyci\  que  je  cueilliffe  ,  je  cueillcrois.  \\  fignifie.  Détachée 
Solitaire.  j      avec  la  main  des  fruits  ,  des  fleurs,  des  herbes  de 


C  UE 

leur  tige  ,  de  leurs  branches.  Carpcre  ,  deccrpcfé  ," 
iegcrc.l^n  cuelile  dss  fleurs  au  Printemps j  &  des 
fruits  en  Automne;  cueillir  àss  rofes,  cueillir  un  bou- 
quet ,  cueillir  des  légumes. 

te  mot  vient  -'u  Lacin  colligere. 
Cueillir  ,  fe  dit  aulli  des  gros  truirs,  quand  on  parle 
en  général  de  ce  qu'on  a  retiré  dans  une  récolte  , 
dans  une  vendange,  coliigere.  L'été  a  été  Cec ,  on 
n'a  pas  cueilli  beaucoup  deblé  ,  mais  en  récompenle 
oncueillera  beaucoup  de  vin. 

On  dit  aulîl  qu'on  a  prépofé  un  homme  pour  cueillir 
ladime,  pour  en  faire  la  recette,  l'enlèvement  des 
geibes.  Cueillir  les  aumônes ,  pour  dire  ,  en  faire  la 
cueillette,  la  recette. 

Ceux  qui  s'en  fervent  dans  ces  deux  dernières 
fîgnihcations ,  ont  tort.  Cueillir  ne  fe  dit  que  des 
fleurs  ,  des  fruits  ,  des  légumes  qu'on  détache  de 
leurs  branches  ou  de  leurs  tiges.  On  cueille  des  fleurs , 
des  pommes,  des  poires,  des  légumes,  &  on  re- 
cueille du  vin  3  du  blé  &c  on  levé  la  dîme  j  on  fait 
la  recetre  des  cens ,  des  droits  Seigneuriaux  .  on  fait 
la  quête  dans  l'Eglife  ,  dans  les  mailons  pour  les 
Pauvres ,  pour  le  Prédicateur  &c.  Dans  ce  dernier 
fens  ,  on  dit  auOî  quelquefois  cueillette  ,  que  je 
n'aime  pas. 

Dans  le  figuré  ,  cueillir  des  Palmes  j  des  Lauriers  , 
c'ell  remporter  des  vizkouQS.P aimas  ^laureasmctere, 
viclurias  reportare. 

En  ftyied;  galanterie  jCae/Z/Zr  un baifer  fur  les  lè- 
vres d'Iris  Cueillir  la  fleur  de  la  virginité  d'une  hlle. 
Cueillir  le  verre  ,  Terme  de  verrerie.  C'eft  le  prendre 
avec  la  felledans  le  pot  où  les  matières  ont  été  entiè- 
rement vitrifiées ,  (  ce  qui  fe  fait  à  quatre  reprifes 
dirférentes ,  quand  la  matière  attachée  au  bout  de  la 
felle  à  chaque  fois  eft  alfez  refroidie  \  )  pour  enfuite 
les  foufder ,  &  en  faire  des  plats  de  verre,  ou  du 
verre  en  rable. 
Cueilli  ,  ie.  part.  Il  a  la  lignification  de  fon  verbe. 
On  dit  en  Maçonnerie,  qu'une  porte  ou  unecroifée 
eft  cueillie. Qn  plâtre  j  quand  fur  le  mur  fimplement 
hourdi  on  fait  une  petite  bordure  de  plâtre  ,  qu'on 
applique  avec  la  régie  ,  afin  de  fervir  de  niveau  & 
de  régie  pour  enduire  le  tableau  de  la  porte  ,  ou 
de  la  croiféfe. 
CUEILLOIR,  f.  m.  Petit  panier  long  d'environ  un 
pied  ,  large  de  cinq  à  lix  pouces ,  n'ayant  point  d'an- 
les  ,  &c  fiit  pour  l'ordinaire  d'oher  vert  aflez  grolliè- 
remenr  rangé.  C'eft  dans  ces  fortes  de  cueilloirs  qns 
les  gens  de  la  campagne  apportent  au  marché  leurs 
piuncs ,  cerifes  j  grofeilles ,  &:c.  La  Quint.  Qua- 
lus  ,  canij'rum  ,  calathus.  Un  cueilloir  de  cerifes, 
de  prunes  ,  de  grofeilles  ,  &c.  Apporte  ce  cueilloir 
pour  y  mettre  des  cerifes.  J'ai  befom  de  ce  cueilloir 
pour  mettre  des  figues.  Liger. 
Cueilloir  _,  en  terme  de  pratique,  fignifie  la  même 
chofe  que  Cueilleret. 

CUENÇA  ,  Ville  Epifcopale  de  la  nouvelle  CaftiUe 
en  Elpagne,  rituée  fur  les  hautes  montagnes  fort 
rudes  appelées  La  fierra  de  Cuença.  Elle  fe  nomme 
en  Latin  Concha.  M.  l'Abbé  Chaftelain  ,  dans  fon 
Martyrologe  au  2o^  de  Janvier,  p.  454,  &:  445.  dit 
toujours  Couencjue ,  au  lieu  de  Cuenca.  Alphonfe 
IX'.  grar.d-pere  maternel  de  S.  Louis ,  avant  pris 
furies  Maures  la  ville  de  Couenque  en  Caftillc  ,  y  fit  i 
ériger  un  Evêché.  Les  Chanoines  de  Couenque  ,  tkc. 
Je  ne  fais  où  il  a  pris  ce  mot.  Nous  difons  Cuenca, 
comme  en  Efpagnol. 

U  va  une  autrevilledece  nom  dans  l'Amérique 
Méridionale  au  Pérou  ,  dans  l'audience  de  Quito. 
On  la  nomme  aullî  Bamba. 

CUENS.  f.  m.  Vieux  mot  très-ufité  dans    notre  lan-  j 
sue,  qui  s'eft  dit  pour  comte  ,    Cornes.  Vi.Cuens 
de  Flandre  ,  li  Cuens  ce  Champagne. 

^ftl^CU^A.  Ville  d'Ane  ,  dans  les  états  duTurc, 
fur  l'Euphrate  ,  dans  l'iraque.  j 

^  CUHIUNG.  Ville  de  la  Chine,  qu.arrièine  Mé- 
tropole de  la  Province  de  Sunnan.  Elle  eft  de  i'5.  d. 
24  min  plus  occidentale  que  Peking.  Lat.  Z4d.  $6.'  i 


C  u  î 

CUL 


5î 


CUJAVA.  f  m.  Terme  de  Relation.  Efpèce  de  chaifé 
fermée  en  ufage  aux  Indes.  On  en  met  deux  fur  un 
chameau  ,  une  d'un  côté,  &  une  féconde  de  l'autre, 
comme  nous  mettons  ici  des  paniers ,  ou  des  man- 
nes fur  des  chevaux  :  on  renferme  dedans  les  fem- 
mes ,  &  on  s'en  iert  pour  les  tranfporter  d'un  lieiî 
en  un  autre  fans  qu'on  les  voie.  Sella  Indorum  gefia^ 
toria.  Aft-kan  voulant  furprendre  la  citadelle  de 
Dolt.abad ,  &  la  mettre  entre  les  mains  du  Mogol  foil 
maître  ,  feignit  un  mécontenteilient ,  &  fe  réfugia 
chez  le  Roy  de  Vifapour  :  à  qui  il  demanda  la  pd- 
miflion  de  fe  retirer  avec  dix  ou  douze  de  fes  femmes , 
&  autant  de  gens  à  lui ,  dans  la  Citadelle  de  Dolt.a- 
bad ;  l'ayant  obtenue ,  il  y  entra  avec  huit  ou  dis 
chameaux  ,  les  deux  cujavixs  cjui  font  de  côtés  & 
d'autres  du  chameau  étant  bien  fermés  ,  félon  la 
coutume  ,  afin  que  l'on  ne  pût  voir  les  femmes  que 
l'on  met  dedans  ^  mais, au  lieu  de  femmes,  on  avoic 
mis  deux  foldats  dans  chaque  cujava  tous  gens  d'exé- 
cution ,  tels  qu'érôient  auili  ceux  qui  conduifoieni! 
les 'chameaux.  Ainfi  il  leur  fut  aifé  d'égorger  la  gar- 
nifon,  qui  n'étoit  pas  fur  fes  gardes ,  &<.  defe  rendre 
maîttes  de  la  place.  Tavernier  ,  Foyage  des  Indes , 
T.  II.  L.  I.  C.  0. 

CLUAVIE.  Province  de  la  grande  Pologne.  Cujavia. 
Elle  a  au  Nord  le  Duché  de  Prufie  ,  au  couchant  le 
Palatinat  de  Kalisk  ,  au  midi  ceux  de  Lancici  &  d& 
Rava  ,  Se  au  levant  celui  dePloczko.  La  Capitale  de 
Cujavie  eft  Uladillaw. 

CUÎDER.  V.  n.  Vieux  mot  qui  fi«nifio;t  autrefois  pen- 
fer.  Putare  ,  cogitare  ,  ex'ijiiinare.  Il  cutdoit  bien 
faire  fes  affaires  ,  il  a  cuidî  tout  gâter  ;  il  n'eft  plu3 
du  tout  en  ufage  ,  fi  ce  n'eft  dans  le  ftyle  burlefque. 
Le  Comte  Duc  mourir  cu'ida.  Voit. 

Ce  mot  vient  du  Latin  cogitare,  Nicod. 

CUIDEREAUX.  f.  m.  pi.  Vieux  mot.  Amans.  On 
trouve  dans  Villon  j 

A  cuidereaux  £  amour  tranjîs. 

CUILLER,  ou  CUILLIER.  f  f  On  prononce  forte- 
ment l'r  finale  comme  dans_/£r  &  mer.  Uftenfile  dâ 
ménage  ,  qui  a  un  creux ,  ou  demi-globe  concave  3 
qu'on  nomme  cuilleron ,  &  qui  eft  par  un  bout  at- 
taché à  un  manche.  Cochlear  ,  cochleare. 

§3°  Il  ya  des  cuillers iho\.\r\\Q,  dont  on  fe  ferti 
table  pour  manger  le  potage  &  autres  chofes. 

Il  y  en  a  de  plus  grandes  donr  on  fe  fert  à  la 
cuifine  pour  drelfer  le  potage  &  pour  divers  autres 
ufages.  Cuiller  à  pot,  cuiller  à  potage  ,  à  ragoût- 
cuiller  à  olives. 

Il  y  en  a  de  plus  petites  dont  on  fe  fert  pouc 
prendre  le  Café. 

On  appelle  cuiller  couverte  ,  une  forte  de 
grande  cai//fr  dont  on  fe  fert  pour  faire  prendre  des 
bouillons  ou  des  médecines  aux  enfans,  aux  ma- 
lades. 

Il  y  a  auflî  des  cuillers  dont  les  Arrifans  fe  fervent 

pour  difterensufages.  Elle  fert  aux  Ciriers  à  verfer 

de  la  cire  5  aux  Fondeurs  à  verfer  du  plomb  &  des 

métaux.  En  grand  volume ,  elle  fert  à  vuider  des 

fables  ,  &:c. 

Quelques  nureurs  écrivent c«e///er,  mais  félon  l'ufa- 
ge  le  plus  ordinaire,  &  la'prononciation  généralement 
reçue ,  ce  premier  £  eft  inutile  ic  mal  ajouté.  Cac 
on  ne  prononce  point  la  première  fyllabede  cemot , 
comme  celle  ds  cueillette  ,  cueillir  ^  &c.  où  l'on  met 
un  e  entre  \u  &  1'/  ;  mais  on  prononce  fimpleinent 
\'u  &  Vi  comme  dans  cuider  ,  cuir  ,  cuiraffe  ,  &c. 

fC  Cemot  étoit  autrefois  mafcuiin.  Aiiiourd'hut 
il  eft  féminin  5  &  bien  des  gens  l'écrivent  avec  un  e 
à  la  fin  :  ce  qui  paroît  plus  analogue  au  génie  de  la 
langue  \  que  dé  terminer  un  nom  féminin  en  er  pur  ; 
chofe  donr  il  n'y  a  guère  d'exemple. 

L'ufage  de  ta  «/V/er  pour  adminiftrer  la  communion 
aux  Laïques  eft  une  preuve  de  l'attention  pleine  dé 

G  ij 


S^ 


CUI 


CUI 


refped  (  qu'ont  les  Orientaux  )pourles  fainrs  myflè^ 
tes.  L'opulion  cOinmune  des  Giecs  eil  que  la  cou- î 
lume  en   fut   établie  pat  S.  Jean  Chryrollôme  \  Sc  ' 
quoique  cette   Tradition  ne  fou  pas  certaine  j  au  i 
moins  lanti-juitc  de  cette  pratique  eli:  incontelhble  ,  | 
puifque  les  Nelloriens  &  les  Jacobites  La  conferven:  j 
pareillement,  ce  qui  fait  voir  quelle  e(l  plus  an- 
cienne que  les  fclul'ines  deces  deux  fectes.  Tous  les] 
Auïeurs  qui  en  ont  parlé  ,  conviennent  t]ue  la  com-j 
nuinion  donnée'  de  cette  manière  a  été  introduite 
pour  prévenir  l'cfFufion  du   calice  ,  précaution  fort 
inutile ,  qui  ne  peut  venir  dans  l'efprit  à  ceux  qui  ne 
cioient  pas  qu'il  contienne  autre  chofe  que  du  vin  , 
&^que  les  Proteftans  n'ont  jamais  prife.  Le  nom  de 
A«=(y,  qui  fignifie    une  pincette ,  &  qui  fait  allu- 
lion  au  charbon  que  le  Chérubin    prit   fur  l'autel 
pour  toucher  les  lèvres  d'ifrie  ,  fait  alfez  voir  l'opi- 


m 
evant 


îr  pour 


mon  qu'ils  en  ont ,  suffi  bien  qne  la  confervation 
qu'ils  en  font,  dans  laquelle  ,  félon  le  Rituel  du  Pa-i 
triarche  Gabriel  ,  i\  el\  an  qn  elle  firvird  à  conte- 
nir les  membres  où  les  parties  du  Corps  de  Jefus  Chrifl. 

RfcNAUDûl-. 

Les  Cuillers  desTurcs  font  dé  bois,  avec  un  manche 
long  d'un  demi-pied. pour  le  moins ,  &  ils  n'en-ufent 
guere^que  pour  s'empêcher  de  fe  brûler  les  doigts. 
Aullirôt  qu'ils  le  peuvent,  ils  fe  fer\;ent  d'une  main 
poar  auUtrS<.  pour  fourchette  ,  &  du  creux  de  l'au- 
tre pour  ailîetce  j  avec  laquelle  en  même  temps  ils 
portent  le  manger  à  la  bouche.  Du  Loir./j.  \6'i. 

On  appeloit  autrefois  cuiller  un  morceau  de  fer  q 
embrairoir  le  bout  de  l'effieu  des  roues  de  d 
d'un  caroife.  Une  cuiller  du  carolîé  fe  rompit . 

CuiLLHR  A  CANON  ,  cfi  matière  d'Artillerie  •  c'eft  une 
feuille  de  cuivre  arrondie  de  différente  groiTeutj 
qui  fert  à  retirer  la  gargoulfe  d'un  canon. 

Cuiller,  a   brai  ,  eft  une  grande  cuiller  de  fe 
prendre  le  brai  chaud. 

Cuiller  de  Pompe  ,  c'eft  un  inftrument  de  fer  acéré  ^ 
&  tranchant ,  avec  lequel  oncreufe  les  pompes. 

Cuiller  ,  Coquille  longue,  ou  polifon  à  têt  dur. 
Rond.  Concha  longa 

Cuiller  ,  ou  Cuillier  ,  Inftrument  de  Chirurgie. 
C'eli  une  petite  cuiller  d'argent  dont  on  couvrel'œil , 

•  quand  on  fiit  l'opération  de  la  filhile  lacrymale. 
Col   de   Villars. 

CuiLLÇR  ,  ou  Cuillier,  Oifeau  femblable  au  héron  , 
hormis  qu'il  a  le  bec  en  forme  de  cuiller ,  ou  de  fpa- 
tule.  On  l'appelle  autrement  Palle  ou  Spatule.  Voye-{ 
Pal  le. 

Cuiller,  lux  Pelottes.  Les  cuillers  des  Fondeurs  en 
fable  ne  relfemblenc  que  par  leur  long  manche  aux 
cuillers  des  l-lombiers  j  &  par  le  nom  qu'elles  ont 
confervé  ,  à  caufe  qu'on  s'en  fert  pour  porter  les 
pelotres  de  cuivre  dans  le  creufet  où  le  métal  ell 
en  fulîon. 

CUILLEREE,  f  f.  Plein  une  cuiller,  cochlear  cumu- 
latum  Ce  malade  n'a  pris  qu'une  cuillerée  de  aelée  , 
de  bouillon.  Il  ne  faut  qu'une  cuillerée  de  vinaigre 
pour  faire  une  chopine  d'oxycrac. 

CuiLLERiiE.  Herbe,  Cochlearia.  Pomey. 

CUILLEMON.  f.  f.  La  partie  creufe  de  la  cuiller  atta- 
chée au  manche  ,  &  qu'on  met  dans  la  bouche  , 
quand  on  mange.  Cockkaris  pars  cuva.  Il  y  a  des 
cuillerons  en  ovale  ,  comme  ceux  qui  fervent  à  table  , 
d'autres  ronds  j  comme  ceux  delà  cuifine  ;  d'autres 
av  c  un  bec  ,  comme  ceux  des  Ciriers ,  &c. 

Ip*  On  fe  fert  de  ce  terme  en  Botanique  pour  défi- 
gner  les  parties  qui  ont  la  forme  d'une  cuiller.  Feuille 
creufée  en    cdilleron. 

CUIPOUNA.,  f.    m.   Nom  d'un  arbre   qui    croît  au 
Brélil.  Il  y  en  a  de  pluiieurs  efpèces.  Le  fuç  de  l'écorce  ; 
de  celui  qui  porte  des  fleurs  jaunes ,  exprimé  & 
mêlé  avec  de  l'eau  claire  ,  déterge  &:  incarne  les  ul-  \ 
cères  invétérés.  Ray  ,  Hift.  Plant. 

^fT  CUINE  j  f.  f.  Terme  de  Chimie.  VailTeau  de 
rerre  j  fervant  à  dilliller  de  l'eau  forte. 

|C?  CUIR  J  f.  m.  On  le  dit  en  général  de  la  peau 
de  l'animal,  corium  ,  pellis.  On  dit  qu'un  homme  a 
le  t'wrdur ,  rude.  L'âne  a  le  cuir  dur  &  épais.  Avoir 


des  férofités  entre  cuir  &  chair.  Aqua  Imcrcus  j  aquam 
intercutem. 

On  le  dit  plus  ordinairement  delà  peau  des  ani- 
maux ,  féparce  de  la  chair  qu'on  corroie  j  à  qu'oa 
prépare  pour  fervir  à  divers  ufxges  ,  particulière- 
ment à  faire  des  bottes  j  des  fouliers ,  a  couvrir  des 
carolfes  j  des  meubles  j  des  livres  j  &c.  Corium. 
Tous  Marchands  font  obligés  de  porter  leurs  cuirs 
à. la  Halle  aux  cuirs.  Les  cuirs  de  Hongrie  font  faits 
de  peaux  de  Bœuf  &  de  cheval  ;  ceux  de  Rufiie  j 
de  peaux  de  Vaches,  ceux  de  Maroc  ou  de  marro- 
quin  ,  de  mouton.  Le  cuir  d'un  âne  ell:  le  meilleur 
pour  taire  du  chagrin.  Il  y  a  plufieurs  fortes  de  Mar- 
chands de  cuir.  Les  Tanneurs  vendent  les  gros  cuirs 
pallés  à  la  tannerie.  Les  Corroyeurs  préparent  le 
cuir  zw se  des  grailles  pour  le  rendre  plus  maniable. 
Les  Peauffiers  vendent  des  peaux  de  mouton  de  toutes 
fortes  de  couleurs ,  des  peaux  pour  faire  des  gants, 
&  des  peaux  de  truie  pour  couvrir  des  coffres  Se 
des  livres  d'Eglife.  Les  Mégilliers  préparent  les 
peaux  de  mouton ,  ôc  en  ôtent  la  laine.  11  y  a  aufli 

\  de-.  Marchands  de  marroquin  ,  de  vache  de  Rulîîe  , 
&  de  mouton  de  Limoges  j  tjui  n'ont  point  de  grain 
de  l'autre  côté.  On  appelle  cuirs  verts  ,  les  cuirs  qui 
n'ont  aucune  préparation  ,  &  tels  qu'ils  fortent 
de^delfus  le  corps.  Les  Romains  fe  fervuenr  dans  les 
commcncemens  de  monnoie  de  cuir,  Philippe  de 
Commines  dit  qu'après  les  levées  faites  pour  la  ran- 
çon du  Roi  ,  on  fut  obligé  de  ie  fervir  en  France 
d'une  monnoie  de  cuir,  où  il  y  avoir  feulement  un 
pftir  cloud'argent.  Un  Arrêt  du  confeil  de  1649, 
attribue  deux  muids  de  fel  aux  Tanneurs  de  Paris 
pour  la  fabrique  des  c:«i«  de  Hongrie.  M.  de  la  Mare, 
dans  fon  Traite  de  la  Pol.  L.  V.  T.  XX.  C.  10.  traite 
ce  qui  regarde  la  falailon  &  la  confervarion  ,  la 
vente  &  le  débit  des  cuirs  des  abaiis  de  Bouchers. 

Cuir  vert.  Cuir  crud  ,  ou  Cuirjrais.  Ce  font  certains 
cuirs  qui  ne  font  point  apprêtés ,  &  qui  fe  mettent 
fur  les  écoutiiles  de  la  fainte  Barlje  ,  de  crainte  du 
feu  ;  on  en  couvre  auffi  les  hunes. 

Cuir  de  Poule.  C'eft  un  nom  que'les  Gantiers  don- 
nent à  une  forte  de  petit  cuir  très- mince  &  très-lé- 
ger ,  qu'ils  emploient  à  faire  des  gants  de  femmes 
pour  l'été. 

Cuir  doré.  On  appelle  ainfi  des  pe.iux  de  mou* 
ton  pallées  en  bafanne ,  fur  lefquelles  font  répréfen- 
tées  en  relief  diverfes  fortes  de  grotefques  relevées 
d'or  ou  d'argent  ,  de  vermillon  ou  autres  couleurs. 
On  en  fair  des  tapifferies. 

Cuir  bouilli.  C'elf  une  préparation  de  cuir,  qui  par 
les  réglemens  de  Police ,  n'appartient  qu'aux  Gai- 
niers  &:  Bourreliers  qui  font  bouillir  le  cuir  avec  plu- 
fieurs gommes ,  réhnes  &  colles ,  donr  ils  font  un 
fecret  entr'eux.  Corium  decoclum  j  coctum. 

iPr  Ce  mot  vient  du  Latin  corium  ,  qui ,  fi  l'on  en 
croit  Rochefort  jS'eft  dit  pour  Carium ,  de  caro  chair, 
parce  qu'il  couvre  la  chair. 

On  dit  figurément  &  proverbialement.  Rire  entre 
cuir  &c  chair.  Jurer  entre  «/r&  chair  j  pour  dire. 
Rire  ,  Jurer  en  foi-même  ,  fans  ofer  éclarer ,  fans 
en  faire  rien  paroîrre  au-dehors.  On  dit  auffi  ,  Faire 
du  cuir  d'autrui  large  courroie  ;  pour  dire  ,  faire  lar- 
geffe  aux  dépens  d'autrui.  Ce  proverbe  ell  tiré  du 
Latin  ,  De  alieno  corio  ludere.  Etre  libéral  du  bien 
d'autrui.  On  appelle  ironiquement  &  populaire- 
ment un  Savetier ,  un  Orfèvre  en  vieux  cuir.  On 
appelle  un  vifage  de  cuir  bouilli,  un  vifage  extrê- 
mement laid. 

CUIRASSE,  f  f.  Arme  défenfive  faite  d'une  lame  de 
fer  fort  battu  ,  qui  couvre  le  corps  depuis  le  cou 
jufqu'à  la  ceinture  ;  tant  par  devant  que  parderriere, 
^c  qui  doit  être  à  l'épreuve  au  moins  du  piftolet. 
Lovica.  Les  Piquiers  font  armés  d'un  pot  &  d'une 
cuirajfe  ;  c'eft  un  bon  corps  de  cuirujje  qui  eil  à 
l'épreuve.  Les  Cavaliers  ne  prirent  une  cuirajffe  que 
vers  l'an  1 300.  Le  Gendre. 

Quelques-  uns  croient  que  ce  mot  a  été  dit  par  cor- 
rnption  de  cucurajfe  ,  parce  qu'elle  couvre  le  corps. 
D'autres  le  dérivent  de  «ir,  ou  de  coriaceus ,  parce 


CUI  CUÎ  53 

Bue  les  armes  défenfives  eLoieat  £iices  anciennement  5  Cuire  des  cheveux  j  terme  de  Perruquier.  C'ed  met- 
fle  cuir.  I      tre des  cheveux  au  four,  roulés  autour  des  meules 

ou  bilboquets ,  &c  enter  mes   dans  de  la  pâte  ,  pour 
leur  hure  prendre  la  fnfure. 
IJC?"  QfeiRE  j    fe  dit  auiiî  au  neutre.  Le  fouper  cuit. 


de  cuir 

Cuirasse  jfe  dit  quelquefois  pour  Cuiraffier.  Equcs 
Lrk.uus.  Comme  Alazann  étoit  fort  ami  de  l^ico- 
lommi ,  maintenant  Archevêque  de  Sienne,  il  rît 
grande  liaifon  avec  fon  frère  ,  qui  étoit  lors  Major 
de  Cavalerie  dans  le  Régiment  de  Papenhein  j  lequel 
lui  perfuada  de  prendre  une  Compagnie  de  CuiraU'es 
dans  le  même  régiment.  Mascuk.  En  ce  lens  on  ne 
le  dit  qu'au  pluriel ,  (Si  il  eft  un  peu  vieux. 

On  dit  proverbialement ,  endolfer  la  aarajje  ,pour 
dire,  embralfer  la  profelîion  militaire.  'MiUdam 
fequ'i.  On  dit  le  défaut  de  la  cuiniji'e ,  pour  dire  où 
hcuirajjé  finit  i  &  au  figuré,  l'endroir  foible  d'un 
homme,  d'un  écrit.  Il  atrouvé  le  défaut  de  la  cuirajjc, 

CUIRASSER.  V.  a.  Couvrir  ,  revêtir  j  armer  d'une 
cuiralle.  Lorkâ  indue/ e,  annare.  On  vaicuirjjjcr  toute 
la  Cavalerie. 

Cuirassé  ,EE.  part.  &  adj.  Qui  a  une  cuiralTe.  Lorkâ 
procdclus ,  iorkdtus.  Lorlqu'il  y  avoir  des  Piquiers  dans 
les  compagnies  d'Inhinterie ,  ils  étoient  cu/rjjj  :  s. Tou- 
tela  Cavalerie  Allemande  eft  cukaljée.  Saint  Domi- 
nique le  Cuirajjy  ,  ou  l'EncuirafTé  j  eft  un  Saint  du 
onzième  fiècle  ,  ainfi  nommé  ,  parce  qu'il  porcoit 
toujours  une  cuiralle  de  fer  par  pénitence.  Saint  Pierre 
Damien  fon  ami  a  écrit  la  vie. 

Ilfe  dit  aulli  figurément  ,  pour  dire  ,  un  homme 
bien  préparc  à  tout.  Il  ctoyoït  le  furpiendre  ,  maiï 
il  l'a  trouvé   cuirûjje, 

CUIRASSIER,  f.  m  .  Cavalier  arme  de  cuiralfe.  Ion- 
c\iius  equis.  Les  Allemands  font  grand  état  des  Cui- 
rjjjlers  de  l'Empereur.  Il  y  a  en  France  un  Régiment 
de  Cuirajjlcrs.  Ce  mot  fe  dit  auiîi  d'un   fimple  Fan 
talfin  qui  porte  la  cuiralFe  èc  la  pique.  Lorkûtus. 

CUIRATIER.  f.  m.  On  nomme  ainii  en  quelques  en- 
droits du  Languedoc ,  particulièi ement  à  Beaucaire , 
ceux  qui  travaillent  à  la  préparation  des  cuirs. 

CUIRE.  V.  a.  Je  cuis ,  eu  cuis  ,  il  cuit ,  nous  cuifons , 
je  cuijis ,  j'ai  cuit  _,  je  cuirai  ;  que  je  cuife  ,  que  je  cut- 
Jîjji  ,  je  cuirais.  Donner  aux  alimens  une  préparation 
convenable  pat  le  moyen  de  la  chaleur ,  pour  les 
rendre  plus  faciles  à  digérer.  Coquere  j  concoquere. 
On  le  dit  tant  de  ce  qui  fe  cuit  dans  le  pot  avec  de 
l'eau ,  que  de  ce  qu'on  rôtit  à  la  broche  j  dans  le 
four,  fous  la  cendre  ,  ou  d'autre  manière;  &  tant 
des  chofes  folides ,  comme  le  pain  ,  les  viandes ,  les 
fruits,  que  des  liqueurs,,  comme  le  vin,  les  fyrops,&;c. 

IJCT  Cuire,  fe  dir  iulli  dans  la  lignification  â^e/tTire 
cuire.  On  cuifoi:  du  pain  dans  tous  les  environs  pour 
l'armée. 

On  ledit  quelquefois  abfolument  pour  cuire  du 
pain.  Cuire  au  fourbannal  Les  Boulangers  ne  ft^i/^«r 
point  demain.  Tel  Boulanger  cuit  deux  fois  ,  trois 
fois  pat  jour. 

Cuire,  fignifie  au(Ii  Digérer;  &  fe  dit  de  cette  fé- 
conde préparation  des  alimens  qui  fe  fait  dans  l'el^o- 
mac  pour  les  rendre  propres  à  être    convertis  en  J 
notre  fubltance.  Il  y  a  des  alimens  que  l'ellomac  a 
peine  à  cuire. 

On  le  dit  à  peu-près  dans  le  même  fens  de  l'adion 
de  la  chaleur  naturelle  fur  les  humeurs.  Telle  chofe 
elT:  bonne  pour  cuire  les  humeurs  j  il  faut  que  la  cha- 
leur naturelle  cuije\cs  humeurs  ,  cuijè  le  rhume.  On 
le  dit  encore  de  l'adion  du  Soleil  fur  les  fruits  ;  le 
foleil  cuit  les  fruits ,  la  chaleur  du  foleil  n'eft  pas  alfez 
grande  chez  nous  pour  bien  cuire  les  melons.  Foye^ 
Suc,  fruir ,  maturité. 

(3UIRE  J  dans  différens  arts  Se  métiers  j  fe  dit  en  gé- 
néral de  la  préparation  qu'on  donne  par  le 
moyen  du  feu  ou  de  la  chaleur  à  cercaines  chofes 
pour  les  rendre  propres  à  l'ufage  auquel  on  les  deifi- 
ne  ,  foit  en  leur  donnant  plus  de  confiftance  ^  foit 
en  faifant  fortir  tout-à-fait  l'humidité.  Ainfi  on  dit 
cuire  du  fil,  de  la  foie  ,  de  la  colle;  cuire  de  la  chaux j 
du  plâtre.  En  Orient  les  briques  fe  cuifent  au  foleil , 
en  France  dans  des  fourneaux. 
§CF  Cuire  ,  Terme  de  Doreur  ^  c'eft  mettre  une 
pièce  rougir  fur  le  feu  pour  la  rendre  plus  maniable 
&  plus  douce.  Encyc.  • 


cela  doit  cuire  dans  ion  jus.  On  du  que  des  icgumes  j 
des  pois ,  des  fcves  &c.  cuijcnc  bien  ,  ou  ne  cuijent 
pas  bien  ,  pour  dire  qu'ils  lonr  faciles ,  ou  difficiles 
à  cuire. 

Cuire  le  dit  hypcrboliquement  d'une  chaleur  ou  dou- 
leur exceflîve  qu'on  loufi're.  Uri.  Le  foleil  eit  ii  ar- 
dent" en  cette  failon,  qu'on  cuit  dans  cette  campagne. 
Ceux  qui  foulfrent  une  grande  migraine  j  dilcnt 
que  la  tête  leur  cuit. 

Cuire  ,  fe  dit  aulH  en  patlant  des  plaies ,  des  excori.a- 
tions  ,  fluxions ,  infiammations  j  &c.  pour  caufec 
une  douleur  femblable  à  celle  que  caufe  le  feu  qui 
touche  quelque  partie. i7/c7<; ,  dolorem  ajferre  j  crca~ 
rc.  Une  plaie  qui  eR  expolée  à  l'air  a/f/  davantage, 
que  quand  elle  elf  bandée.  Quand  le  pus  fe  forme 
dans  une  plaie  ,  cela  cuit  beaucoup.  Les  yeux  cui- 
fent quand  ils  font  rouges  &  enfiamjnés.  Dans  ces 
cas  il  eft  au(li  neutre* 

Cuire  ,  fe  dit  figurément  dans  le  ftyle  fimple  &  en- 
joué ,  des  n^-auvaifcs  fuites  des  affaires  j  qui  eau- 
fent  de  la  douleur  &  du  repentir,  i'o/erd.  Il  a  dit 
une  parole  ,  il  a  fait  une  lottife  ;  il  lui  en  cuira 
long-temps.  Oh  !  qu'il  vous  en  cuira.  Bens. 

On  appelle  un  boute-tout-cT/ir^,  un  homme  qui 
mange  ,  quidilîipe  tout.  Expreilion  populaire. 

On  dit  proverbialement  &  par  nienace^  Vous 
viendrez  cuire  à  notre  four  :  pour  dire  ,  vous  aurez 
quelque  jour  affaire  de  moi. 

Cuit  ,  ite.  part.  Il  a  toutes  les  fignifications  de  fou 
verbe.  Coctus.  Du  pain  cuit.  De  la  viande  culte.  On 
dit,  en  parlant  des  chofes  bouillies,  qu'elles  font 
pourries  de  cuire  j  pour  dire,  excelîivement  cuites. 
Du  vin  cuit.  De  la  crème  cuite.  Son  rhume  n'eft  pas 
encore  cuit.  Les  humeurs  ne  font  pas  cuites. 

On  dit  proverbialement ,  Il  eft  trop  cuit,  ou  alfez 
cuit ,  pour  manger  cru  j  quand  on  a  une  telle  impa- 
tience de  manger ,  qu'on  ne  veut  pas  donner  le 
loifir  à  !a  viande  de  ci^.rc;.  On  dit  qu'un  homme  eft 
cuit ,  qu'il  eft  fricalfé  ,  pour  dire ,  que  fa  fortune  eft 
ruinée  ,  que  fon  crédit ,  que  fa  réputation  font  per- 
dus. On  dit ,  qu'il  n'a  pas  la  tête  bien  ta/rf  ,  pour 
dire,  qu'il  eft  un  peu  extravagant;  qu'il  n'eft  pas 
alTez  mût.  On  dit,  qu'un  homme  a  du  pain  cuit  ^ 
pour  dire  ,  qu'il  a  beaucoup  de  bien ,  qu'il  fe  peut 
palîer  de  rravailler.  On  dit  aulfi  qu'un  hamme  a  du 
pain  cuit,  pour  dire  ,  qu'il  a  une  bonne  provifion  de 
ce  qui  lui  eft  nécelfaire.  Ce  prédicateur  a  deux  ou 
trois  Carêmes  ,  il  a  du  pain  cuit.  Acad.  Fr. 

On  dit  encore ,  Trop  gratter  f«.-r  ,  rropparlernuit  ; 
pour  dire  j  qu'il  faut  s'abrtcnir  de  fe  giarter ,  Se  de 
parler.  On  dit  d'une  place  mal  fortifice ,  qu'on  la 
prendroitavec  des  pommes  cuites  ;  Se  auiîi  de  celui 
qu'on  menace  de  battre  ,  Je  lui  rendrai  le  viGige  plat 
comme  une  pomme  cuite.  On  dit  auffi  Liberté  & 
pain  cuit  ;  pour  dire  ,  que  les  deux  plus  grands  biens 
font  d'être  libre  ,  &  d'avoir  ce  qui  elt  nécelHiire  pour 
la  vie.  On  dit  populairement  &  balfement  :  Je^fais 

*  où  il  m'en  cuit  :  c  eft-à-dire  ,  je  fais  ce  qui  me  grève  , 
ce  qui  me  fait  peine.  Il  a  cuit  &*  moulu  ,  pour  dire  , 
qu'on  ne  veut  plus  entendte  parler  de  quelqu'un , 
dont  on  a  lieu  d'être  mécontent. 

CUIRE, É£.  adj.Terme  enufage  chez  les  Maîtres  Coffre-, 
tiers -Malletiers ,  une  malle  bien  cuirce  eft  une  malle 
de  bois ,  dont  les  joints ,  avant  qu'elle  foit  couverte 
de  cuir,  ont  été  radoubés  ,  foit  en  dedans  foit  en  de- 
hors ,  avec  une  toile  épailTe  ,  enduite  de  colle  forte. 

CUIRBT.  f.  m.  Signifie  en  termes  de  Chapeliers,  ua 
petit  morceau  de  cuir  que  l'on  met  entre  la  chan- 
terelle &  la  corde  de  l'arçon  ,  dont  fe  ferveur  les  Ar- 
çonneurs  pour  faire  voguer  l'étcifFe.  ^ 

CÙIRIE.  f.  f.  'Vieux  mot  qui  a  fignifie  un  collet  d» 
cuir  ,  ou  un  colletin  de  bufle. 

%T  CUISANT  ,  ante.  adj.  Synonyme  d'âpre  ,  piquanc. 
Acer,pungens. Douleur  cuifante.-Vioià  cuifanc. 


;4  C   U   I 

Au  figure,  on  le  du  en  parlant  des  peines  d'efprlt,  1 
pour    douloureux ,   lenlible.  Acabus  ,  molejcus.   Le 
péché  lailfe  des  remords  &   des  foucis  cuijans.  Son  ' 
'cuijhnc  délefpoir    fe  changea  en    une   tranqtlillité  • 
pleine  d'horreur ,  S.  Real.  Combien  de  cuijans  dé- 1 
plaihrs    craverfenc  fouvent  la   fortune  la  plus  tran-  ; 
quille?  Abad.  Les  Phiîofophes  ont  fait  confi'Ite-r  la 
fermeté  d'ame  à  recevoir  lans  émotion  les  chagrins 
les  plus  cuijans  ,   &  à  regarder  d'un    air  tranquille 
les  pertes  les  plus  douloureules.  S.  Evr. 


Qui  peut  dire  les  Joins  cuifans 
Qui  travaillent  les  Courtifans  r  Id. 

Jefens  au  fond  du  cœur  mille  remords  cuifans.  Corn. 

U  amour  n'a  point  de  peine  &  de  tourment, 

DeJeucuiÇàni  ,  ni  de  cruel  martyre , 

Que  de  bon  cœur  je  ne  vouluffè  élire  , 

Pour  vos  beaux  yeux  qui  me  vontconjiimant.  Voit. 

IP*  CUISEAU.  Petite  ville  de  France  j  dans  la  Brefle 
Châlonnoife  j  du  Diocèfe  de  Lyon  ,  fur  les  frontières 
du  Comté  de  Bourgogne. 

#Cr  CUISERY.  Petite  ville  de  France  :,  dans  la  Brefle 
Châlonnoife  ,  Diocèfe  de  Châlons. 

CUISINE,  ff.  La  partie  du  logis  où  l'on  cuit  j  &  où 
l'on  prépare  les  viandes ,  Culina.  Les  bourgeois  ont 
des  fervantes  de  cuifine.  Les  grands  ont  des  Ecuyers 
de  cuifine  ,  des  chefs  de  cuifine.  H  y  a  auili  une 
cuifine  fur  les  vailfeaux.  Dans  les  vaiiîeaux  de  guer- 
re on  la  place  ordinairement  au  fond  de  cale  ,  dans 
les  vailTeaux  marchands  fous  le  premier  pont ,  quel- 
quefois dans  le  château  d'avant ,  ou  aux  côtés  ,  &c. 
Chaque  nation  fuit  en  cela  fes  vues  particulières. 

La  beauté ^  les  attraits  j  l'efiprit,  la  bonne  mine  ^ 
Echauffent  bienlecxur,  mais  non  pas  la  cuifine.  Corn. 

Ce  mot  vient  de  cucina  ,  qui  fe  trouve  pour  coquina 
dans  les  anciennes  Glofes.  Ménage. 

Les  Italiens  difent  en  leur  \nng\xt  cucina.  Il  grande 
.Apparechio  délia  Cucina. 

Coquina  Cs  prononçoit  cokina,  d'où  il  s'efl;  fait  cu- 
cina ,  qui  eft  la  même  chofe  que  cucina.  Pour  co- 
^uina  j  le  P.Pezron  prétend  qu'il  eft  pris  du  Celtique 
queguin  :  mais  il  eft  au  moins  douteux  fi  queguin  n'cft 
pas  plutôt  du  Roman  formé  du  Latin  coquina.  On 
trouve  aufîî  dans  la  baftV  latinité  cocina  _,  &  cocina- 
rlus^  pour  dire, cuifinier.  Voyez  Acîa  SS.  April.  Tom. 
III.  p.  11  i  F. 

On  appelle  batterie  de  cuifine  ,  tous  les  uftenfiles 
de  cuivre  &  de  fer  qui  fervent  à  faire  cuire  ,  rôtir  , 
griller  ,  ou  autrement  préparer  les  viandes,  f^afia 
coquinaria.  Couteaux  de  cuifine  j  table  de  cuifine  , 
linge  de  cuifine. 

C^  On  appelle  familièrement  Latin  de  cuifine  , 
un  fott  mauvais  Latin. 

CCT  On  dit  populairement  nier  en  cuifine  ^  pour 
dire ,  goinfrer. 

IJCT  Faire  la  cuifine,  c'eft  apprêter  à  manger.  Appa 
rijr^.  Bonne  cuifine  j  mauvaife  cuifine  j  pour  dire  j^i 
bonne  chère,  mauvaife  chère.  Chercher  les  bonnes 
cuifines  ,  les  cuifines  bien  fondées  j  les  maifons  où 
l'on  fait  bonne  chère  j  faire  rouler ,  aller  la  cui- 
fine ,  donner  ordre  que  la  table  aille  bien  ;  fonder 
■  la  cui/Ine  ,  pourvoir  à  ce  qui  regarde  la  nourriture. 
Cuisine  ,  fe  dit  auOi  pour  le  métier  de  Cuifinier ,  pour 
l'art  fimple  d'apprêter  les  mets  pour  fatisfaire  aux 
befoins  de  la  vie.  Ars  coquinaria.  Mais  aujourd'hui 
que  la  délicateffb  5c  la  volupté  préfident  dans  les 
cuifines,  c'eft  l'art  pénible  de  donner  aux  mets, 
par  les  différens  apprêts  ,  un  goût  plus  agréable  , 
d'aiguifer  l'appétit,  &  de  faire  manger  au-delà  du 
nécelfaire.  C'eft,  en  ftyle  de  Montagne  ,  la  fcience  de 
la  gueule .  Apprendre  la  cuifine.  Savoir  la  cuifine. 


F.t  MaVnerbe  £'  Bal-^acfii  favans  en  beaux  mots  , 
En  caïCms peut-être  auraient  été  desfiets.  Mol. 


C  u  I 

On  appelle  aufli ,  la  cuifine ,  les  Officiers  qui  fer- 
vent dans  une  cuifine.  Il  a  lailîé  fa  cuifiine  à  Paris. 

On  appelle  chez  le  Roi ,  cuifine-bouche ,  le  lieu  où 
l'on  prépare  les  viandes  pour  fa  table.  Culina  menfk 
regiii.  j  cuifi'ne  du  commun ,  celle  où  l'on  prépare  pour 
les  Officiers.  Domefiicorum  menfâ,  culina. 

Le  Grand  Maître  des  cuifines  de  Pologne  eft  un  Of- 
fice important  qui  fe  donne  à  un  homme  de  condi- 
tion. 

On  dit  proverbialement ,  qu'Un  homme  eft  fort 
chargé  de  a///«c  ,pour  dire  ,  qu'il  eft  fort  gras ,  & 
fur-tout  qu'il  a  un  gros  ventre,  raldè  obej'um  ejje. 

On  donne  encore  le  nom  de  cuifine  à  une  efpècô 
de  bocte  à  différens  compartimens ,  dans  lefquels  on 
met  des  épices  &  autres^  drogues  aromatiques  j  dont 
on  fe  fert  dans  les  ragoûts.  Les  cuifines  font  comme 
un  cylindre  de  cinq  à  fix  pouces  de  long,  qui  s'ou- 
vre à  vis  par  cinq  ou  fix  endroits ,  qui  font  autanc 
de  couplets  Se  autant  de  petites  boctes  pour  les  épi- 
ceries. Ces  fortes  de  cuifines  fe  portent  dans  la  poche. 
Un  tel  a  toujours  fa  ctf////2e  dans  fa  poche. 

Qui  de  livres  de  Droit  toujours  débarraffé , 
Ponec\x\.{\\\Q  en  poche  ,  &  poivre  concajjé.  Regn. 

CUISINER.  V.  n.  Faire  la  cuifine  ,  apprêter  à  manger, 
Coquinariam  artem  exercere.  On  a  mis  ce  garçon 
chez  un  Traiteur  pour  apprendre  à  cuifiner.  Il  cuifine 
fort  bien.  Il  n'eft  d'ufage  que  dans  le  iiyle  familier. 
Il  eft  dans  Charles  Etienne. 
CUISINERIE.  f.  f.  Manière  de  faire  la  cuifine  ,d'apprê- 
rer  à  manger.  Il  eft  vieux.  L'art  de  cuifinerie  au  mon- 
de de  la  Lune  ,  eft  de  renfermer  dans  de  grands  vaif- 
feaux  moulés  exprès  ,  l'exhalaifon  qui  fort  des  vian- 
des en  lescuifant  j  &  quand  on  en  a  ramalfé  de  plu- 
fieurs  fortes  &  de  différens  goûts  ,  félon  l'appétit  de 
ceux  que  l'on  traite  ,  on  débouche  le  vailleau  où 
cette  odeur  eft  alTemblée  ;  on  en  découvre  après 
cela  un  autre;  &  ainfi  jufqu'à  ce  que  la  compagnie 
foit  repue.  Cyrano. 
CUISINIER,  lEiiE.  f.  Qui  fait  la  cuifine  &  apprête  les 
j  viandes.  Coquus  ,  coqua.  Les  Traiteurs  doivent  être 
reçus  Maîtres  cuifiniers  :  c'eft  une  maîtrife  particu- 
lière différente  desRotifteurs  &  des  Pâtiflîers.  Leurs 
titres  font  de  Maîtres  Queux  &  Porte -chappes.  Les 
Cuifiniers  ont  réduit  en  art  &  en  méthode  le  fecret 
de  Hatter  le  goût  ,  &  de  faire  manger  au-delà  du 
nécelfaire.  La  Bruy.  On  donne  fouvent  le  furnom 
àe  Cuifinier  ,  coquus  ,  à  Martial ,  foit  parce  que  lui , 
ou  fon  père  l'a  voient  été ,  foitpatce  qu'il  parle  fou- 
vent de  fauce  &  de  bonne  chère. 

§3"  On  a  donné  le  nom  de  Cuifîniere  ^  f.  f.  à  un 
uftenfile  de  fer  blanc  j  qui  fert  à  faire  rôtir  la  viande. 
CUISSART.  f.  m.  Armure  de  lacuifie  ,  qiiifertau  fol- 
data  le  défendre  des  atteintes  ou  des  effets  du  coup, 
dans  cette  partie.  Le  cuiffarteH  attaché  au  bas  du  de- 
vant de  la  cuiralfe.  Fémorale  j  femoris  tegumentum 
ferreum.htscuifiarts  n'ont  commencé  d'être  en  ufage 
que  vers  1 300.  Le  Gendre  ,  Mœurs  des  François  p. 
104. 
CUISSE,  f.  f.  Partie  du   corps  de  l'homme  ,  ou  des 
animaux  à  quatre  pieds  ,  &  des  oifeaux  ,  qui  eft 
entre  la  jambe  ou  jarret ,  &  le  tronc  du  corps.  Fé- 
mur. On  a  donné  différens  noms  aux  différentes  par- 
ties de  la  cuijfe.  Le  devant  de  fa  partie  fupérieure  fe 
nomme  Xaîne  j  inguen ,  le  côté  de  dehors  la  hanche, 
coxa  3  coxcndix ,  &c  le  derrière  hfiefie  j  clunis.   Sa 
partie  inférieure  &  poftérieure  s'appelle  jarret, po- 
ples,  àepofi    &  ;?/ifo ,  parce  qu'il  fe  plie  par  der- 
rière ;  &  l'antérieure  s'appelle  genou,  genu,  qui  vient 
du  Grec  '/t>v ,  fignifiant  angle.  L'os  de  la  cuiffe  eft  le 
plus  grand  &  le  plus  fonde  tous  les  os  du  corps  hu- 
main ,  parce  qu'il  en  poite    tout  le  fardeau  ■,  d'où 
vient  qu'il  a  été  aufli  appelé  fiemur  j  du  mot  Latin 
fero .  qui  fignifie  porter.  Les  Payens  croyoient  que 
Bacchus  étoit  né  de  la  cuiffe  de  Jupiter  ,  où  il  avoit 
été  enfermé.  On  eftime  la  cuijfe  dans  Les  bécaflès^ 
&  l'aile  dans  les  perdrix. 


C  U  I 

Ménage ,  après  Saumaife  ,  dérive  le  mot  François  ■ 
cui(Je  du  Latin  coU'a  ,  qu'on  a  dit  pour  coxa. 

On  dit  au  Manège ,  les  aides  des  cu/Jjes  ,  pour 
dire  j  les  mouvemens  des  aùy'es  j  par  lefquels  le 
Cavalier  tait  obéir  le  cheval  à  ce  qu'il  lui  demande. 
Femcrum  motu  equum  regere  j  moderari. 

A  la  boucherie  on  appelle  la  cuijje  de  bœuf  j  la 
partie  de  derrière  du  bœuf  qui  fe  divile  en  quatre, 
le  cimier ,  le  gue  j  la  cuîoae  ,  6:  le  trumeau. 

On  appelle  aufli  cuijj'es  j  certaines  parties  ou 
divilîons  de  fruits  coupés  par  quartiers..  Une  cuijfe 
de  noix.  Quairipanits,  in  nucleo  dijlinclionis  pars 
quéiHhet. 

On  dit  accoler  la  cuijjc  à  un  homme,  quand  on 
le  va  faluer  à  fon  arrivée  en  delcendant  de  cheval. 
Aliad  defcendend  ex  equo  gratulari  j  blandiri. 
Cuisses  ,    en  termes  de  Verrerie  ,  font  des  manières 
de  piliers  qui  fupportent  la  couronne  &   l'arche. 

\^z%  ferruriers  appellent  cuiQe  de  grenouilles  cer- 
tains anneaux  de  clefs  qui  font  limés  &arrondis, 
enforte  que  ce  qui  touche  la  tige  eft  plus  menu 
que  le  milieu  de  l'anneau  ,  lequel  eft  partagé  avec 
la  lime  par  une  efpèce  de  cilelure  qui  forme  comme 
les  deux  cuijj'es. 
Cuisse  de  triglyphe.  Terme  d'Archireélure.  C'eft  la 
nervure  ,  la  côte  élevée  entre  deux  glyphes  ou  ca- 
vités dans  un  triglyphe.  Vitruve  l'appelle  Fémur. 
CUISSE  -  MADAME,  f.  f.  Efpèce  de  poire.  Pymm 
Onychinum,  La  Cuijje- madame q'X  une  efpèce  de  rouf- 
felet  j  elle  en  a  la  ligure  &  le  coloris  ;  elle  a  la 
chair  entre  tendre  &  calfante  ,  accompagnée  d'une 
eau  alfez  abondante ,  un  peu  mulquée  ,  &  fort 
agréable  quand  elle  eft  bien  mûre.  Elle  mûrit  au 
commencement  de  Juillet.  Son  arbre  fait  de  fort 
beaux  buiflons  ;  il  eft  très -difficile  à  fe  mettre  à 
fruit;  mais  aulli  fait -il  merveilleufement  des  qu'il 
a  commencé.  La  Quint.  L'arbre  &  le  ttuit  pot- 
tent  ce  nom  ,  comme  la  plupart  des  autres  fruits. 
CUISSETTE.  f.  f.  Terme  de  Manutaclure  de  lainage. 

Il  fe  dit  de  la  moitié  des  fils  d  une  portée. 
CUISSON,  f.  h  Manière  de  faire  cuire  une  chofe  ,  & 
le  degré  convenable  auquel  il  faut  taire  cuire.  Cociio, 
coclura.  On  a  tant  payé  pour  la  cui[fon  des  viandes. 
Les  viandes  doivent  être  fervies  dans  une  certaine 
fleur  de  cuijjon  qui  palTe  en  un  moment.  Citri. 

IJCF  On  appelle  pain  de  cuijfon ,  le  pain  de  mé- 
nage qu'on  tait  chez  foi. 
tfS'  Cuisson  fe  dit  principalement,  parmi  les  conti- 
feurs  des  différentes   préparations   du   fucre  qu'on 
fait  palier  au  feu.  Foye^  Caramel,  Casse,  Lisse  j 
Plumé,  Soufflé. 
Cuisson,  Te  dit  auffi  paffivement  de  la  douleur  que 
caufe  une  brûlure,   une  inflammation,  une  plaie j 
une  excoriation.   Urens  doloris  fenfus.  Il  fent  une 
Jurande  cuijffon da.ns  l'œil,  dans  les  reins,  dans  les  ure- 
tères. 
CUISSOT,  f.  m.  Cuifte  de  cerf ,  de  fanglier  ,  de  che- 
vreuil, il  ne  fe  dit  qu'en  parlant  de  vénaifon.  Ferin<t 
fémur.  Il  m'a  fait  pvéfent  d'un  cuij'foc  de  cerf.  Ce 
cuijfot  de  chevreuil  fera  bon  en  pâte. 
CUISSY.  Abbaye  de  Prémontrés.  CuiJJiacum.  Elle  eft 
au  pied  de  la  montagne  de  Cuijjy ,  aftez  près  de  la 
rivière  d'Aifne,  à  quatre  lieues  de  Laon.  Elle  doit 
fes  commencemens  à  Luc,  Doyen  de  la  Cathédrale 
de  Lion ,  qui  quitta  le  monde  ,  (?c  fe  retira  dans  une 
Chapelle  au  lieu  où  eft  cette  Abbave.  L'Evèque  de 
Laon  Barthelemi,  à  qui  cette  Chapelle  appartenoit, 
en  fit  la  donation  à  Luc  par  un  Acte  de  1 1 17.  J^oye^ 
la  Vis  de  S.  Norbert  par  le  P.  Hugo,  p.  1945-155. 
1^  CUISTRE,  f.  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  ordi- 
nairement aux  valets  de  Collège. 

|3"  C'eft  aufti  un  terme  d'injure  dont  on  fe  fert 
pour  défigner  un  pédant  ruftre  &c  gvollier.  C'eft  un 
cuiflre  ,  un  vrai  cuifire ,  un  cuiJJre  fieftc. 

Plufieurs  dérivent  ce  mot  "de  l'Allemand  hujier , 
qui  fignifie  un  ferviceur  d'Eglife.  Mais  il  vient  plutôt 
du  Latin  coauere. 
CUIT  ,  iTE.  Foxe-r  CUIRE. 
CUITAPERL  Montagne  de  Laponie,  près  du  bord 


.  C  U    I  jj 

oriental  du  fleuve  de  Torno,  à  4  ou  5  lieues  au  Sud 
d'Avalaxa.  Cuicaperus  AJons.  à.  4  lieues  d'Avalaxa 
nous  quittâmes  nos  bateaux  ,  &  ayant  marché  envi- 
ron une  lieue  dans  la  torèt ,  nous  nous  trouvâmes 
au  pied  de  C«/r.i/;e/7,  montagne  tort  efcarpce,  donr  le 
fommet  n'eft  qu'un  rocher  couvert  de  mouife  ,  d'où 
la  vue  s'étend  tort  loin  de  tous  côtés,  &  d'où  l'on 
voit  au  midi  la  Mer  Boti^a.  Maupert. 
§CJ"  CUITE,  f.  t.  Quantité  de  pain  ou  d'autre  chofe  qui 
a  été  mile  au  four ,  &  retirée  chaque  fois.  Du  pain 
de  la  première,  de  la  féconde  cuice.  Dans  ce  fens  il 
faut  dire  du  pain  de  la  première  ou  de  la  féconde 
fournée. 

On  le  dit  aufll  du  degré  de  cuilfon.  Coclura.  La 
cuiie  de  ces  briques  n'a  pas  été  allez  torte.  La  cune 
de  la  chaux,  du  verre,  la  première ,  la  féconde  cuite. 
Les  Chimiftes  tiennent  que  le  fuccès  de  leurs  opé- 
rations dépend  de  la  cuice ,  de  la  manière  de  donner 
le  teu  pendant  la  cuice. 

On  a  dit  à  cu'uc  dans  le  vieux  langage  ,  pour  dire  à 
force.  Brochent  à  cuice  d'éperon. 

CUIVRE,  f.  m.  Métal  qu'on  tire  de  plufieurs  mines 
de  l'Europe  ,  mais  particulièrement  de  Suède,  u^s 
cyprium ,  cuprum.  Il  eft  dur,  kc  ik  pefant ,  &  le 
plus  ductile  après  l'or  Si  l'argent.  Il  abonde  en  vi- 
triol tk  en  foufre.  Les  Chimiftes  l'appellent  Femis  , 
croyant  qu'il  a  du  rapporr  à  cette  planète.  Ils  di- 
fent  qu'il  eft  compote  d'un  ioufre  mal  digéré,  d'un 
mercure  jaune  &  d'un  tel  rouge.  On  le  trouve  en 
poudre  (5c  en  pierres ,  lefquelles  on  lave  bien  pour  les 
nettoyer  d'unevterre  qui  y  eft  mêlée.  On  les  tait  ton- 
dre enfuitepar  le  moyen  d'un  feu  très-vif,  &  l'on  jette 
la  matière  tondue  dans  des  moules.  C'eft  le  cuivre  or- 
dinaire. Pour  le  rendre  plus  dur  cS:  plus  beau,  on 
le  fait  refondre  une  ou  deux  fois  ;  il  s'en  fépare  à 
chaque  fulion  quelques  parties  grollières  &  terref- 
ties.  On  l'appelle  alors  cuivre  de  rofecce.  Toute  la 
fonte  ou  le  bronze  eft  de  cuivre  avec  quelque  mé- 
lange d'étain  ou  d'antimoine.  Le  cuivre  jaune  eft 
un  mélange  de  cuivre_  avec  de  la  calamine ,  qui  eft 
une  terre  jaune  que  l'on  trouve  vers  le  Pays  de 
Liège,  avec  laquelle  on  le  fond;  &  il  augmente 
fon  poids  de  dix  pour  cent.  On  l'appelle  auffi  lai- 
ton ,  &  en  Latin  aurichalcum  ,  comme  qui  dirait 
âLs  aureum.  On  en  fait  la  plupart  des  uftenliles  du 
ménage  &  de  cuiline.  On  reblancint  le  cuivre  jaune 
avec  de  l'elprit  d'arfenic  &  d'orpiment.  Pline  die 
qu'il  y  a  du  cuivre  naturellement  blanc,  &  qu'il  fe 
trouve  au-dellous  de  la  mine  d'argenr. 

%fT  On  connoît  à  la  Chine  le  cuivre  blanc  &  le 
noir. 

f~C?  U  y  a  au  Japon  du  aijvre  couleur  de  feu ,  qui 
eft  extrêmement  fin  &  .calîant. 

tfT  II  y  a  à  la  Chine  un  ttès  -  beau  cuivre  vert  , 
qui  eft  par  petites  aiguilles,  velouté  &  foieux  ;  on 
diroit  qu'il  chatoyé. 

On  appelle  cuivre  vierge  j  celui  qui  fort  de  la 
mine ,  qui  n'a  point  été  fondu. 

Les  Chimiftes  appellent  [afran  de  Venus  ,  celui 
qui  fe  fait  de  lames  de  cuivre  ftratifiees  avec  du  fel 
décrépité  en  poudre  dans  un  creufet,  quand  on  lésa 
éteintes  dans  l'eau,  &  ratilTéesavec  des  broiles  de  fer. 
Ce  fafran  eft  très-rouge  ,  &  on  en  fait  des  emplâtres 
pour  mondifier  les  plaies  &  les  ulcères.  On  a  pré- 
tendu que  l'efprit  de  Vénus  étoit  un  véritable  al- 
kacft  capable  de  dilfoudre  totalement  les  perles , 
les  coraux  ,   les  yeux  d'écrévilïè ,  plus   facilcmenc 

?[ue  tous  les  autres  dilFolvans ,  fans  rien  perdre  de 
a  force  ;  mais  l'expérience  eft  contraire.  On  donne 
aulli  le  nom  de  fajran  de  Venus  à  Xits  uftum.  On 
appelle  le  vert  de  grisou  rouillure  de  cuivre,  arugo. 


Le  cuivre  rouge  fondu  avec  vingt-  deux  à  ving- trois 
livres  d'étain  fin  par  quintal  ,  eft  appelé  mecal ,  5c 
c'eft  celui  dont  on  fait  les  cloches.  Quand  le  cui- 
vre rouge  Se  le  jaune  font  fondus  enfembls  quintal 
pour  quintal,  alors  on  l'appelle  bronze ,  &  on  en 
fait  les  figures ,  les  ftatues ,  &  les  autres  ornemens. 
Dans  la  ptovince  de  Fokien  à  la  Chine ,  il  y  a  un 


SG         CUÎ         CUL 

iac  ,  difent  les  Chinois,  dont  l'eau  ell  vcrti  ,   & 
qui  change  le  ter  en  cuivre.  P.  le  Comte. 

M.  Bekerj  premier  Apothicaire  du  Roi  de  Dan- 
nemark  ,  croit  qu'il  e(l  dangereux  pour  la  lantéde 
manger  ou  de  boire  des  choies  acides  dans  des  vafes 
<l'argent  commun  ,  où  il  y  a  beaucoup  de  cuivre , 
&:  plus  dangereux  encore  de  fe  fervir  dans  ces  oc- 
cafions  des  vaifleaux    cfe  cuivre. 

ffZT  Aucun  métal  ne  fe  rouille  plus  facilement 
à  l'air  Se  dans  l'eau.  Cette  rouille  qui  efl;  verte,  ôc 
qui  s'appelle  verdet ,  communément  vert  de  gris  , 
tend  les  vailfeaux  de  cuivre  très-dangereux,  à  moins 
qu'ils  ne  foient  bien  étamés  ,  &i  fi  l'eau  y  a  féjourné, 
elle  contradte  le  goût  de  cuivre ,  &  en  dilfout  quel- 
que partie,  qui  peut  être  très- préjudiciable  à  la 
fan  té. 

Les  Médecins  Indiens  font  grand  cas  du  talc  &: 
<3u  cuivre  jaune  ,  qui  confume  ,  à  ce  qu'Us  difent , 
les  hu  meurs  les  plus  vifqueufes  ,  &:  qui  levé  les  obf- 
truétions  les  plus  opiniâtres.  Let.  Cur.  et  édif. 
Tom.  IX. 

Ce  motdecan"-^  vient  du  Latin  <::yp;wn,  ainfi  ap- 
pelé ,  quafi  izs  Cyprium  ,  parce  qu'il  a  été  trouvé  pre- 
mièrement dans  l'Ile  de  Chypre,  comme  dit  Phne. 
Cuivre  de  Corinthe  ,  ce  métal  ii  fameux  étoit  un 
alliage  d'or  &  d'argent,  oii  le  cuivre  l'emporte,  ^s 
Corinthiacum.  Ce  mélange  fe  fit  à  l'embrâfenient  de 
Corinthe.  Les  diftérens  métaux  fondus  formèrent 
un  alliage  fortuit  qui  a  gardé  le  nom  de  cette  ville 
laccagee. 

Ç3"  Plufieurs  regardent  comme  une  fable  cet 
alliage  accidentel  des  trois  métaux  qui  fe  fit  dans 
l'embrâfement  de  Corinthe,  fuivant  quelques  Hif- 
toriens ,  &  prétendent  que  le  cuivre  de  Corinthe  étoit 
réellement  une  compoluion  d'un  mélange  At  cuivre., 
d'or  &  d'argent  fait  par  art. 

Savot  a  parlé  plus  exaétement  du  cuivre  de  Corin- 
the ,  il  en  marque  trois  efpèces  \  l'une  où  l'or  eft  le 
iiiétal  dominant  ^  l'autre  où  l'argent  prédomine,  & 
la  troifieme ,  où  l'or ,   l'argent  &  le  cuivre  font  en 
égales  portions.  Il  prétend  même  qu'on  imitoit  le 
vrai  cuivre  de  Corinthe  en  alliant  ces  trois  métaux. 
Chez  les  Médailliftes  le  c^^ivre,  dans  la  diftin£tion 
des  fuites  des  médailles  dont  les  cabinets  font  com- 
pofés,  porte  le  nom  de  bronze.  On  voit  plufieuts 
médailles  de  cuivre  rouge  dès   le  tems  d'Augulte  , 
qu'on   range  parmi  le   moyen  bronze.   Il   y    en  a 
aufli  de  cuivre  pune  parmi  le  grand  &  le  moyen 
bronze. 
Cuivre.  Terme  de   Carrier.   Les  Carriers   appellent 
banc  de  cuivre,  une  pierre  dure  &  jaunâtre,  qui 
ne  peut  fervir  qu'à  faire  du  rabot ,  &  à  paver  les 
cours  des  maifons. 
CUIVRE,  adj.  On  appelle,  en  termes  de  Doreurs,  Ou- 
vrage cuivré,  une  faulTe  dorure,  c'eft-à-dire,  une 
dorure  faite  avec  du  cuivre  en  feuille,  employé  de 
la  mt-me  manière  que   l'or  fin. 
CUWRETTE.  f.  f.  C'eft  une  petite  anche  de  cuivre 
qu'on  applique  fur  les  balfons  ou  hautbois ,  lorfque 
leur  longueur  empêche  de  les  emboucher  commodé- 
ment. Liugula  ex  <tre  cyprio.  On  appelle  aulli  cuivrette 
le  petit  morceau  de  cuivre  fur  lequel  on  attache  & 
on  lie  les  petits  morceaux  de  cuivre  qui  compo- 
fent  une  anche. 
CUWREUX.  adj.  Terme  de  Teinturier.  Ce  font  des 
reflets  qu'aune  pellicule  prefque  toujouts  très-min- 
ce j  que  l'on  voit  dans  la  fermentation  de  l'indigo. 
Ces  reflets    font  appelés  cuivreux  ,  parce   qu'on  y 
voit  les  couleurs  de  l'iris ,  où  le  rouge  &  le  jaune 
dominent.  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  1 740. 
pag.  15^. 
fO^  CUIVROT.  f  f.  Outil  d'Horlogerie.  Petite  pou- 
lie de  laiton  qui  a  un  trou  pour  entrer  fur  les  ti- 
ges de  différentes  pièces  que  l'on  veut  tourner.  Enc. 
Il  y  en  a  de  plufieurs  façons. 

CUL. 

§CF  CUL.  f.  m.  L'/  ne  fe  prononce  point ,  Se  on  le  fup- 


CUL 

prime  fouvent  dans  l'écriture.  Le  denière,  cette 
partie  de  l'homme ,  qui  comprend  les  klfes  &  le 
fondement.  Tomber  fui  le  eut.  S'alfeoir  fur  le  cul. 
Donner  des  coups  de  pied  au  cul.  Un  poftillon  a  fou- 
vent  le  a// écorché.  L.et  enfant  s'ell  mis  à  cul  nud. 
Culus ,  nates,  dunes.  On  le  dit  auili  de  l'anus  même, 
par  où  l'animal  décharge  fon  ventre. 

^fT  On  dit  proverbialement  qu'un  homme  mon- 
tre fon  cul ,  qu'on  lui  voit  le  cul ,  pour  dire  que 
fes  habits  font  mauvais. 

|Cr  On  dit  aufli  proverbialement  &  figurément, 
montrer  le  cul ,  pour  tourner  le  dos ,  montrer  de  la  % 
foiblefle  où  il  faut  de  la  fermeté.  Tergum  vertere. 

On  dit  d'un  homme,  qu'il  a  toujours  le  cul  fur 
lafelle,  pour  dire  qu'il  ell  vigilant,  qu'il  eft  tou- 
jours à  cheval.  Semper  equo  injidens.  On  le  dit  aufli 
de  celui  qui  eft  allidu  à  l'étude,  à  fon  travail, 
qui  efl  fédentaire.  On  l'appelle  autrement  cul  de 
piomb. 

On  dit  aulîi  que  quelqu'un  a  été  arrêté  fur  cul , 
pour  dirCj  tout  court,  &  qu'on  l'a  empêché  de  paf- 
fer  outre.  Repente.  On  le  dit  aufli  des  autres  obf- 
tacles  qu'on  met  à  la  pourfuite  des  affaires.  On  al- 
loit  fine  adjuger  cette  terre  \  mais  les  dettes  de 
l'Etat  ont  fait  arrêter  fur  cul  le  pourfuivant. 

On  dit  au  jeu  ,  jouer  à  «-levé,  dans  les  jeux 
où  l'on  ne  peut  jouer  que  deux ,  lorfque  celui  qui 
perd  quitte  la  place  à  un  troifieme  pour'  jouer  à 
fon  tour.  On  dit  aullî,  jouer  à  coupe-c«/,  quand 
on  joue  à  la  charge  de  ne  point  donner  de  revanche. 
On  appel  au  Lanfquenet  un  coupe-c///,  quand  celui 
qui  a  la  main ,  tire  fa  carte  la  première  ,  &  perd 
toutes  les  autres. 

Qu'ils  fe  gouvernent  comme  au  jeu. 
Quand  on  leur  coupe  cul ,  qu'ils  modèrent  leur  feu . 

Nouv.  CHOIX  BE  'Vers. 

Cul,  fe  dit  par  extenfion  du  fond  de  la  partie  infé- 
rieure d'un  vailfeau.  Fundus.  Le  cul  d'un  verre,  d'une 
bouteille.  Le  cul  d'un  chapeau ,  c'eft  la  forme  d'un 
chapeau.  Cul  de  chapeau  fe  dit  vulgairement  d'un 
chapeau  dont  on  a  coupé  les  bords  au  nœud,  c'eft- 
à-dircj  au  bas  de  la  tête.  Le  cul  d'un  chaudron  j 
le  c'.'//  d'un  panier,  d'une  pocle,  d'une  hotte,  &c. 

Mettre  hu  tonneau  fur  «/,  c'eft-à-dire,  le  vider 
&:  le  renverfer  après.  Dolium,  cadum  invertere  ,  ver- 
tere. On  dit  aulil ,  boire  fur  le  cul  d'un  tonneau  , 
pour  dire,  fe  fervir  d'un  tonneau  renverfé  au  lieu 
de  table.  On  dit,  mettre  une  charrette  à  cul ,  pour 
dire,  la  mettre  les  limons  en  haut.  Acad.  Franc 

On  dit  fut  la  mer,  mettre  cul  en  vent,  c'efl-à- 
dire ,  mettre  vent  en  poupe,  fans  voiles,  ou  au- 
trement, par  un  gros  tems.  Fuppim  ventis  ohver- 
tere.  Les  matelots  appellent  <:«/  c/e/^or  double  ou  fim- 
ple,  certains  nœuds  qu'ils  font  au  bout  des  cor- 
des. 

On  appelle  un  ci^Z-de-baffe-folTe,  un  cachot  creufé 
dans  la  balfe  -  foife  même ,  l'endroit  le  plus  bas 
d'une  prifon.   Locus  in  carcere  deprejjlor. 

ffT  Cul,  en  matière  de  Modes ,  on  a  donné  ce  nom 
à  des  embourremens  d'habits,  ou  à  certains  gros 
bourrelets  qui  entouroient  tout  le  corps ,  dont  les 
Dames  fe  fervoient  pour  paroître  plus  grolles  de 
la  ceinture  en  bas.  Elles  ne  mettoient  ces  culs  que 
quand  elles  vouloient  fortir  j  &  elles  difoient ,  ap- 
portez-moi mon  cul.  On  ne  trouve  point  le  cul  de 
Madame.  Le  cul  de  Madame  eft  perdu.  Dialogue 
du  nouveau  langage ,  p.io^. 

Cul,  fe  dit  aufli  du  derrière  de  quelque  chofe.  Ter- 
gum. On  fouette  les  coupeurs  de  bourfe  au  ca/ d'une 
charrette.  Le  ci// d'une  aiguille  ,  elt  le  derrière,  le 
trou  où  l'on  palfe  le  fil.  Foramen  acùs.  Le  cul  d'un 
artichaut  eft  la  partie  du  fond  qui  touche  la  tige. 
Cinarx,  ima  pars. 

CuL-BAs.  Sorts  de  jeu  de  cartes  qui  fe  joue  à  cinq 
ou  lix  perfonnes,  plus  ou  moins.  Koye\  Cu-bas  , 
en  fuivant  l  ordre  ortngraphique. 

CuL-DE-LAMPB,  fc  dit  HQn - fculement  de  la  partie 

extérieure 


CUL 

extérieure  &  plus  balFe  de  ia  lampe ,  mais  aufll  par 
comparaison  des  oinemens  darchicedure  &  de  me- 
nuiîerie,  quon  mec  aux  voûtes  &  aux  planciaeis, 
pour  tinir  oc  terminer  le  dcllous  d  un  ouvrage,  & 
qui  ont  la  ligure  de  l'excicmité  d'une  lampe,  i  cf- 
■tu^ifiecuus  luurn&  junius.  On  appelle  cm-ac-Lampe. 
une  efpèce  de  pendentif  qui  tombe  d(;s  nervures 
des  voûtes  gothiques. /^c;«if/^J  àjornke  gochicj  orna- 
mcntum  tejiuaintaco  lucerns.  Juridù  Jimuc.  On  ledit 
auffi  en  Imprimerie  de  ces  figures  qu'on  met  au 
bas  des  pages  à  demi-vides.  Imprejju  l'ypis  ima- 
guncuLa  ,  cejcudineau  lucerm  Jundi  in  mùrem  dejuiens. 
Et  encore  de  ces  lignes  qui  aboutilfent  en  pointe  à 
la  hn  dun  chapitre j  dun  ttaicé,  qui  ne  vont  pjs 


CUL 


57 


julqu'au  bouc  de  la  page.  Cul-de-iampe  en  encor 
bellement,    eft   une  faillie  de  pierres  rondes  par 
leur  plan  j  qui  porte  en  encorbellement  la  retom- 
bée d'un  arcdoubleau,  d'une  tourelle,  d'une  gué- 
rite,  &CC- 
Cul- DE -FOUR.  Voûte  fphcrique.  On  appelle  c://-</e- 
Jour  un  pendentit,   une   voûte  fphérique  rachetée 
par  quatre  fourches  ou  pendentifs  ,  &  qu'on  nom- 
me aaiîi  pendentit    de  Valence,    fejîudo.    Cul-de- 
jour  de  niche  j  la  fermeture  cintrée  d'une  niche 
fur  un  plan  circulaire. 
Cul  -  DE  -JATTE  eft  un  homme  qui  n'a  ni  jambes  ni 
cuilFes ,  &  qui  marche  lur  le  eut  enfermé  dans  une 
jatte.  Captus  cruribus  idebque  coaclus  j'tdcre  Jèmper 
tanquam.  in  gabaza.  Le  Poète  Scarron  avoit  pris  le  fur- 
nom  de  cul-dn-jatce  ,  parce  qu'il  étoit  paralytique, 
&  étoit  toujours  dans  la  chaife. 
CuL-DE-PouLE ,   fe  dir  par  comparaifon  d'une  petite 
grimace  qui  fe  fait ,  quand  on  avance  les  levées  en 
rond  pour  faire  la  moue  ,  parce  que  cela  reprélente 
un  cu'-de-poulè.  A^eclata  quidam  Labrorum  projecuo. 
On  le  dit  aulïï  ,  quand  on  joint  les  cuiq  doigts  de  la 
main    enfembie  ,    enforte  qu'ils  ne  tallcnt  qu'un;, 
pointe.  Coacli  in  ununi  eum^em  apic&m  quinque  dig:ri. 
CuL-DE-SAc,  fe  dit  non -feulement  au  propre  du  tond 
d'un  fac,  mais  encore  ilhgnifieunbout  de  rue  qui  n'a 
point   d'ilfue.  Angiporcus  j  Angipùrcum. 
Cul  -  DE  -  SAC  -  Royal.  Terme  de  Géographie.  C'ell; 
le  principal  &  le  meilleur  port  de  la  Martinique  j  il 
eft  défendu  par  un  bon  fort. 
Cul  -  BLANC  ,  f.  m.  Oifeau  qui  fréquente  les  rivières  ^ 
gris  par-delfus  ,  &  blanc  par-dclFous.  Il  eft  bon    à 
-manger.  On  l'appelle   Cul-blanca  caufe  de  la  blan- 
cheur des  plumes  de  fbn  croupion.  Le  Cul-blanc  n'a 
qu'un   petit  cri  lorfqu'on  le  fait  partir.  Il  ne  fait 
pas  un  vol  fort  long  ,  &  ne   s'élève  pas  beaucoup  , 
volant  feulement  à  fleur  d'eau.  Il  eft  un  peu  plus  pc 
titquela  bécalîine.  La  couleur  de  fon    pennage  eft 
d'un  gris  cendré  \  mais  les  grandes  plumes  des  aiks 
font  un  peu  obfcures.  Leventre  ,  les  cuiires ,  &:  gé 
noralement  toutes  les  parties  de  deffous  font  blan- 
châtres. Son  bec  eft   noirâtre ,  long  &   menu  ,  les 
jambes  noirâtres  aufli  ,  &:  moins  longues  que  celles 
de  la  bécalîîne.  On  dit  qu'il  fe  cache  pendant  les  jours 
caniculaires  ,  &  qu'il    revient  aulîi-tot  qu'ils  font 
paires. 

Il  y  a  encore  trois  autres  efpèces  de  cul-blancs.  La 
première  s'appelle  Vitrée.    f^oye\  ce  mot. 

La  féconde  eft  un  oifeau  un  peu  plus  petit  que  le 
V  itrec ,  &  un  peu  plus  grand  qu'un  palfereau.  Sa 
lète ,  fon  cou  ,  fon  dos  ,  les  petites  plumes  de  fcs 
ailes,  fa  poitrine  &  fon  ventre  ,  font  d'un  roux 
jaui>âtre  ,  plus  coloré  fur  le  dos ,  &  plus  clair  par  la 
poitrine.  Ses  yeux  font  noirs  :  derrière  les  yeux  i!  a 
une  tarhe  noire  alFez  grande  ,  qui  a  la  figure  d'un 
croiliant.  Son  bec  eft  d'une  moyenne  longueur , 
grêle  ,  &  noir.  Les  grandes  pennes  de  fes  ailes  font 
pareillement  noires,  &  jaunâtres  à  leurs  exnémités , 
ainfi  que  les  plumes  de  fa  queue.  On  l'appelle  en 
Grec  Oen.uithe  ,  &  en  Latin  Vittiflora. 

La  troilièine  efpèce  eft  commune  en  Italie.  Oe- 
nantha  ,  Vittiflora  Italica.  Cet  oifeau  a  le  bec  très- 
aigu  ,  &  une  fiçon  d'oreilles  alTez  grandes.  Sa  tèrc- 
eft  d'une  couleur  cendrée  ,  tirant  fur  le  brun  \  fon 
dos  eft  de  mèm.e  couleur  ,  mais  marqué  de  taches 
Tome  m. 


plus  noires.  Son  ventre  eft  tacheté  démarques  de  cou- 
leur de  rouille.  Sa  gorge  ,  la  poitrine  ,  &  le  refte  de 
fon  ventre,  lont  d  un  gris  cendré  j  comme  1  alouette; 
fes  aiks  de  même.  Les  plumes  qui  font  à  1  extré- 
mité des  côtés  font  plus  pâles.  Les  petites  plumes 
du  lecond  rang  j  qui  couvrent  les  grandes  pennes 
des  ailes ,  fonr  leir.ées  de  blanc.  Sa  queue  eft  longue 
de  trois  doigts  J  &c  garnie  de  douze  plumes,  qui 
ont  chacune  une  cache  blanche  à  leur  extrémité, 
qui  eft  placée  en  dedans  refpedlivement  de  part  & 
d'autre.  Elles  lonc  oppoiées  les  unes  aux  autres  avec 
un  bel  oidre.  Les  plumes  qui  garnilïent  le  croupion  , 
lont  b.ancliâtres  à  l'extrémué.Ses  ongles  font  grands, 
robuftes,  &:  bien  pioporcionnés. 

Aux  environs  de  Boulogne  en  Italie  ,  il  y  a  encore 
un  petit  oifeau  qui  a  la  queue  &  le  cul  prefque 
tout  blanc  ,  la  cèce  éi  le  dos  d'un  jaune  tirant  fur  la 
rouille,  les  pennes  de  fes  ailes  moitié  noires,  &  moi- 
tié jaunes  ;  Ion  bec  long  &  biun  ,  fa  gorge  ,  fa  poi- 
trine &  fon  ventre  ,  d'un  blanc  qui  tue  un  peu  lue 
le  jaune.  Sa  queue  proche  du  crt)Upion  ,  eft  jaune  \ 
le  refte  eft  noirâtre-  Les  Cifeliers  l'appellent  Stra- 
pafio.  On  pourroit  l'appeler  en  Latin  Oenanthe  ou 
.  i^  ittifiora  Eononica-. 

On  appelle  populairement  culs-blancs  ,  les  petits 
merciers  qui  vont  par  la  campagne  vendre  de  me- 
nues marchandifcs  qu'ils  porcenc  dans  une  balle  fur 
le  dos.  Dans  les  Ordonnances  ils  font  nonmiés  Porte- 
Balles, 
Cul-rouge  ,  f.  m.  Sorte  d'oifeau.  Voyez  Epeiche  ,  ou 

PiC-ROUGE. 

Cul-dan  e  ,  f.  m.  Efpèce  de  poiflbn  ,  autrement  nom- 
mé Ortie  de  mer. 

CuL  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Il  eft  de- 
meuré entre  deux  féUes  le  cul  à  terre  ,  pour  dire  » 
Il  a  manqué  les  deux  occafions  qui  s'étoientpréfeu* 
tées ,  &  fur  lefquelles  il  avoit  compté. 


Je  vois  ces  héros  retournés 

Che\  eux  avec  un  pied  de  ne\  , 

Et  le  protecleur  des  rebelles 

Le  cul  à  terre  entre  ceux  Jeiies.   La  font. 

Comme  un  homme ,  qui  voulant  s'affcoir  ,  aa 
lieu  de  le  mettre  fur  un  fiège,  s'alîied  entre  deux  chai- 
fes  &  tombe  à  terre. 

On  dit  aulli  qu  ui»  homme  en  a  dans  le  cul ,  pour 
dire  qu'il  a  fait  une  grande  perte  ,  loit  en  procès, 
fou  au  jeu,  foit  en  autre  afiaire  :  &:   on   an  aufii , 
qu'il  eft  à  cul ,  pour  dire,  qu'il  eft  rmne  lans  rcftour- 
ce.  On  dit  aufti  de  celui  qui  eft  tombé  en  bas  la  tête 
la  pveni:ere  ,  que  la  tête  a  emporté  le  cul.  On  dit 
deplufieuts  gens   alliés  en  même  famille,  qu'ils  fe 
tienncnr  tous  par  le  cui  comme  des  hannetons  :  on 
dit  aulli ,  comme  des  Juifs.  On  dit  de  celui  qui  n'ofe 
achever  une   affure  ,  après  l'avoir   entrepnle  avec 
br.ivade  ,  qu'il  a  montré  le  cul.  On  ledit  même  d'un 
poltron,  oudesfoldats  qui  fuient.  On  dit  d'un  hom- 
me fort  crotté,  qu'il  eft  crotté  jufqu'au  c///.  On  dit 
de  celui  qui  marche  mal    en   tiaîiiant  les  jambes  , 
qu'il  a  le  cul  rompu.  On  dit  auiîi ,  renverfer  cul  par 
delFus  tête.  On  appelle  bout-de-cul,  un  petit  homme 
gros  &  trapu.  On  dir  d'un  homme  qui  fe  tourmente 
extrêmement  pour  venir  à  bout  de  quelque  chofe  , 
qu'il  y  vadec.v/  &  de  tête  comme  une  corneille  qui 
abat  des  noix.  On  dit  d'un  homme  qui  joue  ,  &  qui 
perd  tour  ce  qu'il  a  J  qu'il  perdroit  fon  cul  ,  s'il  ne 
tenoit.  On  dit ,  faire  une  choie  à  ecorche-cul ,  pour 
dire,  la  faire  à  regret  &  en  rechignant.  On  dit  qu'un 
homme  tire  le  cul  en  arrière  ,  pour  dire  ,  qu'il  a  de 
la  peine  à  fe  réfoudre  à  faire  une  chofe.  On  dit  d'une 
perfonne  qui  a  grand'pcur  ,  qu'on  lui  boucheroit  le 
cul  d'un  grain  de  millet.  On  dit ,  bnifer  le  cal  à  quel- 
qu'un ;  pour  dire,  lui  rendre  îles  foumilîions  ferviles 
éi  lâches  ;  il  ne  faut  pas  vouloir  péf  r  plus   haut  que 
le  cul  J  pour  dire  qu'il  ne  faut  pas  entreprendre  plus 
qu'on  ne  peut. 

On  dit  proverbialement  Tenir  quelqu'un  au  m/ & 
aux  chauries,  pour  dire  ,  le  tenir  d'une  manière  qu'il 

H 


jS  CUL 

fie  puiiTe  écliapper.  On  le  die  auffi  au  figuré  ,  pour 
dire ,  qu'on  agite  quelque  choie  qui  concerne  iaper- 
l'onne  ,  fes  biens,  ia  vie  ,  ion  honneur. 

CULAGE. /^£>_yt'^CuLLAGE. 

CULANT.  Ville  de  Berry  j  qui  a  titre  de  Baronie, 
Culentum.  La  Ville  de  Culant  eft  iituée  à  quatre  lieuei 
de  Dun-le-roy  à  dix  lieues  de  Bourges ,  &  porte  de 
tems  immémorial  le  titre  de  Baronie.  Elle  a  donné 
ion  nom  à  une  des  plus  lilullres  Maifons  de  Berry  , 
qui  a  pollédé  cette  Baronnie  juiqu'en  1582,  que  Jean 
de  Cidant ,  Seigneur  de  Brecy  ,  la  vendit  à  Jean  de 
Beauforc ,  Marquis  de  CaniUac.  Voye-[  la  Thau- 
mailîere.  Hifi.  de  Berry.  L.  IX.  C  6.  Se  fuiv. 

CULASSE,  f.  F.  C'eft  la  partie  du  canon  comprife  entre 
les  tourillons ,  &  l'extrémité  de  la  pièce  où  elle  eft 
renforcée  de  métal  &  la  plus  épaifFe.  Ferreajzjïula 
cauda,  pojhca  pars.  Elle  comprend  la  lumière,  la 
platfe-bande  &  le  bouton.  On  a  trouvé  l'invention 
de  faire  des  canons  qu'on  charge  par  la  cula-Je. 

COULASSE  ,  fe  dit  auiîl  des  autres  armes  à  feu.  On 
démonte  les  moufqaets  par  la  culafje.  Elle  tient  au 
canon  par  une  vis. 

On  àïz  proverbialement  &  baffement ,  qu'une 
femme  eft  renforcée  fur  la  culdjje  ,  quand  elle  a 
les  hanches  larges ,  &  de  greffes  felfes. 

Culasse.  Terme  de  Marine.  Ce  mot  fe  dit  aiifli  du 
derrière  d'un  vailfeau.  Tergum navigii.  Pouey. 

CULBUTE,  f.  h  On  prononce  l'/.Saut  périlleux,  où 
les  pieds  font  le  tour  du  corps  ,  tandis  que  la  tcteell: 
en  bas.  AppUcato  in  terram  capite  totius  corporis  rota- 
tio  y  rotdtus  ,  circumacliù.  Les  Baladins  fontplufieurs 
culbutes  io\:iià'i  fuite.  Pourquoi  a-t-on  établi  ces  exer- 
cices j  &  de  quoi  fervent  à  la  vertu  tous  ces  fauts, 
&  toutes  ces  culbutes  ^  Abl. 

Culbute,  fignifie  auffi  unechute.  Prolapjlo  in  caput. 
Il  eil  tombé  du  haut  du  rempart ,  il  a  fait  une  étran- 
ge culbute. 

§CF  On  dit  figurément  d'un  homme  qui  d'une  grande 
fortune  eft  tombé  dans  la  mifère  ,  dans  la  difgrace  , 
qu'il  a  tait  une  grande  culbute.  Lapfus ,  prolapjîo. 

Culbute  ,  ou  CuLEBUTE  ,  fe  dit  aulli  d'un  nœud  de 
rubans  de  couleur  que  les  jeunes  Demoifelles  por- 
toient  prefque  fur  le  derrière  de  la  coëtfe-cornette. 
Cette  culbute  s'appelle  auffi  une  renvetfe.  T&nia  oc- 
cipïti  impojita  ,  ou  t£ma pojllca. 

CULBUTER,  v.  a.  Faire  tomber ,  renverfer  quelqu'un 
d'un  lieu  haut,  cul  par  delfustète.  Aliqucm  pronuin  in 
taput  dejicere.  Les  ennemis  étoient  entrés  dans  la  de- 
mi-lune, mais  on  les  a  culbutés  &  renverfés  dans  le 
folfé.  Il  le  pouffa  fi  rudement  qu'il  le  culbuta. 

Culbuter^  fe  dit  auilî  au  figuré,  &  fignifie,  abba- 
tre ,  détruire  ;  mais  on  ne  le  dit  qu'en  riant.  Dejicere , 
evertere. 

La  mort  qui  fe  plan  à  la  lute  , 

Et  qui  les  plus  forts  culebute.  Ménage. 

|p~  Culbuter  quelqu'un  ,  c'eft  renverfer ,  détruire  fa 
fortune. 

Culbuter,  eft  auffi  quelquefois  neutre,  &  fignifie, 
tomber  en  faifant  la  culbute.  Pronum  In  caput  vo/vi. 
Il  fit  un  faux  pas ,  &  culbuta  le  plus  plaifamment 
du  monde.  Lespetits  enfans  culbutent  fouvent. 

On  le  dit  auffi  figurément  ,pour  dire  ,  être  ruiné, 
perdre  fa  fortune.  Ce  Banquier  a  culbuté. 

Culbuté  j  ée.  Part. 

CULE.  Terme  de  Marine.  C'eft  un  commandement 
pour  dire,  recule  ,  par  aphérefe  ,  ou  le  retranche- 
ment de  la  première  fyllabe. 

CULEE,  f  f.  Terme  d'Architeârure.  C'eft  une  groflTe 
maffi;  de  pierre  qui  foutient  la  voûte  de  la"  der- 
nière arche  d'un  pontj  &c  toute  fa  poulfée.  Moles 
faxea  cui  pontis  arc'is  ultimus  totlufque  vis  pontis 
.incumbit.  On  appelle  auffi  culée ,  ou  butée  ,  la 
palée  de  pieux  qui  retient  les  pierres  derrière  ce 
maffif. 

Culée  d'arc-boutant.  Dans  l'Architedure  c'eft  un 
pilier  fort  &  folide  qui  foutient  la  voûte  des  grands 


CUL 

bâtimens ,  par  exemple  ,  des  Églifes  ,  en  recevant 
les  retombés  des  arcs-boutans  d'une  Eglife. 

Culee.  Terme  de  Mer.  Donner  des  culées^  fe  dit  lorf- 
que  le  vailfeau  qui  touche  à  terre  ,  ou  fur  le  fable  , 
donne  des  coups  de  fa  quille  fur  le  fond.  Navis 
iniprejjio, 

CULEE.  Terme  de  commerce  de  cuirs.  On  nomme 
ainfi  la  partie  du  cuir ,  qui  eft  la  plus  proche  de  l'en- 
droit où  étoit  la  queue  de  l'animal.  On  l'appelle 
auffi  croupe. 

CULEMBACH.  Culembackium.  Ville  du  Cercle  de 
Franconie  en  Allemagne  ,  capitale  du  Marquifat  de 
même  nom  ,  fituée  au  confluent  des  deux  fources 
du  Mein.  Le  Marquifat  de  Culemkach  eft  borné  au 
couchant  par  l'Evcché  de  Bamberg ,  &  au  midi  par 
le  territoire  de  Nuremberg,  au  levant  par  le  Pala- 
tinat  de  Bavière  &  de  Bohême  ,  &  au  nord  par  le 
Voigtlandj  qui  eft  une  partie  du  cercle  de  la  Haute 
Saie.  Culenibacnius  traclus  ,  ager  .,  pagus.  Marchiona- 
tus  CuLenibacenfis.  Le  Marquifat  de  Culcmbach.  eft 
la  partie  fupérieure  du  Burgraviar  de  Nuremberg  , 
dont  le  Ivlarquifac  d'Onfpach  eft  l'inférieure.  Voilà 
pourquoi  on  les  appelle  la  Principauté  inférieure  ôc 
la  Principauté  fupérieure.  Maty. 

.Ip;  CULEMBOURG.  Petite  Ville  des  Pays-bas  avec 
titre  de  comté  ;  aux  confins  du  Duché  de  Gueldres 
&  de  la  Province  d'Utrecht. 

CULER.  V.  n.  Terme  de  Marine.  C'eft  aller  en  ar- 
rière. Il  eft  peu  ufité. 

CULERON.  f.  m.  Terme  de  Sellier  &  de  Bourelier. 
PoflUena  .  C'eft  la  partie  de  la  croupière  qui  eft 
faire  en  rond  &  fur  laquelle  pofe  la  queue  du  cheval. 

|CF  CULEYATELMUHAYDIN.  Ville  d'Afrique  ,  au 
Royaume  de  Maroc  ^  dans  la  Province  de  Hea  , 
fituce   entre  des  écueils. 

CULIACAN.  Ville  de  l'Amérique  Seprentrionale  3 
dans  le  Mexique  ,  au  Pays  de  même  nom ,  fur  le 
bord  oriental  de  la  mer  Vermeille. 

|icr  CULIER.  adj.  Terme  d'Anatomie  ,  qui  n'eft  d'u- 
fage  que  dans  cette  phrafe ,  boyau  culier  ,  celui  qui 
fe  termine  à  l'Anus.  Il  eft  fitué  entre  le  ctzcum  &c  le 
reclum,  Voye-^  Colon. 

CULIERE  ,  f.  m.  C'eft  une  pierre  platte  j  creufée  en 
rond  ou  en  ovale ,  de  peu  de  protondeur  ,  avec  une 
goulette  qui  reçoit  l'eau  d'un  tuyau  de  defcente  ,  & 
la  conduit  dans  un  ruilîeau  pavé.  Cavatus  velin  orbem 
vel  in  ovatam  figuram  lapis  ;  cujus  per  canaliculum 
exceptas  è  fiftulis  imber  in  incile  pavimentatum  dedu- 
chur  ;  cavatus  in  orbem  ,  ou  in  ovum  lapis. 

CULLAGE,  ouCULLIAGE.f  m.  Droit  honteux  & 
injufte  ufurpé  par  les  Seigneurs  fur  leurs  valfaux  , 
&  établi  par  une  bizarre  courume ,  qui  leur  donnoit 
la  première  nuit  des  nouvelles  mariées.  Delibatio 
pudicitite  ,  violatio ,  defloratio  virglnitatls.  On  pré- 
tend que  ce  droit  ,  qui  choque  le  bon  fens  &  les 
bonnes  mœurs  ,  fut  établie  par  Even  Roi  d'Ecoffe  , 
&  aboli  par  Malcolm  III  ,  &  converti  en  une  prefta- 
tion.  L'ufagede  ce  droit  a  caufé  quelquefois  des  ré- 
voltes des  iùj'ets  contre  leur  Seigneur  :  aujourd'hui 
ce  droit  eft  aboli  par-rout ,  &  peut-être  en  quelques 
endroits  converti  en  autre  chofe.  Il  y  a  encore  en 
quelques  endroits  des  Seigneurs  qui  ont  des  droits 
qui  ont  quelque  chofe  d'obfcène  &  de  bizarre  ,  mais 
qui  n'approchent  pas  de  ce  qui  vient  d'être  rap- 
porté. Voye\  de  Lauriere  fur  Ragueau. 

CULM.  CÙLME.  Petite  ville  de  la  Pruffie  Royale  j 
capitale  du  PaLatinat  de  Cw//72f.  C;///wia.  Les  Cheva- 
liers de  l'Ordre  Teuronique  en  jetèrent  les  fonde- 
mens  l'an  iizj.&la  fortifièrent  enfuite  contre  les 
irruptions  des  Prullieus.  L'Evcque  de  Culm  fut  d'a- 
bord fuft^ragant  de  l'Archevêque  de  Riga  ;  mais  en 
i46(î ,  on  le  reftitua  à  celui  de  Gnefne.  Depuis  com- 
me la  ville  a  été  prefque  ruinée  par  les  guerres  ,  il 
a  été  transféré  à  Colmenfée ,  ville  du  mêm  e  Pala- 
tinat. 

CULMINANT,  adj.  mafc.  Terme  d'Aftronomie  qui 
fe  dit  du  point  du  méridien  ,  par  lequel  pafiè  une 
étoile.  Le  point  culminant.  Punclum  culminans.  On 
ne  fe  fert  point  de  ce  mot  qu'il  ne  foit  précédé  de 


CUL 


CUL 


59 


celui  de  vo-nt.  Le  point  culminant  ^  c'efl:  l'endroiri      feu  feioit  que  le  cuivre  d^sculois  s'y  .attacheroic  :  en 

^    i,/i-  ,x ' 1_   .-    '    ■  I-  1  .,,„.    I /-.,j- ;ii,       ^         ,-   •  .-  1 


par  où  Iccliptique  ell coupée  par  le  méridien  ,  dans 
la  partie  qui  ell:iur  l'horizon.  Le  poinr  oppofc  de  1  e- 
clipuque  elt  pareillement  coupé  par  le  même  mé- 
ridien ;  mais  c'ell  fous  Thonzon  j  &  il  s'appelle  le 
fond  du  Ciel.  Ce   mot  vient  du  nom  latin  culmen  , 
qui  hgnilié  le  fommet ,  la  plus  haute  partie  de  quel- 
que chofe  que  ce  fou  ,  &  on  le  donne  au  point  du 
méridien  où  palfe  un  allre  parce  que  c'eft  le  point  du 
Ciel  où  cet  allie  eft  le  plus  haut  lur  l'horizon. 
CULMlNAÏiON.  f.  f.  La  plus  grande  élévation  d'u- 
ne étoile.  f"'o)ci  Elévation. 
CULMINER,  v.n.  Terme  d'Adronomie  ,  qui  fe  dit 
des  Aitres.  C'eft  la  même  chofe  que  palier  par  le 
méridien.  Cuiminare.    Sirius  ,  ou  le  grand  Chien 
culmlnoit  cette  nuit  à  i  h.  30'.  50' . 
|Cr  CULOT,  f.  m.  On  appelle  ainfi  l'Oifeau  le  der- 
nier éclos  d'une  couvée,  &  le  dernier  né  des  autres 
animaux  :  &  dans  le  ftyle  tamilier  &  populaire , 
on    donne  le  même  nom  au  dernier  né  d'une  fa- 
mille rmtu  mhiunus  j  &:  fîgurément  on  appelle  cutot 
d'une  comp.agnie  ,  celui  qui  ell;  le  dernier  reçu  ,  ou 
le  plus  jeune  de  la  compagnie.  Aliquam  in  JbcUta- 
tem  recencijjlmus  ommum  aggregatus.  Dans  quelques 
Provinces  on  dit  clos-cul  ^  terme  également  banni 
du  ftyle  honnîte  &  poli. 
Culot  ,  elt  aulli  le  petit  rond  qui  forme  la  plus  baiïe 
extrémité  d'une  lampe  d'Eglife-f^^aW  lucaiiét.  teftu- 
^dintatus. 
GuLOT  ,  en  termes   d'Architedure  &  de  Sculpture, 
eft  un  ornement  relfemblant  à  une  tige  ,  à  un  cor- 
net ,d'où  nallFent  des  feuillages  :  on  emploie  cet  or- 
nement dans  les grotefques ,  ôc  dans   les  cabinets, 
pour  porter  quelque  pièce  curieule. 
CuLOT  ,  en  termes  dOrlévre  j  fe  dit  des  parties  rondes 
de  plulieurs  ouvrages,  ou  de  leurs  parties  inférieures 
comiTie  des  réchauts  à  culot.  Les  calFolettes  doivent 
être  marquées  au  culot ,    au  balle  ,   au  dôme  &  au 
chaudron  \  les  lampes  aux  cores  ,  au  chapiteau  ,  & 
au  culot ,  qui  eft  ce  petit  rond  qui  forme  la  plus  balle 
extrémité  des  lampes  d'Eglile. 
Culot,  fe  dit  aulli  d'un  creufet  à  fondre  de  l'or  &  de 
de  l'argent.  Catillus  in  quo  liquatur  aurum.  Pomey. 
f^  Il  y  a  apparence  que  cet  auteur  s'eft  trompé. 
Culot  ne  Çq  dit  point  d'un  creufet ,  mais  d'un  petit 
plateau  cyHndrique  de  terre  cuite,  fur  lequel  on 
pofe  le  creufet  dans  le  fourneau ,  pour  le  garantir  de 
l'acbon  trop  vive  du  feu. 
§3"  Culot,  fedit  encore,  en  termes  de  monnoie  ,  des 
matières  métalliques  qui  ,  après  la  fulion  ,  relient 
au  fond  du  creufet ,  féparces  des  fcories. 

Quand  l'argent  eft  tondu  ,  &  que  le  troifième 
feu  qu'on  y  a  donné  eft  palTc ,  on  découvre  le  four- 
neau ,  on  v  lailfe  refroidir  le  creufet  fans  y  toucher , 
on  le  retire  enfuite  \  on  le  calfe  &  on  y  trouve  un 
culot  àoBX.  le  fond  eft  d'argent  iin  ,  &  le  delfus  de 
cralTes  de  lalpctr  3  avec  l'alliage  de  l'argent ,  &  même 
quelque  partie  d'argent  que  le  falpêtrey  a  attirées 
pendant  l'opération.  Boizard.  On  fait  rondre  après 
cela  le  ca/or  d'argent  fin  dans  un  autre  creufet ,  &c. 
Id.  Quand  on  a  lailfé  refroidir  le  creufet  où  l'on  a 
fondu  l'or ,  &  jeté  l'antimome  nccellaire  ,  on  le 
retire  ,  on  le  calfe  ,  &  on  trouve  un  culot  dont  le 
fond  eft  d'or  fin  ,  &  le  delTus  de  crafles  d'antimoine, 
avec  l'argent  &c  le  cuivre  de  l'alliage,  &  même 
quelques  parties  d'or  que  l'antimoine  y  a  aulli 
attirées  pendant  l'opération.  Il  eft  à  remarquer 
que ,  bien  que  l'or  de  ce  culot  foit  fin  ,  il  eft 
néanmoins  de  couleur  grizàtre ,  &  eft  fi  aigre  &  fi 
caffant  qu'on  le  réduiroit  tacilemerit  en  poudre  avec 
le  marteau  ,  parce  que  l'antimoine  lui  communique 
fes  qualités.  Id.  Pour  retirer  le  plomb,  l'argent  & 
le  cuivre  dont  ces  cu/ow  font  compofcs ,  on  fe  fert 
d'une  manière  de  fourneau  qu'en  appelle  Relïïiage. 
Quand  on  veut  féparer  les   métaux  des  culots  ,  ce 

?|ue  l'on  appelle  faire  relfuer  les  culots ,  on  fait  un 
eu  de  charbon  pour  bien  recuire  la  cafl'e  ;  en  fait 
une  grille  avec  des  bûches  au-delfus  du  relfuage  : 
cette  grille  n'ert  pas  de  fer  ,  parce  que   l'ardeur  duj 


met  les  ci^/ow  fur  cette  gtille  ,  on  fait  un  feu  clair 
deilous ,  qui  fait  allumer  lecharbon  qui  eft  lardé  en- 
tre les  pavés  dont  le  relluage  eft  compofé.  Quand  les 
cu/ots  lont  bien  échauffés  j  le  plomb  &  laigent  fe 
fondent  prefqu'en  même  temps  ,  &  coulent  dans 
la  calïè  ;  mais  comme  le  cuivre  eft  plus  difficile  à 
fondre  ,  il  refte  fur  la  grille  ,  &  on  voit  le  reftc  des 
culots  percés  comme  des  éponges  ,  aux  endroits 
dont  le  plomb  &  l'argent  ont  été  détachés  par  l'ac- 
tion du  feu.  On  retire  après  cela  les  reftes  des  culots  , 
on  les  fait  fondre  &on  les  met  en  lingots.  Id. 

A  la  Boucherie  on  appelle  culot  le  derrière  du  ci- 
mier de  bœuf  qui  contient  depuis  les  hanches  juf- 
qu'à  la  queue,  iergum  Bovinum. 
CULOT,  en  termes  de  Miroitier,  fignifie  une   ef- 
pèce  d'efcabelle  fans  fond ,  fur  laquelle  fe  pofe  la 
lebille  ,  où  le  conferve  le   vif  argent ,  pour  mettre 
les  glaces  au  teint. 
Culot.  Terme  de  Chandelier.  On  appelle  dans  la  fa- 
brique des  chandelles  moulées  le  cuLct  du  moule , 
un  eipèce  de  petit  entonnoir  mobile  ,  fait  de  fer 
blanc  ou  d'etain. 
Culot.  Terme  d'Artificier.  C'eft  la  bafe  mobile  du 
moule  d'une  fufée  quelconque  ,  lur  laquelle  on  ap- 
puie Ion  cartouche  ,  par  le  moyen  d'un  bouton  en 
hcmilphere  qui  entre  dans  la  gorge  ,  du  milieu  du- 
t^uel  fort  fouvent  une  petite  broche  de  fer. 
CULOTTE,  f.  f .  Partie  de  notre  vêtement  qui  cou- 
vre depuis  la  ceinture  ,  jufqu'aux  genoux ,  fur  les 
côtés  defquels  elle  fe  boutonne,  &  fe  lerreparune 
boucle  de  Jarretière.  Braccs.  ^jcmoralia. 
Culotte  ,  fignifie  aulli  des  tioulles  de  Page  qui  font 
ferrées  &:  plilfées  3   6c  qui  ne  couvrent  que  le  haut 
des  feifes.  Brèves  &  complicatx  Epheborum   caliga. 
C'eft  aulh  le  haut-dechaulle  des  Chevaliers  de  l'Or- 
dre du  Saint-Elprit ,  &  celui  que  les  gens-d'armes 
portoient  autrefois  à  cheval. 
Culotte    iN-roLio.  On  appelle  ainfi ,  dit-on,  une 
efpèce  de  ci^/owe  qui  defcend  juiqu'au  basées  jam- 
bes ,  &  les  couvrent  toutes  ou  prefque  toutes  j  com- 
me la  culotte  des  Turcs  &  autres  Orientaux.  Cette 
expreliion  ne  convient  qu'au  Ityle  badin  &  bouton. 
Culotte  en  Pantalon  ,  c'eft  une  culotte  quitientau  bas 

des  chaulles. 
Culotte.  Terme  de  Fleurifte.  Il  fe  dit  de  l'anémone  j 
c'eft  la  moitié  de  delfous  des  grandes  feuilles  ,  qui 
eft  le  plus  proche  de  la  queue  ,  &  qui  eft  d'ordinai- 
re de  différente  couleur  que  le  bout  de  ces  grandes 
feuilles.  Purs  ima  calicis.  La  culotte  aide  à  connoître 
quand  une  anémone  doit  augmenter  en  coloris.  Cul- 
ture DES  Fleurs. 
Culotte  ,  ou  Calotte.  Terme  d'Arquebuzier.  L'un 
&:  l'autre  fe  difent ,  mais  culotte  eft  le  plus  ufité.  C'eft 
un  fer  délié  ,  rond  &:  creux  en  manière  de  petite  ca- 
lotte ,  que  l'on  attache  au  bout  de  la  poignc-e  d  un 
piftolet.  On  en  fait  aulli  d'autre  métal.  Peur  la  culotte 
ou  la  calotte  d'un  piftolet. 

On  appelle  encore  culotte  de  bœut  le  derrière  du 
cimier. 
CuL^li-TE  de  Pigeon.  Le  derrière.  On  fert  le  derrière 
d'un  pigeon  par  diflin£i:ion  ,  iSc  non  pas  le  devant, 
qu'on  appelle  brallières. 
CULOTTIN.  f  m.  Efpèce  de  haut-de-chaulle  ,  qui  eft 
étroit  Z<  Julie  par  la  cuiife  ,  qui  ferre  par  le  bas  , 
&:    qui  quelquefois  a  des   boutonnières  à  côté  du 
genou  J  &  tout  autour    au-delîus  du  genou  ,  des 
aiguillettes  &  des  rubans.  Braccarum  genus  quoi' 
dam  JlricUorum. 
Culottin  ,  eft  un  nom  que  l'on  donne  populaire- 
ment aux  petits  enfans  nouvellement  en  culotte  3  &C 
en  ce  fens  on  dit  un  petit  culottin. 
CULTE,   f.    m.    Hommage  j    honneur    religieux 
qu'on  rend  à  Dieu  par  des  adles   de  religion,  par 
des  prières,  des  facrifices  ,  des  cérémonies  Sec.  C«/- 
tus  :  rendre  fon  culte  à.  Dieu.  Rétablir  le  culte  Divin. 
Quel  étonant  fpeclacîe  que  cette  différence  infinie 
de  cultes  qui   partagent  iL^nivers  !  Ce  Quiétifme 
aboutit  à  anéantit  le  culte  de  la  Religion.  Dos.  Ceux 

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qui  font  accoatumés  à  vivre  <ie  raifon  &  d'intelli- 
gence ,  ne  peuvent  s'accommodei  d'un  culte  où  l'cl- 
prit  n'a  point  de  part.  Port-R.  Ce  cuite  qu'on  rend 
aux  Saints  ne  peut  être  regarde  comme  un  culte  pro- 
fane &  mondain  ,  parce  qu'il  fe  rapporte  à  Dieu 
FlÉch.  Ce  ca/re  extérieur  ne  fauroit  plaire  à  Dieu, 
lorlqu'il  eft  féparé  des  mouvemen;»  intérieurs  de 
l'ame.  S.  EvR.  Les  Siamois  tiennent  que  la  diver- 
fité  des  Religions  eft  agréable  à  Dieu,  &  que  les 
«lifFérens  cultes  ibnt  diftérentes  manières  de  l'ho- 
norer qui  ne  lui  déplaifent  point  ,  parce  qu'elles 
tendent  toutes  à  une  mêine  fin  ,  &  qu'elles  ont  tou- 
tes les  mêmes  objets.  Id.  Les  Payens  rendoient 
un  culte  fuperftitieux  à  leurs  fauires  Divinités.  Epi- 
cure  trouvoic  que  ces  Dieux  oififs  ,  ces  êtres  impuif- 
fans  donc  il  ne  voyoic  rien  à  efpérer  ni  à  craindre  , 
ne  méritoient  pas  la  peine  de  Ion  culte.  Id.  Le  cuLte, 
fe  divife  thez  les  Théologiens  en  trois  lortes  j  le 
culte  de  latrie  ,  celui  qui  fe  rend  à  Dieu  j  le  cul- 
te de  dulic  ,  celui  qui  fe  rend  aux  Saints  j  le  cwte 
d'hyperdulie  ,  celui  qui  fe  rend  à  la  Sainte  Vierge. 
J^oyei  Latrie,  Dulie,  Hyperdulie. 

§CirOn  dit  aulli  en  parlant  de  l'idolâtrie  :  le  culte 
des  Idoles  j  le  culte  des  Faux-Dieux. 

Culte,  feditaulH  figurément  de  l'attachement  qu 
nous  avons  pour  certaines  chofes  dont  nous  nous 
faifons  des  efpèccs  de  Divinités.  Les  femmes  font 
flattées  agréablement  par  la  vanité  d'attacher  les 
hommes  j  &  d'être  ,  pour  ainfi-dire  ,  l'objet  de 
leur  culte  ,  &  de  leur  adoration.  Boursaut.  Sou- 
miilions  ,  balfelfes  ,  voilà  le  culte  agréable  aux 
Idoles  à  qui  notre  ambition  nous  tait  facritier.  S. 
Real.  Foye:(  Adoration  ,  Adorer. 

CULTELLATION.  f  m.  Terme  de  Géométrie.  Ma- 
nière de  mefureraiïez  fimple  par  le  moyen  de  l'inf 
trument  univerfel  qui  mefute  les  diliances  &  les 
hauteurs  pièce  par  pièce  ,  &c  non  tout  à- la  fois  pat 
une  feule  opération.   Cultellandi  ratio, 

CULTIVATEUR,  f  m.  Celui  qui  cultive.  Cultor.  Il  a 
été  trouvé  jufte  de  tout  tems  de  donner  une  partie 
des  fruits  de  la  tetre  au  propriétaire  du  fonds  ,  & 
l'autre  au  cultivateur.  Les  Efpagnols  ont  traité  la 
queftion  ,  fi  ,  après  que  le  Curé  avoir  dîmé  fur  le 
monceau  des  gerbes  provenues  au  champ,  il  pou 
voit,  après  le  partage  fait  entre  le  cultivateur  &  le 
propriétaire  ,  redînjer  encore  lur  la  portion  du  pro 
priétaire  tirée  e.v  tzcervo.  Fevret. 

CULTIVER,  v.  a.  Labourer ,  amender  une  terre  j  lui 
donner  les  façons  néceifaires  pour  la  rendre  plus 
fertile.  Colère ,  culturam  adhitere.  La  terre  ne  rap- 
porteroitque  des  plantes  inutiles,  fi  elle  n'étoitcw/- 
tlvée.  F'oye^  Labourer  j  Fumer  ,  Ensemencer. 

Cultiver  ,  fe  dit  aufli  des  arbres  &  des  plantes  , 
quand  on  a  loin  de  les  tailler  j  t  monder ,  déchauf- 
fer,  &  de  les  garantir  des  mauvais  vents  &  des  in- 
jures du  ciel  J  pour  les  faire  mieux  venir,  &  les  faire 
mieux  rapporter.  Cultiver  en  ce  fens  ,  c'eft  labourer , 
arrofer  &  conduire  un  arbre.  l^oye-{  ces  mots.  Les 
plantes  qui  naiiTent  dans  les  pays  chauds,  ne^ cul- 
tivent p:is  fans  peine  dans  les  pays  froids. 

Cultiver,  fedit  figurément  de  l'efprit ,  de  la  mé- 
moire, &CC.  pour  dire  ,  les  exercer ,  apporter  du  foin  à 
les  perfedionner.  Il  faut  cultiver  l'efprit  des  jeunes 
gens  ,  leur  mémoire  ,  en  leur  donnant  de  bonnes 
inftruélions.  Depuis  cent  ans  on  a  bien  cultive  les 
arts  &  les  fcienccs  dans  l'Occident.  On  dit  en  ce 
fens  cultiver  l'amitié  ,  la  connoiffance  ,  la  bienveil- 
lance de  quelqu'un,  pour  dire,  prendre  foin  de  les 
conferver ,  de  les  ménager.  Scipion  avoir  toute  la 
■vertu  des  anciens  Romains  ;  mais  polie  &  cultive'e. 
S.  EvR.  Vous  avez  un  ei^nt  cultive  qui  réveille  le 
mien.  M.  de  Scud.  Je  me  fuis  fait  un  plaifir  de  c:^/- 
^iver  un  beau  naturel  que  le  hazard  offre  à  mes  foins , 
&  que  je  ne  veux  point  lailfer  ftérile.  Vill.  On  eft 
trop  didipé  dans  le  monde  pour  cultiver  l'amitié  : 
on  fe  donne  à  tout  fuperficiellement,  &;  on  ne  s'atta- 
che à  perfonne.  Le  Ch.  de  Mer.  Le  plus  heureux 
naturel  a  befoin  d'êtr»  cultivé ^^t  l'ufage  du  monde. 


CUL        C  U  M 

Bell.  La  fcience  rouille  l'efprit  en  cultivant  le  juge- 
ment. S.  EvR. 

On  dit,  c'cft  un  homme  qu'il  faut  c^/river  ,  pour 
dire,  c'eft  un  homme  dont  il  faut  ménager ,  entre- 
tenir la  bienveillance.  Acad.  Fr. 

Cultive  ,  eé.  part.  Cultus. 

CULTURE.  Soin  qu'on  prend  de  rendre  une  terre 
fertile  par  le  labour ,  par  l'amendement  j  d'élever 
un  arbre  ,  une  plante.  Cultura,  cultioj  cultus.  La  cul- 
ture delà  terre  eft  l'occupation  la  plus  honnête  &  la 
plus  innocente.  J^oye^  Cultiver. 

Culture  J  fe  du  figurémentde  l'efprit,  des  mceurs, 
des  arcs  &  des  fciences.  La  culture  de  fon  efpric  j 
eft  fon  unique  application.  Le  plus  beau  naturel 
uns  culture  ,  eft  comme  un  champ  négligé,  qui  ne 
produit  que  des  plantes  inutiles.  Vaug.  La  culture 
des  fciences  forme  l'eiprit.  Le  peu  de  connoilfanca 
que  j'ai  ^  je  le  dois  à  la  culture  des  bonnes  lettres. 
Patr.  Il  faut  fonger  à  la  culture  des  arts  &des  fcien- 
ces. Ablanc.  Travailler  à  la  culture  de  fon  efprir. 

Culture  ,  &  par  corruption  ,  Couture  ,  s'eft  dit 
pour  un  lieu  cultivé,  un  lieu  plein  de  jardins ,  de 
prez  ,  de  vignes  j  &c.  Colonia  j  ager ,  ou  campus 
colonicus.  Il  y  avoir  autrefois  aux  environs  de  Paris  , 
la  Culture  S.  Eloy,aux  environs  de  l'Eglife  Saint- 
Paul  ,  la  Culture  de  Sainte  Catherine  ,  qui  a  donné 
foVi  nom  au  quairier  qui  a  été  bâti  dans  fon  éten- 
due ,  &  qui  s  appelle  encore  la  Couture  ,  la  rue  de 
la  Courure  ,  Sainte  Catherine  de  la  couture.  Die 
même  Cultures^  ou  Coutures  de  Saint  Gervais ,  dii 
Temple  ,  de  Saint  Martin  j  de  Saint  Lazare  ,  de 
Sainr  l'.j.i^jloire ,  del'Evêque. 

tfT  CULVbRTAGE.  Terme  de  coutume  j  dont  la  fig* 
nifîcacion  eft  ignorée:  on  fait  feulement  que  c'^ 
toit  une  fervicude  ignominieufe. 

eu  M. 

CUMANA.  f.  m.  Arbre  Indien  qui  relïemble  beau- 
coup au  mûrier ,  tant  par  la  forme  ,  que  par  fon 
fruit,  dont  on  a  fait  un  fyrop  y  qu'on  dit  être  fore 
bon  pour  la  toux  &  pour  l'enrouement.  Son  bois 
eft  fi  dur  ,  qu'il  fait  feu  comme  le  cailloux. 

CUMANDA-f  7UACU.  f  m.  Nom  de  certaines  fèves 
Indiennes  loit  groffes.  On  les  fait  rôtir ,  on  les  broie  , 
&  on  en  donne  dans  un  œuf  pour  le  flux  du  ventre. 
Bouillies ,  miles  en  cataplafme  ,  &  appliquées  fur 
le  ventre  j  elles  pallenr  pour  guérir  la  colique.  On 
s'en  fert  aulli  fous  cette  forme  pour  réfoudre  les 
abcès. 

CUMBERLAND.  Nom  d'une  Province  du  Nord 
d'Angleterre  qui  a  titre  de  Comté.  Cumbria.  Le 
Comté  de  Cumherland  eft  féparé  de  l'Ecoliè  j  par 
le  Golfe  de  Solway  j  &  par  les  monts  Cheriotes  qui 
la  confinent  du  côté  du  Nord.  U  a  le  Comrc  de  Nor- 
tumberland  au  levant  ;  ceux  de  Veftmorland  &  de 
Lancaftre  au  midi  j  &  la  mer  d'Irlande  au  Cou- 
chanr.  Maty.  Sa  Capitale  eft  Carlie.  Les  Ifles  de 
Cumberland  ,  Cumbria  infuU  j  font  trois  grandes 
Ifles  de  l'Amérique  Seprcnrrionale  j  entre  le  détroit 
de  Hudfon  &  celui  de  Davis.  Id. 

CUMBULU.  f.  m.  Grand  arbre  qui  croît  au  Malabar. 
Sa  racine  prife  en  décodlion  avec  une  addition  lé- 
gère de  riz  j  palfe  pour  un  bon  remède  dans  les 
fièvres  fympcomatiques  qui  accompagnent  la  goutte. 
Voye-[  le  Dtctionaire  de  James. 

CLIMEE ,  adj.  fcm.  Qui  ne  fe  dit  qu'au  féminin  & 
delà  Sybille  Italique,  qu'on  appelle  aufli  Cumee ^ 
parce  qu'elle  étoit  de  Cimmérie  ,  petit  bourg  près 
de  Cumes  ,  ville  de  la  Campanie  en  Italie.  Cum&a. 
Enée  :,  au  Livre  VI*^.  de  l'Enéide  ,  vaconfulter  la 
Sybille  Cumée,  qui  le  conduit  aux  enfers.  La  Sybille 
Cumée  eft  diflérente  de  la  Sybille  Cumane  j  qui  vi- 
voit  fous  le  règne  de  Tarquin  le  Superbe.  Voye^ 
Onuphrius  &  Gallœus  De   Sybillis- 

CUMEEN,  ÉENE.  i.  m.  &f.  Qui  eft  de  Cumes.  Cu- 
mius  y  a.  hlérodote  écrit  dans  la  vie  d'Homère  que 
les  Cuméens  font  les  premiers  Fondateurs  de  Smyrne. 
Du  Loir.  ,  pag.  13. 


C  U  M 

eUMElN.  f.  m.  Ërnom  propre  d'homme.  Cumenus. 
Voyez  M.  Chaftelain  ,  Manyrol.au  12..  de  janvier. 
CUMES.  Ancienne  ville  d'Italie  j  dans  la  Cam- 
panie ,  près  de  Naples  &  de  Pouzoles.  Elle  fuc  bâtie  , 
li  l'on  en  croie  Virgile  ,  avanC  la  guerre  de  ïroye. 
Ce  fut ,  dit-on  ,  par  les  Cuméens ,  Cum<i,i ,  peuples 
d'Aliej  &  par  les  Chalcidiens.  Us  y  coilduifirent 
une  Colonie  de  l'Eubée^  que  nous  appelons  Né- 
grepont.  Foye^  Léaucier  Alberti ,  Clavier  &  Vige- 
iiere  fur  T.  Liv.  Tom.  I.  p.  lyiSi.  1762. 

Il  y  avoir  encore  une  ville  de  ce  nom  dans  l'Eo- 
lie  fur  le  Golfe  de  Smyrne. 

CUMIN,  f.  m.  Cuminum  ^  ou  Caminum  ,  Cyminum. 
Plante  ombellifere.  Le  vrai  Cumin  ,  F&niculum  orien- 
tale ,  Cuminum  dicium  Injl.  R.  herb.  e!l  annuel  ^  & 
©n  le  cultive  à  Malte  :  fa  tige  ,  qui  n'a  guère  qu'un 
pied  de  hauteur ,  ell  garnie  de  feuilles  découpées 
en  quelques  lanières  fort  étroites.  Ses  fleurs  qui 
font  en  ombelles  ,  font  blanches  &  très-perires  j  à 
ces  fleu;s  fuccèdent  des  femences  oblongues  can- 
nelées légèrement  furie  dos ,  de  couleur  blanchâtre  , 
ou  cendrée  ,  &  d'une  odeur  &  d'un  goût  très-aro- 
matiques. Cette  femence  eft  employée  dans  plu- 
fi.nirs  compofitions  \  elle  eft  très-carminative. 

Diofcoride  décrit  un  cumin  fauvage ,  qui  eft  une 
herbe  petite  &  branchue  ,  qui  poulfe  des  tiges  grê- 
les de  la  hauteur  d'une  palme  ,  avec  quatre  ou  cinq 
feuilles  menues ,  dentelées  comme  une  fcie  ,  &  dé- 
chiquetées comme  celles  du  certeuil.  A  la  cime  de 
fes  branches  il  produit  cinq  ou  fix  boutons  ,  aude- 
d.ansdefquels  ily  aune  graine  écaillée  qui  eft  plus 
acre  au  goût  que  celle  du  cumin  cultivé. 

Cumin  j  fe  prend  le  plus  fouvent  pour  la  femence 
de  la  plante  de  Cumin.  Le  Cumin  eft  en  ufage  dans 
la  Médecine.  Il  eft  propre  pour  dilliper  les  vents. 
On  s'en  fert  dans  la  colique,  dans  la  tympanite  , 
&  dans  le  vertige. 

CUMUL,  f.  m.  Droit  qui  eft  d'ufage  dans  quelques 
Coutumes,  comme  dans  celle  de  Bourbonnois.  Ce 
droit  de  Cumul  a  lieu  lorfque  les  meubles  &  ac- 
quêts font  cbnfidérables ,  &  que  les  propres  font  en 
petite  quantité  \  en  ce  cas  l'héritier  demande  le 
Cumul,  c'eft-à-dire  ,  qu'on  accumule  les  meubles  & 
acquêts  avec  les  propres ,  &  qu'on  donne  les  deux- 
tiers  du  tout  aux  héritiers  du  fang.  Le  Brun,  des 

(O*  Pour  que  ce  droit  de  Cumul  ait  lieu ,  il  faut 
que  les  meubles  &c  acquêts  excédent  des  trois  quarts 
la  valeur  des  propres. 

fCF  Ce  Cumul  eft  réel  dans  les  lieux  où  il  eft  éta- 
bli j  ainfi  les  propres  qui  font  litués  dans  d'autres 
Coutumes  n'y  font  point  lujets. 

CUMULATIF,  VE. adj.  Terme  de  Jurifprudence.  Qui 
fe  fait  pat  accumulation.  Cumulacus.  Il  étoit  déjà 
pourvu  de  ce  Bénéfice  par  réfignation ,  il  aeu  en- 
core le  droit  d'un  obituaire  ,  c'eft  un  droit  cumu- 
latif. 

CUMULATIVEMENT.^  adv.  Terme  dogmatique  & 
de  Droit.  D'une  manière  cumulative  ,  Cumulatim  , 
Accumulative.  Les  Officiers  Royaux  font  la  Police 
cumulativement  avec  les  Juges  ordinaires.  Les  Inter- 
prètes ont  tiré  cette  conclufion  ,  que  puifque  le 
Pape  avoir  tranfmis  la  Jurifdiction  aux  Ordinaires 
cumulativement ,  &  non  privativement ,  il  pouvoit , 
^uant  à  la  volontaire,  non-  feulement  conférer  par 
concours  avec  eux,  mais  encore  les  prévenir.  Fe- 
VRET.  Ces  deux  exemples  font  voir  que  cumulative- 
ment veut  dire  conjointement,  &  eft  oppofé  à  pri- 
vativement ,ou  exclufivement  \  de  forte  qu'une  per- 
fonne  faifant  quelque  adle  d'autorité,  de  Jurildic- 
tion  ,  elle  ne  prive  point  certaines  autres  perfonnes 
du  droit  de  faire  la   même  chofe. 

CUMULER.  V.  a.  Terme  de  Jurifprudence.  AfTem- 
bler  J  réunir  plufieurs  droits  pour  fortifier  une  pré- 
tention. Cumulare.  M.  Courtin. 

C  U  N. 

CUNANE.  f.  f.  Nom  d'un  fruit  Indien  j  alTez  gros , 


C  U  N 


$1 


\     qui  croit  fut  un  petit  arbre  appelé  Morremor.  Les 

I     habitans  de  la  contrée  où  il  croit  le  font  cuire,  ôc 
I      le  mangent  pour  guérir  les  maux  de  tête.  Ray.  Hijï, 

'      Fiant. 

CUNARIA.  Foyex  CUNINE. 

CUNEGONDE.  f.  f.  Et  nom  propre  de  femme.  Cune^- 
I  gondis.  Sainte  Cunegonde  étoit  fille  de  Sigefroi  , 
ou  Sifroy  ,  Seigneur  Palatin  du  Pays  de  la  Mofells 
au  Diocéfe  de  Trêves  ou  de  Metz ,  qui  fut  tait  pre- 
mier Comte  de  Luxembourg  en  9^3 .  Elle  fut  mariée 
au  Duc  de  Bavière  Saint  Henri ,  qui  après  la  more 
d'Ochon  III.  tut  élu  &  proclamé  Roi  des  Romains  , 
&c  couronné  à  Mayence  le  6,  Juin  i©02.  Baillet, 
J.  de  Mars. 

CUNEIFORME,  adj.  Terme  d'Anatomie,  qui  fignifie» 
qui  a  la  torme  d'un  coin  ;  du  Latin  cuneus ,  coin  , 
àcjurma,  torme.  C'eft  une  épicb.ète,  ou  nom  que 
l'on  donne  aux  5^,  6*^  &  7*  os  du  tarfe,  parce  qu'ils 
ont  en  ettct  l.i  figure  d'un  coin  à  fendre  du  bois.  Ils 
font  de  diftérente  grandeur,  &  s'articulent  tous 
trois  à  l'os  fcaphoide  par  une  de  leurs  extrémités, 
îk  par  l'autie  ils  loutiennent  chacun  un  des  os  du 
métatatfe.  Dionis. 

fCr  On  donne  aufti  ce  nom  au  3^.  os  du  carpe, 
à  caufe  de  fa  figure.  Cette  épithcte  peut  générale- 
ment  s'appliquer  à  tout  ce  qui  a  la  figure  de  coin. 

CUNETTE  ou  CUVETTE,  f.  f.  Terme  de  Fortifica- 
tion. yoye-{  Cuvette. 

CUNGCHANG.  Grande  ville  de  la  Chine,  cinquième 
Métropole  de  la  Province  de  Chenh  ou  Xenli.  Elle 
eft  de  1 1.  d.  54'.  plus  occidentale  que  Peking  ,  fous 
le  3<^.  d.  51'.  de  lat. 

CUNINE  ou  eu  NINA.  f.  f.  Nom  d'une  fauffe  Di- 
vinité. Cunina.  Cette  Divinité  avoir  foin  des  petits 
enfans  ^  &  félon  les  ditîérens  ioins  qu'elle  avoit  d'eux 
ou  de  ce  qui  les  regardoit ,  elle  étoit  tantôt  Dieu  & 
tantôt  Déelle ,  &  prenoit  ditlérens  noms.  En  tant 
qu'elle  préfidoit  à  leurs  premiers  cris  ,  c'étoic  utt 
Dieu  qui  s'appeloit  Vatican ,  Faticanus  Deus  j 
parce  que  le  premier  fon  qu'ils  pouftent  eft  la  pre- 
mière fyllabe  de  ce  mot.  Fa,  d'où  vient  qu'on 
appelle  leurs  cris  vagitus.  Parce  que  cette  Divinité 
étoit  cenfée  les  lever  de  terre  j  les  difpofer  à  faire 
les  premiers  pas,  elle  s'appeloit  DèaLevana,  Déeire 
Lévane.  Enfin  parce  qu'elle  avoit  foin  de  leur  ber- 
ceau ,  elle  fe  nommoit  Dea  Cunina  ,  Déefle  Canine 
ou  Cunaria  ,  Cunarie  ,  c'eft-à-dire  Déeife  du  ber- 
ceau. Varron  en  parle  ainh  dans  Aulu-Gelle,  Liv. 
XVI.  c.  17.  &  Laitance  ,  Liv.  I.c.  lo.  Struviusj^/2f. 
Rom.  Synt.  C.  i.  p.  155. 

CUNINGHaM  ou  CUNNINGHAM.  Province  ds 
l'Ecolfe  méridionale,  au  couchant  de  celle  de  Clydf- 
dale.  Capitale,  Itwin. 

CUNNOLITES.  Efpèce  de  pierre  qui  paroû  être  un 
oftement  d'animal  terreftre  ou  marin  pétrifié.  Cette 
nature  olfeufe  en  dedans  fe  fait  remarquer  dans  la 
décompcfition  de  la  pierre.  On  en  voit  la  figure  qui 
eft  circulaire  elliptique ,  un  peu  élevée  en  cône  par 
le  deftiis  &  platte  en  delfous ,  avec  des  cercles  con- 
centriques qui  fe  bornent  à  la  fuperhcie.  Cette 
pierre  fe  trouve  en  Rouflillon ,  dans  la  vallée  de 
Cuftuia. 

CUNTUR,  CONTAUR  ou  CONDOR,  f.  m.  C'eft 
un  oifeau  fameux  au  Pérou  ,  &  que  les  peuples  ont 
adoré  comme  un  de  leurs  principaux  Dieux.  Il  y 
en  a  de  fi  grands,  qu'ils  ont  cinq  à  fix  aunes  de 
long,  à  les  mefurer  d'une  pointe  de  l'aile  à  l'aurre,  & 
qui  font  fi  furieux,  qu'il  s'en  eft  trouvé  qui  ont  tué 
des  Efpagnols.  C'eft  un  oifeau  de  proie  qui  n'a  au- 
cunes ferres  comme  les  aigles.  Ses  pieds  reifemblenc 
à  ceux  des  poules-  Il  a  un  bec  d  fort  &  fi  dur  ,  qu'il 
en  perce  le  cuir  d'un  bœuf,  &  que  quand  ils  font 
deux,  ils  combattent  un  taureau  &  le  mangent.  Il 
eft  tacheté  de  noir  &  de  blanc,  comme  les  pies ,  & 
a  fin  la  tête  une  crête  faite  en  façon  de  rafoir ,  dif- 
férente de  celle  d'un  coq ,  en  ce  qu'elle  n'a  aucune 
pointe.  Son  vol  eft  fi  effroiable,  que  du  grnnd  bruit 
qu'il  fait ,  il  étourdit  ceux  qui  le  voient  fondre  à 
terre.  Les  Efpagnols  le  nomment  condor.  HisT.  cas 


6i 


C  U  P 


iKcAs.  Le  P.  Jeronimo  Lobo  die  qu'on  trouve  aufïi 
des  oifeaux  condor  dans  la  région  de  Sophala,  des 

•  Catfies  &  de  Monomotapa  j  julqu'au  Royaume 
d'Angola.  Ils  font  femblables  à  l'aigle.  Ils  ont  des 
plumes  qui  ont  viiigt-hui:  paumes  de  long,  & 
trois  de  large  ,  dont  le  tuyau  ert  long  de  cinq  pau- 
mes ,  &  de  la  grolleur  du  bras  ,  lequel  eft  blanc , 
&  la  plume  nou'.  U  y  en  a  qui  ont  la  grandeur 
de'  deux  éléphans  joints  enfemble,  qui  ont  em- 
porté des  vaches  &  autre  bétail  ^  &  cjui  ont  d'é- 
tendue d'un  bouc  d'une  aile  à  l'autre  julqu'à  trente 
pieds.  On  en  a  vu  qui  ont  vomi  jufqu'à  deux  cens 
livres  de  chair.  C'eit  peut-être  le  rouch  des  Arabes. 
Cela  eft  tiré  de  l'Hiftoire  d'Ethiopie  du  Père  Bo- 
livar. On  garde  dans  le  Tiéfor  de  la  Sainte  Cha- 
pelle, une  ferre  d'oifeau  j  qui  fait  voir  qu'il  y  en  a 
de  bien  grands. 

C  U  P. 

CUPAYBA,  ou  COPAÏBA.  f.  m.  Arbre  du  Bréfil  dont 
le  bois  ert  fort  rouge,  &  auflî  dur  que  celui  du 
hêtre.  On  en  fait  des  ais  larges  qui  fervent  à  dit- 

•  férens  ufages.  Ses  feuilles  font  ovales ,  longues 
de  quatre  ou  cinq  doigts,  &  larges  de  deux  ou  de 
deux  &  demi  ,  dans  leur  plus  grande  largeur.  Il 
porte  une  fleur  médiocre,  compofée  de  cinq  feuil- 
les prefque  rondes.  Son  fruit  eft  une  filique  aulfi 
prefque  ronde,  grofle  comme  le  doigt,  &  de  cou- 
leur brune  :  elle  contient  un  noyau  de  la  figure  d'une 
noiferte ,  qui  eft  couvert  d'une  petite  peau  noire. 
Lorfqu'on  incife  l'écorce  de  cet  arbre ,  il  en  fort 
une  IniiJe  lort  claire,  qui  a  l'odeur  &  la  conliftance 
<ie  l'huile  de  thérébentine.  On  l'appelle  fr.umeyou 
huile  de  Copayba ,  qui  eft  admirable  pour  confoli 
der  &  pour  mondifier  les  plaies.  Les  Juifs  s'en  fer- 
vent dans  la  Circonciûon  pour  arrêter  le  fang.  On 
en  prend  aufti  trois  ou  quatre  gouttes  dans  un  œuf 
contre  la  dyirenterie  j   &  les  autres  flux  de  ventre. 

•CUPIDE,  adj.  m.  &  f.  Vieux  mot ,  qui  lignifie  de- 
lîreux. 

IC?  Ce  mot,  hazardé  par  quelques-uns,  n'a  pas 
réulli  :  il    paroit  tout   au  plus  être  admis  dans  le 
flyle  Maiotique  ,  où.  tout  eft  bon. 
CUPIDIQUE.  Vieux  adj.  m.  &  f.  Qui  appartient  à  Cu- 

pidon ,  à  l'amour.  Cupidineus  ,  a  ,  um. 
§3°  CUPIDITE,  f.  f.  Delîr  immodéré,  convoitife,  du 
Latin  cufid'uas ,  qui  (ignifie  la  même  chofe  ;  mais 
le  mot  François  ne  va  pas  à  tout  comme  le  mot 
Latin.  Céfar  a  dit  _,  cupiditas  cihi ,  pour  dire  ,  l'ap- 
pétit,  l'envie  de  manger  ;  &  Ciceron  ,  cupidkas  ho- 
noris ,  pour  exprimer  le  defir  d'honneur.  Vaugelas 
dit  que  de  fon  tenrs  les  bons  écrivains  préféroient 
convoitife  à  cupidité  ;  mais  pour  parler  franchement, 
ajoute-t-il,  je  ne  crois  pas  le  mot  de  cupidité  îon 
bon ,  &  convoitife  ne  vaut  guère  mieux.  Le  mot 
convoitife  eft  approuvé  dans  le  Di6tionnaire  de  l'A- 
cadémie ,  où  l'on  dit ,  la  convoitife  des  honneurs  , 
la  convoitife  des  richelfes.  J'aimerois  mieux  dire  avec 
Vaugelas,  defir,  avidité  de  gloire,  de  biens,  des 
honneurs. 

Bouhours  ajoute  avec  raifon  que  le  mot  de  ca- 
pidité  \')ci\z  palTer  dans  un  fens  Théologique,  &  que 
les  écrivains  qui  l'emploient,  ne  le  prennent  guère 
que  pour  concupifcencc^  hors  de-là  ,  dit-il,jene 
voudrois  pas  m'en  iervir ,  ni  dire,  la  cupidité  das 
richelTes.  Cette  dernière  phrafe  ne  pourroit- elle 
pas  trouver  place  dans  un  Sermon  ,  dans  un  dif- 
cours  Moral ,  pour  dire  un  defir  immodéré  ? 
Cupidité,  fe  prend  aufïi  abfolument  pour  la 
concupifcence  en  général.  Nous  mefuions  nos 
defirs  par  la  cupidité,  &:  non  par  la  raifon.  Flé- 
CHiEn.  Il  n'y  a  rien  dont  on  tire  de  plus  grands 
fervices  j  que  de  la  cupidité  des  hommes.  Nicol. 
Preifé  d'un  côté  par  la  grâce  qui  m'appelle,  & 
de  l'autre  par  la  cupidité  qui  m'entraîne  ,  je  fais 
fouvent  le  mal  que  je  voudrois  éviter.  FlÉch.  Il  eft 
à  craindre  que  fi  les  hornmes  ne  repouflent  pris  la 
cupidité  avec  afl'ez  de  vigu.ur,  elle  ne  fe  rende  la 


CUP       CUR 

maitreiïe.  Nicol.  L'ame  eft  ingénieufe  à  défendre 
l'innocence  de  la  cupidité ,  &  à  juftifier  les  objets 
de  les  pallions.  Abad.  Les  gens  du  m.onde  conçoi- 
vent la  charité  comme  une  vertu  flatteufe  qui  n'in- 
commode ni  la  cupidité,  ni  l'amour  propre.  Port- 
Royal.  La  terre  n'a  point  d'endroits  h  cachés,  où 
pour  trouver  l'or  &  les  diamans ,  la  cupiaitj  des 
hommes  ne  faife  fouiller  Ce  qu'on  croit  ne  fou-  , 
haiter  que  pour  la  chanté,  la  cupidité  s  tn  empare 
quand  on  eft  parvenu  â  l'avoir.  M.  le  Duc  de 
BouRQ. 
CUPIDON.  Dieu  fabuleux  de  l'amour.  Cupido.  On 
le  peint  avec  des  ailes ,  un  arc  &  un  carquois , 
pour  blelfer  les  cœurs.  On  repréfente  Cupidon  fous 
la  figure  d'un  entant ,  parce  que  ceux  qui  s'aban- 
donnent à  leurs  pallions  agiifent  fans  raifon  comme 
les  cnfans.  On  lui  donne  des  ailes  j  pour  montrer 
que  rien  n'eft  plus  inconftant  ni  plus  léger  qu'un 
amant.  Enfin ,  les  flèches  dont  il  eft  armé  appren- 
nent que  les  plaifirs  font  fuivis  de  remords  &c  de 
chagrins. 

Cupidon  fous  les  loix  de  la  fimple  nature 
Régit  tout  te  qui  fait foupirer  ici  -  bas  ; 
Il  ne  punit  jamais  rebelle  ni  parjure  ^ 
C'eji  un  empire  qui  ne  dure 
Qu  autant  que  les  amans  y  trouvent  des  appas. 

Des  Hool. 

Héfiode ,  dans  fa  Théogonie  j  v.  201.  &  Ana- 
créon  ,  Ode  51.  diftinguent  Cupidon  de  l'Amour, 
l'un  eft  i/îrçof,  &c  l'autre  ^^k.  Le  Lièvre  étoit  coniacré 
à  Cupidon.  I\iarot  a  tait  un  Pocme  fort  ingénieux 
du  Temple  de  Cupidon  :  c'eft  le  premier  de  its  opuf- 
cules. 

Cupidon  ,  terme  de  Fleutifte.  Tulipe  j  violet  d'Evê- 
que ,  pourpre  slair  &;  blanc.  Morin. 

CUPIENNIUS,  CUPIENNIA.  f.  m.  &  f.  Nom  pro- 
pre d'une  ancienne  famille  Romaine.  Cupiennia gens. 
Les  médailles  de  la  tamille  Cupiennia  font  rares.  Qirx 
y  litC.  CVP. &  L.  CVP.  Cùius  Cupiennius ^^ Lucius 
Cupiennius. 

CUR. 

CURABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  peut  recevoir  guérifon. 
Scn.ibiiis.  Tous  les  maux  font  curables  pour  des 
Charlatans.  Ce  mot  ne  fe  dit  guère  5  mais  Ion  con- 
traire incurable  eft  fort  en  ufage.  InfanahiUs. 

CURACA.  f.  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  un  nom 
que  les  Efpagnols  ont  donné  aux  Seigneurs  &  aux 
Gouverneurs  du  Pérou  ,  qui  eft  la  même  chofe  que 
ce  qu'ils  ont  nommé  Cacique  dans  les  Iles  au  Me- 
xique. 

CURAGE,  f.  f.  Plante  qui  eft  une  efpece  àe perfîcaire. 
On  l'appelle  autrement/^oivre  d'eau,  Perjlcaria  urens, 
feu  Hydrupiper.    foyej  Persicaire. 

Curage,  f.  m'.  L'aûion  de  curer  ^  nettoyer,  ou  l'ef- 
fet de  cette  adion.  Le  curage  d'un  puits,  d'un  foflc, 
&c. 

IfJ-  CURATELLE,  f.  f.  Charge  de  Curateur  ^  com- 
million  donnée  à  quelqu'un  d'adminiftrer  les  biens 
d'un  autre,  qui  ne  peut  y  veiller  par  foi -même, 
foit  à  caufe  de  la  foiblelle  de  fon  âge,  foit  pour 
quelque  autre  empêchement.  Bonorum  pupiUicura- 
tiû  ,  procuratio.  *•' 

Les  Académiciens  François  font  exempts  de  tu- 
telle &  de  curatelle.  Un  prodigue ,  un  interdit  eft 
mis  fous  la  curatelle  d'un  parent.  Les  Conciles  d'A- 
frique indiqués  par  Saint  Cyprien  ,  Epitre  i  Pa- 
mel.  (>('.  exempcoient  les  Clercs  de  tutelle  &  de  eu- 
râtelle. 

CURATEUR,  f.  m.  Celui  qui  eft  élu  ou  nommé  pour 
avoir  foin  des  biens  &  des  atîiiires  d'une  perfonne 
émancipée ,  ou  interdite.  Pupilli  curator.  En  pays 
de  Droit  écrit,  aptes  l'âge  de  quatorze  ans  on  donne 
un  curateur  aux  mineurs  jufqu'à  vingt  -  cinq  ans: 
jufqu'à  14.  an'î  ils  ont  un  tuteur.  On  dit  d'un  homme 
qui  fiit  des  dépenfes  excelîives ,  &  qui  g«uverne 


:  A 


c  u 

mal  fonbienj qu'il  lui  ûat  donner  nncuri:teur.  Acad. 
Franc. 


C 


u  a 


^j 


Curateur  d'Académie.  C'eft  dans  les  Provinces-Unies 
une  charf'e  életbve  j  donc  la  fonction  elt  de  dniger 
les  affaires  des  Académies  ^  comme  d'admimftrer  les 
revenus ,  d'appeler  les  ProtelFeurs ,  &  en  général  de 
veiller  pour  le  bien  &  l'avantagée  de  l'Univeriité.  Cu- 
rator  Jcddcmu.  Ces  Curateurs  lonc  élus  par  les  Ecats 
de"  chaque  Province.  L'Académie  de  Leyden  a  trois 
Curateurs.  Celui  qui  eft  pris  du  corps  des  Nobles  eft 
le  premier.  Les  quatre  Bourguemeltres  de  la  ville 
font  une  quatrième  voix  dans  le  Collège  des  Cu- 
rateurs. 

On  dit  aufTi,  un  Curateur  aux  caufes  ;  pour  dire  , 
celui  qui  a  loin  des  affaires  de  quelqu'un,  loit  inter- 
dit j  foit  mineur.  Un  Curateur  aux  biens  vacans ,  ce- 
lui qui  eft  élu  pour  détendre  &;  pour  régir  une  luc- 
celfion  abandonnée.  Un  Curateur  à  un  corps  mort , 
ou  à  un  muet,  celui  qu'on  nomme  pour  défendre 
un  corps  mort,  un  muet,  pour  la  torme  &  la  vali- 
dité d'une  procédure  criminelle. 

•|tCT  II  y  avoic  à  Rome  pluiieurs  fortes  de  Curateurs. 
Curatores  omnium  tribuum  :  Syndics  qui  étoient  com- 
me lesprotefteurs  des  quartiers  de  Rome  ,  auxquels 
répondent  les  Quartiniecs  de  Pari  s. 
^3'  CuRATORhS  operuinpublkorum,  les  Surintendans 

des  ouvrages  publics  ,  qui  en  prenoienr  loin. 
^pr  CUKATORES  aivei    liberis  &   Cloacorum j  Com- 
miffaires  pour  le  nettoyement  du  canal  public  &  des 
égoîits  de  la  ville  j  qui  furent  établis  par  Augutle. 
IJC?  Cu&ATOREs  viaru.Ti,  extra  urbcm  ,  CommUlaires 
des  grands  chemins  hors  de  Rome  ,  &  des  ponts  & 
chauffées. 
^fT  Curatores  denariorum fiaTidorum  ,déligncspa.ï 
ces  trois  lettres  dans  les  infcriprions  antiques  C.U.  F. 
ALiîtres  des  monnoies ,  qui  font  encore  appelles  iv/v 
Monetarum  ,  qui  avaient  foin  de  faire  battre  mon 
noie.  On  trouve  dans  les  infcriptions  des  pièces  d'or 
&.  d'argent  anciennes,  ces  cinq  lettres  A.  A.  A.  F.  F 
qui  fignitient  ^re,  Argento ,  Auro  j^aado  ^jerïundo  , 
Commis  à  faire  fondre  &  battre  les  efpèces  de  cui- 
vre ,  d'argent  &  d'or. 
^CT  Curatores  Kalendarii,  ceux  qui  donnoient  l'ar- 
gent de  la  maifon  de  ville  à  ufure  ,   &  qu'on  payoi: 
aux  Calendes ,  ou  le  premier  jour  du  mois  j  d'où 
ils  ont  été  nommés  Kalendarii.  Antiquités  Grecques 
&  Romaines. 
CURATIF ,  ivE.  Terme  de  Médecine,  épithète  que 
l'on  donne  aux  remèdes  qu'on  emploie  pour  la  cure , 
la  guérifon  d'une  maladie  déjà  formée  ,  pour  les  dil- 
tingeur  des  palliatifs  &  des  préfervatits.  Curativus  j 
curationi ,  janationi  ferviens.  Il  y  a  des  remèdes  pré- 
fervatifs ,  &  des  remèdes  curatijs.  Dans  la  pefte  tous 
les  remèdes  curatijs  doivent  tendre  à  favorifer  les 
éruptions  critiques  j  comme  dans  la  petite  vérole. 
Didier.  Ceux  qui  feront  curieux  de  recueillir  un 
grand  nombre  de  remèdes,  tant  pcéfervatifs  aue  cu- 
ratijs contre  la  pefte,  peuvent  lue  le  livre  de  M.  Pef- 
talofti ,  intitulé  :  Avis  de  précaution  contre  la  maladie 
de  Marfeille.  Journal  des  Sav.  1711. 

§Cr  Ce  mot  s'applique  ,  non  feulement  aux  re- 
mèdes employés  d.ins  le  traitement  d'une  maladie, 
mais  encore  aux  indications  qui  fe  préfentent  à  rem- 
plir dans  ce  traitement  même.  Indication  curative  , 
méthode  curative,  remèdes  curatijs.  C'eft  l'indication 
curative  qui  détermine  le  Médecin  à  faire  ufage  de  la 
méihodQ  curative  &  desremèdesc::/rjr{/j, qui  peuvent 
détruire  la  maladie ,  ou  en  faire  ceffer  les  effets. 
CURATION.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Cure  ,  traite- 
tement  d'une  maladie,  manière  dont  il  faut  la  guérir. 
Curatio.  En  comparant  les  différentes  defcriptions 
avec  les  fymptomes  qui  caradérifent  telle  ou  telle  pef- 
te aduellement  régnante ,  on  peut  découvrir  descon- 
formitcs  fufïifahtes  pour  établir  plus  sûrement  une 
méthode  de  curation.  Journal  des  Sav.  On  dit  plus 


|i3"  Le  mot  de  cure  eft  équivoque  lui-même.  U  eft 
quelquefois  lynonyme  à  guerilon ,  quelquefois  il  dé- 
ligne fmiplement  le  traitement  d'une  maladie.  C'eft 
dans  cette  dernière  acception  que  le  mot  cure  peut 
être  regardé  comme  fynonyme  à  curation.  Foye^ 
Cure. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Curatio. 

CURATRICE,  f. f.  Celle  quia  la  curatelle  de  quelque 
perlonije.  Ta  veuve  eft  ordmanement  curatrice  de 
fes  enfans.  A^oje^  Curateur  &  Curatelle. 

CURCAS.  1.  m.  C'eii:  le  nom  d  un  fruit  de  1  Amérique, 
dont  parle  Lémery  apiès  oarzias  du  Jardin.  Il  efi 
gros  connne  une  aveline  avec  iâ  coque  ,  mais  il  eft 
moins  lond.  U  eft  bianc  ,  &  a  le  goût  d'une  truffe 
cuite.  Il  croît  en  Malavar  &  en  Cambaya.  On  envoie 
aulli  au  Caire  ,  mais  il  ne  garde  pas  par-tout  le  nom 
de  curcds.  Lémeiy  du  qu'en  (^ambaya  on  l'appelle 
Carpata  ,  &  que  celui  du  Caire  eft  peut-être  ce  que 
Sérapion  appelle  liatelcuicui. 

CURCE.  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Curtius.  Il  ne 
faut  due  Curce  que  iorfqu'on  parle  de  l'Hiftcrien 
Quinte-Lurce  j  hors  de-!à  il  faut  toujours  dire  Curtius  % 
de  plus  il  ne  faut  pas  dire  Curce  tout  feu! ,  mais  y 
joindre  fon  prénom,  à  qui  nous  doutions  auffi  une 
forme  Françoile  '^uint-Curce ,  &  plus  ordinairement 
{Îuince-Curce.  Foye^  Curtius  j  &  Quinte-Curce, 
&  les^marques  de  Vaugelas,   p.  68.  de  l'édition 


];UR.CHUS.  f.  m.  Faux- Dieu  des  anciens  hr.birans  cle  la 
Pruffe.  Curclius.  U  préiidoit  au  boue  ■>:  :tu  manger. 
Après  la  récoke  des  bien^  de  la  terre  on  lui  en  oSî  oic 
les  prémices.  Fiartfnoch  qui,  dans  fa  dilTertation  fur 
les  Dieux  des  anciens  Pruffiens ,  parle  de  celui    ci  , 
ajoute  qu'ils  entretenoient  un  feu  perpétuel  en  fon 
honneur,  5c  que  tous  les  ans  on  briioit  fa  ftatue,  &: 
qu'on  lui  en  érigeoit  une   nouvelle  \  apparemment 
parce  que  les  fruits  fe  renouvellent  tous  lesr>ns. 
1.URCUMA.  f.  m.  Plante  que  quelques  Botaiiiftes  ap- 
pellent/iac/iur  d'Inde  ,  &  d'autres  terra  mérita.  Sa  ra- 
cine eft  femblable  à  celle  de  la  gentiane  ,  <5c  de  cou- 
leur jaune ,  au  dedans  :  elle  teint  auffi  en  jaune  com- 
me le  fafran,  d'où  vient  qu'elle  eft  encore  appelée 
fdjrati  d' Inde.  Ses  feuilles  reftcmblent  à  celles  de  l'el- 
lébore blaîic.  Sa  fleur  eft  d'une  très- belle  couleur  de 
pourpre.  Ses  fruits  font  des  hériffons  de  même  que 
nos  châtaignes ,  dans  lefquels  leur  felrience  eft  ren- 
fermée ,  qui  eft  ronde  comme  des  pois.  On  fe  fert 
en  Médecine  de  fa  racine ,  qui  eft  amère  &  apériti- 
ve,  dans  la  jauniffe,   dans  l'hydropifie ,  &"  dans  la 
cachexie.  Les  Chinois  en  mettent  dans  leurs  fternura- 
toires.  Curcuma  ,  cyperus  Indicus  ,^  ou  crocus  Indicus. 
Il  eft  venu  à  M.  cle  Juftîeu  de  l'île  de  Bourbon  des 
pieds  de  Curcuma  ou  Terre-Mérite  ,   qui  étoient  (ï 
frais  ,  qu'ayant  été  plantés  au  jardin  du  Roi  _,  ils  s'y 
font  confervés  près  de  deux  ans  :,  ce  qui  a  donné  lieu 
de  fe  convaincre  que  c'étoit  de  vraie  terre-mérite  , 
dont  la  racine  fraîche  donne  un  beau  fuc  jaune  ,  cou- 
leur qu'elle  conferve  étant  feche  ,  &  qui  eft  très-né- 
ceffaire  pour  les  teintures  de  cette  couleur.  Elle  eft 
bonne  aulli  pour  la  guérifon  de  la  jauniffe.  De  Juss. 
Mém.  manufcr. 
CURDE.  f.  m.  &  f.  Nom  des 'peuples  du  Curdiftanj 
Curdus.  Les  Emirs  des  Curdes  font  fous  la  protec- 
tion du  Roi  de  Perfe.   La  langue  des  Curdes  appro- 
che de  celle  des  Perfans.  Les  Curdes  font  moitié  Ma- 
hométans  ,  «Se  moitié  JéfideSj  c'eft -à-dire,  difc'ples 
de  Jefus,  Chrétiens.  Maty.  Les  Curdes  font  origi- 
naires des  monts  Gordiens,  brandie  du  mont  Tau- 
rus  ^  qui  fépare  l'Arménie  de  la  Haute-Médie.   Les 
anciens  ont  appelé  ces  montagnes  &  les  peuples  d'a- 
lentour Corduci  &  Corduchi.  Cette  nation  s'eft  rép  ^n- 
due  dans  l'Affyrie  le  long  de  l'Euphraté  &  du  Tigre, 
&  a  donne  à  ce  pays  le  nom  de  Curdiftan.  Ils  n'ont 
reçu  que  fort  tard  la  Loi  Mahométane.   D'H  e  rb* 
Voye-:^  cet  auteur  au  mot  Curd. 


ordinairement  cure  ,  cependant  on  trouve  le  mot  eu-  CURDISTAN.  Pays  des  Curdes.  CurJorurti  régto ,  Cur^ 
ration  dans  les  Médecins.  Il  n'y  a  rien  qui  faffe  di ,  Curdia,  Cw^//?j«/i?.  C'eft  une  contrée  de  l'Afie  , 
plus  de  peine  à  un  Chirurgien  dans  la  curation  d'un  fituée  entre  l'Empire  du  Turc  &  celui  du  Sophi  de 
ulcère  ,  que  lorfque  la  carie  y  eft  jointe.  Degori.  Perfe.   Le  Curdijlan  s'étend  le  long  du  bord  orientai 


64 


C  U  R  C  U  R 

du  Ti^re  ,  depuis  les-lburces  du  lEuphrate  jufqu  au        Parochia  alterï  injutjidium  annexa.  Pour  être  pour- 
vu d'une  Cure  ,  il  n'elt  pasHéceiFaiie  d'être  Prêtre; 


Chulutan.  ^ 

1^  CURE.  f.  f.  Ce  terme  eO:  quelquefois  fynonyme  a 
giiéviion ,  finuaj ,  quelquefois  à  traitemenc  d'une 
maladie  ,  ou  application  des  remcdcs  ,  &  iiianieie  ^ 
de  traiter  une  maladie.  Curacio.  \ 

g3°  Dans  le  premier  cas  le  mot  cwr^,  exprime  le 
fuccès  ou  le  bonhjur  d'un  Médecin  dans  le  traue- 
inenc  d'une  maladie  longue  ou  invétérée  ,  ou  re- 
gardée comme  très  diiîicile  à  guérir. 

|Ï3°  Dans"  le  fécond  cas  le  mot  cure  défigne  la  ma- 
nière de  traiter  une  maladie,  en  employant  les  re-  • 
mèdes  propres  pour  en  procurer  la  guérilon.  Ainn 
un  Médecin  du  qu'il  a  employé  tel  ou  tel  remède 
dans  la  cure  d'une  maladie.  Dans  ce  cas  le  mot  cure 
ne  fuppofe  point  uécellairement  le  rétabhllcmcnt  de 
la  fanté.  ! 

§Cr  Nous  ajouterons  ici  les  remarques  de  M.  l'Ab-  1 
bé  GuMrd,  pour  tixer  ,  autant  qu  il  elt  poiîible  ,  la 
vraie  fignihcacion  de  ces  deux  mots.  On  tau  amcure , 
dit-il,  on  procure  une ^^^.''•{/U'v.  La  première  a  plus 
de  rapport  au  mal  &C  à  l'acbion  de  celui  qui  traite 
le  malade.  La  féconde  a  plus  de  rapport  à  la  lanté 
&  à  l'état  du  malade  qu  on  traue.  On  dit  de  1  une 
qu'elle  eft  belle  \  alors  elle  fau  honneur  à  celui  qui 
l'a  entrepnfe  :  on  dit  de  l'autre  qu'elle  ell  prompte 
&  parfaite  \  c'ell  tout  ce  qu'on  doit  délirer  dans  la 
maladie  \  !k  Ion  dit  de  routes  les  deux  qu'aies  font 
faciles  ou  diffic-iles. 

IP"  U  femble  que  la  cure  n'ait  pour  objet  que  les 
maux  opiniâtres  "^  d'habitude  \  au  lieu  que   la  gué- 
rifoi  regarde  aulîi  les  maladies  légères  &  de  peu  de  ^ 
tiurée.  i 

ifT  Plus  le  mal  eft  invétéré  ,  plus  la  cure  eft  dif-  , 
ficile.  C'eft  fouvent  p!us  à  la  force  du  tempéra-  ; 
ment  qu'à  l'effet  des  remèdes  qu  on  doit   la  gué-  j 


rijon. 


.  I 

Cure  ,   en  termes   de   Fauconnerie ,  eft   un  certain  ^ 
remède  que  les  Fauconniers  donnent  a  leurs  oiieaux  ^ 
en  forme  de  petites  boules  d'étoupcs ,  de  coton,  ou  l 
de  plumes ,  pour  dellecher  leur  Hegme.   /  urwida 
buccajiufeci.  Les  oifeaux  fe  portent  bien  quand  ils 
ont  rendu  leur  cart;.  On  du  qu'un  oifeau  tient  (i.  cure  , 
quand  la  pilule  fait  fon  devoir.  La  cure  de   l'oifeau 
doit  être  de  plume  ,  ou  d'ollel.ts  d'oifeaux  froilfes  , 
ou  d ,-  pieds  de  lapins ,  ou  de  lièvres ,  dont  on  a  rom- 
pu les  ongles  ,  &  ôcé  les  gros  os.  La  cure  de  coton 
n'ert  pas  bonne  à  ufer  j  car  elle  bride  &c  confomme 
le  poumon  ,  &  fait  mourir  l'oifeau  \  &  principale- 
ment quand  elle  eft  donnée  laus  être  lavée  ou  bai- 
gnée. ..-uand  ell'.^  eft  lavée  ou  baignée  en  eau  j  elle 
élargit  plus  qu'autre  chofe  le  boyau  de  l'oiieauj  &c 
lui  ôte  la  fupcrfluité  des  humeurs.  La  cure  jetée  au 
matin  par  l'oifeau  ,  qui  eft  nette  &  non  féche  ,  & 
qui  eft  fans  mauvaife   odeur,  montie  que    l'oifeau 
eft  fain.  La  cure  molle  ,  pâreule   &i  puante  ,  marque 
flegme  &  indigeftion  à   l'oifeau.    Quand    l'oifeau 
garde  trop  fa  cure  ,  le  moyen  de  la  lui  faire  rejeter 
&  rendre  eft  de  ne  L' paître  point  qu'il  ne  l'ait  ren 
due;   fi  ce   jour-là  il  ne  la  jette,  le    lendemain  il 
la  lui  faut  faire  rendre  en  la  manière  qui  iuit  :  Pre- 
nez du  gras  de  lard  bi^n  rafraîchi ,  &   lavé  en  deux 
ou  trois  eaux  bien  nettes  &  bien  fr.iîches  ,  &  un  peu 
defelmenu&:  de  poudre  de  poivre,  faites-en  une 
■   pilule,   &    la  faites  avaler  à  l'oifeau,    &  attend  z 
qu'ill'ait  jetée.  S'il  ne  la  jette  pas,  prenez  de  ce 
qu'il  aura  jeté  ,  broyez  le  &  le  mouillez  ,   puis  met- 
tez le  dans  un  drapeau  j  &  le  faites  flairera  l'oifeau, 
&:  alors  il  rendra  fa  cure. 
Guhe  j  eftauHi  un  vieux  mot  François ,  qui  fignifioir 
foin.  Cura.  îl  n'a  plus  d'ufage  qu'en  cette  phrafe  pro- 
verbiale :   On  a  beau  prêcher  à  qui  n'a  cure  de  bien 
faire  ,  en  parlant  de  ceux  qui  n'ont  aucun  foin  de 
profiter  des  inftruftions  qu'on  leur  donne. 
Cure  .  en  matière  bénéficiale  ,  eft  un  bénéfice  dont  le 
titulaire  a  foin  de  la  conduire  des  âmes  dans  une_ 
certaine  étendue  de  pnvs  qu'on  appelle  unePHrollfe,  " 
Parochia.  Une  Cure  eft  un  Bénéfice  à  charge  d'ames  r 
qui  requiert  réfidence.  Une  Cure  avec  fon  annexe  j  I 


il  lutat  de  le  faire  promouvoir  à  l'Ordre  de  Prêtriie 
dans  l'an,  à  compter  du  jour  des  Piovihons.  Onap' 
pelle  1  raurcs-i-u/es  des  Cures  qui  font  pollédées 
pat  des  Religieux ,  comme  font  celles  qui  ont  été 
données  aux  chanoines  Réguliers  de  bt.  Auguftin. 

Lesbvcquesde  Fr.ince  ont  fait  quelques  tenta- 
tives aans  leurs  alîemblées  de  i68i  Se  de  1700, 
pour  rendre  les  Cures  amovibles  ;  mais  cela  n'a  eu 
aucun  etiet.  Le  P.  Thomallin  j  dans  la  LiJ'cipline 
htclejiajticjue  ,  p.  4.  1.  1.  ch.  6.  montre  par  raiitcrité 
de  plulieurs  Conciles, que  les  Bcnéficiers  ,  &  même 
les  Curés,  n'ont  jamais  été  amovibles  au  gré  des 
Evêques;  que  pour  les  deftituer  il  falloir  un  Juge- 
ment Canonique,  il  produit  là-delfus  un  Canon  du 
Concile  tenu  à  Plailance  en  1095,  où  il  eft  arrêté 
que  les  Clercs  feront  attachés  pour  toujours  aux 
Egliles  pour  lefquelles  ils  auront  été  ordonnés  ,  &C 
qui  leur  ferviront  de  titres.  Qrdinatio  in  qua  quiii- 
bet  taulaïus  eji  ^  in  ea  perj.etuo  pcrfeverec.  On  ne 
peut  rien  voir  de  plus  decifit  pour  la  Ifabilité  des 
Curés  ,  que  le  Canon  iX.  d'un  Concile  de  Nifmes 
en  10915.  Il  y  eft  dit  en  termes  formels  ,  que  les 
Prêties  auxquels  les  Evêques  auront  donné  des  Cures 
les  dfclfeiviront  pendant  toute  leur  vie  ,  à  moins 
qu  ils  ne  foient  deftitués  par  un  jugement  en  forme. 
Plulieurs  autres  Conciles  confirment  la  même  chofe , 
de  lotte  qu'il  eft  évident  que  les  Curés  n'ont  point 
été  deftituables  à  la  volonté  des  Evêques  j  comme 
quelques-uns  le  prétendent. 

Il  y  a  de  la  difficulté  pour  les  Cures  de  Norman- 
die ou  le  dépôt  t  elt  en  u  âge  :  favoir ,  fi  ceux  qui^ 
en  lont  poui  vus  font  obligés  de  fe  faire  Prêtres  dans 
l'an  ,  à  compter  du  jour  de  leurs  pi  ovifions.  La  rai- 
fon  eft  que  l'Evêqne  jouit  des  revenus  de  la  Cure  j  5c 
que  même  il  y  commet  un  Prêtre  pour  le  ipirituel , 
avec  défenle  au  pourvu  d'y  faire  aucunes  fonéhons 
Ecclcfiaftiques  ;  &  ainfi  il  femble  n'être  obligé  de 
fe  faire  Prêtre  que  dans  l'an  ,  à  compter  du  jour  que 
hnit  le  déport ,  puifque  les  loix  lui  donnent  une 
année  entière  pour  opter. 

Cure  aétuelle  eft  oppofée  à  Cure  primitive.  La 
C:/r<f  adlutlle  eft  celle  que  polféde  le  Cure  qui  a.  la 
chaige  des  amcs,  qui  exerce  les  fondlions  curiales,  & 
qui  eft  Vicaire  perpétuel  d'un  Curé  primitif,  f'  oye:^ 
mémoire  de  M.  Sariazin  pourl'Eglife  de  Paris,  5c 
l'union  de  S.  Germain  l'Auxerrois  ,  p.  9.  Il  a  droit 
de  prêcher  lans  être  fujet  à  prendre  aucuns  pouvoirs 
de  l'Ordinaire  ,  non  pas  en  qualité  de  Curé  primi- 
tif,  qui  n'autoiile  pas  à  prêcher,  mais  à  titre  de 
Curé  aduel.  Mannori.  Voye^  Curé  primitif  &.  Vi- 
caire perpétuel. 

Cure  ,  fignifie  auffi  la  maifon  deftinéeà  loger  le  Curé. 
Curialis  domus.  Ce  Curé  a  établi  un  petit  Sémi- 
naire dans  fa  Cure, 

CURE.  f.  m.  Prêtre  pourvu  d'un  Cure  ,  quia  la  charge 
&  la  conduite  des  âmes  d'une  Parodie,  t-urochus^fa- 
rochiat.  palior  j  reclor.  Pour  être  Cure  û  faut  avoir  25 
ans  commencés.  Les  Cures  n'ont  que  la  Jurifdiéliioiî 
pénitentielle  ,  &  pour  le  forextéiieur  ils  peuvent 
feulement  uler  de  mcnitions  &  de  cenfures  Ecclé- 
fiaftiques  j  mais  ils  n'ont  point  la  puillance  d'excom- 
munier ,  ni  d'exercer  la  Junfdiition  contentieufe. 
Leur  office  n  'eft  qu'une  émanation  du  pouvoir  de 
l'Evêque,  qui  neput  pourtant  réunira  fon  minif- 
tère  les  fondions  attribuées  aux  Cures.  Du  Bois.  Les 
Cures  ont  la  conduite  du  peuple  de  Dieu  fous  les 
Evêques  :  ce  (ont  les  vrais  Pafteurs ,  à  qui  l'Evangile 
ordonne  de  donner  leur  vie  pour  le  falut  de  leur 
troupeau.  Le  Mait.  Les  Coiiftitutions  Canoniques 
qualifient  les  Curés  de  ces  divers  noms,  Capcllanus , 
l'.eaort'  Parochus  ,  qui  marquent  leurs  fonctions, 
&leur  autorité  dansl'Eglife.  Anciennement  les  Cures 
des  Paroilfès  delà  ville  conipofoient  leConfeilde 
l'Evêque,  ik  le  Clergé  de  fa  Cathédrale.  Théodul- 
phe,  Evêque  d'Orléans ,  donne  d'excclleps  avis  aux 
Curés  dans  fon  capitulaire, 


Ce 


C  U  R 

Ce  mot  vient  de  Curacus  ,  que  les  Auteurs  de  la 
balFe  Latinité  on  dit  pour  Curuior.  Ménage. 

Curé  Primitif  ,  eft  celui  qui  s'ell  réfervé  les  gros 
fruits  d'une  Cure  ,  les  droits  honorifiques,  &  quel- 
.  ques  marques  de  prééminence ,  tandis  qu'il  la  fair 
deffervir  par  un  Vicaire  perpétuel,  auquel  il  donne 
une  portion  congrue  pour  lublifter.  Parochus prnni- 
genius.  Le  Concile  de  Mérida  ,  tenu  en  666.  permet 
dans  fon  can.  i  z.  à  l'Evêque  de  prendre  dans  les  Pa 
roilfes  les  Prêtres  &  les  Diacres  qui  le  pourront  fou- 
lager,  &  de  les  mettre  dans  (on  Eglife  Cathédrale  , 
fansnéanmoms  qu'ils  doivent  celFer  d'avoir  inipec- 
tion  fur  les  EgUfes  dont  ils  feront  tirés ,  &  d'en  re- 
cevoir le  revenu.  Ils  y  établiront  feulement  des  Piè- 
tres choifis  par  l'Evcque  pour  y  fervirà  leur  place  , 
èc  ils  leur  donneront  des  Pennons  Quelques-uns 
croient  que  c'eft  là  l'origine  des  Curés  Prïmïûjs.  Il 
y  a  beaucoup  d'Abbés  ,  de  Chapitres,  de  Commu- 
nautés ,  qui  font  Cun:.  Primitijs.  Un  Cure  Primi- 
tif, ell  celui  qui  a  dtoit  de  jouir  des  fruits  d'un  Bé- 
nétîce  uni ,  lequel  avoit  charge  d'ames  félon  fa  pre- 
mière &c  priminve  inftitution  j  mais  ayant  été  con- 
verti en  Bénéhce  iimple,  le  foin  des  âmes  a  été 
transféré  à  un  Vicaire  perpétuel.  Le  Mait.  Le  nom 
de  Curé  Primitif  a  été  inconnu  aux  Anciens ,  il  ne 
fe  trouve  point  dans  le  Droit  Canonique.  1d.  La  qua- 
lité de  Cur^:  Prininj  eft  odieufe  ;  elle  lépare  le  Bé- 
néfice d'avec  l'Office  ;  elle  dépouille  le  C^rt;  de  la  ré 
compenfe  légitime  due  à  fon  travail  j  &  à  fes  foins  ; 
&  ne  lui  lailfe  qu'un  revenu  médiocre  ,  avec  le  titre 
de  Ficaire perpcmel.  Id. 

CurÉ  fignifie  en  Bretagne  ce  que  nous  appelons  Vi- 
caire ,  &  ce  que  le  relie  du  Ps.oyaume  appelle  Cure , 
les  Bretons  l'appellent  ReCteur. 

Cure  ,  fedit  proveibulement  en  ces  phrafes ,  il  faut 
faire  Carême  -  prenant  avec  fa  femme  ,  &  Pâque 
avec  fou  Cure.  On  dit  aulli ,  vous  allez  trop  vite  à 
.  l'offrande,  vous  ferez  cheoir  Monfieur  \q  Curé ,t3. 
ceux  qui  s'emprelfent  trop  de  faire  quelque  chofe  , 
&c  fur- tour  de  manger  à  table.  On  dit  auîîi ,  il  a  af- 
faire au  Curé  &  aux  Paroi  ifiens  ,  pour  dire,  à  plu- 
fieurs  parties  enfemble.  On  ditauili. 

Qui  croitfa  femme  &  fon  Curé  , 
Efien  hufard  d'être  damné , 

On  dit  que  c'eft  gros  Jean  qui  remontre  à  fon  Curé, 
pour  dire  ,  que  c'eft  un  ignorant  qui  veut  inftruire 
un  homme  qui  en  fait  plus  que  lui. 

CURE,  f  f.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  de  tulipe.  Cure 
printanière  eft  gris  de  lin  fort  pâle  &  blanc.  Cure 
tardive  de  même.  Morin. 

CURE  AU.  f  m.  Terme  de  Tondeurs  de  drnps.  C'eft  un 
peut  inftrument  de  bois ,  fembbble  à  la  tête  d'un 
maillet  ,  dont  ces  ouvriers  fe  fervent  pour  faire 
agir  celui  des  deux  couteaux  des  forces  à  tondre, 
que  l'on  appelle  le  Mâle.  Ce  même  inùrument  s'ap- 
pelle mailleau  qaand  il  eft  emmanché. 

CURE-DENT.  f.  m.  Petit  inftrument  ,  ou  aiguille 
dont  on  fe  cure  ,  on  fe  nettoie  les  dents.  Dentifeal- 
pium.  On  fait  des  cure-dents  d'or  ,  d'ivoire ,  de  bois , 
de  plume.  LesEfpagnols  font  àts cure-dents  de  paille, 
d'où  eft  venu  ce  proverbe  qui  leur  eft  fort  familier  , 
En  un  da  ca  la  paja  j  En  un  donne-moi  la  paille  , 
ouïe  cure-dent ,  pour  dire  j  En  un  clin  d'ceil. 

Cure  dent  d'Efpagne.  f.  m.  Plante  dont  la  racine  eft 
fibreufe  &  annuelle-  Ses  feuilles  font  plus  larges , 
plus  courtes  &  plusémoulfées  que  celles  du  fenouil. 
Son  ombelle  eft  ordinairement  retrécie  &  ferrée  , 
&  fes  femences  font  oïdinairement  plus  petites  que 
celles  du  fenouiL  Vijhaga.  Cette  plante  croît  d'elle- 
même  en  Italie,  en  Sicile  &  dans  les  contrées  méri- 
dionales de  la  France.  Il  y  a  beaucoup  de  per- 
fonnes  ,  fur-tout  en  Efpagne  ,  qui  font  des  pédicu- 
cules  roides  &  odoriférans  ,  des  ombelles  du  vifna- 
ga  j_  des  cure-dents. 

CUREE,  f.  f.  Terme  de  Vénerie,  eft  le  repas  qu'on 
fait  faire  aux  chiens  &  aux  oifeaux  ,  en  leur  faifint 
manger  la  bête  qu'ils  ont  prife.  Efca pradacea  ,  pars 
Tome  III. 


C  U  R 


Sj 


prs.ds.  canibus  à  venatore  j  vel  accipitrï  ab  aacupc  por- 
recid.  Curée  chaude  ,  eft  quand  on  leur  donne  fur  le 
champ  quelque  partie  de  la  bête.  On  diioit  ancien- 
nement cuiree ,  d'où  le  mot  de  curée  a  été  fait  paf 
corruption  _,  à  caule  que  la  curée  fe  fait  dans  le  cuir 
de  la  bête.  Men.  Curée  Jroide  ,  eft  celle  qu'on  leur 
prépare  d'ailleurs.  Cette  curée  fe  fait  de  morceaux 
de  pain  trempés  dans  le  fang  de  la  bête  ,  qu'on 
met  lur  la  peau  avec  quelques  morceaux  de  chair  j 
qu'on  appelle  le  droit  des  chiens  ,  comme  la  cervelle 
&  le  cou.  Les  chiens  font  quelquefois  la  curée  du  gi- 
bier avant  que  le  Veneur  arrive. 

On  appAin /ouail.e ,  la  curte  du  fanglier ,  carells 
fe  fait  avec  du  feu.  Quelques-uns  difent  cuirie.  La 
curée  du  lièvre  fe  fait  avec  pain  ,  fromage  &  frian- 
dife  ,  brunis  dans  le  fang  du  lièvre.  Aux- chiens  niais 
&  jeunes  on  donne  la  tête  &  les  épaules.  Les  curées 
baignées  font  la'iatives  ;  les  curées  effuyées. 

|K?  On  dit ,  en  parLint  des  chiens  ,  qu'ils  font 
curée ,  lorfque  ,  fans  attendre  le  Veneur ,  ils  man- 
gent la  bête  qu'ils  ont  prife. 

On  du  ,  mettre  les  chiens  en  curée  ,  pour  dire  ^ 
leur  donner  plus  d'ardeur  à  la  chalfeparlac/^rtfiî  qu'on 
leur  fait,  Et  l'on  dit  dans  le  même  fens  qu'ils  font 
en  curée.  On  dit ,  défendre  la  curée  j  pour  dire  ,  Em  • 
pêcher  à  coups  de  gaule  cjue  les  chiens  n'appro- 
chent rrop  tôt  de  la  cur:e. 

fCT  Dans  le  fens  figuré ,  on  le  dit  des  hommes 
lorfque  le  butm  &  le  profit  qu'ils  ont  faits ,  les  ani- 
ment davantai'^e  à  quelque  entreprife.  Ce  petit  avan- 
tage a  mis  les  treupes  en  curée  ,  elles  font  en  cureë. 
Il  a  fait  curée  à  lun  armée  du  pillage  de  cette  ville. 
Le  profit  qu'il  a  trouvé  d  abord  en  cette  affaire  j  l'a 
mis  en  curée.    Acad.  Fr. 

IJCF  Je  refpccle  beaucoup  une  pareille  autorité  ; 
mais  je  ne  conieillerai  à  penonne  de  fe  iervir  de  cette 
exprellion.  Non-feulement  ell=  eft  baffe,  mais  elle 
préfente  encore  quelque  choie  de  dégoûtant. 

CURE-ORElLLE.  f  m.  Petit  inftrument  d'or,  d'ar* 
gent ,  ou  d'ivoire  ,  qui  clt  plat  &c  délié ,  avec  un 
peut  rebord  creux  à  lun  des  bouts  qui  fert  à  net- 
toyer l'oreille  Ik  à  d'autres  opérations  relatives  à 
cette  partie.  Aurfcalpium. 

CURÈCTIS.  f  m.  C'étoit  le  troifième  jour  des  Apa- 
turies ,  auquel  les  jeunes  gens  cjui  entroient  dans 
l'âge  de  puberté  faifoient  couper  leurs  cheveux  dans 
le  Temple  de  quelque  Divinité  ,  &  les  confacroient 
à  Diane  ou  à  Appollon.  De  K.ïïp.? ,  jeune  homme. 

CURE-PiED  ,  f  m.  Inftrument  de  fer  crochu  qui  fert 
à  nettoyer  le  dedans  du  pied  des  chevaux  ,  à  en  ôtet 
la  terre  ,  la  crotte  ,  ou  le  fable.  Pedifcalpium. 

CURER.  V.  a.  Nettoyer  quelque  lieu  profond  ,  quel- 
que chofe  de  creux  ,  en  ôter  les  ordures.  Purgare. 
curer  un  puits ,  des  folfés ,  un  canal  j  un  étang  ,  un 
privé,  &c. 

Curer  ,  fe  dit  aulli  des  dents  &  des  oreilles ,  qu'on  net- 
toie de  l'ordure  qui  s'y  attache  j  avec  des  plumes, 
ou  quelques  autres  petits  inftrumens  propres  à  cela  j 
qu'on  appelle  cure-dent,  ou  cure-oreille.  Quand  il 
s'agit  des  dents  &;  des  oreilles,  il  eft  félon  l'ufage 
dédire   nettoy er ,  p\\toz  i\\.\e  curer. 

Curer  ,  eft  aulfi  un  terme  de  laboureur  ,  qui  fe  dit  de 
la  charrue  qu'on  nettoie  avec  le  curoir. 

Curer.  Terme  d'Agriculture.  Curernne  vigne  en  pied, 
c'eft  ôter  du  pied  des  feps  tout  le  bois  inutile  que 
l'ignorance  d'un  vigneron  y  avoit  lailfé  dans  lé- 
bourgeonnement.  Ain li*  les  vignerons  difent  ;  je 
viens  de  curer  en  pied  ,  j'ai  déjà  trois  arpens  de 
vignes  curés  en  pied,  liger. 

Curer.  les  Couverturiersfe  fervent  auftî  de  ce  mot, 
pour  dire  ,  Nettoyer.  Curer  des  chardons. 

Curer  ,  en  terme  de  Chaffe ,  fe  dit  des  oifeaux  qu'on 
purge  en  leur  donnant  une  cure.  U  ne  faut  point  paî- 
tre oifeau  qu'il  n'ait  curé  ,  ou  rendu  fes  cures- 
Vo\e\  Cure. 

Curer  ^  en  ce  fens ,  fignifie  rendre  gorge  ;  &  les  Vé* 
neurs  ont  abufc  du  terme  de  cvrc'c  ,  qu'ils  ont  em- 
ptunté  des  Fauconniers ,  pour  l'appliquer  aux  repas 


^6 


C  U  R 


qu'ils  donnent  à  leurs   chiens.  Smegmatlcas   glan- 
des vomere,  reddere. 
Curé,  ée.  part.  -  . 

CURES,  f.  m.  pi.  Vieux  mot  qu'on  a  dit  pour  figni- 

fier  des  charriots.  Il  vient  du  Latin  currus. 
CURETES,  f.  m.  pi.  Peuple  de  l'île  de  Crète ,  qu'on 
appeloit  autrement  Corybantes.  Ils  étoient  j  difent 
quelques  Auteurs  ,  originaires  du  mont  Ida  en  Phry- 
gie,  &  on  les  nommoit  encore  pour  c&\a.  Idai  Dac- 
tyli.  Pour  le  nom  de  Carère^,  on  le  leur  donaj  dit 
Strabon  ,  parce  qu'ils  fecoupoient  les  cheveux  par 
devant  j  ahn  de  ne  point  donner  de  prifeà  leurs 
ennemis  ,  car  ce  nom  eR  Grec,  Koupi^Tï?,  &  vient  de 
Kocifa  ,  qui  fignifie  l'adiion  de  couper  les  cheveux  , 
de  x"(i»  ,  tondeo.  D'autres  difent  que  ce  nom  leur  fut 
donné  de  TCxpoTfoipia  ,  qui  fignifie  nourriture  d'un 
enfant ,  parce  qu'ils  furenr  les  nourriciers  de  Jupi- 
ter ,  félon  la  fable.  Ovide  dit  qu'ils  naquirent  d'une 
grande  pluie.  Lucien  &  Diodore  de  Sicile  font  les 
feuls  qui  difent  qu'ils  avoient  l'art  de  lancer  des  flè- 
ches \  tous  les  autres  ne  leur  donnent  pour  armes , 
que  des  boucliers  &  des  piques.  Tous  leur  donnent 
auiîi  des  tambours  de  bafque  ,  &  rapportent  qu'ils 
avoient  coutume  de  danfer  au  bruit  des  armes  &  de 
leurs  tambours.  Quelques-uns  prétendent  qu'ils 
étoient  Etoliens  d'origine.  On  dit  encore  qu'ils  quit- 
tèrent l'Ile  de  Crète  ,  «Se  qu'ils  allèrent  s'établir  dans 
la  Grèce  au-deffus  du  fleuve  Achèloiis  ,  où ,  parce 
qu'ils  avoient  les  cheveux  coupés  par  devant  ,  on 
les  appela  Acarnanes. 

Autre  opinion.  Les  Curetés ,  fi  fameux  parmi  les 
Titans  ,  &  qui  eurent  foin  de  l'éducation  de  Ju- 
piter j  &  du  corps  defquels  fut  Crès  fon  frère  , 
les  Curetés  n'écoient  autre  chofe  du  temps  de  Satur- 
ne ,  de  Jupiter  &  des  autres  Titans ,  que  ce  qu'ont 
été  dans  les  fiècles  fuivans  les  Druides  Sk  les  Bardes 
fi  célèbres  parmi  les  Gaulois.  C'écoient  les  Prêtres  & 
les  Sacrificateurs  ,  qui  avoient  foin  de  ce  qui  regar- 
doit  la  Religion  &  le  culte  des  Dieux.  Et ,  comme  on 
s'imaginoit  alors  que  l'on  communiquoit  avec  les 
Dieux  par  l'art  des  divinations  &c  des  augures  ,  & 
par  les  opérations  de  la  Magie  ,  cela  étoit  caufe  que 
tous  CCS  Curetés  étoient  Magiciens  ,  Devins,  &  En- 
chanteurs j  comme  on  l'a  tort  bien  reconnu.  Ils  joi- 
,  gnoient  à  cela  la  fcience  des  Aftres  ,  de  la  Nature  ^ 
&  de  la  Poëfie  ;  ainfi  ils  étoient  encore  Aftronomes , 
Phyficiens  ,  Poètes  &  Médecins.  Voilà  quels  ont 
été  les  Curetés ,  ,  Ik  après  eux  les  Druides  ;  avec 
cette  différence  ,  que  les  Curetés  ,  du  temps  des  Ti- 
tans J  ne  manquoient  pas  d'aller  à  la  guerre  :  c'eft 
pourquoi  ils  étoient  armés  ^  ils  fautoient  même, 
&  danfoient  fi  habilement  avec  leurs  armes  j  frap- 
pant leurs  boucliers  de  leurs  javelots  ,  que  c'eft  de 
ce  frappement,  fi  j'ofe  ainfi  parler,  qu'ils  ont  été 
appelés  Curetés  ;  car  euro  ,  en  langue  Celtique  ,  eft 
la  même  chofe  que  le  xaj»  des  Grecs  ,.  qui  en  a  été 
formé  par  la  tranfpofition  d'une  lettre.  Pezron. 
Selon  le  P.  Kirker  les  Curetés  font  dans  Orphée 
ce  qLie  font  les  Puiffances  dans  Saint  Denis  ,  le 
jiim,  ou  Efprits  chez  les  Cabaliîtesj  les  Anges 
chez  les  Pjatoniciens ,  &  les  Génies  chez  les  Egyp- 
tiens. 

yolfius  diftingue  trois  fortes  de  Curetés  ;  ceux 
d'Étolie  ,  ceux  de  Phrygie  5c  ceux  de  Crète,  qui 
étoient  originaires  de  Phrygie  ,  &  une  efpèce  de 
colonie^  de  ceux-ci ,  que  Rhéa  fit  venir  de  Phrygie 
dans  l'île  de  Crête,  lorlqu'elle  fut  prête  d'accou- 
.cher  de  Jupiter.  Le  nom  de  ceux  d'Étolie  vient  de 
XKÇ<i,  tonfure  ,  &  il  leur  fut  donné  parce  que  ,  depuis 
que  dans  un  combat  leurs  ennemis  les  prirent  p.ar 
leurs  cheveux  qu'ils  portoient  fort  longs ,  ils  fe 
les  coupèrent.  Ceux  de  Phrygie  &  de  Crète  furent 
appelés  Curetés ,  de  x«ï{«r ,  jeune  homme ,  parce  qu'ils 
étoient  jeunes ,  ou  parce  qu'ils  élevèrent  Jupiter  en- 
core jeune.  Vossius ,  De  Jdolat.  L.  II.  C.  55.  au 
commencement.  ^ 

CURÉTIDE.  Ancien  nom  de  l'Ile  de  Crète  ,  aujour- 
d'hui Candie.  Curetis.  Elle  avoir  pris  ce  nom  des 
Curetés ,  qui  l'habitoient.  Foye^  Curète. 


C  U    R 

|Cr  CURETTE,  f.  f.  Inftrument  de  Chirurgie,  fait  en 
forme  de  petite  cuiller  alongée  ,  dont  on  fe  fert 
pour  ramalfer  Ik  tirer  de  la  vellie  les  matières  étran- 
gères ,  les  fragmeras  de  pierres ,  les  fables  qui  peuvent 
demeurer  dans  la  veilie  après  l'extradion  de  la 
pierre. 

Curette  ,  eft  auflî  un  terme  de  Couverturier.  C'eft 
un  petit  inftrument  qui  a  un  manche  de  bois  &  des 
dents  de  fer,  dont  on  fe  fert  pour  curer  les  chardons 
qui  font  remplis  de  laine. 

Curette.  Terme  de  Mécanique.  C'eft  un  inftrument 
de  ferj  court  &  plat  j  &  emmanché  de  dix  ou  dou- 
ze pieds  de  long  ,  qui  fert  à  nettoyer  la  pempe  après 
qu'on  l'a  percée. 

Curette.  Terme  d'agriculture  ,  inftrument  qui  fert  à 
nettoyer  le  courre  de  la  charrue.  Huila ,  * ,  ou  ruUum. 

CUREUR.  f.  m.  Celui  qui  cure  les  puits,  les  canaux  , 
les  retraits.  Forkarius.  Cureur  de  puits.  Purgator pu- 
tei ,  latrlnarum  j  &c. 

CUREURES.   Voyei  Curures. 

CURIAL ,  ALE.  adj.  Qui  concerne  la  Cure.  CurlaUs. 
Ce  Prieur  fait  toutes  les  foncl:ious  Cunales  dans 
fon  bénéfice.  Les  droirs  Curïaux  font  dus  au  Curé  à 
Pâquej  ils  croient  anciennemenr  raxés  à  un  blanc, 
ou  cinq  deniers  par  chaque  chef  de  famille. 

CuRiAL ,  fignifioit  autrefois  :  Qui  appartient  à  la  Cour, 
qui  eft  à  la  Cour.  Les  Clercs  Curïaux  étoient  les  Ecclc- 
fiartiques  qui  étoient  à  la  Cour. 

CuRiAL.  f.  m.  On  appelle  dans  les  Coutumes  de  Brefle, 
&  dans  les  Ordonnances  anciennes  pour  cette  Pro- 
vince, du  nom  de  curïaux ,  des  Officiers  de  ville  qui 
fervent  de  fcribes  fous  les  Châtelains  &  Officiers  des 
lieux.   Cufïalis  ifcrïba  urbanus. 

§C?  Chez  les  Romains  le  mot  de  Curialïs ,  adj. 
fignifioit ,  qui  eft  de  la  même  Curie  ,  ou  ce  qui  con- 
cerne une  Curie. 

§3°  Le  même  mot  pris  fubftantivement ,  figni- 
fioit le  chef  d'une  Curie. 

CURIATIUS  ,  CURIATIA.  f.  m.  &  f.  Nom  propre 
d'une  famille  Romaine.  Gens  Curïatïa.  Denys  d'Ha- 
licarnalTe  ,  L.  III.  dir  que  la  famille  Cariaf/a  étoit 
plébéienne ,  origin.aire  d'Albe ,  &  que  c'étoit  le  Roi 
TuUus  Hoftiliusqui  luiavoit  donné  ledroirde  bour- 
geoifie  Romaine.  On  ne  lui  voit  point  d'autre  pré- 
nom fur  les  médailles  &  dans  les  infcrijjtions ,  que 
C.  Caïus.  Les  Trigeminus  étoient  de  la  famille  Cu~ 
riatïa  j  car  les  médailles  ont  d'un  côté  une  quadrige 
conduite  par  une  figure  qui  tient  de  la  main  gauche 
une  petite  figure  ailée  ,  ou  une  efpèce  de  mafle  d'ar- 
mes ,  &  qui  eft  couronnée  par  la  viétoire  avec  ces 
mots ,  c.  cuR.  F.  ou  G.  cuR.  feulemenr,  &;  dans  l'exer- 
gue RoMA.  De  l'autre  côté  la  tête  de  Rome  armée 
d'un  cafque  ailé  ,  &  terge. 

CURIE,  f.  f.  Portion ,  fubdivifion  de  la  Tribu  chez  les 
Grecs  Se  chez  les  Romains.  Curia.  Du  temps  de  Ro- 
mulus ,  une  Tribu  étoit  compofée  de  dix  Curies  , 
c'eft-à-dire  de  mille  hommes.  Romulus  divifa  le 
peuple  en  trente  Curies.  Enfuite  on  appela  Curia,  Cu- 
ries  ,  ou  Domus  Curialïs  ,  Maifon  Curiale  ,  le  lieu 
oti  chaque  Curie  tenoit  fes  aflemblées.  De-là  ce  nom 
Curia  paflà  au  lieu  où  le  Sénat  fe  tenoit  ;  &  c'eft  de 
là  qu'eft  venu  le  nom  de  Cour ,  Curia  ,  pour  figni- 
fier  tout  corps  de  Juges  ,  ou  de  Magiftrars.  Le  peu- 
ple s'affembloit  par  Curies.  Curiatim.  Voye\  Vigenere 
fur  T.  Live  ,  T.  I  p.  103  5. 

Quelques  Canoniftes  dérivent  le  mot  Curia  ;  Curie 
de  CruorJe  n'en  vois  pas  la  raifon.  Varron  dit  qu'il 
vient  de  Cura  ,  foin  ,  comme  qui  diroit  une  affem- 
blée  de  gens  chargés  du  foin  des  affaires  publiques  j 
ou  qui  fe  tient  pour  en  prendre  foin  ,  d'autre  préten- 
denr  qu'il  vient  du  Grec,  &  qu'on  appeloit  à  Athè- 
nes KffÎH ,  le  lieu  où  le  Magiftrat  tenoit  fes  aflifes , 
&  où  le  peuple  avoit  coutume  de  s'affembler.  Kuçi« 
venoit  de  »ûç«r ,  autorité  ,  pouvoir  ,  comme  fi  l'on 
avoit  voulu  appeler  ce  lieu  le  lieu  du  pouvoir  ,  le 
fiége  de  l'autorité ,  parce  que  c'étoit  la  que  fe  créoient 
les  Magiftrats ,  que  fe  faifoient  les  loix  ,  que  fe  ren- 
doit  lajuftice.  Les  Romains  prirent  ce  nom  des  Grecs, 
comme  beaucoup  d'autrçs. 


C  U  R        _  C  U  R  .     ^7 

CURIEUSEMENT,  adv.  Avec  ciirioficé ,  ou  biert I     ^  curkux.  ^.  'Evr.  Cette  femme eft  fort  cî<r/tayè  en 
avec  foin,  avec  exaâruude.  Curiosè ,JIudiosè ,  curacè ,'      habits ,  en  dentelles. 
accuratè.  \\  3.  ohisi^é  curkufement  lowz  le  cours  delà:  Curieux,  f.  ni.  Terme  d'hiftoire  ancienne.    Officier 


Comète.  Il  a  ta  ce  livre  fort  curieujement ,  pour  en 
obfetver  tous  les  défauts  ,  tous  les  beaux  endroits. 
Nous  ne  fommes  point  en  droit  d'examiner  trop  eu- 
rieufemenc  les  voies  de  la  providence.  S.  EvR.  Curiosè. 
Conferver  curieufemencqneii{ae  chofe. 
fyT  CURIEUX  ,  £USE.  adj.  (Quelquefois  employé  fub- 
ftantivement ,  quand  il  cft  appliqué  aux  perfonnes 
Ce  mot  défigne  celui  qui  a  une  grande  envie  ,  un 
grand  emprelfement  de  voir  ,  d'apprendre  quelque 
chofe.  Curiûjus,  cupidus  ^Jîudiojus.  Curieux  de  voirj 
d'entendre.  Quelquefois  il  fe  prend  en  mauvaife 
part,  pour  celui  qui  veut  indiicrctement  pénétrer 
dans  les  fecrets  d'autrui.  Vous  êtes  bien  curieux  d'é- 
couter ce  qu'on  dit.  Et  fubftantivement ,  curieux  in- 
difcret.  Le  monde  eft  plein  de  ces  curieux  impertineas, 
qui  ne  font  occupés  que  du  delir  d'apprendre  tout  ce 
qui  fe  palfe.  S.  Evr. 

Si  nous  pouvions  pénétrer  tout  ce  que  les  autres 
penfent  de  nous  ,  nous  en  ferions  mortilîés ,  &  je 
ne  doute  point  que  l'Empereur  Adrien ,  qu'on  dit 
avoir  été  le  plus  curieux  de  tous  les  hommes  ,  n'ait 
été  le  plus  miférable.  Moth.  Vay.  Un  filence  lef- 
pedueux  eft  plus  sur  qu'une  recherche  trop  curieufe 
de  la  conduite  de  Dieu.  Sherlock.  Mais  pourquoi 
fuis  je  fi  curieufe  ,  &  pourquoi  veux-je  lire  dans  une 
ameoù  je  ne  trouverois  quede  la  tiédeur,  &  peut- 
être  de  l'infidélité?  Ce  n'eft  ni  l'habitude  de  voue 
voir,  ni  la  crainte  de  vous  fâcher  en  ne  vous  voyant 
pas  ,  qui  m'oblige  à  rechercher  votre  vue  ,  c'eft  une 
avidité  curieufe  qui  part  du  cœur  fans  arc  &  fans 
réflexion.  Id. 

Ha!  que  vous  enflamme^  mon  dejîr  curieux.  Rac. 

Et  d'un  œil  curieux , 
Dans  fon  cœur  palpitant  confukera  les  Dieux.  Id. 

Curieux,  fe  dit  en  bonne  part  de  celui  qui  a  défit  d'ap- 
prendre ,  de  voir  de  bonnes  chofes  j  les  merveilles  de 
l'ait  6:  delà  nature,  litrum  recondicarum  fiudiofus 
indagator,  C'eft  un  curieux  qui  a  voyagé  par  toute 
l'Europe  j  un  curieux  qui  a  feuilleté  tous  les  bons 
livres ,  tous  les  livres  rares.  C'eft  un  Chimifte  cu- 
rieux j  qui  a  fait  de  belles  expérience ,  de  belles  dé- 
couvertes. 

Curieux  ,  fe  dit  auiïl  de  celui  qui  amaiïe  des  chofes 
rares,  fingulières  ,  excellentes,  ou  qu'il  regarde  com- 
me telles  j  car  tous  les  curieux  ne  font  pas  connoif- 
feurs;  rerumJinguLiriumyrecondicarum  &  exquifitarum 
conquijitorfludiofus.Ce^  un  curieux  de  livres,  de  mé 
dailles,  d'eftampes,  de  tableaux,  de  fleurs,  de  coquil- 
les ,  d'antiquités ,  de  chofes  naturelles.  Dans  ce  cas  il 
eft  pris  fubftantivement. 

Curieux,  fe  dit  encore  de  la  chofe  rare  qui  a  été  ra- 
malïée  ,  ou  remarquée  par  l'homme  curieux.  Jiarus  , 
Jîngularis,  exquifitus.  Ce  livre  eft  «ma.v;  c'eft-àdire, 
eft  rare  ,ou  contient  bien  des  chofes  lingulieies,  qu. 
peu  d'hommes  favent.  Ce  fecret  eft  curieux.  Cette 
expérience,  cette  remarque  eft  curieufe.  Le  cabinet 
de  cet  homme  eft  fort  curieux  ,  rempli  de  chofes  cu- 
rieufes. 

On  appelle  les  fciences  curieufes ,  celles  qui  font 
connues  de  peu  de  perfonnes ,  qui  ont  des  fecrets  par- 
ticuliers ,  comme  la  Chimie  j  une  partie  de  l'optique , 
qui  fait  voir  d^s  chofes  extraordinaires  avec  des  mi- 
roirs &c  des  lunettes  j  Se  plufieurs  vaines  fciences  ou 
l'on  penfe  voir  l'avenir  ,  comme  l'Aftrologie  Ju- 
diciaire, la  Chiromance  ,  la  Géomance,  &  même  on 
y  joint  la  Cabale,  la  Magie,  &c.  Resj  ou  ânes  abfîru- 
féL  ac  reconditic. 

Curieux  ,  fignihe  quelquefois  Recherché.  Le  Titien 
ctoit  curieux  dans  fon  coloris  ;  Raphaël  étoit  curieux 
dans  le  choix  &  dans  les  accommodemens  des  dra- 
peries. 

Pétrone  dépenfoit  fon  bien ,  non  pas  dans  la  dé- 
bauche ,  mais  en  homme  délicat,  dans  un  luxe  poli 


de  l'bmpire  Romain  fous  les  Empereurs  du  moyen 
âge,  Curufis.  Les  Curieux  étoient  des  gens  commis 
pour  empêcher  les  fraudes  &  les  malver.ations ,  fur- 
tout  en  ce  qui  regardoit  les  poftes  &  les  voitures  pu- 
bliques ,  pour  donner  avis  à  la  Cour  de  tout  ce 
qui  fe  palfoit  dans  les  Provinces  j  ce  qui  les  ren- 
doit  redoutables  ,  &  leur  donnoit  moyen  de  faire 
beaucoup  plus  de  mal  qu'ils  it'en  empêchoient  ^  c  tft 
pourquoi  14onoiius  les  calîa  fur  les  côtes  de  Dalma- 
tie  l'an  41 5  de  J.  C.  On  les  appeloit  Curieux  ,du  mo£ 
Cura  ,  foin  ,  qubd  curis  agendis  O  evcclionihus  curfùs 
publia  infpiciendis  operam  darent.  Ce  nom  revient  à 
peu  près  à  ce  que  nous  appelerions  Contrôleurs  des 
poftes.  Ils  étoient  encore  chargés  de  donner  avis 
aux  Juges  des  crimes  qui  fe  commettoient  ,  à  ce 
qu'il  paioît  par  le  Code,  L.  i.  de  Curiofs.  Tertu- 
lien  eft  le  premier  que  je  fâche  qui  en  ait  parlé  au 
L.  defugâ  in perjec,  yoye\  fur  les  Curieux  le  Code  , 
L.  1 5  cie  Curf.  publ.  L.  2.  de  CurioJ.  &:  L.  J.  de  OJf. 
Magijîr.  Ojficior.  Et  L.  ulti.  §.  4.  /.  de  Muner.  & 
honor.  Le  Jurifconfulte  Jean  Laurent  fur  Phèdre,  L. 
IV.  f.  12.  V.  1 2.  Godefroy  fur  le  Code  Théododen  au 
Titre  de  Curiojis  j  Scaliger  ,  fur  Manilius ,  L.  V.  Til- 
lemontj  Hijh  des  Emper.  T.  V.  p.  62.6.  Ces  Prêtres 
&  ces  Diacres  adreflerent  un  autre  aéfe  au  Préfet 
Philagre  j  à  Pallade  le  Curieux  ,  &:  à  Antoine  Biar- 
que,  centenier  des  Préfets  nu  Prétoire. 

CURION.  f  m.  Chef  £:  Prêtre  d'une  Curie.  Curio. 
Romulus  divifa  le  peuple  Romain  tn  trois  Tribus, 
&  en  trente  Curies  ,  dont  chacune  étoit  de  cent 
hommes.  Il  donna  à  chaque  Curie  un  chef,  qui  étoit 
le  Prêtre  de  cette  Curie  ,  &  qu'on  appela  Cunon ,  Cu- 
rio,  Se  Flame/i  Curialis.Ccto'n  lui  qui  fai/oit  les  la- 
crifices  de  la  Curie  ,  qui  s'appeloient  Cunonies , 
Curioiiia.  Sa  Curie  lui  donnoit  quelque  lomme  d'ar- 
gent pour  cela.  Cette  penhon  ou  ces  appointemens 
s'appeloient  Curicnium.  C'étoit  chaque  Tribu  qui 
choifiifoit  fon  Curion  j  mais  tous  ces  Curions  parti- 
culiers avoient  un  fupérieur  Se  un  Chef,  un  Curion 
Général ,  qui  étoit  à  la  tête  du  Corps ,  Se  qui  gou- 
vernoit  les  autres  :  on  l'appelloit  Grantl  Curion.  Cu- 
rio Maximus.  Celui-ci  étoit  élu  par  toutes  les  Cu- 
ries aflemblées  dans  les  Comices  qu'on  nommoit 
Curiata,  Toutes  ces  inftitutions  furent  faites  par  Ro- 
mulus, &  confirmées  par  Numa  ,  au  rapport  de  De- 
nys  d'Halicarnaire  ,  L.  II.  Godv/in ,  Ant.  iioni.  L.  II. 
Se£t.  II.  C.  5.  prétend  qu'il  y  avoit  deux  Curions  dans 
chaque  Curie.  Rofin  parle  des  Curions,  L,  III.  Antiq. 
l'om.  C.  13.  &  Vigenere  fur  Tite-Live. 

CURIONIES.  f.  pi.  Curionia.  Sacrifice  d'une  Curie 
que  faifoit  le  Curion  dans  la  Curie,  ou  Mai  fon  Cu- 
riale,  Se  après  lequel  la  Ci^rie  faifoit  un  feftin. 

CURIOSITE,  f  f.  Défit  emprefte  de  favoir  j  d'appren- 
dre des  chofes  nouvelles.  Ce  defir  eft  louable  ou  blâ- 
mable. Se  fe  prend  en  bonne  ou  mauvaife  part,Iui- 
vant  les  objets  auxquels  il  fe  porte.  Curiofitas.  L'E- 
vangile apprend  à  l'homme  à  connoître  fa  propre 
foiblelfe ,  Se  à  n'avoir  qu'une  curiofité  refpeéfueufe. 
S.  Evr.  Les  Théologiens  contribuent  eux  mêmes  i 
nous  donner  des  curiofites  qui  mènent  infenfible- 
ment  à  l'erreur.  S.  Evr.  Rien  n'échappe  à  la  curio- 
fité des  yeux  jaloux.  Bouh.  Il  y  a  diverfes  fortes 
de  curiofites;  l'une  d'intérêt,  qui  nous  porte  à  defi- 
rer  d'apprendre  ce  qui  nous  peut  être  utile  ,  Se  l'au- 
tre d'orgueil ,  qui  vient  du  delir  de  favoir  ce  que 
les  autres  ignorent.  Rochef.  Une  curiofité  indif- 
crète  marque  prefque  toujours  une  légèreté  d'ef- 
prir.  MoTH.  Vay.  Employons  aux  afRiires  de  no- 
tre falut  toute  cette  curiofité  qui  fe  répand  au  de- 
hors. Flech.  Une  curiofité  bien  dirigée  Se  bien  mé- 
nagée ,  eft  un  defir  louable  qui  conduit  à  la  con- 
noiflTance  des  fciences.  S.  Evrem.  La  curiofité  d'un 
mari  jaloux  eft  imprudente  i  il  ne  devroit  point 
chercher  à  s'éclaircir  d'un  mal  où  il  n'y  a  point  de 
remède.  Mont.  C'eft  afFoiblir  les  loix  que  d'en 
rechercher  les  motifs  avec  trop  de  curiofité.  S.  Evr. 


é8 


C  U  R 


C  U  R 


Les  chofes  extraordinaires  &c  peu  communes  tiej  voie  parle  c"ùT/'t7i;&  le  clouj le  but oii  l'on  tire.  Ibem. 
font  pas  11  utiles  que  notre  vame  curiojice  nous  le  Cbrseur  Apostolique,  f^oyei  Courier  Apostoli- 
fait  vou".  Maleb.  Térence  n'cnfiamme  pas  la  curio- 
fiiî,  &  ne  jette  pas  l'elprit  dans  1  impatience  de  voir 
le  dénouement  de  les  aventures.  Dac. 

IC  Ce  mot  fe  prend  quelquefois  plus  particuliè- 
rement pour  une  trop  i;rande  envie  de  lavoir  les 
lecrets  6î.  les  affaires  des  autres.  C'eli  avoir  trop  de 
tunojité  que  de  vouloir  pénétrer  dans  le  lecret  de 
fes  amis  malgré  eux. 

%T  Ce  mot,  principalement  au  pluriel j  eft  fou- 
vent  fynonyme  à  choies  rares  &  cuiicufes,  en  fait 
de  tableaux ,  de  delFeins ,  d'eftampes ,  marbres  , 
bronzes ,  médailles ,  0-f.  Rcs  /inguiares ,  eximïs. , 
rar&.  Il  y  a  à  Pans  pluiieurs  cabinets  de  cur'u'jltcs. 
Curiosité.  Il  fe  prend  aulîi  pour  la  recherche  des 
curïofaés.  Cet  homme  donne  dans  la  cunojue.  Acad. 
Franc. 

M.  Mariette  a  dit  :  le  nom  de  M.Jabach  fubfiftera 
long-tems  dans  la  cunojnc ^  c'eft-à-dire ,  pajrmi  les 
curieux  Defc.  du  Cabinet  de  M,  Croisât.  Ce  mot  ell 
reçu  parmi  le  Amateurs  des  Arts.  On  dit  familié 


rement  \  comment  va  la  curïfiot':  ?  Les  Brocanteurs 
s'affemblent  pour  trafiquer  entr'eux,  &  ils  appel- 
lent cela,  le  trouver  à  la  cluoJiu. 
Curiosité  fe  dit  aufli  d'une  manière  de  grande  boîte, 
que  certains  Savoyards  portent  derrière  le  dos , 
6c  où  ils  font  voir  aux  enfans ,  ou  la  ville  de 
Conftantinople,  ou  quelque  bataille,  ou  autre  chofe 
de  cette  nature.  Ces  Savoyards  crient  ordinairement 
par  les  rues,  la  raretc  ,  la  cunojue  ,  la  merveille. 
CURLANDE.  Le  Duché  de  Curlande.  Curia,  Curonia, 
Curlandia.  Petite  Contrée  d'Europe  fituée  entie  la 
mer  Baltique  au  couchant,  la  Lithuanie  au  levant , 
la  Samogitie  au  midi ,  «Se  la  Livonie  au  nord.  On  la 
<livife  en  Curlande  propre ,  qui  ell  au  couchant ,  & 
Semigalle ,  au  Levant.  La  capitale  de  Curlande  eft 
Mittaw.  Le  Duché  de  Curlande  appartenoit  autre- 
fois aux  Chevaliers  de  l'Ordre  Teutonique  de  Li- 
vonie. Quand  ils  apoftafierent  pour  embraffer  le 
Luthéranifme ,  ils  fe  rendirent  maîtres  de  tou- 
tes les  Commanderies.  Le  Grand  -  Maître  fut  fait 
Duc  de  Cur/iî/zc/e ,  à  condition  d'en  faire  hommage 
au  Roi  de  Pologne  ,  auquel  il  céda  ce  qu'il  pof- 
fédoit  de  la  Livonie. 
CURLES.  Voye\  Molettes. 

CURMI.  f.  m.  Sorte  de  boiiïon   qu'on  faifoit  avec 
l'orge,  &  qui  avoir  beaucoup  de  rapport  avec  la 
bierre.   Curmï.  Les  Anciens  en  buvoient  au  lieu  de 
vin.  Diofcoride  dit   que  le  curmi  eft  nuihble  aux 
nerfs ,  qu'il  caufe  des  maux  de  tête ,  oC  qu'il  en- 
gendre de  mauvaifes   humeurs. 
CUR.OIR.  f.  m.  Terme  de  Laboureur.  Bâton  avec  le- 
quel on  cure,  on  nettoie  la  cliarrue.   ''-.egula  lignea 
ad  aratrum  detergendum.  Liger  rappelle  curon,   F. 
l'article  fuivant. 
CURON.  f.  m.  Terme  de  Labourage.  Curon  de  char- 
rue. C'eft;  une  efpèce  de  ferpe  attachée  à  quelque 
endroit  de  la  charrue  ,  &  dont  les  Laboureurs  fc 
fervent  lorfque  la  terre  trop  humide  s'attache  à  l'o 
reille  de  leur  charue.  En  bien  des  endroits  ce  n'eft 
qu'un  morceau  de  bois,  un  bâton,  &  non  une  ferpe, 
comme  on  l'a  dit  au  mot   curoir.  Peut-être    aufli 
que  curon  Ç<ià\i   dans  l'Auxerrois,  patrie  de  Liger^ 
curoir  ailleurs  j  ce  dernier  paroît  mieux  ,  &  plus  fé- 
lon l'analogie. 
CUPvSEUR.  f.  m.  Terme  de  Marine.  On  appelle  Cur-. 
feurs  j  des  bois  qui  traverfent  la  flèche  de  1  arbalète , 
qui  fe  nomment  aulTi  marteaux. 
Curseur.  Terme  de  Mathématique.  Pattie  d'un  inf- 
trument  de  Mathématique,  laquelle  coule  ou  courr 
fur  un  autre,  s'avance  &  fc  recule,  Curfor.  Une  équer- 
re  ordinaire  qui  porte  fur  l'un  de  fes  côtés  un  curjeur. 
De  la  Hire  ,  Acad.  des  Se.  Jjoo.  Mém.p.  loo.  Au 
long  du  demi-diamètre  il  y  a  fur  la  platine  une  fente, 
dans  laquelle  palfe  ou  coule  un  curfeur  qui  a  une 
tête  pointue.  Id.  /'.   io2.    On  placera  le  curfeur  .iu 
nombre  des  toifes  ,  &  mirant  pat  le  curfeur  &c  par  le 
clou  ,  on  fera  couler  le  clou  fur  la  règle  ,  tant  qu'on 


QUE. 

CURSOLAIRES.  C'eft  un  peloton  de  cinq  petites  Iles , 
que  les  Italiens  appellent  Cur^alari ,  &  que  les  An- 
ciens nonunoienc  tchinades ,   fituées  dans  le  Golfe 
de  Patras  j  à  l'entrée  de  celui  de  Lépante.  tchinades. 
Elles  appartenoient  à  l'Acarnanie  ,  &  s'étoient  for- 
mées du  fable  que  pouffe  l'Achéloiis  j  .à  l'embouchure 
duquel  elles  lont.  Les  Poètes  ont  feint  que  c'étoient 
des  Naïades  qu'Achéloiis  &  Neptune  avoient  méta- 
morpholées  en  lies.  P'oye^  Oviuz, Mctam.  h.  VllI. 
V.  590.  ù'fuiv.  C'eft  à  la  hauteur  des  Curfolaires  c^\q 
fe  donna  en  1571.  la  fameufe  bataille  de  Lépante- 
ifT  CURTICONE.    f.    m.   Terme  de    Géométrie  > 
la  même  chofe  que  cône  tronque.  f-^oye\  ce  mot  qui 
eft  plus  en  ufage. 
CURTIEN.   Foye-:^  CYRTIEN. 
CURTIUS ,  ou  CURTIA.  f.  m.  &  fem.  Nom  propre 
d'une  famille  Romaine.  Curtia  gens.  On  ne  lait  II 
la  famille  Curtia  étoit  plébéienne,  ou  patricienne. 
Quand  on  parle  de  l'Auteur  qui  a  écrit  en  Latin  l'hif- 
toire  d'Alexandre^  il  faut  dire  Quinte-Curce^  ou  Quint- 
Curce.  Vaugelas.  Hormis  en  ce  feul  cas  ,  il  faut 
toujours  dire   Curtius. 
Curtius.  Chevalier  Romain  ,  qui  par  amour  pour  fa 
patrie  fe  jeta  dans  un  gouffre  qui  s'étoit  lormé  à  Ro- 
me dans  la  place  publique. 
CURVATURÉ.  i.  f.  Vieux  mot.    Etat,   qualité  d« 
ce  qui  eft  courbé.  L'adion  de  courber  quelque  choie. 
Curvatura ,  curvario. 
CURUCUCU.  f  m.  Serpent  du  Bréfil  long  de  quinze 

pieds.  Son  venin  eft  fort  dangereux. 
CURVILIGNE,  adj.  m.  &  f.  Terme  de  Géométrie, 
qui  fe  dit  d'un  angle  ,  ou  d'une  figure  qui  a  une  , 
ou  pluûeurs  lignes  courbes.  Angulus  ex  curva  & 
recla  vel  ex  curvis  lincis  duabus  coalefcens  ;  curvdi- 
neus.  La  tangente  avec  le  cercle  qu'elle  touche  fait  un 
angle  curviligne.  L'ellipfe  ,  la  patabole  &  l'hyper- 
bole ,  font  des  figures  curvilignes.  Tous  les  trian- 
gles fphériques  font  curvilignes ,  quoiqu'ils  aient  des 
angles  droits. 
CURVITÉ.  f.  f.  Terme  de  Géométrie.  Figure  de  ce 
qui  eft  courbe ,  qualité  de  ce  qui  eft  couibe.  Curvi- 
tas.  Il  y  a  dans  les  Mémoites  de  l'Académie  17©!  , 
p.  192.  un  Mémoire  de  M.  Varignon  de  la  figure  ou 
curvke  às%  fufées  des  horloges  à  refforr. 

§Cr  Ce  mot  eft  fynonyme  de  courbure,  qui  eft 
plus  ufité. 
CURULE.  adj.  Chaife  curule.  C'étoit  un  fiége  d'ivoire, 
fur  lequel  certains  Magiftrats  de  Rome  avoient  droit 
de  s'alieoir.  Curulis.  Les  Sénateurs  qui  avoient  exer- 
cé les  premières  Magiftratures  curules ,  fe  faifoient 
porter  au  Sénat  fur  ces  chai  fes  curules.  Ceux  qui 
triomphoient  étoient  aulli  fur  une  chaife  pofée  fur 
une  efpèce  de  char  ,  currus ,  d'où  eft  venu  le  mot 
curule.  La  chaife  curule  (  fur  les  médailles  )  marque 
la  magiftrature,  foit  des  Ediles,  foit  du  Préteur, 
foit  du  Confui  -y  car  tous  avoient  droit  à  une  chaife 
d'ivoire  en  forme  de  pliant.  Quand  elle  eft  traver- 
fée  par  une  hafte,  c'eft  le  fymbole  de  Junon  ,  donc 
on  fe  fert  pour  marquer  la  confervation  des  Priii- 
ceffes.  P.  JoBtRT. 
CURUPICAIBA.  f.  m.  Arbre  qui  croît  dans  le  Brcfil , 
&  dont  la  feuille  rend  une  certaine  liqueur  de  lait 
femblable  à  celui  des  figues.  C'eft  un  fingulier  re- 
mède pour  les  plaies  &  les  puftules.  Son  écorce  étant 
incifée  diftile  une  manière  de  glu,  dont  les  Sau- 
vages fe  fervent  quand  ils  veulent  piendre  des 
oifeaux. 

CLTRURES.  f.  f.  pi.  Boues,  vafes  qu'on  trouve  au  fond 
d'un  puits,  d'un  étang,  des  foffés  Sr  qu'on  defTe- 
che  ,  qu'on  nettoie.  Egefta  ,  educla/ordes ,  purga- 
menta.  Les  curures  qui  ont  été  expofées  au  foleil 
font  très-propres  pour  faire  hudlifier  les  arbres.  Les 
Curures  ^y.\nt  été  mifes  en  état,  &  long- tem»  ex- 
pofées au  foleil ,  font  une  efpèce  de  terre  neuve 
propre  à  être  employée,  foit  pour  des  arbres,  foie 


eu  R        eus 

peur  des  légumes,  principalement  dans  les  terres  qui 
font  trop  Teches.  La  Quint. 

CURURU-APE.  f.  m.  C'eit  le  nom  d'un  arbre  ram; 
pant  qui  croit  au  Bréfil.  Il  porte  des  gouHes  qui 
contiennent  des  femences  femblables  à  des  fèves. 
Ses  fèves  jetées  dans  l'eau,  font  mourir  les  poillons. 
On  dit  que  fes  feuilles  vertes,  broyées  &  appliquées 
fur  les  blelfures  récentes,  les  guérilfent  en  unnHint 
leurs  lèvres  dès  la  première  application.  Dic.  de 
James. 

CURURYVA.  f.  m.  Serpent  du  Brélil.  Il  y  en  a  de 
25  ou  50  pieds  de  longueur.  Il  a  de  longues  dents, 
&  déchire  les  hommes  ôc  les  bètes. 

CURUTU-PALA.  f.  m.  C'elt  le  nom  d'un  arbriireau 
qui  croît  dans  le  Malabar.  L'écorce  de  fa  racine 
broyée  Se  prife  dans  de  l'eau  chaude,  arrête  la  diar- 
rhée; &  dans  du  lait,  elle  foub.ge  la  dylfenterie. 
Broyée  dans  de  l'eau,  &  appliquée  fur  les  abcès, 
on  dit  qu'elle  les  réfout.  Dic.  de  James. 

CURUTZETI.  f  m.  Pfuite  qui  fe  trouve  en  Améri- 
que dans  la  Province  de  Méchoacan.  Sa  racine  ert: 
nbreufe  &  odorante  :    elle  fent  le  mufc.    Ses  tiges 


eus  69 

CUShFORNE.  f.  m.  Terme  de  Rekrion,  C'eft  un 
petit  bâtiment  du  Japon,  dont  on  fe  fert  pour  la 
pèche  de  la  baleine.  Il  n'tft  point  ponté  ,  il  ell  long 
&  aigu  par  le  bas ,  on  y  met  beaucoup  d'hommes 
pour  ramer. 

CUSISTAN.   f^oye^  Chusistan. 

CUSOS.  f.  m.  Animal, des  Iles  Molucjues.  Il  reffem- 
ble  à  un  lapin.  Il  demeure  dans  les  arbres,  &  vit 
de  fruit. 

0CJ"  CUSSET.  'Ville  de  France  dans  le  Bourbonnois  , 
Diocèfe  de  Clermonr. 

CUSSONE  ,  É£.  adj.  fe  dit  du  bois  qui  ed  mangé  de 
vers  appelés  cojjons.  Coffus  &c  cujus  fignihenc  un 
colfon  j  ver  qui  ronge  le  bois.  A  vermibus  corrojus. 

CUSTODE,  f  m.  Terme  Eccléfiaftique ,  qui  fe  dit  du 
Saint  Ciboire  oii  l'on  garde  les  HolHes  conlacréei  , 
qui  eft  couvert  d'un  petit  pavillon.  Il  fe  dit  aufli 
du  pavillon  même  qui  couvre  le  Saint  Ciboire, 
Fyxis  Euchariftica  ,  J^icra  Chrijii  corpori  ajffervando 
fyxis.  Quelquefois  on  le  garde  dans  an  tabernacle. 
Mais  dans  les  Eglifes  Cathédrales  &  Abbatiales  on 
le  fufpend  au-delfus  du  maître-autel 


font  hautes  d'une  coudée,  polies  &  flexibles.    Ses  Custode,  fe  dit  auifi  des  rideaux  qui  font  dans  quel- 


feuilles  relfemblent  à  celles  de  la  vigne.  Ses  tleuis 
font  jaunes ,  &  fes  femences  noires  Se  fort  menues. 
La  poudre  de  cette  racine  prife  avec  du  vin,  ou 
avec  de  l'eau  de  buglofe  ou  de  citron ,  nettoie  les 
reins,  appaife  les  douleurs  néphrétiques ,  tortihe  l'ef- 
tomac,  &  ouvre  les  obftrudlions.  C'eft  un  excellent 
remède  contre  les  venins. 

eus. 

CUSCO.  Quelques  Auteurs  écrivent  Cuzco.  Ville  de 
l'Amérique  Méridionale,  capitale  du  Pérou.  Jofeph 
à  Colla  dit,  dans  fon  rujcoire  des  Indes  ,  que  cette 
ville  fut  fondée  vers  l'an  1  zoo.  par  les  habitans  du 
lieu  ,  fous  la  conduite  d'un  Inca  ,  nommé  Manco 
Capac  ,  c'eft-à-dire.  Riche  en  efpr'u. 
CUSCUTE,  f  f.  Cufinfa,  f.f.  Plante  parafite  qui  ne 
donne  jamais  de  feuilles,  &  qui  ne  poulie  que  des 
filets  longs ,  aulli  déliés  que  des  cheveux  rougeâ- 
tres,  qui  s'attachent  aux  corps  voifins,  &  qui  font 
chargés  d'efpace  en  efpace  de  petits  pelotons  de 
fleurs.  Elles  font  d'une  feule  pièce  ,  taillées  en  ma- 
nière de  godet,  compofé  en  quatre  quartiers  ,  blan- 
châtres ,  alfez  fouvent  de  couleur  de  chair.  A  ces 
fleurs  fuccèdent  de  petites  capfules  rondes,  mem- 
braneufes ,  Se  qui  renferment  quatre  ou  cinq  fe- 
mences brunes  aullî  menues  que  celles  du  Pavot. 
On  appelle  Epithym,  f.  m.  la  petite  efpèce  de  Cuf- 
cute ,  qui  s'attache  aux  plantes  du  Thym  ,  Cuf- 
cuta  mïnoT  ,  five  Epithymum.  On  s'en  fert  en  Mé- 
decine ,  &  on  la  donne  dans  les  obflructions  du 
foie  ,  &  pour  purger  la  bile.  Les  filamens  de  cette 
Cufcute  font  très-déliés ,  &  fes  fleurs  font  fort  pe- 
tites. On  trouve  cette  efpèce  non-feulement  fur  le 
Thym  ,  mais  encore  fur  d'autres  plantes.  On  nom- 
me ordinairement  Cufcute,  Cufcuca  major',  CuJJura., 
ou  Cafficha  ,  l'efpèce  qui  a  des  filamens  plus  gros 
que  les  cheveux ,  Se  des  paquets  de  fleurs  aflez  con- 
fidérables.  Celle  ci  s'attache  à  toute  lotte  de  plan- 
tes 3  aux  Vignes  j  au  Genêt ,  au  Lin  ,  &c.  Comme 
l'on  a  cru  qu'elle  n'avoit  point  de  racines  ,  on  a 
penfc  qu'elle  tiroit  toute  fa  nourriture  des  plantes 
fur  lefquelles  elle  s'entortille,  &  l'on  s'eft  imaginé 
qu'elle  devoit  par  cette  raifon  participer  de  la  ver- 
tu de  la  plante  fur  laquelle  on  la  trouvoit;  maison 
ne  doute  plus  à  préfent  qu'elle  n'ait  des  racines  , 
puifqu'elle  vient  de  femences  \  Se  on  ne  voit  pas 
que  l'Epithym  tienne  beaucoup  du  Thym  j  fi  l'on 
met  cette  Cufcute  au  nombre  des  purgatifs  \  qualité 
qui  ne  convient  point  au  Thym. 

Ce  qu'on  appelle  Goutre  de  lin  ,  Pod^irra  Uni , 
n'eft  autre  chofe  que  la  Cufcute  ordinaire  ,  qui  eif 
encore  nommée  dans  les  Injiitutions  de  Botanique 
de  Tournetort.  Cufcute  de  Venife. 

fS"  CUSEAU.  Petite  ville  de  France  dans  la  Bre/Te  , 
aux  confins  de  la  Franche-Comté,  près  de  St  Amour. 


ques  Eglifes  à  côté  du  grand  autel ,  &  qui  y  fer- 
vent d'ornemens:  &  même  on  appelle  quelquefois 
ainlî  les  rideaux  des  lits  des  particuliers  \  mais  en 
ce  fens  il  eft  vieux.    Vélum  conop&um. 

Custode  ,  eft  aulfi  un  terme  de  SelUer.  C'eft  le  cha- 
peron ou  le  cuir  qui  couvre  les  fourreaux  des  pif- 
tolets  pour  empêcher  qu'ils  ne  fe  mouilleur.  Cujlo- 
di.i.  Et  en  ce  fens  cujiode  eft  moins  ufité  que  cha- 
peron. 

Custode,  eft  encore  un  terme  de  Sellier-Carrolîîer. 
C'eft  la  partie  garnie  de  crin  qui  eft  à  chaque  côté 
du  fond  du  carolfe  ,  Se  fur  quoi  on  peut  appuyer 
la  rête  &  le  corps. 

On  appelle  aulli  Cujlodes ,  quelques  Supérieurs 
de  certains  Ordres  de  Religieux  ,  comme  Capucins , 
Cordeiiers  &e  autres.  Cujlodes.  Ce  font  ceux  qui  font 
l'office  du  Provincial  en  fon  abfence.  Chez  les  Ré- 
collets le  CuJlode  eft  Supérieur  d'une  petite  iTiaifon 
où  il  y  a  peu  de  Religieux. 

On  dit  auili  donner  le  fouet  fous  la  cuflode  , 
c'eft-à-dire  en  fecret  &  dans  la  piifon  ,  fub  cuflodiâ^ 
pour  épargner  au  criminel  la  honte  dufupplicepu- 
bUc.  Autrefois  les  Confelfeurs  donnoient  à  leurs 
Pénitens  la  difcipline  fous  la  cw/?o^ej  c'eft- à-dire  ^ 
en  particulier  ,  en  fecret  :  cet  ufage  a  été  fagement 
aboli. 

CUSTODE.  Au  lieu  de  fe  fervir  de  ce  mot,  qui  eft 
prapre  aux  Capucins,  on  retient  le  mot  latin  cujios , 
pour  lignifier  en  termes  d'Hiftoire  Eccléliaftique, 
celui  qui  eft  pourvu  de  la  Cultodie  d'une  Eglife  , 
qui  exerce  la  Cuftodie  ou  Coutrerie  d'une  Eglife. 
C'eftainfiqu'onenaufédanslaDiirertation  fut  l'Ab- 
baye de  Saint  Bertin.  Cujios,  jEdituus.  S'acquitter 
de  toutes  les  fonctions  de  Cujios.  Ibid.  p.  218.  Le 
Cujios  étoit  la  même  chofe  que  le  Contre.  Les  Sta- 
tuts du  Chapitre  nous  apprennent  que  les  fondions 
du  Courre  ou  Cuflos  regardoient  le  Prévôt ,  fon 
Vicaire  ou  Cuftos.U.p-  219.  Il  appartient  aU  Pré- 
vôt d'établir  le  grand  Se  le  petit  Cujios  ^,  ou  Cou- 
tre.  Ib.  p.  222.  Le  Prévôt  étoit  chargé  de  toutes 
les  foniflions  qu'on  attribue  ordinairement  aux  Cuf- 
tos  ou  Sacriftains  des  Eglifes.  Il  établiflbit  le  grand 
&  le  périr  Cujios  ou  Contres,  qui  exerçoient  fous 
lui  cet  office.  Ib.  p.  227. 

llfe  trouve  encore  préfentement  des  Eglifes  Col- 
leiçiales ,  dans  lefquelles  le  Cujios ,  le  Sacriftain  ou 
le  Tréforier  à  qui  le  droit  attribue  prefque  les  mê- 
mes fondions ,  font  la  première  dignité  du  Chapi- 
tre ,  quoique  dans  d'autres  Eglifes  elle  ne  foit  que 
la  féconde  ,  la  troifième,  quelquefois  même  la  qua- 
trième ,  félon  lufrge  des  lieux.  Telles  font  l'Eglife 
Collégiale  de  Saint  Nizier  à  Lyon  ^  les  Saintes  Cha- 
pelles" de  Paris,  de  Vincennes  Se  de  Bourges,  Ib. 
p.  225. 

Ip"  Dans  le  Chapitre  de  Lyon  il  y  a  un  Cha- 
noine qui  porte  le  titre  de  grand  Cuftode  j  &  1  E- 


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CUL 


glifede  Salnre-Croix,  Pacoilie  unie  à  la  Cathédrale,! 
elt  delFervie  par  deiax  Curés ,  qui  portent  tous  deux 
le  nom  de  Cuftodes. 

Le  B.  Amedée  ayant  reçu  le  Couvent  d'Antignado, 
&  trois  autres  dans  la  Lombardie ,  en  fit  une  Cuf- 
todie  avec  ceux  qu'il  avoir  déjà ,  &  il  en  fut  fait 
Cujiode  l'an  i^C><)-  par  Paul  II.  P.  Helyot,  T.  VU. 

p    lOç), 

Custode.  On  a  donné  ce  nom  au  chef,  ou  première 
dignité  de  la  Collégiale,  de  Windfor  en  Angleterre. 
Edouard  III.  Roi  d'Angleterre,  en  1348.  voulant 
augmenter  le  nombre  des  Chanoines  &  des  autres 
Mlniftres  de  cette  Eglife  ,  ordonna  qu'on  ajoute- 
loit  au.x  huit  Chanomes  qui  y  étoient  déjà  un  Cuf- 
tode  pour  être  leur  chef,  quinze  autres  Chanoines, 
&  vingt-quatre  pauvres  Chevaliers  ,  avec  à&s  Cha- 
pelains qui  obéiroient  au  Cujiode  P.  Hélyot,  T. 
VIII.  p.  500.  Le  Ca/?cj(^e  avoir  toute  jurifdiftion  fur 
les  Chanoines ,  &c.  Id.  Henri  VIII.  changea  ce  nom 
en  celui  de  Doyen.  Id. 

Custode.  C'eft  le  Préfident  de  l'Académie  des  Arca- 
diens  à  Rome.'  Foye^  le  Dictionnaire  au  mot  Eglo- 
gue. 

|C?  CUSTODERIE.  f.  f.  Ceft  ainfi  qu'on  appelle 
à  Lyon  la  maifon  où  logent  les  deux  Curés  ou  Cuf 
rodes  de  Sainte-Croix. 

tfT  CUSTODES.  Cuftodes.  On  donnoit  ce  nom  à 
certains  Officiers  Romains ,  qui  prenoient  garde 
qu'on  ne  fit  quelque  fupercherie  en  donnant  les 
bulletins  dans  les  éledions  des  Magiftrats.  Ane.  Grec. 
&  B.o-n. 

CUSTODIAL ,  ALE.  adj.  qui  appartient  à  une  Cufto- 
die.  Cullodialis 3  e.  Un  Chapitre  Cujlodial.  Le  dé- 
finitoire  cuftodial.  Les  Cultodies  indépendantes  du 
Provincial  tiennent  leur  Chapitre  en  particulier. 
Elles  ont  un  définitoire  cuftodial,  &  fe  gouvernent 
d'elles-mêmes  fous  l'autorité  d'un  Cuftode.  P.  Hé- 
lyot ,   T.  FIL  C.  t. 

CUSTODIE.  f.  f.  La  partie  d'une  Province  de  Ca- 
pucins, de  Cordeliers  &  autres.  Cuftodia.  C'eft  le' 
terme  dont  on  fe  fert  ordinairemenr  parmi  eux. 
Chez  les  Récollets  on  appelle  Cuftodie ,  une  cer- 
taine quantité  de  maifons  qui  eft  trop  petite  pour 
faire  une  Province. 

CUSTODIE.  Terme  en  ufage  dans  l'Ordre  de  Saint 
François-  LTnion  de  quelques  Couvens  gouvernés 
par  un  CuftoJe.  Cuftodia.  L'Ordre  de  S.  François 
eft  divifé  en  deux  familles  ,  la  Cifmontaine  &  l'Ul- 
tramontaine.  Ces  familles  fonr  divifées  en  Pro- 
vinces, Vicairies  &  Cujlodies.  On  appeloit  au  com- 
mencemenr  de  l'Ordre  CM/?oc^/ej quelques  Couvens, 
qui  faifoient  partie  d'une  Province ,  qui ,  à  caufe 
de  fa  trop  grande  érendue  ,  ne  pouvant  être  gou 
vernée  par  un  Provincial ,  étoit  divifée  en  plufieurs 
Cuftodies ,  gouvernées  par  des  Cuftodes  dépendans 
toujours  néanmoins  d'un  Provincial  de  cette  Pro- 
vince ,  qui  étoit  obligé  d'y  faire  la  vifite  tous  les 
ans.  Maintenant  les  Cuftodies  ont  fuccédé  aux  Vi- 
cairies ,  &  celles  qui  ne  dépendent  d'aucun  Provin- 
cial, font  immédiatement  fujettes  au  Général.  P. 
HÉLYOT,  T.  FIL  C.  2.  Eriger  une  Cuftodie.  Id, 
T.  FIL  p.  109.  Il  y  a  aufti  des  Cuftodes  &:  des 
Cuftodies  dans  le  Tiers  Ordre  de  S.  François.  Dans 
lin  Chapitre  de  cet  Ordre  ,  tenu  en  i(So8  j  il  fut 
réfolu  de  divifer  les  Couvens  de  France  en  quatre 
Cuftodies  ,  gouvernées  la  première  par  le  Gardien 
de  Picpus  près  de  Paris  ,  la  féconde  par  celui  de 
Rouen  ,  la  troisième  par  celui  de  Lyon ,  &  la  qua- 
trième par  celui  de  Touloufe.  Id.  t.  fil  p.  i-j6. 

CusTODiE  ne  fe  dit  pas  feulement  dans  l'Ordre  des 
Capucins,  il  fe  dir  encore  d'un  office  &  d'une  ef- 
pèce  de  fupénorité  établie  en  quelques  Eglifes.  Cuf- 
todia. Hugues ,  frère  de  Louis  le  Débonnaire  ,  & 
Abbé  de  S.  Bertin  ,  obtint  que  l'Abbaye  de  S.  Ber- 
tin  auroit  la  Cuftodie  de  l'Eglife  de  S.  Orner,  c'ert- 
à-dire  ,  qu'elle  nommeroir  un  de  fes  Religieux  pour 
en  être  le  chef,  appelé  Aidituus  ou  Cuftos y  avec 
le  droit  d'officier  quatre  fois  l'année  dans  cette 
Eglife  ;  favoir ,  la  troifième  Férié  des  Rogations , 


C  U  S    ,  C  U  T 

les  jours  de  S.  Jean  Baptifte ,  de  la  dépofition  de 
S.  Orner  &  de  la  Touiiamts ,  &  d'y  percevoir  les 
oftiandes.  LiJJ. Jur lAhb.  de  S.  Bertin^  p.  1S5.  La 
Cujùidic  ou  Ldihté  de  cette  Eglile.  Ib.  p.  iSo.  L'E- 
dilité  ou  Cujiodie  de  TEglife  de  la  Sainte  Vieree  ou 
S.  Onaer.  JEdiiitas  feu  Cuftodia.  L'Office  de  \^ Cuf- 
todie ou  de  l'Edilité  fut  réellement  exercé  par  un 
Moine  de  S.  Bertin  ,  nommé  Morus.  Ib. /?.  113.  La 
Cuftodie  s'appelle  aufti  quelquefois  Coutrerie  j  mais 
alors  elle  eft  différente  de  la  Cuftodie  dont  nous 
venons  de  parler. 

CUSTODI-NOS.  {.  m.  Terme  Latin  ,  dent  on  fefert 
en  Jurifprudence  Canonique,  en  parlant  d'un  Con- 
fidentiaire  qui  eft:  Tirulaire  d'un  Bénéfice ,  pour  le 
remettre  à  un  autre  dans  un  certain  tems  ,  &  qui 
lui  prête  fon  nom  pour  en  recueillir  les  fruits,  on- 
fidendarius.  Ce  mot  eft  du  ftyle  familier. 

U^  CusTODi-NOS  fe  dit  aufti  de  celui  qui  fait  les 
fonctions  d'un  Office  pour  celui  qui  en  eft  pourvu  , 
mais  qui  ne  peut  pas  l'exercer  à  caufe  de  Ion  bas 

^  âge. 

CUSTOS.f.  m.  Mot  Latin  tranfponé  dans  notre  lan- 
gue, &  en  ufage  dans  l'Ordre  des  Trinitaires.  La 
mort  du  Général  arrivant  ,  le  Prieur  de  Cerfroi 
étoit  autrefois  Cuftos  de  plein  droir,  c'eft- à-dire, 
que  toute  l'autorité  du  Général  lui  étoit  dévolue  , 
jufqu'à  l'élediion  de  fon  fucceffeur  j  mais  aujour- 
d'hui on  élit  le  cuftos  comme  le  Général.  Rijl.  de. 
i' Eglife  de  Meaux  ,    T.  I.p.   178. 

CUSTOTE.  Vieux  mot  quife  difoit  des  manches  d'un© 
robe,  faites  d'une  certaine  manière  femblable  aux 
manches  d'un  Prêtre.  L'Ordonnance  de  créer  &c 
faire  les  Chevaliers  du  Bain  porte  que  le  Che- 
valier fera  revêtu  d'une  robe  de  bleu  ,  &  les  man- 
ches de  cuftotc  en  guile  d'un   Prêtre. 

eu  T. 

IP"  CUSTRIN.  Ville  d'Allemagne  au  cercle  de  la 
haute  Saxe  j  dans  la  nouvelle  marche  de  Bran- 
debourg ,  fur  l'Oder. 

CUTAMBULES.  adj.  m.  pi.  Certains  vers  qui  ram- 
pant ou  fur  ou  fous  la  peau  ,  caufent  une  fen- 
iation  défagréable.  Cutambuli.  On  donne  auflî  cette 
épithète  à  certaines  douleurs  fcorbutiques  erran- 
tes ,  qui  font  très-cruelles  ,  &  qui  produifenr  en 
ceux  qui  en  fonr  afteCtés ,  une  fenfation  qui  rient 
beaucoup  de  celle  qui  eft  caulée  à  la  peau  par 
les   vers  cutamhules.  Dict.  de  James. 

CUTANÉE,  adj.  m.  6c  f.  qui  appartient  à  la  peau. 
Cucaneus  ,  a  j  um.  Le  palmaire  cuiance  eft  une 
mufcle  qu'on  appelle  communément  le  court  pal- 
maire. WiNSLOW.  Ce  mot  s'eft  formé  en  François 
de  cutis  ,  peau.  Je  dis  en  françois  ,  car  cucaneus 
ne  fe  dit  point  en  Latin  ,  quoiqu'en  Anaromie  on 
puilfe  le  forger  de  même  qu'en  françois  ,  &c  s'ea 
fervir. 

Lenerf  a/w/zee  interne  eft  fort  délié.  Il  naît  de 
l'union  de  la  feptième  paire  cervicale  avec  la  pre- 
mière paire  dorfale  ,  mais  principalement  de  celle- 
ci.  Il  palfe  fur  les  autres  nerfs  brachiaux  j  &:  def- 
cend  tout  le  long  de  la  partie  interne  du  bras ,  en- 
tre les  régumens  &  les  mufcles.  Id.  Les  Médecins 
&  Chirurgiens  fe  fervent  de  ce  mot  pour  expli- 
quer toutes  les  chofes  qui  appartiennent  ou  qui  dé- 
pendent de  la  peau.  La  rougeole  ,'  la  perite  vé- 
role ,  les  dartres  ,  &c.  font  des  maladies  cutanées. 
Le  pani  ou  le  charme  eft  un  mufcle  cutanee.Dî'o- 
Nis.  Le  dartot  eft  un  mn^de  cutanée  du  fcrotum. 
Ce  mot  ,  ainfi  que  tous  ceux  qui  fonr  fairs  des 
adjeétifs  latins  en  eus,  doivent  avoir  deux  e  à  la 
fin,  même  au  mafculin  ;  par  exemple  .,  Jponca- 
riée  i  teftacée\  Si  quoique  cutaneus  ne  foit  pas  bon 
latin  J  il  eft  ufité  en  Médecine  j  &  de-lù  on  en 
fait    cutanée. 

M  Andry  fe  fert  de  cutanée  dans  fon  Traité  de 
la  génération  des  xers ,  pour  marquer  ceux  qui  riaif- 
fent  dans  la  peau,  ou  fous  la  peau.  Qui  in  cute  ^ 
fub  cute  nafciiur.  Car  il  diftihgue  douze  fortes  de 


CUT        CUV 

vers  ,  les  encéphales  ,  les  pulmonaires,  les  hépa- 
tiques j  les  fpléniques ,  les  cardiaiies  ,  les  pén- 
cardiaues ,  les  fanguins ,  les  vélkulaires  ,  les  hé- 
léopha^es ,  les  cutanccs  j  les  ombilicaux  &:  les  véné- 
riens. 

CUTHÉEN  ,  ENNE.  f.  m;  &  f.  Quelques-uns  écri- 
vent Chutéen  j  mais  premièiement  il  taudrou  écri- 
re Cuthéen.  i°.  Les  Bibles  Latines  écrivent  Cuchcus , 
&c  nos  interprètes  Cuthcen  ;  celui-ci  ait  plus  félon 
l'uiage  ,  iSc  par  conféqiient  il  faut  le  luivrc.  Les 
Ciuhicns  étoient  des  peuples  de  l'Orient  ainii  nom 
mes  de  la  contrée  appelée  Cutha  ,  Province  du 
Royaume  d'AlFyrie.  Il  y  eut  une  colonie  de  Cu- 
theens  tranfplantée  à  Samarie  après  la  deftruélion 
de  ce  Royaume  par  SaUnanafar.  Tourmentés  par 
des  lions ,  ils  crurent  que  pour  s'en  délivrer  il  lal- 
loit  adorer  le  Dieu  de  ce  pays.  Ils  obtinrent  du 
Roi  d'AiFyrie  un  des  Prêtres  Ifraclites  emmenés 
captifs.  Il  leur  apprit  la  loi  de  Moife  ,  &  ils  joi- 
gnirent le  culte  du  vrai  Dieu  à  celui  de  leurs  idoles. 
Ils  adoroient  une  Idole  que  l'Ecriture  nomme  Nergel, 
4.  L.  des  Rois  XVII ,  28.  &  luivans.  Voyci  furies 
Cuthecns  le  P.  Soucier  Jéfuite  ,  Dilfert.fur  les  Mé- 
dailles Htbmiques  ,p.  58. 

CUTICULE.. f.  f.  Terme  de  Médecine,  qui  fe  dit 
de  la  petite  peau  qui  couvre  la  peau.  C'ell:  une 
membrane  très-mince  qui  enveloppe  extérieurement 
tous  les  corps.  On  l'appelle  autrement  Epiderme , 
&  plus  commaném.^nzj'ur- peau.  Cutkula.  Riolan  , 
&C  quelques  autres  après  lui  ,  on  dit  que  la  cuckulc 
des  femmes  n'avoir  point  de  porcs  :  Molinette  lou- 
tient  le  contraire  ,  par  la  raifon  qu'elles  fuent  auiii- 
bien  que  les  hommes  ;  mais  il  remarque  que  cela 
elt  vrai  des  chiens  &des  chats,  qui  ne  fuent  jamais  , 
quelque  fatigue  qu'ils  aient. 

CUTZUBITE,  ou  CUZUBITE.  f.  m.  &  f.  Nom 
de  fette.  Cut\ubha,  Cu\ubha.  On  donna  ce  nom  à 
Rome  aux  Donatilfes  ,  comme  nous  l'apprend  S. 
Auguftin  dans  fa  lettre  175'. des  anciennes  éditions, 
T.  II.  p.  187.  On  croit  que  ce  nom  vient  de  Cu^uba  , 
Cu^ubka  ,  Se  Cu^ubita  ,  nom  du  Monaftcre  des  Do- 
natiftes.  Quoique  plufieurs  manufcrits  écrivent  Cut- 
:çuphtt  dans  S.  Auguftin  j  ce  n'efl:  point  une  preuve 
fuffifante  pour  croire  qu'il  faut  dire  Cut\upn&  ,  plu- 
tôt que  Cu^upke.  Le  fon  du  \  qui  équivaut  à  tf 
ou  t-^  J  dfj  ou  t/{  ,  a  pu  faire  ajouter  ce  (  aux  Co- 
piftes  ,  fur-  t»ut  quand  on  leur  diétoit  ce  qu'ils 
écrivoient. 

CUV. 

CUV  AGE.  f.  m.  Terme  de  pratique.  Lieu  où  l'on  met 
les  cuves ,  ou  les  cuves  mêmes  dont  un  hérirage  doit 
être  garni.  Celui  qui  baille  à  terme  un  bien  de 
campagne  ,  doit  fournir  ce  qui  ett  porté  par  le 
bail ,  pour  le  ménagement  des  héritages  ,  &  pour  la 
récolte  des  fruits ,  comme  les  granges  ,  cuvages  , 
prelfoirs  &  autres  chafes ,  félon  qu'il  eft  convenu 
ou  réglé  par  l'uiage.  Domat.  Loix  civiles. 

CUVE.  f.  f.  Grand  vailleau  de  bois ,  rond  ,  compofé 
de  docles  j  ou  douvelles  exaéfement  appliquées 
l'une  à  l'autre  J  &  entourées  de  cerceaux  qui  lient 
ces  dob'les  ,  garni  d'un  fond  feulemenr.  On  fe  fert 
des  cuves  pour  mettre  la  vendange  &  fouler  le  rai- 
fin  que  l'on  y  lailTe,  plus  ou  moins  ,  félon  que  l'on 
veut  lailTer  prendre  plus  ou  moins  de  couleur  au 
vin.  Lacus  vinarius  ,  cupa.  On  dit  que  la  cuve  de 
Clairvaux  tient  quatre  cent  muids.  Abbreuver  une 
«/vc  ,  c'eft  y  mettre  de  l'eau  pour  la  laver  ,  la  net- 
toyer,  l'imbiber  J  &  faire  renfler  le  bois  afin  que 
les  fentes  que  la  féchereffe  y  a  faites  depuis  qu'elle 
n'a  fcrvi  ,  fe  bouchent  ,  &  que  le  vin  ne  s'é- 
coule point. 

Ce  mot  vient  de  cupa.  Nicod.  Mais  Ménage  , 
aptes  Saumaife  ,  obferve  que  ce  mot  de  cuve  vient 
de  cupa  avec  un  firnple/?  ,  mais  quand  il  y  a  deux 
p  ,  il  fignifie  un  vaifTcau  à  boire  ,  telle  qu'eft  une 
coupe.»  D'autres  le  font  venir  du  mot  habel  Alle- 
mand ,  fignihant  la  même  chofe.  Dès  le  XII*^.  Iié- 
cle  ce  mot  ctoit  dans  la  langue ,  comme  il  paroît 


CUV 


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par  les  Aftes  de  S.  Outrille  Archevêque  de  Courges, 
écrits  en  ce  fiècle ,  C.  i.  n.  S.  Aàa  SS.  Mail  T.  ■ 
V.  p.  150;  *  D.  ivlais  ce  mot  «/'a  fignifioit  alors 
un  tonneau  ,  dans  lequel  on  entonne  ,  &  l'on 
conferve  le  vin  j  i5c  non  point  le  grand  vaie  où 
Ton  met  la  vendange  avant  que  de  la  preilurer. 
ifT  On  donne  le  mcme  nom  aux  grands  vailîcaux 
dans  lefquels  les  Bralfcurs  fone  fermenter  les 
grains  avant  que  de  les  cuire  dans  les  chaudières. 

Cuvt  ,  le  dit  aulli  des  autres  vailfcaux  amples  pour 
recevoir  des  liqueurs.  Labrum.  Une  cuve  pour  fe 
baigner,  qu'on  appelle  autrement  une  baignoire, 
ou  cuve  de  bain.  On  baptiloit  autrefois  dans  uns 
cuve. 

tfT  Cuve  chez  les  Teinturiers  ,  eft  un  grand  vailTeau 
dont  ils  fe  fervent  pour  teindre  les  étoiles. 

Cuve  ,  fe  dit  aulli  de  la  teinture  même  qui  y 
eft  contenue.  Une  cuve  de  cochenille  ,  une  cu\& 
de  fleurée. 

On  appelle  des  fofiTés  à  fond  de  cuve  ,  des  folTés 
efcarpés ,  &  qui  ont  peu  de  talus ,  dont  les  deux  cô- 
tés font  prefqu'à  plomb.  lojj'iz  cujus  latus pauLuni  dé- 
clive eft. 

On  dit  proverbialement  ,  Déjeuner  à  fond  de 
cuve  ,  pour  dire  ,  Déjeuner  amplement. 

CUVEAU.  f  m.  Petite  cuve  ,  LabeUum.  Un  cuveau 
fuliit  pour  ma  vendange  de  cette  année. 

Cuveau,  eft  aulli  ,  félon  Liger ,  un  vailfeau  de  bois  , 
entouré  de  cerceaux  ,  mais  beaucoup  plus  petit 
qu'une  cuve  ,  dont  on  fe  fert  pour  recevoir  le  vin 
qui  coule  de  delFus  le  prelfoir.  Hâtez-vous  de 
porter  le  vin  du  cuveau  ,  autrement  il  fera  trop 
plein.  Liger. 

CUVÉE,  f  f.  La  quantité  de  vin  qui  fe  fait  en  une  feuIâ 
fois  dans  une  cuve.  Plénum  vindcmià  Ichum.  Les 
Marchands  diftinguent  leur  vin  par  cuvées  ,  car  elles 
ne  font  jamais  également  bonnes.  Vin  de  la  pre- 
mierej  de  la  féconde  cuvée.  Je  veux  du  vin  de  l.^ 
même  cuvée. 

On  dit  figurément  &  familièrement  de  deux 
contes  ou  hiiloires  qui  font  ptefque  d^un  même 
genre ,  de  même  nature ,  ils  font  tous  deux  de  la. 
même  cuvée.  Ey:  eodem  Jonte. 

ifj"  On  dit  aulli  en  voici  d'une  autre  cuvée  ,  pour 
dire  ,  voici  une  hiftoire  ,  un  conte  qui  ne  vaut  pas 
mieux  que  le  premier. 

|Cr  CUVER,  v.  n.  demeurer  dans  la  cuve.  On  le  die 
du  vin  qu'on  lailfe  quelques  jours  dans  la  cuve  avec 
la  grappe.  Ce  vin  n'a  point  cuvé.  Fermentcfcere. 
Faire  cuver  du  vin ,  c'eft  lailfer  fermenter  dans  la 
cuve  le  raitin  avec  le  moût  j  pour  faire  le  vin  j  8c 

■  lui  donner  par-là  le  corps,  la  couleur  &  la  qualité 
qu'il  doit  avoir. 

^  Cuver  fon  vin  ,  fe  dit  pour  dormir  après  avoir  bu 
avec  excès.  Dans  ce  cas  il  elt  adif.  Vinum  ,  crapularn 
edormire  ,  exhalare  ,  difcutere  ,  edormifcere  ,  ohdor- 
mifcerc.  Ne  difputez  point  avec  un  homme  ivre  , 
lailîez-lui  cuver  fon  vin. 

On  dit  figurément  &:  familièrement  d'un  homme 
qui  eft  extrêmement  en  colère ,  qii'il  but  lui  lailîef 
cuver  fon  vin;  pour  dire,  qu'il  lui  faut  lailfer  paf- 
fer  fa  colère. 

Cuvé,   ée.  Part.  Le  vin  trop  cuvé  fent  la  grappe. 

CUVETTE,  f  f.  Petit  vailTeau  en  forme  de  cuve ,  fait 
de  cuivre  ,  d'argent,  de  marbre,  ^c.  qu'on  mec 
dans  les  falles  où  l'on  mange  pour  y  jeter  l'eau 
dont  on  s'eft  javé  les  mains,  ou  dont  on  a  rincé 
les  vêts.  labellum. 

Cuvette  ou  Cunette  ,  en  termes  de  Fortification, 
eft  un  petit  folTé  allez  fouvent  plein  d'eau ,  prati- 
qué dans  un  folfé  qui  eft  fec  d'ailleurs.  Il  eft  d'or- 
dinaire large  de  17  à  10  pieds  ,  &c  profond.  Il  fert 
pour  empêcher  l'ennemi  de  traverfer  fi  facilement 
le  folTé.  Fojjula  aquâ  plena  in  aridâ  JoJJ'à  rr.ajcre 
cavata.  Remarquez  néanmoins  que  fouvenr  ce  foile 
eft  fec  ,  ou  avec  très-peu  d'eau ,  &  que  celle  qu'il 
a  communément^  n'eft  pour  l'ordinaire  qu'un  amas 
forruit. 

Cuvette.  Terme  ds  Plombier.  C'eft  dans  les  bâtimens 


7^  CUV        C  Y  B 

un  vaifTeau  de  plomb  qui  reçoi:  l'eau  des  toits  qui 
coule  le  long  des  cheneaux  qui  lont  autour  des 
couvertures ,  d'où  elle  defcend  par  les  tuyaux, 
de  plomb  qui  font  le  long  des  murs.  Compiuvium. 
Il  y  a  des  cuveucs  en  entonnoirSj  il  y  en  a  en  hottes. 

§C?  Cuvette,  en  Jardinage,  elt  un  vjiffeau  de  plomb 
ou  de  cuivre,  qui  reçoit  leau  d'une  lource  pour 
la  diltribuer  enfuite  à  diiférens  endroits. 

C  U  V  I  E  R  ,  le  dit  aulli  des  vailFeaux  femblables 
pour  tiret  les  fels  lexiviels  des  terres.  Dans  cette 
lalpêtrière  il  y  a  tant  de  cuviers  ,  où  l'on  fait  coulei 
continuellement  le  falpêtre.  Les  tripières ,  les  poif- 
fonnières  lont  ordinairement  allifesdans  des  cuviers, 

fer  CUZISTAN.  Foyei  Kousistan. 


CY.  Foyei,  CI. 


CY. 


C  Y  A. 


CYANÉES.  Petites  iHes ,  ou  plutôt  rochers  du  Bof- 
phore  de  Thrace.  Cyatiein.  irîjuU.  Les  ifles  Cyanees 
étoient  li  proches  l'une  de  l'autre,  que  lesPoëtesont 
dit  qu'elles  étoient  mouvantes ,  &  qu'elles  s'appio 
choient  l'une  de  l'autre,  parce  qu'en  les  regardant 
d'un  côté  j  elles  paroilfoient  féparées,  5c  qu'en  s'éloi- 
gnant  un  peu  de  l'autre  côté  ,  elles  fembloient  s'ap- 
procher éc  fe  joindre.  Valerius  Flaccus  ,  dans  fes  Ar- 
gonautes ,  les  appelle  tantôt  Cyanees  &C  tantôt  Sym- 
plégades.  Au  relie  ,  ne  vous  étonnez  point  li  je  ne 
vous  marque  point  ici  les  illes  Cyanees.  Busbequius 
ne  fut  pas  plus  heureux  que  moi  à  les  rencontrer  . 
&  Il  vous  portez  alfez  de  refpedt  aux  Poètes  pour 
croire  que  ce  qu'ils  en  difent  eft  véritable  j  vous  ex- 
cuferez  bien  ces  vagabonds,  quiétoient  allés  fe  pro- 
mener ailleurs.  Du  Loir,  /^.  74. 

^fJ  CYATHE.  f.  m.  Mefure  Romaine  qui  contenoir 
autant  de  vin  qu'on  en  pouvoit  boire  d'un  feul  trait 
Cyathus.  C'étoit  un  petit  vafe  avec  lequel  onpuifoit 
le  vin  dans  un  autie  plus  gtand. 

CYB. 

CYBAR.  f.  m.  &  nom  propre  d'homme  Eparchius. 
Eparchius  ,  que  nous  appelons  i.  Cybar  ,  fils  de  Fe 
lix  d'Oriol  &  de  Principe  j  naquit  à  Pcrigueux  de 
l'une  des  meilleurs  familles  de  la  ville.  Baillet.  Il 
fut  reclus  à  Angoulème  ,  &c  mourut  en  581.  Ce 
mot  s'ell  formé  du  Latin  Eparchius  ,  ou  plutôt  de 
Saine  &  d'Eparchius  ,  Saint  Epar,  Saint  Par  j  Sypar, 
Cyéar,  par  une  étrange  corruption. 

CYBEBÉ.  f.  f.  &  nom  de  Divinité.  Cyhebe  Cykehiu. 
La  Dtelfe  Cyhéhé hoK  la  même  que  Cybèle  ,  appe- 
lée Cybébé,  Ka^b,, ,  Ku^.Sx ,  Ku^^?»? ,  de  >cvS>;Su<i ,  tour- 
ner, remuer  violemment  la  tête,  parce  que  les 
Prêtres  Gaulois  de  cette  Déelfe  ,  la  remuoient  ,  & 
la  tournoient  ainfi  dans  leurs  enthoufiafmes  &;  leurs 
cérémonies.   Foye^  Voiîius ,  De  Idol.  L.  IL  c.  u- 

CYBÈLE.  f.  f.  Nom  propre  d'une  Déelfe  Phrygienn- 
Cyiè:e.  On  l'appeloit  encore  la  Grande  Mère  , 
Magna  Mater  ,  la  Mère  des  Dieux  ,  Mater  Deorum  ■■, 
Ops^  Ops  ,  Rhée,  Rhea  ;  Vefta ,  P^ejla  ;  la  Mère 
Idéene,  Idxa  mater -^  Dindymène  ,  Dindiinène  ,  & 
Bérécynthe,  Berecymhia.  Cybèle  étoit  fille  du  Ciel 
&  de  la  Terre  ,  Ik  femme  de  Saturne.  On  l'appela 
Cybèle  ,  d'une  montagne  de  Phrygie  du  même  nom  , 
Cybelus  mons ,  au  fentiment  d'Hefychius  i  &  c'eft  , 
dit  on  ,  parce  qu'elle  futexpofée  fur  cette  montagne, 
&  nourrie  par  des  bêtes.  Feftus croit  que  ce  mot  vient 
de  Kuî/ffT»  r«»  Y^ï(paxm  ,  ce  qui  fi^nihe  danfer  fur  la 
tête  ;  en  effet   les   Prêtres  Gaulois  de  cette  DéelTe , 


CYB       C  Y  C 

la  cymbale.  Le  Pin  lui  étoit  confacré  ,  parce  que  le 
jeune  Achys  qu'elle  auKoii ,  lut  meiaii,o>pliole  ca 
cet  arbre  j  ou  quil  le  punit  lui-même  lous  cet  arbie 
de  fon  infidélité  à  i'egaid  de  cette  L-éelic.  C>  elt  pour 
cela  que  dans  les  lacrihces  qu  on  lui  lailoïc  tous  les 
ans,  &  dont  Prudence  ,  uans  1  hymne  ue  S.  i\o- 
niain  v.  i()6,  &  Firmicus  ,  i^e  errvre  prij.  j  ei:g. 
parlent,  on  coupoit  un  Pin  ,  &i  onlioit  au  milieu  la 
hgured  un  jeune  homme.  Vers  1  an  550.  de  Kume  , 
fur  un  mot  que  l  on  trouva  dans  les  Sybiiks  ,  en  y 
cherchant  autre  choie  ,  «Se  lur  une  réponse  de  l'O- 
racle de  Delphe,  les  Romains  demandeient  au  i<oi 
Attalus  la  JVicieldéenne.  Ce  Prince  leur  fit  donner 
une  pierre  que  Ion  confervoit  à  Pellinunte  enPhiy- 
gie ,  &C  que  les  habitans  ditoient  être  la  Ivitiedes 
Dieux  j  on  1  apporta  a  Rome  avec  beaucoup  tie  cé- 
rémonie ,  &  on  la  plaça  dans  le  Temple  de  la  Vic- 
toire qui  étoitlnr  le  mont  Palatin.  Titc  Live  raconte 
cet  événement.  L.XXiX.  C.  10.  11.  14.  iilius  Ita- 
licus  le  décrit  envers  dans  fon  XVli^.  Livre.  Sttabon 
L.  X,  &  Suctonedans  Tibère  ,  C.  2.  en  parlent  auili. 
Tous  les  ans  les  Préteurs  lui  faifoicnt  un  iaciifice 
d'une  tiuie.  Un  Prêtie  &  une  Prêtrelle  Phrygienne 
en  étoient  les  Minières.  Habillés  d'une  robe  de  dif- 
férentes couleurs  à  la  manière  de  leur  pays ,  ils  por- 
toient  la  Itatue  de  la  Déelle  en  Piocefiion  dans  les 
rues  de  Rome,  frappant  leur  poitrine,  jouant  du 
tambour  de  baique,  6c  demaïKlant  1  aumône  à  tous 
ceux  qu'ils  rencontroient.  /  oye:^  Rosin  ,  Antiq. 
Rom,  i..  II.  C.  4.  &  les  augmentations  de  Dempfter. 
Voir.  De  Idol.  L.  I.  C,  zo.  L,  II,  L.  51.  53,  54. 
Les  Prêtres  de  Cybèle  s'appeloient  Galles  j  (jaiii  ^ 
leur  Chel  Archigalle  ,  Ari.ru gallus.  (Jn  lui  conacroit 
le  cœur  des  animaux  ,  pour  montrer  qu  elle  etoit 
la  caule  de  leur  génération  j  dit  Phurnutus,  oti 
parce  que  c'eft  le  principe  de  la  vie  \  ou  ,  comme 
dit  Voihus,  pour  marquer  qu'on  fe  dévouoità  elle 
de  tout  Ion  cœur. 

Servius  a  cru  que  Cybèle  avoir  été  appelée  ainfi  «;r» 
Ki/ff/s-iv  t»it  »£<P«aJi»,  de  ce  que  les  Prêtres  tournoient  & 
agitoient  violemment  la  tête  dans  fes  facrifices  ;  mais 
Strabon,  dont  "Voihus  préfère  en  celai  autorité  à  celle 
de  Servius  ,  dit  que  ce  nom  lui  fut  donné  de  la  mon- 
tagne Cybelus  en  Phrygie.  Etienne  de  Byzance  ,  Fef- 
tus ,  Suidas  ,  &  l'Etymologirte  j  font  du  même 
fentiment. 
CYBENDIS.  Foyei  Calcis. 

CYBERNÉSIES.  f  f.  pi.  Fêtes  que  Théfée  inftitua  en 
1  honneur  de  Naulrthée  &  Pheax  ,  qui  failoient  l'of- 
fice de  Pilotes  en  fon  expédition  de  Crète.  Du  Grec 
n.(/j3£j»«(» ,  je  gouverne, 

C  Y  C. 

CYCÉON.  f.  m.  Ki/xeà» ,  de  icunlui,  mêler.  Les  Latins  ren- 
dent ce  mot  par  ciîumm.  Le  fentiment  le  plus  corn- 
mun  eft  que  le  cyaon  des  Grecs  croit  une  compoli- 
tion  faite  de  vin,  de  miel,  de  fine  ficur  de  farine 
d'orge  ,  d'eau  _,  de  fromage  ,  &  de  la  confiftance  de 
la  bouillie.  Il  paroît  qu'il  y  en  avoir  de  deux  ef- 
pèces  :  l'une  grolhère,  fiite  d'eau  &  de  farine  j  l'au- 
tre plus  fine  &  plus  délicate  ,  faire  de  vin  ,  &  de 
différentes  efpèces  de  farine  ,  de  fromage  &  quel- 
quefois de  miel.  Les  Grecs  entendoient  aulfi  par 
ce  mot ,  toute  boifton  ou  mélange  compofé  d'm- 
gré(3iens  de  différence  nature,  félon  le  genre  de  la 
maladie  &  l'intention  du  Médecin.  Foye^  le  DicL 
de  James. 

Ctrj- CYCINNIS.  f.  f.  Nom  d'une  danfe  des  Grecs, 
moitié  grave ,   moitié  gaie. 


faifoientde  ces  fortes  dedanfes.  D'autres  difent  que   CYCLADES.  C'eft  le  nom  ancien  d'une  des  îles  d 


ce  nom  vient  de  Kv?of ,  un  cube  ,  qu'il  fur  donne  a 
Cyi'^/e,  parce  que  Cy/^è/e étoit  la  Terre.  Cependant 
elle  croit  fille  de  la  Terre  ;  mais  il  fe  pourroit  faire 
que  dans  la  fable  on  les  eût  fonvent  confondues 
enfemble  ,  comme  bien  d'autres  Divinités  ;  &  cer- 
tainement on  les  confondoif,  puifqu'on  l'appelle 
Ops  ;  car  Ops  étoit  la  Terre ,  dit  Ciceron.  On  lui 
attfibuoit  l'invention  du  tambour ,  de  la  HCue  &  de 


l'Archipel ,  qui  font  une  cfpèce  de  cercle  au  tour  de 
Delos ,  ce  qui  leur  fit  donner  ce  nom.  kJxAcj  en 
Grec  fiîjnifie  cercle ^  &  de  là  x.vK^âç ,  xux.xû^c; ,  c\  clas  ^ 
cycladis ,  un  amas  de  plufieurs  chofes  dilpofces  en 
rond  ,  en  cercle.  Bochard  va  plus  loin  ,  &•  veut  que 
ce  nom  leur  ait  été  donné  par  les  Phcnitiens ,  & 
qu'il  vienne  du  Phénicien  ;  cnr,  dit-il,  ChanaanL. 
I.  c,  14.  nSju,  Cigla,  pour  w'73,  fignifie  en  Phéni- 
cien 


C  YC 

cieii    un    cercle.    Les  principales  Cydades  étoienr  | 
Andro  ,  Andros  ;  Zéa ,  Cca  j  bdille  ,  Delos  j  Micolij  ! 
Micone-^  Naxiaou  N;ixi ,  iS/axud-^   Qiiinanco,  Olia 
ros  ;  Pario ,  Paras  ;  À-iorgo,  ou  iihenia  j  Zorphaïuo, 
Seriphus  ;  Ciphano  ,  Siphuus\  Siro  ,  Siros  \  Thine, 
Thlnos.  Elles  font  aujoiud'hui  lous  la  dûniination 
du  Turc,  peuplées  de  Chrétiens  qui  luivent  le  rie 
Grec,   &  dont  plufieurs    (ont    Scliifinatiques  j    & 
d'autres  Catholiques,    Il  y  a  aulîi  des  Egliles  du  rit 
Latin. 
CYCLAMEN,  f.  m.  ^ojej  Patn  de  Pourceau.  Cy- 
dùiniiium.  C'eil:  la  même  plante. 

Ce  mot  vient  de  xu^iAor ,  cercle  \  &  l'on  a  donné 
ce  nom  à  ces  foires  de  plantes  à  caufe  de  la  ligure 
de  leurs  feuilles  &  de  leur  racine.' 
CYCLAMOR.  f.  m.  Terme  de  Blafon,  qui  fe  dit 
d'une  manière  de  bordure  que  quelques-uns  nom- 
ment OrUrond.  Lanbus.  LaMaifon  de  barbare  .à 
Venife  porte  d'argent  à  un  cercle  ,  ou  cyclamor  de  . 
gueules. 

Ce  mot  vient  de  ce  qu'il  repréfente  la  bordui* 
d'or  d'une  robe  qui  s'appeloit  fycVaj  chez  les  Grecs 
&  les  Latins ,  à  caufe  de  fa  figure  ronde  ,  comme 
qui  diroit  cycle  en  or-^   &  on  appeloit  auilî  autre- 
fois  une  robe  cyclée  j  pour  dire  j  bordce. 
CYCLE,  f.  m.  Eft  une  période,  une  révolution  d'un 
certain  nombre  d'années  \  après  leiquellcs  le  loleil  ; 
&  la  lune  font  cenfés  revenus  au  même  point  du  j 
ciel  d'où  ils  étoient  partis.   Les  Juifs  ont  un  cycle 
de  84.  ans  J  ou  une  ogdoécontatelfaraétéride  ,  com-  j 
ir.e  S.  Epiphane  nous    l'apprend  dans  l'hérélie   LLi 
qui  e(t  celle   des  Alogiens.    Le  P.  Petau  &   le  P.  j 
Boucher  ont  donné  des  traités  fur  le  cycle  des  Juifs ,  ] 
ou  l'ogdoécontatellaraétéride.  Il  y  a  maintenant  trois 
cycles  principaux.    Le  cycle  folaire   ou    des    lettres 
Dominicales ,   le  cycle  lunaire  &  le  cycle  de   l'in- 
dittion. 
CYCLE  SOLAIRE.  Terme  du  comput  Eccléfiaftique. 
Cyclus  fclaris.  Pair  le  mot  cycle,  on  entend  une  iuite 
de  certains  nombres  qui   vont  luccellivement ,   & 
fans  interruption  l'un  après  l'autre  dans  leur  ordre, 
depuis   le  premier  jufqu'au   dernier  j  d'où  retour- 
nant immédiatement  au  premier  ,   il    fe   fait  une 
efpèce  de  circulation   perpétuelle.   Ainfi  le  cyc/eyù- 
laire,  c'eft  la  révolution  de  1^.  ans  qui  commence 
toujours  par    i.  &  finit  par  28.  après  laquelle  tou- 
tes les  lettres  qui  marquent  le  Dimanche  &c  les  au- 
tres Fériés,  reviennent  dans  le  même  ordre  où  elles 
■ctoient.   La  réformation  du  Cslendiier  par  le  Pape 
Grégoire  XIII.  apporta  un  grand  changement  dans 
\q  cycle  folaire.  Il  eft  ainfi  appelé,  non  pas  à  caufe 
du  cours  du  foleil ,  qui  ne  contribue  rien  à  celte 
fuppolition  j  mais  parce  que  le  Dimanche  eft  appelé 
par  les  Agronomes ,  \s  jour  du  foleil ,  Se  que  la  lettre 
Dominicale  el1:  celle  qu'on  cherche  principalement 
dans  cette  révolution.  Les  lettres    Dominicales  qui 
font  les  fept  premières  lettres  de  l'Aiphabeth,   ont 
été  fubftitiiées  en  la  place  de   huit  lettres  Nundi- 
nales  des  Romains,  f^oye:^  Dominicale. 

Le  cycle  foldirc  ou  d'2s  lettres  Dominicales  eft  de 
28.  ans,  parce  qu'après  iS.  ans  les  lettres  Domi- 
nicales recommencent  à  fe  trouver  aux  mêmes  jours 
de  l'année  qu'elles  ctoient  la  première  année  de  ces 
iS  ans,  &C  qu'elles  ont  été  pendant  tout  le  cycle, 
enforte  que  (i  la  première  des  zS.  années  étoit  bif- 
fexiile,  &  qu'elle  eût  pour  lettre  Dominicale  GF 
l'année  fuivante  E  ,  &  ainfi  des  autres  ,  après  28. 
ans  ou  la  29*^  année  fuivante  aura  encore  GF ,  la 
fuivante  J  E  ,  &c. 

Pout  trouver  le  cycle  folaire  en  telle  année  qu'on 
voudra,  il  faut  ajouter  9.  à  l'année  propofée,  & 
divifer  le  tout  par  i3.  &  le  refte  fera  le  nombre  des 
années  du  cycle  folaire  ,  &  le  quotient  fera  le  nom- 
bre des  révolutions  depuis  Jesus-Christ.  S'il  ne 
refte  rien  à  la  divifion,  on  fera  à  la  zS.  &  dernière 
année  du  cycle  folaire.  Par  exemple  à  1740.  ajoutez 
9,  la  fomme  eft  i74'5i  divifez  1749  P^i'  ''■'^  ■>  ^'^'^'^ 
aurez  15  de  refte  après  la  divifion.  Ainfi  15  eft  le 
cycle  folaire  de  l'année  1740  de  J.  C.  Voici  deu.\ 
Tome  III. 


CYC  73 

vers  teclmiques  qui  peuvent  fervir  à  retenir  cette 
métlioùe. 

Junge  -annis  Doniini  ter  ternes ,  perque  viginti 
Veto  feca  funimam  j  -cyxlusjblaris  tiatetur. 

Voil.l  pour  les  années  depuis  J.  C.  Pour  celles 
qui  précèdent  la  naillairce' de  J.  C.  prenez  l'année 
de  la  période  Julienne ,  qui  répond  à  l'année  avant 
Jefus-Chrift  propofée.  Dryifez  cette  année  de  la  pé- 
riode Julienne  par  28 ,  k  reliant  après  la  divifion 
taite  eft  le  cyci^e  folaire  de    cette  année- là.    Cette 
règle  peut  encore  fervir  pour  les  années  après  J.  C. 
&   gér.éralement   pour  trouver   le  cycle  J'olaire  de 
quelque  année  que  ce  foit  avant  ou  après  J.  C.  f^cyei 
quelle  eft  cette  année-là  dans  la  période  Julienne, 
îx"  divifez  cette  année  de  la  période  Julienne  par 
28,   le  reftant  après  la  divifion  eft  le  cycle  folaire. 
Pour  favoir  quelle  eft  une  année  quelconque  dans 
la  période  Julienne ,  il  n'y  a  qu'à  fe  fouvenir  que 
la  première  année  de  J.  C.  eft  l'année  4714  de  la 
pénode  Julienne.  Ainli  de  47  14  reti^nchez  l'année 
av.inr  J.  C.  propofée,    &i  ajoutez, à  4715    l'année 
ap.  es  J.  C.  propofée ,    &  vous  aurez  l'année  de  U 
période  Julienne  qui  y  répond. 
Cycle    Lun'aire,  autrement  appelé  le  Nombre  d'or  , 
ou  Eccléfialiique.    Cyclus  Luriaris.  C'eft  une  période 
de  la  révolution  de  19  années  lunaires,  &  de  7  mois 
tmbolifmiques ,  ou  intercalés  ,    qui  reviennent  à 
19  années  folaires,  laquelle  fut  inventée  par  Mé- 
thon  Athénien,  lequel   obferva  qu'au   bout   de    ce 


tenis  la  lune  recommencoit  à 


faire  1 


es   mêmes 


lu- 


naifons.    Avec  le  tems    il  s'eft  trouvé  un  peu  d'er- 
reur dans  cette  obletvation  ^  car  les  nouvelles  lu- 
nes reiournoient  bien  au  même  jour  après  le  cours 
de  ces  19  années;  mais  près  d'une  heure  &  demie 
plutôt.  Ce  cyae  eft  de  1 9  nombres ,  qui  fe  fuivent 
fucceftivemenr ,  fans  interruption  dans  leur   ordre 
naturel,  depuis  le    i  jufqu'au   19  l'on  continue  la 
même   ciuulation  julqu'à  l'infini.   Chacun  de  cas 
nombres  répond  à  une  année  du  cycle  de  19   ans. 
Il  fut  reçu  par  les  premiers  Chrétiens  pour  déter- 
miner par  un  ordre  certain  les  jours  des  nouvelles 
lunes  Pafchales  dans  le  cours  des  -années.  Ceux  qui 
ont  travaillé  au  Calendrier  de  l'Eglife  ont  arrangé 
les  nombres  du  cycle  lunaire ,  en  fuppolant  que  les 
nouvelles  lunes  dévoient  précifément  retourner  au 
même  point  &  à  la  même  heure,  de  19  ans  en  19 
ans  \  &  cela  à  perpétuité.    L'ufage  de  ces  nombres 
étcit  tel  J  que  chacun  d'eux  enleignoit  les  nouvel- 
les lunes  au  jour  où  il  fe  trouvoit ,  &  dans  les  an- 
nées dont  il  étoit  le  nombre  d'or.  Comme  les  Orien- 
taux commencèrent  à  fe  fervir  du  nombre  d'or  au 
tems  du  Concile  deNicée,  ils  prirent  pour  la  pre- 
mière année  du  cycle  la  nouvelle  lune  Pafchale  qui 
fe  rencontra  au   13  de  Mars,  &  ils  donnèrent  à  ce 
jour-là  le  nombre   d'or  i.    Or  en  lupputant   fur  ce 
pied-là,  le  cycle  lunaire  3  tombeau  1  de  Janvier  de 
la  5^.  année.   Au  contraire  les  Chrétiens  d'Occident 
appoferent  le  nombre   i   au  1  de  Janvier ,  &  cette 
différence   en  apportoit  beaucoup  dans  le  tems  de 
la  célébration  de  la  Pâque.    C'eft  pourquoi  Denys 
le  Petit ,  en  drellant  une  nouvelle  forme  de  Calen- 
drier, perfuada  aux  Chrétiens  d'Occident ,  pour  faire 
cefier  cette  diverlité  ,  de  le  conf-ormer  à  l'ufage  de 
ceux  d'Alexandrie,  ou  d'Orient ,  en  plaçant  le  cycle 
3   au  I  de  Janvier.  D'où  s'enfuit  que  le  nombre  3 
fe  trouvant  à  la  i  année  du  cycle,  celui  de  la  19 
eft  nécellaitement  le  2  d'où  l'on  retourne  à  la  pre- 
mière année  du  cycle  fuivant ,  marqué  par  le  nombre 
3  en  confervant  le  même  ordre  par  une  circulation 
perpétuelle.  Blondel.  Obfervez  que,  dans  la  dif- 
triTîution  du  cycle  lunaire  dans  chaque  mois  du  Ca- 
lendrier j  chaque  nombre  précède  de    onze   jours 
celui  qui  eft  moindre  que  lui  d'une  unité.   Ainfi 

■  en  mettant  le  nombre  12  au  12  de  Janvier,  le 
nombre  i  qui  eft  moindre  d'une  unité  ne  fe  trou- 
vera qu'au  23  de  Janvier  ;  c'eft-à-dire,  onze  jours 
après.  Id.    Le  cycle  lunaire  ^  dans  l'ancien  Calea- 

K 


74  C  Y   C 

cjrier  ,  montioit  le  joui-  des  nouvelles  lunes  àe  cha- 
que année  ;  mais  il  ne  fert  dans  le  nouveau  qu'à 
trouver  les  épades ,  lefquellcs  tonc  voir  dans  cha- 
que Calendrier  que  les  nouvelles  lunes  aruvenc  cous 
les  ans  onze  jours  plus  tard.  Le  cycle  lunaire  a  été 
appelé  enncadecditendt  ,  ou  la  période  de  Mcthon. 
Le  nombre  d'or ,  ou  cycle  lunaire  l'ervoit  à  marquer 
les  nouvelles  lunes ,  &  à  fixer  la  célébration  de  la 
Pâque  dans  l'ancien  Calendrier;  mais  il  etl:  inutile  | 
dans  le  nouveau.  On  y  a  fubftitué  les  épades. 
Cycle  de  l'Indiction,  ell:  une  révolution  de  trois  luf- 
tres ,  ou  de  1 5  années ,  après  lefquelles  on  recom- 
mence à  compterj  par  une  révolution  continuelle, 
comme  dans  tous  les  autres  cycles.  Cyclus  Ind;c- 
tionis.  Ce  nouveau  cycle  fut  établi  par  le  Grand 
Conftantin,  qui  voulut  que  l'on  comptât  à  l'avenir 


ciyc; 


par  Indidions ,  &  non  plus  par  Olympiades.  / 
fur  les  cycles  le  P.  Petai: ,  de  Docl.  cemp.  L.  Vil. 
C.  J,  &  Ration.  Temp  L.  I.C.  3.  Dodwel  imprima 
en  1701  à  Londres  un  in  4*^.  De  veteribus  Grdco- 
runi  Romanorumque  cyclis  ,  obicerque  de  cyclo  Jud&O' 
ruin  Atate  Qhrifti. 

Cycle  ,  le  dit  non  feulement  en  général  de  tous 
les  nombres  qui  le  compofenc ,  mais  auffi  en  par- 
ticulier de  chacun  de  ces  nombres.  Ainfi  on  compte 
que  la  première  année  de  notre  époque  commune 
&  ordinaire  depuis  la  naillance  de  Jesus-Christ  , 
avoir  le  cycle  lunaire  1 ,  le  cycle  folaire  1  o  avec  la 
lettre  dominicale  Bj  &  le  cycle  de  l'indidion  4.  La 
première  année  de  Denys  le  Petit  avoir  le  cycle  lu- 
naire I  &  9  du  cycle  folaire ,  &c. 

Cycle  lunifolaire. /-^ojfç  Lunisolaire.  C'efl  un  tyc/d 
conciliant  les  mouvemens  de  la  lune  &  du  foleilj 
en  forte  qu'à  la  fin  de  ce  cycle  ils  fe  trouvent  tous 
les  deux  au  même  point  du  ciel  d'où  ils  étoient 
partis  au  commencement  du  cycle, 

CYCLEE,  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Cj'c/ew.  Ha- 
bitant de  Placée  dans  la  Béotie,  que  fes  compatriotes 
honorèrent  comme  un  Dieu  :  Ce  fut  la  PrctrelTe 
d'Apollon  Pythien  qui  le  leur  ordonna  pendant  la 
guerre  contre  les  Médes.  Vojfius  j  Idolacria  ,  L.  i  j 

CYCLIQUE,  adj.  de  t.  g.  Qui  appartient  aux  cycles  j 
ce  qui  les  regarde  &  les  concerne.  Le  Journal  des 
Savans  du  15  Mai  1679;  '^•'^'  ^"  parlant  de  la 
nouvelle  méthode  pour  tracer  des  cadrans  folaires 
fur  toutes  fortes  de  furfaces  planes  ,  que  ce  qu'il  y 
a  de  plus  particulier  dans  cet  ouvrage  j  ell  la  ma- 
nière de  conilruire  un  cadran,  cyclique  tort  curieux. 

Cyclique.  C'ell  le  nom  que  l'on  donne  également  à 
certains  Poètes  &:  à  de  certains  Pocmes.  Un  Pocte 
Cyclique  eft  celui  qui  fait  des  Vaudevilles  &  autres 
vers  qui  fe  débitent  &  fe  chantent  au  coin  des  rues, 
&  les  Pocmes  cycliques  iowx.  les  Vaudevilles  mêmes. 
Horace  appelle  Scriptor  cyclicus  ,  un  auteur  qui  va 
lire  fes  ouvrages  dans  les  compagnies ,  dans  les  cer- 
cles. L'exemple  d'Ovide  que  Giraldi  allègue  en  fa 
faveur  &  celui  des  autres  Poètes  cycliques^  qu'il 
pouvoit  aulîi  alléguer  ,  ne  le  juftifient  pas.  Huet. 
Les  parties  qui  compofent  les  Pocmes  cycliques 
étant  toutes  des  adions  détachées.  Id. 

CYCLOÏDAL  ,  ALE.  adj.  Terme  de  Géométrie.  Qui 
appartient  à  la  Cycloide.  Cycloïdalis  ,  e.  M,  Ber- 
noulli  ,  Proi'eireur  à  Groningue ,  a  donné  des  feg- 
mens  &  des  fedeurs  cycloidaux  quarrables ,  au  mois 
de  Juillet  des  ades  de  Leipfik  de  1(^09.  Ac.  d.  S. 
1781.  Mefurer  l'efpace  cycloidal.  L'efpace  cjcloïdal 
ell:  triple  de  fon  cercle  générateur.  Carré  ,  Ac.  des 
Se.  1701   Mém.  pag.  164.  &c. 

CYCLOÏDE.  f  f.  Terme  de  Géométrie.  C'eft  une  ligne 
courbe  qui  eft  décrite  par  l'extrémité  fupévieure 
du  diamètre  d'un  cercle,  lorfqu'il  fe  meut  perpen- 
diculairement fur  une  ligne  droite:  ou  pour  parler 
populairement  :  ce  n'eft  autre  chofe  que  la  ligne 
courbe  qu'un  clou  fiché  dans  le  haut  d'une  roue  trace 
dans  l'air,  lorfque  la  roue  fe  ment.  M.  Huygens  a 
démontré  que  j  de  quelque  point'qu'un  corps  pefant 
puifle  coiTunencei  à  defcendre,  tandis  qu'il  fe  meut 


C  Y  D 

d.ms  une  cjv  c/oic/e,  les  temps  de  ladefcente  font  égaux 
entr'eux.  Cyclois.  C'eft  fur  le  fondement  de  cette 
ligne  qu'on  a  trouvé  le  moyen  de  faire  une  horloge 
à  pendule  ,  dont  le  même  Mr.  Huygens  a  fait  un 
grand  volume  inûiiûè Horologium  OjciUatoriuir..V\\ï- 
Jippede  laHire,&  le  Père  de  la  Loire,  Jéfuite , 
ont  fait  chacun  un  Traité  de  la  Cycloïde.  Quand 
les  plus  grands  Géomètres  du  XVII*^.  fiècle  fe  muent 
à  étudier  une  nouvelle  courbe  qu'ils  appelèrent  la 
Cycloïde  ,  ce  ne  fut  qu'une  pure  fpécularion  ,  où 
ils  s'engagèrent  par  la  feule  vanité  de  découvrir  à 
l'envie  les  uns  des  autres  des  théorèmes  difficiles. 
Us  ne  prérendoient  pas  euA-mêmes  travailler  pour 
le  bien  public  ;  cependant  il  s'eft  trouvé  en  appro- 
tondilfanr  la  nature  de  la  Cycloïde,  qu'elle  étoit  def- 
tinée  à  donner  aux  pendules  toute  la  perfedion 
pollible  ;  &  à  porter  la  mefure  du  temps  jufqu'à 
fa  dernière  précifion.  Fonten.  îiiJI.  de l' Acad.  Fréf. 

Ce  mot  vient  du    Gïqc  y-UMç  ,circulus.  On   l'ap- 
pelle aulîi  roulette.  On  en  attribue   linvencion  au 
•  ■]-*.  Merlenne. 

Ck?  CYCLOMÉTP.IE.  f  f.  L'Art  de  mefurer  des  cer- 
cles uc  des  cycles. 
CYCLOPE.  i.  m.  C'eft  un  nom  que  les  Poètes  ont  don- 
né à  des  habitans  de  Sicile  ,  qu'ils  ont  feint  être 
des  ouvriers  cy.ii  travailloient  fous  Vulcain  pour  for- 
ger les  loudres  de  Jupiter  ,  &  qui  avoient  fait  les 
armes  d'Achille  &  d'Enée.  Cyclops.  Ils  ont  été  amfî 
nommés  ,  parce  qu'ils  n'avoient  qu'un  œil  rond 
au  milieu  du  hont.  Ulyffe  fut  longtemps  engagé 
dans  la  caverne  du  Cyclope  Poliphême.  Selon  Théo- 
phiafte  les  Cyclopes  étoient  des  peuples  de  Phéni- 
cie  qui  avoient  appris  à  employer  le  ter  à  diftérens 
ufages  J  ic  c'eft  ce  qui  a  donné  occafion  à  la  fable 
des  Poètes.  Les  Cyciopes  ,  difenc  les  fables  ,  étoient 
fils  de  Neptune  &  d'Amphitrire  5  Hcliode  ,  Theog. 
V.  199.  dit  de  la  Terre  &  du  Ciel.  Les  principaux 
&  les  feuls  dont  la  fable  talle  mention  font  Brontès  y 
Stéropès  &  Argès  dans  Héfiode  ,  L'hiog.  y.  140. 
Au  lieu  d'Argès,  Virgile,  hneide  j  L.  VIII.  v.  4IJ. 
ôc  Claudien  ,  de  Tert.  Honorii  confulatu  ,  v.  195.  met- 
tent Pyracmon  ,  &  Ovide  ,  L.  IV.  des  Faftes  ,  v. 
2S7.  Acmonides.  Polyphème  eft  encore  fameux  dans 
Homère ,  L.  IX.  de  l'OdyAce  ,  dans  Virgile  ,  En. 
L.  III.  v.  118.  dans  Apollonius,  Argon.  L.  I.  On 
dit  qu'ils  étoient  cent  en  tout. 

Les  Cyclopes  font  les  premiers  habitans  de  Sicile. 
Leur  taille  gigantefque  ,  leur  barbarie  ,  leur  bri- 
gandage <Si  leur  voifinage  du  Mont  Etna  donnèrent 
lieu  aux  fables.  Ceux  qui  veulent  que  la  Phyhque 
foit  cachée  fous  les  fables  ,  difent  q^u'on  a  fignihé 
par  là  les  vapeurs  qui  produifent  les  foudres,  le  ton- 
nerre &  les  éclairs,  comme  on  peut  le  voir  dans 
les  notes  de  Barlé  fur  l'endroit  d'Héliode  que  j'ai 
cité.  Thucidide  ,  L.  I.  Juftin,  L.  IV,  c.  i.  Leander 
Alberti ,  dans  fa  defcription  d'Italie ,  &  Natalis 
Comes  ,  L.  IX.  c.  8.  de  fa  Mythologie  ,  parlent  aulli 
des  Cyclopes. 

Ce  mot  vient  de  «■/'"Aof,  circulus  ,  &:de<i'^î',  ocu- 
lus.  Quelqses  -  uns  croient  que  ce  mot  eft  formé 
de  x-iy-xc; 3  cercle :,  qui  au  troifieme  cas,  tiy.y^a ,  figni- 
fie  tout-au-tour ,  à  la  ronde  ,  &:  de  oa7v"",  je  vois, 
d'où  fe  forme  a^ ,  ou  0^  ;  deforte  que  Cyclope  fi- 
gnifîe  un  homme  qui  eft  toujours  aux  aguets,  qui 
jette  toujours  l'œil  çà  &  là,  &  que  ce  nom  fut 
donné  aux  premiers  habitans  de  Sicile ,  grands  pi- 
rates ,  parce  qu'ils  étoient  toujours  fur  la  côte  à 
confidérer  s'il  ne  paifoit  point  quelqu'un  à  la  ronde, 
pour  le  voler. 

En  17x2.  On  dit  qu'il  naquit  à  Coppenhague  un 
Cyclope,  c'eft-à-dire  un  enfant  qui  n'avoit  qu'un 
œil  au  milieu  du  front. 

On  appelle  un  borgne ,  en  raillant,  un  Cyclocc. 
Ah  le  vilain  Cyclope\ 

C  Y  D. 

CYDIPPE.  f.  f.  Prêcrelfe  de  Junon  j  mère  de  Clébis  & 
de  Biton. 


C  Y  G 

CvDippE.  Une  des  Nymplies  compagnes  âe  Cytène  , 

meied'Aiiftée. 
Cydîppe  ,  Nymphe  de  l'Ile  de  Dclos. 
CYDONITE,  L  f.  Pierre  blanche  &  friable ,  qui  a 

l'odeur  du  coisnaflier. 

C  Y  G. 

CYGNE,  f.  m.  Gros  oifeau  aquatique  ,  agréable  à 
voir,  qui  a  le  cou  long  &  tore  droicj  &  qui  eft 
fore  blanc,  excepté  quand  il  ell  jeune.  Cygnus.  Son 
cou  eft  long,  &  compofc  de  i'3  vertèbres.  Ses  jam- 
bes, i'es  pieds  &  fon  bec  font  nous  :,  (on  bec  appro- 
che de  celui  de  roie'i  mais  il  eft  un  peu  plus  rond  , 
&  un  peu  crochu  en  bas  par  le  bout ,  &  a  fur  le 
fonimet  une  bolle  noire  proche  de  la  tcte.  Les  deux 
côtés  du  dcffous  de  fes  yeux  font  noirs  i'c  éclatans 
comme  de  lebene.  Cet  oifeau  étend  fes  ailes  à  la 
manière  des  voiles  ,  afin  que  le  vent  le  poulfe  quand 
il  eft  dans  l'eau.  Le  cygne  n'a  que  l'aigle  pour  en- 
nemi j  mais  l'on  alfure  qu'il  en  eft  toujours  vain- 
queur. Michel  Ghca  dit  qu'il  mange  des  grenouilles 
pour  le  garantir  d'une  maladie  qui  le  tourmente 
quclquetois.  Il  s'appatie  au  printems,  &  fait  plu- 
fieurs  petits.  Il  vit  d'herbes  à  la  manière  des  oies , 
&  de  quelques  grains  j  &  fe  plaît  dans  les  lacs, 
dans  les  étangs  fangeux  ,•  &  dans  les  lieux  écartés 
&  folitaires ,  plus  q"ue  dans  les  rivières.  Les  cygnes 
Vont  en  troupe  peur  l'ordinaire.  V/iiloughby,  dans 
fon  Ornithologie  ,  parle  d'un  cygne  qu'on  dit  avoir 
\écu   500  ans. 

Il  y  a  une  efpèce  de  cygne  qui  a  le  pied  droit 
comme  les  ferres  d'un  oifeau  de  proie,  lien  prend 
&  arrête  fa  proie  en  plongeant.  Son  pied  gauche 
eft  comme  celui  des  autres  cygnes  ,  &  il  ne  lui  lert 
qu'à  nager.  Il  y  en  a  beaucoup  de  cette  efpèce  en 
Amérique.  On  en  tua  un  en  1654  dans  l'étang  de 
l'Abbaye  de  Sully  près  de  Dammartin.  Cette  efpèce 
m  fe  piuît  que  dans  l'eau ,  &  né  peut  être  appri- 
voifée. 

M.  Rédi ,  Médecin  de  Florence  &:  Académicien  de 
laCrufca,  fur  ce  qu'Horace  appelle  les  cygnes  <\a\ 
traînent  le  char  de  Vénus ,  Purpurci  j  obferve  qu'il 
y  a  véritablement  une  race  de  cv^/^fi- dont  perlonnei 
ii'a  encore  parlé,  &  qu'il  a  fouvent  vue  dans  les 
Chalfcs  de  M.  le  Grand-Duc  ,  lefquels  ont  toutes 
les  plumes  de  la  têtCj  &du  cou  &  de  la  poitrine , 
marquées  à  l'extrémité  d'une  pointe  jaune  comme 
de  l'or,  tirant  fur  le  rouge. 

On  dit  que  les  cygnes  ne  chantent  que  quand  ils 
font  prêts  de  mourir ,  &  qu'alors  ils  chantent  lort 
inélodieufement.  C'eft  une  erreur  populaire.  Le 
cygne  étoit  conCrcré  à  Apollon  ,  comme  au  Dieu 
de  la  Muhque,  par  la  raifon  de  l'opinion  ,  ou  du 
conte  dont  ont  vient  de  parler. 

Ce  mot  vient  du  Grec  «xx»?,  cygnus:  Cygnus, 
un  cygne ,  eft  pris  du  Celtique  Cyn,  ou  cin.  Phzron. 

On  appelle  figurément  les  Poètes  ,  les  cygnes  du 
ParnalTe.  On  appelle  chant  du  cygne,  les  dernieis 
vers  qu'un  Pocte  a  faits  peu  de  tems  avant  fa  mort. 

On  dit  d'un  homme  fort  vieux  ,  qu'il  eft  blanc 
tomme  un  cygne,  quand  il  a  les  cheveux  blancs,  ^i 
li  barbe  blanche. 

Un  de  no7  Poètes  a  pris  ce  nom  dans  le  même 
fens  que  nous  prenons  oifon,  pour  dire  un  homme 
fans  efprit,  une  bète. 

Orcan  prlte  au  Génois  des  oreilles  avides  ; 
Car  malgré  le  bonheur  qui  le  mie  fur  les  rangs , 

C'écoic  un  cygne  des  plus  francs , 
Qui  fût  jamais  forti  des  Palus  Méotides. 

Nouv.  CHOIX  DE  Vers. 

On  dit  proverbialement ,  faire  un  cygne  d'un  oi- 
fon ,  c'eft-à-dire  ,  louer  quelque  chofe  excelfive- 
ment. 

Un  Cygne ,  avec  ce  mot  cutis  nigerrima  fubter , 
feroit  une  for:  bonne  devife  pour  un  hypocrite. 


C  Y  G       C  YL 


7S 


CVGNE.  Ordre  de  Chevalerie  inftitué  ,  dit-on,  au 
VIIl"^.  liècle  dans  les  Etats  de  Clèves.  iji;atux  ,  iiib 
unique  da  Thierry,  *Duc  de  Clèves ,  qui  lui  avoit 
lailfé  fes  Etats  en  mourant,  injultemenc  pedecucée 
par  fes  voilins,  qui  vouloient  la  dépouiller  de  les 
biens, 'fe  retira  dans  le  Château  de  Nieubourg,  où 
elle  fut  défendue  par  un  Chevalier  nommé  Elie  , 
qu'elle  épouîa.  Les  armes  de  ce  Chevalier  écoicr.t  un 
Cygne  p::int  fur  fon  bouclier.  C'eft  de  là  que  lut 
pris  le  nom  de  l'Ordre  dont  nous  parlons  ,  &  qui 
fut  alors  inftitué  par  Beatrix  &  par  tlie.  Favyn  , 
ThédC.  d'hon.  &  de  Citev.  i.I.  L.  1.  p.  137,'.  Mcné- 
nius,  Jof  dei  Michieli  ,  &  J.  L.  Godcfroi  j  dans 
fon  Archomol.  Cofmica  ,  écrivent  que  cet  Ordre  fut 
inftitué  par  Salvius  Brabon,  qu'ils  appellent  aufli 
Charles,  Duc  deBrabant,  &qui,  félon  eux,  don- 
na ion  nom  à  cette  Province,  qu'il  gouvernoit  50 
ans  avant  Jefus-Chrift  ,  félon  la  Chronologie  du  P* 
Riccioli.  roye:(  l'Abbé  Justiniani  ,  Hijl.  de  tuid 
gli  Ord.  rr.ilic.  C.  7.  T.i.p.  U.&  fuiv.  Cette  opi- 
nion e!'t  fondée  fur  les  Antiquités  de  Flandre  de 
Vaifenibourg.  P^oyc:;  encore  Michieli  ,  Iheforo  Mi^ 
lit.  fol.  61.  Caram'uel,  Théolog.  Ilegut.  Cette  anti- 
quité  de   cet  Ordre  eft  fibuleufe. 

Cygne,  ou  la  poule  ,  eft  un  nom  que  les  AftronomeS 
donnent  à  l'une  des  11  conftellations  feptentnona- 
les.  Les  étoiles  des  ailes  du  cygne,  celle  de  fa  queue-^ 
tk  la  petite  rougeàtre  de  foii  bec  j  font  une  efpèce 
de  grande  croix. 

C  Y  L. 


CYLINDRE,  f  m.  Terme  de  Géométrie.  Corps  folide 
terminé  par  trois  furfaces,  étendu  en  une  longueur 
également  ronde,  &  dont  les  extrémités  font  des 
cercles  égaux  :  ou  bien  c'eft  un  corps  décrit  par 
une  ligne  qui  parcourt  de  telle  forte  la  circonfé- 
rence de  deux  cercles  égaux  &  parallèles ,  qu'ells 
foit  toujours  parallèle  à  celle  qui  eft  tirée  du  cen- 
tre de  ces  cercles  à  l'autre,  c'eft-à-dire j  à  l'eiîieuj 
lequel  palTe  par  les  centres  des  deux  cercles  qui 
lui  fervent  de  bafes.  En.ftyle  vulgaire,  c'eft  un 
corps  d'une  figure  ronde  &  longue  ,  &  d'égale  grol- 
fcur  par-tout.  Cylindrus.  Ily  avoit  au  deiîus  du  tom- 
beau d'Arcliimede  une  petite  colonne  avec  la  figure  , 
d'une  fphere  &  d'un  cylindre ,  pour  marquer  qu'il 
avoit  été  l'inventeur  de  ces  deux  inftrumens.  Felib. 
Archimedea  fait  un  excellent  livre  de  la  fphere  &C 
du  cylindre.  Les  tours  des  machines,  du  cabeftan  j 
de  la  calendre,  des  prelfes,  font  àtis  cylindres.  Lori- 
que  le  parallélogramme,  par  la  circonvolution  du- 
quel autour  de  l'un  de  fes  côtés  fe  fait  le  cylindre  j 
eft  rcélangle ,  le  folide  qui  eft  décrit  par  fon  mou- 
vement. Te  nomme  cylindre  droit  parce  que  fon 
axe  eft  perpendiculaire  à  fes  deux  bafes  5  mais  quand 
du  même  parallélogramme  les  angles  font  obliques , 
le  cylindre  que  fa  circonvolution  produit ,  s'ap-pelle 
cylindre  oblique.  On  dit  que  deux  cylindres  font  fem-^ 
blablement  inclinés,  lorfque  leurs  axes  font  avec 
leurs  bafes  des  angles  égaux;  &  que  deux  cylindres 
font  femblables  quand  ils  font  femblablement  in- 
clinés ,  lorfque  leurs  axes  font  avec  leurs  bafes  des 
angles  égaux;  ^-  que  deux  cylindres  font  femblables^ 
quand  ils  font  femblablement  inclinés  ,  &  que  leurs 
axes  font  proportionnels  aux  diamètres  de  leurs 
bafes.  On  :i^y>e[\e  cylindre  cube ,  celui  doiu  la  hau- 
teur eft  égale  au  diamètre  de  fa  bafe.  Le  Sieur  Petit 
a  frit  un  traité  du  cylindre  Arithmétique  ,  qu'il 
appelle  liabdolope  ,  qui  font  des  bandes  de  car- 
toas  arrangées  fur  un  cvUndre  qu'ori  a  feulement 
la  peine  de  tourner.  Cette  invention  vient  de  Néper, 
Ecoilois. 

Cylindre,  eft  aufli  un  gros  rouleau  de  bois  mobib' 
fur  deux  pivots,  qu'un  homme  ou  un  cheval  tireur, 
&  font  palier  par  delfus  un  champ  labouré,  pour 
calfer  les  mottes,  par  delfus  les  avoines ,  pour  le? 
douçoyer  ,  par  dcffus  les  allées  d'un  jardin ,  pouf 
les  ufvir  ou  applanic. 

K  1/ 


7kS 


C  Y  L        CYM 

""  rme  de  Conchiliolo^ie.  Nom  d'une 


(CF  Cylindrs.  T 

cLilFe   de    coquillage ,  qu'on  nomme  auili  rouleau. 
f^,  ce  mo  t. 

CYLINDRIQUE,  adj.  Qui  a  la  figure  d'un  cylindre. 
Cyiindraceus ,  cylindncus.  On  taie  des  miroirs  & 
<adrans  cylindriques. 

On  appelle  aulli  colonne  cylindrique ,  celle  qui 
n'a  ni  rcnlîemenc  ni  diminution ,  comme  les  piliers 
Gothiques. 

CYLINDROÏDE.  f.  m.  Terme  de  Géométrie.  C'eft 
proprement  ce  qui  a  la  ligure  d'un  cylindre.  Cy- 
lindroides.  C'ell  une  figure  folide  avec  des  bafes  el- 
liptiques,  parallèles,  &  fituées  également.  Harris. 
Ce  mot  efl  compofé  de  xixmè'^ts ,  cylindre,  e<^oy, 
frrme. 

CYLLÈNE.  Nom  de  lieu.  Cyllene.  i°.  Cj/Zèw  fut  au- 
trei'ois  le  nom  d'un  quartier  de  l'Elide ,  Province 
du  Pcloponnefe.  z''.  Cyllène  Fut  une  ville  &:  un  port 
<le  mer  de  cette  contrée  ,  &  qui  lui  donna  Ion  nom. 
Mêla  prétend  ,  L.  II.  C.  j.  que  c'elt  cette  ville  qui 
a  donné  le  jour  à  Mercure.  3°.  Cyllène  étoit  une 
monrav'jie  d'Arcadie  qui  prit  Ion  nom  de  Cyllène, 
fille  d'Elatus ,  Roi  d'Arcadie.  D'autres  au  contraire 
,^  veulent  que  ce  fut  de  la  montagne  Cyllène  que 
cette  Pnnceire  ,  qui  fut  un  prodige  d'elprit  &  de 
beauté  ,  prit  Ion  nom.  Quoi  qu'il  en  foit  ,  cette 
montagne  eli  fameufe  chez  les  Poètes ,  parce  que  ; 
ce  fut-'li  que  Mercure  hit  conçu  de  Jupitsr  &  de 
Maïa.  C'elb  pour  cela  c]u'ils  l'appellent  ii  fouvent 
Cyllénien  ,  Cyilenius.G.  Hornius  ,  Hiji.  Philol.L. 
I.  C.  7.  ne  croit  pas  cependant  que  cette  épithète 
de  Mercure  vienne  de  là.  Il  la  dérive  de  l'Hébreu 
^'73,  chelil ,  qui  Çigni^Q  parfait. 

CYLLÉNIEN.    adj.    Epithète    de    Mercure.    Foye:i 
Cyllène 


CYM. 

CYMAISE,  f.  f.  Terme  d'Architeébure.  Moulure  on- 1 
dée  par  Ion    profil.  C'eft  la    partie  la  plus  haute 
de    la   corniche  &:  qui  la  termine  ,  qu'on  appelle 
autrement  gorge  ou  gueule  droite  ,   ou  douane  ,   & 
gueule  renvcrfle,  ou  talon.   Cymatium.  La  première 
de   it%    parties  cft  convexe  ,  &    l'autre    concave  \ 
f    ce  qui  la  rend  dune  figure  ondoyante.  La  Cymaijc 
Tofcane  eft  un  ove  ,    ou  quart  de  rond.  La    Cy- 
maife  Dorique  ell  un  cavec  j  ou  moulure  en  creux  , 
oppofée  au  quart  de  rond.   La  cymaije  Lesbienne  , 
fe  prend  pour  un   talon  ^  c'e(t-à-dire  ,  que  la  partie 
d'en  haut  eft  convexe  ,   &    celle  d'en  bas  concave. 
Quelques-uns  prétendent  qu'elle  a    pris  Ion  nom 
de   «.ufiirtûn ,   Grec  ,  qui    lignifie  j  petite  onde  :   ou 
plutôt  on  l'appelle  cymaifc  ,  parce  que  c'eft  la  der- 
nière moulure  ,   &  qu'elle  eft  comme  à  la  cime  de- 
là corniche. 
CYMBALARIA.  f.  f.   Plante  qui  eft  une  efpèce  de  li- 
naire  ,    &   qui   croît   fur  les  murailles  &   fur   les 
mafures.   Elle  pouife  une  infinité  de   petites    tiges 
menues  ,    pendantes,   fouples  &  fort  tendres,   en 
iorme  de   cheveux  ,   de   la  longueur    d'un    pied  , 
ou  d'un  pied  &  demi-.  Il  fort  de  ces  tiges  des  feuil- 
les femblables  à  celles  du  lierre  ,    découpées  ,  mol- 
les ,    lilfes  ,  attachées   à    des  queues    longues  & 
menues.  Ses  fleurs   font   de   couleur  de    pourpre, 
attachées  aufti   à    des  queues  forr    menues.    Cette 
plante  eft  fort  bonne  dans  le  flux  blanc  des  femmes  , 
fi  elles  en  mangent  en  falade  ,  à  ce  que  Matthiole 
afllire.  Voye^  Lin  aire. 
CYMBALE,  f.  f.  L'inftrument  que  les  Anciens  appe- 
loient  cymbale  ,   en    Latin  cymbalum ,    &    en  Grec 
x'jf.txMç ,  étoit  d'airain  comme  nos  tymbales  ^  Jofe- 
phe  le  dit  exprelfément ,  &  fouvent  les  Poètes  l'in- 
finuent  j  mais  il  n'étoit  pas  Ii  grand:  il  en  avoir  la 
forme.  C'eft  pour  cela  que  Cafliodore  &  Ilidore  les 
a^^sWsni  acctabules ,  c'eft-à-dire,  l'emboîture  d'un 
os ,   1^1  cavité  ou  la  finuofité  d'un  os  dans  laquelle 
un  autre  os  s'emboîte,  parce  (ju'elle  relfembloit  àj 
cette  finuolîté.  C'eû  encore  pour  cela  que  Properce  I 


CYM 

les  appelle  des  inftrumens  d'airain  qui  font  ronds , 
&  que  Xénophon  les  compare  cà  la  corne  d'un  che- 
val, qui  eft  creufe.  Cela  paroît  encore  ,  parce  que 
cymbale  s'eft  pris,  non- feulement  pour  un  inftru- 
ment  de  mulique  ,  mais  encore  pour  un  baflin  , 
un  chaudron,  un  gobelet,  un  cafque ,  &  même  pour 
un  fabot,  tels  que  ceux  qu'Empédode  portoit ,  &c 
qui  étoient  de  cuivre.  Du  refte  ils  ne  reîlembloienc 
point  à  nos  rymbales ,  tk  1  ufage  en  étoit  tout  dif- 
férent. Les  cymbales  avoient  un  manche  attaché  à 
la  cavité  extérieure  :  ce  qui  fait  que  Pline  les  com- 
pare au  haut  de  la  cuiffe,  coxendicibus ,  &  Raban  ' 
à  des  phioles.  On  les  frappoit  l'une  contre  l'autie 
en  cadence,  &  elles  faiioient  un  fon  nés  -  aigu. 
Selon  les  Payens ,  c'étoit  une  invention  de  Cybèle. 
De- là  vient  qu'on  en  jouoit  dans  fes  facrifices  & 
dans  fes  fêtes  :  hors  de-là  il  n'y  avoir  que  des  gens 
mous&  efteminés  quijoualfent  de  cet  inftrument./^. 
Ciceron  ,  Or.  in  Pifon.  n.  2.0.  &  xi. 

M.  Lampe  en  attribue  l'invenrion  aux  habitans 
du  mont  Ida  dans  l'Ile  de  Crète.  Les  Corybantes , 
milice  qui  lormoit  la  Garde  des  Rois  de  Crète , 
les  Curetés,  peuple  de  Crète,  les  Telchiniens,  peu- 
ple de  Rhodes  ,  &  les  Samotliraces,  ont  été  célè- 
bres par  le  fréquent  ufage  qu'ils  faifoient  de  cet 
inftrument  ,    &c  leur  habileté  à  en  jouer. 

Raban  décrit  les  cymbales  dan^  fon  commentaire 
fur  Judirh  J  Laurent  Pignorius,  dans  fes  commen- 
taires ,  de  Servis.  Le  P.  Abraham,  Jefuite,  en  traite 
dans  fes  Notes  fur  l'endroit  de  Ciceron ,  dont  j'ai 
parlé.  M.  Lampe  donna  en  1705.  à  Maeftricht  un. 
Traité  fur  cette  matière  ,  en  trois  livres,  qu'il  acheva 
à  l'âge  de  17.  ans  &  qu'il  imprima  à  19.  Frederici- 
^dolphi  Lampe  de  cymbalis  veterum  libri  très.  K. 
encore  Turnebe ,  Adverf.  L.  XXV L  c.  55.  &:  la  29*^ 
note  du  P.  Goar ,  fur  le  V^  C.  de  Codin ,  où  ils 
marquent  une  plante  dont  les  feuilles  repréfenrenc 
la  figure  de  la  cymbale.  C'eft  le  nombril  de  Vénus. 
Cotylédon. 

Ce  mot  cymbale  vient  du  Latin  cymbalum ,  qui 
venoit  du  Grec  xu^ffaAoir,  que  l'Etymologifte  de  Syl- 
burgius  tire  de  trois  racines  diftérentes.  Car  1°.  il  die 
qu'il  eft  dérivé  de  «u^f,  courbe.  1°.  De  xJb-îAoi.,  une 
talfe  i  un  gobelet  ;  car  il  faut  remarquer  avec  Sau- 
maife,  Remefius  &  M.  Lampe,  que  fouvent  les  Grecs 
ajoutoient  ou  retranchoient  le  ^.  devant  le  ,8  ,  ou  les 
lettres  qui  y  répondent ,  comme  le  ■^.  Témoin  x.'j^Zn 
&  xtïi),  la  tète  ;  xaicafityi^  &cx-aKaÇcs ,  qui  fe  ttouvent 
dans  Paul  d'Egine  pour  lignifier  un  plat,  un  balfin  5 
dans  Homère  &  dans  Catulle,  Ti/Vav»v ,  pour  t»;«- 
î3-«fo»,  &  cent  autres.  Ainfi  de  xjoteAo»  s'eft  pu  faire , 

félon    l'Etimologifte  ,    Xï^aA»»,   xaÇa^oy,  xu^»«?io».  3°.  Il 

le  tire  de  <p»v>i ,  voix  j  parce  qu'une  cymbale  réfonne. 
Ilidore,  L.  III.  c.  zi.  tire  cymbalum  àt  cum  ^  avec, 
&  ballematica,  danfe  immodefte  ,  qui  fe  danfoit  en 
jouant  de  cet  inftrument.  La  véritable  étymologie  de 
ce  mot  eft  xû^k^o?  ,  cavité. 

Dans  les  fiecles  poftérieurs  de  la  bafle  Latinité  , 
&  chez  les  Auteurs  Chrétiens  ,  cymbale,  cymbalum, 
ne  lignifie  fouvent  que  cloche  j  &  la  cloche  de 
l'Eglile  &  celle  du  réfedoire  y  font  appelées  cym^ 
baies.  On  en  trouvera  des  exemples  dans  le  Glof- 
faire  de  Mr  Du  Cange. 

Les  Juifs  avoient  auftl  des  cymbales  qu'ils  ap- 
peloient  i^h'^X  ou  Ln».nViD,  ou  du  moins  un  inf- 
trument que  les  anciens  Interprêtes  Grecs  &  Latins 
nomment  cymbales,  Pf  CL.  5.  Et  quoique,  félon 
la  remarque  de  De  Muis  fur  cet  endroit,  il  foie 
impoflible  au  jufte  de  favoir  ce  que  c'étoit  que 
cet  inftrumenr  ,  il  femble  néanmoins  qu'il  étoit 
plus  approchant  des  nôtres,  que  ceux  des  Grecs 
&  des  Romains.  Car  De  Muis  lui-  même  ,  &  tous 
les  Commentateurs  conviennent  qu'il  faifoir  beau- 
coup de  brait ,  &  que  c'eft  le  fens  de  l'épithète 
que  David  leur  donne  à  l'endroit  que  j'ai  cité,  ou 
il  les  appelle  ara  »7ï^ï,  tfeltfeli fchemag ,àQ%  cym- 
bales ,  qui  fe  font  entendre  &  font  beaucoup  de 
bruit  ^  aufli-bien  que  celui  de  l'Apôcre  qui  l'appelle 


C  Y  M      €  Y  N 

tlnn'iens  ,  ce  que  l'on  croie  revenir  à  l'Hébreu 
I?nn  Si*Sï5  r/i^Irjal  thervaa,  qui  figniHe  une  cymbale 
qui  fait  un  bruit  éclatant,  un  grand  bruit.  Au  refte, 
1»  les  Q'nSïO  5  Metfiicnmm y  dont  il  eft  parlé  i.  Parai. 
XV.  19.  étoient,  comme  on  le  veut  communément 
&  avec  beaucoup  de  raifon^  le  même  inftrument, 
ils  n'étotent  point  d'airain  chez  les  Hébreux  ,  mais 
de  fer  ou  d'acier,  mvnj,  comme  ajoute  l'Auteur 
facrc  :  mais  on  jouoit  avec  deux  enfemble,  comme 
on  le  fait  encore  à  préfent.  Ce  duel  O'nbxa  femble 
ne  pouvoir  pas  en  laifler  douter. 

En  vain  ]e  parlerais  le  langage  des  Anges  ; 

En  vain  j  mon  Dieu  ,  de  tes  louanges 

Je  remplirais  coût  l'Univers  : 

Sans  amour  ma  gloire  ri  égale 

Que  la  gloire  de  la  cymbale 

Qui  d'un  vain  bruit  jrappe  les  airs. 

NOUV.  en.  DE  VERS. 

La  cymbale  moderne  eft  un  inftrument  dont  les 
gueux  accompagnent  le  fon  de  la  vielle.  Cymha- 
lum.  C'eft  un  hl  d'acier  de  ligure  triangulaire ,  dans 
lequel  font  palTés  cinq  anneaux  ,  qu'on  touche  ,  & 
qu'on  promené  dans  ce  triangle  avec  une  verge  de 
fer  j  dont  on  frappe  de  cadence  les  côtés  de  ce 
triangle. 
Cymbale  ,  fe  dit  auflî  de  deux  jeux  de  l'orgue.  La 
grolFe  cymbale  a  trois  tuyaux- fur  marche,  dont  le 
premier  eft  ouvert ,  &  long  d'un  pied  ^  le  lecond 
de  huit  pouces  &  demi,  &  le  troifieme  de  demi- 
pied. 

Il  y  a  une  féconde  Cymbale ,  qui  a  deux  tuyaux 
fur  marche,  dont  le  premier  eft  ouvert,  long  de 
deux  pieds  ,  &  le  fécond  de  quatre  pouces.  Duran- 
dus  dit  que  les  Moines  ont  aulh  appelé  cymbale, 
le  timbre  qui  eft  fufpendu  dans  le  Cloître  pour  les 
appeler  au  réfectoire. 
CYMBALER.  Vieux  v.  n.  Faire  du  bruit  comme  ce- 
lui d'une  cymbale  ou  d'un  tambour. 

Fuye'^  l'infâme  ,  inhumaine  perfonne  j 

E)e  qui  le  nomji  mal  cymbale  <^Jonne  , 

Qu  abhorré  efi  de  toute  orèillefainte,  Marot. 


CYMBALIUM,f.  m.  Plante  qu'on  appelle  autrement 
cotylédon ,  ou  nombril  de  Venus.  Umbilicus  Feneris. 
Voye-^  Cotylédon. 

CYME,  f.  f.  Tige  des  plantes  &C  des  herbes.  Ce  mot 
vient  du  Grec  x.iux ,  que  Les  Latins  ont  imité  en 
écfivant  cyma  ,  comme  on  peut  le  voir  dans  Charlos 
Etienne  ,  Budée  &c  tous  les  bons  Auteurs.  Il  li.i^ni- 
fie  le  germe,  \i pouffé \  Se  comme  cette  fignifica- 
rioii  elt  bien  différente  du  mot  cime  ,  cacumen  ■, 
Danet  Se  le  P.  Monet  ont  cru  devoir  les  différen- 
cier dans  l'orthographe  ,  en  écrivant  cyme,  tige  ,  ik 
cime  ,  fommet. 

CYMETTES.  Nicod  appelle  cymettes  ,  &  Pomey  cy- 
mes  ,  ce  que  les  Italiens  appellent  éroco/w  ,  c'eft-à- 
dire  ,  des  rejetons  que  les  troncs  du  chou  poulfent 
au  printemps.  Cyma  ,  cauUculus.  Un  tendron  de  chou. 

CYMENDIS.    Voye-:^  CALCIS. 

CYMODOCE.  f.  f.  Nymphe  de  la  mer  ,  fille  de  Né 
rée  &  de  Doris. 

CYN. 

CYNANCHIQUES.  adj.  &  f  m.  pi.  CynancKka  me- 
dicamenta.  Remèdes  qui  conviennent  dans  cette 
efpèce  terrible  d'efquinancie  ,  qui  eft  accompagnée 
d'inflammation  à  la  gorge  ,  d'une  difficulté  exccf- 
fîve    d"  refpirerj  &  qu'on  appelle    cynanche  ,  des 


CYN  77 

ouverte  &  ecumaute  ;   il  grince  les  dents:  ot  l'ef- 
pcce  d'elquinancie  en  queftion  étant  accompagnée 
de  fymptômes  allez  femblables  à  ceux-là  ,  on  lui  a 
donné  le  nom  de  cynanche.  f'ûye~  le  Dict.  de  Ja- 
mes. l'o)e\  aulli  Angine  dans  le  Supplément. 
CYNANTHROPIE.  f.  f.  Cynanthropia.   Déhre   dans 
lequel  les  malades  fe   croient  changés    en  chiens  ,  . 
Si.    eu  imitent  les   aétions.  C'clt  un  fymptôme  de 
la  mélancholie   hypocondriaque  &c  de  la  rage.  Ce 
mot  eft  Grec  ,  formé  de  xu'vaïCfawi'a ,  formé  de  «lî»» , 
chien  \    &   ds  a'-puryc; ,  homme.   Col    de   Villars. 
CYNEGETIQUE,  adj.  Qui  concerne  la  chalfe.  Ménage 
fefertdece  terme  pour    exprimer    les  Poèmes  de 
Gratins  &  Nemefianus  lur  la  chalfe  j  intitulés  C>/z£;- 
geticum  ou  Cynegeticon.  Ménage  auroit  pu  joindre  à 
ces  deux  Poètes    Calpurnius    &    Oppien  j   qui  font 
deux  Auteurs  anciens  qui  ont  fait   aufli  desPocir.es 
cynégétiques.  l'ierre  Angcli  dans  le  XVI*^.  fiècle  com- 
pofa  des  cynegctiques.    Le  livre   que  le  Fouilloux  a 
fait  en  François  eft  Un  ouvrage  cynégétique.  Lor.'  ■ 
qu'on  dit  fimplement  les   cymgetiqucs  d'Oppien  , 
le  cynégétique  de   Gratius  j    &c.  ce    mot  elt   pour 
lors  fubftantif  ,  mais  il    devient  adjettif ,   quand 
on   dit  des  ouvrages  ou    des  Pocmes  cynégétiques. 
CYNIQUES,  f.   m.  pi.  On  délîgne  par   ce  nom  une 
feéte  de  Philofophes  ,  a  qui  1  on  reprochoir  d'ttre 
mordans  &:  fans  pudeur ,  comme  les  chiens. 

Cette  fcéte  méprifoit  toutes  chofes ,  &  fur-tout 
les  grandeurs  &  les  riclrefies ,  les  ans  &  les  fcien- 
ces ,  à  la  réierve  de  la  morale.  Elle  avoir  pour  chef 
Antifthéne.  Cynicus.  De  cette  Seâ:e  étoit  le  fameux 
Diogène  qu'on  appelle  le  Cynique.  Leurs  leçons  de 
fagelfe  tenoient  plus  ne  l'infulte  que  de  la  remon- 
trance; &  pour  décrier  le  vice  j  ils  le  reprochoient 
avec  fcandale.  S.  Evr.  Voudroit  -  on  pour  rétablir 
l'Ordre  des  Cyniques  3  cette  Philofophie  médifante  , 
cette  profellion  publique  de  japper ,  de  mordre , 
&  de  déchirer,  &  cette  métamorphofe  d'hommes 
en  chiens?  Balz.  Cen'eftpas  la  pauvreté  qui  nous 
reiïd  fages  :  les  haillons  des  Cyniques  necontnbuenc 
ni  à  la  tranquillité  ,  ni  à  la  modeftie.  S.  Evr.  On 
aainfi  nommé  ces  Philofophes,.  àcauie  qu'ils  éroienC 
mordans ,  &  parce  qu'ils  aboyoient  après  tout  le 
monde  ,  comme  des  chiens.  D'autres  difent  que 
ce  nom  leur  fut  donné  à  caufe  de  Cynola^gts , 
fauxbourg  d'AthCnes  où  ils  fe  retirèrent  en  quittant 
le  Pvrée.  D'autres  encore,  parce  que  ces  Philofo- 
phes n'avoient  honte  de  rien  j  &  qu'ils  tenoient 
qu'il  éroit  permis  de  tout  faire ,  faiis  pudeur  &  lans 
retenue ,  à  la  vue  de  tout  le  monde  \  lans  excepter 
même  les  aétes  du  mariage. 

Dans  cefens,  on  dit  d'un  homme  fans  pudeur, 
c'eft  un   cynique ,  un  vrai   cynique. 
ffT  II  eft  aufli  adj.  Diogène,  étoit  un  Philofophe 
cynique. 

iCT  Les  manières  effrontées  des  Cyniques  ont  fait 
donnet  l'épithète  de  cynique  aux  exprelîîons  trop 
hardies ,  qui  blelfent  la  pudeur  :  difcours  cyniquc\ 
vers  cyniques. 


Régnier  du  fon  hardi  dcfcs  rimes    cyniques  , 
Allarme  trop  fouvent  les   oreilles  pudiques.  BoiL. 

Cynique,  adj.  m.  &  f.  Terme  de  médecine.  On  ap- 
pelle fpafme  ou  convullion  cynique ,  une  convul- 
fion  particulière  des  mufcles  maxillaires  qui  tirent 
de  côté  la  bouche,  le  nez  &:  l'œil ,  &  par  confe- 
quent  la  moitié  du  vifage.  On  la  nomme  auflî  ai/T- 
torfîsn  de  bouche.  Ku^kW  canin.  Il  vient  de  xî^ï , 
chien  \  parce  que  cetteconvulfion  imite  la  conrord'iu 
de  gueule  que  les  chiens  font  quand  ils  font  irrités. 
Col  de  Villars.. 


'   mots  Grecs  »i«»,cAie/2,  Sc^'y-aj/îi^o^r/er,  parce  que;  CYNITE.  f  f.  Pierre    figurée   répréfenrant  un  chien, 
iorlqu'un    chien  eft  pendu  y  comme  fon  corps  ne; CYNOCÉPHALE,   f.   m.  Animal    fabuleux   qu'on  a 


fufSt  pas  ordinairement  pour  tendre  la  corde  alfez 
fortement  j  i5cinrercepter  fubîtement  la  refpiration  , 
il  lutte  pendant  un  temps  confidérable  contre  la 
mort.  Ses  yeux  &  fa  langue  fe  gonflent,  ils  font 
plombés  i  la  langue  lui  fort  de  la  gueule  ,  qu'il  a 


feint  avoir  une   tête  de  chien  ,  que  i:s  Egyptiens 

,9,r 


de  chier 
ont  eu  on  grande  vénération  HC  qu  ils  reveroieni 
comme  un  Dieu.  Cynocephcdus.  Us  Tappeloienr  au- 
trement y^fi«^'jj  comme  témoigne  Plût-irque.  Ter- 
tullien,  Apolog.  C.  G.  &:  S.  Auguftinde  la  clzé  d 


/ 


S  C  Y  N 

Dieu  ,  L.  IT.  C.  13.  témoignent  que  l?s  Egyptiens 
ont  acioré  ce  Dieu  j  &  Pietro  Deila  Valle  ,  T.  IV. 
du  que  les  habitans  de  lui  Zone  Toiricie  l'honorent 
encore.  On  doute  li  le  Cynocéphale  eft  Anubis  , 
ou  Meixure  ,  ou  un  fymbole  de  l'un  ou  de  l'autre. 
Ceux  qui  prétendent  que  c'e't  Anubis  ,  difenr 
qu'on  le  repréfentoit  avec  une  tcte  de  chien  ,  is: 
que  c'tft  pour  cela  que  Vin^ile  ,  hmïdc  ,  L.  VIII. 
V.  698.  l'appelle  latrator ,  aboyeur.  Ceux  qui  veu- 
lent que  ce  foit  Mercure  ,  dilent  que  le  chien  lui 
croit  confacrc  j  que  Strabon  dit  que  le  Dieu  Cync- 
cephalc  étoit  adoré  chez  les  Herinapolitams-  Ce 
qu'il  y  a  de  certain  ,  c'ell  que  l'Anubis  des  Egyp- 
tiens étoit  le  IVlercure  des  Grecs  &  des  Romains. 
Voyei  ANUBIS  ci-delfus  ,  &  Voflius ,  De  Idoioi. 
L.  I.  C  27. 

L'animal  Cynocéphale  étoit  une  efpèce  de  finge  , 
mais  plus  grand  &  plus  farouche  que  les  linges  or- 
dinaires ,  tk  qui  a  la  tète  plus  approchante  du  chien  , 
comme  Ariftote  le  dit  au  L.  II.  de  l'HiJl.  des  Anim. 
C.  8.  cert  celui  que  les  Italiens  appellent  i?j/^«i/2o  j 
les  François  Babouin  ^  &  les  l-lamands  Bavi/ien.  Un 
Cynocéphale  aiîis  étoit  chez  les  Egyptiens  l'hiéro- 
glyphe des  deux  Equinoxes.  f^oye^  fur  cet  animai 
Voilius ,  De  îdolol.  L.  111.  c.  74.  Saumaife  fur 
Solin  ,  p.  (Î44.  &  fuiv.  On  a  dit  de  cet  animal 
qu'il  rendoit  fon  urine  douze  fois  la  nuit  par  in- 
tervalles égaux,  &  que  c'elt  ce  qui  a  donné  lieu  à 
la  divifion  des  heures. 

Cynocéphale  ,  a  auiîi  été  un  nom  de  peuples  fa- 
buleux de  l'Inde  j  dans  Pline  L.  VII.  c.  1.  dans  Aulu- 
Gelle  L.  IX.  c,  4.  dans  Solin,  c.  51.  qui  difentd'aprè 
Mégafthène  ,  que  dans  pluheurs  montagnes  de  l'Inde 
&  de  l'Ethiopie  j  il  y  a  des  nations  qui  ont  la  tête 
d'un  chien  \  S.  AugulHn  le  dit  aulli.  Ils  ajoutoient 
qu'ils  aboyoient  comme  des  chiens,  qu'ils  étoient 
farouches  ,  &  que  leur  morfure  étoit  dangereu- 
fe ,  mais  les  Relations  de  tous  les  modernes  n'en 
font  aucune  mention.  C'étoient  des  peuples  qui 
jie  vivoient  que  de  la  chalfc  :  voilà  ce  qui  donna 
occafion  à  cette  fable. 

Cynocéphale  eft-  encore  une  ville  des  Locriens 
&  un  château  des  Thébains  :  &  Cynocéphales  au 
pluriel  ,  Cynocephalz  ,  des  montagnes  de  Thellalie. 

CYNOCRAMBE.  f  m.  Plante  qui  e"ft  une  efpèce  de 
Mercuriale ,  &que  quelciues-uns  appellent  mercuriale 
Jauvc-rge  ,  ou  choux  -  dc-x:hien.  Elle  a  beaucoup  de 
petites  racines  fibreufes  ,  d'un  goût  défagréablej 
&  qui  rampent  par  terre.  Il  en  fort  pluheurs  tiges 
longues  d'un  pied  ,  rondes  &  nouées.  Ses  feuilles 
nailfent  de  les  nœuds  deux  à  deux  par  intervalles  : 
elles  font  cotonnées  j  plus  longues  que  celles  de 
la  mercuriale  commune  ,   pointues  au  bout ,    décou- 

fiées  par  les  bords ,  &c  cl  un  goût  qui  fait  foulever 
e  cœur.  Ses  fleurs  font  de  couleur  d'herbe  ,  com- 
pofées  de  trois  petites  feuilles.  Le  Cynocrambé  , 
fe  divife  en  mâle  iS:  en  femelle.  Il  a  les  mêmes  qua- 
lités que  la  mercuriale.  Il  purge  doucement  les  fé- 
rohtés.  On  en  ufe  par  la  bouche  ,  le  failant  cuire 
de  même  que  les  herbes  potagères.  On  en  met  aulîi 
dans    les    lavcmens   ,    pour    les  rendre    purgatifs. 

'   f^oyei  MERCURIELLE. 

Ce  mot  vient  des  mots  Grecs  «mit,  génitif  de 
xBÏi» ,  chien ,  &  »?«,«?» ,  chou  ,  comme  qui  diroit  chou 
de  chien.  Quelques  Botaniftes  donnent  ce  nom  à 
une  autre  plante  qui  ell:  autrement  appelée  apo- 
cynum  Jolio  fubrotundo. 

CYNOGLOSSE.  f.  m.  Plante  qu'on  appelle  autrement 
langue  de  chien.  Cynoglo(fus  ,  cynog/offum.  Foye:^ 
Langue-de-Chien. 

Ce  mot  vient  des  mots  Grecs  >!o»of ,  génitif  de  xuS», 
chien  ,  &  yASo-ï-a  ,  langue  ,  comme  qui  diroit  lan- 
gue-de-ckien.  Foye^  Langue  de  Chien. 

CYNOPHONTIS';  f.  f.  Fête  qu'on  cclébroit  à  Ar- 
gos  aux  jours  caniculaires ,  durant  laquelle  on  tuoit 
tous  les  chiens  qu'on  rencontroir.  De  «"îv,  x.«n;  , 
chien. 

CYNORRHODON.  f  m.  Efpèce  de  rofe  fauvage,  qu'on 
appelle  aulfi  rofe-de-chien.  Cynorrhodon.  Le  fruit  du 


C  Y  N       C  Y  P 

Cynorrhodon.  elt  un  bouton  qu'on  ramafTe  en  au- 
tomne ,  quand  il  eft  bien  rouge.  On  l'emploie  dans 
les  tilanncs  apérinves  j  on  en  tait  aulîi  de  la  con- 
ferve  ,  qui  eft  bonne  pour  la  gravelle  ,  pour  les  cra- 
chemens  de  fang  ,  oc  pour  fortifier  l'eltomac.  Foy. 
Rose. 

Ce  mot  vient  de  deux  mots  Grecs  ,  y-f^ls ,  génitif 
de  x-uiv ,  chien  &  fî^o'  y  rôle. 

CYNOSARGË.  f  m.  Gymnafe  dans  l'Attique  ,  où 
Anthiftène  ,  Chef  de  la  led:e  Cynique ,  donnoic 
fes  leçons.  Ce  mot  (ignilie  chien  hlanc ,  à  caufe  qu'un 
chien  de  cette  couleur  emporta  dans  cet  endroit 
une  victime  immolée  à  Hercule,  nviv,  chien,  ë<  «ç- 
"/ci ,  blanc. 

CYNOSARGÈS.  f.  m.  Surnom  donné  à  Hercule  à 
cette  occaiion.  Un  citoyen  d'Athènes  ,  nommé  Di- 
dyrnus  ,  voulant  oftrir  un  facrifice  à  Hercule  ,  un 
chien  bLanc  laifit  la  victime  &;  1  emporta.  Didymus 
ne  favoit  qu'en  penfer  ,  lorfqu'il  entendit  une  voix 
qui  lui  ordonnoit  d'élever  un  aurel  dans  l'endroic 
où  le  chien  sétoit  arrêté  ;  ce  qu'il  exécuta,  (S:  donna 
à  Hercule  le  nom  de  Cynofargès  j  qui  vient  de 
xoîv  ,  chien,  &  «çyo? ,  blanc. 

CYNOSORCHIS.  f.  m.  Plante  dont  il  y  a  plufieurs 
efpèces.  CynoJ'orchis  Celle  que  C.  Bauhin  appelle 
cynojorchis  latifolia  ,  hiantc  cucuUo  major ,  a  fes 
feuilles  graftes  ,  larges  ,  prefque  femblables  à  celles 
des  Us  \  la  tige  de  la  hauteur  d'un  pied  ,  ou  davan^ 
tage  ,  &  anguleuie  ,  garnie  de  beaucoup  de  fleurs 
diipofées  en  lorme  d'épi  de  couleur  de  pourpre 
clair  ,  femblables  à  un  capuchon  ,  ou  à  un  morion 
ouvert ,  defquelles  il  fort  par  le  bas  quelque  chofe 
de  ftangé  qui  femble  de  peau  de  chien  ,  ou  de 
quelque  autre  bête  à  quatre  pieds  ,  qui  eft  aulli  de 
couleur  de  pourpre  clair  j  mais  il  eft  marqueté 
de  points  plus  purpurins.  Ses  racines  font  deux  bul- 
les qui  relLemblent  à  deux  tefticulesun  peu  longs, 
dont  l'un  eft  bien  nourri  ,  &:  l'autre  tout  ridé.  Foy. 
Orchis. 

Ce  mo  t  vient  de  t!-»/?,  génitif  de  "«î» ,  chien,  6i  'ofx'St 
tefticule  ,    comme  cjui  diroit  tefiicule  de  chien. 

CYNOSURE.  f  m.  Terme  d'Aftronomie.  C'eft  un 
nom  que  les  Grecs  ont  donné  à  la  petite  ourfe.  Il 
lignifie  queue  de  chien.  Cynojura.  C'eft  une  conf- 
tellation  la  plus  voifine  de  notre  Pôle,  qui  a  fept 
étoiles ,  dont  quatre  font  difpofées  en  carré  com- 
me les  cjuatres  roues  d'un  charriot  j  &  les  trois  au. 
très  en  long,  qui  reprélentent  un  timon  :  ce  qui  lait 
que  les  Payfans  appellent  ces  étoiles  le  charriot  ; 
&  c'eft  du  nom  de  ces  fept  étoiles  qu'on  a  appelé 
le  Pôle  Septentrional ,  &  toute  la  partie  du  Ciel 
qui  s'étend  jufqu'à  la  Ligne,  feptem  triones. 

CYNTHIEN  ^  CYNTHIENNE.  Cymhius  &  Cyn. 
thia.  Surnoms  d'Apollon  &  de  Diaiie  ,  ainfi  appe- 
lés du  mont  Cynthus  ,  dans  Lille  de  Délos  ,  où 
ils  avoient  été  élevés  ,  &  où  le  premier  avoit  un 
Temple. 

CYP. 

CYPARISSE.  f.  m.  Jeune  homme  de  l'île  de  Cos, 
favori  d'Apollon  ,   qui  fut  changé  en  cyprès. 

CYPERUS  LONG ,  ou  SOUCHET  LONG  ,  qu'on 
nomme  aufli  G alanga  fauvage.  f.  m.  Efpèce  de  pe- 
tite racine  ,  dont  l'ufige  le  plus  ordinaire  eft  pour 
la  Médecine.  Il  y  a  un  Cypérus  rond ,  ou  Jouchct 
qui  eft  pareillement  une  racine  médecinale. 

CYPHI.  Mor  Arabe  ,  qui  fignifie  une  efpèce  de  par- 
fum fortifiant.  Cyphi.  Mithridate  donna  ce  nom  à 
des  trochifques  dont  les  Prêtres  d'Egypte  parfii- 
moicnt  anciennement  leurs  dieux  pour  en  obtenir 
ce  qu'ils  leur  demandoienr.  Il  les  fit  aufli  entrer 
dans  la  compofition  du  Mithridat ,  p.irce  qu'ils  font 
excellens  contre  les  venins  ,  contre  la  pefte  ,  con- 
tre les  maladies  froides  du  cerveau,  &  contre  les 
fluxions  fur  la  poitrine.  Ils  font  compofcs  de  rai- 
fins  fecs,  de  térébenthine  ,  de  myrrhe  ,  de  fcœnan- 
the  ,  de  cannolle  ,  de  canne  adorante,  de  bdellium^ 


C  Y  P 

âe   fpic-nard  ,    àe   cjffïa  Hgnea  ,  difouchet  ,  del 
grains  de    genièvre  ,  d'afpalatli   &   de    fahan  ;   à  ^ 
quoi  on  ajoute  du  miel  &  un  peu  de   vin  pour  en 
former  une  malfe.  \ 

CYPHOMC.  f.   m.  &  CYPHOSH.  f.  f.  Terme  d'A-  : 
natomie.  Courbure  de  l'épine  du  dos ,  dans  laquelle 
les  vertèbres    s'mclinenc  contre  nature  ,  &  promi- 
nent en  dehors.  Rvipa^/j  &  x^faM» ,  de  >»?>»,  je  cour- 
be. DicT.  DE  James. 


C   Y   R  79 

l'olivier  &  du  lotus  fauvage.  Ceft  pour  cette  rai- 
fon  que  les  Anciens  en  tailoient  des  ftatuesj  com- 
me celle  de  J.ipiter  au  Capitole.  En  Candie  &  au 
mont  Ida  le  cyprès  vient  li  naturellement  qu'en 
quelque  heu  qu'en  remue  la  terre ,  il  y  vient  des 
cyprès  fans  femer  ,  c]uoiqu'ailleurs  on  ait  grande 
peine  à  les  élever.  Les  cyprès  hailîènt  le  hunier , 
qui  les  fait  mourir  ,  aulîi-bien  que;  les  heux  aqua- 
tiques. Mathiole. 


CYPiHONISME.  i".  m.    Cyphonifmus.   Ceft  le    nom  '  Petit  Cyprès  ,   eft  une    plante   aromatique.   Foye^ 


d'un  fupplice  autrefois  en  ufiige.  On  ne  fait  point 

quel  ilétoit.  Quelques-uas  croient,  dir  Rolweid  dans 

fon  Onomajlkùn  ,  que  c'eft  celui  dont  parle  S.  Jé- 
rôme dans   la  vie  de  S.  Paul,  Hermite,  C.  II-  6: 

qui  confilloit  à  frotter  de  miel  le  corps  du  patient, 

&c  à  l'expofer  à  un  foleil    ardent  les  mains  liées 

derrière  le  dos,  afin  que  les   mouches  le  piquaf- 

fenc  fans  qu'il  pût  les  chaffer.    Foye^  Galonius.  , 

De  Tormends  ,  C.  I. 
CYPPLTS.    f.    m.  Capitaine  Romain  ,  qui  fj   retira 

de  Rome  ,  parce  que  les  Devins  lui   avoient  prédit 

que  s'il  rentroit  dans  cette  ville ,   il  feroit  déclaré 

Roi.  Le   Sénat  ,  pour  récompenfer    fa  générofité  , 

lui  décerna  des    terres    hors  de  Rome  ,  &:  fit  éle- 
ver un  monument  en   fon  honneur. 
CYPRE ,  ou  CHYPRE.  Voyci  ce  mot.  ,  _  ^ 

Il  y  a    une   Poire  que    la   Quintinie  appelle  Az]      ou  Cypre.Cy/^rwj  j  «.  Quoiqu'on  dife  Chyprcj  on  ne 

Poire  de  Cypre ,  5c  qu'il  met  au  rang  des  mauvai-l      dit  point  ChypricCj,  mais  Cypriot.    On  a  dit  autre- 

fes. 
CYPRÈS,   f 


Garde-Robe. 

•|f3"  Le  Cyprès  étoit  confacré  à  Platon.  On  le 
plantoit  autour  des  tombeaux.  A  Rom?  on  mettoic 
des  rameaux  de  cyprès  devant  les  maïf  ,ns  des  morts  : 
c'eft  pourquoi  il  eft  appelé  funefte,  éc  en  Poëlia 
Cyprès  fe  prend  quelquefois  pout  le  lymbole  de 
la   mort.   Les  tuneftes  cyprès. 

Ec  de  cette  mai/on ,  de  ce  bois  agrJable , 

Que  les  fiècUs  Jîrem  exprcs  , 
Tu  n'en  remporteras ,  po[fcJfeurpeu  durable  , 
Qu'un /unc/ie  cyprès. 

Nouv.  cH.  DE  Vers. 

?  CYPRINS.    Foye^  CvrRis. 
;  CYPRIOT,  OTTE.  f.  m.  &  £  Qui  eft  de  l'île  de  Chypre, 


fois  Cypr/ens  j   comme  on  le  voit  dans  Paradin  , 

_.  _.__    Cupreffus.  Aibve   toujours   vert  ,  &1      y^nnales  de  Bourgogne  ,  p.  2j^. 

qu'on  diftingue  en  deux  efpèces  ,    qui  ne  différent   C^T  CYPRIS  ,  ou  CYPRINE.  Surnom  donné  à  Vénus, 

que  par  la  direction  de  leurs  branches.  L'une  par  i      ainfi  appelée  de  l'Ile  de  Cypre  qui  lui  étoit  confa- 

la  direétion  de  fes  rameaux  prend  tk.  conferve  une  ^      crée. 

forme  Pvramidale  j  de  c'eft  le  cyprès  femelle    des  C  Y  R. 

Botaniftes.  CuprelJus  Jajligiata  fivejemina.  C'eft  or.  \ 

dinairement  cette  efpèce  que    l'on  élevé  dans  les   CYR.  f  m.  Et  nom  propre  d'homme.  Cyriacus. 

jardins  ,   foit  pour   des  pahlfades ,  foit  pour  for-  ;  Cyr.  Se  dit  aufli  pour  Cyrique  j,   Cyricus  ,  autre  nom 

mer  des  pyramides.  L'autre  efpèce  prend  une  forme]      d'homme.  Sainte  Julitte  ,  ilfue  du  fang  des  anciens 


toute  oppofée ,  &  étend  fes  branches  de  côté.  Cu- 
prejfus  Jufa ,  fivè  mas.  Mais  comme  chacun  de  ces 
arbres  porte  des  fleurs  &  des  fruits,  il  eft  en  même 
tems  mâle  &  femelle  ,  &  la  diftinélion  des  Bota- 
niftes eft  chimérique. 

Cet  arbre  eft  plus  ou  moins  haut ,  fuivant  fon 
âge.  Le  grand  hiver  de  1709.  fit  périr  tous  les  9- 
près  du  Royaume.  Il  arriva  à  peu  près   la  même 


Rois  d'Alie,  il  l'on  en  croit  ceux  qui  fe  vantoienc 
d'être  delà  race  au  tems  de  l'Empereur  Juftinien, 
avoit  un  fils  nommé  Cyric,  appelé  parmi   nous  S. 

Ce  nîbt  vient  de  xi^ixtç ,  dominicus  ,  de  y.vfi'n ,  do- 
minus  ,  qui  vient  de  »j^os  ,  aucloritas-  Baillct  le  tire 
de  x^çn? ,  prxco  ;  d'où  il  prétend  que  l'on  a  faic 
Qutricus  ,  Cirgues ,    Ciergues ,  Cire  ,  oc. 


chofe  en  l'îSj.  mais  heuueufement  cet  arbre  levé    Saint  CYR.  Lieu  célèbre  htué  dans  le  parc  de  Ver- 


fort  bien  de  graine,  &  il  croît  allez  vite.  Son  bois 
eft  dur,  un  peu  rougeâtre,  pâle  cependant ,  veiné, 
d'une  odeur  douce  &  d'un  goût  un  peu  aromati- 
que. Ses  feuilles  couvrent  prefque  toutes  les  bran- 
ches ,  qui  font  divifées  en  une  infinité  de  petites  ra- 
mifications. Ces  feuilles  font  dans  les  jeunes  bran- 
ches de  petites  écailles  vertes  &  pointues  ;  mais  \ 
dans  les  vieilles  ces  mêmes  écailles  font  collées  les 
unes  fut  les  autres ,   &  font  plus  obtufes.  L'extré-  \ 
mité  de  quelques  -  unes  de  ces  ramifications  eft  ter- j 
minée  par  de  petits  cHarons  roufsâtres ,  qui  n'ont  '■ 
pas  quatre  lignes  de  longueur,  fur  une   ligne  &i 
demi  de  largeur  ;  ils  font  formés  par  des  écailles  i 
qui    font   chargées  de   fommets  dont  la   poulliere  ] 
eft  jaune.  Les  fruits  naiifent  dans  des  endroits  fé-  i 
parés  \  ils  font  ronds  &  gros  comme  des  noix  dans 
leur  maturité  ,  couleur  d'olive. 

Les  Latins  l'appellent  conus  ,  à  caufe  de  fa  figure  ; 
ils  s'ouvrent  de  la  circonférence  au  centre  en  quel- 
ques  pièces  coniques  femblables  à  des   écailles  : 
elles  cachent  dans  leurs  fentes  de  petites  femences 
aplaties  &  anguleufes.  On  appelle  ces  fruits   des  j 
noix.  On  s'en  fert   dans  les  décoétions   aftringentes 
pour  les  hernies  ,    les  cours  de  ventre  ,  pour  arrê- 
ter les  hémorrhoides  ;  ces  mêmes  noix  prifes    in- 
térieurement   guériftent    quelquefois  des   fièvres  ,  ' 
comme  font  la  plupart  des  aftringens. 
CypRès'',  feditdu  bois  de  l'arbre   de  cyprès.  Cupref- 
yî^jfeditde  même  en  Latin.  Le  boisde  cyprès  eft  fort  : 
mafhfiS:  de  bonne  odeur,  quafi  comme  le  fantal.  Il] 
n'eft  jamais  pourri,    ni  vermoulu,    non  plus  que  j 
celui  du  cèdre,  de  l'ébène  j  de  l'if,  du  buis,  de/ 


failles.    Louis  le  Grand  y  a  fait  conftiuite  une  belle 
maifon   pour  y  élever  de  pauvres  De^r.oilelles  lous 
la  conduite  de  Religieules.    Ces  Rciideuies  s  ap- 
pellent les  Dames  de  oaiui  Cyr ,  ik  les  filles  no- 
bles qu  on   y   ciève   les  Demoilelles  de  ^'iui/it  Cyr. 
Les  Lettres  patences  pour  Téreétion  de  cette  maifon 
font  du  mois  de  Juillet   i6S(5j  &  en  forme  d'Edit. 
Le   Roi  y  ordonne  que  les  Dames  de  S.  Cyr  feront 
au  nombre  de  trente-fix  j  &  que  ce  nombre  ne  pour- 
ra êt:e   augmenté  ■,   que  les  Demoilelles  feront  au 
nombre  de  deux  cens  cinquante  j  que  quand  il  vien- 
dra à  vaquer  une  place  des  Dames  ,    elle  ne  pourra 
être  remplie  que  par  une  des  Demoifelles  qui  fera 
choifie  par  la  Communauté  à  la  pluralité  des  fuf- 
frages  ,  $c  âgée  au  moins  de  18  ans  accomplis  pour 
être  reçue  au  Noviciat  j  &   le  tems  du   Noviciat 
paffé,  à  la  Profenion.    Que  ces  Daines  feront  les 
vœux   fimples  ordinaires  de  pauvreté  ,  chafteté  de 
obéillance;  &  un  vœu  particulier  decon'acrer  leur 
vie  à  l'éducation  &  à  1  inftruéfion  des  Demoifelles. 
L'Evêque  de  Chartres  nomme  un  Supérieur  Ecclé- 
fiaftique,  qui  doit  être  agréable  au  Pv.oi.    Sa  Ma- 
jefté  fe  réferve  Se  aux  Rois  fes  fuccelfeurs  la  nomi- 
nation &  entière  difpohtion  par  fimple  brevet  des 
deux   cens  cinquante   places  des  demoifelles ,    qui 
ne  fauroient  être  admifes  qu'elles  n'aient  fait  preu- 
ve de  noblelTe  de  quatre  degrés  du  côté  parernel , 
à  compter  le  père. 

Elles  ne  peuvent  être  reçues  avant  fept  ans ,  ni 
au  deftbus  de  douze,  &  ne  peuvent  demeurer  dans 
la  maifon  après  vingt  ans  accomplis.  Il  y  a  14 
fœur  converfes ,  qui  font  les  mêmes  vœux  que  les 


So 


C  Y  R 


Dames.  Les  unes  &  les  autres,  auffi  bien  que  les 
Demoilelies,  font  entretenues  des  revenus  de  la  Mai- 
fon  à  laquelle  le  Roi  attribue  la  MaiTon  de  6.  Cyr  , 
^  tous  les   meubles  dont  il   l'avoit  pourvue  ,    la 
Terre  &  Seigneurie  de^.  Cyr,  cinquante  mille  li- 
vres de  retue  en  fonds  de  terre ,  «Si  la  menfe  abba- 
tiale de  l'Abbaye  de  S.Denys.  En  16941e  Roi  per- 
mit à  la  Communauté  d'augmenter  les  Dames  & 
les  Converfes  julqu'au  nombre  de  quatre  vingts ,  & 
que  il  quelqueiois  Une  fe  trou  voit  point  parmi  les 
Demoilelies  de  fille  qui  eût  les  qualités  nécelfaires  | 
pour  remplir  une  place  de  Dames  vacante,  la  Çom- 1 
nninauté  pourroit  en  choifir  ailleurs.   Innocent  XII,  ] 
donna  le  2.5  Janvier   1691  une  bulle  d'approbation  | 
&  de  contîrmation  de  l'inftitut  &  Communauté  de  | 
S.  Louis  de  S.  Cyr ,  &c  pour  l'union  de  la  menfe 
abbatiale   de    l'Àbbaye  de  S.  Denys.    Par    Lettres 
patentes  de  Mars  &  Juillet  i<^yS  ,   le  Roi  a  aflîgné 
un  fonds  jjour  doter  les  Demoifelles  qui  fortir'onc  j 
de  cette  maifon  ,  Se  qui  auront  contenté  la  Com- 1 
nninauté.  l 

Jufqu'en   1(^92   les  Dames  de  les  Converfes  ne  • 
firent  que  des    vœux  fimples.    Elles  fupplierent  le 


Auguilin;  le  Roi  y  confcncit.    Innocent  XII.  leur 
accorda  leur  demande  par  un    bref  du  ^oSeptem-j 
bre  i6ç)i.  Et  quoique  le  Pape  eût  cenfenti  qu'elles 
confervalfent  leur  habit  fcculier,  elles  le  changè- 
rent en  habit  régulier  l'an  1707  le  jour  de  l'Aifomp- 
tion.  J'^oye^  le  P.  HÉlyot  ,  T.  IV.  C.  56.  Cette] 
Maifon  s'appelle  la  Royale  Maifon  de  S.  Louis  de  ! 
S.  Cyr,  &  plus  communément  .5'.  Cyr.  La  maifon  de  ' 
S.  Cyr.  Dans  tous  les  aétes  publics  les  Religieufc^ 
font  nommées  Dames  ,    mais  entre   elles  elles  le 
nomment  ma  fœur,  avec  leur  nom  de  famille,  &  la 
Supérieure  ma  mère  ,  &  les  fœurs  converfes,  fœurs 
avec  leur  nom  de  baptême. 

CYRAN.  Voye-:^  Siran. 

CYR13ASIE.  f  r.  Cyrbafia.  Bonnet  pointu ,  en  ufage 
chez  les  anciens  Perfes,  qui  le  portoient  penché, 
le  droit  de  porter  la  Cyrbajle  toute  droite  étant 
réfervé  au  Roi.    HÉsichius. 

CYRBES  &  AXONES,  f.  m.  pi.  Termes  de  l'Hi- 
floire  ancienne  d'Athènes.  Cell  le  nom  que  l'on 
donna  aux  loix  que  fit  Solon ,  comme  les  Lacédé- 
moniens  donnèrent  celui  dsllhetra  à  celles  que  leur 
donna  Lycurgue.  Les  Cyrbes  contenoient  ce  qui 
regardoit  le  culte  des  Dieux ,  &  les  Axones  ren- 
fetmoient  toutes  les  autres  loix  civiles  &  politiques. 
Ces  loix  étoient  dépofées  en  original  dans  l'Acro- 
polis  qui  étoit  une  Fortereiïe ,  &  l'on  avoir  feule- 
ment des  copies  au  Prytanée.  Ces  loix  étoient  écrites 
fur  des  tables  de  bois ,  &  d'une  manière  bujirophc , 
c'eft  à-dire,  qu'au  lieu  que  chacune  de  nos  lignes 
commencent  à  la  main  gauche  &  finit  à  la  main 
droite,  leur  première  ligne  fe  recourboit  &  reve- 
noit  de  la  droite-  à  la  gauche  j  puis  fe  recourboit 
de  rtiême  pour  retourner  de  la  gauche  à  la  droite  j 
&  aind  de  fuite  jufqu'à  la  fin,  p.ar  une  feule  li-j 
gne  continuée,  comme  on  fait  les  filions  du  la-' 
bour-age.  Plutarque  dit  que  de  foii  tems  on  voyoit 
encore  des  rell:es  de  ces  tables.  " 

CY.ŒNAIQUE.  Nom  d'une  ancienne  province  de 
la  Lybie  propre  ,  ainfi  nommée  ,  parce  que  Cyrcne 
en  étoit  la  capitale.  Cyrenaua.  La  Cyrémiiquc  avoit 
la  Marmaiique  au  levant,  la  Lybie  intérieure  au 
midi,  la  province  Tripolitaine  avec  la  grande Syrte 
au  couchant  j  &  la  mer  Méditerranée  au  nord.' 
"VoUius,  dansfes  Notes  fur  Mêla,  L.  I.  C.  8,  re-| 
marque  que  les  Anciens  ne  donnent  pas  tous  les' 
mêmes  bornes  à  la  Cyréndiquc  \  que  ce  nom  fe 
prend  même  tantôt  pour  la  contrée  appelée  Pen-' 


tapolej  &  quelquefois  qu'il  s'étend  beaucoup  plus 
loin  ;  que  ceux  qui  lui  donnent  plus  d'étendue  la 
continuent  depuis  la  grande  Syrte  jufqu'à  l'Egypte. 
i'RENAÏQUE.  n  m.  Nom  d'une  feéte  d'anciens  Phi- 
lûfophes,  CyrendUus.  Le  Chef  des  Cyavw/^aci  fut 


CYR 

AriAippe  de  Cyrène  ,  difciple  de  Socrate..  C'eft  de- 
là qu'ils  furent  appelés  C)/'f«tz/t7aej.  Ariftippe  t;^ui 
vivoiten  la  96  Olympiade,  c'eft-à-dire  près  de  400 
ans  avant  J.  C.  Ariitippe,  dis-je,  &  fes  difciples, 
taifoient  conlilier  la  fin  de  l'homme  &  fa  félicité 
dans  le  plaiiir  j  &  ils  n'eftimoient  la  vertu  louable 
qu'autant  qu'elle  pouvoit  fervir  à  la  volupté,  com- 
me on  n'eltime  une  médecine  ,  qu'autant  c]u'elle  eft 
utile  à  la  fanté.  C'étoit-là  leur  comparaiion  ordi- 
naire. Ils  entendoient  par  plaifir,  ou  volupté,  non 
pas  feulement  la  privation  de  la  douleur  &  la  tran- 
quillité de  l'aine  \  mais  l'alTemblage  de  toutes  les 
voluptés  particulières  ,  tant  de  l'ame  que  des  lens , 
&  iur-tout  celle-ci.  Trois  difciples  d'Ariftippe  di- 
vifercnt  dans  la  fuite  fa  feéte  en  trois  branches , 
qui  convinrent  cependant  toutes  trois  de  ce  prin- 
cipe. L'une  fur  appelée  Hégéliaque,  Hegejlaca ,  l'au- 
tre Annicérie,  îk  la  troiiième  Théodorie  ,  du  nom 
de  leurs  Auteurs.  Cicéron  parle  fouvent  de  l'Ecole 
d'Ariliippe  ,  &  dit  qu'il  en  fortoit  des  débauchés. 

CYRÈNE.  Quelques-uns  écrivent  CIRÉNE.  Ville  d'A- 
frique ,  l'une  des  cinq,  dont  la  petite  contrée  ,  nom- 
mée Pentapolis  avoit  reçu  fon  nom  Cyrcuii.  Poftel 
a  cru  que  c'étoit  Carvan  ,  ou  Cairoan  ;  mais  cette 
ville  eft  plus  moderne,  plus  à  l'oueft ,  &  plus  avant 
dans  la  terre  terme-  Elle  étoit  entre  la  grande  Syite, 
ou  le  grand  banc  des  côtes  d'Egypte,  &:  le  Palus 
ALiréotide,  mais  dans  les  terres  tk.  non  fur  la  côte. 
Cyrlne  fut  la  patrie  de  plulieurs  grands  hommes  , 
Arirtippe,  Callimaque  ,  Eratoftène  ,  Carnéade ,  Sy- 
nefius ,  &c.  On  croit  que  cette  ville  fut  bâtie  par 
Arcéfilas,  fécond  Roi  d'une  Colonie  de  Grecs  qui 
.«'étoit  établie  proche  de  la  fontaine  du  foleil ,  de 
Y  bâtit  d'abord  la  ville  de  Zoa  fous  Battus  fon 
premier  Roi.  Cyrène  fut  bâtie  par  Battus  &  les 
Théréens  ,  félon  Hérodote,  L.  IV.  Callimaque, 
L.  XVI.  Strabon,  &  Paufanias  dans  fes  Laconi- 
ques ,  l'an  90  de  la  fondation  de  Rome,  fi  nous 
nous  en  voulons  rapporter  à  Eufêbe  ;  mais  Pline  j 
qui  efl  plus  fur  en  cet  endroit,  L.  IX.  c.  3.  le  met 
en  l'an  144.  Vigenere. 

Cyrîne,  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nymphe  de  Th  1- 
ce,  fut  aimée  du  Dieu  Mars ,  qui  la  rendit  mere^  la 
fameux  Diomède,  Roi  de  Thrace. 

Cyréne  ,  maîtrefle  d'Apollon  &  mère  d'Ariftée. 

CYRÈNEEN,  éenne.  adj.  Qui  eft  de  Cyrène.  Cyren  :us. 
Comma  Simon  le  Cyrenéen  fouiageoit  J.  C.  en  ap- 
parence ,  parce  qu'il  avoit  une  force  divine  qui  ne 
lailToit  affoiblir  fon  corps  qu'autant  qu'il  vouloir, 
ainfi  c'eft  nous  qui  paroilTons  porter  la  croix  lUe 
Dieu  nous  impofe  ;  mais  fi  nous  foutfrons  par  1  jf- 
prit  de  J.  C.  c'eft  lui  en  effet  qui  la  porte ,  &  qui 
nous  empêche  d'y  fuccomber  en  la  proportionn.inc 
à  notre  iolbleffe.  Royaum.  On  diroit  que  tousnos 
nouveaux  Traducteurs  du  N.  T.  aient  évité  ce  mot. 
Ils  ont  toujours  dit  un  homme  de  Cyrène ,  ceux 
de  Cyrcne.  Cependant  Cyrenéen  ,  fur-tout  en  par- 
lant de  Simon  qui  aida  J.  C.  à  porter  fa  croix  ,  eft 
fort  en  ufage.  Les  Cyrénéens  étoient  très-voluptueux. 
Les  Cyrénéens  excelloient  dans  l'art  de  drelfer  les 
chevaux  ,  &  de  conduire  un  char  dans  la  lice. 

CYRIAQUE.  f.  m.  Voye^  Quiriace. 

CYRIC,  ou  CYRIQÙÉ.  Car  c'eft  ainfi  qu'il  faut 
écrire,  &  non  pas  Cyric,  comme  fait  Bailler  /'V)  e:j 
Cyr. 

CYRNUS.  Ancien  nom  de  l'Ile  de  Corfe.  Cyrnus. 
Lors  qu'Harpagus  vint  alfiéger  Phocée ,  une  partie 
des  Phocéens  fe  retirèrent  à  Alalie  ,  qu'ils  avoienc 
bâtie  20  ans  auparavant  dans  Cyrnus,  qui  eft  l'Ile 
de  Corfe  :  mais  y  étant  inquiétés  par  les  Carthagi- 
nois &  les  Tyrrhéniens,  ils  furent  contraints  5  ans 
après  de  chercher  des  lieux  de  repos ,  qu'ils  trou- 
vèrent le  long  des  côtes  d'Italie  &  de  France  ,  où 
ils  bâtirent   Marfeille.    Du  Loir,  p-  Ji- 

CYRRHE.  Nom  de  deux  villes,  l'une  en  Syrie,  ca- 
pitale de  la  Cyrrcjlique  ;  &  l'autre  dans  la  Phocide  , 
Cyrrhus.  La  première  s'appelle  aujourd'hui  Qz-jî/j, 
ou  félon  d'autres    Carin  •   &  la  féconde  Kcrr. 

CYRRHESTIQUE.  Cyrrefdca.  Contrée  de  Syrie,  qui 

prenoic 


Y 


C  YT 


prenok  fon  nom  de  ù  capitale  appelée  Cyirus  , 
ou  Cyms,  aujourd'hui  Quais  ou  Caiin. 
CYRTIÉN,  ENNE.  r.  Nom  de  Sede.  Cyrdanus  ^  d. 
Lq%  Cjiiiens  éioiQni  une  branche  d'Ariens,  à  la- 
quelle un  cercaui  CyrciuSîleur  chef  donna  fon  nom. 
L'an  3ç)j  de  J.  C  les  A  riens  de  Conllancinople 
clevcienc  une  quclHou  qui  caula  bien  des  troubles 
&i  des  diviilons  parmi  eux.  Il  s'agilioit  de  favoir 
Il  Dieu  le  père  pouvait  erre  appelé  père'  avant  la 
proùudtion  de  ion  fils.  Les  uns  tenoient  pour  la 
cc"acive  ,  les  autres  pour  l'affirmative.  Ils  fe  fépa- 
rerent  à  ce  fujec  les  uns  des  autres ,  &  hrent  cha- 
cun bande  à  part.  La  divihon  palla  de  Conflanti- 
nople  dans  d'autres  Eglifes  ,  &  principalement  à 
Antioche ,  où  ils  furent  appelés  Pfathyriïns.  'Vingt- 
cinq  ans  après,  l'an  419  fous  le  Confulat  de  Mo- 
naxius  Hc  de  Plintha,  &  fous  l'empire  de  Théo- 
dofa  le  jeune  les  divilions  cclferent  en  partie.  Les 
Pfathvriens  convaincus  par  les  raifons  de  leurs  ad- 
verfiu-es ,  fe  réunirent  à  eux  ;  il  y  en  eut  cepen- 
dant qui  fe  féparerenc  d'eux  avec  un  certain  Cyr- 
rius,  petit  homme  fort  contrefait  qui  leur  donna 
fon  nom.  Foye^  Thepdoret,  lidiet.  FatuL  L.  If  . 
C.  4.  Ceft  le  feul  Ancien  que  je  fâche  qui  parle 
des  Cyrcicns.  Quelques  -  uns  j  comme  M.  Fleury, 
L.XIX.  n.  35.  écrivent  Curticns.  Comment  diroient- 
ils ,  fi  ce  petit  bollu  s'étoit  appelé  Ksvpnoj ,  &  non 
pas  Ku;)3-io» ,  comme  le  nomme  Théodoret,  qui  du 
aufli  Ki/fTjami ,  &  non  pas  "Hon^Tituci. 

*  C  Y  S. 

CYSTHÉP  ATIQUE.  adj.  de  tour  genre.  Conduit 
cjiîtipacique.  CyjihepMcus  c/aJïiij.  C  cit- à-dire  j  qui 
porte  la  bile  du  foie  daiis  la  véficule  du  fiel.  Ijici. 
de  James.  Ce  canal  efl:  h  petit  qu'il  eit  inipercep- 
rible ,  dans  prefque  tous  les  animaux ,  en  loite 
qu'on  l'a  long-tems  cherché  en  vain  \  mais  enfin 
M.  Perrault,  le  Médecin,  perfuadé  que  ce  conduit 
exiftoit  nécelfauement ,  &  que  pour  l'appercevoir 
il  falloit  le  chercher  dans  les  boeufs ,  l'y  cher- 
cha en  effet,  &  l'y  trouva  en  1680.  Il  ell:  vrai  que 
l'on  ne  l'apperçoic  pas  indiftinétement  dans  tous 
les  boeufs  ;  mais  une  dilpolition  khirreufe  avoir  tel- 
lement endurci  &  élargi  tous  les  conduits  biliai- 
res de  celui-ci,  que  ce  canal  y  était  tres-vifiblc. 
Il  entroit  par  un  bout  dans  l'hépathique,  fans  être 
bouché  d'aucune  valvule  ;  mais  l'autre  extrémité 
qui  entroit  dans  la  vélicule  étoit  fermée  d'une  val- 
vule. C'eil  à  ce  canal  qu'en  a  donné  le  nom  de 
c^fihépacique.  Ce  mot  vient  de  xaVu ,  vejjle  j  iSc 
»V«T<r.5s  J  qui  concerne  le  foie. 

CYSTHEOLITHRE.  f.  m.  Efpèce  de  pierre  marine 
qu'on  trouve  dans  les  grolles  éponges. 

CYSTIQUE.  adj.  de  tout  genre.  Terme  d'Anatomie  , 
qui  vient  de  '^kiç,  vellie.  Cyjlkus ,  Kyjîicus ,  a^  um. 
Les  Médecins  diftinguent  la  bile  hépatique  &  la 
bile  cyftique  ,  c'eft-à-direj  la  bile  qui  eft  dans  le  foie  -, 
&  qui  ell  fort  douce,  &  ne  contient  qu'une  petite 
portion  des  véritables  parties  bilieufcs  ,  ëc  celle 
qui  ell  dans  la  vélicule  du  foie.  Il  n'y  a  point  d'ob- 
fervations  ou  d'expériences  qui  prouvent  que  la  jau- 
nilfe  foit  produite  fans  le  concours  de  la  bile  cy/^ 
tLjue.  Demoors  ,  Jcad.  d'Ed.  T.  I.  p.  575.  Si  une 
petite  pierre  rombe  dans  le  canal  cyftique  ,  il  ne 
lailfe  pas  de  palfer  toujours  une  grande  portion  de 
bile.  iD.  pjg.  581.  Le  canal  cyftique  eft  le  canal  de 
la  vedie  du  foie  par  lequel  la  bile  fe  décharge  dans 
l'inteftin. 

§Cr  Cystiques.  f.  f.  pi.  pris  adjedivemenr.  On  donne 
ce  nom  à  des  artères  qui  viennent  de  1  hépatique  , 
&  vont  à  la  véficule  du  fiel. 

C  Y  T. 

CYTHARE.  f.  f.  Ancien  nom    d'un   Inftrument  de 
Mufique.  Cythara.   La  lythare  étoit  un  inftiument 
rriaiv^ulaire ,  en  forme  de  Delta  Grec  Les  Poètes 
difent  qu'Apollon  ea  fut  l'inventeur. 
Tome  III, 


C  Y  T       C  Y  Z  8 1 

CYTHERE.  Ç.f.Cythcr'a ,  orum.  C'étoit  .ilitrefois  le 
nom  d'une  Ile  du  Péloponèfe,  vis-à-vis  de  Crète. 
On  la  nomme  aujourd  luii  Clnoo  ,  Sophiano.  Hé- 
fiode  dit  que  Vénus,  ayant  été  produite  de  l'écume 
de  la  mer ,  fut  portée  d'abord  à  cette  Ile  fur 
une  conque  marine.  Ceft  de- là  qu'elle  eft  fi  fou- 
vent  appelée  Cyrhérée  ,  Cythéréenne,  par  les  Poè- 
tes Grecs  de  Latins ,  &  par  les  nôtres  k  Déelfe  de 
Cythcre.  ,^. 

Anft  Couvent  les  fis  ennuyés  à  Cythère  j 
Pou/  iaj'uivre  en  ces  lieux  alnindùnnent  leur  nietéi 

Nouv.  Ch.  de  Vers» 

Bien  étonné  fut  r  enfant  t/e  Cythere.  Ibid, 

Bochart,  L.  Le.  ^^.  prétend  que  ce  mot  vient  du 
Phénicien  'inp  ,  Cethri^  qui  fignifioit  pierre,  rocher , 
comme  il  paroît  par  1«  Chaldéen.  Cette  île  étoit 
toute  entourée  de  rochers. 

CYTHÉRÉE.  adj.  m.  <S:  f.  ou  CYTHEREEN,.éenne. 
adj.  Epithète  qui  fe  donne  à  Vénus,  pour  la  rai- 
fon  que  nous  avons  dite  au  mot  Cythere  ;  &  a 
Cupidon ,  à  caufe  de  Vénus  la  mère. 

Cythéree,  fe  prend  àulîi  fubllancivement  pouC 
Vénus. 

Au  fond  du  Temple  eft  un  réduit  j 
Où  la  Deejje  recirée 
Jugeait  des  époux  divifés  : 
Voilà,  y  û'ir-d/Zf  ,  C\th:rée, 
Les   querelles   que  vous  euuje'^. 

De  la  F'jseliere. 

<  ■  ' 

CiTHÉRIADES.  f.  f.  piur.  Surnom  des  Grâces  qui 
accompagnent  Vénus.  Elles  étoient  honorées  à  Cy- 
there. 

CYTHERON.  f  m.  Mont  qui  fèpare  la  Béotie  dô 
l'Attique  ,  conficré  à  Bacchus  &  aux  Miifes.  Ceft 
fur  ce  mont  que  les  Poètes  ont  mis  la  fible  d'Ac- 
téon  ,  les  Orgi;s  de  Bacchus,  Amphion  jouant  de 
fa  lyre,  le  Sphinx  d'CEdipe. 

CYTiNUS  ou  CYTINE.  f.m.  Terme  de  Pharmaciô 
qu«  Diofcoride  donne  à  la  fleur  du  grenadier  do- 
meftique  ,  comme  il  donne  celui  de  halauftium , 
à  la  fleur  du  grenadier  fauvage.  Cytinus.  Les  Apo- 
thicaires appellent  balauftes  ,  les  fleurs  de  l'un  & 
de  l'autre  grenadiers  indifFéremmc-.it.  Pline  dit  que 
ces  fleurs  font  bonnes  pour  teindre  en  cette  forte 
de  couleur  rouge  qu'on  appelle  en  Latin /'^/«/'tcuj-, 
de  punica  ,  qui  fignihe  grenadier.  Le  cytinus  réper- 
cute &  reftrêint  i  il  eft  propre  pour  arrêter  le  fang 
&  toutes  fortes  de  fluxions ,  &  pour  cicatrifer  les 
plaies.  Il  eft  aufil  ftomachique. 

CYTISUS.  f.  m.  Plante,  roye-z  Citise. 

CYURAN.  Nom.  d'homme  fait  par  corruption  Ad 
celui  de  Cyprien.  Cyprianus.  Il  y  a  eu  aux  en-' 
virons  de  Poitiers  un  Monaftere  de  la  Congréga- 
tion de  Tiron  ,  fous  le  nom  de  S.  Cyprien  ,  dit 
vulgairement  S.  Cyuran.  P.  Hélyot^  Tome  VI* 
<r.   15. 

C  Y  Z. 

CYZICÈNES.  f.  m.  pi.  C'étoient  chez  les  Grecs  les 
plus  magnifiques  fallesà  manger.  Cœnacula^cy-^icena. 
Ce  mot  vient  de  Cyzique  ,  ville  d'Afie  ,  célèbre 
par  la  magnificence  des  bâtimens. 

Cyzicènes  ,  eft  encore  une  efpèce  de  médaille  , 
ou  de    monnoie  valant  deux  drachmes  ,   fort  cfti- 

-  mée  autrefois  pour  la  beauté  de  fon  coin.  Elle  re- 
préfentoit  d'un  côté  la  Déelfe  Cybèle,  &  de.l'aiura 
un  lion.  Cy^iceniftaures. 

CYZIQUE.  Ville  ancienne  de  Myfie  fur  la  Propon- 
tide.  Cyrjcaj.  Cy^'quc  fut  bâtie  par  les  Aîiiéfi.-ns, 
l'an  troilieme  de  la  feptieme  Olympiade,  félon 
quelques-uns  ,  &  félon  d'autres ,  la  féconde  année 
de  la  XXIV^.  Olympiade.  Elle  prit,  dit  -  on  ,  fon 
nom  du  Roi   Cynique  j   que  Jafon  tua  imprudem- 


Si 


CZ  A 


ment.  C'étoit  une  des  plus  belles  Se  des  plus  gran- ^ 
des  villes  d'Alie.  Cynique  a  frappé  plufieurs  me-  ' 
dailles  fur  lefquelles  on  voit  KYZ.  Les  habiians  de 
Cy\ique  palToient  pour  être  mous  &  lâches,  /^oyeç 
Cafaubon  fur  le  douzième  Livre  de  Strabon ,  Se 
Grelot  dans  fon  Koyage  de  Confiandnople.  HofF- 
man  donne  à  Cynique  54.  degrés  50  min.  de  long. 
&  41.  d.  15.  m.  de  latitude. 

La  Divinité  prétendue  Tutelaire  de  Cynique  étoit 
fans  doute  Hercule  :  car  il  étoit  leur  fondateur  j 
comme  ils  le  déclarent  eux-mêmes  fur  une  médaille 
de  Domitien  ou  Hercule  eft  au  revers  ,  avec  cette 
iniVription  ,  ton  Ktis  thn  Kïzikhnon.  P.  Hard. 
Mân.  de  Trév.  lyi}.  p.   1439. 

CZA. 

CZAR.  f.  m.  Roi.  Cefl  un  nom  ou  titre  d'honneur 
que  prend  le  Grand  Duc  de  Mofcovie.  En  fonpays 
on  prononce  TZar ,  ou  Zaar ,  &  cela  eft  corrom- 
pu de  Cmfar ,  ou  Empereur.  Car  il  prétend  defcen- 
dr€  d'Augufte.  Il  réfide  à  Moskou  fa  ville  capi- 
tale. Le  premier  qui  a  cris  le  titre  de  C^ar  a  été 
Balîle  ,  fils  de  Jean  Bafdide  :  c'eft  lui  qui  vers 
l'an  1470  ,  commença  à  faire  parler  de  la  puif- 
fance  des  Mofcovites.  Les  grands  Ducs  de  Mofco- 
vie ont  auffi  pris  l'aigle  ,  pour  marque  de  l'em- 
pire. Ce  fut  vers  la  hn  du  XV^.  fiècle  que  le  Duc 
Jean  fecoua  le  joug  des  Tartares  ,  dont  les  Princes 
de  Rulîîe  ,  jufques  là  ,  avoient  été  tributaires  , 
&  donna  à  cet  Empire  la  forme  que  nous  lui 
voyons.  Ces  Princes  ,  dit  M.  Sperlingius  ,  dans 
une  DilTertation  fur  la  majefté  du  nom  Konning, 
Roi ,  ces  Princes  n'ont  porté  le  nom  de  C\ar  que 
depuis  que  les  Ruffiens  ,  ou  Mofcovites  ,  ont 
embralTé  la  Religion  des  Grecs.  Il  prétend  qu'au- 
paravant ils  s'appeloient   Konger,  Roi. 

Les  Mémoires  de  Trévoux  écrivent  depuis  quel- 
ques années  T^ar,  au  lieu  de  C^ar.  Il  paroît  néan- 
moins que  ce  n'eft  point  encore  l'ufage  ,  fmon  dans 
le  Nord.  Nos  gazettes  5c  tous  nos  autres  livres 
difent  C'^ar. 

CZARAFIS  ,  ou  CZAROWITZ.  Nom  qui  fignifie 
Prince  ,  ou  fils  de  Czar  ,  chez  tous  les  Tartares  j 
comme  en  Mofcovie,  car  le  mot  de  C^ar  vouloit 
dire  Rei  chez  les  anciens  Scythes ,   dont  tous  ces 


CZ  À 

peuples  font  defcendus  ;  &  ne  vient  point  des  Cé- 
ïars  de  Rome ,  fi  long-temps  inconnus  à  ces  bar- 
bares. M.  de  Koltaire  j  Hijt.  de  Charles  Xil.  Roi 
de  Suède.  Je  ne  vous  difputerai  point  l'étymologie 
du  mot  Ci^ar ,  ou  de  C^arafis  :  je  me  contente  de 
dire  que  je  n'ai  jamais  entendu  appeler  Ci^ar  que 
le  Souveram  de  Mofcovie  ,  dont  le  fils  aine  eft 
toujours  appelé  C-^arowici.  M.  de  la  Mocraye  à  M. 
de  f^oltaire.   P'oyez  Czarowitz. 

CZARÉE.  adj.  f.  Majefté  C:jart(;.  M.  Potenkin  ,Am- 
balfadeur  de  Mofcovie  ,  demanda  en  1681.  que 
Louis  XIV.  traitât  le  Czar  de  Majefté  C:![^arce.  Le 
Czar  prenoit  lui-même  cette  qualité  dans  la  let- 
tXQ  de  créance  de  fon  Amballadeur.  Le  Roi  ne 
voulut  point  lui  accorder  fa  demande. 

CZARIEN  ,  ENNE.  adj.  Qui  appartient  au  Czar.  Ctt- 
farianus.  Les  Auteurs  des  Mémoires  de  Trévoux 
difent  T-^^arien  ,  félon  l'ufage  du  Nord.  Il  eft  forti 
de  l'Imprimerie  T\arienne  une  Géographie  univer- 
felle.  MÉM.  DE  Tr.  La  Princefle  C^arienne  ,  c'eft- 
à-dire  la  fille  du  Czar  ,  époufe  le  Duc  d'Holfteia. 
Sa  Majefté  C\arienne  ,  c'eft  le  Czar.  Leurs  Majeftés 
.  C\ariennes  ,  en  parlant  du  Czar  ,  &  de  'la 
Czarine. 

CZARINE.  f.  f.  Titre  qu'on  donne  à  l'époufe  du 
Souverain  de  Ruflie  ,  ou  à  la  Princefle  qui  en 
eft  fouveraine  de  fon  chef.  Regina  ,  ou  Magna 
Ducifja  Mofcov'u.  Eckard  a  recherché  les  ancien- 
nes alliances  de  la  Maifon  de  Brunfwick  avec 
les  Czars.  Il  en  a  ttouvé  deux.  La  premièfe  vient 
de  Marie ,  femme  de  l'Empereur  Andronic  :  elle 
étoit  fille  d'Anne  de  Brabant,  &  petite  fille  de  Fré- 
déric Barberoufte  :  d'elle  font  defcendus  les  der- 
niers Empereurs  Paléologues  ,  &  Sophie  Paléolo- 
gue  Clarine  de  Mofcovie  femme  de  Jean  Bafi- 
lowitz ,  furnommé  le  Grand,  L'autre  alliance  vient 
d'Hélène  de  Danemarck  mère  d'Othon ,  premier 
Duc  de  Brunfwick.  Mém.  de  Tr. 

CZAR  O  WI  TZ.  f.  m.  Fils  du  Czar  ,  &  héritier 
préfomptif  de  fa  Couionne  Ctefaris  Mofcov'nid 
films.  Le  Czar  Pierre  Alexiowitz ,  mécontent  du 
C-^arowici  fon  fils  ,  le  Prince  Alexandre  Petrowitz  , 
le  fit  condamner  à  mort  en  1718.  par  tous  les  Or- 
dres de  la  Monarchie  alTemblés  pour  le  juger.  Il 
fit  aufli  punir  de  mort  différentes  perfonnes ,  cjui 
avoient  donné  au  Ciarowif:[  des  confeils  de  délo- 
béilfance.  Ce  nom  fignifie  Prince  RoyaL 


D 


Siibftantif  mafculiii  &  indéclina- 
ble, que  nous  prononçons  c/^',  tant 
au  pluriel  qu'au  hiigulier.  Quatriè- 
me léfcrc  de  l'Aiphaber  j  Se  la  croi- 
iième  des  confonnes.  M.  l'Abbé  de 
Dangeau  appelle  le  d  une  lettre  pa- 
latiale  :  les  autres  legardçnt  com- 
ilTunéinent  cette  lettré  comme  une 
lettre  de  la  langue,  c'eft-àd  ire  dont  la  langue  èft  le 
principal  organe,  oiiàla  prononciation  de  laquelle 
la  langue  concourt  plus  que  les  autres  parties  de  la 
bouche  i  car,  pour  prononcer  cette  lettre,  il  faut  que 
le  bout  de  la  langue  frappe  contre  le  palais  vers 
l'endroit  où  les  dents  d'en-haut  fortentde  la  gencive. 

Le  d  conferve  fa  prononciation  dans  la  plupart 
dés  mots  ,  lors  même  qu'il  eft  devant  une  confonne 
ou  un  J  èc  un  v  confonne  ,  comme  dans  adjecUJ  ^ 
admettre.^  adverbe  j  Sec.  Il  faut  pourtant  excepter 
quelques  mots  de  cette  règle  générale ,  comme 
advis ^.advocat ,  &c.  mais  aulîî  l'ufige  aujoiird'hui 
letraricKe  prefque  toujours  dans  l'orthographe  le  (/, 
lorfqu'il  eft  retranché  d'ans  la  prononciation  ,  & 
l'on  écrit  comme  on  prononce,  avis  ^  Avocat,  &c. 
Le  d  a  la  fin  des  mots  ne  fe  prononce  pas  quand 
il  n'y  a  point  d'autre  mot  qui  fuive  j  comms grand , 
fécond  ,  fécond  yjond,  Sic.  excepté  dans  les  mots 
ties  laiigues  étrangères  que  la  langue  Françoife  a 
adoptés  fans  y  rien  changer,  comme  iod ,,  iamed , 
GaUiad  ,  Aod  ,  David  ^  &c.  Le  d  fijial  dans  les 
mots  François  ne  fe  fait  point  fentir  ,  fi  le  mot 
fuivant  commence  par  une  confonne  ,  comme 
grand  bonheur  ,  fécond  chef ,  &c.  mais^  qiiand  le  mot 
qui  fuit  le  d  lihal  comrnence  par  une  voyelle,  le 
à  fe  prononce  comme  un  c  \  exemple  ,  grand  ef 
■prit  ,  prononcez  grant  efprit  :  il  en  eft  de  même  du  d 
£nal  devant  un  mot  qui  commence  par  une  h  qui 
li'eft    point    afpirée  ,  conmie    grand    homme  ,  on 

Îirononœ  grant  homme  :^  quand  l'/z  eft  afpirée  le  d 
é  perd  dans  la  prononciation  ,  comme  grand  héros  , 
prononcez  gran  héros.  Le  d  final  fe  perd  aufli  dans 
quelques  monofyllabcs  devant  un  mot  qui  com- 
mence par  une  voyelle  ,  comme  dans  les  exem- 
ples fuivans  ,  fourd  animal ,  jond  inepuifable ,  on 
prononceyittr&yè/z  j  mais,  dans  cette  phrafe ,  de 
jond  en  comble.,  l'ufage  change  le  c'en  r&  on  pronon- 
ce de  j  ont  en  comble  •  on  prononce  aulîi/roi^avecun 
t ,  jrbit  épouvantable,  il  taut  encore  remarquer  que 
dans  quelques  mots,  comme  ^raW  Se  fond  ,  lorf- 
qu'on  retranche  le  d  dans  la  prononciation  j  on  al- 
longe la  fyllabe  ,  ce  qui  ne  fe  fait  pas  dans  les 
autres  mots  ,  comme  fécond  ,  fécond  y  fourd. 
Dans   les   noms  féminins  ïe  final   fe  retrj 


retranche 

clans  la  prononciation  devant  une  voyelle  ,  mais 
le  d  qui  précède  cet  e  conferve  fa  prononciation  , 
&  ne  fe  change  point  en  t.  Il  arrive  alors  que  le  d 
eft  prononcé  dans  le  temps  même  que  \e  muet 
va  fe  perdre  dans  la  voyelle  qui  fuit.  Ainfi  l'on 
prononce  Grand' ame ,  fécond' ohfervation,  &  non 
pas  Grande  ame  ,  féconde  obfervation. 

La  raifon  qui  lait  qu'on  change  en  certaines  oc- 
c.lfions  dans  la  prononciation  le  ^  en  r  ,  eft  qu'en 
François  il  faut  foutenir  beaucoup  plus  les  confonnes 
finales  devant  les  voyelles  qu'ailleurs,  /'oje^  les  re- 
marques de  Vaugelas,  Se  les  obfervations  de  M. 
Mén.agefurla  langue  Françoife ,  la  Grammaire  de 
M.  TAbbé  Régnier,  &  le  difcours  de  M.  l'Abbé 
de  Dangeau   fur  les    confonnes. 

•Cette  lettre  d  en  Hébreu  ,  en  Chaldéen  ,  en  Sa- 
maritain ,  en  Syriaque  ,  en  Grec  Se  en  Latin  ,  eft 
la  quatrième  de  l'Ali^baber.  Dans  les  cinq  premiè-  ! 
(«s  langues  ells  a  le  mêuieiiom ,  énonfçe  cepen-1 


D 


dant  «fifféremment ,  en  Hébreu  5c  en  CÎialdéetH 
daleth  :  en  Syriaque  dolath  ,  en  Grec  delta.  Les  Ara- 
bes ont  trois  ^dans  leur  langue,  le  premier  fe  nom- 
me dûl ,  c'eft  la  huitième  des  ving-huit  lettres  de 
leur  Alphabet.  La  neuvième,  qu'ils  nomment  dhfal^ 
ne  fe  diftingue  de  la  précédente  pour  la  forme  cpe 
par  un. point  que  l'on  met  delFus,  mais  quant  an 
Ion  J  il  eft  mêlé  de  celui  du  ^.  Le  troificme  ^des 
Ar.ibes  qui  tient  la  dix-feptième  place  de  leur  Al- 
phabet ,  fe  nomme  da;  il  a  le  fon  dé  notre  d  j  mais 
la  figure  du  Ta  Arabe ,  dont  il  ne  diifere  cjue  par 
un  point  que  l'on  met  delfus, 

La  forme  de  notre  D,  eft  celle  du  Z)  des  Latins  ^ 
comme  il  paroît  par  toutes  les  médailles  &:  les  inf- 
criptions  anciennes.  Le  D  des  Latins  ri'eft  autre 
chofe  que  le  A  des  Grecs  arrondi  j  en  le  faifant  plus 
vue,  &  en  deux  traits  feulement.  Le  A  des  Grecs  eft 
pris  du  daleth  de  l'ancien  caraétère  Hébreu  ,  tel 
qu'il  fe  conferve  encore  fur  les  médailles  Hébraï- 
ques, appelées  communément  médailles  Samaritai- 
nes ,  comme  on  le  peut  voir  dans  la  première  des 
Dillertations  du  P.'  Soucier,  Jeluite  ,  qui  eft  fur  les 
médailles  Samaritaines ,  &e  fur  les  premières  let- 
tres Hébraïqaes,/'.  \}.&ep.  241.  Seulement  lés  Grecs 
en  ont  retranché  une  petite  ligne,  Se  l'ont  penché. 
Il  feroit  aifé  de  montrer  que  je  dolath  Syriaque  , 
&  le  dal  Arabe  viennent  auOi  de  cet  ancien  Hé- 
breu, comme  le  T,  da/et/i  du  nouvel  Hébreu  ou 
de  l'Hébreu  carfé'jc'éft- à-dire  du  caradere  Chal- 
déen ou  Alfyrien. 

Quelques-uns  néanmoins  prétendent  que  le  A, 
delta  des  Grecs,  leur  eft  venu  des  Egyptiens,  qui 
marquoient  cette  lettre  par  trois  étoiles  mifes  ea 
triangle  ;  hiéroglyphe  qui  chei  eux.déiîgnoit  Dieu, 
l'Ltre  Souverain,  cohime  s'ils  avoient  connu  la  Tri- 
nité des  perfonnes  en  Dieuj  Se  qu'il  l'euflent  ainiî 
expr:mée.  Tout  cela  eft  fans  apparence  ;  mais  c'eft 
le  réfuter  mal ,  que  de  dire  que  l'ancien  A ,  delta 
Grec ,  étoit  rond ,  Se  non  pas  en  triangle  :  car  comme 
on  l'a  dit  ci-delFus,  c'eft  le  triangle  du  daleth  de 
l'ancien  caraétère  Hébreu.  Les  médailles ,  tous  les 
plus  anciens  monumens,  &  en  particulier  les  Inf- 
criptions  tirées  d'Athenafi  par  les  foins  du  Marquis 
de  Nointel,  Ambalîadeur  de  France  à  la  Porte, 
ont  le  A  en  triangle.  Il  eft  vrai  que  fur  deux  co- 
lonnes qui  font  au  Palais  Farnefe  il  eft  arrondi  ; 
mais  ces  colonnes  font  fort  poftérieures  ,  faites  â 
Rome  &  pour  l'Italie  ,  mifes  dans  le  chemin  d'Ap- 
pius,  tout  près  de  Rome.  Ainfi  il  n'eft  par  extraor- 
dinaire qu'il  y  ait  un  D  Romain  pour  un  A  Grec, 
comme  il  y  a  beaucoup  d'autres  chofes  peu  con- 
formes à  l'ufage  Grec.  Voflius  croit  que  ces  colon- 
nes n'ont  été  faites  que  fous  Antonin  Pie,  ou  Marc 
Aurèle  J  Se  le  P.  Montfaucon,  tout  au  plus  Cdus 
Trajan. 

Le  D  &  le  T  fe  changent  fouverrt  l'un  en  l'au- 
tre ;  ce  qu'il  importe  de  remarquer  pour  les  éty- 
mologies.  Les  Bretons  les  confon-dent  aufti  dans  la 
pronohciarion.  Se  n'y  mettent  prefque  point  de  dif- 
férence. 

r?  Le  Z>  eft  la  foible  du  T,  Se  le  T  eft  la  forte 
du  Z>;  ce  qui  fait  que  ces  lettres  fe  trouvent  fou- 
vent  l'une  pour   l'autre. 

Le  D  mis  feul  en  notre  langue  fignifie  Dom.  Le 
Roi  D.  Pedre;  c'eft-à-dire  ,  le  Roi  Dom  Pedre  ; 
mis  après  un  N,  il  veut  dire  Dame  N.  D.  Notre- 
Dame-,  c'eft-.à-dire  la  Sainte  Vierge. 

ifZF'  Cette  lettre  avoir  différentes  fignifications 
dans  les  infcriptions.  D.  M.  fe  prenoit  pour  Diis 
Manibus.  D.  pour  Divus.  D.  N.  pour  Dominut 
Nofer,  en  parlant  des  Empereurs  Romains. 

L  ij 


84         DADAB  DABDAC 

D  ,  eft  aufii  un  caradère  de  chiffre  Romain,^ qui' DABERT.  f.  m.  &   nom  d'homme.  Dagobenus.  A 

Bourges ,  S.  Daben ,  Evêque ,  donc  le  corps  re- 
pofe  à  Saint  Outrille  du  château.  Chast.  Martyr. 
T.l.p.  339.  Quoique  le  nom  de  ce  Saint  Evêque 
de  Bourges  fou  le  même  que  Dagobert  ,  il  ne  fauc 
pas   cependant   l'appeler  ainli ,   mais  Dabert,  qne 
i'ufage  a  fait  de  Dagobert ,  par  corruption  &  pac 
fyncope. 
DABES.  f.  f.  Terme  de  Relation.  C'eft  le  nom  du  fi- 
xième  des  dix  mois  dont  l'année  des  habitans  de 
l'Ile  Formofe  eft  compofée.  f^oye^  la  Defcriptioa 
de  cette  Ile,  imprimée  à  Amfterdam  en  1705. 
DABIR  ou  DEBIR.  Ville  dans  la  Terre  Sainte.  Dabir^ 
Debir.  Il  y  en  avoit  deux  de  ce  nom.  L'une  étoit 
dans  la  tribu   de  Juda.  Jof.  XII.   13.    ç'avoit  été 
une  ville  Royale  fous  les  Chananéens  :  elle  fut  prife, 
&  fon  Roi  défait  par  Jofué.  Jof.  X.  }■&.  XII.   13. 
Elle   fut  donnée  à  la  Tribu  de  Juda ,   comme  il 
paroît  par  Jofué  XI.  21.  XIII.  16.  &c  XV.  7.  Le  P. 
Lubin  prétend  qu'elle  paffa  enfuite  à  la  Tribu  de 
Siméon.    Je  ne  fais  fur  quoi  il  fe  fonde.   Quoi 
qu'il  en  foit ,  elle  fut  enfin  Lévitique  aflîgnée  aux 
enfans  d'Aaron.  Jof.  XIII.   15.  i.  Parai.  FI.   58. 
Dabir  eut  encore  deux  autres  noms  j  Carioth-Sennay 
Jof.  XF.  4c;.  &  Cariath-Sepher,  Jof  XV.  1 5 .  Jug.  I. 
II.  Foyei  ces  mots.  Dabir  étoit  dans  les  monta- 
gnes. 

L'autre  Dabir ,  que  les  Septante  appellent  Aa!Sà> , 
Daibon  ^  étoit  à  l'orient  du  Jourdain  dans  la  Tribu 
de  Gad ,  JoJ]  XIII.  x6.  Elle  avoit  été  aux  Amor- 
rhéens  d'au  -  delà  du  Jourdain  ,  comme  Adricho- 
mius  l'a  remarqué. 

Ce  nom  vient  de  l'Hébreu  13t  ,  dabar  3  c'eft-à- 
àhe  parler,    &  fignifie    parole,  difcours ,    oracle 'y 
peut-être  parce  que  ,  fous  les  Chananéens  idolâtres, 
il  y  avoir  des  oracles  dans  ces  villes. 
DABO.  Voye\  Dachsbourg. 

D'ABONDANT,  adv.  De  plus,  outre  cela.  Pntereà , 

infuper.   Il   vieillit  ;  &   n'eft  plus  en   ufage  qu'en 

ftyle  de  Bulles  ,  d'Ordonnances  j  de  Réglemens  , 

&c. 

$T  D'ABORD,  &  mieux  dabord  fans  apoftrophe  , 

F.  Abord. 
D'ABORD -QUE.  conjonél.  Auffi-tôtque.  Foye^ 

Abord. 
DABOUIS.  f.  m.  Toile  de  coton  qui  fe  fabrique  aux 

Indes  Orientales. 
DABOUL.  Foye^  Dabul. 

DABUH  ou  DABACH.  f.  m.  Sorte  d'animal  qui  naîe 
en  Afrique,  qui  eft  de  la  grandeur  d'un  loup  ^  ôc 
prefque  de  la  même  forme  ;  mais  il  a  des  pieds 
ôc  des  mains  comme  un  homme.  Il  tire  les  corps 
morts  des  fépulchrcs ,  &  les  mange.  Il  eft  fi  charme 
du  fon  des  trompettes  &  des  tymbales,  que  c'eft 
en  jouant  de  ces  inftrumens  que  les  Chaflèurs  le 
prennent.   Ablanc. 

$zr  Les  Arabes  le  nomment  Hyène ,  les  Afri- 
cains Tefif. 
DADUL  ou  DABOUL.  Ville  de  la  prefqu'lle  de  l'Indô 
deçà  le  Gange.  Elle  eft  dans  le  Royaume  de  Décan 
à  l'embouchure  de  la  rivière  d'Halevrako.  Dabul  a 
un  fort  bon  port  ",  elle  eft  marchande  ôc  fortifi.ée. 
Maty.  F.  Mandeflo ,  Foyage  des  Indes.  Lat.  nord 
iS.d.  felonDelifle. 
DABUSIJAN  ou  DABUSCA.  Ville  de  la  grande  Tar- 
tarie.  Dabufcia.  D'Herbelot  dit  qu'Abulfeda  la  placQ 
a  8S.  d.  5  5.  min.  de  longitude,  &  39.  d. 40.  ou  50.  m. 
de  latitude. 
fC?  DABUSIYAH  ou  ALDABUSIYAH.  Ville  de  la 
petite Tarcarie  ,  dans  la  Tranfoxane ,  entre  Bochara 
ôc  Samarkande. 

D  A  C. 

DACA.  f.  f.  Grande  Ville  des  Indes  fur  le  bord  dtt 
Gange  ,  Foye^  Tatbrnier  ,  Foyages  des  Indes  ^. 
T.  II.  Liv.  I.  ch.  8. 

D'ACCORD.  Efpèce  d'adverbe.  Terme  de  commerce 
ôc  de  compte.  C'eft  une  confeioiité  &  égalité  daa| 


fignifie  cinq  cens  :  ce  qui  vient  de  ce  que  le  D  eft 
la  moitié  d'une  M  en  caradtère  Gothique,  qui  a  li- 
gnifié mille  :  fur  quoi  on  a  fait  ce  Vers. 

Littera  D  velut  A  qulngentos  fîgnifîcabit. 

Si  on  met  au-delTus  du  D  une  barre,  elle  fignifie 
cinq  mille. 

Le  D  majufcule  dans  les  baftes  continues  marque 
le  dejfus  ou  le  bas-defjus.  C'eft  un  catadère  de  Mu- 
lîque  en  cette  cccaiion. 

D.  C'eft  la  quainême  Isctre  des  fept  Domini- 
cales. 

D.  C'eft  par  ce  caradcre  qu'on  diftinguî  la  mon- 
noie  de  Lyon. 

D,  dans  l'Alphabet  Chimique,  dénote  le  vi- 
triol. 

D  A. 

DA.  On  écrivoit  autrefois  De:i.  Interjeéïion  qui  fert 
à  augmenter  l'affirmation  ou  la  négation  ;  c'eft  un 
terme  familier.   Plane  ^   omninb.    0\x\-da  y  Nenni- 

La  dévote  Califle  , 
De  fon  mari  a  fait  un  Jean  : 
Oui-Aï,  un  Janfenifte,  ScAa. 

Ouï- ai  i  je  ferai  ce  qu'il  me  plaira.  Moi. 

Ménage,  après  Bochart,  dit  que  ce  mot  vient 
du  Grec  Aia,  comms ,  par  Jupiter.  Borel  le  dérive 
de  la  particule  Grecque  .^»  ,  qui  fignifie  profeclo  ,  & 
M.  Huet  du  Chaldéen  vn,  hic  j  hac ,  hoc. 

D  A  A. 

DAALDER.  f.  m.  Monnoie  d'argent  qui  fe  fabrique 
en  Hollande,  &  qui  a  cours  pour  un  Horin  &  demi , 
c'eft- à-dire  pour  environ  37.  fols  fix  deniers  de 
France. 

DAARlN  ,  AINE.  ad).  Vieux  mot,  qu'on  trouve  dans 
quelques  Coutumes ,  il  veut  dire  dernier.  Sitôt 
comme  la  terre  a  fa  daraine  roie  pour  femer  bled. 
De  Beauman. 

D  A  B. 

^DABACH.  royc^DABUH. 

Ip"  DABARITH.  Foye^  Daberetm. 

DABBASETH  ou  DABBASCHETH.   Foye^  Dêba- 

SETH 

DABBAT.  f.  f.  Nom  que  les  Mufulmans  donnent  à  la 
bête  de  l'Apocalypfe,  qu'ils  croient  devoir  paroître 
avant  le  Jugement  dernier  j  aulïï  bien  que  l'Ante- 
chrift  ,  qu'ils  appellent  daggial-.  Ils  appellent  Dab- 
bath  al  ardh  j  c'eft-à-dire  Bête  de  la  terre,  la 
féconde  bête  de  laquelle  il  eft  auffi  fait  mention  dans 
l'Apocalypfe. 

'  H^  Ce  mot  dabbat  j  fignifie  en  Arabe  bête  ;  d'où 
vient  qu'ils  appdlem  Dabèat  al  mis  le ,  la  bête  qui 
porte  le  mufc  ;  Dabbat  al  Zabbad,  la  civette.  Ils 
appellent  par  excellence  la  bête  de  l'Apocalypfe, 
bête  Amplement. 

DABERETH  ou  DABARITH.  Ville  delà  Tribu  d'If- 
fachar  fur  les  confins  de  la  Tribu  de  Zabulon.  Da- 
bereth.  Le  torrent  de  Cilfon  l'arrofe  ^  &  elle  fut  ville 
de  Refuge  Ôc  Lévitique.  Foye^  Jofué  XIX.  12.  20. 
XXI.  28.  7.  .  Par.  VI  72.  Les  Septante  l'appellent 
Aafija'S-j  Dabiroth  ,  AtSSâ  ,  Debba,  AtStf) ,  Deberi. 
Le  P.  Lubin  croit  que  c'eft  la  Rabboth  dont  il  eft 
parlé  au  chap  XIX.  de  Jofué,  v.  20.  parce  que  les 
Septante  appellent  cette  ville  Aafjf»»,  nom  qui  ap- 
proche de  AafjçaîS-,  qu'ils  donnent  à  celle-ci. /)«^<;- 
reth  s'appelle  aulfi  Dabareth.  Jofephe  l'appelle  Da- 
harith  éc  Dasbath.  Zieglerus  croit  que  c'eft  Pah- 
rath. 


D  AC 

le  calcul  que  foiu  deux  marchands  5ç   Négociatls.  ! 
Un  Marchand   écrivant  à  fon  Correfpondanc,  ditj 
qu'il  a  trouvé  la    fadlure  de  Ion  ami    d'accord,  &' 
que  Ion  compte  à  lui  envoyé  s'ell  trouvé  d'accord , 
c'ell-à-dire  tout  coiitoimeau  hen.  ! 

§Cr  D'accord  eft  aulli  une  expreOion  adverbiale  par 
laquelle    on   fait   entendre    qu'on    approuve,  que 
Ton  ne  contefte  point  ce   qu'on  dit.  /''y<?{  Accord. 
DACE.  f.  f.    Impolition  ou  taxe  qui  le    met  fur    le 
peuple  Irikutum. 

Nicod  croit  que  ce  mot  vient  de  tributum  ind'tcere. 
Vollius  croit  qu'il  vient  du  Latin  datidi  j  à  dando  , 
comme  tribuium  à  uibuendo  \  parce  qu'autrefois  elles 
étoicnt  gratuites  j  lîîc  fe    payoïent  volontairement 
aux  Seigneurs.  On  l'a  appelé  auili  en  Latin  moderne 
data  &  dado. 
DACE.  f.  m.  &  f.  Peuple  qui  habitoit  là  Dacie. -Dti- 
cus.  Les  Daces    étoient  voilms  du  Danube  &   de 
la   forêt  Hercinie.  On  dit   qu'ils  fe  retirèrent  dans 
la  fuue  fur  les  côtes  de  Norwége.  Dion  ,   Strabon  , 
&c  Appien  ,  difent  que  les  Daces    étoient  Gères , 
que  les    Romains  appeloicnt  Daces  les  Gères  d'au- 
delà  du  Danube.   Les  Gètes  croient  Scythes  ,  ainfi 
les   Daces     l'ctoient   au(li  ,    comme  dit  Cluvier  j 
întrod.    Ge'og.    L.  Ip^.   c.  18.   Strabon  ,  dit  qu'ils 
s'étoient   appelés  auparavant  Daves ,    Davi  \    que 
c'eft  pour  cela  que  Dave  chez   les  Athéniens  ,  &r 
dans    les    Comédies  ,  eft  un   nom   d'efclave.    Les 
Daces  eurent  leurs   Rois  jufqu'à  la  fin  du  premier 
fiècle  de  l'Eglife.    Le   dernier  fut  Décébale  ,  que 
Trajan  vainquit.  Cette  vidroire  lui  acquit  le  nom 
de  Dacique  ,  que  nous  lui  voyons  fur  fes  médail- 
les  la  7^.    annâe  de    fa  PuilTance   Tribunitienne  \ 
l'année  d'avant  fon  V^.  Confulat.  Imp.  C^s.  Ner- 
VA  Trajanus  Aug.  Germ.  Dacicos  p,  m.  )  (  Tr. 
p.  VII.  Imp.    iiii.  cos.  un.  des.  v.  p.  p.  dansMez- 
zabarba  ,  p.    151.   Alors  la   Dacie   fut  réduite  en 
Province    Romaine.  Les  Daces  étoient  brutaux  & 
'  cruels.  On  dit  qu'ils  furent  converris  par  St.  Ni- 
cétas.  Ils  s'imprimoient  des  marques  fur  le  corps 
par  la  pondlion  ,  comme  encore  plufieurs  Améri- 
cains. Quelques-uns  difent  que   les   Daces    étoient 
ceux  que   les  Grecs  ont  appelés  àan ,  Dai  ^  Sau- 
maife  le  nie.  Pline  j  Liv.  IV.  c.   12.    &   XXII.  c.  i. 
Ptolomée  ,  Liv.  III.  c.  8.  Dion  ,  Liv.  LXVIII.  Clu- 
vier ,    Germ.  Ait.  Saumaife  fur   Solin  j  p.  3  S.  39. 
7P5.  parlent  des  Daces. 
DA(..E,  ou  DACIE.  Ancien  nom  d'un  pays  de  l'Eu- 
rope. Dada.  La    Dacc  ctoit  bornée  au  nord  par  le 
mont  Darphate  ,   &  par   une   partie  de  la  rivière 
de  Tyras  j  ou  Niefter  ,  qui  la  féparoient  de  la  Sat- 
matie  Européenne.  Au  couchant  le  Tibifque ,  ou 
la  Teilfe  la  féparoitdes  JazigesMetanaftes.  Au  midi 
le  Danube  la  féparoit  de  la  haute  &  bafife  Méfie  : 
au  levant  cette  même  rivière  avec  rHiéralTus  ,  au- 
ieurd'hui  le  Pruth,    la    fépatoit   des  Gètes.  Ainfi 
l'ancienne  Dacie  renfermoit   toute  la  partie  de  la 
haute    Hongrie    qui    eft   à    l'orient  de  la  Teilfe , 
avec  la  Tranhlvanie  ,  la  Valaquie  ,   &  la  Molda- 
vie. Maty.  Trajan  réduifit  la  Dacie  en  Province , 
&  c'eft  en  mémoire  de  cette  expédition  qu'on  lui 
éleva    la  colonne    Trajanne.  Aurélien  en   tira  une 
Colonie  à  laquelle  il  fit  pafter  le  Danube  j  &   qu'il 
plaça  entre  les  deux  Mœfies.  Il  lui  donna  fon  nom  , 
&  pourladiftinguer  de  l'ancienne  Dtjce  ,  il  l'appe- 
la  Dacie  Auréliennc ,  Dacia  AurcLiana.   La   Capi- 
tale   de   l'ancienne  Dacie  ,    étoit    Zarmifogétufe  , 
que   Trajan  nomma  Ulpia  Trajana  ;  &  que  l'on 
a    aulTi  appelée  Varheli.   La  Dacie  Aurclienne    fe 
divifoiten  Alpeftre  ,  Alpejlrisic  en  Ci-Inftrienne , 
Cis  -  inflrienfis  ,    laquelle  fe  diviLoit  en    Ripenfe  , 
RipenCis  ,   ou  Pannodacie ,  comme  qui  diroir  Da- 
cie  Pannonienne   &     en    Méditerrannée    ou    Gé- 
pide.  Cluvier  dans  fon   Germania  Antiqua  ,  p.   14. 
croit  que  les  Daces  &  les  Gétes  étoient  le  même 
peuple. 

Hadrien ,  Antonin  Pie  &:  Trajan  Dèce  ,  ont  au 
zevers  de  quelques-unes  de  leurs  médailles  Dacia. 
Le  type  dans  celle  d'Hadrien  eft  uns  figure  virUe 


DAC  Sj- 

fur  des  montagnes  &  des  rochers  ,  tenant  de  U 
main  droite  une  aigle  légionaire  ,  &  d  la  gauche 
une  palme ,  ou  quelque  choie  de  iemblable  j  &C 
dans  l'exergue  Dacia. /"tij-eij  Patin  j  T.  I.  p.  lyi. 
if)i.  Mezabaiba  ,  p.  173.  Sur  celles  d'Antomn , 
cette  figure  de  foldat  tient  de  la  main  droite  uncaf- 
que  rc-nverfé  ,  &  de  la  gauche  un  labarum.  Dans 
Trajan  Dèce  il  y  a  Dacia  ,  Dacia  capta,  Dacia 

FELIX. 

Un  des  fleuves  principaux  qui  ariofent  la  Dace  , 
eftleMarife,  Marijus  ,  que  les  AUcmans  appellent 
Marish ,  &  les  Hongrois  Maros ,  ou  Marons.  Pline  , 
L.  IV.  c.  I  i.  Ptolomée  ,  L.  111.  c  8.  Strabon,  L. 
VII.  Cluvier  ,  Introd.  L.  IV.  c.  18  décrivent  la 
Dacie   Mêla    n'en   dit  pas   un   mot. 

DACE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Dacius.  S.  Dace  ,  Evê- 
quc  de  Milan,  mourut  à  Conftantinople,  où  il 
ctoit  allé  pour  l'affaire  des  trois  Chapitres.  S.  Gré- 
goire parle  de  ce  voyage,  en  fes  Dialogues.  C'eft 
à  lui  que  s'adrefle  la  féconde  lettre  du  XI P.  Livre 
du  Regiftre  de  ce  même  S.  Pape.  On  garde  à 
Milan  une  Chronique  en  manufcrit ,  qu'on  nom- 
me la  Chronique  de  Saint  Dace  ,  &  qui  a  été  ci- 
tée fous  fon  nom  par  Polfevin  ,  par  Aubert  le 
Mire  &  par  LTghel ,  quoiqu'elle  ne  foit  pas  de  lui. 
On  peur  voir  le  jugement  qu'en  porte  D.  Ma- 
billon  au  commencement  du  premier  Tome  de  fes 
Annak-s.  Cette  Chronique  eft  de  trois  Auteurs , 
un  ancien  Landulf ,  un  Arnou  &  un  autre  Landulf  ; 
ce  qui  a  donné  occafion  de  l'attribuer  à  S.  Dace  , 
c'eft  la  conformité  de  fon  nom  avec  celui  d'Idace , 
grand  Chronologue  ,  Evêque  en  Efpagne.  Chajîc 
lain  Martyr.   T.  1.  p.   145. 

Il  y  a  encore  un  autre  S.  Dace  ,  Dacius  ,  dans 
le  Martyrologe  Romain  au  vingt-feptième  de  Jan- 
vier ,  mais  c'eft  une  faute  de  Galéfmius ,  qui  a 
lu  Dacius  pour  Dativus  ,  Datif,    f^.  ChastElaiN. 

DACHA'W.  Petite  Ville  d'Allemagne  dans  le  Duché 
de  Bavière  ,  fur  la  rivière  d'Amber  ou  Amper  : 
à  deux  milles  de  Munich. 

DAGHSBOURG  ,  ou  DABO.  Petite  Ville  de  la  haute 
Alface.  Dachspurgum  ,  Dachsburgum.  Cette  place  eft 
fituée  fur  un  rocher ,  ?>i  appartient  au  comte  de 
Linage.  Maty. 

DACHSTEIN  .  ou  DAGOBERSTEIN-  Petite  ville 
de  la  balfe  Alface  dans  l'Evêché  de  Strasbourg. 
Dachfleinum  \  Dagoberti  Saxum.  Cette  ville  ,  qui 
a  pris  fon  nom  de  Dagobert  Roi  de  France ,  loa 
Fondateur ,  avoir  un  bon  château  ,  que  les  Fran- 
çois ont  ruiné.  Maty. 

DÂCÎE.    adj.    royei    DACE. 

DACIQUE.  f.  m.  &  f.  Titre  d'honneur  accorde  â 
un  Général  pour  avoir  vaincu  l«s  Daces.  VainqueuC 
des  Daces.  Dacicus.  Ce  titre  ,  comme  nous  l'avons 
dir ,  fut  déféré  à  Trajan  l'année  VIF,  de  fa  puif- 
fance  Tribunitienne.  Juvénal  parle  de  la  guerre  des 
Daces ,  Sat.  IV.  m.  &  du  titre  de  Dacique  joint 
à  celui  de  Germanique  fur  la  monnoie.  Sat.  VI. 
104. 

'  Cum  lance  beatâ 
Dacicus  &  fcripto  radiât  Germanlcus  aura. 

L'Auteur  du  Commentaire  à   la    Dauphine  pré- 
tend que  cela  marque  une  monnoie  de  Domitien  , 
fur  laquelle  il  avoir  les   titres  de  Dacique    &c   da 
Germanique  :  c'eft  une  erreur.  Domitien  a   le  titre 
de  Germanique  ,  mais  jamais  celui    de    Dacique  ; 
Trajan  eft  le   premier  qui   l'ait   porté  :  &  ceci  eft 
une  preuve  que  Juvénal  non-feulement  a  vécu  fous 
I      Trajan  ,  mais  que  fa  IV^  &   fa  VI=.  fatyre  n'ont 
I      été  faites  qu'après  l'année  VIF.  de  la  puiflanceTri- 
î      bunitienne  de  ce  Prince.  Quand  dans  un  riche  baf- 
;      fin  on  voit  rayonner  fur  l'or  cifelé  l'image  de  Do-, 
'      mitien  Dacique  &  Germanique.   Ds  Marolles. 
3?  DACOS.  Foye?   Dax  . 

DACROIDE.  adj."  Terme  de  Médecine  ,  ou  de  Chir- 
rurgie  ,  qui  fe  dit  des  ulcères  qui  jettent  continuel 
lement  de  la  matière.  Blanchard  ,    HarRis._ 
Ce  mot  vienî  du  Grec  A'H"" ,  larme.  Si  «»^?; 


86 


D  AC 


Jormc.  Ces  ulcères  pleurea:  une  matière  en  for- 
me àz  larmes. 
DACTE.  {.  f.  Voye-{  DATTE  \  c  eft  la  mcme  chofe. 
DACRUE.  Ville  d'Afrique  clans  la  Nubie. 
DACTYLE.  1".  m.  Nom  que  porcoient  les  premiers 
i'rèrres  de  la  Deelfe  Cibèie.  On  les  appeloit  Dady- 
ics  Idéens ,  Dactyii  Id&i^  comme  on  appeloit  Cybele 
Idéenne,  Id.ta  ,  parce  qu'elle  étoit  pnncipaiemeni 
honorée  fur  le  mont  Ida  en  Phrygie.  On  leur  donna 
ie  nom  de  Daciyles  ,  parce  que  ,  pour  empêcher 
que  Saturne  n'entendit  les  cris  de  Jupiter  que  Cy- 
bele leur  avoir  confié  ,  ils  chantoient  je  ne  lais  quels 
vers  de  leur  invention  ,  &  dont  les  mefures  iné- 
gales imitoient  les  temps  du  pied  appelé  Ddc'yie. 
Cell  au  moins  ce  qu'en  di:  le  Grammairien  Dio 
niède.  UnSopliocle  cité  par  Strabon.  L.  X.  préten- 
tloit  qu'on  les  appela  Z^^^Sy/t'^  du  mot  Grec  ^M'^^i^oî  ^ 
lignifiant  doi^^t ,  parce  tju'ils  étoient  d'abord  au- 
tant que  l'homme  a  de  doigts  aux  mains  ;  c'eîi  à- 
dire  dix  ,  cinq  garçons  &  cinq  filles.  Il  aiputoii 
qu'on  leur  devoit  l'invention  du  fer  j  &  l'art  de  le 
fabriquer  ,  tk  de  plufieurs  autres  chofes  utiles  à  la 
vie.  D'autres  en  mettoient  plus  ou  moins  de  dix  , 
&  vanoient  fur  leurs  noms  ,  comme  fur  le  nom- 
bre de  ces  premiers  adorateurs  de  Cybèle.  Les  uns 
les  fiifoienc  originaires  de  Phrygie  au  pied  du  mont 
Ida,  d'autres  difoienc  qu'ils  y  croient  venus  d'ail- 
leurs. 

Du  refte  tous  les  Auteurs  que  Strabon  avoir  vus 
convenoienr  i°.  Qu'ils  avoient  les  premiers  travail, 
lé  en   ter  près  du  monr  Ida  ;  que  c'ctoient  des  im- 
pofteurs  j  qu'ils    avoient  été  Miniftres  de  la  mère 
des  Dieux     ,    ou  de   Cybèle ,  qu'ils    demeuroient 
au  pied  du  mont  Ida  en  Phrygie,    en   comprenant 
Ja  Troade  dans  la  Phrygie  ,  ils  conjedturoient  aufli , 
non  pas    comme    on  le  dit  communément  ,  que 
les  Curetés  &  les  Corybantes  étoient  les  mêmes  que 
les    Daciyles    Idéens  ,   quoitiue  cela    puilfe    aulîi 
avoir  un  bon  fens  ;    mais  que  les  Curetés   &  les 
Corybantes    étoitnt  leur  poftérité  ;    que    d'abord 
cent  nommes  nés  en  Crète  furent  appelés  Daciyles 
Idéens,  que  ceux- ci  eurent  neuf  enfans  qui  furent  les 
■    Curetés  \  &  que  chacun  des  Curetés  eut  deux  fils  , 
qui  {-urent  aulIi  appelés  Dr.cïyles  Idéens.  Strabon  ne 
rapporte  les  noms  que  de  quatre  ,  qui  font  Sala- 
minus  ,   Dammance  ,   Hercule  ,  &    Acirion.  Je  ne 
£iis  encore  où  l'on  prend  les  autres.  M.    Beger  fut 
les  Daciyles   inventeurs    de    l'att   de     lancer    des 
flèches. 
DAcrYLE.  f  m.  Terme  de  Profodie  Grecque  &  Latine. 
Pied  ou  mekire  de  vers,  compoféed  une  fyllabe  lon- 
gue fuivie  de  deux  brèves.  Daclylus.  Les  vers  hexa- 
mètres doivent  finir  par  un  Dacîyle  &  un  fpondée. 
Le  Daclyle  étoit ,  dit-on,  une  invention  de  Denys , 
qui  rencfoit  des  oracles  à  Delphes  avant  Apollon  j 
en  vers  de  cette  mefure. 
Dactyle,  étoit  encore  chez  les  Grecs  une  forte  de 
d.mfe  ,  que   danfoient  fur-tout  les   Athlètes ,  dit 
Héfychius. 
Dactyle  ,  eft  aulîi  le  fruit  du  palmier.  On  l'appelle 
pUis,  communzmani  daue.  Daclylus.  ^ijye:;' Datte. 
DACTYLE,  f.  f.  Coquillage,  f^oyci  Manche  de  cou- 
teau. 
DACTYLIOMANCE  ou  DACTYLIOMANTIÉ.  f.  f 
Sorte  de  Divination  qui  fe  fait  par  les  anneaux  fon- 
dus durant   le  temps    de  cerraines    conlfellations , 
ou  auxquels  quelques  paéles  ,  ou  quelques  char- 
mes   font    arrachés.    Daclyliamanùa.  La  Daclylïo- 


D AC       D  AD 

bits  de  linge  ;  fa  chauflure  étoit  de  toile  ;  il  avoîc 
la  tète  ralée  tout-autour ,  il  portoit  en  main  des 
verveines.  Il  appaiioit  le  Dieu  par  des  formules  do 
prières  laites  exprès.  Aminien  Marcellin  décrit 
ces  lupeiftitions  dans  fon  XXIX^  Livre,  en  par- 
lant du  luccelleur  de  Valens  ^  &  il  en  parle  en- 
core dans  fon  XXXl*^.  Livre. 

^fT  On  rapporte  à  la  Daétyliomantie  tout  ce  que 
l'on  dit  du  fameux  anneau  de  Gygès  ,  par  le  moyen 
duquel  ilfe  lendoit  invifible  ,  en  tournant  le  chaton. 

içj-  DACTYLIOM  ANCIEN  ,  ou  DACTYLIOM AN- 
TIEN,  adj.  Celui  qui  fe  vante  de  deviner  par  le 
moyen  des  anneaux. 

Ce  mot  Grec,  eft  compofé  de e'!,'""""'^'''''  j  anneau  , 
qui  vient  de  <!iày.TjXo;  ^  doigt  ^  &  de  fMvrd»  ^  divi- 
nation ,  dérivé  de  /^ànt!  ,  devin. 

DACTYLIQUE.  adj.  Qui  appartient  au  daâiyle  , 
qui  a  rapport  au  daétyle  ,  qui  eft  compofé  de  dac- 
tyles .  Uaclylicus.  Il  y  avoit  autrefois  des  flûtes  dac- 
tyliques  ,  comme  il  y  en  avoit  de  fpondaïques.  Les 
flùtis  daclytiques  avoient  des  intervalles  inégaux, 
comme  le  pied  nommé  daélyle  a  des  temps  iné- 
gaux ;  &  c'étoit  là  ce  qui  leur  avoit  fait  donner  le  nom 
de  'libiA  daclylicit.  ,  flûtes  daclyliques.  yi->ye\  ScA- 
L1GER  ,  Poetic.  L.  I.  c.  zo.  On  pourroit  appeler  dac- 
tyliques  les  vers  hexamètres  qui  finilTent  par  un  dac- 
tyle au  lieu  d'un  fpondée  j  comme  on  appelle  fpon- 
daïques ceux  qui  ont  un  fpondée  au  cinquième 
pied  ,  au  lieu  d'un  dâélyle  qu'ils  devroient  avoir, 
Enéide   FI.   }}. 


Bispatria  cecidere  manus 
P a legerent  oculis. 


quin  pwtinus  omnia 


Eft  un  vers  daclylique. 

DACTYLOMANCE.    Foye^   DACTYLIOMANCE. 

DACTYLONOMIE.  f.  f.  Science  de  compter  par  les 
doigts.  Dacly  lonomia.  On  donne  i ,  au  pouce  de 
la  main  gauche^  2,  à  l'index,  &  ainli  de  fuite 
jufqu'au  pouce  de  la  main  droite  qui  eft  le  dixièiae  , 
&  qui  a  par  conféquent  le  zéro  o.  Manière  de 
compter  fort  incommode.  Ce  mot  eft  forme  de 
deux  mots  Grecs  ^'•'"^"Aor  j  doigt ,  &c  ufils ,  loi, 

DAD. 

DADA.,  f.  m.  Terme  enfantin  ,  qui  fignifie  un  che^ 
val,S>c\e  plus  fouvent  un  cheval  de  carte.  Equus. 
On  a  mis  cet  enfant  à  dada  ^  pour  dire,  à  che- 
val. Voiture  Ta  employé  quand  il  a  dit  : 

.     .     .     .   fon  dada 
Demeura  court  à  Le'rida, 

IP"  Ducerceau  a  aufli  employé  ce  mot  dans  le 
flyle  badin. 

Foilà  déjà  mon  volontaire  ; 

Suivi  de  fon  papa  mignon  ,     .  « 

/i  da.da.  fur  un  grand  bâton. 

DADAIS,  f.  m.  On  appelle  ainfi  un  niais  j  un  nigaud  i 
un  homme  décontenancé.  C'eft  un  dadais,  ce  n'eft 
qu'un  grand  dadais.  Il  eft  du  ftyle  familier.  Laif- 
fons-là  le  pauvre  Jupiter,  c'eft  bien  le  plus  fot  da- 
dais de  tous  les  Dieux  qu'on  introduit  dans  la  Co- 
médie de  Momus  Fabulifte.  Merc.de  Janv.   1720. 


/Tzawr/e  confiftoit  eifentiellement  à  tenir  un   anneau]  DADES.  f.  pi.  ou  Dadis.^tii^is.  Fête  célébrée  tous  les 


fufpendu  p.ir  un  fil  délié  au-deffus  d'une  table 
ronde,  fur  laquelle  il  y  avoit  différentes  marques 
■&  les  14.  lettres  de  l'alphabet  peintes  fur  le  bord 
de  la  table.  On  fiifoit  fauter  l'anneau  j  qui  venoit 
enfin  s'arrêter  fur  quelqu'une  des  lettres,  &  ces  lettres 
alfemblécs  conipofoient  la  réponfe  que  l'on  deman- 
doir.  Cela  étoir  précédé  &  accompagné  de  plufieurs 
cérémonies  fùpedfirieufes.  L'anneau  étoit  confacré 
auparavant  avec  bien  des  myftères  &  beaucoup 
•  d'art  -y  celui  qui  le  tenoit  ,  n'étoic   vèîu  que   d'ha- 


ans  durant  trois  jours  avec  des  torches  allumées  ap- 
pelées en  Grec  <i[àSis ,  d'où  elle  a  pris  fon  nom. 
(  Lucian.  in  Pfeudomante.  )  Le  premier  jour  croit 
confiera  à  faire  mémoire  des  douleurs  de  Latone 
dans  fon  enfantement ,  &  de  la  naiflànce  d'Apollon 
&  de  Diane.  Le  fécond  on  célébroit  la  nailfance 
de  Glycon  &  des  Dieux  ;  le  troifième  étoit  deftinc 
à  honorer  le  mariage  d'Odalire  ,  fils  d'Efculape , 
&d'OlympiaSj  mère  d'Alexandre.  PQtteriij ,  Wr- 
ch&clog.  Cr£c.  L.  x.  c.  la. 


D  AD  D  AG 

DADON.  f.  m.  Dado^on  AUDEON.  Judo'énus.  S. 
Dadon,  natif  de  Sens,  hls  de  S.  Autaire  ,  &  de 
Ste.  Aige  ,  &  compagnon  de  S.  Eloi ,  tue  confi- 
déré  à  la  Cour  de  Da^oberc  I.  &  élu  Archevêque 
de  Rouen  en  (Î46.  Il  alVilla  en  65O.  au  Concile  de 
Chàlons  ,  &  en  6(îz.  à  celui  de  Clichi-la-Garcnne. 
C'eft  lui  qui  eft  Auteur  de  la  vie  de  S.  Eloi  ,  l'on 
ami ,  rapportée  par  Suiius  :  &  à  ce  que  l'on  dit , 
d'une  de  S.  Remi ,  qui  eft  dans  l'Abbaye  de  S.  Gai 
en  Suiife.  S.   Dadon  mourut  le  24.  Août  677. 

Apparemment  de  S.  Audeon  on  a  fa:r  lucelîî- 
vement  Saint  Audon^  Saïn-ïaLdon  ,  Sain-Tadon, 
Sain-Dadon  ,  Saint-Dadon. 
|CF  DADON  ,  ou  Dedon.  Ville  d'un  Pays  de  l'Afri- 
que intérieure  ,  que  les  Arabes  appellent  Vaconack. 
DADUQUE  ou  DADOUQUE.  L  m.  Terme  de  My- 
thologie. Prêtre  de  Cérès.  Daduchus.  Cérès ,  ayant 
perdu  fa  fille  Proferpine  ,  fe  mit  à  la  chercher  au 
commencement  de  la  nuit ,  difent  les  fables.  Pour 
le  faire  dans  les  ténèbres  ,  elle  alluma  une  torche , 
&  commença  ainfi  fes  courfes  par  le  monde.  C'eft 
pour  cela  qu'on  la  repréfentoit  toujours  un  flam- 
beau à  la  main.  C'eft  auffi  pour  cela  ,  &  en  mé- 
moire de  ce  prétendu  fait ,  que  dans  les  facrifices 
&  dans  les  fêtes  de  cette  Déelfe  ,  fes  Prêtres  cou 
roienc  dans  fon  temple  une  torche  à  la  main  en 
cette  manière.  L'un  d'eux  prenoic  fur  l'Autel  une 
torche  allumée,  &  la  tenant  à  la  main  ,  il  couroit 
jufqii'à  an  certain  endroit  du  Temple  ,  où  il  la  don 
iioità  un  autre  ,  en  lui  difant  .•  Tibi  aado.<Zéi\x\- 
ci  conçoit  de  même  &  la  donnoit  à  un  troifième  j 
&  ainfi  des  autres.  Cette  cérémonie  fit  donner  à 
CCS  Prccrcs  le  nom  de  Daduques  ,  qui  lignifie  porU- 
flambcdu  ,  pone-torche.  Au  refte  ,  les  Daduques 
étoient  des  gens  honorables  &  diftingués  ,  &  il  ne 
faut  pas  les  contondre  avec  d'autres  Miniftres  delà 
jiiéme  Divinité  appelés  Métragyrtes ,  qui  étoient 
vih  &  méprifés. 

Ce  mot  eft    Grec  ,    formé    de  4«^ ,  qui  fignifie 
proprement  un  bois  onétueux  &c  rélineux  ,  tel  que 
le  picea  ,   le  pin  ,  &   les  autres    dont   les  anciens 
faifoient  leurs  torches  ,  &  de-là  il  fe   prend  peur 
une  toiche  &   un  flambeau  \  &  de  'iz"  \  J'ai  j  je 
tiens,  je  porte  \  Aahz'c ,  Daduque  Porte-flambeau. 
DADUQUE,  ctoit  aufil  ,   félon  Alex,  ab  Alex.  II. 
C.  8.  le  Grand  Prêtre  d'Hercule  chez  les  Athéniens. 
C'étoit  la  coutume  de    porter  dc:s  flambeaux    , 
Non-leulcment  dans   les    facrifices  de  Cérès ,  mais 
encore  dans  les  Panathénées  ,  les  fêtes  de  Vulcain  , 
&  celles  de  Prométhée.  Ce  fut  même  dans  celles 
de  Vulcain   que  cette  cérémonie  fut  d'abord   pra- 
tiquée ,  parce  qu'on  le    regardoit  comme   l'inven- 
teur Se  le  Dieu  du  feu.  Mais  je    ne    trouve  point 
que  les  miniftres  de  ces  fêtes  aient  été  appelés  Da- 
duques. 
DAËZAJIE.  f.  f.  Monnoie  d'argent  ,   qui  a  cours  en 

Perfe.  Elle  vaut  cinq  mamoudis. 
DAFAR.  Daphar:  C'ccoit  la  capitale  des  Homérites  , 
peuples  de  l'Arabie  heureufe  ,  aujourd'hui  l'Yé- 
men  ,  fitués  fur  la  côte  orientale  de  cette  contrée  , 
au-delà  du  détroit  du  Golfe  Arabique  ,  aujourd'hui 
détroit  de  Babel-Mandel  ,  ou  de  la  Mscque.  Le 
Prince  des  Homérites  fit  bâtir  trois  Eglifes  ,  l'une 
dans  la  ville  capitale  de  toute  la  nation  ,  nommée 
Dafar ,  ou  Tafar.  Fleury. 

D  A  G. 

DAGGIAL ,  ou  DEGGIAL.  f.  m.  C'eft  le  nom  que 
les  Mahométans  donnant  à  l'Anrechrift,  qu'ils  ap- 
pellent ou  fimplement  Dag°ijl ,  c'eftàdire  men- 
teur ,  impofleur  ou  almajjl  al  Dixggial ,  c'eft  à-dire 
/aux  Meffie.  Les  Mahométans  croient  que  Daggial 
doit  venir  à  la  fin  du  monde  ,  &:  que  Jésus-Christ  , 
quin'eftpas  mort  ,  félon  eux  ,  viendra  le  combat- 
tre dans  fon  fécond  avènement  \  qu'après  l'avoir 
vaincu,  il  mourra  eftcdtivement.  Foyc-{  Ilfa.  D'Her- 

£ELOT. 

Ce  mot  V  ient  de  l'Arabe  hit ,  dagiala ,  qui  figni- 


D  AG  87 

fie  propremenr  ,  enduire  quelque  chofe  de  poix, 
&  par  métaphore  ,  couvrir  quelque  chofe  fous  de 
faulfes  apparences  ,  mentir  ,  tromper,  iexnjd.- 
fâ  fpecie  ,  decepït ,  mentitus  eft.  Les  Arabes  écrivent 
cenom^Nj"^;  Daggial.  Il  fignifie  autli  un  homme 
qui  n'a  qu'un  oeil,  &  qu'un  fourcil ,  un  Cyclopej 
éc  les  Mahométans  s'imaginent  en  eftet  que  l'Àa- 
techrift  fera  tel. 

DAGHESTAN.  Province  d'Afie  entre  la  mer  Caf-  ' 
pienne  qu'elle  a  à  l'Orient,  &  le  mont  Caucafe, 
qui  la  borne  à  l'Occident.  Elle  a.  au  Septentrion 
les  CircalFes  ,  &  au  midi  le  Schirwan  ,  Province  de 
Perfe.  Les  habitans  de  ce  pays  fe  nomment  Da- 
geftan  Tatar  ,  Taitares  de  Dagheftan  ,  ou  Tarrares 
montagnards.  Les  Perfes  les  appellent  Lefgi.  Taïka 
eft  la  ville  principale  du  Dagkejlan. 

DAGHO,ou  DAGO,  Ile  de  la  mer  Baltique  ,  fur 
les  côtes  de  la  Livonie  ,  dont  elle  dépend.  Daghoa. 

DAGIE,  ou  THAGIE.  Ville  d'Afrique,  dans  la  Pro- 
vince de  Tremecen  ,  au  Rovaume  de  Fèz. 

DAGNO  ,  ou  TERMIDAVÂ.  Petite  ville  de  Tur- 
quie en  Europe  ,  Dagea  ,  Termidava.  Elle  eft  dans 
l'Albanie. 

DAGOBERT.  f.  m.  5i  nom  propre  d'homme.  Dago- 
bertus.  Il  y  a  deux  de  nos  Rois  qui  ont  porté  le 
nom  de  Dagobert.  Dagobertl.  régna  14.  ans  ,  fé- 
lon quelques-uns  ,  &  1^.  félon  d'autres.  Il  com- 
mença en  631.  félon  la  Chronique  de  Du  Tillec. 
Sous  Dagobert  1.  qui  avoit  cinq  femmes  à  la  fois  , 
&  un  Serrail  de  concubines  ,  on  fe  plongea  dans 
la  débauche.  Le  Gendre.  ZJtrj'Oi^erc  aimoit  les  let- 
tres. Id,  Dagobert  II.  commençai  régner  en  716. 
Du  TiLLET.  On  appelle  Dabert  un  Saint  Evêque 
de  Bourges  ,  nomme  Dagobert.  l^oyei  Dabert. 

Pour  marquer  qu'une  chofe  eft  fort  vieille  ,  an- 
tique ,  ufée  ,  on  dit  proverbialement  &  populai- 
rement  qu'elle  eft  du  temps  de  Dagobert. 

DAGON.  f.  m.  Faux  Dieu  des  Philiftins.  Dagort. 
Ce  Dieu  étoit  honoré  fur  tout  à  Azot  ,  où  il 
avoit  un  temple  ,  comme  il  paroît  par  le  Ch.  V.  du 
I.  L.  des  Rois.  C'eft-là  que  l'Arche  de  Dieu  fut 
amenée  &  placée  ,  après  que  les  Philiftins  l'eurent 
prife  ,  fous  le  Grand-Prêtre  Héli  ,  Juge  du  peuple 
d'Ifracl.  Les  Philiftins  ayant  donc  pris  l'Arche  de 
Dieu  ,  l'emmenèrent  de  la  Pierre  du  fecours  à  Azot. 
Ils  mirent  l'Arche  de  Dieu  qu'ils  avaient  prife  dans 
le  Temple  de  Dagon  ,  Si  la  plax:eient  auprès  de 
Dagon.  Le  lendemain  ceux  d'Azot  s'étant  levés 
dès  le  point  du  jour  ,  trcuverent  Dagon  qui  écojt 
tombé  le  vifage  contre  terre  devant  l'Arche  du  Sei- 
gneur ,  ils  le  relevèrent  &  le  remirent  à  fa  place. 
Le  jour  fuivant  s'étant  encore  levés  de  bon  matin  , 
ils  trouvèrent  Dagon  couché  par  terre  fur  le  vifage 
devant  l'Arche  du  Seigneur  ;  mais  la  tête  &  les  deux 
mains  en  ayant  été  coupées,  étoient  fur  le  feuil  de  la 
porte,  &  le  tronc  feul  de  Z)<.'^o/z étoit  demeuré  en  fa 
place.  C'eft  pour  cette  raifon  que  les  Prêtres  de  Da- 
gon.S:  tous  ceux  qui  entrèrent  dans  fon  temple  dans 
Azot,  ne  marchent  point  fur  le  feuil  de  la  porte. 
Sacy.  1.  des  Rois  i.  F.  1.   j.  4.  5. 

On  prétend,  après  les  Rabbins,  que  ce  Dieu 
étoit  repréfenté  comme  on  repréfénte  les  Tritons: 
c'eft-à-due  fous  la  forme  d'homme  depuis  la  tête 
jufqu'à  la  ceinture  ,  &  le  fefte  en  forme  de  poilTon. 
Cela  eft  fondé  fur  la  fignification  de  ce  mot ,  qui 
en  Hébreu  veut  dire  poillon.  Au  Ch.  V.  du  I.  L. 
des  Rois ,  v.  4.  où  nous  traduifons  ,  &  le  tronc 
feul  de  Dagon  étoit  demeuré  en  fa  place  ,  il  y  a 
dans  l'Hébreu  ^h]}  lifv:  JUT  pi ,  feulement  Dagon 
étoit  demeuré  fur  lui.  R.  David  Kimhhi  veut  qu'on 
tr.adiiife  •  feulement  la  forme  de  poijjon  étoit  rejtée 
en  lui ,  c'oft-à'-dire  qu'il  n'étoit  refté  à  fa  place  que 
la  partie  d'en-bas ,  femblable  à  un  poifTon. 

Le  mot  Dagon  eft  mafculin  en  Hébreu  ",  ainfi 
Dagon  croit  un  Dieu.  Les  Septante  &  la  Vulgate  fui- 
vent  ce  fentiment,  auflî-bien  que  Phiion  de  Biblos 
qui  interprcxc  Dû^on,  blé,  froment  j  Aayxi  Zirii ,  ôc 
qui  veut  qu'il  fût  fils  du  Ciel ,  &  qu'il  eût  cré  ainfi 
appelé,  parce  qu'il  ctoit  l'inventeur  du  blé.  Cai 


88  D  A  G 

pt ,  dagan^  en  Hébrea,  (\gmhG  blé,  froment.  Ceti 
ainii,  &i  pour  la  même  railbn  ,  que  ceux  de  Sy- 
racule  appeloient,  Cerès  Sirà.  Le  même  Wiilon  du 
que  Daaon  palFoit  aulli  pour  être  l'iuventeur  de  la 
charrue,  &  que  pour  cette  railon  on  le  nommoir 
Xaf  AgoVfioç.  C'eft  une  erreur  de  Philon  de  dériver 
Dagon  de  pi,  dû.gan,  blé,  froment j  il  vient  de 
JT  3  dag  i  ou  njl ,  ditgdh  j  poillon. 

Selden  ,  DeDiis  Syr.  Syncag.  IL  C..,\  où  il  traite 
de  ce  Dieu ,  croit  qua  l'Oannis  des  Babylomens , 
dont  Bérofe,  Apollodore  &  Polylul^or  failoienc 
mention  ,  eft  la  même  chofe  que  Dagon.  Il  pré- 
tend encore  que  Dagon  eil  la  même  cliofe  que 
Atergads,  Adardaga  ôc  Derceto ,  noms  que  les  Eu- 
ropéens ont  fait ,  félon  lui ,  par  corruption  de  Adir- 
Dagan,  c'eft-à-dire,  le  grand,  le  mAg\n^M\n<i Dagon \ 
qu'il  n'étoit  point  extiaordinaire  que  la  même  Divi- 
nité fut  Dieu  en  un  endr9it  &  Déelfe  en  un  au- 
tre j  ou  Dieu  en  un  tems  &  Déeiîe  en  un  autre. 
Mais  Bochart  &  d'autres  Auteurs  croient  que  Z>iZ- 
gon  &  Atergads  font  deux  Divinités  lort  diftéren- 
tes  \  que  dans  Philon  de  Biblos ,  Dagon  elt  frère 
de  Saturne  ,  Ater<;ate  eft  fa  femme.  Au  fentiment 
de  Vollius,  ce  Dieu  contenoit  le  Dieu  Lunus  ,  ou 
la  Lune j  comme  principe  adif,  &  la  Mer  comme  , 
principe  pallif.  A  raifou  de  l'un  il  étoit  mâle  ,  & 
c'étoitun  Dieu;  à  raifon  de  l'autre,  il  étoit  fe- 
melle &  Déetfe.  Saumaife  croit  -que  Dagon  eft  la 
même  chofe  que  Kijràj  qui  étoic  une  elpèce  de 
grand  poillon,  Cete  j  &  que  le  Dagon  d'Azor ,  le 
Céto  de  Joppé ,  &  le  Derceto  des  Aicaloniies , 
n'étoit  qu'une  même  Divinité.  Voye^i  Bochart , 
Chan.  L.  IL  C.  i.  Selden,  i:»«  Diis  Syr.  Synt.  IL 
C.  3.  Voffius  de  Idbl.  L.  L  C.  x-l.L.  IL  C.76.  L. 
IX.  C.  10.  Saumaife  fur  Solin  ,  p.  574.  &  ci-delTus 
au  mot  AxERGATis.Drufius  croit  que  le  château  que 
l'Auteur  du  premier  Livre  des  MachabéeSj  XVL  1 5. 
appelle  Doch ,  ou  Aà»,  eft  le  même  que  Jofephe 
nomme  Dagon,  Antiq.  Jud.  L.XIII.  C.  15.  Ainfi 
Doch  &  Dagon  feroient  le  même  nom ,  ou  deux 
noms  du  même  Dieu  .,   mais   voye^   Doc. 

Le  Temple  de  Dagon  s'appeloit  Beth  Dagon , 
nom  purement  Hébreu ,  qui  fignifie  Mai/on  de 
Dagon,  il  étoit  à  Azor,  &  il  en  eft  parlé  au  L 
Livre  des  Machabécs  X.  85.  &  au  L  Livre  des  Rois 
C.  5.  ci-delfus.  Les  Philiftins  faifoient  des  Fêtes  en 
l'honneur  de  ce  Dieu  :  elles  conùftoient  en  facnh- 
ces  &  en  feftins ,   comme  il  eft  marqué  Jug.  XVL 

DAGORNE.  f.  f.  Une  vache  a  qui  on  a  rompu  une 
corne.  Facca  cornu  altero  mutdata. 

DagÔrne  ,  eft  auflî  un  terme  populaire  &  injurieux 
qu'on  dit  à  une  femme  vieille  ,  laide  &  de  mau- 
vaife  humeur  \  ce  qui  vient  d'un  vieux  mot  Lor- 
rain, <iui  fignifie  une  couenne  de  lard,  à  caufe  que 
les  vieilles  ont  d'ordinaire  la  peau  fort  vilaine.  Anus 
morofa. 

M.  Huet  prétend  qu'on  a  dit  dagorne  pour  dra- 
gor^. 

|fCr  DAGOUTHAH.  Ville  d'Afrique,  la  dernière  de 
ces  Pays ,  &  la  plus  proche  de  l'embouchure  du 
grand  fleuve  nommé  Niger ,  aujourd'hui  Senega. 
Elle  eft  à  50  milles  de  l'Ile  de  Comor. 

DAGUE,  f.  f.  Gros  poignard  dont  on  fe  fervoit  autre- 
fois dans  les  combats  finguliers.  Ska ,  Pugio.  Il 
lui  donna  plufieurs  coups  de  dague.  Il  rapporta  qu'il 
avoir  trouvé  force  traits  ,  force  dagues  j  (Se  force 
c;)ées  émoulues.  Taleman. 

Caîue  a  rouelle,  f.  m.  C'étoit  un  an:ien  poignard 
alfez  long  ,  qui  étoit  monté  d'i'ne  rouelle  fort 
large  ,  qui  lui  fervoit  de  garde.  Il  fut  introduit  par 
Louis  XI.  Il  croit  aboli  du  temps  At  Marot  ,  & 
palîoit  déjà  pour  un  antiquaille  \  &  c'eft  en  ce 
i'ens  que  ce  Pocte  l'applique  à  une  vieille  médi- 
fante.  Notes  fur  Cl.  Marot. 

Ce  mot  félon  Ménage  ,  vient  de  ï kWem^x^-^a  daghe 
&  dûggen  ;  qui  fignifie  la  même  chofe.  La  balfe 
Latinité  s'eft  fervie  auiîi  du  mot  de  daga,  dagger , 
daggerius  ,   dagardum.  D'autres   difent  qu'il   vient 


D  A  G        D  AI 

de  taga  ,  quod  Jh  ad  tangendum  paratlor ,  ou  de 
dagua  ,  quod  acuta  Jit.  Du  Cange  dit  que  ce  mot 
vient  du  Bas-Breton  dager ,  tk.  qu'on  1  appeloit  en 
vieux  François  Badelaire  ,  en  Latin  pugio.  D'autres 
le  dérivent  à  Dacis  ,  parce  que  c'étoit  leur  ar- 
me ordinaire  ;  d'autres  de  l'Hébreu  dacack  j  qui 
fignifie  acuere  j  d'autres  enfin  ,  comme  Guichart , 
de  dacar ,  qui  fignifie  conjodere. 
Dague  ,  en  termes  de  Vénerie  ,  eft  le  premier  bois 
^;^ue  porte  le  cerf  de  deux  ans ,  &  où  commence  les 

fierthes  ciui  font  fans  cors  ni  chevillures.  lerula.  On 
es  appelle  ainfi  ,  parce  qu'elles  font  pointues  com- 
me des   dagues. 

Dagues  ,  en  termes  de  chaffe  ,  eft  un  nom  qu'on 
donne  quelquefois  aux  dctenfes  du  fanglier.  Apri 
dentés  jalcati. 

Dague  j  en  termes  de  Marine,  eft  un  bout  de  corde 
dont  le  Prévôt  donne  des  coups  aux  Matelots  qui 
ont  fait  des  fautes. 

Dague.  Terme  de  Relieur.  Demi-efpadon  emmanché 
par  les  deux  bouts  d  une  poignée  de  bois  ,  dont 
on  fe  fert  pour  racler  les  veaux  &  en  enlever  ce  que 
le  Tanneur  y  a  lailfé  d'ordure.  On  dit  une  dague 
à  ratiifer.  Encyc. 

On  dit  proverbialement  d'un  homme  grofîier  qui 
fait  faire  le  fin  ,  qu'il  eft  fin  comme  une  dague  de 
plomb. 

Daguer..  V.  a.  Frapper  avec  une  dague.  Alïqueni  Jlcâ , 
pugione  configere.  Ce  mot  eft  vieux  &  hors  d'ufage. 

Daguer.  v.  n.  Terme  de  Fauconnerie  ,  fe  dit  de  l'oi- 
feau  qui  va  à  tire  d'aile  ,  qui  vole  de  touti.  fa  force  , 
8c  travaille  diligemment  des  pointes  des  ailes.  Pt;- 
mcijfunis  ails  dejerfi. 

Daguer.v.h.  Terme  de  Vénerie.  C'eft  le  terme  dont  on 
fe  fert  pour  exprimer  l'aétion  du  cerf  lorfqu'il  s'ac- 
couple avec  la  biche  pour  la  génération.' Le  cerf 
eft  il  chaud  ,  qu'un  Piqueur  alfura  le  Roi  Louis 
XIV.  qu'il  en  avoit  vu  un  daguer  quatorze  fois 
dans  une  nuit.  Ce  mot ,  félon  Ménage  (  Dicl.  Ety  m.  ) 
eft  tiré  de  la  reiremblance  du  membre  du  ceif  à 
une  dague.  C'eft  peut-être  de  ce  mot  qu'on  ap- 
pelle un  cerf  d'un  an  Daguet. 

Daguet.  Terme  de  Vénerie.  Jeune  cerf  qui  eft  à  fa 
première  tête  ,  c]ui  pouffe  fon  premier  bois.  Cer- 
vus  bimus  ,  fubulo. 

D'aguet.  adv.  Sourdement  ,  en  cachette.  Clam  ,fur- 
t'im ,  occulté.    Il  s'en  eft  allé  ,  il  a  tiré  fes  chauf- 
fes d'aguet. 
Il  n'eft  point  d'ufage. 

D  A  r. 

DAIBUTH  ,  ou  DAIBOTH.f.  m.  Si  l'on  en  croit  Iss 
Auteurs  du  Motéri ,  c'eft  un  faux  Dieu  desJàpo- 
nois  ,  qui  eft  honoré  principalement  à  Méaco , 
où  il  a  un  temple  ;  mais  fi  l'on  confulte  les  Hif- 
toriens  du  Japon,  Daibuth  dgniûe  un  Temple  dans 
lequel  il  y  a  une  Idole;  ôc  ce  {prétendu  Dieu  ho- 
noré principalement  à  Méaco  ,  étoit  un  temple  que 
Taicofama  bâtit  à  Méaco  ,  &  qui  brûla.  Foye:^ 
Bartoli ,  Dell.  Hijl.  délia  Camp,  di  Giefu  Afia  P.  II. 

DAIGNER.  V.  n.  Avoir  la  bonté  ,  vouloir  bien  faire 
une  chofe  en  faveur  de  quelqu'un  ,  s'abailfer  juf^ 
qu'à  vouloir  bien  la  faire.  Dignari.  Il  fe  dit  d'un 
fupérieurà  un  inférieur.  Je  ne  mérite  pas  que  vous 
entriez  chez  moi  ,  mais  j  Seigneur  j  daignez  dire 
une  parole  ,  &  ma  fille  fera  guérie  j  difoit  le 
Centurion  ,  en  Saint  Mathieu.  Ce  que  je  vous  de- 
mande eft  fi  peu  de  chofe  ,  que  je  ne  daigne  pas 
vous  en  prier.  Daigner'u\-yo\\%  bien  vous  abaiffet 
jufqu'à  moi.'' 

Daignerez-voBJ  compter  les  jours  de  monaèftneei 
Rac. 

Avec  deux  mots  que  vous  daignâtes  dire  , 
F'ous  fûtes  arrêter  mes  peines  pour  jamais.  Voit. 
^  ■  DAIC 


D  AI 

DAn.  f.  m.  Terme  de  Conchiliologie.  C'efl:  le  nom 
d'un  coquillage  dont  il  ell:  p.irlé  dans  l'hiiioire  de 
JiAcadémie  des  Scienc.  de  1710.  p.  14.  d  après  M. 
de  Reaumur.  Le  dai/  ne  fe  neuve  jamais  qu'en- 
Foncé  dans  la  gl.dfe  ,  ou  dans  la  banche  qui  n'elt , 
félon  M.  de  Reaumur,  que  de  la  glaiie  durcie.  La 
figure  du  dui/  6i  de  ion  rrou  eft  à  peu-pies  celle 
d'un  cône  tronqué  ,  dont  la  petite  bafe  ell:  tou- 
jours en  haut  ,  &  par  conléquent  il  ne  fort  jamais 
de  fon  trou,  il  l'augmente  par  le  bas  à  proportion 
qu'il  croît,  par  le  moyen  d'une  efpece  de  pied  fait 
en  lofange  qu'il  iait  fottir  par  le  bas  de  ia  coquille. 
M.  de  Reaumur  conjecture  que  les  dails  vivent  long- 
tems,  &  juge  de  la  profondeur  ou  ils  ie  tiennent 
par  la  longueur  des  tuyaux  dont  ils  fe  fervent  pour 
rejeter  l'eau,  ainlà  que  tont  le  coutelier,  le  four- 
don  j   le  iavignon  ,    (!?;  autres  coquillages. 

§3"  D'AILLEURS  elt  quelquefois  adverbe  de  lieu, 
&  fignitie  d'un  autre  côté ,  d  un  autre  endroit.  Je 
ferai  venir  u  ailleurs  ce  que  vous  demandez. 

1^  Quelquefois  il  iîgnitîe  la  même  chofe  que 
d'une  aut.ecaufe,  d'un  autre  principe.  Vous  avez 
tort  d'attribuer  votre  difgrace  aux  propos  qu'il  a 
tenus  i  elle  procède  d'ailleurs 

Quelquefois  ce  mot  eft  fynonyme  à  de  plus  &: 
outre  cecu.  Ils  fignihent  tous  trois  lurcroît  ou  aug- 
mentation, avec  cette  dittérence  ,  dit  M.  l'Abbc 
Girard  ,  que  de  plus  s'emploie  fort  à  propos  lorfqu'il 
eft  queftion  d  ajouter  encore  une  railon  à  celles 
qu'on  a  déjà  dues.  Il  lert  précifément  à  multiplier , 
ti  n'a  rapport  qu'au  nombre.  D'ailleurs  eft  à  la 
place,  lorlqu'il  s  agit  de  joindre  une  autre  raifon 
de  différente  clpèce  à  celles  q^u'on  vient  de  rappor- 
ter. Il  ferr  proprement  à  raftembler  ,  &  a  un  rap- 
port particulier  à  la  diverlité.  Outre  te/ j  il  eft  d'un 
ufage  ties  -  convenable  ,  lorfqu'on  veut  augmenter 
par  une  nouvelle  ration  la  force  de  celles  qui  fuf- 
fifoient  par  elles  feules.  Il  lert  princi^ialement  à 
rencliéiir ,  &  a  un  rapport  fpécial  à  l'abondance. 
lïCT  il  y  aura  touiours  des  guerres  entre  les  hom- 
mes parce  qu'ils  font  ambitieux ,  que  l'intérêt  les 
gouverne,  Se  que  d  ailleurs  le  zèle  de  la  religion 
les  rend  cruels. 

DAlLLOTb  ou  ANDAILLOTS.  f  m.  pi.  Terme   de 
Marine    Ce  lont  des  anneaux  qui  fervent  à  amar 
rer  a  voile,  qu'on  met  de  beau  tems  fur  le  grand 
étai ,  &  qui  font  le  même  effet  que  les  garcettes 
fur  la  vergue.  Annuli. 

DAIM,  f  m.  Bète  fauve  <Sr  fauvage,  de  grandeur 
moyenne  ,  entre  le  cei;f  &  le  chevreuil ,  portant 
cornes  tournées  en  avant ,  mais  dont  les  perches 
&  chevillures  font. larges  &;  plittes  &  non  pas  ron- 
des. Le  ^liiw  eft  de  pelage  plus  blanc  que  le  cerf,  il 
porte  plus  de  cors  fur  fa  tête,  qui  eft  oïdinaite- 
ment  paumée  j  ôi  fa  vsnaifon  eft  plus  friande  quand 
il  eft  jeune,  tendre,  gras  &  bien  nourri  \  mais 
quand  il  eft  vieux ,  fa  chair  eft  difficile  à  digérer. 
11  y  a  des  daims  mâles  &;  des  daims  femelles.  Dama 
mas  y  divna  Jcemina.  On  fait  des  gants  de  daim.  Le 
daim  eft  naturellement  fort  timide  &  fort  peureux, 
agile  &  léger  à  la  courfe.  On  tient  que  fa  chair  eft 
nourriffante ,  qu'elle  fait  un  bon  fuc ,  qu'elle  eft 
propre  pour  la  paralyfie,  &:  pour  appaifer  les  dou- 
leurs de  la  colique.  Son  fang  bu  auliî-tôt  qu'il  eft 
tiré  ,  appaifc  les  vertiges.  Son  fiel  eft  déterlif ,  & 
propre  à  emporter  les  catarades,  &  à  diih'per  les 
nuages  des  veux.  Son  foie  arrête  le  cours  de  ven- 
tre, l'  oye-^  M.  Lémery ,    Traite  des  alimens. 

On  dit  en  proverbe ,  vite  comme  un  daim.  Il 
faute  comme  un  daim. 

DAINE.  {.  f.  La  femelle  d'un  daim.  Salnove. 

DAINT  ER.  f.  m.  Terme  de  Vénerie  ,  qui  fe  dit  des 
tefticiiles  des  cerfs.  Cervinus  tejliculus.  On  dit  aulfi 
Dintier. 

DAIRE.  f.  f.  Nom  propre  d'une  Nvmphe.  Daira.  Elle 
etoit  fille  de  j'Océan  :  elle  eut  de  Mercure  un  fils, 
nommé  Eleuds.  Paufanias   en  parle  in  Attiàs. 

DAÏRE  ou  DAÏRO.  f  m.  C'eft  le  nom  de   l'Empe- 

_     reur  Souverain  du  Japon.  Dalr .,  Daïrus.  Il  s'appelle 


D  A  I 


89 


aiitrement  Vo  ou  Teio  ,  Maff.  Hijl.  Ind.  L.  Xlï. 
C'eft  le  titre  de  la  Souveraine  Puiffance  ;  ainfi  l'af- 
lure  Mafté  ,  à  l'endroit  que  je  viens  de  citer  j  le 
P.  Sacchin,  Jéiuire,  dans  le  IL  Tome  de  Vktjl.de 
la  Compag/ue  de  Jejus.  L.  IV.  n.  282.  Le  P.  Bartoli , 
dans  fon  Hiftoire  Italienne  du  même  Ordre  ,  T.  L 
de  l'Afie,  L.  IIL  p.  191.  Hornius,  Orbis  hnp.  Se 
après  lui  Holîman.  Je  ne  fais  où  les  Auteurs  du 
Moréri  ont  pris  que  Daire  eft  le  Souverain  Pon- 
tife des  Japonois.  D'abord,  le  Japon  fut  gouverné  par 
des  Rois  qu'ils  appeloient /Wic-or/jc'eft-à-dire,  hauts, 
jublimes.  Il  y  a  douze  de  ces  Rois  qu'ils  honorent 
encore  fous  le  nom  de  Camis.  Ils  croient  qu'ils 
étoient  la  poftérité  du  folcil.  De  ces  Camis  étoient 
defcendus  les  Princes  qui  régnèrent  enfuite  dans 
le  Japon.  Le  premier  vivoit  GGo.  ans  avant  la  naif- 
fance  de  J.  C.  Cent  onze  Princes  tous  de  la  même 
race  ont  gouverné  le  Japon  après  lui  j-avec  le  titre 
de  Teio  ou  Vô ,  Dalre.  Ils  étoient  Empereurs  Sou- 
verains de  tout  le  Japon,  &  tous  les  autres  Rois 
leur  obéiffoienr.  Leur  famille  fubfifte  encore  au  Ja- 
pon ,  mais  elle  ne  tient  plus  le  même  rang.  Il  y 
a  deux  cents  &  quelques  années  >  ôc  félon  Bartoli , 
}6o.Sc  plus  j  &  près  de  quatre  cents  ans,  comme 
dit  Sacchin  ,  que  fous  un  Daire  fainéant  &  in- 
dolent, le  Cubofama,  c'eft  à-dire ,  le  Connétable, 
ou  Commandant  Général  des  armées-,  s'empara  de 
toute  l'autorité.  Se  les  Rois  fournis  au  Datre ,  à 
l'exemple  du  Cubofama,  fe  révoltèrent,  &  fe  mi- 
rent en  liberté.  Jufqu'au  commencement  du  XVI'. 
iiécle,  les  Cubofama  reconnurent  cependant  &  confer- 
verent  lapuilfance  &c  la  dignité  du  Daire,  ne  gouver- 
nant en  apparence  que  fous  fon  nom  &  fon  autorité; 
mais  l'an  1600.  le  Daire  ayant  donné  fa  dcmilfion  , 
Taicolama  fut  déclaré  Empereur  du  Japon,  &  com- 
mença une  nouvelle  forme  de  Gouvernement.  Ainfî 
le  Daire,  aufti-bien  que  le  Cubo,  font  deux  di- 
gnités féculières ,  pour  parler  avec  Bartoli.  Il  eft  vrai 
que  les  Japonois  ont  auffi  leur  Souverain  Pontife  , 
mais  ils  le  nomment  Zazzo ,  &  non  p^s  Daïre.  Au 
refte  ,  en  changeant  la  forme  de  l'Empire  ,  ils  n'ont 
point  changé  les  noms  de  Dalre  &  de  Cubofama  ; 
de  forte  qu'aujourdhui  l'Empereur  du  Japon  ne 
porte  plus  le  i\ue  de  Datre ,  mais  celui  de  Cubo- 
fama ,  qui  n'étoit  que  celui  d'un  grand  Officier  de 
l'Empire  Japonois  fous  les  anciens  Daïres. 

Le  mot  de  Dairo  eft  Japonois ,  &  fignifie  ,  dit 
Bartoli ,  la  Cour.  Jlula. 

DAIS.  f.  m.  Meuble  précieux  qui  fert  de  parade  &  de 
titre  d'honneur  chez  les  Princes  &  les  Ducs.  C'eft 
une  efpèce  de  pocle  fait  en  forme  de  ciel  de  lu, 
avec  un  dolfier  pendanr.  Vmhella  ,  umhraculum.  Il 
n'y  a  des  dais  que  chez  les  Rois  ,  chez  les  Princes, 
les  Ducs ,  &  les  Ambaffadeurs. 

Le  dais  fe  met  auprès  de  la  cheminée  dans  les 
chambtes  de  parade.  On  tend  un  dais  dans  la  grand'- 
Chambre   quand  le  Roi  y  tient  fon  lit  de  Juftice. 

Dais  ,  fe  prend  encore  pour  un  ouvrage  d'Architec- 
ture &  de  Sculpture,  qui  eft  un  ornement  de  bois, 
de  bronze  ,  de  fer,  qui  ferr  à  couvrir,  à  couron- 
ner un  autel ,  un  trône ,  un  tribunal ,  une  chaire 
de  Prédicateur,  une  œuvre  d'Eglife ,  &c.  Ces  for- 
res  de  dais  font  fairs  en  forme  de  pavillon ,  de  cou- 
ronne fermée  ,  de  confoles  adoflées.  Voye-:^  encore 
Baldaquin. 

Il  y  a  auffi  des  dais  portatifs  fur  quatre  colonnes  , 
fous  lefquelles  on  porte  le  S-  Sacrement.  On  les 
appelle  aufti  le  ciel.  Les  plus  notables  bourgeois 
portent  le  ciel  ou  le  dais  à  la  Procelfion  de  la  Fêre- 
Dieu.  On  préfente  aufn  un  dais  aux  Rois  ,  aux  Reines 
&  aux  Lét;ats  qui  font  leur  entrée  en  cérémonie 
en  quelque  ville.  Les  Echevins  ont  préfenté,  ont 
porté  le  dais ,  &c. 

Haut  dais  ,  eft  un  trône  ou  un  liey  élevé  où 
le  Rois  donnent  leurs  audiences,  &  où  ils  fe 
tiennent  dans  les  cérémonies  publiques,  /oit  qu'il 
y  ait  un  dais  delTus  foit  qu'il   n'y  en  ait  point. 

Ce  mot  vient  de  ce  qu'anciennement  on  les  fai- 
foit  comme  un  couvercle  d\iis  ou  de  Menuiferie, 

M 


lu 


90  DAI         DAL 

qu'on  revècoit  de  riches  étoffes.  On  a  prononce  au- 
trefois dcrs.  NicoD. 

Ménage  dit  qu'il  vient  de  dojjlum  fait  de  dorfum  , 
d'où  l'on  a  fait  dois  &c  dais.  On  dit  aufli  qu'on  a 
appelé  dois  une  table  entourée  de  bancs  à  dos ,  &c 
couverte  par  en  haut  pour  garantir  de  la  poudre  du 
plancher  :  il  étoit  en  ufage  dès  le  tems  des  Romains. 
On  trouve  dans  la  balle  bcinitc,  dagus ,  qu'un  vieux 
glotlaire  explique  par  \i!ln?^M<)t ,  la  garniture  d'une 
chaife  ,  d'un  tauteuil ,  le  tapis  que  l'on  met  delFus. 
Meuriius  prétend  que  dagus  eft  le  mot  François 
dais:^  car  un  dais  n'eft  pas  ce  qui  fe  met  fur  un 
fiége  pour  le  couvrir,  mais  ce  qui  s'étend  audelTus 
de  la  tête  de  celui  qui  eft  alîis.  Au  refte  ,  dais  n'eft 
pas  un  mot  nouveau  dans  la  langue  \  Matthieu  Paris 
le  rapporte  dans  les  vies  des  Abbés  de  S.  Alban, 
pag.  ^2..  . 

L'origine  &  le  premier  ufage  des  dais  vient  de  ce 
ju'on  expoioit  les  corps  des  Princes  après  leur  mort 
(ur  des  lits  ou  des  dais  magnifiques  &  de  parade, 
comme  on  fait  encore  à  préfent.  Ainfi  Conftantin 
fut  expofé  durant  plulîeurs  jours,  &  fervi  avec  les 
mêmes  cérémonies  que  s'il  eut  été  vivant.  Les  Payens 
expoloienr  aufli  lur  des  lits  ou  des  dais  les  images 
de  leurs  Dieux ,  on  leur  falloir  de  magnifiques  ref- 
tins  ;  &  les  Prêtres  qui  préfidoient  à  ces  feftins,  qui 
en  avoient  l'intendance,  étoient  z^^qMs  Epulones. 
F'ove-^f  ce  mot. 

DAISCaOU  ou  DAISSAT.  Terme  de  Relation.  Nom 
de  la  douzième  partie  des  vingt-quatre ,  dans  lef- 
quelles  l'année  des  Cathaiens  eft  divifée.  Chaque 
partie  eft  de  quinze  jours,  Se  tient  lieu  à  ces  peu- 
ples de  femaine ,  deforte  que  leur  année  eft  de  j6o. 
jours. 

DAISSAT.  F'oye^  le  mot  précédent. 

DAKON.  f.  m.  Pierre  bleue  femblable  à  du  corail , 
que  les  femmes  de  Guinée  portent  dans  les  cheveux, 
pour  fervir  d'ornement. 

DAL. 

DALANGUER  (  Montagnes  de  ).  Grande  chaîne  de 
montagnes  dans  les  Etats  du  Mogol.  Dalanger s.  mon- 
tes. On  les  appelle  aufli  montagnes  de  Naugracut , 
patce  qu'elles  environnent  cette  Province  du  côté 
du  nord  ,  &  en  partie  du  côté  du  couchant.  Naugra- 
cuciï  montes. 

DALÉBOURG.  Petite  ville  de  la  Dalie,  Province  de 
Suède  Daleburgum.  Maty. 

DALECARLIE.  Province  de  la  Suède  propte.  Dale- 
carlia.  La  Dalécarlie  eft  bornée  au  couchant  &  au 
nord  par  les  montagnes  de  Norwège,  au  levant  pat 
l'Helfmgie  &  la  Geftricie,  au  midi  par  la  Weft- 
manie  &  la  Wermelande.  La  Dalécarlie  eft  très- 
vafte ,  mais  toute  convertie  de  hautes  montagnes  , 
&  n'a  que  des  bourgs  &  des  villages  ,  dont  Idra  eft 
le  principal.  On  y  trouve  quantité  de  mines  de  fer  & 
de  cuivre,  dont  quelques-unes  font  d'une  prodigieufe 
profondeur. Ses  habitans  font  rudes,  belliqueux  ,  ro 
buftes  ,  &  on  remarque  que  les  grandes  révolutions 
arrivées  en  Suède,  ont  prefque  toujours  commencé 
&  fini  par  cette  Province. 

DALEM.  Petite  ville  des  Pays-Bas  dans  le  Limbourg 
Hollandois.  Dalemum.  Elle  eft  capitale  d'un  Comté 
qui  a  eu  autrefois  fes  Comtes  particuliers  ;  c'eft 
pour  cela  que  les  Flamands  la  nomment  encore 
Gravendale,  c'eft-à-dire^  la  Dalcm,  ou  la  vallée 
des  Comtes.  Morin. 
DALEPON.  Terme  de  Fleurifte.  Tulipe  couleur  de 

brique  ,  le  fond  noir.  Morin. 
DALIE.  Province  de  Suède  dans  la  Weftfogothie,  c'eft- 
à-dire  ,  dans  la  partie  occidentale  de  la  Gorhie. 
Dalia.  Elle  s'érendoit  autrefois  jufqu'en  Norwège. 
Elle  a  aujourd'hui  des  bornes  plus  étroites.  Hoff- 
MAN  ,  Maty. 
DALKETH.  Petite  ville  de  l'EcolTe  méridionale  dans 

la  Lokiane ,  fur  la  rivière  d'Esk.  Dalketum. 
DALLE  ou  DARNE,  f.  f.  Tranche  ou  morceau  de 
Poiflbn,  entr'auttes  du  Saui^ion  i:.  de  l'Alofe. 


DAL 

Ménage  après  Bochart ,  dérive  ce  mot  de  l'An- 
glois  deaL ,  qui  fignifie  portion.  En  quelques  lieux 
on  dit  une  darne  de  Saumon,  &  l'Académie  le  pré- 
fère à  dalie.  Borel  dit  qu'en  Normandie  on  dit  dale  , 
ou  dtle  ,  pour  fignifier  une  tranche  ,  &  qu'il  vient 
du  Latin  taleola.  Du  Caxige  dit  que  dara  eft 
un  mot  Bas  -  Breton  ,  qui  fignifie  une  partie  ,  & 
ainfi  il  faut  dire,  darne  de  Saumon  ,  &  non  pas 
dalle,  comme  on  dit  abulivement  à  Paris.  En  Au- 
vergne on  dit  dearne.  Offa ,  offella,  Mr.  Huet  dit 
que  ce  mot  vient  de  l'Anglois  deal ,  qui  fignifie 
portion  j  &  deal  j  du  mot  Allemand  theil ,  qui  fi- 
gnifie partie. 

Dalle.  Terme  de  Marine.  Petite  auge  qui  fert  dans 
un  brûlot  à  conduire  la  poudre  aux  chofes  com- 
buftibles.  F'as  ,  vafculum.  On  appelle  auffi  dalle , 
un  petit  canal  qu'on  met  fur  le  pont  d'un  vaiflcau 
pour  recevoir  l'eau. 

Dalle,  eft  encore  une  grande  pierre  de  liais,  tel- 
les que  font  celles  qui  font  élevées  dans  les  cuifi- 
nes,  qui  fervent  à  laver.  Lapis  ad  expurganda  vafa 
coquinaria. 

Dalle  fe  dit  plus  généralement  des  pierres  dures  dé- 
bitées par  tranches  de  peu  d'épailfeur  ,  dont  on  cou- 
vre les  tous  des  bâtimens  ,  les  terralfes ,  les  bal- 
cons ,  &  d'où  l'eau  s'écoule  par  les  têtes  de  lion  , 
&  par  les  gargouilles  &  gouttières  taillées  fur  la 
plus  haute  cymaife  de  la  corniche  des  murs,  Stil" 
licidia  lapidea.  On  fait  aufli  du  caireau  de  dalles. 
On  appelle  dalles  à  joints  recouverts,  celles  qui 
étant  feuillées  avec  une  moulure  deflus  en  ma- 
nière d'ourlet  en  recouvrement ,  fervent  de  cou- 
verture. 

Dalle  j  eft  aulTî  une  pierre  dure  qui  fert  à  aiguifet 
les  faulx  à  faucher,  dont  on  fait  grand  trafic  en 
Lyonnois,  en  Auvergne,  &  ailleurs.  Cos. 

Dalle  a  encore  en  Normandie  la  fignification  d'mer, 
égoût  J  trou  par  où  les  eaux  s'écoulent. 

Dalle  en  ce  fens  pourroit  venir  de  l'Anglois  dalle  j 
vallée.  Huet. 

Dalle.  Monnoie  de  compte ,  dont  on  fe  fert  dans 
plufieurs  villes  d'Allemagne,  pour  tenir  les  livres  de 
commerce  &  de  banque.  La  dalle  vaut  trente-deux 
fous  lubs ,  ce  qui  revient  à  quarante  fous  de  France , 
le  fou  lub  valant  un  peu  plus  que  le  fou  tournois. 
Dicl.  de  Commerce.  On  exaltoit  le  labeur  de  M.  de 
Lyon  ,  qui  forgeoit  une  loi  fondamentale  par  la- 
quelle il  feroit  porré  que  quiconque  parleroit  de  paix 
de  vingt  ans ,  ou  demanderoit  le  commetce  libre , 
&  regretteroit  le  bon  tems  pafle  ,  feroit  envoyé  en 
exil  à  Soiflbns  ,  comme  hérétique  &  maheutre,  ou 
paieroit  à  la  bourfe  de  l'Union  certaine  quantité 
de  Dalles,  pour  l'entretenement  des  Dodeuis.  J'af. 
Mén.  t.  ï.p.  198. 

Dalle  &  Dallée.  Dans  c^uelques  Coutumes  ces  roots 
fignifient/ô/Ze,  en  La.tm  JoJJa. 

DALLER  ,  qu'on  appelle  aufli  Dallet  ou  Tallet.  f.  m. 
Monnoie  d'argent  à-peu-près  de  la  valeur  de  l'écu 
de  France  de  60  fous.  Les  dallers  fe  fabriquent  ea 
plufieurs  états  de  la  haute  &  bafle  Allemagne. 

|p=  DALLON.  Foye^  Dalot. 

DALMACE.  Nom  d'homme.  Dalmatius.  Cefhftantius 
Chlorus  avoit  eu  Jules  Conftantius  d'une  autre  mer* 
que  Conftantin  le  Grand,  c'eft- à -dire  de  Théo- 
dore ;  &  de  la  même  femme  Conftantius  Chlorus 
avoit  un  autre  fils  Dalmace,  furnommé  Hanniba*- 
lien,  que  Conftantin  fon  frère  fit  Cenfeur.  Celui-ci 
avoit  laifle  deux  fils ,  Jules  Dalmace  &;  Claude 
Hannibalien.  Conftantin  avoit  donné  à  Dalmace  le 
titre  de  Céfir  avec  la  Thrace  y  la  Macédoine  & 
l'Achaie.  Fleury.  Les  Antiquaires  difent  toujours 
Dalmatius ,  &  point  Dalmace.  Il  y  a  aufli  un  Sainc 
Dalmace  ou  Dalmatius  ,  Abbé. 

DALMANUTHA.  Lieu  ou  petite  contrée  fituée  entre 
le  lac  de  Généfireth  &  la  Décapole.  Dalmanu- 
tha.  Le  P.  Lubin  croit  que  ce  pouvoit  être  une  ville. 
Communément  on  prend  Dalmanutha  pour  un  petic 
pays.  Quoi  qu'il  en  foit,  Dalmanutha  iio\ià3.n%  la 
demi-Tribu  de  Manalfé ,  au-delà  du  Jourdain.  Dans 


D 


D  AL 

Saint  Marc  VIII.  lo  J.  C.  api  es  avoir  nourri  quatre 
milie  hommes  de  fept  pams  lïi  quelques  petits  poil- 
fons ,  palla  Ijlac  ae  (jenefaieth  &  al'a  du  côté  de 
Dalmanuih.  Dans  Saint  Matthieu,  XV>  59.  ce  fui 
du  côté  de  Magédan.  Cela  tau  voir  que  ces  deux  lieux 
fe  tournoient i  car  il  ntlt  point  ncceilaire  que  ce 
fût  le  même  lieu,  comme  le  P.  Lubin  foupçoune 
que  cela  pourtoit  être. 

Ce  mot  eft  communément  appelé  portion  ou 
herk.fc  du  pauvre,  de  ht,  ^'^^,  pauvre,  &  D23 , 
port'.û-i  ,  qui  vient  du  verbe  nit2,  inanahh  ,  numeravtt. 
AL  M  A  V  E.  f.  m.  &  f.  Noai  de  Peuple.  Dalmata. 


Les  Dalmates  étoient  origuKurement  Illyriens.  Il 
prirent  ce  nom  du  pays  qu'ils  occupèrent  j  ou  ai 
la  ville  principale  de  ce  pays.  Les  Anciens   &  les 
Infcripnons    les    nomment    Ddmaccs  j    Dclmata  , 
comme    nous  le  dirons  en  rapporrant  l'origine  de 
ce  nom  au  mot  Dalmatie.  Quoi  qu'il  en  loit  du 
Latin  ,  l'ulage  François  eft  de  àiisDa/mare.  Les  Z>^/- 
maces  vivoientdans  les  Forêts,  ôc  étoient  fort  adon- 
nés au  larcin  8c  au  pillage  ;   ils  éroienr  braves  & 
belliqueux.  Dioclétien  étoit  Dalmau.  Saint  Jérôme 
l'étoit  aulli.  La  Cavalerie  D.Jmace   s'acquit   de   la 
réputation  dans  les  armées  Romaines  lous  l'Empe- 
reur Claude-  Treb.  Pollion.  Une  vieille  infcnp- 
tion  qui  eft  à  Mayence  hut    mention  d'un  loldat 
de  la  cinquième  cohorte  des  Dalmates.  Les  Dalmates 
furent  convertis  à  Jéfus-Chrift  en  %66.  par  Métho- 
dias   foutenu  de  Louis ,  Roi  de  Germanie. 
DALMATIE.  Région  d'Europe  J  voifine  delà  Macé- 
doine. Dalmatia.  La  Dalmatie  étoit  la  partie  orien 
taie  de  l'iUyrie,  &  avoit  à  l'occident  &  au    midi 
la  mer  Adriatique,  la  partie  occidentale  de  l'illy 
rie,  ou  l'iUyrie   propre,    &  la  Pannonie  au  lep 
,tenaion  ;    la  Mœlie,  la  Dardanie  &  la  Macédoine 
au  levant.  Ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  Dalmatie , 
comprend  l'une  &  l'autre  Ulyrie  &  la  Liburnie  ,  & 
fe  nomme  Efclavonie.  Elle  obéit  prefque  route  au 
Turc ,  à  la  réferve  de  quelques  villes  qui  font  en- 
core aux   'V^énuiens. 

Pour  en  parler  jufte,  il  faut  diftinguer  la  Dal- 
matie ancienne  &  la  Dalmatie  nouvelle.  La  Dal- 
matie ancienne  fut  d'abord  compofée  de  vingt  villes, 
&  de  leur  territoire  j  que  prirent  les  Dalmiens  aux 
habitans  de  Dalmium ,  qui  le  révoltèrent  courte  le 
Roi  Gentius.  C'eft  de  cette  vUle  de  Daimium  ou  Dei- 
minium,  qu'ils  furent  appelés  Delmates  ou  Dalmates  , 
&  le  pays  Delmatie  &  Dalmatie.  Juiques-là  \-x  Dal- 
matie éroit  toute  au   milieu  des   terres  ;  mais  ils 
pouffèrent  plus  loin   leurs  conquêtes ,  prirent  en- 
core foixante  autres  villes  j  &  s  étendirent  jufquà 
la  mer  Adriatique.    Leurs  voilins    inquiets  &  ja- 
loux de  ces  conquêtes,  appelèrent  les  Romains,  qui 
vainquirent  les  Dalmates ,  &  réduifirent  la  Dalma- 
tie en   P'-ovince.  Mais  les  Dalmates  fecouerent  le 
joug  quelque  tems  après  ,    enlevèrent   aux  Libur- 
niciis  leur  pays  ^  &C  aux  Romains  l'iUyrie.  hx  Dal- 
matie s'étendit  même  beaucoup  davantage.  Mais ,  à 
proprement  parier,  aujourd'hui  la  Dalmatie  qù.  bor- 
née au  couchant  par  les  Iles  du  golfe  de  Carnéro  j 
au  nord  par  la  Morlaquie ,   la  Croatie  j  la  Lîofnie 
&  la  Servie  ;  au  levant  par  l'Albanie,  &  au  midi 
par  le  golfe  de  'Venife.  La  Dalmatie  a  dépendu  du 
Royaume  de  Hongrie.  Elle  peut  avoir  eu  quatre- 
vingt-dix  lieues  fur  les  côtes,  mais  elle  ne  s'avance 
pas  beaucoup  dans  les  terres.  La  Dalmatie  eft  par- 
tagée   entre  trois  Souverains.   La  République    de 
Ragufe  poflede  une  petite  parrie  de  la  Dalmatie 
orientale.  Les  Turcs  tiennent  le  refte ,  à  quelques 
villes  confidérables  près  ,  que  les  Vénitiens  polfe- 
denr  avec  toute  la  Dalmatie  occidentale.  Au  refte, 
on  donne  quelquefois  moins  d'étendue  à  la  Dalma- 
tie ,   que  nous  n'avons  fait  \  car  on  la  termine  au 
couchant  par  la  rivière  de  Kurka ,  ou  Cherca,  où 
commençoir  anciennement  la  Liburnie.  Quelque- 
fois  audi  on  l'ctend  au-delà  des  bornes  que  nous 
lui  avons  données ,  &  on  y  renferme  vers  le  cou- 
chant toute  la  Morlaquie  ,  &  vers  le  levant  la  par- 
lie  de  l'Albanie  qui  eft  au-  deçà  de  la  Boyana ,  & 


DAL  9î 

quelquefois  même  tout  ce  qui  eft  aU-deçà  du  Drini, 
La  iJaimutie  fut  érigée  en  Royaume  l'an  1076.  Dé- 
métrius  en  lut  créé  Roi.  La  capirale  de  Liaimatie , 
félon  Vigénere  fur  Céfar  _,  eft  Jadera  j  que  Ville- 
hardouin  appelle  Jadras. 

La  mer  de  ualmatie  ^  Dalmaticunï ,  LibufnicuM. 
mare ,  eft  la  partie  du  golfe  de  Vende  qui  baigne 
les  côtes  de  Moilaquie  ts;  de  Dalniutie  ,  &  qui 
s'étend  depuis  l'iftne  julqu'au  golfe  du  Dnn. 

(Quelques-uns  difent  que  ce  pays  a  pris  le  nom 
de  Dalmatie  3  de  Dalmium  ^  qui  en  écok  la  capi- 
tale.   Cela  eft  plus   vraifemblable  que  de  le  tirer 
de  l'Hébreu  cdVd  ,  Taeleni ,  c'eft-à-dire,  un  c^Z/c^/z^ 
&  figurément  par  fynecdoque  labàitrage  \  &c  de  dire 
que  ce  pays  lut  amlî  nommé  parce  qu'il  eft  labou- 
rable ,  t<c  qu'il  écoit  bien  cultivé. 
Dy\LMATIE.  Nom  dune  République  de  l'iUyrie^ 
dans   les  liècles  prccédens.  Ualmatia.    Delminio  j 
ville  autrefois  puUlante,  étoit  la  capitale  de  la  Dal- 
matie ou  de  la  République  appelée  Dalmutic.  Elle 
conquit  toute  la  partie  de  l'iUyrie  qui  eft  le  long 
du  golfe  de  Venife  ,  entre   les  rivières  de  Cherca 
&  de  Bojana  \  &C  ce  pays  en  prit  le  nom  de  Dal- 
matie, qn'û  conferve  encore  aujourd'hui.  Maty.  Ce 
fut  fous  Guitius,  Roi  d'illyrie  ,  que  les    habitans 
de  Delminio  fecouerent  le  joug,  fe  mirent  en  liberté  j 
&c  commencèrent  à  former  cette  République  com- 
pofée d'abord  d'une  vingtaine  de  villes,  qu'ils  pri-^^ 
rent  ou  qu'ils  attirèrent  dans  leur  parti. 
DALMATIQUE.  f  f  Ornement  d'Eglife  j  efpèce  de 
tunique  que  portent  les  Diacres  &  les  Soudiacres  j 
quand  ils  afliftenr  le  Prêtre  à  l'Autel  j  en  quelque 
Procellion ,  eu  autre  cérémonie.  Dalmaiica.  On  peint 
S.Etienne  revêtu  à'nne  d  al  m  a  tic]  ue.  DuCangedit  quô 
les  Empereurs  &  les  Rois  ,  dans  leurs  facres  &c  au- 
tres grandes  cérémonies ,  étoient  vêtus  de  dalmati- 
ques.  Cet  ornement  n'appartenoit  autrefois  qu'aux 
Diacres  de  l'Eglife  de  Rome.  Les  autres  ne  la  pou- 
voient  porter  que  par  un  induit  &  conceflion  du 
Pape  dins  quelque  grande  folemnité  :  depuis  on  l'a 
accordée  même  aux  Moines  j  quand  ils  ont  reçu 
le  Diaconat ,  comme  on  le  peut  voir  par  un  Ponti- 
fical rapporté  par  le  P.  Martenne  ,  dans  foh  ouvrage 
des  anciens  rits  de  l'Eglife  ;  &  c'eft  aujourd  hui  l'u- 
fage  qu'ils  la  reçoivent  lorfqu'on  les  fait  Diacres  » 
&  loffqu'ils  alîiftent  le  Prêtre  à  l'Autel.    Herbert 
dit  que  la  tunique  étoit  le  propre  des  Soudiacres  ji 
la  dalmatique  des  Diacres  ,  &  la  chafuble  des  Prê- 
tres. Le  Pape  Zacharie  avoit  coutume  de  la  por- 
ter fous  fa  chafuble,  &  les  Evêques  en  portent  en- 
core. C'étoit  un  ornement  facerdotal   qu'on  a  pris 
fouvent  pour  la  chafuble  ,  qui  ttoit  blanc    mou- 
cheté de  pourpre  ,  &  c'étoit  autrefois  un  habir  mi- 
litaire ,  à  ce  que  dit  Amalarius.  Alcuin  dit  que  le 
Pape  Silveftre  en  introduifit  le  premier  l'ufage  dans 
l'Eglife  i  mais  elle  étoit   différente   de   celle  d'à 
préfent.   Elle  étoit  faite  en  forme  de  croix  ,  avoit 
du  côté  droit  des  manches  larges ,  &  du  côte  gau- 
che de  grandes  franges  j  lefquelles  fignifioient,  fui-" 
vaut  ce  que  dit  Durandus ,  les  foins  &  les  fuper- 
fluités  de  cette  vie.  On  n'en  mettoit  point  par  con- 
féquent  au  côté  droit ,   à  caufe  que  l'autre  vie  en 
eft  exempte.  C'eft  aujourd'hui  l'ufage  de  donner  aux 
Diacres  une  dalmatique  dans  la  cérémonie  de  leur 
ordination  :  cet  ufage  ,  félon  le  P.  Martenne,  n'eft 
univerfellemenr  établi  que  depuis  environ  cinq  cens 
ans;  d'où  il  conclut,   contre    Médina,    que   don- 
ner la  dalmatique  n'eft  point  une  chofe  eftentielle  à 
l'ordination  des  Diacres.  On  trouve  dans  l'ouvrage 
du  P.  Martenne  pluheurs  Pontificaux  ou  Rituels  des 
Eglifes  de  Rome,  de  Mayence,  de  Befançon  ,  de 
Tours  ,  où  la  cérémonie  qu'on  fait ,  &  les  paroles 
qu'on  récite  ou  qu'on  chante  en  donnant  la  dalma~ 
tique  aux  Diacres ,   font  marquées.  C'étoit  la  cou- 
tume au  tems  de  Saint  Grégoire,  lorfqu'on  portoic 
en  terre  le  corps  du  Pape,  le  peuple  le  couvrît  de 


dalmatiques ,  qu'il  partageoit  enfuite  ,  &  qu'il  gar- 
doif  comme  des  reliques.  Saint  Grégoire  le  défena 
dans  le  Concile  Romain  tenu  en  595.  H  paroît  qui 

Mij 


92- 


D  AL       DAM 


la  fin  du  VF.  fiècle  les  Evêques  de  France  n'a- 
voient  point  le  droit  de  porter  de  dalmatïqucs  ;  car 
S.  Arige  ,  Evêque  de  Gap  ,  ayant  demandé  cette 
grâce  à  S.  Grégoire ,  ce  Saint  Pape  lin  en  envoya  , 
à  lui  &  à  fon  Archidiacre,  en  585.  avec  la  per- 
milFion  de  s'en  fervir  ;  il  en  parle  comme  d'une  grâce 
qui  ne  s'accordoit  pas  ailément. 

La  dalmatique  elt  un  vêtement  dont  l'ufage  efl: 
venu  originairement  de  Dalmatie.  Capitolin  ,  dans 
la  vie  de  i^ertinax,  c.  8.  dit  qu'on  tenoit  parmi  les 
meubles  de  l'Empereur  Commode,  tunicas  ,  penu- 
lafque  ,  lacernas  6"  chindatds  Dalmaiarum.  Lam- 
pride,  dans  la  vie  de  Commode,  c.  8.  dit  de  ce 
Prince ,  qu'il  parut  en  public  vêtu  d'une  dalmati- 
que :  Dalmaticus  in  puhlico  procejjîc-^  ce  qui  pailoit 
alors  pour  une  choie  infâme  ,  les  gens  graves  & 
modelles  ne  parollFant  jamais  avec  des  dalmatiqucs  : 
&  le  même  Hiltorien  alFure,  c.  14.  de  la  vie  d'Hé- 
liogabale  ,  que  cet  Empereur  avoir  fouvent  paru 
fur  la  place  en  dalmatique  après  fon  foupé.  Dal- 
maticatus  in  foro  pojè  cœnam.   Mercure,    Mai 

^755- 

Les  chappes  des  Crieurs  &  des  Maîtres  de  Con- 
frairie  font  faites  en  forme  de  dalmatiqucs  ou  de  tu- 
niques. En  Berry  &  en  Touraine  on  l'appelle  cour- 
tihaut.  Les  payfans  de  Berry  &  autres  lieux  au-delà 
de  la  Loire  ont  des  habits  faits  en  forme  de  cafa 
ques  longues ,  qu'ils  appellent  *daumais ,  ce  qui 
apparemment  eft  un  mot  corrompu  de  dalmatique. 
Voye\  dans  les  Acta  Sanci.  Propyleum  Menf.  Maii 
Conat.  Chronol.  pag.  89.  (S*  pag.  97.  la  forme  des 
dalmatiques  anciennes.  Voye^  encore ,  Tom.  Fil. 
Maii  Parai,  pag.  97  &  108.  des  dalmatiques  de 
Diacre. 

DALON  ou  DALONE.  Abbaye  de  l'Ordre  de  Cî- 
teaux,  dans  le  Limoufin  ,  fondée  en  11 20. 

DALOT.  f.  m.  Terme  de  Marine.  Canal  pour  faire 
écouler  les  eaux  d'un  vailfeau.  Les  dalots  font  des 
morceaux  de  bois  percés  &  difpofés  en  pente  le  long 
du  tillac,  qui  palfent  au  travers  du  bordage  ,  & 
fervent  à  faire  fortir  &  écouler  l'eau  de's  pompes 
bc  des  gouttières.  Ces  trous  ont  quatre  pouces  de 
diamètre.  On  les  appelle  auffi  orgues ,  dallions  eu 
dallons, 

D  A  M. 

^C?  DAM.  f.  m.  Terme  de  Théologie  dont  on  fe  fert 
pour  défigner  la  peine  que  les  damnés  ont  d'être 
privés  de  la  vue  de  Dieu.  Les  Théologiens  dilHn- 
guenr  la  peine  du  dam  &  la  peine  du  fcns.  Aiterna 
Divine  pmfentiiz  poft  mortem  priyatio  ,  damnum  , 
pœna  damni. 

Dam  j  en  langage  ordinaire,  fignifioit  autrefois  perte 
&  dommage  j  &  n'eft  plus  en  ufige  qu'en  cette 
phrafe.  S'il  lui  arrive  du  mal ,  à  fon  dam ,  pour 
dire  ,  ce  fera  lui  qui  en  fouffrira  le  dommage.  Dam- 
jio  fuo.  En  ce  fens  il  vient  du  Lmui  damnum.  Au- 
trefois on  diloit  à  fon  dam  ,  comme  on  dit  main- 
tenant à  fes  dépens.  Il  a  appris  à  être  fage  à  fon 
dam  J  c'eft-à-diie  ,  à  fcs  dépens  j  il  lui  a  bien  coûté 
pour  cela. 

Dam.  Vieux  mot.  Titre  d'honneur  qu^on  donnoit  au- 
trefois aux  perfonnesdiftinguées,  tant  hommes  que 
femmes  ,  &C  qui  vient  de  Dominus  8c  Domina. 
On  difoit  Dam  Dieu,  pour  dire.  Seigneur  Dieu  j 
comme  les  Italiens  on  dit  Domene  Dio  \  &  Vi- 
dame  pour  Vicedominus.  On  a  dit  auffi  ,  Dam  Che- 
valier ,  pour  dire  ,  Seigneur  Chevalier. 

On  a  fait  auffi  Dom  de  Dominus ,  nom  que  les 
Moines  ont  confervé  ,  &  enfuite  Damoifcau,  Da- 
moifel  &  Damoifelle.  Ce  nom  entre  dans  la  com- 
poluion  de  plufieurs  noms  de  lieux  j  &  dans  ces 
noms  il  précède  ordinairement  le  nom  propre  du 
Seigneur  à  qui  ce  lieu  a  appartenu ,  &  dont  il  a  pris  le 
nom  j  comme  Damgillon ,  Dammartin^  Dampierre, 
ôcc. 

pAM  ,  dans  la  langue  Flamande  ,  lignifie  une  levée 
de  terre,  une  forte  de  digue  pour  retenir  les  eaux 


DAM 

de  la  mer  ,  d'une  rivière,  d'un  canal.  Il  entre  dans 
la  compofition  d'un  grand  nombre  de  noms  Géo- 
graphiques ,  &  ell  particulier  aux  villes  des  Pays- 
Bas.  Ce  mot  défigne  prefque  toujours  un  lieu  fuué 
fur  une  de  ces  digues ,  &  l'on  y  joint  d'ordinaire 
le  nom  de  la  rivière  qui  palFe  en  cet  endroit ,  comme 
Rotterdam ,  Amjierdam  :  ou  le  nom  de  ceux  qui 
l'ont  faite,  comme  Monihendam  ,  &c. 

DAM.  Autrefois  ville,  maintenant  gros  bourg  de 
la  Province  de  Groningue  dans  les  Pays  -  Bas.  Z><z- 
mum. 

|Cr  DAM  ou  DAMME.  Dammum.  Ville  de  Flandre , 
dans  le  Franconnat ,  à  une  lieue  de  Bruges.  Quelques- 
uns  l'appellent   Hondtsdamme. 

§5°  DAM.  Petite  ville  d'Allemagne  dans  la  Poméra- 
nie,  fur  l'Oder  j  à  une  lieue  de  Stetin.  On  la  nom- 
moit  autrefois  Vadam. 

DAMAGE,  f.  m.  Vieux  mot  dont  on  s'eft  fervi  pour 
dire  dommage.  On  a  dit  aulli  damag&nt ,  pour  dom- 
mageable. 

DAM  AL  A.  Petite  ville  appelée  autrement  Pleda. 
Damala,Plcda,  anciennement  iroc^en,  Iroe^eux. 
Elle  eft  dans  la  Scavié  en  Morée  près  de  la  côte. 
C'étoit  autrefois  une  ville   Epifcopale.  Maty. 

DAA'IAN.  Ville  d'Afie  dans  les  Etats  du  Mogol.  Elle 
efl:  dans  le  Royaume  de  Guzarate ,  iicuée  dans  la 
Pieiqu'Ile  de  deçà  le  Gange.  Elle  a  un  bon  porc 
fur  le  golfe  de  Cambaye  :  elle  efl:  aux  Portugais, 
qui  la  conquirent  en  1559.  Foye^  Davity ,  Man- 
deflo  &  Carré  j  dans  le  fécond  tome  de  ion  Voyage 
des  Indes    Orientales. 

DAMAR.  Ville  de  l'Arabie  heureufe  dans  le  Royaume 
d'Yémen. 

DAMARAS.  f.  m.  Taffetas  des  Indes.  C'eft  une  efpèce 
d'armoifin. 

DAMARIN.  f  m.  Nom  d'homme  ,  Marinus ,  félon 
le  Martyrologe  de  Baronius ,  &  Amarinus  ,  félon 
Monfieur  Chaflelain  au  vingt -cinquième  de  Jan- 
vier. Ce  dernier  efl:  plus  vrai.  De  Saint- Amarin  , 
en  changeant  le  t  en  d,  s'eft:  fait  Sain  -  Damarin, 
pour  Saint-Amarin. 

DAM  AS.  Nom  d'une  ville  très-ancienne  &célèbre.  Da- 
majcus.  Elle  eft  dans  la  Syrie,  au  pied  du  mont  Liban, 
dans  une  plaine  très- fertile  &  très-agréable  ,  qui  s'é- 
tend entre  le  mont  Liban  &  les  montagnes  que  l'Ecri- 
ture appelle  Galaad.  Damas  e{\.  fur  une  petite  rivière 
nommée  par  les  anciens  Chryforroas.  On  ne  fait 
quel  fut  le  fondateur  de  Damas.  Jofephe  j  Antiq. 
Jud.  I.  I.c.  6.  dit  qu'elle  fut  bâtie  par  Us  ,  fils  d'Am- 
ram.  D'autres  difent  que  Damafcus  ,  fils  de  Mercure 
&  de  la  Nymphe  Alcimede  ,  étant  venu  d'Aicadie 
en  Syrie,  y  bâtit  cette  ville,  à  laquelle  il  donna 
{on  nom.  D'autres  veulent  qu'elle  l'ait  pris  d'un 
Géant  nommé  Afcus ,  qui  ayant  lié  Denys ,  le  jeta 
dans  la  rivière  avec  Licurge  \  ou  de  ce  que  Denys 
pourfuivit  &  atteignit  là  un  certain  Damafcus , 
qu'il  écorcha  tout  vif,  parce  qu'il  avoir  coupé  les 
vignes.  Enfin ,  l'on  dit  qu'elle  a  pris  le  nom  d'un 
Prince  nommé  Damafcus ,  qui  y  a  régné.  On  peuc 
regarder  tout  cela  comme  autant  de  fables ,  ou  de 
fentimens  avancés  fans  fondemens  fuffilans.  Quoi 
qu'il  en  foit ,  Damas  étoit  déjà  du  tems  d^ Abra- 
ham,  c'efl-à-dire,  environ  deux  mille  ans  avant 
J.  C.  Cette  ville  fut  capitale  de  Syrie  jufqu'à  ce 
que  Seleucus  eut  achevé  de  bâtir  Antioche,  qu'An- 
tigonus  avoit  commencée,  c'efl:-à-dire,  jufqu'environ 
300.  ans  avant  J.  C.  Elle  fut  encore  foumife  aux  Sé- 
leucides ,  &  puis  aux  Romains.  Omar ,  fucceflfeur 
d'Abubecher,  la  prit  l'an  636.  comme  le  marque 
Guillaume  de  Tyr,  L.  I.  c.  2.  Depuis  ce  tems-là 
elle  a  toujours  été  aux  Mufulmans ,  ayant  palTé  des 
Sarradns  aux  Sultans  d'Egypte  ,  auxquels  les  Turcs 
l'enlevèrent  il  y  a  près  de  leo.  ans.  Malgré  tant  de 
révolutions ,  elle  ell  encore  une  des  plus  confidé- 
rables  de  l'Orient.  On  y  fait  beaucoup  de  commerce, 
&  fes  foies ,  fes  laines  ,  fes  prunes,  fes  raihns,  fes 
eaux  de  fenteurs ,  &  fes  lames  d'épées  la  font  con- 
noîtte  par-tout.  Damas  eft  une  des  premières  villes 
où  le  Chriltianifme  ait  été  porté.  Saint  Paul  y  alloit 


D  À  M 

perféciiter  les  fidèles  environ  deux  ai«  après  la  mort 
de  J.  C.  lorfqu'il  fut  renverfé  &  converti  en  ap- 
prochant de  la  ville.  Dans  la  fuite  Damas  fut  une 
Métropole  dépendante  du  Patriarche  d'Antioche. 
Aujourd'hui  le  Patriarche  Grec  d'Antioche  y  réiide, 
aulîi-bien  que  le  Beglierbey  de  la  Phénicie  ou  de  la 
Judée,  dont  elle  eft  capitale.  V.  Thevenot ,  Voyage 
du  Levcorî ,  P.  IL  c.  /J'.  Coppin  ,  Voyage  de  Plie 
nide  ,  c.  1 5 . 

Il  y  a  trois  endroits  de  l'écriture  ,  où  le  nom  de 
cette  ville  eft  un  peu  différent  en  Hébreu  de  ce 
qu'il  eft  communément.  Car  i'^.  I.  Paralip.  XVIII.  5. 
&  6.  elle  eft  appelée  non  pas  p'i'ai,  JJammeJch  ^ 
à  l'ordinaire ,  mais  pDOm ,  Darmecjek.  z°.  Au  4^. 
L.  des  Rois ,  XVI.  i  o.  elle  eft  nommée  pDOn ,  Dumer- 
fek  ,  quoiqu'il  n'y  ait  point  de  Keri  ou  de  variante 
dans  ces  endroits,  ce  font  apparemment  des  fautes 
de  Copiftes,  qui  ont  d'abord  ajouté  un  1  j  &  qui 
l'ont  enluite  pris  pour  un  "•,  comme  cela  eft  arrive 
foiivent. 

Si  l'on  en  croit  le  Géographe  Etienne,  Damas 
a  tiré  ce  nom  de  fon  Fondateur  Damajcus  ,  fils  de 
Mercure  &  d'Alcimède  ;  &  félon  Juftin,  de  Da- 
mafcus  ,  qui  y  régna.  S.  Jérôme  dit  que  c'eft  de  l'In- 
tendant de  la  maifon  d'Abraham  ,  nommé  (  Gen. 
!XV.  1.  )  Elié^cr  Damefek\  mais  il  eft  bien  plus  vrai- 
femblable  qu'il  faut  dire  Hliézer  de  Damas,  &  que 
cela  fignihe  qu'il  étoit  de  la  ville  ou  du  teriitoue 
de  Damas. 

Damas  vient  du  mot  Hébreu  de  cette  ville 
pfai,  Dammefek ,  mais  fon  origine  &  fa  figni- 
ihcation  font  fort  incertaines.  Quelques-uns  l'mrer- 
prétent  fac  de  farig ,  de  tlDTj  dam  ,  fang  j  &  pv , 
J'ak ,  fac  \  mais  ils  varient  lut  la  raifon  qui  lui  fit 
donner  ce  nom.  Les  uns  diient  que  ce  tat  parce 
qu'il  croilloit  d'excellent  vin  dans  fon  territoire  j 
mais  de  bonne  foi,  que  veut  dite  fac  de  v;u  .^Peut- 
être  pourroit-on  luivre  ce  fentiment  j  fi  l'on  avoit 
nommé  cette  ville  Tonneau  de  vin ,  Cuve  de  vin  : 
mais  un  fac  eft-il  un  vafe  à  mettre  du  vin  ?  Si  donc 
ce  nom  vient  de  pu?,  fac,  il  n'y  a  pas  d'apparence 
que  ai,  û'tî/72  défigne  le  fang  de  la  vigne  ,  c'eft- à- 
dire  du  vin.  D'autres  prétendent  que  Damas  fut 
appelé  fac  de  fang ,  à  caufe  du  fang  d'Abel  qui  y 
fut  répandu  par  Gain  ;  mais  cela  eft  fondé  fur  le 
fentiment  faux  de  ceux  qui  croient  que  le  Para- 
dis Terreftre  &  la  terre  voifine  qu'habita  Adam 
après  en  avoir  été  chalfé  j  eft  le  pays  de  Damas 
&  les  environs.  La  plus  commune  opinion  des 
Orientaux ,  tant  Chrétiens  que  MufulmanSj  eft  que 
Damas  a  tiré  fon  nom  de  Dimfchak  ou  Damafchk 
Eliéfer .  ferviteur  d'Abraham ,  &  que  c'eft  ce  Patriar- 
che qui  en  eft  le  Fondateur.  D'Herbelot.  Dans 
Damas ,  nom  de  ville  j  le  dettiier  a  eft  long ,  & 
l'on  fait  fentir  \s  finale.  ** 

Dans  l'Ecriture  Damas  fe  prend  ,  1°.  Pour  la 
ville  de  Damas,  capitale  &  Métropolitaine  de  Sy- 
rie ;  comme  Gen.  XIV.  1 5.  II.  des  Rois ,  VIII.  5.6. 
III.  des  Rois ,  X.  34.  XI.  2.3.  IV.  des  Rois ,  V  12 
VIII.  7.  XIV.  i8.  XVI.  cj.  XIX.  15.  Cant.  VIL  4 
If.  VIL  8.  &c.  Ad.  IX.  2.  3.  XXII.  5.  10.  XXVI.  12. 
Galat.  I.  7.  2°.  Pour  la  Province  dont  Damas 
ctoit  capitale ,  qui  s'appelle  Syrie  de  Damas  ,  en 
Latin,  Syria  Damafci,  &  en  Hébreu  ,  pvn'X  CinN, 
Aram  Dammefek ,  Sc  quelquefois  Damas  tout  court, 
comme  III.  des  Rois,  XX.  34.  Amos,  V.  27.  IL 
Cor.  XL  32.  33. 

Acier  de  Damas.  V.  AciER. 

1^  DAMAS,  f.  m.  Damafcenus  acinaces.  Sorte  de  fa- 
bre  fait  d'un  acier  très-fin, d'une  trempe  excellente, 
&  fort  tranchant.  Les  ptemiers  ont  été  faits  à  Damas. 
Mon  fabre  eft  un  vrai  damas. 

Damas,  f  m.  Etoffe  faite  de  foie ,  qui  a  des  patries 
élevées  qui  repréfentent  des  fleurs  ou  autres  figu- 
res.^ Damafccni  operis  pannus  hombycinus.  C'eft  une 
efpèce   de  moire  (.<^   de  fatin    mêlés  enfemble  en 


DAM  9^ 

de  l'autre  fait  le  fonds.  Les  fleurs  ont  le  grain  de 
latin  J  &  le  fonds  a  un  grain  de  taffetas. 

Elle  eft  ainfi  nommée,  à  caufe  qu'elle  eft  venue 
originairement  de  Damas  en  Syrie.  On  fait  de  beaux 
ameublemens  de  damas  de  Gènes,  de  Lucques  &  de 
Venile  :  celui-ci  eft  le  plus  exquis. 
Damas    c  a  f  f  a  r  t  j  eft  un  damas  dont  les  trames 
lont  de  fil  ou  de  fleuret ,  &  les  chaînes  de  foie. 
Damafceni  opeiïs pannus ,  partim  lineus  ,  pardm  bom- 
bycïnus. 
Damas  ou  grand  Caën.   f.  m.  Nom  que  l'on   donne 
à  une  forte  de  linge  ouvré  qui  fe  manufacture  dans 
la  balle  Normandie. 
ffT  Damas  fe  dir  aufi  d'une  efpèce  de  prunes  dont 
le  plant  nous   eft  venu  de  Damas.  C'eft   un   fruit 
•d'une  médiocre  grclTeur,  aflez  fucré,  &:  qui  quitte 
le  noyau.  Pruna  Damafcena. 

%fT  II  y  en  a  de  cinq  ou  fix  efpèces ,  qui  dif- 
férent par  la  gtolFeur,  la  couleur,  la  figure  j  ou  par 
le  tems  de  leur  maturité, 

^,fT  Le  damas  violet  j  le  rouge  &  le  blanc  font  au 
nombre  des  bonnes  prunes,  qui  ont  la  chair  fine  j 
tendre  &  fondante,  l'eau  douce  &  fucrée  ,  le  goi'.c 
alfez  relevé.  Le  damas  noir  hâtif  a  la  chair  aigre- 
lette. Le  damas  mufqué  l'a  feche  j  plufieurs  l'ont  ver- 
reule. 
^fT  Damas,  efpèce  de  raifin  dont  la  grappe  eft  fort 
grofle  &  longue ,  le  grain  très  -  gros ,  long  &  ambré  , 
qui  n'a  qu'un  pépin.  La  Quint.  Nous  efiayons ,  pac 
le  moyen  de  nos  murs  bien  expofés,  de  procurer 
autant  de  chaleur  qu'il  eii  faut  aux  pergolèfes  & 
aux  damas. 

Ce  mot  de  damas,  dans  toutes  les  fignifications 
qu'il  a ,  fe  prononce  ainfi  j  le  premier  a  a  un  ion 
bref,  le  fécond  a  a  un  fon  obfcur  qui  allonge  la  fé- 
conde fyllabe,  Vs  finale  ne  doit  point  fe  faire  fentif 
dans  la  prononciation.  Il  faut  en  excepter  Damas  , 
nom  de  ville,  de  la  prononciation  duquel  nous  avons 
parlé  en  fon  lieu". 
DAMASAN.  Petite  ville  de  France  dans  leBazadois, 
fur  la  frontière  de  l'Agenois  ,  Eledion  de  Condon. 
DAMASCENE.  adj.  Qui  eft  de  Damas.  Damafcenus. 
Ce  mot  n'eft  en  ufage  en  François  que  pour  Saine 
JeanManlur,  qui  étoit  de  Damas,  &  que  nous 
nommons  S.  Jean  Damafcene ,  5C  quelquefois  S. 
Damafcène.  S.  Jean  Damafcene  eft  le  S.  Thomas  des 
Grecs.  Le  nom  Arabe  de  fa  famille,  qui  étoit  con- 
hdérable  ,  étoit  Manfur.  Il  vivoit  vers  le  milieu  dri 
VIII^  fiècle.  Le  P.  Le  Quien  ,  Dominicain j  adonné 
une  belle  édition  des  Ouvrages  de  S.  Jean  Damaf- 
cene ,  à  Paris  171 2.  avec  des  dilTertations  &:  de 
favantes  notes.  Il  y  a  beaucoup  d'autres  Grecs  qui 
ont  porté  le  nom  de  Damafcine  en  Grec  &  en  Latin, 
comme  l'a  remarqué  Léo  Allatius  au  commencement 
de  fes  Prolégomènes  fur  les  ouvrage  de  ce  Saint  ; 
mais ,  comme  ils  font  moins  connus ,  ce  nom  n'é*!!: 
en  ufage  ordinairement  en  François  que  pour  ca 
Saint.  Il  ne  faut  pas  le  dire  en  général  des  habi- 
tans  de  Damas.  Quelquefois,  au  lieu  de  S.  Jean  Da- 
mafcene ,  on  dit  S.  Jean  de  Damas. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Damafcenus,  qui  figni- 
fie ,  un  homme  de  Damas. 
Damascène.  Partie  de  Syrie,  Province  de  Syrie  dont 
Damas  étoit  capitale.  Damafcene.  C'étoit  la  même 
chofe  que  la  Cœléfyrie. 
DAMASE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Damafus.  Le  Pape 
Damafe ,  élu  en  ^66,  &  mort  en  584,  condamna 
en  369.  Urface  &  Valens,  Ariens,  &lcs  Apollinarif- 
tes  en  377.  Il  y  eut  encore  dans  le  XV.  fiecle  un 
Pape  de  ce  nom,  qui  mourut  25.  jours  après  fon 


telle  forte  que  ce  qui  n'eft  pxs  fatin  d'un  côté  ,   l'eft 
de  l'autre.  L'élévation  qui  fait  le  fatin  d'un  côté. 


DAMASÉE.  adj.  m.  Linge  fabriqué  en  façon  de  da- 
mas. On  écrit  &  on  prononce  damaffé.  Voye:^  ce 
mot. 

DAMASIEN.  adj.  qui  n'eft  en  ufage  que  dans  cette 
phrafe  ;  les  monts  Damafiens  :  ce  font  des  monta- 
gnes d'Afie,  vers  la  fource  des  rivières  de  Hoang 
&  de  Kiang  ,  qui  s'étendent  du  nord  au  fud  j  entre  la 
Chine  &  l'Inde  da  de-là  le  Gange.  Damafù  montes. 


94 


DAM 


DAM 


DAMASINE.  f.  f.  Terme  de  Fleutifte.  Anémone  în-f     damafceni  arûfidum.  Cette  ^a/w^^rfi  eft  fort  belle i 

carnare  &  blanche  ,  panachée  dilHndement.   C'eft  j      fort  agréable. 

une  des  plus  belles  anémones  qu'on  puilfe  voir.- DAMASTÈS.  f.  m.  Géant  fameux  par  fa  cruauté,  fur- 

MoRiN  ,  Culture  des  fleurs.        _  j      nommé  Procufte ,  parce  qu'il   obligeoit  fes  hôtes 

DAMASONIUM.  f.  m.  Plante  qui  pouffe  des  feuil-1      de  s'égaler  à  la  mefure  de  fes  lits. 

les  femblables  à  celles  du  plancin  aquatique,  mais   DAMATER.  f.  f  Nom  de  la  Prêtrelfe  de  Cybèle.Dii- 

beaucoup  plus  petites,  attachées  à  des  queues  lon-5      matris.  Voye^   Damias  &  Damie.  Quelques-uns 

gués.  Il  s'élève  d'entre  elles  des  petites  tiges  de  la'  '  '       ./-«..  ..       .    -, 

hauteur  de  la  main,  rondes j  vides,  portant  des  fleurs 

ordinairement  à  trois  feuilles  difpofées  en  rofe.  Il 

leur  fuccède   un  fruit  en  étoile ,  compofé  de  plu- 

lîeurs  pièces  creufes ,  dont  chacune  renferme  une  ou  ! 


veulent  qu'on  dife  Damiacrix ,  au  lieu  de  Damatris. 
Foyei  fur  ce  nom  Scaliger  j  dans  fes  notes  fur  Fef- 
tus  j  ALcxanicr  ab  Alex.  Génial,  dkr.  VI.  8.  Pan- 
vin  ,  de  Civ,  Konu  C.  îy.  Gruter.  De  ver.  Jur.  Pont, 
IV.  %. 


deuxfemences  oblongues.  Ses  racines  font  menues,'  DAMATRIUS.  f.  m.  Dixième  mois  de  l'année  chez 


fibreufes,  comme  celles  du  plantin  aquatique.  Cette 
plante  eft  déterfive ,  aftringente  ,  rafraîchi ffante  , 
&  fait  perdre  le  lait  aux  femmes ,  étant  appliquée 
fur  le  fein. 

DAMASQUETTE.  f.  f.  Efpèce  d'étoffe  à  fîeurs  d'or 
&  d'argent,  ou  feulement  de  foie,  qui  fe  fabri- 
que à  Venife  ,  &  fe  débite  dans  le  Levant ,  parti-  ; 
culièrement  à  Conflantinople.  ' 

DAMASQUIN.  f.  m.  Que  l'on  nomme  plus  ordinaire-^  f:T  DAMAVEND.  Ville  d'Afie ,  autrefois  dans  la  Pro 
ment  Hotte.  Poids  dont  on  fe  fert  dans  le  Levant ,  j      vince  d'Adherbigiane  en  Medie  ,  aujourd'hui  com- 
particulièrement  à  Seyde.  |      prife  dans  la   Province  nommée  Gebal  ou  Iraque 

DAMASQUINER,  v. a.  Terme  de  FourbifTeur&d'Ar-l      Perfienne. 

mûrier.  Tailler  ou  cifeler  le  fer,  enforte  qu'il  reflefDAMBEA.  Province,  ou  Royaume  d'Afrique  j  qui  fait 

plufîeurs  raies  ou  entailles  de  diverfes  li'jures  dans  j      partie  de  l'empire  d'Abylfmie.  Damhea.  Vollius  Si 
i„r ii-_ L"/r_    J-.  Cl...   j>_  .  _       i>  i      i<,o  „^., .,„!!„.   u.,K..; i i i„„  r„.,-_„^ 


les  Thébains  &  les  Béotiens.  Damatrius.  Junius, 
dans  fon  livre  de  anno  &  menfihus  ^  le  confond  mal- 
à-propos  avec  le  mois  d'Oétobre  \  il  répondoit  au 
mois  de  Juin  &  partie  de  Juillet  j  &  tiroit  fon  nom 
de  hr,fi,nri% ,  en  Béotien  Aa^âni) ,  qui  eft  celui  de  Cé- 
rès  en  Grec,  parce  que  c'eft  dans  ce  mois  qu'elle 
donne  fes  biens  ,  que  l'on  fait  la  récolte  des  blés, 
dont  ils  rendoient  grâces  à  cette  Déeffe. 


lefquelles  on  enchâfïe  des  filets  d'or  ou  ^'argent. 

^C?  Quand  on  veut  damajljuiner  le  fer  ou  l'acier , 
on  le  met  au  feu,  pour  lui  donner  le  paife- violet, 
qui  efl  ce  qu'on  appelle  couleur  d'eau  :  puis  on 
defllne  légèrement  delfus  avec  un  poinçon  de  cui- 
vre jaune  fort  délié  l'ornement  qu'on  veut  figu- 
ter ,  &  on  le  taille  avec  un  couteau  à  tailler  des 
limes. 

Cela  étant  fait ,  on  prend  du  fil  d'or  ,  on  le  con- 
duit félon  le  deffein  qu'on  a  formé,  on  l'enfonce 
proprement  avec  une  touche  de  cuivre  ,  on  le  fait 
revenir  avec  de  l'eau  forte  :  on  prend  une  fanguine , 
pour  abattre  toutes  les  hachures  j  &  on  remet  le 
fer  ou  l'acier  au  feu  pour  lui  donner  la  couleur 
d'eau.  Damafquiner  une  lame  d'épée.  Damafquiner 
le  canon  d'un  fufil  ou  d'un  pif^olet.  Encaufto  da- 
mafceno  adnacem ,  fiftulam  jerream  difiinguere.  Les 
cimeterres  font  d'ordinaire  damafquinés.  Un  étui  à 
damafquiner ,  c'efl  un  étui  garni  de  fer  pour  tra- 
vailler à  cette  forte  d'ouvrage. 
Damasquiné  ,  ée,  part.  Couteau  damafquiné.  Cuiraffe 
damafquinée. 

DAMASQUINERIE.  f.  f.  L'Art  de  damafquiner. 
DAMASQUINEUR.  f.  m.  Celui  qui  damafquiné.  Po- 

MEY.  Damafcenus  encaufles. 

DAMASQUINURE.  f.  f.  Travail  de  ce  qui  eft  damaf- 
quiné ,  orneiiient  d'une  arme  damafquinée  3  ou 
d'une  autre  pièce  de  fer  damafquinée.  Damafceni 
anificLi  opus.  Onditaufîî  damafquiné. 

DAMASSER,  v.  a.  Fabriquer  une  étoffe  ou  du  linge  en 
façon  de  damas.  Faire  de  petites  ligures  fur  du  linge, 
comme  des  oifeaux,  &  autres.  Lintcum  opère  damaf- 
ceno  variare. 

^5* Damasser,  chez  les  Vanniers,  c'eft  former  fur 
une  pièce  des  ornemens  femblables  à  ceux  qu'on 
voit  fur  le  linge  damajfé, 

^Cr  Damassé  ,  ée.  adj.  Linge  deftiné  ordinairement  au 
fervice  de  la  table^  qui  eft  à  fleurs  ou  à  perfonnages, 
où  l'on  remarque  un  fond&:  un  deffein  ;  ainfî  ap- 
pelé 3  parce  que  le  travail  en  eft  le  même  que  celui 
du  damas.  Linteum  opère  damafceno  variatum.  Un 
fervice  de  table  damaffé.  Une  nappe  damaffee. 

On  appelle  aulli  une  étoffe  de  foie  dàjna(Je'e , 
celle  qui  paroît  de  dam.is  d'un  côté  ,  &  qui  a  un 
envers  tout  uni.  Pannus  bombycinus  opère  damaf- 
ceno diftinclus. 

Damassé  ,  fe  dit  aufîî  fubftancivement  pour  dire  da 
linge  damaffc.  Un  fervice  de  damaffé.  Ac.  Fr. 

|iC?  DAMASSIN.  f  m.  Petit  damas  moins  chargé  de 
chaîne  &  de  trame  que  les  damas  ordinaires. 

DAMASSURE.  f.  f.  L'ouvrage  du  linge  damatré.  Operii 


les  nouvelles  Relations  le  placent  vers  les  fources 
du  Nil.  Quelques-uns  difenr,  félon  Maty  ,  que  le 
Nil  pafle  dans  ce  Royaume ,  qu'il  y  a  même  fa 
lource  1  mais  la  carte  faite  fur  le  pays  par  les 
PP.  Manuel  d'Almeida  Alfonfo ,  Mendez ,  Pero 
Pays,  &  Jeronimo  Lobo ,  Jéfuites,  qui  découvri- 
rent les  fources  du  Nil  vers  l'an  1629.  &  la  relation 
qu'en  a  donnée  le  dernier  3  placent  le  Royaume  de 
Dambea  au  nord  du  Nil ,  qui  coule  d'abord  d'Oc- 
cident en  Orient  j  &  les  fources  du  Nil  ne  font 
point  dans  le  Lac  de  Dambea ,  mais  à  cinq  jour- 
nées de  chemin.  Voye^  Nil.  M.  Corneille  dïzDam- 
bée  ou  Dambea  j  mais  la  Traduûion  Françoife  de 
la  relation  du  P.  Jérôme  Lobo ,  &  les  autres  difenc 
Dambea  ëc  non  Dambée. 

Le  lac  de  Dambea ,  c'eft  un  grand  lac  dans  la 
Province  de  Dambea  3  lequel  a  vingt -cinq  lieues 
de  long  du  Sud  au  Nord  &  environ  quinze  dans 
l'endroit  où  il  eft  le  plus  large.  Il  fait  plufîeurs  Iles, 
les  unes  déferres,  les  autres  habitées.  Le  Nil,  à  cinq 
journées  de  fes  fources ,  entre  avec  rapidité  pat 
une  des  extrémités  de  ce  lac  j  &  s'ouvrant  le  paf- 
fage  dans  le  vafe  du  lac  ,  en  reffort  par  un  autre 
endroit,  après  avoir  traverfé  un  quart  de  lieue  de 
fa  largeur. 
fC?  DAME.  f.  f.  Titre  autrefois  très-diftingué  parmi 
nous ,  &  qui  ne  s'accordoit  qu'aux  femmes  du  pre- 
mier rang.  Celles  des  hommes  les  plus  qualifiés, 
portoienc  fîmplement  le  nom  de  mademoifelle.  Do- 
mina ,  illuftris  matrona.  On  le  donna  enfuite  aux 
femmes  qui  poffédoient  quelque  Seigneurie  ,  puis 
à  :  toutes  les  femmes  de  qualité,  aux  femmes  des 
gens  de  robe ,  des  financiers  j  &  par  un  abus  fin- 
gulier,  que  l'ufage  autorife,  cette  qualification 
s'eft  tellement  multipliée  &  avilie  ,  qu'on  la  pro- 
digue aux  femmes  des  fimples  bourgeois  ,  &  à  toutes 
celles  qui  veulent  la  prendre. 

^3"  Ainfi  ce  nom  marque  quelquefois  feigneurie,' 
droit  d'autorité  fur  des  vaffaux.  C'eft  ainfi  que  l'on 
dit  :  cette  veuve  eft  dame  d'un  tel  château ,  d'un 
tel  bourg ,  d'un  tel  marquifat.  AUcujus  loci  do-, 
mina, 

fC?  C'eft  quelquefois  un  fimple  titre  que  l'on 
donne  par  honneur  aux  femmes  de  qualité.  Dame  à 
Carreau ,  qui  a  droit  de  fe  faire  porter  un  carreau  k 
l'Eglife  ,  &  à  qui  l'on  porte  la  robe.  On  dit  de  la 
femme  d'un  homme  qualifié  :  haute  &  puiffante  Da- 
me  ;  les  Dames  de  la  Cour. 

^fj  Ce  nom  eft  quelquefois  fynonyme  à  maître/Iè 
de  la  maifon.  Je  voudrois  parler  à  la  Dame  de  céans. 
Hera. 

^fT  Quand  on  le  die  àes  perfonoes  de  k  pim 


DAM 

baffe  condition ,  c'eft  comme  une  efpéce  de  titre 
qu'on  Ijiu  donne  j  &  qu'on  joint  ordmauement 
à  leur  nom  ,  foit  en  parlant  d'elles ,  foit  en  parlant 
à  elles.  Dame  Françoife,  i3^/ne  Jeanne. 
^3"  Dame  fe  prend  quelquefois  généralement  pour 
toutes  les  Femmes  d'un  état,  bcinina.  Les  Dames  Ro- 
maines coupèrent  leurs  cheveux  dans  une  nécellitc 
publique  pour  faire  des  cordages  de  navires.  Les 
Dames  de  Lacédémone  excitoient  leurs  enhms  à 
combattre  vaillamment  pour  la  patrie. 

^3"  Dans  un  fens  à-peu-prcs  femblable  ,  nous 
étendons  ee  nom  à  toutes  les  femmes  Si  à  toutes  les 
filles  d'une  condition  un  peu  honnête  j  quoiqu'il 
foit  particulièrement  réfervé  à  celles  qui  par  leur 
nailFance  ou  par  leur  mérite  ,  font  diftinguéesdes  au- 
tres. iMaire  aux  Dames,  aimer  \q%  Dames.  Les  Da- 
mes font  la  plus  belle  moitié  du  monde.  Le  goût  des 
Dames  attire  d'ordinaire  celui  du  reftedes  auditeurs. 
Corn.  Les  anciens  Chevaliers  foutenoient  Ihcwineur 
des  Dames.  C'ell  dans  ce  fens  qu'on  dit  Dame  fage, 
Dame  vertueufe  ,  prude  ,  &c. 

§5"  En  courant  la  bague  ,  on  dit  que  la  première 
courfe  ell:  pour  les  Dames  ,  ôc  elle  n'eit  point  com- 
prife  dans  le  nombre  de  celles  qu'on  doit  courir  pour 
le  prix.  ProlufiQ  equeflris. 

^Cr  Voilà  pour  les  Dames  j  c'eft-à-dire  pour 
faire  honneur  aux  Dames.  C'eft  la  même  choie  au 
jeu  de  paume ,  où  l'on  appelle  donner  les  Dames , 
le  premier  coup  qui  fe  fert  fur  le  toît ,  qui  n'eft 
compté  pour  rien ,  ainfi  que  les  autres  balles  qu'on 
fert  enfuite  ,  &  qui  font  balles  de  cérémonie  ,  juf- 
qu'à  ce  que  celui  qui  fert  dife ,  tout  de  bon.  Prolujio 
fdar'is. 

îfT  Aufetios  les  Dames  préfidoient  aux  Tour- 
nois, i'^os  Dames  Françoifes  ont  été  peu  parées  pen- 
ila;K  huit  à  neuf  cents  ans  :  leur  coiffure  étoit  iim- 
pie  j  peu  de  frifure  ,  nulle  dentelle  ,  du  linge  uni , 
mais  du  plus  fin  \  leurs  robes  étoient  fort  fer- 
rées ,  &  couvroient  tout-à-  fait  la  gorge.  Les  Veuves 
étoient  habillées  à-peu-près  comme  les  Religieufes. 
Cet  air  de  modeftie  continua  jufqu'à  Charles  VI, 
fous  fon  règne  les  Dames  commencèrent  à  fe  décou- 
vrir les  épaules  ;  fous  Charles  VII  elles  prirent  des 
pendans  d'oreille  ^  des  coliers  &  des  bracelets.  Sous 
François  premier  elles  furent  appelées  &  introduites 
à  la  Coût.  Par  un  rafinement  de  politique,  Cathe- 
rine de  Médicis  y  établit  des  Filles  d'honneui*,  mais 
la  trille  aventure  d'une  des  Filles  d'honneur  de  la 
Reine  Mère  Anne  d'Autriche  ,  aventure  alFez  con- 
nue par  le  fameux  fonnet  de  l'Avorton  ,  donna  lieu 
à  un  nouvel  établiirement  j  &  l'on  fubftitua  douze 
Dames  du  palais  aux  douze  Filles  d'honneur. 

§C?  On  appelle  Dame  d'honneur, Z^^zz/ze d'atours. 
Dame  du  palais  ,  des  Dames  revêtues  de  certaines 
charges  qui  leur  donnent  ces  fortes  de  titres  chez  la 
Reine  &:  chez  les  Princelfes.  Dame  d'honneur  eft 
la  première  Dame  de  la  maifon  &  de  la  fuite  de  la 
Reine.  Honoraria  Reghis  ajj'eda.  Dame  d'atours  , 
celle  qui  prend  foin  de  la  parer.  Regina  cultuij  mun- 
doque  pr&jecla.  Dame  du  palais.  Palaûo  pràtfecla. 
On  peut  ajouter  à  ces  exprelfions,  illujlris  matrona  , 
femina. 

Ce  mot  vient  de  Dominus  &  Domina,  dont  on  a 
fait  Dam,  titre  d'honneur,  qu'on  donnoit  autrefois 
aux  hommes  aufil-bien  qu'aux  femmes.  Mén.  Voye\ 
Dam  ,  ci  deflus. 

Borel  dit  que  quelques-uns  font  venir  le  nom  de 
Dame  àz.  l'Hébreu  dama,  qui  figniheyF/tre,  parce 
qu'il  eft  de  la  gravité  des  Dames  de  parler  peu. 
Chorier  croit  que  Dame  &  dama  ,  comme  l'on  pro- 
nonce en  Dauphiné  ,  vient  du  Grec  4i««j ,  qui  ligni- 
fie une  femme  mariée.  Avant  Chorier ,  Guichard 
avoi:  été  de  ce  fentiment.  Le  P.  Papebroch  ne  veut 
.point  que  l'on  dérive  le  mot  Dame  du  Latin  Domi- 
nus,  Domina.  Il  croit  que  c'eft  plutôt  un  mot  Franc 
ou  François  originairement.  Voye-^  Acta  Sasct. 
April.  I  cm.  J.p.  ryp. 
Dame  eft  aulFi  un  titre  d'honneur  qu'on  donne  par  ex- 
cellence à  U  Vierge  Marie ,  qu'on  appelle  abfolu- 


DAM 


9S 


ment  Notre-Dame.  Nojlra  Domina.  Les  Eglifes  de 
Notre-Dame,  l'OfHce  de  A'^orrc-Z>t;/;:e  j  le  Salut  de 
Notre-Dame ,  les  Fêtes  de  Notre-Dame,  la  Notre- 
Dame  de  Mars,  de  mi- Août.  Notre-Dame  lignifie 
aulli  fouvent  une  Eghfe  de  la  Sainte  Vierge  j  une 
Eglife  confacrée  à  Dieu  fous  l'invocation  de  la  ^ainte 
Vierge.  Notre-Dame  de  Paris ,  Notre-Dame  d'A- 
miens j  Notre-Dame  de  Chartres,  ce  font  les  Egli- 
fes Cathédrales  de  ces  villes.  Il  tft  cert.iin  que  ]Soire- 
Dame  de  Paris  a  été  b.îtie  fous  Chiidebert  ,  &  que 
ce  prince  n'en  a  commencé  le  bâtiment  que  vers  les 
derniètes  années  de  fon  règne.  Baudelot.  La  Nef  de 
Saint  Etienne  de  Bourges,  la  Croifée  de  Notre-Dame 
d'Amiens,  le  Chœur  de  Beau  vais  j  &  le  Portail  de 
Rheims  ,  font  les  plus  beaux  morceaux  d'Architec- 
ture qu'il  y  ait  en  fait  d'Eglifes  Gothiques. 

Il  y  a  de  mtme  plufieurs  Ordres  Religieux  qui 
portent  le  nom  de  Notre-Dame.  Les  filles  de  l'Af- 
fomption  de  Notre-Dame.  Voycr^  Haudriette. 
Notre-Dame  de  la  Viéloire.  Voye:[  V^icToiRt.  No- 
tre-Dame de  la  Merci,  Voye-[  Merci.  Les  Religieux 
Hofpitaliers  de  la  Charité  de  Notre-Dame.  V oye'^ 
Charité.  Notre-Dame  de  Gonzagues.  Foye\  Gon- 
ZAGUES.  Notre-Dame  du  Refuge.  Koye':^  Refuge. 
Notre-Dame  de  Mifericorde.  Foye^  Miséricorde. 
Notre-Dame  du  Rofaire.  Foye^  Rosaire.  Nutrc-^ 
Dame  de  Lorète.  Voye\  Lorète. 

Dame  ,  eft  auili  un  nom  qu'on  donne  aqx  Religieu- 
fes Prolellès  dans  les  Abbayes ,  &  aux  Chanoinellès 
établies  en  plufieurs  endroits,  lllujlres  moniales.  Les 
Dames  de  Longchamp.  Le  Pont-  aux-Dames.  Le  Fort- 
ciux-Dames  :  c'eft  une  prifon  auprès  du  Grand-Châ- 
telet ,  qui  dépend  des  Dames  de  Montmartre.  Les 
Dames  ChanoinelFes  de  Remiremont  en  Lorraine. 
Les  Dames  du  Chœur  j  à  la  différence  des  Sœurs 
ConverfeSjOU  Laies 

Pauvre  Dame.  Nom  que  l'on  donne  aifx  Clarif- 
fes  ou  Religieufes  de  Sainte  Claire,  qui  fuj^voient  la 
Règle  de  Saint  François  ,  réformée  par  Grégoi- 
re IX. 

Dame-de-la-hache.  Les  Dames -de-h-hzche ,  ou  la 
compagnie  des  Z)a/72ej-de-la- hache,  ou  du  Palfe- 
tems ,  à  Tortofe  en  Catalogne.  Efpèce  de  Cheva- 
lerie de  Dames,  p^oye^  Hache. 

Dame  ,  en  termes  de  Médecine  ,  ou  plutôt  de  rapport 
de  Matrones,  eft  une  petite  pellicule  qu'on  a  cru  au- 
trefois être  la  vraie  marque  du  pucelage,  que  les 
Matrones  appellent  la  dame  du  milieu,  les  Latins, 
Hymen.  Mais  on  a  depuis  découvert  qu'elle  ne  fe 
trouvoit  pas  aux  filles  du  plus  bas  âge ,  &c  que  ce 
n'étoit  qu'une  union  des  caroncules  qui  font  près  de 
l'orifice  externe  de  la  matrice.  _ 

Dame.  Terme  d'Aftrologie  judiciaire,  qui  fe  dit  des 
planètes  féminines  qui  dominent  dans  quelque  en- 
droit d'un  thème  célefte.  Cet  homme  a  la  Lune 
dame  du  milieu  du  ciel ,  &  Vénus  dame  de  l'af- 
cendant. 

Dame  ou  Demoiselle.  Terme  de  fortification  C'eft 
une  pièce  de  bois  ayant  des  bras  qu'on  tient  à  deux 
mains  pour  battre  la  terre  ou  le  gazon  qui  fe  met- 
tent dans  un  mortier. 

§Cr  C'eft  aulïï  un  inftrument  de  Paveurs.  F'oyei 
Demoiselle. 

En  termes  de  mines ,  une  terre  qui  refte  ifolce 
entre  les  fourneaux  lorfqu'ils  ont  joué  ,  s'appelle 
aufïi  dame. 

Dame.  Terme  d'Architeéture.  On  appelle  ainfi  dans 
un  canal  que  l'on  creufe  certaines  digues  du  ter- 
rain même,  qui  étant  laifTées  d'efpace  eo  efpace, 
y  font  entrer  l'eau,  comme  on  le  juge  à  propos, 
&  empêchent  qu'elle  ne  gagne  les  travailleurs.  Moles 
terra. 

On  donne  le  même  nom  de  dame  à  certaines 
petites  langues  de  terre  qui  font  couvertes  de  leur 
gazon  ,  &  qu'on  laifie  dediftance  en  diftance.  Elles 
fervent  de  témoins  de  la  hauteur  des  terres  qu'on 
a  fouillées,  afin  d'en  roifer  les  cubes.  Dame  en  ce 
fens  vient  du  Flamand  </(7OT  ,  qui  figmûe  chaujffee , 
&c  qui  entre  dans  U  compofition  du  nom  de  plu- 


96 


DAM 


lleurs  villes  du  Pays  -  B.xs ,  comme  Amjleriam^  Ro- 
terdaiii ,  ëcc. 

Dame  ,  le  die  auffi  en  plufieurs  foi'tes  de  jeux.  Reghia. 
Aux  Cartes  on  die,  le  Roi,  la  £>u//!c  &   le  Valet. 

CÇ?  La  Dame  ell  la  carte  fur  laquelle  elt  peinte 
la  ligure  d'une  Darr.e  ,  &  l'on  donne  .i  ces  ligures 
le  nom  de  Dame  de  cœur ,  Dame  de  pique  ,  Dana 
de  trèfle  &  de  Z^t/wedecarreau, 

Au  jeu  du  Hoc,  la  Dame  dépique  &  le  Valet 
de  carreau  font  Hoc. 
Dame,  eft  aulli  un  petit  palet  rond  ou  une  petite 
tranche  platte  <Sc  cylindrique,  d'ivoire  ,  d'ébeae  ou 
de  bois,  qui  fert  à  jouer  fur  un  tablier  ou  un 
trictrac.  Scrufi  hiforu.  Le  jeu  de  dames  fe  fait  avec 
douze  dames  blanches  &  douze  noires  fur  le  x.a.- 
hYïQï.Scruforum  ludus.  Celui  du  tridrac  avec  quinze 
dames  de  chaque  forte  dans  le  revers  du  tablier  avec 
deux  dez.  On  y  joue  diverfement,  à  dames  rabat- 
tues, au  cocquimbertj  à  toutes  tables,  ou  au  fimple 
tridrac. 
Dames  rabattues.  Nom  d'un  jeu  de  tables  des 
plus  faciles.  Le  jeu  de  dames  rabattues  fe  joue  dans 
un  tridrac  avec  quinze  dames  de  chaque  couleur, 
deux  cornets  &  deux  dez.  On  ne  joue  que  deux 
aux  dames  rabattues.  Chacun  met  toutes  fes  dames 
dans  la  table  du  tridrac  la  plus  près  du  jour,  6>: 
Elit  fix  piles  ou  tas  de  fes  dames  fur  toutes  les 
flèches  qui  font  de  fon  côté.  Sur  chacune  des  trois 
premières  Bêches  proche  du  jour  il  faut  mettre  deux 
dames  ,  &  fur  chacune  des  trois  autres  flèches  juf- 
qu'à  la  bande  de  féparation  il  faut  mettre  trois 
dames,  qui,  avec  les  fix  précédentes,  compofcnt 
les  quinze  de  chaque  joueur.  On  met  toutes  ces 
dames  l'une  fur  l'autre,  &  non  point  accouplées 
en  m.anière  de  café.  A  chaque  coup  de  dé  on  joue 
deux  dames  félon  le  nombre  qu'on  amené  ;  mais 
on  ^ne*  peut  prendre  l'as  que  fur  la  première  café  , 
le  àc\3f^  fur  la  deuxième  j  le  trois  fur  la  troilième, 
&c.  Quand  on  a  doublet,  on  n'en  joue  qu'un,  & 
l'adverfaire  joue  l'autre ,  mais  on  garde  le  dé.  Tout 
ce  qui  n'eft  point  joué  par  l'un  des  joueurs ,  l'au- 
tre le  joue.  Quand  on  a  abattu  toutes  fes  dames, 
on  levé  à  chaque  coup  deux  dames ,  dans  le  même 
ordre  qu'on  les  a  jouées,  &  celui  qui  le  premier 
a  levé  toutes  fes  dames,  a  gagné  la  partie. 

Les  dames,  au  jeu  de  tridrac,  fe  nomment  aufli 
tables.  Une  dame  aventurée  j  au  jeu  de  tridrac, 
ell;  une  dame  qu'on  avance  d'abord  beaucoup  route 
feule  ,  fans  être  alfuré  de  la  pouvoir  couvrir  promp- 
-tement. 

^  Au  tridrac,  une  dame  couverte  efl:  une  dame  qui 
n'ea  pas  feule  fur  la  flèche,  qui  en  a  une  autre  avec 
-elle.  Qui  du  dame  couverre  ^  dit  café.  Qui  dit  dame 
découverte,  dit  demi-cafe. 

On  appelle  au  tridrac  une  dame  découverte,  celle 
qui  eft  i"eule  fur  une  lame  :  s'il  y  en  a  deux  accou- 
plées j  elles  font  couvertes  ,  ferment  le  paffage  , 
Se  font  un  obltacle  pour  battre  une  dame  plus  éfoi- 
gnee. 

Dame  palTée  en  retour ,  c'eft  une  dame  pafTée 
dans  le  jeu  de  l'adverfaire.  Dame  paiFée  quant  au 
plein  j  eà  une  dame  qui  ne  peut  plus  fetvirà  faire 
le  plein  parce  qu'elle  fe  trouve  au-delà  des  flè- 
ches vides,  qu'il  faut  garnir  pour  le  faire. 

Dams  furnumcraire"eft  une  dame  qui  fe  trouve 
dans  une  café  déjà  faite ,  qui  eft  la  troilième  fur 
une  flèche. 
Dame  j  au  jeu  des  échecs ,  s'appelle  autrement  la 
reine. /iegina.  C'eft  la  féconde  pièce  du  jeu ,  &  la 
principale  pour  le  mouvement^  car  elle  a  celui  du 
fou  &  de  la  tour.  Le  chevalier  donne  échec  au  roi  & 
à  la  dame.  Il  joue  mieux  que  vous ,  il  vous  don- 
neroit  la  dame. 

,  ^"  ."^^}  ^"  '^"  '^"'^  '.  '''"-'^  ^  dame,  quand  un  pion 
d'un  côté  peut  parvenir  au  dernier  rang  des  cafés  du 
parti  oppofé. 

On  dit  proverbialement  en  ces  jeux  ,  dame  tou- 
chée, dame  jouée  ;  pour  dire,  que  dès  qu'on  a  tou- 
ché une  pièce ,  on  eft  obligé  de  la  jouer.    On  dit 


DAM 

aux  échecs  j  dame  blanche  a  le  cul  blanc  ;  pour 
dire  j  que  le  roi  blanc  doit  être  placé  d  abord  fur 
une  café  noire. 

On  appelle  aufll  une  Dame  faite  à  la  hâte  ,  une 
perlonne  qui  prend  la  qualité  de  Dame,  qui  fait  la 
Dame,  quoiqu'elle   ne  le  foit  point. 

Dame.  Sorte  d'interjedion  donr  fe  fert  le  peuple  pour 
marquer  de  la  furpnfe  Se  de  l'étonnement ,  ou  pour 
mieux  affirmer  quelque  chofe.  Papa.  Dan.e!  je  n'en- 
tends pas  le  Latin.  Mol. 

Dame-Dame.  f.  m.  Sorte  de  fromage  entre  le  lèbe  &  la 
côte-rouge. 

Dame- Jeanne.  Nom  que  les  matelots  donnent  à  une 
grolfe  bouteille  de  verte  couverre  de  natte.  Lagena. 
ampllor ,  capacior.  On  le  dit  familièrement  d'une 
groflè  bouteille  qui  fert  à  garder  ou  à  tranfporter  du 
vin  ou  autre  liqueur. 

Dame  (Bonne).  Plante.  Voye-{z.\x  mot  Bon  ci-defllas. 

fT  DAMEGAN,  ville  d'Afie  ,  aujourd'hui  capitale 
d'un  petit  pays  nommé  Cornus  ,  reiferré  entre  le 
Ghilan  &  le  Korafan. 

DAMEL.  Petit  Royaume  d'Afrique,  voifin  de  Corée, 
un  des  départemens  du  Séiiégal. 

DAMELOPRE.  f.  m.  C'eft  une  forte  de  bâtiment 
dont  on  fe  fert  en  Hollande  pour  naviger  fur  les  ri- 
vières iSc  les  canaux. 

|Cr  DAME-MARIE.  Domna  Maria.  Bourg  de  France 
dans  laBviej  fur  le  chemin  de  Montereau- faut- 
Yonne  à  Provins,  Généralité  de  Paris,  Election  de 
Montereau. 

DAMEN.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Second  mois  des 
habitans  de  l'Ile  Formofe.  Voye^  la  Defcription  de 
Citte  ÏJle  qui  parut  à  Amfterdam. 

DAMER.  V.  a.  Terme  de  jeu  de  dames ,  fe  dit  d'une 
pièce  qui  a  pu  parvenir  à  l'extrémité  oppofée  du  ta- 
blier, c'eft- à-dire  fur  la  bande  d'en  haut  de  l'adver- 
faire ;  on  la  couvre  d'une  aurre  dame  pour  ladif- 
tinguer  des  dames  iîmples  j  &  c'eft  ce  qu'on  appelle 
dame  damée  ^  alors  elle  va  &  prend  en  tout  fens  ^ 
à  droite  à  Gauche ,  en  avant  &  en  arrière  Scrupos 
geminare.  Aux  Echecs ,  c'eft  changer  un  pion  avec  la 
meilleure  pièce  qu'on  a  perdue,  quand  il  a  été  poulTé 
jufqu'aux  dernières  cafés  du  côté  oppofé. 

On  dit  proverbialement  &  figurément,  t/^OT^r  le 
pion  à  quelqu'un ,  pour  dire  renchérir  fur  lui ,  avoir 
avantage  fur  lui ,  le  fupplanter  :  c'eft  par  une  mé- 
taphore tirée  du  jeu  des  Echecs ,  qui  s'eft  pourtant 
tournée  en  un  fens  contraire. 

Damer.  En  termes  d'Architedure  ,  c'eft  donner  un 
demi-pied  de  pente.  Abrégé  de  Vitr. 

Damé  ,  ée.  part.  Il  a  la  lignification  de  fon  verbe  ,  en 
Latin  comme  en  François. 

DAMERET.  f.  m.  On  appelle  ainh  un  jeune  homme 
qui  fait  le  beau  ,  un  galant  de  profeflion  qui  affede 
des'attacher  à  plaire  aux  Dames.  Concinnitatis  nimius 
ajfeclator.  N'allez  pas  peindre  Brutus  galant,  6c  Ca- 
ton  dameret.  Boil. 

//  ejl  d'autres  maris  volages ,  infidèles  j 
Fati°ans  Damerets  j  tyrans  nés  des  ruelles. 

^fT  DAMERI.  Bourg  de  France  ,  en  Champagne  , 
fur  la  Maine,  entre  Ay  &  Châtillon  ,  renommé  par 
les  bons  vins  que  fon  territoire  produit.  Dame- 
riarum. 

DAMGARTEN.  Petite  ville  de  la  Poméranie  Royale, 
en  Allemagne,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Re- 
kenitz,  dans  le  Comté  de  Bardr.  Damgardia. 

DAMGILLON.  La  Chapelle  Dam.gillon,o\x  Dangîllon. 
Petite  Ville  du  Berry.  Capella  Domini  Gillonis.  Cette 
ville  a  pris  fon  nom  d'un  Seigneur  de  Sully  nommé 
Gillon  ,  qui  en  jeta  les  premiers  fondemens  :  ainiî 
ce  nom  eft  compofé  de  Dom  ,  ou  Dam  ,  qui  vient 
de  Dominus  ,  Seigneur ,  &  Gillon  ;  d'où  il  fuit  qu'il 
faut  dire  &  écrire  Damgillon,  Se  non  pas  Angillon, 
comme  a  tait  du  Chêne  dans  fes  Antiq.  des  Villes  de 
■  Fr.  P.  I. C.  113.  &  après  lui  M.  Corneille  ,  nid'An- 
gillon,  comme  écrit  encore  celui-ci.  On  peut  auflî 

écrire 


i 


DAM 

écrire  Dangillon ,  que  l'ufage  approuve  ;  mais  le 
vrai  nom  elt  DamgUij::. 

DAMIANISTE.  f.  ni.  &  t.  Nomdsfeda.  Dj.t::Un\ft&. 
Lts -Oamia/i/jUs  étaient  une  btanche  des  Acépiiaies 
Sévérités.  Ils  recevoient  le  I V^.  Concile  avec  les  Ca- 
tholiques, mais  rejetoient  toute  diftérence  de  perfou- 
nes  en  Dieu  ,  n'admettant  qu'une  leule  nature  inca- 
pable d'aucune  dilbiicbon.  ils  ne  lailloicnt  pas  d'ap- 
peler Dieu  ,  Père,  Fils  j  &  Saint  Efprit.  C'cll  pour 
cela  que  les  Sévérités  Pétrites,  autre  feéles  d'Acé- 
phales, les  appeloient  Sabeiianiùes,  &c  quelquefois 
Tétrédites.  v^'eil  Nicéphore  Cailifte  qui  nous  ap- 
prend ceci,  L.  X\'III.  C.  49. 

Les  Damlanijles  furent  ainiî  nommés  de  Damienj 
Damianus  j,  Evêque  ,  qui  fut  leur  chef.  Niccph.  acj 
par  Baroiûus  à  l'an  555./.'.  1 4. 

DAMIANISTE.  f.  f.  Nom  que  l'on  donna  au  com- 
mencement aux  Clarilfes  ou  Religieules  de  Sainte 
Claire  ,  parce  qu'elles  avoient  pris  leur  origine  du 
Monaftere  de  S.  Damien,  où  vivoir  Sainte  Claire 
fous  la  dircdion  de  S.  François.  P.  Heliot.  Tom. 
VI.  C.  15.  Damianifta.  Innocent  IV.  par  un  Bref 
du  15.  Avril  1153.  défendit  au  Général  des  Frè- 
res Mineurs  &  à  tous  les  autres,  de  contraindre 
les  religieufes  Damianijles  à  l'obfervance  d'une  au- 
tre règle  que  celle  qui  avoir  été  donnée  par  Saint 
François.  Id. 

DAMIAS.  f.  f.  Prctreirede  la  bonne  Déeiïe,  ainfi  nom- 
mée parce  que  cette  Déelîe  s'appeloit  Damie.  Da- 
/Tzijj.  C'eft  ainfi  qu'on  lit  dans  Feftus.  Dcnys  Gode- 
froy,  &  après  lui  I\l.  Dacier  ^  djlent  que  d'autres  ii- 
fent  Damiaciix.  Vigénere  en  eftet  lu  ainfi ,  &  d'au- 
tres encore,  f=lon  Godehoy ,  Demiatrix.  V.  Damie. 

ffj"  DAMIATE.  Corneille  en  hait  une  petite  ville 
de  France  ,  dans  le  Languedoc ,  Dioccfe  de  Caf- 
tres.  Dans  le  dénombrement  de  la  France  ce  n'eft 
qu'un   village. 

DAMIE.  f.  f.  Surnom  de  la  bonne  DéelFe  \  c'eft-à-dire, 
de  Cybèle  ou  de  Maia ,  comme  dit  M.  Dacier  , 
T>j.mia.  Ce  nom  eft  Grec ,  &  vient  de  J^JiiJ.-Ui ,  & 
félon  le  dialecte  Dorique  4''.''°? >  peuple.  De -là  «î»'- 
fuits  ou  Jlkiiiii  ,  public. 

§3°  Cefurnomfut  donné  àCibèleparantiphrafe, 
iî  l'on  en  croît  Feftus,  qui  dit  politivement  que  le 
facrifice  que  l'on  faifoit  à  cette  Déeile  ie  nommoit 
Damium,  àc  qi\i  ces  noms  étoient  pris  du  mot  Grec 
Jluftinn  pour  «'li^oo-fan ,  qui  fignifie  public,  pour  ex- 
primer .par  contre-vérité  ,  celui  de  tous  les  ia- 
crifices  qui  etoit  le  moins  public  &  le  plus  fe- 
cret  j  car  on  ne  lacntioit  à  la  bonne  Déelîe  que 
dans  des  mailons  particulières ,  portes  S<  fenêtres 
fermées,  fans  qu'il  fût  permis  à  aucun  homme  d'être 
préfeut  au  factifice  ,  &  il  étoit  défendu  aux  fem- 
mes ^  qui  feules  pouvoient  y  allifter,  de  révéler  ce 
qui  s'y  palfoit.  C'eit  peut-être  pour  cela  qu'on  a 
u  peu  de  connoilfancc  de  ce  qui  regarde  la  bonne 
Déetre. 

Mais  M.  Dacier  ,  dans  fes  notes  fur  cet  Auteur  j 
prétend  qu'il  (e  trompe  \  que  ce  n'e(l  point  par 
contre  -  vérité  que  ce  lacrihce  fe  nommoit  ainfi , 
mais  parce  qu'il  fe  faifoit  pour  le  peuple  ^  &  il 
cite  fur  cela  Cicéton ,  qui  écrit  li  Atticus ,  L.  I. 
Ep.  10.  Je  crois  que  vous  avez  appris  que  pendant 

?^ue  l'on  faifoit  le  facrifice  pour  (e  peuple  chez  Cé- 
ar ,  il  y  entra  un  homme  en  habit  de  temme  :  il 
allègue  aulli  le  GlolTiiire  Latin  &:  (uec  ,  qui  dé- 
finit ce  facrifice  ,  un  facrifice  qui  fe  falloir  à  l'air , 
en  lieu  découverr,  expofé  à  l'air. 

IJCT  Quelques-uns  difent  que  cette  Damie  étoit 
une  Dryade  ,  femme  de  Faune,  qui  fut  h  challe<S:  h 
retifée ,  qu'elle  ne  vit  jamais  ni  n'entendit  aucun 
homme  que  fon  mari  :  de -là  venoit  ce  grand  foin 
d'exclure  les  hommes  de  fes  fêtes  j  6i  de  voiler 
même  dans  la  chambre  où  on  les  célébroir ,  tour  ce 
qui  pouvoir  avoir  la  forme  de  mâle,  peinture,  gra- 
vure, Iculpture,  &c.  les  femmes  feules  magnifi- 
quement parées,  fe  donnoient  toute  forte  de  li- 
■  cence  pendant  neuf  jours  &  neuf  nuits,  danfant , 
chantant,  &  faifant  tout  ce  qui  leur  plaifoit.  i 
Tome  III. 


DAM 


97 


DAMIEN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Damianus.  S.  Côme 
&  Saint  Damien  ctoient  frères  &  Aîédecins  ,  ils 
naquirent  à  Egée,  ville  d'Arabie,  <k.  furent  mar- 
tyrilés  fous  l'Empire  de  Dioclétien  &  de  Maxi- 
mien. L'Eglife  fait  la  fête  de  S.  Damien  le  27.  de 
Septembre. 

Damien.  Ordre,  ou  Chevaliers  de  S.  Côme  &  de  S. 
Jjainien   Vojej    CÔme. 

Damien.  Nom  d'homme.  Damianus.  Ermites  de  Saint 
Damien.  Sancii  Damiani  Ertmits..  Les  Céleltins  ont 
porté  ce  'nom  au  commencement  de  leur  Ordre. 
P.  HÉLioT,  T.  VI.  C.  15. 

DAMIER,  f.  m.  Echiquier,  tablier  divifé  en  <Î4.  car- 
reaux noirs  &  blancs ,  qu'on  appelle  cafés  j  &  fur 
lefquels  on  joue  aux  échecs  &  aux  dames.  Alvcclus 
luforius. 

On  dit  que  ce  mot  fe  dit  du  livre  des  Infpec- 
teurs  dt.s  troupes  &  de  ceux  des  Colonels ,  où  font 
les  noms  des  Soldats..  C,e  livre  a  été  apparemment 
nommé  de  la  forte  ,  parce  qu'il  eft  conimunémcnc 
quatre   comme  un    damier. 

Damier  Terme  de  Conchyliologie.  Efpêce  de  coquil- 
lage marin  marqueté  de  petits  carrés  de  dillcren- 
res  couleurs  comme  un  jeu  de  dames.  Deux^damiers 
à  bandes  jaunes.  Gep.saint.  Deux  grands  damiers  à 
bandes  jaunes  t^  autres  volutes.   Id. 

DAMIE'i'TE.  'Ville  maritime  d'Egypte ■.,  fur  le  bras  le 
plus  oriental  du  Nil.  l'hamiatis ,  Dcmiqta,  Dc.mieta. 
Cette  ville  efl  grande,  marchande ,, peuplée.  Da- 
micite  s'efi:  agrandie  des  ruines  de  l'elofe,  qui  étoit 
vis-à-vis  de  l'autre  côté  du  Nil.  Les  Cioifés  ont  pris 
deux  fois  Damictte\  en  iiiiS'.  ils  l'alLégerent  la 
première  fois,  oc  l'année  fuivante  ils  la  forcèrent. 
En  liii.  elle  fut  rendue  au  Sultan.  En  1149.  S. 
Louis  la  repnt  après  deux  jours  de  liége  j  mais 
ayant  été  fait  prilonnier  en  11 50.  il  la  rendit  pour 
fi  rançon.  Les  Infidèles  la  brûlèrent,  pour  empê- 
cher les  Chrétiens  de  s'en  emparer  de  nouveau  ; 
mais  elle  s'ell  rétablie  ,  à  caufe  de  la  commodité 
de  la  rade.  Damietie  ,  avant  que  les  Mufulmnns 
s'empatalFent  de  l'Egypte,  avoit  un  fiége  Archiépif- 
copal ,  fous  le  Patriarchat  d'Alexandrie. 

DAMITES  f.m.pl.*u  DAMITONS.f.  f.  pi.  Toiles  de 
coton  qui  fe  fabriquent  dans  l'Ile  de  Chypre. 

DAMIUM.  Sacrifice  à  la  bonne  Déefle.  Vo^  ei^  Damie, 
&  Vigenere  ,  Annot.  fur  Tite-Live  p.  S09. 

DAMMA.  Voyci  DUMMERZÉE. 

DAMMARTIN  ou  DAMP  -  MARTIN.  Dominium 
Martini,  Cajlrum  Demi  ni  Martini ,  Dominus  Marti- 
nus ,  Dammartinum.  Bourg  confidérable  de  France 
avec  titre  de  Comté.  U  eft  dans  l'île  de  France  j 
entre  Meaux  &  Senlis. 

DAMMIN.  /^oye:{-DoMMiM. 

DAMNA.  Quelques  -  uns  ,  comme  Ziéglérus  &  les 
Defmarais  ,  difent  Dimna  ,  Dimnach.  C'eft  la  pro- 
nonciation Hébraïque.  Damna.  C'étoit  une  ^viHe 
de  la  Tribu  de  Zabulon,  qui  fut  donnée  aux  Lévites 
de  la  famille  de  Merari.  Jof.  XXI.  54-  3  5-  ^^s  Sep- 
tante en  cet  endroit  ni  le  I.  des  Parai.  C.  VI.  n'en 
parlent  point. 

Î3T,   d'où  pourroit  venir  riJDT,  Dimnich  ,  figni- 
fie  en  Hébreu  junuer. 

DAMNA.  Voye-:{  Delmino. 

DAMNABLE^  adj.  m.  &  f.  (  On  n'v  prononce  pas  \m , 
non  plus  que  dans  tous  les  dérivés  du  verbe  dam- 
ner:, mais  elle  allon.ge  h  première  fyllabe.  )  Qui  peut 
attirer  la  damnation  \  faire  mériter  les  peines  éter- 
nelles de  l'enfer.  Damnandus.  Adlion,  doélrine  dam~ 
nahlc. 

L'autre  pour  s'exempter  d'un  rigoureux  devoir ^ 
Alet  CCS  loix  au-de[fus  de  fon  joible  pouvoir  j 
Etfuivant  de  Calvin  les  damnables  maximes , 
A  l'Auteur  de  fon  être  il  impute  fes  crimes. 
•  Nouv.  cH.  de  Vers. 

§Cr  Dans  une  fignification  plus  étendue  ,  dam- 
nable  fe  dit  de  ce  qui   eft  pernicieux,   déteftable. 
Deffein ,  entreprife    damnahle. 
DAMNABLEMENT.  adv.  D'une  manière  damnahle. 

•  N 


98  DAM 

Damnandum  in  morem.  C'eft  un  malheiueux  qui  ^ 
a  danmabkmcnt  abufé  de  la  confiance  publique.  | 
DAMNATION,  f.  f.  Peine  écernelle  de  l'enter,  puni-j 
tion  des  damnés.  Sempiterna  in  improbos  conjtituia  5 
à  funimo  Judice  JuppUcia.  Sur  peine  de  damnation.  3 
Cell:  un  .défaut  univerlel  que  de  prononcer  desar-; 
rets  définitifs  fur  le  falut  &  fur  la  damnation  des  au-  j 
rres.  S.  Evr.  | 

-  DAMNER.  V.  a.  Condamner  aux  peines  éternelles  de^ 
ïtnfei.  Cliquent  Aternis  Juppliciis  addicere.  Lemau-! 
vais  riche  a  été  damné  pour  n'avoir  pas  allillé  le] 
Lazare.  On  fe  fait  honneur  de  damner  les  autres' 


DAM       DAN 

Pafquier  dit  que  Damoifeau  eft  un  diminutif  de 
Dam,  comme  Oamoifd  l'ert  de  Dame,  ^oye^  Dam. 
La  qualité  de  Damoifeau  eft  fort  ordinaire  en  Gaf- 
cogne.  Ceux  qui  ont  poliédé  la  Seigneurie  de  Cora- 
nieici  l'ont  eue  fous  le  nom  de  Damoifeau ,  on  les 
appelle  encore  ainli  aujourd  hui.  Damoifeau  de 
Commerci.  yoyc\  M.  de  la  Roque,  ïraitJ  de  ia 
NohUg'e. 

Ce  mot  vient  de  Domicellus  ou  Domniceilus ,  di- 
minutif de  Dominas ,  quaji  parvus  Dominus.  On  les 
a  aulli  appelés  Do/neng;rs  &c  tcuyers.  Du  Cange. 
On  trouve  aulïï  Donculus  pour  Domicellus. 


de  plein  pouvoir  \   mais  l'on  ne  témoigne  pas  la  Damoiseau    étoit  autrefois  un  titre   de  Seigneurie  , 

aufli-bien  que  celui  de  Fidame.  L'un  &  l'autre  ne 
font  plus  guère  en  ulage. 

M.  de  Àlarca,  dans  Von  ///y?,  de  Béarn.  L.  FI.  C. 
14.  dit  que  la  NobleUe  de  Béarn  fe  divife  en  trois 
corps  ;  les  Barons,  les  Cuers ,  &  les  Damoifeaux ^ 
Domicellus ,  qu'on  appelle  Domengers  en  ce  pays. 
Les  fils  des  Rois  de  Danemaick  &  ceux  de  Suède 
ont  porté  le  même  titre  j  comme  il  paroît  par  l'Hif- 
toue  de  Danemarck  d'Ifaac  Pontanus  j  L.  VIL 
&  VIII.  &  par  Henri  d  Upfal  ,  >V.  i>uec.  L.  III. 
Des  fils  des  Rois  ce  titre  palla  aux  fils  dos  Grands 
Seigneurs  &  des  Barons ,  &  enfin  aux  fils  des  Gen- 
tilshommes qui  n'étoient  point  encore  Chevaliers. 


même  ardeur  dans  l'obfervation  de  la  morale  dej 
Jéfus  -  Chrill.   Il  y  a  fi  peu  de  plaihrs  au  monde , 
qu'ils  ne  valent  pas  la  peine  de  fe  damner.  B.  Rab. 

Dans  la  Chaire  jamais  n'introduis  lafatire^ 
Et  de  peur  de  damner  ne  vas  point  faire  rire  : 
Ne  vas  point,   Cafuifie  ignoraiic  &  chagrin  , 
Damner  pour  un  ruban  ton  innocent  prochain.        ç 

ViLL. 

|C?  Damner,  fignifie  hyperboliquement  &  dans  le  ftyle  ' 
familier ,   importuner  ,    tourmenter  excellivement. 
Vous    me   faites    damner.  Vous    ferez  da,mner  cet 


homme-là  à  force  de  plaider.  Le  ferment  ordinaire   Damoiseau,  fe  dit  aulîi  ironiquement  d'un  homme 


des  Gafcofis  eft  j  Dieu  me  damne.  Dieu  me  damne ^ 
voilà  fon  portrait  véritable.  Mol. 

Rabelais  a  dit  proverbialement,  vous  vous  dam- 
nc-(  comme  une  ferpe,  c'eft-à-dire,  vous  vous  pré- 
cipitez aveuglément  la  tcte  la  première  dans  l'en- 
fer ,  parce  que  quand  une  ierpe  tombe ,  le  fer ,  qui 
en  eft  la  principale  partie,  tombe  le  premier  j  à 
caufe  de  fa  pelanteur. 

Damner.  Ce  mot  fignifioit  autrefois  condamner.  On 
difoit  aufll  damnement&c  damnation  pour  condam- 
nation. 

Damné  ,  ée.  Part,  pris  quelquefois  fubftantivemenr. 
u^ternis  fuppliciis  addicius.  Souffrir  comme  une  ame 
damnée,  comme  un  damne.  Dieu  ne  fe  plaît  point 
aux  fupplices  des  damnes  j  jf^  ne  fe  plait  qu'en 
l'ordre  de  fa  Juftice,qui  les  punit,  &  qui  a  réglé 
leurs  peines.  M.  Esp. 

Le  funeflc  lieu 

Que  réferve  aux  damnés  la  Juflice  de  Dieu. 

Malherbe. 

On  appelle  figurément  un  ame  damnée,  un  homme 
entiéiement  dévoué  à  toutes  les  volontés  d'une  per- 
fonne  puilfante.  Ce  valet  eft  l'ame  damnée  de  ion 
Maître.  On  le  dit  aulli  d'un  méchant  homme.  Homo 
nequam.  Ce  Procureur  eft  l'ame  damnée  du  Palais. 

Il  faut  remarquer  que  le  mot  de  damné  figni- 
fioit autrefois  condamné  en  Juftice ,  foit  civile- 
ment, fort  criminellement  ■•  on  le  trouve  encore 
en  cette  fignification  en  plufieurs  endroits  de  la  Cou- 
tume de  Normandie  :  &  dans  un  plaidoyer  de  l'U- 
niverfité  ,  il  eft  dit,  que  par  les  Conciles  de  Conf- 
iance 6-:  de  Bâle  avoient  été  extirpés ,  dam.nés  &  abo- 
lis les  Annates,  déports  de  Bénéfices,  comme  abu- 
fives  exaûions. 

Damnée  (Terre).  Damnata  terra.  En  termes  de 
Chimie  ,  c'eft  la  même  chofe  que  caput  mortuum  ; 
je  veux  dire,  c'eft  toute  la  terre,  toute  la  malfe 
qui  demeure  au  fond  de  la  cornue,  après  qu'on  a 
tiré   par  le  feu  tous  les  autres  principes  d'un  corps. 

DAMNIO.  Foye^  DELMINO. 

DAMOISEAU  ,    DAMOISEL.  f.  m.    Jeune   Gentil- 
homme qu'on  appeloit  ainfi  avant  qu'il  fût  Che- 
valier. Dans  l'Amadis  ,  Noranfel  demandant  à  êtrei 
reçu  Chevalier ,  eft  appelé  Damoifel.  Ce  nom  fe 
donnoit  non  -  feulement  aux  fils  des  Chev.a4iers  &  | 
des   Barons,  mais  même  aux  fils  Jes  Rois.  Ainfi  on 


qui  fait  le  beau  ,  qui  affetle  trop  de  propreté  ;  un 
galant  de  protelfion.  Nimix  concinnitatis  fludiofus 
ajfeclator,  compoftus  _,  calamiflratus  muliebriter. 

Qui  voyant  arriver  che~  lui  le  Damoifeau , 
Prend  Jort  honnêtement fes  gants  &fon  manteau. 

Dit  Molière,  en  parlant  d'un  mari  corrunode, 
dans  l'Ecole  des  femmes. 

Il  efi  des  Damoifeaux  dont  l'œillade  amoureufe 
Accompagne  toujours  la  phrafe  précieufe. 

Sanlecque. 

DAMOISEL.  f.  m.  Foye^  le  premier  article  de  Damoi- 
seau. 

DAMOISELLE.  f.  f.  Vieux  mot  qui  fignifie///e  noble. 
Nûbilis  Jemina.  Il  ne  fe  dit  plus  qu'en  terme  de 
Pratique  ,  &  dans  les  Aéles  publics.  Partout  ailleurs 
on  du  DeiHoifelle.  Foye:;^  ce  mot. 

^CT  Damoiselle.  Terme  de  Marine.   Foye\  Lisses 

DE  porte -HAUBANT. 

DAMOT  ou  DAMOUT.  Foye-{  Damut. 

DAMPIhRRE.  Nom  de  lieu.  Il  y  a  Dampierre  dans 
l'Ile  de  France  ,  &  Dampierre  dans  le  pays  d'Aunis. 
|KJ"  Il  y  a  aulli  plufieurs  Villages  en  Champagne 
nommes  Dampierre. 

DAMREMY  ou  DOMREMY-la-Pucelle.  Dam-Remi^ 
gium.  Village  du  Duché  de  Bar,  fameujf  pour  avoir 
été  la  patrie  de  Jeanne  d'Arc,  dite  la  pucelle  d'Ot- 
léans.  Damremy  eft  fur  la  Meufe ,  entie  Neufcha- 
tel  &  Vaucouleurs.  MatYj  Corn. 

DAMVILLE.  Gros  bourg  de  France  dans  la  Hante- 
Normandie,  fur  la  rivière  d'Iton  ,  dans  le  Diocèfe 
d'Evreux.  Damville  fut  érigé  en  Duché-Pairie  en 
16 lo.  Il  appartient  à  M.  le  Comte  de  Touloufe, 
Amiral  de  France. 

DAMVILLIERS.-  Petite  ville  du  Duché  de  Luxem- 
bourg ,  enclavée  dans  la  Lorraine.  Damvillerium. 
Damvilliers  ,  qui  eft  entre  Verdun  &  Montmedy, 
fut  pris  par  les  François  en  1637.  &  cédé  à  la 
France  par  la  paix  des  Pyrénées.  Ils  en  démoli- 
rent les  fortifications  en  1675.  HOFFMAN  J  MatY  , 
Corn. 

DAMUT,  DAMOT  ou  DAMOUT.  Royaume  de 
rAbvftînie  en  Afrique.  On  y  met  une  ville  capitale 
du  même  nom.  Maty  j  Corn. 

DAN. 


trouve  dans  l'Hiftoire  Damoifel  Pépin  ,  Damoifel 

Louis-le-Gros,  le  Damofel  K\ù\-xià  Prince  de  Gai- ' 

les.  On  appelle  aulli  Damoifeau  un  Seigneur  moins   DAN.  L'une  des  douze  Tribus  des  Ifraclites  ,  qui  croit 

confidéiabie  par   rapport  à   an  plus   confidérable. ,      enclavée  dans  celle  de  Juda,  &:  avoir  à  l'orient  la 


D  AN^ 

iri'^rre  Tribu  ,  à  roccident  les  Pniluuns ,  ou  I.i  mer 
mcditerranée,  au  midi  la  Tribu  de  Siméon  ,  au 
feptcnttion  celle  d'Ephraïm.  Rzéchie! ,  XXVII.  19. 
du  que  les  liraclitjs  do  la  Tribu  de  Dan  cravail- 
loienc  bien  en  fer ,  &  qu'ils  en  crailquoieuc  à  Tyr , 
rai.'îi-bien  que  de  caiïe  &:  de  cannelle. 

Dan  étoic  aulH  une  ville  nommée  autrement  La''"'-. 
C'étoic  jon  premier  nom  qu'elle  avoir  avant  que 
les  Ifraëlices  s'en  emparalîenr.  Elle  étoit  iuuce  au 
nord  de  la  Terre- Sainte j  vers  le  Liban  j  dans  un 
pays  fort  abondant  qu'on  appeloit  Rohob  \  Jof.  XIX. 
47' Jug.  XVIil.  tout  entier.  II.  des  llois,III.  10.  Celt 
là  que  Jéroboam  mit  un  des  veaux  qu'il  h:  adorer , 
^.  des  Rois  XII.  19.  50.  Amos  VIII.  14.  Comme 
cette  ville  étoit  à  l'extrémité  de  la  Terre  -  Sainte  , 
du  côté  du  nord  \  de  même  Berfabée  du  côté  du 
midi,  quand  l'Ecriture  veur*8ire  ,  d'un  bout  à. l'au- 
rrc  de  la  Terre  Sainte  ,  elle  dit,  depuis  Dan  jiifqu'à 
Berfabée,  comme  Deut.  XXXIV.  i.Jérémie,  VIII. 
\G.  oc. 

L'Ecriture  n'appelle  point  cette  ville  le  Camp  de 
Dan,  M-ahane  i:>.w.  Jug.  XIIL  25.  XVIII.  1;.  iz. 

,,  camme  quelques-uns  l'ont  cru.  C'efc  un  lieu  tout 
différent,  qui  étoit  dans  la  Tribu  de  Juda  près  de 
Cariathiarim.  Jug.  XVIII.  11.  12..  On  dit  au'.Ii  com- 
munément que  l'une  des  fources  du  Jourdain  s'ap- 
pelle Dan  J  mais  je  ne  trouve  point  cela  dans  l'E- 
criture ;  &  le  14.  V.  du  Chap.  XIV.  de  la  Gtnèfe  , 
que  l'on  cite ,  ne  le  dit  point. 

Ce  nom  efl:  Hébreu,  f-j,  da/i ,  Juge  ou  Juge- 
ment de   pi,  àun  J  Juger. 

Dan.  f.  m.  Nom  d'homme.  Dan  j  Danus.  Dan  efl  le 
cinvyaième  des  fils  de  Jacob  j  félon  l'ordre  de  la 
nailunce,  &  l'un  des  douze  Patriarches  des  IlVac- 
lires.  Jacob  l'eut  de  Bala  ou  de  Bilha  j  fervance  de 
R.achel  J  Gen.  XXX.  5.  6.  Dan  fut_chef  d'une  des 
douze  Tribus-  L'Ecriture  fait  le  dénombrement  de 
fa  poftérité,  Gen  XLVL  23.  XLIX.  16.  17.  lîî. 
Nombre  L  12.  59.  II.  25.  2.5.31.  VIII.  6<î.  XXVII. 
42.  43.  Deutéron.  XXVIL  15.  XXXIIL  22.  Jof. 
XIX.  40.  Jug.  I.  34.  v.  7. XIII.  I.  17.  19. 

Dan  ou  Den.  1.  m.  Terme  de  Mythologie.  Ancien 
Dieu  des  Germains.  Cluvier  prétend ,  Germ.  Ant. 
L.  I.  pag.  224.  que  c'eft  le  même  que  Tlieut ,  &: 
Zîiï  J  par  conféquent  ;  car  comme,  lelon  lui,  de 
Theut  s'eft  fait  ZtU,  Jupiter,  de  même  de  ZtU  s'ell 
fait  A«» ,  Dan  ;  caj  on  a  dit  zùs ,  z« ,  &  en  Do- 
rique,  zàf  :  des  cas  obliques  ZmU,  Z;;/* ,  (Se  s'eil 
formé  le  nominatif  Zî,»,  &  en   Dorique  Zay,  puis 


D  A  N 


9Ô 


>> 


•].; 


fe  changeant,  comme  il  arrive  fouvent  en  A, 


/sâv,  Dan,  qui  étoit  le  Grand  Theut  ou  le  Grand 
ilercure.  Encore  aujourd'hui  dan  &  den,  en  Scla- 
von  ,  Se  félon  une  autre  prononciation,  d^en  & 
d'î'n,  fîgnifie  jour^  comme  dies,  qui  vient  de  4lsî, 
géniiif  de  Tc.f. 

IVANACE  ou"  DANAQUE.  f.  f.  Nom  d'une  ancienne 
nîonnoie  barbare ,  du  lEtymologifte.  Danace.  Elle 
valoit  un  peu  plus  d'une  obole.  Suidas  dit  que  la 
danace  étoit  la  moiinoie  que  les  Grecs  mettoient 
dans  la  bouche  des  morts  pour  payer  à  Caron  leur 
palHigc  aux  enfers. 

Dan  ACTES,  f.  m.  Nom  d'homme.  Danax  ,  aclis.  S. 
Danad.es  eft  dans  les  Menées  au  \G.  de  Janvier  j  & 
dans  Maxime  deCytlière.  CnASTEL,/».  503.1lfemble 
que  l'analogie  demandoit  que  l'on  dît  Danax  j  & 
non  pas  Danacles  :  nous  difons  Aflianax  &  non  pas 
Aftianade. 

DANAE.  f.  f.  Fille  d'Acrifîus  Roi  d'Argos,  fut  enfer- 
mée fort  jeune  dans  une  tour  d'Airain.  Jupiter  deve- 
nu amoureux  de  cette  Princeffe,  fe  changea  en  pluie 
aor  ,  &:  la  rendit  mère  de  Perfée. 

DANAÏDE.  f.  f.  Fille  de  Danaiis.  Danais.  Les  Danaï- 
des  ctoien:  cinquante  ,  &  font  fameufcrs  dans  la  fa- 
ble i  filles  de  Danaiis ,  1X^  Roi  d'Argos ,  &  frère 
d'Egyptus;  elles  épouferentlescinquantes  filsde  leur 
oncle  Egyptus  ,  &  par  conféquent  leurs  coufins  ger- 
mains. Danaiis  qui  craignoit  l'accomplifTement  d'un 
oracle  qui  lui  avoir  prédit  qu'il  feroit  chalfc  du  trô- 
ne par  un  gendre,  psrfuada  à  fes filles  de  tuer  chacu- 


ne fou  mari  la  première  nuit  de  leurs  nôj:es.  T-"r^-5 
obéirent  à  leur  père  ,  excepté  Hypermneft're  ,  >qui 
épargna  fon  mari,  nommé  Lyncée.  En  punition  d*j 
cecriniiî,  les  Poètes  les  ont  condamnées  d.ms  fenfec 
à  remplir  continuellement  liiironneau  percé.  Les  Oa^ 
naidcs  s'appeloicnt  auffi  Béiides.  Voyez  ce  mot.  Leur' 
-pcre  Danaiis  étoit  fils  de  Bélus  i'Egyptien.  Les  u- 
naidcs  apportèrent  d'Egypte  en  Grèce  les  Thefmo- 
phones  ou  têtes  &  fiicrihccs  de  Cérès. 

Ify  DANAQUE.  Foyei  Danacè. 

DANAX.  yo\c:i  Danactes. 

DANCALl  ou  DANKALi  &  DANGALÎ.  Royaume 
de  l'Ethiopie  en  Ahique,  dans  la  partie  méridionale 
de  la  côted'Abex  ,  vers  le  coinirsiicement  du  détroit 
Arabique  ,  ou  de  la  mer  rouge. 

IfT  DANCENOIR  ,  Dancenorium.  Petite  ville  ds 
France  dans  la  Champagne  ,  fut  la  rivière  d'Aube  , 
vers  les  confins  de  la  Bourgogne. 

DANCHE,  ÉE.  adj.  Terme  de  Blafon.  Pièce  honorable 
de  l'Ecu  ,  dentelée  d'un  côté  en  forme  de  fcie.  Serra- 
rus  ,  dentkulatus.  On  le  dit  du  pal  ^  du  chef,  de  l.i 
face  &  autres  pièces  femblables  ,  iorfqu'elles  font 
terminées  ainfi. 

DANDA.  Ville  des  Indes  dans  le  Royaume  de  Décan  j 
lur  la  rivière  de  Deri  ,  qui  entre  dans  la  mer  ,  au- 
près des  lOes  que  les  Portugais  nomment  IJlas  Que- 
maUas. 

DANDIN.  f.  m.  Efpèce  de  fot  &  de  ni.ais ,  qui  n'a 
point  de  contenance  ;  ce  mot  n'eft  que  du  flyle  fa- 
milier. Homo  injhlfus  Ù'  ineptus  j  incompofitï  oris  ac 
gtjlus  homo.  Rabelais  a  écrit  une  Hiftoire  de  Perriu 
Danàin  ,  &  de  Thenot  Dandin  ,  dont  on  tiie  une 
moralité  qui  eft  d  un  grand  ufage  dans  le  monde 
pour  ceux  qui  veulent  accommoder  les  procès.  Mo- 
lière a  fiiir  une  comédie  intitulée  George- Dandin. 

Quelques-uns  le  dérivent  par  mctathefe  de  l'Kébrea 
iiaiad  ow  danah  j  qui  hgnifie  aller  deçà  &  delà.  Paf- 
quier  le  dérive  de  dindan  ,  qui  eft  un  fon  de  cloches 
agitées  qui  vont  deçà  &  delà  comme  les  danduis. 

DANDINEMENT,  f.  m.  Mot  nouveau  qui  fignifie  le 
balancement  ou  l'agitation  de  quelque  choie  j  com- 
me d'un  carofFe.  Des  tireboures  d'acier  pour  arrctei^ 
le  dandinement  &i  cahot  des  berlines ,  chaifes  de  pof- 
t?* ,  (Se  phaétons.  Merc.  Juin  1725. 

DANDINER,  v.  n.  Faire  le  dandin  ,  marcher  en  re- 
muant le  corps  comme  les  gens  qui  n'ont  point  de 
contenance.  Incompojitè  ,  inepte  ,  rujlicè  fe  gerere.  Il 
dandine  du  cul  comme  un  fonneur  de  cloches.  S- 
Am.  Il  fe  du  auifi  avec  le  pronom  perfonnel ,  &  ligni- 
fie fe  balancer  en  fot  &  en  b^nêt  dans  une  chaite.  Il 
n'eft  que  du  ftyle  familier. 

Cejl  pour  parler  tout  à  fon  aifè  , 
^e  dandiner  dans  une  chaife. 
Etfe  donner  des  rendei-vous.     D£S-FioUL. 

1^  DANEBROY  ou  DANNEBORG.  P'ojei  DAn- 

NEEROCK. 

DANExMARCK  ou  iimplement  Danemarc  ,  Royaume 
de  l'Europe  Septentrionale.  Dania.  Le  Danemdrck 
eft  renfermé  entre  le  54.  d.  45.  m.  de  latitude  ,  &  le 
5  8.  &  environ  entre  le  29.  degré  &  demi  de  longitu- 
de &  le  34.  &  demi.  Mai  Y.  Ses  bornes  font  au  midi 
le  Duché  de  Holllein,au  couchant  &  au  nord  la  mer 
d'Allemagne,  &  au  levant  la  Alanche  AeDanemard  , 
&:  la  mer  Baltique.  Le  Royaume  de  Danemarck  fe  di- 
vife  en  deux  parties.  Lapins  confidérable  eft  la  p'ef- 
qu'ile  de  Jutlande;  l'autre  confifte  en  plufieurs  Iles 
lituées  dans  la  Manche  de  Danemarck  ,  &  dans  la 
mer  Baltique  ,  &  dont  les  principales  fontZéelande  , 
Fionie,  Falfter  ^  Mone,  Laland  ,  Longeland,  Atroc, 
Al.Qu  J  Sai-nfoc  ,  &  Bornholm.  La  Capitale  du 
P>.oyaume  eft  Copenhague,  qui  eft  dans  Tlle  ds  Zée- 
lande.  L'hiver  dure  environ  huit  mois  en  Dane- 
.viarck  ;  le  refte  eft  prefque  tout  été  ,  &  les  chaleurs 
y  font  très-grandes ,  parce  que  les  jours  y  font  fort 
longs.  Le  terroir  de  Danemarck  eft  alfez  fertile.  On 
en  tire  des  blés  qu'on  ne  fème  qu'après  l'hiver, 
&  oui  viennent  en  marurué  en  trois  ou  quatre  mois. 

Ni] 


loo  DAN  DAN 

II  produit  des  chevaux  &  des  bœufs  d:  fort  grande  .  §CF  DANGER,  f.  m.  Terme  relatif  à  la  fituation  d'un 


taille. 

Le  Royaume  de  Dancmarck  ,  fi  l'on  en  croit  les  Hido-  ' 
riens  Danois, commença  lojS.ansavantJefus-Chril}, 
&  par  conléquent  à  peu  près  aulli-tôt  que  celui  des 
llraëlites.  Comme  euKJalques-la  les  Danois  n'avoient 
eu  que  des  Juj;es.  Les  dillentions  hrenc  élire  Dan  , 
tils  d'Humblus  Seigneur  de  Zcelande  ,  de  Fallter ,  de 
Laland  &  de  Mone.  Les  Goths  le  créèrent  Roi.  Ils 
prétendent  que  depuis  tant  de  ficelés  il  n'y  a  eu  que 
trois  laces  lur  le  trône.  Lapremièie  depuis  Danjul- 
qu'à  Ungmn  j  la  leconde  depuis  Ungum  jufqu'à  Fré- 
déric L  qui  mit  la  maifon  d  Oldenbourg  fur  le  trône 
en  1511.  Jufqu'à  Frédéric  IiL  le  Royaume  de  i5i2- 
ncmarck  avoir  été  éledif:  :  il  le  rendit  héréditaire  en 
\GGq.  &C  les  tilles  même  le  peuvent  polféder. 

hcDanemarck  fe  féparade  l'Eglife  Romaine  fous 
Frédéric  L  qui  commença  de  régner  en  1 521.  &  em- 
bralfa  la  Contelîion  d'Ausbourg  ,  qu'il  fuit  encore. 
Il  y  a  fix  Sur-intendans  Eccléiiaftiques,  auxquels  on 
donne  le  nom  d'Evêques.  Ce  font  ceux  de  Zéelande  , 
de  Fionie  ,  d'Alborg,  de  Wiborg,  de  Ripen  j  &: 
d'Arhus. 

Les  Etats  de  Danemarck  ne  comprennent  pas  feule- 
ment le  Danemarck  ,  mais  encore  le  Royaume  de 
Norv/ège  ;  en  Allemagne,  le  Comté  d'Oldenbourg, 
de  Delmenhorfl: ,  &  une  partie  du  Duché  de  Holf- 
tein  j  dans  l'Océan  feprentrional,  les  Iles  d'Iflande, 
de  Fero,  &  de  Scherland  \  dans  l'Amérique  Septen- 
trionale ,  le  nouveau  Danemarck ,  l'Ile  de  S.  Thomas 
aux  Antilles,  le  Forr  de  Chriftianbourg  fur  la  côte 
de  Guinée ,  &  un  autre  fur  celle  de  Cdromandel. 

Queques-uns  croient  que  Dania,  ,  Danemarck  , 
vient  du  Latin  dare  ,  &  qu'il  a  été  donné  à  ce  pays , 
parce  qu'il  donne  beaucoup  de  biens.  Daniam  quajl 
prolijicam  parentem  &  muhorum  honorum  datricem  ap- 
pellari.  D'autres  ,  avec  aulfi  peu  d'apparence ,  croient 
que  marck ,  marchia  ,  a  été  formé  de  maris  archia  ^ 
c'eft-à-dircj  Empire  de  la  mef,  comme  fi  l'on  avoir 
voulu  marquer  par  ce  nom  ,  que  le  pays  qui  le  porte 
avoir  l'Empire  de  la  mer.  D'autres  veulent  que  Z^a- 
/zf/n^rc/t  foit  compoféde  Danus,  nom  du  fondateur 
de  la  Monarchie  dont  nous  avons  parlé  &  ,  de  rnarch 
qui  en  langue  du  pays  fignifie  champ ,  campagne  , 
territoire  ^  de  forte  que  Danemarck  foit  la  même 
chofe  que  territoire  ou  terre  de  Dan.  Mais  il  efl:  plus 
vraifemblable  que  Dan  eft  le  nom  du  peuple  qui  ha- 
bitoit  ce  pays,  &  non  de  ce  prétendu  Roi  Dan.  Il  en 
efl:  qui  veulent  que  ce  nom  vienne  àsAha,  de  l'eau, 
&  qu'il  fignifie  des  gens  aquatiques  ,  qui  demeu- 
rent dans  les  eaux  j  ils  difent  qu'ils  s'appellent  eux- 
mêmes  Daneman  j  qui  veut  dire  la  même  chofe. 
Le  nom  du  peuple  eft  Danois.   Voye-;^  ce  mot. 

La  Mer  de  Danemarck.  Terme  de  Géographie.  Mare 
Danicum  ,  anciennemenr  Cimbrïcum.  C'eftla  partie 
de  la  mer  d'Allemagne  qui  baigne  la  côte  occiden- 
tale &  feprentrionalc  de  la  Jutlande  ,  ou  de  l'ancien- 
ne Cherfonefe  Cimbrique. 

La  Manche  de  Danemarck.  Terme  de  Géogra- 
phie- C'èft  un  golfe  de  la  mer  d'Allemagne,  renfer- 
mé enrre  la  côte  orienrale  de  la  Jutlande  fepten- 
trionale,  celle  de  Suède  ,  &  les  îles  an  Danemarck , 


homme  qui  eft  menacé  de  quelque  malheur  ,  6c 
qui  exprime  particulièremenr  le  n-al  qui  peut  arri- 
ver, heril  6c  ri/que  ,  regardent  le  bien  qu'on  peut 
perdre,  avec  quelque  différence  pourtant,  /^oyeç  ces 
deux  mots.  Dif-rumn.  Le  Soldat  qui  a  l'honneur  en 
récommandarion  ,  se  craint  poinr  le  danger  j  s'ex- 
pofe  au  péril  ,  &  court  tranquillement  tous  les 
rifques  du  métier.  Le  plus  lâche  s'expofe  au  dan- 
ger par  la  honte  de  reculer.  S.  EvR.  Darius  di- 
foit  que  les  dangers  le  rendoient  fage ,  parce  qu'ils 
réveillent  l'attention ,  &  qu'ils  augmentent  l'ex- 
périence. Ablanc.  On  ne  fait  d'ordinaire  entre- 
voir aux  malades  le  danger  où  ils  font ,  qu'au  tra- 
vers de  quelques  efpérances  de  guérifon.  Fi^ch. 
L'ame  fe  familiarife  infenfiblement  avec  le  danger  y 
quelque  affreux  qu'il  foit,  à  force  de  le  confdércr. 

S.  REAL. 

Ce  mot  vient  j  félon  Nicodj  de  damnum  gerens  5 
&  félon  Ménage ,  de  angarium  ,  en  y  prépofant  un 
d ,  ou  de  damnarium  ,  ou  de  damniarium. 
Danger.  ,  fe  dit  aufli  pour  fignifier  un  inconvénient. 
Incommadum.  il  n'y  a  point  de  danger  de  fonder  fes 
intentions  avant  que  de  lui  propofer  cette  affaire.  Il 
n'y  a  point  de  danger  d'envoyer  quelque  valet  au  lo- 
gis pour  nous  faire  préparer  à  dîner. 
Tiers  &  Danger  ,  eft  un  droit  que  le  Roi  prend  fur 
plufieurs  bois ,  Se  entre  autres  en  ceux  de  Norman- 
die, lenia  6'  décima  pars  Jilvaûcorum  jrucLuum.  Il 
confifte  au  tiers  du  prix  de  la  vente  ,&  à  la  dixième 
partie  de  la  venre  qu'on  prélève  d'abord  au  profir  du 
Roi  :  ainfi  fur  foixante  Ions  le  Roi  prend  vingt  fous 
pour  le  tiers  ^  &fix  fous  pour  le  danger  ^  c'eft  l'exem- 
ple qui  eft  rapporré  dans  une  ancienne  Ordonnance 
de  la  Cham.bre  des  Comptes  de  1454. 

Ce  mot  de  danger  en  ce  fens  eft  la  même  chofe 
que  la  dixme,  ôc  il  vient  vraifemblablement  du  La- 
tin denarius. 

D'autres  difent  que  ce  mot  de  danger  pris  pour 
un  droit ,  vient  de  ce  que  pour  avoir  permiflion  de 
vendre  des  bois,  on  donne  au  Roi  le  dixième  du 
prix  de  la  venre,  &  que  par  ce  moyen  on  évite  le 
danger  qu'il  y  avoit  à  les  vendre  fans  la  permiflion 
du  Roi. 

Il  y  a  des  bois  qui  ne  font  fujets  qu'au  tiers  fans 
danger,  &c  d'autres  au  danger  fans  riers.  En  général 
on  appelle  danger ,  ce  qui  eft  de  droit  étroit ,  &  fu- 
jet  à  confifcation.  Ainfi  on  a  appelé  fief  de  danger 
celui  dont  on  ne  pouvoit  prendre  polTeflion  qu'après 
avoir  fait  foi  &  hommage  au  Seigneur  j  à  peine  de 
commife  ou  de  confifcarion  ,  comme  il  y  en  a  plu- 
fieurs dans  les  Coutumes  de  Troyes  &  de  Chau- 
mont. 
Dangers.  Terme  de  mer.  On  appelle  dangers  fur  la  mer, 
les  roches ,  les  bans  de  fable  qui  font  cachés  fous 
l'eau  ,  &  fur  lefquels  un  vaiffeau  peur  fe  brifer  en 
donnant  delfus.  Scopuii  _,  vada  ,  arenarix.  moles.  Il 
faut  envoyer  des  chaloupes  fur  tous  les  dangers  qui 
font  cachés  fous  l'eau.  Bouguer.  Etant  fur  un  dan~ 
ger,  il  faut  prendre  des  marques  à  terre,  comme  des 
arbres ,  des  clochers  j  des  montagnes ,  &  c.  pour  le  re- 
connoître. 


qui  le  fépare  de  la  mer  Baltique,  avec  lequel  il  a^lJCFOn  voir  par  là  que  le  mot  danger  a  trois  fignifica- 
communication  parles  dérroirs  duSund ,  du  grand        rions  différentes  fuivant  la  diverfité  des  étymolo- 


&  du  petit  Belt.  On  l'appelle  autrement  le  Schager- 
Raak ,  ou  le  Catcgat  ,  Sinus  Scagenfis  _,  ou  Da- 
nicus. 

Le  Nouveau  Danemarck.  Contrée  des  terres  arc- 
tiques. Dania  nova.  Il  eft  dans  les  Cartes  ordinai- 
res fur  le  bord  occidental  de  la  mer  Chriftiane  ,  au 
nord  du  pays  nommé  la  mer  glaciale.  Le  P. 
Hennepin  alfiire  dans  fes  nouvelles  découvertes,  que 
c'eft  une  terre  ferme.  Maty.  Ce  fut  Jean  MonoK, 
Danois ,  qui  découvrit  cette  conttée  fous  Chrif- 
tianlVj  l'an  1619.  Corn. 

|a°  DANGALA.  Ville  d'Afrique  dans  le  Royaume  de 
Sennar  ou  de  Nubie,  fur  la  rive  orientale  du  Nil. 

DANGEAU.  Bourg  de  France  dans  le  Perche,  fur  la 
Douzaine.  Dangellum  ^  Dangeolïum  ,  DanjoUum. 


gies.  Quelquefois  il  eft  fynonyme  à  péril  &  rifquc> 
avec  la  différence  que  nous  avons  expliquée. 

Autrefois  ils'eft  pris  pour  Puilfance,  Domination^ 
Seigneurie  ,  comme  dans  le  Roman  de  la  Rofe. 

Et  Ji  maijl  Dieu  ,  auffi  S.  Jacques , 
Si  vous  ne  me  voule^  à  Pafques 
Bailler  le  corps  notre  Seigneur, 
Sans  vous  faire  prejfe  Greigneur , 
Je  vous  lairai  fans  plus  attendre  , 
Et  Virai  tantofi  de  lui  prendre , 
Car  hors  fuis  de  votre  danger. 

.  ?fT  Alain  Charrier  :  Ainfi fere-[  en  fervitude  comme 
efclave  3  &  ta  renommée  en  danger  d'efiravges  gen^. 


DAN 

§5°  Jean  Cîmeliers  j  ancien  Pocce  François ,  dit 
qu  aniour  lui  a  emblé  le  cœur  pour  le  mettre  en  la 
piiiflance  de  fa  Dame  ;  &  puifqu'il  elc  en  ion  dan- 
gef,  il  ne  peut  l'en  retirer. 

En  ce  fens  danger  eft  corrompu  de  dominai  i ,  ï'9 
changé  en  .-7,  comme  les  Latins  prononçoient  de 
ifttss  ^  arduus,  de  cl-J^nt ,  aceium,  &c  nous  de  fiiora  , 
viande.  Et  ce  qu  i  app  rtient  encore  mieux  à  ce  pro- 
pos, Dam  &  Dame  de  Dominus ,  &  Dan j  on  d« 
Dominium  ou  Dominicum ,  duquel  nos  Ancêtres  ap- 
peloient  le  logis  du  Maître. 

On  le  pienoir  jadis  pour  congé  ou  indulgence, 
comme  dans  Alain  Charrier. 

Poine  j  paour  j  pauvreté ,  perte  &  doute 

Ont  occupé  Jl  ma  penfée  toute  , 

Q^ii'il  n'en  faut  rienjors  que  par  leur  danger. 

Ainlî  les  deniers  qu'on  paye  aux  Seigneurs  féo- 
daux pour  obtenir  congé  de  vendre  la  terre  qui  re- 
levé d'eux,  lefquels  deniers  s'appellent  communé- 
ment ventes ,  &  en  Normandie  ,  treizièmes ,  fou- 
loient  être  appelles  dangers  \  en  quel  fens  je  l'ai  lu 
en  un  vieux  recueil  d'Arrêts  des  Efchiquiers  de 
Normandie  ,  au  rapport  d'un  prononcé  à  la  S.  Mi- 
chelj  l'an  1299.  î?c  d'un  autre  de  1501.  &  les  fiefs 
en  polfeirion  defquels  n'eft  loilible  d'entrer  fans 
congé  du  Seigneur  de  qui  ils  relèvent ,  font  pour 
même  raifon  appelés  fiefs  de  danger,  c'ell-à- 
dire  fieh  de  congé.  En  cette  fignification  danger 
eft  corrompu  de  indulgere  j  la  première  fyllabe 
oraife. 

C'eft  en  cette  troifième  fignification  qu'en  ter 
mes  des  Eaux  &  Forêts  il  fe  dit  du  profit  que  le  Roi 
tire  du  congé  qu'il  donne  de  couper  fon  bois  à  la 
commodité  du  Tréfonfier.  Pour  le  droit  de  gruerie 
il  prend  le  tiers  ou  autre  portion  ,  &  une  autre 
pour  le  danger ,  c'eft-à-dire  pour  le  congé,  indul- 
gence ou  permifTion  de  couper  le  bois  à  l'appétit  du 
Trétonlier.  Cristophe  Bérault,  Avocat  au  Par- 
lement de  Rouen  ,  des  droits  de  tiers  &  de  danger , 
gruerie  &  grairie. 
Danger.  Dans  toure  notre  ancienne  Pocfie  efl:  une 
perfonne  fâcheufe,  qui  s'oppofe  à  nos  volontés  j  à 
nos  defirs. 

DANGEP.EUSEMENT.  adv.  Avec  danger.  Periculosé 
Cet  homme  a  été  dangereufement  blelFé.  Ablanc. 
Il  eft  dangereufement  malade.  La  Chamb. 

DANGEREUX,  euse.  adj.  Qui  met  en  danger,  qui 
expofe  au  danger.  Pcriculofus.  Les  combats  de 
mer  font  fort  dangereux.  Les  chemins  par  les  mon- 
tagnes iont  dangereux ,  pleins  de  précipices  &  de 
brigands.  De  tendres  entretiens  font  trop  dangereux 
pour  les  fpedateurs.  S.  Evr.  J'approuve  le  delfein 
que  vous  avez  fait  de  vous  défabufer  de  la  fortune  & 
delà  quitter  comme  une  maîtrelTe  dangereufe.  Voit. 
Les  plaifirs  fonr  des  amufemens  dangereux.  Boss. 
Une  perfonne  fage  méprife  les  froides  &  dangereu- 
fes  fidions  des  Romans.  Id.  Les  vertus  font  plus 
dangereufes  que  les  vices  ,  quand  on  en  fair  un  mau- 
vais ufage.  TiLL.  De  tout  tems  rien  n'a  été  plus  dan- 
gereux parmi  les  hommes  qu'un  mérite  éclatant. 

S.  REAL. 

Vnplaifir  indifcret  efi  toujours  dangereux.  Vill. 

Vos  yeux  fcavent  lancer  de  trop  dangereux  traits. 

Corn. 

On  dit  aufli ,  qu'un  homme  eft  dangereux  _,  pour 
dire  qu'il  ne  fair  pas  bon  s'attaquera  lui.  On  dit 
auiîi ,  qu'il  eft  dangereux ,  lorfque  fa  doéVrine  ou 
fes  mœurs  font  corrompues ,  &  qu'il  y  a  danger  à 
le  fréquenter. 

Foible  ouperfi.de  ami,  quand  il  eft  écouté. 
Dangereux  ennemi ,  quand  il  eft   rebuté. 

VUL. 


D  A  N  toî 

ify  On  le  dit  à  peu  près  dans  le  même  fens 
d'un  homme  que  l'on  croit  propre  à  fe  faire  ainiec 
des  femmes. 

En  termes  d'Eaux  &  Forêts  ,  on  appelle  Sergens 
dangereux  ,  des  Sergens  traverfiers  qui  ailoient  au- 
trefois faire  des  vifites  de  forêts  en  forêts  extraor- 
dinairement,  pour  voir  fi  les  Sergens  &  Gardes  or- 
dinaires frifoient  leur  devoir.  Ils  avoient  infpedtion 
lur  les  forêts  où  le  Roi  a  le  droit  de  tiers  &  de 
danger  ,  &  c'eft  de-li  qu'on  leur  a  donné  le  nom  de 
dangereux.  Foye^  dc  Lauriere  fur  Ragueau,  Appari- 
tor  falcuarius. 

En  termes  de  Fauconnerie  j  on  appelle  un  oifeau 
dangereux  à  dérober  les  fonnettes ,  celui  qui  eft  fujec 
à  s'écarter. 

IfT  DANGILON.  Foyei  Damgillon. 

DANGU.  Bourg  du  Vexin  Normand  fur  la  petite 
rivière  d'Epte.  Dangutum.  Guillaume  le  Breton  en 
parle.  L.  V. 

DANIEL,  f.  m.  Nom  d'homme.  Daniel.  Le  Prcphêtô 
Daniel ,  qui  eft  le  quatrième  des  grands  Prophètes  » 
comme  on  parle  ,  étoit  de  la  Tribu  de  Juda  &c 
de  la  tamille  Royale.  Daniel  étant  encore  entant, 
fut  emmené  en  captivité  à  Babylone  ,  la  troilièma 
année  du  règne  de  Joakim  ,  qui  eft  la  3518"^.  du 
monde.  Il  vécut  jufqu'à  l'an  3416.  du  inonde,  au- 
quel tems  Cyrus  le  Grand  étoit  Roi  de  Perfe ,  &c 
Darius  Médus  Roi  de  Babylone.  La  Prophétie  de 
Daniel,  dans  le  texte  original,  eft  écrite  partie 
en  Hébreu ,  partie  en  Clialdaique.  yoyej  S.  Jé- 
rôme j  S,  Epiphane  ,  les  PP.  Pereri'as,  Salien  ,  Pe- 
tau,  Labbe,  Jéfuites  ,  le  Cardinal  Bellarmin  ,  aulIi 
Jéfuite. 

Le  nom  de  Daniel  eft  un  mot  Hébreu ,  qui  veut 
dire.  Dieu  eft  mon  Juge. 

DANIEL  (  Le  Port  ).  Port  de  mer  dans  la  baie  des 
Chaleurs  ,  fur  la  côte  orientale  de  l'Acadie.  Portus 
Danielis.  Son  entrée  a  une  bonne  demi-lieue  d'ou- 
verture ;  les  deux  côtés  ne  font  que  rochers  alfez 
hauts,  fa  gauche  en  entrant  a  des  rochers  qui  s'avan- 
cent vers  l'eau  j  enforte  qu'il  faur  ranger  la  côte  à 
droite  pour  y  entrer,  un  navire  n'y  peut  entrer  plus 
avant  qu'un  bon  quart  de  lieue  :  on  y  peut  mouiller 
l'ancre. 

DANISMEND.  f.  m.  Term«  de  Relation,  templorum 
Turcicorum  Minifter.  Les  Danifmends  font  en  Tur- 
quie les  gens  de  loi  qui  font  le  fervice  dans  les 
Mofquées  fous  l'Iman ,  qui  eft  leur  chef  &  comm^ 
le  Curé  de  la  Mofquée  j  les  Danifmends  font 
comme  les  Prêtres  habitués  des  Paroiftes  chez  nous. 

DANK  ou  DANEK.  Terme  de  Relation.  Le  premier 
eft  Perfien ,  &  le  fécond  a  la  prononciaton  Arabe. 
C'eft  la  fixième  partie  d'une  drachme  Arabique  , 
qui  pèfe  douze  carats  j  ce  font  donc  deux  carats , 
que  les  Arabes  appellent  Kerath  ,  au  plurier  Ke- 
rathtth  ,  dont  chacun  pefe  quatre  de  nos  grains* 
D'Herbelot. 

C'eft  aulIi  une  petite  monnoie  d'argent,  dont  fix 
font  la  drachme  d'argent,  qui  revient  à  notra  gros. 
Hégiage  fut  le  premier  qui  en  fit  battre.  Le  plu- 
riel de  daneh  eft  daovanik.  Id.  Voye^  auftî  Caftel , 
au  verbe  pJ7,  daneka,  qu'il  interprète:  minutias 
rerum  Jecîatus  fuit  _,  obolatim  numeravit  :  &  d'où  il 
tire  dank  ou  danek.  Le  dank  ou  danek ,  réduit  à 
nos  monnoies,  vaut  un  fou  un  denier  &  un  tiers  de 
denier. 

gCTDANKON.  'Vaille  de  Perfe,  grande,  mais  peu 
confidérable.  Longitude  78  degrés  15'.  latitude  37. 
degrés  zo'. 

DANNA.  "Ville  de  la  Terre-Sainte ,  dans  h  Tribu 
de  Juda,  Jof.  XV.  49.  Danna.  Les  Septante  l'appel- 
lent r;»>«,  parce  qu'ils  ont  pris  un  -\,  pour  un  T  j 
ou  que  les  Copiftes  avant  eux  croient  tombés  dans 
cette  faute.  Adrichomius  la  place  au  midi  de  la 
Tribu  de  Juda  ,  du  côté  de  la  mer  mfditerranée. 
Zieoler  l'appelle  Doumach  ,  ôc  d'autres  Edenna. 

DANNEBERG.  Ville d'Allemagnedans  la  Balfe-Saxe, 
capitale  d'un  Comté  de  même  nom.  Danncberga  ^ 
Dannorum  mons.  Ce  nom  fait  croire  que  les  Danois 


101      .    ,   D  An    . 

l'ont  bâtie  ou  habitée.  Danncberg  efl:  ficu(r3  fur  la 
rivière  de  Tetza  à  une  lieue  de  fon  embouchure  dans 
l'Eibe. 

Le  Comté  de  Danneherg  eft  iin  petit  pays  du 
Cercle  de  la  BalTe  -  Saxe.  Danncbtrgcrjis  Comua- 
tus.  Il  eft  borné  an  couchant  par  le  Duché  de 
Lunebourg,  &  au  nord  par  ceux  de  Lavembourg 
&  de  Meckelbourg.  Les  Etats  de  Brandebourg  le  con- 
finent des  autres  côtés.  Ce  Comté  a  eu  autrefois 
fes  Comtes  particuliers  ;  le  dernier,  nommé  Nico- 
las, le  donna  à  Othon  le  BeUiqueux,  DucdeBrunf- 
wick  ,  moyennant  une  penhon  viagère  de  douze 
marcs  d'argent,  Maty. 
DANNEBROCK.  L'Ordre  de  Danntbrock.  Qrdo  Dan- 
mbrogicus.  Ordre  de  Chevalerie  en  Danemarck, 
Quelques  écrivains,  amateurs  des  fables  j  font  re- 
monter l'origine  de  cet  Ordre  juiqu'au  tems  de  Dan, 
fils  du  Patriarche  Jacob,  qui,  lelon  eux,  fut  le 
premier  Roi  de  Danemarck,  &  donna  ion  nom 
■  à  ce  Royaume.  Ils  difent  que  ce  Roi  prétendu  étant 
fur  le  point  de  livrer  une  bataille  l'an  du  monde 
zSpS.  vit  defcendre  en  l'air  une  grande  croix  blan- 
che ,  qui  fut  le  ligne  de  la  viéloue  qu'il  remporta  j  j 
ce  qui  fut  caufe  qu'il  inftitua  un  Ordre,  auquel  il 
donna  fon  nom  ,  &  celui  de  hroge,  qui  en  Danois 
(ignifîe  peinture. 

D'autres  plus  raifonnables ,  comme  Bartholin  , 
dans  fa  dilîerration  fur  l'origine  de  cet  Ordre, 
croient  que  Waldemar  IL  en  a  été  l'Inftittiteur  vers 
l'An  IZI9.  Cet  Ordre,  fi  cela  eft,  s'abolit  dans  la 
fuite.  Chriftierne  V.  le  rétablit  en  1672.  &  il  y  a 
même  plus  d'apparence  qu'il  en  fut  l'Inllituteur 
plutôt  que  le  reftaurateur.  Ce  fut  à  l'occafionde  la 
iininTmce  de  fon  fils  Chriftierne-Guillaume  qu'il  l'é- 
tablit. Foyei  le  P.  Héliot  ,  T.  FUI.  C.  6ï. 
DÂNNEMARC.  Foye\  Danemarck. 
DANOIS,  OISE,  f  m.  &  f.  Nom  d'un  peuple  d'Europe 
qui  habite  le  Danemarck.  Danus.  Les  anciens  ha- 1 
bitans  de  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui  Da- 
nemarck j  étoient  les  Cimbres.  C'ell  pour  cela  que 
la  Jutlande  étoit  appelée  par  les  anciens  Cherfonèi'e 
Cimbrique  ;  mais  depuis  plulieurs  fiècles  \qs  Danois 
ne  font  qu'un  peuple  mêlé  de  plulleurs  autres  qui 
s'y  font  jetés  :  car  on  di:  que. le  ChriPcianifme  ayant 
chafle  l'Idolâtrie  des  bords  du  Rhin  &  de  toute  l'Al- 
lemagne, ce  qu'il  y  a  eu  de  Payens  opiniâtres  parmi 
les  Saxons  Scies  autres  peuples  de  Germanie  s'étoient 
jetés  dans  ces  pays  feptentrionaux  ,  où  ces  nouveaux 


D  A  N 

854.  il  reparurent,  non  plus  en  pirates  j  mais  en 
conquérans.  Leur  flotte  forte  de  cent  cinquante  voi- 
les ht  defcente  à  l'embouchure  de  la  Tamife  \  ils 
s'emparèrent  de  Cantorbery&  de  Londres  ,  Igs  pil- 
lèrent, &  y  mirent  garnifon  \  battirent  Bertulphe, 
Roi  de  Mercie  ,  &  malgré  trois  batailles  qu'ils  per- 
dirent fur  terre  ou  fur  mer  j  fe  logèrent  dans  la 
pente  Ile  du  Thanet,  que  forme  la  rivière  de  Stour , 
vers  l'embouchure  de  la  Tamife  ,  &  qui  étoit  alors 
un  havre  conhdérable ,  où  leur  florte  hiverna.  Ils 
battirent  les  Anglois ,  qui  les  en  voulurent  chalTec 
&s'y  maintinrent  malgré  eux.  Enfin,  après  différen- 
tes defcentes,  en  867.  ou  86»).  profitant  du  foule- 
vement  des  petits  Rois  de  Mercie  &  de  Northiim- 
brie,  ils  commencèrent  à  s'établir,  donnèrent  un 
Roi  aux  Northumbriens,  tuèrent  l'année  fuivante 
S.  Edmond,  donnèrent  neuf  batailles  en  871. ou  87 z. 
&  combattirent  toujours  ainli  jufqu'environ  9 12. que 
le  Roi  Edouard  foumit  à  la  Monarchie  Ângloife 
tous  ceux  qui  s'étoient  établis  en  Angleterre.  Mais 
en  1002.  Ethelrede,  par  le  confeil  de  fon  Géné- 
ral d'armée  nommé  fiueux,  ayant  fait  mairacrec 
en  un  même  jour  les  Danois  dans  toute  l'Angle- 
terre ,  Swenon  ,  Roi  de  Danemarck  j  vint  en  1004. 
pour  venger  ce  malfacre ,  &  après  une  guerre  de 
neuf  ans  ,  en  ici 3.  conquit  route  l'Angleterre, 
après  avoir  vaincu  Ethelrede ,  qui  fut  abandonné 
de  fon  armée, .&  obligé  de  fe  retirer  en  Norman- 
die. Le  règne  des  Danois  en  Angleterre  finit  en 
1042,  &  dura  plus  de  deux  cens  ans  j  à  compter 
depuis  la  première  irruption  l'an  83  ^.  Voye\  Camb- 
den  p.  loi.  (S'  fuiv. 

Les  Anciens  ayant  connu  les  peuples  de  la  Cher- 
fonele  Cimbrique  fous  le  nom  de  God.anes,  ou 
Codanes  ,  celui  de  Danois  en  eft  venu  ,  &  eft  rerté 
api  es  eux  aux  peuples  des  lies  autrefois  habitées. 
CiiORiER.  mjc.  de  Dauph.  T.  I.  p.  1 57.  Selon  Clu- 
vier.  Germ.  Ant.  L.  II i.  €.  34.  p.  140.  le  mot  de 
Danois  vient  àsDan,  qui  eft ,  comme  nous  l'a- 
vons dit  au  mot  Dan  ,  le  nom  du  Dieu  Theuth. 
Bien  plus  ^Dan  &c  Tkeuth,  félon  lui,  font  un  même 
nom  j  ils  ont  une  nrême  fignification  ,  même  ori- 
gine. Ce  font  feulement:  deux  différens  dialectes. 
De  Theuth ,  ©sï.9-,   on  a  fait   ïtW,  zàs ,  puis   de 

ZÙs  ,  Xêius  J  AîW ,  4i?  ,  Ziy  ,  Zc<s ,  2:)V  ,  Zà»  ,  Ain  ,  A«v.  Dan  5C 

Theuth  étant  donc  le  même  motj  Danus  ou.  Da- 

jiois ,  &c  Thuto  ,Tlieutorz ,  font   le   même  nom  ;  & 

les  Danois  ôc  les  Teutons ,  le  même  peuple, 

hôtes  trouvèrent  des  hommes  aulli  féroces  qu'eux  ,?DANS.  Prépofition  de  tems  &  de  lieu.  In.  avec  J'acc, 

£c  aulTi  entêtés  du  culte  de  leurs  Idoles.  Quoi  qu'il  j     quand  il  eft  joint  à  des  verbes  qui  hgnifientdu  moa- 


en  foitj  ces  peuples  fe  trouvant  trop  refterrés  dansj 
leurs  Iles  &  leur  prefqu'île ,  fortirent  fouvenr  de 
leur  pays  dans  la  fuite ,   &  inondèrent  les  pays  voi- 
iins.  Cependant  les    Danois   conquérans  de  l'An- 
gleterre au  commencement  du  IX*.  fiècle,  n'étoient^ 
pas  feulement  des  Danois,  mais  des  Corfaires  qui  : 
venoient  de  la  Norwege  ,   de  la  Scandinavie  &  de 
la  Vindélicie,  ou  'Vandalie,  aufti  bien  que  du  Da-i 
nemarck.  Il  y  a  de  l'apparence  ,  dit  un  Hiftorien  - 
moderne ,  qu'ils  prirent  eux-mêmes  le  nom  de  Da-  : 
ncis  ,  comme  le  plus  fameux,  &  leurs  flottes  n'ar- 
boroient  point  d'autre  pavillon  que  celui  de  Dane- 
^narck.  Ils  parurent  des  l'an  7S7.  &  firent  defcente 
dans  le  Royaume  de  Weftfex  ;  mais  ils  furent  chaf-  \ 
fés.  Ils  revinrent  en  794.  &  débarquèrent  dans  la 
Northumbfie  ,  d'où  ils  turent  encore  repoullés.  En  | 
854  leur   flotte  compolée  de  vingt-cinq  vailfeaux 
aborda  les  côtes  d'Angleterre  j  &  y  débarqua  des 
troupes.  Ils  combattirent  Egbert  &  le  vainquirent 


vement  \  avec  l'ablatif  quand  les  verbes  ne  figni- 
fient  point  de  mouvement  :  il  faut  excepter  \qs 
occafions  où  la  prépofition  dans  fe  trouve  avec  un 
nom  de  ville  j  car  alors  on  la  fupprime  en  Latin  , 
félon  les  règles  de  la  Grammaire  Latine.  Ces  deux 
prcpofitions  dans  &c  en  ont  tant  de  rapport  &  de 
relïemblance,  qu'il  eft  aftez  difficile  de  dire  préci- 
fément  quand  il  f'aut  mettre  l'une  plutôt  que  l'au- 
tre. 

§;?■  On  metj  par  exemple,  toujours  en  devant 
les  noms  de  Royauir.es  &  de  Provinces  ;  jamais 
devant  les  noms  propres  des  villes,  &  il  n'eft  ja- 
mais fuivi  des  articles  Le ,  la  \  &  dans  ne  fe  met 
jamais  devant  un  mot  d'où  l'article  eft  retranché. 
Ainfi  l'on  dit,  en  Efpagne  ,  dans  l'Efpagne  j  dans 
Paris ,  ûfij/zj  la  ville.  Je  fuis  en  peine  j  je  imsdans 
la  peine. 

Ce    mot  vient  de  de  Se  intus  ,  félon  Nicod  Sc 
Ménage. 
L'année   fuivante  ils    firent    encore  defcenre    dans   ^CT  Dans  j  fe  dit  en  plufieurs  occafions,  quand  il  eft 
l'oueft  du  pays  de  Galles.  Les  habitans  fe  joigni-j     queftion  de  marquer  la  difpofition  du  corps,  de 


i^nt  à  eux,  mais  ils  furent  battus.  En  S 5 8.  une 
flotte  de  trente  voiles  fit  defcente  à  Southampton  ,  S>c 
un  autre  à  Portfmouth.  L'année  fuivante  ils  firent  en- 
core deux  defcences ,  &  en  S40.  une  autre  à  l'embou- 
chxire  de  la  Tamife.  On  combattitl'an  84;.  Ethe- 
lulphe  ,  fuccefTeur  d'Egbert  J,  commandoit  fi  flotte 
en  perfonne  "•  il  fut  vaincu.  En  845.  ou  félon  d'au- 
n'es,  (jn  S4S.  les  Anglois  eurent  leur  revanche.  Eu, 


l'efprir  ou  àss  moeurs ,  l'état  de  la  fortune.  Il  eft  dans 
le  deffein  de  fe  marier.  Il  languit  dans  une  grande 
misère  Je  ne  donne  pas  dans  votre  fens.  Il  eft  dans 
la  joie  de  fon  cœur.  'Vous  n'avez  jamais  rencontré 
dans  mes  yeux  qi::  de  l'amour.  On  oit  aulfi  qu'un 
homme  a  une  airaire  dà.ns  la  main  ,  dans  fa  poche , 
dans  fa  m.anche  ,  pour  dire  qu'il  .en  eft  aftlué ,  qu'il 
en  eft  le    maître.    Dans   Plutarque  ,  pour  dire , 


DAN 

^itns  les  Œuvres  de  Pliitarque  ,  &  non  pas  chez  Pki- 
tarque  ,  comme  quelques-uns  dil-.-nc.  Vaug.  Kem. 

|KJ"  Lorlqu'il  s'agic  du  lieu, du  M.  l'Abbe  Gnaid. 
dans  z  un  Icns  précis  &  déniu,  qui  tait  entendre 
qu'une  choie  contient  ou  rcnkrme  l'autre  ,  &i  mar- 
que un  rapport  du  dedans  ou  du  dehors.  On  ell 
dans  la  chambre  ,  dans  la  mailon ,  dans  la  ville  , 
dans  le  Royaume  ,  quand  on  n'en  eft  pas  lorti ,  ou 
qu'on  y  elt  rentre. 

|G"  tn  a  un  fens  vague  &  indéfini  ,  qui  indique 
feulement  en  général  uu  1  on  ell ,  (S:  marque  un 
rapport  du  lieu  où  l'on  le  trouve  à  un  autre  oii  l'on 
pourroit  être;  on  efl:  en  ville  lorfqu'on  n'eil  pas  à  la 
maifon  j  en  campagne  ou  en  province  quand  on  a 
quitté  Pans.  On  met  en  prilbn ,  &:  l'on  met  dans 
les  cachots. 

|iC?  Lorfque  ces  mots  font  employés  pour  indi- 
quer l'état  ou  la  qualiiication  ,  dans  ell  otdinaire- 
ment  d'uiage  pour  le  fens  particulanie  ,  &  en  pour 
le  fens  général  ;  ainh  l'on  dit ,  vivre  dans  une  en 
tière  liberté,  être  dans  uns  turent  exttémej  tom- 
ber dans  une  profonde  léthargie  ;  mais  on  dit ,  vi- 
vivre  en  liberté  ,  ctie  en  fureur  ,  tomber  en  lé- 
thargie. 

Cette  prépolîtion  mife  devant  nn  nom  de  temps, 
marque  quelquefois  un  temps  à  venir  ,  le  temps 
où  une  chofe  commencera,  ou  fe  tera  ,  le  temps 
au  bout  duquel  elle  fe  tera.  Il  arrive  dans  trois 
jours  ,  dans  trois  femaines  ,  dans  trois  mois. 
Cette  ville  fera  prife  dans  vingt  jours  de  tran- 
chée ouverte.  Incra.  Mais  dans  ,  mis  ainli  de- 
vant un  nom  de  temps ,  ne  marque  point  la  durée 
du  temps  ;  ainfi  un  Pocte  ,  en  parlant  des  derniers 
événemens  de  la  guerre  qui  finit  par  la  paix  d'U- 
trechc ,  ne  s'eft  pas  aifez  bien  exprimé  tjuand  il 
a  dit  : 

Grand  Roi ,  rien  ne  t' arrête  ;  &  tes  écarts  puijjans 
Reparent  dans  trois  mois  les  pertes  de  trois  ans. 

Il  falloit  dire  en  trois  mois ,  &  non  pas  dans  trois 
mois. 

§3"  Lorfqu'il  eft  queftion  du  temps ,  dans  mar- 
que   plus  particulièrement  celui  où    l'on  exécute 
les  chofes  ,   i^:  en  marque  plus   proprement  celui 
qu'on  emploie  à  les  exécuter.   La  mort  arrive  dans 
le  temps  qu'on  y  penfe  le  moins ,  &c  l'on  palfe  en  un 
inftant  de  ce  monde  en  l'autre- 
Dans  ,  fe  met  quelquefois  pour  la  prépofition  avec. 
Il  faifoit  cela  dans  la  penfée  d'en  tirer  de  l'utilité.  Il 
alla  à  Paris  dans  le  delfein  ,  dans  la  vue  de  s'y  éta- 
blir. Eo  conJiUo  ,  eo  animo. 
Dans,  s'emploie  auifi  pour  pendant.  Per.  Il  fera  hono 
ré  dans  toute  la  poltérité.  Port-R.  Que  ne  ferois 
je  point  j  fi  j'étois  contente  de  vous ,  puifque  je 
fuis  tranlportée  d'amour,  dans  le  temps  où  j'ai  le 
plus  de  lujet  de  m'en  plaindre.  Let.  Portug. 

^fZP  II  ell  quelquefois  fynonyme  à  f<:ion.  Cela  eft 
eft  vrai  dans  les  principes  d'Ariftote.  Il  entend  cela 
dans  le  fens  de  S.  Auguftin. 
1^  Dans  l'idée  ,  dans  la  tète.  On  a  dans  l'idée  ce 
qu'on  penfe  j  on  le  croit.  On  a  dans  la  tête  ce 
qu'on  veut  ;  on  y  travaille.  Les  imaginations  font 
dans  l'idée  ,  lesdelfeins  dans  la  tite.  Les  Courtilans 
fe  mettent  ailément  dans  f  idée  que  le  Prince  doit 
faire  leur  fortune;  mais  il  en  eft  peu  qui  fe  mettent 
dans  la  tête  de  le  mériter  par  des  fervices  nrarqués 
au  coin  de  la  vertu. 

Ce  qui  vient  d'être  dit  de  la  prépofition  dans  fe 
réduit  à-peu-près  aux  chofes  fuivantes.  Elle  marque 
1°.  le  lieu  :  être  dans  un  jardin ,  dans  une  bibliothè- 
que ;  de  l'argent  qui  eft  dans  une  calfette-  z°.  Le 
temps  :  dans  la  failbn  où  nous  fommes  ,  dans  deux 
jours,  dans  un  mois.  3°.  La  fituation  du  corps  :  être 
dans  une  pofture  incommode  j  peinrlre  une  figure 
dans  une  belle  attitude.  4°.  La  difpofition  du  corps  : 
ccre  dans  une  partai-te  fanté  j  dans  le  redoublement 
de  la  fièvre.  5°.  La  manière  d'agir  &  de  vivre  :  vivre 
dans  la  débauche  ,  dans  l'oifiveté  ,  dans  la  retraite. 
6°,  La  profellion  &  les  différens  états  de  la  fortune  : 


DAN 


103 


être  dans  le  miniftèrej  dans  l'épée  j  dans  la  robe  , 
être  dans  la  taveur ,  dans  la  dilgrace ,  dans  la  mi- 
sère ,  dans  l'abondance.  7°.  La  dilpofuion  de  l'ame  : 
être  dans  la  crainte  ,  dans  la  joie  ,  dans  le  doute  , 
dans  l'afflicliion.  3°.  Le  motif  «Si  l'intention  :  faire 
quelque  choie  dans  la  vue  de  plaire  à  Dieu ,  dans 
la  crainte  de  lui  déplaire  ,  dans  le  dellein  ,  dans 
l'eipérance.  9°.  La  manière  de  taire  les  chofes  ,  de 
les  prendre:  Juger  dans  la  rigueur ,  prendre  dans  un 
bon  fensj  dans  un  lens  moral,  dans  \i\  penlée  de 
l'auteur,  &c.  f'oye^  la  Grammaire  FranIjOISe  de 
M.  l'Abbé  Régnier.  Le  P.  Bouhours  ,  dans  fes  Re- 
marques NOUVELLES  SUR  LA  LANGUE  ,  obfervc  que 
lorfqu'il  s'agit  d'autre  chofe  que  de  la  demeure ,  011 
fe  fert  d'ordinaire  de  da/is ,  comme,  on  cherche  par- 
tout un  tel,  fans  qu'on  le  puille  trouver ,  il  eft  néan- 
moins dans  Paris.  Le  même  Auteur  remarque  que 
Il  deux  perfonnes  qui  font  dans  Paris  fe  parlent , 
il  y  a  plus  de  délicatclfe  &  de  perfection  à  dire.  Il 
n'y  a  perfonne  dans  Pans  que  j'eftime  plus  que 
vous ,  qu'à  dire ,  il  n'y  a  perfonne  .i  Paris  j  mais  que 
la  dernière  façon  de  parler  eft  meilleure  fi  les  deux 
perfonnes  font  hors  de  Paris  ;  &  de  même  de  tous 
les  autres  noms  de  villes,  Rome,  &c. 
DANSE,  f  f.  Asouvemens  réglés  du  corps,  fauts  &  pas 
mefurés  qui  fe  font  en  cadence  ,  au  Ion  des  inftru- 
mens  ou  de  la  voix.  Saltaùo  ,  faltatus.  Danfe  no- 
ble. Danfe  figurée.  On  a  vu  des  danfes  de  chevaux 
au  Caroufel  du  Roi  Louis  XIII.  Les  Sybarites  font 
les  premiers  qui  ont  inventé  cette  forte  de  danfe. 

Ce  mot  vient  de  l'Allemand  danf^  ,  fignifiant 
la  même  chofe ,  &  danj'er  de  dant^en.  Bochard  le  dé- 
rive de  l'Arabe  tan-^a ,  fignifiant  aulfi  la  même  cho- 
fe, d:  Guichart  de  l'Hébreu  pi  donts  ,  qui  fignifie  à- 
peu-près  la  même  chofe.  ^oj  t^  Danser. 

La  danje  eft  en  ulage  chez  tous  les  peuples  j  tant 
civilifés  ,  que  barbares..  Elle  a  été  pourtant  ertimée 
chez  quelques-uns ,  Se  méprilée  par  les  autres.  La 
danJe  de  foi  n'eft  point  mauvaife.  Il  y  a  ,  dit  l'Ecclé- 
fiaftique  ,  un  temps  pour  danfer  ;  quelquetois  même 
on  en  a  fait  un  aCte  de  religion  \  ainfi  David  dan- 
fa  devant  l'Arche ,  pour  honorer  Dieu,  Se  pour  mar- 
quer l'excès  de  la  joie  qu'il  avoic  de  voir  venir  l'Ar- 
che dans  la  ville  de  Sion.  Socrate  apprit  à  danfer 
d'Afpafia.  Ceux  de  Sparte  &  de  Crète  alioient  à  l'af- 
faut  en  dan  faut.  Au  contraire  ,  Cicéron  tait  repro- 
che à  Gabinius,  homme  Confulaire  j  d'avoir  danfé. 
Tibère  chall'a  de  Rome  les  Danleurs.  Domitien  ôta 
du  Sénat  quelques  Sénateurs  pour  avoir  danlé. 

Les  anciens  avoient  trois  fortes  de  danj'es  :  l'une 
grave,  nommée  £OT/wt7/'e ,  qui  répond  à  nos  balles 
uanfes ,  &  pavanes.   La  féconde  était  gaie  ,   qu'ils 
nommoient  Cordax ,  qui  répond  à  nos  gaillardes, 
voltes,  courantes,  &  gavottes.  La  troilieme  nommée 
Siccinnis ,  entremêlée  de  gravité  &  de  gaieté,  qui 
répond  à  nos  branles.  Néoptolémus  ,  fils  d'Achille  , 
enfeigna  à  ceux  de  Crète  une  danfe,  appelée,  Pyrri- 
ckie  ,  ou  la  danfe  armse .,  pour  s'en  aider  à  la  guerre. 
Pyrrichia  ,  arniata  faitatio.  Mais  la  table  dit    que 
les  Curetés  inventèrent  cette  danfe  pour  amufer  le 
petit  Jupiter  avec  le  bruit  de  leurs  épées,  dont  ils 
fr.appoient  fur  leurs  boucliers.  DioJore  de  Sicile  ,  au 
IV^  L.  de  fa  Bibliorhègue ,  dit   que   Cybèle ,  fille 
de  Ménon ,   Roi  de  Phrygie ,  &  de  Dindymène  fa 
femme ,  inventa  beaucoup  de  chofes  ,  &  entre  au- 
tres le  flageolet  compofc  de  plufieurs  chalumeaux  , 
la  danfe  ,  le  tambourin  (^'  les  cymbales.  Numa  inf- 
titua  aufti  une  da'fe  pour  les  Saliens ,  Piètres  de 
Mars,  qui  fervoient  avec  des  armes.  Saltatio   Sa- 
liaris  Et  de  ces  danfes  on  en  a  compofé  une  qu'on  ap- 
pelle des  Boufons  ou  Matajfms,  dont  les  Danleurs  font 
vêtus  de  petits  corcelets  avec  des  motions   dorés , 
des  fonnettes  aux  jambes ,  avec  l'épée  &:  le  bouclier 
à    la    main.    Mimicè  filtare.    On    y  fait    plufieurs 
palTages  dont  Thoinot  Arbeau  a  donné  la  t.ibiaturqt 
en  fon  Orchéfographie.  Lucien  en  a  fait  un  Traité  , 
Se  Julius   Pollux    un    Chapitre.  Il  en  eft  aiiHi  parlé 
dans   Athénée  ,  Ctlius    Rhodiginus  ,   Si   Scaliger, 
Quelques-uns  ont  dit  que  Caftor  S<  Pollux  furent 


ï04  DAN 

ceux  qui  apprirent  l'art  de  la  danfe  aux  Cariens. 
D'aLictcs  dilen:  qu'elle  ftit  inventée  par  Minerve, 
qui  ilania  de  joie  après  la  détaite  des  Titans. 

La  danfe  elt  un  etfec  &c  une  marque  de  joie  chez 
la  piùpair  des  peuples.  Il  y  a  quelques  nations  dans 
rAiaérique  méiidionale  qui  danfent  pour  marquer 
leur  triileire.  i-'oye^  le  P.  Pelleprat  dans  la  leconde 
partie   de  les  Relations. 

Thoinot  Atbcau  adonné  une  Orchéfographie.  Il 
y  a  quelque  temps  qu'un  Maître  ds  Da/iJ'e  à  Paris 
donna  une  Oichélogiaphie  ,  ou  l'art  marque  les 
daiijes  &  les  pas  j  comme  on  marque  les  tons  en 
Plainchanc  &  en  mulique.  Le  fameux  Beauchamp 
prétendit  être  l'inventeur  de  ce  fecret ,  &  il  y  eut  un 
Arrêt  en  fa  faveur.  Vigenere  traite  fçavamment  des 
danjes  antiquesdans  ks  Annot.fur  Iue-Lhc,p.  125)1. 
&  fuiv. 
-^CT  Danse  ,  fe  dit  au:]i  d'un  air  à  danfer.  On  dit  d'an 
bon  Danfeur,  qu'd  danfe  toutes  lortes  de  duajes. 
Tells  danfe  dt  grave. 

Danse  ,  fe  dit  aiillî  quelquefois  pour  la  manière  de 
danfer.  Sdhano.  11  a  une  danfe  contrainte.  Il  y  a 
plaifir  à  voir  danfer  ce  jeune  Seigneur,  Li  danfe  elt 
noble ,  libre,  ailée. 

On  dit  proverbialement  Si  figurément ,  commen- 
cer la  d.infe,  pour  dire  ,  être  le  premier  attaqué, 
foir  en  guerre,  foit  en  procès,  &c.  Entrer  en  danjc  , 
pour  dire ,  s'y  mêler ,  s'y  embarraiïer ,  quand  l'af- 
faire efl  conimencce.  On  dit  aulii,  après  la  panle 
vienr  la  danfe  ;  pour  dire ,  qu'après  avoir  bien  bu  &: 
mangé,  on  veut  rire  d'uns  autre  manière. En  1513. 
Guy  Comte  de  Forés,  après  s'être  croifé  avec  Pin- 
lippe  le  Bel  dans  la  grande  alTemblée  que  le  Roi 
tinr  à  Paris  à  la  Pentecôte ,  retourna  chez  lui  en 
Fores  avec  un  grand  nombre  de  Gentilshommes  de 
fon  pays  ,  qui  l'avoient  fuivi  j  il  leur  donna  une 
grande  fère  ,  accompagnée  de  bals,  danfes,  &  autres 
réjouiîlances  ;  mais  pendanr  qu'on  danfoit,  le  plan- 
cher de  la  falle  tomba  ,  écrafa  la  plûparr  de  ceux  qu; 
étoient  de  cette  alfeniblce,  blella  les  autres  qui  en 
moururent  quelque  temps  après.  De-làvintle  pro 
verbe ,  danfe  de  loi  es  j  pour  marquer  une  joie  excef- 
fîve  fuivie  d'une  malheureuie  Hn.  Paradin,  Annal. 
de  Bourg.  L.  II.  p.  joS. 

On  dir:  Ne  doit  point  fe  mettre  en  danfe  qui  ne 
veut  point  dan  (er,  pour  dire  que  lorfqu'on  s'eit  em- 
barqué dans  une  afl.;ire,  il  en  faut  elluyer  les  mau- 
vais événemens  comme  les  bons. 

Dasse-basse.  Saltatio  compofaa.  On  appeloit  ainf; 
autrefois  les  danfes  régulières  or  communes,  toile) 
que  font  celles  des  honnêtes  gens  :  ces  lortes  de  dan- 
fes turent  ainh  nommées ,  pour  les  diihnguer  dos 
danfes  irrégulicres  ,  accompagnées  de  iauts  ,  de 
mouvemens  violens,  de  contorlions  extraordniaires, 
telles  que  font  les  danfes  des  Pantomimes  &  des  Sal- 
timbanques :  ces  dernières  fortes  de  danfes  fe  nom- 
moient  danfes  par  haut.  Saltado  fubliniior. 

Danse  du  Trihory.  Danfe  ancienne  de  France. 
Saltatio  trichorica.  Eurrapel  dans  i<is  contes  en  parle 
ainfi:  La  danfe  du  Trihory  ell  trois  fois  plus  magif- 
trale  &  gaillarde  «jua  nulle  autre.  Et  plus  bas.  La 
voix  <?i  le  mot  font  par  entrolaceures ,  petites  pau- 
fes  &  intervalles  rompus,  joints  avec  le  nerf  & 
corde  de  i'inllrument  ,  enforte  que  la  force  de  fa 
parole  &  fa  grâce  y  demeurent  prins  &■  englués,  fans 
efpérance  de  les  pouvoir  icparer,  pour  demeurer 
en  vrai  ravllfcmenc  d'efprit  ,  foit  à  joie  ,  foit  à 
pitié. 

Danse  Suisse.  Saltatio  Hehetica.  Sorte  de  danfe  pro- 
pre des  Suiffes  ,  qui  confide  dans  un  continuel  traî- 
nement  de  jambes,  ^oye:^  les  Notes  fur  Rabelais , 
p.  irÏ4.  liv.  IV.  c.  38. 

DANSER,  V.  n.  Mouvoir  fon  corps  en  cadence  ,  à 
0  pas  mefurés  au  fon  de  la  voix  ou  des  inllnmiens. 
Saltare  ,  movcre  corpus  ad  numéros.  Salulle  repro- 
che .à  Sempronia  ,  qu'elle  fçavoit  danfer  avec 
plus  d'arr  &  de  curiofité  ,  qu'il  n'eft  bien  féant  à 
une  honnête  femme.  S.  Evr.  Sans  mentir  cette  Da- 


D  AN 

me  d'hier  au  foir  ell  bien  laide  ,  &  danfe  d'un  mé- 
chant air.   Let.  Port. 

|tCf  On  le  dit  aétivement.  Danfer  une  cou- 
rante ,  une  farabande,  un  branle,  une'bourée.  Dan- 
fer un  ballet. 

Ménage  j  après  Saumaife  ,  dit  que  ce  mot  vient 
de  t/ew/ii/e,  (ignitiant  co/iûftfAyér  &:_/(Jtt/Vr,  parce  que 
les  Foulons  avoient  coutume  de  lauter  &:  de  danfer 
en  foulant  leurs  draps.  Le  mor  danfer  vient  de  l'Al- 
lemand danf2^en  ,  qui  veut  dire  la  même  chofe. 
/^'oje^  les  étymologies  rapportées  ci  delïus  au  mot 
Danse. 

On  dit  proverbialement ,  qu'on  fera  bien  danfer 
quelqu'un  ,  pour  dire  ,  le  menacer  de  lui  donner 
bien  de  l'exercice  ,  &  qu'on  le  mettra  bien  à  la  rai- 
fon.  On  dit  auili  d'un  homme  qui  ell  entré  dans 
une  méchante  afiaire  ,.  qu'il  en  danfera  ,  pour  dire 
qu'il  lui  en  coûtera  bon.  On  diraufîi,  cju'un  hom- 
me ne  fait  plus  fur  c|uel  pied  danfer,  paur  dire  , 
qu'd  ne  lait  plus  où  trouver  de  quoi  vivre  ,  qu'il  ne 
lait  plus  que  faire.  On  dit  auffi  ,  qu'un  hom- 
me a.  danfe  un  branle  de  fortie,  quand  il  s'en  eft 
allé  de  quelque  lieu  ,  ou  quand  on  l'en  a  chaflé. 
On  dit  qu'un  homme  paye  les  violons,  &c  que  les 
autre  Jiarfcnt ,  pour  dire ,  qu'un  homme  fait  tous 
les  frais  d  une  atfaire  ,  &  que  les  autres  en  ont  tout 
le  profit  ,  ou  ont  Thonneur  &c  le  plaifir  de  la 
fête.  On  dit ,  toujours  va  qui  danfe  ,  pour  dire  , 
t^u^'il  n'importe  pas  de  bien  danjer  ,  pourvu  qu'on 
ait  la  camplaifance  de  danfer  av^c  les  autres.  On  le 
dit  figurément  d  un  homme  qui  fait  tant  bien  que 
mal  ,  inais  le  mieux  qu'il  peut ,  ce  qu'il  a  à  faire. 
On  die  encore j  il  la  danfera  tout  du  long,  c'ell-ài- 
dire  ,  on  le  traitera  à  la  rigueur ,  on  ne  lui  donnera 
point  de  quartier. 

Déjà  plus  d'une  fois  je  vous  avais /ait  grâce  ; 
Mais  puifquc  pour  le  coup  je  vous  tiens  dansmanaffe  , 
J  out  du  long  vous  la  danferez.  La  Font 

Danser  la  pâte.  Terme  de  Boulanger ,  particulière- 
ment en  uiage  dans  les  Boulangeries  où  l'on  cuit  le 
bilcuit  de  mer.  C  ell  après  que  la  pâte  a  été  lulli- 
famment  pêuie  dans  le  pétrin  ,  la  retourner  à  plu- 
fijurs  lois  iur  une  table  ,  jufqu'â  ce  quelle  loit  bien 
ferme  &:  reliuyée  ;  on  la  dai'fe  ordinairement  pen- 
dant un  quart- d'heure. 

Danse,  E£.  part.  Un  ballet  bien  danfé. 

DANSEUR  ,  EusE.  Nom  qu'on  donne  généralement 
à  tous  ceux  qui  danfenr.  Salti.tor  ^fattatrix.  Voilà 
un  bon  danfeur.  Cette  Dame  ell  la  meilleure  dan- 
feife  du  monde.  Cependant  il  fe  dit  plus  ordinaire- 
ment d'un  homme  dont  la  profellion  ell  de  danfer. 
Danfeurs  ,  Danjeujes  de  l'Opéra. 

DANiEUR  DE  Corde.  Homme  qui  danle  fur  une  corde 
tendue  en  l'air.  Schxnobates.  Un  Profelfeur  de  Phi- 
lofophie  de  Di.ntzic  fit  en  1701  une  dilfertarion 
Iur  les  danfeurs  de  corde  ,  dejunambulis  ,  pleine  d'é- 
rudition &  de  grande  connoilTance  de  l'antiquité. 
Il  définie  un  danfeur  de  corde ,  un  homme  qui  mar- 
che fur  une  grolTe  corde  attachée  à  deux  poteaux 
oppofés  j  c'eft  là  précifément  ce  que  fignifie  le  mot 
Latin  junamlulus  j  compofé  de  Junis ,  une  corde,  &C 
d'amiu/o,  je  marche  :  mais  nos  danfeurs  de  corde  font 
plus,  non- feulement  ils  marchent  J  ils  danfent  en- 
core &  voltigent  fur  la  corde. 

Les  Anciens  ont  eu  leurs  danfeurs  de  corde  auflî- 
bien  que  nous  j  les  nom  de  Neurobates  ,  Schcenoba- 
tes ,  éc  en  Larin  Junambulus ,  qui  marche  fur  U 
corde,  fe  trouvent  part-tout.  Ils  avoient  encore  des 
Cremnobates  &:  des  Oribates  ,  ceti.-a.-dhe  ,  des  gens 
qui  marchoient  fur  le  bord  des  précipices.  Bien 
plus,  Suétone  dans  Galba,  c.6.  Séneque  ,  dans  fon 
Epitre  85.  &  Pline  ,  L.  VIII.  c.  2.  parlent  d'Eléphanj 
auxquels  on  apprenoit  à  marcher  fur  la  corde.  Acron  , 
ancien  Grammairien  &  Commenrareur  d'Horace  , 
dit  fur  la  Satyre  X"^.  du  premier  Livre ,  que  MelTala 
Corvinus  s'ell  le  premier  fervi  du  moi  Junambulus , 
&c  Térence  enfuite.  M.  Grodeek ,  qui  eft  le  Pro- 
felfeur donc  nous  avons  parlé,  prétend  a u'ilfe  trompe. 

Si 


DAN 

Se  que  MélFala  ne  vivoit  qu'après  Térence.  Il  a 
raifon,  &  Acion  confond  Valeruis  Melîala,  à  qui 
l'on  donna  le  nom  de  Corvinus  dans  la  guerre  con- 
tre les  Gaulois  l'an  de  Rome  405.  deux  cens  ans 
environ  avanr  Térence  :  il  le  contond,  dis-je,  avec 
lui  de  les  delcendans,  qui  tut  unOraceur  fameux  du 
tems  d'Horace. 

Les  Danjeurs  de  corde  des  Anciens  exerçoient  leur 
art  de  quatre  différentes  manières.  Les  premiers  vol 
tigeoienc  autour  d'une  corde  ,  comme  une  roue  au- 
tour de  Ion  ellleu,  &  s'y  fulpendoient  par  les  pieds 
ou  par  le  cou.  Les  féconds  y  voloient  de  haut  en 
bas,  appuyés  fur  t'eftomac,  ayant  les  bras  &  les 
|ambes  étendues  Les  troilièmes  couroient  fur  la 
corde  tendue  en  droite  ligne,  ou  du  haut  en  bas. 
Les  derniers  enfin  non -feulement  marchoient  lur 
une  corde,  mais  ils  y  faifoient  aullî  des  lauts  péril- 
leux, &  piulîeurs  tours.  La  Mare  ,  Tr.  de  Pol.  T.  I. 

p.  434.  F'oyei  SCHOENOBATE. 

Les  Danjeurs  de  torde  qui  font  en  Orient ,  font 
des  fauts  &  des  tours  plus  extraordinaires  &  plus 
périlleux  cent  lois  que  ceux  d'Occident. 

DANTE,  f.  m.  Animal  qui  naît  en  Afrique,  ■&  qui 
eft  fort  vite.  Il  elt  gros  comme  un  petit  bœuf. 
Il  a  les  jambes  courtes  &  le  cou  fort  long  :  fes 
oreilles  reifemblenc  à  celles  des  chèvres,  <k  il  a 
une  corne  au  milieu  de  la  tète  qui  fe  courbe  en 
rond  comme  un  anneau ,  S<.  qui  ell  façonnée.  Le 
dame  elt  blanchâtre ,  iSc  il  a  les  ongles  des  pieds 
noirs  &  fendus:  fa  chair  eft  très- bonne,  &  de  fa 
peau  on  fait  de  très  -  belles  rondaches ,  dont  les 
meilleures  font  à  l'épreuve  des  flèches.  Ad. 

DANTZICK  ,  DANZIC  ou  DANTZIG.  Ville  de  Po- 
logne dans  la  Prulle  Royale ,  fur  l'embouchure  oc- 
cidentale de  la  Viftule.  Gedanum,  Dantïfeuin.  C'elt 
une  des  villes  Anfeatiques.  Elle  palfe  pour  une  des 
plus  grandes  villes  de  l'Europe.  On  la  divife  en 
vieille  &  nouvelle.  C'cll  Pnmiflas,  Roi  de  Pologne, 
qui  en  1295.  la  fortiha  \  mais  on  croit  que  ce  font 
les  Danois  qui  l'ont  fondée,  &  qui  d'abord  bâtirent 
là  une  fortereile  qu'ils  nommèrent  Dans  Wick.  Da- 
noruni  vkus.  Bourg  des  Danois  :  félon  Cluvier  néan- 
moins,  Germ.  Aru.  L.  III.  c.  54.  du  nom  Daij 
Dieu  des  Germains ,  on  a  fait  Codan  ,  Godan,Go- 
danshr,  d'où  elt  venu  en  Latin  Godanum^  Godanske, 
Danske,  ZJj/zM/tt;,  &  par  corruption,  Dant^ig.  V. 
au  mot  Danois,  ce  que  c'eft  que  Dan.,  &  d'oii 
vient  ce  mot.  Z>iwq/ceft,  félon  Meilleurs  de  l'A- 
cadémie des  Sciences,  au  54"^.  degré  22.  min.  de 
latitude,  ôc  au  38^.  de  longitude,  différent  de  lo. 
degrés  de  la  longitude  de  Paris ,  qui  eft  20  degrés. 
R.  Curiker  a  fait  en  Allemand  une  Defcription 
de  Dant-^Lck  ,  qui  contient  auflî  l'hiltoire  de  cette 
ville.  Elle  fut  imprimée  à  Amfterdam  en  i68<î. 

DANTZICK  -  HOR.  f  m.  Monnoie  d'argent  qui  fe 
fabrique  à  Danrzick ,  ville  de  la  Prulle  Royale  , 
&  qui  a  cours  à  Riga,  à  Conisberg,  &  prefque  dans 
tour  le  Nord. 

DANTZICOIS,  OISE.  Qui  eft  de  Dantzick.  Ctda- 
nenjis.  Cluvier  étoit  Danaj-coïs. 

DANUBE.  Danubius ,  IJler.  Le  Danube  eft  le  plus 
grand  fleuve  de  l'Europe  après  le  Volga.  Il  prend 
Ta  fource  à  Efchingen ,  village  de  la  Principauté 
de  Furftemberg  ,  rraverfe  la  Suabe,  la  Bavière,  l'Au- 
triche ,  la  Hongrie,  la  Servie  &  la  Bulgarie  ,  &  fe 
décharge  dans  la  mer  noire  par  deux  embouchures. 
Il  en  avoir  autrefois  fîx,  mais  quatre  ont  été  bou- 
chées par  les  fables.  Il  parcoutt  fix  à  fept  cens  lieues 
de  pays,  &  commence  à  porter  bareau  à  Ulm  dans 
la  Suabe.  Il  reçoit  un  grand  nombre  de  rivières  : 
en  Allemagne,  le  Lech  j  l'Ifer  &  l'Inn  à  droite  \  le 
Nab  &  la  Morave  à  gauche  :  en  Hongrie  le  Raab  j 
la  Drave  &:  la  Save  à  droite  ^  &  la  TeilFe  à  gauche  : 
en  Servie  ,  la  NilTava  \  &  en  Bulgarie  du  curé  gau- 
che, l'Oit,  le  Mifowo  &;  le  Pruth.  Il  baigne  un 
fort  grand  nombre  de  villes  confidérables  \  en  Al- 
lemagne, Ulme,  Donawert,  Neubourg,  Ingolftat, 
Ratisbone  ,  PalTaw,  Lints  ,  Krembs  &  Vienne  ;  en 
Hongrie  ,  Presbourg  ,  Javarin  ,  Cran,  Vicegrad, 
Tome  III. 


DAN       DAP  10; 

Budcj  Vacie  ,  Pcft,  Colocz  &  Bodiog  j  en  Servie, 
Belgrade,  Sémendrie  &  Widdin  j  &  en  Bulgarie, 
Axiopoli  &  Siliftrie. 

Homère  n'a  point  parlé  du  Danube,  mais  Hé- 
fiode  en  parle  ,  1  heogon.  v.  3  39.  &  c'eft  le  plus  an- 
cien Auteur  qui  en  ait  fait  mention.  Des  deux  noms 
que  ce  fl  juve  a  eu  dans  l'antiquité  ,  Danubius  Ik. 
iji-er ,  le  premier  fe  donnoit  depuis  fa  fource  juiqu'à 
Be.'gr.u!'.',  oujufqu".à  Axiopoli, &  le  fécond  depuis  là 
jufquVi  la' mer.  Le  Géographe  Enenne  dit  que  les 
Scydies  i'nppeloient  Macoas .,  qui  fjgnitîoit  la  même 
chofe  en  leur  langue  que  à7iof ,  en  Grec,  c'eft-à-dire. 
Qui  ne  jait  yoint  mal  ;  &  qu'ils  lui  donnoient  ce 
nom,  parce  qu'ils  le  palloient  tiès -fouvent ,  & 
toujours  fans  danger  ;  mais  qu'ayant  une  fois  fait 
quelque  perte  en  le  trayerlant  j  ils  le  nomraerenc 
iil-~tii?iç ,  ifiu-innç ,  qui  veut  dire.  Auteur  de  dommage. 
C'eft  de-là ,  lelon  cet  Auteur  j  que  s'eft  fait  Z/ij- 
nulius  ^  mais  ce  n'eft-là  qu'une  fable.  Caton ,  dans 
fes  Origmes  ,  vouloir  qu'il  eût  pris  ce  nom  des 
Danois,  qui  vivoient  fur  fes  bords.  Quelques-uns 
difent  que  ce  mot  s'eft  fait  de  Tonnam^  mot  Al- 
lemand formé  de  Tonna,  Ton*nerre  ,  &  qu'il  iiii 
fut  donné  à  caufe  du  bruit  que  four  fos  eaux,  llhé- 
nanus  iSc  Vadianus  difent  <\\.\q  Danubius  s  q^  dit  pour 
Abnobms  on  Abnovius ^  &  que  ce  nom  lui  ett  venu 
du  mot  Abenow,  Abnoba,  en  Suabe  j  duquel  il 
prend  fa  fource.  Cette  opinion  eft  la  plus  proba- 
ble &  paroît  lùre  ;  car  on  difoit  autrefois  Abn^w 
pour  Atinow  :  en  ajourant  l'article  die,  le  fleuve  s'eft 
appelé  die  Abnaw  ,  &  par  contraction  ,  Danaw  j 
comme  en  effet  les  Allemands  l'appellent  encore 
à  prélent.  Ajoutez  que  c'étoit  vers  fa  fource,  comme 
on  l'a  dit  ci-delTus,  qu'il  avoir  ce  nom.  Ilîdorc 
prétend  que  c'eft  la  quantité  de  neiges  qui  grofiif- 
fent  ce  fleuve  qui  l'a  fait  appeler  Danubius ,  comme 
fi  l'on  difoit  Danivius.  D'autres ,  qu'il  s'eft  appelé 
Danuf ,  parce  qu'il  coule  las,  c'eft-à-dire  j  vers 
des  lieux  plus  élevés  que  fa  fource.  On  peut  voir 
les  différentes  opinions  des  Anciens  fur  la  fource 
du  Danube,  dans  Guillaume  Stuck  ,  fiir  Arrien, /?. 
164.  &  dans  Hoflman  au  mot  Danubius  .,  où 
il  a  ramaffé  prefque  tout  ce  qui  fe  peut  dire  de  ce 
fleuve. 
DANZEL.  f.  m.  Vieux  mot ,  qu'on  a  dit  pour  Damoi- 
feau,  nom  qu'on  donnoit  autrefois  aux  jeunes  gens 
de  grande  maifon. 

D  AO. 

DAOLO.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Faux  Dieu  des 
Tunquinois.  C'eft  le  Dieu  des  voyageurs.  Lespay- 
fans  &  le  menu  peuple ,  quand  ils  fe  mettent  en 
colère,  invoquent  ordinairement  un  Démon  qu'ils 
nomment  Dao-Lô  ^  &  qui  eft  le  Dieu  tutélaire 
de  ceux  qui  voyagent  ;  &  ils  le  prient  qu'il  les  faf- 
fe  périr  auparavant  que  de  joindre  la  fin  de  leur 
carrière,  ou  qu'il  les  remette  en  la  puilfance  d'un 
autre  Démon,  qu'ils  appellent  7/a/2/t/e«.MARiNi. 

D  A  P. 

DAPHCHA,  DAPHCA.  Et  félon  la  prononciation 
Hébraïque  Dophca.  Lieu  de  l'Arabie  Pétrée ,  où 
les  Ifral-lites  firent  leur  neuvième  ftation ,  Nombr. 
XXXIII.  11.  13.  Ce  lieu  étoit  dans  le  défert  de 
Sin ,  entre  Sin  &  Alus.  Les  Septante  difent  r«^«,i, 
Raphana  ,  mais  la  Vulgate  eft  conforme  à  l'original 
Hébreu. 

DAPHNE.  Nom  d'un  fauxbourgd'Antioche  ,  dans  le- 
quel il  y  avoit  un  Temple  &  un  Oracle  fameux 
d'Apollon.  Daphne.  Il  étoit  du  côté  du  midi  de 
la  ville.  Il  en  eft  parlé  Machab.  II.  IV.  35.  C'é- 
toir  un  lieu  délicieux  près  de  l'ancienne  Anrioche. 
Ce  lieu  étoit  en  Syrie  ce  qu'étoit  Bayes  en  Italie, 
&  Canopus  ptès  d'Alexandrie  en  Egypte  j  c'eft  à- 
dire,  très-agréable;  mais  très-décrié  pour  la  dé- 
bauche &  la  dlffolution  des  mœurs-  S.  Jean  Chry- 
foftome  ,  dans  fon  homélie  fur  Saint  Babylas ,   &c 

O 


ïo6 


DAP 


Sozomène  difent  qu'un  homme  qui  avoit  de  l'hon- 1 
neur  &  de  la  pudeur  n'y  pouvoir  aller. 

ifj'  Tout  confpiroïc  à  raire  de  ce  lieu  un  fé- 
jouv  délicieux  :  l'air  y  étoit  le  meilleur  du  monde  ; 
le  territoire  admirable  de  fa  nature,  le  devenoic 
encore  plus  par  l'arc ,  &  fournilfoit  toutes  fortes 
de  fruits  ;  des  bois  de  haute  futaie ,  de  petits 
bofqucts ,  des  eaux  excellenies,  toutes  les  commo- 
dités de  la  vie  y  attiroient  une  infinité  de  ces  gens 
qui  veulent  goûter  les  douceurs  d'une  vie  tran- 
quille &.  aifée  j  de-là  le  proverbe  :  Daphnicis  mon- 
bus  vivcre. 

Il  y  a  plufieurs  loix  ou  refcrits  des  Empereurs  j 
dans  le  Code  ,  qui  défendent  de  couper  ce  bois  j 
cjui  étoit  compolé  principalement  de  cyprès  &  de 
lauriers.  On  y  voyou  une  Idole  fameufe  d'Apollon 
qui  reiidoit  des  or.-iclesj  &c  qui  tut  rendue  muette, 
comme  Sozomene  le  rapporre,  L.  V.  c.  i8.  Il  y  avoïc 
un  autre  temple  conGcré  à  Diane.  Les  Juifs  y  avoient 
audi  une  fameufe  Synag'ogue,  dont  S.  Jean  Ch  ryfof- 
tome  parle  fouvenc  dans  fes  Homélies  contre  les 
Juifs  d'Antioche. 

■  Ce  nom  fut  apparemment  donné  à  ce  lieu  du 
mot  GrecAàt^vjj,  l auras ,  parce  qu'il  y  avoit  beau- 
coup de  lauriers.  Bochart  j  dans  fon  Chanaan ,  L. 

I.  c.  I.  prétend  que  ce  mot  eft  Hébreu  &  Phéni- 
cien ,  &  qu'on  a  drt  Daphne  pour  Taphne  ^  les 
Grecs  ajuitant  les  mots  Hébreux  ,  de  ibrte  qu'ils 
femblent  être  nés  chez  eux.  Quoi  qu'il  en  foit ,  ce 
lieu  changea  de  nom  dans  la  fuite  j  &  prit  celui 
de  -'^-''-"'y,  qiiij  quoi  qu'en  dife  Hoffman,  ne  vient 
pas  vrailemblablement  du  Grec  '&y,^oi  ^  qui  fignifie 
un  lieu  humide  &  aquatique,  ni  du  Syriaque  13  j 
qui  ne  fc  dit  peut-être  point,  mais  de  l'Hébreu 
nn:  j  nathdr,  dans  la  forme  Syriaque  ,  1,13  ^  nehar, 
&  Kinj ,  nehara ,  qui  lignifie  un  ruilleau,  une  ri- 
vière, &  figurément,   un  lieu  bien  arrofc. 

Daphne  ,  eil  aufii  un  lieu  d'Egypte  proche  de  Pélufe  j 
dont  parle  Etienne  de  Byzance. 

Daphne  efl  encore  une  montagne  de  l'Attique,  ainfi 
nommée  à  caufe  de  la  quantité  de  lauriers  -  rofes 
qui  y  croilîènt.  Il  y  a  un  Monaftère  de  Caloyers , 
auffi  appelé  Daphne ,  du  nom  de  la  montagne. 
y'oyei  M.  Spon  ,  dans  fon  J^'oyage  de  la  Grèce ,  P. 

II.  pag.  175.  &  Wheler,  Voyapc  d'Athènes,  T.  II. 
Liv.lII. 

Dai'hne.  f.  f  Terme  de  Mythologie.  Fille  de  Tiré- 
(îas,  dont  parle  Diodore,  prophétifa  à  Delphes  , 
&  y  acquit  le  nom  de  Sibyle.  On  dit  qu'elle  n'em- 
ployoit  dans  fes  réponfes  que  des  vers  d'Homère. 

Dapiiné.  Fille  du  Fleuve  Pénée,  laquelle  fut  méta- 
morphciée  en  Laurier. 

Daphne,  autre  Nymphe  de  la  montagne  de  Delphes , 
qui  fut  choifie,  félon  Paufinias,  par  la  DéelfeTel- 
lus ,  pour  préfider  à  l'Oracle  qu'elle  rendoit  en  ce 
lieu  ,   avant  qu'Apollon  en  fût  en  poîfedion. 

^T  DAPHNEEN.  Surnom  donné  à  Apollon  ,  à  caufe 
du  célèbre  temple  qu'il  avoit  à  Daphne  j  Fauxbourg 
d'Antioche. 

DAPHNE  L.EON.  f  m.  Laurinum,  ou  huile  de  baie 
de  laurier.  Voyez  en  la  préparation  dans  le  Didt. 
de  James.  Ce  mot  vient  de  4«ip») , /u^rie/-,  &  'ixaiov^ 
huile. 

DAPHNÉPHORIES.  C  f.  pi.  Terme  de  Mythologie. 
Fêtes  que  l'on  célébroit  tous  les  neuf  ans  dans  la 
Grèce,  en  l'honneur  d'Apollon,  Un  jeune  homme 
choifi  parmi  les  meilleures  familles,  bien  fait,  fort 
&:  robufte,  portoit  en  pompe  une  branche  de  lau- 
rier chargée  d'un  globe  de  cuivre  ,  duquel  pen- 
doient  plufieurs  autres  petits  globes.  Le  premier  dé- 
fîgnoit  le  Soleil  \  le  fécond  un  peu  plus  petit  défi- 
gnoit  la  Lune ,  &  les  autres  les  étoiles.  Les  couronnes 
qui  environnoienc  ces  globes  marquoient  les  jours 
de  l'année.  Le  jeune  homme  miniftre  de  cette  fête 
s'appeloit  Daphncphore. 

DAPHNIS.  i.  m.'Nom  d'homme.  Daphnis.  C'eft  un 
nom  de  Berger  célèbre  par  les  idylles,  les  eglogues 
des  Pocces  de  toutes  les  nations.  M.  d'LTrfé  a  fait  le 
mot  de  jDtJi'/i/ià  du  genre  féminin  dans  fon  Aftrée. 


DAP 

Le  Cavalier  Mann  a  fait  la  même  chofe,  &  ils 
ont  attribué  tous  deux  aux  femmes  ce  nom ,  que 
les  autres  n'ont  donné  qu'aux  hommes.  Théocrite 
(Se  Virgile  ont  pleuré  dans  leurs  ouvrages  bucoli- 
ques la  mort  de  JJaphnïs.  Daphnis  étoit  fils  de  Mer- 
cure ,  il  fut  changé  en  rocher. 

DAPHNIS.  Fontaine  voifine  de  Réblatha,  ville  de  la 
Tribu  de  Nephthali ,  &  des  eaux  du  Méron.  La 
Vulgare  feule  donne  le  nom  de  Daphnis  à  cette 
fontaine  \  car  le  texte  Hébreu  &  les  Septante  ne 
lui  en  donnent  point. 

DAPHNITE.  f  f  Pierre  figurée  qui  imite  les  feuilles 
du  laurier. 

DAPHNOîvlANCIE.  f.  f  Divination  par  le  feurier 
confacré  à  Apollon.  On  la  pratiquoit  de  deux  ma- 
nières. 

|!Cr  La  première,  en  jetant  une  branche  de  lau- 
rier dans  le  feu  ,  fi  elle  pétiUoit  en  brûlant,  on 
en  tiroit  un  heureux  prélage  \  fi  elle  ne  faifoit  point 
de  bruit,  c'étoit  un  mauvais  figne. 

fc?  La  féconde,  en  mâchant  des  feuilles  de 
laurier,  qui  infpiroit,  difoit-on,  le  don  de  pro- 
phétie. 

iO-  DAPHNOMANCIEN^  enne.  Celui  ou  celle 
qui  fe  vante  de  deviner  par  le  laurier. 

DAPIFER.  f.  m.  Nom  de  dignité  &  d'Office  ,  Grand- 
Maître  de  la  maifon  de  l'Empereur.  Dapijer.  Ce 
nom  eft  Latin ,  compofé  de  daps  j  dapis ,  qui  figni- 
fie un  was ,  une  viande  qui  le  fert  fur  la  table, 
dans  un  repas  ,&  qui  fe  mange  j  &  dejero ,  je  porte. 
Auili  il  fignifie  piopremenc  Porte- -  mecs  ,  Porte- 
viande  ,  un  Officier  qui  porte  les  metSj  qui  fert 
la  table.  Quoique  ce  nom  foit  purement  Latin,  on 
ne  laille  pas  de  s'en  fervir  en  François,  comme  a 
fiit  M.  de  Marca ,  dans  fon  Hi/l.  de  Bearn ,  Liv. 
VI.  c.  2.  Ce  titre  de  dcpijer  eA  un  nom  de  dignité 
&  d'office  dans  la  Maifon  Impériale,  que  l'Empereur 
de  Conftantinople  donna  au  Roi  de  Ruffie  ,  comme 
une  marque  de  faveur.  Cet  office  étoit  nommé  en 
France  anciennement  dapiférat  &  SénéchaulTée  , 
qui  comprenoit  l'intendance  fur  tous  les  offices  do- 
meftiques  de  la  Maifon  Royale,  ainfi  que  Hugues 
de  Clcriis  ,  ancien  Auteur  ,  a  explique  dans  le  Com- 
mentaire qu'il  en  fit  il  y  a  fix  cens  ans  ,  en  faveur  de 
Foulques  Comte  d'Anjou,  à  qui  le  Roi  Robert  don- 
na enjiéritage  l'inveftiture  du  dapiférat  de  la  Mai- 
fon Royale  ou  laSénéchaulIce  du  Royaume,  comme 
parle  ce  Hugues,  que  le  P.  Sijmond  a  publié  en 
les  notes  fur  Géoflroy  de  Vendôme,  De  Marca. 
La  Maifon  de  Moncade,  en  Catalogne,  a  pris  in- 
différemment le  furnom  de  Moncade  &  celui  de 
dapijer.  Le  titre  de  dapijer  eft  même  le  furnom  le 
plus  ordinaire  dans  les  aéfes  publics ,  &  le  plus 
ancien  dans  cette  illuftre  Maifon  ,  qui  reprcfenre 
l'ancienne  dignité  du  dapiférat  de  France ,  dont  le 
premier  de  cette  race  avoit  été  pourvu  fous  Char- 
lemagne.  Id.  C'eft  de  la  qualité  de  dapijer ,  qui  eft 
originaire  dans  cette  maifon,  qu'elle  a  pris  le  fu- 
jet  du  blafon  de  fes  armes  ,  qui  font  fix  tourteaux. 
ÎD.  Voye:{  encore  le  Glolfaire  de  Du  Cange  &  Hoff- 
man. 

Au  refte,  le  d.ipifer  n'étoir  pas  feulement  uil  Offi- 
cier delà  maifon  des  Princes,  les  particuliers  avoient 
auffi  des  dapijers  ,  comme  ils  ont  aujourd'hui  des  In- 
tendans  &  des  Maîtres -d'hôtel.  Quoiqu'il  paroifle 
par  ce  qu'on  a  rapporté  de  M.  de  Marca,  &  par  las 
preuves  qu'il  en  donne  à  l'endroit  cité,  &  qui  font 
audi  indiquées  par  Surita  ,  en  fes  Annales  j  Liv.  I.  c 
2.  &  par  Fra-Francifco  Diego,  dans  fon  Hijloirc  des 
Comtes  de  Barcelone  j  quoiqu'il  paroide ,  dis-je , 
par-là,  que  le  dapiférat  étoit  établi  fous  Charle- 
magne  ,  on  n'en  trouve  aucune  menrion  plutôt ,  Sc 
Hincmar  lui  -  même  n'en  parle  point  dans  le  dé- 
nombrement des  offices  du  Palais  de  ce  Prince  ;  ainfi 
il'paroît  que  c'eft  l'époque  de  l'inftitution  de  cet  Office. 
Sous  les  Ofcons  le  nom  ôc  le  titre  de  d ap if er  devint 
plus  commun.  Il  eft  encore  rcfté  jufqu'à  ce  tems-ci 
en  Allemagne,  &  le  Comre  Palatin  a  été  dapijer  de 
l'Empire.    Limn.cuî   &    Hofeman.  Depuis  nîzj. 


I 


D  AP 

c'eft  l'Electeur  de  Bavière  ^  il  prend  le  titre  d'Jnhi- 
dapijer  de  l'Empire.  Son  oriiceeil:,  au  couronnement 
de  l'Empereur ,  de  porter  à  cheval  les  premiers 
plats  à  la  table  de  l'Empertiur.  Les  ditlérences  Fonc- 
tions de  la  charge  de  dapijer  lui  ont  fait  donner  par 
les  Auteurs  anciens  plufieurs  noms  diftérens ,  parce 
qu'il  airembloit  les  Otiiciers  de  la  cuiline  à  leur 
table,  H  que  de-là  il  portoit  &  hailoit  porter  les 
mets  à  la  table  du  Prince  ;  on  l'a  appelé  EAe<'«r(iof  en 
Grec ,  &  cUaur  en  Latin  ,  de'.v.eo» ,  table  de  cuiline  ; 
dipnodecor ,  celui  qui  alièmble  les  OtHciers  pour 
le  repas ,  de  «''ùît»»*  ,  cxna  ^  epulutn,  abus  j  &  xxMoi  ^ 
voco  ;  Convocator ,  parce  qu'il  avoit  l'intendance 
de  la  table  :  Trapeiovœus ,  de  rfaîreÇa ,  menfa ,  ta- 
ble ,  &  wo(£«  ,  je  jais  ,  je  ire\}'e-^  Archicridinus  :,  Maî- 
tre, Intendant  de  la  falle  à  manger  :  parce  qu'il  goû- 
to't  les  viandes  avant  que  de  les  faire  fervir,  on 
le  nomme  Progiujia ,  Protogcu/la  ,  de  ^f,  antc ,  ou 
■nfmcs^  primas,  6c  yivx  ,  ^ujio  ;  &  Pragujiator ,  mot 
Latin  qui  lignifie  la  même  choie  ,  de  pra  ôc  gujio. 
Dans  des  teins  plus  bas  on  l'a  nommé  en  Orient 
domeftiqae  ,  domejuats  ,  Mégadomeltique ,  iMegj- 
domefticus ^magnus  domejiicus,  (Econome,  Œconom- 
mus ,  Majordome,  Majordomus,  Sénéchal,  Je- 
mjinullus.  f^oyei  Domestique.  Schalcus,  Gajlal- 
dus,  AllelTeur,  A(]ejfûr,  Pr\tjcclus ,  onPr^pofaus 
v.cnfî  Intendant  de  la  table  ,  Princeps  Coquorum  , 
Prince  ou  Maître  des  Cuiiiniers ,  &c  même  Magyrus, 
du  Grec  Mic/cfiif ,  Cuijinier. 

Sous  la  troihéme  race  de  nos  Rois  ,  il  y  avoit 
^\\.\(\t\xxs  Dapiters  ,&c  le  Grand  ZJa/^i/erportoit  à  l'ar- 
mée la  bannière  royale. 

Le  Dapijcr  des  Barons  &  des  Gentilshommes  j 
connollFoit  autrefois  des  caules  qui  étoient  du 
relfort  &  de  la  Jurifdidion  de  fon  maître  j  &  il 
étoit  chef  de  fa  Juftice  ;  &  dans  la  fuite  il  fut  ap- 
pelé Sénéchal  de  la  Cour  du  Baron  ou  Sénéchal  du 
jnanoir,  Senefchallus  Curϣ  Baronis,  Senefchallus  ma- 
neru.  Sigebert ,  .à  l'an  iKjo  ,  parle  d'un  Robert 
de  Neubourg  qu'il  cjualifie  Dapijer  &c  JuiHcier  de 
toace  la  Normandie.  Le  Duc  de  Suabe  ne  dédaignoit 
pas  autictois  d'être  L>Lpi/er  de  l'Abbé  de  Saint  Gai , 
&  de  le  fervir  ,  lorfqu'on  le  faifoit  Prince  à  la  Cour 
Impériale.  /  oje^ Conrad  ànFahuxùa , Her.  A/ieman. 
Tom.  I.  part.  i.  Il  étoir  aufli  du  devoir  du  Dapijer  de 
•  porter  l'étendard  de  fon  Maître  ,  &  par  conféquent 
d'airembler  6c  de  conduire  fes  valFaux  à  la  guerre. 

En  Angleterre  la  Charge  de  Dapijer  a  été  peu 
illuftre.  Dans  les  fubicripnons  des  anciennes  Char- 
tres de  ce  Royaume  ,  le  Dapijer  ell  toujours  un 
des  derniers.  yoye\  fut  tout  ceci  M.  du  Cange  , 
Glojj. 

DAPIFERAT.  f.  m.  OSiCQ  ,  Charge,  Dignité  ,  qualité 
de  Tii^^ieT.  Dapijeri  munus ,  offidum  ,  dignitas.  Da- 
pifèratus.  Le  Dapijerat  étoit  une  ancienne  dignité 
dans  la  maifon  des  Empereurs ,  &  dans  cellf  de  nos 
Rois  ,  au  moins  depuis  Charlsmagne.  Voyei^^  Dapi- 
FER.  ^oye:^  aufli  Lymnxns,  Jus  public.  Imp.  L.  III.  c. 
p.  §.  20.  &  fuiv.  Imhoff.  Noc.  Imp.  L.  II.  c.  6.  Ce  der- 
nier ,  Liv.  'VII.  c.  i8.  §.  9.  traite  encore  du  Dapi- 
férat,  &c  pour  me  fervir  de  fon  terme  dafous-dapi- 
/eracàe  l'Empire. 

DAPIKEN.  Terme  de  Relation.  'Vingt-quatrième  Se 
demiete  partie  de  l'année  des  Cathaïens  ,  dont 
chacune  eft  de  quinze  jours,  &  leur  tient  lieu  de 
mois  &defemaine.  D'Herbelot. 

D'APRÈS.  Sorte  d'adverbe  &c  de  prépofition.  Delliner 
d'après  l'antique  ,  d'après  nature.  Colorier  d'après 
le  Titien.  De  Pilles.  Ad  exemplum  alicujus  pingerc  <, 
Piclorem  aliquem  imitari.   Vo\e^  au  mot   Apres. 

On  fe  fert  aulFi  de  cette  exprellion  dans  un  fens 
métaphorique  :  Je  ne  vous  ai  loué  dans  mes  vers,  je 
ne  vous  ai  dépeint  que  d'après  la  renommée ,  c'eft  .v 
dire,  je  n'ai  rien  dit  de  vous  que  ce  que  tout  le  monde 
en  fait,  ce  que  la  rénommée  en  publie  ,  je  n'ai  rien 
mis  du  mien,  je  n'ai  rien  inventé  pour  vous  flatter. 

D  A  R. 

|!C?  DARA.  Foyei  Daiuia. 


DAR  Î07 

DARABGUIERD.  Ville  de  Perfe.  On  trouve  .aux  en- 
virons de  cette  ville  du  lel  de  toutes  couleurs, 
blanc,  noir,  rouge  6c  vcrd.  long.  iio.  d.  1 5'.  lat.  5 y. 
d.    15'. 

DARAkIEN  ,  ENNE.  f.  m.  &  fcm.  Nom  de  fecle  par- 
mi les  Arabes.  D'Herbtlot  l'appelle  Darariorum. 
C'ell  une  fecle  d'impies  &  d  hérétiques,  qui  ont  pris 
leur  origine  d'un  importeur  nommé  Darari ,  lequel 
étant  venu  de  Perfe  en  Egypte  fous  le  Kalifat  de  Ha- 
kcm  j  vouloit  perluader  au  peuple,  que  Hakem 
croit  Dieu  \  mais  le  peuple  le  tua.  Cette  feéle  s'é- 
tendit fort  i'ui  la  côte  maritime  de  Syrie,  C5c  dans 
le  mont  Liban.  D'Herb. 

DARAS.  Ville  de  la  Mélopotamie.  Théodore  le  Lec- 
leur  qui  vivoit  dans  le  VI'^  hécle  ,  nous  allure   que 
l'Empereur  Anartafe  ayant  bâti  vers  Tan  508  la  ville  - 
de  Daras  en  Méfopotamie ,  il  y  fit  tranfporter  le 
corps  de  Saint  Barthélemi.  Tillïmoni. 

DARBI  ou  DERBY.  Province  d'Angleterre  ,  qui  a  ti- 
tre de  Comté.  Darbia.  Elle  a  la  Province  de  Staf- 
ford  au  couchant,  &:  celle  de  Leicefter  au  midi  ,  cel- 
le dYorck  au  feptentrion,  &  le  Nottingham  au  le- 
vant. Le  Comté  de  Darby  ^  en  Anglois  Darby-Shire, 
eft  arrolé  par  la  rivière  de  Darvent  j  qui  le  coupe 
en  deux  parties  ,  dont  l'une  eft  le  Darhy  oriental , 
&  l'autre  le  Darby  occidental. 

DARCE  &  DARCINE.  Voy.  Darse. 

DARD.  f.  m.  Javelot j  arme  de  trait,  qui  eft  un  bols 
ferré  &  pointu  par  le  bout ,  qu'on  lance  avec  la 
main.  Jaculum.  Décocher  un  dard.  Lancer  un  dard. 

Mers  nous  apprend  l'ufage 

Des  flèches  (S'  des  dards , 

La  vidoire  eft  fon   ouvrage. 

Il  a  formé  les  Céfars.  P.  du  Cerceau. 

Ce  mot  vient  de  dardas ,  qui  fe  trouve  dans  quel- 
ques Auteurs  Latins.  Ménage.  D'autres  croient  qu'il 
vient  du  mot  arc ,  auquel  on  joint  l'article  de  apof- 
trophe.  Borel  le  dérive  du  Grec  ««'5'»? ,  M.  Huet  re- 
marque que  le  mot  dard  fe  trouve  dans  la  langue 
de  Galles  dans  la  même  fignification. 

Dard,  eft  auffi  une  efpèce  de  demi-pique  que  les  pe- 
tits garçons  qui  vont  à  S.  Michel  portent  pour  fe 
défendre. 

Les  dards  {ont  un  ornement  particulier  d'Architec- 
ture ,  on  en  met  aux  corniches  alternativement  avec 
des  oves  j  ces  dards  font  fort  courrs  ,  &  il  n'y  a  pro- 
prement que  le  fer  du  dard  dans  chaque  figure. 

§Cr  Dards,  en  Serrurerie.  On  en  place  fur  les  portes 
de  fer  &  fur  les  grilles  pour  fervir  de  chardons  &c 
de  défenfes. 

Dards  ,  fe  dit  auln  en  Jardinage  de  certains  filets  lojigs 
&  menus  qui  font  vers  le  milieu  de  certaines  fleurs, 
comme  ceux  qui  fortent  du  fond  d'un  lis ,  d'un  œil- 
let,  d'une  tulipe  ,  &  qui  font  autour  du  piltil  ou 
tuyau  où  eft  la  graine,  ^camina.  Les  arrofemens  frais 
&  gras  font  du  bien  à  l'œiller ,  quand  il  commen- 
ce à  poufler  fon  dard.  Culture  des  Fleurs. 

|,f5"Ce  n'eft  pas  là  prccifément  ce  qu'on  entend 
par  dard.  Les  Jardiniers  &;  les  Fleuriftes  appellent 
proprement  dard  ce  que  les  Botaniftes  nomment 
le  piftil  des  fleuts  -,  &  de  ce  mot  ils  ont  fait  dardil- 
1er ,  qui  fignifie  pouftcr  le  dard,  f^oye^  Pistil. 

Dard  ,  rerme  d'Aftronomie.  C'eft  le  nom  d'une  des 
Conftellations  feptentrionales  ,  qui  s' .appelle  autre- 
ment \x  flèche  ou  le  javelot.  Elle  n'eft  compofée  que 
de  cinq  étoiles. 

Dard-a-Feu  ,  terme  d'Artificier.  Sotte  de  feu  d'aiti- 
fice  qu'on  jette  fur  les  ouvrages ,  ou  dans  les  vail- 
féaux  des  ennemis.  Jaculum  i^nitum,  igniferum. 

Dard  ,  fe  dit  figurément  en  chofes  morales ,  d'une  ac- 
tion ,  d'un  tiait  j  d'un  tour  rempli  de  malignité, 
qui  caufe  beaucoup  de  mal.  Tela ,  jacula.  Vous  avez 
ouï  dire  quelles  flèches  &  quels  dards  le  Diable 
décocha  contre  Job  fans  le  pouvoir  ébranler.  Mau- 
croix. 

Dard,  eft  aufti  un  petit  poilTon  de  rivière,  qui  eft 
blanc  &  de  la   longueur  du  hareng  ,  qui   va  fore 

O  ij 


ïoS 


D  AR 


vite  dans  l'eau ,  &  eft  fort  fain  ;  car  on  dit ,  fain 
comme  un  darJ.  On  l'appelle  autiement  vendoije  , 
en  Latin  jaculus\  parce  qu'il  le  lance  comme  un 
d^rd. 
DARDA ,  ou  TARDA.  Petite  ville  de  la  BalTe  Hon- 
grie,  dans  le  Comté  deBaraniwar,  du  côté  de  la 
Ville  de  ce  nom.  C'eft  untiès-petit  endioit. 
DARDANAIRE.  f.  m.  Ufurier ,  Monopoleur  j  nom 
que  l'on  donnoit  anciennement  à   ceux   qui   cau- 
ioient  la  cherté  des  marchandifes ,  éc  iur-cout   des 
grains ,  en  les  achetant ,  &c  en  les  relferrant ,  pour  en 
faire  augmenter  le  prix  ,  Se  les  revendre  enfuite 
très-cher.    L'ardananus ,  dtrufcator ,  direclanus ,  Jho- 
capelus  y  annon^  Jiugeilutor  ,  fcplafiarius.     Ils    fu- 
rent appelés  Dardanaires  d'un  certain  fcélérat  nom- 
mé Dardanus  ,  qui  faifoit  périr  les  biens  de  la  terre 
par  maléhces  ,  V  oye^  Tumébe.  Z.  IX.  C.  //.  L.  Xi. 
C.  4.  Philpltrate,  Apollon,  vità  L.  I.  C.  i  r.  L.  XXXV  II. 
^.  de  pœnïs.  Cujas ,  Cbf.  L.  X.  C.  1 1.  Godefroy  , 
Leg.  6.Jf.  de  exiraord.  crim  Calv.  Lexic.  Celfus  Bur 
galius,  i  racl.  de  dolo,  L.  III.  C.  j.  n.  S.  Columelle, 
L.  X.  de  cultu  horcor.  Henrigius  ,  de  Dardanariïs  à 
uî,rufcacoribus,  Solon  fit  une  loi  contre  les  Darda- 
naires.  Voyei  de  la  Mare,  Tr.  de  Pol.  T.  II.  p.  q^S. 
(j  Juiv. 
DARDANELLES,  f.  f.  plur.  DardanelU.Ce^  le  nom 
de  deux  Châteaux  qui   font  fur  le  détroit  de  Galli- 
poli,  ou  des  Dardanelles  ^  l'un  en  Afie  ,   nommé 
le  Lhâteau  de  Natolie  ,  &  l'autre  en  Europe  ,  ap- 
pelé le  Château  de  Romanie.  Ces  deux  Châteaux  , 
de'.bnés  à  garder  le  palfage  du  détroit ,  ne  font  qu'à 
un  mille,  d'autres  difent  à  une  demi- lieue   l'un  de 
l'autre.  lU  font  garnis  d'une  trentaine  de  gros  ca- 
nons ,  chacun  de  foixante  livres  de  calibre,  &  tou- 
jours prêts  à  tirer,  l^lulieurs  croient  que  ces  Châ- 
teaux font  au  lieu  où   croient   autrefois   Seftss  & 
Abydos  ;  mais  Whtler  prétend  que  c'eft  à  une  lieue 
de  là  au  nord.  Voye^  ABYDt.  Tous  les  vaideaux 
Chrétiens  qui  paifent  ce  détroi;  doivent  aller  abor- 
der   au  Château  d'Alie,  &y   payer   cent   pilloles. 
On  ne  fouftre  pas  qu'il  en  palTc  plus  de  cinq  chaque 
fois.  C'eft  Mahomet  IL  qui  les  ht  bâtir.  On  a  don- 
né à  ces  châteaux  le  nom  de  Dardanelles ^  de  Dar- 
danus ,  aiicicn  Rui  de  i'hrygie.     . 

Cn  a  encore  donné  dans  la  fuite  le  nom  de  Dar- 
ddueiles  à  deux  autres  Châteaux  qui  font  dans  une 
lituation  pareille  aux  deux  dont  on  vient  de  parler, 
&  deftinés  au  même  ufage.  Ce  font  les  Châteaux 
qui  font  lur  le  pallage  du  golfe  de  Patras  dans  ce- 
lui de  Lépante  j  donc  l'uneill:  en  Grèce,  Se  s'appelle 
le  Château  de  Romélie  ,  &  l'autre  en  Morée  ,  qui 
fe  nomme  le  Château  de  Morée.  Les  'Vénitiens  ont 
été  jufqu'en  1715  les  maîtres  de  ces  dernières  Dar- 
danelles. On  les  appelle  encore  les  Châteaux  de 
Lépante  ,  &  ils  font  oîi  étoient  autrefois  l^Scliiurn 
&  XAnû-Rh'ium  des  Anciens. 

Le  détroit  des  Dardanelles ,  ou  de  Gallipoli ,  fre- 
tum  Dardanellarum  ,  ou  Gallipolitanum ,  c'eft  le  ca- 
nal de  la  mer  Méditerranée  qui  joint  la  mer  de  Mar- 
mara à  l'Archipel,  qui  prend  fes  noms  de  la  viUede 
Gallipoli  &  des  Dardanelles  ç{\\i  font  fur  fes  côtes. 
C'eft  l'Hellefpont  des  Anciens.  Hellefpontus.Ce  dé- 
troit eft  entre  la  prefqu'île  de  la  Romanie  en  Eu 
rope  ,  &  l'Anatolie  en  Afie  ;  il  a  environ  quin- 
ze lieues  de  long  du  feptentrion  au  midi.  Son  entrée 
du  côté  de  l'Archipel  n'a  pas  plus  de  cinq  quarts 
de  lieue  de  largeur  ,  &  elle  eft  gardée  par  deux 
Châteaux  que  Mahamet  IV  y  fit  conftruire  l'an 
11558,  &c  dont  l'un  porre  le  nom  de  Château  Neuf 
d'Europe,  &  l'autre  de  Château- Neuf  d'Alie.  Il  eft 
encore  plus  étroit  entre  les  Dardanelles  ,  tk  plus  en- 
core à  une  lieue  an  nord  ,  oi'i  font  les  reftes  de 
Seftos  &  Abvdos,  félon 'Wheler.  La  mer  de  Zaba 
che ,  la  mer  Noire,  Si  celle  de  Marmara ,  fe  déchar- 
gent par  ce  canal  d.ms  l'Archipel  ;  car  lorfque  l'on 
palTe  de  l'Archipel  dans  la  mer  de  Marmara  j  on 
ienr  N  rcfiftance  de  In  mer,  &  l'on  a  befoin  d'un  vent 
favorable  pour  In  vaincre  &  pour  avancer  Au  con- 
traire quand  on  vient  de  la  mer  de  Marmara  à  l'Ar- 


D  AR 

chiDcl  5  on  fe  fent  porté  par  les  eaux ,  quand  on  man- 
querOJi  le  vent. 

DARD  AN  lE.  Nom  ancien  de  pluheurs  lieux  dif- 
térens.  Durda/iia.  La  Dardanie  étoit  une  petite  Pro- 
vince du  Roy^Hime  des  Troyens  ,  htuée  au  fepten- 
trion de  la  Troude.  La  capitale  de  cette  petite  con- 
trée s'appeloit  aulii  Dardante  ,  &  étoit  htuée  à  la 
lource  du  Simois.  Dardanie  étou  auiîi  l'ancien  nom 
de  la  Samothiace  ,  fi  l'on  en  croit  Etienne  de  By- 
zance. 

On  a  encore  appelé  Dardanie  une  contrée  de 
l'ancienne  Mœfie  ,  qui  fut  enfuite  la  Dacie  méditer- 
ranée ,  &  qui  eft  aujourd'hui  la  partie  méridionale 
de  la  Servie.  Les  peuples  qui  l'habuoient  s'appeloient 
Dardaniens.  Quant  au  nom  des  deux  premiers  lieux, 
il  venoit  de  Dardanus ,  fils  de  Jupiter  ôi  d'Eleâre  , 
qui  ayant  tué  fon  frère  Jafius,  s'enfuit  de  Crète, 
ou ,  lelon  d'autres,  d'Italie  en  Samothrace ,  puis  en 
Alie  ,  où  il  bâtit  la  ville  de  Dardanie ,  à  laquelle  il 
donna  fon  nom ,  aufti  bien  qu'à  tout  Ion  territoire. 
Apparemment  que  c'eft  aulii  de  lui  que  la  Samothra- 
ce porta  le  même  nom^ 

DARDANIEN,  ENNE.f  m.  &  f  Nom  d'un  ancien  peu- 
ple de  rUlyrie.  Dardani  ou  Darda/iii.  Les  Dardw- 
niens  habitoient  la  partie  méridionale  de  ce  que 
BOUS  appelons  la  Servie.  Voye^  Dardanie. 

DARDANIER.  f  m.  'Vieux  mot.  Uiuiier ,  qui  cache 
le  blé  &c  recèle  d'autres  provihons  en  attendant  la 
cherté.  Ce  font  les  termes  de  Nicod. 

DARDANUS.  i.  m.  Terme  de  Mythologie.  Fils  de  Ju- 
piter Se  d'Eledre  ,  une  des  filles  d'Atlas  ,  époufa  la 
fille  du  Roi  Teucer,  Se  lui  fuccédadans  fon  Royau- 
me. Il  bâtit  au  pied  du  mont  Ida  une  ville  qu'il 
appela  de  fon  nom  Dardanie  ,  Sc  qui  fut  la  célèbre 
Troye.  Son  règne  fut  long  <k  heureux.  Après  fa  mort , 
fes  lujets  reconuoiifans  le  mirent  au  nombre  des  im- 
mortels. 

DAPvDARIEN,  enne.  f.  m.  Sc  f.  Ancien  peuple  barba- 
re qui  habitoit  le  long  des  Palus  Méotides.  Conful- 
tez  les  Tables  Géographiques  du  P.  Lnbin. 

DARDE.  {.  f.  'Vieux  mot ,  qui  fe  difoit  pour  flèche. 
SagitCJ. 

DARDER.  V. a.  Lancer  avec  la  main  un  dard,  un  ja- 
velot ,  ou  autre  arme.  Jaculari. 

On  dit  figurément  que  le  foleil  darde  fes  rayons 4 
pour  dire  ,  qu'il  lance  fes  rayens  fur  quelque  chofe» 
Fibrarc  radios. 

On  dit  auftî  darder  un  regard.  ScAR.  La  belle  darde 
de  fes  yeux  mille  trépas.  Voix. 

Au  deffous ,  &  non  loin ,  une  nymphe  hautaine  , 

Au  travers  de  doui^e  canaux , 
Avec  murmure  au  ciel  j  poujje  &  d^vàçfes  eaux.  ■ 

P.   BuFflER. 

Darder,  fignifie  auffi  frapper  d'un  dard. /<zi:«/oyêrirô. 
On  eut  bien  de  la  peine  à  darder  la  baleine. 

DARDE,  ÉE.  part. 

DARDE LfR.  C  m.  Celui  qui  darde  quelque  trait.  Ja- 
culacor.  Il  rangea  les  dardeurs  devant  fon  aîle  gau- 
che. Adlanc. 

DARDILLE.  C  f  Terme  de  Fleurifte.  C'eft  la  queue 
d'un  œillet.  Morin  j  Cuit,  de  fleurs.  En  Latin  Ca- 
riophyli  cauda. 

DARDÎLLER.  v.  n.  Terme  de  fleuriftç  ,  fe  dit  de  cer- 
taines fleurs  ,  poufler  fon  dard.  Projerre  ,  efferre. 
flaniina.  L'œillet  dardille.  Voye\  Darçu. 

§CrDAR-EL-HEMARA.  Ville  d'Afrique,,  dans  la 
Province  de  Fez  ,  fur  la  montagne  de  Zarhan. 

%T  DARGAN.  Ville  d'Afie ,  dans" la  contrée  de  Khua- 
rezm ,  en  Perfe.  Les  Géographes  du  pays  lui  donnent 
8(î  d.  26'  de  long.  Se  40  d.  50'  de  lat.  Sept. 

DARHA  ,  ou  DARÀ.  Grande  région  d4Çiledulgétid, 
en  Afrique.  On  la  borne  au  nord  par  le  Royaumç  de 
Maroc  \  an  levant  par  la  Ségelmelïè  \  ^^i  couchant 
&  au  midi  par  le  Telfct.  Le  Darha  propre  eft  aii 
couchant. 

La  rivière  de  Darh<i  eft  une  rivière  qui  fort  du 


•    DAR 

mont  Atlas,  parcourt  le  Darha  propre,  &  va  fe  jeter 
dans  un  lac  du  Teiret. 

Darha  étoit  encore  une  ville,  capitale  du  pays  de 
Darha.  On.  l'appeloit  autreaitnc  ïétut:  elle  eii;  rui- 
née. 

DAllIABADIS.  f.  m.  pi.  Toile  de  coton  blanche  que 
l'on  tue  de  Surate. 

DARIDAS.  f.  m.  Sorte  de  Taftvîtas  des  Indes,  qui  eft 
fait  avec  de  la  foie  qu'on  tire  des  herbes. 

DARIE.  f.  f.  Nom  de  femme.  Oaria.  Sainte  Chryfante 
&  Sainte  Daric  font  trcs-célcbres  dans  l'Eglile.  Elles 
foutfnrent  à  Rome,  &  l'on  met  communément  l?ur 
mort  fous  l'Empereur  Numérien  ,  dont  le  règne  com- 
mença en  1^)3.  &;  fiait  en  184.  dans  l'elpace  de  huit  ou 
neuf  mois.  Baillet. 

Il  ne  faut  point  fe  fervir  de  ce  mot  Darie  pour 
les  hommes  qui  ont  porté  le  nom  de  Darius  j  il  tiiut 
retenir  le  mot  Latin,  comme  a  tau  Vaugelas  dans 
fon  Quinte-Curce  &c  comme  on  fait  toujours. 

DARIEN-  Ville  de  l'Amérique  méridionale,  dans  la 
terre-ferme  proprement  dite ,  fur  le  bord  occidental 
du  Golfe  d  lir.iba.  Durie/iaj  Dariene.  (Jézoïi  autre- 
fois une  ville  Epifcopale ,  &:  confidérablei  mais  les 
Efpagnols  l'ont  abandonnée ,  &  fon  Evéché  a  été 
transféré  à  Panama. 

Darien.  Grande  rivière  de  l'Amérique  méridionale. 
Darienusjiuvius,  Darkna.LQ  Darun  a  (a  fource  & 
une  partie  de  fon  cours  dans  le  Gouvernement  de 
Popayan  ,  il  traverse  une  partie  de  celui  de  Cartha- 
gene,  &  fe  décharge  dans  le  lond  du  Golfe  deDanen, 
autrement  d'Uraba. 

DARINS.  f.  m.  pi. Toiles  de  chanvre  qui  fe  fabriquent 
en  Champagne.  ^    rr        r  1        a 

DARIOLE.  f  f  Pièce  de  Patilferie  faite  de  crcme  , 
enfermée  dans  un  petit  rond  de  pâte  j  &  couverte  pat 
delfus  de  bandelettes  de  pâte.  Li/>i  ac placenu  aenus. 
Les  enfans  font  friands  de  dario.'es.  Rabelais  eiximoit 
les  darioUs  d'Amiens- 

|CF  DARIOLETTE.  f  f  Terme  dont  on  fe  fervoit  au- 
trefois pour  défigner  une  confidente  d'une  Héroïne 
de  Roman,  Suivante  qui  a  la  confidence  de  la  Maî- 
treffe ,  qui  la  fort  dans  fes  inrrigues  amoureufes ,  & 
lui  en  procure  de  nouvelles.  Ces  fortes  de  perlbn- 
nages  n'ont  fait  que  changer  de  nom. 

DARIQUE.  f.  m.  Monnoie  d'or  ,  battue  en  Afie  par 
l'ordre  de  l'un  des  Darius  Rois  de  Perfe.  Darkus. 
Les  Antiquaires  ont'fupputé  que  le  darïque  valoit 
deux  drachmes  Attiques ,  ou  treize  livres  cinq  fous 
monnoie  de  France. 

Le  dariquc  érant  fuppofé  deux  drachmes  Atti- 
ques, pefoit  134.  de  nos  grains.  Foyc^  au  mot 
Dragme.  Or,  en  fuppofant  l'or  des  dariques  au 
même  karat  que  le  nôtre ,  &  prenant  le  nôtre  à 
500  liv.  le  marc,  134.  grains  d'or,  ou  i  gros  2 
deniers ,  4  grains  ,  poids  de  darique  ,  valent  1 9  livres 
3  f.  I.  denier  &:  demi. 

Les  danques  étoient  marqués  d'un  Archer,  ou 
tireur  d'arc ,  c'eft  pourquoi  Plutarque ,  dans  les 
Apophth'-gmes  ou  bons  mots  d'Agéfilas ,  rapporte 
qu'if  fe  plaignoit  d'avoir  été  chalFé  d'Alîe  par  triante 
mille  Archers  du  Roi  de  Perfe,  entendant  par-là 
des  dariques  marqués  d'un    Archer. 

f^DARLINGTON.  Ville  d'Angleterre  dans  le 
Comté  de  Duram. 

DARMO  (JTH.  Quelques- uns  écrivent  Dermout , 
en  faveur  de  la  prononciation.  Ville  d'Angleterre 
en  Devonshire.  Longitude  14.  deg.  2.  m.  latitude 
50.  deg.  16.  m. 

DARMSTAT.  Ville  d'Allemagne  dans  le  Landgraviat 
de  Darmffat ,  à  deux  lieues  du  Rhin,  &  à  cinq 
lieues  au  midi  de  Francfort.  Darmftadium.  Le  Land- 
grave de  Darmjîat,  que  nous  appelons  en  France 
le  Prince  de  Darmjlat  ^  eft  de  la  famille  de  HelTe. 
Ceorge  L  fils  de  Philippe  le  Magnanime ,  com- 
mença cette  brai-iche  vers  le  milieu  du  feizième 
(îécle. 

DARNAMAS.  f  m.  C'eft  la  meilleure  toile  de  coton 
qui  vienne  de  Smyrne. 

DARNE.    Foye^  Dalî^. 


DAR  109 

DARNETAL.  Gros  bourg  de  Frruice  en  Normandie. 

DAROCA.  Ville  d'Arragon  ,  Province  d'Elpagne.  Da- 
roca.  Elle  ell  fur  la  rivière  de  Xiloca. 

DAROGA.  terme  de  Relation.  Voyei  Daruga. 

DARON.  Ville  de  Paleftine  en  Afie.  Darona  ,  J^rip- 
fias.  Elle  eft  fur  la  mer  Méditerranée,  à  trois  lieues 
de  Gaze  au  midi.  Elle  donne  fon  nom  à  une  con- 
trée woiCinQ.  Daron  étoit  autrefois  une  ville  Epif- 
copale  &  confidérable.  Hérode  le  Grand  la  nomma 
Agrippias  en  l'honneur  d' Agrippa.  Il  femble  que  ce 
ne  loit  pas  l'ancienne  Anthedon  j  comme  on  le  croit  ; 
car  Pline  tait  entendre  que  celle-ci  n'étoit  point  fur 
la  côte  comme  Gaze,  mais  dans  les  terres.  Ga^a, 
dit-il  j  L.  V.  C.  I  3.  il?  intus  Anthedon. 

DARREINEREMENT.  adv.  Vieux  mot.  Dernière- 
ment. Pojiremo  ,  iiuper.  Le  Roi  darrtincremenc  tref- 

palle.  JoiNVILLE. 

DÂRRÉNIER,  ERE. adj.  Vieux  mot.  Dernier.  Ultimus, 
pojlrerjius,  a,  um.  Dès  l'entance    jufqu'au  darrénkr 

point.    JoiNVILLE. 

DARRIER.  adj.  Vieux  mot.  Dernier. 

DARSE,  f.  f.  La  partie  d'un  port  de  mer  la  plus  avancée 
dans  la  ville,  bordée  d'un  quai  ,  &:  termée  d'une 
chaîne  qui  fert  à  retirer  les  bâtimens  de  mer,  &  à 
tenir  à  flot  les  bâtimens  défatmés.  Stutio.  La  darfc 
de  Toulon ,  de  Gênes.  Quelques-uns  écrivent  darœ 
&  darcine  ,  pour  darfe  6*  darjine.  On  l'appelle  auflî 
darfine  fur  la  Méditerranée  \  mais  fur  l'Océan  y 
ces  lieux  retirés  du  grand  port  j  où  les  navires  font 
plus  en  fureté  s'appellent  paradis  ,  chambre  ,  bajjin. 

DARTOS.  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  Mufcle  cutané  du 
fcrotum.ZPt!7«j,  Dartus,  Il  eft  tilfu  de  beaucoup  de 
fibres  charnues.  On  croyoit  autrefois  que  le  dartos 
croit  une  continuation  du  pannicule  charnu.  Le  dar^ 
tos  a  plufieurs  veines  &  plufieurs  artères  ;  il  enve- 
loppe les  deux  tefticules  ,  &  s'avance  entr'eux  pour 
les  féparer.  Voye-:^  M.  Diohis. 

Ce  mot  eft  purement  Grec  ,  ^-'f-^j  excoriatus  , 
pelle  nudatus  ,  de  «iV'",  excorio  ,  peut  être  parce  que 
ce  mufcle  eft  fous  la  peau  ,  fous  le  fcrotum. 

DARTRE,  f.  f.  Maladie  de  lapeau  en  forme  de  croûte , 
qui  rend  la  peau  galeufe  &  farineufe.  Impétigo  ,  li- 
chen. On  dit  auffi  fierpe.  Herpès  ,  etis  ,ferpigo  jpa- 
pula.  C'eft  une  tumeur  éréfipélateufe,  moins  rouge 
que  l'éréfipèle,  accompagnée  de  petites  puftules  qui 
rongent  la  peau  &  la  rendent  inégale.  On  la  diltingue 
endeux  efpèces,  XwnQJimple  ,  l'autre  viv«.  La  fimplo 
s'appelle  kerpe  ,ou  dartre  miliaire  j  herpès  miliaris  , 
herpès  cenchrias.  Elle  eft  farineufe  ou  cruftacée.  La 
dartre  vive  ,  herpès  férus ,  papulajera  ,  efihiomenos  , 
eft  rongeante  Si  coulante  ,  ou  maligne  &  chancreufe. 
Les  dartres  font  quelquefois  fymptomatiques  ,  & 
prennent  le  nom  des  maladies  dont  elles  dépendent. 
Telles  font  les  dartres  fcorbutiques ,  véroliques.  Les 
dartres  caufent  de  grandes  demangeaifons. 

Herpfs  eft  un  mot  Grec  qui  vient  du  verbe  '^f^n'  , 
ferpere  3  ramper,  s'étendre,  parce  que  la  ^arrr^  s'é- 
tend de  plus  en  plus  fur  la  peau.  Cenchrias  vient  de 
Ké.xpcj  ^  milium,  millet,  à  caufe  de  la  figure  de  fes 
puftules.  EJlhiomenos  eft  autfi  un  mot  G  rec  quifigni- 
fie  exedens  ,  depafcens  ,  rongeant. 

Dartre  ,  en  maréchallerie ,  fe  dit  des  ulcères  qui  vien- 
nent à  la  croupe  &  à  l'encolure  des  chevaux  :  elle 
leur  caufe  une  demangeaifon  ,  qui  les  oblige  à  grat- 
ter &  à  augmenter  l'ulcère. 

DartreuXj  euse,  adj.  Qui  eft  de  la  nature  des 
dartres  ,  qui  tient  de  la  dartre.  Impetiginofus ,  a^  um. 
Une  éréhpèle  dartrcufe.  Duverney  ,  Âc.  des  Se, 
1703.  Mem. p.  18. 

DARUGA.  r  m.  Terme  de  Rel.^tion.  Le  Daruga  eft  un 
Officier  de  Juftice  chez  les  Perfes-  C'eft  comme  le 
Lieutenant  Criminel  &  de  Police.  Pxrum  capita- 
llum  , . 6-  ad  urbanam  adnvn'ftratlonem  pertinentium 
cognitor.  Il  y  en  a  un  dans  chaque  ville. 

^fT  C'eft  encore  le  nom  d'une  Cour  Souveraips 
oii  l'on  juge  les  Officiers  chargés  du  recouvrement 
des  deniers  publics ,  quand  ils  font  accufés  de  mal- 
verfation. 


I  ïo 


D AS       DAT 


D  A  s. 


DASSERÎ.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Dodeur  ,  Mi- 
niitre  de  la  Religion  aux  Indes.  Difcipledu  Gourou 
qui  eft  le  chef  de  la  B.eligion.  lieligionis  apud  Indos 
Minifler.  Pluiieurs  iJajjens  difciples  du  Gourou  ^qui 
eft  le  childe  la  Lleligioii  auprès  du  '■loi  deCagonci , 
vinreiic  de  la  part  trouver  le  Millionnaire  pour  en- 
trer avec  lui  en  difpute.  Leitr.  Eo.  et  Cur. 

DASYME.  (.m.  Terme  de  Chirurgie.  Maladie  des 
yeux  j  qui  ne  diffère  point  du  trachoma.  Aan/a»  de 

alaa-ûs,    rude. 

DAT. 

DATAINO.  Foyeç  Dittaino. 
DATAIRE.  f.  m.  Officier  le  plus  confidérable  de  la 
Chancellerie  Romaine ,  dont  eft  pourvu  un  Prélat  : 
&  quand  c'ait  un  Cardinal ,  on  l'appelle  Prodataire  , 
par  les  mains  duquel  palFent  tous  les  Bcnérices  va- 
cans  (hors  les  Conliltoriaux)  j  lefquels  il  conteie  de 
plein  droit.  Ce  nom  vient  de  ce  qu'il  mettoit  autre- 
fois lui-même  la  date  à  toutes  les  luppliqnes  :  Datum 
Romit  j  &c.  Il  y  a  aulîi  un  Sousdataire  &c  un  Dacaire  , 
un  Officier  particulier  pour  le  per  obïtum.  Il  a  une 
infinité  d'Officiers  Tous  lui,  comme  les  Révifeurs , 
Officiers  de  petites  dates ,  de  la  componende  ,  vingt 
Régiftrateurs  ,  &  quatre  Maîtres  du  Régillre,  qui 
mettent  la  marque  de  leur  régiftrement  par  une 
grande  R  au  dos  de  toutes  les  fignatures  ,  «jcc.  Voy, 
lur  le  Dacaire  Baronius  aux  années  3 14  ,  n.  71 , 5 1 9 , 
n.  50  ,  }  j  i  ,  n.  25.  Godefroi  dans  fes  Prolégomènes 
fur  le  Code  Théodofien  j  C.  9.  DuCange  &  les  Ma- 
cri  dans  leurs  Glolfaires. 
DATE.  f.  f .  Délignatioii  du  tems  &  du  lieu  où 
une  action  a  été  taite ,  où  un  aéle  a  été  donné  & 
palfé.  Pies  in  epijiold ,  ia  iicteris  adfcripta.  Les  Let- 
tres de  Chancellerie  de  vieille  date  &  lurannées  ne 
fervent  plus  de  rien.  J'ai  des  nouvelles  de  plus  frai 
chc  d^:e.  La  dût;  de  ce  contrat  eft  faulfe  ,  il  a  été 
antidaté.  l'Egliie  ne  mettoit  point  autreiois  de  date 
à  fes  confelfions  de  foi.  Les  Evêques  Catholiques  du 
■Concile  de  Rimmi  difent  aux  Hérétiques  :  Que  veuf 
dire  votre  Formule  datée  de  l'année  &  du  jour  du 
mois  ?  En  a  t-on  jamais  vu  de  femblable  ?  N'y  at-il 
point  de  Chrétiens  avant  cette  dace  ?  Et  tant  de 
Saints  ,  qui  avant  ce  jour-là  fe  font  endormis  au 
Sei:,'neur,  ou  qui  ont  donné  leur  fang  pour  la  Foi, 
ne  favoient  ils  ce  qu'ils  dévoient  croire  ?  C'eft  une 
preuve  que  vous  laiifcz  à  la  poftérité  delà  nouveauté 
de  votre  dodrine.  Les  Ariens  vouloient  foutenir  leur 
date  p-K  l'exemple  des  Prophètes  ,  mais  on  leur  ré- 
pon .loir  qu.'  les  prophètes  ,  &c.  . .  L'Eqlife  a  bien 
accoutumé  de  dater  les  ndtes  des  Conciles  Se  les  ré- 
gl'.mens  pour  les  affaires  fujettes  aux  changemens, 
mais  non  pas  les  confeftions  de  Foi  ,  où  elle  ne 
fait  que  déclarer  ce  qu'elle  a  toujours  cru.  Fleur. 
Voye:^  iaint  Athanafe  ,  De  Syn.  &  Socrate  ,  L.  II. 
C.  S7-    . 

On  dit  qu  un  homme  eft  le  premier  en  date  ,  pour 
dire  qu'il  eft  le  premier  ,  qu'il  a  l'avantage  du  tems. 
^nciquior.  On  colloque  les  créanciers  en  ordre  fui- 
vantla  dcte  de  leurs  contrats ,  les  premiers  en  date 
font  préférés.  Lao'jre  eft  iiécciraire  dans  les  contrats. 
La  date  prouve  la  perfection  de  l'aéte.  Dans  l'nfage 
l'omiffion  de  la  date  n'einpèche  pas  que  le  contrat 
lie  foit  exécuté  contre  celui  qui  l'a  palfé. 

ijZr'  Une  amitié  de  longue  date  ,  contraétée  de 
longue  main  ,un  événement  d'ancienne  date  ,  arrivé 
depuis  long-tems. 

V amitié  qui  nous  lie  efl  d'affe^  vieille  date.  R. 

On  dit  figurément  :  Retenir  if  rc,  pourdire  ,  pren- 
dre un  certain  tems  pour  faire  ou  pour  exiger  quel- 
cjue  chofe.  Vous  ne  m'avez  pu  faire  cette  grace-là  ,  je 
retiens  date  pour  la  première.  Acad.  Fr. 

Ce  mot  vient  de  ce  qu'au  bas  d'une  lettre,  ou  d'un 
ade  Latin  on  mettoit  Datum  ^  ou  data  tali  loco  , 
tali  die  ,  &c.  c'eft-à-dire  ,  donné  en  tel  liiu  ^  tel  jour  : 


DAT 

comme  on  le  met  encore  dans  les  Déclarations  ,  les 
Ordonnances,  lesEdits,  Donné  à  S.Germain-en- 
Lay  e  ,  donne  à  p  erjailles  j  le  . .  du  mois  .  .  de  l'an  . . 
C'elt  delà  que  cette  formule  pour  le  lieu,  &  fur- 
tout  pour  le  jour  auquel  un  a6te  a  été  fait ,  s'eft  ap- 
pelée i/r2ie  ,  &  il  n'y  faut  qu'un  r  :  de-là  on  fait  dater ^ 
ôc  l'on  trouve  dacure  en  ce  fcns  dans  la  plus  balle  La- 
tinité du  quatorzième  liecle.  Voy.  Acta  Sancl.  Maii , 
T.  FIL  p.  6^)7,.. 4. 

Date  ,  en  Chancellerie  Romaine  ,  eft  une  infcription 
qu'on  fait  faire  fur  un  Régiftre  lors  de  l'arrivée 
•d'un  Courier  ,  qui  porte  une  procuration  de  réfigna- 
tion ,  ou  une  autre  demande  de  Bénéfice.  Aclorum 
in  codice  dies  adjaipta  pojlulati  per  nuncium  Bene- 
jicH.  Quand  une  provilion  eft  accordée  ,  elle  porte 
la  date  du  jour  qu'elle  a  été  retenue.  On  a  cou- 
tume de  retenir  plufieurs  dates  pour  empêcher  le 
concours  des  impétrations  \  car  quand  il  y  en  a  plu- 
fieurs d'ime  même  date ,  elles  le  détruifent  l'une 
l'autre. 

Petite  date.  C'eft  une  date  retenue  en  Cour  de  Rome 
fans  envoyer  la  procuration  pour  réfigner ,  ou  la  ré- 
tention de  plufieurs  dates  inutiles,  dont  les  provi- 
fions  ne  font  point  levées-  Procurata  diei  cujufdam 
adfcriptio  nullà  negotii  gerendi  pramijjd  potejiate. 
Il  y  a  un  grand  Traité  de  Dumoulin  contre  les  abut 
des  petites  daus.  Il  y  a  un  Edit  du  Roi  I4enri  II 
de  1 5  50  ,  qu'on  appelle  des  petites  dates  ,  qui  règle 
plufieurs  chofes  touchant  les  prifes  de  poflèflion. 
pour  empêcher  qu'on  ne  rende  les  Bénéfices  héré- 
ditaires. 

DATER.  V.  a.  Mettre  la  date  ,  ou  nommer  la  date.  In 
litteris ,  in  acîis  diem  adj'critere  ,  apponere.  On  ne 
datait  autrefois  les  arrêts  par  rapport  j  que  du  fa- 
medi,  qui  étoii  le  jour  de  la  prononciation.  Les 
Edits  ne  fe  datent  que  du  mois  où  ils  ont  été  donnés , 
fans  coter  le  jour.  Les  déclarations  &  autres  lettres 
ont  \qut  date  du  jour  du  fceau  qui  eft  marqué  au  dos 
des  lettres. 

On  ditfig.  qu'un  homme  date  de  loin  ,  pour  dire 
qu'il  parle  d'une  chofe  arrivée  il  y  a  long-tems  , 
éi.  cela  ne  fedit  ordinairement  que  quand  celui  qui 
en  parle  a  pu  en  être  témoin  ,  &  qu'av.ec  quelque 
reproche  de  vieillelfe.  Ac.  Fr. 

Dater  fe  dit  figurément  pour  dire  ,  commencer  d'un 
certain  tems  à  faite  ou  d  compter  fur  quelque  chofe. 
Incipere  j  initium  fumere.  Un  Duc  voulut  regagner  au 
fiége  deMons  l'eftime  de  Louis-le-Grand  qu'il  avoir 
perdue.  Il  alla  au  feu  en  plufieurs  occafions  avec  un 
iang-froid  ,  une  inttcpidité  &  un  jugement  de  Hé- 
ros. Le  Roi  lui  rendit  alors  fon  eftime,  &  lui  dit  : 
M.  le  Duc  ,  vous  n'étiez  pas  content  de  moi  ,  fe  n'é- 
tois  pas  content  de  vous  \  oublions  le  palfé ,  &  doré- 
navant datons  de  Mons. 

DATERIE.  f  f.  Office  du  Dataire  ^  &  le  lieu  où  il 
exerce  fa  jurifdiétion.  Diarii  adfcriptoris  munus  j 
offxina.  Cette  fupplique  dèit  pafTer  par  la  Daterie  , 
comme  font  celles  qui  concernent  tous  les  cas  pu- 
blics ;  &  celle-là  par  la  Pénitencerie  ,  comme  celles 
qui  regardent  le  fecret  de  la  confcience.  La  Daterie 
eft  compofée  de  trois  Officiers  ,  dont  le  premier  eft 
le  Dataire  ,  ou  Prodataire  \  le  fécond  eft  le  Sousda- 
taire \  Se  le  tioihème  le  Préfet  des  vacances  per 
obitum. 

DATHEMAN.  Nom  d'un  fort  fîtué  dans  la  terre  de 
Galaad  ,  à  l'orient  du  Jourdain.  Datheman  étoitdans 
la  Tribu  de  Gad  entre  Bofor  &  Mafpha.  i.  Machab. 

DAT  1ER.  f.  m.  Nom  ufîté  dans  l'Ordre  de  Fontévraud, 
pour  dire  ,  l'Annonce  du  jour  de  la  Lune  du  Marty- 
rologe. Chastelain.  Indict.  ajjignatio  diei  Lunaris  , 
Monido  de  die  lunx. 

Ce  mot  vient  de  date ,  parce  que  cette  annonce  eft 
\2  diite  delà  Lune. 

DATIF,  f.  m.  Terme  de  Grammaire.  C'eft  le  troifième 
cas  de  la  dcclinaifon  du  nom.  Dandi  cafus.  Il  marque 
ce  à  quoi  la  chofe  ,  ou  l'adion  a  du  rapport.  C'ed 
proprement  le  cas  de  l'attribution  ou  de  la  deftina- 
tion.  Du  moins  c'eft  là  fon  ufage  le  plus  fréquent. 


DAT 

Le  nominatif,  le  génitif,  \q  datif.  Ce  verbe  gou-l 
verne  XqcIuc.j.  Deux  J.ï-t-^j  de  luue  choquent  extiê- 
mement  les  oreilles  délicates ,  quand  ils  ont  loiis 
deux  le  même  arcicle  ;  &:  ceux  qui  veulent  écrire 
poliment  doivent  ies  éviter  avec  foin  ;  comme  j  On 
remtdie  -  1  attache  à  Ion  lens.  Si  ies  deux  arcitles 
n'étoient  pas  lesiucmes  ,  cela  ne  choqueioir  pas  tant. 
Paitxeniple  ,  lenoncer  a  l'attache  au  leu.  Lioun. 

ÇC?  Daiif,  en  Jurilpaidence  j  n  ell  d'ulagc  que 
dans  CCS  phtalcs  :  Tuteur  &c  Curateur  dutij  ,  tutelle 
Ëc  curatelle  ^uùvc.  On  appelle  tutelle  Hc  curatelle  du- 
tivis  ,  cell.s  qui  foncoraonnéesd'autoiitéde  Jultice, 
par  oppoiition  aux  tutelles  6i  curatelles  légitimes  tSc 
teitamjntaires  ,  qui  font  déférées  par  la  Loi  ou  parle 

;  teftanienc.  On  dit  dans  le  même  lens  luteur  &i  Cu- 
rateur a..tj  de  celui  auquel  la  tutelle  ou  cuiatelle  ell 
delérée  par  le  Juge.  Cj^v/nijjs,  dejignata  tuteca. 

Quand  un  propriétaire  eft  mineur ,  on  lui  donne 
un  1  uteur  pour  lonrief.  Cela  s'appelle  dans  le  Droit 

;    d'Allemagne  tutelle  ^jf/Ve.  Spener  a  fait  un  Traiié 

.    de  la  tutelle  daiivc  des  arriéres-  Valîliux  de  l'Empi.  c 

..  Qu.M  [U;s  Auteurs  piéendcnc  que  c'elt  à  l'Empereur 
à  à  mner  un  Tuteur  à  ces  arriéres- Valfaux  :  aauties 
foutiennent  que  c'efl  au  Seigneur  Féodal  im  iiédun 
à  le  donner  pour  le  hef  qui  dépend  de  lui.  Spener  eft 
p  >ai  ce  dernier  fenriment. 

Da  i  if.  f.  m.  Nom  d'homme.  Dati.ms.  ^■''oyc\  M.  Chaf- 
t'.'Um  ,  /.'ji.riyroio^e  J  au  17'  de  Janvier,  iSc  au  on- 
zième de  Février ,  p.  (îi  i  &  6 14. 

§Cr  D\.ri3N.  f.  f.  Terme  de  iurifprudence,  ade 
par  i  .-qu.l  on  donne  quelque  choie.  uaciclLilii  diffère 
de/la  aj/ijr;j,7  J  en  es  que  ceile-ci  ell  gratuite,  au 
li'.u  que  la  j.acion  conhite  à  donner  quelque  choie  , 
laus  qu  il  y  ait  aucune  libéralité.  Dation  cie  Tuteur , 
d-  ti.t  ■  en  pavement 


DATiiMH  I.  m.  Maniè.e  de  parler  ,  qui  confiile  à 
diiw-  la  même  chofeen  pluliturs  mots  ,  &c  à  accumu- 
ler ivn.mvmei  (ur  (ynonymes.  uatijinui.  Ce  mor  le 
torma  autrcRjis  en  Grec  du  nom  d'un  Satrape  Ferfan 
nom  né  Oaos  ,  (jui  étant  en  Grèce,  &  afteétanc  de 
pi  lec  Grec  ,  enrtirjit  lynonymes  lur  fynonymes 
p.KU  dire  la  même  chjfe  \  de  forre  que  pour  dire  , 
pa-  exemple  ,  qu'il  avo.t  de  la  joie  de  quelque 
c'i  <lc  ,  d  difoit  :  J'ai  bien  de  la  joie,  je  me  réjouis , 
je  M. s  ravi ,  je  iuis  bien  aile  ,  &  je  triomphe  de  ce 
qu,;  J  &c.  croya  u  par  la  donner  à  Ion  dilcours  plus 
ûe  fo  ce  &  plus  exp.eflîon  ,  6Cc.  Les  Grecs  appelè- 
rent ces  fortes  de  bartologies  ou  d'inutilités  des  Da- 
tiimij  .  mais  ce  ::  ot  n'eft  point  en  ufage  en  François. 
On  ne  s'en  ferc  que  aans  des  ouvtages  d'érudition. 
A.iitophane,dansfa  pièce  intitulée  la  Faix  j  appelle 
le  iJtij.iH  le  tamage  ou  le  chant  de  Datis. 
DATIVÈ.  adj.  f.  yjeç  Datif. 

Da  rivE,  ell  nulli  un  nom  propre  de  femme.  Il  y  a  une 
lainre  Dative  du  cinquième  ficcle.  y'oyt:\  liaillet 
aa  lixième  de  Décembre. 
DATTE,  f  f.  On  écrit  aulli  date ,  &c  on  devroit  écrire 
Da  :i.  C'ell  le  fruit  du  palmier.  Puima,  palmula  y 
palms.  pomum ,  daclylus ,  pmtuUi  :  halanus.  Ce  fruit 
fe  eu --iie  en  auromne  avanr  qu'il  foit  mûr  ,  &  ell 
fembiabie  à  nos  pruneaux  de  Tours  :  alors  il  elt  vert 
en  couleur  ,  âpre  i5f  aitnngent.  Quand  les  duCtis  font 
mûres,  elles  deviennent  rouir.'S  ^  ayant  un  noyau 
dur ,  longuet  tk  fendu  par  en  bas ,  de  couleur grife  , 
&  enveloppé  d'une  pellicule  déliée  ,  mince  6c  blan- 
che. Son  écorce  ou  fa  couverture  ,  que  les  Anciens 
appeloiente/  fc',  ou  ,^iîm,  quand  elles  font  en  fleur, 
font  forr  différenfes ,  &  ont  autant  de  diverllté  de 
couleurs  qne  les  finies.  ?l  y  en  a  de  noires  ,  de  blan- 
ches Si  de  rouir.-s.  Il  v  en  a  de  rondes  comme  des 
pommes  ,  ie^  fo't  grolTes.  Ordinairement  elles  font 
rondes  &  obiongues,  charnues,  jaunes,  un  peu 
plus  grolfes  )ue  le  po'ice  ,  &  alTez agréables  au  goût. 
Il  yr-n  a  dr  pentes  comme  des  pois  rhiches  ;  d'rtUtres 
grolfes  comme  un?  grenade.  Les  meilleures  font  les 
dattes  rovdes.  Il  v  en  a  une  lutre  efpèce  qu'on  ap- 
pelle ca/yt-rej  ,  q'ii  font  au!ï  fort  bonnes.  Les  unes 
ont  des  os  ,  on  novaux  ;  les  autres  n'en  ont  point-  Les 
unes  les  ont  mous  j  les  autres  ,  tendras.  Les  dattes 


DAT  III 

font  aftring€Btes  ,  fur-tout  quand  elles  ne  font  pas 
mures.  Les  dattes  ne  font  guère  en  ufage  dans  la 
plupart  dos  Provinces  de  France ,  que  pour  la  \lé- 
decine  i  elles  adoucilfent  les  âpretés  du  goller ,  foi- 
iilient  1  ciiiaiit  au  ventre  de  ià  mère  ,  appaifent  tou- 
tes loties  de  dux  de  ventre  ,  i!k  font  un  tort  bon  re- 
mède pour  les   incommodités    des  reins  &   de  la 
velue.  Ce  qu'elles  ont  de  mauvais  ,  c'ed  qu'on  les 
digère  difnciiement ,  qu'elles  caufent  des  douleurs 
de  têre,  Hl  qu'elles  produilent  un  fang  crafle  &  mé- 
lancolique. Ces  ellets  viennent  des  principes  qu'elles 
contiennent ,  car  on  en  tire  médiocrement  d  huile  , 
beaucoup  de  llegme  &  de  iel  ellentiel  :  l'huile  &  le 
Hegme  les  renaent    humeélantes  &  nourrillantes  , 
propres  à   adoucir  les  âcretés  de  la  poitrine,  &  à 
appai.er  la  toux  •,  le  flegme  &  le  Iel  les  rendent  dé- 
teilives ,  allringcntes ,  &  convenables  pour  les  ma- 
ladies de  la  gorge  :  du  refte  ,  elles  font  un  aliment 
groHier  ,  pLm  d'un  fuc  terreftre  ,  &  cauiein  des  obf- 
trudlions  dans  les  vilcères  \  c'ell  pour  cela  que  ceux 
ciui  vivent  de  datte-s  deviennent  fcorbutiques ,  &  per- 
dent leurs  dents  de  bonne  heure. 

Les  ductcs  nous  viennent  d'Egypte  ,  de  Syrie  , 
d'Afrique  &  des  lndi;s.  On  dit  qu'elles  ne  viennent 
point  à  marurité  en  Italie  j  tic  qu'ejles  confervent 
toujours  un  goût  âpre  &délagréable  dans  les  endroits 
de  1  tlpagne  qui  iont  fitués  fur  le  bord  de  la  mer. 
On  ditauth  que  quelques  peuples  d'Orient  font  du 
vin  ic  du  pain  de  aattcs.  La  iHovenc-  fournit  d'aifez 
bonnes  dattes  ,  mais  elles  ne  ie  confervent  pas  ,  ÔC 
les  vers  s'y  engendrent  aifcivicnt.  Foyt^  M.  Lémery  , 
Trait.:  des  aiiii.cfis. 

Les  dattes  font  le  plus  excellent  fruit  de  tous 
ceux  de  l'erfe.  Llles  palfent  en  grolleur,  en  couleur 
îS:  en  goCit  toutes  les  autres  que  la  nature  fait  croî- 
tre en  toutes  les  parties  du  monde.  Celles  de  Jarum 
te  de  Horuin  ,  iont  les  meilleures  de  toute  la  Perfe. 
Ambajjade  de  Gardas  de  6ylva  1  igueraa,  p.  5}.  & 
94.  O^c.  De  grofles  grappes  de  auttes.  Au  h.^mc 
endroit.  Celles  de  Lura  font  aufli  excellentes.  Elles 
font  grolfes  comme  les  prunes  que  les  Efpa- 
gnols  appellent  Ciruelas  de  Jrayles.  Il  y  en  a  '^"î 
brunes  &  d'autres  noires.  La  diverfité  en  étoit  fi 
grande ,  que    1  on  étoit  étonné    de  voir  tant    d'ef- 

fièces  différentes  d'une  même  forte  de  fruit  j  car 
es  unes  étoient  longues,  les  autres  plus  ou  moins 
rondes  j  les  unes  d'une  forme  toute  particulière  , 
que  l'on  n'avoir  pas  encore  vue,  &  les  autres  fort 
petites ,  &  rondes  comme  des  griottes  \  mais 
fans  comparaifon  meilleures  &  plus  excllentes 
que  les  autres.  Id.  Il  dit  qu'une  grappe  des  plus 
petites  pefoit  jufqu'à  trente  livres.  Ils  appellent  les 
dattes  J  Tamaras.  Id. 

Le  nom  de  datte,  qu'on  dit  pour  celui  de  dacle., 
vienr  de  daclylus  ,  formé  de  êûx.luXit,  doi^t,  parce 
que  les  dattes  reiremblent  au  bout  du  doigt,  étant 
rondes  &  oblongues. 
Datte.  L  i.  Ell  aulli  le  nom  d'une  efpèce  de  prunes. 
Les  dattes  font  du  nombre  des  prunes  qui  ont  la 
chair  aigrette   &   durette,  dit  la  Quintinie  ;  c'eft- 
à  dire_,  un  peu  aigre  &  un  peu  dure-  La  grolîe  datte 
ell  blanche ,  on  l'appelle  autrement  Impériale  blan- 
che. Id. 
DATTIBES.  f  m.  Terme  de  Relation.  Cinquième 
mois  chez   les  habitans  de  l'Ile  Formofe.  F'oYe:^  la 
defcriprion  de  certe  Ile  imprimée  à  Amftetdam  en 
1705. 
DATTIER,  f  m.  Arbre  qui  porte  les  dattes.  Palma.  V. 

Palmier. 
DATTlLLE.  f  f.  Nom  d'une  efpèce  de  prunes.  Les 
dactilles  Çom  des  prunes  longuettes.  La  QuiNr.  La 
dattdle  e(l  rouge.  Id- 
DATCJRA.  f  f  Planre  qui  ell  une  efpèce  de  Jframo^ 
nium ,  &c  qui  vient  de  la  hauteur  d'un  homme.  Ses 
tiges  font  grolfes  &  fes  feuilles  larges,  échancrées 
comme  celles  du  pied  d'oie,  mais  plus  dentelées, 
&  quatre  ou  cinq  fois  plus  grandes,  &  d'une  puan- 
teur abominable.  Ses  fleurs  fonr  blanches,  femblables 
en  quelque  manière  à  un  verre  à  boire,  à:  d'une 


m         DAT       DAU 

odeur  agréable  ,  mais  foible.  Son  fruit  eft  une  fois 
aiiii  gros  qu'une  noix  commune  avec  Ion  écorce, 
un  peu  long,  de  la  ligure  d'une  poire,  &  garni 
de  piquans  :  il  contient  beaucoup  de  femence  noue, 
appLuie  ,  &c  d'une  odeur  délagrcable.  Sa  racine 
eit  compofce  de  quantité  de  fibres.  Les  Heurs  &:  la 
femence  de  la  datura  troublent  &:  aliènent  l'elprit , 
&  caulent  une  eipèce  de  tohe  qui  dure  14.  heures: 
pendant  le  tems  que  dure  cette  ivrelfe  ou  cette  folie, 
on  ne  fait  que  danfer,  nre,  ou  pleurer.  Les  voleius 
en  jettent  dans  les  viandes  de  ceux  qu'ils  veulent 
voler.  Les  femmes  de  mauvaile  vie  en  lont  prendre 
auHi  à  leurs  Amans ,  &:quelques-unes  à  leurs  ma  1 . 
afin  de  {-aire  en  toute  liberté  tout  ce  qu  elles  vou 


DAU 

On  l'a  bien  daubé.  Se  dauber.  Pugnis  certarCy  con- 
tendere.  Il  eft  populaire. 
C'AtiBER,  lignifie  hgurément,  médire  de  quelqu'un, 
le  railler,  le  jouer.  Il  eft  populaire,  quelquefois 
employé  dans  le  ftyle  familier.  Detrectare  de  cdïquo , 
maiedicere  j  aiicuL  Uludere.  C'eft  un  homme  qui 
daube  tout  le  monde  ;  mais  li-tôt  qu'il  eft  forti , 
les  autres  dautenc  iur  lui.  Je  les  dauberai  tant  qu'ils 
fe  rendront  fages.  Mol. 

De  tout:  tcms  votre  langue  a  daubé  d'importance. 

loEM. 

Daubé  ,  ée.  part. 


dront.  Le  meilleur  remède  contre  ce   poifon,  eft  DALIBEUR.  Lm.  Joculator.  Ne  fe  prend  guère  que 


de  faire  vomir  ceux  à  qui  l'on  en  a  donné.  On  dit 
auiîî  que  pour  les  faire  revenir  plutôt  à  eux,  il 
n'y  a  qu'à  leur  plonger  les  pieds  dans  de  l'eau  froide. 
Solanum  Jœtuiurn  pomofpinofo  obioi.go. 

La  plante  datura  eft  celle  que  les  Espagnols  ap- 
pellent ducroa ,  les  Arabes  buriatoria ,  les  Perfans 
&  les  Turcs  marona. 

D  A  U. 

DA'VANTAGE.  adv.  En  termes  de  comparaifon ,  plus. 
Magis  j  plus  j  ampLius.  Il  ne  faut  pas  aimer  davan- 
tage un  enfant  que  l'autre.  Régulièrement  davan- 
tage ne  régit  rien ,  &c  n'a  point  de  que  après  lui.  Ainfi 
l'exemple  qui  précède  eft  vicieux.  Cependant  quel- 
ques uns  en  font  un  comparatif.  lia  h'iQn  davan- 
tage de  peine  à  fe  venger  d'une  injure,  qu'à  l'ou- 
blier. Maucr.  Dès  qu'on  eft  un  homme  de  bien , 
on  ne  doit  rien  louhaiter  davantage.  On  ne  s'hu 
mille  point  pat  humilité  ,  ce  11'eft  que  pour  fe  faire 
eftimer  davantage.  S.  Evr.  Les  premiers  plaifirs  de 
chaque  engagement  ont  je  ne  fais  quoi  de  piquani 
qui  excite  le  defir  de  s'engager  davantap^e.  Je  vois 
bien  le  remède  à  tous  mes  maux ,  6c  je  ferois  bien- 
tôt guérie  fi  je  ne  vous  aimois  plus  ;  mais  j'aime 
mieux  fouffnr  encore  davantage  ,  que  de  vous  ou- 
tlier.  Lettres  Portugaises. 

Un  certain  amour  de  refpecl  ^ 

Amour  d'ordinaire  jufp  ecl , 

Et  qui  demande  davantage  j 

Qu'il  ne  paraît  fur  J  on  vijhge.    Saras. 

§Cr  Davantage  &  plus,  fynonymes.  Davantage  fe 
jiiet  à  la  fin  de  la  phrafe  ,  plus  ne  s'y  met  point.  Il  a 
plus  de  fcience  que  fon  frère.  H  a  peu  de  vertu , 
Ion  frère  en  a  davantage.  On  parleroit  mal  en  di- 
fant  ;  il  a  davantage  de  bonne  foi  que  fon  frère  : 
il  a  peu  de  vertu,  fon  frère  en  a  plus. 

^Zt  Dans  certains  endroits  on  peut  mettre  da- 
vantage ou  plus  devant  que.  Vous  me  reprochez 
que  je  fuis  emporté,  je  ne  le  fuis  pas  davantage  que 
vous.  Cependant  Ç\  l'on  répétoit  l'adjeélif,  il  fau- 
droit  mettre  plus.  Je  ne  fuis  pas  plus  emporté  que 
vous.  En  général,  quand  il  y  a  un  que  qui  fuit ,  il 
vaut  mieux  fe  fervir  de/V^^  ;  mais  éloigné  du  que  , 
davantage  a  bonne  grâce  au  milieu  du  difcours.  U 
n'y  a  rien  qu'il  faille  éviter  davantage  en  écrivant , 
que  les  équivoques.  Lorfqu'il  n'y  a  point  de  que 
qui  fuive  ,  on  met  davantage  au  milieu  &  à  la  fin. 
BouH. 
Davantage  .,  fignifie  encore  plus  long-tems.  Je  ne 
vous  romprai  pas  davantage  les  oreilles.  Je  ne  vous 
en  parlerai  point  davantage. 


dans  le  fens  figuré  ,  pour  un  homnie  qui  prend 
plaifir  à  médire  des  autres,  a  les  railler,  à  leur 
nuire  par  de  faux  rapports.  M  de  la  Fontaine  s'eft 
heureulement  lervi  de  ce  mot  dans  fa  Fable  du 
Lion ,  du  Loup  &  du  Renard.  Il  applique  cette 
Fable  aux  Courtifans  ,  qui  fe  daubeut  les  uns  les 
autres.  Au  refte ,  ce  mot  n'eft  que  du  ftyle  fami- 
lier. 

MeJJieurs  les  Courtifans  y  ceffe^  de  vous  détruire 3 
F  aites  ,fi  vous  pouve:^  i  votre  cour  fans  vous  nuire  ^ 
Le  mai  Je  rend  ché^  vous  au  quadruple  du  bien , 
Les  daubeurs  ont  leur  tour  d  une  ou  d'autre  manière, 

Kous  êtes  dans  une  carrière 

Où  l'on  ne  fe  pardonne  rien, 

DAUCUS.  f.  m.  Plante  qu'on  appelle  autrement  ca-' 

rotte ,  dont  il  y  a  plulieurs  elpèces.  Le  daucus  des 
Apothicaires ,  qui  eft  le  panais  fauvage  de  Diofco- 
ride,  a  (a  racine  d'un  goût  piquant  &c  de  la  grof- 
feur  du  doigt  :  fes  tiges  d'une  coudée  &  demie, 
cannelées  ,  velues  &  moclleufes  j  fes  feuilles  décou- 
pées tort  menu  ,  &  d'tm  vert  obfcur  j  fes  fleurs 
blanches ,  difpofées  en  parafol  j  elles  font  fuivies  de 
Icmences  ,  qui  font  petites,  arrondies  fur  le  doSj 
&  garnies  de  poils.  Le  daucus  eft  diurétique ,  & 
propre  pour  les  afteétions  de  la  matrice,  On  s'en  fert 
dans  la  toux ,  dans  la  pleuréfie ,  &  pour  provoquer 
les  mois.  La-  femence  eft  le  plus  en  ufage.  Dau- 
cus ûjficinarum  ,  ou  pajlinaca  fylveflris  tenuifoiia 
Diofcoridis.  U  y  a  une  plante  qui  eft  en  ufage  en 
Médecine  j  tSc  qu'on  appelle  daucus  de  Candie. 
C'eft  une  efpèce  de  liveche ,  ou  ligufticum.  Sa  tige 
eft  de  la  hauteur  d'un  pied  &  demi ,  ou  environ  , 
ronde  &  velue.  Ses  feuilles  font  alfez  femblables 
à  celles  du  fenouil.  Ses  Heurs  font  petites,  blanches 
&  difpofées  en  paralol.  Sa  femence  eft  longue  ,  blan- 
châtre, velue,  acre  &  aromatique  :  fa  racine  lon- 
gue ,  &  de  la  grolfeur  du  doigt.  Il  n'y  a  que  la 
lemence  qui  loit  en  ufage  \  elle  eft  bonne  dans  les 
obftruékions  &.  dans  la  fufîocacion  de  la  matrice  , 
dans  la  colique  venteufe  ,  dans  le  hoquet  &  dans 
l'ardeur  d'urine-  En  Latin  ,  daucus  creticus ^  ou  dau- 
cus foliis Jccniculis  tenuifjimis.   Voye\  Carotte. 

■Vin  de  daucus.  Daucites  vinum.  On  prépare  ce  vin 
en  mettant  fix  onces  de  daucus  pilé  dans  un  cera- 
miuni  de  moût,  &c  en  les  coulant  enfuite.  Ce  vin 
eft  bon  pour  les  maux  de  la  poitrine ,  des  hypo- 
condres  &  de  l'utetus.  Il  excite  les  règles  &  les 
éruétations,  &  eft  fort  utile  pour  la  toux,  les  con- 
vulfions  &  les  ruptures  des  vaillèaux  capillaires. 
DioscoRiDE.  L.  V.c.  10. 

DAUDAU.  Foyei  DODO. 

DAVERIDION.  i.  m.  Huile  d'afpic. 


fCT  Davantage  fignifie  quelquefois  de  plus.  Pr<«-  DAUFERS,  ou  TAUFERS.  Petite  ville  du  Tirol  en  AI- 
terea.  En  ce  fens  il  eft  vieux  &  hors  d'ufage.  lemagne.  Daujeria.  Elle  a  titre  de  Comté,  &  elle 

DAUBE,  f  f.CuifTon  d'une  viande  qu'on  larde  au  gros       eft  liruée   dans  l'Evêché  de  Brixen  ,  fur  la  rivière 
lard,  avec  des  aftaifonnemens  convenables.  Condita^      d'Aycha  ,  au-delfous  de  la  ville  de  Brixen. 
lardo  y  vino  ^  &  aromatis  caro.  Un  gigot  à  la  daube.   DAUGREBOT.  f  m.  Petit  vailfeau  à  un  pont  dont  fe 
Uno  daube  d'une  oicj  &c.  fervent  les  HoUandois  pour  la  pêche  fur  le  Droge- 

Daube  fe  prend  auflî  pour  la  viande  qui  eft  aftai-  banc.  Navigiolum  pifcatorium.  Quelques-uns  écri- 
fonnée  de  cette  forte.  Servir  une  a^tîwÂe.  Académie  \em  dogrebat ,  &  d'autres  difent  fimplement  degré. 
Françoise.  j      Les   daugrebots  ont  un   réfervoir  dans  le  fond  de 

DAUBER,  v.  a.  Battre  à  coups  de  poing.  Pugnis  ferire,-.     cale  ,  une  fougue  de  beaupré,  une  grande  voile. 


^D  AU       D  A  V 

&  un  hunier  au  -  deiTas  :  leur  pont  efc  pl.it  y  ils 
n'ont  point  de  chambre  à  rariieie  ,  mnis  ils  en  ont 
une  à  l'avant  :  ils  font  bas  &c  étroits  à  l'avant  ôc  à 
l'arrière. 

DAVID,  f.  m.  Nom  que  donnent  quelques  Menuifiers 
à  une  barre  de  fer  carrée  qui  a  un  crochet  en  bas,  Se 
un  autre  qui  monte  &:  dekend  le  long  de  la  barre. 
C'efi:  ce  qu'on  appelle  plus  communément  Sergent. 

David  Géorgien  ,  enne.  f.  m.  &i  f.  Nom  de  Sedaiic. 
Foye^  DAVIDIQUE. 

DAVIDAN.  Lieu  des  Indes,  où  fe  retirent  la  plupart 
des  habitans  de  Gomron  pendant  les  grandes  cha- 
leurs :  il  efl:  à  quatre  ou  cinq  journées  de  Schiras  j  iSc 
l'un  des  plus  agréables  de  la  Perfe. 

DAVIDIQUE.  f  m.  i^  f.  Nom  de  Secle.  Seélateur  de 
David  George.  Davidicus.  David  George ,  Vitrier  , 
ou  félon  d'autres ,  Peintre  de  Gand  ,  &  lils  d'un  Ba- 
telier j  commença  en  1525  à  prêcher  une  nouvelle 
îeéle.  Il  publioit  qu'il  étoit  le  vrai  Mellie ,  qu'il  étou 
envoyé  pour  remplir  le  ciel  qui  étoit  vide,  taute 
de  gens  qui  le  méritalFent.  Il  nioit  la  réfurrection  , 
comme  ks  Saducéens  ;  il  rejetoit  le  mariage  ,  avec 
les  Adamites  ;  il  foutenoit  avec  Manèsj  que  lame 
n'ctoit  point  fouillée  par  le  péché  ;  ilfe  moquoit  de 
l'abnégation  tant  recommandée  par  J.  C.  &  du  mar- 
tyre ,  auffi  bien  que  de  ceux  qui  le  fouftroient.  Telles 
étoient  Tes  principales  erreurs.  Il  fe  fiuva  de  Gand  , 
&  fe  retira  d'abord  en  Frile,  puis  vint  à  Bâle  ,  où 
il  déguifa  fon  nom  ,  ^'  prit  celui  de  Jean  Bruck.  Il 
mourut  en  1 5  5^.  Il  lailHi  quelques  dilciples  cachés , 
auxquels  il  avoit  promis  de  relîufciter  trois  nus  après 
fa  mort.  Il  ne  fut  p.as  tout-à-fait  faux  Prophète  ;  car 
les  M.igirtrats  de  Bâle  ayant  été  informés  au  bout  de 
trois  ans  de  ce  qu'il  avoit  enfeigné,  le  firent  dé- 
terrer ,  &  brûler  avec  fes  écrits  par  le  minilUre  du 
bourreau.  Il  y  a  encore  des  reiles  de  cette  feéle  ridi- 
cule dans  le  Holllein,  fur-tout  à  Fridérikftadt ,  où 
ils  font  mêlés  avec  les  Arminiens,  f^oye^  Gautier, 
Chronk.  Sac.  XVI.  c.  i>.  &  Alexander  Rplïa.'us  An- 
glois. 

DAVIER,  f.  m.  Terme  de  Dentifte.Inftrument  de  Chi- 
rurgie qui  fert  à  arracher  les  dents.  Dentarpaga , for- 
cep  s  ,  on  forceps  dendducus.  Il  eft  fait  en  forme  de 
tenailles,  dont  les  pointes  font  fourchues,  &  en 
trent  l'une  dans  l'autre.  Le  bout  du  davier  qui  em- 
bralfe  la  dent  elt  recourbé  ,  &  tendu  en  fourchette  , 
pour  la  tenir  avec  plus  de  terineté.  Le  davier  eft  un 
inftrument  des  plus  anciens  de  la  Chirurgie  j  duquel 
on  s'eR  fervi  de  tout  tems.  Dionis. 

Davier  ,  eft  auflî  un  outil  de  fer  à  bec  crochu  ,  dont 
fe  fervent  les  Tonneliers  pour  faire  entrer  les  cer- 
ceaux autour  du  tonneau.  Forjcx  doliarius. 

ifT  Les  Imprimeurs  donnent  aulli  le  nom  de 
davier  à  une  petite  patte  de  fer  ou  de  bois ,  qui  pla- 
cée entre  les  deux  couplets,  fert,  au  moyen  d'une 
vis  qui  traverfe  le  grand  tympan  ,  à  maintenir  par 
en-bas  le  petit  tympan  dans  l'embrafure  du  grand. 

DAVIS.  Le  détroit  de  Davis  eft  un  bras  de  mer  entre 
les  Iles  de  Cumberland  &:  la  côte  de  Groenland.  Il 
s'étend  depuis  la  baie  de  Bafin,  qu'il  a  au  couchant 
&  à  la  mer  du  Nord,  qu'il  joint  vers  l'île  de  S.  Ja- 
mes ,  ou  de  S.  Jacques.  Il  a  pris  fon  nom  de  Jean 
Davis  ,  Angloisj  qui  le  découvrit  en  1 585  ,  &  qui 
y  fit  trois  voyages,  pour  chercher  un  paffage  dans  la 
met  du  Sud  :  ce  qu'on  a  encore  tenté  depuis  bien  des 
fois,  &  toujours  inutilement.  Rochefott,  dans  fon 
Voyage  des  Antilles  ,  T.  I  ,  fait  une  grande  defcrip- 
tion  du  pays  &  des  peuples  voifins  de  ce  détroit. 

DAULET-ABAD.  /^oy^^  DOLTABAD. 

DAULIES.  f.  f.  pi.  Fêtes  que  célébroient  les  Argiens , 
pour  renouveler  le  fouvenir  du  combat  de  Jupiter- 
Protée  ,  contre  Acrifius  au  fujet  de  Danaé. 

DAULLONTUS.  f.  m.  C'eft  unarbriftau  de  l'Amé- 
rique ,  haut  comme  un  homme  ,  fort  fameux  ,  dont 
les  branches  s'étendent  tellement ,  qu'il  les  faut  fou- 
vent  couper.  Ses  feuilles  reiïemblent  à  la  balfamine , 
découpéesen  leuts  bords. Ses  fleurs  naiflent  en  grappe 
comme  le  fureau  ,  auxquelles  fuccèdent  des  baies 
amères-  Cette  plante  a  l'odeur  &  les  qualités  de  la 
Tome  III, 


D  AU 


113 


camomille.   On  fe  fert  des  baies  pour  l'afthme  5c 
pour  la  colique. 

DAUMA.  Royaume  d'Afrique  ,  dans  la  Nigritie.  Il  a 
pour  bornes  celui  de  Madra  à  l'orient  j  le  délert  de 
Seht  au  feptentdon  ,  celui  deSeu  à  l'occident  j  &  le 
Royaume  de  Semen  au  midi. 

Dauma.  Ville  des  Indes  j  dans  la  grande  Java. 

DAUMUR.  f.  m.  C'eft  une  efpèce  de  ferpeni  qui  en- 
tre dans  la  compofition  de  la  ihériaque.  Johnson. 

%Cr  DAUN.  Petite  ville  de  rElcdiorat  de  Trêves  , 
fur  la  Lezer,  à  cinq  lieues  île  J.lontroyai.  Dauna. 

DAVOS  ou  TAFAAS.  Communauté  des  GrifonSj  & 
la  première  de  la  troiiième  Ligue^  qui  eft  celle  des 
dix  Droitures  ou  Jurifdictions.  Elle  tire  fon  nom 
de  fon  principal  village,  &  occupe  une  partie  dii 
quartier  oriental  de  la  Ligue. 

DAUPHIN,  f  m.  Poillon  de  mer  voûté  fur  le  dos  j  & 
couvert  d'un  cuir  lice  &  fans  poil.  Il  a  le  mufeau 
rond  &  long  ^  la  fente  de  la  bouche  longue  ,  avec 
des  petites  dents  aiguës ,  la  langue  charnue,  fortanc 
dehors  ,  Se  un  peu  découpée  ai'entout,  le  dos  noir, 
le  ventre  blanc,  une  nageoire  au  milieu  du  dos  , 
deux  au  milieu  du  ventre.  Sa  chair  relfemble  à  celle 
du  bœuf  ou  du  pourceau.  Ro^d.  Delpkinus.Ls.  chair 
du  Dauphin  eft  folide  ,  compacte  &  gtofiière ,  elle 
ne  laille  pas  d'être  eftimée  en  quelques  endroirs ,  où 
on  la  fert  fur  les  meilleures  tables  j  elle  nourrie 
beaucoup  ,  mais  elle  ne  fe  digère  pas  aiiément.  La 
langue  Se  le  toie  du  dauphin  lont  d'un  goût  plus  dé- 
licat que  fes  autres  parties  j  mais  le  foie  eft  un  aifez 
mauvais  aliment,  la  langue  eft  meilleure  pour  la 
fanté.  On  dit  que  le  dauphin  eft  ami  de  l'homme  , 
qu'il  n'en  eft  point  épouvanté  ,  &  que  pour  en  voir 
il  va  au  devant  des  vailleaux,  &  joue  tout  autour 
en  fautant.  Les  Poètes  ont  feint  qu'Arion  hit  fauve 
par  un  dauphin  qu'il  avoit  attiré  par  le  Ion  de  fa 
lyre  ;  Se  depuis  que  la  fable  eft  inventée  j  on  a  dit 
que  le  dauphin  aime  la  mufiquc  Se  le  fon  des  infttu- 
mens. 

Le  Dauphin  eft  nommé  la  flèche  de  la  mer ,  & 
quelquefois  oie  de  la  mer ,  parce  que  fon  mufeau 
a  quelque  reifemblance  avec  le  bec  d'une  oie.  Il  eft 
agréable  à  la  vue,  &  d'une  couleur  qui  change  félon 
les  divers  mouvemens  qu'il  fait.  Ses  écailles  lont  fore 
petites.  Il  eft  de  meilleur  goût  que  tous  les  autres 
poilfons.  Sa  chair  a  un  goût  de  fauvagine.  Il  fuit  les 
vailfcaux  plutôt  pour  profiter  de  ce  qu'on  jette  hors 
le  bord  j  que  pour  aucun  amour  qu'il  ait  pour  les 
hommes.  Les  poiftons  volans  font  la  proie  des  dau- 
phins Se  des  bonites.  On  dit  que  quand  ils  font  en 
amour ,  ils  s'accouplent  comme  les  hommes.  Ils  vont 
en  troupe, &  fe  montrent  fréquemment  fur  la  furtace 
de  l'an  quand  la  mer  eft  calme.  On  prit  des  dauphins 
d'une  groffeur  h  prodigicufe  ,  qu'il  n'y  avoit  point 
de  cheval  qui  approchât  de  leur  taille.  On  en  prit 
aufti  à  Gravefend  qui  n'étoient  gueres  noins  grands. 
On  ne  doit  donc  point  douter  de  l'exiftence  du 
poiiron  dauphin  ;  mais  le  dauphin  eft  un  poiflbn  chi- 
mérique S:  fabiileux,  fi  l'on  entend  p.ar  ce  mot  un 
poifton  tout-à-fait  ftmblable  aux  figures  de  dauphins 
que  l'on  voit  dans  les  armes  Se  fur  la  couronne  du 
Dauphin  de  France  ,  dans  les  tableaux  ,  dans  les 
eftampes  ,&  dans  les  ouvrages  de  broderie  ,  de  fculp- 
ture.  Sec.  mais  il  y  a  de  véritables  poilfons  qu'^n  ap- 
pelle dauphins  :  ce  mot  eft  génétique ,  Se  comprend 
plufieurs  efpèces  de  poiftons  cétacés ,  qui  font  le 
dauvhin  proprement  dit ,  le  marfouin  ,  le  thon  , 
l'arnia,  le  lamantin.  Le  Z)i7Zi/7Az«  proprement  dit , 
dont  il  eft  patlé  ci-defTus,  eft  très-agile,  il  nage 
avec  beaucoup  de  vitelfe  ,  &  faute  fort  haut  hors 
de  l'eau ,  il  va  quelquefois  avec  tant  d'impétuofité  , 
fur-tout  quand  il  pourfuit  fa  proie  ,  qu'il  s'avance 
trop  ptès  des  terres ,  ce  qui  le  fait  prendre  aifément , 
parce  qu'il  ne  peut  plus  retourner  en  pleine  mer. 
Quelques  Naturaliftes  difent  que  la  nicme  choie  lui 
arrivCj  lorfqu'il  eft  piqué  par  certains  petits  poif- 
fons,  qui  le  poutfuivent  Se  le  tourmentent  d'un-e 
maniète  fi  infupportable  ,  qu'il  eft  obligé  de  fe  jeter 
hors  de  l'eau  pour  les  éviter.  Les  Ancien^  ,  Ovide  Se 

P 


ÎI4  D  A  U      _ 

Pline,  difent  que  le  dauphin  meurt  auflï  tôt  qu'il  eft 
hors  de  l'eau,  mais  l'expérience  elt  contraire  à  ce 
qu'ils  avancent  ;  Rondelet  dit  qu'il  a  vu  des  dau- 
phins vivans  qui  avoient  été  tranfporrés  de  Mont- 
pellier à  Lyon.  Le  dauphin  a  la  vue  très-bonne  ,  &  il 
découvre  les  poilïons  qui  lui  fervent  de  proie  , 
quelque  cachés  qu'ils  loient.  On  dit  que  fon  en 
relTemble  à  la  voix  d'une  perfonne  qui  gémit,  Se  qui 
fe  plaint  \  qu'il  fe  trouve  quelquefois  des  dauphim 
dans  l'eau  douce,  quoiqu'ils  foieiit  ordinairement 
dans  la  mer  :  il  s'en  voit  dans  toutes  les  mers  du 
monde  \  ils  font  dix  ans  à  prendre  leur  accroilïe- 
ment,  &  vivent  trente  ans. 

Le  nom  dauphin  vient  du  Latin  delphinus  ,  formé 
du  Grec  MX(p)s ,  ou  A£A(f)i» .  On  trouvera  dans  Vollius 
tout  ce  que  l'antiquité  a  dit  des  dauphins  j  De  Idol. 
L.  IF.  C.  3.  8.9. 12.14. 16. 19.  21. 32. 37.  48. 

Sur  les  médailles  le  dauphin  entortillé  à  un  tri- 
dent, ou  à  une  ancre  ,  marque  la  liberté  du  com- 
merce &  l'empire  de  la  mer.  Quand  il  eft  joint  à 
un  trépied  d'ÀjxjUon  ,  il  marque  le  facerdoce  des 
Quindecemvirs ,  qui  pour  annoncer  leurs  iacritices 
folennels  portoient  la  veille  un  dauphin  au  bout 
d'une  perche  par  la  ville  ,  &  regardoient  ce  poillon 
comme  confacré  à  Apollon.  P.  Joubert. 

Le  dauphin  célefte  eft  une  conftellation  de  l'hé 
mifphère  feptentrional  ,  qui  confifte  en  dix  étoiles 
de  la  nature  de  Saturne  ,  venteufes  &  or.ageufes. 
Delphinus  cxlejlis. 
DAUPHIN,  f.  m.  Titre  des  Princes  du  Viennois  en 
France.  Delphinus.  Guigues  André  eft  le  premier 
qui  s'eft  fait  un  titre  d'honneur  de  celui  de  Dauphin. 
Chorier.  T,  II.  p.  38.  La  plupart  de  ceux  qui  ont 
cherché  l'origine  au  nom  de  Dauphin  &  Dauphiné  j 
ont  trop  donné  de  liberté  à  leur  imagination.  Les 
uns  ont  cru  qu'il  eft  venu  des  Auffinates ,  ancien 
peuple  dont  Ptolemée  &  Pline  font  mention  ;  mais 
ces  Auteurs  logent  les  Auffinates  au-delà  des  Alpes , 
dans  la  Gaule  Cifalpine.  D'autres  écrivent  que  les 
Allobroges  l'ont  apporté  de  Delphes  en  ce  pays. 
D'autres ,  que  la  Hgure  d'un  dauphin  a  occupé  le 
champ  de  1  écu  du  Roi  !3ofon.  D'autres ,  que  les  l'rin- 
ces ,  qui  ont  dominé  dans  le  Viennois  après  Bofon  , 
ont  choifi  ces  armes ,  comme  un  fymbole  de  leur 
douceur  &  de  leur  humanité.  D'autres ,  qu'elles  fu 
rent  données  par  un  Empereur  qui  hiifoit  la  guerre 
•en  Italie  ,  mais  qu'ils  ne  nomment  point  ,  à  un  Gou- 
verneur de  cette  Province  ,  qui  lui  avoir  amené  un 
puiftant  fecours  en  une  néceflité  preiranre  ^  avec  tam 
de  vitelTe  qu'elle  mérita  d'être  comparée  à  celle  d'un 
dauphin.  Thaboét  s'eft  figuré  que  ce  mot  eft  Gothi- 
que. Il  donne  la  même  origine  à  ceux  de  Breife  ,  de 
Savoie,  de  Beaujeu  &  de  Forez.  Claude  de  la  Grange 
croit  que  ce  mot  s'eft  formé  de  celui  de  Viennois 
qui  étoit  le  nom  ajicien  de  cette  Province ,  Provincia 
Viennenfîs.  Quand  on  demandoit,  dit  -  il  j  à  un 
homme  de  cette  Province  d'où  il  étoit ,  il  répondoit 
Du  Kiene,&i.\Q  Prince  de  ce  pays  s'appeloit  le  Prince 
Do  Viene ,  &  l'v  fe  changeant  en 7^,  à  l'ordinaire  , 
le  Prince  Dofiene  ,  &  les  deux  e  étant  retranchés,  le 
Pïince  Dauphin ,  ou  plutôt  i  e  ,  ne  fe  prononçant 
que  comme  un/longj  ainfi  que  font  encore  les  Alle- 
mans  ,  &  puis  fe  changeant  en  un  feul  i,  parce  que 
l'e  étoit  inutile  ;  enfuite  le  dernière  étant  féminin  & 
muet ,  &  ne  fe  prononçant  point,  on  l'aaufti  retran- 
ché. Ainfi  s'eft  fait  Dofiene  ,  Dofien  ,  Xyo\\\\  ,  Dau- 
phin. L'opinion  où  l'on  a  été  que  ce  nom  venoit  de 
Delphinus,  a  faitmettreun  au  èc  unph.  Chorier  pré- 
tend que  ce  n'eft  là  qu'une  ingénieufe  anagramme iJc 
une  fubtilité  ridicule.  D'autres  difent  que  Gui  le 
Gras  eut  une  fille  qu'il  aima  beaucoup  ;  qu'elle  s'ap- 
peloit Dauphiné  ,  &:  que  pour  immortalifer  fon 
nom  il  le  donna  à  fon  pays.  L'opinion  de  quelques 
autres  eft  que  le  dernier  Comte  d'Albon  ,  de  qui  les 
'oiens  entrèrent ,  comme  ils  difent ,  dans  la  maifon 
des  Comtes  de  Gréfivaudan  ,  par  le  mariage  de  fa 
fille  unique  avec  le  premier  Gui  j  s'appeloit  Dau- 
phin, L'aîné  de  fon  gendre  étant  obligé  de  prendre 
fon  nom  ,  comme  lui ,  fut  appelé  Dauphin  ,  &c  porta 


D  AU 

un  Dauphin  dans  fes  armes.  Andié  du  Chefne  veat 
que  ce  loit  le  petit-fils  de  Guile-Gras  qui  ait  eu  le 
premier  le  nom  de  Dauphim'A  ne  croit  pas  néanmoins 
que  ce  fort  pour  la  raifon  qu'on  vient  de  dire  ,  mais 
parce  qu'il  lui  fut  impolé  au  baptême  j  &  joint 
à  celui  de  Gui ,  qu'il  porta  auifi.  Chorier  ne  trouve 
rien  de  folide  dans  toutes  ces  opinions.  Il  remarque 
donc  que  Guillaume  ,  Chanoine  de  Notre-Dame  de 
Grenoble,  qui  a  compofé  la  vie  de  Marguerite  fille 
d'Etienne,  Comte  de  Bourgogne,  mariée  à  Gui, 
fils  de  Gui-le-Gras ,  nomme  limplement  celui-ci  , 
Gui-le-Vieux  ;  dczouiomsComze Dauphin,  celui-là  j 
que  nul  Auteur  ,  nul  monument  n'attribue  le  titre 
de  Dauphin  à  Gui-le-Gras  ni  à  aucun  de  fes  Prédé- 
ceileurs  ;  de  forte  qu'il  faut  nécelfairement  qu'il  ait 
commencé  à  fon  fils ,  dont  lesiuccefteurs  fe  le  font  li 
conftamment  attribué  ,  qu'il  eft  devenu  le  nom  pro- 
pre de  leur  famille.  Il  mourut  l'an  1 142  en  la  Heur 
de  fa  jeunelfe  ;  fi  bien  que  c'eft  environ  l'an  1 1 20  que 
ce  ritre  a  commencé,  &  fans  doute,  dit-il,  dans 
quelque  occafion  célèbre.  Il  remarque  en  lecond 
lieu  que  ce  Prince  étoit  très-belliqueuîc  ,  n'aimant 
que  la  guêtre.  Il  remarque  en  troifième  lieu  que 
c'étoit  la  coutume  des  Chevaliers  de  charger  leurs 
cafques  j  leurs  cotes  d'armes  j  &  la  houire  de  leurs 
chevaur  ,  de  quelque  figure  qui  leur  étoit  particu- 
lière, &  par  laquelle  on  les  diftinguoit  des  autres  qui 
entroient  comme  eux  dans  un  combat  j  ou  dans  un 
tournoi.  De  tout  cela  il  conjeélurequece  Gui  choifit 
le  Dauphin,  qu'il  en  fit  le  timbre  de  fon  cafque , 
qu'il  en  chargea  fa  cote  d'armes  &  la  houlFe  de  fon 
cheval  en  quelque  tournoi  célèbre ,  ou  en  quelque 
grand  combat  où  il  fe  diftingua  ;  qu'il  y  fut  appelé 
le  Comte  du  Z?d;/'^/^//2,  5c  puis  le  comte  Dauphin  ,  & 
il  ne  doute  nullement  que  ce  ne  foit  de-là  que  ce 
nom  eft  venu  à  lui  &  à  fes  defcendans. 

M.  le  Préfident  de  Valbonnet  parle  plus  jufte  fur 
cela.  Guigues  -  le-Gr.as,  fils  deGuigues-Ie-Vieux  , 
époufa  Mathilde  j  que  l'on  a  cru  fortie  d'une  Maifoa 
Royale  ,  parce  qu'elle  a  le  nom  de  Résina  dans  plu- 
fieurs  titres.  Ils  eurent  un  fils  nommé  Guigues,  qui 
eft  appelé  Delphinus  dans  un  aéte  palTé  entre  lui  Sc 
Hugues  II J  Evcque  de  Grenoble  ,  vers  1 140.  Guigo 
Cornes ,  qui  vocacur  Delphinus.  C'eft  ce  qui  a  fait  dire 
à  quelques  Hiftoriens ,  qu'il  n'étoit  pas  néceftaire 
pour  découvrir  l'origine  du  nom  de  Dauphin  &  de 
Dauphiné ,  d'avoir  recours  à  des  voyages  d'outre- 
mer ,  où  les  Comtes  de  Gréfivaudan  aient  pris  pour 
armes  ou  marques  de  diftinârion  fur  leurs  écus  un 
Dauphin,  &c  s'en  foient  fait  enfuite  un  nom  de  di- 
gnité. En  effet ,  cette  conjeéture  n'eft  appuyée  d'au- 
cune preuve.  Il  n'eft  pas  vrai  d'ailleurs  que  la  pre- 
mière Se  la  féconde  race  de  ces  Princes  aient  eu  pour 
armes  un  Dauphin,pin[qud  peine  en  peut-on  trouver 
aucun  avant  Humbert  1  qui  l'ait  mis  dans  fon  écu. 
Il  eft  plus  vraifemblable  que  le  furnom  de  Dauphin , 
que  ce  Guigues  porta  le  premier ,  plut  alFez  à  fes 
fuccefteurs  pour  l'ajouter  à  leur  nom,  &  pour  s'en 
faire  un  titre ,  qui  s'eft  confervé  enfuite  parmi  fes 
defcendans.  Rien  n'étoit  plus  commun  en  ces  rems- 
là  que  de  voir  les  noms  propres  devenir  des  noms 
de  famille,  ou  de  dignité.  Les  Ademars,  les  Ar- 
thauds  J  les  Aynajds ,  les  Allemans ,  les  Bérengers  , 
&  une  infinité  d'autres ,  ne  doivent  leurs  noms  qu'à 
quelqu'un  de  leurs  ancêtres,  qui  a  tranfmis  dans  fa 
famille  un  nom  qui  lui  croit  particulier.  Valbon- 
net ,p.  2  (S-  3. 

Les  Seigneurs  d'Auvergne  ont  auflî  porté  le  nom 
de  Dauphin,  8c  l'on  dit  Dauphin  d'Auvergne  ,  com- 
me Dauphin  ds  Viennois.  Mais  les  Dauphins  d'Au- 
vergne n'ont  eu  ce  nom  qu'après  les  Dauphins  de 
Viennois ,  &  l'ont  même  reçu  d'eux  ;  voici  com- 
ment. Gui  VIII^  ,  Dauphin  de  Viennois  eut  de  Mar- 
guerite ,  fille  d'Etienne  ,  Comte  de  Bourgogne  ,  un 
fils  &  deux  filles  ;  le  fils  fut  GuilX*^ ,  fon  fucceftèur. 
Béatrix ,  l'une  de  fes  filles ,  fur  mariée  au  Comte 
d'Auvergne  ,  qui  fut ,  au  r.ipport  de  Blondel  j  Guil- 
laume V,  ou  plutôt,  comme  le  croient  Chriftophe 
Juliel  &  Chorier ,  Robert  VI ,  père  •  de  Guillaume 


DAU 

V.  Ce  prince  perdit  la  plus  grande  partie  du  Comté 
d'Auvergne  ,  que  fon  oncle  Guillaume  lui  enleva 
à  la  faveur  des  armes  de  Louis  le  jeune  ;  &  ne  refta 
îsnaîcre  que  d'une  petite  partie  ,  dont  Vodable  efl 
la  capitale.  Il  eut  de  Béatrix  la  temme  un  fils  qu'il 
nomma  Dauphin  ,  à  caule  du  Dauphin  Gui ,  ou 
Guignes ,  fon  aïeul  maternel.  Depuis  lui ,  fes  fuc- 
ceffeurs  cjui  polïédèrent  cette  petite  partie  de  l'Au- 
vergne ,  fe  font  qualifiés  Dauphins  d'Auvergne  ,  & 
ont  porté  un  Dauphin  dans  leurs  armes  ,  lemblable  à 
celui  des  Comtesde  Forez.  Robert  &  Bcatrix  vivoient 
vers  la  fin  du  XIII'  fi^^cle  ;  ain(i  l'époque  du  titre  de 
Dauphin  d'Auvergne  n'elt  que  du  commencement 
du  XIII'  fiècle  ou  environ.  Voyei^  Chorier ,  Hijl.  de 
Dauphins^  L.  XI,  T.  I ,  p.  778  &  799  ,  &  T.  II , 
pag.  104. 
Dauphin.  Titre  qu'on  donne  à  l'aîné  des  enfans  de 
France,  à  l'héritier  préfomptif  di  la  Couronne  ,  à 
caufe  du  Dauphiné  j  qui  fut  donné  à  cette  condition 
par  Humbert ,  Dauphin  de  v^iennois  ,  en  1345,  fous 
le  règne  de  Philippe  de  Valois.  Ddphinus  ,  Frinceps 
Gallidt  Regii  filius  nacu  major.  M.  le  Dauphin  dtxns 
fes  Lettres-Patentes  fe  qualifie,  Par  la  gracede  Dieu, 
Fils  aîné  de  France ,  Dauphin  de  Viennois.  11  ne 
cède  qu'aux  Têtes  couronnées. 

Pour  votre  coup  d'cjfai ,  Dauphin ,  quelle  matière  ! 

tt  que  cette  carrière  , 

Fous  promet  de  lauriers  !  Mil'  de  Scudery. 

Il  parut  en  1 68  5  à  Paris  une  Hiftoire  généalogique 
&  chronologique  des  Dauphins  de  Viennois.  Sous 
Charles  VII  ,  quoique  le  Dauphin  eût  le  Dauphiné 
comme  fon  appanage  ,  en  qualité  de  fils  aîné  du  Roi 
de  France ,  le  Roi  néanmoins ,  coinme  on  le  voit  par 
une  de  fes  médailles ,  portoit  lui-même  le  titre  de 
Dauphin  ,  &  écarteloit  les  armes  du  Dauphiné  avec 
celles  de  France-  P.  Daniel. 

On  appelle  figurément  chez  les  Bourgeois  un 
Dauphin  ,  le  fils  unique  de  la  maifon,  ou  celui  de  la 
perfoane  duquel  on  a  grand  foin. 

En  termes  de  Blafon  j  on  fait  différence  entre  le 
Dauphin  vif,  f'ivus  &c  le  Dauphin  pâmé,  Expi- 
rans.  Les  armes  du  Dauphin  de  Viennois  font  d'or 
au  (/dw/'Ai/z  vit- d'azur  \  &c  celles  du  Dauphin  d'Au- 
vergne font  d'or  au  dauphin plmé  d'azur.  Il  y  a  cette 
différence  que  le  dauphin  vit  a  la  gueule  clole  j  &  le 
pâmé  a  la  gueule  bée  ou  béante ,  comme  évanoui 
ou  expirant.  Le  vif  a  un  œil ,  des  dents  &  les  bar- 
bes ,  crêtes  &  oreilles  d'émail  différent.  Le  pâmé  e!t 
d'un  feul  émail.  On  dit  que  les  dauphins  font  cour- 
bés ,  quand  ils  ont  la  tête  &c  la  queue  tournées  vers 
la  pointe  de  l'Ecu. 
Dauphin  (  le  Fort  )  ,  -^rx  à  Delphino  dicia.  Ce  Fort 
fut  bâti  par  les  François  l'an  1643  fur  la  côte  méri- 
dionale de  l'Ifle  de  Madagafcar. 
Dauphin.  Terme  de  Fleuiilte.  Nom  d'un  œillet.  C'eft 
un  très-beau  pourpre  lur  un  fin  blanc.  Il  elt  fort 
large ,  &  bien  garni  de  feuilles  ,  rond  &  bien  tran- 
ché ,  fes  fanes  larges  &  fortes.  Ses  marcottes  ne 
fitennentpas  bien  racine,  &  pouffent  à  dur  avant 
e  tems.  Ses  panaches  font   de    pièces  emportées. 

MoRIN. 

Dauphin  Triomphant.  Autre  terme  de  Fleurifte. 
C'efl:  un  œillet  fo- 1  beau.  On  dit  que  le  blanc  en  ell 
très  beau  ,  &  fon  violet  admirable  ,  très-bien  rran- 
ché  &de  gros  paniches.  On  vend  fa  marcotte  à  Lille 
onze  flotins.  Morin. 

Dauphin,  f.  &  adi.  En  termes  de  Librairie  :  on  ap- 
pelle Critiques  Dauphins  ou  fcholialles  Dauphins  , 
les  Commentaires  fur  les  anciens  Auteurs  Latins , 
qui  furent  entrepris  par  l'ordre  du  Roi  Louis  XIV 
pour  l'ufage  de  Monfeigneur  j  par  le  confeil  de  M. 
le  Duc  de  Montauzier  ,  fon  Gouverneur,  &  fous  la 
direétionde  M"  Bo  fuet  &:Huet  fes  Précepteurs.  Les 
critiques  Dauphins  font  d'une  grande  utilité  pour 
ceux'  qui  commencent  à  entrer  dans  la  carrière  des  ' 

■  Belles-Lettres.  On  nomme  quelquefois  abfolumenc  1 


DAU 


ii; 


ces  Ouvrages  ,  les  Dauphins ,  Si  alors  il  e(t  fubltan- 
tif  J'ai  tous  les  XJauphins  dans  mon  cabinet.  Il  ne 
me  manque  cju'un  des  Dauphins.  La  dépenfc  des 
Dauphins  coûta  quatre  cens  mille  livres  au  Roi.^ 
Dauphin.  Terme  d  Artificier.  On  appelle  ainfi  vulgai- 
rement cet  artifice  d'eau  que  les  gens  de  l'art  ap- 
pellent Genouillieie,  parce  qu'on  le  voit  entrer  & 
fortir  de  l'eau  j  à-peu-près  comme  ces  poUfons  de 
mer  qu'on  appelle  Dauphins ,  ou  plus  généralement 
Marjbuins. 
Dauphin.  Terme  d'artillerie  ,  nom  qui  fe  donne  à  une 

des  parties  d'un  canon. 
Dauphin  eff  encore  le  nom  d'un  rocher  fitué  à  l'en- 
trée de  Catwater  ,  fur  la  côte  méridionale  d'Angle- 
terre. 
Dauphins  des  Anciens.  C'étoit  une  malTè  de  fer  fondu 
fuf'pendue  au  haut  des  antennes  des  vailfeaux  ,  on 
la  laiiloit  tomber  fur  les  vailîeaux  ennemis ,  qu'ells 
perçoit  depuis  le  pont  jufqu'au  fond  de  cale.  Cette 
machine  appelée  Dauphin  ,  parce  qu'elle  en  avoir 
la  figure,  étoit  en  uiage   chez  les  Grecs.   Dans  le 
fameux  combat  donné  dans  l'un  des  ports  de  Syra- 
cufe  ,  les  Athéniens  ayant  été  battus ,  les  Syracufains 
les  pourluivirentjufques  vers  la  terre  ,  &  furent  em- 
pêchés de  palfer  outre ,  dit  Thucydide  ,  par  les  an- 
tennes des  navires  qu'on  abaifla  fur  le  paffage  ,  ou 
pendoient  des  Dauphins  de  plomb  j  capables  de  les 
fubmerger,  &  deux  galères  qui  s'emportèrent  au- 
delà  fuient  brifées. 
DAUPHINE.  f  f.  Ddphina.  Ce  mot  a  trois  fcns  ■■,  car 
1°.  Il  fignifie  la  femme  d'un  des  anciens  Daupliins. 
Ifabeau  de  France  ,  fiUe  de  Philippe-le-Long  ,  Roi 
de  France  ,  Dauphiné  &c  femme  de  Gui  XIl'^  ,  n'en 
eut  point  d'enfans.  2°.  Dauphinc    fignihe  héritière 
du  Dauphiné  ,  Dame  du  Dauphiné.  Béatrix  j  Dau- 
phiné de  Viennois  ,  fœur  de  Gui  XI'  ,  mort  fans  en- 
fans  ,  porta  le  Dauphiné  à  Hugues  III'  ,  qu'elle 
époufa  en  11 94.  Anne  Dauphinc,  fille   unique   de 
Gui  XII'  ,  époufa  Humbert  I ,  Seigneur  de  la  Tour- 
du-Pin  ,  &  lui  porta  lés  Etats.  ^".  Aujourd'hui  la 
Dauphiné  ,  Madame  la  Dauphiné  ,  efl  la  femme  du 
Dauphin,  fils   aîné  du  Roi  de  France,  ou  du  fils 
aîné  ,  ou  du  petit-fils  aîné  d'un  Dauphin  ,  ou  en  un 
mot  de  l'héritier  préfomptif  de  la  Couronne. 
Dauphiné  (  l'Ile  ).  /•''o_yeç  Madagascar. 
DAUPHINE.  f.  f.  Etoffe.  Les  laines  dont  cette  étoffe 
eft  compofée ,  font  teintes  &  mélangées  avant  que 
d'être  cardées  \   mais  on  carde  ce  mélange  de  cou- 
leurs teintes.  On  file  le  même  mélange  j  &  enfuite 
on  le  travaille  fur  le  métier ,  6c  c'elt  ce  qui  fut  la 
jafpure  des  étoffes  appelées  Dauphines.  C'eff  une 
efpèce  de  petit  droguet  très-léger  tout  de  laine  ,  qui 
fe  trouve  par  la  préparation  précédente  impercepti- 
blement   jafpé   de  diverfes  couleuis.    Le  non^  de 
Dauphiné  vient  d'un  Ouvrier  Dauphinois  qui  a  in- 
venté cette  étoffe  à  Reims. 
Dauphiné.  C'eft  le  nom  d'une  forte  de  poire  qui  s'ap- 
pelle autrement  Lanfac.  f^oye^  Lansac. 
DAUPHINÉ.  Province  de  France ,  &c  l'un  des  douze 
Gouverneinens  généraux  du  Royaume.  De/phinatus  , 
De/finatus  ,  félon  Valois.  Le  Rhône  borne  le  Dau- 
phiné au  couchant ,  &   le  fépare  d'une  partie  du 
Lyonnois  &  des  Cévennes ,  ou  du  Vivarais  qui  en 
fait  partie.  La  Provence  le  confine  au  midi  ,  le  Pié- 
mont &  une  pattie  de  la  Savoie  au  levant  ;  il  a  en- 
core au  nord  la  Savoie  avec  la  Breffe.  On  divife 
cette  Province  en  Haut  Se  en  Bas-Dauphine'.  Le  Bas- 
Dauphiné' s'étend  le  long  du  Rhône  j  &  renferme  le 
Viennois  &  le  territoire  de  Valence.  Le  Haut-Dau- 
phiné  a  beaucoup  plus  d'étendue ,  &  renferme  le 
Bailliage  de  Buis,  dit  autrement  les  Baronnies,  le 
Diois ,  le  Gréfivaudan  qui  eft  le  teriiroire  de  Gre- 
noble, le  Briançonnois ,  l'Embrunois,  le  Gapençois 
&  le  Roannez.  Ces  pays  font  appelés  le  Haut-Dau- 
phine' ,  parce  qu'ils  font  tous  dans  les  Alpes.  Les 
vallées  y  font  très-fertiles ,   &  les  montagnes  four- 
niffent  d'excellens  pâturages  pour  les  befliaux.  Les 
rivières  qui  arrofent  le  Dauphiné  Çont  le  Rhône  &: 
l'Iferej  toutes  deux  très-rapides.  Il  v  a  dans  le  Dau- 

Pij 


î  i6 


D  AU 


phinî  tîeux  Archevêchés  ,  Vienne  &  Embrun  ,  & 
cinq  Evtichés ,  qui  font  Gap,  Valence  ,  S.  Paul  trois- 
Châceaux  ,  Die  Hc  Grenoble  la  Capitale  ,  où  elt  auiii 
la  Généralité  de  toute  la  Province  j  ik  le  Parlement. 
1.QS  autres  villes  de  Dauphins  font  Montelimar  ,  le 
CrelT: ,  Romans ,  Saint-Marcellin  ,  Briançon  &  le 
Bais.  Les  bourgs  &  les  villages  y  font  très-fréquens  , 
même  dans  les  plus  hautes  montagnes. 

Lq  Dauphins  eft  l'ancien  pays  des  Allobroges, 
des  Viennois  _,  des  Caturiges ,  des  Ebroduniens ,  ou 
Enibrunois  j  des  Ségalauniens  j  des  Valencinois  , 
des  Vocontiens,  des  Diois,  des  Gratianopohtains  , 
des  Tricaftins ,  des  Vapincennois  ,  &  des  Brauno- 
viens.  Cette  Province  a  eu  enfuite  fes  seigneurs  par- 
ticuliets ,  d'abord  fous  le  titre  de  Comtes  ,  dont  le 
premier  fut  Gui  ^  ou  Guignes,  qui  vivoit  vers  l'an 
iiSc) ,  (Se  qui  lail^^  ce  nom  de  Gui  à  tous  les  (uccef- 
feurs ,  qui  portèrent  le  titre  de  Comtes  d'Albon& 
de  Grenoble.  Dans  la  fuite  Berthold  de  Zeringhin 
ayant  cédé  (qs  droits  fur  la  ville  de  Vienne  à  Gui 
VII,  ils  prirent  le  nom  de  Comtes  de  Vienne.  Quant 
au  nom  de  Dauphin  ,  on  n'en  fait  pas  l'origine  ,  ni 
le  tems  qu'ils  le  prirent.  Les  uns  le  tirent  du  Dau- 
phin que  Bûfon  fit  peindre  dans  fon  écu  ,  pour  mar- 
quer la  douceur  de  fon  gouvernement.  D'autres  veu- 
lent qu'il  aie  été  pris  du  Château-Dauphin  ,  bourg 
que  ces  Princes  firent  bâtir  dans  le  Briançonnois. 
D'autres  l'attribuent  à  Gui  VII  ,  dit  le  Vieux,  qui 
pour  flrite  honneur  à  Albon  ,  Comte  de  Vienne  , 
furnommé  Dauphin  ,  dont  il  avoit  époufé  la  fille  , 
voulut  que  les  terres  fuffent  appelées  Dauphiné.  Le 
Dauphim  palFa  en  1 194  de  cette  famille  dans  celle 
de  Bourgogne  par  le  mariage  de  Béatrix  Dauphiné  , 
fœur  de  Gui  X  ,  mort  fans  enfans ,  avec  Hugues  III  , 
Duc  de  Bourgogne  ,  &  enfuite  dans  celle  de  la 
Tour-du-Pin  par  le  mariage  d'Anne  Dauphiné  ,  ar- 
rièrepetite-fillede  Béatrix  &deHugues  ,  quiépoufa 
Humbert  I ,  Seigneur  de  la  Tour-du-  Pin.  Gui  XIP  , 
leur  petit-fils ,  n'ayant  point  lailfé  d'enfan» ,  eut  pour 
fucceifeur  Humbert  II ,  qui  ayant  perdu  fon  fils  aîné 
à  la  bataille  de  Crcci,  6c  ayant  vu  mourir  en  1338 
le  fécond,  qu'il  lailfa  tomber  d'une  fenêtre  du  palais 
de  Grenoble  en  badinant  avec  lui ,  fe  retira  dans  le 
Couvent  des  Jacobins  à  Paris  ,  &  donna  fes  Etats 
à  Philippe  de  Valois ,  à  la  charge  que  les  fils  aînés 
des  Rois  de  France  porteroient  !e  nom  de  Dauphin  , 
&  qu'ils  écarteleroient  de  France  &  de  Dauphiné , 
comme  ils  le  font.  L'aôte  de  donation  fut  paiïe  à 
Romans  le  30  Mars  1349.  Nicolas  Chorier ,  Avocat 
au  Parlement  de  Dauphiné ,  a  écrit  l'Hiltoire  du 
Dauphiné Qn  deux  volumes  ^«-/o/.  imprimés ,  le  pre- 
mier à  Grenoble  en  \G6\  ,  &  le  fécond  à  Lyon  en 
1671^  &  M.  le  Prélldent  de  Valbonner  a  donné 
d'excellens  Mémoires  pour  fervir  à  l'Hiftoire  du 
Dauphiné.  Ils  furent  imprimés  à  Paris  en  1711, 
in-fol.  ^ 

Dauphiné  d'Auvergne.  Petite  contrée  de  la  Baiïe- 
Auvergne.  Delphinatus  Arvani&.  Elle  ellprès  de  la 
rivière  d'AUier  &  de  la  ville  d'IlFoire.  Le  bourg  de 
Vodable  en  eft  le  lieu  principal.  Chorier  j  Maty, 
Corn. 

DAUPHINOIS ,  OISE.  f.  m.  &  f.  Ddphinas.  La  pof- 
rérité  des  Gaulois  ,  qui  avoient  fuivi  Ségovêfe  en 
Allemagne  ,  ravagea  la  Macédoine ,  défola  la  Grèce  , 
prit  &  faccagea  la  ville  5c  le  temple  de  Delphes  \  il 
y  avoit  dans  cette  expédition  des  Allobroges  ,  qui 
de-là  revinrent  en  leur  pays  ^  &,  fi  l'on  en  veut 
croire  quelques  Auteurs ,  qui  ne  font  fondés  que  fur 
la  relTemblancedes  noms,  ils  en  rapportèrent  le  nom 
de  Delphinates,  ou  Dauphinois.  Voyc\QX\oi\zi\ 
Hift.  de  Dauphiné ,  L.  III.  §.  3  ,  p.  1 27. 

DAURADE.  Voye^  DORAEiE. 

D'AUTANT,  adv.  beaucoup  :  il  eft  en  ufage  en  cette 
phrafe,  du  ftyie  familier ,  Boire  à'aucam ,  pour  dire 
beaucoup  ,  plurimhm  ,  immoderatè.  Il  fe  dit  auflî 
d'une  fomme  fixe  &  certaine.  Quand  vous  me  don- 
nerez cette  fomme  fur  ce  que  vous  me  devez  ,  vous 
ferez  quitte  Sautant.  Hâc  fummâ  ,  hâc  debiti  pane 
Uiierabcris. 


D  AU 

D'awtant  plus,  d'autant  mieux.  Adv.  de  comparai- 
Ion.  i:ù  melius  ,  eu  ma  gis  ,tanto  magis  ,  taiico  meiïus. 
La  vertu  eft  d' autant  pins  à  eftimer ,  qu'elle  donne  la 
tranquillité  de  l'ame  en  ce  monde  ,  outre  la  récom- 
peaie  qu'elle  reçoit  en  l'autre.  Je  vous  aime  d'au- 
tant mieux  ,  que  je  vois  que  vous  vivez  en  honnête 
homme.  On  pèche  d'autant  plus  ,  qu'on  penfe  moins 
à  Dieu.  Pasc.  Ce  fentiment  dans  le  fens  des  Janfé- 
niftes  eft  faux  &  condamné.  L'injuftice  de  cet  ingrat 
accufateur  devroit  être  d'autant  plus  grande,  qu'il 
ne  peut  avoir  aucune  connoilfance  de  la  misère  de 
ceux  qui  font  dans  le  péché.  Port.  R. 

D'autant  que.  conjoncl:ion.  Parce  que.  Et  d'autant 
^ueceù.  mon  pupille  j  il  flrut  que  je  veille  à  fes  in- 
térêts. Il  ne  le  dit  guère  qu'en  ftyle  de  Pratique  & 
de  Chancellerie. 

D  A  X. 

DAX.  Ville  de  France ,  dans  la  Gafcogne.  j4^ii£  Ju~ 
guj'id.  J  Aqu£  1  arbellicd.  j  Tajla  ,  Datii ,  Dafcii.  On 
l'appelle  ,  ou  l'on  écrit  auili  Acqs  ,  Dacqs  ,  & 
d'Àcqs.  Un  mauvais  ufage  a  confondu  l'article  avec 
le  nom.  Dax  eft  dans  le  pays  d'Aunbat ,  qui  fait 
partie  de  la  Gafcogne  particulière.  Corn.  Dax  eft 
Capitale  de  la  contrée  des  Landes.  Il  eft  fitué  fur 
l'Adour  ,  que  l'on  y  paiïe  fur  un  beau  pont  de  pierre. 
Maty.  Il  y  a  à  Dax  une  Sénéchaulfée  &  un  Êvêclié 
fuftragant  d'Auch.  Il  y  a  à  Dax  une  fontaine  d'eaux 
très-chaudes  ,  &  qui  fentent  le  fouffre.  Du  Chefne 
dit  qu'elles  font  filées.  C'eft  de-là  que  lui  viennent 
fes  deux  premiers  noms  Latins ,  &  à  la  Province  le 
nom  à'Aquitania  qui  lui  fut  donné  par  les  anciens 
Romains  avant  Jules -Cefar.  Eaux  Thermales  de 
Dax.  Aquéi  TarbcHicA.  Voye\  le  Diû.  de  James , 
article  Jhcnnx,  ^  au  fujet  de  la  fontaine  minérale  de 
cette  ville  ,  qu'on  appelle  communément  la  Fontaine 
chaude ,  oa  la  Fontaine  du  bain.  Dax  a  eu  des  Sei- 
gneurs particuliers  qui  ptenoient  la  qualité  de  Vi- 
comtes d'Acqs.  Dax  &  Bayonne  font  les  deux  pre- 
miers lieux  où  les  Gafcons  deicendus  des  Pyrénées 
s'établirent.  Du  Chefne  ,  Antiq.  des  Filles  de  Fr.  P. 
II.  C.  19.  Le  même  Auteur  dit  que  Dax  a  été  nom- 
mé la  ville  des  Nobles ,  parce  qu'avant  la  réduction 
de  la  Guyenne  ,  il  étoit  gouverné  par  douze  Sei- 
gneurs &  Gentilshommes  du  pays  j  lefquels  y 
avoient  tous  chacun  une  tour  enrichie  des  qualités  de 
leur  famille.  Charles  VII  l'unit  à  la  Couronne  en 
Septembre  »451. 

D  A  Y. 

DAY.  f.  m.  Foyer  Dey. 

DAFAR.  Ville  de  l'Arabie  Heareufe ,  dans  le  Royaume 
d'Yémen.  Long.  70.  lat.  15. 

DÉ. 

fCF  DÉ,  f.  m.  Petit  cube  d'os  on  d'ivoire,  marqué 
d'un  différent  nombre  de  points  fur  fes  fîx  faces, 
depuis  un  jufqu'à  fix.  Se  qui  fert  à  jouer.  Talus  j 
teJJ'era.  Jouer  aux  dez ,  perdre  fon  argent  aux  dez. 
Ludere  talis. 

Les  Grecs  inventèrent  les  échecs  &  les  de^  pour  fe 
défennuyer  au  fiége  de  Troye.  Le  Gendre.  Cette 
queftion  eft  fi  problématique  ,  que  je  la  voudroi» 
décider  à  trois  de:(.  C'eft  ce  cjue  les  Anciens  ont  en- 
tendu par  ce  mot  aléa  judiciorum  ,  ou  le  ha:fard  des 
jugemens.  On  trouve  proche  de  Bade  une  infinité  de 
pierres  qu'on  prendroit  pour  des  de^.  On  ne  conçoit 
pas  quelle  caufe  peut  avoir  marqué  fur  des  pierres 
les  mêmes  chiffres  avec  tant  de  régularité.  Foyei^^ 
BADE. 

Ce  mot  vient  de  dati,  qu'on  a  dit  par  corruptioi» 
àe  dadi ,  à  dando  y  qui  fe  trouve  dans  les  Auteurs. 
Ménage.  Acrifius  le  dérive  à  digitis ,  parce  qu'on 
le  joue  avec  les  doigts  :  d'où  vient  qu'on  a  dit  aulîî 
digitale  y  pour  dire  un  dé  à  coudre.  D'autres  difent 
que  c'eft  un  vieux  mot  Gaulois  ,  parce  qu'en  Bas- 
Breton  on  appelle  encore  dis ,  un  cube  ,  un  t/q  à 


D   E 

jouer.  Du  Canine  croit  qu'il  vient  t^u  vieux  G.nilois 
jus  de  De  ,  oii  de  judiaum  Dsi,  celt-à-diie  ,  Is  ju- 
gsinenc  da  fore,  du  hafard,  de  la  providence  ;  car 
on  difoit  autrefois  ,  7H'''«/7z  pom  judkium,  &  les 
Poïc;s  on:  dit  De  pour  Dlc-.i^  ce  depuis  Des  ,  ou 
Dies  ,  d'où  l'on  .1  fait  Ddus  &  Dec'ius  ,  qui  e!\  un 
nom  qu'on  a  donne  au  de. 
DÉ  ,  fe  dir  particutic'-ement  de  plufieurs  jeux  où  l'on 
mec  fon  argent  au  hafp.rd  du  lorc  des  de-^  :  comme  , 
jouer  à  trois  de-^  ,  à  la  rafle  ,  à  la  chmce  ,  à  quinque- 
nove  ,  &e.  Ludere  tciferis  j-aU^Jc permittere. 

On  appelle  de^  pipes ,  ou  charges ,  des  de^  où  l'on 
a  mis  du  plomb  ,  ou  du  vif-argent  en  un  des  côtés , 

Four  les  faire  arrêter  fur  un  ponit  plutôt  que  far 
autre.  Dans  les  Académies  de  jeu  on  les  appelle  des 
boutons.  Tejfers  <idii'iterin&, 

\]\\  dé  en  /'air  a.\i  jeu  de  Trictrac  efl:  un  a'/ qui 
n'eft  pas  droit  fur  fon  cube.  On  die  aulfi  qu'il  eft 
à  cheval.  Dé  l'un  fur  l'autre  n'efl:  pas  bon.  De 
drelfé  l'un  contre  l'autre  n'eft  pas  bon  non  plus  ,  ni 
celui  qui  eft  fauté  hors  du  tricl:fac  ,  ou  qui  etl  refté 
fur  le  bord. 

ft?  Avoir  le  de  ,  Jouer  le  premier  ,  flatter  le  de  , 
le  poudèi  doucement.  Rompre  le  (/<;',  arrêter  les  de:^ 
avant  qu'on  ait  vu  les  points  qu'ils  portent ,  afin  de 
rendre  le  coup  nul. 

On  dit  figurément  tenir  le  dé ,  pour  dire  ,  fe  ren 
dre  maître  d'une  converfation .  &  y  vouloir  parler 
toujours.  Dominari  in  circulis. 

Oui  Madame  a  jafer  tient  le  dé  tout  le  jour.  Mol. 

Rompre  le  dé,  interrompre  quelqu'un  ,  prendre 
.  la  parole  lur  lui ,  &  le  contredire.  interpeUcrc  ali- 
quon.  Quitter  le  c^t;',  pour  dire ,  Quitter  la  partie  ,  ou 
donner  gagné  .à  celui  qui  difpute  quelque  chofe.  Vic- 
tumjéjaîeri.  Flatter  le  dé ,  pour  dire  ,  Ne  pas  parler 
franci>ement  &  librement  de  quelque  chofe.  Ambiguë 
loqui.  On  le  dit  auili  pour  adoucir  quelque  chofe  de 
fâcheux  par  des  termes  qui  en  cachent  une  partie  , 
ou  qui  font  le  mal  moins  grand.  On  dit  auOi ,  Le 
de  en  efc  jeté  ,  pour  dire  ,  la  réfolution  en  eft  prife  5 
il  en  laut  tenter  le  hafard  :  ce  qui  répond  au  pro- 
verbe Latin  ,  Jacla  eft  aléa.  On  dit  :  Je  jeterois  cela 
à  trois  c^s^.  Je  jouerois  cela  à  trois  o'ej ,   pour  mar- 

?^u^r  l'indtftérence  où  l'on  eft  du  choix  qu'on  peut 
aire  entre  deux  ou  plufieurs  chofes.  Ac.  Fr. 

Coup  et  Dez.  Terme  de  Triélrac.  Voye^  Coup. 

De  ,  en  termes  d'Architediure  ,  eft  un  cube  de  pierre 
qu'on  met  fous  les  pieds  d'une  ftatue  ,  &  fur  fon  pié- 
deftal ,  pour  l'élever  &  la  faire  paroître  davantage. 
On  le  dit  auHi  de  la  partie  d'un  piédeftal  qui  eft 
entre  fa  baie  &:  fa  corniche  qu'on  appelle  le  vifàvx 
piédeftal  ,  &  des  petits  cubes  de  pierre  dans  lefquels 
on  fcelle  les  barreaux  montans  des  berceaux  ,  &  des 
cabinets  de  treillage  ,  &  les  poteaux  des  angars. 

Dé  ,  iignifie  aufti  un  morceau  de  cuivre ,  d'argent  ou 
d'ivoire  ,  avec  plufieurs  petites  hachures  j  ou  petits 
creux,  que  ceux  qui  travaillent  en  linge  ou  en  cou- 
ture mettent  auboutdes  doigts  pour  arrêter  le  eu  de 
leur  aiguille  ^  &  leur  aider  .à  la  poufter  fans  qu'ellj 
entre  dans  la  chair.  Digitale. 

Ç3"  Dé  à  emboutir.  Morceau  de  cuivre  à  fix  faces, 
fur  chacune  defquelles  font  pratiques  des  trous  de 
forme  &  de  grandeur  différentes ,  dans  lefquels  s'em- 
boutilfent  les  fonds  des  chatons ,  en  frappant  deffus 
avec  des  morceaux  de  fer  appelés  bouteroles.  Encyc. 

DÉ  DE  FER.  C'eft  un  morceau  de  fer  carré  dont  on  em- 
plit les  cartouches.  Cubusferreus. 

DE.  Article  du  génitif ,  qui  fert  quelquefois  de  pré- 
pofition  ,  &  fouvent  d'adverbe.  Quoi  qu'en  dif;nt 
les  Gr.ammairiens ,  de  n'eft  point  article  ,  mais  fim- 
ple  prépofition  ^  comme  à  ,  fi  ce  n'eft  peut  -  être 
quand  il  eft  mis  devant  un  nominatif.  Voye-:^  ce  que 
nous  avons  dit  fur  les  particules  A  &  AU.  Le  tils 
de  Pierre  ,  de  Jacques.  Oii  dit  aufti  :  Il  eft  ne  de  bon 
lieu,  de  bon  père  &  de  bonne  mère.  Je  tiens  cela  de 
lui.  Il  eft  allé  de  Paris  .à  Lyon.  De  cent  ans  en  cent 
ans  cette  comète  reparoît.  Cela  eft  diftant  de  cent 


DE  117 

lieues.  Vous  ne  me  verrez  de  trois  mois.  Apres  les 
noms  de  nombre  ,  il  fiut  mettre  de  :  Il  y  en  a  eu 
cent  de  tués.  Cette  étofte  a  une  aune  de  large.  Cette 
allée  a  cent  toifes  ^e  long.  On  navige  de  ]onv  ^  de 
nui:.  Il  eft  mort  de  pleuréfie.  Cela  eft  de  bon  or,  de 
bonne  étoffe.  De  bond  &  de  volée.  De  gré  à  gré. 
De  pied  ferme.  Zî'aventure.  De  par  le  Roi.  D'on 
venez-vous  ?  Toutes  les  fois  que  cette  particule  dé 
eft  un  article  ou  un  adverbe,  elle  ne  fe  rend  poinÉ 
en  latin  par  aucune  autre  particule  ;  mais  le  nom 
auquel  elle  eft  jointe  fe  conftruit  dans  les  cas  difl'érens 
que  demande  la  Grammaire  Latine.  Qu.and  de  èft 
une  prépofition  ^  elle  fe  rend  par  de  ,  ex  ,  è  ,à  ,  ab  ^ 
&  quelquefois  même  on  la  fupprim.e  enrièrement.- 
Conlultez  la  Grammaire. 

Cet  article  de  veut  toujours  être  lini  immédiate- 
ment à  fon  nom  j  fans  qu'il  y  ait  rien  d'étranger  qui 
les  fépare.  On  blâme  cette  conftruétion  :  J'ai  fuivi 
l'avis  de  prefque  tous  les  Jurifconfultes  ;  il  falloiÉ 
cjue  de  fût  attaché  à  fon  nom  tous.  Remarquez  en- 
core qu'au  nominatif  &  à  l'accufatif  ^e  fe  met  devant 
l'ajedif  pluriel  au  nominatif  ,  au  datif  &  à  l'accufa- 
tit.  Ce  font  de  vaillans  foldats.  Ils  firent  des  funé- 
railles à  leurs  morts  comme  à  de  vaillans  hommes. 
Ablanc-  Dieu  réferve  de  précieufes  couronnes  pour 
honorer  la  vertu  de  les  ferviteurs.  Maucroix.  Àlais 
au  génitif  &:  à  l'ablatif^  il  faut  toujours  mettre  des 
devant  l'adjetllf.  Vaug.  La  conftance  &  la  fermeté 
des  grands  hommes  n'eft  pas  tout  ce  que  l'on  s'ima- 
gine. Je  me  fuis  arraché  des  cruelles  mains  de  ceS 
barbares.  Il  en  doit  être  de  même  des  fubftantifsi 
La  conftance  des  Martyrs  a  quelque  chofe  d'admi- 
rable. Il  s'eft  arraché  des  mains  de  fes  ennemis. 
De  ,  fe  joint  aux  adverbes  en  cette  manière  ,  de  près  ^ 
de  peu  ,  de  beaucoup.  Avec  cette  licence  d'imagina- 
tion il  n'eft  pas  difficile  d'être  abondant  ;  mais  le 
jugement   &  le  goût   refierrent   de  beaucoup    ceà 
richeftes.  De  la  ÀIotte. 
De  ,  fe   joint  quelquefois  à  l'article    défini ,  &  avec 
cet   article  de    marque  le   nominatif  èc  l'accufatiE. 
Faut-  il  que  de  la  canaille  vous  falfe  la  loi  ?  De  la 
réfolution  fufîit.  Il  lui  manque  i/e /'argent.  Emprun- 
ter de   /argent.   Avoit  de   /'honneur.   Abcé  Regn< 
Quelquefois  le  même  de  fans  article  fe  met  avec  les 
nominatifs  &  les  accufatifs.  Donner  de  bon  argent., 
De  grands  Philofophes  tiennent.  Id.  De  fe  met  aufli 
avec  le  génitif ,  &  en  eft  la  marque  ,  aufti  bien  que 
de  l'ablatif.  Un  grain  ,fe  blé.  Avoir  befoin  d"argenr. 
Agir  de  tête.  Id.  Ces  remarques  ne  fonr  vraies  qu'au- 
tant qu'on  fuit  les  notions  établies  par  les  Grammai- 
riens Grecs  &  Latins ,   &  qu'on  les  applique  à  la 
langue  Françoife  \  &c  quand  on  dit  que  de  fe  mec 
avec  l'ablatif,  il  eft  alors  prépofition,  i^:  répond  aux 
prépofitions  Latines  à  ^  ex  ,  è ,  de  ,  &  eft  formé  de 
la  dernière. 
De  ,  fuivi  d'un  infinitif  j  fe  met  pour  que  avec  un  fub- 
jondif  j  par  exemple  ,  il  m'a  dit  dejaire  ,  pour  ,  il 
m'a  dit  que  jcfijfe.  Le  P.  Bouhours  appelle  cette  fa- 
çon da    parler    un   gafconifme,  qui  eft  en    ufage 
dans  la  converfation^  mais  il  dit  qu'il  ne  voudroic 
pas  l'employer  en  écrivanr. 
De  ,  étant  après  les  titres  de  Monfeigneur  &:  Mon-» 
fieur  j  comme  Monfieur  de  Chaftillon  ,  de  Luxem- 
bourg \  5cc.  fe  retranche  lorfqu'on  retranche  le  titrfl 
de  MonfeigneiK  j  ou  de  Monfieur  ^  par  exemple, 
Chaftillon  ,  Luxembourg,  &c.  La  Ferté-Séneterre  , 
accompagné  de  Ruvigni  &  de   Piennes  fes  Maré- 
chaux de  Camp ,  étoit  parti  de  Béthune  avec  toutes 
fes  troupes.  Sarasin.  L'univetfilité  jointe  à  l'émi- 
nencedes  vertus  guerrières  étoit  le  caradère  de  l'in- 
vincible Condé.  P.  BouRD.  Ce  fut  alors  pour  la  pre- 
mière fois  que  l'on  vit  Luxembourg  reculer  les  ar- 
mes à  la  main  devant  le  Prince  d'Ornnge  ;  mais  k 
la  honte  du  Prince  même.  P.  de  la  Rue.  On  con- 
ferve  néanmoins  ce  de  devant  les  noms  qui  ne  fonÊ 
que  d'une  fyllabe  ,  comme  de  Thou  ,  ou  qui  font  de 
deux  avec  un  e  muet  à  la  fin ^  comme  de  Vardes ,  de 
Rades  ■,  ou  qui  commencent  par  une  voyelle  ,comma 
d'Etouteville  ,  (/'Ufez  ;  on  difoit  Stoup  Se  Lée ,  ècc. 


iiS 


DE       D  E  A 


DE  A     D  E  B 

DEARTUER.  v.  a.  Vieux  nioc.  D  vifer ,  anatcnufcr. 

il  vient  du  latin  artus  ,   qui   veut  duc  ,  u-ciiibic-  , 

comme  qui  auoit  ,  déiiituibrer. 
JLAUlE.  1.  h  Vieux  mot.  Remède  ,  ou  récoiriptnfe. 

Si  tu  te  tiens  en  lo  alté  j 
Je  te  donrai  tel  déauté  , 
i^ue  de  tes  pieu:,  te  gucrira. 

DE  AUX.  Vieux  mot  dont  on  s'eftfervi  pour  dire  Dieu. 
Un  a  dit  aulli  iJex  &  L>iex. 


fans  l'article  ae ^  loit  avec  le  titie  de  Mon(îeur,foit 

fans  ce  ture. 
De  ,  fe  met  encore  après  le  mot  de  rivière  devant  L , 

noms  propres  de  iivière  qui  lont  du  genre  ri;nunin  , 

la  uviere  ^'£  Seine,    de  Loue,  t/t5omnie,  ae  Ga- 
ronne ,  (Sic.  bt  api  es  le  mot  de  montagne  devant  le 

nom  propre  des  montagnes.    ^  ontagne  de  Tarare 

Voye-^  la  Grammaire  du  i^.  Bufîier. 

Cetieprcpoli. ion,  en  termes  deAlarine,  marque  le 

temps  ou  l'état  de  la  mer.  Quum  ,  duin.  cette  baie 

alTeche  de  balfe  mer  ,    les  chaloupes  n'y  peuven 

entrer  que  de  h  nue  mer  j  de  pleine  mer.  DtNrs.  /'. 

/.  C  j.c'eR-à-dire,  lorlque  J.a  mer  eft  balfe,  lorique  D  E  B. 

la  mer  eft  haute. 
De  ,    prcpolition  ,    ngnifie  fouvent  la  m.inière ,    les   DÉBÂCLAGE  f.  m.  terme  de  rivière  &:  de  marine. 

accidens ,  les  circonltances  d'une  aôlion.  Un  d'eux  \      Adtion  de  débâcler  ,  travail  ,  peine    uc   ceux  qui 

joua  toujours  de  h  grand  malheur  ,    qu'il  perdit  tout  \      debâclcnt.  SubauciLO  i.avïum  j  Jub.MiCuùuiLm  ,.u\ium 

fon  argent.  BouH.  XrtT'.  i. /y/.  Il  fe  préfenta  ^  un  air  |      lator.  Les  dcbâcleurs  ne  doivent   rien  pitiidrc  des 

fi  grand,  h  vif,  li  touchant,  qu'on  ne  put  s'empêcher  j      Marchands  pour  le  dcbucLagc.  Uruon.  de  luf  auj  C.4. 

de  l'admirer  en  même  temps  &  de  le  plaindre.  lUDEBA-^Lh.    1.  f.    terme  de    rivière   &    de    marine. 

AcAion  par  laquelle  on  GébarialFe  les  ports  ,  &  on  en 
retire  les  vailleaux  vides ,  pour  app.  i  cher  au  nv,i  ge 
ceux  qui  font  chargés.  Su^>uuùùj  v^cu.  ru.i,  ;..  v^um  ad 
one! arias  extiy  e.idas.  Il  y  a  un  jour  piécis  ou  or- 


donné pour  taire  la  dcbacie. 


accorde  les  grâces  ,  il  refufe  même  d'une  manière  fi 
pleine  de  bonté  ,  qu'on  ne  peut  lui  vouloir  de  mal. 
Deceq'je,  conjjiiit.jn  caulanve  dont  fe  fert  ordi- 
nairement M.  Defcartes.  Ex  eo  quoi  ,  i-x.  De  ce  que 
nous  VOYOUS  un  tel  effet ,  il  s'enfuir ,  &c.  Il  me  liait 

davantage  de  ce  qiixX  m'avoit  témoigné  de  la  haine  J Débâcle  ,  fe  dit  aulli  par  cxtenfion,de  la  rupture 
inatil.ment.  Bussi  Rab.  des  glaces  qui  fe  f-ait  tout  à  coup,  &  qui  lont  tni- 

De  ,  entre  aulîi  dans  la  compolirion  de  plufieurs  moB  ,  |  portées  par  le  courant  de  la  riv^èie.  CorKetjium  gia- 
tant  noms  ,  que  verbes  ,  adverbes  dont  il  change  la  !  ciejiumtnum  repedùna  jolutio.  La  dihàcle  fait  louvent 
lignification  ,  comme  on  verra  à  leur  ordre.  Il  em-  un  grand  dcfordre.  La  débâcle  d'une  telle  année  a 
porte  d'ordinure  la  deftruétion  ,  ou  le  contraire  de'  emporté  plulieurs  ponts  &  moulins. 
ce  que  fignihe  le  verbe ,  ou  le  mot  hmple  ,  comme  '  D  E  B  A  C  L  £  M  E N  T.  f  m.  moment  de  la  débâcle 
demeuhler  j  dénouer ^  Sec.  Quelquefois  il  donne  plus  'i  des  glaces ,  tk  adion  de  débâcler  des  vailfeaux  ,  des 
d'étendue,  ou  plus  de  force  à  la  lignification  du  mot,  1      bateaux. 

coriime  démontrer  j,  dévorer,  &c.  |  DEBÀCLER.  v.  a.  Débarralfer  les  ports.  Porr^j/ô/vcrc 

De  MOI,  eft  une  tranlirion  ,  dont  Malherbe  ,  &  autres  ?      vacuis  navîbus. 

Poct  s  plus  anciens  fe  font  fervis.  On  dit  maintenant ,  Debacler  ,  v.  n.  fe  dit  abfolument  des  rivières  donc 
pour  moi.  Equidem  j  ego  verb  j  ad  me  verb  quod  atd-  jj  les  glaces  viennent  à  ie  rompre  tout-à-coup.  6olvi. 
net.  Cette  nuit  la  rivière  a  débâcle  j  &  a  caulé  bien  du 

délordre. 
Debacler,  fignifie  aufli  ,  Oter  les  barres  des 
portes  &:  fenêtres  des  maifons  qui  croient  fermées, 
&  les  ouvrir.  Lxeferarejenejlrasùojtia  aUcu}usdomàs. 
On  a  debàclé  cette  maifon  pour  l'aérer ,  il  y  avoit 
long  -  temps  qu'elle  étoit  fermée  8c  bâclée.  Dans  ce 
fens  il  eft  du  rtyle  familier. 
DEBACLER,  fe  dit  aulli  dans  un  fens  neutre  de 
plufieurs  perfonnes  ou  marchands  qui  déménagent , 
qui  ôtent  leurs  meubles  &  leurs  marchandiles  en 
même  temps.  Ahjcedere  j  excedere.  Le  terme  de  la 
Foire  eft  expiré  aujourd'hui  ,  tous  les  Marchands  dé- 
bâcient.  La  crainte  des  eaux  fait  qu6  tout  le  monde 
débâcle  fur  le  Pont-au-Change. 
DEBÂCLEUR.  f  m.  Officier  de  ville  qui  commanda 
fur  le  porr  quand  il  faut  débâcler ,  pour  faire  fortir 
les  vailfeaux  vides  qui  font  fur  le  rivage  ,  &:  en  faire 
approcher  les  autres  qui  en  font  plus  éloignés.  PrdL- 
feaus  fkhduclioni  yacuarum  navium.  Les  Ordonnances 
de  la  Ville,  C.  4.  portent  les  réglemens  fur  la  ch.irge 
des  Dehâcleurs  j  &.  entte  autres ,  qu'ils  ne  doivent 
rien  prendre  des  Marchands  pour  le  débâclage. 
DEBADINER.  v.  n.  Terme  de  jeu  d'Impériale.  C'eft 
démarquer  les  points  que  l'on  avoit  amaffés  ,  quand 
celui  contre  qui  l'on  joue  a  une  Impériale  en  main, 
ou  qu'il  en  achevé  une  avec  fes  points  ;  car  alors 
l'autre  eft  obligé  lie  ^^i^'ûd'i/zerj  c'eft  à-dire,  dedé- 
marquer  fes  points. 
DÉBAGOnLER.  v.  a.  Vomir,  dégueuler.  V orner  e  3 
evomere.  Ce  mot  n'eft  plus  en  ufage  que  parmi  le 
peuple  ,  où  on  le  dit  aufli  au  figuré  ;  &  il  fignifie 
alors.  Dire  indifcrètemenr  tout  ce  qu'on  fait.  De- 
bLiterare.  On  a  confronté  à  ce  criminel  fon  complice , 
qui  a  tout  déhc°oulé  ,  qui  n  dit  tout  le  fecrer  de  l'af- 
faire. Z)<f'/'«^o///Êrdesrapfodies.  Ab.  Ileft  &pQpulaire 


De  moi ,  que  les  refpecls  obligent  au  fîlence  , 
J'ai  beau  me  contre] aire  j   &  beau  diffimuler  j 
Les  douceurs  où  je  nage  ont  une  violence 
Qui  ne  fc  peut  celer.  Malherbe. 

De  par  ,  prépofition  compofée  de  la  prépofition  de  j\ 
&  de  la  prépolition  par.  Elle  fignifie ,  par  ordre  ,  par  ■ 
autorité.  De  par  le  Koi  je  vous  arrête,  du  un  Officier , 
de  Jufticeen  arrêtant  un  homme.  Les  Marchands  de  ■ 
Tabic  mettent  à  leur  enfe  gne_,  De  par\^  Roi  vente 
&  diftiiburion  du  T.ibac.  On  s'en  fert  aufli  en  ftyle 
burlefque ,  p.mr  exprimer  un  jurement ,  un  ferment. 

J'avo'is  juré ,  quelque  cher  qu  il  m' en  coûte  , 
De  par  le  chef  de  Afon/icur  Saint  Martin  j 
Que  pour  guérir  les  douleurs  de  ma  goutte 
Je  m  boirais  de  meshuiplus  de  vin. 

Nouv.  CHOIX  DE  Vers. 

D  E  A. 

DÉALBATION.  f.  f  Terme  de  Chimie.   Dealbatio. 

Changement  de  couleur  noire  en  cowleur  blanche  , 

qui  arrive  par  li  force  du   feu  à  la    matière  de  la 

pierre  nîiilofophale. 
§3"  DEALDER.  f.  m.  monnoie  d'argent  qui  fe  fabri- 
que en  Hollande  ,  &  qui  vaut  trois  livres  trois  fols 

quatre  deniers  argenr  de  France. 
DÉ  A  LE.  Château  d'An',;lererre.   Deala.  Il  eft  fur  la 

côte  de  Kent ,   entre  les  châteaux  de  Sandowne  ,  & 

de  Walmer  ,  fur  une  grande  placée  (^ue  les  Anglois 

appellent  les  Dunes ,  &:  que  des  châr».iiTx  défendent. 

PIufî°urs  croient  que  Déale  eft  l'endroit  oii  Céfar 

sboi'da. 
DÉAN  on  DÉANE-FOREST.  Grande  forêt  dAngle-        &:  bns. 

rerre  ,  dans  la  Province  de  Glocefter.  •  D^bagouî.!;  ,    éf.  orirt. 

fer  DÈARTICULATION.  terme  d'anatomie.  Voyei  DÉBAGOULEUR!  f  m.  Qui  déba-oule.  Pomey.  Bla- 

DiARTHROSE.  •        tîTS . 


D  E  B 

DÉ3AIL.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  Ecar  d'une  femme  ■ 
qui  devieiic  libre  par  la  mort  de  Ion  mari.  Déhall  eft  ' 
oppofé  à  baU.  Quand  une  femme  ou  une  iille  fe  mi- 
ne ,  il  y  a  bdil-,  parce  qu'elle  ell  en  la  puiiiance  de 
fon  mari  ;  quand  le  mari  meurt ,  &:  que  la  l^emme  ' 
furvit ,  il  y  a  deba'd.  Soluta  ejl  mulier.  Bail  lignihe  : 
garde  &  gardien. ,  \ 

DEBALLER  ,  ou  DESEMBALLER,  v.  a.  Ouvrir  ,  dé- 
faire une  balle.  Striclas  mercium  jaràius Joivcre  j  re-  | 
fûlvae.\\  faut  t/^'^j/Zerlesmarchandifes  aux  Douanes. 

1^  Déballer  ,  fe  dit  dans  une  lignification  contraire 
des  marchands  qui  quittent  une  foire  ,  il  faut  dc- 
W/sr  ,  c'ell-à-dire  ,  remballer  les  marchandiles. 

DÉBALLE   ,    EE.  part, 

DEBANDADE,  f.  f.  Qui  ne  fe  dit  plus  qu'adverbiale- 
ment en  ces  phrafes ,  Aller  à  la  dcbandude  ;  vivre  à 
la  djb  ini.idt  ;  c'eft-à-dire  ,  à  la  manière  des  foldats 
qui  le  débandent ,  qui  vivent  fans  difcipline  ou 
qui  marclient  en  confuiion  fans  garder  aucun  ordre. 
JJiljolucè  y  inordinatè  j  incompojut-. 

On  dit  auili  tigurément ,  Mettre  ,  lailTer  tout  à  la 
</cf'éj«ij^t;  ;  pour  dire  ,  Abandonner  le  fom  de  fon 
bien  ,  ou  de  quelque  aftaire  comme  une  choie  dé 
fefpérée. 

DÉBANDEMENT.  f.  m.  L'adtion  de  fe  débander.  Rc 
laxatio  ,  re/nijjlo.  Pomey.  Les  torces  communiquées 
par  les  dcbandemens  du  relforr ,  font  comme  les  car 
rés  des  inflexions.  Elcmens  Mathématiques  de  Fhy- 
Jiquc  de  S'Gravefande. 

gC?  On  le  dit  particulièrement  des  troupes.  Il  y 
eut  un  débandement  général. 

DEBANDER,  v.  a.  Oter  la  bande  d'une  plaie  ,  le  ban- 
deau de  delfus  les  yeux.  Vulnus  obligacum  folvere. 
Pour  débander  la  partie  ,  il  faut  que  le  Chirurgien 
la  mette  dans  la  même  fituation  qu'elle  étoic  quand 
il  l'a  bandée.  Dionis. 

fCT  On  dit  auili  débander  quelqu'un,  ôtei  le  ban- 
deau qu'on  lui  a  mis  devant  les  yeux  ,  débander  un 
colin -maillard. 

Débander  ,  fe  dit  auili  des  chofes  qui  font  reflTort. 
Celt  les  détendre.  Débander  un  arc ,  un  piftolet. 
Arcum  remktere. 

Débander  ,  fe  dit  neutralement  delà  celîation  de  l'é- 
reétion  naturelle.  i\emitti. 

^3"  Débander  ,  avec  le  pronom  perfonnel  fe  dit  en 
parlant  des  armes  dont  le  relfort  fe  détend  de  lui- 
même.  Son  tufil  fe  débanda.  Son  arbalète  s'étoit  dé- 
bandee. 

',fT  On  le  dit  d'une  troupe  de  gens  de  guerre  qui  fe 
fépare  du  gros  de  l'Armée  confufément  &  fans  ordre. 
Les  toldars  fe  débandèrent  pour  aller  piller.  Le  man- 
que de  vivre  a  fait  débander  l'armée,  ùjignis  d/Jce- 
dcre  j  à  cajiris  dilahi  ,  difcedere. 

§3°  On  le  dit  aulli  d'un  corps  de  gens  de  guerre 
qui  fe  difperfe  fans  ordre  pour  fe  retirer  ou  pour 
s'enfuir. 

On  dit  figurément  fe  débander  l'efprit;  pour  dire,  Se 
relâcher  l'efprit  après  une  longue  application.  ^/2i- 
mum  relaxare.  L'efprit  ne  peut  être  dans  une  conten-' 
tion  perpétuelle ,  il  a  befoin  de  fe  débander  de  temps 
en  temps. 

Débander  ,  fe  dit  aufTi  figurément  de  la  gelée  &  du 
^roid  ,  quand  il  fe  radoucit.  Le  temps  s'eft  débandé 
depuis  le  matin.  Rcmïfit  frigus. 
Marot  a  dit  proverbialement: 

Débander  l'arc  ne  guérit  point  la  plaie. 

Débandé  ,  ée.  part. 

DEBANQlJER.  v.  a.  Terme  du  jeu  de  BalTette  ou  de 

Phar.aon.  Ceft  épuifer  le  banquier  ,   lui  gagner  tout 

l'argent  qu'il  a  devant  lui. 

Finette  en  racontant  le  bonheur  de  Julie  fa  Maî- 

treffe,  qui  avoit  joué  contre  Cléon,  finit  fon  récit  par 

ces  vers  : 

Jufqu'au  trente-&-Ie-va  leur  fureur  les  conduit  y 
Plus  Cléon  rifque  &  tient  >  plus  It  malheur  le  fuit  j 


Debarbou'dLf^  cet  en-* 


DEB  119 

D''unfang  froid  merveilleux  ma  prudente  Maitrejje 
Pour  le  mettre  au  néant  épuifefon  adrcffe  y 
Enfin  elle  a  gagné  tout  ce  qu'elle  a  rifque  ^ 
Et  j  ufqu  à  quatre  Jois  elle  l'a  débanqué. 

Le  Didîpateur  ,  Com.  de^d.  DeJIouches, 

DÈPABTISER.  v.  a.  terme  familier.  Perdre  la  grâce  du 
Baptême,  y  renoncer.  Acccptam  per  bapvfmum  gra- 
tiani  ahdicare  y  abjurare.  Il  ne  fe  dit  qu'en  cette  phrafe 
odieufe  ,  Je  veux  être  déhaptifé ,  je  me  ferois  debap- 
tij'er y  plutôt  que  de  faire  une  telle  affaire.  Molière 
s'en  elt  iervi  dans  un  autre  fens  ,  pour  lignifier , 
Changer  de  nom ,  quand  il  dit  dans  fon  Ecole  des 
Femmes  , 

Qui  Diable  vous  a  fait  auffi  vous  avifer  y 
A  quarante  &  deux  ans  de  vous  dcbaptifer  ? 

Mutarenomen,  il  ell  du  ftyle  familier. 

DÉpaptisé  ,  Ée.  part. 

DEBARBOUILLER,  v.  a.  Otet  la  faleté  ,  la  crafTe,  c<s 
qui  rend  fale.  Maculas  abjtcrgere  y  eiuere  ,  detergere. 
Cette  femme  palle  la  moitié  du  jour  à  ia  toilette  , 
à  fe  parer  &  à  le  dcbarbouïUer. 
fant.  On  le  dit  particulièrement  du  vifage. 

DÉBARBOUILLÉ  ,  ée.  part. 

DEBARCADOUR.  f  m.  Lieu  propre  à  débarquer  ce 
qui  ell  dans  un  vailfeau  ou  pour  tranlporter  les  mar- 
chandifes  avec  plus  de  facilité  du  vailTeau  à  terre. 
Locus  exfcenfiùni  commodus  y  idoneus. 

DÉBARDAGE.  f  m.  Sortie  des  marchandifes  hors  d'utt 
bateau  ,  lorfqu'on  le  décharge.  On  l'emploie  parti- 
culièrement pour  l'adlon  de  décharger  un  bateau  de 
bois.  Lignorum  in  terram  expojitio.  Les  Marchands 
de  bois ,  de  fagots  &:  de  cotrets ,  doivent  payer  le 
débardage  y  Se  livrer  le  bois  à  terre. 

DÉBARDER,  v.  a.  Terme  de  Marchand  de  bois.  Dé- 
charger un  bateau  de  bois ,  Se  l'apporter  fur  le  rivage 
pour  l'empiler  ,  ou  pour  le  tranlporter  ;  ce  qui  fa 
faifoit  autrefois  avec  un  bard  ,  &  ce  qu'on  fait  main- 
tenant fur  des  crochets.  Ligna  in  terram  cxponere.  On 
dit  aulli  débarder  un  train. 

ifF  Débarder  ,  fe  dit  aulli  en  termes  de  forêts  ,  des 
bois  que  l'on  tranfporte  hors  du  taillis  où  ils  on;  été 
coupés ,  afin  que  les  voitures  n'y  entrent  point ,  ca 
qui  pourroit  endommager  les  nouvelles  poulfes. 

Débardé  ,  Ée.  part. 

DEBARDEUR,  f  m.  Celui  qui  décharge  les  bateaux  St 
met  à  terre  les  marchandifes  dont  ils  font  chargés , 
principalement  le  bois.  Bajulus.  Ce  font  les  Mar- 
chands qui  payent  les  Débardeurs.  Par  une  Ordon- 
nance du  Magirtrat  de  Police  du  30  Mars  1635,  i^  ^^ 
défendu  à  tous  Courtiers  ,  Débardeurs  ,  Trieurs  de 
foin  ,  leurs  femmes  ,  enfans  &  ferviteurs  ,  Se  i 
toutes  autres  perfonnes ,  de  s'entremettre  de  vendre 
le  foin  pour  les  Marchands  ,  à  peine  de  cent  livreâ 
parifis  d'amende.  De  la  Mare ,  Tr.  de  la  Pol.  L,  I.  T, 

ri  U.C.  x,.p.  1Z4. 

DÉBARETER.  v.  a.  Vieux  mot.  Décoëffer  ,  mettre  en 
défordre. 

UC?  DEBARQUEMENT,  f  m.  Sortie  des  marchandi- 
fes hors  du  vailfeau  pour  les  mettre  à  terre.  On  ledit 
aulli  des  troupes  deftinées  à  quelque  expédition  ,  i 
faire  une  defcente.  Exfcenfio.  Les  ennemis  retranches 
furie  rivagenousattendoient  au  débarquement. 

ifT  DÉBARQUER,  v.  a.  Oter  les  marchandiles  d'un 
vaiffeau  pour  les  mettre  à  terre ,  ou  mettre  à  terre  du 
monde  ,  des  troupes ,  merces  ,  copias  in  terram  cx- 
ponere. Exfcenfionemfacere.  Débarquer  l'Infanterie , 
du  canon,des  marchandifes. 

et?  Ce  verbe  eft  aulli  neutre  ,  &  fignifie  fortir  du 
vailfeau  arrivé  au  lieu  de  fa  deflination.  De  navi 
egredi.  Nous  débarquâmes  à  Breft. 

|!Cr  On  dit  au  débarquer ,  pour  dire  dans  le  tem« 
même  du  débarquement.  Il  fe  trouva  au  débarquer. 


12.D  DEB 

Di E ARQUÉ  ,  îH.  part.  De  navi  egrejfus  j  emiffus.XJn 

nouveau  dcbarque  j  pour  dire  ,    Un  homme  nouvel- 

lein^nc  arrivé  de  la  province. 
DEHAKivASSLR,  ou  DESEMBARRASSER,  v.  a.  Le 

premier  eil^slus  ulirc  ,   ôcer  l'embarras ,  tirer  d'un 

embarras  j  délivrer  de  quelque  chofe  qui  embarralle, 

qui  incommode,  qui  elt  inutile. 

ICJ"  On  le  dit  louvent  au  réciproque.  Expedire 
'  aliqucm  ,  expedire  fe  ab  aliquà  re.  Debarrajjer  les 
-    rues  ,  les  chemins.  Je  n'ai  point  encore  debarraHe 

mon  cabinet.  Se  dib^rrJfjeràii.  la  foule,  des  carrollcs, 

des  importuns ,  s'en  déiaire. 

Veux-tu  qu'à  retenir  chaque  point  foi  t facile  : 

De  ce  fatras  de  mots  va  te  dtbarrairer  , 

Etpour  t'expnmcr  jufe ,  apprensà  bien  penfer.  Vill. 

DÉB.iRRAssER  ,  fe  dit  au  figuré  comme  au  propre.  I! 
faut  fe  mettre  en  retraite  pour  le  debarrajjerûts  in- 
tfigues  du  monde  ,  &  vaquer  à  la  contemplation.  Il 
s'elt  d-Jbarr^ifç:  l'elpri:  de  toutes  affaires.  Je  préfère 
une  certaine  ûmpiici;é  qui  ddbarrajje  la  Religion 
d'un  d-hors  faflueux  ,  &  d'une  pompe  étudiée.  S. 
EvR. 

DÉBARRASSÉ,  ÉE.  part. 

DEBA'vRER.  v.  a.  Otet  les  barres  d'une  porte  ,  d'une 
fenèv:c.  Obices'j  repaguia  rcveiiere.  Prononcez  deta- 
rer. 

"^3"  DÉ3ARRER  ,  au  figurc  ,  terme  de  palais.  Décider 
entre  plulieurs  perfonnes  dont  les  avis  font  partagés. 
Loifque  les  Juges  d'une  chambre  font  barrés  ,  c'eft- 
à-dire,  lorfque  les  avis  font  partagés,  le  Rapporteur 
5i  le  Compartiteur  portent  le  procès  dans  une  autre 
Chambre  pour  les  debarrer.  IL  y  foutiennent  chacun 
leur  fenriment ,  &  c'efl:  cette  chambre   qui  donne 

r.^rrèt.    /'"o>r~  Co.'ilI'ARTITEUR. 

DÉbapvRÉ  ,  ÉE.  part. 

On  dit  d'une  épinette  ,  d'un  luth  ou  autre  inftru- 
ment  de  Mulîque  ,  qu'il  eft  debarré ,  quand  on  a 
ôté  ce  qui  en  ioutient  la  table. 

IJCT  DÉBAT,  f.  m.  Contellation  tumultueufe  entre  plu 
/leurs  perfonnes,  ra/2fÊ/2riOj  concertatio.  Le  Parlement 
d'Angleterre  eft  lujet  à  de  grands  débats.  Les  voifins 
cjui  aiment  à  chicanner,  font  fouvenc  en  débats.  V. 
Conceftation  j  Difpute,  Querelle,  Procès. 

^fT  En  parlant  de  deux  hommes  qui  font  en  con- 
tefUtion  j  on  dit  proverbialement  entre  eux  le  débat , 
pour  dire  qu'on  ne  veut  point  s'en  mêler. 

Solennités  &  loix  n  empêchent  pas 
Qu'avec  l'Hymen  Amour  n'ait  des  débats. 

La  Font. 

Début  vient  de  battre^  8c  de  la  prépofition  de.  On 
trouve  debatum  dans  des  A6tes  du  commencement 
du  quinzième  liècle.  Voye^  Acla  Sanci.  Jun.  T.  V. 

|]3"  Débat,  en  Jurifprudence,  fignifie  généralement 
une  conteftation  que  l'on  a  avec  cjnelqu'un  ,  &  la  dil 
cuffion  que  l'on  a  par  écrit  d'un  poinr  contefté.  Exa- 
rat£fcripto  partis  utriufque  rationes. 

Débats  de  compte.  Sont  les  conteftations  que  forme 
celui  auquel  le  compte  eft  rendu  fur  quelques  arti- 
cles de  dépenfe  mis  dans  le  compte,  ou  qui  auroienr 
été  omis  au  chapitre  de  recette,  demandant  qu'ils 
foient  rayés ,  modérés  &  reformés ,  ou  ajoutés.  Les 
réponfes  que  le  rendant  fait  aux  débats  de  compte ^ 
font  appelées  foucénemens.  On  a  appointe  les  Parties 
à  fournir  des  débats  &c  des  fouténemens. 

fC?  DÉBAT  DE  TENURE.  Couteftation  entre  deux  Sei- 
gneurs pour  la  mouvance  d'un  héritage. 

ffT  C'eft  audi  le  mandement  d'un  Juge  Royal 
donné  au  valHil ,  à  l'effet  d'alîigner  les  deux  Seigneurs 
qui  conteftent  fut  la  mouvance  ,  pour  s'accorder 
entre  eux. 

DÉBÂTER,  v.  a.  Ôier  le  bât  d'un  mulet,  d'un  cheval , 
d'un  âne.  Clitellas  demcre  ,  eximcre  mulo  ,  equo  _, 
qfîno. 

DésAté  ,  ÉE.  part.  On  dit  populairement  d'un  homme 


DEB 

dangereux  pour  les  femmes,  que  c'eft  un  vrai  âne 

debaté. 

DEBATTRE,  v.  a.  Il  fe  conjugue  comme  battre.  Con- 
tefter ,  plaider.  Contendere  ,  concertare  j  agitare. 
Débattre  un  compte  ,  un  teftament ,  une  fucceftion. 
Cette  queftion  a  été  long-temps  débattue  6âns  l'Eglife. 

Se  DEBATTRE.  Se  tourmenter,  s'agiter.  P'ehemeruerjac- 
tari  J  agitari.  Ce  prifonnier  s'eft  bien  débattu  entre 
les  mains  des  Sergens.  Un  faumon  pris  dans  les  filets 
les  rompt  louvenc  en  fe  débattant.  Il  n'a  fait  que  fe 
débattre  ,  &  roidir  les  jambes.  Ab.  Ces  Orateurs  qui 
s'emportent  &  fe  débattent  mal-à-propos  devant  les 
gens  qui  ne  iont  point  émusj  fe  rendent  ridicules  §C 
infupportables.  Boil. 

DÉBATTRE ,  ie  dit  figurément  en  chofes  fpirituelles. 
DiJ'putjre  acriter,  agitare  rem  aliquam.  Les  Philofo- 
phes  fe  débattent  (buvent  fur  plulieurs  queftions 
vaines ,  &  impolîibles  à  décider.  Sur  ce  vers  de  Cor- 
neille dans  Nicomède  : 

Amufe\-le  du  moins  à  débattre  avec  vous. 

^fT  Voltaire  obferve  que  débattre  eft  un  verbe 
réfléchi  qui  n'emporte  point  fon  action  avec  lui.  Il 
en  eftainli  àepiaindre,Jou\ enir.OnÀnie  ^li'màïe ,  fe 
fouvenir,  fe  débattre.  Mais  quand  débattre  eft  aéfif , 
il  faut  un  fujet,  un  objet,  un  régime.  Nous  avons 
débattu  ce  point  :  cette  opinion  fut  débattue. 

On  dit  proverbialement,  fe  débattre  de  la  chape 
à  l'Evêque,  pour  dire  contefter  fur  des  chofes  qui 
ne  nous  regardent  point  j  d'où  il  ne  nous  vient 
aucun  profit.  Foye^  Chaph.  On  dit  aulîi  il  fe  débat 
comme  un  Procureur  qui  fe  meurt. 

DEBATTU ,  LIE.  parr.  On  dit  un  compte  bien  débattu, 
une  caule  bien  débattue.,  pour  dire  un  compte  bien 
exannné  ,  une  caule  bien  dilcutée.  L'affaire  fut  long- 
temps débattue.  Fl. 

DEBAUCHE,  f.  f.  Dérèglement,  ufage  immodéré  du 
vin  ,  des  fcmines,  du  jeu  &  des  autres  plaifirs.  Dcen- 
tior  vita ,  liberior  vivendi  liceniia ,  perpotatio ,  commef- 
fatio,  libido  ,  luxuries.  On  dit  painculièrement,  faire 
débauche  de  vin ,  de  femmes  :  pour  dire ,  en  ufer 
avec  excès.  11  faut  renoncer  à  la  fortune  dès  qu'on 
fe  plonge  dans  la  débauche.  Les  douleurs  &  la  misère 
fuivent  la  débauche  &c  le  luxe.  S.  Evr-  La  débauche 
d'Henri  IV.  pour  les  femmes  alloit  fi  loin,  qu'on 
ne  peut  pas  même  lui  donner  le  nom  d'amour  & 
de  galanterie.  Mez.  La  débauche  fe  fait  voir  toute 
nue  fur  les  théâtres  Anglois.  S.  Evr. 

UCT  La  crapule  eft  une  débauche  habituelle  & 
exceffive  qui  ne  fuppofe  ni  choix  dans  les  objets  j  ni 
modération  dans  la  jouilfance.  Débauche  dit  moins, 
&  n'exclud  que  la  modération. 

DÉBAUCHE  ,  en  termes  de  Marine,  fe  dit  du  dérègle- 
ment qui  arrive  quelquefois  aux  marées.  Perturbatio. 
Les  vents  d'Oueft  portent  les  marées  de  la  rivière  de 
Bordeaux  en  czv3.ng,e  débauche ,  jufque-là  qu'on  voit 
fouvent  deux  ou  trois  fois  la  pleine  mer  en  une  même 
marée. 

DÉBAUCHE,  fe  prend  quelquefois  en  bonne  part,  d'une 
petite  réjouiiiancc  enrre  honnêtes  gens^  d'un  repas  j 
dune  promenade,  d'une  partie  de  divertiflèmenr. 
Obleclatio.  Faifons  une  petite  débauche.  Quand  on 
fait  la  débauche  comme  vous,  l'on  n'eft  pas  capable 
de  s'y  oublier.  S.  Réae. 

DÉBAUCHE ,  fe  dit  aulli  de  ce  qui  fe  fait  au-delà  de 
l'ordinaire.  Cet  homme  eft  fobre  &  réglé  ,  c'eft  une 
débauche  pour  lui  de  boire  du  vin.  Cet  Auteur  ne 
fort  point  de  fon  cabinet,  c'eft  une  débauche  pour 
lui  d'aller  à  Vaugirard.  J'ai  fait  débauche  de  melons , 
de  mufcats  :  c'eft-à-dire,  j'en  ai  mangé  beaucoup. 
Il  fe  dit  aulli  quelquefois  au  figuré.  Il  y  a  des  gens 
accoutumés  aux  débauches  ,  &  aux  ç\ccs  des  Poètes 
modernes ,  qui  n'admirent  que  ce  qu'ils  n'entendent 
point.  BoiL.  Les  débauches  de  ledlure  &  d'efprit  ne 
font  guère  moins  dangereufes  que  celles  des  lens.  S. 
Evr. 

DÉBAUCHER,  v.  a.  Corrompre  les  bonnes  habitudes 
de  quelqu'un ,  le  jeter  dans  la  débauche.  AUquem. 

depravare  , 


D  E  B 

dipTAvaft^  cornunpere ,  ad  nequidam  adducere.  Les 
mauvaifes  compagnies  débauchent  la  jeuneile.  Quand 
on  donne  trop  de  liberté  aux  jeunes  gens  cela  fert  à 
les  dibauchir. 

Débaucher ,  dans  le  fens  propre  ,    c'eft  ôrcr  de 
deflus  les  murs  l'enduic  qu'on  appelle  bauchd  ;  ^  par 
Kiétaphore  débaucher  fe  prend  pour  dépouiller  quel- 
qu'un des  principes  de  fagefle  ôc  de  vertu,  dont  on 
avoir  tâché  de  le  levètir.  Hue^^. 
Débaucher,  le  dit  particulièrement  des  filles  qu'on 
ïuborne  ,  qu'on  corrompt,  à  qui  l'on  ôte  l'honneur. 
Corrumperc ,  vhiare.  On  doit  punir  féveremenc  ceux 
qui  font  métier  de  débaucherais  fiUss  &  femmes 
de  contribuer  à  leur  débauche. 
DÉBAUCHER  j  ilgnihe  au(li,  perfuader  à  quelqu'un  de 
changer  de  maiirCj  de  parti,  de  profellion  :  corrom- 
pre la  fidélité  de  quelqu'un.  SoLLlchare  allquem  vcr- 
tis  ,Jpe ,  rnercedc.  C'elï  une  adrelle  de  Capitaine  de 
deb..Mcher  les  foldats  des  ennemis.  On  lui  a  débauche 
i'es  meilleurs  amis.  Les  valets  fe  débauchent  [qs  uns 
les  autres  pour  changer  de  condition.  Cela  'n'eft  ni 
beau,  ni  honnête,  de  nous  débaucher  nos  laquais. 
Mol.  Vraiment  je  vous  trouve  bien  vaine  de  me 
débaucher  mes  beautés.  Sar. 
^fT  Débaucher,  fignifie  aulli  détourner  quelqu'un 
de  fon  devoir.  Ab  ojficio  abducere,  avcrtere,  avocare. 
Débaucher  un  écolier  de  l'étude.  Débaucher  un  ou- 
vrier de  iow  travail. 
Débaucher  ,   (ignifie  auiïi ,  faire  faire  à  quelqu'un 
quelque  chofe  qu'il  n'a  pas  coutume  de  faire;  lui 
faire  quitter  fon  travail  pour  un  divertilfement  hon- 
nête. Perfuadere.  J'ai  débauché  mon  Avocat ,  je  l'ai 
mené  à  la  Comédie.  On  a  de  la  peine  à  débaucher 
ce  barbon ,  à  le  faite  fortir  de  fon  cabinet ,  à  le  faire 
rire. 
Débaucher  ,    fe  dit  figurcment  en  chofes  morales. 
Depravoje ,   corrumpere.   Les  efprits  fe    débauchent 
autîi-bien  que  les  corps,  ils  fe  jettent  dans  le  liber- 
tinage. On  dit  d'un  ellomac  foible  &  indigefte  , 
qu'il  eft  débauche.  On  dit  d'un  homme  indifpofé, 
«dont  la  fanté  commence  à  s'altérer ,  qu'il  fe  fent  tout 
débauché. 
DÉBAUCHÉ,  ÉE,  part. 

DÉBAUCHÉ ,  £E.  f.  m.  &  f.  Qui  aime  la  débauche  j 
qui  fe  livre  aux  plaifirs  ians  contrainte  &  fans  modé- 
ration. Popino  ,  ganeo.  Un  vieux  débauché,  qui  s'eft 
livré  à  la  débauche  toute  fa  vie.  Une  débauchée ,  fille 
de  joie,  qui  fe  prolhtue.  Mcretrix ^  fconum.  Foye^ 
Libertin  &:  Crapuleux. 

Quand  ce   mot  ell  accompagné   d'une  épithète 

favorable,  il  fignifie,  qui  aime  les  plaifirs  honnêtes, 

une  vie  libre.  Amator ,  feclator  voluptatis.  On  dit 

d'un  homme  agréable  dans  la  débauche ,  c'eft   un 

agréable  débauché. 

DEBAUCHEUR  ,  euse.  f.  m.  &  f.  Qui  débauche ,  qui 

corroinpt  les  filles  &  les  femmes.  Corrupcor,  vitiator. 

La  plupart  des  revendeufes  font  des  débaucheufes  de 

femmes.   Il  n^eft  en  ufage  ni  au  mafculin  ni   au 

féminin. 

DEBBASETH  ou  DABBASETH.  En  Hébreu  Debbaf- 

chah.  Lieu  de  la  Tribu  de  Zabulon.  Adrichomius, 

Se  d'autres  après  lui,  difent  que  c'étoit   une  ville 

•    qu'ils  placent  proche  de  la  mer.  S.  Jérôme  l'appelle 

Dasbath.  Jofué  en  parle,  XIX.  ii.  Les  Septante  la 

iiomment  Betharaba. 

DEBELLATOIRE.  adj.  de  t.  g.  Vieux  mot.  Vidorieux. 

DebeUatorius ,  a,  um.  Les  débellatolres  effets  de  la 

fîenue  très-glotieufe  &  très-triomphante  viûoire  de 

Genne«.  J.  Marot. 

DÉBELLER.  v.  a.  Vieux  mot  formé  du  latin  debellare^ 

vaincre  ,  domptet ,  mettre  hors  d'état  de  faire  la 

guerre.  M.  l'Abbé  du  Bos  fait  voir  clairement  que 

les  Gaulois  &  les  Romains  n'ont  point  été  débellés 

&  fubjugucs  par  les  François,  &  par  conféquent 

n'ont  point  été  réduits  à  la  condition  de  ferfs  <5c 

d'efclaves  par  ces  prétendus  vainqueurs.  Le  Pour  et 

Contre. 

DEBENTUR.  f.  m.  Mot  Latin  qu'on  a  francifé.  C'eft 

la  quittance  que  chaque  oficier  des  Coûts  Souve- 

Tome  III. 


D  E  B  izi 

raines  donnoit  au  Roi,  lorfqu'il  recevoir  les  gages 
qui  luiétoient  dus.  ^i/>(J(.-A^.  Cette  quittance  s'appelle 
debeiitury  parce  que  dans  le  tems  qu'on  rédigeoit  les 
ades  en  latin ,  elle  cemmençoit  par  ces  mondebencur 
mUd ,  (Sec.  Ces  debentur  n'onr  plus  lieu  depuis  qu'il  y 
a  des  crats  des  gages  des  officiers. 
DEBERA  ,  félon  l'Hcbicu  DEDIRA.  Ville  de  la  Tribu 
de  Juda,  au  nord,  proche  des  confins  de  la  Tribu  de 
Benjamin.  Il  en  eft  fait  mention,  Jof.  XV.  7.  Quel- 
ques uns  la  confondent  mal-à-propos  avec  Dabir, 
à  l'exemple  de  Wolfgand  de  Weifiembourg ,  Sc 
en  font  une  ville  Lévitique.  Elle  étoit  encre  la 
vallée  d'Achor  au  nord,  &  le  rocher  de  Bohen  au 
midi. 
D  E  B  ET.  f  m.  Terme  de  Finance,  qui  fe  dit  de  ce 
qui  fe  trouve  dû  par  un  comptable  après  l'arrêté  de 
Ion  compte.  Summa  quâ  obligan  qu'il piam  convinci- 
tur  cxpenfis  ejufdem  rationibus.  On  tait  la  recherche 
des  débets  des  comptables. 
§Cr  DÉBET  de  Quittance,  à  la  Chambre  des  Comp- 
tes, fe  dit  lorfqu'un  comptable  doit  rapporter  quit- 
tance. Beaucoup  de  Parties  faifies  demeurent  en  débet 
de  quittance. 
^fT  DtBET  DE  Clair  eft  la  même  chofe  que  dette 
liquide. 

§3"  Payer  fa  charge  en  débets  ^  c'eft  la  payer  en  fe 
chai"geant  de  la  payer  à  l'acquit  de  fon  prc-décelfeur. 
ifT  Débet,  fe  dit  aulli  dans  le  commerce  des  Parties 
données  à  crédit  qui  font  fur  les  livres  des  ^L'lr- 
chands. 
DÈBIFFER.  V.  a.  Gâter,  mettre  en  défordre.  Stomachum 
dijfûlvere.   La   débauche  continuelle   l'a    tellement 
débiffe,  qu'il  ne  s'en  faiiroic  remettre.  Il  a  l'eftomac 
tout  débiffe  ;  c'eft-à-dire,  qu'il  fait  mal  fes  fondions. 
Ce  mot  eft  tout-au-plus  du  difcours  familier. 
DÉBIFFÉ,  ÉE.  part.  Eftomac  ^i'A/^.  Vifage  déiijffé.Vi- 
fage  ou  eftomac  d'un  homme  qui  paroit  aftoibli  par 
quelque  excès. 
DÉBILE,  adj.  de  t.  g.  Foible,  fans  forces,  languilfant, 
Debilis ,  imbec'diïs.  On  a  les  jambes  débiles  après  de 
longues  maladies.  Un  eftomac  debue  doit  obferver 
un  grand  régime.  Un  arbrifieau  débile.  Boil. 
DÉBILE  ,  le  dit  figurément  en  chofes  fpirituelles.  Un 
efprit  débile  eft  celui  qui  eft  foible,  avec  peu  de  con- 
noillance  &  de  fermeté.  Une  xnimoiiQ  débile ,  qui  ne 
retient  pas  facilement. 
DÉBILEMENT.  adv.  D'une  manière  débile.  Débiliter. 

Ce  convalefcent  marche  encore  fort  débiletiient. 
DEBILlTATION.f.  f.  AfFoibliiremenc,  debilitation  de« 
nerfs.  Debiluatio.  Il  fe  fait  une  iiifenfible  débilita- 
tion  du  sorps  &  de  i'efprit  à  melure  que  l'on  vieil- 
lit. 
DÉBILITÉ,  f  f-  Défaut  de  forces,  foiblefi'e  du  corps 
en  général ,  qui  aftéde  également  tous  les  mufcles  , 
enforte  qu'on  ne  peut  exécuter  les  mous^emens  qui 
dépendent  de  la  volonté  ,  remuer  ou  lever  les  mem- 
bres ,  quoiqu'on  en  ait  envie,  fans  cependant  qu'oa 
éprouve  aucun  fentiment  de  douleur  :  car  la  difficulté 
d'exercer  les  mouvemens  du  corps  ,  accompagnée 
d'un  fentiment  de  douleur,  comme  dans  la  goutte,  n'eft 
point c^e'W/V;  non  plusquedanslaparalyfie  ,qui  n'af- 
feéte  pas  également  tous  les  mufcles ,  &  qui  d'ailleurs 
fuppofe  une  impuiffance  abfolue  de  remuer  certains 
membres,  au  lieu  que  dans  la  débilité  cette  impuif- 
fance n'eft  pas  invincible.  Un  homme  affoibli  par 
une  longue  maladie  ,  alité  par  la  fièvre  eft  dans  un 
état  de  débilité.  Débilitas.  Un  bon  régime ,  des  ali- 
mens  choifis,  des  remèdes  fortifians,  un  exercice 
modéré  conviennent  dans  la  dibilité;  mais  il  faut 
aller  lentement  pour  produire  un  changement  d'état. 
Débilité  de  vue.  Débilité  de  jambes,  d'eftomac,  & 
au  figuré,  t/d'/^/7^f£;'d'efprit;  pour  dire  ,  imbécillité. 
Il  n'eft  point  d'ufage  au  figuré. 
DÉBILITER,  v.  a.  Rendre  foible,  afFoiblir.  Débilitare. 
Le  trop  de  leéture  débilite  la  vue.  Les  bains,  le  vin , 
débilitent\ç,%  nerfs.  Les  trop  fréquentes  faignées  débi- 
litent un  malade.  Il  crovoit  qu'un  fouvenir  fi  funefte 
débïliteroit  le  courage  des  foldats.  Ablanc  Affaiblir 
eft  bien  plus  ufité  que  débiliter.  Débiliter  eft  plus 


îii  DEB 

un  terme  de  Médecine  que  de  i'iif.iige  ordinaire.  Les  1 
piiries  dc-hiliUfic  ik.  relâchent  beaucoup.  Lemery.  Il 
y  a  heu  de  conjecturer  que  les  fels  acides  lonc  unis  à 
des  particules  terreltres  propres  à  abfoiber  les  huiin- 
dités  iuperHues  tjui  relâchoient  îk.  qui  dibiluoLnu  les 
fibres  des  parties,  io. 
DÉBILITÉ,  EE  part.  Del^ilicatus. 
DEBILLARDEMENT.  f.  m.  Terme  de  Charpenterie. 
L'aftion  de  débiUarder.  KeJaJJio.  V.  Débillakder. 
C'ert  dans  la  coupe  des  bois  ce  que  le  delardement 
elt  dans  celle  des  pierres. 
DEBILLARDER.  v.  a.  Terme  de  Charpenterie.  Cou- 
per d'une  pièce  de  bois  ce  qui  elt  inutile ,  ce  qu'il 
en  faut  ôtcr  pour  former  la  courbe  rampante  d'un 
efcalier  à  noyau  évidé.  Refàndere ,  cdderc.  Quand  la 
courbe  eft  tracée  fur  une  pièce  de  bois ,  il  faut  débil- 
iardcr  cette  pièce.  DebilLirder  eft  dans  la  coupe  des 
bois  enlever  une  partie  en  efpèce  de  prifme  trian- 
gulaire, ou  approchant,  compnle  entre  des  lignes  qui 
renferment  une  futface  gauche.  Frézier.  ' 
DÈBILLER.  V.  a.  Terme  de  rivière.  Détacher  les  che- 
vaux qui  tirent  les  bateaux  fur  les  rivières.  Dijj'ol- 
vere.  Il  y  a  plufieurs  ponts  à  palfer  en  cette  navi- 
.gation  ,  il  faut  dtbiUtr  à  tout  moment.  Voye^  Bille. 
DEBÎR.  Veyci  Dabir. 

DEBIT,  f  m. Vente  facile  &  prompte  des  marchandifes. 
Fadiïs  mcrc'mm  vendiûo ,  dijîraclio.  Leur  bonne  qua- 
lité ou  le  bon  marché  en  facilite  le  débit.  La  nou- 
veauté d'une  étoffe  lui  donne  un  grand  débit.  Les 
livres  de  bagatelles  font  d'un  plus  prompt  débit  que 
les  livres  férieux. 
Débit.  Terme  de  teneur  de  livres.  Il  fe  dit  de  la  page 
à  main  gauche  du  grand  livre ,  ou  livre  d'exrr.iit ,  ou 
de  railon,  qui  eft  intitulée  doit ,  où.  l'on  porte  toutes 
les  parties  ou  articles  que  l'on  a  fournis  ou  payes 
pour  le  fujet  d'un  compte,  ou  tout  ce  qui  eft  à  la 
charge  de  ce  compte.  Je  vous  ai  donné  débit.  J'ai 
palîé  à  votre  débit  telle  fomme  que  j'ai  payée  pour 
vous. 
§CT  Débit.  Terme  de  mufîque.  Manière  rapide  de 
rendre  un  rôle  de  chant  en  y  mettant  beaucoup  de 
variété.  Le  débits?!,  une  grande  partie  du  chant  Fran 
cois. Sans  le  débit jh  fcène  la  mieux  faite  paroît  infi- 
pide. 

§;?  On  dit  dans  le  fens  figuré  qu'un  homme  a  un 
beaw  débit ^  le  débit  aifé  Sc  .agréable,  pour  dire  qu'il 
parle  avec  grâce  &c  avec  facilité.  Cette  expreilîon  eft 
du  difcours  familier.  Expeditè  loqui ^  oratio  facilis . 
txpedita. 
ifT  Débit  bu  Bois.  L'art  d'exploiter  le  bois  relative- 
ment aux  ulages  auxquels  il  eft  propre.  On  débite 
le  bois  pour  le  fciage,  pour  la  charpente,  pour  le 
charronnage,  &c.  f^oyei  Bois. 
CC?^  DEBITANT ,  ante.  f.  Marchand  qui  vend  en 
détail.  Dcbit..mt  de  Tabac  :  celui  qui  vend  en  détail 
le  Tabac  qu'il  va  prendre  en  gros  dans  le  Bureau  gé- 
néral. Voyc\  Entreposeur. 
DÉBITER.  V.  a.  Vendre  promptement  &  facilement 
fa  marchandife.  Fendere,  diliribuere.  On  débite  plus 
en  un  jour  de  Foire ,  qu'on  ne  fiit  à  la  boutique  en 
un  mois.  Quelquefois  débiter  fe  prend  dans  une 
fignifîcatioti  plus  particulière  j  &  iigmÇis  vendre  en 
détail. 

Ce  mot  vient  de  débet;  car  la  première  fignifica- 
tion  de  débiter  étoit  de  vendre  à  crédit  :  ce  qui  eft  le 
vrai  moyen  de  faciliter  une  vente. 
DÉBITER.  En  termes  de  forêts,  fignifie  aufïi  couper  de 
longueur  du  bois  .abattu,  pour  en  faire  du  bois  d'ou- 
vrage ;  c'eft-à-dire,  du  bois  de  fente,  de  latte,  tant 
carrée  que  voligs,  échalas,  merrain  à  futaille ,  con- 
tre-lattes, planches,  membrures,  chevrons,  poteaux, 
folives,  battans,  limons  d'efcaliers, gouttières,  rais , 
cordes  ,  cornets,  fagots  Se  charbon  \  fuivant  fa  def- 
tination.  Lignum  varias  in  ufus  defaibere  ^  fcindere  ^ 
dijjecare. 

DÉbitfr,  fe  dit  de  même  du  marbre,  des  pierres, 
&c.  Lapides  varias  in  ufus  ferra  defeçarc.  Une  fcie  i 
débiter. 

Débiter,  une  partie,  un  article,  fur  un  Livre  ,  dans 


DEB 

lin  cofT.ptej  c'eft  la  porter  à  la  page  à  main  gauch« 
du  Livre  j  que  l'on  appelle  le  côté  du  débit.  Je  vous 
ai  débiteront  telle  lomme. 

On  dit  Hgurément ,  qu'un  homme  débite  h'i^a, 
pour  dire,  qu'il  du  bien  ce  qu'il  dit,  qu'il  récite, 
cjuil  parle  agréablement,  &  avec  facilité.  Fadlej 
commode  j  concinné  j  elegantcr  loqui^;  qu'il  débite  des 
nouvelles,  narrare  res  nova  s  ;  pour  dire  ,  qu'il  les 
répand,  qu'il  les  publie.  Débiter  des  vérités.  J^cra 
loqui.  Débiter  des  menlonges.  tabulas ,  nugas  ven- 
dere.  Débiter  de  beaux  fentimens.  Les  philolophes 
les  plus  réfolus  ne  font  que  des  Charlat.ins  ,  qui 
avalent  le  poiion  un  peu  île  meilleure  grâce  que  les 
autres  ,  ahn  de  mieux  débiter  leurs  drogues.  S.  Eyr. 

Mes  vers paroijfent  fi  mauvais , 
Paul ,  de  l'air  dont  tu  les  débites  j 
Qu  il  femble  quand  tu  les  récites  , 
Que  ce  fait  toi  qui  les  a  faits, 
Foye:[  Ménage  ,  T.  II  j  p.  178, 

1^  Débiter,  en  mulîque ,  c'eft  rendre  un  rftle  de 
chant  avec  rapidité,  avec  jurtelfe,  avec  préci(ion  6c 
variété. 

Débité  ,  ée.  part.  Il  a  tout  les  fens  de  fon  verbe  en 
François  &  en  Latin. 

DEBITEUR  ,  EUSE.  f.  m.  &  f.  Qui  ne  fe  dit  qu'efl 
cette  phtafeau  figuré.  C'eft  un  débiteur,  ou  une  dé- 
hiteuje  de  nouvelles.  Celui  qui  a  coutume  de  dire  , 
de  débiter  des  nouvelles.  Kerum  novarum  narrator  , 
nugivcndus. 

DEBITEUR,  f.  m.  Débitrice,  f.  f.  Homme,  femme 
qui  doit.  Débiter ,  jemina  aliquo  nomine  olligata. 
\indébiteur<\o\K.  fatisfaire autant  qu'il  peut  fes  créan- 
ciers. Je  fuis  votre  débiteur  ^  elleejl  votre  débitrice. 

§C?  En  matière  civile  nous  n'avons  point  aujour- 
d'hui en  France  de  peine  contre  les  débiteurs  qui  ne 
fatisfont  pas  à  leurs  créanciers  ,  que  la  condamna- 
tion aux  dépens  &  la  condamnation  d'intérêts  ;  en- 
core les  intérctsne  font-ils  dûs  que  du  jour  que  la 
demande  en  a  été  faite  en  juftice  par  le  créancier  j 
&  de  plus ,  il  faut  que  cette  demande  ait  été  fuivie 
de  condamnation. 

DÉBITIS.  f.  m.  Terme  de  Chancellerie.  C'eft  un  man- 
dement général ,  ou  compulfoire  obtenu  à  la  Chan* 
ceilerie  Royale  pour  contraindre  les  débiteurs  par 
faifie,  vente  &  exploitation  de  leurs  biens  ,  à  payer 
ce  qu'ils  doivent  à  l'impétrant  félon  qu'ils  y  font 
obligés.  On  fe  fervoit  de  ces  lettres  ,  quand  l'obli- 
gation étoit  palfée  par  d'autres  Notaires  que  de  Cour 
Laie  ,  parce  que  c'étoit  un  inftrument  qui  ne  portoic 
point  d'exécution  ni  d'hypothèque  ;  &  qua-nd  il  y 
avoit  appel  interjeté  de  telles  exécuti»ns ,  il  reffor- 
tilToit  à  la  Cour  du  Parlement ,  &  non  pas  parde- 
vant  le  Juge  Royal.  Ces  lettres  font  maintenant  hors 
d'uf.ige  J  parce  qu'il  eft  rare  que  les  Juges  refufent 
leur  permiflîon  pour  faire  exécuter  les  contraintes. 
Les  lettres  de  débitis  ont  le  même  effet  dans  l'étendue 
d'un  Parlement  ,  que  les  lettres  de  p^reat/s  hors  l'é- 
tendue d'un  Parlement.  L'Auteur  du  petit  GlofTaire 
fur  les  arrêts  de  Jean  le  Cocq  ,  dit ,  que  les  lettres  de 
débitis  font  celles  qu'on  appelle  aujourd'hui  les  lettres 
de  committimus  ,  débitis  ,  Utterarum  genus  ,  quA 
hodie  vucantur ,  lettres  de  committimus.  Le  mêm« 
Aureur  donne  une  formule  des  lettres  de  débitis. 

DÉBLAER  ,  ou  DEBLAVER.  Vieux  terme  de  Cou- 
tumes J  qui  fignifie  couper  les  blés.  Metere  ,  fegetes 
refecare.  Mes  pères  moururent  faifis  &  vêtus,  tenant 
&  ptenant ,  blaans  &  déblaans  ,  &  les  biens  dé- 
pouillans.  Établiss.  de  France.  Foy  Déblayer. 

§Cr  DEBLAI,  f.  m.  Terme  familier  &  de  converfa- 
tion  ,  qui  fignifie  l'aéliion  de  fe  débarrafler  de  quel- 
que chofe.  Il  n'eft  d'ufage  que  dans  cette  phrafe  : 
Voilà  un  beau  déblai ,  pour  dire  qu'on  s'eft  heureu- 
fement  débarralfé  d'un  homme  incommode  ou  d'une 
chofe  fâcheufe. 

^ZT  Déblai  ,  dans  les  travaux  d'Archiredure  , 
fignifie  le  rranfport  des  terres  qui  proviennent  des 
feuilles  qu'on  fait  pour  k  couftrucliori  d'ua.  bâti- 


DEB 

ment.  Tcrrarum  deponaùo ,  exportatlo.  M.  de  Feu- 
quieres  dans  fcs  Mémoiies  a  employé  ce  mot.    Si 
iennemi  a  fait  un  abbacis  dans  une  forêt  dont  le 
fonds  eft  marécageux  ,  &c  où  il  n'y  a  que  quelques 
chemins  fecs  :  comme  les  déblais  de  ces  abbatis  lonc 
longs  à  faire  fous  le  feu  de  1  ennemi ,  cet  ouvrage 
coûtera  bien  des  honimt-s. 
DÉBLATHA ,  ou  DIBLA  ,  ou  DEBLATHAÏM  ,  ou 
DIBLATHAÏM  ,  &  DIBLAÏM.  Nota  d'une  petite 
région  de  l'Arabie  Déferre  ,  îk  qui  faifuic  la  partie 
feptentricKiale  de  laTeire  de  Moab  ,  ou  des  Moa- 
bites  i  elle  touchoit  à  la  Tribu  de  iluben,  il  y  avoit 
dans  cette  petite  contrée  un  lieu  nommé  Btch-Dc- 
blathaïm,  c'ell-à  dire  ^  Maifon  de  Débladuiim  ,  que 
quelques-uns  croient  avoit  écé  une  ville,  d'autres  le 
nient.  Foy.  Ezech  VI.  4.  Jérem.  XLVIII.  iz. 

Ip"  DEBLAYER,  v.  a.   Débarraifer  d'une   chofe  qui 
incommode.  Expedire  ab  aliquâ  re.    Déblayer  une 
Biaifon  ,  une  falle,  &c.  des  chofes  qui  fonr  incom 
modes ,  qui  embarralfenr.  Ce  mot  sert  du  origi 
naircment    des    Marchands    de     blé  qui    s'étoieni 
défaits   du  blé   qui  occupoit  &   embarralfoit  leurs 
greniers  :  &  on  a  dit  auttefois  déblayer  au  propre  , 
pour  fignifier    motionner   un  champ ,    en  coupe- 
&  ôter  le  blé  j  Mccere ,  comme  l'on  a  dit  embla- 
ver   (Se    ahlayer    une    terre  ,     pour    dire    l'enle 
mencer  en  blé  ;  &:  ablais  Se  emblée  &C  debicure ,  poui 
dire  ,  le  blé  pendant  par  les  racines  ,  comme   l'on 
voit  en  plufieurs  Courûmes ,  qui  difent  aulfi  bUet 
ou  debizer. 

DÉBLAYER.  Se  dit  aulTi  en  termes  de  guerre-  Il  fallu 
pluliiurs  jours  pour  déblayer  le  camp  des  bielles 
M.  de  Feuqmeres  dans  les  Mémoires. 

Ce  mot  vienr  de  bladare,  ou  de  bladiare  ,  qu'on  . 
dit  en  la  baffe  Latinué  ,  pour  ligniHer  ,  moijjonne 
des  blés. 

DÉBLAYE  ,  ÉE.  part.  Expedicus  ^  Uheratus  ab  aliquo  ,  a' 
aliquâ  re. 

Ip-DEBLEURE,  on  EA^»^^  ETîRF.   f   f  Term*-  d 
Coutumes.  Voy.  l'art  ptécédent.  Ces  mots  fignifienr 
non  feule  nenc  les  Dieds  pendans  pir   U-.   racines  , 
mais  quelque  OIS  la  récolte  ou  l.i  levée  des  blcvis. 

^  DEBLOC^UER.  v.  a.  Terme  d'Imprimerie.  Ce- 
remerrre    dans    une   forme  les  lettres    qui  ,   ayan 
manqué  dans  la  calfe  ,  ontérébloquées ,  c'eft-à-dire 
dont  les  places  ont  été  remplies  par  d'autres  lettres 
mais  que  l'on  a  renvetfées. 

Deboete  ,  ou  Déboîté  ,  ée.  part.  palT.  &  adj.  Os  me- 
fimjede  fuâ. 

DEBOÊTEMENT  ,  ou  DÉBOÎTEMENT,  f  m.  Il  '. 
dit  d'un  os  qui  eft  hors  de  fa  place.  C'eft  la  même 
chûfe  que  dirtocation.  OJJîs  de  fcde  fuâ  depuljlo. 

DEB  ;)ÈTER  ,  ou  DÉBOÎTER,  v.  a.  Difloquer  un  os  . 
le  Hire  forrir  de  fa  p'ice.  Os  fcde  'uâ  movere. 

Déboeter  ,  fe  dit  auiïl  des  pièces  de  bois  alTemblées  , 
qui  font  forties  de  leurs  mortoifes.  Compagcm  ali- 
quam  ,  coagmentum  dijjolvere.  Cette  bordure  de  ta- 
bleau eft  deboctée. 

On  le  dit  aulfi  en  hydraulique  ,  pour  féparer  de<; 
tuyaux  endommagés ,  pour  en  remettre  de  neufs. 

fCF  Deboéfer  eft  aulli  réciproque.  Un  os  fe  debo'ète. 
Une  cloifon  fe  déboéce. 

DEBOIRE,  f.  m.  Mauvais  goût  qui  refte  de  quelque 
liqueur  après  qu'on  l'a  bus.  Ingratus  fapor.   Il   fe 
dit  aulli  de  la  qualité  ou  de  la  faveur  même  qui 
caufe  ce  mauvais  goût.  Ce  vin  a  u  1  déboire  affreux 
BoiL. 

Déboire  ,  fe  dit  figurément  du  déplaifîr  j  des  chagrins 
occalionnés  par  li  mauvais  fuccès  d'une  affaire  ,  on 
des  mortifications  que  l'on  reçoit  d'un  Supérieur. 
Moleflia.  Les  Courtifans  font  fouvent  fujets  à  avoir 
de  fâcheux  d:hoires.  C'eft  un  furieux  déboire  que  de 
fe  voir  pé'érer  un  fat  infolsnt.  S.  Evr. 

DEBONDER,  v.  a.  &  n.  Lâcher ,  ou  ôter  la  bonde  d'un 
étang  j  d'un  tonneau  ,  &rc.  Sublato  objeclacu'o  aq'.u-.m 
eminere.  Qinnd  on  veut  pêcher  un  étanu  ,  il  fuir  le 
débonder  Se  lâcher  la  bonde,  afin  de  lailTer  écouler 
les  enux.  Avec  le  pronom  perfonnei  ,  il  fe  dit  en 
parlant  des  eaux  q«i  fe  répandent  avec  impétuofité 


DEB  11^ 

ou  abondance  par  ies  ouvertures  qu'elles  trouvent. 
hjfluere  ,  aijfluere ,  ejjundi.  Cette  chauffée  eit  rom- 
pue ,  les  eaux  le  débondent  dans  les  prairies,  (^uand 
les  éclules  &  les  digues  de  Hollande  font  rompues  , 
la  mer  le  débonde  dans  les  campagnes. 

On  dit  aulli  ncutialement  que  l'eau  d'un  étang 
debjnde  par  quelque  ouveiture. 
Débonder  j  fe  dit  aulli  des  humeurs  qui  font  dans  le 
corps,  tffijere ,  e^fundi  ,  d/jjundi.  Quand  la  bile  fe 
débonde  -,  elle  fait  de  grands  ravages.  Quand  le  ventre 
fe  débonde  &c  fe  décharge  ,  le  coips  en  eft  fortlou- 

Tranfporté  au  figuré  ,  ce  mot  n'eft  que  du  ftyle 
familier,  bes  pleurs  onr  enfin  débonde.  Après  s'être 
lait  violence  pendant  long  -  temps ,  il  fallut  enfin 
débonder ,  &  uonner  un  iibte  cours  à  la  colère ,  à 
ies  larmes.  Erumpere  in  ,  6c. 

iff  Débondé  ,  ée.  part. 

DEBONDONNEMENT.  f.  m.  L'aftion  de  débon- 
uonner.   Pomey.  Soluùo,  operculi  detracuo. 

DEBONDONNER.  v,  a.  Oter  le  bondon.  Suum  dolio 
opereulum  detrahcre.  On  a  trop  tôt  débondonné  ces 
muids  ,  il  les  faut  débondonner ,  les  lailfer  débondon- 
ncs  durant  quelque  tems. 

Débondonné  ,  ée.  part.  paff.  &  adj.  Solutus  operculo. 

DEBONNAIRE,  adj.  m.  &  f.  Doux  ,  Bienfaifant.  C'eft 
là  proprement  l'idée  que  prclente  ce  mot.  Plus , 
lents  ,  humanus  :  mais  il  n  eft  d'ufage  que  dans  le 
ftyle  noble  ou  férieux  ,  en  parlant  des  Princes  :  par- 
tout ailleurs  il  fe  prend  en  mauvaifc  part ,  ou  en 
plailantant.  Louis  le  Débonnaire  ,  ou  le  Pieux  ,  Roi 
de  France,  étoit  fils  de  Charlemagne.  M.  Châre- 
l.^in ,  dans  fon  Martyrologe ,  dit  aulli  Antonin  le 
JJebonnaire.  Nos  Antiquaires  difent  Anton  m  Pie.  Le 
même  Auteur  avec  Baillet  dit  :  Saint  Sulpice  le  Dé- 
bonnaire ,  d'autres  difent  le  Pieux. 

Saint  Louis  ctoit  un  ^nncQ  débonnaire.  Un  homme 
debonr.aire  eft  un  homme  tacile  j  foible  ,  &  bon  juf- 
qu'à  l'excès.  M  Esp.  Il  n'eft  plus  guère  en  ufage  en 
bonne  part,  luivant  ce  qu'a  dit  Balfac  :  Ils  ont  nommé 
le  debo, maire  j  celui  qu'ils  n'ont  ofé  nommer  le  for. 
En  parlant  de  cette  vertu  ,  que  J.  C.  a  canonifée  ,  SC 
qui  va  a  fouffnr  &  à  pardonner  les  plus  grands  ou- 
trages ,  on  peut  dire  :  Les  vrais  Chrétiens  font  de'~ 
bonr2air£S.  tiois  de-là,  je  ne  voudrois  pas  m'en  fer- 
vir  j  &  aujourd'hui  un  vifage  débonnaire  fignifie  une 
phyfionomie  nmife.  Du  tems  de  Montagne  il  figni- 
fioit  quelque  choie  de  doux  &  d'humain.  Il  y  a, 
dir-il  J  quelque  art  à  diftinguer  les  vifages  débon- 
naires ,  d  avec  les  niais.  Bouh.  Quand  on  appelle 
quelqu'un  débonnaire  ,  on  ne  fait  li  c'eft  pout  le 
louer ,  ou  pour  le  blâmer.  M.  Esp.  La  mollefTe  des 
perlonnes  débonnaires  fait  leur  débonnaireté.  Id. 

On  appelle  un  mari  débonnaire  ,  un  mari  qui 
fouffre  patiemment  la  mauvaife  conduite  de  fa 
fenune- 

Pafquier,  après  Henri  Etienne  ,  dit  que  ce  mot 
eft  coinpofé  de  ces  trois  mots ,  de  bon  aire.  Mais 
Ménage,  à  caufe  que  cette  lignification  eft  trop 
éloignée,  tient  qu'il  vient  de  bonus  (y  bonarius. 

DEBONNAIREMENT.  adv.  Avec  douceur  ^  avec 
bonté.  Bénigne ,  clefnenier.  Un  vainqueur  doit  riaitet 
fes  ennemis  débonnairemenc.  Il  qÙ.  vieux  &c  hors  d'u- 
fage. 

DEBONNAIRETE.  f.  f.  Qualité  de  celui  qui  eft  d'hu- 
meur débonnaire.  Clementia  j  manfuecudo  ,  benigni- 
t  s.  La  débonnaireté  fied  bien  à  un  Prince.  Il  vaut 
mieux  dire  la  douceur ,  ou  la  clémence,  que  \a  dé- 
bonnairetz  j  car  lorfque  la  debcnnairete  n'eft  pas  une 
vertu  du  Chriftianilme  ,  elle  fe  prend  d'ordinaire 
pour  un  manque  de  vigueur  &  de  courage.  BouH. 
Dans  le  monde  on  fe  moque  de  la  débonnaireté ,  8c 
de  la  forte  patience  de  ceux  qui  fe  laifTènt  opprimer 
fans  réfiftance.  S.  Evr. 

La  débonnaireté  a  quelque  chofe  de  vil  &  de  mé- 

prifable.  M.  Esp.  Ce  mot  eft  vieux. 

DÉBORD.  f.  m.  Ce  qui  fort  ou  qui  pifTe  sudelà  du 

bord.  Projeclura  ,  em'''  entia.  On  le  dit  en  termes  d« 

monnoie  ,  de  cette  faillie  qui  eft  hors  le  bord  des 

Qij 


114  DEB 

flancs  des  monnoies  ,  qui  eft  au-delà  du  cordon  de 
la  légende  ,  entre  la  tranche  &  le  greneti. 
Debord  ,  fe  dit  aufli  par  les  Médecins ,  pour  déborde- 
ment.  Projujior  humorum  cerebrum  inundandum  ej- 
flucncia.  Debord  d'husieurs.  Debord  de  bile.  Da- 

NET. 

DEBORDEMENT,  f.m.  Elévation  des  eaux  au-delfus 
des  bords  de  leur  lit.  Exundacio.  Les  Anciens  fe  font 
vainement  tourmentés  à  trouver  les  caufes  du  débor- 
dement du  Nil ,  quoiqu'il  fût  aifé  de  le  trouver, 
comme  l'on  a  tau  depuis. 

^fT  DÉBORDEMENT  &  INONDATION  ne  font  fy- 
nonymes  que  par  l'idée  générale  que  préfentenc  ces 
deux  mot:;  ,  d'une  cerraine  tiuancité  d'eaux  qui  s'é- 
lèvent au-delTus  des  bords  de  leur  lit.  C'ell-là  l'idée 

.  propre  du  mot  débordement.  Inondation  ajoute  à  cette 
idée  celle  d'un  terrein  diftingué  des  bords ,  &  cou- 
vert par  les  eaux  qui  le  répandent  en  forçant  de  leur 
lie.  yoye^  ce  mot.  • 

On  le  dit  de  même  des  humeurs  du  corps  humain 
qui  fe  dégorgent.  Le  débordement  de  la  bile  caufe  la 
jaunilfe.  On  appelle  débordement  de  cerveau  une 
chute  extraordinaire  de  pituite  qui  coule  du  cerveau 
&  des  conduits  falivaires  par  le  nez  &  par  la  bouche. 
EffLuvium ,  effujio. 

Dans  un  fens  figuré  ,  débordement  fe  dit  de  l'ir- 
ruption d'un  peuple  barbare  qui  vient  avec  des  ar- 
mées nombreufes  ravager  les  Provinces.  Irruptio. 
L'Empire  Romain  n'a  pu  foutenir  le  débordeme  nt  àts, 
nations  du  Nord ,  des  Goths,  des  Vandales ,  &c.  L'An- 
gleterre feroic  inondée  par  le  débordement  effroya- 
ble de  mille  feétes  bifarres.  Boff".  Seclarum  coUuvies  ^ 
effluvium. 

DÉBORDEMENT  ,  fe  dit  aufli  figurément  pour  épanche- 

•  ment ,  etfufion.  Effu/io ,  effiuentia.  Je  ferois  au  défef- 
poir  d'avoir  perdu  tant  de  paroles  paflîonnées  que 
M.  de  S.  Cyran  appeloit  des  effufionsde  cœur  &  des 
debordemens  d'amitié.  Balz.- 

DÉBORDEMENT  ,  figuific  figutément ,  débauche,  dérè- 
glement. Vivendi  Uc&ntia  ,  morum  Licentia  ^  corrup- 
teia.  Le  débordement  des  mœurs  avoir  befoin  d'une 
forte  digue.  Patru.  Il  ne  peut  ignorer  ce  déborde- 
ment honteux.  Maucroix.  L'Ordonnance  a  relevé 
du  rombeau  l'autorité  paternelle  enfevelie  fous  les 
vices  &  les  debordemens  du  lîécle.  Le  Mait. 

DÉBORDER,  v.  a.  Dans  les  aits  méchaniques  ,c'eft  en 
général  ôter  les  bords  d'un  chapeau  ,  d  un  man- 
teau ,  d'un  habit ,  d'une  jupe.  Limbum  tollere. 

IJC?  Déborder  les  tables.  Terme  de  Plombier , 
c'eft  avec  un  débordoir  rond  rogner  les  bords  des 
tables  de  plomb ,  pour  les  unir  des  deux  côtés.  Re- 
fecare. 

Déborder,  v.  n.  Et  fe  déborder,  palier  par-deffiis  les 
bords.  Il  fe  dit  des  eaux  qui  fortent  de  leur  lit ,  qui 
s'enflent ,  qui  fe  groliHrent  trop  ,  &  qui  s'écoulent. 
La  tonte  des  eaux  tait  déborder  les  rivières,  fait  que 
les  étangs  fe  débordent.  La  mer  a  beau  fe  remplir  de 
fleuves  ,  elle  ne  fe  déborde  point.  Maucroix. 
On  le  dir  dans  le  même  fens  des  humeurs  du  corps 
humain,  particulièrement  de  la  bile,  lorfqu^elles 
font  en  fi  grande  abondance  ,  qu'elles  ne  peuvent 
plus  être  contenues  dans  les  vaideaux.  Effluere  ,  dif- 
fundi.  Quand  la  bile  fe  déborde ,  elle  fait  de  grands 
ravages. 

Déborder  ,  fe  dit  auffi  des  chofes  qni  avancent  au- 
delà  d'une  autre  j  quand  le  bord  de  l'une  pafle  celui 
de  l'autre.  Eminere ,  prominere.  Il  fliut  rogner  cette 
doublure,  elle  déborde  d'un  grand  doigt,  tes  paffe- 
mens ,  les  palfepoils  débordent  au-delà  "des  coutures. 
Cetre  maifon  deborde^  dans  la  rue.  Le  cordon  déborde 
tout  le  long  d'un  bâtiment. 

On  le  dit  de  même  adivement  en  termes  de  guerre 
d'une  ligne  qui  a  plus  de  fronr  &  d'étendue  que  la 
ligne  qui  lui  eft  pppofée.  La  première  ligne  des  en- 
nemis t/e^cr^oir  la  nôrre. 

On  le  dit  même  de  tous  les  corps  qui  en  débor- 
dent d'autres. 

Déborder  ,  en  termes  de  Marine ,  .fe  dit  d'un  vaiiïeau 


DEB 

qui  fe  dégage  du  bord  d'un  autre  qui  l'avoit  abordé  , 
&  qui  y  étoit  attaché  par  un  grapin  ,  ou  autres  amar- 
res ,  ou  qui  le  détache  d'un  brûlot  pour  fe  fauver 
de  i'infulte  de  l'abordage.  Expedtre  ,  cxplicare,  dif- 
Jolvere.  £)eborder  ,  fe  du  aulli  d'un  bâtiment  qui  s'é- 
loigne d'un  autre  pour  quelque  caufe  que  ce  foit. 
Une  chaloupe  ne  déborde  point  du  vailTeau  fans  que 
le  Capitaine  en  fou  intormé. 

§C?  Déborder  lignihe  encore ,  en  termes  de  Ma- 
rine ,  tuer  les  écoutes  d'une  voile  pour  la  caiguer.  Le 
Manoeuv. 

C!C?  Déborder  ,  terme  de  Plombier.  C'eft  couper 
les  deux  côtés  des  tables  de  plomb  avec  la  plane. 
hefecare.  Déborder  les  cables  de  plomb. 

On  dit  figurément  fe  déborder  tn  injures,  vomir 
des  injures  ,  exhaler  fa  colère  en  injures  Evomere 
iram  j  virus  aceibitatisfuct.  Sa  cruauté  le  déborda  fut 
toutes  fortes  dâges.  Vaug.  Se  déborder  en  paroles 
impures  &  licencieufes.  Erumpere  in  objcœnas  voces. 
M.'vucRoix.  Plus  la  cupidité  trouve  d'ouvertures, 
plus  elle  fe  déborde.  Roy. 

Déborder  fignifie  encore  ,  fe  répandre  ,  venir  en 
foule  j  coneuirere  ,  irrumpere.  Les  nations  barbares 
ont  débordé  dans  toutes  les  Provinces  de  l'Empire 
Romain. 

Paris  voit  tous  les  ans , 

Les  auteurs  à  grands  flots  déborder  de  tout  temps.  BoiL. 

Débordé  ,  Ée.  part.  Exundans  ,  effufusj  diffujus. 

On  appelle  une  perfonne  débordée  celle  qui  eft 
déréglée  ,  qui  fort  des  bornes  que  l'honnêteté  &c  la 
Religion  prefcnvent.  C'eft  un  jeune  homme  débordé. 
Il  mené  une  vie  débordée.  Dijjolutus ,  Ubidinofus , 
liheriùs  vivens. 

DÉBORDOIR.  f.m.  Inftrument  de  fer  ,  tranchant , 
avec  une  poignée  de  bois  ,  tait  en  forme  de  plane , 
dont  fe  fervent  les  Plombiers  pour  rogner  les  bords 
des  tables  de  plomb.  Voye-^  Déborder. 

DÉBOSSER  le  cable,  v.  a.  Terme  de  Marine.  C'eft 
démarrer  la  bolfe  cjui  tient  le  cable. 

DÉBOTTER  ,  ôter  les  bottes  à  quelqu'un.  Ocreas  alicui 
detrahere.  Se  debotter ,  c'eft  tirer  l'es  bottes  avec  un 
tirebotte.  Ocreas  exuere. 

On  le  dit  auftî  fubftantivement  :  Il  fe  trouva  au 
débotter  du  Roi.  Acad.  Fr. 

Débotté  ,É£.  T^i^it.  Soiutus  ocreis. 

DÉBOUCHÉ,  f.  m.  On  appelle  un  débouché ,  un 
moyen  ,  un  expédient  pour  fortir  de  quelque  affaire  , 
de  quelque  embarras.  Trouvez-moi  un  débouché ,  &c 
je  ni 'en  lervirai.  Le  Confeil  ne  trouva  point  de  meil- 
leur débouché  pour  les  billets  de  banque  j  que  de  les 
faire  mettre  au  vifa  ,  pour  être  liquidés  à  perre  ,  fui- 
vant  leur  nature,  Reconvertis  en  rente  viagère  au 
denier  io  ,  ou  perpétuelle  au  denier  50. 

DÉBOUCHÉ,  le  dit  dans  le  même  fens  dans  le  con>- 
merce  pour  exprimer  la  facilité  qu'on  a  de  fe  dé- 
faire de  fes  marchandifes.  J'ai  un  débouché  pour  me 
défaire  de  telles  marchandifes. 

Débouché.  Lieu  par  où  l'on  fort  d'un  défilé ,  d'une 
gorge  ,  &  d'un  col  de  montagne.  Le  Lieutenant-Co- 
lonel auta  foin  aux  défilés  de  faire  faire  halte  à 
la  tête  du  Régiment  au  delà  du  débouché  ,  pour 
faire  réformer  les  rangs  &  les  divifions ,  de  fâçoi» 
qu'elles  foient  toujours  en  bon  ordre.  Bombelles. 

DÉBOUCHEMENT.  f.  m.  Aélion  de  déboucher.  Le 
débouchement  des  égoiits ,  des  canaux  ,  &c. 

DÉBOUCHEMENT  ,  fignifie  aufli  figurément ,  moyen  , 
expédient  de  fe  défaire  utilement  des  chofes  dont  on 
ne  trouve  pas  aifément  l'emploi  ou  le  débit.  Il  a 
trouvé  un  débouchement  'ponz  fes  billets.  J'ai  des  mar- 
chandifes dont  je  cherche  le  débouchement.  Dans  ce 
fens  il  eft  fynonyme  à  débouché. 

DÉBOUCHER,  v.  a.  Oter  ce  qui  bouche.  Recludere  ^ 
aperire.  On  a  débouché  ces  bouteilles.  Souvent  en 
confervant  fon  idée  principale  ,  il  fignifie  débarraf* 
fer,  ôter  les  obftacles.  Déboucher  les  chemins,  un 
cgoût  ,  les  paflages  ,  &c.  En  médecine  il  fignifie  la 
nicmechofe  qu'évacuer.  Cette  médecine  l'a  débouché. 


DEB 

DÉBOUCHER  ,  fe  dit  neutralement  pour  ,  Soitir  d'un 
déhlé  ,  d'une  gorge  ,  &  d'une  montagne.  A  peine 
avions  nous  deboucne  dans  la  plaine  ,  que  la  tête  des 
ennemis  parut  fur  les  montagnes  oppofées.  Nous 
dcbouchions  par  le  col ,  ou  le  pas  de  Suze  ,  pour 
entrer  dans  la  plaine  de  Turin. 

gC?  Dans  ce  fens  l'inlinitiif  efl:  fouvent  employé 
comme  fubftantif  ,  &  l'on  du  au  dcbouchci  ài\  dchlé 
des  rçontagnes  ,  pour  dire  à  la  fortie. 

DÉBOUCHÉ  ,  ÉE.  part. 

|Cr  DEBOUCHOIR.  f.m.  En  termes  de  Lapidaire  , 
c'eft;  un  morceau  de  fer  fur  lequel  elt  creulé  la  f-orme 
de  la  coquille  &  de  la  queue  ,  qu'on  repoulfe  avec 
un  poinçon  hors  de  cette  coquille ,  lorlqu'elle  ell 
calice. 

DEBOUCLER,  v.  a.  Oter  les  boucles  de  ce  qui  eft 
bouclé.  Diffibulare.  Déboucler  un  ceinturon.  Débou- 
cler des  bottines  ;  débouder  des  fouliers. 

DÉBOUCLER,  Oter  les  boucles  qu'on  a  mifesà  la  nature 
d'une  cavale  pour  l'empèclier  d'être  faillie,  tquam 
diffibulare.  Il  faut  déboucler  cette  cavale. 

Déboucler  ,  fignilîe  aulli ,  Détaire  quelques  boucles 
de  cheveux  ,  les  déftifer  ,  Cirros  dijjolvere.  Dé- 
boucler une  perruque.  Cette  perruque  s'ell  toute 
débouclée. 

Débouclé,  ée.  part. 

DEBOUILLL  f.  m.  Epreuve  que  l'on  fait  de  la  bonté 
ou  faulTeté  d'une  couleur  ,  ou  teinture  ,  en  taiiant 
bouillir  les  étoffes  dans  de  l'eau  avec  de  certaines 
drogues.  Si  la  couleur  foutient  le  debouiUi ,  c'eft-à 
dire  ,  il  elle  ne  fe  décharge  point ,  ou  très-peu  , 
&  que  l'eau  n'en  refte  point  colorée  ,  la  teinture  eft 
jugée  de  bon  teint. 
DÉBOUILL4R.  v.  a.  Terme  de  Teinturier.  C'eft  éprou- 
ver la  bonté  ou  la  fauffecé  d'une  teinture.  Tincla  , 
infecla probare  ,  experirï.  On  fait  bouillir  des  échan- 
tillons d'étoffe  demi-heure  dans  des  eaux  sûres  avec 
un  poids  égal  d'alun  &  de  tartre  ,  ou  de  favon  ,  ou 
de  jus  de  citron  :  &  alors  les  couleurs  fe  changent. 
Par  exemple  ,  l'échantillon  noir  qui  aura  été  guédé 
deviendra  bleuâtre  tirant  fur  le  verd  brun.  S'il  a  été 
guédé  &:  garance ,  il  deviendra  minime.  Et  celui  qui 
n'aura  été  ni  guédé,  ni  garance  ^  ne  verdira  point , 
mais  deviendra  d'une  couleur  entre  jaune  &  tauve. 
On  voir  aailî  par  le  déboudli  (i  les  étoffes  ont  été 
bien  engallées  &  noircies.  On  fait  aufli  dcbouiUïr  wa 
échantillon  de  la  couleur  matrice  qui  fe  garde  au 
Bureau,  qui  a  été  teinte  dans  les  règles,  pour  en 
juger  par  la  comparaifon  des  uns  aux  autres.  Le  bleu 
ne  manque  jamais  dans  le  debouillï ,  li  la  teinture 
en  eft  bonne.  On  fait  des  àtm\-débouillis  &  des 
quarts  de  débouillis ,  en  mettant  moins  pefant  d'alun 
&  de  tartre  ,  ou  en  les  faifant  bouillir  moins  de 
temps.  La  manière  de  fahele débouilli  eft  amplement 
décrite  dans  les  Statuts  des  Teinturiers  de  l'année 

DÉBOUILLI  ,  lE.  part,  on  dit  auftî  fubft.  Un  débouilli. 
DEBOUÇ^UEMENT.    f.   m.    Action    de  débouquer. 
Egreffhs  ,  exjcus.  Sortie  des  bouches  ,  ou  canaux  qui 
réparent  les  îles. 

D^  Ce  mot  ne  fignifiant  autre  chofe  qu'un  paffage 
formé  par  plulieurs  Iles  j  entre  lefquels  un  vaiffeau 
eft  obligé  de  palier ,  paroît  fynonyme  à  détroir  &  à 
canal  ;  mais  il  s'applique  particulièrement  aux  An- 
tilles &  aux  Iles  qui  font  au  Nord  de  S.  Domingue. 
f^oy.  Desembocadero. 
DEBOUQUER.  v.  n.  Terme  de  Mer.   C'eft  fortir  des 
bouches  ou^des  canaux  qui  font  entre  deux  îles,  ou 
entre  une  Ile  &  la  Terre-ferme.  Pomey.  Expedire 
Je  ,  exccderc. 
DEBOURBER.  v.  a.  Oter  ,  tirer  de  la  bourbe  une  roue , 
ou  autre  chofe  femblable.  Danet.  E  cce.no  excrahere , 
evellere  j  avcllere. 
DÉbourber.  Se  dit  auffi  pour.  Faire  jeter  la  bourbe. 
Pour  manger  de  bon  poiffon  ,  il  le  faut  faire  dcbour- 
ber  dans  de  l'eau  claire.  Danet.  On  dit  aufii  ,  Dé- 
hourber  un  étang  ,  pour  dire ,  en  tirer  la  bourbe.  L'A- 
CAD.  Cœnopurgare,  expurgare. 
DEBOURGEOISER.  y.  a  Ocer  à  quelqu'un  les  manié- 


DEB  115 

Tes  bourgeoifes,  lui  faire  voir  le  beau  monde.  M. 
Regnard ,  Scène  'VI  du  Recour  imprévu ,  fait  ainli 
parler  leAiarquis  au  fujet  de  Clitandre  :  Il  n'eft  pas 
connoiilable  depuis  qu'il  me  hante,  ce  petit  homme. 
Il  eft  vrai  que  je  n'ai  pas  mon  pareil  pour  debour- 
geoifer  un  enfant  de  famille  ,  le  mettre  dans  le 
monde ,  le  pouffer  dans  le  jeu  ,  lui  donner  le  bon 
goûc  pour  les  habits ,  les  meubles ,  les  équipages.  Je 
n'ai  trouvé  ce  mot  dans  aucun  Dictionnaire ,  ex- 
cepté Pomey. 

DEBOURRER,  y.  a.  Au  propre  lignifie  ôter  la  boiirre. 
2  ormcmum  ex  ephippio  decrahere  ,  eximerc  ;  mais 
il  n'eft  guère  en  ufage  qu'au  figuré,  &  fignihe  ap- 
prendre à  vivre  à  quelqu'un  ,  le  façonner  ,  lui  iaire 
perdre  le  mauvais  ton  ,  les  mauvaiies  manières  ,  ÔC 
dans  ce  fens  il  eft  aufti  réciproque.  Aliquem  erudire , 
inflauere  ,  perpolire.  Cet  homme  étoit  fort  greffier 
quand  il  vint  à  Paris  ,  mais  il  s'eli  bien  débourré  à.  la 
Cour.  La  héquentation  du  beau  monde  c/fiioi^;;f  bien 
les  Provinciaux.  Il  n'eft  que  du  ftyle  familier. 

§Cr  DÉBOURRER  un  cheval  ,  terme  de  manège.  C'eft 
rendre  les  mouvemens  d'un  jeune  cheval  fouples  Se 
lians. 

DÉBOURRÉ  ,ÉE.  part. 

DEBOURSEMENT,  f.  m.  Payement  (ju'on  fait  des 
deniers  qu'on  tire  de  fa  bourfe.  Pecunid  dinumeratio. 
Le  rembourfement  des  frais  n'égale  jamais  ceux  du 
dibourfement ,  ou  ce  qu'on  a  débourfé. 

DEBOURSER,  v.  a.  Tirer  de  l'argent  de  fa  bourfe  pour 
faire  quelque  dépenfe ,  quelque  payement ,  quelque 
achat.  Pecuniam  è  marfupio  promere  ,  depromere.  Il  a 
débourfé  tant  d'argent  pour  les  affaires  de  fon  maître. 

Déboursé  ,  ée.  parr.  &  adj.  &  quelquefois  fubft.  De- 
proinca  e  marfupio  pccunia.  Il  faut  rendre  l'argent 
débourfé  par  notre  ordre.  On  ne  peut  rien  rabbatre 
fur  le  débourfé.  \\  lui  faut  allouer  Ion  debourfe.  Il  fe  die 
ordinairement  des  petites  fommes  qu'on  avance  pour 
les  autres. 

DEBOUT,  adv.  Sur  fes  pieds.  StansX^ts  Juifs  étoient 
obligés  de  manger  l'Agneau  Pafcal  tout  debout.  Quand 
vous  priez  ,  ne  faites  pas  comme  les  hypocrites  ,  qui 
affedent  de  prier  en  fe  tenant  debout  dans  les  Syna- 
gogues. PoRT-R.  On  a  dit  qu'il  falloit  qu'un  Em- 
pereur mourût  debout.,  c'eft-à-dire  ,  qu'il  tût  tou- 
jours adif  &  vigilanr.  Il  faut  être  debout  &  tête  nue 
devant  ceux  à  qui  l'on  doit  du  refpeél.  Le  bois  qui 
eft  debout  dans  les  forêts ,  c'eft  celui  qui  n'eft  point 
abattu. 

%fj'  On  eft  debout :,  lorfqu'on  eft  fur  fes  pieds.  On 
eft  droit ,  lorfqu'on  n'eft  ni  courbé,  ni  panché.  Syn. 
Fr.  La  bonne  grâce  veut  qu'on  fe  tienne  droit.LQ  ref- 
peft  fait  quelquefois  tenir  debout. 

Debout  ,  fe  dit  auffi  de  ceux  qui  ne  font  point  couchés. 
Scare.  Cet  homme  a  été  long-temps  alité  ,  mais 
maintenant  il  eft  debout.  Les  Soldats  d'Alexandre 
couchent  fur  la  terre  j  &  jamais  le  jour  ne  les  trouve 
que  debout.  'Vaug.  On  dit  auffi  d'un  homme  fore 
affoupi ,  qu  il  dort  tout  debout.  Quand  on  éveille 


quelqu'un  à  la  hâte  ,  on  lui  ctie  :  Debout ,  debout  j 
fus  ,  debout ,  il  eft  grand  jour. 

Debout  ,  fe  dit  des  bâtimens  anciens  qui  fubfiftent 
encore.  Le  Colifée  eft  encore  debout ,  quoiciueRome 
ait  été  fept  tois  prife  par  les  Barbares  ou  les  Etran- 
gers. La  muraille  de  la  ville  étoit  encore  debout. 
Ablanc. 

§Cr  On  dit  mettre  du  bois  debout,  lorfqu'on  le 
met  de  fa  hauteur  :  un  tonneau  debout,  quant  on  le 
met  fur  un  de  fes  fonds. 

Debout  ,  fe  dit  proverbialemenr  en  ces  phrafes  ,  On 
eft  plus  couché  que  debout,  pour  dire  que  la  vie  eft 
bien  plus  courre  que  l'éternité.  On  dit  qu'un  homme 
ne  fnuroit  tomber  que  debout,  quand  il  a  tant  de 
rclTources  ,  que  fi  l'une  lui  manque,  l'autre  ne  lui 
manquera  pas.  On  appelle  aulTi  des  contes  à  dormir 
debout ,  des  contes  avec  lefquels  on  amufe  &  on 
endort  les  enfans.  On  dit  pareillement  à  ceux  qui 
font'  de  vaines  promeffe's  auxquelles  on  n'ajoute  pas 
foi  ,    ou  qui  font  de  vains  raifonnemens  qui  ns 


Ï3.6  DEB 

perfuadent' point ,  que  ce  font  des  contes  à  dormir 
debout. 
Debout  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  des  animaux 
qu'on  repréfente  tout  droits  &  pofés  fur  les  pieds  de 
derrière.  Ereclus.  On  voit  des  écus  où  il  y  a  des 
ours  ,  de^écureuils  ,  des  boucs ,  &c.  qui  font  debout, 
ou  peints  de  cette  force. 

En  termes  de  Marine  ,  donner  debout  Itens  ,  veut 
•dire  courir  droit  à  terre.  Avoir  venr  debout,  aller 
debout  au.  vent,  être  debout  ^a  vent  ^  c'eft  avoir  vent 
contraire  j  avoir  vent  par  proue,  aller  contre  le 
vent ,  préfenter  l'avant  du  navire  au  vent.  Debout  à 
la  lame  ,  naviger  debout  à  la  lame  j  fe  dit  quand  la 
lame  ptend  le  vaiiïeau  pat  l'avant,  &c  qu'il  la  coupe 
pour  avancer.  Aborder  un  vaiiïeau  ^e/i-o/^f  au  corps  , 
c'eft  lui  mettre  l'cperon  dans  le  flanc. 
Debout,  adv.  Il  fe  dit  des  marchandifes  qui  paflTenr 

dans  une  ville  fans  décharger. 
Debout  et  costes.  Termes  qui  fe  trouvent  dans  quel- 
#  ques  Coutumes  ,  ils  fignifient  aux  deux  bouts,  aux 

deux  côtés,  Utrinque  ,  ex  ucraque  parte. 
Debout  a  éteinte  de  chandelle.  Termes  de  Cou- 
tumes. Bail  qui  le  tait  à  éteinte  de  chandelle  ^  adju- 
dication d'héritages  qui  fe  fait  en  faveur  du  plus  of- 
frant &  dernier  enchérilTeur  qui  s'eft  piéfenté  pen- 
dant que  brûîoit  un  petit  bout  de  bougie  ou  de 
chandelle  ,  qu'un  Sergent  Crieur  avoir  allumé  de- 
vant le  Juge  qui  tait  l'adjudication.  Foye\  la  Cou- 
tume de  Bretagne. 
DÉBOUTER,  v.  a.  Terme  de  Palais.  Rejeter  la  re- 
quête, la  demande  qu'on  fait  en  Jullice  ,  déclaterpar 
fentence ,  par  arrêt  que  quelqu'un  eft  déchu  de  la 
demande  qu'il  avoit  faite  en  Juftice.  Aclorem  aclione 
fuâfuhmovere.  Ce  chicaneur  a  été  débouté  par  arrêt 
de  toutes  fes  prétentions.  La  formule  de  prononcer 
■cil:  telle  :  La  Cour  a  déboute  &  déboute  le  demandeur 
de  fa  demande  ,  de  l'entérinement  de  fes  lettres  ,  & 
l'a  condamné  aux  dépens. 

On  dit  auiîi  débouter  quelqu'un  de  fes  efpérances , 

■de  fes  prétentions  :  cette  expreflion  eft  du  ftyle  flr- 

milier,  ou  du  ftyle  du  Palais.  Aiiqucm  de  juâ  fpt 

dejicere. 

DÉBOUTÉ  ,  ÉE.  part.  Il  a  les  fignificationsde  fon  verbe  , 

&  fîgnihe  la  même  chofe  que  déchu. 
Débouté  de  fa  demande,  de  fon  oppofition  ,  à  quoi 
le  Juge  ajoute  toujours  une  condamnation  aux  dé 
pens ,  en  quoi  le  débouté  eft  diftcrent  de  ce  qu'on  ap 
pelle  ho!s  de  Cour. 
Débouté,  f.  m.  Terme  de  Palais.  On  appelle  nn  d<^' 
boute  de  défenfes ,  un  jugement  qui  fe  donnoit  avant 
la  dernière  Ordonnance  ,  par  lequel  un  défendeui 
croit  déboute^  de  donner  des  défenfes ,  faute  de  le 
avoir  données  en  temps  &  lieu  :  &  le  demandeu; 
étoit  reçu  à  vérifier  fa  demande  tant  par  titres,  qiK 
par  témoins,    h'acultate  &  copia  omni  tuendâ,  de.jen- 
fionis  multatus.  Les  déboutés  de  défenfes  font  abrogés 
par  l'Ordonnance  de  16^57. 
DÉBOUTONNER,  v.  a.  Faire  fortir  les  boutons  de 
leurs  ganfes  ,   ou   boutonnières.    Aftrlclum  globuin 
thoracem  laxare.  Déboutonner  h  foutane  ,  fon  jufte- 
au-corps.  On  le  dit  aufti  avec  le  pronom  perfonnel. 
Se  déboutonner. 

On  dit  figurcment ,  dans'le  ftyle  familier,  fe  û't-'- 
houtonner  zstç.  fes  amis ,  pour  dire  parler  librement 
avec  eux  ,  leur  ouvrir  fon  cœur. 
DÉBOUTONNÉ,  ÉE.  part.  Qui  a  le  pourpoint  ouverr. 
Thorax  glohulis  laxatus  ,  vejlis  glohulls  laxata.  Il  eft 
mal  féant  de  paroître  dans  une  compagnie  tout  dé- 
boutonné. 

On  dit  proverbiilen-ienr  ,  Rire  à  ventre  débou- 
tonné,  pour  dire  ,  rire  de  tonte  fa  force  ,  &  manger 
à  ventre  déboutonné ,  manger  avec  excès. 
DEBRAILLEE.  ,  qui  nefe  dit  qu'avec  le  pronom  per- 
fonnel. Sedébrji/ler.  //'oye^  Récip.  Se  découvrir  trop 
lagorge ,  l'eftomac  ;  être  mal  boutonné  ,  ou  attaché  , 
montrer  ce  qui  a  coutume  d'être  caché.  Peclus  j  col 
lum  nudare.^  Les  grandes  chaleurs  obligent  quelque- 
fois à  fe  débrailler.  C'eft  une  indécence  de  paroître 


DEB 

débraillé  devant  les  honnêtes  gens.  Il  n'eft  que  da 
difcours  familier. 
DÉBRAILLÉ,  EE.  part.  Il  a  Ics  fignifîcations  defon  vcrbc. 

Mon  dinerfait  ^  ne  vous  déplaife  j 
Je  dors  &  ronfle  dans  ma  cha'tje ; 
Je  me  mets  en  déshabillé , 
Devant  mon  Jeu  ,  ro«f  débraillé. 

De  Malézjeu. 

DÊBREDOUILLER.  v.  a.  Terme  de  Joueurs  de  Tric- 
trac. Oter  la  bredouille  ,  empêcher  qu'un  homme 
ne  puilfe  gagner  partie  double.  Debredouiller  quel- 
qu'un. Il  eft  aulli  neutre  &  réciproque.  Débredouil- 
ler &c  fe  debredouiller.  Quand  on  gagne  quelques 
points  après  celui  qui  avoit  marqué  bredouille, 
on  le  (un  debredouiller ,  on  lui  fait  ôter  la  marque 
de  la  bredouille.  Jus  admerum  duplex  adimere.W  fe  dit 
de  la  petite  &  de  la  grar.de  bredouille.  Pour  la  pe- 
tite ,  c'eft  entrer  avec  deux  jetons  ,  tandis  que  le 
premier  joueur  n'en  a  qu'un  ,  parce  que  vous  lui  ôtez 
le  droit  de  partie  bredouille  \  ou  ôter  un  jeton  à 
celui  qui  en  a  deux ,  pour  lui  ôtei  également  la  \m- 
douille.  Debredouiller  la  grande  bredouille ,  c'eft  em- 
pêcher qu'un  joueur  ne  gagne  douze  trous  de  fuLre, 
ce  qui  fe  fait  en  l'interrompant ,  &c  gagnant  un  trou 
au  moins  avant  qu'il  en  ait  gagné  douze,  f'^oyer 
Grande  Bredouille.  Il  eft  d'un  honnête  hom- 
me de  fe  débredouiller ,  fans  attendre  que  fon  adver- 
faire  le  lui  dife.TaAiTÉ  duTrictrac.  On  le  dit  par 
extenfion  à  toutes  fortes  de  jeux  ,  ou  en  d'autres  oc- 
cafîons ,  quand  on  commence  à  gagner,  ou  à  faire 
quelque  chofe  à  fon  tour  pour  la  première  fois.  Certe 
femme  eft  revenue  du  bal  fans  debredouiller  •,  c'eft-à- 
dire,  qu'elle  n'a  point  danié. 

DÉbredouillÉ,  ÉE,  part.  Jurelucri  duplicisprivatus^  a. 
Quand  celui  qui  a  été  débredouillé  vient  à  faire  un 
grand  coup,  par  lequel  il  a  de  quoi  marquer  trois  trous 
à  la  fois,  cela  s'appelle  rentrer  en  bredouille. 

|Cr  DEBREZEN.  Ville  de  la  Haute  Hongrie,  dans  1« 
Comté  de  Zabotez,  au  midi  de  Tokay.  Debreci- 
num. 

DÉBRIDÉE,  f.  f.  Prix  qu'on  paye  à  l'Hôtellerie  pour 
un  cheval ,  lorfqu'on  ne  s'y  arrête  que  le  temps  da 
fon  diner.  Voilà  une  belle  débridée,  dit-on  d'une 
folle  entreprife.  On  le  dit  auflî  d'une  grande  compa- 
gnie qui  defcend  chez  quelqu'un.  Il  a  eu  toute  la 
débridée  j  c'eft  à-dire,  ils  ont  tous  logé  chez  lui.  Ce 
mot  n'eft  pas  d'ufage. 

DEBRIDEMENT.  f.'^'m.  Aéfion  de  débrider.  Pomey. 
Freni  folutio.  Il  n'eft  pas  d  ufage. 

DÉBRIDER.  V.  a.  ôter  la  bride  à  un  cheval.  Equofre- 
nos  ditrahere.  Débride^  mon  cheval ,  je  ne  veux  plus 
fortir.  Ce  cheval  s'eft  débridé  tout  feul.  On  le  dit 
abfolument.  Nous  avons  fait  dix  lieues  fans  débrider, 
tout  d'une  traite,  il  eft  itxVi^sàQ  débrider. 

Débrider,  lignifie  fouvent  ouvrir,  dégager,  élargir, 
defterrer,  &ic.  Laxare,  aperire^  deducere ,  &c.  Je 
me  fervis  de  la  pointe  d'une  lancette  pour  débrider 
cette  partie  du  conduit  de  l'uretère.  Dionis.  Ce  ter- 
me eft  en  u(age  dans  les  Arts  dans  le  fens  qui  vient 
d'être  expliqué. 

CÉriRiDER  une  pierre.  Terme  de  Carrier.  C'eft  en  ôter 
le  cable,  quand  elle  eft  arrivée  en  haut,  &  qu'on 
veut  la  décharger  fur  la  forme,  ou  raccommoder  le 
cable  fur  la  pierre  ,  quand  dans  les  premiers  tours 
de  la  roue  on  s'apperçoit  qu'elle  eft  mal  bridée, 

DÉBRIDER,  fe  dit  figurément  en  parlanr  de  plufieurs 
travaux  qu'on  fait  fans  difcontinuation.  Ces  ma- 
nœuvres ont  travaillé  continuellement,  &  fans  dé- 
brider. Il  nous  a  fait  vingt  contes  fans  débrider.  J'ai 
dormi  fept  heures  fans  débrider.  Continenter y  ajjîduè, 
fine  ullâ  intermijjîone.  Cet  homme  a  parlé  deux  heu- 
res fans  débrider,  c'eft-à- dire,  fans  cefter,  fans  laiflTer 
un  moment  aux  autres  pour  parler.  Cela  n'eft  bon 
que  dans  le  ftyle  familier. 

DÉBRIDER ,  fe  dit  populairement  de  plufieurs  chofes 
qu'on  fait  à  la  hâte,  Si  avec  une  extrême  précipita- 
tion. Deproperare.  /^aye^;  comme  ces  gens- là  débri- 


D  E  B 

denc.  On  dit  d'un  homme  qiti  dit  trop  précipitam- 
ment foii  Bréviaire,  qu'il  a  bientôt  débride  Ion 
Bréviaire.  Ac.  Fil. 

Débride,  ee  ,  parr.  Il  a  la  fignitîcation  de  fon  verbe  , 
en  Latin  comme  en  François.  ; 

DÈBRIDEUR.  1".  m.  Qui  iait  quelque  chofe  vite,  à  la  ' 
hâte.  Deproperdtt.-r.  Rabelais  appelle  hère  Jean  un 
bun  ddrideur  de  Matines.  Ox\  le  dit  encore  en  lem-  | 
blables  phraies  en  llyle  bas  &  familier.  ] 

IK?  DÉBRIS.  1.  m.  Relies  d'une  choie  détruite.  R'ii-i 


DEB  117 

folîde.  On  le  dit  particulièrement  des  glaces,  des 

miroirs,  &c. 
DEBTF.UR.  f.  m.  Vieux  mot.  Débiteur.  Debicor. 
DEBUCHER,  v.  n.  Terme  de  Vénerie.  Soiti^  du  bois. 

Il  ne  Te  dit  que  du  gios  gibier ,  quand  il  iorc  du  bois 

où  il  s'étoit  retiré,  ou  de  l'on  builîon  ,  de  Ion  tott. 

Al/grare  è  fi/va  j  è  Iiijtrj.  Mon  ccit  ddùuche  i  &  palle 

une  allez  longue  plaine.  NIol. 

ify  On  le  dit  lubltantivement.    Se   trouver  au 

déhuch  cr. 


nés  &c  décombres  i  £e  dit  principalement  des^édih-   DÈBUSC^UEMENT.  f.  m.  L'aélion  de  débufquer.  Po-* 

Ç.QS.  Foye\  ces  vnots  \  lieliquLt.  On  voit  encore  en  j      ut.^.  hxacïio,  ejecllo. 

Orient ,  les  t/c(^r«,  les  pitoyables  reftes  des  villes  de   DEBUSQUER,  v.  n.  Sortir  du  bois.  Exire  ,  egred:. 


l'antiquité.  Ce  font  là  les  trilles  débris  de  la  guerre 
civile.  Chercher  Rome  en  ces  valles  débris.  Main. 
^C?  Débris,  fe  dit  plus  particulièrement  des  relies  ou 
des  pièces difperfées  d'un  vailleau  qui  a  fait  nautrage, 
&:  des  etfets  qui  étoient  dans  le  vailfeau  que  la  mer 
jette  fur  le  rivage.  En  termes  de  marine ,  on  du  bris, 
iracla^  lacera  navis  ^jraclét,  navis  rcliquid.  Il  n'a  laq- 
vé  que  peu  de  chofe  Aw  débris  à^  fon  nautrage.  La 
mer  jeta  fur  les   bords  plulieurs  pièces  du  décris  de 
ces  vailfeau X. 
§CF  Débris  ,  fe  dit  au  figuré,  de  ce  qui  relie  de  bien 
après  un  revers  de  fortune,  &  de  ce  qui  relie  de 
troupes  après  une  délaite.  Reliquis.  trifles ,  rtâns..  Il 
a  fauve  beaucoup  de  bons  effets  du  dibris  de  fa  for- 
tune. Il  a  rallié  le  débris  de  fon  armée,  pour  tenter 
encore  une  fois  le  combat.  Si  vous  vous  élevez  iui 
les  ruines  d'autrui ,  un  plus  puilïant  que  vous  s'élè- 
vera à  fon  tour  fur  les  débris  de  votre  grandeur. 
Fléch.  Il  avoir  recueilli  trois  cens  écus  d'or  du  débris 
de  fon  patrimoine.  Id.  Les  Millénaires  fe  figurent 
que  Dieu  tirera  du  débris  du  monde  un  plus  bel 
édifice,  &c  une  conilirution  de  toutes  chofes  plus 
heureule  j  &  moms  fragile.  S.  Evr.  Lors  même  que 
la  pudeur  ell  vaincue ,  l'on  aime  encore  à  en  voir  les 
relies  &  les  débris.  Id. 
Débris,  fe  dit  aulîi  de  ce  qui  fe  calTe  Se  fe  brife  dans 
une  maifon ,  où  il  aborde  beaucoup  de  monde.  Frac- 
tura ,  ruptio ,  dctrimentum.  Il  faut  qu'un  Hôtelier  falfe 
état  de  telle  fomme  tous  les  ans  pour  le  débris  qui 
fe  fait  en  fa  maifon.  En  plulieurs  lieux  on  fait  payer 
tant  pour  le  débris  des  maifons  où  on  loge.  Quand 
le  Roi  loge  quelque  part,  il  fait  payer  tant  pour  le 
débris. 
DEBROUILLEMENT.  f.  m.  Aftion  par  laquelle  on 
démêle,  on  débrouille  une  chofe  embrouillée.  fAr/^/i- 
cado.  Le  débrouillenient  du  chaos.  Il  n'y  avoir  que  cet 
Intendant  qui  fut  capable  du  débrouillemenc  des  affai- 
res de  cette  maifon. 
IJCFDÉBROUILLER.  v.  a.  Démêler,  mettre  l'ordre  dans 
les  choies  qui  ptoient  en  confuhon.  Explicare,  expc- 
dire.  J'ai  débrouillé  nos  papiers  qui  étoient  mal  en 
ordre.  Ce  hit  l'amour,  difent  les  Poètes,  qui  de- 
èrouilla  le  chaos. 
Débrouiller  ,  fe  dit  au  figuré  en  parlant  d'affaires , 
de  fciences,  dequellions,  pour  dire  ,  les  démêler,  les 
cclaircir,&c.  Un  habile  Rapporteur  fait  bien  débroui- 
Icr  une  affaire,  la  mettre  en  fon  jour.  Les  Scaliger, 
Lipfe,  Cafaubon,  &  autres  Critiques  du    dernier 
fiècle ,  ont  fort  débrouillé  les  fciences. 
Deprouillé  ,  Ée.  parr. 
DÉBROUTIR.  f^oyei  Débrutir. 
DÈBRUTALISER.  v.  a.  Ôter  la  brutalité  ;  faire  qu'un 
homme  btutal  ne  le  foit   plus.    Aliquem  à  rujlicis  j 
ferinis  inoribus  ad  humanitacem  traduccre.  Madame  la 
Marquife  de  Rambouillet  a  fait  ce  mot ,  qui  eft  affez 
heureufement  inventé.  Vaug.  Mais  quoiqu'il  dût 
être  reçu  avec  applaudiffement,  l'ufage  ne  l'a  point 
confirmé. 
DÉBRUTIR  ,  ou  DÉBROUTIR.  v.  a.  Terme  de  Mi- 


Dès  que  le  loup  eut  debufquéj  on  mit  les  chiens  après 
lui.  \ 

Débusquer,  v.  a.  Chalfer  un  homme  d'un  lieu  qu'il 
occupe ,  d'un  polie  avantageux.  Aliquem  ex  cliquo 
loco  detrudcre ,  depellere  ,  e/icere.  Ce  Capitaine  avou 
occupé  ce  château  ,  mais  on  l'en  a  débufquer 

|tT  On  le  dit  figurément  d'un  rival ,  d'un  conçut-  . 
rent  qui  en  dépolféde  un  autre.  Z)cf/-:/y(^«er  quelqu'un 
de  fa  plate,  du  minillcre.  Il  n'ell  que  du  llyle  tami- 
lier. 
DÉBUSQUÉ,  ÉE.  pM:t.  Depuljus )  ejecîus ,  detrufus. 
DEBUT,  f  m.  Commencement  d'une  partie,  le  pre- 
mier coup  à  certain  jeu,  au  mail,  à  la  boule,  &cc, 
Ludendi  itniium.  Dès  que  j'ai  vu  fon  dibut ,  j'ai  bien 
jugé  qu'il  petdroit  la  partie. 

On  dit  qu'une  chofe  ell  en  beau  début\  pour  dire 
qu'on  la  peut  miter,  abattre  facilement,  ou  la  jetei" 
loin  du  but.  De  meta  dcjici ,  depelli  jaciUs. 
^fT  Début,  fe  dit  en  gcr.cral  d'une  chofe  qu'on  fait 
pour  la  première  fois,  ou  du  commencement  d'une 
attion.  IJebut  d'un  aéleur.  Z)t'/':^f  d'un  orateur.  De  la 
première  démarche  dans  uneentrefirife,  du  commen- 
cement d'une  affaire  ,  d'un  difcours ,  &c.  alors  il  le 
prend  au  figuré.  I/iitium,exordiuin.  Quand  on  vient  à 
la  Cour,  on  prend  garde  au  début.  Le  début  de  ca 
livre  ell  beau  ,  mais  il  ne  fe  foutient  pas  long- temps. 

Que  le  àéhmfoitjimple,  &  n'ait  rien  d'affeclé.  Boit. 

DÉBUTER.  V.  a.  Ôter  du  but,  d'auprès  du  but,  une 
boule.  Globulum  de  meta  depellere.  C'eft  un  avantage 
de  jouer  le  dernier  à  la  boule  ,  car  on  débute  les 
autres. 

Débuter  ,  fignifie  aufli ,  Commenceî  une  partie ,  jouec 
le  premier  coup.  Ludendi  initium  facere.  Ce  joueur  a 
fi  bien  débuté ,  que  je  parierois  pour  lui.  Il  a  débuté 
par  un  beau  coup. 

DÉBUTER,  fe  dit  figurément  pour  commencer  quelque 
chofe  ,  faire  les  premières  démarches  dans  une  entie- 
prifc,  dans  une  profellion ,  &c.  Dicendi  jaare  ini- 
tium ,  agendi  initium  facere.  Cet  Avocat  a  plaidé  fa 
première  caufe,&  a  delutépur  une  lotcile.  Il  importo 
en  toutes  chofes  de  débuter  zvcc  efprit.  Ac.Il  a  mnl- 
heureufement  débuté  auprès  d'elle-  La  belle  galante- 
rie que  la  leut!  quoi!  débuter  pzi  le  mariage,  &:  en 
venir  de  but-en-blanc  à  l'union  conjugale  ?  Mol, 
Toute  la  fortune  d'un  homme  qui  entre  à  la  Cour, 
conhlle  à  bien  débuter ^  à  fe  mettte  d'abord  en  bonne 
réputation  :  car  on  juge  de  fa  conduite  pat  les  pre- 
miers pas. 

§Cr  On  le  dit  particulièrement  aujourd'hui  des 
Aéleurs  qui  jouent  pour  la  première  fois  fur  un  théâ- 
tre. Tel  Adleur  a  débuté  d^ns  telle  pièce. 

DÉBUTER,  fe  dit  fouvent  ironiquement,  de  ceux  qui 
font,  ou  qui  difent  mal-àpropos  quelque  chofe 
qu'on  défapprouve.  Facere  aiiquid  perpcram  ,  malè. 
Vous  croyez  avoir  fait  une  bonne  affaire,  voilà  bien 
débuté. 
DÉBUTÉ,  ÉE.  part. 


DEC. 


roitier.  Commencer  à  polir  les  glaces,  en  ôter  d'abord 
ce  qu'il  y  a  de  plus  brute ,  commencer  à  les  dégrolfir. 
Speculi  cryjlailum  l&vigare.  Débrutir  une    glace  de   DEÇÀ.  Prépofition  qui  marque  lin  lieu  plus  proche  de 
rairoir.  On  le  dit  aulTi  du  marbre.  |      nous  qu'un  autre  ,  qui  eu  ell  fépavé  p.u  quelque 

%ï  DEBRUTISSEMFNT.  f.  m.  L'art  de  débrutir  ,  de  \      montagne  ,  où  rivière  ,  ou  qui  en  eft  plus  éloigr.é  , 
polir  jufqu'à  uo  certain  point  la  furface  d'un  corps       &  qu'on  défigne  par  la  pvcpoluion  delà ,  qui  eft  op- 


z% 


DEC 


pol 


dira.  La  Provence  eft  deçà  les  Monts. 
La  Franche-Comte  elt  déçu  le  Rhin. 

U  elc  plus  ordinairement  adverbe  de  temps  &  de 
îreu,  &  etl  oppulé  à  delà.  Le  loleii  retourne  en  deçà 
en  etc.  Sous  1  Empire  d'Augulle  ,  &  long-temps  en 
</tcà  la  l3n.gue  Latine  floriiroit.  Tournez -vous  en 
deçà,  vers  moi.  Venez  par  deçà.  Ce  mur  penche  en 
deçà.  Les  p.iys  de  deçà  \  c'eft-à-dire ,  voiluis.  Il  n'y  a 
rien  de  nouveau  en  decà,pav  deçà.  Je  vous  enver- 
rai toutes  les  nouvelles  de  deçà.  Il  vieillit  en  ce  fens. 
On  dit  d'un  inconltant,  qu'il  eft  tantôt  deçà  ,  tan- 
tôt delà,  qu'il nicline  deçà  ù delà  j  d'un  coureur,  d'un 
inquiet ,  qu'il  va  deçà  6-  delà.  Uitrb  c'uibque. 

DÉCACHETER,  v.  a.  Ôter ,  rompre  le  cachet.  Il  fe 
dit  paiticulièrement  des  lettres  &c  paquets,  quand 
on  les  ouvre.  Rejignare.  On  eft  exempt  de  payer  le 
port  des  lettres  décachetées. 

DÉCACHETÉ,  ÉE.  part. 

IJÉCADARQUE ,  ou  DÉCADUQUE.  f.  m.  Magiftrat 
que  Lyfandre  établit  dans  les  villes  de  la  dépendance 
d'Athènes,  après  Ta  vidoire  fur  les  Athéniens.  Deçà- 
darc/ms  j  Decaducus.  Lyfandre  créa  dix  Magiftrats 
dans  chacune  des  villes  Athéniennes ,  après  en  avoir 
chalTé  tous  les  partifans  d'Athènes,  &  il  n'admit  per 
fonne  parmi  ces  Magiftrats  qui  ne  fiit  fon  hôte  & 
fon  ami,  ou  qui  ne  lui  jurât  fidélité.  Ainfiilfe  rendu 
maître  de  tout  le  Gouvernement  :  c'eft  ces  dix  Ma- 
giftrats qu'on  appela  Decadarques  &  Decuduques , 
de  è'iKa,  dix ,  8c  de  «ça;".»  Commandement ,  Magijira- 
\  ou  de  <^i*«r ,  ^ttx^o; ,  Décade ,  &  de  ^x"  >  7  "^'  >  /^ 


tare: 


pofsède ,  je  contiens.  Dans  Athènes  il  en  mit  trente 
^3°  DÉCADE,  f.  f.  Terme  dont  on  fe  fervoit  autrefois 
en  arithmétique  pour  fignifiec  dixaine.  Decasàw  mot 
grec  qui  (îgnifie  la  même  chofe.  Il  ne  fe  dit  plus  que 
pour  dédgner  les  livres  d'hiftoire  qui  font  partagés 
par  dixaines.  Les  Décades  de  Tite-Live.  L'hiftoire 
Romaine  de  Tite-Live  eft  divifée  par  Décades. 
DÉCADE.  Ouvrage  compofé  de  dix  Livres.  Decas. 
DÉCADENCE,  f.  f.  Difpofition  à  la  chute  j  état  de  ce 
qui  tend  à  fa  ruine ,  tant  au  propre  qu'au  figuré. 
Âinfi  le  mot  ruine  dit  plus  que  décadence,  &  en  eft 
diftingué  comme  l'eftèt  l'eft  de  fa  caufe.  Ad  ruinam 
inclinatio.  Les  bâtimens  qui  ne  font  point  habités, 
tombent  bientôt  en  décadence.  Que  j'aime  à  voir  la 
décadence  de  ces  vieux  palais  ruinés.  S.  Amand.  Le 
P.  Bouhoius ,  dans  fes  nouvelles  remarques  fur  la 
langue  Françoife,  avertit  que  décadence  ne  s'emploie 

fuère  qu'au  figuré,  Ç\  ce  neft  en  vers,  comme  dans 
exemple  de  S.  Amand,  qui  vient  d'être  rapporté; 
i&  que  quand  on  dit  la  décadence  d'une  maifon  ,  une 
maiton  qui  tombe  en  décadence ,  alors  maifon  fe 
prend  powtjamille  ,  &  non  pas  pour  bâtiment. 
DÉcAi>E  NCE ,  fe  dit  figurément  dans  la  même  fignifica- 
tion  de  tout  ce  qui  va  vers  le  déclin.  Res  incUnata, 
ûb  exaltatd  jortunà  ad  inclinatam  &  prope  jacentem 


dejici  ;  imperii 


,  regm . 


Reipublicî  occafus ,  feneclus  ; 


nrwn  inclinatio.  Le  crédit  de  cet  homme  va  en  déca- 
dence. Toutes  les  chofes  du  monde  vont  en  déca- 
dence, c'eft-à-dire,  de  mal  en  pis.  Cette  famille 
tombe  en  décadence.  Vigenere  a  écrit  l'Hiftoire  de  la 
Décadence  d'e  l'Empire  d'Orient,  &  le  P.  Maim- 
bourg  celle  de  l'Empire  d'Occident  après  Charlema- 
gne.  Diért  loin  que  les  fciences  foiertt  allées  en  déca- 
dence dans  ce  fiècle,  elles  ont  au  contraire  reçu  de 
confidérables  accroilfemens.  S.  EvR.  La  décadence 
des  arts  ii  fuivi  la  chiite  de  l'Empire  Romain.  ïô. 
Les  hommes  ne  regardent  pas  volontiers  les  chofes 
dont  la  décadenceXzwrxtxvi^i  devant  les  yeux  la  nccef-l 
ficé  inévitable  de  mourir.  Bouh.  Les  femmes  laiflen- 
aller  leurs  charmes  en  décadence ,  dès  qu'elles  on 
«nchaîné  un  mari.  S.  Evr.  Depuis  ce  malheur  roir 
alla  vifiblement  en  décadence,  &  les  affaires  furent 
fans  retour.  Boss.  Dom  Mabillon ,  dans  les  Acla 
Sancl.  Sened.  Sac.  IF.  Pr&f.  §.  VI.  traite  des  caufes 
de  la  décadence  de  l'Ordre  de  S.  Benoît. 
DÉGAGER,  v.  a.  Ôter,  tirer  d'une  cage.  Me  voilà  donc 
décagé  pour  la  troifième  fois  ,  dit  Cyrano  dans  fort 
Hiftoire  comique  de  l'Empire  de  la  Lune.  Mais  un 
Écrivain  fi  libre  dans  fa  manière  de  penfer,  peut 


DEC 

bien  l'être  dans  fes  expreflions  :  encore  celle-ci  n'eft- 
eile  pas  la  plus  hardie. 

DECAGONE,  f.  m.  Terme  de  Géométrie.  Figure  plane 
qui  a  dix  angles  &  dix  côtés.  Decagonus.  Un  Déca- 
gone régulier.  Il  eft  aulli  adjedif.  Le  balîin  de  cette 
fontaine  eft  décagone. 

En  matière  de  Fortification  on  appelle  auffi  un 
décagone ,  un  ouvrage  compofée  de  dix  baftions. 

DECAISSER,  v.   a.  Terme  de  Jardinier.  C'eft  tirer 
quelgues  plantes,  quelques  arbres,  quelques  fleurs 
de  la  caiife.  Plantas Jiiis  de  capfuUs  extrahere.  Decaif- 
Jér  un  jafmin.  Decafjjer  un  oranger  ,  &c. 

DÉCAISSER  des  march.andifes.  Terme  de  commerce  , 
plus  ufité  que  défencaillèr.  C'eft  les  tirer  hors  de  la 
caiffe  où  elles  font  renfermées.  Il  ne  fe  dit  que  de  la 
première  ouverture  que  l'on  fait  d'une  caifle. 

DÉCALENGE,  ée,  adj.  Terme  de  Coutumes.  Qui  n'eft 
point  accufé  ,  ou  qui  n'eft  point  appréhendé.  On  dit 
aufli  des  biens  &  des  meubles  décalengés ,  &  déchar- 
gés de  la  faifine. 

DECALITRE,  ou  DÉCALITRON.  f.  m.  Ancienne 
monnoiede  la  ville  d'Egine.  Decalitron.  \.q  Décalitre 
des  Eginètes  valoit  deux  ftateres  Corinthiens ,  au 
rapport  de  Pollux  ,  c'eft-à-dire  ,  qu'il  valoir  dix  obo- 
les d'Egine ,  ou  feize  oboles  d'Athènes ,  &  les  deux 
tiers  d'une  obole  d'Athènes.  Saumaife  ^  de  M.  U.fur. 

c.  6.  prétend  que  lu  Décalitre  ne  valoit  que  i6.  oboles 
&  un  tiers  d  obole  d'Athènes  ;  mais  il  fe  ttompe  : 
car  6.  oboles  d'Egine  en  valoieni  dix  d'Athènes.  Ainfi 
1.  obole  d'Egine  égale  à  une  obole  d'Athènes,  plus  •; 
obole,  plus-j  d'obole.  Or-j+«*»,|  &  h"^^-  Donc  i. 
obole  d'Egine  valoit  i  +  ?  d'oboles  d'Athènes.  Il 
s'enfuit  encore  de-làj  contre  le  fentiment  de  quel- 
ques Auteurs  que  le  Décalitre  valoit  plus  de  deux 
drachmes  d'Athènes ,  car  la  drachme,  ou  dragme 
d' Athènes j  ne  contenoit  que  fix  oboles,  &  confé- 
quemment  les  deux  dragmes  n'en  faifoient  que  i2. 
Se  le  Décalitre  1 6.  qui  font  i.  dragmes  &  *  de  dragma 
d'Athènes.  Il  paroît  par-là  que  fi  l'on  appelle  quel-* 
quefois  le  Décalitre  d'Egine  une  dragme,  c'eft  un 
abus  de  ce  nom ^  ce  n'eft  pas  parler  jufte.  Il  y  avoit 
auifi  un  Décalitre  ds  Conmhe  j  &  un  de  Syracufe» 
qui  étoient  l'un  &  l'autre  de  même  poids  que  celui 
d'Egine.  Voye^  Gronovius,  L.  III.  De  Pec.  Fec.  C. 

Pour  réduire  maintenant  le  Décalitre  z  notre  mon- 
noie,  fuppofons  que  i".  l'argent  eft  à  jz.  livres 
le  marc  ;  le  grain  vaudra  un  denier,  plus  j  de  denier. 
Suppofons  en  fécond  lieu,  ce  que  tout  le  monde  ac* 
corde,  que  la  dragme  d'Athènes  pefoit  un  huitième 
de  l'once  Romaine  ,  c'eft-à-dire  ,  6y.  de  nos  grains- 
comme  nous  l'avons  dit  au  mot  Dragmi.  Soixante 
&  fept  grains  ou  la  dragme  Attique  valoit  9.  f.  j. 

d.  7  de  denier,  comme  nous  l'avons  montré  au 
même  endroit.  Donc  deux  dragmes  &  f  de  dragine, 
c'eft-à-dire  j  le  Décalitre ,  valoit  i.  liv.  i.  f.  8.  d.  i  d* 
denier. 

Ce  mot  eft  Grec  compofé  de  J'é»* ,  dix ,  &  >JT^a , 
lit<'e  ,  qui  étoit,  félon  Pollux,  une  petite  monnoie, 
laquelle,  comme  il  paroît  parce  que  nous  avons  dit, 
valoit  deux  fous  deux  deniers  plus  y  de  denier  ,  puif- 
qu'il  y  a  dix  litres  dans  le  Décalitre. 
DÉCALOGUE.  f.  m.  Les  dix  Commandemensde  Die» 
gravés  fur  deux  tables  données  à  Moife  fut  le  Mont 
Sinaï.  Decalogus.  Ce  nom  eft  Grec,  compofé  de  ^f>«, 
dix  j  &  /<V<if  j  parole ,  comme  qui  diroit  dix  paroks  ; 
&  on  a  donné  ce  nora  aux  Commandemens  que 
Dieu  grava  fur  les  deux  tables  qu'il  donna  à  Moïfe  j 
parce  que  ces  Commandemens  font  au  nombre  de 
dix,  ou  qu'on  les  a  divifés  en  dix.  Les  Juifs  les 
appellent  auflî  aniai  mï?y,  les  dix  paroles,  ic  ce 
nom  eft  très-ancien.  Il  n'y  a  que  les  Samaritains  qui, 
&  dans  leur  texte  Hébreu ,  &  dans  leur  Verfion , 
ajoutent  après  le  v.  "17.  du  XX.  C.  de  l'Exode,  & 
après  le  2 1.  v.  du  C.  V.  du  Deutéronome  j  un  onziè- 
me précepte,  de  bâtir  un  auiel  fur  le  mont  Garizim , 
&;c.  Mais  on  Voit  ma;ntfeftement  que  c'eft  une  addi- 
tion qu'ils  ont  fïite  au  terte ,  pour  s'autorifer  à  avoir 
un  autel  &  un  temple,  &  à  onrir  des  facrifices  fur  le 

mont 


DEC  DEC  ri^ 

ttiont  Garizim ,  comme  ils  faifoient,  8i  pour  dtcré- j     Chastelain.  Ce  ii'étoit  pas  feulement  à  la  Cour  qua 
diter    s'ils  avoiehc  pu,  le  temple  de  Jciulalein,  &  j      ce  mocétou  en  ufa^e  j  on  appelou  i  l  armée  Décun 


le  culte  qu'on  y  rendoit  à  Dieu  Du  relie,  quoiqu  aux 
Samaritains  près,  tous,  JuiKs  &c  Chrétiens,  convien- 
nent du  nombre  de  dix  préceptes,  il  y  a  quelque 
diftérence  pour  la  manière  de  les  divifer.  Le  Dcca- 
loaue  eft  un  abrégé  de  ce  que  nous  devons  faire  , 
somme  le  fymbole  eft  un  abrégé  de  ce  que  nous 
devons  croire  j  &  l'Orailbn  Dominicale  un  abrégé 
de  ce  que  nous  devons  demander  à  Dieu.  Confer. 
d'Ang.  Le  decalogue  eft  un  abrégé  des  loix  de  Dieu , 
qui  contient  les  devoirs  de  l'homme  envers  Dieu  &: 
envers  le  prochain.  Il  hu  donné  à  Moife  écrit  fur 
deux  tables ,  dont  la  première  contenoit  les  trois  pre- 
miers préceptes  qui  regardent  Dieu  ,  &  la  féconde 
les  fept  autres  j  qui  concernent  le  prochain. 

Les  T.ilmudiftes,&:  après  eux  Poftel  dans  fon  traité 
De  Phxnkum  liaeris  j,  difent  que  le  Decalogue ,  ou 
ces  dix  Commandemens  étoient  gravés  d'outre  en 
outre  fur  les  Tables  que  Dieu  donna  à  Moife  ,  &  que 
néanmoins  le  miliifu  du  a  ,  man  tinal ,  &  du  'ù.,U- 
demeuroit  miraculeufement  fufpendu   Lu 


ns 


la  Diifert.  fur  les  Médailles  Sa- 


mech 

tenir  à  rien.  /  Qyc\ 

marit.  imprimée  à  Paris  en  1715.  Us  dilent  encore 

que  le  Dicalogue  étoit  écrit  en  lettres  de  lumière , 

c'eft-à-dire,  lumineules  &  brillantes. 

DECALQUER.,  v.  a.  Terme  de  Peintre  &  de  Graveur. 
Tirer  une  contre-épreuve  d'un  delfein.  On  pofe 
pour  cela  un  papier  blanc  delTus,  &:  on  le  frote  avec 
quelque  chofe  de  dur  ,  afin  de  lui  faire  recevoir 
l'imprellion.  Foye^  ci-devant  Contrê-Epreuve. 

DÉCAMERIDE.  f.  m.  Decameris.  Ce  mot ,  qui  veut 
dire  dixième  partie,  eft  employé  par  M.  Sauveur, 
dans  fon  Traité  des  principes  d' Acoujlique  ^  pour  dé  li- 
gner, raefurer,  connoître  les  intervalles  6i.  les  rap- 
ports des  fon  s. 

%fT  il  divife  l'oflave  en  quarante-trois  parties  j 
qu'il  appelle  Me W(i'ej-,&:  chaque  Meride  en  fept  parties 
qu'il  appelle  Eptamerides ,  &  enfin  chaque  Eptamé- 
ride  en  dix  autres  parties,  qu'il  appelle  Dccamcridcs. 
Ainlî  l'odave  fc  trouve  divifé  en  ?oio.  parties,  par 
le  moyen  defquelles  on  peut  exprimer  les  rapports 
de  tous  les  intervalles  de  la  Mulique. 

Ce  mot  Décaméride  vient  de  <^£»«,  dix ,  8c  de  /^H'', 
f>ars ,  partie  ,  portion. 

DÉCAMÉRON.  (.  m.  Ouvrage  qui  contient  les  ac- 
tions, ou  les  entretiens  de  dix  journées,  iierum  per 
dies  decem  geftarum  aut  diclarum  narratig.  Le  Déca- 
méron  de  Bocace  contient  cent  Nouvelles  racontées 
en  dix  Journées. 

DHCAMPEMENT.  f.  m.  A6tion  de  quitter  un  camp, 
pour  en  aller  occuper  un  autre.  Voyf[  Camp.  Le 
décampement  fe  fit  avec  ptécitation. 

DÉCAMPEIl.  V.  n.  Lever  Ij  camp,  quitter  le  camp 

f)Our  en  aller  occuper  un  autre-  Cajlra.  inovere.  C'eft 
e  plus  fouvent  la  nuit  qu'on  décampe  ^  quand  on  eft 
près  des  ennemis. 

On  dit  figurément  dans  un  difcours  ordinaire, 
qu'on  a  fait  décamper  quelqu'un  lorfqu'on  lui  a  fait 
quitter  la  place,  qu'on  l'a  mis  en  fuite,  Ejicere, 
expellere.  Dès  qu'il  a  fu  qu'on  avoit  décrété  contre 
lui ,  il  a  décampé.  Excedere  ^  evadere. 
DÉCAMYRON.  f.  m.  C'eft  le  nom  d'un  cataplafme 
dont  il  eft  parlé  dans  Oribafe  ,  auquel  on  a  donné  ce 
nom  ,  parce  qu'il  eft  compofc  de  dix  aromates  diffc- 
rens.  De  (^éx«  ,  dix ,  &z  f'ff»  ,  onguent,  f^oye^  en  la 
çompofition  dans  le  Did.  de  James. 

DECAN.  Royaume  de  l'Alîe ,  dans  la  prefqu'lle  de 
l'Inde  deçi  le  Gange.  Decanum  ,  Dccanum  Regnum. 
Le  Décan  eft  borné  au  midi  par  le  Royaume  de  Bif- 
nagar ,  au  couchant  par  1  Océin  Indien,  au  nord  par 
les  Etats  duMogol  \  au  levant  les  montagnes  de  Gâte 
leféparentdu  Royaume  de  Golconde.  Maty  dit  que 
la  Capitale  eft  Vifapnur  j  &  le  P.  Catrou  ,  dans 
fon  Hijloire  générale  du  Mogol ,  dit  que  c^eft  Oram- 
gabad. 

DECAN.  f.  m.  Decanus.  Les  Décans  croient  de  petits 
Oflficietsfous  le  Chambellan  de  l'Empereur  de  Conf- 
taminople,qui  commandoient  chacun  à  neuf  autres. 
'     Tome  m. 


un  foldat  qui  commandoitàdix  autres  (Nous  diions 
Dixainier,  ou  Dizainier  )  dans  les  Monaltères  ,  un 
.Moine  qui  avoit  loin  de  dix  autres  j  dans  les  grandes 
Eglifes,  un  Prébende,  ou  Chanoine,  qui  en  avoic 
dix  à  fa  charge  ,  &   qui   étoient  ordinairement  dix 
Prêtres ,  d'où  vient  que  ce/>'cca//pairoit  pour  Archi- 
prêtre.  Dans  la  divilion  d'un  Evcché  ,  un  Prêtre  qui 
avoit  infpedlion  fur  dixCleics,  ou  dix  Paroiftes  , 
étoit  aulli  Decan.  C'eft  ce  que  nous  appelons  Doyen 
rural ,  quoiqu'à  préfent  ils  ne  foient  pas  reftreints  à 
dix  Parodies,  mais  qu'ils  en  aient  fouvent  plus  ou 
moins. Sur  les  Decans  militaires ,  voyc\  Végèce,  L. 
II.  C.  8.  Hc  fur  Xqh  Décans  Monaftiques,  S.  Augultin  , 
De    Moribus  tccl.    Cath.  L.   I.   C  ji.   Il  y  a  dans 
le  Code  un  titre  DeDecanis.  S.  Jean  L-hryfoftome  , 
hom.  13.  fur  leCh.  VII  de  1  Epitre  aux  Hébreux  j  &: 
S.  Ambroife,  L.  V.  ép.  55.  parlent  aulli  des  Dcc^ns. 
Conftantin  fit  à  Conftannnople  un  corps  de  950 
perfonnes  ou  familles  prifes  dediveis  métiers  ,  qu^il 
donna  à  l'Eglife  cathédrale  ,  en  les  déchargeant   de 
toutes  fortes d'impoficions  pour  qu'ils  rendilfent  gra- 
tuitement aux  morts  les  devoirs  de  la  fepulture,  par- 
ticulièrement aux  pauvres.  On  les  appeloit  Decani 
&c  Leclicarii ,   peut-être  parce  qu'ils  étoient  divifés 
par  dizaines ,  dont  chacune  avoit  une  bièie  ,  ou  li- 
tièrepour  porter  les  corps.  On  croit  que  ce  font  ceux 
que  l'on  commença  fous  Conftance  à  appeler  Copiâ- 
tes ,  c'eft  à  dire  ,  des  Colères  deftinés  au  travail  ;   car 
on  leur  donne  ordinairement  rang  parmi  les  (clercs  , 
même  avant  les  Chantres.  On  les  a  aulli  nommés  fof- 
foyeurs  à  caufe  qu'ils  avoicnt  foin  de  faire  les  folfes 
pour  les  morts.  Il  paroît  par  une  loi  de  l'an  557.  qu'il 
y  avoit  à  Rome  de  ces  Copiâtes:  on  le  voit  de  même 
des  Gaules    fous  Hononus    Mais  Lut  nom  qui  eft 
tout  Grec  ,  fait  juger  qu'ils  venou-nt  originairement 
de  l'Orient  ,   &  peut  -  être  de  réiablillenicnt    que 
Conftantin  en  avoit  fait  dans  fa  nouvelle  viUe.TiL- 

LEM. 

Ce  nom  vient  de  Decanus  ^  dérivé  de  decem ,  dix. 
Et  quoique  de  Decan  nous  ayons  f.iit  Doye/i  en  Fran- 
çois, on  croit  cependant  que,  quand  il  s'agit  de  ces 
Offices  anciens  J  tant  Ecclclialhques  que  Livils,  on 
fait  bien  de  dire  Dtcan  à  l'exemple  des  Auteurs  cités 
ci-deifus,  &  non  pas  Z)c})eT,  lufage  a  attaché  une 
fignification  particulière  au  mot  Doyen  ,  qui  necon- 
viendroit  pas  à  ces  autres  Officiers.  Cejendanc  i'Abbe 
de  la  Tiappeen  a  ufé  autrement  au  C'h.ipitre  XXI.de 
la  Règle  de  S.  Benoit,  où  il  eft  traité  des  Décans  des 
Monartères  que  cet  Abbé  appelle  Doyens. 

DÉCANAL,  ALE  ,  adj.  Qui  appirticnt  à  un  Dccanat. 
Decanaiis  ,  e.  Chez  lesBarthélemites  tous  les  ans  le 
Préfident  du  confentement  de  l'Ordinaire  ,  doit  s'af- 
fembler  avec  tous  les  fupérieursdu  diftritt  ^-^/2^/, 
pour  traiter  des  affaires  qui  regardent  1  Inftitut.  P. 
Heliot  ,  Tome  Vlïl.  C.  6. 

DÉCAN  AT.  f.  m.  Décanar&c  Doyenné  font  la  même 
chofe  &  lignifient  la  dignité  ,  la  qualité  de  celui  qui 
eft  Doyen  d'un  Corps  ou  d'une  Compagnie  \  mais  il 
faut  diftinguer  les  Corps  ou  Compagnies  Ecclélîafti- 
ques  ,  comme  un  Chapitre ,  un  Monaftère  ,  <Sv'  les 
Corps  ou  Compagnies  civiles  &c  politiques,  comme 
un  Préhdial  ,un  Parlement, un  Confeil  ,  Ikc.  Dans  les 
Compagnies  Eccléliaftiques  on  dit  communément 
Doyenné  ,  &  en  quelques  endroits  feulement  Dcca- 
nat. Dans  les  Compagnies  civiles  ou  politiques  on 
dit  toujours  Décanat ,  &  jamais  Doyenné.  Ainfi  on 
ncdira  point  le  Doyenné  du  Confeil ,  le  Doyenné  du 
Parlement,  &c.  mais  le  Dccanat  du  Confeil  du  Roi , 
le  Dccanat  àa  Parlement ,  &c.  On  pai  vient  au  Dcca- 
nat du  Parlement  par  Antiquité.  Il  v  a  eu  une  grande 
queftion  furie  D.xanat  du  Confeil,  favoir  fi  les  Con- 
feillers  d'Ernt  ordinaires  pouvoient  prcrendre  au 
Décanat  di\  Confeil  à  l'exclufion  d-is  Confeillers  fé- 
meftres ,  fi  le  plus  ancien  Conleiller  d'Etat  ordi- 
naire doit  être  Doven  du  Confeil  prcférablement  à 
un  Confeiller  fémeftre,  quoiqu'il  foit  dans  le  Con- 
feil avant  le  ConfeiUet  ordinaire.  Le  Confeiller  ordi- 

R 


I30  DEC 

naire  difoit  que  le  Confeil  da  Roi  efl:  ordinaire  & 
perpétuel ,  qii'ainli  la  fonction  de  Doyen  devant  être 
continuée  pendant  toute  l'année  ne  peut  are  remplie 
par  un  Confeiller  d'Erat  fémeftre  dont  la  tondion 
eft  bornée  à  lix  mois  leulement;  qu'un  Confeiller 
fémeftre  ne  peut  le  prévaloir  de  ce  qu'il  eft  plus 
ancien  dans  le  Confeil,  parce  que  la  prérogative  que 
donne  la  date  de  la  réception  n'a  lieu  que  quand  il 
y  a  parité  de  droit  entre  les  Officiers.  Le  Coufeiller 
îemeftre  répondoit  que  le  Decanac  du  Confeil  eft 
donné  à  l'ancienneté ,  qii'ainfi  le  Doyen  des  Confeil- 
1ers  d'États  eft  toujours  le  plus  ancien  :  que  l'inten- 
tion du  Roi  n'a  point  été  d'exclure  du  Décanat  les 
Confeillers  fémeftres ,  qu'ils  font  en  parité  de  droit 
avec  les  ordinaires ,  puifque  le  Confeiller  fémeftre 
précède  au  Confeil  5£  en  particulier  le  Confeiller 
d'Etat  ordinaire  qui  eft  plus  jeune  que  lui.  Le  Roi 
par  un  Arrêt  du  y  Décembre  KÎ85.  ordonna  que  le 
Confeiller  fémeftre  &  l'ordinaire  qui  difputoient  le 
Décanat,  feroient  Doyens  du  Confeil  pendant  lîx 
mois  chacun  ,  mais  qu'à  l'avenir  le  Décanat  venant 
à  vaquer ,  le  plus  ancien  des  Confeillers  d'Etat ,  fût- 
il  fémeftre,  y  fera  admis,  <5c  que  s'il  étoit  fémeftre, 
il  fera  ordinaire  du  jour  que  le  Décanat  zmi  vaqué. 
Un  Eccléfiaftique  peut  polféder  le  Décanat  du  Con- 
feil. Decariatus ,  Decarù  mu  nus  ,  ojjicium, 

Jufqu'ici  on  n'avoir  pu  parvenir  au  Décanat  du 
facré  Collège  que  l'on  ne  fe  trouvât  actuellement  à 
Rome,  lorfqu'il  venoit  à  vaquer  5  mais  en  1714.  le 
Pape  Benoît  XIII.  fit  un  Décret  en  date  du  7  Septem- 
bre par  lequel  il  déclare  que  le  Décanat  du  facré 
Collège  venant  à  vaquer  j  dans  la  fuite  il  fera  donné 
au  plus  ancien  Cardinal  de  promotion,  quand  même 
il  feroit  pour  lors  abfent  de  Rome,  pourvu  qu'il  foit 
aétuellement  dans  fon  Diocèfe. 
^3"  DÉGANAT  fe  dit  aulli  de  la  durée  du  temps  de  cette 

dignité  pendant  fon  Décanat. 
DÉCANAT  ,  chez  les  Barthélemites  fe  dit  d'une  maifon 
ou  d'un  diÛriél  gouverné  par  un  Supérieur,  Les  Su- 
périeurs des  Décanats  font  exécuter  dans  leurs  pro- 
pres Maifons  les  réglemens  faits  dans  leurs  alTem- 
blées.  P.  HÉlyot,  Tome.  VIII.  C  16. 
DÉCANISER.  v.  n.  Terme  de  Palais.  Tenir  la  place  , 
^  faire  les  fondions  de  Doyen.  Decanum  agere. 
Tous  les  jours  les  Confeillers-Clercs  du  Parlement 
préfident  &  Décanifent  en  l'abfence  des  Préfidens. 
DÉCANISER ,  fe  dit  aufîi  des  Docleurs  de  Sorbonne  qui 
font  affez  avancés  en  âge  pour  être  Doyens  aux  exa- 
mens particuliers  des  Bacheliers  &  Licentiés. 
DÉCANONISER,  v.  a.  Ôter  de  delfus  le  catalogue  des 
Saints.    Un   Moine,   nommé  Fra  Matthio ,   fi  j'ai 
bonne  mémoire,  fut  quafi  aulTi-tôt  décanonlfé  que 
canonifé  ,  en  la  ville  de  Venife,  il  y  a  environ  treize 
ans.  Henri  Etienne,  Apol.pour  Hérodote;  ch.  3«).  10. 
:? .  /7.  5  5  7.  i/e  l'Edlt.  de  la  Haye ,  1735. 
DECANTATION,  f.  f.  Terme  de  Chimie.  Ceft  l'ac- 
tion par  laquelle  on  verfe  quelque  liqueur,  en  incli- 
nant   doucement  le   vaifleau  par  fon  goulot ,  ou 
canthus ,  d'où  ce  mot  eft  dérivé.  Injujlo. 
DÉCANTER,  v.  a.  Terme  de  Cliimie.  Verfer  douce- 
ment par  inclination  la  liqueur  qui  s'eft  clarifiée 
d'elle-même,  par  le  dépôt  qui  s'eft  fait  au  fond  du 
vafe  où  elle  eft  contenue.  Injundefe,  decapulare. 
DÉCAPER.  V.  a.  Terme  de  Chimie.  Ceft  ôter  le  vert 
de  gris  ou  la  rouille  du  cuivre.  Après  avoir  décapé  le 
cuivre  avec  de  l'eau  forte.  Mém.  de  l'Ac.  des  Sciences 
}l-\^.p.  §4> 
DECAPITATION,  f.  f .  Adion  de  décapiter.  Ce  mot 
nous  manque.  Celui  de  décollation  n'eft  en  ufage 
qu'en  cette  phrafe  :  la  décollation  de  S.  Jean ,  pour 
dire  un  tableau  où  eft  peinte  la  tête  de  S.  Jean-Bap- 
tifte  qu'on  a  décollé,  ou  la  Fête  qu'on  fait  en  hon- 
neur de  fon  martyre.  Fur.  Sur  la  décapitation  de 
François  de  Thou  avec  fon  ami  Cinq-Mars ,  on  peut 
confulter  Bayle  à  l'article  de  Louis  XIII.  rem.  R.  au 
fécond  alinéa.  Gui  Patin  y  eft  relevé  au  fujet  de  ce 
qu'il  dit  dans  fes  lettres  touciiant  le  prétendu  motif 
de  vengeance  du  Cardinal  de  Richelieu. 

La  décapitation  eft  le  fupplicc  des  Gentilshom- 


DEC 

mes  qui  n'ont  pas  commis  de  crime  dérogeant.  Les 
Aftrologues  prétendent  que  la  décapitation  eft  ordi- 
nairement l'ouvrage  de  Mars ,  pour  peu  que  fon  in- 
fluence ,  portée  d'elle-même  au  mal  j  foit  rendue 
plus  malfaifante.  S.  Aubin,  Décapitation  lignifie  en 
Chimie  l'adion  de  décaper. 
DÉCAPITER,  v.    a  Couper  la  tête  à  quelqu'un  par 
ordre  de  Juftice.  Aliqucm/ccuri  jcrire,  aiicujus  caput. 
à  cervicibus  abfcindere  j  à  cervicihus  revellere  ,  decol- 
lare.  En  France  on  décapite  les  Nobles  qui  ont  méri- 
té la  mort  j  &  c'eft  un  fupplice  qui  ne  déroge  point 
à  la  Nobleffe.  Il  fit  pendre  les  uns  ,&  décapiter  les  au- 
tres- ABLANC.La  raifon  pourquoi  les  Saints  qui  ont 
été  décapités,  font  repréfentés  portant  leurs  têtes 
dans  leurs  mains,  n'eft  pas  qu'ils  les  y  aient  reçues, 
comme  le  peuple   mal  inftruit  fe  l'imagine  ;  c'eft 
qu'on  a  voulu  marquer  par-là   le  genre  de  mort 
qu'ils  avoient  fouftert,  &  que  le  tronc  feul  d'un 
corps  auroit  trop  choqué  la  vue.  Ménage.  Un  Am- 
balfadeur  de  France  à  Conftantinople  fit  voir  à  l'Em- 
pereur des  Turcs  ,  Mahomet  II,  un  chef  de  S.  Jean 
très-bien  repréfenté.  Le  Grand  Seigneur  n'y  trouvoit 
d'autre  défaut,  linon  que  le  Peintre  n'a  voit  pas  ob- 
fervé  que  quand  un  homme  eft  décapité ,  la  peau  fe 
retire  un  peu  en  arrière  5  &  afin  d'en  convaincre 
l'Ambalfadeur  j  il  fit  fur  le  champ  décapiter  \xn  hom- 
me, &  apporter  la  tête  ;  voilà  une  barbare  exaditu- 
de ,  &  une  cruelle  autopfie.  Catherinot  j  Traité 
de  Peinture.  Décapiter  nt^  pas  fi  ufité  que  couper  le 
cottjdu  moinsen  parlant  de  chofesqui  fefontpallées 
de  notre  temps  j  mais  en  fait  d'antiquité ,  en  par- 
lant des  martyrs,  &:c.  décapiter  {q  dit  tout  autant  que 
couper  le  cou. 
DÉcAriTÉ,  ée,  parc.  Capite  truncatus. 
DÉCAPOLIS.  Décapolis.  Petite  Province  de  la  Cœlc- 
fyrie  ,  en  comprenant  dans  la  Cœléfyrie  une  partie 
de  l'Arabie  déferre ,  comme  on  le  fait  fouvent ,  c'eft- 
à-dire,  le  plat  pays  qui  eft  entre  le  Liban  ,  les  mon- 
tagnes de  Galaad  &  le  Jourdain  ;  &  une  partie  de  la 
Galilée.  Le  pays  de  Décapolis  étoit  à  l'Orient  du 
Jourdain  ,  &  s'étendoit  du  nord  au  midi ,  depuis  le 
Liban,  ou  plutôt  l' Antiliban ,  jufqu'à  la  mer  de  Gali- 
lée. Dans  l'ufage  ordinaire  j'ai  fouvent  oui -dire 
Décapole  ;  on  dit  Pentapole  \  néanmoins  tous  nos 
Tradudeurs  du  Nouveau-Teftament,  tant  anciens 
que  modernes,  dans  S.  Mathieu,  IV.  25.  &  dans  S. 
Marc ,  V.  zo.  VII.  3 1.  &  Pinet ,  dans  fa  Tradudion 
de  Pline,  &c.  difcnt  toujours  Décapolis,  &  non 
point  Dccapole. 

Ce  nom  fut  donné  à  cette  contrée  par  les  Grecs 
depuis  l'Empire  d'Alexandre.  Il  vient  de  «^Îk*,  dix  , 
&  îj-oAiî,  ville ,  &  ce  pays  fut  ainfi  nommé,  à  caufe 
de  dix  villes  principales  qu'il  renfermoit;  mais  les 
Auteurs  ne  conviennent  pas  du  nom  de  ces  dix  vil- 
les ,  ni  de  leur  fituation.  Éufèbe  dans  fon  Onomafti- 
con  ,  les  place  au-delà  du  Jourdain ,  &  en  effet  Jo- 
fephe  y  en  mec  aulîi  une  partie  en  deçà.  C'eft  une 
remarque  de  M.  Simon  fur  S.  Marc,  V.  20.  qui  eft 
très-vraie,  comme  ilparoît  par  le  même  Evangélifte, 
VII.  3 1.  cité  ci-delfus.  Pline  décrit  le  pays  de  Déca- 
polis ,  Hijl,  Nat.  L.  V.  C.  1 8.  &  dit  que  tout  le  mon- 
de ne  convient  pas  fur  ces  villes.  Celles,  dit-il ,  dont 
le  plus  grand  nombre  convient,  font  Damas,  Opo- 
tos,  Philadelphie,  Raphana,  Nyfa,  ou  Scytopolis, 
Gadara  ,  F^ippodion ,  Pella  ,  Galafa  &  Cantha.  Bo- 
charten  nomme  d'autres;  &;  il  les  met  toutes  dans  la 
Galilée,  en  quoi  il  fe  trompe,  dit  très- bien  M. 
Simon.  Les  Hébreux  difent  que  c'eft  Sephet,  Tibé- 
riade,  Nephtali,  ou  Cedes-Nephtali,  Azor,  Céfa- 
rée  de  Philippe,  Capharnaiim,  Beihfaide,  Coro- 
zain,  Bethfan  &  Joropata. 
DÉCAPROTE.  f  m.  Officier  qui  levoit  les  tributs,  ou 
recueilloit  les  taxes.  Dccaprotus ,  Deccmprimus. 
Les  Décaprotes  étoient  obliges  de  payer  pour  les 
morts;  de  répondre  à  l'Empereur  fur  leurs  biens  de 
la  quote-part  de  ceux  qui  mouroienc.  Voye-^  le  Di- 
gefte,  /.  5.  &  L  ult.  De  Muner.  &  honor.  Ec  l.  10.  De 
poUiçitat.  Ciccron  les  appelle  Decemprimi  dans  fon 


DEC 

mr&Kon  pro  Rofcio.  f^oye\  le  Di(îtionnairc  de  Droit 
de  Calvin. 

Ce  mot  vient  de  <^£««jdix,&  wfàroj-,  premier  j 
apparemment  parce  qu'on  choififlou  les  dix  pre- 
miers, ou  les  dix  principaux  des  communautés  pour 
fliire  CQS  levées. 

DÉCARGIRE.  f.  m.  Pièce  de  Monnoie  ancienne  dans 
l'Empire  de  Conrtantinople.  Decargyrum,  Le  décar- 
gyre  s'appeloit  autrement  majonne ,  &  valoic  dix 
pentes  monnoies  d'argent  \  &  c'eft  de-là  que  lui  ve 
noit  fon  nom.  Ainli  c'étoit  la  fixième  partie  de  la  livre; 
car  il  y  avoir  60.  de  ces  petites  monnoies  d'argent  à 
la  livre,  comme  il  paroît  par  la  loi  I.  du  Cod 
Théod.  de  expenf.  Lud.  Ôc  la  livre  étant  de  douze 
onces,  le  d::cargyre  en  pefoitdeux.  En  fuppoHint 
que  la  livre  Romaine  d'aujourd'hui  e.^  la  même , 
mettant  l'once  Romaine ,  à  5  j6  de  nos  grains  ,  com- 
me GalFendi ,  dans  la  vie  de  M.  Peyrclc  \  le  décar- 
gyre ,  qui  étoit  dedeux  onces,  devoit  pefer  loyi 
grains,  c'eft-à-dire ,  14-  gros  2.  deniers  19.  grains 
félon  notre  poids  ;  &  fuppolé  qu'il  fût  de  même 
aloi  que  nos  monnoies ,  &  que  le  prix  de  l'argent 
eft  3  I.  livres  le  marc,  le  décargyre  valoir  7.  1.  8.  f. 
10.  d.  'j  de  denier. 

DÈCARRELER.  v.  a.  Oter  les  carreaux  d'une  falle 
d'une  chambre.  Lacères ^  larerculos  avellere  j  extra 
hère.  J'ai  fait  décarreler  ma  chambre. 

DÉCARREL5,  ée  ,  part. 

DECASTYLE,  f.&  adj.  Terme  d'Architeâure.  Qui  a 
dix  colonnes  de  face.  Bâtiment  qui  a  une  ordonnan- 
ce de  dix  colonnes  de  front.  Decajlylus.  Le  temple 
de  Jupiter  Olympien  étoit  décajiyle.  Davilers  écrit 
décajlde  avec  un  /  contre  l'étymologie,  dont  on  con 
ferve  pour  l'ordinaire  des  traces  dans  les  mots  pro- 
pres des  Sciences  &  àts  Arcs.  Voy.  M.  Perrault 
trad.  de  Vitruve  1.  j.  Davilers  t.  z. 

Le  nom  de  de'caJiylewÏQnt  de  ^«<e,  dix,  &  de  »■"■''«?, 
colonne. 

DECASYLLABIQUE.  adj.  De  dix  fyllabes.  Le  Traduc- 
teur en  vers  François  de  la  boude  de  cheveux  enlevée , 
Pocme  ingénieux  de  M.  Pope,  a  employé  en  hom- 
me d'efptit  les  vers  déc^fyllahiques  qui  font  les  plus 
libres  ,  &  par  conféquent  il  lui  a  été  plus  facile  de 
léufilr.  Obj.  fur  les  Ecrits  mod.  to.  ^o.  p.  230,  23  i. 
Ç'eft  ce  que  M.  de  Volraire  appelle  dijjyllabe  dans 
le  titre  de  fa  Comédie  de  l'Enfant  prodigue;  mais 
ce  mot  lignifiant  proprement  de  deux  fyllahes ,  il 
vaut  mieux  fe  fervir  da  dccafyllahe,  ou  decafyllabi- 
^"<; ,  qui  n'efl;  pas  équivoque,  ou  écrire  au  moins 
dixfyilabique. 

DECE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Decius.  C'efl:  ainfi  que 
nous  nommons  l'Empereur  C.  Maiîius  Quinnis  Tra- 
janus  Decius  :  nous  difons  aulfi  Frajan  Dèce.  l'Em- 
pereur Dèce  croit  nitif  de  Bubale,  dans  la  Balle 
Pannome.  Il  s'éleva  par  les  armes  &  par  fes  fervices. 
L'armée  Romaine  de  la  Mœfie  &  de  la  Pannonie, 
ou  l'Empereur  Philippe  l'avoir  envoyé  commander' 
le  proclama  Empereur  l'an  249.  Dèce  fut  un  cruel 
perfécuteur  àss  Chrétiens.  Il  ne  gouverna  l'Empi- 
re qu'environ  50.  mois.  Les  médailles  de  Trajan 
Dèce  font  rares  en  or,  mais  communes  en  argent  & 
en  bronze.  On  dit  aulîi  l'Empereur  Decius ,  comme 
a  Elit  M.  deCordtmoy.  Quand  on  parle  des  autres , 
qui  ont  porte  en  Latin  le  nom  de  Decius,  on  confer- 
ve  communément  ce  nom  Latin  dans  notre  langue; 
on  pourroit  cependant  dire  Dèce,  &  les  Dèces.  D,. 
cius   Junius    Brutus.   Decius  Jul^us  Syllanus ,  &c, 

^ecius  eft  un  prénom  de  la  famille  Junia. 

^fT  DECEDER,  v.  n.  Mourir  de  mort  naturelle.  C'ePr 
proprement  être  retranché  du  nombre  des  mortels 
Dccedere  ,  evuâdecedere.Ct  mot  tient  un  peu  di 
Ityle  du  Palais.Cu  homme  eft  if/ccr'.i'tf'aDrès  une  annc 
de  langueur.  Décéder  &c  trépaner,  ne  fe  dit  que  de 
l'homme  :/72j«r/V,fe dit  à  rég.ard  de  tous  les  .animaux. 

DtcEDÉ,  ÉE  ,  parr.  Se  adj.  Qui  eft  morr.  Mortuus  , 
vitâjunclus.  Dicedé  en  fa  mai  fon  un  tel  jour.  Ce 
mot  eft  en  ufagedans  tous  les  billets  d'enterremens. 
Il  eft  un  peu  vieux. 

BECEINDRE.  y.  a.  Vieux  mot.  Oter  une  ceinture. 


DEC  i3t 

DECEINT,  EiNTF.,  part.  &  adj.  Il  fe  dit  de  celui  à  qui 
l'on  a  oté  la  ceinture  ou  qui  fe  l'eft  ôtce  à  Uu-même. 

%-!-  DECEINTRER.  v.  a.  l^oye^  Decintrer. 

03-  DECINTROIR.  f.  m.  Voye^  Deciniroir. 

DECELEE.  Ancienne  ville  de  Grèce.  Decelia  ^  Dece-' 
leia.  C'étoit  une  des  douze  villes  queCécrops  fonda, 
ou  commença  j  «Se  que  les  Laccdémoniens  prirent 
par  le  confeil  d'Alcibiade ,  lorfqu'il  étoit  exilé,  par- 
ce que  cette  ville  étoit  lort  importante  pour  le  paifa- 
,gc  de  Négrepont  en  Attique,  Du  Loir, p.  309. 

DECELEMENT.  f  m.  Adion  de  déceler.  Proditio. 
On  eft  oblige  au  déaUment  des  fecrets  qui  regardent 
la  vie  du  Prince  ou  le  falut  de  l'Etat. 

IfT  DECELER,  v.  a.  Qui  fe  dit  des  chofes  &  des  pet- 
fonnes.  Dans  fa  fignihcation  générale,  c'eft  faire  con- 
noître  ce  qui  étoit  ignoré.  On  deceie  up  coupable. 
On  décèle  les  vices.  Prodere. 

Ce?  Mais ,  fuivant  la  remarque  de  M.  l'Abbé 
Girard,  ce  motconlidéré  relativement  à  l'idée  qui  le 
caractéiiie  &  le  diftingue  des  autres  vcrbes^  dccla- 
rer,  dccjuvrir  ^manifejler ,  rdVe/dr  j  fignifie  nommer 
celui  qui  a  fait  la  chofe,  mais  qui  ne  veut  pas  en 
être  cru  l'auteur.  Patefacere .,  indiccire.  Quand  on  ne 
veut  pas  être  dccelé,  il  ne  faut  avoir  aucun  témoin 
de  fon  aétion.  P^oye\  aux  autres  mots  les  nuances 
qui  les  diftinguent 

DÉCELÉ,  EE,  part. 

DECEMBER.  f  m.  Nom  d'homme.  Decemler.  Quoi- 
que ce  nom  foit  la  même  chofe  que  Décembre ,  il 
faut  dire  December  quand  c'eft  un  nom  d'homme , 
&  Décembre  feulement  quand  c'eft  le  nom  du  der- 
nier mois  de  l'année.  Candidus  Dccemhet  a  traduit 
Appien  Alexandrin  à  la  follicuation  d'Alphonie  'V. 
Roi  d'Arra^on,  &  a  écrit  avec  plus  de  fucccs  la  vie 
de  Philippe  Vifconti  Duc  de  Milan. 

DECEMBRE,  f  m.  Dernier  mois  de  l'année  ,  dans  le- 
quel le  foleil  entre  au  Capricorne  &  fait  le  Sulftice 
d'hiver ,  ou  plutôt  la  terre  entre  réellemenr  au  (igné 
du  Cancer,  oppofé  au  Capricorne.  C'étoit  le  dixiè- 
me mois  de  l'année  de  Romulus.  December.  C'eft 
pour  cela  qu'il  fur  appelé  décembre,  de  dccem ,  dix , 
December:^  car  les  Romains  commençoienr  dans  les 
premiers  temps  leur  année  par  le  mois  i^eMirs  Le 
mois  de  Décembre  étoit  fous  la  protedion  ue  Vefta. 
Romulus  d'abord  lui  donna  -trente  jours ,  Numa  le 
réduilirài9.  &  Jules  Céfar  lui  en  aHîgna  31.  Les 
Romains  célébroient  dans  ce  mois  differetitis  iz.ti, 
le  jour  des  K.ilendes  j  la  fête  de  la  Fortune,  qui  fut 
enfuite  tranlportée  au  mois  de  Juill.-t  ;  le  jour  des 
Nones,  5*^.  la  fête  de  Faune  ;  le  3.  devant  les  Ides 
ou  le  onzième  du  mois,  les  Agon.iles;  le  iS  devant 
les  Kalendes  de  Janvier ,  c'eft  à-dire  !ei  5^.  du  mois, 
les  Saturnales;  le  15^.  dev.mc  les  mêmes  Kdendes, 
ouïe  18.  du  mois,  les  Opales,  ou  fêtes  d'Cps;  le 
lendemain  commençoit  la  fête  des  Sigillaires;ie  len- 
demain des  Divales,  ou  Angéromles,  &  outre  cela 
un  facrifice  à  Hercule  &  àCerès.  Le  zi*^.  étoit  con- 
facré  aux  Lares,  le  21^.  étoient  les  Larentinalcs;  le 
2j'.  les  Jeux  de  la  Jeunelfe,  Juvenale^.  C^n  cclé- 
broit  encore  en  ce  mois  une  fête  appelée  Septimo- 
nium ,  dont  Varron  fair  menrion  ,  Z.  f^.  De  ling.  Lat. 
Lei7'^.deZ)c^'te/72^;eonLélébroirlaF-iedesSaturnales. 
Dans  le  Chriftianifme  ce  mois  a  31.  jours,  S)C 
l'on  y  célèbre  l'Avent  &  la  Fête  de  Nticl.  L'année  ea 
bien  des  endroits  a  commencé  dans  ce  mo:s. 

DECEMMENT,  adv.  D'une  manière  décente.  D-jcen- 
rer ,  t/ewr^.  On  eft  fcandahfé  devoir  un  Prêtre  qui 
n'eft  pas  vêru  décemment-  Vous  ne  croyez  p.is  être 
logés  décemment,  ii  vous  ne  joignez  à  la  prppreré  le 
luxe  &c  la  magnificence.  Flech. 

^ECEMPÈDE.  f  f  Te  me  d'Hiftoire  ancienne.  Inf- 
rriiment  dont  les  Anciens  fe  fe,  voient  pour  mefurer. 
Règle  de  dix  pieds.  Deamveda.  La  déce'v.cde  étoit 
un  inftrument  .à  arpenter  les  terres,  une  perdis  lon- 
gue de  dix  pieds,  d  où  elle  a  pris  fon  no.m,  6(  en 
Grec  ^ixâmi,  l^'/gcnere ,  Annot.jur  Titc-Live  ,  1 5 14. 
Les  Architectes  s'en  fervoient  aulîî  pour  donner  aux 
bâtimens  &  à  leurs  parties  les  grandeurs  &  les  pro- 
portions convenables.  Horace,  L.  II.  Od.  15.  y.  14. 

R  ij 


j  ;^Z  DEC 

fe  plaignant  de  la  magnitîcence  des  bâtimens  de  fon 
iîècle ,  dit  qu'il  n'en  croit  pas  ainfi  au  temps  de  Ro- 
miilus  &  de  Caton  ,  &  qu'on  ne  voyoit  point  alors 
dans  les  maifons  des  païticuliers,  des  portiques  me- 
furés  avec  la  dcccmpede ,  &  tournés  au  Nord  pour 
prendre  le  frais. Saumaile  lur  Solin,  p.  383.  parle 
■de  la  déccinpcdc. 

Ce  nom  vient  de  decem ,  dix ,  &  pcs ,  pedis  ,  pied. 
UCT  Les  Encyclopédiftes  conlervent  le  nom  latin 
&  le  font  mafculin.  Le  dcccmpeda  croit  une  verge  ou 
règle  diviice  en  dix  pieds. 
DECEMVIR.  I".  m.  Magiftrat  des  Romains,  qui  fut 
créé  avec  autorité  fouveraine  pour  hiire  des  loix  au 
peuple.  Dccemvir.  Il  fut  ainli  appelé  parce  que  ce 
pouvoir  fut  attribué  à  dix  perfonnes  enlemble.  On 
déféra  aux  Décemvirs  toute  la  puilTance  qu'avoient 
eue  les  Rois,  &  après  eux  les  Confuls.  Un  feu! 
d'entr'eux  avoir  les  honneurs,  &  les  marques  de 
l'autorité,  &  les  autres  enfuite  tour-à-tout,  pendant 
l'année  que  durcit  le  Décemvirat.  Les  Décemvirs 
drelFèrent  la  Loi  des  Douze  tables ,  qu'on  appela  les 
loix  DécemviraUs  ,  en  quoi  conliltoit  d'abord  tout 
Je  Droit  Romain.  L'an  302.  les  Confuls  Appius 
Claudius  Craliinus  &T.  Genucius  Augurinus  furent 
contraints  d'abdiquer,  6:  on  créa  les  premiers  Z>t;'- 
cemv'irs.  L'année  fuivante  dix  autres  leur  fuccédè- 
rent  ;  l'an  304.  ils  voulurent  continuer,  mais  le 
peuple  fe  fouleva.  On  les  fit  abdiquer,  &  l'on  reprit 
des  Confuls.  Les  débauches  d'Appius  Claudius  Craf- 
finus,  qui  avoir  été  un  des  Conluls  qu'on  avoir 
fait  abdiquer  deux  ans  auparavant,  &:  que  l'on 
avoit  fait  depuis  trois  fois  premier  Décemvir,  en 
furent  la  principale  caufe.  Tite-Live,  L.  IIL  Denys 
d'Halicarnaire  ,  L.  X.  Fiorus,  L.  L  C.  14.  Cicéron  , 
L.  1.  deJbuD.  en  rapportent  l'hiftoire. 

Il  y  eut  auflî  des  Z)tfVeOTv/rj  militaires,  &  en  dif- 
férenres  occafions  on  créoit  des  Décemvirs ,   pour 
régler  ^  conduire  cerraines  alîaires  ;  de  même  qu'à 
préfent  on  fait  des  Bureaux  ,  on  nomme  des  Com- 
mllfaires,  pour  certaines  affaires.  Ainfi  il  y  avoit 
des  Décemvirs  ço\ix  conduire  une  colonie,  des  Dé 
cemvirs  pour  faire  préparer  &  prélider  aux  feftins 
que  l'on  faifoit  de  tenips-cn-temps  à  l'honneur  de 
Jupiter  &  des  autres  Dieux  ^   des  Décemvirs  pour 
avoir  foin  des  facrifices  ^  c'étoient  eux  qui  gardoient 
les  livres  des  Sibylles  ;  &  quelquefois  ce   n'étoient 
que  des  Septemvirs,  ou  des  Triumvirs,  c'eft-à-dire, 
que  c'étoient  des  Commillaires  que  l'on  créoit  pour 
ces  chofes  j  &:  que  l'on  nomnioit  Décemvirs  _,  Sep- 
temvirs ,  Triumvirs  j  ou  Duumvirs  ,  félon  qu'ils 
étoient  dix,  fept,  trois,  ou  feulemenr  deux,  J'^oye-^ 
encore  Quindecemvir.  f^oye:[  aufli  Vigenere  dans 
fes  Notes  fur  T.  L.  p.  1 570.  1(^53.  Cet  Auteur  écrit 
toujours  au  pluriel  Décemvircs  ;  mais  mal.  Comme 
on  ne  dit  point  au  fingulier  Décemvire  mais  Dé- 
cemvir ^  il  faut  dire  au  pluriel  Décemvirs ,  5i  non  pas 
Décemvircs. 
DÉCEMVIR  ,  eft  encore  un  autre  Magiftrat  de  Rome. 
On  établit  dix  Juges ,  qu'on  nomma  Décemvirs , 
pour  rendre  la  juftice  en  l'abfence  du  Préteur. 
DECEMVIRAL ,  ale  ,  adj.  m.  &  f.  Qui  a  rapport  aux 
Décemvirs.  DécemviraUs  ^  e.  Cicéron  appelle  le  corps 
des  Décemvirs,  le  Collège  décemviral.  Les  loix  dé- 
cemvirales.  La  puilTance  décemvirate.  L'adminiftra- 
tion  décemvirale  ne  prit  pas  (on  commencemenr  lorf- 
que  l'autorité  des  Confuls  paiïa  entre  les  mains  des 
Déicmvirs  ,  car  après  la  mort  de  Romulus,  durant 
l'interrègne,  le  irsaniment  des  affaires  que  prit  alors 
le  Sénar  jufqu'à  l'éledion  deNuma,  eft  appelé  par 
Denys  d'Halicarnafle  ,  L.  II.  decemvirai-,  parce  que 
les  Sénateurs  partagés  par  dixaine  commandèrenr  à 
tour  de  rôle,  fçavoir  un  de  chaque dix.ùne cinq  jours 
defuirej  ayant  les  faifceaux  de  verges  &c  les  Liéieurs  , 
ainfi  que  les  Rois.  Er  cette  dixaine  étant  finie  j'une 
autre  commençoit.  Vigenere ,  Annoc.  fur  T.  L.  p. 

DECEMVIRAT.  f.  m.  Magiftrature  des  Décemvirs  j 
ou  le  temps  qu'elle  duroit.  Decemviraats,  Décemvi- 
raUs votejîas.  Exercer  le  Décemvirat.  C'cft  l'an  302. 


DEC 

de  Rome  que   le    Décemvirat  commença.  Voyc: 

DÉCEMVIR. 

DÉCENCE,  f.  f.  Honnêteté ,  bienféance  qu'on  eft 
obligé  de  garder  à  l'extérieur  dans  le  gefte,  dans  les 
habits  j  &c.  Conformité  des  aétions  extérieures  avec 
les  loix  ,  les  coutumes,  les  ufages  de  la  Société  dont 
on  eft  membre.  Décorum,  decentia.  Il  eft  de  la  décen- 
ce d'un  Eccléliaftique  d'avoir  un  habit  long,  des 
cheveux  courts.  Il  eft  de  la  décence  d'être  à  genoux 
dans  l'Eglife,  d'être  chapeau  bas  devant  fes  fupé- 
rieurs.  Les  cérémonies  de  l'Eglife  font  édifiantes  & 
vénérables  quand  on  les  fait  avec  gravité  &  décence. 
Fléch.  Eccléfiaftiques,  fages,  humbles,  retenus j 
ennemis  d'une  propreté  affeétée ,  &  ne  voulant  que 
la  pure  décence  de  leur  état.  Bouiidal.  Exhort.  L .  I. 
p.  148.  Voyei  Décorum. 

DÉCENNAÏRE.  adj.  m.  &  f.  Qui  eft  de  dix,  qui  pro- 
cède par  dix.  Decennarius,  a^  um.  L'Arithmétique 
qui  elt  en  ufage  eft  décennaire ,  elle  procède  de  dix 
en  dix.  M.  Leibnitz  a  voulu  changer  l'Arithmétique 
décennaiie  en  une  Arithmétique  binaire. 

On  ne  dit  point  un  enfant  décennaire ,  pour  dire 
un  enfant  de  dix  ans,  decennis ,  quoiqu'on  dife  un 
homme  fexagénaire  &  un  vieillard  feptuagcnaire. 

DÉCENNAL,  ale  ,  adj.  Qui  eft  compofé  de  dix.  Qui 
dure  dix  ans,  ou  qui  revient  tons  les  dix  ans.  Magif- 
trature  décennale.  Fêtes  décennales.  Le  Tribunal  dé' 
cennal  de  Venife  eft  fort  haï  dans  la  nobleife,  parce 
que  c'eft  lui  quiconnoît  de  leurs  affaires  criminelles., 
&  qui  les  juge  avec  beaucoup  de  févérité.  La  charge  , 
d'Archonte  qui  étoit  perpétuelle  ,  fut  réduite  à, 
dix  ans  j  &  il  y  eut  lept  Archontes  décennaux.  Le  P. 
Brumoy. 

DÉCENNALES,  f.  f.  pi.  Fêtes  que  les  Empereurs  Ro- 
mains célébroient  tous  les  dix  ans  de  leur  règne  par 
des  facrifices,  &  par  des  largeffes  au  peuple.  Decenna^ 
liajejia.  Augufte  fut  l'auteur  de  cette  coutume  j  & 
fes  fuccefteurs  l'imitèrent.  On  faifoit  aufli  dans  le 
même  temps  des  vœux  pour  l'Empereur ,  en  lui 
confirmanr  l'Empire  j  &  ces  vœux  s'appeloient  aufli 
à^i  vœux  décennales  ^  ou  décennaux.  Depuis  Antonin 
Pie,  on  trouve  ces  jeux  &ces  vœux  marqués  fur  les 
médailles.  Primi  décennales.  Secundi  décenna- 
les. VOTA  SOL.  DECEN.  IL   VOTA  SUSCEP.  DECEN.  IIL 

Ces  vœux  fe  faifoient  au  commencement  de  chaque 
dixaine  d'années;  car  fur  les  médailles  de  Pertinax 
qui  eut  à  peine  quatre  mois  d'Empire,  on  trouve 

VOTA  DECEN.  &  VoTIS  DECENNALIBUS  ,  &  fut  ceîlcS 

de  Pupien  j  dont  l'empire  ne  dura  pas  deux  ans  , 

VOTIS  DECENNALIBUS  auftl. 

StruviuSj  Antiq.  Roman.  Sy magma.  C.  4.  p.  247. 
croir  que  ces  vœux  avoient  pris  la  place  de  ceux  que 
les  Ccnfeursavoient  coutume  de  faire  au  temps  de 
la  République  pour  fa  félicité.  En  effet,  on  ne  les 
faifoit  pas  feulement  pour  le  Prince^  mais  encore 
pour  l'Etat,  comme  Dion,  Liv.  VIII.  &  Pline  le 
Jeune,  L.  X.  ép.  ici.  le  marquent. 

Augutle  établit  cette  fête  pour  conferver  l'Empi- 
re &  l'autorité  abfolue  fans  choquer  le  peuple  ;  catj 
durant  la  célébration  de  cette  fête  ,  ce  Prince  avoit 
courume  de  remettre  au  peuple  toute  l'autorité  que 
le  peuple  rempli  de  joie,  &  charmé  de  la  bonté 
d'Augufte,  lui  rendoit  auffi-tôt. 

DÉCENT,  ENTE ,  adj.  Ce  qui  eft  dans  les  termes  de 
la  décence,  félon  les  règles  de  l'honnêteté  extérieure, 
conforme  aux  loix, aux  ufages,  aux  coutumes, même 
aux  préjugés  généralement  reçus.  Deccns.  Un  Magif 
trat  ne  doit  aller  fiéger  qu'en  habit  décent.  Devant 
les  gens  graves,  dans  les  honnêtes  compagnies,  il 
faut  être  en  pofture  décente.  On  le  trouve  en  habit 
décent^  compolant  Lettre  Marotine.  Sarras. 

DÉCEPTE.  f.  f".  Vieux  mot  qu'on  a  dit  pour  trompe- 
rie. Il  vient  du  Latin  decipere,  tromper. 

DÉCEPTIF,  ivE,  vieux  adj.  Trompeur.  Fallax  ,  de. 
ceptivus  ,  a  ,  um.  Un  cœur  faux  &  déceptif.  Marot. 

DÉCEPTION,  f.  f.  Tromperie.  Fallacia.,  captio  ,fraus. 
Il  ne  fe  dit  qu'au  Palais.  Cela  eft  fait  avec  fraude  &: 
déception. 


DEC 

Au  lieu  defquds  entrèrent fiaterle , 
Déception,  trahi/on  j  menterie.  Marot. 

DE  CE  QUE.  Efpèce  de  conjondion ,  qui  fignifie  , 
Parce  que,  à  caufe  que.  Eo  quod,  propuua  quod,  quia. 
Seigneur,  je  vous  rendrai  d éternelles  adions  de 
"races  de  ce  que  vous  avez  hiit  juftice.  Port-R. 

DÉCERCLÈ.  EE.  adj.  Vieux  mot  quia  fignifié,  rom- 
pu, dont  le  bord  eft  défait. 

DÉCERNER,  v.  a.  Ordonner  quelque  chofe  par  une 
délibération  de  Sénat,  d'AlIemblée  de  ville,  par 
autorité  publique.  Decerncre.  Le  Sénat  de  Rome 
décernoït  le  triomphe  à  ceux  qui  avoient  étendu  les 
bornes  de  l'Empire.  On  lui  décerna  les  honneurs  di- 
vins. Vaug.  Le  petit  triomphe  hit  décerné  à  Germa- 
nicus.  Ab.  On  lui  décerna  les  honneurs  funèbres  au 
foir.  Patru.  On  nefe  fert  guerede  décerner  dans  les 
difcours  familiers ,  mais  feulement  dans  les  difcours 
graves,  &  dans  les  livres. 

Et  parmi  les  mortels , 
Quelquefois  ceux  que  l'on  encenfc , 
Ne  font  que  de  grands  criminels 
A  qui  notre  feule  ignorance , 
Au  lieu  de  châtiment  décerne  des  autels. 

Nouv.  CH.  DE  Vers. 

DÉCERNER,  fe  dit  auflî  des  ordonnances  &  décrets  qui 
fe  font  dans  les  Conciles ,  dans  les  alfemblées  Ecclé- 
fiaftiques.  Le  Saint  Concile  a  décerné  que  doréna- 
vant les  mariages  ne  fe  feraient  qu'après  trois  publi- 
cations de  bans. 
Décerner,  fe  dit  encore  en  termes  de  Palais,  des  dé 
crets  qu'on  donne  en  matière  criminelle  pour  arrêter 
&  ajourner  perfonnellement  un  accufé.  La  Cour  a 
décerné  fon  décret  de  prife  de  corps  contre  tels  S< 
tels.  On  ne  décerne  qu'un  ajournement  perfonnel 
contre  un  domicilié,  quand  il  n'y  a  ni  meurtre,  ni 
mutilation  de  membres.  On  dit  auOi  en  termes  de 
Finances  j  Décerner  une  contrainte  pour  le  paye- 
ment de  quelques  femmes,  &  fur-tout  des  taxes  &i 
deniers  Royaux.  L'Intendant  de  la  Province  a  décerné 
une  contrainte  au  bas  d'un  tel  rôle,  d'une  telle 
taxe. 
DÉCÈS,  i.  m.  Morr.  Mors,  oUcus.  Il  a  fait  un  legs  à 
cette  Eglife  pour  faire  prier  Dieu  pour  lui  après  fon 
décès.  Il  a  fait  faire  inventaire  dans  les  40  jours  après 
\i  décès  de  fa  femme.  On  ftipule  plulieurs  condi- 
tions dans  un  contrar  de  mariage  en  cas  du  décès  de 
l'un  des  conjomts.  Elles'eft  mariée  iîxiemaines  après 
le  décès  de  fon  mari.  Le  Mait.  Ce  mot  ne  fe  du 
guère  qu'en  termes  de  Palais. 

icr  Le  mot  trépas  eft  poétique ,  &  emporte  dans 
fon  idée  le  palfage  d'une  vie  à  l'autre.  Mort  eft  du 
ftyle  ordinaire ,  &  fignifie  précifément  la  ceiTation 
de  vivre.  Décès  eft  d'un  ftyle  plus  recherché,  tenant 
un  peu  de  l'ufage  du  Palais,  &  marque  proprement 
le  retranchement  du  nombre  des  mortels.  Le  fécond 
de  ces  mots  fe  dit  à  l'égard  de  toutes  fortes  d'ani- 
maux :  les  deux  autres  ne  fe  difent  qu'à  l'égard  de 
l'homme. 

ïfT  Les  Encvclopédiftes  ajourent  à  ces  remarques 
de  M.  l'Abbé  Girard,  que  décès  &  trépas  ne  s'em- 
ploient qu'au  ftyle  fimple,  &  que  trépas  qui  eft  no- 
ble dans  le  ftyle  poétique  a  fait  trépafjé qni  ne  s'em- 
ploie point  dans  le  ftyle  noble. 

îfT  Le  trépas  ne  préfente  rien  de  laid  à  l'imagi- 
nation ;  il  peut  même  faire  envifager  quelque  chofe 
de  gracieux  dans  l'éternité.  Le  décès  ne  fait  naître 
que  l'idée  d'une  peine  caufée  par  la  féparation  des 
chofes  auxquelles  on  étoit  attaché.  Mais  la  mort  pré- 
fente quelque  chofe  de  laid  &  d'affreux. 

Ce  mot  vient  de  deceffus,  dérivé  de  decedere,  s'en 
aller ,  fe  retirer. 
DECEVABLE.  adj.  de  t.  g.  Vieux  mot  qui  fignifie. 
Facile  à  être  trompé. 

Nicod  a  employé  ce  terme  que  nous  avons  lailTé 


DEC 


M 


abolir,  &qui  méritoit  d'être  confervé.  Il  eft  à  crain- 
dre que  décevant  n'ait  le  même  fort. 

DÉCEVANCE.  f.  f.  Vieux  mot.  Déception ,  trom- 
perie, hraus  ,fallacia,  deceptio. 

DÉCEVANT ,  ANTe.  adj.  Propre  à  tromper  par  quel- 
que chofe  de  fpécieux&d'engageant.Fi://iî.v.  Le  mon- 
de n'a  que  des  appas  décevans.  Le  calme  décevant  de 
la  mer  nous  avoit  invités  à  la  promenade.  Il  n'eft 
guère  ufité  ,  mais  il  ne  laifTe  pas  d'avoir  de  la  grâce  , 
lur-tout  en  poche. 

Ne  t'avons-nous  pas  vu  démafquer  la  nature  , 

Pénétrer  à  travers  fes  dehors  décevans , 

Et  l'ouvrir  toute  entière  à  tes  regards  favans  ? 

Nouv.  CH.  DE  Vers,' 

^L  Bofiruet,à  la  fin  de  fes  avertiffemenSjaditen  par- 
lant de  M.  Patin  :  Il  donnoit  tout  au  raifonnement  , 
&  il  n'avoit  rien  alors  qui  pût  l'empêcher  d'ouvrir 
une  vafte  carrière  à  fes  fentimens  ,  ni  de  jouir  du 
charme  t^tceviz/zr  qui  accompagne  naturellementcette 
liberté.  Il  n'en  eft  pas  moins  vrai,  comme  on  la  dit, 
que  ce  mot  n'eft  guère  en  ufage,  &  que  le  charme 
trompeur  fe  dit  plus  ordinairement  que  le  charme 
décevant.  M.  Boftuet  afFedoit  quelquefois  des  mots 
un  peu  furannés  ,  qui  n'ont  pas  mauvaife  grâce , 
pourvu  qu'ils  ne  foient  pas  trop  tréquens ,  &  qu'ils 
foient  placés  à  propos  ,  comme  décevant  l'eft  en 
cet  endroit. 

DÉCEVOIR.  V.  a.  Je  déçois  ,  je  déçus  ,  j'ai  déçu  ,  je  dé- 
cevrai, que  je  déçoive  ,  que /e  déçujje.  Tromper  par 
quelque  chofe  de  fpécieux ,  d'engageant.  /  altère  ,  de- 
cipere.  Il  ne  faut  pas  fe  lailfer  iiecevo/V  aux  belks  ap- 
parences. Les  hommes  fe  laiifenr  fouvent  ..eVevo/rpar 
l'amour  propre.  Cette  fille  s'eft  lailfée  .recevoir  par 
l'efpérance  d'un  bon  parti.  Ses  fouplelfes  continuelles 
ne  tendent  qu'à  nous  décevoir.  Gomb. 

Deçu,  ue.  part.  Deceptus,  Les  Anglois  déçus  par  le  nom 
de  liberté  ,  en  ont  à  la  fin  détefté  les  excès.  Boss. 

Malgré  mes  vœux  honteufementdéqus.  Racine. 

Que  vous  êtes  à  plaindre  étant  f  fort  déçu.  CoRN. 

T^ous  verre:^  votre  crainte  heureufement  déçue.  Id. 

DÉCHAGRINER,  v.  a.  Faire  cefier,  diffiper  le  chagrin.' 
Il  n'eft  pas  en  ufage. 

Ce  Berger  enjoué ,  ce  doux  Magicien  , 

Qui  connaît  tous  les  morts  des  vieux  temps  &  dufien  ; 

S'envajufquaux  Enfers  déchagriner  les  ombres. 

Eglogue  de  M.  Renault  au  Furetieriana. 

DÉCHAÎNEMENT,  f.  m.  Adion  d'ôter  la  chaîne  à 
quelqu'un  ,  de  lui  donner  la  liberté  ;_  mais  il  n'eft 
point  d'ufage  dans  le  fens  propre.  Au  figuré  il  figni- 
fie emportement  de  colère  ;  emportement  contre 
quelqu'un  en  paroles  \n]nncu(es. Immoderata  ,  effre- 
nata  maledicendi  ltcentia.C'ii(^  an  étrange  déchaîne- 
ment que  celm  des  pexfécMems  comiehs  enfans  de 
Dieu.  Lei  fauffes  prudes  tâchent  de  trouver  dans 
leur  modeftie  forcée  ,  ôc  dans  leur  déchaînement  con- 
tre toutes  les  jolies  femmes,  le  dédommagement  de 
leur  beauté  ufée.  Bell. 

DÉCHAÎNER,  v.  a.  Oter  la  chaîne  à  quelqu'un  ,  lui 
donner  la  liberté.  Aliquem  ex  catenâ  folvere  ,  catenâ 
exfohere. On  déchaîneXes  n-\Mns\2L  nuit,  pour  gar- 
der la  maifon.  On  a  déchaîné  ce  galérien. 

t)C? Déchaîner  au  figuré  ,  fignifie  exciter  ,  animer 
quelqu'un  contre  un  autre,  ^xftimulare  ,  commovere 
aliquem  in  alium.  Vous  avez  déchaîné  contre  moi'  un 
homme  redoutable. 

{CFOn  dit  aulli  au  figuré  avec  le  pronom  perfonnel, 
fe  déchaîner  contre  quelqu'un  ,  s'emporter  avec  vio- 
lence ,  en  paroles  injurieufes ,  fans  garder  aucune 
mefure.  MalediUis  confcindere  ,infeclari.  Cet  homme 
eft  fi  violent ,  qu'il  fe  déchaîne  par-tout  contre  moi 
fans  fujet.  Sq  déchaîner  en  inventives. 


134 


DEC 


03*  On  dit  de  même  en  parlant  d'une  tempcte  j  que 
tous  les  vents  font  déchaînes, 
PÉcHAÎNÉ  j  ÉK.  part.  lia  les  lignifications  de  fou  ver- 
be. Il  femble  que  tout  l'enfer  en   cette  trille  journée 
fût  dichaîné,  BouiiDAL.Exhon.II.  p.  104. 

Pais  un  chacun  contre  moi  déchaîné  j 

Je  Jus  honni  j  réprimande'  ^  berne  ; 

Des  malheureux  c'ejlajfc:(  le  parcage.  P.  Du  Cerc 

|CJ"  On  die  d'un  méchant  homme  qui  ne  qarde 
aucune  mefure ,  qui  fe  permet  tout,  que  ceft  un  dia- 
ble déchaîne.  Acad.  Fr. 
DÉCHALANDER  ,  ou  DÉSACHALANDER.  v.  a. 
Terme  de  commerce  ,  faire  perdre  les  chalands  à 
quelqu'un.  Emptores  ah  alicujus  tabernà  avertere^  alie- 
nare  _,  removere.  Déchalander  un  Marchand. 

DÉCHALANDÉ  ,  ÉE.ParC. 

§CrDECHALASSER,  dans  l'Orléanois  DECHAR- 
NELER.  V.  a.TermedeVigneron.Oter  les  échalas  des 
vignes,  ^ojdç  Echalas. 

^Cr  DÉcHALAssÉ,  ÉE.  Part. 

DÉCHANT,  f.  m.  Difcantus.  Terme  de  l'ancien  chant. 
Cétoitla  mufique  du  XU""  fiécie  &  des  fuivans.  Le 
Credo  noté  à  deux  parties  dans  un  des  Milfels  du 
XIII'  fiécle  en  eft  une  preuve.  On  chantoit  encore  à 
Sens  ce  déchant  o\x  mulique  ancienne  fur  les  O  de 
Noël  en  1 5  5  5.  &  en  cette  année  le  Chapitre  d'Au- 
xerre  fit  une  conclufion  le  iG  Décembre  ,  où  il  y  a 
Quitlibet  earum  Antiphonarumcantabitur  bis  in  mujka- 
libusjlve  difcamu  &  cum  organis  ,  ùc.  C'étoit  ce  qu'on 
appelle  aujourd'hui  faux  bourdon  ou  contrepoint. 
M.  l'Abbé  le  Bœuf  j  dans  fon  traité  du  Chant  Ecclé- 
fiaflique  ,  parle  du  déchant  &c  de  fori  origine.  Il  y  ex- 
plique aum  tous  les  changemens  que  le  déchant  a 
caufés  dans  le  chant  Grégorien.  Les  règles  de  ce  chant 
ent  été  écrites  en  François  dès  le  treizième  fiécle. 

//  me  fuffira  d'une  Meffe 

De  Requiem  haulte  chantée 

Au  cueur  me  ferait  grand-lyejfe 

Se  ejlre pouvait ÀQichzïiKQ.  Jean  Rsgnier. 

Ce  Poëte  demandoit  l'impofllble  en  fait  de  dé- 
chant y  i'ufage  n'étoit  pas  de  l'employer  aux  MelTes 
de  Requiem  ,  félon  les  preuves  qu'en  donne  M. 
l'Abbé  le  Bœuf  dans  fon  Traité  Hijiorique  fur  léchant 
EccLfiaflique. 
DECHANTER,  v.  n.  Changer  d'avis  ,  d'opinion.  Pa- 
Unodiam  canere  ,  mutare  fententiam.  Cet  homme 
eft  maintenant  de  cet  avis  j  mais  quand  il  aura  ap- 
profondi cette  affaire  ,  il  y  aura  bien  à  déchanter.  On 
l'emploie  de  même  dans  quelques  phrafes  familiè- 
res, pour  dire  rabattre  de  fes  prétentions  j  de  fes  ef- 
pérances  ,  de  fa  vanité.  Il  (audta.  déchanter.  Il  efpère 
en  tirer  de  grands  avantages;  mais  ilaura  bien  à  dé' 
chanter. 

Tu  vois  qu'à  chaque  influât  il  te  fait  déchanter. 

DÉCHAPERONNER,  v.  a.  Terme  de  Fauconnerie- 
Oter  le  Chaperon  d'un  oifeau  de  proie  ,  quand  on 
le  veut  lâcher.  Nudare  ,  exuere  accipurem  capicio. 

DÉCHAPERONNÉ  ,  ÉE.  Patt. 

§cr  DECHARGE,  f.  f.Adion  par  laquelle  on  ôte  un 
fardeau  du  lieu  où  il  étoit.  Oneris  detraciio.  On  le 
dit  en  ce  fens  des  bêtes  de  fomme ,  des  charrettes  & 
autres  chofes  fur  lefquelles  des  marchandifes  font 
chargées.  Ainfi  l'on  dit  la  décharge  d'un  navire ,  d'un 
bateau.  Mercium  ex  navi  educlio,  in  terram  expofitio. 
La  décharge  d'une  voiture  ,  d'un  coche.  Je  me  trou- 
vai à  la  décharge  du  coche.  Je  fus  préfent  à  la  <//c-^ar- 
^e  de  mes  ballots.  Le  voiturier  fit  la  décharge  de  fes 
marchandifes  en  tel  endroit. 

DÉCHARGE  &  labourage  des  vins.  Ceft  la  fondfion  des 
Maîtres  Tonneliers-Déchargeurs  de  vins ,  à  qui  feuls 
il  appartient  de  décharger  &  labourer  les  vins  qui  ar- 
riventà  Paris  par  la  rivière  ,  c'eft-à-dire  ,de  les  fortir 
des  bateaux  ,  &  les  mettre  <à  port. 

En  parlant  des  armes  à  feu  décharge  fe  dit  de  l'ac- 


DEC 

tionde  tirer  ,  faire  partir  le  coup.  La  fentinelle  fit  fa 
décharge  &  fe  retira.  La  décharge  des  machines  de 
guerres.  Balifarum  cmilfio. 

Dans  cette  acception  ce  mot  eft  employé  comme 
fynonyme  de  canonnade  &  moufqueterie  pour  ex- 
primer plufieurs  coups  de  canon  ou  de  mouiqueû  ti- 
rés à  la  tois.  Foye:^  ces  mots.  Nous  elfuyâmes  une  fu- 
neufe  décharge.  La  décharge  du  canon  îk.  de  la  mouf- 
queterie. 

Il  eft  aufli  fynonyme  de  falve  ,  c'eft-à-dire  qu'on 
s'en  fert  pourdéiigner  plulieurs  canons  ou  moufquets 
qu'on  tire  en  même  temps  en  certaines  occafions, 
loit  pour  fiire  honneur  à  quelqu'un,  foit  dans  un* 
réjouillance.  Foye^  Salve. 

DÉCHARGE  de  coups  de  bâton  ,  fynonyme  de  bafton- 
nade.  Fuftuarium.  Foye^  Bastonnade. 

DÉCHARGE.  Terme  de  marine.  Ceft  un  commande- 
ment de  marine  qu'on  hiit  lorfqu'on  donne  vent  de- 
vant, pour  ôter  le  vent  de  deHus  le  hunier  de  mi- 
faine  ,  &  le  tenir  au  plus  près  du  vent.  Décharger 
les  voiles ,  c'eft  ôier  le  vent  de  delfus  pour  le  mettre 
dedans. 

DÉCHARGE  ,  en  termes  de  Palais ,  fe  dit  de  la  quittance, 
de  la  libération  qu'on  donne  à  un  créancier ,  ou 
qu'on  écrit  fur  le  regiftre  de  celui  qui  croit  commis 
à  la  garde  de  quelque  chofe.  Décharge  en  ce  fens  eft 
un  adfe  par  lequel  celui  qui  étoit  engagé  à  quelque 
chofe,en  eft  quitte.  Un  débiteur  eft  mal  afligné  quand 
il  a  une  déchargehennQ  &  valable.  La  décharge  d'une 
écrou  ,  d'une  minute.  La  décharge  d'un  Greffier. 

DÉCHARGE  ,  fe  dit  aulli  d'une  libération  qu'on  obtient 
par  arrêt ,  ou  à  l'amiable  j  de  quelque  commiflion 
onéreufe.  Liberatio.  Décharge  en  ce  fens  eft  un  aûe 
par  lequel  celui  qui  étoit  chargé  de  quelque  chofe,en 
eft  déchargé.  Il  a  obtenu  la  décharge  de  cette  tutelle  j 
on  a  nommé  un  autre  Tureur  \  la  décharge  de  ce  re- 
couvrement qui  étoit  dangereux. 

DÉCHARGE  ,  fignifie  aufli,  ordre,  pouvoir  ,  précaution 
que  l'on  prend  J  lorfqu'on  fait  les  affaires,  ou  qu  on 
exécute  les  commandemens  d'autrui  j  afin  d'éviter 
les  affaires  ,  les  pourfuites ,  ou  ,  s'il  y  en  a ,  afin 
qu  elles  retombent  fur  celui  par  les  ordres  duquel  on 
zgxi.  Perfcripta  negociigerendifacultas  ^aucloritas.  Il 
ne  taut  pas  faire  une  enchère  fans  une  procuration  fpé- 
ciale,  c'eft  une  décharge  ,  une  sûreté. 

DÉCHARGE  ,  fe  dit  aufli  d'un  jugement  qui  déclare  un 
accufé  pleinement  abfous  du  crime  qu'on  lui  impu- 
toit.  Un  hors  de  Cour  n'emporte  pas  la  décharge  de 
l'accufé.  Purgatio.  Liberatio.  Cet  accufé  a  obtenu  la 
décharge  des  crimes  qu'on  luiimputoit  ,  tous  les  té- 
moins qu'on  lui  a  confrontés  ont  été  à  fa  décharge. 
Ici  décharge  fignifie  le  témoignage  que  les  témoins 

f)ortent  en  faveur  de  l'accufé ,  les  chofes  qui  vont  à 
e  juftifier.  Ceft  en  co  fens  que  l'Ordonnance  veut 
que  les  témoins  foient  ouïs ,  tant  à  charge  qu'à  dé- 
charge. 

On  dit  en  Fauconnerie ,  la  décharge  d'un  héron , 
vomitus ,  lorfqu'il  vomit  en  fuyant  tout  ce  qu'il  a 
goulûment  avalé  ,  afin  de  fe  rendre  par  ce  moyen 
plus  léger  en  fa  fuite, 

DÉCHARGE,  fe  dit  auflîd'un  cabinet,  ou  d'un  lieu  pro- 
che de  foi  pour  y  ferrer  les  meublas  ou  autres  chofes 
qui  incommodent ,  dont  on  a  fouvent  affaire  ,  &  qui 
empêchent  qu'on  ne  tienne  une  chambre  propre.  Re- 
ceptaculum.  Ce  petit  cabinet  fert  de  décharge  à  cet  ap- 
partement. 

DÉCHARGE  ,  en  charpenterie  ,  eft  une  pièce  de  bois  po- 
fée  obliquement  dans  l'afiTemblage  d'un  pan  de  bois, 
ou  d'une  cloifon  pour  foulager  la  charge.  Poflis  U- 
gneus  oblique  pof  tus. 

DÉCHARGE  ,  en  Serrurerie,  eft  dans  une  porte  de  fer 
une  grolTe  barre  pofée  obliquement  en  manière  de 
traverfe  pour  entretenir  les  barreaux  ,  ôc  empêcher 
le  chaflîs  de  fortir  de  fon  équerre.  Pojtisfeneus  obli- 
qué pof  tus. 

On  fair  des  décharges  au-delTous  des  portes  ,  &: 
quelquefois  au-delfous  des  fenêtres,  pour  les  foula- 
ger ,  &  les  décharger  d'une  partie  du  poids  qui  eft 
au-deffus.  Ces  décharges  font  de  deux  fortes  :  les  unes 


DEC 

font  faites  en  fronton  angulaire  ,  &  confiilenr  en 
deux  pièces  de  bois  qui  fe  joignent  en  pointe  parle 
__  haut,  Se  dont  chacune  a  par-eii-bas  un  bout  polc  fur 
le  piédroit  de  la  fenêtre  ou  de  la  porte  :  les  autres 
foiît  faites  en  arc  de  voût2  ,  &  portent  de  même  fur 
le  piédroit  de  la  porte  ou  de  la  te  nêtre. 

^3"DECHARGE,en  Orfèvrerie,  eft  un  poinçon  qui  s'ap- 
plique fur  les  ouvrages,  quand  ils  font  'finis ,  qui 
marcjue  que  les  droits  impofés  fur  lefdits  ouvrages 
ont  été  payés. 

|p°  DÉCHARGE,  en  parlant  de  l'endroit  par  où  les  eaux 
s'écoulent. C'efl;  en  général  un  endroit ,  un  trou,  une 
rigole j  un  conduit,  &cc  ,  par  où  les  eaux  fe  déchar- 
gent. EmijJ'drium,  effluviuin.  Cette  fontaine  a  fa  dé- 
charge en  tel  endroit.  Décharge  d'un  lac.  Hmijjurium 
lacùs.  Le  trou  ,  {^.décharge  d'un  évier. 
Décharge  d'eau,  c'eft  un  nom  commun  à  deux  tuyaux 
dans  un  regard  ou  balïin  de  fontaine  ,  dont  l'un  avec 
foupape  fert  à  décharger  ou  faite  écouler  entière- 
ment l'eau  quand  on  veut  vider  le  bailin.  L'autre  elt 
fondé  au  bord  du  regard  ou  balîîn  ,  &  lett  à  régler  la 
fuperficie  de  l'eau  à  une  certaine  hauteur,  lubusper 
qucm  aquu  dcfluït.  Décharge  de  fond  ,  dcchargc  de  fu- 
perficie. 

§CF  On  dit  en  ce  fens  la  décharge  des  humeurs , 
pour  dire  l'écoulement  des  humeurs  du  corps  hu- 
main. Humorum  dcfluvïum. 

§3" DÉCHARGE,  efl  encore  fynonyme  de  foulagement 
dans  certaines  occafions.  Levamen  ,  Uvamentum.  La 
rcduftion  des  rentes  eft  ant  décharge  pour  l'Etat ,  ell; 
fouvent  une  charge  pour  les  particuliers.  Ses  deux 
filles  fe  font  fait  Religieufes ,  c'eft  une  décharge 
pour  fa  famille. 

On  dit  en  ce  fens  la  décharge  de  laconfcience  pour 
dire  Vaajuk.  f^oye^  ce  mot.  Je  fais  cela  pour  la  dé- 
charge de  ma  confcience. 

DÉCHARGEMENT ,  f  m.  L'aétion  par  laquelle  on  dé- 
charge. Ce  mot  n'eft  en  ufage  que  dans  les  ports, 
dans  la  Marine ,  &c  fe  dit  des  effets  que  l'on  débarque 
&:quiformoient  la  cargaifon  du  vailfeau. 

DÉCHARGEOIR.  f  m.  Terme  de  Tilferand  entoiles. 
C'eft  un  cylindre ,  ou  pièce  de  bois  ronde  ,  autour  de 
laquelle  on  roule  la  toile  qui  eft  faite  ,&  que  l'on  le- 
vé de  delfus  la  poitrinière.  C'eft  une  efpèce  d'en- 
fuble. 

DECHARGER,  v.  a.  Oter  le  fardeau ,  diminuer  la 
charge  qui  pefe  fur  quelque  chofe.  Exonerare ,  onus 
eximerv.  Les  marchands  jettent  leurs  raarchandifes 
en  mer  pendant  la  tempête  pour  décharger  le  vaif- 
feau.  On  dit  de  même  décharger  un  crocheteur ,  un 
cheval ,  &:c.Oter  le  fardeau  qu'il  porte. 

1^3°  En  termes  de  jardinage  ,  décharger  un  arbre  , 
en  retrancher  quelques  branches  j  quand  il  eft  trop 
chargé  de  bois.  Exonerare. 

On  dit  proverbialement  décharger  fon  ventre , 
le  foulager  par  quelque  évacuation.  La  bétoine  dé- 
charge le  cerveau  ,  le  dégage  des  humeurs  qui  l'in- 
commodent. Décharger  \a.  malfe  dufang. 

On  dit  aulli  proverbialement  décharger  le  plan- 
cher ,  pour  dire  s'en  aller ,  fe  retirer. 

Décharger  un  fuhl ,  un  piftolet,&c,  c'eft  le  tirer, 
faire  partir  le  coup.  Emhcere  ,  difplodere  :  ou  bien 
c'elf  en  ôter  la  charge  avec  un  tire-bourre.  Voye:^  ces 
mots. 

Décharger  un  coup  de  poing  ,  de  bâton  j  &c  ,  donner 
de  toute  fa  force  un  coup  ,  &c.  Pugnum  iinpingerc. 
On  dit  aulli  décharger  \xn  coup  de  fufil ,  le  tirer.  On 
dit  auili  que  les  Charpentiers  déchargent  les  poutres 
par  le  moyen  des  poinçons  ,  arcboutans ,  &  autres 
moyens  qui  les  foulagent,  quand  elles  ont  trop  de 
portée ,  ou  portent  un  trop  grand  fardeau.  On  ap- 
pelle aulli  dans  un  pan  de  charpente  ,  des  poteaux  de 
décharge,  des  poteaux  inclinés  qui  arcboutent  &  qui 
•  foutiennent  les  autres.  Poflis  oblique  pofitus. 

Ce  mot  vientdu  Lmndifcargare  on difcaricare.  Du 
Cang.  Papebroch.  Ce  dernier  difcaricare  fe  trouve 
dans  la  vie  de  Saint Médard  par  Venantitus  Fortuna- 
tus,  contemporain  de  Grégoire  de  Tours.  Acl.  SS. 
Junii^T.IZ.p.^o.E.Zi.E. 


D   E  C  13; 

Décharger  ,  fe  dit  au  figuré  dans  le  même  fens.  Exo- 
nerare. Poaïccharger  i\  mémoire  ,  il  faut  écri  e  f;s 
affaires  fur  un  agenda.  Décharger  fa  confcience,  faire 
une  chofe  à  laquelle  on  eft  obligé  en  confcience. 
C'eft  dans  le  fein  de  fesamis  qu'il  faut  décharger  fon 
cœur;  d.'clarer  avec  franchife  lesfujets  de  plainte  j 
de  chagrin  ,  &c.  Décharger  fa  colcrc  fur  quelqu'un, 
lui  en  faire  relfentir  les  efters.  Jram  effundere.  Dé- 
charge^ mon  cœur  de  l'ennui  que  vous  lui  donnez. 
Voit.  Rien  ne  peut  décharger  de  l'obligation  de  ref- 
tituer ,  quand  on  le  peut.  On  ne  peut  décharger  les 
hommes  de  l'obligation  d'aimer  Dieu- Il  alla  decnar' 
^cr  fa  douleur  dans  le  cœur  de  fes  filles.  Mad.  l'HÉ- 

RITIER. 

décharger  ,  en  termes  de  Palais ,  lignifie  aufîl  décla- 
rerquitte  ,  délivrer  d'une  demande  ,  d'une  dette  , 
d'une  taxe,  d'une  obligation  qui  eftonéreufe.  Z./^eri;rcr, 
eximere.  LTn  Tuteur  n'eft  point  décharge  d'une  tu- 
telle ,  qu'il  n'ait  rendu  compte,  &  payé  le  reliqua. 
Il  faut  prouver  fa  noblelfe,  fon  exemption  ,  pour  être 
décharge  àss  tailles.  Il  a  payé  cent  écus  fur  cette  obli- 
gation ,  il  en  eft  décharge  d'autant.  En  ce  même  lens 
on  dit ,  décharger  un  regiftre  ,  une  groffe  ,  une  mi- 
nute d'un  contrat ,  pour  dire  ,  en  écrire  la  décharge , 
en  mettre  la  quittance  au  bas  ,  au  dos  ,  à  la  marge. 

décharger,  fignitie  auftiabfoudre.  Ab/olverepurgarcy 
extra  culpam poncre.  lia  été  décharge  ,  renvoyé  quitte 
Se  abfous  de  l'accufrtion  qui  avoitété  intentée  contre 
lui.  Cette  fentence  l'a  déchargé  pleinement  de  l'ac- 
cufation.  De  Sacy.  Ces  termes ,  décharge  de  l'accu- 
Jaiion,  contenus  dans  un  jugement  rendu  en  matière 
criminelle  ,  déclarent  l'-accufé  pleinement  abfous  du 
crime  dont  il  étoit  prévenu  \  de  manière  que  cette 
décharge  en  diftipe  toute  l'idée  ,  &  anéantit  tous  les 
indices.  En  quoi  cette  prononciation  eft  bien  diffé- 
rente sle  celle  qui  met  hors  de  Cour. 

Décharger  ,  fe  dit  aufîi  des  dépoluions  des  témoins  y 
ou  complices,  qui  tendent  à  cette  ablolution.  Tous 
ceux  dont  on  le  croyoit  complice  l'ont  décharge  d  La 
mort.  Liberare  culpâ.  Les  témoins  à  la  confrontation 
fe  font  dédits  j  l'ont  décharge. 

En  tetmes  de  Marine  ,  décharger  les  voiles ,  c'eft 
ôter  le  vent  de  delfus  pour  le  inettre  dedans  \  c'eft 
lorfqu'elle  eft  cocftée  la  changer  de  fituation  j  en  lui 
faifant  prendre  le  vent  en  dedans  ,  foit  qu'on  la  re- 
vente du  même  bord  ,  ou  du  bord  oppofé.  Dcchar- 
gcr\Q  petit  hunier ,  c'eft  ôter  le  ventdedeffus  le  hu- 
nier de  mifaine,  &:  le  tenir  au  plus  près  du  vent. 

Décharger.  Terme  de  Manufaéture  de  lainage.  C'eft 
ôter  le  trait  j  après  avoir  fait  aller  &  venir  le  peigne 
droit  fur  le  gauche,  &  le  gauche  fur  le  droit 


Décharger  et  labourer  des  vins.  C'eft  les  tirer  hots 
des  bateaux  ,.&  les  mettre  à  terre. 

Décharger  la  pierre  de  delfus  les  bois.  Terme  de  Car- 
rier. C'eft  la  faire  tomber  de  delfus  les  étais  ,  avec 
lefquels  on  la  foutientj  à  mefute  qu'on  la  fou- 
lève. 

Décharger,  avec  le  pronom  perfonnel ,  fignilîe  ,  Met- 
tre fur  autrui  une  charge,  le  foin  de  quelque  chofe. 
Curam  rei  alicujus  in  aliqucm  transfert  e.  Les  grands 
Seigneurs  fe  déchargent  du  foin  de  leurs  affaires  fut 
leurs  Miniftres ,  fur  leurs  Intendans. 

DÉCHARGER,  figiiific  aufli ,  s'cxcufet.  Pz^r^t7re/è ,  cul- 
pam in  alium  rcjunderc.  On  l'accufoit  d'une  telle  fau- 
te ,  mais  il  s'en  eA  déchargé  {aï  les  Commis  ,  fur  les 
Clercs. 

Se  DÉCHARGER  ,  fe  dit  aullî  de  l'écoulement  des  eaujr. 
Influere  ,  exonerare  fe  ,  exundare.  Le  Nil  fe  decharoe 
dans  la  Méditerranée  par  fept  embouchures  ;  la 
Marne  fe  décharge  dans  la  Seine.  Le  bailin  de  cette 
fontaine  fe  décharge  dans  cet  étang.  Les  eaux  de  cette 
niaifon  Ce  déchargent  d^ns  la  coût  de  ce  voifin. 

Se  DECHARGER  ,  fe  dit  aulli  des  couleurs ,  quand  elles 
perdent  leur  première  vivacité.  Remittere.  Il  faut 
prendre  le  gris  fort  brun ,  il  fe  décharge  toujours 
alfez.  J^s^ 

On  dit  aullî  que  le  temps  fe  décharge  ,  quand  il 
pleut  après  que  le  ciel  eft  demeuré  long-temps  cou-' 
vert.  Pluerc. 


15^  DEC 

Décharge  ,  ée.  paît. 

On  du  dans  le  Manège  ,  qu'un  cheval  efl  bien  dé- 
chargé 3  qu'il  a  la  taille  déchargée  ,  qu'il  ell  décharge 
d'encolure  ,  pour  dire ,  qu'il  n'a  point  le  cou  trop 
chargé  de  grailfe  j  qu'il  l'a  menu  &  droit.  GracUis. 

Onleditaulîi  desperfonnes  qui  font  d'une  taille 
déliée  &  aifée. 

Déchargé  ,  ée  ,  adj.  Terme  de  Blafon.  Armes  déchar- 
gées eft  le  contraire  d'armes  chargées  ,  ôc  une  ef- 
pèce  des  armes  diftamées.  Ce  font  des  armes  aux- 
quelles on  a  retranché  quelque  chofe  en  punition 
d'un  crime  de  celui  qui  les  porte,  yoyc^  DIFFAME. 

DÊCHARGEUR.f.  m.  Officier  de  ville,  commis  fur 
les  ports  pour  décharger  les  bateaux.  Les  Déchargeurs 
de  vin  font  des  Tonneliers ,  qui ,  après  que  les  Bour- 
geois ont  acheté  des  vins  dans  les  bateaux  ,  les  dé 
chargent  &  mettent  à  terre  par  le  moyen  de  grolles 
pièces  de  bois  qu'ils  appellent  chemins:  car  il  leur  eft 
défendu  de  palier  fur  les  planches  mifcs  par  les  Offi- 
ciers Planchéïeurs.  Il  y  a  auffi  des  Déchargeurs  d'artil- 
lerie qui  ont  foin  de  décharger  les  poutres  &  les  autres 
munitions. 

DÉCHARMER,  v.  a.  Otec  un  charme  à  quelqu'un. 
PoMEY.  F afclnadonein  ab  aliquo  amovere  ,  aliquem 
magicls  carminibus  ilUgatum  ,  adjîriclum  Jblvere.  Il 
n'ell  pas  ufité. 

Ip-DÉCHARNELER.  v.  a.  Terme  ufité  dans  TOr- 
léanois  ,  la  même  chofe  que  DechalaJ/'er. 

DÉCHARNER.  v.  a.  Oter  la  chair  dedelllis  les  os.  Car- 
ne nudare,e.xuerc.  Il  a  fallu  décharner  l'os  pour  pan- 
fer  ce  nodus. 

DÉCHARNER,  fignifie  auffi ,  amaigrir,  ôter  l'embon- 
point. Macie  conficere  ,  tenuare  ,  macilentum  rcddcre  , 
emaciare.  Cette  maladie  l'a  décharné. 

Ce  vieillard  n  a  fauve  des  ravages  du  temps 
Qu'un  peu  d'os  &  de  nerfs  qu'ont  décharné  cent  ans. 

Corneille. 

DÉchArner  ,  fe  dit  aufli  fîgurcment  du  ftyle,  delà 
langue  ,  &c  même  des  difcours  entiers  ,  pour  fignifier, 
Delîecher  ,  dépouiller  d'agrémens  &  d'ornemens. 
Spoliare  fermonemlcpore  fao  ,fuàélegantiâ.  Il  eft  à 
craindre  qu'à  force  de  ranner  fur  la  langue  ,  &  de  la 
vouloir  purger  de  tout  ce  qui  n'eftpas  du  bel  ufage  , 
on  ne  la  â'etÀtîr/îe  trop.  CaiL.  Les  Sermons  de  Nef- 
torius  font  fecs  &  décharnés.  Do  Pin.  Il  faut  éviter 
unefaulFe  délicatelTe  qui  déckarnele  difcours  ,&  qui 
lui  ôte  fa  fubftance  &  fa  folidité.  S.  EvR. 

Décharné  ,ÉE.part.  Ne  fc  dit  guère  que  dans  le  fens 
d'amaigrir.  Vifage  décharné. 

,     On  dit  aulfi  figurément  du  ftyle  ,  qu'il  eft  déchar- 
né. Jejuna  cratio  ,  exfucca  ;  pour  dire  maigre  ,  i^ec. 

DECHÂRPIR.  v.  a.  féparer  deux  perfonnes  qui  fe  bat- 
tent ,  qui  fe  tiennent  faifis  au  corps  &c  aux  cheveux. 
Duos  colluclances  ,  &  injauces  invicem  involantes  di- 
vellerc.  Ces  gens  étoient  li  animés  qu'on  a  eu  bien 
de  la  peine  à  les  décharpir.  Mol.  ce  mot  eft  bas. 

DECHASSER.  v.  a.  Terme  de  Tourneur.  Trudere  ,  de- 
pellere  ,  detrudere.  Déchaffer  une  clef  de  bois  j  c'eft  la 
faire  fortir. 

DÉCHAUMER.  v.  a.  Terme  d'Agriculture.  ZPeVAaz^/Tzer 
une  terre  ,  c'eft  ouvrir  avec  la  bêche  ou  la  charrue  , 
une  terre  qui  n'a  point  encore  été  cultivée.  Arare  , 
aratro  primîun  profcïndere.  Liger  fe  fert  de  ce  mot 
qu'on  ne  dit  point  ici. 

DÉCHAUSSEMENT. f.  m.  Terme  d'Agriculture,  qui 
fe  dit  de  la  façon  qu'on  donne  aux  vignes  &  aux  ar- 
bres lorfqu'on  les  déchaufte  ,  ou  qu'on  laboure  & 
qu'on  fume  la  terre  qui  eft  au  pied.  Ahlaqueatio. 

DÉCHAUSSER,  v.  a.  Oter  la  chaulfLire,  les  bas  ,  ou  les 
fouliers  à  quelqu'un.  Un  laquais  déchaufte  fon  maî- 
tre. Excalccare.  En  Orient  c'eft  un  ligne  d'humilité 
de  fe  dcchauffer  en  entrant  dans  le  Temple.  On  dé- 
chauffe  fes  éperons  quand  on  va  rendre  la  foi  &  hom- 
mage à  un  Seigneur. 

Déchausser  des  bas  ,  des  fouliers  ,  tirer  des  fouliers , 
des  bns.  Detrahere. 

Déchausser  fe  dit  en  Agriculture  des  arbres  fruitiers 


DEC 

&  des  vignes  qu'on  laboure  au  pied,  où  l'on  meî 
du  himier  ,  ou  dont  on  change  la  terre,  pour  leur 
f-aire  rapporter  plus  de  fruit.  On  déchaufje  la  vigne 
en  hiver  dans  les  p.iys  chauds ,  pour  la  faire  hiver- 
ner ,  &  aux  froids  on  la  chaulfe  ,  c'eft-à-dire  ,  qu'on 
enterre  les  brins  de  fa«?îiens  pour  les  préferver  du 
froid.  Denys  ,  P.  II.  C.  I.  Quand  un  arbre  eft  ma- 
lade ,  ou  fait  la  même  opération  :  on  le  déchauj/eà'nn 
côté  ,  c'eft-à-  dire  ,  qu'on  fait  un  petit  cercle  àfon 
pied  ,  &  on  en  tire  la  terre  ,  pour  viliter  les  racines  , 
&  connoître  la  caufe  de  la  maladie  de  l'arbre.  Cec 
examen  ne  fe  fait  point  pendant  la  fève.  Ablaqueare. 

gcr  Déchausser  une  dent,  terme  de  Chirurgie,  c'eft 
avec  un  inftrument  nomme  Déchauffoir ,\?iiiècoii~ 
vrir  en  féparant  la  gencived'autour  de  la  dent.  Scal-^ 
père. 

UCT  On  dit  que  les  dents  fe  déchaulTent  quand  les 
gencives  font  rongées,  foitpar  la  carie  ,  fou  par  les 
drogues  qu'on  emploie  pour  les  nettoyer. 

Déchausser  j  fe  dit  auffi  en    Archireéture  ,  des  mU' 
railles  dont  les  fondemens  font  dans  l'eau  ,  qui  les 
lave  ,  les  dégrade,  &  les  détruit  infenliblement. ^'/{/^ 
fodere.  Il  y  a  une  pile  duPont-auChange  qui  eft  tou- 
te déchaujjée. 

On  du  proverbialement,  qu'un  homme  n'eftpas 
digne  d'en  t^d'c/ziz/y//^/- un  autre  ,  quand  il  vaut  beau- 
coup moins  que  lui.  Toutes  vos  Angéliques  ne  font 
pas  dignes  de  déchauffer  la  fans-pareille  Caroline.  S. 
EvR.  On  le  dit  même  des  chofes.  Cette  étoffe  n'eft 
pas  digne  de  déchau  fer  celle  que  j'ai  vue  ailleurs.  On 
appelle  pied  déchau.x  j  un  homme  de  néant  qui  veuc 
paroître  quelque  chofe  ,  Si  qui  n'a  pas  le  moyen  d'a- 
voir des  fouliers. 

Déchaussé  ,  ée.  Part.  Sans  chaulTure  ,  fans  fouliers. 
Excalceatus  j  difcalceatus. 

On  appelle  desCarmes,  des  Auguftins  Déchauff'és, 
des  Religieux  Auguftins  ,  ou  Carmes ,  qui  vivent 
dans  une  étroite  réforme  ,  &  qui  ne  portent  point  de 
chauffes ,  mais  feulement  des  landales.  Il  y  a  auffi  des 
Pères  de  la  Merçy  déchaujjés.  Il  y  a  eu  des  Domini- 
cains déchaufjés  inftitués  par  le  P.  le  Quien  ,  des  Tri- 
nitaires  déchaufés ,  &  de  même  pour  les  filles  des 
Auguftines  déchaujjées  ,  des  Carmélites  déchauffées  , 
des  Religieufes  déchaujjées  de  laMercy  ,  des  Trini- 
taires  déchaufées.  yoye^  fur  ces  Congrégations  Reli- 
gieufes l'HiJloire  des  ordres  Religieux  par  le  P.  Hc- 
lyot, P.  I.  C.  57.48.4:;.  50.  P.  II.  C.  47.  48.  49.  P.  III. 
C.  6.  8.  27.  56.  Il  y  a  auffi  des  Frères  Mineurs  déchauf- 
fés. On  dit  plus  ordinairement  Carmes  décTiaux.  On 
ne  dit  point  Auguftins  déchaux ,  ou  Frères  Mineurs 
déchaux  ,  mais  Auguftins  déchaujjés  ,  Frères  Mineurs 
déchauffés.  Sur  ceux-ci  voye^  FRERE  MINEUR. 

IfT  Déchaussé  ,  ÉE.adj.  Les  Romains  défignoient  par 
cette  cpithète  les  pièces  qui  étoient  jouées  par  les  Mi- 
mes ,  parce  que  ces  Aébeurs  n'avoient  point  de 
chauffure  ,  c'eft-à-dire  ,  de  brodequins. 

DÊCHAUSSOIR.  f.  m.  Inftrument  de  Chirurgie  ,  qui 
eft  un  fer  pointu  &  taillant  qui  fert  à  féparer  les  gen- 
cives d'autour  des  dents  qu'on  veut  arracher.  Dencis- 
calprum.  Foye^  Déchausser.  On  l'ouvre  doucement 
&  avec  grande  circonfpedion  ,  en  fe  fervant  du  dé- 
chaujfoir ,  ou  du  fcalpel.  Dionis.  Il  y  a  auffi  des  dé- 
chaujj'oirs  pour  écarter,  féparer  les  chairs,  les  mem- 
branes ,  &CC.  dans  la  cure  des  plaies,  dans  les  ouver- 
tures qu'on  fait  au  corps ,  à  l'abdomen  j  au  thorax ,  à 
la  poitrine  ,  &  aux  autres  parties  ,  pour  guérir  ou  ex- 
tirper certaines  maladies  ,  comme  la  bubonoccle  j  la 
varicomphale  ,  &c.  Scalpellum  ^fcalpellus  ^fcalprum. 

DECHAUSSURE.f.f.  Terme  de  Vénerie  ,  qui  fe  dit 
du  lieu  où  a  gratté  le  loup  ,  où  il  s'eft  déchauffé  ,  & 
où  il  gîte.  Fovea  ,  lupi  cubile. 

DÉCHAUX  J  adj.  m.  qu'on  écrit  auffi  fans  s.  Déchauf- 
fé ,  qui  n'a  point  ou  qui  ne  porte  point  de  chauf- 
fes, ni  de  bas ,  quoiqu'il  porte  des  fandales.  Difcal- 
ceatus. On  ne  le  dit  guère  ,  ou  plutôt  on  ne  le  dit 
quedes  Religieux.  Les  Carmes  Déchaux.  Toutl'Or- 
dre  des  Obfervantins  Déçhaux.  Chastel.  5  Févr. 
Foye-^  Déchaussé  qui  eft  plus  en  alage.  p.  150. 

DÉCHÉANCE,  f.  f.  Terme  de  Jurilprudence  ,  perte 

de 


DEC 

^c  quelque  droit  acquis.  DeceJJlo,  dinûnuûo.  Mw  dc- 
vokiraiic  ell  obIij;é  de  prendre  poir^llion  j  de  con- 
telter  &  de  donner  caution  dans  l'année  de  ion.  im- 
péttation,  a  peine  de  déchéance  de  les  droits.  La  ré- 
bellion d'une  ville  emçonQ\a.decheance  de  les  privi- 
lèges. 


DECHEOlU.  On  écrit  communément  comme  on  pro- 
nonce 5  Déchoir  j  v.  n.  Je  déchois  ,je  déchus ,  jefuis 
déchu  ,je  décherrai,  je décherrois  j/e déchujje.  Au  plu- 
riel du  prélent  de  l'indicatif  il  y  en  a  qui  dilcat , 
nous  déchoyons,  vous  dechoye^,  ils  déchoient ,  &d'au- 
très  ,  nous  déchéons  ,  ils  déchéent:  peut  ■  être  que  la 
féconde  formation  n'ell  point  dans  l'orthographe, 
mais  feulement  dans  la  prononciation  j  car  il  y  a  des 
perfonnes  qui  prononcent  la  féconde  (yllabe  de  dé- 
choyons,  (<ic.  comme  la  première  de  tro/'eir.  Aller  en 
décadence  jfe  détériorer  dans  fon  état;  tomber  dans 
un  état  pire  que  celui  où   l'on  étoit  ;  diminuer  en 
biens  ,  en  crédit ,  en  faveur.  Decidere  ,  dejicere  ,  ini- 
minui.  Déchoirai  fon  rang,  de  fa  taveur  ,  de  fa  di- 
gnité ,  de  fes  privilèges.  Il  eft  déchu  de  fa  réputa- 
tion. Ce  malade  déchoit  de  jour  en  jour.  Ce  Banquier 
lell  bien  déchu  ,  a  bien  perdu  de  fon  crédit.  Les  Ro- 
mains étoient  tellement  nés  pour  commander  ,  que 
ce  peuple  magnanime  aimoit  autant  périr  que  dé- 
choir. S.  EvR.  Judas  déchue  de  l'Apoftolat  par  fon 
crime.  Port-R. 

§CF  On  dit  d'un  hornme  avancé  en  .^ge  qu'il  com- 
mence à  déchoir,  pour  dire  que  Ion  corps  ou  fon  ef- 
prit  s'affoiblit. 

^^  On  le  dit  de  même  de  l'efprit ,  de  l'éloquen- 
ce ,  Sec.  Cetefprit  ell  bien  déchu,  a  bien  perdu  de  fi 
force  avec  l'âge.  Dès  que  la  forme  du  gouvernement 
de  Rome  fut  changée  ,  l'on  vit  déchoir  l'élocjuence. 
S.  EvR.  Dejicere  ,  immutari. 

On  dit  z.w'Xx  déchoir  de  ^qs  efpérances  ,  pour  dire , 
voir  (fis  efpérances ,  {q%  prétentions  tvom^cQS.De  fpe 
decidere  ,fpe  labi. 
Ï)echeoir.  ,  en  termes  de  Marine ,  lignifie  j  Sortir  de  la 
route  ,  ou  dériver.  Defleclere  ,decLindre.  Les  courans, 
les  flux  &  les  reflux  plus  ou  moins  violens ,  &  la  va- 
riation de  l'aiguille  font  les  caufes  qui  lont  déchoir 
ou  dériver  un  vaiifeau;  à  quoi  il  faut  que  le  Pilote 
prenne  garde  dans  fon  eftime. 
Décheoir,  en  termes  d'Agriculture,  fe  dit  des  blés  & 
des  autres  biens  de  la  terre ,  dont  la  récolte  n  eft 
pas  fi  abondante  ,  qu'ils  fembloient  le  promettre. 
Minus  ejje  fertilem  quàmfpes  erac ,  fpemaaricoU  jal- 
U'e.  Les  blés  font  déchus  de  moitié.  Il  eft  fâcheux  de 
voir  déchoir  les  vignes  de  la  manière  qu'elles  font , 
c'eftà-dire  ,  de  voir  que  les  vignes  ne  donnent  pas 
tant  de  raifin,  qu'elles  promettoient  d'en  donner. 

LiGER. 

DÉCHU  J  UE.  part.&  adj.  Lapfus.  La  véritable  vertu  dé- 
-chue  une  fois ,  fe  rétablit  difficilement  dans  une  ame 
abâtardie.  S.  Evr.  Le  Roi  étoit  feul  ,  abandonné  , 
&  tellement  déchu  dans  l'efprit  des  liens ,  qu'il  de- 
vint l'objet  de  leur  mépris.  Boss. 
DÉCHU.  Terme  de  Palais.  Un  appelant  eft  dit  déchu  de 
l'appel ,  quand  il  lailfe  prendre  un  congé  par  l'Inti- 
mé. Z^ecVî/^  (S"  débouté,  font  deux  termes  de  Palais 
dont  la  fignihcation  a  quelque  chofe  d'approciiant  : 
ilsdiftèrent  en  ce  <\\\q  déchu  fe  dit  de  l'apfH^l,  &:  dé- 
bouté, de  la  demande  ,  ou  de  l'oppofition  ;  par  exem- 
ple ,  un  tel  eft  déchu  de  fon  appel  ,  un  tel  eft  débouté 
de  fa  demande  ,  de  fon  oppofition. 
DECHET,  f.  m.  Perte  ,  diminution  qui  fe  fait  fur  la 
totalité  d'une  fubftance  ,  foit  dans  la  qu.intité  ,  foit 
dans  la  qualité.  Diminution  d'unechofe  ou  en  elle- 
même  ,  ou  dans  fa  valeur.  DeceJJio  ,  imminutio ,  di- 
minutio.  On  ne  peut  garder  du  blé  en  grenier  ,  du 
vin  en  cave ,  fans  beaucoup  de  déchet.  Il  y  a  toujours 
quelque  déchetA^ns  la  fonte  des  métaux.  Intertrimen- 
tum.  Il  n'v  a  guère  de  marchandifes  auxquelles  il 
n'arrive  du  déchet.  Déchet  A\i  fel  ,  du  vin  ,  de  l'huile 
DÉcHtT.  En  matière  de  Gabelle,  fe  dit  d'une  diminu- 
tion qui  furvit^nt  au  fel  en  malTe  ,  pendant  le  temps 
qu'il  reftc  dans  le  grenier.  Le^sLAtf  ordinaire  eft  ré 
glé  à  deux  minots  fur  chaque  muld  de  fel  vendu  î>i 
Tome  III, 


DEC  137 

diftribué  dans  les  greniers  du  Roi.  Le  déchet  extraor» 
dinaire  eft  celui  qui  le  trouve  au  delFus  des  duuS 
minots  qu'on  accorde  pour  le  déchet  ordinaire  ,  tSC 
que  les  Grénetiers  ,  Receveurs  &  Contiôieurs  lonc 
tenus  de  payer  en  argent,  fur  le  même  pied  qu'il  fe 
vend  dans  les  greniers  où  ils  font  établis.  Ordonn.deS 
Gabelles  de  i6io. 
DÉCHET.  Terme  de  Marine'  ,  fignifie  dérive ,   biaife- 
ment  d'un  vaifleau  qui  ne  porte  pas  à  la  route  ,  6c 
qui  le  fait  aller  par  un  autre  rhumb  de  vent  que  ce- 
lui par  lequel  il  doit  aller.  Declinatio  ,  defiexus.  Il 
eft  de  la  prudence  d'un  bon  Pilote  de  donner  plus 
ou  moins  de  déchet  à  la  route.  Par  exemple  ,  li  un 
vaifleau  veur  laire  voile  au  Nord  ,  <5i  qu'il  foit  dans 
un  parage  où  l'aigu; lie  décline  au  Nord  Eft  de  cinq 
à  lix  degrés  ,  &  que  les  courans  portent  aufli  au  Nord- 
Eft  \  il  faudra  que  ce  vailfeau  ,  pour  faire  le  Nord  ,  & 
s'empêcher  de  déchoir ,  gouverne  au  Nord-Oueft  , 
afin  que  fa  route  vaille  Nord.  Mais  fi  l'aiguille  varie 
d'un  côté  ,  &:  les  courans  portent  de  l'autre,  enforta 
que  ce  qui  leroit  de  déchet  ^xx  les  courans ,  fut   ôtc 
par  la  vari.ition  ,  il  faudroit  balancer  judicieufemenc 
toutes  chofes ,  en  compenfant  un  a'c'V/îff  par  l'autre. 
On  dit  proverbialement  qu'il  y  a  bien  du  dé.het 
fur  lafilafle  ,  pour  dire  qu'un  homme  n'eft  pas  fi  ri- 
che qu'il  étoit ,  ou  qu'une  luccelfion  ,  ou  un  emploi 
ne  font  pas  aulli  confidéc.ibles  qu'on   penfoit,   oïl 
qu'une  chofe  n'a  pas  réuflî  comme  on  1  elpcroit. 
DÉCHET ,  fe  dit  aulli  au  figuré,  pour  décadence ,  oii  re- 
lâchement. L'Eglife  voit  maintenant  avec  compallion, 
&  à  fon  dommage,   le  àéhet  àt  pliifieurs  compa- 
gnies régulières.  Hermant.  Dans  ce  fens  il  n'eft  pas 
uhté. 
|Cr  DÉCHEVELER.  v.  a.  Déranger  la  chevelure.  On 
ne  le  dit   guère  que  des  femmes.   Déchevcler  une 
femme,    lui  arracher  fa  cocffure ,  enforte  que  fes 
cheveux  foient  épars   &  en  délordre.   iieticulum  ^ 
capitis  tegmen  revellere  j  capillosque  dejicere  ^  dijlur- 
bare.  Ces  deux  femmes  fe  font  dechevelées. 
U3"DÉcHEVELÉ  ,  ÉE.  patt.   C'eft  la  même  chofe  qu'é- 
chevelé.  On  peint  les  furies  dechevelées  j  pajjis  cri- 
nibus,  dans  un  état  conforme  à  la  fureur  qui  les 
tranfporte. 

Mainte  veuve  fouv  eut  fait  la  déchevelée , 
Qui  n'abandonne  pas  le  foin  du  demeurant , 
Ht  du  bien  quelle  aura  j  ait  le  compte  en  pleurant. 

La  Font. 
J'almerois  mieux  échevelée. 


DÉCHEVÊTRER.  v.  a.  Oter  le  chevêtre  d'une  bête 
de  fomme.  Jumentum  capifiro  exuere.  Ce  mulet  s'eft 
déchevêrré  tout  feul. 

On  dit  aulfi  figurément  &  ban~ement  ,  qu'un 
homme  s'eft  a'éf'c/zcvtW d'une  méchante  affaire  où  il 
étoit  embarralfé ,  quand  il  s'en  eft  tiré ,  &  d'une 
méchante  compagnie  où  il  étoit  engagé.  Expedire  fc 
ex  diffîcili  negotio. 

DÉCHIFFRABLE,  adj.  de  t.  g.  Que  l'on  peut  déchiffrer 
ou  lire  aifément.  Cette  ancienne  écriture  n'eft  pas 
déchiffrable. 

DÉCHIFFREMENT,  f.  m.  L'aétion  de  déchiffrer , 
l'art  d'expliquer  un  chiffre ,  de  deviner  le  fens  de  ce 
qui  eft  écrit  en  caractères  dilférens  des  caradères 
ordinaires.  I.iterarum  occultis  notis  exaratarum  expli~ 
catio.  Le  déchiffrement  t^  une  chofe  où  l'on  ne  réuflîc 
pas  toujours.  Il  faut  avoir  un  certain  génie  pour  le 
déchiffrement  des  lettres.  Jacques  de  Gevri  a  fait  un 
Traité  du  déchiffrement  de  la  langue  Françoife.  La 
Bibliographie  èft  le  déchiffrement  des  anciens  ma- 
nufcrits  fur  l'écorce  des  arbres ,  fur  le  papier  &  fur 
le  parchemin.  Spon.  Chaque  langue  a  des  règles 
particulières  du  déchiffrement.  Le  livre  de  Gevri 
contient  celles  qui  font  propres  à  la  langue 
Françoife.  Les  principales  font  que  lorfqu'un 
caraétère  fe  trouve  feul ,  il  faut  que  ce  foit  tin  A  , 
un  Y,  ou  un  O ,  parce  qu'il  n'y  a  que  ces  trois  let- 
tres qui  fafTent  un  mot  à  part  en  françois.  1".  Le 
caradère  qui  fe  rencontre  le  plus  fouvent  dans  l'é- 
criture qu'on  veut  déchiffrer  eft  ordinairement  lUi 
*  S 


138  DEC 

£  ;  car  c'eft  la  lettre  la  plus  commune  de  toutes  en 
notre  langue.  3°.  Pour  conno'ure  un  A^,  il  faut  pren- 
dre le  caractère  qui  eft  toujours  précédé  d'un  certam 
autre  ,  qui  fera  le  Q.  4°.  L'/  fe  connoit  auifi  par  le 
moyen  duQ;  car  comme  QUE  &  QUI  font  les 
feuls  en  notre  langue  qui,  commençant  par  un  Q  j 
n'ont  que  trois  lettres  ,  lorfqu'on  trouve  un  mot  de 
trois  caraârères  ,    dont  la  première  eft  un  Q  ,  &c 
dont  la  dernière  n'eft  pas  un  E  ,  c'eft  un  J.  5°.  Dans 
les  mots  de  deux  caractères  l'un  ou  l'autre  eft  une 
voyelle.  6°.  Des  trois  premiers  caracStères  d'un  mot 
l'un  eft  une  voyelle.  7°.  Les  voyelles  étant  une  fois 
déchiffrées ,  on  connoît  aifcment  les  confonnes  par 
la  liaifon  qu'ont  ordinairement  certaines  confonnes 
avec  certaines  voyelles. 
DÉCHIFFRER,  v.  a.  Trouver  l'alphabet  d'un  chiffre  , 
l'explication  d'une  lettre  écrite  en  chiffre,  tuerai 
cccuuis  fions  exaratjs  explkare.  On  a  intercepté  des 
lettres  ;  mais  jamais  on  ne  les  a  pu  déchiffrer.  Les 
anciens  n'ont  guère  connu  l'art  de  chiffrer  ,  ni  de 
de'chffrer.Foy. CHiîfKER.LesModeinQb  l'ont  pouffe 
bien  avant ,  &  l'ont  appelle  Po/ygraphie  &z  Stéga- 
nographk.  Trithême  ,  Vigenere  ,  Àporta  ,  Nicéron  , 
ont  écrit  de  l'art  de  déchiffrer. 
DÉCHIFFRER  ,  fignific  auflî  lire  un  titre  ,  un  ade  doni 
l'écriture  eft  ancienne,  ou  à  demi  effacée ,  ou  (i  mal 
écrite ,  qu'il  femble  qu'elle  foit  écrite  en  chiffre. 
Caracïeres  veieres  ,  &  deletos  pxnè  diucurnitate  tein- 
poris  légère-.  Ce  curieux  eft  un  favant  Antiquaire  j 
<\m  déchiffre  \es  plus  vieilles  infcriptions  ,  les  titres 
les  plus  effacés.  Les  Sergens  de  village  écrivent  fi 
mal  ,  qu'on  a  bien  de  la  peine  à  déchijf'rer  leurs  ex- 
ploits. Pour  déchiff^rer  les  écritures  effacées,  il  faut 
taire  tremper  de  la  noix-de  galle  dans  du  vin  blanc  , 
ou  de  l'eau-de-vie  ^  &  de  la  liqueur  il  en  faut  frotter 
l'écriture  ;  elle  deviendra  noire  &  lifible. 
EÉcHiFFRtR  J  fe  dit  auffi  tigurément,  pour  dire  péné- 
trer dans  le  fond  d'une  affaire  fort  difficile  j  la  dé 
brouiller  ;  &  auffi  ,  expliquer  ce  qu'il  y  a  de  plus 
obfcur  ou  de  plus  fubtil  dans  un  Auteur ,  dans  une 
fcience  ,    expliquer   un  terme  obfcur.    Du  moins 
i     faudroit-il  déchiffrer  en  marge  tous  ces  termes  in- 
connus ,  mais  le  plus  sûr  eft  d'en  mettre  d'autres  qui 
foient  intelligibles  à  tout  le  monde.  Bouh.  Abjlruja 
quique  &  maxime  recondita  6'  imricata  indagare ,  ex- 
plicare  ,  expedire  ,  involutam  ambagibus  Jcriptorum 
meniem  perzetrare  j  introjpicere  ^perfpicere.  Scaliger , 
Cafaubon  ,  Lipfe ,  Eraime  &  autres  Critiques  du 
fi»cle  palfé  ont  déchiffré  bien  des  paffages  des  An- 
ciens. H  faut  un  habile  Rapporteur  pour  déchiffrer 
ce  procès ,  tant  il  eft  embrouillé  j  déchiffrer  une  in- 
trigue. 

fer  On  le  dit  auffi  des  perfonnes.  Déchiffrer  qasl 
qu'un  ,  dit  l'Académie  ,  c'eft  faire  connoître  un 
homme ,  en  découvrant  fes  inclinations  ,  &  ce  qui 
lui  eft  arrivé  de  plusfecret.  Il  fe  prend  plus  ordinai- 
rement en  mauvaife  part.  On  a  parlé  de  lui  dans  une 
Compagnie  où  on  l'a  bien  déchiff/é.  Nudare  aUcujus 
arùmum  yfacla  ,  &c.  Je  ne  crois  pas  cette  façon  de 
parler  bien  noble ,  ni  fort  en  ufage  ,  même  dans  le 
ftyle  familier. 
DâcHUFFRE,  EE.  part.  Il  a  les  fens  de  fon  verbe  en 

Latin  &  en  François. 
DÉCHIFFREUR.  f.  m.  Celui  qui  a  la  clef  d'un  chiffre, 
ou  qui  déchiffre  les  lettres ,  fans  en  avoir  le  chiffre. 
Exp/icator ,  indagator.  On  le  dit  auffi  de  celui  qui 
découvre  les  chofes  cachées ,  foit  dans  les  fciences , 
foit  dans  les  affaires.  C'eft  un  grand  déchiffreur. 
DECHIQUETER,  v.  a.  Couper  en  menus  morceaux. 
Mitmtatim  incidere.  Cet  homme  a  été  aflalliné ,  & 
fon  corps  a  été  déchiqueté  en   mille  pièces.  Déchi- 
queter la  peau  avec  des  lancettes,  avec  des  fers  à  fca- 
rifier.     Les    foldats  déchiquetèrent  les  corps  morts 
d'une  étrange  façon.  Ablanc. 
DÉCHIQUETER  ,  fe  dit  aulîl  des  taillades  &  coupures 
qu'on  fait  fur  desétofîes  pour  leur  fervir  d'ornement. 
La  mode  eft  paffée  de  déchiqueter  les  habits. 

L'origine  de  ce  mot  peut  venir  du  mot  chiquet . 
qui  fignifie  un  petit  morceau  ;  ou  d'échiquier  ,  parcu 


DEC 

qu'on  a  pu  commencer  à  déchiqueter  par  menus  car-, 
reaux. 

DÉCHIQUETÉ,  Éfi.  part. 

DECHIQUETURE.  f.  f.  Découpure  ,  moucheture  , 
taillades  faites  fur  une  étofte.  Jnci/io, 

DECHIRAGE.  f.  m.  On  appelle  à  Paris  Bois  de  déchi- 
rage  ,  le  bois  qui  provient  des  vieux  bateaux  que  l'on 
dépèce. 

DÉCHIREMENT,  f.  f.  Adion  de  mettre  en  pièces, 
mptate.  S ciffura  ,  laceratto.  N'avoit-on  pas  raifon 
de  reprocher  au  Grand  Prêtre  fon  animolîté  &  fon 
emportement ,  qu'il  avoit  ludifamment  fait  paroîtrc 
par  le  déchirement  àq  fes  habits?  M.  Fleury.  Ce 
mot  eft  rarement  employé  au  propre.  Il  eft  plus  en 
ufage  au  figuré  :  déchirement  de  cœur  ,  douleur  vive 
Se  amère  j  déchirement  de  confcience.  Le  P.  Bou- 
hours  ne  l'approuve  pourtant  point.  Déchiremens 
d'entrailles  caufés  par  la  colique. 

On  trouve  déchirement  pris  dans  un  fens  propre 
en  parlant  de  la  folution  de  continuité  faite  en  lon- 
gueur dans  les  parties  raembraneufes  du  corps  hu- 
main. Lacaufe  des  hernies  ventrales  eft  toujours  un 
déchirement  qui  ne  fur  viendra  que  par  quelque  ef- 
fort très-rude ,  &  qu'aux  endroits  où  il  y  aura  eu 
abicès  ,  ou  plaie  ,  qui  n'ayant  pas  été  bien  cicatrifée, 
laillera  le  péritoine  fujet  à  fe  déchirer  ,  ou  à  fe  r'ou- 
vrir.  DioNis. 

DÉCHIRER,  v.  a.  Metti-e  en  pièces  fans  ufer  d'inftru- 
mens  tranchans.  Lacerare ,  /arâure  ,  d/fcerpere.  On 
ne  le  dit  au  propre  que  des  étoffes  j  de  la  toile  ,  da 
papier,  de  la  peau,  des  chairs  &c  autres  chofes  de 
cette  nature.  Les  Juifs  déchiraient  leurs  vêtemens 
quand  ils  entendoient  blafphémer.  Il  a  fallu  prefque 
lui  déchirer  le  manteau  pour  le  retenir  à  dîner.  Ils 
commencèrent  à  crier  qu'on  leur  laiffât  déchirer  le 
parricide.  Vaug.  On  le  déchirait  de  coups.  Mau- 
CROix.  Je  veux  cependant  que  vous  fâchiez  qus 
je  me  fens  depuis  quelques  jours  en  état  de  déchirer 
&  de  brûler  ces  gages  de  votre  amour  qui  m'étoienc 
fi  chers.  Let.  Portug.  Les  Cailloux  &  les  ronces 
lui  avoient  déchiré  les  pieds.  Bouh.  Xav.  L.  V. 

Nicod  tient  que  ce  mot  vient  du  Latin  dilacerare  , 
ou  du  Grec  rx'.l.a  ,  qui  fîgnifie  la  même  chofe. 
Déchirer  un  bateau.  C'eft  le  mettre  en  pièces ,  le  dé- 
pecer. 
Déchirer  la  cartouche  avec  les  dents.  Neuvième  com- 
mandement de  l'exercice.  On  porte  la  cartouche  X 
la  bouche  ,  le  bras  tendu  à  la  hauteur  du  bout  dit 
canon  ,  le  bout  déchiré  ^n  haut  à  un  demi- pied  éloi- 
gné du  bout  du  canon. 
Déchirer  ,  fe  dit  figurément  des  chofes  fpirituelles  & 
morales  ,  pour  fignifier  Agiter  ,  tourmenter  par  des 
mouvemens  différens.  Lacerare  ,  dilacerare  ,  laniare. 
La  jaloufie  déchire  le  cœur  de  ceux  qui  en  font  pof- 
fédés.  Orefte  fe  fentit  déchiré  p'xx.  de  cruels  remords. 
S.  Evr.  L'effort  que  nous  faifons  pour  arracher  le 
trait  qui  nous  blelTe  ,  l'enfonce  encore  davantage  : 
l'ame  fe  déchire  elle-même  par  cette  nouvelle  agita- 
tion. 

Trop  rigoureux  devoir  j 
Qui  déchire  ffzo/2  caur^  &  ne  n'ébranle  pas.  CoRN. 

^fT  On  dit  dans  ce  fens ,  des  douleurs  vives  & 
aiguës,  qu'elles  </ecy^i/-e«rreftomac,  qu'elles  déchirent 
les  entrailles. 

§Cr  On  dit  encore  figurément  qu'une  chofe  i/ecAirc 
le  cœur  ,  les  entrailles ,  pour  dire  qu'elle  touche  fen- 
fîblemenr. 

Déchirer  flgnifîe  encore  ,  Partager ,  divifer  ,  ruiner  , 
défoler.  Mifcere  ,perturhare  ^  depopulari ,  devajlare  , 
defolare.  L'Eglife  a  été  déchirée  par  fes  propres  en- 
fans.  Boss.  Les  Nations  barbares  déchirèrent  l'Em- 
pire ,  &  le  mirent  en  pièces.  La  guerre  civile  déchira 
cruellement  le  Royaume,  &  le  mit  fur  le  penchant 
de  fa  ruine. 

DÉCHIRER.  Déchirer  la  robe  ,  la  tunique  de  Jefus- 
Chrift  ,  en  ftyle  dogmatique  fîgniiie  divifer  l'E- 
gUfe  ,  rompre  l'unité  ,  faire  fchifme.  C'eft  que 
dans  le  langage  des  Pères  de  l'Eglife ,  la  robe  ou 


DEC  Dec  iy^ 

la  tunique  de  Jefus-Chrift  qui  écoit  toute  d'une  pièce  fCf  Décider  s'emploie  encore  neucralement ,  comme 
ôc  fans  coutures  ,  repréfentoic  l'Eglife  &  fon  unité.       {ynonyme  d'ordonner,  difpofer. C'efl  à  vous  à  déd- 


On  dit  dans  le  llyle  dogmatique  déchirer  an  Auteur, 
déchirer  un  pafTage  ,  pour  dire  l'expliquer  à  contre- 
fens ,  lui  taire  dire  ce  qu'il  ne  dit  pas.  Detorqucre  , 
corrumvere. 
I)ÉcHiRER  fignifie  aufli  médire  ,  calomnier ,  outrager 
par  des  médifances.  MaledicTis  aliquem  profcinJcrc. 

Les  femmes  font  fujettes  à  fe  déchirer  l'une  l'autre,  i  , 

Les  Auteurs  dans  leurs  critiques  fe  déchirent  cruelle-  UC?-Décid£r  ,  juger  j  fynonimes.  On  décide  une  con- 
ment.  On  fe  fauve  à  déchirer  le  monde  en  général  : ,  teftation,  une  qutftion.  Onjuge  une  peifonne  ,  un  ou- 
mais  on  fe  damne  à  déchirer  les  particuliers.  B.  Rab.  '  vr.agQ,  Les  particuliers  décident.  Les  Magiflrats  jugent. 
Vous  ne  celiez  de  me  déchirer.  Boss.  Vous  allez  par-  j  Décider  ,  fe  dit  aulli  en  morale  pour ,  Terminer  ce 


dcr  de  mon  fort ,  de  ma  fortune.  De  aliqud  re  /ta- 
tuerc. 

Il  n'eft  dans  ce  vajic  univers 

Rien  d'ajfuré  ni  dcfoUdc; 

Des  cho/cs  d'ici  tas  /^  jortur,c  décide 

Selon  fcs  caprices  divers-  Deshoul. 


tout  me  pleurer  comme  un  hérétique ,  &  vous  me 
déchire-  en  rne  pleurant.  Fenel.  La  Philofophie  mé- 
difante  des  Cyniques  faifoit  protellion  de  japper, 
de  mordre  ,  &  de  déchirer  tout  lé  monde.  Balz.  On 
hait  les  médifans  comme  des  bhes  féroces  qui  de- 
chire.u  tout  le  monde-  Bell. 
Decikré,  ee.  adj.  Laceratus  ,  laniatus  ,  defolatus.  J'c 
tois  bien  aife  de  n  être  plus  expofé  j  à  voir  mon  cœur 
déchiré  par  la  douleur  de  votre  abfence.  Let.  Port. 
Déchirée  pat  mille  mouvemens  contraires  ,  je  ne 
fais  ni  ce  que  je  fais ,  ni  ce  que  je  dis.  Id.  Biens  des 
gens  ne  pouvant  plus  reconnoître  le  Religion  dé- 
chirée par  tant  de  feétes  ,  font  allés  chercher  un 
funefte  repos  dans  l  indifférence  des  Religions. 
Flech. 

On  dit  qu'une  femme  n'eft  pas  trop  déchirée  , 
pour  dire  qu'elle  eft  encore  alfez  jolie  &c  affez  fraî- 
che ,  pour  qu'on  cherche  à  lui  plaire.  On  dit  en  pro- 
verbe,  qu'un  chien  hargneux  a  toujours  les  oreilles 
déchirées  ,  pour  dire  qu'un  querelleur  a  toujours  des 
affaires  dcfigréables. 
^  DECHIREURS  de  bateaux,  f.  m.  pi.  Ouvriers  qui 
dépècent  les  vieux  bâteauxj  pour  en  vendre  les  plan- 
ches Se  les  débris. 

§3°  On  donne  encore  le  nom  de  déckireurs  à  cer- 
tains Officiers  établis  pour  empêcher  qu'on  ne  dé- 
chire aucun  bateau  propre  à  la  navigation,  Encye. 
DÉCHIRURE,  f.  f.  Rupture  qui  s'eft  faite  en  déchi- 
rant. Scijfura,  laceratio.   La  déchirure  d'une  plaie. 
Déchirure  faite  à  un  habit. 
DÉCHOIR.  ^oye^DECHEOIR. 
DECHOUER.  v.  n.  &  a.  Terme  de  Marine,  qui  dans 
la  fignihcation  aciive  lignifie  remettre  à  flot  un  na- 
vire qui  eil:  échoué  fur  un  fond  où  il  n'y  a  pas  alfez 
d'eau  pour  lui.  Navim  relcvare.  Pour  déchouer  un 
pareil  navire  ,   il  faut  l'alléger,  en  lui  ôtant  une 

f)artie  de  fa  charge.  Dans  la  lignification  neutre , 
orfqu'un  navire  échoué  fe  met  à  voguer  de  lui- 
même.  La  marée  étant  venue  ,  le  navite  déchoua  \, 
Se  l'on  recommença  à  manœuvrer.  Quand  mes  deux 
Corfiires  furent  déchoués ,  je  fis  brûler  une  barque 
marchande  que  j'avois  prife  dans  cette  rade.  Chev. 
DE  FoRBiN.  Nous  travaillâmes  toute  la  nuit  à  allé- 
ger ces  deux  bâtimens ,  afin  de  les  déchouer.  Id. 

^  DÉCHU.  Foy^î  Decheoir. 

DÉCIDER.  V.  a.  Déterminer ,  porter  fon  jugement 
fur  une  chofe  douteufe  ou  conteilce.  Quajlionem  ^ 
controverjiam  decidere  j  decidere  de  comroverjlà  , 
quifiionem  perfolvere.  On  ne  doit  point  douter  des 
articles  que  l'Eglife  a  décidés.  Cette  loi  décide  notre 
queftion. 

^3"  On  le  dir  neutralement  pour  fignifier  porter 
fon  jugement  avec  trop  de  confiance.  On  dit  qu'un 
homme  décide  dans  les  compagnies  j  quand  il  donne 
fon  jugement ,  foit  bon ,  foit  mauvais ,  avec  har- 
dielfe  &  témérairement  fur  tout  ce  qu'on  propofc. 
Si  les  hommes  ne  fe  hâtoient  point  de  décider  après 
un  examen  fuperhciel  j  ils  ne  fe  tromperoient  pas 
fi  fouvent.  S.  Évr.  Un  liomme  fage  eft  toujours  fort 
retenu  à  décider.  Le  Ch.  de  Mer. 

Crol  ce  que  croit  l'Eglife  ; 
Si  fonfilence  laijje  une  chofe  indécije. 
Ne  la  décide  pas  ^  fur  un  point  conte fé , 
Tu  ne  peux  décider  qu'avec  témérité.  Vill. 


qui  étoit  en  conteftation.  yne  bataille  décide  fou- 
vent  une  guerre.  La  mort  a  décidé  ce  procès.  L^n 
coup  de  dé  peut  décider  une  partie  ,  pour  dire  qu'ils 
terminent  la  guerre,  le  procès,  le  jeu. 

Décider.  Avec  le  projiom  perlonnel  le  dit  pour  pren- 
dre fon  parti  fur  une  chofe  douteufe.  St^tuere,  capere 
confilium.  C'eft  fur  la  foi  de  ce  titre  que  cet  Auteur 
&  les  aurtes  Ecrivains  de  l'Abbaye  fe  font  décidés. 
Diffcn.  fur  l'orig.  de  l'Abb.  deS.  Bertin.  Il  s'eft  décidé 
bien  légèrement. 

DÉCIDÉ  ,  ÉE.  part.  &  adj.  On  dit  qu'un  homme  eft  dé- 
cidé,  pour  dire  qu'il  eft  d'un  caraélère  ferme  ,  & 
qu'il  a  des  principes  dont  il  ne  s'écarte  pas. 

Jfje:^  d' articles fùrs  &  de  points  décidés  , 
Donnèrent  aux  pécheurs  des  fcrupulcs  fondés.  Vill. 

DÉCIDÉ  ,  tout  paflif  qu'il  eft  ,  fe  dit  dans  un  fens  adif , 
pour  décifif ,  qui  prend  aifément  fon  parti  ,  &  eft 
oppofé  à  foible  ,  chancelant ,  indéterminé  ,  irréfolu. 
Certus ,  conjlans.  Antoine  de  Bourbon  ,  Roi  de  Na- 
varre ,  père  du  plus  intrépide  6c  du  plus  terme  de 
tous  les  hommes ,  fut  le  plus  toible  &  le  moins  dé- 
cidé. Voltaire.  Si  toutefois  on  pouvoit  s'aflurer 
d'un  caradlère  autli  peu  décidé  que  le  fien.  Mém.  de 
Trév.  L'incrédule  Dogmatifte  le  donne  'poMX  décidé  y 
pour  perfuadé  ,  &  il  ne  l'eft  pas.  P-  Tournemine. 
Décide  ,  ée  j  fe  dit  depuis  quelque  temps  pour  déclaré 
&  reconnu  manifeftemenr  pout  ce  qu'il  eft  ,  cjui 
n'eft  point  douteux  ou  diilimulé  ,  qui  eft  certaine- 
ment &  ouvertement  ce  qu'il  eft.  Notior  ,  notf^nius , 
clarè  ac  manijcfè  talis.  On  ne  fait  ce  que  c\-lc  que 
cet  Abbé  par  rapporta  la  Religion.  S'ila/oit  eié  plus 
décidé ,  on  l'auroit  bit  Evèque.  Ses  larmes,  qui  tr.a- 
hirent  fa  douleur  (  du  Princes  des  Afturies,  ioifque 
le  Roi  Philippe  V  lui  déclara  qu'il  vouloir  lui  re- 
iiK-ttre  lacouionne)  aux  yeux  de  toute  la  Cour  ,  ne 
trahirent  point  fa  difcrétion  ,  &  dès  lors  le  père 
reconnut  dans  fon  fils  un  Roi  décide,  &c  cap.ible  de 
porter  feul  le  poids  de  l'Etat ,  dont  il  portoit  déjà 
le  fecret  avec  tant  de  fagelfe.  Mongin.  La  plupart 
des  hommes  ne  favent  fe  prêter  qu'aux  idées  dont  ils 
font  déjà  prévenus  ,  le  hafard  a  fixé  leur  choix  ,  ils 
fo n t  décidés .Gamaches. 
-^  DÉCIDÉMENT,  adv.  D'une  manière  décidée.  Il 

veut  décidément  telle  choie. 
DÉCIL  ou  DEXTIL.  adj.  Terme  d'Aftronomie,  ou 
plutôt  d'Aftrologie.  Arped  de  deux  planètes  éloi- 
gnées l'une  de  l'autre  de  la  dixième  partie  du  Zodia- 
que. 
DECILLER.  Foye^  Dessiller. 

DÉCIMABLE.  adj.  de  t.  g.  Qui  eft  fujet  aux  décimes  , 
à  la  ilixme.  Decumanus  ^  decimis  ohnoxius.  Les  héri- 
tages que  les  Religieux  de  Citeaux  cultivent  par 
leurs  mains ,  ne  font  pas  décimahles  j  ils  ont  un  pri- 
vilège qui  les  exempte  des  décunts ,  de  la  dixme. 
Ch;;mp  àitz:m7^Kf{t.Decumar.us  ager. 
DECIMAL,  ALE.  adj.  Terme  de  Jurifprudônce.  Qui 
regarde  les  dixmes.  ZJecamtz/îtti'.  Une  matière  déci- 
male. Par  l'article  3.  de  la  Coutume  de  Norn-ia,ndie, 
le  Bailli  connoit  des  matières  décimales,  à  lexclu- 
lion  du  Haut-Jufticier. 
DÉCIMAL,  eft  aulS  un  terme  d'Arithmétique.  Fraction 
décimale.  On  rrouve  dans  les  tables  des  Ant;!ois  les 
logarithmes  des  nombres  entiers,  avec  les  fradions 
décimales.  Nombre  décimal  eft  un   nombre  erities 

Si) 


ï^o  DEC 

réduit  en  parties  «//aV/îiï/e^,  &  les  parties  décimales 
font  les  parties  dans  leftjuciles,  ce  nonibie  eft  réduit. 
Pour  entendre  ceci,  il  taut  favoir  que  pour  la  com- 
modité des  calculs ,  on  partage  l'unité  en  dix  parties, 
chacun  de  ces  dixièmes  en  dix  parties  qui  fonc  des 
centièmes  de  l'unité,  chaque  centième  en  dix  parties, 
qui  font  des  millièmes  de  l'unité,  chaque  millième 
en  dix  parties ,  &  ainli  de  fuite  à  l'inhni.  Quand  un 
.nombre  contient  un  nombre  entier  d'unités  ^  & 
qu'il  contient  de  plus  de  ces  fortes  de  parties  ,  qui 
font  des  dixièmes  de  l'unité,  des  centièmes,,  des 
milhèmes,  &c.  l'on  ajoute  les  chiffres  qui  marquent 
ces  parties  dans  la  même  ligne  au  devant  de  l'unité , 
en  allant  dans  ce  cas  de  gauche  à  droite ,  &  quand  il 
manque  un  chiffre  dans  l'un  des  rangs ,  on  marque 
o  dans  ce  rang- là  pour  diftinguer  les  rangs  qui  font 
plus  à  droite. 

Pour  diffinguer  ces  parties  décimales ,  des  unités 
entières,  on  marque  un  point,  ou  une  virgule,  ou 
une  petite  ligne,  ou  un  petit  arc  entre  les  unités  en- 
tières ,  &  les  parties  décimales.  On  peut  aulli  mar- 
quer en  haut  du  dernier  chiffre ,  à  droite  des  parties 
décimales,  le  chiffre  en  petit  caradtère,  qui  exprime 
le  rangoùileff,  comme  l'on  voit  ici,  ce  que  l'on 
néglige  ordinairement'comme  inutile. 


v^ 

Centaines. 

4. 

Dixaines. 

w.\ 

Unités. 

V** 

Dixièmes. 

■-4 

Centièmes. 

0 

Millièmes. 

^»' 

Dixmillièmes. 

>>^\ 

Centmillièmes 

C\ 

Millionièmes. 

00 

6v. 

^ 

M 

0 

4^ 

X 


pour  réduire  un  nombre  entier  en  dixièmes,  fans 
en  changer  la  valeur,  il  n'y  a  qu'à  ajouter  un  zéro  , 
en  mettant  un  point  entre  le  nombre  &  le  zéro  que 
l'on  ajoute.  Par  exemple  j  fi  vous  voulez  changer 
304  en  dixièmes,  il  faut  mettre  304.  o.  car  304  en- 
tiers valent  3040  dixièmes. 

Pour  le  réduire  en  centièmes  j  il  faut  lui  ajouter 
deux  zéro ,  en  millièmes  trois  zéro ,  &  ainfi  de 
*  fuite  304.  oo.  trente  mille  quatre  cents  centièmes 
font  la  même  chofe  que  304  entiers;  Se  304.  000. 
trois  cents  qiiatre  mille  millièmes  font  égaux  à  304 
entiers;  &  ainfi  du  refte. 

De  même  ^  pour  réduire  un  nombre  qui  exprime 
des  parties  décimales  de  l'unité  ,  c'eft-à-dire  ,  des 
dixièmes ,  des  centièmes ,  des  millièmes  ,  &c.  en 
parties  décv:.j.les  plus  petites ,  il  n'y  a  qu'à  ajouter  à 
ce  nombre  qui  exprime  des  parties  décimales ,  autant 
de  zéro  qu  ilen  faut  pour  lui  donner  le  rang  qui  lui 
convient  ,  par  rapport  aux  parties  décimales  plus 
petites  auxquelles  on  le  veut  réduire.  Ainfi  pour 
réduire  o.  »  3.c'eft-à-dire,  13  centièmes  en  millioniè- 
mes il  faut  écrire  o.  1 30000. 

Si  dans  un  nombre  décimal  quelconque  ,  par 
exemple,  131.  456578.  on  avance  le  point  qui  dif- 
tingue  les  parties  décimales  d'avec  les  entiers  d'un 
rang  vers^  la  droite  ,  le  nombre  1^4.  5^578.  vau- 
dra précifément  dix  fois  plus  que  le  précédei:t  ;  car 
chacun  des  chiff^res  vaudra  par-là  dix  fois  plus  qu'il 
ne  valoir.  Si  l'on  avance  le  point  de  deujc  rangs  ,  le 
nombre  1 3145.  (Î37S.  vaudra  précifément  cenr  fois 
plus  qu'il  ne  valoir  ;  car  chacun  des  chiffres  vaudra 
par-là  cent  fois  plus  qu'il  ne  valoir.  Si  l'on  avanie 
le  point  de  trois  rangs  ,  le  nombre  i  U4Ç6.  37S.  vau- 
dra mille  fois  plus  qu'il  ne  valoir ,  &  ainfi  de  fuite. 

Si  au  contraire  on  recule  lepoint  qui  diftingue  les 
entiers  d'avec  les  parties  décimales  vers  la  gauche 


DEC 

d'un  rang  ,  de  deux  rangs,  de  trois  rangs  ,  &c.  le 
nombre  propolé  vaudra  par  ce  changement  dix  fois 
moins ,  cent  iois  moins  ,  mille  fois  moins  ,  &c.  qu'il 
ne  valoit.  A'ojei  le  P.  Reyneau  ,  Science  du  Calcul , 
L.I.Sea.I. 

Tout  nombre  entier  pouvant  être  confidéré  comme 
une  fradion  ,  dont  le  nombre  entier  eff  le  numéra- 
teur, &  l'unité  le  dénominateur,  fi  l'on  .ajoute  le 
même  nombre  de  zéro  au  numérateur  ik  au  déno- 
minateur ,  le  nombre  enrier ,  confidéré  comme  frac- 
tion ,  fera  changé  en  nombre  aécimal  ians  changer 
de  valeur.  Ainii  345  =if— 5^5°^°-  •  car  par  cette 
opération  on  multiplie  le  numérateur  &  le  dénomi- 
nateur par  le  même  nombre  dans  notre  exemple  par 
1 000000,  ce  qui  ne  change  point  la  valeur  de  la 
fraétion.  Mais  au  lieu  d'écrire  le  dénominateur,  oa 
a  trouvé  plus  court  pour  le  calcul  d'exprimer  ces 
fractions  décimales  en  lupprimant  le  dénominateur, 
&  en  marquant  fimplement  un  point  entre  les  entiers 
&  les  parties  décimales.  Ainfi  i^î^°°ii^  —  345, 
000000.  Id. 

On  voit  par  tout  cec\c{UQ  décimal  nQ^k.  pas  la  même 
chofe  que  dixième  ,  &  que  les  parties  décimales  ne 
font  pas  des  dixièmes  parties  ,  mais  des  dixièmes  , 
des  centièmes ,  des  millionièmes  ,  &c.  &  générale- 
ment ce  font  toutes  les  parties  qui  vont  en  augmen- 
tant de  dix  en  dix  :  dix  fois  nn  font  dix  ,  dix  fois  dix 
font  cent,  dix  fois  cent  font  mille  dix  fois  cent  mille 
font  un  million.  Ces  dixièmes ,  centièmes  j  milliè- 
mes ,  millionièmes  j  &c.  font  des  parties  décimâtes  , 
&  un  nombre  décimal  eft  un  nombre  qui  contient 
quelques  -  unes  de  ces  parties  ,  par  exemple  ,  o. 
1 5G000  ,  c'eft-à-dirc  ,  1 3  millionièmes,  eft  un  nom- 
bre décimal ,  bien  qu'il  ne  contienne  point  de  di- 
xième ,  mais  de  nnllionièmes. 

DÉCIMATEUR.  f.  m.  Celui  qui  a  droit  de  percevoir 
les  dixmes  d'une  paroillèj  ou  d'un  certain  canton. 
On  appelle  gros  décimateur  celui  qui  a  les  grolfes 
dixmes  ,  le  Curé  n'ayant  que  les  menues  dixmes  &: 
les  novales.  Cui  jus  ejl  in  décimas  ,  qui  decimandi  jus 
haket.  Cet  Abbé  eft  le  Collateur  de  cette  Cure ,  en 
eft  le  gros  Décimateur.  Les  gros  Décimateurs  doivent 
donner  aux  Curés  une  poition  congrue  ;  ils  font 
de  plus  chargés  des  réparations  du  Chœur  &  Can- 
cel ,  &  de  fournir  les  ornemens  &  livres  néceffai- 
res  ,  au  moins  quand  la  fabrique  n'eft  pas  en  état 
d'en  fournir.  Les  Seigneurs  Laies  qui  ont  des  dix- 
mes inféodées  font  auifi  gros  Décimateurs.  Quand 
il  y  a  des  dixmes  à  partager  entre  le  Curé&  les  gros 
Décimateurs  ,  c'eft  au  Curé  à  choifir. 

DÉCIMATION.  f.  f.^  Aélion  de  décimer  les  foldats  , 
pour  punir  le  dixième  d'un  Corps ,  d'une  Légion 
qui  a  failli.  Decimi  cujuf que  forte  ducti  animadverjio. 
Decimatio. 

%fT  Le  Romains  ufoient  de  cette  peine  envers  les 
foldats  qui  avoient  abandonné  leur  pofte  ,  ou  excité 
quelque  émeute  dans  le  camp  j  ou  qui  s'étoienc 
comportés  lâchement  dans  le  combat.  Le  Général 
affembloit  toutes  les  troupes  :  alors  le  Tribun  lui 
amenoit  les  coupables  ,  &  leur  reprochoir  leur  lâ- 
cheté &  leur  perfidie  en  préfence  de  toute  l'armée. 
Enfuite  mettant  leur  nom  dans  une  urne  ou  dans 
un  cafque,  il  en  tiroir  cinq  ,  dix  ,  ou  vingt,  fuivanc 
leur  nombre  ,  &  le  cinquième  ,  le  dixième  ,  ou  le 
vingtième  paifoit  par  le  fil  de  l'épée  ,  le  refte  étoit 
fauve. 

DÉCIME,  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Décima.  C'eft 
le  nom  de  l'une  des  trois  Parques  ;  car  ces  DéefTes  , 
que  l'on  appelle  communément  Clotlio  ,  Lachefis  & 
Atropos  ,  félon  Varron  &  Cœfellius  Vindex,  cités 
par  Aulu-Ge!ie  ,  L.III.  C.  i<j.  fe  nommoienr ,  None, 
Décime  &  Morte  :  Parque,  a  partu  ,  c'eft  à- dire, 
de  l'enfantement ,  où  commençoit  leur  empire  fur 
la  vie  de  chaque  homme;  None  &  Décime,  à  caufe 
âes  neuf  ou  dix  mois  que  l'enfiint  eft  dans  lefeinde 
fa  mère  ;  comme  Varron  l'explique. 

Décime  étoit  encore  le  nom  que  les  Grecs  don- 
noient  au  dixième  jour  après  la  nailHince  ,  auquel 
on  donnoit  le  nom  à  l'enfant  ;  ils  appeloient  ^ufS 


DEC 

Décime^  Uxkr^ ,  le  facrifice  qu'ils  faifolent  en  mêms 
temps.  Voycii  Rofeus,  Ardiaoiog.  Aulca  ,  L.   F , 

C.  s- 

DECIME,  f.  f.  fing.  ou  DECIMES,  l.f.  plur.  Le  pluriel 
fe  dit  plus  ordinairement.  On  verra  néanmoins  dans 
la  fuite  de  cet  article  que  le  fingulier  fe  dit  aulîî. 
Ddcima  ,  Decimdi.  Ancien  droit ,  ou  fubventipn  que 
les  Rois  ont  levée  fur  leurs  fujets  ,  tant  Laics'qu'Ec- 
cléfialtiques  ,  dans  les  grandes  nécelîités  de  l'Etat , 
comme  au  temps  de  Charles-Martel,  pour  fe  dé- 
fendre contre  les  Sarrafins  ;  au  temps  de  Philippe- 
Augufte  contre  les  Infidèles  :  &  cette  taxe  fut  alors 
appelée  Saladine.C&ztiiconznbmïon,  qu'on  appeloit 
décimes  ,  fe  prenoit  fpécialement  j  &  même  unique- 
ment dans  la  fuite ,  fur  les  Eccléfialliques.  Sous  quel- 
que prétexte  les  Rois  l'exigeoient  du  Clergé  ,  mais 
par  la  permilfion  du  Pape  ,  &  quelquefois  les  Papes 
d  leur  tour  ,  &  du  confentement  du  Roi.  Pour  les 
décimes  que  les  Papes  levoien:  comme  un  tribut  pief 
que  ordinaire  ,  fur-tout  tant  qu'ils  réfidèrent  en 
Avignon ,  le  Concile  de  Conllance  les  retrancha,  5c 
ordonna  qu'on  ne  les  leveroit  plus  à  l'avenir  que  du 
confentement  univerfel  des  Prélats.  A  l'égard  de 
celles  qu'on  payoit  au  Roi ,  on  les  accorda  li  fré- 
quemment ,  qu'elles  devinrent  un  fubfide  ordinaire. 
Le  Clergé  n'y  confentoit  que  pour  dix  ans ,  que  l'on 
continuoit  quand  ils  étoient  expirés. 

La  première  Ordonnance  qui  porte  inftitution  de 
décimes ,  eft  de  Philippe-Augufte  ,  à  qui  elles  fu- 
rent accordées  l'an  1 188  dans  un  Concile  tenu  à  Pa- 
ris. Louvet  rapporte  cette  Ordonnance  dans  fon  Hif- 
toire  de  Beauvais  ,  T.  II  p.  309.  Elle  eft  en  Latin 
fuivant  l'ufage  de  ce  temps-là  :  le  mot  décima  s'y 
trouve  plufieurs  fois  au  iingulier.  Sous  le  règne  de 
S.  Louis  en  i  i6j.  les  décimes  furent  encore  levées 
pour  la  conquête  de  la  Terre- Sainte.  En  1174  le  II. 
Concile  de  Lyon  les  ordonna  pour  le  même  fujer. 
Philippe-le-Haidi  les  leva  en  1175.  Philippe- le-Bel 
les  leva  aullî  en  1504.  Paul-Emile  rapporte  dans 
fon  Hiftoire  la  Chartre  ou  l'Ordonnance  qui  les  éta- 
blit 5  elle  eft  du  12  Avril  1 304.  Le  Roi  l'adreffe  aux 
Evêques  ,  Abbés  ,  Doyens ,  Prieurs ,  &c.  de  fon 
Royaume  :  cette  Ordonnance  eft  en  Latin.  Les  dé- 
cimes iwïQnt  encore  levées  en  1306,  1312J  1315, 
1337.  FroilTard  parle  à  la  page  55  du  premier  vo- 
lume de  fon  Hiftoire  d'une  décime  qui  fut  levée  en 
1355.  fous  le  règne  du  Roi  Jean.  Cet  Auteur  l'ap- 


DEC 


141 


^  gler  les  taxes  &<.  les  difficultés  qui  arrivent  fur  U 
payement  des  â^ïtv,;:^.  Leurs  appellations  reftortiirent 
en  un  Bureau  général  établi  à  Paris ,  qui  fe  tient  au 
Palais. 

Décimes  j  dixmes  &  dixième  j  font  trois  mots  qui 
ont  la  même  origine  ,  ils  viennent  de  decimu^ ,  mot 
formé  de  decem  ,  dix  ;  mais  dans  l'ufage  ils  ont  une 
lignification  diftérente.  Décimes  ligiiifie  ce  que  les 
Eccléfiaftiques  donnent  de  leurs  bien:)  Eccléfiaftiques 
au  Roi  pour  les  guerres  faintes,  ou  pour  les  befoins 
del'Etar.  Dixmes  lignifie  ce  que  les  fidèles  donnent 
aux  Miniftresde  l'Eglife  pour  les  entretenir.  Z)/.viè;;z£; 
ou  dixième  denier  lignifie  la  dixième  partie  des  re- 
venus que  le  Roi  levé  fur  fon  peuple»  yoye^  Dixme 
&r  Dixième. 

DECIMER.  V.  a-  Terme  de  l'ancienne  Milice  des  Ro- 
mains ,  qui,  pour  punir  les  Légions  entières  qui 
avoient  manqué  à  leur  devoir ,  faifoient  tirer  au 
fort  chaque  dixième  foldat  ,  &  le  faifoient  mourir , 
pour  donner  l'exemple  aux  autres.  Decimare  j  deci- 
mum  quemque  forte  duclum  pleclcre  ,fuppHcio  ajficere. 
On  l'a  quelquefois  fait  en  France. 

Décimé  ,  ée.  part.  pa(T.  &  adj.  Decimus  quifque  forte 
duclus. 

DÉCIMEUR.  f.  m.  Le  P.  Sanlecque  s'eft  fervi  de  ce 
mot  pour  Décimateur  ,  qui  feul  eft  en  ufage. 

DECINTRER,  ou  DECEINTRER.  v.  a.  Terme  de 
Maçonnerie.  Oter  les  cintres  de  charpenre  fur  lef- 
quelson  a  conftruit  une  sov.iQ.ArcumLigneiimflruendo 
defuper  jornici  accornmoddtum  deflruere  ,  evertere  j 
tollere.  Il  ne  faut  décintrer  que  quand  les  voûtes 
font  féches  &  bien  affermies. 

DECINTROIR ,  ou  DECEINTROIR.  f.  m.  Efpèce 
de  marteau  qui  a  deux  taillans ,  mais  qui  font  tour- 
nés en  divers  fens  ,  dont  les  maçons  fe  fervent  pour 
équarrir  les  trous  commencés  avec  le  têtu  ,  ou  pour 
écatter  les  joints  des  pierres  dans  les  démolitions, 
MalUi  genus. 

DÉCIRER.  V.  a.  Oter  la  cire.  Nous  n'osâmes  nous  ha- 
farder  d'embralTer  notre  ami  d'Aubevillè  en  l'état 
qu'il  étoit.  Mais  fi-tôt 

•   Quau  logis  il  fut  retiré  ^ 
Débotté  ,Jrotté ,  déciré  , 
Ec  qu'il  nous  parut  dAnjfé  y 
Ilfutpromptement  emhrajjé. 

Voyage  de  Bach.  &  CHAPEttE. 


pelle  dixième.  Enfin  ces  taxes  font  devenues  perpé- 
tuelles fur  le  Clergé  par  des  tranfadtions  faites  en  \  DÉCISIF,  ive.  Qui  décide,  qui  réfoud  j  qui  prononce 


1516,  avec  le  Roi  François  I.  Cette  taxe  a  été  ap- 
pelée Pafcaline.  Depuis  par  un  contrat  fait  à  Poillî 
en  15^1.  elles  ont  été  converties  en  rentes  de  feize 
cens  mille  livres  ,  qui  font  les  rentes  de  l'Hôtel  de 
Ville  fur  le  Clergé.  Dans  les  Mémoires  du  Clergé 
on  trouve  que  ces  décimes  ■,  de  la  façon  qu'elles  fe 
lèvent  aujourd'hui ,  ont  été  accordées  par'une  Bulle 
du  Pape  Léon  X.  de  l'an  1 5 16.  fous  prétexte  d'une 
Croifade  pour  aller  faire  la  guerre  au  Turc,  où  le 
Roi  devoir  aller  en  perfonne  avec  le  titre  d'Empe- 
reur d'Orient ,  que  le  Pape  lui  accorda  ;  &  cette 
décime  fut  accordée  pour  un  an  feulement.  Le  Roi 
envoya  alors  dans  les  Provinces  des  Commillàires 
pour  en  faire  la  taxe  j  qui  dure  encore  aujourd'hui. 
Les  décimes  extraordinaires  confiftent  en  une  autre 
taxe  qu'on  fait  tous  les  cinq  ans  fur  les  Bénéfices  pour 
le  préfent ,  ou  don  gratuit  que  le  Clergé  fait  au  Roi 
pour  les  frais  de  l'alfemblée  ,  pour  les  penfions  & 
grarifications  que  fait  le  Qlergé  à  diverfes  perfon- 
nes ,  aux  Séminaires ,  &c.  Le  Clergé  accorda  trois 
fois  au  Roi  Louis  XIII.  des  décimes  extraordinaires , 
ou  donsgratuits:favoir,  en  1611  ,  ifiitî,  iiîiS.Cet 
argent  fut  employé  à  faire  la  guerre  aux  Huguenots. 
Depuis  ce  temps  là  il  ne  s'eft  point  tenu  d'alTemblée 
ordinaire  du  Clergé  qui  n'ait  fait  au  Roi  un  préfent 
confidérable. 

Les  Receveurs  &  Contrôleurs  des  décimes  font  des 
Officiers  commis  par  le  Clergé  pour  recevoir  ces 
deniers.  Le  Bureau  des  décimes  eft  une  Chambre 
Eccléfiaftique  établie  en  chaque  Diocèfe  pour  ré- 


en  dernier  relîoit.  Decretorius  LIne  loi  ,  une  auto- 
rité ,  une  pièce  ,  une  raifon  décifvc  ,  fonr  les  chofes 
qui  décident  un  procès.  Combat  décifif.  Fuona  decre- 
torid.Y os  manières  fougueufes  &  déciflves  lontinfup- 
portables.  S.  EvR.  Cescenleurs  qui  fe  donnent  voix 
décifve  fur  tous  les  Ouvrages  ,  découragent  les  Au- 
teurs par  la  chaleur  de  leurs  préventions.  La  Bruy. 
Quand  on  eft  médiocrement  fage  ,   on  ne  s'avife 
point  de  faire  le  déàfif.  P.  Rap.  L'humeur  ferme  & 
décifve  du  Cardinal  étoit  propre  à  furmonter  toutes 
les  difficultés.  Fléch.  C'eft  un  défaut  trop  crdinaire 
que  de  prononcer  des  arrêts  déciffs  fur  le  falut  &: 
la  damnation  des  autres.  S.  EvR.  Il  eft  dangereux  de 
déférer  à  la  raifon  l'autorité  décifve  dans  les  matiè- 
res de  foi.  Id.  Remarquez  que  ces  pieux  ignorans , 
qui  vantent  tant  leur  humilité,  font  d'ordinaire  les 
plus  déciffs.  Id.  Rien  n'eft  plus  incivil  que  le  ton 
décifif  (\\x(i  prennent  les  Savans  dans  la  converfation. 
Ils  s'imaginent  être  en  droit  de  prononcer  en  der- 
nier refTort  fur  tout.  Bell.  On  dit  un  air  décifif ,  non 
pas  pour  marquer  l'air  du  vifage  ,  mais  le  caraâcre 
d'efprit  d'un  Auteur  qui  décide   librement,  hardi- 
ment. On  a  reproché  à  Lambin  fon  :in  déc/ff  âtins 
l'explication    des  chofes  les  plus  obfcures  ,  &:  les 
plus  difficiles  qui  fe  rencontrent  dans  les  Anciens. 
Ménage.  Ton  décifif  1  fouvent  le  même  fens ,  &c 
l'on  entend  par  cette  expr-jffion  le  caradère  déciff 
de  l'efprit  d'un  homme  j  le  ton  déc'ff  Ae  fa  voix, 
ou  le  ton  de  fa  voix  qui  frappe  les  oreilles.  Bacon , 
ancien  Doifteur  Anglois  de  l'Ordre  des  Carmes  ^  elt 


î4i  DEC 

lurnommc  le  Dotteur  deafif  y  ou  le  Dodeui:  réfolu , 
L>ocl'ir  rcjblutus.  Ce  mot  appliqué  aux  perfonnes  fe 
prend  rarement;  en  bonne  part. 
DECISION,  f.  1.  Loi  d'un  Supérieur  qu'on  doit  fuivre. 
Decijio.  Les  dédjions  de  lEglile  l'ont  les  règles  de 
iiotre  croyance.  Les  dédjions  du  droit  font  les  fuii- 
demens  delà  Jurifprudence.  Les  dcdfions  de  l'Em- 
pereur Julunien  font  les  50  Ordonnances  qu'il  ht 
après  la  publication  du  premier  Code  ,  pour  décider 
lés  grandes  conteftations  qu'il  y  avoir  entre  les  Jurif- 
coniultes. 

DicisiON  ,  fe  dit  quelquefois  des  avis  ,  des  réfolu- 
tions ,  des  autorités  des  Savans  qui  aident  aux  Juges 
à  décider.  Les  dédfwns  de  la  Rote  font  les  arrêts  de 
la  Jurifdiction  établie  .i  Rome.  Les  dédfiûns  de^oë- 
tius  ,  &  d'autres  Jurifconfulres.  Le  Parlement  a  déjà 
fait  la  dcdjion  de  notre  aftaiie  par  un  arrêt  rendu  fur 
la  même  efpèce. 

DicisioN  ,  fe  dit  aufiî  de  certains  préjugés ,  ou  avan- 
tages qu'on  tire  dans  quelque  affaire  par  quelque 
incident  quil  y  furvient.  Cet  arrêt  interlocutoire  ell 
la  déajioii  de  mon  procès.  Ce  titre  j  que  le  hafard 
m'a  fait  trouver ,  eft  la  dédfion  de  notre  différent. 
Ce  coup  doit  faire  la  dédifion  de  la  partie.  Du  fuccès 
de  cette  querelle  dépendoit  la  dédfion  de  tout  ce 
qu'il  y  avoir  de  différens  à  vider.  Vaug. 

IJCr  Ce  mot  confidéré  com.me  fynonyme  de  réfolu- 
tion  ,  déiigne  un  acte  de  l'efprit  qui  fe  déclare  après 
avoir  examiné  une  affaire.  U  eft  rare  que  les  dédifions 
aient  chez  les  femmes  d'autre  fondement  que  l'ima- 
gination &:  le  cœur. 

|C?  Décision  ,  rcfolution.  La.  dédfion,  dit  M.  l'Abbé 
Girard  ,  eft  un  ade  de  l'efprit ,  &  fuppofe  l'examen. 
La  réfoluâon  eft  un  acte  de  la  volonté,  &  fuppofe  la 
délibération.  La  première  attaque  le  doute  j  &:  fait 
qii'on  fe  déclare.  La  féconde  attaque  l'incertitude  , 
&  fait  qu'on  fe  détermine.  Nos  didjions  doivent  être 
juftes ,  pour  éviter  le  repentir.  Nos  réfoiutions  doi- 
vent être  lermes ,  pour  éviter  les  variations. 

|fc?  Il  femble  que  la  nfoLuûon  emporte  la  déd- 
fion ,  &  que  celle-ci  puilfe  être  abandonnée  de  l'au- 
tre; puifqu'il  arrive  quelquefois  qu'on  n'eft  pas  en- 
core rejbùi  à  entreprendre  une  chofe  pour  laquelle 
on  a  déjà  dddJe  -y  la  crainte  ,  la  timidité,  ou  quel- 
que autre  motif  s'oppofant  à  l'exécution  de  l'arrêt 
prononcé. 

^^  En- fait  de  fcience,  on  dit  la  dédfion  d'une 
queftion  ,  Se  la  rjoludon  d'une  difficulté.  C'eft  or- 
dinairement dans  les  endroirs  où  l'on  dedde  le  plus 

^    ^u  on  prouve  le  moins.  Dans  les  Ecoles  on  répond 

;^  a  toutes  les  difficultés ,  &  on  y  en  /f/cJW  très- peu. 

DECISIONNAIHE.  f.  m.  Qui  décide  avec  alfurance. 
Je  me  trouvai  l'autre  jour  dans  une  compagnie  ,  où 
je  vis  un  homme  bien  conrentde  lui.  Dans  un  quart- 
d  heure  il  décid.i  trois  queftions  de  morale  ,  quatre 
problêmes  hiftoriques ,  &  cinq  points  de  phyfique  : 
je  n'ai  jamais  vu  un  dédfiionnaïre  lî  univerfel  :  fon 
efprit  ne  fut  jamais  fufpendu  par  le  moindre  doute. 
Leur.  Perf. 

DÉCISIVEMENT.  adv.  D'une  manière  décifive.  Il 
n'eft  pas  rare  de  trouver  des  ignorans  qui  parlent 
deafiivement  fur  une  affaire.  Les  gens  de  Cour  pré- 
tendent juger  dédfivement  de  la  dclicateffe  des  plai- 
firs,  S.  EvR.  Le  Duc  de  Créqui  eut  ordre  de  parler 
dédifiivantm  au  Nonce,  tant  fur  l'affaire  de  Caftres, 
,que  fur  les  autres  points  dont  ,  &c.  L'AbbÉ  Regn. 

DECISOIRE.  adj.  m.  Se  du  feulement  au  Palais ,  du 
ferment  d'une  partie  qui  décide  le  différent.  Deae- 
tonus.  La  patrie  s'en  eft  rapportée  au  ferment  dédi- 
foire  du  défendeur. 

DECIUS.  i.  m.  Nom  d'homme.  Dédits.  U  faut  con- 
ferver  ce  nom  ,  comme  nous  l'avons  dit  ,  excepté 
pour  l'Empereur  Dèce.  Les  Z)ei,7i\r  ccoient  une  fi- 
Ti-iille  plébéienne  ,  mais  confidérable  dans  Rome  ,  & 
qiù  donna  pliifieurs  Confuls  à  la  République. 

DÉCIZE.  Ville  de  Frnnce  ^dans  le  Nivernois.  Decetia, 
Deceda.  EWe  e{ï  firuéednns  une  île  à  l'embouchure 
<5e  la  rivière  d'Atron  ,  dans  la  Loire.  On  a  trouvé 
âins  Ded{e  p\afieu':s  médailles  Romaines  ,  qui  font 


DEC 

connoître  qu'il  eft  ancien.  On  prononce  communé- 
ment D^i:^e. 

DECIZELER.  v.  a.  Terme  des  Eaux  &  Forêts.  On  fait 
deci^eier  &  empiler  les  bois  qui  ont  été  enfoncés 
dans  l'eau. 

DECKENDORFF  ,  ou  TECKINDORFF.  Ville  d'Al- 
lemagne ,  dans  la  Balfe-Bavière ,  à  une  bonne  portée 
de  fflfil  du  Danube. 

DECLAIRER.  v.  a.  Mot  de  la  façon  de  Marot.  Décla- 
rer. Dedarare. 

Voix  argentine  j  haute  &  claire  j 

Ta  bonne  grâce  me  déclaire 

Que  tu  ne  chantes  pasjans  art.  Marot. 

La  rime  l'a  porté  à  faire  ce  mot  pour  déclarer. 
Ç:TDÉCLAMATEUR.  f.  m.  Qui  déclame  ,  qui  pro- 
nonce un  difcours  ,  un  ouvrage  j  qui  récite  en  pu- 
blic. Declarnator.  C'eft  un  eictllent,  un  mauvais 
déclamatcur.  Ce  mot  n'a  rapport  qu'au  ton  &  aux 
geftes.  Bon  déclamateur ,  qui  prononce  avec  les  tons 
.    &  les  geftes  convenables. 

^fT  Chez  les  Romains  on  appeloit  déclamateurs  , 
les  Rhéteurs  qui  faifoient  des  e-^ercices  d'éloquence 
dans  leurs  écolesi 

^fj"  Nous  appelons  auffi  déclamateur  ^  un  Orateur 
plus  occupé  du  choix  des  paroles ,  du  ton  &  des 
geftes  J  que  des  penfées  &  de  la  compofition.  Dans 
ce  fens  il  fe  prend  toujours  en  mauvail'e  part.  Cec 
Avocat  n'eft  qu'un  dec.amateur.  Juvénal  s'emporte 
fort  contre  les  déclamateurs  de  fon  temps.  Juvénal 
n'eft  lui  même  dans  l'es  fatyres  qu  un  déclamateur. 
GoD.  Lucien  a  cela  des  déclamateurs  ,  qu'il  veut 
tout  dire ,  &  qu'il  ne  finit  pas  toujours  où  il  faut. 
Ablanc.  La  plupart  des  déclamateurs  fe  perfuadenc 
qu'il  eft  de  l'ellenced'un  beaudilcours  de  durer  plus 
d'une  heure  j  &  qu'on  eft  obligé  de  les  écouter  fans 
s'ennuyer.  S-  Evr.  Les  i^^c/a/Tzarearj  ont  été  les  pre- 
miers corrupteurs  de  l'éloquence.  Id.  Un  déclama- 
teur n'eft  pas  obligé  d'alléguer  un  argument  démonf- 
tratif  J  mais  feulement  un  raifonnement  vraifem- 
blable,  ou  éblouilfant.  Jufqu'à  ce  qu'il  revienne  un 
homme  qui  prêche  avec  un  ftyle  nourri  des  Saintes 
Ecritures ,  les  Déclamateurs  feront  fuivis.  La  Bruy. 
On  ne  fauroit  affez  blâmer  ces  Hiftoriens  qui  veu- 
lent faire  les  Déclamateurs  ,  &  qui  interrompent  le 
cours  de  la  narration  pour  faire  valoir  leur  élo- 
quence. Fléch. 

Tous  ces  pompeux  amas  d'exprejjîons  frivoles 
Sont  d'un  Déclamateur  amoureux  de  paroles.  Boii.. 

On  appelle  ftyle  de  Déclamateur  j  un  ftyle  plus 
figuré  &;  plus  ampoulé  qu'il  ne  convient  au  fujet. 
AcAD.  Fr. 

DÉCLAMATION,  f.  f.  Difcours  fait  pour  être  pro- 
noncé en  public ,  &  fur  le  ton  d'Orateur.  Déclama- 
tio.  Les  déclamations  de  Quintilien.  U  fe  dit  parti- 
culièrement de  ces  exercices  &c  déclamations  qui  fc 
font  par  les  écoliers  pour  apprendre  à  parler  en  pu- 
blic. Une  Déclamation  contre  Annibnl ,  contre  Pyr- 
rhus J  &C.  La  déclamation  parmi  les  Grecs  étoit  de- 
venue un  art  de  parler  indiftin6tement  lur  toutes 
fortes  de  matières  ,  de  faire  paroître  jufte  ce  qui 
étoit  injufte,  &  de  triompher  des  meilleures  raifons. 
Ce  genre  de  déclamations  étoit  très-propre  à  cor- 
rompre les  efprirs  ,  en  les  accoutumant  à  cultiver 
l'imagination,  plutôt  îju'à  former  le  jugement,  Sc 
à.  chercher  plutôt  des  vraifemblances  pour  éblouir  , 
que  de  folides  raifons  pour  perfuader.  S.  Evr  Les 
déclamations  n'ont  été  introduites  que  pour  exercer 
l'efprit  des  jeunes  gens  fur  des  fujets  qui  puiffent 
tomber  dans  l'ufage  ordinaire.  S.  EvR. 

Déclamation.  Dans  quelques  Collèges  lignifie  une 
petite  pièce  de  Théâtre  ,  compofée  ordinairement 
de  quelques  fcènes  feulement ,  fans  diftinétion  ni 
pluralité  d'ades  ,  qui  fe  fait  pour  exercer  les  éco- 
liers ,  &  les  former  à  parler  en  public.  Declamatîo. 


DEC 

On  ne  fait  des  DédamanonsQ^&w  Rhétorique  tc  en! 

Seconde.  ,,        , 

^  DECLAMATIC3N.  Se  prend  aulii  pour  1  art  de  pro- 
noncer un  diicours  avec  les  tons  &  les  geltes  conve- 
nables j  prononciation  &  adrion  de  celui  qui  dé- 
clame. Ceft  une  des  pruicipales  parties  de  l'Orateur. 
Cet  Orateur  a  la  dédamadon  belle,  noble,  &c.  froide 
&  mauvaile. 

§Cr  On  le  dit  en  mauvaile  part  des  termes  pom- 
peux &  figurés  employés  dans  un  ouvrage  ,  &:  dans 
un  fujet  qui  ne  les  comporte  pas.  L'Orateur  a  mis 
trop  de  dedamationà3.nsctlx.t  pièce.  Projidc  ampui- 
lasi}'j'cfquipedalïa\'erha. 

%J  Déclamation  iîgnifie  encore^  invedive  contre 
une  perfonne  ou  une  cliofe.  Infedado  ,  ohjurgado  , 
ûccrrima  rcpr^henfio.  Vos  dédamauons  font  trop  ai- 
gres ;  elles'^irritent ,  &c  ne  corrigent  perfonne.  Tout 
le  plaidoyé  de  cet  Avocat  n'a  été  qu'une  perpétuelle 
décLamation  contre  fes  parties. 

DECLAMATOIRE,  adj.  Qui  appartient  à  la  déclama- 
tion. Dcdarnacorius.  Il  y  a  de  grands  mots  qui  n'ap- 
partiennent qu'au  llyle  dédamatolrc  ,  de  d'autres  qui 
ne  fe  difent  qu'en  ftyle  familier. 

DECLAMER,  v.  a.  Réciter  en  public  ,  ou  fur  un  théâ 
tre  quelque  difcours  ,  quelques  vers  avec  les  gelles 
Se  les  tons  convenables.  Deddmare.  Cet  Auteur  dé- 
dame bien  les  vers  ,  mais  il  n'entre  pas  dans  les 
pallions.  Ce  Prédicateur  fait  bien  dédamer ^  mais  i! 
ne  fait  pr.s  émouvoir. 

DÉCLAMER  fignifie  aulîiparler  avec  clialeurcontre  quel 
qu'un  ,  ou  contre  quelque  choie.  In  aliqucin  invehi  j 
aliqucm  infeclari ,  contra  ,  in  aliquem  dcdamare.  Les 
Dévotes  ne  manquent  jamais  de  déclamer  contre  les 
coquettes  ;  elles  les  déchirent  en  toutes  les  com- 
pat;nies.  On  foutlre  qu'un  homme  dédame  en  géné- 
ral contre  les  vices  j  mais  il  ne  faut  pas  qu'il  dédame 
contre  les  perlonnes.  Je  n'entends  pas  dédamer 
contre  un  Ordre  que  je  révère.  Patru.  Dans  ce  fens 
il  eft  neutre. 

DÉCLAMÉ,  EE.  Difcours  bien  dédamé. 

DECLARATIF  ,  ive.  adj.  Terme  de  pratique  Aéle 
qui  déclare  quelque  chofe.  Dedarans  ,  Jignificans  , 
dedarandi ,  Jignijicandi  vim  habens.  Il  y  a  eu  un  Bref 
dédaradj\  une  Bulle  du  S.  Père  dédaravvc  de  fon 
intention  fur  l'affaire  qui  lui  a  été  propofée.  Un  titre 
qui  n'eft  pas  attributit  du  droit ,  mais  feulement 
dédaradj. 

C'eftauiïi  un  terme  de  Grammaire.  J'appelle  con- 
jonctions dédaradves,  celles  dont  on  fe  fert  d'or- 
dinaire pour  mieux  faire  entendre  ,  &  pour  mieux 
éclaircir  quelque  chofc  \  &c  ces  conjonctions  font , 
Javolr,  àj'avoir ,  cejl-à-j'avoir ,  comme ^par exemple  , 
cejî-à-dirc  ,  &c.  L'As.  Régnier. 

fier  DECLARATION,  f  f.  C'eft  en  général  un  .aéle  , 
un  difcours  par  lequel  on  déclare  quelque  chofe  ,  un 
âéte  par  lequel  on  tait  connoître  ce  qui  étoit  ignoré. 
Dedarado.  Dédaradon  d'amour  ,  de  mariage.  Les 
paroles  les  plus  oblcures  d'un  homme  qui  pbir 
donnent  plus  d'agitation  ,  que  des  dédaradons  ou- 
vertes d'un  homme  qui  ne  plaît  pas.  Cet  homme  a 
fait  fa  déclaration  à  fes  amis  qu'il  ne  fe  mêleroit 
point  de  leur  différent. 

^CT  Déclaration  du  Roi.  C'dl  une  loi  par  laquelle 
le  Roi  explique  ,  réforme  ,  ou  révoque  une  Ordon- 
nance ,  ou  un  Edit.  Ce  font  des  Lettres-patentes  du 
Prince ,  par  lefquelles  il  déclare  fa  volonté  fur  l'exé- 
cution d'un  Edir ,  ou  d'une  Ordonnance  précédente, 
pour  l'interpréter  ,  la  changer  ,  l'augmenter ,  ou  la 
diminuer.  Dcdaratio  ,  fïgnificatio  ,  dcnunciatïo.  Il  y 
a  des  Déclarations  de  François  I.  fur  l'Ordonnance 
de  l'abréviation  des  procès.  Les  Déclarations  font 
datées  du  jour  qu'elles  font  données  \  au  lieu  que 
les  Edits  ont  feulement  la  date  du  mois.  Les  Décla- 
rations fe  fcellent  ieulement  en  cire  jaune ,  &  les 
Edits  en  cire  verte.  La  Dédaradon  eft  fort  différente 
des  Edits,  Loix,  Ordonnances  &  Conftitutions.  Foy. 
ces  mots. 

ifT  Déclaration  deguerre.C  étoit  chez  les  Romains 
nn  actî  public  fiit  par  les  Hcraux  ou  Féciaux  ,  qui 


DEC 


H3 


fîgnifioient  aux  ennemis  les  griefs  -tfae  l'on  avoïc 
contr'eux  ,  &  qu'on  les  exhortoit  à  reparer  j  ians 
quoi  on  leur  déclaroit  la  guerre.  Si  ces  premières 
démarches  étoient  inutiles ,  la  guerre  étoit  réfolue 
dans  le  Sénat  ^  après  tjuoi  un  des  féciaux  poitoit 
une  javeline  ,  brûlée  par  le  bout  &.  ferrée ,  lur  les 
frontières  des  ennemis  \  6c  en  préfence  au  moius  de 
trois  perfonnes  âgées  de  14  ou  i  j  ans  ,  il  leur  dé- 
claroit la  suerre  ,  en  lançant  cette  flèche  ou  javeline 
lur  leurs  terres  :  ce  qui  etoit  regarde  comme  le 
premier  aéted'holtilité.  f^oyei  Héraut  Hc  Fecial. 

§3"  Aujourd'hui  \es  dédaradons  de  guerre  fe  font 
avec  moins  de  cérémonies.  Les  Rois  ne  font  que 
publier  des  manifeftes ,  dans  lefquels  ils  expolenr 
leurs  griefs  &  les  taifons  qu'ils  ont  de  faire  la  guerre. 
Dedaratio  ,  denunciatio  bedl.  Les  actes  d'hoftilitc 
précédent  fouvent  la  déclaration  de  guerre. 

Déclaration  ,  en  termes  de  Palais  ,  eft  un  ade  de 
démilîiondequelque  droit  en  faveur  de  quelque  au- 
tre. Ahdicatio.  Ce  Procureur  a  été  adjudicataire  de 
cette  terre,  &  en  a  fait  fa  dcdaration  en  faveur  d'un 
tel. 

Déclaration  fignifie  quelquefois  une  contre- lettre. 
Cet  homme  a  fait  une  obligation  fimulée  de  deux 
mille  écus  fous  le  nom  d'un  de  fes  amis  ,  lequel  en 
mcme  temps  lui  en  a  donné  la  déclaration  ,  pour 
dire  une  contre-lettre.  Scrivtum  contrarium  ,  contra, 
fcriptum.  On  du  aulli  au  Palais  ,  qu'un  homme  a  tait. 
[a.  déclaration  à  l'Audience  ;  qu'on  lui  a  donné  aéte 
de  fa  déclaration-^  qu'il  a  été  renvoyé  abfous  après  fa 
déclaration.  Deciaratio. 

On  dit  aulîi ,  intenter  une  adion  en  dédaradon 
d'hypothèque ,  quand  on  fait  alîigner  un  tiers  acqué- 
reur d'un  héritage  pour  le  voir  déclarer  afteèté  &  hy- 
pothéqué aux  dettes  de  fon  vendeur. 

Déclaration  de  dépens ,  ou  de  dommages  &  inté- 
rêts, eft  un  dénombrement  ou  mémoire  qu'on  donne 
par  articles  ,  des  frais  faits  en  un  procès  ,  ou  des 
dommages  foufferts  à  fen  occafion  ,  &  dont  on  a 
obtenu  condamnation  contre  fa  partie  ,  afin  de  les 
taxer.  Dedaratio  ,Jîgn}Jkatio  ,  denunciatio. 

On  dit  aulli  en  ce  même  fens ,  donner  une  déda^ 
ration  de  fes  biens  &:  effets  ,  une  déclaration  par 
tenans  &  aboutillans  des  héritages  d'une  telle  Sei- 
gneurie, pour  dire  ,  en  donner  un  mémoire  &  un 
dénombrement  exact ,  avec  délignation  des  bornes 
&des  limites. 

Déclaration.  Terme  de  commerce  &  de  douaire, 
état  ou  fadure  des  marchandifes  qui  font  dans  les 
balles ,  ballots ,  ou  caiffes  que  les  Marchands  font 
entrer  dans  le  Royaume  ,  ou  en  font  fortir.  Les  Mar- 
chands ,  Voiruriers  ou  conduéteurs  des  marchan- 
difes font  obligés  de  faire  leur  déclaration  fur  le 
regiftre  du  Bureau  des  Fermes  ,  ou  d'en  apporter 
une  lignée  du  Marchand  ou  propriétaire  ,  qui  de- 
meurera au  Bureau  j&  qui  fera  encore  tranfcrite  fur 
le  regiftre  ,   &  lignée  des   Voituriers ,  s'ils  favenc 


écrire. 


DECLARATOIRE.  adj.  m.  te  f.  Ade  ,  ou  claufe  qui 
déclare  juridiquement  quelque  chofe.  Significans  , 
dedarans.  Il  y  a  eu  plufieurs  ades  dédaratoires  de  la 
volonté  du  Teftatcur  qui  confirment  fon  teltament. 
Sentence  dédaratoire. 

tfT  DECLARER,  v.  a.  Dans  la  fignification  la  plus 
étendue  ,  c'eft  faire  connoître  ce  qui  étoit  ignoré  ; 
c'eft  fous  ce  point  de  vue  qu'on  peut  le  regarder  com- 
me fynonynie  des  verbes  découvrir  ,  inanifefter  j 
révéler,  déceler,  que  nos  Dictionnariftes  confon- 
dent. Mais  déclarer  ci^  proprement  dire  les  chofes 
exprès  &  de  deffein  ,  pour  en  inftruire  ceux  à  qui 
on  ne  veut  pas  qu'elles  demeurent  inconnues.  Dc- 
darare  ,  indicare.  Les  criminels  déclarent  prefque 
toujours  leurs  complices.  Confcios prodere.  /^i]ye~  les 
autres  verbeS  à  leurs  articles  parriculiers.  Un  tel  n 
déclaré  {on  mariage,  après  l'avoir  tenu  long-temps 
fecret.  Déclarer  fes  deffeins.  Conjilia promerc. 

ifJ'  Un  Souverain  déclare  un  ijénéral ,  déclare  des 
AmbalTadeurs ,  pour  dire  quil  les  nomme  publique- 
ment pour  exercer  ces  fondions.  Rsnunciare.  Prodi' 


144 


DEC 


tus  Impcrator.  Généqal  nommé  ,  déclaré.  Il  déclare 
le  joiîf  de  fon  déparc,  il  annonce,  il  déclare  tout 
haut  qu'il  partira  tel  jour.  Indicere. 

§Cr  Déclarer  figiiitie  auill  faire  coiinoître  par  un 
acte  public  ,  par  autorité  publique.  Une  Bulle  con- 
traire aux  anciens  Canons  &  à  nos  libertés  ell  décla- 
rée abuiivc.  Un  criminel  eft  ^ccA^'t;  atteint  &  con- 
vaincu du  crime  don:  il  étoit  acculé.  \Jn  mariage  où 
les  cérémonies  de  l'Eglife  n'onc  pas  été  oblervées, 
eft  déclaré  nul ,  eft  callé  ,  rompu  ,  diirous. 

Ç5"  DÉCLARER  ,  avec  le  pronom  perfonnel  j  fe  prend 
dans  diiWrentes  acceptions.  Se  ^fc/^^rfr  lîgnihe  quel- 
quefois s'expliquer-,  dire  ce  qu'on  penfe.  Il  n\\  pas 
voulu  (e  dédartr  la  delfus.  Mentemfuam  aperire. 

^fT  En  parlant  des  maladies ,  c'eft  fe  montrer,  fe 
maniferter.  Manijcjlum  ejje.  La  maladie  s'eit  dcda- 
ree\  c'eft  une  fluxion  de  poitrine.  La  petite  vérole 
commence  à  le  déclarer. 

^3"  Se  déclarer  (îgnitîe  encore  faire  connoître  par 
quelque  atl:e  extérieur ,  par  quelque  démonftration  , 
qu'on  prend  le  parti  de  quelqu'un  contre  un  autre  , 
qu'on  fe  tourne  de  l'on  côté.  Patrocinari  alicui  ,fuj- 
fragari.  Dans  les  difputes  littéraires  le  public  fe  û'c- 
clare  toujours  pour  celui  qui  a  raifon  ,  ou  fe  déclare 
toujours  pour  les  malheureuA.  Se  déclarer  pour 
le  ientiment  de  c|uel.}u'un.  Ad  allcujus  fententiam 
tranjikfi.  La  viéloirealloit  le  déclarer ^^onz  nous,  lorf- 
que ,  &c. 

53°  C'eft  encore  prendre  parti  dans  une  guerre 
commencée.  Ce  prince  voudroit  bien  garder  la  neu- 
tralité ^  mais  on  le  irorceraà  fe  déclarer. 

DÉCLARÉ ,  ÉE.  part. 

DECLAVER.  v.  n.  &  a.  Terme  de  Mufique.  Oter  une 
clef,  pour  en  fubftituer  une  autre.  Clavan  mutare, 
clavem  clavi  J'ubjiituere.  Le  changement  de  clefs  fe 
fait  en  mufique  pour  réduire  au  mode  naturel  le 
mode  le  plus  Hguré  ,  fins  toucher  aux  notes.  C'eft  ce 
qui  a  tait  appeler  cette  opération  déclarer.  En  France 
éc  en  Italie  on  s'eft  habitué  A  déclaver  mal  certains 
modes  lansqu'ily  ait  en  cela  aucun  prolrc. 

DECLENCHER,  v.  a.  Déclencher wnc^oviz,  c'eftiever 
la  clenche  pour  l'ouvrir. 

Ce  mot  eft  compofé  du  nom  clenche  ,  &  de  la  prc- 
pofitioa  ou  fyllabe  de. 

DÉCLIC.  Efpece  de  reiTôrt  qu'on  attache  à  un  bélier 
ou  mouton  d'une  pefanteur  extraordinaire  ,  dont  on 
fe  fert  pour  enfoncer  des  pieux.  On  élevé  ce  mouton 
avec  un  tour  entre  deux  ou  quatre  pièces  de  bois  , 
longues  de  15  ou  de  30  pieds.  Quand  ce  bélier  eft 
monté  en  haut ,  on  tire  une  petite  corde  qui  décache 
un  déclic  ,  &  fait  tomber  le  mouton  fur  la  tête  du 
pieu.  Voy.  Mouton. 

DECLIN.  1.  m.  Diminution  de  force  &  de  vigueur  j 
l'état  d'une  chofe  qui  tire  vers  fa  hn.  Il  eft  fur  le  dé- 
clin de  fon  âge ,  de  fa  vie.  Ingravefcens  xcas.  Le  déclin 
du  jour,  f'ejper,  inclinans  in  vefperum  dies.  Nousfom- 
mes  fur  le  déclin  de  la  lune.  Decrcfcenûa.  L'Empire 
Romain  éroir  fur  fon  déclin  ,  quand  les  Franijois  con- 
quirent les  Gaules.  Imperiifenecîus.  Le  jugement  n'eft 
tout-à-fait  formé ,  &  n'arrive  guère  à  fi  perledfion  , 
quequand  les  autres  puilFances  de  l'amefont  fur  leur 
déclin  ôc  fur  leur  retour.  Costar.  On  s'en  fervoit 
autrefois  pour  dire  le  penchant  d'une  montagne.  En 
ce  dernier  fens  il  eft  vieux. 

DÉCLIN.  En  médecine,  c'eft  le  temps  d'une  maladie 
en  général ,  ou  d'un  paroxyfme  en  particulier  ,  dans 
lequel  la  nature  gagne  le  deftus  fur  la  maladie,  & 
où  il  fe  fait  une  rémillion  des  fymptômes,  à  la  fuite 
du  plus  haut  période  de  la  maladie.  DecUnado  j  de- 
crementum.  Dict.  de  James.  Il  le  pria  de  fe  donner 
un  peu  de  repos ,  du  moins  jufqu'à  ce  que  la  fièvre 
fut  fur  fon  déclin.  Boun. 

IJCTDÉCLIN  fe  dit  encore  du  reftort  d'une  arme  à  feu  , 
par  lequel  le  chien  s'abat  fur  le  ballinet.  Le  déclin 
du  piftolet ,  du  fufil  fe  débande. 

CCTDÉcLiN  de  la  fève ,  en  .agriculture ,  eft  quand  la 
fève  relfe  d'être  fort  abondante.  Certaines  greffes  ne 
réuPiîireiu  c^ue  quand  on  les  fait  au  dédia  de  1% 
fève. 


DEC 

DÉCLINABLE,  adj.  qui  s'applique  aux  noms  qu'on 

peut  décliner.  ISomcn  quod  dedinari ,  quod  infiecli 
potejl.  Ce  nom  n'eft  pas  déclinable  en  plufieurs  cas. 

DECLINAISON,  f.  f.  Terme  de  Grammaire.  Bedi- 
natio.  Inflexion  des  noms  félon  leurs  divers  cas  , 
comme  nominatif ,  génitif ,  &c.  Première,  féconde 
dedinaifon.  Dedinaifon  ,  par  rapport  aux  langues 
dont  les  noms  reçoivent  ditférens  changemens  ,  foie 
au  commencement ,  loit  au  milieu,  loit  à  la  fin,  eft 
l'exprellion  de  rous  ces  changemens  dans  un  certain 
ordre,  &:  par  certains  degrés  qu'on  appelle  cas  :  SC 
par  rapporc  aux  langues ,  donc  les  noms  ne  reçoi- 
vent point  de  changemens  dans  un  même  nombre  , 
la  dedinaifon  eft  l'exprellion  des  diftérens  états  où 
un  nom  le  trouve  ,  &  des  différens  rapports  qu'il  a; 
cette  diftérence  de  rapports  le  marque  par  des  parti- 
cules qu'on  appelle  articles ,  /e  j  la^de  ^  du  ^  de  la  , 
à  _,  des  ,  aux. 

DÉCLINAISON,  en  termes  d'Aftronomie,  eft  l'éloigne- 
ment  ou  la  diftance  des  aftres  de  l'équateur.  La  aécli- 
nmfon  du  Soleil ,  quand  il  eft  au  Solltice  ,  eft  de  25 
degrés  (?i  demi.  On  peut  lavoir  chaque  jour  la  dé- 
dmaijbn  du  foleil.  Koh.  La  dédinaij'on  méridionale 
eft  la  diftance  d'une  étoile  à  l'éciuateur  vers  le  pôle 
méridional.  La  decUnaifon  feptentrionale  eft  la  dif- 
tance d'une  étoile  à  l'équateur  vers  le  pôle  méridio- 
nal. La  didinaifon  eft  vraie  ou  apparente.  La  déclic 
naifon  vraie  d'une  planète  eft  la  diftance  du  vrai  lieci 
d'une  planète  à  l'équateur.  La  decUnaifon  apparente 
eft  la  diftance  du  lieu  apparent  d'une  planète  à  l'é- 
quateur, V^>y.  Apparent.  Tous  les  grands  cercles  de 
la  fphère,  qui  palfent  par  les  deux  pôles  &:  par  une 
étoile  ,  s'appellent  cercles  de  decUnaifon  ,  parce  que 
l'on  compte  fur  eux  la  diftance  des  étoiles  à  l'équa- 
teur, que  l'on  nomme  decUnaifon ,  qui  eft  le  complé- 
ment de  leur  diftance  aux  pôles.  Le  cercle  de  decU- 
naifon qui  palfe  par  les  pôles  &  le  zénith  ,  s'appellç 
plus  particulièrement  méridien.  Cassini. 

En  termes  de  Gnomonique  ,  on  dit  que  la  dtcii-' 
naifon  d'un  mur ,  d'un  cadran  vertical  ,  eft  de  tant 
de  degiés,  quand  il  s'en  manque  tant  de  degrés  qu'il 
ne  regarde  direétement  un  des  quatre  points  cardi- 
naux de  l'Horifon.  Ainfi  la  decUnaifon  d'un  plan  eft: 
l'arc  de  l'Horifon  compris  entre  le  méridien  du  lieu, 
&:  le  vertical  perpendiculaire  au  plan. 

DÉCLINAISON  ,  en  termes  de  Marine,  eft  la  variation 
de  l'aiguille  aimantée,  quand  elle  ne  fe  tourne  pas 
précifément  vers  le  Nord,  &  qu'elle  décline  ou  vers 
rOrient  ou  vers  l'Occident.  On  dit  que  Robert 
Norrman ,  Anglois,  eft  le  premier  qui  ait  découvert 
la  dédinaij'on  de  l'aimant.  Elle  eft  inégale  &  incer- 
taine ,  jufques-là  qu'elle  varie  dans  le  même  Méri- 
dien ou  Parallèle.  La  decUnaifon  de  l'aimant  fe  fait 
différemment  en  diftérens  endroits  de  la  terre;  c'eft- 
à-dire,  qu'il  décline  plus  dans  un  endroit  que  dans 
un  autre;  qu'en  un  même  endroit  il  décline  tantôt 
plus,  tantôt  moins  ;  tantôt  vers  l'Eft  ,  tantôt  vers 
i'Oueft  ;  qu'enfin  il  y  a  des  endroits  où  cette  decU- 
naifon augmente  ou  diminue  tous  les  ans  fort  fenfi- 
blement,  &  d'autres  où  elle  ne  change  qu'infenlî- 
blement.  Jufqu'ici  les  raifons  de  ces  declinaifons  fî 
différentes  &  h  inégales  ont  paru  inexplicables.  Sur 
le  grand  Banc  fa  decUnaifon  va  jufqu'à  22  degrés  &C 
demi.  Quand  elle  eft  orientale,  ou  du  côté  d'Orient, 
on  dit  que  l'aiguille  nordefte.  Quand  elle  eft  occi- 
dentale ,  on  dit  qu'elle  nordouelte  ;  &c  fur  la  Médi- 
terranée on  dir  qu'elle  grécalife  ou  qu'elle  macftra- 
life.  Elle  n'a  point  de  dédinaij'on  à  l'ile  de  Corvo , 
qui  eft  la  dernière  des  Açores.  C'eft  pourquoi  l'on  y 
a  voulu  metcre  le  premier  Méridien.  La  decUnaifon 
change  aulli  en  diftérens  tems.  A  Paris,  elle  étoic 
orientale  de  huit  degrés  en  1610,  &  de  trois  degrés 
en  1640.  Il  n'y  avoir  aucune  decUnaifon  en  \66G, 
En  1695  ,  il  y  avoit  G  degrés  48  minutes  au  Nord- 
oueft.  Depuis  l'année  1695,  la  decUnaifon  z  aug- 
menté tous  les  ans  d'environ  11  minur.  Nordoueft. 
On  a  fupputc  qu'au  mois  d'Oétobre  i^î^j  ,  elle  étoit 
de  fept  degrés  douze  minutes  Nordoueft.  En  1(^99  , 
M.  de  la  Hire  la  trouva  de  huit  degrés  dix  minutes. 

Tout 


DE  C 

Tout  cela  s'entend  à  l'égard  de  Patis.  J^oy.  Aiguille 
AIMANTÉE  tk  Boussole. 

DECLINANT,  ante.  adj.  Qui  décline.  Remutins  ^, 
dedinans.  \]n  mû  dédlnanc  ^  qui  clt  lur  fa  fin.  Un 
cadran  décimant  j  qui  ne  regarde  point  directement 
un  des  points  cardinaux  de  il  lonlon.  Un  altre  dci.u- 
nant  de  tant  de  degrés- 

DÉCLINATOIRB/ad.  Terme  de  pratique,  qui  fe 
joint  ordinairement  avec  lins  &  exceptions.  Fins  i^ 
exceptions  dedlnatoires  font  des  moyens  qu'on  al- 
lègue pour  décliner  une  jurifdidion.  L.xccgtio  ,  pr&f 
criptLo  juris  depeilens  acîorem  J'uu  peiitionc.  Il  Lnn 
propofer  les  exceptions  dédinato'tres  avant  que  de 
contefter  au  principal  î  car  j  après  avoir  reconnu  le 
Juge  devant  lequel  on  a  été  alligné  ,  il  n'elt  plus 
temps  de  décliner  fa  Junfdidtion.  Barre  dédinatoi- 
re  _,  fins  dcdinatoircs.  Terme  de  Palais  P^oye^  Bar- 
re. 

gCFIl  efl:  aulTi  fubftantif  mafculin.  Faire  fignifier  un 
dédinatoire  ;  demander  fon  renvoi.  Le  dcdmatoire 
doit  être  jugé  à  l'audience  fur  le  champ  ,  ou  après 
un  délibéré. 

gCrDÉCLiNATOiRE  OU  déclinateur.  f.  m.  Terme 
de  géométrie.  C'eft  un  inllrument  inventé  pour 
trouver  les  déclinaifons  d'une  muraille,  lorfqu'ou  y 
veut  faire  des  cadrans  au  foleil  ,ou  pour  quel  qu'au- 
tre ufage  que  ce  foit.  Injhumentum  Geomctricum  ad 
deprehendendas,  obfcrvandaSyintditgendasdedinMio- 
nes.  C'eft  un  demi-cercle  divifé  en  deux  fois  90  de- 
grés ,  tant  à  droite  qu'à  gauclie ,  à  -  peu  -  près  en  la 
manière  des  demi-cercles  rapporteurs.  On  applique 
fur  le  centre  de  ce  demi  -  cercle  une  petite  rèjle 
mouvante ,  fur  laquelle  on  pôle  un  cadran  pour 
prendre  les  déclinaifons. 

§C3°Aller  en  diminuant ,  pencher  vers  fa  fin.  In- 
dinare  j  dedinare.  Le  jour  commence  à  dédiner.  Li 
dinat  dies  y  indinat  Je  fol.  La  fortune,  la  maladie  , 
les  forces  d'un  mûnàedédinent.  L'âge  dédine.  Verg'n 
a  tas. 

DÉCLINER.  V.  n. 

DÉCLINER,  v.  a.  Signifie  en  Grammaire,  varier  un  nom, 
le  faire  pafler  par  tous  fes  cas ,  loit  par  le  moyen  de 
l'article,  comme  en  François,  foit  par  le  change- 
ment de  terminaifon  ,  comme  en  Latin  ,  Dedirure. 
On  dit  proverbialement  &  figurément  qu'un  hom- 
me ne  fçait  pas  dédiner  fon  nom,  pour  dire  qu'il  eit 
fort  ignorant. 

On  du  familièrement  que  ceux  qui  vont  faire  des 
vifues  à  des  gens  dont  ils  ne  font  point  connus ,  font 
obliges  de  dédiner  leur  nom.  Il  me  fâche  fort  d'aller 
voir  cet  homme-là  tout  feul,  il  me  faudra  dédiner 
mon  nom. 

Ce  mot  vient  du  Latin  dedinare  ,  formé  de  «aÎvèiv, 

ou  d'£»«Ai»£/ii, 

Décliner,  en  termes  de  Palais,  fignlfie,  Eviter  la  Ju- 
rifdiélion  d'un  Juge  ,  pat-devant  lequel  on  eft  alli- 
gné ,  &  demander  fon  renvoi  ailleurs.  Il  eft  alligné 
au  Parlement  \  mais  il  a  décliné  &  demandé  fon  ren- 
voi devant  fon  Juge  ordinaire.  Voye-:{  Renvoi, 
Committimus. 

Décliner  ,  en  termes  de  Gnomonique,  eft  neutre  ,  & 
fe  dit  des  lignes  &  furfaces  qui  s'éloignent  des  points 
cardinaux  du  ciel  qu'ils  regardent  le  plus.  Ainli  on 
dit  qu'un  cadran  vertical  dédine  de  tant  de  degrés 
de  l'orient ,  du  couchant ,  &c.  quand  il  s'en  manque 
tant  de  degrés  qu'il  ne  regarde  directement  l'orient 
ou  l'occident.  On  dit  aula  que  le  mur  ou  la  furface 
fur  laquelle  il  eft  décrit ,  dédine  de  pareil  nombre  de 
degrés. 

En  termes  de  Marine,  on  dit  que  l'aiguille  de  la 
bon  (Tôle  dédine  de  tant  de  degrés ,  quand  elle  ne  fe 
tient  pas  direétetnent  fur  la  ligne  du  Midi,  ou  ne 
tend  pas  au  point  du  Nord,  mais  s'en  écarte  à  droit 
ou  à  gauche  de  pareil  nombre  de  degrés.  On  dit  aulîi 
qu'elle  nordouefle ,  fi  elle  dédine  du  côté  du  cou- 
chant ou  del'oueft,  &  qu'elle  nordefte ,  fi  elle  dédi- 
ne du  côté  du  levant  ou  de  l'eft.  On  a  fu  long-temps 
que  l'aiman  attiroit  le  fer  avant  que  defavoir  qu'une 
aiguille  aimantée  fe  toutnoit  vers  le  Nord.  Après 
Tomi  m. 


D  EC 


Mi 


cette  découverte  on  fuppofoitque  l'aiguille  fe  tour- 
noit  diredsment  au  Nord  ,  fans  jamais  dédiner- 
Enhn  on  a  trouvé,  par  des  obfervations  plus  exac- 
tes, non  -  ieulement  qu'elle  dedinon ,  mais  même 
que  cette  déclinaifon  changeoit  alfez  fenliblement 
tous  los  ans.  Il  y  a  près  de  cent  ans  que  l'aiguille 
nordeltoit  à  Paris,  c'elt-à-dire,  dcdinon  vers  l'Eftde 
leptou  huit  degrés  j  depuis  ce  rems,  la  déclinaifon 
s'eit  toujours  approchée  de  l'Oueft.  En  1705  ,  cette 
déclinaifon  étoit  de  près  de  neuf  degrés  vers  l'Oueft. 
Cette  déclinaifon  lait  qu'une  aiguille  aimantée  eft 
inutile  pour  placer  un  cadran  folaire,  à  moins  qu'on 
ne  connoilfe  de  quel  côté  elle  dédine  ^  &c  de  com- 
bien de  degrés.  Par  exemple ,  à  Paris  pour  bien 
placer  un  cadran  en  i/oz  ,  lorfque  l'aiguille  nor- 
doueftoit  de  huit  degrés  cinquante  minutes,  il  fal- 
loit  que  le  nord  de  l'aiguille  répondit  non  pas  à  la 
ligne  du  midi ,  mais  à  celle  de  1 1  heures  1 5  minutes. 
f^oyei  ci-delfus  dédinjifon. 

En  termes  d'Aftronomie,  on  dit  que  le  Soleil  ou 
quelque  autre  aftre  dédine  quand  il  s'éloigne  de  l'c- 
quateur,  foit  en-deçà,  foit  au  delà,  lorfque  par  fon 
mouvement  journalier  il  décrit  un  cercle  parallèle  à 
l'équareur. 

tCFDECLINÉ,  ÉE.  part. 

DECLIQUER.  v.  n.  Vieux  mot.  Caqueter,  dégoifer. 
Ilafignifié  aulli  Réciter. 

Ip-  DECLIQUETER.  Terme  d'horlogerie  ,  c'eft  dé- 
gager le  cliquet  des  dents  de  fon  rochet. 

DECLIVE,  adj-  m.  &  1:.  Dedtvis.  Ce  qui  eft  en  pente, 
ce  qui  forme  un  plan  incliné  dont  la  ligne  eft"  entre 
la  ligne  perpendiculaire  &  la  ligne  horifuntale.  Ce 
mot  n'eft  p^s  en  ufage,  &  devroit  y  être  pour  expri- 
mer la  pente  prife  en  defcendant. 

DECLIVITE.  1.  f.  Situation  d'une  chofe  qui  eft  en 
pente  \  pente  d'une  ligne  ou  d'un  plan  incliné,  prife 
en  defcendant  :  terme  nécelîaire  pour  diftinguer  la 
pente  prife  en  montant,  acdivitasj  de  la  pente  prife 
en  defcendant ,  dedivitas.  Le  mot  divus  renferme 
les  deux.  Les  panies  fupérieures  de  l'eau  d'une  ri- 
vière ,  &C  éloignée  des  bords ,  peuvent  couler  par  la 
feule  caufe  de  la  dédivité.  Fontenelle.  Mais  les 
parties  inférieu'.ei  qui  frottent  contre  le  fond,  ne 
feroient  pas  fuftifamment  mues  par  une  fi  petite  dé- 
divité. Id.  CLivus.  Pente. 

DECLORRE.  v.  a.  Oter  la  clôture.  Dédorre  fon 
champ  ,  fon  jardin.  Il  fe  dit  peu ,  &  ne  fe  dit  que  des 
lieux  qui  font  ordinairement  clos,  liedudere. 

Déclos  ,  OSE.  part.  Qui  n'eft  pas  clos ,  ou  dont  partie 
de  la  clôture  eft  tombée.  Ce  jardin  eft  didosen  deux 
endroits. 

DÉCLOUER.  V.  a.  Oter  les  clous  qui  attachent  quel- 
que chofe.  Détacîi^r  quelque  chofe  en  arrachant  les 
clous  qui  l'attachent.  Rejigcre.  Il  faut  dédouer  les 
pentures  de  cette  porte  pour  les  arcacher  ailleurs 
On  le  dit  aulîi  des  clous  qui  fe  détachent  eux-mê- 
mes. Solvi.  Cela  s'eft  dédoué j  il  y  faut  mettre  de 
nouveaux  clous. 

Décloué  ,  ée-  part.  Rejïxus. 

DÉCOCHEMENT.  f.  m.  Action  par  laquelle  on  tire 
une  flèche.  Emijjïo. 

DÉCOCHER,  v.a.  Tirer ,  lancer  une  flèche,  un  coup 
d'arbalète,  &  de  tout  autre  arme  de  trait.  Ernittere^ 
vihrare.  Jupiter  décocha  fa  foudre  contre  les  Géants- 
On  décocha  contre  lui  une  flèche  de  deux  coudées. 
Vaug. 

DÉCOCHER ,  fe  dit  aufll  de  l'oifeau  de  proie  lorfque 
du  haut  d'un  arbre,  ou  d'un  rocher  ,  il  part  comme 
un  trait  pour  venir  fondre  fur  le  gibier.  Ab  alto  de- 
volare  cum  impetti. 

^fTOn  dit  figurément  ou  poétiquement  décocher 
les  traits  de  fa  colère,  de  fa  vengeance  contre  quel- 
qu'un. Il  décocha  tous  les  traits  de  fa  colère.  Ce  fa- 
tyrique  a  décoché  un  trait  fort  piquant  contre  lui.  Il 
fe  dit  aulTi  des  chofes  que  l'on  donne  avec  excès  & 
d'une  manière  fatigante.  Cet  homme  eft  civil  juf- 
qu'à  l'excès ,  à  chaque  porte  il  vous  décoche  un  com- 
pliment. S.  EvR.  Ici  il  eft  familier. 

DÉCOCHÉ,  ÉE.  part. 


ï4^  DEC 

DECOCTION,  f.  f.  Breuvage  médicinal,  fait  d'une' 
ou  de  pkifieurs  phares  ou  autres  drogues  que  l'on 
fait  bouillir  enfemble  pour  en  tirer  le  jus.  Decoclum^ 
decoclura.  Les  potions ,  les  teintures ,  les  apozèmes, 
&c.  font  des  dtcoclions. 

fCTOn  appelle  auiîî  décoclion,  l'eau  dans  laquelle 
on  fait  bouillir  les  herbes,  les  racines  ,  les  fleurs, 
&c.  pour  lervir  à  divers  uiages.  Faire  inrufer  du 
fenné  dans  une  dicoclïon  de  chicorée  :  faire  une  de- 
coclion  pour  un  lavement. 
DÉCOËFFER  ou  DÉCOIFFER,  v.  a.  Orer  la  cocfFu- 
re.  Une  femme  de  chambre  dc-ojdjjt  la  uiaïtrelïe. 
Capicis  tegmen  tollcre.  Cette  femme  eft  dccoéffce  j 
elle  ne  veut  parler  à  perfonne. 
§CJ"DÉcoBFFER  lignifie  fouvent  déranger  la  coëfFure  , 
mettre  les  cheveux  en  défordre-  Ptrcurbare  capUloi 
mulieris.  Le  vent  l'a  toute  decocjfee. 

IJCFOndit,  en  parlant  de  deux  femmes  qui  fe 
prennent  aux  cheveux  en  le  cjuerellaut,  qu'elles  fc 
font  dcco'éffées  l'une  l'autre. 

fCJ"On  a  die  autrefois,  en  parlant  des  hommes , 
fedécocffer,  pour  dire  ôter  Ion  chapeau  pour  Li- 
iuer. 

Se  DÉcoEFFER  OU  décoifffr.  Outte  le  fens  pro- 
pre qui  lîgnifi.; ,  ôter  (a  cocflc  ou  fa  cocffure  ,  ôtei 
Ion  chapeau  ,  il  le  dit  figurément  pour ,  Se  décacher 
de  quelqu'un ,  fe  détaire  de  la  pallion  qu'on  avoit 
pour  lui ,  des  liailons  qu'on  avoic  avec  lui.  Abjicere, 
rMncium  rciniucri.  Se  decoéffer  de  quelqu'un ,  fe  dé- 
prendre. Il  eft  du  ftyle  familier. 

Je  ne  m'en  peux  décocffer , 
Je  penfe  que  c'eji  un  enjer  j 
Dont  jamais  je  ne  jûi  tirai.   Marot. 

On  dit  aulTî  en  débauche  ,  Décoëffer  les  bouteil- 
les, pour  dire,  iesbùire,  les  vider.  Lagenam  exjk- 
care.  Pioprement  décc'éffer  une  bouteille,  c'eft  en 
ôter  le  bouchon  &  la  filafle  qui  l'enveloppe.  Rejîg- 
nare. 

DÉCOEFFER.  Terme  d'Artificier,  qui  lignifie,  ôter  le 
couvercle  qu'on  avoir  mis  fur  l'amorce  d'un  arti- 
fice ,  pour  empêcher  que  le  feu  ne  s'y  introduifît 
trop  tôt. 

Décoeffé  ,  ÉE.  part. 

DECOIGNOIR.  (.  m.  Terme  d'imprimerie.  C'efl:  une 
pièce  de  bois  faite  en  forme  de  coin ,  qui  fert  à  fer- 
rer &  delferrer  les  formes.  Cuneus. 

DECOLLATION.  L  f.  Adion  par  laquelle  on  coupe 
la  tête. Ce  mot  n'eft  guère  en  ufage  quj  po.u  e.\p:i- 
mer  le  martyre  de  St  Jean-Bapnile. 

^  |C?  On  le  dit  même  plus  fouvent  de  la  fête  qu'on 
célèbre  en  mémoire  de  fon  martyre  que  du  maityre 
même.  Dies  facra  quâ  capitis  B.  Joannis  -  B.pciju 
aljaffi  memoria  recolitur. 

IÇTOn  le  dit  de  même  des  tableaux  dans  lefquels 
la  tête  de  S.  Jean  -  Baptilte  eîl:  r£prcfentée  féparce 
du  tronc.  Tabelli  amput.aumB.  Joanms-Baptijlx.  ca- 
put  exhibens  ,  reprAJentans. 

DÉCOLLEMENT,  i.  m.  Adion  par  laquelle  on  dé- 
colle, ou  unechofe  collée  fe  détache.  Reglutinatio. 
La  menuifetie  de  placage  a  cela  d'incommode,qu'elle 
eft  fujette  au  décollement. 

DÉCOLLEMENT.  Terme  de  Charpenterie.  Entaille  pra- 
tiquée du  côté  de  répaulement,pour  dérober  la  mor- 
toife.  Ainfi  faire  un  décollement^  un  tenon  ,  c'eft  en 
couper  une  partie  du  côté  de  l'épaulement ,  afin 
qu'étant  moins  large  on  ne  vo^e  pas  la  mortoife  ; 
cette  mortoife  demeurant  cachée  par  l'endroit  où  l'on 
a  fait  le  décollement.  Tenuatio  cardinum  a  laterihus. 

DECOLLER,  v.  a.  Couper  la  tête  à  quelqu'un  par  au- 
torité de  Juftice.  Capui  amputare  y  ahfcindere.Ow  dé- 
colle les  Gentilshommes  qui  ont  fait  des  crimes  ca- 
pitaux. Il  n'eft  pas  fi  ufité  que  couper  la  tête ^  ou  cou- 
per le  cou. 

Mon  père  à  Vinjujllce  autrefois  immolé ^ 
Quoique  innocent  fut  décollé  ,] 
Difoit  l'autre  jour  à  Lycante  ^ 


DEC 

ErgaJIe  dont  le  père  avait  été  pendu. 
Lycante,  après  l'avoir  de  fang  froid  entendu  y 
Lui  réponditjla  corde  était  donc  bien  tranchante. 

Le  Brun. 

DÉCOLLER,  en  termes  de  Jardinage,  fe  dit  d'un  arbre 
dont  la  ti^e  a  été  icparée  du  piecl  à  l'endroit  où  la 
greffe  étoit  appliquée ,  foit  par  une  altération  que  la 
lève  y  auroir  caufée,  en  ne  ttouvant  plus  de  dilpofi- 
tions  à  monter  du  lujet  dans  cette  greffe ,  loit  par 
quelque  autre  accident.  Les  Jardiniers  difent ,  cet  ar- 
bre ell  décollé.  Cette  greffe  fe  décolle ^  c'eft-à-dire, 
fe  fépare  de  fon  lujet.  Le  vent  a  décollé  toutes  les 
greffes  qui  avoient  poulfé  îvec  force  ,  ainfi  que  les 
bourgeons  des  arbres  eûtes. 

DECOLLER,  v.  a.  fe  dit  encore  de  l'amputation  que 
l'on  fait  d'une  cerraine  portion  d'un  tuyau  dont  on 
fait  une  plume  à  écrire.  On  taille  la  pointe  de  la 
plume,  luivant  qu'elle  le  doit  être  ;  on  coupe  le  pe- 
tit bout ,  &  enfuire  on  la  décolle  j  afin  que  la  quan- 
tité d'encre  que  l'on  prend  foit  vifible,  &C  qu'on  n'y 
en  laiffe  qu'autant  qu'il  en  faut  pour  qu'elle  ne  tom- 
be pas  fur  le  papier. 

Ce  mot ,  en  ce  fens ,  vient  de  la  prépofition  de  j 
qui,  dans  la  compofition ,  fignifie  divifion,  répara- 
tion ;  &  collum  J  le  cou. 

DÉCOLLER,  fignifie  aufli  féparer  une  chofe  collée.  De- 
glunitare  j  rcglunitare.  L'humidité  décolle  les  images 
qui  font  collées  contre  les  murailles.  La  menuiferie 
de  placage  fe  décolle  à  l'humidité  &  à  la  chaleur , 
quand  on  y  approche  du  feu. 

DÉCOLLER.  Terme  de  Billard.  Il  a  deux  fens:  i°.  Il  fe 
dit  de  la  bille  lorfqu'elle  fe  détache  de  la  bande, 
qu'elle  s'en  éloigne.  On  décolle  une  bille  en  la  frap- 
pant d'une  autre.  2°.  Il  fignifie  s'éloigner  par- dehors 
de  la  bande  du  billard.  Les  joueurs  difent  fouvent  à 
ceux  qui  les  voient  jouer,  de  décoller ,  c'eft-à-dire, 
de  leur  lailfer  le  tour  du  billard  libre.  Décalle\  le 
billard. 

DÉCOLLÉ ,  ÉE.  part. 

Ce  mot,  au  fécond  fens,  vient  du  grec  koaa«,  fé- 
lon Nicod.   On  a  dit  auffi  en  Latin  decallatio.  Mé- 


nage. 


IJCF  DECOLLETER,  v.  a.  Découvrir  la  gorge.  Nudare. 
Il  y  a  des  femmes  qui  aiment  à  fe  décolleter. 

DECOLLETE  ,  ée,  part.  Qui  a  la  gorge  ou  la  poitrin» 
trop  découverte.  La  modeftie  ne  permet  pas  aux 
femmes  d'être  décolletées.  Ah  !  il  y  avoir  là  une  ini- 
modefte  Sabine,  décolletée  ^  qui...  fi  ces  nudités- 
là  font  fcandaleufes  pour  la  jeunelfe.  Resnard.  Re- 
tour iir:prévû  ,  Se.  17.  à  la  fin. 

DECOLLEUR.  f  m.  Nom  en  ufage  fur  lesvaifleaux 
qui  vont  à  la  pêche  des  morues ,  pour  fignifier  celui 
des  Matelots  dont  l'emploi  eft  de  couper  la  tête  des 
morues  auffi  tôt  qu'elles  ont  été  pêchées. 

DECOLORER,  v.  a.  Faire  perdre  de  la  couleur.  Ve- 
colorare ,  Colorem  alicujus  rei  eluere  ^  diluere.  L'E- 
poufe  dit  dans  le  Cantique  :  Ne  prenez  pas  garde 
à  mon  teint  ;  le  foleil  m'a  décolorée  j  m'a  fait  perdre 
de  ma  blancheur. 

Décoloré  ,  ée.  part.  Decoloratus  ,  decolor.  Qui  a 
perdu  fa  couleur.  Fruit  décoloré  j  lèvres  décolorées  ; 
Bcuvsdccolorées. 

DÉCOMBRES,  f  m.  pi.  Pierres,  plâtras,  gravois  qui 
demeurent  après  qu'on  a  fait  ou  démoli  un  bâti- 
ment ,  ou  après  qu'on  a  fouillé  des  terres.  On  le  dit 
particulièrement  des  moindres  matériaux  de  la  dé- 
molition d'un  bâtiment,  pierres  ,  plâtras,  recoupes, 
&c.  qui  ne  font  de  nulle  valeur.  Rudera.  On  fe  fert 
des  décombres  pour  combler,  ou  élever  un  terrein  , 
ou  pour  aff^ermir  les  aires  des  chemins.  La  police 
ordonne  de  les  enlever  fur  le  champ  pour  ne  point 
embarrailêr  les  rues. 

ItTOn  appelle  auffi  Décombres  &  vidanges  d'un 
attelier  ,  tous  les  copeaux  &  petits  bouts  de  bois 
qui  proviennent  de  la  coupe  &  du  travail  des  bois. 

DÉCOMBRES  fignifie  auffi  ce  qu'on  tire  de  deffiis  une 
carrière  pour  trouver  la  bonne  pierre  \  &  c'a  été  la 
première  fignification  de  ce  mot. 


DEC 

Du  Cange  dit  que  le  moi:  de  comhri  a  été  premiè- 
rement dit  des  bois  &c  des  arbres  coupésdans  les  forets, 
qui  ferment  le  pallage  des  chemins  ;  &  qu'enluite 
on  a  appelé  combrcs  le  bois  du  faîtage  d'un  toît  :  & 
on  a  appelé  premièrement  décombres  le  vieux  bois 
d'un  toît  démoli  \  ce  qui  s'eft  étendu  depuis  auï 
autres  matériaux  des  démolucions. 
DÉCOMBRER.  v.  a.  Oter  les  décombres,  les  ordures, 
&  les  autres  embaras  qui  bouchent  quelque  canal , 
DU  qui  occupent  quelque  terrain.  Pur  gare  j  vacuarc 
rudera  ,  afportarc  j  truderart.  Il  faut  décoinhrxr  cet 
égoût ,  cet  évier ,  ce  tuyau ,  ce  foupirail  qui  font 
bouchés.  On  n'a  pas  encore  décombn  la  cour  de  ce 
bâtiment  \  on  n'en  a  pas  ôté  les  décombres. 
DÉCOMBRER.  Y.  a.  Vieux  mot  cjue  Nicod  du  être  coni- 
pofé  de  Des  &  cambrer,  pour  lignifier ,  mettre  à  dé- 
livrance une  chofe  où  empêchement  a  été  donné  j 
comme  fi  l'on difoit, Oter  le  cgmbre  ou  encombre  , 
ou  empêchement. 
DÉcombré  ,  Ée.  part. 

^  DECOMPOSER,  v.  a.  Terme  de  Chimie.  Rédui 
re  un  corps  à  fes  principes  :  fépater  les  parties  dont 
il  eft  compofé.  Kefolvcre  j  diJJ'olvere.  C'eli:  la  même 
chofe  qu'analyfer.  f^oye-{  ce  mot.  La  Chimie  enfei- 
gnc  A  décompofcr  les  corps  naturels  par  le  moyen  du 
feu  ,  &  à  les  réduire  en  leurs  plus  petites  parties. 
§3"  Décomposer  ,   en  méchamque.    i^é:ompofer  V 
mouvement  d'un  corps  ,  décomposer  les  forces.  C'câ 
changer  un  mouvement  en  deux  ou  pUilieurs  a#rcs. 
dont  on  peut  fuppoier  qu'il  eil  touné.   Quand  une 
puilfance  ne  peut  exercer  toute  fa  force  à  caule  d'ui' 
obftacle  qui  l'arrête  en  partie  ,  il  t.uu  la  iicompojei 
en  deux  autres  ,  dont  l'une  (oit  entièrement  anéan- 
tie par  l'oblfacle,  is;  dont  l'autre  ne  foit  nuilcui.r 
arrêtée  par  l'obilach.  Quand  pluiiiuis  puiirinc-s  li 
iiuifent  en  partie  ,  il  faut  les  décompujer  tn  deux  or- 
pluHeurs  autres  puilîànces ,  dont  les  unes  fe  détrui- 
ient  touc-à-fait,  &'Ies  autres  ne  fe  nuifent  nulle- 
ment. 
1^  DÉCOMPOSER  fe  dît  encore  dans  pluiîeurs  parties 
âts  mathématiques ,  lorfqu'ii  eil  queftion  de  divifer 
lin  tout  en  plulieurs  parties,  On  décompofe  un  poly 
jçone  en  triangles,  pour  en  trouver  la  furface  :  une 
«quition  en  plufieuts  membres ,  pour  la  réfoudre  , 
&c.  Lorfque  les  parties  font  inconnues ,  &  que  la 
grandeur  eiicieic  ell  inconnue,  alors  on  décompofe  j 
s'il  m'eft  permis  de  me  fervii  de  ce  terme  .  c'ell-à- 
dire  ,  qu'on  réfout  en  fes  parties  la  yrandeur  propo 
fée,  qu'on  examine.  P.  Lam\'. 
||Cr Décomposer  fe  dit  auffi  en  médecine,  en  parlant 
des  humeurs  du  corps  humain  compofées  de  molé- 
cules dont  le'i  parties  intégrantes  fe  féparent  les  unes 
des  autres,  &  fe  réfolvent  en  un  lluide  plus  atténué 
Ainfi  la  fièvre  décompofe  le  fant^ ,  le  dilfout. 

fCFOn  l'emploie  aulîi  avec  le  pron  im  perfo mel. 
Tous  les  corps  fe  décompofjnt ,  fe  réfolvent  dans  les 
priucipes  donc  ils  font  compofés. 

Le  plus  fon  de  ces  grands  maîtres 

Sefert  de  tout  fon  cj'prit  ^ 

A  fûutenir  que  des  êtres 

La  feule  forme  périt -, 

Que  le  corps  fe  décompofe  j 

Qu'il  fe  fait  de  chaqiçe  chofe 

Des  arrarigemens  divers  j 

Et  que  toujours  la  matière  ^ 

Infinie  j  aclive  j  entière  j 

Circule  dans  l'Univers.  Des-Houl, 


^Cf" DÉCOMPOSER.  On  peut  tranfporter  ce  mot  aux 
chofes  fpirituelles,  pourvu  qu'on  h  f.ilfj  fobrement. 
Décompojer  une  idée  ,  décompcfer  un  raifonnement 
ou  un  difcours  ;  c'eft  ce  que  l'on  dit  plus  communé- 
ment en  faire  l'analyfe.  Voye\  ce  mot. 

Décomposé  ,  ée.  part. 

DECOMPOSITION,  f.  f.  Terme  dePhariîucie  ^  de 


DEC  Xj^y 

Chimie.  Analyfis.  C'eil  la  même  chofe  qu'ahalyfe* 
ou  dilfolution  ;  mais  une  dilfoluiion  qui  ne  falfe  pas 
fimplement  changer  de  nature  aux  corps  qui  font 
dillous,  mais  qui  falTe  trouver  les  principes  chimi- 
ques qu'ils  renferment.  L'arrangement  des  parties 
dans  les  corps  doux  ne  paroît  pas  feulement  par  leur 
analyfe  ,  ou  leur  dccompofition  j  mais  encore  pat 
leur  compofition.  Lemerv.  Quelquefois  décompofe 
tion  fe  prend  pour  toute  forte  de  dilfolution  &c  de 
fcparation  de  patties.  La  décompofltion  ell:  propre- 
ment le  métier  de  l'Artifle  ,  pour  purifier  la  matière 
de  fes  hétérogénéités.  La  tradition  fondée  fur  des 
expériences  réitérées  eft  une  voie  beaucoup  plus  sûre 
pour  nous  convaincre  des  propriétés  d'une  plante , 
que  fon  analyfe  chimique ,  &  la  dccompojuion  de 
les  principes.  Faire  analyfer  des  matiètes ,  afin  que 
par  leur  dccompofition  on  mette  en  évidence  ce 
qu'elles  ont  de  particulier.  Homberg»  Acad.  des  Se. 
1703.  Alem.  p.  5  I. 

ifT  décomposition  d'un  mouvement,  des  for- 
ces. Foy.  DÉCOMPOSER  en  Méchanique. 

IG"  Décomposition  du  fang  ,  des  humeurs.  Voy^ 
Décomposer  en  Médecine.  Refolutio  ,  dijfolutio. 
DÉCOMPÔTER.  v.  a.  Terme  de  coutume.  Changer 
le  compôt  d'une  terre  ,  ou  l'ordre  des  années  aux- 
quelles elle  doit  travailler  ou  fe  repofer.  Agrifatio- 
nes  inimutarc  ,  annos  fationis  immutarc.  il  eft  dé- 
fendu aux  Fermiers  de  décompôter  les  terres ,  c'eft- 
à-dire,  de  faire  travailler  celles  qui  doivent  être  en 
friche. 
DÉCOMPT.  f.  m.  Ternie  de  Coutumes ,  qui  veut  dire 

imputation. 
DECOMPTE,  f.  m.  Somme  à  déduire  &:  à  retenir  par 
f.-s  mains  iur  une  plus  grande  qu'on  paye.  Subduclio. 
On  le  dit  particulièrement  des  foldats  &  ouvriers  y 
5c  autres  gens  à  qui  l'on  a  avancé  quelque  partie  de 
leur  folde  ,  ou  de  leurs  journées ,  ou  à  qui  l'on  re- 
tient quelque  chofe  pour  leurs  habits  &c  leurs  autre» 
nécdîirés.  Faire  le  décompte  aux  foldats ,  c'eftfuppu- 
ter  l'argent  retenu  ou  avancé  fur  la    (olde ,  pour 
payer  le  furplus ,  c'eft  payer  en  retenant  ce  qu'on  a 
avancé. 
JËCOMPTE  y  fignifie  aulTi  la  taxe  ,  le  déchet  qu'oa 
trouve  fur    une    fomme.    Immi.iudo  j  fukduciio.   Je 
croyois  qu'il  y  avoir  mille  francs  dans  ce  fac  ,  mai» 
il  y  a  dix  écus  de  décompte. 

On  dit  figuiément  qu'on  trouvera  du  décomptt 
dans  une  affaire,  pour  dire  ,  qu'elle  ne  fera  pas  aufll 

avanta^CLilc  qu'on  l'efpère. 

DÉCOMPTER.  V.  a.  Déduire  ,  rabattre  ce  qu'on  a 
avancé  fur  quelque  fomme  due.  Subducere. 

DÉCOMPTER  3  fignifie  au  figuré  ,  rabattre  de  la  bonne 
opinion  qu'on  avoit  de  quelque  chofe,  de  la  grande 
efpérance  qu'on  avoit  de  quelque  entieprife,  alors  il 
s'emploie  abfolumcnt.  Imminuere^minuere.  On  ma- 
voit  donné  une  grande  opinion  de  cet  Ouvrage  ; 
^    r  in. —  :'.:  L  ^„';i  „  o^^^lf- beau- 


mais  après  fa  ledure  j'ai  trouvé  qu'il  y  avoit 
coup  à  décompter.  Il  efpéroit  s'enrichir  dans  cette 
entreprife  ,  mais  il  y  a  bien  à  décompter. 

DÉCOMPTÉ  ,  ÉE.  T^OLÏt.Subduclus ,  imminutus.  Une  fom- 
me décomptée. 

DÉCONCERT,  f.  m.  Défaut  d'intelligence ,  d'accord. 
Pour  conferver  la  paix  dans  le  mariage  ,  il  faut  qu» 
les  deux  efprits  foient  d'accotd,  &  h  déconcert  àâ 
l'un  ou  de  l'autre  fuffit  pour  en  troubler  l'harmonie. 

Ecole  du  Monde. 

ItCT  On  netrouvepoint  ce  mot  dans  les  bons  Ecri- 
vains ,  &  celui  qu'on  vient  de  citer  n'eft  pas  d'un 
auteur  qui  foird'un  grand  poids. 

DÉCONCERTER  v.a.  Interrompre  ,  troubler  un  con- 
cert. Interrumpere ,  perturbare.  Il  y  avoit  deux  Mufi- 
ciens  ivtes  qui  déconcertèrent  zons  les  autres.  Il  ne 
faut  qu'une  voix  difcordante  pour  déconcerter  toatti 
les  autres. 

Déconcerter  ,  fe  dit  au  figuré  pour  ruiner  les  nef» 
feins  ,  rompre  les  mefures  prifes  par  quelqu'un.  Con- 
fdia  frangere  ,  confringere.  La  perte  de  cette  bataille 
déconcerta,  tout  le  parti  ennemi.  Cette  alliance  dé- 


DEC 

concerta  les  delTeins  de  Mahomet.  Bouh.  Ils  ne  con- 
noKroient  ni  cette  valeur  fage  que  la  raifon  éclaire  j 


i\\  cette  égalité  dame  qu'aucun  événement  ne  dé- 
concerte. De  la  Motte.  Il  n'étoic  éloigné  de  fon 
armée  que  de  quarante  lieues ,  lorfqu'il  apprit  que 
fon  entreprife  alloit  être  déconcertée  par  la  terreur 
qui  s'étoit  répandus  parmi  les  liens.  P.  Catrou. 
DÉCONCERTER  j  fe  dit  aulîi  à  l'égard  des  perfonnes 
qu'on  rend  muettes ,  auxquelles  on  fait  perdre  con- 
tenance. Percurbare.  Déconcerter  quelqu'un  par  des 
paroles,  le  démonter.  Differre  aliquem  diclis.  Cet 
Avocat  fut  tout  déconcerté ,  quand  on  lui  fit  voir 
clairement  qu'il  alléguoitfaux.  La  cabale  fut  fort  dé- 
concertée, lorfqu'elle  fe  vit  convaincue  de  calomnie. 
S.  EvR.  On  y  joint  aulli  le  pronom  perfonnel.  Se 
déconcerter ,  Dcfcifcerc  a  fe  ipjo.  Elle  a  un  maintien 
férieux  ,  mais  naturel  qui  ne  fe  déconcerte^omz.  Id. 
DÉCONCERTÉ,  EE.  part.  J'étois  tremblant ,  interdit  & 
déconcerté  par  la  feule  penfée  qu'il  s'agilToit  d'un 
mariage.  Perturbatus. 
DÉCONFÈS.  Vieux  mot  qui  lignifie  intefiat^  ou  qui 
n'a  point  fait  de  teftament.  hueflatus. 

Ce  mot  deconfès  dans  fon  origine  veut  dire  j  qui 
«e  s'eft  point  confelfé  ,  &  dans  l'ufage  il  veut  dire  , 
qui  n'a  point  fait  de  teftament.  On  trouve  dans  la 
Charte  des  privilèges  de  la  Rochelle  de  l'an  1217. 
ces  mots  jT^'ve  tejlatus  ,five  intejîatus ,  expliqués  par 
ceux-ci  ,  id  ejl^five  conjejjus ,  Jlve  non.  La  raifon 
pourquoi  l'on  appeloit  déconJescQ\\i\  qui  n'a  voit  point 
fait  de  teftament,  eft  qu'autrefois  c'étoit  la  coutume 
que  ceux  qui  étoient  en  danger  de  mort  filFent  un 
don  à  l'Eglife  \  Se  s'ils  y  manquoient ,  onieur  refu- 
foit  les  S.acremens  &  la  fépulture  en  terre  fainte  ; 
d'où  l'on  a  appelé  deconfès  ^  c'eft-à-dire  ,  non  con- 
felfé  ,  celui  qui  n'avoit  point  fait  de  don  à  l'Eglife 
par  teftament.  Cet  ufage  eft  aboli.  P'oye^  M.  Du 
Cange  fur  le  Chap.  87.  des  Etabliffemens  de  France  ^ 
Se  fon  Gloftaire  fur  le  mot  Inteftatus  ;  Fleta ,  L.  IL 
ch.  57.  §.  10.  Cironiusfur  lesTeftamens,  &c. 
DÉCONFIRE.  Vieux  mot.  Tailler  en  pièces  les  en- 
nemis. HoJIes  fundere  ,proJlernere  ^prqfligare.  Char- 
les Martel  fut  aifez  heureux  pour  décorifire  375000 
Sarrafins  fans  perdre  que  1500  hommes.  La  Fon- 
taine a  dit  à  feu  M.  de  Vendôme  : 

Qui  n  aimerait  unMars plein  de  bonté?. 
En  telles  gens  ce  n'efl pas  qualité 
Trop  ordinaire  ;  /V^yâve/zf  déconfire , 
Briller  3  rafer ,  exterminer ,  Aétiuii  c  j 
Mais  qu'on  m'en  montre  un  quifachc  Marot  ? 

DicoNFiRE  ,  fe  dit  figurément ,   &  par  pLaifanterie 

pour  réduire  quelqu'un  à  ne  favoir  plus  que  dire , 

,  que  faire  j  ni  quelle  contenance  tenir.  Sternere ,  per- 

turbare ,  elinguem  reddere.  Ce  pauvre  répondant  fut 

déconfit  c\\X3inà  on  lui  préfenta  fa  fignature. 

DÉCONFIT ,  iTE.  part.  Perturbatus  y  viclus  ,ftratus  ,pro- 
fiigdtus.  Ces  mots  vieilliftent ,  &  ne  peuvent  plus 
entrer  que  dans  le  comique. 

DÉCONFITURE,  f.  f.  Déroute  générale  d'une  armée. 
Clades  ,  (irages.  Quand  les  premiers  bataillons  fu- 
rent rompus  ,  on  vit  une  déconfiture  générale  des 
troupes  qui  prirent  la  fuite.  Ce  mot  a  vieilli.  Il  vient 
de  Wiû'iQn  fconfitta. 

^Cr  DÉCONFITURE  ,  terme  de  Jurifprudeuce  ,  fignifie 
l'infolvabilité  d'un  débiteur ,  dont  les  biens  font 
faifis  &  qui  a  plufieurs  créanciers ,  qu'il  n'eft  pas 
en  état  de  fatisfaire  ,  après  difcullion  faite  de  tous 
fes  biens.  Ferr.  Il  faut  donc  pour  qu'un  homme 
foit  déconfit  &  infolvable  ,  que  tous  fes  biens  tant 
meubles  qu'immeubles  aient  été  faifis  &  vendus  pu- 
bliquement ,  eu  égard  à  la  qualité  de  fes  biens  & 
dettes  par  lui  dues  à  fes  créanciers  faififlans  &  op- 
pofans. 

^fT  En  cas  de  déconfiture ,  l'ufage  eft  que  les  meu- 
bles font  en  premier  lieu  contribués  ,  en  forte  que 
les  créanciers  hypothécaires  y  prennent  d'abord  à 
proportion  de  leurs  créances  par  concurrence  avec 


DEC 

les  créanciers  chirographaires  ,  &  viennent  enfuite 
fur  les  immeubles  par  ordre  de  leurs  hypothèques 

1^  Si  les  créanciers  étoient  colloques  en  premier 
heu  fur  le  prix  des  immeubles  ^  cela  feroit  bien  dif 
férent  ,puifqu'ils  coucheroient  moins  dans  la  contrf 
bution  des  meubles,  lur  lefquels  ils  ont  autant  de 
droit  que  les  créanciers  chirographaires. 

CK?  Les  créanciers  chirographaires  &  hypothé- 
caires qui  nepeuvent  pas  être  payés ,  viennent  à  con- 
tribution au  loi  la  livre. 

Ct^  A  l'égard  des  créanciers  chirographaires  qui 
iont  privilégies  ,  ils  ne  viennent  point  à  contribu- 
tion ,  &  n  ont  qu'a  fe  fervir  de  leur  privilège. 

Déconfiture  ,  dit  Loifel  dans  ks  Inftitutes  eft 
quand  le  débiteur  fait  rupture  &  faillite^  ou 'qu'il 
y  a  apparence  que  fes  biens,  tant  meubles,  qu'im- 
meubles ,  ne  fuftront  pas  au  payement  de  Ïqs  dettes 
Selon  la  Coutume  de  Paris  ,  art.  180.  le  cas  de  là 
déconfiture  eft  quand  les  biens  du  débiteur  tant 
meubles  qu'immeubles,ne  fuffifent  pas  aux  créanciers 
apparens.  Inopi£  creditoribus  denunciatio  ,  bonorum 
creditoribus  cejfw.  La  perte  de  deux  vaiffeaux  a  caufé 
la  déconfiture  de  ce  marchand.  En  quelques  endroits 
on  dit  rompture  pour  déconfiture. 

Déconfiture  ,  fe  dit  encrore  figurément  en  ftyle  bur- 

lefque  de  tout  accident  fâcheux,  imprévu,  qui  rompt 

nos  mefures  ,  qui  fait  du  chagrin. 

.„    F'ous  en  parle\  fort  à  votre  aife  _, 
Habitans  de  ce  beau  canton  : 
Mais  il  vous  faut,  ne  vous  déplaife  ,' 
Adoucir  un  peu  votre  ton  , 
Et  plaindre  la  déconfiture , 
Qui  contre  tout  droit  &  raifon  , 
Prêts  à  monter  dans  la  veiture  , 
Nous  fit  rentrer  dans  la  maifon.  P.  Du  Cerc; 

Il  parle  d'une  goutte  qui  fuivint  i  quelqu'un  ; 
&  qui  empêcha  une  promenade ,  un  voyage  de  plai- 
fir. 
DÉCONFORT,  f.  m.  Abattement  d'efprit ,  découra- 
gement d'une  petfonne  qui  fe  voit  fans  fecours. 
Infraclio  animi.  Il  eft  vieux ,  dc  ne  peut  entrer  que 
dans  le  burlefque. 
DÉCONFORTER,  v.  a.  Décourager  ,  abattre  l'efprit 
par  quelque  aftliétion.  Àffligere,  injringere  alicujus 
animum  j  debilitare.  Ce  revers  de  fortune ,  cette  perto 
la  tout  déconforté. 

On  y  joint  auffî  le  pronom  perfonnel ,  fe  décon- 
forter, s'attrifter  demefurément.  Graviffimh  lugere^ 
mœrorefe  corificere.  Cette  femme  fe  déconforte  voyant 
fon  mari  à  l'agonie.  Un  ami  qui  fe  déconforte.  Voit. 
Ce  mot  a  vieilli. 
Déconforté  ,  ée.  part.  Affliclus ^  infrticlus  anima. 
DÉCONSEILLER.  Confeiller  à  quelqu'un  de  ne  pas 
faire  une  chofe ,  le  détourner  de  la  faire  par  fes  rai- 
fons.  Di[juadere  alicui  quidpiam.  Tous  ks  amis  ont 
eu  beau  lui  déconfeiller  le  voyage  d'Orient ,    il  y 
a  voulu  aller,  &  il  y  eft  mort.  Le  fuccès  de  cette 
affaire  eft  fi  incertain  ,  que  je  ne  vous  confeille  ni 
ne  âéconfeille  de  l'entreprendre.  Il  le  vouloir  obliger 
à  déconfeiller  lui-même  ce  qu'il  venoic  de  comman- 
der de  la  part  du  Roi.  Aelanc. 
Décontenancer,  v.  a.  Faire  perdre  contenance 
à  quelqu'un.  Perturbare.kvtc  le  prénom  perfonnel, 
fe  décontenancer ,  perdre  contenance.  Dans  la  cha- 
leur ,  dans  ladifpute,  il  lui  a  fait  des  reproches, 
des  objeétions  fi  fortes  ,  qu'elles  l'ont  décontenancé. 
Les  jeunes  gens  qui  entrent  nouvellement  dans  le 
monde  ,  fe  décontenancent  aifément. 
Décontenancé  ,  ée.  part.  Qui  a  perdu  contenance, 
ou  qui  de  foi-même  n'en  a  point.  Ce  jeune  homme 
eft  décontenancé (^x\  compagnie,  /^oy.  Contenance. 
DECONVENUE,  f.  f.Vieux  mot  qui  X\^miio\i malheur, 
mauvaife  aventure.  Il  lui  a  conté  fa  déconvenue.  Infe- 
licitas  ,  calamitas ,  infortunium.  Le  Cavalier  en  dé- 
fordre  fortit  en  déroute  ,  croyant  être  enforcelé ,  & 
ce  qui  vous  patoîtra  plaifant,  c'eft, qu'il  mouroit 


DEC 

d'envie  de  me  conter  fa  déconvenue.  Madame  de 
SÉv.  Ce  mot  ell  encore  bon  dans  le  ftyle  badin. 

DÉCORATEUR,  f.  m.  Homme  expérimenté  dans  le 
delFein  ,  la  Peinture  ,  l'Architedure  ,  la  Sculpture  , 
la  Perlpettive ,  qui  invente  ,  ou  qui  exécute  ,  &  dil- 
pofe  des  ouvrages  d  architeéture  peinte  ,  comme 
pour  les  arcs  d-e  triomphe,  les  fêtes  publicjues ,  les 
décorations  pour  les  balets  ,  Comédies  ,  Canonifa- 
tions ,  les  Pompes  funèbres  &  autres  fpeclacles.  Sce- 
UA  injlruclor.  Décorateur  de  l'Opéra  ,  de  la  Comédie. 

DÉCORATION,  f.  f  Ornement  dans  les  Eglifes  & 
.-lutres  lieux  publics  :  ce  qui  décore  un  bâtiment ,  un 
arc  de  triomphe,  &c.  au  dehors,  au  dedans.  On  le  dit 
principalement  des  ornemens  d'Architedure  ,  de 
Peinture ,  de  Sculpture.  Scenn.  apparaûo ,  exornaùo  , 
apparatus ,  choraglum.  Les  ordres  d'Architedure  con- 
tribuent beaucoup  à  la  décoration  ;  mais  il  faut  que 
les  parties  que  ces  ordres  renferment ,  aient  les  pro- 
porions  &  les  ornemens  convenables ,  fans  quoi  l'or- 
dre le  mieux  exécuté  apporteroit  de  la  confufion 
plutôt  que  de  la  richelTè.  Fel.  Les  Echevins  doivent 
appliquer  leurs  foins  à  la  décoration  de  la  ville. 

On  le  dit  pareillement  de  la  fcène  des  théâtres. 
Les  Opéra,  les  pièces  de  machines ,  doivent  chan- 
j;er  plufieurs  fois  de  décorations  ,  conformément  au 
fujet.  Les  Anciens  avoient  de  deux  fortes  de  décora- 
tions pour  leurs  théâtres  ;  l'une  s'appeloit  verfatilis , 
tournante  ;  elle  avoir  trois  faces ,  qu'on  préfentoit 
fuivanc  le  befoin  les  unes  après  les  autres  ;  l'autre 
s'appeloit  ducîiiis  j  coulante  ;  elle  confiftoic  à  faire 
paroître  une  nouvelle  décoration  en  tirant  ou  faifant 
couler  celle  qui  étoit  devant.  Cette  forte  de  décoration 
de  théâtre  ell  en  ufage  aujourd'hui,  &  apparem- 
ment avec  plus  de  fuccès  que  chez  les  Anciens  qui 
croient  obligés  de  tirer  un  rideau  quand  ils  faifoient 
quelque  changement  de  décoration ,  au  lieu  que  chez 
nous  le  changement  fe  fait  en  un  moment ,  &  pref- 
que  fans  qu'on  s'en  apperçoive. 

On  appelle  décoration  de  jardin ,  l'ordonnance  de 
toutes  les  pièces  qui  compofent  la  variété  d'un 
Jardin  ,  &  en  rendent  l'afpeél  agréable. 

§C?  On  peut  encore  appeler  décoration  ,  les  or 
nemens  qui  contribuent  à  embellir  un  jardin  ,  les 
figures,  les  vafes,  les  canaux  ,  les  cafcades ,  les  treil- 
lages, &c.  Enfin  les  changemens  de  fcènes  occalion- 
néspar  les  différentes  fleurs  des  trois  faifons ,  du  prin- 
temps ,  de  l'été  &  de  l'automne  appartiennent  encore 
à  la  décoration  des  jardins. 

DÉCORATION  ,  fedit  aulHdans  unfens  un  peu  figuré. 
Apparatus.  La  dévotion  eft  une  bienféance  de  la 
vicilleiïe  ,  ou  de  la  mauvaife  fortune^  c'ell  un  chan- 
gement de  décoration  &c  de  théâtre.  De  Vill. 

Il  fe  dit  auffi,  par  rapport  aux  perfonnes,  des  mar- 
ques d'honneur  &  de  dignité.  Le  Roi  avant  que  de 
l'envoyer  en  Ambalfade  ,  l'a  fait  Chevalier  de  l'Or- 
dre ,  pour  lui  donner  une  décoration. 

DECORDER.  v.  a.  Détortiller  ijne  corde,  féparer  les 
cordons  qui  la  compofent.  Funcm  retexere.  On  a  dé- 
co ?dé  ce  cable. 

ifT  DÉCORDER  les  moules ,  terme  de  Perruquier. 
C'eft  lorfque  les  cheveux  ont  été  fuffifamment  cuits 
dans  le  four,  .ôter  les  ficelles  qu'on  avoir  mifes  fur 
les  moules  pour  alTujettir  les  cheveux ,  &c  les  empê- 
cher de  fe  défrifer.  Encyc.  ' 

DÉcordÉ  ,  ée,  part.  palf.  &  adj.  Retextus, 

DECORE,  f.  f.  Vieux  mot.  lUuftration  ,  décoration  , 
_fîloire  ,  honneur.  Decus  ,  honor ,  gloria. 

DECORER.  V.  a.  Orner.  Décorer  une  ville  ,  un  théâ- 
tre./:.vor/2are.  On  ledit  pareillement  des  théâtres, 
des  places  &  autres  lieux  publics.  On  le  difoit  autre- 
fois des  perfonnes.  Cette  Dame  èx.o\i  décoré eàz  toutes 
fortes  de  vertus.  En  ce  dernier  fens  il  eft  hors  d'u- 
fage. 

On  le  dit  encore  des  perfonnes  en  parlant  des  Ti- 
tres ,  des  Dignirés  qu'on  leur  confère  pour  les  hono- 
rer. La  VûnQ  décore  bien  une  maifon.  Le  cordon  bleu 
décore  bien  un  Gentilhomme,  Acad.  Fr, 

DÉCORÉ  j  ÉE.  parc. 


DEC  14^ 

DÉCORIR.  V.  n.  Vieux  mot.  Couler.  On  dit  auffi  déco. 

rcr  dans  le  même  ftvis. 
DECORTICATION.  f.  f.Terme  de  pharmacie.  Ceft 
:      l'adtion  d'ôter  l'écorce  ou  la  peau  d'une  racine  ,  d'un 
i      fruit,  d'une  fémence,  ou  de  telle  autre  chofe  fcmbla- 
]      ble.  Dccorticatio.  Dict.  de  James. 
§3"  DÉCORUM,  f.  m.  Terme  latin  dans  fon  origine  3 
mais  depuis  li  long-temps  naturalifé  en  France  ,  que 
nous  ne  devons  plus  le  regarder  comme  étranger. 
C'ell  une  qualité  du  beau  qui  paroît  en  être,  fur- 
tout  dans  les  mœurs,  le  charme  le  plus  frappant, 
c'eft-à-dire  ,  la  décence  qui  doit  y  régner ,  la  conve- 
nance ,  l'accord,  l'harmonie  ,  le  jufte  affortiment  de 
tous  les  traits  qui  le  compofent  ,  p.ar  rapport  aux: 
circonftances  des  temps  ,  des  lieux  ,  des  perfonnes. 
Ainfi  il  embraife  toute  la  vie  humaine  ,  routes  les 
conditions  ,  tous  les  états  ,  tous  les  âges  ,tout  ce  qui 
nous  convient  aéluellemenc ,  &  tout  ce  qui  peut 
nous  convenir  dans  toures  les  aurres  fituations  oii 
nous  nous  trouvons  placés. 

fCF  On  confond  ordinairement  ce  qu'on  appelle 
décorum  dans  les  mœurs  ,  avec  ce  qu'on  appelle  hon- 
nête. Ciceron  lui-même  avoue  que  la  diftindtion  en 
eft  fubtile  ,  qu'elle  fe  trouve  plutôt  dans  la  penfée 
que  dans  la  chofe  même.  Décorum  cogitatione  magis 
a  virtute potefi  quàm  rc  feparari.  Mais  en  approfon- 
diiïant  un  peu  ces  deux  idées,  on  y  apperçoit  des 
différences,  qui ,  pour  être  délicates  ,  n'en  font  pas 
moins  réelles. 

IJC?  Nous  entendons  par/'^o/z/zereen  morale  ,  une 
parole  ou  une  aélion  qui  eft  de  fa  nature  conforme 
à  la  raifon  ou  à  la  loi  naturelle. 

^Zt  Nous  entendons  par  décorum  la  convenance 
de  cette  parole  ou  de  cette  adrion  ,  à  la  perfonne  , 
au  temps ,  au  lieu  j  à  toutes  les  circonftances  qui 
l'accompagnent. 

^fT  Ainfi  par  honnête  nous  entendons  proprement 
quelque  chofe  d'abfolu.  Ceft  la  fubftance  du  beau 
dans  les  mœurs  ,  laquelle  eft  toujours  la  même  pour 
toute  forte  de  perfonnes. 

^fT  Nous  entendons  au  contraire  par  décorum 
quelque  chofe  de  relatif.  Ceft  un  aflèmblage  de 
bienféances  j  d'attentions  ou  d'égards ,  qui  fe  peu* 
vent  diverfifier  à  l'infini  j  félon  les  différens  rapports 
que  nous  pouvons  avoir  dans  la  fociété  les  uns  avec 
les  autres. 

Cfc?  Pour  nous  former  de  ces  deux  objets  des 
idées  encore  plusdiélinéles  ,  dit  le  P.  André ,  ou  da 
moins  plus  fenfibles  ,  on  peur  dire  que  V honnête  eft 
dans  la  conduite  ,  comme  le  delfein  dans  le  tableau  ; 
&  le  décorum ,  comme  la  diftriburion  convenable 
des  couleurs  :  que  ïhonnête  eft  dans  les  mœurs  , 
comme  la  beauté  des  tons  dans  la  Mufique  j  &  le 
décorum  ,  comme  les  accords  bien  aflbrtis  d'une  pièce 
muficale  :  que  ï honnête  eft  dans  une  a£lion  ,  comme 
le  vrai  des  penfées  dans  un  difcours  \  Se  le  décorum  , 
comme  la  juftefte  ou  l'élégance  de  l'expreflion  :  enfin  j 
que  {'honnête  eft  comme  le  fond  ou  la  matière  du 
beau  moral  ;  &c  le  décorum,  comme  la  forme  ou  la 
façon  qu'on  lui  donne  pour  paroître  avec  toutes  les 
grâces  qui  lui  conviennenr. 

tfT  Quand  on  parle  ici  de  bienféances,  on  n'en- 
tend pas  ces  bienféances  arbitraires  j  dont  chaque 
peuple  s'eft  formé  un  cérémonial  à  fa  mode,  mais 
ces  bienféances  effenrielles  commandées  à  tous  les 
hommes  par  la  voix  de  la  nature ,  &  dont  l'exadle 
obfervation  fait  le  plus  beau  fpedlacle  de  la  fociété. 
Elles  donnent  de  la  grâce  aux  vertus  les  plus  auftè- 
res  :  elles  rendent  vertueufes  les  aélions  les  plus 
indifférentes  :  elles  couvrent  même  en  patrie  l'hor- 
reur des  plus  vicieufes ,  en  y  confervant  jufque 
dans  le  vice  un  air  de  refpe(5l  pour  la  verru.  Ceft 
l'applicarion  confiante  à  les  bien  obferver  dans  fa 
conduite  qui  fait  propremenr  ce  qu'on  appelle  un 
honnête  homme  :  c'eft  au  contraire  l'ignorance  ou 
le  iTrépris  des  égards  qu'elles  nous  prefcrivenr  qui 
nous  fait  donner  un  nom  bien  différent.  Nous  fom- 
mes  dans  le  monde  comme  fur  un  théâtre ,  où  le 


I  jo  DEC 

■décorum  eft  toujours  la  première  des  règles  ',  ic  quel- 
que perfonnage  que  nous  y  falîîons  ,  celle  donc  les 
Spectateurs  nous  pardonnent  moins  le  violement. 

DECOUCHER,  v.  n.  Coucher  hors  de  la  mailon  ,  ou 
hors  de  l'endroit  où  l'on  couche  ordinairement.  Do- 
mejlicum  cubile  derellnquere ,  Joris  cubare.  Un  domef- 
tique  ne  découche  point  fans  la  permiiîion  de  Ion 
Maître.  Il  y  a  trois  jours  que  ce  jeune  homme  décou- 
che. 

§3"  Quand  on  dit  qu'un  homme  ne  découche  pas 

-  d'avec  fa  femme  ,  on  entend  qu'il  couche  toujours 
dans  le  même  lit  qu'elle. 

fer  On  dit  ^â.\vcn\&nt  découcher  quelqu'un ,  être 
caufe  qu'il  quitte  ioa  lit.  On  ne  doit  point  découcher 
le  Maître  de  ia  mailon.  Ils'elt  découché ^qwï  moi. 

DÉCOUCHÉ  ,  ÉE.  Leclo  depulfus. 

DECOUDRE.  V.  a.  Je  décous  ,  tu  décous  ^,  H  découd , 
nous  découfans.  Je  découjls ,  j'ai  découfu  j  je  décou- 
drai j  que  -je  découje  ,■  que  je  découjiffe ,  je  decoudrois  j 
découfaru.  Défall'embler  ce  qui  écoit  joint  par  une 
couture.  Dijjuere.  Découdre  un  habit,  une  doublure, 
une  jupe.  Il  vaut  mieux  découdre  que  déchirer.  Dif- 
'  fuere  magis  decet  quàm  dijcindere. 

fC7  On  le  dit  figurément  en  parlant  des  plaies 
qui  fe  font  en  long  avec  un  inftrument  tranchant. 
11  lui  a  découfu  le  ventre  d'un  coup  de  fabre.  Diffin- 
dere  j  dijcindere, 

fer  De  même,  en  termes  de  chaiïe ,  on  le  dit  des 
plaies  que  font  les  fangliers  en  déchirant  ie  ventre 
dès  chiens  avec  leurs  défenfes.  Ce  fanglier  d  un  coup 
de  défenfeva  découfu  le  ventre  à  un  de  nos  chiens.' 

#3°  Dans  une  fignification  neutre  j  on  dit  en  c/e- 
coî<£/re  dans  le  ftyle  figuré  &  proverbial  ,  en  parlant 
de  gens  qui  fe  difputent  à  quelque  combat  que  ce 
foit ,  au  jeu,  à  un  procès  ,  aune  difpute  ou  contefta- 
tion ,  à  tout  exercice  qui  a  l'air  de  combat.  Voilà  des 
•  cartes  ,  un  ttidrac,  des  fleurets,  &c.  nous  allons  en 
découdre.  Voulez  -  vous  que  nous  en  découfîons  ? 
Vous  n'entendez  à  aucun  accommodement  j  vous  vou- 
iez plaider  :  eh  bien  ,il  en  faudra  découdre. 

|C?  Sq  découdre :,  fe  dit  des  chofes  dont  la  couture 
manque  ,  vient  à  fe  défaire.  Cette  doublure  s'eft 
découfu e  ,  commence  à  fe  découdre. 

fer  Au  figuré  ,  mais  dans  le  ftyle  flimilier  feule- 
ment ,  on  dit  que  (qs  affaires  fe  découfent  j  quand 
elles  vont  niai.  Malè  fe  habere. 

fC?  Ou  dit  ,de  deux  amis  qui  fe  refroidiflTent  l'un 
pour  l'autre ,  que  leur  amitié  commence  à  fe  décou- 
dre. Diffuicur ,  dirumpitur  J,  dijjolvitur  amicitia.  Ac. 
Fr. 

Découdre,  fe  dit  figurément.  Interrompre  la  fuite 
d  une  atiaire  ,  la  profpérité  d'une  fortune.  Difiur- 
bare ,  evertere  ,  labefactare.  On  a  fait  trois  banque- 
routes a  ce  Marchand  ,  fes  affaires  commencent  à  fe 
découdre.  Cette  famille  commence  à  fe  découdre  ,  il 
en  eft  mort  deux  ou  trois  des  meilleures  têtes. 

DÉCOUDRE  ,  en  termes  de  marine,  c'eft  détacher  quel- 
que pièce  du  bordage  pour  découvrir  ce  qui  eft  dé- 
fectueux fous  ces  pièces.  Sohere  j  dijfolvere. 

Î^Écousu,  UE.  par:.  Il  a  les  lignifications  du  verbe. 
Dijjutus  On  dir  qu'un  homme  eft  fort  découfu , 
quand  il  eft  mal  vêtu  &c  déchiré. 

On  dit  finurément ,  que  les  affaires  d'une  maifoa  , 
d'un  Etat,  font  découfues  ,  lorfqu'elles  vont  mal, 
qu'elles  font  en  défordre.  accifus  ,  inclinatus.  On  le 
dit  aulÏÏ  de  tout  ce  qui  eft  mal  alforti  ^  mal  joint. 
Diffutus  ,  affutus  ,  malè  dijfucus.  Son  difcours  n'éroit 
rempli  qiu-  de  raifonnemens  hors  d'œuvre ,  &  de 
lambeaux  découfus.  i>.  Evr.  Un  ftyle  découfu  ,  fans, 
liaifon. 

DECOULANT  ,  ante  ,  qui  découle.  Ce  mot  n'eft  en 
ufage  que  dans  cette  phrafede  l'Ecriture  Sainte;  la 
terre  de  promilïïon  étoit  une  terre  découlante  de  lait 
&  de  miel. 

DÊCOULEMENT.  f.  m.  Mouvement  d'une  chofe 
liquide  qui  coule  lentement  j  goutteà  goutte  félon  fa 
pente  naturelle.  Fiuxio  j  fiuxus.  Le  découlement  des 


DEC 

eaux  d'une  goutière  j  le  découlement  des  humeurs , 
de  la  pituite.  Il  n'eft  guère  d'ufage  ailleurs. 

DECOULER.  V.  n.  Couler  lentement,  goutte  à 
goûte  &  de  fuite.  Fiuere.  Il  s'eft  fait  une  légère  blef- 
lure,  &  il  en  t/ecoa/e  quelques  gouttes  de  faiig.  Dans 
les  chaleurs  l'eau  découle  par  les  pores.  Les  criftaux  , 
les  minéraux  j  le  forment  des  fucs  qui  découlent  par 
les  veines  de  la  terre.  Cette  huile  de  parfum  del- 
cendit  fut  toute  la  barbe  ,  &  découla  jufque  fur  le 
bord  de  l'habit.  Port.  R. 

Ce  mot  vient  de  defcolare ,  qui  fe  trouve  au  même 
fens  dans  la  balfe  Latinité.  Foy.  Acla  Sancl.  AprlL 
l.i.p.'èj I.  A  <:•  E ,  où  le  P.  Pabebroch  dit  que  l'on 
trouve  2.\\[X\fcolsre.  Je  croirois  plutôt  que  defcolare 
fe  feroit  fait  de  colare ,  qui  fignifie  filtrer ,  palfer  une 
liqueur  au  travers  de  quelque  chofe,  &  de  la  prépo- 
fition  de  ,  ou  des  j  les  chofes  que  l'on  filtre  tombent 
goutte  à  goutte. 

Découler  ,  fe  dit  aufti  figurément  en  chofes  fpiri- 
tuelles  &  morales.  C'eft  de  la  miféricorde  infinie  de 
Dieu  que  découlent  toutes  les  grâces  que  nous  rece- 
vons. Les  Manichéens  ne  pouvoient  convenir  que 
les  biens  &  les  maux  dccoulafent  d'un  même  prin- 
cipe. S.  EvR.  Dieu  fait  découler  fur  nous  les  grâces 
en  abondance.  Port.  R. 

DÉCOULOURER.  Ancien  v.  n.  Changer,  altérer  fa 
couleur.  Decolorari ,  decolorferi. 

|C?  DÉCOUPER,  v.  a.  Couper  en  plufieurs  pièces  ou 
parties.  Concidere  ,  confccare.  Découper  une  pièce 
d'étoffe  ,  la  féparer  en  plufieurs  morceaux. 

fe?  En  parlant  des  viandes  rôties ,  on  dit  découper 
un  poulet ,  un  chapon ,  un  faifan ,  &c.  les  mettre 
en  pièces ,  en  enlever  avec  le  couteau  les  ditférens 
membres ,  les  couper  en  plufieurs  morceaux  pour  les 
fervir.  ^a^ioxx.  découper  \xn  chapon,  &  fervir  fes  con- 
vives avec  dextérité  J  fait  tout  le  mérite  de  bien  des 
gens.  En  parlant  en  général  des  viandes  qu'on  coupe 
te  qu'on  fert ,  on  dit  couper  à  table,  fa  voir  couper  x 
table  &  fervir  avec  grâce. 

fCF  DÉCOUPER  ,  fe  dit  encore  en  parlant  des  étoffes 
fur  lelquelles  on  forme  différens  agrémens.  Dans  ce 
fens  découper  une  étoile,  incidere ,  c'eft  la  couper 
avec  art  éc  fymmétrie  à  petites  taillades ,  foit  qu'on 
enlève  la  pièce  ,  ou  qu'on  ne  l'enlève  pas,  ou  bien 
y  former  différens  delîeins  avec  des  fers  gravés  qu'on 
y  applique  à  chaud.  On.  découpe  du  drap  j  du  fatin  , 
du  taffetas ,  &c.  Cette  femme  a  fait  découper  fa 
robe. 

Ite?  DÉcourER  des  cartes  à  jouer ,  du  papier  ,  &c. 
c'eft  les  couper  de  manière  ,  que  ce  qui  en  refte 
repréfente  quelque  figure.  Incidere. 

f3"  Découper  une  eftampe  ,  une  image,  c'eft  féparec 
les  figures  du  fond  ,  pour  les  appliquer  fur  un  autre 
fond. 

DÉCOUPER  ,  eft  aufli  un  terme  de  Pâciflier  ;  il  fignifie 
faire  diverfes  petites  figurés  avec  la  pointe  d'un  cou- 
teau fur  le  couvercle  d'une  pièce  de  pâtiffeiie.  Il 
faut  découper  le  couvercle  de  ce  pâté. 

fçzr  DÉCOUPER  ,  en  jardinage.  P^'oy.  plus  bas  découpé. 

DÉCOUPER  ,  v.n.  Terme  de  Bonneteur.  Il  fe  dit  lorf- 
que  le  filou  ,  après  que  les  cartes  font  coupées  ,  les 
remet  comme  elles  étoient  auparavant.  Ou  appelle 
encore  tela ,  palier  la  coupe. 

DÉCOUPÉ,  ÉE.  part. 

Découpé,  f.  m.  Terme  de  Jardinier ,  il  fignifie  un 
parterre  où  il  y  a  plufieurs  pièces  carrées,  longues, 
rondes  ,  ovales ,  dans  lefquelles  on  met  des  fleurs. 
Incifus  :  dif  inclus  concinnè  ac  divijiis.  Voilà  un  beau 
découpé.  Quint. 

DÉCOUPÉ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  des  figures  fans 
nombre  dont  un  Ecu  eft  lemc,qui  font  faites  comme 
des  tierces  feuilles  renverfées  ,  &  qui  ont  la  queue 
montante  &  en  haut ,  ce  qui  relfemble  aux  décou- 
pures qui  fe  font  fur  le  velours  ou  le  fatin  :  c'eft  la 
même  chofe  que  moucheté  ^  ou  plumeié ,  ou  papil- 
lonné.  On  le  dit  aulli  des  lambrequins  qui  font  tail' 
lés  en  feuilles  d'Acanthe. 


DEC 

fr  DÉCOWPEUR,  EUS£.  Celui  ,  celle  qui  ccavaille 
eu  découpure. 

f3"  On  appelle  particulièrement  Découpeur  ^ 
l'ouvaer  qui  travaille  à  découper  les  étoffes ,  6*:  for- 
mer divers  delFeins,  avec  des  têts  deftuicsà  cet  ufage. 
Feritus  Incidendi  ixrùjex. 

^3"  On  appelle  Dccoupeufe ,  parmi  les  Gazieis  , 
une  ouvrière  occupée  à  couper  les  tils  de  la  trame  , 
qui,  quand  fa  gaze  figurée  eft  faite  ,  remplilTent 
les  intervalles  des  tieurs  entre  elles.  Hncyc. 

DECOUi'LE.  f.  m.  Terme  de  chalïe.  Le  découplé  q<^^ 
quand  on  lâche  &c  découple  les  chiens  après  la  bèt,- 
au  lailfcr  courre. 

DÉCOUPLEK.  V.  a.  Terme  de  Vénerie.  Détacher  des 
chiens  couplés  deux  à  deux  avec  un  couple  de  crin  , 
particulièrement  pour  les  lâcher  après  le  gibier. 
Canes  venaticos  ahjungere  ^  canïbus  copulam  exunere. 
Quand  on  fut  arrivé  au  rendez-vous ,  on  découpiu 
les  chiens  ,  Se  abfolument ,  on  découpla. 

On  du  fubftantivement ,  le  découpler  ;  pour  dire , 
le  dé:achement  des  chiens  couplés.  Au  premier  de- 
coupler. 

fer  DÉCOUPLER  ,  fur  les  rivières,  c'eft  délier  les  bat- 
tcaux  qui  font  en  trait ,  quand  on  palfe  un  pont. 

DÉCOUPLER  ,  fe  dit  figurément  des  gens  qu'on  lâche 
après  quel  4u'un  qui  s'enfuit,  ou  quon  emploie  dans 
la  pourfuite  de  quelque  affaire.  Emïttere  j  immittere. 
On  a  découplé  après  ce  criminel  deux  Exempts  qui 
l'auront  bientôt  attrapé.  Comment  voulez-vous  que 
je  vous  ferve  ?  Découplc\-\nQ\  quand  vous  jugerez 
que  je  doive  courir.  S.  Aignan.  lln'eft  que  du  ftyle 
familier. 

DÉCOUPLÉ  ,  ée.  part. 

On  dit  d'un  jeune  homme  de  belle  taille ,  qu'il  eft 
bien  découplé.  Ad  rem  gerendam  paratus. 

f3'DÉCOLJi'OIR.  f.  m.  Cifeau  dont  fe  fervent  les  ou- 
vrières qui  découpent  la  gaze,  Voy.  Découp eufe. 

DÉCOUPURE,  {.  f.  Taillades  faites  fur  les  étoffes 
pour  imiter  ou  tenir  lieu  de  dentelle  ,  ou  de  bto- 
derie.  Inàfio.  On  le  dit  aulîi  des  diverfes  manières 
de  tailler  proprement  le  parchemin  ou  le  papier  , 
pour  faire  des  colifichets.  On  donne  aulTi  le  nom  de 
découpure  à  la  chofe  découpée. 

EJl-ïl  permis  de  fe  flatter 
Quun  biiou  ,  ^«'a/ze  découpure  , 
Aura  de  quoi  vous  contenter  ? 

P.  De  Courbeville. 

DÉCOUPURES,  f.  f.  pi.  On  appelle  ainfi  certaines  taches 
oudélautsqui  fe  trouvent  dans  le  fer.  Ce  font  de 
petites  fentes  qui  vont  au  travers  des  barres. 
DECOURABLE.adj.  Vieux  mot.  Qui  s'échappe  aifé- 
ment  du  lieu  où  il  a  été  mis.  Il  fe  trouve  au  figuré 
dans  un  Traiié  des  Anocthremens   francs  &;  nou- 
veaux acquêts ,  &  l'Auteur  l'y  em.ploie  en  parlant 
de  la  mémoire,  pour  dire  ,  labile.  La  mémoire  de 
l'homme  eft  fort  fiuxible  &:  décourable. 
DÉCOURAGEMENT,  f.  m.  Perte,  abatement  de  cou- 
rage. Anïml  injracllo.  Dans  ce  découragement ,  le  Roi 
ne  voulut  pas  le   gourmander.  Vaug.  Un  Négotiant 
qui  a  du  flegme  &  de  la  patience,  fatigue  les  autres, 
&  les  pouffe  jufqu'au  dccouragement ,  pour  les  con- 
duire au  point  où  il  les  fouhaite.  La  Bruy.  Voyant 
le  dccourageTr.cnt  àit%io\àdX%  ,  il  leva  lelîcge. 
DECOURAGER,  v.  a.  Oter ,  faire  perdre  le  courage. 
Alicujus  animumfrangere ,  infringcre.  Les  mauvais 
fuccès  qui  viennent  d'abord   découragent  les  gens. 
CkT"  La  perte  de  la  bataille  découragea  le  foldat. 
^CF  Décourager,  (ignifie  quelquefois  faire  perdre 
l'envie  ,  le  courage  de  faire  quelque  chofe.  Le  peu 
de  cas  qu'on  a  fait  de  fon  deffein  ,  l'a  décourageât 
continuer.  Ses  amis  l'en  ont  découragé.  Je  n'aime- 
rois  pas  cette  façon  de  parler.  Je  dirois  dégoûter  , 
dilfuader ,  &c.  fuivant  les  diffetens  cas. 
DÉCOURAGÉ  ,  ÉE.  part.  Infrachis  anima. 
DECOURS.  f.  m.  Diminution  de  lumière  qui  fe  fait 
tous  les  mois  dans  le  cours  de  la  lune  ,  quand  elle 
fe  rapproche  du  foleil,  c'eft-à-dire,  pendant  le 


DEC  I  j  I 

rems  qvi'elle  palFe  de  l'oppofuion  à  la  conjondion. 
Décroillement  de  la  lune.  Decrefcentia  ,  dccrcjcens 
luna  ,  fenejcens.  La  lune,  après  fon  plein  ,  entre  en 
fou  decours.  On  a  obfervé  que  Vénus  avoir  fon  dé- 
cours comme  la  lune  ,  qu'elle  paroiiroit  avec  des 
cornes.  Voye\  Lune. 

C'eft  une  erreur  populaire  de  croire  que  les  os 
font  vides  de  moelle  pendant  le  decours  de  la  lune. 
C'eft  une  autre  erreur  d'imaginer  que  l'on  doit  avoir 
égard  à  la  pleine  lune  &   au  décours  pour  planter  , 
fenier   Se  tailler    les  arbres.  On  éton   autrefois  fi 
Icrupuleux  pour  le  temps  précis  de  la  taille  des  ar- 
bres ,  qu'on  n'ofoit  y  travailler  que  dans  le  décours 
des  lunes  de  Février  &;  de  Mars.  La  plupart  des  Jar- 
diniers auroient  cru  tout  perdu  ,  s'ils  s'étoient  écartés 
de  cette  routine;  ®n  eft  aujourd'hui  détrompé  fur 
ce  poinr ,  comme  fur  bien  d'autres  concernant  le 
Jardinage. 
DÉCOURS.  Il  fe  dit  auffi  du  déclin   des  maladies.  Le 
mal   étoit  en  fon  decours.  Acad.  Fr. 
Ce  mot  vient  de  decurfus. 
DECOUSURE.  f.  f.  L'endroit  découfu   de   quelque 
étoffe  ,  deliruction,  de  ralfemblage  appelé  coutiu-e. 
Disjunàio  y  dijjolutio.  Ce  n'eft  pas  là  un  acroc ,  ce 
n'eft  qu'une  decoufure. 

On  appelle  auffi ,  en  termes  deChaffe,  découfures ^ 
les  plaies  que  les  fangliers  font  aux  chiens  avec  leuts 
défenfes.  Saln.  Vulnus  aprugno  dente  bifixum  canl. 
Découvert  ,  erte.  part.  adj.  Il  a  les  fignifications  du 
verbe.  Apertus  j  détectas  ,patejaclus  ,  Indagatus.  Un 
homme  qui  eft  découvert,  c'eft-à-dire  ,  fans  chapeau. 
Pays  découvert,  où  il  n'y  a  point  d'arbres  ni  d^om- 
bre ,  comme  en  Arabie-  Secret  découvert.  Terre  nou- 
vellement découverte.  Maifon  découverte  par  les 
vents ,  &c.  Ceux  qui  attaquent  la  Religion  ne  fe 
montrent  pas  tous  à  vifage  découvert.  S.  Evr.  Sa 
gorge  étoit  à  demi  découverte.  B.  Rab. 

ifT  Dans  la  décotation  des  jardins  ,  on  appelle 
allée  découverte  celle  dont  les  arbres  ne  fe  joignent 
pas  par  en  haut. 
Découvert  ,  en  termes  de  Manufadures  de  lainerie, 
fe  dit  d'un  drap ,  dont  le  poil  eft  bas  &  court ,  pour 
avoir  été  tondu  de  trop  près,  ou  pour  n'avoir  pas  été 
affez  garni  de  laine  avec  le  chardon. 

En  termes  de  Mufique  ,  partie  découverte,  eft  une 
pattie  dont  les  fons  font  les  plus  hauts  ,  ou  les  plus 
bas  de  toute  la  compofition.  Le  fon  le  plus  haut , 
c'eft-à-dire  celui  qui  fait  la  quinte,  ou  qui  ter- 
mine l'accord  en  haut ,  s'appelle  partie  découverte. 
Brossard.  Sonus  exclufus ,  ovi fummus.  Il  faut  dire 
la  même  chofe  du  fon  qui  termine  l'accord  en  bas. 
^  A  DÉCOUVERT,  adv.  Sans  être  couvert.  Sub 

dio  ,  aprico  in  loco.  Se  promener  à  découvert. 
^3"  A  DECOUVERT  ,  tout  à  dccouvett ,  fe  dit  dans  le 
même  fens  jcn  termes  de  guerre  ,  pour  être  expofc 
au  feu  des  ennemis  ,  fans  que  rien  puilfe  mettre  à 
couvert  ,  en  garantir.  Cette  place  fut  infultée  \  on 
alla  fe  loger  fur  la  contrefcarpe  tout  à  découvert., 
fans  faire  de  tranchée  ni  d'épaulement.  Quand  on 
eut  abbatn  les  défenfes  &  les  patapets  de  cette  place 
elle  fe  rendit ,  parce  qu'elle  étoit  à  découvert.  Voy. 
découvrir. 

IJCF  On  le  dit  au  figuré  ,  pour  dire  fans  dcgui- 
fement,  fans  ambiguïté.  Palam,  apertè.  Il  lui  re- 
procha la  lâcheté  hautement  &  tout  à  découvert. 
A  DECOUVERT,  adv.  en  termes  de  Mufique  &  d'inftru- 
mens  à  corde ,  on  appelle  à  découvert ,  lorfqu'on 
pouffe  ou  qu'on  tire  l'atchet  fans  pofer  les  doigts 
fur  les  cordes  ni  fur  les  touches.  Les  Maîtres  de  mufi- 
que qui  enfeignent  à  jouer  des  inftrumens  à  corde  , 
nomment  à  leurs  écoliers  commençans  les  notes 
qu'ils  doivent  jouer  ,  &  fur  quelle  touche  ou  corde 
ils  doivent  pofer  le  doigt.  Mais  lotfqu'il  ne  le  faut 
pofer  fur  aucune  ,  ils  leur  difent  à  découvert. 

On  dit  en  termes  de  Palais ,  &  fur-tout  en  ma- 
tières de  retrait  lignager  ,  qu'on  fait  des  offres  de 
rembourfement  &c  de  loyaux  coûts  on  deniers  à 
découvert.  Pecunia  pntfens.  Pour  dire  >  en  deniers 
réels  &  comptans. 


î  jz  DEC 

DÉCOUVERTE,  f.  f.  Adion  par  laquelle  on  découvre 
quelque  chofe  ,  un  tréior  ,  une  mine ,  les  ennemis, 
un  pays  qui  n'eft  pas  connu,  i/ne/'/^u^io.  Un  a  en- 
voyé des  coureurs  à  la  dccouv&ne  des  ennemis.  Le 
Roi  Etnanuel  de  Portugal  commanda  des  navires  1 
pour  la  ^-««ve/ve  d'un  chemin  des  Indes  par  l'Oc- 
cident. Faire  \3.d:couverC6  d'un  pays.  Ab.  Envoyez] 
à  la  découverte.  Id.  Travailler  à  la  ddcouvene  des  le- 
crets  de  la  nature. 

En  termes  de  Marine  ,  erre  à  la  découverte  ,  c'eft 
Être  en  fentinelle  au  haut  du  mât.  Excubare  ,inex- 
cubiis  e£e.  Envoyer  un  bâtiment  à  la  ddcouverie , 
c'eft  envoyer  un  bâtiment  pour  voir  où  efl:  l'ennemi, 
ou  s'il  n'y  a  point  de  corlaires  caches  quelque  part. 
Aller  à  la  découverte  dans  les  garnifons ,  c'eft  aller 
environ  aune  lieue  de  la  place,  pour  voir  ce  qui 
fe  pàlFe  dans  la  campagne,  &  y  arrêter  tout  ce  qui 
paioit  fufpeft,  foit  eipions  ou  partis  ennemis,  lors- 
qu'on en  ei't  le  maître.  A  l'armée ,  aller  à  la  dé- 

-  couverte  j  c'eft  aller  apprendre  des  nouvelles  de  l'en- 
nemi. 

Découveiitb  ,  eft  auilî  un  terme  de  Maître  d'armes. 
Elle  conlîfte  à  le  découvrir  &:  à  donner  jour  à  l'on 
enn-im.  Apertus  latus  j  pch'us.  Attuer  fon  ennemi 
par  des  découvertes.  Liancourt. 

ÇC?  Decouverpe  s'applique  auiîi  généralement,  & 
dans  un  lens  figuré  j  à  roue  ce  qu'on  trouve  de  nou- 
veau dans  les  Arts  &  dans  les  Sciences  ,  &c  plus  par- 
ticuhèremïnt  .i  ce  qu'on  trouve  de  curieux  ou  d'u- 
tile, ou  de  dirticile  ,  ou  qui  a  au  moins  un  de  ces 
trois  avantag'-s.  On  donne  le  nom  d'inve/ition  à  ce 
que  1  on  trouve  de  plus  important.  Inventio  ,  inven- 
tum.  Les  Modernes  ont  hiit  de  grandes  découvertes 
dans  les  Sciences  ,  que  les  Anciens  avoienc  ignorées. 
La  connoilTance  de  la  pefanreur  de  l'air  eft  une  belle  \ 
découverte.  Sans  l'invention  des  lunettes  on  ne  feroit 
jamais  parvenu  à  \i.  découverte  des  fatellites  de  Ju- 
piter &  de  Saturne.  Il  faut  plus  d'effort  d'efprit  pour 
ajourer  aux  premières  découvertes ,  que  pour  les 
faire.  Font.  Le  danger  des  richeftes  eft  une  ^ecoa- 
î'e/re  de  la  raifon,  mais  une  découverte  ■^QiîtOtliQw- 
née  par  la  Religion.  Roy. 

Autrefois  on  difoit  découverture.  Ce  mot  eft  au- 
jourd'hui tout-à-fait  barbare. 

DECOUVRIR.  V.  a.  Je  dtcouvre  j  je  découvrols ,  j'ai 
d. couvert ^  je  découvrirai  ^  que  je  découvre.  Ocer  le 
couvercle  ,  la  couverture  ,  le  rideau  ,  en  général 
ôter  ce  qui  couvre  j  ce  qui  empêche  de  voir  quel- 
que chofe.  Aperire  ,  retcg.re ,  det'.gere.  On  a  dccou- 
rer/ le  lit,  cette  boîte,  pour  les  mettre  à  l'air.  On 
découvre  les  Saints  ,  quand  le  Carême  eft  palfé.  On 
découvre  la  chaffede  Sainte  Geneviève.  On  dit  aulîî 
que  le  Ciel  fe  découvre  ,  quand  il  devient  clair  &  fe- 
rein.  Aperitur. 

Ce  mot  vient  du  latin  difcooperire.  Y)v  Cange. 

Découvrir,  fignifieaulîî,  montrer  une  chofe  qu'on 
doit  cacher  _,  ou  en  laider  trop  voir.  On  ne  le  die 
guère  que  des  femmes.  Nudare.  Cette  femme  dé- 
couvre trop  fon  fein. 

DÉCOUVRIR  ,  avec  le  pronom  perfonnel  ,  fignifie  , 
Oter  fon  chapeau.  Apcrirc  caput.  Il  faut  fe  découvrir 
par-tout  où  eft  le  Roi. 

^j"  Découvrir  fe  du  dans  le  même  fens  en  Archi- 
teétiite  &  en  jardinage,  pour  ôter  ce  qui  couvre  j 
mettre  à  l'iir. On  découvre  une  maifon  pour  l'abat- 
tre. Après  les  grands  froids  un  Jardinier  découvre  its 
melons ,  il  ote  les  cloches ,  &:  les  paillaffons  qui  les 
couvroient. 

Dgcouv  rir  ,  en  termes  de  Chirurgie ,  fe  dit  des  par- 
rii  s  du  corps  qu'on  décharné  jufqu'à  ToSj  pour  voir 
s'il  n'eft  point  offenfé,  ou  carié.  AWure.  Cette  plaie 
eft  bien  doulou  eufe ,  il  a  fallu  découvrir  jufqu'à  l'os. 

IJG^  Découvrir  la  frontière  ,  en  termes  de  guerre  , 
c'eft  la  dégarnir  de  troupes,  retirer  les  garnifons, 
raifer  les  places  qui   la  couvrent. 

fJC3*  On  dit  d'un  homme  qui  s'expofe  trop  aux 
coups  de  l'ennemi  dans  une  tranchée  ou  ailleurs , 
qu'il  fe  découvre  trop. 


DEC 

§3°  Une  ville  eft  découverte  ,  quand  les  fortifi- 
cations lont  abbatues  ,  ou  quand  les  places  qui  la 
couvrent  iont  pnfes  pat  l'ennemi,  ou  démolies. 

1^  Découvrir  ,  fe  dit  auhi  pour  reconnoîiie  le 
pays  ,  Ytnnemï.  Invejtigare  ,  fpeculari.  On  a  envoyé 
des  batteurs  d^eftrade  pour  découvrir  les  ennemis , 
leur  marche  ,  les  lieux  circonvoiilns. 

|?C?  En  termes  d'Efcrime  j  le  découvrir  j  c'eft 
n'être  pas  bien  en  garde  ,  donner  trop  de  prife  à 
fon  adverfaue.  Nudcre.  Cet  homme  fe  découvre  trop. 
Cet  autre  eft  toujours  en  gaide,  il  ne  fe  découvre 
jamais.  Se  découvrir  £uï  les  armes,  fe  découvrir  au 
dedans  des  armes.  Aperire  iaïus  j  pecius  j  obdere 
latus  apertum.  Liancour'^. 

fjQ°  Cette  exprellîon  a  été  rranfportée  à  certains 
jeux  ,  &  eft  d'ufage  lorfqu'uu  des  deux  joueurs  a 
un  jeu  avancé  &  peu  ferré  ,  qui  donne  une  entrée 
facde  à  fon  adveifaire  ,  &  le  me-r  en  état  de  le 
battre  en  ruine. 

tfT  Ainfi  l'on  dit  aux  échecs  découvrir  une  pièce 
pour  dircj  la  dégarnir  de  celles  qui  devroient  k 
couvrir  &  la  défendre. 

§3°  On  dit  dans  un  autre  fens  découvriruwc  pièce  , 
fa  dame  ,  fa  tour  ,  pour  dire,  la  dégager  de  ce  qui 
l'empêchoit  d'agir. 

|iÔ°  Aujeude  tridrac,  découvrir  As.me  ,  c'eft  laif- 
fer  une  dame  feule  dans  une  café  ,  en  forte  qu'elle 
peut  être  battue,  &  dans  ce  fens  on  dit  découvrir 
Ion  jeu ,  fe  découvrir. 

ffCT  Aux  jeux  de  cartes ,  découvrir  fon  Jeu  ,  c'eft 
montrer  fes  cartes  ou  les  lailfer  voir.  Expreilicn  qui , 
tranfportée  au  figuré  >  iignifie  fe  lailler  pénétrer  , 
donner  à  connoître  fes  deffeins  &:  les  moyens  qu'on 
doit  employer  pour  les  exécuter. 

Découvrir,  en  termes  de  Marine,  fe  dit  abfolument 
&  neutraleir.ent  pour  fe  découvrir,  fe  montrer,  pa- 
roître.  Apparere  .,  ex  tare,  videri,  con/pici.  Cette  cote 
n'eft  que  montagnes  &  rochers;  les  uns  paroiflent, 
les  autres  découvrent  de  bafte  mer  feulement.  Denys, 
P.  J.  C.  7.  Toute  cette  baie  eft  pleine  d'écueils , 
dont  la  plus  grande  partie  découvre  de  bafle  mer. 
Id. 

DÉ.C0UVR1R  J  fe  dit  prefque  en  même  fens  de  ce  qu'on 
apperçoit  de  loin ,  de  ce  qu'on  commence  à  voir. 
Procul  videre  ^  profpicere.  Dès  que  je  découvris  ces 
Cavaliers,  je  me  dout.d  que  c'étoicnt  des  voleurs. 
Quand  on  a  palié  la  Ligne ,  on  déccuvre  de  nouvelles 
étoiles.  Quand  les  Mariniers  découvrent  terre,  ils 
jetenr  la  fonde ,  &  vont  à  voiles  baiTes.  Ce  voya- 
geur commençoit  à  découvrir  les  hautes  montagnes 
d'Arménie. 

Découvrir,  fignifie  encore,  trouver  quelque  chofe 
de  nouveau,  de  fecret,  qui  nous  étoit  auparavant 
inconnu.  On  le  dit  en  ce  fens  des  mines,  des  car- 
rières ,  des  pays  cjui  n'avoient  pas  été  connus ,  &  des 
nouvelles  connoiiUmces  que  Ion  acquiert  dans  les 
Arrs  &  dans  les  Sciences.  Indagare,  inveiiire  ,  invef- 
tigare.  On  découvre  tous  les  jours  de  nouvelles  mi- 
nes aux  Indes ,  de  nouveaux  fecrets  d.-^.ns' les  Scien- 
ces,  dans  la  Médecine,  dans  les  Méchaniques.  Ce 
fur  Chriftophe  Colomb  qui  découvrit  le  premier 
l'Amérique.  Harvée  ,  Médecin  Anglois,  a.  découvert 
la.circulation  du  fang.  Foye^  Découverte. 

DÉCOUVRIR  le  bois,  c'eft  lui  donner  la  première 
ébauche  avec  le  fermoir  avant  que  de  le  raboter. 
Lignum  décider e. 

DÉCOUVRIR,  dans  un  fens  figuré,  fignifie  parvenir  à 
connoître  ce  qui  étoit  tenu  caché.  Patefacere.  Décou- 
vrir une  con)uration  ,  les  delfeins  de  quelqu'un.  On 
a  découvert  tout  le  myftère,  toute  l'intrigue  de  cette 
affaire. 

DÉCOUVRIR,  confidéré  comme  fynonyme  à  déclarer, 
révéler,  manijefier ,  fignifie  faire  connoître  ce  qui 
étoit  ignoré,  mais  avec  cette  différence,  dit  M.lAb- 
bé  Girard,  que  découvrir  c:^'^  montrer,  foit  à  defîein , 
foit  par  inadvertence,  ce  qui  avoir  cte  cac'né  jufqu'a- 
lors.  Aperire.  Recludere.  Les  confidences  découvrent 
ordinairement    les    intrigues.    Un    r-ipporteur    ne 

doit 


DEC 

^oit  point  découvrir  fon  fentiment 'à  ceux    qui  le 
foilicitenc.  On  découvre  fon  cœur  à  fon  ami. 

^3"  On  dit  qu'un  homme  fe  découvre  trop  ,  pour 
dire  qu'il  donne  trop  à  connoîcre  fes  fecrets,  les 
affaires,  ks  fentimens. 

J'aime  un  efpric  aifé  qui  fe  montre  ,  &  qui  s'ouvre  , 
Et  qui  plaît  d'autant  plus  j  que  plus  il  Je  découvre. 

BoiLEAU. 

L'amour  dans  fa  prudence  efl  toujours  indifcret; 
Le  foin  deft  «c/ier  découvre  ce  qu'il  cache.  Corn. 

On  dit  proverbialement,  Découvrir  le  pot  aux 
rofes,  pour  dire,  qu'on  a  tait  voir  le  feciet  d'une 
affaire  où  il  y  avoir  quelque  turpitude.  Patejacere. 
On  dit  aulîi ,  Découvrir  S.  Pierre  pour  couvrir  S. 
Paul  j  pour  dire,  ôter  à  l'un  pour  donner  à  l'autre. 

DÉCRASSER,  v.  a.  Oter  la  crafle  du  corps, d'un  habit , 
d'un  tableau.  AUquem  fqualorc ^  fordibus  purgure  , 
fardes  detergere.  On  fait  de  la  pâte  d'amande  pour  fe 
décraffer  les  mains. 

On  le  ditauffi  'figurément,  mais  dans  le  ftyle  fa- 
milier feulement.  On  n'a  jamais  pu  décrajjer  cet 
homme  là  j  lui  ôter  la  craffe  du  Collège,  de  la  Pro- 
vince; le  polir.  Aiicujus  /nores  expolire.  On  dit  d'un 
homme  de  baffe  extraétion  qui  a  acheté  une  charge 
coniidérable,  qu'il  l'a  achetée  pour  (edécrafér,  pour 
dire  qu'il  a  acheté  fa  charge  afin  de  fe  donner  quel- 
que diftinélion.  Acad.  Franc. 

fCF  Décrasser  un  cuir.  Terme  de  Corroyeur.  C'eft 
ôter  tant  du  côté  de  chair  que  du  côté  de  tleur ,  avec 
une  pontelle  ce  qu'il  peut  y  avoir  de  trop  de  fuit  j 
d'huile  ,  &c  autres  matières  qu'on  a  employées  pour 
le  préparer. 

|KF  Dans  les  différens  Arts,  décraffer  exprime 
l'adlion  d'épurer  les  matières ,  &  d'ôter  les  faletés 
qui  les  rendent  déieétu^ufes. 

DÉCRASSÉ ,  ÉE  ,  parr.  Il  a  les  lignifications  du  verbe. 

DECRÈDITEMENT.  f.  m.  L'aclion  de  décréditer , 


DEC  253 

ne  trouve  plus  à  emprunter  la  moindre  fomme.  Une 
boutique  décréditée  e(l  celle  oii  l'on  ne  voit  plus  de 
chalands. 

On  dit  auiïï  qu'une  chofe  efl;  décrédiiée ,  quand 
elle  n'ell:  plus  de  mode. 

DÉCRÉPIT.  iTE.  adj.  Qui  eft  fott  vieux,  forr  caffé, 
ufé,  dont  tout  le  corps  ell  dans  un  état  de  defféche- 
ment.  Decrepitus  yfenio  conjeâus,  C'eft  un  vieillard 
décrcfic,  qui  n'eft  plus  capable  d'aucune  affaire. 
Amour  d'un  mois,  eii:  amour  décrépite.  Des-Houl. 
Remarquez  qu'on  dit  décrépites  au  pluriel  dans  le 
malculni.  Ce  font  tous  vieillards  décrépites.  Age 
décrépit.  Vieilleffe  décrépite. 

DÉCRÉPIT ATION.  f  f.  Terme  de  Chimie.  Calcina- 
tion  du  fel  qu'on  continue  jufqu'à  ce  que  le  lel  ne 
pétille  plus.  U/ùo  ,  exujlio.  Il  fe  dit  auffi  du  bruit  ou 
du  pétillement  que  certains  fels  font  pendant  qu'on 
les  calcine.  Crcpitus. 

DÉCREPITER.  v.  a.  Terme  de  Chimie.  C'eft  faire  fé- 
chcr  le  fel  commun  ,  le  calciner  jufqu'à  ce  qu'il  ne 
pétille  plus  étant  mis  au  feu  ,  enforte  que  toute  fon 
humidité  foit  exhalée.  Torrere  ,  exurere. 

DÉCREPiTER  ,  eft  auffi  neutre,  &  lignifie  pétiller,  faire 
du  bruit.  Quand  on  jette  du  fel  marin  dans  le  leu  , 
il  décrépite,  &  ce  pétillement  s'appelle  décrépitanon. 
Les  criftaux  de  fel  de  fuccin  décrépitent  fur  les  cÏiaz- 
hons  aràens.  Hijl.de  i'Jcad.  des  Se.  ly^z.  ^.ç), 

D^F  É)ecrépité  ,  ÉE,  adj.  Terme  de  Chimie.  Se  dit 
du  fel  privé  de  l'eau  de  fa  criftallifation  Se  réduit 
en  poudre,  ou  en  petits  éclats.  Du  fel  marin  décré- 
pite. 

DÉCRÉPITUDE,  f  f.  Vieilleffe  extrême  &  infirme  ; 
état  de  defféchement  de  tout  le  corps.  Age  décrépir , 
ou  vieilleffe  décrépite,  ^tas  decrepita,  fumma. 
Tithon  parvint  à  une  telle  décrépitude ,  qu'il  fuc 
changé  en  cigale.  Bens.  La  Sibylle  de  Cuines  ctoit 
parvenue  jufqu'à  la  dernière  décrépitude.  Ragois 
MET.  Balzac  fe  moquoit  de  ceux  qui  fe  lervoient 
de  ce  mot.  Peut-être  n'étoit-il  pas  furhfamment  éta- 
bli de  fon  temps. 
perte  de  crédit.  Gracia,  aucloritatis  minutio,  imminuA^fT  DECRET,  f.  m.  Ce  mot  dans  fi  fignification  la 


rio.  La  manière  dont  on  fe  récrie  fur  quelques-uns! 
qui  fe  diftinguent  par  la  bonne  foi ,  le  délintéreffe- 
inent&  la  probité,  n'eft  pas  tant  leur  éloge,  que  le 
décréditement  du  genre  humain.  La  Bruy. 

fSr  DÉCREDITER.  v.  a.  Expreffion  ufitée  dans  le 
commerce.  Oter  le  crédit ,  taire  perdre  le  crédit  à 
quelqu'un.  Voyc\  crédit.  Le  moindre  foupçon  de 
banqueroure  décrédite  un  Banquier.  La  mauvaife 
foi  dé  crédite  un  ^îarchand. 

IJC?  DÉCREDITER  J  fc  dit  plus  fouvcut  au  figuré ,  pour  1 
faire  perdre  à  quelqu'un  l'eftime,  la  confidération 
où  il  étoit.  Voye-^  Crédit  pris  au  figuré.  AUcujus  gra- 
tiam,  aucloricatem,exiJlimationeni  miriuere,imminuere-^ 
detrahere  alicui.  Il  ne  frut  qu'une  lâche  aciion  pour  ; 
décréditer  un  homme  de  guerre  pour  toute  fa  vie.  \ 
Les   perfonnes   de  bon  fens   ont  fort  décrédité  les  i 
équivoques.  Bouh.  Mw  méchant  livre  décrédice  un  ' 
Auteur.  La  honte  de  céder  à  des  ennemis  tant  de 
fois  vaincus,  &  la  crainte  de  décréditer  les  armes  de 
l'Empire  J  le  dérerminoient  à  combattre.  Flecii.  La 
vie  d'Epicure  a   été  attaquée  pour  décréditer  plus 
facilement  fes  opinions.  S.  Evr.  Les  bienfaits  que 
j'ai  reçus  de  vous  décréditent  les  louanges  que  je  vous 
donne.  Boil. 

$C?  DÉCREDITER  ,  eft  aufli  réciproque.  Se  décréditer  , 
perdre  foi-nième  fon  crédit,  par  fa  mauvaife  con- 
duite ou  par  des  accidens  qui  dérangent  la  fortune 
&  font  perdre  la  confiance  publique.  On  le  dit  aufti 
au  figuré.  Une  difoit  rien  de  fa  dilgrace  à  fa  belle, 
de  peur  de  (j  décréditer  en  montrant  fon  malheur. 
B.  Rab.  Exiflimacionem  perdere ,  amittere. 

îfT  On  dit  d'une  opinion  qui  a  été  fort  en  vogue  ] 
&  qui  commence  à  n'avoir  plus  de  cours,  qu'elle! 
commence  à  fe  décréditer..  &c  d'une  chofe  qui  a  été  '< 
fort  à  la  modej  Se  dont  on  eft  revenu  ,  qu'elle  eft  î 
décréd'tée.  ^ 

DécrÉditÉ,  ÉE,part.paff.   -Si  ad;.   Imminutus  exifli- 
matione  J  gratiâ.  Un  homme  décrédité  eft  celui  qui 
Tome  III 


plus  étendue  fignihela  même  chofe  que  jugement, 
ordonnance  d'une  puiffance  fupérieure  pour  en 
régler  une  inférieure.  Decretum.Les  caufes  lecondes 
ne  font  qu''exécurer  les  décrets  de  la  Providence 
érernelle.  Le  commerce  éternel  entre  l'ame  &c  le 
corps  n'a  point  d'autre  lien  que  l'efficace  des  décrets 
divins.  Maleb.  Les  décrets  des  Conciles  font  les  loix 
qui  régleur  la  doctrine  Se  la  police  de  l'Eglife. 

Le  mot  de  décret  s'eft  dit  d'abord  chez  les  Jurif- 
confultes,  de  tout  ce  qui  a  voit  été  ordonne  par  le 
Prince  en  connoiffance  de  caufe;  mais  depuis,  ce 
nom  a  été  feulement  donné  aux  réglemens  &  ordon- 
nances des  Papes,  comme  on  a  donné  le  nom  de 
Canons  à  ce  qui  a  été  ordonné  par  les  Conciles. 

En  ce  fens  en  appelle  Décret,  la  première  partie 
du  Droit  Canon.  Gratien ,  qui  a  vécu  tous  le  Pape 
Eugène  III.  en  1155.  a  fait  une  compilation  des 
Canons  des  Conciles,  des  Avis  &  Sentences  des 
Pères  de  l'Eglife,.?:  de  plufieurs  Refcritsdes  Papes, 
qui  font  les  loix  fuivant  lefquelles  l'Eglife  eft  gcu- 
vernée.  Cette  colledion  eft  intitulée,  lu  concordan- 
ce des  canons  difcordaus.  Avant  lui,  Burchard  de 
Wormes ,  &  Yves  de  Chartres ,  Anfelme  de  Luques, 
&  autres  J  en  avoicnt  fait  d'nurres  Compilations, 
mais  plus  imparfaites.  Le  Décret  eft  divifé  en  trois 
parries.  La  première  contient  108  diftinélions,  la 
féconde  3 6  caufes,  &  la  digreftion  fur  la  penirence , 
contenue  dans  la  féconde  partie,  eft  diviiée  en  fept 
diftinétionsdatroifièmecontient  cinq  diftinétions.  La 
raifon  de  cette  dénomination  vient  de  ce  que  Gratien 
s'applique  dans  la  première  S>c  troidème  partie  de  fou 
décret  à  accorder  les  antilogies  des  Canons ,  &  à 
diftinguer  leur  vrai  fens.  Il  faut  le  lire  avec  beaucoup 
de  précaution  \  les  citations  n'en  font  pas  toujours 
affez  exactes.  Pasq.  M.  Le  Pelletier,  Miniftre  d'Etat, 
fit  faire  en  1685.  à  Paris  une  fort  belle  édition  du 
Décret  en  deux  volumes  in-fol.  fur  les  manufcrits 
de  MM.  Pithou  qui  ont  revu  fort  exadement  le 

V 


.ïJ4 


DEC 


DEC 


-m- 


DeucC  fur  les  anciens  exemplaires,  &  qui  ont  fait  ;      Frère  rsalnionJ  tle  l'Ordre  de  Saint  Dominique,  fo« 
<les  Noces,  qui  ie  trouvent  dans  cette  édition.  |      Chapelain,  Certe  Colledlion  des  De'crétales  eft  feule 

On  appelle    Ecole  du  DécreCy  le  lieu  où  le  Droit  1      autonlte  du  Saint  Siège  jliic  dans  les  écoles  j  &  l'ou 


Canon  elt  enfeignc.  ùchoLi  Juris  CanonicL 
PÉCRET  3  en  termes  de  Palais,  eft  une  lentence  ou  or- 
donnance que  le  Juge  rend  en  connoillance  de  caule 
concernant  la  procédure  &  l'inllrudtion.  Mais  ce 
mot  ne  s'emploie  qu'en  deux  occalions.  La  première, 
en  maiière  cmninelle,  quand  un  Juge  mec  fon  or- 
donnance au  bas  des  informations,  qui  porte  que 
Tr-ccufc  fera  tenu  de  fe  préfenter  pour  fubir  l'inter- 
rogatoire ,  comme  il  arrive  quand  le  cas  eft  léger , 
ou  bien  qu'il  fera  ajourné  perfonneilement  ^  ou  bien 
enfin  qu'il  iera  pris  au  corps,  quand  le  cas  elt  énor- 
ir.e,  &  qiiil  y  échet  peine  afflittive  :  ce  qui  fait  qu'il 
y  a  trois  fortes  àcdecrccs  en  matière  criminelle,  le 
décrxL  d'atiigné  pour  être  oui ,  le  décret  d'ajourne- 
ment perfonnel ,  6i  le  décrec  de  prife  de  corps,  /^trye:^ 
ces  mots.  Un  aécrec  de  prife  de  corps^  &  le  décret 
d'ajournement  perfonnel  ,  emportent  interdiction 
des  fondions  de  la  charge  de  celui  qui  eft  Cfiicier  j 
mais  non  pas  le  décret  à' ACàguxnon  pour  être  oui.  La 
féconde,  en  matière  civile  j,  quand  pour  purger  les 
hypothèques  qui  font  fur  un  héritage  vendu  en  juftice 
le  Ju;;c  déclare  que  toutes  les  formalités  requifes 
pour  y  parvenir  ont  été  oblervées  j  &  adjuge  l'héri- 
tage franc  &:  cjuitte  au  dernier  enchcriifeur  j  &  pour 
cela  il  y  interpole  fon  décret  ou  autorité.  Ainli  un 
décret  en  France  eft  un  jugement  par  lequel  un  héri- 
tage eft  adjugé  aux  créanciers-  On  ne  peut  mainte- 
nant acheter  furement  aucune  terre,  qu'elle  n'ait  été 


s  en  fert  dans  le  tor  extérieur  &  contentieux.  A  fon 
imitation  Boniface  VIII.  en  1297.  en  fit  faire  une 
nouvelle  Compilation  ious  le  nom  de  Sexte  \  mais 
elle  n'a  pas  eu  en  France  le  même  crédit  que  les 
autres  Colicâions,  à  caufe  des  démêlés  de  Boniface 
■VIII.  avec  le  Roi  Philippe  le  Bel.  Elle  contient  cinq 
livres  de  Décrétâtes.  Clément  V.  ht  aulli  une  collec- 
tion fous  le  nom  de  Clémentines ,  &  Jean  XXII. 
fous  celui  à' Extravagantes.  Quand  Luther  fit  folem- 
nelkment  brider  les  Décrétâtes  à  Wittemberg,  fon 
aâion  fut  plutôt  regardée  comme  une  infulte  faite  au 
Pape,&  un  coup  de  colère, que  comme  une  jufte  con- 
damnation du  Droit  Canonique.  Pour  les  Décrétâtes 
attribuées  aux  Papes  jufcju'àSirice  en  318.  elles  font 
évidemment  fuppolées.  Tout  le  monde  convient  de 
leur  faulFeté;  &  ceux-mêmes  qui  font  les  plus  favora- 
bles à  la  Cour  de  Rome ,  font  obligés  de  les  aban- 
donner; quoiqu'elles  aient  beaucoup  fervi  à  établir 
la  grandeur  de  Rome  ,  Se  à  ruiner  l'ancienne  dilci- 
plme,  principalement  lur  les  jugemens  Eccléfiafti- 
ques ,  ts:  les  droits  des  Evêques.  Riculphe,  Evêque 
de  Mayencc  dans  le  IX^  fiècle,  eft  le  premier  qui  les 
a  publiées.  On  a  ciu  qu'elles  avoient  été  fuppofées 
par  Ihdore,  Archevêque  de  Séville ,  parce  que  la 
colle6tion  de  ces  Décrétâtes  porte  le  nom  d'Ifidore 
Peccator ,  ou   Mercator.  Du  Pin.  Foyey^  Doujat , 
Hiff.  du  Droit  Canon.  Voyco^  au  mot  Canon  ,  Ca- 
nons des  Jifctres. 


palfé  par   décret,  qu'à  la  charge  du  décret.  Le  c/ctv.-rj  DÉCRÉTER,  v.  ad.  Ordonner  un  décret.  Aliquid  de- 
ne  purge  pourtant  point  les  douaires.  Il  y  a  long-        cernere,  c'cc/tfw/TzyicÉrd.  On  décrète  un  accufé  d'affi- 


y  a  long- 
temps que  cette  terre  eft  en  décret ,  qu'on  en  pour- 
fuit  l'adjudication. 

Les  décrets  en  matière  civile  fe  diviient  en  décrets 
forcés  &  en  décrets  volontaires  :  les  décrets  forcés  fc 
font  malgré  le  débiteur ,  à  la  diligence  des  créan- 
ciers :  les  décrets  volontaires  fe  font  en  conféquence 
d'un  contrat  de  vente,  à  l'eftet  de  purger  les  hypo- 
thèques j  pour  la  fureté  de  l'acheteur.  L'appel  d'un 
û'ecTcf  nécellaire ,  ou  forcé,  dure  trente  ans  :  l'appel 
d'un  décret  volontaite  dure  dix  ans  entre  majeurs 
qui  font  préfens,  &  vingt  ans  s'ils  font  abfcns.  Pour 
erre  inftruit  de  ce  qui  regarde  la  matière  des  décrets, 
il  faut  voir  l'Edit  d'Henri  II.  du  mois  de  Septembre? 
i6'^i.   L'arrêt    d'enregiftrement  du   11   Novembre 


gnépour  erre  oui,  d'ajournement  perfonnel,  ou  de 
prife  de  coi'ps. Décréter  an  partage,  une  information, 
un  cunientement,  une  péiéquation  de  cens  ou  rente, 
un  héiitagej  &c.  Cette  terre  a  été  décrétée  dans 
les  formes  J  c'eft-à-dire  qu'on  en  a  fait  le  décret 
pour  le  payement  des  créanciers  &  la  fureté  de 
l'acquéreur.  Un  Procureur  eft  refponfable  pendant 
dix  ans  des  formalités  de  ce  qu'il  a  fait  décréter. 
AUci'jus  hora  pr^-conis vocifub]icere.  Ce  mot  de  décré' 
terz  une  conftiudlion  particulière  dans  le  ftyle  du 
Palais,  &:  on  l'en^.ploie  comme  un  verbe  imperfon- 
nel  •,  par  exemple,  It  a  été  décrété iIq  prife  de  corps 
contre  un  tel,  les  voleurs  contre  lefquels  il  aété 
décrété  de  prife  de  corps  j  ont  pris  la  fuite. 


enfuivant ,  Traité  des  Criées  de  M.  le  Maître,  celui  j  IJCT  Décréter  une  Coutume,  c'eft  la  revêtir  de  Let- 

de  M.  Bruneau,  l'Arrêt  en  forme  de  règlement  du?      très- Patentes  pour  lui  donner  force  de  loi. 

2.J.  Nov.  I  s 9S.  l'Arrêt  du  7.. Sept.  1659.  l'Arrêt  du' Décrété,  ée,  part. 

30.  Août  1690.  Ces  Arrêts  fe  trouvent  dans  le  re-;  DECPvETISTE.  f.  m.  Raimond,  Comte  de  Touloufe, 

- --•'  """rs  6i  de  réglemens  qui  concernent  la  fonc-s      ayant  fait  ia  paix  avec  l'Eglife   &  avec  le  Roi  de 


cuei!  d'An 
tion  des  Procureurs 
DÉCRET  IRRITANT,  On  appelle  ainfi  les  claufss  infc  J 
rées  dans  les  Bulles  de  la  Cour  de  Rome,  dont)' 
l'inexécution  fait  perdre  la  grâce,  &c  emporte  nullité.  \ 
Decrefum  irritans.  j 

Le  terme  de  décret  eft  en  ufage  parmi   certains  ■ 
Religieux,  par  exemple  les  Auguftins ,  pour  figiù-: 
fier  les  ftaturs  qui  fe  tout  dans  Its  Chapitres  Provin- 
ciaux pour  le  règlement  d'une  province. 

On  le  dit   aulîi  des  décilions  de  la  Faculté  de' 
Théologie,  dont  les  airemblées  fe  tiennent  en   la 
maifon  do  Sorbonne ,  fur  quelque  matière  de  Théo- 
logie. Décret  de  Sorbonne. 


France  (Saint  Louis)  au  commencement  de  lannêe 
1229.  fut  engagé  .1  donner  quatre  mille  marcs  d'ar- 
gent pour  entretenir  des  Maîtres  à  Toulouse,  pen- 
dant dix  ans  j  favoir,  deux  Doéteurs  en  Théologie; 
deux  Déuétijîes  ,  c'eft-à-diie,  Canoniftesqui  cxpli- 
quoient  le  Décret  de  Gratien  ;  fix  Maîtres  des  Atts 
libéraux  ,  &  deux  de  Grammaire.  C'eft  l'inftitution 
de  l'Univerfité  de  Touloufe.  Fleury.  Ainfi  le  Dé- 
crétijle  eft  un  Canonifte  chargé  d'expliquer  dans  une 
école  publique  le  décret  de  Gratien. 

|tT  Dans  quelques  endroits  on  appelle  Décrétijle 
celui  qui  pourfuit  la  vente  par  décret  d'un  bien  faifî 
réellement. 


îJCJ"  On  ledit  de  même  des  délibérations  &déci-i  DECR  EUS  E  R.  v.  a.  Terme  de  Teinture.  Voye\ 
lions  de  l'Univerfité  lue  quelques  points  de  doctrine  I      Décruser. 
pudefiidifcipline.  ■  DÉCRI.  f.  m.  Défenfe  par  un  cri  public  &  par  autori 


DECRETA  LE.  f.  f.  Refcric,  ou  Epitre  d'un  Pape  pour 
faire  quelque  règlement  ou  décider  quelque  point  \ 
dedifcipline.  ÉpiftoU  décrétâtes.  Les  Décrétâtes  com-| 
pofent  le  fécond  volume  du  Droit  Canon.  Il  y  a  plus 
de  Décrétâtes  d'Innocent  III.  feul  que  de  tous  les  ! 
autres  Papes  enfemble.  Il  ctoit  bon  Jurifconfulte.  j 
Celles-ci  ont  été  ramaiïees  par  M.  de  Hauteferre  ,  1 
qui  y  a  fait  des  Commentaites.  On  les  appelle  auiîi  i 
hpitresDécrétcles.'LQ.  Pape  Grégoire  IX.  en  1220. 1 
fit  compiler  toutes  les  Décrétâtes  ,  ou  Conftitutions 


té  du  Juge  J  de  fe  fervir  dans  le  commerce  de  certai- 
nes efpèces  d'or  ou  d'argent,  &c.  ou  de  vendre  ou 
porter  certaines  étoffes,  débiter  certaines  marchan- 
difes.  &c.  Interdiclio  alicujus  rci.  On  n'oferoit  expo- 
fer  de  la  monnoie  légère  après  le  décri  qu'on  en  a 
fait.  Les  manufaèlures  expofées  après  le  décri  font 
fujettes  à  confifcation.  Son  plus  grand  ufage  eft  pour 
la  diminution  ou  fupprcffion  des  monnoies.  Acad. 
Fr.  On  lui  a  fliit  un  rembourfement  la  veille  du 
décri. 


Pontificales  de  ks  devanciers  en  cinq  livres,  par   Décri,  fe  die  aulîi  fisjurément  de  la  perte  du  crédit 


DEC 

&  ^e  la  réputation.  Famé.  &  ejlmmloms  immlnuûo. 
La  mauvaile  conduite  de  cette  perfonne  l'a  fait  tom- 
bei"  dans  le  aécri. 

Decri  ,  le  dit  encore  de  la  diminution  de  la  valeur  des 
choies  pat  Tulage  ,  parce  ^u'on  n'en  fait  plus  de  cas. 
Precti  jjami  j  celons,  elega/itia  iinminutio.  En  Fran- 
ce les  pointes,  es  alkilions,  les  anagrames ,  les 
bouts  riniés,  font  dans  le  decti.  Tout  ce  qui  elt  à  la 
vieille  mode  eft  dans  le  décri.  Les  balades,  les  ron- 
deaux, par  la  mort  de  Voiture  retournèrent  dans 
leur  ancien  décn.  Saras.  Quand  la  vieiUeffe  trop 
hâtée  amène  les  rides ,  le  dct.n  \'ient ,  &  on  ne  fait 
plus  quel  perfonnage  on  doit  faire.  S.  EvR. 

PÉCRItR.  V.  a.  Défendre  par  ordonnance  ou  cri  pu- 
blic une  monncie,  des  marchandifes,  des  dentelles , 
des  étoffes ,  Tufage,  le  cours  de  quelque  chofe.  Lieï 
alkujtis  ufum  inurdicere.  On  a  décrie  les  manufactu- 
res étrangères  pour  mieux  débiter  les  marchandifes 
du  pays.  On  a  dé.r'u  cette  monnoie ,  parce  qu'il  s'y 
en  étoit  mêlé  de  faulle. 

DÉCRIER,  lignifie  figurément,  décréditer,  ôter  l'hon- 
neur, la  gloire,  la  réputation.  De  alkujus  jamâ  , 
exijiimaûone  dccrahere ,  maiedicere.  l\  fe  dit  des  per- 
fonnes  Se  des  chofes.  Cet  homme  a  bien  des  enne 
mis  qui  le  décrient.  Les  mécontens  tâchent  toujours 
de  dé^rierXt  gouvernement.  Les  dévots  s'attribuent 
l'autoriré  de  cenfurer  le  prochain  j  &  de  le  décrier , 
fous  prétexte  de  ne  haïr  que  le  vice.  S.  Evr.  La  flatte- 
rie corrompt  la  vertu,  &c  la  médilance  la  décrie 
Flech.  Décrier  la  bonne  vie  d'une  perfonne.  Ab. 
Décrier  quel"in'un  dans  l'efprit  du  Peuple.  Pasc. 
Ce  feroit  aifez  pour  décrier  le  plus  beau  Roman  du 
monde.  Mol.  Le  véritable  emploi  de  la  Comédie  , 
c'eit  de  recommander  la  vertu,  &  ai  décrier  le  vice. 
Evr. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  efl:  décrié 
comme  la  vieille  monnoie,  pour  dire,  qu'il  eft  per- 
du de  réputation,  qu'il  n'a  ni  crédit,  ni  eftime  dans 
le  monde. 

Décrie,  ee  ,  part.  Exi(limaûone ,famà  damnatus. 

IJC?  OE^^RIRE.  V.  a.  dans  la  lignification  de  ttanfcrire, 
n'eit  p  'S  François. 

%fT  iJECRiRE  ,  lignifie  proprement  dépeindre  parle 
dik-jurs  ,  repiélenter  une  chofe  avec  toutes  {qs  cir- 
con  lances,  de  manière  qu'on  la  reconnoilTe  Def 
cr  '■tre  .  depi'.gere  j  .idumhrare.  Ce  Géographe  a  bien 
décrirtoms  l'Alie.  Ce  Pocte  a  bien  décritcetze  batail- 
le. Cet  llillorien  a  bien  décrit  les  mœurs  de  fon 
temps.  Ce  Satyrique  a  fort  bien  ^ecrif  un  tel  ridicule, 
il  n  y  a  perfonne  qui  ne  le  reconnoilTe. 


X}'««  bdl,  dans  un  Sermon  ,  /Adécrit  V ordonnance. 

VlLL.j 

Un  ris  qui  ne  fe  peut  décrire , 

Un  air  que  les  autres  n'ont  pas  , 

Que  Von  vo't^  &  qu'on  ne  peut  dire.  Voit 


Cn  dit  aulTi  en  Géométrie,  Décrire  un  cercle, 
une  ellipfe,  une  parabole,  pour  dire  les  tracer  avec 
un  compas  ou  avec  un  autre  inftrument. 

§Cr  On  dit  aulïï  en  Géométrie  qu'un  point  décrit 
une  li",ne  droite  ou  courbe  par  ion  mouvement , 
lorl"qi.ro.'i  fupp;>fe  que  ce  point  fe  meut  &  trace  cette 
ligne  en  fe  mouvant.  De  même  la  ligne  par  fon 
mouvement  décrit  une  furface,  une  furface  décrit 
un  folide.  Efficere  ,  generare. 

DÉCRIRE,  figni'îe  aufli,    Définir  imparfaitement  les 
choies,  en  donner  une  idée  générale.  Un  Grammai 
rien  doit  fe  contenter  de  décrire  les  chofes,  U  n'ell 
pis  obligé   de  les  'définir  exaétement,  comme  un 
Pliilofophe.  F'o'  e^  Difcription. 

Décrit  ,  1 1 1 ,  part.  palT. 

DECROCHir.  ENT.  f.  m.  L'aétion  de  décrocher  ou 
de  fe  décrocher.  M.  deReaumur  emploie  ce  terme. 
La  carabine  tira,  Ragotin  crut  en  avoir  au  travers 
du  corps  :  fon  cheval  crut  la  même  chofe.  Se  bron- 


DEC  isi 

che  par  fon  éperon  à  la  felle,  &  l'autre  pied  &  le 
relie  du  corps  attendant  le  déc  ocnemeat  de  ce  pied 
accroché  j  pour  donner  en  teue,  de  compagnie  avec 
la  carabine,  l'épée,  le  baudrier  &  la  bandoulière. 
Enfin  le  pied  le  décrocha,  les  mains  lâchèrent  le 
crin  ,  S<.  il  fallut  tomber  :  ce  qu  il  fit  bien  plus  adroi- 
tement qu'il  n'avoit  monté.  bc^RaoN.  i^oman  Com-, 
t.  1.  c.  lo. p.  t^^. 
DECROL-HER.  V.  a.  Détacher  quelqae  chofe  d'une 
cheville,  d'un  clouj  d'un  crochet  ou  cl\ç  étoit  acta»- 
chée.  Vncinù  aliquid  expedire.  Décrocher  une  lapif- 
ferie,  une  jupe  accrochée  avec  une  agrafte. 
§3°  Décrocher,  chez  les    Fondeurs   de   caraétères» 
C'cft  avec  un  crochet  de  fer  féparer  la  lettre   du 
moule  dans  lequel  elle  a  été  fondue. 
DÉCROCHÉ,  ÉE  ,  part.  Uncoexpeditus. 
DÉCROCHUIR.  f.  m.  Inftrument  propre  à  décrocher 
une  chofe  accrochée  j  arrêtée  avec  un  crochet-  Cet 
ange  porte  fermement  attaché   un  crochet  de  fer 
qu'on  nomme  le  décrochoir ,  parce  que  ce  crochet 
attrape  fucceirivement  tous  les  loquets,  &  forçant 
leurrellort,  les  dégage  ou  décroche  de  delfous  les 
mentonnets  qui  tenoient  les   couvercles  alFujettis. 
Des  Billettes,  Acad.  des  Se.  1(599.  Mém.p.  195. 
DECROIRE.  V.  n.  Ne  croire  pas.  Dijjcntire ,  dijfentirl. 
tidcin  amittere  j  derogare.  L'ufage  de  ce  mot  elf  fort 
borné.  Il  ne  fe  dit  que  par  antithèfe,  qui  exprime 
l'incertitude  de  l'opinion  d'un  homme  fur  quelque 
chofe-  Je  ne  la  crois  ni  ne  la  décrois.  On  doute  des 
vérités  de  foi,  quand  on  ne  les  croir,  ni  les  décroit  ^ 
&c  que  l'efprit  ell  en  balance.  Confér.  d'Ang.  Ce 
mot  eft  peu  d'ufage  ,  &  ne  doit  s'employer  que  dans 
la  converfation  &  le  ftyle  familier. 
DÉCROISSANCE.  Décroilfement.  Pomey. 
DECROISSEMENT.  f.  m.  Diminution  fenfible  d'un 
corps  en  fa  propre  fubftance.  Diminutio  ,  imminutio, 
decrementum.  Il  faut  faire  bouillir  cette  décodion , 
ce  fyrop  ,  jufqu'au  décroijfement  d'un  tiets,  pour  les 
faire  cuire  à  propos.  Décroiffement. 
1^  DECROISSEMENT,  cu  parlant  du  corps  humain, 
diminution   du  corps   humain    en  hauteur  &    en 
fubllance,  qui  fe  fait  par  dégrés,   effet  nécelTaire 
de  1  âge.  Etat  oppofé  à  celui  d'accroilfement.  ^ 
Decroissement,  le  dit  aufli  fîgurément.  Le  décroijje' 

ment  de  la  vie  eft  fenfible.  Boss. 
DECROITRE,  v.  n.  Diminuer  de  hauteur,  de  quan- 
tité. Decrefcere  ,  diminui ,  imtninui.  I-ps  eaux  du 
Déluge  furent  quaranre  jours  à  dJcroitre.  Le  Nil  croît 
quarante  jours,  ^  en  décroit  autant.  Ab.  La  lune 
ûfc'crozT,  eft  hors  de  fon  plein,  les  jours  décroiffent. 
La  rivière  eft  bien  décrue. 

Il  fe  dir  aufli  en  termes  de  Palais-  Si  le  Teftar?ur 
alTocie  dans  un  même  ufufruit  plufieurs  perfonnes» 
celles  qui  meurent,celles  qui  abandonnent, celles  qui 
n'acceptent  pas,  le  lailfent  entier  aux  autres;  c'eft 
tantôt  un  droit  d'accroître,  tantôt  un  droit  de  rete- 
nir ,  &  de  non  décroître.  Pulisson. 
DÉCRU  ,  UE  ,  part.  Imminutus. 

DECROTTER ,  v.  a.  Nettoyer ,  ôter  la  crotte  des  fou- 
liers,  des  habits,  des  meubles.  Lutum  decutere ,  pur- 
gare. 
Décrotte    ee. 

DECROTTEUR.  f.  m.  Celui  qui  décrotte.  Rabelais 
dit  û'eVrorre^^r.f  de  Vigiles,  dans  un  fens  burletque 
&  métaphorique,  qui  eft  le  même  que  celui  de 
débrideur.  Voy  ey  ce  mot. 
DÉCROTTOIRE.  f.  f.  Petite  brolTe  faite  avec  du  poil 
de  pourceau  J  ou  de  fanglier,  qu'on  lailTe  fort  court. 
5c  qui  fert  à  décrotter  les  fouUers.  Peniculus  fetis 
afper.  Celles  qui  font  moins  fortes,  dont  le  poil  eft 
plus  long,  s'appe'lent  poliftbires. 

On  dit  d'une  petfonne  qui  a  la  peau  rude,  qu'Elle 

a  la  peau  rude  comme  des  décrottoircs. 

DÉCROUTER.  v.  a.  Terme  de  Vénerie.  On  dit  des 

cerfs  quand  ils  vont  au  frayolr^  qu'ils  vont  décrcuter 

tête.  Arhorum  ad  truncum  affricare  cornua,  eâqui 


leur 

cha  11  ru  lement ,  queRagotin  en  perdirle  pommeau       friclione  crujlas  detergere.  _ 

qui  lui  fervoit  de  fié^e  ,  tellement  qu'il  fe  pendit ,  DECRUER.  v.  a.  Terme  de  teinture.  I/.vivj^-^/''^^''^* 
quelque  temps  aux  crins  du  cheval ,  un  pied  aecro- 1     Les  teinturiers  font  obligés  de  dccruer  le  ni  ccru , 

Vij 


îjô  DEC 

c'eft-à-dire  de  le  leffiver  avec  bonnes  cendt-CSj&de  le 
laver  en  eau  claire  avant  que  de  le  teindre. 
DECRUMENT.  ou  DECRUEMENT.  f.  m.  Terme  de 
Teinture  de  fil.  C'eft  la  préparation  que  lesTeir;tu- 
riers  donnent  au  fil  écni ,  avant  Que  de  le  mettre"  à 
la  teinture. 
DÉCRUSEMENT.  f.  m.  CV/ï  le  premier  apprêt  qu  oti 
donne  à  la  foie,  en  mettant  les  cocons  dans  l'eau 
bouillante,  afiji  que  par  cette  forte  chaleur  humide, 
certaine  colle  qui  tient  les  filets  collés  enlemble,  <Sc 
qui  vient  de  la  bave  ou  faiive  du  ver  à  foie,  s'amo- 
lilfe  &c  foit  détrempée  dans  iVau.  Par  ce  moyen  elle 
fe  détache  &  fe  dévide  plus  facilement  de  delTus  les 
cocons. 
3DÉCRUSEMENT  cft  auffi ,  en  termes  de  Teinturiers  en 
foie ,  la  première  préparation  qu'ils  y  donnent  après 
J'avoir  dévidée  de  delfus  les  cocons,  pour  la  difpofer 
à  la  teinture.  Opération  qui  confifle  à  la  faire  cuire 
avec  du  favon  blanc ,  à  la  laver  enfuite  &  dégorger 
■dans de  l'eau  claire;  après  quoi  on  la  fait  tremper 
dans  un  bain  d'alun  froid.  Scrkum  fapone  pur^are , 
ut  colores  ïinbibat. 
i)ÉCRUSER  les  foies.  C'eft  en  faire  le  dccrufement, 
foit  pour  les  filer ,  de  deflus  les  cocons  ,  foit  pour 
les  préparer  à  la  teinture.   Voy.  Décrufément. 
^CFDECUIRE.  v.  a.  Terme  de  confifeur.  Faire  qu'une 
chofe  foit  moins  cuite ,  ou  corriger  le  défaut  qui 
vient  d'une  trop  grande  cuillon.  On  le  dit  des  fi  ■ 
rops  &  des  confitures  où  l'on  met  de  l'eau  pour  les 
rendre  plus  liquides  ,  quand  ils  font  trop  cuits. 

fC?  On  dit  au/H  décuire ^  en  parlant  du  fucre  : 
c'eft  le  rendre  tel  qu'il  étoit  avant  la  cuillbn  ,  en 
Je  faifant  pafter  dans  l'eau. 
^J"  DÉCUIRE  eftauffi  réciproque,  &  fe  dit  des  firops 
&c  des  confitures  qui  n'ont  pas  eu  une  cuiffon  fuf- 
ififante  ,   &  qui  fe  liquéfient  trop.  Plus  jujib  l'ique- 
ficri.  Quand  les  confitures  fe  dccuifcnt.^  ii  faut  les 
cuire  une  féconde  fois. 
'DÉcuiRE,  dans  quelques  Auteurs  de  Philofophis;  her- 
métique y  fe  prend  pour  cuire ,  &  fignifie  la  même 
chofe.  En  ce  lens  il  vient  de  decoquere,  donc  il  a  la 
fignification. 
DÉcuiT  ,  iTE.  part.  pair.  &  adj.  Plus  jujlo  Hquefaclus. 
DÉCUPELER.  V.  a.  Terme  de  Chimie.  Il  fignifie  la 
même  chofe  que  décanter.  Vcye-^  ce  mot. 


DED 

qui  ont  un  autre  Ecolier  a 


de  dix  Ecoliers 
tête. 
DÉCURION.  f.  m.  Chef  d'une  Décurie 
la  milice  Romaine  ,  que  dans  le  CoUè 
blée  du  peuple.  Dscurio- 


leuC 


j  tant  dans 
ège  ou  aftem- 


DECUPLE.  ad.    Terme  d'Antlimétique  qui  exprime 
jjroprement  le  rapport  qu'il  y  a  entre  une  chofe  & 
«ne  autre   qu'elle  contient  dix  fois  ,  qui  vaut  dix 
fois  autant.  Décuplas.  La.  difl-nnce  de  la  terre  A  Sa 
turne  eft  au  moins  décuple  de  celle  Je  la  terre  au 
foleîl.    La   Bruyère.  Les   Speélateurs    d'Ariftote 
croient  que  l'-air  venant  à    fe  raréfier  au  décuple^ 
change  nécefîairement  de  nature  ,  &  prend  la  forme 
de  feu.  RoHAULT.  Les  Grecs  gardoient  dans  leurs 
nombres  la  progreflion  décuple ,  comme  les  Arabes 
l'ont  retenue.  Huet. 
^Cr  DÉCUPLE  &  décupleront  deux  chofes  tout-à-fait 
différentes.  Une  chofe  eft  à  une  autre  en  raifon  dé- 
cuple ,  lorfqu'elle  eft  dix  fois  aufli  grande  :  &  deux 
nombres  font  en  raifon   décuplée  de  deux  autres 
nombres  ,  lorfquils  font  comme  la  racine  dixième 
de  ces  nombres.  Encyc. 
DÉCUPLER.  V.  a.  Augmenter  de  dix  fois  autant.  Cet 
homme  a  décuplé  la  fortune  que  fon  père  lui  avoir 
laiffée.;  c'eft-à-dire  ,  qu'il  eftdix  fois  plus  riche  qu'il 
n'étoit  à  la  mort  de  fon  père-  Vous  ne  porterez  pas 
tin  coup  inutile,  &  chacun  de  vous  fe  décuplera  en 
quelque  forte.L'ABB.  Terrasson.  Vowr^  décupler  uns 
fomme  ,  il   ne  faut  qu'y  ajouter  un  zéro. 
PÉCURIE.  f.  f.  Compagnies  de  dix  perfonnes  rangées 
fous  un   chef  nommé    Décurion.  Decurla.  La  Ca- 
valerie Romaine  étoit  rangée  par  Décuries.  Romu- 
lus  divifa  chacunedes  trois  Tribus  du  peuple  en  dix 
Centuries  ,  &  chaque  Centurie  en  dix  Décurks  ,  à 
laquelle  commandoit  le  Décurion.  M.  de  Giry  de 
l'Académie  Françoife  ,  dans  fa  Tradudion  de  l'A- 
pologétique de  Tertullien  ,  emploie  le  mot  dizaine 
ûulieu  de  Décurie.  Voy.  DIXAINE. 
Qn  appelle  Dicnm  daus  le  Collège,  unçu'wpe 


Décurion.  C'étoit  aufli  le  nom  qu'on  donnoit  aux  Sé- 
nateurs des  Colonies  Romaines  qui  formoient  unes 
cvour  de  juges  ou  de  confeillers  qui  repréfentoient: 
le  5ei3at  Romain  dans  les  villes  municipales.  Civi^ 
tatum  patres  curiales  :  honorati  municipiorumfenatores 
Leur  chef  fs  nommoit  curia  decuriomm  ^  èc  minoi* 
fenatus.  On  les  appela  Décurions  ,  parce  que  leur 
corps  eft  cornpofe  de  dix  perfonnes.  Les  villes  d'I- 
talie ,  au  moins  celles  qui  étoient  colonies ,  avoient^ 
part  fous  Augufte  aux  Eleéiions  des  Magiftrats  Ro- 
mains: car  les  Décurions  ^  ou  Sénateurs  de  ces  villes 
donnoient  pour  cela  leurs  fuftrages ,  que  l'on  en- 
voyoit  fceilés  à  Rome  ,  un  peuavant  l'éledcion.  Suet^ 
L.  II  y  c.  46".  TriLEM. 
DÉCURION  étoit  encore  le  nom  de  quelques  Prêtres  ' 
qui  femblent  ne  l'avoir  été  que  pour  quelques  fa- 
crifices  &  quelques  cérémonies ,  ou  religions  parti- 
culières ,  pour  les  Sacrifices  des  familles  &  des  mai- 
fons  privées.  Ils  étoient  choifis  par  Décuries,  comme 
Struvius   le   conjeâiuire  ;   &  c'eft    pour  cela  qu'oa' 
les  nommoit  Decurions.  Quoi  qii'il  en  foit  de  l'ori-' 
gine  de    ce  nom ,  une  infcription  qui   fe   trouva 
dans  Gruter  ,  p.  cccxlii  ,  n.  3.  prouve  ce   que  nous 
avons  dit  de  leur  fondion  ;  la  voici  :  Anchialus. 

CUB.  AED.    Q.  TER.    IN.    AEDE.   DECURIO.    ADLECTUS^ 
EX.    CONSENSV  DECVRIONVM.   FAMILIAE  VOLVNTA- 

TE.  Voilà  un  Décurion  quil'étoit  dans  la  maifon  d'ua' 
particulier ,  de  Q  Terentius. 

On  appelle  autli  Décurion  dans  le  Collège,  nnf 
Ecolier  q-ai  eft  à  la  tête  de  dix  autres. 

DÉCUSSATION.  f.  f. Terme  d'Optique  &  de  Géomé.--: 
tiie.  C'eft  le  point  où  des  rayons,  ou  des  lignes  fecroi— 
fetit  tel  que  le  foyer  d'une  lentille  ,  d'un  miroir ,  Sec-,. 
Conjunciio  radiorum  in  decujjlm.  Il  fe  fair  «ne  décuf-- 
fanon  des  rayons  de  la  lumière  dans  le   criftall  in  ^r 
"avant  que  de  s'aller  peindre  far  la  rétine.  Ii   fauc; 
qu'il  y  ait  une  double  décujjadon  dans  l'aétion,  de  la;^ 
vp.e  ,  pour  faire  voir  les  objets  redrelTés. 

DÉCUSSOIRE.  f.  m.  DecuJJorium.  Inftrument  /je  C'nî-. 
rurgie  ,  qui,  par  fa  preflion  fur  la  dure-mer  e ,caufet 
une  évacuation  du  pus  qui  s'eft  amaffe  entrf  ;  ie  ':râne. 
&  cette  membrane  ,  par  l'ouverture  que    le  r.répaiv 


gure  de 


a  (a\ie.V>LA-ncATk^cicé par  James.  Foye^).:^^, 
cpT  ÎTi^Vriimpnr  d^ns  Paré  ,   L.  VI,    cap.     21,^' 

D  E  D. 


go*  DÉDAIGNER,  v.  a.  Traitei-  ^vec  une  forte 
de  mépris  ceux  dont  nous  faifons  p  ^^  ^q  ^35  ^ 
que  nous  croyons  audeftous  de  nor.s'p  ar  la  naiflànce 
les  biens  ou  les  talens.  Fajlidire.  ,  d  edignari.  Quel- 
que fupériorité  qu'un  membr  e  de  Compagn4e  aie 
fur  fes  confrères  ,  il  ne  doir  "poi"';  les  dédaianer.is 
les  dédaigne  fi  fort ,  que  je  r,e  p  uis  eh  médire.  Vous 
dédaigm^  notre  amitié. 

Gardci-vous  de  rier ,  ^édaighet  , 
Sur-tout  quand  vous  ave  ^  à-pcu-près  votre  compte: 

La  Font.' 


de 


nous 


|Cr  Oh  dit  neutr  alement ,  il  dédaigne 
patler.  \\  dédaigne  de  nous  rendre  vifite. 

On  l'emploie  avec  la  né'^ative  ordinairement; 
pour  dire,  Daigwer.  Ne  ^^^/^/a^er  pas  de  me  faire 
cet  honneur  ,  Ôcc. 

DÉDAIGNÉ  ,  ée.  parr 

DÉDAIGNEUR.  ad':.  j^  f.bftantivement.  Terme 
d  Anatomie.  î^o-.ndu  quatrième  mufcle  de  l'œil.  In- 
dignatarms.  H  retire  l'œil  vers  le  petit  angle,  &  fair 
regarder  pa.:  aeffus  l'épaule.  Dionis.  C'eft  de-U  que 
iei  vient  Ion  nom  ,  ps.tce  que  c'eft  ainfi  que  l'on 
"■."rS^.  'I"^"'^  on  veut  marquer  du  m '.'pris  &  de 
l'indignation.  Il  fç  p.ojQume  acurement  Abdu<3;çijr. 


t>  E  D 

DÉdAigneur,  eUse.  adj.  Qui  marque  da  dédain.  Les 
Athéniens  croient  fous  de  la  liberté  j  idolâtres  de 
leur  patrie,  admirateurs  de  leurs  ufages,  dédaigneux 
ou  indifférens  pourtour  ce  qui  n'étoit  point  d'eux. 
Journ.   des  Sav.  Mars  //ji.on  dit  dédaigneux. 

Ï5ÉDAIGNEUSEMENT.  adv.  D'une  manière  dédai- 
^gneufe.  Fajlidiofè. 

DÉDAIGNEUX,  EUSE.  adj.  qui  marque  du  dédain. 
Fafiidiùfus.  C'eft  une  beauté  fière  ôcdédaigneufe.  Ces 
Critiques  impitoyables  qui  prennent  un  air  dédai- 
gneux fur  tout  ce  qu'on  dit  en  leur  préfence  ,  font 
l'etFroi  des  converfations.  Bell.  Foy.  FIER.  Il  faut 
éviter  de  parler,  &  encore  plus  de  badiner  avec 
les  perfonnes  fières.  Pour  les  dédaigneufes ,  il  faut  les 
fuir  ,  ou  ne  les  joindre  que  pour  les  mortifier. 

Mais  nous  autres  faifeurs  de  livres  &  d' écrits. j 
X)u  Lecteur  dédaigneux  honorables  ejclaves  ^ 
Nous  ne  /aurions  brifer  nos  fers  &  nos  entrava. 

BoiL. 

ÇCT  DEDAIN,  f.  m.  Sentiment  qui  nous  empêche  de 
nous  tamiliarifer ,  &c  qui  nous  éloigne  des  perfonnes 
que  nous  croyons  au  delFjus  de  nous  ,  par  la  nail- 
fance ,  les  biens  ou  les  talens-  Dans  ce  fens  il  ell: 
fynonyme  avec  le  mot  fierté ,  pris  en  mauvaife  part, 
avec  cette  différence  que  l.\  fierté  ed  fondée  fur  l'ef- 
lime  qu'on  a  de  foi-même  ,  &  le  dédain ,  fu.  le  peu 
de  cas  que  l'on  fait  des  autres: ce  qui  rend  celui-ci 
plus  odieux  iSc  plus  infuportable.  Voy.  les  Syn.fr. 
Fajlidium.  Il  y  a  une  forte  de  gens  vains  qui  fe  font 
du  dédain  j  une  décoration  perfonnelle  ,  qu'ilspro- 
duifent  comme  une  étiquette  pour  annoncer  le  mé- 
rite qu'ils  prétendent  avoir  ^  &  où  l'on  ne  manque 
pas  de  lire  le  contraire  de  ce  qu'ils  y  croient  écrit. 
Je  ne  fuis  point  d'humeur  à  eiTuyer  vos  dédains  & 
yos  injures.  S.  Evr. 

Quoi  !  votre  fermeté-fait  Juccéder'  fans  peine , 

Le  refpecl  au  dédain  ,  &  l'amour  à  la  haine  ?   Corn. 

Malgré  tout  mon  amour  j  jamais  cette  inhumaine  , 
Ne  témoigna  pour  moi  que  dédains ,  &  que  haine  ' 

S.  Evr. 

DÉDALE,  f.  111.  Arrière- petit- hls  d'Eredtée  ,  Roi 
d'Athènes  ,  a  été  le  plus  liabile  ouvrier  que  la  Grèce 
ait  jamais  produit  dans  l'Architedure  &  dans  la  Scul- 
pture principalement. 

DÉDALE,  f.  m.  C'elHe  fynonyme  de  labyrinthe,  an- 
quel  on  donne  ce  nom,  à  caufe  que -De<fa/e  en  fut 
l'inventeur.  C'ell  un  lieu  où  l'oti  s'égare ,  où  l'on 
fe  perd  à  caufe  de  l'embarras  de  àzzowis.Labyrinthus. 
Les  dédales  An  Y idùWis,  &c.  On  dit  plus  commu- 
nénient  labyrinthe. 

On  le  dit  aulh  figurément  d'un  grand  embarras. 
Si  vous  entreprenez  de  débrouiller  les  affaires  de 
cette  maifon  ,  c'eft  un  dédale  dont  vous  ne  fortirez 
jamais.  Le  dédale  des  loix  ,  des  procédures  ,  de  la 
chicane.  Anfraclus judiciorum. 

On  y  voit  tous  les  jours  l'innocence  aux  abois  , 
Errer  dans  les  détours  d'un  dédale  de  loix.  Boil. 

'  Apprenez  quefouvent  le  poids  d'une  cabale 

Embarrajfe  les  gens  dans  un  fâcheux  dédale. 

Mol. 

DÉDALES,  f.  f.  nlu.  Terme  de  Mythologie.  Fêtes  que 
les  Platéenscélébroient  depuis  leUr  retour  dans  leur 
patrie.  Platée  ,  ville  de  Béotie ,  avoir  été  ruinée 
par  les  Thebains  371  ans  avant  J.  C.  &  fes  habi- 
tans  obligés  d'aller  chercher  retraite  chez  les  Athé- 
niens ,  avec  qui  ils  demeurèrent  l'efpacede  foixante 
ans,  jufqu'au  temps  d'Alexandre  j  qui  permit  aux 
Platéens  de  retourner  dans  leur  patrie,  &  de  re- 
bâtir leur  ville.  Ils  inllituérent  les  Dédales  en  mé- 
moire  de  cet  exil,  &  comme  il  avoit  duré  foixante 


DED  ij7 

ans ,  a  ckaque  foixantième  année  ,   ils  célébroient 
cette  fête  avec  uue  grande  magnificence. 

DEDALION.  f.  m.  Fils  de  Lucifer  ,  &  père  de  Chio- 
ne,  fut  fi  touché  de  la  mort  de  fa  fille  Chione  qiie 
de  défefpoir  il  fe  précipira  du  fommet  du  Monc 
Parnalîe.  Il  fut  métamorphofé  en  épervier. 

DEDAMER.  v.  n.  Terme  du  jeu  de  dames.  Retirer 
une  dame  du  premier  rang  ,  c'eft-à-dire  ,  du  rang 
qui  eft  le  plus  proche  du  joueur,  &  l'avancer  à  iiu 
autre  j  ce  qui  peut  donner  lieu  à  l'adverfaire  d'aller 
à  dame ,  c'eft-à-dire  ,  de  placer  une  de  fes  dames  à 
la  place  que  l'on  a  c]uittée  ,  &  de  la  damer.  Scrupwrt 
lujorium  e  primo  ordiue  removere  ,  amovere.  il  fane 
néceflairement  dédamer  cq  coup-ci ,  ou  perdre  quel- 
que dame. 

Dédamer. Se  dit  figurément,  en  ftyle  familier  ,  pour 
quitter  la  place ,  le  rang  que  l'on  occupoit  ,  fe  re- 
tirer. Dignitatem  J  honores  linquere  ,  recipere  fe  ,rc- 
ceptui  canere.  Si  les  grands  n'étoicnt  nés  parmi 
les  couronnes  ,  s'ils  n'étoient  obligés  de  maiiitenir 
leur  dignité ,  comme  chaque  particulier  l'état  où 
il  fe  trouve;  s'il  leur  étoit  honnête  &  bien  féant 
dadédamer /]t  crois  que  beaucoup  fuivroient  l'exem- 
ple des  Empereurs  Dioclénen  ,  Lothaire  &  Charles 
V,qui  renoncèrent  tous  librement ,  auili  bien  qu'A-, 
murath  IL  &c.  Mascur.  Ce  mot  n'efi.  pas  d  ufage  ea 
ce  fcns. 

DEDAN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Dedanus.  Il  y  en  -x.' 
plulieurs  de  ce  nom  dans  l'Ecriture.  Le  premier  elt 
originaire  de  Cham  par  Chus  ,  Gen.  X.  7.  i.  Parai. 
XlX.  q.  Le  fécond  ell  defcendant  d'Abraham  ,  par 
Cethura,  Gen.  XV.  3.  1.  Parai.  XIII.  i.  Ccft  celui- 
ci  qui  avoic  donné  le  nom  à  des  peuples  dont  nous 
allons  parler.  Quelques-uns  croient  auili  que  l'O- 
racle di  Dodone  ,  ■  fi  célèbre  parmi  les  Grecs  j  tiroit 
fon  nom  de  l'un  de  ces  deux  hommes. 

DÉDAN,  efl:  aufli  le  nom  d'une  ville  de  1  Idumée  ,  donc 
parlent  Jérémie  ,  XXV.  23.  XLIX.  8.  &  Ezéch.XXVj 
13.&  XXVII.  zo.  Bochart,  croit  qu'elle  fut  fondée 
par  Dédan  fils  d'Abraham  &  de  Cethura,  dont  ella 
porta  le  nom.  Gen.  XXV.  3. 

DÉDAN.  Ville  dont  il  eft  parlé  dans  Ezéchiel  XXVIL 
15.  &  XXXVIII.  13. Bochart,  Phakg.  L.  IV.  C.  6. 
îa  place  dans  l'Arabie  heureufe  fur  la  côte  du  dé-; 
trou  Perfique ,  &  prétend  que  celle  /qu'on  nomma 
encore  aujourd'huiDaden,qu'Orteluis&  d'autresMo- 
dernes  placent  entre  le  détroit  de  Ba(rora,&;  l'embou- 
chure du  fleuve  Oin  ,  qui  eft  le  Lar  deProlomée&le 
Phalg  de  Nubieniîs,également  éloignée  d-  1  un&  do 
l'autre. Ce  qui  prouve  cette  iuuaîion,c'eftqu'Ezéchiel 
XXVII.  1 5.  parle  d'une  ville  maritime,  voisine  de 
plufieurs  îles  ,  &  d'oùl'on  alloit  par  mer  aux  indes^' 
car  l'ivoire  &  l'ébène  que  l'on  en  rapportoitj  font, 
des  marchandifes  des  Indes  \  que  Regma  ,  bâriepac 
le  père  deDedan ,  ètoit  lut  certe  même  côte  ,  comma 
Bochart  le  prouve  au  chapitre  précédent  \  que  la 
famille  de  Scheba  frère  de  Dédan  étoit  aufli  voifine: 
de  ces  lieux  ,  comme  il  le  prouve  au  chapitre  fui- 
vant,  &  qu Ezéchiel  XXXVIIL  13.  a  joint  ichoba. 
&  Dédan  ,  comme  des  lieux  voifins  j  ainfi  il  nefaur 
pas  confondre  cette  ville  avec  la  précédente  ,  qui 
étoit  dans  l'Idumée.  Ezéchiel  les  difnnguejXXVII. 
il  parle  de  la  première  v.  20  &  de  celle-ci  v.  1  <. 

Au  reftedansce  dernier  endroir  d'EzrchielXXVIt 
15.  Les  Interprcres  Grecs  traduifent  pn^j^  enfrjis 
de  Dcdan  ,  i"ei  r'«J'.'»y ,  Enjans  des  Rhodie'ns  ,  ce  qui 
a  fait  dire  à  Villaipindus  &  à  d'autres  après  lui 
que  Z'tû'^/z eft l'Ifle de  Rhodes,  que  c'eft  'à  îon  pre- 
mier nom  ;  que  de  Dédan  on  a  fait  P.'nedan  &: 
enfuite  Rhodon  ,  Rhodos.  Mais  Saint  Jérôme  SC 
après  lui ,  Bochart ,  foutiennent  que.  c'eft  une  faurû 
de  l'Interprète  ou  du  Copifte  de  .exemplaire qu'il 
avoir  ;  que  l'un  ou  l'autie  a  l.a  fn,  hedan  pour 
pTj  Dédan  ,  trompés  par  la  relfemblancc  qu'ont 
en  Hébreu  le  f  i  ^  ,  &:  le  Z).  ^  En  effet ,  ajout;  Bo- 
chart, qui  dira  que  les  Tyriens  ach-toient  l'ivoire 
&  l'ébène  des  Rhodiens ,  étant  beaucoup  plus  facile 
aux  Tyriens  qu'aux  Rhodiens ,  d'aller  aux  eudroiti 
d'où  l'on  tire  ce»  m«ichandifes  ? 


ïjS  D  E  D 

DÉDANIM.  Habkanc  de  la  ville  de  Dédan  en  Ida 
mée.  If.  XXI.  13.  car  en  cet  endroit  le  Prophète 
parle  de  l'Idumée,  comme  il  paroît  par  le  v.  11. 
1 5.  14.  où  il  menace  l'Idamée  ,  ou  Duma  ,  les  mon 
Lignes  de  Seïr ,  l'Arabie  ,  la  terre  aultrale,  par  rap 
port  à  la  Judée. 

§Cr  DED ANS. :idv,  Intùs,intrà  y  i/zfw.  Ce  mot  eft  ré 

latif  à  tin  lieu. 

fC?  Nicot  le  dérive  du  Grec  'i'^v' ,  qui  fignifîc 
intus  dedans.  Borel  prouve  par  plufieurs  exemplt.'. 
qu'on  difoit  autrefois  cns ,  ences  aulieu  de  du. 
dedans. 

^3"  M.  de  Voltaire  dans  fon  édition  de  Corn 
dit  qu'on  ne  peut  employer  le  mot  dedans  que  dan 
un  fens  abfolu  3c  que  ce  fut  toujours  un  iolécilm 
de  lui  donner  un  régime.  Etes-vous  hors  du  cabineu 
non,  je  fuis  dedans.  Mais  il  elt  toujours  mal  d 
dire  j  dedans  ma  chambre  j  dehors  de  ma  chambra 

Dans  les  murs  ,  hors  des  murs,  tout  parle  defagloir, 

Cor;n 

§Cr  Suivant  M.  de  Voltaire  Corn,  n'auroit  p;i 
parlé  françois  s'il  eût  dit  dedans  les  murs ,  deh^r. 
les  murs.  Qaoiqne  dedans  ,  deJJ'us  ^  dejjous  ne  foien 
qu'adverbes ,  &  qu'on  ne  doive  les  employer  qu 
dins  un  fens  abfolu  :  cependant  la  Fontaine  a  di. 
deljus  la  foi  d'autrui ,  Malherbe  ,  de[j'ous  cet  égide. 
Corneille  jufque  ^e^awj  mon  cœur ,  &c.  &c.  Ilnt 
faut  pas  fuivre  ces  exemples  &  on  doit  croire  avec  M. 
deVulcaire  que  ce  font  aurantde  folécifmes.  Ainfi  l'on 
ne  dic  point  dedans  la  ville ,   mais  dans  la  ville , 
dedans  une  heure  ,    mais  dans   une  heure.  Corn 

dia. 

|C?  Suivant  Vaug.  Le  mot  dedans  eft  prépofitioi 
lorfqu'ileft  précédé  d'une  autre  prépofition.  Il  pall.. 
par  dedans  la  ville.  Fer  urbem.  Il  n'eft  guère  toléra- 
ble  que  dans  cette  phrafe. 

On  dit  proverbialement  d'un  homme  qui  a  du  fa 
voir,  mais  qui  ne  peut  pas  le  faire  paroître  ,  qu'il 
a  l'efprit  en  dedans. 
Au  DEDANS,  adv.  Intàs.  Le  mal  eft  au  dedans.  Patru. 
Une  mailon  fi  favante  au  dedans  Se  au  dehors ,  & 
qui  a  des  fphères  pour  girouettes ,  méritoit  un  tel 
hôte  que  vous.  Balz.  Extrinfecàs  &  intrà. 

On  dit ,  en  matière  d'affaires  ,  qu'un  homme  n'eft 
ni  dehors ,  ni  dedans  ,  pour  dire  ,  qu  il  eft  encore  in- 
certain du  bon  ou  du  mauvais  fuccès, 

En  termes  de  Marine,  on  dit,  mettre  les  voiles 
dedans  ,  pour  dire  les  ferler ,  les  plier  &  ferrer  pou; 
naviger  à  l'ec  ,  à  mâts  Se  à  cordes.  Complicare  velu. 
Quand  on  voit  l'orage  ,  il  faut  mettre  les  voiles 
dedans. 
Dedans,  f.  m.  La  partie  intérieure  de  quelque  chofe. 
On  le  dit  au  propre  &  au  figuré.  Pars  ïnterior.  Les 
dehors  du  Louvre  font  beaux  ,  mais  le  dedans  eit 
toute  autre  chofe.  On  croit  aifément  que  le  dedans 
eft  en  b  )n  état  ,  quand  on  ne  voit  point  d'irrcgu 
larité  au  dchois.  S.  EvR.  Les  dedans  de  ce  Palai- 
étoient  auili  agréables  que  les  dehors  paroilloien; 
aftreux  BouH.Xt^v.  Lïv.  V.  Il  fut  ii  bien  compofer 
fon  extérieur  ,  que  perfonne  ne  s'apperçut  des  trou 
blés  &  des  agitations  du  dedans.  Id.  A  quoi  fen 
cet  extérieur  (1  bien  compofé  ,  quand  Xa  dedans  Qi\ 
plein  de  trouble  &  de  confufion  ?  Flech. 

«Si  ]e  combats  l'amour  ce  n'ejl  qu'en  apparence  ; 
Et  ce  quà  l'étouffer  ma  vertu  fait  d'efforts  , 
Punitbien  le  dedans  des  feintes  du  dehors.QoKH 

'^fT  M.  de  Voltaire  dans  fes  remarques  fur  Polyeude, 
prétend  que  ces  mots  le  dehors ^  le  dedans  ne  font 
pas  du  ftyle  noble. 
^ZT  Dedans,  Intérieur.  Le  dedans  eft  renfermé  par  les 
dehors.  L'intérieur  eft  caché  par  l'extérieur.  Syn.  Fr. 
Il  faut  favoir  pénétrer  dans  l'intérieur  des  hom- 
mes ,  pour  n'être  pas  la  dupe  de  leur  extérieur.  Un 
Lâtimentdoit  être  commode  en  dedans  ,  &c  régulier 
en  dehors.  Les  Politiques  ne  montrent  jamais  l'inté- 


D  ED 

rieur  de  leur  ame  j  ils  retiennent  au  dedans  d'eux- 
mêmes  tous  les  mouvemens  de  leurs  pallions 

En  termes  de  Manège  ,  quand  on  dit  ,  Ce  Cava- 
lier en  difputant  le  prix  de  la  bague  ,  a  eu  deux 
dedans ,  on  entend  qu'il  a  enlevé  la  bague  deux  fois 
&  une  atteinte  j  c'eft-à-dire ,  qu'il  y  a  touché.  Bis 
annuLum  trajecit  j  percuffu,  attigit.  On  dit  aulfi  ,  le 
talon  du  dedans ,  la  jambe  du  dedans  j  la  rêne  du 
dedans ,  par  oppofition  à  celle  du  dehors.  On  dit 
encore ,  qu'un  cheval  a  la  tête  Se  les  hanches  en  de- 
dans ,  quand  on  fait  paffager  ,  ou  que  l'on  porte 
un  cheval  de  biais  ,  ou  de  côté  fur  deux  lignes.  Oa 
dit  enfin,  mettre  un  cheval  dedans  ;  pour  dire  ,  le 
dreffer  ,  le  mettre  bien  dans  la  main  Se  dans  les  ta- 
lons. Ce  cheval  s'eft  lort  bien  mis  dédans  j  c'eft-à- 
due  ,   qu'il  s'eft  bien  dreffé. 

On  dit  auili, en  Fauconnerie,  mettre  un  oifeau  de- 
dans, pour  due,  l'appliquer  adtuellementà  la  chaffe. 
VoLatUcin  ^rudam  accipun  aguundam  dare. 

En  termes  de  Joueurs  de  Paume  ,  on  appelle  un 
jeu  à  dedans  ,  celui  qui  a  du  côcé  par  où  l'on  en- 
tre une  féconde  galerie  ,  Se  du  côté  de  la  grille  une 
boffe  pour  compenfer  les  avantages  de  part  &  d'au- 
tre j  Se  on  oppole  le  jeu  de  dedans  à  un  jeu  de  paume 
carré. 

En  termes  de  Tridtrac  ,  mettre  dedans  ,  c'eft  avan- 
cer une  dame  feule  entre  deux  cafés  faites  j  &  rif- 
quer  qu'elle  foit  battue. 

En  termes  de  Jardinage,on  dit,  le  dedans  d'un  arbre 
pour  lignifier  l'efpace  qui  eft  au  milieu  des  bran- 
ches. Il  faut  être  foigneux  d'ôter  toutes  les  branches 
qui  fe  jettent  au  dedans  de  l'arbre.  Liger. 
DÉDICACE,  f.  f.  Confécration  d'un  Temple,  d'une 
Autel  j  d'une  ftatue  ,  &c.  en  l'honneur  de  quelque 
divinité.  Dedicatio  j  confecratio.  L'ufage  des  dédica- 
ces eft  très-ancien  ,  foit  parmi  les  Adorateurs  du 
vrai  Dieu  ,  foit  chez  les  Payens.  Les  Hébreux  l'ap- 
pellent nsn  ,  hhanuchab  j  qui  fignifie  Initiation  j 
Dédicace  ,  Se  que  les  Interprètes  Grecs  ont  traduit 
par  'i.yx.Mua.  J  &  Eyx<n5-/<W  ,  Renouvellement.  Nous 
trouvons  dans  l'Ecriture  des  dédicaces  du  tabernacle, 
des  autels  j  du  premier  Se  du  fécond  temple  :  des 
maifons  même  des  particuliers.  Nombr.  VII.  10.  11. 
84.  88.  Deut.  XX.  5.  80.  88.  III  des  Rois  V.  65.  IL 
Parai.  VIL  ^  5.  I.  ■.Efdr.  VI.  16.  17.  IL  tfdr. 
XII.  27.  P/XXIX.  I.  I.  Machab.  IV.  5Ô.  59.  IL 
Mach.  II.  9.  II.  20.  Hebr.  IX.  18.  Il  y  en  a  auili  des 
vafes  &  des  vctemens  des  Lévites  &  des  Prêtres  , 
Se  des  hommes  mêmes  :  mais,  dans  le  Chriftianifme, 
nous  appelons  ces  cérémonies  confécrations  ,  béné- 
diélions  ,  ordinations  ,  Se  non  point  dédicace,  qui 
ne  fe  dit  que  des  lieux.  Foye^  donc  fur  cela  le  mot 
CONSECRATION  ,  Se  tous  ces  autres  mots.  Salô- 
mon  fit  la  dédicace  du  temple  qu'il  avoit  bâti  avec 
une  magnificence  ,  &  des  dépenfes  étonnantes. 

Les  Payens  avoientaulîî  àssdédicaces  des  temples, 
des  autels ,  des  ftatues  de  leurs  Dieux ,  Sec.  Nabu- 
chodonoforfit  la  dédicace  as  fa  ftatue.  Dan.  III. 
x.  Sec.  Pilate  dédia  à  Jérulalem  des  boucliers  dorés 
à  Tibère.  Philon  ,  De  Légat,  ad  Caium  p.  jçç.  Pé- 
trone voulut  dédier  une  Itatue  à  l'Empereur  dans 
la  même  ville,  //'.791.  Lycophron  parle  delà  dé- 
dicace du  temple  de  Parthénope  \  Tacite,  Hifi.  L.  IV. 
C.  55.  parle  de  la  d'e'i/i'aztre  du  Capiiole  rebâti  par 
Vefpafien  j  &c.  Ces  dédicaces  fe  fufoient  par  des 
facrifices  propres  de  la  divinité  ,  à  l'honneur  de  la- 
quelle on  les  entreprenoit  ;  mais  elles  ne  fe  prati- 
quoient  point  fans  petmiflion.  Chez  les  Grecs  on 
ne  fait  pas  trop  qui  les  donnoir  :  chez  les  Romai'.s. 
c'étoit  le  Magillrat.  L'hiftoire  d'Augufte  eft  pleine 
de  ces  permillions  accordées  aux  Provinces  Se  aux 
Villes ,  par  l'Empereur  &  le  Peuple  Romain. 

Les  Juifs  célèbrent  tous  les  ans  la  dédicace  du  tem- 
ple pendant  huit  jours.  Elle  fut  ordonnée  par  Judas 
Machabée  Se  toute  la  Synagogue  j  l'an  148  de  l'ère 
Syro-Macédonienne ,  c'eft-à-dire,  1(^4  ans  avant 
J.  C.  Ie25.  duIX*^.  mois  qu'on  appeloit  Cifieu ,  Se 
qui  répond  en  partie  au  mois  de  Novembre  ,  Se 
I     en  partie  au  mois  de  Décembre.  Les  Payens  avoienc 


DED 

même  de  ces  Anniverfaires  de  dédicace ,  comme 
celle  du  temple  de  Partlunope  j  donc  parle  Lyco- 
phion. 

Dans  le  Chriftianifme,aVa'/<:czcd  ne  fe  dit  que  d'une 
Egiife  ,  5r  c'en  eft  la  Confécration  hiite  par  un 
Evcque  avec  beaucoup  de  cérémonies  pielcrites  par 
i'E'^Ufe.  Les  Chréncns  fe  voyant  en  liberté  fous 
Conftantin,  à  la  place  des  Eglifes  ruinées  ,  on  en 
bâciiroit  partout  de  nouvelles.  Leurs  Dédicaça 
croient  des  fêtes  magnilîqucs  :  lesEvcques  s'y  allem- 
bloienten  grand  nombre,  les  peuples  y  accouroient 
en  foule.  Fleur.  A  la  dcdicace  de  l'Ei^lile  de  Tyr , 
Eulebe  Evcque  de  Céfarée,  prononça  un  Panégy- 
rique. Id.  s.  Athanafe  fut  acculé  d'avoir  célébré 
l'office  dans  la  grande  Eghfe  d'Alexandrie  av.mt 
qu'elle  fût  dédiée.  Oui,  dit-il,  on  l'a  fait,  je  le 
confcHe  J  mais  nous  n'avons  pas  célébré  hdcJxjcc  ; 
il  n'étoit  pas  permis  de  le  taire  fans  votre  ordre.  S. 
Athanafe  ne  mépriloit  donc  pas  cette  cérémonie  de 
la  dédicace  des  Eglifes  ,  puilqu'il  fc  détend  lî  lé- 
rieufément  fur  ce  point  j  mais  il  croyoit  que  l'on 
pouvoir,  en  cas  de  ncceilité  ,  fe  fervir  d'une  Egliltr 
avant  qu'elle  fut  dédiée.  Id.  Le  Concile  de  la  Dédi- 
cace ,  ell  un  Concile  d'Antioche  qui  s'y  tint  en 
341.  à  l'occafion  de  la  dédicace  à'mit  grande  Eglife 
que  Conllantin  y  avoit  f\it  bâcir. 

La  dédicace  Aqs  temples  ou  Eglifes  des  Chrétiens 
ayant  commencé  à  fe  faire  lolemnellement  lous 
l'Empire  de  Conftantin  ,  comme  on  l'a  dit  ;  on  la 
faifoit  ordinairement  dans  un  Synode  ,  ou  pour  le 
mo'us  on  alfembloit  plui;eurs  Evêques  pour  ren- 
dre la  cérémonie  plus  augufce.  Nous  avons  dans 
Luièbe  la  delcription  de  celle  des  Eglifes  de  Jéru- 
falem  &  de  Tyr ,  fous  Conftantin  ,  &c  beaucoup 
d'autres  dans  des  Auteurs  poftérieurs. 

Dans  le  Sacramenraire  du  Pape  Gelafe  ■,  la  dédi- 
cace du  baptiftère  eft  marquée  féparément  de  celle 
de  l'Eglife ,  qui  fe  faifoit  alors.avec  moins  de  céré- 
monies, que  dans  les  derniers  temps. 

On  appelle  aufti  dédicace  de  l'Eglife  ,  une  Fête 
qui  fe  célèbre  tous  les  ans,  le  même  jour, en  mémoire 
de  fa  confécration  ,  &  qui  eft  marquée  par  des  cier- 
ges qu'on  met  à  tous  les  piliers.  Conjecrad  tcnipU 
anniverfarius  dies.  La  dédicace  eft  une  Fête  doubl 
qui  fe  célèbre  avec  fon  oélave. 
DÉDICACE,  terme  de  littérature.  Adreffe  d'un  livre 
qu'on  fait  à  quelqu'un  par  une  épitre  ou  par  une 
infcriprion  à  la  tête  de  l'ouvrage.  Dedicatio.  Votre 
Majertén'aque  faire  de  toutes  nos  dédicaces.  Mol. 
Furctière  dit ,  dans  fon  Roman  Bourgeois ,  que 
le  premier  inventeur  des  dédicaces  fut  un  Men- 
.  diant. 

Tu  verras  les  Auteurs  , 
Dégrader  les  Héros  pour  te  mettre  en  leurs  places  , 
De  tes  titres  pompeux  enfler  leurs  dédicaces  ? 

BoiL. 

DEDICATEUR.  f.  m.  Auteur  qui  dédie  un  livre  à 
quelqu'un. 

Rien  n  eft  Jî  fâcheux  qu'un  Auteur 

Qui  s'érige  en  dédicateur.  De  Malezieu. 

Le  mot  ds: Dédicateur  eft  grave  i5c  fcrieux  ,  &  c'eft 
dans  ce  fens  que  M.  Bayle  a  dit  dans  les  I^^ouv.  de 
la  République  des  Let.  Septemb.  i6S  \.  que  M.  de  La 
Fontaine  s'acquitta  d'une  manière  fine  ,  nouvelle  & 
courte  de  fa  charge  de  Dédicateur. 
DÉDICATOIRE.  adj.  Ne  fe  dit  qu'en  cette  phrafe  , 
Epitre  dédicatoire  ,  pour  dire  j  celle  par  laquelle  on 
dédie  un  ouvrage  à  quelqu'un.  Somme  dédicatoire, ou 
Traité  des  dédicaces ,  eft  une  fatyre  contre  le  faux 
Mécénas  inférée  dans  le  Roman  Bourgeois.  On  dit 
que  l'Ariofte  &  le  TafTe  on  été  très-malheureux  en 
Epittes  dédicatoires.  Théodote  de  Gaza  j  pour  une 
Epitre  dédicatoire  qu'il  fit  au  Pape  Sixte  IV.  du  li- 
vre d'Ariftote  de  la  nature  des  Animaux,  n'en  reçut 
pour  récompenfe  que  le  rembourfcment  de  la  re- 


DED  IJ9 

îiure.  Il  n'eft  pas  petmis  de  s'émanciper  ,  &  de  fe 
fervir  de  mots  douteux  dans  une  tpicre  dédicatoire 
comme  dans  le  cours  d'un  grand  ouvrage.  Vaog. 
Une  Epitre  dédicatoire  n''eft  pas  une  chofe  aifée  ;  on 
s'eftdéjà  lervi  de  cous  les  tours  de  louplelle  qui  y 
peuvent  entrer.  Bayl. 

DEDIER.  V.  a.  Confacrer  une  Eglife  j  la  deftinet  au 
cuite  de  Dieu  fous  l'invocation  de  quelque  Saint. 
Dedicare  ,  conjecrare.  L'Egliie  de  Pans  tv\  dédiée  i 
Dieu  lous  l'invocation  de  Notre-Dame.  LesPayens 
onidédiidQS  temples,  des  autels,  desftatues  à  leurs 
faux  Dieux  ,  à  leurs  Empereurs. 

}fT  DÉDIER  lignifie  dans  le  langage  ordinaire,  def- 
tinet à  quelque  chofe  de  faint,  à  une  profelfion 
fa. lire.  Dejiinare,  addicere.  Ses  parens  le  dédièrent  ds 
bonne  heure  à  l'état  Eccléfiaftique.  il  fe  dédia  nu  fet- 
vice  de  Dieu. 

DÉDIER.  Signifie  aulîî ,  adreftèr  un  livre,  un  ouvrage 
à  quelqu'un  par  une  épitre  ou  par  une  infcriptioii 
à  la  tête  de  l'ouvrage.  Lihruin  dicare  j  dedicare  , 
honori  &  meritis  alicu/us.  L'Auteur  qui  rabailfe  trop 
le  livre  qu'il  t/^a'/e  n'ell  pas  judicieux  en  faifant  un 
fi  mauvais  préfent.  M.  Scud. 

Cen'eflquc  maroquin  perdu  , 

Que  les  livres  que  l'on  dédie.  ScarroN. 

DÉDIÉ.  ÉE.  parc. 

DEDIRE.  V.  a.  .fe  dédis,  tu  dédis,  il  dédit ,  nous  dédi' 
Jor.s  ,  vous  dédije\  ,  (Se  lelon  quelques-uns  j  VoUs  dé- 
«^ire^.  Molière  a  dit. 

Puifque  je  rai  promis  ne  m'en  dtd^KQS pas.  Mol. 

^fT  Mais  il  ne  faut  pas  l'imiter  en  cela.  Le  refte 
du  verbe  fe  conjugue  comme  dire.  Dédire  quelqu'un, 
c'elt  défavouer  ce  qu'il  s'eli:  avancé  de  dire  ou  de  faire 
pour  nous.  Improbare,  irrita  hahere  quA  alius  nojlro 
nomine  Jecit  ;  nolle  praflare  qu&  promiflt  alter  noflro 
/2o/72i/7^.  Il  ne  fe  dit  guère  qu'avec  la  négative. 'Vous 
voulez  que  cette  aftaire  aille  ainfij  je  ne  vous  en 
délirai  pas.  Vous  me  confeiUez  de  payer  cent  écus 
de  ce  cheval ,  je  ne  vous  en  dédirai  pas.  ii  mon  Cour- 
tier en  a  offert  dav.intage  en  mon  nom,  je  l'en  dédi- 
rai. Vous  n'en  ferez  pas  dédit. 

Dédire  ,  avec  le  pronom  pcrfonnel,  fignifie,  rétraéler 
fa  parole.  Revocare  quod  diclum  eft.  On  dit  que  c'eft 
un  privilège  de  Normandie,  de  fe  pouvoir  dédire. 
Cela  vient  de  ce  que  par  la  vieille  Coutume  de  Nor- 
mandie ,  il  ctoif  permis  de  fe  dédire  dans  les  24  heu- 
res après  la  iignarure  d  un  contrat.  On  donnoit  ce 
temps-là  pour  en  délibérer,  &  il  étoit  libre  de  l'a- 
nuller ,  ou  de  le  ratifier.  Il  avo'.t  promis  relie  chofe  j 
il  s 'eft  dédit. 

Se  dédire  ,  fe  dit  auHî  de  ceux  qui  difent  le  con- 
traire de  ce  qu'ils  ont  dit.  Fulinodiam  cancre  \  recan- 
tare  dicla.  Quand  un  témoin  fe  dédit  aptes  lacônfron- 
tation ,  il  lui  faut  faire  fon  procès.  On  oblige  ceux 
qui  ont  dit  des  injures  atroces ,  d'en  faire  réparation  à 
lAudicnce,  &:  de  s'en  dédire.  C'eft  un  honnne  qui 
n'a  point  d'opinion  que  celle  qu'on  veut  lui  donner 
&  qui ,  par  une  complaifance  fade,  fe  dédit  tuni  qu'il 
vous  plaît.  M.  Scud.  Se  dédire  de  fes  anciennes  ma» 
ximes.  Ablan. 

03*  En  parlant  de  ceux  qui  font  trop  engagés 
dans  une  affûte  pour  reculer ,  pour  ne  la  pas  fuivre, 
on  dit  figurément,  qu'ils  ne  fauroient  s'en  dédire. 
La  caufe  eft  appelée,  il  fuit  qu'on  plaide,  on  ne  s'en 
peut  plus  c'e-'»(j.  L'affaire  eft  trop  engagée;  il  faut 
la  fuivre  ;  il  n'y  a  plus  moyen  de  vous  en  dédire. 

Dédit,  ite  ,  part. 

§Cr  DEDIT,  f.  m.  Révocation  d'une  parole  donnée.  Il 
n'eft  gucied'ufage  que  dans  cette  phrafe  familière. 
Il  a  fon  dit  &  fon  dédit,  pour  dire  qu'on  ne  peut 
pas  fe  fixer  à  fa  parole. 

(fT  DÉDIT  ,  fe  dit  plus  communément  dans  le  com- 
merce; &  fignifie  peine  ftipulée  par  un  marché,  ou 
dans  un  contrat,  ou  dans  un  compromis  entre  deux 
eu  plufieurs  perfonnes ,  contre  celui  qui  ne  le  voudra 


ï^o 


D  E  D 


0 


pas  exécuter.  Multa.  Il  lui  a  vendu  cette  charge  &  a 
ihpulé  un  dédit  as  mille  écus. 

En   la  Coutume    de  Bordeaux ,    dédit  &c  dédire 

fignifîe  limplement  dénégation ^  &c  dénier ^  ou  foute- 

nir  le  contraire,  &  non  pas  changer  d'avis. 

DEDOMMAGEMENT.  1".  m.  Réparation  du  dommage 

Damiii  reparatio ,  compenjutio.  Quand  on  a  mis  le 


DED     DEE 

quences  tirées  d'un  premier  principe,  qui,  pour 
que  la  déduction  foit  bonne,  doit  être  évident  ou  re- 
connu pour  vrai.  Il  faut  de  plus  que  chaque  confé- 
quence  luive  exaâement  de  celle  qui  la  précède. 

ce?  Dans  le  langage  ordinaire  ce  mot  fe  prend 
fouvent  pour  énumération  en  détail,  il  nous  a  fait 
une  longue  déduclion  de  fes  raifons. 


feu  par  malheur  en  quelque  mailon ,  on  ell  obligé  '  DEDUIRE,  v.  a.   Souftraire  ,   rabattre  ,    retrancher. 
au  dédommagement.  Les  laulFes  prudes  tâchent  de  |      Deducere  ^  </amAere.  On  a  couché  cette  recette  tout 
trouver   dans  leur  modeftie  forcée,   &   dans  leur!      du  long j  faut  à  ûfeVazVd.  Il  ne  faut  pas  compter  fon 
déchaînement  contre  toutes  les  jolies  femmes,  le|      bien  qu'on  n'en  ait  ^eV/zir  les  dettes. 
dédommagement  àQhu.thQ^awti.'S'iiL.DamnaJorma   Déduire  ,  Tigniiie  aullî ,  Tirer  une  confcquence  de 


rcpendere. 

Pour  fe  payer  des  frais  d'un  amour  inutile  j 
■Ciéon  au  Châteletfait  ajjîgner  Camille. 
Etpourjiiit  de  fon  cxurle  dédommagement.  Vill. 

DÉDOMMAGER,  v.  a  Réparer  un  dommage.  Koyei 
■  ce  mot.  Damnum  ,  refarcire.  rependere  ,  cûmpenfare. 
On  a  tuiné  fa  maiion  ;  mais  il  en  a  été  bien  dédom- 
magé. Une  jeune  remme  cherche  quelquefois  â  fe  dé- 
dommager as  l'ennui  que  lui  donne  un  vieil  époux. 
Bell.  L'orgueil  fe  dédommage  toujours,  &  ne  perd 
rien  ,  lors  même  qu'il  renonce  à  la  vanité.  Rochef. 

DÉDOMMAGÉ,  ee.  part. 

#Cr  DE  DORER.  V.  a.  Oter,  effacer  la  dorure  d'une 
choie ,  en  tout  ou  en  partie.  Aurum  alicui  rei  iUitum 
detergere.  Dédorer  ans  d\o(Q  à.  force  de  la  toucher, 
de  la  manier. 

|"kT  11  ell  aufli  verbe  réciproque,  &  lîgnifie  per- 
dre peu- à-peu  de  fa  dorure.  Les  chofes  dorées  j  la 
vailielle  de  vermeille  dédorent Siwec  le  temps. 

DÉDORÉ,  ÉE  j  part. 

DEDORMIR.  v.  n.  Qui  ne  fe  dit  que  de  Teau  qui  ert 
trop  froide  ,  qu'on  approche  du  feu  pour  lui  ôter  fa 
crudité  j  ou  fondre  la  glace.  Temperare  aquiz  frigus. 
De  l'eau  dédormie.  Vous  dites  que  ce  pot  bout,  à 
peine  siiWdeJ.ormi.  Si  ce  mot  elt  en  ufage  quelque 
parc ,  ce  ne  peut-être  que  dans  quelque  province. 
On  dit  faire  dégourdir  de  l'eau  ,  la  faire  tiédir. 

-DÉDORMI,  lE ,  parc. 

DÉDOUBLER,  v.  a.  Oter  la  doublure  d'un  habit ,  d'un 
meuble,  d'une  tapllferie.  .^//'i/r«/72  interius  vejli pan- 
num  eximere.  Il  a  fait  dédoubler  fon  manteau  à  caufe 


quelque  principe.  Dcducere.  Y érizcs  fort  différentes 
des  principes  d'où  elles  font  déduites.  Roh. 

IJO^Deduire,  fe  dit  encore  pour  raconter  fort  au  loftg 
&  par  le  menu  ;  cnarrare ,  exponere.  Un  Avocat  doit 
avoir  foin  de  bien  déduire  &  expliquer  le  fait  &  les 
circonftances  de  fa  caufe.  Si  je  voulois  entreprendre 
de  déduire  ce  qui  s'eft  pallé  en  Grèce,  il  faudroit 
interrompre  le  fil  des  affaires  d'Afie.  Vaug.  Déduire 
fes  délenles.  Ce  mot  fent  un  peu  le  palais. 

Se  Déduire,  fignifioit  autrefois  fe  divertir.  Deleclari, 
genio  indulgere.  Il  fe  déduifoient ,  ils  fedivertilfoient. 

Déduit,  ite,  part.  Un  fait  bien  déduit  iclûïcn  beau- 
coup uneaff'aire.  Narratus ,  expoftus,  deduclus.  Tou- 
tes chofes  déduites  Hc  compenfées  j  il  eft  dû  tant  de 
refte. 

DEDUIT,  f  m.  Divertiffemenr  ^  plaifir.  Ohkclntio  , 
ohLeclcimentum.  Il  aime  le  jeu ,  c'efl:  tout  fon  déduit. 
Cette  femme  n'efl:  bonne  que  pour  l'amoureux 
déduit.  On  dit  auiîi  le  déduit^  le  plailir  de  la  chalfe. 

Ce  mot  a  vieilli,  &:  ne  fe  diroit  plus  qu'en  ftyle 
badin  ou  burlefque. 

On  appelle  déduit  de  Vénerie  ,  de  Fauconnerie, 
tout  le  train  &  équipage  qui  fert  à  prendre  le  déduit 
de  la  chalfe,  les  Veneurs,  les  chiens,  les  oifeaux  , 
les  valets.  Venantium  caterva ,  canes,  accipitres  ,  & 
reliqua  fuppellex.Ei  l'on  dit,  écarter  le  déduit,  fuivre 
le  déduit,  devancer  le  déduit. 

DÉDUYER.  v.  n.  Vieux  mot.  Se  récréer,  prendre plai 
fir  à  faire  quelque  chofe. 

DÉDYMNÉE.  f  m.  Dedymn&us.  Premier  mois  de  l'an- 
née chez  les  Achéens,  qui  répondoit  à  Janvier.  Fa- 
bricii  Menolog.p.^i. 

D  É  E. 


de  la  chaleur. 

DÉDOUBLER,   Rendre  fîmple  &  unique  ce  qui  étoitlDÉE,  Nom  de  Rivière.  Dca,  Deva,  Diva,  Deuva. 
double.  On  dit,  en  rennes  de  guerre,  dédoubler  les  |      Il  y  a  dans  la  Grande-Bretagne  trois  rivières  de  ce 


rangs,  comme  on  ditj  les  doubler.  Ordines  fmplices 
ejjicere.  Loifqu'il  faut  doubler  ou  dédoubleries  rangs 
pour  marcher  par  plus  ou  moins  de  files,  il  faut 
Faite  comprendre  aux  foldats  que  l'on  double  tou- 
jours lur  la  gauche  des  premiers  rangs  par  la  droite 
des  derniers ,  de  même  que  l'on  dédouble  toujours 
par  la  gauche  qui  devient  pour  lors  la  droite  du  rang 
qui  va  fe  former;  qu'ils  doivent  s'accoutumer  à  fe 
compcer  d'eux-mêmes,  pour  favoir  ceux  qui  doi- 
vent doubler  ou  dédoubler,  &  fe  remettre  infenfi- 
blemenc  à  leur  chef  de  files  en  marchant.  On  ne  fau- 
roit  trop  accoutumer  les  foldats  à  doubler  &  dédou- 
bler, rompre  Hc  former  leurs  rangs.  Bomeelles. 

Dédoubler  une  pierre.  Terme  de  Carrier.  C'eft  h 
féparer  en  deux,  dans  toute  fa  longueur,  avec  des 
coins  de  fer  en  prenant  fon  fil,  ou  litage.  Il  faut 
fcier  ou  couper  celles  qu'on  ne  peut  pas  "dédoubler  : 
travail  plus  long  &  plus  pénible. 

Dédoublé,  ÉE,  part. 

|Cr  DEDUCTION,  f  £  Mot  équivoque  &  qui,  fui- 
vanc  les  diff^érens  emplois,  fe  prend  dans. un  fens 
diff^érent.  En  parlant  d'affaires ,  de  calcul ,  il  eft  fyno- 
nyme^  à  fouftra£tion  ;  c'eft  ainfi  que  l'on  dit  qu'un 
bénéfice,  déduB/ion  faite  des  charges,  vaut  tant; 
qu'une  fuccelfion ,  déduclion  fiite  des  frais,  des 
legs  J  &c  ,  ne  monte  qu'à  telle  fomme  :  c'eft-à-dire , 
qup  les  frais,  les  legs ,  &c.  prélevés  &  déduits  fur  le 
principal  ,  il  ne  refte  de  net  que  telle  fomme. 
I^cduciio. 

■^fT  En  logique  _&:  dans  les  autres  fciences,  déduc- 
tion fignifie  une  fuite  de  raifonnemens  ou  de  confé- 


nom.  L'une,  qui  eft  en  Angleterreja  fa  fource  dans 
le  Comté  de  Merioneth,  arrofe  ceux  de  Denbic  & 
de  Chefter,  &  fe  jette  dans  la  mer  à  Chefter.  Une 
autre  qui  eft  dans  l'Ecolfe  méridionale,  a  fa  fource 
aux  confins  du  Comté  de  Kyle,  traverfe  celui  de 
Galloway  ,  du  nord  au  fud  ^  &  fe  décharge  dans  la 
mer  d'Irlande  vis-à-vis  de  l'Ifle  de  Aîan.  La  troifiè- 
me  eft  dans  l'Ecofte  feptentrionale,  traverfe  le  Com- 
té de  Marr,  &  fe  décharge  dans  la  mer  d'Allemagne 
à  la  nouvelle  Aberdéen.  On  pêche  beaucoup  de  fau- 
mons  dans  cette  rivière.  Il  femble  que  Dée  eft  la 
même  chofe  qu'en  François  Dive ,  rivière  de  Nor- 
mandie ,  Diva. 
DÉEL.  f.  m.  Nom  d'homme.  Deicolus.  S.  Déel  fut 
Moine  à  Luxeuil  en  Franche- Comté  fous  S.  Colom- 
ban.  Chastelain.  Martyrol.  T.  I. p.  3  53.  Il  mourut 
en  Franche-Comté  à  Lure  ,  dont  il  a  été  le  premier 
Abbé.  Id.  Il  eut  pour  fucceffeurs  S.  Colombin.  L'Au- 
teur du  Martyrologe  Anglois  a  fait  de  S.  Déel  un 
Abbé  de  Sutri  en  Tofcane  ,  où  il  n'a  jamais  été.  Cela 
ne  peut-être  venu  que  d'avoir  lu  quelque  parc  Sutrin- 
fis  pour  Lutrinfis.  Id.  Le  nom  de  Déel  fe  donne  aflez 
ordinairement  au  bapjême  en  Franche-Comté  ,  fur- 
tout  dans  la  maifon  de  Beaufremoiir,  même  aux 
filles  que  l'on  nomme  Déele  ,  &  en  Latin  Deicola, 
qui  eft  le   nom  dont  les  Modernes  ont  appelé  ce 
Saint,  à  caufe  que  ce  mox.{\gx\'\(i<î  Adorateur  de  DieUy 
au  lieu  que  fon  vrai  nom  eft  Deicolus  ,  comme  on 
lit  dans  tous  les  Manufcrits.  Il  eft  nommé  S.  Diey  à 
la  marge  de  fa  vie  dans  le  P.  Mabillon ,  ce  qui  peut 
le  faire  confondre  avec  S,  Dic  de  Nevers  j  &  avec 

S.  Dié 


D  EF 

s.  Dié  du  Blaifois,defqiiels  le  nom  latin  eft  Deodatus\ 
outre  que  ce  mot  de  Diey  n'a  nulle  analogie  avec 
Dekolus.  Quelques-uns  l'ont  nommé  S.  Diel  ;  ce 
qui  a  un  rapport  alfez  jufte  avec  Dekolus-^  d'autres  j 
S.  Deile,  ce  qui  n'eft  qu'une  faulFe  orthographe  du 
nom  de  Deel,  qui  eft  le  mot  d'ulage  parmi  le  peu- 
ple de  la  Franche-Comté.  Id. 

DÉELE.  f.  f.  Nom  de  femme,  qui  a  pour  Patron  S. 
Déel.  Dekola.  Foye:^  DEEL. 

DÈERNE.  f.  f.  Vieux  mot.  Fille,  fervante. 

fCT  DEES.  Petite  ville  de  Tranfylvanie ,  fur  les  fron- 
tières de  Hongrie,  fur  la  petite  rivière  de  Samds. 

DEESSE,  f.  f.  Divinité  flibuleufe  du  fexe  fémmin, 
qu'adoroient  les  Payens  &  les  Idolâtres.  Dea,  Diva. 
Les  Dieux  &  les  Décjfes  de  l'antiquité  ^  Junon^ 
Diane,  Proferpine,  Thétis,  étoient  leurs  DéeJJes , 
la  Vidoire,  &:c.  Vénus  étoit  la  Dee£e  de  l'amour, 
la  Di'ejfd  de  Paphos  Sid'Amathonte.  La  Béejfe  Fot- 
tune,  cette  capricieufe  Divinité,  n étoit  qu'une 
chimère  Bouil.  C'étoit  le  privilège  des  DéeJJcs 
d'être  repréfentées  toutes  nues  fur  les  médailles  : 
l'imagination  demeuroitdans  le  refped  à  leur  égard. 
S.  EvR.  Les  Anciens  ne  s'étoient  pas  contentés  de  le 
faire  des  Dieux  femmes ,  ou  d'admettre  les  deux 
fexes  parmi  les  Dieux,  ils  en  avoient  aufli  d'herma- 
phrodites. Ainfi  Minerve ,  félon  quelques  Savans , 
ctoit  homme  &  femme ,  appelé  Lunus  &  Luna.  Mi- 
thra  chez  les  Perfes  étoit  Dieu  &  Déejje ,  &  le  fexe 
de  Vénus  &C  de  Vulcain  étoit  aulïï  douteux.  De-là 
vient  que  dans  leurs  invocations  ils  difoient ,  fi  vous 
êtes  Dieu  ,  (i  vous  êtes  Déejje,  comme  Aulu-Gelle 
nous  l'apprend ,  L.  IL  C.  z8.  Arnobe  adv.  Gent.  L. 
III.  fe  mocque  de  ces  différences  de  fexe  parmi  les 
Dieux,  &c  dit  que  Cictron  Se  les  plusfages  Grecs  & 
Romains  s'en  font  mocqués. 

De'ejjes  mères.  Divinités  qui  préfidoient  à  la  cam- 
pagne &  aux  fruits  de  la  terre  j  car  on  les  voit  re- 
préfentées avec  des  fleurs  &  des  fruits  à  la  main, 
ayant  quelquefois  la  corne  d'abondance.  On  leur 
faifoit  des  offrandes  de  lait  &  de  miel,  &  on  leur  fa- 
crifioit  le  cochon  qui  fait  beaucoup  de  mal  aux 
champs.  Le  culte  de  ces  Divinités  eft  des  premiers 
temps  du  Paganifmej  &  a  été  le  plus  univerfelle- 
ment  répandu.  Elles  avoient  en  Sicile  un  Temple 
très-ancien  ,  dans  la  ville  d'Enguie ,  où  l'on  préten- 
doit  qu'elles  étoient  apparues.  Le  culte  de  ces  Déef- 
fes  paffa  d'Egypte  dans  la  Grèce,  enfuite  à  Rome,  & 
de-là  chez  les  Gaulois ,  chez  les  Germains ,  chez  les 
Efpagnols  ;  car  on  trouve  par  tout  des  traces  de  ce 
cuite. 

On  appelle  figurcment  une  belle  femme ,  une 
Déejfe.  Cette  Reine  avoit  une  majefté ,  un  port  de 
Déejfe.  C'eft  la  De'effe  des  beautés.  Voit.  Belle 
Dc'ejfe  que  j'adore  ,  ne  pleurez  plus.  Id- 

DEESTANCE.  f.  f.  Vieux  mot.  Douleur ,  triftelTe. 

D  E  F. 

DÉFÂCHER.  SE  DÉFÂCHER,  v.  récip.  S'appaifer 
après  s'être  mis  en  colère.  Iramfedare  ,  ponere  ^pla- 
carc.  Il  n'a  guère  d'ufage  que  dans  cesphrafes  prover- 
biales \  s'il  eft  fâché,  qu'il  fe  défâche.  S'il  fe  fâche^  il 
aura  la  peine  de  fe  déjàcher.  Il  aura  deux  peines,  de 
fe  fâcher  &  de  fe  déjàcher. 

PÎFÀCHÉ,  ÉE ,  part. 

Ijrr  DEFAILLANCE,  f.f.  Diminution  des  forces  vita- 
les qui  tendent  à  s'éteindre.  Anima  defeclio.  Déjail- 
/a/2cc;  de  nature,  état  de  foiblelTe  où  fe  trouve  un 
homme,  caufé  par  la  vieillefTe,  par  les  maladies, 
ou  par  le  défaut  de  vivres.  Je  ne  veux  pas  les  ren- 
voyer fans  avoir  mangé  j  de  peur  qu'ils  ne  tombent 
en  déjaillance  fur  le  chemin.  Port-R. 

|KF  On  contond  dans  l'ufage  ordinaire  foiblefTe  , 
défaillance,  évanouilTement ,  panîolfon,  fyncope^ 
&  la  plupart  de  ces  mots,  font  donnés  comme  fyno- 
nymes  dans  nos  Dictionnaires.  Il  y  a  pourtant  des 
nuances  qui  les  diftinguent.  Foiblejje  peut-être  regar- 
dé comme  le  terme  générique  qui  reçoit  les  difté- 
rentes  dénominations  di  défaillance^  âi  évanoui jfe- 
Tome  m. 


DEF 


i<5î 


ment  ou  ^efyncope ,  fuivant  les  diftérens  degrés  où 
elle  eft  portée.  Syncope  enchérit  fur  évanouij^^emem, 
qui  encliérit  à  fon  tour  fur  déjaillance.  La  Jyncope , 
eft  le  plus  haut  degré  de  la  diminution  des  forces. 
Voye:^  Evanouissement,  Syncope. 
DÉFAILLANCE,  eft  auHl  un  terme  de  Chimie,  qui  figni- 
le  la  liquetadion  ,  ou  la  réfolution  d'un  fel,  ou  de 


hel        _ 

quelque  autre  corps  femblable ,  en  liqueur,  qui  fe 
Elit  en  l'expofant  à  la  cave ,  ou  dans  quelque  lieu 
frais  &  humide.  Dijjolûdo.  M.  Harrisdit  Dcliquium-^ 
de  l'huile  de  tartre  per  deliquium.  Ce  qu'on  appelle 
huile  de  tartre  par  déjaillance .^  n'eft  autre  choie  que 
le  fel  de  tartre  qui  eft  devenu  liquide,  étant  expofé 
fec  à  l'air  libre.. 

DÉFAILLANCE ,  le  prend  aufli  en  Aftronomie  pour 
édipfe.  Deliquium. 

DEFAILLANT,  ante.  adj.  Terme  de  Pratique.  Qui  ne 
comparoît  pas  en  juftice  fur  les  ailignatior.s  don- 
nées. Qui  vadimo/iium  deferic,  non  ohit.  Tous  les 
déjaillans  font  condairnés  aux  dépens.  Défaillans 
fediten  matière  civile,  comme  contumace  en  ma- 
tière criminelle. 

DÉFAILLIR.  V.  n.  &  défedlif,  qui  n'eft  plus  ufitc 
qu'en  certains  temps,  &  fur-tout  àl'inhnitif.  On  le 
peut  conjuguer  ainli,ye  défaus  ,  nous  déj aillons,  js 
défaillûis  ,  je  déjaillls^j'ai  défailli,  je  défaudrai,  que 
]e  défaille,  je  déjaudrois.  Il  ligniiie,  manquer  de 
forces,  ou  manquer  limplement.  Defcere.  On  ne 
peut  plus  marcher  quand  les  jambes  déjaillent.  Ce 
vieillard  eft  venu  tout  d'un  coup  à  défaillir.  Se  fen- 
tir  déjaillir  les  forces,  Pefprit,  la  vue.  Voix.  Ils 
vonloient  rebroulTer  chemin  avant  que  le  ciel  &  la 
lumière  vinlfent  encore  à  leur  dejuillir.  Vaug.  Je 
déjaus,je  déjaudrai,  je  défaudrois  ,  font  de  tous  les 
temps  qu'on  a  marqués  ci-deirus,le  moins  en  ufage; 
&  l'on  ne  croit  pas  qu'on  puiife  s'en  fervir,  fi  ce 
n'eft  en  badinant.  On  diroit  je  tombe  en  défaillance, 
je  tomberai ,  je  tomberois  en  défaillance.  Les  autres 
font  moins  intolérables",  cependant  on  ne  s'en  ferc 
plus  aujourd'hui. 

DEFAIRE,  v.  a.  Détruire  une ehofe  faite,  faire  qu'elle 
ne  foit  plus  ce  qu'elle  étoit.  Faire  &  défaire  font 
deux  aélions  oppofées.  Dejlruere.  On  déjait  en  un 
temps  ce  qu'on  a  fait  en  un  autre.  Il  fe  dit  de  toutes 
fortes  d'otfvrages.  Quand  un  Maçon  défait  un  jour 
ce  qu'il  a  fait  l'autre,  ce  n'eft  pas  le  moyen  d'achever. 
J'ai  déjait  la  la  tapilferie,  la  broderie,  la  Heur  que 
j'avois  commencée  ;  elle  ne  me  plaifoit  pas.  Pénélo- 
pe, pour  tromper  fes  amans,  déjaifoit  pendant  la 
nuit  fa  toile.  Ximenès  ne  portoit  point  de  linge,  & 
dormoit  ordinairement  lur  la  dure,  defaijant  tous 
les  matins  Ion  lit,  comme  s'il  eut  couché  dedans. 
FlÉchier. 

Quand  je  penfe  être  au  point  que  cela  s' accomplijfe  , 
Quelque  excufe  toujours  en  empêche  l'ejjct , 
C'ejlla  toile  fans 'fin  de  la  femme  d'Vlyjje, 
Dont  l'ouvrage  duj'oir  au  matin  fe  défait.  Malh. 

Ce  On  le  dit  dans  ce  fens  pour  rompre  une  eho- 
fe conclue  &  arrêtée.  Difjolvcre.Déjaire  un  mariage, 
défaire  un  marché. 

^3"  On  le  dit  de  même  pour  délier,  dénouer.  Sol- 
vere.  Le  bruit  couroit  par-tout  que  celui  qui  pour- 
roit  déjaire  ce  nœud,  auroit  l'Empire  de  l'Àlie.  Abl. 
Ayant  fait  plufieurs  efforts  pour  ^f/ûire  les  nœuds , 
il  les  coupa.  Vaug.  .,,,'.,,, 

En  ce  même  fens  on  l'emploie  à  la  place  de  faire 
mourir,  &  on  dit  qu'un  homme  s'eft  c'c/iz/Vlui-même, 
qu'une  femme  a  défait  fon  fruit.  Mortemjlhi  vel  al- 
teri  conjcifcere. 
'Jcr  DÉFAIRE,  en  termes  de  guerre  fignifie ,  diiïiper' 
une  armée,  ou  l'affoiblirau  point  qu'elle  ne  puiffe 
plus  tenir  la  campagne,  hxpugnare  ,  profiigare. 
Alexandre  ^c^r  les  Pei"'"'iser:  rroi.s  batailles  rangées. 
Samfon  avec  une  mâchoire  d'âne  Jcftlcs  Philiftins. 
^fT  Défaire, dit  plus  quchattre^  Se  moins  que  mettre 
en  t/traz/re,  qui  renferme  de  plus  l'idée  d'une  fuite 
précipitée  S-:  d'un  défordre  général  de  l'armée  défaite. 

X 


i6% 


D  E  F 


f(i?  DÉFAIRE,  fe  dit  des  armées  :  battre  des  détache- 
menes  F"oye:(  Vaincre,  Battre.  Déroute. 

En  ce  fens  on  die  au  figuré ,  Déjaire  quelqu'un 
dans  la  difpiue,  pour  dire,  le  mettre  hors  de  com- 
bat, &:  le  réduire  à  n  ofer,  ou  ne  pouvoir  plus  par- 
ler, txpuanarc  ,  fuperare  y  pérturbarc.  Ce  répondant 
a  été  dcjait  dès  le  premier  argument.  Ce  criminel 
s'efc  déja'u  au  milieu  de  fon  interrogatoire. 

Se  défaite,  dans  un  fens  tout  femblabie,  veut  dire, 
être  étonné,  furpris,  déconcerté,  perdre  la  préfence 
d'efprit.  La  Comtelte  fe  mit  à  rire,  iSc  ne  fe  défit 
point  de  mon  effronterie.  Bussy  Rab.  Dom  Emma- 
nuel de  Lira  fe  brouilla ,  fans  néanmoins  fe  défaire 
&  s'arrêter  ,  ni  tomber  en  confufion.  M.  Pélisson.' 
Lettr.  Hiftor. 

fCF  Dans  cette  acception  défaire  ne  paroît  pas 
d'un  ftyle  bien  correct,  &  je  ne  confeillerois  à  per- 
fonne  de  s'en  fervir. 

On  diroit  mieux  que  la  maladie  a  bien  défait  quol- 
"qu'un,  pour  dire  qu'elle  l'a  bien  changé,  qu'il  eil 
bien  amaigri ,  atténué. 

On  veut  encore  dans  le  Diétionnaire  de  l'Acadé- 
mie. Qu'on  dife  qu'un  vin  fe  défait,  pour  dire  qu'il 
s'affùiblir  qu'il  perd  de  fa  qualité.Ces  fortes  de  vins- là 
ne  font  pas  de  garde,  ils  fe  défont  aifément.  On 
peut  l'employer  comme  terme  de  marchand  de  vin. 

Se  défaire  d'une  chofe,  quitter,  abandonner  une 
chofe  dont  on  ne  veut  plus.  Jç  me  fuis  deyait  de 
cette  maifon ,  qui  mecoûtoit  trop  à  entretenir.  Il 
s  eH  défait  de  {on  bénéfice,  moyennant  penfion.  Il 
fe  faut  défaire  de  toutes  fes  mauvaifes  habitudes. 
Quand  on  a  des  défauts  dont  on  ne  fe  peut  defiire, 
il  ne  faut  fonger  qu'à  les  cacher.  S.  Evr.  Déjaites- 
vous  de  vos  fcrupules.  Port-R.  On  fe  défait  diffi- 
cilement de  l'amour  propre.  S.  EvR.  Je  veux  me 
déjaire  de  mon  humeur  trifte  &  mélancholique.  P 
LE  Bos.  Lorfque  la  pallion  s'eft  une  fois  emparée  de 
notre  cœur ,  on  tache  en  vain  de  s'en  déjaire  S.  Evr. 
Il  faut  obliger  les  Hérétiques  à  fe  défaire  de  leur  ef 
prit. en  leurfaifant  voir  fa  foiblelfe.  Maleb.  L'efprit 
ne  fe  dejait  pas  aifément  des  opinions  dont  il  ell  bien 
préoccupé. 
DÉFAIRE,  en  ce  fens,  fignifie  encore,  Débarraffèr, 
,  délivrer  quelqu'un  de  ce  qui  enibarralfe,  de  ce  qui 
nuit,  de  ce  qui  eft  à  ch.iige.  Ne  voulez-vous  donc 
pas  me  défaire  de  votre  Marquis  incommode  ?  Mol. 
Il  s'eft  déjait  adroitement  de  fes  gardes,  il  s'eft 
échappé.  Veux-tu  te i/c^j/rc' d'un  homme,  prête-lui 
de  l'argent ,  &  tu  ne  le  verras  plus?  Gon.  Se  défaire 
delà  hèvre.  Se  déjaire  d'un  domeftique,  chaiTer, 
congédier  un  domeftique  dont  on  eft  mécontent, 
DÉFAIRE,  fe  dit  aulli  pour,  fe  débarralfer de  quelqu'un 
en  le  tuant,  en  le  perdant  tour-à-fait.  Perdere,  iiner- 
ficere.  Darius,  pour  fe  t^ty'.^-frc;  d'Alexandre ,  foUicira 
^  même  la  fidélité  des  Domîftiques  d'Alexandre. 
Vaug. 

DÉFAIRE,  avec  le  pronom  perfonnel,  fignifie  j  dans  If 

Commerce  j  vendre.  Vendere.  Ce  cheval  eft  beau 

il  vous  fera  aifé  de  vous  en  déjaire.  Ce  Marchand  a 

-'quitté  le  trafic,  $c  s'eÙ.  défait  de  toute  fa  marchan 

,  dife  en  faveur  de  fon  neveu.  Ce  curieux  ne  veut  point 

le  défaire  de  ce  tableau. 
§3"  Défaire  ,'  fignifie  figurément ,  Effùcer  par  un  plus 
grand  éclat,  par  plus  de  mérite  ou  de  beauté.  Supe- 
/•flfc;.  Les  Dames  n'aiment  point  avoir  de  belles  fui 
<  vantes  qui  les  défajfent.  Les  couleurs  vives  &  écla 
tantes  déjont  celles  qui  font  plus  douces.  L'écarlatc 
■(/^a/r  toutes  les  autres  couleurs.  Le  diamant  déjai 

■  routes  les  autres  pierres  précieufes.  Cet  homme  de 
Ja/t  xous  les  autres  par  la  fupériorité  de  fon  efprit.  h 
trouve  le  verbe  défaire,  employé  dans  cette  acception 
■dans  tous  nos  Diélionnaires,   même  dans  celui  de 

■  l'AcadémiL-.  Malgré  cette  autorité  je  ne  voudrois  pas 
•  m'en  fervir.  Quand  nous  avons   des  mots  propres 

po'ir  lendre  ce  que  nous  voulons  dire  ,  pourquoi  en 

employer  d'autres  qui  ne  préfenrent  point,  ou  qui 

ne-pré>enrenrqu'inparfaitement  l'idée  accelfoire  que 

'  Sôus  y  attachons.  Quand  je  dis  qu'un  homme  dejait 


D   E  F 

tous  les  autres ,  pour   dire  qu'il  les   efface ,  cet:« 
expreiîion  eft  au  moins  louche. 
DÉFAIT,  AiTE,  part.  Il  a  quelques  fignifications  du 
verbe,  en  latin  comme  en  françois.  Un  lit  défait. 
Une  armée  déjaite.  Un  homme  déjait,  détruit. 
DÉFAIT  ,  fignifie  auili,  un  homme  amaigri,  exrénué 
par  quelque  maladie,  pâle,  abattu.  Paliidus,  maei- 
Untus ,  ex  languis.  Il  n'eft  pas  bien  remis  de  fa  mala- 
die ,  il  eft  encore  tout  déjait.  Ce  criminel  parut  li 
déjait  lors  de  fa  capture  ,  que  cela  donna  un  grand 
feupçon  contre  lui.  On  peint  les  Hermites  avec  un 
vifage  û'e/iîir,  exténué  parles  jeunes  &  les  macéra- 
tions. Céfar  averti  de    fe  méfier  d'Antoine  &   do 
Dolabella,  répondit  qu'il  ne  falloir  rien  appréhen- 
der de  ces  vilages  fardés  &c  enjoués  ,  mais  de  ces  vi' 
fages  pâles  5c  défaits ,  tels  que  Cafllus  &  Biutus. 
Abl., 
IJCF  DÉFAITE,  f.  f.  Echec  que  reçoit  une  armée  telle- 
ment affoiblie  par  la  perte  d'une  bataille  ,  qu'elle  n& 
peut  plus  tenir  la  campagne.  Clades.  Ajoutez  à  certe 
idée  celle  d'une  fuite  précipitée  &  d'un  défordre 
général^  c'eft  la  déroute.  Les  Romains  apprirent  la 
guerre;,  d'Annibalj  par  l'expérience  de  leurs  déjaites, 
&  par  des  réflexions  fur  leurs  fautes.  S.  Etr.  Les 
feules  dfaices  de  Mithridate  ont  prefque  fait  toute 
la   gloire   des   plus    grands    Capitaines   Romains. 
Racine. 
Défaite,  fignifie  encore  Excufe  artificieufe,  échappa- 
toite.  Excujatio ,  tergiverfatio ,  declinatio.  Ce  valet 
eft  un   rufé  menteur,  qui  a  toujours  des  déjaaes 
pictes.  Un  mauvais  payeur  a  mille  dejaites  pouL* 
amufer  &  renvoyer  fes  créanciers.  Cette  raifon  n'elt 
pas  pertinente  ,  ce  n'eft  qu'une  défaite. 
gCT  Défaite,   dans  le  Commerce,  fignifie  la  mémo 
chofe  que  débit,  &  fa  fignification  eft  toujours  mo- 
difiée par  les  épithétes  qu'on  y  joint.  Venditio.  Mar- 
chandifes  de  bonne  ou  de  mauvaife  défaite,  qui  fe 
vendent  facilement  ou  difficilement.  Le  bled  eft  un©^ 
marchandife  de  bonne  déjaite  de  bon  débit.  On  die 
d'une  belle  fille,  qu'elle  eft  de  bonne  dejaite,  qu'on  lui 
trouvera  bientôt  un  bon  parti.  L'ufage  permet  qu'on 
dife,  cette  fille  eft  de  déjaite,  c'eft-à  dire,   qu'on 
peut  aifément  s'en  débite,  la  marier.  Mais  la  dejaitc 
exprime  figurément  qu'elle  s'eft  rendue.  Dejaire ,  fe 
déjaire  .  un  viCage  dejait ,  un  ennemi  défait,  déjaite 
d'une  marchandife  ,  défaite  d'une  armée  ,    toutes 
acceptions  différentes. 
DÈFAIX.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  Lieu  défendu. 
Une  garenne  j  un  étang  qui  appartient  au  Seigneur  , 
eft  un  défaix.  Prohihitas. 
DÉFALCATION,  f.  f.  Terme  de  Commerce.  Déduc- 
tion, fouftraclion  qu'on  fait  d'une  petite  fomme  fur 
une  plus  grande.  Toute  (/f/i/ctî^io/i  faite,  vous  me 
devez  tant  de  refte. 
DEFALQUER,  v.a.  Déduire, fouftraire,retrancher une 
petite  fomme  d'une  plus  grande.  Aliquid  defumma. 
deducere.  Ce  marchand  a  beaucoup  de  bien  ;  mais  il 
en  faut  déjalquer  fes  dettes. 

Ce  mot  vient  àefalx,  hùn,  qui  fignifie /i«/x, 
d'où  les  Jurifconfultes  difent  aulli  qu'eft  venu  le 
nom  de  la  Loi  Fakidie  :  eb  quod  Jaleem  injiceret 
legatis.  D'autres  le  lont  venir  de  l'EfpagnoI  dejakar, 
DÉFALQUÉ,  Ée  ,  part.  Defumma  deduclus. 
tfj-  DÉFAVEUR,  f  f.  Ceiîation  de  faveur.  F oy.  fa- 
veur. On  le  dit  des  perfonnes  &  de  certaines  chofes 
qui  entrent  dans  le  commerce.' La  déjaveur  d'un 
Courtifan.  La  défaveur  des  papiers  publics. 


Car  défaveur  aux  moindres  apparences  , 
Comjne  chacun  vous  court  fe  &  vous  fuit , 
En  défaveur  aujji  chacun  vous  fuit. 

DÉFAVORABLE,  adj.  Préjudiciable  ,  défavantageux , 
qui  n'eft  point  favorable.  Damnofus.  C'eft  un  efprit 
de  vanité  qui  a  établi  chez  les  Européens  rinjufte 
droir  d'aînelle  j  fi  défavorable  à  la  propagation.  Let- 
tres pcrfanes.  Le  deflein  du  P.  Brumoy  dans  fon 
Théâtre  des  Grecs ,  eft  de  citer  de  nouveau  les  Poètes 
Crées  au  Tribunal  du  public ,   afin  qu'ils  foienc 


DEF 

•jugés  avec  quelque  ccnnoiirance  de  caufe  ,  fans 
égard  aux  autorités  favorables ,  ou  déjav arables. 
Journ.  desfav.  Mars  173 1.  L'expérience  fut  fort 
défavorable  au  nouvel  Opérateur,  C?cfunefte  à  la  plus 
grande  partie  des  malades  qu^il  tailla.  Ac.  des  Se. 
\6<)C).HiJl.p.  50.Ce  moreftde  la  façon  de  M.  deFonte- 
nelle.  Jamais  le  taleilt  de  l'Orateur  nsparoit  avec  plus 
d'avantage  que  dans  une  caufe  défavorable.  Rollin. 
^fF  Bien  des  gens  comdamnen:  ce  mot  j  je  n'en 
vois  pas  la  raifon.  Depuis  Voiture  de  bons  écrivains 
s'en  font  fervis. 

DÉFAVORABLEMENT,  adv.  D'une  façon  fàclieufe  , 
difgracieufe  &  fort  oppofée  à  celle  que  l'on  efpé- 
roit.  Damnose.  L'Abbé  de  S^  Pierre  a  été  traité  bien 
défavorablement  cs.v  fes  confrères  les  Académiciens. 
Mon  procès  a  été  jugé  \  mais  il  ne  le  pouvoit  être 
plus  défavorablement  pour  moi.  Il  n'ell  pas  ufité. 

^  DÉFAUT,  f.  m.  Imperfeétion  ,  vice  naturel ,  ou 
acquis.  Ces  mots  ne  font  fynonymes ,  qu'en  ce  qu'ils 
défignent  en  général  une  qualité  reprehenlible,  un 
manquement  d'une  chofe.  Mais  ils  ont  chacun  leur 
idée  propre  qui  les  caradériie  dans  lephylique& 
dans  le  moral.  Dt;/^^^^  n'exprime  que  ce  qu'il  y  a 
de  mal  dans  la  chofe  provenant  d'un  écart  pofitif  de 
la  règle  ,  fans  aucun  rapport  à  TAuteur  \  une  mau- 
vaife  qualité  de  l'efprit ,  ou  une  mauvaife  qualité 
purement  extérieure.  Defccluofté  exprime  un  mal 
qui  n'eit  pas  un  mal  par  lui-même  ,  mais  unique- 
ment par  rapport  au  but  de  la  chofe,  ou  au  fer- 
vice  qu'on  s'en  propofe.  Vice  dit  un  mal  qui  naît  du 
fond  ou  de  la  difpofuion  naturelle  de  la  chofe  &  qui 
en  corrompt  la  bonté  j  prefque  toujours  une  mau- 
vaife qualité  morale  qui  procède  de  la  dépravation 
ou  de  la  baffelfe  du  cœur.  Voye^  ces  mots  &  les 
fyn  de  M.  l'Abbé  Girard.  Quelques  connoilTeurs  ont 
bbfervé  qu'il  y  avoit  dans  la  chapelle  de  Verfailles 
un  défaut  de  proportion,  en  ce  que  la  grandeur  du 
vaiffeau  ne  repondoitpas  à  l'élévation.  La  dilîor- 
mité  &  la  timidité  font  des  défauts.  Vhïum.  Alen- 
dum.  Il  y  a  des  gens  qui  n'ont  de  l'efprit  que  pour 
"trouver  des  défauts  dans  les  meilleures  qualités  des 
autres.  Quand  on  étudie  fes  déjauts  ,  c'ell  une  mar- 
que alTurée  qu'on  les  veut  furmonter.  Boss.  Nous 
avouons  nos  défauts  ,  pour  réparer  par  notre  fince- 
ritc  le  tort  qu'ils  nous  tout  dans  l'efprit  des  autres. 
RocHEF.  Il  n'appartient  qu'aux  grands  d'avoir  de 
grands  défauts  Id.  Nous  n'avouons  nos  petits  défauts j 
que  pour  faire  comprendre  que  nous  n'en  avons  pas 
de  plus  grands.  Id.  Nous  aimons  à  avouer  de  nous 
mêmes  les  défauts  des  gens  d'efprit.  Nicol.  Le  pu- 
blic n'a  que  faire  de  nos  querelles,  il  a  beioin  d'ê- 
tre inftruit  de  la  vérité  ,  &  non  pas  de  nos  déjauts 
jîarticuliers.  Bail.  C'eft  s'accufer  d'un  défaut  (\\^Q  àt 
fe  fcandalifer  qu'on  le  reprenne.  Mol.  Uneperfonne 
raifonnable  doit  apprendre  à  connoître  fes  propres 
défauts  ,  &  à  fupporter  ceux  d'autrui.  S.  Evr.  L'a- 
mour ne  nous  lailTe  voir  les  défauts  d'une  Maitreffe 
que  fous  les  couleurs  de'la 'vertu.  S.  Evr.  Ondoit 
plus  eftimer  celui  qui  cache  fes  défauts  z\ec  honte  , 
que  celui  qui  les  publie  avec  effronterie.  Maleb. 

u4in/î  donc  Philofophe  y  à  la  raifon  fournis  , 
Mes  àh^diWis  déformais  font  mes  fculs  ennemis. 

BoiLEAU. 

DÉFAUT  ,  fe  dit  aufli  des  manquemens  .  delà  priva- 
tion ,  de  l'abfence  d'une  chofe.  Defeclus.  Défaut 
d'efprit  j  de  mémoire.  Ha  !  que  je  vois  de  défauts 
dans  votre  paflîon  ,  &  que  vous  favez  mal  aimer. 
Lett.  Port.  C'eft  un  défaut  de  la  langue  ,  c'eft  un 
mot  qui  lui  manque ,  c'eft  un  défaut  Ae.  lumière  j  un 
faux  jour  qui  empêche  que  ce  tableau  ne  paroiffe. 
On  appelle  le  défaut  de  la  cuiraffe ,  fon  extré- 
mité, l'endroit  où  elle  finit.  Commiffura ,  extrême 
partes.  Les  gens  -  d'armes  croient  obligés  de  le 
trouver  pour  percer  leur  ennemi  qui  ctoit  armé  à 
l'épreuve.  On  le  dit  figurement  du  foible  d'un  hom- 
me ,  de  l'endroit  par  où  il  fe  peut  laiffer  prendre. 
On  le  dit  d'autre  chof;  que  d'une  cuiralTe.  Ce  Chaf- 


DEF 


16) 


feur  a  tiré  ce  fanglier  au  défaut  At  l'épaule  ;  il  l'a 
blelfé  au  déjaut  de  l'épaule.  On  dit  aulli  au  déjauc 
du  bras ,  au  déjaut  de  la  cullfe ,  pour  marquer  les 
endroits  où  ces  parties  fe  termuient. 

En  termes  de  Chalfe  j  on  dit  que  les  chiens  font 
en  défaut ,  quand  ils  ont  perdu  la  pifte  de  la  bête 
qu'ils  chalfent.  Error  in  invcjhcatione  fer&. 

On  le  dit  auflî  des  hommes  en  ce  fens.  Les  fautes 
des  fots  font  quelquefois  fi  lourdesiS:  l'i  difficiles  à 
prévoir ,  qu'elles  mettent  les  fages  en  déjaut.  Se  ne 
font  utiles  qu'à  ceux  qui  les  font.  La  Bru  y.  fallere: 
DÉFAUT ,  en  termes  de  i'alais  ,  lignihe  manquement , 
retus,  faute  de  comparoitre  en  Juftice  aux  termes 
des  aiîignations  qui  ont  été  données.  Vadimonium 
defcnum  ,  non  obiturn.  Ce  qu'en  appelle  contumace 
en  matière  criminelle,  on  l'appelle  c/e/îî/^f  en  ma- 
tière civile.  Il  y  a  àes  dcj auts  à.  ii.mc  de  comparoir 
par  un  défenfeur ,  à  faute  de  défendre ,  &  à  faute 
de  plaider.  Le  défaut  faute  de  comparoir  eft  celui 
qui  fe  donne  au  demandeur  contre  celui  qui  eft 
ailigné  j  &  qui ,  fur  l'allîgnation  ,  ne  fe  préfente  pas 
dans  les  délais  de  l'Ordonnance. 

ÇJ"  Ce  déjaut  Îq  prend  au  greffe  ,  fe  fait  juger 
après  un  autre  délai,  ce  jugement  adjuge  les  con- 
clulîons  au  Demandeur  avec  dépens.  Quand  c'eft 
le  Demandeur  qui  manque  à  la  comparurion  ,  on 
appelle  cela  congé. 
%fT  Dr.FAUT  faute  de  défendre,  efc  celui  que  prend 
le  Demandeur  contre  le  Défendeur  qui  s'eft  préfcnté 
fur  l'alfignation ,  mais  qui  n'a  pas  fourni  de  défeii- 
fesdans  les  délais  de  l'Ordonnance. 

%fT  Ce  déjaut  fe  donne  à  l'audience  ,  &  le  profit 
s'en  juge  fur  le  champ  ,  dans  les  jurifdiélions  infé- 
rieures. Dans  les  Cours  fouveraines  il  fe  lève  au 
Greffe  j  eft  lignifié  au  Procureur  du  déiaillant ,  Sc 
jugé  huitaine  après  :  Si  s'il  fignifie  des  défenles  en- 
tre le  jugement  &  \q  déjaut,  fa  partie  en  lera  quitte 
pour  rélonder  les  dépens. 
|tT  DÉFAUT  faute  de  venir  plaider ,  eft  celui  qui  fe 
donne  au  Demandeur  ,  à  l'audience  ,  contre  le  Dé- 
fendeur qui  s'eft  préfenté  &  a  fourni  des  défen- 
fes,  maii  qui  a  manqué  de  comparoir  à  l'audience 
pour  plaider. 
0CF"  DÉFAUT  en  matière  criminelle.  Foye^  conuimace: 
Un  déjaut  faut  trois  jours.  Lin  déjaut  pur  &Tiinple: 
Déjaut  fiuf  l'heure  ,  eft  celui  qui  eft  prononcé  à 
l'Audience  ,  &  rabattu  lorfque  l'Avocat  ou  le  i'ro- 
cureur  fe  préfente  pour  plaider  avanr  que  les  Juges 
foient  levés  de  leurs  lièges.  Il  faur  refonder  les  dé- 
pens des  déjauts  &c  contumaces.  Un  Criminel  ayant 
fommé  le  Lieutenant  Criminel  de  Cacn  ,  qui  croit 
fon  Juge  J  de  comparoitre  dans  un  an  devant  Dieu  j 
je  ferai  défaut ,  répondit  le  Lieurenant  Criminel. 

On  le  dit  auftî  des  manquemens  qu'on  fait  aux 
autres  chofes  ordonnés  en  Juftice ,  ou  des  procé- 
dures ordinaires.  Un  défaut  à  faute  de  conclure   un 
procès.  Défaut  à  faute  de  donner  caution  ,  de  faire 
enquête,  &c. 
Au  DÉFAUT,  adv.  Au  lieu  de  ,   à  la  place  de.  Alterius 
loco.  Au  défaut  de  la  force  ^  il  faut  employer  la  rufe. 
On  dit  proverbialement ,  que  chacun  à  fa  beface,- 
où  il  met  fes  déjauts  derrière  le  dos ,  &  ceux  d'autrui 
par  devant. 
DÉFAUX,  f  m.  Terme  de  Coutumes.  Amende  qui 
eft  due  au  Seigneur  Cenfier  pour  le  dejaut  de  paye- 
ment du  cQns.  M ulta  pro  ccnfu  non perjoluto. 
Ip-  DÉFÉCATION,  f.  f.  Terme  de  Chimie   &  de 
Pharmacie.  Defecatlo.  Dépurarion   d'une  liqueur , 
qui  fe  fait  par  la  chute  fpontanée  des  parties  qui 
la  rcndoienr  trouble.  Acad.   Fr.  On  ledit  princi- 
palement des  fucs  des  fruits ,  &  de  certaines  plan- 
tes qui  ne  paffent  point  par  le  filtre  j  &c  ne  s'eclair- 
ciffcnt  point  par  l'ébuUition-  Les  parties  qui  fe  pré- 
cipitent aufond  du  vafc  s'appellent  fèces  ,  dépôt  ou 
réfidence.  l^oye\  Décantation. 
DÉFECTIF  ,  ivE  ou  DEFECTUEUX,  adj.  Terme  de 
Grammaire.  Verbe  qui  n'a  pas  tous  fes  temps  &  fes 
modes.  Ferba   defeciiva  j  yerba  modis  quibujdam  ^ 
temporibus  curentiu. 

Xij 


i64  C>EF 

(fû'  On  le  dit  anflî  des  noms  qui  manquent  de' 
quelque  nombie  ou  de  quelque  cas. 

^p^  DiiFHClïON.  r.  h  Abandonnement  d'un  parti 
auquei  on  eft  lié  ,  ou  des  intérêts  d'une  perlonne  à 
laquelle  on  efl  attaché.  Ce  mot  eft  formé  du  latin 
dejicio ,  je  manque.  Dejccllon  des  lujets  qui  aban- 
donnent leur  Souverain.  Dcfecuon  des  foldats  qui 
abandonnent  leur.  Général.  Dejccllon  des  alliés  qui 
abandonnent  leurs  alliés.  Dejeclio.  Le  Roi  eut  la 
douleur  d'apprendre  la  (/-.yèL-fio/z  de  tous  fes  fujets 
Boss. 

Défection,  fe  dit  aulll  en  Aftrologie  pour  éclipfe. 
La  déjcclion  de  la  lune  ,  du  foleil.  Dejeclus  ,  deli- 
quiura  folis  ,  /uns. 

DÉFECTION ,  fe  dit  figurément  en  ce  dernier  fens. 
On  répand  avec  aftetlation  une  prétendue  prophé- 
tie du  Cardinal  de  Cufa  ,  qui  marque  la  déjccîion 
de  l'Eglife  pour  les  premières  années  du  fiècle  où 
nous  fommes.  Mém.  de  Tr.  La  défeciionàt  l'Eglife 
eft  chimérique.  Les  promelïes  de  J,  C.  Jie  fauroient 
manquer.  Les  portes  de  l'Enter  ne  prévaudront  ja- 
mais contr'elle.  D'où  conclut-il  la  déjccîion  du  Pape  ? 
C'eft  du  reniement  de  Saint  Pierre.  N'a-t-il  pas  vu 
que  Saint  Pierre  n'étoit  qu'un  particulier,  quand  il 
commit  ce  crime  .''  J.  C.  vivant  encore  fur  la  terre 
pouvernoit  fon  Eglife  par  lui-même.  Saint  Pierre 
n'en  futlechef  qu^aprèsla  mort  du  Sauveur.  Mais  de- 
venu un  autre  homme,c'eft  lui  qui  affermit  la  foi  des 
Apôtres  fur  la  léfLuredlion  du  fils  de  Dieu.  Mém.  de 
Trev. 

DÉFECTUEUSEMENT,  adv.  D'une  manière  défe- 
iftueufe. 

DÉFECTUEUX  ,   eusE.  adj.  Ce  qui  a  quelques  dé- 
fauts ,  ce  qui  manque  des  conditions  réquifes.  Fi 
tiofus.  Un  livre  dcjeclucux  :  un   verbe   dejeclueux. 
Les  définitions  d'Ariftote  font  nhs-déj'eclueujes.  Mar 
thandifes  déjeclueufes. 

On  le  dit  dans  ce  fens  en  ftyle  de  Pratique.  Un 
teftament  eft  dejeclueux  quand  ii  n'eft  pas  revêtu 
de  toutes  fes  folemnités.  Un  ade  eft  dejeclueux , 
lorfcju'il  eft  imparfait ,  ou  qu'il  contient  des  claufes 
vicieufes. 

^CF  DEFECTUOSITE,  f.  f.  Terme  qui  exprime  quel- 
que tfhofe  qui  n'eft  pasmal  par  lui-même, mais  uni- 
quement par  rapport  au  but  de  la  chofeou  au  fervice 
qu'on  s' Cil  propofe.  La  roture  ett  en  France  une  déjec- 
tuojite  qui  prive  les  .fujets  de  beaucoup  de  places  bril 
lantes,  dont  ils  feroient  néanmoins  capables ,  comme 
la  no'oleffe  en  eft  une  en  SuilFeqni  empêche  d'avoir 
part  au  gouvernement,  f^oye'^  dejaut.  C'eft  une  c/s- 
j ccluojité  àins  un  contrat,  de  n'être  point  paraphé 
en  toutes  fes  apoftilles.  Un  Auteur  moderne  fe  plaint 
des  défecluojkés  de  l'Hiftoire  Eccléfiaftique  Anglo- 
Saxone  de  13èJe.  Larrey. 

DÉFENDANT,  f.  m.  Nom  d'un  Saint  de  France.  Bc- 
fendcns.  Foye^  M.Chaftelain,  Martyr,  au  i  de  Jan- 
vier j  p.  j6.  6"  4^. 

DEFENDEUR,  f.  m.  Défenderesse,  f.  f.  Terme  de 
Palais.  Celui  qui  eft   ajourné  par  devant  le  Juge  , 
pour  être  condamné  aux  fins  &  conclufions  du  de- 
mandeur, lequel  fournit  desdefenfes  pour  être  dé- 
chargé de  la  demande  qui  eft  intentée  contre  lui. 
Rtus ,  rea.  Le  défendeur  eft  oppofé  au  demandeur. 
Souvent  dans  la  poavfuite  d'une  affaire  le  deman- 
deur eft  aufiî  défendeur ,  &  le  défendeur  Aew'icnt  de- 
mandeur. Déjendeur  en  requête  civile,  elt  celui  qui 
foutient  le  jugement  qui  a  été  rendu  contre  celui 
qui  a  obtenu  des  lettres  pour  faire  remettre  lesclio- 
fes  en  l'état  qu'elles  étoient  auparavant.  Déjendeur 
en  la  forme,  &  demandeur  au  fond,  ou  bien  de- 
mandeur en  l'une ,  &  déjendeur  en  l'autre  ,  fe  dit 
lorfqu'il s'agit  non-feulementdelachofe  qui  a  donné 
occalion  à  la  conteftation  ,   mais  encore  de  la  vali- 
dité   de  la    procédure.     Déjendeur  originaire  ,  eft 
celui  lequel  après  avoir  été  afligné  ,  demande  un 
délai  pour  appeler  un  garant.  En  matière   crimi- 
nelle ,  on  dit  déjendeur  &  accufé. 
DEFENDRE,  v.  a.  Je  déj'ens ^  je  défendis  j  j'ai  dfcn- 


D  EF 

du ,  je  défendrai ,  que  je  défende.  Mettre  quelqu'un 
ou  quelque  thofe  à  couvert  du  mal  qu'on  veut  lui 
faire  ,  en  répouffmt  les  attaques ,  en  s'oppoiant  à 
ce  qu'on  fait,  ace  qu'on  dit.  Ce  terme  ne  dit  point 
précifément  la  même  chofe   que  protéger  &  J'oute- 
mr.  On  o.'à.protcae  par  les  autres  ,  par  ceux  qui  onc 
de  la  puilïance.  On  peut  être  dejendu  par  fes  égaux  , 
par  fes  inférieurs  :  on  fe  dejend  foi- même.  Dejendrc 
annonce   une  aétion   plus    marquée  que  foutenir, 
Voy.  ces  mots.  Il  eft  du  droit  naturel  de  déjendre 
la  perfonne,fon  honneur  &  les  biens,  contre  toutes 
fortes  d'agrelieurs.  Ce  Cavalier  s'eft  bien  dejendu  , 
il  a  vendu  bien  cher  fa  vie.  Celui  qui    tue   par  la 
nécefiité  de  le  déjendre  n'eft  point  puniffable ,  il  y 
a  une  entière  impunité  pour  les  homicides  involon- 
taires. S.  EvR. 
Défendre  ,  fe  dit ,  dans  le  même  fens  à  la  guerre, 
quand  on  eft  commis  pour  garder  ,    pour  conferver 
un  pofte  ,  une  place  pour  répoulFcr  les  attaques,s'op- 
poler  à  ceux  qui  veulent  s'en  rendre   maîtres.  Ce 
Gouverneur  a  acquis  beaucoup  de  gloire  à  défen- 
dre cette  ville,  cette  garnilon  s'eft  mal  déjendue  ,  a 
capitulé  trop  tôt.  Après  avoir  chaflTé  les  ennemis  de 
la  contrefcarpe  ,  qui  ne  ludéjendirent  qu'à  coups    de 
moufquet.  Bussi   Rab. 
Défendre,    fignihe   aulîi  Flanquer.  Le  flanc    défend 
la  courtine ,   &c  la  face  du   baftion   oppofé.  Cette 
demi- lune  flanque  ,  dcjcnd  cet  ouvrage  à  cornes  ,  à 
couronne.  Les  fortifications  anciennes  font  aifées  à 
enlever ,  elles  ne  font  déjendues  de  rien  ,    il  n'y  a 
rien  qui  les  flanque.  Déjendre  a  aulH  fa  fîgnification 
propre  en  cesoccafions  j  &  quand  on  dit  que   le 
flanc  dejend  h  courtine  ,  on  entend  que  non  feule- 
ment il  eft  à  côté,    mais  aulli  qu'il  en  empêche  les 
approches  ;   c'eft-à-dire  que  ceux  qui  font  placés 
fur  le  flanc  d'un  baftion  découvrent  ceux  qui  atta- 
quent la  courtine,   peuvent  les  tuer,  les  empêcher 
d'en  approcher. 
Défendre  ,  avec  le  datif  du  nom  de  la  chofe  ,  fe  dit  , 
en  ftyle  barbare  du  Palais ,  pour  fignifier ,  Fournit 
des    défenfes  ,  donner  des  réponfes  aux   deman- 
des, aux  produétions  de  fa  partie.  Refpondere  j  con- 
jutare.  Il  n'a  pu  fe  dilpenier  de  procéder  avec  lui 
feul ,  &  de  défendre  aux  demandes  qui  avoient  traie 
à  cette  fucceflîon".  Brousse.  Il  a  été  condamné  faute 
de  défendre,  f^oyc^  défaut. 
Défendre  ,  fe  dit  aulli  en  toutes  fortes  d'autres  conte- 
ftations.  Propugnare.Socv^te  prend  tous  les  partis  que 
l'on  veut ,  foit  pour  défendre  ,  f  jit  pour  attaquer. 
S.  EvR.  Ce  Bachelier  a  bien  défendu  {qs  thèfes ,  bc 
repondu  à  toutes  les  objedtions  qu'on  lui  a  faites. 
Il  ne  s'eft  pas  trop  déjendu  de  cette  galanterie  j  il 
en  demeure  tacitement  d'accord.  J'ai  fait  ce  que 
j'ai  pu  pour  me  déjendre  de  cette  commiflion  j  pour 
m'en  exempter.  Cette  marchandife  eft  bonne  ,   il 
n'y  a  qu'à  fe  déjendre  du  prix  ,  difputer  fur  le  prix, 
Depretio  pugnare. 
Défendre  ,  fignifie  encore  employer  fon  crédit  ,  fcin 
autorité  ,  fon  éloquence  j  pour  foutenir  les  droits 
ou  l'innocence  de  quelqu'un.  Tueri  ^  defendere  ,  tu- 
'  tari.  Vous   avez  bien    déjendu  mes  intérêts.  Céfac 
opprima  la  liberté  publique  que  ^f/e//d'o:r  Pompée. 
BouH.  La  colère  eft  comme  une  tutrice  que  la  na- 
ture a  donnée  à  l'homme  pour  la  confervation  de 
fes  droits  :  elle  llii  donne  le  délir  &  la  force  de  les 
défendre.  M.  Esp.  Cicéron  déjendii  Milon  ,  qu'il  ne 
pur  juftifier.  Défendre  fuppofe  feulement  ledcfude 
réuiîîr. 
Défendre,  fîgnifie  encore, fe  parer ,  fs  garantir.  Tu- 
tari  ^  dcjendere,  tueri  ab  cliqua  re.  Il  faut   bien   fe 
'  vêtir  en  hiver  pour  fe  défendre  da  froid.  Les  fem- 
mes portent  d-is  mafques  pour  fe  défendre  dn  hâle. 
Les  chevaux  ont  bien  du  mal  à  fe  défendre  des  mou- 
ches en  automne.  On  met  des  rideaux  aux  fenêtres 
pour  fe  défendre  du  grand  jour.  Cette  colline  déjend 
ma  maifon  du  mauvais  vent. 

On  dit ,  fur  la  mer  ,  défend  da  Sud  ,  défend  du 
Nord,  lorfqu'on  commande  auTimouier  dsns  pas 
gouverner  de  ce  cw:é  U. 


DE  F 

DÉFENDRE,  fignifie  encore,  interdire  l'iifage  de  quel- 1 
que  chofe.  Incerdkere  ,  vecare  ^prohibere.  Les  Com-  | 
niandemens  de  Dieu  défendent  d'idolâtrer ,  de  jurer , 
de  tuer ,  de  porter  fau:i  témoignage.  Ceux  de  l'E- 
•  jqlife  défendent  i.i  chair  en  Caiême.  Un  Médecin 
'dcjend  le  vin  aux  malades.  Les  Magiftiats  dcjendent 
les  Brelans ,  l'Occa  ,  la  balfette.  On  a  dcjcndu  le 
commerce  avec  bs  étr.mgers ,  les  dentelles  &  ma- 
nufadares  étrangères.  La  Loi  naturelle  ,  la  raifon  , 
nous  défend  àt  faire  à  autrui  ce  que  nous  ne  vou- 
lons pas  qu'il  nous  Lilfe.  On  dit  aulH,  Détendre  fa 
maifon  à  quelqu'un,  pour  dire,  \wï  en  interdire 
■■'-^>,  ÏQntiès.  Défendre  un  livre  ,  c'eftde  lapart  despuif- 
'^•fances  Eccléfialliques  &  auttes,  en  empêcher  la  lec- 
ture j  le  débit,  limprellion.  D./e/2(/rc une  forte  de 
jnarchandifes ,  c'ell  en  empêcher  la  vente,  ou  le 
débit ,  à  l'égard  des  Marchands ,  &  l'ufage  ,  à  l'é- 
gard des  autres. 

îfT  Dans  ce  (am  dépendre  S^  prohiber  font  fyno- 
nymes ,  avec  cette  différence  que  défendre  à  une  fi- 
gnihcation  bien  plus  étendue  q'.:e  prohiber  qui  ne 
s'applique  qu'aux  chofes  qui  font  défendues  par  une 
loi  humaine  &  de  police. 

On  dit  figurément  &  proverbialement,  foire  quel- 
que chofe"  à  fon  corps  dejendint^  pour  dire  , 
faire  quelque  chofe  avec  répugnance  j  avec  con- 
trainte. Ac.  Fr. 

On  dit  proverbialement  j  bien  attaqué,  bien  dé- 
fendu quand  le  combat  ou  la  difpute  ont  été  bien 
opiniâtres. 

ifT  Sq  défendre,  en  termes  d:  manège,  fe  dit 
d'un  cheval  qui,  en  fautant  ou  en  reculant,  réfilte 
à  ce  qu'on  veut  qu'il  talle. 
Dï-FENDU,  UE.  part.  &C  adj.  Defenfus  ,  vetitus  ,  prohi- 
hicus.  Il  y  a  toujours  dans  l'ame  des  plus  grands 
hommes  quelque  endroit  mal  défendu.  'Vill.  Livre 
déjendu  ,  marchan  Jiie  déjendue.  Foy.  Défendre. 

En  termes  de  Blafon,  on  dit,  qu'un  langlier  efl 
déjc::du  d'une  telle  couleur  ,  ou  d'un  tel  métal  , 
quand  fa  défenfe  ou  fa'  dentde  deflous  ell  d'un  autre 
email  que  fon  corps.  Dentibus  inflruclui. 
DEFENDS,  f.  ni.  Terme  des  Eaux  &:  Forêts  ,  qui  fc 
dit  des  bois  dont  on  a  détendu  la  coupe,  &'  dont 
l'entrée  ell  défendue  aux  beftiaux.  Un  tel  bois  elf 
en  défends,  c'eft-à  dire,  la  coupe  en  eft  rélervée 
pour  quelque  occafion  importante  j  le  bois  ell  trop 
jeune  pour  y  laiifer  entrer  les  belliaux.  On  dit  aulli 
à  la  campagne  ,  que  vides  terres ,  c'ell  à-dire,  qui 
ne  font  point  fermées  ni  clofes  ,  font  en  défends 
depuis  la  mi-Mars  jufqu'à  la  Sainte-Croix  de  Sep- 
tembre. En  autres  temps  elles  font  communes  , 
c"cll-à-dire  ,  qu'on  y  peut  mener  paître  fes  befliaux. 
Les  chèvres  ,  les  porcs ,  les  oies  \  &c  autres  bêtes 
mal-faifantes  ,  font  toujours  en  défends ,  pour  due 
qu'il  n'ell  pas  permis  de  les  mener  dans  les  terres , 
dans  les  prés,  &c.  On  les  appelle  en  Latin  defenfj.  , 
&  on  les  nomme  pareillement  héritages  défenfables, 
DÉPENS ABLE.  adj.  Terme  de  Coutumes.  Un  lieu 
défenfahle  ,  qu'on  appelle  devefium  ^d'xns  les  titres  , 
les  chartes ,  &c.  eft  un  lieu  où  il  n'eft  permis  qu'à 
quelques  perfonnes  de  faire  certaines  chofes ,  qu  il 
eft  défendu  à  tous  autres  d'y  faire,  par  exemple, 
un  bois  où  il  n'eft  permis  qu'au  propriétaire  défaire 
paître  fes  beftiaux  ,  eft  un  lieu  défenfable.  Prohibitus  ^ 
vetitus. 
DÉFENSE,  f.  f.  Aflion  par  laquelle  on  défend,  & 
on  réflile  aux  violencesde  ceux  qui  attaquent-  De- 
fcnflo.  La  défenfe  de  fon  corps  &c  de  fes  biens  eft  per- 
niile  par  les  loix.  il  n'a  pas  eu  le  loifir  de  fe  mettre 
en  défenfe  ,  de  mettre  l'épée  à  la  main.  Les  Princes 
d'Allemagne  fe  font  ligués  pour  la  défenfe  com- 
mune. La  pudeur  a  été  donnée  aux  femmes  pour 
fervir  de  garde  &  de  défenfe  à  leur  honneur.  S. 
EvR. 
Défense,  fignifie  aulTi  pfoteclion  ,  juftification.  Dieu 
prend  en  main  la  dé^c-fe  des  innocens  &  des  foi- 
bles  ,  de  la  veuve  5:  des  orphelins.  Cet  Auteur  a 
pris  la  défenfe  de  fon  confrère  ,  il  a  fait  fon  apolo- 
gie. Cet  Orateur  a  entrepris  la  défenfe  de  cette  pro- 


D  E   F  165 

polîtion  j  il  la  foutient  hautement.  Coftar  a  fait  la 
c/c^ew/t' des  (Euvres  de  .Voiture  ,  &  Ogier  celle  des 
(Euviesde  Balzac. 

ifs"  Défense  ,  en  termes  de  guerre  ,  fîgnifie  en  géné- 
ral la  réliftance  que  font  les  troupes  aux  attaques 
de  l'ennemi. 

ifT  La  défenfe  d'une  place  \  c'eft  l'art  de  réfifter 
aux  attaques  de  l'ennemi  qui  veut  s'en  emparer. 
Cette  garnifon  a  fait  une  belle  ,  une  longue  défenfe  ^ 

■    pour  dire  a  foutenu  un  long  fiége. 

§C7  Défenses  ,  en  termes  de  fortification  ,  c'eft  tout  ce 
qui  fert  à  couvrir  les  ouvrages  &les  foldats  qui  défen- 
dent la  place.  Les  parapets  ,  les  flancs ,  lescalemates , 
les  ravelins  ,  &c.  font  défenfes  :  6c  on  dit  d'une 
ville  J  que  i'esdefenjes  font  ruinées ,  quand  le  canon 
a  abattu  ou  détruit  ces  ouvrages,  quand  les  foldats 
ne  peuvent  plus  tirer  à  couvert.  Propugnacula  ,  mu- 
nunenta.  On  avoir  abattu  avec  des  béliers  les  prin- 
cipales défenfes.  'Vaug.  Il  fallut  rétablir  les  défenfes 
de  la  place.  Ablanc. 

On  appelle  audi  la  ligne  de  défenfe  ,  celle  qui 
flanque  un  baftion,  &  qui  eft  tirée  du  flanc  qui  lui 
eft  oppofé.  Linea  defen/wnis.  La  ligne  de  dfenfe  ne 
doit  être  que  110.  toifes  ,  c'eft-à-dire  j  à  la  portée 
du  moufquet.  Il  y  a  des  lignes  de  déferfe  rafantes  & 
fichantes.  Foy.  Ligne.  Etre  en  défenfe^  ou  mettre  en 
défenfe iCQ^-z.-àuQ,  être  ou  mettre  état  en  de  déjenfe. 
Le  logement  n'eft  pas  encore  en  défenfe.  On  a  mis  la 
redoute  en  défenfe. 

On  dit,  en  termes  de  Blafon,  qu'un  hériflon  eft  en 
défenfe  ,  lorfqu'il  eft  roulé  en  peloton  ,  ainlî  qu'il  a 
coutume  de  fe  mettre  pour  éviter  d'être  pris. 

Défense,  en  termes  de  Palais ,  fe  dit  des  premières 
écritures  qu'on  fournit  dans  un  procès  contre  un 
demandeur.  En  général  les  défenfes  font  les  moyens 
qu'on  emploie  contre  une  demande.  Defenflo.  Les 
appointemens  en  droit  fe  donnent  fur  des  demandes 
&:  déferifes.  On  donnoit  ci- devant  des  jugemens  par 
défaut ,  qu'on  nommoit  des  déboutés  de  deferfes. 

î/C?  Défenses  ,  fîgnifie  aulli  un  jugement  qu'on  obtient 
pour  empêcher  l'exécution  d'un  autre  jugement.  On 
donne  des  arrêts  de  défenfes  particulières  pour  lier  les 
mains  à  des  Juges  ,  ou  à  des  Officiers ,  pour  empê- 
cher qu'ils  ne  continuent  l'inftruction  d'un  procès  , 
l'exécution  4'un  jugement  j  &  aux  parties  ,  pour 
empêcher  qu'elles  ne  palfent  outre  à  un  mariage, 
à  la  conftrudion  de  quelque  bâtiment ,  ou  autre 
chofe  femblable.  En  matière  criminelle  ,  un  accufé 
pour  toutes  écritures  donne  des  défenfes  par  atté- 
nuation. Ce  font  des  exceptions  propofées  par  l'ac- 
cufé  5  pour  détruire  les  raifons ,  les  moyens  &  les 
preuves  dont  fe  fert  l'accufateur ,  pour  prouver  que 
l'accufé  a  commis  le  crime  dont  il  s'agit. 

IJCT  Ces  fortes  de  défenfes  font  abrogées  par  l'Or- 
donnance criminelle  ;  mais  on  peut  prélenter  re- 
quête pour  fervir  de  défenfes  ,  raiïons  ,  moyens  con- 
tre les  pièces  juftificatives  de  l'accufateur. 

Défenses  au  contraire.  Ce  font  celles  que  le  Juge 
permet  de  propofer  pour  contredire  les  moyens  mis 
en  avant  pour  la  partie  adverfe. 

Défense  ,  fe  dit  aulTi  des  publications  qui  fe  font  en 
Jullice  pour  interdire  l'ufage  de  quelque  chofe  ,  & 
pour  empêcher'qu'on  ne  la  fafle.  Déftnfe  en  ce  fens 
eft  la  publication  qui  eft  faite  d'une  chofe  par  un 
Edit ,  une  Ordonnance  j  une  Déclaration  ,  un  Arrêt, 
&:c,  I nterdiclum  ,  intcrdiclio.  Il  y  a  des  défenfes  faites 
par  les  loix  divines  &  humaines  ,  de  nuire  à  fon  pro- 
chain. On  a  publié  la  défenfe  des  dentelles  d'or  & 
d'argent.  La  Cour  fait  très-  exprelfes  inhibitions  & 
défenfes  à  toutes  perfonnes  de  ,  &c.  .Les  défenfes  ont 
été  publiées  à  fon  de  trompe. 

?,f3'  Nous  avons  déjà  obfervé  que  le  terme  de 
défenfe  eft  beaucoup  plus  étendu  que  celui  de  pro- 
hibition :que  lepremiers'appliqueégalementà  quel- 
que loi  que  ce  foit,  divine  ou  huinaine  qui  défend 
de  faire  une  chofe  ,  au  lieu  que  le  dernier  ne  fe 
dit  que  d'une  loi  humaine  qui  défend  de  faire  quel- 
que chofe. 

Défenses  générales  ,  font  les  Lettres  ou  les  Arrêts 


ï66 


DEF 


que  iesdcbiteurs  obtiennent  contre  tons  leurs  créan- 
ciers pendant  un  temps, pour  faire  iiomologuer  un  con- 
nat,ou  pourl  entérinementdurépitqu'ilsclemandent. 
Les  Mâcons  &  les  Couvreurs  appellent  aufii  de- 
fenfe  ,  le  ligne  fait  en  forme  de  croix  ^  qu'ils  atta- 
chent au  bout  d'une  corde  ,  qu'ils  lailfent  pendre  de 
deifus  le  toit  pour  avertir  les  paffans  qu'ils  travaillent 
fur  la  maifon.  Signum penjlle.  La  déjenfe  n'eft  quel- 
quefois qu'une  latte  attachée  à  une  corde  qui  la  tient 
fulpendue.  Mettre  la  déjenfe  j  retirer  la  déjenfe. 
Défenses  ,  en  termes  de  Marine,  font  de  grolfes  pièces 
de  bois  longues  de  1 5.  â  zo.  pieds ,  qui  font  amar- 
rées à  Tavant  &  à  l'arrière  du  vailfeau  pendant  le 
combat ,  pour  empêcher  l'abordage  des  ennemis  & 
des  brûlots.  Elles  fervent  auffi  dans  un  mouillage 
pour  empêcher  que  les  vaifleaux  ne  s'endommagent 
en  fe  choquant  les  uns  les  autres.  Ces  pièces  de  Dois 
s'appellent  auflî  des  boute-hors. 

On  appelle  aulH  défenfes ,  des  bouts  de  mâts ,  des 
bouts  de  câble ,  ou  de  groflês  cordes  trelFées  qu'on 
laiife  pendre  le  long  des  flancs  du  vailfeau ,  quand  il 
«ftà  l'ancre  auprès  de  plufieurs  bâtimens,  pour  rom- 
"'  pre  leur  choc  quand  ils  viennent  à  fe  heurter ,  & 
pour  empêcher  qu'ils  ne  s'endommagent.  On  fe  fert 
aulïï  pour  la  même  précaution  de  fagots  j  ou  autres 
chofes  femblables. 

Défenfes ,  fe  dit  aulîI  de  certaines  pièces  de  bois 
endentées  deux  à  deux,  ou  trois  à  trois ,  qui  font  fur 
les  préceintes  du  vailleau  ,  Se  fervent  à  conferver  les 
chaloupes  contre  les  ptéceintes  &  les  têtes  des  che- 
villes de  fer,  quand  on  les  embarque  j  &  quand  il 
les  fiut  remettre  à  la  mer. 
Défenses  ,  en  termes  deChaiTe  ,  fe  dit  dedeux grandes 
dents  d'en  bas  qui  fervent  au  fanglier  pour  fe  dé- 
fendre, /ipri  dentés  falcar'ù.  Quelques-uns  le  difenr 
aulli  des  dents  de  l'éléphant  qui  font  difpofces  de  la 
même  manière  ,  &  de  celles  du  cheval  marin.  L'i 
voire  fe  fait  des  os  &  des  déjenfcs  de  l'éléphant.  Ab. 
Les  dents  &  les  défenfes  du  cheval  marin  font  fort 
grandes, &  guérifTent  les  hémorroïdes.  Id. 

En  termes  de  Librairie  ou  de  Relieurs,  on  appelle 
déjenfcs  ,  de  petits  feuillets  qu'on  met  au  commen 
cernent  &:  à  la  hn  des  livres  ,  &  que  l'on  colle  contre 
la  couverture.  Ordinairement  ces  fueillers  ont  toute 
la  longueur  du  livre ,  mais  ils  n'ont  que  le  tiers  ou 
le  quart  de  la  largeur.  On  met  quelquefois  ces  dé 
fenfes  de  parchemin  ,  &  quelquefois  on  n'en  met 
que  vis-à  vis  des  nerfs.  On  les  appelle  défenfes  , 
parce  qu'elles  défendent  le  livre ,  &  l'empêchent 
d'être  endommagé  par  la  carne  du  carton  Se  par  les 
nerfs  j  le  repli  de  cuir  de  la  couverture  ,  &  autres 
coutures.  Les  défenfes  font  encore  recouverres  d'un 
feuillet  entier  du  livre  que  l'on  colle  par-deflus  con- 
tre la  couverture. 
fcy  DÉFENSE,  en  termes  de  manège,  fe  dit  d'un  cheval 
qui,  en  fautant  oa  en  reculant,  réfifte  à  ce  qu'on  veut 
qu'il  falfe. 
DEFENSEUR,  f,  m.  Celui  qui  défend.  Foye^  Défen- 
dre. Defenfor ,  propugnacor.  Charlemagne  ,   Saint 
Louis ,  ont  été  les  déjenfeurs  &  les  protcéteurs  de 
l'Eglife.  Heureux  celui  qui  a  le  Dieu  de  Jacob  pour 
fon  défenfeur.  Port.  R.  L'Eglife  n'a  jamais  manqua 
&  ne  manquera  jamais  de  déjenfeurs. 
Defensedr  ,   terme  d'Hiftoire  Eccléfiaftique.  C'étoit 
anciennement  une  dignité  dans  l'Etat  &  dans  l'E- 
glife. Les  Défenjeurs  avoient  foin  de  conferver  le 
bien  public,  &  de  protéger  les  miférables.  Chaque 
Eglife  Patriarchale  avoit  (on  Dejenfeur ,  &c  cet  ufage 
commença  vers  l'an  42,5.  Il  s'eft  confervé  fous  d'au- 
tres noms.  C'eft  la  même  chofe  que  les  Avocats ,  ou 
Avoués  qui  défendoient  autrefois  les  intérêts  des 
Eglifes.  /^fije^  le  mot  Avoue.  L'Empereur  fe  qua^ 
lihe  QncoK:t  Avocat  de  CEglife.  Les  Rois  d'Angleterre 
ont  confervé  le  titre  de  Défenfeur  de  la  Foi  ,  qui  fut 
accordé  à  Henri  VIIL  par  Léon  X.  &  qui  lui  fut 
confirmé  par  Clément  VIL  Le  Concile  de  Chalcé- 
dolne ,  Can.  2.  appelle  le  Défenfeur  d'une  Es'jife 
e'»^<mî  .  Le  Pape   Lh-biin  ,  Cap.Salvator ,  de  Simo- 
mù  ,  cit  que  ce  Concile  entend  par-là  des  Avoués , 


DEF 

des  Châtelains  ,  des  Juges.  Codiuj  de  Officns  nuls. 
Conjî.  parle  aulfi  de  Déjenfeurs  du  Palais  \  &  Bol- 
landus  ,  Acl.  Sancl.  Janu.  T.I.p.  501.  En  407.  un 
Concile  de  Carthage  ,  c.  97.  demande  à  l'Empereur 
des  Défenfeurs  du  nombre  des  Scholalhques  ,  c  eft- 
à-dire  ,  des  Avocats  qui  ctoient  en  exercice  ;  Se 
qu'il  leur  fùc-  permis  d'entrer  dans  les  cabiners  des 
Juges  toutes  les  fois  qu'il  feroit  nécellaire  pour  les 
affaires  de  lEglife.  Qts  Dejenjeurs  font  à  peu  près 
ce  que  furent  dans  la  fuite  les  Avoués ,  6c  c'ell  là 
une  efpèce  de  commencement  de  l'Avouerie.  Dans 
\'Ordo  liomanus  ,  quand  le  Pape  va  à  l'Eglife  de  la 
Station  dire  la  Melle  ,  il  eft  à  cheval  avec  fes  prin- 
cipaux Officiers  ,  &  les  Acolytes  avec  les  Déje/feurs 
l'accompagnent  à  pied.  Les  Eccléfiaftiques  obtinrent 
des  Empereurs  d'avoir  \emsDejenJeurs  ,  qui  étoienc 
des  laïques  chargés  de  maintenir  les  intérêts  de  l'E- 
glife dans  les  Tribunaux  des  Magiftrats.  Dès  l'an 
3(îS.  Valentinien  parle  d'un  Déjenfeur  de  l  Eglife 
Romaine.  Tillem.  Il  n'eft  donc  pas  vrai  que  le 
Concile  d'Afrique  tenu  en  415.  fou  le  premier  qui 
parle  des  Déjenjeurs  dans  fon  Canon  42.  Il  y  avoit 
des  Déjenfeurs  de  l'Eglife  ,  des  Déjenjeurs  du  patri- 
moine de  Saint  Pierre  ,  qui  alloien:  dans  les  Pro- 
vinces pour  avoir  foin  des  biens  de  l'EgliIe  Ro- 
maine ,  &  qu'on  appelle  encore  dans  l'Ordre  Ro- 
main Déjenfeurs  Régionaires  ,  Dejenfores  l'.egio- 
nar'ù.  Il  y  avoit  aufii  des  Déjenjeurs  des  Monaftères  j 
des  Déjenfeurs  des  Eglifes  Paroifllales.  S.  Grégoire 
parle  fcuvent  de  ces  Officiers  ;  &  c'eft  dans  fes  Let- 
tres &  dans  celles  du  Pape  Pelage  qu'il  tant  chercher 
tous  les  devoirs  des  Déjenjeurs. 

Les  Défenjeurs  des  Eglifes ,  ou  Avoués  ,  étoient 
de  deux  fortes.  Les  uns  étoient  Déjenjeurs  des  cau- 
{es,  ou  dwS  piocès  de  l'Eglile  ;  &  les  autres,  Déjen- 
feurs de  fes  terres.  Le  Prince  donnoit  les  premiers  ; 
les  féconds  étoient  héréditaires  j  &  c'étoient  les 
fondateurs  ou  parrons  des  Eglifes.  Les  premiers  fu- 
rent appelés  dans  la  fuite  (Economes  &.  Vidâmes; 
&  ils  prirent  foin  non-feulement  des  procès  ,  mais 
encore  de  tout  ce  qui  regardoit  les  provifions  &  le 
revenu  des  Eglifes.  Le  premier  ou  le  Chef  des  Z)e- 
fenfeurs  de  l'Eglife  ,  s'appeloit  Primus  Defenfor ,  ou 
Prïmïcer'ius  Defenfor  ;  en  Grec  ^{«TUl^(»»/.  Gret- 
fer  J  Meurfius  ,  &  le  P.  Goar  ,  ont  parlé  fort  au  long 
de  cet  Office.  Voy.  auffi  Macri ,  Du  Cange  ,  Spel- 
man  &  Hofman  j  dans  leurs  Didionnaires  ;  &  ci- 
delTus  au  mot  Avoué. 

Nous  n'avons  point  décharge  qui  réponde  à  celles 
des  Déjenfeurs  :  on  peur  cependant ,  foit  poitr  la 
nature  &  la  qualité  de  leurs  charges  ,  foit  pour  la 
manière  dont  ilsfaifoient  les  affaires,  fcitpour  leurs 
fondions ,  les  comparer  aux  Procureurs  Généraux 
&  à  leurs  Subftituts ,  ou  aux  Lieutenans  Généraux  de 
Police  &  aux  Commiffaires.  Il  y  avoit  un  Déjenfeur 
de  l'Empire,  ou  du  Royaume,  Defenfor  Regni.  Il 
croit  chargé  de  foutenir  les  droits  de  l'Empire  , 
l'autorité  du  Prince  ,  la  rigueur  des  loix.  Le  Déjen- 
feur de  la  ville  j  Defenjor  dvitatis  j  Dejenfor  p/ef-is , 
maintenoit  les  droits  ,  les  ufages  ,  les  coutumes  de 
chaque  ville  :  on  pourroit  peut-être  le  comparer  aii 
Confeiller-Penfionnaire  de  chaque  villede  Hollande. 
Cet  Officierconnoilfoit  toutes  les  caufes pécuniaires 
au-deffousde  500  piftoles  ,  &  des  crimes  légers.  Ont 
faifoic  par-devant  lui  les  infinuations  des  teftamena 
&  des  donations ,  &  les  dépofitions  de  témoins, 
C'elt  pour  cela  qu'il  avoit  fon  Archive  ou  fon  greffe. 
P^oyei  la  Novelle  15.  &  Senator  CaJJïod.  L.  VII^ 
Epifl.  1 1.  Ces  Défenfeurs  des  Villes  ,  ou  Cités ,  qui 
ctoient  chargés  des  premiers  foins  de  la  Police  dans 
les  principales  villes  chez  les  Romains ,  ne  pou- 
voienr  fortir  de  ces  villes  ,  non  plus  que  les  Préfidens 
des  Provinces ,  de  la  Province  qui  leur  étoit  con- 
fiée ,  Il  ce  n'étoit  pour  accqinplir  un  vœu  ,  &  à  con- 
dition d'y  revenir  !coucher  le  même  jour.  De  la 
Mare  ,  Tr.  de  la  Pol.  Tom.  i.p.  106.  Il  y  avoit  auffi 
dans  les  Gaules  des  Défenfeurs  des  villes.  L'éledion' 
de  ces  Magiftrats  dépendoitdu  Préfident  de  la  Pro- 
vince. La  loi  portoit  qu'il  les  choifiroir  entre  les  plus 


D  E  F 

iiooles  j  tes  plus  riches  &  les  pliiseftimés  descitoyens. 
Les  Magillrats  Romains ,  jaloux  de  l'aïuoiité  «e  ces 
Oiliciers  ,  firent  toiu  leur  podible  pour  les  détruire  ; 
àe  forte  que  l'on  ne  prit  plus  pour  ces  places  im- 
portantes que  des  gens  inconnus,  fans  nom  ,  fans 
rcpiuacion  ,  obfcurs  ,  comme  pone  laNovelle  i^ 
de  Juftinien.  'L'e  DejenJ.  Civic.  Cela  parut  d'une 
trop  dangereufe  conféquence  au  fervice  du  Prince 
&  au  bien  public.  On  les  rétablit-  /^^oyej  la  Novelle 
citée  ,  Godefroy  fur  cette  Novelle  &  de  la  Mare , 
Tr.  de  la  Pol.  I .  l}p.  z  5.  Le  Défénjeur  des  pauvres  , 
des  pupilles  &  des  veuves  ,  prenou  foin  des  aftaires 
de  ces  fortes  de  perfonnes ,  qui  feroient  iouvem 
indéfendues ,  fi  perfonne  n  étoi:  chargé  de  leurs  af- 
faires. Les  Diacres  au  commencement  de  l'Eglife 
croient  les  Dç/tr/T/e^/rj  des  pauvres ,  des  pupilles  & 
des  veuves  ;  mais  dans  la  fuite  cec  emploi  devint 
une  charge ,  qui  fut  exercée  par  des  laïques.  Jiifunien 
en  parle  dans  fa  15*.  Novelle.  Les  Déjenfcurs  de 
l'Eglife  étoicnt  comme  les  Commiifaires  &  les  Sub 
délégués  du  Patriarche.  Le  premier  j  ou  le  Chef  de 
CQsDéfenfeurSi  jugeoit  avec  d'autres  Dej erreurs,  qui 
étoient  les  afTèifeurs,  les  aifaires  de  moindre  conîé- 
quence  qui  étoient  du  reirort  du  Patriarchat,  &  il  en 
rendoic  compte  enfuite  au  Patriarche. 

Il  eft  parlé  dans  le  Droit  Romain  des  Défenfcurs  : 
c'étoit  dans  le:;  villes  qui  n'étoient  ni  libres ,  ni  pri- 
vilégiées des  Officiers  prépcfés  pour  la  répartition 
des  impôts ,  ou  tributs  :  ils  régloient  ce  que  cha- 
cun des  habitans  devoit  payer.  La  tonélion  des  Dé- 
fenfeurs  étok  femblable  à  celle  des  Cenfeurs  deRo 
me  ik  à  celle  de  nos  Elus  :  on  ajouta  dans  la  fuite  à 
leur  pouvoir  celui  de  juger  les  caufes  lommaires. 
f-^oy.  la  i<f'.  Novelle  de  l'Empereur  Juflinien  ,  & 
liv.  4.  de  ïjefenf.  Civit. 
DiiFENSEUR  en  Mythologie.  Surnom  d'Hercule  ,  qui 
avoir  à  Rome  un  Temple  fous  ce  titre.   Defenjor. 
Cctoit-là  où  les  Soldats  &  les  Gladiateurs,  à  qui 
Ton  donnoir  un  congé  honorable,  venoienifufpendre 
leurs  armes. 
DÉFENSIBLE.  adj.  m.  &  f.  'Vieux  mot.  Qui  fe  petit 
défendre  ,  qui  elt  de  détenfe  j  cjui  elt  à  l'abri ,  à  cou- 
vert. Munnus  ,  defenfioni  opporcunus ,  a ,  um.  Une 
,place  déjenjiblc. 
0EFENSIF ,  ivE.  adj.  Il  n'eft  guère  en  iifage  qu'au 
féminin  ,  &"  lignifie  qui  efl:  fait  pour  la  défenfe.  Les 
armes  défenfivcs  font  les  cafques  &  les  cuiraiïes  ,  bi 
autrefois  le  bouclier.  Voyc-:^^  au  mot  Arme.  Avma  ad 
legendum  ,  ad  dcfendendum.  Les  Princes  les  plus  foi- 
bles  font  entr'eux  des  ligues  oftenlîves&  dcjenfives  , 
pour  fe  piécautionner  contre  l'attaque  des  plus  puif- 
lans.  /^oy.  Ligue.  Il  s'emploie auirifubft.intivement , 
mais  feulement  au  féminin.  Etre  fur  la  defen/ive  , 
ne  taire  limplement  que  fe  défendre.  Paratum  effe 
adrefijlendum  ,  rejïjhre  oppugnannbus.  Ils  fe  tiennent 
le  plus  qu'ils  peuvent  fur  la  dtfenjive, 
DÈFENSIF.  f.  m.  Terme  de  Médecine  Se  de  Chirurgie. 
C'eft  ce  qui  fert  dans  la  cure  d'une  plaie  pour  em- 
pêcher la  violence  de  la  douleur  j  l'hémorrhagie, 
l'impreflion  de  l'air  extérieur ,  5cc.  On  dit  un  dejen- 
Jif,  comme  on  dit  un  aftringent.  La  cautérifation 
étant  taite  ,  on  couvre  la  plaie  avec  de  petits  bour- 
donnets  de  charpie ....  &  l'œil  d'un  défenfij  &  d'une 
comprelie  triangulaire.  Dionis.  Pour  le  premier  ap- 
pareil de  l'enrorfe  M.  Dionis  fe  fervoit  d'un  petit 
défenfif  ix\x.  avec  le  blanc-d'oeuf ,  l'huile  rofat  &  la 
poudre  d'alun. 
DÉFENsiF.  Terme  d'Oculifte.  Bandage  que  l'on  met  fur 
les  yeux  d'un  malade  après  quelque  opération  ,  com- 
me celle  de  la  cataracte.  DejcnÇivum.  Je  mis  un  dé- 
JenJîJ  fur  fes  deux  yeux ,  ce  que  je  continuai  jufqu'au 
•neuvième  jour^auquel  temps  je  fus  obligé  de  iuiôter 
le  bandage,  .à  caufe  d'une  légère  fluxion  qui  luifurvinr 
aux  deux  yeux.  Giis-Lt.K.Journ.des Se.  1710.  ^.44^. 
DEFEQUER,  v.  a.  Terme  de  Chimie.  Oter  les  fèces  ou 
impuretés  d'une  liqueur.  Defecare  ,purgare ,  expur- 
gjre.On  fait  des  diftillations  &  autres  opérations  en 
Chimie  pour  en  féparer  le  plus  pur  &  le  plus  fubcil 
i'avec  les  fèces  j  le  marc  ou  U  lie. 


1)   E   r  167 

DÉriquÉ  ,  he.  part.  Defecatus  ,  purgaïus  ,  expurgacus. 

L'efprit  de  vin  bien  dé/eque  s  évâçotc  facilement. 
DÉFÉRANT  j  ante.  adj.  Qui  a  de  la  déférence.  Fa- 
alis  ,  commodus.  Un  homme  civil  &  déférant  eft 
bien  venu  par-tout.  Il  n'ell  pas  en  ufage. 
DEFERENCE,  f.  h  Condel'cendance  honnête  3  qui 
fait  qu'on  fe  conforme  aux  fentimens  &  aux  volon- 
tés de  ceux  pour  qui  l'on  doit  avoir  des  égards.  Ile- 
vercncia  ,  obfequiiim.  Quoique  la  dcjérence  foit  une 
fuite  de  la  conlidératicn  ou  du  devoir,  il  y  a  cepen- 
dant un  terme  au-delà  duquel  elle  cefTe  d'êtie  ce 
qu'elle  ctoit.  Sacrifier  indiftinétement  fa  volonté  à 
celle  des  autres  j  c'ell  bjlîelie  ,  ou  bètife.  On  a  de 
la  dcjérence  pour  l'âge  ,  pour  le  mérite ,  pour  la 
dignité  de  quelqu'un.  Avoir  de  la  déférence  pour 
les  perfonnes  de  mérite  &  de  qualité.  Ablanc.  Pré- 
venez -  vous  les  uns  &c  les  autres  par  des  témoi- 
gnages d'honneur  &  ^q  dejérence.  Port-R.  Le  ref- 
pett  S;  la  déférence  nailfent  de  l'ettime  mutuelle  quâ 
doivent  avoir  deux  amis.  S.  Evr. 
DEFERENT,  adj.  quelquefois  employé  fubftancive- 
ment.  Terme  d'Altronomie  dans  le  fyftcme  de  Pto- 
lomée.  Cercle  déjérenc  _,  qui  porte  la  planète  avec 
fon  épicycle.  C'eft  un  cercle  qu'on  a  fuppofé  pour 
expliquer  l'excentricité  ,  le  périgée  &  l'apogée  des 
aftres  ,  fur  lequel  on  a  dif  que  la  planète  fe  mou- 
voit  \  Se  il  ell  placé  dans  l'épalifeur  de  chaque 
fphère.  Circulas  dejerens.  Comme  une  planète  n'eft 
pas  toujours  également  éloignée  de  la  terre  ,  l'on 
a  compris  que  fon  mouvement  propre  fe  fait  dans 
un  cercle  ,  ou  ellipfe ,  qui  n'eft  pas  concentrique  à  la 
terre.  C'eft  ce  cercle  ou  ellipfe  excentrique  qu'on 
appelle  déférent,  parce  que  palïlint  par  le  centre  de 
la  planète  ,  il  femblelafuppoiter&:  la  loutenir  dans 
fon  orbite.  On  fuppofoit  ces  déférens  diftéremmenc 
inclinés  à  l'Ecliptique  ,  mais  jamais  de  plus  de  huit 
degrés  ,  excepté  celui  du  foleil  ',  qui  eft  dans 
le  plan  de  l'Ecliptique  même  ,  qui  fe  trouve  coupé 
différemment  par  le  défèrent  de  chaque  pianote  en 
deux  points  qu'on  appelle  nœuds.  Dans  le  fyttème 
de  Ptolomée  ce  même  déjérent  eft  auili  appelé  le 
déférent  de  l' Epicycle  ,  parce  qu'il  triverle  l'Epicycle 
par  fon  centre,  &  qu'il  (emble  le  foutenir. 

|)C?  Comme  on  n'avoir  imaginé  les  cercles  excen- 
tiiques,  que  pour  expliquer  les  points  de  l'apogée 
&  ûu  périgée  \  aujourd'hui  qu'il  eft  démontré  que 
les  planètes  décrivent  des  ellipfes  autour  du  foleil, 
on  a  banni  ces  zarciis  déférens  ,  cpmme  l'on  avoir 
banni  les  Epicycles  de  Ptolomée. 
DÉFÉRENT.  Terme  d'Anatomie.  Ce  mot  fe  dit  des  vaif- 
feaux  du  corps  humain.  Des  vailfeaux  dcférens  ,  des 
vaiffeaux  préparans.  On  appelle  v^i&anx déférens, 
des  vailfeaux  qui  conduifent  la  femcncegoute  à  goure 
dans  les  véhcules  féminaires.  Quelques-uns  appellent 
ces  vaiffeaux  éjaculatoires.  Us  font  blancs ,  nerveux  , 
ronds ,  fitués  en  partie  dans  le  fcrotum ,  Se  en  partie 
dans  l'abdomen,  un  à  droite  ,  &  un  à  gauche. 
0Cr  DÉFÉRENT  ,  fe  prend  fubftantivement ,  en  termes 
de'monnoie  j  ucfignifie  les  marques  qui  indiquent  le 
lieu  de  la  fabrication  ,  le  Direcl:eur  &  le  Graveur. 
AcAD.  Fr.  Le  déférent  des  monnoies  eft  ordinaire- 
ment une  lettre  qui  fe  pl.ice  au  bas  de  l'écudon  ; 
celui  du  Diredeur,  au  bas  de  l'effigie  ;  celui  du  Gra- 
veur ,  avanr  le  inilléfime.  Celui  des  monnoies  ne 
change  point.  Ceux  du  Direéleur  &du  Graveur  font 
arbitraires. 
DÉFÉRER.  V.  n.  Se  conformer  aux  fentimens  &:  aux 
volontés  de  ceux  à  qui  l'on  doit  des  égards,  foyc^ 
DÉFÉRENCE.  Aliquem  cbfervare ,  alicui  honorem  de- 
ferre,  reverentiam  erga  aliquem  adhiberc.  Les  infé- 
rieurs doivent  déférer  aux  fupérieurs.  En  matière  de 
langues  on  doit  lovxtdéjérerà.  l'ufage-  Bouh.  Il  tauc 
d^Jcrer  aux  loix  ,   aux   arrêts  de  défenfes.  Ils  dé- 
voient   déférer   aux    anciennes   loix    de     l'Eglife. 
Pasch.  Il  faut  t/tf/èVer  aux  avis ,  aux  fentimens  des 
plus  fages  ,  des  plus  expérimentés. 


Aux  avis  d'un  cenfcur  tu  ne  dois  déférer 
Qu'autant  qu'il  aurafu  t'injlruire  &  t'éck 


clairer.  Yiitj 


68 


D  E  F 


Dbférer.  V.  a.  qui  fe  dit  en  cetre  piirafe  :  Déférerais 
honneurs ,  des  titres ,  des  dignités ,  pour  dire  ,  les 
donner  ,  les  attribuer  à  quelqu'un.  Dejcrrc  clicui  ho- 
nores,  magijiratus.  Les  Romains  déjéroicnt  le  triom- 
phe aux  Chefs  victorieux.  Les  Sénateurs  &  la  No- 

■  ■'•'''rrcra  la  cour 


blefle  de  Polo.^ne  lui  d.'Jérerera  la  couronne,  sui- 


vant le  Did:.  de  l'Acad.  ce  mot  n'elt  cl  ulage  qu  en 
parlant  des  dignités ,  des  honneurs  don:  une  mul- 
titude difpol'e  en  faveur  d'un  particulier.  On  dit 
aufli  j  T)éj<.rer  le  ferment  à  une  partie ,  pour  dire  j, 
s'en  rapporter  à  Ion  ferment.  Jusjurandum  atkulde- 
ferrc. 
Déférer  ,  en  termes  de  Palais ,  figniiie  dénoncer.  Ali- 
cujus  nomen  ad  Jud'ues  dejerrc.  On  ne  reçoit  point 
le  témoignage  de  ceu^  qui  ont  été  dejcrcs  en  Juf- 
tice,  jul'qu'à  ce  qu'ils  fe  l'oient  purgés.  Celui  qui  eft 
abfous  peut  demander  le  nom  de  celui  qui  Ta  dé- 
féré,  pour  avoir  réparation  contre  lui.  Il  avoit  été 
arrêté  prifonnier,  parce  que  deux  témoins  l'avoient 
déféré.  Vaug,  Déjérer  quelqu'un  à  l'inquifition. 
DÉFÉRÉ  ,  ÉE.  part. 
DEFERLER,  v.  a.  Terme  de  Marine.  C'eft  étendre  & 

déployer  les  voiles  pour  s'en  fervir.  Vêla  explicare. 
ffT  Déferlé  ,  ée.  part.  Voiles  déjerlées  _,  qui  font  dé- 
ployées fur  leurs  cargues  prêtes  à  être  bordée?. 
DÈFERMER.  v.  a.  Mettre  dehors  j  ou  en  liberté ,  ce 
qui  étoit  enfermé.  Solvere  ,  cxpedire  j  extraherc.  On 
a  enfermé  un  chien  dans  un  cabinet ,  il  faut  le  vq- 
n'ii  défermer ,  ou  mettre  en  liberté.  Vous  avez  en 
fermé  par  mégarde  mon  manteau  dans  votre  coffre  , 
venez  le  déjcrmer ,  le  tirer  dehors,  Ce  mot  n'cfl:  pas 
fiançois  ;  il  eft  feulement  en  ufage  fur  les  rivières 
où  l'on  dit  déjermer  un  bateau  ,  c^'ell-à-dire  ,  déta 
cher  la  corde  qui  le  tient  attaché  aux  anneaux  de  fer 
pu  ailleurs. 
DEFERRER,  v.  a.  Oter  les  fers  de  quelque  chofe. 
ferramenta   detrahere.  Il  faut  déjérer  cette  porte-là 
pour  en  faire  fervir  les  fers  à  une  autre. 
DÉFERRER ,  fe  dit  plus  ordinairement  des  chevaux. 
Oter  le  fer  du  pied  d'un  cheval  ou  d'une  autre  bête 
de  monture.  Equdm  foleis  exarmaré ,  equo  foleas 
eximere.  Il  faut  déferrer  ce  chev4l ,  fon  fer  le  blelTe  , 
il  s'eft  déferre  des  quatre  pieds.  Soled:  exciderum, 

|CF  On  dit  de  même  ,  fe  déferrer  y  en  parlant  d'une 
aiguillette,  d'un  lacet ,  &c. dont  la  feiture  fe  défait. 
Votte  lacet  s'eft  déferré. 

On  dit  figurément,  mais  en  ftyle  populaire  ,  qu'on 
a  déferré  un  homme  des  quatre  pieds  ,  pour  dire 
qu'on  l'a  rendu  muet ,  déconcerté  ,  interdit.  Percur- 
bare.  On  dit  auflî ,  qu'un  homme  s'eft  déferré  , 
quand  il  eft  interdit  &  confus ,  en  parlant  à  quel- 
que perfonnc  qu'il  craint ,  ou  qui  le  preife  ttop  fort 
fur  quelque  chofe.  Il  fe  fit  une  huée  qui  déferra  le 
témoin.  Ablanc.  Os  alïeuï  obflruere. 
DÉFERRÉ  ,  ÉE.part. 

DÉFET.  f.  m.Terme  de  Librairie.  Il  ne  fedit  guère  qu'au 
pluriel  j  &  lignifie  les  feuilles  dépareillées  d'une 
édition  qui  reftent  après  que  les  alfemblages  font 
faits  j  &  auxquelles  on  a  recours  pour  compléter 
d'autres  exemplaires  ,  auxquels  il  manque  feule- 
ment quelque  feuille  ,  ou  dont  quelqu'une  a  été 
gâtée.  Telle  feuille  n'eft  pas  propre  ,  il  en  faut  cher- 
cher une  autre  dans  les  dafets.  Ce  mot  vient  du 
Latin  Defeclus  ,  parce  que  toutes  ces  feuilles  ne  peii- 
yent  pas  former  des  exemplaires  complets. 
DÉFEUILLE,  adj.  dépouillé  de  feuilles.  Fol'ùs  nudatus. 
Un  atbre  défeuillé.  Une  forêt  défcuillée.  Il  eft  dans 
Monet  &  dans  Pomey.  Mais  il  n'eft  pas  en  uflige. 
DEFFOULER.  v.  a.  Vieux  mot.  Fouler,  marcher  def- 
fus.  Calcare  ,  proculcare.  Us  leurs  crachèrent  au  vi- 
fage ,  &  marchèrent  fur  eux  &  fur  le  figne  de  la 
Croix,  pallèrent  &  t/Ê/fott/èrt'w  aux  pieds.  An.  Fie 
S.  Louis. 
DEFFUBLER.  v.  a.  Vieux  mot  qui  fignifie  découvrit , 
dévêtir,  dégrafler ,  déboucher  j  déboutonner.  DiJ- 
fihulare. 
5e  DEFFUBLER.  Se  découvrir.  Vieux  mot.  Le  Li- 
gueur dont  il  eft  parjé  au  commencement  de  la 
Satyre  Ménippce  ,  qui  portoit  gnind  chapeau,  & 


D  E  F 

rare'meut  le  deffuMoit,  étoit  le  Cardinal  de  Pellevé. 
Voye^  Calottier.  On  difoit  aulli  :  Se  défuler  y 
que  Nicod  écnt  desfuler.  Quafi  tnfulam  detrdhere  , 
oter  fon  chapeau.  Il  eft  dans  les  dernières  éditions  de 
Richelet. 

DEFI.  f.  m.  Appel ,  provocation  au  combat.  Provo- 
cdào  ,  Jeheda  provocacoria.  Le  def  (e  fait  par  écrit, 
de  vive  voix ,  ou  par  geftes.  Ce  terme  eft  employé 
par  extenfion  pour  toute  forte  de  provocation.  Il 
lui  a  envoyé  un  cartel  de  déf  ,  il  lui  a  fait  un  def. 
Il  a  accepté  le  def.  Je  lui  ai  fait  un  def  fur  un  tel 
problème  ,  un  def  à  la  paume ,  au  billard.  Ancienne- 
ment ,  &  lorfque  les  duels  étoient  en  ufage  ,  l'accu- 
fateur  jetoit  fon  gant  par  tetre  pour  gage  du  def. 
L'accufé  le  relevoit  pour  marque  qu'il  acceptoit  le 
def  &  le  combat. 

DÉFIANCE,  f.  f.  Crainte  d'être  trompé  ,  qui  fait  que 
nous  n'ofbns  nous  fier  à  la  fidélité  des  autres.  Diffi- 
dentia.  Dans  ce  fens  il  eft  oppofé  à  co/y?ii/7ce ,  aflu- 
rance  qu'on  prend  fur  la  probité  &  la  difcrétioa 
de  quelqu'un.  Si  la  dcfiance  eft  conçue  avec  raifon  , 
elle  eft  jufte  ,  utile  &  nccelfaire  j  fi  elle  ell  injufte  , 
trop  inquiète  &  mal  fondée  ,  c'eft  une  foiblelTe 
honteufe  &:  ridicule.  Cail.  La  défianceieit  à  exer- 
cer la  prudence  ,  &  à  prévoir  les  événemens ,  ou 
pour  en  profiter  ,  ou  pour  les  éviter.  Id.  Ce  qui  nous 
empêche  de  faire  voir  le  fond  de  notre  cœur,  c'eft: 
la  défiance  que  nous  avons  de  nous  mêmes  j  bien 
plus  que  la  défiance  que  nous  avons  de  nos  amis. 
RocFiEF.  Les  opérations  de  la  défiance  font  tellement 
mêlées  avec  celles  de  la  prudence,  qu'il  eft  facile 
de  s'y  tromper  à  caufe  de  leur  leftcmblance.  S.  Evr. 
La  défiance  eft  ridicule  ,  fi  elle  fe  tait  des  chimères 
pour  s'en  effrayer  ;  elle  eft  injurieufe  ,  fi  elle  foup- 
çonnela  probité  de  quelqu'un  mal-à-propos  ;  mais 
c'eft  un  aâ:e  de  fagelfe  ,  quand  elle  empêche  d'être 
furpris  &,  trompé.  Id.  A  la  Cour  on  fe  nourrit  de 
foupçons,  de  défiances  &de  jaloufie.  B^^iz. 

La  Défiance  efi  nécefjaire , 
//  efi  bon  de  prévoir  un  fâcheux  accident , 
On  ne  doitpannt  ici  marcher  en  téméraire.  QuiK. 

On  dit  proverbialement  que  la  défiance  eft  la  mère 
de  sûreté ,  ou  ,  eft  mère  de  sûreté  ,  pour  faire  enten- 
dre que  pour  n'être  pas  trompé ,  il  ne  faut  pas  fe 
confier  trop  légèrement. 

fCF  Quelquefois  ce  mot  dcfigne  fimplement  la 
crainte  qu'une  chofe  n'ait  pas  toutes  les  qualités  né- 
celfaires  pour  un  certain  ertet.  C'eft  ainfi  que  l'on 
dit  qu'il  faut  avoir  une  jufte  défiance  de  izs  propres 
forces.  Il  ne  faut  pas  que  la  défiance  de  nos  forces 
nous  entretienne  dans  la  parefle  ,  &  nous  empêche 
de  faire  quelques  entieprifes  louables. 

DÉFIANT,  ANTE.  adj.  Qui  n'ofe  fe  fier  à  la  fidélité 
de  perfonne.  Sufpiciofus  ,fufpicax.  Les  gens  foibles 
&  ignorans  font  ceux  qui  font  les  plus  défians.  La 
charité  n'eft  point  défiante  ni  foupçonneule.  Bour- 
DAL.  Exh.  T.  I.p.  172. 

§cr  DEFICIENT,  adj.  Terme  d'Arithmétique.  Les 
nombres  dflciens  font  ceux  dont  les  parties  aliquo- 
tes  ajoutées  enfemblefont  une  fomme  moindre  que 
le  tout  dont  elles  font  parties.  Encycl.  Tel  eft  le 
nombre  8  ,  dont  les  parties  aliquotes,  i,  2,4.  prifes 
enfemble  ne  font  que  7. 

DEFICIT,  f.  m.  Terme  de  Pratique  emprunté  du  La- 
tin ,  pour  exprimer  une  chofe  qui  manque.  C'eft 
ainfi  que  l'on  dit  qu^ioe  pièce  d'un  inventaire  , 
d'une  produétion  eft  en  déficit  ;  &  l'on  met  ce  mot 
à  côté  des  atticles  où  l'on  fait  njention  d'une  pièce 
produite  qui  ne  s'y  trouve  pas. 

^\^  On  dit  dans  le  même  fens  qu'une  fomme- eft 
en  déficit  dans  la  caifle  d'un  Banquier  ,  d'un  Rece- 
veur, &CC. 

tyCT  Ce  mot  n'a  point  de  pluriel.  Il  y  a  plufieurs 
déficit  dans  cette  cailTe,  non  pas  déficits. 

DEFIE,  f.  m.  On  appelle  en  termes  de  Marine  ,  le  défie 
du  vent,  l'avertiftement  qu'on  donne  à  celui  qui 

gouverne , 


DE  F 

j^oùverne  ,  afin  qu'il  ne  prenne  pas  vciît  devant  ,  oa 
tlii'il  ne  mette  pas  en  ralingue. 

DfirlEMENT.  {.  m.  Terme  de  Coutumes.  Déclaration 
de  guerre  ,  défi  ,  appel.  Provocutio. 

ÏBUFIER.  V.  a.  Faire  un  ;'ppel ,  provoquer  fon  ennemi 
au  combat ,  fou  aux  rtrmes,  Ibit  en  toutes  fortes  de 
difputes,  de  jeux  &  d  exercices-  Provocure.  Les  an- 
ciens Chevaliers  fe  défiaient  fouvenc  pour  éprouver 
leur  courage.  Défier  quelqu'un  à  boire  ,  à  chanter  -, 
au  jeu,  au  tridr.ic  ,  à  la  paume.  Marfias  ofa  c/.y/er 
Apollon  à  qui  joueroit  mieux  de  la  flûte.  Bens.  Je 
m'en  vais  defierl^s  vents  au  milieu  de  l'Océan.  Voit. 
Dans  ce  mot  Vi  &  Ve  qui  font  de  fuite  font  deux 
fyllabes  ditFérentes  duns  ces  vers  : 

Et  fur  le  mérite  des  mœurs  > 

On  pourrait  àiiiiQX.  Us  plus  fins  cormoifieurs 

De  vous  fouhaiter  quelque  chofe.  M'.  Des-Houl. 

Ce  mot  vient  de  diffidare  j,  qui  fe  trouve  en  plu- 
fieurs  Auteurs  de  labafie  Latinité.  Ménage. 
DÉFIER  j  fert  aurti  à  reprocher  à  quelqu'un  Ion  peu  de 
forces  j  ou  fon  peu  de  courage  ,  en  le  piquant  &  en 
l'aiguillonnant.  Hac  âge  ,  fi' potes,  rem  magnamje- 
ceris  ,  6x.  C'ell  le  tour  Latin  qu'on  doit  donner  à 
ce?  exprellions  Françoifes.  Je  vous  défze  d'aller  en 
cette  maifon  où  il  revient  des  Eipnts.  Vous  me  vou- 
lez faire  un  procès ,  je  vous  en  défie.  Je  vous  défie 
de  m'oublier  entièrement ,  &c  vous  n'aurez  jamais 
fans  moi  que  des  plaihrs  imparfaits.  Let.  Port. Vous 
ne  (auriez  m'oublier  ,  il  e!t  imporùblcque  ,  &c. 
DÉFIER  ,  en  termes  de  Marine  ,  a  pluheurs  hgnifica 
rions  ,  &  eft  tantôt  actif,  tantôt  neutre ,  tantôt  réci- 
proque. Défier  ,  lignifie  prendre  garde  ,  empêcher 
ique  quelque  chofe  n'arrive.  Défier  l'ancre  du  bord  , 
c'ell  empêcher  que  l'ancre  ne  donne  contre  le  bord. 
Défie  du  vent ,  eft  un  avertllfement  qu'on  donne  à 
telui  qui  gouverne ,  afin  qu'il  ne  prenne  pas  vent 
devant.  Un  vailTeau  qui  ne  fe  défie  que  de  grains 
qui  paroilTent  au  vent  à  lui.  Un  vent  qui  défie  de  la 
côte  ,  c'eft-à  dire  ,  qui  vient  de  la  côte. 
JDÉFiER.  Déclarer  quelqu'un  ennemi  public.  Lé  Pape 
Honorius  fit  en  12,15.  "'^2  Conllitution  très  févêre 
pour  la  sûreté  des  Cardinaux.  Si  quelqu'un  ,  dit-il  j 
pourfuit  un  Cardinal  à  main  armée,  le  frappe  ou 
le  prend,  ou  participe  en  quelle  que  manière  que  ce 
foit  à  une  telle  violence  ,  il   fera  infâme  comme 
criminel  de  lèze-Majefté  ,  déifié  Se  banni  c'eft-à-dire  , 
ennemi  public,  incapable  de  faire  teftament ,  ni  de 
fuccédet  à  perfonne  ,   même  ab  inteftat.  Fleury. 
L'Empereur  Frédéric  défiia  en  1  iz^.  par  Edit  public 
feize  villes  d'Italie,  c'ell-à-dire,  qu'il  les  déclara 
ennemies.  Id. 
ÇCT  Défier  eft  aufli réciproque. Se  ûfe}?<;/- de  quelqu'un  , 
n'ofer  fe  fier  à  la  fidélité  des  autres,  dans  la  crainte 
d'être  trompé  ,  prendre  des  précautions  pour  n'être 
pas  trompé  par  quelqu'un  que  l'on  foup^onne  de  peu 
de  fidélité  ,  de  peu  de  fincérité. 

ftTOn  dit  aulli,  fe  défier  de  fes  propres  forces , 
de  fon  efprit ,  de  fes  talens ,  n'avoir  pas  grande  con 
fiance  en  fes  propres  forces ,  en  fa  capacité.  Diffi- 
dere  alïcui.  Il  fe  faut  défier  des  flatteurs.  Ceux  qui  ne 
fe  défient  de  rien  lont  les  plus  faciles  à  furprendre- 
Il  faut  fe  défiler  de  l'amour  aveugle  que  les  hommes 
ont  pour  leurs  propres  Ouvr.ages.  S.  EvR.  Je  me  défiie 
un  peu  trop  de  vos  promelfes.  Pasc.  Je  vous  pro- 
mets de  ne  vous  point  haïr  :  je  me  dcfie  trop  des  fen- 
timens  violens  pour  ofcr  l'entreprendre.  Lettres 

PoRTUG. 

D  F.  FIER  ,  fignifie  aufll  prévoir  ^  fe  douter.  Sufipicari. 
Je  rne  fuis  toujours  bien  défié  que  cela  arriveroit 
ainli.  Qui  fe  feroit  jamais  défié  (\\i  on  qxxx.  rendu  un 
fi  méchant  arrêt  ?  pour  dire,  qui  l'eût  prévu  ?  On 
doute  que  défier  en  ce  fens  foit  du  beau  ftyle. 

On  dit  proverbialement  qu'il  ne  faut  jamais  défier 
tin  fou  ,  quand  un  homme  propofe  de  faire  quelque 
folie  ,  quelque  extravagance  ,  &  qu'il  demande  fi  on 
l'en  défie. 

Defié  ,  ÉE.  part. 

DÉFIGURER,  v.  a.  Changer,  gâter  la  figure ,  les  traits. 
Tome  III, 


Dcfiormare  ,  deturpare ,  Jixdare.  Il  fe  dit,  tant  des 
perfonnes  que  des  chofes ,  au  propre  &c  au  figuré. 
Cette  balafre  lui  a  tout  defi,gure  le  vifage.  On  ne 
connoît  plus  ce  malade ,  tant  il  eft  défigure.  Dans  une 
grande  frayeurle  vifage  fe  défigure  ,  &c  fait  quelque- 
fois des  mouvemens  horribles.  Pelié. Depuis  qu'on  a 
abattu  ce  pavillon  ,  ce  bâtiment  eft  tout  défigure.  Un 
habit  eft  tout  <3'e)7^i/re,quand  on  en  a  ôté  la  garniture. 
Souvent  ceux  qui  le  mêlent  de  corriger  ou  de  traduire 
des  Ouvrages ,  les  défigurent  entièrement.  Il  défigure 
tellement  les  Auteurs ,  qu'ilsne  font  plus  reconnoif- 
fibles.  BoiL.  L'Eglile  ne  devoir  pas  vous  être  moins 
chère  ,  parce  qu'elle  voiis  paroilfoit  défigurée.  Nico. 
L'efprit  fécond  en  déguifeiTlens  s'étudie  à  défigurer , 
félon  fes  intérêts  ,  tantôt  les  vices ,  &  tantôt  les  ver- 
tus. Fléch.  Les  rochers  &  les  montagnes  défigurent 
la  terre  ,  &  en  rendent  la  furface  hideufe  &c  mal 
polie.  S.  EvR. 
DÉFILÉ,  f.  m.  terme  de  Guerre.  Paflage  étroit  où  l'on 
ne  peut  palfer  qu'à  la  file  ,  où  peu  de  perfonnes  peu- 
vent paifer  de  frent.  Angujiix  ,  angufia  via.   C'eft 
un  pays  couvert ,  montagneux  ,  ou  marécageux,  où 
l'on  trouve  à  tous  momens  des  défilés.  Ils  donnèrent 
fur  le  bagage  en  paflant,  à  caufe  qu'il  y  avoit  un  long 
défilé.  ABlanc. 
DÉFILER.  V.  a.  Oter  le  fil  oU  le  cordon  qui  croit  paffé 
dans  quelque  chofe.  Filum  deirahere.  Tirer  certaines 
chofes  d'un  fil  où  elles  étoient  enfilées.  E  filo  aliquid 
extrahere  ,  educere.  Défiler  les  perles  d'un  collier , 
défilerXts  grains  d'un  chapelet  \  ou  fimplement  défiler 
un  chapelet ,  un  collier.  Ce  collier  de  perles  eft  défilé. 
§C?  Il  eft  aufli  réciproque.  Vorre  collier  fe  défile^ 
va  fe  défiler.  On  dit  figurément ,  mais  en  ftyle  fami- 
lier &  populaire ,  que  le  chapelet  fie  defde  ,  lorfque, 
de  plufieurs  perfonnes  lices  enfemble  d'amirie  ou , 
d'intérêt,  quelques-unes  fe  détachent  des  autres. 
03"  Défiler  ,  v.  n.  terhie  ufité  dans  l'art  militaire  , 
lorfqu'il  eft  queftion  de  la  marche  des  troupes.    Al- 
ler à  la  file  ,  l'un  après  l'autre  ,  fur  un  petit  fronr , 
ou  fur  très-peu  de  files.   Voye\  File  £•  Front.   Le 
pafiTage  de  la  montagne  étoit  fi  étroit ,  que  les  foldats 
ne  pouvoient  défiler  que  deux  à  deux ,  quatre  à  qua- 
tre.  Bini  ,  quaterni  incedere. 
^fT  Défiler  ,  fignifie  aulîi  marcher  par  files  ,  fans  f 
être  contraint  par  le  terrein  ;  &:  il  n'eft  pas  néceifaire 
que  les  foldats  marchent  tous  l'un  après  l'autre  ;  ils 
peuvent  marcher  plufieurs  de  front,  pourvu  que  c» 
foit  en  petit  nombre.  On  fit  défiler  les  troupes  par 
pelotons ,  par  compagnies ,  par  efcadrons.  furma- 
tim ,  manipulatim. 

I^On  fe  fert  encore  de  ce  verbe  pour  exprimer  le 
mouvement  qu'on  fait  faire  â  des  troupes  pour  les 
voir  plus  en  détail.  Apres  la  revue  ,  on  fie  défiler  les 
troupes  dix  à  dix. 

fO"  On  dit  généralement  défiIer,àQ  tous  les  mou- 
vemens qu'on  fait  faire  à  des  troupes  lur  un  front 
moindre  que  celui  fur  lequel  elles  étoient  en  ba- 
taille :  mais  ce  mot  convient  mieux  lorlqu'on  les 
fait  marcher  fur  un  petit  front. 
DÉFiLiR  ,  eft  audi  un  terme  de  Chandelier.  Detrahere. 
C'eft  ôter  la  chandelle  des  baguettes.  Défilerh  chan- 
delle. Dans  ce  fens  il  eft  acVif. 
Défiler,  avec  le  pronom  perfonnsl,  fe  dit  des  étoffes; 

mais  on  dit  mieux  séfiler.  Fdatim  dijfiolvi  ,fiolvi. 
DÉFILÉE  ,  ÉE  ,  part. 
DEFINAILLE.  f.  f.  Vieux  mot.  Fin,  mort.  On  a  dit 

aufli  définer  ,  pour  finir,  mourir. 
DÉFINE'R.  v.  n.  Être  près  de  fa  fin,  Jd finem  vcrgere. 

Il  n'eft  plus  en  ufage. 
DÉFINE,  èe.  adj.  Vieux  mot.  Qui  a  pris  fin  ,  qui  eft 

fini,  qui  eft  mort.  Manuus  ,  dejuncius  ,  a  ,  um. 
tfT  DEFINIR.  V.  a.  Suivant  la  force  du  mot  ,  c'eft 
marquer  les  bornes  &  les  limites  d'une  chofe.  D'fi- 
nire.  Ce  mot  conferve  quelque  chofe  de  fon  idcé 
principale  dans  toutes  les  occafions  où  il  eft  em- 
ployé. ,. 
Définir,  en  termes  de  Logique,  fignifie,  Ex-pliquet 
la  nature  d'une  chofe  par  fon  genre  &  par  fa  diffé- 
rence.   Voye\  ces  mots.    La  faire  connoitre  telW 


iTQ 


D  E  F  D  E  F 

qu'elle  eft  ,  de  forte  qu'on  ne  puiffe  plus  la  confon-  fCT  DiriNiTiF  ,  terme  de  Palais ,  par  lequel  on  eh- 
dre  avec  une  autre.  Ùcjinïre.   Les  Philofophes  défi-       tend  un  jugement  qui  décide  &:  termine  entiere- 


nijfent  l'homme  ,  un  anunal  raifonnable.  Defcarces 
cfty//2<r  l'ame  ,  une  luoilance  qui  penfe.  Il  elt  inutile 
de  définir  les  mots  (impies  (Se  communs  \  car  ceux 
qui  entendent  une  Langue ,  dès  qu'ils  entendent  pro- 
noncer ces  mots ,  ont  d'abord  une  idée  claire  &  dif- 
tincte  de  la  chofe.   Il  faut  s'arrêter  à  certains  termes 
primuits  qu'il  n'eft  pas  beloin  de  dcfimr.  Il  ell  plus 
ailé  ,  &  beaucoup  plus  néceiraire  de  définir  les  mors 
des  arts  &  des  fciences ,  dont  les  idées  font  plus  com- 
pofées  j  car  en  dcfirà[j'ant  leS  termes  des  arts ,  l'on 
rrouve  toujours  la  délinuion  plus  claire  que  la  chofe 
définie  :   au  lieu  qu'en  définifiant  les  termes  com- 
muns ,  la  chofe  définie  eft  toujours  plus  claire  que 
la  définition. 
D.éfinir  un   mot  j  c'eft  en  déterminer  le  iens  ,  de  fa- 
çon qu'on  ne  puifTe  ni  étendre  ce  fens,  ni  le  reftrein- 
dre  ,  ni  l'attribuer  à  un  autre  mot.   F oyc':^  Défini- 
tion. 
■DÉFINIR  ,  fignifie  aulli ,  Faire  une  defcription  des  qua- 
lités apparentes  d'une  chofe,  la  taire  connoître  par 
un  grand  nombre  de  circonllances.  Explicare  ^  de 
çlarare  definiendo.  Les  gens  de  Cour  font  cachés,  ils 
font  difficiles  à  définir  ;  on  ne  les  connoît  point.  Le 
je  ne  fai  quoi  eft  h  délicat,  Se  fi  imperceptible  qu'on 
ne  le  peut  définir.  Bouh.  L'homme  ne  fe  peut  définir 
lui-même  ;  il  ne  fait  point  précifément  ce  qu'il  eft. 
La  Bruy.  C'eft  un  homme  qu'on  ne  psut  définir. 
'^Zt  Définir  ,  fe  dit  dans  le  même  fens  que  décider  , 
déterminer.  Tout  ce  qui  arrive  dans  le  monde  a  été 
de  tout  temps  défini  dans  les  décrets  de  Dieu.  L'Ecri- 
ture ,   les  Conciles  ont  défini  &  déterminé  les  arti- 
cles de  la  Foi.  Il  n'y  a  encore  rien  de  jugé ,  de  défini 
fur  cette  queftion.    Dieu  a  défini  le  temps  où  cela 
arrivera  ,  a  marqué  ,  déterminé. 
DÉFINI ,  lE  ,  part. 

Défini,  fignifie  auffi  ,  Ce  qui  eft  borné  &:  terminé , 
qui  eft  circonfcrit  en  de  certaines  bornes ,  &  oppofé 
à  /nJeji  i.  f^initus ,  circumfcriptus.  Tous  les  corps  ont 
un  [lea  défini .,  occupent  des  e(p3.ces  définis  &c  hov- 
nés. 
Défini  ,  Terme  de  Grammaire.    Article  ,  ou  prétérit , 
qui  a  une  fignification  précife  &  déterminée.  Defini- 
tus.   Il  n  y  a  qu'un  article  défini  :  le  pour  le  mafcu- 
lin  ^&c  -a  pour  le  féminin.  Dans  ces  phrafes  ,  la  vo- 
lonté au  Roi ,  la  mailon  de  la  Reine  ,   j'ai  dit  au 
Roi  j  &c.  les  articles  ,  la ,  du  ^  de  la  ,  au  ,  font  arti- 
cles d^f.iûs  :  ils  marquent  quelque  chofe  de  défini , 
de  fixe  &  de  déterminé  j  au  contraire  quand  on  dit 
la  qualité  de  Roi ,  le  rang  de  Reine  ,  l'article  de  ne 
marque  rien  de  déterminé  ,  il  fignifie  feulement  un 
Roi,  ou  une  Reine  en  général  ;  c'eO  poui'cela  qu'on 
Tnppelle  atticle  indéfini,  /^ojci' Article  ,  £-■  Indé- 
fini.   Le  prétérit  partait  défini,  marque  un  temps 
.pallé:/'ai  aimé.  Quelques  Grammairiens  l'appellent 
inJfini,ôc  donnent  le  nom  de  défini  au  prétérit  par- 
fait /'aimai.  Peu  importe  pourvu  qu'on  entende  bien 
la  valeur  de  ces  prétérits  ^ôc  qu'on  ne  fe  trompe 
,point  dans  l'ufage  qu'on  en  fait,  /^oye-  Aoriste. 
DErlNlTEUR.  f  m.  Terme  ufitc  daiis  plufieurs  Or- 
dres Religieux.  Ce  mot  fignifie  ,  celui  qui  eft  Alfef- 
feur  ouConfeiUer  d'un  Général,  ou  d'un  Supérieur, 
dans  quelques  Monafteres.  Definicor.  C'eft  auffi  le 
nom  qu'on  lui  donne  en  Latin.   On  diroit  mieux 
Confiukor.    Dans  les  Ordres  Religieux  ,  du  moins 
dans  quelques-uns ,  les  Définiceurs  font  pour  le  rang 
au  delfous  du  Supérieur  du  Couvent  où  ils  demeu- 
rent,  quand  ils  font  dans  ce  Couvent;  ailleuts  les 
Définiteurs  ont  le  pas  fur  leur  propre  Supérieur ,  qui 
cefle  de  l'être  à  leur  égard  quand  il  eft  hors  de  fon 
Couvent.    Les  Definiceurs  font  audi  fournis  dans  ce 
Couvent  où  ilsdemeurent,  au  Supérieur  immédiat 
de  ce  Couvent  dans  les  chofes  qui  regardent  la  dif- 
cipline  Religieufe  ;  mais  ils  ne  leur  fonr  pas  foumis 
dans  le,s  autres  chofes. 
DÉFINITIF,  ivE.  adj.    Qui  termine,  qui  décide  le 


qui 
ment  la  conteftation  qui  étoit  entre  les  parties  :  bieiA 
diftérenc  ,  comme  l'on  voit ,  du  jugement  prépara- 
toire ,  autrement  appelé  interlocutoire,  qui  décide 
feulement  quelque  chofe  ancerieure,  pour  l'inftruc- 
tion ,  avant  que  de  parvenir  au  jugement  d^finicifi. 
Sentence  dcfimtivc.  Arrêt  definitij. 

On  trouve  diffinitifi  à^m  l'Ordonnance  de  itJjo. 
pour  les  matières  ciiminelles  ;  dans  l'Edit  du  Roi 
(  Louis  XV.)  de  mil  fept  cent  feize,  portant  éredlion 
d'une  Chambre  de  Juftice  \  dans  le  recueil  des  piè- 
ces ,  concernant  les  diftcrends  des  Pairs  de  Franc» 
avec  les  Piéfidens  à  mortier  du  Patlement  de  Paris. 
Malgré  ces  autorités ,  l'ufage  eft  pour  définitif  SC 
définitivement. 

^fJ'  En  définitive,  adv.  Terme  de  Palais  :  définiti- 
vement ,  par  jugement  définitif.  Dccretoriojudicio. 
On  perd  des  affaires  par  provilion  ,  qu'on  gagne  en 
définitive. 
DÉFINITIF ,  ivE.  Tuilage  définhifi.  Terme  de  Manu- 
faéture  de  lainerie.  C'eft  la  dernière  façon  que  les 
Tondeurs  donnent  à  rétotîe. 
DEFINITION,  f.  f.  Décifion  d'une  autorité  fupérieure. 
Decretum.  La  définition  de  l'Eglile  ,  ou  du  Concile, 
d'un  Chapitre,  &:c.  Dans  cette  derniete  phrafe  d^- 
nltion  fignifie  un  arrêté. 
IJCT  DÉFINITION  j  en  Logique  ,  eft  l'explication  de  la 
nature  d'une  chofe  ,  un  difcours  qui  explique  ce 
qu'une  chofe  eft ,  ou  qui  détaille  les  attributs  par 
lefquels  la  nature  d'une  choie  elt  déterminée.  Cea 
principaux  attributs  font  le  genre  &  la  diflérence. 
Voye\  ces  mots. 

^fF  On  demande  ordinairement  trois  chofes  poun 
qu'une  définition  foit  bonne.  i°.  Qu'elle  foit  claire, 
c'eft-à-dire  ,  qu'elle  donne  une  idée  claire  &  dif- 
tinéte  de  la  chofe  définie  :  z".  qu'elle  foit  univer- 
felle  ou  adéquate  j  c'eft-àdire,  qu'elle  convienne  a 
tout  ce  qui  eft  contenu  dans  l'efpece  définie  :  ;". 
qu'elle  foit  propre  ou  particulière  à  la  chofe  définie, 
afin  qu'elle  ferve  à  faire  diftinguer  la  chofe  définie 
d'avec  toute  autre. 

|iCJ"  Il  y  a  deux  fortes  de  définitions  ,  l'une  nomi- 
nale ou  de  nom  ,  qui  explique  le  fens  ou  la  fignifi- 
cation propre  d'un  mot  ,  l'autre  de  chofe,  ddnt  on 
vient  ds  parler  ,  qui  détaille  les  principaux  attributs 
d'une  chofe  j  pour  en  faire  connoître  la  nature.  Dc- 
finitio  nominis  ,  definitio  rei. 

On  ne  peut  avoir  une  idée  diftinéte  d'une  chofe, 
qu'en  employant  beaucoup  de  mots  pour  la  défigner 
&pour  la  définir.  Mais,  parce  qu'il  feroit  importun 
de  répéter  cette  fuite  de  mots  qui  compofent  une 
définition,  on  a  attaché  à  un  feul  mot  l'idée  qu'on 
a  conçue  ,  &  qui  tient  lieu  de  toutes  les  autres.  C'eft 
pourquoi  toutes  les  fois  qu'on  fe  fert  du  mot  qu'on 
a  défini  ,  il  faut  fubftiîuer  mentalement  la  définiton 
en  la  place  du  défini ,  &  avoir  ces  deux  chofes  telle- 
ment jointes  &:  inféparables  dans  la  penfée,  qu'aulli- 
tôt  que  le  difcours  exprime  l'une  ,  l'efprir  y  attache 
immédiatement  l'autre.  En  fuppléant  ainfi  la  défi- 
nition entière  aux  termes  courts  ,  on  abrège  le  dif- 
cours, que  de  fréquentes  circonlocutions  pour  expli- 
quer chaque  terme,  rendroient  ennuyeux.  Port  R. 
La  plupart  des  définitions  d'Ariftote  font  défeétueu- 
fes  ,  &  fi  peu  propres  à  faire  comprendre  la  nature 
des  chofes  ,  que  le  Chancelier  Bacon  avoir  raifoii 
de  dire  qu'elles  font  femblables  à  celle  qu'on  feroit 
de  l'homme  en  le  définifTant  un  animal  qui  laboure, 
la  terre.  Id.  Les  noms  font  en  la  bouche  du  peuple 
des  définitions  abrégées  ,  comme  les  définitions  fonc 
dans  les  écrits  favans  des  noms  expliqués.  PÉiis- 

SON. 

IJCJ"  DÉFINITION  ,  en  Mathématique.  C'eft  l'explica- 
tion du  fens  d'un  mot  :  comme  quand  on  dit ,  qu'il 
Erut  entendre  par  cercle  j  une  figure  dont  tous  les 
points  à  la  circonférence  font  également  éloignés  da 
centre. 


i 


fonds  d'une  queftion.  T)ecretorius.  L'E^^life  a  donné   ^  Définition  ,   en  Rhétorique  ,   mérite  plutôt  le 
un  jugement  définitif  i\xK  cet  article  de  Foi.  |     nom  de  Defcription  que  de  Définition.  Foye?^  Des- 


D  E  F 

«RiPTiOM.  Cas  déjuûtions  oraroires  fe  font  parl'c- 
muncracion  des  parties  d'une  chofe  ;  par  les  eftets  ; 
par  un  aiiMS  de  diverles  notions ,  pour  donner  une 
idce  plus  iTiagnihque  de  1.1  choie  ,  ixc  ^ 

|Cr  Depiniiion  ,  dani  la  Gramm^ure,  lîgnihe  ,  l'ex- 
plication des  idées  que  les  honinips  font  convenus 
de  lier  à  certains  mors ,  iJc  que  1  ulage  y  a  attachées. 
Dcjiiûûo  ,  univcrfii  ni  cxpLicido.  Il  faut  bien  diltin- 
gusr  la  définition  des  mots ,  de  la  dijinltun  des  cho- 
fcs.  Celle  des  mots  n'ell  autre  chofe  que  la  décla- 
ration de  l'ufage,  &:  djs  idées  que  les  hommes  y 
ont  appliquées.  I'ort-R. 

Definiiion.  Terme  de  Capucin.  C'eft  le  lieu  où  s'af- 
femblent  lesDéàniteurs  pour  les  attauesde  l'Ordre. 
Confilium. 

DEFINITIVEMENT.  ad\'.  En  jugement  définitif. 
Cette  affaire  a  été  jugée  ddfinitivemenc.  Ulùmu  œ- 
gnitione. 

DEFîNITOIRE.  f  m.  Terme  ufité  dans  plulîeurs  Or- 
dres Religieux.  Ddfinicorium.  Lieu  où  s'alfemblent 
les  principaux  OlHciers  d'un  Chapitre  Général  ou 
Provin.i.d.  On  a  réglé  cela  au  Definkoire.  Il  fignihe 
auiîi  l'aircmblée  même  de  ces  Officiers ,  des  Déhni- 
teurs.  Cela  dépend  du  Definitoiie.  Quand  un  Reli- 
gieux fe  croit  traité  injuftement  par  fon  Supérieur 
immédiat ,  il  s'adrelfe  au  D;finitoirc  ,  il  appelle  au 
Defi'iicoire. 

DÉFLAGRATION,  f.  f.  Terme  de  Chimie.  Defl.igra- 
t!0.  C'eft  1  inllammation  du  mélange  d'un  fe!  ou 
d'un  corps  minéral  avec  un  fulfureux ,  inflammation 
qui  fe  fait  dans  le  creufet  pour  purifier  le  fel  ou  le 
régule  d'un  minéral,  Harris.  Opération  par  la- 
quelle un  corps  ell:  brûlé. 

Ce  mot  vient  du  Latin Z?s/7j^rariti,  inflammation, 
embrafement,  de  deflagrare ,  brûler. 

fO-  DEFLEGMATION  ,  ou  DEPHLEGMATION. 
f.  f.  (Ces  deux  manières  d'écrire  font  également  en 
ufage.  )  Action  de  féparer  d'un  liquide  compofé  ,  & 
qui  contient  de  l'eau  ,  que  les  Chimiftes  appellent 
flegme,  une  partie  de  cette  eau.  ReéTiification  par 
laquelle  on  dégage  les  liqueurs  ,  particulièrement 
les  elprits  j  de  leur  fîegme ,  en  les  diiHllant  ou  les 
cohobant.  Fiilegmatis  purgat:o. 

DEFLEGMER  ,  ou  DEPHLEGMER.  v.  a.  Terme  de 
Chimie.  Tirer  le  flegme  d'un  mixte  ,  le  dégager ,  le 
purger  de  d  partie  flegmatique  ou  aqueule  ,  en  fé- 
paret  le  fl.gmc.  PhUgnia  cxtraherc  ,  ftparcin.  J'ai 
déflegmi  l'acide  de  l'un  ,  &  j'ai  tedifié  le  fel  volatil 
de  l'autre.  Homberg  ,  Acad.  des  Se.  ijoi.  Mc'm. 
P-2.li).  Ttii  défidgmé  ces  deux  efprits,  deforte  que 
l'un  diir.'îvoit  fort  bien  l'or ,  6:  l'autre  diffolvoit  fort 
bien  l'argent.  Id.  yîcad.  des  Se.  1700.  Mem.p.  8  j. 

DEFLEGME  ,  oiiDÉPHLEGME,  ée.  ad).  Terme  de 
Chimie.  Purifié ,  dégagé  de  fon  flegme ,  ou  de  fi 
partie  aqueufe.  PhUgmare  purgatus.  Ce  terme  fe  dit 
pour  exprimer  qu'un  efprit  ell  bien  purihé  ,  &  bien 
Icparc  du  flegme  &  de  l'eau.  Pour  cet  effet  on  le 
tire,  c'eif-à-dire ,  qu'on  le  diftille  plulîeurs  fois, 
tz  quand  il  eff  bien  dégagé  de  toute  l'eau  &  de  tout 
le  flegme ,  ou  pour  le  moins  aurant  qu'il  le  peut 
ctre ,  alors  on  dit  que  cet  efpri:  eft  bien  dtfiegme. 
Harris. 

ÇCT  DEFLEURIR.  v.  n.  Qui  fe  dit  en  parlant  des  ar- 
bres qui  perdent  leurs  fleurs.  Il  faut  artendre  que 
les  arbres  foicnt  dfieuris ,  pour  juger  li  les  fruits 
font  noués.  Deflorefceie .,  il  elf  auOi  aélif,  &  fignitie 
dans  cette  acception  ,  faire  tomber  les  fleurs  des 
arbres.  Flores  decutere.  Le  vent  a  défleuri  tous  les 
abricotiers. 

On  le  dit  encore  en  parlant  de  certains  fruits 
dont  on  ôte  la  fleur,  le  velouté  de  la  peau  en  les  tou- 
chant. Vous  defliurijfc^  ces  prunes  en  les  maniant. 
Dcflorarc. 

DÉFLEURI ,  lE.  part.  Qui  a  perdu  fes  fleurs,  dont  les 
fleurs  font  tombées.  SpoUatus  ,  nudacusfloribus.  On 
lève  les  lis  pour  ôter  la  grande  abondance  de  peu- 
ple ,  après  qu'ils  font  défleuris,  &  aufli-tôt  on  les 
remet  en  terre.  Morin.  Prune ,  pêche  défieuric  ,  qui 
a  perdu  fon  velouté. 


DE  F  171 

Ip-  DEFLEXION.  f.  f.  Terme  de  Phyfique.  Aftioit 
par  laquelle  un  corps  fe  détourne  de  fon  chemin  j 
par  l'aition  d'une  caufe  étrangère  ,  ou  par  le  détour 
même.  Acad.  Fr.  Il  vient  du  Latin  defieciere  ,  dé- 
tourner. Deflcxio.  Defiexion  des  rayons  de  lumière  j 
propriété  qui  conlifle  en  ce  que  les  rayons  de  lu- 
mière qui  rafent  un  corps  opaque  ,  au  heu  de  conti- 
nuer leur  chemin  en  ligne  droite  ,  fe  détournent  eii 
le  pliant ,  &  fe  plient  d'autant  plus  qu'ils  en  font 
plus  proches.  Newton  du  inflexion ,  d'autres  dif- 
fraction. 

DEFLIS.  adj.  Vieux  mot.  Las. 

DEFLOR.ATION.  f  f.  Action  par  laquelle  on  ôte  de  for- 
ce la  virginité  d'une  tille.  >Sr://'nrfzo.  Lamortou  le  ma- 
riage font  l'alternative  ordonnée  par  les  Juges  en  cas 
de  défloration.  Ce  mor  &  les  deux  fui  vans  ne  fe  difenc 
plus  que  dans  le  Ùyle  grave,  &  principalement  dans 
les  procédures  de  JulHce  &c  dans  les  informations^ 

DEFLORER,  y.  a.  Enlever  la  virginité  à  une  lillei 
Viiiare  ,  fiuprare.  Un  ravilTeur  qui  a  défloré  une  fille 
par  force  eil  puni  de  mort  par  les  Ordonnances. 
Plulîeurs  Anatomiftes  faifoient  de  l'hymen  la  véri- 
table preuve  de  la  virginiré  ,  perfuadés  que  ,  quand 
on  ne  la  trouve  point ,  il  falloit  que  la  nlle  eût  été 
déflorée.  DiONis. 

DÉFLORÉ  ,  ÉE  ,  part.  Fille  déflorée. 

DEFLUER.  V.  n.  Terme  d'Aftrologie.  Ce  mot  fe  dit 
d  une  planète  légère  qui  a  palTé  l'alpeift  ou  la  con- 
jonction d'une  autre  plus  pefante  &  plus  tardive  : 
elle  deflue  alors ,  c'elVà  dire",  elle  s'éloigne  toujours 
de  plus  en  plus. 

DÉFLUXION,  n  eft  hors  d'ufage.  Foye^  FLUXION, 
c'eft  la  même  chofe.  On  trouve  encore  dans  quel- 
ques Auteurs  le  mot  de  défluxion.  Après  avoir  prefcric 
un  régime  de  vivre  ,  le  premier  but  du  Chirurgien 
doit  être  d'arrêter  la  défluxion.  Degori. 

Ce  mot  vient  de  defluo  j  je  coule ,  je  découle,  parca 
que  les  humeurs  coulent  vers  une  partie,  un  endroit 
où  elles  s'amalTenr. 

DÉFONCEMENT.  f.  m.  Adion  par  laquelle  on  ôte 
les  douves  qui  fervent  de  fond  à  un  tonneau.  Fundi 
exemptio. 

IP"  DEFONCER,  v.  a.  Terme  de  Tonnelier.  Oter 
le  fond  d'un  tonneau ,  d'un  baril ,  les  douves  qui  lui 
fervent  de  fond.  Douojundum  detrahere.  On  a  dé- 
foncé ce  muid  ,  cette  futaille  j  pour  y  mettre  de 
nouvelles  douves. 

DÉFONCER  ,  terme  de  Corroyeur  ,  lignifie  Fouler  aux 
pieds  un  cuir  de  vache ,  après  qu'on  l'a  mouillé  , 
pour  en  ôter  les  folfes.  Terere ,  proterere.  Défoncer 
une  vache. 

Défoncer,  renne  d'Artificier  ,  qui  figniiie  l'effet  de 
l'aclion  du  fer  fur  la  compofition  d  un  artifice  ,  lorf- 
que  n'étant  pas  fufHfamment  rerenue  par  un  étran- 
glement ,  ou  du  carton  bien  replié  ,  elle  eft  chaflée 
hors  du  cartouche ,  avant  que  d'être  confommée. 

|p°  DtroNCER,  en  Jardinage,  fignifie  la  même  chofe 
qu'eflondrer.  Foyei  ce  mor. 

fp°  DÉFONCÉ,  EE.  parr.  Futaille  défoncée.  Terrein 
dé:  oncé. 

DEFORMER,  v.  a.  Gâter  ,  ou  corrompre  la  forme 
d'une  chofe.  Formam  detrahere  ,  deformare.  Il  ne  fe 
dit  guère  que  dans  ces  phrafes  ;  déformer  un  cha- 
peau, déformer  Wi  foulier. 

DEf-ORMÈ  ,  EE.  part. 

DEFORS.  Vieux  mor.  Dehors. 

DÉFOUETTER,  v.  a.  Prononcez  DÉFOI TER.  Terme 
de  Relieur.  C'eft  ôter  la  ficelle  qui  a  fervi  à  fouet- 
ter le  livre,  c'eft  à-dire,  à  le  bien  ferrer  pour  en 
marquer  proprement  les  nerfs.  Funiculum  dijfolvere. 
Il  faut  defouectenous  ces  livres. 

DEOURNÉR.  v.  a.  Tirer  du  four.  Le  Boulanger  n'a 
pas  encore  défourné  fon  pain. 

ïfT  On  ledit ,  en  termes  de  Verrerie  ,  des  ou- 
vrages qu'on  tire  du  four ,  quand  ils  font  affez  cuitg- 
ou  affez  froids. 

DÉFOURNER.  Terme  de  Billard,  qui  fignifie,  faire 
paffer  fa  bille  dans  la  paffe  par  Fendroit  oppofé  i 
celui  de  la  fonnerte ,  lorfqu'elle  étoit  paffée  aup*- 

Yij 


171  D  E  F 

lavant  par  l'autre.  H  fa"t  fe  dcfourner  pour  buter. 
Vous  Êtes  fournier ,  il  t'auc  y o\xs  déjà umer.  Il  s'el^ 
déjourne. 

DÉFOYS.  f.  m.  Vieux  mot.  Défenfe.  On  a  dit  aufli 
Défaije ,  qui   a  lignifie  encore  détendu. 

DÉFRAI.  1.  m.  Payement  de  la  dépenfe  d'une  maifon, 
d'un  équipage:  Suppedhatio  aùcnét,  impenf&.  Je  ne 
voudrois  pas  enrreprendre  le  dcjrai  de  cette  mai- 
fon ,  de  cet  équipage ,  pour  mille  francs  tous  les 
mois. 

gC?  Ce  mot  n'eft  plus  en  ufage  j  quoiqu'on  ait 
confervé  déj rayer. 

DEFRAYER,  v.  a.  Payer  la  depenfe  de  quelqu'un. 
Sumtus  alïcui  fuppeditare  ,  fubmunfirare.  Le  Roi  dî- 
fraie  trois  jours  les  Ambalîadeurs  étrangers  dans 
l'Hôtel  des  Ambalfadeurs  extraordinaires.  On  donne 
tant  de  gages  à  ce  Précepteur ,  &  outre  cela  on  le 
déjrale  de  tout. 

§3°  DÉFRAYER  la  compagnie  fe  dit  figurément  en 
parlant  de  ceux  qui  amulent  agréablement  une  com- 
pagnie. Fejfivè  ddcclarc.  On  le  dit  aulli  de  ceux  qui 
font  rire  la  compagnie-  Ridendi  occajwnan  pr&btrc. 
Ecj  dans  un  fens  moins  favorable  ,  de  ceux  qui  fer- 
vent de  rilée.  Ce  mauvais  Poète  a  «/e/ràje  la  com- 
pagnie pendant  tout  le  repas.  Dans  ce  fens  il  eft  du 
ftyle  famdier. 

Défraye  ,  ee.  part. 

DÉFRICHEMENT,  f  m.  Adion  de  défricher  :  ce  qu'on 
fait  pour  mettre  en  valeur  une  terre  inculte. /^^r/ 
novatio.  Le  défrkhemhït  de  cette  terre  coûtera  tant. 
Travailler  au  déj  richement.  Le  Canada  abonde  en 
blé  depuis  le  déjrkhement  des  terres. 

Défrichement,  fe  dit  dans  nos  Colonies  de  l'endroit 
même  que  l'on  défriche  ,  ou  que  l'on  a  défriché. 
■^ger  novatus ,  iiovale.  Il  y  avoir  déjà  là  un  beau 
dcjricheme.nt ,  C[n\\  auroit  bien  augmenté. 

DÉFRICHER,  v.  a.  Mettre  une  terre  en  état  d'être  cul- 
tivée. Agrum  ante  inculium  colère  ,  rudefolum  arare. 
Dans  phideurs  titres  on  trouve  exemplare  ,coiw\y\Q 
fi  l'on  difoit  minus  plénum  reddere.  Rendre  un  lieu, 
un  champ  ,  un  terrein  moins  embaralfé  qu'il  n'étoit, 
en  abattant  les  bois ,  en  arrachant  les  mauvaifes 
herbes  &  les  broudailles  par  des  labours,  pour  le 
cultiver  enfuite.  On  donne  à  ceux  qui  veulent  aller 
faire  de  nouvelles  habitations ,  autant  de  terres  qu'ils 
en  peuvent  déjricher. 

%T  Défricher  ,  généralement  parlant ,  fignifie  met- 
tre en  valeur  une  terre  vague  ou  qui  eft  en  friche  \ 
mais  il  lignifie  particulièrement,  arracher  les  bois 
Dejorejlare.  pour  mettre  la  terre  en  une  autre  va- 
leur ,  y  femer  du  grain  ,  planter  de  la  vigne  ,  &:c. 
Duhamel. 

Défricher,  fe  dit  figurément  des  affaires,  des  fcien- 
ces  qui  lont  embrouillées  ,  &:  auxijuelles  on  donne 
quelque  éclaircilfement  ^  que  l'on  débrouille  &que 
l'on  rédige  en  en  méthode.  Expedire  j  excutere  ^ex- 
plicarej  enucleare.  Les  Scaligers  ,  les  Cafaubons  ,  les 
Lipfes,  les  Erafmes ,  font  ceux  qui  nous  ont  û'eyri- 
ché  les  fciences  dans  le  dernier  fiècle.  Il  y  a  des  ef- 
prits  d'une  médiocre  capacité  ,  qui  déj  riche  nt ,  qui 
préparent  &  qui  entament  les  affaires.  Balz.  Déjri- 
clier^  une  langue  j  commencer  à  la  cultiver ,  à  la 
polir. 

Défriché  ,  ée.  part. 

DÉFRICHEUR,  f  m.  Qui  défriche.  Arator  inculu 
terra.  Il  eff:  jufte  que  les  défricheurs  des  terres  en  aient 
la  propriété  en  recompenfe  de  leur  travail. 
DÉFRISER,  v.  a.  Faire  perdre  la  frifure  à  des  cheveux. 
Crifpatos  capillos  ,  calamijîratam  comam  decutere  j 
perturbare.  Le  brouillard  défrife.  Le  grand,  vent , 
l'agitation  du  corps  défrifent  les  perfonnes  les  mieux 
cocffees. 

On  dit  auffi  défrifer:^  pour  dire  ,  ôter  les  che- 
veux de  deflous  les   papillotes.  Défrifcr  une  per- 
ruque. 
Défrisé,  ée.  part. 

DÉFROC  vieux  f  m.Défaftre,  défordre.  Calamitas  , 

malum.,  perturhatio. 
DÉFRONCER.  v.a.ôter  les  T^\\s,.Rugjs  explicare.  On 


D  E  F 

(/(^/rowe  des  jupes  ,  des  hants-de-chauffes  ,  desche- 
mifes  qui  ont  été  froncées  ou  plilfées ,  en  décou- 
fant  ce  qui  entretient  les  plis. 

On  dit  hgurément  dejronccr  le  fourcil ,  pour  pren- 
dre un  aulerein  ,  fe  dérider  le  front,  s'égayer. /-ro/2- 
tem  exhilarare.  Les  bons  mots  vinrent  alfez  tard  à 
la  mode  chez  les  Romains ,  où  l'on  ne  dejroncoir. 
pas  11  aifement  le  fourcil.  De  Vign.  Marv. 

DEFROQUE,  f  f  Dépouille  d'un  Moine  non  refor- 
mé ,  d'un  Chevalier  qui  a  fait  des  vœux.  Les  biens 
meubles  qu'un  Moine  ou  un  Bénéficier  régulier 
lailfent  en  mourant.  Monachi  vel  equnis  obligati  votis 
kereditas.  L'Ordre  de  Malte  hérite  ,  profile  de  la 
défroque  des  Chevaliers.  La  défroque  des  Moines  ap- 
partient à  l'Abbé. 

Défroque,  feditau/îi  en  un  fens  plus  étendu  ,  mais 
dans  le  ftyle  familier  leulement,  de  la  fucceflion  mo- 
biliaire des  autres  perfonnes,  lorfque  quelqu'un  en 
profite  fans  que  ce  foit  par-fucceiîion.  Hereditas. 
Le  bien  de  ce  criminel  a  été  confifqué,  un  tel  cour- 
tifan  a  eu  toute  fa  dejroque.  A  la  mort  d'un  Prince 
le  Grand-Ecuyer  a  la  dejroque  Aq  l'écurie  ;  le  Grand- 
Maître  de  la  Garderobe  celle  des  habits ,  &c.  Il  a 
vaqué  plufieurs  Bénéfices  par  la  mort  de  cet  Abbé  , 
c'elt  un  tel  qui  a  entoure  (■3. défroque. 

DÈFROQUER.  v.  a.  Oter  le  froc  \  quand  on  y  joint 
le  pronom  perfonnel  ,  il  fignifie  ,  quitter  le  froc  , 
l'état  monacal  ,  pour  palfer  dans  un  autre  état.  Re- 
Ugofum  alicui  amiclum  detrahere  ,  eripere  \  aliquem  re~ 
ligiofo  hahitu  exuere,fpoliare.  Un  Moine  i^defroque^ 
lorfqu'il  obtient  difpenfe  de  fes  vœux  ,  qu'il  les  fait 
déclarer  nuls,  quand  il  eft  fait  Evêque^  ou  Cardi- 
nal. Quand  on  fe  défroque  par  libertinage,  on  eft 
apoftat. 

fCF  On.  dit  populairement  de  ceux  qui  gagnenc 
tout  l'argent  de  quelqu'un  au  jeu,  qu'ils  l'ont  dé- 
Jroqué.  Exfpoliare. 

Défroqué,   ée.  part. 

DÉFRUCTU.  f  m.  Terme  tiré  du  Latin  ,  dont  on  s'eft 
fervi  en  François  ,  pour  fignifier  le  fruit ,  la  menue 
dépenfe  que  fait  celui  qui  prête  fa  table  à  ceux  qui 
font  des  parties  pour  quelques  repas  où  chacun  ap- 
porte fon  plat  j  comme  bois  ,  chandelle ,  linge  , 
falades ,  deiferts ,  &;c.  Il  coîite  fouvent  d'avantage 
à  celui  qui  eft  obligé  à  payer  le  dcjruclu ,  qu'à  tous 
les  autres.  Voye\  la  Dilfertation  d'un  Chanoine 
d'Auxerre  fur  l'origine  de  ce  mot  dans  le  Mercure 
de  IJ2.6.  Celuiàqiii  l'on  annonçoit  l'Antienne  De 
frucluventris  tui,  pendant  l'Odave  de  Noci ,  croit 
obligé  de  payer  le  fouper. 

DÉFRUIT,  f.  m.  Provifion  ,  chofe  deftinée  à  quelque 
ufage.  Il  a  acheté  plufieurs  arpens  de  bois ,  donc 
il  vendra  la  meilleure  partie  j  &  lereffe  fera  pour 
fon  défruit.  C'eft  un  mot  de  Province. 

DÉFRUITER.  On  a  dit  des  arbres  dans  le  vieux  lan- 
gage ,  fe  déjruiter,  pour  dire  ,  fe  dépouiller  de  fes 
fruits. 

DEFTARDAR  ou  DEFTERDAR.  f  m.  Tréforier  des 
Finances  dans  l'Empire  Turc.  Q«^7?o/- j  Meninski 
V i^^oWc  fupremus  Thefaurarius  ,  Prxfes  Camer£,  8c 
après  Cartel  .,  Qui  libris  accepti  &  expenfi  prdsfl , 
ejufmodi  codicum  cuflos  &  minifer  ;  Quœjior ,  Grand 
"Tréforier ,  Camerlingue  ,  Intendant  des  Finances  ; 
c'eft-à-dire  ,  que  la  charge  de  Deftardjr  répond  à 
celle-ci.  Le  Deftardare^  cq\\.ù  (\m  tient  les  rôles, 
&c  les  états  de  la  milice  &  des  finances  chez  les  Per- 
fans  &  cirez  les  Turcs  ;  c'eft  une  des  plus  grandes 
charges  de  l'Etat,  &  qui  a  du  rapporr  à  celle  de 
Surintendant  ou  Contrôleur  Général  des  Finances 
en  France.  D'Herb.  C'eft  le  Dcjtardar  qui  reçoit 
les  revenus  du  Grand-Seigneur ,  qui  paie  les  trou- 
pes ,  &  qui  fournit  toute  la  dépenfe  néceffaire  pour 
les  affaires  publiques  ,  &  par  là  cette  charge  eft 
différente  de  celle  du  Chaznadar  ,  dont  nous  avons 
parlé  en  fa  place,  &  qui  eft  Tréforier  du  Sérail, 
da  la  maifon  du  Prince  j  au  lieu  que  le  Dejtardar 
eft  Tréforier  de  l'Etat.  Il  y  a  un  Deftardar  dans  cha- 
que BeglietbegUc  ou  Gouvernement  ,&  il  eft  un  des 


D  E  F 

principaux  ConfeiHers  du  Beglierbey  ,  ou  Gouvev- 
neur. /^o>e?  Ricaucde  l'Empire   Ottoman. 

Vigencre  en  parle  aiilli  dans  fes  Iliujlradons  fur 
l'Hi/i.  de  Ch^lcorJyle  ,  &C  il  écrit  Deplnerderi,  & 
non  pas  Deftardar.  il  dit  qu'il  n'y  a  que   deux  Dec- 
vhterderi,  l'un  pour  l'Europe,  &  l'autre  pour  l'Alie  , 
^c  qu'ils  Ibnt  Surinrenàans  Généraux  des  Finances, 
avant  la  charge  défaire  venir  au  Chaîna  ,  ou  épar- 
gne tous   les  deniers  ,  tant  du  Carazzi  que  des  au 
très  impo(îtions&  hiblides  ;  qu'ils  oiu  chacun  qua- 
ranteCommis  fous  eux  ,  &  ces  Commis  grand  nom- 
bre de  Clercs  ,    qui  vont  &  viennent  de  côté  & 
d'autre  pour  le  recouvrement  des  deniers  ,&  pour 
s'informer  des  m.ilverfarions  ;   que   le   Detpherdcn 
d'Europe  a  dix  mille  ccus  d'état,  &   fous  lui   deux 
Commis  Généraux,  l'un  pour  la  Hongrie,  Tran 
filvanie  ,  Valaquie  ,  Croatie  y    Servie  ,    Bulgarie  , 
Bofme  3  &  légions  adjacentes  \  l'autre  pour  la  Grèce 
la  Morée  &  les  lies  circonvoi(înes.  Leurs  Clercs , 
ouSous-Commis  ,ontcinq  ou  lix  cens  écus  :  quand 
le  Grand-Seigneur  va   commander  {t%  armées  en 
perfonne  ,  il   a  coutume   de  lailfer  ce  Detpherderi 
d'Europe  à  Conltantinople  avec  un  des  BalTas ,  pour 
commander   en  fon  abfence  ;   que  le  Detpherderi 
d'Afie  n'a  que  lîx  mille  écus  de  gages ,  &  deux  Com- 
mis, qui  en  ont  deux  mille  chacun  ,  Tun  pour  l'A- 
natolie,  &  l'autre  pour   la  Syrie,   l'Arabie  &:  l'E- 
gypte i  cjuils  ont  paredbmentplulieurs  Sous-Com- 
mis, ou  Clercs  appointés  comme  ceux  de  l'Europe^ 
que  les -Dc'^t'/îer^m  ont  féance  au  Divan,  &  qu'ils 
encrent   chez  le  Prince  avec  les  Cadilefchers ,   les 
Eeglerbeys  &;  les  Bâchas,  lie  autres  principaux   du 
Confeil. 

Ce  mot  eft  compofè  de  nnan  ,  defur  _,  nom  Turc  , 
qui  lignihe  livre  ,  cahier  ,  mémoire  ,  regitre  ,  li- 
vre de  compte  où  s'écrit  la  recette  &  la  dcpenfe  ; 
&  qui  félon  la  conjecture  très-vraifemblable  de  Mé- 
ninski ,  eft  originairement  un  nom  Grec  que  les 
Turcs  ont  pris  des  peuples  qu'ils  ont  conquis  .-car 
ii'cpû'.pei  fignihe  peau  ,  fur  laquelle  on  écrivoit  autre- 
fois ,  parchemin.  Le  fécond  mot  dont  DeJcerdareÛ 
compofé  ,  ell  nxi ,  dar  ,  nom  Turc  &  Perfan  ,  qui 
fignihe  capiens  ,  tenens  ,  delorte  que  dejterdar  figni 
fie  celui  qui  tient  le  livre  de  la  recette  &  de  la  dé- 
penfe  du  Grand-Seigneur. 

La  charge  de  dejterdar  s'appelle  pSnXT  insn  Def- 
terdariy  k. 
DEFTEKSMIJJ.  f.  m.  Nom  d'une  charge  de  Finance 
dans  l'Empire  Ottoman.  Quitjlor.  Vigenère  qui  en 
parle  dans  fes  lUu(lrations' fur  L'Hïft.de  Chalcondyle^ 
p.  109  ,   écrit  Dephteremlm.  Les  Dephterenûm  ,  qui 
Ion:  trois,    l'un  en  Europe,   l'autre  en  Anatolie  j 
&  le  iroilième  en   Syrie  ,  Arabie  &  Egypte ,  font 
prefque  comme  nos  anciens  Tréforiers  de  France  ^ 
qui  ont  leur  bureau  en  la  chambre  du  tréfor ,  avec 
la  charge  du   domaine.  Car   ceux-là  cannoillent  de 
tout  ce  qui  dépend  du  Timar.  ils  ont  fous  eux  au 
tant  de  Commis  qu'il   y  a  de    Sangiacats ,  &  ces 
Commis  autant  de  Clercs  qu'ils  y  a  deSabalîis  dans 
leur  Sangiacat ,  pour  faire  les  rôles  des  Timariots 
qui  font  de  leur  relforts.  Les  Z)<;^Arercww2  ont  cha- 
cun quatre  mille  écus  de  penfion  ;  leurs  Commis 
cinq  cens  dc  leurs  Clercs  deux  cens-  Ils  réfident  tous 
dans  Icîs  lieux  de  leur  département.  Les   Dephtere 
mim  n'entrent  point  au  Divan  ,  ni  chez  le  Prince. 
Aulli  ne  viennent-ils  guère  à  Conllantinople.  f'^ige 
nère  ,   cite  v.  109.  &  110. 
DEFULER.  v.  a.  Oter  fon  chapeau.  Caput  apcrire.  Dc- 
fule-{-vous.  Ce  mot  eft  bis  &  populaire.  Les  pavfans 
de  Normandie  &  de  Picardie  s'en  fervent  ordinai- 
rement. 

M.  du  Cange  le  fait  venir  de  difflhulare. 

DÉFUNER.  v.  a.  Terme  de  Marine.  Oter  le  funin  , 

ou  les  cordages  &  les  mancEUvres  des  mâts  &  des 

vailfeaux.  Funes  nauticos  tolLere. 

DÉFUNT,  UNTu.  adj.  plus  ordinairement  fubftanrif. 

Homme   mort ,  décédé  depuis  quelque  temps.  Dc- 

jur.cîus.On   appelle  le  Roi  défunt,  le  Roi  dernier 

prie  Dieu  pour  les  défunts  ,   pour 


more.  L'EgUfe 


DE  G  173 

les  trépaiïïs.  Dejunt  mon  père  ,  défunt  mon  oncle 
avoient  cette  bonne  coutume;  pour  dire  ,  feu  mori 
père  ,  feu  mon  oncle.  Il  faut  élire  un  tuteur  aux  en- 
tans  du  déjunt.  Les  obfcques  folennelles  fe  font  pour 
honorer  les  dcjuncs. 

Enfn  ,  la  mort  aux  morts  ne  laiffh 

De  leur  amour  qu'un  Jouvenir  \ 

ùians  que  leur  défunte  teadreffe 

Leurpu'tjje  jamais  revenir.  WiXc  de  la  Vigni. 

Dans  ces  Vers  ce  mot  eft  employé  dans  un  ftyle 
naïf,  (impie  &  badin  :  ailleurs  on  ne  s'en  ferviroic 
pas  bien  dans  un  fens  métaphorique.  Les  bourgeois 
&  le  peuple  difer.t  la  défunte  ,  en  parlant  d'une  tem- 
me  morte  ,  mais  il  femble  qu'ils  ne  le  font  que  lorf- 
que  fa  mort  eft  encore  récente.  Au  Palais  on  s'en. 
fert  quelque  temps  qu'il  y  ait  depuis  la  mort  de 
celui ,  ou  de  celle  clont  on  parle. 

^CT  Ce  terme  eft  plus  du  Palais  que  du  beau 
langage.  Les  gens  du  monde  ne  difent  point  qu'un 
homme  eft  dejunt '^  pour  dire  qu'il  eft  mort.  On  die 
teu  mon  père  ,  plutôt  que  défunt.  Le  feu  Roi,  &ic. 
pour  la  pauvre  déjunte  ,  le  pauvre  déjunt ,  c'eft  une 
cxpreilion  tout-àfait  populaire. 

Ce  mot  vient  du  Latin  dtem  funcIus.Dv  Cange, 

D     E     G. 

DÉG  AERIE.  f.  f.  Terme  de  Coutumes.  Charge ,  office 

de  Dégan  ,   exercice  de   la  charge  de  Dégan. 
5Cr  DEGAGEMENT.  Ce  mot  fe  prend  amfi  que  dé- 
gager dans  différentes  acceptions,   tant  au  propre 
qu'au  figuié.  U  exprime  en  général  l'adtion  de  rendre 
plus  libre  ,    plus  aifé  ,  de  débarrafter  ;  l'état  d'une 
chofe   dégagée  ,  c'eft  ainli  qu'on  dit  le  dégagement 
de  la  tête,  de  la  poitrine,  l'aétion  par  laquelle  la  tête, 
la  poitrine  eft  rendue  plus  libre,  éidébarralTce  de  ce 
qui  l'incommodoit.  Le  dégagement  de  la  parole  ,  en 
parlant  de  l'aâiion  par  laquelle  on  fatisfait  à  une  pa- 
roledonnée,  oul'on  en  rerire  une  dont  l'accomplif- 
lement  ne  dépend  pas  de  nous. 
ffT  Dégagement  eft  quelquefois  fynonymeà  congé. 
On  travaille   au  dégagement  de  ce  jeune  homme 
qui  s'eft  enrôlé.  Dans  ce  fens  le  mot  congé  eft  plus 
d'ufage. 
DÉGAGEMENT.  Terme  de  Maître  d'armes.  C'eft  une  ac- 
tion qui  conhfte  à  dégager  &  débarralier  fon  épée 
d'avec  celle  de  fon  ennemi ,  &c  à  l'avoir  toujours 
libre  pour  le  percer.  E.xpeditio ,  liberatio.  Commen- 
cer ces  dégagcmcr.s. 
DÉGAGEMENT,  en  temies  de  danfej  eft  l'aftion  de 
tirer  avec  grâce  un  pié  placé  &  engagé  par  derrière 
pour  le  faite  palfer  devant  ou  à  côté. 
jcr  DÉGAGEMENT  ,  en    Architeclute ,  eft    une   iftiia 
fecrèteSc  dérobée  qui  fert  à  la  commodité  d'un  lo- 
gement. On  appelle  ainfi  tout  petit  palfage  ou  cor- 
ridor pratiqué  derrière  un  appartement,  p.ir  lequel 
on  peut  s'échapper ,  fans  palier   par  l'entrée  ordi- 
naire ,  par  les  grandes  pièces.  Occultih  trarftus.  Un 
efcalierde  dégagement.  C\r«/r^ycû/:e. 

ce  En  général  on  appelle  dégagemens  en  Archi- 
tedure  ,  non  feulement  les  petits  pairages ,  les  ef- 
caliers  dérobés ,  &  les  pièces  d'appartement  où  l'on 
peut  fe  retirer,  &  par  où  l'on  peut  fe  retirer  ,  mais 
aulli  une  difpolition  de  bâtiment  &  de  fes  par- 
ties qui  donnent  plus  de  jour,  plus  d'efpace,  plus 
de  vide. 
§CF  DÉGAGEMENT  s'cft  dit  autrefois  de  l'adlion  par 
laquelle  on  prend  des  gages.  Pignoris  acccptio.  Voy, 
DEGAGER. 
DÉGAGER.  V.  a.  Retirer  une  chofe  qu'on  avoit  mis 
en  ^,:i(iS.  Redimere  ^lihrare  ,  repignerare.  Quand  un 
pauvre  Poète  a  mis  en  gage  fon  manteau  ,  il  a  bien 
de  la  peine  à  le  dégager.  Dégager  fes  pierreries,  fa 
vailTelle  d'.irgent. 
DÉGAGER. .  fignifie  aufii  ,  libérer  une  terre,  une  fuc- 
cedion  qui  croit  chargée  de  dettes,  d'hypothéqués. 
Un  bon  Intendant  doit  avoir  foin  de  dégager  les 


Î74  D  E  G 

biens  de  la  tnaifon  de  fon  Maître.  Par  fou  écono- 
mie ,  il  ell  venu  à  bour  de  dégager  fes  terres. 

fir  On  dit  figurément  dégager  fa  parole  \  pour 
dire  ,  retirer  une  parole  qu'on  n'avoir  donnée  que 
fous  certaines  conditions  dont  i'acconiplilfementn'a 
pas  dépendu  de  celui  qui  Pavoit  donnée.  OnditauHi 
dégager  fa  parole ,  pour  fatisfaire  à  fa  parole.  Je 
vous  avuis  promis  votre  argenr  :  je  viens  d.gjgei 
ma  parole.  Le  voilà.  Acad.  1-r,  Liberarejidem Juum , 
exfolvere. 

§C?On  dit  à  peu-près  dans  le  même  fens  dégage: 
fa.  promelTe  ,    dégager  fa  foi. 

fer  On  dit  aulîi  û'^^jo^f/ fon  cœur,  (q  dégager, 
fe  retirer  de  l'engagement  où  l'on  étoit  avec  une 
femme.  Il  faut  dégager  fon  cœur  des  intérêts  du 
monde.  Etre  dégage  des  préjugés  ,  de  la  ciédulité 
populaire.  Epicure  dégageait  les  voluptés  des  inquié 
tudesqui  les  précèdent.  Se  du  dégoût  qui  les  luir. 
S.EvR. 

Dans  une  peine  fi  cruelle 
Le  plus  sur  ferait  de  changer  ; 
Mais  tant  qu'on  vous  verra  fi  telle  ^ 
Le  moyen  defe  dégager  ?   La  Sabl. 


DÉGAGER  la  rête,  la  poitrine,  la  rendre  plus  li- 
bre ,  la  dcbarralfer  ,  la  ibulager  de  ce  qui  Tincom- 
mode. 
Dégager  j  /l,ii;nifie  aufîi.  Retirer  d'un  lieu  périlleux  & 
■  difficile,  izxpedire  ,  lïberare.  Cet  efc.idron  étoit  en 
gagé  au  milieu  des  ennemis,  on  en  a  envoyé  un  au- 
tre pour  le  foutenir  &:  le  dégager.  Ce  cheval  avoir  le 
pied  dans  une  ornière  dont  il  a  eu  peine  à  fe  dégager. 
Se  dégager  de  la  prelfe. 
DîGAGERjS'eft  ditautrefois  comprendre  gages.  Pignus 
accwe/e,  aujerre.  Quand  ce  mot  étoit  en  ufage  dans 
le  fens  qui  vient  d'être  expliqué  ,  on  écrivoit  def- 
gager. 
Dégager  ,  terme  de  Maître  d'Armes.  C'eft ,  Débar- 
ralfer  fon  épée  d'avec  celle  de  fon  ennemi ,  &  l'avoir 
toujours  libre  pour  s'en  fervir  à  fon  gré.  hxpedire  _, 
liberare.  Dégager  fon  épée.  Liancourt.  Contre-de- 
gager  fe  dit  lorfque  les  deux  parries  dégagent ,  de- 
lorte  qu'après  ce  dégagement  les  deux  épées  fe  trou- 
vent engagées  comme  auparavant. 
Dégager,  ^n  termes  de  Maître  à  danfer,  c'eft  féparer 

avec  grac;  un  pied  ou  une  jambe  de  l'autre. 
Dégager  ,  fe  dit  aulîî  en  Arclntedure.  C'eft  ,  Oter  la 
confufion  des  ornemens  dans  la  décoration  :  c'eft  , 
Faciliter  les  dégagemens  des  appartemens ,  en  leur 
donnant  une  autre  i (Tue  que  la  principale  ,  par  des 
corridors,  par  des  efcaliers  dérobés.  !^des  pervias 
facere.  Il  faut  avoir  fointie  dégager  \qs  c\\s.mhïQS , 
les  appartemens  ,  par  des  corridors  ,  ou  des  efcaliers 
dérobés. 
Dégager  ,  en  termes  de  Marine  ,  fe  dit  d'un  vaiflTeau 
gardé  fur  lequel  on  chafle  j  c'eft  le  délivrer  des  en- 
nemis qui  le  pourfuivent,  &  le  mettre  en  liberté  de 
faire  fa  route. 

En  parlant  d'un  habit  qui  fait  bien  paroître  la  taille 
d'une  perfonne  pour  qui  il  eft  fair ,  on  dit  qu'il  dégage 
la  taille.  Ac  Fr. 
Dégager  ,  en  termes  de  guerre  ,  fignifie  retirer  à  prix 
d'argenr  un  foldat  qui  s'eft  enrôlée  Les  enfins  liber- 
tins font  la  fottife  de  s'ehrôler ,  &  les  pères  font  celle 
de  les  dégager. 
§Cr  Dégager,  terme  de  Metteur-en-œuvre.  C'eft  quand 
une  pierre  a  reçu  fon  premier  ferti ,  c'eft  à-dire , 
qu'elle  a  été  ferrée  au  poinçon  ,  former  à  l'échope 
les  griffes  qui  la  doivent  retenir ,  &  dépouiller  d'a- 
lentour la  matière  fuperflue.  Encyc. 
Dégagé,  ée.  part.  &  adj.  L'amour  de  Dieu  doit  être 
fimple  &:  dégagé  de  tour  motif  de  propre  intérêt. 
Expeditus yfolutus  ,liheratus.  Fenel.  La  raifon  toute 
feule,  quelque  dégagée  qu'elle  puifte  être  des  pré- 
jugés ,  ne  fuffir  pas  pour  juger  du  véritable  fens  de 
l'Ecriture.  Aurai-;e  l'audace  de  prononcer  hardiment 
qu'il  n'eft  pas  pofîible  à  celui  qui  peut  tout  &  qui 
fait  tout,  de  multiplier  d'une  manière  toute  furna- 


DEG 

tutelle  3c  toute  divine  la  fubftance  de  N.  S.  libre  &: 
dégagée  de  fes  qualités  corporelles ,  avec  lefquelles 
il  eft  en  un  feul  lieu ,  comme  tous  les  autres  corps  ? 

PÉLISSON. 

|fCF  Taille  dégagée^  air  dégagé ,  taille  aifée,  aie 
aifé.  Avoir  des  ans  d-.gagcs  ,  les  avoir  un  peu  trop 
libres ,  trop  tamiliers. 

1^  Degré  dégagé.  Périt  degré  qui  fert  d'iftue  fe- 
crète  à  un  appartement.  Appartement  bien  degcgé  ^ 
quand  il  y  a  plulieurs  portes  ou  efcaliers  par  où  l'on 
peut  iortir  d^une  chambre  lans  palier  de  l'une  en 
l'autre.  Lxpeditus ,  commodus  ,  pervïus.  Des  offices  , 
des  écuries  dégagées  ,  quand  elles  fonr  dans  une 
balfecour ,  fans  incommoder  le  maître.  Cn  du  aulîi 
qu'une  rue  eft  dtgi  gce  ,  quand  il  n'y  a  plus  l'embarras 
auquel  elle  étoit  fujète  auparavant  :  qu'une  maifon 
de  campagne  eft  bien  dégagée  ,  quand  il  n  y  a  rien 
qui  lui  ôte  la  vue. 
DEGAINE,  f.  f.  Vieux  mot  qui  n'eft  en  ufage  qu'en 
cette  phrafe  proverbiale.  Il  s'y  prend  d'une  belle 
dégaine  ,  pour  dire  de  mauvaife  grâce  ,  d'une  ma- 
nière mauftade.  Inepte  ,  inconcinnè.  Cette  femme 
n'eft  elle  pas  d'une  belle  dégaine  pour  briller  à  la 
Cour  ?  Voilà  une  femme  d'une  belle  dégaine. 
DEGAINER,  v.  a.  Mettre  une  épée  à  la  main ,  la  tirer 
du  fourreau.  Enfem  difiringere.  Il  dégaina  fon  épée  , 
&  fe  mit  en  défenfe.  Il  eft  un  peu  butlefque  en  ce 
fens.  Il  faut  dire  tirer  l'épée. 
1^  Dégainer,  quoique  aétif ,  s'emploie  ordinaire- 
ment fans  régime ,  pour  fe  battre.  Allons  il  faut  dé- 
gainer. 

On  dit  figurément  qu'un  homme  eft  brave  juf- 
qu'au  dégainer.,  pour  dire  que  c'eft  un  homme  qui 
fair  le  brave  ,  &  qui  ne  l'eft  pas  dans  l'occafion. 

On  le  dit  auflî  de  ceux  qui  ont  promis  merveilles 
en  quelque  forte  d'affaires  que  ce  foit,  &  qui  ne  font 
rien  quand  il  faut  agir.  Il  m'avoit  promis  de  me  fer- 
vir ,  mais  il  n'en  a  rien  fait ,  il  a  été  brave  jufqu'au 
dégainer.  Ce  mot  n'eft  guère  d'ufage  que  dans  le  ftyle 
familier.  Ac.  Fr, 
Dégainer,  fe  dit  figurément  en  Morale  de  ceux  qui 
n'aimenr  point  à  tirer  de  l'argenr  de  leur  bourfe.  Pecu- 
niam  erogare.  Cet  homme  eft  dur  à  la  deiferre  quand 
il  faut  payer  ,  il  n'aime  point  à  dégainer.  Cela  ne  fe 
dit  qu'en  riant. 

Il  fe  dit  encore ,  mais  baftemenr ,  pour  Tirer  des 
cirations  de  fa  mémoire ,  produire  des  témoignages 
d'Auteurs,  des  faits,  &c.  Je  m'attendois  bien  qu'a- 
près avoir  dégainé  tant  de  Grec  &  de  Latin ,  tu  vien- 
drois  à  la  fin  à  parler  Hébreu.  Mascur. 

On  dir  proverbialement  :  Il  ne  trappe  pas  comme 
il  dégaine ,  pour  dire  que  les  effets  ne  répondent  pas 
aux  menaces. 
Dégainé  ,  ee.  part, 

DEGAINEUR,  f.  m.  Bretteur,  ferrailleur  ,  qui  a  tou- 
jour  la  flamberge  au  vent,  Levi  de  causa  machinram. 
educens. 

Tous  ces  grands  Dég^ineavs  fonr  gens  que  l'on  évite. 

DicT.CoM. 


DÉGAN.  f,  m.  Terme  de  Coutumes,  Officier  érabli 
dans  chaque  paroilfe.  Il  eft  parlé  des  Dégans  dans 
Quelques  Coutumes, 

DÉGANTER,  v.  a.  Oter  lesgans,  Chirothecas  eximere. 
Se  Déganter.  Chirothecas ponere.  Dégante^  moi.  Telle 
femme  ne  fe  dégante  que  pour  montrer  un  beau 
bras. 

Déganté  ,  Ée,  part, 

DÉGARNIR.  V.  a,  Orer  ce  qui  garmiToit. Nudare jjpo- 
liare.  Dégarnir  une  maifon  ,  une  chambre,  un  lit, 
des  bas ,  une  rapilTerie.  On  le  dit  de  toutes  Us  chofes 
qu'on  n'avoif  ajoutées  que  pour  plus  de  perfeétioQ 
&decommodiré. 

On  dit  aufti ,  Se  Dégarnir,  pour  dire,  s'habiller 
plus  légèrement.  Levioribus  uti  vefibus.  Il  ne  faut 
pas  fe  dégarnir  trop  tôt ,  on  eft  en  danger  de  s'en- 
rhumer. 

DÉGARNIR,  i  fe  dit  auffi  des  places  de  guerre.  Dégarnir 


DEÔ 

«ne  place,  c'eft-à-tlircj  en  ôter  les  foldats  èc  les  nnu- 
nicions.  Urbem  miare  mdiûbus.  Sur  la  mer  ,  dcgar- 
mr  un  vailTeau  ,  c'eft  en  ôter  les  agrès.  Dégarnir  le 
cabeftan  ,  c'efl:  en  ôter  ia  tournevire  &  les  barres. 
fCF  Dégarnir  un  arbre,  en  termes  de  Jardinage  , 
c'ell  retrancher  les  branches  qui  font  de  trop ,  qui  [ 


de  fluide.  Glacid  ac  iiivisfoLuùo.  Il  y  a  à  craindre  fu'- 
les  ponts  dans  un  grand  degcl.  Les  rivières  grollil- 
fent  dans  le  dcgel.  Le  vent  ett  au  digei. 

§Cr  Les  caufes  générales  du  degcl  font  le  retour 
du  loleil  vers  nous ,  les  vents  du  jUd  chauds  &  hu- 
mides ,  &c. 
viennent  mal ,  ou  qui  nuifent  à  la  hgure.  Un  dit  '  DEGELER,  v.  a.  Fondre  la  glace'i  redonner  le  mouve- 


aulîi  qu'un  arbre  fe  dégarnit ,  pour  dite  qu'il  perd 
fes  branches  ,  qu'elles  périffent  par  quelqu'accidenc 
que  ce  loit  j  &c  qu'il  n'en  poulfe  point  de  nouvelles. 
Ramos  amktere  ,  non  emitcere.  Cet  arbre  fe  dégarnie 
entièrement  par  le  bas.  Ce  pécher  eft  tout  dégarni , 
c'ell-à-dire,  qu'il  n'a  plus  de  branches  pas  le  bas  fur 
lefquelles  on  puilFe  faire  une  raille.  Liger. 

iCFOn  dit,dans  le  même  fens,que  la  tête  fe  dégar- 
nit de  cheveux.  Nudari  capUlis. 

Se  Dégarnir  ,  fe  dit  aufli  de  quelqu'un  qui  a  des  eifets 
ou  de  l'argent  à  un  autre  ,  qui  lui  doit  d'ailleurs  ,  & 
qui  ne  veut  pas  s'en  défailîr  qu'il  ne  foit  payé  de  ce 
qui  lui  eltda. 

Deg.arni,  ie.  part.  pafT.  &  adj.  Nudatus  ^fpoliatus.  Il 
fe  dit  d'une  place  de  guerre ,  dont  on  a  otéles  foldats 
&  les  munitions.  François  I.  voyant  la  Navarre  dc- 
garnie ,  voulue  pioiîter  de  l'occaiion  pour  regagner 
ce  Royaume  ,  dont  Ferdinand  avoir  dépouillé  Jean 
id'Albiet ,  Se  que  Charles  V.  retenoit  contre  le  traité 
de  Noyon.  Bouh.  ^''ie  dt  S.  Ignace.  L.  I. 

DÉGASCONNER.  v.  a.  Ce  mot  ne  fe  dit  qu'en  badi- 
nant ,  pour  dire  ,  Détaire  quelqu'un  de  fes  façons  de 
parler  Gafconnes.  Dedoccrc  aliquem  Vafconum  h- 
quendi  morem.  Malherbe  fe  \^antoit  d'avoir  dégafconne 
la  Cour.  Il  y  a  des  gens  qui  nefe  dégafœnnent  jamais. 

DEGAT.  f  m.  Terme  général  qui  délîgne  patriculière- 
inenr  tous  les  maux  que  l'on  peut  caufer  à  l'ennemi 
par  la  défolation  de  fes  tetres  &;  par  le  ravage  de  fes 
biens  ,  pendant  le  cours  de  la  guerre.  Depopulatio  j 
vajlano.  Les  ennemis  ont  fait  le  dégât  dé  leur  propre 
frontière  pour  en  empêclier  l'entrée. 

IKr  Dégât,  en  Agriculture  ,  fe  dit  des  moindres  ra- 
vages, des  dommages  qui  caufent  de  la  perte.  Le 
bétail  &C  la  fauve  font  de  grands  dégâts  dans  les  jeu- 
Ties  tfcurgeons.  Les  fangliers  font  du  dégât  dans  les 
fémis.  Les  Picoreurs  &  les  Ufagers  font  un  grand 
<^//if  dans  les  forêts.  La  grêle  a  fait  un  grand  dégâc 
d.uir  L>s  vignes. 

|KJ"  DÉGÂT ,  fe  dit  encore  d'une  grande  confommation 
de  denrées ,  de  vivres  ,  qui  fe  fait  fans  économie.  On 
fait  dans  cette  maifon  un  grand  dégut  de  bois ,  de 
vin.  Sumtus. 

Ce  mot  vient  de  devaftatio.  Nicot. 

DÉGAUCHIR.  V.  a.  Terme  d'Artille.  C'eft  drelTer  le 
parement  d'une  pierre  ,  applanir  une  pièce  de  bois , 
ou  de  métal ,  &  ôter  ce  qu'il  y  a  de  trop  en  quelque 
endroit  pour  l'unir,  &  la  rendre  droite  ;  faire  qu'elle 
ne  foit  plus  gauche,  irrégulière,  ^^«a/e  ,  complu- 
Jiare  ,  ex^qi/arc. 

Dégauchir.  Détourner  ,  tourner  vers  un  autre  côté  , 
changer  ladireclion  qu'unechofe  avoir.  Diflrahere ^ 
difpcllere.  Si  une  jeune  plante  eft  dégauchie  de  fa  per- 
pendiculaire par  quelque  caufe  violente  ,  elle  fe  re- 
drelfe  à  l'extrémité  ,  &  reprend  la  perpendiculaire. 
DoDART.  Ac.  des  S.  1700.  Mém.p.  48. 

Dégauchi  ,  ie.  part. 

DEGAUCHISSEMENT.  f  m.  L'aélion  de  dégauchir  , 
de  détourner ,  de  donner  une  aurre  direétion.  Dif- 
tracli.t ,  converfio.  Cette  féconde  direélion  s'eft  faite 
par  un  dégauchijfement  infenfible.  Dodart.  Ac.  des 
Se.  1700.  Além.  p.  54. 

C'eft  aufli  1  effet  de  cette  adion,  la  fituation  d'une 
chofe  dégauchie  ,  détournée  de  fa  première  direc- 
tion. Ce  dégauchijfement  a  été  caufé  par  le  raccour- 
ciirem?;it  des  hbres.  Id./?.  55.  Cette  féconde  direc- 
tion ell  hiite  comme  la  première  par  un  dégauchi ffe- 
OTfi'ir  infenfible  de  l'extrémité  de  la  première  crolfe. 
Id./,^4. 

1^  DEGEL,  f  m.  Ce  mot,  dans  l'ufage  ordinaire  , 
fignilîe  l'adouàiremenr  de  l'air  qui  fait,  fondre  la 


ment  à  un  fluide  que  le  troid  avoir  glacé.  Glacieni  ac 
niveirifolvere  j  regciare.  Quand  on  i'ixk  dégeler  le  fruir. 
gelé  ,  il  perd  fon  goût.  Quelques  uns  font  dégeler  les 
■    fruits  dans  l'eau  froide  ,  dans  un  lieu  un  peu  chaud. 
Il  fefait  une  croûte  de  glace  tout  à  l'entour ,  laquelle 
étant  ôtée  j  il  fe  trouve  aufli  bon  &  aulli  iain  qu'au- 
paravant. 
DÉGELER,  eft  audî  neutre.  Solvi ,  regelari.  La  rivière 
dcgèU.  La  rivicre  commence  à  dégeler.  Il  fe  dit  mê- 
me fortfouvent  dans  rimperfonnel&  abfolumenr.  Il 
dégelé  ,  il  commence  à  dégeler. 

(fcJ"  Il  eftauiîi  réciproque.  La  rivière  com-.r.ence  ï 
fe  dégeler.  L'eau  i<i gelc  du  centre  a  la  circonférence, 
&  fe  dégèle  de  la  circonférence  au  centre. 

On  dit  figurément  qu'un  \\omnMi  (e  dégèle ,  quand 
il  commence  à  parler,  après  avoir  été  long-remps 
morne  &  taciturne  par  timidité.   Exprellion  popu- 
laire. 
DÉGELÉ  ,  É£.  part. 

DEGENERATION.  f.  f.  A£tion  de  dégénérer  ,  dépé- 
rillement.  Nous  voyons  en  lifanr  les  anciens  Bota- 
niftes ,  que  beaucoup  de  plantes  qu'Us  nommoienc 
par  un  cerrain  nom  ,  ne  font  poinr  celles  que  nous 
connoillons  aujourd'hui  fous  le  même  nom  ;  ou  fi 
elles  le  font,  elles  ont  fi  fort  changé  p^ndégéneration 
ou  autremenr ,  qu'il  eft  prefque  impollible  de  les 
avouer  pour  les  mêmes.  Âlerc.  d'Août  173  5.  Ce  mot 
eft  peu  en  ufige. 
DEGENERER,  v.  n.  Devenir  moindre  en  valeur , 
en  mérite.  Se  relâcher  de  la  vertu ,  de  la  vigueur 
de  ceux  qui  nous  ont  précédés.  Degenerare  j 
defleclere.  Le  monde  dégénère  ,  &  va  de  mal  en  pis  j 
félon  l'opinion  commune.  Les  Romains  ont  bien 
dégénéré  de  la  vertu  de  leurs  pères.  Dégénérer  de  li 
piété  de  fes  ancêtres.  Patru.  On  dit  qu'un  homme 
dégénère ,  pour  dire  qu'il  vaut  moins  qu'il  ne  valoir 
autrefois. 
IJCF  DÉGÉNÉRER,  fe  dir,en agriculture  &  en  jardinage, 
des  plantes  qui  ceiTehr  de  porter  d'aulli  bons  fruits 
qu'au  commencement.  \)\\  oignon  de gci.eie  ,  quand 
il  eft  inférieur  en  beauté  à  la  mère  qui  l'a  produit. 
Le  bled  dégénère  ,  ou  bife  toujours  :  quoiqu'on  ne 
féme  que  du  pur'fioment,  il  viendra  toujours  du 
feigle  parmi ,  &  avec  le  remps  ce  ne  fera  plus  que 
du  méteil.  C'eft  pour  cela  que  les  Laboureurs  renou- 
vellent de  temps  en  temps  leurs  femences  ,  &:  vont 
en  chercher  dans  les  endroits  voifins. 

ffT  On  dit  dans  le  même  iens  des  animaux,  qu'ils 
dégénèrent ,  pour  dire  qu'ils  ne  font  pins  de  la  même 
beauté  ,  qu'ils  n'ont  plus  les  mêmes  qualités  que 
ceux  dont  ils  viennent. 
DÉGÉNÉRER  ,  fe  dit  tigurément  deschofes  fpirituelles  , 
ÎV  de  tout  ce  qui  fe  tourne  ou  fe  change  de  bien  en 
mal.  Le  ftyli  pompeux  ^c°^<;/'cr<rfouvent  en  galima- 
tias. Le  gouvernemenrd'un  feul  a  quelquefois  dégé- 
néré en  tyrannie.  Cette  fièvre  quarte  pourra  enfin  dé- 
générer en  continue. 
DEGGIAL.  /^oy.  Daggial,  Deghin  ou  DEGHiM,Royau- 
me  d'Afrique  dans  la  Nubie ,  qui  confine  aux  Provin- 
ces feptentrionales  de  l'AbilIlnie  ;  il  eft  peu  connu. 
DEGINGANDE ,  ée.  adj.  Ce  mor  au  propre  fignifie 
à  demi-rompu  ,  briféou  dilloqué.  Il  fe  ditordinai- 
remenr   des  machines  auromares  qui  ont  quelque 
chofe  de  détraqué.    La  plupart  des  fameufes  hor- 
loges qui  marquoient  tant  de   mouvemens  difté- 
rens   font  aujourd'hui  dégingandées  ,  comme  celle 
de  Strasbourg  ,  dont  le  coq  ne  chante  plus.  Il  y  a 
iine   machine  ^'Arfenal  de  Venife  ,  avec  laquelle 
on    allume  cinq  cens  mèches  à  la  fois  .•  machine 
un  peu  dégingandée.  MissoN. 


glace  ,  la  neige.  Il  fignifie  aufti  la  fonte  de   la  glace   Dégingandé  ,  ée.  adj.  Terme  burlefque  ,   dont  on  f» 
^uij  par  la  chaleur  de  l'air,  reprend  fon  premier  état ,      fert  pour  fe  mocquer  d'une  perfonne  qui  n'a  pas  \xâç 


i^G  DEG 

démarche,   une  conrenancc  ferme  &:  affurce.  In- 
compo/nus  ,  incondnnus. 

Dégingandé  au  figuré.  Madame  de  Sévigné  ccrivanr  au 
comte  de  Bulli ,  emploie  ce  mot  non-feulement  en 
parlant  des  perfonnes ,  mais  aufli  des  choies.  Je  vous 
écrirai  quand  vous  m'écrirez,  ou  quand  la  fantaihe 
m'en  prendra.  Je  penfe  qu'il  ne  faut  rien  de  plus  ré- 
glé à  des  conduites  auiïï  dégingandées  que  les  nôtres. 
Ce  mot  n'eft  que  du  ftyle  familier  dans  toutes  fes  ac- 
ceptions. 

DEGLAVIER.  v.  a.  Vieux  mot.  Faire  mourir  par*  le 
glaive.  Il  a  fignifié  aiilîi  tirer  une  épée  hors  du  four- 
reau. 

DÉGLUER.  V.  a.  Il  fe  dit  au  propre  des  oifeaux  qu'on 
débarralTe  de  la  glu.  Avkulam  vifci  taclu  l'igatam  ex- 
pedire.  On  dit  aulîi  fe  déglucr  les  yeux  ,  les  laver  , 
pour  ôter  la  chadie  qui  coUoit  les  paupières.  Palpe- 
bras  deglutinare. 

DÉGLUTITEUR.  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  Ceft  le 
nom  d'un  muicle  de  l'cftomac  ,  ou  plutôt  du  pha- 
rynx ,  qui  le  relferre  comme  un  anneait ,  pour 
pouffer  en  bas  les  alimens.  Ce  mot  vient  à^degluare, 
avaler.  Quelques  Anatomiftes  donnent  à  ce  mufcle 
le  nom  d'crfophagien. 

DÉGLUTITION.  1.  f.  Terme  de  Médecine  ,  qui  fe  dit 
de  l'acfion  par  laquelle  on  avale  les  alimens.  Adion 
par  laquelle  les  alimens  mâchés ,  hachés  &  broyés 
par  les  dents  ,  humeélés  &  pénétrés  par  les  différens 
fucs  falivnires ,  &  ceux  qui  font  naturellement  li- 
quides ,  font  portés  de  la  bouche  dans  l'œfophage  j 
font  avalés  &  portés  dans  l'eftomac.  Foye^  tous  ces 
mots.  Deglut'uio.  Elle  fe  fut  premièrement  par  le 
moyen  de  la  langue  qui  poulie  les  alimens  dans  l'œ- 
fophage, &  enfuite  par  la  contradion  du  fphinder 
&  des  fibres  charnues  de  ce  même  œfophage ,  qui 
les  fait  defcendre  dans  l'eftomac.  La  déglutition  eft 
empêchée  ,  lorfqu'on  ne  peut  avaler  qu'avec  peine  , 
ou  qu'on  ne  peut  avaler  certaines  choies,  quoiqu'on 
avale  bien  les  autres. 

Ce  mot  vient  du  Latin  deglutire ,  avaler. 

|P"  DÉGOBILLER.  v.  a.  Terme  populaire  &  bas,  qui 
lîgnifie ,  Vomir  les  alimens  folides  ou  liquides  que 
l'on  a  pris  avec  excès.'  Vomcre.  Il  a  dégobillé  fon 
dîner. 

DÉsoBiLLÉ,  ÉE  ,  part. 

DZGOBILLIS.  f  m.  Alimens  dégobillés.  Eruclati  àbi. 
Il  eft  bas. 

^fT  DEGOISER.  V.  a.  En  parlant  du  chant  des  oi- 
feaux ,  fynonyme  de  chanter ,  gafouiller.  Garrire. 
Au  propre  on  ne  le  dit  plus. 

.  Ip*  Au  figuré ,  dans  le  ftyle  familier  ou  burlef- 
que  ,  on  le  dit  de  ceux  qui  parlent  trop  ou  mal-à- 
propos.  Garrire  quodlibet,  ejjutire  quidquid  in  buccam 
venu.  Cette  femme  a  degoijé  tout  ce  qu'elle  fa- 
voit. 

■  §^  Il  eft  aulfi  neutre.  On  dit  qu'un  prifonnier  a 
dégoifé ,  qu'on  l'a  fait  dégoifer ,  pour  dire  qu'il  a 
avoué  des  chofes  qu'il  étoit  de  fon  intérêt  de  cacher. 
§Cr  Femme  qui  aime  à  dégoifer  y  qui  aime  trop 
à  parler.   Garrulofa. 

rr  DÉGORGEMENT,  f  m.  Épanchement ,  débor- 
dement des  eaux  &  des  immondices  retenues.  Effu- 
Jio.  Le  dégorgement  des  égoûts  de  la  ville  de  Paris. 
Le  dégorgement  d'un  évier  ,  d'une  gourtière. 

#3°  On  le  dit  de  même  en  parlant  de  l'épanche- 
ment  ,  du  débordement  des  humeurs  du  corps  hu- 
main. Il  lui  eft  furvenu  un  dégorgement  de  bile. 
Effufio  bilis  ,fuffuJlo. 

DÉGORGEMENT  ,  Terme  de  Teinture  &  de  ManufadVure, 
fe  dit  des  étoffes.  Exprejfio.  Les  moulins  à  Foulon 
fervent  au  dégorgement  des  draps  pour  en  ôter  les 
grailfes  &  le  fuperflu  de  la  laine.  Foyei  Dégor- 
ger. 

DÉGORGEOIR,  f  m.  Terme  d'Artillerie.  Ceft  un 
gros  fil  de  fer  ou  poinçon  d'envifon  huit  pouces  de 
long  ,  dont  les  Canonniers  fe  fervent  fur  mer  pour 
percer  ou  crever  la  gargoulfe.  On  appelle  aulli  dé- 
gorgeoir ,  un  petit  fer  ou  fil  d'archal  dont  ou  fe  ferc 


DEG 

pour  ou'frir  &  dégorger  la  lumière  du  canon  ,  iorf- 
qu'il  s'y  eft  amallc  de  l'ordure. 

§3"  DÎGORGEoiR  ,  en  Serrurerie  ,  efpece  de  cifeaa 
à  chaud  dont  le  Forgeron  fe  fert ,  ou  pour  enlever , 
des  pièces  qu'il  forge  ,  des  parties  qu'il  ne  peut  dé- 
tacher avec  le  marteau  ,  ou  pour  leur  donner  des 
formes  qu'elles  ne  peuvent  recevoir  que  d'un  inftru- 
ment  tranclianc. 

DEGORGER,  v.  a.  Oter  les  ordures  ,  ou  le  fable  qui. 
empêche  de  palfer  des  eaux  ,  des  humeurs  dans  des 
tuyaux,  des  conduits,  des  paifages.  Expurgare , 
purgare.  On  a  fait  jouer  toutes  les  eaux  de  Vèrfail- 
les  pour  dégorger  les  tuyaux.  Dégorger  un  égoût ,  un 
évier. 

^fj"  DÉGORGER  ,  eft  quelquefois  neutre  ,  &:  fouvent 
réciproque ,  &  fe  dit  dans  le  même  iens  que  fe  ré- 
pandre ,  s'épancher  ,  en  parlant  des  eaux  contenues 
par  des  digues  ,  &  des  liqueurs  contenues  dans  des 
vaifteaux.  Effundere  fe.  Si  cet  égoût  vient  à  dégor- 
ger ,  tout  le  quartier  fera  infedé  de  l'odeur.  Quand 
les  pluies,  les  ravines  font  dégorger  an  étang, quand 
un  étang  fe  dégorge  ,  il  inonde  les  endroits  basa 
Quand  la  bile  fe  dégorge,  elle  fait  de  grands  rava- 
ges dans  le  corps. 

DÉGORGER ,  fe  dit  aufiî  des  eaux  qui  tombent  dans 
d'autres  eaux.  I-_ffunderefe  j  exonerare/e.  La  rivièra 
de  Marne  fe  dégorge  dans  la  Seine.  Le  Volga  Sc 
plufieurs  autres  grandes  rivières  fe  dégorgent  dans 
la  mer  Cafpie.  Dégorger,  en  ce  fens,  n'eft  pas  li 
ufité  que  décharger. 

DÉGORGER  j  en  Chirurgie  ,  f  gnifie  faire  fortir  du  pus , 
quelque  matière  d'une  plaie ,  d'un  abfcès.  Quoi- 
que après  l'ouverture  du  panaris,  il  n'en  forte  quel- 
quefois que  de  la  férofité  du  fang  ,  cela  ne  laiffe  pas 
que  de  foulager  la  malade  ,  en  dégorgeant  la  partie, 
DiONis.  On  dit  aufli  à  l'égard  des  chevaux  qui  ont 
les  jambes  gorgées ,  qu'il  les  faut  promener  peut 
les  dégorger. 

DÉGORGER  ,  terme  de  Pêche,  fe  dit  du  pollfon,  quand 
on  le  met  dans  une  eau  claire  &  courante  pvur  lui 
faire  perdre  le  goût  de  marée  ou  la  fenteu'^  de  la 
bourbe.  Le  poiffon  d'étang  eft  meilleur  ,  quand  oii 
l'a  laiffé  dégorger  quelque  temps  dans  les  boutiques 
cjuî  font  fur  les  rivières.  Les  faumons  le  dégorgent 
en  remontant  dans  les  rivières. 

DÉGORGER,  en  termes  de  Teinturier ,  fignifié  j  Lavef 
dans  la  rivière  ,  des  laines,  foies  &  étoffes  qu'on  fait 
cuire  avec  du  favon  blanc  ,  ou  autre  graiffe  ,  ou 
tremper  dans  l'alun  ,  pour  en  faire  lortir  ce  qu'il  y 
a  de  fuperflu.  Purgare  ,  expurgare. 

DÉGORGER  ,  en  termes  de  Corroyeurs  ,  c'eft  à  pett 
près  la  même  chofe  que  Drayer ,  ou  écharner  ;  à  la 
réferve  qu'il  ne  fe  dit  que  des  têtes  de  cuirs  de 
veaux. 

|Cr  DÉGORGER  les  cuirs.  Terme  de  Tanneur.  C'eft  les 
faire  tremper  dans  la  rivière ,  pour  ôter  le  fang  ic 
les  autres  immondices ,  &  les  difpofer  à  être  tannés. 

DÉGORGER.  Terme  de  Marechalleric.  On  dir ,  Dégor- 
ger un  cheval,  pour  dire,  lui  faire  difliper  une  en- 
flure en  le  promenant. 

On  dit  aufli  chez  les  Menuifiers  ,  Dégorger  la  lu- 
mière d'un  rabot  ,  quand  elle  eft  gorgée  de  co- 
peaux. 

Dégorgée  ,  ÉE ,  part.  Il  a  les  fignifications  de  fon  verb© 
en  Latin  comme  en  François. 

DÉGOTTER.  v.  a.  Déplacer.  Ce  mot  ne  fe  dit  qu'en 
badinant.  Les  cattes  modernes  ne  s'accordent  poinc 
avec  les  anciennes  ,  &  elles  différent  même  entre  el- 
les ,  enforte  qu'on  dégotte  mille  fois  Paris.  C'eft 
ainfi  que  s'exprime  une  Demoifelle ,  qui  a  pourtant 
beaucoup  d'efprit.  Obf.  fur  les  Ecrits  mod.  T.  zi, 
p.  ïi6. 

DÉGOURDELLI.  adj.  Mot  du  vieux  langage  ,  qui  fe 
trouve  dans  la  fignification  d'habile. 

DÉGOURDIR.  V.  a.  Oter  l'engourdiflèment  qui  a  été 
caufé  par  un  grand  froid  ,  redonner  du  mouvement, 
de  la  chaleur  à  ce  qui  étoit  engourdi.  Torporem  dif- 
cutere.  Il  faut  fe  chauffer  les  mains  pour  les  dégour- 
dir,  ou  défengourdlr  peu-à-peu.  Mes  mains  commen- 

»ent 


DEG 

«cnt  un  peu  à  fe  dégourdir.  On  dit  auiîî ,  Ùégourdir 
les  jambes,  quand  on  commence  à  les  exercer,  après 
avoir  été  en'^ourdies.  Ce  cheval  n'ell  pas  encore  dé- 
gourdi ,  quand  il  aura  fait  une  lieue  ,  il  ira  mieux  le 
rram-  On  dit  aulîi ,  faue  dégourdir  de  l'eau  ,  fane 
chauffer  un  peu  l'eau  ,  pour  lui  ôter  ia  grande  froi- 
deur. Dans  ce  fens  di:gjurdir  eii  neutre.  On  dit  auIîl 
qu'une  viande  ell  à  peine  dégourdie  ,  pour  dire  qu'il 
y  a  trop  peu  de  temps  qu'elle  eft^u  teu  pour  être 
cuite,  &  qu'à  peine  elle  eft  échauffée,  f-^ix primu/n 
calortm  experta. 
fer  DÉGOURDIR  fe  dit  auflî  activement  dans  un  lens 
figuré  ,  mais  dans  le  ftyle  familier  feulement ,  pour 
façonner  quelqu'un  pour  le  commerce  du  monde, 
le  rendre  propre  à  quelque  chofe.  C.iudorein  Se  cuL- 
iidiorem  reddtre.  Rien  n'eil;  plus  capable  de  dégour- 
dir un  jeune  homme  que  la  fréquentation  des  bon- 
nes compagnies. 

fer  On  dit,  dans  le  même  fehs,  (e dégourdir.  Ce 
jeune  homme  commence  à  fe  dégourdir. 
Dégourdi  ,  ie  ,  part.   On  dit  fubilantivement ,  c'efi 
un  dégourdi ,  un  homme  à  qui  on  n'en  fait  point  ac- 
croire. Ciiutus  ,  vajer ,  amincis,  naris. 
DEGOURDISSEMENT.  f.  m.  Adion  par  laquelle  le^ 
membres  engourdis  fe  dégourdilfent  &  fe  rérablif 
fent  en  leur  premier  état.  Torporis  difcujjïo.  Le  dé- 
gourdillenient  fe  fait  fentirparun  picetement  dans 
les  nerfs. 
DEGOUT. C  m.  Défaut  d'appétit,  fe  dit,  en  Médecine, 
des  alimens  que  l'on  a  de  la  répugnance  à  prendre. 
Faftidiuni  j  cibifadeus.  Il  y  a  des  gens  qui  ont  du 
dégoût  pour  le  vin  »  pour  le  fucre ,  &c.  La  maladie 
idonne  du  dégoût  pour  les  meilleures  viandes. 

Le  dégoûc  efl:  une  maladie  de  l'eftomac,  c'eft  ,  di 
fent  les  Médecins ,  un   des  principaux  fymptomes 
du  ventricule.  Le  dégoût  procède  du  défaut  de  fen- 
fation  dans  l'orifice  fupérieur  du  ventricule  :  ce  dé- 
faut eft  caufé  par  la  trop  grande  abondance  d'ali- 
mens ,  par  des  humeurs  cralles  &  lentes  qui  foni 
dans  le  ventricule,  par  les  alimens  gras  &  vilqueux, 
par  l'intempérie  chaude  ou  froide ,  par  l'obftrudhori 
des  veines  laélées  ,  par  la  fupprellion  des  évacua- 
tions ordinaires  ,  par  l'intermiilion  d'un  exercice  ac 
courumé ,  pari?  vice  des  neifs  dont  la  faculté  efl 
abolie  ou  fufpendue ,  comme  dans  l'apoplexie  ,  la 
létargie  ,  &c.    Selon  Sylvius ,  par  une  falive  trop 
gratfe  &:  trop  vifqueufe  ,  ou  par  une  bile  trop  gralîe 
qui  remonte  des  inrel^ins  grcles  dans  le  ventricule. 
Le^c'ff.wf  a  encore  d'autres  caufes  qu'on  appelle  non 
jiaturelles ,  qui  font  la  trop  grande  chaleur  de  l'air, 
l'excès  dans  le  dormir ,  le  repos  &  l'oillveté ,   les 
grands  chagrins,  le  cours  de  ventre.  Toutes  ces  cau- 
fes, quand  elles  font  légères,  afFoibllifent  feulement 
l'appétit ,  &  caufent  un  léger  dégoût.  Solterfoth  rap- 
porte à  ce  propos  qu'un  enfant  étant  malade  d'un 
grand  dégoût ,  &c  vomilTant  tout  ce  qu'on  lui  faifoit 
prendre  ,  remèdes  Se  alimens ,  il  ordonna  qu'on  lui 
donnât  tout  ce  qu'il  demanderoit  \  l'enfant  .en  vit 
par  hafard  un  autre  qui  mangeoit  des  poires  toutes 
vertes  encore ,  il  en  demanda ,  on  lui  en  donna  une , 
il  la  mangea  avec  beaucoup  d'appétit ,  dès  le  mo- 
ment fes  vomilTemens  celfcrent,  peu  à  peu  l'appétit 
lui  revint ,  5c  il  guérit. 
IJO"  DÉGOÛT  fe  dit  dans  un  fens  figuré  de  l'averfion 
qu'on  prend  pour  les  chofes  ou  pour  les  perfonnes. 
■^balienatio,  alienatio  ,fajlidium.  Témoigner  du  dé- 
goût ■^omx  une  pcrfonne.  Rac.  Il  a  un  grand  dégoût 
pour  toutes  les  fciences  vaines  &  conjecturales.   Un 
Chrétien  a  un  grand  dégoût  pour  toutes  les  vanités 
du  ficelé.  Cet  enfant  a  du  dégoût  pour  l'étude.  Aver- 
fari. 
^tr  DÉGOÛT  fe  prend  auflî  dans  le  fens  figuré,  comme 
fynonyme  de  chagrin,  déplaifir.  Ceux  qui  n'aiment 
point  à  flatter ,  trouvent  de  grands  dégoùrs  à  la  Cour. 
Les  voluptés  ne  font  pas  exemptes  de  dép^oût.  Satie- 
tas  volaptatibus  non  dceft.  Epicure  dégageoit  les  vo- 
luptés des  inquiétudes  qui  les  précèdent ,  &  du  dc- 
goût  qui  les  fuit.  S.  Evr.  C'eft  une  des  miféricordes 
de  Dieu,  de  femer  des  amertumes  &  dsi, dégoûts 
Tome  III, 


D  £  G  177 

parmi  les  douceurs  trompeufes  du  mondes   Nicol. 
Les  François  ne  lauroient  recevoir  un  maître  fans 
chagrin  ,  ni  demeurer  les  leurs  lans  digjuc.  S.  Evr. 
DEGOUTANT,  ANTE.adj.  Qui  donne  ou  caufe  du 
dégoût ,  de  i'avetdon ,  du  déplailir.  fajtidiojûs.  Il 
le  dit  tant  au  propre  qu'au  figuré  ,  des  Viandes ,  des 
peribnnes  ,  &  des  autres  choies.   La  laideur  ell:  fort 
dcgoûtante.  La  fileté  elt  dégoûtante.  Cela  va  plus  au 
corps  qu'à  l'efprir  :  on  dit  qu'un  homme  eft  dégoû- 
tant, quand  il  cil  mal  propre.  Bouh.  Or.  ne  laifis 
pas  de  1  employer  au  hguré.    Il  y  a  des  gens  d^-goû- 
tans  av'.c  du  mérite  ,   6c  d'autres  qui  plaifenr  avec 
des  délauts.  Rociief.   Il  arrive  bren  des  choies  dé- 
goûtantes dans  le  monde.  Acad.  Fran. 
JJO'  DÉGOWTER.  V.  a.  Oter  l'appétit ,  faire  perdre 
le  goût.  Fajiidium  Ô  Jatietatem.afjerreifcrearc ,  iK-ircre, 
On  degofite  les  gens  en  leur  donnant  trop  à  manger. 
Trop  d'avoine  ùtgoute  un  cheval. 
0CJ"  Dégoûter  ,  fe  dit  figurément,  pour  Donner  de 
l'éloignement  pour  une  choie  ou  pour  une  peiionne, 
faire  qu'on  celle  de  la  trouver  à  ion  gré.  iajiidium  , 
fatietatem  aij'erre  j  creare.  Ce  jeune  homme  avoir 
quelque  goût  pour  les  Lettres;  mais^  à  force  de  lui 
en  parler ,  on  l'en  a  dégoûte.   Ce  Novice  avoir  d'a- 
bord beaucoup  de  zèle  pour  la  Religion  \  mais  les 
trop  grandes  aulrérités  l'en  ont  dégoûte.  La  Con>étuô 
ne  fert  qu'à  rendre  le  vice  aimable  ,  &  à  dégoûter 
de  la  vertUi  S.  Evr.  Le  peu  d'utilité  qu'on  tire  de  la 
vertu  dans  le  monde  ,  dégoûte  des  fatigues  où  elle 
expofe.  Bail.  La  vie  fatigante  des  Courti fans ,  &:  les 
rebuts  qu'ils  foufïrent ,  ne  les  dégoûtent  point  de  la 
Cour.  M.  Esi'. 

|C?  Il  eft  auOi  réciproque.  Se  dégoûter  ,  prendre 
du  dégoût ,  de  l'averhon  ,  celferde  trouver  une  thofg 
à  fon  gré.  Aiicujus  reij'ctftidio  ^futictate  affici.  Il  s'efl 
dégoûté  de  fon  métier,  de  fon  cn'pkii ,  de  la  vie 
champêtre,  de  fa  femme.  Puisqu'on  le  dégoûte  quel- 
quefois de  foi-mcme  ,  il  eft  encore  plus  aifé  de  fe 
dégoûter  des  autres.  S.  Evr. 
ify  DÉGOÛTÉ  ,  ÉE,  parc.  &  adj.  Il  ne  faut  pas  être  dé- 
goûté, fous  prétexte  d'être  dclicat.  Aiicujus  reijcjli- 
dio  acfatietate  ajjeclus.  Menag.  Il  fe  prend  quelque- 
fois fubftantivement.  Il  y  a  des  gens  d'une  tiélica- 
telîe  afteélée  ,  qui  prétendent  fe  mettre  audeflus 
des  autres  ,  en  faifant  les  difficiles  &  les  dégoûtés. 
Bell. 

'fJ"  On  dit  en  proverbe,  &  par  contre-vérité  , 


eft  un  bon  dégoité ,  c'eft -à- due,  un  homme  de 
bonne  humeur ,  de  bon  appétit,  qui  aime  la  bonne 
chère. 

(Cr  DEGOUTTANT,  ante.  Qui  dégoutte.  StiL'ans. 
Il  eft  tout  dégouttant  de  pluie,  de  fueur.  Ce  linge  eft: 
encore  tout  dégouttant  d'eau. 

tfJ'  DEGOUTTER,  v.  n.  Couler  goutte  à  goutte.  Stil- 
lare  j  dijlillare  3  defiillare.  L'eau  dégoutte  dans  les 
caves ,  dans  les  cavetnes.  Si  le  fang  eût  dégoutté ^zv 
dehors,  c'eûr  été  un  mauvais  augure.  Vaug. 

CCJ"  On  le  dit  auffi  des  chofes  par  où  dégoutte 
quelque  liquide.  Les  toits  dégouttent  long -temps 
après  qu'il  a  plu.  Le  fronr  lui  dégoutte  de  fueur. 

IjCr  On  dit  proverbialement  &  figurément  ,  s'il 
pleut  fur  lui ,  il  dégouttera  fur  moi  ;  s'il  lui  arrive 
du  bien  ou  du  mal ,  j'en  aurai  ma  part.  Quand  il 
pleut  fur  le  Curé  ,  il  dégoutte  fur  le  Vicaire. 

On  dit  aulfi  par  la  même  raifon  ,  qu'à  la  Cour , 
&  auprès  des  Grands  ,  s'il  n'y  pleut ,  il  y  dégoutte , 
pour  dire,  que  ii  l'on  n'y  a  pas  toujours  de  grandes 
fortunes ,  on  en  tire  du  moins  quelque  grâce,  quel- 
que avantage. 

Dégoutter,  fe  dit  auffi  d'un  homme  qui  eft  C\  plein 
d'une  chofe  ,  qu'elle  en  fort  de  tous  côtés.  AUquid 
manare  j  diffluere  aliquâ  re  j  manare.  Ainfi  la  Bruyère 
a  dit  en  parlant  de  certaines  gens  enivrés  de  la  fa- 
vcuf  des  Grands ,  que,  quand  on  les  prefte  ,  ils  dé- 
^oarr^wr l'orgueil ,  l'arrogance,  la  préfomprion.  Dé- 
goutter q^  là  aÛif. 

DÉGRADATION,  f  f.  Deftitution  ignominieufed'un 
Ordre,  d'une  qualité,  d'une  dignité  ou  degré  d'hon- 
neur ,  dans  le  cas  d'une  condamnation,    Aiicujus 


ï7 


DEG 


honàris  de  gradu  dejeclio  j  dcpuljlo.  La  dégradation 
d'un  Prêtre  ,  d'an  Gentilhomme  ,  d'un  Otticier ,  fe 
fait  avec  plufieius  cérémonies.  Celle  qu'on  faifoit 
autrefois  pour  la  dcgradation  de  Noblelle  eft  cu- 
rieufe  j  &  mérite  d'êrre  ici  rapportée  après  Géliot 
&  la  Colombiere.   Elle  lut  pratiquée  du  temps  de 
François  I.  contre  le  Capuaine  Frauget ,  qui  avoit 
rendu  lâchement  Fontarabie.   On  allcmbloit  vingt 
ou  trente  Chevahers  fans  reproche ,  devant  lefquels 
le  Gentilhomme  étoit  acculé  de  trahifon  ,  &  de  foi 
mentie  ,  par  un  Roi  ,  ou  un  Héraut  d'armes.    On 
drefloit  deux  échatfauts  ;  l'un  pour  les  Juges  affirtés 
des  Rois ,  Hérauts  &  Pouifuivans  d'armes  ;  l'autre 
pour  le  Chevalier  condamne  ,  qui  éipit  armé  de 
toutes  pièces  ,  &  fon  écu  planté  fur  un  pieu  devant 
lui ,  renverfé  &.  la  pointe  en  haut.  A  côté  alHltoient 
douze  Prêtres  en  furplis ,    qui  chantoient  les  vigiles 
des  morts.  A  la  fin  de  chaque  Pfeaume  ils  faifoient 
une  paufe  ,  pendant  laquelle  les  Officiers  d'armes 
dépouilloient  le  condamné  de  quelques  pièces  de 
fes  armes  ,  en  commençant  par  le  heaume,  juf-iu'a 
ce  qu'ils  l'euflent  dépouillé  tout-à  fait  ,  &  puis  ils 
brifoient  l'écu  en  trois  pièces  avec  un  marteau.  En- 
fuite  le  Roi  d'armes  renverfoit  un  baflin  plein  d'eau 
chaude  fur  la  tète  du  condamné.  Après  les  Juges 
prenoient  des  habits  de  deuil ,  &  s'en  alloient  à  1 E- 
glife.  Le  dégradé  étoit  defcendu  de  l'échaftaut  avec 
une  corde  attachée  fous  fes  aiflelles ,  &  mis  fur  une 
civière  &c  couvert  d'un  drap  mortuaire  j  &c  les  Prê- 
tres chantoient  encore  à  l'Eglife  quelques  prières 
pour  les  trépalfés;  &  puis  on  lelivtoit  aujuge  Royal, 
&c  à  l'Exécuteur  de  la  Haute-Jullice.  Pour  les  Ecclé- 
fiaftiques ,  on  n'attend  plus  les  formalités  de  la  dé 
gradation  pour  les  exécuter  à  mort,  à  caufe  des  difti- 
tultés  ,  &  des  retardemens  qu'on  y  apportoit.  D'ail- 
leurs ,  la  dégradation  n'efface  pas  le  caraétère.  Du 
Bois.  Boniface  avoir  décidé  qu'il  falloit  fix  Evêques 
pour  dégrader  un  Prêtre  \  mais  la  difficulté  d'affèm- 
bler  tant  d'Evêques  rendoit  la  punition  des  crimes 
prefque  impoflible. 

On  trouve  à  Gonftantinople  au  VIIF.  fiècle  une 
exem,ple  de  dégradation  avant  la  comdamnation  à 
la  mort.  C'eft  dans  la  perfonnedu  Patriarche  Conf- 
tantin  j  que  Conftantin  Copronyme  fit  mourir.  On 
le  fit  monter  fur  l'ambon.  Le  Patriarche  Nicétas 
envoya  des  Evêques  pour  luiôter  le  Pallium  &;  T-ina- 
thêmatifa  \  puis  on  le  fit  fortir  de  l'Eglife  à  reculons. 
Quand  Crammer  j  Archevêque  de  Cantorberi ,  fut 
dégradé  pour  fes  crimes  &  fon  apoftafie  ,  on  le  re- 
vciit  d'habits  Pontificaux  faits  de  cannevas  feule- 
ment. On  lui  mit  la  mitre  en  tête  ,  &  la  croix 
à  la  main  \  en  cet  équipage  on  le  montra  aupeuplej 
puis  on  l'en  dépouilla  pièce  par  pièce. 

Il  femble  que  la  dégradation  ne  diffère  de  la  dé- 
pofition  que  par  quelques  cérémonies  infamantes 
que  la  coutume  y  a  ajoutées  :  c'eft  pour  cela  que 
dans  l'affaire  d'Arnoul  Archevêque  de  Reims ,  jugé 
au  Concile  d'Orléans  en  991.  les  Evêques,  délibé- 
rèrent quelle  forme  on  devoit  fuivred.msfa  dépo- 
fition  ,  celle  des  Canons,  c'eft-à-dire,  celle  la  fim- 
ple  dépofition  ,  ou  celle  de  la  coutume,  c'eft-à- 
dire,  celle  de  la  dégradation  ;  &  on  déclara  qu'il 
tendroit  l'anneau,  le  bâton  paftoral  ^  le  Pallium  , 
mais  qu'on  ne  lui  déchireroit  point  fes  habits.  Les 
Canons  ne  prefcrivent  rien  autre  chofeque  la  lec- 
ture de  la  fentence.  Il  paroît  donc  que  ce  que  la 
coutume  avoit  ajouté  ,  étoit  le  dépouillement  des 
ornemens  &  le  déchirement  des  habits  Pontificaux  , 


ce  que  l  on  a  appelé  dégradation 


Les  Canonlftes  diftinguent  la  dégradation  en  ver- 
bale  &  en  aduelle.  Là  dégradation  verbale  n'eft  autre 
chofe  que  la  dépofition,  &  fe  fait  par  une  fentence 
de  l'Evêque,  ou  de  fon  Vicaire-Général  ,  fans  def- 
fein  pourtant  d'en  venir  à  la  dégradation  aétuelle. 
La  dégradation  aQ.\ie\\e  fe  fxh  auffî  par  une  fembla- 
ble  fentence  ,  en  conféquence  de  laquelle  le  coupa- 
ble eft  publiquement  dépouillé  des  habits  propres  , 
Se  de  routes  les  marques  de  fon  Ordre,  &  on  lui 
rafe  la  tête»  Cela  fe  doit  faire  par  fon  Evcque  ,  en 


DEC 

préfence  de  cinq  autres  Evêques ,  fi  le  coupable 
eft  Prêtre,  ôc  de  deux  feulemenijs'il  n'eft  que  Diacre. 
Comme  il  étoit  difficile  d'alfembler  tant  de  Prélats, 
la  dégradation  aétuelle  a  celfé  en  France  depuis 
la  fin  du  XVI'  fiècle.  Cependant,  afin  d'en  faciliter 
l'exécution,  le  Concile  de  Trente  a  réglé  que  des 
Abbés  crolfés  &  mitres  pourroient  fuppléer  au  dé- 
faut des  Evêques  ;  Se  des  Eccléliaihques  dodes  & 
conftitués  enHignité,  au  défaut  des  Abbés.  La  dô- 
polition  Se  la  dégradation  différent  de  la  ("ufpenfe  , 
en  ce  qu'elles  privent  abfolument  un  Clerc  de  tout 
titre ,  de  toute  dignité  ,  ce  que  ne  fait  pas  la  fuf- 
penfe  ,  qui  lailfe  un  Prêtre  ,  un  Bénéficier ,  dans 
le  rang  Se  les  honneurs  de  Prêtre  Se  de  Bénéficit-r. 

0Cr  Dégradation  dune  dignité,  eft  celle  qui  prive  un 
Officier  des  maïques  d'honneui  de  fa  charge. 

§3°  Quand  un  Officier  de  la  Cour  s'eft  montre 
indigne  de  fon  caradlère  ,  la  Coui  le  condanme  à 
paroître  revêtu  de  fa  robe  de  cérémonie  ,  pour  êtr» 
publiquement  lacérée  fur  lui   pat  les  Hmfliers. 

^fT  Un  Officier  d'armée  qui  a  mériié  une  telle 
peine  ,  eft ,  à  la  revue  ,  chalfé  de  fon  pofte.  On  lui 
ôie  d'abord  fon  épée  ,  &  enfuite  on  lui  donne  l'ex- 
puUion  avec  ignominie. 

DÉGRADATION  j  en  termes  de  Palais,  eft  le  dommage, 
la  détérioration  qu'on  fait  dans  des  tetits,  Jes  bois, 
des  bâtimens ,  foit  en  les  abattant ,  fou  en  négli- 
geant de  les  réparer  ,  ou  de  les  cultiver.  On  nomme 
des  Experts  pour  vifiter  Se  eftimer  des  dégradations. 

Dégradation,  en  termes  de  Peinture,  fignifie  l'af- 
foiblilfement  par  degrés  de  la  lumière  Se  des  cou- 
leurs d'un  tableau.  La  djgradation  des  couleurs  eft 
néceffàire  dans  les  perpeétives  Se  dans  les  lointains. 
Un  bon  Peintre  doit  bien  entendre  la  dégradation 
des  couleurs ,  pour  approcher  ou  éloigner  fes  fi- 
gures. Les  dégradations  des  lumières  Se  des  ombres 
doivent  être  infenfibles. 

DÉGRADER,  v.  a.  Priver ,  deftituer  quelqu'un  avec 
de  certaines  formalités  ,  d'une  charge,  d'une  digni- 
té j  d'un  rang  d'honneur  qu'il  poffedoit.  C'eft  l'idée 
propre  exprimée  par  ce  mot  :  mais ,  dans  Tufage  or- 
dinaire, on  le  prend  quelquefois  dans  un  fens  plus 
doux  ,  comme  le  verra  par  les  exemples.  ALiqucm 
de  gradu  dejicere  j  depellere.  Un  Gouverneur  qui 
rend  lâchement  fa  place  eft  dégradé  de  Noblelfe. 
Si  les  ufuipateurs  étoient  punis  dans  l'empire  des 
Lettres  j  il  y  auroit  bien  des  gens  dégradés  du  bel 
efprit.  BouH.  Une  trop  grande  familiarité  dégrade 
d'un  certain  air  de  dignité  que  donnent  la  retraite 
Se  le  ferieux.  Bell.  Les  Grands  fe  dégradent  àe  leur 
autorité  quand  ils  en  abufent.  S.  Evr.  Perfonne  n'a 
mieux  pratiqué  que  vous  cet  art  obligeant  qui  fait 
qu'on  fe  rabailfe  lans  fe  dégrader ,  &  qui  accorde 
heureufement  la  liberté  avec  le  refpeét.  Boss.  C'eft 
dans  l'Hiftoire  que  les  Rois  dégrades  par  les  mains 
de  la  mort  viennent  fubir  fans  fuite  le  jugement  de 
tous  les  iiècles.  Id.  Infidèle  à  fon  auteur ,  cruel  à 
foi-même  ,  le  Chrétien  s'attache  à  des  biens  périf- 
fables  qui  \e  dégradent ,  qui  l'aviliffent.  Ror. 

DÉGRADER  des  atmes  un  foldat  criminel.  Cette  cou- 
tume s'obferve  encore   dans   quelques  régimens  ; 
mais  il  y  en  a  beaucoup  où  on  ne  la  pratique  pas. 
Voici  comme  cela  s'exécute  :  Le  Sergenr  arme  de 
pié  en  cap  le  foldat  qui  doit  êtte  dégradé ,  obCer- 
vantde  tenir  de  la  main  droite  la  crolfe  du  fufil. 
A  l'iniLant  il  lui  dit  ces  pztolss:  Te  trouvant  indigne 
de  porter  les  armes  _,  nous  t'en  dégradons.  En  même 
temps  il    lui  ôte  le  fufil  par  derrière,  &  fon  cein- 
turon ,  épée,  bandoulière,  fourniment,  qu'il  lui 
fait  paffer  par  les  pies.  Se  lui  donne  un  coup  de 
pelle  fur  le  cul.  Enfuite  le  Sergent  fe  rerire ,  Se  l'Exé- 
cuteur fe  faifit  du  criminel.  Il  eft  d  remarquer  qu'oii 
ne  dégrade  pas  les  foldats  qui  doivent  paffer  par  les 
armes  ,  parce  que  c'eft  une  exécution  militaire  qui 
n'eft  pas  déshonorante. 
DÉGRADER  ,  fignifie  auffî ,  Détériorer  des  b  timens  , 
des  terres ,  des  vignes ,  des  bois  ;  y  f  \  re  un  dégât 
confidérable ,  ou  les  laiffer  dépérir  pa'  négligence. 
Erertere  ,  Jiernere  j  labefaclare.   Il  a  laiffc  dégrader 


D  E  G 


DEG 


î 


ces  bâtîmens  faute  d'entretenir  les  couvertures  ,  c'efl-  ' 
à-dire  >  que  le  bâtiment  cft  devenu  inhabitable  ,  1 
faute  d'y  faire  les  réparations  nécelfaires.  Il  Oidt gradé 
ces  terres,  ces  vignes,  faute  de  les  fumer ,  &  en 
étant  les  éclialas.  Il  a  abattu  plulieurs  atbres  ,  &  a 
dégradé  cenc  forêt.  SUvam  cAdere  ,  exàdere.  Les  Ma- 
çons difent  dégrader  une  muraille  ,  pour  dire  l'aba- 
tre  par  le  pic. 

Les  Peintres  difent  aufli  dégrader,  pour  dire, 
obferver  les  dégrés  d'éloignement  des  parties  d'un 
tableau  ,  &  y  proportionner  les  jours  8c  les  teintes  j 
affoiblirpar  degrés  infenfibles  la  lumicreou  les  cou- 
leurs d'un  tableau.  Farios  colorum  gradus  obfervarc. 
DÉGRADER  ,  en  termes  de  Marine ,  lignifie  ôter  tout 


gratjfeun  de  cliapeaux  ;  les  Fripiers  des  Dégrac{feurs 
d'habits.  Il  y  a  aulli  des  Degra/jjeurs  Teinturiers. 

Les  Teinturiers  Degraifjeurs  ,  &c  autres  Ouvriers 
qui  font  obligés  de  le  fervir  de  l'eau  de  la  rivière 
pour  leius  ouvrages ,  fe  pourvoiront  par  devers  les 
Prévôt  des  Marchands  &  Echevins ,  afin  de  leur 
accorder  la  permillion  d'avoir  des  bateaux,  s'ils  en 
ont  befoin ,  &  démarquer  les  lieux  où  ils  pour- 
ront les  placer  ,  fans  incommodité  de  la  ville ,  &  fans 
empêcher  le  cours  de  la  navigation  ;  &  ,  lorfqu'ils 
n'auront  pas  befoin  d'avoir  des  bateaux  ,  ils  le  pour- 
voiront feulement  pardevers  le  Lieutenant  Général 
de  Police.  Edit  du  Koi  de  L'an  /700.  De  la  Mare  j 
Tr.  de  la  Pol.  Tom,  I.  p,  ï-j6. 
l'équipement  des  vailfeaux  quand  on  les  abandonne   DÉGRAISSOIR.  f.   m.  Cefl:  un  inftrument  qui  avec? 


parce  qu'ils  font  trop  vieux  ,  &  inutiles  au  fervice. 
Navim  vetujîate  inutllem  derelinquere. 

DÉGRADÉ  ÉE.  part.  Il  a  les  fignifications  du  verbe. 

En  termes  de  Maçonnerie  on  appelle  un  mur  dé- 
gradé ,  un  mur  dont  l'enduit  ou  le  crépi  efl;  tombé 
&  dont  les  moellons  font  fans  liaifon. 

DÉGRAFFER.  v.  a.  Quelques-uns  difent  défagraffer. 
Détacher  une  chofe  qui  «toit  attachée  avec  une 
agraffe.  Unànis  rem  aliquam  expedire.  On  le  dit  aufll 
quand  on  défait  le  crochet  de  l'agraflre  ou  il  eft  palfé. 
Uncinos  abannutisfolvere^  expedire.  Dégrader  uns 
jupe. 

DégraFfe  ,  EE.  part. 

^  DEGRAISSAGE,  f.  m.  Terme  de  Manufadure 
en  laine. /^oye^  Dégraissement. 

DÉGRAISSEMENT  ,  plus  oïdina.ïtsment  dégraij[fage. 
f.  m.  Se  dit  particulièrement  des  étoffes  de  laine  , 
Se  moins  de  celles  de  loie,  parce  que  la  laine  naturel- 
lement ell  comme  imbibée  delafueur  &dela  grailfe 
de  l'animal,  &  eft  nourrie  fur  la  tête  d'une  fubf- 
tance  adipeufe ,  au  lieu  que  la  foie  tient  plus  d'un 
humide  gommeux  que  gras  ,  le  ver  à  foie  tirant  cet 
humide  gluant  de  la  feuille  du  mûrier.  Préparation 
qu'on  donnei°.Auxlaines  avant  que  de  les  employer, 
en  les  mettant  dans  un  bain  chaud  d'eau  claire,  & 
d'un  quart  d'urine  ,  après  quoi  on  les  dégorge  à  la 
rivière  ;  1°.  Aux  étoffes  de  laine ,  en  les  fliifant  fou- 
ler avec  la  terre  Se  l'urine  pour  en  féparer  l'huile  ou 
la  graifife. 

©ÈGRAISSER.  v.  a.  Oter  la  grailîe.  Adipem  detrahere. 
Cette  foupe  eft  trop  grafte  ,  il  la  faut  dégraijfer. 
On  dit  dans  le  même  fens,  qu'une  longue  maladie  a 
dégraijjé  quelqu'un.  Adipes  tenuare. 

^3"  On  le  dit  aulîi  des  taches  que  la  grailfe  a 
faites.  Un  Fripier  dégraijfe  les  habits  avec  de  la  terre 
à  potier.  Dégraiffer  un  chapeau.  Illuviem  pur  gare  , 
detergere. 

gCT  Dégraisser  les  laines  ,  les  étoffes  de  laine  Voy. 

DÉGRAISSEMENT. 

Dégraisser,  fe  dit  aufll  en  parlant  du  mauvais  effet 
que  les  torrens  &  les  ravines  d'eau  font  fur  les  ter- 
res labourables  ,  en  emportant  ce  qu'il  y  a  de  plus 
propre  i  les  rendre  fertiles.  Les  plaies  ont  dégraijjé 
les  terres  qui  font  fur  cette  colline. 

fjfj'  DÉGRAISSER  le  vin  ,  c'eft ,  lorfqu'il  a  tourne  ï  la 
grailTe  en  vieillilfant,  lui  ôter  cette  mauvaife  qua- 
lité par  le  moyen  de  la  colle  de  poilTon  mife  en 
morceaux  ,  &  difloute  à  froid  dans  du  vin  blanc  , 
qu'on  jette  dans  le  tonneau  par  la  bonde,  &  qu'on 
remue  à  plufieurs  réprifes.  On  fe  fert  aulîi  pour 
cela  de  blé  grillé  &  arrofé  d'eau  de  vie  ;  de  cire 
jaune  fondue  &  jetée  dans  le  tonneau,  d'alun  blanc 
pulverifé  &  fricalfé  avec  du  fable ,  de  cendres  de 
farment,  &c 


fon  moulinet ,  fert  à  tordre  la  laine  trempée  dans 
l'eau  de  favon  j  avant  de  la  mettre  fur  le  peigne. 

DÉGRAPINER.v.  a.  Terme  de  Matelots.  Il  le  dit  d'un 
vaiffenu  qui  fe  retire  de  detfus  la  glace  dont  il  s'étoit 
approché  j  par  le  moven  des  grapins. 

DEGRAS.  f  m.  On  appelle  ainh  lliuile  de  poiffon 
quiafervià  palferdes  peaux  en  chamois ,  &  dans 
laquelle  on  les  a  fait  bouillir.  LesCorroyeurs  s'en  fer- 
vent. 

Ip*  DÊGRAVELER.  v.  a.  En  Hydraulique  ,  c'eft  net- 
toyer un  tuyau  qui  fert  à  la  conduite  des  eaux  ;  en 
ôter  le  fédiment. 

DEGRAVOlEMENT.f.  m.  C'eft  l'effet  de  l'eau  cou- 
rante qui  déchaulfe  &  dégrade  les  murs  des  pilotis  , 
&c.  f-^oye^  Déchausser. 

Çcr  DÉGRAVOYER.  v.  a.  Dégrader  j  miner,  dcchauf- 
fer  des  pilotis  ,  des  murs.  Accerere  ,  fuffodere.  L'eau 
courante,  par  fon  mouvement  continuel,  dégravoie 
les  pilotis  ,  les  murs. 

Dégravoyé  ,  ÉE.  parr. 

DEGRE,  f.  m. Terme  d'Architedure ,  fynonyme  d'ef- 
calier,  partie  d'un  b.îtiment  qui  fert  à  monter  &  à 
defcendre.  ScaU.  Le  grand  degré  dn  Palais.  Un  petit 
degré.  Un  degré  dérobé  ^  de  dégagement.  Ce  terme 
eft  devenu  bourgeois.  On  dit  aujourd'hui  efcalier. 

Degré,  eftauffi  chaque  marche  d'un  efcalier.  Gradus, 
Il  lui  a  fait  fauter  les  degrés  quatre  à  quatre.  Les 
Anciens  donnoient  à  leurs  degrés  neuf  à  dix  pouces 
de  hauteur  de  leurpié,qu'on  appelle  pié  Romain  an- 
tique ,  ce  qui  revient  à  neuf,  ou  un  peu  moins  de 
notre  pié  de  Roî  ?  ils  donnoient  de  giron  à  lemû  de- 
grés les  trois  quarts  de  leur  hauteur ,  c'eft-à-dite, 
un  de  nos  pies  de  Roi ,  plus  ou  moins  ,  ce  qui  fai- 
foit  des  degrés  trop  hauts  &  pas  aflèz  larges-  Au- 
jourd'hui Ion  donneaux^ej?rc-.s  cinq  ou  fixpouces  de 
hauteur,&  treize  ou  quatorze  de  giron  dans  les  grands 
cfcaliers ,  ce  qui  rend  nos  degrés  beaucoup  plus 
commodes  que  ceux  des  Anciens.  Lesfiéges  des  théâ- 
tres des  Anciens  étoicnt  en  façon  de  degrés  ,  &c  cha- 
que degré  fervant  de  ficge  avoir  deux  fois  la  hau- 
teur des  degrés  qui  fervoient  à  monter  &  à  defcen- 
dre. royei  les  notes  de  M.  Perrault  fur  Vitruve  ,  1. 
3  &    (^.  Diwûer,  Cours  d'ArchkecIure.        ^ 

if^"  Cemotfe  prend  au  figuré  à-peU-prcs  dans  le 
même  fens  qu'aupropre:  c'eft  ainfi  qu'en  Grammaire 
on  dit  i/c^re  de  comparaifon  ou  de  fi.^nification  çn 
parlant  des  adjeétifs  qui ,  par  leur  différente  termi- 
naifon  ,  ou  par  des  particules  prépofitives  fervent 
à  relever  ou  à  rabailler  la  lignification  de  l'adjeélif , 
c'eft-à-dire ,  à  marquer  un  rapport  de  plus  ou  un  rap- 
port de  moins  dans  la  qualité  de  deux  ou  de^  plu- 
lieurs chofes  comparées ,  ou  cette  même  qualité  por- 
tée au  fuprême  degré  de  plus  ou  de  moins,  f^oy.  Po- 
fitif,  comparatifs  fuperlatif 


Dégraisser  ,  fe  die  fîgurément  en  Morale.  Dégraijjer  Degré  ,  fe  dit  encore  dans  un  fens  métaphorique  i 


quelqu'un  ,  c'eft-à-dire  ,  lui  ôter  une  partie  de  fon 
bien.  Fortunas ,  opes  imminuere.  On  le  dit  ordinai- 
rement des  richelfes  mal  acquifes.  On  a  fouvent 
dégraijjé  les  Financiers.  Cet  homme  avoit  fait  de 
prodigieux  gains,  mais  on  l'a  h'isn  dégraijfé. 

Dégraissé  ,  ée.  patt.  Il  a  les  fignifications  de  fon  ver- 
be ,  en  Larin  comme  en  François. 

DÈGRAISSEUR.  f.  m.  Celui  qui'dégraifl^es  les  étoffes, 
les  habits.  PurgMor.  Les  Chapeliers  font  des  Dt-  \ 


de  la  différence  interne  qui  fe  trouve  entre  les  rnê- 
mes  qualités ,  lefquelles  ne  peuvent  être  diftinguées 
que  par  le  plus  ou  le  moins  de  force  qu'elles  onC 
clans  plufieurs  fujets  ,  ou  fuccelîivement  dans  le 
même  fujet.  1.  Des  différentes  chofes,  des  emplois, 
des  dignités  qui  fervent  de  moyens  pour  s'élever  i. 
de  plus  grandes,  &  généralement  d(  9  chofes  qui  font 
fufceptibles  de  plus  ou  de  moins.  Degrés  de  mouve- 
ment,  degrés  de  diAenx.  Gradus.  De  ce  degré  d'un:- 


ItSo 


D  E  G 


bition  qui  fait  les  Héros ,  il  y  a  peu  de  diftance  à 
celui  qui  fait  des  Ufurpaceurs&;des Tyrans.  P.  Dan. 
Un  Miniftie  d'Etat ,  pour  lailTer  à  les  créatures  l'i- 
■dée  de  la  baiïelle  d'où  il  les  tire ,  ne  les  tait  monter 
que  pat  degrés.  S.  EvR.  Parvenir  des  emplois  les  plus 
bas  aux  plus  élevés ,  c'eft  monter  par  d-egrcs. 

■Ainfi  que  la  vertu  le  trime  a  fes  <iegr^s.  Racine. 

Il  faut  aller  de  ^e^re  en  degré.  Gradatinu  Pourve- 
■fîir  au  dernier  degré  de  perteciion  ,  au  plus  haur 
i/ÊjÇrrt  d'honneur,  de  gloire,  de  vertu,  de  réputation 
A  quel  haut  degré  de  perfedion  l'éloquence  de  là 
Chaire  n'a-t-elle  point  été  portée  de  nos  jours  ?  M 
Dacier, 

Mais  dar:s  Fart  dangereux  de  rimer  &  d'écrire  , 
//  n'ejl  jioint  de  degtés  du  médiocre   au  pire. 

BoiL 

M  y  a  plufieurs  degrés  de  gloire  dans  le  Paradis 
çlufieurs  dtgrcs  de  -peine  dans  l'Enfer.  Le  zèle  fe  mt 
iurepar  les  degrés  d'emprefïèment  que  l'on  a  pou 
ramener  les  Hérétiques  dans  le  fein  de  l'Eglife.  O 
ne  demande  pas  le  acgré  le  plus  éminent  d'évidenc 
pour  la  révélation.  Chacun  raifonne  félon  le  degr 
'<de  com.préhenlion  &  de  capacité  qu'il  a  reçu  d 
Dieu.  Id.  Les  vertus  chrétiennes  font  autant  de  de 
■grés  pour  monter  au  ciel. 
DEGRES  MÉTAPHYSIQy ES.  Terme  de  Philolophi. 
On  entend  par-là  Ls  différentes  propriétés  ou  pei 
■feétions  d'une  même  chofe,  &  on  les  appelle  c^f^/ej 
parce  que  l'on  monte  de  la  plus  fimple  &la  plusgt 
nérale  ,  d  la  plus  parfaite  &  la  plus  compofée ^  qi. 
renferme  toutes  les  précédentes.  Par  exemple.  Etre 
fubftance,  vivant ,  animalité,  rationabilité.  Gra^^ 
Metaphyjici,  On  demande  en  Philofophie  quel! 
diftinction  il  fauf  admette  entre  les  degrés  Meta 
phillques.  Les  Scotiftes  répondent  qu'il  y  a  entre  c. 
■  perleétions  une  diftinéiion  formelle.  Les  Thomiftc 
prétendent  qu'elles  ne  font  dittinguées  que  vi 
tnellement ,  &  les  Nominaux  qu'elles  ne  le  for 
que  mentalement  6i  par  la  raifon.  Queftionfn 
"Vole  ,  abandonnée  au'ourdhui  aux  IrlanJois. 

On  appelle  aulli  degrés  de  Jurifdidion  ,  les  Tr; 
bumux  dont  on  peut  appeler  à  un  autre,  Jurifdicii.. 
nis  gradus.  Il  y  a  trois  degrés  de  jurifdidlion  Sei 
gneuria-îc,  la  balFe  ,  la  moyenne  &  la  haute  juftici 
yoyez  Justice. 

ifT  On  n'appelle  point  de  la  balTe  jaftice  à  1 
moyenne  ,  on  va  droit  à  la  haute  ;  ce  qui  eft  un 
exception  de  la  règle  qui  veut  que  tout  appel  fo: 
porté  gradatim  j  au  Juge  fupérieur  non  omijjo  nie 
dio. 

|G°  A  l'égard  des  appellations  interjetréesdesfen 
Tences 'du  moyen  jufticier  ,  elles  vontconformémen 
àlarè;ile  ordinaire,  à  la  haute  juftice. 

1^  Ainfi   pour  parvenir  au  Juge  Royal,  il  n 
peut    y    avoir  que  deux  degrés  de  jurifdiéVion   ai: 
plus. 

,     Ç3°  Il  y  a  aulTi  tfois  degrés  de  jurifdidion  Royale  : 
iavoiT 

|Cr  Celui  des  Châtelains ,  Prévôts  Royaux  ou 
Viguiers. 

^3"  Celui  des  Baillifs ,  Sénéchaux  ou  Préiidiaux 

^3"  Et  celui  des  Parlemensqui  jugent  fouverai 
nement  &:  en  dernier  reffbrt  les  appellations  defdits 
Baillifs  &  Sénéchaux- 

§Cr  II  y  a  quatre  degrés  de  jurifdidion  Eccléfiaf 
■  tique  ;  celui  de  l'Evcque  ,  celui  de  l'Archevêque  , 
celui  du  Primat  &  celui  du  Pape. 

I^CF  II  faut  nécelïiiirement  paifer  d'un  degré  au 
fuivant ,  gradatim  &  non  omijfo  média  :  de  l'Offi 
cial  de  l'Evêque  à  celui  de  TArchevêque  ,  de  celui- 
ci  nu  Primat ,  8c  du  Primar  au  Pape  :,  excepté  quand 
l'appel  ell  interjeté  comme  d'abus  :  car  il  arrive 
dire  dément,  &  fins  moyen  ,  au  Parlement,  f^^oy. 
appel  comrnedabus.  Il  v  a  encore  des  cas  particu- 
liers où  l'on  neft  pas  obligé  de  pafferpar  ces  quatre 


DE  G 

degrés  de  jurifdidion  Eccléfiaftique  ,  par  exemple 
lotfque  les  Evêquesou  Arcbevêques  font  immédia- 
tement foumis  au  Pape. 

fer  De  plus  on  ne  va  pas  toujours  depuis  l'Evê- 
que jufqu'au  Pape  :  car,  quand  il  y  a  trois  fentences 
définitives  ,  qui  lont  confotmes  en  jurifdidion  Ec- 
cléliallique  ,  ojj  n'en  peut  plus  appeler. 

Degré  ,  fe  dit  auili,  dans  les  Univerlités  ,  des  Lettres 
qu'on  donne  à  quelqu'un  pour  lui  permettre  den- 
feigner ,  après  qu'il  en  a  été  jugé  capable,  ou  plu- 
tôt ,  du  pouvoir  &  du  rang  qui  lui  ell  conféré  par 
''ces  lettres.  Le  degré  de  Maître  es  Arts ,  de  Bachelier, 
de  Licentié  ,  ou  de  Dodeur  ;  ces  trois  derniers  fe 
donnent  en  Théologie  ,  en  Droit  Civil  Se  Canon  , 
Se  en  Médecine  ,  qui  font  les  Facultés  fupérieures. 
Pour  le  (/<?^/e  de  Maître  es  Arts  il  faut  avoir  étudié 
deux  ans  en  Philolophie.  Pour  le  degré  de  Bachelier 
en  Droit  Civil ,  ou  en  Droit  Canon  ,  cinq  ans.  Pour 
celui  de  fimple  Bachelier  en  Théologie  ,  (ix  ans. 
Pour  le  degré  de  Dodeur  j  ou  de  Licentié  en  Droit 
Civil,  en  Droit  Canon  ou  en  Médecine,  fcptans; 
&  pour  le  degré  de  Dodeur,  ou  de  Licentié  en  Théo- 
logie ,  dix  ans.  Celui  quia  acquis  l'un  de  ces  de- 
grés  doit  obtenir  des  Lettres  de  l'Univerfité  où  il  les 
a  pris. 

CCT  On  confond  atTez  fouvent  deux  exprefllons 
qui  lignifient  pourtant  des  choies  bien  difiérentes  , 
avoir  des  grades ,  &  avoir  des  degrés.  Avoir  des  gra- 
des ,  c'eit  en  France  ,  avoir  droit  à  certains  Béné- 
fices en  vertu  du  temps  des  études  faites  dans  une 
Univerfité  ,où  l'on  a  reçu  le  titre  de  Maitre  es  Atts 
&  avoir  des  degrés ,  c'eil  être  de  plus  Bachelier,  Li- 
centié j  ou  Dodeur, 

JEGRE  ,  en  termes  de  Jurifprudence ,  fe  dit  de  la  dif- 
tance entre  parens,  ou  des  générations  luivant  ie{- 
quelles  on  compte  la  proximité,  ou  l'éloignemenc 
des  parentés  &  alliances.  Cognationis  gradus.  Gré- 
goire le  Grand  fut  le  premier  qui  défendit  les  maria- 
ges jufqu'aii  feptième  degré.  Les  Canoniftes    ont 
long-temps  maintenu  cet  ufage.  Le  II.  Concile  de 
Latran  fous  Innocent  IIÎ.  a  reftraint  la  prohibition 
des  mariages    au   quatrième  degré   inclufivement. 
L'oidonnance  a  permis  les  récufations  &  les  évoca- 
tions jufqu'au  cjuatrième  degré  de  parenté  &  d'al- 
liance inclufivement,  c'eft-à-dirCj  jufqu'atix  enfans 
des  confins  iflTus  de  germains  j  &  en  matière  crimi- 
nelle, jufqu'au  cinquièine  degré..  Un  père  &  \ion 
fils  font  parens  au  premier  degré.  On  le  règle  par  la 
fuppuration  Canonique  pour  les  mariages  &  pour 
les  récufations.  Le  Droit  Civil  compte  les  degrés  de 
parenté  autrement  que  le  Droit  Canon.  Le  Droit 
Civil  compte  les  degres-ça.x  le  nombre  des  petfonnes 
qui  font  forties  d'une  même'  fouche^  enforre  que 
chaque  perfonne  qui  en  elt  ilfue  fait  un  degré  :  mais 
avec  cette  diitérence,  qu'en  ligne  direde  l'ordre 
commence  par  le  premier  degré ^  ainfi  le  père  &  le 
fils  font  parens  au  premier  degré  i  mais   en  ligne 
collatérale  l'on  ne  compte  point  de  premier  degré. 
Deux  frères  ne  font  païens  qu'au  (econd  degré.,  parce 
que  le  père,  qui  e(l  la  tige  commime,  fait  le  pre- 
mier degré.  Le  Droit  Canonique  garde  la  même 
règle  en  ligne  direde  ;  mais  en  ligne  collatérale  une 
génération  ne  £.iit  qu'un  degré.  C'efl:  le  Pape  Gré- 
goire le  Grand  qui  commença  à  compter  les  degrés 
autrement  que  le  Droit  Civil.  Les  frères  font  au  pre- 
mier cfe^r/,  &  les  confins  germains  au  fécond;  au 
lieu  que  le  Droit  Civil  mer  les  frères  au  fécond  ,  Se 
les  confins  germains  au  troificme;   par  conféquent 
deux  ^e^rej  du  Dtoir  Civil  n'en  font  qu'un  félon  le 
Droit  Canonique.  On   fuppute  même  entre  deux 
perfonnes  qui  ne  font  pas  dans  une  égale  diftance, 
par  celle  qui  eft  la  plus  proche  i  comme  entre  l'on- 
cle &  la  nièce  ,  quand  il  s'agir  d'un  mariage.  Ils  font 
du  premier  au  fécond  degré.  Sous  le  premier  degré 
eft  compris  le  fécond^  &  le  troifièmefous  le  fécond, 
enforfp  que,ne  pouvant  époufer  la  mère ,  on  ne  peut 
époufer  la  fille-   Le  premier  degré  imprimant  cette 
répugnance  au  fécond,  c'eft  comme  (i  ces  degrés 
rentroien:  les  uns  dans  les.autres.On  dix  abfolument. 


DEG 

au  Paîaisj  il  y  a  des  parens  au  degré,  pour  dire ,  il  nî 
.     p;;uc  êcie  juge. 

Degré  ^  ie  dit  des  différentes  efpcces  de  patenté,  ou 
d'aftinité  ,  &  de  1  eloigiiement  qu'elles  ont  d'une 
fouche  commune.  Il  y  a  des  deor.-s  de  conlap-guuiité 
ou  de  pai-encé ,  &  dos  degrcs  daftinité.  Les  degrti 
d'aftiuicé  Ibiu  les  mêmes  que  les  degrés  de  parente. 
Il  y  adest/f^'-.f  de  parenté  en  ligne  directe ,  &d'au- 
ires  en  ligne  collatérale.  Il  y  a ,  en  l'une  &:  l'autre 
ligne,des  degrés  afcendans  &  des  degrés  defcendans. 
En  ligne  directe,  \es  degrés  afcendans  font,  le  pre- 
mier pèret'^  mère,  le  fécond  aïeule  aïeule,  le 
iroilième  bifiïeul  &  bifaieule,  le  quatrième  tn- 
îaïeul  &  tnfaieule.  Les  degrés  defcendans  font,  le 
premier  fils  &  hlle,  le  fécond  petit-fils  &  petite- 
fille  ,  le  troihème  arrièie-petit-lils  &  arricre-petite- 
fiUe,  le  quatrième  fils  de  l'arrière- petit-fils j  fille 
<le  l'arnère-petit-fils. 

En  ligne  collatérale  les  degrés  afcendans ,  i".  père 
&:  :;ière  ;  2.'^.  oncle  paternel  &  tante  paternelle , 
oncle  materni;!  iS:  -ante  maternelle;  3".  grand- onclt 
paternel,  grand'tante  paternelle;  grand-oncle  ma 
ternel,  grand'tante  maternelle,  4"^.  père  du  grand 
oncle  ou  de  la  grand'tante  paternels  ;  père  du  grand- 
oncle  ou  de  la  gr.iiîd'tante  maternels. 

Dans  la  même  ligne  les  çlegres  defcendans  font , 
i°.lefrè;e&  la  fœur  ;  2.°.  les  fils  ou  les  filles  du 
frère  &  de  la  fœur ,  que  nous  appelons  confins  ger- 
mains &  coufines  germaines  ;  5".  les  coudns  &  cou- 
-  iîn,s  ilfus  de  germains,  c'ell-à-dire,  les  petits-fils 
ou  petites-filles  du  trère  ou  de  la  fœur;  4°.  les  fiL 
ou  filles  de  ceux-ci. 

On  dit,  ils  font  parens  au  premier  degré,  au  fé- 
cond, au  troifième  &  quatrième.  Les  noces  étoien. 
autretois  dciendues  julqu'au  feptième  degré,  elles 
•  ne  le  font  plus  que  jufqu'au  quatrième.  Ces  nou- 
veaux mariés  ont  eu  beloin  de  difpenfe  ,  à  raifon  de 
leur  parenté  ;    mais  ils  n'ont  pas  eu  de    peine  à 
l'obtenir ,  parce  qu'ils  ne  font  parens  qu'au  quatriè 
me  degré. 
Degré  de  NoblefTe ,  c'eft  la  diftance  qu'il  y  a  d'un^ 
génération  à  l'autre  ,  depuis  le  premier  qui  a  étt 
annobli.  Celui  qui  eft  annobli  fait  dans  fa  ligne  le 
premier  degré \  les  enflins  font  le  fécond  j  les  petits- 
enfans  le  troilième  ,  &c. 
Degré  ,  en  termes  de  Fauconnerie,  fe  dit  de  1  endroi 
où  l'oifeau  durant  fa  montée  ou  élévation  en   l'an 
tourne  la  tête,  &  prend  une  nouvelle  carrière,  qu'on 
appelle  lecond  ou  troifième  degré j  jufquà  ce  qu'i! 
fe  perde  de  vue  au  quatrième. 
|J3°  Degré,  fignifie  encore,  comme  nous  l'avons  déi  ^ 
dit ,  une  certaine  extenfion  des  qualités  élémentair. 
ou  11  différence  de  plus  &  de  moins  que  les  philofc 
plies  fcppofent  dans  chacune  des  quatre  première 
qi  dites.  Ainli  l'on  dit  que  le  feu  eft  chaud  au  huitiè- 
me degré;  que  le  poivre  ell;  chaud,  qu'une  plante  ei. 
chaude  au  deuxième ,  au  troifième  degré. 

En  termes  de  phvfique  ancienne,  les  mêmes  qu 
lités  t  j;it  divif.es  en  huit.  Le  dernier  ou  fouverai 
degré  d'mtenfion  s'appelle  dans  l'Ecole  j  ut  oclo.  I 
feu  eft  chaud  au  huitième  degré ^  &  fec  au  qu.-; 
-  tiième. 

Eu  termes  de  Chimie^on  appelle  ,  donner  le  ic- 
pir  degrés,  lorlqu'on  ouvre,  ou  qu'on  ferme  le 
regiftres, ou  trous,  qu'on  fait  exprès  dans  les  fou' 
neaux  pour  augmenter  ou  diminuer  la  violence  du 
feu.  Les  Chimiftes  diftinguent  quatre  degrés  de  feu  , 
Oii  de  chaleur.  Le  premier  degré  eft  cetui  que  fonc 
f- ilement  deux  ou  trois  charbons.  Le  fécond  eft 
celui  que  font  quatre  ou  cinq  charbons ,  ou  bien  au- 
tant de  feu  qu'il  en  faut  pour  échauffer  fenfiblement 
un  vafe,  enforte  néanmoins  que  l'on  puilfe  tenir  la 
jnaiii  delTus  pendant  quelque-tems.  Le  troifième 
.  deg'éQ\\  lorfqu'il  y  a  un  feu  capable  de  faire  bouillir 
un  pot  plein  de  ^  ou  6  pintes  d'eau.  Le  quatrième 
degré  eft  quand  le  feu  eft  alfez  grand  pour  faire  une 
•  fournaife.  -\u  refte  tous  ces  degrés  fe  varient  diffé- 
ietnment  felou  les  diiférentes  circonftances  des  opé- 


DEC 


i^  î 


rations,  la  différence  des  fourneaux ,  des  VaifTeaux , 
de  la  matière  J  &:c.  Harris. 

|t TOn  dit  de  mciiie  en  phy fique ,  degrés  de  mafïèi, 
de  vitede,  de  mouvement  ou  de  force.  Onentend 
par  majje,  le  poids,  la  quantité  de  matière  d  un 
corps.  La  wt//i;  eft  un  terme  relatif  à  Tefpace  par- 
couru &  au  temps  employé  à  le  parcourir  :  plus 
l'efpace  parcouru  par  uncorpseft  grand,  &:  le  temps 
qu'il  a  employé' à  le  patcourir,  court  ;  plus  la  vîtefle 
eft  grande.  Lzjorce  eft  le  produit  de  la  mafTe  multi- 
pliant la  vitefiè.  Ainfi  la/orte  d'un  corps  qui  a  10 
de  ma^e  &  zo  de  vîtejje ,  ou  zo  de  maJje  &  10  de 
vùejje,  dl  zoo,  parce  qu'en  multipliant  10  par  zo, 
ou  zo  par  10,  le  produit  eft  zoo.  La  ma[je,  hivueffe, 
hjoree  d'un  corps  font  fufceptibles  de  plus  ou  de 
moins^  8c  c'eft  pour  marquer  les  diftércns  rapports 
de  plus  ou  de  moins  des  corps  comparés  enfemble  > 
que  les  J'hyliciens  fe  fervent  du  mot  degré.  Ainfi 
l'on  dit  que  Ci  le  corps  A  par  exemple  a  10  degrés  de 
maj]e i  avec  10  degrés  Aq  vîtejje,  &c  que  le  corps  B 
n'ait  que  5  degrés  de  niafj'e  avec  5  degrés  de  vuejfe  j 
le  premier  aura  100  degrés  de  force ,  pendant  que  le 
fécond  n'en  aura  que  zj.  Si  un  cheval  qui  a  100  de 
force,  tire  une  pierre  qui  en  a  50,  il  eft  évident  que 
ce  cheval  ne  tirera  pas  la  pierre  avec  100  ,  mais  feu- 
lement avec  50  degrés  de  force,  parce  que  la  réac- 
tion ou  la  réliftance  étant  égale  ou  contraire  à  l'ac- 
tion ou  à  lacomprelîion,  les  forces  égales  &  contrai- 
res fe  détruifent.  Ainfi  les  50  de  force  ou  de  réfif- 
tance  qui  font  dans  la  pierre  détruifent  ^o  degrés 
de  la  force  ou  de  l'adion  du  cheval  qui  la  tire. 
XT  Degré,  fe  dit  aufti  des  différentes  parties  dans 
lefquelles   plufieurs  inftrumens  de   mathématique, 
comme  l'arbalète  ou  bâton  de  Jacob  font   divifés. 
Les  divifions  qui  font  aux  Baromètres  &  aux  Ther- 
momètres fervent  à  marquer  dans  le  premier  la  pe- 
fanteur  aduelle  de  l'air,  &  dans  le  fécond  le  plus  ou 
le  moins  de  chaud.  Le  Baromètre  ell:  defcendu  à  Z7 
degrés.  Le  Thermomètre  eft    monté  à   30  degrés, 
A^oy^l  Baromètre,  Thermomètre, 
Degré,  en  termes  de  Géométrie  &  d'Aftronomie,  eft 
la  divilion  qu'on  fait  fur  les  cercles  pour  fervir  de 
mefures.  Tout  cercle  fe  divife  en  ^Go.  degrés ^  &C 
chaque  degré  en  60.  parties  égales,  qui  font  les  mi- 
nutes. Quand  on  veut  déterminer  la  grandeur  d'un 
angle,  on  compte  les  degrés.  Par  exemple ,  quand  on 
dit    un  angle  de  90.  degrés  j  on  entend  un   angle 
droit ,  parce  qu'il  comprend  la  quatrième  partie  de 
la  circonférence  d'un  cercle.  Cet  aftre  eft  élevé  de 
tant  de  degrés  fur  l'horifon  ,  il  décline  de  l'Equateur 
de  tant  de  degrés.  Cette  ville  a  tant  de  degrés  de  lon- 
gitude &  de  latitude.  Un  figne  a  ^o  degrés.  Ptolomée 
a  obfrtvé  qu'un  degré  fur  la  terre  valoir  68.  milles 
&  deux  tiers  :  mais  les  Arabes  n'ont  trouvé  que  56. 
milles,  quand  ils  l'onr  obfervé  cxaélement  dans  les 
plaines  de  Seniar  par  l'ordre  d'Almomoum.  Ptolo- 
mée comptoir  fur  le  pied  de  500.  ftades  pour  un 
degré.  Le  mille  Arabique  étoit  égal  .-i  fept  ftades  &c 
demi.  Mais  voici  des  obfervations  plus  modernes^  6c 
plus  certaines.  Fernel  a  obf'ervé  qu'un   degré^  d'un 
grand  cercle  de  la  terre  contenoit  (îSoy'î.  pas  géomé- 
triques,  qui  valent    ^6.^6.  toifes  quatre  pieds  de 
Paris.  Snellius  a  obfervé  que  ce  degré  éton  de  z8  500. 
perches  du  Rhin;  qui  font  55011.  toifes  de  Paris. 
Riccioli  a  fait  h  degré  de  6^^6:^.  pas  de  Boulogne, 
qui  font  <ÎZ90o.  de  nos  toifes.  Mais  M.  Picatd,  de 
l'Académie  des  Sciences,  l'ayant  mefuré  par  ordre 
du  Roi  avec  toute  l'exaditude  pcftible ,  a  trouve 
qu'il  étoit  de  ^7060  toifes  fuivanr  l'étalon  de  Paris, 
lefquelles  étant  réduites  à  la'  mefure  univerfelle  ou 
invariable  qu'il  établit  fur  la  pendule,  qui  a  ù\  pro- 
portion avec  la  toife  de  Paris,  comme  de  881.  a 
S(?4.  le  desréfc  trouve  de  \S\S9-  toifes  de  la  mefu- 
re univerfelle,  &:  en  multipliant   57060.  toifes  par 
3(^0.  on  aura  io54I(joo.  toifes  pont  la  ciicor.fcience 
entière  du  grand  cercle,  c'eft-à-dire,  pour  k- 1  )ur  t|e 
la  terre,  &  par  une  fuite  néceflaire  le  ravon  de  la 
tetreferade  5  2 6798  z.  toifes. "Voici  la  rcdudlion  jufte 
des  degrés  de  diverfes  mefures. 


t^î, 


D  E  G 

Chaque  degré à\i.  grand  Cercle  contient, 


Toifes  dtt  Châtelet  de  Paris ,  570^0 

Pas  de  Boulogne,  58481 

Verges  du  Rhin  de  douze  pieds,  195  56 

Lieues  Pariiîennes  de  iooo.  toifes,  _                  2S5 

Lieues  communes  de  France  de  iioo.  toifes.              2  5 

Lieues  de  Marine  de  z8  j-.j.  toifes.  io 

Milles  d'Angleterre  de  5000.  pieds,  75^^ 

Milles  de  Florence  de  3  000.  bralfes ,  6^  —^ 

Dans  cette  fupputation  on  ne  dontie  que  $/060. 
toifes  à  un  degré.  Cependant  M.  Caflîni  donne  à  la 
piefure  moyenne  d'un  degré  de  la  circonférence  de  la 
^terre  57100.  toifes,  &c  cette  mefurea  été  établie  par 
Jes  obiervations  faites  le  long  de  la  méridienne  de 
Paris,  depuis  l'Obfervatoire  de  cette  Capitale  juf- 
<ju'à  la  montagne  de  Canigou  dans  les  Pyrénées, 
comme  l'a  remarqué  le  P.Laval  Jéfuite,  dans  les 
Mémoires  de  Trévoux  I7i3.pag.  14'' 5-  En  Hollande 
on  ne  donne  que  1 5.  lieues  à  chaque  degré da  grand 
cercle  j  les  Efpagnols  en  donnent  17^.  &  les  Italiens 
partagent  un  degré  du  grand  cercle    en  60  milles. 

Quatre  fécondes  d'un  ^e^r^'célefte  rapportées  fur  la 
terre,  valent  plus  de  66  toifes.  Ac.  des  Se.  1700. 
Hïji.  pas.  izo.  &  par  conféquent  une  féconde  du 
-cieleftfut  terre  \G\.  toifes,  &  à  peu-près  17  toifes, 
&  une  minute  990  toifes ,  &  le  degré  5  9400  toifes  & 
plus.  Cependant  j  au  même  endroit  j  on  dit  qu'un 
<degré  célefte  répond  fur  la  terre  à  une  étendue  de 
570(îo  toifes,  ce  qui  ne  donne  à  la  minute  fur  terre 
que  9  5 1  toifes  >  &  à  la  féconde  1 5  }i.  toifes.  C'efl 
évidemment  une  faute  d'impreflion ,  &  au  lieu  de 
•C6,  il  faut  lire  60. 

Selon  le  calcul  de  M.  Caflîni  que  l'on  vient  de 
rapporter,  la  minute  d'un  degré  de  la  terre  efl:  de 
951.  toifes,  j^.  &  la  féconde  eft  de  15.  toifes  ^. 
Degré  de  latitude,  eft  l'efpace  de  57100.  toifes  ren- 
fermé entre  deux  parallèles.  Gradus  lat'uudinis. 

Degré  de  longitude  ,  eft  l'efpace  renfermé  entre  deux 
méridiens. 

Ces  exprefliîons  font  venues  des  Anciens  j  qui  con- 
noiftbient  une  étendue  de  la  terre  fort  longue 
d'orient  en  occident,  &  une  étendue  beaucoup  plus 
petite  du  midi  au  nord,  f^oyei  longitude  &  latitude. 

Degré,  en  termes  d'Algèbre  ,  eft  la  même  chofe  que 
puilfance,  /^oyeç  Puissance. 

•  Degré,  en  termes  de  Mufique,  c'eft  l'intervalle  des 
fons.  On  marque  aujourd'hui  la  diftance  des  degrés 
par  des  lignes  qui  forment  de  petites  bandes  fur  le 
papier;  autrefois  on  les  marquoit  par  des  nombres  : 
cette  ancienne  méthode  a  été  renouvellée  au  fiècle 
palfé  parle  P.  Souhaity,  Récollet.  M.  Lancelot  joint 
cnfemble  les  deux  méthodes ,  l'ancienne  &  la  nou- 
velle. l^oye:{  ces  Auteurs ,  dans  les  traités  qu'ils  ont 
faits  fur  l'art  de  chanter.  Dans  la  voix  il  y  a  trois chc- 
fes  à  confidérer ,  fon  étendue  ,  fon  degré à'z\g\.i  ou 
de  grave,  &  fa  partie.  Sauv.  Le  d'être  félon  M. Sau- 
veur, dont  on  vient  de  citer  les  paroles,  prifes  de 
fes  Principes  d' Acouftique^  eft  le  médium.,  ou  fon 
moyen  d'une  voix;  amfi,  quand  une  voix  monte  au- 
tant audeifus  d'une  note  qu'elle defcend  au-deifous, 
■cette  note  eft  le  degré  de  cette  voix.  Voye-^  l'Auteur 
cité,  p.  64.  65. 

On  dit  degrés  conjoints ,  de  deux  notes  qui  fe  fui- 
Vetit  immédiatement;  i:/e^r«disjointSjde deux  notes 
qui  ne  fe  fuivent  pas  immédiatement-  C'eft-à-diie  , 
qu'on  appelle  degrés  conjoints,  quand  on  va  de  fuite 
d'une  ligne  à  un  efpace  ,  &  d'un  efpace  à  une  ligne  ; 
&  û'ei^r/j  disjoints  lorfqu'on  va  d'un  efpace  à  un  ef- 
pace, ou  d'une  ligne  à  une  ligne,  ce  qui  fe  fait  par 
intervalle,  en  fautant  une  ligne  ou  un  efpace. 
DÉGRÉER.  v.  a.  Terme  de  Marine.  Oter  les  agiès. 

Foyei  DÉSAGRÉER. 
DÉgrÉé,  éée  jpart.  Défagréé  ,  éée.  Vajls  &  inftrumen- 
tis  nudatus ,  fpoliatus.  Un  vallfeau  dégréé  par  des 
coups  de  vent ,  une  frégate  à^vàx-dé gréée.  Un  bâti-  • 


DEG 

ment  c/e^reV de  toutes  fes  manœuvits,  d'une  partis 
de  fes  manœuvres. 

DÉGREVANCE.  f.  f.  Vieux  mot.  Dommage,  piéju-, 
dice. 

DEGRINGOLER,  v.  a.  Defcendre  vite.  Devolvi.  Ter- 
me populaire,  qui  fe  dit  en  cette  phrafe^  on  lui  a 
fait  dégringoler  les  montées  quatre  à  quatre. 

DÉGROSSAGE.  f  m.  Terme  de  Tireur  d'or.  Il  fe 
dit  de  l'art  de  réduire  les  lingots  qu'on  veut  tirer  en 
fil  d'or  ou  d'argent  à  une  certaine  grofleur,  après 
qu'ils  ont  été  tirés  à  la  grande  argue. 

DÉGROSSER.  ou  DEGROSSIR,  v.  a.  Terme  de 
Tireur  d'or.  C'eft  faire  palier  l'or  ou  l'argent  par  les 
filières,  afin  de  le  rendre  plus  petit,  plus  menu, 
plus  délié.  Extcnuare.  Foye^  Boizard,  Ir.  des  Mon, 
P.  l.  C.  28. 

DEGROSSI,  f.  m.  PrefTe  ou  machine  dans  laquelle  on 
faitpalfer  entre  deux  rouleaux  les  lames  dont  on 
doit  faire  les  monnoies  pour  les  rendre  plus  unies 
&c  plus  étendues.  Pr&lum. 

fer  DÉGROSSIR.  V.  a.  Terme  ufité  dans  plulleuts 
Arts  méchaniques  pour  exprimer  les  premières  fa- 
çons que  l'on  donne  à  un  ouvrage ,  avant  que  de  le 
conduire  à  à  fa  perfedtion.  Degrojjir  ou  débrutir  les 
glaces.  DégroJJir  le  fer.  Ce  terme  eft  particulière- 
ment en  ulàge  chez  les  Sculpteurs  j  qui  font  obligés 
d'abattre  plufieurs  grolFes  parties  d'un  bloc  de  mar- 
bre ou  de  bois,  avant  que  de  travailler  délicatement 
avec  le  cifeau.  Extenuare.  Chez  les  Menuifiers  & 
autres  ouvriers  c'eft  de  même  ôter  le  plus  gros  de  la 
matière,  pour  commencer  à  lui  faire  recevoir  la 
forme  que  l'ouvrier  doit  lui  donner.  Adumbrare. 

DÉGROSSIR,  rendre  plus  fin  &  plus  délié.  Auer.uare, 
comminuere.  Peut-être  auffi  que  cette  eau  ,  dont  on 
ufe  préférablemenc  à  toutes  les  autres  (pour  faire  la 
porcelaine  à  la  Chine)  eft  empreinte  de  certains  /els 
particuliers  J  qui  font  propres  à  purifier  j  &  à  dé- 
groj/ir  h  terve i  ou  qui  unifient  plus  fortement  fes 
parties.  P.  le  Comte. 

DÉGROSSIR  J  Terme  de  Faifeurs  d'aiguilles.  Il  fe  dit  de 
l'acier  qu'on  fait  palfer  pour  la  première  fois  par  un 
gros  trou  de  filière,  pour  le  difpofer  à  pafier  par  de 
plus  petits. 

DÉGROSSIR,  Terme  de  Batteur  d'or  j  quifignifie  battre 
les  feuilles  d'or  ou  d'argent  dans  une  forte  de  moule 
de  vélin,  appelé  petit  moule  à  gaucher.  C'eft  pat 
cette  façon  qu'on  commence  à  étendre  le  métal. 

UCT  DÉGROSSIR,  à  la  monnoie.  Foye:^  Dégrossi. 

Les  Imprimeurs  difent  dégrojfir  une  épreuve  ,' 
pour  dire,  la  lire  la  première  Iois,&  en  ôter  les  plus 
grofles  fautes.  On  n'envoie  pointa  un  Auteut  la  pre- 
mière épreuve,  on  la  o'^^ro/Z/r  auparavant. 

DÉGROSSIR,  .au  figuré.  Ebaucher ,  fe  dit  des  affaires  & 
des  Sciences,  commencer  aies  éclaircir,  à  les  dé- 
brouiller :  ddgrojjïr  une  matière  avant  que  dfe  la  ttai- 
ter  à  fond. 


Richelet  jadis  en  raccourci 
e  l'art  les  règles  dégrofli.  R. 


Kous  a  de 


DÉGROSSI,  iE,  part. 

DÉGUAINER.  Foye:^  DÉGAINER. 

DÉGUENILLÉ,  ée.  adj.  Celui  ou  celle  dont  les  habit» 
font  en  lambeaux.  Pannofâ  vejie  indutus.  Il  eft  tout 
déguenillé. 

DÉGUERPIR,  v.  a.  Abandonner  lapofl[è(fion  d'un  hé- 
ritage, d'un  immeuble,  à  des  créanciers  deman- 
deurs en  déclaration  d'hypothèque,  pour  fe  libérer 
de  leur  ^Qàow.  Abdicare.Ow  déguerpit  un  héritage, 
unemaifon,  une  rente.  Il  eft  purement  terme  de 
pratique.  On  l'emploie  aulîl  abfokiment.  En  déguer^ 
/"i/Tàwr  on  eft  quitte  de  tout,  &  l'obligation  perfon- 
nelle  cefte.  On  crée  un  Curateur  à  un  héritage  qu'on 
^déguerpi,  quand  il  y  a  plufieurs  créanciers  hypo- 
thécaires. Il  a  été  afligné  en  déclaration  d'hypothè- 
que ,  &  obligé  de  déguerpir. 

Ce  mot  eft  formé  &  compofc  du  vieux  not  guer- 
pir,  qui  C\'j<,m'tio\t  abandonner.  Ménage.  On  appeloitf 
auiîi  cela  autrefois  époncer,  grever,  délaijfer.  Loifeaa 


D  Ê  G 

ajoute  que  le  mot  guerpir  a  été  formé  de  W^erptr,  ' 
tiré  de  If^^ap,  mot  Allemand,  qui  veut  dire,  mettre 
en  poireirion  :  eniuue  déguerpir  on  a  fait  déguerpir, 
&  la  prcpolitioH  de  a  donné  à  ce  mot  un  fens  oppofé  ^ 
à  celui  de  fon  fimple ,  ce  qui  elt  ordinaire  dans  la  j 
langue  Françoife ,  comme  Jatrc  Ôc  dt:Jairc  j  habiller  1 
&c  déshabiller.  &c. 
icr  DÉGUERPIR,  fe  ditaurtl  figurément  j  &  en  flyle  j 
populaire,  pour  abandonner  la  place,  fortir  d'un 
lieu  par  im  motif  de  crainte.  Alors  il  e(l  neutre.  On  \ 
l'a  fair  deguerpir'de  fa  place.  Nous  fatiguerons  tant 
notre  Provincial ,  qu'il  faudra  qu'il  deguerpijfe.  Mol. 
Âbire  3  loco,  cedere  j  movercje  loco  ^  de  lûCo\ 
DÉGUERPI ,  lE,  part. 

DÉGUERPISSEMENT.   f.  m.  Terme    de  pratique. 
Abandonnemeni  d'un  héritage  chargé  d  hypothèque. 
Abdicado.  Quand  on  n'a  point  fait  décréter  un  héri- 
tage ,  on  coure  le  danger  du  degaerpijjcnient.  Loifeau, 
dans  fon  Traicc'du  déguerpi [Jeme/it,  dit  que  le  deguer- 
/7///è-/;2e/2reft  le  délaillèment  de  l'héritage,  fait  à  ce- 
lui auquel  il  elf  redevable  de  quelque  charge  fon- 
cière,pour  s'exempter  d'icelle  :  &  il  appelle  abandon- 
nement,  ledélailfement  de  la  polleilion  de  l'hérita- 
ge hypothéqué  :  ainli  le  de'guerp/JJemcnc,  félon  cet 
Auteur,  rc^rde  les  charges  foncières  j  &  l'aban- 
donnement,  les  fimples  hypothèques,  &  les  rentes 
conftituées.  P^oye:^  Loifeau,   Traité  du  déguerpijje- 
pient. 
DEGUEULER.v.a.  Terme  populaire,  bas,  quifignifie 
vomir  après  un  excès  de  débauche ,  &  le  dit  des 
aniniaux  6c  des  ivrognes.  Voiiiere.  Dégueuler  iovL%  la 
table.  Dcpueuler  des  injures  ne  vaut  pas  mieux. 
Ça=-DEGUEfTLLEUX.  f  m.  En  hydrauhque  ,  ce  font 
de  gros  mafques  de  pierre  ou  de  plomb ,  dont  on 
orne  les  cafcades,  &  qui  vomKfent  l'eau  daus  un 
ballin. 
DÉGUIGNONNER.  v.  a.Orer  le  guignon  ,  le  mal- 
heur ,  principalement  an  jeu.  Ce  beau  coup  m'at/e- 
guignonné.  Je  fuis  dcguignonnc  à  l'heure   qu'il  eft  : 
il  y  avoir  long-temps  que  j'étois  en  guignon  ,  que  je 
Jouois  malheureufement.  Il  eft  du  (lyle  familier. 
DÉGUISEMENT,  f  m.  Habillement  extraordinaire  , 
différent  de  celui  qu'on  a  coutume  de  porter.  Ce  qui 
empêche  de  connoître  une  chofe  ou  une  perfonne 
telle  qu'elle  eil.  Habitas  mutatio.  Changement  de 
forme  extérieure  ,  d'apparence.  Ceprifonnier  a  été 
reconnu  malgré  fon  déguifement. 
Déguisement^  le  dit  aull!,dans  le  même  fens,au  figuré. 
Simulatio  j  dijjimulationis  integumemum.  L'efprit  fé- 
cond en  iéguijement  s'érudie  à  défigurer  ,  félon  les 
intérêts ,  tantôt  les  vices  ,  tantôt  les  vertus.  Fléch. 
Il  n'y  a  point  de  déguifement  qui  puilfe  long-temps 
cacher  l'amour  ou  il  eft,  ni  le  feindre  où  il  n'eft  pas. 
RocHEF.  Il  faut  arracher  le  mafque  aux  hypocrites , 
afin  de  les  dépouiller  de  leurs  frauduleux  déguife- 
mens.  S.  Evn.Tous  les  deguifemens  iullifi^nt  mal  une 
mauvaife  conduite.  La  vérité  eft  forte ,  &  prévaut 
toujours ,  malgré  les  deguifemens  &  les  artifices.  Voy. 
Déguiser. 
DEGUISER  ,  faire  prendre  à  quelqu'un  Un  habit  ex- 
traordinaire pour  le  rendre  meconnoilfable.  Alienum 
clicui  vultum  ,  habitum  ,  alienam  perfonam  j  faciem 
^induere.  Ce  mafque  étoit  Ci  bien  déguije  ,  que  per-  ] 
fonne  ne  le  put  connoître.  Vous  êtes  tout  déguifé 
avec  cette  perruque  blonde.  Il  a  été  affalîlaé  par  des 
gens  déguifes. 

ifT  On  dit  auffif/eV^i/tr  des  viandes,  c'eft-à-dire  , 
les  affaifonner  de  telle  forte  ,  qu'on  a  de  la  peine  à 
les  reconnoître.  Déguiferfa  vax  ,  c'eft  ne  pas  parler 
avec  le  fon  de  fa  voix  naturelle.  Désuifer  fon  écri- 

'         *  1>  11'- 

ture,  écrire  d  un  autre  caradere  que  l  ordinaire. 
Dégui fer  (on  [tyk  ,  compofer  d'un  ftyle  différent  du 
fien.  Ac.  Fr. 
^^  DÉGUISER  fe  dit  figurément,  Scfignifie  cacher  fous 
des  apparences  contraires  ce  qu'on  veut  dérober  i  la 
pénérration  d'autrui.  Pour  réuffir  dans  les  aff.iires 
d'intérct&  de  polirique ,  il  faut  quelquefois  déguifer 
fes  deffeins.  M.  l'Abbé  Girard.  Déguifer  fon  am- 
bition. L.\  PvOCHiF.  Déguifer  la  vérité,  déguifer  le 


DËH  ï8| 

fait,  c'eft  raconter  une  chofe  autrement  qu'elle  n'eft 
dans  l'intention  de  furprendre  ceux  à  qui  l'on  parle» 
Ac.  Fr.  DéguiJeridL  perfidie.  Ablanc. 

f]C/"  Se  DÉGUISER,  fe  dit  dans  le  fens  propre  & 
dans  le  fens  figuré.  Dans  le  fens  propre ,  il  hgnifië 
prendre  un  malque  ou  toute  autre  choie  qui  nous 
rende  méconnoillable.  Dans  le  fens  figuré  ,  il  ligni- 
fie fe  montrer  tout  autre  que  l'on  n'eft.  Cet  hom- 
me-là fait  toutes  fortes  de  peribnnages,  \\  fe  dé- 
guifé en  mille  manières.  Dans  ce  dernier  fens  il  fé 
dit  auOides  partions  en  les  petfonifiant.  Il  n'eft  point 
de  forme  fous  laquelle  l'amour  ne/d  déguife  ,  non 
pas  même  celle  de  la  railon  Se  de  la  vertu.  S» 
REAL.  L'héiéfie/è  déguife  fous  diverfes  formes ,  Se 
elle  emprunte  fouvent  la  figure  de  la  vérité.  S.  EvRi 

O  !  ma  chère  Cephife  j 
Ce  n'eft  point  avec  toi  que  mon  cœur  fe  déguife. 

Racine. 

^3"  DÉGUISÉ,  ÉÉ.  part. &adj.  Employé  au  propre  8é 
au  figuié.  Au  propre  ce  mot  le  dit  de  celui  qui  eft 
méconnoillable  par  la  manière  dont  il  eft  cou- 
vert ,  qui  a  changé  fes  parures  ordinaires.  Aliéna  _, 
infuetâ  vejie  indutus  ^  obteclus  ylatens.Woxx\\x\e,  dé- 
guife en  femme.  Femme  déguife  en  homme. 

^fT  DégUisé,  travefti,  mafque,  confideré  dans  Une 
fighificatidn  fynonyme.  Pour  être  majqué ,  il  faut 
fe  couvrir  d'un  faux  vifage  ,  il  fufïit  pour  être  dé- 
guife dt  changer  fes  parures  ordinaires.  On  nefe  fert 
du  mot  iravejii  qu'en  cas  d'aftaires  ferieufes ,  lorf- 
qu'il  s'agit  de  paffer  en  inconnu  ;  &  c'eft  alors  pren- 
dre un  habit  ordinaire^:  commun  dans  lafociété, 
mais  très-différent  de  celui  de  fon  état  Syn.  Fr. 

{C?  On  fe  mafque  pour  aller  au  bal.  On  fe  dé- 
guife pour  venir  à  bout  d'une  intrigue.  On  fe  tra- 
vei'litpoaî  n'être  pas  reconnu  de  fes  ennemis. 

DÉGUISE  dans  un  fens  iiguré,celui  qui  fe  montre  autre 
qu'il  n'eft  j  pour  donner  le  change.  Par  des  appa- 
rences contraires  il  fe  dérobe  à  la  pénétration  d'au- 
trui. Simuiatus.  Il  eft  nécéffaire  d'être  déguifé  pour 
ceux  qui  ^  non  contens  de  percer  les  ténèbres  qu'oa 
leur  oppofe  ,  difcutenr  la  lumière  dont  on  vou- 
droit  les  éblouir.  Les  vertus  des  hommes  ne  font 
fouvent  que  des  vices  déguifes. 

|C?  Dans  ce  fens  il  eft  régardé  comme  fynonyme 
de  caché  &  de  difiîmulé.  Foye-^  à  ces  articles  les 
nuances  qui  diftinguent  ces  mots. 
DEGUSTATION,  f.  f  Effai  qu'on  fait  des  liqueurs 
en  les  goûtant.  Degufiatio.  Les  Commis  des  Aides 
difent  dans  leurs  procès-ver'jjux  qu'ils  ont  connu  à 
la  déguflation  que  des  liqueurs  étoientfemblables  oU 
différentes. 


D  E  H. 

DÉHAIT.  f  m.  Vieux  mot  qui  veut  dire  maladie.  Afo/- 
bus^infirmitas,  agrùtatio.  Le  Fificien  ,  ou  le  Sérorgien 
ne  connoiten  lui  aucune  chofe  ou  dehatt.  Assis,  c. 
115.  138. 

DÉHAIT.  Vieux  mot.Trifteffe  ,  chagrin.  On  trouve  dans 
Villon  ,  Mais  a  donc  il  y  agrand  c/e/!i2/r,  pour  dire, 
il  y  a  grand  ennui,  grande  fâcherie.  On  a  dit  aufiî 
déhaiter  .,  deshaitié\ déhaitié  :,  pour  dire  fâché  ,  lan- 
guilfant ,  chagrin. 

DEHAITÉ.  adjl^Termede  Fauconnerie.  On  appelle  01- 
feau  déhaiié  de  voler  ,  celui  qui  ne  vole  pas  de  bot» 
gré.  Invite  ,  ingratis  volans. 

DEHAITÉ ,  ÉE.  vieux  adj.  Malade  ,  qui  a  quelque  ma- 
ladie ,  (juelque]  déhait.  JEgrotus  ,  infirmas  ,  dger. 
Quand  le  chef  eft  déhaité  ,  tous  les  membres  en  font 
mnlades.  Assis,  c.  283.  ^ 

DEHÂLER.  V.  a.  (  l'A  s'afpire  )  Oter  l'impreflion  que 
le  hâle  A  caufé  fur  le  vifage.  Aduftam  ,  infufcatam 
iftu  cutemreftituere,priftino  colorireddere. Cette  pom- 
made eft  bonne  pour  déhâler  y  pour  Ôrer  le  hale< 
Cette  Dame  de  campagne  n'ofe  faire  des  vifitesju^' 
qu'à  ce  qu'elle  fe  foit  déhultt< 
DÉHÂtÉ  ,  ÉE.  part. 


ï§4  DEH 

DÉHANCHÉ,  ÉE.  adj.  Quia  les  hanches  rompues  ou 
(iuloquées  ,  ou  qui  niaLtae  en  laillanc  aller  le  hauc 
<ie  fou  corps  ,  comme  s'il  avoïc  les  hanches  rom- 
pues. Cette  femme  paioit  toute dehanchce.  On  ledit 
aulli  des  chevaux  qui  n  ont  plus  de  force  aux  han- 
ches _,  ou  qui  ont  tait  un  fi  violent  effort  de  han 
ches ,  que  les  ligamens  qui  tiennent  l'os ,  fe  font 
relâches. 

Molière  a  dit  fe  déhancher ,  dans  la  fcène  4^  de 
fon  impromptu  de  "Verfaiiles  ,  où  il  donne  cet  avis 
à  Mademoifelle  Du  Parc.  Prenez  bien  garde  vous , 
à  vous  dtluuiuier  comme  il  iaut  j  &  à  taire  bien 
des  façons:  celavouscontaindra  un  peu  ,  mais  qu'y 
faire  ?  Il  faut  par  fois  fe  b.iie  violence. 

DÉHARDER.  V.  a.  Terme  de  Chalfe,  C'ell:  ôter  des 
couples  que  l'on  a  palfées  dans  le  milieu  d'une  cou- 
ple quittant  deux  chiens,  pour  en  tenir  pluheurs 
enfemble  ,  &  les  en  ôter  aulli  quand  ils  ont  les  jam- 
bes prifes  dans  leurs  couples  :  lâcher  des  chiens  qui 
font  liés  quatre  à  quatre  ,  ou  iix  à  iix.  Solvere. 

DEHARNACHEMENT.  f.  m.  L'adion  de  déharna- 
cher. PoMEY.  Injlruclus  cqulni  cxemptio. 

DÉHARNACHER,  v.  a.  Ôter  le  harnois  d'un  cheval. 
Inflruclu  fiiô  equum  eximere.  Dites  au  cocher  qu  il 
ne  déharnache  pas  iss  chevaux.  On  dit  aulîî  popu 
lairement  &  par  extention  ,  qu'une  perfonne  eft 
déharnachée  ,  lorfqu'elle  eil  à  demi  déshabillée  ,  ou 
qu'ilmanque  plufieurs  chofes  à  Ion  ajutlement. 

Déharnaché  ,  ée.  part. 

DÉHÉRENCE.  Foye^  DÉSHÉRENCE. 

DÉ  H  ET.  adj.  Vieux  mot.  Gaillard,  qui  fe  porte 
bien. 

Monté  fur  belle  haqutnée ,    ■ 
Et  penjc'^iquc  j'étois  àk\\tt. 

On  difoit  autrefois  Dehés  y   pour  malheur,  & 
Daudskes  ^  pour  mauvaife  rencontre. 
Î)EHLI.  Quelques-uns  écrivent  Delly ,  &  le  P.  Ca- 
trou ,  dans  fon   Hijîoire  générale  du  Mogul ,  écrit 
Uéli  &  ^e-y-  C'eil  une  ville  du  Mo>joliftan  en  Afie , 
capitale  d'un  Royaume    Je   même  nom-   Delium. 
Déhli  ell  fuué  fur  la  rivière  de  Gemini  ou  Sémeux. 
Maty.  par  les  31  degrés  45   minutes  de  latitude  , 
&  les  cent  vmgt-trois  de  longitude.  P.  Caîrou. 
Déldi  eft  divifé  en  deux  j   Ir.  vieux  qui  n'eil  plus 
qu'un  fauxboarg  ,  &   le  nouveau,  qu'on  nomme 
Cha-Jaham-Abad  ,  c'eft-àdire  ,  ville  ou  colonie  de 
Chi-Jaham.  Déhli.  fut  bâti  au  commencement  du 
dernier  fiècle  ,  par  Cha-Jaham  ,  dans  le  delfeind'en 
faire  la  capitale  de  fon  Empire  ,  au  lieu   d'Agra  , 
où  il  rrouvoit  les  chaleurs  de  l'été  ttop  violentes. 
Corn.  Déhli  avoit  cependant  déjà  été  ,  fous  un  rè 
gne  précédent  la  rélidence  de  l'Empereur  du  Mogol. 
Voici  ce  cju'en  dit  l'Hiftorien  du  Mogol ,  qui  a  écrit 
fur  les  Mémoires  de  Manourhi.  Akebar  avoir  cranf 
porté  la  Cour  de  Déli  à  Agra,  6:  Jehan-Guir  d'A- 
gra à  Lahor.  Cha-Jaham  la  fit  retourner  de  Lahor 
à.Dely,  &  rétablit  cette  ancienne  capitale  dans  fon 
premier  luftre.  Il  eft  vrai  que  le  vieux  Délyne  fer- 
vit  que  comme  de  fauxbourg  au  nouveau.  Il  eft  in- 
croyable quelle  dépenfe  l'Empereur  fit  à  l'ériger  & 
à  I  embellir.  On  dit  même  qu'il  fignala  la  fonda- 
tion de  fa  nouvelle  capitale  par  des  mperftitions  juf 
que-là  inouies  aux  Mahomctans ,  &  qu'il  emprunta 
lans  doute  delà  fuperftitiondesIndes.il  fit  verfer 
le  fang  de  plufieurs  criminels  qu'on  égorgea  dans 
les  fondemeiis  de  la  ville.  On  en  traça  l'enceinte 
dans  une  grande  plaine  fur  le  Gemma.  On  y  ou- 
vrit onze  portes.  Comme  la  ville  étoit  fortifiée  de 
douze  tours,  on  laiffa  une  entrée  au  mllieude  cha- 
que courtine.  La  plus  grands  &  la  plus  magnifique 
répond  à  la  citaJelle  qui  fcrt  de  palais  à  l'Empe- 
reur,  &c  de  Serrail  pour  fes  femmes.  Les  murailles 
en  font  conftruites  de  briques  ,  avec  de  grandeschaî- 
nes  de  ces  pierres  de  taille  rouges ,  qui  reftemblent 
à  du  marbre.  Les  Bazards  ou  les  Marchés  publics  de 
Déi'y,  font  environnés  d'arcad.rs  qui  fupportent  une 
Utge  terraCe.  Quoique  les  Palais  des  Seigneurs  y 


DEH 

foient  beaux  ,  bien  bâtis  ,  &  ornés  de  jardins ,  les 
maifons  des  limplts  Bourgeois  n'y  font  guère  cou- 
vertes que  de  rofeaux  ,  mais  les  appartemens  en  font 
gais  &  commodes,  p.  Catrou.  /^oye;^  aulli  Berniei' 
fur  Dehli  &  Agra. 
DEHORS.  Adverbe  de  lieu  relatif  oppofé  à  dedans. 
Forh.  La  porte  de  la  ville  étoit  fermée,  il  a  fallu 
coucher  dehors.  Votre  mère  &  vos  frères  font  M 
dehors.  Port-R.  On  dit  abfolument  qu'on  a  mis  c^e- 
A(yr5  quelqu  un  j  pour  dire,  qu'on  l'a  chalfé.  On  dit 
auili  dehors,  pour  dire,  fortez  d'ici.  Foras.  Dehors 
eft  auifi  quelquefois  ^une  prépofition  :  cela  arrive 
lorfque  dehors  a  un  cas  ou  fous-entendu  ,  com- 
me ,  par  dehors  la  ville.  Il  en  eft  dehors ,  ou 
quelquefois  fimplement ,  il  eft  dehors  ,  parce  que 
dans  ces  phrafes  dehors  a  une  relation  au  lieu  donc 
il  a  été  parlé. 

Ce  mot  vient  de  de  Se  de  /bris.  Nicot. 
En  termes  de  Marine  ,  mettre  un  vailfeau  dehors  , 
c'eft  le  faire  fortir  du  port  ,    lorfqu'il  eft  équipé. 
DEHORS  ,   terme  de  Manège  :  c'eft  le  côté  oppofé  à 
-   celui  fur  lequel  le  cheval  tourne.  Quand  le  cheval 
tourne  à  droite  ,  toutes  les  parties  gauches  du  che- 
val &  du  Cavalier  font  les  parties  du  dehors. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  n'eft  ni 
dehors  ni  dedans ,  lorfqu'il  eft  incertain  de  la  réuf- 
fite  d'un  affaire  commencée ,  qu'on  ne  lui  veut  dire 
ni  oui  ni  non. 
Dehors,  f.  m.  En  termes  de  Fortification  ,  fe  dit  d« 
toutes  les  pièces  décachées  qui  fervent  de  défenfe  à 
une  place,  comme  les  ravelins  &  demi-luacs,  ou- 
vrages à  corne  &  à  couronne,  contregard;^,  enve- 
lopes ,  &c.  Circummunino,  exter'.us  munimentum.  Les 
dehors  de  cette  ville  étoient  bons  ,  mais  les  mu- 
railles ,  le  corps  de  la  place  ne  valoient  rien.  Les 
dehors  doivent  commander  les  uns  aux  autres  :  les 
plus  voifins  de  la  place  doivent  être  les  plus  éle- 
vés. Les  coups  échapés  que  l'on  tire  des  dehors  ,  Sc 
qui  font  hauts ,  parce  que  les  ennemis  ont  peur  de 
fe  trop  découvrir.  Bussi  Rab. 
fCT  Dehors  ,  fe  dit  de  tout  ce  qui  environne  Uhe 
chofe  ,  de  ce  qui  en  approche  le  plus.  Adjacenda  , 
circumj ecla  loca.  Une  maifon  belle  par  dehors  ,  par 
le  dehors.  Alors  ce  mot  eft  fynonyme  d'extérieur  & 
d'apparence ,  en  obfervant  les  nuances  marquées 
par  M.  l'Abbé  Girard.  Foy.  ces  mots.  Le  dehors 
eft  ce  qui  environne  ;  il  n'eft  pas  proprement  de  la 
chofe,  mais  il  en  approche  le  plus.  Les  foifés  le« 
cours,  les  jardins  &  les  avenues  font  les  dehors 
d'un  Château.  Les  toits,  les  murs  ,  les  jours  &  les 
entrées  en  font  l'extérieur. 

(fr  Dans  lefens  figuré,  ce  mot  eft  fouvent  em- 
ployé dans  la  fignification  d'extérieur ,  d'apparence. 
Externa  fades  ,  fpecies.  L'intérieur  des  familles 
eft  fouvent  troublé,  pendant  que  les  dehors  con- 
tcns ,  paifibles  &  enjoués  ,  vous  y  font  fuppofec 
une  paix  qui  n'y  eft  point.  La  Bruy.  Les  foins  at- 
tachés aux  dignités  forment  dans  l'efprit  un  tour- 
billon de  chagrin  qui  rend  les  dehors  fombres  &  re- 
butans.  Le  P.  Gail.  Sous  l'humble  dehors  à'unïei- 
ped:  affeèté  vous  cachez  une  noire  malice.  BoiL. 
Tous  les  dehors  du  vice  font  plus  fpécieux  parmi 
les  Grands  ;  mais  le  fond  y  eft  le  même  que  cheJe 
peuple.  La  Brut.  Les  femmes  ne  doivent  pas  né- 
gliger les  apparences  ,  ni  les  dehors  de  leur  con- 
duite ,  fous  prétexte  qu'elles  s'abftiennent  dece  qu'il 
y  a  de  plus  grolîîer  dans  le  vice.  Bell.  On  ne  prend 
les  dehors  de  la  dévotion  que  pour  être  en  droit  de 
réformer  fon  prochain.  Vill. 

ffT  II  faut  pourtant  remarquer  avec  M.  l'Abbé 
Girard,  (\\\  extérieur  Çq  A\t  plus  fouvent  de  l'air  & 
de  la  phyfionomie  des  perfonnes  \  que  dehors  efl 
plus  ordinaire  pour  les  manières  &  pour  ladépenfe; 
&  qi\  apparence  femble  être  plus  d'ufage  à  l'égard 
des  aétions  &  de  la  conduite.  L'extérieur  prévenant 
n'eft  pas  toujours  accompagné  du  vrai  mérite.  Les 
dehors  brillans  ne  font  pas  des  preuves  certaines 
d'une  fortune  folide.  Les  pratiques  de  dévotion  font 
des  appareniss  qui  ne  dccidsiu  rien  fur  la  vertu.  Je 

ne 


D  EH     D  E  î 

ne  dirois  donc  pas  faiiver  les  dehors ,  garder  les  de- 
hors avec  rAcadémie,  mais  fauver  les  apparences. 
Le  Dehors  fe  die  fur-tour  en  matière  de  dévotion  , 
de  tout  ce  qui  eft  étranger  ,  extérieur ,  oppofé  d  la 
retraite.  Les  emplois  du  dehors  dillipent  toujours , 
quelque  faints  qu'Us  ioient.  Bouh.  J-'ie  d'Ign.  L.  IL 
Ils  nerefpiroientque  l'hérefie,  &  cachoient  la  cor- 
ruption de  leur  cœur  fous  des  dehors  agréables. 
1d. 

On  ditauffijCn  termes  de  Jardinage,  le  dehors 
d'un  aibre  ,  pour  l'efpace  qui  elt  hors  de  fa  rondeur , 
de  fa  figure  régulière.  Ne  manquez  pas  quand  vous 
taillez  un  arbre,  de  couper  toutes  les  branches  qui  fe 
jettent  dans  le  dehors.  Voilà  des  branches  dans  le 
dehors  de  cet  arbre  ,  qui  le  rendent  tout  ditiorme. 

LiGER. 

Au  Dehors.  Sorte  d'adv.  A  l'extérieur.  Forlnfecus^  ex- 
trinfccus.hQ  deuil  n'eft  c\\iau  dehors. Gon.  Les  dons 
du  S!  Efprit  qui  fe  font  connoitre  au  dehors  ,  font 
données  pour  l'utilité  de  l'Eglife.  Port-R.  Les  dé- 
vots ne  manquent  pas  de  préférer  certaines  vertus 
choifies  dont  l'exercice  fe  hiit  au  dehors.  S.  EvR. 
La  mauvaife  humeur  d'un  Critique  eft  un  chagrin 
fuperbe&  préfomptueux  ,  qui  fe  produit  au  dehors. 

'    Balz. 

De  dehors.  Autre  forte  d'adv.  Oppofé  à  de  dedans. 
Forïs.  Il  vient  de  dehors.  Pomey.  On  dit  auOî  qu'un 
homme  eft  de  dehors  \  pour  dire ,  qu'il  eft  étranger. 

Dehors  [eri).  Autre  forte  d'adv.  Qui  eft  oppofé  à  en 
dedans.  Prominens  ,  emïnens  3  exfians.  Les  balcons 
&les  faillies  qui  fonr  en  dehors  paient  un  droit  au 
Voyer.  Cela  avance  trop  en  dehors.  Porter  la  pointe 
du  pied  en  dehors  ,  marcher  de  manière  que  les  pieds 
ioient  bien  ouverts  ,  &  qu'il  y  ait  plus  de  diftance 
entre  les  deux  pointes  des  pieds  qu'entre  les  talons. 

Dehors  {par).  Autre  forte  d'adv.  Par  les  parties  exté- 
rieures. Extra.  On  a  vitité  ce  bâtiment  par  dedans  Si 
par  dehors.  Cette  maifbn  eft  plus  belle  par  dedans, 
que  par  dehors. 

Dehors  {par),  eft  aufTi  quelquefois  prépofirion.  Il 
pilTa.  par  dehors  l^.  wWc  3  Lixtra  urbem  j  mais  en  ce 
fens  il  n'a  guère  d'ufage  qu'en  cette  phrafe  &  autres 
lemblables.  Acad. 

DÉHOUSER.  V.  a.  Vieux  motj  cjui  fîgnifie,  Dcbotcer. 
Ocreas  deirahere.  Il  vient  de  houfes  ,  ou  houfeaux: 
on  ^i^oït  dé hoiifer ,  pour  dire ,  mourir,  quitter  fes 
bottes  :  de- là  le  proverbe, 

A  Fanfoixante  dou^e , 
Temps  qu'onfe  déhoufe. 

DEHOUSSEE.  adj.  f.  Terme  comique ,  pour  dire , 
Dépucelée.  Devirginata.  CloJJ.fur  Maroc.  Ce  mot  eft 
vieux. 

DEL 

DEJA.  adv. detempî.  A  cette  heure-là,  dès-lors  ,  dès 
ce  temps-là.  Jam.  Déjà  les  ennemis  s'approrhoient 
avec  une  contenance  hardie  qui  ravilFoit  la  viôhoite 
par  avance. 

fcXDESA,  fignifie  aufli  dès  l'heure  donc  on  parle.  Il 
étoir  dé/a  grand  jour.  Il  s'emploie  aulli  dans  la  ligni- 
fication d'auparavant.  Il  étoit  déjà  venu.  Je  vous  ai 
déjà  dit  ce  que  je  penfois. 

DÉJ ANIRE.  f.  f.  Fille  d'CEnce  ,  Roi  de  Calydon ,  fem- 
me d'Hercule-  L'amour,  jaloux  de  Déjanire  qui 
caufe  la  mort  à  Hercule  ,  fait  le  fujet  d'une  Tragé 
die  Grecque ,  des  Trachiniennes  de  Sophocle  ,  & 
d'une  Tragcdiû  Latine  de  Sénèque  ,  intitulée  ,  Her- 
cule au  mont  Octa. 

$3°  DEICIDE,  f.  m.  Ce  mot  n'eft  d'ufage  qu'en  par- 
lant de  la  mort ,  à  laquelle  Pilate  &:  les  Juifs  con- 
damnèrent le  Sauveur  du  monde.  Dekidium.  Tous 
les  maux  dont  les  Juifs  font  accablés  depuis  tantdei 
fiècles  viennent  du  Dé.cide  ,  qu'ils  ont  commis  dans 
la  perfonne  de  Jefus-Chrift.  Un  Pocte  a  dit  fur  les 
fruits  de  la  morr  de  Jhsus-C-hrist  , 
Tome  III. 


DEI 


lîS 


Grand  Dieu  !  grâce  aux  fureurs  humaines, 
L'Univers  a  (hange  de  fore  3 
Je  vois  des  palmes  éternelles 
Croître  en  ces  campagnes  cruelles  j 
Qu'arrofa  tonfang  précieux  ; 
L'homme  eft  heureux  d'être  perfide  ; 
Et  coupables  d'un  déicide  j 
Tu  nous  Jais  devenir  des  Dieux. 

Nouv.  CHOIX  DE  Vers.' 

DÉICIDE,  f.  m.  Coupable  de  déicide.  Qui  a  donné  la 
mort  à  Jesus-Christ  ,  qui  en  a  été  caufe.  Deuida. 
Judas  eft  un  infâme  déicide.  Ne  tournons  point  toute 
notre  indignation  contre  les  Juifs  j  nous  fommes 
autant  &  plus  déicides  qu'eux. 

^fT  Ce  mot  eft  formé  des  mots  Latins  Deusy 
Dieu,  &  cxdere  y  tuer.  Ainfi  il  fîgnifie  mort  d'un 
Dieu.  C'eft  cependant  comme  homme  que  Jefiis- 
Çhrift  eft  mort. 

DEICOON.  f  m.  FUs  d'Hercule  &  de  Mcgare. 

DEIDAMIE,  ouHIPPODAMIE.  f  f.  Fille  d'un  Roi 
d'Argos  ,  cpoufa  Pirithoiis.  Leur  noce  fournit  l'oc- 
cadon  du  fameux  différend  des  Centaures  &  des  La- 
pirhes ,  parce  que  les  premiers  voulurent  infulter  les 
Dames  de  la  noce. 

DEJECTION.  Terme  de  Médecine  ,  qui  fe  dit  de 
l'évacuation  des  excrémens  par  l'anus  faite  par  le 
mouvement  pcriftaltique  des  boyaux  ,  ainfi  que  des 
matières  mêmes  évacuées.  Dejecilo.  Les  Médecins 
jugent  des  maladies  par  les  déjecilons. 

DÉjEcrios,  ou  Chute  ,  fe  ditauftijcn  Aftrologie  Judi- 
ciaire, des  Planètes,  lotfquelles  fenr  dans  leur  détri- 
ment ,  qu'elles  ont  le  moins  de  force  par  l'oppofi- 
tion  de  quelques  aUcres  ;  ou  en  Aftronomie,  lorfque 
la  Planète  eft  dans  le  figne  oppofé  à  celui  où  elle  a, 
plus  d'efficacité  &:  d'influence  ,  &  que  l'on  appelle: 
exaltation.  Par  exemple,  le  figne  du. Bélier  étanc 
l'exaltation  du  foleil ,  le  figne  de  la  Balance  fera  fa 
déjecllon.  Dejecilo. 

|iC#"  DÉJECTION  ou  efFufion  des  chofes  qui  ont  porté 
préjudice  à  quelqu'un  :  c'eft  un  quafi-délit  donr  eft 
tenu  celui  de  la  maifon  duquel  on  a  jeté  ou  répan- 

1  du  ,  de  jour,  ouàhoure  indue,  ou  quelque  chofe  qui 
a  caufé  du  dédommage  ,  dans  l'.n  lieu  où  l'on  a  cou- 
tume de  palier  ou  de  fe  repofer.  De  ce  qnafi-délic 
naît  une  action  appellée  de  dejeclls  vel  ejfufs ,  qui 
parmi  nous  eft  portée  par-devant  le  Lieutenant  de 
Police.  Le  Propriétaire  ou  le  principal  locataire  de 
la  maifon  d'où  la  chofe  eft  tombée  ou  a  été  verfée, 
eft  refponfable  du  dommage  qui  en  eft  arrivé  ,  ou 
le  Sous-Locataire  de  l'appartement  duquel  la  chofa 
eft  tombée  ou  a  été  verlée. 

ifT  DEJETER  (se),  v.  récip.  qui  fe  dit  du  bois  qui 
fe  tournjcnte  pour  avoir  été  mis  en  œuvre  avant 
que  d'être  bien  icc  ,  &  qui  fe  courbe  ,  ou  qui  fort  d» 
fes  emboîtures ,  de  fes  rainures.  încurvarl.  Le  bois 
vert  eft  fujet  à  fe  déjctter,  à  fe  tourmenter ,  à  fe  cour- 
ber ,  s'enfler,  s'étendre.  Monfieur  Dionis  emploie 
déjetter  en  parlant  des  courbures  qui  font  perdre  an 
corps  ou  à  fes  parties  leur  difpofition  ,  leur  fitua- 
tion,  leur  figure  naturelle.  On  remarque  que  l'épine 
fe  courbe  &r  fe  déjette  en  cinq  manières  principales. 
DioNis.  La  méchanique  dont  on  ufepour  redrelTec 
des  tailles  qui  fe  dcjettent. 

Déjeté,  ée.  part. 

DEJEUNER.  V.  n.  Faire  le  premier  repas  du  jour ,  qui 
fe  fait  avant  le  dîner.  Jentare.  Cet  homme  a  toujours 
déjeûné Ahs  le  matin.  Il  a  bien  gagné  à  déjeuner.  Dé- 
jeuner à\\n  pâté. 

Ce  mot  vient  du  Latin  dejenare ,  comme  qui  di~ 
roit ,  rompre  le  jeûne  ,  Eiire  une  aétion  con-^raire  au 
jeûne,  d'où  quelques-uns  ont  fait  auflî  par  abrévia- 
tion le  mot  de  dîner ,  parce  qu'autrefois  on  ne  dî- 
noit  point  quand  on  jeûnoir. 

Déjeuner,  ou  De  JE  UNE.  f  m.  iMufieurs  écrivent  déjeûné 
fans  r ,  &  on  le  prononce  toujouts  ain(î.  Léger  repas 
u'on  fait  le  matin  avant  le  dîner.  Jentaculum.  Muni 
un  bon  déjeuné.  Boil,  Les  eafans  &  les  vieillards 

A4 


d  1 


i%6 


D  Ê  î 


ajoutent  aux  deux  repas  ordinaires  j  le  déjeuner  Se  le 
goûter.  Lemery. Ils  trouvèrent  un  bon  déjeuner  qui 
les  attendoit,  &  qu'ils  mangèrent  de  tort  bon  cœur, 
béniflànt  Dieu  ,  qui  ne  leur  avoit  pas  fait  manger 
leur  pain  blanc  le  premier.  Racine. 

Qu'un  ample  dé  jeûné 
Long-temps  nous  tienne  à  table ,  &s'unijje  au  dine'.BoiL. 

On  appelle  déjeàne'-dine'j  un  grand  déjeuné (\m  ne 
permet  pas  de  dîner.  On  dit  ae/e««d  de  Clercs,  dî- 
ner de  Procureurs,  collation  de  Commères,  iou- 
per  de  Marchands. 

Déjeuner  ,  fe  ditfigurément  &  dans  le  ftyle  familier, 
en  parlant  de  quelque  chofe  dont  on  croit  qu'on 
viendra  facilement  à  bout ,  qui  ne  peut  pas  réiifter 
long  -  temps.  Cette  place  ne  peut  pas  tenir  long- 

i  temps  :  il  n'y  en  a  pas  pour  un  bon  déjeûner,  lies 
cliqua  levioris  mom.emi  ac  ponderis.  Il  a  eu  peu 
de  bien  de  fa  femme  ,  il  n'y  en  a  pas  pour  un  bon 
déjeuner. 

DEIFICATION,  f.  f.  Terme  du  Paganifme.  Adion 
ou  cérémonie  par  laquelle  on  déifioit  les  Empereurs, 
on  les  mettoit  au  rang  des  Dieux  ,  on  leur  décer- 
noit  les  honneurs  divins.  Apotheofis  ,  confecratio  ,  in 
numerum  Deorum  relatio.  C'ell  le  même  o^ Apo- 
théofe.  Cette  coutume  qu'avoient  les  Romains  de 
déifier  leurs  Empereurs  Ht  dire  à  Vefpafien  lorfqu'il 
fe  fentit  près  de  mourir  :  Je  fens  bien  que  je  de- 
viens Dieu. 

Eusèbe ,  appuyé  fur  le  témoignage  de  Sancho 
Jiiathon  ,  rapporte  que  dans  les  premiers  temps 
ceux  qui  s'étoient  diftingués  par  leut  fagefle  ,  leur 
force  ,  ou  leur  valeur  \  &ceux  qui  avoienc  contribué 
d'une  manière  éminente  au  bien  de  la  fociété  ,  ou 
à  qui  les  arts  étoient  redevables  de  leurs  progrès  , 
avoient  été  déifiés  de  leur  vivant  ,  ou  immédiate- 
ment après  leur  mort.  EJfaifur  les  Hiérogl.p.  5  1 1. 

DÉIFIER,  v.  a.  Mettre  au  rang  des  Dieux.  In  nume- 
rum Deorum  referre.  Les  Romains  ont  déifié \^  plu- 
part de  leurs  Empereurs. 

DÉIFIER,  fe  dit  aulfi  figurément  de  ceux  qu'on  loue 
par  excès,  &  qu'on  veut  faire  palfer  pour  des  Dieur. 
Extollerefupra  modum.  Tout  Pocte  déifie  fes  Héros  , 
fes  Mécénas  ,  Ïqs  Maîtrefles. 

DÉIFIÉ ,  ée.  part. 

DÉIFIQUE.  adj.  m.  &  f.  Vieux  mot.  Qui  a  la  vertu 
de  déifier  ,  de  rendre  femblable  aux  Dieux  ;  excel- 
lent ,  admirable.  O  déifiques  doublons  d'Efpagne  , 
qui  avez  eu  cette  efficace  de  nous  faire  tous  rajeunir 
éc  renouveler  en  une  meilleure  vie  !  s'écria  l'Arche- 
vêque de  Lyon  dans  fa  Harangue  ,  p.  68.  du  i.  t.  de 
la  Sat.  Ménip. 

DÉiFiQUE.  Divin,  parfait  en  fcn  genre.  Divinus.  dei- 
ficus  a  unik 

Hauts  Empereurs  _,  Prince  (fes  magnifiques  ^ 
Laides  &  laids,  vifages  déifiques.  Marot. 

DÉILE.  f.  m.  Foye'^  Déel. 

@Cr  DÉINCLINANT  ,  DÉINCLINÉ  ,  adj.  Terme 
de  Gnomonique.  Cadrans  deindinans  ou  déincli- 
nés font  ceux  qui  déclinent  èc  inclinent ,  ou  récli- 
nent  tour-à-la-fois ,  c'eft-à-dire  qui  ne  paflent  ni  par 
la  ligne  du  zénith  ,  ni  par  la  C9«imune  feétion  du 
méridien  avec  l'horifon  ,  ni  pat  celle  du  premier 
vertical  avec  l'horifon.  Encyc. 

^  DÉINOUR.  Ville  de  l'Iraque  Perfienne,  près  de 
la  ville  de  Hamadan.  Long.  8  5.deg.  fept.  3  5.deg. 
félon  les  Tables  des  Arabes. 

DÉîNLE.  f  m.  Petite  ville  des  Pays-Bas.  Deinfa  ^ 
Donfa.  Déinfe  eft  fortifiée.  Il  efl:  dans  la  Châtellenie 
de  Courtray  en  Flandre  fur  le  Lys. 

^  DÉJOINDRE.  V.  a.  Particulièrement  ufité  en 
parlant  des  ouvrages  de  Charpenterie  ,  de  Menui- 
ferie  &  de  Maçonnerie.  Séparer  ce  qui  étoit  joint  ; 
faire  que  ce  qui  étoit  joint  ne  le  foit  plus.  Disjun- 
gere.  Le  hâle  a  déjoint  ces  ais. 
'  1(3°  Il  eft  fouvent  employé  avec  le  pronom  psr- 


D  E  î 

fonnel.  Les  pierres  de  cette  voûte  commencent  à  fé 
dejoindre.  Le  bois  vert  qui  eft  employé  dans  les  ou- 
vrages de  Menuiferie  fe  c^£/o//;rj  fe  déjette,  quand 
il  travaille, quand  il  devient  fec.  Quand  les  tableaux 
peints  fur  du  bois  fe  déj oignent  ^  tout  l'ouvrage  eft 
défiguré. 

DÉjoiNT  ,  OINTE  ,  part. 

DEJOPÈ.  f  f.  Fille  d'Afius  ,  une  des  Nymphes  com- 
pagnes de  Cyrêne  ,  mère  d'Ariftée. 

DÉJOUER  j  en  termes  de  Marine,  fe  dit  d'un  pavil- 
lon ,  d'une  flamme,  d'une  girouette  qui  voltige  au 
gré  du  vent.  Circumjerrivento.  Le  pavillon  déjoue. 

DEIPHILE.  f.  f.  Fille  d'Adrafte  ,  Roi  d'Argos,  dévoie 
époufer  un  fanglier,  fuivant  l'oracle  d'Apollon  ,  qui 
fe  vérifia  en  ce  lens  qu'elle  époufa  Tydée  ,  qui  por- 
toit  une  peau  de  fanglier. 

DEIPHOBE.  f.  m.  Fils  de  Priam  ,  après  la  mort  de  fon 
frère  Paris,  époufa  la  belle  Hélène.  Cette  femme  le 
trahit  j  la  nuit  de  la  prife  de  Troye  ,  elle  introduific 
dans  Ion  appartement  Ménclas  &  Ulylfe  qui  le  tuè- 
rent. Enée  à  fon  retour  des  enfers  lui  éleva  un  mo- 
nument. 

DÉ1PH03E,  f.  f.  C'eft  le  nom  de  la  Sibylle  de  Cumes, 
fille  de  Glaucus ,  &  Prètrelfe  d'Apollon.  Cette  Si- 
bylle rendoit  fes  oracles  du  fond  d'un  antre  qui  étoÎE  ' 
dans  le  temple  d'Apollon.  Cet  antre  avoit  cent  por- 
tes, d'où  fortoient  autant  de  voix  terribles  qui  fai- 
foient  entendre  les  réponfes  de  la  Prophétellè.  Déi~ 
phobe  étoit  aufii  Prêtrefle  d'Hécate  qui  lui  avoic 
confié  la  garde  des  bois  facrés  de  l'Averne.  C'eft 
pour  cela  qu'Enée  s'adreffe  à  elle  pour  defcendre 
aux  enfers.  Les  Romains  élevèrent  un  temple  à  cette 
Sibylle  dans  le  lieu  même  où  elle  avoit  rendu  fes 
oracles  ,  &  l'honorèrent  comme  une  Divinité. 

DÉIPNOSOPHISTE  ,  ou  DIPNOSOPHISTE,  f.  m. 
Qui  fait  des  leçons  de  Philofophie  à  table,  qui  mo- 
ralife  à  table;  Deipncfophifia.  Un  Déipnofophifié 
dans  Athéhée  fait  venir  la  coutume  de  porter  des 
couronnes  ,  de  la  permiffion  qu'en  donna  Jupitet  a. 
Promérhée  ,  &  montre  que  ce  qui  a  depuis  fait  ranc 
d'honneur  aux  hommes  ,  n'a  été  donné  en  premier 
lieu  que  pour  une  peine.  Baudelot,  Hift.  de  Ptolé- 
mée  Aul.  L.  IL  C.  VIIL  ;?.  3  3  9. 

DÉISME,  f.  m.  Doétrine  de  ceux  qui ,  pour  toute  Re- 
ligion ,  croient  qu'il  y  a  un  Dieu  ,  &  fe  bornent  k 
fuivre  la  loi  naturelle.  H&refis  eorum  qui  Deo  j  quem 
jatentur  exifiere  j  nullum  cultum  exhibent^  nifiut  libet. 
Deifiarum  Hizrefis. 

DÉISTE,  f.  m.  Homme  qui  n'a  point  de  Religion  par- 
ticulière j  mais  qui  reconnoît  feulement  l'exiftencé 
d'un  Dieu  ,  fans  lui  rendre  aucun  culte  extérieur  , 
en  rejetant  toute  forte  de  révélation.  NuUius  cultor 
religionis  &  in  folâ  Dei  exiftentis  confeffionc  con- 
quiefcens  ;  Déifia.  Les  Déifies  foutiennent  que  lé 
plus  certain  eft  d'en  revenir  à  la  fimplicité  de  la  na- 
ture ,  &  à  la  créance  d'un  Dieu  unique ,  qui  eft  la 
feule  vérité  reconnue  du  confentement  de  tous  les 
hommes.  Ils  prétendent  que  la  libetté  de  la  raifon 
eft  opprimée  fous  le  joug  de  la  Religion ,  &  que  les 
efprits  font  tyrannifés  par  la  nécefîiré  qu'on  leur  im- 
pofe ,  de  croiredes  myftères  inconcevables ,  comme  Ci 
Dieu  pouvoir  difpenfer  d'un  culte fincère  &vétitable 
ceux  qui  le  reconnolifent  pour  teL  On  appelle  plus 
particulièrement  Z)q/?ejj  des  gens  qui  ne  font  point 
tout-à-fait  fans  Religion,  mais  qui  rejettent  toute 
révélation  ,  croyant  feulement  ce  que  la  lumière  na- 
turelle démontre  ,  qu'il  y  a  un  Dieu  ,  une  Provi- 
dence ,  des  récompenfes  pour  les  bons  ,  &  des  châ- 
timens  pour  les  méchans  ;  qu'il  faut  honorer  Dieu  , 
mais  chacun  à  fa  manière  &  félon  fa  volonté,  comme 
on  convient ,  difent-ils ,  que  les  premiers  hommes 
l'ont  fait  jufqn'à  Moife  ;  comme  fi,  fuppofc  que 
Dieu  ait  révélé  des  vérités ,  &  qu'il  ait  prefcrit  un 
culte  qu'il  veuille  qu'on  lui  rende  3  on  pouvoir  ne 
lui  pas  obéir  ;  ou  que  la  révélation  pût  être  douteufe 
après  toutes  les  preuves  que  nous  en  avons. 

DÉITÉ.  f.  f.  Terme  de  Pocfie,  qui  a  été  appliqué  aux 
Dieux  &  aux  Déeft'es  des  Payens.  Divinitas.  Jupiter, 
Apollon,  Junon  &C  Mincrve,étoient  les  Déicés  des  Ido- 


DEI 

fetreî.  La  bonne  Fortune  a  toujours  été  la  principale 
'JDdicédes  Princes.  P.  Job.  L'attachement  particulier 
que  les  Princes  ont  eu  à  certaines  JJucjs  ^  &C  les 
litres  particuliers  fous  lefquels  ils  les  ont  honorées 
en  reconnoilHince  de  leur  proteàion  en  général ,  ou 
de  quelques  grâces  paruculières  quils  en  avoient 
reçues  ,  nous  eft  connue  par  les  manières  oiftérentes 
de  la  Iccende  des  médailles.  Idem.  On  commence  à 
eltimer  les  fuites  des  Dc'uésj  à caufe du plaifir  qu'on 
a  d'y  remarquer  les  noms  difFérens ,  les  fymboles , 
les  temples ,  les  autels  &  les  pays  où  elles  étoicnt. 
L'on  en  peut  faire  une  belle  fuite  de  bronze  par  le 
moyen  des  villes  Grecques  qui  en  fournifFenc  grande 
quantité  ^  mais  la  plus  jolie  oc  la  plus  agréable  ell 
celle  d'argent  que  fourniirent  les  médailles  des  fa- 
milles. Id.  Sur  les  revers  des  médailles  impériales 
les  Déités  font  repréfentées  plus  agréablement  en- 
core que  fur  celles  des  familles.  Id. 

On  dit  des  perfonnes  qu'on  veut  louer  exceffive- 
ment ,  qiie  ce  font  des  Z^eWj-.^ 
DEJUC.  f.  m.  Temps  où  les  oifeaux  juches  fe  ré- 
veillent, &  quittent  le  juchoir.  On  le  dit  par  exten- 
fion  du  lever  des  hommes  ,  quand  on  les  prend  au 
fortit  du  lit.  Tenipus  quo  alites  cvigilunc  j  u*  de  per- 
ticâ  dcfdïunc.  Mane  j  diluculum. 

Ce  mot  fe  dit  encore  dans  la  Ivlénageriè ,  quand 
on  parle  du  lever  des  volailles. 
DÈJUCHER.  V.  n.  &a.  Sortir  du  juchoir.  Faire  fortir 
du  juchoir.  Dorm'uoriâ pei ckâ  ex'dire  j  de  dormiwrïà 
perticà  dcjicere.  Voilà  l'heure  où  les  poules  déjuchenc. 
Ce  payfan  eft  allé  c/cy'ttc/zer  des  poulets  pour  les  ven- 
dre a  un  poulaillier. 
^^  DÉJUCHER,  fe  dit  au  figuré  pour  fe  déplacer  d'un 
lieu  haut  &  élevé.  Je  vous  ferai  bun  déjucher 
de-U. 

UCT  On  le  dit  auflî  adivement,  dépl.icer  ,  faire 
fortir  quelqu'un  d'un  lieu  élevé  &i  avantageux.  De 
pellere,  detrudere  ,  dejicere.  Les  ennemis  fe  font  em- 
parés de  ce  château ,  de  cette  éminence ,  on  aura 
bien  de  la  peine  à  les  déjucher  de-U.  Il  eft  du  ftyle 
familier. 
DÉJUCHE,  ée, part.  , 

DEIVIRIL,  ILE.  adj.   "terme  dogmatique  de  Théo- 
logie.    Qui  eft  tout    enfemble  divin  C^   humain. 
Theandricus.  Les  Euthycliiens  difoient  que  le  même 
Jefus-Chrift&  le  même  Fils,  produit  les  opérations 
divines ,  &  les  opérations  humâmes ,  par  une  feule 
opération  théandiique  ,  c'eft-à-dire  ,  Dcivuile  ,  ou 
divine  &  humaine  tout  enfemble  ,  eniorte  que  la 
diftinélion  n'eft  que  de  la  part  de  notre  entende- 
ment. C'eft  M.  rÂbbé  Fleury  qui  parle  ainil  \  mais 
ce  mot  n'eft  point  dans  l'ufage  \   on  dit  toujours 
théandriqde.  M.  Godeau  s'en  étoit  fervi  néanmoiiis 
avant  lui  dans  {onHift.  de  l'Eg.  VIP  iiècle  ,  L.  i.  ii°. 
84.  On  lut  encore  (dans  le  Concile  tenu  par  le  Pape 
Martin  en  649.  )  les  neuf  Chapitres  ou  Articles  de 
Cyrns  ,  Patriarche  d'Alexandrie  ,  &  parce  qu'il  fe 
fondoit  fur  une  autorité  de  S.  Denis  en  fon  Epitre 
à  Caïus,  dans  laquelle  il  appelle  l'opération  de  J. 
C.  Deivirile\  les  Èvèques  firent  apporter  le  livre  de 
ce  Saint,  6c  le  Pape  remarqua  que  C'.yrus  avoir  cor- 
rompu fon  texte.  Car  S.  Denis  avoit  dit  une  nou- 
velle opération  û'//viri/f,  c'eft-à-dire  j  théandrique; 
&  Pyrrhus  lui  faifoit  dire  une  feule  opération,  chan- 
geant le  mot  de  nouvelle,  en  celui  àt  feule.  Unam 
operationem  pour  novam  operc.tionem  ,  ce  qui  étoit 
bien  difFérenr.  Quelque  temps  après  Sergius  raya 
aufti  le  mot  de  deivirile,  par  lequel  S.  Dents  n'enten- 
doit  autre  chofe  ^  finon  que   le  verbe  s  étant  fait 
homme,    opéroit  divinement  &    humainement; 
mais  il  ne  vouloir  pas  dire,  qu'il  n'y  eût  qu'une  opé- 
ration en  lui.  GoDEAu. 

Ce  mot  eft  compofé  de  Dcus  ^  Del ,  Dieu  _,  &  vi- 
nV/j,  viril j  de  r;>,  homme,  &  fignifie  une  chofe 


DEL  Mj 

1,\  natute  humairie  &  ia  nature  divine  depiiis  l'union 
&  par  l'union  hypoftatique  étoicnt  contondues  en- 
femble i\;  devenues  une  feule  nature,  qui  n'étoit  ni 
lune  ni  l'autre,  mais  un  compofé  de  l'une  6c  de 
l'autre,  une  troiûème  nature  qui  réfuhou  de  rûnion 
&  du  mélange  de  l'une  &  de  l'antre  ,  1!  s'enùnvoit, 
comme  ils  le  difoienr  en  elFet ,  que  les  opérations  de 
cette  croifième  nature,  c'eft-d-dire,  de  J.  C.  n'é- 
teient  ni  purement  divines,  ni  purement  huiimnes, 
&  qu'il  n'y  en  avoit  piuîdedeux  l'eues  j  léi  unes 
divines  te  les  autres  humaines;  man  qu'elles  étoienc 
route  d'une  feule  efpcce,  qu'ils  appeloicnt  thé.indri- 
<\\xt%,del\irLies ,  c'eft-à-dire,  fi  l'on  pouvoir  s'expri- 
mer ainfi  ,  d;viu-huma':nes.  Au  refte , le  P.  le  Quien , 
Dominicain,  bien  loin  d'cxcuftr  le  préttni'u  S.  De- 
nis,&  de  l'expliquer  J  prétend  que  c'eft  un  hérétique 
Monophyfite.  i^  oye\  les  Dlifertations  préliminaires 
de  ce  Pèie  fur  S.  Jean  DamafcènCj  d^ns  la  nouvelle 
édition  qu'il  en  a  donnée. 

i)  E  L. 

DELA,  adverbe  de  lieu  relatif  à  deçà,  qui  marque  ntî 
éloignement  du  lieu  où  l'on  eft.  iJUra.  A  cinq  ou  lix 
cens  pas  c/c/J  venoit  Sifigambis.  Vaug.  Une  ligne  à 
plomb  i  eft  celle  qui  ne  penche  ni  en  deçà  ,.  ni  en 
delà.  Hinc  indè.  C'eft  un  homme  qui  court  deçà  «Se 
delà  pour  apprendre  des  nouvel  1  .s.  Hue  &  llluc.  De 
côté  &  d'autre.  Jambe  de^à ,  jambe  ^Wà. 

^fj  Delà  ,  j.répofition.  fignifie  plus  outre,,  de  l'autre 
coté.  Trarù.  Delà  les  monts.  Delà  l'eau.  Palier  delà 
l'eau. 

§cr  En  ce  fens  il  fe  joint  avec  les  particules  au^ 
de  J  i?c  par.  Aa-dtià  de  la  rivière.  Di-dei-.'.  1  -s  monts. 
Dix  lieues  ^-.u-de^à.  Le  Roi  û'i.fpagne  pr^nd  la  qua» 
lité  de  Roi  de  decàbcdelà  les  mers.  C'eft  la  lu...  des 
chofes  qu'on  écrit  qui  déternniie  dans  ces  occalions- 
là,  la  figmhcation  vague  &  générale  .Hu  mot  .lelà. 

f(C7"DELÀ,par-decà, par-delà.  Façonsi  eparlerqui  mar- 
quent le  lieu  où  elt  celui  à  qui  l'on  pari  .  Ecrivez-  moi 
de  delà  j  je  vous  écrirai  de  deçà,  quand  vous  ferez 
par-deià.tAC^on'i  d.  parler  qui  ne  font  plus  en  ufage. 

Aù-bhLÀ ,  adv.  Aller  au  delà.  Ulcrà,  crans.  Je  lui  ai 
donné  tout  ce  que  je  lui  devois  j  &  au-delà,  c'eft-à- 
dire,  encore  davantage.        ,  .       . 

Au-DFLA  ,  êft  au(îi  une  prépor.tlon  qui  régit  le  génitif. 
S'empoiCir  au-delà  des  bornes.  Abl'.nc.  Uwa.  Il  à 
été  au-ac.à  de  ia  Ligne.  La  Chine  eft  à  plus  de  600 
lieues  au  delà  des  terres  qu'habitent  les  Hoilandois 
dans  l'Inde.  Il  ne  faut  rien -itreprendre  ^«-d'e'à  de 
fes  forces.  Les  Modernes  ont  bien  pilfé  au-delà  des 
Anciens,  fi  l'on  en  crpir  quelqiiej  Sav.ms  mod^-rnes; 
mais  c'eft  avoir  trop  bonne  opinion  de  notre  nècie, 
que  d  J  fe  perfuader  que  nous  en  foyons  encore  venus 
julque-là.  )■        . 

Par-delà,  ad\'.  Il  eft  pifFé  par-delà.  Voila  un  ouvrage 
achevé  ,  je  ne  vois  rieii  par-delà.  Vitra. 

Par-delà  ,  eft  aulFi  une  prépofition  qui  régit  l'accufa- 
tif.  Je  l'ai  itxv'x par-delà  rour  ce  qu'on  p.at  s'imagi- 
ner. Ultra.  Elle  '^xomti  par-delà  fon  pouvoir.  Ra-. 
CINE.  Par-delà  mes  fermens,  Exprellion  dont  s'eft 
fervi  Corneille  dans  Cinna. 

Et  prens  voi  intérêts  par-delà  mesferrhïnsi 

tfT  Expreflîdn  dont  je  ne  trouve  que  cetej^êmpîe,' 
&  cer  exemple  me  paroîr  mériter  d'être  fuivî.  Volt, 

DÉLABREMENT,  f.  m.  Ddaceratlo.  Etat  d'une  chofe 
délabrée.  Voilà  un  habit  dans  un  pitoyable  délàhra  , 
ment. 

DÉLABRER.  V.  a.  Metfre  en  pièces,  en  lambeaux; 
Lacerare.  Il  ne  fe  du,  au  propre,  que  des  habits  ,  dej 
étoffes  J  tapi(F;ries,  où  autres  choies  qui  fe  peuvent 
mettre  en  lambeaux. 


qui  eft  tout  à  la  fois  divine  &  humaine,  un  mélan-iD'.LÀBRER,  fe  dit,  au  figuré, d'une  armée,  d'une  affaire. 


ge,  un  compofé  de  divin  &  d'humain.  Les  héréti- 
ques Monophyfites  avoient  fait  ce  mot  pour  expri- 
mer leur  erreur;  car, comme  ils  enfeignoient  qu'il' 
n'y  avoit  point  deux  natures  diftincl:es  en  J.  C,  qye  | 


d'un  procès,  d'une  maifon,  d'une  terre,  qui  font 
en  défordre,  en  mauvais  état.  Une  année  délâbrnc 
par  les  fatigues  5:  par  le  manque  de  vivrer.  Quarra 
on  achète  des  terres  par  décret ,  elles  font  ardmairif- 

A  a  ij 


i88 


DEL 


mène  déliihrccs.  Sans  moi  vos  affaires  ctôîent  fort 
délabrées.  Mol. 

DÉtÂBRÉ ,  ÉE  ,  part.  &  adj.  Lacer ,  laceratus.  Une  ré- 
putation délabrée.  Troupe  de  Comédiens  délabrés. 
ScAR.  Famille  délabra .,  ruinée.  Homme  délabré  ^ 
dont  l'habit  eft  tout  déchiré. 

DELACER  ,  V.  a.  Oter  le  lacet,  ou  le  ruban  qui  tient 
quelque  chofe  lacée  ou  attachée.  Exfolyere  ,  laxare 
Juniculoferico.  Délacer  un  corps  de  jupe.  On  dit  de 
même  délacer  une  femme,  défaire  le  lacet  qui  eft  paifé 
dans  les  œillets  du  corps  de  jupe. 

DÉLACÉ ,  ÉE,  part. 

§3*  DÉLAI,  r.  m.  Ce  mot  eft  f)^nonyme  à  remife,  & 
tient  un  peu  du  Palais.  Il  lignifie  en  général  le  renvoi 
d'une  chofe  qui  devroit  être  faite  dans  un  certain 
temps  ,  à  un  temps  plus  éloigné.  Dllatic, ,  procraJU 
natlo.  Les  mauvais  payeurs  ne  cherchent  que  des 
délais  pour  ne  point  payer.  Donner,  prendre  du 
délai. 

^3"  DÉLAr,  en  Jurifprudence,  eft  un  terme  qu'on  don 
ne  à  quelqu'un   pour  faire  quelque  chofe.  Temps 

-  accordé  par  la  loi  ou  par  la  coutume,  pour  la  procé- 
dure ou  pour  les  aftaires.  Dilatio.  Les  délais  qu'on 
donne  pour  alîîgner,  pour  comparoir,  pour  fournir 
des  écritures  j  &c  mettre  un  procès  en  état ,  font  ré- 
glés par  l'Ordonnance.  Vadimonii  prolatio  ,  dilatio 
On  accorde  à  l'héritier  préfomptif  40  jours  après 
l'inventaire,  pour  délibérer  s'il  acceptera  la  fuccef- 
fîon.  Il  a  obtenu  un  renouvelement,  une  proroga- 
tion de  (/e/<2i  pour  faire  fa  preuve;  pour  délibérer, 
pour  rapporter  des  titres ,  des  Bulles ,  pour  fe  faire 
promouvoir  aux  Ordres. 

fC?  DÉLAI,  fatal  ou  péremptoire,  eft  celui  qui  eft 
préfix  fans  efpérance  de  prolongation. 

1^  Bref  ^e/ai  eft  celui  qui  eft  plus  court  que  les 
délais  ordinaires  :  ce  qui  arrive  dans  les  cas  qui  re- 
quièrent célérité. 

|iCr  DÉLAI  de  grâce,  qui  eft  accordé  par  le  juge  ou  par 
les  parties  au-delà  des  délais  ordinaires. 

On  dit,  en  Pratique ,  pour  toutes  préfixions  & 
délais.  On  l'a  appelé  auffi  autrefois  jour  d'apenfe 
ment\  Se  «/e/iïi  en  quelques  Coutumes  a  fignifié /'«- 
jure  atroce  3  ou  reproche  de  quelque  cas  laid   ou 
vilain. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  dilatum  ;  qu'on  a  dit 
pour  dilatio. 

Délai,  Terme  d'Horloger.  On  l'appelle  autrement 
volant.  C'eft  dans  les  grotfes  horloges  ce  qui  fert  à 
les  retarder.  Retinaculum. 

C'eft  aulîî  l'efpace  de  temps  qu'il  y  a  depuis  que 
la  cheville  de  la  roue  d'étoteau  le  repofe  fur  le  den- 
tillon,  jufqu'à  ce  que  la  fonnerie  parte.  Cet  inter- 
valle eft  dans  toutes  les  fonneries  j  excepté  celles  qui 
ont  des  détentes  à  fouet. 

DÉLAIS,  f.  m.  Terme  de  Palais.  Ceffion  j  abandonne 
ment  d'un  bien  pour  lequel  on  eft  inquiété.  Derelic- 
tio  3  cejjio.  Un  acquéreur  après  avoir  fait  le  délai  & 
déguerpiftement  de  l'héritage,  eft  déchargé  de  l'ac- 
tion en  déclaration  d'hypothèque. 

DÉLAISSEMENT,  f.  m.  Abandonnement,  manque  de 
fecours,  d'afliftance.  Dereliclio ,  defiitutio.  Prétendre 
que  le  délaijjanem  Aq  Jesus-Christ  fur  la  croix  le 
porta  à  des  mouvemens  de  défefpoir  ;  c'eft  une  im 
piété,  &  une  abfurdité  de  Calvin,  à  laquelle  on  ne 
fauroit  trouver  de  nom  alfez  tort.  On  doit  plaindre 
cette  veuve  dans  le  grand  délaiffement  où  elle  eft, 
fans  fupport ,  fans  amis.  C'eft  un  délai ffementcniel, 
mais  il  n'a  point  d'idée  tragique,  il  ne  touche  pas. 
Le  Mait. 

DÉLAISSEMENT,  Terme  de  Palais.  Ce  mot  fe  prend 
quelquefois  pour  abandonnement  j  &c  dans  un  fens 
oppofé  en  quelque  chofe  à  celui  de  déguerpilfement: 
mais  c'eft  proprement  iin  terme  général  qui  convient 
à  cinqefpèces  différentes  qui  font  la  ceflion  de  biens, 
la  renonciation  tant  à  la  fucceffion  qu'à  la  commu- 
nauté j  le  défiftement  d'une  poffeflion ,  lorfqu'on  eft 
pourfuivi  par  une  aétion  réelle,  l'abandonnement 
par  hypothèque,  &  le  déguerpiftement.  Cet  hom- 


DEL 

me  eft  obéré ,  il  a  fait  un  délaijfement,  un  abandon 
général  de  tout  fon  bien  à  fes  créanciers.  CeJJîo. 

DÉLAISSEMENT  pat  hypothèque.  Ceflion  &  abandonne- 
ment quife  fait  par  le  détenteur  d'un  héritage  hypo- 
théqué à  des  dettes  antérieures  à  fon  acquifition. 
Cejfio.  Par  le  délaiffement ,  il  s'exempte  des  arréra- 
ges des  rentes  auxquelles  le  fonds  eft  hypothéqué.  Il 
y  a  cette  différence  entre  le  délaijj'ement  &  le  déguer- 
pilTèmentj  c'eft  que  par  le  délaijj'ement ,  on  ne  perd 
p.as  abfolument  la  propriété  de  l'héritage  délaifféj 
au  contraire ,  on  peut  en  reprendre  la  poffeftioa 
tant  qu'il  n'a  pas  été  adjugé  en  Juftice,  en  paffanc 
titre  nouveau  des  rentes  qui  font  dues  par  le  fonds. 
Déplus,  Il  après  les  rentes  payées  il  rcfte  de  l'argent, 
celui  qui  a  fait  le  délaijfementïe  prend  en  fon  ordre 
pour  le  prix  de  fon  acquifition.  Mais  celui  qui  fait  le 
déguerplffement  j  abandonne  le  fonds  fans  retour 
&  lans  réferve. 

DÉLAISSEMENT  J  OU  délais ,  en  termes  de  Marine,  eft 
un  aéle  par  lequel  un  alfuré  dénonce  la  perte  du 
vaiffeau  à  l'affûteur,  &  lui  délaiffe  &c  abandonne  les 
effets  fur  lefquels  l'affurance  a  été  faite,  avec  fom- 
mation  de  payer  la  fomme  affurée.  Cejjla. 

§3"  DÉLAISSER,  v.  a.  Laiffer  quelqu'un  fans  fecours, 
n'avoir.point  de  foin  de  le  fecourir.  Derelinquere  ^ 
deffituere.  Le  Sauveur  dit  à  fon  père,  étant  fur  \x 
croix  ,  Seigneur,  Seigneur  J  pourquoi  m'avez  vous 
délaijfé.  Job  fe  plaignoit  d'être  délaijfé  de  tous  fes 
arais.  La  fcience  eft  trifte,  affreufe,  délaijfée.  Boit. 
|tl?  Obfervons  avec  M.  l'Abbé  Girard  que  délaiffer 
ne  fedit  guère  que  des  perfonnes.  Nous  délai (fons  les 
malheureux  à  qui  nous  ne  donnons  aucun  lecours. 

§3°  On  dit  plus  fouvent  abandonner  que  délaiffer. 
Ce  dernier  a  meilleur  grâce  au  participe  qu'à  fes 
autres  modes ,  &  il  a  par  lui  feul  une  énergie  d'uni- 
verfalité ,  qu'on  ne  donne  au  premier  qu'en  y  joi- 
gnant quelque  terme  qui  la  marque  précifément. 
Ainfi  l'on  dit  :  c'eft  un  pauvre  délai  {fée,  il  eft  généra- 
lement abandonné  de  tout  le  monde. 

§3°  Souvent  nos  parens  nous  abandonnent  plutôt 
que  nos  amis.  Dieu  permet  quelquefois  que  les 
hommes  nous  délaiffent  pour  nous  obliger  à  avoir 
recours  à  lui.  Une  perfonne  qui  fe  vok  délaijffée  dans 
fa  mifèrene  regarde  la  charité  que  comme  un  para- 
doxe qui  occupe  inutilement  une  quantité  de  vains 
difcoureurs. 

DÉLAISSER  J  lignifie  auflij  donner,  quitter,  abandon- 
ner. Cedere.  Dans  les  Contrats,  on  dit  qu'on  a  quitté 
Se  délaijfé  uns  terre,  à  ritre  de  ferme,  à  un  tel  mé- 
tayer ;  à  titre  de  vente  ,  de  donation.  Il  a  été  contraint 
de  déguerpir,  de  délaijjerh  polleflion  de  cet  hérita- 
ge, f^oyei  DÉLAISSEMENT  ,  terme  de  Palais. 

§3°  On  dit  .aulîî,  en  termes  de  Pratique,  délaiffer 
une  procédure  commencée ,  délaiffer  des  pourfuites, 
s'en  déhfter. 

DÉLAISSÉ,  ÉE  ,  part.  &  adj.  Reliclus ,  dere/iclus ,  dejli- 
tutus. 

DELAL.  f.  m.  Les  Perfans  nomment  ainfi  certaines 
perfonnes  qui  .agiffent  pour  eux  dans  l'achat  Se  dans 
la  vente  de  leurs  marchandifes  :  c'eft  ce  que  nous 
appelons  proprement  en  France  des  Courtiers. 

DÉLARDEMENT.  f.  m.  Terme  d'Architeélure.  C'eft 
pour  les  pierres  la  même  chofe  que  le  débillarde- 
ment  pour  les  bois.  Il  fe  dit  parriculièrement  de 
l'amaigriffement  que  l'on  fait  au-deftous  des  mar- 
ches, pour  former  l'intrados  d'une  rampe  ou  d'une 
coquille  d'un  efcalier  tournant.  Frezier.  DetracUoj 
imminiLtio. 

DELARDER.  v.  a.  Terme  de  Charpenterie.  C'eft,  ra- 
battre en  chanfrein  les  arrêtes  d'une  pièce  de  boisj 
comme  quand  on  taille  l'arrêtier  de  la  croupe  d'un 
comble.  Pariem  tigni  angulatam  decutere,  recidere. 
Si  on  abat  les  arrêtes  en  creux  ,  on  dit,  délarder  ctl 
creux.  Délarder  des  chevrons ,  des  arrctiers ,  &c. 

DÉLARDER ,  en  Maçonnerie,  c'eft  piquer  avec  la  poin- 
te d'un  marteau  le  lit  d'une  pierre;  &  démaigrir  ce 
qui  en  doit  être  pofé  en  recouvrement,  Craffitudl- 
nem  lapidis  qui  alteri  tcoendo  inferviat  imminucre 3- 
tenuare  :  c'eft  aufli  couper  obliquement  le  deffous 


DEL 

d'une  marche  de  pierrei  c'eft  pourquoi  on  dit  qu'elle  1 

porte  fon  délardemént. 
IP^-Delardée,  ée,  parc.  Chevron  déhirdc.  Marche 

d'efcalier  delardée. 
IP"  DELASSEMENT,  f.  m.  Terme  relatif  au  befoin 

oue  le  corps  <Si  l'ame  ont  de  repos.  Par  rapport  au 
1  ,  r,  1        lAi.   ^    ! 1 A„  I     :i  . 


DEL  189 

Terme  de  Médecine.  Remède  qui  rend  les  humeurs 
plus  fluides ,  en  écartant  leurs  parties  unies  &  ferrées 
&  mettant  entr  elles  un  liquide  qui  les  tient  plus  (c- 
parées.  Le  principal  délayant  eft  l'eau.  Dilucns.  Les 
tifannes  rahaîchilFantes  ,  les  émulfions,  les  eaux 
de  poulet,  de  riz,  d'orge,  de  coquehcoc,  &c.  fonc 


corps,  c'eit  le  relâche  qu'on  prend  après  le  travail  :  _  des  délayans.  Bouillet.  On  rend  ces  délayans  plus 
celTàtion  de  travail  dans  la  vue  de  réparer  les  forces.  '  efficaces  par  l'addition  du  fel  de  prunelle ,  du  nitte 
Par  rapport  à  l'efprit  \  c'ell  un  palFe  temps  pour  le  \  purifié  ;  de  l'efprit  de  vitriol  ou  de  foutïre.  Id. 
diftraire  de  fes  fatigues.  Corporis  ^  an'uni  rcjeclio  ,\  DELAYER,  v.  a.  Détremper,  rendre  une  chofe  liquj- 
recreano.  Amufemenc  dit  une  occupation  légère ,  «Se  ,  de,  ou  plus  liquide  qu'elle  ne  l'étoit  auparavant  •  ce 
qui  plaît.  Divercijjemenc p3.wit  annoncer  des  plaifus  ;      quife  faitpar  le  mélangedequelque  Viquenr:. DHuere. 


plusvifs  &  plus  étendus,  liccréadon  dit  un  court! 
déla(fcmen[.  f^oyei  ces  mots.  Après  de  grands  travaux,  j 
il  faut  du  délajjement.  Le  jeu  eft  un  travail  pour  les  * 
unsj  &  un  déiaff'cmeru  pour  les  autres.  La  Comédie  . 
fut  toujours  le  délajjement  des  grands  hommes ,  le  | 
divertillèment  des  gens  polis   in:  l'amufement   du: 


Il  faut  bien  délayer  la  harine  pour  faire  de  la  bouillie 
ou  de  la  colle.  On  délaye  de  l'ocre  avec  de  l'huile 
pour  peindre  des  travées,  des  portes,  &c.  pluûeurs 
prononcent  ^/A7)cr,  mais  mal. 

Ce  mot  vient  du  Latin  diluere  j  ou  de  deliquare. 
Ménage. 


peuple.  S.  EvR.  Dans  cette  augufte  retraite  oii  il  dai-  j  Délayé  ,  éé.  part. 

gne  quelquefois  m'admettre  à  fes  <^e7^//èOTt;«j-,  dans;  DELAYER,  v.  n.  Vieux  mor.  Ufer  de  délai ,  différer. 

ces  momens  heureux,  où  il  tempère  l'éclat  qui  l'en- j      Poef.  de  Jean  le  Févre. 

vironne  pour  defcendre  jufqu'à  nous ,  je  recueillerai!  DELBRUGH  ou  DELBURGK.  Bourg  ,  ou  petite  ville 

plus  foigneufement  que  jamais  fes  paroles.  Le  Duc        du  cercle  de  Weftphalie.   Delbruggia.  Ce  lieu  eft 

près  des  fources  de  l'Ems  ,  dans  l'Evêché  de  Pader- 
borne.  C'eft  à  Delbrug  que  les  Légions  de  Varus 
fiu'ent  taillées  en  pièces  ,  &  que  Germanicus  ven- 
gea cet  affront  tau  au  nom  Romain ,  par  la  défaite 
des  BrudèreSj  dont  ce  fut  la  dernière  habitation. 
Voye\\t%  Monumenta  Paderbornen/ia  ,  p.  57. 
DÉLEALTÉ.  f.  f.  Vieux  mot.  Déloyauté. 
DELÉAN  ,  ou  félon  la  prononciation  Hébraïque,  Di- 
lean.  Ville  de  la  Tribu  de  Juda,  }of.  XV.  38.  Les 
Septante  la  nomment  a«a«c^.  Selon  les  principes  po- 
fés  par  le  P.  Soucier  j  Jéfuite  ,  dans  fa  Dilferta- 
tion  fur  les  médailles  Hébraïques,  &c  fur  les  pre- 
mières lettres  Hébraïques,  c'eft  une  faute  du  Copiftej 
on  a  pris  un  nun  de  l'ancien  &  vrai  caradère  Hé- 
breu ,  pour  un  daleth  du  même  caraélère  ,  ce  qui 
eft  faifable  dans  un  exemplaire  ufé. 
|p°  DÉLECTABLE,  adj.  de  r.  g.  Quelquefois  em- 
ployé fubftantivement.  Cette  épithète  paroît  con- 
venir aux  choies  qui  flartent  les  fens  ou  le  goût. 
Deleclab'dcs ^  deleclationem  ajfferens.  On  dit  d'un  lieu , 
d'un  féjour,  qu'il  eft  déleclahle.  Ce  vin  ,  ces  mets 
font  delcclables.il  faut  préférer  l'honnête  au  </e7ef- 
table. 

Que  toujours  cher  à  mes  amis  j 
Mêlant  l'utile  au  délectable , 
Leur  amitié  tendre  &  durable 
Me  tienne  ce  qu'il  m'ont  promis. 

NoUV.  CHOIX  DE    VERS. 

|C?  Je  haïrois  ce  mot,  dit  le  P  Bouhours ,  li  M. 
de  la  Chambre  ne  s'en  fervqit  pas  quelquefois.  Il 
peut  palfer  en  fait  de  morale. 


DE  LA  Force  ,  parlanr  du  Roi 

ifT  DELASSER,  v.  a.  Donner  du  relâche.  Se  délajfer, 
réparer  fes  forces  par  la  ceftation  du  travail,  diftraire 
l'elprit  de  fes  fatigues  par  quelque  paffe-temps.  Le 
fommeil  délace.  On  fe  couche  pour  fe  delajjcr.  Le 
jeu  délaffè  l'efprit.  Corpus  j  animum  recreare,  reficere. 
Délaffer  le  Roi  de  fes  nobles  travaux.  Mol.  Il  faut 
délaQér  l'efprit  qui  eft  trop  tendu.  Ablanc.  Allons 
nous  délajfer  à  voir  d'autres  procès.  Racine.  Alexan- 
dre étant  à  Ephefe,  pour  fe  délacer  l'efprit,  alloit 
fouvent  à  la  boutique  d'Apelle,  fameux  Peintre  de 
fon  temps.  Du  Ryer. 

Délassé,  ée,  parr. 

^CT  DÉLATEUR,  f.  m.  On  donnoit  ce  nom  à  Rome  , 
à  des  Citoyens  qui  devenoient  les  accufateurs  fecrets 
ou  déclarés  de  leurs  Concitoyens.  Delator.  Les  déla- 
teurs étoient  fort  à  craindre  dans  l'ancienne  Rome. 
Les  délateurs  étoient  tort  communs  &  fort  odieux. 

Les  déferts  autrejois  peuplés  de  Sénateurs  , 

Ne  font  plus  habités  que  par  leurs  délateurs.  Rac. 

^CT  DÉLATEUR.  En  Jurifprudence,  eft  celui  qui  dé- 
nonce à  la  juftice  un  crime  ou  un  délit ,  &  celui  qui 
en  eft  l'auteur  j  fans  fe  porter  partie  civile.  En  quoi 
il  diffère  de  l'accufateur,  qui  défère  auili  un  crime  à 
la  Juftice ,  en  rend  plainte ,  mais  en  pourfuit  la  ré- 
paration comme  partie  civile. 

tfT  On  ne  fe  fert  chez  nous  que  dumotde  dénon- 
ciateur que  l'on  regarde  comme  fynonyme  de  déla- 
teur à^^ns  toute  la  rigueur  d'une  parfaite  reffemblance. 
Cependant  celui  de  dénonciateur  paroît  avoir  une 
lignification  plus  étendue,  &  convenir  à  toutes  for-] 
tes  de  dénonciations  :  au  lieu  que  celui  de  délateur 


eft  plus  à  fa  place  quand  il  eft'queftion  de  dénon- -DÈLECTABLETÉ.   f.  f.  Vieux  mot.  Joie.  On  a  die 
dations  odieufes.  Le  délateur  eft  prefque  toujours!      Àa.nsXam'imQkvis  Délitablete  j,déliteuxèc  délicieux  ^ 
l'inftrument  de  la  paflion  d'autrui ,  conduit  par  des  |     pour  délicieux  j  agréable, 
impreffions  étrangères ,  ou  par  des  motifs  qui  le  ren-  DÉLECTATION,  f.  f.  Deleclatio.  Sentiment  doux  & 


dent  vil  &  odieux.  Le  dénonciateur  peut-être  animé 

par  des  motits  louables  &  honnêtes, 
fd- DÉLATION,    f.  f.   Délatio.  Dénonciation  d'un 

crime  fait  à  la  juftice  par  quelqu^un  qui  n'eft  point 

perfonnellement  intéreffé  à  la  pourfuite  de  ce  crime. 

Dans  les  crimes  de  Lèfe-Majefté  on  arrête  fouvent 

fur  une  fimple  délation.  On  ne  décide  point  de  la  vie 

d'un  homme  fur  une  fimple  délation. 
DELATTER.  v.  a.  Oter  les  lattes  de  deffus  un  toît.  Tc- 

g^ulas  detrahere.  Il  faut  délaaercQ  toît,  &  le  relatter 

a  neuf. 
f3°  DELAVE.  ÉE.  adj.  ou  participe  du  verbe  délaver 

qui  n'eft  plus  en  ufage.  Terme  de  teinture  qui  fe  dit 

des  couleurs  foibles  &:  blafardes.  Voye^  ces  mors. 

Ce  bleu  eft  trop  délavé.  Dilutior  ejî. 

^fT  Les  Joailliers  appellent  aufli  pierre  délavée  , 

celle  dont  la  couleur  eftfoible. 
#3-  DÉLAYANT,  f.  m.  ou  adj.  pris  fubftantivement. 


agréable  j  plaifir  qu'on  favoure ,  qu'on  goûte  avec 
réflexion.  On  boit ,  on  mange  avec  déleélation.  On 
prend  trop  de  dclcclation  aux  chofes  du  monde.  Ce 
mot  n'eft  guère  dans  l'ufage  ordinaire.  Il  eft  admis 
en  fait  de  morale.  Il  eft  très-familier  parmi  ceux 
qu'on  appelle  Janfeniftes.  Il  répand  une  dou- 
ceur célefte  qui  furmonte  la  délectation  de  la  chair. 
Pasc. 

%CT  Selon  le  fiftême  des  Janfeniftes  il  y  a  deux 
déleclations  o^\  entraînent  les  hommes  dans  le  bien 
ou  dans  le  mal ,  d'une  manière  douce ,  mais  invin- 
cible. Il  femble  que  les  différens  accès  de  plaifir 
célefte  ou  terreftre  nous  rendent  vertueux  fans  mé- 
rite, ou  vicieux  fans  crime. 

Les  Janfeniftes  appellent  leur  grâce  néce/ïïtanre  , 
une  délectation  viétorieufe.  Ils  attribuent  ce  terme 
à  S.  Auguftin  ;  &:  l'on  croit  communément,  à  la 
manière  dont  ils  en  parlent,  que  IcS.  Dotteurs'en 


îeA  à  tout  moment  ;  mais,  dit  on,  il  u'eft  qu'uni 
feule  fois  dans  ce  Pète^  &  dans  un  fens  tout  ditic- 
rent  du  leur.  Deleciacion  i]gn\hi  plxiCiz  ,   lentimenc 
tlu  pLiilir  qu'excite  dans  lame  un  objet  agréable. 
Déieciaùon  célefte  ,  c'efl  celle  que  produUent  en 
l'ame  les  objets  delà  foi  avec  la  grâce.  Dcleclaûon 
terreftre  ,  c'eft  celle  qui  naît  des  objets  de  Li  concu- 
pifcence ,  &  qui  eft  le  mouvement  de  la  cohcupil 
cence. 
DÉLECTER,  v.  a.  Donner  du  plaifir.  Dcieclare  j  obU- 
tarc.  L'émail  d'une  prairie  ^  la  couleur  vcrzs  de'iec- 
ten[\i  vue,  la  réjouifTent.  Les  ragoûts  délechnc  k 
palais.  On  le  dit  aulli  avec  le  pronom  perfonnel.  Lîn 
Satyrique  fe  ddcclc  à  médire  de  fan  prochain ,  à 
railler  fes  amis;  Deleclare  fe  aliqcâ  re  ^  cum  aliquu 
re  ,  ou  dekctari  in  aliquâ  re.  Ces  deux  mots  vieil- 
lilTent ,'  on  ne  les  dit  qu'en  riant.  Bouh.  Les  Théo 
logiens  fe  fervent  quelquefois  du  premier  en  ma 
tière  de  dévotion  &  de  morale. 
DÉLECTÉ  j  ÉE.  part. 

DÉLÉGATION.  iJ.  Ternie  de  Jurifpriidence.  Cotn 
miflion  qu'on  donne  extraordinairement  à  un  Juge 
pour  juger  ou  inftruire  quelque  procès.  Delegatio 
Les  Juges  commis  ne  peuvent  pas  inftrumenter  au- 
delà  de  ce  qui  eft  porté  par  leur  délégation. 
DÉLÉGATION  d'un   débiteur.  Delegatio-  C'eft  une  ef- 
pèce  de  celîion  par  laquelle  on  fublHtae  un  autre 
débiteur  en  fa  place.  Acf  e  par  lequel  on  tranfporte 
iinefomme  à  prendre  pour  le  payement  d'une  dette. 
Voye-{  Ulpien ,   \.  w.^i.  de  novationihus ,  &  delega 
tionihus.   \.^  délégation  à\?ihxQ  à\\   tranfport,   en  ce 
que  trois  perfonnes  interviennent  dans  la  délégation^ 
le  créancier ,  le  débiteur  du  ctéaricier ,   &  un  troi- 
fieme  qui  doit  lui-même  au  débiteur  ,  &:  auquel  le 
débiteur  tranfporte  l'obligation  de  payer  le  créan- 
cier &  le  délègue  pour  cela  :  mais  dans  la  cellion 
&  le  fimple  tranfport,  il  fuflfit  que  le  cédant  &  le 
ceflîonnaire  foient  préfens.Ort  donne  des  déléàations 
à  des  créanciers  qu'on  ne  peut  pas  payer  comptant 
pour  empêcher  les  pourfuites.  On  fait  line  déléga 
don  fur  un  fermier.  Le  fermier  accepte   la  déléga- 
tion. L'ufage  des  délégations  efl:  fréquent  dans  les 
contrats  de  vente.  Quand  la  délégation  eft  portée 
par  le  contrat  de  vente  elle  équipoUe  à  une  oppo- 
fition. 
DÉLEGATOIRE.  adj.  m.  &  f.  Se  dit  des  refcrifs ,  ou 
commiftions  du  Pape  pour  commettre  des  Juges. 
Refcriptum  fummi  Pontifias  ni  gerendx,  quempiam 
eum  jurifdiélione  prizfàent.  Les  refcrits  délégatoires 
doivent   être    adrelfés  à  des  perfonnes  Eccléfiafti- 
ques  en  dignité  dans  la  Province  où  télident  les 
parties. 
DELEGUER.  V.  a.  Terme  de  JurlfpruJence.  Commet- 
tre quelques  Juges ,  ou  autres  perfonnes  j  avec  pou- 
voir  d'examiner,  de  juger  ou  de  fane  quelques  pro- 
cédures. Delegare  ,   mandare  ,  aliquem  rei  gercnda 
praficcre.  Les  commiflions  extraordinaires  des  cham- 
bres de  Juftice ,  d'Intendans  ,  de  Grand-Jours ,  font 
compofées  de  Jtîges  délégués  par  le  Roi.  Un  Juge 
délèguent  peut  fubdcléguer  ,  fi  la  commiflion  ne 
Jui  en  donne  expreffément  le  pouvoir.  Les  Cours 
Souveraines  délèguent  fouvent  des  Juses  inférieurs  , 
aire  des  mftruélions  de  quelques  affaires.  Le 
Pape  ,   fuivant  le  Ccincordat ,  eft  obligé  de  déléguer 
des  Juges  dans  leDiocèfe  descollitigans ,  autrement 
la  délégation  eft  abufive.  FèvRet. 
Déléguer,  lignifie  aufli ,  afligner  des  fonds  pour  le 
paiement  d'une  dette.  On  dit,en  ce  fens,  qu'un  hom- 
me a  délégué  fes  revenus  &  fes  rerites  à  fes  créan- 
ciers- On  dit  aulli  dans  le  même  fens ,  déléguer  un 
fermier. 
DÉLÉGUÉ  ,  ÉE.  part. 

DÉLÉGUÉ  ,  eft  aufli  quelquefois  fubftantif,  &  lignifie 
député.  Les  Ordinaires  agilfent  en  qualité  de  Dé- 
légués du  Pape. 
DÉLEPHAT.  f  f  Terme  de  Mythologie,^  C'eftle  nom 
de  la  Vénus  des  Affyriens  &  des  Chaldéens ,  ou  que 
les  AlTyriens  &  les  Clialdéens  donnent  à  Vénus.  Hn- 
s-Icinus.  Seldsn ,  De  Dits  Syr,  Sy  nt.  II.  ç.  ^.  croit 


b  EL 

<l>te  c?  nom  nàbl  vient  de  ^'7^  ,  qui  dans  la  langue 
de  ces  peuples  pouvoit  hgniher  la  cohabitation  di 
l'homme  iSi  de  la  lemnvj  ,  ou  bien  de  nabi,  dilpha^ 
qui  fignjhe  gutta  ,  Jnila  j  de  même  que  chez  les 
Grecs  elle  a  été  appeliée  A'^p^o^iri ,  à'A(p^os,Jpumu. 
DELES.  Prépofit.  Vieux  mot.  De  long,  à  côté.  f^oy. 

LÈS. 
DELESTAGE,  f.  m.  Terme  de  Marine.  Déchargement 
du  left  d'un  vailfeau.  Saburis,  ejeclio.  il  y  a  des  lieux 
marqués  par  les  Ofnciers  de  la  Marine  hors  des 
ports  &  des  rades  pour  le  délejlage  des  vailfeaux. 
On  rrouve  aulli  dans  les  Ordonnances  le  mot  dd 
deleJlage  pris  pour  celui  de /i^  ,  c'eft-à-dire,  pour 
les  choies  qui  fervent  à  lefter  un  vailTeau  ,  qui  en 
font  le  left. 

DÉLESTER,  v.  a.  C'eft  ôter  le  left  du  vaifteau.  Sabur- 
ram  ejicere.  On  a  coutume  de  delejier  les  vailfeaux 
de  deux  ans  en  deux  ans. 

Délesté  ,  ée.  part. 

DELESTEUR.  f  m.  Celui  qui  a  foin  du  déleftage  des 
vailfeaux.  Saburrs.  ejiciendd  prajeclus. 

DÉLETAIRE.  adj.  m.  &  f  Qui  détruit  &  qui  tue. 
Tous  les  poifons  font  délétaires  _,  puifqu'ils  tuent  ; 
maisceiix  qui  foiit  proprement  délétaires  ,  font  ceux 
qui  dérangent  les  parties  du  corps,  tels  que  font 
lescorrofifs.  Le  P.  Léon,  Carme,  dit  que  les  trufles 
&  les  champignons  ont  des  qualités  délétaires.  Laif- 
fons  ce  mot  là  au  P.  Léon. 

DELFLANDE  ,  ou  comme  k-s  Hollandois  écrivent, 
Dcfflandt.  Petite  contrée  du  Comté  de  Hollande  , 
qui  prend  fon  nom  de  Deift ,  comme  fi  elle  en 
étoit.la  capitale.  Car  là  Haye ,  qui  eft  aulli  dans 
cette  contiée  ,  n'a  point  titre  de  ville  ,  &  ne  paffe 
que  pour  iih  village. 

DELFT.  nous  ne  prononçons  jamais  la  finale  t,  &  l'on 
écrit  même  fans  cette  lettre  Del/.  Delphi  ^  Deljz  y 
Delphium  j  Delfium.  La  ville  de  Deljtt^  pour-  le 
rang  la  trdilième  de  celles  du  Comté  de  Hollande, 
iituée  flir  les  petites  rivières  de  Gaech  &  de  Schiey 
entre  la  Haye  ,  Rorerdam  &  Leyde.  Cette  ville 
eft  médiocrement  grande,  traverfée  de  beaux  ca- 
naux ,  l'un  defquels ,  nommé  Delfr ,  lui  a  donné 
fon  nom.  La  f^iïence  de  Z>e//?eft  célèbre.  On  voit 
à  Delft  les  tombeaux  de  Guillaume  Prince  d'Orange,' 
auteur  de  la  révolte  des  Pays-bas  ,  de  l'Amiral 
Tromp  ,  &de  Pierre  Hein,  qui  fut  grand  Amirak 
du  Éréfilj  lorfque  ce  pays  étoit  aux  Hollandois. 

DELL  V-oye-^  DEKLL 

DÉLï.  f.  \\\.  Ga:rde  du  Grand  Vifîr.  Satelles  Pol'emar^ 
chi  Turcici.  Lés  Grands  Vilus  n'cnc  point  un  nombre 
de  Délis  fixé.  Ils  en  entretiennent  plus  ou  moins  , 
félon  qu'il  leur  plaît ,  ou  qu'ils  aiment  à  paroîtrey 
avec  magnificence,  lïs  n'en  ont  cependant  pas  moins 
de  cent  communément  j  ni  plus  de  c;juatre  cens.  Le 
Grand  Vifir  Cuproli  en  entrenoit  deux  mille.  Ces' 
Délis  font  la  plupart  de  Bofnie  &  d'AlBanie  ,  par- 
ce que  ces  peuples  font  plus  fidèles  q.ue  les  Turcs. 
RicAUT  ,   de  l'Empire  Ottoman.       * 

DÉLi  ,>Sl,  eft  un  mot  Turc  qui  fignifie  deux  cliofes, 
un  fou,  &  un  brave,  un  homme  courageux  ,  vail- 
lant ,  réfolu.  C'eft  dans  ce  dernier  fens  qu'on  le 
donne  au  Délis  ,  ou  Gardes  du  Grand  Vifir,  Leuc 
Commandant  eft  appelé  Déli  Bachi ,  'ï;xd'V"T  ,  & 
leurs  Compagnies  font  appelés ,  Deliler  Bajragki y 
une  enfeigne  ds  Délis,  une  compagnie  de  Délis. 
Les  armes  des  Délis  font  une  lance  ,  2c  une  hache 
d'armes  avec  l'épée.  Quelques-uns  portent  aulîî  des 
piftolets  à  la  ceinture. 

DELIADE.  f.  f.  Délias.  Navire  dés  Athéniens;  qui 
portoic  leurs  Dépurés  .à  Délos,  pour  y  faire  les  Dé-- 
lies  ,  &  qui  rapporroit  à  Athènes  ceux  de  l'année 
, précédente.  Vo^e\  Délies. 

DÉLIAGE,  f  m.  Terme  de  Courûmes.  C'eft  un  droit 
qui  fe  lève  fur  les  voitures  ,  &  fur  différentes  mar- 
chanrfifes  ou  denrées  ,  &  fe  paie  au  Seigneur.  Voy, 
le  Courumier  de  Leave  ,  où  ce  droir  eft  expliqué  en 
,détail,  &  forr  au  long. 

DÉLIAISON,  f  f.  Ternie  de  Maçonnerie  ,  c'eft  un  ar- 
rangement, une  difpofition  de  pierres  dans  un  nau6 


E  L 

iefquelles  n'ont  pas  au  moins  fix  pouces  de  recou- 
vremenuant  au  dedans  du  mur  qu'au  parement. 

©ÉLIAQUE.  f.  m.  Coquetier  chez  les  Anciens.  Mar- 
chand qui  vendoit  la  volaille  &;  les  œufs.  Delidcus^ 
Ddïacus  GaLlïiiarius.  Les  Ddlaques  chaponnoient 
les  coqs,  engraiiroient  la  volaille  j  &  on  les  appe- 
loi:  Déliaques  ,  parce  que  c'étoit  les  habitans  de 
l'île  de  Delos,  qui  s'étoient  les  premiers  avifés  de 
ces  chofes.  Ils  vendoient  audi  les  œufs ,  comme  U 
paroît  par  Ciceron  dans  Tes  Que/iions  académiques, 
Liv.  IV.  n.  85.  Pline,  Liv.  X.  c.  50.  &  Columelle  , 
Liv.  VIII.  c.  8.  parlent  aulli  des  Déliaques.  Foye^ 
encore  Vollius  ,  De  Idol.  L.  III.  c.  Qi.p.  60S. 

DÉLiAQUE.  adj.  m.  &  f.  Qui  a  rapport  à  Délos  ,  qui 
appartient  à  Délos.  Ddiacus  j  a ,  um.^  On  appelle 
en  Géométrie  Problême  déliaque  ,  (i  tameux  parmi 
les  anciens  Géomètres  ,  on  appelle ,  dis-je ,  Pro- 
blême déliaque ,  le  problême  de  la  duplication  du 
cube;  &"  on  l'appelle  ainfi  ,  parce  que  les  habitans 
de  Délos  demandant  à  leur  Oracle  le  remède  à  la 
perte  qui  les  aftligeoit ,  il  leur  piopofa  le  problême 
de  la  duplication  du  cube.  Et  parce  que  ce  problê- 
me ,  comme  le  remarc]ua  le  premier  Hippocrate 
de  Chio  ,  retombe  dans  celui  de  l'invention  de  deux 
moyennes  continuemcnt  proportionnelles  ,  &  que 
le  cube  double  a  pour  côté  la  première  de  ces  deux 
moyennes  proportionnelles ,  on  a  au(li  donné  à  ce 
problême  le  nom  de  problème  déliaque. 

bELIASTE.  f.  m.  Delinftes.  Envoyé  ,  Député  d'Athè 
nés  au  temple  de  Délos  pour  y  célébrer  les  Délies 
&  y  demeurer  un  an  pour   y  faire  les  fondions  de 
Prêtre.   Foye^  Délies. 

DÉLIBATION,  f.  £  Terme  de  Jurifprudence.  Il  figni 
fie  ce  qui  eft  oppofé  à  confufion.  Rendre  un  compte 
par  déubation  j  ou  par  confufion.  Délihation  ,  li- 
gnifie auOî , 'dans  le  Droit,  diminution.  Voye-^  ff.  i. 
de  Icgatis.  C'eft  proprement  la  diftraélion  qu'on  fait 
À'^mt  chofe  particulière  fur  la  malfe  des  biens  d'une 
fucceflîon ,  ou  d'une  Communauté.  Par  exemple  : 
le  legs  efl:  appelé  delibatio  hereditaûs ,  parce  qu'il 
fe  prend  par  dil^raélion  fur  la  mafie  des  biens  d'une 
fucceflîon.  Le  préciput  fe  prend  de  même  par  déliba 
tion  ou  diftradion  fur  la  malfe  des  biens  de  la  com- 
munauté ,  avant  qu'elle  foit  partagée. 

bÊLIBERANT.  f  m.  On  donne  le  nom  de  Délibérant 
en  tutelle  ,  aux  parens  convoqués  pour  nommer 
un  ou  plufieurs  tuteurs  à  des  mineurs.  Par  l'article 
3,6  àw  règlement  pour  l'eleélion  de  tuteurs  pour  la 
Province  de  Normandie  ,  il  eft  porté  que  le  nom- 
bre des  Deliberans  étant  augmenté  par  les  oncles  , 
frères  &:  beaux-frères  du  mineur  ,  s'il  y  a  contef- 
tation ,  le  nombre  des  Délibérans  fera  encore  aug- 
menté ;  enforte  que  l'égalité  foit  gardée  entre  les 
parens  paternels  &c  maternels.  En  matière  détaille  , 
on  appelle  encore  Délibérans  ,  ceux  qui  ont  fait  un 
conlentement  pour  donner  à  impofer  quelqu'un  qui 
ne  l'étoit  point  encore.  Si  le  nouvel  impofc  a  des 
raifons  psur  fe  faire  dérôler ,  &  qu'il  établilfe  qu'il 
l'a  été  mal-à-propos,  on  lui  accorde  fes  dépens  à 
prendre  fur  \qs  Délibérans.  On  ordonne  même  quel- 
quefois que  fon  taux  fera  payé  par  les  Délibérans. 
Voye-[  Délibérer. 

ÎP"  DELIBERATIF,  ive.  adj.  Terme  de  Rhétori- 
que. Nom  que  l'on  donne  à  un  des  trois  genres  de 
la  Rhétorique;  dans  tequeU'Orateur  le  propofede 
prouver  à  une  afiemblée  l'importance  d'une  chofe 
qu'il  veut  lui  perfuader  de  mettre  à  exécution  ,  ou 
l'inutilité  d'une  chofe  qu'il  veut  lui  diffuader.  Deli- 
berativus.  Le  genre  délihératif  étoit  fort  en  vogue 
chez  les  Grecs  &  chez  les  Romains ,  quand  les  Ora- 
teurs haranguoient  le  Peuple.  Cet  Orateur  excelle 
dans  le  genre  délibéraûf. 

On  dit ,  avoir  voix  délibéraûve  en  une  aflemblée, 
lorfqu'on  a  droir  d'y  dire  fon  avis ,  &:  qu'il  eft  compte 
parmi  les  futfrages.  Dans  les  Conciles  les  Evêques 
ont  voix  délibéracive  :  ceux  du  fécond  ordre  n'ont 
que  la  voix  confulrative.  Un  Religieux  Profts  a  voix 
délibéraûve  dans  fon  Chapitre  :  dans  une  éledlion  , 
il  a  voix  adlive  &  paflîve. 


DEL 


i'èï 


DELIBERATION,  ff  Conlultation;  examen  de  quel^ 
que  chofe  j  de  quelque  propohtion  ,  foit  avec  foi- 
même  ,  foit  dans  une  allemblce,  pour  en  voir  les 
avantages  &c  les  inconvcnicns ,  pour  lavoir  fi  elle 
eft  bonne ,  ou  mauvaife  j  fufable  ,  ou  non.  Delibe- 
ratio.  Un  homme  prudent  ne  fut  rien  qu'après  une 
mûre  délibération.  Les  arrêts  du  Confeil  portent  j 
l'affaire  mile  en  délibération.  Quaiid  les  Juges  fu- 
balternes  appellent  les  Avocats  pour  juger  avec  eux, 
ils  difent  dans  leur  fentence  ,  Nous  par  déli- 
bération du  confeil.  Le  Prince  ne  perdoit  point  en 
Vaines  délibérations  ces  momens  heureux  qui  déci- 
dent du  fort  des  armes.  P.  Bourd.  Les  pallions  pré- 
viennent les  délibérations  de  l'entendement ,  &c  ne 
lui  lailfent  pas  le  temps  de  juger.  Jur.  Ce  qui  eft 
tait  dans  la  colère  n'elt  point  Liic  avec  délibération  : 
c'eft  un  mouvement  involontaire.  S.  Evr.  Tomber 
en  délibération.  Ablanc. 

DÉLIBÉRATION,  figuifie  aufli  l'arrêté,  la  réfolution 
d'une  compagnie  alfemblée  ,  qui  examine  j  ou  qui 
juge  une  aflaire.  Deiiberatum.  Voilà  quel  eft  leréful- 
tat ,  la  délibération  de  la  compagnie. 

^  DELIBERE,  f  m.  Terme  de  Palais.  C'eft  un  juge- 
ment rendu. après  la  plaidoirie  des  deux  parties ,  par 
lequel  on  prononce,  qu'avant  faire  droit  fur  l'affaire 
qui  aéré  plaidée ,  il  en  fera  délibéré,  pour  la  dif- 
cuter  &  examiner  plus  amplement ,  furie  champ, 
ou  dans  la  chambre  du  conTeil.  Les  Avocats  lailfent 
là  leurs  lacs;  l'on  fait  retirer  les  Parties ,  leurs  dé- 
fenfeurs  &  toute  l'audience.  Deliberatum. 

ffT  La  Cour ,  en  délibérant ,  voit  par  elle-même 
les  pièces  des  parties  ,  &  lorfque  la  fentence  eft 
l'élolue  à  la  pluralité  des  voix  ,  on  fait  ouvrir  l'au- 
dience J  &  en  préfence  des  Avocats,  elle  prononce 
par  la  bouche  de  celui  qui  préfide. 

|fC?  Il  y  a  plufieurs  fortes  de  délibérés  ,  &  ils  font 
même  diftérens  fuivant  les  juridiétions. 

DELIBEREMENT,  .idv.  D'une  manière  hardie&ré- 
folue.  Audacîer  ,Jortiter  ,  conjlanter.  Ce  foldat  mar- 
che délibérément  à  l'aflaut.  Ce  criminel  eft  allé  déli- 
bérément^ au  fupplice. 

DELIBEREMENT  ,  s'emploie  dans  le  dogmatique  au 
fens  propre  ,  &  fignifie  avec  délibération  &  pleine 
liberté.  Délibcratè.  Un  tel  a  librement  &  délibéré- 
;;ze/zr  infulté  cette  perfonne  en  pubhc.  Mauvais  jar- 
l^on.  Il  laut  dire,  de  propos  délibéré. 

DELIBERER,  v.  n.  Mettre  en  délibération  ,  confulter, 
regarder  le  pour  &  le  contre  d'une  aftaire  ,  d'une 
propofition  :  Deliberare  ,  confultare.  Un  efprit  in- 
certain &  timide  délibère  toujours ,  &ne  réfoud  ,  ne 
conclut  jamais  rien.  Il  femble  qu'on  eft  exempt  de 
péché  ,  quand  l'entendement  n'a  ni  réfléchi ,  ni  dé- 
libéré fur  la  nature  de  l'action.  Port-R.  On  délibéra 
fi  l'on  aifiegeroit  Mons,  ou  Valenciennes.  Sar.  M. 
Cujas  avoir  délibéré,  au  cas  qu'il  mourût  fans  en- 
fans  ,  de  donner  fon  bien  à  Scaliger.  Colom.  Ceux 
qui  réfléchilfent  beaucoup  j  laillent  fouvent  échap- 
per l'occaiion  tandis  (\\x\\%  délibèrent.  S.  Evr.  Laco- 
lère  violente  &  précipitée  ,  ne  laiffe  point  agir  la 
iailon  :  au  lieu  que  la  volupté  lui  donne  le  loifir 
de  délibérer  Se  de  juger.  M.  Esp.  Trop  de  fubtilité 
d'efprit  nuit  à  l'exécution  ,  le  temps  d'agir  fe  palfe 
à  délibérer.  Booh.  Donnons  nous  le  temps  de  délibé- 
rer, fur  le  choix  que  nous  devons  faire  de  tous  nos 
amis.  S.  Evr. 

Et  je  puis  dire  enfin  que  jamais  Potentat  ■ 
N'eut  à  délibérer  d'un  Ji  grand  coup  d'état. 

IP"  L'ufage  veut  aujourd'hui ,  dit  Voltaire  dans 
Cts  remarques  fur  Pompée,  que  i/e/i/^e/er  foit fuivi 
de  fur  ;  mais  le  de  eft  aufli  permis.  On  délibéra  du 
fort  de  Jacques  II.  dans  le  Confeil  du  Prince  d'O- 
range ;  mais  je  crois  que  la  règle  eft  de  pouvoir  em- 
ployer le  de  ,  quand  on  fpécifie  les  incércrs  dont  on 
parle.  On  délibère  aujourd'hui  de  la  nécelliré  ,  ou  /ir 
la  néceûlté  d'envoyer  des  fecours  en  Allemagne. 
On  délibère  fur  de  grands  intcrêty,  fur  des  points 
importans. 


1^1  DEL 

QuelqxieFois  la  Cour  après  avoir  entendu  les  Avo- 
cats à  l'audience,  prononce  qu'il  en  lera  délibéré  lur 
leRégiftre  ;  c'eft-à-dire ,  qu'il  en  lera  mûrement  de- 
/ibére  dans  la  chambre.  Qu'on  prendra  une  dernière 
téfolution  fur  l'examen  des  pièces.  Les  Avocats  de 
Paris  mettent  au  bas  de  toutes  leurs  confultations , 
délibéré  à  Paris ,  ce  ,  &c.  On  dit  de  celui  à  qui  l'on 
a  donné  du  temps  pourpenferà  une  aftaire  ,  il  a 
eu  tout  le  loifir  de  délibérer. 
DÉLIBÉRER  ,  C'eft  quelquefois  conclure,  arrêter,  dé- 
terminer quelque  chofe  fur  une  attaire.  J'ai  délibéré 
de  faire  telle  chofe.  Deiibcratum  ejl  rnihi. 

En  matière  de  tutelle  on  appelle  délibérer ,  lorf- 
que  les  parens  paternels  &  mateinelâ  s'alfemblent 
pour  nommer  un  ou  plufieurs  tuteurs  à  des  mineurs. 
Le  Juge  reçoit  leur  ferment ,  «Se  les  envoie  délibérer 
c'eft-à-dire,  pourchoifir  un  tuteur  £,:  régler  les  con- 
ditions delà  geftion  j  ce  qui  étant  tait,  ils  revien- 
nent devant  le  Juge  ,  qui  établit  la  tutelle.  En  ma- 
tière de  Tailles ,  on  appelle  encore  délibérer ,  lorf- 
que  les  habitans  taillables  d\ine  paroiffe  s'aiïem- 
blent  &  font  un  confentement  pour  donner  aux  Col* 
leâeurs  quelqu'un  à  enrôler  de  nouveau. 
Délibérer,  en  terme  de  Manège  ,  fe  dit  d'un  che- 
val qu'on  accoutume  ,  qu'on  détermine  à  certains 
airs,  comme  au  pas  ,  au  trot  j  au  galop  ,  ou  à  quel- 
que manèges  relevés.  ^Jfuejacere. 
fier  DÉLIBÉRÉ ,  É£.  part.  L'affaire  mûrement  délibé- 
rée. . 

^fT  On  dit  ,  c'eft  une  chofe  délibérée  ,  pour  dire  , 
arrêtée ,  ré(blue.  Deliberatum  ejl. 

IJCJ"  Faire  une  choie  de  propos  c/d/z/'eri;',  exprès, 
à  deifein,  après  y  avoir  bien  penfé.  Il  l'a  attaqué  , 
infulté  de  propos  délibéré.  Dédira  opéra  j  conjultb  , 
ex  confulto  j  dejlinaté  ,  defîinato. 
DÉLIBÉRÉ  ,  eft  aulîi  adjeélif, ,  &  fignifie  libre  ,  aifé  , 
alTurc.  On  dit  d'un  homme  qu'il  eft  bien  délibéré , 
qu'il  a  l'air  délibéré  ^  qu'il  marche  d'un  pas  déli- 
béré. 

ffT  Nous  avons  parlé  de  ce  mot  comme  teime  de 
pratique,  f^oy.  Délibéré,  f.  m. 
(JCJ"  DELICAT  ,  ATE.  adj.  Terme  fouvent  employé 
dans  différentes  acceptions  au  fimple  &  au  figuré. 
Dans  le  fens  propre  il  eft  quelquefois  oppofé  à 
grollier  ,  &  s'applique  à  ce  qui  eft  compofé  de  par- 
ties fines,  déliées  &  fragiles,  qui  ne  peuvent  refilter  à 
l'imprellion  des  corps  étrangers.  Tenais  ,  exilis.  Les 
toiles  d'araignées  font  compofées  de  filets  fort  déli- 
cats. L'œil  &  le  cerveau  font  compofées  de  parties 
'  infiniment  délicates.  Peau  délicate.  Teint  délicat.  Le 
verre ,  le  talc  ,  la  porcelaine  font  des  matières  dé- 
licates. Fragilis. 

§3*  Dans  cette  acception  ,  appliqué  aux  ouvra- 
ges de  l'ii  î,  il  fignifie  quelquefois  ce  qui  eft  com- 
pofé de  parties  fines ,  déliées  &  fragiles  ,  travail- 
lées avec  peine  &  rapprochées  avec  adreffe  par  l'ou- 
vrier. C'eft  ainfi  que  l'on  dit  que  rien  n'eft  plus 
délicat  QflQ  les  petites  montres  que  font  aujourd'hui 
nos  horlogers. 

|CT  Quelquefois,  fans défigner en  aucune  fiçon 
la  foiblelfe  ou  la  fragilité  des  parties  ,  on  le  dit  des 
ouvrages  qui  demandent  dans  l  ouvrier  une  grande 
adrelfe  ,  une  grande  légèreté  de  main.  Elegans  ,  ar- 
tificiofus.  Sculpture,  cifélure  ,  gravure,  miniature 
délicace.  Les  oavviif^es  délicats  font  ceux  où  la  nature 
prend  pLùfirà  travailler  en  petit,  &  dont  la  matière 
prefque  imperceptible  fait  qu'on  doute  fi  elle  a 
deifein  de  montrer  ou  de  cacher  fon  adrelle.  Bouh. 
LesSculptures  des  corniches  corinthiennes  font  plus 
délicates  que  les  ornemens  Gothiques. 

UCT  On  dit  dans  ce  fens  qd'un  ouvrier  a  la  main 
délicate^  le  pinceau,  le  cifeau  délicat,  lorfqn'il  a 
exécuté  des  formes  qui  annoncent  un  goût  fur  j 
beaucoup  d'adveife  &  une  grande  légèreté  de  pin- 
ceau ,  de  burin,  &c.  îl  faut  avoir  la  main  bien 
délicate  peut  faire  de  petites  montres  &des  portraits 
en  miniature. 

ItT  Souvent  délicat  eft  oppofé  .à  robufte  ,  &  fi- 
gnlF.s,  foible  ,  qui  peut  aiféinent  recevoir  quelque 


DEL 

altération.  F/-Jî^i//j-,  délicatus.  Tempérament  (^eV/Vizrj 
fanté  ,  conftitution  délicate.  Un  enfant  délicat.  Vue 
délicate,  vue  foible,  qui  ne  peut  fouffrir  une  grande 
lumière. 

^fT  On  dit  dans  ce  fens  qu'un  homme  a  le  fom- 
mt\\  délicat ,  quand  le  moindre  bruit  l'éveille.  On 
dit  qu'un  cheval  a  la  bouche  délicate ,  lorfqu'il  a 
les  barres  fenfibles ,  qsand  on  le  manie  aiiémenc 
avec  les  aides  de  la  bride. 

IJC?  Enfin  délicat  paroît  avoir  un  rapport  parti- 
culier à  l'organe  du  goût  &  des  autres  lens  ,  6c  fe 
du  généralement  de  tout  ce  qui  produit  des  impref- 
fions  douces  &  agréables.  Mets  délicat j  vin  JcLcat, 
chère  délicate,  table  délicate  ,  délicatement  fervie, 
lorfque  les  mets  en  font  recherchés  ,  &  d'un  goût 
exquis.  Parfum  délicat ,  dont  les  parties  ni  trop  fub- 
tiles  ni  trop  groiîlères  ,  chatouillement  l'organe  fans 
l'offenfer,  Muiique  deiicate  ,  qui  flatte  agrcablemenc 
l'oreille. 
§3"  DÉLicAt,  au  figuré,  fignifie,  qui  juge  finement 
ce  qui  regarde  les  fens  ou  l'efprit.  On  dit  ,  en  ce 
fens,  goût  délicat.,  oneWie  délicate  ;  jugement,  ef- 
prit  délicat.  Solers  auditus.  Aures  teretes  habere.  Su- 
perbijjimum  aurium  judicium.  Eruditum  palatum.  Eru- 
ditos  oculos  habere  ,  &c.  On  le  dit  aufli  des  produc- 
tions de  l'efprir.  Penfée  délicate.  Ici  le  mot  de  deli- 
cate [Je  expùme  la  hnelfedu  fentimentqui  ne  réfléchit 
point,&  iaifir  vivement  le  réfultat  des  combinaifons. 
Les  gens  grojji ers  n'ont  qu'une  fenfation  \  ils  ne  joi- 
gnent ni  n'ôtent  rien  à  ce  que  la  naturedonne.  Les  gens 
û'(?7iiaz«ajoutent  à  chaque  idée,  à  chaque  goût  beau- 
coup d'idées  &  de  goûts  accefTôires.  Apicius  portoit  à 
table  bien  des  fenfations  inconnues  aux  mangeurs  vul- 
gaires. Ceux  qui  jugent  avec  goût  ont  oufe  font  une 
infinité  de  fenfations  que  les  autres  hommes  n'ont  pas. 
Une  penfée  délicate  eft  la  plus  fine  produèlion  de 
l'efpnt.  BouH.  Il  ne  faut  pas  que  le  fens  d'une  penfée 
délicate  foit  fivifible  ,  ni  fi  marqué  :  celles  mêmes  qui 
n'ont  rien  de  myftérieux  ,  ni  dans  le  fond,  ni  dans 
le  tour ,  &  qui  fe  montrent  à  la  première  vue  > 
ne  font  pas  proprement  délicates ,  quelque  fpiri- 
tuelles  qu'elles  foient  d'ailleurs.  Les  penfées  délica- 
tes font  des  vérités  compofées,  dont  les  deux  juge- 
mens  font  liés  de  manière  qu'on  fent  leur  liaifon  , 
fans  qu'il  foit  néceffaire  de  découvrir  le  principe 
qui  les  lie  :  mais  dans  ces  fortes  de  penfées  la  na- 
ture nous  épargne  l'embarras  de  la  réflexion  :  elle 
raifonne  pour  nous  ,  &  nous  fait  fentir  ce  que  nous 
devons  conclure  de  fes  raifonnemens-  \Jn  amour 
délicat  ,  eft  un  amour  tendre  ,  fenfible ,  &  où  le 
cœur  a  plus  de  part  que  les  fens.  La  louange  eft 
une  flaterie  délicate.  RocHEF.Les  Savans  dédaignent 
d'ordinaire  les  chofes  délicate!  &  galantes.  Font. 
Plutarque  foutient  les  chofes  graves  avec  beaucoup 
debon  fens  &  de  raifon  j  mais  aux  chofes  d'efprit 
il  n'eft  ni  inuenieux  ni  délicat.  S.  Evr.  Eft-il  poflible 
qu'avec  une  paifion  la  plus  tendre  &  la  plus  délicate 
qui  fut  jamais  ,  je  vous  aie  donné  un  inlian:  de 
chagrin?Li!TT.  Portug.  Je  crains  l'étude  des  attions, 
beaucoup  plus  que  la  froideur  du  tempérament  ; 
&  l'extérieur  eft  pour  les  âmes  grofiières  un  piège 
où  les  âmes  délicates  ne  peuvent  être  furprifes.  Ibid, 
Néron  fit  penr  Pétrone  ,  pour  n'avoir  plus  un  té- 
moin fi  délicat  de  fes  plaifirs  grolliers.  S.  Evr.  Ces 
efprits  Cl  délicats  dans  les  manières  neplaifent  qu'aux 
yeux.  Maleb.  Peut-être  avez-vous  f'u  combien  j'ai 
été  touché  dès  ma  jennelle  de  cet  éclat  indépendant 
du  hazard  ,  inféparable  de  nous-mêmes  ,  de  cette 
gloire  délicate  que  vous  poffédez ,  &  dont  vous  ères 
les  vrais  difpenfateurs.  Le  Duc  de  la  Force.  Ua 
efprit  auffi  délicat  que  le  vôtre  ,  trouve  peu  de 
chofe  qui  le  fatisfailenr.  Bouh. 

4Kr  II  fuffit  ,  dit  M.  l'Abbé  Girard ,  d'avoir 
afTez  d'efprit  pour  concevoir  ce  qui  eft  fin  :  mais  il 
faut  e.  coredu  goûr  pour  entendre  ce  qui  eu  délicac 
Le  premier  eft  au  deffus  de  b  portée  de  bien  gens; 
&  le  fécond  trouve  peu  de  perfonnes  qui  foient  à 
la  fienne. 

fC?  Qui  ne  fent  pas  le  délicat  du  premier  coup, 

ne 


DE  L 

*ie  le  (erttka  jamais.  On  peut  chercher  le  fin,  ce  il 
faut  faifir  le  délicat. 

fC?"  tin  convienr  également  pour  les  traits  de 
malignité  comme  pour  ceux  de  boncé.  Délicat  eft 
d'un  fervice ,  comme  d'un  mérite  plus  rare.  Il  ne 
fiedpasaux  traits  malins  j  &  il  ligure  avec  grâce 
en  fait  de  chofes  flatteufes.  Une  fatire  tine  ,  une 
\o\X3X\gQ  délicate. 

^3"  Délicat  ,  ilsnifie  encore  celui  qui  eft  difficile  à 
contenter  pour  les  chofes  qui  concernent  refpnt  ou 
les  fens.  Vous  êtes  bien  délicat.  Il  ne  fauc  pas  ttre 
/î  délicat. 

On  appelle  une  confcience  délicate,  une  conf- 
tience  timorée  &  fcrupuleufe  ,  qui  s'alarme  aifé- 
ment.  On  dit  d'un  homme  qui  fe  Hche  aiicment , 
qu'il  eft  pointilleux  ,  qu'il  efl  fore  dtlicat  fur  les 
formalités  ,  fur  les  égards  qu'il  prétend  lui  être  dus , 
qu'il  ne  peut  rien  foutfrir  qui  le  choque  le  moins 
du  monde. 

DÉticAT  ,  fe  dit  aufll  des  queftions  ,  des  affaires  épi- 
neufes ,  difficiles  à  manier  &  à  réfoudre.  DiificUis , 
periculofus  ,  lubricus.  Les  aftaires  d'Etat  font  déli- 
cates ^  dangereufes  à  manier.  Il  taut  s'abftenir  de 
parler  des  Grands  j  cela  ell  ddlicat  &c  chatouilleux. 
Les  queftions  de  la  grâce  font  les  plus  délicates  delà 
Théologie.  On  dit  aulli ,  qu'un  procès  eft  fort  de 
iicat,  lorlqu'il  eft  problématique  ,  que  les  avis  font 
fort  partagés  :  ôc  qu'un  homme  s'eit  tiré  d'un  pas 
fort  decicat ,  quand  il  s'el^  tiré  d'un  grand  danger 
par  fon  adrelfe. 

On  die  proverbialement  &  ironiquenient  à  un 
homme  ,  qu'il  eft  délicat  ôc  blond,  quand  il  eft  dif 
ficile  à  contenter.  On  le  dit  auffi  quand  il  fe  choque 
trop  facilement. 

DÉLiCATEMENT.adv.  D'une  manière  délicate  ,  avec 
délicatelfe.  f^oy.  les  différentes  acceptions  de  ce  mot. 
On  le  dit  au  propre  Se  au  figuré.  Délicate,  molVner. 
Ce  Peintre  peint  délicatement.  Cet  Auteur  écrit  fort 
délicatement ,  juge  fort  délicatement.  Ce  Seigneur  vii 
fort  délicatement-Cctte  affaire  a  befoin  d'être  maniée 
délicatement.  Mettre  en  œuvre  délicatement.  Vaug. 
Travailler  délicatement.  Ablanc.  Dans  les  hommes 
délicatement  ambitieux ,  la  modeftie  eft  un  fafte  fin 
&  délié, qui  leur  fiit  méprifer  le  lafte  des  autres. M. 
Esp.  La  fourbe  n'etoit  pas  trop  délicatement conàant. 
S.  EvR. 

"DELIC ATER.  v.  a.  Traiter  avec  molleffe.  Se  dslicater . 
chercher  trop  ks  aifes ,  vivre  dans  la  moleffe  &  l.i 
volupté.  Delicias  Jeclari  ,  curare  Je  molliter.  C'ell 
gâter  les  enfms  que  de  les  trop  délicater.Qvi^x\à.o\^ 
veut  afpirer  aux  grandes  chofes ,  il  faut  s'accoutu 
mer  à  la  fatigue  ,  aux  veilles  ,  au  travail. 

Délicate  j  ee.  part. 

^  DELICATESSE,  f  f.  Qualité  de  ce  qui  eft  délicat. 
On  le  dit  dans  la  plupart  des  fens  de  délicat ,  tant 
au  propre  qu'au  figuré.  Voy.  Délicat. 

^3"  Délicatesse,  par  rapporr  à  l'organe  du  goût. 
Qualité'de  ce  qui  flatte  agréablement  l'organe.  La 
délicatejje  du  vin  j  des  viandes ,  des  mets  confiftc 

en Dans  les  premiers  temps  les    hommes  ne 

connoilToienr  point  cette  grande  diverfité  de  mets , 
&  ce:is  délicatejfe  pernicieufe  (  lauti ,  exquijui  cibi.  ) 
que  nous  neconnoiffonj  que  trop  à  préfent. 

Ils  ignoraient  la  volupté 
Et  la  faulje  délicateffe  , 
Dont  aujourd'hui  notre  mollejje 
Se  fait  une  félicité. 

Délicatesse  de  la  main  .  c'eft  la  légèreté  ,  la  dexté- 
rité ,  l'attention  circonfpecte  avec  laquelle  on  ap- 
plique la  main  à  quelque  chofe  ,  à  quelque  opéra- 
tion avec  laquelle  la  main  agit,  opère.  La  délicateffe 
eft  néceffaire  à  un  Chirurgien  dans  les  opérations 
qu'il  fait,  pour  ménager  la  fenfibilité  du  malade. 
Dextcritas. 

(fT  On  le  di:  de  même  en  parlant  d'un  ouvraee 
iemMn.  InduJIria.  Ouvrage  d'une  ^r^nie  délicateffe, 
compofé  de  parties  fines ,  déliées  &  fragiles     rap- 
Tome  m. 


D  Ë  L  II? 3. 

prochées  avec  art ,  ou  qui  demande  dans  l'ouvrier 
une  grande  adretfe ,  une  grande  légèreté  de  main* 
On  dit  dans  ce  fens  une  grande  deacattj^e  de  pin- 
ceau ,  de  burin. 

|p"  Onàitz\xSi\i  délicatejfe  à\X  teint,  Xs.  délicd- 
te{je  de  la  peau ,  pour  marquer  que  la  peau  eli  fine 
tk  déliée. 

IfT  On  l'emploie  auffi  dans  le  fens  de  foibleffe. 
Infirmitas  ,  débilitas.  Dél.catejje  du  tempérament. 
La  délicitefe  de  fa  fanté  ,  de  fa  complexion  ne  lui 
permet  pas. .  . 

'^3  Délicatesse  de  goût ,  d'efpric ,  de  jugement, 
pour  marquer  lafinelle  de  lelprit  qui  faifit  le  rap- 
port ,  la  lunfon  ,  les  coinbmaifons  des  idées.  Deii- 
carcjfe  de  l'oreille,  fenfibilité  de  cet  organe  pouc 
difcerner  les  Ions  avec  préciiioi;4  f^oye-^  Délicat. 

0Cr  Délicatesse  d'une  penlée.  Lz  délicatejje  dans  les 
pcnlées ,  dit  le  P.  Bouhours ,  eft  une  force  polie  &c 
adoucie.  Foye^  DÉLicAr  dans  cette  acception.  Il  y 
a  une  fauffe  délicatejje  qui  décharné  le  diicours ,  &: 
lui  ôte  fa  fubftance  &c  fa  folidité.  S.  EvK. 

p3"  Délicatesse  des  louanges ,  fynonyme  de  finefTe, 
La  déiicûjjé  des  louanges  eft  inutile  ;  on  n'y  raffine 
plus  tant. 

I/CT  En  parlant  d'une  affiire  délicate  &  dange- 
reufe ,  on  dit  qu'il  faut  la  traiter  avec  beaucoup  de 
délicatejje  ,  avec  beaucoup  de  prudence  ,  d'adreffe  j 
de  circonfpection.  Summa  caucione  ,  cautè.  il  fauÉ 
ménager  Cela  avecgrande  dclicatef'c. 

î)CF  Délicatesse  ,  fe  prend  encore  pour  fenfibilité, 
raffinement  qui  nous  rend  difficiles ,  éloignement 
qu'on  a  pour  certaines  chofes,  peine  qu'on  a^  les 
fouftrir,  dégoût  qu'elles  caulent.  Fajiidium ,  averfus 
ab  aliquâ  re  animus.  Il  y  a  des  gens  qui  ont  une  déli- 
catelfe chagrine,  qui  ne  s'appliquent  qu'à  chercher 
les  défauts  des  autres  pour  le  plaihr  de  les  critiquer* 
Bell.  Les  Rois  ont  ceriaines  délicatejjes  qui  retien- 
nent dans  un  timide  refpeélceux  qui  les  approchent. 
Fléch.  La  délicatefe  de  notre  orgueil  augmente  dans 
la  profpérité.  Boss.  Ceux  que  là  paffion  d'être  aimés 
rend  fenfiblesau  mépris,  fe  l'attirent  d'ordinaire  par 
cette  délicatefe  incommode.  Nie.  La  délicateffe  ne 
lerr  bien  fouvent  qu'à  diminuer  le  nombre  des  plai- 
firSj&l'on  n'en  a  point  trop.  Il  faut  apprendre  à 
vaincre  notre  délicateffe  naturelle,  à  recevoir  des 
avis.  S.EvR.  J'ai  une  furieufe  délicateffe  pour  tout  ce 
qui  approche  de  moi.  Id.  Rien  n'eft  fi  ridicule  que 
cette  délicateffe  d'honneur  qui  prend  tout  en  mauvaife 
part ,  Mol.  Nimia  honoris  tuendi  cupido.  Delicaceffe^ 
dans  le  fens  qui  vient  d'être  expliqué;  rie  fe  prend 
pas  toujours  en  mauvaife  part  j  &c  ce  mot  ne  mar- 
que pas  toujours  un  excès  blâmable  ,  une  fenfibilité 
excellive  ,  ou  trop  grande.  On  étoit  rélolu  à  la  Coût 
de  France  de  n'admettre  aucune  médiation  dans  Une 
affaire  de  délicateffe  &  d'honneur.  L'AbbÉ  Regn.  Il 
s'agit  de  l'idfulte  faite  à  Rome  le  io.  Août  i66z.  au 
Duc  deCrequi ,  Ambaffadeur  de  France  :  \z  fenfbUité 
ne  pouvoir  guère  erre  trop  grande  en  cette  occafion. 
^Zr  La  fauffe  délicutejfe  dans  les  aétions  libres» 
dans  les  mœurs ,  ou  dans  la  conduite ,  n'eft  pas  ainfi 
nommée  parce  qu'elle  eft  feinte,  mais  parce  qu'elle 
s'exerce  fur  des  chofes  8c  en  des  occafions  qui  n'en 
méritent  point  lapîine.  La  fMi(re  délicateffe  de  gom  8c 
de  complexion  ,  n'eft  relie  au  contraire  que  parce 
qu'elle  eft  'einte  ou  affeéfée.  C'eft  Emilie  qui  crie  de 
toute  ù  force  fur  un  petit  péril  qui  ne  lui  fait  point 
de  peur  :  c'eft  une  autre  qui  parmignardife  pâlit  à  I3 
vue  d'une  fouris,  ou  qui  veut  aimer  les  violettes  & 
s'évanouir  aux  tubéreufes. 

Délicatesse,  au  pluriel,  fignifie  ce  qu'il  y  a  de  pIuS 

fin  •<>:  de  plus  choifi  dans  une  langue,  f^oye^  fineffes» 

Il  fut  toutes  les  délicateffesde  la  langue. Ondir  auffi, 

!      les  délicate  ffès  de  la  table;  pourdire,  les  mets  délicats. 

DÉLicATEssEj  fignifie  quelquefois  molleffe,  ou  trop 
de  commodité  «.;  denicnigement.  Mo/Z/V/j.  Il  ne  fiuc 
pas  élever  les  enfans  avec  trop  de  délicateffe  :  cela  les 
rend  efféminés. 

DÉhcatesse  ,  en  matière  de  confcience,  fe  dit  des 
fcrupules ,  des  frayeurs,  &:  des  alarmes  d'une  co»*^ 

B  b 


1^4  DEL 

cience,  à  qui  l'ombre  >  ou  l'apparence  même  du 
péché,  donne  des  inquiétudes  iSc  des  remords.  Rien 
ne  contribue  davantage  à  pertecbonner  la  pureté  de 
cœur  ,  que  la  delicatcjje  de  conicience. 
§3"  DELICE,  f.  m.  Terme  quiparoit  relatif  à  l'organe 
du  goût,  &  qui  exprmie  ptincipalcinent  le  plailir 
extrême  de  la  fenlation  du  goût.  UelicU.  C'elt  un 
délice  pour  certaines  perionnes  de  boire  à  la  glace 
même  en  hyver  j  &c  cela  elt  inJiftértrnt  pour  d'autres 
même  en  été.  On  le  dit ,  dans  le  même  lens ,  de  l'el- 
prit.  La  contemplation  eft  le  c/e/ice  d'un  elprit/élevé 
&'  extraordinaire. 

1^  Le  mot  de  plaifir  a  rapport  à  un  plus  grand 
nombre  d'objets  que  ceux  de  délice^  de  voLupté. 
On  le  dit  de  tout  ce  qui  concerne  l'efprit,  le  cœur, 
les  fens,  la  fortune ,  enfin  de  tout  ce  qui  eft  capable 
de  nous  donner  du  plaifir,  de  procurer  à  l'ame  une 
fituation  gracieufe.  L'idée  de  delke  enchérir,  par  la 
force  du  lentiment,  fur  ceWe  6q plaijir  -^  mais  elle  elt! 
bien  moins  étendue  par  l'objet  :  elle  Le  borne  pro-' 
prement  à  la  fenfation  ,  &  regarde  furtout  celle  de  ' 
la  bonne  chère.  L'idée  de  vùiufcé tÙ.  toute  feniuelle,' 
&  fcmble  déiîgner,  dans  les  organes  quelque  chofc 
de  délicat  qui  raffine  &  augmente  legoût.SvN.FR. 

fC?  Ce  mot  ell:  plus  fouvent  employé  au  pluriel  j 
où  il  eft  du  genre  féminin  ,  &c  fe  prend  dans  un  au- 
tre fens,  félon  lequel  il  exprime  l'objet  ou  la  caule 
de  cette  fituation  gracieufe  de  l'ame  :  comme  quand 
on  dit  jouir  des  délices  de  la  campagne.  Alors  ce  mot 
a  plus  de  rapport  aux  agrémens  que  la  nature ,  l'art  & 
l'opulence  {^ourniirent,  telles  que  de  belles  liabita- 
'tions, des  commodités  recherchées,  &  des  compa- 
gnies choilies ,  en  un  mot,  à  tous  les  objets  qui  ré- 
veillent les  idées  les  plus  douces ,  ou  excitent  les  fen- 
fations  les  plus  agréables.  DelicU.  Au  lieu  que  le 
mot  de /7/û//zr  a  pkis  de  rapport  aux  pratiques  per- 
fonnelles,  aux  ufages  &  aux  palfe-temps ,  tels  que  la 
table,  le  jeu,  les  fpeclicles,  &  les  galanteries:  & 
celui  de  volupté  déiigne  proprement  des  excès  qui 
tiennent  de  la  molleiïe,  de  la  débauche  &  du  liberti- 
tinage,  recherchés  par  un  goût  outré,  alîaifonnés 
par  l'oifiveté,  &  prépaies  par  la  dépenfe  tels  que 
l'on  dit  avoir  été  ceux  auxquelsTibères'abandonnoit 
dans  l'Ifle  de  Caprée. 

^fT  Le  Paradis  terreftrs  fut  appelé  le  jardin  de 
délices.  Etre  nourri  dans  les  délices.  Goûter  les  délices 
de  la  vie.  Faire  fes  plus  chères  délices  de  quelque 
chofe.  Les  délices  des  fens,  de  l'efprit.  Faire  fes 
délices  as  l'étude ^  du  jeu.  Les  délices  du  cœur  font 
plus  touchantes  que  celles  de  l'efprit.  Par-  tout  le  mot 
de  délices  lignifie  un  plaifir  extrême. 

fCr  On  dit  d'un  Prince  qu'il  eft  les  délices  de  fon 
fiècle  ,  pour  dire  qu'il  eft  l'objet  de  l'amour  public. 
L'Empereur  Titus  étoit  les  délices  du^enre  humain. 

De  Rome  pour  un  temps  Caïusfut  les  délices  ; 

Mais  fa  feinte  bonté  fe  tournant  en  fureur  j 

Les  délices  de  Rome  en  devinrent  l'horreur.  Racine. 

DÉLICHIA.  île  de  la  Méditerranée.  Dulichium.  C'eft 
unedesEchinadcs,ou  Curfolaires,  fituées  dans  le 
Golfe  de  Patras  à  l'entrée  de  celui  de  Lépante.  M. 
Spon  croit  que  c'eft  celle  qu'on  appelle  aujourd'hui 
Thiaki,  ou  petite  Céphalénie^  parce  qu'elle  n'eft 
éloignée  de   Céphalénie  que  de  trois   ou   quatre 


mi 


lies. 


DELICIEUSEMENT,  adv.  D'une  manière  délicieufe, 
avec  délices.  Délicate  ^  molVner.  Apicius  étoit  un 
homme  qui  vivoit  fort  déi-àeufement.  Lœ  Sybarites 
étoient  des  peuples  élevés  délicieufement.  Boi^e  déli- 
c'ieufement. 

DÉLICIEUX.  EUSE.  adj.  Terme  particulièrement  rela- 
tif à  l'organe  du  goût ,  qui  s'applique  à  ce  qui  flatte 
cet  organe  le  plus  agréablement  qu'il  eft  poftible. 
Su'avis.delicatus,  delic.Tti /aporis.Vin,  mets  délicieux. 
Ce  ragoût  eft  délicieux.  Fruit  délicieux. 

D'un  joug  cruel  il  puva  nos  aïeux  , 
Les  nourrit  au  defcrt  d'un  pain  délicieux  : 


DEL 

//  nous  donne  fes  Lqix ,  ilfe  donne  iui-mcme  ; 
Pour  tant  de  biens  il  commande  cju  on  L'aime. 

RaCINI:. 

l&'Par  extenfion  ce  mot  s'applique  aux  choies 
qui  excitent  dans  les  autres  oigaaes  les  fcnlations  les 
plus  agréables.  C'eft  ainh  qu'on  dit  uue  mufique  de- 
licieuje  ,  un  parfum  deûcieux. 

§Cr  En  gcnéralilant  ainfi  ce  mot ,  on  l'applique 
à  l'objet  ou  à  la  caule  de  la  lituation  gracieule  de 
l'ame,  à  ce  qui  produit  dans  elle  des  ienlations  agréa- 
bles. Converlation  deLicieufe.  Campagne  aeliueufe. 
Scjour  t/t'i/aea.v,  c'eft-à  diiCj  ou  tous  les  objets  ré- 
veillent des  idées  douces  j  &  procuient  à  l'ame  des 
lenfations  agréables.  Le  jardin  d  Eden  étoit  un  heu 
délicieux. 

ÇfJ'  On  s'en  fert  encore  pour  exprimer  cet  état 
de  pur  fennmentdans  lequel  lame j  dans  une  efpcce 
de  quiétifme,  ne  fait  plus  que  lentir  la  douceur  de 
fon  exiftence.  Il  y  a  des  folitudes  qui  charment  les 
ennuis,  &  qui  donnent  un  repos  dJic:eux.S.  EvRi 
Délicieux  momensj  Dieux  quels  momens! 

^fT  Quelques  Nécfogues  ont  même  ofé  joindre 
cette  épithète  à  des  termes  qui  expriment  une  litua- 
tion de  l'ame  fâcheufe  &  défagréable  :  iS<:  l'en  a  dic 
une  triftelle  délicieufe. 
DÉLICIEUX,  le  prend  aulîl  quelquefois  pour  volup- 
tueux, pour  celui  qui  aime  le  plailir.  C'eft  un  hom- 
me délicieux  dans  Ion  boire  &  dans  fon  manger.  Il 
ne  fe  dit  guère  abiolument  en  ce  fens-là.  Ac.  Fr, 
DELtCOTER.  v.  técip.  Terme  de  Manège,  qui  le  dit 
d'un  cheval  qui  eft  lujet  A  défaire  fon  licoljà  qui  il  fauî 
mettre  unlous-gorge.  Capifirum  excutere j  disjicere. 
Ce  cheval  eft  lujet  àfe  delicoter. 
§CT  DELIE.  EE.  adj.  fe  dit  au  propre  d'une  chofe  qui 
eft  très-mince ,  qui  a  très-peu  d'épailfeur  relative- 
ment à  fa  longueur.  Tenuis  j  gracilis.  Fil  délié,  toile 
déliée.  Trait  de  plume  drlie.  Le  lîl  de  lin  eft  plus 
déué<]ue  celui  de  chanvre.  Taille  déliée.  'Voilà  l'idée 
qu'on  nous  donne  ordinairement  de  ce  mot.  M. 
l'Abbé  Girard  en  comparant  ces  trois  motSj  menu  ^ 
délié  &  mince,  obferve   que  menu  n'a  quelquefois 
rapport  qu'à  la  grolleur  dont  il  manque,  &  d'autres 
fois  à  la  grandeur  en  tout  fens  :  que  le  délié  n'eft 
oppoié  qu'à  la  grolleur  J  fuppofant  toujours  une  for- 
te de  longueur  J  &  qu'enfin   le  mince  n'attaque  que 
l'épaifteur,  pouvant  beaucoup  avoir  des  autres  di- 
menfions.  Ainfi  l'on  dit  une  jambe  &  une  écriture 
menue  J   un  fil  délie  ^  une  planche   8c    une   étofie 
mince. 
gC?  Délié  ,  fe  dit  au  figuré  d'un  efprit  propre  aux  af- 
faires épineufes,  fertile  en  expédiens,  infinuantj 
fin,  foupie,  caché,  qualités  qui  lui  font  communes 
avec  l'efprit  fourbe  &  méchant  :  cependant  on  peut 
être  délié  fans  être  ni  méchant  ni  fourbe.  C'eft  la 
notion  que  les  Fncyclopédiftes  nous  donnent    de  ce 
mot  en  quoiii  paroîtqne  l'on  fait  un  peu  trop  relTem- 
bler  l'homme  i/c'/'/'^r  à  l'hommeTl-V?.  Un  nomme yT/Zj 
dit  M.  l'Abbé  Girard  marche  avec  précaution  par 
des  chemins  couverts.    Un   homme  fuktil  avance 
adroitement  par  des  voies  courtes.  Un  homme  délié 
va  d'un  air  libre  &  aifé  par  des  routes  fûres.  La  dé- 
fiance rend/?/?.  L'envie  de  réullir  jointe  à  la  préfencc 
d'elprit  rend  fu/ril.  L'ufage  du  monde  &  des  affaires 
rend  délié.  Les  Normands  ont  la  réputation  d'être 
fns.  Les  Gafcons  palfent  pour  fubtils.  La  Cour  four- 
nit les  gens  les  plus  déliés.  Foye^  encore  fn  &c  dé- 
licat. 

Quelques-uns dériventce mot  del'Hébreu  dal(\m 
lignifie  tenuis ,  ou  àtdalal,  qui  veut  dire  attenuari^ 
arefcere.  Mais, fans  aller  li  loin  ,  il  vient  de  delicatus  : 
ou  plutôt  il  vient -de  «'///€«,  vieux  mot  Celnque  & 
Bas  Breton  ,  qui  (vxmiit  feuille ,  à  caufe  que  la  feuil- 
le eft  mince  &  déliée. 
Délié  J  terme  de  Poche  Italienne.  Solutus.  Les  vers 
déliés,  que  les  Italiens  appellent  en  leur  langue/c/'o/- 
ti  J,  font  des  vers  qui  ne  riment  pas  les  uns  avec  les 
autres  :  ils  ne  font  point  aftreinrs  à  la  rime  j  mais  à 
un  certain  nombre  de  fyllâbes ^  &  à  la  cadence  j  on 


DEL 

pourroît  les  appeler  ane  profe  cadencée.  Anniball 
Caro  a  traduit  l'Enéide  de  Virgile  en  vers  déliés.  Il 
y  a  encore  d'autres  vers  Italiens  qu'on  nomme  déliés; 
inais  ils  font  aftreints  à  quelque  chofe  de  plus  diffi- 
cile que  la  rime  finale  ;  car  au  lieu  de  rimer  à  la  fin, 
comme  c'ell  l'ulage  dans  les  langues  vivantes  d'Euro- 
pe, dans  ceux-ci  la  fin  d'un  vers  rime  avec  le  milieu 
du  fuivant. 

Menando  un  giorno  gli  agnl  prejjo  un  fiume , 

yidi  un  bel  Imiie ,  in  me^^o  di  quell'onde.  Sannaz. 

Il  y  en  a  qui  appellent  ces  fortes  de  vers,  vers  à 
rimes  enchaînées  j  ce  nom  leur  convient  mieux  que 
celui  de  vers  délies.  Nous  appelons  en  François  ces 
fortes  de  vers,  vers  à  rimes  bâtelées.  En  voici  un 
exemple ,  tiré  de  Marot. 

Quand  Neptunus  ,  puijfant  Dieu  de  la  Mer^ 
CeJJa  (/'armer,  caraques  & galées.  Sec. 

DÉLIÉES,  f.  f.  pi.  Terme  de  chalTe.  Ce  font  les  fumées 
bien  mâchées  que  nous  appelons  en  terme  dechalFe, 
bien  moulues. 

^DELIENNES.  (Fêtes)  /^oy.  Délies.  _ 

DELIER,  v.  a.  Oter  le  lien  j  défaire  ce  qui  lie  quelque 
chofe.  Solvere,  cxfolvere.  Délier  les  pieds  &  les 
mains  d'un  criminel  attaché  à  un  poteau.  Délier  un 
faifceau  de  verges,  une  gerbe,  un  tagot. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  dijligare,  qu'on  a  dit 
dans  la  balfe  Latinité  dans  la  même  fignification. 
Voy.  les  Acla  Sancîor.  Marc.  T.  II.  p.  210.  ^. 

DÉLIER,  terme  du  grand  Art.  Z)e7^er  un  corps,  ou  le 
corps,  c'eft  le  dilfoudrcj  le  pourrir,  le  rendre  h 
quide,  moUj,  fluide,  coulantj  de  dur  qu'il  étou. 
Solvere ,  dijjolvere ,  putrefacere. 

DÉLIER,  fe  dit  figurément  en  chofes  fpirituelles.  Sol- 
vere. Jefus-Chnil  a  donné  pouvoir  à  S.  Pierre  £c  à 
fes  fuccelfeurs  de  lier,  ou  de  délier^  d'abfoudre,  ou 
de  refufer  Tabfolution.  Z)e7i(?r  d'une  maladie,  dans 
l'Evangile,  fignifie,  la  guérir.  On  dit  de  celui  qui 
parle  bien  &  facilement,  qu'il  a  la  langue  fort  deiue. 
Voici  le  jour  qui  rompt  mon  filence.  Se  qui  délie  ma 
langue.  Ablanc. 

Des  que  notre  efpritfe  délie  j' 
Tout  che^  nous  je  tourne  en poifon^ 
Le  premier  injiant  de  raifon  ; 
EJl  en  nous  ,  quoique  l'on  publie , 
Le  premier  accès  de  folie.  P.  du  Cerc. 


DÉLIÉ ,  ÉE,  part, 

DÉLIES,  f.  f.  Fêtes  qui  fc  cclébroient  à  Athènes  en 
l'honneur  d'Apollon.  Délia  ^  orum.  La  principale  cé- 
rémonie de  cette  tcce  étoitune  Ambalfade  des  Athé- 
niens à  l'Apollon  de  Délos,  ou  bien  un  pèlerinage 
qu'ils  y  faifoient  faire  tous  les  cinq  ans  j  ils  choilif- 
foient  pour  cela  un  certain  nombre  de  Citoyens, 
qu'on  chargeoit  de  celte  commilîion,  &c  qu'on  appe- 
loitpour  cela  Déuajics^  A;jA(«s-«(, ou  Théores,®'"?»', 
c'eft-à-dire,  les  voyans ,  ceux  qui  vont  voir.  Le  Chef 
de  l'Ambairade  ou  de  la  dépuration,  s'appeloit  Ar- 
chithéore ,  A^'^iS-iafi;.  On  y  joignoit  quatre  perfonnes 
de  la  famille  des  Céryques,  Prêtres  defcendans  de 
Mercure,  cjui  demeuroient  à  Délos  route  l'année 
pour  y  fervir  dans  le  Temple.  Toute  cette  dépura- 
tion partoit  fur  cinq  vailfeaux  ,  fur  lefquels  on  por- 
toit  tout  ce  qui  croit  néceffaire  pour  la  fête  Se  les  fa- 
crifices.  Celui  qui  portoit  les  Déliaftes,  ou  ThéoreSj 
ctoit  appelé  Déliade ,  AiAia?,  ou  Théoride  ;  les  qua- 
tre autres  vaitTeaux  facrés  qui  l'accompagnoient  fe 
nommoient  le  Parale,  l'Antigonide,  la  Ptolémaïde 
&  l'Ammonide.  Quelques-uns  difent  que  le  Parale 
&  la  Déliade  ,  font  le  même  vaiffeau  :  d'autres  les 
diftinguent.  Il  en  eft  auili  qui  difent  que  la  Déliade, 
écoit  le  vaideau  même  fur  lequel  Théfée,  vainqueur 
duMinotaure,  avoir  ramené  les  jeunes  Athénien- 
nes qui  dévoient  être  facrifiées  à  ce  monftre. 


DEL  195- 

Les  Déliaftes  qui  montoient  cevailTeail,  étoient 
couronnés  de  laurier.  Quand  ils  étoient  arrivés  Us 
ofFroient  d'abord  un  facrifice  à  Apollon.  Après  le 
facrifice,  déjeunes  filles danfoient  autour  de  l'autel 
une  danfe  nommée  en  Grec  Tifava»,  &  dans  laquelle 
par  leurs  mouvemens  embarrallés,  &  la  manière 
dont  elles  figuroient  enfemble, elles  repréfentoient  les 
tours  Se  les  détours  du  labyrinthe.  Quand  les  Déliaf- 
tes revenoient  à  Athènes,  le  peuple  alloit  au-devant 
d'eux ,  &  les  recevoit  avec  de  grandes  acclamations 
&  de  grands  cris  de  joie.  Ils  ne  quittoient  point  leur 
couronne  que  toute  leur  commillion  ne  fut  finie  ;  Sc 
alors  ils  alloient  la  conlacrer  à  quelque  Dieu  dans 
fon  temple.  La  Déliade  qui  les  portoit  étoit  aullî 
couronnée,  &  c'étoit  par-là  que  toute  la  fête  com- 
mençoitj  le  Prêtre  d'Apollon  couronnoit  la  pouppe 
de  ce  navire.  Tout  le  temps  que  duroit  l'allée  &  le 
retour,  &  toute  la  cérémonie,  s'appeloit  les  Délies 
&  pendant  tous  ces  jours-là  les  loix  délendoienc 
d'exécuter  aucun  criminel  j  privilège  fingulier  de 
cette  fèce  d'Apollon,  Sc  que  n'avoient  pas  même 
celles  de  Jupiter  j  car  Plutarque  remarque  que  ce 
fut  un  jour  confacré  à  Jupiter  qu'on  fit  prendre  à 
Phocion  le  poifon auquel  il  avoir  été  condamné^  Se 
l'on  attendit  au  contraire  trente  jours  pour  le  donner 
à  Socrate ,  parce  que  c'étoient  les  Délies.  Foye^ 
Thucydide 3  L.  III.  Jul  Pollux,  L.  VIII.  c.  9.  Seft. 
2(5.  Franc.  Rollïuus  Arch.  Attic.  L.  VIL  c.  2.  Sam* 
Petit.  Comment,  in  Leg.  Attic.  L.  I.  Tit.  2.  Pafchal. 
Corcn.  L.  IV.  c.  18.  è-  19.  Meurfius  Lexic.  Suicerus, 

Thucydide,  L.  III.  p.  245.  de  la  féconde  édition 
d'Henri  Eltienne,  dir  que  ce  fut  pendant  l'hiver  de 
la  lîxième  année  de  la  Guerre  du  Péloponèfe  que  les 
Athéniens  firent  les  Délies,  après  avoir  expié  l'Ile 
de  Délos,    &    en    avoir    nté   c-^us  les  tombeaux, 
&  ordonné  que  perfohne  n'y  naîtroit  Se  n'y  mourroic 
dans  la  fuite,  mais  que  l'on  tranfporteroit  tous  les 
moribonds    dans  une  petite   Ile  appelée   Rhéniej 
qui  touche  prefque  à  Délos.  Long-temps  avant  ce 
temps  -  là    les  Ioniens  Se  les   Infulaires  voifins   de 
l'Ionie  faifoient  des  efpèces  de  Délies:,  c'eft-à-dire, 
des    fêtes   Se  des    jeux  femblables   aux   Ephéfies, 
qu'ils  célébrèrent  dans  la  fuite. Il  y  avoit  des  coiîibats 
gymnaftiques  &  de  poëfie  ,  ou  de  mufique.  Thucydi- 
de, à  l'endroit  que  j'ai  cité  ci-delfus,  en  parle  d'après 
Homère^ 
DELINÉATION.  f.  f.   Repréfentation,  defcription 
qu'on  fait  d'une  chofe  avec  de  fimples  lignes,  avec 
de  fimples  traits.  Delineatio.  Ce  plan  n'eft  pas  encore 
en  fa  perfcdion,  ce  n'eft  que  fa  pïomièze  délinéation. 
Délinéation  d'une  place. 
DÉLINQUANT,  adj.  employé  fubftantivement.  Ter- 
me de  Palais.  Qui  a  commis  quelque  délit.  Noxa 
reus  ,   delicli  reus.  Il  eft  du  devoir  d'un  Magiftrac 
d'être  févère  à  punir  les  délinquans. 
DELINQUANT ,  fe  dit  auili  en  Droir  Canon  &  en  Théo- 
logie Morale.  Il  y  auioit  de  l'indifcrétion  dans  le 
zèle  ,  (\  l'on  employoit  les  cenfures ,  lorfque  des  avis 
charitables ,  ou  des  défenfes  réitérées  fous  peine  de 
quelque  moindre  châtiment  ^  feroient  capables  de 
contenir  les  perfonnes  dans  leur  devoir,  ou  de  ré- 
duire les  délinquans.  Confer.  d'Ang. 
DÉLINQUER.  V.  n.  Commerrie  quelque  délit  j  con- 
tvevenïv  à.h  loi.  Diilinquere  ,  peccare.  Un  Procureur 
qui  a  délinqué,  qui  a  prévariqué  en  fa  charge,  doit 
erre  puni,  il  ne  fe  dit  qu'au  Palais. 
DÊLIOT.  f  m.  C'eft  un  petit  bonnet  de  cuir  blanc  > 
dont  les  vélineufes  couvrent  le  bout  de  leur  pouce, 
pour  travailler  au  point  de  France.  On  fe  fert  du 
déliât  comme  on  fe  fert  du  dé  à  coudre,  excepré  que 
ledélintf^  met  au  pouce.  Se  en  couvre  environ  au- 
tant qu'en  emporte  l'ongle.  Il  fert  à  poufTer  Tniqnilla 
à  vélin,  'qui  eft  (i  fine,  que  le  cul  en  entreroit  dans 
la  chair  fans  cette  précaution. 
DELIRE.  (.  m.  Terme  de  Médecine.  Egarement  d'eC- 
pritcaufé  par  quelque  maladie  le  délire  confifte  dans 
un  exercice  dépravé  de  l'entendement  &  de  la  mé- 
moire. Voyei  Folie,  démence,   manie.  Delirium, 

B  b  ij 


r^G  DEL 

Quand  le  diaphragme  ell  ofFenfé ,  i!  caufe  le  déi'ne 
ik  la  phrénéde.  Le  délire  arrive  par  une  trop  grande 
perte  de  fang  qui  afîoiblit  le  cerveau,  par  la  piquure 
d'une  bète  venimeu(e,  par  la  femence  &  menltrues 
retenues  dans  la  matrice,  par  la  pourriture  d'un 
membre  gangrené,  Sic.  La  fièvre  chaude  caufe  aulli 
le  de/ire  ,  quand  il  y  a  tranfport  au  cerveau. 

Quelques-uns  dérivent  ce  mot  de  Uni ,  qui  chez 
les  Anciens  fignifioit  des  (illons  tirés  en  droite  ligne, 
de  forte  qmls  ont  appelé  delirare,  a  reclo  abtrrart. 
çp^  ÛÉLIS.  Voye-^  Dell 

fC?  DELIT,  f .  m.  Terme  de  Pratique.  Faute ,  crime  , 
péché.  Dellclum.  Ces  quatre  mots  ne  font  nulle- 
ment fynonymes,  Poye^  au  mot  crime  ,  &  fous  les 
articles  particuliers  les  nuances  qui  les  dilHnguent. 
Le  delà  ell  proprement  une  rransgreilionde  la  Loi 
civile  j  qui  part  de  la  défobéiflance  ou  de  la  rébel- 
lion contre  1  autorité  légitime.  Les  duels  &  les  con- 
trebandes font  des  délies. 

|C?  Le  délit  eft  commis  direiflement  contre  l'in- 
térêt public ,  comme  l'homicide ,  ou  contre  celui 
des  particuliers,  comme  le  vol.  De-là  ,  dans  le  Droit 
Romain  j  la  divilioa  du  délit  j  en  i/e/Zr  public  &c  dé- 
lit privé. 

|t3"  Mais  les  Ordonnances  de  nos  Rois  en  ont 
admis  d'autres  ■,  favair ,  les  délits  capitaux  &  non 
capitaux ,  &  les  délits  ou  cas  privilégiés  ôc  communs. 
ycyei^  Crim£. 

_|KT  Le  ./tf/ir  commun  eft  oppofé  au  délit  privilé- 
gié, feîon  notre  ufage. 

fjCJ"  Par  délit  commun  ,  on  entend  celui  dont  le 
Juge  d'Eglife  peut  connoître  lorfqu'il  eft  commis 
par  un  Eccléiiaftique  ,  fuivant  le  Droit  commun. 

ffT  Par  le  délit  privilégie  ,  on  entend  celui  qui 
eft  commis  par  un  Eccléfiaftique  ,  pour  raifon  du- 
quel il  eft  fujet  à  la  Jurifdiélion  du  Juge  royal ,  par 
un  droit  &  privilège  fpécial  qui  lui  en  attribue  la 
connoilîance  ,  attendu  que  ce  délie  doit  être  puni  de 
mort. 

Les  délits  communs  font  non- feulement  les  con- 
traventions à  la  Difcipline  &  aux  Loix  Eccléfiafti- 
ques ,  mais  encore  toutes  fortes  de  crimes  j  excepté 
les  cas  privilégiés;  qui  font  le  vol ,  la  fédition  ,  l'af- 
faiiinat  ,  la  faulfe  monnoie.  Crimen  tranjlatitium  , 
tranflatitia  criminatio.  On  mec  aufli  l'adultère  au 
■nombre  des  cas  privilégiés ,  quand  le  mari  en  rend 
plamte  à  la  Juftice.  Les  délits  communs  ,  ou  crimes 
Eccléllaftiques  font  la  iîmonie  ,  la  confidence  ,  le 
facrilège  commis  fiins  violence ,  (S-c.  Autrefois  les 
Laïques  ne  prenoient  aucune  connoifllnice  des  af- 
faires des  Clercs  ,  ni  de  leurs  mœurs.  Ainfi,  dans  la 
corruption  qui  infefta  le  Clergé  ,  le  plus  confidéra- 
ble  privilège  du  caractère  clérical  fut  de  fouftraire 
les  coupables  aux  rigueurs  de  la  Juftice.  On  remar- 
que que  les  Juges  d'Eglife  fe  contentoient  d'impo- 
fer  des  pénitences  légères,  &  n  abandonnoient  pref- 
que  jamais  le  criminel  au  bras  féculier.  A  Rome 
mcme  ,  on  obtenoit  facilement  des  abfoiutions.  On 
crui  donc  que  ,  pour  maintenir  la  fureté  publique  , 
i!  falloir  excepter  les  crimes  les  plus  atroces;  &  c'eft 
ce  qu'on  appela  les  cas  privilégier.  Il  y  a  plus  de  ;oo 
-  ans  que  cette  diftinélion  du  délit  commun  eft  érabhe, 
6c  cependant  on  ne  convient  pas  encore  à  quoi  il  fe 
réduit.  Les  Juges  laïques  le  bornent  aux  crim.es  pu- 
rement Eccléiiiiftiquos  ,  &  aux  fimples  contraven- 
tions à  hiDifcipiiiie.  Par  une  Déclaration  de  1684, 
i'inftruelion  pour  les  cas  privilégiés  fe  fait  par  le 
Jtige  Royal  ,  &  le  Juge  d'Eglife  conjointement.  Le 
Droit  Civil  parle  des  obligations  qui  fe  contradenr 
par  le  délit,  oi\  quafi-délit.  Le  quafi- délit,  q^  une  faute 
commife  par  imprudence ,  fans  dol ,  ni  volonté.  C'eft 
une  efpèce  d'incongruité  d'appeler  t/AVcximmun, 
celui  dont  les  Officiaux  prennent  connoilfance  dans 
la  plupart  des  crimes  des  Ecdéfiaftiques  &  délit  pri- 
vilégié, celui  qui  eft  renvoyé  devant  les  Oflîciers 
Royaux  ;  comme  fi  la  connoilfance  qu'ont  les  Ecdé- 
fiaftiques de  l'un  j  leur  appartenoit  de  droit  com- 
mun ,  &  que  les  Oliiciers  du  Roi  n'culfent  celles 
dont  ils  jouilTent  que  par  privilège  :  vu  qu'il  en  eft  tout 


DEL 

le  contraire,  &  que  ce  n'e.ft  que  par  la  permiflîoiî 
du  Roi  que  les  Officiaux  connoiftent  de  la  plupart 
de  ces  crimes  ;  car  le  for  extérieur  appartenant  aa 
Magiftrat  politique  ,  &  l'exercice  de  la  jurifdiûion 
criminelle  des  OlHcialitésdéfirant  un  for  &  un  Tri- 
bunal extérieur  :  parce  que  nous  appelons  for  exté- 
rieur ,  tout  ce  qui  eft  hors  le  Tribunal  des  confcien- 
ces ,  il  s'enfuit  de-là  que  le  délit  qui  eft  porté  au 
Tribunal  des  Ecdéfiaftiques  devroit  être  appelé  pri- 
viégié,  puisqu'ils  n'en  exercent  la  jurifdiétion  que 
par  privilège ,  &  que  le  délit  dor>t  connoiiienc  les 
Officiers  du  Roi ,  devroit  être  appelé  le  délit  com- 
mun. Talon  ,  ou  plutôt  M.  Noland.  Le  'Vayer  de 
Boutigni ,  dans  fon  Traité  de  l'Autorité  du  Roi  dans 
l'AdminiJlration  de  l'Eglife. 

§cr  On  dit  proverbialement ,  qu'on  eft  trouvé  en 
flagrant  «ieVir,  quand  on  eft  pris  fur  le  fait,  àl'inftanc 
qu'on  commet  le  crime. 

§Cr  On  appelle  corps  de  délit ,  ce  qui  conftate  le 
crime  qui  a  été  commis  ,  comme  en  matière  d'ho- 
micide ,  un  cadavre  ;  en  madère  de  vol ,  une  effrac- 
tion. Avant  que  de  condamner  un  criminel ,  il  faut 
que  le  corps  de  délit  foit  conftant. 
§C?  Délit  ,  terme  d'Archireclure  &  de  Mnçonnerie. 
Le  côté  j  le  fens  d'une  pierre  différent  du  ht  qu'elle 
avoir  dans  la  carrière.  Mettre  en  délit  une  pierre  j 
c'eft  la  mettre  dans  un  autre  fens  qu'elle  n'étoit  dans 
la  carrière  ,  cela  s'appelle  délit  en  parement.  Dclic 
en  joint  j  c'eft  le  lit  du  fens  des  joints  monrans. 
C'eft  une  mal -façon  de  pofer  les  vouflToirs  autre- 
ment que  de  </c7/'r  enjoint  j  comme  fi  l'on  chargeoit 
un  livre  fur  la  tranche  ,  il  eft  évident  que  le  poids 
feroit  effort  pour  écarter  les  feuilles  ;  audicu  qu'il 
les  appuie  les  uns  fur  les  autres  lorfqu'on  le  charge 
fur  la  joue.  Il  y  a  des  pierres  ii  compa(5tes ,  qu'elles 
n'ont  ni  lit  ni  délit.  Tels  font  la  plupart  des  marbres 
qu'on  peut  pofer  comme  on  veut. 

En  termes  d'Eaux  &  Forêts ,  on  appelle  des  arbres; 
Aq  délit  j  ceux  qui  ont  été  coupés  clandeftinement, 
ou  contre  les  Ordonnances  &  Réglemens  ,  qui  fonc 
fujets  à  confifcation  &  à  amende.  Clam  ac  Jurtim 
Cit/k  arbores^ 

Ce  mot  de  délit  vient  du  mot  Latin  deliclum ,  for- 
mé de  delinquo. 
Devoir  de  délits  j  terme  de  Coutumes.  Certain  droit 
d'un  boiffeau  de  feigle  fur  chacune  ancienne  tenue 
de  chacun  ménager  paroiflien  tenant  feu  &  fumée  , 
&  labourant  terre. 
DELITER,  v.  a.  Ternie  de  Maçonnerie.   Pofer  une 
pierre  dans  un  bâtiment  en  fens  contraire  à  celui 
qu'elle  avoit  dans  la  carrière  ,  quand  elle  étoit  fur 
Ion  lit  naturel.  Lapident  contrario  infau  ci  qucm  ha~ 
hebat  in  lapidicina  collocare.   Il  faut  avoir  attention 
de  ne  point  déliter  les  pierres  ;  car  elles  fe  fendent 
pour  peu  qu'on  les  charge,  quand  elles  font  délitées. 
Le  marbre  ne  fe  délite  point,  parce  qu'il  fe  peut  met- 
tre en  tous  fens  ,  &  qu'il  n'a  point  de  lit.  Il  y  a  des 
pierres  dures  qui  ont  la  même  propriété.    On  dit 
qu'une  pierre  fe  délite  ^  quand  elle  fe  fend  par  feuil- 
lets. DiJJblvi.   Car  les  pierres  fe  forment  dans  les 
carrières  par  feuilles  mifes  les  unes  fur  les  autres. 
C'eft  pourquoi  ii  oA  ne  les  met  pas  de  plat,  tous 
ces  feuillets  qui  fe  trouvent  de  champ  s'écartent ,  & 
fe  délitent  j  Hi  ne  peuvent  pas  porter  de  grands  far- 
deaux. 
Dr.LiTÉ  ,  ÉE  ,  part. 

DELITESCENCES,  f.  f.  Terme  de  Chirurgie.  Cache, 
retraite.  Mot  forgé  du  verbe  Latin  delitefcere ,  fe 
cacher  j  difparoître.  L'Auteur  du  Brigandage  de  la. 
Médecine,  en  parlant  des  abcès  incomplets,  ou  à 
demi-faits ,  &  des  épanchemens  imparfaits  ,  femi- 
flui ,  infifte  fur  la  crainte  &  fur  l'attention  où  ils 
doivent  tenir  un  Médecin  contte  leurs  rétroceilîons, 
ou  leurs  déluefcences. 

tfT  Déliufcence  eft  un  reflux  fubii'  de  l'humeur 
morbihque  de  dehors  en  dedans,  qui  fait  difparoître 
tout-d'un-coup  une  tumeur,  un  abcès,  un  apoftême; 
accident  plus  ou  moins  à  craindre  ,  félon  que  l'hu-* 
meur  rentrée  dans  les  vaifleaux  ,  eft  bénigne  ou  ma- 


DEL 

ligne  ;  félon  que  les  parties  où  elle  fe  dépofe  ,  font 
internes  ou  externes ,  &  qu'elles  loat  plus  ou  moins 
elfentielles  à  la  vie. 

DELITEX.  adj.  Vieux  mot.  Délicieux. 

f^  DELIVRANCE,  f.  f.  Terme  de  Jurifprudence. 
Adion  par  laquelle  on  livre  quelque  choie  entre  les 
in.iins  de  quelqu'un  ,  hvrailon.  fraduio.^  On  lui  a 
fait  la  dcLivranu  à  cet  encan  d'une  tapillerie.  Il  ne 
veut  pas  faire  la  délivrance  des  titres  de  cette  terre  , 
qu'il  n'en  ait  touché  tout  l'argent.  On  demande  en 
Jullicc  la  délivrance  d'un  legs.  La  délivrance  du  legs 
fe  doit  demander  par  devant  le  Juge  du  domicile  de 
l'héritier. 

^Zt  Délivrance  ,  eft  aulTi  r«d:ion  par  laquelle  on 
met  en  liberté.  Libcratio.  Travailler  pour  la  déli- 
vrance de  (on  pays.  Travailler  à  la  délivrance  des 
efclaves ,  des  prifonniers  ,  eft  une  œuvre  fort  chari- 
table. L'.edemcio. 

^fT  On  dit  qu'une  femme  a  eu  une  heureufe  dé- 
livrance ,  pour  dire  qu'elle  eft  accouchée  heureufe- 
ment.  Parcus. 

En  termes  deMonnoie ,  on  appelle  ,  Faire  la  déli- 
vrance ,  loifque  les  Officiers  donnent  permilîîon 
d'expofcr  les  monnoies  en  public  ,  après  les  avoir 
bien  examinées.  Approbacs.  monets,  ufuni  permittere. 
Les  Gardes  font  relponfables  de  la  juil;eire  du  poids , 
-èc  les  ElEiyeurs  de  la  bonté  du  titre.  On  dreife  un 
ade  de  cette  délivrance ,  te  c'eft  le  premier  jugement 
qui  ell  fait  des  efpèces.  Voyez  Boizard  j  p.  95.  ^6. 
&  146. 

DELIVRANDE.  f.  f.  Ce  mot  s'eft  dit  apparemment 
autrefois  pour  Délivrance  ,  au  moins  en  Norman- 
die ,  ou  s'eft  fiit  de  Délivrance,  Il  ne  fe  dit  plus  que 
pour  nom  d'un  lieu  qu'on  appelle  Notre-Dame  de 
la  Délivrande ,  ou  limplement,  la  Délivrande.  C'eft 
un  lieu  de  dévotion  où  il  y  a  une  Chapelle  dédiée 
à  la  lainte  Vierge.  Il  cil  en  Normandie,  à  un  quart 
de  lieue  de  la  mer ,  à  trois  lieues  de  Cacn ,  à  une 
de  Beinieres ,  &:  à  deux  d'Eftrehan  ,  dans  le  Diocèfe 
de  Baieux.  Aller  en  pèlerinage  à  la  Délivrande  ,  ou 
Notre  Dame  de  la  Délivrande. 

DELIVRE,  f.  m.  Se  dit  à  la  campagne  de  l'arricre- 
faix  de  la  vache ,  quand  elle  a  tait  fon  veau  :  ce 
qu'on  appelle  enLatin  fecundina  vitulinaAl  fe  dit  aulli 
de  l'arrière-faix  des  femmes,  fcye^  Arriere-Faix. 
On  dit,  en  termes  de  Fauconnerie,  Un  oifeau  fort 
à  délivre  ,  qui  n'a  point  de  corfage  ,  &:  qui  eft  quafi 
fans  chair  ,  comme  le  héron.  Macer^  macilentus. 

Délivre  ,  adj.  Vieux  mot.  Libre,  dégagé  ,  ou  même 
délivré.    Glojf.fur Marot. 

DELIVRER.  V.  a.  Livrer,  mettre  en  la  main  de  quel- 
qu'un quelque  meuble  ,  argent,  papiers,  marchan- 
dile  Tradere  in  manus.  Il  faut  délivrer  à  un  Exécu- 
teur tcftamentaire  tous  les  meubles  d'une  fuccellion, 
pour  en  rendre  compre  au  bout  de  l'an.  Je  lui  ai 
délivré  cette  lettre  de  change,  ce  ilépôt  en  main  pro- 
pre. On  a  délivré  à  fon  Faéleur  tout  le  vin  qu'il  a 
acheté. 

Ce  mot  vient  du  Latin  deliherarc.  Ménage.  Qui 
ne  hgnitie  point  cela  en  Latin. 

On  dit ,  Délivrer  des  ouvrages  à  un  Entrepreneur, 
à  un  Maçon  ,  pour  dire  ,  Donner  des  ouvrages  à  un 
Entrepreneur  ,  à  un  Maçon.  Et  on  dit  qu'un  Entre- 
preneur doit  délivrer  des  ouvrages  dans  un  certain 
temps ,  pour  dire ,  qu'il  les  doit  rendre  parfaits  & 
achevés  dans  ce  temps-là. 

fer  Délivrer  j  (îgnifie  aufii  adjuger  en  Juftice.  Addi- 
cere  ,  adjudicare.  Dans  une  vente  ,  l'Huillîer  délivre 
"n  meuble  au  plus  offrant  &  dernier  enchérilfeur. 

1^  Délivrer,  dans  la  fignification  de  mettre  en  li- 
berté ,  affranchir  de  quelque  mal ,  nous  tirer ,  ou 
nous-mêmes,  ou  les  autres  d'une  fituation  pénible 
de  corps  ou  defprit.  Libérale  ,  redimere.  Jefus-Chrift, 
par  fa  Pallion  ,  nous  a  délivré  de  la  mort  éternelle. 
Ma  paftion  ne  s'afFoiblit  point  par  les  retcurs  que  je 
fais  (ur  moi-même  pour  m'en  délivrer.  La  mort  nous 
délivre  de  bien  des  maux.  Délivrer  quelqu'un  de  la 
pourfuite  de  fes  créanciers.  Liberare  aliquem  credi~ 
toribus.  Le  délivrer  de  prifon  ,  d'un  grand  fardeau. 


DEL  197 

Liberare  cujlodiis  corporis ,  magno  onere.  Se  délivrer 
de  fes  dettes.  Liberare  fe  are  aliéna.  Me  voilà  délivré 
d'une  grande  inquiétude.  Délivrer  une  ame  du  Pur- 
gatoire. 
§CJ"  Délivrer  ,  en  parlant  d'une -femme  ,  fynonyrtie 
d'accoucher.  C'eft  une  Sage-temme  qui  l'a  délivrée^ 
Foye^  Accoucher  dans  cette  acception. 

i'fj'  On  dix.,  dans  le  même  fens ,  qu  une  femme 
s'eft  heureufement  délivrée  d'un  garçon  ou  d'una 
fille  ,  pour  dire  qu'elle  en  eft  heureufement  accou- 
chée. Parère.  Voye-:^  Accoucher. 

fer  Et ,  dans  un  fens  un  peu  différent  ,  on  die 
qu'une  femme  ell:  accouchée  ,  mais  qu'elle  n'cfi:  pas 
encore  délivrée  ,  pour  dire  que  le  délivre  ,  l'arrière-  ■ 
faix  n'eft  pas  encore  venu.  Koye^  Arrière-faix. 

DÉLIVRE ,  ÉE.  part.  Il  a  les  fignincations  de  fon  verbe, 
en  Latin  comme  en  François. 

DELIVREUR.  f.  m.  Celui  qui  délivre.  Liberator.  Ce 
mot  ne  fe  trouve  employé  que  dans  le  ftyle  burlef- 
que.  Ce  £/e7ivre«r  d'Andromède  vit  moins  de  monts 
éc  moins  de  vaux.  Voit.  En  fa  place  on  dit ,  Libéra- 
teur. Quand  délivreur  fignilie  libérateur ,  il  ne  fe  dit 
qu'en  badinant  :  mais,  quand  délivreur  eft  un  nom 
d'emploi,  d'otlice,  il  fe  dit  bien  en  François,  &  lignifie 
celui  qui  délivre  ,  qui  donne  une  choie  qu'il  garde, 
qu'on  a  confiée  à  fes  loins.  Promus.  Des  trois  gar- 
çons de  la  Paneterie  l'un  eft:  appelé  le  Délivreur, 
État  de  la  Fr. 

ffT  On  appelle  aufti  délivreur ,  en  termes  deXLi- 
nège  ,  un  domeftique  qui  diftribue  aux  heures  mar- 
quées l'avoine  donr  il  a  la  clef. 

Ip-  DELLI.  roye^  Dehli. 

DELME.  Bourg  de  Lorraine.  Delma.  Quelques-uns 
croient  que  c'eft  le  Duodeciacum  des  Anciens  ,  que 
d'autres  placent  à  Dieuze.  D'autres  veulent  que 
Deline  foit  l'ancienne  Duiacum. 

fer  DELMENHORST.  Delmcnhorftium.  Ville  d'Al- 
lemagne j  capitale  du  Comté  de  ce  nom,  fur  la  ri- 
vière de  Delme  ,  qui  arrofe  la  Baffe-Saxe,  &  fs  perd 
enfuite  dans  le  Wefer. 

DELMINO.  Petite  ville  de  la  Turquie  en  Europe  , 
qu'on  appelle  autrement  Damna  &c  Damnio  :  en 
Latin  Delminium  ,  Dalminium  ,  Dalmana.  Elle  eft 
dans  la  Bofnie  près  de  Drina.  Delmlno  eft  aujour- 
d'hui peu  de  chofe  ;  cette  ville  étoit  autrefois  puif- 
fante  ,  &  la  capitale  d'une  petite  République  qu'on 
appeloit  la  Dalmatie.  xMaty.  HofFman  &  liaudrand 
dilent  qu'on  l'appelle  aujourd'hui  Dumno  ;  Mary  & 
M.  Corneille  après  lui  nous  donnent  Delmino  pouc 
fon  véritable  nom.  Quelques-uns  prétendent  que 
c'eft  Almifla,  ou  Almifa ,  que  l'en  voit  fur  les  Cartes 
de  Sanfon ,  &  qui  s'appelle  Omifc  en  Sclavon  :  mais 
Jean  Lucius  diftingue  ces  deux  lieux.  Voye-:{  HofF- 
man ,  aux  mots  Delminium  j  Peguntium  &  Dal- 
matia. 

DÉLOER.  v.  a.  Vieux  mot  j  Blâmer. 

CCJ-  DÊLOGEMENT.  f.  m.  Aftion  de  déloger  ,  chan- 
gement de  logement.  Migratio.  Le  temps  du  déloge- 
ment approthc. 

ce?  On  dit  plus  fouvent  déménagement,  quoi- 
que ce  mot  ne  fignifie  proprement  que  le  tranfport 
des  meubles  d'un  logement  dans  un  autre. 

DÉLOGEMENT  ,  en  termes  de  Guerre ,  fignifie  ,  Décam- 
pement. Cajlrorum  modo,  copiarum  e  cajtris  dtfcef- 
fio.  Le  délogemenc  de  cette  armée  s'eft  fait  en  peu ,  ï 
la  hâte  &  en  défordre. 

fCF  On  le  dit  mieux  du  départ  des  gens  de  guerre 
logés  par  étape.  Obtenir  un  délogement  des  gens  de 
guerre.  Acad.  Fr. 

fG'  DELOGER,  v.  n.  Quitter  un  logement  pour  aller 
en  occuper  un  autre.  Migrare  ,  demigrare.  J'ai  don- 
hé  congé  de  mon  appartement ,  je  déloge ,  je  démé- 
nage à  la  S.  Rémi. 

fer  Quelquefois  il  fignifie  limplement  fortir  du 
logis ,  de  la  maifon.  Migrare  domo. 

Mon  père  jji  matin  qui  vous  fait  déloger.  Rac. 
%CT  Déloger  ,  fe  dit,  dans  le  même  fens,  des  troupes 


icjS  DEL 

logées  par  étapes.  Le  Régiment  a  délogé  à  la  pointe 
du  jour. 
^fT  Déloger  ,  fe  dit  auffi  pour  décamper.  Cajlra  mo- 
vere ,  e  capris  difcedcrc.  A  l'approche  de  l'ennemi 
l'armée  délogea  bien  vite.  On  ne  le  dit  plus  guère 
en  ce  fens. 
'^fT  Déloger  ,  fignifie  encore  s^enfuir  ,  fe  retirer. 
Recedere ,  rejugcre.  On  avoir  fait  un  logement  fur  la 
contrefcarpe  ;  mais  il  en  a  fallu  dcloger.  Quand  les 
Archers  font  en  campagne,  les  voleurs  délogent  bien 
vîte. 

§3"  Quelquefois  il  fîgnifîs  feulement  fortlr  de 
la  place  que  l'on  occupe.  Loco  cedere  j  decedere.  De- 
loge^  de-là  ,  c'elt  ma  place. 
DÉLOGER,  V.  a.  fignihe  ôter  un  logement ,  obliger  à 
Ibrtir  d'un  logement. 

Depellere  j  ejicerc.  On  déloge  les  gens  de  mau- 
vaife  vie  tous  les  trois  mois.  Un  propriétaire  peut 
déloger  un  locataire ,  quel  que  bail  qu'il  ait  tait , 
quand  il  veut  occuper  les  lieux  en  perionne. 
DÉLOGER  ,  adif ,  fignifie,  en  termes  de  Guerre  ,  Faire 
quitter  un  pofte.  Les  ennumis  s'étoient  polies,  s'é- 
loient  retranchés  en  tel  endroit ,  mais  on  les  a  délo- 
gés à  coups  de  canon.  Acad.  F r. 

^fT  11  fe  dit  encore  à  l'adif  ,  pour  faire  fortir 
d'une  place.  Ils  s'étoient  mis  aux  premières  places  j 
mais  on  les  a  délogés.  Loco  depellere,  ejkere. 

ipr  Se  déloger  pour  quelqu'un  j  céder  fon  loge- 
ment à  des  hôtes  pour  un  temps.  Domum  cedete  ^ 
domo  decedere.  Quand  la  Cour  palTe  en  quelque 
endroit ,  on  fe  déloge  volontiers  j  on  cède  fon  loge- 
ment à  de  nouveaux  hôtes. 

Ce  met  vient,  félon  quelques-uns,  de  dijlocare. 
Déloger,  fe  dit  aulli,  au  figuré,  pour  Partir,  quitter  la 
place  ,  s'en  aller ,  difparoître.  Decedere  j  dij cedere  ^ 
fugere. 

L'âge  l'a  fait  déckeoir  \  elle  fent  chaque  jour 
Déloger  quelques  ris  j  quelques  jeux  j  puis  l'amour. 

La  Font. 

On  dit  proverbialement,  Z?//o|-er  fans  trompette, 
pour  dire,  s'enfuir  en  diligence ,  fans  taire  de  bruitj 
&  à  la  fourdiue.  Silendoj  tacite. 

Délogé,  é^.  part. 

DELOI.  f  m.  Vieux  mot.  Péché  contre  l'obéiiïanct 
que  l'on  doit  aux  Lois ,  foit  divines  ,  foit  humaines. 

DÉLOIR.  V.  a.  Vieux  mot.  Retarder,  diflérer. 

DÉLONGER,  v.  a.  Terme  de  Fauconnerie  ,  qui  figni- 
f.e  ,  ôter  la  longe  d'un  oifeau  pour  le  faire  voler  , 
ou  en  autre  occafion.  Lorum  Jlhere.  On  dit  auli; 
delongir. 

DELOS.  Ancien  nom  d'une  île  fameufe  de  la  me 
Egée  ,  ou  de  l'Archipel,  laquelle  fe  nomme  aujour 
d'hui  Sdilles  ;  mais  qu'il  faut  toujours  appeler  Dé- 
los ,  quand  on  parle  de  l'Antiquité.  Deios.  Cette 
lie  a  eu  plufieurs  noms.  On  l'a  nommée  Dclos  j  du 
mot  Grec  ^^aw,  manijejle  ,  apparent,  parce  qu'étant 
cachée  fous  les  (lots ,  elle  parut ,  difeiit  les  Poctes  , 
pour  donner  retraite  à  Latone  ,  que  Junon  pourfui 
voit  J  &  à  qui  elle  ne  permettoit  de  s'arrêter  nulle 
part  pour  faire  fes  couches.  Elle  y  mit  au  monde 
Apollon  &  Diane ,  qu'elle  avoit  eus  deJupiter.  Cette 
île  fut  appelée  L  gie  ,  Lagia  j  à  caufe  de  la  quantité 
de  lièvres  &  de  lapins  qu'il  y  avoit ,  &  qui  en  Grec 
s'appellent  ^^ay^i^s ,  ou  ^«"/àt  ■  Ortygie  ,  Ortygia  j  à 
caufe  de  la  multitude  de  cailles  qu'on  y  trouvoit  ; 
0|)rc|  en  Grec  fignifie  caille  :  Pyrpile  ,  de^ïf,/«j 

-  parce  que  c'eft  dans  cette  i[e  ,  difent  les  fables  ,  que 
le  feu  fut  trouvé  d'abord.  On  l'appela  encore  Gynè- 
the ,  Cynethus.  Etienne  de  Byzance  dit  que  T)élos 
s'efi:  encore  nommée  Cynthe ,  Cynthus  ;  Aftérie  , 
Afteria;  Pélafgie  j  Pela/gia  ;  Chlaniydie,  Chlamy- 
dia  J  &  Scinthiade ,  Scinthiada.  Au  lieu  de  Cynthe , 
quelques-uns  difent  Cynthie  ,  &  que  ce  nom  lui  fut 
donné  à  caufe  d'une  montagne  qui  efl;  dans  cette 
île. 

Délos  étoit  la  plus  fameufe  des  Cyclades  .  à  caufe 
qu'Apollon  &  Diane  y  écoient  nés.  Cette  île  étoit 


DEL 

fi  refpecStée  &  fi  facrée ,  que  les  Perfes  mêmes,  qui 
ravageoient  tout ,  ayant  touché  à  Délos  avec  leur 
flotte  de  mille  navires ,  n'osèrent  y  faire  le  moindre 
dégâi.  Virgile ,  Ovide  ,  Stace ,  Claudien ,  Pline ,  & , 
parmi  les  Grecs,  Callimaque  j  Ariftide,  Strabon  ; 
difent  qu'elle  flottoit  autrefois.  Dans  la  fuite  elle 
devint  llable  ,  &  Hérodote  ,  Callimaque  j  &  fon 
Scholiafte ,  l'appellent  immobile.  Apollon  y  paffoit 
fon  quartier  d'été  ,  &:  y  rendoit  des  oracles  pendant 
les  fix  beaux  mois  de  l'année.  Les  autres  iix  mois,  il 
alloit ,  difoit-on  ,  rendre  fes  oracles  à  Parare  ,  ville 
de  Lycie.  On  dit  qu'il  n'y  avoit  point  de  chiens  à 
Delos  ;  il  n'étoit  pas  permis  d  y  en  nourrir  ,  ni  d'y 
enterrer  un  corps  m*ort  \  on  les  portoit  dans  une 
petite  île  voifjne  ,  appelée  lihénie  ,  &  aujourd'hui 
Fermena  ,  que  les  Grecs  appellent  la  petite  Délos  , 
&  Sdilles,  la  grande  Delos.  L'île  de  Délos  ,  ou  de 
Sdilles  ,  cft  aujourd'hui  déferre  ,  &  l'on  n'y  voit  que 
des  mafures.  Pline  rapporte,  L.  Ip^.  C.  12.  que  ce 
fut  en  cette  île  qu'on  trouva  le  feu  ,  &  Virgile,  fui- 
vant  l'opinion  de  la  Fable  ancienne  qui  la  croyoit 
flottante ,  feint  agré.iblement  qu'Apollon  l'attacha 
entre  Mycone  &  Gyare. 

Quani  priîis  Arcitenens  or  as  &  littora  circum 
hrrantem  Mycone  celsâ  Gyaroque  revinxit. 

Ariftote  croit  qu'elle  .ivoit  été  autrefois  cachée 
fous  les  eaux  ,   &  qu'elle  parut  Soudainement  :  d'où 
vient  qu'il  tire  l'oiigine  de  fon  nom  d'un  mot  Grec 
qui   iignibe  paroltre ,  à7::>  m  ^ij>^iiv  •  mais  je   ne  fais   il 
je    dois    plutôt    ajouter    toi    au    Phiiofophe    qu'au 
Pocte  ;  car  il  n'y  a  guère   plus   d'app.uence  de  fe 
perfuader  qu'une  île  couverte  des  eaux  le  montre 
iubitement,  que  de  croire  qu'une  qui  flotte  puilfe 
être  arrêtée.  Il  efl  pourtant  vrai  qu'on  du  ou  qu'elle 
ne  tait  que  furnager ,  tant   elle   elt  balie,  àc  c'eft 
pour  cela  peut-être  que  les  Anciens  nous  ont  voulu 
taire  croire  que  le  mont  Cynthus  qui  eft  fort  haut 
fait  ombre  fur  toute  l'île  ;  mais ,  fauf  leur  refpeét, 
il  n'eft pas  alfez  élevé  pour  le  pouvou  faire.  Du  Loir, 
p.  7.  Cet  Auteur  ne  iavoit  pas  que  Santorin  dans  la 
même  mer  j  &  parmi  les  Cyclades ,  eft  une  île  qui 
eft  fortie  de  la  mer  tout-d'un-coup  ,  c'eft  à-dire  en 
très-peu  de  temps  \  que  depuis ,   tout-près  de  Santo- 
rin ,  i;  eft  encore  forti  deux  petites  îles.  De  plus  ,  en 
1714,  il  en  fortit  une  près  de  ces  trois-là.  Aux  Aço- 
res  ,  il  y  a  quefques  années  qu'un  tremblement  de 
terre  tît  paroître  deux  îles  entre  celle  de  S.  Michel 
&  celle  de  Tercere.  Pour  ce  qui  eft  d'une  île  flor- 
taïue,  un   Capitaine   Anglois  palfint  de   Lisbonne 
en  Anglerre  en  17Z  i ,  vit  près  de  l'île  S.  Michel  une 
îlcflottante  de  pierre- ponce,  d'environ  quatre  lieues 
de  longueur,  cpii   paroi.loit  depuis  quelques  mois. 
Tout  cela  montre  qu'il  n'eft  point  impoffible  que 
l'île  de  Délos  foit  fortie  de  deifous  les  eaux ,   ni 
qu'elle  y  ait  été  quelque  temps  flottante.  Pour  moi 
je  crois  très-probable  que  ce  qu'on  appelle  une  fa- 
ble eft  une  tradition.  Le  nom  de  Déios  ,  &  ce  que 
difent  les  Poctes  m'en  eft  une  preuve.  On  fait  qu'un 
grand  nombre  de  fables  ne  iont  que  d'anciennes 
traditions  &  des  points  d'hiftoire  ,  fur  lefquels  on 
a  enté  des  fables.  Aulli  il  eft  fort  probable  que  la  vé- 
ritable origine  decette  île  a  donné  occafion  de  fein- 
dre ou  d'y  appliquer  ce  qu'on  dit  de  Latone  &  d'A- 
pollon. 

Cette  île ,  la  plus  célèbre  de  l'antiquité ,  eft  tî 
peu  confiderée  des  Grecs  de  ce  temps  ^  qu'elle  n'a 
point  d'habitans.  Son  port  qui ,  après  la  juine  de 
Corinthe ,  fut  un  des  plus  fréquentés  de  toute  la 
Grèce  pour  le  commerce  de  l'Afie,  parce  qu'il  étoit 
franc  ck'  facré  ,  ne  l'eft  plus  que  des  Corfaires.  On 
médit  que  l'on  n'y  voit  plus  qu'un  grancj  amas  de 
marbre  blanc  taillé  ,  &  de  colonnes  brifées,  qui 
font  les  ruines  de  la  ville  &  du  temple  dédié  à 
Apollon  &  à  Diane  :  &  qu'il  y  refte  encore  la  moitié 
d'une  ftatue  haute  de  dix  pies  ,  repréfentant  Apol- 
lon ,  &  que  les  Anglois  ont  fciée  en  deux  ,  de  haut 
en  bas  j  pour  en  emporter  une  partie.  ï  d.  p.  7. 
&  S. 


DEL 

Ce  mot,  fi  l'on  en  croie  les  Anciens ,  efl  Grec, 
AÎA.f,  manifefte  ,  apparence,  parce  quelle  parue 
tout-à-coup  de  delfous  les  flots.  D'autres  ,  au  rapport 
d'un  Commentateur  ds  Stace  ,  dilent  que  c'elt  par- 
ce que  ce  fut  la  première  qui  hit  éclairée  des  rayons 
du  Ibleil  j  &  d  autres  par  ce  que  les  oracles  qui  's'y 
rendoient  étoient  plus  clairs  que  nuls  autres.  Bo- 
chart  va  plus  loin  à  fon  ordinaire  ,  5c  Chan.  L.  I.  C. 
14.  Il  prétend  que  Dé/os  vient  de  hm  ,  Daal ,  com 
meBelus  vient  deSïJ,  Baal  ;  D.1.1L  lignifie  crainte 
■&hgurcment ,  Dieu  j  parce  qu'on  craint  les  Dieux; 
qu'il  ell  pris  en  ce  dernier  fens  dans  les  Paraphrafes 
Clialdéennes  ;  &;  qu'ainli  les  Phéniciens  nommèrent 
cette  lie  Daal,  ou  comme  on  prononçoir  ancienne- 
ment Déd ,  c'eft-à-dire,  r///tf--D^e«,  favoir  Apol- 
lon ,  &  .au  pluriel  Daalan  ^  ou  Déelan  ,  c'eil-à-dire, 
l'ille  des  Dieux ,  Apollon  &  Diane. 

On  croit  que  ce  lontces  deux  Divinitésquerepré 
fente  une  médaille  rapportée  par  Nonnius  dans  la 
XXVill.  Table  des  îles  de  Grèce.  On  voit  deux 
têtes  d'un  côté  avec  ce  mot  ©eam  ,  &  deux  têtes 
encore  de  l'autre  avec  AAEA<ti2N  ^  ^  de  chaque  coté 
fous  les  tètes  A  ,  qu'ils  prennent  pour  ahaihn.  Et 
cela  le  confirme  par  une  autre  médaille  qui  fe  voit 
au  même  endroit  avec  trois  tètes ,  qui  l'ont  celle 
de  Jupiter  couronnée  de  laurier  fur  le  devant,  celle 
d'Apollon  rayoniiante  au  milieu  ,  &  celle  de  Diane 
avec  un  croilTant  fur  le  front  fur  le  derrière.  Au  re- 
vers ell  une  Aurore  dans  un  char  emporté  par  deux 
chevaux.  Les  autres  médailles  àQDélos  n'ont  qu'une 
tète  rayonnante  j  ou  feule  ,  ou  avec  un  carquois  ; 
Se  au  revers,  ou  le  foleil  dans  fon  char  à  deux, 
ou  à  quatre  chevaux  ,  ou  un  croillant  &  deux  étoi- 
les, ou  l'Aurort  dans  un  char  attelé  de  deux  chevaux 
ou  de  deux  bœufs.  Il  y  en  a  qui  ont  une  tête  de  Ju- 
piter couronnée  de  laurier ,  &:  delTous  A  ,  au  revers 
trois  croillàns  ,  trois  étoiles  A.  Nonnius  Inful.Gr.  Tab. 

XVII.  a  xriii. 

DÉLOT.  f.  m.  Ternie  de  Mer.  Efpèce  d'anneau  de 
fer  concave  ,  que  l'on  met  dans  ime  boucle  de  corde 
pour  l'empêcher  de  fe  couper  par  celle  que  l'on  y 
fait  entrer.  Annulus  concavus. 

^CT  DÉLOYAL,  ale.  adj.  i?i  f  Qui  n'a  ni  parole  ,  ni 
toi,  ni  loi,  qui  compte  pour  rien  les  engagemens 
les  plus  forts.  Perjîdusjinjidiofus,  infidus.  Ami  déloyal. 
Il  faut  être  bien  déloyal  pour  trahir  fon  ami.  Ce 
Moniteur  Loyal  porte  un  air  bien  déloyal.  Mol. 
Ce  mot  vieillir.  Il  eft  plus  tolérable  en  vers  qu'eri 
profe  :  en  Pocfie  mêm^ ,  il  ell  peu  uhté  aujourd'hui 

DELOYALEMENT.  adv.  D'une  manière  déloyale. 
Avec  perfidie.  Il  en  a  ufé  le  plus  dcloyalcmenc  Au 
monde  avec  moi.  Perfide  j  perfidiosè.  Il  eft  peu 
ulué. 

DÉLOYAUTÉ,  f  f._  A.a:ion  contre  la  fidélité  &c  les 
lois.  Perfidie,  infidélité.  Perf.dia ,  infideluas.  Tra- 
hir fa  confcience  par  un  faux  ferment  ,  c'eft  l.i 
première  des  déloyautés.  Il  elt  moins  uhté  que  fc^ 
fynonymes. 

Ce  mot  vient  du  vieux  Gaulois ,  defloi ,  qui  figni- 
ûoh péché  cancre  la  loi. 

DELPHES.  Ancienne  ville  de  Grèce.  Delphi.  M.  Tou 

reil  &:  M.  Corneille  la  mettentdans  la  Bœorie.    Bei- 

'SÉ.tius,  Hoftman  ,  Maty  ,   la  placent  dans  laPhocide; 

'^-  ce  fentiment  eft  le  plus  vrai.  Le  temple  de  Delphes, 
l'oracle  de  Delphes,  étoient  célèbres  dans  l'anti- 
quité. Corétas ,  gardant ,  dic-on  ,  fon  troupeau  pro 
che  du  mont  Parnalfe  j  s'étant  apperçu  que  fes  chè 
vres  jetoient  des  cris  extraordinaires  routes  les  fois 
qu'elles  s'approchoient  d'un  antre  voifin  ,  voulut 
voir  ce  quec'etoic;&  faifi  par  les  vapeurs  qui  en 
forroientj  il  le  mita  prophtrifer,  à  prédire  l'avenir. 
Aulli-tôt  que  ce  prodige  fur  rép.indu  dans  le  pays  , 
un  grand  nombre  de  perfonnes  curieufes  de  favoir 
l'avenir,  fe  tranfportoient  encet  endroit,  &  s'en- 
tredonnoient  desreponfes  fur  leurs  demandes.  Mi:s, 
comme  l'ouvertare  de  la  foife  étoit  dangereufe  & 
que  plufieurs  jdans  leur  fureur  prophétique  ,  tom- 
boient ,  fans  jamais  reparoitr^;  on  s'avifa  de  fermer 
l'ouverture  avec  un  trépied ,  afin  que  dans   la  fui'e 


DEL  199 

la  PrétrefTe  s'allit  dellus.  Ces  Piêtrelfes  de  Delphes 
furent^  d'abord  des  vierges  en  l'honneur  de  Diane  , 
m.iis  l'une  d'elles ,  nommée,  Phœbade  ,  ayant  été 
ravie  par  Echécraté  ,  ThelTiiien  ,  on  n'y  mit  plus 
que  des  femmes  de  50  ans.  Cet  oracle  ae  Z/V///:ej 
fut  tiès-célèbre  :  tous  les  pnnces  ,  toutes  les  Répu- 
bliques ,  tous  les  Etats ,  toutes  les  villes  de  ia  Grèce 
le  confultèrent  fouvent  Ik  fe  difputèrent  à  l'envi 
l'honneur  de  l'enrichir  de  préfens  magnifiques- Les 
Princes  même  étrangers  ik.  barbares ,  le  conlultè- 
rent  louvent.  Les  Eubéens  ,  les  Phlégyens ,  Pyrrhus 
fils  d'Achille,  Xerxes  -,  Roi  des  Perles ,  les  Phocéens 
les  Gaulois,  &  enfin  Néron,  le  pillèicnt  en  dif- 
férens  temps ,  &  en  enlevèrent  des  richelles  innom 
brables.  Les  Phocéens  en  tirèrent  à  divcrfcs  fois  plus 
de  dix  mille  talens;  c'eft-d-direp!usde  fix  millions 
d'or.  Néron  fit  plus  ;  il  donna  .1  fes  foldars  le  terri- 
toire de  Cyrrhoée  ,  qui  étoit  le  domaine  d'Apollon, 
&  l'antre  même  d'oii  fortoient  les  Oracles,  apiès- 
eii  avoir  fait  boucher  l'entrée  de  corps  morts,  &c 
l'avoir  ainfi  pollué  5  peut-cn-e  parce  qu'il  ne  s'y 
lendoic  plus  dorades,  car  NicéphorCj  L.  Le.  17. 
Cédrénus,  Suidas,  Paul  Orofe  ,  L.  I.  c.  18.  difent 
qu'il  (e  tut  fous  Augufte,  &  Augufte  même  l'in- 
terrogeant ;  ëc  qu'il  apporta  pour  raifon  de  fon  fî- 
lence  qu'un  enfant  Hébreu  ,  qui  croit  Dieu  ,  le  chaf- 
foit ,  Se  l'obligeoir  de  rentrer  dans  l'enfer.  Claudieii 
dirqu'il  s'enetuiralL-  chez  les  Scythes Hypcrboréens. 
Long  temps  auparavant  Cicéron  s'en  étoit  moqué, 
L.  U.  de  Divin. 

Le  temple  de  Delphes ,  fi  l'on  en  croit  l'Antiquirc, 
fut  bâti  cinq  fois.  La  première  fois ,  de  branclusde 
laurier  que  l'on  prit  dans  les  ciiamps  voifins  ;  ainlî 
ce  n'étoit  qu'une  cabane  ;  la  leconde  fois  ^  de  cire  ôc 
d'ailes  d'abeilles  ;  la  troilicme  d'airam.  Les  uns  di- 
fent que  le  feu  le  détruifit ,  îk  d'auties  qu'il  fut  en- 
glouti dans  un  tremblement  de  terre-  Le  qu  tr.ème 
conilruit  b.  première  année  de  la  cinquième  Olym- 
piade parTrophonius  Ik  Agamèdes,  fameux  Archi- 
teâesj  étoit  de  pierre,  &  fut  confumé  par  le  feu. 
Le  cinquième  fut  bâti  par  les  Amphidyons  de  l'ar- 
gent facré  ,  &  Spinthare  en  fut  l'Aichitede.  Mon- 
lieurSpon,  L.  III.  p.  171.  rapporte  une  médaille  de 
Delphes  ,  AEA*î2N,  fur  laquelle  il  paroit  un  temple 
magnifique.  Ce  temple  &  la  ville  de  Delphes  étoient 
conlacrés  .1  Apollon  ,  &  c'eft  apparemmenr  lui  que 
repréfenre  la  tête  d'homme  fans  barbe  oc  couronnée 
de  laurier  qu'on  voit  communément  fur  fes  médail- 
les. C'eft  encore  pour  la  même  raifon  qu'il  y  a  quel- 
quefois à  côté  de  cette  tête  un  luth,  &  au  revers 
de  même  un  luth.  On  y  trouveauffiun  homme  porté 
fur  un  poiflon  j  une  tête  de  bœuf,  une  abeille,  une 
tête  de  chèvre  ,  une  tête  de  bélier  aVec  un  carquois. 
Nonnius  en  a  fait  graver  une  qui  a  une  tête  de  Ju- 
piter couronnée  de  laurier ,  &  au  revers  un  foudre. 
L'infcription  eft  tantôt  Aeai£2n,  &r  tantôt  aea^ot. 
P^oy.  Nonnius  ,    Grac.  in.  Tab.  VIU. 

La  ville  Àà  Delphes  fut  bâtie  ,  .à  ce  que  l'on  pré- 
tend ,  avant  le  Déluge  de  Deucalion  ,  par  Parnalfe, 
fils  de  Neptune  &  de  la  Nymphe  Cléodore,  &  prit 
fon  nom  d'un  fils  d'Apollon  &  de  la  PrêtrelTe  Thya  , 
nomme  Dclphe.  Plulieurs  alTurent  qu'elle  tire  fou 
nom  du  mot  Phénicien  Delphin  ,  qui  veut  dire 
Prophète.  Je  m'en  i apporte.  Tourr.  Dans  la  fuite 
Delphes  fut  une  ville  Epifcopale  ,  dont  l'Evêque 
étoit  fuffragant  d'Athènes.  Aujourd'hui  ce  n'eft  qu'un 
amas  de  ruines,  fur  lefvjuelles  on  a  bâti  un  petit 
village,  nommé  Caftri.  Il  eft  au  pied  du  Mont  Par- 
n  ifle ,  entre  Salone  &  Livadia.  Voyc^  fur  cette  ville 
Vi  génère  ,  dans  fon  Ce  far. 

Le  bourg  des  trois  Maries  en  Provence  ,  s'eft  ap- 
pelé autrefois   Temple  de  Delphes. 
DELPHIEN  ,  ENNE.  f  &  adj.  m.  &  f.Qui  eft  de  l'île 
dé  Delphes.  Delphius  j  Delphicus  ,  a  ,  um. 

Oh  qu'il  chanfonne  bien  ! 
Seroit-ce point  Apollon  Delphien  ?  R- 

DELPHIN.  f  m.  Nom  dhomme.  Delpkir.u^.  S.  Del- 


2,0«  DEL 

dH  in>  Evcquede  Bourdeaux,  étoit  un  des  pijnci-j 
pa"x  ornemens  de  l'Eglife  des  Gaules  dans  ion  liècle.  ! 
UaHlet,  Dauphin  ne  feroit-il  poinc  mieux.''  &  n'tlt-  j 
ce  pas  l'ufage  ?  quoiqu'il  en  fou  ,  S.   Dciphin  alîilU 
en  i%o.  au  Concile  de  Satagoire.  Quelques-uns  met- 
tent fa  mort  en   404. 
DELPHINAL,   ale,  adj.  Qui  appartient  au  Prince 
Dauphin.  Ad  Dslphcmm  purûnens.  C'ell  Humbert 
Dauphin  qui  établit  un  Tribunal  qui  devoit  juger 
fouverainement  fous  le  nom  de  Conleil  DelphinaL 
On  a  cru  ,  fans  beaucoup  de  fondement  que  le  Con- 
feil  Ddphinal  avoit  été  inftuué  dès   135  G.  mais  il 
eft  certain  qu  il  ne  fut  pas  formé  alors  tel  qu'il  l'a 
été  depuis  ;  il  eft  même  incertain  fi  Tade  que  l'on 
cite  eut  alors  fon  accompiiirement.  Cette  aifemblée 
étoit  compofée  de    quatorze  perfonnes  ,  ayant  le 
Chancelier  à  leur  tète  ,   la  plupart  Nobles  Cheva- 
liers d'armes  ,  ou  Dodleurs  en  Droit.  Il  fe  tenoit  au 
Château  de  Beauvoir ,  &  fut  nommé  le  Grand-Con- 
feil.  Son  Sceau  portoit  cette  mfctiption  ,  SigHluin 
Magni   Conaid ,  avec  l'empreinte   d'un  Dauphin. 
Valbonnet,  p.  14.  On  rapporte  avec  plus  de  fon- 
dement l'inftitution  du  Confeil  Delphinal  à  l'année 
1 5  3  7.  Le  nombre  des  Officiers  fut  réglé  à  fepr.  Hum- 
bert ,  trois  ans  après ,  le  transféra  à  Grenoble  j  où  il 
ordonna  qu'il  téfideroit  à  perpétuité.  Il  le  compofa 
de  fix  Confei  11ers  aétuellement  fervans ,  dontcelui 
qui  avoit  la  garde  du  Sceau  devoir  être  chef  fous  le 
nom  de  Chancelier.  Il  femble  que  ce  foit  là  la  vérita^ 
ble  inftitution  du  Confeil  Delphinal.  Voyei  M.  de 
Valbonnet  ,p.  14&  15. 

En  1459  le  Parlement  de  Dauphiné décida  ,  que 
le  Dauphin  de  Viennois  ne  pouvoir  point  accorder 
de  Lettres  Ddphinales  aux  habitans  de  Gap  contre 
le  Comte  de  Provence,  fous  prétexte  d'une  certaine 
Sauvegarde  ,  qui  leur  avoit  été  accordée  fans  aucun 
droit  par  une  Comteffe  de  Vienne.  Id.  &  Journ. 
DES  Sav.  après  lui. 
©ELPHINIEN.  Surnom  d'Apollon.  Ddphinius.  Voy. 

DelphiniUs. 
DELPHINIES.  f.  f.  pi.  Fêtes  que  les  Eginètes  célé- 
broient  en  l'honneur  d'Apollon  Delphien.  Delphi- 
nia.  Elles  fe  célébroient  à  Argos ,  félon  le  fcholialfc 
de  Pindare.  Le  mois  dans  lequel  cette  fête  tomboit 
s'appela  chez  eux  Ddphinius.  C'eft  à-peu-près  notre 
mois  de  Juin. 
DELPHINIUM.  f.  m.  Plante  que  l'on  appelle  autre- 
\nzm pied d alouette.  On  lui  a  donné  ce  nom  ,  parce 
que  le  bouton  de  fa  fleur  qui  eft  prêt  à  s'épanouir, 
relfemble  en  quelque  manière  à  un  dauphin  j  tel 
que  les  Peintres  ont  accoutumé  de  le  repréfenter. 
En  Latin  auffi  Ddphinium^  ou  confoUda  regalis.  Voy. 
Pied  d'alouette. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ài>^<^i'> ,  dauphin. 
DELPHINIUS.  f.  m.  C'eft  le  nom  d'un  des  mois  de 
l'année  chez  les  Eginètes.  Il  étoit ainfi  nommé  d'A- 
pollon Delphinien  ,   parce  qu'en  ce  mois-là  Egine 


DEL 


«"ojj  *«^,^«f ,  cadus. 


centres.  H  fe  retranche  ,  ^avcs  j 

llfe  change  en  /,  ohmli  ,  UlyJJes  ,  Ulylle  j  nsA»/;»», 

Pollux  ,  comme  qui  diroit  Poldux.  Port-R. 

Ddta  vient   du  Syriaque,   ou  Chaldéen  «fi*?! , 
dalta  ,  ou  ddta  ,  qui  vient  de  l'Hébreu nSl,  aetctk 
ou  daieth,  nom  aulfide  la  quatrième  de  l'alphabet 
de  ces  langues  comme  il  paroït  par  les  Lamentations 
de  Jérémie  ,  le  CXIX  Pleaume  ,   S<.c.  La  hgure  de 
cette  lettre  ^  s'eft  prile  de  l'ancien  caraélère  hébreu, 
ou  ce  qui  eft  la  même  choie  du  Phénicien.  P  oye-^ 
la  Diflertation  lur  les    médailles  Samaritaines  im- 
primée à  Pans  en  .171 5.  dans  un  Recueil /«-40. 
Delta.  Nom  de  la  partie  de  l'Egypte  inférieure,  qui 
eft  renfermée  entre  les  fept  branches  du  Nil ,  depuis 
fa  l'éparation  julqu'à  la  mer.  Ddta.  Les  Grecs  don- 
nèrent le  nom  de  Delta  à  cette  partie  de  l'Egypte, 
parce  qu'elle  a  la  figure  de  la  lettre  Delta,  ou  d'un 
triangle  ,  dont  la  bafe  eft  le  long  de  la  mer  méditer- 
ranée  ,  la  pointe  vers  Memphis,  Hi.  les  côtés  vers  les 
deux  bras  extérieurs  du  Nil,  lun  à  l'orient ,  nommé 
autrefois  fleuve  de  Bubaft  ,  Bubajlicus fluvius  ,  parce 
qu'il  ariofoit  cette  ville ,  &  qu'il  fe  Jetoit  dans  la 
mer  à  Peluze;   l'autre  à  l'occident,  nommé   j^ga- 
thos  Damon.  Le  Ddta  étoit  un  des  pays  de  l'Egypte 
les  plus  fertiles.  Il  a  environ  40.  lieues  fur  les  côtes  , 
&  Z5.  depuis  la  côte  jufqu'à  l'endroit  où  le  Nil  com- 
mence à  fe  divifer.  Ce  pays  comprenoit  fous  les 
Ptolomées  dix-neuf  Jurildidions ,   qu'on   appeloit 
Nomes  i  d'un  nom  Grec  qui  fignifie  divifion,  parta- 
ge ,  diftriél.  Aujourd'hui  il  renferme  les  Gouverne- 
mens  de  Garbia,  de  Ménoufia  &  &  de  Callioubec. 
Ses  villes  les  plus  conlïdérables  font  Damiette,  Ro- 
fette,  Alexandrie  ,  Ménoufia  Se  Maala,  ou  Elmala , 
dont  les  trois  premières  font  fur  la  côte ,  &  les  deux 
autres  dans  les  terres.  Au  refte ,  nous  difons  encore 
ce  mot  en  François,  fur- tout  quand  nous  parlons  de 
l'ancienne  Egypte.  Foy.  Vigenère  fur  Céfar ,  Def- 
cription  des  lieux,  gaumaife  fur  Solin  ,  p.  477.  diftin- 
gue  encore  deux  autres  petits  Ddta  dans  celui-ci  , 
&  formés  par  la  branche  du  nil  qui  le  ferme  à  l'orient; 
maisjoutre  que  nous  n'appelons  Delta  en  notre  lan- 
gue que  celui  dont  on  vient  de  parler,  dans  l'Anti- 
quité même  ces  deux  autras  font  peu  connus.  Une 
ville  du  Delta^èc  une  Jfle  de  l'Inde  nommée  aujour- 
d  hui  Diu,  ont  aufli  porté  ce  nom. 
DELTOÏDE,  adj.  Terme  de  Médecine ,  qui  fe  dit  d'un 
mufcle  qui  fait  mouvoir  le  bras  en  haur,  ainfi  nom- 
mé, p.arce  qu'il  reifemble  à  un  delta.  On  l'appelle 
aulli  épomis  Se  humerai. 

Ce  nom  vient  de^i>^rù,  delta  j  nom  d'une  lettre 
Grecque,  qui  a  la  forme  d'un  triangle,  &  de  u^ct^ 
figure,  Ddtoide  3  qui  a  la  figure  d'un  delta. 
f3=  DELTOÏDES.  En  Botanique.  Rhomboïde  quia 
quatre  angles ,  dont  deux  oppofés  font  plus  éloignés 
du  centre  que  les  deux  autres.  Foy.  Feuille. 
DELTOTON.  ou  Triangle.  C'eft  le  nom  de  la  21^ 
conftellation  feptentrionale.  Ddtoton. 


célébroitles  Hydrophories  en  l'honneur  d'Apollon    ^DELUGE,  f  m.  Inondation  générale,  dont  Dieu 


Delphinien.  Voye-:{  leScholiafte  de  Pindare  fur  le 
81'  vers  de  la  V  Ode  des  Nemcennes  ,  &  fur 
Apollon  Delphinien.  Confultez  Gyraldus,  p.iiS' 
Syniagn.-j  de  Diis  ,  &  M.  Ménage,  Notes  fur 
Laërce  ,  p.  iS.  Dodwel  ,  de  Cydys  ,  p.  114.  enfei- 
gne  que  le  mois  Ddphinius  répondoit  au  Panemus 
des  Macédoniens  ,  qui  tomboit  dans  notre  mois 
de  Juin. 

DELS.  adj.  Vieux  mot  qui  a  été  employé  pour 
deux. 

DELTA,  f.  m.  Non  d'une  lettre  Grecque.  T)dta.  Le 
Ddta  eft  la  quatrième  lettre  de  l'alphabet  Grec,  &: 
fignifie  quatre,  comme  on  le  voit  fouvent  fur  les 
médailles.  Le  delta  eft  une  des"  neuf  muettes  j  & 
une  des  trois  confonnes  appelées  moyennes ,  &  il 
répond  à  la  tenue  T ,  &  à  î'afpirce  ©.  Le  A  fe  mec 
pour  r.yvo'îuf  j  ^ïo'ipof.  Ainfi  dey^^^^Wj  dulàs ,  pour 
z,  Zils,à.ils,  Ai3f  Les  Macédoniens  &  les  Béotiens 
le  redoublent  pour  le  même  z  ,  i««Ç« ,  1««^^«  ,  farine. 
Il  fe  met  pour  2, ,  'or/nli,  l^/^v..  Il  s'ajoute  ,  "«  ,  pluo  , 
.  ittii ,  aqua ,  aiufi  de  profum ,  prodes  j  de  ancres  , 


fe  fervit  autrefois  pour  punir  la  corruption  des  hom- 
mes ,  en  détruifint  tout  ce  qui  avoit  vie  fur  la  face 
de  la  terre,  excepté  Noé  ,  fa  famille  ,  &  ce  qui  étoic 
renfermé  dans  l'arche  avec  Noé.  Diluvium ,  terrarurn 
omnium  eluvio. 

Dieu  déclare  à  Noé,  Gen.  VI.  17.  qu'il  a  réfolude 
détruire  par  un  déluge  d'eaux  tout  ce  qui  refpire  fous 
le  ciel,  éc  de  confumer  tout  ce  qui  a  vie  fur  la  terre. 
Voilà  les  menaces;  voici  l'exécution.  Moife  alfure 
que  les  eaux  couvrirent  la  terre,  qu'elles  enfeveU- 
rent  routes  les  montagnes  du  monde j  &  qu'elles 
furpalîerent  de  1 5.  coudées  la  cime  des  plus  hautes; 
que  les  bêtes  j  les  oifeaux  &  les  hommes ,  &  tout  ce 
qui  refpiroit  fous  le  ciel ,  périt  dans  les  eaux ,  ex- 
cepté Noé,  &  ce  qui  fut  fauve  avec  lui  dans  l'Arche. 
Gen.  VII.  19.  &fuiv.  Peut-on  exprimer  nn  déluge 
iiniverfel  plus  clairement?  Si  le  déluge  n'avoit  poinc 
été  univerfel,  il  n'eût  point  été  nécella^re  d'employer 
cent  .ans  à  la  confttuélion  d'une  arche  aufli  grande 
qu'ctoit  celle  que  bâtit  Noé  ,  ni  d'y  renfermer  toutes 
les  efpcces  d'animaux ,  pour  les  conferver  &  repeu- 
pler 


JDEL 

pler  le  monde.  Ils  fuUen:  bientôt  &  aifcmenc  venus 
des  pays  du  monde  qui  ne  turent  pomt  inondés 
dans  celui  qui  le  fut ,  &  pas  une  el'pèce  ne  le  hit  per- 
due, ou  s'il  y  en  avoir  quelque  elpèce  particulière 
dans  le  pays  que  h  déluge  dcpeuphj  il  n'eut  fallu 
conferver  que  celle-là.  Si  les  eaux  n'avoient  inondé 
que  les  environs  du  Tigre  &  de  i'Euphrare  j  elles 
n'auroient  pas  monté  quinze  coudées  au  dellus  des 
plus  hautes  montagnes,  elles  ne  pouvoient  y  monter 
fans  fe  répandre  fur  toute  la  face  de  la  terre  ,  ou  fans 
être  foutenues  par  un  miracle.  Moife  eut  marqué  ce 
miracle  ,  comme  il  a  fait  celui  des  eaux  de  la  mer 
louge,  &  celles  du  Jourdain  foutenus  comme  une 
montagne,  pour  ouvrir  un  palfage  aux  Ifraclitcs. 

Exod.xir.  11.  Joj:  111.16. 

On  trouve,  dans  des  lieux  fort  éloignés  de  TEu- 
phrate  &  du  Tigre ,  comme  en  France  ,  en  Angle- 
terre, dans  les  Pays-Bas  j  en  Allemagne,  en  Suille 
en  Italie  ,  &c.  on  trouve,  dis- je,  dans  des  lieux 
fort  éloignés  de  la  mer,  dans  des  montagnes,  &  fur 
leur  fommet,  des  arbres  entiers  enfoncés  trèi-avant 
dans  la  terre,  des  dents,  des  os  d'animaux,  des  poif 
fons  entiers,  des  coquillages  de  mer,  des  épis  de 
blé,  &c.  pétrihés.  Tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  habiles 
Naturaliftes  conviennent  que  toutes  ces  chofes  n'ont 
pu  être  enterrées  fi  avant  dans  la  terre,  aux  endroits 
où  on  les  trouve,  que  pz'cXe  déluge ,  dont  les  eaux  par 
leur  effroyable  quantité.parleur  poidsjpat  leur  mou- 
vement violent ,  pénétrèrent  &  bouleverfèreni  tout 
le  corps  de  la  terre  ,  ou  pour  le  moms  toute  la  fuper- 
ficie,  à  une  grande  protondeur,  &  enterrèrent  les 
corps  qu'elles  y  trouvèrent,  ou  qu'elles  y  avoient 
iranfportés,  les  poiiTons,  les  coquillages,  &c.  qui 
s'y  étoient  répandus,  &  qui  y  relièrent  quand  les 
eaux  fe  retirèrent.  J^oy.  la  Géographie  phyjtque  de 
Woodvard  ,  \HiJl.  natur.  du  Nonharnpwn  par  Mor- 
ihoTiy  Mém.de  Tr.  de  1708.  p.  5  ii.  &  fuiv.  p.  583. 
585.de  1705.  p.  ^00.  &  fuiv.  p.  7Z9.  de  1711.  p. 
l<Si6.  de  1713.  p.  51.  <S9.  l^oye^  aullî  ci-delfus  au 
mot  Coquillage.  Tout  cela  montre  l'univerfalité 
du  déluge. 

Saint  Pierre,  dans  fa  première  Ep.  C.  III.  v.  10. 
dit  qu'il  n'y  eut  que  huit  perfonnes  iauvées,  c'eft-à- 
dire,  Noé  &  fa  femme,  fes  trois  fils  &  leurs  truii 
femmes.  Le  même  Apôtre,  dans  fa  i^'  Ep.  C.  III.  v. 
5.  dit  qu'au  déluge  le  monde  périt  par  les  eaux.  Or 
le  monde  dans  1  Ecriture  ne  lignifie  pas  feulement 
un  petit  coin  de  la  terre,  mais  toute  la  terre,  & 
l'on  ne  peut  l'entendre  autrement.  De  plus  il  répond 
à  des  gens  qui  parloienr  du  monde  en  général  6v 
de  la  conftitution  générale  du  monde.  Enfin  il  du 
que  Dieu  rétablit  les  cieux  &  la  terre  dans  l'état  ol, 
ils  font  pour  les  réferver  au  feu  à  la  fin  des  fiècles. 
Ces  cieux,  cette  terre  rétablis,  ne  font  pas  feule- 
ment une  petite  partie  de  la  terre;  ce  font  ceux- 
mênies  qui  font  réfervés  pour  le  feuau  jour  du  juge- 
ment; or  c'eft  toute  la  terre  qui  y  efl:  réfervée,  t^^: , 
félon  Saint  Pierre,  la  deftruclion  des  eaux  au  temp? 
du  c/e/z^e  ne  fut  pas  moins  univerfelle  que  celle  dr, 
feule  fera  au  jour  du  jugement.  Il  y  a  une  Géo:;ra- 
phie  Phyfique  d'un  Anglois  nommé  Woodvard , 
qui  eft  pleine  de  Recherches  fur  les  effets  du 
déluge. 

Il  y  a  une  médaille  Grecque  de  Philippe,  AytK 
IOTA  «tiAinnoK  Aïr,  au  revers  de  laquelle  Falco- 
nieri.  Antiquaire  Italien,  acru  voir  une  reprèfen 
ration  du  déluge  de  Deucalion.  A  droite  de  celui  qui 
regarde  la  médaille,  paroit  une  efpèce  d'arche  portée 
furies  eaux,  dans  laquelle  paroiflent  une  homme 
ic  une  femme,  qu'il  croir  être  Deucalion  &:  Pyrrha; 
à  gauche  font  un  homme  &:  une  femme  la  main 
droite  levée.  C'eft  encore,  dans  le  fentiment  de  cet 
Auteur,  Deucalion  &  Pirrha  dans  l'aclion  de  jeter 
des  pierres  derrière  eux,  comme  les  Poètes  ont  feint 

3u"ils  le  firent  pour  réparer  le  genre  humain.  Au- 
effus  de  l'arche  font  deux  oifeaux  ,   l'un    appuyé 
fur  l'arche,  &  l'autre  volant,  Sc  tenant  dans  fes  on- 
gles ,   un  rameau  qu'il  apporte  du  côté  de  l'arche. 
Sur  le  bas  de  l'arche  on  licNOE,  que  Falconieri  pié- 
Torr.e  HI. 


ZOl 


DEL 

rend  être  le  nom  ciu  Patriarche  Noe,  aue  les  liabi- 
rans  d'Apamée  ont  mis  fur  cette  médaille-  pour  \i 
rendre  plus  authentique  ,  parce  que  les  Payens  ii'i- 
gnoroient  pas  les  Livres  fainrs  :  fur-tout  les  Syrien.? , 
qui  avoient  été  vaincus  par  David  ;  à:  que  les  Apa- 
méeus  iavoient  que  le  Deucalion  des  Grics  croit  le 
véritable  Noé  des  Hébreux.  On  lit  autour  de  la  mé- 
daille, Eri.^M.  AT.  AAEHANAPOïb  ,^i'XI  ÀnAJlî2N.  J2 
voudrois  avoir  vu  cette  nicdaillé,  pour  m'aiïurer 
qu'elle  n'eft  pas  iaull'e,  ou  pour  le  moins  falfifiés 
dans  fon  revers, 

Oleatter,- Dominicairi  Portugais,  Auteur  du  fei- 
zième  fiè^le  eft  le  premier  des  Chrétiens  qui  ait  ré- 
voqué en  doute  l  luiiverfalité  du  (/t'/z/o^e.  La  Peyrere 
fuivit  ce  fentiment,  puis  Abraham  Vhndvr  Mil!, 
Minifbte  CalviniP.e.  Ilaac  Voiîius  fir  affez  connoîrre 
qu'il  pip.choit  vers  ce  ientiment,  qui  de  notre  temps 
a  été  renouvelé  par  M.  Kurnec,  Wifthon  &  P.  Mal- 
fert  de  l'Ordre  de  la  Charité. 

Manjthon  parle  d'un  t^j/vo-c-, après  lequel  Agatlio- 
démon  traduifit  les  inlcriptions  compofées  par  le 
premier  Hermès  j  mais,  (i  l'on  fait  attention  que 
Manéthon  parle  d'un  déluge  poftcfieur  au  pre- 
mier Hermès  qui  n'a  vécu,  félon  lui,  que  depuis 
Menés,  il  ell  clair  qu'il  n'a  point  eu  en  vue  le  aélu'gc 
de  Noé.  Dès  qu'il  n'a  point  eu  en  vue  le  déluge  de 
Noé ,  le  mot  déluge  ne  peut  plus  fignifier  qu'une 
inondation  du  Nil,  &c  feulement  une  inondation 
plus  conhdérable  que  de  coutume,  puifqu'il  la  cite 
comme  une  époque.  Alors,  s'il  elt  permis  de  con- 
jeéturer,  on  peut  croiic  que  cette  inondation  fut 
occahonnée  par  le  tremblement  de  terre,  arrivé  foiis 
le  Roi  Bochus  à  Bubafte.  Il  y  périt  beaucoup  de  mon- 
de ;  (Se  Manéthon,  dans  le  Syncelle,  a  fait  de  cet 
événement  une  époque  fous  le  règne  de  Boclius.  Ce 
tremblement  de  terre  ht  vrai-femblablemeht  débor- 
der le  Nil  en  rompant  les  digues.  Elles  étoient  fore 
élevées  à  Bùbafte,  ville  de  la  Balfe-Egypte.  Ammien 


t'ffaifurjes  Hiéroglyplu  pag.  178. 

ifT  Par  le  ravage  du  déluge  le  glote  dé  la  terrd 
fut  non-feulement tfacairé  t<  brifé  en  mille  endroits; 
mais  l'ébranlement  &:  l'émotion  qu'il  ioutîiit,  en 
changèrent  la  lituation  ,  enforte  que  la  terre  eft  i 
prélent  pofée  obliquement  fous  le  Zodiaque;  ce  qui 
caufe  la  diveriité  des  faifons,  félon  !e  Docteur  Bur- 
net.  Avant  le  déluge,  dit-il ,  on  n'étoit  point  expofé 
à  cet  importune  variété. 

fCF  Ce  que  dit  ici  Burner,  âufll  bien  que  tout  ce 
qu'il  avance  dans  fon  livre  inriîulé  :  Telluris  'Iheorict 
Sacra,  où  il  prétend  expliquer  le  déluge  fans  mira- 
cle, félon  le  fyftcme  de  !)elcartes,  Ibnt  ima^ira- 
tionsfauiresSc  contraires  à  l'écriture,  que  Leidekker 
&  d'autres  Protetlans  mêmes  ont  réfutées, 
DÉLUGE  ,  fe  dit  auili  des  inondations  parricutières,  des 
débordemens,  rel  qu'éroir  le  déluge  arrivé  en  (-rcca 
du  temps  de  Yio.yic'dXxoVi.  Dilu-jium  Deucalioneum.  Ce 
déluge  inondi  feulement  la  Thelîalie,  &  arriva  l'art 
1 519.  avant  Jesus-Christ,  la  troifième  année  de- 
puis la  fortie  des  Ifraclites  félon  îa  Chronologie  du 
P.  Petau,  Rat.  Temp.  P.  I.  L.  I.  C.  7.  P.  II.  L.  II. 
C.  9.  Le  déluge  d'Ogygcs  arri/a  près  de  trois  cens 
avant  celui  de  Deucalion,  1010.  avant  la  première 
Olympiade,  1795.  avant  Jésus-Christ,  félon  le 
même  Auteur,  J'^u/.  Tenlp.  P.  I.  L.  I.  C.  4.  P.  //.  L. 
II.  C.  5.  Celui-ci  ne  ravagea  que  l'Atti  ]ue.  Telles 
furent  encore  les  inondations  qui  en  1277.  ravagè- 
rent &:  couvrirent  de  la  mer  tout  ce  qu'on  appelle 
aujourd'hui  Golte  DofTart  dans  les  Pays  Bas,  &•  en 
1411.  tout  ce  qui  eft  encre  le  Brabanr  &  la  Hollande. 

^fT  On  dit  figurémer.t  un  déluge  de  feu,  un  délu- 
ge de  fang ,  un  déluge  de  maux  ,  écc.  Le  monde  doit 
pétir  par  un  déluge  de  feu.  Les  \'olcans  vomifrent  un 
déluge  de  feux  &  de  cendres.  Se  baigner  dans  urt 
déluge  de  fang.  L'Empire  Romain  fut  détruit  par  urr 
déluge  de  barbares.  C'éroit  de  là  qu'étoient  venus? 
toits  ces  déluges   d'armées   qui  avoient  inondé  la 

Ce 


101  DEL     DEM 

Grèce.  Vaug.  Il  femble  qu'un  déluge  de  maux  al:  { 
inondé  fon  ame ,  (de  J.-C.  au  Jardin  de  Getfemani) 
BouRD.  V6yc\  Inonder. 

On  die  hyperboliquemenr,  un  déluge  de  larmes  \ 
pour  dire,  des  pleurs  en  abondance. 

Du  grand  déluge  de  fes pleurs 
Elle  noya  toutes  les  fleurs.  SarAs. 

DÉLUGE  j  en  rermesde  Philofophie  Hermétique,  figni- 
fie  la  dijlillation  desjoujres. 

DELUTER.  V.  a.  Terme  de  Chimie.  Oter  le  lut  d'un 
vaiireau  ,  l'enduit  qui  tient  collés  enfemble  les  vaif- 
feaux  dans  lefquels  on  a  fait  une  diftiUation.  Fas 
Chimicum  delutatumrelinere.  Il  faut  prendre  garde  de 
rompre  le  cou  d'un  matras  en  le  délutant. 

^  DELUTÉ.  ÉE.  part.  VaiflTeau  ^e7«r/. 

DÉLY.  Voyei  DÈHLI. 

DEM. 


DÉMAGOGUE,  f.  m.  Terme  d'Antiquité.  C'eft  le 
nom  qu'on  donnoit  chez  les  Grecs  à  ceux  qui  avoient 
l'autorité  parmi  le  peuple  ;  aux  chets  d'une  fadion 
populaire.  Les  Démagogues  aigriffoient  les  efprits  , 
&  mettoient  à  profit  les  malheurs  publics.  Desfon- 

TAINIS. 

DÉMAIGREMENT.  f.  m.  Vieux  mot.  Seigneurie. 

DEMAIGRIR.  v.  a.  Terme  de  Charpentene  &  de  Ma- 
çonnerie. Démaigrir  une  pierre ,  c'eft ,  ôter  de  fon 
lit  &  de  fon  joint  en  dedans  pour  rendre  l'angle  que 
font  deux  furfaces,  plus  aigu.  Tenuate.  Voy.  Amai- 
grir. En  Charpenterie ,  démaigrir >,  c'efl:  diminuer  un 
tenon  j  &  tailler  une  pièce  de  bois  en  angle  aigu. 

fC?  DÉMAIGRI,  lE.  part. 

DÉMAIGRISSEMENT.  C'eft  le  côté  d'une  pierre,  ou 
d'une  pièce  de  bois,  démaigri.  Tenuatio. 

DÉMAILLOTER.  v.  a.  Oter  un  enfant  du  maillot. 
I nfantulum  fafciis  evolvere.  Il  faut  que  les  nourrices 
démaillotent  leurs  enfans  deux  ou  trois  fois  par  jour. 

t)ÉMAILLOTÉ  ,  ÉE.  part. 

^fc3°  DEMAIN,  adv.  De  temps ,  qui  marque  le  jour 
qui  fuit  immédiatement  celui  où  l'on  eft.  Cras  ,  Die 
craftino 3  fecundum  hune  diem.  Il  fera  demain  beau 
remps.  Le  Courier  partira  demain. 

Aujourd'hui  vous  m'aimewfl.  mon  cœur  vous  féconde. 
Demain  vous  ne  m'aimere^  plus.  S.  E vr. 

^fTOn  l'emploie  quelquefois  fubftantivement. 
Avant  que  demain  foit  paffe.  Demain  ell  un  jour  de 
fête.  On  dit  ironiquement  le  demain  des  prifonniers, 
pour  dire  un  jour  qui  eft  long-temps  à  venir. 

Demain  eft  un  jour  qui  fuit 
Lorfque  vous  croye\  quil  avance  : 
Au  milieu  de  chaque  nuit     ■ 
Il  perd  fon  nom  dans  fa  naijfance  ; 
Qand  on  croit  fe  faifir  de  lui  j 
On  trouve  que  ceft  aujourd'hui. 

On  dit  proverbialement.  A  demain  les  affa 


DEM 

Il  eft  aufll  rccip.  Une  coignée  qui  fe  démanche.  Un 
balai  qui  fe  démanche. 

On  dit  aulfi,  hgurémentj  fe  démancher,  pour 
fignitier,  quitter  un  parti,  rourner  cafaque.  Defcere 
ah  aliquo  j  illum  deferere.  On  dit  aufli ,  il  y  a  quelque 
chofe  qui  fe  démanche  dans  cette  affaire,  pour  dire , 
qu'il  y  a  quelque  chofe  qui  commence  à  mal  aller. 
Ce  parti  commence  à  le  démancher  pour  dire  ,  qu'il 
commence  à  fe  ruiner,  à  fe  défunir,  à  fe  détruire. 
Il  eft  du  ftyie  familier. 
Démanché,  ee.  part.  palf.  &  adj.  ManuhriofpoUatus. 
DEMANDE,  f.  f.  lignifie  en  général  la  parole  que 
l'on  adrelfe  à  quelqu'un  ,  pour  en  obtenir  quelque 
chofe.  Poftulatio  j  pojlulatum.  Votre  demande  eft 
jufte  &  raifonnable. 

§Cr  On  le  dit  également  de  la  chofe  demandée. 
On  vous  a  accordé  votre  demande. 
§3"  Demande  ,  fe  dit  abfolument,  en  parlant  d'une 
fille  que  l'on  recherche  en  mariage  ,  de  la  propofi- 
tion  qui  eft  faite  par  un  tiers.  C'eft  un  tel  qui  a  fait 
la  demande  de  cette  fille  pour  un  tel. 
ifT  Demande,  eft  quelquefois  fynonyme  à  queftiontc 
interrogation  ^  &  c'eft  alors  une  propofition  faite 
pour  fa  voir  quelque  chofe,  mais  avec  des  idées  ac- 
ceftoires.  Le  mot  de  demande  eft  employé  dans  les 
cas  où  celui  de  réponfe  y  eft  joint.  Les  catéchifmes 
font  par  demandes  &  par  réponfes.  La  réponfe  doic 
être  conforme  à  la  demande.  Le  mot  de  queftion  con- 
vient mieux  en  matière  de  fciences.  Queftion  de 
Phyfique,  de  Théologie.  Dans  les  autres  cas  il  fait 
fentir  un  efprit  de  curiofité.  Un  efpion  fait  des  quef- 
tions  aux  gens.  Le  mot  à' interrogation  paroît  fuppo- 
fer  de  l'autorité.  Voye^  ces  mots.  Interrogatio  , 
quitftio. 

1^  On  dit  proverbialement  à  folle  demande,  ^ 
forte  demande  point  de  réponfe.  Et  ironiquement, 
pour  marquer  qu'on  ne  trouve  point  de  difficulté 
dans  une  chofe,   belle  demande]  Voilà  une  bell« 
demande. 
Demande  ,  en   Jutifprudence  ,  eft  une  action  qu'on 
intente  en  Juftice  pour  obtenir  une  chofe  à  laquelle 
on  prétend  avoir  droit.  Petitio.  On  fait  des  deman- 
des par  exploit ,  par  requête  exptelfe ,  ou  par  re- 
quête verbale  à  l'audience  ,  ou  en  lettres  obtenues 
en  chancellerie.  Aclionem  intendere.  Il  y  a  des  de- 
mandes principales  ,  d'autres  incidentes  ;  des  deman- 
des en  fommations  j  en  garantie  \  des  demandes  eit 
complainte ,  en  retrait  hgnager  ,  en  réparation ,  en 
déclaration  d'hypothèque ,  &  plufieurs  autres  qui 
feront  expliquées  à  leur  ordre.  On  doit  fournir  des 
défenfes  contre  une  demande  ,  &  puis  la  Cour  ap- 
pointe fur  les  demandes  &  délenfes.  On  ne  doir  pro- 
noncer que  fur  les  demandes  contenues  dans  les  ap- 
pointemens  \  finon  c'eft  un  moyen  de  requête  civile, 
lia  été  débouté  de  fa  demande. 

On  dit  au  Palais  ,  qu'il  faut  que  la  demande  foie 
libellée  fuivant  l'Ordonnance  ,  c'eft-à-dire  ,  que 
l'exploit  contienne  tous  les  chefs  de  demandes  fur 
lefquels  une  partie  eft  aflignée  ,  afin  qu'elle  vienne 
préparée  pour  y  répondre.  Capita  aclionis projerre  , 
explicare.  Cette  requête  contient  cinquante  chefsde 
demande.  On  a  fatistait  à  toutes  fes  demandes. 
£)EMANDE,chez  les  Géomètres, eft  une  chofe  ficlaire& 


\j\\  uii.  pn-ivctoiaiement.  a  aemain  les  artaires  j  u^^^ANDEjCnez  les  <jcomctres,eit  une  cnoie  iiciaireo^ 
pour  dire  qu'on  les  remet  à  une  autre  fois.  Ac.  Fr.  "  facile  à  faire  ,  qu'on  ne  peut  s'empêcher^de  l'accor 

:A;fATXTT:R     ,,    ^    \1\^ -r_-:---    Tir ir  i  r 'A  c-     \     r^:.     i' i      i\    _ 


DÉMAINER.  v.  a.  Vieux  mot.  Traiter.  Il  fe  ptend  fur- 
tout  en  mauvaife  part.  Traclare  aliquem,  agere  cum 
aliquo. 

En  liberté  maintenant  me pourmaine  , 
Mais  en  prifon  pourtant  je  fus  cloué  : 
Voilà,  comment  fortune  me  démaine; 
C'eft  bien  &  mal;  Dieu  foit  de  tout  loué.  Marot. 

DEMAINT.  Vieux  adv.  Maintenant,  à  l'inftant.  Poéf 
du  Roi  de  Nav. 

DÉMANCHER,  v.  a.  Oter  le  manche  de  quelque  inf- 
trumentj  ou  uftenfile.  Manuhrium  detrahere.  Dé- 
mancher \inhi\û ,  une  faulx,  une  coignée,  un  mar- 
teau. 


der ,  fans  qu'il  foit  befoin  d'en  montrer  la  conftruc- 
tion  ou  la  preuve  ,  comme  de  tirer  une  ligne  d'un 
point  à  une  autre.  Poftulatum.  Euclide  commence 
par  des  définitions ,  des  demandes ,  &:  des  axio- 
mes. 

Demande,  en  termes  de  Marine,  fignifie  exigence  j 
jufte  proportion.  La  demande  du  bois  ,  eft  la  jufte 
mefure  que  doivent  avoir  les  pièces  de  bois  ,  les 
difFérens  membres  d'un  vaiffeau  félon  l'ufage  au- 
quel on  les  deftine.  On  dit  aulli ,  faire  une  pièce 
félon  la  demande  du  bois ,  c'eft-à-dire  ,  félon  que 
peut  fournir  le  bois  que  l'on  a. 

^  DEMANDER,  v.  a.  Adrefter  la  parole  à  quelqu'un 
pour  apprendre  de  lui  ce  qu'on  veut  favoir.  Qu^rere 
ab  aliquo.  Demander  à  quelqu'un  fon  avis.  Scifcitari 


DEM 

Jkntendam  ex  aliquo.  Je  vous  demande  fi  vous  avez 
fait  telle  chofe.  Qu£ro  abs  te ,  ex  te ,  de  te.  De- 
mander à  un  maichand  le  prix  de  fes  iiiaichandiies. 
Contari  mercatorein  de  merdbus.  Dans  les  interroga- 
toires on  demande  le  noiri  j  lé  fùrnom  ,  le  pays  , 
lâi^e  ,  la  religion  &  la  demeure  du  répondant.  ZJc- 
mander  des  nouvelles. 

|]fC?  Oï\  quejùonne  ,  on  interroge  y  Se  l'on  demande 
pour  favoir.  Mais  il  fenibie  que  quejliôjiner  falFe 
fentir  un  efprit  de  curiofité  j  <\\xinterroger  fuppofe 
de  rautoiité.  Se  que  demander  ait  quelque  chofe 
déplus  civil  &  de  plus  lefpedueux.  Syn.  Fr.  Qucf- 
tionner  Sc  interroger  tont  feuls  un  iens  ;  mais  il  Faut 
ajouter  un  cas  à  demander,  c'eft-à-dircj  que  pour 
faire  un  fens  partait,  il  faut  marquer  la  chofe  qu'on 
demande.  L'efpion  que/lionne  les  gens.  Le  Juge  in- 
terroge les  criminels.  Le  Soldat  demande  l'ordre  au 
Général, 
lie?  Demander  fe  dit  auiîî  dans  le  même  fens  qu'in- 
terroger en  parlant  des  chofes  muettes  &  inanimées, 
Ik.  c'eft  chercher  en  elles  les  preuves  de  ce  qu'on  veut 
favoir  :  Demande:^  aux  étoiles  j  qui  eft-ce  qui  leS  a 
faites  ,  &  elles  vous  répondront. 

f^a  de  tes  auditeurs  confulter  le  vifage  , 
Va  fur  eux  du  fermon  étudier  le  prix  , 
Et  demander  aux  yeux  ce  qui  plaît  aux  efprtts. 

ViLL. 

■gCT  Demander;  fignifie  aufÏÏ  s'adreffèr à  quelqu'un 
pour  obetnir  de  lui  ce  dont  on  a  beloin.  Pojlulare , 
petere.  Demander  un  fervice  à  quelqu'un,  tiogare  be- 
neficium  aliquem  _,  ab  aliquo  :  lui  demander  une  en- 
trevue, une  conférence.  Pojlulare  aliquem  de  coLlo- 
quio.  Ce  pauvre  demande  l'aumône  ,  il  eft  réduit 
à  demander  fon  pain  ,  il  demande  fa  vie.  Mendicare. 
On  m'a  demande  cent  écus  à  emprunter.  Mutuum pe- 
tere. On  ditquun  homm^  v  ^.mcm  demande  la  vie, 
qaWdemande  quirtier.  Un  pénitent  demande  ■çts.ïàon, 
abfolution  de  fes  fautes ,  demande  la  bénédiction 
du  Prêtre.  Les  affligés  de^nandent  fecours,  deman- 
dent ■çiiox.tQixon  ,  demandent  en  grâce  qu'on  les  alTilte. 
Dem.mder  ixnQhWc  en  mariage. ZJewtzwc/er  audience, 
lafolliciter.  Le  Roi  Archelaus  refufa  un  de  fes  Cour- 
tifans  qui  lui  denanloit  une  coupe  d'or,  &  la  don 
naà  Euripides  ;  c'eft,dit-il  à  ce  Courtilan  ,  qu'Eu- 
tipides  eft  digne  de  l'avoit  fans  la  demander ,  &l 
que  tu  es  indigne  de  l'avoir  ,  parce  que  ru  l'as  de- 
mandée. Ablanc.  Vous  me  mandez  que  vous  ne 
voulez  me  voir  que  pour  me  demander  pardon  :ua! 
venez  ,  quand  ce  feroit  pour  me  dire  des  injures. 
Lettres  I'ort. 

IJC?  Demander  la  bourfe^  exiger  par  violence  l'ar- 
gent qu'un  homme  à  fur  lui. 

^fT  Demander  ,  fe  ditaulfi  abfoiumenr.  Cet  homme 
demande  à  tout  le  monde ,  par  les  maifons  ,  de  porte- 
en  porte.  Il  ne  fait  que  demander. 

Demander  ,  fe  dit  aulli  des  chofes  muettes  &  inani- 
més,  auxquelles  on  attribue,  par  métaphore,  du 
fentiment.  Demander  fignihe  alors  exiger ,  &  mar- 
que un  befoin  fondé  fur  la  néceflîté  ,  la  raifon  , 
la  bienféance  ,  la  coutume  ,  la  difpofition  des  cho- 
fes. Pofcere  ,  exigere.  \Jn  corps  mort  ne  demande 
plus  que  la  terre.  Le  fang  innocent  répandu  demande 
vengeance  ,  demande  Juftice.  L'étude  de  la  Géomé- 
trie demande  un  homme  tout  entier.  Les  prés ,  les 
blés  demandent  àe  la  pluie.  Les  orangers  demandent 
de  grands  foins  en  ces  pays  ci.  La  vigne  ne  demande 
que  le  beau  temps. 

ïfT  On  dit  familièrement  qu'un  habit  en  de- 
mande un  autre  \  pour  dire  j  qu'il  n'eft  plus  en  état 
d'être  porté. 

ffT  Demander  ,  en  Jurifprudencc ^  fe  dit  des  chofes 
pour  lefquell-s  on  s'adrelTe  à  la  juftice,  faire  venir 
quelqu'un  en  juftice  fur  quelque  prétention  ,  quel- 
que droit  qu'on  a  à  exercer  contre  lui.  Petere,  pof- 
tulare.  Demander  qn  on  mette  quelqu'un  à  la  queftion 
Aliquem  in  qusflionem  pojlulare.  DtmanderXe  paie- 
ment d'une  dette  3  demander  réparation  d'honneur. 


DEM  2.03 

Demander  une  évocation.  Demander  un  renvoi ,  uti 
répit ,  une  décharge.  Demander  compte.  Demander 
la  jonélion  de  Meilleurs  les  Gens  du  Roi.  Le  garant 
a  été  condamné  aux  dépens  ,  tant  en  demandant  que 
détendant  j  &  de  la  lommation. 
Demander  ,  fignihe  aulîi ,  chercher  quelqu'bn  pour  lé 
voir,  pour  lui  parler.  {Juicritare ,  aliquem  requireie. 
Perionne  ne  m'eft-il  venu  demander  en  mon  ab- 
fence  ?  On  demande  ce  Médecin  en  deux  endroits 
à  la  tois. 

Demander,  fignifie  auffi  fouhaiter.  0/:rJre,</<î/^'</e- 
/■^re.  Quand  on  a  vu  tant  de  belles  chofes  j  il  né 
faut  plus  rien  c/e/WiZ/îifer  après  cela.  Un  Chirurgien 
ne  demande  que  plaie  &c  bolfe.  Ce  jeune  homme  ne 
demande  qui  fe  réjouir,  qu'à  faire  bonne  chère. 

On  dit,  pfoverbialenient,  qui  nous  doit  nous  de- 
mande ,  pour  dire ,  qu'on  eft  fouvent  attaqué  par 
ceux  que  l'on  devroit attaquer.  On  dit auili,  qu'ua 
homme  ne  demande  qu'amour  &  fimpletic  ,  pour 
dire  ,  qu'il  n'a  rien  à  demander  à  perfonne  ,  qu'il 
veut  vivre  en  repos  ,  5c  y  lailfer  vivre  les  autres. 
On  dit  aulîi  ,  (3.\xi- A  demander  i  un  malade  s'il  veut 
fanté  ?  quand  on  ne  demande  que  le  fien ,  on  n'a  pas 
tort. 
§C?  Demander,  au  jeu  de  quadrille,  c'eft  jlorfqu'un 
joucurn'a  pas  alfez  beau  jeu  pour  gagner  tout  feul , 
appeler  un  roi  qui  eft  de  moitié  avec  lui  pour  la  perte 
&  pour  le  gain.  Celui  qui  eft  dans  ce  cas  ,  ditj  je 
demande ,  c'eft- à-dire ,  je  demande  à  jouer  en  appe- 
lant un  Roi. 
Demandé  ,  ee.  part. 

DEMANDEUR  ,  euse.  f.  m.  &  f.  Celui  qui  demande; 
Flagitator.  Les  demandeurs  perpétuels  fe  rendent  à 
la  fin  importuns.  Imponuitus  flagitator.  On  dit  pro- 
verbialement J  à  beau  demandeur ,  beau  refufcur. 
Demandeur,  en  termes  de  Pratique,  eft  celui  qui  a 
fait  donner  aftîgnation  à  une  autre  par  devint  un 
Juge  pour  l'obliger  de  taire  ou  de  donner  qu.lque 
chofe.  Petitor,  aclor.  Il  s'eft  conftitué  d:ma.,aeur. 
Un  demandeur  en  lettres  ,  en  premièie  iiiftancc.  Les 
parties  principales  font  le  demandeur  5c  ledcfcuicur. 
Le  demandeur {luih  jurifdiéliondu  défendeur. .VJ/jr 
J'equitur  jorum  reu  Quand  il  y  a  plufieurs  perfonnes 
appelées  en  fommation  ,  on  appelle  aemandeur  ori- 
ginaire,  celui  qui  a  fut  donner  le  premier  exploit. 
En  matière  criminelle  ,  on  appelle  demandeur  &C 
complaignant ,  la  partie  tjui  agit  contre  celui  qui  eft 
défendeur  &i  accufé.  On  dit  au  teminm  en  ce  fens  , 
la  demanderejje.  Petitrix. 
:]Cr  Demandeur  en  requête  civile  ^  eft  celui  qui  a 
obtenu  des  letties  du  Prince  ,  pour  être  remis 
dans  le  même  état  qu'il  étoit  avant  l'arrêr; 
DÉMANGEAISON,  f  f  Efpèce  de  picotement ,  Itn- 
fation  plus  ou  moins  vive  &:  inquiète  dansiiuelque 
parties  extérieure  du  corps ,  qui  donne  grande  envie 
de  fe  grater.  Prurhis  ,  prurigo,  l  oy .  Prurit.  Les 
gens  qui  ont  la  galle  ,  la  gratelle  ,  fentent  de  for- 
tes démai.geaifons.  L'ébranlement  caufé  dans  les 
houpes  nerveufesde  la  peau  par  l'acreté  du  fang  ,  des 
humeurs,  de  la  lymphe  ,  augmenté  par  les  trotte- 
mens  J  produit  un  très-grand  plaifir  j  qui  dégénère 
en  cuilfon ,  en  douleur  ,  fi  le  nerf  eft  tiraillé  par 
les  frottemens  trop  rudes  &  rrop  fouvent  répétés. 
fCF"  DÉMANGEAISON  ,  fedit  dans  un  fens  figuré  ,  mais 
dans  le  ftyle  familier  feulement ,  pour  envie  immo- 
dérée de  dire  ou  de  faire  quelque  choie.  Libido  i 
cupido ,  cupiditas.  Avoir  la  demangeaifon  de  fe  battre. 
Prurire  in pugnam.  Un  indifcret  à  une  grande  dé- 
mangeaifon  àe  dire  le  fecret  qu'on  lui  a  confié.  Lia 
Auteur  qu'on  a  choqué  ,  a  une  grande  démangeai- 
fon  de  faire  une  Satyre.  LTn  jeune  Poète  a  une  forte 
démangeaifon  de  fe  faire  imprimer.  Avoir  une  fu- 
rieufe  démangeaifon  d'écr'ne.  Mol.  Vous  aviez  une 
demcnoeaifon  fi  grande  depuis  la  tête  jufqu'aux  piés, 
qu'elle  ne  vous  laifloit  jouir  d'aucun  repos.  Eoil. 
§:;?  DÉMANGER,  v.  n.  Sentir  des  démanaeaifons. 
Prurire.  On  le  dit  des  parties  extérieures  du  corps 
dans  lefquelles  on  fenr  une  efpèce  de  picotement 
ou  de  chatouillement  piquant  entre  cuir  &  chair  ^ 

C  c  i) 


104  DEM 

qui  donne  envie  de  fe  grater.  La  tête  lui  démanae. 
Quand  une  plaie  commence  à  fe  guérir ,  ou  quand 
le  temps  vient  à  changer  ,  eli;  de.-r.angd  beau- 
coup. 

iC?  Dans  le  ftyle  fimple  &  familier,  on   dit' 


DEM        * 

demenf,  c'eft-à-dirc,  le  propoferle  premier,  faire 
les  avances.  Il  avoïc  tout  ce  qu'il  falloit  pour  faire 
une  faulfe  dcmarche ,  beaucoup  d'opmiacrecé  ,  ua 
grand  crédit ,  &  de  bonnes  intentions.  Bovu.Xav. 
L.  F. 


figurément  que  les  doigts  démungenc  i  quelqu'un  ,°  Démarche  ,  ou  efcrtteau.  f,  f.  Terme  de  Tondeurs 


pour  dire,  qu'il  a  grande  envie  de  fe  battre  oa  d'c- 
crire  contre  quelqu'un. 

^Zr  On  dit,  proverbialement  &hgurémentj d'un 
homme  qwi  ne  peut  fe  tenir  en  place  ,  que  les 
pieds  lui  démangenc^èc  qu'on  gratte  uu  homme  où 
:l  lui  démange,  quand  on  dit  quelque  chofe  qui  lui 
fait  plaifir. 
DÉMANTÈLEMENT,  f.  m.  Aélion  de  dcmapteler  , 
ou  l'état  d'une  place  démantelée.  Manium  danùLlùo  j 
murorum  everjio.  Le  démantèlement  d'une  place. 

DÉMANTELER,  v.  a.  Détruire  les  fortifications 
d'une  ville,  d'une  place  ,  par  punition,  quand  elle 
cft  prife.  Mœnid  diruere  ,  disjiccre.  Démanteler  n'eft 
fynonyme  à  démolir  que  par  l'idée  générale  de  def- 
truélion  qu'ils  expriment  l'un  &  l'autre.  Démanteler 
ajoute  à  cetre  idée  celle  dâ  punition  &  de  force. 
Ua  particulier  fait  démolir  fa  maifon.  Un  Général 
fait  démanteler  une  place  qu'il  ne  peut  garder ,  ou 
qu'il  eft  obligé  de  rendre.  On  fait  des  mines,  des 
fourneaux  pour  démanteler  une  place. Ce  mot  vieillit. 
On  dit  plus  fouvent  aujourd'hui  rafer  les  fortifica- 
tions d'une  place  &  û  l'on  emploie  le  feu  par  le 
moyen  des  mines  ,  'faire  fauterXts  fortifications. 

DÉMANTELÉ  ,  EE.  part. 

DEMANTIBULER,  v.  a.  Ce  mot  a  fignifié  autrefois 
au  propre ,  Rompre  la  mâchoire  ,  qu'on  appeloit 
autrement  mandibule.  Maxillam  jrangere  :  mais 
maintenant  il  ne  fe  dit  qu'au  figuré  &  au  participe 
en  parlant  d'une  chofe  rompue  ,  gâtée  ou  délal- 
{svnhiés.Rumpere  ,  Jrangere.  Cette  montre  ne  mar- 
que point ,  elle  eft  démantibulée.W  eft  populaire. 

DÉMARAGE. f.  m. Terme  de  Marine.  Aétion,  mou- 
vement ,  agitation  qui  démare  un  vailfeau ,  qui 
rompt  fes  amarres.  Il  faut  obvier  avec  foin  aux  dé- 
marages  que  caufent  les  tempêtes. 

Ce  mot  &  ceux  qui  ont  la  même  origine  s'écri- 
vent fouvent  avec  deux  r,  démarrage  ^  démarre  , 
démarré. 

DÉMARCATION,  f.  f.  Ce  mot  ne  s'emploie  qu'avec 
celui  de  ligne,  qu'on  met  devant.  La  ligne  de  dé- 
marcation eft  une  ligne  fidive  que  le  Pape  Alexan- 
dre VI.  fit  tracer  fur  le  globe  terreftre  qui  alloit 
d'un  pôle  à  l'autre,  pour  terminer  les  difrcrens  qui 
régnoient  entre  les  Couronnes  deCaftille  &  de  Por- 
tugal, au  fujetdes  conquêtes  que  ces  peuples  avoient 
faites  dans  les  Indes.  Par  ce  partage  les  Indes  Orien- 
tales furent  alîîgnées  aux  Portugais  ,  &c  les  Occiden- 
tales aux  Caftillans..  Quoique  la  fameufe  ligne  de 
démarcation  QUI  àh-pxéwQniï:  les  démêlés  qui  pour- 
roient  naître  entre  les  Efpagnols  &  les  Portugais  , 
au  fujet  des  nouvelles  découvertes ,  ils  fe  brouillè- 
rent bientôt.  Mém.  de  Trévoux. 

§Cr  DEMARCHE.  Allure  ,  manière  de  marcher.  In- 
cejjus.  On  connut  à  fa  démarche  que  c'étoit  une 
Dcefie.  Incejfu  patuit  Dea. 

Cette  homme  a  la  a'eVw^/r/ze  grave.  La  démarche 
de  ce  goutteux  n'eft  pas  ferme  \  elle  eft  lente  &  mal 
alTurée.  Une  mine  grave  ,  &  une  démarche  mefurée, 
attirent  du  refped.  La  Bruy.  LTne  démarche  lente 
paroît  affectée ,  &  une  démarche  précipitée  ne  mar- 
que pas  alfez  de  gravité.  Dag. 

DÉMARCHE,  fe  dit  figurément  en  Morale  de  la  ma- 
nière de  conduire  its  adions.  Agendi  ratio.W  fautj 
quand  on  entre  à  la  Cour  ,  être  fur  fes  gardes  ; 
on  y  obferve  ,  on  y  critique  toutes  les  démarches 
des  nouveaux  venus.  Je  prétens  que  ma  bonne  foi 
me  doit  épargner  des  démarches  populaires ,  qui 
retardent  l'amour  &  qui  ne  le  perfuadent  pas.  Com. 
Tous  les  pas  d'un  amant  content  font  des  démarches 
langui ffantes.  S.  Evr.  Quand  on  a  fait  une  faufte 
démarche  en  quelque  affaire  ,  on  a  bien  du  mal  à 
la  réparer.  Quando  erratum  eft.  Perfonçe  ne  veut 
faire  les  premières  démarches  pour  un  accommo- 


de draps  ,  qui  fe  dit  des  fautes  qu'ils  font,  en  ne 
tondant  pas  d'alfez  près  certains  endroits  des  étoffes. 

DÉMARCHEXASE.  f.  m.  C'eft-à-dire  ,  Tnbunicien. 
C'eft  le  nom  du  cinquième  mois  desCypriots,  & 
furcout  des  Paphiens.  Demarchexafius.  Foye^  Junius 
L.  deAnno  &  Menfibus.  Dans  les  Notes  fur  Bcde  il 
eft  le  fixième  mois  ,  &  on  l'appelle  Diamarplcxios. 
C'eft  une  double  erreur ,  aulli-bien  que  le  Diamar- 
chefagius  du  Darium  Hiftoricum  Henrici  Pantaleonis. 
Le  P.  Hardouin  prétend  qu'il  faut  dire  A>r,««§;t4i™»f. 
Il  eft  mieux  en  elî'et.  Fcbr.  Mencl.p.  6}. 

DÈMARCHIE.  f  f  On  appeloit  ainfi  différentes  In- 
tendances ,  partagées  félon  les  quartiers  de  la  ville 
d'Athènes  ,  &  des  bourgs  de  l'Attiquejà  la  tête  def- 
quels  jétoient  des  Magiftrats  appelés  Démarques  » 
de  ^Hfioi  ,   Peuples ,  &  «f^i  ,    Principauté. 

DÉMARERou  DEMARRER  qui  eft  même  plus  ufitc. 
Terme  de  Marine,  oppoléàd/7Mrrer. Ilfignifie  géné- 
ralement ,  Délier  ,  détacher ,  lever  les  ancres  ,  ou 
couper  les  amarres  pour  partir  d'un  port  ou  d'une 
rade.  Anchoras  tollere.  Démarer  un  vailfeau  ,  c'eft 
larguer  toutes  les  amarres  qui.  le  riennenr  attaché. 
Démarre  ,  eft  le  commandement  pour  détacher 
une  mancsuvre.  On  dit  auftî  que  le  vailfeau  s'eft 
démare ,  quand  il  a  rompu  fes  amarres.  Démarer 
le  canon  ,  c'eft  détacher  les  p.-^.lans  qui  le  tiennent. 
Ce  mot  vient  des  amarres  ,  ou  cordes  qui  tien- 
nent le  vailfeau  attaché  ,  qu'on  ôre  quand  on  veut 
partir. 

Ménage  le  dérive  de  la  particule  (fe,  ëcdemaref 
comme  qui  diroit ,  Partir  de  l'endroit  de  la  mer  où 
l'on  eft  ancré. 

En  parlant  des  chofes  pefantes  ,  on  le  dit  familiè- 
rement pour  remuer  une  chofe  de  fa  place.  Movere 
loco  ,  dimovere.  Cette  pierre  eft  fi  péfante  qu'on  ne 
fauroit  la  démarrer. 

|C?  DÉMARER  fe  dit  aufli  pour  parrir  \  &  alors  il  eft 
neutre.  Toute  la  flotte  a  appareillé,  &  eft  prête  à  dé- 
marer. Ils  s'embarquèrent  au  commencement  de  la 
nuit ,  &  on  d:mara  le  lendemain  au  point  du  jour 
avec  un  bon  vent.  Bouh. 

(ter  On  le  dit  encore  neutralement  pour  changer 
de  place.  Ne  démare  pas  de  là.  Il  n'a   pas,  il  n'eft 
pas  dérnaré  de  fa  maifon  depuis  quinze  jours.  Ex- 
preflion  bourgeoife. 
Demaré  ,  ÉE.  part. 

DÉMARIAGE.  f  m.  Divorce  &  féparation  qui  fe  fait 
entre  l'homme  «5:  la  femme ,  &  qui  les  met  en  état 
defe  pourvoir  chacun  de  leur  côté  par  de  nouveaux 
nœuds.  M.  Bayle  dit  que  tout  ce  que  rapporte  M. 
Hochman  dans  fon  Traité  de  la  bénédiction  nup- 
tiale ;  fur  les  loix  qui  étendoient  ou  refterroient 
la  permiflion  du  démariage  ,  eft  extrêmement  cu- 
rieux. 

DÉMARIER,  v.  a.  Annuller  un  mariage  j  le  déclarer 
nul.  Alicujus  matrimonium  ,  conjugïum  folverc ,  dif- 
folvere.  On  démarie  ceux  qui  font  mariés  ,  lorfqu'ils 
font  parens  au  degré  prohibé  ,  ou  qu'il  y  a  quelque 
autre  empêchement  dirimant. 

|iCr  Se  demarier ,  faire  déclarer  fon  mariage  nul. 
Il  '  y  a  bien  des  gens  qui  voudroient  bien  qu'il  fût 
petmis  de  fe  démarier.  Matrimonù  yinculis  expedire 

DÉMARIÉ  ,  ÉE.  parr.  Solutus  matrimonii  vincitlis. 

DÉMARQUE,  f.  m.  Magiftrat,  chef  d'un  peuple,  c'eft- 
à-dire  ,  d'une  contrée  de  la  campagne.  Demarchus. 
Les  Athéniens  divifoienr  la  campagne  en  certaines 
contrées,  qu'ils  appeloient  Af^o;,  Demi,  c'eft-à-diie 
peuples.  Ils  établilToient  un  Magiftrat  dans  chacune 
de  ces  contrées  qu'ils  appeloient  Ax'j«««();(;»'.  Démar- 
ques, de  «^'v"?  &"  àf'j^i.  C'eft  de-ià  que  ce  nom  vient. 
Voye\  Fr.  Roftxus ,  Archdologiiz  Attia ,  L.I.  C.  Ci. 
§c  M,  Spon  dans  fon  Foyage  de  Crae^  p.  III.  oàii 


'    DEM 

traite  des  peuples  de  l'Accique.  HofFman  donne  une 
lifte  alphabétique  de  ces  Dèmes ,  ou  peuples  &  con- 
trées de  l'Attique. 
DÉMAR(^UER.  V.  a.  Oter  la  marque.  A^'ocjm  demere, 
eximere.  A  la  Paume ,  quand  on  a  gagné  une  chaiFe  , 
il  faut  la  démarquer.  Quand  on  a  gagné  douze  points 
auTridrac,  il  faut  que  l'autre  joueur  dimarque  les 
points  qu'il  avoit  marqués.  Dcrnarquer  un  livre, 
c'eft  ôter  la  marque  qu'on  y  avoit  mile  à  l'endroit  où 
l'on  en  étoit  demeuré.  Le  frai  &  maniement  des 
monnoies  avec  le  temps  les  dcmarque. 

Cy  gît  l'illufirc  de  Marca  , 
Q^ue  Le  plus  grand  des  Rois  marqua 
Pour  U  Prélat  defon  Eglife. 
Mais  la  mort  qui  le  remarqua  j 
Et  qui  Je  plaît  à  lafurprife , 
Tout  aujjl-tôt  le  démarqua. 

On  dit  démarquer  le  vin  &  autres  boilTons.  Les 
Commis  aux  Aides  démarquent  les  tonneaux,  quand 
ks  Marchands  ont  payé  le  droit.  Ou  du  aulîi  Com- 
mis à  la  démarque. 

DÉMARQUER  j  v.n.  Se  dit  des  chevaux  j  lorfqu'on  ne 
connoit  plus  par  aucune  marque  quel  âge  ils  ont. 
Equus  cujus  denus  dtatem  ampliùs  non  Jignant ,  indi- 
cant.  Ce  cheval  eft  jeune  j  il  ne  dém.irquc  pas  encore. 

DÉMARQUÉ,  ÉE. part. 

DEMARQUISER.  v.  a.  Faire  connoître  que  celui  qui 
fe  dit  Marquis,  ne  l'eft  pas. 

La  rencontre  ejî  plaifante  ; 
Je  rai  démarquifé  bien  loin  defon  attente. 
J'en  voudroisfain  autant  à  tous  les  J  aux  Marquis. 

CoiM.  BU  Joueur. 

DÉMARQtJisÉ ,  ÉE.  part. 

DEMASQUER,  v.  a.  Oter  le  mafque.  Perfonam  detra- 
hcre.  Toutes  les  Dames  {tdémafquèrenc  pour  danfer. 
Cette  Dame  n'a  point  voulu  fe  démafquer  z\x  bal. 

§3°  DÉMASQUER,  fe  dit,  dans  un  fens  figuré,  pour 
montrer  une  perfonne  ou  une  chofe  telle  qu'elle  eft, 
&  dégagée  de  toutes  les  apparences  contraires  qui  la 
déroboient  à  la  connoilFance  des  autres.  On  ne  le 
dit  qu'en  mauvaife  part.  Démafquer  le  vice.  Démaf- 
quer\i%  cagots.  Larvam  detrahcre.  Rien  n'a  paru  plus 
propre  qu'une  inftruclion  limple  &  familière,  où 
l'erreur  &  fes  partifaiis  fuflent  bien  démafqués  P. 
Lallem. 

Quel plaijlr pour  moi!  Quelle  joie  ! 
De  démafquer  ces  fcélérats  , 
A  qui  le  vrai  mérite  ejltous  Us  jours  en  proie. 

Des-Houl. 

On  dit  auflî  qu'un  homme  fe  démafque  lui-même , 
pour  dire  ,  qu'il  fe  fait  connoître  pour  ce  qu'il  eft. 

Démasque,  ée.  part. 

DEMASTIQUER.  v.  a.  Détacher  une  chofe  atcacliée 
avec  du  maftic  \  ôter  le  maftic  qui  renoit  une  chofe 
attachée.  LuocoL.à  folvere.  Un  côté  du  verre  étant  en- 
tièrement achevé  &  poli,  on  le  deniajîiquera.  De  la 
HiRE.  Acad.  \6^G.  Mém.p.  140. 

DEMATER,  v.  a.  Rompre  les  mâts  d'un  vaifteau,  ou 
les  ôter.  Malo  navcm  exarmare,  malum  de/icer^j 
evertere.  La  tempère  a  démâté  ces  vailFeaux.  On  a 
démâté  les  vailFeaux  dans  .le  port,  quand  on  les  a 
défarmés. 

DÉMÂTÉ,  ÉE.  part.  Exarmata  malo  navis.  On  dit 
qu'un  vailFeau  eft  démâté ,  lorfqu'il  a  perdu  un  ou 
plufieurs  mâts  dans  une  tempête  ou  dans  un  combat, 
ou  quand  on  les  a  ôtés  au  défarmement. 

DÉME.  Rivière  de  la  PrulFe  Ducale  j  qui  a  fon  cours 
dans  laNadravie. ZJema. 

DEMAYENE.  F  m.  Vieux  mot  dont  on  s'eft  fervi , 
pour  dire ,  Domaine.  On  a  dit  aufti  demaine  ,  ou  dé- 
jnaine ,  dans  le  même  fens. 

DEMELE,  f.  m.  Conteftation  entre  deux  perfonnes, 
qui  diffèrent  d'avis  fur  une  chofe  qui  n'eft  pas  fufh- 


D  É  M  2,oj 

famment  éclaircie,  &  fur  laquelle  on  cherche  à 
s'expliquer  pour  lavoir  à  quoi  ^'en  tenir.  Contention 
dijceptatio.  ils  ont  eu  un  demclc  cnfemble.  L'ambi- 
tion eft  la  fource  de  bien  des  denicUs  (.luie  les  Puif- 
fances.  Ces  deux  états  ont  enfembledts  duncUs  per- 
pétuels. Les  T^^rnsdcnuks  réveillent  l'amour.  S.  Evr. 
l^oye^  Conteftation,  différend ,  difpute  ,  querelle , 
procès. 

|!cy  Démêler,  v.  a.  Séparer  les  chofes  qui  font  mêlées 
enfemble.  D ij cerner e  ^  cxtrlcare.  Uimcier  àt%  grains 
les  uns  d'avec  les  autres.  Démèler\c%  cheveux ,  capil- 
lum  «TAT^y/icvî/i.'.  Cetécheveau  de  foie  eft  li  mêlé,  qu'on 
ne  le  peut  démêler  fans  en  perdre  la  moitié.  Voyant 
qu'il  étoit impolFible  de  défaire  ces  nœuds  j  n'impor- 
te ,  dit-il ,  comme  on  les  démêle;  Vaug. 

^CT  Démêler,  fe  dit  tigurémenten  Morale,  &  figni- 
fie,  diftinguer,  féparer.  Démêler  {3.  faulFeté  d'avec 
la  vérité.  Dijlinguerevera  a  faljîs,  ou  verum  falfo. 
Démêler  le  droit  d'avec  le  courbe ,  faire  diftindion 
du  bien  d'avec  le  mal.  Reclo  curvum  dignofcere.  On  a 
bien  de  la  peine  à  dém.cler  le  vrai  d'avec  le  faux;  le 
dévot  d'avec  l'hypocrite.  Je  démêle  aifément  la  véri- 
table amitié  des  intérêts  de  l'amour  propre.  S.  Evr. 
Ceux  que  la  nailFance  démêle  d'avec  le  peuple ,  font 
obligés  par  cela  même  de  fe  porter  à  la  vertu.  La 
Bruy.  Démêlci  '^  vertu  d'avec  fes  |_apparencesi 
Mol. 

■ffj'  Corneille  a  dit  dans  Rodogune. 

Et  c'eji  mal  démêler  le  cœur  d'avec  le  front. 

^0°  Jq  crois  ,  dit  M.  de  Voltaire,  qu'il  eût  fallu 
diflinguer  au  Heu  de  démêler-^  car  le  cœur&  le  front 
ne  font  point  mêlés  enfemble. 
^CJ"  Démêler,  fignific  aulIi  reconnoître,  en  parlant 
d'une  perfonne  mêlée  avec  plufieurs  autres.  Internof- 
cere,  unum  ah  alio  dijcernere.  J'ai  eu  bien  de  la  peine 
à  vous  démêler  dans  la  foule. 
Dbmèler  ,  fignifie  aulli ,  éclaiicir,  débrouiller.  Expe- 
dire ,  explicare.  J'ai  eu  bien  de  la  peine  à  démêler 
cette  intrigue.  On  lui  a  fufcité  une  aftaire  fâcheufe  , 
il  aura  bien  de  la  peine  à  <:^COTe/frcettefuiée  ,  expref- 
lion  proverbiale.  Débrouiller  une  affaire ^  une  intri- 
gue. Cette caufe  étoit  fort  embrouillée;  mais  l'Avo- 
cat l'a  bien  démêlée,  l'a  rendue  fort  claire. 

On  dit  en  ce  fens  ,  Démêler  un  point  obfcur  dans 
l'Hiftoite,  dans  la  Chionologie.  Démêler  uns  diffi- 
culté dans  la  Scholaftique,  dans  un  texte  de  l'Ecri- 
ture. 
Démêler  ,  contefter  ,  terminer,  décider,  Dirimere. 
Démêle-^  vos  dilFérens  fi  vous  voulez.  La  beauté 
d'une  femme,  &:  l'ame  de  Socrate ,  peuvent-elles 
avoir  quelque  chofe  à  démêler  enfemble?  Vill.  Je 
ne  veux  rien  avoir  à  dém.cler  avec  ceux  qui  vous  ap- 
partiennent. Voit.  Démêler  un  différend  l'cpée  à  là 
main.  J'ai  quelque  chofe  à  dtnultr  avec  lui  Scar. 
Démêler  ,  avec  le  pronom  perfonnel  fignifie  ,  fe  tirée 
heureufement  d'une  affaire,  d'un  combat ,  s'acquit- 
ter d'une  QQmm'iiWor^.  Explicare ,  expedire  negotium. 
On  a  eu  beau  fufciter  des  affaires,  des  procès,  des 
calomnies  à  cet  homme  là,  il  s'en  eft  toujours  fore 
bien  dcmêlé.  Ce  brave  étoit  fore  engagé  parmi  les 
ennemis  J  mais  il  s'eft  enfin  démêle  d'entre  leurs 
mains. 

On  dit  en  termes  de  ChnlFe,  Démêler  les  voies  de 
la  bcte  ,  Recentia  fers,  vefligia  a  veiuftis  dignofcere  ^ 
pour  dire,  difcerner  les  vieilles  d'avec  les  récentes. 
Démêler  J  Terme  de  Foulon.  Tirer  de  la  pile  l'étoffe^ 
&  la  remettre  &  fouler  à  l'eau  chaude  quand  elle  eft 
dégrailFée. 
fC7  Démêler  un  cheval,  termedeMarcchallerie.  Koy. 

DÉPÊTRER. 

' ifT  Démêlé,  ée.  part.  Il  a  les  fignificationsdu  verbe. 

\\fT  DEMEMBREMENT,  f  m.^C'eft  l'adion  de  dé- 
membrer, &:  de  mettre  en  pièces.  On  ne  dit  point 
au  propre  le  démemhrement  d'un  chapon ,  d'un  liè- 
vre ,  d'un  agneau,  Sec:  mais  il  fe  dit  au  figuré  en 
parlant  des  parties  d'un  corps  politique,  &  fignifie 
i'aftion  d'en  féparer,  d'en  retrancher  uns  ou  plu- 


io6  t)  E  M 

fieurs  parties,  ^oje:^  Démembrer.  Avulfio\  dijjunc^ 
tlo.l.Q  dcmcmbremeni d\inctidiïe,  d'une  Julhce,  d'une 
Seigneurie ,  d'une  charge ,  d'un  royaume.  Le  dénicm- 
brcmcnt  de  cette  Seigneurie,  de  cette  ciiarge  en  a 
bien  diminué  le  prix.  Du  démembrement  de  l'Empire 
Romain  ,  on  vit  le  former  pluileurs  grandes  monar- 
chies. 

Il  fignifie  auiîlla  cliofe  démembrée.  Ce  fief  eft  un 
démembrement  d'une  telle  terre,  d'un    tel   Duché 

Voy.  DÉMEMBRER. 

DÉMEMBRER,  v.  a.  arracher ,  féparer  les  membres 
d'un  corps.  Lacerate-,  difpenire.  Orphée  fut  démem- 
bre par  la  fureur  des  Bacchantes.  On  a  démembré  cl 
coq-d'Inde ,  on  en  a  ôté  les  ailes  &  les  cuilfes. 
§Cr  DÉMEMBRER  ,  fignifis  figurémeut ,  feparer  un 
corps  politique  en  une  ou  plufieurs  parties  j  en  re^ 
trancher  une  ou  plufieurs  parties  pour  les  joindre  à 
un  autre ,  ou  pour  en  faire  un  corps  léparé.  Démem- 
brer mi  Royaume,  une  terre,  une  Seigneurie.  Dif- 
pertlre  oadifpertiri,  lacerare  ^  difjungere.  Cqiiq  Sei- 
gneurie a  été  démembrée  d'une  telle  Principauté.  On 
a  démembré  plufieurs  Evêchés  de  l'Archevêché  de 
Bourges ,  pour  établir  un  Archevêché  à  Albi.  On  a 
démembre  ^{wCmMis  Provinces  du  Parlement  de  Paris^ 
pour  érablir  d'autres  Parlemens.  Démembrer  un 
Royaume.  Patru.  Démembrer  un  fief.  Le  Mait. 
|K?  DÉMEMBRER  un  fief,  c'eft  en  divifer  l'unité  &: 
J'iruégrité,  &  en  faire  plufieurs  remis  également 
chacun  en  hommage  féparé.  Ce  qui  fe  fiit  quand  le 
vailâl  vend  les  dépendances  de  fon  fief  j  fans  rerenir 
aucun  droit,  ni  aucune  fupériorité  iur  la  partie 
«liénée  ,  ou  quand  il  remet  à  les  valTaux  ,  qui  pollé- 
dent  les  arrière-fiefs,  ou  à  ceux  qui  polfédent  des 
cenfives  dans  fa  mouvance,  le  droit  qu'il  a  fur  eux. 
Il  y  a  encore  démembrement  de  fief,  quand  le 
valTal  permet  à  fes  arrière  -  vaiTaux  de  polTéder  leurs 
fiefs  en  franc- aleu,  ou  qu'il  les  cède  à  d'autres  Sei- 
gneurs. 

C'ell:  donc  démembrer  (on  fief  que  d'en  retrancher 
des  membres  ,  &  porter  préjudice  au  Seigneur  do- 
minant j  qui  ne  leroit  plus  reconnu ,  &  qui  n'auroit 
plus  d'homme  qui  lui  pût  faire  la  loi  pour  les  chofes 
ainfi  démembrées.  Enfin  c'eft  démembrer  fon  fief,  que 
de  le  divifer  en  telle  forte,  que  d'un  fief  on  en  fa(Te 
plufieurs,  à  moins  que  la  divifion  du  fiel  ne  foit  faite 
de  manière  que  les  différentes  parties  dans  lefquel- 
les  il  feroit  divifé  j  ne  compofent  toutes  enfemble 
un  feul  &  même  fujet. 

fC?  DÉMEMBRER  Une  Juftice,  c'eft  en  créer  une  avec 
réferve  du  relforc.  Les  Seigneurs  féodaux,  Hauts- 
Jufticiers,de  quelque  qualité  &c  condition  qu'ils 
foient ,  ne  peuvent  pas  créer  ni  concéder  les  droits 
de  Juftice,  de  Châcellenie,  &  autres  femblables  à 
leurs.  valFaux  dans  leurs  fiefs ,  fans  l'autoriré  du  Roi, 
comme  étant  un  droit  de  fouveraineté  incommuni- 
cable &  indépendant. 

On  le  dit  auflî  des  parties  d'un  ouvr.ige  d'efprir. 
On  s'eft  avifé  ces  dernières  années  de  nous  donner 
l'efprit  de  Montagne  j  tiré  de  fes  ©luvres ,  mais  fort 
inutilement;  l'expérience  ayant  fliit  voir  que  les 
Auteurs  dont  on  a  prétendu  tirer  le  pur  efprit,  corn 
me  un  elixir,  ne  plaifent  point  au  goût.  Tel  que  foit 
un  Auteur ,  il  ne  faut  point  le  démembrer.  De  Vign. 
Marv. 

DÉMEMBRÉ,  ÉE.  ^z.n.  Laceratus ,  ou  avulfus,  difjunc- 
tus. 

DÉMEMBRÉ,  entérines  de  Blafon  ,  fe  dit  des  oifeaux 
qui  n'ont  ni  pieds ,  ni  cuilfes ,  qui  font  fans  membres. 
Mutilas  pedïbus.  On  le  dit  aullî  du  lion,  &  des  autres 
animaux  dont  les  membres  font  féparés. 

DE  MÊME.  Foy.  MÊME. 

DÉMÉNAGEMENT,  f.  m.  Tranfport  de  meubles  d'un 
logement  ciue  l'on  quitte  dans  un  autre  que  l'on  va 
occuper.  Supelleclïlis  exportatto.  Il  y  a  beaucoup 
de  peine ,  de  frais  &  de  confufiou  dans  un  démena- 


DEM 

loger.  Il  a  déménagé  tous  fes  meubles.  SuppelleclUem 
aiib  exportare. 

§3"  On  le  dit  aufli  abfolument.  Je  penfe  à  démé- 
nager. On  dit  communément  qu'on  n'clt  jamais  plus 
riche  que  Q^\-xnà  on  déménage  ,  on  trouve  toujours 
quelque  chofe  qu'on  ne  penloit  pas  avoir. 

Il  le  dit  figurément  pour  lortir  du  lieu  où  l'on  eft; 
&  cela  ne  fe  du  guère  que  lorfque  l'on  en  fait  fortir 
par  force.  Allons ,  allons ,  dcméiwge\  tout-à-rheure. 
il  eft  familier. 

DÉMÉNAGÉ  ,   ÉE.  part. 

DEMENCE.  1.  f.  Foibleiïe  ou  aliénation  d'efprir,  qui 
eft  un  obftacle  à  l'ulage  de  la  raifon  dans  celui  qui 
en  eft  attaqué.  Dementia.  La  démence  emporte  inca- 
pacité pour  le  mariage,  fi  elle  prive  pour  toujours 
de  la  raifon  :  mais  non,  fi  elle  a  des  intervalles,  pen- 
dant lefquels  la  perfoune  eft  capable  des  aéfions  ci- 
viles. Cet  homme  eft  en  démence ,  il  le  faur  renfer- 
mer. Le  Magiftrateft  le  Tuteur  des  pères  tombés  eri 
démence.  C.  B.  On  donne  à  ceux  qui  font  en  démence 
des  Curateurs  qui  veillent  à  la  confervation  de  leur 
bien. 

^Zr  DÉMENCE  ,  fe  die  particulièrement  de  l'aliénation 
d'efprir  ou  de  l'abolition  de  la  faculté  deraifonner, 
déclarée  celle  p-ir  les  Médecins  ou  parles  Juges.  Foy. 
aux  tnors  Folie,  délire ,  manie  ,  les  différences  &  les 
idées  particulières  qui  les  diftingutnt. 

DEMENE.  Dans  quelques  Coutumes  ce  mot  veut  dire 
réglé.  Démer.é.Jorain,  c'eft-à-dire,  réglé  par  la  loi 
des  forains. 

DEMENER.  (SE)  V.  récip.  S'agiter,  fe  tourmenter, 
pour  faire réudir  quelque  affaire.  Sefe  agitare.  Si  cet 
homme  ne  fait  fortune,  ce  n'eft  pas  faute  de  fe  bien 
démener.  Il  eft  du  ftyle  familier. 

Onfe  tourmente ,  on  fe  démène , 
On  veut  tout  toucher  &  tout  voir  y 
On  cajfe  tantôt  un  miroir , 
Et  tantôt  une  porcelaine.  P.  tV  Cerc 

On  dit  proverbialement,  il  fe  démène  de  eu  &  de 
tête  commeun  corneille  qui  abat  des  noix. 

DEMENTER.  v.  n.  On  a  dit  fe  démenter,  dans  le  vieux 
langage,  poUr  dire,  fe  tourmenter,  s'affliger  de 
quelque  chofe,  &  en  perdre  prefque  l'efprit  de  cha- 
grin, du  Latin  me«j,  entendement,  &  de  la  parti- 
cule de. 

ffT  DÉMENTI,  f.  m.  Reproche  qu'on  fait. ^quelqu'un 
de  menfonge  ou  de  fauffeté,  avec  cette  formule  in- 
jurieufe ,  vous  en  avez  menti.  Mendacii  exprobratio^ 
Cette  infulte  mérite  une  répréhenfion  plus  ou  moins 
forte,  fuivant  la  qualité  des  Patries,  &  fuivant  les 
circonftances.  Donner,  recevoir,  foufirir  un  démen- 
ti. Le  démenti  donné  pour  quelque  caufe  que  ce  fût, 
a  toujoufs  paffé  chez  nous  pour  une  injure  fan- 


gement. 
DÉMÉNAGER,  v.  a.  tranfporter  Çqs  meubles  d'une 
miifon  d'où  l'on  déloge  dans  une  autre  où  l'on  va 


DÉMENTI ,  fignifie  auffî  le  mauvais  fuccès  d'une  aff"aire 
qu'on  a  enrreprife  ^  ou  plutôt  l'affiont  qui  en  réfults 
pour  celui  qui  n'a  pas  réuflî.  Succejfus  injelix ,  adver- 
fus.  On  vous  a  bien  dit  que  cette  entrepiile,  étoic 
au-deffiisde  vos  forces,  vous  en  avez  eu  le  démenti. 
Il  voit  bien  qu'il  a  eu  tort  de  vous  quereller,  de  vous 
f^iire  un  procès ,  mais  c'eft  un  opiniâtre  qui  n'en  veut 
pas  avoir  le  démenti.  Le  Père  N.  eft  de  ces  galans 
hommes  qui  fe  piquent  de  n'avoir  jamais  le  démenti 
des  chofes  qu'ils  enrreprennenr.  Thiers. 

DÉMENTIERS.  adv.  de  remps.  Vieux  mot  qui  a  figni- 
fie cependant.  On  a  dit  aulli  endémentiers ,  pour  dire 
la  même  chofe. 

DÉMENTIR.  V.  a.  Reprocher  à  quelqu'un  en  termes 
formels  qu'il  a  menti,  lui  foutenir  injurieufement 
qu'il  n'a  pas  dit  vrai.  Alicui  mendacium  exprobrare. 
Il  ne  faut  démentir  perfonne.  Je  ne  voudrois  pas  vous 
démentir. 

tfT  Démentir,  fignifie  quelquefois, dans  un  lèns  plus 
adouci,  faire  voir  qu'une  chofe  n'eft  pas  vraie,  être 
d'un  avis  contraire,  contredire.  Ce  Philofophe  dé- 
ment Epicure  dans  plufieurs  de  fes  écnrs.  C'eft  un 
fait  que  l'expérience  dément  tous  les  jours.  J'ai  faiï 


DEM 

cette propofition  pour  vous,  n'allez  pas  me  dimeiuii: 
Vous  dites  cela  aujourd'hui ,  demain  vous  vous  dc- 
menùtei.  Je  ne  faurois  iemenûr  mon  cœur  qui  parle 
pour  vous. 

Moncaur  nef  rétend  pas ,  Seigneur  ;  vous  démentir. 
Et  je  vous  en  croirai  fur  unjimplefûupir.  Rac. 

lilais  ne  voyois-  tu  pas  dans  mes  eniportcmens 
Que  mon  cœur  démentoit  ma  boucac  a  tous  momens. 

Id. 

IJCF  On  dit,  danslefens  figuré,  démentir  (a.  naif- 
fance  ,  ia  profellion,  &c.  taire  des  choies  indignes 
de  fa  naillance,  de  la  profellion,  &c.  Commicere  ati- 
quid  contra  j  àc.  ou  aliquid  agere  aiicnum  dignitatis , 
dignitate,  a  dignitace.  Se  démentir  j  le  relâcher ,  n'être 
pas  conrtant  dans  ce  qu'on  fait.  Et, en  parlant  des  cho- 
ies inanunées,  n'être  pas  égal,  unilorme,  foutenu. 
Sibinon  conftare ,  dtfleciere  a  confuetudine.Qz  jeune 
homme  n'a  pomt  démenti  fa  nailfince  ,  fon  éduca- 
tion, ni  les  gtandes  efpérances  qu'on  avoir  de  lui. 
Son  cœut  dément  en  lui  fa  fuperbe  origine.  Boil.  Ta 
niiiié  iie  dément  ponit  le  lieu  d  où  j'apprends  que  tu 
es  forti.  Vaug.  Se  démentir  àt  les  belles  atlions.  Ab. 
Cette  belle  amitié  que  vous  m'aviez  jurée,  &  qui  ne 
fe  devoir  jamais  démentir ,  à  la  hn  s'elt  éteinte.  Voit. 
Ce  Tyran  a  été  cruel  jufqu'à  fa  mort,  il  ne  s'ell  point 
démenti.  La  vertu ,  quand  elle  n'ell  poinr  équivoque, 
ne  fe  dément  jamais.  Sibijémpcr  conjîare.  Bell.  Il  n'y 
a  point  de  vie  fi  unilorme,  où  des  actions  particu- 
lières ne  ^e/;2£/2rt;,7r  quelquefois  le  gros  de  la  condui 
tei  S.  EvR.  Jamais  la  faulTeté  n'ell  Bien  foutenue; 
elle  fe  dément  à  toute  heure.  Chapitre  de  Mer.  La 
véritable  vertu  ne  fe  dément  poinr.  S.  Real.  Cette 
pièce  d'éloquence,  de  pociîe ,  eft  par-toat  de  la 
laème  force ,  elle  ne  fe  dément  point. 

^fT  On  le  dit  de  même  des  bâtimens ,  de  la  me- 
huiferie  ,  de  la  charpente.  Ce  bâtiment,  cette  cloi- 
fon  ,  ce  lambris  fe  dément.  Les  bonnes  couleuis  ne  le 
démentent  point. 
§CP  DEMENTI.  lE.  part.  Voye^  fait  démenti  par  l'ex- 
périence. Les  caraétères  y  fullent-ils  tous  démentis, 
c'eft  l'inégalité  de  l'homme  qu'on  auroit  voulu  pein- 
dre. Non  confentaneus ..  De  la  Motte. 
DEMER.  Rivière  des  Pays-Bas.  Demera.  Le  Démer  a 
fa  fouice  dans  le  pays  de  Liège  ,  puis  entrant  dans 
le  Brabant  Efpagnol ,  après  s'être  grolli  des  nvièrei 
de  Gelte  ,  de  Dyle  ,  de  Senne  &  de  Nette  ,  il  prend 
le  nom  de  Ruppel ,  &  va  le  décharger  dans  l'Eicaui 
vis  à-vis  de  Ruppelmonde. 
^3"  DEMERITE,  f.  m.  Qualité  oppofée   au  mérite. 
Voyei  ce  mot.  Ce  qui  nous  attire  le  julfe  blâme  des 
autres ,  &  demande  punition.  Deliclum  j  commijjuni 
vituperatione  ijf  pœnù  dignum.   Vous  me  repiochez 
telle  chofe  :  où  efl:  le  démérite  de  cette  adtion  ?  Quel 
démérite  ai-je  auprès  de  vous  ?  Quam  ergà  te  cuLpam 
hâc  de  re  commereo  ,  ou  commereor  ?    Commereri  , 
mériter  en  mal  ;  mereri ,  mériter  en  bien.   Dieu  ne 
donne  la  liberté  qu'en  laveur  du  mérite  ,   &:  c'ell: 
pour  le  mérite  qui  elt  fon  unique  fin  ,  qu'il  fouffre 
le  démérite  ;,  auquel  la  liberté  expofe  l'homme.  Ee- 
NELON.    Si  Dieu  n\ivoit  pas  tait  l'homme  libre,  il 
n'auroit  pu  récompenfer  le  mérite  ,  ni  punir  le  dé- 
mérite ,  ni  convertir  l'homme  égaré.  Idem. 
§3-  DEMERITER,  v.  n.  Dans  le  Dogmatique ,  c  eft 
faire  quelque  chofe  qui  nous  prive  de  la  grâce  de 
Dieu.   C'ell  l'oppofé  de  mériter.    Commerere  j  ou 
commereri  culpam.  Pour  mériter  &  démériter,  il  faut 
avoir  l'ufage  de  la  raifon  ,    &  la  liberté  d'agir. 
L'homme  ne  peut  point  mérirer,  fans  être  capable 
de  démériter ,  s'il  ne  mérite  pas.  Fénelon. 
1^  Démériter,  fe  dit  dans  une  fignification  plus 
étendue  en  parlant  des  aftions  relatives  à  la  fociété, 
qui  nous  attirent  le  blâme  des  autres ,  &  nous  font 
perdre  leur  bienveillance.  Quand  j'ai  fait  cela,  mon 
delTein  étoit  de  vous  rendre  fervice ,  &  je  n'ai  pas 
cru  démériter  auprès  de  vous. 
DEMESLE.  Voyei  DÉMÊLÉ.- 


D  E  M  lof 

DÉMESLER.  Voye^  DÉMÊLER. 
DEMESURE,  ée.  adj,  Excellif,  qui  eJ:cède  de  ia  bé- 
lure  ordinaire.  Immodicus ^  enormis.  L'étendue  jufte 
&  réglée  ,  fait  le  grand ,  la  grandeur  demefuiee  fait 
le  vaite.  S.Evr.  L'Ecriture  dit  qu'Og,  Roi  de  Bafan, 
étoit  d'une  taille  demefuree  ;  il  avoit  neuf  coudées 
de  haut.  Les  lieues  deGalcogne  font  d'une  longueur 
démefurée.  Le  Cololle  de  Rhodes  étoit  d'une  hauteur 
démejurée. 
Démesuré  ,fedit ,  figurément,  des  pallions  portées  k 
un  degré  extrême.    Une  ambition  ,  une  envie  dé- 
mefurée. Cromwel  favoit  cacher  fous  des  manières 
honnêtes  &  populaires  ,  une  ambition  démefurée. 
Boss. 
DÉMESURÉMENT,   adv.    Avec  txcht.  Immodice  ^ 
enonniter  ,  prêter  ,  fupra  modum.  On  peint  les  Géans; 
fabuleux  demefurcment  grands.  Deméjurement  am- 
bitieux. 
DÉMÈTRE,  f.   m.  Nom  d'homme.  Demetrius.  Saine 
Démètre ,  chez  les  Italiens  Dimitri ,  porte  le  titre 
de  grand  Martyr  chez  les  Grecs,  parce  qu'il  eft  de- 
venu ertecliivement  un  de  leurs  plus  célèbres  Mar- 
tyrs dans  les  liécles  du  dernier  âge  de  lEmpire  de 
Conftantinople.  Baillet-   Il    faut    retenir   le  nom 
Latin  de  Dém-:trius  ,  quand  on  parle  des  autres  qui 
l'ont  porté.  Demetrius  Phalereus.  Demetrius  I.  Dé- 
métrius  II.  Rois  de  Syrie.  Pendant  que  Démétrius 
II.  fils  du  premier  ,  revenu  de  Crète  ,  l'an  des  Grecs 
i66.  deux  ans  après  la  défaite  &   la  mort  de  fon 
père,   tâchoit  de  rentrer  dans  les  Etats  qu'il  avoit 
perdus  ,  &c.  P.  Souciet.  Démétrius  II.  &  Antio- 
chus  Evergètesfon  trère,  niirenr  les  Juifs  en  pleine 
liberré  ,  &  accordèrent  à  Simon  leur  chef  la  plus 
grande  marque  d'indépendance  i^  de  liberté   qu  ils 
pulfent  lui  donner ,  je   veux  dire  ,   le  pouvoir  de 
battre  de  la  mdnnoie  à  fon  coin.  Id. 
DÉMETRIADE.   Ancienne  ville  de  Theffalie,  qui; 
félon  Pline  L.IV.  C.  8.  s'appela  d'abord  Pégafe.  Z)c- 
metrias.  Elle  étoit  dans  la  Thelfalie  ,  dans  la  contrée 
appelée  Magnéfie  ,   &    fur  le  Golte    Pélafgique , 
aujourd'hui  Golfe  d'Almiro  au  nord  j  à  l'embou- 
chure d'une  petite  rivière  de  même  nom  ,  que  les 
Anciens  appeloient  Anaurus.  Démétriade  a  été  ca- 
pitale de  la  Macédoine  ,  &  a  pris  fon  nom  du  Roi 
Démétrius  ,  qui  y  réfidoit.  C'a  été  auflî  le  fiége  d'un 
Archevcqiie.  Foye^  les  Tables  Géographiques  du  P. 
Lubin. 
DEMETRIES.  f.  f  pi.  Pètes  de  Cérès  nommées  en  Grec 
A«>c>)j-fof  ,  félon    le   témoignage  d'Héfychius  &   de 
PoUux  ,  (  Onomaft.  l.  i.c.i.)  Demetria.  Ceux  qui 
les  célebroient ,  fe  frappoient  avec  des  touets  com- 
pofés  d'écorce  d'arbres  ,  &  qu'on  appeloit  f<.if'rl».. 
Fafoldus,  [Decad.  12. fef.  2.)  c\tmi  le   20*  livre 
de  Diodore  de  Sicile  ,  dir  que  les  Démc tries  kcéXi- 
broient  le  30  du  moisMunichion.  Il  y  avoit  à  Athè- 
nes des  Fêtes  de  même  nom  en  l'honneur  de  Dé- 
métrius Poliorcètes  ,  que   l'on  repréfentoit   fur  lé 
globe  terreftre.  (  Athénée  ,  /.  /i.)  C'étoient  les  mê- 
mes que  celles  qu'on  nommoit  auparavant  Diony- 
fienncs,  âqui  elles  avoient  fuccedé.  Cette  folennitc 
arrivoit  le  treizième  jour  du  mois  Munychion  ,  qui 
fut  dans  la  fuite  appelé  Démétrion.  Plut,  in  Demé- 
trio.  Diod.  de  Sicile  ,  /.18.  Euftath.  Iliad. 
DEMETRIOWITZ.  Ville  de  l'Empire  Ruflîen  ,  dans 
le  duché  de  Smolensko,  fur  la  rivière  d'Agra.  M. 
de  l'Ifle  lui  donne  j4d.  delong.  &   51.  d.   30'  de 
lat. , 
DÉMÉTRIUS.  f  m.  Nom  propre  d'homme.  Demetrius. 
Un  êtxtûn  Orfèvre  nommé  Démétrius  \  qui  faifoit 
de  petits  temples  d'argent  de  la  Déefte  Diane,  Mons. 
Aâ.XIX.z^.\Jn  certain  Orlévre  nommcDémétriusi 
qui  faifoit  en  argent  de  petits  temples  de  Diane. 
BouH.  Ibid.  Il  a  plu  à  M.   de  Tillemont  de   dire 
Démètre  en  notre  langue.  Comment  eût-il  tourné 
ce  nom  fi  l'on  difoit  en  Grec  Demeter}  Les  noms 
Grecs  en  ter ,  nous  les  changeons  dans  notre  langue 
en  tre.  Diameter ,  diamètre  :  &  de  m'-me  ceux  qui 
font  en  ^90^  en  Grec  ,  Mf>«v,^p.f ,  Menandre  .  Ti>«»(^ç.» 
i      Timandre  ,    Jixi/umê'ftf  j  Scamandrc ,  A^i^tt^fa  ,  /4- 


oS 


DEM 


lexandre.  Mais  les  noms  terminés  en  Grec  eii  *-f!»r , 
nous  ne  les  avons  jamais  tournés  en  dre  \  nous  gar- 
dons la  terminaiioii  Ltme  tirée  de  la  grecque.  Les 
Tradudeurs  que  nous  venons  de  citer  lont  de  meil- 
leurs garants  de  cet  ufage,qaeM.  TiUemonc  ;  lui- 
même  à  dit  louvent  Dcmccnus  àiins  ïon  Hiltoiredes 
Empereurs- 

DEMETTRE,  v.  a.  Faire  fortir  un  os  hors  de  fa  place 
le  difloquer.  Pedtm  ,  brachium  ^  humerum  laxare. 
Il  l'a  tiré  (î  rudement ,  qu'il  lui  a  demis  le  bras.  Il 
a  fait  une  chute,  ils'ell  deuûs  le  pied.  Ce  cheval 
s'eft  démh  l'épaule.  Fortiriez  ,  Seigneur  ,  ce  qui  efl 
infirme  ,  guérilTez  ce  qui  ctl  malade  ,  rétabliiîezce 
qui  ell  démis ,  ou  rompu.  Pélisson. 

DÉMETTRE,  fignifieaulli,  dépouiller  quelqu'un  d'une 
charge  j  d'un  emploi ,  d'une  dignité.  Aiiquemmu- 
nerc  abdicare.  Un  Seigneur  ne  peut  démettre  un  Of- 
ficier pourvu  à  titre  onéreux  ,  lans  rembourfemenr. 
On  doit  démettre  un  Officier  pour  forlaitute  ,  pour 
concullîon. 

DÉMETTRE  ,  avec  le  pronom  perfonnel ,  fignifie  en 
général  quitter  un  emploi  ,  une  charge  ,  un  office, 
particulièrement  un  ^éx\éhc<i.Abduare  Je  magijlratu, 
munus  abdicare  ,  deponere.  Dioclétien  fe  dcmit  vo- 
lontairement de  l'Empire.  Ce  père  s'eft  démis  de  fa 
charge  en  faveur  de  fon  lils.  Un  tel  Evcque  %t^démïs 
de  fon  évêché.  On  dit  aulfi  j  fe  démettre  d'une  affaire, 
pour  dire  ,  s'en  déporter ,  ne  s'en  plus  mêler. 
IJ^DÉMETTRe  ,  C'eft  fimplement  révoquer  celui 
qui  eft  pourvu  d'un  office  ,  en  laidànt  fufifter  le 
titre.  Supprimer  ,  c'eil:  anéantir  jufqu'au  titre. 

îJCT  Se  démettre  &  abdiquer  ont  aulîi  leur  nuances 
particulières.  On  n'abdique  que  les  places  éminentes, 
&  c'eft  toujours  un  aéte  volontaire.  Voy.  ce  mot. 
On  fe  démet  de  toutes  fortes  de  places ,  grandes  ou 
petites ,  d'un  Bénéfice  &  c'eft  quelquefois  un  aban- 
don forcé.  On  ne  doit  fe  démettre  que  quand  il  n'eft 
plus  permis  de  remplir  fes  devoirs  avec  honneur 
Voy.  encore  dérrjjfion  ,  réjîgnation  ,  renonciation  , 
aéjijiemeru. 

Démis  ,  ise,  part.  Il  a  ïes  fignifications  de  fon  verbe 

DEMEUBLEMENT./.  m.  Adion  de  démeubler. 

DÉMEUBLER.  v.a.  Ôter  les  meubles  d'une  chambre, 
d'une  maifon.  Supelleciilem  eximere.  On  a  démeublé 
cet  appartement  d'hiver ,  pendant  qu'on  occupera 
l'appartement  d'été.  Il  habite  dans  une  chambre  dé- 
meublée. 

Démeubler,  fedir,  dans  un  fens  figuré  ,  en  parlant 
de  la  bouche  dont  on  ôte  toutes  ou  prefque  toutes 
les  dents.  Ceux  qui  le  font  arracher  les  dents  toutes 
les  fois  qu'ils  y  fencent  de  la  douleur  ont  bien- 
tôt cf/weui'/e  leur  bouche.  Dionis. 

DÉMEUBLÉ  ,  ÉE.  part.  Nudatus  fupelleclili.  Une  bouche 
demeublée  ,  eft  une  bouche  où  il  n'y  a  plus  de  dents. 

DEMEURANCE.  f.  f.  Ce  mot  eft  hors  d'ufige ,  & 
en  fa  place  on  dit  demeure.  Domicilium  ,  Jédes  ,  do- 
mus. 

DEMEURANT  ,  ante.  ad;.  Qui  habite  ,  qui  loge  en 
un  lieu.  Habitans ,  commorans.  Les  Bourgeois  dc- 
meurans  fur  la  rue  ,  font  tenus  de  mettre  des  lan- 
ternes aux  fenêtres  pendain  les  réjouiflances  publi- 
ques. 

Demeurant,  f  m.  Reftes.  Reliquium.  Bon  dans  le  dif- 
cours  familier. 

Mainte  veuve  fouv  eut  fait  la  déchevelée  , 

Qui   nabandor2ne  pas  le  foin  du  demeurant. 

Et  du  bien  quelle  aura  fait  le  compte  en  pleurant. 

La  Font. 
Régnier  dit  qu'un   Pédant  affamé   voyant  def- 
fervir. 

Semblait  avoir ^  des  yeux  ^  regret  au  demeurant. 

Au  demeurant,  adv.  Vieux  mot  qui  fignifie  au  refte , 
Ceterum.  Marot  dit  de  fon  valet , 

Sentant  la  hart  de  cent  pas  à  la  ronde  , 
^«demeurant /e  meilleur  fils  du  monde. 

C«  terme  eft  vieux ,  &  on  ne  s'en  fert  plus  que 


DEM 

dans  le  dlfcours  familier.  Je  regrette  fort  les  mots 
qui  fervent  aux  liailons  des  périodes ,  parce  que 
nous  eu  avons  grand  befoin,  &:  qu'il  les  faut  varier. 
Vaug. 
|CT  DEMEURE,  f  f.  Domicile,  lieu  où  l'on  habite. 
Paris  eft  la  demeure  de  bien  des  Provinciaux.  Sedes^ 
domicilium.  Choifir  _,  établir,  fixer  fa  demeure  en 
quelque  endroit ,  à  la  viile  ,  à  la  campagne.  Bellci 
agréable  demeure.  Trifte  j  fombre  demeure. 

Souffre-^  que  ces  demeures  fombres  , 
Prttent    leur  folitude  au  trouble  de  mon  cœur. 

Mol. 

L'Ordonnance  enjoint  aux  Sergens  de  marquer 
dans  leurs  exploits  le  lieu  de  leur  demeure.  Le  Paradis 
eft  la  demeure  j  le  léjour  des  Bienheureux.  Les 
Poètes  appellent  l'Enfer  les  fombres  demeures.  La 
prifon  eft  une  trifte  demeure.  Donnez-moi  votte 
demeure  par  écrit.  Foyci  Demeurer. 

Demeure.  Il  fignifie  auffi  le  temps  pendant  lequel  or 
habite  en  un  lieu.  Il  n'a  pas  fait  longue  demeure  eu 
ce  lieu  là.  Ac.  Fr. 

Demeure  ,  fignifie  auffi ,  état  de  confiftance ,  dans  cette 
phrafe  ,  Cela  n'eft:  pas  à  demeure.  Cela  n'eft  pas  fait 
à  demeure,  pour  dire,  cela  ne  doit  pas  demeurer  ea 
l'état  où  il  eft. 

fCF  Labourer  à  demeure  ,  en  termes  d'Agriculture 
&  de  Jardinage,  f^oyei^  Demeure. 

Demeure  ,  fe  du  auffi ,  en  termes  de  Chafle,  des  lieux 
où  le'  retirent  les  bêtes ,  félon  la  diverfité  des  faifons. 
Latibulum. 

Demeure  ,  en  termes  de  Palais  ,  fe  dit  des  retardemens 
du  temps  qui  court  au-delà  du  terme  où  l'on  eft 
obligé  de  payer ,  ou  de  taire  quelque  chofe.  Mora. 
Les  intérêts  d'une  fomme  mobiliaire  ne  font  dus 
qu'à  caufedeLi  demeure,  font  adjugés  du  jour  du 
commandement  de  payer ,  qu'on  eft  en  demeure. 
Le  Procureur  a  été  forclos  ,  parce  qu'il  eft  en  de~ 
meure  de  produire  ,    de  faire  ion  enquête. 

DEMEURER,  v.  n.  Avoir  fa  demeure  ,  habiter  dans 
quelque  lieu  ,  y  faire  fa  réfidence.  Commorari ,  ma- 
nere  ,  habitare.  Les  Anciens  ont  cru  qu'on  ne  pou- 
voir demeurer  fous  la  Zone  Torride  ,  ni  dans  les 
Zones  Glaciales.  Les  Nobles  qui  demeurent  à  la 
campagne  ,  lont  traités  de  campagnards.  Les  bêteS 
farouches  demeurent  dans  les  forêts ,  dans  les  lieux 
deferts.  Diogène  ayant  appris  que  les  habitans  de 
Synope  l'avoient  banni  de  leur  ville  j  &  moi ,  dit-il, 
je  les  condamne  à  y  demeurer ,  parce  que  le  féjourert 
étoit  défagréable.  Ab. 

^fT  Ces  deux  mots  demeurer  Se  loger,  font  fy- 
nonymes  dans  le  fens  oii  il  fignifient  la  réfidence  : 
mais  demeurer  fe  dit  par  rapport  au  lieu  topogra- 
phique où  l'on  habite;  &  loger  par  rapporta  l'édi- 
fice où  l'on  fe  retire.  On  demeure  à  Paris  ,  en  Pro- 
vince, à  la  campagne.  On  loge  au  Louvre  ,  chez  foi, 
en  hôtel  garni.  Syn.  Fr.  Quand  des  gens  de  diftinc- 
tion  demeurent  à  Paris  ,  ils  logent  dans  des  hôtels  J 
&  quand  ils  demeurent  à  la  campagne,  ils  logent 
dans  des  châteaux. 

Ce  mot  vient  du  Latin  dimorare  ,  ou  dimorari.  Du 
Cange. 

Demeurer  ,  fignifie  auffi  ,  être  un  efpace  de  temps 
à  faire  quelque  <:\\o(e.  Morari.  Saturne  demeure  jo 
ans  à  faire  le  tour  du  Zodiaque.  Les  couriers  les 
plus  prompts  demeurent  huit  jours  à  aller  de  Paris  i 
Rome.  Cet  iifage  du  verbe  demeurer  n'eft  pas  bon. 
On  fe  ferviroit  plutôt  des  verbes  être ,  pajjér,  met- 
tre ouemployer.S^anneed  trente  ans  ,  ou  met  trente, 
ans  à  faire  le  rour  du  Zodiaque.  Virgile  paffa  toute 
fa  vie  à  travaillera  l'Enéide:  ou  bien  l'on  ne  mettroit 
aucun  de  ces  verbes  ,  &  l'on  diroit  tout  court , 
Virgile  travailla  zo  ans  ,  travailla  toute  fa  vie  à  foa 
Enéide. 

Demeurer,  fignifie  auffi,  s'arrêter,  ne  pas  quitter 
le  lieu  où  l'on  eft.  Confijlere ,  ftare.  Une  fentinella 

.  crie  au  moindte  bruit,  qui  va  là  ?  demeure  là.  Quand 
il  apprit  cette  nouvelle  ,  il  demeura  tout  court  ,  ii 


DEM 

changea  de  deffein.  L'armée  efc  demeurée  campée  en 
un  tsl  endroir. 
fCT  Demeurer  &  refter  confiderés  dans  une  fignifi- 
cation  fynonyme.  Demeurer  ^  du  M.  l'Abbé  Girard, 
ne  préfente  que  cette  idée  fimple  &  générale  de  ne 
pas  quitter  le  lieu  où  l'on  eft.  ReJiera.<iQ  plus  une 
idée  accelfoire  de  lailFer  aller  les  autres.  Il  taut  être 
hypocondre  pour  demeurer  toujours  chez  loi  fans 
compagnie  &  fans  occupation.  Il  y  a  des  femmes 
qui  ont  la  politique  de  re/Ze/- les  dernières  aux  cercles, 
pour  difpenfer  les  autres  de  médire  d'elles. 

|0°  Il  paroît  que  :<r/7cr  convient  mieux  dans  les 
occadons  où  il  y  a  une  néceJlité  mdilpenfable  de  ne 
pas  bouger  de  l'endroit  ;  &  que  demeurer  tigure  bien 
où  il  y  a  pleine  liberté.  Ainfi  l'on  dit  que  la  fenti- 
nelle  rejle  à  fon  pofte,  &  que  le  dévot  demeure\o\\g- 
temps  à  l'Eglile. 

On  dit  au  Palais ,  qu'une  caufe  eft  demeurée  fur 
l'heure ,  quand  une  plaidoirie  a  été  interrompue 
par  la  levée  de  l'Audience.  Quand  on  donne  des 
défenfes ,  on  dit,  toutes  chofes  demeurant  en  étatj 
pour  arrêter  le  cours  d'une  procédure  commencée. 
On  dit  qu'une  boule  eft  demeurée  ,  quand  elle  s'eft 
arrêtée  avant  que  d'arriver  au  but.  On  dit  encore  , 
demeure-:^  ici  à  fouper  ,  à  coucher. 

On  dit  en  cefens ,  qu'il  en  faut  demeurera  ;  c'eft- 
à-dire  ,  s'arrêter  à  une  chofe  délibérée  ,  conclue  , 
choifie  ,  &  dont  on  eft  demeuré  d'accord  5  ne  poulfer 
pas  plus  loin  une  conteftation  ,  un  éclaircilfement. 
Fûye^  ACCORD.  C'eft  un  homme  qui  n'en  demeu- 
rera pas  là  ,  qui  poullera  bien  loin  fon  relfentiment, 
fa  fortune.  Ce  ConfeiUer  du  Châtelet  n'en  veut  pas 
demeurer  là ,  il  veut  être  Maître  des  Requêtes ,  Pié- 
fident ,  quand  il  aura  l'âge  ,  ou  le  fervice.  Cette 
affaire  eft  demeurée  là  ,  c'eft-à-dire  ,  qu'il  n'y  a  per- 
fonne  qui  la  pourfuive  ,  qui  la  falfe  juger. 
Demeurer,  fe  dit  auiîl,  parmi  les  ouvriers,  d'une 
chofe  achevée,  d'un  ouvrage  fini.  Abfolucum  ejjej 
perfeclum  ,  confummatum.  Dans  les  bâtiinens  on  tait 
plulîeurs  conftrudions  qui  ne  font  pas  à  demeurer. 
Les  cintres  de  bois  ,  les  étais  ne  font  pas  à  demeurer. 
Cette  pierre  eft  arrêtée  par  le  pofeur ,  elle  eft  à 
demeurer.  Voili  un  tableau  bien  fini  ,  il  eft  à  demeu- 
rer. Ceci  n'eft  qu'un  eirai ,  un  modèle,  qui  n'eft  pas 
à  demeurer. 

Demeurer  ,  s'emploie  aufîî  par  les  Jardiniers  à-peu- 
près  dans  le  même  fens,  &  toujours  à  l'infînitih 
Perfiftere.  Il  ne  fe  dit  que  des  plantes,  racines, 
herbes  qu'on  lème  en  pleine  terre  pour  les  y  lailTer, 
jufqu'à  ce  que  le  temps  de  les  manger  ,  de  les  con- 
fumer,  foit  venu.  Ainfi  {qwïqz  \  demeurer ,  c'eft  fe- 
mer  des  plantes  en  pleine  terre  j  pour  les  lailfer 
croître ,  fans  qu'il  foit  befoin  de  les  replanter  j 
telles  que  font  des  racines  ,  des  falades,  des  four- 
nitures de  falades.  Il  taut  femer  ,  dit-on  ,  des  laitues 
à  demeurer.  Liger.  Demeurer  parmi  les  Laboureurs 
s'emploie  aulîi  par  rapport  aux  terres.  Je  vais  la- 
bourer ce  champ  à  demeurer.  Il  eft  temps  de  mettre 
cette  terre  à  demeurer ,  c'eft-à-dire  ,  de  lui  donner 
le  dernier  labour,  la  dernière  façon.  Id.  Il  y  a  des 
Laboureurs  qui  difenc labourer  à  demeurant,  mais 
à  demeurer  vaut  mieux.  Id.  D'ordinaire  on  fème  à 
demeurer  \q  perfil ,  le  cerfeuil,  l'oignon,  les  carot- 
tes ,  les  panais  ,  <S'c.  La  Quint.  . 
1^  On  dit  plus  communément  aujourd'hui,  la- 
bourer à  demeure ,  donner  le  dernier  labour  avant 
que  de  femer.  Semer  à  demeure  de  la  femence  à  la 
place  où  elle  doit  refter.  Duhamel. 

Demeurer  ,  fe  dit  encore  de  ce  qui  s'arrête  ,  de  ce 
qui  adhère  ,  de  ce  qui  s'attache  natutellement.  Ad- 
hdirefcere  ,  Adh&rere.  Quand  on  manie  de  la  grailfe, 
il  tndemeure  toujours  aux  doigts  :  ce  qu'on  applique 
à  ceux  qui  manient  de  l'argent.  La  grue  tira  l'os  qui 
étoit  demeuré  àxna  le  gofier  du  loup.  La  lie  demeure 
au  fond  du  tonneau. 

Demeurer,  fe  dit aulTlpour,^ être,  Perjlare.  Ce  Ptince 
eft  demeuré  neutre  pendant  toute  la  guerre.  Il  de- 
meura  fans  rien    faire   pendant   fon  abfence.  Je 
Tome  III. 


DEM 


10^ 


demeurai  tout  le  jour  fans  manger.  Demeurer  d'ac- 
cord. 

^EMEt/RER,  fignifie  auffi  ,  être  de  refte.  Remanere  ^ 
"  JupcreJJe.  Le  vent  a  abattu  tous  les  fruits  ,  il  n'en 
eft  pas  demeuré  un  fur  l'arbre.  Cet  efcadron  a  été 
tellement  délait,  c^ue  tout  eft  «'émettra  fur  la  place. 
"Voilà  le  débris  de  ce  vailfeau  ,  ce  qui  en  eA  demeuré ^ 
qui  nous  en  eft  refté.  Il  ne  nous  elt  rien  demeuré  des 
Ouvrages  d'Epicure  ,  de  Démocrite.  Il  ne  lui  eft  rien 
demeuré  de  tout  le  bien  qu'il  avoit.  Quand  on  man- 
geoit  l'Anneau  pafchal ,  il  falloit  faire  enforte  qu'il 
n'en  demeurât  rien.  Il  eft  demeuré  perclus  de  fes 
membres,  demeuré e&xo'^xk  ,  aveugle  d'une  telle  ma- 
ladie. 

CCT  On  peut  bien  dire  qu'un  homme  eft  demeuré 
mort  fur  la  place  \  mais  on  ne  peut  pas  dire  qu'il 
iziQix.  demeuré  vaoïx.  y  h  on  ne  l'avoir  fecouru.  Ces 
mots  demeurer  mort ,  lignifient  qu'il  étoit  mott  en 
eftcf.  On  peur  bien  dire  qu'un  homme  demeu- 
rerait eftropié  j  parce  qu'un  .eftropié  peut  guérir  ; 
qu'on  demeureroit  prifonnier ,  parce  qu'un  prifon- 
nier  peut  être  délivré  ;  mais  non  pas  qu'on  demeu- 
reroit mort ,  parce  qu'un  mort  ne  relfufcite  pas. 

^fT  On  dit  figurément  dans  le  même  fens  ,  que 
le  champ  de  bataille  eft  d'<f/nei//'e  aux  ennemis ,  que 
la  viéloire  nous  eii  demeurée  \  pour  dire  que  le  champ 
de  bataille  eft  refté  aux  ennemis ,  que  nous  avons  . 
eu  la  viéloire.  Potiri ,  frui.  La  honte  de  cette  aélion 
eft  demeurée  à  ceux  qui  l'ont  entreprife.  Il  ne  m'eft 
rien  demeuré  à^  cette  luccellîon. 

Demeurer,  fignifie aufli,  perfifter,  perfévérer  ,  être 
dans  un  état  permanent.  Perfiftere  ,  permanere  ,per- 
feverare.  L'efprit  du  fage  demeure  toujours  dans  une 
même  aOiette.  Il  demeure  toujours  dans  un  même 
fenriment ,  dans  le  même  honneur ,  dans  le  même 
crédit.  Il  lui  eft  demeuré  fidèle  jufqu'à  la  mort.  De- 
meurer Az.\-\s  le  péché ,  Pasc.  J'aime  beaucoup  mieux 
que  votre  injuftice  &  votre  ingratitude  demeurent 
fans  punition  ,   que  d'être  vengée.  Let.  Port. 

Demeurer,  fe  dit  cncote  figurément  en  plufieurs 
autres  chofes  fpirituelles  &  morales,  où  il  a  tantôt 
l'une,  tantôt  l'autre,  des  fignifications  qu'envient  de 
marquer.  C'eft  un  homme  modéré  qui  demeure  dans 
de  juftes  bornes  ,  o^xdemeure  dans  le  refpecl  devant 
fes  fupérieurs.  Celui  qui  demeure  dans  le  filence, 
quand  fon  voifin  empiète  fur  lui ,  lui  lailfe  acqué- 
rir prefcription.  On  dit  aufti  de  celui  à  qui  la  mé- 
moire eft  infidelle  ,  qu'il  demeure  en  fon  difcours, 
en  fon  fermon  ,  qu'il  eft  demeuré  ton:  court  dans  la 
chaire.  Hajit.  On  dit  de  celui  qui  n'.i  pas  allez  de 
vivacité  d'efprit  pour  répondre  fur  le  champ  à  quel- 
que reproche,  ou  à  quelque  objedion  ,  qu'il  eft 
demeuré  confus  ,  muet,  interdir,  qai\  eA  demeuré 
froid  comme  glace.  Ces  peuples  lont  inquiets  , 
ils  ne  fauroient  demeurer  en  paix.  C'eft  un  brave 
qui  ne  peut  demeurer  inatWe  ,  les  bras  croifés.  Mais 
je  le  lailfe  aller  après  un  tel  indice  ,  &  demeure  les 
bras  croifés  comme  un  Jocrilfe.  Mol.  On  dit  d'une 
perfonnequi  conferve  toujours  quelque  relfentiment 
contre  un  autre  que  cela  lui  eft  demeuré  fm  le  cœur. 
.  Manet  altâ  mente  repofîum.  On  dit,  par  la  même 
raifon  ,  qu'il  ne  lai  eft  rien  demeuré  (m  le  cœur, 
pour  dire,  que  la  réconciliation  eft  véritable  &  en- 
tière. 

Demeurer  au  filet ,  fe  dit  familièrement  d'un  homme 
à  qui  la  mémoire  manque  en  récitant  un  difcours. 
Un  Magiftrat  prononçant  un^  harangue  qu'il  avoit 
fait  faire  par  un  Avocat,  demeura  au  filet  ;&  com- 
me il  faifoit  effort  pour  fe  remettre  ,  fans  en  venir 
à  bout ,  dépité  ,  il  dit  tout  haut  :  Diable  foit  de 
l'Avocat,  pourquoi  me  l'a-t-il  fait  fi  longue  ?  Db 
ViGN.  Marv. 

Demeurer  ,  joint  à  d'autres  termes ,  reçoJ.t  différentes 
aceptionsdans  le  commerce. On  dit,  dans  lescompres, 
demeurer  en  refte,  demeurer  en  arrière,  c'eft  refter 
débiteur  ,  ne  pas  payer  toutes  les  fommes  portées 
dans  une  obligation  ,  dans  un  mémoire  ,  ?<c.  De- 
bitorem  inveniri ,  deprehendi  ,  expenjis  rationibus. 
§3"  On  dit  de  même  qu'un  article  eft  demeuré 

.  r»d 


2,  î  o  DEM' 

en  foufFiance,  quand  il  n'eft  alloué  qu'à  la  charge 
d'en  juftifier  par  quittance  ouautrement.Tellepaitie 
eft  demeurée  en  loufFrance  ,  en  débet  de  quittance.  1 

Demeurer  garant.  C'ell:  répondre    de  l'exécutionî 
d'une  promeiïe  que  fait  un  autre  ,    ou  du  paiement 
d'une  i'omme  qu'il  emprunte  ,  ou  qu'il  doit.  C'ell 
proprement  le  rendre  la  caution. 

Demeurer  du  croire.  Ce'l  être  garant  de  la  folva- 
bilité  de  ceux  à  qui  l'on  vend  des  marthandifes  à 
crJ-dit    pour   le  con^pte  d'autrui. 

§CF  Demeurer  j  terme  de  Marine,  fignifie  la  (îtua- 
tion  d'une  choie  par  rapport  à  une  autre.  Leur  hé- 
gate  nous  demeura  au  nord.  Nous  hmes  voile  par  le 
lud,  les  montagnes  nous  demeurèrent  à  l'ouelt. 

^fCF  Demeurer  ,  terme  de  Manège  ,  qui  fe  dit  lorf- 
que  celui  qui  monte  un  cheval ,  ne  le  fait  pas  allez 
aller  en  avant.  Votre  cheval  demeure. 

Demeurer  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafcs. 
Il  eft  demeuré  fur  Ton  appétit ,  pour  dite  ,  t]u'il  n'a 
pas  mangé  feion  fon  appétit ,  qu'il  s'eft  retenu  de 
manger,  il  faut  demeurer  fur  la  bonne  bouche  ,  poiir 

•  dire  ■,  fur  ce  qui  plaîr ,  fur  ce  qui  eft  agréable.  On 
dit  aullî  qu'un  homme  ell  demeuré  ■^o\m  les  gages  , 
quand  il  a  été  tué  ,  ou  pris  dans  quelque  occalion  : 
ce  qu'on  dit  auîîi  d'un  bras,  d'un  œil ,  d'une  jambe, 
ou  des  liardes  qu'il  y  aura  perdues.  On  dit  qu'un 
homme  demeure  en  beau  chemin  ,  quand  il  aban- 
donne une  afïlrire  lorfque  le  fuccès  en  paroît  cer- 
tain. 0\\  dit  aulli  que  la  parole  vole  ,  &  que  l'écri- 
ture demeure ^^^o\x\.  faire  entendre  qu'il  eft -dan- 
gereux d'écrire- 

Demeure  ,  ee.  part. 

DEMI,  lE.  adj.  m.  &  f-  Moitié  d'une  chofe ,  chaque 
moitié  d'une  quantité  divifée  en  deux  parties  égales. 
Semis.  Une  aune  &  demie.  ULna  cum  dimidtù  ulriiS. 
parte.  Une  douzaine  &  demie.  Oclodecïm.  Un  cent 
.  &  demi.  Ceruum  ci-  quinquaginta.Une  livre  ôc  demie. 
Liiira  cum  dimidiâ.  On  dit  midi  &  demi ,  pour  dire, 
</e/«i-lfeure  après  midi.  Duodecima  cum  dimidia. 

Ce  mot  de  demi  fe  conftruit  différemment  quand 
il  eft  devant  le  mot  auquel  il  fe  rapporte  ,  il  eft 
indéclinable  :  par  exemple,  demi-^ieà ,  demi-heme  , 
û't/72i-toife  ,  deux  t/e/rft-toifes  j  mais,  quand  il  eft 
après  ce  mot  ,  il  en  prend  le  genre  comme  un  ad- 
jeétifj  &  il  eft  ordinairement  précédé  par  un  nom 
de  nombre  avec  la  particule  de,  ainli  l'on  dit  un 
pied  &  demi  ,  une  toife  &  demie. 
Ce  mot  vient  du  Latin  dimidium. 
^fj'  Le  mot  de  demie  féminin,  s'emploie  quel- 
quefois fubftantivement ,  pour  ligniiier  demie  heure. 
Quelle  heure  eft-il  ?  la  demie  eft  fonnée,  alors  ce 
mot  a  un  pluriel.  Cette  montre  fonne  les  heures 
&  les   demies. 

Demi  ,  entre  en  la  compolition  de  plulieurs  mots  fubf- 
tantifs  de  la  Langue  j  &  alors  c'eft  une  efpèce  de 
particule  qui  n'a  ni  genre  ,  ni  déclinaifon .  ni  ré- 
gime ,  &  qui  ne  peut  fe  détacher  du  fubftantif.  Un 
demi  -  diamètre.  Semi-  diameter.  Un  demi  -  cercle. 
Semi-circulus.  Un  derni-ïond.  Semicyclus  ,  femijrbis. 
Un  i/d/«/-pied.  Semipes.  Une  demie-Xwis.  Selibra.  Un 
^e/7;/-boilK;au.  Semodius.  Demi-Aowzûne.  Sex.  De- 
mi-Visas. Semileuca.  Demie-\\ci\ZQ.  Semihora.  Demi- 
aune.  Ulni  dimidia  pars.  Un  demi-zn.  Semeflre  fpa- 
tium.  Demi-de\^vé.  Semigradus.  Demi  tour  à  droite. 
S emicircuitus  ad  dextram.  Demi-afl.Q\ie.  Sefquiculeare 
dolium.  Dcmi-xnmA.  Oclava  culei.  Demi-fetier.  He- 
mina.  Demi-CAVant^emidoclus.  Confitures  à  demi- 
fucre.  Saccharo  leviter  condita.  Demi-écn.  Nummus 
tricenarius.  Il  y  avoit  au  temps  des  Rois  de  la  pre- 
mière Race,  des  efpèces  de  monnoies ,  qu'on  ap- 
peloit  des  c/ew/-deniers  ,  &  des  demi-{o\.is.  S emijffis. 
Il  y  .avoir  des  demi-fom  d'or,  qui  d'un  côté  avoient 
la  figure  de  Si^ebert  Roi  d'Auftrafie  avec  le  diadème 
de  perles ,  &  la  robe  royale,  &  de  l'autre  la  croix. 
Boute  ROUE. 

§3°  En  fait  de  fradions ,  c/^wi s'écrit ainfi  \. 
Demi  ,  fe  joint  à  tous  les  noms  des  chofes  qui  peu- 
vent fe  partager  en  deux,  comme  une  û'fw-Iinne, 
on  c/e/«i-pouce ,  uncftwi-picd  ,  une  demie-l^eue  ,  un 


DEM 

demi- degiCjUn  demi-cent ,  demi-p'Aole ,  demi  -  louis  , 
c/t7«i-paie  ,  ^'c.  Il  n'eft  pas  nécelfaire  de  rapporter 
tous  ces  mots ,  il  fuftit  d'en  avertir  ici  en  généraL 

Cependant  il  eft  bon  d'avertir  qu'on  ne  joint 
point  ce  mot  indifféremment ,  par  exemple  ,  on  ne 
Qua  point  un  demi-hourg  ^  dani-vïWc ,  dcmi-Pao- 
vince.  La  t/e/«.'- Normandie,  pour  dire,  la  moitié 
de  la  Normandie  ieroit  extraordinaire.  La  demi-Au- 
vergne  eft  montagneule ,  pleine  de  montagnes. 
Il  faut  dire  la  moitié  de  l'Auvergne  eft  montagneu- 
fe  ,  pleine  de  niontagnes. 

Ce  mot  ainfi  appliqué  a  quelquefois  quelque 
chofe  de  plus  que  cette  lignification  ,  &  y  ajoute 
quelque  chofe  de  méprilant ,  par  exemple  :  Demi- 
homme  a  trois  fens  diftérens  tous  méprifans.  i".  Il 
fignifie  un  fort  petit  homme.  Frufium  hominis.  2°. 
Il  fignifie  un  homme  lâche  ,  un  poltron.  C'eft  dans 
ce  lens  que  Virgile  a  dit ,  ^ncid.  L.  XII.  v.  99. 

Loricamque  manu  valida  lacerare  revulfam 
Semiviri  Phrygis. 

5°.  Il  fe  dit  d'un  Eunuque.  Spado. 

Demi.  f.  m.  Se  dit  chez  les  Maîtres  en  fait  d'armes. 
yoye\  Demi-botte. 

Demi-air  ou  Demi-volte.  Voye^  Volte. 

Demi- Ariens  ou  Sémi- Ariens  ,en  Latin  iiemi-Arianl. 
C'eft  le  nom  qu'on  donna  à  ceux  qui  condamnèrent 
en  apparence  les  erreurs  d'Arius  ,  mais  qui  ne  bif- 
fèrent pas  de  les  conferver ,  fe  fervant  de  termes 
plus  doux  ,  que  ceux  dont  les  Ariens  fe  fervoient  : 
&  par  là  ils  en  impofèrent  à  bien  des  gens.  Ils  fe 
féparcrent  en  effet  de  la  faétion  Arienne  ;  mais  ils 
ne  voulurent  point  reconnoître  que  le  fils  fût  con- 
fubliantiel  au  père  j  c'eft-à-dire  ,  Homooufios  ,xom.- 
me  parlent  les  Grecs ,  ils  difoient  qu'il  étoit  feu- 
lement Hûmoiou/ios  j  c'eft-à-dire,  d'une  fubftance 
femblable  au  père.  Quoiqu'ils  ne  diftéi-alfent  des 
orthodoxes  que  d'une  feule  lettre  ,  pour  ce  qui  eft 
de  l'expreilion  ,  ils  étoient  néanmoins  véritablement 
dans  l'erreur  d'Arius  qui  mettoit  le  fils  dans  le  rang 
des  créatures.  Il  leur  étoit  inutile  de  dire  qu'il 
n'étoit  point  dans  l'ordre  des  autres  créatures  , 
puifqu'en  ne  le  faifant  pas  confubftantiel  à 
fon  père  ,  il  ne  pouvoit  être  véritablement  Dieu. 
Il  y  a  eu  cependant  quelques  Ecrivains  ortho- 
doxes qui  fe  font  fervis  du  mot  Homoioujios  en  par- 
lant du  fils,&  qui  ont  donné  un  bons  fens  à  ce  mot. 

Ce?  Demi-arrét  ,  terme  de  Manège,  ^"oyeij  Arrct. 

îfT  Demi-autour  ,  terme  de  Fauconnerie.  C'eft  la 
féconde  efpèce.  Elle  eft  maigre  &  peu  prenante. 
P'oyei   Autour. 

Demi-bain,  en  termes  de  Médecine  ,  eft  une  efpèce 
de  fomentation  humide  qui  fe  fait ,  lorfqu'on  plon- 
ge la  moitié  du  corps ,  comme  les  reins  &  les  cuif- 
les ,  dans  un  vailFeau  propre.  On  l'appelle  aulTî 
infcjjion  ,  parce  qu'on  fiiit  afteoir  le  malade  fur  des 
herbes  convenables  qu'on  met  dedans.  On  appelle 
auflî  demi-bain ,  le  tonneau  qui  fert  à  cet  ufage  ; 
on  lui  a  donné  le  nom  de  demi-bain.  Il  a  pris  le 
demi-bain  En  latin  injejjus  _,  femicupium. 

Demi- bastion,  f.  m.  Terme  de  Fortification.  Ouvrage 
qui  n'a  qu'une  face  &  un  flanc.  Semipropugnaculum^ 
propugnandum  dimidiatum. 

Demi-batoir.  f.  m.  forte  de  petit  batoir ,  pour  jouer 
à  la  paume.  Semi pa/mu/a. 

DEMi-Bosse.  f.  f.  Terme  de  Sculpture.  C'eft  un  bas 
relief  qui  a  des  parties  faillantes  &  détachées. 

Demi-botte  ,  ou  Demi  cour  ,  chez  les  Maîtres  en 
fait  d'armes,  fe  dit  d'une  aélion  qui  a  fon  efferplus 
avancé  que  l'appel  ou  la  feinte.  On  le  dit  aulli  de 
ces  coups  qui  ne  doivent  toucher  qu'aux  parties  les 
plus  avancées ,  comme  au  bras  ,  à  la  main  gauche, 
à  la  cuiffe  &  à  la  tète  ,  afin  d'incommoder  Ion  en- 
nemi-Pctitio  extremarum  corporis  partium.  On  dit 
auffi  en  cet  art,  attaquer  par  le  demi .,  par  le  quart 
&  par  le  diamètre  du  cercle ,  de  droite  à  gauche , 
&  de  haut  en  bas,  ou  au  contraire  les  mouvemens 
par  le  demi  font  de  prime  en  tierce  ,  de  tierce  en 
quinte  ,  de  féconde  en  quarte  j  les  mouvemens  pat 


DEM 

le  quart  font  de  priiii.;  en  féconde ,  de  féconde  en 
tierce ,  &c. 
Demi- CANON,  f.  m.  Pièce  d'Artillerie.  Dbniiïum  tor- 
incntum  bdlicum.  Tormcntum  bdlician  minus.  Il  y  a 
des  danï-cdnons  de  trois  fortes.  Le  demi  canon  le 
plus  petit  eft  ordinairement  de  G  pouces  de  calibre  , 
is:  pèfe  5400  livres.  Il  a  quelquetoisdix  &  quel- 
quel^ois  onze  pieds  de  long  :  il  ell  de  30  livres  de 
balle,  «S»:  porte  156  pas  de  but  en  blanc.  Sa  charge 
eft  de  14  livres  de  poudre.  Le  </c77z/-az/7o/i ordinaire, 
qui  tftdc  G  pouces  plus  deux  lignes  de  calibre,  a 
douze  pieds  de  long  ,  &  5600  livres  de  poids.  Sa 
charge  eft  de  17  livres  8  onces  de  poudre  ,  Hc  porte 
un  boulet  de  G  pouces  &  demi  de  diamètre  ,  &: 
de  31  livres  de  poids.  Il  porte  de  but  en  blanc  iGi. 
pas.  Le  demi- canon  de  la  plus  grande  efpcce  a  6 
pouces  de  calibre,  iz  pieds  de  long,  &:  6000 
livres  de  poids.  Sa  charge  eft  de  18  livres  de  pou- 
dre ,  &  il  porte  de  but  en  blanc  180  pas.  Harris 

^fT  Demi  CASE  ,  terme  de  Trictrac,  c'eft  celle  où  il 
n'y  a  qu'une  dame  abattue  fut  une  flèche. 

DEMI-CASTOR,  f  m.  On  appelle  ainh  un  chapeau 
qui  n'eft  pas  tait  entièrement  de  poil  de  caftor  ,'.iS: 
dans  lequel  il  entre  d'autre  poil  ou  de  la  laine.  Ac. 
Fr.   1740.  au.  mot  caftor. 

Demi-csint.  Eft  une  ceinture  d'argent  ou  d'autre  mé 
rai  avec  des  pendants  ,  que  portoient  autrefois  les 
femmes  ,  où  elles  accrochoient  les  ciels  ,  les  ci- 
feaux,  &c.  Semicincluni. 

Demi-Ceinxier.  f  m.  Artifan  qui  faifoit  des  demi- 
ceints ,  loifqu'ils  étoient  en  ufage.  C'eft  une  des 
qaalites  des  maîtres  v^haînetiers. 

Demi-cercle,  c'eft  la  moitié  de  la  circonférence  d'un 
cercle  ,  qui  a  pour  fa  bafc  le  diamètre.  Hemicyclus. 
On  l'appelle  aulH  hemlcyc  e. 

^ZT  Demi-cercle,  eft  aufti  un  inftrument  d'arpen- 
tage appelé  quelquefois  graphomètre.  Voye:^  ce  mot. 

Demi-circulaire,  adj.  Epithète  que  les  A.natomiftes 
donnent  à  des  libres  du  cœur.  Semicircularis.  Elles 
fontainii  appelées  ,  parce  que  defcendant  de  la  bafe 
du  cœur  en  ligne  fpirale  de  droit  à  gauche  vers  la 
pointe  j  ou  failant  un  demi-cercle  ,  elle  remontent 
en  la  même  ligne  fpirale  de  gauche  à  droite  vers 
la  bafe.  Voye^  Dionis  ,  cinquième  Dcmonjlraticn 
Anatom. 

Demi-clef.  f.  f.  Terme  de  Marine.  Nœud  qu'on  fait 
d'une  corde  fur  une  autre  corde ,  ou  fur  quelque 
autre  chofe. 

|îC!r  Demi-colonne  ,  en  Architedture.  C'eft  celle  qui 
ne  paroît  qu'à  demi  hors  du  mur  ,  qui  n'eft  pas  en 
plein  reiief.  Columna  medià parte  exftans  ,  prominens. 

Demi- corde,  f.  f.  C'eft  la  moitié  d'une  corde  de  bois 
c'eft-àdire,  ce  qui  peut  tenir  de  bûches  dans  une 
membrure  de  quatre  pieds  de  haut,  fur  quatre  pieds 
de  long.  A  Pans  on  l'appelle  plus  communément 
une  voie  de  bois. 

Demi  couLEVRiNE.  i.  f-  Pièce  d'Artillerie  ,  dont  il  y  a 
trois  fortes.  Tormcntum  dimidio  minus  eo  quod  a 
coluhro  dicitur.  La  demi-coulevrine  ordinaire  eft  de 
4  pouces  &  demi  de  calibre  ,  de  1700  livres  pefant, 
de  dix  pieds  de  long  ,  &  de  dix  livres  onz.'  onces 
de  balle ^  chargée  de  7  livres  4  onces  de  poudre, 
elle  porte  de  but  en  blanc  .1175  P^^*  La  demi-coule- 
vrine de  la  plus  petite  grolfeur  n'eft  que  de  4  pouces 
ou  i  lignes  de  calibre  ,  de  dix  pieds  de  long  , 
&  de  1000  livres  pefant  \  chargée  de  G  livres  5 
onces  de  poudre ,  d'un  boulet  de  quatre  pouces  de 
diamètre,  &  de  9  livres  pefant,  elle  râfe  un  ef- 
pacede  174  pas.  La  demi-coulevrine  de  la  plus  grande 
forte ,  eft  de  4  pouces  de  calibre  ,  de  dix  pieds 
de  long  ,  plus  de  j  pied  ,  c'eft-à-dire  ,  4  pouces  , 
&C  de  3000  livres  pefant.  Sa  charge  eft  de  S  livres 
8  onces  de  poudre,  &  de  12  livres  11  onces  de 
balle  ;  ce  qui  fait  un  boulet  de  4  pouces  &  demi 
de  diamètre.  Elle  porte  de  but  en  blanc  178  pas 
Harris. 

Demi- COUPÉ,  f.  m.  Termï  de  danfe.  Suhinfexus gr.- 
dus.  Les  pas  compolcs  de  plulleurs  ,  fe  comnen- 
cent  ordinairement  par  un  demi-coupé ,  foit  du  pied 


DEM  zii 

droit ,  foit  du  gaucne.  iuppoié  que  ce  foit  du  uioïc 
il  faut  avoir  le  pied  devanr  à  la  quarrièmepofition, 
&  le  corps  pofé  dellus  ,  le  droit  prêt  à  partir  j  erî 
forte  qu'il  n  y  ait  que  la  pointe  qui  porte  à  terre. 
Ainh  pour  commencer  ce  demi-coupe  ,  vous  portez 
le  pied  gauche  contre  le  droit  à  la  première  pofi- 
tion,  &Z  vous  pliez  également  les  deux  genoux 
ayant  toujours  le  corps  pofé  fur  le  pied  gauche, 
le  droit  en  l'air ,  les  genoux  plies  également  &  tour- 
nés en  dehors,  la  ceinture  non  pliée,  &  la  tête 
fort  en  arrière.  De-là  vous  pallez,  étant  plié  ,  le  pied 
droit  devant  vous  fans  vous  relever ,  à  la  quatrième 
polifion  ,  iSc  dans  le  même  temps  vous  apportez 
le  corps  deilus  ,en  vous  élevant  fur  la  pointe  du  pied 
droit.  Et  dans  ie  même  temps  vous  apportez  le  corps 
lur  le  pied  droit ,  en  vous  élevant  Uu  la  pointe  du 
pied  ,  mais  en  vous  relevant  il  faut  étendre  le  genou 
&  de  luite  approcher  la  jambe  gauche  auprès  &  de 
fuite  vous  pofez  le  talon  à  terre  ,  ce  qui  termine  la 
fin  de  ce  pas.  Rameau.  Le  pas  de  menuet  finit  par 
un  demi- coupé  é(.\\di.^^è. 

Demi-croix,  f.  m.  Terme  ufité  dans  l'Ordre  de  Malte 
ou  l  on  appelle  de  ce  nom  les  Donnés ,  ou  les  Oblais 
de  l'Ordre.  Foyei  Donné  ,  &  Oelat. 

Demi  Déesses,  f  m.  pi.  Toute  la  Grcce  étoit  remplie 
de  demi- Dieux  &  de  temple  érigés  en  Ijur  honneur 
mais  dans  toute  l'hiftoire,  il  n'eft  fait  mention  que 
d'une  feule  denù-DeeJJe.   P'oye^  HEMITHEE. 

I^Demi-diametre.  f.  m.  Terme  deGéomérrie.  C'eft 
une  ligne  droite  tirée  du  centre  à  la  circonférence 
d'un  cercle  ,  la  même  chofe  que  rayon. 

Demi-Dieu.  On  appelle  ae/^i-iJ^tfi^.v  chez  les  payenî, 
les  Dieux  du  fécond  ordre ,  qui  avoient  un  Dieu 
pour  père  ,  qui  tiroient  leur  origine  des  Dieux  ;  ou 
des  Héros  qui  avoient  mérité  par  leurs  belles  ac- 
tions d  être  mis  au  nombre  des  Dieux  ,  mais  dans 
un  rang  inférieur.  Semi-Deus.  Les  faunes  ,  les  Né- 
réides ,  les  Nymphes ,  les  Dryades ,  &c.  Les  hom- 
mes illuftres  &  extraordinaires,  Hercule,  Caftor, 
Pollux  ,  Jules  Céfar  ,  Augufte  éroient  des  demi- 
Dieux  :  quand  on  les  appelle  Dieux ,  on  doit  en- 
tendre ce  mot ,  les  Dieux  du  fécond  ordre ,  ou  des 
demi-Dieux.  Vous  zutvQS  demi-Dieux  avez  peur  com- 
me les  autres  hommes.  Voit. 

Songe^  que  cejî  fort  peu  de  chofe  j 
Qiiun  demi-Dieu  quand  il  efi  mort. 

Demi-Dieu,  fe  dit  encore  dans  un  fens  figuré  ,  en  par- 
lant des  Conquérans,  de  Rois, des  Souverains,àcaufe 
de  leur  puilfance,  de  leur  rang,  de  leur  autot ité  qui  les 
rendent  en  quelque  manière  femblables  aux  Dieux; 
&  qui  en  font  en  ce  fens  de  demi-Dieux.  MlleScu- 
dery  ,  parlant  du  Doge  de  Gènes,  s'exprime  ainfi: 

Quoi!  lui  dis-]e,  entrer  en  France, 

Et  vous  montrer  en  ces  lieux  ! 

Oui  j  dit-il ,  par  la  clémence  , 

Du  plus  grand  des  demi-Dieux.  (  Le  Roi  de  France.) 

Que  crois-tu ,  dis-le  moi  j  des  beautés  de  ces  lieux  , 
Où  viennent  comme  nous  errer  nos  demi-Dieux  ? 

Nouv.  CH.  DE  Vers. 

On  dit  au(îi ,  qu'un  Centaure  étoit  feint  demi- 
homme  &c  demi-cheval.  Semihomo.JUne  Sirène  demi' 
femme  &  demi  -  poillon.  Un  Hermaphrodite  eft 
demi-homme  Se  demi-(cmmç.  Androgynus  j  herma- 
phroditus. 

DEMIDITON.  f.  m.  On  appelle  ainfi  j  en  tetmes  de 
Mufique  ,  la  tierce  mineure  qui  a  fes  termes  comme 
(>  à  5. 

Demi  tPiNEUx  ,  adj.  Terme  d'Anatomie.  C'eft  un  des 
fix  mufcles  communs  au  dos  &  aux  lombes.  C'eft  le 
fécond  de  leurs  extenfeurs.  Il  eft  nommé  demi-épi- 
neux, parce  que  la  moitié  de  ce  mufcle  prend  fon 
origine  des  épines  de  l'o-f  ficrum,  &  l'autre  moitié 
des  épines  des  vertèbres  des  lombes;  &i  montant  en 
ijauc  va  s'inférer  un  peu  obliquement  à  toutes  les 

Ddij 


II 2;  DEM 

apophifes  tranfverfes  des  vertèbres  du  dos  jufqu'au 
cou,  &  les  tire  toutes  en  arrière.  Ce  mulcle  ell  (itué 
entre  le  facré  &c  le  facrolombaire  ,  qui  eft  un  de  ceux 
de  la  poitrine.  Ces  trois  mufcles  ne  femblent  faire 
qu'un  corps,  &  on  a  de  la  peine  à  les  féparer.  Ils 
forment  cette  malfe  de  chair  qui  occupe  le  dos  de- 
puis Vosfacrum  jufqu'au  cou.  Lorfque  ces  mufcles  ne 
font  pas  bien  leur  devoir ,  ou  par  foiblelfe ,  ou  par 
quelque  méchante  habitude  ,  l'on  devient  voûté,  & 
quelquefois  boffii.  Dionis. 
Demie.  Ne  demie  j  ni  la  moitié  de  la  chofe  qui  vient 
d'être  nommée. 

Revenge  n'en  veux  j  ne  demie.  Ma  rôt. 

Revenge  ne  demie,  fignifie,  ni  revanche,  ni  demi- 
revanche,  c'eft- à-dire,  ni  rien  qui  approche  de  la 
revanche.  La  Fontaine  fe  fert  de  cette  i:açQn  de  par- 
ier dans  fon  Oraifon  de  S.  Julien ,  où  il  dit  : 

Oufanspacl  ne  demi 
L'onfe  guérit,  l'on  guérit  fa  monture. 

C'eft-à-dire,  fans  aucun  pad.  Notes  fur  Cl.  Marot. 

DEMi-FiLE,Terme  de  l'art  militaire.  C'aft  une  file  divi- 
fée  en  deux.  Geminas  in  partes  divifus  ordo.  La  demi- 
file  eft  le  rang  du  bataillon  qui  fuit  le  ferre  demi- 
file ,  Se  qui  commence  la  dernière  moitié  de  la  hau- 
teur du  bataillon.  Ainfi  le  bataillon  étant  à  huit  de 
hauteur ,  le  cinquième  rang  doit  être  la  demi-file.  S'il 
eft  à  fix  de  hauteur,  ce  fera  le  quatrième  rang. 
Demi-fleuron  ,  f.  m.  Terme  de  Botanique.  Les  Bota- 
niftes  appellent  demifieurons\Qs£em[[es  qui  forment 
la  couronne  des  Heurs  radiées.  Ces  feuilles  font  fiftu- 
leufes  par  le  bas,  plates  dans  le  refte,  &  elles  por- 
tent ordinairement  fur  le  jeune  fruit  qui  poulie  un 
filet  pointu  ou  fourchu ,  lequel  pafTe  au  travers 
d'une  gaine  dont  le  demi-fleuron  eft  garni.  Certe 
gaine  commence  le  plus  fouvent  par  cinq  autres  pe- 
tits filets  qui  nailTent  des  parois  internes  du  demi- 
fleuron. 

ifJ'  Les  fleurs  à  demi  fleurons  ^  font  des  bouquets 
âpplatis  endelfus,  formés  d'un  nombre  de  demi-fleu- 
rons raffemblés  dans  un  calice  commun.  Chaque 
demi-fleuron  {Semi-Fl(fculus ,)  eft  un  tuyau  qui  fe 
termine  par  une  grande  lèvre.  Ces  pétales  portent 
chacun  fur  un  embrion  de  graines.  Il  y  a  auln  des 
demi-fleurons  ftériles.  Duhamel.  Foy.  Pétale. 
Demi-futaie,  (.  f.  Se  dit  des  bois,  ou  arbres,  dont 
l'âge  eft  depuis  quarante   ans  jufqu'à  foixante.  On 
leur  donne  auffi  le  nom  de  bois  de  haut  revenu. 
Demi-gorge,  Terme  de  Fortification.  C'eft  une  ligne 
qui  va  du  flanc  ou  de  l'angle  de  la  courtine  au  cen- 
tre du  baftiOH.  Linea  ab  anguLo  jrontis  propugnaculi 
ad  ejufdem  centrum  pcrtingens. 
Demi  Hollande,  f.  f.  Dans  le  commerce  de  Toilerie, 
.   on  donne  ce  nom  à  certaines  toiles  de  lin  blanches 
&  fines  qui  ne  fe  fabriquent  point  en  Hollande , 
mais  en  France  dans  la  Province  de  Picardie  ,  parri- 
culièrement  à  Beauvais,  Cominge  ,  tSc  aux  environs 
de  ces  endroits. 
fO"  Demi-jeu,  à  Demi-jeu,  Terme  de  mufique  inf- 
trumentale,  manière  de  jouer  qui  tient  le  milieu 
entre  le  fort  &:  le  doux. 
Demi-intérosseux  ,  adj.  m.  &  fubft.  Terme  d'Anato- 
mie.  Semi-interro[fcus.  Le  demi-intérojfcux  de  l'index 
eft  un  petit  mufcle  charnu,  court  &  plat  à-peu-près 
comme  l'antithénar  ou  le  demi-intérojfeux  interne 
du  pouce.  Il  eft  fitué  obliquement  à  côté  de  celui  du 
pouce  entre  la  première  phalange  du  pouce  &  le  pre- 
mier os  du  métacarpe.  Winslow. 
Demi-litron,  f.  m.  Terme  de  commerce.  Sorte  de 
mefure,  qui  fert  à  mefurer  des  grains  ou  chofesfem- 
blables.  Demi-litron  de  pois ,  de  noifettes,  &c. 

Ce  mot  vient  du  Grec  y^fd^rfa,  hemilitra,  on  femi- 
libra. 
Demi-lune,  Ouvrage  de  fortification,  que  Ton  met 
ordinairement  devant  la  courtine ,  ou  l'angle  flan- 


DEM 

que  d'un  baftion.  Lunatum  propugnaculurn  j  lunata. 
munitio.  La  demi-lune  fur  la  courtine  eft  compofée 
communément  de  deux  petits  flancs  d'environ  cinq 
ou  lix  toifes,  &  de  deux  faces  qui  fe  terminent  en 
angle  faillant  vers  la  campagne  ;  la  gorge  de  la  demi- 
lune  eft  terminée  par  deux  lignes  prolongées  de  la 
contrefcarpe  dufolfé,  qui  forment  un  angle  ren- 
trant du  côté  de  la  place  ,  vers  le  milieu  de  la  cour- 
tine. La  demi-lune  fur  l'angle  flanqué  du  baftion ,  eft 
compofée  des  mêmes  parties  que  la  précédente  \  elle 
difi^ère  feulement  de  la  première  ,  en  ce  que  la  gor- 
ge de  celle-ci  eft  formée  par  une  ligne  circulaire; 
d'où  le  nom  de  demi-lune  lui  a  été  donné.  Dans  la 
bonne  fortification  on  fe  fert  aujourd'hui  de  bonnes 
contregardes  pour  couvrir  les  baftions ,  au  lieu  de 
demi-lunes  dont  on  fe  fervoit  ci-devant. 

On  appelle  encore  demi-lune,  ce  c^u'on  appeloic 
autrefois  ravelin,  qui  eft  un  ouvrage  fait  à-peu-près 
delà  même  façon  que  la  ptemière  forte  de  demi- 
lune,  à  l'exception  que  ce  dernier  ouvrage  n'a  point 
de  flanc  :  il  n'a  que  deux  faces  terminées  en  angle 
faillant  vers  la  campagne,  dont  la  gorge  eft  fermée. 

La  demi-lune  eft  dite  couronnte ,  lorfqu'elle  eft 
couverte  d'un  ouvrage  i  comonne.  Lunatum  propu- 
gnaculurn coronatum.  On  la  nomme  auftî  tenaillée, 
lorfqu'elle  eft  accompagnée  à  droite  &  à  gauche  de 
deux  ouvrages  conftruits  à  angle  droit  fur  l'angle 
flanqué  de  la  demi- 1 une ,  par  le  prolongement  de  fes- 
deux  faces  qu'on  tire  d'environ  28  ou  50  toifes  ; 
chacun  de  ces  ouvrages  ayant  deux  faces  terminées 
en  angle  faillant  vers  la  campagne,  &  un  folfé  de 
huit  ou  neuf  toiles  qui  les  fépare  de  la  demi-lune,  Sc 
la  contrefcarpe.  Lunatum  propugnaculurn  u trinque  Jor- 
cipis  in  morem  munitum. 

Enfin  la  demi-lune  eft  appelée  accornée ,  lorfqu'elle 
eft  contregardée  par  deux  ouvrages  qui  avancent  en 
forme  de  cornes,  vers  la  campagne ,  ayant  au-de- 
vant une  petite  demi-lune,  autrement  lunette,  qui 
couvre  l'entre-deux  de  leur  féparation  ,  &  par  con- 
féquent  l'angle  flanqué  de  la  demi-lune.  Cornutis  ope" 
ribus  inftrudum. 

Demi-lune  d'eau.  Dans  la  décoration  des  Jardins. 
C'eft  une  efpèce  d'amphithéâtre  circulaire,  orné  de 
pilaftres,  de  niches  ou  renfoncemens  ruftiques  j  avec 
àt%  fontaines  en  napes,  ou  des  ftatues  hydrauliques. 
Lunatum  amphitheatruni  fcatentibus  &faHentibus  aquis 
ornatum. 

Demi-membraneux,  adj.  Terme  d'Anatomie.  Mufcle 
de  la  jambe,  le  rroifième  des  fléchilfeurs.  Semimem- 
branaceus.  Il  eft  ainfi  nommé,  parce  qu'il  tient  en 
quelque  façon  de  la  nature  des  membranes.  Il  prend 
fon  origine  de  l'éminence  de  l'ifchion,  &  va  s'inféief 
à  la  partie  poftérieure  de  l'épiphyfe  fupérieuie  du 
tibia.  Il  eft  fitué  comme  les  deux  autres  fléchifteurs 
dans  le  derrière  de  la  cuilfe  \  ôc  en  agilfant  ils  font 
fléchir  la  jambe,  qu'ils  tirent  en  arrière.  Dionis. 

^fJ"  Demi-métal,  f.  m.  Subftance  minérale  qui  a  plu- 
fieurs  propriétés  des  vrais  métaux,  fans  pourtant 
avoir  leur  fixité  ni  leur  dudilité  ,  tels  font  l'Anti- 
moine j  leBifmuth,  le  Zinc,  le  Cobalt  8c  l'Arfe- 
nic. 

Demi-mÉtoi>e,  f.  f.  Terme  d'Architedttjre.  Semimeto- 
pium ,  ou  plutôt  Semimetopa.  Les  demi-métopes  ne 
font  pas  la  moitié  jufte  des  métopes^  mais  feule- 
ment des  portions  de  métopes,  qui  fe  mettent  à 
l'encoignme  de  la  fnfe  Dorique  :  on  les  appelle  ce- 
pendant en  François  demi-metopes ,  parce  que  Vitru- 
veles  appelle  en  latin  Semimetopia. 

Demj-montre  ,  Terme  de  Guerre.  C'eft  la  moitié  de 
la  montre,  c'eft-à-dire,  de  l'argent  qu'on  doit  aux 
troupes  ,  &  qu'on  a  coutume  de  leur  donner  quand 
on  fait  la  revue.  Le  Maréchal  de  Grammont  envoya 
le  Chevalier  de  Chabot  pour  nous  faire  venir  fous 
Philisbourg,  où  nous  demeurâmes  le  14.  &  où  nous 
reçûmes  une  demi  montre.  Bussi  Rab. 

Demi-mot  _,  Dans  l'ufage  ordinaire  cela  ne  fignifie  pas 
la  moitié  ou  une  partie  d'un  mot,  mais  quelqiws 
paroles  qu'on  dir,  ou  quelques  fignes'tiu'on  fait  pour 
faire  entendre  quelque  chofe,  &  c'eft  en  ce  fens 


DEM 

qu'dn  dit  par  manière  de  proverbe,  il  frai  entenare 
i  demi-mot,  c'eft-à-due,  lar.s  attendre  que  les  cho- 
ies foient  clairement  expliquées  Se  déclarées.  M. 
Perrault  s'ell  lervi  de  cette  exprellion  en  parlant  des 
chofes  inanimées ,  &c  des  lignes  qu'on  remarque  dans 
les  arbres,  les  plantes. 

Il  faut  qu'à  demi-mot  un  Jardinier  entende , 
Ce  que  dans  J es  befoins  un  arbre  lui  demande. 

DEMi-NEnrEux,  adj.  &  f.  m.Terme  d'Anaromie.  C'eft 
un  mulcle  de  la  jambe,  &  le  fécond  des  déchilieurs. 
Seminervofus.  Bakthol.  Le  demi-nerveux  eft  ainli 
nommé,  parce  qu'il  n'ell  pas  tout-à-fait  cliainu,  <lk 
que  fa  fubftance  tient  de  la  nature  du  nerf.  Il  prend 
Ion  origine  de  l'éminence  de  l'ifchion  ,  &  va  s'in- 
férer à  la  partie  fupérieure  &  pollérieure  du  tibia. 

DlONIS. 

Demi-orbiculaire,  adj.  &  f.  m.  Terme  d'Anatomie. 
Nom  des  mufcles  communs  aux  deux  lèvres.  Semi- 
ûfhicularis  3  e.  On  prend  communément  les  demi- 
orbiculaires  pour  un  ieul  mufcle  qui  environne  les 
deux  lèvres  ;  &  auquel  on  donne  le  nom  d'orbicu- 
laire;  mais,  en  examinant  bien  les  angles  des  lèvres 
on  y  trouve  les  tîbres  de  la  lèvre  fupérieure  croifées 
avec  les  tibres  de  la  lèvre  intérieure,  &  on  dilHngue 
i'arcade  mufculairede  l'une,  d'avec  l'arcade  mulcu- 
laire  de  l'autre.  C'ell;  pourquoi  j'en  tais  deux  que 
j'appelle  en  g^niiAdemi-orticulaires  ,  &  en  particu- 
lier l'un  demi-arbiculaire  fupérieur,  &<.  l'autre  demi- 
orbiculairj  intérieur.  Il  feroit  mieux  de  les  appeler 
demi  ovalaircs. 

Le  demi-orbiculaire  fupérieur  eft  fouvent  plus  lar- 
ge que  l'inférieur.  Il  a  encore  cela  de  particulier  que 
les  fibres  de  fon  arcade  ne  vont  pas  toutes  au  coin  de 
la  bouchej  mais  fe  terminent  par  degrés  entre  le  mi- 
lieu Se  les  extrémités  de  cette  arcade  à-peu-près  com- 
me les  fibres  demi-orbiculaires  de  la  paupière  fupé- 
rieure. Le  demi-orbiculaire  inférieur  elt:  pour  l'ordi- 
naire plus  uniforme  dans  l'arrangement  de  fes  hbres. 

WiNSLOW. 

Demi-osseux.  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  Nom  d'un  des 

mufcles  qui  meuvent  les  doigts  de  la  main.  Semi 

ojjeus.  Le  demi-o(feux  du  pouce  s'appelle  autrement 

l'antithénar.  l^oye\  ce  mot. 

Demi-pelagiens.  yoye^  Semi  Pélagiens. 

Demi-pièce,  f.  f.  Terme  de  commerce;  Pièce  d'étoffe 

ou  de  toile  coupée  en  deux. 
Demi-pique,  eft  une  longue  javeline.  Hajlabrevior. 
Demi-Pont,  f  m.  Terme  de  Marine.  On  l'appelle 
aulïî  corps-de-garde   du  vaiffeau.   Statio  militum  in 
navi.  C'eft  ordinairement  la  partie  qui  fe  trouve  fous 
le  gaillard  de  l'arrière. 
Demi-qu  ARAMTE-ciNQ ,  Terme  de  jeu  de  Paume.  Don 
ner  demi-quarante-cinq ,  c'eft  donner  à  fon  adverfaire 
quarante-cinq  dans  un  jeu,  &  trente  dans  l'autre. 
éc  ainfi  de  fuite  alternativement. 
Demi-quart,  f.  m.  Sorte  de  mefure, moitié  d'un  quart 
C'eft  aufli,  félon  Nicod,  une  monnoie  de  France 
frappée  par  Ordonnancedu  Roi  Henri  III. 
Demi-queue,  f.  f.  Efpèce  de  tonneau  de  vin  dont  ceux 
d'Orléans ,  d'Anjou  &  du  Maine  fe  fervent,  conte- 
nant vingt-fept  fetiers,  à  huit  pintes  le  fetietj  deux 
chopines  la  pinte  ,  deux  demi-fetiers  la  chopine,  & 
deux  poiçons  le  deir.i-fetier.  Il  fe  prend  tant  pour  le 
fuft  fans  vin  ,  que  pour  cette  mefure  &  quantité  de 
vin  fans  fuft.  Les  quatre  demi-queues  valent  trois 
muids  de  vin  au  fuft  &  jauge  de  Paris. 
§3"  Demi-revétememt  ,  Terme  de  Fortitication  des 
places ,  c'eft  un  revêtement  de  maçonnerie  qui  fou- 
tient  les  terres  du  rempart,  feulement  depuis  le  fond 
du  foffé  jufqu'au  niveau  de  la  camp.igne,  ou  un  pied 
au-delfus. 
Demi-setier,  f.  m.  Nom  de  mefure  des  chofes  fèches 
&  des  chofes  liquides,  mais  qui  eft  bien  différente 
pour  ces  deux  fortes  de  chofes.  f'^oye-:^  Setiïr. 

Ce  mot  vient  de  dimidius  fextarius  ,  ou  de  Semi 
fextarius  y  qui  eft  formé  du  Grec  ifnh.Fy:;, 
r)ïMi-sEXTiL,  Terme  d'Aftronomie.  C'eft;  la  diftance 


D  E  M 


ii| 


d'un  dcuzièmej  ou  d'une  demi-fixicine  partie  dii 
Zodiaque,  qui  eft  entre  deux  planètes.  Comme  fex- 
til  eft  la  diftance  de  deux  (ignés,  ou  de  quarante- 
cinq  degrés,  dcmi-Jexiil  eft  la  diftance  dun  feul 
ligne quieft  entre deuxplanètes.  LQdemi-fexcilap-pio- 
che  fort  de  la  conjonction. 

Demi-soie,  f.  f.  On  dit  que  les  Marchands  donnent  ce 
nom  à  tiuelques  étoffes,  comme  à  l'étamine,  au  ca- 
melot ,  dans  lelqucisil  entre  une  moitié  de  loieavec 
une  moitié  de  laine.  Semi  fencus ,  a  ,  a/n, 

ffJ'  Demi-soupir,  f.  m.  Caraétère  denuih-jue  qui  fe 
tait  ainii  ,  &:  qui  marque  un  lilence  dont  le  temps 
doit  être  égal  à  celui  d'une  croche  ou  de  la  moitié 
d'un  foupir.  Encyc. 

$zr  Demi-teinte.  F'oyei  Teinte. 

Demi-tierce,  l.  &:adj.  f.  Semitertiana.  F'ojer  HEMI- 
TRITEE. 

03"  Demi-tige.  Foye^  Akbkb. 

Demi-ton,  f.  m.  Terme  de  Mufique.  C'eft  la  moitié 
d'un  ton.  Hemiîonium.  Il  y  a  undemi-ton  mineur.  Le 
demi-ton  eft  effentiel  à  la  Mufique,  car  il  en  eft  l'ame 
&  l'ornement ,  vu  que  par  fon  moyen  l'on  établir, 
les  diverles  efpèces  de  quarte,  de  quinte j  &c  d'oc- 
tave. La  proportion  en  nombres  du  demi-ton  majeur 
eft  de  i6  à  15.  Celle  du  demi-ton  mineur  eft  de  24.  à 
25.  Celle  du  ^c«i-rc)«  moyen  eft  de  i  iS  à  155.  Le 
dièfe  enharmonique  elt  la  différence  du  demi-ton 
majeur  J  &  du  demi-ton  mineur. 

03"  Demi-tour  à  droite,  demi  tour  à  gauche.  Com- 
mandement pour  faire  changer  de  front  à  un  batail- 
lon, foit  à  droite  ,  foit  à  gauche. 

Demi-trente  ,  Terme  de  jeu  de  PaumCi  Donner  demi- 
trente,  c'eft  donner  à  ton  adverfaire  trente  dans  un 
jeu,  &  quinze  dans  l'autre  J  &  ainfi  de  fuite  alter- 
nativement. 

Demi-vol,  f.  m.  Dimidius  volatus,  femi-volatus.  C'eft 
quand  la  perdrix,  ou  quelqu'autre  oileau,  que  l'on 
a  tait  lever,  va  s'abattre  peu  loin  de  l'endroit  d'où 
on  l'a  tait  partir. 

Demi-voLj  en  termes  de  Blafon,  fe  dit  d'une  aîlo  feule 
d'un  oifeau  fans  qu'il  foit  befoin  d'en  marquer  l'ef- 
pèce.  Alafimplex ,  ala  unica.  Les  bouts  de  fes  plu- 
mes doivent  toujours  être  tournés  vers  le  flâne 
feneftre. 

DemIj  eft  auflâ  une  efpèce  d'adverbe  qui  fignifie, 
A  moitié.  Ilfe  jointence  iens  avec  beaucoup  d  adjec- 
tifs. Il  eft  demi-moïi.  ^emivnus.  Cette  viande  n'ell 
pas  demi-cvntQ.  Semi-coclus.  Ce  rôti  eft  demi-ht\.i\é. 
Semi-uJIus.  Cet  homme  eft  (/ewi-ivre.  Vinofemigra- 
vis.  Le  mot  demi  fe  joint  aulii  aux  noms  de  mefure, 
tant  des  efpaces  j  que  des  choies  liquides  &  des  cho- 
fes fèches,  &  il  lignifie  la  moitié  de  la  mefure  dont 
le  nom  eft  après  celui  de  demi.  Demi-]nQà.  Demi- 
lieue  J  £/V/72/-quart  de  lieue.  Dcmi-ho\{\c:M.  Dc.ni- 
fctier.  Z>tf;72/-heure^  Sic.  C'eft  la  moitié  d  une  lieue, 
d'un  boiffeau  ,  d'un  feiier ,  d'une  heure.  On  ne  fe 
fert  pas  ordinairement  du  mot  de  demi  avec  un  nom 
de  mefure,  lorfqu'on  a  un  mot  limple  &  unique 
pour  exprimer  la  mefure  dont  on  parle;  aind,  quoi- 
qu'on dife  bien  demi-nune  pour  la  moitié  d'une  aune 
on  ne  dit  pas  demi-pïme,  parce  qu'on  a  le  mot  de 
chopine  qui  fignifi-e  la  même  chofe  :  ce  ne  feroit  pas 
cependant  une  faute  de  s'en  fetvir. 

On  dit,  proverbialement,  A  trompeur,  trompeur 
&  demi  ;  pour  dire  qu'on  fera  encore  plus  fin  que 
celui  qui  a  voulu  tromper.  On  dit  aulîi ,  battre  quel- 
qu'un en  diable  &:  demi  ;  pour  dire,  le  battre  excef- 
tîvement.  Le  petit  peuple  dit ,  fans  refpecl  ni  demij 
pour  dire  fans  aucun  telpect. 
A  demi  ,  Autre  adverbe  qui  lignifie  la  même  chofe  que 
demi.  Ce  tonneau  eft  à  demi  bu.  Semi  inanis.  Ctt 
habit  eft  a  demi  ufé.  Semi  tritwi.  Il  eft  à  demi  twàot- 
mi.  Semi /opitus.Cel^.  eft  à  demi  fait.  Semi  faclus. 
Demi  mort.  Semianimis  ,  femïammus.  Un  h.ibiie 
iiomme  entend  à  demi  mot.  IntelUgenti  pauca.  Il  ne 
faut  point  pardonner  à  demi ,  faire  du  bien  à  demi. 
Imperjeciè.  Il  eft  à  demi  fou  de  la  perte  de  fa  femme. 
Penc  impcs  animi,  ptne  raptus  ex  fefe.  On  a  beau 
amaffer  des  matériaux  pour  bâtir,  il  n'y  en  a  jamais 


ti4  DEM  DEM 

à  <i<;/«;  i  c'eft-à-dire,  alfez.  Sans.  Il  ne  faut  pas  favoir  DÉMOCRATIE,  f.  h  Sorte  de  goiivernemeiît  où  le  peii- 


les  choies  à  demi,  Imperjeclè.  Cela  ell  à  demi  cuit , 
Semi  coclus,  à  demi  bmié,  femi  ujcus ,  à  demi  rôti , 
Jemi  aJJuSjà  demi  mangé  ,JemeJus ,  à  demi  renverlé, 
Jcmifupinus  ,  à  demi  abattu  j  à  demi  va\né,femi  rucus , 
àdemi  £o\:mé, /emijormis ,  à  demi  ivre,  vino  femi 
gravis,  à  demi  ia.\\v^ge,  Jèmi-barbarus.  Ce  vailleau 
eft  à  demi  plein.  Semi  plenus.  Cette  porte  eft  à  demi 
ouverte.  Semi  aperçus.  Ceux  qu'on  nomme  Zuin- 
gliens,  ou  Sacramentaires,  n'ont  pas  cru  qu'il  fe 
fallût  éloigner  à  demi  ai  la  toi.  Pel. 

Les  Dieux  m'ont  fecourue  ,  &  mon  cœur  ajfermi , 
N'a  rien  die  3  ou  du  moins  n'a  parlé  qui  demi.RAc. 

DÉMIRCAPI ,  ou  TÉMIRCAPI.  Foy.  DERBENT. 

DEMIS.  isE,  adj.  Foyei  Démettre. 

ifT  DEMISSION.  Tetme  de  Jurifprudence.  Ceft  en 
général  un  ade  par  lequel  on  quitte  quelque  chofe. 
C'eft-là  l'idée  principale  que  prélente  ce  mot  dans  les 
articles  fuivans. 

ffT  DÉMISSION,  fe  dit  particulièrement  de  l'ade  par 
lequel  on  fe  dépouille  d'un  emploi,  d'une  charge, 
d'un  bénéfice  dont  on  étoit  ^o\xr:y  w.Jbdicatio.  DeniiJ- 
Jîo.  On  a  envoyé  demander  à  un  tel  la  démùjjion  de 
fa  charge.  L'amour  du  repos  n'eft  pas  toujours  le  mo- 
tif des  démijjions.  Le  mécontentement  ou  le  loin  d- 
fa  famille  en  eft  fouvent  la  caufe.  On  ne  doit  donner 
de  démijjlon  que  quand  il  n'eft  plus  permis  de  rem- 
plir ks  devoirs  avec  honneur.  La  démijfion  peui 
être  volontaire  ou  forcée.  La  démijfwn  d'un  bénéfice 
eft  pure  &  fimple,  ou  bien  ellefe  fait  en  faveur  d'un 
autre. 

fC?  La  démifflon  pure  &:  fimple,  eft  un  aéle  par 
lequel  on  fe  dépouille  purement  &c  limplement  d'un 
bénéfice,  fans  le  tranfmettre  à  un  autre,  entte  les 
mains  de  l'ordinaiie  ou  du  coUateur. 

IJCJ"  La  £/e/n{//io«  en  faveur,  n'eft  [pas  une  démif- 
fion  proprement  dite.  On  l'appelle  plus  communé- 
ment réfignation.  Voye^  ce  mot.  Voye^  aufli  tenon 
dation,  défiftement,  abdication,  où  les  différences 
de  ces  mots  font  expliquées. 

DÉMISSION,  eft  aulîi  un  ade  par  lequel  un  père,  ou 
une  mère,  fe  démet,  &  fe  dépouille  de  fon  bien  en 
faveur  de  fes  enfans.  La  démi(jion  eft  une  fucceftion 
anticipée.  C.  B.  CeJJio.  La  démijjion  de  biens  eft  un 
délailiement  général  de  tous  fes  biens,  que  l'on  fait 
à  fes  enfans  ou  autres  préfomptits  héritiers,  avec  ré 
tention  d'ufufruit,  ou  à  la  charge  d'une  penfion  via 
gère ,  ou  à  telle  autre  condition  qu'il  plaît  aux  par 
ties. 

DÉMISSION  DE  FOI,  eft  l'aliénation  que  fait  un  vaftal 
d'une  partie  de  fon  fief,  fans  rétention  de  foi,  en 
forte  que  le  nouvel  acquéreur  la  tienne  en  plein  fief 
féparé  de  la  partie  que  le  vaffal  s'eft  retenue.  Ce  qui 
eft  un  démembrement  de  fief  qui  ne  fe  peut  faire 
fans  le  confentementdu  Seigneur. 

ffS"  Nos  Coutumes  permettent  bien  au  vaflal  de 
fe  jouer  de  fon  fief  j  mais  jufqu'à  démijjion  de  foi  ; 
c'eft-à-dire  que  les  valfaux  ne  peuvent  fe  jouer  de 
leurs  fiets,  qu'autant  qu'ils  retiennent  à  eux  la  foi 
qui  eft  due  au  Seigneur  dominant. 

^Zt  DÉMISSION,  Dans  les  coutumes  de  Veft  &  de  De- 
veft,  eft  l'aétvipar  lequel  celui  qui  a  fait  un  contrat 
tranflatif  de  propriété  d'un  héritage  en  faveur  de  quel- 
qu'un ,  déclare  pardevant  les  officiers  du  Seigneur 
de  qui  relève  cet  héritage,  qu'il  s'en  eft  démis  &  dé- 
vêtu en  faveur  de  l'acquéreur.  Ferr. 

DEMISSIONNAIRE,  f.  m.  ôcadj.C'eft  celui  en  faveur 
duquel  on  a  fait  une  démiftion.  On  a  voulu  que  l'en- 
fant démijjionnaire  mît  les  biens  de  fes  père  &  mère 
à  couvert  au  préjudice  des  Créanciers.  Journal  du 
Palais. 

DEMITTE.  f.  f.  Sorte  de  toile  de  coton  qui  fe  tire  de 
Smyrne. 

fer  DEMMIN  ,  DAMIN  ou  DÎMIN.  Demmium. 
Ville  d'Allemagne  dans  le  Duché  de  Stétin  ,  en  Po- 
méranie ,  fur  laPéene.  Long.  57.  d.  lat  54.  d.  3.  félon 
Zeiler. 


pie  a  toute  l'autorité,  Hc  ou  la  louveraineté  rélide 
dans  le  peuple.  Cette  efpèce  de  gouvernement  poli- 
tique eft  direétement  oppolé  à  la  monarchie.  Si  la 
fouveraine  puiftance  réiidc  entre  les  mains  d'une 
partie  du  peuple  feulement ,  c'eft  une  anftocratie. 
JJemocratia  _,  populare  imperium.  La  Démocratie  n'a 
été  Bofllfante  que  dans  les  Républiques  de  Rome  &: 
d'Athènes.  Les  féditions ,  &  les  troubles  arrivent 
louventdans  [es  Démocraties.  Le  Gouvernement  de 
hilQ  eft  une  Demiccratie. 

Ce  mot  vient  de  J"^^o>cp«r<«j  formé  &  compofé  de 
^iî'^oî,  peuple,  &  dex(i«rHï,  régir ,  commander. 

DÉMOCRAIIQUE.  adj.Qui  appartient  à  la  démocra- 
tie. Etat  j  gouvernement  dcmocratique.  Dem.ocraticus. 
Le  gouvernement  des  Républiques  modernes  tienc 
plus  de  l'ariftocrarique,  que  du  démocratique. 

Ip-  DEMOCRATK^UEMENT.  adv.  D'une  manière 
démocratique.  Danvcr.-.tlcé. 

DEMOGORGON.  f.  m.  Divinité  ou  Génie  de  la  terre, 
comme  Ion  nomL'  fignifie.  C'étoit,  dir-on,  un  vieil- 
lard cralleux,  couvert  de  moulfe,  pâle  &:  défiguré, 
qui  habitoitdans  les  entrailles  de  la  terre.  Il  avoii 
pour  cumpagnons  l'Eternité  &:  le  Cahos.  S'ennuyanc 
dans  cct.e  folitude,il  fe  fit  une  petite  boule  fur  laquelle 
il  s'allit,  (M  s'étant  élevé  en  l'air^il  environna  toute  la 
terre,  &  forma  aiiiii  le  Ciel.  Il  tira  enfuite,  de  la  ter- 
re, de  la  boue  enfiammée  qu'il  envoya  dans  le  Ciel 
pour  éclairer  le  monde,  dont  il  forma  le  foleil  qu'il 
donna  à  l.i Terre  en  maii.ige,  d'où  naquirent  le  Tar- 
tare,  la  Nuit,  &:c. On  donne enluite  plufieurs  enfans 
à  Demogorgon,  favoir  la  Difcorde  j  Pan,  les  trois 
Parques,  l'Erèbe.  Cette  Théogonie,  la  moins  dérai- 
fonnable  de  toutes  celles  que  l'idolâtrie  a  enfantées, 
n'ell  qu'une  enveloppe  groflière  fous  laquelle  les 
Anciens  ont  renfermé  le  Myftère  de  la  Création  du 
monde.  C'eft  Bocace  qui  la  rapporte,  comme  l'ayant 
tirée  de  Théodontius ,  ancien  Auteur  Grec.  Démo- 
^oroo/2  vient  de  Aulfim  ^  Génie,  &  rtufli»^  qui  prcfide 
à  la  terre. 

DEMOISELLE,  f.  f  Femme  ou  fille  née  de  parens  no- 
bles. Femina  nob'dis.  Cette  perfonne  eft  Dcmoijelle^ 
quoiqu'elle  fort  pauvre,  elle  eft  fille  de  Gentil- 
homme. 

Autrefois  on  difoit  Damoifelle ,  &  on  trouve  en- 
cote  ce  mot  de  Damoifelle  dans  des  aéles,  comme 
contrats,  &c. 

Demoiselle,  fe  dit  aujourd'hui  de  toutes  les  filles  qui 
ne  font  point  mariées,  pourvu  qu'elles  foient  d'hon- 
nête famille.  Ces  deux  belles  Demoifelles  font  filles 
d'un  Marchand  ,  d'un  Procureur.  Ce  nom  ne  fe  don- 
noit  autrefois  qu'aux  filles  des  Princes  &c  des  Grands 
Seigneurs,  des  Barons  &c  des  Chevaliers ,  qui  n'étoienc 
point  mariées.  Ce  mot  vient  du  Bas-Breton,  ou  an- 
cien Gaulois,  où  l'on  difoit  DemoU'elle  en  la  même 
lignification. 

Demoiselle  ,  fe  dit  aufli  d'une  fille  qui  eft  à  la  fuite  ou 
au  fervice  d'une  D3.me.  Ancilla  jjamula ,  ajjecla.  Les 
DemoiJ'elles  fuivantes  font  les  confidentes  de  leurs 
maitrelfes. 

Demoiselle  ,  eft  auffi  un  uftenfile  qu'on  met  dans  le 
lit  pour  échauffer  les  pieds  d'un  vieillard,  C'eft  un  fer 
chaud  qu'on  met  dans  un  cylindre  creux  j  qu'on  en- 
veloppe dans  des  linges,  &  qui  entretient  long-temps 
fa  chaleur  \  quelques-uns  l'appellent  moine.  Ferrum 
calidum  cylindro  concavo  inclujum. 

Demoiselle  j  ou  Damoiselle  ,  mais  plus  fouvent 
DemoiJclle\  parce  qu'il  eft  plus  doux.  C'eft  un  outil 
dont  fe  fervent  les  Paveurs  pour  enfoncer  les  pavés. 
C'eft  un  gros  cylindre  de  bois  ferré  par  le  bout  <Sc 
pefant  qui  a  deux  anfes  aux  côtés  pour  le  manier  & 
l'élever  un  peu  en  l'air.  Fijluca.  Les  Paveurs  appel- 
lent aufti  cet  inftrument  hie.  Ils  difent  en  riant  faire 
{■!i\xiQi\\DemoiJ'elle\  pour  dire,  travailler  avec  la 
hie  J  ou  enfoncer  le  pavé  avec  la  Demoijelle. 

M.  Perrault,  dans  fes  notes  fur  le  ch.  5.  du  liv.  ?. 
deVitruve,  dit  qu'on  a  appelé  cet  inftrument  du 
nom  de  demoijelle,  à  caufe  qu'il  a  deux  anfes  quire- 
préfentent  deux  bras. 


D  E  M 

Demoiselle  ,  Efpèce  de  l'ambier  qui  foucient  U  thjval 

dont  fa  fervenc  les  Scieurs  de  long. 
§C?"  Demoiselle,  en  termes  de  Moniioies,  efpèce  de 
de  verge  ter  ou  efpadon,  qui  fert  à  empêcher  que  les 
charbons  ne  coulent,avec  la  matière,de  la  cuillier  dans 
les  moules.  Encyc. 
DEMOISELLE  DE  NUMIDIE.  ou  POULE  DE  NU 
MIDIE.  C'ell  im  oifeau  rare  d'un  plumagegris  plom- 
bé ,  ejui  a  des  plumes  élevées  eu  torme  de  crête  ,  lon- 
gues d  un  pouce  &  demi^  mais  les  côtés  de  cette 
crête  &  le  derrière  font  garnis  de  plumes  noires  & 
plus  courtes.  Au  coin  de  chaque  œil  elle  a  un  trait 
de  plumes  blanches  qui  pallant  lous  l'appendice  , 
lui  foL me  de  grandes  oreilles  de  plumes,  t-jites  de 
fibres  longues  &  déliées,  comme  celle  que  les  ai- 
•  grettes  ont  lur  le  dos.  Le  devant  de  fon  cou  a  ;des 
plumes  noires  encore  plus  déliées  que  celles  de  l'ai- 
grette, qui  lui  pendent  fur  l'ellomac.  Ses  jambes 
font  couverres  de  grandes  écailles  par  devant  6c  de 
petites  par  derrière.  Ses  ongles  font  noirs  Si  médio- 
crement crochus.  La  plante  du  pied  eft  grenée  com- 
me du  chagrin.  On  croit  que  c'ell  le  même  oiieau 
que  les  Anciens  ont  nommé  Jlvps  j  &  les  Grecs  «r/îj 
qu'Anilote  anommcùaceleur,  dunjcur  tk.  comédien, 
&  Pline  para/àe ,  &C  baladin  ;   &  on  l'a  appelé   en 
François  demoifdte  ,  parce  qu'il  femble  qu'il  imite 
les  geltes  d'une  femme  qui  atf'ecle  d'avoir  de  la  grâce 
dans  fon  marcher,  dans  les  ré\(érences  &  dans  fa 
danle.  Athénée  le  nommoit  anchropoeide\  c'ell-à- 
dire,  ayant  forme  humaine^  à  caufe  qu'il  imite  ce 
qu'il  vo't  faire  aux  hommes  j  de  il  rapporte  la  ma- 
nière dont  Xénophon  dit  que  IcsChalleurs  prennent 
ces  fortes  d'oifeaux-  Il  font  femblant  en  leur  préien- 
cedefe  laver  les  yeux,*  tSc  au  lieu  de  baliins  pleins 
d'eau,  ils  en  lallFent  qui  font  pleins  de  glu.  Les 
demoifdles  s'approchent  de  ces  baliins,  &  fe  collent 
\es  pieds  &  les  yeux  avec  la  glu,  en  imitant  les  gel- 
tes  qu'elles  ont  vu  faire  aux  hommes. On  en  a  nourri 
dans  la  Ménagerie  de  Verfailles. 
DEMOISELLE,  f.  f.  Efpèce  de  petit  infeéle.  C'eft  un 
ver,  en  forme  de  nymphe,  qui  a  deux  yeux  li  gros, 
qu'ils  font  pref.^ue'toute  fa  téteôc  quatre  ailes  admi- 
rables qui  le  tont  tourner  avec  une  grande  vîtelle  \ 
parce  qu'il  prend  fa  proie  en  l'air.  Il  a  deux  dents 
renfermées  en  dedansaveclefquels  il  pince  très-fort. 
L'accouplement  de  ces  infedes,  ferait,  d'une  fiigon 
bien  lingulière  j  en  l'air  en  volant,  &c  en  tailant  des 
cabrioles  j  l'extrémité  de  la  queue  de  la  femelle  le 
courbant  vers  le  milieu  du  corps  du  mâle  où  fa  verge 
efl:  lituée,  &  la  recevant  enfuice  dans  l'extrémité  de 
fa  queue.  Cet  infette  a  audi  deux  cornes,  &  il  jette 
dans  l'eau  (es  œufs,  qui  teiremblent  à  ceux  des  poif- 
fons  \  d'où  l'on  voit  fortir  une  infinité  de  vers  à  fix 
pieds.  Il  s'en  forme  enfuite  un  ver  volant,  qui  étoit 
auparavant  rampant  &  nageant.  Chacune  de  fes  lix 
jambes  ert  compoféede  lix  parties  velues  par-tout , 
dont  l'extrémitéell  armée  de  deux  ongles  ou  ferres.  Le 
ventre  fe  divife  en  dix  anneaux.  Du  lieu  où  la  poi- 
trine s'unit  avec  le  ventre,  fortent  quatre  boutons 
qui  s'enBent,  &  renferment  fes  ailes  comme  les  bou- 
tons des  plantes  contiennent  les  Heurs.  Les  Latins 
l'appellent  lihdla^ow perla.  Swammerdam  endilfii.i- 
gue  de  dix-fept  fortes,  &  dit  que  Rondelet  mal-à- 
propos  l'a  nommée  d^ale  d'eau  ou  dcada  aquatica  ; 
au  lieu  d'une  fauterelle  d'eau,  locujta  aquatica^  dont 
parle  Moufet.  Jonfton  l'apoc-ile  forficula  aquatica  , 
qui  eft  ce  que  Moufet  appefle /:/<;£  d'eau,  ou  pulex 
marinus  ,  C'eft  aulîi  ce  que  M.  Rédi  appelle /cor/j/o/z 
aquatique.  M.Hombery,  penfionnaire  de  l'Académie 
Ro-iîlp  des  Sciences,  a  donné  des  obfervations  fur 
cette  fortp  d'infedte,  dans  l'Hiftoire  de  l'Académie 
de  l'Année   Kjpy.  On  trouve  dans  le  Mercure  de 
Juin  1755.1=.  yoL  que  fuivant  l'opinion  des  Natu 
raliftes,  cet  animal  prnnd  naiffance  dans   le  fonds 
des  eaux,  enveloppé  d'une  feule  membrane;  qu'il 
dilate  fon  ventre  pour  faire  entrer  l'eau  dans  l'in- 
teftin  par  l'anus  \  qu'enfuite  il  comprime  fon  ventre 
pour  en  chalTer  l'eau  allez  loin,  aulfi  par  l'anus,  qu'il 
fait  rentrer  l'eau   dans  fon  inteftin  pour  la  rejeter 


DEM  2.SJ 

I  coniiVicla  première  fois,  recommençant  &  conri- 
riuant  li  long-temps  ce  petit  jeu  qu'il  fait  circuler 
l'eau  dans  un  bafiln  avecalFez  de  vïtelle. 

il  y  a  une  efpèce  de  poires  qu'on  appelle  poire  de 


moiJcUe-^  ou  autrement  poire  de  vigne;  &  que 


ma!-à-propos  on  nomme  en  quelques  endroits  Petir- 
yin.  La  Qi;int.  Fqye^au  mot  Vigne. 

DEi\lOLlR.  v.  a.  Abattre,  détruire,  quelque  ouvrage 
d'Archiîcéturejpude  maçonnerie.  DenioUri,  dcftrucrc, 
divuere.  Il  a  été  accordé  qu'une  telle  place,  qu'un  tel 
château  feroicnt c/cwo/V-f.  Le  temps  détruit,  démolit 
les  édifices  les  plus  lolides.  Le  canon  vient  à  bout  de 
démolir  les  plus  fortes  murailles.  Lorfque  Mont- 
gommeri  eut  blellé  Elenri  II.  Catherine  de  Médicis 
fit  c/cwc///- les  Tournelles,  au  lieu  defquclles  on  a 
bâti  la  Place  Royale.  Colon. 

DÉTvioLiR ,  ne  fe  dit  que  des  bâtimens,  &:  des  ouvrages 
de  fortification.  Ce  mot  ne  préfente  que  l'idée  géné- 
rale de  deftruéfiori.  Rafer,  démanteler,  faire  faurec 
y  ajoutent  des  idées  particulières,  yoye:^  ces  mots. 

DÉMOLI,  lE.  p2.]:t.  Dejtruclus ,  everfus.  On  a  pour  les 
grands  hommes  après  leur  chure  les  mêmes  égards 
que  pour  les  temples  démolis  ,  dont  on  révère  juf- 
qu'aux  ruines.  Bouh. 

DÉMOLITION,  f.  f.  Ruine,  dertruétion  d'un  bâtiment. 
Demofitio  ,  everjio.  Quand  on  a  bâti  contre  les  régle- 
mens,  le  Maître  des  œuvres  ordonne  la  démolition  de 
l'ouvrage.  On  travaille  à  la  démolition  de  cette  cita- 
delle, de  ce  temple  d'Hérétiques. 

DÉMOLITION,  fe  dit  aulli  des  matériaux  qui  reftenc 
quand  on  a  abattu  quelque  maifon  ,  comme  plâtras  , 
bois,  plomb,  fer,  &c.  Rudera ^  ruina.  On  a  tant 
vendu  les  démolitions  de  cette  tour.  Il  faut  enlever 
les  démolitions ,  les  décombres  de  ce  bâtiment.  Les 
démolitions  ont  comblé  le  folfé  de  cette  place.  Cette 
mailon  qui  paroît  neuve  n'eft  bâtie  que  de  démoli- 
tions. Il  avoit  ordonné  aux  Babyloniens  d'empor-, 
ter  les  démolitions  du  temple.  Ab. 

DEMON,  f.  m.  Les  Anciens  ont  appelé  ainfi  certains 
Efprits  ou  Génies,  qui  apparoilfent  aux  hommes, 
tantôt  pour  leur  fervir,  tantôt  pour  nuire.  Ddimon, 
malus  d.imon.  On  prétend  qi^e  Socrate  avoit  un  Z?f- 
?«o«  familier,  un  Génie  particulier.  Le  Spectre  qui 
apparut  à  Brutus  étoit  un  mauvais  Démon  qui  l'épou- 
vanta. Cardan  fe  vantoit  d'avoir  com.merce  avec  des 
Dcmons  ,Sii\  rapport  de  Jérôme  Cardan  fcn  fils.  La 
première  idée  des  Démons  efl  venue  de  Chalùée. 
De-là  elle  s'eft  répanJue  chez  les  Perfes  j  les  Egyp- 
tiens &  les  Grecs.  Pythagore  &  Thaïes  de  Milet  font 
les  premiers  qui  ont  apporté  la  connoillance    des 
Z)(î'//zortJ- dans  la  Grèce.  Platon  s'en  eft  expliqué  plus 
diflinétement  que  les  autres  Philofophes.  Il  enten- 
doit  par-là  des  efprits  inférieurs  aux  Dieux  ;  mais  fu- 
périeurs  aux  hommes,  l^laton  appeloit  Démons ^  des 
Efprits  familiers  qui  habitoient  la  moyenne  région 
de  l'air,  &  entretenoient  la  communication  entre  les 
Dieux  &   les  hommes,  en  portant  aux  Dieux  les 
offrandes  des  hommes,  &  en  annonçant  aux  hom- 
mes la  volonté  des  Dieux.  Il  n'en  admettoit  que  de 
bons  &  de  bienfaifnns  :  mais  fes  difciples  ne  pou- 
vant rendre  raifon  du  mal ^  adoprèrenr  des  Dcmons 
ennemis  &  dellructeurs  des  hommes.  Il  n'y  a  rien  de 
plus  commun  dans  la  Théologie  Payenne  que  ces 
bons  &  ces  mauvais  Génies.  Cette  opinion  ftiperfti-       * 
tieufe  palfachez  les  Ifraclitcs  par  le  commerce  qu'ils 
eurent  avec  les  Chaldéens.  Mais,  par  les  Démons,  ils 
n'entendoient  point  le  Diable  ,  ou  un  Efprit  malin  ; 
ils  ne  prenoient  point  dans  ce  fens  le  terme  de  Dé- 
mon, &•  il  n'a  été  employé  dans  cette  fignification 
que  par  les  Evangélilles,  &  par  quelques  Juifs  mo- 
dernes.'Van.  Dan. 

Ce  mot  vient  du  Grec  Ak/jk*.. 

Dans  le  fens  des  Anciens, les  Poètes  ont  dit,  le  Dé- 
mon de  la  Guerre  \  pour  dire ,  le  Dieu  Mars  :  le  Z)/- 
mnn  (\m\z%  infpire,  pour  dire,  Apollon.  Pindare 
paroît  plutôt  entraîné  du  démon  de  la  Poche  ,  que 
guidé  par  la  raifon.  Boil, 


ti6 


D  E  M 


Si-tôt  que  fon  Démon  commence  à  l'agiter  ^ 
Tûutjufquàfafervante ,  ejl  put  à  défertcr.  Id. 

On  le  die  dans  le  même  fens  en  plufieurs  autres 
phrafes  j  dans  un  ftyle  figure  ,  &  dans  !a  pociie.  Le 
ZJeOTO/:  de  la  difcorde,  de  l'envie,  de  l'impureté, 
&:c.  comme  s'il  y  avoit  un  Démon  particulier  qui 
portât  les  hom.mes  à  la  difcorde ,  i  l'envie  ,  à  Tim- 
pureté,  &c. 
Démon  ,  fe  prend  encore  aujourd'hui  dans  le  fens  des 
Anciens  pour  Génie,  Efprit ,  foit  bon,loit  mauvais. 
Le  Démon àt\a.  France.  Je  ne  fais  qndDcmon  fecret 
m'infpire  fans  celfe  ,  que  ce  n'eft  qu'à  ma  colère  que 
je  dois  vos  tendrelles.  Let.  Portug.  Je  ne  fai  quel 
Démon  ennemi  de  mon  repos  m'a  fait  voir  cette 
beauté. 

Quel  Démon  vous  irrite  &  vousyone  à  médire}  Boil. 

Je  vois  Condé ,  Prince  à  haute  aventure^ 
Plutôt  Démon  qu'humaine  créature.  La  Font, 

Le  Démon  de  la  Tlirace ,  c'efl;  Mars ,  Dieu  de  la 
guerre,  parce  que  les  Thraces  étoient  des  peuples 
très-belliqueux.  _^ 

Demon  ,  félon  les  Chrétiens  eft  un  Efprit  malin  , 
ennemi  de  l'homme,  qui  a  été  précipité  du  ciel 
aux  enfers ,  à  caufe  de  fon  orgueil  &  de  fa  ré- 
bellion, Satan  ,  Béelzébub  ,  Lucifer  ,  font  appelés 
les  Princes  des  Démons.  Jesus-Christ  chalToit  les 
Démons  des  corps  des  polfédés.  L'Efprit-Saint  le 
conduifif  dans  ledéfert  pour  être  tenté  par  le  Démon. 
L'enfer  eft  le  partage'des  Démons.  Si  le  Démon 
peut  faire  des  miracles  j  &  changer  l'ordre  de  la 
nature,  il  faut  que  Dieu  opère  lui-même,  &  qu'il 
lui  prête  ,  pour  ainfi  dire  ,  fa  toute-puilTance.  S. 
EvR.  Il  faut  être  fans  cefle  en  garde  contre  les  fur- 
prifes  &  les  preftiges  du  Démon. 

De  nos  plus  faintes  aclions  , 
Le  Démon  quelquefois  nous  fait  des  précipices. 

.  L'Abbé  Têtu. 

Le  Démon  du  midi,  eft,  félon  quelques-uns ,  une 
tentation  diabolique  ,  fuivant  ce  qui  eft  dit  au 
Pfeaume  90.  Ab  incurfu  &  d&monio  meridiano.  Ce 
mot  A'incurfus  eft  pris  fouvent  pour  l'épilépfi'e.  Ce 
qui  fait  que  le  P.  Mabillon  a  prouvé  par  plufieurs 
paftiiges  ,  que  ce  Démon  du  Midi  eft  une  maladie 
foudaine  &  violente  j  qui  prive  les  perfonnes  de 
i'ufage  des  fens,  de  la  raifon  :  elle  eft  ainfi  ap- 
pelée ,  parce  qu'on  croyoit  qu'elle  venoit  de  l'El- 
prit  malin  ,  &  parce  qu'elle  arrivoir  ordinairement 
au  plus  haut  du  jour. 

Demon  ,  fe  dit  aulîi  d'un  méchant  homme  qui  ne 
s'attache  qu'à  nuire  aux  autres.  Quand  cet  homme 
eft  en  furie  ,  c'eft  un  Démon.  Cet  enfant  eft  un 
Démon  incarné,  tant  il  eft  malicieux.  Il  eft  familier  en 
cefens,auiri-bien  quelorfqu'on  dit  ^  faire  le  Démon, 
pour  dire,  faire  du  bruit,  tempêter.  Il  a  fait  le  Dé- 
mon toute  la  nuit. 

DÉMON  ,  fe  dit  aufti  des  chofes  qui  paroilfent  épou- 
vantables. Ainfi  le  Capitan  a  ditduPocte  des  vi- 
fionnaires. 

Toutefois  il  crachoit  du  creux  de  fes  poumons 
L'Epode  j  l'AntiJlrophe  &  cent  autres  Démons. 

On  dit  auflî  en  bonne  part ,  d'une  perfonne  qui 
a  beaucoup  d'efprit ,  qu'elle  a  de  l'efprit  comme 
un  Deir^on. 
|uT  DÉMON  &  Diable  confidérés  dans  une  fgnifi- 
cafion  f/nonyme;  Diable  ,  fuivant  la  remarquede 
M.  l'Abbé  Girard ,  fe  prend  toujours  en  mauvaife 
part.  C'eft  un  efprit  malfaifanr  qui  porte  au  vice, 
tente  avec  adreife,  &  corrompt  la  vertu.  Démon 
fe  dit  quelquefois  eu  bonne  part.  C'eft  un  fort  gé- 


D  E  M 

nie  j  qui  entraîne  hors  des  bornes  de  la  modérationj 
poulfe  avec  violence ,  &:  altère  la  liberté. 

^fT  Le  premier  enferme  dans  fon  idée  quelque 
choie  de  laid  &  d'horrible  que  n'a  pas  le  lecond  : 
ôi  voilà  pourquoi  la  plupart  du  temps  on  s'abftient 
d'en  prononcer  le  nom ,  &  que  par  une  faufte  dé- 
licatelfe  ,  on  fubftitue  à  fa  place  celui  de  démon., 
ifj"  La  malice  eft  l'apanage  du  diable  j  la  fureur 
eft  celui  du  démon  :  ainiî  l'on  dit  proverbialement 
que  le  diable  fe  mêle  des  chofes  ,  quand  elles  vont 
de  travers  par  l'effet  de  quelque  malignité  cachée  i 
Se  l'on  dit  que  le  démon  de  la  jaloulîe  polfède  un 
mari ,  lorfqu'il  ne  garde  plus  de  mefure  dans  fa 
palîion. 

§Zr  Les  Poètes  dans  leur  entoufiafme,  font  agi- 
tés d'un  démon  qui  les  fait  fouvent  fortir  des  règles 
du  bon  fens ,  &  prendre  le  phœbus  pour  le  fublime 
du  ftyle  poétique.  Voye:[  Diable. 

DÉMON  méridien.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à  la 
conftellation  appelée  la  flèche  ou  dard. 

DEMONA  J  ou /^fl/Zîiî'mowa.  Province  la  plus  fep- 
tentrionale de  Sicile.  ValUsDemona,  ou  Nemorenjis. 
Elle  a  au  lud  la  vallée  de  Note  j  au  couchant  celle 
de  Mazara  \  la  mer  de  Tofcane  la  baigne  au  nord , 
&  le  fare  de  Melline  avec  la  mer  Ionienne  au  le- 
vant. Le  Val  de  Déinona  eft  arrofé  par  un  grand 
nombre  de  rivières  qui  le  rendent  très  fertile ,  quoi- 
que ce  pays  foit  tfès-montagneux.  C'eft  dans  le  Val 
de  Démona  ou  Demoné  qu'eft  le  fameux  mont  Gi- 
bel  jOuEthna.  La  capitale  de  cette  Province  eft  Mcf- 
fine.' 

DÉMONIAQUE,  adj.  m.  &  f.  (  Il  s'emploie  auffi  fub- 
ftantivement.  )  qui  eft  poifédédu  Démon.  Qu' ab 
infidente  intus  da.mone  toTquetur  j  ou  D&monïacus. 
Le  Seigneur  a  guéri  plufieurs  démoniaques.  l'Eglife 
exorcife  les  démoniaques.  Les  Turc  n'ont  qu'à 
faire  les  démoniaques  pour  être  en  réputation  de 
fainteté  \  d'où  vient  que  généralement  parmi  les 
Turcs  5  les  fous  font  révérés  comme  des  Saints. 
Du  Loir  ,  L.  F,  p.  ;  59. 

DÉMONIAQUE,  fe  dit  tigurément  de  ceux  qui  crient, 
qui  tempêtent ,  qui  menacent.  Ce  mari ,  quand  il 
a  bu  ,   fait  le  démoniaque  dans  le  logis. 

DÉMONIAQUE.  Nom  de  Seéte.  Dxmoniacus.  Les  Dé- 
moniaques iom  un  parti  d'Anabaptiftes  ,  qui  enfei- 
glloient  que  les  Démons  feroient  fauves  à  la  fin  du 
monde  ,  &  qui  pour  cela  furent   ainlî  nommés. 

DÉMONOGRAPHE.  f  m.  Ecrivain  qui  traite  de  la 
nature  des  Démons  ,  de  leur  puillance  &  de  leurs 
effets.  Agrippa  ,  Wierius  ,  Bccker ,  Daneau  ,  Ofian- 
der ,  de  l'Encre ,  Glanvil  &  plufieurs  autres  font 
des  Auteurs  de  mono  graphe  s.  Naudé,  dans  fon  apo- 
logie ,  déclame  tortement  contre  les  démonographesy 
qui  font  caufe  que  plufieuts  grands  hommes  ont 
été  accufés  de  Magie.  Pierre  MaiTé  a  réfuté  vigou- 
reufement  les  dé  mono  graphes. 

DÉMONOMANIE.  f.  f.  Connoiffance  des  Démons. 
Scientia  D&monum.  Traité  de  leur  nature  &  de  leurs 
eft'ets.  Bodin  a  fait  un    traité  de  la  Démonomanie. 

DÉMONSTRABLE.  adj.  m.  &  f.  Ce  terme  n'eft  guère 
en  ufage  que  dans  le  Dogmatique.  Il  fignine  ,  qui 
peut  être  démontré.  Qui  demonfirari  potejl.  Il  n'eft 
reçu  dans  aucun  ftyle. 

DÉMONSTR.ANCE. .  f  f.  Vieux  mot.  Montre,  exhi- 
bition. Demonftratio  ,  oftenfio  ,  exhibitio. 

Et  mis  en  découvrance 
Du  corps  mué  la  triflc  démouftrance.  Marot. 

DÉMONSJRATEUR.  f.  m.  Qui  fe  dit  en  Botanique 
de  celui  qui  démontre  les  plantes ,  &  qui  apprend 
à  les  connoître.  Demonflrator.  A-l.  de  Jullieu ,  dé- 
monjlrateur  des  plantes  au  Jardin  Royal.  On  le  dit 
de  même  d'un  Médecin  ou  Chirurgien  qui  donne 
des  leçons  d'Anatomie  fur  le  cadavje  ,  qui  démon- 
tre les  parties  du  corgs  humain. /-'ewo«/Zra/d/^r  en 
Anatomie ,  en  Botanique. 

DÉMONSTRATIF  ,  ive.  adj.  En  termes  de  Rhéto- 
tique ,  c'eft  un  des  crois  genres  d'Élocjuence ,  qui 

fe 


DEM 

fe  propor^  la  louange  ou  le  blâme,  comme  dans) 
les  Panégyriques,  les  Oraifous  tunibres  ,  les  invec- 
tives ,  Sec.  Les  Ciinliaaires  de  Cicclou  font  dans  le 
gQntcdanonJlr.iciJ .  JJcmonJlruuvus.  La  Rhecorique  ell 
divifée  en  trois  parties  ,  qui  contieiineiu  le  genre 
dciibéracif ,  Xtâérnonfiraùj  ix:  le  judiciaire. On  l'em- 
ploie aullî  l'ubllantivement.  Cela  eil  boa  dans  le  ié- 
monftracif. 

Démonstratif  ,  en  termes  de  Grammaire  >  fe  dit  des 
pronoms  qui  lervenc  à  montrer  &  à  indiquer  quel- 
que chofe  j  comme  celui-là,  celui-ci  _,  cellc-ij. ,  aux- 
ci. 

DÉMONSTRATIF,  cn  tcrmes  de  Plùlofophie,  fe  dit 
des  raifans  &  des  ar,;umeas  convaincans ,  évidens 
&  certains.  Quelque  méchante  raifon  qu'allègue  un 
Avocat  ,  il  du  qu'elle  eft  démonjiradve.  S'il  y  avoit 
quelque  raifou  dénionjlrative  on  ne  difputeroit  pas. 
Eq  Géométrie  on  ne  procède  que  par  des  voies 
démonflrativcs . 

DÈMONSTRATION.f  f.Adion  par  laquelle  on  mon- 
tre ou  indique  quelque  chofe.  En  Jurifprudence  , 
indication  dont  on  fe  fett  pour  mieux  taire  con- 
noître  la  perfonne  ou  la  choie  qu'on  veut  déligner. 
Quand  des  parties  ne  font  pas  d'accord  fur  quel 
héritage  une  redevance  ell:  due  ,  il  en  taut  faire  la 
démonfiradon.  La  fauife  <2'c;'/';zo/2/?rar/o/2  ne  vicie  point 
le  legs  j  pourvu  que  la  chofe  léguée  foit  exiftante  , 
&  qu'elle  puilTe  être  léguée  au  légataire,  Indicado  j 
dcmonftrado. 

§3"  On  appelle  auffi  dcmon(lradon  les  leçons  que 
donnent  lesProfelfeurs  d'Anatomie  &  de  Botanique 
en  faifant  voir  la  chofe  même  qu'ils  expliquent. 
Démonfiradon  d'Anatomie ,  démonfiradon  de  Bota- 
nique. 

DÉMONSTRATION,  fiqnifie  quelquefois  témoignage, 
mus  avec  cette  difterence  j  que  par  un  uiage  tout- 
à-faiî  bifarre  ,  démonfiradon  dit  moins  que  témoi- 
gnagne.  Les  démonftradons  tombent  plus  fur  Tex- 
terieur  ;  l'air  du  vifage  ,  les  carelfes  ,  les  parole 
flatteufes,  ne  défignent  qu  un  accueil  obligeant.  .57- 
gnificado  alicuju^  rei.  femoign.-ge  au  contraire  eil 
plus  intérieur  &c  va  plus  au  fohde,&:  à  des  fervi- 
ces  elfentiels.  En  un  mot ,  un  faux  ami  peut  don- 
ner des  démonflradons  d'amitié  qui  d'ordinaire  font 
trompeufes,  &  il  n'y  a  qu'un  véritable  ami  qui 
en  puilfe  donner  des  témoignages.  Bouh.  Dans  le 
monde  tout  fe  palfe  en  démonfiradons  obligeantes 
fous  lefquelles  on  dillimule  ce  qu'on  penfe.  S.  Evr. 
La  dévotion  qui  fe  déploie  li  fort  en  dtmorfira- 
dons  ,  &  en  adtes  extérieurs  ,  eft  fouvent  une 
fauife  vertu  qui  a  fa  fource  dans  les  palHons  hu- 


maines. De  ViLL.  Ce  mari  donne  tous  les  jouts  à  f.i 
femme  de  gtandes  démonfiradions  d'amitié.  Ce  re- 
proche Ta  touché  fenfiblement ,  mais  il  n'en  a  fait 
aucune  démonfiradon  au  dehors. 
DÉMONSTRATION,  en  termes  de  Philofophic  ,  fe  dit 
d'une  preuve  évidente,  d'un  argument  convaincant, 
dont  les  deux  premières  propodtions  font  certai- 
nes, claires  &  évidentes  ^  d'où  il  s'enfuit  nécef- 
fairement  une  concluiîon  infaillible.  Lfemonfirado. 
Arillote  a  remarqué  que  la  démonfiradon  ne  regarde 
proprement  que  la  perfuafion  intérieure ,  &  non 
pas  le  confentement  extérieur  ;  parce  qu'il  n'y  a 
rien  de  iî  bien  démontré  qui  ne  puilfe  être  nié  par 
un  opiniâtre  ,  qui  s'ed  engagé  à  contefter  les  cho- 
fes  mêmes  dont  il  eil  intérieurement  perfuadé.  Port 
Royal.  La  Géométrie  eft  la  feule  fcience  qui  foit 
fondée  fur  des  démonfiradons.  Qa^nd  on  parle  d'une 
vraie  démonfiradon  ,  on  entend  parler  de  la  géo- 
métrique. Une  démonfiradon  a  ordinairement  trois 
patries  :  l'explication  j  la  préparation  &  la  con- 
clufion.  L'explication  eft  l'expofition  des  chofes  que 
l'on  fuppole  données  dans  la  propolition  ,  &c  de 
ce  que  l'on  veut  démontrer.  La  préparation  eft  une 
fuppofition  qu'il  faut  faire  félon  la  nature  de  la  dé- 
monfiradon  qu'on  veut  faire.  La  condufion  eft  une 
propolition  qui  conclut  ce  que  l'on  veut  démontrer, 
&  qui  achevé  de  perfuader  &  de  convaincre  l'ef- 
ptit.  On  appelle  démonfiradon  affirmadye,  celle  qui. 
Tome  III, 


D  E  M  i  î  7 

par  des  propolitions  affirmatives  &  évidentes  ,  par 
dépendance  l'une  de  l'autre,  linit  parce  qu'elle  vcUÉ 
démontrer.  La  démonjtrudon  ncgutL\c  ,  cil  celle  par 
laquelle  on  montre  qu'une  choie  eft  telle  par  quel- 
que abfurdité  qui  s'enluivroit ,  il  elle  étoit  autre- 
ment j  on  l'appelle  aulli  démonfiradon  à  l'inipoiîi- 
ble.  La  démonjtradon  géométrique  ,  eft  celle  qui  fa 
fait  par  des  raifonnemens  géométriques.  La  denionf- 
crunon  mechanlque  ,  eft  celle  dont  les  rail'onnemens 
fe  tirent  des  règles  de  la  Méchanique. 

Il  y  a  des  démonfiradions  métaphiliques;5i,  comme 
la  géométrie  entre  dans  toutes  les  fciences  fpécula- 
tives ,  toutes  ces  fciences  ont  des  demonjlrùdons  , 
mais  tirées  de  la  Métaphylique ,  ou  fondées  fur 
la  Métaphylique.  Une  propoiuion  ieule  n'elt  point 
une  démonjlradon^  par  exemple.  Le  tout  ell  plus 
grand  que  la  partie  ,  n'eft  point  une  démonfitration  , 
c'ell  un  principe  ,  une  propolition  certaine  ,  claire 
&  évidente.  Um:  ddmonjiraaon  eft  un  argument ,  ua 
fyllogilme  par  lequel  on  démontre  j  c'eft-à-dire  , 
on  prouve  évidemment  une  propolition  :  par  exem- 
ple ,  Le  corps  humain  eft  ua  tout  compolc  deplu- 
ïieurs  parties  j  le  bras  n'eft  qu'une  pai  ne  du  corps; 
donc  que  le  corps  eft  plus  grand  que  le  bras.  Voiii 
une  démonfiration  métaphyfique.  Les  deux  prémif- 
fes  de  la  démonfiradon  métaphyfique  doivent  être 
certaines  &  évidentes  par  elles-mêmes  &C  par  la 
feule  pénétration  des  termes.  Par  exemple  j  dans  la 
démonfiradon  qu'on  vient  de  taire  ,  on  connoît  évi- 
demment qu'un  tout  eft  ua  aifemblagô  de  plulieurs 
parties  :  oa  coanoît  évidemment  ce  que  c'eft  que 
partie,  oa  fait  évidemment  ce  que  c'eft,  dans  le 
corps  humain, que  le  bras  :  on  lait  évidemment  qu'il 
n'eil  que  parne.  Ainfi  les  deux  prémilfes  font  cer- 
taines &  évidentes  par  la  feule  notion  ou  pénétra- 
tion  des  termes. 

Il  y  a  aulli  des  démonfiradons  Phyfiques.  Ainlî 
de  l'exiftence  du  monde  ,  de  la  beauté  ,  de  l'ordre, 
de  la  proportion  ,  de  la  liaifua  ,  de  l'utilité  mu- 
tuelle de  fes  parties ,  des  fins  auxquelles  elles  fonc 
dellinées  ,  ce  qu'on  appelle  caules  finales  de  tout 
cela,  où  l'on  remarque  une  fagelfe  admirable, 
on  tire  iiae  demonftradion  phyfique  de  l'exiftence  de 
Dieu.  Ainfi  Aiillote,  du  mouvement  qui  fe  voie 
dans  la  nature,  a  conclu  la  nécellité  d'un  premier 
moteur. 

On  en  tire  aulfi  du  confentement  àcs  Sages  ;  de 
l'opinion  générale  de  toutes  les  nations  ,  de  tous 
les  hommes  qui  reconnoilfent  tous  quelque  divi- 
nité, on  en  tire  une  preuve  morale  de  Icxiftence 
de  ce  premier  être  \  mais  en  général  les  démonfira- 
dons morales  ne  font  guère  que  des  préjugés  légi- 
tiaies  &  très-forts  ,&  noa  desdemo/firadons  ,ea  pre- 
nantce  terme  à  la  rigueur. 

On  diftingue ,  dans  l'Ecole,  des  démonfiradons 
phyfiques  de  trois  efpèce  ^  les  unes  que  l'on  appelle 
démonftrations  a  priori  y  les  autres  a  polierlorl ,  8c 
les  troifièmefi  afimulraneo.  Démonfiradon  à  pri  ri ^ 
c'eft-à-dire  démonfiradon  tirée  d'une  chofe  qui 
exille  j  qui  ell  avant  la  choie  que  l'on  veut  prou- 
ver ;  c'eft  la  démonfiradon  de  l'effet  par  fa  caufe. 
Démonfiradon  a  pofieriorl,  c'eft-à-dire  démonfiradon 
tirée  de  quelque  chofe  qui  eft  poftérieure  à  celle 
que  l'on  veut  prouver ,  c'eft  la  démonfiradon  de  la 
caufe  pat  fes  effets.  Démonfiradon  a  fimultaneo  , 
c'eft  une  démonfiration  prife  de  quelque  chofe  qui 
a  une  connexion  nécelfaite  à  celle  que  l'on  veut 
prouver.  Ainfi  je  démontre  qu'une  telle  perfonne  eft 
en  tel  endroit ,  parce  que  je  viens  d'y  entendre 
fa  voix  ,  c'eft  une  démonfiration  à  fimultaneo.  Au 
refte  ces  termes  latins  fe  difent  fouvent  dans  des 
Traités  théologiques  ou  phiiofopliiques  &  dans  les 
converfations  en  parlant  François  ;  uirtour  les  deux 
premiers,  car  le  troifième  n'eft  euère  d'uTaye. 

DEMONSTRATIVEMENT.  adv.  D'une  m.-.nière  con- 
vaincante, demonfiratlve.  Je  m'en  vais  prouver  ce 
problême  démonfiratlvement. 

DEMONTER,  v.  a.  Oter  à  un  cavalier  fa  monture  , 
lui  faire  perdre  fa  monture.  Alkui  equum  erlperc, 

Ee 


ii8        DEM 

Ce  Marchand  écou  monte  fur  un  bon  cheval ,  il  a 
trouvé  des  voleurs  qui  l'ont  dcnionte.  Il  eit  venu 
une  maladie  lur  les  chevaux  j  la  plupart  des  Cava- 
liers de  larmce  lont  démontés.  On  du  qu'un  che- 
val a  démontz  ion  homme,  pour  dire  ,  qu'il  l'a 
jette  par  terre. /Icad.  Fr. 

Démon  fER  j  dans  les  arts  méchaniqucs  ,  dcfairembler 
les  ditterentes  parties  qui  compolent  une  machine. 
Com^cgan  aliquam  dijjolvcre.  JJcinontcr  une  mon- 
tre, une  grue,  une  charpente,  démonter  un  lit  j 
un  cabinet  ,  des  tablettes  ,  pour  les  tranfporter. 
Démonter  un  fnlil  pour  le  nettoyer.  On  du  parti- 
culièrement dcmoutcr  i  en  parlant  des  machines  de 
fer  ,  de  cuivre,  &c  dont  les  parties  lont  unies  ,  de 
plulieurs  manières  différentes,  Ik  dejujjemèier  poiK 
les  conftradions  en  bois,  furtout  fi  les  parties  ne 
tiennent  qu'à  chevilles  &  à  mortoiles.  L-e/noiiter  une 
montre  ,  défajfcmhUr  une  charpente.  On  du  aulli , 
en  guerre  ,  tjuon  a  démonté  le  , canon  de  l'ennemi , 
lorfqu'on  a  ruiné  les  aftûts,  (ïc  qu'on  l'a  mis  hois 
d'état  de  fervir.  On  die  aulU  démonter  un  canon  , 
pour  dire,  l'ôter  de  deffus  fon  atKit.  On  a  démonte 
le  canon  pour  le  faire  palier.  On  dit  aufli  qu'un 
luth  ell  d-:monté ,  quand  il  n'y  a  point  de  cordes. 
Il  fit  conllruire  les  vaiifeaux  ,  enforte  qu'on  les  pou- 
voir démonter  ^  &  en  charjjer  les  pièces  fur  un  cha- 
riot. Y A\}o.  Démonter  un  gouvernail ,  ne  lignifie  pas 
le  défaire  ,  le  mettre  en  pièces  ,  mais  l'ôter  de  l'ar- 
riére du  vaifiTeau  où  il  ell  attaché  &  fuJpendu. 

DÉMONTER,  ell  en  ufage  figurément  en  Morale:,  & 
on  dit  que  les  Courtifans  ont  des  vifages  qui  fe 
démonte'it ,  pour  dire  ,  qu'ils  en  changent  félon  l'oc- 
cafion,  &  qu'Us  paroilTent  trilles  &  joyeux  ,  félon 
que  cela  plaît  au  maître.  Cet  argument  convain- 
cant fuffît  pour  démonter  le  plus  opiniâtre  difpureur , 
le  mettre  hors  d'état  de  répondre.  Perturbare  _,  elin- 
guem  reddere.  Voilà  une  aftliélion  qui  ell  capable 
de  démonter  l'efprit  d'un  Philofophe.  Il  a  la  cer- 
velle démontée  ,  fon  efprit  ne  fait  pas  bien  fcs  fonc- 
tions. Ces  paroles  démontent  toutes  vos  efpérances. 
Ablanc.  Pour  dire  les  déconcertent.  On  dit  dans 
lemèmefens;  ce  Miniftre  a  démonte  toute  la  po- 
litique de  fes  ennemis.  Il  femble  que  tout  fon 
corps  foit  démonté.  Mol.  Pour  dire  il  femble  que 
fon  corps  foit  fait  de  pièces  rapportées ,  &  qu'il 
agilfe  par  relfott.  Tout  cela  eft  du  difcours  fami- 
lier. 

Démonté  ,  ée.  part. 

go-  DEMONTRER-  v.  a.  Terme  fort  ufité  en  Bota- 
nique ,  en  Hilloire  naturelle  ,  en  Anatomie,  pour 
dire ,  faire  voir  aux  yeux  la  chofe  dont  on  parle. 
Demonjlrare  ,  indicare.  f^oye^  Démonstrateur  & 

DÉMONSTRATION. 

DÉMONTRER,  fignîfie  auffi ,  donner  des  marques, 
des  témoignages.  Signijicare.  Le  vifage  du  Sage  de- 
montre  la  tranquillité  de  fon  ame.  Voilà  des  lignes 
(\vé\démontrenta\ii\  y  a  de  l'eau  ,  qu'il  y  a  des  mines 
en  cet  endroit  là.  Les  traita  du  vilage  &  de  la  main 
font  des  lignes  qui  démontrent  le  naturel  &  les  avan- 
tures  des  hommes ,  à  ce  que  difentles  Phylîonomif- 
tes  &  les  Chiromanciens. 

§3°  Démontrer,  fe  dit,  dans  un  fens  philofophi- 
que  &  plus  rigoureux,  pour  dire,  prouver  d'une 
manière  évidente  ,  ou  par  des  confcquences  nécel- 
faires  d'un  principe  inconteftable  j  évident.  De- 
monjlrare. On  démontre  un  problème  ,  une  vérité  , 
«ne  propofition.  Un  Géomètre  démontre  tout.  Un 
Phyncien  ne  démontre  rien.  Les  vérités  du  fenti- 
ment  fe  montrent,  &  ne  fe  démontrent  point.  S.  Evr. 

Démontré,  ée.  part.  Demonjiratus. 

DÉMOPHILE.  f  f.  Cell  le  nom  de  la  feptièmc  des 
dix  Sibyllesquecompte  Varron.  Elle  étoit  de  Cumes 
comme  la  Sibylle  Déiphobe.  C'eft  d'elle  qu'on  a  fait 
le  conte  des  Livres  Sibyllins. 

DÉMOPHON,  ou  DÈMOPHOON.  f  m.  Fils  de  Thé- 
fée  &  de  Phèdre,  Roi  d'Athènçs,  fe  déclara  protec- 
teur des  Héraclides   qu'Eurifthée  perfécutoit,  &  fie 
même  périr  leureniT^:"i.  Lorfqu'Orefte,  coupablel 
de  parricide,  vint  à  Athènes ,  Démophon  ne  voulant' 


DEM 

pas  l'admettre  à  fa  table  j  fans  cependant  lui  en  faire 
lentir  l'atlront  j  voulut  qu'on  Icrvit  à  chaque  convi- 
ve une  coupe  particulière,  contre  l'ufage. 

DEMOR.  1.  m.  Vieux  mot.  Délai ,  retardement.  Sans 
demor,  pour  dire,  fans  délai.  On  diloit aulli  autre- 
lois  dénioiifon  dans  le  même  fens.  Aîora. 

DEMORDRE.v.n.  Lâcher  ce  qu'on  tient  avecles  dents, 
i  em  mordicus  apprehenjam  dimïttere.  On  dit  que  le 
lézard  ne  démord  point,  &  qu'il  lailfe  plutôt  fes  dents 
dans  la  plaie.  Voilà  un  mâein  qui  ne  demoid  jamais. 
On  ne  le  du  guère  au  propre  qu'en  parlant  de  cer- 
tains animaux,  les  loups ,  les  chiens,  &:c. 

Démordre,  le  dit  hguiémentdes  opiniâtres,  qui  n'a- 
bandonnent jamais  les  opinions  dont  ils  font  entêtés, 
les  rélolutions  qu'Us  ont  prifes.  i^ui  a  propcfao  ab- 
duci ,  revocûri  non  poteji.  Quand  une  fois  il  s'ell  mis 
une  chofe  dans  la  tête, il  n'en  démord  jamais.  Quand 
cet  homme  a  entrepris  une  lois  un  delfein  ,  il  n'en 
démord  point.  Il  n'eil  que  du  llyle  lamilier. 

DEMOSThÈNE.  i.  m._UemoJihenes.  Nom  d'hom- 
me. Demojtkéne  étoit  un  Orateur  célèbre  de 
Grèce  :  fon  caraâ:ère  étoit  la  force,  le  fublime,  le 
grand.  Demojthcne  naquir  l'an  du  monde  5672.  de 
Rome  372.  U  mourut  de  poifon. 

Le  nom  de  Ijemo'.nène  vient  de  Demojlkènes ,  en 
Grec  ^y.fio^htiy.s :^  ce  mot  Grec,  qui  eft  compofé  de 
deux  autres  qui  veulent  àuQjorce  du  peuple ,  conve- 
noit  lort  bien  à  cet  i  rateur,  qui  étoit  zélé  pour  les 
inrcuêts  du  peuple ,  &  qu.  fe  lignala  par  fes  difcours 
tonne  Philippe  en  laveur  de  la  République  d'Athè- 
nes. 

DEJ/iOURANCE,  f  f  V.eux  mot.  Demeure,  féjour. 
Mora ,  maujio ,  habuatio.  Faire,  tenir  demourance--^ 
demeurer.  Manere  ^  habttare^  m^rari. 

Qui  fous  efpèce'&  noire  obfcurité , 

P  us  J  ait  tant  dans  ici  bas  demourance.  MaroK 

Tenir  demourance  en  un  lieu,  en  un  état,  c'eft  y 
demeurer ,  y  perfévérer. 

Vinrent  a  croître  ,  &  démouvance  y  tindrenr^ 

Si  longuement  qu  aucune  forme  prindrent.  Marot.' 

Au  DEMOURANT.  Vieux  adverbe.  Au  refte,  S!C 
après  tout. 
DEMOUlvEE.  f.  f.  Vieux  mot.  Abfence,  retardement. 

l'iora,  ùhf&ntia. 

Pourquoi  as  fait  Ji  longue  demourée.  Marot. 

Hélas!  &  nous  irons  fans  demourée. 
Vers  le  pays  d'jljrique  l' altérée.  Marot. 

DEMOURER.  y.n.  Vieux  mot.  Demeurer.  Manert. 

Deffous  l'arbre  où  l'ambre  dégoûte 

La  petite  formis  alla  ^ 

Sur  elle  en  tomba  une  goutte , 

Qui  tout-à-coup  fe  congela  j 

Dontlaformis  demoura-/à 

Au  milieu  de  l! ambre  enfermée.  Marot. 

Ce  nonobflant  votre  je  démourrai  j 

Mais  ce  fera  le  plus  loin  que  pourrai.  Marot- 

DÉMOUVOIR.  V.  a.  Terme  de  Palais.  Mettre  quel- 
qu'un hors  d'intérêt,  pour  lui  faire  abandonner  fa 
demande  ,  quitter  fa  réfolution  \  laire  défifter  quel- 
qu'un. Z>//«overt;.  On  lui  a  offert  de  payer  la  dette, 
de  reprendre  l'héritage  qui  lui  eft  à  charge,  afin  de 
le  dcmouvoir  de  plaider  :  on  ne  l'a  jamais  pu  démou- 
voiras  fes  prétentions.  On  dit  aulîî,  on  lui  a  fait 
plufieurs  remontrances  pour  l'empêcher  d'aller  à  la 
guerre,  on  n'a  pCi  jamais  Yen  démouvoir ,  le  faire 
changer  de  deffein.  Le  verbe  démouvoir  n'eft  guère 
en  ufage  qu'à  l'infinitif  dans  le  fens  qui  vient  d'être 
expliqué. 

DÉMu,  UE.  part.  Dimocusi. 


DEM     D  EN 

DÉMUNIR.  V.  a.  Ocer  les  munitions,  les  défenfes 
d'une  place.  Nudare  ,Jpnlia.rc  mununcntis.  Le  Roi 
témoigne  ^u'ii  ne  veut  pas  garder  cette  place  ,  parce 
qu'il  la  dzmunit.  \5a  Gouverneur  ne  doit  pas  laiirer 
dimunirÇ^  place,  en  laùFer  tomber  les  f-ortihcations, 
en  lalifer  fortir  la  gainilbn,  emporter  les  armes,  les 
munitions. 

fCF  DÉMUNI ,  lE.  part. 

DÉMLTKER.  V.  a.  Ouvrir  une  porte  ou  fenêtre  qu'on  a 
murée.  Oter  la  maçonnerie  qui  la  bouchoit.  Uému- 
rer  une  porte.  Janu^m ,  Jenejtram  obturutam  apcilre. 

DiMUKE,  EE  part. 

D  E  N. 

DÉNABA.  Ou  félon  la  prononciation  Hébr.aïque  ,  DÎ- 
NA:! A3  A.  D.:iidba.V\\\i.  d'idumée  que  les  Septante 
appellent  .i£»»aoà,  Dcnnabu,  C'étoit  la  patrie,  ou  du 
moins  la  ville  :voyale  de  Bala,  ou  Bêla,  ancien  Roi 
d'Edo.ii ,  ou  de  l'Idamée.  Gtn.  XXX FI.  3 1.  i.  Pa- 
ra/.I.j^^. 
DENAIN.  Foy.  DENIN. 

DEN.AING.  f.  m.  C'eit  le  copec  de  Mofcovie  ,  c'eft-à- 
dire ,  une  petite  monnoie d'argent, qui  vaut  environ 
quinze  deniers  de  France. 
DÉMAIRE.  adj.  m.  &  f.  Qui  appartient  au  nombre 
dix.  Denarius  j  a  ^  um.  L'arithméiique  déiairc  ou  la 
dixme.  De  la  Fontaine.  Cet  auteur  écrit  ^cWrd, 
mais  mal ,  il  faut  écrire  dénaire.  Ce  mot  vient  du 
Latin  denarius.  L'Arithmétique  dénaireoa  la  dixm.- 
eft  celle  qui  divife  un  tout  en  dix  parties  qu'on  appel- 
le primes,   puis  les  primes    en  dix   parties   qu'o  ■ 
appelle  fécondes,  les  fécondes  en  dix  tierces,  ficain' 
de  fuite  en  quartes ,  en  quintes,  en  fextes,  &c.  P^oyci 
La  Fontaine. 
Se  DENANTIil.  v.  n.  p.  Abandonner  les  afTurancc 
qu'on  peut  avoir.  Ce  mot  elt  d'ufage  particulière 
ment  en  Picardie,  &  dans  les  autres  provinces  di: 
Nord  d;  la  France. 
§C/"  DENAT.  Petite  ville  de  Ftance,  dans  le  Langue- 
doc, au  Diocèfe  d'Albi  j  fur  l'AlTon,  Généralité  dt 
Touloufe. 
DÉNATES.  C.  m.  &  plur. Pénates,  Dieux domeftiques 
Denaus^  Peruces.D^ms  d'rh\licis:nj.[Ti  ,  L.  L  où  i, 
parle  des  Dieux  pénates,  dit  que  l'Hiftorien  Timéc 
a  écrit  que  la  figure,  ou  ftatue,  l'effigie  des  Dieux 
Dînâtes ,  ou  Pénates ,  n'étoit  autre  chofe  que  de^ 
bâtons  de  cuivre  ou  de  fer  courbés ,  &  un    vafe 
Troyen  de  terre  cuite  ;  '!^  que  c'eft-lA  tout  ce  qu'Ené^ 
apporta  deTroye;  niais  il  dit  que  pour  lui,  il  a  vu 
un  temple  à  Rom;  près  de  la  grande  place,  où  ces 
Dieux  étoient  repréfentés  ailis,  tous  la  forme  d^ 
deux  jeunes  hommes,  ayant  chacun  un  dard   en 
main;  que  tout  cela  font  des  fymboles  des  Dieux 
tutélairesj  que  la  pofture  d'un  homme  allis  marque 
la  fureté;  que  les  javelots  lignifient  qu'ils  repoulfenr 
les  violences  Se  les  outrages,  ic  que  la  jeuneife  défi- 
gne  l'accrollFe ment  d'un  état;  qu'au  relie  l'infcrip- 
tion  étoit  Dcn.nss,  parce  que  les  Anciens,  avant 
l'invention  de  la  lettre  P ,  fe  fervoient  de  la  lettre  D. 
Tel  eli:  le  récit  de  rHillorien  des  Antiquiré-;  Romai- 
nes, qui  pourroit  bien  s'être  trompé.  Souvent  la 
queue  du  P  ell  li  petite  fur  les  médailles ,  qu'il  n'y  a 
nulle  diffcrenre  entre  cette  lettre  P  &  un   D.  La 
même  chofe  pourroit  bien  êtredel'inlcription  qu'a- 
voitvu  Denis  d'Halicarnalfe,  où  la  queue  du  P  pou- 
voir être  rongée  par  le  temps;  car  que  les  anciens 
habitans  de  l'Italie  n'euffent  point  la  lettre  P,  c'eft 
une  erreur  que  pluûeurs  noms  propres  qui  nous  ref- 
tentde  cette  antiquité  fi  reculée  réfutent  fuffifam- 
ment;  par  exemple,  Capys ,  Capetus ^  P/cus y  Pi- 
lumnus  ^  P  allas.  LesTroyens  avoienr  aufïi  la  même 
lettre,  témoins  les  noms  Palinurusj  Pans,  Pergama, 
Phriges  ,  Priamus  ,  Procus ,  6'C. 
DENATTER.  v.  a.  Défaire  de  la  natte,  ou  dérortiller 
ce  qui  étoit  tortillé  en  natte.  Scoreas  detrahere.  On 
dît  dénctcif ,  ôter  l.i  nafe  de  cette  chambre.  On  a 
de'natcéùs  cheveux  qui  étoient  nattés.  Cirrjj  decuf- 
facim  implicatos  folyerc. 


DEN  21^ 

DENATURALISER,  v.  a.  Mot  fadtice  qui  fignifie  ^ 
priver  quelqu'un  des  droits  &;  des  privilèges  de  Re- 
gnicoie,  le  traiter  en  étranger,  le  deltituer  de  fes 
charges  &  de  ies  dignités. 

DENATURE,  ée.  adj.  Qui  a  perdu  les  fentimens  da 
la  nanire  ;  qui  manque  des  fentimens  naturels  d'af- 
fection &  de  tendreile  pour  lès  plus  proches  parens. 
Inhurnanus.  Une  mère  qui  défavoue  fa  hlle  elt  une 
mère  dénaturée.  Un  hls  qui  machine  quc-lque  chofe 
contre  fon  pcre^  eft  un  hls  dénature.  Un  père  qui 
déshérite  Ion  fils  fans  fujet ,  eft  un  père  dcnaturé. 

On  le  dit  auffi  des  atlions  qui  font  contraires  à 
ces  fentimens.  Aétion  barbare  &  dénaturée. 

îfJ"  Dénature,  ee.  part,  du  vetbe  dénaturer.  Biens 
dénaturés.  Foye:^  le  verbe  fuivant. 

DENATURER,  v.  a.  Faire  changer  de  nature  à  quel- 
que chofe.  Il  ne  le  dit  guère  que  dans  cette  phrafe  ; 
Z>c;'/2.;r:^/-^r fon  bien,  pour  dire,  vendre  fes  propres 
pour  faire  des  acquêts,  dont  on  ait  la  libre  difpoli- 
tiou.  Cette  partie  fe  plaint  de  ce  que  les  biens  en 
queftion  font  dénatures  par  la  difponrion  d'une  fen- 
tence  infoutenable.  On  oblige  quelquefois  une  fem- 
me à  dcnaturer  fon  bien  avant  que  de  l'époufer,  afin 
de  la  mettre  en  état  de  faire  de  plus  gros  avantages 
à  fon  mari  que  la  coutume  du  lieu  ne  le  permet,  il 
taudroit  l'obliger  à  dénaturer  fon  bien  ,  à  vendre  fes 
terres,  pour  vous  en  donner  le  prix  de  la  main  à  la 
main.  Le  Marquis  d'Argens,  quarante-neuvième 
Lettre  CahalifLique.  Il  eft  de  principe  que  la  Comé- 
die eft  ellentiellement  deftinée  à  peindre  les  mœurs, 
&  .-i  ridiculifer  les  défauts  qui  régnent  dans  la  vie 
commune ,  &  non  à  repréfenter  les  mœurs  &  les 
vices  des  Grands ,  de  ceux  qu^on  appelle  les  Dieux 
de  la  terre,  c'eft-à-dire,  des  Rois,  des  Princes  &  de 
leurs  Miniftres.  C'eft  dans  la  Tragédie  que  leur  pla- 
ce eft  marquée  :  c'eft- là  que,  par  la  peinture  de  leur 
carattète  vertueux  ou  vicieux,  le   Pocte  fe  propofe 
d'exciter  à  la  vertu ,  &  d'éloigner  du  vice.  Introduire 
dans  la  Comédie  ces  grands  perfonnages  ne  me  pa- 
roît  pas  plus  raisonnable,  que  de  mettre  un  Finan- 
cier ou  un  Médecin  dans  une  Tragédie    II  ne  faut 
jamais  dénaturer  les  genres.   Ohferv.  fur  les  Ecrits 
Mod.T.XI.p.^.&  5. 

DENBIGH.  Ville  de  la  Principauté  de  Galles  en  An- 
gleterre. Denhiga.  Elle  eft  capitale  du  Comté  de 
Denbigh  ,  en  Anglois,  Denbigh-Skue ,  Se  firuée  iur 
la  petite  rivière  de  Cluyd.  Le  Comté  de  Denbigh  eft 
une  Province  de  la  Principauté  de  Galles.  Il  eft  bor- 
né au  couchant  par  la  Province  ou  contrée  de  Caer- 
narvan;  au  midi  par  les  Comtes  de  Ménoneth  8c 
de  Montgommery  ;  au  levanr  parceux  de  Shrop  >Sc 
de  Chefter;  &  au  nord  par  celui  de  Flint  Si  par  la 
mer  d'Irlande. 

DENCHE  ou  ENDENCHÉ.  adj.  Terme  de  Blàfon, 
qui  fe  dir  des  pièces  honorables  de  l'Ecu  qui  fonc 
bordées  de  dents  ou  de  pointes.  DentkuL.tus.  On 
met  cette  différence  entre  ce  qui  eft  de'-.ché  Se  engrê- 
/e  j  quet/^wcAtf' fe  dit  lorfqne  les  pointes  font  allez 
grofles  &  taillées  droites ,  faifanr  un  angle  dans  leurs 
intervalles ,  comme  les  dents  d'une  fcie  ;  au  lieu  que 
Vengrclé  a  les  pointes  petites.  Se  fes  ouvertures 
creufes  Se  vides,  &  un  peu  arrondies.  On  voit  plu- 
fieurs  chefs  Se  fauroirs  denchés ,  plulieurs  bandes  & 
bordures  endenchées.  Il  porte  d'argent  à  la  croix  den- 
chée  de  gueules.  Colomb. 

DENDE.  f  m.  C'eft  le  nom  que  les  Orientaux  don- 
nent à  une  efpèce  de  Ricinus ,  qu'on  appelle  encore 
Ahelmcluch. 

DENDER.  Rivière  des  Pays  Bas.  Nous  prononçons 
Dendre.  On  la  nomme  aulli  Der.re  Se  Tenre,  en 
Latin  Tenera.  La  Dender,  ou  Dendre,  a  fa  fource 
dans  le  Hainaut,  &  fe  jette  dans  l'Efcaut  à  Dender- 
monde. 
!  DENDERMONDE.  ou  DENDREMONDE.  Ville  des 
Pays-Bas,  dans  la  Flandre,  à  Tembonchure  de  la 
Dender  dans  l'Efcaut.  Tener&munda.  Nous  pronon- 
çons Z^d/ît/remo/zc/e.  Elle  a  été  ainfi  appelée  à  caufe 
de  fa  fitnation.  /'"ove?  le  Voyage  des  P.iys-R.TS,  du 
P.  Bouffingaur.  On  l'appelle  aulTî  Dermonde  Se  Ten- 

E  e  ij 


2.10  DEN 

dermonde,  mais  en  François  nous  difons  toujours 
Dendremonde.  La  Seigneurie  de  Dendremonde  etl  un 
pays  dont  Dendremonde  eft  capitale,  &  qui  eft  alFez 
étendu.  Elle  confine  avec  le  vieux  bourg  de  Gand  &C 
les  pays  d'Aloll,  de  Boruhein  j  de  Wacs.  L'El'caut  la 
divile  en  deux.  Quelques-uns  comme  le  Père  Da- 
niel dans  (on  Hijï.  deFr.  T.  II.  p.  544.  écrivent  Den- 
dremonde. 
DENDRITE.  f.  m.  L'Acad.  dit  féminin.  Dendrites. 
Les  Dendrites  font  des  pierres  blanches,  ou  grifesj 
fur  lefquelles  on  voit  des  accidens  qur  reprélcntenr 
des  branches,  des  arbres,  des  arbrilfeaux ,  des  buif- 
fons ,  &c.  Ces  dtndrues  ne  font  point  des  plantes- 
pierres.  Car  1°.  les  rameaux  des  arbres  peints  en  mi- 
niature fur  les  dendrites  ne  font  jamais  confondus 
l'un  avec  l'autre,  ni  repliés  l'un  fur  l'autre,  comme 
font  fouvent  ceux  des  plantes-pierres.  2°.  Une  autre 
différence  du  dendrite  &  de  la  plante-pierre  j  c'efl: 
que  le  feu  ôte  au  dendrite  fes  figures  lans  le  dilfoudre, 
ce  qu'il  ne  fait  à  la  plante-pierre  qu'en  la  réduifant 
en  cendre.  Cela  prouve  que  les  fi.^ures  du  dendrite 
font  extérieures ,  qu'elles  font  l'effet  d'une  couleur 
appliquée  naturellement  fur  cette  pierre.  Il  y  a  des 
dendrites  dont  les  couleurs  réfiftent  long-temps  au 
feu,  &  ne  s'effacent  que  par  un  commencement  de 
calcination  ,  mais  il  y  en  a  peu.  Si  l'on  fait  couler  de 
l'huile  entre  deux  marbres  polis  appliqués  l'un  à 
l'autte,  quand  on  les  fcpate,  la  liqueur  fe  parta- 
geant, fon  impreiîion  forme  diverfes  figures  fem- 
blables  à  celles  qu'on  voit  fur  le  dendrite  ,  &  dont 
la  ramification  commence  toujours  du  côté  par  le- 
quel on  a  commencé  à  féparer  les  marbre?,  Ainh  les 
figures  du  dendrite  font  formées  par  une  liqueur  bi- 
tumlneufe  qui  s'infinue  entre  les  couches  de  pierre  : 
&c  en  effet  il  fort  du  dendrite  mis  au  feu  une  odeur 
de  bitume.  Cette  liqueur  au  refte  fort  du  dendrite 
même,  &  fe  filrre  au  travers  de  fes  pores,  &  c'eft  le 
froid  &  la  preifion  des  couches  fupérieures  qui  la 
fait  fortir.  Il  y  a  des  dendrites  que  les  figures  pénè- 
trent entièrement;  d'autres  où  les  figures  ne  pénè- 
trent que  j  ifqu'au  milieu  ,  ou  moins  encore. 
DEN  DROÏDE.  f  f.  C'eft   le  nom  d'une  plante  qui 

croît  comme  les  arbres.  Blancard  cité  par  James. 
DENDROPHORE.  f    m.  Qui    lignifie  proprement 
Porte-arbre.  Qui  porte  un  arbre.  On  appeloit  ainfi 
chez  les  Payens  ceux  qui,danscertainsfacrifices,  por- 
toientdes  arbres  par  la  v\\\c.  Dendrophorus.  f^oye^ 
Dendrophorie.  Le  CodeThcodofien,  de  pagan,  facr. 
&  temp.  L.  io.  parle  de  certains  lieux  qu'avoient  les 
Frédiens  &c  les  Dendrophores  pour  y  faire  des  repas, 
&c  les  confifque.  Ce  mot  fe  trouve  aulli  dans  les  an- 
ciennes infcriptions.  Voye^  Voifius,  de  îdolol.  L.  I. 
c.  10. 
Dendrophore  ,  eft  au.Ti,  dans  l'Antiquité,  un  Artifân. 
Il  y  avoit  un  Corps,  ou  comme  l'on  parloir  chez  les 
Romains,  un  Collège  de  Dendrophores,  quifuivoit 
les  armées  :  on  ne  fait  pas  ttop  quel  étoit  leur  art,  & 
leur  fonétion. Quelques-uns difent qu'ils  faifoientle 
bois  des  tentes  ;c'eft-à-dire,  tout  le  bois  qui  fervoit  à 
élever  les  tentes.  D'autres  difent  que  c'étoient  ceux 
qui  fourniffoient  le  boi<:  d'ouvrage  néceiïaire  pour 
la  conftrudtion  des   édifices,  éc   des  machines  de 
guerre.  Saumaife ,  vers  la  fin  de  fes  Notes  fur  la  vie 
de  Caracalle  par  Spartien,  avoue  que  c'étoit-là  le 
fentiment  général  de  tous  les  Savans  de  fon  temps  j 
mais  il  foutient  avec  fa  politeflè  ordinaire  qu'ils  fe 
trompent  tous  j  &  que  les  Dendrophores  des  armées 
n'étoient  point  dificrens  de  ceux  des  facrifices,  dont 
nous  avons  parlé  dans  l'Article  précédent. 
DENDROPHORIE.  f.  f^  Cérémonie  ancienne   des 
Payens ,  qui  confiftoir  à  porter  un  ou  plufieurs  ar- 
bres  par  la  ville,  dans  certains  facrifices,  &  en 
l'honneur   de  quelques    Dieux.    Dendrophoria.  La 
Dendrophorie  fe  faifoit  aux  facrifices  de  Bacchus, 
à  ceux  de  Cybèle  j  &  à  ceux  du  Dieu  Silvain.  Arno- 
be,  L.  V.  parle  de  celle  qui  fe  fûroit  aux  facrifices  de 
la  Mère  des  Dieux.  Elle  confiftoit  à  porter  un  pin 
par  la  vil'e.  On  plantoir  enfuire  ce  pin  en  mémoire 
de  celui  fous  lequel  Atys,  favori  de  laDéefTe,  s'étoit 


DEN 

mutile.  On  couronnoit  les  branches  de  cet  arbre , 
parce  que  Cybèle  l'avoir  fait;  on  entouroit  fon  tronc 
de  laine,  parce  que  la  Déeffe  avoit  couvert  de  laine 
la  poitrine  d'Atys  j  pour  la  réchauffer,  Artémidore, 
L.  II.  c.  41.  Commodien  ,  Strabon ,  L.  X.  parlent  de 
la  Dendrophorie. 

Ces  mots,  Dendrophore,  S<.  Dendrophorie,  font 
Grecs,  compofés  de  <?'"!?§«/,  arbre  ,  &  (pi^f  ,  je  porte. 

DÊNE.  Bourg  du  Comté  de  Gloceftre  en  Angleterre. 
Dania.  Les  Anglois  écrivent  Déan.  La  foret  de  Dêne. 
eft  une  forêt  d'Angleterre  qui  prend  fon  nom  de  ce 
bourg,  qui  y  eft  fitué,  &  qui  occupe  la  partie  du 
Comté  de  Gloceftre  qui  eft  au  couchant  de  la  Sa- 
yerne. 

DENEBALEZET.  f.  m.  C'eft  le  nom  d'une  étoile  fixe 
de  la  première  grandeur,  qui  s'appelle  autrement 
queue  de  Lion.  Voye-^  ce  mot. 

DÉNÉGATION,  f  f.  Terme  de  Jurifprudence.  Action 
par  laquelle  on  dénie  en  Juftice  la  vérité  de  quelque 
chofe.  Negatio.  On  interroge  plulieurs  fois  un  accu- 
fé ,  pour  voir  s'il  perfifte  dans  fes  confeOions ,  ou 
dénégations.  Une  écrirure  privée  fe  contredit  par 
une  hmY>\Q  dénégation.  On  d\zzvi(^\déni  en  ce  fens. 
ifT  On  appelle  auiîi  dénégation  une  exception 
par  laquelle  on  nie  formellement  le  fait  énoncé  par 
le  demandeur.  Par  exemple,  fi  un  Seigneur  agit  con- 
tre fon  vallal  pour  raifon  de  fes  droits,  &  que  le 
valTàl  défavoue  fon  Seigneur,  ce  fera  en  propofant 
une  exception  dénégatoire. 

§3"  DÉHÉGATOiRE,  (exception),  f^oye:^  l'Article  pré- 
cédent. 

DÉNERAL.  f.  m.  Terme  de  Monnoie.  C'eft  une  pla- 
que ronde  fervant  de  modèle  aux  Monnoyeurs  pour 
faire  une  efpèce  de  la  grandeur  &  du  poids  qu'il 
faur.  Spécimen  moneta /ai>ricandie. 

Les  dénéraux  font  des  poids  dont  les  Ouvriers  &: 
les  Taillereffes  font  obligés  de  fe  fervir  pour  ajufter 
les  flancs  du  îpoids  jufte  des  efpèces  à  fabriquer ,  &: 
dont  les  Juges-Gardes  font  auffi  obligés  de  fe  fetvic 
pour  pefcr  les  efpèces  nouvellement  monnoyées, 
avant  que  d'en  faire  la  délivrance  au  maître.  Chaque 
dénéral  àQ\tcx.x.&  cralonné  fur  le  fort  de  l'efpèce,  en 
forte  que  le  trébuchant  y  foit  compris.  On  l'appeloit 
fous  Philippe  le-Bel_/?arw/2.  Boizare. 

DÉNI.  f.  m.  Pvefus  d'une  chofe  due.  Negatio  ^  denega- 
tio.  Le  dérâ  qu'on  fait  des  alimens  à  fon  percj  eft 
une  ingratitude  puniffable.  On  dit  au  Palais,  déni 
de  Juftice,  déni  de  renvoi.  Il  faut.faire  trois  fomma- 
tions  à  un  Juge  fubalrerne,  avant  que  d'appeler  com- 
me de  </e''<v  de  Juftice,  comme  le  prelcrit  l'Ordon- 
nance de  \.CG-j.  art.  4.  du  tit.  25.  Déni  de  juftice,  fô 
dit  lorfqu'un  Juge  rejette  une  requête  qui  lui  eft 
préfenté  juridiquement,  ou  lorfqu'il  refufe  de  don- 
ner fon  jugement  fur  une  affaire  dont  il  eft  juge ,  &: 
qui  eft  en  état  d'être  jugée.  Dans  ce  cas  il  eft  permis 
de  prendre  le  Juge  à  p.artie  ^  &  d'appeler  du  déni  de 
juftice  pardevant  le  Juge  fupérieur. 

^3"  Le  dénias  juftice  dans  le  Tribunal  Eccléfiafti- 
que,n'eftpas  un  moyen  d'appel  fiinple,  mais  un 
moyen  d'abus  qui  en  attribue  la  connoiffance  aux 
Parlemens. 

gCT"  DÉNI  de  renvoi  ou  d'incompétence  eft  le  refus  que 
fait  un  Juge  d'admettre  la  demande  en  renvoi ,  qui 
lui  eft  faite  par  l'une  des  parties  j  pour  raifon  d'in- 
compétence, ou  de  quelque  privilège.  Dans  ce  cas 
il  eft  permis  à  la  partie ,  dont  la  demande  en  renvoi 
n'eft  pas  admife  j  d'appeler  par  devant  le  Juge  fupé- 
rieur, comme  de  déni  de  renvoi,  ou  d'incompé- 
tence. 

§Cr  DÉNid'alimens.  Voye^  Aliaîent,  Alimentaire. 
•§CF  Le  mot  de  déni  n'a  guère  d'ufage  que  dans 
ces  trois  phrafes. 

DÉNIA.  Perite  ville  d'Efpagne  fur  la  côte  de  'Valence, 
à  quelques  lieues  au  nord  d'AIicanre.  Dianium.  Cetre 
ville  a  eu  un  Evêque.  Dénia  eft  aulîi  une  petite  Ifle 
vis-à-vis  de  la  ville  de  Dénia.  C'eft  la  Planafia  des 
Anciens.  Ce  nom  Dénia  vient  du  mot  Latin,  qui 
fut  apparemment  donné  à  ces  lieux ,  parce  qu'ils 
ctoient  confacrés  à  Diane. 


DEN 

IfCTDÉNlAlSEMENT.  Tromperie.  Ne  fe  dit  point. 
fC?  DENIAISER.  V.  a.  Terme  du  ftyle  familier,  qui 
lîgnilie  rendre  quelqu'un  moins  mais,  plus  rufé  , 
plus  fin  qu'il  n'ctoic.  Caudore.Tz ,  caUïdiorem  reddere. 
Le  commerce  du  monde  l'a  un  peu  dénia'ifé.  Les 
aftaires  déniaifcnt  les  gens  les  plus  lîmples.  On  le 
déniaife  bien  Vite  à  la  cour.  Cautiorem  _,  callidiorem 
evadere. 

^fT  On  dit  encore  </e'/îM{/èr quelqu'un,  pour  dire 
le  tromper ,  abufer  de  la  limplicité  de  quelqu'un , 
foit  au  jeu,  foit  dans  une  autre  occalion.  Rudem  ali- 
qucm  ac  minime  malum  ludificari.  Les  hloux  déniai- 
ftnt  les  nouveaux  débarques.  Ce  provincial  a  été  dé- 
niaife  dans  une  Académie  de  jeu. 
DÉNIAISER,  a  été  formé  de  niais. 

DÉNIAISÉ  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Ce  n'eft  pas  d'aujourd'hui 
que  cet  homme  ell  déniaife.  Cautior  ac  calLidior  jac- 
lus.  Vous  aurez  de  la  peine  à  me  tromper  j  car  je  fuis 
bien  déniaiféc.  M.  ScuD.Cet  homme  ell  déniaife ,  il 
n'y  a  rien  à  faire  avec  lui.  Dans  un  liècle  aufli  déniai- 
fe que  le  nôtre.  Mad.  Du  Noyer. 
Déniaisé  ,  eft  aulli  quelquefois  un  fubftantif.  C'eft  un 

déniaijé ,  vous  ne  le  tromperez  pas-  Callidus. 
DÉNIAISEUR.  f.  m.  Homme  fin  &  adroit  qui  déniai- 
fe les  autres.  VtrflpeUis  ^  callidus ,  ajiutus.  Il  a  peu 
d'ufage. 
DENICHLES.  f.  pi.  Denicalesferia.  Terme  de  l'Hif- 
toire  Romaine.  C'eft  le  nom  d'une  cérémonie  qui  fe 
faifoit  après  les  obfèques  des  morts  pour  purifier  la 
famille- 
DÉNICHER,  v.  a.  Enlever,  ôter  du  nid  les  petits  oi- 
leaux.  Pullos  mdo  detrahere.  Dénicher  des  fauvettes  , 
des  merles. 
DÉNicHERjV.  n.  Sortir  du  nid,  quitter  le  nid.  Nidum 
rdinquere  3  proripcrefe  nido.  Les  fauvettes,  les  mer- 
les ont  déniché.  J'avois  trouvé  un  nid  de  rofîignol  j 
je  croyois  en  avoir'  les  petits,  mais  j'ai  trop  attendu, 
ils  ont  déniché. 
Dénicher,  v.  n.  Signifie  auflî,  fortirdu  lit ,  de  lamai- 
fon,  d'un  lieu  où  l'on  s'étoit  pofté.  Exiiire,  prof  lire. 
Cet  homme  a  un  procès  à  foUiciter,  il  déniche  de 
grand  matin.  Ce  locataire  avoir  peur  des  Sergens ,  il 
a  déniche  ic  a  emporté  fes  meubles.  Il  eft  populaire. 
DÉNICHER.  V.  a.  Signifie  aufii,  faire  fortir  par  force 
d'un  lieu  qu'on  avoir  occupé.  On  le  dit  particulière- 
ment d'une  bande  de  voleurs  ou  d'une  troupe  d'enne- 
mis. Les  Ennemis  s'étoient  faifis  d'un  château  dont 
on  a  eu  de  la  peine  à  les  dénicher. 

En  voilà,  dans  un  jour  plus  defept  a  huit  mille 
Qui  _,  dans  Mauhcuge,  Arras ,  Dinant,  Philippcvile , 

One  fuf  bien  fe  retrancher  i  ' 
Que  fans  un  grand  effort  il  fera  difficile 

De  les  en  dénicher. 


fp"  Il  eft  du  ftyle  familier. 
DÉNICHER ,  V.  a.  Oter  une  ftatue  de  fa  niche  j  un  Saint 
prétendu,   du  rang  qu'on  lui  donnoit.  Delere  ali- 
quem  ex   alho    Sanclorum.  Quel  Saint   dénichcre-- 
vous  du  Ciel  cette  année?  difoit  M.  Godefroi  à  M. 
de  Launoy.  Ménage.  On  a  dit  que  M.  Chaftelain 
déterroit  lesSaintSj  &  que  M.  de  Launoy  les  d^'ni- 
choit.  Voye:^  Dénicheur. 
DÉNICHÉ,  ÉE.  part.  Il  a  les  fignificatiorts  de  fon  verbe. 
On  dit  proverbialement,  les  oifeaux  font  dénichés, 
pour  dire  que  les  chofes  que  l'on  cherche  ne  fe  trou- 
vent plus  à  leur  place. 
tfr  DÉNICHEUR,  f.  m.  Qui  déniche  les  petits  oi- 
feaux. Qui  pullos  nido  decrahit.  On  ne  le  dit  guère 
en  patlant  des  oifeaux.  M.  Ménage  difoit  que  AI.  de 
Launoy  étoit  un  grand  dénicheur  de  Saints.  Déni- 
cheur ici  vient  de  niche  &c  non  pas  de  nid  :  cependant 
en  badinant  on  dit  dénicheur  àzns  le  même  fens  que 
M.  Ménage  le  difoit  de  M.  de  Launoy.  Ce  favant 
Critique  prétendoit  que  le  peuple  reconnoiiroit  des 
Saints  qui  ne  le  font  pas  en  effet,  &  qu'on  avoir 
fouvent  multiplié  le  même  Saint  en  l'honorant  fous 
différens  noms.  Et,  comme  on  met  dans  des  niches 
les  ftatues  de  ceux  qu'on  reconnoît  pour  Saints ,  dé- 


DEN  -    izi 

n'icheur"  de  Saints ,  eft  celui  qui  montre  qu'il  faut 
ôter  de  leurs  niches,  pluficurs  de  ces  ftatues. 

fC?  On  appelle  figurément  un  dénicheur  de  fau- 
vettes ,  de  moineaux ,  un  Chevalier  d'induftne  fort 
ardent  à  rechercher  les  bonnes  avantures  ,  à  décou- 
vrir tout  ce  qui  peut  contribuer  à  Ion  plaifir,  &  adroit 
à  en  profiter.  Lorer  dans  lés  lettres  en  vers,  appelle 
iesfilouxj  dénicheurs  de  fauvette. 

De  c:s  gens  qui  font  toujours-là  , 
Nommes  dénicheurs  dejauvette. 
Ou  cûunifàns  de  la  pochette. 

DÉNIER.  V.  a.  Nier  une  chofe,  en  comefter  la  vérité. 
Soutenir  qu'un  fait  n'eft  pas  véritable.  Negare.  Eii 
ce  fens  il  n'a  guère  d'ufage  j  qu'en  parlant  d'un  fair, 
d'un  crime,  d'une  dette ,  d'un  dépôt.  Vous  dites  que 
vous  êtes  noble  ,  je  vous  le  dénie.  C'eft  la  plus  noire 
des  infidélités,  de  denier  le  dépôt  qu'un  ami  a  mis 
entre  nos  mains.  Vous  prétendez  que  je  vous  dois 
telle  fomme ,  je  dénie  la  dette.  Philotas  dénia  le  cri- 
me. Vaug.  Les  Templiers  dénièrent  2.  la  mort  les  cri- 
mes qu'ils  avoient  confelfés  dans  les  tourmens.  MÉ- 
zerai.  Il  a  tout  dénie  à  la  queftion. 
ifT  Denier,  fe  dit  auflî  dans  la  fignification  de  refu- 
fer ,  mais  le  plus  fouvent  refufer  une  chofe  que  l'on 
ne  doit  pas  rekifer,  que  la  bienféance,  la  juftice, 
l'équité  veulent  qu'on  accorde.  Denegare.  Un  fils  ne 
doit  pas  (â'«itr  les  alimens  à  fon  père.  Un  juge  ne 
doit  pas  dénier  la  juftice  .à  ceux  qui  la  demandent. 
On  ne  doit  pas  dénier  fon  lecours  à  la  veuve,  à  l'or- 
phelin. Tour  ce  que  vous  demanderez  à  mon  père  , 
en  mon  nom,  dir  J.-C.  ne  vous  fera  point  dénié. 
gCT  Dénié,  ÉE.  part.  Signifie  auftl,  refufer,  &  le  plus 
fouvent  refufer  quelque  chofe  que  l'on  ne  doit  pas 
refufer.  Denegare.  Ce  Prince  a  dénié  le  palîage  à 
cette  armée  fur  fes' terres.  Le  devoir  marital  ne  fe 
doit  point  dénier  entre  conjoints.  On  ne  doit  point 
dénier  fa  proteéfion  aux  veuves   &  aux  orphelins. 
Toute  audience  eft  déniée  en  Juftice  à  ceux   qui 
n'ont  pas  refondé  les  dépens  de  la  contumace. 
Dénié,  i^.  ■oa.n.Ncgatus ,  dcnegatus. 
DENIER.  1.  m.  çNom  d'une  ancienne  monnoie  d'ar- 
genr,  qui  a  été  de  diverfe  valeur  fuivant  les  lieux  &c 
les  temps.  Il  paroît  que  le  denier  Romain  j  ou  la. 
dragme ,  qui  éroir  la  même  chofe ,  fuftifoit  pour  en- 
tretenir honnêtement  une  perfonne  par  jour.  Ainli 
comme  le  denier  comprenoit  douze  as ,  on  a  quel- 
que raifon  de  prendre  les  as  pour  des  fous.  Tillem. 
Si  cet  Auteur  a  voulu  dire  que  le  denier  valoir   11. 
fous  de  notre  monnoie  ,  il  le  trompe  ;  il  valoir  beau- 
coup moins ,  comme  on  va  le  voir.  Le  denier  courant 
d'argent  du  temps  de  Jesus-Christ  valoit  trois  fous 
&  demi,  monnoie  de  France  ,  félon  Budée.  Jesus- 
Christ  fut  vendu  trente  c/s/i/erj;  ces  deniers  fervi- 


rent  depuis  à  acheter  un  champ.  Le  premier  denier 
Romain  étoit  d'argent  du  poids  jufte  d'une  drachme, 
ayanr  d'un  côté  l'empreince  de  Janus ,  &  de  l'autie 
la  figure  du  vailLeau  qui  l'avoir  porté  en  Italie.  Sur 
les  premiers  revers  de  la  monnoie  de  Rome  éroient 
Caftor  &  Pollux,  ou  une  Victoire  poullant  un  cha- 


on 


upn 


>feauqui  fe  nomme  ratis.  Originairement  le  denier 
chez  les  Romains  valoit  dix  asj  ou  quatre  fefteices, 
dont  chacun  valoitdeux  livres  &  demie;  d'où  vient 
qu'il  a  été  appelé  denarius ,  &  qu'on  le  marquoit 
avec  un  X.  Le  denier  confulaire  valoit  pins  que  le 
denier  impérial.  Le  premier  pefoir  ta  7*^  partie  d'un 
once  ,  &:  valoit  9.  ou  10.  fous  de  notre  monnoie.  Le 
fécond  pefoit  feulemenr  la  S=  partie  dune  once,  c'eft- 
à-dire,  qu'il  auroitvalu  7.  ou  8.  fous  monnoie  de 
France,  comme  le  prétendent  quelques  Savans ,  & 
avec  raifon. 

Anciennement  en  France  le  denier  {q.  prenoitpour 
route  forte  de  monnoie.  Ainfi  une  pièce  monnoyée 
d'or  étoir  appelée  û'ff/ï.xrû'V;  ic  fi  elle  étoit  d'ar-^ 
jfent,  on  l'appeloit  dînicr  d'argent ,  comme  on  a  dit 


211  DEN 

eu  Latin  nummus  aureus  ^  Se  nunzmus  argenteus.  Il  y 
a  eu  des  deniers  tournois  &  des  deniers  parij. s  ,  donc 
ceux-ci  valoient  un  quaic  davantage,  Ôc  ctoient 
appelés  monnaie  Royale  ,  on  Jone  monnvie  ^  &;  alors 
quand  on  difoic  un  denier  à  vaieur  d'or,  ou  un  dcmer 
d'or ,  cela  ne  vouloit  pas  dire  que  le  denier  tut  dor , 
mais  leuleinenc  qu'il  ctoit /'i^rz/.i'  oa  Jone  monnaie, 
valant  un  quatt  plus  que  le  tournois,  parce  que  l'é- 
valuation de  l'or  écoic  alors  plus  forte  que  celle  de 
l'argent ,  comme  il  a  été  jugé  par  plulieuis  airêts.  Il 
y  a  eu  vers  l'an  i  joi!.  des  deniers  d  or  à  la  chaije  va- 
lant 15.  lous  ,  des  deniers  d'or  à  la  majfe  valant  ii. 
fous  fix  deniers  ;  &  des  deniers  d'or  à  la  Reine  j  va- 
lant 16.  fous  2.  deniers  j  &ic-  Us  ont  été  fouvenc  nom- 
TXiésfiorins.  Il  y  a  eu  aulîi  des  deniers  ik.  lous  /-  ien- 
nois  ,  Lonifiens  ^  Donifiens^  Toiofains  ,  Manfois  j, 
blancs ^  J ores ,  nerecs ,  B our délais ^  Barais,  5cc.  qui 
ont  changé  de  valeur  fuivanc  les  temps  &c  les  lieux 
où  ils  ont  été  fabriqués.  Il  y  a  eu  des  deniers  blancs 
en  l'an  i}^!^.  appelés  gros ,  qui  valoient  >.[uinze  de 
nlers.  Les  deniers  Manfois  valoient  le  double  des 
Normands  :  d'où  vient  qu'on  a  dit  qu'un  Manfeau 
valoit  un  Normand  &  demi.  En  général  le  uenier  a 
{Ignitie  la  douzième  partie  d'un  fou  appelé  foi idus , 
non  pas  en  la  lignification  où  ncusJe  prenons  main 
tenant,  mais  comme  lignifiant  un  tout,  ou  une  cho 
fo  entière  qu'on  diviloïc  en  douze  parties,  de  la 
même  manière  que  l'as  des  Romains  fignifioit  un 
héritage  entier. 

Le  denier  d'Angleterre,  fur  la  fin  du  XV^  iîècle, 
ctoit  une  monnoie  qui  valoit  la  quatre  vingtième 
partie  d'un  Nobleou  Angelot,  (Se  quatre  deniers  va- 
loient un  gros.  Lobineau ,  /i//f .  ae  ijret,  T.  l.L.XXi. 

Denier  de  gros,  c'eft  aufli  une  monnoie  de  compte, 
en  ufage  en  lioUande,  en  Flandre  &  en  Brabant. 

Déni  r,  en  France,  ie  dit  mamtenant  d'une  petite 
monnoie  de  cuivre  qui  vaut  h  moitié  d'un  double, 
&  1  ;  douzième  partie  d'un  lou.  Denarius  Francicus. 
On  1  décile  les  doubles,  ils  ne  valent  plus  qu'un 
denier.  Jn  fou  tournois  vaut  douze  deniers  \  un  blanc 
c\\\\  deniers-^   un  carolus  dix  deniers.  Un  denier  ie 


fubdivife  en  deux  mailles  ,  &  la  maille  en  deux  obo 
les.  Je  n'ai  ni  denier  ni  maille-^   pour  dire,  je  n'ai 
point  du  tout  d'argent.  On  reprochoit  un  jour  à  un 
Evoque  avate,  que,  fi  fa  bénédidion  vaioit  un  denier, 
il  ne  la  donneroit  pas. 

/    Ce  mot,  félon  quelques-uns  vient  de  £ncus,  parce 

■que  les  deniers  font  de  cuivre.  Mais  il  eft  évident 

que  deniervïent  du  latin  denarius  ;  Se  Bouteioue  dit 

que  le  mot  denarius,   denier,  a  été  dit,   parce  qu'il 

valoit  dix  as  ^   fur  ce  que  Polybe  dit  qu'on  donnoit 

une  mine  ou  livre  d'ot  pour  dix  d'argent,  '?c  qu'il  y 

a  apparence  que  ce  fut  en  ce  temps- là  que  le  nummus 

■aureus  tut  nommé  denier,  puifqu'il  valoit  dix  deniers 

d'argent  -,  comme  on  appela  celui-ci  denier  d'argent, 

à  caufe  qu'il  valoit  dix  deniers  de  cuivre,  ou  as. 

Ainfi  la  taille  an  denier  d'or  étoit  alors  de  40.  à  la 

livre,  yoy.  dans  cet  Auteur,  des  tables  de  divifions 

delà  livre  Romaine,  de  l'as  Romain  ^  des  deniers 

tl'argent ,  &:  des  deniers  de  cuivre.  Le  nom  de  denier 

François  a  été  donné  à  nos  efpèces  à  l'imitation  des 

Romains ,  qui  l'avoient  donné  à  leurs  premières 

monnoies d'argent  qui  furent  fabriquées  l'an  485.  de 

ia  fondation  de  Rome  fous  le  Confulac  de  Fabius, 

félon  le  témoignage  de  Pline. 

Denier,  &  plus  iouvenc  deniers  au  pluriel ,  fe  prend 

communément  parmi   nous  pour   toutes  fortes  de 

monnoies  dont  on  fe.fert  dans   le  commerce.  Ainfi 

on  entend  p:iv  deniers  comptans  toutes  les  efpèces 

qui  ont  cours  en  France,  foit  qu'elles  foient  d'or, 

d'argent  ou  d'autre  métal.  Pecunia.  Les  deniers  font 

meubles  de  leur  nature,  mais  par  une  dcftination 

particulière  ils  peuvent  être  réputés  immeubles. 

On  appelle  ^t;wVrs  dotaux,  l'argent  qu'apporte 
une  femme  en  mariage.  Deniers  pupillaires ,  c'eft  le 
revenu  ^dcs  biens  des  pupilles.  On  appelle'  deniers 
oifijs  ,  Targentqui  ne  porte  point  d'intérêt.  Un  Tu- 
teur paie  l'intérct  des  deniers  oififs.  Pecunia  otiofa^ 


DEN 

par  oppofition  àvecunia  quitjîuofa,  qui  porte  intérêc 
iii:s  ueniers  clairs  iy  liquides. j  font  les  fommes  qu'on 
peut  recevoir  quand  on  veut,  tk.  fans  conteltation. 
Ceux  qui   reçoivent  les  deniers  publics  lonc  fujcts 
aux    recherches  de  leurs  malverlacions.  Les  oftres 
réelles  le  font  en  deniers  à  découvert.  Pecunia  prc,- 
fenti  uumeiata.  Les  paiemens  en  deniers  ©u  quittan- 
ces. Il  faut  faire  mention  que  cette  terre  a  été  achetée 
de  mes  deniers,  afin  d'y  conlervcr  une  hypothèque 
privilégiée.  0«  du  aulli,  les  deniers  reveiians  bans, 
de  ceuxtjuon  retire,  toutes  charges  faites.  Faire  bons 
les  deniers ,  c'eft  garantir  la  fomme.  Deniers  d  entrée 
font  ceux  qu'on  avance  en  entrant  dans  une  ferme. 
irancs deniers ,  ^LeH-à-àixe ,  exempts  de  toutes  dé- 
ductions. En  la  Coutume  de  Meaux,  fi  l'on  ne  vend 
un  héritage  i^e/2.'trjy;i?/2c\$  au  vendeur,  c'eft  lui  qui 
eft  tenu  des  lods  &  ventes.  On  appelle  chez  le  Roi , 
le  Maître  de  la  Chambre  aux  deniers ,  celui  qui  pré- 
lide  au  Bureau  où  le  donne  l'ordre  de  la  dépcnfe  de 
la  Maifon  du  Roi. 
Deniers  d'octrois,  font  certains  droits  accordés  par 
le  Roi  aux  villes  &  Communautés  ,  pour  fcrvir  à 
acquitter  les  dettes,  ôi  à  fournir  à  lems  befoins  & 
nécefiués.  Les  odrois  s'accordent  en  v.rtu  de  Lettres- 
patentes,  pour  un  certain  temps  feulement,  après 
lequel  expiré,  l'impétrant  eft  oblige  d'en  obtenu  de 
nouvelles. 
Deniers  ameublis  ,  eft  une  manière  de  parler  impro- 
pre, qui  fignifie  les  deuiers  qui  font  nàs  par  la  fem- 
me en  la  Communauté  par  fon  Contrat  de  mariage, 
à  la  diftérence  de  ceux  qu'elle  s'ert  ftipulé  propres 
par  une  ftipulation  précife  &  cxprefTe. 
Deniers  comptables,  terme  ufité  au  Tréfor  Royal  , 
&c  dans  quelques  autres  affaires.  Ce  font  des  deniers 
remis  comptant  à  dss  Tréforiers  ou  Commis,  pour 
employer  au  fait  de  leurs  charges  ou  emplois,  &c 
dont  ils  doivent  compter.  Les  Gardes   du  Tréior 
Royal  mettent  ordinairement  dans  leurs  comptes ,  un 
chapitre  pour  les  deniers  comptables,  c'eft-à-dire, 
que  les  fonds  qu'ils  remettent  à  divers  Comptables 
alfignés  fur  le  Tréfor  Royal,  font  tous  compris  dans 
un  chapitre ,  fous  le  titre  de  deniers  comptables. 
Deniers  patrimoniaux,  font  certaines  rentes  &  hé- 
ritages appartenans  aux  villes  &  Communautés,  qui 
fervent  auiîi  à  l'acquittement  des  charges  de  villes, 
comme  les  réparations  des  ponts,  ports,  entretene- 
ment  du  pavé ,  des  fontaines ,  ks  gages  des  Secrétai- 
res de  ville,  &c. 
Deniers   Royaux,   font  ceux  qui   proviennent  des 
Domaines,  des  Tailles,  des  Aides,  des  Gabelles,  & 
qui  forment  les  revenus  du  Roi. 
Denier  ^  fe  dit  aufli  d'une  certaine  part  qu'on  a  dans 
une  afrliire,  dans  un  traité,  à  proportion  de  laquelle 
on  partage  le  gain  ou  la  perte.  Il  a  un  denier  dans 
telle  ferme,  c'eft-à-dire,   la  douzième  partie  d'un 


Denier  S.  André,  Droit  qui  fe  perçoit  fur  les  mar- 
chandifcs  qui  palTent  de  Languedoc  en  Dauphiné  , 
Provence,  ou  Comtat,  ou  qui  viennent  de  ces  Pro- 
vinces en  Languedoc.  Ce  droit  confifte  en  un  denier 
pour  livre  fur  le  prix  des  marchandifes  qui  traver- 
fent  ces  Provinces  parterre,  ou  qui  palTent  fur  le 
Rhône  j  foit  en  montant,  defcendant  ou  traverfanc 
la  rivière,  depuis  Rocque-Mauretce  en  Vivarais, 
jufqu'au  Bureau  de  Silvériat. 

L'établiirement  de  ce  droit  eft  fort  a-ncien.  Il  fut 
nommé  denier  faint  André,  parce  qu'il  a  été  appa- 
remment établi  pour  la  conftruétion,  l'entretien,  & 
les  réparations  du  fort  Saint  André  ,  qui  eft  dans  ces 
cantons. 

Denier,  fe  dit  aufii  des  taux  du  Roi,  ou  du  prix  de 
l'argent  qui  court  à  intérêt.  Ujura.  Le  Roi  a  fixé  'es 
rentes  au  denier  10.  à  la  vingtième  partie  du  princi- 
pal. Ufura  quincunx  ,  quinaria.  Il  y  a  encore  des  ren- 
tes avL  denier  14.  en  Normandie.  Les  ufuriers  prêtent 
leur  argent  au  denier  fort. 

Denier  fort,  ou  fort  denier,  terme  ufité  dans  les  re- 
cettes du  Roi,  fe  dit  d'un  ou  deux  deniers  qu'on 
donne  quelquefois  de  plus  en  payant  les  droits  du 


D  E  N 

Roi  au  Bureau.  Un  particulier,  par  exemple,  veut 
faire  encrer  ciuq  livres  de  maiciianuiies,  qui  doi- 
vent cinq  ^e/z^i-vj  pour  livre  de  droits.  bi\ï  ce  pied, 
il  revient  au  Roi  z  1.  i  d.  julte  ;  mais ,  comme  on  ne 
peut  pas  taire  2  f.  i  d.  jui'te,  à  caule  de  la  valeur  des 
petites  monnoies,  le  particulier  t'a  obligé  de  don- 
ner 1  f.  3.  d.  qui  eii:  2.  d.  de  pluSj  c'ell  ce  qu'on 
appelle  denier  j'on. 
Denier,  en  termes  de  Monnoyeurs  &c  d'Orfèvres,  eft 
le  titre  de  l'argent ,  comme  le  carat  elt  celui  de  l'or. 
C'eit  un  poids  compoic   de  14  grains,  qui  marque 
les  dégrés  de  bonté  ou  de  pureté  de  l'argent.  Prctiuût 
auri  argcnciiiue  ex  natlvd.  oartjjjx  ;w:u  ,  /20c j  probua- 
ns  auri  argencique  ex  nativà  oorujja.  On  le  divile  en 
demis,  en  quarts,  &  en  huitièmes.  L'argent  le  plus 
fin  elt  de  1 1  deniers,  ôi  l'or  de  14  carats.  L'argent  fe 
peut  puriher  jufqu'à  ce  12^.  degLe;  mais  il  ne  lailfe 
pas  d'être  très-pur  jufqu'au  titre  de  11  deniers  &  ii> 
grains,  c'eft-à-dire,  quoiqu'il  y  ait  lîx  grains  de  dé- 
chet. On  dit  un  denier  dû  ri'i,  ou  d'alloi ,  ou  de  loi. 
Il  doit  y  avoir  en  la  monnoie  dix  deniers  de  fin  du 
moins,  autremsnt  elle  palle  pour  biUon.  L'argent 
d'orfèvrerie  doit  2von  onze  deniers  &c  douze  grains 
de  fin  par  l'Ordonnance  de  1640.  L'argent  à  ce  titre 
eft  appelée  urgenc-Ze-lici  parce  tjue  le  Roi  accorde 
cette  vingt-quatrièmepartie  de  profit  aux  étrangers  j 
qui  en  apportent.  On  dit  aulH  dans  les  monnoies  , 
deniers  de  hoéce  &  deniers  courans.  Le  denier  de  bocce 
elt  une  pièce  de  monnoie  de  chaque  efpèce,  ma- 
tière &  Di^x  ,  qui  fe  fabriquent  dans  les  Hôtels  des 
Monnores ,  que  les  Gardes,  lorfqu'ils  font  la  déli- 
vrance, font  obligés  de  mettre  dans  une  bocce,  pour 
fervir  au  jugement  que  la  Gourdes  Monnoies  doit 
faire  des  efpèces  qui  ont  été  fabriquées  chaque  an- 
née. C'ert  une  pièce  d'or  qu'on  prend  lur  200 ,  ou 
une  pièce  d'argent  qu'on  prend  lur  18  marcs,  qu'on 
inet  dans  une  bocte  pour  lervir  au  jugement  de  tout 
l'ouvrage.  Récentes  a  mareulo  :nonetA  nummi  cujujquc 
generis  ac  opers.  pixidibus  ol'fignatis  a  monetalibus 
probandi.  Les  deniers  courans  font  les  efpèces  qui  font 
expofées  dans  le  commerce ,  après  que  le  Fermier  a 
obtenu  delà  Cour  des  Monnoies  le  jugement  de  dé- 
livrance, f^oyei  Boizard  Traité  des  Monn.  p.  i.  c. 

13- 

Denier,  en  matière  de  poids,  eft  la  vingt-quatrième 
partie  de  l'once,  &  la  192^.  du  marc.  Scriptulum.l\ 
pefe  24  grains.  Le  gros  pefe  trois  deniers.  En  î.léde- 
cine  on  l'appelleyt7i.y.:^/c'.  Scrupulus.  L'écu  blanc  doit 
pefer  tant  de  deniers  trébuchans. 

Demier  de  Monnoyage,  fe  dit  dans  les  Hôtels  des 
Monnoies,  de  toutes  fortes  d'efpèces  d'or,  d'argent, 
de  billon  &  de  cuivre ,  qui  ont  reçu  leur  dernière 
façon  par  les  Monnoyeurs,  qui  les  ont  frappées  au 
Balancier,  comme  un  écu  d'or  eft  un  denier  de  mon- 
noyage  d'écu ,  &  ainfi  des  autres.  Moneta. 

§Cr  Denier  S.  Pierre,  en  Anglois  Rcnepeny  eu 
Rome-Schot.  Nom  du  Tributque  l'Angleterre  payoit 
autrefois  au  Pape.  Le  denier  faint  Pierre  ou  la  taxe 
du  denier  S.  Pierre  ctoit  une  redevance  qui  fe  payoit 
au  Pape ,  &  dont  une  partie  étoit  employée  à  l'entre- 
tien d'une  Eglife  de  Rome  nommée  l'Ecole  des  An- 
glois. C'étoit  un  denier  àe  cens  fur  chaque  maifon,  à 
payer  au  fiége  Apoftolique.  C'étoit  rendre  ce  Royau- 
me tributaire  de  l'Eglife.  Ce  cens  fut  augmenté  par 
le  RoiAtulphe,  &  fenommoit  le  denier  S.  Pierre. 
On  le  payoit  encore ,  l'orfque  Henri  VIIL  fe  révolta 
contre  l'Eglife.  Godeau. 

Olaiis,  Roi  de  Suède,  impofa  un  pareil  tribut  en 
faveur  du  S.  Siège,  que  l'on  appela  le  denier  S.  Pier- 
re,  q\ii  fat  ahoVi  par  fes  fuccelfeurs.  Baronius  rap- 
porte que  Charlemagnc  en  avoit  impofé  un  pareil 
fur  chaque  maifon  de  fon  Royaume  en  840.  comme 
témoigne  le  Pape  Grégoire.  On  en  établit  aulfi  un  en 
Pologne  en  l'an  1520.  fur  chaque  tête  d'homme  &: 
pareillement  en  Bohême,  f^oye^  Du  Cange. 

Le  tiers  denier.  Autrefois  on  partageoit  dans  cha- 
que Comté  les  amendes  &  les  émolumens  de  Juftice 
ea  trois  parties.  Le  Roi  en  avoit  deux  ^  &  le  Comte 
avoit  la  ttoilièmc  que  l'on  appeloitle  tiers  denier. 


D  E  N  11^ 

Denier  à  Dieu  ,  f.  m.  Arrha  ^  arraho.  C'oft  une  arthe, 
une  pièce  d'argent ,  une  petite  fomme  que  donne, 
quand  un  marché  eft  conclu,  celui  qui  achète  ou  qui 
loue  quelque  choie  à  celui  qui  vend  ou  qui  loue. 
Quelques-uns  dilent  qu'on  appelle  cet  arrhe  denier 
à  Dieu,  parce  qu'on  le  donne  principalement  pour 
en  faire  aumône  aux  pauvres.  Peut-être  elt-ce  parce 
qu'on  le  donne  en  diianc  adieu  ^  en  fc  léparant,  lorf- 
que  le  marché  eft  conclu.  Si  l'on  ne  retire  le  denier  à 
Dieu  dans  les  24 heures, après  qu'on  l'adonné,  on  ne 
peut  plus  rompre  le  marché  qu'on  a  fait ,  5e  pour 
lequel  on  l'a  reçu.  On  dit  j  donner  le  denier  à  Dieu^ 
recirer ,  reprendre  le  denier  a  Dieu. 

On  dit  que  l'on  mettroit  bien  fon  denier  à  une 
chofe,  peur  dire  que  fi  elle  étoit  à  vendre,  on  en 
feroit  volontiers  l'acquilition.  Ac.  1  r. 

On  dit  proverbialement  qu'un  homme  vendroit 
un  autre  .1  beaux  de>iiers  comptans,  pour  dire,  qu'il 
eft  bien  plus  fin  que  lui.  On  dit  auifi  d'un  valet  mu- 
fard^  qui  s'arrête  fouvent  en  chemin,  qu  il  n'y  a 
point  d'huis  qui  ne  lui  doive  un  denier.  On  dit 
qu'une  chofe  vaut  mieux  denier  qu'elle  ne  valoir 
maille,  pour  dire  qu'elle  eft  améliorée.  On  dit  aufti, 
net  comme  un  denier,  ce  qui  s'entend  d'un  compte 
cLiir  &  exa'"^,  rendu  jufqu'à  wn  denier. 

Gagne-denier,  f.  m.  Crocheteur,  Porreflrix.  Bajulus. 

Denier-Morlas,  Il  eft  ainfi  nommé  d'une  ville  de 
Béarn  :ce  denier  en  vaut  quatre.  Dcnarius  qu.adruplus. 

Denier  Tolza.  Il  y  en  a  de  deux  fortes  :  celui  qu'on 
appelle  fimplement  denier  tol\a,  vaur  deux  deniers 
tournois.  Denarius  duplus.  Celui  qu'on  appelle  denier 
tol-{a,  forte  monnoie,  vaut  deux  deniers  &  demi. 
SeJ'qui  duplus. 

Le  denier  marias  &  le  denier  tcl:[a  ne  font  plus  ea 
ufage  dans  les  comptes. 

0^  DENIGREMENT,  f  m.  Aftion  de  dénigrer,  tout 
ce  qui  tend  à  rabailfer  le  mérite  d'une  perfonne  ou 
d'une  chofe.  Defpicatio  ^  Defpicatus  ^  defpicientia. 
Il  me  femble  que  vous  avez  trop  confondu  les  Aca- 
démiciens que  vous  avez  regardés  comme  vos  Par- 
ties, j'en  ai  trouvé  deux  entr'autres  qui  peuvent  avoir 
tort  à  votre  égard  j  mais  qui  ne  me  paroilfent  pas 
mériter  le  dénigrement  que  vous  en  faices  :  c'eft  M.  de 
Benferade,  &  M.  de  la  Fontaine.  Let.  de  Bu  (J y  à 
Furetitre.  , 

DÉNIGREMENT,  Il  fe  dit  auftî  du  mépris  oii  tombe  un 
homme  dont  la  réputation  eft  devenue  mauvaife.  Il 
eft  tombé  dans  un  grand  dénigrement.  DcJpicctiJJî- 
mus. 

IÎG°  DENIGRER,  v.  a.  Chercher  à  diminuer  la  répu- 
tation des  perfonnes,  ou  le  prix  des  chofes,  à  les 
rendre  méprifabies.  Elevarc,  deprimere ^  Lit  cm  in- 
fcrre  alicui,  lahe  aliquem  afpergcrc.  Les  Auteurs  cri- 
tiques fe  dénigrent  les  uns  les  autres.  On  dit  auflî 
qu'un  homme  s'eft  bien  dénigré,  quand  on  a  décou- 
vert qu'il  a  fait  quelque  méchante  aclrion.  Il  eft  baSj 
&  Daiiet  le  met  au  rang  de  ceux  qui  lont  tout  à-faic 
hors  d'uiage.  Cependant  on  peut  s'en  fervir  dans  le 
ftyle  familier  &  comique. 

Jmi  Marot,  que  je  vous /ai  bon  gré 
D'avoir  les  fots  en  vos  vers  dénigré!  Rouss. 

DÉNIGRÉ,  ÉE.      , 

DENIN,  ou  DEN AIN.  Lieu  des  Pays-Bas,  où  il  y  a 
une  Abbaye  de  Chanoineftes  féculières  fondée  par 
S.  Aldebert  Comte  d'Oftrevant ,  6c  par  Sainte  Reine 
fa  femme,  nièce  du  Roi  Pépin  vers  l'an  764.  &  félon 
d'autres  750.  Donomium.  Les  Bénédiétins  mettent 
cette  Abbaye  au  nombre  de  celles  qui  étoient  autre- 
fois de  leur  Ordre,  avant  qu'elles  le  fuftent  fécula- 
rifées.  Les  fondateurs  donnèrent  tous  leurs  biens  à 
dix  filles,  qu'ils  avoient  eues  de  leur  mariage,  &i 
l'aînée  nommée  Rainfrède  ,  fut  la  première  Abbefte 
de  ce  Monaftère,  où  fes  fœurs  firent  avec  elle  vœu 
de  chafteté.  Dans  la  fuite  ces  Religieufes  fe  font  fé- 
cularifées,  &compofenc  aujourd'hui  un  Chapitre  de- 
dix-huit  Chanoinelfes,  qui  font  preuve  de  noblefle 
de  huit  quartiers.  Ce  lieu  eft  devenu  célèbre  par  la 


22.4  D£N 

crande  bataille  qu'y  gagnèrent  les  François  en  17 1  2.  i 
Je  14'.  Juillec.  Dénïn  eft  fur  le  chemin  de  Valencien- 
nes  à  Douay, 
DENIS,  f.  m.  Nom  d'homme.  Dionyfius.  Saint  Denis 
l'Aréopagite  fut  converti  par  S.  Paul,  comme  il  ell 
rapporté  par  S.  Lucdansles  Ades  des  Apôtres,  Ch. 
XVII.  V.  54.  On  a  cru  long-temps  que  S.Denis  Arco- 
pagite,  étoit  S.  Denis  Eveque  de  Paris;  mais  enhn 
le  P.  Sirmond  montra  dans  la  Dilfertation  De  duobus 
Dlonyjiis,  que  ces  deux  Saints  croient  tortdifférens, 
&  depuis  ce  cemps-là  les  plus  éclairés  n'en  ont  point 
douté.  On  a  cru  de  même  très-longtemps  que  les 
livres  attribués  à  S.  Denis  l'Aréopagite  étoient  effec- 
tivement de  lui  \  il  eft  même  encore  des  gens  qui 
foutiennent  cette  opinion,  mais  le  fentiment  con- 
traire eft  plus  généralement  reçu.  Le  P.  le  Quien, 
Dominicain,  prétend  même  ,  dans  fa  nouvelle  édi- 
tion de  S.  Jean  Damafcène,  que  ces  livres  font  l'ou- 
vrage d'un  hérétique  Monophyfite.  Ce  qui  eft  cer- 
tain, c'eft  qu'on  nsn  trouve  aucune  mention  avant 
le  Vl^  iiècle  &  que  les  premiers  qui  les  pioduihrent, 
font  les  hérétiques  Sévériens,  dans  une  contérence 
tenue  en  5  5 1.  dans  le  Palais  de  l'Empereur  Juftinien 
à  Conftantinople  entte  les  Evêques  Catholiques  & 
eux.  Pour  S.  Denis,  Evêque  de  Paris,  il  vi voit  dans 
le  III^  ficelé,  &  l'Auteur  de  la  vie^  de  S.  Saturnin  , 
Grégoire  de  Tours,  Fortunat  &  Ufuard,  en  parlent. 
Foye^  auITi  M.  de  Launoy  ,  De  duobus  Dionyfûs.  Il 
y  a plufieurs  autres  Denis^  tantChtétiens  que  Rryens , 
que  l'on  diftingue  par  des  furnoms,  Oc  qu'il  eft  bon 
d'apprendre  ici  à  diftinguer. 

S.  Denis  d'Alexandrie  étoit  Patriarche  de  cette 
ville  au  milieu  du  Ll^  iiècle.  Ceft  lui  qui  com- 
battit Sabellius,  &qui  rejetant  le  terme  de  confubi- 
tantiel  au  fensdecet  héréfiarque,  fut  toujours  très- 
conforme  aux  décifions  que  tii  le  Concile  de  Nicée , 
le  iièclj  fuivant,  ainfi  que  S.  Athanafe  le  prouve  ui- 
vincibbmenr  contre  les  Ariens. 

S.  Deriis  deCoiinrhe,  eft  un  Eveque  de  Corinthe 
au  ÏII*^  ficelé j  qui  écrivit  quelques  lettres,  dont 
Eufèbe  nous  a  confervé  des  fragmens  ,  qui  nous 
apprennent  des  traits  finguliers  de  1  hiftoire  Ecclé- 
fiaftique  j  par  exemple  j  que  S.  Pierre  fouffrit  le  mar- 
tyre à  Rome ,  que  S.  Denis  l'Aréopague  fut  Eveque 
d'Athènes  ,  &c.  S.  Denis  Evêque  de  L-orinthe  écri- 
vit des  lettres  à  l'Eglife  Romaine  J  aux  Lacédémo- 
niens  ,  aux  Athéniens ,  aux  Nicomédiens  j  aux  Amaf- 
triens,  à  l'Eglife  de  Gortynej  aux  Gnoftiens  &c  .à 
Chryfophora. 

S.  Denis  Pape  eft  contemporain  des  deux  précé- 
dens. 

Denis  de  Milan  gouvernoit  cette  Eglife  vers  l'an 
3  50.  &  les  fuiv. 

Denis  le  Petu,  en  Latin  Dionyjius  Ex/guus,  ainfi 
furnoramé  pour  fa  taille ,  étoit  un  Moine  Scythe, 
■  qui  fut  Abbé  ,  &  fleurit  au  commencement  du  Vl" 
fiècle  &  jufqu'en  540.  Il  eft  fameux,  non-feulement 
par  une  CoUcétion  des  Canons,  &c  deux  Lettres  iur 
la  Pàque  écrites  en  ^15.  mais  enrore  pour  avoir  in- 
troduit l'ufage  de  notre  ère  vulgaire,  &  la  manière 
de  compter  les  années  par  Jésus  Christ. 

Denis  le  Grand  étoit  confefleur  du  Roi  Jean  ,  qui 
lui  donna  l'Evêché  de  Senlis. 

Denis  le  Chartreux ,  qui  fe  nommoit  Denis  de 
^i/te/,  parce  qu'il  étoit  natif  de  Kikel,  petit  bourg 
du  Dioccfe  de  Liège,  s'eft  diftingue  dans  le  XV^ 
fiècle  par  un  grand  nombre  d'ouvrages.  Son  attache- 
ment à  l'Oraifon  lui  fit  donner  le  furnom  de  Doc- 
teur extatique. 

Denis  le  Tyran.  Quoiqu'il  y  ait  eu  trois  Denis 
Tyrans,  l'un  tyran  d'Héraclée  dans  le  Pont,  con- 
temporain d'Alexandre  le  Grand;  &  les  deux  autres 
de  Syracufe,  l'un  qui  vivoit  environ  400  ans  avant 
J.  C.  &  l'autre  fils  &  fuccefleur  de  celui-là,  &  qui 
fut  furnommé  pour  cela  Denis  le  jeune;  cependant 
quand  nous  difons  Dewi  le  Tyran ,  nous  entendons 
Denis  I.  Tyran  de  Syracufe ,  père  du  fécond ,  qui 
chaffa  les  Carthaginois  de  Sicile,  &  fut  fi  fameux 
par  fes  défiances  éc  Ui  foupçons  centinuelsj  qui  fur 


D  E  N 

le  trône  lui  firent  mener  la  vie  du  monde  la  plus  mi- 
férable. 

Denis  d'Fialicarnaire,  Hiftorien  ,  Auteur  des  An- 
tiquités Romaines  que  nous  citons  quelqueioiSj 
vivoit  lous  Augufte. 

Denis  le  Géographe,  que  nous  citons  auffi  quel- 
quefois, étoit  de  Carax,  6c  a  fait  ime  Géogr.aphie 
en  vers  Grecs  J  fur  laquelle  Eultathius  a  donné  de 
l'ort  bonnes  Notes.  Voilais  prétend  qu'il  fut  envoyé 
par  Augufte  pour  viluer  les  Provinces  d'Orient,  &c 
lui  en  drelfet  des  mémoires,  avant  que  d'y  envoyer 
C.  Céfar.  Fojj.  de  Poéc.  Gr.  C.  q. 

Il  y  a  encore  un  très-grand  nombre  d'hommes  du 
nom  de  Denis  ;  mais  moins  connus  j  ifc  dont  les 
noms  font  moins  dans  l'ufige. 

Dans  le  ftyle  badin  «Si  comique  on  appelle  quel- 
quefois Bacchus  Denis  j  parce  que  les  Grecs  le  nom- 
ment Dion)Jius 3  Aàvvns,  que  Vofiîus  De  Idoi.  L.  I. 
C.  1 9.  p.  76.  croit  s  être  fait  de  AiW  ii'oç ,  fils  de  Jupi- 
ter ^  en  tranfpofant  le  premier  f  après  le  u ,  &  en 
mettant  aufti  T' devant  cet  ",  ic  changeant  enfuue 
cet  <  en  V  :  de  forte  que  Bacchus  ait  été  appelé  fils  de 
Jupiter  Aiofwcsj  comme  Callor  èc  Pollux  Aima^ùi.  il 
confirme  cette  conjeélure  j  parce  qu'il  prétend  que  le 
nom  de  Liber  qu'on  donne  encore  à  Bacchus,  fignifie 
non  pas  Libre,  celui  qui  donne  la  liberté j  qui  déli- 
vre des  loins,  comme  on  le  croit  communément; 
mais  fils  j  comme  Prolerpine  eft  appelée  Ko{>i  ^ 
finie  J  parce  que  l'un  &  l'autre  font  entans  de  Ju- 
piter. 
SAiMT-DtNis,  ou  Saint  Denis  en  France.  VÏBe  de  l'Ile 
de  France  à  deux  lier.es  au  nord  de  Paris.  CatoLacum. 
Ficus  Catuliacus  ,  ou  Catolaeenfis.  DionyJ:opous. 
SanciiDionyfiifianum.  On  pi  érend  que  c'eft  l'ancien 
Catuliacus  Kicus.  L'Abbaye  de  S.  Denis  eft  une 
Abbaye  de  Béiiédiifliiis  très-ancienne.  On  avoir  dit 
)uf-iu'ici  qu'elle  avoir  c'é  tondéepar  Dagobert  I.  au 
Vil'  fiècle;  &  le  P.  Mabillon  lui-même  s'en  eft  te- 
nu là  dans  fcs  Annales  des  Bénédiclmsj  L.  XII,  n. 
J.  mais  le  P.  Féhbien,  autre  Bénédidtm  ,  qui  impri- 
ma en  1706.  Ihiltoire  de  cette  Abbaye  J  ptérendqu'il 
y  avoir  des  Moines  dès  avanr  Dagobert.  C'eft  d;ms 
cette  Abbaye  qu'sft  la  fépulture  de  nos  Rois.  Le  trc- 
fbr  S.  Denis 3  c'eft  le  t'.éfor  de  cette  Abbaye.  La 
plaine  de  S.  L'-.nis,  eft  la  campagne  qui  eft  entre 
Paris  &  S.  Denis.  La  porte  S.  Denis  j  eft  celle  pac 
OLi  l'on  fort  de  Paris  pour  aller  à  S.  Denis.  La  rue 
S.  Denis  J  celle  qui  va  du  Grand  Châtelet  à  cette 
porte.  Les  talmoufc:sde  S.  Denis  \  c'eft  uneefpèce  de 
gâteau  qui  fc  fait  medleur  là  qu'ailleurs.  La  chopi- 
ncj  la  pinte,  le  pot  de  S.  Denis  ^^  ce  font  des  meîu- 
les  de  la  ville  de  S.  Denis,  beaucoup  plus  grandes 
que  celles  de  Paris.  Ce  tonneau  fient  tant  de  pintes 
mefure  de  S.  Denis.  C'eft  environ  le  double  de  celle 
de  Paris.  La  Foire  de  S.  Denis  ^  eft  une  Foire  qui  fe 
tient  à  S.  Denis  le  9  d'Odobre ,  fête  de  S.  Denis. 
Chanoines  Réguliers  de  S.  Denis  de  Reims.  Ce 
font  des  Chanoines  Réguliers  qui  en  lOfî 7.  furent 
établis  à  Reims  par  l'Archevêque  Gervais ,  pour 
relever  une  Abbaye  bâtie  par  Fiincmar  fous  Charles 
le  Chauve,  &  ruinée  depuis  pendant  les  guerres.  Ils 
furent  réunis  à  la  Congrégation  de  France,  ou  de 
Sainte  Geneviève  en  icJj^.Ce  font  les  detniers  qui 
ont  retenu  l'ancien  habit  i^es  Chanoines ,  c'eft-à- 
dire,  le  grand  fnrplis  qui  defcendoit  jufqu'à  terre> 
&  l'hiver  la  chappe  par-delïiis  fans  auiune  ouverture 
pour  pafier  les  mains.  Hifi.  des  Ord.  Mon.  &  Relig. 
P.  II.  C.  60. 

La  Congrégarion  de  S.  DENIS.  C'eft  une  Con- 
grégariondeBénédidins  qui  fut  établie  en  France 
vers  1 580.  en  conféquence  du  Décret  du  Concile  de 
France,  qui  oblige  les  Monafteres  immédiatement 
fournis  .lu  S.  Siège  de  s'unir  en  Congrégation,  s'ils 
n'aimoient  mieux  fe  réfoudre  à  \^  vifite  des  Ordi- 
naires. Elle  étoit  compofée  de  l'Abbaye  de  S.  Denis 
en  France,  qui  lui  donnoit  le  nom  comme  le  Chef- 
lieu,  de  celle  de  Saint  Pierre  de  Corbie,  de  S.  Ma- 
gloire  de  Paris ,  de  S.  Pierre  de  Chartres ,  de  Bonne- 
vaJj  de  Coulombs,  ds  Jofaphat,  de  Neaufle-le-viel, 

de 


DEN 

de  S.  Lomer  de  Blois,  &  de  Monftierénddr.  Paul  V. 
la  confirma  l'an  1614.  fous  le  nom  de  Congrégation 
de  S.  Denis,  &z  donna  à  tous  les  Monallères  immé- 
diatement fournis  au  S.  Siège  la  liberté  de  s'y  aifo- 
cier.  Elle  a  été  anéantie  par  la  Congrégation  de  S. 
Maur  à  qui  leurs  maifons  ont  été  données,  ^oje^ 
hP.HiLYOTjT.y.C.iS. 

S.  Denis  Morit-joye  ^  ou  Mont-joie  S.  Denis  ctoit 
autrefois  le  cri  des  François  dans  les  batailles.  Raoul 
de  Prêles  j  &  après  lui  Du  Chêne,  dins  fes  Antiqui- 
tés &  Recherches  des  Filles  delà  France,  P.  I.  C.  53. 
difent  que  l'origine  de  ce  cri  fut  la  bataille  de  To  ibiac, 
dans  laquelle  Clovis  fe  trouva  en  grand  danger,  s'a- 
drelfa  à  S.  Denis ^  difant,  J.  Denis  mon  jùvc ,  ou  S. 
Denis  monjoye. 
DENISE,  f.  f.  Nom  de  femme.  Dio'iyJiJ.  Il  y  a  une 
Sainte  Denife  martyrifée  au  Y*  lîècle  en  Afrique 
dans  la  perfécution  des  Vandales.  On  appelle  encore 
Denife  les  femmes  qui  ont  cette  Sainte,  ou  S.  De- 
nis pour  Patron. 
DÉNOMBREMENT,  f.  m.  Compte  &  dcr.ail  des  per- 
fonnes  ou  des  chofes.  Enumeratio ,  cenfus.  Il  a  tait  le 
dénombrement  de  tous  les  cas  où  les  Juges  peuvent  re- 
cevoir des  préfens.  Pasc.  Céfar  avoir  ordonné  qu'on 
fit  la  defcription ,  le  dénombrement  du  monde ,  ou 
plutôt  du  peuple  fujet  à  fon  Empire  j  quand  le  San 
veur  prit  naiffance.  Bien  d'iiabiles  gens  croient  que 
ce  dénombrement ^  dont  parle  S.  Luc ,  ne  fut  point 
Univetfel,  niais  feulement  un  dénombrement  de  la 
Judée,  yoye:^  le  Traité  que  Perizonius  a  fait  De  cen- 
fu  Judaico',  &  Bergier  J  De  viis  milit.  1  Secl.  1 2.  §.  S. 
C^c.  On  faifoit  fouveiit  à  Rome  le  dénombrement  des 
familles.    Ces  dénomhremens   hirenc  inftitués    par 
Servius  TuUius,  qui  fit  le  premier,  qui  ne  lut  que 
de  So  mille  hommes.  Pompée  &  CraliUs  en  firent  un 
qui  fut  de  400  mille  hommes.  Celui  de  Céfar  ne 
nU  que  de  1 00000  hommes.  Ainfi  la  guerre  civile 
avoir  fait  périr  500000  citoyens  Romains.  Augufte 
Ht  faire  le  dénombrement  des  citoyens  de  Rome  qui 
montoient  à  4  millions  îî^  mille.  Il  commença  celui- 
ci  l'année  715  de  Rome,  &  ne  l'acheva  que  l'année 
fuivante.  Tillem.  L'an  746.  on  fit  encore  le  dénom- 
brement des  citoyens  Romains ,  qui  fe  trouva  monter 
à  quatre  millions  133000.  Id.  La  dernière  année  de 
fa  vie  ;"5(î  de  Rome,  Augulle  acheva  encore  avec 
Tibère  le  dénombrement àta  citoyens  Romains,  dont 
le  nombre  fe  trouva  monter  à  quatre  millions  157 
mille  perfonnés.  Id.  Tacite  rapporte  à  ■Wy.  48  de  J. 
C.  la  conclufioii  du  dénombrement  du  peuple ,  c'eft-à- 
dire ,  deà  citoyens  Romains  répandus  dans  tout  l'Em- 
pire ,  fait  par  l'Empereur  Claude.  On  en  compta  fix 
millions  9(^4  mille  j  félon  ceu>:  qui  en  mettent  le 
moins  ;  d'autres  le  marquent  .autrement-  Il  fe  trouva 
alors  à  Boulogne  un  homme  âgé  de  1 50  ans,  comv.ie 
on  le  vérifia  par   les   dénomhremens  précédensj  & 
Claude  eut  la  curiofité  de  s'en  affurer.  Après  ce  dé- 
norhbrement  il  n'y  en  eut  point  jufqu'à  celui  que  fit 
Vefpafien ,  qui  fut  le  derhier.  Une  médaille  de  Cl.iu- 
de  très-belle  &  très-inconteftable,  ihais  très-fingu- 
lière,  marque  plus  précifément  le  dénombrement  fait 
par  Claude,  qu'elle  appelle  0/?e/j/ro;  &  qu'elle  fait 
monter  àfept  millions  de  perfonnés  en  état  de  por- 
ter les  armes ,  fans  parler  des  armées  qui  étoient  fur 
pied,  &:  qui  montoient  à  50.  légions,  157  cohortes, 
&  60  foldats.  Voye^  fur  ces  dcnomhremens  de  l'an- 
cien Empire  Romain,  Robortellus  de  Magijlr.  Imp. 
dans  le  Tréfor  des  Antiq.  Rom.  de  Grxvius,  T.  III. 
p.  40.  Manutius  de  Civit.  Rom.  dans  le   même  Tré- 
for, T.  1.  p.  37.  Horman.  Anticf.  R.om.  XI. 
DÉNOMBREMENT,  en  termes  de  Rhétorique,  fe  dit  de 
la  divifion  des  parties  d'un  difcours ,  &  fur-toat  dans 
une  narration  où  l'on  fait  mention  en  détail  des  cho- 
fes qui  fervent  au  fujet.  Enumeratio.  Cet  Orateur  a 
fait  un  lon^  dénombrement  de  tous  les  crimes  qu'il 
reproche  à  fa  partie. 
Dénombrement  ,  en  termes  de  Jurifprudence  Féodale, 
fe  joint  toujours  à  aveu.  Se  fe  dit  de  la  déclaration 
qu'on  lait  au  Seigneur  dominant  de  tous  les  fiefs, 
droits  &  héritages  qu'on  reconnoit  ôc  avoue  tenir  de 


.    ,  _  .DEN  ,  zzf 

lui.  Le  mot  d'aveu  regarde  principalemtnt  la  recon- 
noiiïance  qui  eil  au  commencement  de  l'ade.  Celui 
de  dénombrement  fe  rapporte  au  détail  qui  eft  'faiç 
enfuite  des  dépendances  du  hcf.  Le  valFal  a  40  jours 
après  avoir  fait  la  foi  &  hommage,  pour  dornér 
{on  aveu  Ik  dénombrement.  Le  Seigneur,  dans  autres 
40  jours,  peut  blâmer  le  dénombrement q\ioti  lui  a, 
baillé.  Les  aveus  Se  dénomhremens  ne  font  foi  en 
Juftice  qu'entre  les  perfonnés  qui  ks  ont  baillés,  ou 
reçus.  Le  dénombrement  doit  être  donné  en  parche- 
min, &  pafle  pardevant  Notaires.  Les  denomb-e- 
mens  nciont  foi,  &  ne  préjudicient  qu'à  ceux  qui 
les  donnent,  &  qui  les  reçoivent.  Foye^  M.  le  Prêtre 
j.cent.  chap.  47.&  157. 

DENOMINATEUR,  f.  m.  Terme  d'Arithmétique.  TI 
ne  fe  dit  qu'en  parlant  des  fraétions ,  Se  du  lecoad 
terme  d'un  rapporr  ou  d'une  raifon.  Aumerus  deno- 
minans.  C'eft  le  nombre  écrit  au-delîous  d'une  li- 
gne, qui  marque  en  combien  de  parties  l'uinré  eft 
partagée  par  la  fraction  :  ce  qui  ell  exprimé  par  'e 
nombre  de  deffus,  qu'on  nonime  le  numérateur.  Par 
exemple,  ^fon:  cinq  cens  cinquante  foixante  cin- 
quièmes. Ce  dernier  nombre  eit  le  dénominateur.  Ori 
marque  un  r  <pport  comme  un  _  f  adion,  en  tirant  une 
ligne,  &  écrivant  fur  cette  ligne  le  premier  terine 
du  rapport,  &  le  fécond  terme  fous  la  même  ligne. 
Ainfi  \  marque  le  rapport  de  G  à  î.  De  même  a  b 
marque  le  rapport  du  la  grandeur  repréfenté  par  a  à 
la  grandeur  repréfenrée  par  i,  &' on  nomme  antécé- 
dent le  premier  terme  a ,  i^  conféqaent  le  fécond 
terme  li.  On  nomme  auffi,  comme  dans  les  fraélions, 
le  premier  terme  a  le  numérateur ,  &  le  fécond 
terme  b  le  dénominateur ,  Se  l'on  re;;aide  un  rapporc 
a  b  comme  une  fradion  littérale.  Reyneau.  Scienc. 

.    du  Cale.  p.  18. 

DENOMINATIF.  adj.  Terme  qui  marqué  le  nom 
propre  de  quelque  chofe.  Denominativum  nomen  ab 
alio  derivatum.  La  fîmînrmirp  o  fcs  t^rmei; ,  appel- 
iarifs  ,  J,'noininatifs  ,  fiiperlatifs  ,  &cc. 

DÉNOMINATION,  f  f.  Nom  qu'on  donnfe  i  quel- 
que chofe ,  Se  qui  marque  ordinairement  quelqiie 
qualité  qui  y  domine.  Nuncupatic.  On  dit ,  eiî  Phi- 
lofophie,  que  les  chofes  prennent  leur  denominaticri 
de  ce  qu'elles  cnt  de  plus  confidérable.  On  dit  tn 
Mathématiques  ,  réduire  des  fractions  à  mêrre  dé- 
nomination ,  pour  dire  ,  leur  donner  le  même  dé- 
nominateur. Quand  on  vciit  ailéililler  Si  évaluer 
pIuHeiirs  fraétions  dont  le  dénominateur  eft  diffé- 
rent ,  il  faiir  le  réduire  à  même  dinomiûution.  Oti 
peut  réduire  une  grande  fraétion  p.-*r  une  plus  pe- 
tite dénomination  lorfque  le  numérateur  &  le  déno- 
minateur peuvent  fe  diviiér  par  un  même  nom- 
bre ,  &  ,  quand  cela  ne  fe  peut ,  il  faut  conclure  quci 
îa  frafVion  eft  à  fa  plus  petite  dénomination. 

DÉNOiMMER.  v.  a.  Terme  de  Pratique.  Norhmer 
Se  comprendre  quelque  perfonne  ;  ou  quelque  chofe 
nommément ,  ou  par  ion  nom  dans  quelque  aéte 
ou  procédure.  Dcnominarc.  Cet  arrêt  n'a  point  été 
rendu  avec  moi  ,  je  ne  fuis  ni  dénommé ^  ni  com- 
pris dans  les  qualités.  On  n'oferoir  déncmmerni  corn, 
prendre  perfonne  dans  un  moniroire  qu'on  publié. 
Ce  legs  elt  dénommé  &  défigné  exprelîéipenr  dans 

ce  teltanient.  Si  les  Etats ne-  font  pas  fidèles 

&  que  ceux  qui  font  dénommés  aux  trois  préeédrns 
articles  aient  obmis  frauduleufemenr  quelques-u?is 
de  leurs  effets.  Art.  X,  de  la  Déclaration  du  R.oi 
concernant  les  Jufticiables  ,  <S<rc.du  17  Mars  i7i<î<, 

DïNOMMÉ  J  EE.  part  pair.  Se  r,à\.  Denominatus. 

DENONCER,  v.  a.  Faire  lavoirpar  un  adte;  où  crf 
public  J  ce  qu'on  veuc  faire  connoître  au  peuple , 
aux  étrangers.  Denunciare.  Dénoncer  la  guerre  ,  la 
paix  ,  la  publier.  Dénoncer  une  fête.  Dénoncer  un 
excommunié.  On  dénonce  ceux  qui  font  excommu- 
niés ,  afin  qu'étant  connus  j  en  leur  réfufe  l'entrée 
de  l'Eghfe  ^  la  participation  aux  faints  miftcres  ,  & 
afin  que  les  nurres  Fidèles  n'aient  point  de  commu- 
nication avec  eux  ;  fi  ce  n'eft  dans  les  Cid  exceo- 
tes.  *^ 

DÉNONCER  ^  fe  dit  ?i.)llt  ^  iont  ce  qu'on'  déclare  à 

Ff 


iz6 


DEN 


quelqu'un  ,  de  tout  ce  qu'on  lui  fait  fa  voir  par  quel- 
que moyen  que  ce  foit.  Z)MO««r  quelque  malheur. 
Il  envoya  un  des  principaux  de  la  Cour  vers  les 
Scythes  ,  leur  dénoncer  qa'ih  ne  pallallenc  pas  le  Ta- 
nais.  Vaug.  Il  lui  envoya  dénoncer  qu'il  eût  à  lui 
payer  le  tribut.  Id. 

Dénoncer  j  lignifie  aulîi ,  faire  fignifier  par  un  acte 
fait  en  Juftice  quelque  procédure.  Dénonc:r  à  un 
garant  le  trouble  qui  nous  ell  hiit  par  un  tiers  ,  afin 
qu'il  prenne  le  fait  &  caufe.  Un  pourlui van:  criées 
dénonce  toutes  les  procédures  &  oppohcions  qui  lui 
font  fignifiées ,  afin  que  les  parties  lui  adminillren: 
des  moyens  pour  s'en  défendre. 

DÉNONCER.  ,  fignifie  aulîî  déférer  en  Juftice  un  crime 
&  celui  qui  en  eft  l'auteur,  pour  obliger  la  partie 
publique  d'en  pourfuivre  la  punition.  Dejerre.  Il 
dénonça  deux  Chevaliers  Romains.  Ablanc.  Il  e!t 
dangereux  d'être  dénoncé  k  l'Inquifition.  On  a.  dé- 
noncé a.\i  Procureur  Général  cette  confpiration.  C'elt 
une  grande  trahifon  de  dénoncer  fon  ami. 

On  dit  proverbialement ,  je  vous  dis  &  je  vous 
dénonce  que  je  vais  faire  telle  chofe  ,  pour  dire  ,  je 
vous  le  déclare. 

DÉNONCÉ  j  ÉE,  part,  pair  &  ^à].Denunciatus.  Un  ex- 
communié <^c;/2o«tt;  à  l'Eglife  ,  c'eft-à-dire  j  public, 
&  déclaré. 

DÉNONCIATEUR,  f.  m.  Celui  qui ,  fans  fe  porter 
partie  ,  dénonce  au  Procureur  du  Roi  qu'un  crime 
a  été  commis  par  quelqu'un  ,  afin  qu'il  en  talfe  la 
pourfuite  en  qualité  de  Procureur  du  Roi.  Delator. 
Un  dénonciateur  ell  fecret ,  &  fe  doit  infcrire  fur 
le  Regiftre  du  Procureur  Général,  &  donner  cau- 
tion, Quand  un  homme  eft  abfous  ,  la  partie 
publique  eft  obligée  de  nommer  fon  dénonciateur  . 
pour  le  faire  condamner  aux  dommages  &  intérêts 
Voici  un  grand  crime  dont  Tubéron  s'eft  rendu 
dénonciateur.  Abl.  Les  deux  dénonciateurs  des  Tem 
pliers  périrent  raîférablement.  Mezer.  Il  y  a  des 
Théologiens  qui  pretendenc  quen  matière  d'héré- 
lles  ,  on  peut  être  dénonciateur  Se  Juge  toutcnfem 
ble  ;  mais  cette  prétention  eft  odieufe.  Un  dénon- 
ciateur eft  trop  intérefle  dans  fa  dénonciation  pour 
attendre  de  lui  un  jugement  équitable.  Un  dénon 
dateur  doit  toujours  être  confidéré  comme  partie. 
fC?  Dénonciateur  ,  délateur  ,  accufateur  ,  ne 
font  point  fynonymes.  P^oye-[  au  mot  délateur  les 
idées  acceftoires  qui  les  diftinguent. 
DÉNONCIATION,  f.  f.  Publication  fliite  folennelle- 
ment.  Denunciatio.  Tous  les  vailleaux  font  de  bonne 
prife  après  la  dénonciation  de  guerre.  On  a  fait  au 
prône  plufieurs  dénonciations  &  publications  de  bans, 
d'excommunications  ,  &c.  La  dénonciation  fe  faitjj 
afin  que  la  fentence  d'excommunication  foit  entiè- 
rement exécutée.  EVEILLON. 

DÉNONCIATION  ,  fignifie  auffi,  la  déclaration  que  l'on 
fait  au  Magiftrat  qui  a  en  main  la  vindide  publi- 
que ,  d'un  crime  &  de  celui  qui  en  eft  coupable  j 
fans  fe  rendre  partie.  Delatio.  Cette  dénonciation 
n'eft  pas  elTentielle  pout  l'inftruélion  d'un  procès 
criminel  \  elle  donne  feulement  ouverture  au  Juge 
pour  informer.  Une  partie  ne  peut  pourfuivre   un 

fjrocès  criminel  où  elle  n'a  point  d'intérêts ,  que  par 
a  voie  de  la  dénonciation.  Philippe-le-Bel ,  Roi  de 
France ,  fur  la  dénonciation  de  deux  Templiers  fcé- 
lérats ,  fit  arrêter  en  130710115  les  Templiers  de 
fon  Royaume.  Mez. 

ffT  DÉNONCIATION  &  accufation  que  nos  Didlion- 
nariftes  conlondent  i\°  font  pas  plus  fynonymes  que 
dénonciateur  &  accufattur.  Voyei;  ces  mots. 

DÉNONCIATION  ,  fc  dit  aufil  des  procédures  qu'on 
fignifie  aux  parties,afin  qu'elle  n'en  prétendent  caufe 
d'ignorance.  Monitio  ,  denunciatio  ^  fignificatio.  Un 
acquéreur  fait  une  dénonciation  a  fon  garant  du 
trouble  qui  lui  eft  fait. 

Il  y  a  aufti  en  Droit  une  adtion  qu'on  appelle  dé- 
nonciation de  nouvel  auvre.novi  operis  nunciatio  dont 
il  y  a  un  titre  exprès  dans  le  Digefte,  &  dont  on 
ufoit  pour  empêcher  une  nouvelle  conftrudion  faite 
par  un  voifin  au  préjudice  d'un  autre. 


D  E  N 

DÊNOTATION.  f  f.  Défignation  de  quelque  chofe 
pat  certains  fignes.  Signijicatio.  On  a  parlé  de  ces 
chofes  en  général ,  lans  aucune  dénotation  parti- 
culière. Ce  mot  &  le  fuivant  font  un  peu  vieux. 

DENOTER.  V.  a.  Marquer  ^  défigner  quelque  chofe, 
ou  quelque  perfonne ,  enforte  qu'on  la  puiffe  re- 
connoître.  JJenotare.  La  plupart  de  nos  myftères 
nous  font  dénotés  par  les  figures  de  l'Ancien  Tefta- 
ment.  Les  témoins  ne  dépofent  pas  nettement  contre 
cet  accufé  j  mais  il  eft  pourtant  fi  bien  dénoté  qu'il 
y  a  apparence  que  c'eft  lui. 

|Cr  Dénoter  j  fe  prend  quelquefois  dans  la  fignifica- 
tion  d'indiquer.  Dans  les  fièvres  intermittentes  ,  lô 
frilTon  dénote  l'accès.  Indicare. 

DÉNOTÉ,  ÉE.  -çxn.Indicatus yflgnifîcatus. 

DENOUEMENT,  f  m.  Ce  mot  ne  fe  dit  point  aa 
propre.  Il  eft  d'ufage  au  figuré  pour  fignifier  ce  qui 
démêle  ,  ce  qui  développe  le  nœud  d'une  pièce  de 
Théâtre  j  le  point  ou  aboutit  &  fe  réfout  une  in- 
trigue épique  ou  dramatique.  Nodi  folutio.  Le  dé- 
nouement des  Vifionnaires  eft  très  naturel ,  &  vrai- 
femblable.  Le  dénouement  des  Romans  fe  fait  d'or- 
dinaire par  une  reconnoiftance  ,  comme  celui  de 
i'Aftrée.  Dans  le  Poëme  Epique  le  dénouement  ne 
doit  pas  lailfer  le  Héros  malheureux  \  les  fins  trif- 
tes  ne  font  bonnes  quepour  la  Tragédie.  P.  le  Boss. 
Le  dénouement  d'une  pièce  tragique  doit  naître  du 
fujet  même  ,  fans  avoir  recours  à  une  machine  , 
ou  à  une  Divinité  ,  pour  délier  ce  qui  eft  trop  em- 
barraife.  Dac.  Le  dénouement  doit  être  la  partie  la 
plus  travaillée  ,  parce  que  c'eft  ce  qui  fait  la  der- 
nière imprelîion  fur  l'efprit  du  Speétareur.  Id.  Le 
dénouement  pèche  le  plus  fouvent ,  ou  parce  qu'il  eft 
mal  préparc  ou  parce  qu'il  eft  trop  embarrafié  ,  ou 
parce  qu'il  eft  double.  Id.  Il  fliut  que  le  dénoue- 
mention  une  fuite  vraifemblable  de  ce  qui  a  précé- 
dé ;■  qu'il  foit  naturel,  &  qu'il  naiiïe  du  fujer.  P. 
LE  Boss.  Térence  n'enflamme  pas  la  curiofité  ,  & 
ne  jette  pas  l'efprit  dans  l'impatience  de  voir  le 
dénouement  des  avantures.  Dac. 

DÉNOUEMENT  ,  fe  dit  auffi  en  parlant  des  affaires  &  des 
intrigues  du  cabinet. 

DÉNOUER,  v.  a.  Défaire  un  nœud.  Modum  fohere  , 
expedire.  Dénouer  fes  fouliers ,  fi  cravate.  Alexan- 
dre ne  put  dénouer  le  nœud  Gordien  ,  mais  il  le 
coupa. 

ter  DÉNOUER  3  en  parlant  du  corps  &  de  [as  parties 
fe  prend  dans  un  fens  figuré,  &  fignifie  rendre 
plus  agile ,  plus  fouple.  Voyc^  ces  mots.  Les  dif- 
férens  exercices  auxquels  on  accoutume  les  jeunes 
gens  ,  la  danfe ,  la  chatfe  ,  l'efcrime ,  la  paume  , 
&CC.  dénouent  le  corps ,  les  membres. 

^fT  En  parlant  de  la   langue ,  c'eft  lui  donner 
la  ficilitc  de  parler.  Expedire. 

Ma  langue  n'attend  pas  que  l'argent  la  dénoue. 

BoiL. 

^fT  On  le  dit  auffi  en  Morale.  Dénouer  le  nœud 
de  l'amitié.  Modum  j  vinculum  amicitiA  folvere  y 
dijffolvere.  Quand  l'intérêr  feul  forme  le  nœud  de 
l'amitié,  les  moindres  chagrins  le  peuvent  rompre, 
ou  du  moins  ils  le  peuvent  dénouer.  S-  EvR.  Le  lien 
conjugal  parmi  les  Chrétiens  eft  un  nœud  qu'on  ne 
peut  dénouer. 
0Ô"  DÉNOUER,  en  parlant  des  pièces  de  Théâtre, 
fe  dit  encore  figuremenrpour  démêler,  débrouiller 
une  intrigue ,  le  nœud.  Foyc^  Dénouement.  Ce 
Poëce  a  fort  bien  dénoué  \'\mngu.e  de  fa  pièce. 

^fT  Ce  verbe  eft  auffi  réciproque  tant  au  propre 
qu'au  figuré.  Ce  ruban  fe  dénoue.  Ce  jeune  homme 
commence  à  fe  dénouer  \  il  n'eft  plus  auffi  lourd , 
auffi  pefanr  qu'il  étoit.  L'intrigue  de  cette  Ipièce'fe 
dénoue  fort  bien  ,  fe  démêle ,  fe  développe.  Son  ef- 
prit  fe  dénoue  ,  comprend  ,  conçoit  plus  aifémentï 

§Cr  On  dit  auffi  qu'un  enfin t  fe  dc'^oue  ,[otC- 
que  les  parties  de  fon  corps  qui  étoient  nouées  , 
comment  à  prendre  la  forme  j  l'étendue  Se  le  jeu 
qu'elles  doivent  avoir. 


I 


D  E  N 

JDÉNOUÉ ,  ÉE.  part.  ..     .^  •    ,    ,v 

DENQUI.  Vieux  mot  qui  lignihoit  de-la.       _ 
DENOY.  f.  m.  Vieux  moi  qui,  félonie  Dictionnaire 
des  Arts,  fignifioit  refus.  Il  vient  évidemment  de  «a>. 

Voye:^^  ce  mot. 

DENRE.  Toye?  DEMDRE. 

â:?  DENRÉE,  f-  f.  Ce  mot  lignifie  particulièrement 
les  fruits  ,  racines  ,  légumes  propres  pour  notre 
nourriture,  comme  artichauts  j  navets ,  carottes , 
&c.  Efculenta.  Mais  j  en  généralifant  fon  acception , 
on  l'applique  à  tout  ce  qui  fe  vend  pour  la  nour- 
riture, la  fubfiftance  &  l'entretien  des  hommes  & 
des  animaux.  Blé ,  vin  ,  bois ,  paille,  toin  ,  avoine  , 
&c.  &  l'on  appelle  menues  denrccs  les  premières^ 
&  grolTes  denrées  ,  les  fécondes.  Dans  les  villes 
bien  policées,  le  îvlagiftnat  met  le  prix ,  le  taux  aux 
denrées  fujettes  à  la  Police.  Men. 

Ce  mot  vient  de  denarata  ,  qu'on  a  dit  au  lieu 
es  denariatu  ,  fait  de  denariuf ,  comme  li  c'étoit 
une  chofe  qu'on  voulut  réduire  en  deniers ,  ou  un 
revenu  de  deniers.  Dans  les  ^cla  Sancl.  April.  T. 
III. p.  1^1.  C.  le  P.  Papebroch  dit  plus  exactement 
que  denàriata  y  denrée  vient  Aedenarius,  denier, 
&s'eft  dit  pour  deniérées  j  &:  que  ces  motSj  tant 
le  Latin  que  le  François,  fignilient  des  marchan- 
difes  qui  fe  vendent  en  détail,  &  dont  l'on  peut 
acheter  à  très-bas  prix  &  comme  pour  un  denier  j 
que  c'efl:  pour  cela  qu'on  les  a  appelées  denanaca  j 
deniérées ,  c'eft-à-dii:e  ,  ce  qiVon  peut  avoir  pour 
un  denier ,  comme  poignée  lîgnihe  ce  qu'on  peut 
tenir  dans  le  poing  ,  Se  que  de  deniérées  s'ell  tait 
<^t;/;r«V.  L'Auteur  de  l'hiftoire  des  miracles  de  Samt 
Gengulfe  C.  U.  §.  ii.  dit  duas  dencmras  ccm  , 
deux  denrées  de  cire ,  ce  qui ,  félon  le  P.  Henf- 
chenius ,  lignifie  deux  petites  bougies  d'un  denier 
rhacune.  AÛa  Sancl.  Maii  T.  II.  p.  6jo.  F.  &  p. 
6s2.  E.  L'Auteur  de  la  vie  de  S.  Norbert  con- 
temporain de  ce  Saint ,  c'ell-à-direqui  écrivoit  au 
commencement  du  douzième  fiècle  ,  dite.  i8.  une 
denrée  de  vin  ,  ou  d'hydromel  ,  denariatam  yini  vel 
mcdonis  ,  c'eft-à-dire ,  ce  qui  s'en  donnoit  pour  un 
denier.  Acl.  Sanà.  Jun.  T.  I.  p.  i\fs.  C.  Du  Cange 
dit  que,  dins  la  balle  Latinité,  on  appelle  toutes 
fortes  de  marchandifes ,  denarata ,  denariaca  j  & 
denairada,  &  qu'on  appeloit  mime  dcnariata  terr£ 
aut  vine& ,  une  portion  de  terre  ou  vignes  qui  va- 
loir un  denier  de  revenu.  Guichort  dit  qu'il  pour- 
roit  bien  venir  du  mot  Hébreu  ^^rt ,  hadar .,  entant 
qu'il  fignifie  vendre  3'  débiter ,  vendere,  dijlrahcre 
perurbem. 

DtNRÉE  ,  fedit  aulTi  en  mauvaife  part  de  la  itiarchan- 
dife  qui  ne  vaut  rien.  Merx.  Ce  marchand  s'ell: 
défait  de  fes  plus  belles  étotfes,  il  n'a  plus  chez  lui 
que  de  la  denrée  ,  du  rebut.  Cet  homme  là  n'a  été 
payé  qu'en  denrées  ,  en  méchantes  marchandifes.  On 
dit  généralement  en  parlant  d'un  homme  qui  vend 
bien  ce  qu'il  a  à  vendre ,  que  cet  homme  vend  bien 
fa  denrée.  AcAD.  Fr. 

^fT  DENSE,  adj.  de  t.  g-  Denfus,  Terme  de  Phylique. 
Dont  les  parties  font  ferrées.  Ce  mot  eil  ellentiel- 
lement  relatif:  &  quoiqu'on  dife  abfolument  que 
l'or,  le  plomb,  font  des  corps  denfes ,  il  e'\  clair 
qu'alors  mcme  ,•  on  le  dit  relativement  à  d'autres 
corps.  Il  eft  oppofé  .à  rare.  Les  corps  denfes  onr 
moins  de  pores  j  ou  les  ont  plus  petits  que  les  au- 
tres. Un  corps  denfe  eft  un  corps  qui  occupe  peu 
d'étendue  avec  beaucoup  de  matière.  Rohault.  Les 
malfes  de  deux  liqueurs  différentes  ne  feront  pas 
comme  leurs  volumes,  &  la  liqueur  la  plus  denfe 
aura  a  proportion  de  fa  denfité ,  une  plus  grande 
malîe  fous  un  volume  égal.  Ibid. 

DENSITE,  f.  f. Terme  de  Phylique.  Qualité  d'un  corps 
denfe.  Denfitas  ,  fpiffitas  ,  concretio.  La  pefanteur 
de  l'or  vient  de  fa  denflté. 

$ÇT  On  entend  par  denfté  ou  par  gravité  fpé- 
cifique  d'un  corps  ,  la  quantité  de  matière  propre 
qu'il  renferme  fous  rel  volume.  Lecorps  A  fera  plus 
</e/2/ê  que  le  corps  B,  li  fous  un  égal  volume  il  contient 
plus  de  matière  propre,  c'eft-à  dire ,  s'il  a  plus  de 


DEN  .    ,'i^^7 

maire  on  plus  de  poids  que  lé  corps  B.  &  il  fera 
moins  denfe  ou  plus  rare  ,  fi  fous  un  plus  grand 
volume  il  n'a  qu'un  poids  égal.  Le  fer  efl  beaucoup 
plus  denfe  que  le  liège,  parce  g.i'un  quintal  de 
fer  eft  renfermé  fous  un  très-petit  volume  ,  tandis 
qu'un  quinsal  de  liège  occupe  un  très-grand  efpace; 
De-là  les  Newtoniens  concluent  que  la  matière 
éthérée  cartefienne  eft  beaucoup  plus  denfe  que 
l'or.  En  efltet  un  pied  cubique  d'or  a  beaucoup  de 
pores  qui  font  vides ,  ou  du  moins  qui  ne  font 
pas  remplis  de  la  même  matière  que  l'or.  Un  pied 
cubique  de  matière  éthérée  au  contraire  ne  ren- 
ferme ,  fuivant  Delcartes ,  aucune  efpace  qui  ne 
foit  rempli  de  matière  éthérée. 
ffT  DENT.  f.  f.  Dens  j  quafî  edens  ,  parce  que  les 
dents  fervent  à  manger.  Petit  os  très-dur  &  très  - 
compadV,  enchalfé  dans  des  loges  particulières  des 
gencives  ,  qu'on  nomme  alvéoves,  &  qui  lèrt  aux 
hommes  &:  aux  animaux  à  brifer ,  mâcher  &  broyée 
les  alimens.  L'homme  &  la  plupait  des  animaux 
ont  deux  rangs  de  dents  :  Ihomme  a  pour  l'ordi- 
naire 51  dents  ,  16  à  la  mâchoire  fupérieure,  au- 
tant à  la  mâchoire  inférieure. 

DO"  Les  dents  incifives ,  ainfi  nommées  parce 
qu'elles  fervent  à  couper  les  alimens  j  placées  au 
nombre  de  quatre  à  la  partie  antérieure  de  chaque 
mâchoire,  font  appelées  par  quelques-uns  premiè- 
res ou  dents  de  primeur  ,  parce  qu'elles  paroiirenc 
les  premières.  Dentés  priores ,  adverf.  Quelques 
Médecins  les  appellenr  gélafînes  ou  rieufes,  riden- 
tes  ,  parce  qu'on  les  montre  quand  on  rit. 

Il  y  a  deux  dents  canines  c\ae  le  vulgaire  appelle 
œillères ,  parce  |qu'une  partie  du  nerf  qui  fait  mou- 
voir les  yeux,  y  eft  engagée,  d'où  vient  le  danger* 
de  les  arracher.  Dentés  canini.  Les  dents  incifves  &C 
canines  n'ont  qu'une  racine  \  les  autres  en  ontdeuXj, 
&  quelquefois  trois  &  quatre.  Il  y  a  dix  dents  mâ- 
chelicres  ou  molaires.  Celles  de  derrière  s'appellent 
dents  de  fagefje  j  parce  qu'elles  viennent  à  l'âge  de 
difcrétion  ,  vers  lâge  de  20  ans.  Maxillares ,  mola- 
res.  Vo-^c\  Molaires.  Les  dents  oui  leurs  veines  &: 
artères.  Ce  font  les  feuls  os  qui  croilfent  dans  les 
animaux  jufqu'à  leur  extrême  vieillelle.  M.  de  la 
Hire  obferve  que  l'émail  des  dents  ,  qui  eft  unefub- 
ffance  bien  différente  de  celle  des  dents  ,  eft  la 
feule  patrie  des  dents  qui  croît.  On  appelle  dents 
de  /<3ir,  les  premières  dents  qui  viennenr  aux  hom- 
mes ,  &  doht  plufieurs  tombent  pour  l'ordinaire. 
Denticuli  ^  dentés  laclei. 

Quelques-uns  fonr  nés  avec  toutes  leurs  dents, 
comme  À4arcus  Curius  Dentatus  j  &c  Cneïus  Papi- 
riusCarbo.  D'autres  n'ont  eu  qu  une  dent  continue 
tout  le  long  de  la  mâchoire,  comme  Pyrrhus ,  Roi 
des  Epirotes  ,  Prufias  ,  fils  du  Roi  de  Bythinie. 
D'autres  ont  eu  deux  ou  trois  rangs  de  ^cv;f5  ,  com- 
me quelques-uns  l'ont  dit  d'Hercule.  Les  dents  font 
revenues  à  quelques-uns  en  vieilleire.Mentzelius  , 
Médecin  Allemand  ,  dit  qu'il  a  vu  un  vieillard  à 
Clèves  ,  en  1666  âgé  de  110  ans,  à  qui  les  dents 
étoient  revenues  deux  ans  auparavant  avec  grande 
douleur,  &  qu'en  même  temps  il  fe  trouva  un  An- 
glois  à  la  Haye  à  qui  pareillement  les  d'e«M  étoient 
revenues  en  fa  118^  année. 

Un  Médecin  Danois  j  nommé  Hagerup  ,  a  fou- 
tenu  dans  une  théfe  que  l'on  peut  entendre  avec 
les  dents.  Sa  preuve  eft  que  ,  fi  l'on  met  dans  un 
clavecin  un  couteau  ,  &  qu'on  le  ferre  entre  fes 
dents  J  on  entend  Tharmonie  du  clavecin ,  quoi- 
qu'on ait  les  oreilles  bouchées.  De  même  les  fourds 
ouvrent  quelquefois  la  bouche  pour  enrendre  j  Se 
entendent  efleélivement.  Mais  on  doit  attribuer  cet 
effet  à  la  communication  de  l'oreille  interne  avec 
la  bouche,  f^oy.  Ouïe  &  Oreille.  Martin  Scochius 
dans  fon  Traité  du  beurre  ,  prérend  qu'il  n'y  a 
point  de  meilleur  moyen  pour  conferver  Us  dents, 
&  les  avoir  belles  ,  que  de  les  frotter  tous  les  ma- 
tins de  beurre.  Mais  cet  opiat  n'eft  guère  moins 
dégoûtant  que  celui  des  Eip.agnols  ,  qui  fe  les  la 
vent  tous  les  matins  avec  de  l'urine.  Pour  le  ma- 

Ffij 


12 


8 


D  E  N 


de  dents  ,  une  pâte  faite  avec  de  la  mie  de  pain 
&C  de  la  giaine  de  Stamonia  mife  fur  la  denc  malade., 
en  engourdit  la  douleur.  Let.  éd.  et  cur. 

On  dit  qu'on  a  les  dents  molles  j  lorfqu'elles  ne 
font  pas  avec  leur  fermeté  ordinaire ,  &  lorf- 
qu'elles font  agacées  par  quelque  ae-idité.  La  mala- 
die des  dents  j  c  eft  la  carie  qui  les  pourrit ,  qui 
les  creufe ,  qui  les  fait  tomber  par  pièces.  Dens 
cariofus ,  putridus  ,  conuptus.  Le  mal  de  dents  ell 
feulement  une  Huxion  fur  les  gencives  fort  doulou 
reufe.  On  dit  que  c'eil  Efculape  qui  a  trouvé  le 
premier  le  moyen  d'arracher  les  dents.  Les  Poètes 
appellent  les  dents  blanches  &  bien  rangées  ,  des 
dents  d'yvoire ,  des  rangs  de  perles  j  un  beau  râ- 
telier de  dents.  A  Cumana  vers  Mexique  ,  les  peu- 
ples font  curieux  d'avoir  des  dents  noires ,  &  re- 
gardent ceux  qui  ont  les  c/e/zw  blanches  comme  des 
efféminés.  Aux  Indes  Orientales  ils  les  rougilleni 
à  caufe  du  bèrel  &  de  raréca  qu'ils  mâchent  incel- 
famment. 

On  dit  que  les  dents  percent  à  un  enfant  quand 
elles  lui  viennent ,  qu'elles  commencent  à  paroître  \ 
parce  qu'alors  elles  percent  la  chair  ou  la  peau  des 
gencives ,  &  forrent  dehors.  Les  enlans  lont  mala- 
des,&ontlalîèvre,quand  les  t/twj  leur  percent.Z^c/z- 
titio  ,  dentire.  On  dit  ordinairement  que  la  plupart 
des  enfans  meurent   aux  dents,  ^ouï  dire,  qu'ils 
meurent  quand  les  dents  leur  viennent-  Acad.  Fr. 
On  dit ,  arracher  les  dents  j  nettoyer  les  dents , 
limer  les  dents ,  écarter  ou  delferrer  les  dent! ,  bou- 
cher les  trous  des  dents  ^  remplacer  les  dents  ,  ou 
en  mettre   d'arcihcielles  à  la   places  des  naturelles 
qui  font  tombées ,  ou  qui  ont  été  arrachées.   On 
dit  qu'une  dent  tombe  ,  quand  elle  le  détache  d'elle 
même  :  qu'elle  eft  arrachée ,  quand  pour  la  déta- 
cher ,  Se  l'ôter   de  fa  place  ,  on  emploie  quelque 
inftrument,  quand  on  ufe  de  force.  Une  t/c/zr  avance 
ou  poulfe  en  dehors ,  non  pas  quand  elle  s'eleve 
plus  haut ,  ou  qu'elle  defcend  plus   bas  que  celles 
qui  font  à  côté ,  mais  quand  la  tablette  extérieure 
de  la  dent  qui  touche  à  la  lèvre  s'avance   plus  en 
dehors  que  celle  des  autres  dents.  Alvéole  de  la 
dent ,  c'ell  le  trou  ou  la  dent  eft  enchaflee.  Tablette 
de  la  dent ,  eft  la  face  plate  de  la  dent ,  tant  la  face 
intérieure  qui  eft  du  côté  de  la  bouche  ,  que  l'exté- 
rieure ,  qui  eft  du  côté  des  lèvres  ,   &  qui  fe  voit 
quand  on  rit.  Nerf  de   la  dent ,   eft  un  nerf  qui 
tapilfe  le  fond  de  l'alvéole  de  la  dent.  Racine  de 
la  dent  font  des  alongemens  de  l'os  de  la  dent  en 
forme  de  racine  ,  qui  fervent  à  l'attacher  à  la  mâ- 
choire ,  &  à  la  tenir  ferme  ilans  fon  alvéole.   Opé- 
rateur pour  les  dents ,  eft  un  homme  qui  s'occupe 
uniquement  de  iacuredes  i/d^i-.  Arracheur  de  dents, 
Dentijîe.  Une  (nt-dent  j  eft  une  dent  furnuméraire , 
qui  pouffe  à  l'une   ou  à  l'autre  mâchoire ,  foit  en 
dedans,  foit  en  dehors,  &  qui  n'eft  ni  du  nombre 
des   autres,  ni  placée  comme  elles.  LTne  fiuffec^t^wr 
eft  une  dent  artificielle  qu'on  met  à  la  place  d'une 
dent  naturelle  qui  manque.  Il  y  a  de  vieilles  fem- 
xnes  qui  portent  un  râtelier  tout  entier  de  fauffes 
dents.  Les  fauffes  dents  fe   font  oïdinairemenr  d'i- 
voirej  mais,  parce  que  l'ivoire  jaunit  en  peu  de  tems 
dans  la  bouche  ,  Fabricius  confeille  de  les  faire  de 
l'os  du  jarret  d'un  bœuf.  La  coutume  de  mettre  des 
</€«f5  d'ivoire  à  la  place  de  celles  qu'on  a  perdues, 
&  de  les  lier  avec  un   fil  d'or,  eft  très-ancienne; 
les  Romains  en  ont  ufé  ,  Lucien  &  Martial  en  par- 
lent. De  Vign.  Mary.  Guillemeau  donne  la  compo- 
fîtion  d'une  certaine  pâte  pour  faire  de  faulTes  dents: 
II  faut  prendre  de  la  cire  blanche  égrenée,  &  la  faire 
fondre  avec  un  peu  de  gomme  élémi,  y  ajouter  des 
poudres  de  maftic ,  de   corail   blanc  &  de  perles. 
Cet  Auteur  prétend  qu'avec  cette  pâte  on  peut  for- 
mer des  dents  artificielles  qui  ne  jauniront  jamais, 
&  qui  pourront  remplir  parfaitement  les  trous  où 
on  les  mettra,  yoyei  Dionis  fur  les  opérations  qui 
fe  font  aux  dents. 

Les  llents ,  quoique  féparées  du  corps  avant  la 
mort  5  étoient  anciennent  regardées  comme  des  ref- 


DE  N 

tes  précieux  que  l'on  avoit  foin  d'enfermer  avec 
les  cendres  &c  les  offemens  dans  les  urnes  fépul- 
chrales  des  défunts.  Cohaufen  OJJilegium  htflorico-' 
phyf.  Il  eft  faux  que  les  dents  foient  les  feules  par- 
ties du  corps  humain  qui  ne  fe  confument  poinc 
par  le  teUj  comme  l'a  cru  Riolan ,  trompé  fans 
doute  par  l'autorité  de  Pline.  On  n'en  a  trouvé  que 
deux  dans  les  anciens  tombeaux  de  Weftphalie  j 
encore  l'une  eft-elle  demi  calcinée  par  le  feu.  Id. 

Quant  aux  animaux  ,  il  y  a  quelques  poiffonsqui 
ont  àis  dents  fur  la  langue  comme  les  truites.  La 
morue  a  des  dents  au  fond  du  gofier  j  ce  font  des 
pointes  en  quelque  façon  pareilles  à  celles  qui  font 
îur  la  langue  du  lion,  tournées  vers  le  gofier.  Les 
lamies  ont  lîx  rangs  de  dents.  Le  grand  chien  de  mer, 
qu'on  appelle  canis  carcharlas  ,  a  quatre  ou  cinq 
rangs  de  dents  à  chaque  mâchoire  ,  dont  quelques- 
unes  ont  un  pouce  de  long ,  &  font  extrêmemenc 
dures,tranchantes  &  pointues.  Le  requin  a  trois  rangs 
&  les  crocodiles  en  ont  trois  toutes  canines,  n'ayanc 
ni  incihves  ni  molaires.  Elles  font  dune  dureté  &: 
d'une  blancheur  extraordinaire ,  d'une  figure  ronde  , 
pointues  &  cannelées,  comme  une  colonne  Dori- 
que Se  difpofées  de  telle  forte  j  qu'il  y  a  autant 
de  plein  que  de  vide.  Ariftote  a  cru  qu'il  n'y  avoic 
que  le  fcarus  qui  eût  des  dents  propres  à  broyer  , 
quoiqu'on  en  trouve  en  d'autres  poiffons.  Les-fèches 
n'ont  point  de  dents,  non  plus  que  les  crapauds, 
&  ne  laiffen:  pas  de  mordre.  Les  vipères  &  les  gre- 
nouilles de  mer  ont  deux  grandes  dents  canines, 
qui  font  mobiles,  &  d'ordinaire  couchées,  &  qui 
le  relèvent,  quand  elles  veulent  mordre.  Les  dents 
du  fanglier  font  tournées  en  demi-cercle  ,  &  font 
à  trois  pans  comme  un  prifme.  On  tient  que  les 
licornes  font  les  dents  d'un  gros  poiffon.  Voye\  Li- 
coRNE.  La  </£/;/ du  brochet  eftvenimeufe,  &  fait 
partie  de  fa  mâchoire.  Les  d^nts  d'éléphant  font 
de  groffes  défenfes  pointues  que  cet  animal  porté 
en  dehors  ,  &qui  font  l'ivoire.  Cardan  prétend  qu'on 
les  peut  amollir  comme  la  corne  de  bœuf. 

En  termes  de  Manège  ,  on  dit  que  les  dénis  du 
cheval  marquent  fon  âge.  Il  a  40  dents  ,  14  mâche- 
lières  au  fond  de  la  bouche ,  au-delà  des  barres , 
1 1  de  chaque  côté  du  canal ,  rangées  fix  deffus  ,  & 
fix  deffous  ;  elles  ne  tombent  jamais ,  &  ne  fer- 
vent point  à  la  diftinétion  de  l'âge  :  12  de  lait,  qui 
font  fur  le  devant  de  la  bouche  ,  &  quatre  qu'on 
nomme  les  crocs.  On  nomme  aulli  les  pinces ,  les 
quatre  de  devant ,  les  quatre  d'après  font  les  mi- 
toyennes \  les  quatre  fuivantes ,  les  coins.  On  die 
qu'un  cheval  met  fes  dents  ,  qu'il  change  fes  dents, 
êc  qu'il  a  mis  ùs  coins j  ou  fes  pinces,  quand  il 
pouffe  fes  coins  ou  fes  pinces  au  lieu  de  fes  premiè- 
res ^e«fj.  A  mefure  qu'elles  pouiïènt  elles  indiquent 
les  années  du  cheval.  Les  coins  qui  font  plus  avant 
dans  la  bouche  que  les  autres  dents  ,  fortent  de  la. 
gencive  à  cinq  ans.  Alors  ils  deviennent  creux, 
&  marquent  ordinairement  jufqu'à  7  ou  8  ans  , 
c'eft-à-dire  que  ce  creux  où  il  y  aune  marque  noire, 
qui  reffemble  à  une  fève  ,  commence  à  fe  remplir, 
&  la  marque  à  s'eftacer. 
f(Zr  Dent  de  loup  ,  chez  les  ouvriers ,  eft  celle  qui 
leur  fert  à  polir  leur  ouvrage. 

On  appelle  auffi  dent   de  loup ,  les  gros  clous 

ni  attachent  les  poteaux  des  cloifons.  Il  faut  mettre 

eux  dents  de  loup  à  chaque  poteau. 
pT  Dent   de  rat,  terme  de  Rubannier.  Petit  orne- 
ment qui  fe  forme  fur  les  lilieresde  plufieurs  ou- 
vrages. Il  retîemble  affez  à  la  denture  d'une  fcie  ; 
mais  l'ufige  eft  de  le  nom.mer  dent  de  rat.  En- 

CYCLOP. 

UC?  Dent  de  peigne,  chez  les  Tifférands ou  </f«r  de 

rot.  Fcty.  Peigne  &  Rot. 

En  Sculpture  on  appelle  dentdechien  ,   uncifeau 

fendu  par  le  bout,  qui  fe  divife  en  deux  pointes. 

On  l'appelle  autrement  double  pointe.  C'eft  auffi  un 

inftrument  de  Doreur. 
Dent  ,  fe  dit  auffi  par  extention  de  plufieurs  pointes 

ou  entaillures  qui  font  faites  en  forme  de  dems. 


DEN 

Denticulus.  Les  Médecins  donnent  le  noni  de  dent 
à  la  féconde  vertèbre  du  cou,  à  caufe  de  la  figure. 
On  du  qu'un  couteau  ,  ou  autre  ferrement  tail- 
lant ,  a  des  dents ,  quand  il  etl:  ébréché.  Les  dents 
d'une  fcie ,  d'un  peigne  de  ferans  j  d'une  roue  de 
moulin,  d'une  horloge,  d'une  lime,  d  un  râteau  , 
d'une  herfe.  On  dit  auUî  les  dents  d'une  clef,  en 
parlant  de  ces  entailluies ,  qui  font  dans  le  panne- 
ton au  inufeau  de  la  clef,  &  dans  lefquelles  palFent 
les  gardes. 

On  appelle  aufïï  dents  de  pajfement  ,*  ces  petites 
pointes  d'ouvrages  qui  avancent  fur  les  bords  d'un 
çiiTement.  Denticuli.  ^ 

^fT  On  leditauflî,  en  Botanique,  des  petites 
échancrures  qee  l'on  voit  au  bord  de  quelques  feuil- 
les i  &  l'on  dit  des  feuilles  ainfi  échanctées  qu'elles 
{ont  dentelées. 

§cr  On  dit  figufcment  &c  familièrement,  la 
dent  de  la  médifance  ,  de  la  fatire  ,  pour  dire  ,  mé- 
dire de  quelqii'un,ou  dire  quelque  mot  qui  l'oftenfe, 
qui  le  pique. 
Dent  ,  fe  dit  proverbialement  en  plufieurs  phrafes. 
Arracher  une  dent  i  quelqu'un  ,  pour  dire ,  tuer 
de  lui  quelque  argent  ,  ou  autre  chofe  qu'il  ell 
contraint  de  donner  malgré  lui.  On  dit  qu'on  pren- 
droit  aulfi  tôt  la  lune  avec  les  dents. ,  pour  due  j 
qu'une  chofe  eft  impollible.  On  dit  dan  homme 
qui  a  bien  faim  ,  qu  il  a  les  dents  bien  longues  ;  de 
celui  qui  eft  pauvre,  qu'il  n'a  pas  de  quoi  mettre 
{oash  denf^  d'un  goulu,  qu'il  mange  de  toutes 
fes  dents  ;  qu'il  a  beau  être  malade  ,  qu'il  n'en 
perdroit  pas  un  coup  de  dent  ;  que  ce  qu'on  lui  donne 
n'eft  pas  pour  fa  dent  creufe.  On  du  aulli  ,  qu'il 
n'en  calfera  que  d\\n<ident,  qu'il  n'en  croquera  que 
d'une  dent,  pour  dire,  qu'il  ne  mangera  point  de 
quelque  chofe  ,  ou  qu'il  n'obtiendra  point  ce  qu'il 
prétend.  Ou  dit  aulfi ,  avoir  une  c/t'-vr  de  laitcontre 
quelqu'un  ,  du  (implement  une  dent ,  pour  dire  , 
avoir  quelque  relfentirtjent  contre  lui.  Ondumon- 
trer  les  i/d/zfj  à  quelqu'un  ,  pour  dire  lui  refiller  en 
face,  lui  témoigner  qu'on  ne  le  craint  pas.  On  dit 
au:li  ,  lui  parier  des  grolfes  dents  ,  pour  due  ,  le 
menacer.  On  du,  maigre  lui,  malgré  fes  dents  ,  pour 
dire  ,  quelque  empêchement  qu'il  puilfe  y  mettre, 
ou  .apporter.  On  dit  aulïï ,  déchirer  quelqu'un  à 
belles  dents  ,  pour  dire,  médue  cruellement  de 
lui.  On  dit  encore  ,  parler,  murmurer  encre  fes 
dents  ,  pour  dire,  tout  bas  &:  fans  vouloir  être  en- 
tendu: &  on  dit  rire  du  bout  des  dents  ,  quand  on 
rit  par  fotce  Se  fans  en  avoir  envie.  On  du  aulli  , 
qu'un  homme  n'a  pas  delferré  les  dents  ,  pour  direj 
qu'il  n'a  dit  mot.  Prendre  le  mors  aux  dents ,  ou  le 
frein  ,  fe  dit  au  propre  du  cheval  qui  s'emporte. 
On  le  dit,  au  figuré  ,  dans  des  acceptions  différentes 
i*.D'un  homme  qui  s'abandonne,  qui  fecoue  le 
joug  de  la  règle,  delà  loi,  de  la  bienféance.  i". 
D'un  homme,  qui,  après  avoir  enduré  de  quelqu'un, 
s'aftranchit  de  la  fujétion.  3".  De  celui  qui,  après 
avoir  négligé  fon  devoir  ou  fes  affaires ,  s'y  porte 
avec  ardeur.  On  dit  qu'on  eft  fur  les  dents,  que 
le  grand  travail  a  mis  quelqu'un  fur  les  dents  ,  pour 
dire,  qu'il  eft  las  &  fitigué,  qu'il  n'en  peut  plus; 
&  on  dit  d'un  agonifint ,  qu'il  a  la  mort  entre  les 
dents.  On  dit,  pour  fe  moquer  d'un  pédant,  qu'il 
lavant  jufqu'aux  dents.  Q.z  proverb;  vient  de  ce  qu'au- 
ttefois  on  ne  rcnoit  perfonnepour  favant ,  jufqu'à 
ce  qu'il  fut  palfé  Doiteur  :  ce  qui  ne  fe  faifoit  qu'a 
près  de  fort  grands  repas,  ou  l'on  exerçoit  bien  fes 
dents.  Depuis  on  y  a  ajouté  ,  qu'il  a  mangé  fon  Bré- 
viaire. On  dit  d'un  Cavalier  armé  de  toutes  pièces , 
qu'il  eft  armé  juf  lu'aux  dents.  On  dit  ironiquement 
d'une  vieille  fans  i/d^fjj  qui  a  perdu  toutes  iti  dents, 
qu'elle  n'a  pas  une  dent  en  bouche.  Au  contraire  , 
on  dit  d'un  vieillard  qui  fe  potte  bien  ,  qu'il  a  en- 
core toutes  fes  dents  ,  qu'il  a  de  bonnes  dents.  On 
dit  de  celui  qui  a  quelque  dent  qui  avance  phn 
que  les  autres ,  que  c'eft  Geoffroy  à  la  ^ixn^dent; 
&  de  celui  qui  ell:  mort,  il  y  a  long -temps  qu'il 
n'a  plus  de  mal  aux  dents.  On  dit  aulïï  aux  enrans 


DEN  ^^5^ 

qu'une  chofe  a  àes  dents ,  qu'elle  mord  quand  oii 
la  manie  ,  lofqu'ils  font  en  danger  de  fe  blelfer. 
Ses  compofés  :i  rit/ew ,  ,  curcdent ,  brèchedent  ^  da~ 
quedent ,  Surdent  ,  lire  -  aux  -  dents  ,  font  à  leur 
ordre. 

I/C?  Dans  la  plupart  de  ces  phrafes  proverbiales 
le  mot  dent  el\  pris  dans  un  fens  figuré. 

En  termes  de  Philolbphie  Hermériqne  ,  les  dents 
du  dragon  que  Cadmus  lema  j  &;  dont  il  naquit 
des  foldats  qui  s'entretuerent ,  figr.ificntlejfxe  5c  le 
vo/ûui  quiagilf-;nt  l'un  contre  l'autre ^  qui  fe  dé- 
truifent  l'un  l'autre. 

Dent  de  chien,  f  f.  Dens  canis.  Plante  dont  il  y  3. 
deux  efpèces.  La  première  poulie  ordinairement 
deux  feuilles  &  quelquefois  trois  répandues  i  terre 
ayant  la  figure  approchante  de  celles  du  lis  des  val- 
lées, maispiuschainues,  arondies,  mr.rbrées  de  gran- 
des taches  blanche.;  tirant  fur  le  pu: purin.  Il  s'élève 
d'entre  elles  un  pédicule  haut  cor'ime  la  main  ,  lilTe, 
rouge  j  portant  une  belle  fieur  à  fix  feuilles,  oblon- 
gues,  pointues,  penchées,  &;  recoquillées  vers  le 
haut,  quelquefois  blanches,  quelquefjis  purpu- 
rines. Quand  cette  fleur  eft  tombée  ,  il  lui  fuccède 
un  fruit  prefque  rond  &;  rélevé  de  trois  coins  de 
couleur  -verte  ,  matbrée  de  rouge  ,  qui  renferme 
des  femences  jaunâtres.  Sa  racine  eft  oblongue  , 
blanche  ,  charnue  &  plus  menue  en  haut  qu'en  bas  , 
&  ayant  en  quel  (ue  manière  la  figure  de  la  denc 
d'un  chien.  La  féconde  efpèce  ne  diffère  de  la  pre- 
mière qu'en  ce  que  fes  feuilles  font  plus  longues  &c 
plus  étroites  j  que  fa  fieur  eft  plus  grande  &c  fa 
racine  plus  grofle,  Lurs  racines  font  réfcîutives  &: 
amolhlfantes.  Il  ne  faut  pas  confondre  cette  planté 
avec  le  chiendent  que  les   Latins  nomment  Gramen. 

Dent  de  lion.  Dens  léonin.  Plante  qui  a  pris  ce  noni 
de  la  découpure  de  fes  feuilles,  qu'on  dit  avoir  qael- 
que  rapport  avec  l'arrangement  &:  la  difpofitioii 
des  dents  du  lion  ;  c'eft  fur  tout  dans  l'efpèce  la 
plus  ordinaire  qu'on  trouve  cette  prétendue  con- 
venance. Sa  racine  eft  grolTe  comme  le  doigr^iSc  rem- 
plie d'un  fuc  laiteux.  Elle  pouife  à  fon  coller  pki- 
fieurs  feuilles  longues ,  plus  ou  moins  fuivant  le 
terrein  où  elle  naît,  tantôt  larges  ,  tantôt  étroites  , 
&c  découpées  le  plus  fouvent  fur  les  bords  en  ma- 
nière de  dent.  D'entre  fes  feuilles  s'élève  un  pédi- 
cule fimple ,  creux  ,  long  comme  le  doigt  ,  pluâ 
grand  luivant  la  force  de  la  plante,  qui  foutienc 
une  fleur  compofée  de  plufieurs  demi  fleurons  jau- 
nes ,  renfermés  dans  un  calice  qui  fe  referme  , 
lorfque  les  femences  qui  foutiennent  chaque  demi- 
fleuron  ,  font  mûres.  Elles  font  chargées  d'une  ai- 
grette  qui  s'étend  en  rond  ,  1.^  qui  fert  à  les  rendre 
plus  légères  j  &  plus  propres  à  ,;être  emportées  par 
le  vent.  Ces  femences  font  rougeâtres  ou  jaunâtres. 
Le  vulgaire  appelle  cette  plante  le  piflcnlit.  Lecli- 
mingd  ,  peut-ctre  parce  qu'elle  provoque  les  urines; 
&  qu'elle  eft  apéritive.  On  met  dans  les  falades  les 
nouvelles  feuilles  &  les  jeunes  poulfes  de  la  denc 
de  lion.  La  plante  appelée  A/er^a^i/?  ne  diffère  delà 
dent  de  lion,  que  parce  qu'elle  donne  des  tiges  or- 
dinairement branchues. 

DENTAIRE,  f  f.Z?ewjrij.y?/ On  a  attribué  ce  nom 
autrefois  à  quelques  plantes  qui  avoient  leurs  racines 
écailleufes  &  comme  dentées  \  à  prefent  c'eft  celui 
d'un  genre  de  plante  ,  dont  les  fleurs  font  en  croix; 
&  les  racines  font  plus  ou  moins  écaillées.  L'efpèce 
la  plus  ordinaire  a  fa  racine  blanchâtre  lorfqu'elle 
eft  nouvelle,  noirâtre  lotfqu'elle  vieillit,  garnies 
de  quelques  fibres  &:  de  plufièurs  écailles  ou  iné- 
galités en  manière  de  dents  rangées  dans  une  mâ- 
choire. Chaque  écaille  eft  ordinairement  blanchâ- 
tre fiu  fon  bord.  De  cette  racine  s'élève  une  tige 
haute  de  fept  à  huit  pouces  \  ronde  ,  verùârre ,  droite 
«Se  chargée  de  deux  à  trois  feuilles,  découpées  juf- 
qu'à leurs  collets  ,  le  plus  fouvent  en  fept  fegmens 
oblongs  ,  dentelées  fur  leurs  bords ,  oppofées  pac 
paire  fur  cette  même  côte  qui  eft  terminée  par  un 
feul  fegment.  Le  nombre  de  fept  a  fait  donner  È 
cette  plante  le  nom  de  Denraria  heptaphyllos.  Sè 


4  3©  BEN 

tige  eft  terminée  par  un  petit  bouquet  de  fleurs 
en  croix  ,  purpurines ,  S:  pareilles  à  celles  de  la 
Juliane.  Leur  fruit  ell  une  iilique  à  deux  loges  rem- 
plies de  femences  arrondies.  Ce  qu'il  y  a  de  parti- 
culier SL  cette  lilique  ,  c'eft  que  les  deux  lames  qui 
la  compolent  le  roulent  en  manière  de  volute  lorf- 
que  la  iemenceeft  mîire.  La  Dentaire  vient  dans  les 
bois.  Il  y  en  a  deux  autres  qui  font  de  la  même 
cfpèce  que  la  précédente  ,  dont  l'une  elt  appelée 
dentaria  triphytios  ,  parce  qu'elle  n'a  que  trois  feuil- 
les attachées  à  une  queue,  SC  l'autre  dtntaria  pen- 
taphyUos ,  parce  qu'elle  en  a  cinq  rangées  fur  la 
même  côte.  Il  y  a  une  autre  plante  que  Matthiole 
appelle  grande  dentaire ,  qui  vient  fans  feuilles  ; 
ce  qui  la  fait  appeler  par  quelques-uns  aphyllos. 
Elles  a  fes  feuilles  en  mafque ,  c'eft  un  anhLatum. 
Elle  croît  au  commencement  du  printems  dans  les 
forêts  ,  &  autres  lieux  où  les  rayons  du  foleil  ne 
donnent  point.  Sa  racine  eft  blanchâtre  ,  grande  j 
pleine  de  fuc  ,  frêle  j  &  compofce  d'une  infinité 
d'ecailles.  Elle  poulfe  des  tiges  de  la  hauteur  d'une 
palme,  tendres  j  pleines  aulîî  de  fuc,  &  fembla- 
bles  à  celles  de  l'orobanche.  Depuis  le  milieu  juf- 
qu'à  leur  cime  il  en  fort  des  fleurs  de  pourpre, 
blanchâtres  ,  velues  ,  accompagnées  à  côté  de  pe- 
tites feuilles  prefque  de  même  couleilr.  Il  y  vient 
après  de  petits  boutons  dans  lefquels  eft  la  graine 
femblableà  celle  de  pavot.  C.  Bauhin  l'appelle  Oro- 
banche  radice  dent.uà  ma] or. 

Dentaire.  Terme  de  Médecine.  Qui  appartient  aux 
àonii.  Dencalis.  M.  Andry,  dans  fon  Traité  de  la 
génération  des  vers  dans  le  corps  humain,  appelle 
dentaires  ceux  qui  viennent  aux  dents. 

DENTAL,  f.  m.  Terme  de  Conchyliologie.  C'eft  le 
nom  que  les  Naturaliftes  Rocailleurs  donnent  à  un 
petit  coquillage  fort  rare,  fait  en  totme  de  chalu- 
aneau,  gros  comme  une  plume  à  écrirej  &  diminuant 
peu  à  peu  jufqu'à  l'autre  bout,  ce  qui  lui  donne  la 
figure  d'une  dent,  d'où  il  tire  fon  nom.  Dentalium. 
Il  a  environ  trois  pouces  de  long.  Il  eft  poli,  luifant, 
verdâtre ,  marqué  de  lignes  droites  d'un  bout  à  l'au- 
tre. On  le  trouve  fur  les  rochers  dans  de  vieux  co- 
quillages, &  toujours  vide  &  léger,  parce  que  le 
petit  ver  qui  naît  au-dedans ,  le  quitte  pour  aller 
chercher  pâture.  On  lui  donne  encore  le  nom  de 
Syringitesj  à  caufe  de  fa  reifemblance  au  chalu- 


meau. 


$3"  DENTALE,  adj.  f.  Terme  de  Grammaire.  Epi- 
thète  par  laquelle  on  délîgne. certaines  confonnes 
qu'on  ne  peut  prononcer  qit'avec  l'aide  des  dents,  ou 
plutôt  par  un  mouvement  de  la  langue  vers  les  dents. 
Les  Grammaires  diftinguent  les  confonnes  en  labia- 
les, dentales,  palatiales,  linguales,  gutturales.  D, 
T,  &:c.  font  des  lettres  dentales.  Foye^  Lettre,  con- 
fonne,  &c. 

^fT  DENTÉ  j  ÉE.  adj.  Qui  a  des  dents.  Dentatus.  On 
ne  le  dit  que  de  cettaines  chofes  qui  ont  des  pointes, 
des  avances  qu'on  appelle  dents.  Âinh  Tondit  qu'une 
roue  d'horloge,  de  montre,  de  moulin,  &c.  eft 
dentée. 

On  le  dit  auflî  en  Blafon,  des  animaux  armés  de 
denrs  ,  lorfqu'elles  font  repréfentées  d'une  autre 
émail. 

Denté  j  feditauffi,  en  Botanique,  des  feuilles  de  plan- 
tes qui  font  dentelées,  qui  ont  des  formes  de  dents, 
des  pointes  ferrées  les  unes  contre  les  autres.  Denta- 
tus ^  a  y  um.  Des  feuilles  dentées  en  leurs  bords. 
Geoffroy.  Acad.  1700.  Mém.p.  135. 

Ce  mot  ne  diflfète  de  dentelé  qu'en  ce  que  les  dé- 
coupures d'une  chofe  dentée  font  plus  fines  &  beau- 
coup plus  égales  que  celles  d'une  chofe  dentelée. 
Ainfi  l'on  dit  que  le  calice  des  Beurs  de  l'olivier  & 
du  'Ivrax  eft  denté  par  les  bords.  Dicl.  de  James. 

DENTÉE,  f.  f.  En  termes  de  ChalEe,  fe  dit  des  coups 
de  dents,  qu'un  lévrier  donne  à  une  bcre  qu'on 
chafTe,  ou  d'un  coup  ou  atteinte  des  défenfes  d'un 
fangiier,  qui  découd  &  éventre  leschiens  &  lesche- 
viux.  Aprugni  dentis  iclus. 

DENTELAIRE.  f.  f.  Plante  qui  poude  pîufieurs  tiges 


DEN 

]     d'environ  deux  pieds  de  haut,  purpurines  ou  noirâ- 

I  très  &  cannelées ,  fe  divilant  en  beaucoup  de  ra- 
meaux. Ses  feuilles  font  femblables  à  celles  de  l'her- 
be aux  puces  j  mais  plus  petites,  embraftant  leur  tige, 
dentelées  en  leurs  bords,  vertes-brunes,  d'un  goût 
acre;  des  fleurs  naiffent  en  fes  fommités,  de  cou- 
leur purpurhle  &  ramalfées  enfemble,  formant  un 
tuyali  velu.  Lorfque  cette  fleur  eft  paftee,  fon  calice 
devient  une capfuie  qui  renferme  uriefemehce  oblon- 
gue,  prefque  auili  grofle  qu'un  grain  de  froment. 
Elle  croît  dans  les  pays  chauds ,  &  eft  réputée  propre 
pour  les  écorchures  qui  fe  font  près  du  fondement 
en  allant  à  cheval. 

DENTELER,  v.  a.  Faire  des  entailles  en  forme  de 
àQr\K.Dcntlculos  agere.hss  cotniches  dentelées  font 
plus  agréables  que  les  autres. 

Dentelé,  ÉE.  adj.  Qui  a  des  pointes,  des  entaillutes 
en  forme  de  dents ,  comme  les  fcies,  &c.  Denticu- 
latus.  Ouvrage  dentelé.  Corniche  dentelée.  Roue 
dentelée. 

Dentelé  j  ée.  Terme  de  Botanifte,  de  Jardinier  &  de 
Fleurifte ,  qui  fe  dit  des  feuilles  d'arbre  j  de  plante , 
ou  de  fleur ,  qui  font  en  quelque  façon  dentelées  tout 
autour  :  c'eft-à-dire ,  que  les  bords  en  font  décou- 
pés en  forme  de  petites  dents,  comme  l'ancienne 
dentelle.  Les  pétales,  les  feuilles  &les  calices  dente- 
lés oni  leurs  découpures  moins  égales  &  plus  écartées 
que  ceux  qui  font  dentés.  La  feuille  de  l'orme  elt 
dentelée. 

En  Anatomie  J  il  y  a  un  mufcle  qu'on  appelle  le 
petit  dentelé ,  qui  fert  à  faire  mouvoir  l'épaule  en 
dedans.  Il  y  en  a  un  avitre  qu'on  appelle  \cgrandden- 
telé ,  qui  fert  à  dilater  la  poitrine.  Ces  deux  mufcles 
font  appelés  dentelés  antérieurs  j  parce  qu'ils  font 
fitués  fur  le  devant  de  la  poitrine.  Il  y  en  a  deux  au- 
tres qu'on  appelle  dentelés  poflérieurs ,  parce  qu'ils 
font  fitués  fur  le  dos.  Le  dentelé pojîérieur  Se  J'upé- 
rieur  tire  les  côtes  en  haut  ;  l'inférieur  les  tire  en  bas. 
En  termes  de  Blafon,  on  appelle  denteléees  les 
pièces  qui  font  bordées  de  dents  plus  petites  tic  plus 
aiguës  que  les  dentées.  Un  chevron  dentelé 3  une 
croix  dentelée. 

DFNTELLE.  f.  f. Petit  paflement  ou  ouvrage  de  fil,  de 
foie,  d'or  ou  d'argent  j  qui  fe  fait  avec  des  fufeauXj 
qui  fert  à  orner  les  habits  &  le  linge.  Textum  e  lino, 
vel  e  kombycc  j  vel  ex  aura ,  vel  ex  argento ,  denticu- 
latum  ,  variifque  figuris  defcriptum.  On  a  défendu  \t^ 
dentelles  d'or  &  d'argent ,  les  dentelles  d'Angleterre , 
de  Flandre  j  &c.  On  fait  remplir  les  dentelles  claires 
ou  déchirées.  On  fait  reborder  les  dentelles.  Les  points 
coupés  &  les  dentelles  de  Flandre  &  autres  turent 
défendus  en  i  (Î19. 1635.  De  la  Mare ,  Tr.  de  la  Pol. 
T.  I.p.  115.595.  On  ^  donné  à  ces  ornemens  le  nom 
de  dentelles,  parce  que  les  premiers  qui  furent  fai- 
tes étoient  en  forme  de  dents. 

1^  Les  Relieurs  appellent  aufTi  dentelle  un  petit 
deflein  ouvragé  ,  qui  fe  pouffe  avec  un  fer  chaud , 
ordinairement  d'or,  fur  le  plat  de  la  couverture  d'un 
livre,  en  fuivant  le  bord  dans  tous  les  fens. 

^  DENTELURE,  f.  f.  Terme  d'Architefture  ,  de 
Sculpture  &  aurres  arts  mcchaniques,  ouvrage  fait  en 
forme  de  dents,  dentelé.  Ouvzment  qui  repréfente 
des  dents ,  des  entaitlures  en  forme  de  dents.  Den- 
ciculi. 

^fT  On  le  dit  auflî,  dans  Tufage  ordinaire,  des  cho- 
fes faites  ou  découpées  en  forme  de  dents,  foit  na- 
turellement j  foitpar  art.  Faire  avec  des  cifeaux  des 
dentelures ,  deux,  trois  dentelures  à  un  morceau  de 
linge ,  de  cuitj  d'étoffe,  &c.  On  appelle  auflî  dente- 
lures ,  les  petites  dents  des  os  du  crâne  par  où  ils  s'u- 
niffent  dans  les  futures.  La  future  de  l'os  des  tempes 
a  un  rebord  qui  cache  les  dentelures  qui  font  en  de- 
dans. DiONIS. 

DENTER.  f.  m.  PoilFon  qui  s'appelle  autrement  Sy^ 
nodcin.  T'oy.  ce  mot. 

DENTICULE.  f  m.  On  dit  auflî  Dentelets.  Denticuli. 
Terme  d'ArchireiSlure.  C'eft  une  petite  bande  carrée 
qui  fait  partie  de  la  corniche  Ionique  &  Corinthien- 
ne, fur  laquelle  ou  fait  ordinairement  de  petites  en- 


D  EN 


cailles  ou  crcneliires  qui  refremblenc  à  un  rang  de^ 


dents.  Autrefois  l'ufage  etoit  de  ne  mettre  des  den-  « 
tkules  qu'à  la  corniche  de  l'ordre  Ionique  :  on  ne  5 
lailfe  pas  d'en  voir  aux  reltes  du  théâtre  de  Marcellus;  | 
ce  qui  fait  croire  que  Vitruve  n'a  pas  eu  la  conduite  ] 
de  cet  édifice.  Vitruve  donne  à  chaque  dentïculc  pour  | 
fa  largeur ,  la  moine  de  la  hauteur ,  5c  à  la  cavité  de  | 
la  coupure  qui  eft  entre  les  dentkulcs  ^  deux  parties 
des  trois  qui  font  la  largeur  du  dentïculc.  Le  même 
Auteur  remarque  au  ch.  i.  duliv.  4.  que  les  Grecs 
n'ont  jamais  de  dencicuUs  au-deflbus  des  modillons, 
parce  que  les  modillons  repréfentent  les  forces,  & 
les  denticuks  repréfentent  les  bouts  des  chevrons  qui 
ne  peuvent  pas  être  au-delfous  des  forces.  Les  Ro- 
mains n'ont  pas  fuivi  cette  règle ,  excepté  au  Pan- 
théon, où  il  n'y  a  point  de  dendcules  au-deflous  des 
modillons  j  ni  au  portique,  ni  au-dedans  du  bâti- 
ment. 

On  appelle  dentkules  en  guillochis ,  des  dcntkules 
faits  d'une  petite  platebande  continue,  &  qui  retoirr- 
nent  d'équerre  par  en  haut  &  par  en  bas. 
DENTicuLE,f.m.Termed'Architeéture.  C'eft  le  même 

carré  fur  lequel, on  taille  les  dentkules. 
ib^DENTICULÉ.adj.  On  appelle,  en  termes  de  Bla- 
fon  j  un  Ecu  iemkuU ,  lorfque  fa  bordure  a  des  dents 
faites  des  dentkules  d'Architedure. 
DENTIER,  f.  m.  Un    rang  de  dents.  Dentium  or.io. 

Cette  femme  a  un  beau  dentier.  Ce  mot  eft  vieux. 
DENTIFRICE,  f.  m.  Terme  de  Médecine,  qui  fe  dit 
des  remèdes  avec  lefquels  on  fe  frotte  les  dents.  Den- 
tlfrkium.  Il  y  en  a  de  fecs,  dont  quelques-uns  font 
en  forme  de  poudre,  compofés  avec  les  coraux  j  la 
pierre-ponce,  lefel,  l'alun,  les  coquilles  d'œufs j 
d'efcargots  &  d'écrevifTes ,  la  corne  de  cerf,  l'os  de 
feche ,  &c.  On  en  fait  aulli  en  forme  d'opiare  avec  ces 
mêmes  poudres,  en  y  ajourant  du  miel.  Il  s'en  pré- 
pare encore  avec  des  iMcines  cuites  avec  l'alun,  &: 
léchées  au  four.  D'autres  font  en  forme  de  liqueur, 
qu'on  rire  par  diftillation  d'herbes  delféchantes,  &  de 
médicamens  aluingens.  Les  îrioUandois  difent  que 
le  meilleur  opiate,  ou  dentifrice,  qui  conferve  les 
dents  belles,  eft  de  les  frotter  avec  du  beurre.  Les 
Efpagnols  les  frottent  avec  de  l'urine. 
DENTISTE,  f.  m.  Chirurgien  qui  s'occupe  de  ce  qtii 
concerne  les  dents  J  qui  fait  ou  guérir,  ou  prévenir 
les  maladies  des  dents.  Tant  de  gens  s'ingèrent  de 
travailler  aux  dents,  quoiqu'ils  foient  d'une  autre 
profelTion  J  que  je  crois  qu'il  y  aura  bientôt  plus  de 
Dentijles,  que  de  perfonnes  affligées  de  maux  de' 
dents.  Ca  mot  fe  joint  ordinairement  à  celui  deChi-j 
rurgien.  Chirurgien-DentiJle.C e^CQ\\xi  qui  fe  borne 
au  foin  des  dents,  qui  les  nettoie,  qui  les  tient  en 
bon  état,  qui  prévient  ou  guérit  les  maladies  des 
dents,  qui  les  arrache.  Dentium  curator ,  dentium 
Chirurgus.  Il  n'y  a  nulle  part  de  C\nimg\Qn%-Dentif- 
tes  fi  habiles  qu'à  Paris. 
|CT  DENTITION  "  "  ' 
fe  fait  en  diiTérens 

l'adolefcence.  Dentitio.  Il  le  fait  deux  dentitions  dans 
l'homme;  la  première  comprend  le  temps  deftinc 
à  la  produdion  des  dents  de  lait  :  la  féconde  embrafte 
les  années  où  l'on  voit  naître  toute  la  fuite  des  dents 
fecondaires.  Dt'  CM£Mi>f. 
DENTS.  Terme  de  Conchyliologie.  Ce  font  de  petites 
éminencesjou  pointes  qui  garmlfent  la  bouche  d'une 
coquille. 
DENTURE,  f.  f.  L'ordre  dans  lequel  les  dents  font 
rangées.  Dentinm  ordo.  Une  belle ,  une  vilaine  den- 
ture. 

En  termes  d'Horlogerie,  on  appelle  denture,  le 
nombre  de  dents  qu'on  donne  à  chaque  roue.  C'eft 
le  nombre  des  dents  de  la  grande  roue  qui  règle  la 
(/s/zr^re  des  autres. 
DENUDATION.  f  f.  Denudatio.  Terme  de  Philofo- 
fophie  Hermétique.  La  c/ewc/iZfio/zPhilofophique  eft 
un  changement  qui  arrive  à  la  matière  de  la  pierre 
philofophale  j  lorfqu'elle  devient  noire  :  ce  change- 
ment s'appelle  dénudation. 
§3*  DÉNUDATION  J  Se  dit  auffi  en  Chirurgie  j  du  dé- 


DEN     DEO    DEP     131 

pouillement  des  os  qui  paroiftent  à  découvert  dans 
les  fractures  J  ou  dans  quelque  autre  accident.  La 
dénudation  eft  affez  ordinaire  dans  les  haclures  & 
dans  les  amputations  j  lorfque  l'opération  eft  mal- 
faite ,  c'eft-à  dire  lorfque  l'os  na  pas  été  fcié  exade- 
ment  au  niveau  de  la  mafte  àis  c\\2\ts.  Nudatio  3 
denudatio.  Etat  de  l'os  qai  paroît  à  découvert. 

DÉNUEMENT,  f  m.  Privation,  dépouillement.  Pve- 
rum  omnium  fpoUaùLO^  Il  ne  v.-.u:  r:en  ni  au  propre, 
ni  au  figuré.  Il  eft  vrai  pourtant  que  les  dévots  s'en 
fervent  J  &C  qu'ils  difent,  le  dénuement  de  routes 
chofes  :  Etre  dans  un  parfait  dénuementàss  créatures 
&c  de  foi-même.  Mais  les  dévots  ont  une  Lingue  par- 
ticulière, fort  différente  du  commun  langage  j  &:  ils 
ne  doivent  pas  lervir  de  modèle  pour  rexprefllon. 
BouH. 

IKT  DENUER.  v.  a.  Dépouiller  j  dégarnir  des  chofes 
néceftaires,  ou  regardées  comme  telles.  Spoiiare, 
nudare,  exfpoUare,  difpoliare.  La  fortune  l'a  dénué 
de  tout.  Ce  gouverneur  a  dénué  fa  place  de  vivrrs , 
de  munirions.  Cepères'eft  (/e/zw/ de  tout  pour  l'cta- 
bliiïement  de  Çq^  enfans.  Il  eft  plus  fcuvent  employé 
avec  le  pronom  perfonnel. 

§3"  DÉNUÉ,  ÉE.  part.  Ordinairement  employé  comme 
adj.  dans  la  hgnilication  de  dépourvu.  Un  homme 
dénué À'i  biens,  de  fecourSj  d':aiîftance.  Dénué  d'ef- 
prit,  de  bon  fens,  de  confeil.  i>e/i«e  d'agrémens. 

DÊNYZELI.  f  m.  Ville  de  l'Anatolie,  8ù  il  y  a  des 
ruines  antiques  qui  étonnent  par  leur  beauté.  On 
les  appelle  Aroudon. 


DEO. 

DÉOGRATIAS.  f.  m.  Nom  d'homme.  Deo^ratias.  S. 
Auguuin  compola  le  Traité  du  Catcchifme  à  la 
prière  de  Déogratias ,  Diacre  de  Carthage.  Fleur. 
Un  autre  Deogratias  fut  ordonné  Evêque  de  Car- 
thage en  4^4.  ou  45  3-  C'eft  au  premier  livre  de  l'iiif- 
toire  de  Viéior  de  Vite  ,  C  VIII'  qu'eft  contenu 
tout  ce  qu'on  fait  de  S.  Déogratias  ^  fucceftèur  de  S. 
Quodvultdeus.  L'auteur  du  petit  livre  François  inti- 
tulé ï  Aumône  Chrétienne  ^\e  nomme  incongruement 
Grâce  à  Dieu.  ChastelaiNj  Mart.  T.  I,p.^6.  Peut- 
être  Déogratias  n'étoit-il  pas  le  nom  même  de  ces 
Saints,  mais  une  interprétation  Latine  de  leur  nom 
Punique,  ou  Carthaginois,  qui  étoit  tel  que  font 
en  Hébreu  f:mn>,  Jehohanan;  ou,  {JhSk,  Elhha- 
nan,  qui  fignifie  a-peu-près  la  rnême  chofe. 

Quand  un  enfant  fe  rend ,  &  qu'il  ne  veut  plus 
manger  à  table,  on  lui  dit  proverbialement  Déogra- 
tias J  les  Moines  font  fous ,  par  allufion  à  ce  qui  fe 
fait  chez  les  Moines,  où,  quand  le  diner  eft  fini,  le 
Icâeur,  au  figne  que  lui  fait  le  Supérieur,  chante  lu 
\      autein  Domine  miferere  nobis  j  &C  tous  les  Moines,  en 
l     fe  levant  de  tablcjtépondent  Deo  gratias. 
\  DEOLS.  Ville  de  France  dans  le  Berry.  Doli.  Dolenfis 
f  f.  Sortie  naturelle  des  dents  j  qui  \     vicus,  &  Caftrum  Dolenfe.  On  l'appelle  auffi  Bourg 
s  temps,  depuis  Tenfance  jufqu'à?      de  Deols,ôc  quelques-uns  Bourgdieux.  Valois.  Le 
■■"'"'"■'         '  '       *      Pays  de -Deo/j  eft  abondant  en  vins  &  en  laines;  fa 

jurifdidion  s'étend  à  plus  de  20  lieues.  Il  a  plus  de 
douze  cens  fiefs  Se  arrière-fiefs  qui  en  dépendent  : 
Ce  qui  fit  que  Charles  IX.  l'érigeaen  Comté  en  fa- 
veur du  Baron  d'Aumont.  Du  Chêne,  Antiq.  des 
Villes  de  Fr.P.I.C.M6. 
DÉONAIRE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  Sedle.  Deonarius.  Les 
Déonaircs  étoient  une  Seéle  de  Manichéens ,  ou  de 
Pauliciens,  dont  parle  l'Auteur  du  livre  inrirulé  Hif- 
toria  Ve\eliacenfis ,  dans  fon  L.  I V.  p.  644.  Quelques- 
uns  difent  que  les  Déonaires  étoient  peut-être  ce  que 
nous  appelons  maintenant  Déiftes. 

DEP. 

DÉPAÏSER.  ^oyeç  DÉPAYSER. 

DÉPAQUETER,  v.  a.  Défaire  un  paquet ,  l'ouvrir. 
Fafcem.  folvere.  Il  a  fait  dépaqueter  à  ce  Marchand 
toute  fa  boutique ,  &  il  n'a  rien  acheté.  lia  dépaqueté 
ce  paquet  de  lettres  pour  les  rendre  à  leur  adrefle. 

DÉPAQUETÉ,  ÉE.  part. 


zyt  DEP 

DE  PAR.  Prépofitîon  qui  régie  l'accufàtif,  &  qui  fîgni- 
Ée ,  de  la  parc  j  par  l'ordre,  par  le  commandement. 
On  a  défendu  de  par  le  Roi  les  pafTemens  d'or  & 
d'argent.  ^A  liegc,  de  mandata  liegis.  f^oye^  à  la 
prépolition  De. 

PÉPARAGER.  V.  a.  Terme  de  Coutume.  Deparager 
une  fille,  c'eft,  la  marier  à  une  perfonne  d'une  con- 
dition inégale.  Puellam  ïmpar  in  matnnionium  collo- 
çare. 

UCF  En  Normandie  le  frère  ne  doit  pas  deparager 
fa  fœur.  Ainfi,  quand  un  frère,  pour  avoir  meilleur 
marché  du  mariage  avenant  de  fa  fœur  noble ,  la 
marie  à  un  roturier,  elle  cft  déparagée.  Dans  ce  cas 
elle  eft  en  droit  de  prendre  des  Lettres  de  refcifion  ^ 
pour  faire  augmenter  le  mariage  avenant ,  &  les 
parens  doivent  être  alfemblés  à  l'effet  de  le  régler  & 
liquider.  Perrière.  Déparagerwn  fief.  Oter  le  pa-. 
rage,  le  faire  celfer.  Foy.  Paragh. 

^  DEPAREILLER,  v.  a,  Oter  le  pareil.  On  le  dit 
ordinairement  des  chofes  qui  doivent  être  doubles. 
Dépareiller  êiQS  gants,  des  bas,  des  tableaux;  & 
quelquefois  ôter  l'une  de  plufieurs  chofes  paieilles 
Dépareiller  des  lions.  On  le  dit  de  toutes  les  chofes 
qui  ont  moins  de  débit  quand  elles  font  dépareillées. 
Difparare,  impar  facere.  Imperfeclum  reddcre.  Ne 
m'ôtez point  ce  \\vit-\2i;vo\x%dépareillerie-{  l'ouvrage. 
On  m'a  volé  bien  des  livres,  &  dépareillé  wne  partie 
de  ma  bibliothèque.  C'eft  la  même  chofe  que  dépa- 
rier, avec  cette  différence  que  déparier  fe  dit  patti- 
ticuliérementdes  animaux  qui  ioni  appariés i 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  diïpariliare ,  qu'on  a 
dit  enlabalfe  Latinité  dans  la  même  fignificacion. 

DÉPAREILLÉ,  iîE.  part.  Cet  ouvrage  efl  dépareillé,  on 
en  a  perdu  un  tome ,  j'aimecois  autant  qu'on  m'eût 
pris  tous  les  autres. 

DEPARER.  V.  a.  Oter  l'agrément,  l'orneinent  ordi- 
aaire  que  quelque  chofe  a  ^  ou  doit  avoir.  Defor- 
mare.  Cette  femme  a  de  grands  traits  de  beauté , 
mais  elle  a  un  nez  mal  fait  qui  la  dépare.  Une  aile 
qui  manque  à  ce  beau  bâtiment  le  dépare  tout-à- 
fait.  Ce  mot  n'a  guère  d'ufage  que  quand  il  s'agit 
d'Eglife  :  Foye-^  l'atticle  qui  fuit.  Quand  il  s'agit  de 
toute  autre  chofe,  on  fe  fert  plus  ordinairement  de 
-défigurer. 

DÉPARiR,  fignifîe  auffi  ,  ôter  les  pàremehs  extraor- 
dinaires d'un  autel,  en  changer.  Ornatam  collere.  Si- 
tôt que  le  fervicefut  achevé, on  t/jr^ara  l'auteL  II  faut 
<:^e/^i^rerrEglife  pour  la  teridre  de  deuil. 

DÉPARÉ,  ÉE.  part. 

DÉPARIER,  v.  a.  De  deux  chofes  qui  font  pareilles  ou 
appariées  enfemble,  en  ôter  j  en  léparer  une.  Difpa- 
rare. La  blanchilfeufe  a  déparié  mes  manchettes  : 
mais  il  fe  dit  particulièrement  des  animaux  qui  fe 
joignent  enfemble.  Il  faut  bien  prendre  garde  de 
déparier  cts  pigeons.  Par  impari jungere.  J'avois  devix 
paires  de  tourterelles;  mais  elles  Çonx  dépariées i  II  fe 
dit  auiîi,  en  manège,  des  chevaux  de  carofTe  de  diffé- 
rent poil,  ou  de  différente  taille,  qu'on  ne  trouve 
pas  à  propos  d'atteler  enfemble,  parce  que  cela  fe- 
roit  un  méchant  effet.  Il  faut  que  j'achette  d'autres 
chevaux  ,  les  miens  font  tous  dépariés. 

Déparié  ,  ée.  part.  pa(f.  &  adj.  Dijharatus. 

DEPARLER.  v.  n.  CefTer  de  parler.  Tacere.  On  ne 
l'emploie  qu'avec  la  négative,  dans  leflyle  familier, 
en  fe  plaignant  de  ceux  qui  veulent  toujours  parler  j 
&  de  qui  l'on  dit  qu'ils  nedéparlen[poïm.JVonce£are 
a  loquendo.  Il  ne  déparle  point  de  tout  le  jour.  Cet 
homme  eft  le  plus  grand  parleur  qu'on  ait  jamais 
vu  ,  quand  il  eft  dans  une  compagnie ,  il  ne  déparle 
point. 

DEPART,  f  m.  Sortie  d'un  lieu  à  deftein  de  faire  un 
voyage.  Difcejfus ,  profeclus.  Cet  OfKcier  prépare 
fon  équipage  ,  il  eft  fur  fon  départ.  Une  heure  avant 
fon  départ  W  délibéroit  encore  de  fa  route.  On  n'at- 
tend que  le  vent  pour  le  départ  des  vailfeaux.  Ondi- 
foit  auttefois  départie. 

Départ  &  Départie,  fe  difoient  autrefois  pour  fépa- 
ration ,  Se  départ  fe  dit  encore  dans  ce  fens  à  lamort- 
noie.  Ce  mot  vient  du  latin ,  pars  partie  j  &  partitif 


D  EP 

partager.  Ainfi  départ  pris  pour  fortie  d'un  lieu  ; 
fignihe  proprement  l'action  de  fe  féparer  des  perfon- 
nes  avec  qui  l'on  elf.  /  oy.  Départie. 

§CT  Départ,  en  termes  de  Monnoie  &  de  Chimie. 
C'eft  une  opération,  ou  plutôt  une  fuite  d'opéra- 
rations  par  lefquelles  on  fépare  l'or  d'avec  l'argent. 
Le  départ  par  la  voie  fèche,  fe  fait  à  l'aide  du  feu  &C 
du  foufre.  Le  départ  ^zv  la  voie  humide,  eft  quand 
cette  féparation  fe  fait  par  le  moyen  de  l'eau  forte. 
C'eft  celui  qui  doit  être  le  plus  en  ufage,  tant  parce 
qu^il  y  a  moins  de  déchet ,  que  parce  qu'on  peut 
affiner  l'or  jufqu'au  dernier  degré.  Boizard,  Tr.  des 
Monn.  P.  I.  C.  11.  où  il  décrit  toutes  les  circonftan- 
ces  de  ce  départ,  p.  105.  &  fuiv.  Auri purgatio. 

Or  dé  départ,  qu'on  appelle  autrement  or  eu 
chaux,  ou  or  moulu.  C'eft  l'or  retiré  du  creufet  après 
la  dernière  opération  àv\  départ ,  ou  de  l'affinage  avec 
l'eau  forte.  L'or  de  départ  ie  fond  dans  un  creufet,  &C 
l'on  en  fait  des  lingots  dont  l'or ,  fe  trouve  rrès-fin  ; 
ou  bien  on  emploie  cet  or  à  dorer  des  ouvrages  qu'on 
appelle  vermeil  doré  :  pour  cela  on  l'amalgame  avec 
du  mercure^  &  on  l'emploie  enfuite  à  ces  fortes 
d'ouvrages. 

Eau  du  départ,  autrement  Eau  Régale,  eft  une  eau 
forte ,  à  laquelle  on  a  ajouté  du  fel  commun  ,  ou  du 
fel  ammoniac,  outre  les  autres  fels  dont  l'eau  forte 
ordinaire  eft  compofée  afin  qu'elle  ait  la  force  de  dif- 
foudre  l'or ,  &  de  le  féparer  des  autres  métaux.  Aura- 
rii&  diremtionis  admimjira  aqua. 

DEPARTAGER.  V.  à.  Oter  le  partage,  ^quationem 
fentenûarum  tollere.  Il  fe  dit  au  Palais  des  procès  où 
les  Juges  ont  éîé  partagés,  &  fe  font  trouvés  en  nom- 
bre égal  d'avis  diftétens  ;  on  les  envoie  en  une  autre 
chambre   pour  les  départager.   Foye^  Comparti- 

TEUR. 

gC?  En  matière  Civile  une  feule  voix  fuffit  pour 
départager.  En  matière  criminelle  il  en  faut  deux  : 
&  dans  le  cas  de  partage  le  jugement  paffe  à  l'avis 
le  plus  doux. 

Ip-  DEPARTEMENT,  f  m.  Terme  qui  fe  dit  en  di- 
vetfes  occ^fions  &  de  diverfes  chofes.  Il  fîgnifie 
en  général  partage  ,  difttibution  qui  fe  fait  de 
certains  objets  entre  plufieurs  ■^lionntSi  Dijlributioi 
partitio. 

(fT  Ce  riiot  eft  employé  en  parlant  des  différentes 
affaires  d'état,  difttibuéespar  le  Roi  entre  les  quatre 
Séctetaires  d'Etat,  &  des  différentes  provinces  donc 
la  connoiffance  leur  eft'  attribuée.  Département  de  la 
Gilôrre,  département  âç  la  Marine,  &c.  Un  tel  Se- 
crétaire d'Etat  a  dans  fon  département  la  Marine,  la 
Normandie ,  la  Maifon  du  Roi ,  &c. 

IJCT  On  dit ,  dans  le  même  fens ,  département  des 
Finances  en  parlant  de  la  difttibution  qui  cft  faite 
par  le  Roi  au  Conttôleur  Général  &  aux  Intendans 
des  Finances,  des  affaires  de  Finances  qui  fe  traitent 
au  Confeil  ,  &  des  Provinces  relativement  aux 
mêmes  objets. 

tfT  Départemens  des  Intendans  des  Provinces,  dé- 
partemens  des  Intendans  de  Marine,  diftributipn  qui 
eft  faite  paf  le  Roi  de  ces  Officiers  dans  les  différentes 
Provinces  &  Généralités,  ou  dans  les  différens  ports 
de  France  &  Provinces  Maritimes  du  Royaume. 
Foy:  Intendant. 

§Cr  Les  départemens  de  la  Marine  en  France  font 
fur  l'Océan  ,  Breft,  le  Havre,  Rocheforr.  Dunker- 
que,  étoi:  autrefois  le  premier.  Sur  la  Méditerranée, 
Marfeille  &  Toulon. 

^3"  DÉPARTEMENS  des  Fermiers  Généraux ,  font  la 
diftribution  quife  fait  entr'eux  tous  les  ans  des  objets 
de  travail  pour  le  fervice  des  Fermes.  Département 
des  Gabelles  ,  du  tabac ,  &:c. 

DÉPARTEMENT,  cft  auflî  la  difttibution,  la  répartition 
qu'on  fiit  des  tailles ,  ^  autres  impofîtions  fur  les 
Eleétions  &  les  Paroilfes.  Fecligalium  defcriptio.  Ce 
font  les  Intendans  de  Juftice  à  qui  l'on  adreffe  les 
commilfions  des  tailles  &  autres  levées  de  deniers, 
pour  en  faire  le  département im  les  Elevions,  Villes 
&  P.aroilTeS.  On  leur  mande  d'en  faire  le  département 
le  plusjufte  qu'il  leur  fera  poflîble. 

§Cr  DÉPARTEMENT, 


DEP  DEP  ^31 

^  DÉPARTEMENT,  fe  dir  audî  de  l'affignation  de  lo-*DÉPAfeTiR,  fignifie  eh  Chimie  ,  Scèn  teriîiês  de^'ôiî- 


gement  des  Troupes,  des  quartiers  qu'on  leur  diftri- 
bue.  Dijlributiojianva,  6c  félon  les  laifons  ,  hiberna, 
hibernacuia,  ou  xjUva.  Ils  cirèrent  au  fore  les  villages 
les  plus  proches,  &  chacun  alla  à  Ion  dJparcement. 
As.  Ce  Ré"imsnt  a  obtenu  cette  année  un  bon  dt- 
panemencpoin  palFer  fon  quartier  d'hiver. 
Département,  en  termes  d'Architeâ:ure ,  eft  l'ordon 


noie  ,  léparer.  Dirimere  ,  feparjre.  L'or  ne  fe  peUÈ 
û'e:?art/> d'avec  1  argent  qu'avec  l'eau  régale,  ou  l'eàii 
de  départ.  Un  pot  a  dcpartir ,  oU  Inatras ,  elt  nft  "vaif- 
feau  de  terre  ou  l'on  met  l'eau  forte  &  la  greHaillô 
d'or  que  l'on  veut  départir, o\x  diffi^udre.  Voy  e^  dans 
Uoizard,^  Tr.  des  Monn.  P,  J.  C.  22.  la  manière  de 
départir  Tor. 


nance  &defcriptiondes  membres ,  chambres  &  par- 5 Départir,  v.  n.  Vieux  mot.  Partir,  s'onallen  Âbire ^ 
ries ,  donteft  compofé  un  bâtiment ,  en  un  plus  grand  j      d'Jcedeie  ,  proficijci. 

ou  un  plus  petit  nombre  de  pièces,  félon  leurs  gran-  |  Départi  ,  ie.  part  palT.  &  adj.  Divifus  ,  dijlrihutas-. 
deurs  ,  fuivant  la  différence  des  perfonnes,  &:  c'elt  On  appelle  mamtenant  au  Confeil ,  Comnujjairei 

la  première  parrie  du  devis,   félon  Savot.  Ordo ,       aV)?^r^'i- dans  les  Provinces  pour  l'exécution  des  or- 
difpofitio.  Cette  fignihcation  étoit  en  ufage  autrefoi3j  '      dres  du  Roi ,  ceux  qu'on  nommoir  ci-devant  Inten- 

o''^'2t  de  Jultice  ,  Police  &  finanees    dans  chaque 

Généralité. 
Départir,  f.  m.  Déparc  ^  Difcejfus ,  profeclio.  Avant 


aujourd'hui  deparcemenc  fignifie  certaines  parties 
d'une  maifon  deftinées  à  un  ufage  particulier.  Dé- 
partement des  cuihnes ,  des  écuries ,  des  domelliques 
de  la  bouche,  &c.  ce  font  les  pièces  deftinées  à  l'ula- 
ge  des  domelHques ,  à  fervir  pour  la  bouche,  à  pré- 
parer à  manger ,  &c. 

Département.  Vieux  mot.  Départ.  Dijcejfus  ^  pro- 
feclio. 

DÉPARTIE,  f.f.  Vieux  mot.  Départ,  féparation.  Sepa- 
ratio  J  difcejjlo.  La  débonnaire  Reine  (  Blanche)  ré- 
pondit en  plorant  :  Beau  ,  très-doux  fils ,  que  lera- 
ce  ?  comment  pourra  mon  cœur  fouftnr  la  départie 
de  vous  &de  moi  ?  Anonvme,  vie  de  S.  Louis, 

'  Cruelle  départie. 

Malheureux  jour] 
Que  ne  fuis-je  fans  vie 


ans  amcur  : 


Ouf 

DÉPARTIR,  v.  a.  Diftribuer  ;  partager  quelque  chofe 
entre  plidieurs.  Partiri  j  difperciri,  dividere  ^  dijlri- 
buere.  Les  Romains  fe  faifoient  élire  Empereurs  en 
départant  de  grolTes  fommes  de  deniers  aux  foldars. 
Les  faveurs  du  Cielj  les  dons  de  la  nature,  ne  fe 
départent  pu  également  fur  coils  les  hommes, 

Entre  les  animaux  ,  leur  Auteur ,  de  raifon 
A  qui  plus  ^  à  qui  moins ,  départir  une  dofe. 

NOUV.  CH.  DE  VERS. 

f^  On  ledit,  dans  le  même  fens,  en  parlant  des 
tailles  i  c'eft  alors  divifer  une  chofe  entre  plufieurs 
perfonnes  ,  &  donner  à  chacun  fa  part  convenable. 
Il  y  a  lix  mille  francs  de  taille  à  départir  fur  cette 
Paroilfe,  il  faut  en  donner  à  chacun  ce  qu'il  en  peut 
porter. 

On  dit .  à  la  ChafTe  ,  départir  les  quêtes,  lorfqu'on 
alîigne  à  chaque  Veneur  qui  va  au  bois  le  canton  de 
la  quête. 

Départir  ,  fe  ditj  en  termes  de  Palais  ,  de  tous  les 
procès  que  l'on  partage  entre  les  Juges,  &:  dont  on 
diftribue  les  pièces,  afin  de  les  examiner.  Ce  procès 
fera  bien-tôt  jugé,   on  l'a  départi. 

Départir  ,  avec  le  pronom  perfonnel ,  fignifie  fe  dé- 
portet ,  quitter  j  céder ,  abandonner  une  p.eijntion  , 
une  demande  ,  une  opinion.  Ab  ali-juù  re  dr/cedere , 
rei  alicui  renunciare.  Les  Grands  ont  de  la  peine  à  fe 
départir  des  prétentions  qui  font  dans  leurs  Mailons , 
quelque  vaines  qu'elles  foienr.  La  partie  adverfe 
s'eft  c^^joame  d'une  requête  qu'elle  avoir  préfentce  j 
s'en  eft  défiftée.  Ce  Dodteur  a  tenu  long-temps  cette 
opinion  ,  mais  enfin  il  s'en  eft  départi.  Se  départiras 
fon  droit.  Le  Mait.  Il  eft  à  croire  qu'il  ne  s'eft  pas 
départi  Ai  fes  sûretés  fans  raifon.  Pat.  Ce  n'eft  pas 
une  rèîîledont  on  ne  puide  fe  départir.  Id.  Sédécias 
Roi  d'Ifracl  donna  fa  parole  au  Prince  des  Alfy- 
riens ,  de  ne  fe  départir  jamais  de  fon  alliance. 
Maucroix. 


fon  départir.  Marot. 

DEl^ASSER.  v.  a.  Retirer  une  chofe  d'un  endroit  où 
elle  étoit  paifée.  On  ne  le  dit  guère  queues  rubans  , 
des  lacets  ou  chofes  femblables  qu'on  a  fait  palfec 
dans  des  boutonnières  ,  des  œillets ,  &c.  Educsre.  Il 
faut  depajjer  la  corde  de  ce  nœud  coulanr.  Il  faut 
depa[jer  ce  lacet  ,  ce  ruban. 

DÉPASSER  un  vaifléau  ,  en  termes  de  Marine  ^  c'eft  , 
sHer  plus  vite  qu'un  autre  vaiffeau,  &  le  laiffer  der- 
rière. Vinccre  j  antecedere.  Dépajfer  la  tourne-vire  , 
c'eft  la  changer  de  côté.  Dépajfer  &îï  aufti^  aller  au- 
delà  d  un  certain  lieu  y  foit  qu'on  ait  intention  d'y 
aller  ,  foit  qu'on  ne  l'ait  pas.  Nous  déparâmes  de  dix 
lieues  Goa,  où  nous  voulions  donner  fond.  Guill. 
Nos  Pilotes  onc  été  bien  étonnés  de  voir  terre.  Ils 
croyoient  avoir  depaffé  flile  de  Cocos.  Choisi  , 
Journal  de  Siam.  Nos  Pilotes  nous  alTurent  que 
nous  n'irons  point  autrement  jufqu'à  ce  que  nous 
ayons  dépajjé  le  foleil.  Ieid. 

On  dit  au  jeu  de  Billard  ,  faire  dépaffer  une  bille, 
pour  dire ,  faire  lepalfer  la  biUer  qui  avoir  déjà 
palfé. 

|Cr  DÉPASSER.  Terme  de  Manufadlure  en  foie.  C'eft 
ou  dégager  les  fils  des  Ulfes ,  ou  défaire  les  lacs  qui 
fervoienr  à  former  le  deftein  fur  l'étoffe.  Encyc. 

Dépasse,  ee.  part.  p. 

DEPAVER.  V.  a.  Ocer  le  pavé  qui  eft  en  œuvre.  Pavi- 
mentum  rejodere.  On  a  dépave  les  rues.  On  a  fait  dé- 
paver cette  cour.  Les  ravines ,  les  torrens  dépavent 
les  chemins. 

DÉPAVÉ  ,  ÉE.  part.  Un  chemin  dépavé ,  une  cour 
dépavée. 

DÉPAYSER.  Prononcez  DÉPÉÏSER.  v.  a.  Faire  fortir 
quelqu'un  de  fon  pays  natal  pour  le  faire  paiîor 
daiiS  un  autre.  Aliquem  e  patriofolo  evocare  regionem 
in  a  iam.  Lesparensde  ce  jeune  homme  l'ont  envoyé 
en  Italie  pour  le  depayfer. 

Dépayser,  fignifie  aulli,  corriger  quelqu'un  des  dé- 
fauts ,  de  l'accent ,  des  mœurs  du  pays.  Dedocere.Oa 
n'eft  pas  un  an  à  la  Cour  qu'on  y  eft  bien  dépayfé , 
qu'on  y  a  pris  une  autre  manière  de  vivre  ,  &  dâ 
parler.  A  le  bien  prendre,  un  honnête-homme  n'a 
point  de  métier,  l'étendue  de  fon  efprit  le  depayfe 
par-rout.  Ch.  de  Mer.  Du  Cange  dérive  ce  mot  de 
dfpatriare  ,  qu'on  a  dit  en  la  balfe  Latinité  dans  la 
même  fignification. 

DÉPAYSER. ,  fignifie  anfti  ,  faire  changer  de  pays  à  un 
homme  qui  y  eft  habitué  ,  pour  lui  faire  perdre  fes 
connoiflances ,  pour  le  mettre  dans  un  lieu  où  il 
n'ait  pas  les  mêmes  avantages.  Aliquem  depatriâ  ex- 
trahere  j  &  in  aliam  reglonem  mittere.  Lin  Supérieur 
dépayfeun  Religieux  qui  a  quelque  mauvaife  habi- 
tude, &  le  transfère  dans  un  autre  Couvent.  Il  eft: 
arrivé  un  affront  à  cette  famille  ,  qui  l'a  obligée  » 
fe  dépayfer ,  à  s'aller  habituer  en  un  autre  payç. 


fjCTOndir  aufTife^e/jamVcfefondevoir,  manquer  DÉPAYSER  ,  fe  dit  aufti  au  Palais,  en  pariant  des  évo- 


à  ce  qu'on  doit.  O^îcio  deeffe.  Se  dépattir  du  refpecl, 
de  l'obéi ffance  qu'on  doit  à  quelqu'un  ,  s'en  écarter  , 
s'en  éloigner.  Dans  ce  cas  il  s'emploie  ordinairement 
avec  la  négacive.  On  ne  doic  jamais  fe  départir  àç 
l'obéiirance  qu'on  doit  à  fon  Souverain  ,  du  refpeâ 
qu'on  doit  à  fes  fupérieurs.i^^vycfre  ,  dejicere  ai. 
Tome  III. 


cations  qu'on  fait  pour  tirer  une  affaire  d'niie  jurif- 
diilion  en  une  autre  plus  éloignée.  Evocare  domo. 
Mes  parties  avoient  trop  de  crédit  en  ce  Parlement , 
je  les  ai  fait  évoquer  ailleurs  pour  \e%  dépayfer.  On 
le  dit  aulTi,  en  fait  de  difpute,'pour  dire  mettre  quel- 
qu'un fur  un  fujet  fur  lequel  il  ne  foit  pas  fi  prépare.. 


X34  D   E  P 

On  prelloit  foie  ce  Docteur  fur  un  point  de  Jurifpru- 
dence  ,  il  a  fait  naître  une  queltiçn  de  Théologie 
qui  a  dépayfe  fon  adverfaire. 

Dépayser  ,  le  die  encore,  dans  le  ftyle  familier  j  pour 
dixQ  ,  donner  à  quelqu'un  de  fauiles  idées ,  pour 
empêcher  qu'il  ne  loit  au  tau  de  quelque  chofe. 

Dépayse  ,  ee.  part.  Il  a  les  fignitications  de  Ion  verbe, 
en  Latin  &c  en  François. 

DÉPÈCEMENT,  f.  m.  Aâ:ion  par  laquelle  on  met  en 
pièces.  Les  Bouchers  font  le  depecemcnrd^un  bœuf,  le 
mettent  en  pièces  pour  le  vendre. 

DEPECER  j  V.  a.  Mettre  en  pièces  ,  ou  en  morceaux. 
Jn  frujia  dividere  ,  difccrpere  ,  jruftaûm  concidere. 
On  dépèce  un  c\\:ii)on  ,  une  volaille,  pour  en  fer- 
vir  ,  pour  en  faire  une  capilotade.  Un  Gentilhomme 
bas-  Normand  ayant  mis  une  perdrix  fur  fon  alHette , 
pour  la  dépecer ,  &  la  lervir  à  fes  voifins  ,  M.  de 
Montaufier  lui  dit ,  Eh  ,  Monfieur  j  qui  voudra 
manger  de  ce  gibier  ,  après  avoir  traîné  fur  votre 
adiecte  ?  Ce  fera  moi ,  Monfeigneur  ,  repartit  le 
Gentilhomme  ,  qui  avoit  l'efprit  prêtent,  &  per- 
fonne  n'en  fera  dégoûté  que  moi  feul.  De  Vign. 
Marv.  On  dépèce  des  habits  ,  du  linge  ,  des  étoffes , 
quand  on  les  découd  ,  quand  on  les  coupe  pour  en 
féparer  les  pièces,  &  les  laire  fervir  à  d'autres  ufa- 
ges.  On  dépèce  un  vailTeau  quand  il  ell:  vieux  ,  c'eft- 
à-dire,  on  le  rompt ,  on  le  met  en  pièces. 

Le  Lion  par  fcs  ongles  compta  j 
Et  dit ,  nous  fommcs  quatre  à  partaoer  la  proie  ^ 
Puis  en  autant  de  parts  le  cerj  il  dépeça.  LaTont. 

Du  Gange  dérive  ce  mot  de  depitare ,  qu'on  a  dit 
dans  la  baffe  Latinité  pour  ligniher  la  même  choie. 

Dépecé  ,  ée.  part.  paîf.  &i  adj.  Divifus  injrujïa  , 
Jrujiatim  concifus. 

DEPECELTR.  f.  m.  Marchand  qui  achète  les  bateaux 
qui  ne  peuvent  plus  lervir ,  les  dépèce  ,  les  défaf- 
femble  ,  &  vend  les  planches  &  autres  bois  qu'il  en 
tire.  Lignorum  ex  limrihus  folutis  mercator.  Les  dépé- 
ceurs  achètent  à  bon  marché  les  bateaux  qui  ontpalTé 
le  canal,  &  en  vendent  les  bois  bien  cher.  Ce  dcpé- 
çeursQ^  enrichi  à  ce  métier-là. 

DEPECHE,  f.  f.  Lettre  qu'on  envoie  en  diligence  par 
un  courrier  exprès  pour  quelque  affaire  d'Etat,  ou 
quelque  autre  chofe  importante  :  lettre  concernant 
les  affaires  publiques.  Epijlola ,  iiiter<e.  Le  Roi  a 
ordonné  à  fon  Ambaffadeurpar  fa  dépêche.  Nos  ha- 
biles gens  d'afiaires  font  formés  à  un  certain  ftyle  de 
dépêches  peu  convenable  à  l'Hiffoire.S.  Evr.  Ce  mot 
fe  dit  auÛi  pour  le  paquet  même  qui  contient  ces 
fortes  de  lettres  ;  mais  alors  il  n'a  point  de  lîngulier. 
Le  courrier  a  rendu  fes  dspéches, 

DÉPÊCHES  ,  dans  le  Commerce.  Ce  mot  s'entend 
parmi  les  Marchands  &  les  Banquiers ,  des  lettres 
qu'ils  écrivent  chaque  ordinaire  à  leurs  Correfpon- 
dans. 

Confeil  des  dépêches.  C'eft  un  Confcll  qui  fe  tient 
dans  la  chambre  du  Roi ,  en  préfence  de  M.  le 
D'Uphin^  M.  le  Duc  d'Orléans,  M.  le  Chancelier, 
&  les  quatre  Secrétaires  d'Etat  y  alliffent.  On  y  traite 
des  affaires  des  Provinces  ;  chaque  Secrétaire  d'Etat 
tient  mémoire  des  réfolutions  qui  s'y  prennent,  &  en 
envole  les  expéditions  dans  fon  département.  Confi- 
lium  de  mlttendïs  mature  litteris.  Depuis  la  mort  du 
Roi  Louis  le  Grand,  les  afïaires  qui  alloient  au  Con- 
feil des  dépêches  ^  font  portées  au  Confeil  des  affaires 
du  dedans  du  Royaume. 

On  dit  proverbialement  de  la  mort  d'un  homme 
qui  ne  fervoit  qu'à  incommoder  les  autres ,  voilà 
une  belle  dircche  !  ou  j  belle  dépêche  !  Quand  le 
Duc  de  Bourbon  fut  tué  devant  Rome  ,  Charles- 
Quint  ne  le  regretta  guère  ,  &  dit  que  c'étoit  une 
belle  dépêche  pour  lui.  De  Vign.  Marv.  On  dit 
familièrement  ,  fe  battre  à  dépêche  compagnon  j 
pour  dire,  fe  battre  rudement  &  fans  vouloir  par- 
donner à  fon  ennemi.  On  dit  aufli  travailler  à  ^e/Jt'c/jc 
compagnon  ,  pour  dire  ,  travailler  vîte  &  diligem- 
ment. 


D   E  P 

DÉPÊCHER  ,  fe  die  aufli  des  courriers  qu'on  envoie 
exprès  &c  en  diligence  pour  porter  quelques  ordres. 
Mittcte.  On  a  dépêché  un  courrier  à  rAmbalfadeur. 
On  lui  dépêcha  des  Officiers  pour  lui  apprendre  la 
réfolution  des  troupes.  Ab.  On  dit  encore  ,  dépêcher 
un  criminel,  lui  faire  eu  diligence  fon  procès  ,  &: 
ians  le  faire  languir.  Nocentern  Jiatim  pleclere.  Il  fe 
du  aufli  de  l'Exécuteur  de  la  Juftice.  Le  Bourreau  a 
dépêché  bien  vîte  ce  criminel ,  il  ne  l'a  point  fait 
languir.  On  le  dit  encore  d'un  homme  qui  ,  en  fe 
battant ,  a  bien-tôt  tué  fon  ennemi ,  s'en  eft  bien-tûc 
défait.  Il  le  dépêcha  bien  vîte.  En  parlant  d'un  Mé- 
decin,entre  les  mains  de  qui  l'on  a  vu  mourir  beau- 
coup de  malades  J  on  dit ,  qu'il  en  a  beaucoup  dé- 
pêchés, ^ppraperare alicui mortem.Toui  cela  eft  fami- 
lier. 

§Cr  DÉPÊCHER,  V.  a.  Faire  quelque  chofe  à  la  hâte  j 
expédier  promptement-  Dépêcher  un  ouvrage.  Fro- 
perare  aliquid.  Èxpreffion  familière.  Depêchs^  ce  que 
vous  avez  à  faire  ^  5c  abfolumcntj  Dépêche-^.  Matu- 
rato  opus  ejî. 

DÉPÉCHÉ,  ÉE.parr. 

DEPEDANTISER.  v.  a.  Ce  mot  fe  dit  en  riant  pour, 
tirer  de  la  pédanterie.  Rujluitatem  dedocere. 

Se  DÉPÉDANTISER ,  devenir  plus  poli,  celFer  d'être 
pédant  J  renoncer  à  la  pédanterie.  Les  Sa  vans,  de- 
puis un  certain  temps  j  le  font  fort  depédantijes  ,  Sc 
la  poIitelTe  du  fiècle  s'eft  répandue  jufque  dans 
l'crudition  la  plus  critique.  Mem.  de  'l'rév.  Juiliec 
}72.^.p.  1539. 

DEPEINDRE,  v.  a.  Je  dépeins^  nous  dépeignons ,  je 
dépeignis ,]'  ai  dépeint  J  que  je  dépeigne  ,  ]e  dej  eindrois 
que  je  dépeignijfe.  Repréfenter  avec  le  pinceau  &  défi 
couleurs  quelque  hiftoire,  quelque  adion,  quelque 
payfigej  tempête  ou  autre  chofe.  P  ingère ,  alicujus 
rei  vel  hominis  formam  ejfingere ^  exprimcre.  Michel- 
Ange  a  dépeint  le  Jugement  dernier  dans  un  beau  ta- 
bleau qui  eft  à  Rome.  Dans  cette  acception  il  n'eft 
pas  d'ufage. 

Dépeindre  ,  fe  dit  plus  ordinairement  de  ce  qui  nous 
eft  repré fente  par  ledifcours  ,  foit  de  vive  voix,  foit 
par  écrit.  Scripto  vel  oratione  depingere.  Le  grand 
fecret  d'un  Pocte  Comique  eft  de  dépeindre  les  hom- 
mes &  les  actions,  de  les  repréfenter  au  vif  &  au 
naturel  Je  reconnois  cet  homme  de  la  façon  que 
vous  nie  le  dépeigne-^.  Dépeindre  l'ardeur  du  foldac 
qui  monte  à  l'affaut.  Ab.  Les  Poètes  Tragiques  an- 
ciens ont  beaucoup  mieux  réulli  à  exprimer  les  qua- 
lités des  Fléros ,  qu'à  û'-7'e/«t/;f  la  magnificence  des 
grands  Rois.  S.  EvR.  Il  ne  falloir  pas  me  dépeindre  lî 
bien,  &  il  valoit  mieux  me  faire  moins  rellemblant, 
&  me  faire  un  peu  plus  aimable.  Voit.  Les  Auteurs 
fe  dépeignent  dans  leurs  ouvrages,  on  y  reconnoîc 
leurs  mœurs  &  leurs  caraiîtères.  L'Auteur  de  FEfprit 
de  M.  Arnaud  s'eft  parfaitement  bien  dépeint  dans 
cet  Ouvrage.  S.  Evr.  N'auriez-vous  pas  uijet  de  me 
croire  aulh  lâche  que  vous  me  dépeigne^ ,  li  vous 
deviez  ma  juftification  à  vos  menaces?  Lett.  Por- 
tugaises. 

Carc'efl peu  qu'avec  art  ta  main  dépeigne  un  vice. 
Il  faut  en  le  voyant  que  mon  cœur  le  haïjje.  Vill. 

Dépeint,  einte.  part. 

DÉPENAILLÉ,  ée.  part.  palT.  S.C  adj.  Mal  vêtu,  qui  a 

fes  habits  en  lambeaux.  PannofuSj  a.  Il  eft  popu* 

laire. 

A  ces  mots  ^  il  fe  vithoufpUlé  ^  tiraillé  i 
Et  trop  heureux  de  fuir ,  s'enfuit  dépenaillé. 
L'Abbé  de  Villiers  ,  Poëme  de  l'Amitié. 

DÉPEND  AMMENT.  adv.  D'une  manière  dépendante, 
avec  dépendance.  Ex  alterius  arbitrio  y  voluntate. 
L'ame  agit  fouvent  dépendammentdes  organes. 

DÉPENDANCE,  f.  f. Sujétion,  fubordination.  Fiven- 
di  ratio  ,  conditio  qu<t  in  alterius  potejlate ,  arbitrio 
pofita  e(l ,  quâ,  alterius  voluntati  fubjacet.  Ce  Prince 
tient  ïi^s  fujets  dans  une  grande  loumiflion  &C  dé^en-, 


D  E   P 

dance.  Les  Philofophes  aiment  la  liberté  ,  &  n'aiment 
point  à  vivre  dans  la  dépaidance.  Les  .Moines  vivent 
rous  dans  la  dépendance  d'un  Général.  Les  hommes 
cherchent  à  fe  donner ,  &  s'airujettiirent  avec  piaiiii. 
Il  on  les  lailfe  choiiir  leur  dépendance.  S.  EvR.  Il  eit 
difficile  que  par  lui-même  ou  par  ceux  qui  font  daiis 
fa  dépendance ,  il  ne  traverfe  tout  ce  que  je  délire. 
P.  DE  Cl.  Sans  le  concours  immédiat  de  Dieu  dans 
routes  nos  aéiionSj  l'on  détruit  l'infinie  dépend.ut'.c 
dans  laquelle  les  créatures  lontà  l'égard  du  Créateur. 
JoR.  La  dépendance  elt  insupportable  à  un  homme 
de  cœur  ,  &  fur-tout  celle  de  l'elprit.  S.  EvR.  Notre 
ignorance,  &  nos  doutes  nous  font  fentir  notre  dé- 
pendance. Id.  Dieu  a  voulu  accoutumer  l'homme  à 
croire  fins  avoir  une  connoillance  évidente  i>z  par- 
faite de  ce  qu'il  croit,  afin  de  le  tenir  dans  la  dépen- 
dance &c  dans  la  fervitude. 

L'amour  prétend  par-tout  naître  fans  dépendance , 
Et  jamais  par  lajorce  on  n'entra  dans  un  cœur.  Mol. 

DÉPENDANCE  j  fignific  auiîî  connexité ,  fuite  nécelTàire. 
Connexio ,  cognatio.  Toutes  les  propohtions  de  Géo- 
métrie ,  ont  une  fuite  &  une  dépendance  les  unes  des 
autres.  On  a  renvoyé  ce  procès  en  un  autre  Parle- 
ment avec  toutes  fes  circonftances  &  dépendances.  Le 
mot  de  circonftances  exprime  tout  ce  qui  peut  avoir 
rapporta  l'affaire  :  celui  de  dépendances ,  tout  ce  qui 
en  fait  partie,  ce  qui  y  eft  néceffàirement  lié,  ce  qui 
en  eft  une  branche. 

DÉPENDANCE  ,  fe  dit  auffi  de  ce  qui  fait  partie  d'un 
tout.  Appendlx ,  accejjïc.  Ce  hameau  eft  de  la  dépen- 
dance de  cette  Paroilfe.  Cette  métairie  ell  une  des 
dépendances  d'une  relie  terre.  La  l'reile  eft  des  pre- 
mières depe.idj  7CCS  de  la  Couronne.  Patru.  Les 
dépendances  d'un  fief,,  font  les  terres j  prés,  bois, 
qui  en  compofent  le  domaine,  les  cenfives,  droit 
de  chalfe,  de  pf^che,  &c. 

^  DE«^EN  D  \NT.  ante.  adj.  Se  dit  de  ce  qui  a  quel- 
que relation  à  un  .  autre  avec  infériorité ,  de  ce  qui 
eft  une  fuite  néce.'^airs  d'une  autre  chofe,  de  ce  qui 
fait  partie  d'un  tout ,  des  chofes  qui  appartiennent  à 
une  autre,  comme  en  étant  un  accefioire.  Voye-^ 
Dépendance.  Un  homme  dépendant  d'un  autre. 
Une  affiure ,  une  queftioii  dépendante  d'une  autre 
queftion,  &c. 

En  termes  de  Marine  on  dit,  venir  en  dépendant, 
romber  en  dépendant.  Navis  qus.  eodem  cum  aliâ  ven- 
ta defertur.  Un  vaiffeau  vient  en  dépendant,  lorf- 
qu'il  eft  au  vent  d'un  autre  vailfeau,  &  que,  pour  le 
reconnoître,  il  s'en  approche  peu-à-peu  ,  tenant  tou- 
jours le  vent  pour  n'être  pas  coupé  ,  &  mis  fous  le 
vent.  Tomber  en  dépendant ,cqù.  approcher  à  petites 
voiles  &:  faire  vent  arrière  pour  arriver.  Les  vailfeaux 
ennemis  fe  lailloient  tomber  en  dépendant  £aï  leurs 
côtes. 

DÉPENDRE.  V.  a.  Je  dépens  ,  je  dépendis,  j'ai  dépen- 
du ,  que  je  dépende.  Détacher  une  chofe  de  l'endroit 
où  elle  eft  pendue.  Hen:  aliquamfufpenfam  demitterc. 
Il  faut  dépendre  ce  tableau  poifr  le  mettre  plus  bas. 
On  a  dépendu  la  lampe  pour  la  reblanchir. 

DÉPENDUE.  0E.  part.  ^ 

§3"  DEPENDRE,  v.  n.  Être  fous  la  domination  ,  fous 
l'autorité  de  quelqu'un.  Alterius  voluntati ,  arhitrio 
ejfe  fubjeclum.  Lqs  (n]Qis  dépendent  àes  Rois,  les  en- 
fans  de  leurs parens,  les  domeftiques  de  leurs  maîtres. 
La  confervation  de  tous  les  êtres  dépend  as  la  Provi- 
dence. 

^fT  Quelquefois  ce  verbe  n'exprime  qu'une  fim- 
ple  fubordination.  Les  Tribunaux  fubalternes  de-^en- 
dent  des  Tribunaux  fupérieurs.  Tl  y  a  une  fubordina- 
tion entre  les  hommes ,  qui  les  fait  dépendre  les  uns 
des  autres. 

|p°  En  matière  de  fief,  dépendre  eft  fynonyme  à 
relever.  Un  arrière  fief  ^f^eW  du  fief  dominant.  En 
matière  bénéficiale  ,  on  dit  qu'un  Prieuré,  qu'une 
cure ye;^e/2^e«f  d'une  Abbaye,  c'eft-à-diiCj,  que  la 
nomination  en  appartient  au  Titulaire  de  l'Abbaye. 

DÉPENDRE  ,  fc  dit  aulfi  des  chofes  connexes ,  &  qui 


DE  P  13 j 

ont  une  fuite  nécefîaire  l'une  de  l'autre  ,  alors  il 
eft  lynonyme  .à  procéder,  provenir  &i  s'enfuivre. 
Pendere.  Les  effets  dépendent  de  leurs  caufes.  Ces 
deux  Y>'-ochs  dépendent  tellement  l'un  de  l'autre,  que 
fi  j'en  gagne  un  ,  l'autre  eft  infaillible.  La  confé- 
quence  d'un  fyllogifme  dépend  des  prcmilfes.  La 
forcunedes  gens  c/e^eW  fort  fouvînt  de  leur  mérite. 
Ablanc. 

'ifT  On   dit  en  Morale  :  d'un  moment   dépend 
l'éternité. 

Madame  j  mon  éonheur  ne  dépend  qus  de  vous. 

Racine. 

|K?  Il  fembloic  que  la  deftinée  des  Rois  dépen- 
du du  caprice  de  leur  fujets. 

C^T  On  dit  cela  dépend  de  moi ,  j'ai  le  pouvoir 
de  le  faire  ou  de  ne  le  pas  faire.  Boc  arbitra  mû 
ejL 
DePENDRE.  v.a.  du  Latin  difpendere.  Vieux  mot ,  qui 
veut  dire  la  même  chofe  que  depenfer.  Dépendre  n'eft 
plus  en  ufage.  Mén.Bol'h.  Les  cœurs  généreux  ai- 
ment  à  dépendre. 

On  dit  proverbialement  j  qui  bien  gagne,  & 
bien  dépend  j  n'a  pas  befoin  de  bourfe  pour  ferrer 
fon  argent.  On  dit  aulîî  c'eft  un  homme  qui  eft  à 
lui  à  vendre  &  à  dépendre  ,  pour  dire  qui  lui  eftab- 
folument  dévoué.  On  trouve  de/pendre  &C  dépen- 
dre ,  on  ne  prononce  point  l'j  dans  ce  mot  quand 
il  yen  a. 
DEPENS,  f  m.  pi.  frais  ;  ce  qui  a  coûté  ^  ce  qu'on  a 
dépenfé  à  quelque  entreprifs ,  ou  à  quelque  afiaire. 
Sumtus,  impenj'ti.  Il  a  employé  beaucoup  d'argent 
à  la  pourfuite  de  cette  affaire.  Il  aura  bien  de  la 
peine  à  tirer  ùs  dépens.  On  dit  proverbialement 
c'eft  un  homme  qui  gagne  bien  ins  dépens  ,  pour 
dire,  il  rend  bien  autant  de  fervice. qu'il  coûte  à 
nourrir,  &  qu'un  homme  eft  condamné  aux  d'^oe/zj 
quand  il  ne  retire  pas  d'une  affaire  tout  l'argent 
qu'il  y  a  mis  :  &d'un  homme  avancé  en  âgÇj  que 
plus  de  la  moitié  de  fes  dcpens  font  payés. 

§CF  On  dit  figurement  faire  la  guerre  à  fes  dé- 
pens ,  faire  dans  l'exercice  d'un  emploi,  ou  dans 
la  pourfiyte  d'une  entreprife  des  frais  auxquels 
on  n'eft  point  obligé  ,  &  dont  on  ne  fera  point  lem- 
bourfé. 

tfT  Ce  mot  ne  s'emploie  guère  ailleurs  que 
dans  une  acception  générale  ,  avec  la  prépofirion 
«.S'enrichir  aux  dépensât  public.  Vivre  aux  dépens 
d'autrui,  c'eft~à-dire,  aux  trais  &  fur  le  compte  d'un 
autre.  Un  Ambalfideur  d'Efpagne  voulant  engager 
Alexandre  V!II  à  fe  déclarer  contre  la  France  ,  lui 
difoit  qu'elle  étoit  ruinée  ,  &c  qu'elle  ne  pourioit 
plus  entretenir  fes  armées.  Je  le  crois  bien  répondit 
le  Pape,  car  elle  les  fait  toutes  fubfifter  a.ux  dépens 
de  fes  voifins. 
Dépens  ,  fe  dit  auftî  au  figuré.  Se  juftifier  aux  dépens 
d'autrui.  AUorum  incommoda  ,  detrimento  ^periculo^ 
LTn  habile  homme  fe  fait  fage  aux  dépens  d^autrui 
en  profitant  de  fes  fautes.  Faut-il  obéir  à  cette  chi- 
mère d'honneur  aux  dépens  de  ce  qu'il  y  a  de  plus 
doux  dans  la  vie?S.  Ev.  Au  lieu  que  les  Princes 
n'apprennent  qu'aux  ^e/^e/ij  de  leurs  fujets  j  &  de 
leur  propre  gloire  ,^  à  jugerdes  affaires  dangereufes; 
par  le  fecours  de  l'Hiftoire  ils  forment  leur  juge- 
ment fur  les  évenemens  paffes  fans  rien  bazarder. 
Boss.  Il  n'eft  pas  permis  de  foutenir  les  dogmes  de 
la  Religion  aux  dépens  des  vertus  qu'elle  com- 
mande. 

Aux  dépens  du  prochain  ^  s  il  fait  rire  les  gens  , 
Le  prochain  l.  fon  tour  fait  rire  à  fes  dépens. 

ViLL. 

§?  Dépens  ,  en  termes  de  pratique  j  font  les  frais 
qui  ont  été  faits  dans  les  ptocédures  de  la   pour- 
fuite  d'un'^procès  qui  entrent  en  taxe,  &  qui  doi- 
vent être  payés  à  celui  qui  a  obtenu  gain  de  caufe 
par  celui  qui  a  fuccombé.  Ferrif.re.  Impenfin  litis  , 

G  g  ij  ' 


2,3^ 


DEP 


ou  cxpenfs..  La  condamnation  d'amende  emporte 
celle  des  dépens.  On  obtient  un  exécutoire  luivant 
la  taxe  &  la  liquidation  des  (/ty'e/2j,  lur  une  décla- 
ration de  dépens  réglée  entre  les  Procureurs.  On 
prononce  quelquefois  dépens  compenlés ,  lans  dé- 
pens. Régulièrement  celui  qui  perd  la  caufe  ou  fon 
procès ,  doit  être  condamné  s.\xyi  dépens  \  mais,  pour 
des  raifoMS  particulières  ,lesJu>;es  prononcent  quel- 
quefois dépens  compenfés  j  par  exemple  ,  dans  les 
contellations  entre  parens  j  quand  il  y  a ,  entre  au- 
tres perfonnesqui  ne  font  point  parentes,  des  de- 
mandes refpedivesdanslefquelles  elles  fuccombcnt 
de  part  Hc  d'autre  ,  &c.  Des  dépens  croifés ,  ce 
font  ceux  dont  on  a  interjeté  appel.  Il  faut  réfon- 
dre les  dépens  des  défauts  èc  contiimaces.  Les  dé- 
pens de  contumace  font  ceux  qu'on  a  été  obligé  de 
faire  pour  obliger  uns  partie  de  comparoître  j  ou 
de  dérendre  ,  &  que  le  demandeur  peut  répéter 
préalablement  j  &  avant  que  de  continuer  aucunes 
pourfuites.  C'elt  laraifon  pour  laquelle  ils  font  ap- 
pelés préjudicieux  j  parce  qu'Us  doivent  être  payés 
avant  que  la  partie  qui  les  doit  puilfe  être  reçue 
à  procéder  en   la  caufe. 

On  conclud  toutes  les  requêtes  par  une  demande 
de  dépens  j  dommages    &  intérêts. 
DÉPENS  ré/ervés.  Les  Juges  prononcent  dépens  réferyés 
quand  ils  rendent  quelque  jugement  qui  ordonne 
un  interlocutoire  pour  éclaircir  la  contellation  prin- 
cipale qui  ell  à  juger. 
Dépens  provifionds  ,  font  ceux  des  demandes  afin  de 
provifion  ,  ou  de  défenfes ,  ou  de  main  levée  de 
défenfes  portées  par  un   jugement. 
DEi^ENSE.  f.  f.  Emploi  de  fon  bien,  argent  que  l'on 
emploie  à  quelque  chofe  que  ce  puilie  être.  Sumius 
expenfum  ,  ïmpenfa.  On  ne   doit   taire  de  dépenfe 
qu'à  proportion  de  fon  revenu.  N'infultez  point  ceux 
qui  font  au  delfous  de  vous  par  l'éclat  de  votre  dé- 
penfe, &■  n'irritez  point  l'envie,  M.  Esp.   Dans  les 
gens  de  Cour  la  modeftie  de  la  dépenfe  n'eft  le  plus 
ordinairement  qu'une  vertu  politique.  Id.  S.  Evre- 
mont  dit  à  une  belle  perfonne  ,  lailfez  les  autres  fe 
ruiner  en  habits   &  pierreries  ^  la  nature  a  fait  pour 
vous  toutes  les  dépenfes,  La  dépenfe  de  la  /Maifon 
de  Louis  XI  qui  n'étoit  au  commencement  de  fon 
règne  que  de  iS  à  50  mille  livres ,  monta  fur  la  fin 
du  mèma  jufqu'à  S0605  livres,  fuivant  la   luppu- 
ration  qu'en  fait  Matthieu.  Mascur. 
DÉPENSE  ordinaire  &   extraordinaire.  Terme  de  Fi- 
nance ,   font  différentes  dépenfes  qu'on  fait  pour 
la  régie  d'une  affaire.  Les  dépenfes  ordinaires  com- 
prennent tous  les  appointemens,  loyers  de  Bureaux, 
&  autres  frais  qu'on  a  coutume    de  faire  &  qu'on 
envifage  comme  fixes.  Les  dépenfes  extraordinaires 
font  celles    qui   font  regardées  comme  cafuelles , 
&  qui  ne  peuvent  point  être  fixées.  Les   appoin- 
temens font  des  déx'i/es  ordinaires  ,   parce  qu'ils 
lont fixes.  Les  gratifications  font  des  dépenfes  extra- 
ordinaires ,  parce  qu'elles  font  catuelles. 
Dépenses    secrètes.   On    appelle  dépenfes  fecrhes  , 
celles  qu'un  Souverain  permet  de  faire  à  un  Géné- 
ral d'Armée  ,  &  qu'il  lui  permet  de  porter  à  tel  point 
qu'il  veut  j  fans  exiger  de  lui  qu'il  en  rende  aucun 
compte. 

On  dit  faire  de  la  dépenfe  ,  pour  dire  ,  faire  beau- 
coup de  dépenfe.  Et  faire  une  dépenfe  fourde  j  pour 
dire,  faire  une  dépenfe  fecrête  qui  ne  paroît  point. 
AcÂD.  Fr. 
DÉPENSE,  en  termes  de  Pratique,  c'eftle  chapitre  d'un 
compte  qui  fe  met  après  la  recette,  dans  lequel  on 
fait  voir  l'emploi  de  ce  qu'on  a  reçu.  Expenfum.  On 
ne  doit  point  allouer  la  dépenfe  d'un  compte,  fi  elle 
n'eft  julrifiée  par  quittances  valables. 
Dépense,  en  Architeélure,  eft  un  lieu  proche  de  la 
cuifine,  où  l'on  ferre  les  provilions  de  la  table,  &  ce 
qui  y  fert  ordinairement.  Cellavenarla.  Chez  les 
grands  Seigneurs  on  l'appelle  office.  La  dépenfe  eft 
une  pièce  du  département  de  la  bouche. 
Dépense  ,  fur  mer ,  c'eft  le  lieu  où  le  maître  valet  tient 
les  vivres  qu'il  diftribue.  Dans  les  navires  de  guêtre, 


DEP 

on  place  ordinairement  la  dépenfe  an  iond  de  caie, 
proche  la  cuifine,  &  il  y  a  une  ouverture  par  laquelle 
on  donne  les  vivres.  Mais,  dans  les  Vailieaux  mar- 
chands ,  la  dépenje  eft  plus  fouvent  placée  à  la  même 
hauteur  que  la  cuiluie.  Dans  un  vailTeau  de  cent 
uente-quatre  pieds  de  long  del'étruve  à  létambord, 
la  dépenfe  doit  avoir  cinq  pieds  &  demi  de  long,  Se 
cinq  de  large.  Dépenfier  d'un  vailleau,  c'eft  propre- 
ment le  maître  valet. 
Dépense,  eft  auffi  un  terme  de  Religieux  &  de  Reli- 
gieufes.  C'eft  le  lieu  où  lont  les  pots,  les  talfes,  le 
pain  &c  le  vin.  Penarium,  ceilaria.  §cc. 
Dépense  ,  (e  dit  àulTi  du  petit  vin  qu'on  donne  à  boire 
aux  valets ,  qu'on  fait  avec  de  l'eau  qu'on  fait  cuver 
fur  le  marc  preffuré ,  en  quelques  lieux,  boire  ou 
beuvande.  t^oye^  Petit-Vin. 
1^  Dépense  ,  en  Hydraulique,  la  dépenfe  des  eaux  eft 
leur  écoulement  ou  leur  débit  en  un  certain  temps. 
On  melure  cette  dépenfe  par  le  moyen  d  uiîe  jaug» 
percée  de  phifieurs  trous  ,  depuis  un  pouce  jufqu'à 
deux  lignes  circulaires.  Encyc. 

La  dépenfe  naturelle  eft  celle  que  feroient  les  eauX 
jailUifantes  fi  leurs  conduites  &  éjutages  n'étoient 
pas  fujets  à  des  frottemens- 

La  dépenfe  eftettive  eft  celle  que  l'on  conhoît  par 
l'expérience,  toujours  moindre  que  celle  doniiée  par 
le  calcul. 
DEPENSER.  V.  a.  Employer  fon  bien  à  acheter,  don- 
ner, ou  faire  autres  chofes  qui  ne  fe  font  qu'avec  de 
l'argent.  Sumtum,  impenfam  facere ,  difpendere  ,  ero- 
gcire.  On  a  tort  de  dépenfer  fon  argent  à  acheter  cent 
vaines  curiofités.  C'eft  dépenfer  fon  bien  à  propos 
que  d'en  faire  part  aux  pauvres.  Ceux  qui  aiment  i 
dépenfer  Çoni  bien,-tôt  ruinés.  Pétrone  depenfoh  fon 
bien  ,  non  pas  dans  la  débauche,  mais  dans  un  luxe 
poli  &  curieux.  S.  Evr.  Ondifoit  autrefois  dépendre, 
mais  il  eft  vieux  &:  hors  d'ufige. 

|C  On  dit  .ibfolument  qu'un  homme  aimé  k 
dépenfer,  qu'il  dépenfe  en  chevaux  ,  en  habits,  &c. 
On  dit  en  proverbe,  Il  y  a  plus  de  moyens  da 
dépenfer  que  d'.icquérir-  Q\\  dit  aufli  ,  qu'un  homme 
lie  dépenfemhe  en  efpions ,  quand  il  ne  fait  pas  les 
chofes  qui  lui  font  lej  plus  importantes  ai  découvrir. 
DÉPENSÉ ,  ée.  part. 

On  dit  proverbialement,  journée  gagnée,  journée 
dépenfée,  en  parlant  de  ceux  qui  n'épargnent  rien, 
qui  dépenfent  l'argent  à  mefure  qu'ils  le  gagnent. 
fCT"  DÉPENnIER.  1ERE.  adj.  Qui  fait ,  qui  aime  à  faire 
des  dépenfes  excellives.  Sumtuofus,  qui  eff-ufè  vixere 
amat.  C'eft  un  homme  fort  dépenfer ,  une  femme 
fort  dépenfière  :  Sc  fubftantivemeht ,  c'eft  lin  grand 
dépenfer.  Il  n'eft  que  du  langage  commun,  bour- 
geois. 

C'eft  aufli  dans  quelques  familles ,  l'économe,  ou 
celui  qui  a  foin  de  faire  la  dépenfe  d'un  ménage, 
d'une  communauté.  Promus,  Promus  condus ,  pro- 
curator  pcni ,  cellarius  ,  ceconomus.  Il  fe  dit  fur-touc 
parmi  les  Religieux  &  Religieufes  ,  pour  fignifie'r 
celui  ou  celle  qui  a  foin  de  la  cave  &  du  refte  de  la 
dépenfe.  Il  y  en  q  qui  écrivent  dépencier  avec  un  c; 
ce  mot,  &  tous  les  autres  qui  ont  la  même  origine, 
s'écrivent  aujourd'hui  fans  .y  dans  la  première  fyllabe. 
'TfT  DÉPENSIER    d'un  vaiffeau.  F^oye^   Dépense  ea 

Marine. 
|p°  DÉPERDITION,  f.  f.  Terme^  didadtique  ,  qui 
fignifie  une  perte  qui  caufe  dépériftement.  Il  n'eft 
guère  ufiîé  que  dans  cette  phrafe,  déperdition  de 
fubftance.  Il  fe  fait  chez  nous  une  continuelle  déper- 
dition de  fubftance.  Cette  déperdition  eft  beaucoup 
plus  confidérabie  dans  ceux  qui  s'occupent  à  âes  tra- 
vaux pénibles  J  fatiguans.  C'eft  pour  réparer  ces  per- 
res  continuelles  que  nous  fommes  obligés  de  prendre 
des  ali  mens. 

On  appeloit  autrefois  future  confervative,  une 
future  par  laquelle  on  empêchoit  quedans  les  gran- 
des plaies  où  il  y  ^-voxt  déperdition  de  fubftance,  les 
bords  ne  s'éloignaffent  rrop  l'un  dç  l'autre.  Dionis. 
En  Chimie,  lorfqu'après  avoir  fait  diffoudre  l'or 
&:  l'argent,  &c.  on  ne  retire  pas  toute  la  matière 


D  E  P 

qu'on  avoir  mife  j  &  qu'il  s'y  trouve  quelque  déchet, 
on  dit  qu'il  y  a  deperauion.  t^oy.  Déchet. 

DÉPÉRIR.  V. n.  S'altérer,  fe  ruiner;  diminuer  de  va- 
leur &  de  qualité.  Dctcnonm  ficn.  Les  proviiions 
qu'on  aarde  i^eper///eAf  tous  les  jours,  &  le  corrom- 
pent. Un  bâtiment  qui  n  eft  point  entretenu  dépenc 
bien-tôt.  Les  chevaux  entre  les  mains  d'un  mauvais 
cocher  û't77tT{//c;/zf,  deviennent  maigres  Un  enhint 
en  chartre  deptric  .1  vue  d'œil.  La  beauté  dcper'u. 
LailTer  dépérir  l'armée.  Abl.  L'armée  duperie  tous  les 
jours.  Voit.  Elle  eit  de'périe,  elle  a  dépéri. 

03°  En  matière  criminelle,  on  dit  que  les  preu- 
ves dépendent  par  la  longueur  du  temps,  pour  dire 
qu'elles  deviennent  plus  foibles  ou  plus  difhciles  pat 
la  mort  des  témoins. 

(fT  On  dit  aulh,  que  des  dettes  dcpérlffént,  pour 
dire  que  le  recouvrement  en  devient  plus  difficile. 

Deperi  ,  lE.  part.  .Deteriorjaclus. 

DEPERISSEMENT,  f.  m.;  Etat  de  décadence,  altéra- 
tion d'une  ciiofe  qui  diminue.  Imminutio.  La  plupart 
des  chofes  font  fujettes  au  dépérijjement.  Celui  qui 
eft  caufe  du  depérijfement  de  quelque  chofe ,  ell 
condamné  aux  dommages  t?c  intérêts.  Il  ordonne, 
pour  éviter  ce  dépéri£'ement y  que  l'aîné  aura  feul  ma 

,   maifon.  Patru. 

§3"  DEPETRER,  v.  a.  Dégager,  débarralTer.  Expcdi- 
re.  Il  ne  fe  du  au  propre  que  des  pieds ,  quand  ils 
font  embarralfés.  Dipcirer ,o\xdeinéi.cr  un  cheval  j 
lui  remettre  les  jrmbes  où  elles  doivent  être  ,  quand 
il  vient  à  les  palier  par-delfus  fes  traits,  quand  li 
s'eft  engagé  dans  fes  traits.  Il  s'étoit  engagé  dans  ce 
marais  \  mais  il  s'en  ell  depècré.  ExpedireJ't. 

tfT  II  fe  dit  plus  ordinairement  au  figuré,  pour 
tirer  d'embarras ,  mais  dans  le  ftyle  familier  feule- 
ment. Il  a  eu  bien  de  la  peine  à  fe  dépccrer  de  cette 
mauvaife  affaire,  dj  cet  importun.  La  pauvreté  eft 
fi  gluante  qu'on  ne  fruroit  s'en  dépêtrer.  Abl.  Nous 
faifons  tout  ce  que  nous  pouvons  pour  le  dépêtrer 
d'un  engagement  lî  mauvais  pour  lui.  Mad.  de  Sév. 

Dépêtre,  ée.  part.  Chc\A  dépêtré.  E.xpeditus  ^  expli- 
catus. 

DEPEUPLEMENT,  f.  m.  Aûion  par  laquelle  on  dé- 
peuple. Depopulatio.  Le  dépeuplement  de  la  Grèce  & 
de  l'Alie  clt  venu  du  gouvernement  violent  des 
Turcs.  Les  guerres  continuelles  ont  caufé  le  dépeu 
plernent  de  nos  Provinces.  On  dit  aufti  le  dépeuple- 
ment à'nm  forêt,  quand  on  y  a  tait  de  grandes  dé- 
gradations ,  qu'on  y  a  abattu  quantité  d'arbres. 

DEPEUPLER,  v.  a.  Diminuer  le  nombre  des  h.ibitans 
d'un  pays ,  d'une  ville.  Urhem  civibus  orhare.  Les 
guerres  d'Orient  ont  dépeuplé  la  Grèce  &  l'Alie.  La 
^q'A.q 3.  dépeuplé ctitQ  ville,  l'a  prefque  rendue  défer- 
le. Le  joug  de  la  tyrannie,  les  courfes  des  Barbares 
dépeuplent  les  pays. 

|C?  On  dir,dans  le  même  Cens, dépeupleri\n  étang, 
une  rivière  ,  les  dégarnir  de  la  plus  grande  partie  du 
p  ci  (Ton. 

ifT  On  dit  de  même  que  les  braconniers  dépeu- 
plent une  terre,  un  pays  de  gibi-jr.  Dépeupler  une 
garenne  de  lapins  ,  un  colombier  de  pigeons. 
f^acuare. 

fer  Dépeupler,  fe  dit  aufli,  en  termes  d'Eaux  &  Fo- 
rêts Se  de  Jardinage.  Dépeupler  une  forêt ,  une  pépi- 
nière ,  c'eft  en  tirer  beaucoup  d'aibres  ou  de  plan. 

ifT  On  le  dit  aulli  de  pluiieurs  autres  chofes  dont 
«n  diminue  le  nombre.  > 

Elle  dépeuple  de  bijoux 

Les  boutiques  du  Pont  au  Change.  Bens. 

DÉPEurLÉ  ,  ÉE.  part.  DepopuLitus. 

DÉPHLEGMATION.  f.  f.  l^oy.  DÉFLEGMATION. 

DÉPHLEGME.  Foye^  DÉFLÉGMÈ. 

DEPHLEGMER.  Fo\e:{  DEFLEGMER. 

DEPIE.  f.  m-  Terme  de  Coutumes  &  de  Jurifprudenre 
féodale.  Z)(?)7;d  de  fief,  fii^nlfie  démembrement  de 
fief .  Difiraâio ,  diJJraclio  feudi.  Voye^  Démembre- 
brement  de  fief. 

DEPIECER.  Terme  de  Coutumes  &  deJurifprudencê 


D  E  P  237 

féodale.  Dépiécer  un  fief .,  fignifie ,  démembrer  uri 
lîef,  le  mettre  en  pièces.  Feuaum  diju aherc , partiri\ 
dividere,  Foye^  Démembrer. 

DEPILATIF,  IV E.  adj.  Teime  de  Médecine.  Ce  qui 
fait  tomber  le  poil,  les  cheveux^  écant  appliqué 
delfus  j'ordonnai  le  Uniment  aépilacij  iuivanc. 
Degori. 

DEPILATION.  f.  f.  Aélion  de  dépiler,  de  faire  tom- 
ber le  poil  avec  des  dépilatoires.  Les  Anciens  fè  fer- 
voient  de  réhne  pour  dépiler, 

Nullus  totâ  nitor  in  aite  j  qualcm. 
Bruttia  prsjiabat  calidi  tibijafda.  vif  ci  ^ 

ditJuvcnal,  v.  15.61:  14.  delà  9^.  Satyre  (Ce  que 
Martignac  a  ainfi  traduit  :  vous  ne  prenez  aucun  ioia 
d'avoir  la  peau  iiecce  par  tout  le  corps,  comme  lorf- 
qu;  vous  ulicz  d'un  dépilatoire  de  poix  chaude  du 
pays  des  Biuiiens;  &  à  cette  occalion  il  lemarque 
que  la  poix  que  l'on  étendoit  toute  chaude  fur  du 
linge,  ou  fur  du  cuir,  étoit  un  dépilatoire  merveil- 
leux. )  La  dipiUition  faifoit  paroiue  frais  &  dodu. 
Al.  le  Duchat ,  note  fur  iiabdais. 

§3"  Ces  médicamcns  qui  ne  font  qu'arracher  le 
poil  par  leur  qualité  agglutinative  ne  font  pas ,  à 
proprement  parler,  des  dépilatoires  Us  procurent, 
mais  n'opèrent  pas  la  dépiiation.  On  ne  doit  appeler 
dépilatoires  que  les  remèdes  qui.agiilent  fut  le  poil^ 
&  le  détruiient. 

DEPILATOIRE,  f.  m.  Emplâtre  ou  drogue  qu'on  appli- 
que iur  le  poil  pour  le  iairc  tomber.  Lir^pax.  Il  ell 
principalement  compofé  d'orpiment,  &  eft  fort 
cauliique ,  même  dangereux.  Pour  d^s  cheveux  crûs 
fur  le  front  d'une  fille  je  prefcrivis  un  dropax  oa 
dépilatoire  de  cette  forte.  Dégori. 

DEPILER.  V.  a.  Terme  de  Médecine.  Faire  tomber  le 
poil  avec  des  dépilatoires.  Pilos  datrahere  ^.  aveliere, 
depilare.  Les  gens  propres  veut  chez  les  Baigneurs 
pour  fe  faire  dép'uer.  On  ne  le  dit  pas  de  ceux  à  qui 
les  cheveux  tombent  natutellement.  Dégori  dans  foa 
Tréfor  de  la  pratique  de  Médecine,  donne  pluficurs 
remèdes  pour  fe  dépiler. 

Ce  mot  vient  de/'/  us  ^pcil,  &  de  la  particule  de 

?[ui  marque  l'atfion  parlauuclle  un  ôte  quelque  cho- 
e  J  on  détruit,  on  defai:  une  chofe. 

DEPIQUER.  V.  a.  flaire  que  cjuclqu'un  ne  foit  plus 
piqué,  luiôter  le  chagn/i  qu'il  a  de  quelque  cliofe^ 
Lenire  ,  mitigare.  Si  j'ai  été  alllz  heureux  p^ir  tiou- 
ver  quelque  place  dans  votre  amitié,  ce  gain  là  me 
dépique  d<i  toutes  mes  pertes.  Voit  On  s'en  1ère 
quelquefois  dans  la  converiation. 

Puifque  ce  mot  fert  à  enrichir  notre  Langue,  &c 
qu'on  dit  fe  piquer  &  être  piqué  de  quehiue  chofe 
dans  un  fens  oppofé,  je  fuis  davis  que  nous  dilions 
aulli /è  dépipuer^  à  condition  toutefois  qu'on  n'imi- 
tera pas  la  mauvaife  a'teclation  de  cettains  jeunes 
gens  qui  le  difent  fi  fouvcnt  que  cela  leroit  capable 
d'en  dégoCiccr  ;  car  les  meilleures  chofes  rebutent 
quand  on  en  ufe  avec  excès.  ^îo  rs  a  la  mode. 

DEPISTER.  V.  a.  Rechercher  comme  à  la  pifte,  dé- 
couvrir des  chofes  inconnues  par  d'autres  connues. 
On  y  dépijle  les  premières  traces  du  territoite  Lié- 
geoisj  de  fon  étendue,  de  fes  bornes,  &c.  Journ.^ 
de  Trév.  Août  1757.  Ce  tevme  eft  forgé  pour  mar- 

?[uer  l'attention  d'un  Auteur  à  faire  des  recherches 
iy  des  Antiquités,  comme  d'un  homme  qui  fuit  à 
la  pifte  les  chofes  qu'il  ch arche. 
0CF  DEPIT,  f.  m.  Chagi  in  mMé  d'un  peu  de  colère  ; 
agitation  impatiente  contre  quelqu'un  qui  nous 
obftine  ou  nous  mécontente.  Stomac'ius.  Concevoir 
un  dépit,  du  dépit.  Faire  une  chofe  par  djpit,  de 
dépit.  Le  moment  du  dépit  eft  Iheure  du  beiger.  S. 
Evr.  Je  rends  -uftice  à  fes  bonnes  qualités;  mais 
c'eft  avec  une  cfpèce  de  dépit.  S.  Evr.  Ne  fur  on  pas 
né  Pocte ,  le  dépit  tient  quelque  lieu  de  génie.  Bouii.' 
C'eft  la  penfée  de  Juvénal ,  Sat.  L  v.  79- 

Si  natura  negat ,  facit  indi^natio  verfurh. 


138  D  E  P 

La  conftance  Philofophique  doit  être  fans  aucun 
mélange  de  depi:  lie  de  chagrin.  Balz.  Tel  qui  écoit 
comblé  de  faveurs,  les  devoir  moins  à  fon  mérite 
qu'au  dépicc^vCtn  pouvoir  concevoir  fon  concurrent. 
Var.  Il  y  a  des  momens  où  je  luis  h  ttanfportée  de 
dépit  y  que  je  louhaiterois  d'en  aimer  un  autre  \  mais 
au  milieu  de  ce  dépuJQ  ne  vois  rien  au  monde  d'ai- 
rnabie  que  vous.  Lett.  Port. 

f^  La  Fontaine  a  hafardé  ce  mot  comme  adje6tif 

Il  efitrop  mon  ami  pour  toucher  ce  point-là. 
Votre  ami  tant  qu'il  vous  plaira  , 
DitNérine  hontsufe  6'  dépite  ; 
Calijte  a  des  appas  j  Erajlt  a  du  mérite. 

Ce  mot  vient  du  Latin  difpeclus.  Ménage.  Gui- 
charc  le  fait  venir  de  defpicw ,  ou  de  l'Hébreu  dapi  j 
qu'il  dérive  de  daphah,  qui  veut  dire,  injure,  oppro- 
bre. 
En  Dépit,  Sorte  de  prépolirion  qui  régit  le  génitif 
devant  les  noms  &  les  pronoms,  &  qui  étant  mife 
devant  les  verbes  ,  eft  fuivie  de  que,  comme  la  pré- 
policion  malgré ,  dont  elle  a  la  fignihcation.  En  dcpir 
que  vous  en  ayez ,  malgré  vous.  Ingratiis  tuis.  J'en 
viendrai  à  bout  en  dépit  de  tout  le  monde.  Livitu 
quolibet  ac  répugnante.  En  dépit  des  pluies  de  l'hiver. 
Etiam  irruente pluviâ  jfs.viente  hieme.  Voit.  Il  eft  des 
plailirs  dont  je  faurai  jouir  en  dépit  de  la  mauvaife 
fortune.  Id.  On  dit  d'un  mauvais  Pocte  qu'il  fait  des 
vers  en  dépit  d'Apollon.  En  dépit  de  Minerve.  Invi- 
ta Minervd. 

Tes  écrits  ,  il  eft  vrai,  fans  art  y  &  langui (Jans , 
Semblent  être  formés  en  dépit  du  bonjens.  Bon. 

De  mes  yeux  languijjans  un  éloquent filence , 
En  dépit  de  moi-même  explique  ma  Joujfrance. 

La  Suze. 

fer  DEPITER.  V.  a.  Donner  du  dépit.   SolUcitare , 
irritare  ,fuccende.re.  Cette  rebuffade  l'a  dépite.  Cette 
partie  l'a  tellement  dépité  qu'il  n'a  pas  joué  depuis. 
Dépiter  an  enfant,  lui  donner  occafion  de  fe  muti 
ner.  Voye^  Mutiner. 

|KF  II  eft  plus  ordinairement  employé  comme 
réciproque.  Se  dépiter,  concevoir  du  depit^  agir  par 
dépit.  Stomachari,  indignari.  Se  dépiter  conrre  le  jeu. 
Il  s'eft  dépité àQ  ce  que  vous  lui  avez  dit.  Cet  écolier 
s'eft  dépité  &  a  renoncé  à  l'étude.  La  vieillelïe  eft 
chagrine  &  fe  dépite  toujours.  ThÉop.  Vous  m'or- 
donnez de  ne  me  plus  dépiter c^mq  de  15.  ans  en  25. 
ans.  Voit. 

§3"  On  dit  proverbialement,  qu'un  homme  s'eft 
dépité  comte  fon  ventre  j  ce  qui  lignifie  dans  le  fens 
propre  fe  priver  de  manger  par  dépit  ou  par  chagrin-, 
ëc  dans  le  fens  figuré  j  faire  par  le  même  motif  une 
chofe  qui  peut  nous  nuire. 

DÉPITÉ  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Indignants  ,Jlomachatus.  C'eft 
un  Amant  dépite.  Mol.  Elle  parut  dépitce. 

Sire  Apollon,  dépité  contre  moi , 
De  ce  qu'avais  fait  écorne  à  fa  gloire , 
En  le  quittant  pour fuivre  une  autre  loi  j 
M'enjoua  d'une P.  du  Cerc. 

DÉPITEUX,  euse.  adj.  Qui  eft  fujet  à  fe  dépitée,  à 

bouder.  Indignari ,  Jlomachari  Jacilis 3  Jlomachofus. 

Il  ne  fe  dit  guère  que  des  petits  entants.  C'eft  un  fort 

dépiieux  marmot.  Voit,  il  eft  vieux. 
DÉPITEUX  ,  EUSE.  Dans  nos  vieux  Auteurs  j  lignifie 

fans  pitié ,  cruel.  Immitis ,  e. 

Mais  cette  gentfut  afpre  &  dcpiteufe 
Blafmant  les  Dieux ,  de  meurdre  convoiteufe. 

Marot. 

Ip-  DÉPLACEMENT,  f  m.  Aâiion  par  laquelle  on 
ôte  une  chofe  de  la  place  qu'elle  occupoit,  par  la- 
quelle on  la  change  de  place.  Tranjlatio  ex  uno  loco 


D  E  P 

in  alium.  La  chambre  paroîtra  plus  grande  après  le 
déplacement  de  ce  bureau ,  de  cette  armoire. 

(ûS"  DEPLACER,  v.  a.  Oier  quelque  chofe  de  la  place 
qu'elle  occupoit.  Dimovere  loco.  On  déplace  un  livre 
dans  une  bibliothèque,  des  meubles  dans  un  appar- 
tement. Ne  déplace:^  rien.  Que  perfonne  ne  fe  aepla- 
ce.  Loco  cedere. 

DÉPLACER,  lignifie  aufli  prendre  la  place  d'un  autre. 
On  ne  déplace  point  un  honnête  homme.  En  entrant 
dans  une  compagnie  ,  li  quelqu'un  vous  offre  fa 
place ,  vous  direz  :  M.  je  ne  vous  déplacerai  point. 
Vous  ne  déplace-^  perfonne,  ce  liège  étoit  vide. 

0C?'*Déplacer,  en  termes  de  Pratique,  fignifie  tranf- 
porter  des  meubles  d'une  maifun  dans  une  autre  par 
auroiitéde  juftice- 

f]Gr  Déplacer,  le  dit  figurément  pour  ôter  à  quel- 
qu'un fa  place,  fon  emploi,  pour  y  mettre  une  au- 
tre perfonne.  Un  nouveau  mmillre  déplace  fouvenc 
les  ciéatures  de  Ion  prédécelTeur. 

Déplacer  J  fe  dit  encore  pour  mettre  une  chofe  en  une 
place  qui  ne  lui  convient  point.  Voilà  un  tableaa 
déplacé,  il  fait  là  un  mauvais  effet  j  il  faudioit  le 
mettre  au  milieu. 

^C?"  On  le  dit  de  même  figutément  des  perfonnes 
placées  dans  des  poftes  qui  ne  leur  conviennent  pas , 
dans  des  emplois  pour  lelquels  elles  ne  font  pas  pro- 
pres. Ce  jeune  homme  paroît  né  pour  le  métier  de  la 
guerre  j  c'eft  le  déplacer  qaeàe  le  mettre  dans  la  robe. 
On  dit  plus  fouvent  déplace  au  participe. 

§3"  Déplacé  ,  ée.  part.  &  adj.  j^motus  loco.  On  le  dit 
de  ceux  qui  font  placés  dans  des  emplois  pour  lef- 
quels  ils  ne  lont  pas  propres.  Ce  jeune  homme  dans 
la  nouvelle  charge  qu'il  exerce  paroît  déplacé.  1  éntaie 
aliquid  invita  marte  j  invita  minervd, 

fCT"  On  le  dit  aulîî  des  chofes  mal  placées  ,  qui  ne 
font  pas  à  propos ,  ou  qui  font  contre  les  bienféances. 
Il  y  a  dans  ce  dilcours  bien  de  l'cfprit  déplace.  Voi- 
là des  louanges  bien  déplacées. } zmaisieconnoifTance 
ne  fut  p\[is  déplacée.  Prapojlerus ,  intempejlivus ,  alié- 
nas. A  une  injure  fi  déplacée  &  fi  éloignée  des  règles 
de  la  modération  &  de  la  bienféance,  nous  n'oppo- 
ferons  qu'une  réponfe.  Dissekt.  fur  l'origine  de  i'Ab, 
de  S.  Leninjypag.  116.  Méprifonsces  indignes  maxi- 
mes, que  la  fcience  avilit  la  grandeur,  qu'elle  eft 
dans  les  Grands  une  vertu  déplacée.  Mariotte  , 
Me  m.  de  Tr. 

03=-  DEPLAIRE,  v.  n.  Être  dcfagré.ible.  Le  jeu  me 
déplaît  à  la  mort.  Cette  femme  n'eft  pas  belle  \  mais 
elle  ne  déplaît  pas.  Celui  qui  croit  fe  venger  en  dé- 
plaijant,  fe  fait  plus  de  mal  qu'il  n'en  lait  aux  au- 
tres. Ch.  de  Mer.  Cet  homme  ne  déplaît  que  pour 
vouloir  trop  plaire.  Boil.  Il  y  a  des  gens  que  la  crain- 
te de  déplaire  empêche  de  plaire.  Dijplicere.  Voye^ 
Plaire. 

^fj"  Il  fignifie  aufli  donner  du  chagrin,  choquer, 
offenfer.  Le  péché  déplaît  à  Dieu.  Les  Payens  ne 
croyoïent  pas  que  l'impureté  déplût  a  lents  Dieux.  Il 
eft  au  défefpoir  d'avoir  été  affez  malheureux  pour 
voas  déplaire. 

En  vain  je  veux  contre  elle  écouter  ma  colère ., 
Toute  ingrate  quelle  ejl  ^  je  crains  de  //^/déplaire. 

Corn. 

^fT  Dans  ce  dernier  fens  il  s'emploie  aufli  imper- 
fonnellement.  Il  me  déplaît  fott  d'être  obligé  de 
plaider  contre  vous.  Il  ne  vous  déplaira  pas  que  je 
vous  dife ,  &c. 

03°  On  le  dit  aulli  avec  le  pronom  perfonnel  y 
pour  s'ennuyer.  Cet  homme  fe  déplaît  par  tour  où  il 
eft.  Il  n'aime  que  la  folitude  :  il  fe  déplaît  en  com- 
pagnie. 

bn  le  dit  auffi  des  animaux.  La  tourterelle  fe 
déplaît,  quand  elle  a  perdu  fon  pair.  jEgrè  jert. 

ipy  On  le  dit  figurément  des  plantes,  par  rapport 
au  fol,  ou  à  l'expofition  qui  ne  leur  eft  pas  propre. 
Les  plantes  qui  croiffent  dans  les  lieux  humides,  le 
déplaifent  dans  un  terreinfec  &  pierreux.  Refpuunt, 
non  amant. 


D  E  P 

DÉPLAISANCE,  f.  f.  Vieux  mot  qui  Cignïdok chaarin, 
mélancolie,  'frijuùdj  dulor ^  ^gruudo.  il  y  a  des  ma- 
ladies qui  viennent  de  déplaijance ,  &  qui  minent 
peu-à-peu. 

âCT  Ce  mot  eft  quelquefois  employé  pour  dégoût, 
cloignement,  dans  cette  plitafe  unique  du  langage 
commun,  prendre  quelqu'un  en  depLiiJance. 

DÉPLAISANT,  ante.  adj.  Qui  ell  chagrinant,  défa- 
gréable.  Ingratui  j  ajyer^  molejlus.  C'ell  une  chofa 
déplaifante.  Les  gens  polis  le  difent  rarement.  Cail. 
JVl.  Crevier  en  parlant  de  Q.  Varius ,  Tiibun  du  peu- 
ple ,  dit  qu'il  ctoit  déplaifunt  dans  tome  la  peilonne. 
Il  faut  que  l'antitiiele  foit  bien  prodiguée  dans  un 
difcours,  pout  qu'elle  devienne  un  vice  déplaifmt. 
Mcm.  de  Jrév.  Ces  exemples  prouvent  ru;l.age  de  ce 
mot. 

IJC?  DÉPLAISIR,  f.  m.  Chagrin,  douleur,  peine  d'ef- 
nm.^-ï-grimonia,  dgruudo\  dolor.  QçXa.  me  donne 
un  fenfible  ,  un  mortel  déplaifir.  Ce  qui  devroit  lui 
donner  de  la  joie  lui  donne  du  déplaijir.  L&ds  rcbus 
dgrejcere.  Ce  père  a  eu  le  dépldijlr  de  voir  mourir 
tous  Tes  enfans  avant  lui.  Sa  fille  lui  a  donné  le  dé- 
plaifir ai  fe  marier  malgré  lui;  &  il  en  a  conçu  un 
mortel  déplaifir.  Les  deplaifirs  qui  me  prelTent  font 
infuppottables.  Voit, 

Lejecret  pêur  trouver  U  repos  de  la  vie 
N'ejl  pas  défie  conduire  au  gré  défies  defirs  : 
Quifiaura  les  borner  j  6'  régler fion  envie  ^ 
Verra  bien-toc  la  fin  de  cous  fies  déplailirs. 

P.  D.  L. 

^3"  DÉPLAISIR,  fe  dit  aulll,  en  ftyle bourgeois,  dans  la 
lignification  de  mécontentement  j  fujet  de  plainte. 
Les  encans  donnent  fouvent  à  leurs  parens  des  fujets 
de  déplaifir.  Je  ne  crois  pas  vous  avoir  jamais  tait 
aucun  diplaifir. 

DÉPLANTER,  v.  a.  Oter  une  plante  de  terre.  Les  Fleii- 
rilles  déplantent  loas  les  ans  leurs  oignons.  Les  lai- 
tues ont  belbin  d'être  déplantées  Se  replantées  pour 
les  taire  pommer.  On  déplante  un  jeune  arbre  pour 
le  replanter  ailleurs.  Explantarc,  deplantan. 

%ÇT  Deplamter  j  Terme  de  marine.  V'oy.  Déraper, 

DÉPLANTE  ,  EE  j  part. 

DEPLANTOIR,  f  m.  Outil  de  J.irdinier  qui  fert  à 
déplanter  &  à  replanter  les  plantesj  qu'on  veut  tranf- 
porteravecla  terre  fans  en  détacher  les  racines,  afin 
que  cette  tranfplantation  ne  les  retarde  point,  ou 
ne  les  talle  point  mourir.  Ce  déplantoir  eft  fait  de 
feuilles  de  fer  blanc ,  mifes  en  rond  en  forme  àt 
ruyau,  avec  des  charnières  aux  deux  côtés,  qui  fe 
rejoignent  enfemble  par  le  moyen  d'un  gros  fil  de 
fer,  lequel,  palTant  par  les  charnières ,  entretient  la 
rondeur  du  déplantoir.  Ferrei  cujufidam  infirumcnti 

fenus,quo  ad  evellendas  plantas  utunturhortulani.On  le 
ait  entrer  dans  la  terre  jufqu'au-delfous  des  racines 
de  la  plante  qu'on  veut  enlever,  &  après  qu'on  l'a 
enlevée,  &  qu'on  l'a  placée  dans  le  litu  qu'on  lui  a 
deftiné ,  on  ôte  le  fil  de  fer ,  &  alors ,  les  côtés  du  (/d- 
plantoir venant  à  fe  féparer,  la  motte  de  l'arbre,  ou 
de  la  plante ,  fort  en  fon  entier ,  ôc  fe  pl.ice  commo- 
dément. On  appelle  aulli  déplantoir ,  une  houlette 
qui  fert  au  même  ufage,  &  pour  tranlplanter  les 
tulipes,  les  anémones,  6c  autres  plantes  qui  ne  font 
pas  fort  av.ant  dans  la  terre.  Brevis  ^acuti,  concavique 
pedigenus.  Cette  houlette  rclTemble  à  celle  des  Ber- 
gers; on  la  fait  feulement  un  peu  plus  concave,  & 
plu  "^pointue  pour  les  terres  dures  &c  pierreufes. 

^  DEPLETION.  f  f.  Terme  de  Chirurgie  employé 
par  quelques  auteurs  pour  fignifier  l'adion  de  dé- 
femplir  les  vailfeaux.  Le  premier  effet  de  la  faignée 
eft  la  dénié '.ion.  Depletio. 

^DÉPLIER.  &c  DEPLOYER,  v.  a.  Etendre  ce  qui 
étoit  plié.  Déplier  une  ferviette,  déplier  du  linge; 
une  robe.  On  ledit  particulièrement  des  étoffes  que 
les  marchands  étalen-  lur  leurs  bureaux,  pour  les 
faire  voir  à  ceux  qui  les  marchandent.  Explicare , 
evolvere  ^pandcrc,  e  \  vandere.  Les  Marchands  déplient 
.  cent  pièces  d'étoffe  pour  en  trouver  une  qui  foit  au 


DEP  2.39 

gré  des  chalands.  On  dit  auffi,  déplier  hs  voiles,  les 

tentes,  Sic. 

Déplier  le  Trait.  Terme  de  Challè.  C'eft,  alongec 

la  corde  de  crin  qui  tient  à  la  botte  du  limier.  Produ- 

cere  ,  excendere. 
DéplieRj  fe  dit  aulTi  figurément  pour,  étaler,  faire 

parade,  faire  montte.  Apenre ,  patejacere.  C'eft-1* 

qu'il  a  déplié  tous  les  tréfors  de  fon  ame.  Pat.  Il 

déplia  fes  bataillons  &c  les  étendit.  Il  déplia  toute  foiî 

éloquence.  Voye\  Déployer,  qui  eft  plus  ufité. 
DÉPLIÉ  ,  Ée.  part. 
DEPLISSER.  V.  a.  Oter,  défaire  les  plis.  Explicare-^ 

crugare  J  tollcre.  Déplijfier  une  chemife  j  un-naut-dé 

chau  (Tes. 

§CF"  On  le  dit  de  tous  les  plis  faits  à  l'aiguille.  Il 

eft  auffi  réciproque.  Cet  habit  fe  déplifife.  Les  plis  s'eii 

défont. 
DÉPLISSÉ  J  ÉE.  part, 
DEPLORABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  mérite  d'être  déploré, 

digne  de  pitié.  Deplorandus  ^mifieraiidus,  miferabilis. 

Le  fac  de  Rhodes  fut  un  fpedtacle  bien  dcplcrablé. 

L'hiftoire  déplorable  Se   lamentable  de  Pyrame  ôc 

Thisbé.  On  ne  le  dit  guère  que  des  chofes. 

//  neflrien  de  plus  déplorable  j 
Que  lefiunefiè  état  où  ta  main  m^a  réduit. 

L'Ab.  TÉtu. 

DÉPLORABLEMENT.  adv.  D'une  manière  déplor.i- 
h\e.  Mifierabiliter ,  mijcrabilem  in  modam.  Cez  Avo- 
cat a  plaidé  mon  a^ane  déplorablement ;  c'eft-à-dire^ 
très-mal.  Il  s'eft  conduit  déplorablement. 

DEPLORER.  V.  a.  Plaindre  avec  de  grands  fentimens 
de  compadion.  Dcplorare  ^  défie re ,  lugcre,  tvfierari. 
Les  Prophètes  ont  prédit  &:  déploré  le  malheur  de 
Jérulalem  long-temps  avant  qu'il  arrivât.  Heraclite 
déploroiti-xViSizzSQ  le  malheur  de  la  condition  hu- 
maine. On  ne  fauroit  trop  c/u^^j/orc/T'aveuglement  Sc 
le  malheureux  état  d'un  pécheur.  Déplorer  \a  mifere 
du  temps.  Ablanc.  Ce  mélancolique  paife  les  jour- 
nées entières  a.  déplorer  les  malheurs  de  la  vie,  &  à 
raconter  des  chofes  lamentables  avec  une  voix  trifte 
&  langoureule.,  comme  s  il  étoit  p.iyé  pour  pleurer. 
M.  ScuD.  Ceux  que  la  religion  fépare  fe  regardent 
comme  des  aveugles  j  &  déplorent  l'égarement  l'un 
de  l'autre.  Fonten.  Je  veux  û'(;/'/jAer  toutes  les  cala- 
mités du  genre  humain.  Boss.  Il  ne  fe  dit  que  des 
chofeSi 

Déploré,  ée.  part.  pafT  Sc  adj.  Deploratus.  On  dit 
dans  un  fens  figuré,  au  Palais j  qu'une-  caufe  eft 
déplorée  J  qu'une  affaire  eft  déplorée-^  pour  dire, 
qu'elle  ne  vaut  rien,  qu'elle  eft  inloatenable,  qu'il 
n'y  a  aucune  efpérance  de  la  faire  réuffir. 

On  dit  figurément  J  qu'une  fanté  eft  déplorée  ^ 
pour  dire,  qu'on  n'en  efpère  rien,  qu'on  défeipère 
de  laguérifon  du  malade.  On  appelle  une  maladie 
déplorée  ,  une  maladie  fans  remède.  Acad.  Fr. 
Certe  mauvaife  phrafe  a  difparu  de  la  dernière 
édition. 

DÉPLOYER.  A  la  même  fignification  que  Dépliée  J 
mais  déplier  eft  le  plus  uliîé  dans  la  plupart  des 
phrafes  où  l'un  &  l'autre  s'emploie.  On  dit  pourtant 
cette  armée  marchoit  à  enfeignes  déployées  ,  Se  l'on 
ne  diroit  pas  bien  enfieignes  dépliées.  On  dit  aufli  fur 
mer,  déployer  les  voiles  ,  déployer  le  pavillon  ,  l'ar-i 
borer  &  le  lailTer  voltiger  au  gré  du  vent. 

Déployer,  fedit  figurément  pour  étaler ,  faire  parade. 
j4dhibere  J  ofientare  3  explicaie  f  expandcre  j  uti  ali- 
quâ  re.  Déployer  {q^  charmes.  Cet  Orateur  a  déployé 
toute  fon  éloquence  pour  haranguer  le  Roi. Ce  Prince 
a  déployé  toute  fa  magniiicence  pour  paroître  en  ce 
Carroufel.  Le  Cardinal  Mazarin  déploya  tous  les 
fccrets  de  la  politique  pour  conclure  la  paix.  Flech. 
Dieu  ne  déploie  point  fa  Toute-PuilTance  pour  autor 
rifer  le  menfonge.  Ap..  de  T.  A  l'envi  leur  amour  fo 
déploie.  Rac.  On  dir  aufli,  rire  à  gorge  déployée  y 
pour  dire ,  de  toute  fa  force.  Rire  à  gorge  dépliée  ne 
fe  dit  point. 

Cc3°  Ces  deux  verbes  déplier,  ic  déployer,  vien- 


£4^ 


D  E  P 


lient  âe  depllcare  3  qui  a  le  même  fens,  &  qui  fe 
trouve  dans  la  balFe  latinité.  L'anonyme  qui  a  écrit 
les  miiacles  que  Sa:nte  Geneviève  ht  après  fa  mort, 
s'en  ferc,  pour  exprimer  l'extenlion  d'un  meinbre 
qui  étoit  retiré.  Foy.  Bollandus ,  Acl.SS.  Jan.T.  I. 
/7.  1 50.  (S*  1 5 1.  On  trouve  aulîi  difpiicare,  Ibid,  Mart. 
T,  I.p.  549.  5. 

ÎDÉPLOYÉ,  ÉE.  part,  pafll  &adj. 

^3°  DEPLUMER,  v.  a.  Oter  les  plumes  à  un  oifeau , 
ne  fe  dit  point.  DéplumertU  réciproque.  Se  déplumer, 
perdre  fes  plumes.  Les  oifeaux  le  déplument  pendant 
la  mue.  Nudariplumis. 

^C?  Déplumé  ,  ée.  pair.  &  adj.  Deplumis.  A  qui  les 
plumes  font  tombées. 

^fT  DE  PLUS.  adv.  fynonyme  avec  outre  cela,  & 
d'ailleurs.  Ils  lignifient  tous  trois  furcroît,  augmen- 
tation. Pr&urcd.  Mais  déplus  s'emploie  fort  à  pro- 
pos loifqu'il  ell  feulement  queftion  d'ajouter  encore 
une  raifon  à  celles  qu'on  a  déjà  dites.  Il  fert  précifé- 
ment  à  multiplier,  &  n'a  rapport  qu'au  nombre. 
Foy.  les  autres  mots.  Pour  qu'un  état  le  foutienne, 
il  faut  que  ceux  qui  gouvernent  foient  modérés,  que 
ceux  qui  doivent  obéir,  foient  dociles,  &  que  de 
plus  les  loix  y  foient  judicieufes. 

DÉPOLIR.  V.  a.  Oter  le  poli  de  quelque  cliofe.  Poli 
turam  tollere.  Il  faut  dépolir  les  glaces  de  miroirs  ^ 
Pûlhamglaciem  obfcurare ,  quand  on  s'en  veut  fervir 
dans  des  yeux  artificiels  pour  en  faire  une  rétine j, 
afin  qu'elle  reçoive  les  efpèces,  &  qu'elle  ne  les  réilé- 
chilTe  point. 

DEPOINTER.Une  pièce  d'étofFe.C'eftcouperlespoints 
qui  tiennent  en  état  les  plis. 

DEPONENT,  adj.  m.  Terme  de  la  Grammaire  Latine, 
qui  fe  dit  des  verbes  qui  ont  la  terminaifon  &  In 
conjugaifon  paflives ,  &  la  fignification  aétive,  & 
qui  perdent  un  de  leurs  participes  paffifs.  Verburii 
deponens.ÇJeSi  le  nom  que  les  Grammairiens  don- 
nent à  ces  fortes  de  verbes,  comme  m'uior ,  qui  a 
pour  participes  minans ,  minaturus  &c  minatus,  & 
qui  n'a  point /72i/2J/2c/aj,  qui  eft  un  participe  paiîîf. 
On  les  appelle  déponcns  ,  parce  qu'ils  ont  perdu  Si 
dépofé  la  lignification  palîive ,  du  latin  deponere. 

DÉPONIBLE.  adj.  De  tout  genre.  Qu'on  peut  dépofer, 
à  qui  l'on  peut  ôter  fa  charge ,  qui  peut  être  révoqué. 
Deux  Prêtres  muables  &  déponiblesA  la  volonté  des 
Gouverneurs  de  l'Hôpital.  Régi,  de  l'Hôp.  Sainte 
Croix  de  Joinville.  C'ell  un  terme  de  Palais.  /Imovi- 
ble  a  la  même  fignification  ,  &  ellplus  en  ufage. 

^  DÉPOPULATION,  f.  f.  C'eft  la  même  chofe  que 
dépeuplement,  L'aétion  de  dépeupler  une  ville ,  un 
pays.  Mais  ce  mot  fe  prend  plus  fouvent  dans  le 
fens  paffif,  &  défigne  la  diminution  des  habitans 
par  quelque  caufe  que  ce  foit.  C'eft  l'oppofé  de  po- 
pulation. Voy.  ce  mot.  M.  de  Montefquieu ,  par- 
lant du  grand  nombre  d'Eunuques  que  les  Orien- 
taux font  obligés  d'entretenir  pour  garder  leurs  fem- 
mes, s'écrie  :  Quelle  dépopulation  ne  doir  pas  s'en- 
fuivre  de  ce  grand  nombre  d'hommes  morts  dès  leur 
nailTance.  Je  touche  dans  une  Lettre  au  Père  Paren- 
ninj  Miffionnairej  plufieurs  articles  du  Gouverne- 
ment Chinois,  que  je  crois  en  foi  de  véritables  dé- 
fauts ^  &  ce  qui  eft  plus  furprenant,  des  défauts  qui 
vont  à  la  dépopulation  dans  ce  tloriflant  Empire ,  ce- 
lui du  monde  qui  eft  le  plus  peuplé.  M.  deMairan  de 
V  Académie  des  Sciences ,  Lettre  à  M.  l'Abbé  Desfon- 
taines ,  dans  les  Obfervations  fur  les  Ecrits  Mod. 
DÉPORT,  f.  m.  En  matière  bénéficiale.  Droit  que  les 
Archidiacres  ou  les  Evêques  ont  en  plufieurs  Diocè- 
fes,  de  jouir  une  année  durant  d'une  Cure  qui  eft 
vacante  par  mort  j  en  la  faifant  delFervir ,  &  auftl 
d'en  jouir  pendant  le  litige  fi  elle  eft  conteftée.  Sa- 
icrdotia  in  caufam  caduci  lapfa.  Si  la  Cure  vient  à 
vaquer  deux  fois  dans  une  feule  année,  il  n'y  a 
qu'un  feul  déport.  Vey.  Choppin  &  Ragueau. 

Le  déport  e(\.  une  efpèce  d'annate ,  &  eft  par  con- 
féquent  odieux,  pacce  qu'il  a  été  plutôt  établi  pour 
l'utilité  des  Evêques  &  des  Archidiacres  que  pour 
celle  de  l'Eglife.  C'eft  potirquoi  il  fut  entièrement 
abrogé  par  le  Concile  de  Bafle,  dont  le  Décret  a  été 


D  E  P 

inféré  dans  la  Pragmatique-Sanélion  :  mais  le  Con- 
cordat, qui  eft  la  règle  de  1  Egiiie  Gallicane,  a  réta- 
bli les  annates  &  les  dcports  ,  qui  ont  enfin  été  con- 
firmés dans  les  Etats  de  Blois.  Il  n'eft  pas  uniforme 
dans  tous  les  Diocèles. 

L'ulage  des  déports  pour  la  première  année  des 
cures  vacantes  eft  principalement  en  Normandie. 
Les  Evêques  en  ont  les  deux  tiers,  &  les  Archidia- 
cres ont  l'autre  riers^  il  en  vient  outre  cela  quelque 
chofe  aux  Doyens  Ruraux.  Les  Evêques  &  les  Archi- 
diacres de  Normandie  n'ont  pas  à  la  vérité  joui  tou- 
jours des  déports  ^  ils  ne  lauroient  même  produire 
de  titres  valables  pour  appuyer  ce  droit.  MaiSj  com- 
me ils  en  font  depuis  très-long-temps  en  polleillon  , 
il  eft  devenu  en  quelque  manière  un  droit  commun 
à  leur  égard. 

Toutes  les  Cures     ne  font  pas  fujettes  au  déport.        i 
Celles  qui  dépendent  d'Abbayes  exemptes  de  la  Ju-        ' 
rifdiélion  des  Evêques  fontaufti  exemptes  àu.déport\ 
les  Cures  J  par  exemple,  qui  font  dans  les  exem- 
ptions de  Fefcamp  &  de  Montivillier,  ne  paient 
point  de  déporc  aux  Evêques  de  Normandie- 

§CF  En  matière  de  fief,  on  appelle  aufti  déport 
le  droit  qu'un  Seigneur  féodal  a  de  jouir  du  revenu 
d'un  fief  la  première  année  après  la  mort  du  polfef- 
feur.  Ce  droit  eft  différent  dans  les  différentes  cou- 
tumes. C'eft  ce  qu'on  appelle  rachat,  relief,  Voy. 
ces  mots. 
DÉPORT  ,  fedit  quelquefois  au  Palais,  pour  à\rQ,  délai. 
Sans  déport 3  c'eft-à-due,  fans  délai,  fur  le  champ. 
Sine  m.orâ.  On  a  condamné  ce  coquin  de  Frippier  en 
dix  écus  d'amende  payable  fans  déport,  ians  fortic 
de- là.    Déport  d'un   Juge ,    d'un   Aibitre.   Voye-^^ 

DÉPORTER. 

DÉPORT ,  Terme  de  Coutumes.  Dans  les  Coutumes 
d'Anjou  &  du  Maine  ,  déport  fignifie  cafuel:,  c'eft  ua 
certain  droit  que  le  Seigneur  prend  fur  un  fief  fer- 
vant  lorfqu'il  n'y  a  point  d'homme  pour  le  delfervir. 
Le  dcport  de  fief  eft  réglé  pour  le  Seigneur  à  une 
année  de  revenu,  à  condition  d'en  donner  le  tiers, 
ou  une  portion  fortable  au  mineur.  Le  déport  de  fief 
n'eft  plus  en  ufage. 

DÉPORT,  eft  aufliun  vieux  mot,  qui  veut  dire,  joie  3 
plaifir.  Gaudium  j  voluptas  y  Utitia.  Celui  jourpade- 
rent  en  joie  &  déport.  Guy  de  Waroye.  Us  reve- 
noient  de  la  chafle,  où  ils  avoient  eu  moult  gracieux 
déport.  Id.  , 

DÉPORTATION,  f.  m.  Sorte  de  bannilTement  ea 
ufage  chez  les  Romains,  par  lequel  on  allignoit  à 
quelqu'un  une  Ifle,  ou  autre  lieu  pour  fa  demeure, 
avec  défenfe  d'en  fortir  à  peine  de  la  vie.  Deportatio. 
C'eft  le  terme  dont  fe  fervent  les  Jurifconfultes.  Par 
la  déportation  on  perdoit  les  droits  de  citoyen  Ro- 
main. Ulpien  met  cette  différence  enrre  la  reléga- 
tion J  &  la  déportation  ;  que  la  déportation  obligeoit 
à  une  demeure  fixe  pour  toujours ,  au  lieu  que  li 
relégation  fe  révoquoit  ,  &  donnoit  un  peu  plus  de 
liberté,  h^.  déportation  éroit  un  bannilfement  perpé- 
tuel, avec  iiiterdidion  du  feu  &  de  l'eau.  Foye^ 
Exil.  En  France  on  n'admet  point  cette  différence, 
&  on  dit  feulement  relégation. 

DÉPORTEMENT,  f.  m.  Conduite  &  manière  de  vivre. 
On  ne  le  dit  qu'au  pluriel ,  &  il  fe  prend  ordinaire- 
ment en  mauvaife  part.  VitiZ  ,  vivendi  ratio.  On  don- 
ne des  Gouverneurs  à  la  jcuneftè  pour  veiller  fur  fes 
déportew.ens.  Il  a  éré  châtié  pour  fes  mauvais  dépor- 
temens.  Ses  déportemens  me  font  connus.  Ablanc.  Les 
mauvais  déportemens  des  jeunes  gens  viennent  le 
plus  fouvent  de  leur  mauvaife  éducation.  Mol.  Ses 
déportemens  donnent  prife  à  tout  le  monde.  B.  Rab. 

DÉPORTER.  Qui  ne  fe  dit  qu'avec  le  pronom  perfon- 
nel,  fe  défifter,  fe  départir.  Quitter,  abandonnée 
une  entreprife,  un  delîein.  Difcedere  ab  aliquâ  re  , 
rem  aliquam  abjicere.  Cet  homme  étoit  entré  dans  la 
Ferme  Générale,  mais  il  s'en  eft  déporté  en  faveur 
de  fes  aftociés.  Ce  jeune  homme  briguoit  cette  char- 
ge, cet  emploi,  mais  il  s'en  eft^'f/'orrc;  de  lui-même. 
Se  déporter  de  fes  prétentions,  de  la  recherche  d'une 
fille. 

DÉPORTER 


DE  P 

DipoRTER.,  fignifie  au  Palais,  sabftenir  d'un  jugement, 
d'une  affaire  où  il  y  a  quelque  caufe  de  récufacion. 
AbJUnere  ab  allqud  re  ^,  dtjcedere  ah  aliquu  re,  rem 
aliquam  abjkere.  La.  dernière  Ordonnance  veut  que 
le  Ju^e  fe  déporte  de  lui-même  de  la  connoilFance 
d'une  affaire,  quand  il  fait  qu'il  y  a  des  caufes  de 
récufation  contre  lui.  On  dit  la  même  chofe  d'un 
arbitre,  d'un  expert  &  de  tout  autre  Officier  commis 
par  le  Juge.  .     . ,  , 

DÉPORTER,  dans  nos  vieux  Auteurs,  fignihe  quelque- 
fois/j^ifwj  fupporter.  Comme  il  déporta  les  outra- 
ges qui  faits  luiavoient  été.  ToUrare ^  pati^jerre. 

DÉPORTUAIRE,  f.  m.  Terme  de  matière  béncliciale. 
On  nomxrïQ  Déportuaire  en  Normandie,  celui  qui 
eft  chargé  du  déport  pendant  l'année  qu'il  n'y  a 
point  de  titulaire ,  ou  plutôt  que  le  titulaire  ne  jouit 
point  des  fruits  de  fon  bénéfice.  Les  Evcques  de  Nor- 
mandie font  lî  jaloux  de  leurs  déports,  que,  dans  les 
provifions  qu'ils  donnent  aux  véritables  titulaires, 
ils  les  excluent  de  toutes  fondions  cutiales,  auflî  n'y 
en  font-ils  aucunes,  qu'en  qualité  de  Déportuaires , 
s'ils  fe  chargent  du  déport. 

DEPOSANT.  ANTB.  f.  m.  &  f  Témoin  qui  déclare  & 
attefte  en  Jultice  la  vérité  d'un  fait.  Tejlis.  Il  faut 
faire  alB^ner  le  dépofant.  Faire  lecture  à  un  dépojant 
dé  fa  dépofuion.  C'ell  tout  ce  que  le  dépofant  a  dit 
favoir.  Plus  n'en  fait  le  dépofant.  Cette  formule  de 
pratique  a  palfé  dans  la  converfation  familière  pour 
marquer  qu'on  ne  fait  rien  de  plus  que  ce  qu'on  a 
dit. 

Il  eft  aufll  adiedif.  Tels  &  tels  témoins  dépofans. 
Telles  &  telles  femmes  dépofantes. 

DÉPOSER.  V.  a.  Témoignei;  en  Juftice  la  vérité  d'un 
fait,  déclarer  ce  qu'on  a  vu,  ou  oni.  refiari,tcfiificari. 
On  fait  faire  ferment  aux  témoins  de  dépofer  la  vé- 
rité. Un  tel  témoin  dépofe  de  vifu.  Ondithgurément, 
Le  remords  de  la  confcience  eft  un  témoin  qui  dépofe 
continuellement  contre  nous. 

DÉPOSER,  fe  dit  figurément  des  chofes  qui  fervent 
de  preuve  à  quelque  chofe,  qui  tendent  à  prouver 
quelque  chofe  :  ainli  dcpofer  contre  quelque  fair  ou 
quelque  opinion ,  c'eft  prouver ,  montrer  qu'elle  eft 
faufte.  Infirmare ,  conjutare.  Et  dépofer  en  faveur  j 
c'eft  prouver  qu'elle  eft  vraie.  Confirmare.  Pendant 
que  tout  juftifie  notre  fyftcme  j  tout  dépofe  contre  ce- 
lui de  M.  Nev/ton.  Gamaches. 

DÉPOSER,  fignifie  aufti,  mettre  en  lieu  fùr^  mettre 
une  chofe  entre  les  mains  d'une  perfonne  pour  la 
garder,  pour  en  avoir  foin.  Deponere.  On  oblige  de 
dépofer  au  Gi  effe  une  pièce  maintenue  faulfe.  On 
dépofe  chez  un  Notaire,  aux  Confignations,  les  fom- 
mesfaifies;ou  celles  où  il  y  a  des  oppofitions,  ou 
conteftations. 

DàposER ,  fe  dit  audî  des  corps  morts  qu'on  met  en  dé- 
pôt dans  une  Eglile,  jufqu'à  ce  qu'on  les  tranfporte 
a\\\q\xxs.  Deponere  ,  collocarc.  On  a  dépofe  le  corps 
de  ce  Seigneur  dans  une  chapelle  de  fa  Paroifte  , 
jufqu'à  ce  qu'on  le  tranfporte  dans  le  tombeau  de 
fes  pères. 

DiPOSKR,  fe  dit  figurément  pour  confier,  remettre. 
Deponere  alïqiùd  apud  aliquem,  credcre  aliquidalicui. 
Le  Roi  dépofe  une  partie  de  fon  autorité  entre  les 
mains  de  fes  Magiftratspour  rendre  juftice  à  fes  peu- 
ples. On  eft  heureux  d'avoir  un  ami  dans  le  fein 
duquel  on  puilfe  iépojcr  fes  pcnfées,  f«s  fecrets,  ici 
joies,  ou  fes  douleurs. 

Dcpofer  d'unfecretla  charge  trop pefante.  'Vill. 

DÉPOSER,  fignifie  auftl ,  deftituer  quelqu'un  d'une  di- 
gnité ,  d'une  charge ,  d'un  emploi.  Alkui  maoiflra- 
tum  abrogarej  aliquem  magiflratu  depellere.  Il  y  a  eu 
des  Papes  qui  ont  été  dépofés  dans  des  Conciles  ;  des 
Papes  &  des  Empereurs  qui  fe  font  dépofés  eux- 
mêmes,  qui  ont  renoncé  volontairement  à  leur  di- 
gnité. Les  Papes  ont  autrefois  prétendu  avoir  le  droit 
de  dépofer  les  Rois.  Quelquefois  on  dépofe  les  Offi- 
ciers par  forfaiture.  On  le  die  plus  ordinairement 
Tome  III. 


D  E  P  %4,i 

des  Officiers  Ecdéfiaftiques  :  on  dit  des  autres  defti- 
tuer. 

DÉPOSER,  lignifie  auftîj  quitter  une  charge,  fe  défaire 
d'un  office,  d'un  emploi.  Abutcare  Je  magijlratu ^ 
magijlratum  abdicare.  bylla  dépofa  k  Diétature.  Ab. 
Abdiquer  vaudroit  mieux. 

Dans  l'Ordre  de  la  Vifitation  ,  ce  mot,  aufli  bien 
que  depof  ,  n'ont  rien  d'odieux  ^  ils  fe  difent  de  la 
Supérieure  qui  n'eft  plus  eu  place,  qui  eft  fortie  de 
charge.  Bien  plus,  cette  ancienne  Supéueure  en 
retient  la  dénomination ,  car  on  ne  l'appelle  pas  au- 
trement que  la  iœur  la  depojée. 

Déposé  ,  ee.  part  II  a  la  fi unification  de  fon  verbe. 

DEPOSITAIRE,  f  m.  &  f.  Qui  eft  gardien  de  quelque 
choie,  qui  elt  chargé  d'une  charge  ,  d'un  dépôt.  Se~ 
quejier ,  depofitarius.  Les  depofitaircs  ordinaires  ne 
font  point  g.irans  de  la  choie  qu'on  leur  a  confiée  , 
li  elle  eft  volée,  ou  perdue.  Us  ne  répondent  que  de 
la  fraude,  &  de  la  mauvaife  foi,  &  non  pas  de  la 
négligence.  Un  dipolitaire  nécelfiire,  comme  un 
hôtelier,  eft  refponfable  du  vol,  s  il  y  a  de  la  négli- 
gence. Les  dépojitaires  de  Juftice  ,  font  contraigna- 
bles  par  corps  à  la  repréfentation  des  chofes  dont  ils 
font  gardiens. 

DÉPOSITAIRE,  fe  dit  auffi  au  figuré  des  perfonnes  & 
des  lieux  à  qui  l'on  confie,  où  l'on  dépofe  ce  que 
l'on  a  de  plus  important  &  de  plus  fecret.  Qui  alicujus 
conflits  intimus  eji,  confdium  particeps.  Il  a  voulu 
demeurer  le  dépofuaire  de  fes  propres  chantés.  Pa- 
TRU.  C'eft  le  dépoftaireàs  fes  plus  fecretes  &  de  fes 
plus  douces  penfées.  Pat.  Vous  êtes  le  dépofuaire 
fidèle  de  tous  mes  chagrins,  &  de  toutes  mes  joies  : 
en  un  mot,  de  tous  mes  fentimens.  La  Rruy.  Thc- 
rcfe  fut  dans  ces  derniers  fiècles  l'héritière  ,  &  pouc 
ainh  dire,  la  dépof taire  de  toutl'efpric  d'Elie.  BouR- 
DAL,  Exhort.  T.  I.p.  joi.  301. 

Souvent  ce  cabinet  fuperhe  &folitaire  j 

Des  fecrets  de  Titus  efi  le  dépofitaire.  Corn. 

Eilc  cfide  mes fermens  feule  dépofitaire.  Racine. 

5^  DÉPOSITAIRE,  chez  les  Religieux  Se  les  Religieu- 
fes.  Celui  ou  celle  qui  a  la  garde  des  archives,  de» 
titres  &  de  l'argent.  Cuflos. 

DÉPOSITION,  f.  f  Témoignage  rendu  en  Juftice  par 
un  témoin.  Teflimonium  ,  tejlificatio.  Dans  un  récole* 
ment  on  fait  leéture  à  un.  témoin  de  fa  dépofuion  y 
pour  voir  s'il  y  veut  perfifter ,  y  ajouter  ^  ou  dimi- 
nuer. On  ne  doit  point  lire  en  jugeant  la  dépof  tion 
des  témoins  valablement  reprochés.  Les  révélations 
fur  un  monitoire  ne  font  point  de  foi,  jufqu'à  ce 
qu'elles  foient  rédigées  en  déoofîtion. 

DÉPOSITION  ,  en  termes  d'Eglife,  fe  dit  auffi  de  l'enter- 
rement d'un  corps.  Mortui  corporis  depoftio.  On  doit 
dire  un  tel  Evangile  &  telles  prières  pour  la  dépofi~ 
tion  d'un  défunt  ,  lorfqu'on  apporte  un  corps  à 
l'Eglife  pour  l'enterrer. 

^CF  DÉPOSITION,  fignifie  auffi  privation  d'une  charge, 
d'un  office,  d'un  emploi,  d'une  dignité.  Exauclora- 
tio ,  depulfio.,  miffio  a  muncre  ^  ah  officio.  La  dépofl- 
tion  d'un  Officier.  La  dépofuion  du  Sultan  fut  fuivie 
de  guerre.  La  Nation  jaloufe  de  fes  droits  s'étoit 
Elit  un  titre  de  liberté  par  la  dépofuion  des  Princes 
qui  avoient  entrepris  de  la  lui  ravir.  Vert.  La  dépo- 
fition  d'un  Officiai,  d'un  Promoteur  qui  a  malverfé. 
La  dépoftion,tn  ce  fens, eft  un  jugement  canonique, 
par  lequel  le  Supérieur  Eccléfiaftique  dépouille  pouc 
toujours  un  Eccléfiaftique  de  fon  bénéfice,  &  des 
fondions  qui  y  font  attachées.  Dans  \x  dégradation  \9 
caraétèrede  l'ordre  eft  etfacé.  On  dépofe  un  Prélat, 
un  Abbé,  8cc.  On  dégrade  les  fimples  prêtres.  La 
fufpenfe  n'eft  que  pour  un  temps. 

ifT  En  parlant  des  offices  de  judicature,  on  dit 
plus  communément  defitution.  Deftuution  d'un 
Bailli  ,  d'un  Officier  de  judicature. 

DEPOSITO.  Donner  ou  prendre  à  depoflto  ,  fignifie, 
donner  ou  prendre  à  inrérèr.  Ce  terme,  qui  a  padé 
d'Italie  en  France ,  n'eft  d'ufage ,  dans  cette  iîgniÊ- 

H  h 


z^z  DEP 

cation,  qu'en  quelques  lieux  de  Provence  &  de 
Dauphiné. 
fer  DÉPOSSÉDER.  V.  a.  Oter  à  quelqu'un  la  pofTef- 
lîon  d'une  chofe.  Allquem  aiicujus  reipojjejjione  deji- 
cere  j  depcdcre.  On  l'a  dépolTédc  de  fa  charge ,  de  fa 
maifon ,  des  biens  qu'il  avoir  acquis  à  la  campagne. 
On  dit  auOi,  ^ty^ti^d'c/er  d'une  charge ,  foit  qu'on 
chalfe  un  Officier  pour  malverfation ,  loir  qu'on  le 
falFe  recevoir  en  fa  place  lur  fa  rélignatioii.  Un  Offi- 
cier jouit  de  fes  gages  jufqu'à  ce  qu'il  foie  dé.Dojfédé. 
Un  Officier  n'ell  réputé   dépojfedé  que  par  le  /ou 
montre  qui  eft  mis  fur  la  requête  de  fon  réfignataire 
pour  demander  la  réception.   Un    bail   judiciaire 
dépojjède  un  Seigneur  de  fa  terre,  fuivant  l'Ordon- 
nance. Celui  qui  prend  polFeilion  d':.  a  Bénéfice  pour 
le  concerter,  ne  djpojjède  pas  pour  cela  le  Titulaire, 
■  jufqu'à  ce  qu'il  y  ait  jugement  pour  la  pleine  main- 
tenue. _  , 
DÉPOSSÉDÉ  ,  ÉE.  part.  Le  Roi  de  fon  pouvoir  fe  voit 

dépojfédé.  Rac.  Dcpulfus y  dejeclus ,  deturbatus, 
DÉPOSSESSION,  f.  f.  Adion  par  laquelle  on  dépof- 
fède.  La  dépojjejjion  aéluelle  eft  nécellaire  en  ma- 
tière bénéficialcj  quand  on  a  un  jugement  définitif 
à  fon  profit,  de  peur  de  donner  lieu  à  la  confidence. 
^fT  Ce  mot  n'eft  employé  qu'en  ftyle  de  prati- 
que. 
DÉPOSSESSION  ,  fe  dit  auffi  de  la  délivrance  qu'on  fait 
en  vertu  des   exorcifmes ,  d'une  perfonne  qui  eft: 
tourmentée  de  l'Efprit  malin.  Z/'/^dr^f/o.  Cette  femme 
a  vécu  tranquillement  depuis  fa  û't;/;o/7e//zo«. 
DEPOSTER.  V.  a.  Terme  de  Guerre.  Chalfer  l'ennemi 
d'un  pofte  qu'il  occupoic.  Ejicere  ,  pcllere.  Les  Gen- 
darmes  &c  les  Chevaux-Lègers  furent  commandés 
pour  aller  dépojïer  l'ennemi  de-là.  En  moins  d'une 
demie-heure  de  combat  l'ennemi  fut  dépojlé.  On  dit 
plus  ordinairement  chalTé.  Dépofter  n'eft:  en  ufage 
que  parmi  les  gens   de  guerre  ;    mais  parce  qu'il 
abrège  le  difcours ,  &  qu'il  eft  fort  commode ,  il 
niérite  de  faire  fortune. 

Il  eft  formé  de  poficr ,    qui   veut  dire  placer , 
mettre  j  établir  des  gens  ,  des  foldats  ,  des  troupes 
quelque  part ,  &  de  la  particule  de  ,  qui  a  fouvent 
dans  la  compofition  la  force  de  détruire  la  fignifica- 
tion  du  mot  fimple  auquel  elle  eft  ajoutée  ,  comme 
dans  défdgréahle  ,  déjaire ,  &c. 
^CFDÉPOl.  f.   m.   Dépofuum.  Ce  mot  fignifie  ce 
qu'on  a  confié  ,  mis  entre  les  mains  de  quelqu'un, 
pour  le  garder  &  le  rendre  à  la  volonté  de  celui  qui 
l'a  donné.  Il  fignifie  aulli  l'adion  de  dépofer  ,  la  loi 
du  dépôt ,  c'eft-à-dire  ,   la  convention  faite  lors  du 
dépôt.  Dans  le  premier  fens ,  on  dit  garder  religieu- 
fement  un  dépôt  ^  abufer  d'un  c/e^or,  nier  un  dépôt. 
Un  Dépote^  une  chofe  facrée.  Dans  le  fécond  ,  on 
dit  que  le  dépôt  eft  un  contrat  de  bonne  foi.  Vio- 
ler la  foi  du  dépôt.  Dépôt  volontaire.  Dépôt  judi- 
ciaire. 

ht  dépôt  fe  divife  en  dépôt  fimple,  &  en  dépôt 
judiciaire.  Le  dépôt  judiciaire  eft  la  chofe  conteltée 
entre  plufieurs  perfonnes  j  &  dépofée  en  main 
tierce  par  ordonnance. 

tfJ"  Le  dépôt  volontaire  eft  celui  qui  fe  fait  de 
pleine  volonté  j  fans  qu'il  y  ait  aucune  ncceffité  qui 
oblige  le  dépofant  de  donner  la  chofe  à  garder. 
Ce  tfe/or  provenant  uniquement  du  choix  de  celui 
qui  le  fait ,  eft  moins  favorable  que  le  dépôt  né- 
ceftàire. 

IJC?  Le  dépôt  néceiïaire  eft  celui  qui  ne  fe  fait 
point  de  pleine  &  entière  volonté  ,  mais  par  une 
efpèce  de  néceffité ,  qui  oblige  le  dépofant  de 
donner  la  chofe  à  garder  au  premier  venu  qu'il 
rencontre  ,  à  caufe  de  quelque  cas  fortuit,  comme 
pour  incendie  ,  naufrage  ou  tumulte.  Celui  qui 
dénie  le  dépôt  fait  dans  un  cas  de  néceflité  ,  eft , 
fuivant  les  Loix  Romaines ,  condamné  à  la  reftitu- 
tion  du  double  ;  ce  qui  n'a  pas  lieu  pour  le  dépôt 
volontaire. 

fî:?  La  raifon  de  cette  differenceeft  que,  dans  le 
dépôt wo\om2énQ  ,  on  a  le  temps  &  la  liberté  dechoi- 
fir  une  perfonne  en  qui  l'on  ait  confiance ,  &  même 


DEP 

de  faire  conftater  leû'e/'o/par  écrit.  Mais,  dans  le  cas 
de  néceiîité  ,  on  n'a  pas  le  même  avantage.  Et  c'eft 
pour  cela  que  les  Loix  Romaines ,  pour  punir  la 
perfidie  du  dépofitaire,  l'obligeoient  en  ce  cas  à 
la  reftitution  du  double  j  pour  avoir  voulu  profiter 
du  malheur  d'une  perfonne  qui  étoit  déjà  affligée 
d  un  fâcheux  accident. 

§CF  Ces  peines  du  double  &  du  triple  &  autres 
femblables  ,  portées  par  le  Droit  Romain  ,  ne  s'ob- 
fervent  pas  en  France. 
1^  DÉPÔT  ,  fe  dit  auill  des  lieux  publics  où  l'on  dé- 
pofe  les  chofes  ,  où  l'on  met  {^sd^pots  ordonnés  par 
juftice  ,  &  ceux  où  Ton  conferve  les  a(5les  publics. 
Locus  rerum  depofitarum  cujlos.  Le  Greffe  eft  un 
dépôt  public.  Le  lieu  où  l'on  garde  les  regiftres  s'ap- 
pelle le  dépôt.  Le  Bureau  des  Conhgnations  eft  un 
dépôt  public  pour  les  fommes  d'argent  conteftées 
La  Sacriftie  eft  un  dépôt  facré  où  l'on  garde  les  Re-. 
liques. 

§Cr  On  dit  auffi  qu'on  a  mis  un  corps  en  dépôt 
dans  une  Eglife,  pour  dire  qu'on  l'y    a  dépofé  ^ 
en  attendant  qu'on  puiffe  le  porter  au  lieu  dcftiné  à 
fa  fépulture. 
DÉPÔT  DU  SEL  ,  fe  dit  des  lieux  publics  ou   magafins 
du  fel  aux  endroits  où  la  Gabelle  n'eft  pas  établie  \ 
Se  on  les  appelle  greniers  dans  les  lieux  d'impôt. 
DÉPÔT  J  fe  dit  figurément  des  penfées  &  des  fecrets. 
Depo/itum.  Lefecreteft  un  dépôt  i^cxé ,  fur  lequel 
la  haine ,  &  rinfidélité  même  de   celui  qui  nous 
l'a  confié,  ne  nous  donne  point  de  droit.  Bouh. 
fJC?  DÉPÔT ,  terme  de  médecine  3  fynonyme  à  fédi- 

ment.  Dépôt  d'urines.  f^oye\  Sédiment. 
§CJ"  DÉPÔT ,  en  Chirurgie  fe  dit  d'un  amas  d'humeurs 
qui  fe  fait  en  quelque  partie  ,  qui  caufe  de  la  dou- 
leur ,  forme  des  fluxions  ,  des  abcès ,  &c.  Les 
fradures  ,  de  quelque  narure  qu'elles  foient,  auffi- 
tôt  qu'elles  font  endurcies ,  ont  befoin  de  la  faignée 
pour  empêcher  le  dépôt  fur  la  partie  maltraitée. 
DioNis.  Il  fe  fait  quelquefois  un  (/e/'of  fur  le  bras 
faigné  j  quoique  l'opération  de  la  faignée  n'y  aie 
point  de  part.  Id. 

§CJ"  Les  parties  fanieufes  du  dépôt  font  formées 
dans  la  mafte  du  fang.  Celles  de  l'abcès  font  for- 
mées dans  la  partie  même. 
DÉPÔT  ,  chez  quelques   Religieux.  C'eft  le  coffre  où 
font  les  Archives  &  l'argent  du  Couvent.  Arca  depo- 
(iti  cuflos. 
DÉPOTER,  v.  a.  Terme  de  Jardinier.  Oter  une  plante, 
ou  quelqu'autre  chofe  d'un  pot.  Flores  ex  vajeficlili 
tol/ere ,  deplantare.  Il  eft  temps  de  dépoterles  fleurs. 
La  Quint.  Si  je  me  fuis  fervi  de  pots ,  je  dépote 
pendant  l'été  même ,  ou  au  moins  l'automne ,  ou 
le'printemps  fuivant ,   je  dépote  ,  dis-je  ,  les  petits 
figuiers  qui  ont  bien  poulFé  dans  ces  pots,  pour  les 
remettre  avec  leur  motte  dans  des  caifles  de  fept  à 
huit  pouces.  Id. 
DÉPOUDRER.  V.  a.  Oter ,  faire  tomber  la  poudre  des 
cheveux  ,  d'une  perruque.  Dépoudnr  quelqu'un  , 
Dépoudrer  fa  perruque. 
DÉPOUDRÉ  ,  É£.   part. 

DÉPOUILLE,  f.  f.  Vécemens,  habits  dont  on  eft  ordi- 
nairement vêtu.  Spolium ,  exuvix.  Un  homme  en 
mouranr  lailFe  la  dépouille  ,  fon  linge  ,  fes  habits  , 
fa  garderobeà  fon  valet  de  chambre,  à  fa  garde.  On 
l'étend  quelquefois  à  fes  meubles  &  à  fon  bien.  Un 
Abbé  a  la  cotte-morte  ,  la  dépouille  de  fes  Moines. 
Les  Ordres  Miliraires  ont  la  dépouille  des  Chevaliers 
quand  ils  meurent. 
Dépouille',  eft  auffi  un  droit  que  les  Archidiacres 
lèvent  fur  les  biens  meubles  des  Curés  décédés.  Les 
Archidiacres  de  Pans  y  ont  été  maintenus  par  des 
arrêts ,  il  y  en  a  un  du  premier  Septembre  1700. 
Voye-^  le  Traité  qui  a  été  fait  fur  ce  droir,  il  fuc 
imprimé  en  1683.  Voye'^  Fra  Paolo  dans  fon 
Traité  des  Bénéfices.   Voye\  auffi  Déport. 

|p°  Le  mot  de  dépouille  pris  pour  vctemens  n'eft 
pas  d'un  grand  ufage. 

|tT  On  le  dit  mieux  de  la  peau  que  certains  ani- 
maux quittent  dans  certains  temps  pour  en  prendre 


D  E  P 

lîiîe  nouvelle  ,  ainfi  l'on  dit  la  dépouille  d'un  ver- 
à-foie  ,  d'une  araignée  ,  d'un  ferpent ,  &c.  Exuyis., 
Dépouille  d'un  oiieau ,  les  plumes  qui  rombent  lorf- 

qu'il  mue.  i      ,        •,,    j     r 

f/O"  On  dir  pocciquement  j  la  dépouille  du  lion 
de  Nemée  ,  pour  dire  la  peau  du  lion  dont  Hercule 
étoit  revêtu  :  &  généralement  on  appelle  <:^4io:^i//e 
d'une  bête  féroce  ,  au  moins  dans  le  l^yle  foutenu  , 
la  peau  ,  lorfqu'elle  eft  arracliée. 

1^  On  dit  de  même  que  l'homme  a  lailTé  fa  dé- 
pouille mortelle,  pour  dire  fon  corps  ,  ce  qu'il  avoir 
de  matériel. 
Dépouilles  ,  fignifîe  Butin  ,  ce  qu'on  prend  fur  les 
ennemis  pendant  la  guerre.  Les  Romains  ne  fo  font 
enrichis  que  des  dépouilles  des  Rois  ,  &  des  peuples 
par  eux  fubjngués.  Ce  font  les  dépouilles  qu'il  a 
.  remportées  fur  les  Barbares.  Ablanc.  Spolia  j 
Exuvidt. 

^CTDans  cette  fignification.ondic  figurémerit  s'en- 
richir ,  fe  revêtir  des  dépouilles  d'autrui.  Il  ne  ju.^ea 
pas  qu'un  homme  dut  s'enrichir  de  la  dépouille  des 
malheureux.  Bouh.  Et,  en  parlant  des  Auteurs  qui 
pillent  les  autres  ,  on  clit  qu'ils  fe  parent  de  leurs 
dépouilles.  P'oye^,  Plagiaire. 

C'ejl  un  gueux  revêtu  dis  dépouilles  d'Horace. 

BoiLEAU. 

Dépouille,  fe  dit  en  termes  d'économie  ruftique , 
de  la  récolte  des  fruits  de  la  terre.  MeJJls  ,  feges  , 
fruclus.  On  a  vendu  tant  la  dépouille  de  ce  jardin  , 
de  ces  abricotiers.  Ce  Fermier  a  fait  trois  dépouilles  ^ 
trois  récoltes  de  blé.  Le  maître  a  fait  faiîir  la  dé- 
pouille de  cette  aimée  pour  fon  paiement. 

^fF  On  dit  figurément  partager  la  dépouille  de 
quelqu'un.  Il  a  eu  la  dépouille  d'un  tel ,  c'eft- 
à-dire  ,  fa  charge,  fon  emploi,  fon  bénéfice,  fa 
fuccelîion.  La  dépouille  des  Chevaliers  de  Malte  ap 
partient  à  l'Ordre.  Il  fe  regarde  déjà  comme  l'hé- 
ritier de  tous  les  riches ,  il  dévore  leur  dépouille , 
il  eft  ennemi  de  tous  ceux  qui  veulent  s'agrandir. 
RoY. 

Les  Ouvriers  difent  qu'une  chofe  eft  taillée  en 
dépouille  ,  lotfqu'elle  va  en  augmentant  vers  le  talon 
ou  le  manche,  ce  qui  eft  particulièrement  en  ufage 
chez  les  Gainiers. 

Mettre  un  canon  en  </f)70«i//i;.  Terme  d'Artilletie. 
C'eft  retirer  du  milieu  du  moule  d'une  pièce  de 
canon  ,  le  troulFeau  ou  morceau  de  bois  qui  a  fervi 
d'abord  à  le  former  étant  couvert  de  natte  \  &  net- 
toyer route  cette  terre  que  le  noyau  de  fer  ou  de 
métal  doivent  remplir. 

DEPOUILLEMENT,  f.  m.  Adion  par  laquelle  on  fe 
dépouille,  on  quitte  quelque  chofe  :  il  ft;  dit  dans 
le  fens  propre  &  dans  le  fens  fij;uré.  Saint  Grégoire 
a  dit  qu'il  étoit  bien  plus  aife  de  fe  dépouiller  des 
richelfes  &  des  biens  de  la  fortune  ,  que  de  renon- 
■  cer  à  fa  propre  volonté  :  parce  que  ,dans  l'un  de  ces 
dépouillemen  ,  l'on  facrifie  fa  propre  chair ,  &,  dans 
l'autre,  on  immole  une  chair  étrangère.  Ab.  de  la 
Tr.  Il  fe  dit  mieux  &  plus  fouvent  en  matière  de 
fpiritualité  ,  pour  détachement  d'efprit  &  de  cccurj 
privation  volontaire.  Il  a  porté  la  pauvreté  jufqu'à 
un  dépouilementàQ  toutes  fortes  de  biens  &:  de  com- 
modités de  la  vie-  Vivre  dans  un  dépouillement  "^^.z- 
faitjdansun  entier  dépouillement  des  plaifirs,des  hon- 
neurs. 

DÉPOUILLEMENT  j  rclcvé  ,  cxtralt  de  quelques  parties, 
de  quelques  fommes  qu'on  tire  d'un  Compte  ,  d'un 
Regiftre  ,  &c,  pour  en  former  une  efpèce  d'état  ou 
de  bordereau  qu'on  nomme  dépouillement.  Awqz-woms 
travaillé  au  dépouillement  de  ce  Journal  ?  Achevez 
le  dépouille 'nent  ai  mon  coiw-pzQ  ,  de  mon  procès. 
«DÉPOUILLER.  V.  a.  Ôter  les  habits  dont  on  eil;  vêtu. 
Spoliure  veftibus  aliquem  ,  detrahere  alicui  vejles  , 
yeflibus  aliquem  exue^e.  Ce  Voyageur  a  rencontré 
des  voleurs  qui  l'ont  dépouillé .,  qui  l'ont  mis  tout 
nu.  On  l'a  dépouillé  zw  milieu  d'un  bois.  Ablanc. 
Il  fe  dépouille  à  la  vue  de  fon  armée,  Vaug, 


D  E  P 


2-4> 


On  i'étend  quelquefois  aiix  biens  j  aux  charge; , 
aux  dignités.  Ses  créanciers  l'ont  dépouillé ÀiX.ov\rQS 
fes  terres,  de  tous  les  biens.  Ce  dévolutairel'à  t/i- 
pouille  de  fon  Bénéhce.  Les  criminels  qu'on  dégra- 
de font  dépouillés  de  toutes  leurs  charges  &  digni- 
tés. Ce  père  s'eft  dépouille  pour  établir  fes  enfîns. 
Alors  il  fe  prend  dans  un  fens  figuré. 
Ce  mot  vient  du  Latin  defpoùare. 
Dépouiller,  fe  ditaulîi  de  la  récolte  des  fruits  & 
de  la  moilfon.  Mejjern  ,  Jiucius  colUgere ,  percipere^ 
Ce  Fermier  a  droit  de  dépouiller  encore  cette  année, 
la  récolte  lui  appartient  ^  il  a  dépouillé  cent  arpens 
de  terre.  On  le  dit  aulîi  de  k  chute  des  feuilles , 
parce  qu'elle  laiife  en  quelque  forte  un  arbre  roue 
nu.  L'hiver  dépouille  un  arbre  de  fe5  feuilles.  Il  ell 
défendu  de  dépouiller  les  arbies  de  leur  écorce.De- 
pouilltr  un  arbre,  c'eft  lui  ôter  tout  fon  fruit,  ou 
toutes  fes  feuilles.  Nudare  arbores  foliis ,  fracUbus  ^ 
&c.  Il  eft  auffi  réciproque.  Les  arbres  fe  dépouil- 
lent. 

DÉPOUILLER  ,  fignifie  aulTi  extraire  d'un  livre ,  d'un 
regiftre  ,  les  parties  ,  les  fommes  ou  les  autres  cho- 
fes  dont  on  a  befoin  pour  l'éclairciftement  dé 
quelque  chofe  qu'on  délire  avoir ,  en  faire  un  réle- 
vé ,  un  état  abrégé.  Extrahere  ,  detrahere  aliquid  de 
libro  ,  de  codice  ,  &c.  Un  Marchand  fait  dcpouillcr 
fes  regiftres  pour  faire  des  mémoires  de  parties 
qu'il  envoie  à  fes  débiteurs.  On  a  dépouillé  les  re- 
giftres ,  les  papiers  de  ce  Greffe  ,  de  ce  Tréfor ,  pour 
rrouver  tous  les  titres  qui  peuvent  fervir  à  l'écablif- 
femenrde  ce  droit,  de  ce  péage.  On  dit  encore  qu'il 
eft  défendu  de  dépouiller  un  Greffe  ,  un  Trélor  j 
pour  dire,  d'en  tranfporter  ailleurs  les  mihutes  ,  ti- 
tres &  papiers  ,  de  les  divertir  &:  égarer.  On  à\t 
dépouiller  un  compte  j  pour  dire  ,  en  examiner  la 
recette  &c  la  dépenfe.  On  dit  auffi  ,  dépouiller  Un 
inventaire  ,  pour  dire  ,  faire  un  état.  Foye^  Etat. 

DÉPOUILLER.  Terme  de  Philofophie  Hermétique.C'eft 
la  premièi-e  opération  que  l'on  fait  ,  elle  confifte  i 
réduire  en  mercure  le  féminin  ,  &c  les  autres  ma- 
tières aftemblées  avec  lui. 

DÉPOUILLER  ,  eft  aulïï  un  terme  de  RotilTeur.  C'eft 
arracher  la  peau  de  quelque  animal  pour  le  mettrei 
en  état  d'être  mangé.  SpoUare  ,  exuere  pelle.  Dé- 
pouiller un  lièvre.  Dépouiller  un  lapin. 

Il  fe  dit  auffi  des  animaux  qui   quittent  leuc 
peau.  Les  ferpens    fe  dépouillent  tous  les  ans. 

Il  fe  dit  de  tout  ce  qui  découvre  la  chair  ou  les 
os.Etj  dans  ce  fens,  on  dit,  on  lui  jeta  de  l'eau  bouil- 
lante qui  lui  dépouilla  toa:e  la  jambe.  L'os  eft  en 
tièrement  dépouillé.  Nudare. 

DÉPOUILLER,  fedit  figurément  en  parlant  des  paffions, 
des  feanmens,  desopinionsj  &:  lignifie  s'en  défaire, 
y  renoBfer.  Deponere  aliquid.  L'EgUfe  nousenfeigne 
qu'il  faur  dépouiller  le  vieil  homme ,  fe  dépouiller 
du  vieil  homme,  pour  dire,  fe  convertir  ,  fortic 
de  la  corruption  du  péché  ,  quitter  les  inclinations 

,  de  la  nature  corrompue  ,  fes  vieilles  habuudes  cri- 
minelles. Lé  fondement  de  la  Philofophie  de  Def- 
cartes  eft,  qu'il  ixvn  is  dépouiller  de  toutes  fortes 
de  préjugés.  Quand  Salomon  s'étoit  dcpouillé  de 
tout  l'embarras  de  la  Royauté,  pour  ne  fe  lailfer 
voir  qu'à  ceux  qu'il  honoroit  de  fa  familiariié ,  il 
étoit  le  plus  aimable  de  tous  les  hommes  Ad.  de; 
Choisy.  C'eft  ici  (  dans  l'Académie  )  que  la*  pre- 
miers hommes  fe  dépouillent  de  tout  le  fafte  de  la 
grandeur,  &  ne  cherchent  de  diftinftion  que  pac 
fa  fublimiré  du  génie.  Id.  Il  eft  plus  fur  de  fe  dc- 
poutlleràw  foin  de  fa  conduite  ,  pour  fe  repofer  fur 
celle  déroute  l'Eglife.  NiCol.  U  faut  prendre  garde 
qu'on  ne  rende  la  langue  barbare  en  la  dépouillant 
de  tout  ornement ,  fous  prétexte  de  la  rendre  plus 
naturelle.  S.  Evr.  Leftyle  d'un  Géomètre  doit  être 
fimple ,  fec ,  &  dépouillé  de  tous  les  mouvemens 
que  la  paffion  infpire  à  l'Orateur.  On  le  met  quel- 
quefois avec  l'accufatif  fans  le  pronom  perfonneL 
Il  dépouilla  cette  férocité  de  tigre  &  de  lion,  qui  lui 
étoitnaturelle.  S.  EvR,  ,  .. 


X44 


DEP 


Ave^'VOus  dépouïWé  cette  haine /î  vive}  Racine. 

DépouilU-{  cette  rigueur  qui  rend  votre  beauté  fa- 
rouche. Voit.  En  me  dtpoudlant  autant  que  je  le  puis 
de  l'intérêt  poétique ,  pour  juger  plus  fainement 
de  la  quertion.  De  la  Motte. 

DÉPOUILLER.  Terme  de  Sculpteur ,  &  de  Mouleur  en 
plâtre.  Dépouiller  une  figure  moulée  ,  c'eil  ôtcr 
toutes  les  pièces  du  moule  qui  environnent  cette 
figure  &  qui  ont  fervi  à  la  former. 

^  DÉPOUILLÉ,  ÉE.  part.  Il  a  les  fignihcations  du 

verbe.  -^   ■   ,  > 

On  dit  proverbialement ,  jouer  au  Roi  depouiLe, 

non  feulement  au  propre,  quand  on  joiieàunjeu 

qui  a  ce  nom ,  dans  lequel  on  dépouille  pièce  à  pièce 

celui  qu'on  a  fait  le  Roi  du  Jeu  ,  mais  auHi  au 

figuré  ,  quand  plufieurs  perfonnes  fe  joignenr  pour 

en  ruiner  une  autre  &  la  dépouiller  de  fon  bien. 

DÉPOURVOIR,  v.  a.  Dégarnir  ,  ôter  les  provilions  , 
les  chofes  néceflaires  à  la  fubfiftance  d'une  place  , 
d'une  maifon  ,  d'une  perfonne.  Nudare  ,  fpoliare. 
Ce  verbe  n'eft  guère' en  ufage  qu'au  participe  ,  & 
quelquefois  à  l'infinitif  Un  Gouverneur  ne  doit  point 
lailfer  depourvoir  fa  place  ,  en  lailTer  ôter  les  hom- 
mes &  les  munitions.  Cette  maifon  noble  eft  pau- 
vre ,  &  dépourvue  des  chofes  nécelfaires  à  la  vie. 
Cette  veuve  affligée  eft  dépourvue  de  tout  fecours , 
tl'amis  &  d'argent. 

^fT  Dépourvu  (s  dit  fouvent  en  chofes  morales. 
Dejlicutus.  Il  eft  pris  comme  participe  &:  adjeélif 
Il  faut  être  bien  dépourvu  d'efprit ,  de  fens  ,  de  ju- 
gement ,  pour  commettre  une  telle  tante.  Il  étoit 
dépourvu  àù  confeil ,  quand  il  a  fait  cette  tranfac 
tion.  Souvent  on  eft  dzpourvu  de  mémoire,  elle 
quitte  les  gens  au  befoin.  Jamais  on  n'eft  dépourvu 
de  la  grâce  ,  de  l'aififtance  divine  ,  quand  on  veut 
bien  y  coopérer.  Tir 

Au  DÉPOURVU,  adv.  A  l'improvifte ,  par  lurprile  ,  lorl- 
qu'on  n'eft  pas  pourvu  des  chofes  nécellaires,  Ex 
improvïfo.  Un  Gouverneur  de  place  ne  doit  point 
fe  lailFer  aftaillir  au  dépourvu.La.  baffe-cour  de  ce 
Gentilhomme  eft  bien  garnie  ,  on  ne  le  peut  pren- 
dre au  dépourvu  quand  on  arrive  chez  lui.  ^ 

DÉPRAVATION,  f  f.  Dérèglement  du  goût,  des 
mœurs ,  ou  de  la  dodrine.  Depravatio  ,  corruptïo. 
La  dépravation  de  notre  raifon  eft  la  caufe  de  nos 
erreurs.  Chacun  accufe  fon  fiècle  de  dépravation. 
La  poftérité  de  Seth  fut  fidelle  à  Dieu  malgré  la 
dépravation  du  temps.  Boss.  Il  y  a  quelques  gens 
qui  trouvent  ce  mot  un  peu  vieux  ,  quand  il  s'agit 
de  mœurs  &  de  dodrine  j  mais,  comme  des  auteurs 
aiïez  approuvés  s'en  fervent ,  on  ne  peut  pas  le  re- 
jeter. 

fer  DÉPRAVATION  fe  dit  en  Médecine  de*!a  léfion 
notable  de  l'économie  naturelle  du  corps  humain  , 
&plusparticulièrement,lorfque  l'exercice  des  fonc- 
tions fe  fait  fans  régie  ,  &  fans  conformité  à  l'état 
naturel.  Il  y  a  de  la  dépravation  dans'  le  gout,lorf- 
qu'on  fe  fent  de  la  répugnance  pour  les  alimens  or- 
din.iires  ,  &  qu'on  fe  fent  porté  à  manger  des  cho- 
fes qui  font  nuifibles ,  ou   peu    propres  à  nour- 

DEPRAVER.  V.  a.  Pervertir  j  corrompre  le  goût ,  les 
mofltais,  ou  la  doârine.  Depravare ,  corrumpere.  Il 
s'eft  dépravé  le  goût  à  force  de  boire.  C'eft  un  hom- 
me capable  de  dépraver  toute  la  jeuneffe.  Il  avoit  du 
génie  pour  l'éloquence  j  mais  la  ledure  des  mau- 
vais Auteurs  lui  a  dépravé  le  goût.  Plufieurs  mala- 
dies rendent  le  goût  dépravé.  La  jeunelTe  eft  main- 
tenant fort  infolente  &  fort  dépravée.  Les  Infidèles 
mènent  une  vie  brutale ,  &  aulfi  dépravée  que  leur 
dodrine.  Dieu  les  a  livrés  à  l'égarement  d'un  efprit 
dépravé  ic  corrompu.  Port-R. 

DÉPRAVÉ ,  ÉE.  pirr.  &  adj.  Depravatus  ,  corruptus. 
Mille  gens  qui  fe  piquent  d'érudition  font  voir  un 
goût  dépravé,  lorfqu'il  s'agit  de  porter  leur  juge- 
ment fur  une  pièce  d'efprit. 

DÈPRÉCATIF,  ivE.  adj.  Terme  de  Théologie,  qui 


DEP 

n'eft  d'ufage  qu'en  cette  phrafe.  Forme  déprécative,  quî 
fe  dit  de  la  manière  d'adminiftrer  quelques-uns  des 
Sacremens  en  forme  de  prière.  Deprecativus.  Chez 
les  Grecs  la  forme  d'abfolution  eft  déprécative ,  étant 
conçue  en  ces  termes ,  que  Dieu  vous  ahfolve  :  au 
lieu  que,  dans  l'Eglife  Latine,  on  du  en  forme  dé- 
clarative, je  vous  ahjbus.  L'Ac. 

UCT  DEPRECATION.  f  f.  Deprecatio.  Terme  de 
Rhétorique.  Figure  par  laquelle  l'Orateur  fouhaite 
du  bien  ou  du  mal  à  quelqu'un.  Cette  dernière  pac 
Laquelle  on  fouhaite  qu'il  arrive  du  mal,  s'appelle 
proprement  imprécation. 

fO"  C'eft  encore  une  inftante  prière  faire  avec 
foumifllon  pour  obtenir  le  pardon  d'une  faute. 

^3"  DEPRECIER,  v.  a.  mettre  une  chofe  ou  une  per- 
fonne au-delfous  de  fon  prix.  Elevare ,  pretium  mi-  ' 
nuere.  Pourquoi  cherchez-vous  à  déprécier  ce  qui 
m'appartient. 

ffT  Déprécie  ,  ée.  parc 

DÉPRÉDATEUR.  1.  m.  Voleur,  pilleur,  qtii  commet 
des  malverfations.  Montfaucon,  où  tant  de  concuf- 
fionnaires,  ^e/'/eWcj;e//ri  de  Finances,  &  autres  infi- 

gnes  criminels  ont  été  punis Médi.-iues  Jur  la 

Régence.  Il  ne  tient  qu'à  vous,  dit  Démofthène  aux 
Athéniens,  de  réprimer  la  déprédation  de  vos  finan- 
ces ,  en  punilfant  d'une  façon  exemplaire  les  dépré- 
dateurs. M.  ROLLIN. 

DÉPRÉDATION,  f.  f.  Terme  de  Palais  &  de  Droit. 
Pillage  fait  avec  dégât ,  malveriations  commifes 
dans  l'adminiftration  d'une  iucceffion  ,  dans  une 
exploitation  de  bois,  dans  un  partage,  dans  une 
diftribution  de  deniers,  &;c.  Pradatio  ,  expilatio. 
Dans  cet  inventaire  il  s'eft  fait  une  dtprédation  vifi- 
ble ,  chaque  héritier  a  pillé  de  fon  côté.  Dans  les 
direétions  de  créanciers ,  il  arrive  fouvent  des  dépré- 
dations; les  diredeurs  les  plus  puiftans  fe  font  payer 
au  préjudice  des  aurres.  Quoique  ce  mot  ne  fou  pas 
des  plus  ufités  J  on  s'en  peut  fort  bien  fervir  en  cer- 
taines occafions ,  où  l'on  veut  dire  quelque  chofe  de 
plus  fignificatif  que  ruine ^  que  vol^quepiliage.  Après 
la  déprédation  de  tant  de  maifons  régulières,  les  peu- 
ples fe  trouvent  chargés  d'impôts.  Mauc.  Les  traités 
de  paix  qui  fubfiftoient  entre  les  deux  couronnes 
n'empêchoient  pas  les  hoftilités,  ou  les  déprédations 
maritimes  ,  qu'on  déguifoit  enfuite  fous  divers  pré- 
textes. Larrey,  Edouard  FI. p.  736. 

DÉPREDE  ,  EE.  adj.  &  part.  Terme  qui  fe  trouve  dans 
l'Ordonnance  de  la  Marine,  quife  dit  des  niarchan- 
difes  pillées  dans  un  vailfeau  contre  les  règles  &  les 
\q\x.  Ablatus  ,fubreptus ,  expilatus. 

|td^  Depréder,  v.  a.  Piller  avec  dégât,  commettre 
des  malverfations.  Foyei  Déprédation.  Ce  mot 
n'eft  pas  ufité. 

DÉPRENDRE,  v.  a.  Détacher.  Abfirahere ,  difiraherCy 
divellere.  Ces  deux  dogues  étoient  tellement  attachés 
l'un  contre  rautre,qu'on  a  eu  routes  les  peines  du  mon- 
de à  les  déprendre.  L'Acad.  Il  fe  du  aulfi  avec  le  pro- 
nom perfonnel,  pour  fe  dégager  de  quelque  chofe 
ou  l'on  étoit  engagé,  ou  embarrallé.  Diveili.  Un 
poillbn  pris  dans  ime  nalfe  le  débat  &  fait  ce  qu'il 
peut  pour  k  déprendre.  Cet  oifeau  s'étoit  pris  à  la 
glu  ,  Se  ne  pouvoir  s'en  déprendre. 

Deprendre,  fe  dir  plus  élégamment  au  figuré.  Les 
mélancoliques  ne  fe  déprennent  ^z%  fi  aifément  de 
leurs  pallions.  Bal.  Jesus-Christ  nous  a  dépris  &• 
détachés  du  commerce  des  chofes  de  la  terre.  Du 
Bois.  Le  Comte  d'Arondel  prit  de  l'amour  pour  la 
Reine  fans  s'en  apperccvoir,  &  ne  put  s'en  depre.Jre 
quand  il  s'en  fut  apperçu.  De  Larrey.  Il  faut  tâi.her 
de  nous  déprendre  de  ces  chofes.  Fenelon.  Il  ne  s'eft 
point  encore  dépris  des  controverfes  fcholaftiques. 
Morabin./».  5  5. 

Dépris,  ise.  parr.,  .         , 

DÊPRÉOCCUPE.  ÉE.  adj.  Qui  n'eft  point  pieoccupt,, 
ou  qui  ne  l'eft  plus,  qui  n'a  plus  de  prévenrion,  de 
préjugés.  Liber  a  prxjudiciis  ,  a  prajadicata  opinione. 
B.  qui  avoit  beaucoup  d'efprir,  &  qui  érou  dépreoc- 
cupée  des  erreurs  populaires.  Mlle  l'Héritier. 
xçj"  Je  ne  fais  fi  ce  met  fe  trouve  ailleurs  i  &  l'au- 


DEP 

torité  de  Mlle  l'Héritier  ne  me  paroît  pas  fufEfante 
pour  l'accréditer. 

DE  PRÈS.  adv.  J'oyei  PRÈS. 

DEPRESSER.  v.  a.  Terme  de  Relieur.  Ôrer  de  la  prefTè. 
Eprdo  detrahere.  Il  y  a  alFez  long-temps  que  ces 
livres  font  en  prelîe  ,^ il  les  faut  depreljer. ^ 

Dr.PRE.ssER,  fedic  aulll  des  draps,  6c  fignifie  ôter  aux 
draps  le  lullre  qu'on  leur  avoi:  donné  par  la  prelîe. 
N'norcm  adimcre. 

DEPRESSION,  f.  f.  Terme  de  Phyfique,  qui  fe  dit  de 
l'abalirement  qui  arrive  à  un  corps  qui  ell  lerré  iSc 
comprimé  par  un  autre.  Deprejfu. 

^3"  DEPRESSION,  fe  du  en  Chirurgie  dans  le  même 
fens  de  l'enfoncement  du  crâne  occaiionné  par  quel- 
que caufe  externe.  Les  os  du  crâne  des  enfans,  à  rai- 
fon  de  leur  moUelfe,  font  fujets  à  la  déprejfion.  Dc- 
prejjio  cran'â. 

Dépression,  fignifie  en  Morale,  abailfement,  humi- 
liation. Hum'akds.  Les  Supérieurs  des  Couvens  tien- 
nent leurs  Religieux  dans  la  déprejfion  pour  éprouver 
leur  patience.  Un  Philofophe  ell  content  de  vivre 
dans  la  déprejjion,  &  refufe  fouvent  les  emplois  ho- 
norables qu'on  lui  préfente.  Ce  mot  n'eft  pas  d'un 
^grand  ufage. 

DÉPREVENIR.  V.  pronominal.  Abandonner,  quitter. 
mettre  basfes  préventions.  Jnfnas ,  ow  fujceptas  opi- 
niones  de^oncre^.  ahjkere.  Il  faur,  en  matière  de 
croyance  &  de  religion,  fe  déprévcmr  pour  exami- 
ner avec  exactitude  la  vérité.  S.  Real.  Ce  verbe  eft 
toujours  pronominal  :  Se  déprévenir.  Je  me  dépréve- 
nols  de  plus  en  plus.  Vous  vous  êtes  déprévenu-^  il  fe 
dépreviendra  diVxim.  Ce  verbe  n'eft  point  tranlirif; 
on  ne  diroit  pas  :  J'ai  déprévenu  un  tel,  pour  dire, 
je  l'ai  défabufé  de  fes  préventions,  je  les  lui  ai  fait 
abandonner,  je  l'en  ai  fait  revenir  c'ell-à-dire,  que 
l'efFit  que  ce  verbe  lignifie  ne  palTe  point  .i  un  autre, 
ne  s'exerce  point  fur  un  autre,  mais  cliacun  l'exerce 
fur  foi.  C'eli  ce  que  le  commun  des  Grammairiens  a 
appelé  mal-à-propos  verbe  réciproque,  &  que  M. 
l'Abbé  Dangeau  a  nommé  bien  plus  proprement 
verbe  pronommai ,  parce  qu'il  a  toujours  pour  lujet 
un  pronom,  ou  la  perlonne  même  qui  agit.  Je  me 
dépréviens ,  tu  ce  dcprcviens  ,  il  fe  deprevient.  Notre 
jeune  homme  fe  travailloit  fans  celle,  &  s'exerçoit 
fur  toutes  fortes  de  fciences ,  pour  fe  déprévenir  de 
fes  erreurs.  Elo^e  de  P antalon-P kœbus  ^  à  la  fuite  du 
Dicl.  Néologique.  Ce  mot  n'eft  ufité  que  dans  la  con- 
verfation.  il  eft  vrai  que  ce  mot  a  été  critiqué  par 
M.  l'Abbé  Desfontaines  :  c'eft  le  fort  des  mots  nou- 
veaux. Je  crois  malgré  cela  qu'on  peut  l'employer, 
même  dans  le  ftyle  férieux,  èc  qu'il  eft  très-propre 
pour  exprimer  l'idée  qu'on  y  attache.  Se  déprévenir 
renoncer  à  fes  préventions,  à  fes  préjugés..  Je  crois 
encore  qu'on  peut  employer  ce  mot  comme  verbe 
purement  aélif",  &  qu'en  dit  très -bien  déprévenir 
quelqu'un.  Les  Célars  de  Julien  devroient  dépréve- 
nit ,  au  moins  embarraller  ceux  qui  ont  voué  une 
eftime  exclulive  aux  produclions  de  l'ancienne 
Grèce.  On  fe  déprévienc  difficilement  d'une  erreur 
agréablement  reçue-  Hist.  de  la  Phil.  Le  peuple  ne 
vouloir  pas  être  contredit  fur  fes  anciens  préjugés 
parée  qu'il  lui  en  auroit  trop  coûté  pour  fe  dépréve- 
nir. Plulieurs  autres  Auteurs  ont  fait  ufage  de  ce  mot 
dans  le  ftyle  férieux. 

DEPRI.  f.  m.  Terme  de  Finance.  C'eft  une  déclaration 
qu'on  va  faire  au  Bureau  des  Aides  du  lieu  d'où  l'on 
veut  faire  tranfporter  fon  vin  pour  le  vendre  ailleurs 
avec  foumiftion  d'en  venir  payer  le  droit  de  gros, 
qui  eft  le  vingtième  félon  le  prix  qu'on  l'aura  vendu,  j 
Declaracio.  L'Ordonnance  ne  parle  du  dépri  qu'ai 
l'égard  du  vin  :  néanmoins  on  le  dit  aufti  des  autres  ' 
déclarations  qu'on  fait  au  Bureau  des  autres  mar-| 
chandifesqu'on  tranfporte ,  dont  les  droits  de  douane 
font  dus,  des  beftiaux  qu'on  fait  palTer  debout  dans 
les  villes  fans  payer  l'entrée,  &c.  des  droits  de  péage 
•     &  autres  femblables. 

Ce  mot  vient  de  deprecari ,  parce  qu'on  prie  le 
Fermier  de  foutFrir  ce  tranfport.  D'autres  veulent 
qu'il  vienne  deprof:eri,  parce  que  les  marchandifcs 


DEP  Z4J 

ainfi  déclarées  s'appellent  en  latin  merccs profejj's. 

DÉPRI ,  fe  du  aufti,  en  Jurifprudence  féodale,  de  la  no- 
titication  qu'on  fait  au  Seigneur  de  l'acquifuiou 
qu'on  a  envie  de  £iire  d'un  hcrirage  dans  fa  cenfive, 
pour  compoleravec  lui  des  droits  de  lods  ic  ventes. 
Ainfi  c'eft  proprement  le  fupplier  d'en  faire  quelque 
remife. 

Avant  que  de  palTer  le  contrat,  on  va  déprier ^ 
c'eftà-dire,  on  va  compofer  des  droits,  &  dans  ce 
cas  le  Seigneur  en  remet  une  partie.  Quand  la  vent«. 
eft  forcée,  ou  qu'on  n'a  pas  déptié  avant  le  contrat , 
il  n'y  a  giicie  de  remife. 

§CT  L)ans  quelques  Coutumes,  déprier,  figtiîSe 
notifier  au  Seigneur  l'acquifition  qu'on  a  faite  dans 
fa  cenfive^  afin  d'éviter  1  amende  qui  leroit  encou- 
rue après  un  certain  temps  par  l'acquéreur ,  faut*^  par 
lui  d'avoir  fait  cette  notification  au  SeigneiT.  Cette 
déclaration  doit  être  lincère  \  car_,  li  dans  Wckt  «uie 
partie  du  prix  étou  diflimulé,  l'amende  feroit  en- 
courue de  même  que  s'il  n'y  avoir  pas  eu  de  dépri. 

DEPRIER.  V.  a.  C'elt,  aller  faire  au  Bureau  des  Aides , 
ou  à  un  Seigneur  Féodal,  la  déclar.uion  ou  le  dépri 
pvécédenr.  Dedarare ,  profiteri.  Deprier  les  lods  & 
ventes,  déprier  en  la  péagerie  à  peine  d'amende, 
font  exprelîions  de  Jurifprudence  Féodale  &  de 
Finances. 

DÉPRIER,  eft  quelquefois  oppofé  i.  prier,  &  fignifie 
envoyer  s'excufer  auprès  des  perfonnes  qu'on  avoir 
invitées,  les  contremander.  Preces  revocare.  On 
avoit  envoyé  prier  tous  les  parens  de  cette  noce, 
maison  les  a  envoyé  déprier,  parce  que  le  mariage 
eft  lurfis  ou  rompu.  Il  eft  du  ftyle  familier. 

DÉPRIE ,  ée.  part. 

DEPRIMER,  v.  a.  Rabaifler  ,  ravaler  ,  rendre  vil. 
Elevare ,  extcnuarc ,  deprimere.  C'eft  le  propre  des 
envieux  de  fe  déprimer  les  uns  les  autres.  On  cher- 
che ordinairement  à  déprimer  c^wx  qui  ont  du  méri- 
te. J'ofe  détendre  ma  petite  Iliade,  nom  qu'on  lui 
donne  pour  la  déprimer.  La  Mothe-Houdart.  Ce 
mot  n'eft  guère  en  ufige  ,  &  on  ne  le  dit  ordinaire- 
ment que  des  perfonnes. 

Déprime  ,  ée.  part.  Il  a  la  fignification  de  fon  verbe. 

DEPRIS,  DÉPRISE,  adj.  Vieux  mot.  Déprifable , 
comme  on  diloit  autretois,  &  comme  on  devroic 
encore  dire.  Qui  a  perdu,  à  qui  l'on  a  ôté  de  fon  prix, 
de  Ion  mérite,  de  fa  valeur.  La  petite  Sancha  ma 
fille,  dit  Sancho  ,  viendra  aux  champs  nous  apporter 
à  dîner.  Mais  pourtant,  quand  j'y  fonge,  elle  n'eft 
point  trop  déprife ,  &:  il  y  a  des  Bergers  qui  ont  plus 
de  malice  qu'on  ne  croiroit,  je  ne  prendrois  pas 
plaifir  qu'on  me  la  vint  muguéter,  &  que  la  pauvre 
fille  qui  n'y  entend  point  de  mal,  en  eûr-li  pour  ton 
compte.  Hijl.  de  Dom  Quichote^  t.  4.  c.  6j.  p.  487. 

DÉPRISER.  V.  a.  Tâcher  de  diminuer  la  valeur,  le  mé- 
rite de  quelque  chofe.  Les  envieux  tâchent  de  dépri- 
ferXdi  vertu,  le  mérite  de  leurs  rivaux.  Un  acheteur 
deprije  la  marchandife,  tandis  que  le  vendeur  la 
prife  de  fon  côté.  C'eft  une  efpèce  d'humilité  de  fe 
déprifer  foi-même,  de  parler  modeftement  de  fes 
ouvrages.  Deprimere ,  elevare. 

%fT  Depriser  &  Mépriser,  ne  font  nullement  fyno- 
nymes.  On  méprije  les  chofes  dont  on  ne  fait  aucun 
cas,  les  vices  bas  &  honteux.  On  dépr:fe\ç%  marchan- 
difcs que  le  vendeur  prife  trop,  &  fouvent  les  cho- 
fes les  plus  eftimables,  par  ignorance  ou  par  jalou- 
fie.  On  peut  déprifer  la  vertu ,  mais  on  ne  fauroit  la 
méprifer. 

Déprise  ,  ée.  part.  paft".  &  adj. 

Ce  mot  vient  de  depreâare,  qu'on  a  dit  dans  la 
balle  latinué  pour  figmfier  la  même  chofe. 

DE  PROFUNDIS.  f  m.  Premier  mot  d'un  Pfeaume 
que  l'on  récite  pour  les  morts.  Ce  mot  s'emploie 
comme  un  mot  François.  Dire  un  De  projundis. 
Clvinter  le  De  projundis.  On  ne  chante  ici  que  des 
De  profundis ,  pour  dire  qu'il  meurt  beaucoup  de 
perfonnes,  qu'on  ne  voit  que  des  funérailles. 


Sufvendons  le  cours  de  nos  larmei, 
Faifom  crève  aux  De  profundiï. 


5. 


DEP 


Le  P.  du  Cerceau  a  fait  entrer  ce  mot  Latin  dans 
une  Epitre  Françoife  adrefLée  à  M.  Poncée  de  la 
Rivière,  Evêque  d'Angers. 
DÉPROMETTRE.  (Se)  Défefpérer  d'une  affaire,  du 
fuccès  de  laquelle  on  fe  flattoir.  Dans  la  Comédie 
des  Ménechmes  de  M.  Regnard,  Démophon,  vou- 
lant marier  fa  fille  Ilabelle,  dit  à  la  tante  : 

Je  me  fuis  bien  promis  qù  en  faveur  de  l'affaire  3 
Vous  ferie^  de  vos  biens  donation  entière , 
Vous  gardant  tufujruitjufques  à  votre  mon, 

Araminte  répond  : 

Jufiuà  ma  mort!  Vraiment^  ce  projet  me  plaît fonl 
Vous  vous  êtes  promis ,  il  faut  vous  déproinettre. 

DÉPROMETTRE,  fignifieauUi,  fe  dédire,  ne  pas  tenir 
fa  parole.  Il  eft  dans  le  Didionnaire  Comique.  Il 
n'en  vaut  pas  mieux. 

DEPROPRIEMENT.  f.  m.  Eft  un  terme  dont  on 
ufe  dans  l'Ordre  de  Malte,  pour  fignifier  le  tefta- 
ment  des  Chevaliers,  ou  du  Grand-Maître. 

fC?  DESPAN.  (  Selon  quelques  cartes  Depecan ,)  ville 
d'Ethiopie,  fituée  fur  une  colline  de  l'Abillinie ,  à 
trois  milles  du  lac  de  Dempée. 

DEPSER.  V.  a.  Vieux  mot.  Parer  ou  fouler  les  draps. 
Il  vient  du  Grec  <^é4-«,  qui  veut  dire^  peau,  félon 
Snidas,  ou  du  verbe  h'^'ia ,  j'amollis ,  à  la  manière  de 
ceux  qui  amollillent  le  cuir. 

DÉPUCELAGE,  f.  m.  Défloration,  aélion  par  laquelle 
on  ôte  la  virginité  à  une  fille.  Devirginatio.  Dans  la 
Traduction  des  Métamorphofes  d'Ovide,  imprimée 
in-\6.  à  Paris  l'an  1 549.  fous  le  titre  du  Grand  Olym- 
pe,  il  y  a  fol.  57.  verjo  une  fable  intitulée  :  Le  dépu- 
celage de  Sémélé  fait  par  Jupiter.  Ce  terme  a  été 
aurti  employé  par  Montagne,  /.  j.  c.  5./?.  zy.  du  3 
t.  de  l'édition  i/z-ii.  Paris  j  165  9.  Zenon,  dit-il,  par 
mi  fes  loix,  régloit  aulfi  les  efcarquillemens  j  &  les 
fecoulfes  du  dépucelage.  Cotgrave,  le  feul  qui  ait 
mis  ce  mot  dans  fon  Ôidionnaire ,  a  écrit  defpuce- 
lage.  Ce  mot  n'eft  plus  udtc. 

DÉPUCELLEMENT.  f  m.  L'adion  dedépuceller.  Le 
dépucellement  étoir  autrefois  un  droit  Seigneurial 
dans  certains  pays.  La  dépucelée  ne  fe  faifoit  point 
une  honte  de  fon  dépucellement, 

DÉPUCELER,  v.  a.  Il  dépucelle .,  il  dépucellera,  il  a  dé- 
pucelé. Oter  le  pucelage.  Delibare,  déflorai e,  de- 
yirginare.  Les  Anciens  avoient  tant  de  refpeét  poui 
les  vierges,  qu'on  ne  les  faifoit  point  mourir,  fans 
les  avoir  fait  dépuceler.  Ceux  de  la  côte  de  Malabar 
paient  les  étrangers  pour  wenn  dépuceler  leurs  fem- 
mes. Chez  les  EcolFois  ç'étoit  un  droit  des  Seigneurs 
de  dépuceler  la  nouvelle  mariée  ,  droit  qui  leur  fut 
accordé  par  Evénus  leur  Roi,  &  qui  leur  fut  ôté  par 
Malcome,  qui  permit  qu'on  s'en  rachetât  pour  un 
certain  prix  qu'on  appeloit  marcheta  j  ou  un  certain 
nombre  de  vaches  par  allufion  au  mot  de  march  , 
qui  fignifioit  chez  eux  un  cheval  :  B\icha.na.n  ditauHi, 
qu'on  s'en  rachetoit  pour  un  demi-marc  d'argent, 
qu'on  appeloit  marchette.  Cela  a  lieu  aufli  dans  la 
Flandre,  dans  la  Frife,  &  en  quelques  lieux  d'Alle- 
magne. Par  la  coutume  d'Anjou  &  du  Maine,  une 
fille  après  15  ans  fe  peut  faire  dépuceler ,  fans  pou- 
voir être  exhérédée  par  fon  père.  Du  Cange  cite  un 
Arrêt  du  19.  Mars  1409.  obtenu  par  les  habitans 
d'Abbeville  contre  l'Evêque  d'Amiens,  qui  faifoit 
racheter  par  une  certaine  fomme  d'argent  la  défenfe 
qu'il  avoir  faite  de  dépuceler  les  nouvelles  mariées 
les  trois  premières  nuits  de  leurs  noces  :  ce  qui  étoit 
fondé  fur  le  IV*  Concile  de  Carthage  qui  l'avoir 
ordonne  pour  la  révérence  de  la  bénédiûion  matri- 
moniale. 

DÉPUCELER,  fe  dir  auflGi  en  parlant  des  chofes  qu'on 
fait  la  première  fois.  Cet  Avocat  a  plaidé  fa  pre- 
mière caufe,  le  voilà  dépucelé.  Il  eft  du  ftyle  fami- 
lier &  de  converfation  feulement. 

DÉPUCELÉ,  Éi.  part. pair.  &adj. 
X>êPUIS.  Prépoficion  qui  régie  l'accufatif,  5c  qui  fe  dit 


DEP 

du  temps,  du  lieu,  &  de  l'ordre;  a,  ah,  e^  ex.  De- 
puis le  lever  du  ioleil  jufqu'à  la  nuit,  les  troupes  de 
Darius  ne  cellèrent  de   défiler.  Vaug.  La   France 
sh^nàdepuislt  Rhin  jufqu'aux  Pyrénées.  Dans  cette 
dernière  phrafe,  &:  dap.s  piufieurs  autres  fembiables, 
depuis  eft  prcpofition  d'énumération  &  d'ordre. 
Depuis,  eft  aulli  adverbe,  mais  il  ne  fe  dit  que  du 
temps.  Ex  eo  îempore.  Cela  s'eft  pallé  depuis.  Ab.  On 
a  remarqué  qu'il  n'y  a  point  de  mot  qui  fe  foit  tant 
opiniâtié  pour  s'établir,  ni  qui  ait  été  tant  rebuté, 
que  du  depuis.  Le  bon  ulage  l'a  enfin  banni,  foie 
comme  adverbe ,  foit  comme  prépohtion.  Vaug. 
Obfervez  encore  que  depuis  ne  fe  doit  point  mettre 
après  un  prétérit  indéfini.  Depuis  que  nous  vous 
eûmes  quitté,  il  arriva.  Il  faut  dire,  après  que  nous 
vous  eiimes  quitté.  Corn. 
Depuis  ,  fe  joint  quelquefois  avec  peu,  &  fait   une 
efpèce  d'adverbe  qui  lignifie,  il  n'y  a  pas  long-temps 
Non  ita  pridem.  Un  courier  eft  arrivé  depuis  peu.  Il 
fe  joint  quelquefois  zw te  quand ,  &c  eft  encore  une 
efpèce  d'adverbe,  qui  lignifie,  depuis  quel  temps. 
Depuis  quand  avez  vous  les  ycux  de  Vénus  ?  Ex  quo. 
Voit.  Depuis  fe  joint  quelquefois  avec  que ,  &  alors 
il  ne  fe  dit  que  du  temps ,  &c  eft  une  efpèce  de  con- 
jondion.  Ex  quo.  Je  n'ai  employé  mes  yeux  à  aucun 
ufage  qu'à  pleurer  fans  cefte  ,  depuis  que  j'pi  appris 
que  vous  étiez  rélolu  à  un  éloignement.  Let.  Por- 
TUG.  Mais ,  quand  depuis  eft  conjonélion ,  il  ne  faut 
jamais  mettre.!  l'infinitif  le  verbe  qui  le  fuit.  C'eft 
une  faute  dans  laquelle  eft  tombé  M.  l'Abbé  Dubois 
dans  fa  Traduétion  des  Offices  de  Cicéron.  Panétius 
a  traité  très-exaétement  toute  la  matière  des  Devoirs 
en  trois  livres.  Poiîidonius  fon  difciple ,  dit  que 
depuis  avoir  publié  ces  trois  livres ,  il  a  encore  vécu 
trente  ans.  Il  falloit  dire  ,  après  avoir  publié. 

^fy  On  ne  doit  point  employer  depuis  çonr  quand, 
pour  dès-là  que,  lorfque.  Ce  mot  dénote  toujours  un 
temps  pafle.  Il  n'y  a  point  d'exception  à  cette  régie. 
DÉPURATION,  f.  f.  Clarification,  dégagement  de 
toute  la  lie ,  des  ordures  excrémenteufes,  qui  embar- 
raffent  un  corps  j  de  toutes  fes  parties  les  plus  grof- 
fières  &  les  plus  craftes.  Harris.  Dejecatio  ,Jecis 
&  fordium  3  partium  crajjlorum  purgatio  :^  Depuratio. 
La  dépuration  du  iang.  L'idée  attachée  jufqu'ici  au 
terme  de  dépuration ,  ne  vient  que  d'un  mal  entendu. 
On  a  cru  fans  fondement  que  le  fang  étoit  une  li- 
queur impure.  Un  Auteur  moderne  s'efforce  de  prou- 
ver le  contraire  par  piufieurs  raifons  tirées  de  l'œco- 
nomie  animale,  entr'autres  par  l'extiême  petitefle 
des  orifices  des  veines  laétées ,  qui  ne  permet  pas  que 
rien  d'impur  puilFe  y  entrer,  &c  paifer  dans  le  fang 
avec  le  chyle.  Jour,  des  Se. 
§3°  Dépuration  ,  fe  dit  particulièrement  en  Pharma- 
cie ,  des  fucs  des  fruits  &  des  plantes  j  &  fignifie  li 
même  chofe  que  défécation.  Voye^  Dépuré  ,  Défé- 
cation &  Décantation. 
DEPURATOIRE.  adj.  de  t.  g.   Il  y  a  des  gales  qui  ne 
fe  guérllfent  qu'avec  danger  par  le  foufre  :  ce  font 
celles  qu'on  appelle  dépuratoires ,  c'eft-à-dire,  qui 
fervent  à  dépurer  la  mafte  du  fang;  au  lieu  qu'il  y 
en  a  d'autres  dont  l'effet  eft  de  corrompre  cette  même 
mafte.  Journ.  des  S  av.  Sept.  175 1. 
DÉPURER.  V.  a.  Terme  de  Médecine  &  de  Chimie. 
Purgare ,  dejecare ,  fecibus  cxuere.  La  fermentation 
fert  à  dépurer  une  liqueur.  De  l'efprit-de-vin  biet» 
déguré.  On  dépure  un  firop,  un  fuc,  en  le  partant 
dans  la  chauffe. 
DÉPURÉ,    ÉE.  part.  &  adj.  Purgatus.,   defecatus.   On 
appelle  fucs  dépurés ,  des  fucs  clarifiés  d'eux-mêmes 
par  réfidence,  c'eft-à-dire,  dont  les  fèces  fe  fontfé- 
parées  &  précipitées  au  fond  du  vailfeau,  en  les 
lailfant  repofer  après  les  avoir  exprimées.  Enfuiteon 
les  verfe  par  inclination.  Ce  mot  peut  aulTi  s'appli- 
quer à  routes  fortes  de  liquides  &  au  fang. 
DÉPUTATION.  f  f.  Envoi  de  quelques  perfonnes 
choifies  dans  un  Corps  vers  un  Prince ,  ou  une  Affem- 
blée,  pour  traiter  en  fon  nom  de  fes  affaires.  Le^a- 
tio.  Les  députations  fe  font  plus  ou  moins  folennelles 
félon  la  qualité  des  perfonnes  à  qui  on  les  envoie. 


D  E  P 

ou  des  affaires  dont  il  s'agit.  Effàyons  de  ramener  les 
efprits  par  une  féconde  cùputadon.  Vaug. 
DÉPUTATioN,  le  dit  auHi  du  Corps  des  Députés.  Un 
tel  Evêque  eft  le  CheFde  la  Députation  des  Etats  de 
Languedoc  j  il  porte  les  cahiers. 
SCr  DÉPUTÉ,  f.  ni.  ou  adj.  piis  fubftantlvement.  Ce- 
lui qui  eft  envoyé  par  un  Prince  j  par  une  Commu- 
nauté, par  fon  Corps,  par  fa  Compagnie,  pour  s'ac- 
quitter de  quelque  commiilion.  Legatus.  Ce  mot 
ne  fauroit  s'appliquer  à  celui  qui  eft  envoyé  par  un 
fîmple  particulier.  Le  Parlement  n'a  point  été  en 
Corps  à  une  telle  cérémonie ,  il  n'y  a  aftifté  que  par 
Députés.  Voilà  le  Député  d'une  telle  Province.  Les 
Députés  du  premier  ordre,  du  fécond  ordre.  Les 
Provinces  d'Etats  en  Fnince  envoient  au  Roi  des 
députés  pour  préfenter  le  cahier  des  Etats;  il  y  a 
toujours  trois  députés  un  pour  chaque  ordre.  C'eft  le 
députe  àw  premier  ordre  qui  fait  le  compliment  au 
Roi.  Il  y  a  des  députés  en  Cour,  ce  font  ceux  que 
les  Etats  envoient  à  la  Cour.  Il  y  a  aufti  des  députas 
ordinaires,  au  moins  dans  quelques  Provinces  j  ce 
font  ceux  qui  demeurent  dans  la  Province  pour  y 
faire  les  affaires  dont  les  Etats  font  chargés.  Un  Com- 
miffiire  député  pour  l'inftrudion  d'un  procès. 

Dans  les  villes  de  Turquie  il  y  a  toujours  des  dépu- 
tés pour  traiter  avec  les  officiers  du  Grand-Seigneur, 
des  Tributs  S<i  autres  affiiires  :  ces  députés  font  trois 
ou  quatre  des  principaux  &C  des  plus  riches  bour- 
geois de  chaque  ville  :  l'emploi  de  ces  députés  eft  fort 
onéreux  &  fort  défagréable. 

On  dit  proverbialement ,  les  Députés  de  Vangi- 
rard,  qui  viennent  en  corps ,  &  ne  font  qu'un. 
^CJ"  DÉPUTÉ,  Envoyé,  AmbalTiideur,  dans  une  figni- 
fication  fynonyme.  L'AmbajJadeur  rcprcfente  la  per- 
fonnedu  Souverain.  V Envoyé  eft  l'interprète  de  fes 
fentimens.  Le  député  eft  le  repréfentant  &  l'inter- 
prète d'un  Corps  particulier,  d'une  Compagnie. 
DÉPUTÉ  j  Nom  d'un  bas  officier  de  l'Eglife  de  Conf- 
tantinople.  Députatus.  Sf^cruTt^,  Le  nom  de  Député, 
en  ce  fens,  fignifie  un  emploi,  &  non  pas  une  charge, 
ou  une  dignité.  Le  Député  ézok  chargé  d'appeler  les 
perfonnes  de  condition  cà  qui  le  Patriarche  vouloir 
parler  j  &  d'écarter  le  peuple  quand  .ce  Prélat  nnr- 
choitj  le  Z)e'/'//^e  étoit ,  comme  il  paroît,  uneefpèce 
d'huiffier ,   ou  de  bedeau.   Il  étoit  auffi  chargé  du 
foin  des  habits  facrés,  de  les  plier,  de  les  ferrer, 
de  les  conferver.  C'étoitune  efpèce  de  Sacriftain. 
DÉPUTÉ,  dans  l'Antiquité  j  s'eft  dit  encore  :  i".  des 
Armuriers,  ou  de  certains  ouvriers  qui  travailloient 
à  la  fabrique  des  armes  dans  les  forges.  i°.  Députés 
croient  encore  des  gens  adifs,  qui  fuivoient  les  ar- 
mées,  &  qui,  dans  les  actions,  étoientchargés de  re- 
tirer les  bleffés,  &  d'en  avoir  foin.  Toutes  ces  fottes 
de  gens  s'appeloient  deputati. 
DÉPUTÉ,  du  Commerce.  C'eft  un  Marchand  qui  eft 
élu  à  la  pluralité  des  voix,  ou  par  le  fcrutin  j  dans 
l'Aftemblée  générale  des  Chambres  particulières  du 
Commerce ,  pour  aftifter  au  nom  de  la  Chambre  dont 
il  eft  Député,  au  Confeil  Royal  du  Commerce  établi 
à  Paris. 
DÉPUTER.  V.  a.  Envoyer  quelqu'un  avec  commiffion. 
Legare  y  allegarc  aliquem  cuipiam ,  ad  quempiam.   H 
ne  fe  dit  point  d'un  particulier  qui  envoie ,  mais  feu- 
lement d'un  corps  ou  d'une  perfonne  en  autorité. 
Députerv^is  quelque  Prince  j  ou  quelque  AtTèmblée, 
■pour  lui  rendre  ds  foumiftionSj  pour  lui  repréfenrer 
fesbefoins,  lui  faire  des  remontrances,  pour  faire 
&  négocier  fes  affaires,  aftifter  à  quelques  délibéra- 
tions, ou  autres  chofes  femblables.  Tous  les  Princes 
d'Allemagne  ont  député  à  la  Diète.  Chaqne  ville,  ou 
chaque  Corps  d'une  Province,  députe  à  l'Affemblée 
des  Etats.  Le  Parlement  a  député  un  Préfident  5c  fix 
Confeillers  pour  faire  au  Roi  de  très-humbles  re- 
montrances, pour  le  féliciter  fur  une  telle  nouvelle, 
pour  lui  rendre  raifon  d'une  telle  affiiire.  Le  Chapi- 
tre a  député  deux  Chanoines  pour  venir  folliciter  fes 
affaires  au  Confeil.  Tous  les  Diocèfcs  ont  député pom 
tenir  l'Affemblée  du  Clergé 


D  E  Q     DER       ^47 

On  dirait  que  le  Ciel  le  députant  exprès  ^ 
N'a  confie  qu'à  lui  fes  oracles  J'ecrea. 


DÉPUTÉ,  ÉE.  part. 


D  L  Q. 


DÉQUEURIR.  y.  n.  Vieux  mot.  Découler. 

DEQuIM,  ou  DEQHIM.  Comme  écrivent  les  Portu- 
gais ,  ainii  qu'on  le  peut  voir  dans  la  Catte  des  four" 
ces  du  Nil  par  le  P.  jéronymo  Lobo.  C'eft  un  Royau- 
me de  Nubie,  au  milieu  duquel  pafle  la  rivièie  de 
Tacafe.  Mary  dit  que  les  habitans  de  ce  Royaume 
font  appelés  Baullous\  la  Carte  que  je  viens'do  cicer, 
écrit  Ballots,  &:  ne  fimble  pas  renlermer  ces  peu- 
ples dans  le  feul  Royaume  de  Dequim. 

DEQUOI.  Quand  ce  mot  fert  à  interroger,  il  fignifie 
de  quelle  chofe.  Quâ  de  re.  De  quoi  s'agit-il?  D& 
^ttoi parlez-vous?  Ablanc. 

Quand  ce  mot  n'eft  pas  une  interrogation,  il 
lignifie,  quelque  chofe.  iiejyt7/7zzViûm.  Ainh  l'on  dit, 
qu'un  homme  a  bien  dequoi ,  pour  dire  qu'il  a  du  biet^ 
qu'il  a  dequoi  vivre,  dequoi  payer,  &§. 

Dis-moi,  ami,  que  vaut-il  mieux  avoir , 
Beaucoup  de  biens  j  ou  beaucoup  de  favoir'i 
Je  n  en  fais  rien  :  mais  les  Savans  je  voi , 
Faire  la  cour  à  ceux  qui  t)«r  dequoi.  S.  Gel, 

Cn  dit  par  manière  de  civilité  à  ceux  qui  remer- 
cient; qu'il  n'y  a  pas  dequoi,  pour  dire  que  cela  ne 
vaut  pas  un  remerciement.  Non  efi  quod  agds  gra~ 
lias. 

On  dit  proverbialement  qu'il  n'y  a  pas  dequoi 
fouetter  un  chat,  pour  dire,  qu'il  n'y  a  pas  de  ma- 
tière d'impofer  la  moindre  peine.  On  dit  aufti ,  voi- 
là bien  dequoi,  pour  dire  ,  que  le  fujet  dont  on  par- 
le, n'eft  nullement  confidérable. 

DER. 

DÉRAC.  f.  m.  Ancienne  mefure  d'Egypte.  Menfura. 
Egyptiaca,  Derac.  Lq  Dérac  étoit  la  coudée  Egyp- 
tienne. Greavcs,  dans  fon  Traité  du  pied  Romain  » 
nous  a  donné  la  prccilion  du  Dérac  du  Caire,  par 
rapporr  à  nos  mefures.  M.  Cumberland  a  prouvé  3 
dans  fon  Effai ,  que  ce  dérac  étoit  l'ancienne  coudée 
d'Egypte  &  des  Hébreux  ;•&  que  la  lixième  partie 
de  ion  cubefaifoitlebath.  Le  Pelletier  dans  Vign„ 
Marv.  Greaves,  dans  ion  Traité  Anglois  du  pied 
Romain  pag.  41.  alïïue  que  le  dérac  du  Caire  con- 
tient 1824  millièmes  du  pied  de  Londres;  donc  le 
pied  de  Roi  de  Paris ,  en  comprenoit  1 104  plus  -^'„4 
Le  Pelletier,  dans  (x  Diftertation  de  l'Arche  de  Noé 
C.  30*.  croit  que  le  dérac  a  pU  être  la  coudée  de  Noé 
&  des  Hébreux.  Sur  des  autorités  d'Ezéchiel  Se 
d'Hérodote  il  prétend  que  la  coudée  des  Hébreux 
croit  la  grande  coudée  de  Babylone ,  que  l'on  appelle 
nVïN,  atfilah y  la  coudée  des  grands;  5<.  que  l'autre 
BtfrAm'eî  TTn'^jnr,  la  coudcc  rovale  ;  &  qu'ils  font  de  fix 
paumes  orientales,  ou  d'une  paume  plus  longue  que 
la  médiocre  de  Babylone,  égale  à  la  coudée  de  Sa- 
mos  ou  des  Grecs ,  &:  à  la  médiocre  d'Egypte.  De 
forte  que  la  coudée  de  Memphis,  ou  le  dérac,  ayanc 
été  trouvé  fur  l'étalon  du  Caire  de  18x4.  millièmes 
des  1000  qui  divifent  le  pied  d'Angleterre,  la  pau- 
me ou  fixième  partie  de  cette  coudée  j  ôtée  des  1S24 
millièmes  de  fa  longueur ,  il  cn  refte  1 510  pour  la 
coudée  Grecque  égale  à  la  médiocre  de  Babylone  5C 

\      d'Egypte.  Et,  parce  que  l'ancien  Arpenteur  Hygin  a 

[  remarque  que  le  pied  Grec  étoit  plus  long  d'un  de- 
mi-pouce que  le  pied  Romain,  il  en  infère  que  la 
coudée  Grecque  croit  à  la  Romaine,   comme  ij 

'  font  à  14;  !<  que,  (i  la  courlée  Grecque  étoit  de  1 5  zo 
de  ces  millièmes,  Ix  Romaine  en  devoir  être  de 
1459  I&:  le  pied  Romain  quienavoit  les  deux  tiers, 
devoir  en  contenir  par  conféquent  971  *•  Aum  Grea- 
ves a  trouvé  que  l'ancien  pied  Romain  marqué  fui 


X4S  D  E  R 

le  tombeau  de  T.  Statilius  qui  fe  garde  au  Vatican, 
contient  971  millièmes  des  milles  du  pied  d'Angle- 
terre, ayant  négligé  la  fradion  f  d'une  de  ces  md- 
lièmes  comme  imperceptible  à  la  vue.  Ainli  cet 
Auteur  prétend  avoir  trouvé  toutes  les  melures  an- 
ciennes par  le  iérac  d'Egypte. 

DERACINEMENT,  f.  m.  Adion  par  laquelle  on  ar- 
rache unechofe  plantée,  ou  l'état  de  ce  qui  ell  dé- 
raciné. ExJUrpado.  Le  déracin^menc  de  ces  arbres  ell 
l'effet  d'un  ouragan. 

DERACINER,  v.  a.  Arracher  un  arbre,  une  plante  de 
terre  avec  les  racines.  Eradkare  ,  exjtirpare  arborem, 
radicatus  eruere.  La  violence  des  torrens  déracine  les 
arbres  ,  &  les  entraîne.  On  ne  peut  entièrement 
ûf//-ad/2er  le  chiendent,  il  repoulle  toujours. 

DÉRACINER  ,  fignitie  aufli,  cerner,  couper  tout-au- 
tour. On  déracine  les  cors  aux  pieds  en  cernant  le 
calus  qui  elt  autour.  Les  arracheurs  de  dents  déchaî- 
nent la  dent ,  la  déracinent  avant  que  de  la  tirer. 

DÉRACINER,  le  dit  figurément  en  chofes  morales, 
pour  dire,  ôter  la  fource  d'un  abus,  d'une  héréiie. 
On  a  de  la  peine  à  déraciner  d'un  efprit  les  opinions 
<loiît  il  eft  préoccupé  \  à  déraciner  les  vices  contrac- 
tes par  une  longue  habitude. -Derûci/zer  un  mal,  le 
guérir  entièrement- 

M.  Racine  aimoit  tendrement  la  Champmeflé, 
fameufe  Adrice  dont  il  avoir  un  fils  naturel.  Elle  le 
quitta  pour  s'attacher  à  M.  de  Clermont-Tonnerre. 
Ce  qui  donna  lieu  de  dire  qu'un  Tonnerre  l'avoir 
déracinée.  Vie  de  M.  Racine,  p.  FIL  au  devant  d: 
fes  œuvres  de  l'edit.  de  1728. 

DÉRACINÉ,  ÉE.  part. 

Par  les  ravages  du  tonnerre 

Nous  verrions  nos  champs  moiffonnésj 

Et  des  entrailles  de  la  terre 

Les  plus  hauts  monts  déracinés.  Rouss. 

DÈRADER.  V.  a.  Terme  de  Marine.  Se  dit  d'un  vaif- 
feau  qui  par  un  gros  vent  a  été^  forcé  de  quitter  la 
rade  où  il  avoit  mouillé  ,  en  traînant  fes  ancres  après 
foi.  A  vadofà  maris  orâ  aveUi. 

pÉ  lAISON.  f  f.  Défaut,  manquement  de  raifon, 
façon  de  penfer ,  d'agir  qui  ne  s'accorde  pas  avec  la 
ra  I  ion.  La  déraifon  me  pique ,  &  le  manque  de  bonne 
foi  m'offenfe.  Lettr.  de  Madame  de  Scvigné.  Tout 
cela  qui  paroît  d'abord  l'excès  de  la  déraijon ,  eft  en 
effet  l'effort  de  la  finelle  &  de  l'étendue  de  l'efprit 
humain ,  &  la  méthode  de  trouver  des  vérités  qui 
étuient  jufqu'alors  inconnues.  Volt. 

Loin  de  ces  voix  acariâtres  j 
Qz^i  dogmatifantfur  des  riens  ^ 
Apportent  dans  les  entretiens 
Le  bruit  des  bancs  opiniâtres  ^ 
Et  la  profonde  déraifon  , 
De  ces  difputes  Soldatefqucs  ; 
Où  l'on  s'infulte  à  l'unijjon , 
Pour  des  mifircs  pédantefques  , 
Qui  font  bien  moins  la  vérité 
Oue  les  rêves  creux  &  burlesques 
JDe  la  crédule  Autiquité.  Gressbt. 


Vous  favez  rendre  les  paradoxes  vrai-femblables, 
vos  contradidions  plus  délicieufes  que  la  complai- 
fance  des  autres  -,  vous  rendez  la</eVj{/o«  même  quel- 
quefois tfès-aim.able;  enfin  vous  avez  fait  l'art  d'em- 
bellir routes  chofes.  Abbé  de  Chaulieu. 

Quoiqu'on  foit  perfuadé  de  la  déraifon  du  fpeda- 
cle  de  l'Opéra  à  certains  égards,  c'eft  cependant 
celui  auquel  on  court  avec  le  plus  d'ardeur.  Desfon- 

TAINES. 

DÉRAISONNABLE,  adj.  m.  &  f  Qui  eft  contre  la 
raifon  j  qui  ne  s'accorde  pas  avec  la  raifon.  Rationis 
expers,  alienus ,  dijfonus  à  ratione.\ ous  vous  fondez 
fur  des  principes  qui  font  déraifonnables.  On  ne 
peut  tranfi.^er  avec  cet  homme-là,  fes  prétentions 
font  tout-à-fait  dérafonnables.  Il  faut  jeter  du 
nierveilleux  dans  l'Epopée,  qui  en  cela  va  jufqu'au 


D  E  R 

déraifonnable.  Dac.  Il  n'y  a  perfonne  qui  naturelle- 
ment n'ait  quelque  honte  à  paroîtrè  déraifonnable. 
S.  Real.  Son  Meftre  de  Camp  m'avoit  paru  fi  dérai^ 
fonnabte  Bussi  Rab.  Les  pères  ont  une  impatience 
déraifonnable  de  pouller  leurs  enfans  dans  les  charges 
de  la  République.  S.  Evr. 

DERAISONNABLEMENT,  adv.  D'une  manière  dé- 
raifonnable. Parler,  agir  déraifonnablemcm. 

DERAISONNER,  v.  n.  Tenir  des  d/fcours  dénués  de 
raifon.  Vous  ne  faites  que  dcraifonner,  Delirare. 

IP"  DERALINGUER.  v.  a.  Terme  de  Marine.  Oter 
les  ralingues  des  voiles,  ^oyej  Ralingue. 

UCT  On  dit  qu'un  hunier  eft  dcralingité,  lorfqu'un 
coup  de  vent  en  a  emporté  jufqu'aux  ralingues. 

DERANGEMENT,  f  m.  Changement  qui  trouble 
l'ordie  &  la  diipofition  des  chofes  arrangées.  Pertur- 
batio.  Le  dérangement  de  mes  papiers  eft  caufe  qne  je 
ne  puis  trouver  ce  que  je  cherche. 

Ce  mot  fe  dit  aufli  au  fiauré.  Ce  dérangement  uni- 
verfel  &  continuel  des  chofes  humaines,  tout  défor- 
donné  qu'il  femble  à  nos  yeux ,  eft  pourtant  dans 
l'ordre  de  la  Providence.  Flech.  Qu'on  jette  les 
yeux  fur  divers  états  de  la  vie,  quel  dérangement  y 
quel  défordre  n'y  verra  t-on  pas?  Dérangement  dans 
la  fanté,  dans  les  affaires. 

OERANGER.  v.  a.  Mettre  en  défordre  des  chofes  ran- 
gées &  miles  par  ordre.  Oter  une  chofe  de  fon  rang. 
Turbare,  perturbare.  Un  favanr  fe  fâche,  quand  on 
dérange  fes  livres  j  une  femme  bien  cocffée,  quand 
on  dérange  fes  cheveux. 

Déranger,  fe  dit  figurément  des  defleins,  des  pro- 
jets, des  affaires.  Cet  incident  imprévu  a  dérangé 
tout  mon  plan  de  vie.  S.  ErR.  Le  Maréchal  de  Crc- 
qui  étoit  fort  en  colère  contre  cette  mort  batbate, 
qui  fans  confidérer  fes  affaires,  eft  venue  déranger 
fes  projets.  Rien  ne  dérangeait  dans  fon  efprit  ce  que 
le  mérite  y  avoit  une  fois  placé.  Fléch. 

Lintérét  ni  la  vaine  gloire 

Ne  dérangeoient/Jo^/zr  leur  repos  ; 

Ils  aimaient  plus  dans  leurs  Héros. 

Une  vertu  quune  victoire.  Nouv.  CH.  de  Vers. 

^T  On  dit  d'un  homme  dont  la  conduite  n'eft  pas 
auflî  réglée  qu'elle  l'étoit  auparavant ,  qu'il  f« 
déranoe.  A  peine  verrez-vous  jamais  une  fille  régu- 
lière être  mal  avec  fa  fupérieure  ^  &  à  peine  voit-' 
on  jamais  une  fupérieure  être  bien  avec  unefiUe  qui 
fe  dérange  j  &  qui  ne  vit  pas  félon  la  règle,  Bourd. 
Exhort.  T.  I.p.  23  I. 

On  dit,en  termes  deMarine,Z)(rrfl/z^erla  bonnette; 
pour  dire,  la  déboutonner  du  corps  de  la  voile. 
Diffolvere. 

DÉRANGÉ,  ÉE.  part.  Homme  dérangé  dans  fa  conduire, 
dans  [es  affaires,  ou  abfolumentj  dérangé  qui  efl 
irrégulier  dans  fa  conduite,  qui  met  peu  d'ordre 
dans  fes  nflaires  :  dérangé  dans  fa  maifoii ,  Il  les 
meubles  ne  font  pas  arrangés  avec  foin.  Acad. 
Franc. 

§3=-  DERAPER,  Terme  de  Marine,  v.  n.  qui  fe  die 
de  l'ancre  qui  quitte  le  fond  où  elle  étoit  mouillée, 
foit  qu'on  la  lève  pour  appareiller ,  foit  que  le  mau- 
vais temps  tourmente  le  vailîèau  &  roidifle  allez  le 
cable  ,pour  le  forcer  de  quitter  le  fond. 

DÉRAPE  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Terme  de  Marine.  On 
dit  que  l'ancre  eft  dérapée  y  lorfqn'elleeft  au  fond 
de  l'eau,  mais  qu'elle  n'eft  plus  accrochée  à  la  tetre, 
en  forte  que  le  vaifleau  dérive. 

DE  RAS.  f.  m.  Peau  de  mouron  ,  eft  le  titre  d'un  livre 
de  Chimie,  qui  traite  de  l'art  de  converrir  les  mé- 
taux en  or.  La  raifon  qui  lui  a  fait  donner  ce  nom 


eft  que  ^'p«?  xi'"^l^>^"  eft  la  peau  de  la  brebis  qui 
portoit  la  toifon  d'or,  &  qui  n'éroit  autre  chofe, 
à  ce  que  rapporte  Suidas  j  qu'un  livre  écrir  fur  du 
parchemin  ,  qui  contenoit  le  fecret  de  faire  de 
l'or. 
§Cr^  DER AS.  Ville  de  Perfe  ,  affez grande,  mais  mal 
bâtie,  fituce  à  77  d.  jo'  de  long.  &  à  51  d.  32'. 
de  lac. 

DÉRATER. 


DER 

DÉRATER.  V.  a.  Ocer  la  race  ,  la  tirer  du  corps  d'un 
nmmû. Lienem,  on  ff^C'-iem  extrakcre.  Ce  mo:  fut 
mis  en  ufage  par  une  lede  de  Chirurgiens ,  qui  s'é- 
leva  il  y  a  environ  un  iiècle.  Ils  pcécendoient  que 
rhomme  tireroit  de  grands  avantages  ,  s'il  le  taiioit 
ôter  la  rate    ce  qu'Us  appeloient  derarer.  Les  chiens 
auxquels  ils  avoient  fait  cette  cruelle  &  bizarre  opé- 
ration ne  moururent  pas  lut  le  champ,  mais  peu 
de  temps  après  5  ce  qui  fut  caufe  qu'aucun  homme 
ne  voulut  fe  faire  dérater  j  pour  jouir  des  prétendus 
avantages  que  vantoient  les  auteurs  de  cette  opéra- 
tion. Le  mot  de  dcratcr  n'a  pas  plus  fait  fortune  que 
l'opération  qui  l'avoit  fait  inventer  \  Se  comme  on 
ne  dérate  point  les  animaux ,  ni  les  hommes ,   on 
ne  dit  point  dérater ,     on  ne  le  dit  que  fort  rarement 
parce  qu'il  y  a  peu  d'occafionsdes'en  fervir. /'-^oye^ 
Dionis  ,  Opérations  ,  5ic. 
DÉRATÉ,  ÉE.  part,  ëc  adj.  A  qui  on  a  ôté  la  rate.  On 
ditfigurémentun  hommederaté j  un  homme  éveillé, 
alerte  ,   fin  ,  rufé  j  qu'on  ne  dupe  pas  facilement. 
IJO"  On  l'emploie  quelquefois  fubftantivement , 
c'efl:  un  dératé  ^c'ed  une  dératée.  Il  n'eft  que  du  ftyle 
familier. 
DÉRAYJRE.  f.  f.  Terme  de  Laboureur.  Ceft  la  der- 
nière raie  qu'on  fiit  ,  lorfqu'on  laboure ,  &   qui 
fépare  les   filions.  Sulcus. 
DERBE.  Ville  ancienne  de  Lycaonie  ^  Province  de 
l'Afie  mineure.  Derbe.  Etienne  de  Bylance  l'appelle 
auffi  Dcrbeia.  Saint  Paul  prêcha  à  Derbé ,  Acî.  XI F 
6.  Elle  fut  dans  la  fuite  ville  Epifcopale,  Leuncla- 
viiis  l'appelle  Dervale.  Elle  étoit  fur  les  confins    û^ 
Pifidie  &:  de   Cappadoce  ,  au  pied  des  montagnes 
à  40  milles  au  midi  d'Iconium  ,  à  30  mille  d'Ilau- 
rieen  tirant  vers  l'Orient,  &  à   50  d'Anrioche  de 
Pifidie.  Quelques  Auteurs  l'appellent  Derben  ,  mais 
mal  i  Derben  des  Actes  des  Apôtres  eft   un  accu- 
fatif. 
DERBENT.  Ville  de  Perfe  ,  fituée  dans  le  Seirvan , 
aux  confins  du  Dagheftan.  Delbentlum  ,  Alexandrin 
Albanis.  ;  Ports,  jerres.  ,    ou  anciennement  PortA 
Cafp'iA  ,  ou  Pyl&  Iberïn..  Portes  Cafpiennes  ou  Por 
les  Ibériennes  j  parce  que  c'étoit  le  palTage  pour 
aller  en  Ibérie  ,  &  qu'il  ell:  fur  le  bord  de  la  mer 
Cafpienne  ,  où  Derbenta.  maintenant  un  alfez  bon 
port.  Ceft  le  pallage  le  plus  ordinaire  pour  aller 
par  terre ,  de  Perfe ,  &  de  toutes  les  Provinces  de 
l'Afie ,  en  Mofcovie  &  dans  les  Etats  voifins.  Les 
Turcs  l'appellent  Demircapi ,  c'eft-à-dire  ,  porte  de 
fer .  pour  marquer  qu'il  ne  fe  peut  forcer.  En  effet, 
il  eft  terme  par  deux  murailles  qui  s'avancent  depuis 
cette  ville  jufqu'à  la  mer.  Voyei  Portes  Cafpiennes 
au  mot  Caspien. 
DERBY.  Foy.  DARBY. 
DERCE.  f  f.  Foyei  DAGON  ,  DERCETO ,  ATER- 

GATIS. 
DERCETO.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  DéelTe  fa- 
buleufe  adorée  en  Syrie  ,  ou  plutôt  dans  la  Palcf- 
tine.  Derceto  j  Dercetïs.  Si  l'on  en  croit  Pline  ,  Liv. 
V.  c.  1 5  &  c.  15  Dercéto  étoit  adorée  à  Joppé  ,  au- 
jourd'hui Jafi.  Diodore  de  Sicile ,  Liv.  L  dit  que 
c'étoit  aux  environs  d'Afcalon.  On  repréfentoit  Der- 
ceto £ous  une  figure  humiine  depuis  la  tête  jufqu'à 
la  ceinture  ,  &  le  refte  du  corps  en  poilTon  :  ce  qui 
fait  juger  à  Selden  ,  De  Diis  Syris  Synt.  U.c.  5 
que  c'étoit  le  Dagon  des  Philiftins.  Ceft  auîfi  la 
même  Divinité  que  Atergatis  ,  dont  l'on  avoir  fait 
Dercéto.  Saumaife  furSolin  ,  p.  574  prétend  qu'elle 
fut  aulfi  nommée  Céto.  Les  Syriens  la  faifoient  mère 
de  Semiramis ,  &  racontoient  de  plaifintes  fables 
fur  cette  femme  que  l'on  avoit  divinifée.  On  peut 
les  voir  dans  les  Auteurs  cités  ,  &  ci-delTus  au  mot 
Atf.rgatis  ,  où  l'on  trouvera  aufii  l'étymologie  de 
ce  mot  ;  &  au  mot  Dagon.  Foy.  encore  Ovide  , 
Métam.  Liv.  IV  c.  44.  &  fuiv.  Cluvier  ,  Germ.  Ant. 
L.  I.  c.  2jp.  2  s  s.  Selon  Voflius  De  Idolol.  L.  VII. 
c.  10  ,  p.  ij6.  Dercéto  eft  la  Lune. 
^  •  Dercéto  a   été  aulfi  appelée  Céto ,  ,  comme 

ilparoîtdans  Pline  ,  Hiftoire  Nat.  L.  V,  c.  13.  De 
ce  nom  quelques-uns  poiirroienc  inférer  ,  dit  Vof- 
Tom.  III. 


DER 


2, 


4^^ 


Iius  ,   que  Dercéto  étoK  Andromède  parce  que   lé 
navire  qui  tranfporta  Andromède,  portoit  la  figuré 
du  poillon  appelé  Cetus  ,  parce  que  le  Prince  auquel 
elle  fut  promile  d'abord,  croit  Seigneur  d'une  Ilô 
ou  s'exerçoit  la  Pirarerie,  &  pleine   de    Pirates  j 
que  1  on  a  pu  comparer  aux  monftres  maruTî  nom- 
més Cete 3  &c   appeler  de  leur  nom;  Mais  Volfiiis 
croit  bien  plus  probablement  que  Cto  s'eft   fait  de 
Derceto  ,  en   retranchant  la  première  fyllabe.    Ec 
certainement,  comme  Z^^rcefo  s'eft  fait  d' Atergatis 
par  le  retranchement  aùlfi  delà  première  fyllabe  j 
il  eft  bien  plus  probable  de  dire  la  même  chofede 
Céto  Hc  Dercéto    que  de  courir  à  des  raifons  tirées 
d'aulîî  loin  que  celles  qu'on  vient  de  rapporter  pour 
l'autre  fentiment.  Voye^  Volfius , De  Idol.  L.  /,  c-, 
23  ,  p.  So.  L.  11.  c.  Si  y  p.  jOi'. 
DERCILE  &  Alébion ,   fils  de  Neptune  ,  enlevèrent 
à  Hercule  les  bœufs  de  Géryon,,  lorfqu'il  palïaparla 
Libye,  &  les  conduidrent  en  Etruiie. 
DERCON  ,  ou  DELCON.  Ville  aurrefois  de  Thrace , 
aujourdhuide   Romanie,   Province  de  la  Turquie 
en  Europe.  Delcas  ,  Delta.  Elle  eft  lituée  fur  un  lac 
formé  par  une  rivière  qui  porte  auifi  le  nom  de 
Dercon  à  quatre  lieues  de  la  mer  noire.  Le  lac  porté 
aulfi  le  même  nom. 
DERECHEF ,  adv.  Une  féconde  fois ,  encore,  de  nou- 
veau- Iterum  _,  rurfus  j  denub  ,   rurfum.   Je  l'ai  déji 
averti ,  je  l'avertirai  ^erecAe/^ 

Ménage  dit  que  ce  mot  vient  de  derecapo  ,  8c 
que  Cambden  le  dérive  de  l'Anglois  derche- 
ju  fignifianc  la  même  chofe.  Il  eft  vieux  &  on 
ne  peut   s'en  fervir  que  dans  le  ftyle  familier. 

ifT  Corneille  a  employé  ce  mot  dans  les  Hd- 
races.  Mais  il  eft  hors  d'ufage  ,   &:  abfolument  banni 
du  ftyle  noble. 
DEREGLEMENT,  f.  m.  Défordre  ,  aâion  ou  mouve- 
ment qui  fe  fait  contre   les  loix  naturelles  ,  ou  civi- 
les ,  ou  morales.  Ce  qui  eft  oppofé  aux  règles  de 
la  morale,  ou  contre  le  cours  ordinaire  des  chofes 
de  la  nature  ou  de  l'art.    Perturbatio  ,  conjujlc  ,  im- 
modcrata  licentia  ,   vita  diffolutior,  morum  déprava-, 
tio.  Cet  homme  vit  dans  un  grand   dérèglement  de 
mœurs.  Il  ne  faut  pas  prendre  un   dérèglement  d'i- 
magination pour  un  entoufiafm?  poétique.  S.  Evr. 
Ce  qu'on  appelle  dérèglement  dans  les  autres  ,  n'eft 
dans  les  Héros  qu'une  impétuofitéqui  emporte  notre 
admiration  ,  fans  reconnoître  notre  jugement.    S. 
Evr.  Il  y  a  un  agréable  dérèglement  A' t'é^XM  qiii  ac- 
compagne d'ordinaire  la  palfiondedjux  Amai.s  \v:\X" 
reux.  S.  Real.  Il   faur  évirer  le  dcréglcn-ent  aulfi- 
bien  que  la  contrainte;  S.  Evr.  Il  faut  bien  des  an- 
*  ne&i  Aq  dérèglement  &c  de   libertin.ige  pour  arrivée 
d  ce  comble  d'infamie.  Patru.  Le  feu  &  les  em- 
portemens  de  Tertulien  marquent  affez  le  dérègle- 
ment de  fon  imagination.  Maleb.    Le   dé< èglemeni 
des  faifons  ,  le  dérèglement  des  humeurs.    Le  dérè- 
glement du   pouls.  Cette   horloge   ne   marque  pas 
bien  ^  il  y  a  quelque  dér<:giemci:t  en  ibn  mouve- 
ment. 
DEREGLEMENT'  adv.  D'une  manière  déréglée.  Im- 
moderatè  ,  immodicc  ,  e^renatè  ,  intemperanter.  Ori 
virfort  dérèglement '^n  cette  mai  Ton. 
DEREGLER.  V.  a.  Mettre  hors  de  la  règle  ,  faire  for- 
tir  de  l'ordre  établi.  Pcrturhare.  Il  nous  a  tous  dé- 
réglés. La  mauvaife  nourriture  lui  a    déréglé  l'ef- 
tomac.  Le  mouvement  du  cheval  a  déréglé  mm   mon- 
tre.  Dieu  avoic  fait  1  homme  de  fes  propres  mains: 
nulle  ignorance  n'obcurcilTIiit  fon  efprir ,  nul  mau- 
vais défir  ne   dérègloit  fa  volonté.  Flcch.    Quaiid 
-    la  colère  emporte  l'Orateur  ,  elle  le  trouble  &  l'é- 
garé :  elle  dérègle  fon  gefte  &  fon  adbion.  M.  Esp. 
0Cr  Se  Dérégler,  v.   récip.    Agir    contre  la  règle, 
contre  l'ordre  établi  ,   contre  le  cours  ordinaire  des 
chofes  de  la  nature  &  de  l'art.  Mon  eftomac  s'eft 
déréglé  depuis  quelque  temps.  Mon  pouls  fe  dérègle 
Ma  montre  fe  dérègle  dans  les  grandes  gelées. 
^  DEREGLE,   ÉE.  part.  Foyer;  \2  verbe;  _ 

ter  II  eft  fouvent  adj.  &  défigne  ce  qui  eft  con- 
traire aux  régies  de  \z  morzletl nordinacas,  immo^ 


%So 


D  ER 


DER 


deratus.  Vie,  conduite  déréglée.   Déréglé  dansfesr     dans  l'inflammation  du  foie  ;  celle  de  la  gorge  dans 


moeurs.  Ce  jeune  homme  a  les  mœurs  fort  déréglées , 
il  s'adonne  à  toutes  fortes  de  débauches.  Une  femme 


la  frénéfie  ,  font  des  faignées  dérivatiyes.  Voy.  De 

RIVATION. 

eft_elle  relponfable  des  mouvemens  dérègles  que  [  |p- DERIVATION,  f  f  Terme  de  Grammaire.  L'o- 
la  beauté  peut  exciter  ?  S.  Evr.  Les  émotions  de  î      riair.^n,i'.,n  n-.r,r  rlr^  ^'i,n  ^nrr»    n«f^«„^..,^, 
la  colère  font  toutes  malignes  &  déréglées.  M,  Esp 


Déréglé  ,  fedit  aulli  de  ce  qui  n'eft  pas  félon  le  cours 
ordinaire  des  chofes  de  la  Nature  6c  de  l'Art. 
Un  temps  déréglé.  Avoir  le  pouls  déréglé.  Une  hor- 
loge déréglée  Une  montre  déréglée.  Acad.  Fr. 
^fT  DÉRÈGLE  eft  oppofé  à  réglé  j  mais  il  paroît  ne  de- 
voir fe  dire  que  quand  il  s'agit  de  morale.  Un 
homme  déréglé  ,  un  efprit  déréglé  :  mais  on  ne 
diroit  pas  une  difpute  aVr<?^//e  ,  un  repas  déréglé, 
dans  un  fens  oppofé  à  difpute  réglée,  repas  réglé. 
U^  DÉRÉGLÉ  ,  dérange  ,  dans  une  figniticanon  fyno- 
nyme.  On  eft  déréglé  par  fes  mœurs  &  par  fa  con- 
duite. On  eft  dérangé  à^ns  fes  affaires  éc  dans  fes 
occupations.  L'homme  déréglé  ne  ménage  ni  fa  ré- 
putation, ni  fa  perfonne.  Une  connoît  point  la  mo- 
dération ,  &  eft  toujours  danss  l'excès.  L'homme 
dérangé  ne  ménage  ni  fon  temps ,  ni  fon  bien ,  il 
n'a  point  d'ordre ,  &  il  diftîpe. 
DERENG.  Terme  de  Coutumes  ,  qui  fignifie  borne  j 

bornage  d'héritages.  Limes. 
DERESTER.  v.  a.  Il  commença  par  dérefter  fa  caifte 
de  deux  mille  piftoles.  Ecole  du  Monde.  Auteurpeu 
grave.  Perfonne  ne  l'a  dit  après  lui ,  &  ce  mot  eft 
abfolument  hors  d'ufage. 
DERG.  Grand  lac  d'Irlande  formé  par  la  rivière  de 
Shannon  ,  fur  les  confins  de  la  Cornacie  &  de  la 
Momonie. 
DERG.  Rivière.  Voye^  Dirg. 

DERHEM.  f  m.  Petit  poids  de  Perfe  j  qui  vaut  la 
cinquième  partie  d'une  livre.  LesPerfans  regardent 
le  derhe-n  comme  leurdragme. 
DERIA  CHIRING.  Lac  de  Perfe.  Ow  le  trouve  à 
dix  lieues  dErivan.  Il  a  vingt-cinq  lieues  de  tour, 
&  beaucoup  de  profondeur. 
DERIBANDS,  f  m.  pi.  Toiles    blanches  de  coton  , 

qui  viennent  des  Indes  Orientales. 
DÉRIDER.  V.  a.  Oter  les  rides,  faire  difparoître  les 
rides ,  dans  le  fens  propre.  On  le  dit  de  même ,  dans 
le  fens  figuré,  pour  donner  de  la  joie  ,  faire  plai- 
fir  \  parceque  les  chofes  qui  proJuifent  cet  effet 
rendent  le  vifage  uni  &  en  effacent  les  rides.  Fron- 
tem  exporrigere  ,  explïcare.  Il  eft  aulîi  réciproque. 
Ce  vieillard  réfcogné  eft  fi  fevère ,  que  rarement 
il  fe  déride  le  front ,  quelque  plaifantes  que  foient 
les  chofes  qu'on  dit  devant  lui.  Bell.  Je  ne  fais  i\ 
les  bons  mots  de  Bergerac ,  qui  ont  été  les  plus 
admirés  de  la  Cour  ,  dérideraient  à  préfent  le  front 
à  nos  grimiuds  de  Collège,  tant  le  goût  eft  changé. 
Ménage. 

Loin  d'ici  ces  Auteurs  froids  &  mélancoliques  _, 
Qtti  dans  leur  f  ombre  humeur  fe  croiroient  faire 

affront  , 
Si  les  Grâces  jamais  leur  dcridoient  le  front. 

BoiLEAU. 

DÉRIDÉ  ,  ÉE,   part. 

DERISION,  f.  f.  Adion  par  laquelle  on  fe  moque 
de  quelque  chofe ,  on  la  tourne  en  ridicule.  Irri- 
fio  ,  irrifus.  C'eft  un  blafphême  de  tourner  en  dé- 
ri/ion  les  chofes  facrées.  Ceux  qu'on  attache  au  pi- 
lori font  expofées  à  la  dérifion  du  peuple.  Le  génie 
de  Démocrite  etoit  une  dérifion  générale  des  ac- 
tions des  hommes. 

^3"  Ce  terme  n'eft  ufité  que  dans  quelques 
phrafes.  Tourner  en  dérifion  ,  dire  une  chofe  par 
dénfion  ,  faire  quelque   chofe  en   dérifion. 

DÉRIVATIF,  ivE,  adj.  Terme  de  Grammaire.  Mot, 
didion  qui  tire  fon  origine  d'un  autre  qu'on  appelle 
fon  primitif.  Nomen  ah  alio  derivatum ,  deduclum. 
Voye^  DÉRIVÉ. 

DÉRIVATIF  ,  fe  dit  aufti  en  Médecine  de  ce  qui  pro- 
cure la  dérivation  des  humeurs  vers  une  partie  plus 
que  vers  une  autre.  Dejieclcns.  La  faignée  du  pied 


rigine  qu'un  mot  tire  d'un  autre.  Defcendance  d'un 
mot.  Derivatio.  On  eft  fouvent  embarralfé  fur  la 
dérivation  àts  mots.  J^oye-^  Dériver. 

^fT  DÉRIVATION  ,  Terme  de  Marine.  Declinatio  j  de» 
flexio.  f^oye^  Dérive. 

IJCF  Dérivation  ,  en  Hydraulique ,  c'eft  le  détour 
qu'on  fait  prendre  aux  eaux,  /■^oye^  Dériver. 

On  appelle  aufîi  canal  de  dérivation  ,  un  canal 
par  où  l'on  conduit ,  &  l'on  amaffe  des  eaux  pour 
les  porter ,  &  les  conduire  dans  un  réfervoir.  Le 
canal  de  dérivation  qui  porte  les  eaux  dans  le  bafTiii 
de  Nouroufe  en  Languedoc  pour  la. communication 
des  deux  Mers. 

Dérivation,  fe  dit,  en  Médecine,  du  détour  qu'on 
fait  prendre  aux  humeurs  qui  coulent  fur  une  par- 
tie ,  en  les  attirant  vers  d'autres  parties. -D^rivj^-io. 
Ainiî ,  dans  la  fluxion  qui  fe  fait  lur  les  yeux  &  fut 
les  dents,  on  applique  un   véficatoire  derrière  les 
oreilles  pour  la  détourner  :  dans  l'elquinancie,  on 
ordonne  la  faignée  des  ranules ,  c'elt-à-dire  ,  des 
veines  de  delfous  la  langue  ,  pour  détourner  l'hu- 
meur qui  fe  jette  fur  la  gorge.  La  dérivation  eft  l'ac- 
tion de  quelque  remède  par  laquelle  le  fangeft  attiré, 
déterminé  à  courir,  à  couler, à  le  précipiter  vers  quel- 
ques parties.  La  faignée  du  pied  caufe  une  dérivation, 
éc  quelquefois    une   dérivation    dangereufe,  faute 
d'une  faignée  du   bras  qui   ait   précédé   &  qui  aie 
produit  une  révulfion.  La  dérivation  eft  oppoléeàla 
révulfion. 
DÉRIVE,  f.  f.  Terme  de  Marine.  Différence  du  rumb 
de  vent  où  l'on  va  ,  à  celui  ou  l'on  veut  aller  ;  biai- 
fementd'un  vaiffeau  qui  ne  porte  pas  à  fa  route  , 
&c  qui  le  fait  aller  par  un  autie  rumb  de  vent  que 
celui  par  lequel   on   doit  aller  ;  fliufte  route  ,  ou 
détour  forcé  qu'on  fait  de  fon  vrai  chemin  par  la 
violence  des  vents  ,   des  courans  j  ou  de  la  marée. 
Lorfque  le  vent   poulie  un  vaifteau  de  côté  ,  il  le! 
fait  avancer  fur  un  autre  air  de  vent  que  celui  au- 
quel il  préfente  la  proue  j  ou  l'avant  ,  &  cetécar- 
tement  eft  ce  qu'on  appelle  la  dérive.  Defiexio  j  de- 
clinatio. Lorfque  l'angle  d'incidence  que  le  vent  fait 
avec  le  vaifteau  eft  du  côté  de  la  poupe  ou  de  l'ar- 
rière ,  la  dérive  n'eft  pas  grande  \  mais  ,  quand  cet 
angle  d'incidence  eft    du  côté  de  l'avant  du    vaif- 
feau,  la  dérive  eft  plus  grande.  L'angle  au  plus  près 
du  vent  ,  qui  eft  ordinairement  de  fix  quarts   de 
vent ,  donne  environ  un  quart  de  vent  de  dérive  , 
quand  on    a  les  quatre  grandes   voiles    majeures , 
&   que  la  mer  eft  belle  ;  mais  on  a  davantage  de 
dérive  j  lorfqu'on  n'a  que  les  baffes  voiles.  L'angle 
de  la  dérive  d'un   vaiffeau  eft  le  même  que  l'angle 
que  fait  fa  trace  derrière   lui  avec  fa  quille   que 
l'on  conçoit  prolongée  j  cet  angle  fe  inefure  facile- 
ment avec  un  compas  de  route.  Plus  les   vailfeaux 
font  fabriqués  à  plates  varanges  ,  &  plus  ils  ont  de 
dérive.  Bouguer.  La  dérive  eft  la  caufe  la  plus  or- 
dinaire qui  fait  que  les   Pilotes  fe  trompent  dans 
leur  eftime.  On  dit ,   avoir  un  quart  de  dérive  ,  c'eft 
perdre  un  quart  de  vent  fur  la  route  que  l'on  fait. 
La  dérive  vaut  la  route ,  c'efVà-dire  ,  que  la  dérive 
que  fait  le  vaiflêau ,  le  porte  fur  la  route  que  l'on 
veut  faire.  Combien  y  a-t-il  de  dérive  ?  c'eft  deman- 
der au  Pilote  la  différence  qu'il  y  a  de  la  route  que 
l'on  fait,  à  celle  qu'on  femble  faire.  Que  vaut  la 
dérive  ?  On  dit  encore  ,  il  y  a  belle  dérive  ,  c'eft- 
à-dire  ,  qu'on  eft  alfez  éloigné  des  côtes  pour  n'a- 
voir rien  à  craindre  de  la  terre.  En  général ,  on  die 
d'une  chofe  qui  va  au  gré  du  vent  &  du  courant, 
qu'elle  va   à  la  dérive. 

On  appelle  encore  dérive  ,  la  diftance  ou  la  quan- 
tité de  braffes  qu'il  y  a  entre  un  lieu  où  l'on  fe 
trouve  fur  mer  ,  &  celui  où  l'on  a  jeté  le  plomb  au- 
paravant. Dérive  eft  auflî  un  aftèmblage  de  plan- 
ches que  les  navigateurs  du  Nord  mettent  à  côté  de 


b  E  ïi 

leurs  petits  bâtimens  poiu-  empêcher  qu'ils  ne  dé- 


rivent. 


fer  DERIVER.  V.  n.  Terme  de  rivière.  S'éloigner  du 
rivage.  Dés  que  le  bateau  eut  dérive. 

DÉRIVER,  terme  de  Marine.  Sottir  de  fa  route,  de 
fon  droit  chemin,  aller  à  la  dérive  &  de  côté  j  par 
la  violence  des  vents ,  ou  des  couians  ,  ou  de  la 
marée.  Dcfleclcrc  j  dcdlnarc.  Ce  vailleau  vint  dé- 
river,  &  s'abattre  fur  nous.  Les  vailfeaux  ne  lau- 
roient  aller  aux  Indes  fans  dériver,  à  caufe  de  la 
violence  des  courans  qui  font  fous  la  Ligne.  Se  lailfer 
dériver ,  c'ell  fe  lailfer  aller  au  courant  de  l'eau  ,  ou 
au  gré  du  vent.  Dériver  fous  le  vent.  Dériver  par  le 
calme. 

DÉRIVER ,  fortir  ,  venir,  tirer  fon  origine.  Oriri , 
flucre ,  manare.  Pour  guérir  une  fluxion  ,  il  faut 
aller  à  la  fource ,  à  la  caufe  ,  d'où  elle  dérive. 

f3°Onle  dit,  dans  le  même  fens,  en  morale.  Tous 
nos  maux  dérivent  à\x  péché  originel.  C'eft  de-là  que 
font  dérivées  tant  d'erreurs  ,  tant  dhérélies. 

DÉRIVER,  en  termes  de  Grammaire,  fe  dit  j  dans  le 
même  lens,d'un  mot  formé  d'une  autre  mot  primitif 
ou  radical  de  la  même  langue,  comme  mortalité , 
de  mort. 

§;?  Le  mot  dériver  vient  lui-même  de  rivus , 
rullfeau  ,  fource  où  l'on  puife. 

f^Cr  DÉRIVER  ,  fe  dit  quelquefois  aârivement 
pour  faire  dériver  ;  d'où  dérivez-vous  tel  mot  ? 
dérivare. 

ify  On  dit  auflî  activement  dériver  des  eaux  , 
tirer  de  l'eau  d'une  foutce  pour  la  conduire  par 
quelque  canal.  Deducere.  On  a  dérivé  les  eaux  de 
toutes  les  fources  voifines  ,  pour  les  conduire  dans 
ce  canal. 

DÉRIVER,  v.  a.  Chez  les  Serruriers,  fignifie ^  Oter  la 
rivure.  Extremum  clavi  emargmarc  ,  extremum  davi 
marginem  deterere.  Ce  clou ,  cette  vis  ,  ne  fe  fau- 
roient  arracher  fans  les  dériver ,  en  ôter  la  rivure. 

DÉRIVÉ  ,  ÉE.  part.  Il  a  les  fignifications  de  fon  verbe , 
&  en  François  &  en  Latin.  Il  eft  aulli  fubftantifen 
termes  de  Grammaire-  Le  verbe  &  fes  dérivés. 
On  ne  fouffre  point  dans  la  Poche  Françoife  la  rime 
du  dérivé  avec  le  primitif  ,  comme  d'ennemi  avec 
ami.  P^oye':^^  ce  que  nous  avons  remarqué  fur  la  rime 
des  compofcs. 

fer  pÉRIVOIR.f.  m.  Outil  d'Horlogerie,  efpcce  de 
poinçon  ,  alfez  femblable  au  Poulfe  -  pointe  ,  qui 
fert  à  dériver  une  roue,  c'e(l-à-dire  ,  à  la  challer 
de  deflÂis  fon  alliette  ou  de  delTus  fon  pignon. 
Encyc. 

fer  DÉRIVOTE.  f.  f.  Terme  de  rivière.  Perche  fer- 
vant  à  éloigner  u'i  train  de  la  rive. 

DERLINGTON  ,  ou  DALINGTON ,  Ville  d'An- 
gleterre dans  le  Comté  de  Durham. 

DERLINGUE.  f.  m.  Monnoie  d'argennj  fabriquée  à 
Venife  j  qui  a  pour  empreinte  d'un  côté  un  Chrill 
foutenant  de  fa  main  un  globe ,  &  de  l'autre  côté  un 
Saint  Marc.  Quatre  derlinoues  font  l'écu  de  France 
de  foixante  fols. 

DERME,  f.  m.  Terme  de  Médecine ,  qui  fe  dit  du 
cuir  ou  de  la  peau  de  l'homme-  Cutis  ,  pellis.  Ce 
mot  vient  du  mot  Grec  ^^^i" ,  qui  lignifie  écorcher. 
La  peau  eft  la  plus  ample  &  la  plus  épailfe  déroutes 
les  membranes  \  c'eft  l'organe  de  l'attouchement 
extérieur,  &  la  couverture  «Se  l'embelliirement  des 
parties  qui  font  au-delFous.  Il  eft  compofé  de  deux 
parties  \  celle  qui  fe  préfente  la  première  ,  eft  ap- 
pelée corps  reticulaire  ,  parce  qu'elle  eft  percée 
comme  un  réfeau  ,  d'un  très-grand  nombre  de  pe- 
tits trous.  L'autte  eft  d'une  fubftance  fibreufe  :  elle 
eft  formée  des  extrémités  d'artères ,  de  veines,  de 
nerfs ,  de  tendons  ,  d'où  fortent  quantité  de  petites 
éminences  qu'on  appelle  mamelons  pyramidaux  : 
elle  eft  aulTi  parfemée  d'une  infinité  de  glandes  ap- 
pelées rniliaires  ,  qui  ont  chacune  leurs  vailTeaux 
excrétoires.  Ces  conduits  excrétoires  palfent  avec  les 
mamelons  pyramidaux  à  travers  les  trous  du  corpi 
reticulaire ,  &:  vont  aboutir  à  la  cuticule.  Les  ma- 
melons ,  feloa  le  féntiment  des  Modernes ,  font 


l'orgAne  du  tact  ;  &  les  vaifleaux  excrétoires  fer- 
vent à  évacuer  la  matière  de  la  tranipiration  &C 
de  la  fueur  qui  a  été  féparée  des  glandes  mihairesi 

^  DERMOLOGIE-  f  f.  Terme  d'Anatonne. C'eft  U 
partie  de  la  fomatologie  qui  traite  de  h  peau. 

DERMONDE.  Voye^  DENDERMONDE. 

DERNE.  Petite  ville  d'Afrique  ,  dans  le  Royaume  de 
Tripoli ,  à  demi  quart  de  lieue  de  la  mer. 

UCTDerne  ,  eft  aulii  le  nom  d'une  rivière  d'Afrique, 
qui  defcend  du  grand  Atlas,  palle  dans  la  Province 
de  Fedla  au  Royaume  de  Maroc  ,  &  va  fe  rendre 
dans  le  fleuve  Ommirabi  ,  au  nord. 

DERNIER  ,  i£RE.  adj.  Terme  relatif  ,  &  oppofé  i 
premier.  Ce  qui  eft  à  l'extrémité  oppofce  au  com- 
mencement j  qui  eft  après  tous  les  autres.  Uitimus  , 
pojiranus  j  extremus  ,  novijjîmus  ,  fupremus.  Il  vaut 
mieux  être  le  premier ,  que  le  dernier  noble  de  la 
race  :  c'eft  un  mot  qui  a  été  dit  p.ir  Iphicrate ,  Ca- 
pitaine Athénien  ,  à  celui  c]ui  lui  reprochoit  qu'il 
avoitété  cordonnier.  L'Evangile'ditque  les  premiers 
feront  les  derniers  ,  S<.  les  derniers  feront  les  pre- 
miers. Lin  brave  n'eft  jamais  le  dernier  à  l'aliaur. 
C'eft  un  homme  irréfolu  ,  qui  conclud  toujours 
pour  le  dernier  ij^ni  lui  parle.  Les  bains  &  les  eaux 
font  les  derniers  remèdes  que  les  Médecins  ordon- 
nent à   ceux  qu'ils  ne  peuvent  guérir. 

On  dit,  en  dernier  lieu ,  pour  dire  ,  FinalemenCj 
pour  contlufion.  Extremo  loco  ,  denique  ,  pojlremo-. 
On  dit  qu'un  homme  eft  aux  derniers  abois  ,  qu'il 
rend  le  dernier  foupir  :  pour  dire,  qu'il  agonife^ 
qu'on  lui  a  dit  le  dernier  adieu,  qu'on  lui  a  rendu 
les  derniers  devoirs  ,  quand  on  a  tait  fes  obféques, 

C'ejl  un  arrêt  du  Ciel ,  il  faut  que  l'homme  meure  ^ 
Tel  efi  fon  partage  &  fon  fort  ; 
Rien  n'ejl  plus  certain  que  fa  mort. 

Et  rien  plus  incertain  que  cette  detnière  heure. 

L'Abbé  Têtu. 

On  dit  aufli  au  jeu,  qu'un  homme  eft  le  dernier^ 
lorfqu'il  vient  de  quitter  la  main  ,  &i  que  tous  les 
autres  jouent  devant  lui. 

Dernier,  fe  dit  auffi  pour  marquer  le  temps.  Alors  le 
fubrtantif  fe  met  toujours  le  premier:  aulieu  que 
dans  les  autres  acceptions ,  l'adjectif  fe  met  ordinai- 
rement avant  le  fubllantif.  L'année  dernière  hit  fore 
fertile.  La  gazette  de  Samedi  dernier  portoic  telle 
chofe.  On  a  publié  certe  ferme  pour  la  dernière  fois. 
On  dit  aufli  ^  le  Jugement  o'e'V/'V/';  pour  dire,  le 
Jugement  final ,  qui  viendra  dans  les  der.ùers  temps; 
Je  ne  fuis  point  de  ceux  que  l'amour  de  l'annquué 
aveugle  ,  &  qui  s'imaginent  qu'on  n'a  point  def- 
prit  dans  ces  derniers  ficelés.  BouhOii  dit  auiii,dans 
les  Préhdiaux,  par  jugement  dernier-^  pour  dire. 
En  dernier  relfort  &  prélidialement. 

Dernier,  ledit  aufli  des  deux  extrémités  en  bien  &: 
en  mal  qui  fe  trouvent  dans  les  chofcs.  Le  feu  efl: 
chaud  au  dernier  degré  ,  au  fouverain  degré.  Il  eft 
difficile  d'acquérir  le  dernier  degré  de  perfc'^ion. 
C'eft  un  ouvrage  où  l'on  a  mis  la  dernière  mam, 
auquel  on  ne  doit  plus  toucher.  C'eft  un  homme 
qu'on  a  traité  avec  la  dernière  indignité.  Ce  Mar- 
quis eft  du  ^era^T  ridicule.  Cet  avare  eft  h  dernier 
des  hommes ,  Il  vit  d.ms  la  dernière  mifère.  Cela 
eft  du  dernier  Bourgeois-  Mot.  Ce  Marchand  veut 
vendre  fon  drap  vingt  livres  au  dernier  met  \  pouc 
dire,  il  n'en  veut  rien  rabattre. 

On  dit  de  Brutus  &  de  Callius  ,  que  c'éroient 
les  derniers  Romains  ,  \^%derniers  des  Romains  ,  pour 
dire  ,  que  c'étoient  les  derniers  qui  avoient  com- 
battu pour  la  liberté  de  la  République  Romaine. 

On  dit  avoir  les  dernières  f^aveurs  d'une  femme  , 
pour  dire  J  en  avoir  la  jouilfance.  Acad.  Fr. 

Dernier,  fe  dit  aufll  dans  les  jeux  de  paume,  de 
cette  divifion  de  la  galerie  qui  eft  la  plus  proche  des 
murs.  On  met  les  meilleurs  joueurs  au  dernier ,  pour 
garder  le  dernier.  Aperti  lateris  e.-*trema pars  &  muro 
proxima.  Ici  il  eft  pris  fubftantivemenr. 

Dernier,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes ,  il 

liij 


152.  D  E  R 

fit  comme  le  Roi  devant  Pavie  j  il  tita  jufqu'au  der- 
nier foLi.  On  dit  aulli ,  le  premier  au  bois ,  le  dernier 
à  l'eau.  On  du  aulli  d'un  opiniâtre  ,  qu'il  veut  tou- 
jours avoir  le  dernier  ^  pour  dire  ,  qu'il  veut  tou- 
jours être  le  dernier  à  répliquer,  ou  à  donner  quel- 
que coup.  Exprellion  tirée  de  certains  jeux  de  mains 
où  l'on  dit  avoir  le  dernier,  pour  dire  ,  être  tou- 
ché le  dernier.  Il  eft  encore  pris  fubllantivement 
dans  cette  ptirafe  ,  avoir  le  dernier. 

Ce  mot  vient  de  derrière ,  qu'on  a  tait  de  la  par- 
ticule de  ,  &c  à\s  mot  rièrc  j  vieux  François ,  qui  eft 
dérivé  de  recrb.  Mén. 

DERNIÈREMENT,  adv.  de  temps.  Depuis  peu  ,  il 
n'y  a  pas  long-temps.  Nuper.  Je  vis  dernièrement  uià 
de  vos  amis. 

DERNIS,  ouDERNiCH.  Ville  de  la  Dalmatie,  fituée 
fut  une  montagne ,  proche  de  la  rivière  de  Cicola  , 
avec  une  Fortereife. 

DEROBEMENT ,  f.  m.  Terme d'Architefture.  On  dit 
d'une  voûte  j  qu'elle  eft  faite  par  dérobement ,  ou 
avec  panneau  ,  qui  font  deux  manières  de  tailler 
les  pierres  pour  faire  les  arcs.  Le  dérobement  eft  la 
manière  de  tracer  les  pierres  par  des  figures  prifes 
fur  l'épure,  &  cottéespour  trouver  les  recordemens 
des  panneaux  de  tête  ,  de  joint ,  &c.  Tracer  par  dé- 
robement ^  c'eft  tracer  de  la  manière  qui  vient  d'être 
expliquée  ;  on  dit  aulîi  tracer  par  équiralfement  j  & 
alors  equirajjement  ôc  dérobement  fignitient  la  même 
manière  de  tracer. 

DEROBER.  V.  a.  Prendre  en  cachette  ce  qui  ne  nous 
appartient  pas,  ce  qui  appartient  à  zuuuï.  furarijj'ur- 
riperc ,  Jubripere.  Ce  qu'on  a  dérobé  eft  fujet  à  une 
perpétuelle  revendication.  f|ls  coupeurs  de  bourfe 
dérobent  fort  adroitement.  Les  valets  dérobent  leur 
maîtres. 

1^  Der.obep>  J  voler  ,  friponner,  fijouterj  ne  font 
fynonymes  que  par  l'idée  générale.  Dérober ,  pren- 
dre en  cachette  j  friponner  _,  prendre  par  finelfe  ^ 
filouter,  efcamoter  ,  prendre  avec  adrelle  &  fubti- 
lité.  Foler  ,  prendre  de  toutes  manières  ,  &  même 
de  force  ôc  avec  violence.  Le  larron  dérobe,  f^oy.  les 
autres  mots. 

Ce  mot  vient  de  rober ,  &  de  robe  ,  dérivés  de 
raupa.  Ménage,  ou  de  l'Allemand  rauhen ,  fur  le- 
quel l'Italien  a  formé  robare ,  &  l'Efpagnol  rubar. 
Guichart  le  dérive  de  l'Hébreu  rab,  qui  lîgnifie/'i//er, 
ravager.  Le  Moine  Bertrand  Reold  ,  qui  écrivoit  la 
vie  de  Sainte  Françoife ,  au  commencement  du 
XIV"^.  fiécle  ,  dit  locum  fanclum  derobare  pour  fpo- 
liare  ,  Acla  Sanclàt  Francifca  ,  c.  ^  j  §.  40.  Acia 
SanU.  April.  T.  III,  p.  391.B. 

DÉROBER,  fe  dit  en  chofes  fpirituelles  &  morales  j  & 
fignifie  ôter  aux  autres  ce  qui  leur  eft  dij,  s'appro- 
prier fécretement  ce  qui  leur  appartient.  Auferre  3 
fubtrahere.  Les  Auteurs  fe  dérobent  les  uns  aux  au- 
tres leurs  penfées  ,  lesMachiniftes  leurs  inventions. 
Alexandre  ne  voulut  pas  combatte  de  nuit ,  difant 
que  c'écoit  dérober  la  vidroire.  Il  ne  faut  pas  dérober 
la  gloire  qui  eft  due  aux  belles  adions.  Que  les 
reproches  que  vous  vous  étiez  attirés  ,  me  coûtent 
cher ,  &  qu'un  jour  de  votre  négligence  me,  dérobe 
de  tranfports.  Let.  Port.  Qu'il  faut  être  ennemi  de 
foimême  pour  fe  dérobernn  moment  de  bonnein- 
telligence  ,  quand  on  s'aime  comme  nous  nous  ai- 
mons '•  Ib. 

DÉROBER,  eft  quelquefois  fynonyme  à  fouftraire. 
Dérober  un  criminel  à  la  juftice,  à  la  colère  du  Prin- 
ce ,  à  la  fureur  du  peuple.  Dérober  une  chofe  aux 
yeux  ,  à  la  vue  de  quelqu'un.  Subtrahere.  Le  défit 
&  l'efpérance  nous  entraînent  vers  l'avenir  ,  &  nous 
dérobent  le  fentiment  du  préfent.  Mont. 

Sa  fuite  à  mes  foupirs  a  dérobé/o/z  coeur. 

Jl foupire  ,   &  connaît  en  ce  moment  fâcheux  , 
Que  le  rang  le  plus  haut  n'efi pas  le  plus  heureux  , 
Et  quedcfon  emploi  V attachement  extrême  , 
ie  donnant  au  public  le  dérobe  à  lui-même. 

NOUV.  CHOIX  DE   VERS. 


DE  R 

%fT  Dans  cette  acception  ,  on  dit  ,  en  termes 
de  guerre  ,  dérober  une  marche  ,  fouffler  une  mar- 
che ,  c'eft-à-dire ,  faire  une  marche  fans  que  l'ar- 
mée ennemie  s'en  foit  appcrçue.  On  dérobe  une 
marche  à  l'ennemi,  en  décampant  fans  qu'il  en 
fou  informé  j  ou  en  faifant  une  marche  forcée. 

§3"  Dans  le  difcours  familier,  on  dit  d'un  hom- 
me qu'il  dérobe  fa  marche,  quand  il  va  d'un  côté , 
quoiqu'il  ait  fait  entendre  qu'il  vouloir  aller  d'un 
autre. 

fC?  Et ,  dans  le  figuré,  un  homme  dérobe  fa  mar- 
che ,  quand  il  cache  les  moyens  dont  il  fe  fert  pouc 
arriver  à  fon  but. 
DÉROBER,  avec  le  pronom  perfonnel  j  fignifie  auffi  , 
s'échaper,  difparoître,  s'éloigner,  s'écarter ,  fe  fau- 
ver  de  quelque  lieu ,  fe  défendre  de  quelque  chofe , 
l'éviter.  Subducere  fe.  Par  un  bris  de  prifon  on  fe 
dérobe  aux  rigueurs  de  la  Juftice.  Une  Comète  fe 
dérobe  peu-à-peu  à  notre  vue,  s'en  éloigne,  difpa- 
roît.  Je  m'ennuyois  en  cette  affemblée,  je  m'en  fuis 
dérobé  fecrettement.  Les  contemplatifs  fe  dérobent 
à  la  vue  du  monde  pour  vivre  en  retraite.  Combien 
de  fois  votre  cœur  le  dérobant  tout-d'un-coup  à  lui- 
même  ,  s'eft-il  perdu  dans  des  imaginations  vaines 
&  frivoles .''  Fl.  La  pauvreté  eft  un  monture  ,  dont 
le  nom  feul  épouvante  \  pour  s'y  dérober  on  aban- 
donne la  partie  ,  on  paffe  les  mers.  Roy. 

Négligeant  fa  beauté,  dans  l'ombre  renfermée  ^ 
Elle  Je  déroboit  même  à  fa  renommée.  Rac. 

Se  DÉROBER  ,  pour  s'échapper,  6rc.  fe  joint  aufli  au 
nom  avec  la  particule  ife.  Quelques  précautions  qu'il 
prîr ,  il  ne  put  fe  dérober  d'eux.  Bouhours. 

IJ3"  On  du  fe  dérober  un  repas  ,  pour  dire,  s'abA 
tenir  d'un  repas  qu'on  a  accoutumé  de  faire,  trau" 
dare  ventrem. 
DÉROBER  LE  VENT, en  termes  de  Marine,  fe  ditlorf- 
qu'un  vailfeau  eft  au  vent  d'un  autre ,  &  qu'il  em- 
pêche cet  autre  vaiifeau  de  recevoir  le  vent  dans 
les  voiles.  Auram  captare  navis  alterius  detrimento. 

On  dit  en  Fauconnerie  ,  Dérober  les  fonnettes  , 
quand  l'oifeau  s'écarte  j  &s'en  va  fans  congé  de  fon 
maître  ,  &  lui  emporte  fes  fonnettes.  Avolare  3  au- 
jugere.  Ge  faucon  eft  bon  j  il  a  le  vol  roide  &  pointu 
mais  il  eft  dangereux  à  dérober  les  fonnettes  j  c'eft- 
à-dire  ,  il  eft  fujet  à  s'écarter. 

Se  dérober ,  en  termes  de  Manège  ,  fe  dit  d'un 
cheval  qui,  par  un  mouvemenr  irrégulier,  s'échappe 
de  dellous  le  Cavalier  en  le  furprenant.  Subducere 
fe.  On  dit  aulîi  qu'un  cheval  a  le  pied  dérobé ,  lorf- 
qu'il  manque  de  corne  jwur  le  ferrer ,  &  qu'elle 
s'eft  ufce  à  force  de  marcher  pieds  nus.  Nudatus 
ungulâ. 

On  dit  pifbverbialement  à  un  homme  qui  achette 
trop  cher  une  chofe  j  qu'il  ne  l'a  pas  dérobée ,  qu'il 
l'a  bien  payée  :  au  conrraire  ,  celui  qui  refufe  de 
la  donner  à  vil  prix  ,  dit  j  qu'il  faudroit  qu'il  l'eue 
dérobée. 

^fT  En  parlant  d'un  homme  qui  a  amaiïe  beau- 
coup de  bien  par  des  voies  légitimes,  mais  en  fe 
donnant  beaucoup  de  peine  ,  On  dit  que,  s'il  a  du 
bien  _,  il  ne  l'a  pas  dérobé, 
DÉROBÉ  J  ÉE.  parr. 

On  appelle  un  efcalier  dérobé ,  un  petit  efcaliec 
par  lequel  on  peur  s'échapper  fécretement  ,  &  à 
linfçu  des  autres.  ScaU  occulta. 

On  appelle  fèves  dérobées  j  celle  dont  on  a  ôté 
la  robe  ,  ou  la  première  peau.  Siliquis  fabafpo- 
liat&. 

On  dit  qu'un  homme  fait  une  chofe  à  fes  heu- 
res dérobées  ;  pour  dire ,  qu'il  prend  fur  fes  occu- 
pations ordinaires  le  temps  de  la  faire,  Ac.  Fr. 
DÉROBÉ.  Terme  de  danfe.  Un  pas  dérobé. 
^fT  Pied  dérobé.   F'ojei  Dérober  terme  de  Ma- 
nège. 
À  LA  DÉROBÉE.adv.  En  cachette,  &  à  la  hâte.  Clam^j, 
furtim  ,  clanculum.  Cet  Amant  ne  peut  voir  fa  Maî- 
treft'c  qu'à  la  dérobée.  Les  payfans  vont  chalfer  & 


DER 

pêcher  lliderohée,  la  nuir,  clandeftinemenr.  Li-I 
curgue ordonna  que  les  nouveaux  mariés  nefe  vilFenc 
qu'ii  /a  dirvbie  ,  arin    de  ménager  leur  ardeur     & 
d'empêcher  le  dégoût  qui  fuit  l'enrier  accompliVe- 
menc  ue  nos  deiirs.  Ablanc.  Nous  n'avons  p.xilé  de 
vous  i^wuiu  ilcrohee.  M.  Scud. 
DÉRo^i-x£i<. ,  ou  DEROgUER.  v.  a.  Terme  de  Fau- 
connerie, qui  le  dit  de  l'aigle  ou  des  grands  oiieaux 
qui,  pouriuivant  1^^  bêtes  à  quatre  pieds,  les  obli- 
gent de  fe  précipiter  de  la  pointe  des  rochers  pour 
éviter  de  tomber  dans  leurs  ferres.  Agcrc  de  rupe 
pntcip'uein.  De- là  vient  qu'on  a  dit  autrefois  ,  dcro- 
quer  un  homme,  pour  dire,  le  faire  tomber  j  & 
déroquer  une  maiibn  ,  pour  dire  l'abattre. 
DÉROCHER,  fe  ditauflide  l'or.  C'eften  ôter  la  craiïe. 
Aurum  purgare ,  auri  ïlluviem  ^Jqualorem  detergere.  Il 
faut  dérocher  cet  or.  Pomey. 
^  Dérocher  ,  fe  dit  aulîi  chez  les  Doreurs  des  autres 
métaux  j&  c'ell  décraller  avec  l'eau  forte  ceux  qu'on 
veut  dorer  d'or  moulu. 
^fT  Dérocher,  terme  d'Orfèvre  j  c'eft  faire  man- 
ger le  borax  vitrifié  le  long  des  parties  foudées  , 
en  les  mettant  quelque  temps  dans  le  blanchillèment. 
Encyc. 
DÉROGAT.  f.  m.  Terme  de  Relations.  ChartophUax. 
Le  Dérogat  du  Defiardar  eft  un   Officier  conlîdé- 
rable  en"  Perfe ,  il  eft  Garde  des  ilegiftres  Gêné 
raux  des  Finances ,  c'eft  le  troilième  Subftitut  de 
l'Etmadaulet ,  ou  du  premier  Miniftre. 
DÉROGATION,  f.  f.  Ade  contraire  à   un  précédant. 
Aéte  par  lequel  le  Souverain  déroge  à  une  loi ,  à 
un  édit  ,  &c.  ou  les  particuliers ,  à  un  contrat  qu'ils 
ont  fait.  Ûerogado.  Les  dérogations  en  termes  géné- 
raux ne  font  point  confidérées  en  Juftice  j  il  faut 
qu'elles  fe  falient  en  termes  fpécifiques  &  formels. 
\ii\Q  loi  nouvelle  emporte  dérogation  à  une  précé- 
dente. Un  fécond   teftament  eft  une  dérogation  du 
premier.  Ce  contrat  de  mariage  porte  une  claufe  de 
dérogation  à  un  tel  article  de  la  Coutume. 
|Ï3"  Dérogation  &  abrogation. /'lyq  leurs  différen- 
ces au  mot  Abrogation. 
DEROGATOIRE  ,  adj,  qui  fe  dit  d'une  claufe  qui  em- 
porté dérogarion.  Derogans.  Le  ftyle  de  la    Chan- 
cellerie Romaine  n'épargne  point  les  claufes  déroga- 
toires. Les  Bulles  portent  dérogation    aux   ftatuts  , 
privilèges,  &c.  &  aux  dérogatoires  des  dérogatoires. 
iCZt  On  z'Ç^s.Wt  dérogatoire  àQ%  dérogatoires  ,  une 
claufe  qui  déroge   à  des   dérogations  précédentes. 
Dans  cette  phrafe  dérogatoires  eft  employé  fubftan- 
tivement. 

En  matière  de  teftament,  on  appelle  claufe  déro- 
gatoire,  une  certaine  fentence  ,  chiffre  ,  ou  carac 
tère  fecret  ,  que  le  Teftateur  infère  dans  fon  tefta- 
ment ,&  dont  il  fe  réferve  à  luifeul  la  connoiffance, 
y  ajoutant  la  condition  ,  qu'il  ne  veut  pas  qu'aucun 
teftament  qu'il  pourroit  faire  enfuite  ,  puiffe  être 
valable  ,  fi  cette  claufe  dérogatoire  n'y  eft  expreffe- 
tnent  &  mot  à  mot  inférée.  C'eft  une  précaution 
que  les  Jutifconfultes  ont  trouvée  contre  les  tefta 
mens  faits  par  violence,  oupar  fuggeftion,  en  haine 
de  ceux  qui  fe  rendent  maîtres  de  la  perfonne  des 
agonifans ,  &  qui  en  extorquent  des  dilpofitions  à 
leur  avantage  ,  ou  par  adreftè  ,  ou  par  artifice  ,  ou 
par  quelque  autre  voie  illicite.  On  a  voulu  garan- 
tir les  mourans  des  importunités  de  ceux  qui   les 
oblcdentj  des  pièges  qu'on  leur  tend  ,  &  dépareil- 
les furprifes  qui  ne  font  que  trop  ordinaires.  L'ufage 
des  claufes  dérogatoires  a  été  abrogé  par  la  nouvelle 
Ordonnance  des  teftamens.  On  a  cru  qu'elles  gê- 
noient  la  liberté  de  tefter  \  que  c'étoit  impofer  une 
loi,  &   une  contrainte  à  la  volonté  du  Teftateur, 
&  affoiblir  fon  pouvoir  en  l'affujettiffant  à  une  for 
malité  inutile  ,  &  en  le  faifant  dépendre  de  la  fi- 
délité delà  mémoire.  Cependant  tous  les  Parle- 
mens  de  France  ont  approuvé  les  claufes  dérogatoires 
avec  ces  deux  reftriétions.  L'une ,  qu'il  fufïit  que 
le  Teftateur  en  révoquant  fon  teftament  faffe  rnen- 


non  de  la  claufe  dérogatoire  ,  fans  qu'il  foit  obligé 
d'en  fpécificr  les  termes.  L'autre, 


de  l'exprimer  ,  &  d'i 


U  E  R.  2,  f  4 

que  fi,  parie  premier  teftament,  un  étranger  eft  infti^ 
uu^  héritier,  cV  h  les  enfans  lefont  par  leteftamenÉ 
pofterieur,  oula  claufe  derogatotren\ii^o^xnv.^t^^^,ni 

DERO^EANCE.  f.f.  Terme  de  Droite  de  Coutu- 
mes. Aéte  qui  déroge.  Ade  contraire  i  quelque  di. 
gnite,.  a  quelque  privilège  dont  on  eft  déchu  ,  fui- 
vant  lesloix  du  pays.  Derogatm.W  ne  fe  dit  guère 
que  des  adions  contraires  à  la  profelîion  des  No- 
bles. Le  trafic  eft  une  dérogeance  à  Nobleffe.  Si  ua 
père  déroge  dans  un  degré  au-delà  de  celui  qui  fait 
la  tige  de  la  Nobleffe ,  on  foutient  que  la  déroceance 
du  père  ne  doit  pas  être  imputée  aux  enfins.  De 
LA  Roque. 

Elle  regarde  tout  ce  qni  n'a  pas  rapport  à  la  di- 
gnité de  Ion  extradtion,  commsnne  dérogeance  m^ 
jurieufe  a  fon  rang.  M.  Rousseau. 
DEROGEANT,  ante.  adj.  Ade  contraire  à  un  autre, 
qui  y  déroge.  Derogans.  Plufieuts  loix  du  Code 
^om  dérogeantes iYumQnUion.  Ce  contrat  feroic 
bon  ,  s  il  n  y  avoit  eu  depuis  pluheurs  ades  d'eVa- 
geans  qui  y  ont  donné  acieinte.  On  dit  encore, 
taire  un  ade  dérogeant  à  Nobleffe ,  quand  on  fait 
une  adion  indigne  de  la  Nobleffe  ,  comme  le  tra- 
hc  en  France  ,  la  manufadure  en  Italie. 
DEROGER,  v.  n. Faire  une  ade,  ou  une  difpofition 
contraire  a  une  loi  précédente  ,  ou  à  un  privilège* 
ou  a  un  contrat,  qui  lui  Ôte  fa  validité^  ou  qui 
labolit  en  tout,  ou  en  partie.  Derogare  alicul  reu 
Les  Princes,  dans  leurs  Edits  &  dans  leurs  Lettres, 
dérogent  à  toutes  les  loix  &  difpofitions  contraires, 
qui  eu  pourroient  empêcher  l'effet.  On  ne  peut  dé- 
roger au  droit  de  Patronage  ,  ni  au  droit  d'autrui. 
Ce  contrat  portoit  une  telle  claufe  ;  mais  les  par- 
ues y  ont  dérogé  par  des  ades  poftériems. 
^  DÉROGEuàlaloi,  c'eft  faire  des  conventions  con- 
traires a  ix  ddpoficion  ,  de  manière  qu'elles  la  fe- 
roient  ceffer,  fi  elles  avoient  leur  exécution. 

^  On  ne  peut  déroger  aux  loix  par  des  con- 
ventions particulières ,  quand  elles  érabliffent  un 
droit  public,  qui  concerne  plutôt  le  bien  de  tous 
les  citoyens  ,  que  lintérêt  des  particuliers.  PrjVaw- 
rum  pacliojurl  publlco  derogari  non  potefl. 

{Çy-^  Mais ,  quand  les  loix  n'ont  été  faites  qUe  pout 
lurp  cer  à  des  conventions  omifes  dins  les  contrats, 
on    y   peut  d'cfro^erpar  des  conventions  particulières. 
Il  ny  a  que  le  Prince  qui  puiffe  déroger ^nx  loix 
anciennes,  les  révoquer  expreffémentou  tacitement, 
en  faifiint  une  loi  nouvelle ,  &  dérogeant  à  toutes 
loix  contraires. 
Déroger  à  fon  droit,  à  fon  privilège,  c'eft  y  renon- 
cer par  une  aél:e  particulier.  Je  vqus  accorde  ce  quâ 
vous  mè demandez  ,  m3.\sÇxns  déroger ï   mes  droits* 
=p°  Déroger  à  nobleffe,  ou  fimplenient  danger  d- 
gmhe  faire  quelque   chofe  qui ,   félon  les   loix  du 
pays  ,    fait  déchoir  de  la  nobleffe.  Excl\ere  nuhill- 
tate.  Tenir  boutique,  piendre  des  terres  à   ferme 
&c.  c'eft  déroger \  nobleffe ^  ou   fimpicmentj  c'eft  " 
û'c'ro^er.  Quand  on  ^  dérogé ^  il  faut  des  lettres  de 
rchabihtarion.  Voyei  ce  mrt.!  es  fottesg<.-nsde  qua- 
lité auroient   bien  voulu  perfuader  que  c'croit  dé^ 
roger  à  nobleffe  ^^  que  d'avoir  de  l'efprit.  B.  Rab. 
DEROIDIR.  V.  a.  Oter  ,  diminuer  la  roideur.  Alkujus 
rei  rlgorem  mltjgare  ,  molllre.  Quand   le   linge  de 
la  leftive  eft  gelé  &  roide  ,  il  faut  l'approcher  du  feij 
pour   le  déroldlr.  Ce  mot  n'eft  point  en  ufage. 
DEROMPRE ,  vieux  v.  a.  Rompre.  Dlrumpere, 

SI  dérompoit  encorde  toutes patfs 

Ses  beaux  cheveux  fur  elle  tous  épars.  Marot, 

DÉROMpRE.y.  a.  Terme  de  Fauconnerie  ,  qui  fe  dit 
quand  l'oifeau  de  proie  fond  fur  un  autre  &,  de  fes 
cuiffes  &:  ferres,  lui  donne  un  coup  d  furieux  ,  qu'il      ' 
rompt  fon  vol,  l'étourdit ,  le  meurtrit  &  le  fait  tom- 
ber. Acclpltrem  mutHare  ,  contundere  ,  dejkere. 

On  dit  auflî  dans  le  grand  Art,  Dcrompre   pottÇ 
dlff'oudre. 

DÉROMPU,  us.  Vieux  part, 


%S4  E>  E  R 

DÉROQUER.  Foyei  Dérocher.  ^  î 

DEROS.  adj.  pi.  On  trouve  ce  mot  dans  le  vieux  lan- 
gage ,  pout  dire  ,  rompus.  Il  vient  de  rupcus,  comme 
ii  l'on  diloir  déroups.  On  a  du  auUi  doeroups. 
DEROTE.  Ville  de  la  balFe  Egypte  ,  au  couchant  du 
Nil ,  vers  la  pointe  du  Delta.  Dcrota  ,  autrefois 
Latona  3  Latons,  civitas.  Long.  49.   Latitude  30  d. 


DER 


40.  , 

§Cr  DEROUGIR.  V.  a.  Oter  la  rougeur.  Ruhcdlnem  ^ 
rubrum  colorem  abjlergere.  Son  vifage  étoit  tout  rou- 
ge de  la  petite  vérole  ,  mais  le  grand  air  l'a  de- 
rougi, 

IP"  DÉROUGIR.  T.  n.  Devenir  moins  rouge.  Son  nez 
bourgeonné  commence  à  dérougir. 

i^  Il  eft  auili  réciproque.  Cela  commence  à  fe 
dérougir.  Rubedinem  amiuere. 

DÉROUGI ,  lE.  part. 

DÉROLFILLER.  v.  a.  Oter  la  rouille  de  deffus  un  mé- 
tal. Ruhiginem.  abjlergere  ,  decergere.  On  dérouille  les 
épées  avec  de  l'huile  &  de  la  pierre  d'émeril.  Il 
eft  aulli  réciproque.  Le  fer  le  dérouille  à  force  de  le 
manier. 

DÉROUILLER  ,  fe  dit  figurément  de  refprit ,  pour  dire, 
façonner  ,  polir.  Expolire.  Les  Provinciaux  fe  dé- 
rouillent bientôt  à  Paris ,  à  la  Cour  ,  à  l'armée. 
L'air  du  grand  monde  lui  a  dérouillé  refprit  j  lui 
a  appris  à  vivre.  Expreiîion  du  ftyle  familier. 

DÉROUILLÉ  ,  ÉE.  part. 

DEROULEMENT,  f  m.  Terme  de  Géométrie.  Pro- 
dudbion  d'une  courbe  par  l'arrangement  des  rayons 
d'une  autre  courbe.  Les  déroulemens  de  ces  fpirales 
c'eft-à-dire  ,  les  courbes  qui  naîtroient  fi  les  rayons 
ou  ordonnées ,  qui  concourent  toutes  en  un  point , 
étoient  toutes  pofées  parallèlement  entre  elles  félon 
l'ordre  qu'elles  avoient ,  &  en  confervant  la  même 
grandeur.  Acad.  des  Se.  i-jo^.  Hifl.  p.  51. 

DÉROULER.  V.  a.  Etendre  une  chofe  qui  eft  roulée. 
Evolvere  ,  explicare.  Il  falloir  autrefois  dérouler  les 
livres  pour  les  lire  ^  car  ils  étoient  roulés.  Dérouler 
les  titres  d'un  tréfor  pour  en  faire  un  cartulaire. 

DEROULER.  Terme  de  Géométrie.  Former  une 
coube  par  le  moyen  d'une  autre  courbe  ,  &  de  fes 
rayons  différemment  pofés.  Dérouler  une  fpirale  , 
c  eft  ranger  les  rayons  d'une  fpirale  parallèlement 
fur  un  même  axe,  dans  le  même  ordre  qu'ils  avoient, 
&  trouver  la  courbe  qu'ils  formeront  étant  ainfi 
difpofés. 

DÉROULÉ  ,  ÉE.  part.  Evolutus ,  expllcams. 


IlfignifiefigLirément,  rompre  les  mefures  de  quel- 
qu  UH  ,  déranger  les  projets.  La  Mort  de  ce  pro- 
teéteur  m'a  déroute.  Je  ne  lais  plus  quel  parti  pren- 
dre 5  je  fuis  tout  dérouté. 
Il  fignifie  encore  déconcerter.  La  réprimande  qu'on 
lui  a  laite  l'a  dérouté. 
\  §3"  DÉROUTER,  pris  au  figuré  ,  n'eft  que  du  ftyle  fa- 
milier. 

$cr  Déroute  ,  ée.  part. 

DEROY.  i.  m.  Terme  des  Officiers  de  la  bouche  du 
Roi  ,  pour  fignifier  la  fomme  que  l'on  paie  par 
jour  à  la  mailon  où  font  logés  les  Officiers  quand 
le  Roi  fort  de  chez  lui.  (j)uand  la  Cour  marche  y 
on  donne  par  chaque  jour  à  la  maifon  ou  eft  logé 
le  gobelet  ,  3  liv.  à  celle  ou  eft  logée  la  cuifine- 
bouche  5  liv.  pour  la  cuiline  du  petit-commun  3  liv. 
pour  la  cuiline  du  grand  commun  3  liv.  Pour  le 
Pâiillier-bouche  io  tous;  pour  la  Panneterie-commuii 
20  fous  y  le  PâtiiUer-commun  20  fous  ,  la  Fruiterie 
20  fous ,  la  Fouriere  20  fous.  Ce  qu'on  appelle 
payer  \Qderoy  3  ou  le  débris  des  Offices.  i;^ar  ^e/ti 
France. 

DÉROYER.  V.  a.  Vieux  mot.  Dévoyer  ;  mettre  hors 
de  fa  xowit.  Déroyé  ^  qui  s'eit  égaré,  qui  a  perdu 
fa  route.  On  a  appelé  aulfi  les  fous  déroyés,  parce 
qu'ils  ne  fuivent  pas  les  chemins  accoutumés  j  & 
qu'ils  coûtent  par  les  champs.  Ce  mot  eft  compofé 
de  la  particule  de&c  de  roie ,  ornière,  fentier.  On 
a  dit  auiîi  Je  déroyer  j  pour  dire  fe  mettre  en  dé- 
route. 

DERPT.  Ville  capitale  du  Palatinat  de  Derpt  en  Li- 
vonie.  Derpatuni  ^Torpatum.  Elle  eft  fur  la  rivière 
d'Embeck  à  quelques  lieues  du  lieu  où  elle  fe  jette 
dans  le  lac  de  Peipis.  Elle  avoit  autrefois  un  Eve- 
ché  ,  quia  été  fupprimé ,  &  à  la  place  duquel  Guf- 
tave  Aldolphe,  Roi  de  Suéde  j  érigea  une  Uni- 
verfité  1  an  1631.  Long.  45  d.  10'.  Lat.  58  d.  10'. 
Le  Palatinat  de  Derpt ,  eft  une  contrée  de  l'Hf- 
tonie  en  Livonie.  Derpatenjïs  Palatinatus.  Ce  font 
les  Suédois  qui  lui  ont  donné  le  titre  de  Palatinat  , 
&  le  nom  de  Cercle  de  Derpt  qu'elle  porte  auilî. 

DERRAIN.  adj.  Dernier.  Vieux  mot.  On  a  dit  derraïriy 
derrenier  &  defrein. 

DERRIÈRE.  C  m. La  partie  poftérieured'un  animal  ,  la 
croupe  ,  parrie  qui  comprend  dans  l'homme  le  fon- 
dement &  les  felTes.  Tergum.  Un  Poftillon  eft  fujec 
à  s'écorcher  le  derrière.  hedev3.nt  de  ce  cheval  eft 
plus  beau  que  le  derrière ,  que  la  croupe. 


|Cr  DEROUTE,  f  f.  Fuite  &  délordre  général  d'une  Derrière  ,  fe  dit  aulfi  de  ce  qui  eft  plus  reculé  que 


armée  après  la  perte  d'une  bataille.  Fuji  exercitus. 
Jlrages  ,  dijfipatio.  C'eft  particulièrement  dans  la 
déroute  que  fe  fait  le  grand  carnage.  Mettre  en 
déroute.  Dans  cette  déroute ,  l'ennemi  perdit  fon  ba- 
gage. 
DÉROUTE  &  défaite  ne  doivent  pas  être  regardés  com- 
me fynonymes.  Une  armée  peut-être  battue,  (S: per- 
dre le   champ  de  bataille ,  fans  être  mife  en  dé- 


le  refte  de  quelque  chofe  ,  la  partie  poftérieure.  PoJ^ 
ticum ,  pojlica  pars.  Le  derrière  de  mon  logis  donne 
fur  la  rivière.  Les  écuries  font  bâties  fur  le  derrière 
de  la  maifon.  Le  derrière  d'un  habit ,  d'un  pour- 
point. Le  derrière  du  carioffe  eft  la  place  la  plus 
honorable.  Les  Peintres  appellent  le  derrière  d'un 
tableau  j  ce  qu'on  appelle  autrement  le  champ  ou 
'&fond. 


route.  Si  les  troupes  fe  retirent  en  bon  ordre  ,  elles   Derrière  ,  eft  fouvent  une  prépofition  relative  ,  ?<, 
font  retraite.  Si  les  bataillons  &  les  efcadrons  fefau-|      oppoféé  a  ce  qui  précède  &  marque  ce  qui  eft  après 

une  chofe  j  ou  une  perfonne.  La  prépofition  qui  lui 


vent  en  défordre  ,  c'eft  wwt  déroute.  FÎTy.  Défaite. 
Annibal  mit  quatre  fois  en  déroute  les  Romains. 
Dans  cette  déroute  il  a  perdu  fon  bagage.  A  peine 
le  Général  s'eft-il  fauve  de  cette  déroute. 
DÉROUTE  ,  fe  dit  figurément  du  défordre  des  affaires. 
Perturbatio.  Il  ne  faut  qu'un  créancier  rrop  pref- 
fant  pour  mettre  en  déroute  un  Marchand ,  &  lui 
faire  faire  banqueroute.  Les  François  ont  mis  en  dé- 
route toute  la  politique  d'Efpagne  5  pour  dire,  dé- 
concerter ,  rompre  les  mefures.  Une  objedlion  faite 
brufquement  met  quelquefois  un  Dodeur  en  dé- 
route, le  trouble  &  l'interdit,  le  met  hors  d'état  de 
répondre. 

Et  par  tout  fur  le  Vhal  ^  ainjlque  Jur  le  Leck , 
Le  vers  ejien  déroute;  &  le  Pacte  à  fec.  Boil. 

DÉROUTER.  V.  a.  Tirer  quelqu'un  de  fa  route  , 
de  fon  chemin.  Nous  étions  dans  le  bon  chemin  , 
on  nous  a  déroutés.  De  via  abducere ,  d^ducere. 


eft  oppofée  eft  devant  \  derrière  un  buillon  ,  derrière 
un  arbre  ,  &c.  dans  un  fens  qui  a  quelque  chofe 
de  Métaphorique  ,  parce  que  ces  chofes-là  n'ont 
point  de  côté ,  ou  de  partie  de  devant ,  ou  de  der- 
rièrs.  Pojl ,  rétro.  Le  Curé,  à  la  proceffion,  marche 
derrière  rouî  fon  Clergé  ,  le  peuple  fuit  derrière. 
Cette  armée  a  été  attaquée  par  le  flanc  &  par  û'er- 
rière.  Il  combattoit  derrière  un  parapet ,  un  retran- 
chement. Il  a  lailfé  derrière  fon  train  ,  fon  bagage. 
Un  bon  Capitaine  ne  doit  point  lailîer  de  place 
forte  ,  ni  d'armée  derrière  lui.  Les  traîtres  frappent 
leur  ennemi  par  derrière. 

Ce  mot  vient  du  Lann  retro.Dv  Cange. 

On  dit,  figurément,  d'un  excellent  homme  ,  d'un 
bon  Auteur,  qu'il  a  lailfé  rous  les  autres  derrière 
lui  ;  pour  dire  qu'il  s'eft  bien  élevé  au-delfus  d'eux. 
Corneille  s'eft  élevé  au-delTus  des  autres  Poètes  , 
&  les  a  lailfés  bien  loin  derrière  lui.  Font.  _ 

§3*  On  dit  en  Morale  qu'il  ne  faut  point  regar- 


t)  ER 

der  derrière  foi  ;  pour  dire,  que  quand  on  a  bien 
commencé,  il  tauc  continuer,  toujours  avancer. 
Derrière  ,  fedit  proverbialement  en  ces  phrales.  On 
dit  qu'un  homme  a  montré  [on  derrière  -^  pour  dire 
qu'il  n'a  pu  tenir  les  chofes  qu'il  s'étoit  vanté  de 
faire  ,  ou  qu'il  a  pris  la  fuite.  On  dit  aulli ,  aller  au- 
devant  par  derrière  -,  pour  dire  ,  prévenir  adroite- 
ment que^iue  difgr.àce  ,  Se  y  remédier  ;  ou  bien  fe 
préparer  quelque  avantage  par  quelque  précaution. 
On  dit  aulii  d  un  homme  rufé,  d  un  chicaneur, qu'il 
a  toujours  une  porte  de  derrière  ;  pour  dire  ;  qu  il  a 
dans  l'efpru  quelque  rufe  ,  fuite  ou  échapatoiie  , 
pour  s'exempter  de  tenir  ce  qu'il  promet.  On  dit  aulIi, 
qu'on  a  mis  une  chofe  fens  devant  derrière  ;  pour 
dire  qu'on  a  renverfé  Tordre  &:  la  difpolition.  On 
dit  encore ,  qu'un  homme  fait  rage  des  pieds  de 
derrière-,  pour  dire  qu'il  hiit  tous  iss  efforts,  qu'il 
mec  tout  en  ufage  pour  réulfir.  On  dit , 

A  pajfage  &  à  rivière  j 

Laquais  devant ,  Maître  derrière. 

j^  Derrière.  Terme  de  vénerie,  dont  on  fe  fert 
quand  on  veut  arrêter  un  chien ,  &  le  faire  demeu- 
rer derrière  f  >i. 

DERS.  f.  m.  Vieux  mot.  Ciel  ou  dais  tendu  fur  la  ta- 
ble du  Roi.  On  a  dit  aulïï  Derfdet ,  pour  fignifier  la 
même  chofe. 

DERSOVV.  l^oye:^  DIRSCHOW. 

DÉRU.  f  ni.  Vieux  mot,  qu'on  a  dit  pour  lignifier  un 
Chêne.  Il  vient  du  Grec  ^"f  ;  qui  veut  dire  la  même 
chofe. 

DERVU,  ÉE.  adj.  Vieux  mot.  Fou,  fer,  imperti- 
nent. On  a  dit  aufll  derver  ;  pour  dire ,  devenir 
fou  ,  du  Latin  dcviare,  fe  dévoyer  ,  &  derverie  ,^o\ix: 
folie. 

DERVICHE,  f.  f.  C'eft  une  forte  de  danfe.  Danfer  la 
Derviche. 

DER  VIS ,  ou  DERVICHE.  Religieux  Turc.  Religio- 
Jîoris  inter  Mj-hometanos  injlituti  cuUor,  Efpèce  de 
Moines  qui  font  profelîion  de  pauvreté  &  mènent 
uue  vie  fort  auftère. 

Les  Dervis  qu'on  appellent  autrement  Mévéla- 
vites  ,  font  une  efpèce  de  Religieux  Mahomctans  , 
dont  le  chef  ou  le  fondateur  fut  un  nommé  Mévé- 
lava  :  ils  font  fort  nombreux.  Leur  premier  Monaf- 
tère  efl:  celui  qui  ell:  proche  de  Coi^ni  en  Natolie  ; 
c'eft-là  que  le  Général  fait  fa  réddence,  &  que  fe 
tiennent  les  alTemblées  générales  de  cet  Ordre,  dont 
toutes  les  maifons  dépendent  de  Cogni.  C'eft  Ot- 
toman I.  qui  a  donné  ce  privilège  à  ce  Monaftère. 
Les  Dervis  fe  piquent  d'une  ^ande  modellie ,  de 
patience,  d'humilité  même,  ôc  de  charité.  Ils  vont 
toujours  les  jambes  nues ,  &  l'eftomac  découvert , 
ils  fe  brûlent  fouvent  le  corps  avec  un  fer  chaud 
pour  s'exercer  à  la  patience.  Ils  jeûnent  tous  les  jeu- 
dis _,  ne  mangeant  ces  jours-là  qu'après  le  foleil  cou- 
ché. Tous  les  mardis  &  les  vendredis  ils  liennenr 
des  alTemblées ,  auxquelles  les  fupérieur  de  chaqui 
maifon  préfide.  L'un  d'eux  joue  de  la  flûte  ,  &  fou- 
les autres  danfent ,  en  tournant  en  rond  avec  le 
plus  de  vîtelfe  qu'il  leur  eft  polfible.  L'accoutumance 
qu'ils  ont  à  cet  exercice  dès  leur  jeunelfe,  fait  qu'il 
né  les  étourdit  point.  Ils  obfervent  cette  pratique 
avec  beaucoup  d'exaétitude  ,  &  de  Religion ,  en 
mémoire  de  ce  que  Mévélava  leur  Patriarche  tourna 
ainfi  miraculeufement  pendant  quatre  jouis  ,  fans 
rien  prendre,  pendant  que  fon  compagnon  Hamfé 
jouoit  de  la  flûte  -,  après  quoi  il  tomba  en  extafe  , 
&  reçut  des  révélations  admirables  pour  rétablilfe- 
ment  de  fon  Ordre.  Ils  croient  que  la  flûte  elt  un 
inftrument  confacré  par  Jacob  &  les  Bergers  de  l'an- 
cien Teftament ,  parce  qu'ils  chantoient  les  louanges 
de  Dieu  fur  la  flûte.  Les  Dervis  font  profeflion  de 
pratiquer  la  pauvreté  ,  la  chafteté  &  robéiifance,  & 
la  gardent  en  effet  tandis  qu'ils  reftent  i?erv«  ^  mais, 
s'ils  veulent  fortirpourfe  marier,  on  le  leur  per- 
met fans  difficulté.  La  plupart  font  de  grands  chir- 

,     latans  \  les  uns  s'exercent  à  faire  des  tours  de  paile- 


DÉ  il  ijî 

palTe  ,  pour  amuler  le  peuple  j  d'autres  donnent 
dans  la  ioicellerie  &  dans  la  magie.  Tous,  contre 
le  précepte  de  Mahomet ,  boivent  beaucoup  de 
vin,  d  eau-de  vie  ,  &  d'autres  liqueurs  qui  eni- 
vrent pour  fe  donner  la  gaieté  que  demande  leuc 
Ordre.   * 

Outre  leur  chef  Mévélava ,  il  y  a  des  Monaf- 
tère  qui  ont  des  efpèces  de  Saints  particuliers  qu'ils 
honorent.  Tel  ell  le  Kederle  ou  Chederles ,  honoré 
dans  un  Monaftère  d  Egypte  ,  &  que  quelques-uns 
prétendent  être  S.  Georges,  dont  le  culte  eft  (i  ré- 
pandu dans  l'Orient,  &:  que  d'autres  plus  probable- 
ment prennent  pour  le  Prophète  Elie,  que  les  Ara- 
bes nomment  aind.  Les  Dervis  font  grands  coureurs 
&,  fous  prétexte  de  prçrlier  l'avancement  de  leur  foi, 
ils  vont  continuellement  d'un  lieu  en  un  autre  ;  ce 
qui  fait  qu'on  stn  fert  fouvent  poiù   -ipions. 

Quelques-uns  nous  ont  voulu  décrite  la  façon  de 
vivre  des  Derviches  comme  fort  barbare  &;  fort  fau- 
vage  ;  je  ne  fais  h  cela  a  été  vrai  autrefois ,  mais 
aujourd'hui  ce  font  les  plus  polis  dans  la  conver- 
lation  de  tous  les  Turcs.  Hazréti-Meulana  quitta 
fon  Royaume  de  Cogna  pour  en  inftituer  l'Ordre  i 
d'où  vient  qu'on  les  appelle  Meuleri  3  du  nom  dé 
leur  Fondateur.  Ils  ne  font  pas  revêtus  de  peau  de 
mouton  ,  comme  on  dit  qu'ils  étoient  autrefois.  Leur 
habit  ordinaire  eft  une  vefte  de  bure  ,  ouverte  au 
fein ,  qui  leur  vient  jufqu'aux  genoux  :  celle  qui 
leur  fert  de  manteau  eft  prefque  toujours  blanche  : 
ils  ont  un  bonnet  de  poil  de  chameau ,  qui  eft 
fait  à  peu  près  comme  nos  bonnets  de  nuit  ,  &  quel- 
ques-uns les  enveloppent  en  bas  par  deux  Ou  trois 
tours  de  ferge  de  même  étoffe  &  de  la  même  cou- 
leur ,  pour  faire  une  efpèce  de  petit  turban.  Les 
plus  aurtères  ne  portent  point  de  chemifes.  Ils  ont 
les  jambes  nues  j  plufieurs  ont  les  fourcils  &  les 
paupières  peintes  de  furme ,  qui  eft  une  couleur 
noirâtre.  Ils  font  tous  fort  propres ,  ont  la  barbe 
bien  peignée  ,  &  je  ne  fais  fi  en  cela  ils  veulent  imi- 
ter Platon  ,  de  qui  ils  fe  dilent  les  difciples  ea 
leur  philofophie  ,  parce  que  le  premier  principe 
en  eft  l'amour.  Quelques-uns  les  accufent  de  Varce 
fottile.  Je  ne  voudrois  pas  les  en  abfoudre  tous , 
quoiqu'ils  témoignent  en  abhorrer  l'abominable 
pratique  ,  ni  croire  qu'ils  en  foient  tous  coupables, 
quoiqu'il  n'y  ait,  dans  leur  aveu  &  dans  leurs  vers 
que  trop  de  raifons  de  les  en  foupçonner.  Ils  fe  dé- 
raillent &  feftigmatilent  lâchait  pour  l'objtt  de  leur 
paftion ,  mais  ce  n'eft  pas  avec  cette  inhumanité  que 
quelques-uns  ont  figurée  :  ils  fe  contentent  de  le  faire 
légèrement  fur  les  bras,  fur  la  poitrine  &  particu- 
lièrement fur  le  cœur ,  &  de  brûler  ces  parties  eri 
y  appliquant  des  bougies  ardentes. 

Ils  ont  quelques  pratiques  de  dévotion  qui  fefonii 
publiquement ,  &  avec  beaucoup  demodeltie,  quoi- 
qu'elles foient  fort  ridicules. Deux  fois  la  femame,an 
des  leurs  fait  une  prédication  dans  leur  Couvent , 
&  les  femmes  qui  par-tout  ailleurs  n'ont  point  d'en- 
trée aux  lieux  où  font  les  hommes,  y  alliftent  par 
un  privilège  particulier.  Celui  qui  prêche  prend  pouf 
texte  quelque  verfet  de  l'Alcoran  ,  &  je  vous  allure 
que  les  plus  dévots  Chrétiens  pourroient  profiter 
delà  morale  de  fon  fermon.  Cependant  les  Dervi- 
ches font  renfermées  dans  une  baluftrade  pour  n'ê- 
tre pas  importunés  de  la  foule  des  alliftans ,  &pour 
n'être  pas  troublés  dans  l'exercice  de  leur  Ordre.  Là 
prédication  étant  finie  ,  les  Chantres  qui  font  dans 
une  galerie,  comme  font  ici  les  orgues  dans  nos 
Eglifes ,  accordant  leurs  voix  avec  des  flûtes,  qui, 
pour  être  merveilleufement  harmonieufes  ,font  dé- 
fendues à  toute  autre  forte  d'ufage  ,  commencenc 
une  hymne, à  la  cadence  du  tambour  de  Bifcaye; 
Durant  le  premier  verfet  de  cette  hymne  tous  \cs 
Derviches  font  dans  une  pofture  fort  dévore  ,  aftis 
fur  les  talons,  les  bras  croifés,  &  la  tête  baiifée. 
Le  Supérieur  qui  eft  dans  le  Québle  ,  orné  d'nne 
étole  de  poil  de  chameau  ,  frappe  Aes  mains  aufii- 
tôt  que  le  fécond  comrtience  ,  &  zo\.\'i\c^ Derviches 
s'étant  incontinent  levés  ,  le  plus  proche  de  luipaf- 


i,6  D  ER     D  ES  DES 

fane  devant  le  Lûixt  avec  une  protonde  inclination  i  Des.  Quand  ce  mot  eft  écrit  fans  accent ,  c  ert:  un  ar- 
A^  u'te..   &  fe  met  a  tourner  pirouettant  petit  à  pe-       tiale  pluriel  qui  iert  à  déligner  plulieurs  cas.  Il  elt 

ou  article  déhni,  ou  indétini.  Quand  il  eft  article 


de  tète ,  &c  fe  met  a  tourner  pirouettant  petit  a  pe 
tit  d'un  mouvement  fi  vite ,  qu'à  peine  peut-on 
s'en  appercevoir  j  celui  qui  fuit  en  tau  autant ,  & 
ainfi  tous  les  autres,qui  font  trente  ou  quarante.Cette 
danfe  circulaire  ayant  duré  quelquefois  plus  d'un 
demi-quart  d  heure  dans  fon  plus  rapide  mouve- 
ment, ceiTe  tout-d'un-coup  au  même  lignai  qu'elle 
a  commencé.  6c  les  Derviches, commQ  s'ils  n  avoient 
bougé  de  la  place  où  ils  fe  trouvent ,  le  remettent 
aifis  en  leur  première  pofture  ,  jufqu'à  ce  que  leur 
Supérieur  les  fafle  encore  recommencer.  Ainfi  cette 
danfe  continue  quelquefois  un  heure  &  plus  à  quatre 
ou  cinq  reprîtes ,  dont  les  dernières  durent  toujours 
plus  lon'5-temps ,  parce  que  \cs  Derviches  fontplus 
en  haleine  &  plus  en  branle  pour  tourner,  étant 
vêtus  fort  à  propos  pour  ce  fujet  dune  eipèce  dc 
jupon  volant ,  taillé  en  rocid  comme  les  chémifettes 
des  femmes  en  France.  Du  Loir,  149    157. 

Les  Supérieurs  de  ces  Derviches  ont  toujours  ete 
en  très- grande  vénération  jufques  à  Sultan  Mourai 
dernier  mort ,  qui ,  contre  l'ordre  de  fes  prédécef- 
feurs  ,  qui  n'entreprenoient  jamais  de  voyage  pou 
la  guerre  fans  leur  en  demander  congé  ,  témoigna 
fort  peu  fe  foncier  de  cette  cérémonie.  Ils  ont  unt 
maifon  à  Péra ,  &  une  autre  fur  le  Bofphore  ei 
Europe  i  mais  celle  qu'ils  ont  en  Natolie  ,  étant  k 
lieu  de  leur  première  fondation ,  eft  la  principal; 
Le  tombeau  de  Hazréti  Meulana  y  eft  j  &  ils  ) 
tiennent  leur  chapitre  général.  Id./j.  158  ,  159.  Li 
même  Auteur  écrit  aulîi  Dervis  ,  /?.  1 8  5.  ^ 

Il  y  a  auiîi  en  Perfe  des  Derviches  qu'on  appellt 
dins   le   pays    Ahdals  ,  c'eft-à-dire ,  Serviteurs   ^c 
Dieu.  Ils  mènent  une  vie  pauvre  &  auftère  :  ils  prè 
chent  l'Alcoran  dans   les  rues,  dans  les    cafés,  & 
par  tout  où  ils  trouvent  des  Auditeurs.  Les  Dervi 
ches  en  Perfe  ne  débitent  que  des  fables  au  peuple, 
&  font  fort  mêprifés  des  gens  d'efprit.  Koy.  Sanlon 
Etat  préfcnt  du  Royaume  de  Perfe. 

Que  déjlgnai-je  à  votre  avis  , 
Par  ce  rat  fi  peu  fécourable? 
Un  Moine  ?  Non ,  c'efi  un  Dervis  : 
Jefuppofe  qu'un  Moine  efi  toujours  ckaritahle. 

La  Font. 


Ce  mot  eft  Perfien  &  &  Turc  \  -ii^'m  fignifie  un 
pauvre  ,  un  gueux  qui  n'a  rien  ^  &  ,  parce  que  les 
Religieux  ,  &  en  particulier  les  fed.iteursne  Mévé- 
lavaTont  profeflîon  de  ne  rien  polféder  ,  on  appelle 
en-  général  les  Religieux  ,  &  en  particulier  les 
Mévélavites  ,  Dervis.  Selon  l'étimologie  Dervis  eft 
mieux  ,  parce  que  la  dernière  lettre  eft  un  Si  ou 
Schin  ,  c'eft-  à- dire,  une  S  Turque  ,  Perfienne  ,  ou 
Arabe  j  mais  Derviche  eft  mieux  ,  eu  égard  à  la  pro- 
nonciation ,  parce  que  ce  Schin  ou  S  ,  en  ces  lan- 
gues fe  prononce  comme  ch  en  François  dans  hache, 
tache.  Foyc^im  les  Derviches  la  Bibliothèque  Orien- 
tale de  d'Herbclot.  Les  Turcs  ont  emprunté  ce  nom 
des  Perfiens. 

DES. 

DÈS.  Prépofition  de  temps  &  de  lieu  ,  &  qui  en  mar- 
que le  commencement ,  /^  ,  ab  ,  e  ,  ex.  Il  faut  par- 
tir demain  dès  le  matin.  On  l'attend  dès  midi.  Ce 
garçon  eft  fagei/c-.?  fa  jeuneffe.  Dè.f-à-préfent  comme 
dès'-\oxs  ,  &CC.  Le  Loiret  porte  bateaux  dès  fa  fource. 
Cet  arbre  porte  îles  branches  dès  fa  racine.  Il  eft 
tombé  malade  t/^J  Lyon  j  pour  dire,    à  Lyon. 

Dis  ,  eft  auffi  une  conjondion  ,  lorfqu'il  eft  joint 
avec  un  que.  S'mul  ut,  fimul  ac  ,  fiacim  atque.  Dès 
que  ce  vallfeau  fut  parti  du  port  ,  la  tempête  l'ac- 
cueillit. Dès  que  j'ai  fu  l'affront  j  j'ai  prévu  la  ven- 
geance. 

1^  Dis,  joint  avec  que  ,  fe  prend  quelque  fois 
pour  puifque.  Z?èj  ^«e  vous  en  tombez  d'accord  j 
je  n'ai  plus  rien  à  dire. 

f)C?  Dis-LA.  Foyei  La. 


détînt,  il  eft  ou  au  génitif,  comme  dans  ces  exem- 
ples l'étude  des  belles  lettres,  la  pratique  des  vertus 
chrétiennes  ;  ou   à  l'ablatif  comme  dans  ceux  ci  j 
c'eft  un  homme  comblé  des  biens  de  ce  monde  \  ce 
Prédicateur  nous  a  tort  entretenu  des  joies  du  Pa-' 
radis.  Mais  quand  des  eft  article  indéfini  j  il  nous 
défigne  ou  le  nominatif,  ou  l'accufatif.  Le  nomina- 
tif, comme  lorfqu'on  dit  ce  font  des  hommes ,  ce 
font  des  femmes  ,  il  y  a  des  fleurs  ,  il  ya  des  fruits. 
Et  l'accufatif,  comme  lorfqu'on  dit  j'ai  vu  des  cho- 
fes  dignes  dr^-imiration  ,  j'ai  mangé  des  fruits  excel- 
lens  ,  noui  tuâmes  des  perdreaux  j  des  cailles ,  des 
beccalîines.  Des  &c  de  paroiffent  également  bons  en 
certaines  occafions  3  par  exemple  ,  une  lettre  pleine 
démarques  ,  ou  des  marques  de  fon  amitié  :  plu- 
lieurs perlonnes  mettent  indifféremment  l'un  ou  l'au- 
tre, mais  ils  fe  trompent  ;  il  faut  mettre  de  quand  la 
chofedont  on  parle  eft  indéterminée  ,  &  ^m  quand 
elle  eft  déterminée  ,ainli  il  faut  dire,  une  lettre 
pleine  de  marques  d'amitié  ,  un  livre  plein  de  bons 
mots ,  &  une  lettre  pleine  des  marques  de  fon  ami- 
tié ,  un  livre  plein  des  bons  mots  de  Lucien  ;  les 
motsyù/2  &  Lucien  déterminent  la  chofe  dont  il  eft 
parle. 
"tT  Des,   eft  audi  partitif ,  &  s'emploie  par  éllipfe. 
Il  y  a  des  hermines  qui... .  c'eft-à-dire,  il  y  a  quel- 
ques hommes  qui 

tfT  Quand  des  eft  employé  dans  le  feiis  partitif, 
&  que  le  fubftantif  eft  précédé  d'un  adjeétit ,  on  ne 
dit  pas  des  ,  mais  de.  Ainfi  il  faut  dire  de  favans  Au- 
teursj  (f'excellens  fruits,  quoiqu'on  dife  des  Auteurs 
favans ,  des  fruits  excellens.  Ac.  Fr. 
Des  eft  aulli  une  prépofition  inféparable  de  plufieurs 
mots  François  j  auxquels  elle  donne  une  (ignifica- 
tion  contraire  à  celle  qu'ils  ont  étant  (impies  ,  com- 
me défavantage  ,    déshériter ,  défobeir  j  &c.  elle  a 
le  même  eftet  dans  les  mots  où  elle  eft  devant  une 
confonncj  &  dans  lefquels  plufieursn'écrivent  point 
Ys ,  &  perfonne  ne  la  prononce  ,  comme  dcfioyal , 
def garnir ,  defdire ,  &c. 
DÉSABUSEMENT.  f.  m.  L'aétion  de  défabufer ,  de 
ramener  quelqu'un  de  fon  erreur ,  ou  l'effet  de  cette 
adion.  Revocacio  ah  errore.  Il  y  a  des  erreurs  agréa- 
bles ,    qui  valent  mieux  que  ce  qu'on  appeleroic 
défabufemenc  ,    fi    ce  mot  ,  qu'un    de    nos  meil  - 
leurs  Ecrivains   a  hazatdé  ,  avoir  fait  fortune.  B. 
Rab. 

§CF  Ce  mot  que  l'on  regardoit  alors  comme  ba- 
zardé, &  delà  foftune  duquel  on  paroiffoit  douter, 
eft  devenu  terme  ufuel. 
DÉSABUSER.  V.  a.  Détromper  quelqu'un  d'une  fauffe 
croyance,  le  tirer  de  l'erreur.  Aïiqucm  ab  errore  re- 
vocare  ,   alicui  errorem  eripere  ,  detrahere.  Les  peu- 
ples ont  été  défahufés  de  l'idolâtrie  par  les  prédica- 
tions Apoftoliques.   On  n'eft  jamais  bien   défabufé 
des  préjugés  ,  &c  des  premières  imprefîions  de  la  jeu- 
neffe. Quoiqu'on  n'aime  pas  à  être  trompé  ,  on  n'ai- 
me pourtant  pas  à  être  défabufé.  Ch.  de  Mer.  Il  y  a 
des  erreurs  dont  il  feroit  fâcheux  que  le  peuple  fùc 
défabufé.  S.  EvR.  On  y   joint  auffi  le  pronom  per- 
fonnel ,  &  pour  lors   il  lignifie  fe  détromper  foi- 
même,  quitter  fon  erreur.  Errorem  deponere  ,  de- 
pellere.  Défabufe^-vo\.\s  d'une  opinion  fi  dangereufe. 
.Te  n'approuve  point  la  dévotion  précipitée  de  cesper- 
fonnes  ,  qui  ne  fe  défahufent  du  monde  que  par  les 
chagrins  qu'on  leur  donne,  &:  les  difgraces  qui  leur 
arrivent.  FlÉch.  Souvenez-vous  que  mon  cœur  char- 
mé de  vos  grandes  aélions  fe  defabuferoit ,  s'il  vous 
en  échappoit  quelqu'une  indigne  de  vous  &  de  moi. 

ViLL. 

DÉÉABUSÉ,  i.t..\fxn.  Ab  errore  depulfus ,  ereptus  ,revo' 
catus  J,  avulfus.  Mon  Dieu  !  que  cet  homme  paroîtra 
haïffable  à  des  yeux  défahufés. 

DÉSACCORD,  f.  m.  Défunion  des  efprits  &  des  fen- 
timens.  Aveugle  j  qui  ne  voit  pas  qu'oppofer  au  con- 
cert de  tous  les  fiécles  le  défaccord  d'une  poignée 

d'Epicuriens , 


DES  DES  %sS, 

d'Epicuriens ,  c'eft  compter  fur  des  fufFrages  qui  fant^     dcgrcer.  Felis  &  injlmmencis  nudaré  j,  fpolidre. 
honte  à  la  laifon.  Le  P.  De  Laubrussel.  Ce  mot  ""^  "^-   '-    ^'^  " 

n'eft  pas  reçu  par  l'ulage. 
DÉSACCORDER,  v.  a.  Rompre  ,  détruire  l'accord  dés 
cordes  d'un  mllrument  de  Mulîque.  Concentum  dif- 
folvere  j   d'i/iurbare.  Il  ne  fe  dit  que  des  mlVumens 
de  Mufiqiie  qui  étoient  d'accord  j  &  dont  on  lâche 


«P°  On  le  dit  encore  d'un  vailFeau  défarmé  55 

dont  les  mâts  n'ont  plus  de  manœuvres  j  &,en  ce  fens, 

on  à\i  dégréer  ou  difagncr  un  vaiireau  j  pour  due , 

ôter  les  manœuvres  ,  pour  les  vifuer  ou  pour  leg 

en  magailn.  Navim  injcruciu  fuo  nudare. 

DÉsAGREÉ  j  ÉE.  patr. 

ou  dont  on  ferre  trop  les  cordes.  Ce  luth  ,  cette  gui-  DESAGREMENT,  f.  m.Ce  qui  n'agrée  pas.quidéplaîtj 

tarre  font  déj accord: s  ,   il  les  faut  accorder  de  nou-        fujet  de  chagrin  ,  ào.àié.'gowi.Inju.cunduas^  moiejda. 

Il  n'y  a  point  de  condition  en  ce  mondequi  n'ait 
iQ%deJagrcmensS?omc\wo\  m'avez- vous  fait  connoitre 


veau.  Examinons  prélentement  de  quelle  manière 
ce  grand  génie  fe  fert  de  la  lyre  qu'Homcre  lui  a 
lailleej  on  avouera  qu'elle  s'eft;  bien  de/accordc'eenu^ 
{es  mains.  M.  Dacier. 

DÉSACCORDÉ  ,  ÉE.  part. 

DESACCOUPLER,  v.  a.  Détacher  des  animaux  qui 
étoient  attachés  ,  ou  accouplés  enfem'ole.  Il  faut 
difdccoupUr  ces  bœufs,  les  détacher  de  la  charrue. 
On  dit  aulîi  j  dcfaccoupler  j  ou  plus  ordinairement 
dicoupler  les  chiens ,  quand  on  les  lâche  après  le 
gibier.  Copulam  eximere  canibus  j  caries  abjungere. 

ywT  Desaccouplé  ,  ée.  part. 

DESACCOUTUMANCE,  f.  f.  Ce  mot  fe  trouve 
non -feulement  dans  Nicot ,  mais  aulli  dans  Po- 
mey  ,  pour  fignifier  la  perte  de  quelque  coutume  , 
de  quelque  habitude.  Defuetudo.  Il  eft  vieux  &  hors 
d'ulage. 

DÉSACCOUTUMER,  v.  a.  Faire  perdre  l'habitude  , 
faire  qu'une  perfonne  perde  la  coutume  de  quel- 
que chofe.  Aliqucm  ab  alicujus  rei  faciendA  con- 
Juetudiné  abducere ,  abJlrahere.W  fa.az  ddjaccjucamer 
les  jeunes  gens  de  jouer  ,  d'aller  au  cabaret. 

DÉsAccouryMER,  avec  le  pronom  perfonnel ,  ligni- 
fie J  fe  défaire  d'une  habitude.  Dejuefccre.  Quand 
on  s'accoutume  i  fe  palfer  de  fes  amis  ,  c'eft  qu'on 


l'imperfedion  &  le  défagrément  d'un  amour  qui  de- 
vroit  durer  éternellement  ?  Lett.  Portug.  Le  Père 
Bûuhours  qui  a  donné  fes  nouvelles  Remarques  fut 
la  langue  Fiançoife  vers  la  rin  du  dernier  fiècle  , 
dit ,  en  parlant  de  ce  mot ,  qu'il  ell  nouveau  .  qu'il 


quelque  chofe  qui  a  choqué  , femble  à  quelques-uns 
un  peu  précieufe,  &  qu'il  croit  que^,  pour  s'en  fer- 
vir  communément  ,  il  faut  attendre  qu'elle  foit 
plus  autorilce  :  elle  paroît  allez  établie  aujoui'd'hui. 

ÇCr  Désagrément,  fe  dit  aulîi  des  défauts  d'une  per- 
fonne.  Elle  ell:  belle  ,  mais  elle  nelailfe  pas  d'avoir 
quelque  dcfagrémentà^\\%\e  vifage.  Cette  marque 
ell  un  grand  dJjagreinenc.  Acad.  Fr. 

DESAIGRI ,  lE.  adj.  Qui  a  perdu  fon  aigreur.  Ce  mot 
fe  dit  des  confitures  &  des  firops ,  &  il  fe  trouve 
dans  ceux  qui  ont  écrit  fur  ces  matières.  Le  lirop 
étant  revenu  à  la  cuilfon  à  perlé  ,  vous  empotez 
vos  fruits  comme  la  première  foisj  qui  fe  trou- 
veront ddfdigris.  Instruction  pour  les  confi- 
tures. 


fe  défaccoutume  de  les  aimer.  B.  Rab.  Ces  armes ,   DÉSAIRER.  v.  a.  Terme  de  Fauconnerie.  Tirer  les  oi- 


ces  vailfeaux  vont  vous  défaccoutumer  des  plailîrs 

pacifiques  de  l'amour.  Lett.  Portug. 
DÉSACcouruMÉ,  i^.^zn.  Defucjaclus ,   defuetus. 
DÉSACHALANDER.  v.  a.  F.iire  perdre  la  chalandife 

à  un  Marchand  ,  à    une  maifon.  Faire  perdre  les 


féaux  de  l'aire  ,  de  l'endroit  où  on  les  nourrit.  Edu- 
cere  in  campum  ,  &  auras.  Il  ne  faut  point  défairer 
les  oifeaux,  qu'ils  nefoient  en  état  de  fe  foutenir 
fur  la  perche,  ou  billot,  afin  qu'ils  puilfent  tenir  X 
mener  leurs  pennages  fans  les  froilTer. 


pratiques,  éloigner  ceux  qui  ont  coutume  de  venir   DÉS  AISE.  f.  m.    Vieux    mot.  Ii.commodité     ma 


acheter.  Alicujus emtores abductrc.\]w  Marchand  ré 
barbatif  défichalandc  bientôt  fa  boutique.  Un  cx- 
\>zxzi{q  défachalaride  bientôt,  dès  qu'il  n'y  a  plus 
de  bon  vin.  On  dit  auffi  dichalandcr. 

DÉSACHALAM3É  ,    ÉE.  part.  Dcjluutus  emtoribus. 

DESACOINTIE.  adj.  Mot  du  vieux  langage  ,  qui  a 


aife; 

§3"  DES  AJUSTER,  y.  a.  Faire  qu'une  chofe  ne  foit 
plus  dans  la  jullelTè,  dans  l'ordre  où  elle  étoit,  faire 
qu'elle  ne  foit  plus  jufle.  Perturbare.  Ce  mal-adioit 
a  voulu  monter  ma  montre  à  rebours,  il  l'a  dcfajuj- 
tec.  Déjajujler  une  perruque ^  une  cot-ffure. 


été  dit  pour  lignifier  ,  qui  eft  moins  ami  quedecou-   Désajuste,   ée.  part.  On  dit  qu'un  cheval  eft  tout 

I      défajujié ,  pour  dire,    qu'il  ne  fait  plus  le  manège 


tume. 


DÉSAFLEURER.  v.  a.  Terme  d'Architeéiure  ,  de  Ma-  '      avec  tant  de  juftelTe 


çonnerie,  &c.  C'eft  réduire  deux  corps  l'un  près  de 
l'autre  à  une  faillie  différente  dans  chacun  des  deux 
corps.  Z>e/j/?earer  eft  le  contraire  d'afleurer. 
DÉSAFOUCHER.v.n.  Terme  de  Marine.  C'eft  lever 
l'ancre  d'afFourclie ,  &  la  rapporter  à  bord.  Ancoras 
tollere. 


DÉSALTÉRER,  v.  a.  Eteindre  j  faire  perdre   la  foif. 

Siûm  fedare ,  levarc ,  pellere ,  extidguere ,  rejluigucre. 

Les  liqueurs  fraîches  t/^yi/rt-rcv;;  beaucoup.  Les  vins 

d'Efpagne  &:  de  S.  Laurent,  altèretit  plutôt  qu'ils  ne 

défaltercnt. 
Désaltéré,  Ée.  part. 


DESAGREABLE,  adj.  de  t.  g.  Qui  ài^Xxii.Ingracus   DESANAUS.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'un 


infuavls  ,  inamxnus.  On   le  dit   pour  exprimer  des  ^ 
qualités  perfonnelles  \  ou  pour   marquer   quelque  1 
chofe  qui  ne  convient  point  au  goût  ni  à  l'cfprit. , 
Perfonne,  fi^a:e  dcfagre'able.  Rien  n'eft  plus  defa- \ 
gréabU  à  un  bonefprit  que  la  m luvaife  compagnie. 
Il  y  a  des  objets  déjagriables  à  voir  ,  &  des  difcouis  i 
défagréabUs  à  entendre.  Il  eft  difagréahle   d'avoir  j 
affaire  à  des  gens  épineux.  Je  fuis  perfuadée  que 
j'eufte  fenti  des  mouvemens  moins  défagrîabhs  en 
vous  aimant,  tout  ingrat  que  vous  êtes ,  qu'en  vous 
quittant  pour  toujours.  Lett.  Portug. 
DESAGREABLEMENT,   adv.   D'une  manière  défa- 
gréable.  IlUpidè  ,  injucundê^  molefle ,  acerbe. \3nQ{- 
clave  palfefavie  fort  défagréabUment..  Mettre  quel- 
qu'un dcfagréablemenc  en  jeu.  B.  Rab  Rire,  parler 


Dieu.  Défanaus.  S*  Jérôme j  dans  la  Chronique 
d'Eufèbe,  A'n(\\.\<i  Défanaus  eft  un  furnom  d'Her- 
cule qui  eft  fort  illuftre  dans  la  Phénicie,  &:  que ,  de 
fon  temps  encore ,  les  Cappadociens  i!k  les  Eliens 
l'appeloient  Défanaus.  Dans  le  texte  Grec  d'Eufèbe 
il  y  a  Diodan,  AiaêS»,  au  lieu  de  Défanaus ,  que  S. 
Jérôme  a  mis.  Ce  Défanaus  étoit  contemporain  de 
Moife.  Quelques-uns  l'appellent  Dorfanaus ,&cnon. 
pas  Défanaus.  Louis  Vives,  dans  fes  Notes  fur  le 
12'.  Chap.  du  XVIII^  Liv.  de  la  Cité  de  Dieu, 
Note  n  J  femble  avoir  lu  Delphina  dans  Eufèbe  pour 
Diodan.  Qi\o\^n\\  en  foit,  on  ne  fait  pas  trop  ce 
que  c'eft  q'ae  ce  Défanaus  de  S.  Jérôme  ,  ni  ce  Diodan 
d'Eufèbe.,  parce  que  c'eft  le  feul  endroit  de  l'Anti- 
quité où  il  en  foit  pat  lé.  Foy.  encor  Dorsanes,  &C 
Selden  ,  De  Dus  Syr.  Synt.  I.  C.  6. 


défagréablement.  j       ^ ..„    _, 

DÉSAGRÉER.  v.  n.  Dépjaire,  n'agréer  pas.  D/^/ic^re.   DES ANCHER.  ou  DEs'aNC'hÈr.  v.  a.  Il  fe  dit  d'tis 

Un  honnête  homme  tâche  de  ne  rien  faire  qui  <//-        haut- 'bois  dont  on  ôte  l'anche.  Pomey.  Tibiam  Lin^ 
fagrée.  ,      gulà  eximere ,  deflhuere, 

DESAGRÉER,  v.  a.  Terme  de    Marine,  qui  fe  dit   Desaï/ché,  ée.  part.  Hautbois  défanché.  Tibia  li/igulâ 

d'un  vaifteau  ,  lorfqu'il  a  perdu  quelqu'un  de  fes        dejiituta, 

agrès  par  accident  ou  dans  un  combat.  On  dit  aulÏÏ  '  DÉS^ANCRER.  v,  n.  Lever  les  ancres ,   partir  d'ttn 

Tome  m,  ■  _  ;k1c 


ijS 


DES 


port ,  d'une  rade.  Ançoras  tollere.  Nous  allons  par- 
tir, il  faut  déjuficrer, 

|C?  DESAPOiNTER.  v.  a.  Oter  les  appointemens. 
Ocer  du  rôle,  de  l'état,  des  Oxiiciers  ou  des  Soldats 
entretenus,  tx  atbo  jUpcndiaLi  delere.  On  a  dejapomté 
plulieurs  Officiers  réformés  ,  on  leur  a  ôté  leurs 
appointemens.  Ce  mot  ell  vieux. 

DibAPoiNTER,  llgnihoit  encore  autrefois,  deftituer. 
Arnoul  de  Cotbie,  Chancelier  de  France,  defapointc 
durant  les  troubles  des  Marions  d'Orléans  &  de 
Bourgogne,  &  en  fon  heu  l'an  1515.  fut  mis  Eufta 
che  de  Laiftre.  tloge  des  Prem.  Prejid.par  l'Hermite, 
Souliers  à  Blanchard. 

|Cr  Desapointer  ,  ou  DÉSEMPOiNTER  j  unc  pièce 
d'étoffe.  V.  a.  Terme  de  Comnierce.  Couper  les 
points  de  fil  ou  de  ficelle  j  qui  tiennent  en  état  les 
plis  de  la  pièce. 

DÉsAPoiNTEj  ÉE.  part. 

DESAPPAREILLER.  Plus  communément  Dépareiller. 
V.  a.  Séparer  ce  qui  étoit  apparié  ou  pareil-  Compa- 
rem  tôlière.  Il  fe  particulièrement  des  habits  &:  des 
meubles.  Dépareiller  des  bas ,  des  fouliers.  Défhppa 
reiller  des  gants,  des  manchettes.  On  m'a  volé  un 
chandelier ,  cela  m'a  dépareillé  les  aurres.  Il  lui  eft 
mort  un  cheval  de  carrolfe  j  il  veut  vendre  l'autre 
parce  qu'il  eft  dé f appareillé. 

^3"  Desappareiller,  Terme  de  Marine,  lignifie  le 
contraire  d'appareiller. 

DÉSAPPAREILLE  ,  ÉE.  part. 

DESAPPETISER.  v.  n.  Faire  perdre  l'appétit.  Fafli- 
diuin  inlucere.  Les  viandes  mal-propres  &  mal- 
apprêtées défappétijfent  les  gens.  Ce  malade  ne  fe 
remettra  point,  tant  qu'il  fera  ainfi  défappedfe.  Ce 
mot  n'eft  point  ufité ,  même  dans  le  ftyle  familier. 

DÊSAPPLIQUER.  v.  a.  Faire  perdre  l'applicarion, 
l'attention  qu'on  a  à  quelque  choie.  Retrahcre  alicu- 
jus  animurn  ab  aliquà  re.  Le  temps  me  défappliquera 
des  objets  qui  m'occupent  Port  -  R.  Le  jeu  des 
Echecs  atraclie  fi  foit,  que,  pour  peu  qu'on  fe  défap- 
plique,  on  fait  quelque  faute.  LeP-Bouhours  dit  que 
ce  mot  ne  plaît  point  aux  Maîtres  de  la  langue ,  & 
qu'il  aura  bien  de  la  peine  à  s'établir.  Il  ne  paroît  pas 
avoir  fait  fortune  depuis  ce  jugement  du  P.  Bou- 
hours. 

DÉSAPPRENDRE,  v.  a.  Oublier  ce  qu'on  a  appris  ,  ce 
qu'on  fait.  Dedijcere.  Bien  loin  que  cet  écolier  pro- 
fite au  Collège  ,  il  défapprend  tous  les  jours.  Quand 
on  eft  long-temps  fans  parler  une  langue,  on  la 
défapprend  \  on  l'oublie. 

Dieu  défapprendroit-zVàyôr/TTffrffci  talens} 
Les  Romains  &  les  Grecs  ^  font-ils  feuls  excellens  ? 

De  la  Fontaine. 

^^  DÉSAPPRIS  j  isE,  part. 

DES  APPROPRIATION,  f.  f.  A6tion  par  laquelle  on 
renonce  à  la  propriété  d'une  chofe.  Renunciado 
doininii  in  rem  aliquam.  Il  ne  fe  dit  guère  que  de  ceux 
cjui  quittent  tous  leurs  biens  temporels  pour  entrer 
en  Religion.  Le  principal  point  de  la  vie  régulière, 
c'elt  une  entière  dej appropriation,  c'eft  de  renoncer 
à  la  propriété  de  toutes  chofes. 

Desappropriation  ,  fe  prend  encore  dans  un  fens 
plus  étroit  par  les  Myftiques.  Ils  entendenr  par-là, 
un  amour  de  Dieu  abfohiment  dégagé  de  tout 
motif  d'intérêt  propre,  fou  pour  notre  perfedion, 
foit  pour  notre  récompenfe,  même  éternelle.  Ils 
veulent  une  défappropriation  fans  rcferve  de  tout 
intérêt  dans  les  vertus,&qu'onnslescï(.*rce  que  pour 
la  feule  gloire  de  Dieu.  Tout  ce  qui  a  ra_pport  à  nous 
ou  pour  la  récompenfe,  ou  pour  devenir  plus  par- 
faits, s  hy)^;)q\\q  propriété ,  &c  c'eft  une  imperfeélion. 
Fen.  La  défappropriation  eft  l'opération  Ac'-  la  grâce 
qui  purifie  l'amour  j  &  le  renddéfintéreffeda  ns  l'exer- 
cice des  vertus.  Id.  l^oy.  défippr oprier qa'i  fu'it. 

t)ÉS APPROPRIER.  (Se  W.  récip.  Renoncer  à  la  pro- 
priété de  quelque  chofe,  s'en  dépouiller.  Don.''inium 
rei  alicujus  exuere  ,  dcponcre.  La  vraie  pau  vreté 
Evangélique  confifte  à  fe  défapproprier  ^xitihiaui^rxi 


DES 

A<i%  biens  temporels.  Il  ne  fe  dit  guère  que  par  les 
Religieux.  Dans  le  ftyle  des  Myftiques  ,  fe  dejappro- 
pner,  c'eft  fe  dépouiller  de  tout  intérêt  propre  dans 
l'exercice  des  vertus  mêmes  ^  en  rapportant  tout  à 
la  feule  gloire  de  Dieuj  n'avoir  égard  ni  à  notre 
perfettion,  ni  même  à  la  récompenle  éternelle.  Fen.^ 
Il  ne  faut  pas  perdre  réellement  le  fond  des  vertus 
lous  prétexte  de  s'en  dcfapprcprier.  Id.  • 

§3°  Desapproprié,  ée.  part. 

DESAPPROUVER,  ou  DESAPPROUVER,  v.  a.  Con- 
damner, témoigner  qu'on  n'eft  pas  content  de  quel- 
que chofe.  Improbare.  L'Eglife  dejapprouve  tous  les 
divertilfemens  dangereux,  les  Bals,  les  Comédies. 
Cette  propofition  qu'on  a  faite  en  plein  Confeil  a 
été  généralement  dej'approuvee.  Défapprouyer  la  con- 
duite, les  aâions  de  quelqu'un. 

DÉSAPPROUVÉ,  ÉE.  part. 

gC?  DÉSARBORER.  v.  a.  Défarhorer  un  mât.  Terme 
de  Marine.  C'eft  l'abattre  ou  le  couper.  Tollere^ 
dimittere. 

CCF  DÉSARÇONNER,  v.  a.  Faire  perdre  les  étriers 
ou  les  arçons  à  un  C3.va\\es:.  Aliquem  ex  equo  dejicere , 
deturbare.  Un  cheval,  du  moindre  iaut,  ^^r^o««<; 
un  cavalier  qui  eft  fur  une  felle  rafe.  Il  le  pouffa  û 
vigoureulement,  qu'il  le  défarçonna. 

^Cr  Désarçonner,  fignifie  figurément,  mettre  en 
défordre  l'efprit  ou  les  affaires  de  quelqu'un.  Con- 
fondre quelqu'un ,  le  mettre  hors  d'état  de  répondre. 
Ses  argumens  étoient  fi  preffans  que  fon  adverfaiie 
fut  bientôt  défarconné. 

On  le  dit  encore  de  ceux  qui  chaffent  quelqu'un 
de  quelque  charge,  de  quelque  emploi ,  &  qui  fe 
mettent  en  fa  place-  Il  a  plaidé  long- temps  pour 
conferver  cet  Office  ;  mais  enfin  un  tel  l'a  défarconné. 
Tout  cela  eft  du  ftyle  très-familier. 

DÉSARÇONNÉ  j  EE.  part. 

0Cr  Désarçonné,  en  Manège,  fe  dit  d'iin  cavalier 
que  les  mouvemens  violens  font  fortir  de  la  felle. 

DESARGFNTER.  v.  a.  Oter  Targent  d'une  chofe 
argentée.  Obducîum  argentum  tollere ,  corrumpere.  Le 
mauvais  air  ,  la  puanteur  des  boues  déj argenté, 
dédore  les  meubles  argentés  &  dorés. 

§3"  Il  eft  plus  ufité  au  participe.  Flambeau  défar- 
genté. 

On  dit  familièrement,  Défargenter  quelqu'un, 
pour  dire,  le  dégarnir  d'argent- 

DESARMEMENT.  f.  m.  Adion  de  défarmer.  Il  ne  fe 
dit  guère  que  des  Princes  j  qui  licentient  leurs  trou- 
pes ,  ou  qui  défarment  leurs  vailfeaux ,  qui  en 
mettent  les  agrès  dans  les  nugalins.  Dlfceffio  ab 
armis.  Défarmement  fe  dit  encore  de  l'inventaire  qui 
fe  fair  de  l'état  d'un  vailFeau ,  lorfqa'il  a  été  remis 
dans  le  port. 

^fT  DÉSARMEMENT  ,  Terme  d'efcrime.  Adion  par 
laquelle  on  défanne  fon  ennemi,  on  ôte  l'épée  de 
fa  main  ,  en  la  faifilfant  par  la  garde  de  la  main  gau- 
che ,  comme  dans  le  défarmement  de  rierce  &  de 
quarte  ,  ou  en  frappant,au  tort  du  vrai  tranchant  de 
fon  épée ,  le  fort  du  faux  tranchant  de  celle  de 
l'ennemi ,  dans  le  temps  qu'il  exécute  une  eftocade 
de  féconde. 

Ip"  DESARMER,  v.  a.  Dévêtir  l'armure,  le  harnois 
de  guerre.  Arma  exuere.  Après  le  combat  il  alla  fe 
faire  défarmer ,  Ce  fut  fon  Ecuyer  qui  le  dîfarma. 
y^r/nwe.vttere.Ilfignifieaufli,ôter,faire  quitter  les  armes 
à  quelqu'un  malgré  lui.  Exarmare  aliquem.  Armis 
exuere.  Le  Gouverneur  de  la  ville  défarma  les  bour- 
geois. Dans  l'adion  il  défarma  plufieurs  foldats.  U 
On  dir  abfolument ,  qu'un  Prince  a  defarmé\  pour  * 
dire,  qu'il  a  licentié  fon  armée;  que  les  ennemis 
défarment,  pour  dire,  qu'ils  pofent  les  armes  ,  qu'ils 
congédient  leurs  troupes.  Arma  ponere ,  deponere. 

En  termes  de  Marine,  Défarmer  un  vailFeau, 
c'eft,  le  dégarnir  de  fes  agrès  &  de  fon  équipage > 
le  lailTer  dans  !e  port  inutile ,  &  mettre  les  agrès  dans 
le  magafin.  Navem  inftruSu  fuo  exuere.  On  le  dit 
auffi  dans  une  fignification  neutre.  Ce  vaiffeau 
défarmc. 


DES 

En  termes  d'Anillene,  dcjlamer  un  canon,  c'eft 

en  ôter  le  boiilec.  ^ 

Desarmer  un  cheval,  en  termes  de  Manège,  c'eft, 
tenir  les  lèvres  d'un  cheval  lujettes  j  &c  hors  de 
dellus  les  barres,  tquum  Jreno  fcnjib'dtm  reddure. 
Lorfque  les  lèvres  font  lî  grolles,  qu'elles  couvrent 
les  barres  où  confifte  le  fentunent  du  cheval,  il  faut 
lui  donner  une  embouchure  à  canon  coupé,  ou  des 
olives  pour  lui  déj'armer  les  lèvres. 
fCT  DÉSARMER  ,  Terme  d'efcrime.  C'eft  ôter  l'épée  de 

la  main  de  l'ennemi,  /"oy.  Désarmement. 
Desarmer,  fe  dit  aulli  au  figuré  &c  d'une  manière  no- 
ble, 6i  alors  il  iîgnihe,  apparier,  i'uxare  ^  midgarc. 
Dieu  éroit  couroucé  contre  les  Ninivitesj  mais  leur 
pénitence  le  dcfanna  ,  lui  ht  tomber  la  foudre  des 
mains.  \Ja  Héros  fe  iaille  quelquefois  défarmer 
par  les  malheureux.  Racine,  il  n'y  a  perfonne  que 
la  foumiUion ,  le  repentir  ne  dejarmf.nt.  Dcfaruur 
Ja  vengeance,  faire  celFer  les  mouvemens,  les  fcn- 
timens  de  vengeance. 

Sans  doute  ce  chagrin  qui  vient  de  m'aUariner, 
N'ejl  qu'un  léger  Joupçon  Jacile  à  défarmer.  Rac 

Jefai  que  pour  te  défarmer  ^ 

Ilfujjit  de  vouloir  i' aimer.  L'As.  Têtu. 

DÉSARMÉ ,  EE.  patt.  5c  adj.  Les  Précieufes  dans  Molière 
difent  un  chapeau  défarmé  de  plumes.  On  dit  aulfi 
au  figure  ,  des  yeux  defarmés.  Racine.  Exarmutus  ^ 
dearmatus. 

Désarme  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  de  l'aigle  qui 
n'a  point  d'ongles.  Ungmbus  mutilus. 

DESARNIR.  V.  a.  Vient  mot.  Défenharnacher. 

DESARRANGER,  v.  a.  Mettre  hors  de  rang ,  en  con- 
fuiîon.  Perturbare,  mifcere^  conjundere.  Le  vent,  l'agi- 
tation ,  de/arrangent  les  cheveux.  Ce  mot  n'eft  point 
en  ufage  ;  ou  dit  déranger. 

Désarrangé,  ée.  parc.  pair.  Se  zà].Penurbatus^  con- 
fufus. 

DESARRIMER.  v.  a.  C'eft  changer  l'arrimage,  ou 
J'arrangementqu'on  avoit  fait  delà  charge  du  navire. 

DÉSARROI,  f.  m.  Défordre  d'un  train,  d'un  équipage^ 
pauvre  &  miférableétat,  coni:ulion  dans  les  aftaires; 
renverfement  de  fortune,  déroute.  Ciades,  Jirages , 
perturbatio ,  dijfipatio  exeràtûs.  Il  s'emploie  avec  les 
proportions  en  &  dans.  Toute  cette  maifon  florilîoit 
beaucoup  i  mais  elle  eft  maintenant  en  déjatroi.  Les 
nouvelles  nous  ont  appris  que  l'armée  avoit  été  mife 
en  défurroi.  Ses  affaires  font  dans  un  grand  défarroi. 
Mettre  un  homme  en  défarroi. 

Ce  mot  eft  un  compofé  A'arroi ,  dérivé  du  vieux 
François  défrayer,  qui  fignifioit  j  comme  dit  Paf- 
quier,  tirer  hors  de  voye  owàtroye  ,  qu'on  difoit 
autrefois  pour  ornière,  onfentier.  Ce  mot  de  defroyer 
fîgnifioit  aulli ,  devenir  Jeu  ,  parce  que  les  fous  s'éga- 
rent ,  &  ont  l'efprit  en  défarroi.  Ce  mot  n'eft  que  du 
ftylc  familier. 

La  mort  enfaifantfa  tournée , 

Chemin  fa'ifantpajfa  che:^  moi , 
Elle  y  trouva  la  fièvre  accompagnée 
De  tous  les  maux  quelle  traîne  après  foL 

J'etois  en  trifle  défarroi , 
Pâle,  défait,  la  face  décharnée , 
Les  yeux  éteints  j  enfin  prêt  à  partir. 

N.  Ch.  de  Vers. 

^  DÉSASSEMBLER.  Séparer  ce  qui  étoit  alTemblé. 
Il  n'eft  point  d'ufage  en  parlant  des  perfonnes.  On 
ne  diroit  pas  aujourd'hui  défa[femhler  un  Concile , 
une  Diète. 

>j3"Ce  motfeditparricuUérementdes  ouvrages  de 
Menuiferic  &  de  Charpenterie ,  &  lignifie  féparer 
les  pièces  d'un  ouvrage  d'alTemblage.  Dijfolvere  ., 
disjungere.  On  a  défaffemblé  cette  charpente ,  cette 
jîaire  d'armoires ,  ces  tablettes  à  livres.  Toutes  les 
fois  qu'on  tranfporre  des  grues  &  des  engins,  il  les 
faut  défdffembUr.  On  defajfemble  les  barques  qu'on 


DE  S 


^lî> 


veiu  porrer  en  fagot ,  pour  les  rafiembler  fur  le  lieu. 
ifT  On  dit  dejajjemèlerpoaj:  lesconftruélîons  da 
bois^  &  démonter  une  machine  de  quelque  mctah 
f'oy.  Démonter. 

DESASSIEGER.  v.  a.  Faire  lever  le  fiége  d'une  ville» 
Cogère  aliquem  adfolvendam  obfidionem ,  urbem  ohfi- 
dioncfolvere.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Nicoc;  mais  il 
eft  hors  d'uiage,  quoiqu'il  n'ait  rien  de  choquant,  i^ 
qu'il  lemble  allez  néceliaire. 

DÉSASSORTI.  lE.  adj.  Se  dit  des  chofes  qui  font 
dérangées,  déplacées, ou  tellement  changées  qu'elles 
ne  font  plus  le  même  elfer,  qu'elles  faifoicnt  avant 
leur  changement  &;  leur  dérangemêiK,  lorlqu'eiles 
étoient  affbrties. 

Si  de  ce  grand  tout  Icspardei 

Par  le  temps  font  défalForties, 

On  verra  tomber  tout  foudain 

La  fabrique  du  corps  humain.  Lb  Duc  pe  NeVeRî* 

DÉSASSORTI  j  IE.  Terme  de  Librairie;  qui  fe  dit  duin 
ouvrage  auquel  il  manque  quelque  partie  ou  quel- 
que tome.  Imperjeclus j,  a^  um.  Un  livre,  un  ouvraga 
defafi'oni  ne  doit  point  fe  vendio  aurant  que  s'il  ctoiiî 
entier  &  bien  alforti. 

Désassorti.  Déréglé.  Il  s'en  faut  bien  que  les  animaux 
foient  défifonis  dans  leurs  adtions  comme  les  hom- 
mes. Abbé  Pic.  Mauvais  ftyle. 

DESASSORTIR,  v.  a.  Oter  ou  déplacer  quelqu'une  des 
chofes  quiavoient  été  alTôrties.  Defajjortir  des  livres 
déj'jfjortir  des   porcelaines. 

DESASSURER,  v.  a.  Rendre  un  homme  incertain  , 
d'alFuré  qu'il  étoit.  Incertum  jacere  ,  reddere.  Il  eft 
hors  d'ufage.  Quelques-uns  voudroient  le  rétablir  , 
parce  qu'il  eft  nécelTaire  pour  exprimer  que  Toa 
ôte  quelqu'un  de  la  certitude  où  il  eft  ,  &  qu'on  la 
fait  douter  d'une  chofe  dont  il  ne  doutoit  point  au- 
paravant. Difuader ,  oit  défabufer ,  lignifie  davan- 
tage ;  mais  ils  n'expriment  point  cet  état  d'incerti- 
tude, où  l'on  a  mis  celui  qui  eft  ébranlé  ,  fans  eu© 
défibufé. 

DESASTRE,  f.  m.  Grand  malheur,  événement  fâcheaJi: 
qui  accable  quelqu'un.  Calamhas  ,  injejlus  cafus.  Ls 
/TZtîZ/ïCi^r  s'applique  particuliéremont  aux  événemena 
de  fortune  &  de  choies  étrangères  à  la  perfonne. 
L'accident  regarde  proprement  ce  qui  arrive  dans  la 
perfonne.  Le  défaftre  dit  quelque  choie  de  plus  gé- 
néral. On  dit  un  défafire  affreux,  c'eft  un  malheur 
de  perdre  fon  argent  ou  fon  ami.  C'eft  un  accident 
de  tomber  ,  d'être  blelTé.  C'eft  un  défafire  de  fe  voie 
tout-à-coup  ruiné  &  déshonoré  "dans  le  monde.  Syn. 
Fr.  Ce  mot  eft  compofé  du  mot  afje  j  &  delà  par- 
ticule des  ;  comme  qui   diroit  mauvais  afire. 

ifF  DESASTREUX  ,EusE.adi.  Funefte,  malheureut.' 
Injelix ,  calamitofus  ,funefius.  Ce  mot  eft  vieux  ,  dC 
n'a  plus  d'ufage  dans  le  langage  ordinaire  :  mais  il 
s'emploie  avec  grâce  en  Poche  &  dans  le  ftyle  fou- 
tenu.  O  nuit  defafireufe  1  ô  nuit  effroyable ,  où  re- 
tentir tout-à-coup  comme  un  éclat  de  tonnerre,  cette 
étonnante  nouvelle ,  Madame  fe  meurt ,  Madame 
eft  morte  !  Bossuet.  Le  Gentilhomme  crut  qu'il  n'y 
avoit  plus  rien  à  attendre  pour  lui  qu'une  mon  def- 
afireufe &C  un  malheur  éternel.  Bouii.  Xav.  Liv, 
III. 

DÉSATREMPÉ  j  ée.  adj. Vieux  mot,  qui  fignifie  excef 
fif ,  démefuré:  Douaire  défatrempé. 

Cemot  vient  ^atrempence,(\\.\\  fignifie  modération^ 
2.\n[\  dcfatrcmpé  vtnz  àiïQ  ,  qui  n'a  point  d'atrcm- 
pence,  de  modération,  qui  pafFe  les  bornes. 

DES  ATRISTER.  v.  a.  Dilliper  la  triftelFe.  Elle  met  tous 
fes  foins  à  le  défatrifier.  Poème  de  Cartouche.  L'auto- 
rité n'eft  pas  bien  refpeélable. 

DÉSATTELER.  Voye-{  DETELER. 

DÉSAVANCER.  v.  n.  Reculer.  Rcgredi ,  retrogredt. 
Vieux  mot. 

ce?  DÉSAVANTAGE,  f.  m.  Dommage  ,  préjudice. 
Damnum  ,  detrimentum.  Un  Magiftrat  ne  doit  fea 
faire  au  défavantage  du  peuple.  L'affaire  s'eft  paflee 

i     à  mon  defuyantage. 


a6o  DES 

^fT  Ce  mot  exprime  fouventce  qu'on  a  cîe  moins 
qu'un  autre,  en  quelque  matière  que  ce  fou  j  &  fe 
dit  également  dss  chofes  &c  des  perfonnes.  Incom- 
modum.  L'Infanterie  a  du  défavancage  en  rafe  cam- 
pagne contrela  Cavalerie.  On  ne  peut  combattre  con- 
tre les  gens  rétranchés  fans  défavantagc.  Ils    furent 
vaincus  par  le  défavantagc  du  lieu.  Ablanc.  Locï 
inïquitas.   Il    a  eu  du   défavantagc  dans   le   com 
bac. 
DÉSAVANTAGE,  fe  dit  aufîî  de  la  privation  d'un  bien 
auquel  on  auroit  eu  droit  de  prétendre.  La  donation 
qu'on  fait  à  un  aîné  elt  un  dcfavantage  pour  les  ca- 
dets. 
DÉSAVANTAGER,  v.  a.  Caufer  de  la  perte  ,  du  dom- 
mage ,  ôter  à  quelqu'un  ce  qui  lui  appartient.  De- 
trimcntum ,  damnum    parère  j   ajferre  ^  injcrre.  Ce 
père  a   défavantagé  tous  fes  enfans    pour  avanta 
ger  l'aîné.  Hors  de  là  ,  il  n'eft  point  en  ufage  , 
&c  dans  cette  acception    là    même  j    il    ne  vaut 
rien. 
^  DESAVANTAGEUSEMENT.  adv.  D'une  ma- 
nière défavanrageufe.  Penfer  ,  juger  défavantageu- 
fcment  de  quelqu'un.  Inique.  Il  s'eft  marié  défavan- 
taaeufemcnt. 
CCF'^  DES  AVANTAGEUX,  euse.  adj.  Qui  caufe  ou 
peut  caufer  du  défavantagc,  du  dommage.  Incommo- 
dus  j   damnofus  ,  detrhncntofus.  Il  a  fait  un  mariage 
ridicule  &  défavantageux.  La  claufe  inférée  dans  Ion 
contrat  de    mariage  eft  defavantageufe.   Tenir   de 
quelqu'un  des  difcours  défavantageux. 

fCF  A  l'armée  on  appelle  un  polie  défavantageux, 
locus  iniquus  ^   un  pofte  incommode   par    fa  litua- 
tion  j  &  où  il  eft  difficile  que  des  troupes  puilFent 
fe  défendre. 
DÉSAVEU,  f.  m.  Dénégation.   Negatio,  infidatio.  Il 
eft  honteux  de  faire  un  défaveu  de  tout  ce  qu'on  a 
dit.  Je  déclare  que  mon  défaveu  n'étoit  pas  lincère  , 
&  que  c'étoit  un  alTuJettiirement  volontaire  de  mes 
fentiments  à  ceux  de,  &c.  S.  EvR. 
DÉSAVEU,  eft    aulîî  un  remède  aux  engagemens  ou 
l'on  fe  trouve  par  la  fiute  d'un    Procureur    qui   a 
abufé  de  fon  pouvoir  j   c'eft  la  déclaration  que  fait 
la  partie  pour  laquelle  il  a  occupé  ,  de  défavouer  , 
de  ne  pas  redifier  ce  qu'il  a  fait.  Improhatio.  Il  a 
fait  un  défaveu  formel  de  toute  cette  procédure  :  il 
faut  inftruire  ce  défaveu.  Matière  fu)ette  à  déjaveu. 
Patru.  Le  défaveu  ne  fe  forme  que  pour  des  cau- 
fes  importantes  j  comme  lorfque  les  Procureurs  ont 
excédé  les  termes  de  leurs  pouvoirs. 
DÉSAVEU  j  fe  dit  auffide  la  dénégation  formelle  &  ex- 
pretfe  ,  que  fait  le  nouveau  valFal ,  de  faire  la  foi 
&  hommage  à  fon  Seigneur  J  déniant  que  fon  fief 
relevé  du  fief  dominant  pollédé  parle  Seigneur  fu 
périeur ,  foit  en  s'avouant  valfal  d'un  autre  Seigneur 
foit  en  foutenant  qu'il  polfede  fon  fief  en  franc  aiexi; 
ce  qui  donne  lieu   à  la  commife.  Voye^  Commise. 
DÉSAVEU  ,  fe  dit  figurément  des  adions  ,  des  change- 
mens  de  conduite  par  lefquels  on  femble  défaprou- 
ver  &  défavouer  celle  qu'on  avoir  tenue  auparavant. 
La  vie  que  mène  aujourd'hui  ce  fiint  homme  eft  un 
défaveu  bien  formel  &  bien  édifiant  des  défordres 
de  fa  jeunelîe. 

Depuis  ce  temps  heureux  ,  infidèle  à  ta  gloire 
On  a  vu  contre  toi  s'irriter  la  vicloire  , 
Et  par  le  défaveu  de  fes  premiers  bienfaits  , 
Se  venger  des  honneurs  que  tu  rends  à  la  paix. 
Nouv.  CHOIX  DE  Vers. 

DÉSAVEUGLER.  v.  a.  Faire  von- clair.  On  ne  le  dit 
point  au  propre.  Au  figuré  ,  où  il  eft  d'un  ufnge  affez 
rare,  il  fi^nifie  tirer  quelqu'un  de  l'aveuglement, 
lui  ouvrir  les  yeux ,  le  défabufer,le  détromper  d'une 
erreur. 

fCJ"  DÉsAVEUGLÉ  ,  ÉE.  part. 

'Xçr  DESAVOUER,  v.a.  Nier  d'avoir  dit  ou  fait  queh 
que  chofe.  Negare  ,  inficiari ,  diffiteri.  Il  a  défavoué 
toutes  les  injures  qu'on  l'accufoit  d'avoir  dires.  Vous 
aveztenijtelpropos  J  vous  ne  pouvez  \q  défavouer. 


DES 

ifT  DÉSAVOUER,   ne  pas  reconnoître  pour  fien.  Dif- 
fiteri. Un  Auteur  dejavoue   fon  ouvrage.    Diffiteri 
opus.  Un  père  défavoué  fon  entant.  Je  vous  défavoué 
pour  mon  parent. 

1^  En  Juriiprudence  féodale ,  un  vaflal  défa- 
voué fon  Seigneur  ,  en  dénianc  que  ion  fief  relève 
du  fief  dominant  polfédé  par  le  Seigneur  ,  ou  en 
s'avouant  valfal  d'un  autre  Seigneur ,  ou  en  foute- 
nant qu'il  polléde  fon  fief  en  tranc-aleu. 

§3"  En  terme  de  Pratique  ,  défavouer  un  Procu- 
reur ,  défavouer  a  c\\x\S.  2.  fait,  ce  qu'il  a  dit,  c'eft 
refufer  de  ratifier  ce  qu'il  a  fait  ou  dit,  en  déclarant 
qu'il  a  agi  (ans  ordre  ,  &  contre  l'intention  de  celui 
au  nom  duquel  il  agiftoit.  improbare.  On  peut  déf- 
avouer un  Procureur  qui  a  excédé  fes  pouvoirs.  Il 
faut  qu'un  Procureur  ait  un  pouvoir  Ipécial  pour 
interjeter  un  appel,  autrement  il  peut  être  déf- 
avoué. 

^fj  Un  Souverain  défavoué  de  même  fon  Am- 
baftadeur ,  défavoué  ce  qu'il  a  fait ,  en  déclarant  que 
ce  qu'il  a  fait  en  fon  nom  a  été  fait  fans  Ion  ordre  & 
contre  fon  intention. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  deadvocare  ,  qu'on  a 
dit  dans  la   balFe  Latinité  en  la  même  fignifica- 
tion. 
DÉSAVOUÉ,  ÉE.  part. 

DESAUTORISER,  v.  a.  Oter  l'aïuorité  :   le  pouvoir. 
Après  la  mort  de  Monfieur  le  Cardinal  de  Bourbon , 
les  Seize  ne  celfoient  de  jour  à  autre  de  faire  des 
requêtes   pour  ailembler  les  Etats  ,  afin  d'élire  un 
Roi  Catholique  &  d'exterminer  le  Roi  de  Navarre 
&  fes  Seélaires.  Ils  ont  veillé  inceftanmient  contre 
les  Hérétiques  &  les  Politiques:ilsles  ontdéfarmés, 
emprifonnés  &  défautorifs  ;  le  tout  par  le  comman- 
dement des  Princes  &  des  Magiftrats.  Dial.  du  Ma- 
hcutre  &  du   Manant-^  p.    464.  &  46  f.   du   troi- 
fième  tome  'de  la  Sat.  Menip.  Ce  mot  n'eft  plus  d'u- 
fage. 
DESBAIL.  Voyei  DEBAIL. 
DESBAUCHE.  Voyei  DEBAUCHE. 
DESBAUCHER.  i^oyci  DEBAUCHER. 
DESBAUCHÈ.  Foye^i  DEBAUCHE. 
DESBAUCHEUR.  Voye^  DEBAUCHEUR. 
DESBOURBER.  Foye^  DEBOURBER. 
DESBRAILLER.  Voye-^  DEBRAILLER. 
DESBUCHER.  Foye?  DÉBUCHER. 
DESCALANGÉ.  adj.  Vieux  mot.  Bcre!  dit  que,  félon 
Ragueau  ,  il  fignifie  qui  eft  hors  de  prifon  ,  mais 
qu'il  croit  qu'il  veut  dire  ,  rétabli  en  fon  honneur  , 
quand  celui  quia  noirci  un   homme  par  quelque 
accufttion ,   fe  trouve  oblige   de  fe  dédire  ,  &  de 
déclarer    qu'il   le  reconnoît   pour  un  homme   de 
bien. 
DESCEINT  y  ou  DESCEINCT  ,  te.  adj.  Vieux  mot. 
Difcinclus  ^  a  ,  um.  Le  bon  Roi  Saint  Louis  partit 
dudit   bois  de  Vincennes,  nuds  pieds  &  û'ç/tw;;  en 
fa  pure  cote  ,  &  fes  trois  frères...    &   apportèrent 
ladite  fainte    Couronne   honorablement  à   grande 
compagnie  du  Clergé  ,  du  peuple  ,  &:  de  gens  de 
religion  en  procellion  ,  faifant   grandes  mélodies  j 
&c.  Anonym.  Fie  de  Saint  Louis. 
DESCELLER,  v.  a.  Oter  le  fceau  de  quelque  adte,  ou 

titre.  Sigillum  refgnare. 
Desceller  ,  fignifie  aulïï  ,  détacher  ce  qui  eft  fcellé  en 
plâtre.  Obfemtum  gypfo  ferrum  detrahere.  \\  a  fallu 
defeller  cette  gâche  ,   ces  gonds ,  les  fiches  qui  te- 
noientce  tableau. 
DESCELLER.  Découvrir.  Foy.  Déceler. 
Descellé  ,  ée.  part.  ^ 

Ip-  DESCENDANCE,  f.  f.  Extradion.  Suite  de  gé- 
nérations relarives  à  une  fouche  commune.  Genus  _, 
orioo.  Un  tel  prétend  être  de  telle  race;  mais  il  ne 
faïuoit  prouver  fa  defcendance.  Les  Evangéliftes  rap- 
portent la  defcendance  de  J.  C.  depuis  Abraham. 
Foyc-,  Descendre  ,  en  termes  de  généalogie. 
DESCENDANT  ,  ante.  adj.  &  f.  Qui  de'cend  Def 
cendens.Ce  mot  fe  dit  proprement  de  tout  ce  qui 
tombe  ou  fe  meut  de  haut  en  bas. 
En  Aftronomie ,  les  fignes  afcendans  font  ceux 


DES 

par  lefiuels  le  fobil  paroîc  monrer  ,  &  les  figues 
defcendjtns ,  ceux  par  lelquels  il  paroîc  deicendre. 
Il  y  a  des  aftres  afcendans ,  &  des  defcendans  ^  des 
degrés  du  ciel  afcendans  &  defcendans.  Latitude  def- 
cendante  fe  du  de  la  latitude  d'une  planète  qui  re- 
vient des  pôiesà  l'écliptique.  Sur  la  rivière  il  y  a  des 
bateaux  moutans ,  &  d'autres  defcendans ,  qui  vont 
luivanc  ou  contre  le  cours  de  l'eau. 

H  y  a  des  veines  afcendantes  &  défendantes  qui 
fortent  de  la  veine  cave.  Il  y  a  aulH  des  artères  af- 
cendantes  &  défendantes.  L'aorte  défendante  ,  avant 
que  de  fortir  de  la  poitrine  ,  produit  les  intercolta- 
les  inférieures  j  elle  jette  encore  l'artère  phiénique  , 
elle  perce  enfuite  le  diaphragme  j  &  le  diftribue 
dans  le  bas- ventre.  On  nomme  aujourd'hui  veine 
cave  afcendante ,  à  caufe  de  la  fonction  ,  ce  que 
l'on  nommoit  autrefois  veine  cave  défendante.  Dio- 

■  NIS. 

DESCENDANT.  Terme  de  Généalogie  ,  relatif  àafen- 
dant.  Se  dit  au  figuré  de  celui  qui  elt  illu  d'un  autre, 
qui  tire  fon  origine  d'une  perfonne  ,  d'une  race.  On 
ne  le  dit  guère  qu'au  pluriel.  Le  mariage  elt  détendu 
entre  tous  les  afcendans  Se  defendans  en  ligne  di- 
rede.  Adam  a  infecté  tous  fes  defcendans  du  péché 
originel.  Les  defcendans âss  frères  delà  Pucelle  d'Or- 
léans ont  été  confirmés  dans  l'exemption  des  tailles 
par  le  règlement  de  l'année  1^34.  Alors  il  eil  lubl- 
tantif. 

§C?  La  ligne  défendante  ,  en  Généalogie  ,  figni- 
fie  la  poftérité  de  quelqu'un.  PojUri.  La  ligne  afcen- 
dante J  fes  ancêtres.  Majores. 

DESCENDEMENT.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  Suc- 
ceiîîon  de  père  en  fils  a  l'infini ,  fuccelfion  de  père 
&c  mère  en  ligne  defcendante.  Dejcendement  n  e'i 
quand  l'hérirage  dcfccnd  depère  asenfans  ,oud'ayol 
a-enfansde  fes  entans.DE  Beauman. 

Ce  mot  de  defcendement  vient  de  defcenfus  &  def 
cendere  ,  parce  que  la  fucceflîon  qu'il  lignifie  le  fait 
en  ligne  defcendante. 

DESCENDRE,  v.  n.  Aller  de  haut  en  bas ,  être  porté, 
faire  un  mouvement  d'un  lieu  fupérieur  vers  un 
inférieur.  Defendere.  L'eau  défend  naturellement, 
&  ne  monte  que  par  violence.  Les  aftres  montent 
jufqu'au  zénith  j  ou  au  méridien  ,  &  défendent  ']i\C- 
qu'au  nadir.  Jacob  vit  monter  &  defceidre  les  An- 
ges le  long  d'une  échelle-  Depuis  les  Alpes  jufqu'à  la 
mer  on  va  toujours  en  défendant.  De  fendre  d'un  ar- 
bre j  d'une  montagne  dans  la  plaine,  de  la  cham- 
bre dans  la  cuifine  ,  dans  la  cave.  C'eft  en  ce  fens 
qu'on  dit  J.  C  défendit  dn  ciel  en  terre  ,  qu'il  def- 
cendit  aux  enfers  ,  que  le  Saint  Efprit  défendit  fur 
les  Apôtres  en  forme  de  langues  de  feu.  Selon  la 
fable  ,Herciile  ,  Enée  ,  Orphée  défendirent  dans 
les  enfers. 

tfT  Descendre  ,  fe  dit  généralement  de  tout  ce  qui 
tend  ou  eft  porté  de  haut  en  bas.  Defcrri ,  devehi  j 
defiuere.  Les  chofes  pefanres  défendent  nécelfiire- 
ment  en  bas.  Dejern.  Les  rivières  vont  toujours  en 
défendant  depuis  leur  fource.  Les  bateaux  qui  def 
cendent. 

$fZr  Descendre  ,  fe  dit  encore  de  ce  qui  va  de  haut  en 
bas.  Les  foutanelles  ne  défendent  que  jufqu'aux  ge- 
noux, les  foutanes  défendent  jufqu'aux  talons.  Def 
cendere  ,  defluere. 

■fer  Descendre  ,  en  Jurifprudence,  fignifie  fetranf- 
porter  fur  les  lieux  contentieux  pour  en  faire  lavifite. 
Defendere  in  aliquern  locum  ,deferri.  Il  a  été  ordonné 
qu'un  telConfeiller  defcendroit  fur  les  lieux  j  pour 
en  connoître  l'état ,  &  rendre  en  confcquence  fon 
jugement.  La  julticea  </e/cd:«i«  dans  tel  endroit;  les 
Magiftrats  s'y  font  tranfportés  pour  quelque  opé- 
ration. 

ffT  Descendre  ,  en  termes  de  guerre,  fignifie  faire 
une  irruption  dans  un  pays  à  main  armée,  par  mer, 
&  même  une  irruption  par  terre  ,  quand  on  vient 
d'unpaysqui  ell:  regardé  comme  plus  élevé.  Les  Hol- 
landois  n'ont  jamais  o(é  défendre  en  France.  LesSar- 
raUns  ^/e/ce/zt/^re/zf  enEfpagne.  LesGoths ,  les  Lom- 
bards défendirent  en  Italie,  \numpere. 


DES  z6i 

^  ^  O"  tlit  figurémenc  en  mufique  ,  défendre 
d'un  ton,  pour  bailler  d'un  ton;  faire  fuccéder  les 
fons  de  l'aigu  au  grave,  ou  du  haut  au  bas.  Vocem. 
remittere. 

^fT  Descendre,  fe  dit  quelquefois  avec  le  régime 
d'un  verbe  aétit.  Défendre  une  montagne ,  les  de- 
grés quatre  à  quatre.  Les  bateaux  défendent  la  ri- 
vière. 

§C?  0\\  dit ,  ep  termes  de  guerre  ,  Defcendre  la 
garde,  par  oppofition  à  monter  ,  qu'on  dit  quand 
on  la  pôle.  Ab  excubiis  difedere^  de  ftatione  d: fédère. 
On  du  de  même  que  les  troupes  défendent  la  tran- 
chée, pour  dire  qu'elles  en  fortent ,  qu'elles  font  re- 
levées par  d'autres.    Voye\  Garde  ,  Tranchée. 

Quelquefois  dtfendre  ell  effedivement  aCtif &  fi- 
gnifie la  même  chofe  qu'abailfer ,  ôter  d'un  lieu 
haut ,  mettre  plus  \id.i.Dcnnttere.  Défendre  un  chau- 
dron d'un  cran  -.défendre  une  tapiirerie,  une  lampe^ 
une  châlfe.  Jofeph  fut  défendu  dans  un  puits.  Les 
Tonneliers  defenda.t  le  vin  à  la  cave.  On  fut  obligé 
de  le  défendre  de  cheval. 

'ifT  Descendre  ,  fe  dir  aulfi  en  parlant  du  relâche- 
ment des  cordes  des  inftrumens.  Zij.varc,  remittere. 
Il  fau:  défendre  ce  luth  d'un  ton. 

Descendre,  en  termes  de  Marine  ,  fe  dit  des  chofes 
&  des  perfonnes.  Défendre  un  vallfeau  d'une  ri- 
vière ,  d'un  port  ,  c'eit  le  faire  fortir  de  la  rivière  , 
ou  du  port.  Défendre  quelqu'un  à  terre  ,  fe  dit  lorf- 
qu'on  mer  à  terre  quelqu'un  de  ceux  qui  étoienrdans 
le  vaifièau ,  foit  qu'il  y  confente  ,  ou  qu'il  le  de- 
mande, foie  que  ce  foit  malgré  lui.  Interram  ex~ 
ponere. 

'l&  Descendre  ,  fe  dit  dans  un  fens  moral  pour  s'a- 
bailTer  jufqu'à  la  familiarité  ou  jufqu'au  niveau  de 
ceux  qui  font  placés  au  delîous  de  nous ,  s'accom- 
moder J  fe  prêter  à  leur  ficuation.  Demittere  ,  de- 
primcrc  fe  ,  defendere  ad  aliquid.  Les  Rois  défen- 
dent (\L\Q\:\\\'iÇo\s  du  Trône  ,  &c  quittent  leur  Majefté 
pour  fe  familiarifer  avec  leurs  Sujets.  Dans  l'amitié  , 
celui  que  la  fortune  a  le  mieux  traité  doit  défen- 
dre par  fes  avances.  Louis  XI  avoir  un  efpiic  éga- 
lement capable  de  défendre  aux  bagatelles  ,  &  de 
s'élever  aux  plus  grandes  chofes.  Var.  De  ces  im- 
portantes occupations,  elle  û'e/cdwrf  humainement 
dans  le  plaifir  de  nos  fpeétacles.  Mol.  Les  gens  fé- 
rieux  ,  &  qui  ne  c/e/ce«i/tv,Y  jamais  de  leur  gravité  , 
font  très  incom.modes  à  ceux  qui  veulent  '0  livrera 
la  joie.  Bell.  C'eft  quelquefois  déchoir  ci  un  ran^^ 
élevé  ,  d'une  fortune  brillar«te.  Quand  on  a  été  élevé 
aune  charge  éminence,  il  faut  craindre  de  t/e/Ze/z- 
dre.  Corneille  a  dit  en  parlant  des  grancieurs  , 

Et  monté  fur  le  faite  j  il  afpii'e  à  defcendre. 

\fT  J^oye\  au  mot  afpirer  les  remarques  fur  ce 
beau  vers. 

,  %fT  On  dit  encore  figurément  defcendre  dans  le 
particulier  ,  dans  le  détail  dune  affaire,  en  exami- 
ner ,  en  rapporter  les  particularités ,  les  circonf- 
tances. 

Descendre  ,  en  termes  de  Généalogie  fignifie,  être 
né  ou  ilîli  d'un  père  commun  par  une  fuite  de  gé- 
nérations ;  tirer  fon  origine.  Genus  ,  originem  du- 
cere  ,  trahere  ab  aliquo.  La  vérité  eft  que  nous  def- 
cendans tous  du  premier  père  Adam.  Notre-Seigifeuc 
défendait  des  Rois  de  Juda  ,  il  étoit  de  la  lignée 
de  David.  Cet  homme  eft  défendu  en  ligne  di- 
recte ,  en  ligne  collatérale  des  anciens  Roisde  Caf- 
tille.  On  le  dit  aulfi  des  peuples.  Nicole  Gilles  veut 
que  les  François  foient  défendus  des  Troyens  ;  les 
autres  ,  des  anciens  Allemands.  Avec  un  peu  d'ar- 
gent on  défend  d'où  l'on  veut. 

Descendu,  ue.  part.  Il  a  la  fignification  de  fon  *-erbe 
dans  l'une  &  dans  l'autre  langue. 

DHSCENGLER.  v.  a.  Voye^  Dessangler. 

DESCENSION.  f.  f.  Terme  d'Aftronomie.La  defen- 
fon  d'un  figne  ,  eft  l'arc  de  l'Equateur  qui  defcend 
a''ec  ce  figne  au  deflous  de  l'horifon  de  la  iphère 
droite.  Defenfw.  La  dcfenfon  oliUque  ,  efVr.iri  do 


^6i 


DES 


l'Equateur  qui  defcend  avec  ce  figne  aii-defiTous  de 
J'horifon  de  la  fphère  oblique  ;  ou  c'eft  le  temps  que 
«:e  figne  emploie  .1  £e  coucher  dansla  Iphère  oblique. 
Les  dejcenjions  droites  &  obliques  fe  comptent  de- 
puis Ariès  ,  ou  depuis  la  feclion  vetnale ,  lelon  l'or- 
dre des  figues ,  c'el't-à-dire ,  vers  l'Orient ,  &  comme 
elles  font  inégales  ,lorfqu'elles  répondent  à  des  arcs 
égaux  de  l'Ecliptique  ,  par  exemple  ,  aux  douze 
fîgnes  du  Zodiaque  ,  il  elt  nécelFaire  que  quelque- 
fois une^plus  grande  partie  de  l'Equateur  monte  ou 
defcendeavec  un  figne  ,  &  alors  ce  figne  eftdit  mon- 
ter ou  delcendre  droit.  Quelquefois  une  plus  petite 
partie  de  l'Equateur  monte  ou  defcend  avec  un  fi- 
gne, &  alors  ce  iîgne  eft  dit  monter  ou  defcendre 
obliquement.  Ozanam. 

|Cr  DESCENSIONEL.  adj.  Terme  d'Aftronomie. 
Différence  defcenfionelle  ,  efl  la  différence  entre  la 
defcenfion  droite  &  la  defcenfion  oblique  d'une  mê- 
me étoile ,  ou  d'un  même  point  des  cieux.  Voyei 
Descénsion. 

|Cr  DESCENTE,  f.f.  Ce  mot^fignifie  en  général  un 
mouvement  de  haut  en  bas^l'adion  pat  laquelle  on 
defcend.  Defcenjus  j  dejcenjio.  La  defcente  du  Saint 
Efprit  fur  les  Apôtres.  La  defcente  de  Notre-Sei- 
gneur  aux  enfers. 

A  LA  DESCENTE  ,  façou  de  parler  dont  on  fe  fert  j 
pour  dire,  dans  le  temps  qu'on  defcend.  Aller  rece- 
voir quelqu'un  à  la  defceme  du  coche.  Donner  la 
main  à  quelqu'un  à  la  defcente  d'un  efcalier. 

^C?  Descente  ,  fe  dit  encore  de  l'atSlion  d'abailTer  , 
deRiettreplusbas.  De/?2i//?o.  C'eft  dans  ce  fens  qu'on 
dit  la  defcente  de  la  châlfe  fainte  Geneviève. 

1^  Termes  d'imager,  on  appelle  defcente  de 
croix  ,  une  eftampe  qui  repréfente  Notre-Seigneur 
qu'on  détache ,   qu'on  defcend  de  la  croix.  Imago 


defcenfum  Chriftï  de  cruce  reprefentans.   Il  y  a  dan 
cette  Eglife  une  belle  defcente  de  croix. 
Descente,   fe  die  aulîî  du  penchant,  du  lieu  incliné 
par  lequel  on  àQ^csnà.  Dedivitas  ^clivus.lX  ne  faut 
pas  pouffer  fon  cheval  à  la  defcente  d'une  montagne. 
Cette  defcente  e(l  trop  rude  ,  trop  roide  j   n'a  pas 
alFez  de  penchant, 
fer  Descente  ou  chute  j  terme  de  Méch.anique  ,  mou- 
vement ou  tendance  d'un  corps  vers  la  terre  ,  foit 
diredement ,  foit  obliquement.  On  a  beaucoup  dif- 
puté  fur  la  defcente  des  corps  pefans.  Le  mouvement 
des  corps  graves  augmente  dans   leur  defcente.  Le 
célèbre  Galilée  a  déterminé  les  loix  de  la  defcente 
des  corps.  Voyei  Pefanteur ,  Accélération  & 
vement. 
|Cr  Descente  ,  en  Jurîfprudence  ,  fe  dit  du  tranf- 
port  du  Juge  fur  les  lieux  contentieux  ,  pour  en  faire 
la  vifite  &  en  connoître  l'état.  Defcenfus ,  defcenfio. 
Le  juge  ordonne  &   fait  la  defcente  fur  les  lieux  , 
quand  il  y  a  néceilîté  de   dreffer   procès-verbal  de 
l'érat  des  chofes,  d'entendre   les  conteftations  des 
parties,  &  de  leur  en  accorder  a6te.  Mais  j  par  l'Or- 
donnance de  \GG-]  y  titre  XXI  ,  art.  I,  il  eft  dé- 
fendu d'ordonner  aucune  defcente  ,  quand  il  n'échet 
qu'un  fimple  rapport  d'Experts.  Les  Experts  ont  fait 
leur  rapport  de  la  defcente  &c  vifitation  d'une  telle 
terre.  On  dit  aufiî  à  un  ami  de  campagne  ;  nous 
irons  un  de  ces  jours  faire  une  defcente  chez  vous  j 
pour  dire,  nous  irons  vous  vifiter. 
Descente,  en  termes  de  guerre  j  fignifie  l'irruption 
des  ennemis  parterre  ou  par  mer,  Irruptio.  La  def- 
cente d'Annibal  en  Italie  penfa  ruiner  les  Romains. 
Une  telle  côte  eft  dégarnie  5c  fujette  aux  defcen- 
te s. 
Descente  j  en  termes  de  Guerre  ,  fedit  auffi  des  fip- 
pes,  taillades,  ou  enfoncemens  qu'on  fait  dans  les 
terres  de  la  contrefcarpe  au-delTous  du  chemin  cou- 
vert j  pour  entrer  dans  le  folTé  d'une  place ,  qu'on 
poulTe  jufqu'à  fleur  d'eau,  ou  jufqu'au  foads'il  eft 
fec.  Suffoffio. 
Descente.  Terme  de  Commerce.  On  appelle  à  Bour- 
deaux  &  à  Blaye  ,  barques  de  defcente,   les  barques 
chargées  de  Marcbandifes  qui  defcendent  la  Ci- 
toada. 


DES 

Descente  ,  fe  dît  en  Chirurgie  d'une  maladie  qu  oa 
appelle  autrement  hernie  j  ou  rupture  ,  qui  n'elt  au- 
tre chofequele  déplacement  des  boyaux,  une  aef- 
cente  de  l'épiploon  ou  du  boyau  dans  le  fcrotum. 
Procidentia.  Cet  entant  a  une  defcente  qui  l'obligera 
à  porter  un  brayer  toute   fa  vie. 

C'eft  une  erreur  de  croire  que  les  hernies  ,  ou 
defcentes  foient  des  maladies  nouvelles  ,  &  ,  li  l'on 
entend  dire  communément  qu'elles  étoient  autre- 
fois inconnues  ,  &  que  ce  n'elt  que  depuis  quelques 
années  qu'on  voit  tant  de  gens  en  être  afflig.ésj  ce 
n'eft  pas  qu'elles  ne  fulTent  connues  du  Chiruigien; 
mais  c'eft  qu'on  prenoit  alors  foin  de  les  cacher  , 
&  que  la  plupart  de  ceux  qui  avoient  des  defcentes 
n'en  informoient  perfonne.  Dionis.  Voy.  HERNIE, 
c'eft  la  même  chofe.  Le  nom  de  defcente  eft  le  plus 
commun,  &  le  plus  connu  de  tout  le  monde  j  le 
nom  d'hernie  eft  un  terme  d'art.  On  dit  aulîi  une 
defcente  de  matrice,  c'eft  une  incommodité  qui  ar- 
rive aux  femmes,  lorfque  le  fond  de  la  matrice 
defcendant  de  fa  place  tombe  dans  le  vagin,  f^oy. 
M.  Dionis  des  Opérations  de  Chirurgie. 

En  Architedure  on  ^^^eWe  defcente ,  les  tuyaux 
de  plomb  qui  font  appliqués  le  long  des  murs  pour 
porter  les  eaux  depuis  les  cuvettes  des  goutières 
jufqu'en  bas,  FifuU.  On  appelle  en  Architeélure  j 
defcente  la  rampe  d'un  efcalier,  &  la  voûte  qui  cou- 
vre cette  rampe.  ZJe/à'/z^ebiaife  j  eft  celle  qui  eft 
de  côté  dans  le  mur  ,  &  dont  les  piédroits  d'entrée 
ne  font  pasd'équerre  avvec  les  murs  de  face. 

Descente  ,  en  rermes  de  Fauconnerie  ,  fe  dit  de  l'oî- 
feau  qui  fond  fur  le  gibier  avec  impétuofité  pour 
l'aftommer  :  ce  qu'on  appelle_/o«c/re  en  randon.  Ad 
ima  ex  juhlimi  volatus  priceps.  Quelquefois  la  dej~ 
cente  de  l'oifeau  fe  fait  doucemenr  ;  lorfqu'il  fe  lai  (Te 
aller  en  bas  :  ce  qu'on  appelle  limplement  fondre 
ou  filer. 

Descente.  Terme  de  Gabelles.  C'eft  l'arrivée  du  fel  & 
de  la  décharge  pour  les  mettre  dans  les  greniers.  Il 
y  a  des  Commilfaires  aux  defcentes. 

On  dit  ptoverbialement  de  ceux  qui  s'étoient  éle- 
vés tout  d'un  coup  ,  &  à  qui  il  arrive  quelque  dé- 
faftre  '•  à  grande  montée,  grande  defcente. 

DESCHAÎNEMENT.   Foxei  DÉCHAÎNEMENT. 

DESCHAÎNER.  Voye^  DÉCHAÎNER. 

DESCHARGE.  VoyeT^  DÉCHARGE. 

DESCHARGEMENT.  Voye^  DÉCHARGEMENT. 

DESCHARGER.  Voye^  DECHARGER. 


mou-  DESCHARGEUR.  Voye-^  DECHARGEUR. 
DESCHAUMER.  Voye^  DÉCHAUMER. 
DESCHAUSSEMENT.  Foyei  DÉCHAUSSEMENT. 
DESCHAUSSER.  Voye^  DECHAUSSER. 
DESCHAUSSOIR.  Voyei  DÉCHAUSSOIR. 
DESCHAUSSURE.  Voyei^  DÉCHAUSSURE. 
DESCHAUX.  Foyei  DÉCHAUX. 
DESCINTROIR.  'Voye^  DÉCINTROIR. 
DESCIQUA,  adv.  Vieux  mot,  qui  fignifie  Jufques  i^ 
fuivanc  cet  exemple  : 

Treftot  l'aporfendu  defclquà  la  corde. 

DESCOMPT.  Foyex  DÉCOMPT. 

DESCONFÈS-  Foyei  DÉCONFÈS. 

DESCORD.  {.  m.  Vieux  mot.    Débat ,  conteftatioitî 

Difcors  lui  a   fuccedc ,  &c  eft  feul  en  ufage. 
A  DESCOUVERT.  Foye^  A  DÉCOUVERT. 
DESCOUVERTE,  /^oye^  DÉCOUVERTE. 
DESCOUVRANCE.  f.  f.  Vieux  mot.  En  defcouvrance^ 

à  découvert.  In  aperto  j  palàm. 

Et  mit  en  defcouvrance 
Du  corps  mué  la  trifîe  dcmonftrance,  Marot, 

DESCOUVRIR.  Foyei  DÉCOUVRIR. 

DESCRIER.  Foye^  DÉCRIER. 

DESCRIPTION,  f.  f.  Seconde  ou  troifième  copie  i 
&c.  Defcriptio.  Voilà  la  troifième  defcription  que  j« 
fais  faire  de  cette  pièce,  &  elle  n'eft  pas  encore 
correde.  Dans  ce  fens  ec  mot  n'eft  pas  François» 


DÈS 

Description,  Cgnifis  une  peinture  ,  une  repréfenta- 
tion  au  naturel  par  des  figures  ^  par  le  difcours.  Def- 
cripùo.  Les  Poètes  font  des  dejcriptions  fleuries  des 
campagnes ,  des  batailles  j  des  perlbnnes  pallion- 
nées.  On  fait  le  portrait  j  la  dejlription  d'un  homme, 
€n  repréfentant fa  taille  ,  fon  poil,  fes  traits  de  vi- 
fage,  (es  geftes ,  fes  manières  d'agir.  Il  n'en  a  fait 
la'  defcripdon  qu'en  gros.  On  a  fiit  la  dcfcription  du 
partage  du  Rhin.  Il  faut  que  l'Hiftorien  fâche  pein- 
dre avec  art ,  &  faire  des  defcripdons  vives  Se  relfem- 
biantes.  Vert. 

Soyei  riche   &  pompeux  dans  vos  defcriptions 
C'ejl-là  qu'il  faut  du  vers  étaler  l' élégance  , 
N'y  préjente\  jamais  de  èajfe  circonflance. 

BoiLEAU 

|CF  II  y  aplufieurs  fortesde  defcriptions  :  celles 
des  chofes  •,  comme  d'un  combat  j  d'une  tempête  , 
d'une  incendie  ,  &  celles  des  temps.  P^oy.  Chrono 
GRAPHIE.  Celle  des  lieux,  f^'oy.  Topographie.  Celle 
des  perfonnes.  f^oy.  Portrait. 

Description  ,  fe  dit  aulli  d'une  définition  fuperficielle 
ôc  imparfaite  ,  qui  donne  feulement  quelque  con- 
noiffance  de  la  chofe  par  les  accidens  qui  lui  font 
propres ,  &  qui  la  déterminent  alfez  pour  en  donner 
quelque  idée  qui  la  difcerne  des  autres  ]  fans  pour- 
tant en  expliquer  la  nature.  Log. 

ItJ'  Description  d'une  plante.  Terme  de  Botanique. 
Dejiriptio  pLintA.  Expofition  détaillée  de  la  forme 
de  toutes  fes  parties  ,  racines  ,  tiges,  feuilles,  fleurs, 
&c. 

§C?  Les  Grammairiens  fe  contentent  des  defcrip- 
tions. Il  faut  aux  Philofophes  des  définitions.  Foy. 
ce  mot. 

Description  ,  fignifie  aulîi  dénombrement  rédigé  par 
écrit  de  quelque  choie.  Defcriptio.  CéfarAugufte 
ordonna  qu'on  ï\i\-x  dcfcription ,  le  dénombrement 
de  tout  le  genre  humain  ,  au  temps  de  la  nailfance 
du  Meiîie.  Quand  on  lève  un  fcellé  ,  on  fait  inven- 
taire &  dcfcription  des  meubles  &:  papiers  qui  fe 
trouvent  fous  le  fcellé. 

DESCRIRE.  Voyei  DECRIRE. 

DESCROIS.  Vieux  terme  de  Maririe  ,  qui  fignifie  dé- 
troit, Fretum.  Ainfl  quelques  Auteurs  ont  dit  déferais 
de  Maroc  ;  pour   dire  ,  le  détroit  de  Gibraltar. 

t3ESCRUER.  Voyei  DÉCRUER. 

DESDAIGNER.  Foyq.  DEDAIGNER. 

DESDAIGNEUR.  Voyei  DÉDAIGNEUR. 

DESDAIGNEUX.  Voye^^  DÉDAIGNEUX. 

DESDAIGNEUSEMENT.  Foyer  DEDAIGNEUSE- 
MENT. 

DESDAIN.  Voye-(  DÉDAIN. 

DESDIRE.   Foyef  DÉDIRE. 

DESDIT.  Foyei  DÉDIT. 

DE.SEMBALLAGE.  f  m.  Ouverture  d'une  caiffe  ,  ou 
d'un  ballot ,  en  coupant  les  cordes  &  la  toile  d'em- 
ballage. 

DÉSEMBALLER.  v.  a.  Défaire  une  balle  ,  &  en  tirer 
ce  qui  étoit  emballé.  Mercium  fafccm  ,  fartinam  fol- 
vere ,  dijjolvere  ,  expUcare.  Il  faut  défemballer  ces 
Matchandifes.  Pomey  ,  Danet.  On  dit  alilîî  débal- 
ler. 

^fT  Désemballé,  ée.  part. 

DÉSEMBARGADOR.f  m.  Ce  mot  efl:  purement  Por- 
tugais. Nos  Gazettes  s'en  fervent  fouvent  en  parlant 
des  affaires  de  Portugal  ,  &  le  tranfportent  dans 
notre  langue.  C'eft  le  nom  d'un  Officier  de  robe.  Un 
Juge. 

DÉSEMBARQUEMENT.  f.  m.  Adtion  de  défembar- 
quer.  Exfcenfus  ,  exfcenflo. 

|Cr  DÉSEMBARQUER.  v.  a.  Terme  de  Marine.  Tirer 
hors  du  vailleau  des  raarchandifes  ou  des  rroupes 
qu'on  y  avoir  embarquées ,  avant  que  le  vailfeau 
foit  parti  ,  ou  avant  qu'il  foit  arrivé  au  lieu  de  fa 
deftination,  foit  par  le  mauvais  rempsj  foit  par 
quelqu  autre  raifon.  Exfcenfionem  facere  in  terram  , 
interramegredi  ^  copias  in  terram  exponere.'On  s'ap- 


D  E  ^ 


té^ 


perçut  en  levant  les  ancres ,  que  le  navire  faifoif 
eau  ,  il  a  fallu  tout  défembarquer. 

|p°  Corneille  prétend  que  ce  mot  ne  fe  dit  guèrô 
&  que  débarquer  eft  meilleur  :  mais  il  a  tort  de  re- 
garder ces  deux  verbes  comme  fynonymes.  £)e^ar- 
quer^Q  dit  en  parlant  d'un  vailfeau  qui  eH  arrivé  au 
lieu  de  fa  dertination,  &  défembarquer  &n  y^^xXznt 
d'un  vailfeau  qui  n'eft  pas  encore  parti  j  ou  qui  eft 
en  route  j  &  dont  on  ell  obligé  j  par  quelque  cir- 
conflance particulière,  de  tirer  les  troupes  ou  le? 
marchandifes.  :i 

Desembarqué  j  ée.  part. 

DESEMBARR  ASER.  v.  a.  Oter  l'embarras  ,  moins  eil 
ulage  que  debarra^er.  Notre  langue  aime  particu- 
lièrement la  netteté  ,  &  à  exprimer  les  chofes  autant 
qu'il  fe  peut  dans  l'ordre  le  plus  naturel  &  le  plus 
défembarraffé ,  quoiqu'en  mêmetempselle  ne  cède  i 
aucune  en  beauté  ni  en  élégance.  Gramm.  générale 
&  ra/fonnée. 

I^J"  Desembarrassé  ,  Ée.  part. 

IfT  DÉSEMBOCADERO.  Les  Efpagnols  donnent  ce 
nom,  qui  lignifie  débouchement,  au  détroit  dô 
Bahama,  qui  eft  entre  l'île  Bahama&  la  Floride  j 
parce  qu'ils  dcbouquent  par  là  pour  venir  de  U 
nouvelle  Efpagne  en  Europe. 

DÉSEMBOURBER.  y.  a.  Tirer  hors  de  la  bourbe.  E 
cœno  extrahere.  Défembourber  un  carrollc  j  défem- 
bourber  un  bateau. 

DÉjEMBÛURBÉ  ,    ÉE.  part. 

DESEMBOURRER.  V.  a.  Oter  la  bourre.  Cette  chaifô 
eft  trop  dure,  elle  a  befoin  d'être  défembourrée 

DÉSEMMANCHER.  v.  a.  Oter  le  manche  ,  de  quel- 
que inftrument. Ondit  pluscommunément  &  mieu.'C 
démancher. 

DÉSEMPAREMENT.  f.  m.  L'adion  de  défemparer* 
PoMEY.   Cejfio  ,  decejfio. 

DÉSEMPARER,  v.  a.  Quitter  abandonner  le  lieu  oii 
l'on  eft.  Ccdere ,  excedere ,  difcedere.  Depuis  un  an 
il  n'a  pas  dcfcmparc  la  ville.  Il  eft  plus  fouvent  neu- 
tre. Il  faut  qu'une  fencinelle  fe  trouve  en  fon  pofte 
&  n'en  défempare  point  qu'on  ne  la  relève. 

DÉSEMPARER,  cu  temies  de  Marine  ,  c'eft  mettre  un 
vailfeau  en  défordre  ,  le  démâter  ,  ruiner  fes  ma- 
nœuvres ,  &:  lui  ôter  fes  agrès ,  enforre  qu'il  foit 
hors  Aq  kïs'xztk  Naveminftruclufuo  nudare.  Il  eue 
rrois  vaifleaux  défemparcs  dans  ce  combat,  qui  fu- 
rent obligés  de  fe  retirer  pour  le  radoub.  Dans  la 
vivacité  de  ce  combat  le  Navire  de  M.  deChame- 
lin  fut  11  difemparé ,  ôc  perdit  tant  de  monde  ,  qu'il 
fut  obligé  de  fortir  de  la  ligne  pour  fe  radouber.  M; 
LE  Comte  de  Toulouse. 

DÉSEMPARÉ,  ée.  part.  Vailfeau  défempare  qui  a  perdit 
fes  agrès  ,  manœuvres ,  &c, 

DÉSEMPENNÉ  ,  ée.  part,  du  verbe  défempenner  qui 
n'eft  plus  en  ulage.  ilèche  ,  ou  matras  dégarni  dû 
plumes.  Sagitta  pennis  exarinata.  Il  n'eft  en  ufagé 
qu'en  cette  phrafe  proverbiale.  Il  s'en  va  comme  un 
trait  déjempenné ,  c'eft-à-dire  ,  fans  avoir  les  chofes 
nécelTaires  pour  fe  conduire  en  un  voyage  & ,  pouf 
réulîiren  une  affaire.  Deftituius. 

DESEMPESER,  v.  a.  Mettre  tremper  du  linge  dans  de 
l'eau  pour  en  f\ire  fortir  l'empois.  Linteum  amylg 
rigens  aquâ  dijfolvere. 

IJC?  DÉSEMPESÉ,  ÉE,  part. 

DÉSEMPLIR  ,  ou  dej'emplir.  v.  a.  Vider  en  partie  ce 
quieftplein,  faire  qu'une  chofe  qui  étoit  pleine  le 
foit  moins.  Z^e/'/ce.  Ondéjemplit  une  cornemufe^ 
quand  on  en  fait  fortir  le  vent.  On  défemplit  une 
cuve  ,  à  mefure  qu'on  en  rire  le  vin.  On  l'a  faignéj 
pour  lui  defemplir  les  vaifTeaux. 

§C?'  DÉSEMPLiaeft  aulll  neutre.  Sa  maifon  ne  défemplit 
point  de  monde.  Sa  cour  ne  défemplit  point  de  car- 
rolîes. 

|K?  Il  eft  auflî  réciproque.  Sa  bourfe  fe  défemplit. 
Ce  canal  fe  défemplit  tous  les  jours  j  devient  moins 
plein. 

Desempli  ,  ie.  part. 

DESEMPLOTOIK,  (.  m.  Terme  de  Fauconnerie.  Ceft 
un  fer  avec  lequel  on  tire  -de  la  muletce  des  oifeaax 


z64  D   E   P 

de  proie,  la  viande  qu'ils  ne  peuvent  digérer. 

DEiiEMi-'RISONNER.  v.  a.  que  l'on  prononce  aufli 
ians  accent  fur  la  première  lyllabe.  Faite  lortir  de 
prilon.  Aliquem  e  carcere  educere  j  emhurc,  eripere. 
On  avoir  emprilonné  cet  homme  pour  un  autre  j  le 
Sergent  eft  venu  en  même- temps  le  dejkinpnjonner:^ 
il  n'a  point  fallu  de  jugement  pour  le  dèjcmpnjon- 
ncr  3  pour  le  tirer  de  prifon.  Ce  mot  ne  fe  dix  guère. 

DÉSEN  AMOURE ,  ée.  adj.  qui  n'ell  plus  amoureux  , 
qui  a  renoncé  à  l'amour ,  qui  a  rompu  fes  chaînes  , 
&  repris  fa  liberté.  Molière  s'efl:  fervi  de  ce  mot^ 
mais  perfonne  ne  l'a  dit  aptes  lui.  • 

Mais  eji-ce  un  coup  bien  fur  que  votre  Seigneurie 
Soie  défenamouree  j  ou  Je  c  cjl  raillerie^ 

Mol.  Dépit  amoureux. 

DÉSENCHAÎNER  &  fe  DÉSENCHAÎNER,  v.  a. 
Oter  de  la  chaîne.  Ce  mot  ne  fe  dit  point  j  ou  fe  dit 
peu.  Déchaîner  ert  plus  ufité. 

DÉSENCHANTEMENT,  f.  m.  L'adion  dedéfenchan- 

.  ter.",FaJcini  dtpuljlo ,  propulfado  Jafiinationisfoludo, 
dijfolutio.  POMEY. 

DÉSENCHANTER,  v.  a.  Rompre  l'enchantement. 
Fafcinum  ab  aliquo  dcpcUere ,  jafcinadone  aliquem 
liberare.  Les  Héros  des  anciens  Romans  étoient  fou- 
vent  enchantés  ,il  fallcit  qu'il  arrivât  quelque  avan- 
ture  ,  ou  quelque  fameux  Magicien  pour  les  défen- 
chanter.  On  le  peut  dire  figurément  de  celui  qu'on 
a  guéri  d'une  pallion  qui  le  tenoit  comme  en  - 
chanté.  On  a  tait  connoître  à  cet  homme  fon 
aveuglémentj&  on  WdeTenchanté  Aq  la  folle  paflion 
qu'il  avoit  pour  cette  femme.  Il  a  défenchanté  \2. 
Cour.  Balz. 

Mon  ame  révoltée  , 
Crue  pour  jamais  être  défenchantée.  Voit. 

DESENCLOUER.  v.  a.  Oter  le  clou  qui  tenoit  une 
chofe  enclouée.  Clavum  eximere.  Il  eft  bien  difficile 
de  déjenclouer  un  canon  pour  le  mettre  en  état  de 
fervir  \  c'eft-à-dire  ,  d'ôter  le  clou  qui  a  été  enfoncé 
dans  la  lumière.  On  dit  auflî  ^^/Jc/oz^er  un  cheval  j 
lui  ôter  un  clou  qui  le  faifoit  boiter. 

Desencloué,  Ée.  part. 

DESENCOMBRER,  v.  a.  Vieux  mot  qui  fignifîe  ,  dé- 
gager J  délivrer ,  lever  ,  ôter  lesempêchemens.  Puif- 
que  vous  l'avez  encombré  ,  vous  le  devez  défen- 
combrer.  Aisis.c.  \6'Ù.  Liberare  ,  expedire  ,  combros 
removere. 

Ce  mot  vient  A' encombrer ,  vieux  mot  qui  veut 
dire,  empêcher  ^  embarrajfer,  &  de  la  particule c/f 
qui  a  fouvent,  en  François,  la  force  d'une  négation 
dans  la  compofition  des  mots. 

DÉSENCROUTEMENT  &  ENCROUTEMENT, 
f.  m.  Termes  dogmatiques  en  ufage  en  fait  de  Phi- 
lofophic  Cartéfienne.  Le  fyftême  des  encroûtemens 
&  déjencroûtemens  eft  connu.  Le  P.  Castel.  f^oy. 
encroûter  &  taches  dufoleil. 

DESENDORMIR,  v.  a.  qui  n'a  d'ufage  qu'au  par- 
ticipe, &  en  parlant  d'un  homme  à  demi  éveillé. 
Expergefacere  aliquem.  Il  n'étoitpas  encore  bien  dé- 
fendormi.  Ce  mot  n'eft  pas  d'ufage  même  au  parti- 
cipe., 

^fT  DÉSENFLER,  ou £/£/è/î/?er.  v.  a.  Faire  ceiïcr,  ôter 
ou  diminuer  l'enflure,  rtt/nore/n  difcutere  ,  tollere, 
vel  minuere.  Défenflcr  une  cornemufe  ,  un  balon. 
ÇC?  Il  eft  aulfi  neutre ,  ceflTer  d'être  enflé  ,  ou 
l'être  moins.  Le  ventre  de  cet  hydropique  eft  bien 
défenfîé ,  commence  à  fe  défenflcr.  Detumefcere. 
Il  eft  aufli  réciproque.  Oh  a  arrêté  fa  fluxion  j  fa 
joue  fe  défenfle, 

DÉSENFLÉ  ,   ÉE.  part. 

DESENFLTJRE.  f.  m.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Pomey 
&  dans  Danet .  &i  fignifie  celfation  ou  diminution 
d'enflure.  Ce  Malade  eft  défenflé  .  mais  la  défen- 
flure  nei\  pas  complette.  Ce  mot  fe  trouve  aulîî  dans 
le  Didionnairede  I'Acad.  Fr.  Il  eft  d'ailleurs  auto- 
rifé  pa'  l'ufage  :  & ,  quand  bien  même  tout  cela  ne 


D  E  P 

feroit  pas, il  faudroit  encore  s'en  fervir,  puifqus 
nous  nenavonspoinc  d'autre  à  lui  fubftituer.  Tumo- 
ris  folutio  ,  vcl  imminutio. 

DESENGAGER  ,  &  fe  DESENGAGER  avec  le  pro- 
nom perfonnel  ^  font  d'ulage  dans  le  même  fens 
que  défenrôler  ik  fe  défentôler.  On  a  defengagé  ce 
loldat  \  Ion  père  Ta  defengagé.  Ce  foldat  s'eft  defen- 
gagé,  moyennant  trente  piftoles.  Il  a  eu  fon  congé. 
On  dit  plus  fouvent  dégager. 

DESENGRENER,  v.  a.  Déga£;er  des  corps  qui  font 
engrenés,  dont  les  parties  lont  réciproquememenc 
engagées  les  unes  dans  les  autres.  Extricare  ,  expe- 
dire. La  rédftance  que  deux  corps  ,  qui  frottent  en- 
femble  ,  éprouvent  mutuellement  l'un  de  l'autre, 
vient  de  ce  que  les  parties  qui  hérifent  leur  furface, 
doivent  j  fi  elles  font  flexibles  ,  fe  plier  ou  fc  cou- 
cher ,  ou  fi  elles  font  dures  ,  fe  dégager  &  fe  défen- 
grener  les  unes  de  dedans  les  autres.  Fonten.  Aca- 
démie des  Se.  ï6ç)C).p.  104. 

^3"  Désengrené,  ée  part. 

DÉSENHEURER.  v.  a.  Vieux  mot.  Rendre  quelqu'ua 
malheureux ,  lui  ôter  fon  bonheur. 

DÉSENIVRER.  V.  a.  quife  dit  aulli  avec  le  pronom 
perfonnel.  Faire  palier  l'ivrefle.  Ebrietatem  j  crapu- 
Lam  difcutere.  On  nent  que  le  thé  ,  le  tabac  en  fumée 
défenivrcnt.  On  a  de  la  peine  à  fe  défenivrer,  quand 
l'ivrelFe  vient  de  biere  ou  de  cidre.  Edormire  crapu- 
lam  ,  ou  vinum.  Le  peuple  dit  par  corruption  déjivrer 
pour   défenivrer. 

]fT  DÉSENIVRER  eft  aufii  neutre.  Cer  homme  ne  <//- 
fenivre  pas  j  il  eft  toujours  ivre. 

Désenivré  J  ée.  part, 

DÉSENLACEMENT.  L'adion  de  défenlacer.'PoMEr. 
Laquei folutio  j  expUcatio. 

DÉSENLACER.  v.  a.  Tirer  les  lacets.  Cet  oifeau  s'eft 
défenlacé.  Laqueum  cxplicare  ,  folvere.  Pomey. 

DÉSENNUYER.  V. a.  Chafler  l'ennui  j  empêcher  qu'on 
ne  trouve  le  temps  trop  long,  par  quelque  divertif- 
fement  ou  occupation.  Alicujus  animum  reficere  _,  re- 
creare ,  titdium  levare.  Un  Auteur  fe  défsnnuie  à  com- 
pofer  fes  ouvrages.  On  fe  va  défennuycr  à  la  comé- 
die ,  à  la  chalTe  ,  à  la  promenade. 

DÉSENNUYÉ  ,  ÉE.  part. 

DÉSENRAYER.  v.  a.  Oter  la  corde  ou  k  chaîne  de 
fer  qui  empêche  que  la  roue  d'une  voiture  ne  tourne 
Déjenrayer  une  roue  de  carrofle  ou  de  eharette.  On 
le  dit  aufli  abfolument.  Il  faut  défenrayer. 

Désenrayé  ,  Ée  part. 

DESENRHUMER,  v.  a.  Faire  ceifer  le  rhume.  Aliquem 
gravedine  levare  ,  liberare.  Le  miel  de  Narbonne  eft 
un  remède  qui  défenrhume.  On  s'enrhume  ,  &  on  fe 
défenrhume  facilement  en  cette  faifon,,  paflànt  du 
froid  au  chaud. 

DÉsenrhumÉ  ,  ée.  part.  A  gravedine  levauis  ^  libera- 
tus. 

DÉSENROLEMENT.  f.  m.  J'ai  vu  bien  des  gens  em- 
ployer ce  fubftantif.  Son  défenrSlement  lui  coûtera. 
Son  defenrôlement  n'ed  pas  aifé  :  il  a  afFaireà  un  Ca- 
pitaine^quine  lâche  pas  aifément  prife. 

DÈSENRÔLER.  v.  a.  Donner  cougé  pour  toujours. 
Alicujus  nomen  ex  albo  niiUtum  delere  ,  expungere. 
Défenrôler  un  foldat. Pomey.  Danet. 

DÉsenrÔler  j  avec  le  pronom  perfonnel  :  k  défenrôler. 

%  Il  en  a  coûté  à  ce  jeune  homme  cinquante  piftoles 

!'  pour  fe  défenrôler.  Il  aura  bien  de  la  peine  à  fe  défen- 

'  rôler. 

DÉSENROUER.  v,a.  Guérir  de  Penroiiement.  Rau- 
citatem  folvere  ,  levare.  Ce  lirop  défenroue.  Se  défen- 
rouer.Raucedine  levari.  Il  faut  garder  le  lit  j  fe  tenir 
chaudement  pour  fe   défenrouer. 

DÉSENROUÉ  ,  Ée.  part.  Raucitate  levatus  ,  folutus. 

DESENSEIGNER.  Faire  le  contraire  d'enfeigner, ou 
enfeigner  quelque  chofe  de  contraire  à  ce  que  l'on 
avoit  enfeigné.  Pomey,  Danet.  Dedocere. 

DÉSENSEVELIR.  v.  a.  Oter  ce  qui  tenoit  un  homme 
enfeveli.  Mortui  corpus  effodere.  On  a  apperçu  quel- 
que mouvement  à  ce  corps  déjà  enfeveli,  il  a  fallu 
le  défenfevelir.  On  l' 3.  def enfeveli  ponz  le  faire  vifirer 
par  des  Médecins.  , 

DÉSENSORCELER. 


DES 

DÉSENSORCELER,  v.  a.  Oter  le  fort  &  le  charme' 
qui  écoit  jeté  fur  quelqu'un,  guérir  de  l'enforcele- 
ment.  AliquemJ jjlinacione  iiherard.  Le  peuple  croit 
que  les  Bergers  &' les  Sorciers  enforcèlent  &  c/r^/è/z- 
Jbrcèlenc  les  gensj  comme  il  leur  plaît.  On  le  dit 
quelquefois,  au  figuré,  en  parlant  d'une  pallîon  vio- 
lente. On  croit  que  cette  t^emme  avoit  enforcelé 
ce  jeune  homme  ^  mais  enfin  il  eft  guéri  &  d^fen- 
forcclé. 
Désensorcelé  ,  ée.  part.-  A  fafcinatione  liberatus  ,  fo- 

luais. 
DÉSENSORCELLEMENT.  f.  m.  L'acStlon  de  défen- 
forceler.  Pomey.  Fafdni  depulfio ,  propulfatio^jaj- 
dnationis  folucio  ,  dijjolutio. 
|C?  DESENTÊTER,  v.  a.  Ce  mot  ne  fe  dit  pas  au 
propre  j  pour  due  ,  guérir  des  vapeurs  nuilibles  que 
cercaines  chofes  envoient  à  la  tcte.   Mais  il  eft  en 
ufage  au  moral ,  pour  dire  guérir  quelqu'un   de  la 
préoccupation  ,  de  la  prévention  où  il  elt  pour  une 
perfonne  j  ou  pour  uns  chofe  ,  le  tirer  de  l'entête 
ment  où  il  eft.  Opinioncin  ,  cciguatione/n  aliquamali- 
cui  eximere.   Enfin  fes  amis  l'ont  défentéte  iIq  cette 
femrne  qui  le  ruinoit.  On  ne  i^t^ytJ/zKf^  guère  les  Hé- 
rétiques de  leurs  faulIesopinions.il  eft  déjentaede 
fa  Noblelle.  Ce  mot  n'eft  propre  que  pourlacon- 
verfation  j  &:  pour  le  ftyle  médiocre.  Bouh. 
DÉSENTÈrÉ,  ée  part.  Dcpuljus  ab  aliquj  opinione ,  co- 

gkationc. 
DÉSENTORTILLER.  v.  a.  Dévider ,  défaire  ce  qui  eft 
entortillé.  Explkare  ^  revriver£.  Selon  que  la  parrie 
de  la  corde  d'une  montre  ou  horloge  à  reftort  j  qui 
fe  dcfentonillc ,  eft   appliquée  à   une    plus  grande 
circonférence  de  cercle  ,  elle  ell  à  une  plus  grande 
diftance  du  point  fixe,  qui  lui  répond  dans  l'axe  j 
&  parconléquenc  lapuilfancequi  tire  par  cette  corde 
c'eft-à  dire ,  le  relfort  agit    plus  avantageufement. 
Ac.  DES  Se.  1701.  BijL  p.  izj.  Les  forces  du  rellort 
font  comme  les   longueurs   de  corde  qu'il  défentor- 
tïllc  d'autour  de   la  tufée.  Ib.  p.    114, 
DisENTORTiLLÉ  ,  EE.  patt.  Explicatus  ^  rcvolutiis ,  a, 
um.  La  corde  dcj cnton'dlée  eft  égale  à  lafurface  qu  elle 
laiiïe  découverte.  Ac.  des  Se.  p.  1 14. 
DÊSENTRAVER.  v.  a.  Oter  les  entraves  d'un  cheval. 
Equum  ferras  compcdïbus  libcrare.  V^oye:^  Entra- 
ves. 
DÉSENVENIMER,  v.  a.  Oter  le  venin.  Défemenïmer 
une  plaie.  RicH.   Keneno  pUgam  liberare  ,  purgarc 
venenum  vulneris  ,  expugnare. 
DESEQUIPER.  v.  a.  Ce  mot  fe  dit  des  vaiffeaux  ,  & 
fignifie  les  défarmer ,  en  ôter  ce  qui  avoir  fervi  à 
les  équiper.  Danet.  Naveni   injlruclu  fuo  riudare  , 
exuere  i  navigium  armamentis  fpoUare. 
DÉsÉquipé  ,  EE.  part. 

DÉSERGOTER.  v.  a.  Terme  de  Manège ,  fe  dit  des 
chevaux  à  qui  on  tend  l'ergot  jufqu'au  vif  pour  arra- 
cher quelques  veffies  pleines  d'eau  qui  leur  viennent 
aux  jambes  j  particulièrement  dans  les  lieux  maré- 
cageux. Pojiicum  unguem  findere. 

DESERT ,  ERTE.  adj.  Qui  eft  inculte  &  inhabité.  De- 
fertus.  On  donne  à  cens ,  à  rentes ,  des  terres  incul- 
tes &  défenes.  La  pefte  &c  la  guerre  ont  rendu  cette 
Province  défercc.  L'Arabie  défcrte.  Dans  les  lieux  les 
plus  folitaires  ,  &  les  plus  défères ,  vous  êtes  pour 
moi  une  grande  compagnie.  Bouh. 

Colomb  jamais  na  découvert  ^ 

Lieu  plus  fauvage  &  plus  défert.  Bois-R. 

©ÉSHRT,  eft  fubftantif  dans  le  même  fens  ;  &  fignifie 
une  certaine  étendue  de  terre  ou  de  pays  entière- 
ment ftérile  \  un  lieu  fauvage  ,  inculte  Se  inhabité. 
Solïtudo  ,  defercus  locus ,  defertum.  Les  dcferts  de 
Lybie.  Les  déferts  de  la  Thébaide  étoient  autrefois 
peuplés  de  pieux  Solitaires.  Du  Pin. 

Je  fuis  dans  un  défert  l'approche  des  humains. 

Molière. 

Tome  III, 


DES 


2.6/ 


Déferts ,  yôjej  témoins  des  peines  que  je  fens. 

LaSuze. 

Au  milieu  des  déferts  affreux , 
Vn  -célefle  aliment  noufriljoules  Hébreux, 

L'Abbé  TÊTU. 

DÉSERT.  Se  dit  en  général  par  les  Géographes  de  tous 
les  pays  inhabités  j  ou  peu  habités. 

Dans  l'Ecriture  plufieurs  endroits  de  la  Terre» 
fainte,  font  appelés  ddfcrr.  Le  déjert  fimplement  j 
c'eft  la  partie  de  l'Arabie  qui  eft  au  midi  delà  Terre- 
lainte  ,   &:  dans  laquelle  les  Ifratlites  errèrent  pen- 
dant quarante  ans,  depuis  leur  fortie  d'Egypte  juf- 
qu'à  leur  entrée  dans  la  Terre- promife  i  &  de -là 
vient  qu'on  appeloit  le  vent  du  midi,  vent  du  dé- 
fert. Le  défert  de  Berfabée  étoit  une  partie   du  dé- 
fert dont  nous  venons  de  parler  ,  fur  les  confins 
delà  Terre-fainte  en   tirant  vers  la  mer  Aiédirer- 
ranée.  Le  défert  de  l'Idumée ,  c'eft  lldumée  ,  pays 
aride  &c  montagneux.  Le  défert  de   Béharen  ,    de 
Bethfaide  ,  de  Cadès  j  de  Cédc-moth  ,  de  Damas  , 
de  Dibla,  d'Engaddi ,  d'Etham  ,  de  Gabaon  ^  d'Ho- 
reb  ,  de  Jernel  j  de  Juda  ,  de  Mahuuj  de  Moab  , 
de  Pharan  ,  de  Sin  ,  de  Sinai  ,  de  Sur  ,  de  Thecné , 
de  Ziph  :  ce  font  des  lieux ftériles  ,  incultes, quel- 
quefois montagneux  ,    quelquefois  des  pays-plats  j 
comme  ce  que  nous  appelons  des  landes  où  l'on  ne 
lailfepasde  faire  paître  des  troupeaux^des  lieux  fecs 
&  arides ,  où  il  n'y  a  point  d'eau  ,  lieux  folitaires 
où  il  n'y  a  point  ou  peu  d'habitations,  ni  d'habi- 
tans,    d'où  vient  que  les  Hébreux  les  appeloient, 
par  anriphrafe ,  I3"lt3  ,  qui    proprement  fignifie  , 
parole  humaine  ,  parce  qu'on   n'en  entendoit  point 
dans  ces  lieux.  Ces  lieux  prenoient  louventlenom 
des  villes   qui  en  étoient   proches,  f'oye^  ,  en  leuc 
place ,  les  noms  que  nous  venons  de  marquer  ci  - 
deifus. 

De-là  tant  d'expreflîons  figurées  dans  l'Ecriture  , 
où  mettre  quelqu'un  dans  le  défert ,  c'eft  le  met- 
tre en  de  grandes  mifcres.  Of  II.  j.  Le  conduire 
dans  le  dejert ,  c'eft  lui  procurer  ,  lui  caufer  de 
grands  malheurs.  Of.  II  14.  La  rerre  du  défert  ^ 
c'eft  une  condition ,  un  état  miférable.  Deuteron. 
XXX II ,  10.  Le  défert  des  peuples ,  fignifie  desper- 
fécutions  des  peuples  voilîns  ,  l'état  déplorable  dans 
lequel  ils  réduifent  par  la  guerre  ôi  la  caprivité. 
E\ech.  XX  jj.  Monter  ou  lortir  du  défert.  Cant. 
III,  6 y  VIII i  J.  c'eft  quitter  le  monde  ,  renoncer 
au  monde.  Il  fe  prend  aulîi  pour  un  lieu  ,  une  de- 
meure fàcheufe  j  incommode,  &c.  Ainfi //?XZ,  ^ 
la  Babylonie  ,  où  le  peuple  fur  emmené  en  captivi- 
té ,  toute  fertile  &  toute  peuplée  qu'elle  étoit ,  eft 
appelée  ^(.yèrr ,  &  quelques-uns  prennent  en  ce  fens 
le  défert  des  peuples.    E\.  XX  ^  j/. 

En  rennes  de  fpiritualité  ,  défert,  c'eft  folitude , 
retraite  ,  ou  d'efprit  feulement  ,  c'eft-à-dire ,  re- 
cueillement ,  médiration ,  contemplation  ,  ou  de 
corps  &:  d'efprit,  comme  Lorfqu'on  fe  retire  j  ou 
pour  quelques  jours  qu'on  fe  dérobe  à  fes  affaires, 
à  fes  occupations ,  pour  vaquer  à  Dieu  &  à  fon  fa- 
lut  j  ou  pour  toujours,  comme  lorfque  l'on  quitte 
fes  emplois ,  i^'c  ,  pour  vivre  dans  la  piété  &  la 
dévotion  ,  ou  qu'on  embraiïe  l'état  religieux.  Dieu 
conduit  les  âmes  faintesdans  le  défert,  ou  dans  la 
folitude  ,  pour  leur  parler  au  cœur.  Cet  exprellîou 
eft  prife  d'Ofée  II  ,  14. 

On  appelle  auiïi  défert  c\\qz  les  Carmes  Déchaux 
des  Monaftères  deftinés  à  la  retraite  &  aux  exerci- 
ces de  la  vie  fpirituelle  ,  dont  ceux  qui  demeurent 
dans  ces  déferts  doivent  uniquement  s'occuper.  Un 
Carme  Déchaux ,  nommé  le  P.  Cyprien  de  la  Na- 
tivité de  la  Vienje  ,  donna  en  1651  la  defcnption  de 
ces  fortes  de  ^e/èrM.  Jufque-là  ils  n'en  avoienr  point 
en  France.  En  1660  Louis  le  Grand  en  fonda  un 
près  de  Louviers  en  Normandie  ,  au  Diocèfe  d'E- 
vreux.  M,De  Villefore  en  a  donné  la  defcription  Sc 
le  plan  dans  fes  Vies  des  Saints  Pères  du  defertjd'Qs- 


%6<S 


DES 


cidcnt.  Les  Conftitudons  des  Carmes  Déchauirés 
ordonnent  (lu'il  n'y  en  aura  qu'un  dans  chaque  Pro- 
vince. Us  font  bâtis   à  la  manière  des  Chartreux , 
ôc  comme  l'extrême  lolitude  ik.  l'aullérité  de  ceux 
qui  réhdent  dans  ces  dejercs  ,  demandent  que  ces 
Monaftères  aient  une  grande  enceinte.  Us  doivent 
être  fitucs  pour  l'ordinaire  dans  des  forêts,  &être 
diverlihcs  de  lieux  champêtres  di  agréables  ,  de  val- 
lons,  de  collines  j  de  fontaines  &;  d'autres  mélan- 
ges propres  au  recueillement  intérieur.   Un  Reli- 
gieux n'y  va  point  qu'après  en  avoir  obtenu  la  per- 
niillion  de  fon  Supérieur.  Le  nombre  de. ceux  qui 
demeurent  dans  ces   dtfens  ne  doit   point  palier 
celui  de  vingt  deftiiiés  pour  le  chœur.  Quant  aux 
Frères    lais ,  il   doit  y  en  avoir  lufliGimment  pour 
ie  fervice  de  la  Maifon.  On  n'y  fait  aucune  étude  , 
&  on  ne  s'y  occupe  que  de  Toraifon  &  de  la  prière, 
de  lectures  pieufes  ,  &  des  autres  exercices  de  la 
vie    fpirituelle.   On    n'y   demeure    régulièrement 
qu'un  an  :mais  il  y  a  ordinairement  quatre  Religieux 
qui  y  demeurent  toujours  ,   toutefois  de  leur  gré 
éc  à  leurs  inftances  ,  afin  que    par  leurs  exemples 
ils   puHrent  inftruiie  &  former  les  nouveaux  Soli- 
taires. Le  filence  y  eft  très-étroitement  gardé  ,  l'abf- 
tinence  y  eft  rigoureufe.  Outre  les  cellules  du  cloî- 
tre ,  qui  font    à  la  manière  des   Chartreux  ,  il  y 
a  encore  dans  les  bois  des  cellules  féparces  &  éloi- 
gnées  du  Couvent  d'environ  trois  ou  quatre  cens 
pas ,  où  en  certains  temps  de  l'année  on   permet 
aux  Religieux  de  fe  retirer  les  uns  après  les   au- 
tres ,   pour  y  vivre  dans  une  plus  grande  folitude  , 
èc  dans  une  plus  grande  abftinence.  f'^oye^  lur  ces 
défères  &  fur  les  obfervances  qui  s'y  pratiquent  le  P. 
Héliot,  Hiji.des  Ordres  Rel/g.  T.  I ,  C.^f). 
DÉSERT.  Les  Port-royaliftes  donnoient  ce  nom  à  Port- 
royal  des  champs  j  &  ils  appeloient  les  lolitaires  j 
ceux  qui  s'y  retiroient.  L'on    iit  venir  au  défert  ce 
volume  qui  parloir  de  vous  \  il  y  courut  de  main 
en  main,  &  tous  les  folitaires  voulurent  voir  l'en- 
droit où  ils  étoient  traités  d'illulhes.  Racine. 
Désert  ,  fe  dit  auiîî ,  en  Agriculture  ,  d'une  terre  mal 
cultivée  ou  abandonnée  fans  culture.  On  lui  avoir 
affermé  cette  terre  en  bon  ordre  ,    il  en  a  fait  un 
</e/èrr.  On  appelle  des  vignes  en  défère,  quand  elles 
ne  font  point  labourées  ^  fumées ,  ni  échalalfées. 
Une  ferme  en  déjert,  qui  eft  mal  tenue. 

On  le  dit ,  à  contre  fens ,  d'un  homme  qui  aimant 
la  folitude  ,  a  fait  bâtir  quelcjne  jolie  maifon  hors  des 
grands  chemins ,  &  éloignée  du  commerce  du  mon- 
de ,  pour  s'y  retirer.  Ainii  on  appelle  la  grande 
Chartreufe  ,  un  beau  défert. 

fC?  En  termes  de  Palais  ,  on  dit  un  appel  défert , 
lorfqu'on  ne  l'a  pas  relevé  dans  le  temps  prelcrit. 
Dans  cette  phrafe  ,  défère  eft  adje.5tif.  f^oye^  défer- 
tion  d'appel. 
DESERTE,  f.  f.  On  a  donné  ce  nom  à  deux  Iles,  qu'on 
a  découvertes ,   &  qu'on  a  trouvées  fans  aucun  ha- 
bitant. Dejerta.  L'une  eft  entre  celle  des  Larrons  , 
&  l'autre  à  fep't  lieues  de  la  Madère.   Maty. 
DÉSERTE.  Ce  mot ,  qui  eft  hors  d'ufage  3  s'eft  dit  pour 
cri/Tze.  Avoir  fait  pendre  un  leur  parent  pour  fe  dé- 
ferte.Dt  Beauman.  Sans  déferte  &c  fans  meffet.  1d. 
Crimen ,   deliclum. 

Ce  mot  vient  de  defertarc ,  qui  s'eft  dit  dans  la 
bafte  latinité  pout  vaflare  ,  ravager,  J  aire  du  mal. 
DÉSERTER.  V.  a.  Quitter  le  lieu  où  l'on  eft.  Migrare, 
demigrare  de  locojocum  deferere.  Il  a  déferté  le  pays , 
il  l'a  quitté.  Un  honnête  homme  eft  contraint  de 
déÇerter  un  lieu,  d'en  fortir,,  quand  il  fe  rencontre 
avec  des  fots,  ou  des  méchans , 

Et  V ennemi  vaincu  déferrant y^j  remparts , 
Au-devant  de  ton  joug  couroit  de  toutes  parts.  BoiL. 

Ils  y  courent  enfouie,  &  jaloux  T  un  de  l'autre. 
Déferrent  leur  pays  pour  inonder  le  nôtre.  Racine. 

Déserter,  eft  quelquefois  employé  abfolument.  Cet 
homme  eft  fi  importun  ,  qu'il  me  fera  déferter. 


DES 

Et  lorfquefon  Démon  commence  à  l'agiter, 
Tout,jufquàfafervante,  ejlpret à  àéieizei:.  Boil. 

fer  Déserter  quelqu'un.  Terme  de  Marine;  c'eft , 
en  punition  de  quelque  crime  ,  le  mettre  à  terre  fur 
une  côte  étrangère  ,  ou  dans  une  Ifle  déferte,  &c 
l'abandonner.  Cela  ne  le  prarique  plus. 
03"  Déserter  J  dans  l'art  militaire,  fe  dit  des  foldats 
qui  quittent  le  fervice  fans  congé.  Sine  mifflûne  ii 
fgnis ,  a  vexillis  dijccdere  \  exercitum  deferere.  Dans 
ce  fens  on  dit,  deJcrterXc  fervice,  ou  abfolument 
dkferter ,  &  dcferter  èéwn.  régiment.  Un  foidat  con- 
vaincu d'avoir  deferté  q^  condamné  à  mort.  Il  fe  die 
aulli  au  figuré.  Molière  a  dir  d'une  coquette.  Il  lui 
eft  dur  de  voir  déferter  fes  galans. 
Déserter,  fe  dit  aulîi  pour  de  [farter  cw  e  [farter. 
C'eft  défricher  une  terre  abandonnée  depuis  long- 
temps j  &  pleine  de  builFons  &  d'épines,  pour  la. 
cultiver  dorénavant.    Agrum  incultum  colère,    rude 
folum  arare.  On -donne   à  ceux  qui  veulent  faire  de 
nouvelles  habitations  dans  l'Amérique  autant   de: 
terre  qu'ils  en  peuvent  déferter.  Nous  ne  trouvons 
point  ce  mot  ailleurs  en  cette  lignification. 
DÉSERTEUR,  ou  deferteur.  f.  m.  Soldat,  ou  Cava- 
lier enrôlé  ,  qui  quitte  la  compagnie  fans  congé , 
ou  qui  vient  s'enrôler  fous  un  autre  Officier.  Dejertor. 
On  traite  de  dejerteurs  les  foldats  qu'on  trouve  flms 
congé  àdemi-lieue  de  lagarnifon,  marchanr  vers  les 
pays  étrangers.  L'ancienne  Eglife  exconmiunioit  les 
deferteurs ,  comme  ayant  violé   leur  ferment.  Gro- 
tius.  On  le  dit  aulli  des  Ofliciers  qui  changent  da 
parti  :  Ce  Colonel  eft  un  déjerteur  qui  a  quitté  le  fer- 
vice de  fon  Prince. 
Déserteur,  fe  dit  aulîî  dans  un  fens  figuré.  Defertor. 
C'eft  un  défcrteur  de  la  Médecine  Mol.  Il  donne  de 
la  terreur  avoi  déferteurs èé v^ne  li  fainte  Société.  Patr. 
Quelques-uns  rapportent  qu'Ozias  fe  releva  de  fa 
chute;   &  d'autres,  que  Dieu  le  punit  comme  un 
fugitif  &   un   déjerteur.   Herman.  Ils  reçurent  en 
chemin  de  la  main  des  Corfaires  hérétiques  la  cou- 
ronne qu'ils  alloient  chercher  parmi  des  Barbares  & 
des    Infidèles  ,    moins  cruels  &   moins  pallionnés 
contre  les  Prédicateurs  de  l'Evangile,  çue  ces  défcr- 
teurs  de  l'Eglife.  P.  Verj.  Vous  ne  fauriez  rechercher 
l'appiobation  des   hommes  uns  trahir    votre  mi- 
niftèrcj  &fans  être  un  déferteur  de  la  milice  facrée. 
BouH.  Xav.  L.  VI. 

Je  ne  puis  e  [limer  ces  dangereux  Auteurs  j 
Qui,  de  l'honneur  en  vers  injames  déferteurs , 
Aux  yeux  de  leurs  lecteurs  rendent  le  vice  aima'cle. 

Boir-EAU. 


|C?  DÉSERTION,  f.  f.  Synonyme  d'abandonnemenr. 
On  le  dit  particulièrement  des  foldats  qui  abandon- 
nent le  fervice  fans  congé.  Exercitûs,  militis.  defertio\ 
militis  ah  exercitujinè  mifïone  difcejjus.  La  famine 
qui  étoit  dans  le  camp,  a  caufé  une  grande  défer- 
tion. 

Il  fe  dit  aufTi  au  figuré.  Nous  ne  vous  pardonne- 
rons pas  votre  déferùon. 

0C?  Désertion  d'appel,  en  termes  de  Palais ,  eft  une 
négligence  de  relever,  dans  le  temps  marqué  par  la 
loi,  un  appel  que  l'on  a  interjeté.  La  peine  de  la 
</eyêrnc«  d'appel,  eft  que  l'appel  eft  déclaré  nul  & 
comme  ix)n  avenu.  Eremodicium.  On  obtient  àt% 
Lettres  en  Chancellerie ,  pour  procéder  fur  la  défer- 
tion.  Bien  fouvent  les  lettres  de  défenion  font  conver- 
ties en  lettres  d'anticipation.  La  déferrion  d'appel 
n'a  point  lieu  en  matière  criminelle,ni  dans  les  appels 
comme  d'abus,  parce  que  la  négligence  d'un  parti- 
culier ne  doit  pas  préjudicier  à  l'intércrpubl-c. 

|Cr  DÉSERTION  d'un  bénéfice,  c'eft  lorfqu'un  titulaire 
abandonne  fon  bénéfice  &  difparoît  fans  qu'on  fâche 
ce  qu'il  eft  devenu.  Après  un  an  d'abfence  ,  on  peut 
obtenir  des  provifions  de  ce  bénéfice,  comme  va- 
cant Y>^x  défertion  3  mais  elles  deviennent  inutiles, 
dès  que  le  titulaire  reparoît. 


DES 

DÉSERVIR.  V.  a.  Vieux  mot.  Mériter. 

DÉSERY.  Foyeii  DIDIER. 

A  LA  DESESPERADE.  ady.  A  la  manière  d'un  dcfcf- 
péré.  Il  s&n  va  à  la  dcftfperadt.  Jouer  à  la  dcjcfpc- 
r^</e.  Se  battre  <2 /a  defcfpérade.Xio.'iS.Aw  llyle  fami- 
lier. 

DESESPÉRANCE,  f.  f.  Vieux  mot  ,  qui  a  été  die  pour 
perte  d'erpoir. 

DESESPERANT,  ante.  p.  préf.  &  ad;,  du  verbe 
défefpérer.  Qui  dcfelpère,  qui  jette  dans  le  dclef- 
■pou- Moleft{(Jimus ,  Jpcm  onincrn  ad'unens.  Cela  ell 
déftfpérant.  Que  d'idées  lugubres!  que  d'images 
cnx.'xv'xnx.zs  5<.  défefpérantcsl  Bqurdal.  Exh.  1.  1. 
p.  86.  On  me  traverfe  dans  cette  afïaire  ,  on  me  tau 
chicanne  fur  chicanne  j  cela  eft  dcfe/perant.  La  doc- 
trine de  la  réprobation  pofitive,  de  la  grâce  nécelli- 
lante  font  des  dodlrines  défcfpcranus.  Cette  penfée 
eft  defelpirante. 

DESESPEREMENT,  adv.  D'une  manière  défefpérée. 
I^efperanter.  Quand  on  n'attend  point  de  quartier j 
on  le  bat  déjcjpéremenc.  Les  âmes  qu'on  avoit  cru  le 
^\\.\s  dél^cfpéreinent  iwûù.àz'i ,  fe  portent  bien.  Pasc. 

f3°  DESESPERER,  v.  a.  Faire  perdre  l'efpérance  i 
quelqu'un  j  le  tourmenter  au  dernier  point,  le  jeter 
dans  le  défefpoir.  Aiicuifpem  omriem  eripere  ,  adïmere , 
cliqucm  ad  dejpcrationem  adigere.  Cette  femme 
défefpcre  tous  les  Amans  par  fa  cruauté.  Cette  afflic- 
tion, cette  perte  le  déjefpère,  le  fait  mourir.  Les 
Héros  de  l'antiquité  font  li  fort  au-delfus  de  nous, 
qu'au  lieu  d'exciter  notre  courage,  ils  dejejpèrcm 
notre  ambition.  Balz. 

//  met  tout  fon plaifir  à  vous  défefpérer.  Racine. 

IJC?  DÉSESPÉRER  J  eft  aufli  neutre,  &  fignifie  perdre 
l'efpérance.  Spem  perdere ,  am'ucere  de  faluce  ,  Jalu- 
teni-^fuluti  defpcrare.  Il  ne  faut  jamais  défefpérer  du. 
faluc  de  Ion  prochain ,  de  la  ccnveilion  d'un  pécheur 
Il  defefpère  maintenant  de  gagner  fon  procès.  Les 
gens  qui  défefpèrent  de  tout ,  &  qui  n'attendent 
aucun  bon  fuccès  y  s'endorment  pour  ainfi  dire,  dans 
leur  infortune.  M.  Se. 

I^CT  DÉSESPÉRER,  eft  aulTi  réciproque  &  fignifie,  s'af- 
fliger beaucoup  ,  fe  tourmenter  avec  de  grandes 
démonftrations  de  douleur.  Il  vient  d'apprendre  la 
mort  d'un  fils  qu'il  aimoit,  il  fe  dfefpère. 

DÉSESPÉRÉ  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Defpcratus.  Sénèque  fait 
dire  à  Caton  prêt  à  fe  tuer,  puifque  les  affaires  du- 
genre  humain  font  dcfcfpérecs ,  mettons  Caton  en 
fùrete.  Nicot.  Ceux  qui  fe  font  tués  eux-mêmes , 
regardoient  leuts  maux  comme  intolérables;  autre- 
ment ils  n'auroient  pas  pris  ces  réfolutions  défefpé- 
récs,  Id.  On  dit,  un  homme  defefpéré,  pour  dire 
fî  malade  qu'on  nen  attend  que  la  mort.  On  dit 
qu'un  homme  eft  defefpéré  àzs  Médecins  ,  pour  dire 
que  les  Médecins  n'ont  plus  aucune  cfpérance  de  la 
guérifon. 

On  dit  d'un  jeune  homme  incorrigible  qu'il  eft 
défcfpéré. 

DÉSESPÈRE,  ÉE.  Qui  a  perdu  tout  efpoir.  Il  fe  prend 
audi  fubftantivement.  C'eft  un  coup  de  defefpère. 
Les  défefpérés  font  à  craindre.  C'eft  un  brave  qui 
combat  en  defefpère.  On  a  loué  dans  l'antiquité  ces 
'\\\\i^):QS  défefpérés ,  qui  ont  cherché  la  mort  avec 
conftance.  M.  Se. 

Cejl  un  défefpéré  qui  peut  tout  attenter.  Con>f. 

On  dit,  il  court  comme  un  défefpéré:^  il  mange 
comme  un  défefpire;  il  faute,  il  crie  comme  un 
défefpéré ,  pour  dire ,  avec  violence  ,  avec  excès. 
DESESPOIR,  f  m.  Paftion  de  l'ame  qui  la  trouble, 
qui  lui  fait  perdre  toute  efpérance  ,  agitation  vio- 
lente de  l'ame,  caufé  par  l'idée  d'un  mal  affreux^ 
que  l'on  regarde  comme  inévitable,  ou  par  la  perte 
d'un  bien,  que  l'on  regarde  comme  irréparable. 
Defperado.  J'aime  un  défefpoir  qui  ne  s'exhale  pas 
trop  en  paroles  ;  mais  où  la  nature  accablée  fuccombe 
feus  la  violence  de  la  douleur,  S.  Evr.  Souvent  un 


DES  1^7 

heureux  (/^y^'o/V  fait  fortir  des  plus  grands  pcuis, 
&  redouble  l'audace.  Vous  avez  force  les  eiioeinis 
fans  craindre  ni  leur  nombre,  m  kur  courage,  6*; 
non  pas  même  leur:  dcfjpoir.  pLtCH.  En  le  loimanc 
une  trop  haure  idée  de  perfcttion,  on  le  tau  une 
frayeur,  ou  pkuôt  un  aejtjpoirde  la  vertu.  Id.  L'ef- 
pérance nair  quelquefois  du  defjpo.r.W amo.  La  pru- 
dence elle-même  nous  avertit  quelle  ne  le  incie 
point  de  régler  les  ciioies  extrêmes,  ni  de  conduire 
le  défefpoir.  J5alz.  Les  défefpoirs  des  amans  font  fou- 
vent  bien  trompeurs.  M.  bcuD.  Le  dcjfpctr  cit  le 
partage  des  lâches.  E.  Rab. 

Et  fi  ce  grand  dcfjeinfarpcjfe  ma  valeur  ^ 

Du  moins  a  délefpoir  convient  à  mon  maUicur, 

Racine, 

Le  déC^fpo'ir  fied  èien  à  des  hommes  perdus  j 
C'cf  lej'ccours  qui  refie  à  ceux  qui  lien  ont  plas. 

Brebeu?, 

Laiffe^-moi  déformais  tout  à  mon  défefpoir  ; 

Cejide  lui  que  mon  cxur  empruntera  de  fdide.Mot, 

§CJ"  On  a  quelquefois  employé  ce  mot  au  pluriel. 
De-là  nailfoienr  les  murmures  ,  les  cabales ,  les 
défefpoirs  de  cette  jeuneife  mal  contente.  Bouh. 
Xav.  L,  VI.  Corneille  l'a  employé  de  même  dans  les 
Horaces.  On  ne  le  du  plus  aujourd'hui  au  pluriel,  il 
tau  pourtanr,  du  M.  de  Voltaire  j  un  très- bel  eftet. 
Mes  déplaifirs,  mes  craintes,  mes  douleurs,  mes 
ennuis,  dilent  plus  que,  mon  déplaidr,  ma  crainre, 
&c.  Pourquoi  ne  pourroit-on  pas  dire,  mes  défef- 
poirs, comme  on  dirj  mes  efpérances?  Ne  peuc-on 
pas  défelpérer  de  plufieurs  chofes ,  comme  on  peut 
en  efpérer  pludeurs? 
XfJ"  Désespoir,  lignifie  aufiî  le  péché  par  lequel 
l'homme  defefpère  de  fon  lalut,  6c  de  la  miféricorde 
de  Dieu!  C'cft-à-due  une  dilpoiuion  de  l'efpru  qui 
nous  porte  à  croire  que  les  péchés  qu'on  a  commis, 
font  trop  grands  pour  pouvoir  en  obtenir  le  pardon, 
&  que  Dieu  eft  un  juge  inflexible  qui  ne  peut  les 
remettre.  Voy.  Espérance  Chrétienne. 

Grand  Dieu  !  tes  jugemens  font  remplis  d' équité  f 
Toujours  tu  prends  pldifr  à  nous  être  propice  ; 
Mais  j'ai  tant  J  ait  de  mal  que  jamaii  ta  bonté 
Ne  peut  me  pardonner  fans  bleffer  ta  juftice. 

On  dit  en  badinant,  d'une  femme  qui  n'eft  pas 
cruelle,  qu'elle  n'eft  pas  accoutumée  à  mettre  fes 
amans  au  dcffpoir. 
•Ï3°  Desespoir,  dans  une  fignification  très-étendue  j 
fe  dit  au  figuré  &  par  exagération  pour  un  grand 
déplaifir.  Je  fuis  au  déffpoir  As.  l'accident  qui  vous 
eft  arrivé  ;  de  ne  pouvoir  taire  ce  que  vous  défirez. 
Qrave  y  molefum  eft, 

ifT  Alors  on  s'en  ferr,  non  pour  marquer  cet 
abattement  de  l'ame,  qui  ne  crou  pas  pouvoir  fur- 
monter  le  mal  qui  la  prcfte,  mais  feulement  pour 
faire  entendre  qu'on  eft  fâché  de  quelque  chofe  qu^ 
l'on  blâme  &  que  l'on  défapprouve. 

Je  fuis  au  défefpoir  quand  on  met  en  ufage^ 
Toui  ces  termes  communs  quifententle  Bourgeois, 
Et  moi  lorfque  j'entends  un  ignoble  langage  , 
J'ai  l'oreille  écorchée ,  &  je  fuis  aux  abois.  S.  Evr, 

Désespoir  fe  prend  au/îî  quelquefois  pour  ce  qui  caufe 
le  dcfefpoir  même.  La  foi  rune  de  ce  méchant  homme 
eft  le  défefpoirAtsgQnsàs  bien.  C'eft- là  mon  défefpoir. 
Il  fe  dit  aulîi  des  chofes  qui  font  en  un  (\  nauc 
degré  d'excellencCj  qu'elles  font  Inimitables.  L'Iliade 
d'Homère  eft  le  dcfefpoir  de  tous  les  Poètes-  Ac.  Fr, 

Désespoir,  dans  l'hiftoire  des  modes-  C'eft  le  nom 
d'un  ruban  que  les  Dames  portent  à  leur  têtej  lotf- 
qu'elles  font  cocfFces  en  négligé.  Le  défefpoir  forme 
une  boucle  fur  le  haut  de  la  tête.  Il  defcend  des  deux 
côté*  fur  le  derrière  de  la  tcte,  il  s'v  croife,  &  rç-> 


zéS 


DES 


vient  en  devant  où  on  le  noue  négligemment  fous  le 
menton  j  ëc  les  deux  bouts  viennent  prendre  jufqu'à 
la  ceinture.  On  porte  des  déjijpoirs  de  toutes  les  ctiu- 
Jeurs.  Elle  avoit  mis  une  coetie  blanche,  mouchetée 
de  couleur  de  rofe,  avec  un  difefpoir  de  même  cou- 
leur. Crébillon. 

DÉSESTIAiER.  v.  a.  Vieux  mot.  Méprifer  j  faire  peu 
de  cas  Afpernarl^  conumnere ,  v'dipendtre. 

Desestime  j  ée.  part. 

DESETOURDIR.-  v.  a.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Pomey, 
pour  ramener  quelqu'un  de  ion  étourdilfement. 
AUlujus  Jluporem  dijcutere.  Je  ne  fuis  point  encore 
défetourdi.  Ce  mot  n'efl:  plus  en  ulage. 

DÉSETRINER  v.  n.  Oter  les  pieds  de  dedans  les 
étrieis.  C'eft  du  moins  ce  qu'on  croit  qu'a  voulu  dire 
l'Auteur  de  la  troilième  partie  du  Roman  comique 
dans  ce  palfage  :  fon  cheval  s'embouiba  il  fort,  que 
tout  ce  qu'il  pur  faire  ,  ce  fut  de  dijltriner  prompte- 
ment ,  &  délarçonner  en  même  temps,  &  de  mettre 
,pied  à  terre.  Ce  mot  lent  bien  la  Province. 

DÉSEVRANCE.  f.  f  Vieux  mot.  Séparation. 

DESEVRER.  Vieux  mot.  Rompre,  quitter. 

Alnfi  la  paix  fut pourparlce  , 
Et  la  bataille  délevrée. 

Ce  mot  eft  venu  du  Latin  deferere  j  abandonner. 
Borel  veut  que  y^v/er  un  enfant  vienne  delà.  On 
trouve  ce  même  mot  dans  la  (îgnification  Aiféparcr. 

DÉSEVRE,  ÉE.  part.  Vieux  mot.  Dénué. 

DESEXCOMMUNIER,  v.  a.  Remettre  dans  la  conv 
munion  de  l'Eglife  une  perfonne  qui  en  avoir  été 
retranchée.  Lever  l'excommunication.  Henri  Etienne 
£rit  le  conte  d'un  Prêtre  qui ,  ayant  demandé  du 
meilleur  aa Sommelier  d'un  Gentilhomme,  &  n'en 
ayant  eu  que  du  moindre,  en  fut  il  outré,  qu'ayant 
apperçu  ce  Sommelier  à  famelfe,  il  en  perdit  la 
parole.  Le  Gentilhomme,  qui  avoir  graud'hâte^ 
envoya  fon  laquais  pourfavoir  quelle  mouche  l'avoir 
ainfi  piqué  :  il  répondit  qu'il  y  avoit  dans  l'Eglife 
un  excommunié  qui  l'empcchoit  de  pourfuivre  ii. 
maire  ,  &  déclara  que  c'étoit  le  Sommelier,  qui  fut 
chaiïe.  Mellire  Jean  continua  fa  melîe ,  après 
laquelle  le  pauvre  Sommelier  fut  défexcommunïé ^  à 
la  charge  de  donner  Toujours  à  Melïire  Jean  du  vin 
de  Monfieur  &  de  Madame.  Apol.  pour  Hérodote  j  t. 
i.p.  z.  chap.  XI.  p.  540.  541.  Ce  mot  ne  fe  trouve 
nulle  part  ailleurs. 

DESGIGLER.  v.  a.  Vieux  mot.  Borel  dit  qu'il  croit 
que  ce  mot  veut  dire  deshabiller. 

DESGORGER.  Vieux  mot.  Parler,  c'eft  ce  qu'en  terme 
burlefque  on  diroit  ^c^t>/yèr.  GloJJ.fur  Marot. 

DESHABILLE,  f.  m.  Robe -de -chambre,  ou  autres 
chofes  dont  on  fe  couvre  quand  on  eft  chez  foi  en 
négligé,  quand  on  s'habille,  ou  quand  on  fe  désha- 
bille. Veftis  cubicularis  ,  cubiculariu.  On  ne  peut  par- 
ler à  Monfieur,  il  eft  encore  dans  fon  deshabille,  en 
robe-de-chambre. 

Sous  r héroïque  habit ,  dans  h  déshabillé. 

NOUV.  CH.  DE  VERS. 

^C?  DÉSHABILLÉ,  fe  dit  particulièrement  dans  le 
même  fins  des  habiUemens  que  les  femmes  portent 
quand  elles  gardent  la  chambre,  par  oppofition  à 
ceux  dont  elles  fe  fervenr  dans  les  vifites  de  cérémo- 
nie. Elle  éroir  dans  un  déshabillé ga\:inz. 

DÉSHABILLE,  daus  un  fens  moral  &  figuré  ,  fignifie un 
état  où  l'on  paroît  tel  que  l'on  eft,  fans  fe  gêner;  il 
fîgnifie  aufti  la  manière  de  faire  les  chofes  fans  art, 
lans  prépuanon  ,  fans  affedation.  Perfonne  n'ofe 
paroitre  dans  fon  déshabillé  :  chacun  fe  mafque^ 
chacun  cherche  une  parure  érrangère,  pour  s'offrir 
aux  yeux  du  public.  DESLANOts.  Montagne  eft  un 
de  ceux  qui  ont  écrir  fans  art ,  ni  préparation;  il 
s'eft  montré  au  public  dans  fon  déshabillé.  Au- 
teur anonyme  récent. 

DÉSHABILLER,  v.  a.  Oter  à  quelqu'un  les  habits  donr 
il  eft  vêtu.  Fejlem  detrahere,  fpoliare.  Cette  femme 


DES 

fe  déshabille  Sc  fe  r'habille  deux  ou  trois  fois  par 
jour.  Ce  Prêtre  s'eft  allé  déshabiller  à  la  Sacriftie.  En 
parlant  d'un  Prêtre,  c'eft  quitter  les  ornemeas.  Cette 
garde-malade  a  été  un  mois  lans  le  déshabiller.  Fel- 
tcin  exuere. 

On  s'en  fert  quelquefois  neutralement ,  en  fuppri- 
mant  le  nom  perlonnel.  Il  a  été  trois  mois  fans 
déshabUler,  il  eft  du  dilcours  familier. 

Deshabillé,  ée.  part,  cxutus  vejie,  fpoliatus. 

DESHABITER.  v.  a.  Abandonner  une  maifon,  un 
pays  où  l'on  habitoit.  Orbare  incolis ,  rcgionem  ali- 
quam  ^d/IvcTt;.  La  pefte ,  la  guerre,  ont  fait  désha- 
biter  des  pays  qui  étoient  tort  habités.  Il  n'eft  pas  ea 
ufage  J  dit  l'Académie.  On  fe  fert  adjeétivement  de 
fon  participe. 

DÉsHABiTEj  EH.  part.  &  adj.  Incultus ,  dcfertus.  Les 
maifons  déshabilles  tombent  bien-tôt  en  ruine.  Pays 
deshabité ,  qui  n'a  plus  d'habirans. 

DESHABITUER,  v.  a.  faire  perdre  une  habitude  à         . 
quelqu'un.  Ab  alicujus  rei  confuetudine  abducere.  Se        I 
déshabituer.  Defuejcere  ab  aliqua  re.  Cet  homme  a 
tant  fait ,  qu'il  s'eft  déshabitué  de  jurer.  Il  s'eft  des- 
habitué d'aller  au  Sermon. 

Déshabitué  ,  ée  part.  Defuejaclus. 

DESHAlT.f.  m.  Vieux  mot.  Triftelfe  ,  défordre ,  dif- 
pute.  GlojU".  des  Poé.  du  Roi  de  Nav. 

DESHÀLER.  Voye^  DEHÂLER. 

DESHANCHE.  Voye^  DÉHANCHÉ. 

DESHARNACHEMENT.  Foyei  DEHARNACHE- 
MENT. 

DESHARNACHER,  /^ojq  DÉHARNACHER. 

DESHERENCE  mieux  que  DEHÉRENCE.  f.  f.  Droit 
qui  appartient  au  Roi  ou  à  un  Seigneur  de  fief  de  fe 
mettre  en  poireftîon  des  biens  vacans  d'un  défunt 
iitués  dans  l'étendue  de  fa  haute  Juftice  ,  lorlqu'il 
ne  paroît  point  d  héritiers  ;  Jus  incaduca  bona.  Quel- 
ques coutumes ,  comme  celle  de  Normandie  ,  bor- 
nent le  droit  de  fuccéder  au  feptième  degré  :  mais 
d'ordinaire  la  fucceilion  a  droir  à  l'infini  :  c'eft  pour- 
quoi on  appelle  la  déshérence  ^  ligne  éteinte  ou  ligne 
jaillie.  Les  Do(iteurs  prétendent  que  la  déshérence 
eft  un  droit  Royal ,  qui  n'appartient  au  Seigneur 
de  fief  que  par  ufurparion.  Le  Bret.  En  bien  des 
lieux  la  ligne  marernelle  fuccèdeà  l'infini  à  la  ligne 
paternelle  qui  eft  éreinte  ;  mais  en  d'autres  j  les  ma- 
ternels ne  fuccèdent  point  aux  paternels,  ni  de  même 
les  paternels  aux  maternels.  La.deshérence  eft  à  l'égard 
des  immeubles,  ce  que  l'épave  eft  au  regard  des 
meubles. 

^C?  Le  droit  de  déjhérence  eft  le  droit  de  fuccéder 
à  un  regnicolené  en  légitime  mariage  ,  décédé  fans 
avoir  telté  ,  &c  fans  héritier  apparent ,  c'eft-à-dire  , 
fans  aucun  héritier  procréé  de  lui ,  ou  de  fon  ligna- 
ge ,  habile  par  les  loix  de  France  &  par  les  coutu- 
mes des  lieux,  à  Être  héritier  du  défunt.  Ainfi  le 
droit  de  déshérence  ne  comprend  pas  les  autres  ma- 
nières par  lefquels  des  biens  peuvent  être  vacans.  Il 
ne  comprend  pas  non  plus  les  fucceflions  des  aubains 
pi  celles  des  bâtards.  Koy.  Aubain  <Sc  Bâtard. 

DÉSHEPJTER.  v.  a.  Priver  quelqu'un  d'une  fuccelTion 
ou  d'une  parrie  de  fucceilion  à  laquelle  il  etoit  ap- 
pelé par  la  loi.  Exheredarc  ,  exheredem  fcnbere.  Le 
père  peut  déshériteras  enfansj  qnand  ils  fe  marient 
fans  fon  confentement ,  &  à  quelque  perfonne  in- 
digne. Foye^  ExhÉréder. 

DÉSHÉRITÉ  ,  FE.  parr.  Exheredatus  ,  exheres, 

DÉSHONNÊTE.  adj.  m.  &  f  Ce  qui  eft  contre  îa  pu- 
reté ,  ce  qui  blelfe  la  chafteré  &  la  pudeur.  Inho- 
nestus ,  ohfcenus.,  impurus.  Il  ne  faut  ni  dire^  ni  en- 
tendre des  paroles  fales  &  déshonnctes  ,  ni  lire  des 
livres  déshonnctes  ;  entrer  dans  des  lieux  déshon- 
nêtes  ,  faire  des  geftes  ,  des  poftures  déshonnctes. 
La  pauvreté  confeille  &  perfuade  ranr  de  chofes 
déshonnêtes.  Patk.  Les  Stoïciens  prérendoient  qu'il 
n'y  a  point  de  mois  déshonnêtes  ,  ni  de  paroles  fa- 
les 1.^  hont'nifes  ;  car  ou  l'infamie  vienr  des  chofes, 
ou  elle  eft  dans  Its  paroles:  elle  ne  vient  pas  fimple- 
ment  des  chofes,  p'iifqu'il  eft  permis  de  les  expri- 
mer en  d'autres  paroles  qui  ne  palTent  point  poUf 


DES  DES  2.69 

deshonnêtes  :  elle  n'eft  pas  aulli  dans  les  paroles  ,  puif-       jufqu'ici ,  jufqu'à  préfent.  Glo[f.  des  Poëf.  du  Roi  d& 
quun  même  mor  qui  lignitie  diveilcs  chutes  ,   ell        ^'-^ 


elrimé  deshonncie  dans  une  lignitîcacioji ,  &  ne  i'eft 
point  dans  une  autre.  Mais  il  faut  conlidérer  qu'une 
même  chofe  peu:  être  exprimée  honnêtement  par 
un  mot  j  &  déshonnêtemenr  par  un  autre  ,  li  1  on 
y  joint  quelqu'autre  idée  qui  en  couvre  l'intanue  j 
&:  Il  l'autre  au  contraire  la  préfente  à  l'efprit  dune 
manière  impudente.  Port-R.  Il  ferait  bon  de  re- 
trancher des  Dictionnaires  tous  les  mots  déshoniiL- 
tes ,  étant  plus  utile  de  les  ignorer  que  de  les  lavoir. 
Id. 

§C?  Deshonnète  &  malhonnête  ne  font  point  Cy- 
nonymes.  Le  premier  déligne  ce  qui  ell  contre  la 
pureté,  la  pudeur,  &  fe  dit  des  perlonncs  ainli 
quedvS  adtions  j  des  penfées ,  des  diicours_,  &c.  Le 
leeond  exprime  ce  qui  eft  contre  les  bienféances  &c 
les  uiagesde  la  fociété  j  on  contre  la  probité  natu- 
relle. V oye\  malhonnête  &*honncte. 

DÉStiONNÊrhlsIEISIT.  adv.  D'une  manière  déshon- 
n\:ti.  Innouejlè  ,  Jocdi  ,  turp'ncr.  Noê  étoit  couche 
(oït  déshonncteinenc  ,  quand  il  tut  apperçu  par  ics 
enfans.  Parler  dishonnctenient. 

DÉSMûNNErETE,  ou  DESHONNÊTETE.  f  f. 
k(X\o\\  ou  parole  contre  la  pudeur  ou  la  chalteté. 
Fxdius  _,  otjlenuas ,  fpurciûj.  Il  ne  tant  rien  dire 
devant  les  Dames  qui  fente  la  déshonnctetc.  Ce  mot 
efl  peu  en  ufage. 

DESHONNEUR,  f.  m.  Ce  qui  préjudicie à  l'honneur 
qui  fait  de  la  \\o\-\iQ.Deiecus  ^  injamla,  labes  ,  pro- 
brum.  Un  criminel  exécuté  en  Jultice  fait  disaon- 
fteur  à  fa  famille.  On  tient  à  déshonneur  de  marcher 
après  une  perfonne  à  qui  l'on  a  commandé. Cet  Ou- 
vrage ne  vous  fait  point  de  déshonneur. 

Mourant  fans  déshonneur  ,  je  mourrai  fans  regret.  ' 

Corn. 

On  dit  familièrement  prier  une  perfonne  de  fon 
déshonneur ,  pour  dire  ,  la  prier  de  quelque  chofe 
qu'elle  ne  doit  pas  faire  ,  qu'elle  ne  doit  pas  accor- 
der. 

DÉSHONORABLE.  adj.  Qui  caufe  du  déshonneur. 
Turpis  ,  i.iho'iejlus  ,  ignominiojus.  ACk'ion  déshono- 
table.  Emploi  déshonoraiie. 

DÉSi40N0£<.£R.  V.  a.  Oter  l'honneur ,  perdre  quel- 
qu'un d'honneur.  Alicui  ejje  probro  ,  dedecorï ,  la- 
bein  aiicu:  afpergere  ,  ïnjaniïarn  injerre.  Une  fille  qui 
s'ell  lailfé  L-iane  eÙ  déshonorée.  Ce  Magiltrat  eft 
fi  infime  &:  à  ignorant ,  qu'il  deshonore  ià  charge, 
q_u'il  déshonjre  la  robe.  Les  Prêtres  qui  le  déshon- 
norenfçw:  leur  dérèglement  ou  par  leur  ignorance, 
font  palTirr  du  mépris  de  leur  perfonne  à  celui  de 
leur  dignité.  Flech.  La  colère  ne  déshonore  perfon- 
ne, pourvu  que  fes  émotions  foient  proportionnées 
au  fujet  que  l'on  a  de  s'émouvoir.  M.  Esp.  Vous 
déshonore^  le  fang  dont  vous  êtes  forti.  Rac.  Vos 
actions ,  votre  conduite  font  déshonneur  à  votre 
famille.  Vous  dégénérez  de  la  vertu  de  vos  ancêtres: 
vous  faites  déshonneur  à  leur  mémoire. 

t3°  Deshonorer  une  fille  j  c'eft  lui  ravir  l'honneur, 
en  abufer.  Stuprare. 

IJCT"  En  rtyle  d'Eaux  &  Forêts  ,  déshonorer  un 
arbre  ,  c'eO:  l'étêter.  Decacuminare.  Il  eft  défendu 
par  lesOrdonnancesde  déshonorer  les  arbres ,  c'eft- 
à-dire,  de  les  étêter. 

DÉSHONORÉ,  ÉE.  part. 

DESHUMANISER,  v.  a.  Dépouiller  l'homme  de  fes 
fentimens  naturels.  Humanitatem  adimere ,  tolIere.Ce 
terme  a  peut- être  été  imité  fur  l'Italien  du  Pafior 
^(^o.  Prends  garde,  dit-il  qu'en  te  déshumanifant , 
nel  dlshumanarti ,  tu  ne  devienne  plutôt  une  bête  fa- 
rouche ,  qu'un  Dieu.  Il  eft  heureufement  inventé. 
Vaug.  Il  ne  faut  pas  déshumanifer  l'homme  en  la- 
veur du  Héros.  S.  Evr. 

DÉSHUMANISÉ  ,  ÉE.part. 

DESJA.  Vo\c^  DEJA. 

DESICHI.  adv.  Vieux    mot.   Depuis    long  -  temps  , 


Nav. 

DESIDÉRADE,  ou  DÉSIR  ADE.  île  des  Antilles  qu'on 
nomme  aulli  Dejeade  j  de  fon  nom  Elpagnul  De- 
fcada  ,  qui  lignifie  la  même  chofe  qu'en  Latin 
Dejiderata.  La  Dejidcrade  eft  la  première  terre  que 
Chriftophe  Colomb  trouva  à  fon  fécond  voyage. 
Il  lui  donna  le  nom  de  Z/e/êi7c/j,  c'eft-à  dire  ,  De(i- 
rée  ,  pour  marquer  le  grand  delir  qu'il  avoir  de  trou- 
ver quelques  terres  ,  après  avoir  long-temps  erré 
fur  mer.  La  Defidérade  eft  petite  mais  fertile  ,  & 
apparrient  à  la  France  ,  L.  de  P.  dans  fon  Hijl,  des 
Antilles ,  l'appelle  Defirade.  l'^oye^  Liv  I.  c.  3, 
art.  4. 

DESJEUNÉ.  Foyei  DÉJEUNÉ. 

DESJEUNER.  /%.  DÉJEUNER. 

DESIGN.A  i  ■  f.  m.  Nom  d'homme.  DeJIgnatus.  A  Maf- 
tncht  le  Vénérable  Défignat  Evêque.  Chastelain. 
Martyr  i?  Janvier.  Il  ell  marqué  comme  Saint  en 
ce  jour  dans  le  livre  intitulé  Sacrarium  SS.  Léo- 
dienfiuni  ;  quoiqu'on  ne  voie  pas  de  tradition  an- 
cienne de  fon  ctllte  dans  les  Egiifesde  Maftricht  &: 
de  Liège.  Ferrarius  le  nomme  Saint  aulli  en  ce  jour. 
Son  fucceireur  eft  nommé  Régnignat  dans  rous  les 
Catalogues  j  hors  celui  de  Meilleurs  de  Sainte 
Marthe,  qui  ont  cruqu'il  pouvoir  être  lemêmeque 
Défignat.  Mais  Henfchenius,  dans  fon  Exégèfe  de 
l'Epilcopatde  Tongres ,  qu'il  a  écrit  depuis  avec 
un  examen  férieux  ,  après  Défignaïus  met  licfigna' 
tus  feu  Reatus.  lo.p.ii^. 

DÉSIGNATEUR.  f.  m.  Officier  Romain  qui  défî- 
gnoit ,  cjui  marquoit  à  chacun  fa  place  &  ion  rang 
dans  les  cérémonies  publiques.  Mairre  des  cérémo- 
nies, qui  régloit  la  féance  j  l'ordre,  l.i  marche  j 
&c.  Defignator.  Il  y  avoir  des  Dejignatturs  dans  les 
pompes  funèbres ,  dans  les  jeux  ,  aux  théâtres  ,  aux 
fpecLacles  ,  qui  non-ieulement  allignoient  d  chacun 
fa  place  ,  mais  l'y  conduiloient  ,  comme  il  paroîc 
par  le  prologue  du  Pœnulus  de  Plante  ,  v.  19. 

DÉSIGNATIF.  adj.  Qui  défigne  ,  qui  fpécifie.  Quel- 
quefois Kattribut  défîgnatij  d'une  Puilfance  paroif- 
foit  tout  feul.  Souvent  aulli  on  joignoit  à  l'attribue 
le  fimulacre  qu'on  s'étoit  lormé  de  cette  Puiflance; 
&  fouvent ,  quand  on  vouloit  qu'un  même  limu- 
Licre  reprélentât  plulieurs  de  ces  Puilfances  j  on  le 
chargeoit  de  l'attribut  défîgnatij  propre  à  chacune  , 
ce  quiformoit  une  figure  hiéroglyphiquecompofée^ 
qui  le  nommoit  Panthée  ,  fou  du  mot  Grec  n«*TU 
omnis  ,  foit  à  caufe  de  ce  prétendu  Dieu  Pan,  fait 
pour  repréfenter  la  Nature  entière.  Merc.  de  Mars 

1735. 

Ces  mots  viennent  de  defignare  ;  défigner  ^  mar- 
quer. 

DÉSIGNATION,  f.  f.  Aétion  par  laquelleon  marque^ 
on  fait  connoitre  quelque  chofe.  Defignatio.  On  fait 
la  défignat' on  (ïnnQ  terre  partenans  &c  aboutlifans , 
d'une  perfonne  par  fa  taille  j  fon  poil,  &  auttes 
marques  qui  la  peuvent  faire  diftinguer  d'un  au- 
tre. 

Désignation  ,  fe  ditaufli  de  l'aélion  par  laquelle  on 
deftineà  quelque  emploi  J  à  quelque  charge.  Chez 
les  Romains  on  faifoit  des  défignations  de  Confuls  , 
&  d'autres  Magiftrats  j  quelque  temps  avant  leur 
élection. 

UCTDESIGNER.v.a.  Donner  d  connoitre  une  perfonne 
on  une  chofe  par  quelques  marques  particulières ,  les 
dénoter  par  des  exprellions  ,  par  des  fymboles  qui 
les  font  connoitre  :  &.'en  parlanrdu  temps  ,  du  lieu, 
marquer  précifément  l'un  &  l'aurre.  Defgnare  , 
notare.  On  me  l'a  fi  bien  défigné ,  que  je  le  recon- 
noîtrois  entre  mille.  Cet  hiéroglyphe  nous  défigné 
telle  chofe.  Ce  vent  nous  défigne  de  la  pluie.  Pr£- 
nuneiare  ^  pr&monfirare.  DéJ:gne':ç-mai  un  jour  cer- 
tain ,  le  temps,  le  lieu  ,  &  je  me  ttouverai  au  ren- 
dez-vous. Conflituere  ,  pntfinire. 

Designer  J  fedir  aulTi  en  parl.mt  des  perfonnes  que 
l'on  deftine  .1  quelque  charge  ,  emploi  ,  dignité. 
Défigner  quelqu'un  pour  fon  fiiccelfeur.  Le  P.oi  cks 


ijo  DES 

Romains  eft  déjigné  Empereur.  Conful  déf.gné  pour 
l'année  prochaine. 
DÉSIGNÉ  ,  EE.  part.  DeCgnatus. 

§Cr  DÉSLVlBRiGCJHR.  v.a.  Terme  ufité  dans  les  Pro- 
vinces de  droit  écrit  &   dans  les  Iles  françoiles  de 
l'Amén^jne.  Aftranchir ,  libérer   uu  décharger   un 
héritage  qui  étoir  aijfedté  ou  hypothéqué  à  quelque 
charge  réelle  ou  hypothécaire,  il  elt  oppofe  à  im- 
briguer ,    charger.    On    appelle   biens    imbrigués 
ceux  qui  font  chargés  de   beaucoup  de  rédevances 
ou  de  dettes.  Enc. 
DESiNCAMERATlON.  f.  f.  Terme  de  droit  :,  qui  re- 
garde la  Cour  Romaine.  A£te  par  lequel  on  délin- 
camère  \  c'ell  la  formalité  ,  la  cérémonie  ,  l'atlion 
par  laquelle  le  Pape  démembre  quelque  terrede  la 
Chambre  Apoftolique.  Ceux  qui  avoient  donné  leur 
voix  pour  lincamcration  de  Caftro  jnon-leulement 
en  approuveroienc  la  déjîncamerat'wn  ,  mais  trouve- 
roient  même  des  éloges  pour  la    louer.  L'Abbe 
Regn. 
DÉSINCAMÉRER.  V.  a.  Terme  de  Droit  ,qui  regarde 
la  Cour  Romaine.  C'eft  démembrer  de  la  Cham- 
bre Apoflohque  les  terres    qui  y   font    unies,  qui 
y  appartiennent.  L'article  poitoit  que  Sa  Saintv.té 
'  déjincaméreroit  l'Etat  de  Caftro.  L'Abb.  Regn.  Cela 
avoir  fait  croire  à  Rome  ,  c^u'à  la  fin  le  Pape  s'écoit 
déterminé  à  dé/ïncamérer.  Id.  Ceux  des  Caidmaux 
qui  étoient  d'avis  de  d é (incarner cr ,  ou  s'abrtinreni 
de  dire  leur  avis  ,  ou  le  dirent  inutilemtnt.  Id.  Dans 
les  deux  derniers  exemples  le  verbe  deyincamérer  ti\ 
fans  régime. 
DÉSINCORPORER.  V.  a.  Retrancher,   féparer  une 
chofe  du  corps  auquel  elle  avoir  été  incorporée.  Il 
ne  fe  dit  guère  qu'au  figuré.  De  corpore  cximere  j 
tolUre  ,  detrahere.  On  a  dijincorporé à<î  ce  Prélidial 
dès  Officiers  qui  y  avoient  été   incorporés  par    un 
Edir  précédent.  On  a  dejlncorporé  ctiiQ  Cour  des  Ai- 
des de  la  Chambres  des  Comptes,  pour  en  taire  une 
Cour  féparée.  Déjlncorporcr  une  terre  du  domaine 
du  Roi  par  échange. 
DESINENCE,  f.  f.  Term'maùo  fj//ij. Terme  de  Gram- 
maite  ,  c'eft  la  chute  ,  la  terminaifon  d'un  mot.  On 
n'entend  point  ici  par  le  mot  de  cas  ,  ce  que  les 
Grammairiens  Latins  entendent  par  le  mot  de  cafus 
qu'ils  emploient  pour  marquer  les  différentes  chû- 
tes ou  dejiiiences ,  que  chaque  nom  peut  recevoir  dans 
chaque  nombre.  L'Abb.  Regn. 
DESINFATUER.  v.  a.  i^étromper  quelqu'un  qui  s'efl: 
laillé  inlatuet  d'un  autre  homme ,  ou  de  quelque 
opinion,  hnorem  alicuï  eripere  ,  dedocerc  errorem  _, 
opinionem.On  a  bien  de  la  peine  \déjlnjatuer\ir\  opi- 
niâtre lorfqu'il  eil  une  fois  préoccupé.  On  ne  fe  dé- 
Jlnjatue  pas  aifément  des  nouvelles  opinions. 

DÉSINFATUÉ  ,   ÉE.  part. 

DESINFECTER,  v.  a.  Oter  l'infeélion  de  quelque  lieu. 
Domum  aitquam  peftilentiâ  injccîamexpurgare.  On  a 
</e/î/?/^ec7e  cette  chambre.  Danet.  On  avoir  déjà  de- 
^«/e&' plus  de  4500  maifons  d'Avignon.  Jo«r«.  de 
Verdun^  Nov.  171t.  Il  y  a  long-temps  que  je  luis 
définjeclé  àe  cette  opinion. Ileft  peu  uhté,tant  au  pro- 
pre qu'au  figuré. 

Désinfecté  ,  ée.  part.  &  adj.  Purgatus  ^  a.  On  croyoir 
la  Grande-Bretagne  c/tfyT/T/t'iîe'e  de  cet  air  contagieux 
qui  excite  les  remuemens.  Jour,  de  Verdun.  A'^dv. 
,1712,;'.  j  54. 

DESINFECTION,  f,  f.  Aétion  par  laquelle  on  défin- 
fede  j  onôte  l'infeârion  d'un  lieu.  Purgatio  ,  lujîra- 
tio.  Dans  un  recueil  dedifFérens  Auteurs  fur  la  perte 
on  traite  de  la  dcjinj tclion  des  villes  ,  maifons ,  per- 
fonnes  ,  meubles,  bêtes  &  marchandifes;  on  y  traire 
des  remèdes  nécelfaires  pour  venir  à  bout  de  cette 
dijlnftclion.  JouRN  des  Sav.  1721,  p.  158.  Il  y  a 
une  Relation  compofée  par  le  P.Tamiiîer  ,  Jacobin  , 
rouchnnt  la  déjinfecîion  de  la  ville  de  Montpellier. 
La  dé/înfeclion  c^nc  l'on  fait  en  chaque  ville  j  lorf- 

?[ue  la  perte  eft  fur  fa  fin,  eft  une  des  caufes  qui 
ait  certer  la  perte  dans  les  villes  inPeétées.  Astruc. 
La  dejînfeclion  a  été  faire  très-exadement  dans  la 
•ville  6c  IcComcac  d'Avignon.  Merc.  de  Décembre 


DES 

17IÎ.  On  a  travaillé  à  la  définfeclion  ^q  toutes  les 
marions,  des  effets  &  des  marchandifes.  Journ.  de 
Verdun,   1722.  A''ûv. /7.  364. 
DESINTERESSEMENT,  f.  m.  Déxachement  de  touc 
intérêt  perlonnel.  Fropriorum  commodùrum   neg.'ec- 
rus  iprivata  uniitatis  oblivio.  Les  Stoïques  j  les  Cy- 
niques, ont  vécu   dans   un  grand  de/i/iterejjeme/a  j 
dans  un  grand  détachement  de  toutes  chofes. 
DHSINTERESSER.v.  a.  Mettre  une  peifonne  hors  d'in- 
térêt en  lui  donnant  en  dédommagement  une  chofe 
dont  il  doit    le    contenter,  ^oy.  dédommager.   Il 
a  lallu  le  dejlnterejjer  fous  main  ,  pour  avoir  fon 
défirtement.  Il  aperdu  fur  cet  achat,  mais  ileft  dé~ 
Jiutércjji  par  un  autre  qui  le  récompenfe.  Il  fuffit 
d'avoir  caufé  directement  ou  indireétement  le  dom- 
mage pour  être  tenu  de  defintere^jer  celui  qui   l'a 
foulfeir. 
DÉsiNTÉRESsÈj  EE.  part.  Il  eft  fouvent  adjeélif,  &  fi- 
gnifae  en  généial  celui  cjui  ne  fe  conduit  point  par 
le  motif  de  fon  intérêt  perlonnel.  (^ui  Jui  cotr.rriodi 
Jtudïo  minime  ducitur  ,  qui  fuis  crmmodis  nonj'ervit  ^ 
fuorum  commodorum  mgUgeus.  C'eft  l'homme  le  plus 
délintérelfé  que  je  connoiffe. 

|C7"  On  le  dit  aullî  de  celui  qui  n'eft  touché  d'au- 
cune p.aftion  de  vengeance  j  d'affeélion  ,  de  haine, 
&c.  Un  Juge  doit  être  défintérelfé.  Je  regarde  d'un 
œil  déhntéreflé.  Un  amour  déjintérej]^  tÙ.  une  chi- 
mère. M.  Scud.  Comme  nous  ne  fommes  pas  alfez 
déjuitérejjes  pour  étudier  nos  propres  défauts  en 
nous-mêmes  fans  prévention  ,  il  faut  lesconfidérer 
dans  les  autres  pour  fe  corriger.  S.  Real.  Valftein 
éroit  artificieux  jufqu'à  paroître  déjtntére[fé.  S ak as. 
Il  ne  fut  jamais  de  paillon  fi  de^ntérejféeqixe  la  mien- 
ne. S.  EvR. 

Les    Myftiques    appellent     amour    déjlntérejfé , 
l'amour  de  Dieu  ,  qui  eft  dégagé  de  rout  motif  de 
propre  inrérêr  ;  qui  exerce  les  vertus  par  rapporta 
la  feule  gloire  de  Dieu  ,  fans  avoir  égard  même  à 
la  récompenfe  éternelle.  Caritas  gratuita.  C'eft  la 
fainre  indifférence  rant  vantée  par  les  dévots  con- 
templatifs. Fen.  La  contemplation  palîive  exerce  les 
vertus  d'une  manière  paifible  &  défintérejjée.    Id. 
Une  ame  parfaitement  defintére(fce  veut  tout  pour 
Dieu  J  &  rien  pour  elle.  Id.  Cela  doit  s'entendre  des 
aétes   particuliers  ,&  jamais  d'un  Erat. 
DESIR,    f.  m.  Inquiétude    qu'on    reffent    pour  une 
chofe  abfenre  ,  ik  à  laquelle  on  attache  une  idée  de 
plaidr  j  paillon  qui  nous  porte  à  vouloir  un  bien  que 
nous  jugeons  nous   erre  convenable.  Defiderium  ^ 
cupidu.  La  colère  eft  un  defir  ardent  &C  opiniâtre  de 
nuire.  M.  Esp.  Vous  avez  allumé  des  dcjlrs  témé- 
raires dans  mon  cœur.  S.  EvR.  La  piété  nous  or- 
donne de  renoncer  à  tous  les  dejirs  mondains  &c  cri- 
minels ,  aux  dejîrs  de  la  chair.  Le  de/ir  de  la  gloire 
eft  ce  qui  anime  le  Héros  ôc  on  lui  doit  toutes  les 
aétions  d'un  grand  éclat.  Le  dejïr  de  trouver  la  vé- 
rité eft  tout  ce  qui  dépend  de  nous  ,  la  ttouver  n'eft- 
ce  pas  plutôt  un   bonhout  qu'un  mérite  ?  Un  dejir 
de  gloire    immodéré    ik.  une  ambition  trop   vafte 
ne  lui  lailfentpoint  de  repos.  S.  Evr.  Je  connois  plus 
les  l'ouhaits  que  les  dejîrs.  M.   Scud.  Cela  eft  fore 
judicieufement  dillingué  ;  car  les  fouhaits  doivent 
être  l'ouvrage  de  la  raifon  j  &  les  dej'irs  font  pref- 
que   toujours  des  aveugles  qui  naiffent  du  tempé- 
ramment ,  &  j'ai  eu  plufieurs  fois  des  de/irs  pour 
des  chofes  que  je  n'ai  pas  fouhaitées  ,  par  ce  que 
ma  raifon  y  eft  oppofée.  M.  Scud. 

CkJ"  La  force  de  la  fignification  de  ces  deux  j  dic 
M.  l'Abbé  Girard ,  ne  dit  rien  de  bon  ou  de  mauvais  i 

dans  l'objet  j  elle  n'exprime  que  le  mouvement  par  | 

lequel  l'ame  fe  porte  vers  lui,  quel  qu'il  foit  ^  bon 
ou  mauvais;  mais  avec  les  différences  fuivanres.  Les 
Jouhaits  &  les  de/irs  ne  regardent  que  les  chofes  éloi- 
gnées; \qs  fouhaits  font  plus  vagues;  &  les  defirs 
plus  ardens.  Les  fouhaics  {e  nourrilfent  d'imagina- 
tion ;  ils  doivent  être  bornés.  Les  defrs  viennent  des 
partions,  ils  doivent  être  modérés.  On  fe  repaît  de 
fouhaits.  On  s'abandonne  à  fes  defrs.  Nous  fouhait- 
tons  ce  qui  nous  flatte.  Nous  dirons  ce  que  nous 


DES 

eftimons*  On  dit  à\i  fouhah  qu'il  eft  raifonnable  oà 
ridicule;  du  de/îr,  qu'il  cft  fbible  ou  violent.  Les 
parelfeux  s'occupent  à  faire  des  J'ou/mics  chimcri- 
ques.  LesCourtilans  fe  tourmentent  par  des  dc/irs 
ambitieux. 

|Cr  Le  defir  ajoute  toujours  à  la  vivacité  du 
fouhait ,  qui  n'eft  quelquefois  que  de  pure  politelfe. 
Souhaits  de  la  nouvelle  année. 

Si  l'homme  n'avoit  point  péché,  l'ame  &  le  corps 
ne  fe  feroient  point  importunés  par  des  deiîrs  de- 
raifonnabies.  Port-R.  Les  otfices  des  vrais  amis  ont 
je  ne  fais  quoi  de  vif  qui  va  au-devant  de  nosbefoins 
&C  qui  prévient  jufqu'à  nos  dejirs.  S.  EvR.  La  mefure 
des  deJirs  eft  d'ordmaire  celle  des  inquiétudes  &c  des 
chagrins. 

La  raifort  au  milieu  des  plaijîrs. 
D'un  remords  imporcunvient  brider  no  s  defirs.  Boil. 

Combien  de  fois  fenflble  à  tes  ardens  defirs , 
M'efl-il  en  ta  préfencc  échappé  des  foupirs  ?  Rac. 

Son  mJroir  lui  difoic,  prene^  vite  un  mari  ; 
Je  nefai  quel  delir  le  lui  difoitaujfi.  La  Font. 

On  dît,  en  termes  de  Pratique ^  d'un  teftament, 
d'un  partage,  ou  autre  adte  défetiueux ,  qu'il  n'ell; 
pas  tait  au  dejîr  de  la  Coutume,  de  l'Ordonnance, 
pour  dire ,  qu'il  n'a  pas  toutes  les  formalités  que  la 
Coutume  demande. 

On  dit  proverbialement,  que  les  obftacles  irri- 
tent les  dejirs ,  &  fur-tout  en  matière  d'amour,  pour 
dire,  que  nous  fouhaitons  avec  plus  d'ardeur  les 
choies  _qui  nous  font  défendues,  ou  qui  font  diffi- 
ciles. 

DESIR.  Nom  propre  d'homme.  Voy.  DIDIER. 

DESIRABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  mérite  d'être  défiré. 
Appetendus ,  defiderandus ,  optahilis  ,  dejiderabilis.  Il 
n'y  a  rien  qui  foit  plus  déjirable  que  la  vertu. 

DESIR ADE.Ceft-à-dirCj  UDéfirée.  /^oyq  Desidé- 

RADE. 

DESIRAT,  f.  m.  Nom  d'homme.  Defideratus.  S.  Défi- 
rat  fut  Evêque  de  Clermont  en  Auvergne.  M.  Du- 
£raife.  Chanoine  de  Clermont,  Auteur  d'un  livre 
intitulé  :  Origine  des  Egiifes  de  France  prouvée  par 
lafucceffion  de  leurs  Eveques ,  le  fait  fuccelfeur  de  S. 
Avit,  premier  de  ce  nom,  &  prédécelleur  de  Saint 
Avol.  Chast.  ii.Févr.  p.  6zç).  Il  met  fa  mort  en 
6oi. 

DESIRE,  f.  m.  Nom  d'homme.  Defiderius  ou  Defide- 
ratus. Il  y  a  un  S.  Défiré  Archevêque  de  Bourges , 
furnomrné  Théodule,  qui  fuctéda  à  Saint  Arcade 
en  541.  Il  y  a  aulH  Un  Saint  Défiré  Evêque  de  Ver- 
dun dans  le  même  fiècle.  Erafme  s'appeloit  Défiré. 
Defiderius  Erafnus. 

DESIRER.  V.  a.  Porter  fes  defirs  vers  une  chofe  qu'on 
n'a  pas.  Defiderare.  Ces  deux  mots  defirer  &c  fuhai- 
ter  ne  font  fynonymes ,  qu'autant  qu'ils  expriment  le 
mouvement  par  lequel  lame  fe  porte  vers  un  objet , 
quel  qu'il  foit  j  fans  rien  dire  de  bon  ou  de  mauvais 
dans  cet  objet.  On  fouhaite  de  on  defire  des  chofes 
éloignées;  mais  les  fouhaits  font  plus  vagues,  &  les 
defirs  plus  ardens.  Syn.  Fr.  Noas  fouhaitons  ce  qui 
nous  flatte.  Nous  defirons  ce  que  nous  elHmons.  f^oy. 
Deiir.  ^oje^  Aullî  vouloir,  avoir  envie,  foupirer. 
L'Eglife  ne  defire  que  le  falut  de  fes  enfans.  Les 
hommes  partent  toute  leur  vie  à  defirer  ce  qu'ils 
Ji'ont  pas,  &  à  regretter  ce  qu'ils  n'ont  plus.  M. 
ScuD.  On  ne  doit  pas  fe  p'-écipiter  dans  le  plaifir  ; 
parce  qu'on  le  rend  plus  agréible  à  force  de  le  defirer 
Ch.  de  Mer.  On  feroit  heureux  fi  l'on  defiroit  moins 
de  chofes. 

On  ne  peut  âeCirer  ce  qu'on  ne  connoitpas.  Volt. 

U^  C'eft  la  penfée  du  Pocte  Latin.  Innoti  nulla 
tupido. 


£)  E  S 


\-l 


Modérons  nos  propres  vœux  \ 

Defites-^iV  d'être  heureux  ? 

Defire  un  peu  moins  de  l'être.  Ciiarlevai.. 

On  dit  communément  j  qu'il  n'y  a  rien  à  defirer  3. 
un  ouvrage,  pour  dire,  qu'il  n'y  manque  rien  ;  qu'un 
homme  n'a  rien  à  defirer ,  quand  il  eft  fort  heureux. 
On  dit  aulfi  par  fouhait,  Dieu  vous  donne  ce  que 
votre  cœur  defire. 

On  dit ,  Defirer  as  faire  quelque  chofe,  &  defirer 
faire  quelque  chofe;  mais,dan£  ces  iorres  de  phrafes, 
où  dcjirer  eft  mis  devant  un  verbe  à  l'infinitif,  l'ulage 
ie  plus  ordinaire  eft  d'y  joindre  la  particule  de.  Ac. 
Franc. 
Désiré,  ée.  part.  Exoptatus,  cupitus ,  defideratus ^ 
optatus,  expetitus. 

Le  Cap  défiré,  ou  Capo  defeado,  eft  un  cap  de 
l'Amérique  méridionale.  PromoQtorium  defideratum, 
optatum.  Il  eft  fur  ]\  côte  occidentale  de  la  Terre  de 
feu,  à  l'entrée  du  détroit  de  Magellan  vis-à-vis  du 
cap  de  la  Vidoire.  Il  y  en  a  encore  un  autre  dans  la 
terre  des  Papous,  lequel  s'avance  dans  l'Archipel  des 
Moluques. 

Le  Port  défiré ,  eft  une  baie  ou  petit  port  de  la 
Terre  Magellanique ,  environ  à  quarante  lieues  de  la 
rivière  de  los  Camérones,  vers  le  midi.  Maty. 
DESIREUX i  ÈusE.  adj.  Qui  defire  arec  ardeur,  defi- 
reux  de  gloire,  d'honneurs.  Cupidus.  Expetens.  Les 
féditions  ne  fe  font  par  la  populace,  que  parce  qu'elle 
eft  defireufe  de  nouveautés.  Ce  mot  n'eft  plus  du  bel 
ufage,  &  il  feroit  difficile  de  traduire  en  François  lé 
titre  d'un  livre  Iralien  //  defiderofo.  On  s'en  fervoic 
du  temps  de  Ronfard,  qui  a  dit  :  Content  ne  vit  le 
defireux.  Régnier  a  du  aulli  : 

Comme  ces  bons  maris  de  race  defireux , 
Qui  bercent  des  enfans  qui  ne  font  pas  à  eux, 

fCJ"  Balzac  s'eft  auifi  fervi  de  ce  mot  Bouhours 
l'en  a  repris.  Il  eft  vrai,  dit  Ménage,  que  ce  mot  a 
vieilli;  mais  c'eft  un  beau  vieillard  qui  peut  encore 
trouver  fa  place. 

0Cr  On  dit  dans  le  Didionnaire  de  l'Académie; 
que  ce  mot  eft  d'ufage  dans  le  ftyle  foucenu.  Il  cft  au 
moins  vrai  qu'il  eft  d'un  fetvice  tiès-rare. 

DESIRIER.  f.  m.  Vieux  mot,  qui  a  été  dit  pour 
Defir. 

'fr  DESISTEMENT,  f  m.  Le  defifiement  t[} ,  à  pio- 
prement  parler,  un  aéle  par  lequel  on  renonce  à  ici 
pourfuites,  à  pourluivre  les  procédures  commen- 
cées, &  même  à  tirer  avantage  de  ce  qUi  a  été  fait. 
On  donne,  dit  M.  l'Abbé  Giiard,  un  dtfifeme/u  àe 
fespourfuites.  J-^oye^  abdication,  renonciation. Cer- 
tains plaideurs  de  profellion  ne  fe  mêlent  &  n'inter- 
viennent dans  les  procès  que  pour  faire  acheter  leur 
défifiement. 

|Kr  En  Jurifprudence  ,  on  appelle  généralement 
défifiement ,  la  renonciation  que  fait  un  particulier  à 
une  convention  faite  entre  lui  &  un  autre ,  à  une 
pourfuite,  à  une  demande,  ou  à  un  appel  d'une  ii^n- 
tence  rendue  contre  lui  :  ainfi  fe  défifter ,  abandon- 
ner ou  renoncer  font  termes  fynonymes.  Cefijtio.  On 
doit  les  dépens  d'une  mauvaife  demande  jufqu'au 
jour  du  défifiement  (ignifié.  L'amende  d'un  défifie- 
ment d'appel  eft  plus  grande  quand  on  le  fait  en 
jugement,  que  quand  on  le  fait  dehors. 

IJCT  DÉSISTEMENT  de  plainte  ,  eft  une  renonciation 
que  l'on  fait  à  la  pourfuite  criminelle  que  l'on  avoit 
intentée  contre  quelqu'un. 

DÉSISTER.  Verbe  qui  ne  fe  dit  qu'avec  ie  pronom 
perfonnel.  Se  défifter.  v.  récip.  Abandonner  une  en- 
treprife,  une  demande,  un  appel.  Cejfare ,  dcfiflere. 
Il  eft  fâcheux  qu'un  homme  fe  défifle  de  la  recher- 
che d'une  fille  ,  quand  elle  a  éié  faite  publiquement. 
Il  fiut  Çq  défifler  d'une  demande  en  Jiiftice,  d'un 
appel,  quand  on  n'eft  pas  fondé  en  droit.  Le  Duc 
de  Lorraine,  toujours  également  prêt  à  tout  entre,- 


2.72- 


DES 


prendre,  &  à  (s  défiler  de  tant ,  ayant  été  trouver 

le  Roi  à  Metz.  L'Abee  Rfcn. 
DESJUC.  f.  m.  Voyez  DEJ  UC. 
DESIUS.  f.  m.  Nom  Grec  d'un  des  mois  de  l'année. 

£>£/zus ,  Dejius ,  AaiTiaç ,  Aks-tK.  Fabricius ,  dans  Ion 

Ménologe,   ou    petit  Traité    des    Mois  \    dit  que 


DES 

défoccupée,  débarraffee  de  toute  occupation.  Nego- 
tioruni  \  ULunas ,  ab  omnicura  -yacauo.C^e  mot  ne  plak 
pas  à  tout  le  monde.  On  le  trouve  fouvent  dans  les 
ouvrages  de  Poi  t-Royal.  Au  reite  il  ell  fort  commode. 
Pourquoi  le  rejettet  ?  Il  vaut  mieux  qu'une  péri- 
phrale.  ^oy.  Désœuvrement. 


c'étoit  le  huitièma  mois  des  Macédoniens,  des  Grecs   §Cr'  DESOCCUPER.  (Se)  v.  récip.  Se  débarralTer  de 


de  i'Alîe mineure,  desEphélîens,  des  Pergaméniens, 
des  Tytiens,  des  Sidoniensj  des  Lyciens,   &c.  & 
qu'il  répondoit  au  mois  de  Mai  :  le  feptième  des 
Syro-Macédoniens,  de  ceux  d'Antioche,  de  Gaze, 
de  Smyrne,  des  Arabes,  &  d'autres  peuples  de  l'Alie 
mineure.  Le  lîxième  des  Achéens. 
DESLIAGE.  Foyei  DELIAGE. 
DESLONGER.  Foy.  DELONGER. 
DÈS-LORS.  adv.  Qui  marque  un  certain  temps  pafle, 
&  lignifie,  dès  ce  temps-U,  dès  ce  moment-la.  Jam, 
fiw.  Quand  je  vis  toutes  ces  fubtilités,  je  connus 
bien  dès-lors  qu'il  vous  tromperoit.  On  dit  au  Palais, 
dès-à-préfentj  cc^mme  dès-lors ,  &  dès-lors ,  comme 
dès-cà-préfent  j  en  parlant  d'u--.  "^  chofe  à  venir  j  iur 
laquelle  on  donne  par  avance  une  parole  précile. 
DESLOYAL.  Foy.  DELOYAL. 
DESLOYALEMENT.  Foye^  DELOYALEMENT. 
DESLOYA  JTE.  Foye^  DELOYAUTE. 
IJX  DESMOLOGIE.  i'.  f.  Terme  d'Anatomie.  Partie 

de  la  Somatologie  qui  traite  des  ligamens. 
DESMOND.  Petit  pays  de  la  Momonie  en  Irlande, 
lequel  a  titre  de  Comité ,  &  qui  eft  entre  la  baie  de 
Bautris  S<  celle  de  Mayra. 
DÉSOBÉIR.  V.  n.  Ne  pas  obéir  j  manquer  d'obéilTance 
i  un  fupciieur  légitime.  Non  objèqui  ,  non  parère^ 
non  ohumpcrarc ,   iniperium    detreclare  3    negUgere. 
Adam  a  été  puni  pour  avoir  dtfobci  à  Dieu.  Perfonne 
n'oferoit  defobeir-xvL  Roi.  Il  fut  contraint  malgré  lui 
de  défobtlr  à  l'Oracle.  Ablanc. 
DÉSOBÉI ,  lE.  part. 

DESOBÉISSANCE,    ou  ^DESOBEISSANCE,    f.    f 
Aètion  dedéfobéir.  Défaut  d'obéillance  envers  celui 
qui  a  droit  de  commander.  On  le  dit  également  du 
vice  &  de  l'adion  de  celui  qui  défobeit»,  Imper'n 
negleclus  jy  detreciado  y  recufatio  j  inobedienda,  coniu- 
matia.  La  defobcijfance  à  Juftice  eft  criminelle.  On 
•convertit  les  ajournemens  perfonnels  en  décrets  de 
prife-de-corps,  à  caufede  la  dejobeiffance.  La  défo- 
iéiffance  d'un  fils  doit  ctre  punie.  La  mort  eft  le  châti 
ment  de  la  déjobéijjance  du  premier  homme.  S.  Evr. 
DÉSOBÉISSANCE  ,  fé  dit  aullî  au  pluriel,  tk  alors  il  nt,- 
fe  prend  que  pour  desaclions  de  dèfobéijffance.  Toute 
la  maifon  eft  fcandalifée  des  defùbéijjdnces  de  ce 
valet.  Ac.  Fr. 
DÉSOBÉISSANT  ,  ante.  adj.  Qui  n'obéit  pas  à  fês 
fupérieurs  ,  aux  lois.   Inobediens  j   non  obfequens  , 
non  obtemperans ,   inobfequens ,   contumax.  Un  fils 
défobé'iQant  :  un  fujer  rebelle  &  defoberffunt. 
DÉSOBLIGEAMMENT.  adv.  D'une  manière  défo- 
bligeante.  Parum  ojjidojè.  Il  a  parlé  de  fon  ami  fort 
défobligeammcnc  en  une  telle  compagnie. 
DÉSOBLIGEANT,  ante.  adj.  Çui  déioblige ;  qui  fait 
quelque  déplailir,  quelque  légère  offenfe.  ïnoffido- 
Jus y  a/^'e/.  Celui  qui  fair  des  railleries  de  fes  amis 
eft  défobligeant.  Celui  qui  va  Iur  le  marché  d'aurrui 
qui  traverfe  fon  delïein  ,  eft  défobligeant. Un  homme 
qui  reproche  à  une  fille  qu'elle  eft  âgée  j  eft  défoUi- 
geant.  Eîumeur  défotligeante.  Aéfion,  parole  défo- 
b'dgeante. 
DÉSOBLIGER,  v.  a.  Faire  quelque  déplaihr  à  quel- 
qu'un, quelque  incivilité.  Ce  mot  n'emporte  que 
l'idée  d'une  légère  oftenfe.  Malè  rriereri  de  aliquo\ 
alïcui  difplkere.  On  défohllpe  un   mari,  plus  qu'on 


ce  qui  occupoit.  Curam  alkujus  rei  abjïcere.  Us  s'ap- 
pliquoient  avec  toute  leur  attention  à  ce  qu'ils  dé- 
voient à  Dieu,  &  fe  défoccupoient  de  tout  autre  foin. 
Port.  Roy. 

|Cr  Le  P.  Bouhours  prétend  que  ce  mot  ne  plaît 
pas  à  nos  maîtres ,  fit  qu'il  ne  réuliit  pas  dans  le  mon- 
de. Peut-être  ne  le  condamnoit-il  aulli  tigoureufe- 
ment  que  parce  qu'il  fe  trouvoit  dans  les  ouvrages, 
de  Port-Royal.  Il  faut  pourtant  convenir  qu'il  n'eu 
guère  ulité  qu'au  participe. 
§CJ"  Desoccupe  ,  ee.  part.  Cura  expers ,  negodorum 
vûcuus.  UeJ'oLCupé àe  tout,  ma  palîion  eft  l'alïaire 
de  toute  mon  oiliveté.  Abad.  Il  y  a  à  la  ville,  com- 
me ailleurs,  de  tort  fotttrs  gens,  des  gens  fades, 
oidts  ,  defouupés.  La  Bruyère.  La  Béjart,  femme 
de  Molière,  ne  fe  fut  pas  plutôt  donnée  en  fpeiîtacle 
à  la  Comédie,  que  le  Courtifan  défoccupé  lui  en 
conta.  Vie  DE  Molière.  Foyti^  les  Articles  fuivans. 
DÉSŒUVRÉ  J  EE.  adj.  Celui  qui  n'a  rien  à  faire,  ou 
qui  ne  faitpas  s'occuper.  Otiofus.  Il  convient  parti- 
culièrement à  ceux  qui  ont  accoutumé  de  faire  quel- 
que çhofe,  &  qui  n'ont  plus  de  quoi  s'occuper.  On 
dit  d'un  homme  qui  avoit  une  charge  qui  lui  don- 
noit  de  l'occupation,  &  qui  s'en  eft  défait  :  M.  un 
tel  eft  tout  défœuvré.  Les  femmes  fe  fervent  plus 
louvent  de  ce  mot  que  les  hommes.  Elles  diront, 
par  exemple,'  Depuis  que  j'ai  achevé  de  lire  un  tel 
livre,  je  luis  toute  dejceuvrée.  Mots  à  la  mode.  Le 
temps  pèfe  aux  gens  défœuvrés ^  ôc  paroît  toujours 
trop  court  à  ceux  qui  font  occupés  utilement. 
DEiCÊUV REMENT.  f.  m.  Etat  d'une  perfonne  t^i^«- 

vre'e.  Il  palfe  fa  vie  dans  le  dejœuv renient.  1 

ÇCT  Désœuvrement  ,  Défoccupation,  défœuvré  ,  dc- 
foccupé  J  confidérés  dans  une  lignification  fynonyme. 
On  voit  parce  que  nous  venons  de  dire-  qu'on  n'a 
pas  allez  diftingué  ces  mots.  N'y  auroit-il  point  quel- 
que nuance  particulière  qui  les  empêthe  de  fe  rellem- 
bler  parfaitement,    &  de  pouvoir  figurer  partouc 
l'un  pour  l'autte  ?  Il  me  paroît  que  le  mot  de  de/occu- 
pation s'applique  à  l'aélion  de  l'cfprit  comme  à  celle 
du  corps,  èc  que  celui  de  deJiEuvrenient convient  par- 
ticulièrement à  cette  dernière  forte  d'aétion.  Il  me 
paroît  encore  qu'on  eft  dé foccupé parce  qu'on  n'a  rien 
à  faire,  &  de/œuvre' j  parce  qu'on  ne  veut  rien  faire. 
La  dcfocciipation  eft  une  des  plus  grandes  peines 
d'un  Miniftre  déplacé  :  accoutumé  à  une  vie  aélive, 
il  lui  en  coîite  d'être  défoccupé.  Les  fainéans  palTent 
leur  vie  dans  le  défœuvrement;  ennemis  de  tout  ce 
qui  s'appelle  travail  &:  occupation,  ils  aiment  à  être 
dcf œuvres. 
DESOLANT,  ante.  adj.  Qui  caufe  une  grande  afflic- 
tion. Une  aventure  défilante.  On  dit  d'un  homme 
ennuyeux  &  faftidieux.  C'eft  un  homme  défilant.' 
îfJ-  DESOLATEUR.  f.  m.  Qui  défoie,  qui  ravage^ 
qui  détruit  Fajlator ^ populator.  Ce  mot  eft  un  peu 
hardi  \  mais  il  eft  beau.  Ce  Conquérant  fut  le  defo- 
latour  de  l'A  fie. 
cjCT  DÉSOLATION,  f.  f.  Defilatîo.  Ce  mot  figriifie 
littéralement  l'aélion  de  rendre  défert ,  inhabité.  Il 
préfente  l'idée  de  ruine  entière,  deftruéfion.  Depo- 
pulatio,  vajlitas.  La  pefte  acaufé  une  horrible  défi- 
lation  dans  tout  le  pays.  La  défilation  des  campa- 

_^ gnes  par  les  gens  de  guerre. 

ne  l'oblige,  de  l'avertir  des  infidélités  de  fa  femme.   ^fT  Désolation  j  fe  dit  auflî  pour  exprimer  la  lîrua- 


Vous  me  défibl'igere-{,  ^\  vous  n'acceptez  pas  le  pré 
fent  que  je  vous  offre.  Il  ne  isiWi  défi)bliger  peiianne. 

DÉSOBLIGÉ  -,  ée.  part.  Off'enfis. 

DÉSOBSTRUCTIF.  f.  m.  Terme  de  Médecine,  qui 
fe  dit  des  remèdes  qui  ôtenr,  qui  guérilTent  les  obf-  { 
trudions.  Des  émétiques,   des  ftomachiques  ,  des 
dé/ob^ruc/jfs.  Brfmond.  17^1. p.  19.  | 

9C?  DÉSOCCUPATION.  f.  f.  Etat  d'une  perfonne 


tion  d'une  ame  qui  fouft're.  Alors  ce  mot  exprime 
quelque  chofe  de  plus  vif  que  la  douleur ,  qui ,  com- 
me elle  ,  s'adrelfe  précifément  à  la  fenfibilité.  C'eft 
une  grande  douleur  dont  le  cœur  eft  faifi  &:  accablé. 
Dolor  acerrimus.  La  nouvelle  de  la  mort  de  fon  père 
r.a  mis  dans  une  grande  défilation.  Tous  les  amis 
font  dans  une  extrême  défolation  depuis  le  renverfe- 
fement  de  fa  fortune.  L'idée  d'affdCilon  enchérit  fur 

celle 


DES 

celle  de  trif-ejfe,  celle  de  douleur  (\.\<i ccWq  d' affiiclloii, 
&  c^lle  d;;  j'éjotation  fur  celle  de  douleur. 
DÉiOLER.  V.  a.  Ravager,  détruire,  affliger  un  pays, 
ou  une  p'ifonnej  par  une  ruine  oa  dellrudtion  en- 
tière *■  a'iare,  depopulari,  defolare.  Les  Barbares  onr 
plufieurs  fois  dJj'olc  les  Provinces  de  l'Empire  Ro- 
main. S'avoir  feulement  tuer  des  gens,  &i  ddj'b/er  la 
focicté,  c'ell:  exceller  dans  une  Icience  bien  fun'elVe. 
S.  EvR,  Ils  déjoloienc  les  familles  par  leurs  concuf- 
flons.  Vaug. 

Unefaifon  trop  cruelle 

A  beau  défoler  nos  champs  \ 

La  terre  enparoit plus  belle 

Au  doux  retour  du priiitems.  P.  du  Cerceau. 

Ce  mot  vient  as  foulas,  comme  qui  diroit ,  priva 
de  tout  foulas  \  ]oie&  confolation. 

DÉSOLER,  fe  dit  aufli  pour,  caufer  une  très-grande 
douleur.  Affii^ere,  mxrore  conficere.  Cette  mort  a 
defûle  cette  pauvre  famille.  Pat.  Son  malheur  me 
dtfoU.  Vous  me  dejole-^i  en  m'apprenant  de  ii  trilles 
nouvelles. 

En  parlant  de  la  fupcriorité ,  de  l'avantage  qu'une 
perfonne  prend  iur  une  autre,  fou  dans  une  con- 
teftation  &c  dans  une  difpute  ,  foit  ailleurs ,  on  dit 
qu'il  le  défoie  ,  qu'il  l'a  défie,  Ac.  Fr. 

DÉSOLE,  É£.  part.  &  adj.  Ravagé,  ruinée  accablé  de 
douleur.  Affliclus  j  mœrore  conjeclus  ,  ou  vajiacus  , 
defolutus.  Veuve  diflee  par  la  mort  de  fon  mari. 
Cette  Paroilfe  a  été  toute  défolee  par  un  ouragan.  Un 
fpcékacle  li  cruel  &  fi  hinelle,  ôta  l'ufage  des  pleurs 
à  ce  père  défolé.Yt.\..  L'Eghfec^e/à/ee  pouvoir  à  peine 
gémir  librement  j  &  pleurer  fa  gloire  palfée.  Flech. 

Que  devant  Troye  enflamme  Hécube  défolée. 
Ne  \ienne  pas  pouffer  une  plainte  empoulée.  Boil. 

^CTDÉSnpTLATIFj  ivE.adj.  Epithète  que  l'on  donne 
en  Mcd-ecme  à  certains  remèdes  qui  rélolvent  ou 
débouchent  les  opilations.  /^oye|'  Opilation.  Dif 
cutienii  obflrucliones  virtute  prizditus.  Remède  défo- 
vdatij .   ■ 

DÉSOPILATION.  f.  f.  Adtion  de  défopiler.  ris  dif 
cutienai  ol^lirudiones.  Ce  remède  eft  admirable  pour 
la  defopiLition  de  la  rate. 

DESOPI'  ER.  V.  a.  Terme  de  Médecine.  Déboucher 
les  conduits  du  corps  humain  où  il  y  a  eu  quelque 
obfttucliion  caufée  par  de  mauvaifes  humeiirs  qui 
s'y  font  arrêtées.  Olfîruciioi.es  'dij'cutere.  Les  purga- 
tifs font  propres  pour  déjopiler- 

On  dit,  par  extenfîon  &  familièrement,  d'une 
chofe  qui  réjouit ^  qui  fait  rire,  qu'elle  djjbpils  la 
rate. 

DÉsoPiLÉ,  ÉE.  part. 

DESOR.  adv.  Vieux  mot.  Dorénavant.  On  a  dit  aufiî 
Défort ,  pour  dire ,  par-delfus  \  Se  Aldéfor ,-^o\.\ï ans, 
à  l'étroit. 

DÉSOR DONNER,  v.  a.  Troubler  l'ordre.  Perfirbare. 
Cette  armée  navale  écoit  rangée  en  bataille  Ik.  bien 
ordonnée  ;  une  tempête  l'a  défordonnée,  l'a  dillipée, 
&  mife  en  défordre.  LefolFé  ne  lailfa  pas  de  defor- 
donner  mes  efcadrons  en  le  pallanr.  Bussi  Rab.  Ce 
mot  fe  dir  peu,  il  n  eft  guère  en  ufage  qu'au  parti- 
cipe palîlf,  qui  eft  pris  comme  adjed:ih 

^fT  Desordonné,  ee.  adj.  Qui  eft  fans  ordre,  contre 
l'ordre,  déréglé.  Ce  dérangement  univerfcl  &  con- 
tinuel des  chofes  humaines  ,  tout  défordonné  qu'il 
femble  à  nos  yeux  ,  eft  pourtant  dans  l'ordre  de  la 
Providence.  Flech.  Toutes  les  pallions  humaines 
font  vicieufes  &  defnrdonnées  comme  l'amour  pro- 
pre qui  leur  donne  la  nailiance.  IvL  Esp.  Inordinatus. 
Une  Communauté  dél'ordonnée.  Une  vie  défordon- 
née.  Corruptus,  dcpravatus. 

(CT  Ce  mot  eft  quelquefois  einployc  comme 
fynonyme  à  excellif.  Un  appétit  défordonné.  Une 
paillon  défordonnée  pour  une  femme  ,  pour  la  chaf- 
fe  ,  &c.  Immoderatus. 

ifT  DÉSORDRE,  f.  f.  Dérangement  des  chofes  qui 
Tom.  III. 


DES 


%yx 


ne  font  plus  dans  l'état ,  dans  la  difporition  où  elL-s 
devroient  être.  Ce  mot  dans  toutei  fes  acceptions 
particulières  conferve  fon  idée  générale.  Perturba- 
tio  j  conjufio  j  inordmatio.  Une  mailpn  ,  une  biblio- 
thèque en  défordre  j  où  rien  n'eft  à  fa  place.  Quand 
vous  voyez  vos  cheveux  dérangés ,  vous  rcparez 
bien  vite  ce  petit  d.éj ordre ,  afin  qu'on  ne  vous  fut- 
prenne  pas  négligée,  M.  Scud.  Le  défordre  s'eft  rnis 
parmi  nos  troupes  ;  l'armée  s'eft  retirée  en  défor- 
dre ,  en  conhidon. 
§3"  Desordre,  fe  dit  de  m"me  des  affaires  embrouil- 
lées &  en  mauvais  état.  Les  affaires  de  ce  maichafld 
font  en  dfordre. 

iyy  On  le  dit  de  même  de  ceux  dont  la  condui- 
te eft  déréglée ,  qui  ne  vivent  pas  félon  les  loix.  Im- 
modcrata  Vivendi  liccntia.  Les  Payens  faifoient  les 
Dieux  coupables  des  mêmes  crimes  qu'eux  pour 
excufer  leurs  defor^res  Se  leurs  faletés.  P.  le  Boss. 
Je  hais  ces  repas  où  l'on  fait  gloire  de  perdre  la  rai- 
fon  ,  &  où  le  déjurdre  fait  le  plus  grand  plaifir.  M. 
Scud.  Il  eft  allez  ordinaire  aux  gens  abandonnés 
à  l'oiliveté  de  tomber  dans  le  défordre.  S.   EvR. 

CKT  Ce  terme  appliqué  à  l'efprit  fignifie  la  même 
chofe  que  trouble  &  embarras.  Je  feignis  d'être 
malade  pour  cacher  le  dfordre  de  mon  efprit  j  mais 
je  le  devins  en  effet,  &  mon  corps  ne  put  fuppor- 
ter  une  li  violente  agitation.  P.  de  Cl.  Les  pallions 
mettent  le  défordre  dans  l'ame.  La  colère  met  le 
déjordre  dans  les  difcours  de  ceux  qu'elle  maîtrife. 
M.  Es  p. 

Un  défordre  éternel  règne  dcns  fon  efprit.  Racine. 

(f3^  On  dit,  dans  ce  fens,  qu'un  homme  eft  en 
défordre  j<\unnà  il  fe  trouve  embarralTéen  parlant, 
ou  qu'il  eft  furpris  dans  un  état  indécent.  Cet  acci- 
dent mit  le  Prédicateur  en  défordre.  Ce  Galant  fut 
lurpris  tout  en  défordre.  Perturbatio. 
■îfT  Désordre  poëtK;ue.  On  appelle  ainfi ,  dans  la 
poélie  lyrique ,  la  fougue  dir  l'efprit  qui  prelTc  les 
penlées  &  les  précipite,  qui  préfente  les  chofes  bruf- 
quement  Se  lans  préparation  ,  ou  les  place  dans  un 
ordre  qu'elles  n'ont  pas  naturellement,  il  ne  faut 
pas  le  confondre  avec  l'cnthouliafine ,  enthoufiaf- 
mos.  Voy.  ce  mot ,  iSi  écart  en  poche. 

Ces  magnilîques  images  de  nouveaux  cieux  & 
d'une  terre  nouvelle ,  réformée  du  cahos  après  fa 
conflagration,  onr  etlcélivement  faili  tout  le  mon- 
de ,  &  ont  peut-être  plus  fait  concevoir  ce  que  c'ell: 
que  le  défordre  de  l'Ode  ,  que  n'auroient  pu  faire 
toutes  les  définitions.  En  effet ,  ce  défordre  a  fes  rè- 
gles ,  fon  art  &  fa  méthode  ,  mais  d'autant  plus 
belles ,  qu'elles  font  pins  cachées  ,  &  que  les  liai- 
fons  en  font  imperceptibles  j  comme  celles  de  nos 
converfations  ,  quand  elles  font  animées  par  cette 
efpèce  d'ivrelfe  d'cfprit,  qui  les  empêche  de  languir. 
En  telle  forte  que  ce  défordre  eft  proprement  la  fa- 
gelfe  habillée  en  folie ,  &  dégagée  de  ces  chaînes 
géométriques  qui  la  rendent  pelante  &  inanimée. 
Rouss.  On  trouve  dans  Pindare ,  plus  qu'en  au- 
cun autre  Pocte ,  ce  beau  défordre  ,  qui  ravir  Sc 
qui  charme  J  &  qui  enlève  un  leéleur  hors  de  lui , 
Se  malgré  lui  l'agite  ,  le  remue  ,  l'échauffé. 

Souvent  un  beau  défordre  e[lun  effet  de  l'art.  Boil. 

Désordre  ,  fîgnlfie  .aullî ,  les  abus  ,  les  irrégularités 
qui  proviennent  ou  de  l'inexécution  des  loix ,  o^ 
de  quelque  autre  caufe  dans  l'Etat ,  ou  dans  l'Egliie* 
Le  Cardinal  s'appliqua  férieufement  à  réformer  les 
défordrcs  qui  s'étoient  glilTés  dans  l'Etat.  S.  Evk. 
Le  peuple  demanda  qu  on  fongcât  à  remédier  à 
tant  de  défordres  qui  troubloient  le  repos  du  Royau- 
me. Id.  L'Eglife  fonffrit  beaucoup  par  les  défordres 
inévitables  d'un  fchilme. 

DÉSORDRE  ,  fignifîe  encore  ,  dégât ,  ravage.  Vafitas, 
vafatio  ,  clades  _,  ruina.  Dans  les  guerres  civiles  il 
fe  commet  mille  défordres.  Le  Prince  ordonna  qu'.Qii 
payât  le  défordre  de  troupes. 

M  m 


274 


DES 


DES 


Qu'ont  de  grand  à  mes  yeux  les  fucces  de  ce  Roi  j 
Quipar-cout  ajeméle  défordie  o-  l'effroi  ? 

Nouv.  cH.  DE  Vers. 

DÉSORDRE ,  fe  dit  encore  de  la  dilTendon  &  dd  la 
broiullerie  qui  aiiive  entre  deux  perfonnes  unifs. 
Diffidium  j  dijfenflo.  Ce  jeune  blondin  a  mis-  le  dé- 
fordre  dans  ce  ménage  \  il  a  brouillé  la  femme  avec 
le  mari.  Ncris  étions  en  bonne  intelligence,  &  vous 
Y  êtes  venj.1  mettre  le  ddfordre.  Souvent  le  plus  lé- 
ser intérêt  met  le  défordrc  dans  une  famille  bien 


ur-ie. 


On  dit  proverbialement  d'un  homme  qui  cher- 
che à  brouiller  les  gens  les  uns  avec   les  autres  , 
qu'il  eft  comme  la  fervante  à  Pilate  ,  qu'il  fe  plaît 
dans  le  déforJre. 
fO^DESOi^IENTER.  v.  a.  Détourner  de  l'Orient,  ou 
faire  perdre  à  quelqu'un  la   connoilLince  du  vcri- 
ble  côté  du  Ciel  où  le  foleil  fe  lè/e.  Ab  oriente  de- 
trahere,  ahducere.  Nous  étions  fans  BoulTole  j    la 
brume  acheva  de  nous  déforicuier.  Il  n'a  poinc  d'au- 
tre ufage  au  propre.  Au  figuré  il  lignifie  ,  Décon- 
certer quelqu'un  ,  le  troubler ,  comme  s'il  ne  favoit 
où  il  en  eft  j  ni  de  quel  côté  eft   l'Orient.  Pertur- 
bare.  Quand  on  n'eft  plus  en  pays  de  connoillan- 
ce  j  on  eft  tout  deforiente.  Qu'on  parle  des  Loix  à 
un  Médecin  j  de  Médecine  à  un  Avocat ,  ils   font 
tous  de/orientés.  Un  Provincial  tranfporté  à  la  Cour 
eft  tout  déforienté.  Si  vous  voulez  le  déforienter  par- 
lez-lui de  telle  chofe. 
DÉSORIENTÉ,  EE.   part.  Dans  la  difpnte  fur  la  con- 
formité de  la  foi  des  Orientaux  avec  nous  touchant 
l'Euchariftie  ^  M.  Alix  difoic  quelquefois  en  rail- 
lant 5  que  M,  Claude  fon  Collègue  étoit  déforien- 
té. 
DESORMAIS,  adv.  A  l'avenir ,  depuis  ce  moment-ci. 
In  pojlerum  j  deir.ceps.  C'eft  la  même  chofe  que  do- 
rénavant. La  paix  eft  faite ,  nous  feront  déformais 
exempts  de  crainre  &  d'alarmes.  Il  a  été  fi  bien  châ- 
tié ,   qu'il  fera  déformais  plus  fage.  Mes  défauts  dé- 
formais iowx.  mes  feuls  ennemis.  Boil. 
DËSORNER.  V.  a.  Inornatum  reddere.  Oter  de  l'orne- 
ment ,  de  l'agï  ément ,  faire  qu'il  en  paroilfe  moins, 
faire  paroître  une  chofe,  une  perfonne  moins  belle 
qu'elle  n'eft.  Malgré  le  foin  qu'on  prenoit  de  lui 
donner  des  habits  qui  pulfent  la  afi^or/zer;  tout  lui 
féoit.  Mlle  L'Hér.  Ce  mot  n'eft  point  autorifé  par 
l'ufage. 
DÉSOSSER.  V.  a.  Oter  les  os  de  quelque  viande, 
pour  la  mettre  en  pâte  ou  en  hachis.  Exofare.  On 
lui  a  envoyé    un   pâte  de  deux  lièvres  qu'on  a  dé- 
fqffes. 

|tCF  On  le  dit  aufiî  de  certains  poiffons  dont  on 
ôte  les  arrêtes.  Défofcrune  carpej  un  brochet. 
DÉSOSSÉ,   ÉH.  part.  &  adj.  Exojjatus. 
DESOURDIR.  V.  a.  Détaire  une  toile;  ce  quia  éré, 
ourdi.  Tclam  retexere.  Une  toile  de    Pénélope  eft 
une  toile  où  l'on  défourdit\;\.  nuit  ce  qu'on  a  ourdi  le 
jour.  Il  eft  de  peu  d'ufage.. 
DÉsouRDi  ,  lE.  part, 

DESPECEMENT.  FoYe:{  DÉPÈCEMENT. 
DESPECER.  Foye^  DÉPECER. 
DESPENDRE.  Foye-^  DEPENDRE. 
DESPENS.  P'oyei  DEPENS. 
DESPENSE. /"oyt-- DÉPENSE, 
DESPEN'ER.  Voye^  DÉPENSER. 
DÈSPENSIEPv.  /^qye?  DÉPENSIER. 
DESPERS.  Vieux  mot.  Inhumain,  dur,  cruel. 
DESPIRE  &  DESPIRER.  v.  a.  Vieux  mot  qui  fignifie 
méprifer.  Dcfucere.  On  a  dit,  dans  le  même  iç.x\%,def 
pirer ,  Se  defp/ter.La  partie  qui  diffama  &:  defpita. 
De  Baum.  Le  Tout-puiifintleur  façon  defpire.  Ma- 
ROT.  Un  menor  de  toi  ne  defpire-^  pour,  ne  méprifez 
pas  un  moindre  que  vous. 
DESPLIER,  ^ojeç  DËPLIER. 
DESPLOYER,  .rove?  DEPLOYER. 
DESPONSATION.f  f.  PromeiTe  folennel'e  de  ma- 
'  riage  ,  fiançailles.  Defjwnfatio.   M.  Chaftelain  s'eft 


fervi  de  ce  mot  en  fon  Martyrologe  ,  tome  I ,  page 
517.  pour  marquer  une  Fête  en  mémoire  df  s  fian- 
çailles de  la  Sainte  Vierge  avec  Saint  Jofeph.  Les 
Religieufes  de  l'Annonciade  célèbrent  à  l'honneur 
de  la  Sainte  Vierge  quatre  Fêtes  particulières  qu'elles 
nomment  ainfi ,  les  dix  Vertus,  la  Defponjation^ 
rinvention  &  le  Spafme. 
DESPOTAT.  f.  m.  Mot  formé  du  Grec  =?ffîr,r;/« , 
feigneurie  ,  autorité  ,  puiftance  :  d'où  vient  le  mot 
dejpotijme  ,àutQnzé  ablolue,  fans  bornes  :  d'où  vient 
auifi  le  nom  &  le  titre  de  defpotc  ,  que  prenoient 
les  plus  illuftres  Seigneurs  du  bas  Empire ,  &  quel- 
ques Princes  fouverains  ,  tels  qu'étoient  les  dcfpo- 
tes  de  Valachie  ,  de  Servie  &  quelques  autres.  Foy. 
les  mots  luivans. 
Despotat.  f.  m.  Pays  ,  Etat  gouverné  par  un  Defpote. 
Ditio  DefpotA  fuhjeaa.  On  appelle  en  particulier 
le  Defpotat ,  un  petit  pays  de  Livadie  qui  appar- 
tient aujoutd'hui  au  Turc  ,  &  qui  eft  l'ancienne 
Etoile,  il  eft  fur  la  côte  de  la  mer  Ionienne  ,  entre 
le  Golfe  de  Lépante  &  celui  de  la  Prévéfa  ,  &  a 
été  nommé  Dejpotat^.  caufedes  Defpotes ,  ou  Prin- 
ces Grecs  à  qui  il  a  appartenu.  Corn. 
DESPOTE,  f.  m.  Titre  d'honneur  ,&;  qualité  qu'on 
donne  aux  Princes  de  Valachie,  &à  quelqu'autres 
Princes  voifins.  Dominus  ,  Princeps.  Ce  mot  ,  dans 
.  fapremièi-e  origine  ,  fignifie  ce  que  marque  en  Latin, 
lemot/zcraj,  &  en  François  celui  de  maitie^At  rap 
port  aux  ferviteurs.  On  en  fit  à-peu-près  (  fur  les 
médailles)  ce  que  les  Latins  avoient  fait  du  mot  Cd- 
far  3  comparé  à  celui  d'Augufte  ,  baKiaeïK.  ré- 
pondant à  Auguflus  ,  &C  AEKnoTHK  à  Cafr.  Ainli 
Nicéphore  ayant  fait  couronner  fon  fils  Stauracius, 
il  ne  voulut  que  le  nom  de  aeKoOtkK  j  lailfant  à 
fon  père  ,  par  refpecl ,  celui  de  eaKiaEtK.  Ce  fut 
juftement  autemps  que  les  Empereurs  celTèrent  de 
mettre  des  infcriptions  Latines.  Cette  délicatefTe 
néanmoins  ne  dura  pas  j  les  Empereurs  fuivans 
ayant  préféré  la  qualité  de  AEicnoTHK  à  celle  de 
eAKiaEiK  comme  Conftantin  &  Michel  Ducas ,  Ni- 
céphore Botoniate  ,  Romanus  Diogènes  ,  les  Com- 
nènes  &  quelques  autres.  A  l'imit.ition  des  Princes, 
les  Princeffes  en  prirent  aulli  le  nom  AEKnoiKH  , 
comme  Théodore  ,  femme  de  Théophile.  P.  J0U3. 
Les  penfées  du  p.  Hardouin  fur  \e  Dejpote  ^  dans 
fes  Médailles  du  fiécle  de  Conftantin,  p.  255  font 
ingénieufes  &  finguliéres.  Id. 

C'eft  l'Empereur  Alexis  j,  fuinommé  l'Ange  ,  qui 
créa  la  dignité  de  Defpotc  ,  &  qui  lui  donna  le 
premier  rang  après  l'Empereur ,  au-delîus  de  l'Au- 
gufte  ou  Sébaftocraror  ,  &  du  Céfar.  C'eft  Phran- 
zès  qui  nous  l'apprend  ,  L.  I,  C.  I.  Les  Defpotes 
étoient  ordinairement  les  filsou  les  gendres  des  Em- 
pereurs. Le  Defpote  étoit  Collègue  de  l'Empereur , 
ou  fon  héritier  préfomptif.  Le  Defpote  fils  de  l'Em- 
pereur ,  avoir  le  pas  fur  le  Defpote  gendre  de  l'Em- 
pereur, Codiii  p.  38  décrit  les  habits  &  les  ornemens 
du  Defpotc.  Foyei  les  Notes  du  P.  Goar  fur  cet 
Auteur,  p.  lo.  &c.  Sous  les  fuccell'eurs  du  Grand 
Conftantin  on  appela  defpotes  de  Sparte  ,  les  Princes 
fils ,  ou  frères  de  l'Empereur  ,  à  qui  l'on  avoir 
donné 'la  ville  de  Sparte  ,  ou  de  Lacédémone  ,  en 
apanage.  On  donna  le  nom  de  Defpotat  à  la  forme 
du  gouvernement.  La  Guil. 

Ce  mot  vientdu  Grec  ^i;mTr,ç  ^Si  ûgnids  Maure  ou 
Seigneur. 

|]CF  Le  mot  de  Defpote  fe  prend  fouvent  aujour- 
d'hui pour  un  Prince  dont  le  pouvoir  eft  abfolu,  qui 
n'a  d'autre  loi  que  fa  volonté. 
DESPOTICITÉ.  f.  f.  Pouvoir  defpotique  ;  abfohi.  M. 
de  Beauchamps  confidère  le  Parterre  dans  Athènes^ 
dans  Rome  &  en  France.  Ceux  qui  parmi  nous  rem- 
plirent le  Parterre,  fe  crurenr ,  dit-il,  aux  droits 
des  Grecs  &:  des  Romains ,  &  fe  mirent  à    exercer 
la  même  jurifdiâion  ,  avec  plus  ou  moins  de  de/po- 
ticité ,  félon  qu'ils  furent  plus  ou  moins  frappés  des 
défauts  ou  des  beautés  des  pièces.  Ob.  sur  les  Ecr. 
MoD.  Defpotifme  eft  plus  en  ufage. 
DESPOTIQUE,  adj.  m.  &  f.  Souverain  abfolu.  Sum- 


DES 

jnum  Impcr'ium.  Les  Princes  d'Orient,  font  abfolus 


DES 

Ce  mot  nefe  dit  plus  qu'en  Province. 


^79i 


ôc  deJhjtiqiies.C'e&  mi  goavszmmmç  de/poùque  ,  DESROYER.  v.  a.  Vieux  mot ,  qui  (ignifie,  changée 
©ù  le  Prince  fait  touc  ce  qu'il  veut,  fans  en  rendre  l'ulage  d'une  teire  d'.ftinée  au  labour  ,  la  defti- 
raifjn  à  perfonne.  Il  n'y  a  point  de  patrie  qui  inté-  ;  net  a  autre  chofe  qu'à  avoir  des  roies  ,  comme  il  y 
lelfe  dans  un  Ecat  dejpocique  ,  la  gloire  j  le  fervice       en  a  encre  les  lilions. 

du  Prince  y  fupplcenc.  La  Bruy.  Le  pouvoir  des  DESRUE  ,  ou  DERUE,  Ée.  adj.  Dévoyé  ,  qui  efi:  en 
maris  en  Allemagne  j  même  des  Princes  de  l'Em- ;  démence.  Amcns  ,  démens.  Ce  mot  eil  hors  d'u- 
pire  ,  à  l'égard  de  leurs  temmes  &  de  leurs  enfaiis,  ^     I"'ge. 

tt'ell  point  </i.^i;/-/^^^e  &:  fouverain.  (DESRUNER.  v.  a.  Vieux  mot.  Renverfer  une  chofe 

I     bien  agencée. 
yous  ave^ifur  mes  vers  un  pouvoir  àsi^'^où(\\xe.      f  DESSACRER,  v.  a.  Ce  mocfe  trouve  dans  Pomey  pour 

BoiLEAU.    I     rendre  prophane.  yEdem  J',a\uii  projanarc  ,  ex\iu~ 
I     gurj.re.  DejJ'acrer  une  Eglife.  On  doute  qu'il  foie 
DESPOTIQUEMENT.  adv.  D'une  manière  defpoti-       ufité. 

que.  Sumino  cum  imperio.  Le  Grand-Seigneur  gou-J  DESSAIGNER  les  cuirs.  Terme  de  Hongrieur.  C'eft 


verne  dcfpoùquement  fes  peuples. 

DESPOTISME,  f.  m.  Difpjtifinus.  Forme  de  gouver- 
.  nement  defpotique  ,  ou  gouvernement  defpotique , 
dans  lequel  le  Souverain  eft  maître  abfolu  ,  a  une 
autorité  fans  bornes ,  un  pouvoir  arbitraire  ,  qui 
n'a  pour  régie  que  fa  volonté.  Tel  elt  le  gouverne- 
ment de  Turquie  ,  du  Mogol ,  du  Japon  ,  de  Perfe, 
&  prefque  de  toute  l'Alîe.  Le  principe ,  le  carac- 
tère &  les  maux  qu'entraîne  le  dejpoûfme  font  fuffi- 
famment  développés  dans  nos  meilleurs  Ecrivains. 
Le  defpodfme  qu'il  avoit  fucé  en  nailfanc  lui  avoit 
fait  oublier  qu'autrefois  la  Suéde  avoit  été  libre. 
Volt. 

DESPorisME,  fe dit  figurément  d'une  grande  liberté 
qu'on  fe  donne,  qu'on  s'arroge  fur  quelque  choie 
que  ce  foit.  Licenaa.  Le  defpotifniQ  que  les  Gram- 
mairiens ont  exercé  fur  les  Poches  d'Homère  a  été 
reconnu  par  Euftachius  fur  le  premier  Livre  de  l'I- 
liade. Baudelot.  Hijl.de  Pcol.  Aul.P.  II.  C.  FUI, 

P-  i4'î- 
DESPOUILLE.    Foyei  DEPOUILLE. 

DESPOUILLEMENT.  Foye^   DÉPOUILLEMENT. 

DESPO'lIILLER.  Foye^  DEPOUILLER. 

DESPUMATION.  f  "f.  Terme  de  Chimie.  Adion  par 
laquelle  on  ôte  l'écume  &  les  impuretés  qui  fe  fé- 
parcnt  des  fubftances  par  l'ébullition,  comme  des 
viandes ,  des  fucs  ,  des  miels  ,  (Sec.  Spum&  decrac- 
tio.  La  defpumation  fe  fait  avec  une  cuillier,  ou  avec 
une  plume  .  ou  par  le  moyen  de  la  colature.  Foye^ 

EcUMER. 

DESPUMER.  v.  a.  Oter  l'écume  ,  oiT toute  autre  im- 
pureté ,  qui  a  été  féparée  d'un  liquide  par  la  force 
du  feu.  Defpumare.  Ce  mot  n'ell  d'ufage  qu'eu  Chi- 
mie. 

tfT  Despumé  ,  ÉE.  part. 

DESPUTOISON.f.  f.  Vieux  mot.  Difpute. 

DESQUAMATION,  f  f.  Dépouillement  de  la  peau  , 
de  la  lurface.  Du  Latin  Defquamano ,  qui  fignifie 
l'action  d'ôter  les  écailles  d'un  poillon.  L'autre  fe 
termine  à  la  fuppuration  ,  ou  à  la  defquamadon  des 
puflules.  Brigandage  de  la  Médecine. 

DESRAINE  ,  &c  DEbRÈNE.f  f  Terme  de  Coutumes. 


mettre  les  cuirs  tremper  dans  l'eau  ,  pour  en  faire 
forcir  tout  le  fang  qui  pourioit  y  être  refté.  On  taie 
dédaigner  les  cuirs  quand  ils  ont  été  rafés  fur  le 
chevalet. 
DESSAISIR.  Terme  de  Jurifprudence  qui  ne  fe  die 
guère  qu'avecle  pronom  perlorjnel.  Relâcher  quelque 
chofcquona en lapolfelhon.  De munihus aliqu^d a-mc- 
tere  ,reinaliquam  abdicare,  realiquâje  exuere.Q^axnà 
on  fait  un  exploit  de  faifie5c  arrêt,  on  faitdéfenfe 
au  débiteur  de  le  dejjaijir  <\iis  deniers,  des  effets 
qu'il  a  en  les  mains,  les  concrats  de  vente  &  de  do- 
nation poitent ,  que  le  vendeur  ou  le  donateurs  eft 
dcffai/iëc  dévêcu  de  l'héritage  vendu  ou  donné  ,& 
qu'il  en  a  faifi  tk  vêtu  l'acheteur  ou  le  donataire. 
Quand  on  a  de  bons  nanti ifemens ,  on  ne  s'en  doic 
point  dejjuijir  qu  on  ne  foie  payé. 

Ce  mot  s'eft  formé  de  f'ri/ir  ;  mais  il  eft  ancien. 
Le  Avoine  Eadmer  on  EJmet ,  qui  écrivoit  (on  lij^ 
toria  novorum  in  Angllu  au  commencement  du  XII" 
ficelé,  en  parlant  du  différend  de  Saint  Anfelme! 
avec  Henri  Roi  d'Angleterre  au  fujet  d'Urbain  If  , 
dit  j  uc  vero  Pontificatu  illum-dejjdijîret  imp.)jjibde 
Jlbi  videhatur.  On  trouve  aufli  di£,:gire  oppofé  à  dar& 
faifinam.  Foye^  la  Vie  de  Saint  Joachim  Abbé  , 
Aaa  Sancl.  Maii ^  T.  F 11. p.  \2%.  A. 
DESSAISISSEMENT,  f  m.  Adion  par  laquelle  on  fe 
dellai(ît,_  on  met  hors  de  fes  mains  la  propriété  ou 
la  poiTeflion  de  quelque  cho^e  pour  la  tranlinettre 
à  un  7>.\KXQ.  AmiJJio  de  manions.  Le  privilège  qu'on 
a  fur  des  meubles  fe  perd,  dès  qu'on  en  a  foufleic 
le  dejfai/ljjement. 
DESSAISONNLR.  v.  a.  Terme  d'Agriculture.  Chan- 
ger l'ordre  de  la  culture  des  terres,  les  failoi^s  qu'el- 
les ont  accoutumé  d'avoir.  Déranger  les  diffcvcntes 
foies  ,  en  femant  de  l'avoine  oii  il  faudroit  fcmet 
du  blé  &  du  blé  où  il  iaiidroit  femer  de  l'avome  , 
&  lailfant  en  jachères  celles  qui  devroient  être  en- 
femencces.  Pruifcrlptam  pro  tempejlacum  varie tùce 
agrcrum  culturam  mutare.  Tous  les  baux  des  tertes 
obligent  les  Ferni'.ers  à  les  cultiver  fuivant  leurs  fai- 
fons  ,  avec  défenfes  de  les  deQaifonncr  ,  ou  de  les 
deffoler. 

Dénégation  d'une  chofe  qu'où  alTure  par  lerment  0tT  Dessaisonnkr  ,  fedlt  auflî  en  termes  de  Jardi- 
n'être  pas.Denegacin.  Dans  la  Coutume  de  Leave  ,'  nage, en  parlant  des  fleurs  ,  £c  c'efl:  avancer  ou  ré- 
on  trouve  la  forme  de  la  dej'rène.  L'ufage  de  la  def-',  tarder  la  Heuraifon  par  qr.elque  moyen  que  ce  foit. 
;fli«e  eft  aujourd'hui  aboli.  rDESSAisoNNÉ,  ée.  part.  Mutata    agrorum  cuUura  pro 

DESRAIGNIER.  Vieux  v.   n.  Chanter,  fredonner,!      tempejiatumvarietate pnfcripta. 

raifonner,  fe  défendre,  jouter  contte  quelqu'un  ;  DESSALEME>]T.  f.  m.  L'arc  de deffaler  quelque  cho- 
Thibault ,  Roi  de  Navarre  ,  l'emploie  dans  ce  der- j  ù. LcdeJfalemencdeVeza  de  mer.  Journal  de  Ferdun, 
nier  fens  ;  pour  dire  careller  une  fille,  jouter  avecl     Aoiu  1764. 

elle.  (DESSALER,  v.  a.  Oter  la  falure  d'une  chofe,  priver  de 

DESRENER.  Terme  de  Coutumes.  Nier  avec  ferment  <      fel.  Salfamenta  aquâ  macerarc.  Cn  n'a  point  trouvé 


quelque  chofe.  Denegare  ,  potentijjlmè  negare.  Ce 
mot  fe  trouve  dans  la  Coutume  deNotmandie  en 
pluileurs  endroits. 
DESROY.  f  m.  Défaftre ,  infortune.  Par  fîncope  de 
aefaroy  ^  qui  a  la  même  fignihcation.  Nicox, 

Comment  Phanyedit  au  Roy 

Son  père  quepar  fon  defroy 

Il  Jeroit  au  gibetpendu.  RoM.  de  la  Rose. 

^onc  puis  Romains  pour  ce  defroy 
A'e  vouldroHt  faire  à  Rçmç  Roy,  Id, 


le  moyen  de  deffAer  l'eau  de  la  mer  ,  de  lui  ôtec 
la  falure.  On  nit  defjaler  la  morue ,  un  jambon  , 
en  le  mettant  tremper  quelque  temps  dans  l'cai» 
douce. 

Dessalé,  ÉE.parr. 

§3"  0\\  dit  dans  ledifcours  familier  d'un  homme 
fin  &  rufé,  que  c'eft  un  homme  deffale'.  Vous  avez 
affaire  à  un  compagnon  qui  eft  fovt  deffale  ,  qui  ne 
fe  lailTe  pas  tromper.  Callidus  ,  recocius. 

DESSANGLER,  v.  a.  Oter  les  fanyles  d'un  cheval , 
ou  autre  bête  de  fomme  ,  ou  les  lârher.  f  qui  cin- 
gulum/çlYcrc.  Il  faiiC  deffdngler  un  cheval  pour  le 

Al  m  i] 


t.yG  DES 

defTellcr.  Voilà  un  cheval  elîouflé  qui  crève ,  il  le 
faut  un  peu  dejjangUt  ,  lui  lâcher  l'es  laiiv;les.  On 
dir  auiîî  j  de£a/igler  dis  chaînes,  un  lie  de  repos, 
quand  on  ôte  les  fangles  qui  foucenoienc  leur  gar- 
niture. 

DfissANGi.É,  ÉE.  part. 

DESSAOULER,  v.  a.  (  On  prononce  dejfouler  ,  & 
quelques-uns  l'écrivent.  )  Terme  bas  &  populaire. 
Abattre  les  fumées  du  vin  ,  faire  qu'on  celfe  d'être 
faoul.  Oncroitquele  tabac  en  fumée  j  la  foupe  à 
l'oignon  dcffaoulcnt. 

§3'  Ce  verbe  eftauflî  neutre.  Cet  homme  ne  de/- 
faoule  pas  ,  il  eft  toujours  ivre. 

Dessaoulé,  ée.  part. 

DESSARTER  ,  ou  DESSERTER.  Terme  d'Agricul- 
ture ^  détricher  une  rerre  couverte  de  ronces,  de 
builTons,  de  mauvaifes  herbes,  Sic.  Incultum&  rude 
folum  colère  j  arare. 

DESSAU ,  ou  DESSAOU.  Ceft  un  petit  Fort  ou  Châ- 
teau de  la  Judée  ,  dont  il  eft  parlé  au  z"  Mach.  xiv. 
1 6.  mais  dont  la  fituation  n'ell:  point  marquée.  Zie- 
gler  &  le  P.  Lubin  conjeflurent  qu'il  étoic  alfez  près 
de  Jérulalem  ,  au  feptentrion. 

fer  DESSAUTEUR,  f.  m.  Nom  que  les  Grecs  don- 
noient  à  ceux  qui  révéloient  les  myftères  des  orgies 
de  Bacchus  qui  ne  dévoient  point  être  connus  du  peu- 
ple. Enc.  Voye-{  Orgies. 

DÈSSAW.  Ville  du  Cercle  de  la  haute  Saxe  en  Alle- 
magne. Z>t;//îzwiz.  Cette  ville  eft  la  capitale  delà  Prin- 
cipauté d'Anhalt ,  &  la  réiidence  des  Prmces  d'An- 
ha.hDe£'aw.Dej[Jaw  eftfitué  au  confluent  de  la  Mulre 
&de  1  Elbe.  Ce  n'étoit  autrefois  qu'un  bourg  dé- 
pendant de  la  Seigneurie  de  Walderféc.  Albert  le 
Jeune  &  fon  frère  Waldemar  le  firent  agrandir ,  &: 
entourer  de  murailles  l'an  1 341.  Corn. 

DESSÉCHANT,  ante.  part.  préf.  &  adj.  Exjlccans. 
Qui  confume ,  qui  emporte  l'humidité.  Des  remèdes 
défichants  ,  un  vent  dejfichant. 

DESSÈCHEMENT,  f.  m.  Adion  par  laquelle  on  def- 
sèche  ,&  qualité  j  difpofition  ,  état  d'une  chofe  qui 
a  été  delféchée.  Sicdtas ,  pour  ce  dernier  fens  ;  & 
pour  le  premier.  ^Sitajrio ,  exjiccatio  ,  dejiccatio.ds 
tubercules  ne  diffèrent  entr'eux  que  du  plus  au 
moins  de  dureté  &  de  dejféchemcnc  de  la  matière 
qui  les  compofe.  Dion,  On  eft  venu  à  bout  du 
defféchemem  des  marais  de  Poitou.  En  Hollande  on 
eft  continuellement  occupé  au  dejjcchement  des  ter- 
res. On  ne  remédie  point  au  dejféchement  à\i  pou- 
mon. 

^3°  Dessèchement,  fedit',  en  Médecine  ,  de  l'état  où 
eft  le  corps  humain,  lorfqu'il  eftparvenu  à  une  ex 
trême  vieillelTe.  On  l'emploie  aufli  comme  fynony- 
me  à  marafme.  f^oy-  ce  mot. 

DESSECHER,  v.  a.  Oter  l'humidité  de  quelque  chofe, 
la  rendre  feche.  Siccare ,  exficaire  ,  dejiccare.  Le  ta- 
bac pris  en  fumée  dejjèche  le  cerveau  ,  en  dillipe 
l'humidité.  Le  foleil  fait  le  fel  ,  en  deQechaut  les 
marais  lalans.  On  dit  aufti ,  dcffécher  des  marais, 
quand  on  fait  écouler  les  eaux  par  plufieurs  rigoles 
ou  faignées  j  ou  avec  des  machines ,  les  mettre  à  fec. 
On  dejféchc  un  étang  pour  pêcher  le  poiiïon.  On  def 
feche  des  terres  pour  les  mettre  en  labour.  M. 
fléchier  s'en  eft  fervi  dans  le  figuré.  JLa  grâce  éteint 
le  feu  des  paflions ,  &  dcJfécheVT^moax:  propre  juf- 
qu'aux  racines.  Flécti.  L'extrême  juftelfe  dejjéche  le 
difcours.  Bouh.  C'eft-à-dire  le  rend  moins  fleuri  , 
moins  élégant.  L'étude  des  fciences  abftraites  dejje- 
che  l'efprir. 

On  dit  auftl,  en  termes  defpiritualité  ,  Dejfécher 
le  cœur  ;  poui-  dire  diminuer  le  goût  de  la  piété  , 
diminuer  la  dévotion,  ôter  l'ondion.  Il  eft  impof- 
fible  qu'avec  le  temps  les  fciences  profanes  &  abf- 
traires  ne  difllpent  l'efprit  &  ne  deffechent  le  cœur. 
BouH.  Le  commerce  du  monde  dejjeche  la  dévo- 
tion. 

Desskcher.  Terme  de  Philofophie  Hermétique,  qui 
hgnifie  ,  rendre  la  nature  parfaite  à  force  de  la  faire 
cuire.  Coquere  ,  coqucida perftare. 

Dessécher.  Terme  de  Pharmacie.  Coufumer  l'huipi- 


DES 

dite  des  médicamens  jqui  étant  nuifibleoufuperflus 
y  cauleroit  de  la  pourriture  j  &  empêchant  qu'on 
ne  les  pût  mettre  en  poudre  ,  oft"ufqueroit&:  furmou- 
teroit  la  chaleur. 

§3*  Dessécher.  Terme  d'Affinage.  Défunir  le  plomb 
&  l'étain  d'avec  le  cuivre  qui  a  fcrvi  à  1  affinage. 

§C?  Dessécher  les  pignes  d  argent ,  les  faire  palier  au 
feu,  pour  faire  évaporer  le  mercure  ou  l'on  auroic 
pu  les  tremper  pour  les  rendre  plus  pefantes. 

Desséché,  ee.  part.  .Skcains j  exjkcatus. 

DEbSElGNER.  v.  a.  Delïneare.  Le  plus  grand  nombre 
écrit  &(.  prononce  dcjfigner.  Voy.  ce  mot,  M.  Féli- 
bien  dans  le  premier  tome  de  les  entretiens  fur  la 
Vie  des  Peintres ,  met  toujours  dejjigner  &  Deffi- 
gnateur  \  mais  il  fe  corrigea  dans  le  lecond  tome  , 
&  depuis  &  compris  l'endroit  où  il  parle  d'Annibal 
Carache  j  il  a  toujours  mis  dejfiné  Se  Deflinateur. 

ifT  DESSEIN,  f.  m.  ConcUlum.  Le  dejjein  eft  propre- 
ment ce  mouvement  de  l'ame  par  lequel  on  fe  dé- 
termine à  tenter  ou  à  ne  pas  tenter  une  chofe.  Ce  mot 
eft  fynonyme  à  projet. 

§Cr  Ces  deux  mots  fe  prennent  auffi  également 
pour  la  chofe  même  qu'on  veur  exécuter.  Quoiqu'ils 
foient  alors  encore  plus  fynonymes,  on  ne  laitfe 
pas  dy  trouver  une  différence  :  la  voici,dit  M.  l'Abbé 
Girard  ,  telle  que  j'ai  pu  la  déveloper.  Il  me  fem- 
ble  que  \t projet  regarde  alors  quelque  chofe  de  plus 
éloigné  iSc  le  dcjjein  quelque  choie  de  plus  près.  On. 
fait  des  projets  pour  1  avenir.  On  forme  des  dejjeins 
pour  le  temps  préfent.  Le  premier  ell  plus  vague  , 
l'autre  eft  plus  déterminé.  Un  bon  Miniftre  d'Etat 
n'a  d'autre /iro/e^cjue  la  gloire  du  Prince  &c  le  bon- 
heur dss  lujets.  Un  bon  Général  d'armée  a  autant 
d'attention  à  cacher  fes  d'e//<'i«j  qu'a  découvrir  ceux 
de  l'ennemi. 

IJC?  On  dit  faire  dt^ projets,  former  nn  dejjein 
des  dejjeins.  On  dit  aulli  commettre  un  crime  de 
dejjein  lormé  ,de  guet-à-pens. 

0Cr  II  y  a  de  la  différence  entre  dejjein  &c projet  y 
un  projet  eft  médité  &  arrêté  \  ainfi  on  fait  un  pro- 
jet. Dejjein  donne  une  idée  plus  vague  ,  voilà  pour- 
quoi on  dit  qu'un  Général  lait  un  projet  de  campa- 
gne &  non  pas  un  dejjein  de  campagne.  Voltaire. 
§CF  On  peut  encore  confidérer  ce  mot  comme 
ayant  quelque  rapport  avec  vo/o/rre,  intention.  M. 
l'Abbé  Girard  nous  apprend  les  nuances  délicates  qui 
diftinguent  ces  mots.  La  volonté  eft  une  détermina- 
tion fixe  ,  qui  regarde  quelque  chofe  de  prochain  ; 
elle  le  fait  rechercher.  L'i/2re«rio/2  eft  un  mouvement 
de  l'aine  qui  envilage  quelque  chofe  d'éloigné  j  elle 
y  fait  tendre.  Ledejjein  eft  une  idée  adoptée  &c  choi- 
lig  ,  qui  paroît  luppofer  quelque  chofe  de  médité  j 
de  méthodique  ;  il  fait  chercher  les  moyens  &  l'exé- 
cution. 

Quand  la  volonté'  de  fervir  Dieu  vint  à  l'Abbé 
de  la  Trape  jfespreinièies  ifieentions  furent  de  faira 
une  auftère  pénitence ,  8c  il  forma  pour  cela  le 
dejfein  de  fe  retirer  dans  fon  Abbaye  &  d'y  établir 
fa  réforme. 

On  peut  enfin  le  confidérer  comme  fynonyme  à 
but  &  vues  par  l'idée  générale  que  préfentent  ces 
mots.  Dans  ce  cas  voici  les  idées  particulières  qui  les 
diftinguent.  Le  but  eft  plus  fixe  :  c'eft  où  l'on  veut 
aller  ;  on  fuit  les  routes  qu'on  croit  y  aboutir ,  &C 
l'on  fair  fes  efforts  pour  y  arriver.  Les  vues  font 
plus  vagues  ;  c'eft  ce  qu'on  veut  procurer  j  on  prend 
les  mefures  qu'on  croit  y  être  utiles  ;  &  l'on  tâche 
de  réullir.  Le  dejjein  eft  plus  ferme  \  c'eft  ce  qu'on 
veut  exécuter  \  on  met  en  œuvre  les  moyens  qui  pa- 
roiflent  y  être  propres;  &  on  travaille  à  en  venir  à 
bout.  Le  véritable  Chrétien  n'a  d'autre  but  que  le 
ciel,  d'autre  vues  que  de  plaire  à  Dieu,  ni  d'autre 
dejlein  que  de  faire  fon  fahir. 

Le  mot  de  dejfein  par  rapport  aux  Sciences  &  aux 
Arts  fignifie  la  penfée  j  le  plan  ,  la  repréfentation 
géométrale  de  l'ordre,  de  la  diftriburion  ,  &  de  la 
confttuélion  d'un  tableau  j  d'un  Pocme  ,  d'un  livre, 
d'un  bâriir.enr.  Defi<^natio  ^  defcriptio  ,  adumbratio. 
On  peut  encore  fe  fervir  du  mot  Ichnographia,<\\X2Lady 


DES 

par  le  mot  de  di^JJein,  on  enrend  un  plan  d'un  baci-  , 
rnent ,  ou  une  figure  toute  plate  tracée  fur  le  papier, 
&  qui  confifte  feulement  en  des  lignes.  On  lappelle 
Onho?raphia ,  quand  la  race  extérieure  du  bâtiment 
eil  repréfentée  comme  élevée  fur  terre  ;  maisii  c'eft 
une  perpedive  de  la  face  &  des  côtés  du  bâtiment,  ' 
&  que  le  bâtiment  loit  repréfenté  en  raccourci ,  on  j 
le  nomme  ,  Scenographla.   Vitruve.  Ce  Peintre  a  ! 
fait  voir  le  premier  delfein  de  ce  tableau  ,  ou  les 
fio-ures  font  bien  difpofées.  Ledejjein  de  ce  Poème, 
de  ce  livre,  eft  bien  ordonné.  Claudien  n'envifage 
point  fon  deffein  tout  entier  :  quand  il  en  compole 
une  partie  j  il  ne  penfe  qu'a  celle-là  ,  &  il  travaille 
chaque  morceau  comme  s  il   étoit  détaché  de  tout 
le  relie.  Le  Boss.  Il  laut  que,  dans  le  de[jein  d'un  bâ- 
timent, on  en  falîe  voir  Télévation  ,  aulli-bien  que 
dans  le  plan  ,  &  le  profil.  On  appelle  d<:[lcin  arrc'cé, 
celui  fur  lequel  on  a  conclu  avec  l'Entrepreneur. 

Dessein  ,  fe  du  en  particulier  dans  la  Peinture  ,  de 
ces  images ,  ou  tableaux  qui  iont  fans  couleur  ,  & 
qu'on  exécute  quelquefois  en  grand.  Les  Curieux 
font  grand  cas  àtsdejjelns  des  grands  Peintres.  On  a 
fait  les  tapilîeries  du  Louvre  iur  les  deffè/ns  de  Ra- 
phaël ,  de  le  Bcun  ,  Sec.  Levis  aUcujus  opcris  aium- 
brado. 

Dessein,  fe  prend  auffi  pour  la  penfée  d'un  grand 
ouvrage  qu'on  trace  grollièrement  en  petit ,  pour 
l'exécuter  &  finir  en  grand.  C'eft,  dans  le  fens  le  plus 
fîmple  qu'on  donne  à  ce  mot  dans  les  Arts ,  le  fim- 
ple  contour  des  figures,  des  chofes  qu'on  repré- 
fenté, les  lignes  qui  les  terminent,  qui  en  font 
la  circonicription.  On.  appelle  dejje'ui  au  trak  , celui 
qui  e!l  tracé  au  crayon  ,  ou  à  l'encre  ,  fans  aucun 
omhvQ  :  dcjjein  haché,  celui  dont  les  ombres  font 
exprimées  par  des  lignes  fenfibles,  èc  le  plus  fou- 
venr  croifées,  qu'on  trace  avec  la  plume  ,  le  crayon, 
ou  le  buiin  •.dejje'm  eftampé ,  celui  dont  les  ombres 
font  faites  avec  du  crayon  frotté  ,  en  forte  qu'il  n'y 
paroilFe  aucune  ligne  :  dejjein  crcné ,  celui  ou  les 
grains  du  crayon  paroilfent  \  lequel  n'eft  point  frotté: 
dejfiin  lavé  i  celui  dont  les  ombres  font  faites  au 
pinceau  avec  de  l'encre  de  la  Chine  3  ou  cjuelque 
auT?  liqueur  j  dejfein  colorié ^  celui  où  l'on  emploie 
quel  jaes  coa'earsà  peu  près  femblables  à  celles  qui 
doivent  ctre  dans  l'original. 

Les  qualités  ou  les  parties  du  dejfein  font  la  Cor 
retliori  J  le  Bon-goat  ,  l'Elégance,  le  Caradère, 
ia  Di/erl!té  ,  l'Exprelîîon  &  la  Perfpeétive.  La  Cor 
rcilioii  dépend  de  la  jufleire  des  proportions ,  & 
&  de  la  connoilfance  de  l'Anatoinie.  Le  Goût  eft 
une  idée ,  ou  manière  de  dejfein  qui  vient  de  l'in 
clination  &  des  difpofitions  naturelles ,  ou  de  l'édu 
cation  ,  des  études  qu'on  a  faites ,  des  M.aitres  qu'on 
a  eus.  L'Elégance  donne  aux  figures  queK]ue  chofe 
de  délicat  &c  un  certain  agrément  qui  plaît  à  tout  le 
inonde.  Le  Caractère  eft  ce  quieft  propre  .r  chaque 
chofe  :  il  y  faut  de  la  Diverfiré  ,  parce  que  chaque 
efpèce  de  cliDfe  a  (on  caractère  particulier  qui  la 
diilingue.  L'Exprelfioneft  la  repréfenrationd'un  ob- 
jet lelon  fon  caradère  ,  &  (elon  le  tour  que  le  Pein- 
tre a  voulu  lui  donner  dans  les  circonftances  où  il 
le  fuppofe.  La  Perfpetlive  eft  la  repréfcnration  des 
parties  d'un  tableau,  ou  d'une  figure,  félon  la  dif- 
pofition  où  elles  font  entr'elles  j  par  rapport  au  point 
de  vue.  Foy.  M.  Félibien,  M.  De  Piles,  Léonard  de 
Vinci,  &c. 

Lire  nndejfein  ,  nommer  un  dejfein.  C'eft  dire  en 
détail  à  un  ouvrier  qui  monte  un  métier  j  quels  fils 
de  la  chaîne  doivent  fe  lever,  &  en  quelle  quantité, 
&  lefquels  non. 

On  appelle  encore  dejfein  ,  la  repréfentation  de 
certaines  parties  détachées;  par  exemple,  d'un  bras, 
d'unetête,&c.  que  les  Peintres  font  pour  leur  ufrge, 
ou  pour  l'inftrudlion  de  leur  Elèves  :  dans  ce  fens 
dejfein  &  étude  lignifient  la  même  chofe  ;  cependant 
il  eft  mieux  dans  cette  occafion  de  fe  fervir  du  mot 
d'étude. 

Enfin  l'on  appelle  dejfeins  ,  certains  modèles  que 
les  Peintres  &  les  Aichuedes  font  pour  les  ouvriers^  • 


D  ES 


K7 


f      r 

pour  les  Manufactures  d'étoffes ,  de  tapilTeries ,  &c. 
D'ici,  de  Peint.  &  d'ArchiC 

|ÎCr  Ainfi  le  mot  de  deJjein  fe  dit  i».  de  la  repré- 
fentation d'une  ou  depluheurs  figures  d'un  paylage, 
d'un  morccaud'Architeélure,  foità  la  plume  Ibit  au 
crayon.  Dejjeins  de  Jule  Romain  ,  de  Calot  j  (Scc 

|fCr  i°.  De  la  fimple  délinéation&  des  contours 
des  figures  d'un  tableau.  De[fin  correct ,  exaét. 

^fT  3°.  Pour  toute  l'ordonnance  du  tableau.  Le 
dejjein  de  ce  tableau  eft  admirable  j  mais  mal  exé- 
cuté. 

%f3°  4°.  Le  plan  d'un  bâtiment.  Faire  faire  par 
fon  Architeéte  le  dejjein  d'une  maifon  qu'on  veut 
bâtir. 


yeux.  Dans  ce  fens  on  dit  montrer  le  dejjein.,  ap- 
prendre le  dejfein  ,  poflTéder  bien  le  dejjein. 

^fT  Enfin  dejjein  le  prend  pour  le  projet  d'un  ou- 
vrage d'ei'prit.  Le  dejjem  d'un  Poëme ,  d'un  dif- 
cours. 
A  Dessein,  adv.  Exprès  &:  à  certaine  intention.  Con- 
Jllio ,  confulto  ,  dcditâ  operâ.  Ce  mot  a  été  lâché  à 
dejjein  ,  pour  le  faire  expliquer.  Il  ne  fait  rien  i\\\à 
dej'ein  ;  c'eft-à-dire  ,  qu'il  ne  vife  à  quelque  fin,  à 
certaine  intention.  Loin  qu'Homère  ait  obfervé  cet 
art  J  on  diroit  qu'il  l'a  évité  à  dejjein.  De  la  Motte. 
Il  fe  met  aulli  avec  l'infinitif  d'un  verbe  avec  la  par- 
ticule de. 

J'ai  depuis  un  moment 
Âfis  dans  mon  cœur  Uranie  j 
Mais  à   <lii\^e\n  J'culemenc    . 
De  vous  donner  compagnie.  MÉn. 

Il  s'emploie  aulîi  avec  la  particule  que  ,  devant 
le  fubjondif.  Ce  qu'il  en  dit  ,  c'eft  à  deljein  que 
vous  en  falliez  votre  profit,  ^oye?  Projet  j  VueSj 
But. 

DESSELLER.  V.  a.  Ôter  la  felle  d'unchev.al.  Ephip^ 
pimm  equo  detrahere.  Il  ne  faut  pas  dejfeller  un  che- 
val quand  il  eft  trop  échauffé.  Ces  Cavaliers  à  peine 
avoient  Aihnàé  Si  d'ejjellé ,  qu'il  f^illut  remonter  à 
cheval. 

Dessellé  Ée.  part. 

ifT  DESSERRE. f.  f.Ce  mot  n'.i.d'ufage  que  dans  cette 
phrafe  dudifcours  familier.  Etre  dur  à  làdejerre^ 
avoir  delà  peine  à  payer,  à  donner  de  l'argent.  Ce 
bonhomme  eft  dur  à  la  dejjerrc. 

DESSERPvER.  v.  a.  Relâcher  ce  qui  étoit  ferré.  Laxare^ 
re/a.\-û/e.  Quand  un  Chirurgien  a  ouvert  la  veine  j 
il  dejjerre  la  ligature.  Il  faut  dejjerrer  votre  corps  d» 
Jupe ,  il  vous  ferre  trop.  On  dejferre  un  nœud  j  un 
lien  ,  &c. 

^fj"  On  dit  dejjerrer  les  dents  à  quelqu'un  j  lui 
faire  ouvrir  par  force  les  deux  mâchoires ,  lorfqu'il 
les  tient  extrêmement  ferrées  l'une  contre  l'autre. 
On  ditfigurément&  f.imihèrement ,  qu'un  hom- 
me n'a  pas  dejferréles  dents ,  quand  il  n'a  point  parlé 
du  tout  dans  une  compagnie. 

Desserp.er  ,  fe  dit  au  figuré  pour  décocher,  auquel 
fens  on  ne  l'emploie  guère  férieufement.  f'ikrare  , 
:mi Itère.  Dcjjcnerun  coup. 
Boilcau  dit  en  badinant ,  que 

La  Serre 
Volume  fur  volume  incejfammeat  de^feiTe. 

On  dit  ,  de  [ferrer  un  coup  de  pied,  un  coup  de 
fouet,  unfoufflet,  pour  dire,  donner  un  coup  de 
pied ,  un  coup  de  fouet ,  un  foufllet  avec  violence.  Il 
eft  familier. 

Desserré  ,  ée.  part. 

DESSERT;  f.  m.  Dernier  fervice  qu'on  met  fur  les  ta- 
bles. Cœna  ,  ou  menfajecunda.  Epidipnides  j  bella- 
ria. 

ïfT  Ce  terme  eft  devenu  bourgeois .  On  dit  con:- 
nninément  le  fruit ,  au  moins  chez  les  Grands,  mcin» 


27§  DES 

chez  ceux  qui  croient  l'être  ;  en  forte  que  le  mot 
dejjen \  plus  propre  &  plus  étendu  pour  lignifier  ce 
dernier  fervice ,  parce  que  l'on  y  fert  autre  choie 
que  du  fruit  ^.eft  ablohiment  banni  du  grand  monde. 
1/3"  Un  ancien  proverbs  dit ,  entre  Paque  &  la 
Pentecoûte  ,  le  dejj'eneiï  une  croûte,  parce  que  dans 
ce  remps-là  on  manque  de  fruits. 

DESSERTE,  f.  f.  Ce  qu'on  ô:e  de  defTus  la  table 
d'un  grand  Seigneur.  Menfarum  reliquLt.  On  porte 
à  ce  qu'on  appelle  le  cerdeau  j  la  déserte  de  la  table 
du  Roi. 

Desserte  j  en  Jurifprudence  ,  fignifie  l'action  dedef- 
fervir  une  Charge  ,  oy  un  Bénéfice  ,  l'acquittement 
qui  fe  fait  du  fervice  d'iine  Cure,  d'une  Chapelle^  ou 
autre  Bénéfice,  un  Eccléliaftique  commis  à  la  pla- 
ce du  Titulaire.  Funclio  aLicujus  muneris.  La  dejjèrw 
de  cette  Charge  eft  facile  ,  elle  n'occupe  que  deiftc 
heures  par  jour.  Un  Archidiacre  eft:  obligé  de  veil- 
ler à  la  dejjerte  d'une  Cure  vacante,  ou  litigieufe. 
On  adjuge  uns  partie  des  fruits  à  celui  qui  fait  la 
dejfene  d'un  Bénéfice. 

Desserte  J  dans  le  vieux  langage^  fignifie,  mérite. 
Mérita.  Marot  s'en  eft  fervi  dans  la  traduiflion  des 
Pfeaumes  :  &  Crétin,  ancien  Pocte  ,  dit  : 

Tres-bon  loyer  aure^  de  vos  defiertes. 

■§Cr  Desserter.  Terme   d'Agriculture  ,   P^oy.  Des- 

SARTER. 

fC?  DESSERTIR,  v.  a.  Terme  de  Metteur-en-œuvre. 
C'eft  avec  un  burin,  couper  la  lertiliure  d'une  pierre 
un  peu  au-delfous  du  reuilletis ,  pour  pouvoir 'la 
tirer  de  fon  œuvre  fans  danger. 

DESSERVANT,  f  m.  Celui  qui  deflert  un  Bénéfice  , 
qui  en  fait  les  fonélions  à  la  place  du  Titulaire.  Be- 
neficium  admïmjlrans.  Ce  Curé  eft  en  fuite,  on  a 
mis  un  Deffervanc  à  fa  place. 

DESSÉRVICE.  f.  m.  Mauvais  office  qu'on  rend  à 
quelqu'un.  Oifenjîo.  Quand  on  découvre  le  fccret 
de  fon  ami  ,  on  lui  rend  un  grand  dejjervice.  L'Aca- 
démie, après  avoir  mis  ce  mot  dans  la  table  de  foii 
Didionnaire  ,  le  fait  effacer  de  fes  additions  :  ce  qui 
eft  une  marque  qu'elle  le  défapprouve.  Mézerai 
l'a  employé.  Il  m"a  rendu  des  fignalés  dejjerviccs. 

PdMEY. 

DESSERVIR.  V.  a.  Rendre  le  fervice  du  à  quelque 
Charge  ,  ou  Bénéfice.  S'acquitter  des  fondions  qui 
y  font  indifpenfablement  attachées.  Fungi  allquo 
muncre.  Les  Titulaires  des  Bénéfices  fimples  y  en 
tretiennent  des  Chapelains  pour  les  dejj'ervir.  On  n 
condamne  guère  à  la  reftitution  des  huits  ceux  qui 
ont  dejfervi  les  Cures  effectivement.  Un  tel  a  été 
commis  pour  cftfj/èmr  la  Cure  pendant  l'abfence  du 
Curé. 

Desservir  ,  fignifie  auffi  ,  ôter  de  deffus  la  table  un 
fervice ,  lever  les  plats.  Fercuia  de  mensâ  toltere  j 
removere  ,  auferre  menfam.  On  a  dejfervi  les  potages, 
on  eft  au  rôt.  On  a  dejfervi  abfolument ,  c'eft-à-di- 
re ,  on  a  ôté  le  couvert ,  la  nappe. 

Desservir  ,  fignifie  auffi  ,  rendre  de  mauvais  offices 
à  quelqu'un.  Malè  mereri  de  aliquo.  Son  Rappor- 
teur, au  lieu  de  le  fervir,  l'a  forr  deffervi,  lai  a 
nui  beaucoup.  Il  a  fait  tout  ce  qu'il  a  pu  pour  me 
dejfervir  auprès  de  mon  protedireur.  Le  fourbe  a 
dejfervi  mes  feux  Mol.  Ce  mot  de  dejjcrvir  ,  pris 
dans  cette  demtère  fignification  ,  patoiffoit  au  P. 
Eouhours  un  affez  méchant  mot. 

Desservi  ,  ie.  part. 

DESSERVlTQîlERIE.  f  f.  Terme  ufité  dans  quel- 
ques ch.ipities  ,  pour  exprimer  un  Office  ou 
Bénéfice  qui  oblige  à  deff;rvir  une  Eglife  ,  à  deffer- 
vlr  un  Cliœur.  Defervicruis  officium  ,  vel  beneficium. 
Cetitre_(^r  ces  fondions  Iiors  du  chœur  ,  ne  font 
que  l'acceffoire  &  une  annexe  de  la  dejjerviiorerie  au 
chœur.  Bronod.  Mém.  pour  le  Chap.  de  S.  Germ. 
VAuxcr.  Ces  fortes  de  deffervitoreries  fontconftam- 
ment  amovibles  pour  caufe  d'abfence.  Id.  Une  def- 
Jervitorerie  au  chœur.  Id.  Ces  Chapelles  font  de  la 
sature  &  de  la  condition  des    dejjervicoreries  au 


DES 

chofur  ,ou  bénéfices  affedés  aux  Chantres  &  Chorif- 
tes.  la. 

DESSEURANCHE.  Vieux  mot ,  qui  fignifie  Jepara- 

tion  ,  dijjoiuào/i,  adion  de  féparer.  jD/jjuiudo  ,  Jépa- 

tio.  Il  rend   moult  bieu  la  dejjeuranche.  De   Baum. 

Ce  mot  &  les  deux  luivans  viennent  de  Jevrer  ^ 

qui  a  été  du  dans  la  fuite  ^oMt  dejjevrer  Se  dejjeurer, 

DESSEURE.  Vieux  mot  dont  on  s'cft  fervi  pour  dire, 
dejjous. 

DESbEUREMENT.  f.  m.  Ce  mot  eft  hors  d'ufage  ,  Se 
il  a  la  même  lignification  que  dejjeurarxhe.  (^'uand 
aucun  pourcache  le  dcjjeuremenc  de  fa  femme  pour 
che  que  il  l'a  trouvé  en  péché  de  fornication.  De 
Beaum. 

DESSEURER  j  &  DESSEUVRER.  Dans  la  fuite  on 
a  dit  dejftvrer.  v.  a.  Séparer ,  dilfoudre.  Separare  y 
dijjolvere.  Après  que  le  mariage  eft  dejjeuvré,  Dk 
Beaum.  Mal  chofe  feroit  qu'on  dejjeuiru/l  les  ma- 
riages. Id.  Dejjeuxrer  la  con  pagnie.  Id. 

DESSICCATIF  J  ive.  adj.  Terme  de  Aiédecinej  de 
Chirurgie  ,  de  Pharmacie.  Çui  a  la  propriété  de 
delféchet.  Siccandi  ,  exjiccandi  vi  pr&ditus.  Un  on- 
guent dejjiccdcif.  La  pimpreneile  palfe  pour  être  dé- 
terfive  ,  dejfuxative  ik  vulnéraire.  Lemery.  Cet  Au- 
teur écrit  déjlccatif '^■xi  une  feule  j  j  ce  qui  eft  con- 
traire à  la  prononciation  de  ce  mot,  dont  Vi  doit 
avoir  un  fon  rude  &  fifiant ,  ce  qui  n'eft  pas  quand 
cette  lettre  eft  feule  entre  deux  voyelles.  Quelques- 
uns  écrivent  dellicatif  avec  un  fcul  c.  L'ulage  eft: 
pour  dejjiccatif. 

En  peinture  ,  on  appelle  huiles  dejjlccadves  cer- 
taines huilïs  propres  à  faire  fécher  les  couleurs. 

DESSICATION.  f.  f .  &  mieux  D ejicatio h.  TtnwQ  de 
Chymie  &  de  Pharmacie.  Opération  qui  confiile  à 
enlever  à  des  fubftances  iolides  l'humidité  qu'elles 
contiennent ,  1  iquelle  eft  étrangère  <à  leur  mixtion. 
Siccatio  ,  cxjicccuio.  Un  corps  étranger  formé  dans 
l'eftomac  d'une  perfonne  qui  avoir  pris  les  eaux  de 
Forges  ,  formé  ,  dis-je,  par  des  fels  que  contiennent 
ces  eaux,  incorpotées  avec  des  matières  glaiieules, 
ayant  été  porté  quelques  jours  dans  la  poche  ,  devint 
beaucoup  plus  léger  &  un  peu  moins  gros  par  la 
dejp.cacion  àQ  l'humidité.  &V>«.  c/e  Trév.  1714.  p.  141. 
La  defflcadon  eft  l'évaporation  de  l'humidité  fuper- 
flue  ,  qui  fe  trouve  dans  un  corps.  Harris. 

§C?  La  dejficanon  fe  fait  par  le  moyen  de  la  cha- 
leur ,  ainfi  que  la  dej^cgmacion.  La  première  fe  dit 
des    matières  confiftantes  ;  la  féconde  des  liqueurs. 

DESSILLER,  v.  a.  De  bons  Auteurs  écrivent  c^mZ/er, 
&  c'eft  ainfi  en  effet  qu'il  faudroit  écrire  ,  ce  mot 
venant  de  cil ,  inais  l'ufage  eft  pour  dej/iller.  Il  figni- 
fie ,  ouvrir  les  yeux.  Aperire  oculos.  Ce  malade  eft 
fi  affoupi,  qu'à  peine  a-t-il  pu  dejjiller  les  yeux, 
dejfiier  les  paupières. 

Dessiller,  fedir  figurément  des  yeux -de  l'efprit ,  & 
fignifie  détromper,  faire  fenrir  à  quekju'un  une 
vérité  qu'il  n'appercevoit  pas.  On  a  enfin  dejjille  les 
yeux  de  cet  Mérétique  ,  il  a  reconnu  la  vérité. 

Et  vous ,  V^é'ité fairite  ,  en  ces  lieux  defcendue , 
Eclaire:^  l'univers  j  &  par  des  traits  vainqueurs , 
Deffillez  tous  les  yeux ,  pénètre^  tous /es  cœurs. 

NOUV;  CH.  DE  VeRS. 

Dessillé,  ée.  part.  Quand  la  mort  abat  la  plus  flo- 
riffiinte  jeunelfe  ,  alors  ,  les  yeux  dejfliés ,  nous  ap- 
percevons  la  vnnité  des  attraits  du  monde.  P.  Gail. 

ffT  DESSINATEUR,  f.  m.  C'eft  en  gênerai  celui  qui 
frit  imiter  par  des  traits  les  formes. des  objets  que 
la  nature  nous  préfente  ,  ou  qu'il  imagine.  Delinean- 
di  3  adumhrandi  peritus.  Un  Peintre  doit  être  un 
grand  Deffinuteur. 

fc3"  En  kxc\\\ieOi\-\XQ,Defflnateur  t9i  celui  qui  def- 
fine  &  mer  au  net  les  plans,  les  profils  &  élévations 
des  bâtimens. 

On  appelle  auffi  Deffwateur ,  celui  qui  fait  des 
ornemens  pour  divei  fes  fortes  d'ouvr.ages,  qui  donne 
des  deffeins  pour  les  décorations  qui  fervent  aus 
pompes  funèbres  ^  autres. 


DES 

fC?  DESSINER.  V.  a.  Faire   le   premier  traic^  d'une  | 
figure.  On  le  dit  génér.ilement  de  tout  ce  qu'on  re-  | 
prélente  fur  le  papier  ou  fur  la  toile.  Imiter  par  des  ; 
traits  j  avec  la  plume  ou  le  pinceau  ,  les  formes  des 
objets  naturels  ou  des  fujers  d'imagination.  Ddi- 
nearc  j  hneis  defîgnare  ,  operis  alicujus  Jormain  lineis 
dejaibere.  Ce  n'eft  pas  alfez  qu'un  Peintre  foit  bon 
colorifte  ,  il  faut  qu'il  defline  correctement.  Dejfi- 
ncr  une  figure ,  une  tête  ,  une  main  \  dejjlner  un 
payfage.  On  dejjine  d'après  nature  ,    de  tantaifie. 
Dejfiner  d'après  l'antique. 

Dessiner,  fe  dit  quelquefois  pour  ,  faire,  former. 
Vous  verrez  de  quel  air  la  nature  a  deJJinc  fa  per- 
fonne.  Mol. 

Dessiné  ,  ée.  part.  Delineatus  ,  dtfcrlptus ,  dejignatus 
lineis, 

DESSOIVER.  Vieux  mot.  Défaltcrer,  étancher  la  foif. 

DESSOLER.  V.  a.  Changer  la  divifion  des  terres  de 
labour  ,  &  ne  les  pas  cultiver  ou  enfemencer  en  la 
manière  accoutumée.  Prsfcriptam  colendi  agros  ra- 
tionem  mutare.  Tous  les  baux  des  métairies  portent 
à  la  charge  de  ne  point  dcjjoier  la  terre  ,  &  changer 
la  foie,  mettre  en  blé  ce  qui  devroit  être  en  avoine , 
ou  en  avoine  ce  qui  devroit  être  en  blé,  ou  enfe- 
mencer ce  qui  devroit  être  en  jachère.  Il  eft  déten- 
du aux  Fermiers  de  dejjoler  les  terres  ,  parce  que  ces 
changemens  peuvent  les  épuifer ,  ou  au  moins  les 
fatiguer. 

Dessoler  ,  en  termes  de  Manège,  ou  de  Maréchal, 
c' eft  ôter  la  foie  d'un  cheval  fans  toucher  la  corne 
du  fabot.  Equo  pedis  foleain  dctrahere.  Il  faut  bien 
un  mois  pour  rétablir  un  cheval ,  quand  il  a  été 
dejfûlé. 

DessolÉ  ,  ÉE.  part.  Terres  dcjjolccs.  Cheval  dejffoie. 

DESSOUDER,  v.  a.  Oter  la  foudure  d'une  chofe  fon- 
dée. Quod  ferruminatum  erat  drjjolverc.  On  a  dejjoude 
proprement  les  branches  de  ce  chandelier  qui  étoient 
îbudées.  On  le  dit  plus  ordinairement  avec  le  pro- 
nom peifoanel.  Diffolvi.  Les  vailfeau  de  fer-blanc 
font  de  peu  d'ufage  ,  parce  qu'ils  fe  dejjoudent  trop 
aifcraent  au  feu.  Ce  fiambeau  n'eft  pas  rompu,  il 
n'eft  que  dejjoudé. 

Dessoudé  j  ée.  part.  Dijjolutus. 

DESSOUS.  Prépofitionqui  fignifie ,  fous.  Suh,  avec  un 
accufatifj  s'il  y  a  du  mouvement,  6f  un  ablatif, 
s'il  n'y  en  a  point.  Subar  accufatif.  Ce  lutteur  a 
terralté  fon  adverfaire,  il  l'a  mis  dejjous  lui.  Fouil- 
ler dejfous  la  muraille.  Les  Officiers  lubalternes  font 
deJJous  les  grands  Officiers. 

Il  femble  que  dejfus  Se  dejfous  foient  plutôt  des 
adverbes  que  des  prépoiitions  ,  car  leur  grand  ufi- 
ge  eft  à  la  fin  des  périodes ,  fans  rien  régir  après  eux , 
puifqu'ils  terminent  la  période  &  le  fens  :  comme 
je  fuis  aflîs  dejjous  ;  au  lieu  que  les  prépoiitions  font 
perpétuellement  fuivies  d'un  nom  ou  d'un  verbe 
fans  quoi  elles  n'auroient  pas  le  nom  de  prepojûion. 
AinCi ,  il  taut  dire  ,  il  cfijàus  la  table  ^  &  non  pas 
dejjous.  Il  y  a  trois  exceptions  :  La  première  quand 
on  met  les  deux  contraires  enfemble  ;  comme,  il 
n'y  a  pas  aflez  d'or  dejjus  ni  dejfous  la  terre  pou» 
jn'engager,  &c.  La  féconde  ,  quand  il  y  a  deux  pré- 
portions  de  fuite;  comme  j  elle  n'eft  ni  dedans  ni 
dejfus  \q  coSïQ.  La  troifième  qUand  il  y  a,  devant, 
une  prépofinon  ,  un  par  ou  un  de  ;  comme  ,  il  lui  a 
paifé  par  dejjous  le  bras.  Il  s'eft  levé  de  dejfus  fon 
lit.  Ces  cas  exceptés  l'on  ne  doit  guère  employer  ces 
compofés,  dejfus  &c  dejfous  ^  que  comme  adverbes. 
On  le  permet  pourtant  aux  Poctes  pour  la  commo- 
dité des  vers,  où  une  fyllabe  de  plus  ou  de  moins 
eft  de  grand  fervice.  Vaug.  Ces  remarques  fon  très- 
judicieules  j  &c  même  en  Pocfie.  Sur  j  fus  &/ous  j 
font  préférables  à  dejjus  &:  dejfous.  Mén.  Corn. 
§Cr  Si  les  Poctes  ,  pour  la  commodité  du  vers , 
emploient  quelquefois  dejfous  comme  prépolition  \ 

Rome  eji  delTous  vos  îolx  par  le  droit  de  la  guerre. 

Corn. 

|î3"Ce  n'eft  pas  moins   une  faute.  Dejjous  eft 


DES  279 

adverbe.  Eft-il  dejfus  ?  eft-il  dejjous  ?  Il  eft  fous  vous  : 
il  eft  fous  lui. 

|cr  Ci  dessous.  Plus'bas  ,  dans  la  fuite.  Nous  dirons 
i:'i- dejjous. 

Dessous  ^  eft  auftî  f  m.  &:  fignifie  la  partie  inférieure, 
la  partie  de  deifous  d'une  chofe.  Injerior  pars.  De 
cette  éiotfe  le  dejfous  eft  plus  beau  que  le  delTus. 
Le  dejfous  d'un  plancher ,  d'une  voûte.  Le  dejjous 
d'une  Eglife  ,  les  Chapelles  baftes.  Le  dejjous  du 
pied.  La  lèvre  de  dejjous.  La  paupière  de  dejjous. 

§3"  Au  jeu  de  cartes  on  appelle  ,  le  dejjus  des 
cartes  ,  celles  qui  font  a.\.i-deJJous  du  jeu  quand  on 
a  coupé.  En  donnant  les  cartes  il  ne  faut  point  mon- 
trer le  dejjous. 

{fT  Le  dejjous  des  carres ,  dans  un  fens  figuré  , 
fe  dit  familièrement  de  ce  qui  eft  caché,  de  ce  qu'on 
ne  voir  pas  dans  une  affaire.  Je  veux  vous  découvric 
un  petit  dejjous  de  cartes  qui  vous  furprendra.  Ma- 
dame de  Sev.  Ses  amies  voyant  que  le  dejjous  des 
cartes  fe  découvre ,  affisCtent  fort  d'en  rire.  Id.  Il 
faut  m'en  croire  ;  le  dcjous  des  cartes  va  encore 
plus  loin.  Id.  C'eft-à-dire,  ce  qu'on  ne  voit  point, 
ce  que  je  ne  dis  point ,  ce  qui  eft  fecret.  Le  dejjous 
de  mon  humeur  dépend  fort  du  temps  ,  de  forte 
que  pour  favoir  comme  je  fuis  j  vous  n'avez  qu'à 
coniulter  les  aftres.  Id. 

|Cr  On  ditjfigurémentj  aVoir  le  dejjous  en  quel- 
que affaire  ,  pour  dire,  avoir  du  défavantage.  Il  a 
eu  le  dejjous ,  on  lui  a  donné  du  dejjous  en  cette 
affaire.  Exprellion  bourgeoife.  J^oy.  plus  bas  avoir 
le  dejjus., 

Or.dit,enll;yle  du  grand  Art>cequieft  dejjous  eft 
femblable  à  ce  qui  eft  defliis  j  &  ce  qui  eft  defliis  eft 
femblable  à  ce  qui  eft  dejjous  ;  c'eft-à-dire  ,  que  le  fixe 
qui  eft  dejjous  ,  ôi  le  volaril  qui  eft  delTus ,  font  par- 
faitement mêlés  ;  qu'ils  ne  font  plus  qu'un.  On  die 
aiilfi,  mettre  le  delfus  dejjous  ,  6c  le  dejous  deflus  ; 
cela  veut  dire,  changer  la  nature  ou  les  qualités  des 
chofes  5  par  exemple  ,  faire  efprit  ce  qui  eft  corps , 
rendre  mou  ce  qui  eft  dur. 

Ce  mot  vient  du  Latin  de  fub.  Ménage. 

tfT  Au-dessous.  Prépofition  de  lieu  &  d'ordre,  figni- 
fie plus  bas.  Injrà.  Paris  eft  7i\x-deJJous  de  Charen- 
ton  J  par  rapport  au  cours  de  la  rivière.  Il  eft  logé 
z.\X'diJjous  de  moi.  Je  fuis  affis  au-dej/ous  de  vous. 
Le  chapiteau  eft  a.\.i-dejJous  de  la  corniche. 

§CrOn  dit  J  dans  un  lens  figuré,  être  an-dejous  de 
quelqu'un  en  mérite  j  en  nailfance  ,  en  dignité, 
êic.  lui  être  inférieur  en  tout  cela.  Tous  les  Pocres 
latins  fon  bien  zn-dejjous  de  Virgile.  Les  paroles 
mêmes  avec  lefquelles  vous  me  mettez  au-dclius  de 
tous  les  autres,  me  font  voir  que  je  fuis  infiniment 
au-dejjous  de  vous.  Voit. 

$Cr  Tenir  une  chofe  an-dejfous  de  foi  ^  1,1  croire 
indigne  de  foi.  Il  ne  veut  point  d'un  emploi  qu'il 
tient  3.i\-de[fous  de  lui. 

IP"  Au-dessous  J  fignifie  au(fi  momdre,  félon 
un  certain  ordre  ,  foit  de  nombre  ,  loit  de  durée. 
On  enrôle  tout  le  monde  ^u-dejjous  d;  cinquante 
ans.  A  fon  viiage,  on  le  croiroit  au-c/e//Wj  de  trente 
ans.  Les  plus  anciens  titres  qu'il  produit  font  au- 
dejj'ous  du  quinzième  (lècle. 

\u-dessous  ,  eft  aufli  adv.  Subcus  ,fubter  ^  infrà.  Les  li- 
queurs les  plus  pefantes  vont  toujours  ^u-dejjisus. 
On  reçoit  les  preuves  par  témoins  ,  quand  il  ne  s'.a- 
gic  que  de  cent  livres  &  aa-dejous.  Hérode  fit  tuer 
tous  les  enfuis  de  deux  ans  6c  zu-dejfous. 

|Cr  En  termes  de  Marine  ,  on  dit  qu'un  vaifle.TU 
eft  M\-dejJous  du  vent  d'un  autre  vailfeaUj  pour  dire 
que  le  premier  vaiffeau  a  le  vent  fur  lui.  Voye:^ 
Vent, 

On  dit  proverbialement,  que  toutes  chofes  font 
Jens  dejjus  dejjous  ,  lorfqu'elles  font  en  une  grande 
confufion  ,  éc  que  le  fens  ou  côté  qui  devroit  être 
defflis,  (e  trouve  dejfous.  Sus  decjue.  C'eft-à-dire, 
fans  deffus ,  ni  dejfous  :  qu'on  n'y  connoit  rien  , 
qu'on  ne  fçait  plus  ce  qui  en  eft  le  deflus  j  ni  ce 
qui  en  eft  \c  dejjous  .Toy.  S Ar^s  dessus  dessous. 
Il  fe  dit ,  aùffi  figurcmenr ,  des  affaires  ou  d©- 


i8o  DES 

meftiqnes  ou  publiques  ,  cUi  ciouMe,  de  la  confu- 
fion  qui  eft  dans  un  é:at,  ou  dans  une  tamiUs  par- 
ticulière. Il  ne  lailie  pas  d3'  travailler  fous  main  à 
mettre  toute  l'Europe  lens  delîus  dcjjous. 
DESSUS,  adv.  Qui  ne  régit  rien  après  lui ,  &:  qui  eft 
oppofé  à  dejjous.  Supra,  11  n'ell  m  delFous  ni  dcjjus. 
Ce  qui  eft  Tous  la  table  mettez  le  de_(jus.  Il  étoit 
tantôt  deflous ,  il  eft  préfenteinent  dejjus. 

'ïfT  Autrefois  ce  mot  étoic  louvent  employé  com 
«le  prcpofition.  On  difoit  mettre  le  Hambeau  dejjus 
la  table.  Être  defjus  les  bancs;  On  le  difoit  encore 
dans  le  liècle  dernier.  Les  Poètes  s'en  fervoient  lou- 
vent pour  la  commodité  du  vers.  Cela  ne  fcroit  pas 
tolérable  aujourd'hui.  Il  faut  dire  ^ur.ï\  y  a  pour- 
tant quelques  exceptions  à  faire.  Dejjus  eft  prépo- 
iltion  ;  1°.  Quand  il  eft  joint  avec  dejfous  ,  comme 
quand  on  dit,  j'ai  cherché  dejjus  &  dejjous  la  table. 
2°.  Quand  il  y  a  deux  prépoiuions  de  fuite.  Il  n'cit 
ni  dejfus  ni  dejjous  la  table.  3".  Quand  il  y  a  devant 
une  prépofition  ,  un  par,  ou  un  de.llssil  levé  de 
dejjus  fon  lit.  Il  avoir  de  l'eau  pa.r:-dejjus  la  rcte. 

iyy  On  dit  c'i-dejjus  par  oppofuion  à  cï-ddjjous. 
Ces  termes  ci-dejjus  ,  c\-dcjfous,  Vi-dejjus^  Vx-dejjous, 
dit  M.  de  Voltaire,  font  familiers,  &  il  fuit  ab- 
folumenr  les  éviter,  foit  en  vefs  ,  foit  en  profe. 
IP"  Dessus,  f.  m.  Signiiie  le  lieu  fupérieur  ,  la  par- 
■rie  fupérieure.  Loais  ,  pars  fupenor.  Le  dej^jUi 
d'une  table,  d'un  colfre.  Le  dejfus  de  la  main,  d'un 
livre.  Les  corps  les  plus  légers  prennent  le  dejjus. 

^jZ?  Ce  mot  pris  au  figuré  déligne  un  avantage 
remporté ,  fupériorité.  Nous  avons  eu  le  dejfus  dani 
^;e  combat,  dans  ce  procès.  Foy.  Avantage. 

ÇfT  il  faut  obferver  ,  avec  M.  de  Voltaire  ,  que 
cette  expreftion  ,  avoir  le  dejus  de  fes  ennemis  j 
avoir  le  dejjous  ,  eft  une  expreillon  populaire  qui 
ne  peut  être  employée  que  dans  la  poeiie  burlci- 
que.  C'eft  le  di  J'opra  &  le  di  fotto  des  Italiens. 
L'Ariofte  employé  cette  exprelïlon  quand  il  fe  per- 
aiet  le  comique  \  le  Talle  ne  s'en  fert  jamais. 

On  dit  auili  le  (/e/r«j  d'une  lettre  ,  pour  dire,  la 
fufcription  ,  l'adrelle.  Superjlripno.  Le  di^Jus  de 
cette  lettre  eft  d'une  autre  main  que  le  corps  &  la 
lignature.  On  appelle  auffi  le  dejjus  d'une  lettre  , 
■  l'enveloppe  qui  couvre  le  paquet  où  eft  la  fufcrip 
■non. 

En  termes  de  Marine  ,  on  dit ,  Gagner  le  dejfus 
Àa  ventj  en  campagne  .le  dejjus  de  la  colline  ,  pour 
dire,  prendre  l'avantage  du  ventj  d'une  hauteur.  Se- 
.cundum  ventum  captare  ,  collis  jajiigium  occupare. 

Entérines  de  Mineurs,  prendre  le  dejjous,  c^eft 
prendre  le  dejjus  ;  car  en  lait  de  mines  le  dejjous 
commande  le  dejjus.  Toute  l'attention  du  Mineur 
&  du  Contremineur   doit    fe  porter  à  prendre  le 

§C?  Dessus,  En  termes  de  Mufique,  fignifie  la  voix  la 
plus  haute,  la  plus  aiguë j  celle  qu'on  entend  dans 
un  concert  au  -  dejfus  de  toutes  les  autres.  Fox 
acucijjîma  ,  Jouus  aeuajimus.  Chanter  le  dejjus.  Le 
dejjus  fe  divife  en  p\:'im'\er  dejfus  on  h:Lat  de (Jds , 
&c  en  fécond  dejjus  ou  bas  de^'us.  Le  àsmï-dejjus  eft 
la  même  chofe  que  haute-contre. 

(fZP  Dessus  ,  fe  dit  non- feulement  de  -la  partie  la  plus 
haute,  mais  encore  de  celui  qui  chante  cette  partie. 
Ainfi  l'on  du  voilà  un  beau  dejus,  un  bon  dejjus. 

|tT  Dessus  de  Viole,  dejjus  àQ\\o\on:  inftrument  fur 
lequel  on  joue  le  dejjus,  &  celui  qui  joue  de  cet 
inftrument. 

ifT  En  termes  de  Marine,  prendre  le  dejfus  du 
vent,  c'eft  fe  placer  entre  le  lieu  d'où  te  vent  fouftle, 
&  le  vailfeau  fur  lequel  on  prend  ou  l'on  conferve 
cet  avantage.  Voy.  Ven  r. 

fCT  On  dit ,  figurément  &  familièrement ,  qu'un 
liomme  eft  an-dejjus  du  venr,  pour  dire  que  la  for- 
tune lui  eft  favorable,  que  fes  affaires  font  en  bon 
état,  &  qu'il  n'a  plus  rien  à  craindre. 

Dessus  de  porte.  En  Architeûure,  ce  mot  fignifie 
tout  ce  qui  fert  à  couvrir,  à  revêtir  une  corniche  de 
placard,  comme  le  lambris,  le  cadre,  les  bas-  re- 
liefs, &c. 


DES 

|CF  Au-Dessus.  Prépofition  qui  fe  prend  dans  un  fens 
moral  &c  fpintuel,  aulli  bien  que  dans  un  fens 
phylique,  &  fert  à  marquer  l'ordre  des  temps,  la 
ïupénorité  de  la  fituation,  celle  du  rang,  &cc.  plus 
haut  qu'un  autre  lieu,  qu'un  autre  corps  j  par-delà. 
Aii-dejjus  de  la  montagne,  2i\x  dejjus  des  nues. .Super, 
Juprà.  Cela  eft  z\i- dejjus  de  vos  forces,  de  votre 
génie.  Suprà  vires.  Un  homme  au-dej'us  de  fes  affai- 
res, dont  la  fortune  eftfolidement  établie.  Au-dejjus 
des  louanges,  celui  qui  n'en  eft  point  touché j  ou 
dont  aucunes  louanges  ne  peuvent  égaler  le  mérite. 
An-dejj'us  de  la  calomnie,  de  l'envie,  6cc.  qui  ne 
craint  point  les  traits  de  1  envie,  à  qui  l'envie  n» 
peut  nuire. 

On  dit  aufli  de  celui  qu'on  loue  exceffivement, 
qu'on  la  mis  zn-dejjus  des  nues.  Le  Roi  eft  :xa-dejius 
de  tout  le  monde  pat  fi  gloire,  &  par  fa  modéra- 
tion zu-dejjus  de  fa  gloire  même,  f  lech.  Il  iaut 
Ibutfiir  de  ceux  qui  font  ^n  de^jUs  de  nous  :  c'eft  la 
peine  de  la  dépendance.  Bell.  Notre  efprit  eft  au- 
dejjus  de  lui-même,  &  après  avoir  compris  tout 
l'Univers,  li  ne  ie  peut  comprendre.  S.  Evr.  Les 
miftères  de  la  Religion  font  au  de^us  de  la  raifon, 
&  non  pas  contre  la  railon.  Llaud.  Alexandre  fs 
fentoit  li  tort  za-dejjus  du  refte  des  hommes,  que 
méprifant  fa  naiffance  véritable,  il  alla  chercher  Ion 
ongine  dans  les  cieux.  S.  Evr. 

UC?  Au  Dessus,  le  dit  adverbialement.  Il  eft  au  fécond 
étage  j  fes  domeftiques  logent  au-deJjus. 

De  Dessus.  Piépohtion.  v^,  ab.  Il  ne  leva  jamais  les 
yeux  de  d.jjùs  lui.  Vaug.  Il  s'eft  levé  de  dejfus  Ion 
liège  pour  haranguer.  Elle  ôtalcn  voile  de  dejjus  {on 
viiage.  Quanil  les  fruits  lont  mûrs ,  ils  tombent  de 
dejjus  les  arbres. 

Par-Dessus.  Prépofition.  Au-delà,  par-delà,  outre. 
Pr,c:er,uurà.  Il  porte  un  manteau  pAr-deJJus  fon  jufte- 
au-corps,  il  a  de  l'eau  p^ï-dejjus  la  tête.  Vaug.  Je- 
lui  ai  donné  tant  pzr-dejjus  ce  que  je  lui  devois.  Il  tt 
de  belles  qualités ,  par  -  dejfus  cela  il  eft  jeune. 
Prxtereà. 

§C7"  On  dit,  figurément  &:  familièrement j  qu'uni 
homme  a  des  affaires  p2.v-dejjus  la  tête,  pài-dejjus 
les  yeux,  pour  due  qu'il  en  eft  accablé.  Negotn pie- 
nus  ,  neaotiïs  obrutus ,  negodojijjimus. 

^ZP  On  dit,  proverbialement ,  paz-dejfus  l'épaule  , 
point  du  tout.  Je  le  paierai  pz.i-dejfus  1  épaule.  Ex- 
piellion  triviale. 

Par-  dessus  ,  eft  aufti  quelquefois  adverbe.  Infuper  On 
lui  a  donné  tout  ce  qu'il  demandoit,  &  quelque 
chofe  piv- dejfus. 

Le  pzi- dejjus  eft  ce  qu'on  donne  au-delà  de  la  jufte 
mefure.  CoroUarium.  Je  lui  ai  donné  le  p^Lï-dejfus. 
Pa^-dejjus  eft  là  fubftanrif. 

|Xr  Par-Dessus  de  Viole,  inftrument  plus  petit  en- 
core, &  monté  plus  haut  que  le  dejfus  de  viole. 

Là-Dessus.  Sur  ces  entrefaites,  à  ces  mots,  dans  le 
moment.  Intereày  intereà  loci.  Je  lui  parlai  ainfi,  & 
Vx-dejjus  il  nous  quitta. 

|C?_  DESTA  ou  ViLLA-DESTA.  Ville  Capitale  de 
l'île  de  Payai,  l'une  des  Açores. 

DESTIN,  f.  m.  ou  Destinée,  f.  f.  Ordre,  fuite  j  dif^ 
pofition  ,  ou  enchaînement  de  caufes  fécondes  or- 
donné par  la  Providence,  qui  emporte  une  nécelîité 
de  ïévéncmcni.  Fatum  jfatalis  necejfitas.  Le  defîin 
n'eft  autre  chofe  que  la  volonté  abfolue  de  Dieu. 
P.  LE  Boss.  Selon  quelques  Philofophes  Payens ,  le 
dejlin  étoit  une  vertu  fecrette  &  invifible  ^  qui  con- 
duit avec  une  fagefte  incompréhenfible  ce  qui  nous 
paroît  fortuit  &  déréglé  ;  &  c'eft  ce  que  nous  appe- 
lons Dieu.  Thomassin.  Les  Stoïciens  entendoienc 
parla  dejlinée,  un  certain  enchaînement  de  toutes 
chofes,  qui  fe  fuivent  néceifairement,  &  de  toute 
éternité,  fans  que  rien  puilTe  interrompre  la  liaifon 
qu'elles  ont  entr'elles.  Ils  foumettoient  les  Dieux 
mêmes  à  la  ncceftité  de  cette  dejlinée.  Ceux  qui  fub- 
ftituent  la  Providence  en  la  place  de  la  dejluiéj  expri- 
ment l'idée  des  Stoïciens,  revêtue  de  termes  Chré- 
tiens. Mais  ils  définiffent  plutôt  ce  que  le  mot  de 
dejlinée  devoir  fignifier  j  que  ce  qu'il  ûgnifie  dans  le 

langage 


DES 

langage  commun.  Car  les  Stoïciens  n*a voient  nulle 
idée  didinde  de  cetce  piuirance  à  laquelle  ils  attri- 
tjuoienr  les  é  vénemens.  lis  n'avoiencqii'une  idéevague 
ëc  confufe  d'un  je  ne  lai  quoi  chimérique  ,  ik.  d  une 
caufe  inconnue  à  laquelle  ils  lappottoienc  cette  dif- 
pofuion  invariable  ,  ix  cet  enchaînement  étemel  de 
toutes  chofes-lln'y  a  aucun  être  réel  à  qui  l'on  puilFe 
donner  le  nom  de  dejiince.  Les  Philolophes  qui  en 
avoient  fabriqué  l'idée,  fuppoloient qu'elle  exiltoit , 
fans  favoir  pourtant  préciiément  ce  qu'ils  encen- 
doient  par  cette  Jacaiicé  inévitable.  Les  hommes 
n'ofint  d'un  côté  imputer  à  la  Providence  les  mal- 
heurs qu'ils  prétendoient  leur  arriver  injuftement, 
&c  de  l'autre  ne  voulant  point  reconnoître  que  c'éroit 
leur  faute  ,  formèient  le  fantôme  AwJejiin,  pour  le 
charger  de  tout  le  mal.  Ainfi  tous  les  malheureux  le 
plaignent  de  la  dejVmce ,  &  Us  adoptent  ce  jargon  h 
commun  j  fans  examiner  quelle  ell:  cette  dejunce , 
contre  laquelle  ils  déclament  fans  celfe.  Id. 

Le  bien  nous  lefaifons  ;  le  mal ,  c'ejt  la  fortune  ; 
On  a  toujours  raifon,  le  delHn  toujours  ton. 

La  Font. 

Destin,  ou  Destinée,  Dans  ce  fens,  fe  prend  pour 
nécellité  inévitable,  à  laquelle  chacun  elt  alfujeui 
C'elt  le  dejlin  général  des  hommes  de  mourir.  Ache- 
ver le  cours  de  fa  dejlince.  On.  du  communément 
qu'on  ne  peut  vaincre  la  dejdi.ét. 

Destin,  ou  Destinée,  (ignilîe  allez  ordinairement, 
le  fort,  la  fortune,  de  chaque  perfonneou  de  chaque 
chofe.  Sors  j  condkio.,  Jatum.  Se  faire  un  beau  dejtin 
Ablanc.  Le  ['rivilége  des  Rois  c'elb  de  pouvoir  tout 
impunémentj  &  d'ctre  les  aibitres  fupicmes  de  la 
dcftïnée  des  peuples.  S.  EvR.  Cell  a  ceux-là  à  com 
battre  qui  peuvent  mourir  fans  qu'il  en  coûte  rien 
qu'à  eux;  mais  pour  vous  dont  la  vie  renterme  la 
dejiinée  de  tout  le  inonde,  vous  ne  devez  point  cou- 
rir au  péril.  BouH.  Quand  on  ne  peut  le  faire  fi 
ifç/Zwcc'jilfauc  s'y  abandonner  fans  murmure.  S.  Evr. 

Suivre  enpaixfon  deftin  j  ^laiffer faire  aux  Dieux, 
Ceji  toujours  le  plus  fur  ^  &  le  pLus  glorieux,  Quin. 

Les  Dieux  ont  à  mes  jours 
Attaché  le  bonheur  de  votre  deftinée.  Racine. 

Destin  &  Destinée,  fe  difent  aufli  de  ce  qui  arrive 
ordinairement  de  bien  ou  de  mal.  Sors ,  Jatum,  con- 
ilitio.il'ek  le  dejlin  des  malheureux  d'avoir  toujours 
tort  :  c'eft  un  p.étexte  pour  les  abandonner.  S.  Evr. 
C'ed  la  dejiinée  des  Poètes  dêtie  toujours  gueux. 
C'eft  la  dejiinée  des  bons  Ouvriers  d'être  débauchés. 

Fuis  le  honteux  deftin  de  te  voir,  fans  génie  j 
D'un  bon  original  la  mauyaife  copie.  Vill. 

Destin  &  Destinée.  Ces  mots  fe  trouvent  fouvent 
dans  la  Pocfie  pour  une  Divinité  qui  règle  le  deflin  , 
ou.  {z  dejiinée,  en  prenant  ces  mots  pour  un  ordre, 
une  fuite  d'événemens.  Les  Poètes  mettent  le  dcfiin 
au-deiïus  de  tous  les  Dieux.  Jupiter  lui-même  obéit 
à  fes  ordres. 

De  cet  objîacle,  hélas!  Jupiter  neji point  caufe. 
Dans  cet  arrctpar  lui  contre  un  fils  prononcé , 
//  n'eji  que  du  Deftin  l' interprète  Jorcé. 

Nouv.  cH.  DE  Vers. 

Accoure:^  Parques  immortelles , 
Et  vous  Deftins  impérieux  , 

Qui ,  par  des  loix  éternelles  , 
Régle\  le  Jort  des  hommes  6"  des  Dieux. 

P.  DU  Cerceau. 

O  Ciell  ô  faintes  Deftinées  ! 
Qui  prene^  foin  de  fes  j  ours  JîoriJJ ans , 
Retranche'^  de  nos  ans 
i.  Pourajouter  à  fef  années.  KACini, 

Tome  m. 


DES 


i8î 


ffr  Destin  ,  Fortune  ,  fort ,  hafard  ,  dans  une  fignitî- 
cation  lynonyme.  Le  hafard,  dit  M.  l'Abbé  Girard, 
ne  lorme  ni  ordre,  ni  dellein  ;  on  ne  lui  attribue  ni 
connoilLmce  ,  ni  volonté,  &  fes  événemens  font 
toujours  très-incertains. 

if?  Lzjortune  lorme  des  plans  &  des  delTeins  , 
mais  lans  choix;  on  luiattiibue  une  volonté  fans 
diiceinemenr ;  îk  Ion  dit  cju'elle  agit  en  aveugle. 

fCT"  Le  Jort  luppole  des  diflérenccs  tk  un  ordre  de 
partage;  on  ne  lui  attribue  qu  une  détermination 
cachée,  qui  laille  dans  le  doute  jufqu'au  moment 
qu'elle  fe  manifelle. 

ifF  Le  dejiin  forme  des  delTeins,  des  ordres  &  des 
enchaînemens  de  caufcs;  on  lui  attribue,  la  con- 
noilLmce, la  volonté  &  le  pouvoir;  les  vues  font 
hxes  &  déterminées. 

|!G^  Le  hajard  tait.  Lz  fortune  veut.  Ltfort  décide. 
Le  dejiin  ordonne. 

^fJ"  Tout  ce  qui  eft  écrit  dans  le  livre  du  defiin 
eft  inévitable  ;  parce  c^u 'on  ne  peut  ni  foicerlon  tem- 
pérament ,  m  voir  au-delà  de  la  portée  de  les 
lumières,  f^oye^  Fatal,  Fatalité  j  l atum. 
DESTINATION,  f  f.  Difpolition  d'une  chofe  relative 
à  une  autre.  Deflinatio.  Le  bon  ordre  des  Finances 
eft  de  laire  toujours  l'emploi  des  deniers  liiivant 
leur  dejtinutLon. 

(k?  En  Jurifprudence  c'eft  aulli  la  difpolition  de 
l'emploi  que  l'on  prétend  être  fa.t  d  une  chofe. 
L'etlet  de  la  dejlination  eft  d'atfurer  &  d'aifujettir  la 
choie  deftinée  à  Ion  objet,  &  à  la  fin  qui  en  a  été 
fixée  &  arrêtée  par  une  déclaration  exprelfe  ,  ou  par 
un  fait  indubitable.  C'eft  pourquoi ,  h  les  deniers 
ont  étc  deftinés  pour  être  employés  en  acquilîtion 
d'héritages,  ils  deviennent  immeubles  au  piofic  de 
celui  pour  qui  la  ftipulation  eft  faite. 

Le  lieu  de  la  dejlination  d'un  vaifteau,  eft  le  lieu  j 
le  port  où  on  l'envoie  ,  oti  l'on  a  delfein  qu'il  aille.  . 
0C?  DESTINEE,  eft  la  même  chofe  que  le  dejlin. 
Fatum  ,fors.  Il  eft  plus  en  ufage  en  proie  que  Deftin  j 
&  la  plupart  du  temps  il  le  prend  pour  l  effet  du 
Deftin.  Hcureufe  ,  malheureufe  dejiinée.  Suivre  fa 
dejùnée.  Finir  {-a.  dejiinée ,  c'eft  mouiir.  Occumbcrc 
mortem ,  morti ,  morte. 
\fT  DESTINER,  v.  n.  Projeter  de  faire  quelque 
chofe.  Dejtinare.  Les  hommes  dejlinent  de  hure 
beaucoup  de  chofes  dont  la  mon  empêche  l'exécu- 
tion. Il  lignifie  aulli  dilpofer  de  quelque  chofe  dans 
fon  efprit.  Dans  ce  fens  il  eft  aétif.  Je  ne  prétends 
point  ufer ,  ni  confumer  ma  vieille  e  à  amalfec 
des  biens ,  pour  me  faire  hair  de  ceux  mêmes  à  qui 
je  les  dcjiine.  P.  le  Boss.  Dieu  ne  dejline  point  les 
hommes  irrévocablement  à  la  damnation  par  aucun 
adé  libre  de  fa  volonté. 

Le  C/(r/a//;y?/'adeftiné;^ 
Mon  fils  J'era  Piélatpuijquil  n'eflpas  l'aîné.  "Vill. 

On  dit  qu'un  homme  eft  defiiné ?li\x  armes,  pour 
dire,  que  Ion  deftin  l'y  porte. 

Destine  j  ée.  part.  Préparé,  apprêté  ,  déterminé.  Def- 
tinatus.  C'eft  un  lieu  deJliné  aux  jeux  &  aux  ns. 
Aristote  Mod.  Ce  jour  eft  dejline  à  la  promenade. 
Cer  homme  eft  deftine  à  être  pendu. 

DESTITUABLE.  adj  m.  6c  f.  Qui  peut  être  deftitué. 
Qui  exui  poteft  niunere  ,  magiftratu,  qui  ex  ojficio 
amoveri potejl.  Les  pourvus  de  Bénéfices  en  titres  ne 
font  pas  dejUtuables  fans  connoilfance  de  caufe.  Le 
■ficaire  d'un  Curé  eft  dejdtuahle  ad  nutum,  à  volonté, 
parce  que  ce  n'eft  qu'une  fimple  commiOion. 

DESTITUER,  v.  a.  Ôter  une  perfonne  d'une  cliarge  , 
d'une  commillion.  Le  dépouiller  de  fa  place  &c  de 
la  fondlion  publique  qu'il  exerçoir.  Defiituere  ali- 
quem ,  munere priv.ue  ,  exuere.  Un  Seigneur  ne  peuc 
pas  dejiituer  un  Officier  pourvu  à  titre  onéreux  :  on 
le  peur  dcftituertn  cas  de  forfaiture  ,  quand  on  lui  a 
fait  fon  procès.  Les  nouveaux  Fermiers  dcfi, tuent , 
révoquent  les  anciens  Commis.  Il  y  a  eu  quelques 
Prélats  deftitucs  &  dcpofés  de  leur  dignité.  Sa  Sain- 
teté avoit  ôté  au  Cardinal  Imptriali  la  LégatiOH  de 

Nn 


iSi  DES 

la  Marche ,  l'avoir  destitué  du  Gouvernement  de 
Rome.  L'Abbé  Regn.  Foy.  Déposer. 

fC?  Autrefois  tous  les  Offices  en  France  étoienc 
révocables  à  la  volonté  du  Roi.  Louis  XI  en  inttodui- 
fant  la  vénalité ,  &  en  même  temps  la  perpétintc 
des  Offices ,  ceux  du  Parlement  devinrent  perpé- 
tuels. 
Destitué  j  ée.  part.  &  adj.  Deftitutus.  La  raifon  feule 
dejlnuée  de  l'autorité  de  l'Eglife  ne  peut  juger  du 
vérirable  iens  de  l'Ecriture.  Il  femble  que  l'iiomme 
n'a  été  créé  dejiituc  de  toutes  choies  que  pour  le  con 
traindre  à  cultiver  la  fociété  ,  alïn  d'entrer  en  com- 
munication d'indullrie.  5.  EvR. 
Destitué  de  bon  fens,  de  raifon,  qui  manque  de  rai- 
fon. Confilio  ,  rations  dejlkutus.  Dejutue  de  tout 
fecours,  d'amis,  ^c.Inops  amiçorum^  abamkïs.  Il 
lui  réchauffa  toutes  les  parties  qui  étoient  dejutiacs 
de  chaleur. 
DESTITUTION,  f  f.  Action  par  laquelle  on  deftitue, 
Amotïo  ex  ojjido.  Les  dejlitutions  font  odieuies.  Il 
n'y  a  guère  de  dcjhtution  qui  ne  porte  quelque  note. 
La  dejhtutioti  des  officiers  appartient  aux  Seigneurs 
qui  les  ont  pourvus  gratuitement. 

^fT  Si  les  proviiions  ont  été  données  à  titre 
onéreux  moyennant  finance,  ou  pour  récompenle 
de  fervices,  le  Seigneur  ne  peut  deftituer  qu'en  rem- 
bourfant  la  finance,  ou  en  payant  l'eftimation  du 
fervice  en  confidération  duquel  il  a  donné  les  pro 
vifions.  Ce  qui  efl:  fondé  fur  l'équité.  Ainfi,quoiqu'il 
y  ait  dans  lesprovifions,  pour  en  ]ouir  tant  qu'il  nous 
plaira,  cette  claufe  ne  donne  pas  au  Collateur  de 
l'office  la  faculté  de  deftituer  ad  nutum^  à  moins  que 
ce  ne  foit  pour  forfaiture. 

§3"  La  deftitution  ne  fait  que  révoquer  celui  qui 
eft  pourvu  de  l'Office  j  la /â/»pre//Zo/2  anéantit  l'Office. 
Voy.  Encore  Déposition. 
DESTOR.  f.  m.  Vieux  mot.  Obftacle,  trouble,  em- 
pêchement. On  a  dit  aufll  Dcflourbement  &  dejlour- 
bier  dans  cette  fignification  ,   &  defiourber^   pour, 
détourner ,  du  latin  diflurlnum ,  dijiurbare. 
DESTOUPER.  Voy.  DETOUPER. 
DESTOURBER.  Vieux  v.  a.  Troubler  ,  faire  de  la 

peine,  inquiéter.  Turbare ^,  exagitare,  vexare. 
DESTOURBIER.  -/^'oy.  DÉTOURBIER. 
DESTRAIGNANT.  adj.  Vieux  mot,  qui  fignifie/orce, 
ordonné,  fait  par  contrainte.  Coacius,  imperatus. 
Ce  mot  vient  de  difiringnc. 
DESTREINDRE.  Vieux  v.  a.  âQ  distringere ,  prelTer , 
ferrer,  tenir  :  il  fignifieauffi.  Se  chagriner,  périt 
d'inquiétude. 
DESTRIER,  f.  m.  Vieux  mot ,   qui  fignifioit  autrefois 
un  cheval  de  main,  ou  un  cheval  de  bataille  propre 
à  un  homme  d'armes  pour  faire  un  coup  de  lance 
comme  qui  diroit  un  cheval  adroit  qu'on  manie  dex- 
tremenr,  avec  dextérité.  Il  eft  oppoié  à  palefroi  qui 
étoit  un  cheval  de  cérémonie  ou  du  lervice  ordi- 
naire. On  l'appelloit  aulll  courjler  &c  cheval  de  lana  . 
comme  on  voit  dans  les  Coutumes  d'Anjou  &  du 
'is\z\\%.'i.vi\-!i.i\x\.  dextarius  ,  di-xtralis  y  ainii  nommé, 
parce  qu'on  le  menoit  en  main  ad  dexteram.  Du 
Cange.  On  diroit  beaucoup  mïeuii  de fultorius  equus, 
■pourfignifier  un  cheval  de  main,  &:  bellazor equus  , 
pour  exprimer  un  cheval  de  bataille. 
Destrier,  C'ell  aullî  un  gros  marteau  dont  fe  fervent 
les  Forgerons,  pendant  que  d'autres  frappent  à  deux 
mains  avec  de  pKis  gros.  Le  Maître  tient  la  pièce 
de  la  main  gauche,  &  fou  de/Irieràe  la  droite. 
DESTROIS.  adj.  Vieux  mot.  Trifte  ,  abattu,  mélanco 
lique.  De  Dijlriclus.  On  a  dit  auffi  Dejireins.  C'eft; 
delà  qu'on  a  dit  auffi^Ddr;-e//i,  pour  dire,  angoilfe, 
extrémité  facheufe.  Etre  en  grand'i/c''rre//è.  Viilehar- 
douin  a  employé  détre[Je  pour  Difette. 
DESTROUSiEMENT.  "  anv.    Ouvertement ,  dlrede- 
ment.  Il  eif  vieux.  Platon  dit  defrrouffement  en  fa 
République,  que  pour  le  profit  des  hommes  il  ell 
fouvent  befoin  de  les  piper.  Montagne. 
DESTRUCTEUR,  f.  m.  Qui  détruit.  Eversor.  On  le 
dit  au  propre  &  an  figuré.  Les  Goths  ont  été  les 
dcjîrucleurs  des  plus  beaux  édifices  des  Anciens. 


DES 

Ce  àt^n\ù.t\VL  fatal dgs  tristes  Lesb'iens, 
Cet  Achille  j  l'auteur  de  tes  maux  &  des  miens. 

Racinb. 

Deftrudbeur  impitoyable 

Des  marbres  6"  de  l'airain^ 

Le  Temps ,  tyran jouverain 

De  l'œuvre  la  plus  durable.  N.  ea.  de  Vers. 

Deftru£teurs  des  tyrans^  vous  qui  nave\pour  Rois 
Que  les  Dieux  de  Numa ,  vos  vertus  ù'  nos  lois. 

Voltaire. 

§3*  Ce  mot  fe  dit  de  ceux  qui  font  du  ravage 
dans  une  maifon  ^  dans  une  ville.  Les  foldats  font  d« 
grands  de/trucieurs. 

1)3°  On  dit  audï,  figurément,  qu'un  homme  a  étc 
le  dejlrucïeur  de  fa  maifon  par  fes  folles  dépenics. 
DcJhucleurAe  l'héréhe. 
DESTRUCTIBILITE.  f  f.  Qualité  de  ce  qui  peut  être 
détruit.  La  destruclibilité  du  fer.  M.  Boerhave  l'a 
prouvée.  Lettr.  de  M.  de  Barth  ^  Doéteur  en  Mé- 
decine j  au  fujetde  l'Hiftoire  du  Ciel  par  M.  Pluche 
rapportée  dans  les  Ohf.  sur  les  Ecr.mod.  tome.  19. 

0CT  DESTRUCTIF,  ive.  adj.  Qui  détruit,  qui  caufe 
la  dellruéfion.  Principe  destruciij  :  caule  destructive. 

^  DESTRUCTION,  f.  f.  Ruine  rotale  d'une  chofe. 
La  destrucUon  du  Temple  de  Salomon.  Ce  mot  elt 
fouvent  employé  au  figuré.  Excidium  ,  everfio  ^  exci- 
Jio  ,  extinctio  ,  exftirpatïo.  Les  guerres  caufenr  la  def- 
truclion  des  Provinces  &  de  la  campagne.  Les  excès 
?<.  les  débauches  contribuent  à  la  destruction  de  la 
fanté.  Travailler  à  la  deftruclion  des  Héréfies.  La 
mauvaife  conduite  des  pères  de  famille  caufe  la 
deflruclion  des  maifons.  Ces  maximes  tendent  à  la 
destruclion  de  la  bonne  morale. 

Destruction,  Terme  de  Philofophie  Hermétique. 
C'ell  la  même  chofe  que  difjolution,  putréjuciion.  Il 
faut  environ  quai^nte  jours ,  ou  un  peu  plus  pour 
que  la  destruclion  du  Mercure  philolophal  fe  falTe. 
Quand  la  noirceur  paroît,  la  destruction  eft  faite. 
Dijjolutio. 

DESTRUCTRICE,  f.  f.  Qui  détruit,  qui  fait  périr. 
Corruptrix ,  destruens ,  ev^rrenj.  Les  gelées  blanches 
font  de  grandes  deflruclrlces  de  fleurs  &  de  fruits  ans 
arbres  fruitiers,  où  elles  peuvenr  donner. La  Quint. 
Ce  mot  ne  fe  dit  pas  ordinairement,  &  l'autorité  de 
la  Quintinie  n'eft  pas  afTez  grande  en  fait  de  langage 
pour  l'établir. 

DESTRUIRE.  Voye^  DÉTRUIRE. 

)fT  DESU.  Ville  Capitale  du  Chufiflan,  province  de 
Perfe.  On  lui  donnoit  autrefois  le  nom  de  Sufe. 

DESVALISER.  Foy.  DÉVALISER. 

(iO^  DÉSUÉTUDE,  f.  f.  Du  latin  Defuetudo^ ,  défac- 
coutumance ,  defuetus ,  hors  d'ufage ,  qui  n'eft  plus 
à  la  mode.  En  parlanrdes  coutumesj  des  réglemens , 
des  ufages,  ce  mot  paroît  fynonyme  d'abolition ,  Se 
fe  dit  de  ce  qui  eft  anéanti  par  le  non-ufage.  Cette 
loi  eft  tombée  en  défuétude.  Les  nouvelles  pratiques 
font  que  les  anciennes  tombent  en  désuétude,  cellent 
d'être  obfervées. 

DÉSULTEUR.  f.  m.  Sauteur  qui  paife  d'un  cheval 
fur  un  autre.  Dcfultor.  Chez  les  Scythes ,  les  Indiens 
&  les  Numides,  les  Cavaliers  qui  fervoient  en  guerre 
étoient  très-habiles  défultcurs  j  c'eft-à-dire,  qu'ils 
meooient  avec  eux  au  combat  au  moins  deux  che- 
vaux,&  quand  celui  qu'ils  montoient  étoit  las,  ilsfau- 
toient  avec  beaucoup  d'agilité  &:  beaucoup  d'adrelfe 
fur  le  cheval  de  main  qu'ils  avoient.  Les  Grecs  & 
les  Romains  prirent  cet  ufage  de  ces  nations  barba- 
res ;  mais  ils  ne  s'en  fervirent  que  dans  les  jeux ,  ôc 
&  les  courfes  de  chevaux,,  &  jamais,  que  je  fâche ,  à  la 
guerre,  ni  dans  les  combats.  Ils  en  fiifoienr  aufli 
paroîtredans  les  pompes  funèbres.  Ainfi  c'étoit  uns 
milice  chez  les  peuples  d'Afîe  &  d'Afrique  dont 
nous  avons  parlé;  mais,chezles  Romains,ce  n'étoient 
que  des  fiuiteurs  i?c  des  b.iladins.  Quelquefois  ils 


DES 


D  ET 

avolent  non  pas  deux,  njais  quatre  ou  fix  chevaux  ' 
de  front,  ainli  qut- je  le  conçois ,  &fauroient  du 
premier  fur  le  quatrième,  ou  lui  le  iîxième,  &  c'étoit 
11  ce  qu'il  y  avoit  de  plus  dirlicile ,  dit  Eullathius. 
Homère,  Iliad.  Liv.  IV.  Hérodote j  Liv.  Vil.  Tite- 
Live ,  Liv.  XXIII-  c.  2.9.  Ammien  Marceilin ,  Liv. 
XXIL  Varron,  De  Re  ilujL  L.  II.  c.  7.  Manilius 
Aftronom.  Liv.  V.  Properce,  Liv.  V.  Properce  ,  Liv. 
IV.  El.  II.  V.  3  V  Hygin ,  L.  De  Fab.  c.  So.  Suétone 
dansJule,  c.  zg.  jultih.nt  ce  que  nous  venons  de 
dire.  Deniplter  en  parle  aulii,  Faralipom.  in  Rojmi  ^ 
L.  V.  Anciq.  Rom.  c.  24.  j 

DESUNION,  f.  f.  Séparation,  disjondion,  démem- 
brement de  deux  choies  jointes ,  ou  unies.  Dlsjunc- 
do.  Il  y  a  eu  Edit  de  difunion  de  ces  deux  charges. 
L'union  de  ces  Bénéfices  ctoit  abufive  ,  on  en  a 
ordonné  la  défunion.  Il  y  a  eu  pluheurs  défunions  & 
démembremens  de  ce  Duché  j  de  ce  fief. 

§Cr  Pour  peu  qu'on  veuille  parler  avec  juftelfe, 
on  ne  regardera  point  comme  parfaitement  fynony- 
mes  les  mots  de  défunion,  Aq  féfjiradon,  de  disjonc- 
tion, comme  on  le  fait  dans  l'ulage  ordinaire.  Défu- 
nion eft  l'oppolé  d'union,  &  l'union  regarde  propre- 
ment deux  chofes  diftérentes  qui  le  trouvent  bien 
enfemble.  Ce  mot  enferme  une  idée  d'accord  ou  de 
convenance.  Ainfi  la  de/union  eftla  divijion,  &  non 
Xxfévaraûon  ou  disj onction  à<i  deux  chofes  qui  étoient 
unies  enfemble.  Foy.  Union  j  Jonction  ^  Dis- 
jonction ET  SÉPARATION. 

^fT  Ce  mot,  conlidéfé  relativement  à  l'efprit,  pré- 
fente la  même  idée  de  dividon  entre  des  amis  qui 
étoientunis,  divihon  de  deux  ou  de  pludeuts  per- 
fonnes  qui  étoient  d'accord,  ou  entre  lelquelies  il  y 
avoit  de  la  convenance,  /^oyej  Union  au  figuré. 
Animorum  disjunclio  \  dijfiiium ,  dijjenjio.  La  défunion 
des  Princes,  des  Egliles,  a  caufé  de  grands  troubles. 
La  diverfité  d'intérêts  caule  la  défunion.  La  diverfité 
des  lumières  produit,  mjaie  entre  les  perfonnes  de 
^piété ,  des  dcfuiuons  exténeiires.  Nicol. 

DESUNIR.  V.  a.  Séparer,  déjoindre j  démembrer  ce 
qui  étoit  joint  &  uni  enfemble.  Diflrahere  ,  disjun- 
gcre.  il  ell  permis  à  un  Seigneur  de  ddfunirles  parties 
de  fon  fief,  de  le  démembrer  ;  ce  qu'on  appelle  au 
Palais,  fe  jouer  de  fon  fief.  Ces  deux  Cures  étoient 
unies  J  on  les  a  défunies.  Les  charges  de  Préfident  6c 
de  Lieutenant- Général  ont  été  définies  par  un  tel 
Edit.  J'ai  tort  de  défunir  ces  deux  chofes,  puifque 
votre  charité  les  a  parfaitement  unies.  Voit. 

0Cr  Desunir,  dans  un  fens  figuré  ,    lignifie  divifer 
des  amis  J  rompre  l'union  qui  eft  entre  deux  ou  plu- 
lieurs  pîrfonnes.  Animas  disjungere,  dijjociare  ,  diri- 
mere.'Ce  mari  &c  cette  temme  étoient  autrefois  bien 
unis,  une  petite  jaloufie  les   a  defunis.  Il  y  avoit 
alliance  entre  ces  Princes,  mais  ou  les  a  définis. 
Dans  ce  Chapitre ,  dans  cette  Communauté  ,  on  eft  ' 
fort  défuni,  il  y  a  grande  diverfité  d'intérêts.  La  dif-^ 
férence  des  intérêts  divife  les  Princes  j    celle  des? 
opinions  partage  les  peuples. 

Uniffant  nos  maifons  il  défunit  nos  Rois.  Corn. 

DÉSUNIR,  en  termes  de  Manège  j  fe  dit  d'un  cheval 
qui  traîne  les  hanches,  qui  galope  faux,  ou  fur  le 
mauvais  pied.  Equus  cujus  Luxatam  crcdas  coxen- 
dicem. 

Désuni  ,  ie.  part. 

DESVOYEMENT.  Voye-^^  DÉVOIEMENT. 

DZSVOYER.  Foyei  DEVOYER. 

D  E  T. 

DÉTACHE-CHAÎNE.f  m.Terme  d'Artillerie.  Efpèce 
de  feu  ou  de  pétard  propre  à  rompre  ou  décrocher 
une  chaîne  qui  ferme  un  palTage  .  &c.  Syrragmion. 
Dans  les  entreprifes  on  it  fert  fouvent  des  deta- 
che-chaines  ,  des  fouris  &  autres  machines.  De  la 
Font. 

DÉTACHEMENT,  f  m.  Terme  de  guerre.  Choix 
qu'on  fait  de  quelques  gens  de  guerre  dans  plufieurs 
Compagnies  j  ou  Régimens  j  pour  les  envoyer  à 
quelque  expédition ,  eu  pour  former  quelque  en- 


DET  1%^ 

treprife  fur  l'ennemi.  Sejuncii,fuhducli  ah  exercim 
milices  ;  cohors i  kgio  fejuncla  ;  agmen  fubduclum  a 
cdteris  copiis.  Le  Maréchal  de  Camp  commandoit 
\x\\  decaciiemenc  â.QYzv.\-\i:e  de  fix  mille  hommes. 

MfS"  On  envoie  aulfi  des  décachemcns  en  avant , 
pour  avoir  des  nouvelles  de  f  ennemi ,  &  pour  vi- 
liter  les  lieux  par  où  1  armée  doit  palfer. 
IK?  Détachement  ,  fe  dit  de  l'adion  de  détacher  j 
fiire  un  détachement  de  tant  d  hommes  ^  &  des  hom- 
mes détachés  d'un  plus  grand  Corps.  Attaquetj  com- 
mander un  détachement. 

Ce  mot  s'emploie  aulfi  figurément,  pour  figaifiec 
des  Moinesj  ou  Religieux  qu'on  envoie  d'une  maifoii 
pour  en  tonder  une  autre,ou  pour  faire  quelque  autre 
expédition  fiinte.Commele  Saint  voyoit  que  fon  dé- 
lert  ne  feroit  bientôt  plus  3,irez  grand  pour  contenir 
ses  Difciples  ,  il  cïut  qu?||etoit  à  propos  de  former 
des  colonies,  &  qu'il  devoir  envoyer  Az%  détachc- 
mcns  de  ces  hommes  célelles  dans  d'autres  endroits, 
où  ils  deviendroient  des  fpedlacles  au  monde  ,  ôC 
contribueroient  à  l'étendue  de  liimpirede  J.C.  'Vil- 

LEFORÏ. 

Détachement  ,  fignifie,  figureir.ent,  dégagement  de 
tout  ce  qui  peut  attacher  1  cipnt  &  le  cœur.  Jimmus 
ab  alicujus  reijludio  ,  arnore  dijiracius  j  aiienus ,  ab- 
alienatus.  Le  détachement  du  monde  eft  le  premiec 
pas  qu'on  fait  pour  le  falut.  Être  dans  un  entier  dé- 
tachement des  choies  du  monde  ,  de  tout  intérêt. 

if3'  On  le  dit  encore  des  chofes  qui  Icrvent  à  at- 
tacher. Détacher  une  épingle  j  une  agraffe. 

§3"  On  le  dit  même  avec  le  pronom  perfonnel 
de  ce  qui  eft  attaché  j  &  de  ce  qui  fert  à  attacher. 
Ce  clou  va  fe  dctacher  j  ce  ruban  fe  d-aache. 
Détacher,  fe  dit  figurément  pour  dégager  de  tout 
ce  qui  peut  attacher  fefprit  &:  le  cœur  ,  laire  renon- 
cer à  des  choies  auxquelles  on  a  écé  long-temps  at- 
taché. On  ne  fauroit  le  decackerà^  cette  opinion, & 
dans  cette  acception,  il  s'emploie  également  avec  lé 
pronom  perfonnel.  Anioretn  ahjicere.  Il  fe  faut  en- 
tièrement détacher  des  vanités  du  monde  pour  entrée 
en  Religion.  Détachant  mon  efpritdes  funcftes  pen- 
lées  de  la  mort ,  je  l'.ibandonne  à  la  loie  le  plutôt 
que  je  puis.  M.  Scud.  Les  pauvres  ne  voient  rien  dans 
le  monde  qui  ne  les  détache  du  monde  j  &  j  comn.e 
ils  manquent  de  tout,  ils  ne  peuvent  tenir  à  rien. 
FlÉch.  Dieu  nous  détache  des  trompeufes  douceurs 
du  monde  par  les  falutaires  amerrumes  qu'il  y  mêle. 
Thomassin.  Ses  amis  fe  plaignoient  de  lui  comme 
d'une  Maîtrellie  ingrate  dont  il  ne  pouvoient  fe 
détacher.  S.  EvR.  Le  Roi  divifa  les  membres  de  la 
Ligue  ,  &:  les  détacha  de  la  caufe  commune  par  la 
vue  de  leur  inrérêr  particulier.  Var. 
Détacher  ,  fignifie  aulîi ,  féparer  des  chofes  de  celles 
avec  lefqueiles  elles  font  jointes  &  font  une  efpèce 
de  tout.  Disjungere.  Ce  Seigneut  a  détaché  de  fa 
ferme  générale  un  tel  droit ,  un  tel  péage.  Il  faut 
détacher  celle  queftionde  touteslescirconftances  par- 
ticulières ,  pour  établir  une  maxime  générale.  Dé~ 
tache^  l'intérêt  que  vous  avez  dans  cette  affaire  ^  ôc 
vous  verrez  que  vous  avez  tort. 
'ff  Détacher,  dans  l'art  militaire.  Tirer  un  certain 
nombre  de  foldats  d'un  plus  grand  corps  ,  du  corps 
d'une  armée  ,  d'un  régiment ,  d'une  compagnie  , 
pour  quelque  deftein  j  pour  quelque  expédition. 
f^oyer;  Détachement.  On  a  décache  de  la  Cavalerie 
pour  inveftir  la  place.  Détacher  des  Coureurs.  Il  y 
eut  cent  hommes  détachés  qui  emportèrent  ce  re- 
tranchement. 

On  dit  qu\in  Prévôt  a  détaché  des  Archers  après 
les  voleurs ,  pour  dire  ,  qu'il  a  envoyé  des  Archers 
après  eux  pour  les  prendre.  Acad  Fr. 

En  termes  de  Marine,  détacher  fc  dit ,  dans  le 
même  fens ,  en  parlant  des  vailfeaux.  On  détacha. 
fix  vaifiTeaux  pour  aller  en  garde  à  la  tête  de  l'ar- 
mée. 

Se  détacher ,  en  termes  de  Guerre  &  de  Marine  , 
{\^n'\^e(e  féparer.  Quatre  régimens  de  troupes  auxi- 
liaires fe  détachèrent.  Deux  frégates ,  deux  vailUaux 
fe  détachèrent. 

N  nij 


i84  D  E  T 

Ç3"  DÉTACHER.  Terme  de  Peinture.  C'ell  cîonner  de 
la  rondeur  aux  objets  d'un  rableuu  ,  en  faire  apper- 
cevoir  les  conrours ,  en  lorte  qu'il   paroilîe  bien  d 
reliet,  6c  qu'ils  lembiint  quitter  leur  tond  &  venir 
au  fpectateur.  £'.v/7ea'//-e  j  nonimpiicare. 

^fT  Détacher  ,  eu  Muiîque  ,  fe  dir  des  notes  qui  ne 
font  pas  liés  enfemble,  qui  ne  forment  pas  un  Ion 
continu  ,  mais  qui  font  comme  féparces  par  de  pe- 
tits lilcnce. 

§CJ"  DÉTACHER  la  ruade  j  renne  de  Marécliallerie. 
Ruer  vigoureufement.  Foyc^  Ruer. 

DÉTACHÉ  ,  Ée.  pun.Sejuncîus  ,  disjunclus  ,  abùlienatus. 
L'indifférence  d'un  liomme  libre  &  détache  de  tout  , 
n'eftpasfort  fouhaitable.S.EvR.  L'amour  pur, &  de- 
tache  des  fens ,  n'elt  point  incompatible  avec  la  ver- 
tu. M.  ScuD. 

On  appelle  ,  en  termes  de  Guerre ,  pièces  déta- 
chées ,  des  demi- lunes  ,  ravelins  ,  ouvrages  à  corne 
&  couronnés  j  ik  même  des  balbons ,  quand  ils  font 
féparés  du  corps  de  la  place. 

On  dit  aulH  ,  en  termes  de  Peinture  ,  que  les  fi- 
gures d'un  tableau  font  bien  dctachccs ,  lorfqu'elles 
font  bien  dégagées  l'une  de  l'autre  ,  qu'il  n'y  a  point 
de  coniuiion ,  qu'elles  paroiifent  de  relief,&c.  Dans 
un  payfage  les  objets  doivent  être  extrêmement  a'f- 
tachés.  Dici.  de  Peint,  o'  d'Arch.  Expeditus  ^folutus , 
non  ïmplicatus. 

§Cr  DÉTACHÉ  j  terme  de  Mufique.  Voye^  Détacher 

DÉTACHER,  v.  a.  Oter  une  tache  de  delfus  du  linge  , 
d'une  étoffe.  Ahfiergere  maculam.  Le  linge  taché  d'en- 
cre ne  fe  peut  détacher qazwec  du  verjus ,  du  citron, 
ou  autres  fucs  acides.  Les  Dégraiifeurs  détachent  les 
habits  avec  des  favonnetes  ,  ou  du  favon  noir. 

DÉTACHÉ  ,  '  ÉE.  part.  Abjlerfus  ,  purgatus. 

DETACHEUR.  f.  m.  Qui  maculas  abjlergit.  Ce  mot 
veut  dire  celui  qui  ôte  les  taches  des  habits.  On  ft 

.  fert  plus  ordinairement  du  mot  de  dégraijjeur ,  qui 
eft  même  feul  en  ufige. 

DÉTAIL,  f.  m.  Terme  de  Commerce.  Ce  mot  n'a 
ordinairement  point  de  pluriel  au  propre.  Il  fignihc 
la  divilion  d'un  tout  en  plufieurs  parties  féparécs.  îi 
y  a  des  Marchands  qui  vendenten  gros  ,  d'autres  en 
détail.  Lxcrum  Jingularum  venditio  :  res  partlculaàm  j 
fingulatim  yenditi.  Ainh  vendre  en  c/srai/ ,  c'ell  ven- 
dre par  le  menu,  au  poids,  à  l'aune,  à  la  petite  me- 
lure. 

%T  DÉTAIL,  en  parlant  d'affaires,  &;  dans  le  récit 
qu'on  fait  d'une  chofe  ,  fe  dit  des  circonftances  , 
des  particularités  qui  accompagnent  un  fait ,  une 
ailaire.  Circumjlantia  ,  res  cinumflantcs  ;  rcrumfînou- 
Larum  narratio  ^  enwncratio.  Dans  ce  fens  il  a  un 
pluriel.  Il  ne  m'a  conté  fon  procès  qu'en  gros  ,  je 
n'en  fais  pas  le  détail.  On  m'a  appris  le  détail  de 
cette  bataille ,  toutes  les  particularités  de  ce  qui 
s'y  eft  paifé.  Il  feroit  trop  long  de  defcendre  dans 
tous  les  détails  de  cette  aftaire.  N'attendez  pas  qu'un 
ami  vous  vienne  expliquer  le  détail  humiliant  de 
fes  befoins.  S.  Evr.  Il  eft  rare  que  les  efprits  fins 
foient  Géomètres  ,  parce  que  le  détail  {qc  &  ftérile 
des  principes  géométriques  les  dégoûte  &  les  ré- 
bute. Pasc.  Epargnez-moi  la  peine  de  vous  redire 
des  détails  qui  me  font  honte  à  moi-même  de  les 
avoir  remarqués  ,  &  qui  ne  m'ont  que  trop  per- 
fuadé  de  ma  foibleife.  P.  de  Cl.  Vous  n'avez  point 
à  craindre  tous  ces  longs  détails  de  chicane  qui  fc- 
(  ent  refprit  de  l'Ecrivain.  Racine.  Je  ne  veux  pas 
defcendre  à  tous  ces  ennuyeux  détails.  Port-R. 

Ne  vous  charge-^  jamais  d'un  détail  inutile  , 
Tout  ce  quon  dit  de  trop  eft  fade  &  rebutant. 

BoiLEAU. 

On  dit,  qu'un  homme  entend  le  détail  j  qu'il  eft 
hoinme  de  détail  -,  pour  dire  ,  qu'il  ne  hii  échappe 
rien  des  circonftances,  des  particularités  qui  rer-ar- 
dent  les  affaires  donr  il  fe   mêle. 

|}3"  Dans  l'art  militaire ,  faire  le  détail  d'une  com- 
pagnie,  d'une  armée  ,  c'eft  avoir  Tceil  fur  le  fer  vice, 


D  E  T 

adonner  des  ordres,  afin  que  chacun  s'acquitte 
bien  de  fon  devoir. 

C^T  Dans  un  devis  on  appelle  détail,  le  dénom- 
brement exacl  des  matériaux  ik.  façons  d  un  bâti- 
ment.  Voyei  Devis. 

En  DETAIL,  iorte  d'adverbe,  par  le  menu.  Singulatim  , 
minutatim  _,  particulatim.  Vendre  en  détail.  Raconter 
en  détail. 

DETAILLER,  v.  a.  Divifer  en  plufieurs  parties.  Partes 
in  varias  concidere.  Quand  les  Bouchers  apprêtent 
leurs  viandes  ,  &  les  coupent  par  morceaux  ,  ils 
appellent  cela  détailler.  Les  Marchands  appellent 
auili  détailler  j  lorlqu'ils  ne  vendent  pas  des  pièces 
ou  des  ballots  en  entier,  &  lorfqu'ils  les  coupent 
&  divilent  pour  en  donner  à  chacun  la  quantité 
qu'il  en  demande,  lies  particulatim  j  Jtngulaiim  vcn- 
dere. 

DÉTAILLER  ,  fedit  aufii  dans  le  difcours  &  dans  les 
affaires.  Expoler  toutes  les  circonftances  &  les  par- 
ticularités d'une  affaire  ,  d'une  aèhon  ,  &  généra- 
lement les  parties  d'un  tout  quelconque,  tnumerare^ 
narrare  fingula  j  jinguUtini  ,  particulatim.  Cet  Au- 
teur a  traité  cette  matière  en  gros  \  maisiUi'a  rien 
détaille.  Ce  Rapporteur  a  fort  bien  Jera///e  ce  procès 
en  a  fait  examiner  toutes  les  circonftances  en  dé- 
tail. 

DÉTAILLÉ  _,  ÉE.  part.  lia  les  fignifîcations  du  ver- 
be. 

DÉTAILLEUR,  f  m.  Marchand  qui  vend  en  détaiL 
Qui  fingulatim  vel  particulatim  vendit.  Les  Maichands 
en  magafin  appellent  DetaïUeurs  ,  tous  ceux  qui 
vendent  en  boutique.  Il  eft  oppofé  à  Marchand  Gref- 
fier ou  en  gros. 

DETAILLISTE.  f  m.  Qui  aime  qu'un  Hiftorien  entre 
dans  le  détail,  ôi  qu  il  rapporte  les  particularités 
d'une  affaire.  M.  Defroches,  après  avoir  prié  M.  de 
la  Roque  fon  ami  de  lui  dire  fi  les  gens  de  Lettres 
feront  auffi  fatisfaits  de  l'Hiftoire  de  Charles  XII. 
Roi  de  Suéde  ,  que  les  gens  de  Cour ,  61  ce  qu'oa 
appelle  le  beau  Monde  ,  i  qui  les  charmes  du  ftyle 
fuffifent  ,  ajoute  auffltôt  :  "  Pour  moi  qui  cherche 
»  à  m'inftruireà  fond,  &  qui  fuis  peut-être  d'ail- 
»  leurs  un  peu  trop  détaillifte  ,  paiïez-moi  ce  terme, 
»  je  trouve  que  M.  de  Voltaire  coule  fouvent  avec 
»  un  peu  trop  de  rapidité  fur  des  faits  &  des  évé- 
»  nemens  dont  les  parricuLirités  intéreffantes  n'au- 
»  roient  pas ,  ce  me  femble ,  moins  bien  figuré  que 
»  le  refte,  dans  l'Hiftoire  de  fon  Héros  ...»  Merc. 
de  Sept.  ï7}6.  Cett*  manière  modefte  de  bazarder 
des  mots  nouveaux  a  toujours  été  le  plus  fur  moyen 
de  les  faire  recevoir. 

DÉTALAGE.  f  m.  Action  oppofée  à  étalage.  C'eft 
ferrer  la  marchandife  que  Ton  avoir  mife  en  étalage, 
fermer  fi  boutique. 

DÉTALER.  V.  a.  Serrer  la  marchandife  qu'on  avoit 
mis  en  vente.  Merces  expofitas  colligere  ^  recor.dere. 
Il  venoit  d'étaler  (es  marchandifes  ,  &  il  eft  obligé 
de  les  détaler.  On  étale  &  on  détale  tous  les  jours 
les  marchandifes.  On  le  dit  auffi  abfolument.  Les 
Marchands  étalent  le  matin  ,  détalent  le  foir.  La 
foire  finie,  les  Marchands  détalent  ou  détalent  leurs 
marchandiles. 

ffT  DÉTALER  eft  auflî  neutre;  alors  il  fe  prend  au  fi- 
guré ,  pour  fignifier  quitter  un  lieu  malgré  foi,  fe 
fauver  avec  précipitation.  Aufugere ,  abire.  Dans  ce 
fens  il  n'eft  que  du  ftyle  populaire.  La  peur  d  être 
battu  l'a  ÏMw'iiemQnt  détaler.  Allons  que  l'on  détale 
de  chez  moi,  maître-juré  filou,  vrai  gibier  de  po- 
tence. Mol. 

Le  rat  de  ville  détale  , 

Son  camarade  le  fuit.  La  Font. 

Et  vite  3  &  vue  j  on  fe  fauve  ,  on  détale. 

Nouv.  en.  de  Vers. 

^fy  DÉTALER,  terme  de  Jardin.age.  Oter  du  pisd d'une 

fleur  ce  qu'on  appelle  tdles.  Voye\  ce  mot. 
DÉTALÉ  J   ÉE  part. 


D  E  T 

DÊTALINGUER.  Teime  de  Marine.  C'efl: ,  ôter  le 
cable  d'une  ancre.  Ab  anchons  rudcmes  eximere  , 
foivere. 

DETaPER.  V.  a.  Terme  d'Artillerie.  Détayer  un  Ca- 
non ,  c'eft  ôcer  la  tape  ,  le  déboucher  pour  le  tirer: 
&  un  canon  détapé ,  c'eft  un  canon  qu'on  a  débou- 
ché ,  dont  on  a  ôté  la  tape. 

fO"  Detap£K.  ,  ternie  de  Raffineur  de  fucre  ,  c'efl;  ôter 
les  tapes  des  formes  avant  que  de  les  mettre  fur  le 
_pot.  /  o)ef  Tape  &  Pot. 

DETEINDRE,  v.  a.  Faire  perdre  la  couleur  à  quelque 
chofe.  Decolorare.he  grand  air  détcinûe^  plus  vives 
couleuis&  les  mange.  Le  vinaigre  d£Ceinc\Qs  étoffes. 
On  y  joint  le  pronom  perfonnel.  Les  étotîes  fe  di- 
teignent  aifément ,  quand  elles  ne  font  pas  teintes  en 
cramoih.  Decoloran  ,  coiorcmperdere ,  am'uterc. 

DÉTEINT  ,  EiNTE.  part.  &.'  adj.  Decolor. 

DETELER,  v.  a.  Oter  les  chevaux  d'un  carrolTe , 
d'une  charrette ,  d'une  charrue  ,  ou  plutôt  défaire 
les  traits  par  lefquels  ils  y  étoient  attachés.  Equos 
curru  vel  jugo  foivere  ,  cxjhlvcre.  Un  Cocher  dét'ele 
fes  chevaux  ;  le  Laboureur  décèle  i&s  bœufs.- 

On  le  dit  auffi  abfolument.  Dételé:^.  Il  n'a  pas  en- 
core dételé. 

D'Adam  nous  fommes  tous  enfans  j 

La  preuve  en  ejl  connue. 
Et  que  tous  nos  premiers  parens 

Ont  mené  la  charrue. 
Mais  ,  las  de  travailler  enfin 

La  terre  labourée. 
L'un  a  dételé  le  matin  , 
L'autre  V  après  -  dinée. 

^L  DE    COULANGES. 

DÉTELÉ  ,  Ée.  part,  pair  ic  adj.  Equus  Jolutus  jugo  , 
curru. 

DETEMPTEUR.  P^oye^  DÉTENTEUR, 

DETENDRE.  V. a.  Détacher  une  chofe  tendue,  l'ôter 
du  lieu  où  elle  eft  tendue.  Detendcre.  Les  Sergens 
commençoient  à  détendre  le  lit ,  la  tapilferie  ,  quand 
le  maître  arriva  &  paya.  On  a  détendu  les  voiles. 

§^7"  On  le  dit  abfolument  :  Détendre  une  cham- 
bre ,  une  maifon.  On  le  dit  de  même  des  tentes  & 
des  pavillons  qu'on  détend  quand  une  armée  dé- 
campe. On  a  détendu  dans  tout  le  camp.  Acad.  Fr. 
Detendere  tabernacula. 

DÉTENDRE  ,  lignifie  auffi  ,  relâcher  ,  débander.  Laxa- 
re  ,  remittere.  On  a  détendu  ces  cordes.  Détendre  fon 
arc.  Il  fe  dit  figurément  de  l'efprit.  Se  relâcher  l'ef- 
prit  après  des  occupations  qui  demandoient  trop  d'at- 
tention. 

Si  lefens  de  vos  vers  tarde  à  fe  faire  entendre  , 
Mon  ejprit  aujjïtôt  commence  à  fe  détendre. 

BoiLEAU. 

DÉTENIR.  V.  a.  Occuper  ,  garder  ,  polféder  des  biens, 
meubles  ou  immeubles  ,  foit  licitement ,  foit  illi- 
citement.  Occupare  ,  retinere  ,  pojfidere.  Il  a  été  af- 
figné  à  palier  un  titre  nouveau  de  cette  rente ,  à 
caufe  de  tels  &  tels  héritages  qui  y  font  hypothé- 
qués, qu'il  détient.  On  ne  peut  avoir  abfolution  , 
qu'on  ne  reftitue  le  bien  qu'on  détient  injufl:ement. 
Ce  pauvre  homme  ne  peut  faire  juger  fon  procès  , 
parce  qu'on  lui  détient  fes  papiers. 

#3°  On  prétend  ,  dans  le  Diét.  de  l'Acad.  Fr. 
que  détenir  lignifie  rétenir  injuftement ,  retenir  ce 
qui  n'eft  point  à  foi.  Je  ne  vois  pas  pourquoi.  Dé- 
tenir, ainfi  que  Détenteur  &  détention.^  ne  préfente  que 
l'idée  d'une  polTeffion  réelle  &  aétuelle ,  fans  rien 
dire  de  jufl:e  ou  d'injufte.  Au  reflie  ,  ce  verbe  eft  peu 
ufité  :  il  ne  vaut  pas  mieu.x  quand  on  l'emploie  pour 
retenir ,  retarder  quelqu'un.  Detincre.  La  fièvre  le 
détient  au  lit.  Ses  aftaires  l'ont  détenu  long-temps  à 
Paris.  Ses  créahciers  le  détiennent  en  prifon  depuis 
un  an. 

DÉTENU  ,  UE.  part.  Il  étoit  depuis  deux  ans  détenu  pri- 
ionnier.  Vaug.  Style  de  Palais. 


D  E  T  i8y 

[DÉTENTE,  f.  f.  Ce  qui  fert  â  faire  lâcher  le  rclforc 
d'une  arme  à  teu  ,  ou  d'une  arbalète.  Petit  moi c  au 
de  1er  fur  lequel  on  met  le  doigt  pour  tirer  un  h  fil 
ou  un  piftolet.  Lingula.  La  chaîne  de  ma  niuntiii 
s'eft  embarralfée  dans  la  détente  de  mon  putoLt , 
&  l'a  fait  tirer.  Sancho  banda  le  chien  fans  luvuir 
pourquoi;  il  tira  de  même  la  aVV<;/2re:  &  la  picre 
venant  à  faire  feu  j  il  lailfa  tomber  le  fufil  ,  ne 
fâchant  s'il  n'étoit  point  blefté.  Dom  QuicHOTrE. 

DÉTENTE.  En  termes  d'Horlogerie,  on  donne  ce  nom 
à  de  certains  arrêts,  lefquels  étant  levés  donnent 
cours  au  mouvement  de  la  lonnetie  ,  &  qui,  étant 
bailfés,  arrêtent  ce  mouvement.  P.  Alexandre. 

DETENTEUR,  Détentrice,  f.  m.  &  f.  Terme  de 
Jutilprudence.  On  a  dit  autrefois  détempteur.  Celui 
qui  a  la  poftellion  réelle  &  aduelle  d'une  choie, 
d'un  héritage  ,  foit  propriétaire ,  foit  ufuftuitier. 
On  alligne  \^%i\ti%-dccenteurs  en  déclaration  d  hypo- 
thèque. On  jette  des  dévoluts  fur  les  injuftes  dé' 
tcnteurs  des  Bénéfices.  Il  ne  doit  pas  cette  fomme 
perfonnellement ,  mais  feulement  en  qualité  de  dé- 
tenteur Se  jouiirant  de  cette  terre. 

fie?  On  appelle  tïers-detenteur  celui  qui  eft  ac- 
tuellement en  pofteffion  d'un  bien  qui  avoit  été  hy- 
pothéqué à  un  autre  par  celui  qui  le  polfédoit  au- 
paravant. 

DÉTENTILLON.  f  m.  Terme  d'Horlogerie.  Efpèca 
de  détente  levée  par  les  chevilles  de  la  roue  des  mi- 
nutes. 

ce?  DETENTION,  f.  f.  Aétion  de  retenir ,  chez  les 
Jurifconfultes.  Detentio.  Lz.  détention à\m  bien  ,  d'un 
héritage.  On  le  Ait  de  l'état  d'une  chofe  arrêtée  &C 
faihe  par  juftice,  &  de  mêmede  l'état  d'une  per- 
fonne  qui  eft  privée  de  la  liberté  de  quelque  ma- 
nière que  ce  foit.  On  la  remis  en  liberté  après  une 
lougue  détention.  Sa  détention  en  prilon  a  révolté 
tous  les  honnêtes  gens.  Sa  détention  parmi  les  efcla- 
ves  d'Alger  a  duré  huit  jours.  La  c/ere/.v/t)/j  des  ota- 
ges ne  doit  durer  que  jufqu'à  l'exécution  d'une  ca- 
pitulation. Après  fa  i/crdwfio^  il  fe  retirade  la  Cour. 
Maucroix, 

DÉTERGER.  v.  a.  Terme  de  Médecine  ,  qui  fignifie 
nettoyer ,  mondifier  j  entraîner  les  humeurs  lentes 
&c  glutineufes  qui  font  adliérentes  au  corps.  Abftcr- 
gere  ,  detergere  ,  purgare.  La  plante  appelée  corne  de 
cerf  eft  vulnéraire  ,  elle  déterge  &  confolide  les 
plaies.  Lemery.  Quelquefois  on  met  le  verbe  deter- 
^er  fans  régime  j  ou  fans  cas.  La  raiponfe  eft  apé- 
ritive  ;  &  propre  pour  la  gravelle  &  la  pierre  ,  elle 
deterge  èc  réfifte  au  venin.  Idem. 

C'eft  aufti  un  terme  de  Chirurgie,  qui  fe  dit  des 
plaies.  Il  y  a  des  plaies  qui  tardent  plus  à  fe  détcr- 
ger,  ou  à  fe  purger  que  les  autres.  Dionis. 

Détergé,   ée.  part. 

DETERIORATION,  f.  f.  Adion  par  laquelle  la  con- 
dition d'une  perfonne  ou  la  qualité  d'une  chofe 
eft  rendue  moins  bonne. Rei  in  deteriorem  fatum  de- 
duclio.  Quand  la  détérioration  des  marchandifes  fai- 
fies  vient  par  la  faute  du  gardien  ,  il  en  eft  refpon- 
fable.  Jean  Frideric  Mayer ,  Profelfeur  à  Leipfic  j 
imprima  en  1(^95  \xn.T\7é\tk.  àt  détérioration  ,  donc 
le  titre  eft  ,  Traclatus  de  Deterioratione. 

On  le  dit  aulli  de  l'état  de  la  chofe  détériorée. 
Status  deterior.  Si  le  fond  dotal  n'aétéeftimé  par 
le  contrat  de  mariage  que  pour  fixer  les  domma- 
ges &  intérêts  en  cas  de  détérioration  de  ce  fond  , 
le  mari  n'en  devient  point  propriétaire  irrévoca- 
ble j  &  il  faut  qu'après  la  dilfolution  du  mariage, 
il  le  reftitue  tel  qu'il  l'a  reçu.  W^ernher.  Jour.  d.  S. 
1721. /'.154.  Il  y  a  de  grandes  détériorations  dans 
cette  terfe ,  dans   cette  forer. 

DÉTÉRIORER,  v.  a.  N'eft  guère  en  ufige  que  clans 
le  Palais.  Rendre  moins  bonne  la  condition  d'une 
perfonne,  ou  la  qualité  d'une  chofe.  Z)erm/..r  /"t-'i^- 
dere  ,  efficere.  Ce  locataire  a  détérioré  cette  maifon. 
Ce  blé  ,  cette  matchandife  s'eft  détériorée  tandis 
qu'elle  a  été  faifie. 

DÉTÉRIORÉ  ,  ÉE.  part.  Deterior  effeclus. 

DÉTERMINANT  ,  ants.  part.  ad.  du  v.  déterminer. 


2.86 


D   E  T 

Qui  détermine,  qui  taie  piendre  un  paiti.  L'attache- j 
menrde  Briitus  aux  iruciêts  ùu  Sénat  fut  poui  Cé- 
pion  une  railon  dcunnïnanu  de  le  déclarer  pour  les 
Chevaliers.  Crevier. 
DETERMINATIF  ,  ive.  ad.  Terme  de  Grammaire 
qui  fe  dit  de  tout  ce  qui  fert  à  déterminer  la  h- 
gnihcation  d'un  mot,  à  la  relhemdre  j  d  en  taire 
uns  apphcation  individuelle.  Dans  cette  phraie  la 
lumière  du  folcil ,  foleil  ell  le  mQt  dcterm'mavj  Aq 
lumière  ,  c'eft-à-dire  qu'il  reftreint  le  nom  généri- 
que de  lumière  à  ne  fignitier  que  la  lumière  indivi- 
duelle du  lobil ,  &c.  Le  pronom  qui ,   que  ,   lequel 
èclaquelle  ,  s'appelle  communément  pronom  rela- 
tif. Ce  nom  ne  paroît  lui  convenir  qu'impartaite- 
ment  :  car  d'autres  noms  &  pronoms  font  égale- 
ment relatifs  ,  tels  que  le  mien  ,  le  vôtre  ,  lefien  ,  les 
leurs.  Si  l'on  veut  donc  avoir  égard  à  la  véritable  & 
propre  fonction  qu'il  a  dans  la  Grammaire,  je  crois 
qu'il  fiudroit  le  regarder  comme  pronom  de'cermi- 
natif.Eïi  etiet  tous  tes  qui  ^le/quels  ^lequel,  laquelle, 
c'eft-à-dire  ,  qui ,  qu^  quod  des  Latins ,  ne  font  que 
pour  déterminer  à  regarder  le  nom  par  un  endroit 
particulier  qui  forme  une  efpèce  de  modilication. 
Des  exemples  feront  fentir  la  chofe.  Qand  je  dis, 
Dieu  qui  ejlbotiy  oixla  vertu  que  l'on  ejume  ,  owle 
Philùjophe  duquel  je  vous  ai  parlé  \  à  quoi  fervent , 
en  ces  trois  phrafes  ,  qui,  quel ,  duquel ,  fmon  à  faire 
regarder  par  des  endroits  particuliers  &  par  certai- 
nes modifications  le  nom  ou  l'objet  ;  favoir ,  Dieu 
en  tant  que  bon  :  lu  vertu  en  tant  qu'on  l'ejiime  j  le 
Philofophe  entant  que  je  vous  parle  de  lui!'  L  e  P. 
BuFFiER,  Gram.  F.M.Ke(\:z.m  ,  dans  fa  Grammaire 
Françoife  ,  fans  ôter  à  ces  fortes  de  pronoms  la  qua- 
lité de  relatifs ,  y  ajoute  celle  de  deter/ninatijs.  Les 
pronoms  relatifs ,  font,  d'it-'û ,  déierminatifs  ,  quand 
on    s'en  fert  pour  reftreindre  &  déterminer  la  fi- 
gnification   des  noms  ou  pronoms  auxc'uels  ils  le 
rapportent  ;  c'eft-à-dire  ,  quand  ce  qu'on    ajoute   .à 
une  idée  ,  par  le  moyen  des^  pronoms  relatiis  j  ne 
convient  pas  à  cette   idée  dans  toute  fon   étendue. 
Ainli,  quand  je  dis  ,  la  doélrine  qui  met  le  fouve- 
rain  bien  dans  la  volupté  du  corps  eft  indigne  d'un 
P.hilùfophe  ,  je  ne  parle  pas  de  la  dcclrins  en  gé- 
néral j  mais  par   le  pronom  qu;  je  la  reftreins  i.^    la 
dérermine  .î  ne  'igniiier  que  celle  qui  met  le  lou- 
verain  bien  dans  la  volupté  du  corps. ..  Par  confé- 
quent  qui  eft  diternïuwt'.J  dans  cet  exemple. 
DÉTERMINATION,  f  f.  Se  dit  en  général  d'une  ré- 
foUition  qu'on  prend  après  avoir  balancé  entre  deux 
partis.  On  lui  demande  une  prompte  détermination. 
Voye-{  RÉSOLUTION. 

t/CT  En  matière  de  dodrine ,  ce  mot  paroît  fy- 
nonyme  k  décifion.  Voye\  Décision.  L'iJniverlite 
de  Paris  ne  croyoit  pas  feulement  pouvoir  le  tenir 
dans  les  anciens  fentimens  \  mais  même  condamner 
ceux  qui  fous  prétexte  d'une  détermination  du  Con- 
cile ,  enfeigneroient  dans  Paris  une  doéltine  con- 
traire à  la  fienne.  Rassicot.  On  auroit  fait  céder 
£on  fentiment  particulier  à  celui  de  toute  l'Eglife  , 
qu'on  auroit  cru  trouver  infailliblement  dans  les 
déterminations  de  ce  Concile.  Idem. 

Ce  terme  en  Philofophie  fe  prend  ou  aélivement 
ou  paflivement.  Détermination  pris  activement  eft, 
1°.  Une  attion   de  la  volonté  ,  qui  fe  porte  à  agir 
ou  à  ne  point  agir ,  à  faire  une  chofe  ou  à  en  frire 
une  au  r;-.  i°.  C'eft  l'adkion  d'ime  caufe  fur  une  au- 
tre, q  .'elle  applique,  ou  qu'elle  poulfe  à  agir.ZJj- 
rermination  pvis  pafiivemenr  eft  la  modification  que 
la  caufe  déterminante  produit  dans  la  déterminée. 
La'  détermination  de  la  volonté  humaine  au  bien  ou 
au  mal   eft  libre.  La  détermination  que>reçoit   une 
pierre  de  la  main  qui  la  jette.  La  détermination  que 
reçoit  un  vaiffeau  du  vent ,  &  de  fon  çrouvernail , 
eft  ce  qui  fait  fa  route. 
|CF  Détermination  fe  dit, généralement, en  Phyfique 
de  l'aélion  par  laquelle  une  chofe  également  capa- 
ble   de  plufieurs  qualités,  eft  déterminée  à  rece- 
voir Tune  plutôt  que  l'autre.  On  le  dir  particulière- 
ment de  la  tendance  d'un  corps  vers  un  côté  pUliôt 


D   E  T 

que  vers  un  autre.  La  détermination  eft  une  façoi\ 
d'être  diftinète  du  mouvement,  parce  que  la  c/trc/- 
mination  peut  changer  :  quoique  le  mouvement  de- 
meure le  même.  Dans  ce  fens  le  mot  de  direètioa 
eft  plus  convenable.  l^^oye\  Direction. 

IjZr  On  appelle  en  Grammaire  la  détermination 
d'rxn  mot,  quand  il  eft  reft teint  à  une  certaine  ligni- 
fication ,  ii.  qu'il  ne  convient  qu'à  elle,  y  ocubuli 
ad  rem  uliquam  Jignijicandam  addiclio. 
DETERMINEMEN  r.  adverbe.  ExprelTément ,  poiîti- 
vement  ,  fpécihquement.  Definitè  ,  Jpecialiier,  On. 
a  prononcé  determinement  lur  cetie  queftion ,  fur 
cet  article.  Le  Prince  veut  abfolument  &  determi- 
nement. Le  doute  laille  l'elprit  en  fufpens,  &  la 
fcience  prononce  determinement  &  ablolument.Tour 
ce  que  Dieu  veut  determinement  arrive  infaillible- 
ment. S.  Evr. 

On  dit,  enDialeélique,  qu'une  propofition  eft  de- 
terminement vraie  ,  ou  determinement  laulle.  Deter- 
minatè.   Cela  ne  le  dit  point  des  propohtions  né- 
celTaires,  dont  la  vérité  eft  fondée  lur  la  nature  de 
lacliofe,   ou  d'une  caufe  néceliaire.  Par  exemple, 
on  ne  dit  pas  qu'il  eft  determinement  vrai  que  Ihom- 
me  eft  un  animal  raifonnable  ,  ou   qu'une  pierre 
élevée  en  l'air ,   &  abandonnée  à  elle-même  tom- 
bera à  terre  ;  mais  on  le  dit  des  propohtions  con- 
tingentes ,  qui  peuvent  être,  ou  n'être  pas  vraies  : 
&  dont  la  vérité  ou  la  faulfeté  dépend  de  la  déter- 
mination d'une  caufe  libre.  Par  exemple ,   ce  Ca- 
pitaine partira  demain  pour   l'année,  luette  propo- 
fition eft  dès  aujourd'hui  determinement  vraie ,  ou 
determinement  ta.uiTQ.  Si  demain  l'Officier  le  déter- 
mine à  partir  &  fe  met  en  chemin  ,  la  propoluiou 
ekdéterminémentvraie;  &  s'il  ne  fe  détermine  poinc 
à  partir  ,  la  propofition  dès-à-préfenr  eft  determine- 
ment faulfe  ,  &  fi  contradidtoire  eft  determinement 
vraie.  Et,  engénéralj  de  deux  propohtions  contradic- 
toites  du  futur  contingent  ^   l'une  eft  toujours  deter- 
minement vraie  ,  &:  l'autre  determinement   faillie  ^ 
non  pas  que  dès-à-prèfent  la  caufe  foit  déterminée, 
mais  parce  qu'elle  fe  déterminera  j  ou  ne  fe  déter- 
minera pas  dans  le  temps  énoncé  dans  la  propofi- 
tion. Amli  dès-à-prélent  elleeft  determinement  vraie, 
non  pas  pour  le  prélent,  mais  pour  l'avenir ,  pour 
le  temps  auquel  la  caufe  libre  fe  déterminera. 

Il  fignifie  audi  ,  couragsufement ,  hardiment.  Les 
troupes  allèrent  determinement k\■^S■:i\\x.. 
DÉTERMINER,  v.  a.  Décider  en  matière  deDoétrine, 
de  Jurifprudence,  de  Gouvernement.  Definire  ,  fia- 
tuere.  Quand  les  Coutumes  n'ont  rien  déterminé Çnz 
un  article,  il  faut  avoir  recours  au  Droit  Romain. 
Il   faut  croire  tour  ce  que  l'Eglife  a  déterminé. 
^CTDeterminer  fignifie  auffi  arrêrer ,  faire  prendre  , 
&   prendre  une  réfolution  après  avoir  balancé  en- 
tre deux  partis.  Dieu  a  déterminé  de  tom  temps  de 
lecompenfer  les  bons  &  de  punir  les   mcchans.  Il 
étoit  irréfolu  ;cet  événement  l'a  déterminé.  Il  a  dé- 
terminé cela  dans  fon  efprit.  Statuere  j  décernera 
Nous  nous  tromperions  moins  fouvent ,   fi  oous  ne 
nous  déterminions  que  fur  des  idées  claires  &  évi- 
dentes. S.  Evr.   On  ne  doit  fe  déterminer  a  une  ac- 
tion ,  qu'après  une  exacfe  perquilition  de  l'enten- 
dement, qui  a  bien  pefé  &  bien  confidéré  la  nature 
de  l'objet.  Port-R. 
%fT  Déterminer,  en  termes  de  Phyfique  ,  fignifie 
donner  une  certaine  façon  à  ce  qui  de  foi -même, 
n'a  pas  plutôt  l'une  que  l'autre  ,  à  ce  qui  eft   indif- 
férent à  l'une  ou  à  l'autre.  Il  faut -que  Dieu  détermine 
la  matière  au  mouvement  ou  au  repos.  Determinare 
ad  motum  vel  quietem. 
Déterminer,  fignifie  auiîî ,  deftiner  ,    appliquer  à 
quelque  chofe.  AJJlgnare  ,  deftinare.  Il  y  a  des  fonds 
certains  &  déterminés  pour  fournir  à  telle  dépen- 
fe. 
^CF  Déterminer  ,  en  termes  de  Grammaire  ,  fignifie 
reftreindre  un  mot  à  une  certaine  fignification  ,  mar- 
querle  fens  dans  lequel  il  doit  être  pris. L'u  fige  ifeV^r- 
mine  les  mots  à  fignifier  cerraincs  chofes.  Vocaku- 
lum  ad  rem  aliquam  Jignifaandam  addicere.  Un  mot 


D  E  T 

équivoque  eft  dcttrminé  h,  un  certain  fens  par  ce  qui 
précède  &C  ce  qui  fuir. 

Déterminer,  fedic  encore  des  événemens ,  du  fuc- 
cès  des  affaires,  des  négociations ,  des  combats ,  îkc. 
Nos  Hiltonens  parleront  des  lièges  &  des  batailles 
où  s  eft  trouvé  feu  M.  le  Uuc  \  de  la  bataille  de  Ner- 
vinde  ,  donc  il  détermina  le  fuccès  par  fon  intré- 
pide valeur.  Divertissement  de  Seaux. 

Déterminer  ,  figniÉe  encore  ,  marquer ,  défigner , 
allîgner  une  chofe  en  particulier,  De/ignaïc ,  ajfi- 
gnare.  Détermine-^  moi  la  chofe  que  vous  voulez 
que  je  falfe.  Il  y  a  deux  chemins  pour  aller  là  :  Di- 
termiiie\  moi  celui  que  vous  fouhaicez  que  je  prenne. 

Déterminé  ,  ée.  part.  Constïtutus  ,  statutus  ,  destina- 
tus.  Par  un  enchaînement  de  caules  inconnues,  mais 
deccrminces  de  tout  temps  ,  chaque  choie  achève  le 
cours  de  fa  deftinée.  Vaug. 

§CT  Ce  mot  eft  fouvent employé  comme  adjedif, 
pour  (ignifier  celui  qui  eft  entièrement  adonné  a 
quelque  choie  ,  qui  s'y  abandonne  fans  ménagement. 
iJeduus  ,  addiclus.  Jouent ,  chalfeur ,  buveur  déter- 
mine'. Totus  in  ludo  ,  &:c. 

^C?  Déterminé  ,  fe  dit  encore  d'un  homme  qui  ne 
craint  rien  qu'aucun  péril  n'cftraie  ,  capable  de  tout 
entreprendre.  Audactjjimus  ^  ad  audenduni  projecius. 
Il  monta  à  l'aflaut  en  foldat  déterminé.  Céfar  étoit 
mpins  déterminé  &  moins  abandonné  à  la  fortune 
qu'Alexandre.  Cail- 

fCT  Comme  fubftantif  j  il  s'emploie  en  mau- 
raife  part  pour  ligniher  un  homme  emporté  ,  capa- 
ble de  tout.  Ce  jeune  homme  vit  en  détermine  ,  eft 
■an  déterminé ,  nniio^nc  déterminé.  Ce  font  de  grands 
détermines.  Voit.  Jurer  indéterminé.  Gomb.  Vous 
tenez  des  difcours  brutaux  &  grolliers  j  qui  font 
rougir  les  plus  détermines.  S.  Evr. 

fCTOn  le  dit  aulîi  des  chofes  qui  annoncent  ces 
difpotions.  k\t  détermine.  Cetadtion  decermineeéion 
na  l'ennemi.  Audacia,  confidentia  plenus. 

UCT  En  Mathématiques ,  cette  épithète  s'applique 
à  un  problême  qui  n'a  qu'une  lolution ,  ou  au  moins 
un  certain  nombre  de  folutions  pollibles.  Problème 
déterminé ^  par  oppofîtiou  à  piwblciiic  inUcurminé , 
qui  a  une  infinité  de  folutions. 

DÉTERRER,  v.  a.  Exhumer  une  perfonne  qui  a  été 
enterrée-  Mortui  cadaver  e  tumulo  eruere  ,  effodere  , 
refodere.  On  ne  doit  déterrer  les  corps  que  par  or- 
tlonnancede  Juftice ,  foit  pour  les  vifuer  ,  foit  pout 
leur  faire  leur  procès. 

Déterrer  ,  fe  dit  figurément ,  &  lignifie  ,  découvrir 
une  chofe  cachée  ,  comme  quand  on  dit  j  déterrer 
un  tréfor ,  ou  une  perfonne  qui  ne  vouloir  pas  être 
connue.  Detegere  ,  eruere.  Cet  Exempt  a  de  mer- 
veilleufes  adrelTes  pour  déterrer  des  criminels  quel- 
que cachés  qu'ils  puilTent  être-  Je  ne  favois  point 
ou  vous  demeuriez  ,  j'ai  eu  de  la  peine  à  vous  dé- 
terrer. Cscimenx  zdéterré]es  plus  beaux  monumens 
de  l'Antiquité.  Je  déterrerai  cela. 

Déterré  ,  ée.  patt. 

On  dit  proverbialement  j  qu'un  homme  a  un  vi- 
fage  de  déterré,  lorfqu'il  eft  pâle  &  défait.  Alors 
il  eft  pris  fubftantivement.  Les  Bonzes  du  Japon 
fortoient  toutes  les  femaines  de  leurs  folitudes  avec 
un  vifage  de  déterré ,  ôc  un  habillement  affreux  , 
pour  prêcher  le  peuple.  Bouh.  Xav.  L.  IF. 

DETERREUR.  f.  m.  Indagator.  Ce  mot  n'eft  point 
du  bel  ufage  ,  ni  même  du  ftyle  ordinaire  fcrieux: 
mais  on  l'a  employé  depuis  un  temps  dans  le  dif 
cours  familier  &  en  riant.  M.  l'Abbé  Chaftelain  eft 
un  déterreur  de  Saints.  Ménage.  Deterreur  fe  prend 
ici  dans  un  fens  moral  &  figuré  :  il  fignifie  ,  qui 
découvre  ,  qui  fait  connoître  des  Saints  qui  écoient 
inconnus. 

DÉTERSIF,  iVE.  adj. Terme  de  Médecine. Qui  net- 
toie ,  qui  purifie.  Detergens.  Un  lavement  eft  un 
remède  déterjîf  qui  nettoie  le  bas  ventre.  Il  frut 
ctuver  cette  plaie  avec  quelque  liqueur  déterfive. 
Il  y  a  aufti  des  onguens  déterfifs  ,  qu'on  nomme  au- 
trement mondificatifs.  Les  feuilles  ôc  les  fonimicés 


D  E  T 


^%J 


du  framboifier  font  deterfiyes  &  aftringentes.  Le- 

MERY. 

|C?"  On  défigne  généralement ,  par  cette  cpithète 
tous  les  médicamciis  qui  ont  la  propiitie  de  net- 
toyer, de  purger  l'ulcère,  &:  d'enlever  lo.a  ce  qui 
pouiroit  être  un  obftacle  a  la   cicatrifatiun. 

DETESTABLE,  adj.  m.  &c  f.  Qui  doit  ètie  détefté. 
Detejiubilis ,  detejtandus.  Le  bialphcmc-eft  un  crime 
détcjlable.  Néron  écoïc  un  tiran  detejiabie  :  on  eue 
dit  la  même  chofe  de  Céfar  ,  s'il  eût  été  aulli  mal- 
heureux que  Catilina.  S.  Evr.  ^laxlmes,  opinions 
détestables. 

On  dit  aulîi  hyperboliquement  ,  qu'un  ouvrage 
de  profe  ou  de  vers  eft  detestùbit  j  pour  dire  ,  qu'on 
le  trouve  fort  mauvais.  Je  trouve  la  Corne Jie  ae- 
rejrdA/t;,  morbleu  dctestabie  ,  du  dernier  (itrtjr.f/e, 
ce  qu'on  appelle  détestahie.'Wio'L.On  ledit  aulfi  de 
ce  qui  eft  laid  par  excès ,  de  tout  ce  qui  eft  délagrea- 
ble.  Les  vieilles  les  plus  détestables  relfentoieni  l'a- 
moureux Bambeau.  Voit.  Potage  déte^tatte.  Kagoùc 
détestable, 

DETE5TABLEMENT.  adv.  D'une  manière  dérefta- 
ble ,  très-mal.  Detestabiiem  m  in,^dum.  Cet  Auteur 
écrit  détest-ïbiement.  Ce  Mulicien  chante  cf-«jfj( /e- 
ment. 

DETESTATIOM.  f  f.  Sentiment  d'averfion  pour  une 
chofe  que  l  on  défapprouve  &  que  l'on  condamne. 
Detestutio.  La  pénitence  enferme  une  fincère  c/c- 
testation  du  péché.  La  mémoire  des  impies  doit  erre 
en  ditestation.  On  ne  peut  parler  de  ce  paaicide 
qu'avec  déteitnion.W  s'eft  attiré  la  détestât  on  de 
rout  le  monde.  Costar. 

DÉTESTER,  v.  a.  Avoir  de  l'averlion  pour  une  chofe 
que  l'on  défapprouve  &  que  l'on  condamne.  De- 
testari.  On  ne  lauroir  trop  détester  &  punir  les  em- 
poifonneurs.  Un  pénitent  doit  détester  lea  dérégle- 
mens  de  fa  vie  palfée.  l'n  Hérétique  qui  fait  abju- 
ration, doit  due  en  public,  qu'il  dittstc  Ion  erreur, 
Phèdre ,  vaincue  &  tourmentée  par  une  pallion  in- 
ceftueule  en  frémit  elle-même  \  e.le  abhorre  &  dé' 
teste  fes  propres  fentimens.  S.  Evr.  Les  Anglois  , 
déçus  par  le  nom  de  liberté  ,  en  ont  à  la  fin  détesté 
les  excès.  Boss. 

Ob]et  infortuné  des  vengeances  célestes  _, 
Je  m'abhorre  encor plus  que  tu  ne  me  déteftes. 

Racini. 

IP"  Abhorret  &  détester ,  dit  M.  l'Abbé  Girard  , 
marquent  égalcmentdes  fentimens  d'averdon  ,  donc 
l'un  eft  l'eftet  du  goiàt  naturel  ou  du  penchant  du 
cœur  J  &  l'autre  eft  l'eifet  de  la  raifon  ou  du  juge- 
ment. Le  malheureux  di.teste\e  jour  de  fa  naiftànce. 
On  déteste  quelquefois  ce  qu'on  eftimeroit  fi  on  le 
connoilfoit  mieux.  Une  perfonne  vertueufe  déteste 
tout  ce  qui  eft  crime  Se  mjuftice.  P'oye^  Abhor- 
rer. 

^fT  On  dit  proverbialement,    détester  fa   vie,  • 
maudire  les  mifères  ,  les  malheurs  de  fa  vie. 

§3"  Il  eft  quelquefois  neutre  &  fignifie,  en  ftyle 
populaire  3c   tainilier ,  faire  des  imprécations.  Im- 
precari ,  execrari.  Un  marinier  engravé  ,  jure  &  dé' 
teste  de  tout  fon  cœur. Il  ne  fait  que  juter  &  dé-  ■ 
tester. 

Détesté  ,  ée.  part. 

DETHMOLD.  Petite  ville  du  cercle  de  Weftphalie  ,' 
en  Allemagne.  Dietmellum  ,  Dethmoldia  ,  Thiet- 
mallum  ,  Thentmeltum  _,  anciennement  Tcutohuy- 
gium.YWe.  eft  dans  la  Comté  de  LemgoWj  fur  la 
rivière  de  Vehra.  Maty. 

DÉTHRONER.  ^oye^ DÉTRÔNER. 

DETIGNONNER.  v.  a.  Arracher  le  cignon  ,  la  coëf- 
fure:  décocffer. 

L'une  appelle  l'autre  carogne  : 
On  s'éehau^e,  ons  accroche^  &  l'onfe  dcrignonnc. 

Merc.  d!  Mars  1720. 

DÉTINÉE.  f.  f.  Vieux  mot  que  Borel  croit  avoir  fi- 


,S8 


DET 


gnifié,  permiflïon. Selon  l'exemple  qu'il  en -rspportCj 
il  femble  fignifier  voie  licite. 

Ijffuefuis  par  dérinée , 
ht  non  mie  par  ribaudie. 

DÉTIRER.  V,  a.  Erendre  un  linge  j  un  ruban  ,  une 
é:orto,  en  tirant  pour  la  rendre  unie.  t'xpUcare , 
extendere  ,  polïrc  ,  l&viparc.  Les  empeleufss  dctircnt 
leurs  rabats  far  la  poitrine.  Et  l'on  dit  d'un  homme 
bien  propre  ik.  bien  mis  ,  qu'il  eft  bien  détirc\  pour 
dire  que  fon  linge  &  k%  habits  ne  font  point  chi- 
'  fonnés.  Exprellion  du  ftyle  populaire. 

DÉTIRÉ ,  ÉE.  part. 

DETISER.  V.  a.  Oter  les  tifuns  du  feu  ,  les  éloigner 
les  uns  des  autres ,  les  difpofer  de  forte  qu'il  ne 
brûlent  point.  Rcmovcrc  ab  igne  ligna  ,  tiùoncs  ,  ne 
ardcanc.  On  détifc  le  feu  pour  épargner  le  bois.  Ne 
touchez  point  au  feu  ,  vous  ne  £\ites  que  le  dc- 
tifer. 

DÉTisÉ  ,   ÉE.  part. 

DETONATION.f  f.Terme  de  Chimie.  Bruit  que  font 
les  minéraux,  lorfqu'ils  commencent  à  s'échaufter 
dans  les  creufets,  que  les  parties  volatiles  fortent 
avec  impétuofué  ,  &  cjue  l'humidité  qui  ^étoit  en- 
fermée s'en  échappe. f/<7^or,  crépitas.  K\ni\  l'or  ful- 
minant fait  fon  effet  avec  grande  détonation.  La  dé- 
tonation enlevé  ]e  ibufre  impur  &  volatil  des  ma- 
tières. La,  détonation  du  nitre. 

DETONISE  j  ée.  adj.  Terme  de  Chimie.  Qu'on  a  fait 
détonner.  Qui  fragoreni  edidit.  Quand  tout  fut  re- 
froidi ,  je  trouvai  que  cette  petite  quantité  de  nitre 
àétonifé  avoit  produit  80  pouces  cubiques  d'air,  de 
BuFFON.  On  dit  aullî  détonné. 

DÉTONNELER.  y.  a.  C'eft  tirer  du  vin  ou  autre 
liqueur  d'une  tonne  ,  pour  en  mettre  dans  un  autre 
vaiffeau.  C'eft  la  même  chofe  que  tranfvafer.  On  dit 
tranfvafer  à  l'égard  des  petits  vaiireaux  ,  &:  déton- 
neler  pour  les  grands.  Il  faut  promptement  déton- 
neler  ce  vin  ,  ou  ce  cidre  \  car  le  vaitleau  eft  gâté. 
Ce  mot  eft  apparemment  en  ufige  en  quelque  Pro- 
vince. 

DÉTONNER:,  ou  DETONNER  avec  l'Académie,  v.n. 
Ne  chanter  pas  jufte  ,  fortir  du  ton  où  l'on  doit  être. 
A  tono  dijledere  ,  dcjîeclere  ,  aberrare.  Une  oreille 
jufte  fent  bien  quand  onde'tonne.  Ceux  qui  détannent 
gâtent  un  concert. 

Tous  mes  Sots  à  la  fois ,  détonnant  de  concert  ^ 
Se  mettent  à  chanter.  Boit. 

DÉTONNER  ,  s'emploie  aufli  au  figuré.  On  dit,  en  par- 
lant d'un  ouvrage  d'efprit ,  qu'il  y  a  des  chofes 
qui  détonnent  j  pour  dire ,  qu'il  y  a  des  chofes  qui 


font 


ne  lont  pas  clans  le  goût  général  de  l'ouvrage. 


DÉTONNER  &  Fulminer.  Termes  de  Chimie.  Faire 
dstonner  des  minéraux ,  du  nitre  \  en  chalfer  les 
parties  impures,  fultureufes  &:  volatiles  ,  encon- 
fervant  les  parties  internes  &  fixes  :  ce  qui  fe  lait 
avec  détonation.  Crepitare ,  jragorem  edere.  Cette 
opération  fe  pratique  par  le  moyendu  falpêtre  ,en 
préparant  l'antimoine  &  les  autres  chofes. 

fC?  DÉTONNÉ ,  ÉE.  part.  Nitre  détonné ^  ou  déto- 
nir^, 

DETO[li)R.j.v.  a. /ecft'ror.f ,  tu  détors  ^  il  détort. Kq- 
mettre  droit  ce  qui  étoit  tors  j  le  déplier.  Qucd  im- 
plicatum  eji  explicare  ,  quod  convolutum  eft  evolvere. 
Détordre  une  corde  ,  une  natte,  des  cheveux  tor- 
tillés. On  ditatilli  ,  tordre  &  détordrele  linge  qu'on 
lave  pour  en  cpreindre  l'humidité. 

On  dit ,  fe  détordre  \t  pied  ,  le  bras  ;  pour  dire  , 
fe  faire  du  mal  au  pied  j  au  bras  par  une  exten- 
fion  violente  de  quelque  nerf  j  ©u  de  quelque  nuif- 
cle. 

DÉTORS  ,  ORSE.  part. 

DETORQUER.  v.  a.  Terme  Dogmatique.  Détourner. 
Detorquere  ,  in  alienum  fenfum  contorquere  •  il  n'a 
guère  d'ufage  qu'en  cette  phrafe ,  détorquer  un  paf- 
fage,  qui  fignifie,  donner  à  un  pailâgç  ua  fens  dif- 


DET 

férent  du  naturel ,  &  une  explication  forcée  ,  pour 
s'en  fervir  à  favorifer,  à  établir  fon  opinion.  De- 
torquer  un  palfage  pour  appuyer  une  opinion  erro- 
née. 

DÉTORQUÉ  ,    ÉE.  part. 

DÉTORSE,  f.  f.  Extention  violente  de  quelque  nerf, 
ou  de  quelque  mufcle,  occafionnée  par  quelque  acci- 
dent. Diftorflo.  Ce  Cheval  a  mis, le  pied  dans  un 
trou,  il  s'eft  fait  uhe  détorfe.  On  dit  aulîî  entorfe  j 
&  c'eft  le  plus  ufité.  l'^oye^  ce  mot. 

DÉTORTILLER,  v.  a.  Défaire  ce  qui  eft  tortillé  ,  le 
mettre ,  ou  le  remettre  dans  fon  état  naturel ,  dans 
fon  premier  état  ,  en  défaifant  les  boucles ,  les  cir- 
convolutions qui  y  font.  Explicare  ,  evolvere.  Detor- 
tiller  une  corde  ,  des  cheveux ,  des  rubans. 

DÉtortillÉ  j  ÉE.   pajt. 

DETOUPER.  v.  a.  Oter  l'étoupe ,  le  bouchon  qui 
bouchoit  une  bouteille,  ou  un  autre  vailleau. /' cj 
opertum  relinere.  Détouper  une  bouteille.  Dès  que  ce 
tuyau  a  été  détoupé  ,  l'eau  en  a  jailli  en  l'air  fort 
haut.  On  dit  aulli  détoupe:^  vos  oreilles  j  pour  dire  ,  j 
écoutez  attentivement.  Il  eft  vieux  &  abfolumenc  1 
hors  d'ufage.  On  dit ,  détouper  des  terres  ;  pour  dire  j 
ôter  les  épines  qui  les  ferment  ;  comme  on  dit  aulu 
étouperhs  blés  ,  Issclorre  d'épines ,  les  rendre  dé- 
teniables.  1 

DÉTOUPILLONNER.  v.a.  Terme  de  Jardinage.  Oter  f 
&  couper  les  toupillons ,  les  petites  branches  inu- 
tiles d'un  oranger ,  pour  ne  conferver  que  les  plus 
belles ,  Se  les  mieux  fituées  pour  la  figure  de  l'ar- 
bre ,  afin  qu'elles  reçoivent  feules  toute  la  nourri- 
ture de  l'arbre,  qui  fe  partageroit  en  pluheurs  ,  lî 
l'on  n'avoir  pas  le  foin  de  les  detoupillonner.  Putare^ 
recidere.  Voyc^  TouriLLONS. 

tfT  DÉTOUR,  f.  m. Ce  mot^dans  fa  fignification  gé- 
nérale ,  préfente  l'idée  d'une  chofe  qui  s'écarte  de  la 
ligne  droite.  Flexio  ,  circuitus  ,  anjraclus. 

^3'  En  parlant  du  cours  des  eaux  ,  il  lignifie  1* 
même  chofe  que  finuofité.  La  Seine  fait  plufieurs 
détours. 

|]3°  En  parlant  des  chemins ,  il  exprime  l'endroit 
qui  va  en  tournant.  Le  détour  d'une  rue. 

Malheur  donc  à.  celui  qu'une  affaire  imprévue 
Engage  un  peu  trop  tard  au  détour  d'une  rue. 

BoiLEAU, 

|C?  Il  exprime  de  même  un  chemin  qui  éloi- 
gne du  droit  chemin.  Si  vous  paffez  par-là,  vous 
prenez  un  grand  détour.  J'ai  fait  un  détour  de  qua- 
tre lieues ,  pour  aller  vifitet  mon  ami.  Divartiçu- 
lum. 

'ifF  Ce  mot ,  pris  dans  le  fens  figuré ,  fignifie  , 
en  matières  d'affaires  ,  des  difcours  employés  avec 
adreffe ,  &  qui  paroiffent  fe  rapporrer  à  tout  autre 
chofe  qu'à  celle  qu'on  veut  dire.  Circuitio.  Quand 
on  veut  parler  de  chofes  odieufes  ou  déshonnêtesj 
il  laut  un  grand  détour  de  paroles.  Il  a  pris  un  grand 
détour  pour  lui  annoncer  la  mort  de  Ion  fils. 

Vos  ordres  fans  àhowi  pouvaient  fe  faire  entendre. 

Racine. 

{fCr  Ilfignifie  aufll ,  au  figuré,  les  vues  fecrètes 
que  nous  cherchons  à  dérober  à  la  connoilUrnce  des 
autres ,  les  moyens  cachés,  quelquefois  peu  hon- 
nêtes, que  nous  employons  pour  venirà  bout  de  quel- 
que affaire,  de  quelque  enrreprife.  Doli,  ambages. 
Dieuconnoîr  tous  les  replis  &  les  détours  de  notre 
cœur ,  nos  plus  fecrètes  penfées.  Penitijfimos  animi 
recejfus.  J'aime  fans  détours.  Voit.  Il  faut  étudier  les 
pallions  des  hommes,  pour  en  bien  connoître  les 
refforts ,  &:  les  détours.  S.  Real.  Jamais  Louis  XI. 
n'alloitdireétement  à  fon  but,  il  cherchoit  fans  ceffe 
des  détours  ,  afin  de  faire  perdre  les  traces  de  fa 
conduite.  Il  a  gagné  fon  procès  par  un  détour  de  chi- 
cane. La  chicane  a  d'étranges  détours  pour  éternifer 
jes  procès.  Cavillationes  juris. 
DÉTOURBIER,  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  fignifioit  au- 
trefois 


D   E   T 

trefois  ,  obftacle,  empêchement  qui  fe  rencontroit 
à  la  continuation  d'un  travail  ,  d'une  entrepnie.  I:n- 
pedbneiuam ,  dijjicuitas  ,  objLiculum.  Cet  Ouvrier 
peut  faire  ce  travail  en  deux  mois ,  s'il  n'y  a  point 
de  dctourhkr ,  d'interruption  ,   m  dobllacle. 

Ce  mot  vient  du  Latin  dijiurbium.  Les  Picards  di- 
fent  aulli  décourber,  pour  détourner,  qui  vient  de 
dijturbare.  Du  Cange.  Dans  la  vie  de  Saint  Eufta- 
che ,  Abbé  de  Luxeuil ,  écrite  au  VII^  (iccle  ,  c 
i  ,  n.  1 1  ,  on  xzowy s  feminarc  d'rjiurbia  ,  pour  dire, 
femer  des  troubles.  )^clu.  Sancl.  Marc.  i'.  lîl ,  p. 
y%^.  t.  i  Dijlurbia  fufcitare  àzns  Jordanus  de  Saxo- 
nia  j  De  f^itis  Fracrum  ,  L.  II ,  c.  S. 

DÉTOURNEMENT,  f.  m.  Aébion  de  détourner.  In- 
fi&xio,  dcflexus.  Ce  mot  n  eft  pas  ufité.  Molière  s'en 
cft  fervi  dans  fa  Critique  de  V Ecole  desjemmes,  où 
il  dit ,  leurs  dccournemens  de  tête  ,  &  leurs  caciie- 
mens  de  vifage  firent  dire  cent  fottifes  de  leur  con- 
duite. 

DétourhejMent.  Ce  mot  fe  trouve  aullldans  Pomey, 
pour  empêchement.  Averfio  ,  avocatio. 

|Cr  DETOURNER.  V.  a.  Eloigner  quelqu'un  du  droit 
chemin,  du  chemin  qu'il  doit  prendre.  Devatcre. 
Détourner  quelqu'un  de  fon  chemin. 

tfT  On  dit,  dans  ce  (ens^ détourner,  le  cours  d'une 
rivière  _,  la  faire  aller  ailleurs.  On  dit  qu'Albuquer- 
que  propofa  de  détourner  le  cours  du  Nil  ,  &  de 
le  fiire  tomber  dans  la  Mer  Rouge  ,  pour  ruiner 
l'Egypte. 

tjCJ'  On  dit  de  même  détourner  un  coup.  Iclum  re- 
pellere  ,  excludcre.  Détourner  un  orage.  On  lonnc 
les  cloches  pour  détourner  l'orage. 

Quand  on  croit  voir  fondre  un  nuage , 
Quelquejois  il  s'élève  un  favorable  vent , 
Qui  le  dijjipe  en  un  moment , 
I       Ou  qui  détourne  ailleurs  la  fureur  de  l'orage. 

L'Ab.  Tetu. 


tfJ"  Il  a  bien  fait  de  détourner  \ss  yeux  d'un   fi 

trifte  fpe6tacle ,  qui  l'auroit  trop  affligé.  Avertcre. 

|Cr   Détourner  eft  quelquefois    neutre   &  lignifie 

quitter  le  droit  chemin.  Quand  vous  ferez  arrivé  à 

tel  endroit,  c/trottrac^  à  gauche. 

^^  Il  s'emploie  fouvent  avec  le  pronom  perfon- 
nel  :  Se  détourner  de  fon  chemin  ,  ou  aljfolument 
le  détourner ,  prendre  à  delfein  ou  par  hafard  un 
chemin  plus  long  que  le   chemin  ordinaire.  De- 
fleékre.  Il  s'çft  détourné  de  fon  chemin  ,  il  n'a  pas 
voulu  fe  détourner ,  pour  aller  voir  fon  ami.  Diver- 
tere  via  ,  itinerc.  Divcrtcre  ad  amlcum. 
Détourner  ,  en  termes  de  ChalFe  ,   fignifie  ,  faire 
tout  ce  qu'il  faut  pour  s'alfurer  qu'une  bête  ,  un  cerf, 
ou  un  fanglier,  eft  dans  un  buillon  autour  duquel 
on  fait  les   enceintes.  Fcrj.m  cogère  certa  in  fabula. 
Détourner  un  cerf,  détourner  un  fanglier,  remar- 
quer l'endroit  où  il  eft  à  la  répofée  ,  pour  le  courre 
enfuite. 
Détourner  les  aiguilles.  Terme  d'Aiguilletier.  C'e'l 
mettre  toutes   les  pointes  du  même  côté ,  afin  de 
les  pouvoir    affiner  plus  facilement ,    c'eft-à-dire  , 
en  adoucir  les  pointes  fur  la  pierre  d'émeril. 
Détourner,  eft  aufli, un  mot  par  lequel  on  adoucit 
le  nom  des  vols  domeftiques.  Soullraire  frauduleu 
fement.  Avertere.  Un  mari  n'a  pas  d'action  de  voi 
contre  fa  femme  par  le  Droit ,  mais  feulement  des 
chofes  détournées.  Ce  fils  a  détourné  les  meilleurs 
effets  delà  fuccelHon  de  fon  père.  Ce  banquerou 
tier  a  détourné ,  a  mis  à  couvert  la  meilleure  partie 
de  fon  bien. 

IJCT"  On  dit,figurément,£/^'M«r/?erle  fens  d'une  loi, 
d'un  mot ,  &c.  lui  donner  une  fignification  diffé- 
rente de  celle  qu'il  àoxx.  t^wo'ix.  Decorquere.  Les  Avo- 
cats tâchent  de  détourner  le  fens  d'une  loi ,  de  la 
claufe  d'un  contrar.  Dans  les  Centons ,  ceft  un  agré- 
ment de  détourner  le  fens  des  vers  ,  des  paro 
les. 
Détourner,  fignifie  auilljau  figuré,  faire  changer 
Tome  III. 


^      _  .       D  E  T  xîf 

de  réfolution.  Dilluader.  Dijjuadcre.  CcVx'mczzsoit 
delTein  de  recommencer  la  guerre  j  mais  fon  fage 
Miniftre  l'en  a  détourné.  Il  s'imaginoit  qu'il  feroit 
aifé  de  le  détourner  d'un  fi  terrible  dellein.  Vaug. 
j  On  aura  bien  de  la  peine  de  le  détourner  d'époufec 
'  cette  fille  :  il  eft  trop  amoureux. 
DÉTOURNER  ,  fignifie  aufli ,  figurément  ,  diftraire  de 
quelque  choie ,  de  quelque  occupanon.  Avertere , 
evocare.  Un  Savant  ne  'doit  point  avoir  de  procès  : 
csla  détourne  trop  les  études,  en  interrompt  le  cours. 
On  fe  mer  en  retraite  pour  n'être  point  détourné 
dans  les  méditations,  dans  fcs  exercices  de  piété. 
Tous  les  raifonnemens  de  Socrate  n'aboucilkntqu'i 
détourner  de  fon  efprit  l'image  de  la  morti  S,  Evr. 
Des  comparailons  trop  fréquentes  détournoient  les 
hommes  de  l'application  de  la  vérité.  Ib.  Détourner 
fon  intention  du  delir  de  vengeance.  Pasc. 
DÉTOURNÉ  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Averfus  ,  evocatus  ,  de^ 
fexus  j  detortus.  Il  y  a  des  louanges  équivoques , 
qui  font  de  fines  railleries  ,  &  des  manières  dé~ 
tournées  pour  nous  rendre  ridicules.  Bell.  Une  ten- 
dreftè  pour  la  mémoire  d'Augufte  ,  palFoit  dans 
l'efprit  de  Tibère  pour  une  accufation  détournée 
contre  le  gouvernement.  S.  Evr.  L'afteélation  de 
louer  les  Anciens  eft  une  manière  détournée  pour 
cenfurer  les  Modernes.  Bell,  Le  mépris  de  la  for- 
tune n'étoit  dans  les  Philofophes  qu'uiî  chemin  dé- 
tourné pour  aller  à  la  confidération  qu'ils  ne  pou- 
voient  avoir  par  les  richelles.  Rochef. 

On  appelle  des  rues  détournées ,  un  chemin  dé- 
tourné,  ceux  qui  ne  font  pas  trop  fréquentés ,  qui 
vont  à  la  traveriée  ,  ou  à  quelque  lieu  particulier. 
Devium  icer ,  fexuofum. 

§fT  Au  figuré  ,  prendre  des  chemins  détournés, 
employer  des  voies  déguiiées  pour  arriver  à  fes  fins. 
Une  louange  détournée  ,  eft  celle  qui  ne  s'adrefi'e  pas 
direélement  à  la  perfonne  qu'on    a  intention  de 
louer. 
DETRACTER.  v.  n.  Médire  de  quelqu'un  ^  obfcurcir, 
ou  diminuer  fon  mérire.  De  alicujusjamà  detrahere, 
laudem.  alicujus  depeculari  j  obtererc.    Les   envieux 
iontÇ\.\]^ts  À  detr acier  de  leur  prochain. 
DETRACTEUR,  f.  m.  Médifant  ,   qui  parle  mal  de 
fon  prochain.  Maledicus  j  alicujusdetractor.  Ecoutée 
les  détracteurs. 
DETRACTION.  f.  f  Médifance  ,  difcours  pour  di- 
minuer le  mérite  de  quelqu'un.  Alicujus  jamx  vio~ 
latioj  aliéna  famx.  dctraclio.  Quoiqu'on  dife   vrai  , 
la  détraclionnQ  lailTe  pas  d'être  un  péché  ,  félon  tous 
les  Cafuiftes.  Ces  trois  mors  ne  font  pas  fi  ufités  que 
ceux  qui  leur  fervent  d'explication. 

ICTCe  mot  vient  du  latin   dctraclio  ,  &c  fignifie 
un  mal  qu'on  dit  du  prochain  pour  le  diffamer.  Si 
ce  qu'on  dit  du  prochain  eft  faux  ,  cela  s'appelle  ca- 
lomnie :  s'il  eft  vrai  ,  on  l'appelle  médifance  ;  mais 
le  mot  mJdfant  fe  prend  quelquefois  pour  toute 
forte  de  détraélion. 
DÉTRACTION.  Ce  raotfe  prend  dans  un  fens  naturel 
&C  phyfique,par  les  Auteurs  de  Chirurgie,  lorfqu'en 
parlant  des  opérations  de  leur  art ,  ils  difent  que 
i'exércfe  eft  une  opération  qui  fe  fait  par  dctraciion. 
Détraclion  ,en  ce  fens,  fignifie  une  opération  ,  une 
adion  par  laquelle  on  ôte  du  corps  les  chofes  qui  y 
ont  été  introduites  du  dehors  contre  n.ature.  On  ôte 
du  corps  ^dix:  détraclion  les  balles  de  fufil ,  les  éclats 
de  grenades ,  les  morceaux  d'épées  rompues ,  &c. 
DÉtraction.  Terme  de  Jurifprudence.   Le  droit  de 
détraclion  eft  en  Allemagne  ,  ce  qu'on  appelle   en 
France  Droit  d'Aubaine  ,  Jus  detraclàs.  M.  Kauffe- 
man  ,  dans  fcs  Droits  des  Seigneurs  de  Sonabe,  dit 
que  le  Droit  de  détraclion  a  lieu  en  deux  cas  :  le 
premier ,  lorfqu'un  fujer  vend  fes  fonds  pour  aller 
s'établir  dans  un  autre  Etat ,  ou  quand  une  fuccef- 
fion  eft  dévolue  à  quelqu'un  qui  a  fon  domicile  dans 
un  autte  Etat.  Le  droit  de  Détraclion  n'eft  pas  égal 
par-tout  :  c'eft  la  coutume  des  lieux  qui  le  règle  ; 
car,  dans  les  uns,  il  eft  du  tiers  des  héritages,  dans 
d'autres ,  il  eft  du  quart ,  i.^' ,  dans  d'autres ,  il  eft  d* 
cinquième  ^  du  fixicme  ou  du  dixième. 


Oo 


290  D  E  T 

DETRAIGNER.  v.  recip.  Vieux  mot.  On  a  dit  autre- 
fois, fe  décmigner  as  qucluLi'un  ,  pour  dire  ,  fe  re- 
tirer de  la  fociété  de  quelqu  un. 

DETRAIRE.  v.  n.  Vieux  mot.  Médire  ,  décrader,  du 

Latin  detrahere. 
^  DÉTRANCHÉ,  adj.  Terme  de  blafon  ,  fe  dit  de 
l'Ecu  dans  lequel  eft  une  ligne  en  bande,  qui  ne 
part  pas  précifément  de  l'angle  dextre,  mais  de 
quelque  partie  du  bord  fupérieur ,  &  qui  ,  par  con 
féquent ,  tombe  en  biais  ou  diagonalement  j  ou 
bien  qui  part  de  quelque  point  du  côté  dextre.  Koy. 
Tranche  &  Retranche. 

DÉTRANCHER,  v.  a.  Vieux  mot.  Trancher  ,  couper 
Secare  ,  Dijfecare.  Lors  les  princ  le  Roi  à  fes  propres 
mains  pour  enterrer  j  &  comme  il  les  tournoie ,  il 
les  nouvoit  décranchés  par  pièces.  Anony.  Viede 
S.  Louis. 

§3"  DÉTRANGER.  v.  a.  Mot  ufité  parmi  les  Jardi 
niers.  C'eft  chalfer  les  animaux  qui  nuifent  aux  vé- 
gétaux. Dctranger  les  mulots. 

DÉTRAPE.  f.  f  Ce  mot  marque  la  délivrance  de 
quelque  embarras.  Ainfi  à  la  mort  d'un  méchant 
homme  ,  Voilà  ,  dit  on  ,  une  belle  détrape.  M.  de 
IaMonnoye,  Glojfaire  de  fes  No'êls  au  mot  dé- 
traipe.  On  dit  proverbialement  de  la  mort  d'un 
homme  qui  ne  fervoit  qu'à  incommoder  les  autres  , 
Voilà  une  belle  dépêche.  Fur.  Par  où  il  eft  aifé  de 
voir  que  dépêche  eft  François ,  &  que  détrape  eft 
un  mot  de  Province.  Détrape  fignifie  encore  dé 
charge ,  qui ,  félon  Furetiere  ,  à  la  fin  de  ce  dernier 
mot ,  eft  un  lieu  proche  de  foi  pour  y  ferrer  les 
meubles  ou  autres  chofes  qui  incommodent,  dont 
on  a  pourtant  fouvent  affaire  ,  &  qui  empêchent 
qu'on  ne  tienne  une  chambre  propre. 

DÉTRAPER.  Débarrafler  ,  déménager,  tirer  les 
meubles  d'une  maifon.  Détraper  n'eft  pas  dans  Ni 
cot  ,  mais  il  eft  dans  Monec ,  il  eft  dans  le  Dic- 
tionnaire de  Rimes  de  la  Noue,  &  de  Boyer.  LTn 
ufage  fréquent  de  détraper  en  Bourgogne  ,  c'eft 
dans  la  fignification  de  dejjérvir  après  le  repas.  Le 
Comte  de  Buflî,  dans  le  premier  tome  de  its  Mé- 
moires écrits  de  fa  main  ,  avoir  en  ce  fens  ufé 
de  ce  mot ,  que  le  Père  Bouhours ,  qui  les  revit 
avant  l'imprelVion  ,  n'eut  garde  d'y  lailler.  M.  de 
LA  MoNNOYE  en  foii  Glo(Jaire  ^  au  mo:  détraipe.  Ce 
verbe  ,  en  tant  qu'il  figniiie  délivrer  j  fe  trouve  dans 
le  premier  tome  de  la  Satyre  Menippée /«-8°.  pag. 
243.  où  l'on  fait  parler  un  Jéfuite  à  Philippe  IL 
Roi  d'Efpagne  ,  à  qui  il  dit  :  Nous  avons  fufcité  des 
aff'aiîlns ,  pour  vous  détraper  de  votre  capital  ennemi. 
,(  Henri  IV.  ) 

DÉTRAQUER,  v.  a.  (Terme  de  manège)  Faire  perdre 
au  cheval  fes  bonnes  allures  ,  fes  leçons  de  manège. 
Perturhare.  Les  mauvais  Ecuyers  détraquent  les  che- 
vaux ,  leur  font  perdre  leur  train  ordinaire. 

^Cr  DÉTRAQUER,  fe  dit  proprement  des  machines  &: 
des  chofes  artificielles  ;  &  fignifie  les  déranger  en 
forte  cju'elles  n'aillent  plus  comme  elles  dévoient 
aller ,  comme  elles  vont  quand  elles  font  en  état. 
Perturhare.  Le  corps  humain  eft  compofc  d'un  fi 
grand  nombre  de  refforts  qui  le  font  mouvoir  , 
qu'il  eft  furprenant  que  la  machine  ne  foie  pas  à 
tous  momens  dérangée  &  détraquée.  Ma  montre  eft 
détraquée  ,  il  ne  faut  pas  s'arrêter  à  ce  qu'elle  mar- 
que. Il  faut  tant  de  chofes  pour  bien  faire  aller  une 
pompe  ,  un  jeu  d'orgues  ,  qu'il  ne  faut  pas  s'é 
tonner  sils  font  fouvent  détraqués.  On  dit  aufti 
que  l'eftomac  eft  ditraqué ,  quand  il  fait  mal  la 
digeftion. 

||Cr  DÉtraquïr  ,  fe  dit  figurément  pour  détourner 
d'une  occupation  louable  ^  d'un  train  de  vie  réglé. 
Avertere y  avocare  ,  perturhare.  Les  dévots  fe  met- 
tent en  retraire  pour  n  être  poinr  détraqués  de  la 
contemplation.  La  maladie  de  ce  jeune  homme  l'a 
îoxi  détraque  àç.  fes  études.  On  y  joint  aulli  le  pro- 
nom perfonnel.  A  recià  vivendi  régula  defleclere.  Ce 
jeune  homme  s'eft  extrêmement  détraqué  depuis 
qu'il  n'eft  pUn  fous  la  conduite  de  ce  fage  gouver- 
neur. Tout  cela  eft  familier  ou  populaire. 


DE  T 

DÉTRAQUÉ  ,  ÉE.  part  &  adj.  Il  a  les  fignlficatic-ns  de 
fon  verbe.  Cheval  détraqué  ,  dont  le  cavalier  a. 
gâté  les  allures. 

^  DÉTREMPE,  f  f.  Terme  de  Peinture.  Peinture  ou 
enduit  de  couleurs  délayées  leulement  avec  de 
l'eau  j  &  de  la  colle  ,  ou  de  la  gomme.  Opus  colo- 
ribus  aquù  ,  glutine  dilutis  piauni.  Ainli  l'on  du  pein- 
ture en  détrempe.  On  le  du  i^uili  de  la  couleur  aiiifi 
délayée.  Aquaria  pïclura.  La  détrempe  s'eftace  avec 
de  ieau.  Les  peintures  en  huile  ont  plus  de  force, 
&  durent  plus  que  celles  qui  ne  iont  qu'en  dé- 
trempe. La  détrempe  diftère  d'avec  la  miniature ,  en 
ce  que  celle-ci  le  travaille  en  petits  points  ,  &  que 
dans  l'autre  on  fe  fert  de  toute  la  liberté  du  pinceau. 
/  oye\  Félibicn. 

DÉTREMPE,  feditaufti,  figurément  &:proverbialemenr, 
de  ce  qui  ne  doit  guère  durer,  ries  aùqua  deproperata. 
Yoilà  un  mariage  qui  n'eft  qu'en  détrempe  ,  fait  à 
la  hâte  ,  qui  n'a  que  l'apparence  du  mariage  ,  fans  y 
obferver  les  formalités. 

DÉTREMPEtl.  v.  a.  Mouiller ,  imbiber  d'eau  ou 
d'une  liqueur ,  mêler  quelque  choie  de  liquide  avec 
un  autre  ,  pour  n'en  faire  qu'un  corps.  Aliquid  ma- 
cerarc  ,  diluere.  La  terre  eft  trop  feche  ,  on  ne  peut 
labourer  jufqu'à  ce  qu'il  ait  plu  ,  qu'elle  foit  un 
peu  détrempée.  Il  faut  détremper  la  colle  forte,  avant 
qu'on  s'en  puifie  fervir.  Détremper  les  couleurs,  les 
gommes ,  des  drogues  avec  de  l'huile  ,  de  l'eau  , 
du  vin  ,  &c.  On  du  aullî ,  Détremper  de  la  chaux  , 
lorfqu'on  l'éteint,  &  qu'on  la  délaie  avec  de  l'eau, 
&  le  rabot.  Calcem  diluere. 

DÉTREMPER  ,  chez  les  ouvriers  en  fer  ,  c'eft  ôter , 
faire  perdre  la  trempe  qu'on  avoir  donnée  à  du  fer 
ou  à  de  l'acier.  On  détrempe  l'acier  donc  on  veut 
faire  des  outils  ;  puis  ,  quand  ils  font  faits  ,  on  les 
retrempe  tout  de  nouveau.  On  détrempe  de  l'acier 
en  le  faifant  rougir  dans  le  feu.  On  a  donc  détrempé 
l'acier  quand  on  l'a  forgé  pour  en  faire  quelque 
outil  \  mais  après  cela  on  le  retrempe ,  &  cette 
trempe  répétée  a  le  même  effet  que  la  première 
Reaumur  ,  Art  de  convertir  le  Jer  en  acier. 

DÉTREMPER,  fe  dit  auili dans  le  figuré,  pourfignifier, 
Mêler  ,  tempérer.  Temperare.  Dieu  détrempe  nos 
joies  par  les  affliétions  qu'il  y  mêle.  Cela  eft  bien 
duftyle  myftique. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Dijîemperare_  Du  Cange. 

DÉTREMPÉ,  ÉE.  part.  &  adj.  Dilutus ,  tnaceratus  ^ 
temperatus. 

DÉTREMPEUR  de  viandes  falées  &:  de  poiffon.  C'eft 
un  aide  de  cuifinier  qui  prend  foin  de  mettre  les 
viandes  falées  dans  une  baille  ,  afin  qu'elles  fe  dé- 
trempent. 

DÉTRESSE,  f  f.  Afflidion  d'efprit.  Mœror.^  La  perte 
d'un  bon  ami  me  caufe  une  grande  détrejj'e.  Ce  mot 
vieillir. 

DÉTRET.  f.  m.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Pomey.  Il 
fignifie  un  étau  ,  un  inflrument  de  fer  en  guife  de 
tenailles ,  pour  tenir  ferme  ce  qu'on  travaille  à  la 
main.  Lupus  manuarius. 

DÉTRIEMENT.  f  m.  Terme  de  Coutumes.  Affigna- 
tion  ,  don  d'une  portion  légitime  &  convenable. 
Triatis  dans  la  baffe  latinité.  On  a  écrit  quelque- 
fois détriment. 

DETRIER.  Vieux  terme  de  Coutumes.  Donner,  af- 
figner  aux  puînés  une  portion  légitime  &  convena- 
ble. Detriare  dans  la  bafte  Latinité.  Ces  mots  de  dé- 
trier Hc  de  détriement  viennent  detriare  ,  d'où  l'on 
3.  faix  detriare  :  triare  fignifie  trier  ,  féparer,  mettre 
à  part. 

DÉTRIER,  f.  m.  Vieux  mot  qui  fignifie  ,  Cheval  de 
main. 

DÉTRIMENT,  f.  m.  Terme  du  Palais.  Préjudice  , 
dommage.  Detrimentum,  damnum  ,  jaclura. 

On  peut  fe  plaindre  des  ufurpations  des  voifins 
qui   vont  à  notre  détriment. 

DÉTRIMENT.  Terme  d'Aftronomie.  Quand  une  planète 
eft  dans  un  figne  oppofé  à  fa  maifon  j  on  la  nomme 
Planète  eu  fon  détriment. 


D  E  T 

BÉTRIPLER.  V.  a.  Terme  de  guerre.  On  fe  ferc  de  ce 
mot  en  parlant  des  évolutions  militaires.  Dccnpler 
Us  files  ,  c  eft  en  ôter  quelqu'une,  quand  elles  Ibnt 
par  trois.  /^oy^{  Matinet  ,  Exercices  mU'naircs. 
DETiilTUM.  f.  m.  Terme  Latin  qui  fe  dit  en  notre 
Langue,  pour fignifier  une  pierre  ou  un  criftalufé  j 
ce  qui  forme  le  lable  &:  le  gravier.  Jraice  de  la  Li- 
'  tkologie  &'  de  Conchyliologie. 
^fT  DETROIT,  f.  m.  Il  faut  prononcer  à  la  première 
fyllabe  \'e  fermé  ,   deiroic.  Fallage  étroit  ;  lieu  ferré 
où  l'on  palTè  difficilement,  ou  avec  danger.  Anguf- 
tia  j  Jâuces.  On  le  dit  aulli  kir  la  mer ,  fur  les  ri- 
vières,  &:  en  pays  de  montagnes,  des  endroits  où 
la  mer  eft  rellerrée  entre  deux  terres  ,  &  des  palfa- 
ges  ferrés  entre  les  montagnes.  Le  Détroit  de  Ma- 
gellan eft  fort  dangereux ,  à  caufe  que  les  dots  de 
la  mer  du  Nord  &  du  Sud  s'y  joignent,  &  s'y  en- 
trechoquent. Le  Pas  de  Calais  ,  le  Détroit  de  Gi- 
braltar,   l'Euripe,  font  des  Détroits    fameux.  Le 
Rhône  s'engoutire  dans  un  ZJt'^/oir  auprès  du  Credo. 
La  Valteline  eft  un  détroit ,  un  palîage  important 
pour  l'Italie.  Dans  les  Pyrénées  il  y  a  des  cols  de 
montagnes  j  àQ%  détroits  ailés  à  garder.  Se  faihrdes 
détroits.  Vaug.  L'armée  de  Darius  hit  déhute  dans 
les  détroits  de  la   Cilicie.  Id.  Les  TermopyleSj  les 
Portes  Cafpiennes  ,  les  Portes  Caucaliennes  j  au- 
jourd'hui Demircapi  ,    les  Portes    Ibériennes,    les 
Poires  de  la  Cilicie  ,   les  fourches  Caudines,  font 
d'anciens  noms  de  fameux  détroits  de  terre. 
Ce  mot  vient  du  Latin  diftriclus. 

DÉTROIT  ,  fe  dit  aulli  des  Ifthmes  ou  Langues  de  terre 
qui  font  cntie  deux  mers,  &  qui  en  empêchent  la 
communication.  Ifihmus.  Le  détroit  de  Corinthe , 
le  détroit  du  Panama  en  l'Amérique.  Les  plus  célèbres 
Détroits  de  l'ancien  monde  lont  ceux  de  Weigats , 
du  Sund ,  du  grand  Se  du  petir  Belt ,  le  Pas  de 
Calais  ,  le  det'oit  de  Gibraltar  ,  celui  de  Dabelman- 
del ,  de  la  Sonde  5c  de  Jcifo.  Et  j  dans  le  nouveau 
monde  ,  ceux  de  Davis  &  d'Hud'on,  le  Canal  de 
Bahama,  le  Détroit  dt  Magellan  ,  de  le  Maire,  de 
Brouwers ,  &  celui  d'Anian ,  dont  on  ne  fait  pas 
bien  la  fituation.  f^oye:^  ces  noms  en  leur  place. 

Sut  terre,  on  dit  plus  communément,  col ,  pas  , 
palTage,  gorge  de  montagne  j  &,  fur  mer,  detrok. 
De  même  en  Latin  ,  fur  terre  ,  c'eft  fauces  ,  ariguf- 
ti£  ;  fur  mer  ,  jretum.  On  a  détaché  un  Lieutenant 
Général  pour  s'emparer  des  gorges  des  montagnes  , 
&  fermer  le  palfage  aux  ennemis. 

DÉTROIT  ou  Ifthme.  Terme  d'Anatomie.  Les  Anato- 
miftes  donnent  ces  noms  au  fond  de  la  gorge  où  eft 
'e  goder  ,  à  caufe  que  ce  palfage  eft  étroit. 

DÉTROIT  J  en  Jurifprudence,  fignifie  Relfort,  une 
étendue  de  pays  foumife  à  la  Jurifdidion  tempo- 
relle j  ou  fpirituelle,  d'un  ou  de  plulîeurs  Juges.  Ju- 
rifdiclio ,  conventus.  Un  Juge  ne  peut  inftrumenrer 
hors  de  fon  détroit,  hors  de  fa  Jurifdidion.  Cette 
Paroiffe  eft  dans  le  détroit  de  ce  Parlement ,  de 
cette  Généralité  ,  de  cette  Election.  On  dit  plus  or- 
dinairement dijtricî. 

Ce  mot  vient  du  Latin  diftriclus  ,    qui  eft   pro- 
prement le  territoire  ,  ou  étendue  du  hef  dans  le- 
quel un  Seigneur  a  pouvoir  de  contraindre  fes  te 
nanciers,  &  de  leur  faire  payer  l'amende, /w^/cZaretS" 
diftringere. 

DETROMPER,  v.  a.  Dcfabufer  ;  -faire  connoître  à 
quelqu'un  fon  erreur.  Erroreni  alicui  eripcre  ,  ab  er- 
rore  aliquem  evellere.  Il  faut  détromper  l'homme  de 
l'illufion  pat  laquelle  il  fe  repréfente  grand  à  foi- 
même.  Nie.  On  a  bien  de  la  peine  à  détromper  les 
gens  préoccupés.  On  l'a  détrompé  de  la  mauvaife 
opinion  qu'il  avoir  de  vous.  On  eft  quelquefois 
moins  malheureux  d'être  trompé  de  ce  qu'on  aime, 
que  d'être   détrompé.  Rochef.    L'emploi   principal 

,  de  la  Morale  confifte  à  détromper  la  riifon  de  l'erreur 
de  l'imagination  &  des  fens.  S.  Evr.  Pour  erre  i^e- 
trompé  de  l'amour  y  je  n'en  fuis  pas  guéri  ;  tandis 
que  mes  réflexions  le  condamnent ,  mon  cœur  fe 


D  E  T  .191 

par  de  fiuftes  efpérances  :  peu  de  perfonnes  s  ca 
dctrompent.  M.  Es  p. 

On  le  dit  aulli  avec  le  ptonom  perfonnel.  En  Phy- 
sique on  fe  détrompe  tous,  les  jours  des  erreurs  de 
l'Antiquitc.  Errorem  deponere.i>on\v  d'erreur. 

M.  de  Vaugeias  dit  q[u'il  a  vu  venir  à  la  Cour 
le  mot  détromper ,  c'eft-à-dire  ,  que  ce  mot  s'ell:  éta- 
bli de  Ion  temps. 
Détrompé  ,  ée.  part.  Ab  erroré  Uheratus.  Cet  homme 
eft  un  bel  efprit ,  bien  détrompé  du  monde ,  des 
erreurs  populaires. 

Mon  cœur  préoccupé 
Lui-même  apprekendoit  de  Je  voir  détrompé, 

DÉTRÔNER  ,  mieux  que  DÉTHRONER.  v.  a.  Chaf- 
1er  du  trône,  ôter  à  un  Roi  fon  Empire.  Dertgno, 
de  folio  deturbarc  ,  depellere.  Les  Conquérans  j  les 
Romains  j  un  TamerLin  ,  ont  détrôné  plulîeuis  Rois, 
Pépin ,  Maire  du  Palais ,  gouverna  fous  plulîeurs 
Rois,  &  détrôna  Childeric  III.  Mezerai,  Voyc:^ 
Trône. 

DÉTRÔNER  ,  fedit,  en  un  fens  plus  étfoit&  métaphori- 
que ,  de  ceux  qu'on  chalfe  d'une  place  où  ils  font 
conftitués  en  quelque  dignité  ou  fonction  honorable. 
De  magiftraiu  depellere.  Les  Créanciers  de  ce  Con- 
feiller  l'ont  détrône  ,  ils  lui  ont  fait  vendre  fa  charge. 
On  difoit  de  M  de  Launoy  qu'il  avoir  plus  détrôné 
de  Saints  du  Paradis ,  que  dix  Papes  n'en  avoienc 
canonifés. 

DÉTRÔNE,  ÉE.  part.  Dcpulfus ,  deturbatus  de  régna  y 
de  foiio. 

DETROLTSSER.  v.  a.  Défaire  une  chofe  trouiïee  & 
la  lailfer  pendre  en  bas.  Demiitcre  tcgam.  Détroufj'er 
fa  robe  ,  fa  jupe  ,  fes  habits.  On  le  dit  des  perlon- 
nes.  Dans  les  vifites  de  cérémonie,  les  Dames  fe 
detrouffe/it.  On  dit  aulfi ,  Venir  voir  quelqu'un  en 
robe  détroufj'ee  ,  c'eft-à-dire  en  cérémonie. 

DÉTROUSSER,  fignifiafigurémenr  ,  Voler  lur  un  grand 
chemin  ,  l'argent ,  les  hardes  de  quelqu'un.  Ali- 
quem fpoliare.  Cette  route  eft  dangereufe  ,  on  y  dé- 
troufje  les  Marchands.  Les  Soldats  qui  détroufjbienc 
les  vivandiers.  Buss.  PvAB.  Il  eft  du  ftyle  familier. 

Vit- on  les  loups  brigands,  comme  nous  inhumains, 
Powrdétroullèr  les  loups  courir  les  grands  chemins. 

BoiLEAU. 

DÉTROUSSER  ,  fe  dit  aullî  en  Fauconnerie  ,  lorfqu'un 
oifeau  ôte  la  proie  à  l'autre  ,  ou  lorfque  le  chien 
l'ôte  à  l'oifeau.  Pradam  eripere. 

DÉTROUSSÉ,  EE.   part.  Demi  [fus  ,  raptus  ;  fpoliatus. 

DETROUSSEUR,  f  m.  Voleur  qui  détroulfe.  Latro , 
grafjator.  On  a  fait  le  procès  à  ces  coquins  ,  com- 
me à  des  détroujjeurs  de  gens.  Ce  mot  eft  vieux. 

DETROY.  f  m.  Terme  de  Courûmes.  Ce  mot  figni- 
fie deux  chofes  ,  an  tribut ,  trihutum  ,  &  un  amen- 
de ou  peine  en  argent  impofée  par  le  Juge  ,  mulcla. 

DÉTRUIRE.  V.  a.  Ruiner ,  perdre  ^  anéanrir  ,  Deftrue- 
re  ,  evertere  ,  difturbare.  Dieu  envoya  le  Déluge  pour 
détruire  les  hommes  &  les  animaux.  On  tient  que 
tout  le  monde  fera  détruit  Se  confommé  par  le  fou 
au  jour  du  Jugemenr. 

DÉTRUIRE,  fignilîe  auiIî ,  abattre  j  démolir  un  bâti- 
ment. Dirncre ,  demoliri.  Le  temps  a  ^em//rlesplus 
beaux   édifices.  C'eft   domm.ige  qu'on  ait  détruit, 
.quon  ait  ruiné  ces  belles  tours  ,  ces  belles^  fortifi- 
cations. Il  eft  plils  aifé  de  détruire  que  d'édifier. 

DÉTRUIRE  ,  fe  dir  figurémenr  en  chofes  morales.  Les 
Barbares  ont  détruit  TEmpire  Romain.  Cette  mai- 
fon  noble  eft  détruite  ,  il  n'en  refte  aucun  de  la 
race.  Le  parri  des  Huguenots  eft  abfohiment  dctruit. 
Il  faut  détruire  l'orgueil  &:  l'amour-propre.  M.  Esp. 
Détruifei  l'empire  du  vice.  Mon  innocence  eft  fi 
parfiite  ,  &  le  menfonge  qu'on  vous  a  fait  /1  aife  a 
détruire ,  que  vous  ne  fauriez  me  parler  un  quart- 
d'heure  fans  être  perfuadé  de  votre  injuftice.  Lett. 

PoRTUG. 


déclare  pour  lui.  Le  Monde  a  beau  nous  tromper  Dstruire  ,  fe  dit  aulfi  dans  les  difputes  &  lescontef- 

Oo  ij 


D  E  T 

rations.  11  e(i  ùc'ile  as  désruire  y  de  ruiner  cet  argu- 
ment. Cet  Avocat  a  détruit  j  a  battu  en  ruine  tou- 
tes les  objedbions  de  fa  partie.  Voilà  une  pièce  faulTe 
qui  le  détruit  toute  içule. 
J!)ÉTRUiRE  ,  décréditer ,  ôter  à  quelqu'un  le  crédit, 
la  réputation  ,  lui  faire  perdre  1  elbine  qu'on  avoir 
pour  lui.  Nûcere  ,  minuerc  j amam  j  eripcrc  allcui  no- 
mcn  &  jamam. 

Je  vous  fais  un  préjcnt  capable  de  me  nuire. 
Che\  vous  Quintilien  s'en  va  tous  nous  détruire. 

La  Font. 

On  dit  aufïï  ,  qu'un  homme  eft  ditruit  dans  l'ef- 

prit  d'un  autre  ;  pour  due  ,  qu'on  lui  en  a  donné 

de  mauvaifes  impreilions  ,  qu'on  lia  a  ôcé  la  bonne 

opinion  qu'il  en  avoit. 

Détruit,  ite.  part.  Dejlruclus  3  everfus  ,    perditus  , 

dijiurhatus . 
DETTE,  f.  f.  Chofe  due ,  foit  qu'elle  confifte  en  ar- 
gent /fou  en  denrées  ,  en  corvées  3  ou  autres  piel- 
tallions.  ~-T,i  aiie.Mm,  nonieii  3  pecunia  debitaAly  z. 
de  pluheurs  fortes  de  dettes.  Les  dettes  actives  3  ce 
font  elles  dont  on  eft  créancier.  JEs  in  que  alius 
nobis  ubnoxius  ejl ,  vel  cbUgatus.  Dettes  pajjives  , 
celles  dont  on  eft  débiteur.  vEi-  alienum  cui  objhicli 
fumas.  Il  y  a  des  dettes  perfonnelles  ou  mobiliai- 
res ,  des  dett:s  réelles  &  des  dettes  perfonnelles 
&  réelles  tout  enfenible.  Dette  chirographaire  3  eft 
celle  qu'on  doit  en  vertu  d'une  écriture  privée  non 
reconnue  en  Juftice,  ^s  alienum  chirographarium. 
Dette  hypothécaire  3  celle  qu'on  doit  en  vertu  de 
contrats  ou  de  condamnations  ,  &  pour  laquelle 
on  peut  faire  vendre  des  fonds  &  des  héritages. 
JËS  alienum  hypothecarium.  Dette  jonciere  ,  qui  pro- 
vient de  l'aliénation  du  fonds  dont  on  n'a  pas  payé  tout 
le  prix,  u^s  alienum  prxdiatorium.  Dette  privilégiée, 
celle  qui  doit  être  payée  avant  toutes  les  autres , 
comme  les  droits  du  R.oi ,  les  provifions  alimen- 
taires 3  les  dettes  de  la  Communauté,  ^s  alienum 
prarogativum.  Dettes  mobiliaires  font  celles  qui  i'e 
peuvent  exiger  par  une  a£lion  perfonnelle  j  &  qui 
ne  font  ni  foncières  3  ni  hypothécaires.  u¥,s  alienum 
move.is.  Les  dettes  immobiliaires  font  les  rentes  fon- 
cières, &  conftituées  à  prix  d'argent.  Groiïes  ûf'frre^^ 
înenues  dettes,  ^s  alienum ,  majus  3  minus.  Sou- 
vent on  fait  revivre  des  dettes  ,  on  va  rechercher 
les  dettes  d'une  perfonne.  Tel  paie  fes  dettes  en 
qualité  d'aumône  ,  qui  ne  le  paieroit  jamais  autre- 
ment. S.    REAL. 

On  dit  ,  Faire  fa  dette  de  quelque  chofe  ;  pour 
dire.  Répondre  pour  quelqu'un  ,  s'obliger  pour  lui 
à  fiire  ou  à  payer  ce  qu'il  a  promis.  Cautionem  ^ 
vadem  dure.  Um  dette  (olidaire.  Nomenfolidum  cer- 
turîi.  Une  dette  véreufe  ou  mal  affurée.  Nomen  du- 
bium  3  incenum.  On  dit  aulli ,  Jouer  la  dette  ,  quand 
on  joue  autant  qu'on  vient  de  perdre ,  ou  de  gagner. 

On  appelle  ,  Dettes  criardes  ,  toutes  les  pexites 
fommes  qu'on  doit  à  des  Ouvriers  ,  à  des  Mar- 
chands 3  &  qui  les  font  crier  quand  on  ne  les  paie 
pas. 
Dette  ,  fe  dit  auflî ^  figutément,  pour  Devoir,  pour 
tout  ce  qu'on  eft  obligé  de  faire.  Q/^Çc/;/;^.  C'eft  une 
dette  dont  je  m'acquittetai  avec  plaifir.  Je  m'ac- 
quitte d'une  dette  ,  &  fi  vous  la  voyez  de  bon  oeil, 
j'en  fais  une  autre.  Goo. 

On  ditjfigurément  &c  familièreiTient,  qu'un  horft- 
me  avoue  ,  confefTe  la  dette  ;  pour  dire  qu'il  eft 
convaincu ,  qu'il  recornoît  qu'il  a  tott.  Quand  il 
s'agit  de  reconnoître  un  bienfait  j  perfonne  n'avoue 
franchement  la  dette.  S.  Evr.  On  dit  aufli  prover- 
bialement J  qui  époufe  la  veuve ,  époufe  les  dettes  ; 
pour  dire ,  qu'un  mari  doit  payer  les  dettes  de  la 
femme:  ce  qui  n'eft  pas  toujours  vrai  j  chacun  fe 
pouvant  réferver  de  les  payer  fur  fon  propre  bien. 
On  dit  encore  qu'un  homme  eft  noyé  de  dettes  ; 
pour  dire  ,  qu'il  a  plus  de  dettes  que  de  bien  ;  qu'il 
a  des  dettes  par-deflus  les  yeux ,  par-dellus  les  oreil- 


DET     D  E V 

les ,  par-defTus  la  tête.  On  dit  aulli ,  que  le  cha-j 
grin  ne  paie  point  de  dette. 
DETURPER.  v.  a.  Vieux  mot.  Salir. 

DEY 

DEVA.  Port  d'Efpagne  ,  dans  la  Province  de  Guipuf- 

coa.  .Long.  1 5  d.  8'.  lat.  43  d.  20'. 
ifT  DEVALER,  v.  a.  Faire    defcendre.    Dévaler  du 
vin  dans  la  cave. 

DO*  On  le  dit  de  même  en  parlant  d'une  perfon- 
ne qui  delcend,  qui  va  d'un  lieu  haut  .à  un  lieu 
bas.  Dévaler  la  montagne.  Dévaler  un  efcâlier. 

^^  11  eft  aufll  neutre  ^  après  avoir  monté ,  il  faut 
dévaler.  On  dévale  Toujours  pour  arriver  en  tel  en- 
droit. Il  étoit  logé  au  troifieme  étage,  il  eft  dévalé 
au  fécond. 

gC?  Corneille  a  employé  ce  mot  dans  Rodogune. 

On  ne  montera  point  au  rang  dont  je  dévale. 

Il  étoit  encore  d'ufage  du  temps  de  Corneille. 
Aujourd'hui  il  eft  bas  &  populaire  ^  il  vient  de  de~ 
vallare ,  fait  de  vallis.  Ménage.  Et  devallare  fe  trou- 
ve dans  la  balFe  Latinité  dès  le  VIIF  lîècle.  Voyez 
Aaa  SS.  Mail ,  T.  F  H.  p.  (Î4. 

DÉVALER,  eft  auffi  aftif,  &  fignilre  aufil ,  Mettre 
plus  bas.  Demittere  3  deprimere.  Il  faut  dévaler  ce 
chaudron  d'tin  cran  ,  il  eft  trop  haut.  On  a  dévalé 
la  chalfe  de  Sainte  Geneviève.  Il  eft  bas. 

DEVALISER,  v.  a.  Détroufter  ,  voler  les  pafTans  » 
leur  ôter  leur  valife  ,  leurs  hardes,  leurs  marchan- 
dées. Spoliare,  exfpoliare.  On  condamne  à  la  roue 
les  brigands  ,  qui  dévalifent  les  Marchands  j  les  air 
lans  &  venans  fur  les  grands  chemins. 

DÉVALISÉ,  ÉE.  part,  èc  ^à\.  Spoliatus  ,  exfpoliatus. 

DEVANA.  Ville  de  la  grande  Bretagne,  dans  le  Ter- 
ritoire des  Vcrnici. 

DEVANCEMENT,  f.  m.  Adion  par  laquelle  on  ar- 
rive avant  les  autres  ,  on  devance  les  autres.  An- 
tecejfio.  Le  devancement  de  fon  courrier  lui  a  fait 
emporter  ce  Bénéfice  fur  fon  compétiteur.  Ce  mot 
n'eft  point  dans  le  Di'ftionnaire  de  l'Académie  ,  ni 
.dans  aucun  autre  ,  excepté  celui  de  Pomey.  Il  n'eft 
pas  d'ufage. 

'fT  DEVANCER,  v.  a.  Prévenir  quelqu'un  en  arri- 
vant avant  lui  ,  venir  le  premier ,  gagner  le  de- 
vant. Pr<&vertere  ,  antecedere.  Devancer  quelqu'un  à 
la  courfe.  Devancer  quelqu'un  à  grandes  journées. 
Antecedere  aliquem  magnis  itincribus.  Devancer  une 
armée  par  des  fentiers  inconnus.  Antecedere  exer~ 
citutn  per  tramites  occultas.  Il  a  devancé  le  courier. 

rjC?  Devancer,  lignifie  aulîi  précéder  par  l'ordre  du 
temps ,  ou  précéder  quant  au  rang,  avoir  le  pas. 
Pr&cedere ,  anteirc.  L'aurore  devance  le  foleil.  Plu- 
fieurs  prodiges  devanceront  le  jour  du  jugement. 
C'eft  à  lui  à  dcvaneerl^s,  autres  dans  cette  cérémo- 
nie. 

§3^  Ceiix  qui  nous  ont  devancés ,  pour  dire 
ceux  qui  ont  vécu  avant  nous ,  ou  qui  nous  ont 
précédés  en  quelque  charge. 

Devancer,  fe  dit  figurément  Se  lignifie,  SurpalTer. 
Pr.ecurrere  alicui ,  anteire  ,  aliquem  fuperare.  Nous 
courions  même  fortune  à  la  guerre  j  mais  il  m'a 
beaucoup  devancé.  Ariftote  a  étudié  fous  Platon  \ 
mais  l'Ecolier  a  bien  devancé  le  Maître.  Les  Moder- 
nes ont  bien  devancé  les  Anciens  dans  la  Phyfique. 
Cet  homme  devance  tous  fes  compétiteurs. 

Devancé,  ée.  part. 

DEVANCIER  ,  ière.  f.  m.  &  f.  Celui  ou  celle  qui  en 
a  précédé  un  .autre  dans  un  emploi ,  une  charge  ,       | 
une  dignité.  Antecefjor.  Ce  Commis  afuivi  Texem-       i 
pie  de'fon  devancier.  Cet  Evêque  s'eft  maintenu  en 
la  polTeflion  où  étoit  fon  devancier.^ 

§Cr  On  le  dit  quelquefois  au  pluriel  pour  aïeux  / 
ceux  qui  ont  vécu  avant  nous.  Imitons  l'exemple 
de  nos  devanciers. 

DEVANO.  Ville  du  Japon ,  dans  l'Ifle  de  Niphoo, 


DEV 

Elle  eft  Capitale  d'un  Ps.cyaume  de  même  nom. 
jDcvarcum. 
$Ù'  DEVANT.  J/icè.  Prépofirion  locale  &  cppofée  à 
derrière.  Ce  mot  s'emploie  dans  un  fens  Phylique, 
un  fens  moral  &  mérapliorique.  Il  loge  devant  Th- 
glife ,  c'eft-à-dire  ,  vis-â-vis.  Il  a  bien  de  l'argent 
devant  lui.  Il  a  du  temps   devant  lui. 

|KJ"  On  dit  d'un  homme  qui  vit  fans  ordre  ou 
dans  la  confuiîon  qu'il  a  tout  mis  fens-t/evaw-der- 
ricre,  fens-dellus  delTous. 
§3"  Devant.  Antè.  C'eft  au(îi  une  pvépofition  qui 
marque  la  priorité  d'ordre,  de  rang.  Dans  cette  ligni- 
fication devant  eft  oppofé  à  après.  Il  aura  féancc 
devant  les  Confeillers.  C'ell  mon  ancien,  il  marche 
devant  mou  f-'oye:^  Avant.  Prendce  le  pas  deva/u , 
fuivant  la  remarque  de  M.  de  Voltaire  ,  ne  fe  du 
plus  &  préfente  une  petite  idée.  C'eft  une  mauvai- 
le  façon  de  parler  pardonnable  aux  Gazettes. 

§3°  On  dit,  proverbialement,  lis  premiers  vont 
devant.  Pour  dire  que  d'ordinaire  les  plus  diligens 
ont  l'avantage. 
fO"  Devant  ,  fignifie  encore  en  ptéfencc.  Coràm.  La 
parfaite  valeur  eft  de  faire  fans  tcnioms  ce  qu'on 
îeroit  capable  de  faire  devant  tout  le  monde.  La 
RocHEF.  Il  a  prêché  devint  le  Roi.  Ac.  Fr.  On  dit 
qu'une  affaire  eft  devant  tels  ou  i^ls  Juges  ,  pour 
dire  qu'elle  a  été  portée  à  leur  tribunal.  On  dit 
qu'un  homme  eft  devant  Dieu,  pour  dire  qu'il  eft 
mort.  Et ,  par  une  efpèce  de  raillerie  tic  de  contre- 
vçrité,  on  dit  d'un  méchant  homme  qui  eft  mort , 
que  c'eft  une  belle  ame  devant  Dieu.  On  dit  aulu 
la  fagede  du  monde  eft  folie  devant  Dieu. 
Devant,  n'eft  point  une  prépofition  ni  un  adverbe 
de  temps,  c'eft  avant.  Cependant  bien  des  gens, 
dans  la  converfation  &  dans  leurs  ouvrages,  mettent 
devant ,  Sc  devant  que  ,  pour  avant  &  avant  que.  La 
Fontaine  en  particulier  tombe  fouvent  dans  cette 
faute. 


EV 


2-91 


JJ  Ami  de  Mécénas ,  Horace ,  dansfesfons , 
L'avait  dit  dsv3.nz  eux  ;  devant  e;/.v  /a  Nature 
L'avoitj ait  dire  en  cent  jacons.  ^ 

il  falloii!  dire  avant  eux.  Achevez  cela  devant  que 
Revienne.  Il  faut  dire  avant  que  je  vienne.  Ain- 
ii  il  ne  faut  pas  dire  Augufte  commença  à  régner 
41  ans  devant  Jefus-Chrift,  mais  41  ans  avant  J. 
C.  Henri  IV.  régna  devant  Louis  XIII ,  mais  avant 
Louis  XIII ,  &  Louis  Xill  avant  Loifis  le  Gr^id. 
J'avois  donné  ces  ordres  avant  que  de  favoir  de  vos 
nouvelles  ,  &  non  pas  devant  que  de  favoir. 
|ÏC?  Devant  &  Avant,  dans  une  fignific.ition  fyno- 
nyme.  L'un  &  1  autre  de  ces  mots,  dit  M.  l'Abbé 
Girard,  marquent  également  le  premier  ordre  d  nis  la 
/îuation  \  mais  avant  eft  pour  l'ordre  du  temps ,  (!^ 
devant  eft  pour  l'ordre  des  plans.  Nous  venons  après 
les  perfonnes  qui  patfent  avant  nous.  Nous  allons 
derrière  celles  qui  palfent  devant.  Le  plutôt  arrivé 
fe  place  avant  les  autres-  Le  plus  conlidcrable  fe 
place  devant  eux. 

|CF  II  fe  propofe  dans  l'Ecole  d'auftl  ridicules 
queftions  fur  ce  qui  a  été  avant  le  monde  ,  qu'il 
fe  fait  dans  le  cérémonial' de  rifibles  conteftations 
fur  le  droit  de  fe  placer  devant  les  autres. 

Ce?  Je  crois  qu'il  n'y  a  qu'à  fe  bien  inftruire  de 
ce  qui  a  été  avait  nous ,  pour  n'être  pas  rout-à-f.ut 
ignorant  de  ce  qui  doit  arriver  nprès.  Qu'importe 
de  marcher  derrière'ou  <fevj«r  les  autres ,  pourvu 
qu'on  marche  à  fon  aife  &  commodiment- 
Devant  j  eft  quelquefois  fubft.  Alors  il  lignifie  la  par- 
tie antérieure,  ou  qui  fe  préf^nte  lii  prennke.  t^an 
prior,  antica  j  ûiterior.  Le  devant  d'un  lo^is,  ou  le 
corps  de  logis  Je  devant.  Le  devant  d'un  carroHe. 
Le  devj'it  d'un  cheval ,  d'r.n  pourpoint  j  d'une  per 
ruque ,  d'une  chemife.  Un  devant  d'autel.  Un  de- 
vant A'axx  tableau. 

On  dit ,  Aller  ^n-devant  Ae  quelqu'un  \  pour  dire. 
Aller  fur  le  chemin  attendre  qu'il  arrive  pour  lui 


procedere  obvlàm  àticui.  ToUle  la  ville  foïht  àll-^cxc-^ 
'vant  de  lui.  On  dit  fort  bien  allei?  âii-afèvdWi-  dé 
quelqu'un  ,  mais  on  ne  peut  point  dire  aU-rfdVâ/;ï 
des  murs  ,  comme  a  fait  Corneille  dans  PcIyeuiSé. 
On  va  le  recevoir  hors  des  murs  ,  2.\x-dcla  des  murs* 
Il  iignitie,  figurément ,  prévenir.  Il  f;mt  aller  aû- 
devant  du  mal  pour  y  remédier  ,  aller  2.\x-devant  des 
difficultés.  Quand  on  fait  qu'ui-wami  à  quelques  be- 
loin  :  il  faut  aller  •iM.-dcvant  ,  &  lui  épargner  k 
peine  de  demander. 

On  dit  aulii,  qu'un  homme  a  été  bleffé  par  de- 
vant, Adverfa  excepit  vulncra  \  pour  dire,  par  le 
devant  du  corps.  Il  eft  forti  par  û'eva/iZ'-,  pour  dire» 
par  la  principale  entrée  du  logis.  Priori  parte. 

On  dit,  en  Pratique,  Par  devant  les  Notaires  fouf- 
fignés.  Coràm  ,  in  prajèntia^  Un  contrat  par  devant 
Notaires.  Il  faut  aller  par  devant  le  Juge.  Par  devant 
n'eft  en  ufage  que  dans  ces  occahons:  c'eft  une  pré- 
poîîtion  de  ftyle  de  Palais. 

On  dit  J  prefque  en  même  fens ,  Couper  les  de- 
vants ,  prendre  les  devants  ;  non-feulement  au  pro- 
pre ,  pour  dire  ,  Prendre  le  pas  ,  ou  partir  devant 
un  autre  :  mais  encore  au  ligure ,  Prévenir  Sc  fe 
prccautionner.  Pr^vertere  ,  anteoccupare  aliquem  ^ 
prs.currere  alicui.  Cette  aftaire  auroit  mal  tourné 
pour  lui,  s'il  n'eût  pris  les  devants ,  8c  gagné  fes 
Juges. 

On  dit ,  proverbialement ,  aux  gens  qui  font  les: 
emprelfés  ,  Si  vous  avez  hâtCj  courez  devant.  On 
dit  d'un  homme  (flii  groftit ,  qu'il  bâtit  fur  le  devant. 
On   dit  aulîî.  Aller  au-devant  par  derrière,  pour 
aire  ,  Parvenir  à  fes  fins  par  quelque  détour. 
Devants,  f.  t,  pi.  On  appelle  Devants  une  certaine 
fomme  que  l'on  donne  à  dcpenfer  par  jour  à  quel- 
ques Commenfaux  ,  lorfque  la  Cour  va  en  cam- 
pagne, &   que  l'on  prend  fur   la  cadette.    Quatre 
valets  de-chambre  ,    deux  valets  de-garde-robe   Sc 
deux  Tapilîiers  qui  accompagnent  les  meubles  des 
deux  chambres  que  l'on  porte  à  la  fuite  du  Roi , 
ont  chacun  un  écu  par  jour  à  dépenfer  ,  que  l'on 
prend  fur  la  calïètte,  &  qu'on  appelle  les  Devants^ 
Les  Maréchaux  des-logis  qui  accompagnent  le  Roi 
quand  la  Cour  marche ,   ont  cent  fous  à  dépenfer 
par  jour  ,  qu'ils  appellent  aulii  pour  leurs  Devants. 
Devant  que,  Conjonction,  fignihe.  Auparavant. ^/^re- 
quan7  j  priùfquam.  Devant  que  de  fe   confelTer  ,  il 
faut  examiner  fa  confcience.  Devant  que  de  l'obli- 
ger à  faire  une  lâcheté ,  il  endureroit  mille  morts^ 
Ce  mot  n'eft  plus  en  ufage.  On  dit  en  fa  place 
avant  que.  Il  vient  de  de  Sc  ante.  Nic^.  Du  Cange 
témoigne  que  dans  la  balfe  Latinité  on  s'eft  fervi 
du  m,->t  de  deantea  ;   pour  dire ,  devant.  Montieur 
de  Vaugelas  approuve  qu'on   dife  indiftéremmenc 
devant  que    de  mourir  ,  ou    avant  que  de   mourir. 
Mais  d'habiles  gens  ont  de  la  peine  à  fouftrir  devant 
que  J  fur-tout  quand  il  eft  joint  avec  un  nom  ;  car 
alors  ,  il  fignifie  ,  En  préfence  ^  Se  comme  il  n'eft 
point  une  prépofition  de  temps,  il  n'eft  point  per- 
mis de  le  confondre  avec  avant.  Ainfi  le  vrai  ufa- 
ge du  mot  devant  eft  de  fignifier ,  En  préfence  ;  Se 
l'on  évitera  beaucoup  d'ambiguité  en  ne  l'employant 
que  dans  ce  fens-là.  Corn.  • 

DEVANTEAU.  f  m.  Vieux  motj  qui  fignifioit  au- 
trefois tablier,  Sc  qui  n'eft  plus  en  ufage  que  par-    ■ 
mi  le  petit  peuple  3  qui  dit  aufti  devantier.  Tegmcn 
vefiium  involucre. 
DEVANT-HIER.  Le  jour  de  devant  la  veille,  le  pé- 
nultième jour.  Nudim  tertius.  Il  n'eft  plus  de  bel 
ufage,  il  faut  dire.  Avant-hier.  Ménage. 
DEVANTIER.  f.  m.  Voy.  Devanteau. 
DEVANTIERE.  f.  f.  Sorte  de  long  tablier  ou  de  /u' 
pe  fendue  par  derrière  ,   que  les   femmes  portent 
quand  elles  montent  à  cheval,  jambe  de-cà  j  jambe 
d-li. 

DEVANTURE,  f.  f.  En  bâtiment ,  c'eft  le  devant  d'un 
fiége  d'aifance  de  pierre  ,  ou  de  plâtre  ,  d'une  man- 
geoire d'écurie ,  d'appui ,  Sec.  Pars  canalis  antica. 


faire  honneur,  ou  pour  quelque  autre  caufe.  /re  ,i  DEVANTURES.  Plâtres  de  couverture  quife  mettent 


194  D  E  V 

au-devant  des  fouches  de  cheminée  pour    raccor- 
der les  ailles,  &  les  ardoifes. 

DEVASTATION,  f.  f.  Dcfolacion  d'un  pays.  Faflatio, 
depopulado  j  auepao.  Il  ne  fe  dit  guère  que  de  ces 
inondations  de  Barbares  qui  ont  autrefois  dcfolé  les 
Provinces  d'Occident,  des  Goths ,  des  Vandales, 
&c.  En  ce  fens  ©n  la  trouve  dans  de  bons  Hifto- 
nens.  Depuis  la  iévajiaûor,  de  l'Amérique  j  les 
Efpagnols ,  qui  ont  pris  la  place  de  fes  anciens 
habitans ,  n'ont  pu  la  repeupler  Montesquieu. 

DEVASTER,  v.  a.  du  Latin  ievoftar"..  Dépeupler  ,  dé- 
foler  par  tous  les  maux  qu'entraîne  après  foi  la 
guerre.  Steuibok  ,  Général  Suédois  j  répondit  qu'il 
ne  s'étoit  porté  à  ces  extrémités  que  pour  appren- 
aux  ennemis  du  Roi  ion  Maure  à  ne  plus  faire  une 
guerre  de  Barbares  j  &  à  refpeder  le  droit  des 
gens  ;  qu'ils  avoient  rempli  la  Poméranie  de  leurs 
cruautés ,  dcvafté  cette  belle  Province ,  &  vendu 
près  de  cent  milie  habitans  aux  Turcs  :  que  les 
flambeaux  qui  avoient  mis  Altena  en  cendres  écoient 
les  repréfailies  des  boujets  rouges  par  qui  Stade 
avoir  été  confumée.  . . .  A/,  c/e  KoUaire  ,  Hiji.  de 
Charles  XII ,  Rot  de  Suéde.  Un  tel  exemple  ,  joint 
à  l'autorité  de  l'Académie  Françoife  qui  a  mis  de- 
vajierà3.ns  fon  Diétlonnaire  ,  ne  lailfe  aucun  doute 
fur  la  valeur  de  ce  terme. 

DEVAUTRAIN.  f.  m.  Vieux  mot,  qui  fignihe  devan- 
cier.   Unus  e  Mdjoribus  j  Majores. 

DEUCALÉDONIEN.  C'eft  la  niÉme  chofe  que  Ca- 
lédonien. Voyez  ce  mot. 

DÉVE  j  ou  DESVE,  ée.  Vieux  mot,  qui  veut  dire 
la  même   chofe  que  difyoye.  _ 

DÉVEER.  v.  a.  Vieux  mot,  qui  lignifie.  Défendre, 
refujer.  Vecare ,  negare  ,  denegare.  Aifemens  com- 
muns ne  doivent  être  dévéis  à  nuUi.  De  Beuî.ian. 
Ce  mot  vient  de  dcvetarc  ,  qu'on  avoit  formé 
dans  le  temps  de  la  balle  Latinité  de  vetare  ,  déjen- 
dre. 

|3*DÉVELOPPANTE.  f.f.  Terme  de  Géométrie,  dont 
quelques-uns  fe  fervent  pour  exprimer  une  courbe 
réfultante  du  développement  d'une  autre  courbe  j 
par  oppofition  à  devdoppie ,  qui  eft  la  courbe 
qui  doit  être  développée.  Encyc. 

DÉVELOPPÉE,  f.  f.  Terme  de  l'Analyfe  nouvelle  , 
ou  de  l'Analyfe  des  infiniment  petits.  Evoluca.  C'eft 
une  ligne  fur  laquelle  un  fil  appliqué  y  &  tendu 
enfuite  en  tangente  ,  étant  développé  ,  décrit  une 
autre  courbe.  Huygens  ,  invenieut  de  la  développée, 
dans  fon  hcrologïum  ofci/Iatorium ,  appeWs  evoluca, 
développée  la  courbe  fur  laquelle  le  fil  eft  appli- 
qué ,  &  celle  que  le  fil  décrit  par  fon  développe- 
ment. Curva  ex  evolutione  defcripta. 

Une  courbe  quelconque  étant  conçue  comme 
enveloppée  d'un  hl  dans  toute  fon  étendue  ,  li  l'on 
prend  une  des  extrémités  de  ce  £1 ,  &  qu'on  l'éten- 
de  en  ligne  droite  en  le  déroulant,  de  manière! 
que  par  fon  extrémité  il  foit  toujours  une  tangente  | 
de  la  courbe  ,  il  décrira  par  fon  autre  bout  une 
autre  couibe  ,  par  rapport  .à  laquelle  la  première  \ 
eft  appelée  la  développée.  La  portion  du  fil  compri- 
fe  entre  un  point  quelconque  dont  elle  eft  tangente 
fur  la  développée  ,  &  le  point  corrcfpondant  où 
elle  fe  termine  fur  la  courbe  nouvelle,  s'appelle 
le  rayon  de  la  développée.  Ce  rayon  de  la  développée 
eft  toujours  perpendiculaire  à  la  courbe  nouvelle  j 
tandis  qu'il  eft  toujours  tangente  de  la  première, 
qu'on  peut  nommer  génératrice.  Acad.  1701  , 
HlJl.p.Si. 

Si  l'on  conçoit  qu'une  ligne  courbe  quelconque  , 
concave  vers  le  même  côté  j  foit  enveloppée  ou  en- 
tourée d'un  fil  3  dont  l'une  des  extrémités  foit  fixe  j 
&  l'autre  foit  tendue  le  long  de  la  tangente ,  &  que 
l'on  faffe  mouvoir  cette  extrémité  en  la  tenant  tou- 
jours tendue  ,  &  en  développant  continuellement 
la  courbe  (que  le  fil  entoure.  )  Il  eft  clair  que  l'ex^ 
trêmité  (du  fil  qui  fe  meut  ainfi)  décrira  dans  ce 
mouvement  une  (  autre  )  ligne  courbe.  Cela  fuppo- 
fé,  la  piemière  courbe  (  qui  étoit  enveloppée  du 
fil)  fera  nommée  la  développée  de  la  féconde  cour- 


D  E  V 

be  ,  (  ou  de  la  courbe  décrite  par  l'extrémité  mo- 
bile du  fil.  )  Les  parties  droites  du  fil  (  qui  font  plus 
grandes  à  mefure  qu'il  fe  développe  )  feront  nom- 
més les  rayons  de  la  développée.  De  l'Hopit. 

DÉVELOPPEMENT.!",  m.  Les  Architeétes  appellent 
développement  de  dellein  ,  la  repréfentation  de  tou- 
tes les  races,  profils,  &  parties  du  dellein  d'un  bâ- 
timent. i;'.v/^/^tiir/ci.  On  appelle  aullij  Faire  le  déve- 
loppeniem  d'une  pièce  de  trait,  fe  fervir  des  lignes 
de  l'épure  pour  en  lever  les  diftérens  panneaux. 
Développement  eft  aulli  l'extenfion  des  fui  faces  qui 
enveloppent  un  voulfoir  ou  une  voûte  dont  les  par- 
ties contigues  font  rangées  de  luite  lut  une  furlace 
plane.  Le  développement  dans  un  épure  ordinaire 
eft  l'extenlion  de  la  doêle  ,  lur  les  divifions  de  la- 
quelle on  ajoute  les  figures  des  panneaux  de  lit. 
Frezier.  Quelques  ouvriers  peu  inftruits  ,  comme 
Blanchard  dans  fon  traité  de  la  coupe  des  Bois, 
entendent  par  le  mot  de  développemment  la  ligne 
courbe  ,  &  quelquefois  l'angle  naturel  qui  eft  re- 
préfenté  en  raccourci  dans  la  projeétion.  Ainfi  il 
dit  qu'un  tel'angle  eft  le  développement  d'une  telle 
ligne  ,  qui  en  eft  le  profil ^  ou  la  projeétion  hori- 
fontale.  Idem. 

§C?  Ce  mot  s'emploie  de  même  au  figuté ,  le 
développement  d'un  (yftème. 

§3"  Développement  ,  en  Géométrie,  eft  l'aélion  par 
laquelle  on  développe  une  courbe  ,  &  on  lui  lait 
dé;.rire  une  développante. 

DEVELOPPER,  v.  a.Oter  l'enveloppe  qui  cache  quel- 
que chofe  ,  déployer  ce  qui  eft  enveloppé.  ExplicarSy 
evoLvere.  Il  faut  développer  toutes  fes  hardes  en  paf- 
fant  aux  Douanes. 

DÉVELOPPER  ,  fe  dit ,  figurément  ,  d'une  chofe  qu'on 
ne  peut  pas  faifir  d'un  coup-dœil  ,  parce  que  les 
idées  qu'elle  renlerme  y  lont  exprimées  d'une  ma- 
nière trop  fenée.  Développer  une  propofition.  Ce 
Rapporteur  a  bien  développé  l'aftaiie.  Une  penfce  , 
pour  être  délicate,  ne  doit  pas  être  trop  développée, 
Voye\  Expliquer  &  éclaircir. 

On  le  dit,  dans  le  même  fens  qu'au  propre ,  des 
qualités  j  de  l'efpiit ,  des  talens ,  &;c.  Pour  s'infinucc 
dans  l'efprit  des  hommes  il  faut  les  aider  à  développer 
leurs  talens  ,  &  leur  faire  trouver  plus  d'efprit  qu'ils 
n'en  ont  naturellement.  Bell.  Le  Duc  de  Bouillon 
fut  long  temps  à  fe  développer ,  &  demeutoit  aftez 
renfermé  en  lui-même.  De  Lanclade. 

DÉVELOPPER  j  fe  dit  aufli  chez  les  Artifans,  quand 
ift  dégrolliirent  du  bois  j  ou  de  la  pierre  ,  pour  leur 
donner  la  taille  ou  la  difpofition  néceftaire  pour 
les  placer ,  ou  en  faire  quelque  ouvrage.  Minuere^ 
ïmmïnuerc.  Développer  fe  dit  aufli  lorfqu'on  rappor- 
te fur  un  plan  les  différentes  faces  d'une  pierre ,  ou 
les  parties  d'une  voûte. 

Développé  ,  ée.  part.  &  adj.  Explïcatus.  Dieu  n'exige 
point  des  hommes  une  préférence  d'amour  diftinfte 
&  développée.  Fénel. 

DEVELTO.  Ville  de  Turquie ,  fituée  aux  confins  de 
la  Bulgarie  &  de  la  Remanie  ,  fur  la  rivière  de  Pa- 
viza.  Develtum  ,  Deultum.  C'eft  une  ancienne  ville 
de  Thrace  ,  dont  patient  Ptolomée  &  Pline  ,  Liv. 
IV,  c.  II.  Develto  a  eu  un  Evêque  fufFragant  d'An- 
drinople.  Long.  45.  d.  8'.  lat.  41.  d.  3  3'. 

DEVENER.  v.  a.  Vieux  mot.  Dévider  du  fil  fur  un 
dévidoir. 

DEVENIR,  v.  n.  Je  deviens  ,je  devins ,  je  fuis  devenu, 
je  deviendrai ,  que  je  devienne  ,  je  deviendrais ,  que 
je  devinffe.  Changer  d'état ,  commencer  à  être  ce 
qu'on  n'ctoit  pas.  Fieri ,  evadere.  Les  cerifes  devien- 
nent rouges  en  muriiïant.  Cette  fille  devient  tous 
les  jours  plus  belle  ,  plus  grande.  Il  eft  devenu , 
maigre  ,  impuilTant ,  &c.  Aétéon  devint  cerf  à  la  vtie 
de  Diane. 

Ce  mot  vient  de  devenire.  Nicot. 

Devenir  ,  fe  dit  dans  le  même  fens  en  chofes  mora- 
les. On  devient  fage  avec  l'âge  &  l'expérience.  De 
libre  qu'il  étoit  il  eft  devenu  efclave.  Il  eft  devenu. 
Préfident  par  fon  grand  mérite.  Il  eft  devenu  pâle 
•&  froid  en  apprenant  cette  nouvelle.  L'homme  veut    • 


DE  V 

naturell<^ment  être  heureux  ;  mais  il   ne  fait   pas 
le  devenir.  S.  EvR. 

ÇyT  II  eft  à  propos  de  remarquer  avec  M.  de  Vol- 
taire que  ce  mot  devenir  ne  peut  convenir  qu'aux 
affedlions  de  Tame.  On  devient  ioihh ,  malheureux  , 
hardi,  timide,  &c.  Mais  on  ne  devient  pas  forcé 
àj  réduit  à  .  . .  cela  n  ell  pas  François. 

1)3" On  dit  communément,  pour  marquer  l'in- 
certitude où  l'on  eft  du  luccès  d'une  affaire  ,  de  ce 
qui  doit  arriver  ;  je  ne  fais  ce  que  deviendra  cette 
affaire.  Et  à-peu-près  dans  le  même  fens  :  que  de- 
viendront tant  de  conférences ,  de  négociations  .''  Où 
aboutiront-elles  ? 

§Cr  On  dit  à  un  ami  :  que  devenci-wows  ?  c'eft- 
à-dire,  où  allez-vous?  Que  voulez- vous  devenir  ? 
Quel  parti  voulez-vous  prendre  ?  Toutes  les  vani- 
tés du  monde  deviennent  à  rien  ,  c'ell-à-dire  ,  le  ré- 
duilent  à  rien. 

On  dit  ,  proverbialement  ,  devenir  d'Evêque 
Meunier  ^  pour  dire,  qu'un  homme  eft  bien  déchu 
de  condition ,  qu'il  eft  palfé  d'une  belle  charge  à 
une  qui  eft  au-deilous.  On  dit  aulli ,  cela  me  fera 
devenir  fou ,  pour  dire ,  Cela  me  donnera  bien  de 
la  peine  ,  me  fera  enrager. 

Devenu  ,   ue.  part.  &  adj.  Faclus. 

DEVENTER.  v.  a.  Terme  de  Marine.  Déventer  les 
voiles,  c'eft  ôter  le  vent  de  dellous  ou  de  dedans  une 
voile  ,  en  la  manœuvrant  ,  &  la  faifant  ralinguer 
ou  battre.  Complicare  ,  conjîringere  vêla. 

DÉVANTER.  Ville  des  Pays-Bas  ,  dans  les  Provin- 
ces-Unies. Deventria.  ,  Davantria.  Elle  eft  dans 
rOveriffel  ,  fur  la  rivière  d'Ilfel.  Devanter  eft  le 
fiège  d'un  Evêque  fufFragant  d'Utrecht.  Long.  23. 
d.  4/.  lat.  51.  d.    18'. 

DÉVERGONDER,  v.  a.  Violer,  ravir  l'honneur  d'uns 
femme  ou  d'une  fille  par  violence  ou  par  fuper- 
cherie-  Viùum  virgini  injerre.  Ce  mot  eft  vieux  , 
&  n'eft  uficé  qu'au  participe.  Lorfque  Jean.de  Ca- 
rouge  fut  près  de  fe  battre  en  duel  contre  Jacques 
le  Gris,  ainlî  qu'il  avoit  été  ordonné  par  le  Parle- 
ment de  Parisj  il  s'adrelTa  encore  une  lois  à  fa  femme  j 
&  voulut  favoir  pofitivement  fi  elle  ne  s'étoit  point 
trompée  j  &  fi  véritablement  Jean  de  Carouge  étoit 
coupable  du  crime  qu'elle  lui  imputoit  :  elle  lui 
répondit  en  ces  termes  ,  dit  Froiffard  :  Combattez  , 
combattez  j  mon  mari,  Jacquet  m'a  dévergondée. 

DÉVERGONDÉ,  ée.  adj.  &  fubft.  qui  vit  fans  pu- 
deur ,  qui  mène  publiquement  une  vie  libertine. 
Inverecundus  ,  Ucenciofus.  Cet  enfant  eft  un  libettin  , 
un  dévergondé.  Les  filles  de  joie  font  dévergondées. 
On  a  dit  autrefois,  Se  dévergonder,  dans  le  même 
fens ,  fe  permettre  des  chofes  trop  libres  &  indé- 
centes. 

Plus  qu'une  femme  elle  fe  dévergonde.  Bens. 

Ménage  dérive  le  mot  de  dévergondé  de  devercon- 
diatus  ,  qui  a  été  fait  de  devercondiare  ,  comme 
devirginare.  Il  vient  plutôt  du  vieux  mot  Celtique 
&  Bas-Breton,  qui  fignifie  impudent.  Dévergondé  n'eft 
que  du  ftyle  familier. 

DEVÉRGUER.  Terme  de  Marine  ,  ôter  les  voiles 
qui  font  en  vergues. 

DEVERRA.  f.  f.  terme  de  Mythologie.  DéelTe  du 
Paganifme.  Deverra.  On  ne  fait  de  cette  Divinité 
que  ce  qu'en  dit  S.  Auguftin  au  VF  Livre  de  la 
Cité  de  Dieu ,  C.  9.  ou  plutôt  ce  qu'il  en  rapporte 
de  Varron.  Les  Anciens  croyaient  que  le  Dieu  Syl- 
vain enttoit  la  nuit  dans  les  maifons,  fe  mettoit  fur 
le  corps  des  gens  pendant  leur  fommeil ,  &  les 
accabloit  de  Ion  poids.  Ainfi,  quand  une  femme 
étoit  groffe,  de  crainte  que  Sylvain  ne  la  vînt  ain- 
fi incommoder  ,  on  la  mettoit  fous  la  garde  de  trois 
Divinités ,  Intercidon  ,  ou  ,  félon  Vivez  ,  Interci- 
dona,  Pilumne  &  Déverra.  La  cérémonie  s'en  fai- 
foit  en  cette  manière.  Pour  défigner  ces  trois  Di- 
vinités gardiennes  ,  trois  hommes  faifoient  la  ron- 
^e  autour  de  la  porte  de  la  malfon  pendant  la  nuit, 
*  il  frappoient  le  feuil  de  la  porte  d'abord  avec  une 


DEV  ^9^ 

coignee  j  enfuite  avec  un  pilon  ,  ^c  enfin  ils  la  net- 
toyoient  avec  un  balai  ,  afin  que  le  Dieu  Sylvain, 
voy.ant  ces  trois  marques,  n'approchât  point  de  cette 
mailon  ,  qu'il  concevoir  par-là  être  fous  la  protec- 
tion de  ces  trois  Diyinués  :  car,  ajoute  S.  Auguftin, 
Intercidon  eft  ainfi  nommé  ,  de  l'incifion  d'une 
coignée,  a  fecuris  interfeclione  ■.,V\\viVt\nw% ,  du  mot 
fdum,  pilon  ,  &  Deverra  a  fcopis ,  d'un  balai  avec 
lequel  on  balaie  la  maifon.  Pat  où  l'on  voit  que 
Déverra  étoit  la  Déefi'e  qui  préfidoit  à  la  propreté 
des  maifons ,  &  que  ce  mot  avoit  été  fiic  de  àc- 
verrere  ,  balayer. 

DÉVERRONA.  f.  f.  Nom  d'une  DéelTe  de  l'antiqui- 
té payenne.  Deverrona.  Vofiius  ,  De  Idololaa.  L. 
H.  C  61.  appelle  ainii  une  Déelfe  que  l'on  invo- 
quoit  quand  on  entalFoit  le  bled ,  parce  qu'alors 
il  faut  balayer;,  mais  je  ne  fais  s'il  faut  !a  diftinguer 
de  Déverra ,  dont  nous  avons  parlé ,  Se  fi  Volfius 
ne  s'eft  point  trompé.  La  différence  des  fondions 
que  l'on  atttibue  à  ces  deux  Divinités  j  dont  l'une 
préfidoit  à  la  naiflance  des  enfans  ^  &  l'autre  à  ia 
récolte  des  bleds  ,  ne  permer  pas  de  les  confondre. 
Ces  deux  mots ,  Déverra  ôc  Deverrona  i  viennent 
de  deverrerc  ,  balayer. 

DÉVERROUILLER,  v.  a.  Ouvrir  les  verrous  d'une 
porte  qu'on  avoit  fermée  aux  verrous ,  ou  en  ôtec 
les  verrous  tout-à-fait.  Removere  pejfulum. 

DEVERS.  Prépofition  relative  au  temps ,  ou  au  lieu 
dont  on  parle.  Verfus.  Devers  la  ToulFaints  je  vous 
paierai.  Il  a  bien  plu  devers  Paris. 

Celui  qui  maintenant  devers  nous  efl  venu , 
D'où,  vous  efl- il  connu  ?  Mol. 

Ce  mot  vient  de  Verfus.  Nicot.  Il  a  vieilli  ,  &: 
ne  peut  plus  trouver  d'ulage  que  dans  le  langage 
le  plus  bas.  En  fa  place  on  le  fert  de  la  prépofition 
vers.  Vaug.  La  prépofition  devers  n'eft  plus  guère 
en  ufage  que  pour  exprimer  le  retour  d'un  heu  ; 
mais,  dans  cette  acception,  il  faut  qu'elle  foit  précé- 
dée de  la  prépolition  de  ,  comme  de  devers  quel 
endroit  venez-vous?  de  devers  les  Princes  d'Alle- 
m.agne.  L'Ab.  Régn. 

Par  devers.  Prépofition  qui  n'a  guère  d'ufage  qu'avec 
les  pronoms  perfonnels  j  &  qui  fert  à  mr.rquec 
la  polTeflîon.  Apud.  Il  a  retenu  tous  les  papiers  par 
devers  lui.  On  dit,  en  termes  de  Pratique,  Se  reti- 
rer par  devers  un  Juge,  fe  retirer /"^zr  devers  le  Roi , 
pour  obtenir  des  lettres^  pour  dire.  Se  pourvoir 
par  devers  lui.  Cette  prépofition  n'eft  guète  que  du 
ftyle  familier,  &  du  ftyle  de  Pratique. 

|CF  DÉVERS  j  ERSE.  adj.  Terme  d'ouvriers  en  bâti- 
ment ;  fe  dit  de  tout  ce  qui  eft  penché,  qui  n'eft 
pas  pofé  à  plomb.  Inverfus.  Mur  dévers  j  pièce  de 
bois  déverfe. 

Dévers  eft  fouvent  employé  comme  fubftantif.  Les 
Charpentiers  piquent  ou  marquent  du  bois  fui- 
vant  fon  dévers  j  pour  dire  j  fuivant  fa  pente  ou 
gauchiftement. 

DÉVERSER.  V.  a.  Terme  de  Charpentier.  Invertere, 
Déverfer  une  pièce  de  bois,  c'eft  la  pencher ,  l'in- 
cliner. 

§C?  Ce  mot  eft  plus  fouvent  neutre  &  fignifie 
pencher  ,  incliner  ,  n'êtte  pas  pofé  à  plomb.  Ce 
mnt  déverfe. 

^  DÉVERSÉ ,  ÉE.  patt.  On  appelle  bois  déverfé ^ 
du  bois  qui  eft  gauche. 

fp^  DEVERSOIR,  f.  m.  L'endroit  de  la  conduite  de 
l'eau  d'un  moulin ,  où  elle  fe  perd,  quand  il  y  en 
a  trop  ,  par  le  moyen  d'une  vanne.  \cad.  Fr. 

DEVEST.  f.  m.  Terme  de  Coutume.  On  joint  ordi- 
nairement ce  mot  avec  celui  de  vf/?  ;  vejl  Ik  déveft. 
Déveft  veut  dire  défaifine ,  comme  vtft  veiir  dire 
faifine.  Droit  de  vefl  &  déveft,  c'eft  droit  de  faifi- 
ne  &  de  défaifine  en  aliénation  d'fiéritaoe  cenfuel. 

Le  mot  de  déveft  vient  de  deveftire.  Dévêtir ,  dé- 
pouiller,  tranfmettre  à  un  autre  la  propriété  &:  pof- 
fefiion. 

DÉVESTIR.  V.  a.  &•  mieux  DÉVÊTIR.  Oter  fes  vête- 


zc,6  D  E  V 

mens.  J'ejieni  exuere.  Il  eft  allé  devêùr  Ca  robe  pour 
le  mettre  en  habit  court.  Un  Prêtre  qui  a  célébré 
ie  va  dévctir  à  la  Sacrifie.  Il  ne  faut  fe  devêcir  tout- 
à-fait  que  quand  on  veut  fe  -coucher.  On  ne  le  dit 
guère  qu'avec  le  pronom  perlbnnel. 

Ce  mot  dévccir  vient  de  dcvejïire  ,   qui  fe  trouve 

dans  la  ba(Te  Latinité.  Voyez  les  Miracles  de  Sainr- 

Ambroile  de  Sienne  rédigés  par    écrit  au  Xllle. 

liécle.   Inftrumeiuum   XX}  IIL  dans  les  Au.  Sancl. 

Mart.  T.  m. p.  2  10.  A.  On  le  trouve  auOi  dans 

Thomas  Walfinohan,  au-bien  que  pUi/ieuxs  autres 

mots  femblables  que  l'on    peut   voir  dans  Gérard 

VofliuSj  De  l'u'ns  Scrm.L.  IV.C.  G.  comme  l'ont 

remarqué  les  Bollandiftes  à  l'endroit  cité. 

DÉVÊTIR,  fe  dit  tigurément  en  Pratique.  Domïnium 

rei  alicujus  abdicare.  Dans  un  contrat  de  donation  , 

ou  de  vente,  on  dit  qu'un  donateur  ou  un  vendeur  j 

■  s'eft  delfaifi  &  dévêtu  de  la  propriété  de  fes  biens , 

d'un  tel  héritage;  pour  dire,  qu'il  les  a  cédés  & 

abandonnés  au  donataire  &  à  l'acquéreur  ,    qu'il 

l'en  a  failî  &  revêtu,  &  mis  en  polfellion. 

Dévêtu  ,  ue.  part.  &  adj.  Exutus  vejle. 

DÉVÊTISSEMENT.  f.  m.  Terme  de  Jurifprudence. 

Aélion  de  fe  démettre,  de  fe  dépouiller  defon  bien, 

d'en  tranfmettre  à  un  autre  la  propriété  &  poffef- 

fion.  C'efl  la  même  chofe  que  déveft.  Abdkcuio.  La 

démiffion  eft  un  dévtuQemcnt  général  que  les  pères 

&;  mères  font  de  tous  leurs  biens  en  faveur  de  leurs 

enfans.  C.  B. 

DEUGiES.  f.  f.  Vieux  mot.  Joues  ou  gencives.  Borel 

dit  que  ce  mot  femble  auliî  vouloir  dire  maniables. 
^  DEVIATION.  C'eft  en  général  l'adion  par  la- 
quelle un  corps  fe  détourne  de  fon  chemin  ,  s'écarte 
de  fa  direciion  ou  de  fa  pofition  naturelle.  C'eft  dans 
ce  fens  qu'on  emploie  ce  mot  en  phyhque.  Dcdina- 
tio  ^  defiexio.  La  déviation  efl:  un  changement  de 
diredtion.  Il  n'eft  point  arrivé  aux  luîtes  de  ces 
triangles  de  déviation  fenfible.  Exam.  des.  Qui  ne 
voit  que  tous  les  raifonnemens  qu'on  peut  faire  fur 
la  déviation,  que  la  force  centrifuge  caufe  dans  la 
direélion  de  la  gravité  tombent  d'eux-mêmes,  dès 
qu'on  ignore  qu'elle  eft  la  direction  primordiale  de 
la  gravité?  Idem.  On  peut  démontrer  qu'il  feroit 
aifé  de  £ùre  plufieurs  hypothèfes  de  gravité  dans 
chacune  defquelles  la  ligne  à  plomb  n'auroit  aucune 
déviation ,  &  feroit  par  tout  perpendiculaire  à  la  fur- 
face  de  la  terre,  quoique  cette  furlacefût  celle  d'un 
fphéroïde  alongé  par  les  pôles.  Idem. 

^fT  Les  anciens  Aftronomes  appeloient  auffi 
déviation ,  le  mouvement  par  lequel  le  défécenc  ou 
l'excentrique  d'une  planète  s'approchoit,  félon  eux, 
de  l'écliptique.  Aberratio.  Foye^  Déférent  & 
Excentrique. 
lier  DEVIDEIl.  v.  a.  Mettre  du  fil  ou  de  la  foie , 
&CC-  en  écheveau  ,  ou  en  peloton,  de  peur  qu'il  ne 
fe  mêle.  On  dit  dévider,  poui  mettre  en  écheveau  le 
fil  qui  eft  fur  le  fufeau,  &  pour  mettre  en  peloton 
celui  qui  eft  en  écheveau.  Les  fileufes  dévident 
(mettent  en  écheveau)  le  fil  qu'elles  ont  filé.  Les 
devideufes  dévident  (mettent  en  peloton)  le  fil,  la 
foie ,  &c.  qui  eft  en  écheveau.  Evolverc.  Perfonne 
n'a  blâmé  Jacques,  Roi  de  Chipre  ,  de  ce  ciu'il 
s'atnufoit  d  dévider  j  lanea  gLomer are  fila,  dit  Corte- 
fuis.  Mascur. 
Dévider  une  fourbe.  Cette  niauvaife  locution  fe 
trouve  dans  Mézerai,  pour  découvrir,  développer 
une  fourbe.  Detegere ,  explicare  fraudcm ,  dolum. 

On  le  dit,  figurcment  &c  baflement ,  de  ceux  qui 
parlent  trop  j  &  qui  content  beaucoup  d'hiftoires  ou 
de  nouvelles  en  peu  de  temps.  Cet  homme  en  dévide 
beaucoup  \  mais  il  ne  faut  pas  croire  tout  ce  qu'il 
dir. 

Ce  mot  vient  de  devidere.  Mén. 

On  dit,  au  Manège,  qu'un  cheval  dévide,  lorfque, 

maniant  fur  les  voltesj  fes  épaules  vont  trop  vite, 

&  que  la  croupe  ne  fuit  pas  à  proportion  ,  enforte 

qu'au  lieu  d'aller  de  deux  piftes,  il  n'en  marque 

.  qu'une. 

DEVIDEUR ,  KU5E.  f.  m.  &  f.  Ouvrier  qui  dsvide  des 


D  E  V 

fils,  des  laines,  des  foies,  foit  en  ccheveaux ,  foit  en 
pelotons.  Staminti  globi  verforius  artifex. 
DÉVIDOIPs..  1.  m.  Inltrument  qui  tourne  fur  un  pivot 
avec  des  ailes,  qu'on  étend ,  ou  qu'onrellerre  comme 
on  veut,  fur  lefquelles  on  met  l'écheveau  du  fil 
qu'où  veut  dévider.  On  l'a  appelé  en  Latin  devolu- 
torium.  Il  y  a  diftérentes  fortes  de  dévidoirs  pour  les 
diftérens  ouvriers. 

Les  Chevaliers  du  dévidoir.  Ordre  militaire,  ou 
plutôt  Compagnie  de  gens-d'armes  à  Naples.  Equités 
a  Girgillo  dicli.  Après  la  mort  de  Charles  III.  Duc  de 
Durazzo  &  Fvoi  de  Naples ,  &  pendant  la  minorité 
de  Lauiflas  fon  fils  j  «Se  la  Régence  de  la  Reine  Mar- 
guerite, veuve  de  Charles,  Louis  d'Anjou  qui  pré- 
tendoir  que  le  Royaume  de  Naples  lui  appartenoit 
en  vertu  d'une  donation  de  Jeanne  I.  s'étant  emparé 
de  la  capitale,  vers  1 5b'8.  pour  la  défendre  contre  les 
vailfeaux  «Se  les  galères  de  la  Régente j  qui  s'étoic 
retirée  à  Gacte  avec  le  Roi  Ion  fils ,  il  fe  forma  une 
Compagnie  de  Napolitains  j  &  de  plufieurs  Gentils- 
hommes du  quartier  de  la  porte-neuve,  qui  s'uni- 
rent pour  la  détendre  avec  leurs  vaifieaux  &  brigan- 
tins  :  ^  cette  Compagnie  s'appela  la  Compagnie  du 
dévidoir  J  en  Italien  La  Compagnia  dell'  Argolaro  , 
&  en  langage  NapoUtain  û'e//'  Argata\  parce  qu'ils 
portojent  dans  leur  étendart  un  dévidoir  en  brode- 
rie d'or  fur  un  lond  rouge-  Ils  portoient  aulli  un 
dévidoir  lemblable  fur  le  bras  ou  le  côté  gauche. 
Cette  Compagnie  ne  dura  qu'autant  de  tems  que 
Louis  d'Anjou  hit  maître  de  Naples  ;  ainfi  elle  tom- 
ba bientôt.   ï'^cyei  l'Abbé  Juftiniani  ,  Hijlofia  de 
Tutti  gli  Ordini  Militari  e  Cavalier efchi  C.  61.  T.  IT. 
p.  702.  &fuiv.  Céfar  Caraccioli ,  dans  fa  Naples 
Sacrée,  Nicolo  Anielo  Pacca,  dans  fon  Hiftoire  de 
Naples,  leTerminio,  dans  fon  Apologie  des  trois 
illuftres  fièges  de  Naples,  &  le  Doéteur  Biagio  Aito- 
mare.  On  voit  encore  un  dévidoir  fur  un  marbre, 
qui  eft  fur  la  porte  du  Palais  de  Fabio  Caracciolo. 
DEVIE,   f.   f.  Vieux  mot.  Trépas.  Un  ancien  Pocte  a 
dit,  en  parlant  de  Dieu  : 

Qui  peut  tout  &foutient ,  &  gouverne  &  chevie. 
Veille  garder  nos  cœurs  jufques  à  la  dévie. 

De  la  particule  de  Se  du  mot  vie.  On  a  dit  aufîi 
dévié  J  pour  dire  forcené,  comme  étant  hors  de  la 
voie,  du  latin  deviare. 

DEVIER.  V.  n.  Mot  du  vieux  langage,  qui  a  fignifié, 
s'égarer,  mourir,  fortir  de  la  vie.  On  écrivoit  autre- 
fors  DESVIER. 

DEUIL,  f.  m.  Triftefie  qu'on  fent  dans  le  cœur  pour 
quelque  perte j  ou  quelque  accident,  ou  pour  la 
mort  de  quelque  perfonne  chère.  Lucius,  mœror.  On  a. 
témoigné  un  grand  deuil  par  toute  la  France  à  la  more 
de  ce  Prince,  de  ce  Miniltre  :  toute  la  Province  étoic 
en  deuil.  L'Eglife  fcmbla  refpirer  après  la  mort  de 
Julien  J  &  quitta  fes  habits  de  deuil.  Herman.  Je  ne 
fuis  en  deuil  que  pour  votre  abfence.Voii.  Seigneur, 
pourquoi  me  lailfez-vous  dans  le  deuil  &c  dans  la 
triftelle  fous  l'opprellîon  de  mes  ennemis?  Pcrt-R. 
Ménage  tient  que  ce  mot  vient  du  Latin  doleum^ 
qui  a  été  formé  de  doleo. 

Deuil  ,  eft  aulfi  l'habit  que  l'on  porte  pour  marquer  la 
trilleire  qu'on  a  dans  ces  occafions  fâcheufes.  Vefiis 
lugubris ,  veflimentum  funèbre.  Le  grand  deuil  fe  porte 
en  France  avec  du  drap  noir  fans  ornemens,  des 
manteaux  longs,  du  linge  de  Hollande  unij  &  du 
grand  crêpe  :  les  veuves  le  portent  avec  un  ban- 
deau &  un  grand  voile  de  crêpe.  Le  petit  deuil  fe 
porte  avec  ferge  ou  crépon,  Se  des  rubans  bleus  & 
blancs  mêlés  avec  du  noir.  Le  Roi  &  les  Cardinaux 
portent  le  deuil  en  violet.  En  Caftilie ,  à  la  mort  des 
Princes  J  on  fe  vêtoit  de  ferge  blanche  pour  porter  le 
deuil.  On  le  fit  pour  la  dernière  fois  en  l'année  1498, 
.à  la  mort  du  Prince  Dom  JeaUj  fils  unique  du  Roi 
Ferdinand  &  d'ifabelle,  comme  dit  Herrera.  A  la 
Chine  on  le  porte  avec  des  habits  blancs.  Il  dure  trois 
ans,  &  fait  vaquer  toutes  fortes  de  charges  &  de 
magiftratures.  En  Turquie  on  le  porte  en  bleu,  ou 
en  violet  \  en  Egypte  en  jaune ,  ou  en  feuille  morte  ;' 

en 


D  E  V 

çn  gris  chez  les  Ethiopiens;  en  noir  en  Europe  : 
mais  on  tend  de  blanc,  du  moi.ns  en  France,  pour 
les  filles  qui  ne  fonc  pas  marié*;  s.  Au  Pérou  on  le 
portoit  de  la  couleur  de  gris-da-fouris.  Rabelais  le 
tait  porter  en  verd.  Les  Dames  A  rgiennes  tk  Romai- 
nes portoient  le  deuil  en  blanc.  Mont.  Les  habits  de 
deuil  étoient  noirs  au  IV^  iiècle.  De  Tillem.  Hiji.  des 
Emu.  T.  V.p-  2.35.  Que  dis-je?  Dès  le  commence- 
ment du  IF  fiècle  Hadrien  hit  n<:uf  jours  habillé  de 
noir  pour  la  mort  de  l'Impératric  e  Plotine. 

Chaque  nation  croit  avoir  de  bonnes  raifons, 
d'avoir  choifi  une  certaine  couleu  r  particulière  pour 
marquer  le  deuil.  Le  violet,  étant  une  couleur  mêlée 
de  bleu  &  noir,  marque  d'un  côc  é  la  triftelle,  &  de 
l'autre  ce  qu'on  fouhaite  aux  morts,  c'eft-à-dire,  le 
féjour  du  Ciel  ;  ce  que  prétendent  .aulfi  marquer  ceux 
qui  portent  le  bleu.  Le  blanc  mai  que  la  pureté.  Le 
jaune  ou  feuille-morte,  tait  voir  cjue  la  mort  ell  la 
fin  des  efpérances  humaines  &  de  la  vie,  parce  que 
les  feuilles  des  arbres  quand  elles:  tombent,  &  les 
herbes  quand  elles  font  riétries,  deviennent  jaunes. 
Le  gris  lignifie  la  terre  où  les  morts  retournent.  Le 
noir  marque  la  privation  delà  vie,  parce  qu'il  eft 
une  privation  de  lumière. 

On  appelle  aufll  le  deuil ,  la  parenté  qui  affilie  à 
un  enterrement  vêtue  de  deuil.  Pompa  funebris.  C'eft 
toujours  celui  qui  eft  le  plus  qualifié  qui  mène  le 
deuil.  Funus  ducere. 
(gST  Deuil,  fe  dit  encore  de  la  dcpenfe  que  l'on  fait 
pour  acheter  tout  ce  qui  eft  nécelFaire  pour  prendre 
le  deuil.  On  donne  une  fomme  aux  veuves  pour  hur 
deuil.  Voy.  Donner  le  deuil ^  plus  bas. 

En  droit  on  appelle  l'année  de  deuil ,  l'année  de 
viduité,  pendant  laquelle  li  la  veuve  fe  remarie  j 
elle  perd  les  avantages  que  lui  a  faits  fon  mari.  Viaui- 
tatis  annus. 

§3*  Deuil,  fe  prend  généralement  pour  le  temps  que 
dure  le  deuil.  On  a  abrégé  les  deuils. 

^fF  On  le  dit  encore  des  étoffes  ordinairement 
noires,  dont  on  tend  une  chambre,  une  Egliife. 
Tendre  une  chambre  de  deuil -^  carrolFe  de  deuil. 
Acad.Fr. 

On  dit  j  donner  le  deuil,  chez  les  Grands ,  en  par- 
lant de  l'habit  qu'on  donne  aux  Officiers  &  domelfi- 
qucs  pour  porter  le  deuil  du  maître,  ou  de  l'argent 
qu'on  leur  donne  pour  ce  fujet.  Pullatam  vejtem  j 
pullats.  vejlis  pretium  largiri  ^  erogare.  On  appelle  un 
deuil  de  Cour ,  une  mode  qui  vient,  de  s'habiller  de 
^/ez^z/ dans  la  ville ,  parce  qu'on  le  porte  à  la  Cour 
pour  la  mort  de  quelque  grand  Prince.  Induere  vefiem 
pulLium  ob  mortim  viri  Principis.  Ainfi  on  a  dit  dans 
une  Comédie  : 

•^ujjl  fier  qu'un  bourgeois  qui  porte  un  deuil  de  Cour. 

On  dit,  proverbialement ,  le  deuil  fur  la  foffe; 
pour  dire,  exécuter  promptement  &  fur  le  champ 
une  partie  de  plaifir,  ou  payer  ce  qu'on  a  perdu  au 
jeu ,  ou  en  autres  femblables  occafions.  On  dit  aulîi 
qu'un  homme  porte  le  deuil  de  fa  Blanchiffeufe , 
quand  il  porte  du  linge  fale.  On  appelle  aulîi  un 
deuil  ]oytnx,  celui  qu'on  porte  d'une  perfonne  qu'on 
n'aimoit  guère,  ou  dont  on  hérite  beaucoup. 
DEVIN,  f.  m.  Devineresse  ,  f  f.  Quelques-unsdifenr, 
alfez  mal,  Devineur.  Celui  ou  celle  qui  découvre 
l'avenir ,  ou  que  l'on  confulte  pour  cet  effet.  J^ates , 
kariolus  y  divinus ,  conjeclor  ,  faci  iicus ,  mulier  fati- 
dica,  vaces  ,  hariola.  On  excommunie  au  Prône  tous 
les  Devins  &c  Devinereffes.  Tous  les  Aftrologues  & 
Devins  font  des  trompeurs  &  des  charlatans.  Les 
anciens  étoient  fort  infatués  de  leurs  Devins ,  Augu- 
res, Arufpices,  &c.  Dès  qu'une  populace  a  l'efprit 
frappée  d'une  vaine  image  de  Religion  ,  elle  obéira 
mieux  à  des  Devins  qak  fes  chefs.  Vaug.  Un  Devin 
avoir  prédit  à  Henri  II.  qu'il  feroit  tué  dans  un  com- 
bat fingulier.  P.  de  Cl. 
Un  Concile  de  Narbonne  en  589.  ordonne  que  les 
Tome  III, 


D  E  V 


19^ 


Devins  Se  Sorciers  foient  fuftigés  &  vendus ,  &  que 
le  prix  foit  donné  aux  pauvres. 

De  la  fin  de  nos  jours  ne  foyons  point  en  peine  : 
C'e/l  unj'ecret,  i^hiiis,  qui  neft  que  pour  les  Dieux, 
MepriJ'ei^  ces  Devins  dont  lajcience  vaine 
Se  vante  follement  de  lire  dans  les  deux. 

De  Valincourt. 

|Cr  Devin  ,  Prophete,confidérés  dans  une  fignificatioa 
fynonyme.  Le  Devin  découvre  ce  qui  eft  caché  :  le 
Prophète  prédit  ce  qui  doit  arriver.  La  divmatlon 
regarde  le  prélent.  La  prophétie  a  pour  objet  l'ave- 
nir. Syn.  Fr.  Un  homme  bien  inftruit,  &  qui  con- 
noît  le  rapport  que  les  figues  extérieurs  ont  avec  les 
mouvemens  de  l'ame,  palle  facilement  devant  le 
monde  pour  Devin.  Un  homme  fage  qui  voit  les 
conféquences  dans  leurs  principes  &  les  effets  dans 
leurs  caules.peutfe  faire  regarder  du  peuple  comme 
un  Prophète. 

Dans  ce  fens.  Devin  fe  dit  d'un  homme  habile, 
qui  par  fa  prudence  conjeéture  qu'line  chofe  doit 
arriver.  Sagax,  prxfigus.  Celui  qui  a  prédit  que 
cette  fcdition  ,  cette  guerre  j  cet  accord  ne  dureroit 
pas ,  a  été  bon  Devin. 

On  le  dit  de  même  de  ceux  qui  découvrent  une 
chofe  obfcure.  Il  faut  être  Devin  pour  découvrir  le 
mot  d'une  énigme  fi  cachée.  Il  faut  être  Devin  pour 
entendre  lesécnts  de  tous  les  Chimiftes.  Il  faut  qu'il 
foit  Devin  pour  avoir  découvert  que  j'avois  caché  la 
mon  argent;  Divinum  eU'e oportet,  qui ,  à'c. 

IK?  Ce  mot  vient  de  divinus ,  latin  ,  dont  les  an- 
ciens ont  ufé  en  cette  fignification.  Ménage. 

DEVINATION.  f.  f.  Ce  mot  ne  fe  dit  pas.  roye^ 
DIVINATION. 

DEVINE,  f  f.  Devinereffe;  celle  qui  devine.  Hariola ^ 
mulier/atiJica.Je  ne  fuis  m  forcière ,  mdeii/:e.  ScAR, 
fer  On   du   plus  ordinairement  devi/^crelje  ,  ÔC 
l'autorité  de  Scarron  n'elt  pas  d'un  grand  poids. 

DEVINER,  v.  a.  Prédire,  pronoftiquer  ce  qui  doic 
arriver.  Divinare,  karioiarij  vaticinari. 

D....  avoit  prédit  d'un  Prince  la  nflijjance  ; 
Et  moi  j 'uvois  prédit  que  ,  dès  quUJeroit  né. 
Médians  vers  on  verrait paroître  en  abondance  : 
Nous  avons  tous  deux  deviné. 

Deviner  ,  fignifie  auffi ,  découvrir  une  chofe  cachée, 
obfcurê  &  inconnue,  en  juger  par  voie  de  conjec- 
ture. Detegere,  indagare ,  explicarc.  Deviner  une 
énigme.  lia  t^cvwt;  ma  penfée.  Les  Philofophes  paf- 
fent  leur  vie  à  <^ev/.'2dr,  bc  à  cheicher  comment  I2 
nature  remue  toutes  les  machines  qu'elle  préfente  a 
nos  yeux.  S.  EvR.  Nous  nous  voyons  inceffammenc 
nous-mêmes ,  &  nous  fommes  encore  à  deviner 
comme  nous  fommes  fairs.  Fonte:j.  Un  Amant  elt 
d'ordinaire  plus  piqué  d'un  amour  qu'il  devine  y 
que  de  celui  qu'il  voit  :  Id. Nous  autres  gensde  Couc 
nous  fommes  tellement  clilîîpés,  que  très  fouvent  il 
faut  qu'on  nous  devine.  CoM.On  aime  bien  à  deviner 
les  autres  ;  mais  l'on  n'aime  pas  à  être  deviné.  La 
RocHEF.  Nous  nous  imaginons  toujours  qu'on  devi- 
ne nos  feniimens  fecrets.  S.  Real.  Une  penfée  déli- 
cate cache  une  partie  du  fens  qu'elle  contient,  afin 
qu'on  le  cherche  &  qu'on  le  devine.  BouH. 

Deviner,  fignifie  quelquefois  fimplement ,  penfer, 
juger  J  chevchsi'.  Excogitare,  augurari,con;icere.  Je 
vous  laiffe  à  deviner  ce  qu'il  a  pu  dire  en  cette  occa- 
fion,  pour  dire,  je  vous  laiffe  à  penfer.  Je  vous  en  ai 
affez  dit,  devine^  le  refte  de  fes  fentimens.  Il  laut 
qu'un  Orateur  laiffe  toujours  quelque  chofeà  deviner 
à  l'auditeur.  Son  écriture  eft  fi  méchante,  qu'il  faut 
à  tout  coup  deviner. 

On  dit  auffi,  qu'un  Commentateur  devine,  que 
c'eft  deviner,  conjicere,  quand  il  expliquer  fa  fantai- 
fie  un  paffage  d'un  Auteurobfcur,  &c  auquel  onpeuc 
donner  plufieurs  autres  fens  auffi  raifonnables. 

On  dit,  en  proverbe,  d'un  homme  qui  n'eft  pas 
heureux  en  fes  conjectures  ,  que  ce  n'eft  pas  ua 

l'p 


i9S  DEY 

graud  Devin,  qu'il  devine  les  Fèces  quand  elles  font 
venœsj  ou  de  celui  qui  explique  une  ciiole  claiie  , 
qu'il  ne  falloit  point  aller  pour  cela  au  devin.  On  dit 
auili ,  je  vous  le  donne  à  deviner  en  dix  j  en  cent, 
&c.  pour  marquer  qu'une  chofe  eft  difficile  1  deviner. 

DEVINEUR.  f.  m.  Devinerisse,  1".  h  C'ell  la  mCme 
choie  que  Devin.  Devin  eft  plus  uhté  au  mafcului , 
&C  Devinerefje  plus  ulité  que  devine. 

Devineur  ne  fe dit  guère,  ou  point  du  tout,  qu'en 
ftyle  familier  ou  badin  :  on  dit  communément 
Devin  j  mais  le  féminin  eft  toujours  Devinere{je. 
Un  Edit  de  i68z.  51  Août,  Art.  I.  porte,  que  toutes 
perfonnes  fe  mêlant  de  devmer,  &  fe  dilanc  Devins 
ou  DevinereJJes  j  videront  inccllamnient  le  Royau- 
me, à  peine  de  punition  corporelle,  f^oy.  La  Mare, 
'      Tr.  û'e /a  Pd/.  T.  I.  p.  515.  530. 

Alle-^3  beau  Devineur,  &  faites  votre  compte.  &:c. 

Pavillon. 

DÉVIRER.  V.  n.  Terme  de  Marine.  On  dit  qu'un 
cable  ^eVirt;  de  delFus  lecabeftan,  quand,  au  lieu 
d'avancer,  il  recule. 

DEVIS,  f  m.  Terme  d'Architedure  &  des  Arts  qui  en 
dépendent,  ou  qui  y  ont  quelque  rapport ,  comme 
la  Maçonnerie,  laCliarpenterie,  &cc.  Ceft  un  état 
par  le  menu  que  donnent  un  Maçon  ^  un  Charpen- 
tier &  autres  ouvriers  cjui  travaillent  à  quelques 
conftruilions ,  qui  contient  la  qualité ,  l'ordre  6c  la 
difpoficion  de  leur  ouvrage ,  des  matériaux  qu'il  y 
convient  fournir,  de  leur  prix,  de  leur  quantité,  & 
de  tous  les  frais  qu'il  faut  faire  pour  les  mettre  en 
état  j  fur  quoi  ils  font  leur  marché  avec  le  bour- 
geois qui  les  emploie.  Enumeratio  rerumjln gui  arum. 
Quand  on  eftime  les  ouvrages,  il  faut  voir  s'ils  font 
conformes  aux  devis  fur  lequel  on  a  fait  marché. 
Devis  d'une  mailon,  d'un  moulin,  d'un  vailfeau, 
d'un  bateau,  &c.  Faire  le  devis,  fournir,  donner, 
demander  le  devis. 

§Cr  DEVIS,  f.  m.  Vieux  mot.  Entretien  £imilier.  Fami- 
liare  coUoquium.  Devis  agréables  ou  joyeux. 

DÉVISAGER,  v.  a.  BlelTer  quelqu'un  au  vifage ,  en- 
forte  qu'il  en  foit  défij^uré.  Dejormare^  lacerare  vul- 
tum  alicajus.  Une  fufée  lui  a  crevé  entre  les  mains , 
qui  l'a  tout  dévifagé. 

On  le  dit  même  des  égratignures.Ce  chat  lui  a  donné 
quelques  coups  de  grifte  qui  l'ont  dévifagé.  Si  vous 
reprochez  à  uns  vieille  fon  âge  j  elle  tâchera  de  vous 
devifager.  ,  ^ 

Dévisagé  _,  ee.  part.  Dcjormatus  .,  laceratus. 

DEVISANCE.  f.  f.  Vieux  mot.  On  a  dit  la  dcvifance 
des  armes  d'Achille  ,  pour  dire  ,  le  blafon  de  fes 
armes. 

DEVISE,  f.f.  Terme  de  Blafon.  Ce  motfe  dit  en  gé- 
néral des  chiffies  j  des  caradfères ,  des  rébus  ,  des 
fentences  de  peu  de  mots ,  &  des  proverbes  ,  qui, 
par  figure  ou  par  allufion  ,  avec  les  noms  des  per- 
sonnes ou  des  familles ,  en  font  connoître  la  no- 
blelfe  ou  les  qualités.  Piclura  cujus  fenfus  ,Jîgnifi- 
catio  ,  auc  litteris  ,  aut  vcrbo  3  aut  fententid  innuitur. 
La  <fevi/ê  ,  en  cefens,eft  d'un  ufage  bien  plus  an- 
cien que  le  Blafon,  &:  c'eft  d'elle  que  les  Armoi- 
ries ont  pris  leur  origine.  Ainh  l'aigle  a  été  appe- 
lée la  devife  de  l'Empire.  Le  S.  P.  Q.  R.  étoit  \\  de- 
vife  du  peuple  Romain  ,  qui  eft  encore  aujourd'hui 
ce  qu'on  appelle  l'Ecu  de  la  ville  de  Rome.  Les  pre- 
mières devifcs  ont  été  de  fimples  lettres  femées  fur 
les  bjrds  des  cottes  d'armes ,  fur  les  houlfures  & 
dans  les  bannières.  Ainfi  le  K  a  été  la  devife  de  nos 
Rois  nommés  Charles,  depuis  Charles  V  jufqu'à 
Charles  IX.  Il  y  a  eu  audi  des  devifes  par  rébus , 
équivoques  ,  ou  allufions  tant  au  nom  qu'aux  armes. 
Meilieurs  de  Guife  ont  pris  des  A  dans  des  O  ,  pour 
fîgnifier  ,  Chacun  à  fon  tour.  La  Maifon  de  Sénecei, 
In  virtute  &  honore  fenefce.  Morlais ,  S'il  te  mords  j 
mord-le.  Ceux  qui  ont  eu  des  tours  dans  leurs  Ar- 
moiries ,  Turris  mej  Deus  ,  Sec.  Il  y  en  a  eu  d'au- 
tres énigmatiques ,  ou  à  demi-mot ,  comme  celle 
de  la  Toifon  d'Or,  ^ucre  n  aurai  ;  pour  dire  j  que 


D  E  V 

Philippe  le  Bon,  qui  inftitua  cet  ordre  ,  renoncoic 
à  toute  autre  femme  qui  Ilabelle  de  Porcu>^al  qu'il 
épouloit  alors.  Lts  devijes  contiennent  quelcjuefois 
des  proverbes  entiers  &  fentences  j  comme  celle 
de  Célar  de  Borgia  J  .V;;^  Caji^r  ,  uut  n:hu.On  mec 
les  devijes  des  Armes  dans  des  rouleaux  ,  ou  liftons 
tout  autour  des  Armoiries ,  ou  bien  en  cimier ,  &c 
quelquefois  aux  côtés  Hc  au-deffjus ,  &c  celle  des 
Ordres  lur  les  colliers.  Ces  fortes  de  deùjts  [ont 
héréditaires  dans  les  familles  de  ceux  qui  les  ont 
priles. 

Ce  mot  devife  eft  très-ancien  dans  notre  langue , 
&:  vient  de  dividere  ,  divifer ,  &  il  fe  donnoit  aux 
choies  dont  on  vient  déparier,  &:  à  celles  dont  on 
va  encore  pai  1er  ci-après ,  parce  quelles  fervoienc 
àdivifer,  à  féparer ,  .r  remarquer ,  à  diftinguer  les 
gens.  Et  le  P.  Ménétrier  prétend  qu'il  y  a  autant  de 
différentes  efpèces  de  devifes  _,  qu'il  y  a  de  différen- 
tes manières  de  fe  diftinguer  des  autres  ,  ou  de  fi- 
gures fenfibles  ,  Se  de  paroles  capables  d'exprimer 
les  qualités  ,  les  emplois ,  les  vertus  ,  les  atlions , 
&c.  des  perfonnes ,  &  de  les  faire  connoître,  oudif- 
tinguer  des  autres. 

Devise  J  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  de  la  divifion  de 
quelques  pièces  honorables  de  l'Ecu.  Quand  une 
fafce  n'a  que  la  troiiième  partie  de  fa  largeur  ordi- 
naire ,  elle  s'appelley^/ce  en  devife  ,  ou  i/ci-v/t;  feule- 
ment ;  &  il  n'y  en  doit  avoir  qu'une  en  un  Ecu.  Mi- 
nuta jafcia.  On  le  dit  auOî  du  chef ,  lori'qu'on  le 
pofe  en  fi  partie  baffe  ,  Se  qu'il  n'a  que  le  tiers  de 
fa  largeur  ordinaire;  &  alors  on  l'appelle  chej  du. 
fécond furnionté ,  ou  charge  de  tant  d'étoiles ,  de  mo- 
lettes ,  ou  autres  meubles'femblables.  Ce  mot  de 
devife  s'eft  dit  3  parce  qu'elle  fervoit  à  divifer ,  a 
féparer  ,  &  à  remarquer  les  gens  &  les  parties  \  ce 
qui  fe  faifoit  par  les  habits  ,  les  livrées ,  les  échar- 
pes,  &  enfin  par  les  paroles  ou  fentences  particu- 
lières que  les  Chevaliers  prenoient  pour  fe  faire  re- 
marquer. On  les  a  enfuite  poiées  fur  les  Ecus ,  d'où 
font  venues  infenfiblement  les  Armoiries.  On  difoic 
en  vieux  François,  Faire  fa  devife  ;  pourdire  j  faire 
fon  teftament  ou  la  dividon  de  fes  biens  ,  comme 
on  voit  dans  Villehardouin. 

On  a  appelé  aulîl  autrefois  devife ,  les  robes  de 
deux  couleurs  j  comme  font  celles  des  Maires  Se 
Echevins  J  &  des  Huiftîers  &  Bedeaux  des  Villes, 
des  Paroilles  &  des  Communautés  des  Marchands: 
&  cela  par  la  même  raifon  qu'elles  écoient  divifées 
en  deux  couleurs.  Keflis  bicolor. 

Les  bornes  des  champs  fe  nommoienc  autrefois 
devifes. 

Devise  ,  fe  prend  maintenant  en  un  fens  plus  étroit, 
&  fignifieun  emblème  ,  qui  confifte  en  la  repvcfen- 
tation  de  quelque  corps  naturel ,  &  en  quelque  mot 
qui  l'applique  dans  un  fens  figuré  à  l'avantage  de 
quelqu'un.  Symbolum  heroïcum.  Le  tableau  ,  ou  \x 
figure  s'appelle  le  corps.  Corpus.  Et  le  mot ,  famc 
de  la  devife.  Infcriptio.  C'eft  une  métaphore  qui  re- 
préfente  un  objet  par  un  autre  avec  lequel  il  a  de  la 
relfemblance.  Ainfi  une  devife  n'eft  vraie, que  quand 
elle  contient  une  fimilitude  métaphorique,  &  qu'elle 
fe  peut  réduire  en  comparaifon.  Enfin  ,  c'eft  une 
métapliore  peinte  &  vifible  ,  qui  frappe  les  yeux. 
Il  faut  tout  cela  pour  \.\r\Q  devife  :  autrement  une  fi- 
gure ne  flic  qu'un  fymbole  hiéroglyphique  \  &  les 

•  paroles  feules  ne  font  qu'une  diélion  ,  ou  une  fen- 
tence.  De  plus  ,  les  figures  qui  entrent  dans  la  com»- 
pofition  de  la  devife  ne  doivent  avoir  nen  de  monf- 
trueux  ,  ni  d'irrégulier  ;  rien  qui  foit  contre  la  na- 
ture des  chofes ,  ou  contre  l'opinion  commune  des 
hommes.  Il  ne  faut  pas  auffi  unir  enfemble  des  fi- 
gures qui  ne  fe  rencontrent  point  d'ordinaire  ^  & 
qui  n'ont  nulle  liaifon  d'elles-mêmes  -•  car  la  méta- 
phore doit  être  fondée  fur  quelque  chofe  de  réel  & 
de  certain,  Se  non  pas  fur  le  hafard  ou  fur  l'ima- 
gination. On  en  excepte  les  unions  bizarres  Se  chi- 
mériques établies  dans  les  faibles:  l'ufai^e  Se  l'auto- 
rité des  Pocres  les  font  palfer  pour  naturelles.  Le 
corps  humain  n'entre  point  dans  les  devijes  j  pai:- 


D  E  V 

ce  que  ce  feroir  comparer  l'hoinme  avec  foi-mcme,  ' 
que  prendre   un  corps  humain  pour  iimilirude.  il 
doic  encore  y  avoir  de  l'unité  dans  les  ligures  qui  _ 
fervent  de  corps.  On  n'entend  pas  qu'il  n'y  doive; 
avoir  qu'unekule  figure  j  mais, s'il  y  en  a  plulieurs, 
elles  doivent  le  r.ipporter   à  une  même  j  &  être 
fubordonnées  l'une  à   l'autre,  enforte  qu'il  n'y  en 
ait  qu'une  ■principale  ,  de  laquelle  les  autres  dépen- 
dent. Mais  moins  il  entre  de  figures  dans  le  co^rps 
de  la  devije  j  &c  moins  elles  ont  de  con+ulion  ,  plus 
Je  corps  a  de  perfecl:ion  Hc  de  beauté.  Le  corps  lut-  ■ 
tout  doit  être  noble  is:  agréable  aux  yeux  :  une  h-  ' 
gure  balfe  &  difiorme  ne  convient  point  à  la  dc-\ 
vije. 

Pour  le  mot  qui  anime  la  figure  ,  il  doit  lui  con- 
venir h  bien  q.i  il   ne  puille  convenir  à   un  autre. 
C'ell  une  règle  générale  de  ne  point  nommer  ce  qui 
paroît ,  (Se  ce  que  la  leule  vue  rait  entendre,  il  ne 
laut  pas  même  que  le  mot  air  un  l'eus  achevé  ,  pat- 
ce  que  devant  iaire  un   compoié  avec  la  figure  j   il 
U'idoit  être  nécelfairemeiu  qu  une  parne  ,  &   par 
conféquent  ne  figinher  pas  tout.  Des  que  les  paro- 
les feules  ont  une  hgnihcation  complette  ,  on  a  une 
notion  claire  &  dil'hnéte,  indépendamment  de  la 
figure.  La  fignihcation  doit  rcluicer  de  1  une  &c  de 
l'autre  enfemble.  Flus  le  mot  cil  court  plus  il  a  de 
grâce ,  &  le  iens  fufpendu  des  paroles ,  qui  Lulle 
quelque  chofe  à  deviner  ,  .fait  une  des  prmcipalebl 
beautés  de  la  devlJe.  il  y  a  du  bonheur  6c  de  l'et- 
prit  à  employet  les  paroles  d'un  pocte  à  une  choie 
à  quoi  le  Pocte  ne  penfa  jamais  ,  iSc  de  le   taire  li 
à  propos  qu'elles  femblent  faites  exprès  pour  le  tu 
jet  auquel  elles  l'ont   appliquées ,  pourvu   que  ce 
fou  fins  elhopier  le  vers.  En  général  le  mot  d'une 
dcvife  doit  toujours  être  fpirituel  ,   &c  avoir  je  ne 
fais  quoi  qui  pique,  ou  dans  le  (eus,  ou  dans  les 
paroles.  Par  exemple  :  pour  exprimer  qu'une  per- 
fonne  fe  formel  le   perieétionne  par  Icsdifgrâces , 
l'on  peut  fe  fervir  d'une  Itatue  qu  une  maui  taille 
avec  le  cileau  ,  en  y  ajourant  ces  paroles,  pcrjuctur 
duni  cnditur.  Bo.uii. 


DEV 


199 


O-n  met  des  ddvifes  fur  les  monnoies  ,  fur  les  jet- 1 
tons,  fur  leséjus  des  Chevaliers  ,  dans  les  oruemens  j 
des  arcs  de  triomphe  ,  des.leux  d'aitifice  ,  &  autres  3 
folenhités.  hzs  dcvij'cs  lont  des  clpèces  d'images  qui 
repréfentent   les  encreprifes  de  guerre  ,  d'amour , 
d'étude  ,.d'inirigije  ,  de  fortune  ,  îkc.  Les  François 
font  les  premiers   qui  ont  fait  des  dcvifes  ,  &;  les 
Italiens  les  premiers  qui  en  ont  donné  les  règles.  Et 
parmi  les  Italiens  Paul  Jove  eli  le  premier  qui  ait 
donné  l'art  des  dcvifes.  De  Vign.  Marv.  Les  Pères 
Ménétrier  ^'  le  Moine,  Jéfuiies,  ont  écrit  de  l'art 
des  dcvifci.  Et  le  P.  Rouhoursen  a  fait  le  fujet  d'un 
des  entretiens  intitulés ,  Entretiens  d'ArijU  ù'  d  Eu- 
gène.Lq  p.  Ménétrier  a  intitulé  l'on  Livre  ,  LaPhi- 
lofophie  des  Images.  Il  y  lait  une  longue  énuméra- 
tion  des  Auteurs  qui    eu  ont  écrit  ,  dont  il  porte 
fon  jugement.  Il  dit  que  c'eft  avec  le  Cardinal  M.a- 
zarin  ,   qui  aimoit   les  dcvifes ,  que  cet  arr  palfi  en 
jrrance,  &  que  depuis  on  le  cultiva.  Cet  Auteur  ne 
veut  point  que  Ion  lalTedes  règles  pour  l^sdevifes. 
Le  bons  fens&les  lumières  naturelles ,  félon  lui, 
fuffifent. 

Le  mêni2  P.  Bouhîurs  ,   dans  un  Extrait  inféré 


fens  ell:  j  Je  veux  bien  durer  peuj  pourvu  que  je  m'é- 
lève. On  peut  frire  là-deffus  ce  diicouis  :  de  même 
que  la  fulée  s'élève  bien  haut ,  quoique  la  durée  en 
loit  fort   courte  ,  il  ne  m'importe    pas  de  vivre 
longs  temps,  pourvuque  j'acquièrede  la  gloire  ,  &: 
que  je  parvienne  à  une  haute  toi  tune  j  ce  qui  for  me 
une  juile  comparai'on.  bur  ce  pied-la  ,  la  d^vije  n  eil 
antre  chofe,   à  la  bien  définir,  qu'une  métaphore 
peinte  ^  ou  plutôt ,  c'eft  une  énigme  renveifée.  Car , 
au  lieu  que  l'énigme  reprélente  la  nat^re  ou  l'arc 
par  les  événemens  de  1  hiftoire  ,  &c  par   les  avan*- 
tures  de  la  fable  ,   la  devij'e  elt  une   reprélentation 
des  qualités  humaines  &  fpirituelles  par  des  corps 
naturels  &c  artificiels.  Ainii ,  pour   marquer  le  ca- 
ra  Jère  de  Louis  le  Grand ,  on  a  peint  le  Soleil ,  qui 
tout  lumineux  qu'il  eft,  a  encore  plus  de  vertus  que 
d'éclar  ^  &  ,   pour  mieux  déterminei  le  Iens  de  la 
peinture  à  cette  fignihcation  particulière  ^  on  y  a- 
joUte  ce   mot  Caltillan  ,  Mas  virtud  que  /u^.  On  a 
exprimé  le  mérite  perfonnel  d'une  grande  Reine 
par   une  grenade  j  avec  ces  paroles ,  Mon  prix  neji 
pas  de  m.i  couronne.  Et  ie  talent  d'un  homme  Apo- 
tolique  ,  qui  fe  fait  tout  ^  tcus  ,  par  un  miroir, 
avec  ce  mot  de  Saint  Paul ,  Omnibus  omnia. 

•|tcr  Nous  avons  dit  que  le  corps  humain  n'en- 
rre  point  dans  les  dcvijes  j  &c  c'elf  là  une  des  prin- 
cipales diftérences  entre  la  d'evi/é  à  t emblème.  Voy, 
Emblème. 

Devise,  f  f.  ou  Devis,  f  m.  Volonté  j  avis  ,  fervice  , 
être  à  la  devife  de  quelqu'un.  GVo/jC  des  Po'ef.  d.u 
Roi  de  Nav.  Ces  mots  figmhent  aulîi  féparation  , 
défaut.  Ils  font  vieux  &  inufités  dans  ces  fignifica.r 
lions.  .      • 

Devise.  Autrefois  ce  mot  s'eft  dit  yowMtefament.  Tef- 
tamentum.  Sa  maladie  crut  l\:  eli'orça  tant  ,  qu'd  nd 
fa  devife   S^  Ion  legs.  Villehard. 

Ce  mot  de  devife  vient  de  ce  que  par   fon  tefta- 
ment  on   partage  ,  on  divile  fes  biens. 
DEViSEE.  Terme  de  fleurille.  Nom  d  une  tulipe  blan- 
che &  rouge.  MoRiN. 
DEVISER,  v.n.  S'entretenir  fimilièrement.  ^S'Êr/noci- 
iiari ,  fermonem  halere.  Il  eif  vieux.  Tout  en  d'cvi- 
fint  nous  voici  arrivés  à  la  Ville.  Ablanc. 
Deviser  un   chef-d'o;uvre  ,  c/evi/er  une- expérience. 
Terme  de  Statuts   des  Communautés  des  Arts  ôc 
Métiers.  C'ell  donner  le  chef-d'œuvre,  oii   l'expé- 
rience aux  Apprentifs  ou  aux  fils  de  Maîtres  qui 
le  préfentent ,  pour  être  reçus  à  la  Maîtrile ,  &  leur 
expliquer  &déiigner  quels  &:  comment  ils  doivenc 

être  faits. 
SE  DEULER.  Vieux  verbe.  Sedouloir  ,  s'afthger.  .ZJo- 

lere.  Ils  fe  deulcnt  ^  dit  Marot. 
DEUNX.  f.  m.    l'ne    livre  moins    une   once,  onze 

onces  de  la  livre  Romaine,  qui  en  contenoit  douze; 

onze  douzièmesde  quelque  chofe  que  ca  foit.  Deunx. 

Quoique  ce  terme  ion  purement  Latin  j  les  Anti- 
j  quaires  qui  écrivent  en  François ,  font  obligés  de 
I      s'en  fervir  quelquefois,  paice  que  nous  n'en  avons 

point  dans  notre  langue  qiii  y  réponde.  >^'c>>e;r.  AS. 


DEVOIEMENT.  f 
de  matière  liquide 


Flux  de   ventre,    déjeélion 


*us  fréquente  que  dans  1  ctac 
naturel.  'Alvi pr,iifuvium.  Fluxusventris.  Avoir  le  c/e- 
voiement.   Les  fruits  lui  ont  donné  le  dévoiement. 
Voy.  Diarrhée. 
au  Journal  de  Trévoux  ,  expliquant   plufieurs  mots  !  DÉVOILEMENT,  f   m.  Adion  par  laquelle  on  dé 


François  qu'on  a  accoutumé  de  confondre  ,  donni 
une  explication  courte  &  nette  du  mot  de  devife.Ct^i 
dit-il ,  un   compoié  de  figures  tirées  de  la  nature  & 


de  l'art,  lefquelles  ©n  appelle  c^rps,  ik  deparoUs]  (ie 
courtes,  proportionnées  à  l.i' figure,  auxquels  on',^^'*'' 
donne  le  nom  dame.  C'eft  d'un  compofé  de  cette  ' 


couvre  ce  qui  étoit  caché  fous  des  voiles,  /j.v/?/^- 
natio.  Le  dévoilement  des  myfières  &:  des  figures  du 
Vieu/.  Teftament  nes'eft  fait  qu'à  la  venue  du  Mef- 


nature  ,  dit  le  P.  Bouhours ,  dont  on  fe  fert  pour 
expliquer  notre  delfein,  ou  notre  penfée  ,  parcom- 
paraifon  ;  car  reifence  de  la  devife  confille  dans  ii.ne 
comparaifon  prife  de  la  nature,  ou  de  l'art,  &c 
fondée  fur  une  métaphore.  Un  jeune  Seigneur ,  éga- 
lement brave  &  ambitieux,  eut,  dans  le  dernier 
caroufel  de  la  Cour ,  une  fufée  en  l'air  ,  avec  ce 
mot  Italien ,  Poœ  duri ,  purche  m'inalr^i ,  dont  le 


DEVOILER.  V.  a.  Hauiïer  ou  relever  le  voile  d'une 
Reli'.ncufe  ,  &  quel.iuefois  faire  quitter  le  voile  à 
une  Religieufe ,  la  relever  de  Tes  vreux.  Vclum  _, 
vctamentum  detrahcre  ^  devorcre.  La  plupart  des  Re- 
liijicufes  ne  doivent  pas  le  dévoiler  :m  parloir.  Cette 
Religieufe  a  été  dévoilée  dans  les  formes  par  auto- 
rité de  Ju'lice  ,  on  a  annullé  fes  voeux.  On  dit  aiilli 
que  le  ciel  sc^.  dév-,}'é ,  lorfqu'il  eif  devenu  ferein, 
quele  ventenachaifélesnunges  qui  le  couyroicnï 
comme   à'un  woik.  Nubespellere. 

Ppij 


|oo  D  E   V 

DÉVOILER  ,  fe  dit  figurément ,  pour  diie  ,  Mettre  en 
évidence  ce  qu'on  tenoit  caché.  Revelare  ,  pandere  , 
manijcftare  ,  raegere.  On  z.  dévoilé  ions,  les  myftères  , 
toutes  les  intiigues  de  cette  négoci.uion. 

DÉVOILÉ  ,  HE.  parc.  &  adj.  Il  a  la  lignihcacion  de  fon 
verbe. 

I^"  DEVOIR,  f.  m.  Ou  entend  généralement  par-la 
ce  à  quoi  nous  femmes  obligés  par  la  loi,  par  la 
coutume  ,  ou  par  la  bienlcance.  Offidum  ,  panes  j 
munus,  officii  m«/;w.C'ert  ainli  qu'on  dit  taire  fon 
devoir.  Remplir  fes  devoirs.  Manquer  à  fon  devoir. 
Les  devoirs  de  la  vie  civile  ^  de  l'amitié  ,  de  la 
bienféance.  Les  devoirs  d'un  fujet  envers  le  Souve- 
rain ,  le  devoir  du  Souverain  envers  fes  fujets.  Les 
devoirs  d'un  Chrétien.  Il  y  a  un  certain  ordre  d'é- 
gards civils  qui  doit  régler  nos  devoirs  extérieurs 
parle  mérito  des  rangs ,  de  la  condition  ,  ou  de  la 
place  des  perfonnes  avec  qui  nous  avons  à  vivre 
ou  à  traiter  dans  le  monde. 

§CF  Quelquefois  même  on  entend  par  devoirs  ; 
ces  bienféances  arbitraires ,  dont  chaque  peuple 
s'eft  formé  un  cérémonial  à  fa  mode  :  mais  il  vaut 
mieux  n'entendre  par  là  que  ces  bienféances  elTen- 
tielles,  commandées  à  tous  les  hommes  par  la  voix 
de  la  nature  ,  &c  dont  l'exaéte  obfervation  fait  le 
plus  beau  fpedacle  de  la  focicté. 

Dans  le  inonde  il  faut  fatisfaite  à  une  infinité  de 
petits  devoirs  qui  échappent  à  ceux  qui  agilfent  par 
humeur.  NrcoL.  On  palfe  la  moitié  de  la  vie  à  ren- 
dre mille  petits  devoirs  que  la  coutume  a  établis  j 
&  à  faire  des  complimens  peu  fincères.  M.  Scud. 
Lorfqu'une  femme  confulte  le  devoir  plutôt  que  l'a- 
mour j  c'elt  qu'elle  appelle  ce  funelte  devoir  pour 
excufer  fon  indifférence-  S.  EvR.  Je  ne  prétends  rien 
obtenir  de  la  rigoureufe  loi  du  devoir:  je  veux  tenir 
tout  de  votre  cœur  &  de  votre  paOion.  Mol.  Cha- 
cun regarde  fon  devoir  comme  un  maître  fâcheux 
dont  il  voudrait  s'affranchir.  S.  EvR. 

Quand  je  verrai  fes  yeu.x   armés    de  tous  leurs 

charmes  j 
Mefouviendrai-je  alors  de  mon  tri/le  devoir. 

Racine. 

Le  Azw oit  feul  fera  ce  qu  aurait  fait  l'amour. 

Corneille. 

- — Et  vous  deve^  favo'r , 
Que  qui  fert  bien  fon  Roi  i  ne  fait  que  fon  devoir. 

Idem. 

Un  honnête  homme  s'acquitte  bien  de  tous  les 
devoirs  de  la  vie  civile.  Les  jeunes  gens  regardent 
les  devoirs  de  la  vie  comme  un  joug  inlupportable. 
S.  EvR.  'Les  devoirs  d'un  Chrétien  font  d'une  grande 
étendue.  Ce  Prince  fait  bien  maintenir  les  peuples 
dans  le  .levoir  &.  dans  l'obéiffance. 

fC?  Le  c/evD/reft proprement  une  adion  humaine 
conforme  à  la  loi  qui  nous  en  impofe  l'obligation. 
L'homme  confidéré  paf  rapport  à  Dieu  ,  dont  il  tient 
l'exiftence  ,  confidéré  par  rapport  à  lui-même  ,  &: 
enfin  par  rapport  à  la  fociété  avec  fes  femblables  , 
à  diftérens  devoirs  à  remplir.  Voy.  Amour  de  Dieu  j 
amour  de  foi-même,  amour  du  prochain, fociabilité. 

fer  Lq devoir,  dit  M,  l'Abbé  Girard,  dit  quel- 
que chofe  de  plus  fort  pour  la  confcience  ;  il  tient 
de  la  loi  ,  la  vertu  nous  engage  à  nous  en  acquitter. 
U obligation  dit  quelque  chofe  de  plus  abfolu  pour 
la  pratiqua  ;  elle  tient  de  l'ufrge.  Le  monde  ou  la 
bienféance  exige  que  nous  la  rempliffions.Oil  man- 
que à  un  devoir ,  on  fe  difpenfe  d'une  obligation. 
Il  eft  du  devoir  desConfeillers  de  fe  rendre  au  Palais 
pour  remplir  les  fondions  de  leurs  charges  j  &  ils 
îont  dans  ^obligation  d'y  être  en  robe.  Il  ell:  du  de- 
voir dun  Eccléfiaftique  d'être  vêtu  modeftement  ; 
Pc  il  eft  dans  \ obligation  de  porter  l'habit  noir  &  le 
rabat.  Les  Politiques  fe  font  moins  de  peine  de  né- 
gliger leur  devoir^  que  d'oublier  la  moindre  de  leurs 
obligations. 


D  E  V 

Faire  bien  fon  devoir  ,  c'efc  faire  bien  ce  que  l'on 
fait ,  quelque  chofe  que  ce  foit.  Cet  homme  a  bien 
fait  fon  devoir  ,  en  parlant  d'un  repas  où  il  étoïc , 
fignihe  ,  qu'il  y  a  bien  mangé.  Il  fait  bien  fon  de- 
voir itàh\e.  Ce  Capitaine  ,  ce  Soldat  a  bien  fait  Ion 
devoir  à  cette  attaque ,  c'eft-à-  dire  s'eft  bien  battu , 
&  en  brave  homme. 

On  le  dit  auiîi  des  animaux  j  &  même  des  plan- 
tes. Ce  cheval  de  volée  tait  bien  fon  devcir  ,  c'eft- 
à-dtre  ,  tire  bien  ;  ou  ne  fait  pas  bien  fon  devoir^ 
c'eft-à-dire ,  tire  mal.  Cet  aibre  fait  très-bien  fon 
devoir.  Les  blés  font  très-bien  leur  devoir  cette  an- 
née j  c'eft-à-dire,  rapporter  beaucoup  ,  être  fore 
chargé  ,  avoir  beaucoup  de  fruit.  Liger.  Cela  cft 
bon  en  ftyle  de  Jardinier. 

Ce  mot  ,  félon  da  Cange  ,  vient  de  dtverium  j 
qu'on  a  dit  dans  la  baffe  Latinité  pour  fignitîer  la 
même  chofe. 
Devoir.  Terme  de  Collège.  Penfum.  C'eft  ce  que  le 
Régent  donne  d  faire  à  les  Ecoliers  ,  en  profe ,  ou  en 
vers ,  en  Grec ,  en  Latin  ,  en  François ,  &:c.  -De- 
voir, dans  ce  fens ,  fignifie  non  pas  obligation  de  taire 
quelque  chofe  ,  mais  la  chofe  ,  ou  l'ouvrage  que  les 
Ecoliers  font  obligés  de  taire.  Les  Ecolieis  difent. 
J'ai  fait  mon  devoir.  J'ai  oublie  mon  devoir  au  logis. 
Je  n'ai  pas  commencé  mon  devoir. 

On  appelle  les  derniers  devoirs  ,  les  honneurs  fu- 
nèbres ,  les  honneurs  &  les  cérémonies  qu'on  tait 
aux  enterremens  ,  aux  pompes  funèbres  d^-s  amis  , 
des  parens ,  ou  des  Princes.  Jujta  perjolvere. 

On  dit  aufli  j  qu'un  homme  va  rendre  fes  devoirs 
à  quelqu'un  \  pour  dire  ,  qu'il  le  va  laluer  ,  lui 
rendre  vifite.  Salutare.  En  pailant  de  gens  tort  au- 
deffus  de  nous  ,  on  dit  rendre  fes  refpeéts. 

On  dit  auiîi ,  fe  mettre  en  devoir  ^  pour  dire ,  té- 
moigner qu'on  a  volonté  de  faiie  quelque  chofe  ,  fe 
mettre  en  poftute  ,  en  train  d'exécuter  ,  tant  en  bien 
qu'en  mal.  Accingere  fe  ad  aliquid.  Il  lé  mit  en  de- 
voir de  le  frapper  j  il  leva  la  main  lur  lui.  Il  le  mit 
en  devoir  d'exécuter  fes  ordres. 

Les  Cafuiftes  appellent  devoir  conjugal ,  celui  que 
les  conjoints  font  obligés  réciproquement  de  fe  ren- 
dre. Debitum.  C'eft  ainfi  que  s'expliquent  les  Ca- 
fuiftes :  on  peut  dire  aulli  ;  mutuum  conjugalis  fiatàs 
offidum.  Ce  mot  eft  de  S.  Paul.  i.  Cor.  VU.  /. 
Vxori  vir  debitum  reddat  ;  f militer  autem  &  uxor 
viro.  C'eft  de  cet  Apôtre  que  les  Cafuiftes  l'ont  pris. 
Le  devoir  conjug.d  eft  de  fatisfaite  à  l'intention  du 
mariage.  Les  Rabbins  ont  réduit  en  taxe  le  devoir 
conjugal,  &  ont  prétendu  qu'un  payfan  s'en  ac- 
quittoit  en  donnant  unenuitpar  femaineà  fafemme; 
le  voituf  ier  &  le  marchand  une  nuit  \)ar  mois  ;  le 
matelot  deux  nuits  par  an  ;  &  qu'un  homme  de 
Loi  acquéroit  le  droit  d'être  deux  ou  trois  ans  fans 
voir  fa  femrne  :  &  il  n'y  avoir  point  de  mari  qui 
fût  taxé  plus  haut  qu'à  une  fois  la  femaine.  Solon  ne 
les  taxa  qu'à  trois  nuits  par  mois.  Charron  s'eft  aulîi 
mêlé  de  faire  ces  taxes. 

Devoir  de  l'oifeau  ,  fe  dit  en  termes  de  Chaffe  , 
de  la  portion  ou  curée  du  gibier  qui  eft  due  à  l'oifeau 
qui  l'a  pris.  Acdpltri pars  pr&ddi,  débita. 
Devoir  Seigneurial.  Les  devoirs  Seigneuriaux  font 
les  marques  de  foi  &  hommage  par  lefquelles  on 
reconnoît  quelqu'un  pour  fon  Seigneur.  Il  y  a  des 
devoirs  Seigneuriaux  qui  ont  été  abolis  ,  parce  qu'ils 
approchoient  trop  delà  Souverainté;  d'autres  l'ontété 
parce  qu'ils  étoient  contraires  à  la  bienféance  de  nos 
mœurs. 

On  appeWe  Devoir  Pafchal ,  la  Communion  que 
chaque  Chrétien  doit  faire  tous  les  ans  à  fa  Paroillè 
aux  Fêtes  de  Pâque. 

fer  On  appelle  devoirs  en  Bret.igne,  les  droits  qui 
s'y  lèvent  pour  le  Roi ,  &  lesoétroisqui  appartien- 
nent à  une  Ville  fur  certaines  marchandifes.  Il  y  en 
a  de  plufieurs  fortes,  qu'on  trouvera  fous  leurs 
noms  particuliers. 
Ip"  Devoir,  v.  a.  Je  dois ,  tu  dois ,  il  doit ,  nous 
devons ,  vous  deve^  j  ils  doivent.  Je  devais.  Je  dus. 


D  E  V  D  E  V  301 

r^idû.Je  devrai  ]s  devrais.  Que  ]Q  doive.  Que  je'      à  faire  un  nieiïage  ,  qu'il  n'y  a  point  d'huis  qui  n-j 
dujfe.  Etre  obligé  envers  quelqu'un  à  lui  payer  ,  loir       lui  doive  nn  denier.  Qui  nous  aoïc  nous  demande, 
ariienr     foir  autre  choie,  à  quelque  litre  que  ce        Va  où  tu  peux  ,  mourir  où  tu  dois.  Acad.  Fr. 
fou,  par  contrat,  par  obligation,  &c.  Dtbere.  if  Dûj  ûe,  ^zn.  Dcbitus. 
doit  une  fomme  d'argent   qu'il    ne  pourra   jamais   Dû.  f.  m.  fignitie  la  même  chofe  que  d'evo/r  j   fubftan 


payer.  Il  faut  payer  ce  qu'on  doit.  Un  tel  me  don  une 
rente.  Vous  me  deve\  un  letier  de  blé.  Cet  homme 
doit  plus  qu'il  n'a  vaillant.  Tcrence  a  dit ,  animam 
deberc. 
§C7"  Devoir  fe  dit  aufli  en  parlant  des  engagemens 
qui  naillent  des  1er  vises  j  des  bons  offices  qu'on  a 
reçus  de  quelqu'un  ,  &  iîgnilie,  être  redevable  de 
quelque  chofe  à  quelqu'un.  Acceptum  aliquid  aiicui 
rejerre.  Je  vous  dois  la  vie.  On  n'aime  point  à  voir 
ceux  à  qui  l'on  (fo.Ytrop,  à  qui  l'on  a  de  trop  gran- 
des obligations. 

Je  ne  veux  rien  devoir  à  ceu.x  qui  m' ont  fait  naître  : 
Je  fuis  a£ei  connuf^ns  les  jaire  connoître.  Cokn. 

Je  devrai  ma  grandeur  eutiire  à  mon  courage.  Id. 

Pour  moi ,  par  une  longue  &  îrife  expérience. 
De  cette  iUufonfai  reconnu  l'abus  : 
Jefa.s  ,fans  me  flatter  d' unev  aine  apparence  y 
Que  cejt  à  mes  défauts  que  je  dois  mes  vertus. 

^3"  Devoir,  (îgiiifie  auirictre  obligea  quelque  chofe 
par  la  Loi,  par  la  coutume  ,  par  l'honnêteté,  par  la 
bienféance.  Nous  devons  aimer  Dieu  de  tout  notre 
cœur.  Un  hls  doit  refpeift  à  fbn  père.  Un  bon  Ci 
toyen  doit  obéllfance  aux  Loix.  Un  Vallal  doit  hom- 
mage à  Ion  Seigneur.  Un  honnête  homme  doit  tenir 
fa  parole. 

.  ifT  On  doit ,  il  eft  nccelTaire  ,  il  faut  ,  dans 
une  lignification  lynonyme.  La  dernière  de  ces  ex- 
prelîions ,  dit  l'Abbé  Girard  j  marque  plus  préci- 
fément  une  obligation  de  complaifance,  de  cou 
tume ,  ou  d'intérêt  perlonnel.  Il  Jaut  hurler  avec 
les  loups.  Il  Jaut  luivre  la  mode.  Il  faut  connoître 
avant  que  d'aimer. 

CO*  La  féconde  marque  plus  particulièrement 
une  obligation  elFencielle  &  indilpeniable.  Il  ell 
necejju'rt  d'aimer  Dieu  pour  être  lauvéj  d'être 
complaitant  pour  plaire. 

i(Zr  La  première  eil  plus  propre'  à  déligner  une 
obligation  de  railon  ou  de  bienféance.  On  doit  dans 
chaque  choie  s'en  rapporter  aux  maîtres  tle  l'art.  On 
doit  quelquefois  éviter  dans  le  public  ce  qui  a  du 
mérite  dans  le  particulier. 

ifT  On  fe  fert  encore  du  verbe  devoir  1°.  Pour 
marquer  qu'il  y  a  quelque  apparence  qu'une  chofe 
eft  ou  fera  ,  comme  quand  on  du  ,  à  la  vie  que 
mène  cet  homme  ,  il  doit  être  bien  riche.  1".  Pour 
marquer  qu'une  chofe  arrivera  infailliblement,  né- 
celfairement.  Tous  le»  hommes  doivent  mourir.  De- 
bent  corpora  jato.  3°.  On  le  du  de  ce  qu'on  regarde 
comme  probablement  vrai  j  comme  devant  (imple- 
ment  arriver.  On  doit  être  bien  en  tel  endroit.  Il 
doit  fai'e  beau  à  la  campagne.  Mon  correfpondant 
doit  avoit  reçu  ma  lettre  ,  ou  doit  la  recevoir  dans 
peu  de  joins. 

|fCr  4°.  Il  eft  d'ufage  pour  marquer  l'intention 
qu'on  a  de  faire  une  chofe.  Comme  quand  je  dis,  je 
dois  aller  demain  .1 1.1.  campagne.  Je  dois  faire  telle 
cliofe.  Cras  iturus  fum  ,  projecllirus  fum. 

ffT  On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  doit 
à  Dieu  &  au  monde  j  qu'il  doit  par-delfus  la  tête  , 
qu'il  doit  plus  d'argent  q.fil  n'eft  gros  ,  qu'il  doit 
autiets  &  au  quart  j  pour  dire,  qu'il  eft  noyé  de 
dettes.  Aire  aliéna  obrutus.  On  dit ,  Qui  a  terme , 
ne  doit  rien  \  c'eft  à-dire  ,  qu'on  ne  lui  peut  rien  j 
demander  alors  ;  que  qui  doit  a  tort  ;  pour  dire  , 
qu'il  faut  payer  ,  ou  erre  con.lamné  aux  dépens.  On 
dit  d'un  homme  qui  fait  grollièrement  fon  devoir , 

?^u'il  femble  que  Dieu  lui  en  doive  de  refte.  On  ne 
ait  pas  tout  ce  qu'on  c'Yit.  Chofe  promife  eft  due. 
Ce  n'eft  pas  tout  que  devoir ,  il  faut  payer.  On  du 
auifi  d'un  valet  qui  s'amufe ,  qui  eft  trop  long-temps 


tit.  Aîunus  ,  ojjuium.  Les    Magiftrats  doivent  bien 
s'acquitter  du  dû  de  leur  charge. 

Dû  ,  lîgnifie  auilî  ,  la  chofe  due.  Rcs  débita.  Il  faut 

prendre  quelque  hypothèque  ou  naiitilfeinent  pour  la 
iùreté  de  ion  du.  Ce  créancier  eft  des  derniers  ,  il 
perdra  fon  dû.  Style  de  Marchands  ou  de  Palais. 

DEUxMENT.   Foyei  DUHMENT. 

DEVOLE.  f  f.  Terme  de  jeu  de  cartes ,  qui  fe  dit  lorf- 
qu'après  avoir  entrepris  de  faire  jouer,  on  ne  fait 
aucune  levée.  Il  eft  oppofé  à  vole  ,  qui  fe  dit  quand 
on  fait  toutes  les  levées. 

DÉVOLU,  UE.  ad)  Ce  qui  eft  acquis  par  un  droit  de 
dévolution.  Ce  qui  paile  de  l'un  à  l'autre.  Devo- 
lutus.  Ce  droit  eft  dévolu  à  la  Couronne.  Cette  fuc- 
cellion  eft  dévolue  à  un  tel  par  la  mort  d'un  lubftitué. 

DÉVOLU  J  fe  dit  encore  d'un  droit  acquis  à  un  fupé- 
rieurde  conférer  quelque  Bénéfice,  quand  l'inférieur 
&c  Collateur  ordinaire  a  négligé  de  le  conférer  ,  ou 
l'a  conféré  à  une  perfonne  incapable.  Jus  dévolu- 
tufn  benefîcii  conjerendi  tanquam  Ji  caducum  JorcC, 
Quand  un  Patron  a  négligé  de  pourvoir  à  un  Béné- 
fice dans  les  fix  mois ,  le  droit  eft  dévolu  à  l'Eve- 
que,  de- là  au  Primat,  &c.  Le  Pape  a  conféré  ce 
Bénéfice ,  parce  que  le  droit  lui  éroit  dévolu. 

On  dit  aulîîj  en  termes  de  Palais  ,  ce  procès  eft 
dévolu  par  appel  à  la  Cour  fur  un  déni  de  Juftice, 
fur  une  fentence  infoutenable-  Jus  devolutum  diri- 
mends. ,  judicandd.  caufét. 

DÉVOLUT.  f  m.  Provifion  du  Pape  pour  un  Béné- 
fice qu'on  lui  expofe  être  vacant  par  nullité  de  titre, 
ou  incapacité  de  la  peribnne  du  Titulaire  qui  lepol- 
fède,  &  laquelle  le  rend  impétrable  j  fuivant  les 
Canons.  Collatio  Benefcii  a  fummo  Pontifce  Jacia  , 
pro  devoluto  fibi  illius  conferendi  jure  ,  quia  caducum 
ejl.  Tout  dévolut  doit  erre  exécuté  dans  l'année  par 
la  prife  de  poirefiion  ,  &  l'inftance  poufuivie  dans 
deux  ans.  On  peut  jeter  un  dévolut  dans  les  trente 
ans  pour  caufe  de  fimonie.  Les  dévoluts  ne  s'ob- 
tiennent qu'en  Cour  de  Rome.  Le  Collateur  ordi- 
naire peut  conférer  par  dévolut ,  en  cas  que  le  Bé- 
néfice foit  vacant  de  plein  droit  par  la  nature  du 
crime.  La  claufe ,  aut  alio  quovis  modo  j  eft  une 
claufe  de  dévolut. 

M.  Ménage  prétend  qu'il  faut  écrire  ce  mot  dé- 
volu fans  /  à  la  fin ,  quand  il  eft  fubftantif  La  plupart 
de  nos  Auteurs  pratiquent  le  contraire,  «^c  écrivent 
dévolut  :  quoi  qu'il  en  foit ,  on  proiionce  dévolu  , 
comme  s'il  n'y  avoit  point  de  f  à  la  fin  de  ce  mot. 

DEVOLUTAIRE.  f  m.  Celui  qui  eft  pourvu  d'un 
Bénéfice  par  dévolut.  Qui  Benejîcium  ab  eo  impetra- 
vit ,  ad  quemjus  illud  confercndi  tanquam  caducum 
devolutum  ejl.  Tout  impétrant  de  dévolut,  ou  Dévo- 
lutaire,  doit  donner  caution  de  cinq  cens  livres  avant 
que  d'être  reçu  à  plaider. 
DÉVOLUTIF,'lVE.  adj.  Terme  de  Droit.  Ce  qui  ôte 
la  connoilT'ance  d'une  affaire  à  un  Tribunal  ,  &  la 
tranfporte  à  un  autre.  Devolvens  ,  transferens  ,  de- 
volutivus  ,  a ,  um.  Tout  appel  interjeté  a  un  effet 
fufpenfif,  ou  pour  le  moins  dévolutif  L'appel  d'une 
fentence  portant  cenfure  n'a  qu'un  effet  dévolutif , 
c'eft-à-dire  ,  que,  par  l'appel  interjeté,  la  connoif- 
fance  de  la  caufe  eft  dévolue  au  Tribunal  du  fupé- 
rieur ,  auquel  on  a  appelé  ;  mais  l'appelant  eft  oblige 
de  fe  foumettre  provifionnellement  à  la  i^niencz 
qui  le  condamne  ,  &  dont  il  appelle.  L'appel  d'une 
lentence  a  ordinairement  un  effet  dévolutif  &  fuf- 
penfif. Il  eft  dévolutif ,  parce  qu'il  porte  pardevant 
le  Juge  fupérieur  la  connoiftance  de  l'affliire  ,  pour 
favoir  s'il  a  été  bien  ou  mal  jugé.  Il  eft/'^//'^'^, 
parce  qu'ordinairement  l'appel  fufpcnd  1  exécution 
de  la  fentence  ,  excepté  dans  certain  cas ,  efquels 
les  fentences  font  exécutoires ,  nonobftant  oppofi- 
tions  ou  appellations  quelconques,  &  fans  préjti-i 


deiinei:  cd  ' 

mais  vacant 

ou  par  le  défaiu  de 


502.  DEV 

dice  d'icelles  \&c  pour  lors  l'cfiec  de  l'appel  eft  ieiile-' 
ment  dévalua/,  &  noa  JuJpcnJiJ. 
DEVOLUTION,   f.  f.  Terme  de  Jurifpriidence  ,  eft 
ce  qui  détère  un  droit  à  quelau'un  ,  en  le  laïUant 
paficr  d'une  perlonne  à  un  autre.  P^oje^  Dévolutif. 
En  matière  Bénéhciale  ,    le   droit  de  dcvoluaun^ 
palfe    de    l'inrérieur  au   lupérieur.    Par  exemple  ,; 
quand  le  CoUaceur   ordinaire  néglige  pendaiu  lix; 
mois  de  conférer  un  Bénéfice  ,  ion  droit  eil dévolu; 
au  Métropolitain  ,   &  de  degré  en  degré  au  Pape  j 
pour  cette  fois   feulement.  Le  fupérieur ,   comme 
i'Evcque  à   l'égard  de  l'Abbé  à  qui  appartient  la  col- 
lation i  a  fix  mois  pour  pourvoir  du  jour  que  la  de- 
voluticn  a  lieu  en  ia  faveur ,  <^  ne  peut  être  prévenu 
pendant  ce   temps,  il  n'y  a  que  le  Pape  qui  pré- 
vient ,  comme    étant    l'Ordinaire    des  Ordinaires. 
Le   Pape  a  eu  droit  de  conférer  ce  Bénéfice   par 
dévolution. 
DROIT  DE  DÉVOLUTION,  f.  £  Droit  acquis  par  fuc- 
cellion  de  degré  en  degré.  Jus  devolucum.  La  dévo- 
lution  en  général  eft  une  défenfe  faite  par  quelques 
Coûtâmes  au  mari  qui  furvit  àfi  femme  j  ou  à  la 
femme  qui  farvit  à  Ion  mari  ,  d'aliéner  fes   biens 
immeubles  ,  &  qui  l'oblige  à  les  conferver  pour 
les  enfans  nés  de  ce  mariage,  enforte  qu'ils  y,  fuc- 
cèdent  à  l'exclufion  de  ceux  du  fécond  ht.  La  France 
a  prétendu   que  le  Duché    de  Biabant  eft  fujet  au 
droit  de  dévolution.  On  a  foutenuau  contraire,  qu'en 
fuppofant  le  Duché  de  Brabant  fujet  à  ce  droit,  il 
ne  s'enfuit  pas  que,  par  la  dévolution^  une  fille  forrie 
du  premier  mariage  doive  être  préférée  à  un  fils  forn 
du  fécond.   Voyc^  Stokman. 

La  dévolution  diffère  de  dévolut ,  ^n  cç  que  ce 

"^  la  collation  d'un  Bénéfice  rempli  de  fait,    DEVOT  _,   ote. 
it  de  droit  par  l'incapacité  du  pourvu  ,        Dieu  \  qui  eft 
les  lettres:  au  lieu  que  la  (/c- 
volution   eft  le  droit  de  conférer  ,  qui  appartient  au 
Suppérieur  Eccléfiaftique  ,  après  un  certain  temps , 
par  la  négligence  du  CoUateur  inférieur. 
DEVON.  f.  m.  Province  ou  Contrée  d'Angleterre  , 
qui  a  titre  de  Comté  ,   &  que  les  Anglois   appel- 
lent Devon-Shire.  Denio.  Ce  pays  eft  borné  au  cou- 
chant par  les  Comtés  de  Sommerfet  &  de  Dorchef- 
ter ,  &    au   levant  par    celui  de  Cornouailles.  La 
mer  de  Bretagne  le  baigne  au  midi  ,  &  le  Canal 
de  Briftol  au  nord.  Exceller  ,  ou  Exon ,  en   eft  la 
capitale. 
DÉVORANT  ,  ANTE.  adj.  Qui  dévore  ,  qui  confume 
promptement.  Confumens.  Il  a  un  feu  ^fVora^r  dans 
les  entrailles  qui  lui  donne  un   continuel  appétit. 

On  dit  figurément  d'un  bon  Chrétien  ,  qu'il  a 
un  zhïe  dévorant ,  un  feu  divin  Se  dévorant  ;  qu'il  a 
un  grand  amour  de  Dieu. 

On  appelle.  Air  dévorant ,  \\n  air  extrêmement 
fubtil,  ik.  qui  eft  dangereux  pour  les  perfonnes  qui 
ont  la  poitrine  délicate. 
DEVOKATEUR.-f.  m.  Qui  dévore.  Forax  ,  hdluo  ,  -  pour 
gurges.  Cet  homme  eft  un  dévorateur  de  patrimoine. 
Les  chicaneurs,  les  ufurlers  font  Àqs  dévorateurs  de 
gens.  Le  tems  eit  le  dévorateur  de  toutes  chofes. 
.  Rien  n'échappe  àces  aVvoAircwi'.  BnNS.  Ce  mot  n'eft 
point  en  ufage. 

Qw  ne  le  dit  proprement  que  des  bêtes  féroces  qui 
déchirent  leur  proie  avec  les  dens.  Vorare. 
DEVOïvER.  v.  a.  Les  crocodiles  ,  les  tiburons  dévo- 
rent ,  avalent  les  hommes  tout  entiers.  Daniel  fut 
jeté  dans  la  fofTe  aux  lions  pour  être  dévoré.  On  en- 
voya un  monftre  marin  ,  pour  dévorer  Andromède. 
Ablanc. 

On  le  ditauffi  ,  par  extenfion  ,  des  hommes.  Ce 
convalefcent  a  bon  appétit ,  il  ne  mange  p.as  ,  il  dé- 
vore. Un  goinfre,  un  écornilleur  ,  dévorent ,  man- 
gent goukiment. 
DsvoRER  ,  feditau  figuré.  Quand  un  amanr  regarde 
fa  maîtrelTe  ,  il  l'a  dévore  des  yeux.  Un  traître  dont 
les  yeux  maudits  affiègent  routes  mes  aéfions ,  & 
dévorent  tout  ce  que  je  polfède.  Mol.  On  dit  aulîi 
qu'un  homme  a  c/t'vort;' tout  fon  patrimoine;  pour 
dire ,  qu'il  a  mangé  fon  bien.  Je  iens  un  feu  qui  me 


DEV 

dévore;  pour  dire,  une  parficn  violente.  On  dit 
aulli ,  qu'un  homme  dévore  les  livres  ,  quand  il  lit 
beaucoup.  Cet  homme  attend  la  fucceluon  de  Ion 
oncle  avec  impatience  ,  il  la  dcvore  par  avance.  Il 
dévore  en  efpérance  tous  mes  tréfors.  Vaug.  Le  cha- 
grin me  dévore.  Racine.  Il  y  a  beaucoup  de  diffi- 
cultés à  c?ivorer  dans  toutes  lesfciences,  &  lescom- 
mencemens  en  font  très- difficiles.  Bouh.  L'ufure  , 
fous  couleur  de  nourrir  le  pauvre  ,  le  dévore.  Roy. 
Dévorer  un  attront  ;  pour  dire  ,  cacher  le  relfenti- 
ment  d'un  aftron't. 

Rien  ne  peut-il  charmer  l'ennui  qui  vous  dévore  ? 

Racine. 

Amour ,  impitoyable  Amour  , 
Donne\  quelque  relâche  au  mal  qui  me  dévore  , 
Et  la  nuit  &  le  jour.   Des-H. 

Mais  quoi!  toujoursfouffrirun  tourment qu  elle  ignore  , 
1  oujoufs  ytrjer  des  pleurs  quiljaut  que  je  dévore  ? 

Racinb. 


Dévorer,  fe  dit  auffi  des  chofes  inanimées.  Le  feu  , 
les  fiammes  ont  dévoré  tous  ces  beaux  palais.  Le 
temps  dévore,  confume  tout. 

En  ftyle  de  l'Ecriture-Sainte  ,  &:  en  parlant  d'un 
pays  ,  où  ceux  qui  y  demeurent  ne  vivent  par  d'or- 
dinaire long-temps  ,  on  dit  que  c'eft  une  terie  qui 
û'dVoref^shabitans.  On  peut  le  dire,figurénient,d'une 
ville  où  Fon  eft  obligé  de  faire  de  grandes  dépenfes. 

Dévoré  ,  ée.  part.  pall.  &  adj.  Ccr.fum^tus  ,  ab~ 
l'umpsis. 

adj.  &'fubft.  Qui  fe  plaît  à  fervir 
ardent  à  le  prier ,  qui  eft  allidu  ans 
Eglifes.  Plus  ,  reiigiofus.  Je  ne  fuis  point  dévote  ; 
mais  toute  ma  vie  j'ai  eu  paflion  de  le  devenir.  La 
C.  DE.  B.  6'eft  un  grand  fcandale  de  -voir  que  les 
plus  dévots  font  d'ordinaire  les  moins  raifonnables. 
Le  P.  Lamy.  Il  n'y  a  rien  de  plus  à  craindre  qu'un 
dévot lïûiè  :  c'eft  un  animal  colérique  &  vindicatif; 
parce  qu'il  s'imagine  que  Dieu  lui  doit  du  retour  , 
que  la  Religion  eft  bleilée  en  fa  perfonne ,  Se  que 
fes  fureurs  font  divines.  MÉn.  Vous  reconnoilTcz 
les  dévots  d'habitude  j  ou  de  vanité ,  a  leur  mau- 
vaife  humeur  ,  à  l'inégalité  de  leur  conduite.  Il  faut 
être  dévot  fans  fuperftition,  &  fans  mclancholie.  S. 
EvR.  Le  caraéfère  des  dévots  de  profeflion  eft,  fuf- 
peét  aux  gens  fages.  lu.  Souvent  on  ne  prend  le 
titre  de  dévot ,  que  pour  fe  donner  le  droit  de  cen- 
furer  la  conduite  d'autrui.  Id.  Ils  croient  que  tout 
leur  eft  permis,  pourvu  qu'ils  aienrcle  bonnes  in- 
tentions :  erreur  trop  commune  parmi  les  dévots  ,qui 
doivent  apprendre  que  la  vertu  confifte  à  garder  les 
règles.  Le  Gend.   ' 

[DÉVOT,  OTE.  Ce  mot  fe  prend  pour  hypocrite,  Sc 
pour  faux-dévot  ;  alors  il  eft  tantôt  fubftantif , 
&  tantôt  adjectif.  C'eft  un  dévot  :  il  ne  faut  pas 
s'y  fier. 

Abus,    s'écria-t-tl ,  hé  devenei^  dévote! 
Ne  le  devient-on  pas  à  la  ville  ,  à  la  Cour? 
iWo/ dévote  !  Qui^  moi  ?  M'écrial-ie  à  mon  tour , 
L'cfprit  blejjé  d'un  terme  employé  d'ordinaire  , 
Lorfque  d'un   hypocrite  on  parle  fans  détour. 

Des-Houlieres. 

On  peut  impunément  pour  l'intérêt  du  Ciel 
Etre   dur ,  fe  venger  ,  faire  des  injuflices  : 
Tout  n'ejl  pour  les  dévots  que  péché  véniel.  Ibid. 

Fâche-t-on  un  dévot,  c'efl  Dieu  qu'on  fâche  en  lui. 

Ibid. 

Ah  !  pour  être  dévot  on  n'en  efl pas  moins  homme. 

Molière. 

Les  femmes  font  appelées  par  S.  Auguftin  .''f  pat 
le  {e\e  dévot.  On  dit,  en  parlant  d'une 


I 


l'Esjlife 


D  E  V 

femme  qui  eft  fous  la  dii-eftionduneEcclcfiaftique,^ 
.qu'elle  eft  une  de  fes  devoces.  L'incroduCtion  à  lai 
vie  dévote  eft  de  S.  François  de  Sales.  On  du  iro-  | 
niquemenc,  C'eft  un  devoc ,  un  mangeur  de  Cru- 
cifix. ,  .  ,  « 
Il  fignifie  aaflî ,  ce  qui  excite  à  la  dévotion.  Chant 
<ïVi'o;.  Oraifon  dévote.  Lieu  fore  dévot. 

Ce  mot  s'eft  dit   premièrement  des  femmes  & 
filles  qui  avoient  fait  vœu  de  Chafteté  ,  quafi  Deo 
votx. 
Faux  Dévot  ,  qu'on  appelle  fouvent  fimplement  dé- 
vot, eft  celui  qui  cache  des  pallions  très-vives  & 
très-violentes  fous  l'apparence  de   la    piété,    f^era 
pietatis  fimulator.  L'orgueil  ,  l'mtérèt  j    la   médi- 
lance,   l'efprit  vindicatif,  font  le  partage  du /ii^/.v 
divot.  Ces  quatre  vices  en  font  le  caradtère. 
DÉVOTEMENT  ,  adv.  D'une  manière  dévote.  Pie  , 
religiofè.    Un   Prêtre  doit    dire  fort  dévotement  la 
Melfe.  Il   mangea  fort  dévotement    deux   perdrix. 
Mol. 
DÉVOTIEUSEMENT  ,    adv.  C'eft   la   même  chofe 

que  dévotement.  Il  eft  vieux. 
DÉVOTIEUX,  EUSE  ,  adj.  C'eft  la  même  chofe  que 

dévot.W  eft  vieux. 
DÉVOTION,  f  f  Culte  de  Dieu  avec  ardeur  &  fin- 
cérité.  Pktas  ,  religio.  La  dévotion  eft  un  atten- 
drilfement  du  cœur ,  &  une  confolation  intérieure 
que  fent  l'ame  fidèle  dans  l'exercice  de  piété.  Jur. 
On  appelle  d'ordinaire  dévotion  ,  certaines  prati- 
ques religieufes  dont  on  fe  fait  une  loi  de  s'acquitter 
régulièrement  :  fi  cette  exactitude  eft  foutenue  d'une 
folide  piété  j  on  a  raifon  :  autrement  c'eft  vanité  , 
ou  fuperftition.  De  Vill.  Ce  n'eft  plus  la  beauté 
qui  rend  une  femme  fière  &  dédaigneufe ,  c'eft  la 
dévotion.  La  Bru  y.  On  ne  prend  les  dehors  de  la 
dévotion ,  que  pour  être  en  droit  de  réformer  fon 
prochain.  De  Vill.  Les  faux  dévots  fe  dédomma- 
gent des  dégoiits  &  des  règles  auftères  de  la  dévo- 
yotion  j  en  cenfurant  le  relie  du  genre  humain.  Bien 
des  gens  fe  font  une  dévotion  d'humeur  &  de  na- 
turel,  &  fervent  Dieu,  comme  il  leur  plaît,  & 
non  pas  comme  il  l'ordonne.  Flsch.  La  dévotion  eft 
une  palîion  chez  quelques  femmes  ;  c'eft  une  bien- 
féance  de  l'âge  ,  ou  une  mode  qu'il  faut  luivre. 
La  Bruy.  Loin  d'ici  cette  dévotion  vaine  &  frivole  , 
qui ,  voulant  accommoder  Dieu  avec  le  monde  , 
donne  à  Dieu  quelques  exercices  d'un  culte  exté- 
rieur ,  &:  laifte  vivre  au  dedans  les  defirs  &  les 
affections  du  fiècle.  FlÉch.  Il  y  a  une  efpèce  de  dé- 
votion févcre  &  mifantrope  qui  augure  mal  de  fon 
prochain  ,  &:  damne  par  charité  le  refte  du  genre 
humain. 

§CT  Si  le  mot  de  Religion  peut  être  confidéré 
comme  iynonyme  avec  dévotion  ,  ce  ne  peut  être 
qu'autant  qu'il  eft  pris  dans  un  fens  formel,  qui  mar- 
que une  qualité  de  l'ame  &c  une  difpofition  de 
cœur  à  l'égard  de  Dieu.  Cette  difpofition  fait  fim- 
plement qu'on  ne  manque  point  à  l'Être  fuprcme. 
La  piété  fait  qu'on  s'en  acquitte  avec  plus  de 
refped  Se  plus  de  zèle.  La  dévotion  ajoute  un  ex 
tcrieur  plus  compofé.  Syn.  Fr. 

^3"  Les  gens  du  monde  fe  contentent  d'avoir  de 
la  Religion.  La  piété  convient  à  ceux  qui  fe  piquent 
de  vertu.  La  dévotion  eft  le  partage  des  gens  entiè 
rement  retirés.  La  Religion  eft  plus  dans  le  cœur 
qu'elle  ne  paroît  au  dehors.  La  piété  eft  dans  le 
cœur ,  &  paroît  au  dehors.  La  dévotion  paroît  quel 
quefoit  au  dehors  ,  fans  être  dans  le  cœur.  Point 
de  dévotion  fans  attachement  au  culte  des  Autels. 
f^oyei  Religion  5c  Pieté. 
DÉVOTION  ,  fe  dit  aulTi  d'un  culte  j  ou  cérémonie  par- 
ticulière. PecuUaris  quddam  fancli  alicujus  aut  céré- 
monie facrt  vencTiitio  y  cuitus.  Les  bons  Chrétiens 
ont  une  dévotion  particulière  à  la  Vierge.  Il  y  a  une 
dévotion  à  un  tel  Sainte  à  une  telle  Eglife,  un  tel 
jour ,  une  dévotion  au  Calvaire  ,  au  Rofaire  ,  au 
Scapulaire.  Les  livres  de  dévotion  font  des  livres 
Spirituels.  On  fait  tous  les  ans  un  Almanach  de  dé- 
votion ,  ou  font  nurquées  toutes  les  Fêtes  &  les  In- 


DEV  503 

dulgences  de  chaque  jour.  Un  Pèlerinage  de  dé- 
votion. 

On  dit  au  pluriel ,  Faire  îz^dcvotions  •  pour  dire , 
Communier ,  recevoir  les  Sacremens  de  la  Pénitence 
&  de  l'Euchariftie.  Sacra  myjleria  ufurpare. 
DÉYOTioN ,  fignifie  aulfi  un  dévouement  entier  au 
fervice  de  quelqu'un  j  une  difpofition  à  faire  fa 
volonté.  Habere  aliquem  deditum  ,  objlriclum  fibi ,  ou 
<r//e  alicui  deditum  j  objlriclum.  Il  gagnera  fon  procès  : 
la  plupart  des  Juges  font  à  fa  dévotion.  Il  faut  crain- 
dre ceux  qui  ont  toujours  des  fcélcrats  à  leur  dévo' 
tion.  On  lui  manda  que  la  ville  étoit  à  fa  dévo' 
tion.  Ablanc.  Les  Bradtiens  étoient  à  leur  dévotion, 
Vaug. 

On  dit ,  en  proverbe  ,  l'ofîrande  eft  à  dévotion  j 
pour  dire  ,  qu'on  donnera  tant  &  fî  peu  qu'on  vou- 
dra. Il  n'eft  telle  dévotion  que  des  jeunes  Prêtres  j 
pour  dire  ,  qu'on  fait  les  chofes  avec  un  grand  zèle  , 
quand  on  entre  en  quelque  charge  ,  en  quelque 
profeflion.  On  dit  aullî  qu'on  attend  quelqu'un  en 
bonne  dévotion  j  pour  dire ,  qu'on  eft  difpofé  à  le 
bien  recevoir  ,  à  fe  bien  rejouir  avec  lui. 
|K?  DEVOUEMENT,  f  m.  Devotio  Jedlcatio.  Ce  mot 
fignifie  la  difpofition  dans  laquelle  on  eft  d'obéir  à 
quelqu'un  en  tout. 

IJCT  On  dit  du  dévouement ,  qu'il  eft  fans  réferve. 
Il  eft  difficile  de  plaire  aux  Princes  ,  fans  un  entier 
dévouement.  M.  l'Abbé  Girard.  Syn.  La  profelîion 
monaftique  eft  un  entier  dévouement  au  fervice  de 
Dieu.  Le  Prince  marqua  qu'il  mouroit  content  : 
trop  heureux  d'avoir  témoigné  au  Roi  fa  reconnoit- 
fance  ,  eft  fon  dévouement.  Boss.  Voye:{^  Attachb- 
MKNT  &  Attache. 

^3"  L'un  nous  unit  à  ce  que  nouseftimons.  L'autre 
nous  lie  à  ce  que  nous  aimons.  Le  troifième  nous 
foumet  à  la  volonté  de  ceux  que  nous  délirons  fervir. 
Il  marque  de  la  docilité  &  du  refpedl.  Il  appartient 
au  langage  du  Courtifan.  La  palîion  la  plus  déli- 
cate du  temps  eft  de  fe  dévouer  aux  perfonnes  donc 
on  attend  fa  fortune. 
^fT  Dévouement.  Terme  d'Hiftoire  Ancienne.  Ac- 
tion du  frcrifice  de  fa  vie  pour  le  falut  de  la  patrie. 
L'Fiiftoire  nous  fournit  plulieux  exemples  de  ces  for- 
tes de  dévouemens.  C'étoit  une  cérémonie  religieufe 
ufitée  chez  les  Anciens  ,  particulièrement  chez  les 
Romains  ,  par  laquelle  un  citoyen  s'offroit  volon- 
tairement aux  Divinités  infernales  ,  pour  faire  re- 
tomber fur  fa  tête  les  malheurs  dont  la  république 
étoit  menacée.  Le  dévouement  de  Codrus  ,  celui  de 
Decius  père  &  fils  ,  font  célèbres  dans  l'Hiftoire. 
DÉVOUER.  V.  n.  palT.  Se  donner  entièrement  à  quel- 
qu'un ,  fe  facrifier  pour  lui ,  fe  confacrer.  Devovere. 
fe  J  confecrare  ,  addicere.  Cet  homme  eft  entière- 
ment dévoué  à  un  tel  Prince. 


Tous  fes  amis  pour  lui  prêts  à  fe  dévouer. 

Racine. 

Les  Courtifans  dévoués  à  la  faveur  ne  font  que  ce 
qui  eft  agréable  au  Roi  &c  aux  Miniftres.  Les  grands 
hommes  fe  font  dévoués  à  la  gloire.  Ablanc.  Un 
bon  Chrétien  eft  entièrement  dévoué  à  Dieu.  Les 
'  Religieux  &  Religieufes  fe  dévouent  à  Dieu  d'une 
manière  plus  parfaite.  Autrefois  toutes  les  perfonnes 
d'une  famille  mariée  fe  dévouaient  avec  tout  leuc 
bien  au  fervice  d'un  Couvent ,  &  s'en  rendoient  ferfs 
&  efclaves  :  &:  quand  ils  en  palToient  le  contrat ,  ils 
lioient  à  leur  cou  une  corde  des  cloches ,  pour  mon- 
trer qu'ils  ne  manqueroient  pas  defe  trouver  à  l'E- 
glife  au  premier  fignal. 

Pour  vous  rendre  à  jamais  des  honneurs  irrimor^ 

Tels  , 
J*  vais  me  dévouer  à  vosfacrés  Autels.  - 

L'Abbé  Tétu. 

Ce  mot  vient  de  devotare.  Ménage. 
Dévouer  ,  fe  dit  aufti  d'une  cérémonie  qui  fe  faifoic 
chez  les  Romains ,  quand  un  homme  fe  facrifioit 


;o4 


DE  V 


pouE  la  patrie  ,  comme  fit  Dccius ,  qui  après  s'être 
dcvoué ,  fe  jeta  à  travers  les  ennemis  j  où  il  hu  tué. 
Devoverefc.  Les  Dccius, qui  le  dévouèrent t^oxxz  l'in- 
térêt d'une  iociété  dont  ils  alloient  n'être  plus ,  me 
fembleiit  de  vrais  fanatiques.  S.  EvR.  Dès  le  lende- 
main qu'on  eut  donné  à  Odtavien  le  nom  d'Augufte  , 
Pacuve  ,  Tribun  du  peuple  ,  commença  à  dire  qu'il 
fe  vouloir  dévouer  <!>:  confacrer  à  lui  j  comme  cela 
fe  faifoit  parmi  les  barbares ,  pour  lui  obéir  aux  dé- 
pens même  de  fa  vie,  quoiqu'il  lui  pût  commander. 
Son  exemple  fut  aullitôt  fuivi  de  tous  les  autres  j 
&  la  coutume  s'établit  enfin,  qu'on  n'alloit  point 
faluer  les  Empereurs  fans  dire  qu'on  leur  étoit  ^c- 
votte.  Augufte  ,  faifant  femblantde  s'oppofer  à  cette 
lâche  &:  infâme  Batterie  ,  ne  lailfa  pas  d'en  recom- 
penfer  l'Auteur.  Tillem. 

Il  eft  aulîi  aèl:if  II  a  dévoué  fes  enfans  au  fervice 
de  la  patrie  ,  au  fervice  du  Prince.  Confacrer  ,  don- 
ner fans  réferve. 

DÉVOUÉ  ,  ÉE.  part.  Se  adj.  Devotus ,  confccratus  ,  ad- 
diclus  ,  objinclus  ,  dcditus. 

DÉ  VOULOIR.  V.  a.  Celferde  vouloir.  A  vokndo  rem 
aliquam  abfiinere.  Malherbe  en  eft  l'inventeur.  Ileft 
fort  commode  &  fort  fignificatif ,  &  il  feroit.x  fou- 
haitcr  qu'il  fût  en  ufage  :  mais  il  ne  s'eft  point  établi. 
Vaug. 

DEVOYER.  V.  a.  Détourner  de  la  voie  ,  du  chemin. 
Se  dévoyer ,  fortir  delà  voie,  s'égarer  du  droit  che- 
min. ^  viiz  a/ierra/e.  C'eftune  œuvre  de  charité  de 
remettre  dans  le  bon  chemin  ceux  qui  fe  font  dé- 
voyés. Les  Ouvriers  difent  aulli  j  Dévoyer  une  ligne 
lin  tuyau  de  cheminée,  un  tenon  ou  autres  pièces  d'af- 
femblage  de  leur  à-plombj  ce  qui  fe  fait  quand  on  les 
détourne  hors  de  la  ligne  Aïo\x.Q.Dedinare,obHquare. 
Ce  mot  eft  un  compoié  de  voie  ,  comme  qui  diroit 
hors  de  la  voie.  On  ne  s'en  fert  plus  dans  le  bon  ftyle; 
en  fa  place  on  dit  Egarer. 

DÉVOYER  ,  fe  dit  plus  ordinairement,  au  figuré  ,  des 
Hérétiques  qui  fe  font  féparésde  l'Eglife,  qui  font 
fortis  de  la  bonne  voie.  Aherrare  j  errare.  Il  faut 
tâcher  de  ramener  dans  ia  voie  du  falut  ceux  qui  s'en 
font  dévoyés.  Il  eft  mieux  de  dire  égarés. 

Devoyep.,  en  Médecine,  fe  dit  pour  marquer  l'ePec 
ordinaire  des  indigeftions.  Refolvere.  Les  raidns  éi< 
autres  fruits  cruds  dévoient  les  eftomacs  foibles. 

DÉVOYÉ  ,  ÉE.  part.  palT.  &  adj.  Il  a  les  fignif  cations 
de  fou  verbe.  On  appelle ,  en  termes  de  maçonnerie, 
un  tuyau  dévoyé  un  tuyau  de  cheminée  ,  qui  ,  après 
avoir  monté  verticalement ,  fe  détourne  de  fa  ligne 
droite.  Ac.  Fr.  1740. 

Ce  mot  ûffiVqye  vient  du  mot  Latin  deviare  ,  qui 
fîgnifie  la  même  chofe  ,  c'eft-à-dire,  félon  l'étymo- 
logie  ,  mettre  hors  de  la  voie. 

DEUSDEDIT.  f.  m.  Nom  propre  d'homme ,  compolé 
de  deux  mots  Latins  j  Deus ,  Dieu  j  &  dédit ,  a 
donné  ,  &  qui  eft  la  même  chofe  queNathanaci  en 
Lîébreu ,  &  Donnadieu  en  François.  Deufde;lti. 
Nous  confervons  ce  mot  en  notre  langue  pour  les 
Anciens  qui  l'ont  porté  j  &  nous  difons  iort  bien 
S.  Deufdedit ,  Pape  ,  étoit  Romain  ;  il  fuccéda  à 
Boniface  IV^  le  13  Nov.  614,  &  mourut  le  8 
Nov.  617.  Deufdedit ,  Cardinal,  qui  vivoit  dans 
le  Xl"^  fiède  ,  dédia  à  Victor  III  une  colle(5tion  de? 
Canons  qu'il  fit.  Il  eft  encore  Auteur  d'un  Traité  Ds  ' 
privilégias  Rom.fedis. 

DELTSEN.  f  m.  Ville  d'Afrique  ,  dans  la  Province  de  ] 
Zeb  ,  audéfert  de  Numidie.  Elle  eft  ancienne  ,  &  j 
a  été  bâtie  par  les  Romains  fur  les  confins  du  Royau- , 
me  de  Bugie.  i 

DEUTÉROCANONIQUE.  Terme  dogmatique   de 

Théologie.  Livre  facré  de  l'Ecriture  qui  a  été  mis  plus 
tard  que  les  autres  dans  le  Canon,  foit  parce  qu'il 
a  été  écrit  après  que  les  autres  y  étoient  déjà  ,  foit 
parce  qu'il  y  a  eu  quelque  doute  de  fa  canonicité. 
Deuterocanoniius.  Les  Juifs  reconnoKTent ,  dans  leur 
Canon,  des  livres  qui  n'y  ont  été  mis  qu'après  les 
autres.  Ils  difent  que.fous  Efdras,une  grande  airem- 
bléede  leurs  Doéieurs ,  qu'ils  appellent  par  excel- 
lence la  Grande  SyUvigogue  ,  fit  le  recueil  des  Livres . 


D  E  V 

faintsque  nous  avons  encore  aujourd'hui  dans  l'an- 
cien Teftament  Hébreu  ;&:  il  eftbien  certain  qu'elle 
y  mit  des  livres  qui  n'y  étoient  point  avant  la  cap- 
tivité de  Babylone  ,  comme  ceux  de  Daniel ,  d'Ezé- 
chiel ,  d'Aggée  ,  Sec.  &  ceux  d'Efdras  &  de  Néhé- 
mias.  De  même  lEglife  en  a  mis  quelques-uns  dans 
le  Canon  qui  ne  iont  point  dans  celui  des  Juifs ,  Se 
qui  n'ont  pu  y  être ,  puifque  plufieurs  n'ont  été 
compofés  que  depuis  le  Canon  fait  du  temps  d'Ef- 
dras j  la  Sagefle  ,  l'Eccléfiaftique  ,  les  Machabces. 
D'autres  n'y  ont  pas  été  mis  fitôt ,  parce  que  l'E- 
glife n'avoir  point  encore  examiné  leur  canonicité  : 
ainfi,  jufqu'ài^on  Examen  &  fon  Jugement,  on  a 
pu  en  doutert  Mais ,  depuis  qu'elle  a  prononcé  fur 
la  canonicité  de  ces  livres ,  ou  de  ces  parties  de  li- 
vres de  l'Ecriture  ,  il  n'eft  pas  plus  permis  d'en  dou- 
ter ,  qu'il  ne  fut  permis  aux  Juifs  de  douter  de  ceux 
du  Canon  d'Eldras  ;  6c  les  Deuterocanoniques  ne 
font  pas  moins  canoniques  que  les  Protocanoniques, , 
puifque  la  feule  difrércnce  qu'il  y  a  entre  les  uns&: 
les  autres  ,  c'eft  que  la  canonicité  de  ceux-là  n'a  pas 
été  reconnue  généralement ,  &  qu'elle  n'a  pas  été 
examinée  &  décidée  par  l'Eglife  ,  fitôt  que  celle  des 
autres. 

Les  Livres  Deuterocanoniques  Çom ,  le  livre  d'Ef- 
ther ,  ou  tout  entier ,  ou  puurle  moins  les  fept  der- 
niers chapitres  de  ce  livre  ;  Tobie  ,  Judith  ,  le  li- 
vre de  la  Sagelfe  ,  TEccléfiaftique ,  Baruch ,  les  deux 
livres  des  Machabéesj  l'Epitre  aux  Hébreux,  celle 
de  S.  Jacques ,  &  celle  de  S.  Jude  j  la  féconde  de 
S.  Pierre ,  la  féconde  Se  la  troifième  de  S.Jean,  avec 
fon  Apocalypfe.  Les  parties  Deuterocanoniques  de  li- 
vres font  dans  Daniel ,  l'Hymne  destrois  enfans  & 
l'Oraifon  d'Azarie  ,  les  Hiftoires  de  Sufanne  ,  de 
Bel  &  du  Dragon  ;  le  dernier  chapitre  de  S.  Marc  ; 
la  Sueur  de  fang  ,  &  l'Apparition  de  l'Ange  racon- 
tées en  S.  Luc  j  C.  XXII.  l'Hiftoire  de  la  Femme 
adultère  en  S.  Jean  ,  C.  VIII.  Foye^  l'Œconomia 
Bibliorum  d'Ederus ,  p.  1 9-  B.  Michaêl  de  Médina. 
DeReclâ  in  Deumjide  ,  L.  Kl,  C.  10.  Serarius  Pro' 
legom.  C.  7.  Bonfrerius  Pr&loq.  C.  j.  Ménochius  Pro- 
leg.  C.7. 

Ce  mot  eft  Grec  &  compofé  de  AEuVsçcf ,  fécond ^ 
Se  Ktf»o»ixW,  Canonique  ,  parce  que  ces  livres  ne  font 
que  les  féconds  Canoniques  ,  les  autres  l'ayant  été 
avant  ceux-ci  j  ce  qui  ne  fignifie  pas  qu'ils  aient 
moins  d'autorité.  ' 

DEUTERONOME.  f.  m.  L'un  des  Livres  Sacrés  qui 
compofentlecorps  des  Saintes  Ecritutes  ,  qu'onap- 
pelle  autrement  la  Bible  ,  le  cinquième  de  ceux  de 
l'ancien  Teftament,  Se  le  dernier  de  ceux  que  Mpife 
fit.  Deuteronorrùvm.  Il  ne  paroît  pas  que  Moife  eût 
diftingué  ce  qu'il  écrivit  en  diftérens  livres ,  &  qu'il 
eût  donné  diftérens  titres  ,  ou  diftérens  noms  aux 
parries  de  fon  ouvrage.  Encore  aujourd'hui  les  Juifs 
'ne  diftinguent  point,  comme  nous ,  dans  les  exem- 
plaires dont  ils  fe  fervent  dans  leurs  Synagogues, 
&  l'écrivent  tout  de  fuite  ,  comme  un  feul  ouvrage  j 
fans  autre  diftindion  que  celles  des  parafches  peti- 
tes S<.  grandes.  Dans  les  autres  exemplaires  qui  fonc 
à  l'ufage  des  particuliers  ,  à  la  vérité  ils  les  diftin- 
guent en  cinq  parties,  comme  nous;  mais  ils  ne  leur 
donnent  point  d'autre  nom  que  les  premiers  mots 
par  où  commence  chaque  divifion  ,  à  peu  près  com- 
me en  citant  un  décret,  ou  un  chapitre  du  Droit 
Canon  ,  nous  les  nommononsou  nous  les  défignons 
par  les  premiers  mots  par  lefquels  ils  commencent. 
Ainfi  les  Juifs  appellent  la  première  partie  de  l'ou- 
vrage de  Moife  n'iû'xnn  Bercfchit ,  parce  qu'elle  com- 
mence  par  cette  diction.    De   même  la  féconde  » 
IOï;  n^Nin  ;  Fe  ellek  Sckemof^Lz  troifième^»^p'1  j 
Vafichrah  \  la  quitrième  I^TI ,  Fajiedabber  ;  la  cin- 
quième an^in  nSx  ^  Elleh  haddeharim ,  qui  en  font 
les  premiers  mots.  Cet  ufige  eft  très-ancien  parmi 
les  Rabbins  ,  comme  il  paroît  par  les  anci-^^ns  Com- 
mentaires furces  livres ,  appelés  nm  JT^Xia  ,  Beref- 
chitBabba  ,  H^T  nit3ï;  n'^KI  Veelleh  fchemot  Rabba, 
&CC.  &  par  le  Prologus  Galeatus  de  S.  Jérôme.  Ce 
furent  les  Septante  qui ,  quand  ils  firent  leur  tra- 

dudion 


D  E  V 

auà'ion  de  la  Loi ,  donnèrent  aux  cinq  paities  dans 
leiquelles  elle  étoit  divilce  les  noms  de  Genefej 
Exode  j  Lévuique,  Nombre  &  UeuuroKome.  Ces 
noms  en  etietlont  Grecs ,  à  celui  de  Lévitique  près, 
qui  eft  Hébreu  ;  mais  dans  la  forme  Grecque  ils  ex- 
priment ce  que  contiennent  ces  livres  ,  ou  du 
moins  la  choie  la  plus  remarquable  qui  y  ell  conte- 
nue. 

Le  Deutéronome  ,  dont  il  s'agit  ici ,  fut  aind  nom- 
mé ,  parce  que  cette  dernière  partie  de  l'ouvrage 
de  Aloife  comprend  la  répétition  ,  la  récapitula- 
tion que  ce  Légillateur  lit  aux  Uraclites ,  avant  que 
de  mourir ,  de  la  Loi  qu'il  leur  avoir  donnée.  Ceft 
pout  cela  que  le  Deucéronome  s'appelle  encore  pai 
les  Rabbins  HTOa  ,  Al'fck  -  nch  Répétition  ;  rmn 
reï'a  ,  ïicpetltLon  de  la  Loi  yjeconde  Loi.  Ils  le  nom- 
ment encore  mrtDW  13D  _,  le  Livre  des  Répriman- 
des,  à  caufe  du  Chapitre  XXXVIIIe.  qui  eft  plein 
des  bénédiétions  que  Dieu  leur  promet  s'ils  gardent 
la  loi ,  &  des  malédictions  dont  il  les  menace  s'ils 
la  tranfgrellent  ,  &  que  pour  cela  ils  appellent 
mriJin  IID  ,  Seder  Tochj.hhuv^  le  Chapitre  des  Ré 
primandes.  Le  Deutéronome  fut  fait  la  quarantième 
année  depuis  la  fortie  d'Egypte ,  dms  les  campa- 
gnes des  Moabites ,  au-delà  du  Jourdain.  Exprel- 
lîon  équivoque  qui  a  fait  douter  ii  Moiie  étoit  véri- 
tablement l'auteur  de  ce  livre  j  puifqu'il  eft  certain 
qu'il  n'a  jamais  palTc  ce  fleuve.  Mais  les  interprè- 
tes répondent  que  l'exprellion  qu'on  a  traduite  pai 
ces  mots  au-delà  j  lignifie  également  en-deçà.  Moïle 
étoit  alors  dans  fa  iioe.  année.  Le  Deutéronome 
contient  en  Hébreu  onze  parafches  ou  dix  feule- 
ment ,  félon  la  Bible  des  Rabbins  ,  édition  de 
Venife  ,  zy  Chapittes  &  955.  Verfets.  Dans  les 
Verfions  Grecques  &  les  Latines  il  a  XXXIV  Chapi 
très.  Le  dernier  n'eft  pas  de  Moi'fe.  Quelques-uns 
difent  qu'il  fut  ajouté  par  Jofué  ou  par  Efdras  im- 
médiatement après  la  mort  de  Moife.  Ceft  le  fen- 
timent  le  plus  vraifemblable  ,  ou  plutôt  c'eft  le 
commencement  du  livre  de  Jolué  ,  comme  il  eft 
aifé  de  s'en  convaincre  en  comparant  le  premier 
verfet  du  livre  de  Jofué  ,  félon  la  divihon  préfente, 
avec  le  dernier  verfet  du  Deutéronome.  De  forte' 
que  la  difficulté  tirée  de  la  defcription  de  la  mort 
de  Moife  ,  qui  fe  trouve  à  la  hn  du  Deutéronome  , 
difparoît,  quand  on  fait  attention  qu'elle  ne  fe 
trouve  là,  que  par  la  faute  de  ceux  qui  ont  fait 
la  divifion  de  ce  livre  d'avec  celui  de  Jofué  ,  qui 
y  étoit  joint  anciennement  fans  aucune  divifion. 
Ainh  ce  morceau  du  Deutéronome  où  la  mort  de 
Moife  eft  décrite  appartient  réellement  au  livre  de 
Jofué. 

Ce  nom  eft  Grec  ,  compofé  de  ^ÙTifoç ,  fécond , 
&  t=«o?  J  Loi  ;  &  on  l'a  donné  à  cette  pattie  de  l'ou- 
vrage de  i*4oife  ,  pour  la  raifon  que  nous  avons 
dite  ci-delTus. 

§Cr  DEUTÉROPATipUE.  Terme  de  Médecine  , 
adj.  de  t.  g.  dérivé  du  Grec  hirtfci ,  fécond  ,  & 
^:sôaf,  maladie.  Ainfi  ce  mot  fignihe  proprement, 
maladie  fecondaire  j  c'eft-à-dire,  qui  eft  la  fuite  ou 
l'effet  d'une  maladie  précédente.  C'eft  l'oppofé  de 
Protopathique. 

DEUVE.  f.  f.  Etoffe  de  foie.  C'eft  une  efpèce  de  fa- 
tinade  ou  d'oftade. 

DEVUIDE.  Terme  de  Billard.  Faire  devuide  ,  fe  dit 
à  la  guerre,  lorfque  le  joueur  ne  lailfe  aucune  bille 
fur  le  tapis,  pas  même  la  lienne  ;  ou  bien,  lorf- 
quil  fait  fauter  fa  propre  bille  ou  qu'il  la  met  dans 
la  beloufe  ,  quoique  celle  de  fon  adverfaire  rcfte 
fur  le  tapis.  Celui  qui  fait  devuide  paie  deux  mar- 
ques à  celui  fur  lequel  il  fait  devuide. 

DEUX.  f.  m.  Nom  du  nombre  qui  fuit  l'unité  ,  &  qui 
eft  la  première  puilT-ince  qui  commence  les  multi- 
plications. Duo.  Fendre  en  deux ,  c'eft  divifer  par 
la  moitié.  Bijariam. 

Deux  frères  jumeaux.  Gemelli.    Regarder  entre 

deux  yeux';  pour  dire ,  fixemcnr.  Defigere  oculos.  L^ne 

poire  à  deux  têtes.  P;  rum  biceps.  Les  trois  angles  d'un 

irianglé  font  égaux  à  deux  droits.  Cela  eft  certain 

Tojne  LU, 


DEV  yos 

comme  deux  &  deux  font  quatte.  Ils  font  à  deux 
de  jeu  ;  pour  dire  j  Ils  n'ont  point  d'avantage  l'un 
fur  l'autre:  phrafe  tirée  du  jeu  de  paume  j  où  l'on 
compte  à  deux ,  quand  on  a  gagné  un  nombre  égal 
de  coups  ou  de  jeux.  Pares.  On  dit  à  la  boule  j  II 
porte  les  deux  ;  pour  dire  ,  Il  a  deux  coups  a  jouer; 
Duahus  panibus  jungitur  ,  duorum  partes  fujtinet  : 
&  d'un  Cavalier  qui  s'enfuit ,  qu'il  donne  des  deux  5 
pour  dire  ,  des  deux  éperons. 

Je  me  vois  en  rafe  campagne , 

Dominant  fur  tout  l'honjon  : 

Je  pique  des  deux  mon  grifon  j 

Et  crois  voler  fur  un  Pegafe  j 

Comme  un  autre  Bellérophon.  P.  Du  Cerc. 

On  dit  aullî  au  jeu  ,  porter  fes  deux  ;  pour  dire^ 
Jouer  feul  contre  deux.  Il  fe  du  aulli  figurémentj 
pour  direj  Exercer  (/t;,!^.v  fonéiions  différences. 

ifT  Deux  &  un.  On  le  dit  en  termes  de  Blafon  , 
pour  dire,  deux  en  chef  &  un  en  pointe.  Il  y  a  dans 
l'écu  de  France  trois  fleurs  de  lis ,  deux  &  un. 

On  dit  au  Triitrac ,  Doulle  deux  ,  quand  on 
amène  un  doublet  de  deux.  Et  aux  trois  dès ,  on 
dit ,  Rafle  de  deux ,  quand  chacun  des  trois  dès  eft 
fur  le  point  de  deux.  Après  la  virgule  il  faut  mettre 
les  deux  points.  Le  deux  fe  marque  en  chiffre  Ro- 
main ainfi ,  II ,  &  en  chiffre  Arabe  ainfi ,  2. 

Deux.  f.  m.  Le  nombre  de  deux  étoit  regardé  chez 
les  Romains  comme  de  mauvais  augure  ,  &  de  tous 
les  nombre  le  plus  malheureux.  Etj  comme  tous  les 
mauvais  augures  croient  conficrés  à  Pluton  ,  les  Ro- 
mains lui  avoient  dédié  le  fécond  mois  de  l'année 
&  le  fécond  jour  de  chaque  mois. 

Deux.  f.  m.  En  termes  de  Chalfeur,  on  appelle  du 
deux  J  une  forte  de  petit  plomb  à  tirer  moins  gros 
que  celui  qu'on  appelle  de  \'un  ,  &c  plus  gros  que 
celui  qu'on  nomme  du  trois.  Les  tireurs  chargent 
leurs  fuhls  avec  du  deux ,  lorfqu'ils  vont  chalfer  le 
lièvre.  On  dit  acheter  du  deux  ,  charger  aveè  du 
deux  ,  ce  lièvre  a  été  tué  avec  du  deux. 

On  dit,  proverbialement,  Marcher  deux  à  deuXy 
comme  Frères  Mineurs.  Cela  eft  fait  comme  deux 
œuis.  Deux  chapons  de  rente  ,  l'un  gras  &  l'autre 
maigre.  On  dit  aufli ,  je  ne  vous  en  ferai  pas  à  deux 
fois.  ScAR. 

DEUX-AMANS.  Prieuré  de  Chanoines  Réguliers, 
iitué  fur  la  cime  d'une  haute  montagne,  entre  la  rive 
droite  de  la  Seine  &  la  rive  gauche  de  l'Andèle , 
au  confluent  de  ces  deux  rivières  dans  le  Diocèfe  de 
Rouen.  Defcription  Géographique  &  Hiforique  de  la. 
Haute-Normandie  ,  Tom.  11  ^  pag.   351. 

DEUXIÈME,  adj.  m.  &  f  numéral.  Qui  fuit  le  pre- 
mier ,  qui  eft  au  fécond  rang.  Secundus.  Ce  far  ai- 
moit  mieux  être  le  premier  au  village  ,  que  d'être 
le  deuxième  à  Rome. 

DEUXIÈMEMENT,  adv.  En  fécond  lieu.  Secundo, 

DEUX-PONTS^  f.  m.  &  pi.  Ville  d'Allemagne  ^  ca- 
pitale du  Duché  àè  Deux-Ponts  J  Bipontium.  Elle 
eft  du  Cercle  Eleétoral  du  Rhin.  Mary  fait  ce  nom 
féminin.  Deux-Ponts  ,  dit-il  ,  eft  alfez  bien  bâtie 
&  défendue  par  un  Château  affez  fort,  où  les  Ducs  de 
£>e:/.v-Po««  faifoient  autrefois  leur  réfidence.  Il  fal- 
loir dire  la  Ville  de  Z)t«.v-Po/?rj.  Elle  eft  fituée  au  con- 
fluent de  deux  petites  rivières,  fur  chacune  defquel- 
les  il  y  avoir  apparemment  un  pont ,  d'où  la  ville 
a  pris  ce  nom  ,  pour  le  donner  enfuite  au  Duciié 
dont  elle  eft  capitale. 

Le  Duché  de  Deux-Ponts ,  petit  Etat  du  Cercla 
du  Bas  Rhin  en  Allemagne.  Bipontinus  Ducatus.  Il 
eft  dans  les  montagnes  de  \'ôge  ,  borné  au  couchant 
par  la  Lorraine  &  par  le  Comté  de  Sarbruck  ,  au 
midi  par  l'Alfice  ,  &  des  deux  autres  côrés  par  le 
Palatinat  du  Rhin.  La  France  s'empara  du  Duché 
de  Deux-Ponts  après  la  mort  du  dernier  Duc  ; 
mais  en  1(^95  ,  il  fut  rendu  au  Roi  de  Suéde  ,  qui 
eft  de  la  Maifon  de  Deux-Ports.  Maty. 

DEUX-TESTES.  Nom  d'une  efpèce  de  Poire.  La  deux- 

Qq 


3o6  D  E  X 

tctes ,  la  double  fleur.  La  Quint.  On  dit  plus  ordi- 
nairement poire  à  (icuX'tius.  Pyrurn  biceps, 

D  E  X 

DEX.  f.  m.  Mot  du  vieux  langage ,  qui  a  été  dit  pour 
Dieu.  On  difoit  aulli  Diex. 

Dex.  Terme  de  Coutumes.  C'eft  un  mot  du  langage 
Touloulain.  Il  paroît  par  le  texte  des  Auteurs  qui 
l'emploient  qu'il  fignirie  ZwwVejj  étendue  ^  dijtnct , 
junJdicÏLon.  Le  dex  de  Touloufe. 

Quelques  Auteurs  conjecturent  que  le  mot  de  dex^ 
qui  veut  dire  dix  dans  le  Languedoc  ,  a  été  em- 
ployé pour  fignifier  étendue  de  jurifdidion  ,  parce 
que  celle  de  Touloufe  s'crendoit  dans  un  certain 
efpace  qui  fe  mefuroit  par  dix ,  comme  celles  d'An- 
gers &  de  quelques  villes  de  Poitou  ont  été  appel- 
lées  Quintes  ,  du  nombre  de  cinq  ,  &  celles  de  Bour- 
ges Se  Haine ,  du  nombre  de  fept.  Ces  dix  j  ces 
cinq  j  &  ces  fept  étoient ,  ou  des  lieues ,  ou  des 
milles  ,  ou  quelque  autre  melure  femblable. 

DEX-AIE.  Cri  de  guerre  des  Normans. 

François  crie  ^Montjoie  \  &  Normans.  Dex-aïe. 

Vace  j  dit  le  Clerc  de  Caen ,  dans  fon  Roman  de 
Normandie. 

ifT  DHXICRÉONTE.Surnomdonné  à  Vénus  à  caufe 
d'un  certain  Dexicréon. ,  qui  expia  par  des  lacrifices 
les  crimes  des  femmes  de  Samos  ,  qui  s'étoient 
abandonnées  à  la  débauche  :  ou  plutôt  d'un  autre 
Dexicréon ,  Capitaijie  de  Navire,  qui,  ayant  amalfé 
de  grands"  biens  à  vendre  aux  matelots  &  aux  paf- 
fagers  de  l'eau  douce ,  que  Vénus  lui  avoir  donné 
ordre  de  charger,  fit  élever  une  Sratueà  cette Déelfe, 
qu'il  appela  de  fon  nom  Dexicréonte.  Cœlius  Rhod. 

DEXTANS.  Mot  Latin,  terme  d'Antiquaire.  J^oy.  AS. 

DEXTERITE,  f.  f.  AdrelFe  à  faire  quelque  ouvrage 
de  la  main.  Dexteritas  j  folertia.  Il  faut  une  mer- 
veilleufe  dextérité  à  enchalfer  des  diamans  ,  à  faire 
les  chaînes  des  montres. 

^CT  Dextérité  ,  fe  dit  aullî,  figurément  ,  &  ce  mot 
emploie  dans  ce  dernier  fens,  aulli- bien  que  dans 
la  fignification  propre  ,  a  un  rapport  direéb  à  la  ma- 
nière d'exécuter  les  chofes  ;  l'adrejje  en  a  davanta 
ge  aux  moyens  de  l'exécution  ,  &:  l'habileté  regarde 
plus  le  difcernement  des  chofes  mêmes.  La  premiè- 
re met  en  ufage  ce  que  la  féconde  diète ,  fuivant 
le  plan  de  la  troiiième. 

§cr  Pour  former  un  gouvernement  avantageux ,  il 
■  faut  de  yiiabileté  dans  le  Prince  ou  dans  fes  Miniftres; 
de  ïudreife  dans  ceux  à  qui  l'on  confie  la  manœu- 
vre du  détail  &  de  la  dextérité  duns  ceux  à  qui  l'on 
commet  l'exécution  des  ordres. 

fer  Avec  un  peu  de  talent  &  beaucoup  d'habi- 
tude à  traiter  les  affaires  j  on  acquiert  de  la  dexté- 
rité à.  les  manier;  de  Vadrejfe  pour  leur  donner  le 
tour  qu'on  veut,  &  de  l'habileté  pour  les  conduire. 

fer  Lo.  dextérité donns  un  air  aifé  &  répand  des 
grâces  dans  l'adbion.  VadreJJe  fait  opérer  avec  art  & 
d'un  air  fin.  L'habileté  fait  travailler  d'un  air  enten- 
du &  favant. 

§3"  Savoir  couper  à  table  &  fervir  fes  convives 
avec  dextérité  \  mener  une  intrigue  avec  adrejfe  ; 
avoir  quelque  habileté  dans  les  jeux  de  commerce 
&  dans  la  Mufique-,  voilà  j  avec  un  peu  de  jargon  , 
fur  quoi  roule  aujourd'hui  le  mérite  de  nos  aimables 
gens.  M.  l'Abbé  Girard  Svn.  Foye^  Adresse  & 
Habileté. 

tCTDEXTRE.f.  f.  Dextra.  Vieux  mot.  La  main 
droite.  Affis  à  la  dextre  de  Dieu  ,  à  la  dextre  du 
Tout-Puiffant  j  à  la  dextre  du  Père.  Ac.  Fr. 

Receve:^  ce  placée  que  ma  main  vous  préfente  j 
Et,  -d'une  dextre  bienfaifante ^ 
Mettez  au  bas  ces  mots  exquis  : 
Soit  fait  ainjl  qu'il  eft  requis.  R. 

§Cï*Dextre.  adj.  Dexterum%  Qui  appartient  au  côté 


DEX  DGE  D;HA   DI  DIA 

droit.  En  termes  de  Blafon  l'on  dit  du  côté  dextre 
Scjénejlre.  Dextre  ne  le  dit  point  dans  l'ufage  ordi- 
naire. 
DEXTREMENT.  adv.  D'une  manière  adroite.  Il  faut 
manier  bien  dextrement  ces  cryllaux  ,  de  peur  de  les 
caffer.  Un  Peintre  peignit  u\\  rideau  fi  dextrement^ 
qu'on  s'avifa  de  le  tirer.  Abl.  Solerter.  Ce  mot  n'eft 
plus  en  ufage  que  dans  le  ftyle  marotique.  En  fa 
place  on  dit  adroitement. 

.  .  .  .   O  Laverne  facrée  ! 

O  des  Larrons  Décjje  révérée  y 

Toi  qu'à  Bayeux  implore  le  Normand, 

apprends-moi  l'art  de  f/owz^er dextrement.  R. 

DEXTRIBORD.  Terme  de  Marine.  Le  côté  droit  du 
vailFeau.  C'eft  le  même  que  Stribord.  Pars  navis 
dextera. 

DEXTROCHÉRE  ou  DESTROCHÈRE.  f  m.  Ter- 
me de  Blafon,  qui  fe  dit  du  bras  droit  qui  eft  peint 
dans  un  Ecu  tantôt  tout  nud  ,  tantôt  habillé  ou  gar- 
ni d'un  fanon  ,  Se  quelquefois  armé  ,  ou  tenant 
quelque  meuble  ,  ou  pièce  dont  on  fert  dans  les 
Armoiries.  On  met  quelquefois  le  dextrochére  en 
cimier. 

Ce  mot  vient  de  dextrocherium  Latin ,  qui  figni- 
fîoit  un  bracelet  qu'on  portoit  au  poignet  droit , 
&  dont  il  eft  parlé  dans  les  Aéles  du  martyre  de 
Sainte  Agnès  ,  &  dans  la  vie  de  l'Empereur  Maxi- 
min.  Cet  ornement  étoit  commun  ,  tant  aux  hom- 
mes qu'aux  femmes ,  &  s'eft  aulli  appelé  brachiale  , 
torquis  ,  armilla.  Du  Cang, 

DEY.  Foye-  DAY. 

DEZIZE.  f  f.  Petite  ville  d'Egypte ,  voifine  du  Cai- 
re ,  à  une  lieue  du  quartier  des  Francs.  Long.  49. 
d.  10'.  lat.  28.  d.  54'. 

DGE. 

DGEZHAITCHL  f.  m.  Terme  de  Relations.  Les 
Dgeihaitchis  font  le  fécond  corps  des  troupes  de 
la  Maifon  du  Roi  de  Perfe  :  ils  font  la  garde  dans 
la  Salle  intérieure  du  Palais  ,  comme  les  Gardes-du- 
Corps  en  France  :  ils  font  quatre  mille  hommes  en 
tout  :  celui  qui  les  commande  eft  le  Toptchi  ,  ou 
Grand  Maître  de  l'Artillerie. 

DGIANAD.  f.  m.  Ville  de  l'Arabie  heureufe ,  au 
nord  de  Tyz. 

D  H  A. 

DHAFAR.  f.  m.  Ville  de  l'Iemen ,  où  de  l'Arabie 
heureufe ,  fituée  fur  le  Nangeran  j  environ  à  dou- 
ze lieues  de  la  côte  ;  ou,  félon  M.  d'Herbelot ,  au 
fond  d'un  Golfe  ,  formé  par  la  mer  Ethiopienne- 
qui  borne  l'Arabie  du  côté  du  Sud. 

D  I. 

DI.  Particule  inféparable  de  quelques  mots  François, 
auxquels  ,  pour  l'ordinaire  elle  donne  une  lignifi- 
cation plus  étendue  ,  comme,  diriger,  divaguer  y 
difperfer ,  (dans  ce  inot  ïs  qui  eft  après  </-:' appar- 
tient à  la  féconde  fyllabe  )  diffimuler ,  dijfoudre  y 
difequer  :  dans  ces  mots  on  ajoute  une  .ï  après  di^ 
parce  que  le  mot  fimple  commence  par  une  s.  Dif- 
Jus  prend  une  /^après  di ,  &  l'ajoute  au  mot  fimple 
dont  il  tire  fon  origine,  comme  diffimuler,  &c  les 
autres  mots  qu'on  vient  de  rapporter  ,  ajoutent  une 
s  3.  leur  fimple.  diffamer,  difficulté ,  difforme,  ont 
deux^pour  la  même  raifon ,  ou  parce  que  \s  de 
la  prépofition  dis  fe  charge  en_/  devant  une  autre 
f.  Foye-;^  la  Grammaire  Françoife  de  M.  l'Abbé 
Régnier. 

D  I  A. 

DIA.  Terme  populaire  dont  fe  fervent  les  Charriera 
pour  faire  aller  leurs  chevaux  à  droite,  comme  ils 


D  î  A 

fe  fervent  de  huhe  on  luir-h;ui  ,  ou  huho  ,  poiules 
faire  dctourner  à  i^aiiche.  Dextra  ,  dcxtrorjum. 

On  dit,  proverbialemen:,  Il  n'entend  ni  à  hahe^ 
ni  à  dia  ;  ou  bienj  II  n'entend  ni  à  dïa  ,  ni  à  hur-h.au\ 
pour  dire  ,  C'e(t  un  homme  à  qui  l'on  ne  peut  faire 
entendre  raifon.  On  dit  audi,  proverbialement  j  de 
deux  perfonnçs  qui  ,  étant  chargées  d'une  affaire , 
la  conduifent  par  des  voies  oppolées ,  que  l'un  tire 
à  dia  ,  &  l'autre  d  hur-hau. 
Dia,  eft  le  commencement  de  plufieurs  termes  de 
Médecine  ,  de  Chirurgie  j  de  Pharmacie.  Dans  les 
mots  où  ces  trois  lettres  commencent  le  nom  d  un 
remède,  d'un  onguent  ,  d'un  emplâtre,  d'un  cata- 
plalme,  &c.  elles  marquent  conipqfùion  ,  mésange  , 
comme  dans  Diapalme  j  dlackylon ,  &:c.  Voyez  ces 
mots.  JDia  eft  encore  le  commencement  de  plulieurs 
mots  ,  tant  des  Arts  &  des  Sciences ,  que  de  l'ula- 
ge  ordinaire,  comme  diamètre,  dialogue  j  Diacre  , 
&c.  Dans  tous  ces  mots  Dia  j  qui  ell  prépodtion 
ou  particule  inféparable  ,  vient  de  ^m,  qui  com- 
mence les  mêmes  mots  en  Grec.  Il  y  a  des  mots  où 
dia  n'eft  point  une  prépofition  prife  d'une  langue 
étrangère  ,  quoique  ces  mots  viennent  ou  pullfcnt 
venir  d'une  langue  étrangère  ,  comme  diamant  , 
Diane  ,  diantre. 
DIA  ,  ou  DIE.  f.  f.  Nom  d'une  faulTe  Divinité  des 
Anciens.  Dia.  La  Déelfe  Dia  étoit  honorée  chez 
les  Sicyoniens  &  chez  les  Philiafiens.  Elle  étoit  aulfi 
connue  &  honorée  des  Romains  ,  comme  il  paroît 
par  le  fragment  des  infcnptions  des  frères  Arvales, 
qui  fe  voit  dans  Gruter  ,  p^  CXVII,  &  fuiv.  où  elle 
ett  nommée  De  A  Dia  ^  cinq  fois ,  p.  CXX  &  CXXI. 
On  y  voit  que  les  hères  Arvales  lui  font  des  iacti- 
fices  folemnels,  qu'elle  avoir  un  bois  facré  proche 
de  Rome  j  qu'il  étoit  lur  le  chemin  ,  ou  Campagne 
«l'Italie,  f^id  Campanâ^  à  cmc]  ftades  de  Rome., 
apud  lap.  K.  que  les  arbres  de  ce  bois  ayant  été 
frappés  de  la  [oudre  j  on  y  lit  des  luftrations  & 
des  ficrifices  pour  purger  le  heu  j  &  qu'on  en  plan- 
ta d'autres.  Par  une  autre  infcription  rapportée  au 
même  endroit  ,  pag.  CXXIV  ,  on  connoît  en- 
core qu'il  y  avoir  un  temple  ,  ou  une  falle , 
un  portique,  peut-être  un  dôme  foutenu  de  qua- 
tre colonnes ,  Tetrafiylon  ,  où  les  Prêtres  s'alîem- 
bloient ,  &  où  ils  fe  feyoient  tic  tenoient  leurs  af- 
femblées. 

Quelques-uns  de  nos  Auteurs  prétendent  que  la 
Déeîîe  Dia  fut  aulii  honorée  en  Gaule  \  qu  elle  le 
fut  fur-tout  des  Vocontiens  ,  qui  l'adoroient  par- 
culièrement  dans  leur  ville  principale ,  qui  pour  cette 
raifon  fut  appelée  Dia  Vocontïorum  y  &  qui  eft  au- 
jourd'hui Die  en  Dauphiné  ,  dont  le  nom  s'eft  for- 
mé de  Dia  :  mais  il  y  a  d'autres  raifons  de  ce  nom 
comme  on  le  peut  voir  ci-deffbus  au  mot  Die.  Ils 
appuient  cette  opinion  fut  ce  que  l'on  trouva ,  il  y  a 
quelques  années,  à  Die,  une  infcription  d'un  frcrilice 
d'un  bœuf  fait  à  la  Mère  des  Dieux  ,  Matri  Deum 
magnx.  Idedt.  Ils  ajoutent  que  l'on  voit  à  Die ,  fur 
l'une  des  portes  qui  refteni  de  l'ancienne  ville ,  une 
tête  de  bœuf  fur  la  clef  de  la  voûte  au-dedans  de  la 
ville  ;  &  qu'il  y  a  encore  plulieurs  bas-reliefs  dans  la 
même  ville  ,  ou  font  repréfcntées  des  têtes  de  bœufs 
&  de  moutons  avec  des  inftrumens  pour  la  culture 
de  la  terre.  Tout  cela  rend  la  conjecture  alfez  plau- 
fible. 

Du  refte  on  ne  fait  quelle  étoit  la  Déciïe  Dia. 
Quelques-uns  difent  quec'étoit  Hébé  ,  Déeffe  de  la 
Jeuneffe.  Je  n'en  vois  point  les  raifons.  Un  Doéfeur 
en  Droit  deBâlej  nommé  Sébaftien  Fefch ,  habile 
Antiquaire  ,  prétend  que  Dia  eft  la  même  qu'Ops, 
ou  Cybèle.  Sa  conjeéture  eft  fondée,  fur  ce  que 
Cybèle  &  Saturne  fon  mari  palToient  pour  les  in- 
venteurs de  la  culture  de  la  terre  &  des  fruits ,  & 
que  les  frères  Arvales ,  comme  il  paroît  par  le  mo- 
nument que  nous  avons  cité  ,  étoient  Prêtres  de  la 
Déefle  Dia  ,  &  que  ces  Prêtres  ,  comme  leur  nom 
femble  l'indiquer  affez,  étoient  les  facrificateurs  Se 
lesMiniftres  des  Dieux,  qui  préfidoient  aux  biens 
de  la  terre  ,  ou  aux  fruits  de  la  terre.  Mais  par  la 


D  ï  A 


1!   n 


^©7 


m:me  lasion  on  po.irroit  dire  que  Dia  feroit  Ccrès> 
à  qui  l'Antiquité  fabuleufe  croyoic  devoir  l'inven- 
tion des  blés.  Il  y  a  plus  même  ^  car  les  frères  Ar- 
vales ,  comme  nous  l'avons  dit  en  fon  lieu  ,  étoient 
Prêtres  de  Cérès  &c  de  Bacchus  ,  k  furent  inftitués 
pour  leui;^oftrir  desfacnfices  ,  <Sc  non  point  pour  le 
culte  de  Cybèle. 
DIABETES,  f  m.  Terme  de  Médecine.  Soudaine  & 
copieufe  évacuation  de  la  boilfon  par  les  conduits 
luinaires ,  accompagnée  d'une  foif  pielTànte  &:  de 
la  mr.igreur  de  tout  le  corps.  Z^/iz/'efc'j.  Cette  boif- 
fon  eft  ordinairement  changée  ,  lorfqu'on  la  rend  ; 
mais  quelquefois  elle  ne  l'eft  point  du  tout.  Le  dia^- 
bites  eft  caufé  par  les  fels  acres  qui  dillolvent  la 
mafie  du  lang  ,  ou  qui  en  dcfunilfent  les  parties  , 
de  forte  que  la  férofité  s'en  fépare  facilement.  Il  y 
a  une  autre  efpèce  de  diabètes  ,  dans  lequel  ceux  qui 
en  lont  attaques  rendent  plus  d'urine  qu'ils  ne  boi- 
vent. Quelques  Médecins  croient  que  cette  quan- 
tité extraordinaire  de  liqueur  vient  de  l'air  qu'on 
rcfpire,  qui  fe  convertit  en  eau  :  mais  d'autres  ju- 
gent avec  plus  de  raifon  ,  que  c'eft  le  fang,  la  graille 
&  même  les  parties  folides  qui  fe  liquéfient.  M. 
Woodward,  dans  fon  livre  de  l'état  de  la  Médecine 
&dcs  mal.adies.explique  comment  lesfels  vitiés  eau- 
fent  toutes  lesmaLidies  ,  &  même  la  pierre  des  reins 
^.  de  la  veftie  ,  le  Diabètes  ,  la  ftrangurie  ,  l'urine 
fanguinolente  j  &c.  Joukn.  des  Savans  ,  1711 ,  p. 

Le  motdiabe'tès  vient  du  Grec  ^USaînn  ,pajfervitei. 
il  a  été  donné  à  cette  maladie ,  parce  que  la  boilfon 
palfe  fort  vite. 

Diabhtès  :  eft  aullî  un  terme  dont  on  fe  fert  en  Hy- 
draulique , qui  le  dit  d'unfyphon  dont  les  deux  bran- 
ches lont  enfermées  l'une  dans  l'autre  ,  comme  on 
le  voit  dans  le  verre  décrit  par  Héron  :  il  fe  vide 
tout  entier  fans  être  renverfé  ,  dès  que  l'eau  eft  ar- 
rivée à  la  hauteur  de  la  branche  intérieur  du  fy- 
phon. 

DIABETIQUE,  adj.  m.  &  f  Diabetlcus  ,  diabète  labo- 
rans,  ou  affeclus.  Teime  de  Médecine.  Celui  qui  eft 
incommodé  de  la  maladie  appelée  diabètes. 

DIABLE,  f.  m.  Mauvais  Ange  j  &  l'un  de  ces  Efprits 
céleftes  qui  ont  été  précipités  du  ciel ,  pour  avoir 
voulu  s'égaler  à  Dieu.  Diaboius  j  malus  démon  j  hof- 
tis  humani  generis.  Les  Ethiopiens  peignent  le  Dia- 
ble blanc,  pour  prendre  lecontrepied  des  Européens 
qui  le  repréfenrenrnoir.  Lurolf.  Le  Diable  eft  tou- 
jours pris  dans  l'Ecriture  pour  l'ennemi  de  Dieu  & 
de  l'homme.  Jesus-Christ  fut  tenté  par  \q  Diable 
dans  le  défert.  Le  Diable  tente  les  Saints  pour  avoir 
des  compagnons  de  fa  mifère.  Ce  n'eft  point  le  Z)/tî- 
ble  qui  nous  tente  pour  l'oidinaire  ;  ce  font  nos  paf- 
lions.  S.  EvR.  hs  Diable  eft  toujours  en  embufcade, 
&  en  fentinelle  pour  nous  furprendre.  Id.  Le  Diable 
défabuferoit  les  incrédules,  s'il  fe  montroit  ouver- 
tement. Id.  Le  Diable  tenta  Eve  fous  la  figure  d'un 
ferpenc 

Eve  aima  mieux  ,  pour  s'en  fnire  conter. 
Prêter  l'oreille  aux  fleurettes  du  Diable  , 
Que  d'être  femme  ,&  ne  pas  caqueter.    Saras, 

Onfe  livre   à  la  volupté , 

Parce  quelle  flatte  &  quon  F  aime  \ 

Et,fldu  Diable  on  eft  tenté , 

Il  faut  dire  la  vérité , 

Chacun  eft  fon  Diable  à  foi-même. 

Nouv.  CHOIX  DE  Vers.' 

Dien  donna  pouvoir  au  Diable  de  tourmenter 
Job ,  pour  éprouver  fa  patience.  Jesus-Christ  chaf- 
foit  les  Diables  hors  du  corps  des  poffédés.  H  n'eft: 
point  Y>^ûé  an  Diable  dans  l'ancien  teftament,  mais 
îeulement  de  fatan.  On  ne  trouve  point  dans  les 
Auteurs  Payens  le  moi  àt  Diable  dans  la  lignifica- 
tion que  l'on  y  a  attachée  parmi  les  Chrétiens  ^  c'eft- 
à-dire  ,  pour  fignifier  une  créature  qui  s'eft  révol- 
tée contre  Dieu  :  ils  tenoient  feulement  qu'il  y  avoic 


3o8 


DIÂ 


de  mauvais  Génies  qui  perfécutoient  les  hommes. 
Les  Chaldéens  admettoieiu  de  mtme  un  bon  Pim- 
cipe  ,  &  un  mauvais  Piincipe  ,  ennemi  des  hommes. 
Les  Relations  qui  parlent  de  la  Religion  des  Anu- 
ricains  j  &  de  quelques  autres  peuples  idûiâties,di- 
fenr  qu'ils  adorent  le  Diable.  Mais  il  ne  taut  pas 
prendre  ce  terme  f<.lon  le  llyle  de  l'Ecriture  :  ces 
peuples  ont  l'idée  de  deux  Etres  collatéraux  ,  donc 
l'un  eit  bon  &  l'autre  méchant  :  Us  mettent  maU 
à-propos  la  terre  fous  la  conduitedel'Etremalin  que 
les  Chrétiens  appellent  le  Diable 


Etqud  objet  enfin  à  prcfentcr  aux  yeux  , 

Que  ie  Diable  toujours  heudant  contre  les  deux  , 

Quifouvent  avec  Dieu  balance  la  vicloire  f 

BoiLEAU. 


|3"  En  Pocfie  &  dans  le  ftyle  élevé  on  fubftitue 
tordinairement  une  périphrafe  à  la  place  du  mot 
JDiable ,  comme  a  tait  Corneille  dans  Polyeude. 

Ainfi  du  genre  humain  l'ennemi  vous  abufe. 

fC?  Cette  périphrafe  eft  noble  j  dit  Voltaire  ,  &c 
le  nom  propre  eût  été  ridicule. 

Le  vulgaire  fe  repréfentele  Diable  avec  des  cornes 
&c  une  longue  queue-  L'ennemi  du  genre  humain 
donne  l'idée  d'un  être  terrible  qui  combat  contre 
Dieu  même.  Toutes  les  fois  qu'un  mot  préfente  une 
image  ou  baife  ,  ou  dégoûtante  ,  ou  comique ,  en- 
noblUîèz  la  par  des  images  acceiroires  ;  mais  aullî 
ne  vous  piquez  pas  de  vouloir  ajouter  une  grandeur 
vaine  <à  ce  qui  eft  impolant  par  foi-même.  Foye:^ 
au  mot  DÉMON  les  remarques  de  M.  l'Abbé  Gi- 
rard. 

Le  mot  de  Diable  vient  du  Latin  Diabolus  ,  en 
Grec  AfaôoAo,- ,  qui  veut  dite  ,  Calomniateur  ,,  accu- 
fateur,  trompeur. 

Le  peuple  fe  fert  de  ce  mot  en  une  infinité  de 
phrafes .  &_fur  -tout  pour  exagérer  les  chofes  ,  foit 
en  bien  ,  foit  en  mal.  Il  elt  vaillant  en  Diotble.  C'ell: 
un  Diable  incarné,  un  Robert  le  Diable,  Il  fait  le 
Diable  à  quatre  ;  pour  dire  ,  il  le  faut  tenir  à  qua- 
tre ,  il  eft  méchant ,  violent ,  emporté.  C'eft  un 
Diable  d'homme  ,  un  Diable  en  procès  \  pour  dire , 
uu  grand  chicaneur. 

Une  femme  d'efprit  e(l  un  Diable  en  intrigue. 

Molière. 

Ne  montez  point  ce  cheval ,  c'eft  un  Diable ,  il 
l'a  battu  en  Diable  j  en  Diable  &  demi ,  comme 
tons  les  Diables.  On  dit  d'un  homme  que  c'eft  un 
bon  Diable  ;  pour  dire  j  un  bon  vivant  :  un  mé- 
chant Diable  j  pour  dire  un  homme  dangereux  :  un 
;pz\xwï.Q  Diable  j  pour  dire ,  un  miférable. 

Quand  Sa  Majejlé  me  ferait 

Quelque  bienfait  confidérable  ; 

Grand  Roi  pas  moins  ilneferoit , 

Et  f  en  ferais  moins  pauvre  Diable.     ScAr. 

Savant  en  Diable  \  c'eft-à-dire  ,  fort  favanr.  On 
-dit,  d'un  médifant,  qu'il  dit  le  Diable  d'un  autre  ; 
pour  dire  ,  qu'il  en  dit  tout  le  mal  qu'on  en  peut 
dire.  On  dit  c'eft  le  Diable ,  c'eft-là  le  Diable  j  pour 
dire  ,  c'eft-là  la  difficulté ,  c'eft-là  ce  qu'il  y  a  de 
fâcheux.  Scarron  ,  pour  expliquer  le  hoc  opus  ,  hic 
labor  eft  de  Virgile  ,  dit ,  mais  d'en  revenir ,  c'eft 
le  Diable. 

Joinville  dit  qu'il  n'avoit  oui  Saint  Louis  nom- 
mer ni  appeler  le  Diable  ,  fi  ce  n'étoit  quand  il  li- 
foit  quelque  Livre  ;  &  que  c'eft  une  chofe  très-hon- 
teufe  aUX  Princesde  foufirir  qu'oH  le  nomme  :  qu'on 
ae  pouvoir  dire  trois  mots  ,  que  le  nom  du  Diable 
n'y  fût  entrelacé. 
Diable  ,  fe  dit,dans  la  convetfation  &  dans  le  ftyle  fa- 
milier, pour  Méchanc, 


DIA 

Car  Raminagrobis 
Fait  en  tous  lieux  un  étrange  carnage. 

Ce  Chat,  le  plus  Diable  des  Ckuts  , 
S'il  manquedc  Souris  ^voudra  manger  les  Rats. 

La  Font. 

On  dit  d'un  méchant  homme,  c'eft  un  Diable  ; 
d'un  enfant  incommode ,  malin ,  c'eft  un  petit  Dia- 
ble. Onditaulli  d'un  homme  qui  a  beaucoup  d'efprir, 
de  finelfe  ,  de  rufe  ,  que  c'eft  un  Diable  ,  qu'il  a  de 
l'efprit  comme  un  Diable.  Cela  emporte  néanmoins 
toujours  quelque  idée  de  mauvaife  qualité.  On  di- 
roit  j  il  a  de  l'efptit  comme  un  Ange  ,  ou  comme 
les  Anges  ,  d'un fujet qui,  avec  beaucoup  d'efprit, 
n'auroit  tien  que  de  louable.  Segrais  nous  montra  ou 
nous  voulue  montrer  un  recueil  qu'il  a  tait  de  chan- 
fonsde  Blot  :  elles  ont  le  Diable  au  corps,  &  c'eft 
dommage  qu'il  y  ait  tant  d'efprit.  M^  de  Sev. 
Diable  J  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes  :  le 
Diablene'tïpa.s  toujours  à  lapoite  d'un  pauvre  hom- 
me; pour  dire  ,  que  lamauvaile  fortune  donne  quel- 
quefois du  relâche.  Le  Diable  eft  aux  vaches  ;  pour 
dire  ,  que  tout  eft  en  trouble ,  en  contufion.  On  die 
par  imprécation  ,  le  Diable  s'en  pende  j  le  Diable 
vous  emporte,  je  me  donne  au  Diable,  fi  ,  &cc. 
D'autres  difenr  ,  je  me  donne  au  Maître  des  Diables: 
ils  entendent  Dieu  par  le  Maître  des  Diables.  Au 
Diable  ,  eft  une  imprécation.  Au  Diable  foient  cous 
les  Normands  J  dit  la  chanfon  ,  Judas  e'coic Normand^ 
&c. 

Le  Démon  cauteleux  &fn 

En  a  J  ait  r  abord  effroyable  , 

Sachant  bien  que  le  pèlerin 

Se  donneroii  cent  fois  au  Diable  ~, 

Et  fe  damner ûit  par  chemin.  La  Cmaf.' 

Il  n'eft  pas  fi  Diable  qu'il  eft  noir  j  pour  dire ,  il 
eft  meilleur  qu'on  ne  penfe.  On  dit ,  tirer  le  Diable. 
par  la  queue  \  pour  dire  ,  avoir  de  la  peine  à  vivre. 
On  dit,  il  ne  le  faut  pas  donner  au  D/jii/e  pour  faire 
cela  ;  pour  dire  ,  qu'une  chofe  eft  facile.  Quand  oiï 
ne  peut  venir  à  bout  d'une  chofe  ,  on  dit  que  le  Dia^ 
ble  s'en  mêle.  Cela  s'en  eft  allé  à  tous  les  Diables  ^ 
pouf  dire  ,  on  ne  fait  ce  que  cela  eft  devenu.  Le  Dia- 
ble poutroit  mourir  ,  que  je  n'hériterois  pas  de  feS 
cornes  ;  pour  dire,  perfonne  ne  me  donne  rien.  Or» 
dit  d'un  méchant  homme  ,  d'un  chicanneurqui  trou- 
ble le  repos  des  autres,  que,  quand  il  dort,  le  Diable. 
le  berce.  On  dit  qu'un  homme  fait  comme  le  valec 
du  Diable,  quand  il  fait  plus  qu'on  ne  lui  commande» 
On  dit  que  le  Diable  étoit  beau  quand  il  étoit  jeune^ 
pour  dire  ,  que  la  jeuneiFe  à  quelque  chofe  d'agréa- 
ble J  même  dans  les  perfonnes  les  plus  laides.  Acad, 
Fr.  C'eft  la  race  du  Diable ,  quand  on  a  épluché 
tout  le  véreux  ,  il  ne  refte  rien  ;  pour  parler  d'une 
famille  de  fcélérats.  On  dit  d'un  homme  avare  ,' 
que ,  s'il  mangeoit  le  Diable  ,il  n'endonneroitpas  les 
cornes.  Il  vaut  mieux  tuer  le  Diable ,  que  le  Diable: 
nous  tue  ;  pour  dire,  qu'il  vaut  mieux  tuer  un  hom- 
me ,  que  de  s'en  lailfertuerj  ou  faire  porter  une 
perte  à  un  autre  ,  que  de  la  foutFrir  foi-même.  Oa 
dit  d'un  grand  mangeur  ,  qu'il  mangeroit  le  Z^V'u/j/^, 
s'il  étoit  cuit. 

On  dit  auili  ironiquement  à  des  hâbleurs,  pôuD 
montrer  qu'on  ne  croit  rien  de  ce  qu'ils  difent ,  An 
Diable-\ot.  Il  y  a  apparence  que  cela  vient  d'une  im- 
précation tronquée,  &  qu'on  a  voulu  dire,  allez  au 
Diable  j  au  Diable  :  on  a  retranché  le  dernier  &  le 
premier  mot,  &  on  a  mis  un  ~  pour  éviter  la  caco- 
phonie ;  car  le  mot  ^ot  n'eft  point  de  la  langue  ;  de- 
forte  qu'il  faut  que  ce  foie  une  orthographe  corrom- 
pue. Vous  penfez  qu'on  doit  vous  croire  ,  Diable' 
:{ot  :  c'eft-à-dire  j,  je  ne  fuis  pas  aftez  for  pour  cela* 
'Vous  me  confeiîlez  de  faire  ce\^,Diable-^ot  :  c'eft- 
à-dire,  je  ne  fuis  point  alFez  fot  pour  le  faire.  Ce 
mot  fe  trouve  dans  la  dernière  édition  duDictionnaire 
de  l'Académie  Françoife.  Sancho  Pança  j  tom.  :^de 


D  I  A 


D  I  A 


309 


Dom-Quichotte,  Chap.  46  ,  p.  425  dit,  en  parlant  I  Diable.  Nom  de  piuiîeurs  perfonnes,  011  familles  j -ou 
du  Comté  que  ion  Maître  lui  avoit  promis  :  ^' Je  ne  j     '"  '  "  ,       ,  .  .. 

»  m'amulerai  point  à  marchander,  je  vous  mettrai 
}■>  bientôt  le  Fermier  en  polîellion  ,  &  moijeman- 
3)  gérai  mes  rentes  comme  un  Prince.  Du  relte  qu'on 


3>  en  fa  lie  des  choux  &  des  raves,  ^^  Diablc--^oc[\ 
je  m'en  f^jucie  ...  Et,  dans  le  Curieux  impertinent 
de  M.  Deftouches  ,  Ade  5.  Scène  8.  Ncrine  du  à  Ju- 
lie ,  inquiète  au  fujet  des  délais  &c  du  rehoidiiTe- 
nient  de  fon  Amant  : 

Crifpin  j  Madame,  en  fait  quelque  chofc  peut-are. 
Allons ,  iljaut  qu'iljafe  au  dejaut  defùii  Maure. 

Crifpin  répond Diabïe-zot. 

Nous  ne  jafons  pas  nous  ,  comme  vous  autres  fem- 
mes. 

f'^oyei  lût  dans  le  Dictionnaire. 

On  h  dit  auflî  par  exclamation  Se  imprécation  j 
à  quoi  Diable  penlîez-vous  ,  défaire  ce  mariage  ? 
à  quel  Diable  en  voulez-vous  ?  Oi\  dit  d  un  méchant 
homme,  qu'il  ne  cramt  ni  Dieu  ni  Diable. 

On  emploie  ce  mot  odieux  dans  une  infinité  de 
phrales ,  dans  le  dilcours  familier,  pour  marquer 
la  colère,  l'indignation  ,  l'étonnement ,  &e.  en  in- 
rerrogeant,  en  repondant,  en  riant  en  parlant  lé- 
neufement,  ôcc.b  Diable\  fi  je  vous  entends.  Que 
Diable  Qii-ce  là  ?  A  qui  Diable  en  voulez-vous  ?  Dm 
ble  !  cela  eft-il  vrai  ?  Comment  Diable\  une  temme 
donneroit  quatre  piltoles  d'un  pot  de  pommade?  Fi, 
au  Diable,  je  ne  loutîte  point  ces  canailles-la.Z'7'1;- 
ble  j  la  fomme  eil:  forte.  Nenni ,  Diable  j  nenni  j 
dès  que  le  crédit  chancelle  ,  il  n'y  a  plus  rien  à  iaire , 
^c.  Les  Comédies  lont  remplies  de  ces  fortes  d'ex- 
preflions. 

On  dit ,  dans  un  dépit ,  Diable  foit  de  cela  ,  Dia- 
hle  foit  de  cet  homme  là  :  Diable  foit  de  l'Avocat, 
pourquoi  me  l'a-t-il  fait  fi  langue  j  difoit  un  Ala- 
giftrat,  à  qui  la  mémoire  manquoir  dans  une  ha- 
rangue qu'il  avoir  fait  faire  par  un  Avocat. 

Avocat  du  Diable.On  appelle  ainhj populairement, 
le  Promoteur  de  la  Foi  dans  la  Congrégation  de  la 
Béacihcation  &  Canonifation  des  Saints  ,  parce  qu'il 
examine  avec  foin  les  preuves  de  Sainterc  tk  les  mi- 
racles que  l'on  produit,  qu'il  tâche  de  les  infirmer  , 
&  qu'il  forme  toutes  les  diflicultés  &  les  objedions 
que  l'on  peut  faire  contre  ces  preuves  &  ces  mira- 
cles; &  qu'en  général  il  fait  ce  qu'il  peut  pourem- 
pcccher  la  béatification  ou  la  Canonization  propo- 
fée. 
Du  DiviBLE. Faconde parleradverbialej pour  nier  for- 
tement une  chofe.  On  dit  que  vous  allez  vous  ma- 
rier.'' du  Diable,  je  fuis  bien  éloigné  défaire  une 
telle  folie.  La  Fontaine  a  du  j  au  Diable  ,  dans  le 
jiicme  fens. 

Devant  fa  porte  l'on  rencontre 
Mille  pas  d'animau.x  dans  fa  caverne  entrés 

Mais  au  Diable  j?/'o«  m'en  montre 
Un  unique  de  ceux  qui  s'en  font  retirés.  , 

Cette  expteflion  convient  particulièrement  au  ftyle 
burlelque.  Auifi  Scarron  l'a-t-il  employée  dans  fon 
Virgile  travefti ,  L.  L 

A  plu  fleurs   révérence  il  fit  j 
Au  Diable  /?/'o«  lui  rendit. 


A  LA  Diable  -,  c'eft-à-dire  ^  fort  mal.   'Voilà 
fait  à  la  Diable. 


un 


habi 


L  ouvrage  fait  j  elle  en  coeffe  à  la  Diable 
L'humanité  du  petit  miferable. 

Le  Lutrin  vivant  de  M.  d'effet. 

Diable  ,  efi:  aulTi  une  manière  d'adiectif ,  comme  lorf- 
que  Ton  dit  ,  il  faut  erre  bien  Diable  pour  faire  une 
telle  action  \  pour  dire  j  il  faut  être  bien  méchant  j 
bien  enragé. 


lurnom  qu'elles  om  pris  ,  ou  qu'on  leur  a  donne.  Il 
y  a  un  Guillaume  furnonnné  le  /)Aî/'/c  ,  c'étoit'ua 
Moine  Anglois.  Dans  l'Hilfoire  des  Comtes  de  Po'- 
tou  :  Hugues  VI ,  Suéde  Lufignauj  e!l  farnoinini 
le  Diable.  Robert,  Duc  de  Notmandie,  hls  de  Guii- 
laumele  Conquér.rnt ,  fut  aulli  furnommé  \<iDiabi. . 
Olivier  le  Dain,  s'appeloit  Olivier  le  Diable.  On 
ne  iauroit  traduire  en  François  que  par  le  nom  de 
Diable  ,  le  non^  de  la  famille  de  Iroll  en  Suède, 
&  celui  de  la  famille  de  Teufelen  nutriclie  ,  par- 
ce que  troll  en  Suédois ,  &  teujel  en  Allemand  , 
veulent  due  Diable.  La  famille  de  Saint  Guétasea 
Bretagne,  a  changé  fon  nomAQ Diable j  qu'elle  por- 
toit  autrefois ,  en  celui  de  Saint  Guétas ,  qu'elle  .t. 

■  porté  depuis.  Le  P.  Briet ,  &  le  P.  Labbe  ,  préten- 
dent que  cettei^amille  avoit  pris  fon  nom  de  Diable. 
des  endroits  de  la  Bretagne  appelés  Diabkres.Voyc-^ 
M.  Ménage  Hijl.  de  Sabié, 

Diable  de  mer.  Poiiîon  qui  fe  trouve  vers  les  côte3 
de  Penlilvanie.  Sa  grolleur  eft  de  quatre  pieds  de 
diamètre.  Sa  peau  eft  rude  iSt  noire.  Sa  tête  eft  pla- 
te ,  fes  dents  aiguës ,  dont  il  y  en  a  deux  recourbées^ 
comme  les  défenfcs  d  un  fanglier.  Il  a  deux  cornes 
fur  les  yeux  ,  qui  tournent  fur  Ion  dos ,  comme  celles 
du  bélier.  Sa  chair  eil  venimeafe  ,  &  caufe  à.t%  vo-^ 
millemens  mortels. 

Diable  de  aier  ,  eft  aufll  le  nom  d'un  oifeau  r.qnati- 
que.  C'eft  une  eipèce  particulière  de  poule  d'eau  , 
qu'on  appelle  îvi.acroule  en  Normandie  \  à  Paris 
on  lui  donne  le  nom  ào.  Diable  de  mer.  Il  le  plonge 
incellamment  dans  l'eau  douce-  Il  eft  d'un  noir  lî 
obîcur,  qu'il  en  paroît  terne.  Il  a  une  tache  blan- 
che fur  la  tête,  plus  grande  que  celle  de  la  poule 
d'eau,  &  eft  d'une  taille  plus  grande  qu'elle.  H  traîne 
fes  jambes  après  lui.  Ses  doigts  font  larges  &  féparés. 
Faultrier. 

Diable,  ou  Diablotin.  Oifeau  que  l'on  voir  dans 
1  Amérique,  &  fpécialement  à  la  Guadeloupe,  &  i 
la  Dominique.  C'eft  un  Oiteaudepalfage  qui  vicnr 
dans  ces  îles  vers  le  mois  de  Septembre,  &  qui  y 
demeure  jufqu'au  mois  de  Mai.  Il  eft  de  la  grolfeuc 
d'une  jeune  poule  cjui  n'a  pas  encore  pondu-  Son  plu- 
mage eft  noir  ,  les  jambes  font  courtes  ,  fes  pieds 
comme  ceux  des  canards ,  mais  garnis  de  longues 
&  fortes  griftes.  Son  bec  eft  long  de  prés  de  deux  pou- 
ces ,  courbé  ,  pointu  &  fort  dur.  Il  a  de  grands  yeu.i: 
à  fleur-de-tète  qui  ne  lui  fetvent  que  la  nuit  \  cac 
il  ne  peut  fupporter  la  lumière  ,  ni  dilcerner  les 
objets.  Ces oileaux  fe  retirent  dans  des  rroas,  com- 
me des  Lapins  ,&  n'en  foirent  que  la  nuit  pour  aller 
pécher  du  poilfon  dont  ils  font  leur  nourriture.  Ils 
crient  en  volant,  comme  s'ils  fe  répondoient  les  uns 
aux  autres.  Ils  s'accouplent ,  pondent  &  font  leurs 
petits  dans  les  Iles ,  i!?c  ne  s'en  retouniLUt  que  lori- 
quils  font  en  état  de  voler,  qui  eft  fur  la  fin  de  Mai. 
On  mange  les  Diablotins  ,  quoique  la  chair  en  foit 
noire  &  fente  le  poilTon  ,  parce  qu'elle  eft  bonne  & 
fort  nourrilfante.  On  mange  aulli  leurs  petits  que 
l'on  appelle  des  couous  ;  mais  ils  font  par  trop 
gras. 

Diable  ,  en  termes  d'Artillerie.  C'eft  la  même  chofe 
que  le  Chat.  Foy.  ce  mot. 

ISO"  Diable.  Efpèce  de  levier  dont  les  Maréchaux  gref- 
fiers fe  fervent  pour  faire  palier  les  bandes  de  fer  fuc 
les  roues  des  voitures,  loriqu'ils  bandent  ces  roues 
d'une  feule  pièce.  Encyc. 

|f3°  On  donne  le  même  nom  à  un  grand  chai  ioc 
à  quatre  roues ,  qui,  par  des  verrins,fert  à  enlever  Se 
à  conduire  de  grands  fardeaux  ,  &  aune  machine 
à  deux  roues  dont  fe  fervent  les  Charpentiers  pour 
porter  quelques  morceaux  de  bois. 

(fy  Diables  (mille),  étoient  de  fameux  voleurs  ,' 
qui  ,  vers  l'an  1515  ,  pour  fe  rendre  plus  terribles; 
fe  firent  nommer  les  mille  Diables.  De-là,  pour 
dire  fort  méchant,  on  dit  d'abord,  méchant  comme 
les  mille  Diables  :  enfuira  on  a  tranfporté  cette  ex- 
pteflion à  tout  ce  que  l'on  veut  exagérer  ;  mais  elle 


3 


lO 


DIA 


n'eft  que  du  ftyle  bas  &  familier.  Plur'imuin ,  oppidb, 
omninb  j  vehemcnter  j  Jupra  modum. 

DIABLEMENT,  adverbe  qui  fert  à  augmenter  la  force 
d'une  exprellion.  A''<i/i2'è  ,  maxime.  Cet  ouvrage  elt 
^/ûZi/ÊOTe^f  mauvais.  Ce  potage  e?i  diahUmenc  chaud. 
Cette  femme  eft  diabLemait  laide.  Je  fuis  diabLemciu 
fort  fur  l'impromptu.  Mol.  Ce  terme,  un  peu  libre, 
n'eft  que  du  ftyle  familier. 

DIABLERIE,  f.f.  Sortilège  ,  artifice  du  Diable, cliofe 
dont  le  Diable  fe  mêle.  Veneficium  ,  fortes  magies. 
Il  n'y  a  point  de  diablerie  à  cela.  La  diablerie  de 
Londun.  On  le  dit  parextenfion  des  choies  dont  on 
ne  connoît  pas  la  caufe.  Il  y  a  quelque  diablerie  en 
cette  affiiire  ,  que  tout  le  monde  n'entend  pas  \  pour 
dire,  il  y  a  quelque  chofe  de  fecret  qu'on  ne  peut 
pénétrer. 

||CT  On  appelle  de  même  diableries  les   prétendus 
polfeilions ,  les  prétendues  forceleries. 

Diablerie  ,  fe  dit  aullî  pour  méchante  humeur,  criail- 
lerie.  Moroficas  j  vocijcraûo, 

Ec  cependant  avec  toute  fa  diablerie,  , 
//  faut  que  je  rappelle  &  mon  cœur  &  ma  mie. 

Mol. 

DIABLESSE,  f.  f.  Méchante  femme ,  qui  crie  &  qui 
tourmente  toujours  fon  mari  ,  fes  domeftiques  , 
fes  voifins.  Nequam  fœmina  j  furiis  agitata.  Profer- 
pina.  C'eft  une  diableffe  qui  ne  peut  vivre  en  repos 
avec  perfonne. 

Quoi  !  me  voir  le  mari  de  ces  femmes  de  bien  ,, 
Ces  dragons  de  vertu  ,  ces  honnêtes  DiablefTes. 

Mol. 

M.  Péliflon  rapporte  ce  mot  de  Wurts  ,  Général 
Tîollandois ,  au  palfage  du  R'nin  par  les  François. 
Retirons  nous  \  c'eft  une  Diablefjc  de  nation  à  la- 
quelle on  ne  peut  réfifter. 

fCF  On  du  familièrement ,  c'eft  une  benne,  une 
méch^^niQ Diableffe 3  une  pauvre  Diableffe,  comme 
on  dit  un  bon  ,  un  niéehanc  Diable  ,  un  pauvre 
Diable. 
Diablesse,  s'emploie  auffi  quelquefois  comme  une 
manière  d'adedif.  Cette  temme  eft  bien  diablefje. 
Nequiff.ma  Jœmina. 

Je  yeux  une  vertu  qui  ne  fait  point  diableffe. 

Mol. 

^3"  Tout  cela  eft  du  difcours  familier. 

DIABLETEAU,  fignifie  la  même  chofe  que  Diablo- 
tin. Du  grand  chat  Rodilardus  que  Panurge  crut  être 
m\  Diableteau.Q' t\S.  un  titre  de  Rabelais. 

^fT  DIABLEZOT.  Sorte  d'exclamation.  Vons  penfez 
qu'on  doit  vous  croire j'c^ia/î'/cçor  J  c'eft-à-dire,  je  ne 
fuis  pas  affez  fot  pour  cela.  Vous  me  confeillez  de 
faire  cela,  diable\ot.  Je  ne  fuis  pas  affez  fot  pour  le 
faire. 

tfT  DIABLOTIN,  f.  m.  Diminutif.  Petit  Diable.  S. 
Antoine  fut  tenté  par  un  nombre  prodigieux  de  Dia- 
bles &:  de  Diablotins. 

§3"  On  leditjfigurcment,  d'un  méchant  petit  en- 
fant, &  tout  diminutif  qu'il  eft,  on  y  ajoute  ordi 
nairement  l'adjeâiif  petit.  Cet  enfant  eft  méchant 
comme  un  petit  diablotin  ,  c'eft  un  petit  diablotin. 

0\\  appelle  encore  diablotin ,  en  termes  de  Con- 
fifeur,  une  paftille  de  chocolat,  couverte  de  petites 
dragées  de  nompareille. 

Diablotin.  Nom  de  la  troifième  cuve  dont  onfe  fert 
à  S.  Domingue  pour  préparer  l'indigo.  Dans  les  au- 
tres Iles  on  appelle  cette  même  cuve  repofoir.  Voy. 
ce  mot. 

%I  Diablotin,  f.  m.  Terme  de  Marine.  Voile  d'étai 
du  perroquet  de  fougue. 

fO^  DIABOLIQUE,  adj.  de  t.  g.  Qui  eft ,  qui  vient  du 
Diable.  Diabolicus7ïtmvi\ox\,  fuggeftion  diabolique. 
On  le  dit ,  au  figuré  ,  detoutcequi  extrêmement 
inauvais  dans  fon  gsnre.  Efprit  diaboliquç.  Chemin 


DIA 

diabolique.  Ragoût  diabolique.  C'eft  une  inventloa 
diabolique. 
DIABOLIQUEMENT,  adv.  Par  une  fuggeftion  ou  mé- 
chanceté diabolique.  Une  calomnie  torgée  diaboli- 
quement. DiaboLicum  in  morem. 
DIABOTANUM.  f.  m.  Diabotanum.  Terme  de  Chirur- 
gie &  de  Pharmacie.  C'eft  un  emplâtre  avec  lequel 
on  tond  ,  &  on  diffout  les  loupes.  Le  dlatictanum  efl: 
fonverain  pour  l'hydatis.  Ce  mot  vient  des  mots 
Grecs   <î<'«  ,  ex  j  &  Borâr^  ^  planta ,   plante  ,   parce 
qu'il  entre   beaucoup  de  plantes  dans  fa  compoii- 
tion. 
DIABROSIS.  f.  m.  Terme  de  Médecine.  C'eft  une  fo- 
lution  de  continuité,  caulée  par  des  humeurs  acres 
tic  corrofives  j  qui  rongent  quelque  partie  du  corps. 
Ce  mot ,  qui  eft  Grec  ,  eft  formé  de  la  propofition 
«'"'à,  par ,  &c  de  ^fas""»  j   manger. 
DIACADMIAS.  f.  m.  C'eft  le  nom  d'un  emplâtre  dont 
laCadmie  eft  la  bafe  ,  &  dont  on  trouve  la  defcrip- 
tion  dans  Scribonius  Largus  ,  Num,    141  Galien , 
de  C.  M.  P.  G.  Lib.  II ,  cap.  14  en  décrit  un  tout 
femblable  qu'il  met  au  rang  des  épulotiques ,  &C 
dont  Lucius  faifoit  ufage.  AiuK-a^filiis, 
DIAC^NISME.  f  m.  Rénova.non.  D iac^nifm us.  C'eiz 
le  nom  que  les  Grecs  donnoient  à  la  femame  de  Pâ- 
ques, f^oyei  Codin  j  de  Off.  C.  14. 

Ce  mot  eft  Grec ,  e^^«x«(v;s^o? ,  de  <^'«  ,  &  «««viî  , 
nouveau.  Il  fignifie  Rénovation  ;  &  on  le  donnoic 
à  ces  jours ,  parce  que  la  Réfurreétion  de  N.  S.  a  re- 
nouvelle le  monde,  ou  parce  que ,  félon  S.  Paul, 
elle  eft  le  motir  &  le  modèle  de  notre  rénovation 
fpirituelle  ,  c'eft-à-dire  ,  de  la  vie  nouvelle  &  fainte 
que  nous  devons  mener. 
DIACALCITEOS.  f.  m.  Terme  de  Chirurgie  &  de 
Pharmacie.  Diacalciteos.  Ceft  le  nom  d'un  emplâtre 
qu'on  emploie  après  l'amputation  du  cancer.  L'em- 
plâtre diacalciteos  eft  compolé  d'huile ,  d'axunge  , 
de  chalcitis.  Il  a  pris  fon  nom  decette  dernière  dro- 
gue. 
DIACARCINON.  f.  m.  Ceft  le  nom  d'un  antidote 
pour  la  morfure  des  chiens  enragés  ,  lequel  eft  pré- 
paré avec  l'écrévllFe  ,  <J'<«K«p«i'»»» ,  de  "«/"«"«s' ,  un  can- 
cre ou  écrévillè  de  mer. 
DIACARTHAMI.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie.  C'eft  un 
éledtuaire  compofé  de  turbit  ,  de  manne  ,  de/cam- 
monée,  d'hermodades  &  autres  purgatifs,  auxquels 
on  joint  de  la  mocle  ou  femence  de  carthame  ,  qui 
lui  donne  fon  nom.  Le  Diacarthami  purge  principa- 
lement la  pituite  :  on  en  donne  pour  les  maladies 
du  cerveau ,  &  on  en  mêle  fouvent  dans  les  méde- 
cines avec  d'autres  purgatifs. 
^  DIACARION.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie ,  formé 
du  Grec  ««f»»  ,  noix.  Galien  préparoit  cette  com- 
pofition  avec  du  fuc  de  noix.  C'eft  la  même  chofe 
que  dianucum.  Vûye\  ce  mot. 
DIACHALASIS.  tiax^^xânu  C'eft  une  folution  de  con- 
tinuité dans  les  futures  du  crâne  j  c'eft-à-dire  ,  une 
féparation  des  os  qui  le  forment.  Cet  accident  eft: 
fort  ordinaire  dans  les  blelTures  de  la  tête.  De  htt.x<t. 
•^««^  être  relâché  ou  ouvert.  Hippocrate,  Lib.  de. 
vulneribus  capitis  ,  parle  de  cet  accident. 
13"  DIACATHOLICON.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie, 
qui  défigne  un  purgatif  univerfel  ,    peu  en  ufage, 
gO"  DIACAUSTIQUE.  Terme  d'Optique  &  de  Géo- 
métrie J  eft  le  nom  qu'on  donne  aux  cauftiques  par 
refraétion  ,  pour  les  diftinguer  des  cauftiques  par  ré- 
flexion ,  qu'on  nomme  catacauftiques.   Au  reftece 
mot  eft  peu  en  ufage  \  on  dit  plus  communément 
cauftiques  par  réfradion. 
DIACHYLON.  f.  m.Terme  de  Pharmacie.Nom  qu'on 
donne  à  plufieurs  emplâtres,  à  caufe  qu'on  y  fait 
entrer  des  mucilages  ,  qui  font  des  fucs  vifqueux  j 
nommés  en  Grec  z"^''' ,  qu'on  tire  de  quelques  plan- 
tes. Il  y  a  le  diachylon  blanc  owfimple ,  qui  eft  com- 
pofé d'huile  commune  ,  de  iitarge  d'or ,  Se  de  mu- 
cilages tirés  de  la  racine  d'althéa  &  des  femences  d.ï 
lin  &  de  lenegré.  Il  eft  propre  pour  ramollir  ,  pour 
digérer,  pour  mûrir  Se  pour  réfoudre    Le  diachy- 
lon qu'on  appelle  ireatum  eft  la  malîe  du  diachylon 


D  I  A 

Manc,  dans  une  livre  de  laquelle  on  mêie  une  once 
de  poudre  d'Iris  de  Florence.  Gerce  emplâtre  digère, 
incife  &  mûrir  avec  plus  de  force  que  le  diachylon 
Jimple.  11  y  a  aulli  \e  grand  diachylon  ^  ou  diachylon 
magnum  ,  qui  eft  compolé  de  luarge  d'or  ,  d'iiuile 
d'Iris,  de  camamiUe  &  d'anach,  de  cérébentine  , 
de  réfine  de  pin  j  de  cire  jaune  ,  de  mucilages  de 
lin  &  de  lenegrc  >  de  figues  récentes ,  de  railins  de 
Damas ,  d'ichthyocoUe  ,  de  fucs  d'Iris ,  de  Tquille  iS: 
d'œfipe.  Ce  diachylon  ramollit  les  fchirres  &  rél'our 
les  enflures.  Il  eft  Çarnommé  grand ,  non-feulement 
à  caufe  de  fes  grandes  propriétés  ,  mais  aulîl  parce 
qu'il  reçoit  un  plus  grand  nombre  d'ingrédiensque 
le  fimple.  Il  y  a  encore  le  diachylon  gummatum  ou 
gommé,  qui  n'eft  autre  chofe  que  la  malfe  du  grand 
diachylon  ,  a  laquelle  on  ajoure  les  gommes  ammo- 
niac ,  galbanum  &  fagapenum  fondues  avec  du  vin, 
coulées  &:  cuites  jufqu'à  l'épailfeur  du  miel.  C'elt 
de  ces  gommes  qu'il  prend  le  nom  de  gommé.  Ce: 
emplâtre  e!l  le  plus  puiffinc  de  tous  pour  digérer  j 
cuire,  mûrir  &  réfoudie. 

DIACO.  f.  m.  Chapelain  de  l'Ordre  ds  Malte  ,  Clerc 
Conventuel  de  cet  Ordre.  Capellanus  Meltcenfis  j 
Clericus  Conventualis  Mclitenfis  Ordinis.  Les  Diacjs 
fe  préfentent  à  l'âge  de  8  ou  9  ans  pour  être  reçus 
au  rang  de  Chapelains.  Le  Grand-Maître  leur  donne 
une  lettre  qu'on  appelle  Lettre  de  Diaco  ,  &  par- là 
ils  font  admis  au  nombre  des  Chapelains.  Ils  fer- 
vent dans  le  Couvent  de  Malte  depuis  dix  ans  ja(- 
qu  à  quinze  ;  c'eft  pourquoi  ils  font  appelés  Clercr 
Conventuels. 

Ce  mot  apparemment  vient  par  apocope  du  Grec 
A«i»«of ,  &:  l'Ordre  de  Malte  l'a  pris  des  Grecs , 
lorfqu'il  étoit  dans  l'Ile  de  Rhodes ,  &  l'a  donné 
à  ces  Chapilains ,  parce  que  ce  font  des  Clercs  fer- 
vents ;  &  Ûiaconus  (ignifie  j  qui  fer  t. 

DIACODE  ,  ou  DIACODIUM.  f.  m.  Le  premier  eft 
aujourd'hui  plus  ulité. Terme  de  Pharmacie.  C  eft  un 
médicament  fait  de  têtes  de  pavots  II  y  en  a  de  deux 
lortes^le  limple&  le  compoié.  Le  Uiacodium  lim- 
ple  eft  un  efpèce  d'opiat ,  fait  avec  l'extrait  des 
têres  de  pavots  Se  le  fapa  ou  le  fucre.  Il  eft  propre 
pour  adoucir  les  fétolités  trop  acres  ,  pour  appaifer 
la  toux  &  pour  provoquer  le  fommeil.  On  ne  le  fert 
plus  de  cette  préparation  qui  étoit  forren  ulage  chez 
les  Anciens ,  depuis  qu'on  areci)nnu  que  le  iyropde 
pavot  blanc  j  nommé  préfentement  ifwccii/iaw, pro- 
duit le  même  eifet.  Le  diacodium  compofé  eft  fait 
avec  le  dlacr.dium  limple  j  les  trochifques  de  Ra- 
mich  ,  l'hypociftis ,  la  myrrhe  ,  le  fatran  &  les  ba- 
lauft'.-s.  Il  eft  propre  pour  arrêter  &  pour  adoucir  les 
catharres ,  les  cours  de  ventre  &  les  hémorragies. 
Ce  mot  vient  de  ^'«^ ,  &  de  ««^tfa  ,  tête  de  pavot. 

DIACONAL ,  ALE.  adj.  Qui  appartient  à  l'ordre 
de  Diacre.  Diaconaits  ^  e.  Le  Cardinal  Ottohoni  , 
qui  étoit  Cardinal-Diacre,  paftalei^  Juin  1714  a 
l'Ordre  des  Cardinaux-Fri'tres ,  en  confetvant  fon 
titre  diaconal ds  b.  Laurent  in  Damafo.  Gazette 

DIACONAT,  f.  m.  Le  fécond  des  Ordres  facrcs , 
Ordre  &  office  de  celui  qui  eft  diacre.  Diacona- 
tus. 

DIACONESSE.  Voye'^  Diaconisse. 

DIACONIE.  f.  f.  C'eft  le  nom  d'une  charge  dans  les 
Monaftères  de  TEglile  Grecque.  Le  devoirde  cette 
charge  éroit  de  recevoir  &  de  diftribuer  les  aumô- 
nes :  c'eft  ce  qu'on  appelle  Aumônerie  dans  les  Ab- 
bayes de  France.  Diaconia ,  Eleemofynatii  munus. 
La  D'raconie  étOK  une  charge  trcs-imporranre. 

©lAcoNiE,  eft  auftiun  nom  qui  eft  demeuré  à  de;  Cha- 
pelles ■-:  Oratoires  qui  étoient  dans  la  ville  de  Rome, 
gouvernées  par  chaque  Diacre  en  fa  région.  Diaco- 
nia. Les  Diaconies  étoient  des  hôpitaux  ,  ou  bu- 
reaux pour  la  diftribution  des  au  nônes.  Elles  étoient 
gouvernées  à  Rome  pir  fept  Diacres  réi^ionnaires  , 
que  l'on  appeloïc  Cardinaux-Diacres  de  la  ville  de 
Rr'me.  Il  v  en  avoir  un  pour  chaque  région  ;  l'Ar- 
chidiacre étoit  leur  Chef.  L'hôpital ,  joint  à  l'Ei^lile 
delà  Diaconie  ,  avoir  pour  le  temporel  un  Admi- 


D  I  A  31Î 

nlftrateur,  nommé  le  père  de  la  Diaconie  ,  c_ui 
écoïc  tantôt  clerc  ,  raniôt  laïque.  Fleury.  Diacoi  ic 
néanmoins  ,  en  ce  fens  ,  n'étoit  point  du  tout  ce 
que  nous  appelons  hôpital  j  car  on  n'y  logeoit  tic  on 
n'y  entretenoit  pas  les  pauvres  ^  mais  feulement  on 
leur  y  diftribuoic  les  aumônes  qu'ils  emportoicnc 
chacun  chez  foi.  C'éroit  le  bureau,  le  lieu  où  ils 
s'allembloient  pour  les  recevoir ,  où  ils  les  venoienc 
quérir.  Ce  mot  s'étendit  à  quelques  autres  Bénéfi- 
ces. Il  y  en  a  aujourd'hui  quatorze  ,  dont  les  noms 
font  rapportées  par  Du  Cange  ,  qui  font  afteètés  aux 
Cardinaux  Diacres  :  les  voici.  La  Diaconie  de  Sainte 
Narie  dans  la  voie  large ,  la  Diaconie  de  S.  Eufta- 
che  près  du  Panthéon  ,  la  Diaconie  de  Sainte  Marie- 
la-Neuve  ,  la  Diaconie  de  S.  Adrien  ,  la  Diaconie 
de  S.  Nicolas  dans  la  prilon.Tullienne  ,  la  Diaconie. 
de  Sainte  Agathe  au  cheval  de  marbre  ,  la.  Diaconie 
de  Sainte  Marie  in  dominicâ  :  c'écoit  dans  celle-ci 
que  demeuroit  l'Archidiacre  ,  qui  leul  étoit  appelé 
le  Cardinal  Diacre  ^  la  Diaconie  de  Sainte  Marie-in 
Colmédin  ,  autrement  l'Ecole  Grecque  j  la.  Diacc- 
nie  de  S.  Ange  dans  le  marché  au  poilfon  ,  la  Diaco- 
nie de  S.  Giégonc-M-YoÛQ-d'ot ,  la.  Diaconie  de  St2 
Marie-du-Portique  ,  la  Diaconie  de  Sainte  Marie  in 
Aquiro  ,  la  Diaconie  de  S.  Côme  3cde  S.  Damien  , 
la  -Diaconie  de  S.  Vite  dans  le  Marché  des  Martyrs. 
Dans  les  commencemens  il  n'y  avoir  que  fept  Dia~ 
conie.^-y  dans  la  fuite  on  en  ajouta  fept  autres  ,  ce  qui 
fit  quatorze  ,  autant  que  de  quartiers  dans  Rome. On 
en  ajouta  encore  quatre  autres  après,  qui  font  laZ)/i7- 
conie  de  Sainte  Lucie  dans  le  Cirque  ,  la  Di.:c?ni& 
des  SS.  Sergius  &  Bacchus ,  la  Diaconie  de  S.  Théo- 
dore, la  Diaconie  de  Sainte  Lucie  dans  le  roc  j  ap- 
pelée autrefois  Orphéenne  ,  Orpkea.  Enfin  Léon  X  _ 
ajouta  la  Diaconie  de  S.  Onuphre  dans  le  Vatican  , 
qui  eft  aujourd'hui  le  titre  d'un  Cardinal-Prctre  j  Se 
fous  Paul  III  il  y  eut  19  Cardin.uix-Diacres  tous 
vivans ,  pourvus  de  ces  Diaconies  ,  nombre  qui  ne 
s'eft  jamais  vu.  Frifon  ,  Appar.  Gall.  Purpur.  C.  4. 
Du  Cange  ,  Glo(f.  ou  mot  Diaconia.  Ce  mot  Dia- 
conie s'eft  dit  aulii  pour  Diaconique  j  ou  Sacriftie. 
Koye-^  Diaconique. 
DIACONIQUE.  f  m.  Sacriftie;  lieu  autour  de  l'E- 
glife  où  l'on  confervoit  autrefois  les  vafes  faciès  , 
&  les  ornemens  deftinés  au  fervice  de  l'Autel.  Dia- 
conicon  ,  Sacrariarum  ,  Secrctarium.  Le  premier 
Concile  de  Laodicée  ,  rapporré  dans  la  Colledion 
du  P.  Labbe  ,  T.  I.  pag.  1495.  &  fuiv.  défend  par 
fon  11=  Canon  que  les  Miniftres  demeurent  dans 
le  Diaconique  ,  \>  ri  ^it.Kciy.i  ,  &  qu'ils  tou- 
chent les  vafes  faciès.  Une  ancienne  verfion 
traduit ,  in  fecretario  ;  un  exemplaire  de  Rome  , 
&  Denis  le  Petit  conlervent  en  Latin  le  mot  Dia- 
conicon.  Il  eft  vrai  que  Zonaras  &  Balfomon  en- 
tendeur ce  mot  du  Canon  11.  de  Laodicée, ^de 
l'Ordre  de  Diacre  ^  &  non  p.is  d'un  lieii  ou  bâti- 
ment ,  &  que  Léo  Allatius  a  fuivi  leur  fentimenc 
dans  fon  Traité  De  Templis  Qr&corum  :  mais  tous 
les  autres  Interprètes  de  ce  Concile  l'entendent 
d'une  Sacriftie  ;  &  jamais  ailleurs  Aiaxonxs»  n'a  donné 
d'autre  fens.  Zonaras  lui-même  femble  l'entendre 
ainfi,  en  parlant  fur  le  ij""  des  Canons  de  l'Eglife 
d'Afrique ,  qu'il  appelle  le  zS.  Enfin  le  Coda 
Théodofien  ,  Leg  3.  de  h&ret.ow  le  Code  de  Juf- 
tinien ,  Leg.  3  de  haret.  le  Typicon  de  Sabas  ,  C.  2. 
le  Catalogue  des  Patriarches  de  Conftantinople  , 
l'Euchologe  des  Grecs ,  Codin  ;  De  Officiis  Aul& 
Confiant,  parlent  des  Diaconiques  comme  d'un  lieu  , 
d'une  Sacriftie.  Philoftorgius  ,  Liv.  VII.  C.  5.  & 
Nicephore  ,  Hift.  Eccl.  L.  X.  C.  30.  difent  qu'il  y 
avoir  à  Panéade  une  ftatue  de  Jesus-Christ  que 
la  Svrophénicienne  guérie  du  flux  de  fang  avoir 
fait  faire  par  reconnoiflance  ;  qu'elle  étoit  proche 
d'une  fontaine  ,  &  qu'on  la  fit  tranfporter  dans 
le  Diaconique  ,  afin  qu'elle  fût  en  un  lieu  plus 
décent. 

Le  Célébrant  alloit  dans  le  Diaconique  changer 
fes  otnemens  quand  il  étoit  néceiraire  j  comme 
le  Typique  de  Sabas  l'infinue  ,  C.  z.  & ,  outre  les 


i?  I  L 


D  I  A 

valés  &:  les  vctemens  facrcs  ,  on  y  gardoit  aulu  les 
Reliques  ,  ainh  qu'il  paioi:  par  le  Catalogue  des 
Patriarches  de  Conllannnople  cité.  Outre  les  Au- 
teurs nommés  ,  Meurlius  j  dans  ion  Glollaire  ,  De 
la  Cerda  ,  obferv.  c.  5/.  num.  S.Godefroy  ,  dans  fes 
Diirertàtions  ùir  Philoftorgius  ^  L.  VU.  c.  3.  pag. 
x-j6.  de  fuiv.  Suicer,  dans  l'on  Tréibr  Eccléhalh- 
que ,  au  mot  ^i^^y-onx» ,  &  Spelman  ,  dans  Ion 
G7o//.'  Arch£olog.  ont  parlé  du  Diaconique.  Voyez 
encore  la  vie  de  St.  Anaftafe,  Martyr  Perfan  ,  dans 
Bollandus  j  Acla  Sancl.  Januar.  lom.  ï.  45/.  & 
la  PalHon  des  XX.  Martyrs  de  la  Laure  de  S.  Sabas , 
en.  4.  Acla  SS.  Marc.  f.  III.  p.  n}- 

Ce  nom  Diaconique  eft  Grec ,  &  vient  de  iiatccni". 
Je  fers.  Ce  lieu  fut  ainlî  appelé  ,  parce  que  l'on  y 
mertoit  tout  ce  quiétoit  employé  au  feivice  Divin. 
On  l'appeloit  aulfi  a Var«,-/f (o» ,  &  en  Latin  Jaîutj- 
torium  ,  parce  que  c'étoit-là  que  l'Evêque  Inluoit , 
embraiîoic  j  recevoir  les  Etrangers ,  d'à'-^â^'^'^a, , 
ainplecîor ,  faluto  ,  j'embrafle  ,  je  falue.^  ^oye^ 
Th'éodoret,  Hilt.  Eccl.  Liv.  V.  c.  17.  &  cp.  144. 
Paul  Diacre  ,  Liv.  Xiil.  Grégoire  de  Tours ,  L.  IL 
ch.  11.  &  le  Concile  de  Mâcon  ,  Can.  i.  On  ap- 
peloic  auflî  le  Diaconique  MîtÔithiiicv  ou  M<r«ri'f(o» , 
mot  qui  s'eft  dit ,  à  ce  que  croie  Suicer  ,  pour 
Miiia-artàfttv ,  a  menfd  ,  c'eft-à-dire  ,  des  tables  qu'il 
y  avoir  dans  ce  lieu  pour  y  mettre  ,  y  étendre  les 
orncmens  facrés  j  ou  plutôt,  comme  je  crois ,  de 
Mirérav ,  qui  fignifioit  un  hofpice  ,  une  maifon 
que  Ton  donnoit  aux  foldats  dans  les  Provinces , 
parce  que  c'étoit  dans  le  Diaconique  que  l'on  re- 
cevoir les  Errangers  ,  comme  nous  l'avons  obiervé 
ci-delfus.  Enfin,  on  le  nomrnoit  yàcrari/^/n  & /e- 
cretarium. 

Diaconique.  f.  m.  Terme  de  Liturgie.  Dlaconicum. 
Le  Diaconique  eft  une  partie  du  facré  Tribunal  , 
ou  du  fiège  pontifical  :  c'eft  le  lieu  où  les  Diacres 
font  adîs ,  à  la  droite  du  Pontife  ,  quand  il  ert 
afîîs  fur  fon  fiège. 

Diaconique.  f.  m.  Terme  de  Litliurgle.  Diaconicon. 
Livre  Eccléfiartique  ,  qui,  chez  les  Grecs  ,  contenoic 
&  expliquoit  tous  les  devoirs  ,  toutes  les  fonctions 
des  Diacres.  Foyei  Léo  Allatius  ,  Dijferc.  I.  De 
Libris  EcclefiaJ}.   Gr^cor. 

•Diaconique.  f  f.  Terme  de  Liturgie.  Diaconica.h^ 
Diaconique  eft  une  prière  que  l'Archidiacre  fait  à 
la  cérémonie  de  l'ordination  des  Diacres  chez  les 
Grecs,  &pour  la  paix  &  pour  le  Diacre  qui  vient 
d'être  ordonné.  On  appeloir  aulli  les  Diaconiques  , 
Iréniques ,  ^i(>ink.H.  Quoique,  dans  l'Eglife  Latine, 
on  récite  beaucoup  de  prières  pour  les  Diacres  du- 
rant la  cérémonie  de  leur  ordination  ,  on  n'appelc 
point  ces  prières  Diaconiques  ,  Se  elles  n'ont  point 
de  nom  particulier. 

Diaconique.  adj.  Terme  de  Liturgie.  Qui  concerne 
les  Diacres,  qui  a  rapporn  à  eux.  Diaconicus.  On 
appelé  chez  les  Grecs  collecle  diaconique  ,  une  orai- 
fun  que  les  Diacres  récitent. 

Ce  mot  Diaconique  ,  dans  la  plupart  des  fens 
expliqués  ci-delfus ,  vient  du  Grec  ^làKa^oi  ,   Diacre. 

DIACONISSE.  On  trouve  plus  fouvent  DIACO- 
NESSE, f.  f.  Ce  mot  n'ell  plus  en  ul'age  ;  mais  il 
l'a  été  du  temps  de  la  primitive  Eglife.  Diacona  j 
Diaconiija.  Il  en  eft  fait  mention  dans  l'Epître  de 
S.  Paul  aux  Romains.  Pline  le  jeune  fit  tourmenter 
deux  Diaconejjes  ,  qu'il  appelle  Minifcrx  dans  fa 
Lettre  à  Trajan ,  L.  X.  ép.  97.  Le  nom  de  Diaconeffcs 
étoirafteéléà  quelques  femmes  dévotes  qui  étoient 
confacrces  au  fervice  de  l'Eglife  ,  &  qui  rendoienc 
aux  femmes  les  fervices  que  les  Diacres  ne  pou- 
voient  pas  leur  rendre  honnêtement  ^  par  exem- 
ple ,  dans  le  Baptême  ,  qui  fe  conféroit  par  l'im- 
meriion  aux  femmes  auili-blen  qu'aux  hommes. 
Elles  croient  encore  prépofées  à  la  porte  des  Egli- 
fes ,  ou  des  lieux  des  alTemblées  ,  du  côté  où 
ctoient  les  femmes  féparées  des  hommes  félon  la 
coutume  de  ce  temps-là.  Cela  paroît  par  les  Confti- 
tutions  Apoftoliques ,  L.  U.C.  57.  &  dans  Balfi- 
nion  fur  le    11'^  Cauon  du  Concile  de  Laodicée  , 


D  I  A 

pour  ne  point  parler  de  l'Epître  de  S.  Ignace  à  ceux 
d'Antioche  j  où  l'on  prétend  que  ce  qu'il  dit  lue 
cela  a  été  ajouté.  Elles  avoient  foin  des  pauvres  j 
des  malades  ,  des  prilonniers.  A'ojej  les  ConlH- 
tutions  Apottoliques  ,  L.  III.  C.  15.  S.  Jérôme  à 
Nepotien.  Enfin  j  dans  le  temps  des  perfécutions, 
lorfqu'on  ne  pouvoir  envoyer  un  Diacre  aux  femmes 
pour  les  exhorter  6c  les  fortifier,  on  leur  envoyoit 
une  Diaconejje.  Dans  le  Commentaire  des  Con- 
ciles du  Chrillianus  Lupus  ,  il  eif  dit  ,  qu'on  les 
ordonnoit  par  Pimpohtion  des  mains,  f"  oye^  le 
Concile  de  Chalcédoine  tenu  l'an  4^1.  Can.  15. 
Le  Concile  in  Iruilo.  l'an  680.  Can.  14.  &  Can.  40. 
qui  le  fervent  du  terme  de  ;i;"(>«'-o»^" ,  impofer  Us 
mains ,  pour  exprimer  la  confécration  des  Diaco~ 
conejjes.  Baronius  néanmoins  3  à  l'an  de  J.  C.  34. 
N.  283.  &  dans  l'Abrégé  de  Sponde ,  N.  81.  nie 
que  l'on  imposât  les  mains  aux  Dia^coneJJes  j  Sc 
qu'il  y  eût  aucun  Sacrement  pour  les  conlacrer.  Il 
fe  fonde  fur  ce  que  le  Concile  de  Nicée  ,  Can.  19. 
les  met  au  rang  des  laïques ,  &  dit  qu'elles  n'ont 
point  rimpofition  des  mains.  Le  Concile  de  Chal- 
cédoine régla  qu'elles  ne  feroient  point  ordonnées 
avant  l'âge  de  40  ans  :  jufque-là  elles  ne  l'avoient 
été  qu'.i  60  ans,  comme  S.  Paul  le  prefcrit  dans 
la  I.  à  Timoth.  V.  v.  9.  &  comme  on  peut  le  voie 
dans  le  Nomocanon  de  Jean  d'Antioche  j  dans  la 
Bibliothèque  du  Droit  Canon,  pag.  360.  dans  Bal- 
famon  j  ConJIit.  Eccief.  Collecl.  &  L.  l.  Cod.  Tit.  III. 
pag.  1254.  de  la  même  Bibliothèque;  dans  le 
Nomocanon  de  Photius  ,  T.  I.  Can.  2,8.  dans  le 
Code  Théodofien  ,  L.  17.  de  Epif.  6"  Cleric.  dans 
Tertullien  ,  de  l^cland  Virgin.  C.  9.  Enluite  on  les 
confacra  à  Dieu  à  l'âge  de  50  ans.  /^oyej  Juftinien, 
Novelle  VI.  Chap.  6.  le  Nomocanon  de  Pho- 
tius 3  Tit.  I.  de  fide  3  C.  x%.  pag.  84(5.  Enfin,  le 
Concile  de  Chalcédoine,  Can.  15.  le  Concile  irt 
Trullo  ,  Can.  14.  &:  40.  la  Novelie  112.  c.  15  , 
règlent  qu'elles  feroient  ordonnées  à  l'âge  de  40, 
ans.  Ballamon  dit  la  même  chofe  fur  le  Nomo- 
canon de  Photius,  Tit.  I.defide  C.  18.  Tertullien 
parle  des  femmes  qui  avoient  reçu  l'ordination  dans 
l'Eglife  ,  &  qui ,  par  cette  raiion  ,  étoient  privées  de 
la.  liberté  de  fe  marier  ;  car  les  Diaconejjcs  étoient 
des  veuves ,  &  elles  ne  pouvoienr  plus  fe  remarier: 
il  falloir  même  qu'elles  n'enflent  été  mariées 
qu'une  fois  pour  pouvoir  être  Diaconejfcs.  Ter- 
tullien ,  L.  I.  ad  Uxorein  ,  C.  7.  le  Concile  d'E- 
paune ,  Can.  2.  S.  Epiphane ,  dans  fon  Livre  de 
la  Doctrine  abrégée  de  la  loi ,  le  difent  exprefle- 
ment.  Dans  la  fuite  les  Vierges  furent  aulh  faites 
Diacone(fcs.  S.  Epiphane  j  dans  l'ouvrage  que  je 
viens  de  citer,  Zonaras  &  Balfamon  ,  îur  le  19" 
Canon  du  Concile  de  Nicée,  &c.  le  témoignenr. 
S.;  Ignace  le  dit  aufli  à  la  fin  de  fon  Epître  à  ceux 
de  Smyrne  :  mais  Fabror  croit  que  c'eft  une  four- 
rure J  parce  qu'au  liècle  de  ce  Père  les  vierges 
n'étoient  point  encore  ordonnées  DiaconeJJes.  Le 
Concile  de  Nicée  met  les  Diaconejjcs  au  rang  du 
Clergé.  On  prétend  que  l'ordination  qu'on  confé- 
roit aux  DiaconeJJes  n'étoit  point  facramentelle  , 
&  que  c'étoit  une  fimple  cérémonie  Eccléfiaftiquc. 
Cependanr ,  parce  qu'elles  fe  donnoient  la  préémi- 
nence au-delfus  de  leur  fexe ,  le  Concile  de  L20- 
dicée  défendit  de  les  ordonner  à  l'avenir.  Le  pre- 
mier Concile  d'Orange  en  441.  défend  aulli  d'or- 
donner les  Diaconeljès ,  &  enjoint  à  celles  qui 
avoient  été  ordonnées  de  recevoir  la  bénédiction 
avec  les  fimples  Laïques. 

En  5 17.  Le  Concile  d'Epaune  ,  que  quelques-uns 
prennent  pour  Yene  dans  le  Diocèfe  de  Bellay  , 
abolit  la  confécration  des  veuves  DiaconeJJes.  Un 
autre  Concile  des  Gaules  en  634.  fit  la  même 
chofe. 

Les  Diaconeffl-s  portoient  un  habit  particulier  , 
S:  étoient  comptées  parmi  les  perfonnes  confacrées 
à  Dieu.  Je  ne  fais  fi  leur  nombre  étoit  fixé.  L'Empe- 
pereur  Héraclius ,  dans  fa  Lettre  à  Sergius  j  Pa- 
triarche de  Conftantinople ,  qui  eft  parmi  les  No- 

velles 


D  I  A 

velles  dniis  la  Bibliothèque  du  Droit  Canon  ,  or- 
donne qa,',  clans  la  grande  Eglifede  Conftantinople, 
il  y  air  quarante  "DiaconciJcs  ,  «Se  lix  feulement  dans 
celle  de  la  Mère  de  Dieu  qui  ctoit  au  quaitier  des 
Blaquernes. 

On  ne  peut  dire  quand  les  DiaconeJJcs  ont  celfé , 
parce  qu'elles  n'ont  point  ceiré  par-tout  en  mème- 
remps.  A  la  vérité  ,  l'onz-ème  Canon  du  Concile 
de  Laodicée  lemble  les  abroger  j  mais  il  ell  cer- 
tain que  long-temps  après  il  y  en  eut  encore  en  plu- 
lieurs  endroits.  Le  i6'-"  Canon  du  1.  Concile  d  O- 
range  tenu  lan  441.  le  21=  de  celui  dEpaune , 
célébré  l'an  515.  défendent  aufli  d'ordonner  des 
DiaconcJJes.  Cependant  il  y  en  avoir  encore  au 
temps  du  Concile  de  Coniiantinople  in  Truilo  , 
comme  il  paroît  par  ce  que  nous  avons  die  ci-def- 
fus.  Atton  de  Verceii  rapporte  dans  fa  Ville  Lettre 
la  raiion  qui  les  hr  abolir.  Il  dit  que,  dans  les  pre- 
miers temps,  le  miniilère  des  femmes  étoic  nécef- 
faire  pour  inftruire  plus  aifément  les  autres  iem- 
mesj  c>:  les  délabufer  des  erreurs  du  Paganifme  ; 
qu'elles  fe;  voient  auiîi  à  leur  adminirtrer  le  Bap- 
tême avec  bienféance  \  mais  que  cela  n'ctoïc  plus 
nécellaire  ,  depiùs  que  l'on  ne  baptifoit  plus  que 
des  enfans  :  il  faut  encore  ajouter  maintenant , 
depuis  que  l'on  ne  baptiloit  plus  que  par  intudon. 
On  a  auOi  appelé  D'uiconejjes  les  femmes  que 
les  Diacres  avoient  cpouices  avant  leur  ordina- 
tion ,  comme  on  appeloïc  Prètrefles  celles  que  les 
Prècres  avoient  eues  de  même.  Atton  de  Verceil  l'a 
rema:qué  dans  la  Lettre  que  j'ai  citée. 

^fT  DL.1.COPE.  f.  f.  Terme  de  Chirurgie.  Taillade  , 
protonde  découpure.  Dljcljlo  ,  pr£ciJ:o.  Efpèce  de 
fracture  du  crâne  taite  par  un  inftrument  tranchant 
dont  le  coup  a  été  donné  de  biais  ou  obhque- 
nient ,  &  dans  laquelle  il  y  a  un  éclat  coupé  ians 
être  détaché  ni  emporté.  Ce  mot  ell:  Grec  ,  «^ia^Msii, 
du  verbe  SiUKu-aTu  ,  dïfclndo ,  diffindo ,  je  coupe  , 
je  fends.  Col.  de  Vilars. 

DI ACOUSTIQUE,  f.  f.  La  Diacouflique  ell  la  confidé- 
ration  des  propriétés  de  la  réfraclion  des  io.is  , 
félon  qu'ils  palfent  par  différens  milieux ,  c'elt-à 
dire  ,  d'un  fluide  plus  épais  dans  un  plus  fubtil  , 
ou  au  contraire  ,  d'un  plus  fubril  dans  un  plus  deale. 
Diaci'Jlici. 

Ce  mot  efi:  Grec,  &  vient  de  êili^par,  qui 
marque  un  palFage  ,  &  d'à»;*  j  j'cnccnds ,  ë.C  fig- 
nifie  la  conïidération  ,  l'explicacion  des  palTages 
des  fous  que  nous  entendons. 

DIACRE,  f.  m.  Miniftre  qui  fert  l'Aurel  ,  & 
qui  eil  promu  au  fécond  des  Ordres  facrés..  D'ia- 
conus.  St.  Etienne  Si  Saint  Laurent  avoient  le  titre 
de  Diacre. 

Les  Diacres  furent  inftltués  au  nombre  de  fept 
par  les  Apôtres.  Voye-^  au  Chap.  VI.  des  Aûcs  des 
Apôtres:  ce  nombre  fut  long-temps  confervé  dans 
plulîeurs  Eglifcs.  La  fonftion  des  Diacres  ctoit  de 
fervir  dans  les  Agipes ,  1^  de  diftribuer  le  pain  &: 
le  vin  aux  communians.  Par  d'anciens  Canons  , 
le  mariage  n'étoit  point  incompatible  avec  l'état 
&  le  miniftère  de  Diacre  :  mais ,  depuis  j  le  ma- 
riage leur  a  été  interdit ,  le  Pape  ne  leur  accorde 
des  difpenfes,  que  pour  des  raiîons  très-impor- 
tantes, &  jam.iis  ils  ne  rcftent  dans  leur  rang  ,  & 
dans  les  fonctions  de  leur  Ordre  ,  quand  ils  ont 
difpenfe  &  qu'ds  fe  marient  \  mais  ils  retournent 
au  rang  des  laïques  &  à  la  communion  purement 
laïque.  11  étoit  défendu  aux  Diacres  de's'alleoir 
avec  les  Prêtres,  f^oye:^  Cardinal. 

Les  Canons  des  Conciles  défendent  la  confé- 
cration  aux  Diacres  :  c'eft  une  fonélion  facerdo- 
rale.  Ils  défendent  aulTi  d'ordonner  un  Diacre  s'il 
n'a  un  titre  ,  ou  s'il  eO:  bigame  ,  ou  s'il  a  moins 
de  vingt-cinq  ans  :  l'Empereux  Juftinien  dans  fa  no- 
velle  ïij.  marque  le  même  âge  de  vingt-cinq  ans  j 
pour  un  Diacre.  Cela  étoit  en  ufage  pour  les 
Diacres  ,  lorque  l'Eglife  n'ordonnoit  les  Prêrres 
qu'à  l'nge  de  trente  ans.  Depuis  elle  a  ufé  d'indul- 
gence, &  il  ne  faut  plus  que  vingt-trois  ans  pour 
Tome  m. 


D  I  A  313 

êrr;  fidt  Diacre.  J^oyci  le  Concile  de  Trente,  felH 
25.  chap.  12..  Les  Diacres  avoient  la  diltribution 
des  aumônes  ^  &:  le  foin  du  temporal  de  l'Eglife. 
Sous  le  Pape  Silveltre  il  n'y  en  avoir  qu'un  à  Rome. 
Depuis  on  en.ht  fept,  &  on  y  a  long- temps  confervé 
cet  uîage:  enfuitc  on  en  tit  quatorze,  &  enfin 
dix-huit ,  qu'on  a  appelés  Cardinaux-Diacres  ,  à  la 
diflérencedes  autres.  Leur  charge  étoit  d'avoir  foin 
du  temporel  ,  &  des  rentes  de  l'Eglife  ,  des  aumô- 
nes des  Fidèles,  des  nécelîîtés  des  Eccléfiaftiqucs , 
&  même  du  Pape.  Les  Soudiacrcs  faifoient  la  col- 
lecte j  &  les  Diacres  en  étoicnt  dépolitaires.  Le 
maniement  qu'ils  avoient  des  revenus  de  l'Eglife 
accrut  leur  autorité  ,  à  mtfure  que  les  richelfes 
augmentèrent.  Ceux  de  Rome  3  comme  Minières 
de  la  première  Eghfe,  le  donnoient  la  préféance  ; 
ils  précédoient  même  les  Pierres  :  fans  doute  parce 
que  l'avance-des  Prêties  lailla  prendre  le  pas  aux 
Diacres  ,  qui  difpofoient  du  bien  de  l'Eglife.  S. 
Jérôme  a  crié  contre  cette  cntreprife,  &  prouve 
que  le  Diacre  eH:  au-deifous  du  Prêtre.  Le  Concile 
in  Truilo  ,  qui  elt  le  111«  de  Coniiantinople ,  Ca». 
16.  Arillinus,  dans  fa  Synopfe  des  Canons  de  ce 
Concile,  Can.  18.  Zonaras  ,  fur  le  même  Con- 
cile, Can.  iij.  Siméon  Logothete  ,  fur  le  14e  ca- 
non du  même  Concile ,  iJi  (Ecumenius  ,  fur  le 
VI=  Chapitre  des  Actes  des  Apôtres  ,  diftinguent 
les  Diacres  dellinés  au  fervice  des  Autels ,  de" 
ceux  qui  avoient  loin  de  la  dillribution  des  au- 
mônes des  Fidèles.  Ainfi  la  coutume  de  faire  des 
Diacres  ,  Ians  autre  tonciion  que  de  fervir  le  Prêtre 
à  l'Autel,  s'étant  intrcdaue,  alors  ce  fimple  Ordre 
de  Dhscres  n'ofa  s'élever  au-delUis  des  Prêtres. 
Pour  les  autres ,  qui  avoient  retenu  l'adminidra- 
tion  des  deniers  ,  ils  vouloient  auffi  conferver  la 
fupériorité  ,  &:,  pour  fe  diilinguer  ,  ils  appelèrent 
^archidiacre ,  le  premier  àes  Diacres  ,  depuis  qu'ils 
fureur  multipliés  :  il  en  demeura  fept  à  Rome 
qui  avoient  foin  des  rentes  Papales  (S:  de  chanter 
l'Evangile  devant  le  Pape.  Ils  luient  dil'hibués  en 
fept  régions  ,  fuivant  les  lepr  régions  de  Rome. 
Eoiiandus  ,  dans  la  vie  de  Saint  Fabien  ,  C.  11. 
^cl.  Sancî.  Jan.  Tan.  I.pag.  258.  remarque  plus 
exaélemeht  qu'il  y  avoit  quatorze  régions  dans 
Rome  j  6c  fept  Diacres ,  qu'ainfi  chaque  Diacre 
étoit  prépofé  à  deux  régions  \  que  le  premier  de 
tous  étoic  appelé  Archidiacre ,  Arcliidiaccnui ,  & 
les  autres  Diacres  Cardinaux  ,  Diaconi  Cardinales. 
De  U  vient  qu'on  trouve  Diacre  Cardinal  dans  la 
4^,  ice  &  11^  région.  Il  les  appelle  Diacres  Ré- 
gionnaires  ,  Diaconi  Regionarii.  juftinien  ,  Novell. 
III.  p.  15.  ordonne  qu'il  y  ait  juiqu'à  loo  Diacres 
dans  la  gr.ande  Eglife  de  Conftantinonle.  P''oyei  le 
Nomocanon  de  Photius  j  Tir.  1.  C.  50.  où  il  rap- 
porte auflï  cette  loi.  Dans  l'Eglife  de  Blaquernes 
il  n'y  en  avoit  que  dix- huit ,  comme  il  paroît  par 
la  même  Novelle  de  Juftinien  j  6c  par  une  aurre 
d'Héraclius.  ^ijye^  la  Bibliothèque  du  Droit  Canon  , 
pag.  1370. 

Les  Diacres  récitoient  certaines  prières  dans  les 
faints  Myflàres  j  &  à  caufe  de  cela  ,  on  nommoit 
ces  prières  Diaconiques.  f^'oye^  ce  mot.  Ils  avoient 
foin  de  contenir  le  peuple  à  l'Eglife  dans  l'ordre 
&  la  modeltie  convenable.  Il  ne  leur  étoit  point 
permis  d'enfeigner  publiquement  ,  au  moins  en 
préfence  d'un  EvêquPj  ou  d'un  Prêtre;  ils  inftrui- 
îoient  feulement  les  Catéchumènes  ,  6c  les  prépa- 
roienr  au  B.iptême.  Ils  croient  prépofés  aux  portes 
de  l'Eglile  pour  les  garder  :  dans  la  fuite  ,  les  fou- 
diacres  furent  chargés  de  cette  fonârion  ,  comme  le 
remarque  l'Auter.r  du  livre  de  la  Hiérarchie  Ec- 
cléfiaftique  ,  attribué  à  Saint  Denys ,  C.  V.  Myft. 
I.  n.  6.  aufii-bicn  que  Pachimère  &  5aint  Maxime 
fur  cet  endroit.  En  certains  cas  ils  donnoient  le  Bap- 
tême ,  toujours  néanmoins  dépendamment  de  l'E- 
vêque,  &  jamais  qu'en  l'abfence  des  Prêrres  :  en  ce 
cas  même,  le  Pape  Gélafe  leur  défend  de  le  faire 
que  dai7s  Textrême  nécelîité.  Les  Diacres  n'ont  ja- 
mais eu  le  Douvoir   de   confacrcr  ,    ni  même  de 

Kr 


314  D  I  A 

donner  l.i  Communion  aux  Prêtres  :  il  lent  écoit 
permis  dans  la  pénitence  publique  de  recevoir  à 
pénitence  ceux  qui  le  prélencoienc ,  ou  ,  comme  on 
parloir,  de  leur  donner  la  pénitence  j  de  leur  ad- 
miniftrcr  mcme  Tlincharillie  en  cas  de  nccenité , 
fur-tout  lorlque  l'Evéque  ou  le  Prêtre  le  leur  ordon- 
noit  ^  mais  jamais  ils  n'ont  eu  le  pouvoir  de  récon- 
cilier les  pénitenSj  ou  de  leur  donner  l'ablolution. 
/'^oye^  le  Concile  d'Elvire  Can.  ji.  Alcuin  ,  de 
Divin.  Off.  in  Capite  Je;iin.  les  Conltitutions  !:yno- 
dales  du  Diocèfe  de  Saintes,  faites  en  1270.  par 
Simon  Cardinal-Légat  j  qui  fut  depuis  Martin  iV. 
le  Pontifical  Romain,  ouvrage  du  Vi*^  ficcle  ;  l'Or- 
dre Romain  ,  y^r.  4.^/2  Capue  Jejun.  Burchard  ,  L. 
XIX.  du  Décret,  C.  11,5.  1^4.  Yves  de  Chartres, 
p.  XV.  C.  161.  i6z.  Odou  de  (Paris,  Statue.  Synod. 
5.  &c. 

Les  Diacres  chantoient  l'Evangile  devant  le  Pape , 
quand  il  venoit  célébrer  dans  une  Eglile  de  leur 
région  ;  c'eft  pourquoi  ils  furent  appelés  Diacres 
Cardinaux  ,  on  principaux  Diacres  ^  de  la  première , 
féconde  &  troilîème  région  j  comme  étant  les  direc- 
teurs, &  les  adminiftrateurs  de  l'Eglile  Patriarchale; 
Ainfi  les  premiers  Cardinaux  ont  été  les  Diacres  de 
l'Eglife  de  Rome.  On  diftingua  encore  à  Rome  deux 
fortes  de  Diacres  ,  par  rapport  aux  fonélions  qu'ils 
faifoient.  Les  uns  s'appeloient  Diacres  Palatins ,  ou 
Diacres  du  Palais  ;  &  les  autres  s'appeloient  Z)iji:rej 
Stationnaires  ,  ou  Diacres  des  Stations.  Les  Diacres 
du  Palais  croient  attachés  à  l'Eglife  de  faint  Jean  de 
Latran  :  c'étoit- là  qu'étoit  le  Palais  du  Pape.  Les 
Stationnaires  faifoienc  leurs  lonttions  dans  les  Egli- 
£es  où  il  y  avoit  des  Hâtions  marquées. 

Il  y  a  chez  les  Maronites  du  Mont -Liban  deux 
Diacres  qui  font  de  purs  adminiltrateurs  du  tempo 
rel.  Le  P.  Jérôme  Dandini ,  qui  les  appelle  dans  fi 
Relation  Li  Signori  Diaconi ,  dit  que  ce  font  deux 
Seigneurs  Séculiers  ,  qui  gouvernent  le  Peuple  , 
jugent  de  tous  leurs  différends ,  &  traitent  avec  les 
Turcs  de  ce  qui  regarde  les  tributs  ,  ik  de  toutes 
Xqî,  autres  affaires  qui  fe  rencontrent.  Il  femhle  que 
le  Patriarche  des  Maronites  ait  voulu  imiter  les 
Apôtres  ,  qui  fe  déchargèrent  des  affaires  tempo- 
relles de  l'Eglife  fur  les  Diacres  qu'ils  élurent  :  Ce 
n'ejl pas  bienfait ,  difent-ils  de  laijjer  la  parole  de 
Dieu  pourfervir  aux  tables.  Ce  fut-  là  l'occafion  du 
premier  établiffement  des  Diacres.  Il  y  a  Ue  l'appa- 
rence que  les  Maronites  ont  voulu  conferver  chez 
eux  quelque  chofe  de  cerre  difcipline  Apolfolique. 
Voyez  dans  les  Acla  Sancl.  Maii  j  Tom.  VII. 
Paralip.  p.  97,  l'ancien  habit  des  Diacres. 

Ce  mot  originairement  fignifie  Miniflre ,  Se  eft 
formé  de  Diaconus  ,  mot  Latin  ,  qui  a  été  fait  de 
èiki-.wùi  qui  fignifie  ,  Miniflre. 

Les  cérémonies  qui  fe  pratiquent  quand  on  or- 
donne les  Diacres  ,  ne  font  pas  les  mêmes  dans 
toutes  les  Eglifes.  Dans  l'Eglife  Romaine  on  fiit  les 
Diacres  de  la  manière  qui  fuit  :  un  Archidiacre  pré- 
fente à  l'Evêque  ceux  qui  demandent  l'Ordre  de 
Diacre  j  &  l'Evêque  demande  s'ils  en  font  dignes  :, 
l'Archidiacre  répond  qu'ils  le  font ,  autant  que  la 
fragilité  humaine  le  peut  permettre  :  alors  l'Evêque, 
étant  aOîs ,  &  revêtu  de  fes  iiabits  pontificaux  ,  dé- 
clare tout  haut  qu'il  les  admet  pour  être  Diacres  , 
puis  il  leur  fait  une  courre  exhorration  ,  dont  la 
formule  efl:  dans  le  Pontifical  :  enfuite  il  exhorte  le 
Clergé  &  le  Peuple  à  fe  joindre  à  lui,  pour  deman- 
der à  Dieu  les  grâces  nécelTàires  pour  ceux  qui  vonr 
être  ordonnés  Diacres  :  il  fe  lève ,  &  fait  une  prière 
par  laquelle  il  demande  ces  grâces  ,  après  quoi  on 
lui  ôre  fa  Mitre  ,  &  il  chante  ou  récite  une  efpèce 
de  préface  ,  vers  la  fin  de  laquelle  il  étend  la  main 
droite  fur  la  tête  de  chacun  de  ceux  qui  demandent 
le  Diaconat ,  &  qui  font  à  genoux  ,  &  dit ,  Rece- 
vez le  Saint  Efpritpour  avoir  de  la  force  ,  &  pour  ré- 
Jlfler  au  Diable  ,  &  à  fes  tentations.  Au  nom  du  Sei- 
gneur. V  achève  la  préface  ,  reprend  fa  mitre ,  s'as 
fîed  ,  &  met  l'éto'.e  ,  puis  la  dalmatique  ,  à  ceux 
"  qu'il  ordonne-,  en  récitant  à  cha  ^ue  cérémonie  une 


DI  A 

formule  ,  ou  une  prière  convenable  à  cette  cérémo- 
nie :  enluite  il  leur  prélente  le  livre  des  Evangiles 
(  c'eft  le  Miffel  )  qu  ils  doivent  toucher  de  la  main 
droite  j  tandis  que  l'Evêque  dit ,  Recevc^  le  pouvoir 
de  lire  l'Evangile  dans  l'Eglife  de  Dieu  ,  tant  pour 
les  vivûns  que  pour  les  déjunts.  Au  nom  du  Seigneur. 
Ainfi  foit-d.  La  cérémonie  finit  par  des  prières  que 
l'Evêque  récite  après  s'être  levé  ,  &  s'être  tourné  du 
côté  de  ceux  qu'il  vient  d'ordonner.  Voyez  le  Ponti- 
fical Romain  ,  &  les  anciens  Pontificaux  rapportés 
par  le  P.  Marrcne  ,  dans  fon  ouvrage  des  anciens 
Rits  de  l'Eglife. 

Dans  ^l'Eglile  Latine  toutes  les  Eglifes  particu- 
lières pratiquent  aujourcl  hui ,  &  ont  autrefois  pra- 
tiqué à-peu-près  les  iviêmes  cérémonies.  On  n'a  pas 
néanmoins  toujours  prélenté  le  livre  des  Evangiles  à 
ceux  qu'on  fait  Diacres  ;  &  les  plus  anciens  Ponti- 
ficaux qui  rapportent  cette  cérémonie  font  ceux  des 
Eglifes  d'Angleterre ,  ou  de  quelques  autres  Eglifes, 
mais  foumiles  à  la  domination  des  Anglois  lorfque 
ces  Peuples  étoient  Catholiques.  Ce  n'eft  pas  à  dire 
que  cette  cérémonie  ne  puiffe  être  aujourd'hui  la 
matière  de  l'ordination  des  Diacres  ,  «In:  que  l'Eglife 
n'ait  pu  la  déterminer  ainh. 

Dans  1  Euchologe  des  Grecs  on  trouve  les  céré- 
monies   luivantes   pour   l'ordinarion   des  Diacres. 
Deux  Diacres  préfentent  à  l'Evêque  ,  qui  eft  fur  foii 
trône  ,  celui  qui  doit  être  ordonné  Diacre  :  ils  font 
trois   tours  autour  de  l'Autel  ,    en  difant ,  Saints 
Martyrs  qui  combatte-^  avec  courage.  Alors  celui  qui 
veut  être  fait  Diacre  s'approche  de  l'Evêque  ,  qui 
le  marque  trois  fois  à  la  tête  ,  lui  fait  ôtf;r  fa  cein- 
ture, &  lui  ordonne  d'ôter  la  ferviette,  ou  la  nappe  : 
après  avoir  fait  cela  ,  il  s'approche  de  la  table  fa- 
crée,  la  touche  du  front ,   &  fiéchit  le  genou  droit  ; 
puis ,  tandis  que  l'Archidiacre  dit  à  haute  voix  , 
Soyons  attentij's  j  l'Evêque  étend  la  main  droite  fur 
la  tête  de  celui  qui  doit  être  fait  Diacre  ,  &  il  l'or- 
donne en  prononçant  la  forme  en  ces  termes  :  La 
grâce  divine  qui  guérit  ce  qui  ejl  infirme  ,  &  qui  donne 
ce  qui  manque  ,  élevé  au  Diaconat  N.  Soudiacre  très- 
pieux.  Prions  pour  lui,  afin  que  la  grâce  du  Très-Saine 
Efprit  vienne  fur  lui.  Les  afliftans  difent  trois  fois  , 
Seigneur  _,   aye^  pitié  :  l'Evêque  marque  trois  fois  à 
la  rête  d'un  figue  de  croix  le  nouveau  Diacre  ,  qui 
dit  pendant  cette  cérémonie  ,    Prions  le  Seigneur. 
L'Evêque  enfuite  récite  deux  prières  différentes  , 
tenant  toujours  la  main  étendue  fur  la  tête  du  nou- 
veau Diacre  :  entre  ces  deux  prières  l'Archidiacre 
récite  la  Diaconique.  Après  que  l'Evêque  a  achevé  la 
dernière  des  deux  prières  qu'il  récite  ,  il  met  l'étole 
au  nouveau  Diacre  ;  puis  on  chante  quelques  courtes 
prières ,  qui  terminent  la  cérémonie  de  l'ordination 
des  Diacres. 

Les  Coptes  ont  un  Rit  particulier  pour  l'ordina- 
tion des  Diacres.  Ce  Rit  renferme  les  cérémonies 
que  voici.  Celui  qui  préfente  quelqu'un  pour  être 
ordonné  Diacre  ,  l'amène  &  le  conduit  à  l'Autel 
devant  l'Evêque  :  là  il  met  le  genou  droit  à  terre  fur 
les  degrés  de  l'Aurel  :  l'Evêque  prend  l'encens ,   &c 
le  bénit ,   en  difant  une  prière  allez  longue  :  elle  eft 
fuivie  d'une  féconde  que  l'Archidiacre  récite  ,  Se 
de  trois  autres  qui  font  dites  par  l'Evêque  :  durant 
la  première  &c  la  dernière  de  ces  trois  oraifons,  il  a  le 
vilage  tourné  du  côté  de  l'Autel,  c'eft-à-dire  ,  à  l'O- 
rient ;  & ,  durant  la  féconde,  il  eft  tourné  du  côté  de 
l'Occident,  &  il  a  la  main  droite  étendue  fur  la  têre 
de  celui  qu'il  ordonne  :  il  fe  rourne  encore  vers  lui 
après  la  rroifième  de  ces  prières  ,  &.  il  le  marque 
au  front  de  fon  pouce,   en  difant  :  Nous  vous  ap- 
pelons dans  lafainte  Egtife.  Ain'i  foit-il.  Après  quoi 
l'Archidiacre  dit  :    Un  tel  efi  Diacre  dans  la  fainte 
Eglife  ,  l'Eglife  Apofiolique  ,  l'Eglife  de  Dieu.  Ainfi 
foit-il.  EnCimi:  l'Evêque'dit  :  Nous  ordonnons  Diacre 
un  tel  fur  l'Autel ,  c'efl-à-dire  ,fur  telle  Eglife  ortho- 
doxe ,   au  nom  du  Père  ,   &  du  Fils  ,  &  du  Saint 
Efprit.  Ainfi  foit  il.  Puis  il  fait  trois  croix  fur  le  front 
du  nouveau  Diacre  ,  & ,  après  serre  tourné  vers  l'O- 
rient,  il  récite  une  prière,  laquelle  étant  finie  ,  il 


Di  A 

mît  rétole  fur  rép:iiile  gauche  du  nouveau  Diacre'^ 
(  Baltlieiim  )  H  faut  tradime.par  le  mot  d'étole  ce 
mot  de  Li  verlion  Latine  que  le  PèreKirlcet,  Jéfuite, 
a  laite  du  Rituel  des  Coptes.  En  mettant  Tétole  au 
Diccre  j  l'Evêque  récite  une  prière  à  laiainte  Trini- 
té. Alors  le  Diacre  ,  Se  tous  ceux  qui  ont  aliirtc  à  Ion 
ordination,  s'approchent  de  l'Autel.  Le  Rituel  des 
Coptes  avertit  qu'ici  1  ordination  du  Diacre  ell  tînie  ; 
mais  il  ajoute  encore  quelque  chofe  qui  termine 
toute  la  cérémonie. 

Les  Neftoriens  qui  font  en  Syrie  &  ailleurs  pra-l 
tiquent  les  cérémonies  fuivantcs  dans  l'ordination  - 
des  Diacres.  L'Evêque  ptie  pour  ceux  qui  fe  piélen-| 
tent  pour  recevoir  le  Diaconat  :  ils  approchent  de  1 
l'Autel ,  &  l'Evêque  commence  un  canon  (  c'ell  une 
prière  qui  n'a  rien  de  particulier   que  le  nom  de 
cansn  )  puis  il  monte  (ur  fon  liège  ,  &  ceux  qui 
doivent   être  ordonnés  fe  tiennent  au-dellous   du 
chandelier ,  où  ils  adorent  étant  proiteinés  ,  ce  qu'ils  ' 
lont  toujours  t.indis  qu'on  récite,  ou  qu'on  chante; 
des  canons.  Ce  qui  fe  chante  enfuitece  lont  des  hym- 
nes ,  ou  des  canons  ,  que  l'Evêque  d<.  l'Archidiacre 
chantent  ,  tellement  cependant  que  l'Archidiacre  ne  j 
fait  qu'annoncer  la  prière  appelée  hymne  ou  canon, 
en  d liant ,  Prions  ,  ayons  la  paix  j  ou  la  paix J'oit 
avec  nous  :  ces  prières  font  chantées  par  l'Evêque  fur 
différons  tons.  Dans  cette  cérémonie  il  but  remar- 
quer les  chofes  fuivantes.  i".  L'hymne  n'a  ni  la  for- 
me ,  ni  le  carailère  de  nos  hymnes ,  c'eft  une  prière 
ordinaire,  i®.  L'Evêque  prépare  un  parfum  agréable 
avant  que  de  chanter  l'hymne.  }°.  Dans  un  des  ca- 
nons on  nomme  fix  des  ïiiacrcs  dont  il  ell  parlé  au 
chapitre  d.s  Ailes  des  Apôtres ,  le  nom  de  Timon 
çrt  omis  :  on  nomme  aulli  les  Apôtres  Pierre  &  Paul , 
&  les  Evangéliftes  Matthieu  Hc  Marc  .  fans  donner 
à  ces  quatre  Saints  le  nom  de  Saint  ou  de  Bienheu- 
reux :  enfin  ,  l'on  joint  à  tous  ces  noms  ceux  de  Ser- 
gius,  de  Bicchus  ,  de  George  &  de  Cyriaque,  quiî 
font  appelés  Martyrs ,  &  on  prie  Dieu  de  les  join- 
dre avec  fes  fervireurs  Jufte  &  Athanafe.  Toutes  ces 
prières  finilfent  par  une  qui  n'eft  appelée  ni  hy  rane  _, 
ni  canon,  mîi'i  prière  ,  orado. 

Lorfqu'elles  font  achevées ,  l'Evêque  fait  mettre  à 
genoux  devant  l'Autel  ceux  qui  demandent  le  Dia-j 
conat  i  pour  lui  ,  il  fe  lève  &  fait  une  prière  ou  | 
oraifon  mentale  ,   tandis   qu'ils  chantent  quelque  j 
prière  :  alots  l'Archidiacre  leur  fait  mettre  le  genou' 
droit  feulement  contre  terre  ,  te  gauche  demeurant  ! 
élevé  :  ils  mettent  auUî  leurs  mains  fur  leurs  oreilles 
ayant  les  doigts  élevés  en  haut  :  l'Evêque  quitte  fon 
bâton  paftoral  pour  dire  une  prière ,  durant  laquelle 
il  a  la  main  droite  étendue  fur  ceux  qu'il  ordonne  ,  ' 
&  la  gauche  étendue  comme  un  homme  qui  prie  :  à 
la  fin  de  cette  prière  il  fait  un  ligne  de  croix  fur  la 
tête  de  ceux  qu'il  ordonne  ,  &  après  que  l'Archidia-  , 
cre  a  averti  de  prier  pour  eux  ,  l'Evêque  dit  encore  ' 
une  prière  alfez  longue  ,  ayant  chacune  des  deux 
mains  étendue  comme  auparavant  :  à  la  fin  de  cette  \ 
prière  il  fait  encore  un  ligne  de  croix  fur  leurs  têtes.] 
H  leur  commande  de  fe  profterner  pour  adorer  ,   &  • 
enluite  de  fe  lever  ;  &  alors  il  leur  met  fur  l'épaule 
gauche  l'étole  qu'ils  ont  fur  le  cou.   l'Archidiacre 
donne  à  l'Evêque  le  livre  de  l'Apôtre  (  c'eft  la  fainte 
Ecrituie  ,  )  l'Evêque  préfente  à  ceux  qu'il  ordonne 
ce  livre  pour  le  toucher ,  ce  qu'ils  font  d'une  ma- 
nière particulière  ,  le  touchant  du  doigt  appelé  in- 
dex J  depuis  le  bas  jufqu'au  haut  du  côté  droit ,  en 
tirant  vers  le  gauche  :  durant  cette  céiémonie  l'Evê- 
que dit  ces  paroles   :   Un  tel  a  été féparé ,  a  été  fanc- 
tijîé ,  aété perjeclionné  ,  a  été  corifacré ,  pour  accom- 
plir le  winijlère  Eccléfiajiique  du  Diaconat ,  &  l'Œu- 
\re  du  Lévite  Etienne  _,  Au  nom  du  Père  ,  &  du  Fils  , 
&  du  Saint Efprit.  Puis  il  donne  le  baifer  au  nouveau 
Diacre  ,  que  l'Archidiacre  fait  tourner  autour  de 
l'Autel  à  droite  &  à  gauche  ,  ce  que  tous  font  de 
même  ,  s'il  y  en  a  plufieurs.  L'Evêque  ,  après  avoir  j 
c:é  aux  nouveaux  Diacres  le  livre  qu'il  leur  a  pré- j 


te 


len 


ax  nouveaux  uiacres  le  livre  qu  il  leur  a  prc- 
,  reprend  fon  baron  paftoral  ,  monte  fur  fon  j 
,  &  dit  quelque  prière  ou  canen,  après  quoi  il 


Dî  A  y\$ 

donne  la  benédidtion  aux  nouveaux  Diacres.  \cysA 
le  Rit-uel  des  Nelloriens  traduit  en  Latin  par  le  i'» 
Jean  Aiorin. 

Chez  les  Jacobites  Se  chez  les  Eutychiens  la  Chi- 
rotonie  ,  ou  l'ordination  des  Diacres  j  fe  fait  ainh. 
Celui  qui  fe  prélente  pour  être  ordonné  s'approche 
de  l'Autel  ayant  la  tête  nue  ,  puis  il  s'incline  tandis 
qu'on  lait  l'oblation  :  lorlqu'clk-  el1;  achevée  l  Eve- 
que  lui  coupe  en  forme  de  croix  des  cheveux  fur  la 
tête,  il  lui  tait  une  exhoitation  fur  les  dc-vons  de 
ion  état,  ik.  le  remet  entre  les  mains  de  celui  qui  le 
préfente.  L'Evêque  le  reprend  auili- tôt  par  la  main 
droite  ,  en  lui  difant  ,  Le  Saint  Lj'prit  vous  appelé  T 
il  le  fait  approcher  de  l  Autel  ,  &  lui  fait  mettre  le 
genou  droit  en  terre  :  alors  le  premier  des  Diacus 
du  à  haute  voix  une  prière  appelée  louange  ,  prii- 
conium  J  (  Ce  n'eft  qu'une  prière  ordinaire.  )  Après 
cette  prière  l'Evêque  fait  quelques  cérémonies  qui 
concernent  le  facnhce  j  enfui  te  defquelles  il  revient 
à  celui  qu'il  doit  ordonner  j  il  applique  les  mains 
fur  fa  tète  ,  puis  les  élève  ,  étend  les  bras  &  les 
abailfe  en  tremblant  ;  ce  qu'il  fait  trois  fois  de  fuite , 
ayanc  pendant  ce  temps  là  les  yeux  élevés  vêts  le 
Ciel  ,  qu'il  regarde  avec  crauue  :  puis  il  étend  la 
main  droite  fur  la  tête  de  celui  qu'il  ordonne  ,  6c 
lui  couvre  la  tête  &  les  mains  d'un  voile  appelé 
phaina  :  tandis  que  fa  droire  eft  toujours  éten- 
due ,  il  porte  la  gauche  trois  fois  autour  de  la  tête 
de  celui  qu'il  ordonne. 

Cela  fait ,  l'Evêque  &  les  Diacres  agitent  &: 
remuent  des  efpèces  d'éventails ,  {flabellum)  ^  les 
Diacres  récitent  une  prière  ,  à  la  fin  de  laquelle  l'E- 
vêque fe  tourne  vers  l'occident  du  côté  de  celui  qu'^l 
ordonne  ,  étend  la  main  fur  la  tête ,  lui  fait  un  hgne 
de  croix  entre  les  yeux,  en  difanr  :  //  a  ete  ordonné 
dans  la  fainte  EgliJ'e  de  Dieu  ,  l'Archidiacre  ajoute  : 
un  tel  Diacre  à  i'A'LtelJai.'.C  de  la  niaijon  de  la  merz 
de  Dieu  ,  i^  des  faints  ^-^ipotres  ,  0  des  quarante  vic- 
torieux Martyrs  ,  C  de  tel  Saint  feigneur  de  tel  lieu  : 
(  qui  y  prénde  )  l'Evêque  ajoute  :  un  tel  Diacre  à  i' au- 
tel jaint  du  Lieu  orthodoxe  qui  vient  d'être  nommé  :  le 
Diacre  dit:  Bénijje^^  Seigneur  i  l'Evêque  ajoute  :  ^u 
nom  du  Père,  ainjijbit-il  ;  &  au  nom  dut  ils  \Lt  au  nom. 
du  S.  tjpritpour  la  vie  dujiècle  dcsjiècles  ,  airiji  foit-iL 
Alors  l'Evêque  prend  par  la  main  celui  qui  efr  or- 
donné ,  il  le  fait  lever  ,  Se  ayant  pris  l'oraire  ,  ora~ 
rium  ,  (  c'elf  l'etole  )  il  le  porte  de  la  main  en  tour- 
nant au-de(lus  de  fa  tête  en  difant  :  A  ta  louange  & 
l'honneur  i>  la  gloire  &  T  exaltation  de  la  fainte  <S  con- 
fuhjiantielle  1  rinité  ,  &  la  paix  &  l'édification  de  la 
fainte  Egitfe  de  Dieu  ;  puis  il  met  cet  oraire  fur  l'é- 
paule gauche  du  nouveau  Diacre ,  &  lui  donne  l'é- 
ventail :  alors  chacun  de  ceux  qui  lont  prcfens  récite 
le  répons.  A  la  louange ,  &:c.  Enfin  ,  l'Evêque  prend 
l'encenfoir  ,  y  met  des  parfums  ,  S>c  le  donne  au 
Diacre ,c^m  fait  des  encenfemens  autour  du  peuple, 
tandis  qu'on  récite  le  répons  qui  a  déjà  été  dit  deux 
fois ,  A  la  louange ,  &c.  Voyez  les  Rituels  des  Jaco- 
bites &  des  Eutychiens ,  de  la  ttadudtion  ic  de  l'é- 
dition du  P.  Jean  Morin. 

Les  î'Iaronites  font  au  commencement  de  l'ordi- 
nation des  Diacres  à-peu-près  les  mêmes  cérémonies 
que  les  Jacobites.  Apres  qu'on  a  piéfenté  celui  qui 
doit  être  ordonné  ,  qu'on  a  fait  des  encenfemens  &C 
récité  quelques  prières  ,  l'Evêque  donne  la  tunique 
&  l'oraire  à  celui  qu'il  ordonne  ;  &  enfuite  on  lui 
fait  lire  quelque  chofe  de  la  première  Epitre  de  Saine 
Paul  à  Timothce  ,  puis  réciter  une  prière  alTez  lon- 
gue :  on  lui  donne  l'encenfoir ,  il  encenfe  l'Autel 
en  tournant  autour  ,  il  fait  le  tour  de  lEglife  e« 
portant  l'Epître  ,  &:  après  l'avoir  quitté  il  agite  la 
voile  en  difant  une  prière  ;  après  quoi  il  s'incline  : 
l'Evêque  met  la  main  fur  fa  tête  ,  &  dit  :  //  £•  été 
ordonné  dans  la  fainte  Eglife.  (  Il  avoit  déjà  reçu  au- 
paravant l'impofition  des  mains ,  inais  il  n'eft  poinc 
marqué  en  quel  endroit  de  la  cérémonie  de  l'ordi- 
nation. )  Alors  l'Archidiacre  déclare  à  haute  voix 
qu'un  tel  eft  ordonné  Diacre ,  Sec.  Ce  nouveau  Dia~ 
(re  donne  le  baifer  à  l'Autel  Se  à  l'Evêque ,  partis 

Rrij 


:;  i6 


D    I    A 


cipe  aux  faints  myllères  ,  &  la  cérémonie  finit. 
Voyez  la  Veifion  des  Ordinations  des  Maronites  du 
P.  Jean  Monn. 

L'éventail  ,  Jïabellum  ,  dont  il  efi:  fouvent  parlé 
dans  les  Pontificaux  ,  &:  qu'on  donnoit  aux  Diacres 
dans  la  cérémonie  de  leur  ordination  ,  à  été  en 
ufage  dans  l'Eglife  Latine  ,  aufli  bien  que  dans  l'E- 
glife  Grecque  \  mais  bien  plus  dans  la  Grecque  que 
dans  l'Eglile  Latine  ,  où  le  froid  du  climat  rend 
les  mouches  &  les  autres  inleétes  f'emblables  moins 
iucommodes  :  &  parce  que  c'étoit  une  des  tondions 
<les  Diacres  de  chalLer  les  mouches  durant  le  faint 
facritice  ,  on  leur  donnoit  un  éventail  en  les  or- 
donnant. 

Diacre  d'honneur.  Diaconus  honorarius,  ou  ajjljlens. 
Le  Diacre  d' honneur  tift  un  Diacre  qui  allifte  celui  qui 
dit  une  Melfe  folenneile ,  fans  faire  aucune  fonétion 
dz  Diacre  :  il  eft  feulement  revêtu  des  ornemens  de 
fon  Ordre.  Quelques  Auteurs  difent  que  les  Diacres 
d'honneur  àa.ns  leur  inftitution  n'avoient  point  l'Or- 
dre de  Diacre  ,  &c  qu'ils  pouvoient  par  conféquentfe 
marier  j  mais,  parce  qu'ils  approchent  de  fi  près  des 
autels  ,  on  jugea  à  propos  dans  la  fuite  de  ne  point 
recevoir  de  Diacres  honoraires  qui  n'euiïent  l'Ordre 
de  Diacre,  &  qui  ne  fullent  obligés  au  célibat. 

Diacre  d'Office.  Diaconus  miniftrans.  Le  Diacre 
d'once  eft  celui  qui  aflllte  ua  Prêtre  qui  dit  la  Mef- 
fe ,  &  qui  fait  les  fondions  de  fon  Ordre  de  Diacre  , 
en  quoi  il  diffère  du  Diacre  d'honneur  ^  qui  ne  Riit 
aucune  fonétion  de  fon  Ordre  ^  &  qui  affifte  lîmple- 
ment.  Les  jours  les  plus  folennels  il  y  a  à  la  Mefîe  un 
Diacre  d'honneur  &C  un  Diacre  d'office. 

DIACRIEN  ,  ENNE.  f  m.  &  f.  Nom  d'une  ancienne 
faétion  dans  Athènes.  Diacrianus  ^  a.Uy  avoit  deux 

f  lattis  dans  Athènes.  L'un  étoit  des  partifans  de  l'O- 
igarchie ,  qui  vouloient  qu'il  n'y  eût  que  peu  de 
perfonnes  employées  au  gouvetnement.L'autre  étoit 
de  ceux  qui  vouloient  que  le  gouvernement  fût  dé- 
mocratique ou  populaire  ,  c'ell-à-dire  ,  que  tout  le 
peuple  y  eût  part.  Les  premiers  s'appeloienr  Dia- 
criens  ,  &  les  autres  Pédiaques.  Ceux-ci  habitoient 
dans  la  balFe- ville ,  &  ceux-là  dans  le  haut  quartier 
d'Athènes.  Les  loix  de  Solon  portoient  que  Pififtrate 
feroit  le  Chef  des  Diacriens.  On  dit  cependant  que 
Pandion  diftribua  le  quartier  des  Diacriens  à  fes  nls, 
Bc  mit  Lycus  à  leur  tête  j  c'eft  le  Scholiafte  d'Arifto- 
phane  qui  nous  l'apprend  fur  la  Comédie  des  Guê- 
pes, p.  518.  édit.  de  Genève. 

DIACRIZER.  Soudiacri^er.  Ces  verbes  ,  inventés  par 
Henri  Etienne,  font  neutres,  quand  ils  fignifient 
faire  les  fondions  de  Diacre  &  de  Soudiacre  aux 
MefTes  hautes  ^  Se  adifs  ,  quand  il  s'agit  des  Melles 
qu'il  appelle  Diacri^ees  &  Soudiacri^ees  j  c'eft  à- 
dire,  fervies  par  des  Diacres  &:  des Soudiacres.  f^oy. 
fon  apologîepour Hérodote, chap.  35.  art.  6.tom.3. 
pag.  192. 

DIACYUONITE.  adj.  Terme  de  Médecine  &  de  Phar- 
macie. Il  fe  dit  des  chofes,  des  remèdes  où  il  entie 
des  coins.  La  confedion  diacydonite  eft  de  la  con- 
fedion  de  coins  ,  de  la  confedion  où  il  entre  des 
coins. 

Ce  mot  vient  de  ^(«  &  de  xMnut ,  coin.  'Voyez 
Dia. 

DIADEME  ,  f.  m.  C'étoit  autrefois  un  bandeau  Royal 
tifTu  de  fil ,  de  laine  ,  ou  de  foie  ,  qui  étoit  la  mar- 
que de  la  Royauté ,  parce  que  les  Rois  s'en  cei- 
gnoient  le  front  ,  pour  lailfer  la  couronne  aux  Dieux. 
Diadema  ,  Jafcia  candida.  U  étoit  d'ordinaire  blanc 
&  tout  fimple  \  mais  quelquefois  il  étoitde  broderie 
d'or ,  chargé  de  perles  &  de  pierreries.  On  entortil- 
loit  quelquefois  le  diadème  autour  des  couronnes  & 
des  chapeaux  de  laurier ,  5i  on  le  portoit  en  diver- 
ies  parties  du  corps  :  car  Phavrionus  témoigne  que 
Pompée  fut  foupçonné  d'afpirer  à  la  Tyrannie  ,  à 
caufe  qu'il  porroit  une  jarretière  blanche ,  pour  fer- 
vir  de  ligatur;  à  un  ulcère  qu'il  avoit  à  la  jambe. 
Pline  j  liv.  7.  chap.  5.  dit  que  Bacchus  fut  le  pre- 
mier inventeur  des  diadèmes.  Athénée  dit  que  les 
buveurs  s'en  fervoient  pour  fe  garantir  des  fumées 


D  I  A 

du  vin  en  fe  ferrant  la  tête  j  &  que  depuis  on  en  a 
fait  un  ornement  royal.  On  ne  convient  pas  du  tems 
où  les  Empereurs  Romains  prirent  le  diadcme  ,  qui 
étoit  la  marque  de  la  fouveraineté.  On  difpute  fi  ce 
fut  Caligula  ,  ou  Aurélien  ,  ou  le  Grand  Conftan- 
tin.  Il  eft  certain  du  moins  que  les  premières  effi- 
gies des  Empereurs  Romains  font  ornées  de  diadè- 
mes ,  ou  de  bandeaux  feulement.  Depuis  ils  prirent 
des  couronnes  rayonnées  ,  pour  reptélenter  l'éclac 
de  la  Divinité. 

Le  diadème  eft  plus  ancien  que  la  couronne.  C'eft 
le  propre  ornement  des  Rois ,  qui  n'eft  devenu  que 
danslebas-Empire  celui  des  Empereurs.  Je  fais  qu'un 
Savant  a  prétendu  que  le  diadème  étoit  un  privilè- 
ge attaché  à  la  qualité  d'Augufte.  Jornandès  dit 
qu' Aurélien  eft  le  premier  des  Empereurs  Romains 
qui  ait  pris  le  diadème.  C'eft  un  tilfu  tantôt  plus  &C 
tantôt  moins  large,  dont  les  extrémités  j  nouées  der- 
rière la  tête ,  tombent  fut  le  col.  Ce  n'eft  que  depuis 
Conftantin,  que  les  Empereurs  Romains  s'en  font 
fervis(  fur  les  médailles  )  en  le  relevant  par  des  per- 
les, ou  par  des  diamants,  ou  iimples,  ou  àdouble 
rang ,  &  ont  permis  aux  Impératrices  de  le  porter  ; 
ce  qui  ne  s'étoit  point  vu  dans  le  haut-Empite ,  où 
jamais  tète  de  femme  ne  fat  couronnée.  Je  dis  dans 
l'Empire  &  dans  le  haut-Empire,  parce  que  nous 
trouvons  des  Reines  fur  les  médailles  Grecques  ^  Sc 
dans  le  bas-Empire,  qui  portent  le  diadème ^  ou  la 
couronne  ,  témoin  Jotape  ,  Théodora ,  Galeria  ,  Va- 
leria.  P.  Jobert.  Les  Rois  de  Syrie^  d'Egypte  j  du 
Pont  J  de  Bithynie,  &  autres  d'Afie,  portent  aufti  le 
diadème  fur  leurs  médailles. 

Le  jeune  Victor  dit  qu' Aurélien  prit  le  diadème  _, 
ce  qu'aucun  Empereur  Romain  n'avoir  encore  ofé 
faire  \  car  ,  quoique  le  même  Vidor  écrive  que  Ca- 
ligula l'avoir  fait  j  on  voit  par  Suétone  qu'il  en  avoit 
feulement  eu  la  penfée  j  &  on  l'empêcha  de  l'exé- 
cuter, Héliogabale  en  prit  un  ;  mais  ce  ne  fut  que 
dans  le  Palais  ,  &:  non  pas  pour  paroître  en  public  : 
Jornandès  en  attribue  même  le  commencement  à 
Dioclétien.  Néanmoins  il  y  a  une  médaille  d'Auré- 
lien  ,  avec  une  couronne  allez  femblable  à  celle  de 
nos  Ducs ,  foutenue  par  une  bordure  de  perles  j  qui 
a  grand  rapport  à  un  diadème-^  &  ceux  qui  ont  expli- 
qué cette  médaille ,  difent  que  c^en  eft  un  :  Spanheim 
convient  aufti  qu'il  le  prit.  Ses  fuccellèurs  l'imitè- 
rent; &  néanmoins  cet  ornement  Royal  ne  devine 
commun  &  ordinaire  que  fous  Conftantin.  TiLLEiVf. 

Un  Auteur  du  V^  fiécle  dans  Bollandus  j  Jan.  T.  I, 
p.  45.  A.  préteitd  que  Conftantin  a  porté  le  premier 
le  diadème  ,  &  qu'il  ne  le  prit  d'abord  cjue  pour  fer- 
rer fes  cheveux,  &  les  tenir  en  état.  Cela  a  peu  d'ap^ 
parence  ;  &  il  eft  certain  au  moins  que  quelques 
Empereurs  ont  porté  le  diadème  avant  lui ,  comme 
Aurélien  &  Carin.  Eufebe  l'attribue  à  Conftance 
Chlore  ,  lors  même  qu'il  n'étoit  encore  que  Céfar  ; 
&  cela  fe  vérifie  par  une  de  (es  médailles  ,  où  on  le 
voit  avec  un  diadèmcoïnéà^  rayons  ;  c]uoique,  mê- 
me depuis  Conftantin  ,  &  depuis  que  le  diadème  fut 
devenu  un  ornement  ordinaire  des  Auguftes,  on  ne 
le  donnât  pas  toujours  aux  Céfars.  On  le  rrouve  dans 
quelques  médailles  de  Julien  encore  Céfar;  &  néan- 
moins il  ne  l'eut  point  qu'étant  Augufte.  M.  du  Can- 
ge  ne  veut  point  foutenir  que  Conftantin  ait  pris  le 
premier  le  diadème  ;  mais  qu'il  en  a  fait  le  premier 
une  efpécede  cafque,  ou  de  couronne  fermée  ^  com- 
me on  le  voit  dans  quelques-unes  de  ies  médailles , 
&  dans  celles  de  fes  fuccefteurs.  Tillem. 

Le  mot  de  diadème  vient  de  diadema  _,  en  Grec 
Siâ^isfM^  qui  veut  dire  J  une  bandelette  qui  entoure  la 
tête  :  dans  fon  origine  il  veut  dire,  ce  qui  lie  j  ce  qui 
entoure  ,  &  ^iâ^y,fia  vient  de  ^iafia  alUgo ,  verbe  com- 
pofé  de  la  prépofition  <^(«  &  è'm  je  lie. 
Diadème,  fe  prend  en  général  pour  la  dignité  Royale, 
ou  la  fouveraineté ,  fur-tout  en  pocfie.  On  lui  a  of- 
fert le  diadème.  Refufer  le  diadème. 

î^ul  n'a  porté Jî  haut  t  honneur  du  diadème,  BbnsT 


D  î  A 

En  vain  l'orgueil  du  diadème. 
VeutquonfoitinfcnJibLe  à  ces  cruels  revers.  Quin. 

Soname  ejiau-dejfus  de  fa  grandeur  fuprê me , 
La  vercu  brille  en  lui  plus  que  le  diadème.  Flech. 

Il  parle  de  Louis  le  Grand. 

Et  dégoûté  du  diadème , 

Aima  mieux  régner  fur  lui-même  ^ 

Que  de  régner  Jur  l'Univers. 

Nouveaux  choix  de  vers. 

Qui fauroitbience  que  C efl qu  un  diadème. 

Il  cnoifiroit  aujjicuc  le  tombeau  y 

Que  d'af[eublerfon  chej  de  ce  bandeau  j 

Car  aujji  bien  il  meurt  lors  à  foi-même.  Pvbrac. 

Diadème  ,  en  termes  de  blafon ,  fe  dit  aufli  des  ceintres , 
ou  cercles  d  or  qui  fervent  à  fermer  les  couronnes  des 
Souverains ,  &c  à  porter  la  fleur-de-lis  double ,  ou  le 
globe  croilé  qui  leur  fert  de  cimier.  Les  couronnes 
des  Souverains  diffèrent,  en  ce  qu'elles  font  fermées 
d'un  plus  grand  ,  ou  d'un  plus  petit  nombre  de  dia- 
dèmes. Lespiélats  portoient  aulîi  autrefois  une  efpéce 
de  diadème  \  puifque  Baronius  écrit  que  S.  Jacques 
Apôtre  portoitfur  le  front  une  lame  d'or  pour  mar- 
que de  fa  dignité  Epifcopale.  On  nomme  aulîi  quel- 
quefois en  blafon  diadème  ^  owtorcil,  le  bandeau  qui 
ceint  les  tètes  de  More  fur  les  Ecus. 
DIADEME,  adj.  En  termes  de  blafon  ,  fe  dit  d'une 
manière  de  cercle  qui  fe  nomme  proprement  diadè- 
me ^  &c  qu'on  voit  quelquefois  fur  les  tètes  de  l'ai- 
gle éployée.  Diadematus. 
|cr  DIAE>OeHUS,  f.  m.  Pierre  à  laquelle  on  attribue 

la  propriété  de  faire  paroître  les  démons. 
DIAGLAUCIUM ,  f.  m.  eft  le  nom  d'un  collyre  que 
Scribonius  Largus  j  Num.  ii.  recommande  pour  les 
ophthalmies  &  les  lippitudes  qui  ne  font  que  com- 
mencer. Il  tire  fon  nom  de  glaucium  ,  qui ,  fuivant 
Diofcoride, /iA.  i.  chap.  lo.  eft  le  fuc  d'une  plante 
qui  croît  près  de  Hiérapolis ,  Ville  de  Syrie.  Dale 
prend  cette  plante  pour  le  chardon  purgatih  f'oye:^ 
la  compofition  de  ce  remède  dans  Scribonius  Lar- 
gus, à  l'endroit  que  nous  avons  indiqué. 
:SCrDIAGNOSE,f.  f.  terme  de  Médecine.  Connoif- 
fance  que  l'on  peut  avoir  par  des  lignes  ,  de  l'état 
préfent  d'un  homme   malade  ou  en  fanté.   Ce  mot 
ell  grec;  ^t»vv!!>Fi;  ^  dignocio ,  dijudicacio,  dérivé  du 
verbe  «^«yv^^f-» ,  je  connois ,  je  difcerne ,  je  juge. 
DIAGNOSTIQUE,  adj.  m.  Terme  de  Médecine  ,  qui 
fe  dit  des  figues  &  fympcomes  qui  donnent  l'indica- 
tion &  la  connoiflance  aux  Médecins  de  la  nature  & 
des  caufes  des  ma\a.diss.  Indïcaciv us.  Il  y  a  des  lignes 
prognoftiques  ,  Se  d'autres  diagnojliques.  Nous  avons 
trouvé  dans  quelques  livres  recens  dianojlique  :  fi  ce 
n'eft  point  une  faute  d'impreflTion  ,  c'eft  une  afteda- 
tion  que  l'on  ne  croit  pas  devoir  être  imitée.  Il  faut 
mettre  un  ^  ,  &  le  prononcer  féparément  fans  le 
mouiller  avec  \'n. 
Diagnostique,  f.  m.  Terme  de  Médecine.  Lefym- 
ptome  même  ou  le  ligne  qui  indique  la  nature  d'une 
maladie.  Cet  enfant  a  tous  les  diagnojliques  de  la  pe- 
tite vérole. 
DIAGONAL,  ALE.  adj.  &  DIAGONALE,  f.f. Terme 
de  Géométrie.  Ligne  qui  pafTe  d'un  angle  à  l'autre 
dans  une  figure  de  pluneurs  côtés.  Diagonalis ,  dia- 
gonicus.  La  diagonale  d'un  quarré  eft  incommeufu- 
rable  avec  un  de  fes  côtés,  Euclide,  liv-  lo.  Dans 
les  autres  polygones,  il  faut  qu'une  lignepalfe  par  leur 
centte  ,  &  d'un  angle  à  l'autre ,  pour  être  diagonale. 
Ce  mot  s'applique  auffi  aux  corps  folides.  La  diago- 
nale d'un  cube. 
DI AGON ALEMENT ,  adv.  D'une  manière  diagona- 
le. Diagonaliter.  Quand  les  lignes  fe  coupent  di.tgo- 
nakmenty  elles  marquent  le  centre  de  la  figure. 
« -'  DIAGRAMME ,  f.  m.  Terme  de  Tancienne  Mufi- 
que.  Fbye^  Ganyiie. 


DIA 


517 


DIAGREDE,  f.  m.  Terme  de  Pharmacie,  qui  fe  dic 
de  b  fcammonce  préparée.  Cette  préparation  le  faïc 

ordinairement  en  tail'ant  cuire  la  fcammonèe  dans  un 
coin.  D'autres  lui  lont  recevoir  la  vapeur  du  foufre 
allumé ,  d'où  vient  qu'ils  l'appellent  diagrèdefoujré^ 
en  Latin  duigredium  fulphuramm.  Il  y  en  a  qui  l'incor- 
porent avec  une  quantité  fuftifante  d'efprit  de  vitriol 
rofat ,  pour  en  faire  une  pâte  liquide ,  qu'or,  met  en- 
luite  fècher  au  foleil ,  ou  à  petit  feu  :  ils  appellent 
cette  préparation  diagrcde  rofat.  Le  but  qu'on  a  dans 
ces  préparations,  eft  de  corriger  la  fcammonée  jmais 
on  prétend  aujourd'hui  qu'elle  n'a  rien  qui  demande 
d'être  corrigé,  Ôc  qu'on  peut  l'employer  en  fon  état 
naturel.  C'eft  un  très  -  bon  purgatif.  Le  mot  dia- 
gredium  a  été  fait  par  corruption  de  ^«xpu^iov ,  petite 
larme. 
DIAH,  ou  DIATH.  Terme  de  Relation.  C'eft  le  nom 
que  les  Arabes  donnent  à  la  peine  du  talion.  Maho- 
met porte  la  loi  du  talion  en  deux  endroits  de  l'Al- 
coran,  1",  Surate  II.  intitulée  La  Vache  ^  nombre 
179.  t^s:  180.  i".  Surate  V.  La  Table  ,  n.  55.  Il  ne  fe 
fert  pourtant  point  en  ces  endroits,  ni  en  aucun  au- 
tre ,  que  je  fâche ,  du  mot  mi,  diah  ;  ce  font  les  Ar. - 
bes  qui  l'ont  donné  à  cette  peine  ,•  mais  il  emploi.,  le 
mot  DXDy  Kafas ,  &  permet  que  l'on  demande  ame 
pour  ame,  œil  pour  œil,  nez  pour  nez,  oreille  puur 
oreille  ,  dent  pour  denr ,  comme  Moife  l'.ivoit  per- 
mis dans  la  loi  Judaïque.  Il  dit  encore  que  Ion  tuera 
un  homme  libre  pour  un  homme  libre,  un  elclave 
poui  un  efclave  ,  une  femme  pour  une  femme.  Ma- 
homet convient  pourtant  dans  la  V^  Surate  ,  n.  5  5  , 
qu'il  eft  mieux  de  pardonner  une  iu'ure,  que  de  la 
venger  par  la  peine  du  talion  \  car  il  dit  que  ce  par- 
don fera,  pour  celui  qui  l'accordera  ,  l'expiation  de 
fes  péchés,  l'oy.ïz  Bibliothèque  Orientale  d'i  d'Her- 
belot. 

|Kr  DIAHEXAPLE,  f.  m.  Nom  d'un  breuvage  pour 
les  chevaux,  compofé  d'ariftoloche  j  de  racine  de 
gentiane,  de  baies  de  genièvre  3c  de  laurier,  de 
gouttes  de  myrrhe  &  de  raclure  d'ivoire.  C'eft  un 
bon  contre-poifon. 
DIAIRE  ,  adj.  f.  Nom  Latin  qu'on  donne  à  une  efpèce 
de  fièvre,  parce  qu'elle  ne  duie  qu'un  jour.  L>iaria.  : 
on  l'appelle  autrement  éphémère.  Col  de  Villars. 
DIALECTE  ,  f  m.  Langage  particulier  d'une  Provin- 
ce ,  corrompu  de  la  langue  générale  ,  ou  principale 
du  Royaume,  ou  de  la  nation.  Dialeclus ,  loqusndi 
genus.  Homère  pouvoit  parler  dans  un  feul  vers, 
cinq  langues  différentes  ;  c'eft  à-dire  ,  cinq  forces  de 
Dialecle-^  le  Dialecie  Attique^  Ionique  ,  Eolique, 
Dorique,  &  la  langue  commune  des  Grecs.  Cette 
bigarrure  de  Dialectes tfi  defagréable;  &qui  uferoic 
du  même  privilcL^e  en  François. ,  feroit  des  vers  ri- 
dicules. Le  Champenois,  le  Picard,  font  des  Z)/iZ- 
lecles  François.  Le  Boutonnois ,  le  Bergamafque  , 
font  des  Dialecies  Italiens. 

On  appelé  proprement -Dij/<;r?ejj  les  différences 
particulières  qu'il  y  a  encre  les  mots ,  relativement  à 
la  langue  commune.  C'eft  une  manière  particulière 
de  parler  ,  de  prononcer  certains  mots ,  qui  n'eft  pas 
la  même  que  d^ms  la  langue  principale.  L'Idiutifme 
tombe  fur  une  phrafe  entière ,  le  Dialecie  fur  un 
mot. 

On  auroit  tort  de  dire  que  le  Gafcon  ,  le  bas-Bre- 
ton; &:c.  font  des  Dialectes  François  ,  parce  que  ce 
font  autant  de  langages  particuliers ,  qui  n'ont  rien 
de  commun  avec  la  langue  Françoife.  Au  refte  ce 
mot  n'eft  en  ulage  parmi  nous  ,  qu'en  parlant  de  la 
langue  Grecque. 

Le  genredumotde^A?/er7tf  n'eft  point  équivoque, 
ou  incertain  ,  c'eft  le  mafculin,  on  doit  dire  un  dia- 
lecte y  le  dialecie.  M.  Ménage  ,  M.  Huet ,  M.  l'Abbé 
Régnier  ,  Scaliger  ,  le  Vayer ,  parlent  ainfi  ;  l'.^ca- 
démie  Françoife  dans  fon  Didlionnaire  donne  le 
genre  mafculin  au  mot  de  dialecie  :  c'en  eft  plus  qu'il 
ne  faut  pour  l'emporter  (ur  l'autorité  de  l'/bbé  Da- 
netj  deRichelet,  &  de  quelques  autres,  qui  font 
ce  nom  de  dialecie  de  genre  féminin.  La  contrac- 
tion n'eft  pas  une  r.^ifon  pour  faire  un  dialecie  <Xïî- 


;i§  D   I  A 

férent.  Il  n'y  a  point  de  dlaleclc  commun,  ni  de 
•langue  commune.  Ménage.  Les  divers  dïalcclcs 
d'une  même  langue  fe  moquent  les  uns  des  autres. 
ScALiGER.  Son  dialecie  elt  tout-à-fait  Ionique.  La 
Motte  le  Vayer  ,  parlant  d'Hérodote.  Ce  tut  dans 
Samos  qu'Hérodote  le  forma  au  dialecie  Ionique.  Iq. 
On  trouve  des  exemples  du  même  genre  dans  la 
Grammaire  as  M.  l'Abbé  Régnier,  &  dans  les  let- 
tres imprimées  de  M.  Muet. 

fC?  Ce  mot  dialecie  eft  compofé  du  Grec  >^h>' , 
dico  ,  &  de  la  prépodtion  ètà. 
t)iALECTE  Sacrée,  i.  i.  Nous  apprenons  d'un  pafiTage  de 
Manéthon ,  qu'il  y  avoit  non-leulement  des  lettres  & 
caraiVères  facrés,  maisaufli  un  dialecie  ou  langage  fa- 
crc.  Car  ce  que  Manéthon  appelé  ici  dialecie  iacrée, 
hfk  i^iûMuTos ^  dans  un  autte  endroit,  où  il  interprète 
un  mot  de  cette  dialecie  j  il  l'appelle  langage  iacré  , 
iîpàyASçca.  Selon  Monfieur  Warburton ,  la  dialecie 
facrée  croit  un  langage  que  les  Prêtres  Egyptiens 
s'éroient  formé  ,  &  un  des  derniers  expédiens  qu'ils 
avoient  trouvé  pour  fe  réferver  à  eux  -  mêmes  leurs 
connoiffances.  Je  conçois   que  la  Dialecie   Iacrée 
s'eil  formée,  en  donnant  aux  chofes  le  nom  de  cel- 
les qui  repréfentoient  les  figures  hiéroglyphiques. 
Par  exemple ,  Yk  fignihoit  un  Serpent  dans  la  langue- 
Egyptienne  \  &  la  figure  d'un  Serpent  ^  dans  les  Hié- 
roglyphes j  marquoit  un  Roi  ;  Yk  :,  fignifia  un  Roi 
dans  la  dialecie  lactée ,  comme  le  dit  Manéthon.  C'eft 
ainfi  que  leurs  Hiéroglyphes  devinrent  un  fond  pour 
une  nouvelle  langue  toute  entière.  Ej]ai  fur  l'HiJ:. 
Hiéroglyphique  , p.  175. 
DIALECTICIEN  ,  f.  m.  Qui  fait,  ou  qui  enfeigne  la 
Dialedique,  qui  raifonne  jufte  &fans  fortir  des  prin- 
cipes. Diale'cùcus.  On  dit  plus  ordinairement  Lo- 
gicien. 
DIALECTIQUE,  f.  f.  Logique  ,  ou  l'art  de  raifonner 
avecjuftelle,  fçience  qui  perfeél:ionne  le  raifonne- 
inent.  Dialeciica  ,  dialeclice ,  ratio  dijjerendi.  La  Dia- 
leclique  parmi  les  Grecs  n'étoit  qu'un  art  de  chicaner 
fur  tout ,  &  de  fe  fervir  de  fophifmes  plutôt  que  de 
raifons.  S.  Eva.  Avec  les  détoutsde  vos  argumens , 
&c  les  adrelîcs  de  la  Dialeciique,  vous  mettez  ta  viai- 
femblance  à  la  place  de  la  vérité.  Id.  La  Dialeciiqiie 
nous  tend  des  lacets.  Boss.  Ariilote  eft  le  plus  excel- 
lent Auteur  pour  la  Dialeclique ,  &  celui  qui  l'a  le 
plus  perfedionnée.  Zenon  d'Elée,  ou  Eléates ,  furie 
premier  qui  trouva  cette  fuite  naturelle  de  principes 
&  de  conféquences ,  dont  il  forma  un  art  en  forme 
de  Dialogue  ,  qui  pour  C2t  effet  fur  appelle  Dialec- 
tique ,  &  alors  on  ceiïa  de  traiter  en  vers  la  Philo- 
fophie. 

Ce  mot  de  Dialeclique  vient  de  Dialeciica ,  en 
Grec  i^^aA£X7•^K^) ,  mot  formé  de  ^lu^^iyofcui  ^  qui  li- 
gnifie raifonner. 
DIALECTIQUEMENT.  adv.  En  Dialeéficien.  Dia- 
leclice j  dialecllcorum  more.  Il  a  prouvé  Ion  dire  ota- 
toirement ,  &  non  pas  dialecliquement. 
DIALIES.  f.  m.  &  pL  Sacrifice  que  faifoit  le  Flamen 
Dialis.  Dialia.  Ce  n'étoit  pas  tellement  une  nécef 
lité  que  les  Dialies  fulFent  faites  par  le  Flamen 
Dialis  que  d'autres  ne  pulfent  les  offrir.  On  voit 
même  dans  Corn.  'Xzcmq  Annal.h.  III.  C.  58.  que 
s'il  étoit  malade ,  ou  retenu  par  quelque  foniflion 
publique  ,  les  Pontifes  prenoient  fa  place. Struvius, 
Anùq.  Kom.  S'y  ni.  C.  XII.  p.  611. 

DIALIS.  adj.  Terme  d'Antiquaire.  Ce  mot  eft  pure- 
ment Latin  ,  &  fignifie  ,  qui  appartient  à  Jupiter, 
de  ZtW  ,  Aïof  :  mais  tout  Latin  qu'il  eft  ,  nous 
ne  faurions  nous  difpcnfer  de  nous  en  fervir  en 
parlant  de  l'Antiquité  \  car  d'appeler  le  Flamen 
Dialis  ,  Prêtre  de  Jupiter ,  c'eft  parier  d'une  ma- 
nière trop  vague  ,  Se  qui  ne  marque  pas  affez  celui 
que  les  anciens  Romains  appeloient  ainfi  :  mais 
aulli  il  ne  faut  s'en  fervir  que  dans  cette  occafion. 
/'^oyeç Flamen.  On  pourroit  dire  aufti  Dialis  _,  tout 
court,  comme  on  le  dit  en  Latin.  Jamais  il  n'étoit 
permis  au  Dialis  de  jurer. 

DIALOGISER-  V.  n.  Faire  des  dialogues.  Dialogos 


DI  A 

facere.  Il  ne  fe  dit  que  dans  l'Ecole  j  on  plutôt  u* 
fe  dit  point. 

DIALOGISME.  f.  m.  Maniète  ou  efpèce  de  dialogue, 
qui  fe  dit  particulièrement  des  difcours  faits  par 
interrogations  &  réponfes.  Dialogijmus. 

DIALOGISTE.  f.  m.  &  f.  Celui  ou  celle  qui  fait  un 
dialogue  avec  un  autre.  Quel  eft  le  dialogijle  de 
cette  fille?  Cinquième  Lettre  ïhéologique.  Les  An- 
ciens ont  été  de  grands  dialogifes.  Xénophon  croit 
difciple  de  Socrate  ,  &  compagnon  d'école  de  Pla- 
ton j  ainfi  il  ne  faut  pas  s'étonner  s'il  a  été  haran- 
gueur Scdialogife.  Huet. 

DIALOGUE,  f.  m.  Entretien  de  deux  ou  deplufieurï 
perfonnes  j  foit  de  vive  voix  ,  foit  par  écrit.  Dia- 
logus.  Ils  ont  fait  cent  dialogues  enfemble  ,  &c  ils 
n'ont  rien  conclu.  LIne  mète  doit  prendre  garde  à 
ces  longs  dialogues  que  les  galans  font  avec  leurs 
filles.  Les  Anciens  ont  écrit  la  plupart  de  leurs  Trai- 
tés en  Dialogues.  Les  Dialogues  des  Bergers  font 
frèquens  en  Poclie  ,  &  on  les  nomme  Eglugues.  Les 
Dialogues  de  Lucien  ,  d'Erafme ,  ôccLcsDialcguee 
des  Morts  de  M.  de  Fontenelle  ,  ont  été  admirés  de 
tout  le  monde. 

M.  de  Fénelon  ,  Archevêque  de  Cambray,  a. 
peint  admirablement  le  pouvoir  &  les  avantages 
do  Dialogue  dans  le  Mandement  qui  eft  à  la  tête  dô 
Ion  Inftrudtion  Paftorale  en  forme  de  Dialogue^ 
Foye-  ci  -  dsllous  au  mot  DRAMATIQUE.  Si  l'oa 
doute  du  grand  pouvoir  de  l'art  du  Dialogue ,  on 
n'a  qu'à  fe  reflouvenir  des  profondes  &  dangereufes 
imprelîions  que  les  Lettres  à  un  Provincial  ont  faites; 
dans  le  public.  L'auteur  s'y  eft  fervi  du  jeu  du  dia-- 
loguepom  inipirer  les  préventions  les  plus  férieufes. 
Il  donne  à  une  erreur  affreufe  je  ne  fai  quoi  de 
touchant  &c  de  gracieux.  Fénel.  Le  S.  Efprit  même 
n'a  pas  dédaigné  de  nous  enfeigner ,  par  des  dialo^ 
gués,  la  patience  dans  le  Livre.de  Job  j  &:  la 
parfait  amour  de  Dieu  dans  le  Cantique  des 
Cantiques.  S.  Juftin,  Martyr ,  a  ouvert  ce  chemin 
dans  fa  Controverfe  contre  les  Juifs ,  &  Minuclus 
Félix  le  fuit  dans  la  fier.ne  contres  les  Idolâtres^ 
C'eft  ainfi  qu'Origène  a  cru  ne  pouvoir  mieux  ré- 
futer l'erreur  de  Marcion.  Le  grand  S.  Athanafe 
n'a  cru  rien  diminuer  de  /a  majefté  des  myftcres  de 
la  Foi ,  en  la  foutenant  par  la  familiarité  de  fes 
dialogues.  S.  Bafile  a  choifi  ce  genre  d'écrire  , 
comme  le  plus  propre  pour  nous  donner  fes  Rè- 
gles qui  ont  éclairé  tout  l'Orient.  L'art  du  dialogue 
a  été  excellemment  mis  en  œuvre  par  S.  Grégoire 
de  Nazianze ,  &  par  fon  frère  Céfaire  ,  pour  les 
hautes  vérités.  Sévère  Sulpice  n'a  pas  craint  de  pu- 
blier par  des  efpèces  de  converfarions  les  merveille* 
de  la  folitude.  Un  volume  de  S.  Cyrille  d'Alexan- 
drie eft  prelque  tout  rempli  de  dialogues  ,  où  il 
explique  les  vérités  les  plus  dogmatiques  fut  l'in- 
carnation. Le  myftère  de  J.  C.  a  été  traité  de  même 
par  le  favant  Théodoret.  S.  Chryfoftome  n'a  poinc 
ttouvé  de  tour  plus  éloquent  que  celui-là  pout  faira 
fentir  l'éminence  &  le  péril  du  facerdoce.  Qui  eft- 
ce  qui  ne  conmoît  pas  le  beau  dialogue  où  S.  Jérôme 
réfute  fi  pullfamment  les  Lucifériens  ?  Nous  admi- 
rons tous  les  jours  les  dialogues  fublimes  de  S.  Au- 
guftin,  5c  principalement  ceux  du  libre  arbitre, 
où  il  remonte  à  l'origine  du  péché  ,  contre  les  Ma- 
nichéens. La  tradition  des  Solitaires  du  défert  éclata 
dans  les  Confétencesde  Calîien  j  qui  ont  répandu  la 
même  lumière  dans  l'Occident  que  l'Orient  avoit 
reçue  de  S.  Bafile.  Le  grand  S.  Grégoire  Pape  a  cm 
le  dialogue  digne  de  la  gravité  du  fiège  Apoftoli- 
que  ,  pour  publier  les  merveilles  de  Dieu.  Les  Dia- 
logues de  S.  Maxime  fur  la  Trinité  font  célèbre» 
dans  toute  l'Eglife.  S.  Anfelme  montre  la  force  da 
fon  génie  dans  les  fiens  fur  les  vérités  fondamenta- 
les de  la  Religion.  Tous  les  fiècles  font  pleins  de 
fembiables  exemples.  Id.  Les  Dialogues  de  M.  de 
Cambray  ne  feront  pas  moins  chers  à  la  poftérité  , 
que  fes  admirables  défenfes  de  la  Religion.  Mem. 
DE  Tr.  L'antiquité  profane  avoit  aufti  employé  l'arc 
d\x  Didlooue ,  nori-feulement  dans  les  fujecs  badins 


.      DI  A 

Se  comiques  ,  comme  a  faic  Lucien  ,  mais  dans 
les  plus  léiieux  5c  les  plus  abilrai^s.  Tels  lor.c  les 
Dialoguss  ai  Platon ,  &c  ceux  de  Cicéro'n  ,  qui 
roulent  tous  fur  la  Philofophic  ,  ou  fur  iai^oluique. 
Outre  M.  de  Fénelon  j  nous  avons  aulli  pluliïUt.s 
Auteurs  qui  ont  pris  ce  tour  j  Palchal  j  dans  les 
Provinciales  j  le  P.  Bouhours  ,  dans  les  tntrecie.'is 
d'Arifte  &  d'Eugène  ,  Se  dans  la  Manière  de  bien 
penfer  ;  M.  de  Foncenelle  ,  dans  fes  Dialogues 
des  Morts  ,  de  la  Pluraiici  des  Mondes  _,  &c.  le 
P.  Daniel ,  dans  fes  Entretiens  d'Eudoxe  O  de  Cléante  j 
l'Auteur  de  i'EJ'prit  des  nouveaux  Difcipies  de  ^i. 
Auguflin. 

Dialogue,  en  termes  de  Mufique  ,  eft  inie  compofi- 
tion  au  moins  à  deux  voix,  ou  à  deux  inlhuniens, 
qui  fe  repondent  l'iui  à  l'autre  ,  &  qui  fouvcnt  le 
réunilfant ,  font  un  trio  avec  la  balle  continue-  Il 
y  a  plulieurs  exemples  de  t/ia/o^i^ej  dans  les  Opéra 
François  &  dans  les  Italiens.  Les  Organiftcs  appel- 
lent auHî  dialogues ,  le  duo  qu'ds  jouent  lur  les  or- 
gues, en  fe  répondant  avec  dxfrérens  jeux,  ou  lar 
difFérens  claviers. 

Le  nom  de  dialogue  vient  du  Latin  dialogus  ,  en 
Grec  ■^(«Aoyof.  La  lignification  eft  la  même. 

DIALOGUER,  v.  a.  Faire  parler  entr'eux  plufieurs 
perfonnes.  Dialogos  texere.  Il  eft  aufîî  quelquefois 
neutre.  Voici  comme  l'Auteur  les  lait  dialoguer. 
Merc.  de  Alai  1725.  On  ne  peut  guère  dialoguer 
plus  v.ivement  &:plus  légèrement.  Idem.  Les  Adieux 
de  Mirs  ne  font  point  proprement  une  Comédie. 
C'eft  une  pièce  d'efprit ,  agréablement  dialogue'e , 
partagea  en  Scènes  diftérenics  qui  fe  rapportent  au 
même  objet,  &  qui ,  fans  nœud  &  lans  dénoue- 
ment, ne  laiir-nc  pas  de  flir.e  un  tout  qui  plaît. 
Obskrv.  sur  les  Ec.  Mod.  L'auteur  de  ces  Obfer- 
vations ,  en  parlant  de  la  Comédie  de  l'Amitié 
Rivale,  a  dit  encore  ,  Toute  la  pièce  ,  qui  eft  dia- 
log.iée  avec  efprit ,  &  conduite  avec  art  ,  oîîre  de 
temps  en  temps  des  morceaux  brillans.  On  ne  peut 
pas  dire  qu'elle  lou  indij^ne  de  l'Auteur  du  Rendez- 
vous  6c  de  la  Pupilie  j  pièces  vraiment  comiques , 
qui  ont  fait  tant  d'honneur  à  M.  Fagan.  Il  elt  des 
VerliScateurs  pompeux  qui  n'ont  d'autre  mérite  que 
de  favoir  dialoguer  des  Scènes  découfues  ,  en 
belle  cadence ,  en  Epidiètes  &  en  Antithèfes.  Des 
Fontaines.  Les  Myfteres  ou  Chants  Royaux  fuccé- 
dèrent.  On  les  dialogua  ;  on  les  joua  à  S.  Maur  , 
puis  à  Paris.  Riccoboni.  Avant  ces  Myftères  dia- 
logues j  les  Spectacles  n'étoient  que  des  Boufton  • 
neries  lur  des  tréteaux.  Id.  L'Avare  de  Molière  eft 
plus  intéceftant ,  mieux  dialogue' qas  celui  de  Plaute. 

POUILLY     DE    BURIGNY. 

§crDIALOG(JE,  EE.  part,  pair  &  adj.  Qui  eft  écrit 
en  dialogues.  Alternés  fermonibus  conjlans.  Scène 
bien  dialoguée  ,  pour  dire  que  les  interlocuteurs  y 
parlent  convenablement  au  fujet ,  fe  répondent 
jufte  ,   ou  s'interrompent  à  propos. 

Nous  a  produit  cette  foule  incommode 

D' Auteurs  glacés ,  qui ,  féduits  par  la  mode  j 

N'expojent  plus  à  nos  yeux  jatigués 

Que  des  Romans  e/2  ve/'J  dialogues.  Rousseau. 

DIALOGtJEUR  ,  euse.  i.  m.  &  f.  Qui  dialogue  , 
qui  parle  &  écrit  par  dialogue.  L'Auteur  peint  ici 
le  Dialogueur  fophifte  ,  le  fubtil  furet  des  replis 
imaginaires  du  fond  du  cceur.  Desfontaines. 
Dancourt  s'étoit  attiré  la  réputation  d'être  le  meil- 
leur &  le  plus  agréable  Dialogueur  des  Modernes. 
Lettre  fur  la  Comédie. 

DIALTH.tA.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie.  Onguent 
qui  tire  fon  nom  de  fa  bafe  ,  qui  eft  la  racine  d'al- 
tha:a.  Il  eft  compofé  de  mucilages  de  cette  racine  , 
&  de  ceux  des  femcnce;  de  li-i ,  de  fenegré  &  de 
fquille.  Les  autres  ingrédiens  font  l'hiiile  commune, 
la  cire  jaune  ,  la  rcllne  ,  la  té^ébenrine  j  le  gilba- 
num  &  la  gomme  de  lierre.  Il  eft  propre  pour 
ramollir ,  pour  hume^;er  ,  &  pour  réfoudre  ;  il 
appaife  les  douleurs  de  cote  ;  il  amollit  les  duretés. 


DI  A 


319 


&  il  fortifie  les  nerfs.  On   en  frotte  les  parties 
malades. 

ffr  DIAMANT,  i.  m.  Terme  de  Joaillier.  La  plus 
dure ,  la  plus  brillante  cc  la  plus  précieull'  de  toutes 
les  pierreries.  Adamas.  Les  Phyliciens  prétendent 
que  les  parties  élémentaires  lont  la  terre  la  plus 
pure  &  la  plus  divifée  ,  le  feu  le  plus  vif  &  l'eau  hi 
plus  limpide  :  quoi  qu'il  en  foit  de  cette  compo- 
lition,  il  eft  fur  qu'il  n'eft  point  de  cops  diaphane 
qui  foit  aulli  pelant  &  aulli  dur  que  le  diamant  : 
auili  le  polit-on  d'une  manière  .à  nous  éblouir.  Lin 
diamant  brut  eft  celui  qui  n'eft  point  encore  taillé. 
Adamas  rudis  ,  iinpolitus.  Trois  chofes  iont  eftimer 
le  Diamant  :  fon  éclat  ou  fon  luftre  qu'on  nomm« 
fon  eau,  fon  poids  ou  fr  grandeur  ,  &  fa  dureté. 
Sa  couleur  la  plus  parfaite  eft  le  blanc.  Il  faut  c|u'il 
foit  épais  ,  carré  Se  haut  de  bifeau.Ses  défauts  font 
d'être  glaceux  j  fourd  è'-:  rempli  de  fable  rouge ,  ou 
de  tirer  fur  l'azur  ou  le  jaune  brun.  Il  a  cela  de 
particulier  que  quand,  le  foled  donne  delfus  ,  il 
jette  autant  de  rayons  qu'il  a  de  faces ,  &  tous  de 
diftérentes  couleurs  3  rouge,  verte  ,  jaune  &  bleue. 
Le  prix  des  diamans  fe  fuppute  félon  leur  poids , 
qui  eft  méfuré  par  des  carats  dont  chacun  pèle  qua- 
tre grains.  La  terre  où  viennent  les  diamans  eft  fa- 
blonneule.  Il  y  a  plufieur«s  roches  qui  ont  des  vei- 
nes d'environ  un  doigt  de  large  ,  d'où  les  mineurs , 
avecdes  fers  crochus,  tirent  le  fible  ,  parmi  lequel 

.  fe  trouvent  les  diamans  ,  quand  on  l'a  bien  lavé. 
La  plus  belle  mine  de  diamans  eft  à  Golcondc  dans 
les  terres  du  Grand-Mogol.  La  mine  des  diamans 
a  été  trouvée ,  par  hafard  ,  par  un  Berger ,  qui  ayant 
donné  du  pied  contre  une  pierre  qui  lui  parut  avoir 
quelque  éclat,  la  vendit  pour  ijapeu  de  ris  fans  la 
connoître.  Cette  mine  eft  à  joSTOilles  de  Mafuli- 
patan.  Il  y  a  30000  hommes  qui  y  travaillent  j  & 
deux  fois  autant  c]ui  y  trafiquent.  On  en  paye  500000 
pagodes  de  ferme  au  Roi  ,  qui ,  outre  cela  j  fe  ré- 
ferve  tous  les  diamans  qui  palfent  dix  carats.  Il  n'y 
a  dans  l'Orient  que  quatre  mines  &  deux  rivières 
d'oùl'on  tire  les  diamans  j  &  ce  lont  les  feuis  lieux 
du  monde  où  l'on  en  trouve.  C'eft  dans  les  Royau- 
mes de  Golconde  &  de  Vifapour  j  ou  font  ces  mi- 
nes ;  ces  Royaumes  font  aujourd'hui  fournis  au 
Grand  Mogol.  Les  rivières  font  dans  le  Royaume  de 
Bengale  &  dans  l'Ile  de  Bornéo.  Les  plus  belles 
pointes  de  diamans  s'appellent  pointes  naïves  qui 
viennent  dans  la  rivière  de  Groucl  dans  le  P^.oyaume 
de  Bengale. 

Le  plus  beau  diamant  qu'ait  le  Grand  Mogol  pèfe 
279  77  de  carats  J  Se  vaut  onze  millions  lept  cens 
vingt-trois  mille  deux  cens  foixante  &  dix-huit  li- 
vres 14  f.  9  den.  &c  celui  du  Grand  Duc  de  Tofcane 
pèfe  1 59carats  ,  &  vaut  deux  millions  fix  cens  huit 
mille  trois  cens  trente-cinq  livres ,  fuivant  la  règle 
de  la  fupputation  de  la  valeur  des  diamans  que 
rapporte  Tavernier  en  fes  Voyages.  Le  diamant  d& 
Saiici  J  tant  vanté  autrefois  pefjit  100  carats  , 
ctoit  de  la  grolfeur  d'une  amande  j  Se  taillé  à  fa- 


cettes. 


On  appelle  diamant  roCene  ,  ou  diamant  roCe  ,  un 
diama::c  taillé  .1  facettes  par-delfus,  &  plat  par- 
delFous  y  Se  diamant  brillant,  un  diamant  taillé  à 
f\icctîes  par-defloHS  comme  par-delfus. 

On  donne  aulîi  le  nom  de  diamant,  d  certaines 
pierres  qui  relfembîent  aux  diamans.  Acad.  Fr. 
DiAMAMxdu  Brefil. On  découvrit  ces  diamans  en  171S 
près  de  la  ville  du  Prince.  Foye^  cette  Ville  au  mot 
PRINCE.  Les  diamans  que  l'on  y  a  trouvés  ont  ordi- 
nairement depuis  un  grain  jufqu'à  fix  carats  j  il  y 
en  a  de  plus  gros ,  Se  on  en  a  vu  un  entre  autres 
de  4^  carats.  Ils  ont  la  couleur,  la  folidité  ,  & 
toutes  les  autres  propriétés  des  diamans  d'Orient. 
On  a  feulement  temarqué  que  les  diamans  qui  é- 
roieu  à  la  fuperficie  de  la  terre  ,  &  expofcs  à  l'ac- 
tion de  l'air  Se  du  folei! ,  ont  une  enveloppe  beau- 
coup plus- ciiaifTè  j  &  perdent,  par  conféquent  da- 
vantage ,  quand  on  les  veut  polir.  Tranfacl.  Philo- 
foph.  173  1  ,  /'•257.  Nos  plus  habiles  Joailliers  pré- 


3  2.Ô  D  I  A 

tendent  trouver  une  cîiiïerence  aflez  mirquce  entre 
les  diii^nmas  àuBuLiilù:.  les  diamiins  ci  Oci::m  ,poiu" 
la  pureté  de  l'eau  ,  pour  1  eibt  oi  pour  la  dureté  ^ 
mais  des  yeuxorduiaires  ont  bien  ue  l.i  peine  à  lea- 
tir  ces  nuances  de  pertedlion.  Quoi  qu'il  en  ioit  , 
les  dlamans  du  Brelil  s'emploient  beaucoup  ,  &  ils 
ont  fait  baifTcr  un  peu  le  priri  de  ceux  de  1  Orient. 
Le  Roi  de  Portugal  a  i-oriné  une  compagnie  pour  la 
mine  de  diamans  ,  &  il  apreicrit,  par  Ordonnance, 
la  quantité  de  diamans  qu'il  vouloir  qu'on  ïn  palTer 
chaque  année  en  Europe.  Ib. 

Il  y  a  aulll  de  faux  diamans  ,  comme  ceux  d'A- 
lençon  ,  c]ui  croilFent  en  un  village  nomm.éHertié, 
à  deux  lieues  de-là  ,  dans  un  terroir  lablonneux  & 
plein  de  roches  j  dont  les  pierres  lont  fort  dures  &: 
grilesj  &  le  fable  fort  luifant.  On  en  trouve  de 
la  grolfeur  d'un  œuf  &:  plus  ;  &:  il  y  eu  a  de  h  nets 
&  de  fi  brillans  ,  qu'ils  ont  trompé  quelques  La- 
pidaires. Il  y  en  a  aulli  de  faéticcs  ,  comme  ceux  du 
Temple. 

C'elt  une  erreur  populaire  de  croire  que  le  dia- 
maric  s'amoUhre  avec  du  iang  de  bouc  tout  chaud, 
comme  aulîi  de  croire,  ainli  qu'on  tait  les  Anciens  , 
qu'il  réfille  au  marteau.  Un  Orfèvre  en  caflcra  tout 
autant  qu'on  en  voudra  payer.  Mais  ilrélifte  au  feu 
le  plus  violent.  Louis  deBerquen  efc  le  premier  qui 
a  trouvé  l'invention  de  les  tailler  &  de  les  polir 
avec  la  poudre  de  diamant  en  l'an  1476  ,  félon  que 
l'a  écrie  Robert  de  Berquen  fon  petit -his.  Il  dit 
qu'auparavant  on  les  portoit  bruts.  La  pointe  du  dia- 
mant hn  coupe  le  verre:  on  ne  fe  fer  voit  autrefois 
que  d'émeril.  La  poudre  de  diamant  e?i  un  poifon  , 
parce  qu'elle  perce  les  boyaux.  Les  Orfèvres  font  des 
croix,  des  ro|C|£,  des  chaînes  ,  des  boutons  de  c//a- 
mans ,  &:c.  Les  'diamans  ne  brillent  point  ,  d  moins 
d'être  taillés  à  facettes,  d'être  garnis  d'une  lame 
qui  puiÛe  réfléchir  la  lumière,  ^oy.  Rohault. 

Quelques-uns  prétendent  que  ce  mot  eft  venu  par 
corruption  à'adainas  ,  nom  que  les  Grecs  ont  donné 
aiidiamant ,  &  qui  fignilîe  indomptable ^,  parce  qu'ils 
croyoient  alors  qu'il  réhltoit  au  fer  Z<  au  feu. 
Diamant.  C'eft  ainh  que  les  Vitriers  appellentun  pe- 
tit inftrumentavec  lequel  ils  coupent  le  vetre  ,  par- 
cequ'il  a  au  bout  une  pointe  àt  diamant  ^  &  que 
ce. dette  pointe  qui  coupe. 

On  dit  proverbialement  j  quand  on  veut  promet- 
tre une  grande  récompenfe  à  quelqu'un  ,  qu^on  lui 
donnera  une  poignée  de  diamans. 

Ou  dit  aulîî,  dans  le  fens  figuré,  qu'une  chofe 
eft  de  diamant  ;  pour  dire  ,  qu'elle  eft  bien  dure  , 
diflicile  à  rompre  ,  à  briler.  Kî.  de  la  Fontaine  s'eft 
fervi  de  cette  exprellion  d'une  manière  figurée  & 
métaphorique  dans  fa  Fable  du  Serpent  &  de  la  Li- 
me ,  qu'il  applique  aux  mauvais  Critiques, 

Efprits  du  dernier  ordre  , 
Qui  ,n'é[antbons  à  rien,  cherche-^  fur  tout  a  mordre^ 

Vous  vous  tourmente'^   vainement. 
Croyt-^-vous  que  vos  dents  impriment  leurs  outrages 

Sur  tant  de  beaux  ouvrages  ? 
Ils  font  pour  vous  £  airain  ,   d'acier,  de  diamant. 

Safji  fera  de  diamant.  S.  Amant.  Pour  dire,  fa 
fidélité  durera  toujours. 

Diamant.  On  a  donné  ce  nom  à  un  grand  rocher  qui 
eft  fur  la  côte  de  la  Martinique  ,  dont  il  eft  féparé 
par  un  détroit  d'une  lieue.  Corn. 

DIAMANTAIRE,  f.  m. Lapidaire,  ouOuvrier qui  fe 
connoîr  en  diamans  _,  qui  les  taille  &  qui  en  fait 
trafic.  Qui  gemrnarum  comm.ercium  jacit  ,  qui  veras 
gemmas  facile  fecernit  ajalfis.  Il  faut  bien  de  l'ex- 
périence pour  c"tre  excellent  Diamantaire.  On  dit 
plus  communément  Lapidaire. 

DIAMARGARITGN.  f.  m.  TermedePharmacic.Mé- 
dicament  qui  tire  fon  nom  des  perles  qu'on  appelle 
margaritd  j  Se  qui  entrent  dans  fa  rompofition.  Il  y 
en  a  de  deux  fortes ,  le  chaud  &  le  froid  ,  Le  dia- 
margariton  chaud  eft  une  poudre  compofée  de  per- 
les ,  de  pyrethre  ,  de  gingembre  ,  de  noix  mufcade, 


D  î  A 

"de  cannelle  &  de  pluùeurs  autres  ingtédiens  chaud?. 
!l  eft  hyftérique  ,  &c  propre  pour  fortifier  la  ma- 
trice; il  excite  les  mois  aux  femmes  j  &  il  aide  à 
la  digeftion.  Le  diamargaricon  ftoid  ,  eft  un  elec- 
tuaiie  lolidecompofé  de  perles  broyées  lubtilement, 
lie  de  lucre  blanc  difious  dans  de  feau  rôle,  ou  de 
buglofe ,  Si.  cuit  en  coniiftance  de  lucre  rolat.  Il 
fortifie  l'eftom.ac  ,  il  adoucit  les  acides  qui  y  font 
en  ttop  grande  quanticé  ,  Ck  il  arrête  le  crachement 
de  fang  &  le  cours  de  ventre.  Le  diumargariton 
frojd  compolé,  eft  une  poudre  faite  avec  les  per- 
les ,  les  rôles  rouges  ,  les  fleurs  de  nénuphar  &  de 
violette ,  le  bois  d'aloé's,  le  fantal  rouge  &  le  citrin  j 
la  racine  de  tormentille,  les  femences  de  melon, 
d'endive,  d'oleille  ,  c-ic.  On  s'en  fert  pour  donner 
de  la  vigueur  ,  pour  faciliter  la  refpiration  ,  &  pour 
réiifter  à  la  malignité  des  humeurs. 

DIA^JASTiGOSE.  f.  f.  C'étoit  la  coutume  chez  les 
Lacedemoniens  c\ue  les  enfans  des  familles  les  plus 
diitniguées  fedcchirallent  mutuelkment  le  corps  à 
coups  de  fouet,  devant  les  autels  des  Dieux  :  leurs 
pères  &  mères  ,  qui  étoient  prélens  à  cefpeébacle  , 
les  animoienc  &  les  excitoientà  ne  pas  donner  la 
moindre  marque  de  douleur.  C'eft  là  ce  qui  s'appe- 
loir  diamajTigofe ,  mot  Grec  ,  qui  vienr  de  «S'/a/cas-iyf?» 
Juftiger^Jouettcr,  de  (««rd  j  fouet,  courroie  ,  étrivières. 
Celafe  faifoit  apparemment  pour  endurcir  de  bonne 
heure  la  Jeunelfe  aux  coups,  ëz  l'accoutumer  aux 
blelTiires  &  aux  plaies,  afin  qu'elle  ne  les, craignît 
point  à  la  guerre.  Fhiloftrate  en  parle  dans  la  vie 
d'Apollonius  de  Thiane. 

DIAMETRAL  ,  ale.  adj.  Quiappartient  au  diamètre  ; 
qui  coupe  en  deux  parties  égales  les  figures  curvili- 
gnes. Diametros.  Il  n'a  guère  d'ufage  que  dans  cette 
phrafe  j  ligne  diamétrale. 

DIAMETRALEMENT,  adv.  D'un  bout  du  diamètre  à 
X  i.\.\UQ.  Diametri  in  morem.  Il  faut  couper  ce  plan, 
ce  globe  diamétralement.  Le  zénith  &C  le  nadir  font 
oppofés  diamétralement.  E.x  diamètre  oppoJitus.'Hos 
Antipodes  nous  font  diamétralement  oppofés. 

On  s'en  fert  aulli  au  figuré  ,  en  parlant  des  chcJ- 
fes  contraires  ou  fort  diftérentes.  Ce  font  deux  par- 
ties ,  deux  intérêts  diamétralement  oj>po(és.  Le  vice 
de  la  vertus  font  diamétralement  pppoiés.  Propofi- 
tions_  diamétralement  oppofées. 

DÎAMETPvE.  f.  m.  Terme  de  Géométrie.  Ligne  qui 
palfe  par  le  centre  d'un  cercle  ,  qui  aboutit  à  la  cir- 
conférence, &  lecoupeen  deux  parties  égales.  Dia- 
mctirow  diametros. On  le  dit  aufii  des  lignes  qui  pallent 
par  le  centre  des  autres  figures  curvilignes, quand  elles 
lesdivifent  en  deux  parties  égales.  Les  ellipfes  ont 
un  grand  &  un  petit  diamètre  La  moitié  de  cette 
ligne  s'appelle  demi  -  diamètre  y  rayon  _,  ou  Jînus 
total. 

Diamètre  ,  en  Aftronomie.  On  appelle  diamètre  ap^ 
parent  d'une  Planète  ,  l'angle  viluel  fous  lequel 
cette  Planète  paroît  de  delfus  la  terre  à  l'égard  de 
fon  diamètre  :  Sc ,  de  la  grandeur  apparente  de  fon 
diamàtre ,  on  conclut  fon  éloignement  de  la  terre , 
puifqu'il  eft  certain  que  plus  une  Planète  eft  éloignée 
de  la  terre ,  plus  fon  diamètre  eft  pttn.Voyei  Appa- 
rent. 

On  le  dit  aulîî  des  fphères  Se  globes  ;  Se  alors  les 
extrémités  s'appellent  pôles  ,  fur  lefquels  le  globe 
eft  mobile.  On  l'appelle aulfi  ligne  diamétrale, ou  di- 
metiente  ,  ou  axe  :  ce  qui  le  dit  aufli  des  cônes  j  & 
des  cylindres. 

Ce  mot  de  diamètre  vient  de  diameter ,  en  Grec 
SiâfitTpes,  ê'ia/itrfo'/ ,  qui  vcut  dite ,  ligne,  ou  mefure 
qui  palfe  par  le  milieu. 

Diamètre  d'un  canon  ,  c'eft  l'étendue  de  l'ouverturô 
du  canon. 

Diamètre  de  colonne.  ,  eft  le  diamètre  qui  fe  prend 
au-delfus  delà  balfe,  &  d'où  fe  rire  le  module  pour 
mefurer  les  autres  parties  d'une  colonne.  On  ap- 
pelle diamètre  de  renflement ,  celui  qui  fe  prend  au 
tiers  d'en  bas  du  fut  :  diametros  ahjeciionis  :  &  dia- 
mètre âa  dimiuution,  celui  qui  fe  mefure  au  plu$  J 
haut  de  ce  fut,   Diametros  imminutionis.  Les  colon-     ,  1 

nés 


D  I  A 

nés  de  l'ordre  Corindiien  ont  dix  diamètres  ,  ou  mo- 
dules de  haïueur.  Bicî.  de  teint.  &d'.^rch. 
DIAAIORUM.  r.  m.  Terme  de  Pharmacie.  Il  y  ;i  le 
diumorum  llmple  &  le  compolé.  Le  duiinorum  limple 
ell  le  lîrop  de  mûres  ordinaue  ,  qu'on  tait  avec  le 
fuc  de  mures  &  le  lucre.  Il  ell  bon  pour  les  maux 
de  gorge  &  pour  arrêter  la  dylenterie.  On  fait 
aulli  un  diumorum  limple  avec  le  lue  de  mûres  & 
le  miel ,  qu'on  appelle  autrement  roh  de  mures.  Le 
diamorum  compofc  le  fait  avec  du  lue  de  mûres , 
du  fapa  ,  du  verjus  ,  de  la  myrrhe  &.  du  fatfran.  On 
s'en  fert  pour  déterger  les  flegmes  de  la  poitrine  , 
ôc  pour  faciliter  la  refpiration.  Ce  mot  a  été  lâit 
de  morum ,  mûre. 
DIAMPER.  Ville  des  Indes  ,  dans  le  Royaume  de 

Cochin  ,  fur  la  rivière  &  la  côte  de  Malabar. 
DIANE,  f.  f  Terme  de  Mythologie.  Déelfe  des  an- 
ciens Payens.  "Ùiana.  Les  Grecs  l'appellent  Artemis. 
Dian.e  étoit  tille  de  Jupiter  &  de  Latone,  fœur  ju- 
melle d'Apollon  ,  née  avec  lui  dans  l'Ile  deDelos  , 
ts:  élevée  avec  lui  j  comme  le  dilent  Héfiode,  dans 
fa  Théogonie  ,v.  14  &  9  1 8  ,  &  Momère  dans  l'B)  m- 
ne  qu'il  a  fait  à  fa  louange  ,  0^  tous  les  Poctes.  Au 
refte  Diane  étoit  le  nom  qu'elle  portoit  fur  la  ter- 
re ;  car  cetre  DéefTe  étoit  en  quelque  force  une  tri- 
ple Divinité  j  qui  avoir  dans  les  Enters ,  au  Ciel& 
fur  la  Terre ,  des  noms ,  des  qualités  &  des  em- 
plois tous  ditrérens.  Aux  Enfers  elle  s'appeloit  Hé- 
cate. Voye\  ce  nom  \  au  Ciel ,  Lune ,  Phœbe  , 
Délie  &  Cinthie  j  fur  la  Terre  ,  Diane  &:  Lucine. 
Nous  ne  parlerons  ici  que  de  Diane  y  Divinité  de  la 
Terre.  Voye\  aux  autres  noms  fes  qualités  &  fes 
fonélions.  Diane  avoit  deux  emplois  fur  la  terre. 
Elle  étoit  Déelfe  de  la  Chalfe  ,  des  Forêts  &  de; 
Montagnes  .  comme  il  paroît  par  Horace  j  Liv. 
III,  Od.  il  J  &  par  les  Pocmes  féculaires  du  même 
Auteur  &  de  Catulle.  Celui  -  ci  même  met  encore 
les  Fleuves  dans  fa  dépendance.  Diane  étoit  Vierge, 
&  aimoit  fur  tout  la  pureté  &  la  virginité.  C'eft 
pour  cela  qu'on  dit  qu'elle  luyoit  les  compagnies 
&  les  alfemblées ,  &:  qu'elle  étoit  toujours  dans  les 
forêts  &  fur  les  montagnes  ,  accompagnée  feule- 
ment de  quelques  Nymphes  aulli  chartes  qu'elle , 
&  qu'elle  s'occupoit  continuellement  de  la  chalïej 
exercice  capable  de  l'éloigner  &  delà  détourner  de 
tout  ce  qui  étoit  contraire  à  fa  vertu  favorite.  Ci 
céron,  Lib.  III ,  De  Nat.  Deor.  n.  58  ,  dillingue 
deux  autres  Dianes.  La  première  étoit  fille  de  Ju- 
piter 6c  de  Proferpine ,  mère  de  Cupidon  ;  &:  l'au- 
tre ,  que  Cicéron  met  latroilième  ,  avoit  Upispcur 
père  ,  &  Glaucé  pour  mère  ,  &  les  Grecs  l'appe 
loient  louvent  du  nom  de  fon  père  Upis. 

On  repréfentoit  Diane  en  habit  de  Ch.ilferelfe, 
les  cheveux  retrouffés  &  noués  par  derrière  ,  fa  robe 
retroulfée  avec  une  féconde  ceinture  ,  le  carquois 
fur  l'épaule,  tenant  an  atc  bandé,  dont  elle  dé- 
coche une  flèche  ,  &  ayant  à  fes  côtés  un  chien  qui 
court.  Tel  efl:  l'équipage  dans  lequel  elle  paroit  fur 
plulieurs  médailles ,  &:  en  particulier  fur  celles  de 
Syracufe.  Quelquefois  fes  cheveux  détachés  flot 
roient  au  gré  du  vent.  Quelquefois  on  ajoutoit  des 
rets ,  des  dards ,  des  chiens  en  lelTe  ,  &  d'autres 
inllrumens  de  la  chafle.  La  figure  de  Diane  qui 
ctoit  à  Segefte  portoit  en  main  une  torche  ardente. 
On  la  voit  aulïï  fouvent  fur  les  médailles  avec  une 
torche  en  main  ,  ou  même  deux ,  une  en  chaque 
main  ,  &  le  titre  de  Diana  Lucifera. 

Le  premier  temple  que  Diane  eut  à  Rome  ,  fut 
bâti  fur  le  mont  Aventin  du  règne  de  ServiusTul- 
lius.  Ce  temple  ,  dont  Denis  d'Halicarnaire  décrit 
la  confécration,  étoit  orné  de  cornes  de  bœufs  ;  au 
lieu  que  les  autres  temples  de  Dianeï î:ioïQni  de  bois 
de  cerfs. 

On  célébroit  à  Rome  deux  fêtes  à  l'honneur  de 
Diane:  l'une  tomboit  au  mois  de  Mars,  &  l'autre 
aux  Ides,  ou  au  13^  d'Août.  Ces  jours-là  les  fem- 
mes ,  qui  croyoient  avoir  obtenu  quelque  grâce  de 
Diane  ^  portant  des  torches  ardentes  ,  alloient  de 
Rome  à  la  lorêt  d'Aricie  ,  où  Diane  étoit  fingu- 
Tome  III. 


5  1  î 


D  I  A 

lièrement  honorée.  Ovide,  Fajî,  L.  III ,  v.  270» 
Les  Chafleurs  laifoient  aufli  le  même  pèlerinage 
ayant  des  torches  en  main  ,  &c  conduifoient  avec  eux 
leurs  chiens  malades,  ornées  de  bandelettes  facrésj 
les  préfentoient  à  l'Idole,  &  dépofoient  à  fes  pieds 
tous  leurs  inlhumens  de  Chalfe.  Foye:^  Grot.  de 
Venat.  On  étoit  perfuadé  qu'en  ces  jours  ,  occupée 
à  recevoir  les  vœux  &  les  hommages  des  mortels, 
elle  laifloit  les  bêtes  en  paix  ,  &:n'alloit  point  à  la 
chalfe. 

On  facrifioit  à  Diane  une  biche  j  Se  quand  elle 
voulut  fouftraire  Iphigénie  au  couteau  du  Sacrifica- 
teur ,  elle  y  lubllitua  elle-même  une  biche  j  comme 
on  le  peut  voir  dans  l'Iphigénie  d'Euripide  ,  &  dans 
les  Métamorphofes  tl'Ovide  ,   Liv.  XII  ,  v.  34. 

La  Diane  d'Ephèle  étoit  la  plus  tameufe  qui  fût 
au  monde.  Elle  avoit  trois  temples  dans  cette  ville, 
&  on  l'y  repréfentoit  d'une  manière  lingulière,  que 
toutes  les  villes  de  l'Alie  imitoient  j  dit  M.  Triftan. 
C'étoit  une  efpècede  terme  qui  par  en  basreprélen- 
toit  un  cippe  carré;  par  en  haut,  c'étoit  une  figure 
delemme  jufqu'àla  ceinture,  ayant  toute  la  poitrine 
&  le  ventre  depuis  la  gorge  jufqu'à  la  ceinture, 
pleine  de  mammelles  :  ce  qui  la  faifoit  appeler  Afz^/- 
tunammia  j  &  n<>>^ifcàf:ç.  Sur  fa  tête  elle  porte  une 
elpèce  de  boilfeau  ,  ou  de  vafe  ;  d'un  côté  de  fi  tête 
ell:  le  Soleil  j  &  de  l'autre  k  Lune  :  elle  a  les  deux 
bras  étendus ,  &  les  mains  appuyées  fur  deux  bâtons 
tournés  en  boulettes ,  ^^  à  fes  pieds  un  enlant  à 
droite.  M.  Tïiftan  ,  T.  H.  pag.  516  a  fait  graver  un 
beau  médaillon  de  Gordien  j  où  elle  eft  encore  re- 
prcfentée  avec  tous  fes  attributs.  Ella  eft  accom- 
pagnée de  deux  Nymphes  au  haut  du  champ  de  la 
médaille  j  &  de  deuxfleuvesaubas  j  les  mains  éten- 
dues (In:  appuyées  j  comme  j'ai  dit  ci-delfus  j  &  elle 
a  deux  chiens  à  fes  côtés.  Elle  n'efl:  point  nue  ,  tou- 
tes les  mammelles  qui  font  à  l'autre  ne  paroilfenc 
point  ;  elle  eft  vêtue  d'une  efpèce  deftole,  ou  étole 
qui  lui  prend  fur  les  épaules,  &  defcend  jufqu'en 
bas  :  ce  vêtement  eft  partagé  en  deux  parties  dans 
fa  longueur ,  &c  chacune  de  fes  parties  eft  chargée 
à\m  rang  de  petits  cercles  ou  globules  de  haut  en 
bas.  Elle  a  fur  la  tête  un  vafe  couvert.  L'un  des  fleu- 
ves tient  un  rofeau  ,  &  l'autre  une  flûte  à  l'antique. 

Saint  Luc  aux  Adtes  des  Apôtres  j  C.  XIX ,  v.  24, 
parle  d'un  Orfèvre  d'Ephèfe  qui  faifoit  des  temples 
d'argent  de  Diane  ,  qui  troubla  la  prédication  de 
S.  Paul  J  &c  excita  contre  lui  tous  les  ouvriers  qui 
gagnoient  leur  vie  à  ces  ouvrages.  On  demande 
ce  que  c'étoit  que  ces  temples  d'argent  de  Diane. 
Eraime  répond  ,  que  c'étoient  des  châlfes  en  forme 
de  petits  temples  j  dans  lelquels  on  renfermoit  des 
ftatues.  Bèze  croit  que  c'étoient  des  monnoies  fur 
lefquelles  la  figure  du  temple  de  Z5iû/2e  étoit  repré' 
fentée,  &  que,  pour  cette  raifon  ,  on  appela  tem- 
ples de  Diane  ,  comme  on  appela  bœufs  j  vierges 
tortues  J  poulains ,  les  monnoies  fur  lefquelles  ces 
chofeséroienr  empreintes. 

Quelques-uns  difent  que  ce  mot  Diane  vient  dix 
mot  Grec  i^'-s ,  Jupiter  ,  parce  que  Diane  étoit  fille 
de  Jupiter.  D'autres  prétendent  que  Diana  s'eft  die 
pour  £)tnvj«a  J  parce  qu'elle  couroit  çà  &  là  dans 
la  forêt  Dévia.  Volfms  j  De  Idolol.  L.  //.  c.\G  ,  p. 
1S6.  cfoit  que  ce  mot  s'eft  formé  de  Dea  j  ou  Diva. 
luna  J  il  devoir  ajouter,  ou  Dia  luna,  Déelfe 
Lune,  Koyei  encore  cet  Auteur  au  même  endroit  , 
c.  25',  C.53  6'  57.      ^        _ 

Diane  étoit  appelée  Ariftobule  à  Malte  j  où  elle 
avoir  un  temple,  dans  lequel  on  inhumoit  ceux  qui 
étoient  exécutes  à  mort  pour  leurs  crimes.  Les  Thra- 
ces  l'appeloient  Bendis  ;  les  Egyptiens  Bubaftis,ou 
Bubaftide  \  les  Syriens  ,  Reine  du  Ciel.  Enfin  ,  on 
la  confondoit  quelquefois  avec  Proferpine.  On 
lui  donnoit  encore  plufieurs  épithètes  qui  expri- 
moient  les  lieux  où  elle  étoit  honorée  j  &  où  elle 
avoit  des  temples ,  fes  attributs ,  fes  qualités  ,  fes 
emplois  :  Z)/t7/7e  Ethiopienne,  Ethiopica  ;  Aricie  , 
Aricina  ;  Léphrienne  j  lephria  ;  Munichienne,  Mu- 
nichia  ,  du  temple  qu'elle  avoit    à    Munichie  près 

Sf 


2,  A, 


DIÂ 


d'Athènes  ;  de  Pergé  ,  Pergea  \  la  Scythiqtic ,  Scy- 
thica  j  la  Tauiique  j  i  ù'///.tj  _;  Cariatide  ,  Cariatis; 
Diâynne ,  Diâyn/iû  j  Hemeia  j  Hymnca  ,  Ilitliya  j 
Leucophrys  ,  Ops ,  ikc. 

Quelques  Savans  qui  ont  cherché  l'origine  des 
Fables  trouvent  beaucoup  de  rapport  entre  uiane  ik' 
la  fille  aînée  de  Job.  Celle-ci  s'appelle  nO'3>_,Jm/- 
mah  j  de  CDV  ,  /our  ^  de  même  que  iJi^^'in  s'appe- 
loit  en  Grec  H^Éf»^  hcmcra  ^  jour ,  &  en  Latm  Diana, 
de  dies  ,  jour.  2°.  Les  Anciens  diioient  que  Diane 
ctûit  Perfienne,  &  Jemimah  é:oit  de  l'Orient ,  de 
l'Arabie,  pays  oriental,  que  les  fables  ont  pu 
confondre  avec  la  Perfe,  qui  étoit  plus  connue  , 
l'Arabie  l'ur-tout  ayant  fait  partie  de  l'Empire  de 
Perfe.  Diane  étoit  une  DéelFe  champêtre  &  mon- 
tagnarde ,  habitant  les  délerts  &  les  forets  ;  l'Ara- 
bie a  toujours  été  pleine  de  montagnes  <Sc  de  défeits. 
Enfin,  on  loue  la  beauté  àz  Diane  ^  tk  c'ell  pour 
cela  qu'on  lui  donne  le  nom  d'H^Épa^  jour ,  Diflna\ 
ce  qui  convient  fort  bien  auflî  à  Jemimah.  Voy&\ 
Spanheim  j  H:fi.  jobi. 

Le  fécond  emploi  de  Diane  fur  la  terr^  étoit 
de  prélîder  aux  accouchemens  \  &  en  cette  qua- 
lité elle  étoit  appelée  Lucine  ^  ii^tv/Zi: ,  Lochienne, 
Lochia,0^%,  &c.  Voyei  LUCINE. 

DIANE.  Arbre  de  Liane.  Terme  de  Chimie.  Diant. 
arbor.  Ceft  un  mêlang;  d'argent ,  de  mercure  j 
&  d'efprit  de  nitre  crillallifés  eniemble  en  forme 
d'un  petit  arbre. 

Diane,  ell  auili  un  nom  propre  de  femme,  même 
dans  le  Chtillianifme.  Diana.  Diane  de  Poitiers  , 
DuchelTe  de  Valentinois  ,  fut  maîtrefle  d'Henri  II 
Diane  légirimée  de  France  ,  Duchelfe  de  Caltro  , 
puis  de  Montmorency  j  étoit  fille  d'Henri  II ,  &  de 
Diane  de  Poitiers.  Z^zartc  ,  ou  Z)ia/;a  Mantuana  ,  a 
excellé,  dans  le  XVI*  fiècle  ,  par  les  Ouvrages  qu'elle 
grava  en  taille-douce. 

Diane,  f.  f.  Terme  de  Guerre  qui  fe  dit  d'une  cet 
taine  manière  de  battre  la  c.iilie  au  point  du  jour, 
pouréveiller  les  foldats. -Ê'.vrrtJWii  noctis  vig'dia.  Bat- 
tre la   Diane. 

Ce  mot  vient  de  l'Efpagnol  diana  ^  qui  a  été  fait 
de  dia  ,  ou  de  dtcs  ,  parce  que  c'eft  un  Ion  de  tam- 
bour qu'on  fait  dès  le  matin  ,  dans  le  temps  de  la 
dernière  fentinelle  de  nuit,  en  un  corps-dc-garde. 

POMEY. 

DIANO.  Nom  de  quelques  lieux  en  Italie  ,  en  Latin 
Dianium.  Ils  furent  ainli  nommés  j  probablement  j 
dans  l'Antiquité  ,  parce  qu'ils  étoient  confacrés  à 
Diane.  Diano  ,  bourg  de  l'Etat  de  Gènes ,  elt  près 
d'Oneglia  ,  à  trois  lieues  d'Albenga.  Diano  ,  bourg 
du  Montterrat  Savoyard,  eft  à  trois  lieues  au  midi 
d'Alba.  Diana  ^  ville  du  Royaume  de  Naples  dans 
la  principauté  citérieure  ,  à  quatre  lieues  au  nord 
de  Policaftro:  cette  ville  donne  fon  nom  à  une  gran- 
de vallée  auprès  de  laquelle  elle  elK  La  vallée  de 
Diano  eft  arrolée  de  la  rivière  de  Botta  ,  &  abon- 
dante en  grains  &  en  fruirs.  Valus  Diana.  Diano 
eft  la  même  choie  en  Italie  que  Diana  en  Efpa- 
gne. 

DIANTRE.^  f.  m.  Terme  populaire  dont  fe  ferveur 
ceux  qui  fe  font  fctupule  dénommer  le  Diable.  Allez 
SlM  diancre.  Abiad  .'îchcrontem.  kii  diantre  foit  l'en- 
geance. Je  voudrois  que  cela  fiit  au  d'antre  \  pour 
dire,  au  Di.  ble.On  dit  aulîi  abfolumenr  ,  diantre^ 
par  manière  d'exclamation.  Proh  !  Papa!  Diantre'. 
que  dites-vous  la  .''  Comment  diantre  voulez-vous 
qu'on  falfe  pour  vous  voler  ?  Molière. 

On  dit  que  ce  mot  diantre  vient  du  nom  de  Di- 
nant ,  ville  des  Pavs-Das. /"cne-^-  DINANT. 

DIANUClIM.f  m.Terme  de  Pharmacie,  eft  une  ef 
pèce  derob,  faitavec  du  fuc  de  noix  verte  &  du 
miel ,  qu'on  cuit  enfemble  par  un  feu  médiocre  juf- 
qu'à  confiftance  de  miel  :  c'eft  le  rob  de  noix.  Il  eft 
propre  pour  fortifier  l'eftomac,  pour  faire  fuer,& 
pourréfifter  au  venin.  On  dir  auili  Diacaryon. 
Ce  mot  à  été  lait  de  nux  ,  noix. 

DIAPALMA.  f.  f.  Terme  de  Pharmacie.  Sorte  d'em- 
plâtre ainfx  nommé,  paicequ'on  y  faifoic  encrer  la 


D  I  A 

décodion  des  feuilles  de  palmier.  Il  eft  compofé 
d'huile  commune  J  de  graille  de  porc  j  &  de  litharge 
dor  préparée.  Il  eft  propre  pour  dellécher  j  pour 
réloudre  ,  pour  dcterger  Ôc  pour  cicatriier.  Cet  em- 
plâtre eft  beaucoup  moins  en  voguô  à  Paris,  depuis 
qu  on  a  commencé  à  employer  l'onguent  de  la 
mère. 
DIAPASME,  f.  m.  Parfum  qu'on  emploie  fur  le  coi  ps, 
de  quelle  que  forme  qu'il  foit ,  comme  les  poudres, 
les  ellences  &  les  pommades  odorantes.  Diapafma. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ^la-aurs-ny ,  qui  lignihe  ,  Ar- 
rofer. 
DIAPASON,  f  m.  Terme  de  Mufique.  C'eft  un  inter- 
valle de  Mulique  dont  la  plupart  des  Auteurs  qui  ont 
écrit  de  la  théorie  de  la  Mufique  ,  fe  font  ftrvis  pour 
expliquer  l'odave  des  Grecs  \  aufti-bien  que  du  dia- 
pente  J  diate[Jaronj  hexacorde  Se  tetracordc:^  pour  di- 
re ,  les  quintes ,  quartes ,  tierces  &:  fixièmes.  Le  dia~ 
pajon  eft  la  première  des  confonnances  (impies  ,  le- 
quel fimplement  confidéré  eft  un  feul  elpace  :  que  (I 
'on  le  conhdère  diatoniquement  par  tons  &  lemi- 
tons ,  il  contient  fept  efpaces  ,  trois  tons  majeurs , 
deux  mineurs, deux  lemitons  majeurs.  P.  Parran. 
Le  Diapafon  a  fon  intervalle  du  fon  grave  à  l'aigu 
en  proportion  double.  Il  contient  fept  intervalles , 
dont  il  y  a  trois  tons  majeurs  ,  deux  mineurs ,  &C 
deux  demi-tons  majeurs.  Quelques-uns  croient  que 
c'eft  la  plus  parfaite  conionnance  :  c'eft  du  moins  une 
des  trois  confonnances  parfaites.  Le  diapafon  eft  ce 
que  nous  appelons  oclave. 
Diapason,  chez  les  Artifans,  &  Fadeurs  d'inftru- 
mens,  fignifie  une  règle  &  mefure  qu'ils  ont  pour 
marquer  les  ruyaux  de.leurs  orgues  ,  &  pour  percer 
les  trous  de  leurs  liùtes  &  hautbois  en  la  jufte  pro- 
portion qu'il  faut  pour  faire  des  tons,  des  demi-tons, 
&  les  confonnances  juftes. 

Quand  un  carré  eft  divifé  en  huit  parallélogram- 
mes égaux ,  la  fedliion  qui  fera  fliite  de  ces  parallélo- 
grammes par  une  diagonale  ,  marquera  tous  les  in- 
tervalles ufités  en  la  Ivlufique  \  &  c'eft  fur  ce  princi- 
pe qu'eft  fondé  ce  modèle  des  Ouvriers ,  qu'ils  ap- 
pellent diapajon. 

Il  y  a  auili  un  diapafon  des  trompettes ,  qui  fert  de 
mefure  pour  les  différentes  grandeurs  qu'elles  doi- 
vent avoir  pour  faire  les  quatre  parties  de  la  Mufi- 
que. Il  y  en  a  de  même  pour  les  faquebures  &  fer- 
pens ,  qui  montrent  combien  il  les  faut  alonger  ou 
accourcir  pour  delcendre  ou  pour  monter  d'un  toa 
ou  d'un  intervalle.  Enfin  \e diapafon  (q  ait  âe  cequi 
fair,  &  qui  marque  la  jurtelfe  des  rons.  On  oppofe 
le  diapafon  tempéré  au  diapafon  partait. 

Les  Fondeurs  appellent  auili  diapafon,  leur  échel- 
le campanaire  ,  qui  leur  lett  à  connoître  la  gran- 
deur ,  répailfeur  &  le  poids  de  leurs  cloches  , 
qu'ils  appellent  autrement  règle  ,  bâton ,  ou  bro~ 
chette. 
DIAPASONDIAEX.  f.  m.  Terme  de  Mufique.  Efpèce 
de  confonnance  compofée.  Il  y  deux  diapajondiaex  ; 
le  majeur ,  qui  eft  en  proporrion  de  10  à  3  j  &  le  mi- 
neur ,  qui  tii  en  proportion  de  1635. 
DIAPASONDIAPENTE.  f.  m.  Terme  de  Mufique. 
C'eft;  une  confonnance  compofée  en  proporrion 
triple  de  9  à  J  ,  ou  de  deux  fois  'îw.  T'oye^  le  Traité 
de  la  Mufique  du  Père  Parran  Jéfuite.  Le  diapafon- 
diapentc  eft  une  fymphonie  qui  fe  fait  lorfque  la 
voix  va  du  premier  ton  au  douzième  fon.  Ce  mot 
eft  un  terme  de  la  Mufique  des  Grecs.  Nous  ap- 
pelerions  aujourdhui  cette  confonnance  une  dou- 
zième. 
DIAPASONDIATESSARON;  f  m.Terme  de  Mufi- 
que. Confonnance  compofée  de  S  à  j.  Le  diapa^ 
fondiateffaroh  eft  une  fvmphonie  qui  fe  fait  lorf- 
que la  voix  va  de  fon  premier  ton  à  l'onzième  lieu. 
C'eft  une  confonnance  qu'on  peur  appeler  Von^iè- 
7ne  J  comme  on  appelle  la  quarte  ,  la  quinte ,  &c. 
DIAPASONDITON.  Terme  de  Mufique.  Confon- 
nance compofée  en  proportion  de  10  à  4,  ou  de  5 
a  1. 
DIAPASONSEMIDITON.  f.  ra.  Terme  de  Mufique. 


D  I  À 


Gonronnance  compofce  en  proportion  de  ii  à  j.T 
Tous  ces  termes  fe  trouvent  dans  ceux  qui  ont  : 
écrit  de  la  Théorie  de  la  Mulique.  /'V>fj  le  Traité  . 
de  la  Mufiqiie  du  P.  Parran,  le  Didionnaue  de  M.  '. 
Brollard ,  &c, 


D  I  A  323 

célcbroient  à  Athènes  en  l'honneur  de  Jupiter  'Vhli- 
chien  ,  pour  le  prier  de  détou.uer  Ls  maux  dont  ou 
pouvoir  être  m\.nAcè.  Didphia.  On  s'allembluitpour 
cette  folennité  hors  des  murailles  de  la  ville ,  &  ion 
y  hnfoit  paroître  une  trillelfe  lînguhcre. 


DIAPEDESIS.  f.  m.  Terme  de  Médecine.   Sortie  du  DIAPH(II,N1C.  f.  t'.  Terme  de  Pharmacie.  Eleduaire 


fang  à  travers  les  tuniques  des  artères  ou  des  veines  j 
qui  arrive  lorfqu'il  elt  trop  dllFous  ,  &  que  les  pores 
des  vailTeaux  font  trop  ouverts.  Il  y  a  d'habiles  Mé- 
decins qui  ne  croient  pas  qu'il  iurvienne  une  telle 
ténuité  au  fang ,  qu'il  puille  exfuder  fans  nulle  ou- 
verture au  travers  des  vailîeaux. 

Ce  mot  vient  de  <?'«,  par ,  &  -si^âu,  je  bondis  ,  je 
faute. 
DIAPENTE,  f.  m.  Eft  un  intervalle  de  Mufique  qui 
eft  la  féconde  des  confonnances ,  &c  qui  avec  le  di.i- 
telT!iron  compole  unoélave.  Dans  la  praticjue  on  l'ap- 
pelle la  quinte.  P^oye^  QUINTE.  Le  JUiapente  ett 
une  confonnance  fimple  :  li  on  le  conlidère  diatoni- 
quement ,  il  a  quatre  elpaces,  &  contient  deux  tons 

majeurs,  un  mineur,  iSi  un  femiton  majeur Le 

diapente  eft  la  plus  grande  partie  dudiapalonharmo- 
niquement  divifé.  P.  Parran.  Le  diapente  eft  com- 
poié  du  diton  &C  du  femiditon.  Id.  Diapente  eft  un 
termî  de  la  Muiique  des  Grecs ,  par  lequel  ils  ex- 
priment une  fymphonie  qui  le  tait  lorfque  la  voix 
palFe  du  premier  ton  au  cinquième  lieu,  /'^oj'^ï  Vi- 
truve  ,  ch.  4.  du  Liv.  5. 
DiAPENrE  fe  dir  auffi  ,  en  Pharmacie,  d'un compofé  de 
cinq  fortes  de  drogues. 

Ce  mot  eft  compofé  de  la  prépofition  <?<« ,  &:  de 
sTEnTE ,  cinq. 
DIAPÎ4ANE.  adj.  m,  &  f.  Tranfparent ,  qui  donnepaf 
fagc  à  la  lumière.  Perlucidus  j  perlucens  -,  tranJIuciJus , 
cranjl::cens.  Les  corps  diaphanes  font  l'air,  l'eau,  le 
verre,  le  talc  ,  la  corne,  la  porcelaine  fine,  &:c. 

ÇC7"  On  nomme  corps  diaphanes  ou  tranjpanns  , 
ceux  dont  les  pores  droirs ,  nombreux  &  dilpofés  en 
tous  fens  j  donnent  un  palfirge  libre  à  la  lumière.  L'op 
pofé  de  diaphane  eft  opaque.  L'air  parmi  les  corps 
diaphanes  fluides ,  &  le  verre  parmi  les  corps  dia- 
phanes folides ,  doivent  occuper  le  premier  rang. 
Il  ne  feroit  pas  aufli  facile  de  décider  quels  font , 
parmi  les  corps  folides  &.'  fluides ,  ceux  que  l'on  doit 
regarder  comme  les  plus  opaques.  Foye^  Tranf- 
parent. 

On  appelle  colonne  diaphane  ^  toute  colonne  de 
matière  tranfparente  ,  comme  croient  celles  de  crif- 
tal  du  théâtre    de  Scaurus.     Les  Décorateurs  em- 
ploient des  colonnes  diaphanes  dans  les  Châteaux  de 
feu,  dans  les  repréfenrations  d'un  Palais  du  Soleil , 
d'un  Temple  de  Pluton ,  &c.  Les  colonnes  diapha- 
fies  font  des  colonnes  creufes ,  Se  dont  le  bâti  eft  | 
recouvei't  de  toiles  fines  ou  de  tranfparent,  derrière  î 
lefquelles  on  met  des  lumières  qui  font  paroître  la  j 
colonne  toute  de  feu  ou  lumineufe.  t 

DIAPHANEITÉ.  f.  f.  Terme  didadique.  Qualité  de  ' 
ce  qui  eft  diaphane  ou  tranfparent  de  ce  qui  tranf- 
nier  la  lumière.  La  diaphanJite  des  corps  ne  provient 
que  de  la  fituation  de  leurs  pores  en  ligne  droite  , 
enforte  qu'il  n'y  a  aucun  corps  qui  empêche  lepalfa- 
ge  de  la  lumière  ;  &  la  plus  ou  moins  grande  dia- 
phareiie'  coni'ide  dans  la  plus  ou  moins  grande  quan- 
tité de  pores  droits.  C'elt  par  cette  raifon  qu'on  dé- 
montre que  la  malléation  du  verre  eft  impoftible  ; 
car  ,  Gtôt  qu'il  fera  malléable  &  ductible  ,  fes  pores 
ne  feront  plus  fitués  vis  à-vis,  &  par  conféquent  il 
perdra  fa  diaphane'ite' ,  ou  tranfparence  j  c'eft-à-dire  , 
la  principale  qualiré  du  verre.  On  donne  dç\a.dia- 
phaneite  i  des  corps  qui  n'en  ont  point ,  ou  l'on  aug- 
mente le  peu  qu'ils  en  ont.  Ainfi  ,  en  huilant  du  pa- 
pier ,  on  le  rend  plus  diaphane  qu'il  n'étoir ,  de  au  . 
contraire,  on  diminue  fa  diaphanéité en  le  battant] 
avec  le  marteau.  Ce  que  le  verre , 'le  cryftal ,  &  la  j 
glace  ont  de  particulier,  eft  qu'ils  ont  leurs  pores  | 
difpofés  en  ligne  droite  ,  ce  qui  caufe  leur  diapha- 
néiti.  Le  Pour  et  Contre.   Voye^  Tranfparence 
qui  eft  plus  de  l'ufage  ordinaire. 
Dl APHIES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Fêtes  qui  fe 


mou  ,  purgatif,  auquel  on  a  donné  ce  nom  à  caufe 
que  les  dattes  en  font  la  bafe,  &  que  les  Grecs  ap- 
pellent le  palmier ,  dont  les  dattes  font  les  fruits  , 
\wi%.   Les  autres  ingrédiens  font  les  pénides  ,  les 
amandes,  le  turbith ,  le  diagrède,  le  gingembre, 
le  poivre  blanc ,  le  macis,  la  cannelle  ,  la  rue ,  le  fe- 
nouil ,  le  daucus  &  le  miel.  Le  diaphxmc  purge  prin- 
cipalement les  férolirés ,  il  excite  les  mois  aux  fem- 
mes. On  s'en  fert  pour  l'hydropihe  ,  pour  la  léthar- 
gie ,  pour  l'apoplexie  &  pour  la  paralyiie. 
DIAPHORESE..  f.  f.  Terme  de  Médecine.   C'eft  en 
général  une  évacuation  qui  fe  fait  par  1  habirude  du 
corps ,  &  par  les  pores  de  la  peau  ,  tant  infenfible- 
menr  que  fous  la  forme  de  fueur.  Ce  mot  eft  Grec, 
êiiiçif.;sis ,  du  verbe  ^ict^pifuv ,  tranfmettre  d'un  lieu  à 
un  autre.  Col-de-Villars. 
DIAPHORÉTIQUE.  adj.  de  t.  g.  Terme  de  Médecine, 
qui  fe  dit  des  médicamens  qui  pouffent  les  humeuis 
par  la  tranfpirarion.  Diuphoreticj   medicamenta.  Ce 
mot  eft  Grec  :  il  fignifie,  Sudorihque.  L'antimoine 
eft  un  médicament  diaphorétique. 
D1APHORÉTIQUE  MINERAL  ,  eft  une  préparation  d'an- 
timoine ,  qu'on  appelle  autrement  Antimoine  dia- 
pliorétique.  Foy  e~  ANTIMOINE. 
DIAPHRAGMATIQUE,  adj.  C'eft  le  nom  qu'ondon- 
ne  aux  artères  &c  aux  veines  qui  font  répandues  dans 
le  diaphragme.  Fen£  ■,  arteria phreneticie.  On  les  ap- 
pelle aufti  phreniques  J  on phrenétiques- 
DIAPHRAGME,  f  m.  Terme  d  Anatomie.  Mufcle  ner- 
veux qui  fépare  la  poitrine  d'avec  le  bas- ventre  ,  ^ 
qui  elt  comme  une  efpèce  de  cloifon  entre  les  par- 
ties vitales  &  les  naturelles.  Diaphragma  ^  tranjver- 
fum  ex  valida  membranà  feptum.  Sa  figure  eft  ronde, 
repréfentant  la  figure  d'un  poilîon  qu'on  appelle  une 
raie.  Tout  fon  corps  eft  compofé  de  deux  cercles  3 
dont  l'un  elt  membraneux  ,  &  l'autre  charneux  ;  de 
deux  artères,  de  deux  veines  j  qui s'appellen t/'/irc?/;/- 
qucs  ,&z.d>i  plulieurs  branches  de  nerfs.  La  membrane 
qui  le  couvre  par-deflus,  vient  de  la  plèvre  ,  te  celle 
qui  eft  par-delfûus,  vient  du  péritoine.  Sa  lituation 
efi;  oblique,  parce  qu'il  va  du  cartilage  xiphoide  pat 
les  extrémités  des  côres  à  la  région  des  lombes.  Il  eft 
percé  en  deux  endroits,  pour  taire  pailage  à  l'efto- 
mac  &:  à  la  veine  cave  montante.  Ce  mufcle  a  deux: 
mouvemens ,  celui  de  contradtion  &  celui  de  dila- 
tation :  dans  le  premier ,  qui  fe  fait  pour  Tinfpira- 
tion  ,  le  diaphragme  s  aplatit ,  &  la  cavité  de  la  poi- 
trine devient  plus  ample  \  ce  qui  eft  néceflaire  ,  afin 
que  le  poumon  fe  puille  mieux  dilater  :  dans  le  fé- 
cond ,  qui  fe  fait  pour  l'expiration  ,  le  diaphragme  fe 
relevé,  &  s'enfonce  dans  la  cavité  de  la  poitrine,  ce 
qui  la  rend  plus  petite.  On  trouve  le  diaphragme  ton' 
jours  relâihé  dans  un  animal  mort.  Foye^,  à  l'art, 
des  Mufcles, quelle  eft  la  caufe  phyfique  de  cette con- 
tradion ,  &  de  cette  dilatation  fuccellive. 

C'eft  Platon,  au  rapport  de  Galien,  qui  le  premier 
Ta  nommé  diaphragme  j  du  verbe  ^ixÇfâmtv  ^  qui  fi- 
gnifie ,  féparcr  J,  ou  être  en  deux.  Auparavant  on  l'ap- 
pelloit  <p(>£»ef,  qui  fignifie,  entendement ,  parce  qu'on 
prétendoit  que  ,  dès  que  ce  mufcle  étoitfurpris  d'in- 
flammation, l'hommetomboir  aulluôt  en  phrénélie; 
ce  que  l'expérience  ne  confirme  pas ,  non  plus  que 
ce  qu'on  a  dit  que  ceux  ,  à  qui  l'on  traverfe  le  dia- 
phragme d'un  coup  dépée  ,  meurent  en  riant.  Les 
Latins  1  appellent  feptum  tranjverfum  ,  comme  qui 
diroit  clùifon  mife  de  travers.  M.  Hook  a  remarque 
qu'on  pouvoir  cntrerenir  un  animal  en  vie  fans  tho- 
rax 6c  fans  diaphragme  j,  en  lui  taifant  entrer  de  l'aie 
dans  les  poumons  par  le  moyen  d'un  fouftlet,  expé- 
rience qu'il  dit  avoir  faite.  Gafpard  Bartholin ,  le 
fils,  a  fait  un  Traité  de  la  llrudure  du  diaphragme. 
On  appelle  aulH  diaphragme  ,  le  cartilage  qui  eft  ail 
milieu  du  nez  ,  qui  fépare  les  deux  n.arines. 

S  f  ij 


2-4 


DI  A 


Diaphragme  ,  en  terme  d'Optique,  fe  â'n  de  cesefpc- 
ces  de  planchers  qui  traveilent  les  tuy.iux  des  gran- 
des lunettes,  &  qui  font  percés  par  le  milieu.  En  gé- 
néral les  Savans  le  fervent  de  ce  terme  pour  expli- 
quer une  cloifon  ou  féparation  entre  deux  parties. 

fC  En  Botanique, on  appcUcdinp/irûgme  la  cloi- 
fon tranfverfale  qui  s'étend  dans  une  filique  ,  ou  un 
autre  fruit  capfulaire.  Septum. 

BiAPHRAGME.  Le  Diaphragme  d'un  tuyau  d'orgues 
s'appelle  blfeau  :  il  a  une  petite  oavertuie  longue  &c 
étroite,  &  un  peu  en  bifeau,  pour  hiller  échapper 
le  vent.  On  l'appelle  lumière. 

'fO-  DIAPHTORE.  f.  f.  Terme  de  Médecine,  fe  dit  en 
général  de  toute  forte  de  corruption.  Aictçùtlf.» ,  cor- 
rompre. 

DIAPHYSE.  f.  f.  Ceft  un  inrerftice ,  une  divi^fion ,  une 
partition,  enfin  tout  ce  qui  fépare  deux  choies. 
Diaphyfis  dans  Hippocrate,  Lib.  de  lYdci.  comme 
l'explique  Galien  ,  iignifie  une  certaine  éminence 
nerveufe,  &  cartiiagineufe  dans  le  milieu  de  l'arti- 
culation du  tibia  avec  le  fémur  ,^  qui  fépare  les  têtes 
&  les  apophyfes  inférieures  du  fémur  qui  font  arti- 
culées dans  les  cavités  de  la  tête  du  tibia.  Cette  fubf- 
tance  ne  paroît  que  dans  les  cadavres  récens  j  car, 
elle  fe  flétrit  aptes  la  mort.  Dici.  de  James. 

DIAPNOTIQUE.  adj.  ëc  f.  Diapnodcus.  On  appelle 
ainfi  les  remèdes  qui  font  tranfpirer.  Ce  mot  vient 
du  Grec  <^l«îtMi  j/'£r//;/rario  j  tranfpiration  infeniîble. 
lîs  ne  différent  guère  des  diaphorétiques. 

DIAPRER.  Vieux  V.  a.  Orner,  décorer,  tapiffer,  Or- 
nare  j  decorare. 

DIAPRÉ,  ÉE.  adj.  ou  plutôt  part,  du  vieux  verbe  dia- 
prer.  Qui  eft  varié  de  plufieurs  couleurs.  Ferjîcolor^ 
varias.  Il  n'eft  plus  guère  en  ufige  ,  fi  ce  n'efi:  en  ter^ 


DI  A 

tre  ie  Tigre  &  l'Euphrate  ,  &;  borné  au  nord  par  la 
Turcumauie  ,  au  couchant  par  la  Syrie,  au  midi  pair 
l'Arabie  déferte  &  par  l'Yérak-Arabique,  5c  au  levant 
par  l'Arzerum  &c  une  partie  du  pays  des  Curdes.  Le 
Diarbeck  eft  divifé  en  trois  grands  Beglerbeglics  , 
ou  Gouvernemens ,  celui  de  Diarbeckir,  qui  eft  au 
nord ,  &  ceux  de  Moful  &  de  Rike ,  qui  font  au  mi- 
di ,  le  premier  vers  le  Tigre ,  &  l'autre  vers  l'Euphra- 
te. Outre  ces  trois  villes  ,  qui  donnent  le  nom  à  ces 
trois  Beglerbeglics ,  il  y  a  encore  Nesbin,  Merdin, 
Afauchiuf ,  Orpha  ,  Bit ,  Harran  ,  qui  eft  le  Haran 
de  l'Ecriture,  &  le  Charràt.^  fameux  par  la  défaite 
de  Cralfus  j  Chabur ,  &  Karkir ,  qui  font  encore  de 
bonnes  villes.  \.q  Diarbeck  ,  tel  que  nous  venons  de 
le  décrire,  eft  le  pâ  CmN,  Padan  Aram  ,  ou  C3nn3 
tJlX,  Aram  Naliarim  ^  de  l'Ecriture,  &  la  Mélo- 
■potamie  des  Anciens.  Quelquefois ,  félon  la  remar- 
que de  Maty ,  on  lui  donne  plus  d'étendue  ,  &  l'on 
y  comprend  l'Arzerum  ,  qui  eft  une  partie  de  l'an- 
cienne Alfyrie,  &:  l'Yerak  Arabique ,  qui  eft  la  Baby- 
lonie  &:  la  Chaldée  des  Anciens.  A^oy<r:jd'Heibclot, 
Biblioth.  Orient  3  pag.   154.  où  il  écrit  Diarbekr, 

&  DlARBF.K. 

DlARBEKiR.  Ville  de  h  Turquie  en  Afie,  capitale 
d'une  Province  de  même  nom.  Diarbeckiu  j  Am.'da. 
Cette  Ville  eft  fur  le  Tigre  à  ^o.  lieues  environ  au- 
deffus  de  Moful.  Elle  eft  grande,  &  l'une  des  plus 
peuplées  &  des  plus  marchandes  de  la  Turquie-  Il 
y  a  dans  Diarbekir  un  très-grand  nombre  de  Chré- 
tiens Arméniens  ,  Neftoriens  &  Jacobites.  Au  refte 
Diarbekir  eft  la  même  ville  que  Caramit ,  ou  Ca- 
ra-hemit,  quoique  quelques  Cartes  les  diftinguenc 
mal  à-propos.  Mati  dit  aulîi  Diarbeck  j  mais  ceft  le 
nom  de  la  Province. 


mes  de  blafon  ,'  où  l'on  appelle  diapré .,  tout  ce  qui   DIARRHEE.  M.  Lemery  écrit   diarrée^  ,    prononcez 
t ,  figuré  &:   tracé  à  fantaifie  ,  comme  un        diarrée  ,  f.  f. 


eft  brodé ,     ^ 

compartiment  de  fleurs,  foit  fur  le  champ  de  l'Ecu, 

foit  fur  une  de  fes  pièces  honora'oles. 

Là  brillait  le  teint  vif  des  pêches  empourprées , 
Ici  le  riche  émail  des  prunes  êLiz^ïcQ^.  Perrault. 

Hoqueton  diapré  de  mon  maître  la  Troujfe. 

Je  lefuivois  àpied  , quand  il  allait  en  houjje.  Desp. 

Ce  mot  fignifioit  autrefois,  tapilfé,  orné ,  décoré. 
Glojf.  fur  Marot. 

Diapré  ,  ou  Diaprée,  f  f.  Nom  d'une  efpèce  de  pru- 
nes. La  diaprée  violette.  La  Quint.  Le  même  Au- 
teur écrit  quelquefois  diapré.  Des  Mirabelles,  Sainte 
Catherine,  diapré.  Id.  Beaucoup  de  Damas  &  de  dia- 
prée ont  la  chair  véreufe.  Id.  Il  ne  donne  point  non 
plus  de  pluriel  à  ces  noms,  comme  on  le  voit  par  ces 
exemples,  &  il  les  fait  indéclinables.  Il  eft  mieux  de 
les  décliner  _,  &:  de  dire  les  diaprées  font  véreufes-,  les 
diaprées  font  longuettes.  La  Quint.  Lzdiaprée  vio- 
lette eft  violette  tirant  au  rouge. 

Ce  mot ,  félon  du  Cange,  vient  du  Latin  diafjrum  , 
•qui  étoit  une  efpèce  d'étoffe  précieufe<?c  de  broderie, 
dont  le  nom  s'eft  étendu  à  tout  ce  qui  écoit  diverfific 
de  couleurs  ,  &:  jafpé. 

DIAPRUN  ,  ou  DIAPRUNUM.  Le  premier  mot  eft 
nouveau,  mais  on  s'en  fert  aujourd'hui,  f.  m.  Terme 


Terme  de  Médecine.  Cours  de  ven- 
tre ,  devoiement.  Alvi  refolutio  ,  liquida  alvus.  Ce 
mot  en  général  fe'prend  pour  toute  forte  de  flux  de 
ventre  j  mais  proprement  c'eft  celui  dans  lequel  les 
humeurs  pures  ou  mélangées  s'écoulent ,  quelque- 
fois fans  douleur  ,  &  quelquefois  avec  douleur.  La 
diarrhée  eft  de  plufieurs  forres  ,  félon  la  diverfité 
des  excrémens  :  il  y  en  a  une  bilieufe  j  une  féreule  , 
une  pituiteufe  ,  une  purulente.  La  purulente  vient 
toujours  de  quelque  abcès  qui  s'eft  ouvert.  Les  au- 
tres diarrhées  viennent  d'une  fermentation  qui  fe 
fait  dans  le  fang  j  par  laquelle  il  fe  décharge  de  fes 
excrémens  dans  les  inteftins.  La  diarrhée  vient  auili 
des  mauvais  alimens  qu'on  a  pris  ,  de  la  fuppref- 
fion,de  la  tranfpiration,  S.<.  de  plufieurs  antres  caufes. 
On  remarque  que  ceux  qui  tranfpirent  peu  ,  font 
fujets  à  la  diarrhée  ,  &  cjue  ceux  au  contraire  qui 


tranlpirent 


beau 


coup 


Ço 


nt  or 


dinai 


rement  re 


ffer 


res. 


de  Pharm.cie.  Eleétuairemou  purgatii,  appeie  a 


nfi 
à  caufe  de  la  pulpe  des  prunes  de  Damas  qui  en  font 
la  baie.  Il  y  a  le  diaprun  f  impie  ^  &  le  compofé.  Le 
diaprunum  fimple ,  outre  la  pulpe  de  prunes,  reçoit  la 
cafte ,  les  tamarins ,  la  rhubarbe  ,  les  rofes  rouges ,  la 
femence  de  violette,  les  fintaux  rouge  &:citfin  ,  la 
raclure  d'ivoire,  lefuc  de  régliffe,  &  les  quatre  gran- 
des femences  froides.  Il  eft  propre  pour  préparer  & 
pour  ramollir  les  humeurs.  Le  diaprunum  compofe , 
ou  folutif ,  n'eft  autre  chofe  que  le  fitnple  ,  fur  une 
livre  duquel  on  a  mis  demi-once  de  fcammonée  en 
poudre  pour  le  rendre  plus  purgatif. 

DIAPRITRE.  f  f.  Variété  de  couleurs.  La  diaprure  des 
prés.  Il  eft  vieux. 

DIARBECK.  f  m.  Province  de  Turquie  en  Afie.  Diar- 
beckia ,  Mefopotumia.  Le  Diarbeck  eft  renfermé  en- 


Stolterfoth  ,  Médecin  de  Lubec  ,  rapporte  qu'un 
Artifan  j  Lavandier  de  profefîion  ,  eut ,  depuis  l'âge 
de  30  ans  jufqu'à  l'âge  de  6^  ,  ans  une  diarrhée  ., 
qui  lui  caufoic  cinq  ou  fix  felles  par  jour  j  fe  por- 
tant toujours  bien  ,  ayant  appétit  ,  &  toutes  les 
foces  néceffaires  pour  fon  travail.  Enfin  ,  à  l'âge  de 
65  ans  ,  par  des  remèdes  aftringens  ,  qu'il  fe  fit  lui- 
même  ,  ou  qu'il  aclieta  chez  les  Apotiquaires ,  il  ar- 
rêta fon  flux.  Auflitôt  il  lui  vint  une  grande  douleur 
de  reins ,  avec  diflficulté  de  refpirer  ,  celfation  de  la 
digeftion  ,  rendant  les  alimens  comme  il  les  avoir 
pris ,  froid  aux  extrémités ,  enflure  aux  cuilfes ,  une 
foif  infupporrable  ,  &  plus  d'appétit ,  n'urinant  qu'à 
peine  une  humeur  aqueufe  &  vide  de  foùfre.  Stol- 
terfoth  appelé!  lui  fit  des  aromates  pour  le  confor- 
ter doucement  ,  &  des  antifcorbutiques  mêlés  da 
chofes  qui  délayalfent  modérément.  Alors  il  com- 
mença à  refpirer  plus  librement  ;  les  urines  furent 
plus  teintes,  la  couleur  naturelle  lui  revint ,  l'enflu- 
re diminua,  &  il  fe  remit.  Mais ,  ayanr  pris  du  vin 
d'abfynthe  &  de  l'eau-de-vie  pour  fe  fortifier,  di- 
foit-il  J  l'eftomac,  il  retomba  Se  mourut. 

Le  mot  de  diarrhée  ^  eft  Grec,  &:  vient  de  ^<i, 
par  ;  8c  f\u» ,  couler. 
DIARRHODON.  f  m.  Terme  de  Pharmacie ,  qu'on 
donne  à  diverfes  compofitions  à  caufe  des  rofes  rou- 


D  I  A 

ges  qui  y  entrent.  Il  y  a  une  poudre  cordiale,  qu^on 
appelle  diarrhodon  Abbûùs  ,  ou  de  CAtbc  ,  parce 
qu'un  Abbé  en  ell  l'inventeur.  Elle  eft  compolec  de 
rofes  rouges  j  de  fanuux  rouge  &  cicrin  ,  de  bois 
d'aloës  ,  de  canne  ,  de  rhapontic  ,  de  fpicanard , 
d'ivoire  ,  d'os  de  cœur  de  cerl",  de  fahan ,  de  malhc , 
de  perles ,  d  ambre  gris ,  de  mufc  ,  &c  On  s'en  lert 
pour  fortirier  le  cœur ,  l'eftomac  ifc  le  foie  :  elle  aide 
à  la  digeftion  ,  &  empêche  le  vomillemenc.  Il  y  .i 
aulli  des  trochifques  diarrhodon  j  compofés  de  rofes 
rouges ,  de  raclure  d'ivoue ,  de  fantaux  roHge  & 
cicrin,  de  rcglilfej  de  malbc,  de  lahan ,  de  cam- 
phre &  d  eau-rofe.  Ils  font  propres  pour  i:o;  tifier  le 
cœur ,  l'eltomac  &  le  foie  ,  ik  pour  arrêter  la  dyf- 
fentene  &  les  autres  cours  de  ventre.  Il  y  a  encore 
des  pillales  diarrhodon ,  compofces  d'aloës ,  de  tro- 
chifques diarrhodon ,  de  feuilles  d'abfynthe  ,  de 
fchœnanre  ,  de  mailic  &  de  ici  gemme.  Elles  pur- 
gent &  fortifient  enfuite  i'ellomac  ,  elles  hâtent  la 
digeftion  ,  &  chalFent  la  mauvaile  odeur  de  la 
bouche. 

Ce  mot  vient  de  ^î<^ ,  S;  de  pot^»» ,  rofe. 

DIARTHROSE.  f  f.  Terme  d'Anatômie.  Efpèce  d'ar- 
ticulation ou  d'alfemblage  des  os ,  un  peu  relâchée  , 
te  dans  laquelle  le  mouvement  ell  manifefte.  Elle 
eft  opofée  à  \-\  fynarthrofi  ,  dans  laquelle  l'articula- 
tion eft  fi  étroite,  qu'il  n'y  a  point  de  mouvement. 
La  duirthrofe  eft  de  trois  fortes.  Quand  la  tête  de 
l'os  eft  grolfe  &c  longue ,  &  la  cavité  qui  le  reçoit 
profonde ,  on  l'appelle  enarthrofe  ,  comme  celle  de 
la  cuilfe  avec  la  hanche.  Quand  la  tête  de  l'os  eft 
platte  ,  ôc  qu'elle  eft  reçue  dans  une  cavité  fuperfi- 
cielle,  on  l'appelle  archrodie  ,  comme  celle  de  la 
mâchoire  avec  l'os  des  temples.  Quand  deux  os  fe 
reçoivent  réciproquement  &  font  mobiles  l'un  dans 
l'autre ,  on  Va.^^t\\t gingiyme  j  comme  l'os  da  coude 
qui  eft  reçu  par  celui  du  bras ,  en  même  temps  que 
celui  du  bras  eft  reçu  dans  celui  du  coude.  Il  y  a  la 
d'urthrofe  orbiculaire  ,  &:  la  diirthrofc  planiforme. 
La  diarthrofc  orbiculaire  fe  trouve  dans  les  os ,  dont 
une  exttémité  arrondie  roule  dans  une  cavité  plus 
ou  moins  proportionnée  d'un  autre  os ,  comme  la 
tète  du  fémur  dans  la  cavité  cotyloïde  \  ou  dont  la 
cavité  roule  fur  l'éminence  d'un  autre,  comme  les 
bifes  des  premières  phalanges  fur  les  têtes  des  os  du 
métacarpe.La  diarthrofc  planiforme  eft  plus  ou  moins 
platte,  dans  laquelle  les  pièces  arriculées  gliftenr 
l'une  fur  l'autre ,  à-peu-prcs  comine  quand  on  frot- 
te la  paume  d'une  mam ,  contre  celle  de  l'autre.  Cet- 
te articuhtion  fe  remarque  dans  les  os  du  carpe, 
dans  ceux  du  tatfe ,  &  dans  les  apophyfes  obliques 
des  vertèbres  ,  &c.  Winslow.  La  diarthrofc  altet- 
native  ou  récipro-iue,  a  quelque  reifemblance  avec 
les  charnières ,  ou  les  gonds  j  c'eft  pourquoi  les  an- 
ciens Grecs  lai  ont  donné  le  nom  de  ginglyme,  qui 
fignifie  l'un  &  l'autre.  Les  Modernes  l'appellent  aulîî 
par  la  même  raifon  charnière.  Winslow. 

DiATiTHROsE  Synarthroïdale  ,  que  l'on  appelle  aufll 
amphiarthrofe y  eft  une  efpèce  d'articulation  neutre  , 
ou  douteufe  \  elle  n'eft  pas  tout-à-fait  diarthrofc. , 
patce  qu'elle  n'a  pas  un  mouvement  manifefte  ;  ni 
tout-à-fait  fynarthrofe  ,  parce  qu'elle  n'eft  pas  tout- 
à-fait  immobile.  L'articidation  des  côtes  avec  les 
vertèbres,  &  celles  des  os  du  carpe  &  du  tarfe  entre 
eux  font  des  diarthrofcsfynarthroLdalcs. 

Ce  mot  vient  de  <^'«,  &  de  «fS/nv,  qui  veut  dire  , 
jointure  ,  affemhlage  naturel  des  os. 

^{CTDIASCHISMA;  Terme  de  l'nncienne  Mufique , 
eft  un  intervalle  faifant  la  moitié  d'un  femi-ton  mi- 
neur. 

DIASCORDIUM.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie.  Efpèce 
d'éleéluaire  ou  d'opiat ,  dont  Fracaftor  a  donne  k 
premier  la  defcription  ,  &  qui  prend  fon  nom  d;i 
fcordium  qui  y  entre.  Les  autres  ingrédiens  font  le 
rofes  rouges ,  le  bol ,  le  ftorax  ,  la  cannelle  ,  la  caf- 
fialignea,  le  didame  ,  les  racines  de  tormentille  , 
de  biftorte  &  de  gentiane  ,  le  galb-nnm ,  le  fuccin  . 
la  terre  iigillce,  l'opium,  le  poivre  long  ,  le  gin- 
gembre, la  femence  d'ofeillcjle  miel  rofat  &  la 


D I  A  31J 

maK-oifîe.  On  s'en  fert  pour  les  fièvres  malignes  , 
pour  la  pefte  ,  pour  tuer  les  vers ,  pour  réfuter  à  la 
pourriture  ,  pour  la  colique,  &  pour  provoquer  le 
lommeil ,  étant  nouvellement  fait. 

DIAbEBESTEN  ou  DIASEREbTE.  f.  m.  Terme  de 
Pharmacie.  Eleéluaire  mou  purgatif,  dont  les  fcbcf- 
tes  fjnt  la  bafe.  Les  autres  ingrédiens  font  les  pru- 
n^,  les  tamarinj ,  les  fucs  d'iris,  d'anguiia  &  de 
mercuriale  ,  les  pénides,  le  diaprun  fimple  ,  la  grai- 
ne de  violette  ,  les  quarre  femences  froides ,  &  le 
diagrède.  Il  eft  propre  dans  les  fièvres  iiuermutcn- 
tes  &:  dans  les  continues  :  il  en  appaife  la  ioit  (ïc  les 
veilles ,  6c  challe  les  humeurs  acres  par  les  urines. 

DIASENNA  ou  DIASENE.  f.  m.  Terme  de  Phaima- 
cie.  Eleéluaire  mou  purgatif,  appelé  amd  à  caufe 
du  fené  qui  en  eft  la  bafe-  Les  autres  ingrédiens  fonc 
le  fucre  candi,  les  avelines  ,  la  cannelle,  la  pierre 
d'azur,  les  doux  de  girofle,  le  galanga  minor ,  le 
poivre  noir  ,  le  nard  Indique  ,  la  femence  de  bafi- 
lic ,  les  feuilles  de  girofie ,  le  cardamome  ,  le  faùan , 
le  gingembre  ,  la  zédoire  ,  les  fleurs  de  romarin  ,  le 
poivre  long,  la  pierre  d'Arménie  &  le  miel.  Le  dia- 
fenna  foulage  les  mélancoliques  &  les  rateleux ,  & 
ferr  de  remède  à  toutes  les  maladies  qui  vieimenc 
de  l'atrabile. 

DIASIES.  /.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Fête  qui  fe  ce- 
lébroit  à  Athènes  en  l'honneur  de  Jupiter,  Diafia. 
Ariftophane  parle  des  Diafies  dans  fa  Comédie  des 
nuées,  Aél.  i.p.  wG.  de  l'édition  dAmfterdam  in- 
1 2.  1770.  Sur  quoi  fon  Scholiafte  remarque  que  c'é- 
toit  une  fête  de  Jupiter  Milichien  ,  laquelle  tomboic 
à  la  fin  du  mois  Anteftérion  ,  qui  répondoit  à  peu- 
près  à  notre  mois  de  Janvier,  il  ajoute  que  néan- 
moins Apollonius  d'Acarnanie  diftingue  les  Diaj.ts 
de  la  Fête  de  Jupiter  Mihchicn  j  &  qu'à  ce  que  quel- 
ques-uns difoienr,  cette  fête  étoit  ainli  appelée, 
parce  qu'ils  y  faifoient  des  prières  pour  être  exempts 
des  dommages  qui  leur  pourroient  arriver.  Enfin 
il  rapporte  encore  un  autre  fentiment ,  qui  eft  que 
les  Z)/j/?jj^  étoient  une  tête  où  les  Athéniens  tailuient 
des  alfembiées  publiques  hors  des  murailles  de  la 
ville,  &  l'y  célébroient.  Dans  la  mcme  Comédie, 
p.  156,  un  père  dit  à  fon  fils  qu'il  lui  avoit  acheté 
un  petit  char  pour  la  tête  des  Diafies.  Le  Scholiafte 
de  ce  Pocte  dit,  fur  la  Comédie  des  Cavaliers  ,  p. 
134,  de  l'édition  de  Genèvâ  in-fol.  itf07,  que  les 
JJicfes  éto'ient  la  grande  fête  d'Athènes.  Lucien  , 
dans  fon  Charidème,  &  Suidas  en  parlent  aulli.  1  lé- 
lychius  dit  que  les  piaf  es  étoient  une  f  «te  qui  fe 
célébroiravec  une  triftelîe  fine  ul  1ère. 

DIASOSTIQUE.  f.  f.  C'eft  la  partie  de  la  Médecine  qui 
regarde  la  confervation  de  la  fanté.  Diasost.ca  :  de 
ra|«,  je  conferve.  Médecine  préfervative. 

|cr  DIASPHENDONESE.  Supplice  très -cruel.  Qxx 
plioit  à  grande  force  deux  arbres  :  on  attachoit 
un  des  pieds  du  criminel  à  un  de  ces  arbres  ,  &  l'au- 
tre pied  à  l'autre  arbre  ;  puis  on  lâchoit  les  deux  ar- 
bres ,  qui  emportoient  ch.icurr  une  partie  du  corps. 
On  croît  que  ce  fupplice  étoit  venu  de  Perte.  Ainé- 
lien  fit  punir  de  cette  manière ,  un  foldat  qui  avoic 
commis  un  adultère  avec  la  femme  de  fon  hôie. 
Encyc. 

DIASTASE.  f.  m.  Diaflafs  ,  diduclio.  Mot  Grec,  <?/«- 
Taî/ç,  que  les  Latins  &  les  François  ont  letenu  pour 
(igniher  en  termes  de  Médecine  un  écarten.ent  d  os  y 
qui  eft  une  efpèce  de  luxation.  Diafiafis  s'explic^ue 
en  général  par  diftance,  intervalle  ,  féparation.  Col 

DE    V'^ILLAP.S. 

DlA\STÈME.f.  m.TermedeMufique.  Diafema.  Quel- 
ques Muficiens  divifent  les  intervalles  en  deux  elpè- 
ces  j  dont  l'utie  eft  appelée  diafème  ,  qui  doit  con- 
tenir pour  le  moins  deux  intetvalles  en  quelque  for- 
te de  Mufique  que  ce  foit ,  quoiqu'il  en  puille  con- 
tenir davantage.  P.  Parran.  J.  Z?A;/7èwceft  ce  qu'on 
appelle  intervalle.  Quelques  Auteurs  qui  ont  écrit 
de  la  théorie  de  la  Kîufique,  fe  fervent  du  nom  de 
diaRème  y  qui  eft  pris  du  Grec  «'««•>(««' ,  intervalle. 

DIASTOLE,  f.  m.  Terme  d'Anatômie  ,  qui  fignifie , 
Dilatation  ,  diftention.   Diafole  ,  Prolatio.  C'eft 


} 


■>r^ 


D  I  A 


un  desmouvemens  du  cœur  Se  des  artères ,  dans  le- 
quel ces  parties  fe  dilatent.  L'autre  mouvement 
s'appelle yy/?o/t'j  ou  conftridion.  La  diajlo/e  j,  ou 
dilatation  du  cœur  vient  du  lang  ,  qui  eft  porté  par 
les  veines  dans  fes  ventricules  ;  de  celle  des  artères 
cft  caufée  par  le  lang  qui  eft  poulie  dans  leur  cavi-' 
té  par  la  conftridion  du  cœur.  La  diaflole  du  cœur 
&  celle  des  artères  ne  fe  font  pas  en  même  temps  : 
la  diajiole  du  cœur  arrive  lork]ue  lus  artères  fe  ref 
ferrent,  &  celle  des  artères  lorlque  le  cœur  eft  dans 
la  conftridlion.  Ce  qu'on  appelle  le  battement  du 
pouls,  n'eft  autre  chofè  que  la  d'iaJloleàQS  artères.  Le 
poumon  &  la  poitrine  ont  aullî  \ca\:  fyjlole  Se  duf- 
tole.  Le  cerveau  les  a  aulli.  ^'oyc^  Cœur. 
Diastole,  figure  de  Grammaire  par  laquelle  on  fait 
longue  une  fyllabe  qui  eft  brève  de  fa  nature.  C'eft 
ainfi  que  Virgile  commence  un  vers  par  le  mot 
Italicus  j  dont  la  première  lyllabe  eft  brève.  Pro- 
■dud.LO. 

Ce  mot,  qui  eft  Grec ,  vient  de  ^i»^i>->-iii ,féparer  ^ 
ouvrir. 
DIASTOLIQUE.  adj.  m.  <Sc  f.  Rabelais  appelleof/a/Zo- 
lique ,  le  mouvement  par  lequel  !e  cœur  s'étend  & 
fe  dilate  :  dans  l'ufage  on  dit  mouvement  de  diafto- 
îe,  &  non  pas  mouvement  diafioLique. 
DIASTYLE.  f.  m.  Efpace  entre  deux  colonnes;  ou  édi- 
fice dont  les  colonnes  font  éloignées  les  unes  des  au- 
tres de  trois  diamètres,  ou  lix  modales  de  leur  groi 
feur.  Diajfylos.  Il  vient  du  Grec '^'«f^'»?.  Le  diajïyu 
s'appelle  auffi  entre-colonne. 
DIASYRME.  f.  m.  Figute  de  Rhétorique.  C'eft  une  ef 
pèce  d'hypeibole  ,   &:  une  exagération  d'une  choL 
bafTe  &  ridicule  Diajyrmus. 
DIATESSARON.  f.  m.  Terme  de  Mufique.  C'eft  un 
intetvalle  compofé  d'un  ton  majeur ,  d'un  ton  mi- 
neur, &  d'un  demi  ton  majeur,  ba  proportion  eft  de 
trois  à  quatre.  Ce  mot  n'eft  ufité  que  dans  la  théo- 
rie de  la   Mufique.    Dans  la  pratique  on  dk  1j 
quarte. 

Le  Dlatejfaron  eft  une  confonnance  fimple,il 
tient  entre- elles  le  troiliéme  rang.  Le  P.  Parran  , 
qui  écrivoit  fon  Traité  de  la  Mufique  en  1659,  diî 
que  cette  efpèce  de  confonnance  étoit  fort  en  ufage 
de  fon  tems ,  &  qu'elle  eft  en  eftet  fort  douce  ce  fort 
agréable,  quand  elle  cft  bien  foutenue  &  bien  ma- 
rnée ,  quoiqu'un  pey  rude  de  fa  nature.  Le  diatej- 
faron  eft  une  des  lymphonies  des  Grecs  ,  qui  fe  fait 
lorfque  la  voix  va  de  fon  premier  ton  au  quattiéme 
lieu,  ^oye:^  Vitruve  ,  ch.4.  duLiv.  5. 
D1ATESSAR.0N  ,  fe  dit  aulli ,  en  Ph,ifmacie  ,  d'une  forte 
de  thériaque  qui  eft  ainll  appellée,  à  caufe  qu'elle 
eft  compofée  de  quatre  ingrédiens ,  qui  font  la  ra- 
cine d'ariftoloche  ,  celle  de  gentiane ,  les  baies  àl 
laurier  ^  la  myrrhe.  On  l'appelle  Thériaque  dcf 
pauvres ,  parce  qu'elle  fe  frit  à  peu  de  frais  ,  &z  en 
peu  de  tems.  Elle  eft  ptopre  contre  les  piquures 
àzs  bêtes  venimeufes  ,  contre  lepilepfie,  les  con 
vulfions ,  la  colique,  pour  fortifier  l'eftomac,  &. 
pour  exciter  les  mois  aux  femmes. 

Ce  njot  eft  Grec  ;  il  fignifie  ,  Compofition  de  qua 
tre  drogues. 
DIATHÊSE.  f.  f.  Biathefs.  Mot  Grec ,  ^^l^^ius,  qui  fi 
gnifie  affcttion  ,  difpofition  ou  conftitution  particu 
iière  de  I  homme ,  tar.t  naturelle  que  courte  nature. 
La  diathèfe  établit  le  genre  de  la  fanté  ik  de  la  ma 
ladie.Elles'étend  aulli  aux  caufesde  la  maladie,  à  fes 
fymptômes ,  &  même  à  la  difpofition  où  l'on  eft  de 
tomber  malade.  Col  de  Villars. 
DIATONIQUE,  adj.  m.  &c  f.  Eft  une  épithète  qu'on 
donne  à  la  Mufique  ordinaire ,  qui  procède  par  des 
tons  difFérens ,  (oit  en  montant ,  foit  en  defcendant. 
Diatonicus.  La  Mufique  fe  divife  par  les  Auteurs  en 
diatonique   ,  chromatique  &C  enharmonique  ,   In  dia- 
tonicam,  chromaticam^  enharmonicam.  La  Mufique 
diatonique  ne  contient  que  les  deux  tons  majeur  & 
mineur  ,  &  le  demi-ton  majeur.  La  Mufique  diato- 
nique ,  coinme  on  voit  par  ce  qui  vient  d'être  dit , 
eft  la  plus  naturelle  ,  &  par  conféquent  la  plus  an- 
cienne. On  appelle  genre  diatonique  ,  le  genre  qui 


Dî  A     Dï  B 

fait  le  caradlère  de  la  Mufique  diatonique.  Dans  la 
Mufique  riiatonique ,  il  y  a  un  ton  entre  toutes  les 
notes ,  hotmis  entre  mi  6:Ja  ,  &  entreyi  &  ut,  où  il 
n'y  a  qu'un  demi  -  ton  majeur.  On  dit  progrellioii 
diatonique.  La  progrefiion  diatonique  eit  celle  qui 
fait  procéder  le  ch.mt  par  les  degrés  fuccellifs  de  la 
voix  naturelle  ,  lelon  l'ordre  de  la  gamme  ,  ou  du 
fyftème  diatonique  parEiit.  Les  Italiens  ne  s'atta- 
chent pas  à  une  belle  Mufique  diatonique  ,  c'eft-à- 
dire ,  dont  le  fond  loit  de  tons  bien  pleins ,  bien 
nobles  Se  bien  fimples ,  félon  le  goût  des  Anciens 
imité  par  LuUi.  Entr.  sur  la  Mus. 

DIATONIQUEMENT.adv.Termede  Mufique.  Dia- 
toniibs.  Ce  mot  ie  dit  de  ce  qui  eft  compolé  dans  le 
genre  diatonique,  c'eft-à-dire,  félon  l'ordie  naturel 
des  fons. 

DIATRAGAC  \NTH.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie ,  qui 
fe  dit  de  quelques  poudres  dont  la  gomme  adra- 
ganth  fait  la  baie.  Il  y  a  la  poudre  de  diatragacantli 
Jroid  j  &  celle  de  diatragacanth  chaud.  La  poudre  de 
diatrag:cantkJroid,  eft  compofée  des  gommes  adra- 
ganth  Se  Arabique,  de  réglilfe,  d'amidon  ,  de  fe- 
mence  de  pavot  blanc  ,  &  des  quatre  grandes  lemcn- 
ces  froides.  Elle  eft  propre  pour  incralfer ,  Se  pour 
adoucir  les  humeurs  féreufes,  trop  acres  Se  trop  fub- 
tiles ,  qui  tombent  fur  la  pourine  ;  pour  modéterla 
toux  Se  pour  exciter  le  crachat.  La  poudre  de  dia~ 
tragacanth  chaud ^  eft  compofée  de  gomme  adra- 
ganrh ,  de  cannelle  ,  d'hyflbpc ,  de  pignons  ,  d'a- 
mandes ,  de  femences  de  lin  &  de  ienugrec  ,  de 
réglilfe  ,  de  fuc  de  réglilfe  Se  de  gingembre.  Elle  eft 
bonne  pour  l'afthme  ,  pour  exciter  le  crachat ,  pour 
fortifier  l'eftomac,  &  pour  aider  à  la  digeftion. 

3IATIIIBE.  f.  f.  Ce  mot  eft  emprunté  du  Latin  Dia- 
triba ,  qui  fignifie  dans  cette  langue  plufieurs  chofes, 
comme  Seète  ,  Académie  ,  alfemblée  de  Savans, 
Dilfertation,  &c.  Mais,  dans  notre  Langue,  on  nô 
s'en  eft  encore  fervi,  que  pour fignifier  Dilfertation. 
C'eft  dans  ce  fens  qu'il  eft  dit  dans  Moreri ,  au  mon 
Baronius  ,a^\Q  le  P.  Jule-Céfar  BouUenger ,  Jéluite, 
a  fait  une  Diatribe, conxxQ  les  exercitationsdeCafau- 
bon  ,  fur  les  Annales  de  ce  Cardinal.  C'eft  encore 
dans  ce  fens  que  M.  Dupin  dit ,  dans  fa  Bibliothèqua 
Eccléfiaftique  ,  que  Léo  Atlatius  a  fait  deux  Diatri^ 
bes  fépavées  des  Geotges  Se  des  Siméons.  Al'airtm- 
blée  fuivante  il  nous  apporta  une  ttès-favante  &C 
ncs-nhÇwïàc  Diatribe.  Huet.  'Vous  favez  que  le  P. 
Bouhours ,  pour  avoir  douté  fi  un  Allemand  pouvoir 
être  Bel-Elprit ,  fouleva  tous  les  Savans  du  Notd. 
Combien  de  Diatribes  ,  combien  de  harangues 
Académiques  pour  le  réfuter  !  Je  ne  changerois  pas 
mon  Arirtippe  pour  toutes  les  Mifcellanées,  Dia- 
trites  j  diveries  Leçons ,  Obfetvations ,  Animadver- 
fions ,  Emendations  ,  qui  ont  été  imprimées  à  Leyde 
Se  à  Francfort  depuis  cinquante  ans.  Balzac. 

DIAVOLI.  Petite  Ville  de  la  Macédoine ,  en  tirant 
vers  le  tac  d'Ocrida.  Elle  eft  ancienne,  de  les  Auteurs 
Latins  font  nommée  DUBALIS. 
je?  DIAZEIJXIS.  f  m.  Terme  de  l'ancienne  mufique 
Grecque.  C'étoit  le  ton  qui  féparoit  deux  tétracordes 
disjoints ,  &  qui ,  ajouté  à  l'un  des  deux  j  en  formoic 
le  diapente.  Dia:[eu.xis  fignifie  féparation. 

D  I  B. 

DIBAPTISTE.  f.  m.  Se  f.  Nom  de  Sede.  Hérétiques- 
Grecs  du  ÎX'.  fiècle ,  ainfi  nommés,  parce  qu'ils 
baptifoient  deux  fois.  Dibapt/fla.  En  cette  multitude 
(de  témoins  fubornés  par  Photius  contre  Ignace  P. 
C.  ;  il  y  avoit  des  perfonnes  de  toutes  fortes  de  con- 
ditions. Se  même  de  nouveaux  hérétiques,  que  l'on 
nommoit  Dihaptifles\  car  ils  avoient  ramairé  dans 
la  lie  du  peuple  tous  les  fcélérats  qu'ils  avoient  pu 
rencontrer  ,    pour    dépofer    contre    le    Patriarche. 

GODEAU- 

DIBEN.  Foyer  DTEBEN. 

DIRLA  ,   DIBLAÏM  ^  DIBLATHAÏM.  Foye^  DE- 

BLATHA. 
DIBON.  Nom  de  Ville.  Diion ,  de  l'Hébreu  poî.  Les 


DIB     DIC 

Septante  la  nomment  Aaioi!» ,  ôc  Aiô»».  C'ctolt  unej 
ville  ancienne  litiiée  à  l'Orient  du  Jourdain.  Elle  fut  I 
d'aboid  aux  Moabites,   comme  on  le  conclut  du  ' 
Livre  des  Nombres  XXI.  30.  Apparemment  qu'Us! 
en  croient  les  fondateurs;  car  on  ne  fait  pomt  qu'il 
V  eût  aucun  autre  peuple  avant  eux  dans  le  pays  qu'ils 
occupèrent.  Séhon,  Roi  des  Amorrhéens  Orientaux, 
!a  leur  enleva,  comme  ilparoit  par  le  même  endroit, 
&  par  Jof.  XIII.  9.  Ce  Roi  ayant  été  détait,  &  l'on 
Royaume  conquis  pat   les  Uraclites ,  la  Tribu  de 
Gad  &  celle  de  Ruben  la  demandèrent,  comme  un 
endroit  propre  à  nourrir  du  bétail.  Nombres  XXX III. 
3.  La  Tribu  de  Gad  la  rétablit.  Nombres  XXXII.  34. 
Enfuite  ils  la  cédèrent  à  la  Tribu  de  Ruben;  car 
Jofué  XIII.  17.  la  compte  parmi  les  villes  de  cette 
Tribu.  Peut-être  rérorma-t-il  les  partages  qui  n'a- 
voient  pas  été  alfez  également  faits;  ou  qu'il  n'y  eut 
point  de  partag3  avant  la  conqucre  entière  de  la 
terre  promife,  &c   que  les  Tributs  de  Gad  &  de 
Ruben  s'étoient  mifes  en  attendant  dans  les  premiè- 
res villes  où  elles  fe  trouvèrent.   Dibon   conhnoit 
avec  Medaba.  iof.  XIII.  o.  Elle  tut  coniidérable ,  au 
iîioms  dans  la  luite,  ayant  des  filles,  félon  le  lan- 
gage de  i'tcntUie,  c'elt-à-direj  d  autres  villes  fous 
elle.  1  lijdr.  XJ,  15.  Il  paroît  encore  par  le  même 
endroit  qu  elle  n'écoit  pas  éloignée  du  Jourdain  ,  & 
quap-cs  le  retour  de  la  captivité,  les  Juils  s'y  pla- 
cèrent. Haie  XV.  ^.).  marque  qu'elle  avou  des  eaux  , 
c  ell-à-dire  ,  qu'elle  étjit  liruée  fur  quelque  ruiileau, 
ou  iîir  quelque  torrent.  Les  Septante  au  même  en- 
droit l'appellent  Aei^  .>),  D'unon  ;  c'eft  une  faute  qui 
vient  de  l'ancien  caractère  Hébreu ,  dans  lequel  il  a 
été  facile  de  conlondie  le  mem  &C  ïe  beck.  f^^oye^  la 
DiiTertation  du  P.  Souciet  Jéfuite  fur  les  Médailles 
Hébraïques  Se  fur  les  premières  lettres  Hébr.iïques. 
Il  n'eft  donc  point  nécelîliire  de  donner  deux  noms  à 
cette  ville  avec  Adrichomius. 

La  même  faute  ell  arrivée  dans  le  nom  d'une  ville 
de  Juda  ,  qui  ie  nomme  Dimona  dans  Jof  XV.  ii. 
&  Dibon  ^  ou  Dibona,  dans  le  i'  Liv.  d'Efdr.  XI. 
2  5.  le  mem  rongé  a  pu  être  pris  dans  l'ancien  Hébreu 
pour  un  beth. 
DIBON-GAD.  C'efl;  la  ville  dont  nous  venons  de  par- 
ler ,  Dibon.  Dibon-Gad ,  ainlî  nommée  Nomb 
XXXIII.  46.  entre  Jeabarimj  &  Helmondebla- 
thaim. 

D  I  C. 


ffcT  piCASTES.  f.  m.  pi.  Minières  de  la  Déeffe  Dicé, 

qui  préiîdoit  aux  jugemens.  Voyei  DICE. 
DICÉ.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une  Divi- 
nité des  Grecs  j  Aik,.  Elle  étoit  fille  de  Jupiter  &  de 
Thémis^  Hefiode ,  Opéra  jy  v.  154.  Theog.  v.  901. 
tefpeftable  à  tous  les  Dieux,  Hefiod.  Opéra  ,  v.  155. 
Son  office  étoit  d'accufer  les  coupables  au  Tribunal 
de  Jupiter ,  Héfiod.  Op.  v.  z  5  7.  &  de  donner  de  bons 
fuccès  aux  entreprifes  des  hommes,  Héf.  Théog.  v. 
5104.  Z)ice  étoit  vierge,  Héf.  Op.  v.  154.  pour  mar- 
quer que  les  Juges  doivent  être  d'une  parfaite  inté- 
grité. On  la  faifoit  fille  de  Jupiter,  parce  qu'il  eft  le 
Roi  de  l'Univers,  &  le  Souverain  Légiflateur,  &:  de 
Thémis,  parce  qu'elle  eil  la  Déeffe  de  la  Juftice. 
Rhodigin  en  parle  Liv.  XXII.  C.  \6.  Tout  cela  étoit 
très-moral. 
f^T  DICELIES.  f.  f.  Sortes  de  farces  ou  de  fcènes 
libres     confervées    de    l'ancienne    Comédie.    On 
appeloit  Z)/ce/i/?eï  les  farceurs  qui  jouoient  ces  for- 
tes de  pièces.  Acad.  Fr. 
DICHOREb  ou  piTROCHEE.  f  m.  Terme  de  Pro- 
fodie  &  de  Poche  latine.  C'eft  un  pied  de  vers  com- 
pofé  de  deux  trochées j  c'eft-à-dire,  d'une  longue, 
une  brève  &  une  longue  &  une  brève  :  dbmme  Corn- 
prohare  ,  permanere  ,  &c.  Ce  mot  fe  trouve  dans  le 
Traité  des  Etudes  de  M.  Rollin,  de  l'édit.  de  173(5. 
t.  1.  p.  X2,6.  D'xhorcus. 
§3"DICHOTOME.  adj.  Terme  d'Aftronomie.  On  dit 
que  la  Lune  eft  dichotome  lorfque  l'on  voit  précifé- 
ment  la  moitié  de  fa  face  éclairée. 


y-L/ 


7 


DIC 

|IC?  Et  l'on  appelle  Dichotomie  ou  biflection.  f.  t» 
la  phafe  ou  apparence  de  la  lune,  dans  laquelle  elle 
eft  coupée  en  deux  j  de  forte  qu'on  ne  voit  que  la 
moitié  de  fon  dilque.  Il  fe  trouve  alors  un  arc  de 
près  de  90°  ou  d'un  quart  de  cercle  entre  la  Lune  &c 
le  loleil.  Du  mot  grec  qui  lignifie  couper. 

§CF  La  Dichotomie  eft  ce  qu'on  appelle  en  lan- 
gage vulgaire  le  commencement  du  premier  ou  du 
dernier  quartier. 
DICOFRir.  Ancien  nom  d'une  corvée  qui  étoit  en 
ulage  en  Bretagne ,  Hc  qu'un  ancien  titre  appelle 
Opus  dicojrit,  mais  lans  expliquer  en  quoi  elle  con- 
fiftoit.  l'oy  e~  le  IF  Tome  de  VHiJi.  de  Bret.  p.  24. 
DICROTE.  ou  recuirent.   adj.  Dicrotus  ^   recurrens. 
Terme  de  Médecine.  On  a  donné  ce  nom  à  une 
eipèce  de  pouls  inégal  qui  bat  deux  fois  dans  une 
même  pullation;  c'eft-à-dire,  qu'avanc  que  l'artèra 
foit  entièrement  dilatée  pour  finir  fa  pullation  ,  elle 
ie  retire  un  peu  &  rebat  dans  le  même  inftant,  com- 
me il  arrive  aux  marteaux  qui  font  repouifés  par 
l'enclume  lorfque  l'on  frappe  deiïiis.  On  pourroit 
àuc pouls  rebondijjant.  Ce  mot  eft  Grec,  ^i'«f«rw,  bis 
jericns ^  qui  bat  deux  fois.  Col  de  Villars. 
DICTAINO.  Voye-:{  DITTAINO. 
DICTAME  ,  ou  DICTAMNE.  f.  m.  Le  premier  eft  le 
plus  uhté.  Terme  de  Botanique,  qui  fe  dit  de  quel- 
ques plantes.  Z)a7a/«//j ,  diciamnum.  Il  y  a  le  vrai 
dictame,  qu'on  appelle  diclame  de  Crète,  parce  qu'il 
croît  en  l'ille  de  Crète,,  ou  de  Candie.  Il  jette  quan- 
tité de  tiges  entalfées,  &  couvertes  d'un  coton  fore 
&  très-touffu,  de  même  que  fes  feuilles,  qui  font 
rondes   &  épailles.   Ses   Heurs  font  d'une  couleur 
tirant  fur  le  pourpre,  &  femblables  aux  violettes, 
mais  d'un  violet  plus  clair.  Elles  paroilTent  dans  le 
fommet  des  tiges.  Sa  femence  fe  trouve  dans  le  calice 
de  la  (leur,  lorfqu'elle  eft  palfée.  Le  diclame  de  Crète 
aies  mêmes  propriétés  que  le  pouliot,  mais  il  eft 
plus  efficace  :  il  eft  bon  pour  provoquer  les  mois  aux 
femmes,  pouJ  faire  fortir  l'entant  mort  du  ventre, 
&  pour  mondiher  les  plaies.  On   prétend  aufli  qu'il 
fait  tomber  les  flèciies  qui  font  dans  le  corps,  &  que 
les  chèvres  de  Candie  en  étant  blelTées  ,  mangent  du 
diclame  pour  les  faire  fortir.  Voy.  Origan. 

Le  faux  diclame ,  ou  le  diclame  bâtard ,  eft  unB 
autre  forte  de  plante ,  dont  il  y  a  plufieurs  efpèces. 
Celle  qu'on  appelle  pfeudodiclamus  vertictllatus  ino~ 
dorus,  pouffe  des  verges  qui  font  en  plus  grand 
nombre,  plus  hautes  &:  plus  blanches  que  celle  du 
marrube:  Ses  feuilles  font  aulli  plus  ron  es  &  plus 
petitesj  femblables  à  celles  du  diciamede  Crère,  coton- 
nées  ,  moins  épailfes ,  d'une  odeur  foible ,  &  qui  n'eft 
point  défagréable.  Ses  fleurs  font  d'une  couleur  tirant 
fur  le  pourpre  ,  &  rangées  par  étage  entre  les  feuilles. 
Les  propriétés  du/ci//.v  d/ciame  (om  les  mêmes  que 
celles  du  vrai  ,  mais  beaucoup  plus  foibles.  On 
appelle  cette  plante  diclame,  ou  pfeudodiclamus  y 
parce  que  les  feuilles  de  l'efpèce  dont  on  vient  de 
parler  ont  du  rapport  à  celles  dn  ^/c7<7rwe  de  Crête. 
Le  diclame  blanc,  qu'on  nomme  auffi  diclam,e  com- 
mun ,  ou  diclame  des  boutiques ,  eft  une  plante  diffé- 
rente des  précédentes.  On  l'appelle  autiement/ra^i- 
nelie.  Foy.  Fraxinelle. 

Le  diàamie  étoit  très-eftimé  des  Anciens  pour  la 
guérifon  des  plaies.  Ce  furent  des  biches  bleirées 
qui  firent  connoître  la  propriété  de  cette  plante,  qui 
f^iifoit  tomber  les  flèches  dont  elles  étoient  percées, 
^rftt  qu'elles  en  a  voient  manpé.  Le  même  Pline,  L. 
VIII.  C.  17.  Cicéron ,  De  naturâ  Deor.  L.  II.  n.  i  x6, 
Virgile ,  Er.éid.  L.  XII.  v.  41 1.  Tertul.  De  Pœnit.  C. 
XI.  difent  la  même  chofe;  mais  Cicéron  ,  plus  cri- 
tique &  plus  fage  que  Pline,  dit  feulement  qu'on 
raconte.  Ariftote,  /..  De  Mirabilib.  Aufcult.  le  rap- 
porte des  chevreuils.  Virgile,  à  l'endroit  cité,  dit 
que  cette  plante  avoit  une  tige  d'où  fortoient  Ati 
feuilles  couvertes  d'une  efpèce  de  petit  duvet,  &: 
Diofcoride  convient  avec  Virgile,  quant  au  duvet 
des  feuilles.  Le  Poète  nioute  ,  que  les  fleurs  du  dicia^ 
me  font  purpurines  :  Diofcoride  &  Pline,  L.  XXV. 
c.  S.  difent  au  contraire  qu'il  n'a  ni  tronc  ou  tige,  ni 


3^8  DlC 

Heurs ,  ni  femence.  Cependant  Diofcoride  parie  peu" 
après  d'une  autre  elpèce  de  diclame  qui  a  une  tieiir  j 
noirâtre.  Matthiole  .S:  Daléchamp,  dans  fes  Noues! 
lur  Pluie,  L.  XXV.  c.  S.  prétendent  que  Diofcoride 
ne  dit  pas  que  le  diclame  ne  porte  point  de  Heurs , 
ni  de  (emenccs  :  à"  ê'iàtioi  «Vf  xapjro»  çtfn ,  mais  que  ni 
fa  Heur  m  fon  huit  ne  font  bons  à  rien,  »«  «.«.f  »'« 
xxfvo^ruu^tfit.  Pline  l'entend  de  même,  &  il  indi- 
que manifellement  auparavant  que  le  dtciainc  a  plus 
que  des  feuilles.  Il  en  diftmgue  trois  efpèces.  Le  vé- 
ritable diclame^  ou  la  première  efpèce,  n'a  que  de 
.petites  branthes  ;  il  eft  fcmblableau  pouliot,  chaud, 
acre  au  goûtj  fa  racine  eft  déliée  :  les  deux  autres 
efpèces  îont  de  faux  diciamts.  La  féconde  eft  aftez 
feinblable  à  la  première;  mais  elle  a  beaucoup 
moins  de  qualité.  La  troifième  n'en  a  ni  la  force,  m 
l'apparence. 

Le  diclame  pris  en  breuvage ,  dit  Pline,  challe  les 
flèches  j  &  autres  armes  des  plaies.  La  première 
efpèce  arrête  les  fuppurations  :  il  provoque  les  mois 
des  femmes  :  il  les  tait  délivrer  de  leur  fruit  mort , 
ou  quand  il  eft  de  travers.  Il  fert  auHi  à  frotter  &  à 
faite  des  fumigations.  La  féconde  efpèce,  ou  le  faux 
diclame,  a  les  mêmes  effets,  mais  moins  prompte- 
ment.  Tout  ceci  eft  de  Pline. 

DICTAMEN.  f  m.  Terme  Didadique.  Mouyement, 
fentiment  de  la  confcience.  Chacun  doit  luivre  le 
diciamen  de  fa  confcience.  S.  Evr.  Une  bonne  ac- 
tion devient  niauvaife,  fi  elle  eft  faite  contre  le  dic- 
tamenàt  la  confcience.  In.  /  oyei  Conscience. 

DICTAMO.  Ancienne  ville  de  l'Ifle  de  Crète,  qui 
donna  ïbn  nom  au  Diélame.  Diclamnum,  Diclynna. 
Cette  ville  étoit  apparemment  voifme  du  mont  Ida 
de  Crète,  car  le  Didlame  fe  trouvoit  fur  cette  mon- 
tagne. DiSamo  n'eft  aujourd'hui  qu'un  village  du 
Territoire  de  la  Canée ,  dans  l'Ifle  de  Candie. 

DICTATEUR,  f  m.  Magiftrat  Romain  créé  par  le  Sé- 
nat, ou  par  le  peuple,  en  des  temps  difficiles,  pour 
commander  pendant  lix  mois  tout  au  plus  :  il  avoit 
une  puilfance  abfolue  &  monatchique,  tant  que 
duroit  la  Didature.  Diclator.  On  prétend  que  ion 
pouvoir  étoit  plus  étendu  que  celui  des  Rois-.ilétoit 
arbitre  de  la  paix  &  de  la  guerre,  &  il  avoir  le  droit 
•de  vie  &  de  mort,  fans  appel  au  peuple.  T.  Lartius 
Flavus  fut  le  ^ï&mist  DuLueur  l'an  de  Rome  255. 
ou  félon  d'autres  içiî.  Foy.  les  Faftes  Confulaires. 
On  porcoit  14  haches  devant  le  Diclateur,  &  douze 
feulement  devant  le  Conful.  Sylla  fut  le  premier 
Diclateur  perpétuel;  Céfar  après  lui.  Après  Jules- 
Céfar,  il  n'y  a  plus  eu  de  Diclateurs.  Le  premier 
Z)/cZ^re«r  pris  du.  peuple  fut  Marcus  Rutilius,  l'an 
de  Rome  599. 

Denis  d'Halicarnafte  dit  que  ce  mot  vient  ab  cdi- 
4:endo,  parce  qu'ils  ordonnoient  6c  commandoient 
tout  ce  qu'ils  vouloient;  mais  Varron  veut  que  ce 
mot  foit  dérivé  de  ce  que  le  Conful  le  nommoit,  ce 
qui  s'appeloit  en  Latin  dicere.  Varron,  L.  IV.  De 
lin^.  Lai.  Diclator  a  Confule  dicebatur,  cujus  diclo 
audiences  omnes  ejfent. 

DICTATEUR.  Terme  de  Collège.  C'eft  le  nom  qu'on 
donne  à  celui  qui  a  la  première  place  :  il  eft  au-def- 
fus  de  ceux  qu'on  appelU  Empereurs,  &  qui  font 
erdinairement  les  premiers.  On  ne  peut-être  Dicla- 
leur  à:}ins  une  clalîe  j  qu'on  n'ait  été  plufieurs  fois 
Empereur. 

DiC"^ATEUR,  feditjdansle  ftyie  familier  &enplaifaii- 
t;  nt,  d'un  homme  qui  diète  à  un  autre  ce  qu'il  écrit. 
M.  Peliifon,  qui,  à  caufe  de  fes  mauvais  yeux, 
n'écrivoit  point,  mais  didtoit  tout  à  fon  Secrétaire  , 
difoit  agréablement  :  Je  fuis  Diclateur  perpétuel 
comme  Jules  Céfar;  &:  la  Fontaine  a  dit  à  MM  de 
Bouillon  : 

Vous  mette\  les  Ho! as  en  écoutant  VAuttur^ 
Vous  égale\  ce  Diélateur 
Qui  d'ihoit  tout  d'un  temps  à  quatre. 

DTCTATRICE.  f.  f.  Diclatrix.  Ce  mot  n'eft  point  en 
ufage  dans  i'Hiftoire,  en  parlant  de  la  femme  d'un 


D  IC 

Dicftateur;  comme  on  n'appcloit  ^o'int  Inipcïairice 
la  femme  d'un  Général  d'armée, /w/Jerafdr,  ni  Con- 
Jule,  ni  Tribune,  la  femme  d'un  Conful,  ou  d'un 
Tribun  ;  auHi  on  n'appeloit  point  Diclatrice  la  fem- 
me d'un  Diétateur.  Les  Auteurs  des  DivertilFemens 
de  Seaux  ont  employé  le  nom  de  Diclatrice  ^dans  un 
fens  particulier  &:  nouveau,  quand  ils  ont  parlé  de 
DiFuitricc  perpétuelle  de  l'Ordre  de  la  mouche  â 
miel.  Il  y  a  des  médailles  frappées  à  l'honneur  de  la 
Diclatrue  perpétuelle  de  cet  Ordre  :  peut-être  fera- 
ce  un  jour  une  occupation  &  un  grand  fujet  de 
dilfertation  pour  les  Antiquaires  futurs. 

DICTATURE,  f.  f.  Emploi  ,  dignité  de  Dictateur. 
Dicldtura.  Sylla  abufa  de  la  Diclature,  &l  ht  le  pre- 
mier appercevoir  aux  Romains,  que  c'étoit  une  ty- 
rannie, La  Diclature  fut  abolie  après  la  mort  de 
Céiar.  Voye\  Vigenère  de  la  Diclature  ,  Annot.fur 
litc-Live  ,  p.  1616  i^fuiv. 

Dictati;re  j  fe  dit ,  fîgurément ,  pour  fignifier  l'em- 
pire &  la  domination  que  quelqu'un  s'attribue  , 
ou  fur  les  chofes ,  ou  fur  les  efprits.  Dominium  ^ 
imperium ,  diclatura  quaji  perpétua.  Cet  orgueilleux 
Critique  vouloit  ufurper  dans  la  République  des 
Lettres  une  diclature  perpétuelle.  Balz. 

1)3"  En  Allemagne  J  dans  la  ville  où  fe  tient  la  diète 
de  l'Empire ,  on  donne  le  nom  de  diffiature  à  une 
affemblée  de  Secrétaires  de  la  légation  ,  ou  Cancel- 
liftes  des  différens  Princes  &  Etats ,  qui  fe  tienc 
dans  une  chambre  ,  au  milieu  de  laquelle  eft  élevé 
un  fiége  dcftiné  pour  le  Secréraire  de  légatitîn  de 
l'Eleèteur  de  ivlayence.  Ce  Secrétaire  diéfe  de  là  , 
aux  Secrétaires  de  légation  des  Princes  ,  les  mé- 
moires ,  adles,  proteftatiûns  &  autres  écrits  qui  ont 
été  portées  au  Direéloire  de  l'Empire,  &  ils  les 
écrivent  fous  fa  diéfée.  Encyc. 

DICTE.  Montagne  de  l'Ile  de  Ciète.  Dicle ,  Diclicus 
mons.  Le  mont  Diclé  étoit  dans  la  partie  orientale 
de  rile  ,  à  un  mille  du  mont  Ida.  Il  ne  faut  pas 
confondre  le  mont  Z)/c/eavec  le  mont  Dièfynnée, 
Diclynn&us ,  qui  étoit  dans  la  partie  occidentale  de 
l'Ile. 

DICTE,  f.  m.  Vieux  mot.  Dictum  ou  Sentence,  maxi- 
me de  fcience  ou  de  morale.  Dictum  ,  fentcntia , 
axioma. 

DICTEE,  f,  f.  Ce  qu'on  dide  pour  être  écrit  en  même 
temps  J  ou  pat  un  ou  par  plufieurs.  C'ert  ainfi  que 
les  Ecoliers  appellent  une  leçon  que  leurs  Maîtres 
leur  font  écrire  fous  eux.  Diclata.  Il  eft  venu  en 
clalfe  après  la  diclee.  Il  a  lailfé  en  blanc  ,  dans  its 
cahiers, de  la  place  pour  deux  diclees.  On  dit  qu'un 
Commis  écrit  bien  à  la  dicke  ,  ou  fous  la  dicle'e  ; 
pour  dire ,  qu'il  écrit  prornptement  &  exadlement 
ce  qu'on  dicte. 

DICTER.  V.  a.  Lire  ,  prononcer  à  haute  voix  &  pofé- 
ment  ce  qu'un  autre  écrit  en  même  temps.  Diclare. 
Un  ProfeHeur  dicle  fa  leçon  de  Philofophie  avant 
que  de  l'expliquer.  Un  teftament  eft  nul ,  s'il  n'eft: 
diclé  Se  nommé  par  un  Teftateur  ,  lu  &  relu  par 
le  Notaire  ,  &  s'il  n'en  eft  fait  mention  dans 
l'aéle. 

Mon  valet  écrivant  ce  que  j'aurais  diété  , 
Ferait  un  livre  entier  marchant  à  man  côté. 

BoiLEAW. 

On  le  dit  à-peu-près  dans  la  même  acception  pour 
fuggérer  à  quelqu'un  ce  qu'il  doit  dire  ou  répondre. 
On  lui  a  t//f7e  toutes  fes  repon fes. 
Dicter,  fignifie  aufti,  prefcrire.  Dicleràss  lois, Dicler 
des  ordres." 

Telle  eft  la  Lai  des  Dieux  à  man  Père  didée. 

Racinï. 

Xoa/i-  plus  glorieux  &  plus  grand  que  jamais  j 

S'eftja/t  voir  à  toute  la  terre 
Aujfi  jufte  en  didant  la  paix  , 

Que  redoutable  dans  la  guerre.  Pavillon. 

Dicter  ^ 


D  I  C 

JDicTER  ,  fe  dir,  hgiirément  ,  dans  la  figiiification 
d  infpirer,  des  mouvemensde  l'ame  qui  nous  pouf- 
fent d  faire  quelque  choie.  Le  refpe6t  &  l'obéif- 
fance  envers  les  pères  &  nières  nous  ont  été  diclcs 
par  la  nature.  Voilà  un  railonnemcnt  que  le  limple 
fens  comniun  nous  diàc.  M*  Dacier.  Le  bonfens, 
la  raifoiî   nous  diclent  tout  cela. 

Dicté,  ée.  part. 

DICTION,  ff.  Mot  d'une  langue.  Z)icZ/o.  Cette  dic- 
tion n'ell:  pas  Françoife ,  elle  eît  barbare.  On  dit 
mieux  ce  mot  ou  terme. 

Diction  ,  fedit  proprement  de  la  manière  de  s'expri- 
mer ^  de  la  partie  du  llyle  qui  regarde  le  choix  & 
l'arrangement  des  mots,  f-^oy.  ilyle  S>c  élocution.  Cet 
Auteur  a  la  diClion  pure  ,  cléganre.  La  diclioii  de 
l'Orateur  doit  ctre  pure  ,  propre  à  fon  lujet ,  riche  j 
ornée  fans  fard  ,  forte  iSc  ferrée  fans  fécherefle  ,  & 
convenable  .i  celui  qui  parle  ,  au  temps ,  au  lieu  &; 
aux  auditeurs.  S.  Evr,  L^idicîionàn  Pocte  ,  de  l'O- 
rateur, de  l'Hiftorien  ,  du  Philofophe  ,  &c.  ne  doit 
pas  être  la  même  ;  mais  elle  doit  dans  tous  avoir 
les  mêmes  qualités  :  elle  doit  être  claire ,  pure  ,  élé- 
gante &  affortie  au  fujet  que  l'on  traite. 

|ccr  DICTIONNAIRE,  f.  m.  du  Latin  ,  dulio  ,  mot , 
expreilion.  Dicîionanum ,  diciionarius  liber ,  index 
yocahulorum.  C'cft  ainfi  qu'on  app>e!le  un  recueil  de 
tous  les  mots  d'une  langue  diftribués  par  ordre  al- 
phabétique ,  avec  des  définitions  5c  des  explications 
qui  diftinguent  &C  développent  le  caraétère  propre 
de  chaque  mot.  Diclionnaire  François,  Grec,  La- 
tin j   Italien  ,  &c. 

§CF  On  le  dit  même  des  recueils  faits  par  ordre 
alphabétique  fur  des  objets  particuliers  ,  fur  de 
matières  de  poëlie  ,  d'hiftoire^  de  géographie, 
de  commerce  ,  &:c.  Diclionnaire  poétique  ,  hifto- 
rique  ,  géographique  ,  de  commerce  ,  de  marine , 
de  rimes  ,  &c. 

ff3"  Il  y  a  auiîl  des  di^ionnalres  raifoiiHés  des 
fciences  ,  des  arts  ^  &  des  métiers. 

^C?  Le  public  eft  aujourd'hui  inondé  de  dic- 
tionnaires donc  plulîeurs  ne  valent  pas  la  peine 
d'être  nommés.  Il  femble  qu'on  ait  envie  de  ré- 
duire fous  cette  torme  toutes  les  fciences  &  tous 
les  arts.  Bayle  dit  que  les  diclionnaires  font  une  voie 
abrégée  pour  devenir  favans  à  peu  de  frais  :  c'eft  au 
moins  un  fort  bon  moyen  pour  le  paroître.  Les 
diclionnaires  font  fur-tout  utiles  aux  efprits  iuperlî- 
ciels  &  parefleux. 

\fT  ^I.  d'Alembert  nous  a  tracé  le  plan  d'un 
dicUennaire  vraiment  utile  ,  mais  très- difficile  à 
exécuter. 

fC?  On  ne  doit  pas  regarder  comme  abfolument 
fynonymes  les  mots  de  diclionnaire  ,  vocabulaire  & 
glojjaire.  Voye-^  aux  articles  particuliets  le  carac- 
tère propre  de  ces  mots. 

DICTION  ARISTE.  f.  m.  Auteur  d'un  Diélionnaire. 
La  fin  que  fe  doivent  propofer  les  GlofTographes  ou 
Diclionnariftes  j  eft  de  donner  l'intelligence  des 
Auteurs  qu'ils  allèguent  j  à  quoi  ils  ne  peuvent 
parvenir,  qu'en  expliquant  exaéiement  leursparolcs. 
Valesiana. 

DICTON,  f.  m.  C'eft  un  proverbe  ou  une  fentence 
commune ,  &  qui  eft  dans  la  bouche  de  tout  le 
monde.  Diclonell  vieux  en  ce  fens  ,  &  ne  peut  plus, 
avoir  d'ufage  que  dans  le  comique  &  dans  le  bur- 
lefque.  Diilum ,  proverbium.  Il  y  a  là-dedans  des 
Uiclons  alftz  jolis.  Mol. 

.     Du  Confeiller  Mathieu ,  l'Ouvrage  eft  de  valeur. 
Et  plein  de  beaux  diétons  à  réciter  par  cœur. 
i  Molière. 

On  volt  bien  par  de  tels  diâons 
Que  la  fige  (je  de  nos  Pères  , 
Sans  nous  embarrajfer  de  maximes  fe'vèrcs  , 
Nous  faifoic  ces  belles  leçons. 

Mlle.L'HÉRITIER. 

Dicton  ,  en  ftyle  familier  &  populaire  ,  eft  aufli  une 
Tome  m. 


DI G     D  I  b 


31^ 


raillerie  ,  ou  un  mot  plaifant  &  piquant  .contr*; 
Qni:\c\\inn.  Dictum.  Icpidum 3  /ocus.  Ce  Satyrique  ne 
lailfe  palFer  perfonne  qui  n'ait  fon  diclon.  Ce  mot 
en  Bas-Breton  [v^^iwho  proverbe. 

§3"  DICTUM.  f.  m.  La  partie  de  la  fentehce  ou  de 
l'arrêt  qui  contient  C'^  que  le  Juge  prononce  oC 
ordonne  qu'on  nomme  autrement  dilpofitif.  Ad- 
verjaria  arrefiorum  &  fententiaruni.  On  Vappeloic 
autrelois  le  bref.  On  a  mis  le  dicium  de  la  fentenca 
au  Greffe  ,  il  n'y  a  plus  qu'à  taire  ligiùfier  das 
qualités.  Les  Juges  nefignentik:  ne  mettent  au  Greffe 
que  le  diclum  de  leurs  jugemens,  les  Greffiers  dref- 
fent  le  vu  fur  les  pièces  du  procès.  Dans  le  temps 
que  les  jugemens  fe  rendoient  en  Latin  ,  le  difpo- 
iuif  commençoit  par  ces  mots.  Diclum  juit  per 
arreflum  curi*.,  &c. 

DICTYNNE.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nymphe 
de  rile  de  Crête.  Diclinna.  L'Antiquité  a  attribue 
à  la  Nymphe  Z)A'()v;/2t;  l'invention  des  rets,  ou  fi- 
lets propres  à  la  chalfe  ;  &  c'eft  de- là  que  Ion  nom 
lui  fut  donné  ,  car  àU-wi  en  Grec  fignifie  un 
rets  ,  Rete.  La  Nymphe  Diclinne  fut  fi  amie  de 
Diane  ,  que  les  Poètes  les  conlondent  en  quelque 
forte ,  ou  du  moins  qu'ils  donnent  quelquefois  à 
Diane  le  nom  de  Diclynne.  D'autres  dilent  que 
Diclynne ,  ayant  excité  la  paffion  de  Minos  ,  &  ne 
pouvant  éviter  autrement  les  pouriuites ,  fé  jeta  du 
haut  d'un  rocher  dans  la  mer  ,  &  qu'elle  tomba 
dans  un  filet  de  pêcheur,  d'où  lui  vint  fon  nom. 
Voye'^  Antoniniis  Liberalis  j  L.  XI.  Quoi  qu'il  en 
foit ,  avant  que  de  s'appeler  Diclynne  ,  elle  fe 
nommoir  Britomartis.  Voye\  ce  mot ,  &  Héfy- 
chius.  Les  Eginetes  l'appeloient  Aphea  ,  A'4;«<a. 
Callimaque,  dans  l'hymne  qu'il  a  fait  à  l'honneuc 
de  Diane  ,  dit  que  le  rocher ,  ou  la  montagne , 
d'où  Britomartis  fe  précipita  ,  étoit  le  mont  Diété  , 
d'où  il  s'enfuit  que  c'eft  de- là  que  lui  vint  le  nom 
de  Diclynne.  Strabon ,  L.  X.  dit  que  plufieurs  re- 
jetoient  ce  fentiment  de  Callimaque  ,  parce  que  -^ 
Britomartis  étoic  appelée  Diclynne  par  les  Cydo- 
niates,  qui  étoient  fort  éloignés  du  mont  Diâé. 
Mais  Vollius  répond  que  ce  n'étoient  pas  les  Cy- 
doniates  feuls  ,  mais  tous  les  Cretois ,  qui  don- 
noient  ce  nom  à  Britomartis  ;  &  que  ,  quand  on 
dit  que  c'étoiént  les  Cydoniates ,  c'eft  une  fynec- 
doche  :-on  prend  la  patrie  pour  le  tout.  Vollius  ré- 
fute encore  Diodore  de  Sicile  fur  ce  que  nous  avons 
rapporté  après  lui  de  Minos.  Voye\  Voff.  De  IdoL 
L.  I.  C.   17.  à  la  fin. 

DicTYNNE.  Diclynna  eft  auffi  le  nom  d'une  ancienne 
ville  de  Crète  fituée  dans  la  partie  orientale  dé 
l'Ile  ,  &  appelée  autrement  Dïélamme,  aujourd'hui 
Dictamo.  Voye-{  Dictamo. 

La  montagne  de  Diclynne  ,  ou  Diclynnéc  ,  eft 
une  montagne  de  l'Ile  de  Crète  ,  différente  de 
celle  qu'on  nommoit  Diéle  ,  bu  Diéfa,  fituée  dans 
la  patrie  orientale  de  l'Ile  ,  près  de  la  ville  de 
Didynne ,  qui  lui  donnoic  fon  nom  ,  Diclynn&us 
mons  3  aufti-bien  qu'à  un  Promontoire,  ou  Cap  , 
appelé  le  Promotoirc  de  Diclynne^  cii  Latin  Uic- 
tynn&ùm  Promontorium, 

D  I  D. 

fia-  DIDACTIQUE,  adj.  de  t.  g.  du  Grec  Mchku,  j'en- 
feigne.  On  le  dit  de  la  manière  dont  on  fe  fertpouc 
enfeigner  ,  pour  expliquer  les  chofes.  Ad  doccn- 
dum  aptus.  Ordre  didaclique.  rerrrie  didaclicjue.  Il  y 
a  des  termes  qui  ne  font  d'ufage  que  dans  le  genre 
didaclique  ,  &  lubftantivement ,  dans  le  didactique  3 
c'eft-à-dire  ,  dans  les  matières  où  l'on  n'a  pour 
but  que  d'inftruire.  Je  donnerai  le  prix  du  Pocme 
didaclique  à  Virgile  fur  Héfiode.  Hu£t. 

Loin  ces  rimcurs  craintifs  dont  l'efprit  phlegmatiqug. 
Garde   dans  fes  Jureurs  un  ordre   didadlique.  , 

BoiLEAui 
^fT  C'eil:  encore  un  fubftantif  féminin.  La  ^i-*   '    ' 
daàique  ^  pour  dire  l'art  d'cnfeigner. 

Tt 


^^o  D  I  D 

UIDAQUE,  ou  DIDACE.  Mr.  Balllet  Hic  le  fécond  : 
le  premier  eft  le  plus  en  ufage.  f.m.&nom  d'hoinm^'. 
Dldacus,  Dldaque  eft  la  même  choie  que  Diego 
en  Caftillaii.  Didaque  Alvarez  ,  &  non  pas  Diduct 
Alvarez  ,  fur  un  grand  maure  de  la  vie  fpuituelle. 
Saint  Didace ,  que  le  Vulgaire  appelle  Diego  ,  dans 
la  Caftille  ,  Jaune  dans  l'Aragon  j  &  qui  n'eil 
autre  chofe  que  le  nom  de  J^c^a^j.  Baillet  ,  13^ 
Nov. 

DIDASCALE.  f  m.  Dodeur  ,  qui  enfeigne.  Du  Grec 
^i^asKa  j  doceo.  On  avoïc  choiii  pour  dilputer  avec 
Anfelme  ,  Evcque  d'Avelberg  en  BalIe-Saxe  ,  Nc- 
chitès  ,  Archevêque  de  Nicomédie  ,  b  principal 
des  douze  Didjfcales  ,  ou  Dodeurs ,  qui  gouver- 
noient  les  études  ,  &  croient  conùilcés  lut  Us  quel- 
tions  difficiles.  Fleury. 

DIDEAU.  f.  m.  Terme  de  Pêche.  C  eft  un  grand  filet 
qui  fert  à  barrer  les  rivières  pour  arrêter  tout  ce  qui 
p3.((e.  Reds  genus  totum  fiumcn.  trajicicns.  Au  puni 
de  S.  Cloud  il  y  a  un  grand  d'ipéca  fufpendupardes 
potences  &  des  poulies  ,  qu'on  tend  &  qu'on  lâche 
dans  certaines  occahons. 

DIDEMAIRE.  f  m.  Efpèce  de  Jongleur  &  de  Char- 
latan chez  les  Anciens.  Dïdcmarius.  On  trouve  ce 
mot  dans  Commodien  ,  De  fimulacris  Deorum. 
C'étoienc ,  dit-il,  des  gens  qui  contrefaifoient  les 
Furies ,  &  qui  fe  déchuoienc  le  cotps  devant  k 
peuple ,  pour  le  tromper.  Quelques-uns  croient  que 
c'étoienc  des  Prêtres  de  Cybèle,  ainfi  appelés  poui 
Dindymarii ,  parce  que  Cybèle  étoic  nommé  Dm- 
dymène ,  du  monc  Dindyme  en  Phrygie.  On  les 
appeloit  aufli  Corybances  &  Galles.  F^oyei  ces 
mots. 

DIDIA.  Nom  d'une  famille  Romaine.  Didia  gens. 
On  ne  fait  fi  la  famille  Didia  étoit  patricienne  , 
ou  plébéienne.  Patin.  Les  médailles  de  la  famille 
Didia  ne  fonc  pas  communes.  Les  médailles  por- 
tent Deidius  ,  ou   Didius. 

DIDIER ,  ou  DIZIER.  f.  m.  ^  nom  d'homme.  De- 
Jiderius.  S.  Didier  étoit  un  pauvre  Paylan  d'un  vil- 
lage près  de  Gènes  en  Italie.  On  dit  que  le  peuple 
de  Langres  fut  infpiré  de  l'aller  tirer  de  la  charrue 
pour  en  faire  fon  Evcque  ,  &  que  ,  d'ignorant 
qu'il  étoit  j  il  devint  tout-d'un-coup  tiès-habile.  Il 
prit  l'Evêché  ,  &  ,  après  s'être  acquitté  de  tous  fes 
devoirs  en  homme  vraiment  Apoftolique,  il  four- 
frit  le  martyre  lous  l'Empire  d'Hononus  ,  dans  la 
perfécution  des  Vandales.  Quelques-uns  difent  que 
ce  fut  au  IIP  fiècle,  fous  Galien  j  &  d'autres  au 
IVe.  Warner  a  imprimé  &  retranché  les  Aétes  de 
S.  Didier.  Il  y  a  encore  un  S.  Didier  ^  Achevèque 
de  Vienne  ,  fur  la  fin  du  Vie  fiècle  :  il  mourut  en 
608.  Voye-:^  Chaftelain  ,  Mart.  T.  I.  p.  614.  un 
S.  Didier  ,  Evêque  de  Cahors,  dans  le  VII®  liêcle- 
un  Didier  Lombard  y  Doéteur  en  Sorbonne  au  XlIIe 
fiècle.  Le  dernier  Roi  des  Lombards  j  qui  fe  fit  élire 
en  7  5  5.  &  fut  pris  par  Charlemagne  dans  Pavie  en 
764.  s'appeloit  aufli  Didier. 

Ce  mot  s'eft  formé  du  Latin  par  corruption  , 
Defiderius  ,  Déjîdier  ,  Diedier  j  Didier  &  Di~icr  : 
ce  nom  fe  dit  différemment  en  ditférens  lieux. 
Ordinairement  on  dit  Didier-,  en  Champagne  plus 
communément  Didier:,  en  Languedoc  &  en  Italie, 
De^ery  &  Dre~ery  ;  aux  Pays-Bas  ,  Défie.  Baillei. 
On  a  mêmi   dit  Ge'ry.  yoye:{  ce  nom. 

DIDIUS  JULIANUS.  f.  m.  C'eft  ainfi  qu'on  nomme 
un  Empereur  Romain  qui  gouverna  l'Empire  à  la 
fin  du  II*  fiècle  de  Jesus-Christ.  ,  &  qui  fuccéda 
d  Pertinax.  Comme  il  ne  faut  point  dire  en  Fran- 
çois Julianus  quand  on  parle  de  Julien  l'Apoftat, 
il  fant  conferver  ces  noms  Latins  dans  notre  lan- 
gue ,  &  ne  point  dire  Julien ,  quand  il  s'agit  de 
cet  Empereur-ci.  Les  Didius  Julianus  fom  uèsra.\e^ 
en  or  &  en  argent ,  &  même  en  moyen  bronze  & 
en  petit  bronze.  J'ai  le  plus  beau  Didius  Julianus 
qui  foit  à  Paris.  Didius  Julianui  écoit  de  Milan  , 
lils  de  Didius  Severus ,  &  de  Clara  /Emilia.  Ayant 
acheté  l'Empire,  des  foldats,  après  la_mort  de  Per- 
tinax ,  &  ne  pouvant  payer  la  fomme  qu'il  en  avoit 


D  I  D 

promlfe,  11  fut  mis  à  mort  deux  mois  5i  cinq 
jours  après  fon  éleétion  ,  le  1^*  Septembre  de  l'an 
iç)3.  y  oye-:[^  Sparnen  ,  Aurelius  Vitlor  &:  Dion.  Il 
s'appela  Marcus  Salvius  i)everus  Commodus  Didius 
Julianus. 
DIDON.  f.  f.  Nom  de  femme  ,  Dido  Didus ,  ou 
Didonis  au  génitif.  Didon  i\M  hlledeBeluslI.  Roi 
des  Tyriens ,  appelé  autrement  Métrés.  Elle  époufa 
en  premières  noces  un  Prêtre  d'Hercule  ,  nommé 
Sichée.  Sichée  écoit  fort  riche.  Pygmalion,  frère  de 
Didon  ,  pour  fe  rendre  maître  des  tréfors  de  fon 
beau- fière  Sichée  ,  le  tua  une  nuit. -D/^o«  ,  aver- 
tie de  ce  meurtre  dans  un  fonge  ,  rallembla  ce 
qu'elle  put  trouver  d'ennemis  de  Pygmalion  ,  & 
ayant  tire  de  terre  les  ttéfors  de  fon  mari  ,  s'em- 
barqua avec  eux  la  nuit  pour  fuir  la  tyrannie  de  foH 
frère  ,  &  vint  furgir  à  la  côte  d'Afrique  ,  à  l'en- 
droit où  eft  aujourd'hui  le  Royaume  de  Tunis  , 
un  peu  à  l'occident  de  l'endroit  où  eft  la  ville  de 
Tunis.  Elle  y  acheta  autant  de  terre  que  le  cuir  d'un 
bœuf  en  pouvoir  entourer.  Virg.  Enéide  ^  L.  l.  v. 
^ji.  Silius  Icalicus  J  L.  1.  v.  24.  Ayant  coupé  le 
cuir  d'un  bœuf  en  une  aiguillette  ,  ou  en  une  bande 
très-peu  larg|e  ,  mais  fort  longue,  elle  entoura  un 
grand  efpace  de  terrein  ,  où  elle  bâtit  une  ville  j 
dont  on  montre  encore  les  ruines  fur  la  côte  du 
Royaume  de  Tunis  à  rembouchure  du  Magrada , 
un  peu  plus  au  midi  que  le  Porto  Farina  :  elle 
nomma  fa  nouvelle  ville  Carthage  ,  &  la  citadelle 
Byrfa. 

Jcfeph  ,  dans  fon  premier  livre  contre  Appion  , 
dit  que  ce  fut  144  ans  après  la  fondation  du  Temple 
de  Salomon  ^  &  par  conféquent ,  près  de  deux  cens 
ans  plutôt  que  Ve!leius  Faterculus  ne  place  cet  évé- 
nement J  mais  toujours  près  de  400  ans  plus  tard 
que  Virgile  ne  l'a  feint  dans  Ion  Enéide.  Jofeph 
paroît  plus  croyable  que  Paterculus.  Il  cite  fur  cela 
les  Annales  des  Tyriens  &  Ménandred'hphèfe,  d'où 
il  a  tiré  ce  qu'il  avance.  Aufîi  le  P.  Pétau  ,  le  P. 
Salien  ,  &:c.  fuivenc  Jofeph.  Bien  des  Savans 
croienc  que  Didon  ne  bâtit  que  la  citadelle  ap- 
pelée Byrfa,  autour  de  laquelle  ,  dans  la  fuite  des 
temps ,  fe  conftruific  la  ville  qu'on  nomma  Car- 
thage. larbas.  Roi  de  Gétulie ,  demanda  Didon 
en  mariage  ;  &  ,  comme  elle  le  refufa ,  il  lui 
déclara  la  guerre,  &  fe  mit  en  devoir  de  l'y  forcer 
par  les  armes.  Pour  l'éviter,  Didon  fe  tua  elle- 
même  ,  aimant  mieux  mourir  que  de  violer  ou 
de  partager  par  des  fécondes  noces  l'amour  qu'elle 
avoit  pour  Sichée.  C'eft  cette  mort  qui  a  donné 
lieu  à  Virgile  de  feindre  ,  par  un  anachronifmede 
plufieurs  fiècles  ,  qu'elle  s'étoit  tuée  j  parce  qu'Enée 
l'abandonna  après  l'avoir  époufée.  Sur  quoi  Aufone 
a  fait  cette  épitaphe  de  Didon. 

Infelix  Dido ,  nuUi  hene  nupta  marito  '• 
Hoc  pereunte  fugis  j  hoc  jugientc  péris. 

ÇCT  Qui  a  été  heureufement  rendue  par  les  vers 
fuivans  ,  malgré  la  faute  qui  fe  trouve  dans  1« 
premier. 

Pauvre  Didon  ,  où  t'a  réduite 
De  tes  maris  le  trijlejort! 
L'un  en  mourant  caufe  ta  fuite  y 
D  autre  enfuyant  caufe  ta  mort. 

Ce  nom  Didon  vient  du  Phénicien  ^)^ ,  dilecluSy 
nm  d'decla.  Servius  dit  que  Didon ,  en  Phénicien  , 
fignifie  virago.   L'Etymolo'Jifte  &  Phavorius  l'in- 


uis 


terprètent  errante  j  vagabonde  ;  &  Eullath.—  , 
dans  fes  Notes  fur  Denis  le  Géographe,  v.  195. 
A'»J)»!p<j»«!- ,   Homicide. 

Didon  fut  aufti   appelée   Elize ,  Eli^a  j    &   fut 

honorée  à  Carthage  comme  une  DéeiTe  .,  ainfi  que 

le  témoignent  Juftin  &  Paterculus.  Confuitez  P^ojf. 

de  Idol.  L.  I.  c.  j  z.  yC.  1 14. 

DiooN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Il  y  a  un  Didon  ,  Eve- 


D  I  D 

que  de  Poitiers  ;  &  un  autre,  Evcque  de  Châlons, 
dans  le  VI=  liée  le. 

§Cr  DIDORON.  f.  m.  Terme  d'Hiltoire  Ancienne. 
Mefure  de  longueur  chez  les  Grecs.  Elle  étoit  de 
dix-huit  pouces.  Encyc. 

DIDRAGME  ,  ou  DIDRACME.  f.  m.  Pièce  de  mon- 
noie  des  anciens  Grecs ,  qui  pefoic  deux  diagmes  ; 
double  dragme.  Didrachmu.  Le  didruame  ,  chez  les 
Hébreux  ,  éioit  le  demi-ficle  ,  qui  peioit  deux  drag- 
mes  Actiques.  Vefpalien  ordonna  que  tous  les  Juits 
de  l'Empire  paieroient  j  à  l'avenir  j  au  Capirole  , 
les  deux  dragmes  qu'ils  avoient  accoutumé  de 
payer  tous  les  ans  au  temple  de  Jéiulalem.  Origène 
dit  que  de  fon  temps  ,  ils  payoïent  encore  le 
aidragme  aux  Romains.  Tillem.  En  luppolanc  l'ar- 
gent à  5 1  livres  le  marc ,  le  didragme  Hébreu  va- 
loir environ  i8  fous  7  deniers.  f^oy£~  au  mot 
Dragme  ,  ou  Dracme. 

DIÛYJVIE.  f.  m.  Nom  d'homme  ,  gui  fignifie  Jumeau. 
Dïdymus.  C'eft  la  même  choie  que  Thomas  en 
Hébreu  ,  comme  S.  Jean  le  témoigne,  C.  XI.  v.  \G. 
ëc  C.  XX.  V.  14.  &c  en  etla  n'ain  ,  Gen.  XXV. 
24.  lignifie  des  Jumeaux.  Sur  cela  Thomas  ,  (  c'eft- 
à-dire,  Didyme)  dit  aux  autres  difciples:  Allons-y, 
nous  ,  afin  de  mourir  avec  lui.  Bouh.  Didyme^ 
Grammairien  d'Alexandrie  ,  h  laborieux  &  fi  ap- 
pliqué à  l'étude  ,  qu'on  le  nomma  %ccXkï>ti(cç  ^  tn- 
traUies  d'airain  ,  &  arsv^jpW,  Le  Lahorieu.y  ,  compofa 
tant  de  livres  ,  qu'on  l'appeloit  encore  EioA«îA«ô),f, 
comme  s'il  en  eût  ignoré  le  nombre.  Il  vécut  juf- 
qu'au  temps  d'Augulle.  Un  autre  Didyme  d'Alexan- 
drie ,  tout  aveugle  qu'il  étoit  dès  fa  jeuneire  ,  fe 
rendit  célèbre  au  IV«  fiècle  par  fon  habileté  & 
par  l'intelligence  de  l'Ecriture. 

DiDYMt,  furnoni  que  Pindare  donne  à  Diane,  pour 
marquer  qu'elle  étoit  fœur  jumelle  d'Apollon.  Di- 
dyme eft  au!]:  le  nom  d'une  des  Illes  Cyclades  jdans 
l'Archipel,  où  Apollon  avoir  un  oracle.  Ai'(Ju,«<if  ^  Ju- 
meau. Apollon  avoir  un  Oracle  à  Didyme. 

DIDYMES.  f.  m.&pl.  Didymi.  Jumeaux.  Les  Anciens 
Anatomiftes  ont  donné  ce  nom  aux  cellicules.  Wins- 

LOW. 

D  I  E 

D I  E.  Ville  de  Dauphiné.  Dia ,  Dia  Augujîa  ,  Dia 
yocondorum,  DeaAuguJla  ,  Dea  Vocontiorum.  Elle 
eft  fituée  dans  les  montagnes  ,  fur  la  rivière  de 
Drome.  Die  a  un  Evèché  fufFragant  de  Vienne.  Die 
ctoit  autrefois  une  des  dix  neut  villes  des  Vocon- 
tiens.  Augurte  la  fit  enfuite  Colonie  Romaine  ,  &c 
elle  prit  le  nom  de  Dia  Jugufta.  Son  nom  Dia 
quieti  celui  d'une  Divinité  payenne  ,  adorée  en  quel 
ques  endroits  de  Grèce,  comme  à  Sicyone ,  fait 
juger  aux  Savans  qu'elle  eft  originairement  ville 
Grecque,  comme  Marfeille  ;  c'eft-à-dire  ,  qu'elle 
a  été  bâtie  par  les  Grecs  \  &  GalTendi ,  dans  la  vie 
de  M.  Peirefc  ,  croit  que  ce  font  les  Phocéens.  Mais 
Dia  étoit  aullî  honorée  à  Rome.  T^oy.  ci-delfus 
DiA.  D'autres  conj^éturent  que  la  ville  Aq  Die  îni 
nommée  Dea,  ou  Diaàs  Livie,  femme  d'Augufte  , 
qui  fut  mife  au  nombre  des  Dieux  ,  &  à  laquelle 
elle  fut  confacrée.  Ils  appuient  leur  conjeélure  fur 
un  marbre  antique  dont  l'infcriptiou  eft  LIVIAE 
AVG.  DEAE  MVNICIPIVM  ,  &  fur  ce  qu'une  au- 
tre ville  des  Vocontiens  fut  dédiée  à  Augufte  fous 
le  titre  de  Lucus  Augufli.  Dans  les  vieilles  notices , 
elle  eftcomptée  la  cinquième  des  14  villes  de  la 
Province  Viennoife  ,  &  elle  eft  appelée  Deenfium 
Civitas.  On  prétend  que  fon  Evèché  fut  établi  par 
S.  Martius  vers  l'an  xio.  Il  fut  uni  à  celui  de  Va 
lenceen  1176,  &  en  fut  féparé  en  1688.  Foye^ 
Valois,  Nor.  Gall.  Ses  habitans  &  fon  territoire 
s'appellent  les  Diois ,  &  le  Diois  Long,  iz  d.  58' 
ht.  44  d.  44'. 
DIE.  Nom  d'homme.  Deodatus  ,  Theodatus  ,  T/ieu- 
dates.S.  Die  ,  autrement  Déodat,  ou  Dieudonné, 
ctoit  Evêque  de  Nevers  dans  le  VIF  fiècle.  Bailler 
écrit  aulli  Diei.  Foyei:i\i.XlX.^  jour  de  Juin  ,  pag. 


DIE  5  3  f 

197.  s.  Die  de  Blaifois.  Chast.  Mart,  T.I ,p.  534. 
A  Lagny  j  au  Diocefe  de  Paris ,  S.  Dié ,  Confelîeur. 
Id.  5.  tév.  p.  506. 

DIEliEN,  prononcez  DIBEN.  Petite  ville  d'Allema- 
gne, litueeiurla  Mulde  ,  dans  le  Duché  ce  Saxe, 
aux  confins  de  la  Mifnie.  (j)uelques-uns  dilent  aulli 
JLJuten.  j^uha, 

DIEGO,  f.  m.  Nom  d'homme.  Didacus.  Ce  mot  eft 
en  Elpagnol  ,  ce  qu'cft  ,  en  François  Didaque  ,  &C 
nous  nous  en  lervons  quelquefois  en  notre  langue 
quaiis  nous  parlons  des  Eipagnols  qui  l'ont  porté, 
-il^.'cf^o  de  Jepes  ,  Religieux  de  S.  Jeiôine,  &  puis 
Evêque  d'Albarazin  ,  a  écrit,  en  Elpagnol,  l  Hif- 
toire  des  Perfécutiuns  d'Angleterre ,  la  vie  de  Ste 
Thétèfe  j  &  une  Relation  de  la  mort  de  Philippe  II , 
Roi  d'Efpagne.  DiégjmowixxzQn  1614,  âgé  de  83  ans, 
Foye^  la  Bibliothèque  d'Efpagne.  J'ai  dit  quelque- 
fois, &  non  pas  toujours,  car  nousdilons  didaque 
Alvarei^  &  non  pas  Diego  Ahare-:^.  /^oyeç  Dida- 
que. 

DIEGO-ROIZ.  Foyei  DIGAROIS. 

DIEL.  f.  m.  Nom  d  homme.  Deicola ,  Deicolus.  S. 
Dkl  lut  Abbé  de  Luthre  ,  dit  aujourd'hui  Lure  par- 
mi nous ,  &  Luders  chez  les  Allemans.  Son  nom 
étoit  Déicole ,  c'eft-à-dire,  Dtel  j  ou  Dé-le,  ou 
mcmt  Diey  i  oa  Deet.  S.  DieL  mourut  le  18  de 
Janvier  ,  vers  l'an  (w  cent  vingt  cinq.  Baillet ,  Chaf- 
telain.  Foye^  Dîel. 

DIEMANCE,  c':  DIMANE.  f.  m.  Vieux  mot,  qui 
s'eft  dit  autrelois  pour  Dimanche.  Dits  Dominicus 
On  trouve  ,  dans  quelques  Coutumes,  Dimane  bta- 
donner. 

DIEAIENTS.  Terre  de  Diements.  Prononcez  Diments. 
Diemeni  liegio.  Pays  dans  les  Terres  Auftrales ,  le 
long  de  la  côte  Septentrionale  de  la  Nouvelle  Hol- 
lande, au  midi  de  la  Terre  des  Papous ,  ik  des  Ivio- 
lucques.  Les  Hollandpis ,  qui  le  découvrirent  l'an 
1542  ,  lui  donnèrent  le  nom  d'Antoine  Diements, 
alors  Général  de  la  Compagnie  des  Indes  Orien- 
rales.  Maty.  On  l'appelle  aulii  Dim.e. 

DIEPHOLT.  Prononcez  Dipholt  (  ie  dans  les  mots 
Allemans  fe  prononce  comme  un  i  long  ).  Petite 
ville  du  Cercle  de  Veftphalie.  Diephohia.  C'eft  la 
Capitale  d'un  Comté  de  même  nom.  Dicpholt  elt 
fitué  fur  la  rivière  de  Hunte  j  Hundus  ,  près  du  lac 
de  Dammer  ,  entre  Brème  Se  Ofnabrug.  Long.  i.G 
d.  10'.  lat.  5i  d4^'. 

Le  Comté  de  D  epholt.  Comicatus  DiephoUienJîs ^ 
eft  une  contrée  du  Cercle  de  Weftphalie  ,  en  Alle- 
magne. Ce  Comté  eft  entre  l'Evcché  de  Munfter-,  le 
Comté  de  Hoye,  &  la  Principauté  deMinden.  Z><:<:- 
pholc  en  eft  la  capitale  ,  &  le  Icul  lieu  un  peu  con- 
fidérable.  Le  Comté  de  Diepholt  a  eu  autrefois  fes 
Comtes  particuliers ,  qui  tiroient  leur  origine  de 
Ludolph  J  qui  vivoit  vers  la  fin  de  l'onzième  fiècle. 
Le  dernier  Comte  de  Dicpholt ,  pour  fe  mettre  i 
couvert  des  vexations  des  Evêques  de  Minden  ,  fie 
hommase  de  fon  Comté  aux  Ducs  de  Brunfwick; 
&  après  fa  mort  5  arrivée  en  1 5S-T.  il  rut  incorpore  i 
leurs  Etats. 

DIEPPE.  Ville  de  France  ,  dans  le  pays  de  Caux  en 
Notmandie.  Depa  ,  ou  Deppa  ,  ou  Dieppa.  Cette 
ville  eft  fituéeà  l'embouchure  de  la  rivière  de  Neuf- 
chatel  ,  laquelle  portoit  autrefois  le  nom  de  Dieppe 
même  ,  fur  la  côte  de  la  mer  de  Bretagne  ,  ou  fur 
la  Manche  ,  où  elle  a  un  port.  L'Archevêque  de 
Rouen  en  elt  Seigneur  temporel  &  fpiritucl.  Dieppe 
fut  bombardée  &  prefque  détruite  en  1(^94.  Elle  a 
été  rébâtie  beaucoup  mieux  qu'elle  n'étoit.  On  fait 
à  Dieppe  quantité  de  boulToIes ,  de  cadrans  de  mec 
fort  eftimcs  :  les  dentelles  de  Dieppe  j  les  ouvrages 
d'ivoire  qui  s'y  font  ne  le  fonr  pas  moins.  Dieppe  , 
dans  la  langue  Danoife,  lignifie  un  canal.  C'eft  vrai- 
femblablement  le  nom  que  les  Normands onr  donné 
à  ce  canal  .  qui  réunit  les  trois  rivières  d'Arqués, 
de  Neuf-châtel  &d'Eaune,  &  qui  n'a  qu'une  lieue 
d'étendue  ,  depuis  Arques  jufqu'à  Dieppe,  ou  juf- 
qu'à  la  mer.  La  ville  qui  s'eft  formée  à  l'embou- 
chure de  ce  canal,  fous  la  tioifième  race  de  nos 

Ttij 


^ 


V- 


D  î  E 


Rois  ,  en  a  pris  le  nom  de  Dieppe  ;  &,  comme  cette 
ville  eft  devenue  ccnfidcrable  ,  ce  mcme  nom  s'elt 
communiqué  enfuite  à  laiivière  ,  lui  porte  aujour- 
d'hui celui  de  Neuf-chàtel  ,  &  a  fait  dilparoître  in- 
fenlîblemenc  le  nom  de  l'aie,  qu'elle  portoic  dans 
les  premiers  temps.  Sur  la  ville  de  Dieppe ,  voye^ 
la  Dcfaiption  Geogr.  &  Hijl.  de  la  Hauce-Norman- 
die  3  Tome  I  ^  p.  50.  124  &  fuivantes.  Long.  49- 
ç  5'.  17".  latit-  li".  44'.  18. 

La  petite  Dieppe. kmCx  s'appeloit  un  étahliirement 
que  les   Marchands  de  Dieppe  avoient  fait  fur  la 
côte  de  Malaguette ,  en  Guinée  :  mais  il  l'ont  aban- 
donné. 
DiEPPOIS ,  OISE.  f.  m.  &:  f.  Habitant  de  Dieppe.  Dep- 
pienfis.  Le  Dieppois  eft  adroit ,  industrieux  ,  labo- 
rieux. Les  Dieppois  font  un  grand  commerce  de 
dentelles,  d'ouvrages  d'ivoire  ,  de  peignes  de  cor 
ne  ,  d'épiceries  j  de  quincaillerie  ,  de  poilFon  ,  dont 
la  pêche  eft  abondante  fur  leur  côtes  ,  &c. 
DIÉRÈSE,  f.  f.  Figure  de  Grammaire.  DiviOon.  La 
diérefc  fe  fait  lorfqu'on  divife  une  diphongue  en 
deux  fyllabes  :  comme  auU,  en  aulaï.  Diitrejis^ 
fyllak&  divifio.  Les  Poctes  latins  prennent  cette  li 
berté  ,  lorfqu'ils  ont  befoin  d'une  fyllabe  de  plu; 
pour  faire  un  vers. 
Diérèse.  Terme  de  Chirurgie.   C'eft  une  opératior 
qui  divife  &  fépare  les   parties  dont  l'union  &:  1; 
continuité  eft  un  obftacle  à  la  guérifon  ,  ou  qui  fon 
jointes  &  collées  enfemble  contre  l'ordre   naturel 
Il  y  a  quatre  manières  de  faire  la  c/;Vre/e  j  favoir 
en  entrainant,en  piquant  ,en  arrachant  &  en  brûlant 
J^oyei   M.   Dioms  d3.ï\s  (on  Traité  des  opérations  d. 
Chirurgie. 

Ce  mot  vient  du  Gïqç.  ^K^ît^'^if ,  qui  fignific  ^w- 
^fîon. 
DIERRY.  f.  m.  Nom  d'homme.  Deoderims.  Les  Reli 
ques  de   fainte  Sérène    furent  apportées  autrefois 
de  Spolète  à  S.  Vincent  de  Mets ,  par  l'Evêque  Dicr 
ry.  Chast,   30 /j«v.  Sigebert ,  lous  l'an  96(j  ,   di 
cQc\  :  Dierry  ,  Evêque  de  Mets,  parent  &  ami  d^ 
l'Empereur  (  Othon  1.  )  fous  lequel  il  porta  les   ar 
mes  en    Italie,    pendant  trois  ans,  y  ramalTa  pou 
lors  tout  ce  qu'il  put  de  corps  flnnts  &  de  reliques 
&c.  Id.  //'./'.  461. 
DIÈSE  ,  ou  DIESIS.  f.  m.  Terme  de  Mufique.  C'eft  L 
divifion  d'un  ton  au-delFous  d'un  demi-ton,  ou  ui; 
intervalle  compofé  d'un   demi-ton  mineur  ou  ini 
parfait.  Diefis.  Le  dièjé  eft  un  écoulement  de  la  voi> 
le  plus  doux  que  l'on  puilFe  prefque  feindre.  Lan 
CELOT.  Le  dicje  marque  qu'il  faut  hauirerd'undemi 
ton  le  fon  de  !a  note  qui  le  fuit.  Monteclair.  Oi. 
l'appelle  auOi /èi/zre  ,  &  on  le  marque  avec  une  croix 
de  S.  André  ou  fautoir.  Les  diefes  font  les  plus  pe 
rites  parties  du  fon  ,  &  Ariftote  les  appelle  les  élé 
mens  de  la  voix  ,  comme  les  lettres  font  les  élément 
du  difcours  ,  dout  elles  font  les  plus  pentes  parties 
Vitruvedit  que  le  diejé  eft  la  quatrième  partie  d'ur 
ton  \  les  Pythagoriciens ,  qu'on  tient  être  les  inven 
teurs  du  nom  de  diefe ,  ne  le  faifoient  pas  fi  petit: 
iispartagoient  le  ton  en  deux  parties  ét^ales ,  ils  ap- 
peloient  diefe  la  plus  petite  ,  que  nous  appelons/t- 
mi-tori  mineur;  &  la  plus   grande  ,  qui  eft  notre  /è- 
mi-ton  majeur 'y  ils  l'appeloient   anatome.  Depuis, 
les  tons  ayant  cté  divifés  en  trois  &  en   quatre  par- 
ties ,  ces  parties  furent  appelées  diefes.  On  voit  par- 
là  comment  on  doit  entendre  &  comment  on  doit 
concilier   les  différens   fentimens  des   Auteurs  qui 
ont  parlé  àes  diefes. 

Le  ^/e/e  enharmonique  eft  la  diiiérence  du  demi- 
ton  majeur  &  du  mineur.  Il  y  a  trois  efpcces  de 
diefes  :^\q  die  f  enharmonique  mineur,  ou  fimple 
diefe  ,  qu'on  marque  par  une  croix  fimple  ,  élevé 
la  note  fuivante  de  deux  comma  ,  ou  d'environ  le 
quart  d'un  ton.  Le  diefe  chromatique  ,  ou  double 
diefe ,  qu'on  marque  par  une  double  croix  ,  élevé 
la  note  fuivante  d'un  demi-ton  mineur ,  on  d'en- 
viron quatre  comma,  c'eft  le  diefe  ordinaire.  Le 
diefe  enharmonique  majeur,  qu'on  marque  par  une 
triple  croix,  élevé  la  note  de  fix  à  fepc comma ,  ou 


D  I  E 

d'environ  les  trois  quarts  d'un  ton.  Il  n'y  a  que  le 
■diefe  enharmonique,  ou  double  ^•■e/é  ,  qui  foit  en 
ufage  dans  la  Mulique  enharmonique.  Le  doubl 
dieje  ,  devant  ou  après  les  lettres  B.  C.  (  Bafe-con- 
tinue  )  a  le  même  eftet  que  devant  les  notes.  Sou- 
vent le  double  diefe  ne  fe  marque  ,  dans  les  livres 
imprnnés  ^que  par  une  iimple  croix  j  faute  de  ca- 
raéière  propre  j  mais  il  faut  pour  lordinaire  pren- 
dre cette  fimple  croix  pour  la  marque  d'un  dou- 
ble diefe.  Voy.  M.  BrolFnd. 

Quand  on  place  des  demi-tons  à  l'endroit  où  il 
y  devroit  avoir  ordinairement  des  tons  ,  c'eft  ce 
qu'on  appelle  diefe  ,  oujeii.te  ;  &  de  même  quand 
on  met  un  ton  où  il  n'y  devroit  avoir  qu'un  demi- 
ton. 
%fT  DiEsis  a  été  le  mot  primitif.  Celui  de  û'/ç/èparoît 
avoir  pris  fa  forme  de  notre  langue.  Ils  font  égale- 
ment autorifés  par  l'ufage.  Cependant  celui  de  diefe 
eft  plus  ulué  parmi  lesMuhciens.  Il  vient  du  Grec 
èlmt,  divilion  ,  léparation. 

On  étoit  autrefois  partagé  fur  le  genre  du  mot 
de  (/if/e  :  l'ufage  &  l'Académie  ont  décidé  pour  le 
genre  mafculin.  On  le  trouve  écrit  avec  un  ij  dans 
des  ouvrages  de  Mudque  compotes  de  nos  jours.  Le 
die^^e  haulFe  d'un  demi-ton.  Monteclair.  On  fe 
fert  du  b  mol  pour  ôter  le  die^e  :  &  du  die^e  pour 
ôter  le  b  mol.  Id.  Dans  le  manche  harmonique  ,  & 
dans  le  manche  chronomatique  de  la  viole,  toute 
note  qui  eftmarquée  d'un  diei^e  veut  être  touchée 
à  une  touche  plus  bas  que  fon  ton.  naturel  Rousseai;. 
L'ufage  eft  aujourd'hui  partagé  lur  l'orthographe  de 
ce  mot. 
^fT  DiESE  ,  fe  dit  auffi  adjeélivement.  Cette  note  eft 
diéfe  ,  pour  dire,  qu'elle  doit  être  haullce  d'un  de- 
mi-ton. 
)IESÉ  ,  ÉE.  adj.  Terme  de  Mufique,  Qui  eft  marqué 
d'un  dièfe.  Diefifgnatus.  D'un  degré  diefe  à  celui 
de  de  (Tus ,  il  n'y  a  qu'un  demi-ton,  paice  que  le 
dièfe  a  déjà  élevé  la  note  d'un  demi-ton.  Lancelot. 
Pour  rendre  les  noms  que  je  viens  d'établir  fur  les 
notes  die\ées  &c  bémolizées  plus  préfens  à  la  mé- 
moire ,  «Sec.  Monteclair.  i>/fyi'  eft  écrit  par  un  j 
dans  le  fécond  exemple. 

Les  Imprimeurs  appellent  ai\(ïi  diefe ,  on  die/îs , 
les  doubles  croix  jointes  enfemble  ,  qui  font  les 
marques  du  diefe  de  la  Mufique. 
3ÎESPITER.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom  de 
Jupiter.  Diefpiter.  Ce  nom ,  félon  quelques-uns  j 
eft  la  même  choie  que  Dios  pater  ,  Jupiter  père  , 
car  Jupiter  ,  en  Grec  z^^r,  ou  A<tf ,  d'où  viennent  les 
cas  obliques  ■^'W  A/;,  &c.  D'aurres  difent  que  DieJ~ 
piter  eft  la  même  chofe  que  Diei  pater  ,  Père  du 
jour.  S.  Auguftin  tire  ce  nom  de  dies ,  jour,  ikpar- 
tus  ,  produélion  ,  enfantement,  parce  que  c'eft  Ju- 
piter qui  produit  le  jour.  Servius  &  Macrobe  font 
du  même  lentiment.  Le  premier  dit  que,  dans  la 
langue  des  Oii\v,Qs  on  iWioh  Lucecius  &  d'-ej piter  en 
Latin.  Du  refte ,  voye:^  Jupiter  ,  c'eft  la  même  Divi- 
nité. Struvius  ,  Antiq.  Rom.  Syr.t.  C.  I.  p.  117  pré- 
tend ,  ce  femble ,  que  Diefpiter  eft  Pluton  :  mais  j 
i\  c'eft-l.i  ce  qu'il  veut  dire,  il  fe  trompe  j  S<  dans 
Cicéron  ,  aulli-bien  que  dans  l'Infcription  qu'il  cite 
d'.iprèsGruter  XXI.  8.  il  n'y  a  que  }^is  pater ,  Se 
non  pas  Diespiter. 
DIESSENHOVEN  ,  ou  ,  comme  il  eft  écrit  dans  tou- 
tes les  Cartes  du  Grand  Atlas  ^  Diefenhojen  ,  &  non 
pas  Dieflenhofj en  j  comme  écrit  M.  Corneille.  C'eft 
une  villedu  Turgow  en  Suilfe,  fituée  fur  le  Rhin  , 
entre  Steiu  ôc  Schafoufe.  Les  Suiftes  s'en  rendirent 
m.iîrres  en  1640.  Diefjenhovia.  Prononcez  Difen- 
hoffen.  Elle  fe  gouveriie  prefque  entièrement  en 
ville  libre.  Elle  a  fon  Sénat ,  fon  Avoyer  &  fa  Ju- 
rifdidion  fur  les  villages  voifins,  qui  font  obligés 
de  marcher  en  guerre  fous  fon  drapeau.  Ses  habitans 
ne  prêtent  ferment  qu'à  huit  Cantons  &  ont  beau- 
coup de  privilèges,  /^ciye^  Jovin  de  Rochefort,  dans 
fon  Foyage  d'Allemagne  &  de  Pologne.  Long.  16  à. 
z^'.  Lat.  47  d.  45'. 
DIEST.  Prononcez  £>£/?,  ville  du  Duché  de  Brabant, 


D  i  E 

dans  le  quartier  de  Loiivain.  Dlejca ,  Diejîern'mm, 
Elle  a  titre  de  Baronie.  -IJieJi  ell  ficuéefur  le  De- 
nier ,  aux  confins  du  pays  de  Liège.  Long,  ii.  d.  35'. 
lat.  50.  d.  59'. 

DIETHMANING,  Prononcez  DITHMANiNG.  Bourg 
&Z  citadelle  du  Cercle  de  Bavière.  Dakmaninga. 
Dkthmaning  eft  fitué  fur  la  rivière  de  Saltz  dans 
l'Archevêché  de  Saltzbourg,  entre  Saitzbourg  & 
Burckaufen. 

DIETHMARSEN  ,  Prononcez  DITHMARSE.  Con- 
trée du  Cercle  de  la  BalFe-Saxe.  D'nhmarjia.  Elle  eft 
dans  le  Duché  d'Holllein  entre  l'Eyder  ,  qui  la  fé-. 
pare  au  nord  du  Duché  de  Slefwick  ,  &  l'Elbe,  qui 
la  fépare  du  Duché  de  Brème.  Elle  a  le  Holftein  pro- 
pre aul  evanr ,  &  la  mer  d'Allemagne  au  couchant. 
La  Dlthmarje ,  après  avoir  long-tems  réfilté  aux 
Rois  de  Danemarck  ,  fut  foumife  en  1559,  par  Fri- 
déric  II,  aidé  de  fes  oncles  Jean  le  vieux  &  Adol- 
phe, Duc  de  Holftein.  La  ZJif/îWiï^/t' leptentriona 
le,  où  l'on  trouve  Lunder  &  Heyde ,  elt  aux  Ducs 
de  Holftein  Gottorp  j  &  la  méridionale  ,  où  font 
Meldorp  &  Brunsburtel  j  eft  au  Roi  de  Dane- 
marck. 

^T  DIETE,  f.  f.  Terme  de  Médecine.  ZJi^w.  Ce  mot , 
pris  dans  le  fens  général  qu'il  préfente  ,  iignifie  ma- 
nière de  vivre  réglée.  Dans  cette  acception  ,  le  mot 
de  dicte  fe  rapporte  à  l'ufage  de  toutes  les  chofes 
qui  font  nécelEiires  pour  la  vie  animale  ,  foit  en 
fanté ,  foit  en  maladie.  On  ufe  de  la  dïtte  pour  con- 
ferver  la  fanté  dont  on  jouit  j  pour  préferver  des 
maladies  qu'on  peut  avoir  ,  &  pour  fe  guérir  de 
celle  que  l'on  a. 

Diète.  Dans  l'ufage  ordinaire ,  (îgnifie  le  régime  pref- 
crit  par  le  Médecin  ,  par  rapport  au  boire  &:  au 
manger  ,  qui  règle  la  qualité  &  la  quantité  de  Tun 
&  de  l'autre.  Le  Médecin  a  ordonné  une  diète  exac- 
te à  fon  malade.  La  diète  eft  très  utile  &  très-nécef- 
faire  dans  les  maladies  ,  parce  qu'on  doit  éviter , 
autant  que  l'on  peur ,  dediftraire  par  la  coélion  des 
alimens,la  nature  qui  eft  toute  entière  occupée  à 
digérer,  &  à  chalfer  en-dehors  l'humeur  morbifique. 
L'Emery. 

|K7"  Et,  comme  les  Médecins  prefcrivent  ordinai- 
rement aux  malades  de  prendre  peu  de  nourriture  , 
d'en  prendre  moins  qu'à  l'ordinaire  ,  on  appelle 
communément  diète  ce  retranchement ,  cette  di- 
minution de  la  nourriture  qu'on  a  coutume  de  pren- 
dre. Ainfi  faire  diète  ,  fe  mettre  à  la  diète ,  c'eft 
prendre  peu  de  nourriture,  fe  borner  à  une  petite 
quantité  d'alimens  ,  ordinairement  liquides.  La 
diète  eft  un  fouverain  remède  à  tous  les  maux  qui 
viennent  de  la  réplétion.  Une  diète  exaéte  ne  con- 
vient nullement  à  ceux  qui  fe  portent  bien.  L'E- 
mery. 

§CF  Ce  mot  vient  du  Grec  <^i«it«  ,  qui  fignifie  ré- 
gime. 

Diète  de  l'Empire,  c'eft  une  Aftemblée  générale  des 
Etats  ou  Cercles  de  l'Empire  ,  pour  délibérer  des 
affaires  publiques.  Imperilcornitia  ,principum  ac  ci 
v'uatum  j  aut  legatorum  conventus.  La  Diète  a  été 
convoquée  à  un  tel  jour  ,  &  en  un  tel  lieu.  Les 
diètes  de  l'Empire  fe  tiennent  ordinairement  à  Ra- 
tisbonne.  En  Suille  on  appelle  aulîi  diètes  ,  les  Af- 
femblées  des  Cantons  pour"  leurs  affaires  commu- 
nes. On  dit  diète  d'Ausbourg  ,  diète  de  Nurem- 
berg ,  diète  de  Ratisbonne  ,  diète  de  Spire ,  diète 
de  Wormes ,  pour  marquer  les  endroits  où  ces  Af- 
feinblées  fe  font  tenues.  L'Envoyé  du  Roi  à  la  diète 
de  l'Empire.  On  a  propofé  une  telle  affaire  à  la 
diète. 

Les  Diètes  de  l'Empire  dans  la  Bulle  d'or  de 
l'Empereur  Charles  IV.  &  dans  les  décrets  de  l'Em- 
pire ,  font  appelées  Curia  regni  j  Curia  folemnes  , 
Curiét  regales.  C'eft  à  l'Empereur  à  les  indiquer  :  il 
doirdemander  auparavant  le  confentementdes  Elec- 
teurs, &:  même  des  autres  Etats  de  l'Empire  ;  mais 
celui-ci  n'eft  pas  néceffaire  :  celui  des  Electeurs 
l'eft.  L'Empereur  ne  doit  indiquer-  la  diète  oue  nour 


h 


:ft.  L'Empereur  ne  doit  indiquer-  la  diète  que  pour 
nécelTité  ou  l'utilité  &:  falut  de  l'Empire.  Il  ne  le 


,.  .     .  ,.     ^  ^  ^  335 

doit  jamais  faire  que  pour  une  grande  raifon.  Les 
Electeurs  en  font  Juges ,  &  ne  doivent  point  per- 
mettre la  convocation  fans  cela.  Quand  1  Empe- 
reur a  obtenu  le  confentement  des  tiédeurs  ,  il  in- 
dique la  diète  non  pas  par  un  décret  général ,  mais 
par  un  décret  fpécial  &:  particulier ,  qu'il  envoie  à 
chacun  des  Etats  de  l'Empire.  Le  tems  de  la  convo- 
cation n'eft  point  aujourd'hui  déterminé  par  les 
lois  :  il  dépend  de  l'Empereur  de  le  lixer. 

Quant  au  lieu  où  les  diètes  fe  doivent  tenir  , 
Conftantin  III.  avoit  réglé  qu'elles  fe  tiendroient 
toujours  à  Arles  :  enfuite  elles  fe  font  tenues  à 
Mayence  j  puis  à  Francfort,  quelquefois  dans  une 
campagne  fort  agréable  appelée  Lomaûe  ,  &c  fituée 
près  du  Pô  &  de  Plaifanceen  Italie.  Elle  s'cft  tenue 
à  Nuremberg.  Depuis  Charles  V  ,  il  eft  défendu  i 
l'Empereur  de  les  tenir  hors  de  l'Allemagne.  Le 
choix  du  lieu  dépend  de  l'Empereur.  Un  mineur 
n'elt  point  appelé  aux  diètes  ;  fon  tuteur  ou  fon 
curateur  l'eft  .x  fa  place.  Un  majeur  y  eft  appelé  , 
quand  même  il  n'auroit  point  encore  reçu  l'invef- 
titure  de  fes  Etats  :  de  même  un  Prince  Eccléfiafti- 
tjque  y  .1  place ,  avant  même  que  d'avoir  été  con- 
lacré.  Le  fiége  vacant,  on  y  invite  le  Chapitre.  Auire- 
fois  on  y  a  même  invité  des  Princes  alliés  de  l'Empi- 
re. Les  Abbeffes  ne  peuvent  y  aiîifter  :  elles  le  pour- 
roient  par  d'autres  perfonnes  qu'elles  délégueroient. 
Les  villes  y  aiîiftent  aulîi  par  leurs  Députés.  Ceux  qui 
ont  droit  d'y  aftifter ,  doivent  s'y  trouver  en  perfon- 
ne ,  &  ne  peuvent  s'en  difpenfer  fans  grande  rai- 
fon j  &  leur  excufe  doit  être  approuvée  :  mais  au- 
jourd'hui on  n'y  affifte  guère  que  par  Députés ,  au 
moins  les  Eleéteurs ,  &  autres  grands  Etats. 

Le  Préfident  de  la  diète  eft  l'Empereur  :  s'il  ne 
peut  y  venir,  il  nonnne  un  ou  plufieurs  Commif- 
laires  pour  prélider  à  fa  place.  Charles  V  y  a  ibuvent 
préfidé  par  Ferdinand  fon  Frère  j  &  par  d'auties 
Commiftaires.  Perfonne  n'a  droit  d'y  rien  propoler 
que  l'Empereur  ou  fon  Commiffaire. 

L'Empereur  ou  fon  Commilîaire  occupe  la  place 
la  plus  éminente  ,  les   Electeurs  font  un  peu  plus 
bas.  Berraunus  dans   ion  Traité  de  Com/tiis  ,   place 
à  la  droite  l'Eledeur  de  Mayence,  le  Roi  de  Bo- 
hême, &  l'Eleéteur  Palatin:  niaiSjgénéralement  par- 
lant,il  fe  trompe  au  regard  du  Roi  de  Buhênie  jcar 
on  n'invite  point  ce  Prince  communément  aux  diè- 
tes ni  aux  allembices  particulières  cie  ILmpin; ,  Sc 
il  n'y  a  point  féance  ;  mais  cela  eft  vrai  des  tj/t.cj  où 
il  a  droit  d'allifter ,  &  des  autres  même,  quand  il 
y  eft  invité  &  qu'il  y  vient.  D'autres  mettent  àdioite 
l'Elecleur  de  Mayence  j  celui  de  Cologne  ;  &  le  Roi 
de  Bohême  avec  le  Palatin  à  la  gauche.  Mais  l'or- 
dre établi  par  la  conftitution  de  Châties  IV  ,  infé- 
rée dans  fi  Bulle  d'or  ,  eft  que  l'Eledeur  de  Mayen- 
ce ,  celui  de  Cologne  ,  &  le  Prince  Palatin  foient  à 
la  droite  de  l'Empereur.  L'Eleéleur  de  Trêves  fîège 
vis-à-vis  de  l'Empereur  :  à  gauche  font  le  Duc  de 
Saxe ,  le  Marquis  de  Brandebourg  :  il  n'y  avoit  que 
ceshx  Electeurs  au  temps  de  la  Bulle  d'or.  Le  Comte 
Palatin  ayant  été  dépolîédé  vers  iGti  le  Duc  de  Ba- 
vière fut  mis  àfi  place.  En  1^48.  le  Comte  Palatin 
ayant  été  rétabli,  on  créa  pour  lui  un  VIIFEleélro- 
rat  J  &  en  \6<)i  on  en  créa  un    IX*^   pour  le  Duc 
d'Hanovre.  D'autres  difent  que   l'Empereur  a  à  fa 
droite  les  Eleéteurs  de  Mayence  ,  de  Bavière  &  de 
Brandebourg  ,  &  à  fa  gauche  ceux  de  Cologne  ,  de 
Saxe  &  le  Palatin.  S'il  y  a  un  Roi  des  Romains  j 
Cœleftinusdans  fon  Hiftoire  des  ^/e/t-j  prétend  qu'il 
eft  vis-à-vis  de  l'Empereur;  niais  Limnius  dit  qu'il 
ne  fait  rien  de  certain   fur  cela.  Le  banc  des  Prin- 
ces &:  celui  des  Villes  eft  un  degré  plus  bas  que  celui 
des  Fleéleurs,  &  de  deux  degrés  plus  bas  que  le 
/îé^e  de  l'Empereur.  Tous  les  autres  Etats  de  l'Em- 
pire font  au  même  étage.  Tout  le  refte  qui   regarde 
les  diètes  de  l'Empire  \  fe  peut  voir  dans  Limna;us , 
De  Jure  impcrii  ^  I. /X.  qu'il  emploie  reut  entier  à 
expliquer  ce  qui  concerne  ces  affemblées.  On   peut 
voir  auffi  Bertaunusrf'* Comiiiis,  CccÏQÛinuSyHiJi.Co- 


354  DIE- 

inuiorum  ,  &r  autces  donc  Liiiinxiis  relève  &:  corrige 
Ibuveiir  les  famés. 
Di^TE  Electorale.  Quand  l'Empereur  eft;  mort,  l'Ar- 
chevêque de  Mayence  ,  comme  Doyen  du  Collège 
Eledoral ,  eft  obligé  de  convier  les  Collègues  à  la 
dieid   par    Leicies  ,     ou  par  Amballadeurs.   Cette 
diète  te  tient  à  Fiancfort ,  &  régulièremenr    ellu 
doit  commencer  crois  mois  après  la  mort  de  l'Em- 
pereur. Les  Eledeurs  y  aiîiltcnt ,   ou  en  perlonne  , 
ou  par   AmbalFadeurs.   Les  Eledeuis  s'allemblenc 
dans  lEglife  de  S.  Barthélémy  :  on  y  dit  une  Melle 
folennelle.  Au  commencement  de  la  Préface  ,    les 
Proteftans  fe  retirent ,  &  reviennent  à  la  un  de  la 
Melfe ,  après  laquelle  les  Eleéleurs  fonc  le  ferment 
accoutumé  pour  l'éleétion  :  de-là  on  palle  dans  un 
conclave.  L'Eledeur  de  Mayence  ,  comme  Grand 
Chancelier  deLEmpire  ,  préfide  à  cette  Alfemblée. 
Un  Eleèleur  peut  donner  Ion  lufFrage  à  fon  fils  ou  à 
fon  frère ,  mais  non  pas  à  lui  même ,  à  moins  que  les 
autres  Eleèleuis  ne  lui  aient  donné  leur  voix  :  car, 
en  ce  cas  ,  il  a  droit  d'y  joindre  la  iienne ,  &  de 
conclure  Téleètion  en  fa  propre  perfonne.  Quand 
l'cledion    elt   faite  ,    les    Eledeurs    reviennenc  à 
l'Eglife.  L'Empereur  s'alîîed  fur  l'Aurel ,  l'Arche- 
vêque de  Mayence  lui  fait  figner  la  capiculacion. 
On  conduic  enfuite  l'Empereur  dans  une  tribune 
de  la  porte  du   Chœur ,  &  j  s'étant   alîis  avec  les 
Eledeurs  ,  il  entend  delà  la  proclamation  qui   le 
fait  de   fon  éledion.    Les  Princes    Etrangers    en- 
voient à  cette  dkce  leurs  AmbalTadeurs    plénipo- 
tentiaires. 
Diète  ,  en  ce  fens  j  vient  du  mot  dUcuj  qui  a  lignifié 
premièrement  une  falle  où  Ton  fait  des  feftins  ,  &; 
enfuite  une  Alfemblée  d'Etats  ,  parce  que  les  Al- 
lemans  tenoienc  la  plupart  de  leurs  confeils  à  table. 
MÉNAGE.  DUta  fe  trouve    ibuvenc ,  en  ce  fens  j 
dans  la  balTe  Latinité,  f-'oye^  BoWandiis ,  ^ cl  S anCl. 
Jan.  T.  l.p.  184.  986.  987.  938.  990.  991.  Miirt.  T. 
I.p.  590.  F. 

La  dicte  générale  de  Pologne  ,  félon  les  loix,  ne 
fe  devroit  tenir  que  de  deux  ans  en  deux  ans. 
Les  affaires  prelfantos  font  qu'elle  s'aifemble  tous 
les  ans.  Les  loix  la  bornent  à  1 5  jours  j  mais  fou 
vent  on  la  prolonge  de  lix  femaines.  C'elf  ordinai- 
rement à  Varfovie  qu'elle  fe  tient  :  cette  ville  ,  étant 
la  capitale  du  Royaume  &  le  Icjour  des  Rois , 
eft  commode  pour  ces  fortes  d'Airemblées  :  cepen- 
pant  on  les  a  tenues  fouvent  en  d'autres  villes , 
mais  ,  parce  que  ,  de  trois  dlctis  ,  on  doit  en  tenir 
une  à  Grodno  en  Lithuanie  ,  lorfque,  pour  des  rai- 
fons  particulières ,  on  e!l;  obligé  de  la  tenir  ailleurs , 
il  fiut  que  la  Noblelfe  du  Grand  Duché  y  confente 
C'eft  le  Roi  qui  en  fixe  le  temps  ,  &  qui  la  con- 
voque par  des  Univerfaux  ,  ou  lettres  circulaires , 
qu'il  envoie  à  tous  les  Palatins.  Dans  un  Interrègne  j 
c'elf  l'archevêque  de  Gnefne  qui  le  lait.  Les  dietïs 
particulières ,  qui  fe  tiennent  fix  femaines  avant 
la  générale,  y  envoient  trois  Députés ,  choilis  d'en- 
cre les  Gentilshommes  qui  y  font  prclens.  Il  y  a 
aulîi  en  Pologne  des  diètes  à  cheval ,  qui  fe  tien- 
nent à  la  campagne  :  telles  font  celles  dans  lef- 
quelles  on  élit  un  Roi  :  on  les  appelle  PofvoLites. 
Les  SuilFes  ont  des  diètes  des  Cantons  Catholi- 
ques J  des  dieccs  des  Cantons  Proteftans  ,  &  une 
(//ère  générale.  Les  premières  fe  tiennent  à  Lucerne  ; 
&  le  Canron  de  Lucerne  a  droit  de  les  convoquer. 
Les  fécondes  s'alfemblent  à  Areau  \  &  c'eft  le  Can- 
ton de  Zurich  qui  les  sonvoque.  La  c/i^fc  générale , 
compofée  des  Députés  de  tous  les  Cantons  ,  tant 
Catholiques  J  que  Proroftans ,  fe  tient  deux  fois 
l'année  ,  à  la  fin  de  Juin  &  au  commencement  de 
Décembre.  C'eft  le  premier  Canton  ,  qui  eft  Zu- 
rich j  qui  a  le  droit  de  la  convoquer. 
Diète  ,  fe  dit  ,  dans  quelques  Ordres  Religieux  , 
des  Chapitres  ou  AlTemblées  de  ces  Ordres ,  qui 
fe  tiennent  entre  deux  Chapitres  généraux  ,  pour 
ce  qui  regarde  leur  difcipline.  Comitia.  Dans  l'Or- 
dre des  Sylveftrins  ,  outre  le  Chapitre  général  j  on 
rient  encore  tous  les  deux  ans  une  diète  générale ,  1 


DIE 

1     dans  lac^uelle  on  change   les  Supérieurs  ,  qui  ont 
j     fini  le  temps  de  leur  oliice  ,  Hc  on  pourvoit  au  bien, 

de  la  Congrégation.  P.  Heliot.  T.  FI.  C.  zi. 
I  Diète  ,  en  Chancellerie  Romaine  ,  lignifie  le  chemin 
qu'on  peut  faire  en  un  jour  ^  c'eft-à-dice  ,  dis 
lieues.  Di£ta.  Les  Bénéfices  font  réputés  vacans  ik 
Curia  ,  cane  qu'on  eft  dans  une  ditte  de  Rome. 
Diète,  ell  une  journée  de  chemin  dans  le  Japon  ,  de 
crente  mille  pas  Géométriques.  , 

'■fT  Diète  ,  en  Jurilprudence  ,  fe  dit ,  en  quelques 
endroits ,  en  matière  d'inventaire  j  de  vente  ,   &cc. 
pour  vacacion.  La  diète  à'm\  cel  jour  ,  c'eft-à-dire, 
la  vacation. 
DIETÈTES.  f.  m.  pi.  C'étoit  à  Athènes  des  Arbitres  , 
à  qui  les  Citoyens  remettoient  la  décifion  des  procès 
qui     s'élevoienc    entr'eux    touchant     les  contrats. 
àiaii-^Toii,  Ces  Arbitres  dévoient  être  âgés  au  moins 
de  60.  ans.  Ils  donnoienc  audience  vers  le  coucher" 
du  foleil.  Leurs  fencences  devoienc  être  lignées  par 
les  Archontes.  Après  leur  adminiftration  ,  qui  ne 
duroic  qu'une  année  ,   ils  en  rendoient  compte  par- 
devant  les  Logiftes. 
DIETETIQUE,  f.  f.  Terme  de  Médecine.  La  fcience 
qui  comprend  le  régime  de  vie  qu'il   faut  prefcrire 
aux  malades.  Diciionnaire  de  M.  Reneaulme. 
Diététique,  adj.  On  donne  cette  épithète    aux  re- 
mèdes fudorifiques  &:  delîicatits  qu'on  ordonne  dans 
les  maladies  Vénériennes.  Col  de  Villars. 
DIETZ.  Petite  ville  d'Allemagne  ,  fituéedans  les  Etats 
de  NalTau  en  Wétéravie  ,  fur  la  rivière   de  Lohn. 
Dictidj,  jDie^ia  j  Decia.  Cette  ville  eft  capitale  d'un 
petit  pays  qui  n'avoit  autrefois  que  le  titre  de  Comté 
&  qui  a  maintenant  celui  de  Principauté.  Il  eft  entre 
les  Seigneuries  de  Stein  ,  de  Visbaden  ,  le  bas  Com- 
té de  Catzenellebogen  Sx.  l'Archevêché  de  Trêves. 
Long.  5.5'  d.  5  5.  lat.  50.  d.  li'. 
DIEU.  f.  m.  Il  ne  peut  avoir  de  vraie  définition  ,   i 
caufe  que  c'eft  un  Etre  infini  &  incompichenfible. 
Le  premier  être,  l'être  nécclfaire  ,  qui  exifte  par  lui- 
même  ,  qui  n'a  point  de  caufe  ,  &  qui  eft  la  caufe  Sc 
le  Créateur  de  toutes  chofes ,   celui  qui  eft.   Deus. 
Dieu  eft  un  purefprit,  Créateur  du  ciel  &  de  la  ter- 
re ,  &:  Seigneur  univerlel  de  toutes  chofes.  Dieu  die 
à  Moife ,  Exod.  III.   14.  Je  fuis  celui  qui  fuis.  Tu 
diras  aux  Enfans  d'Ifracl  :  celui  qui  eft  m'envoie  i 
vous.  Deus  ,j'upremum  numen  _,  efjeclor  mundi  atque 
molitor.  L'Ecriture  le  définie  ainfi.  Je  fuis  qui  je 
fuis ,  Alpha  &  Oméga  ,  le  commencement  &  la  fia 
de  toutes  chofes.  Cicéron ,  de  Nat.  Deor.  L.  III. 
met  dans  la  bouche  de  Cotta  cet  argument  ridicule 
contre  i'exiftence  de  Dieu  :  comment  pouvons-nous 
le  concevoir,  ne  lui  pouvant  attribuer  aucune  vertu  ? 
car,  dirons- nous  qu'il  a  de  la  prudence  ?  mais  la  pru- 
dence conhftant  dans   le  choix  des   biens   &    des 
maux,  quel  befoin  peut  avoir  Dieu  de  ce  choix,  n'é- 
tant capable  d'aucun  mal  ?  Dirons  -  nous  qu^il  a  de 
l'inrelligence ,  &  de  la  raifon  ;  Mais  la  raifon  Sc 
l'intelligence  nous  fervent  à  découvrir  ce  qui  nous 
eft  inconnu  ,  parce  qui  nous  eft  connu  :  or  il  ne  peur 
y  avoir  rien  d'inconnu  à  Dieu.  La  juftice  ne  peuc 
auili  être  en  Dieu ,  puifqu'elle  ne  regarde  que  la  fo- 
ciété  des  hommes  j  ni  la  tempérance,  parce  qu'il  n'a 
point  de  voluptés  à  modérer  :  ni  la   force  ,  parce 
qu'il  n'eft  fufceptible  ni  de  douleur ,  ni  de  travail  , 
&  qu'il  n'eft  expofé  à  aucun  péril.  Comment  donc 
pourroit  être  Dieu  ,  ce  qui  n'auroit  ni  yerru ,  ni  in- 
relligence  ?  Port-R.  La  piété  nous  ordonne  de  con- 
cevoir de  Dieu  l'idée  la  plus  pure  qu'il  foit  pollible. 
Claud.  Les  impies  difenc  que  le  Dieu  que  le  com- 
mun des  hommes  fe  figure,  eft  un  Dieu  fans  amour, 
Sc  fans  piété  ,  qui ,  jouilFant  d'une  paix  profonde  &c 
d'un  repos  immuable  ,  fe  plaît  à  tenir  le  monde  dans 
l'agitation  ,  5i  à  faire  éclater  fa  puilfance  par  l'humi- 
liation ,  &  la  ruine  même  de  fes  créatures.  Flech. 
On  doute  de  Dieu ,  dans  une  pleine  faute  ;  & ,  quand 
rhvdropihe  eft  formée,ron  croit  en  Dieu.  La  Bruy. 
Pour  nier  I'exiftence  de  Dieu  ,  il  faut  réfifter  à  la 
voix   commune  de  tous  les  hommes  j  &  s'oppofer 
au  confentement  univerfel  du  genre  humain.  Les 


DIE 

hommes  font  Ci  naturellement  portés  à  croire  des 
Dieux  j  qu'ilsont  mieux  aime  s'en  taire  de  ridicules 
que  de  n'en  point  avoir  du  tout.  S.  tvR  jc  pcnle  , 
donc  Dieu  exilte  :  car  ce  qui  penl'e  en  moi,  je  ie  dois 
à  un  Etre  qui  elt  au-dellus  de  moi,  &  qui  neit 
point  matiercj&cet  Etre  c'ell  ^Vf^.  La  Bruy.  La 
crainte  de  Dieu  eft  le  commencement  de  la  lagelle. 
Toute  la  fagelle  du  monde  n  ell  que  tulie  devant 
Dlcu.  L^s  (chrétiens  adorent  un  Oieu  en  trois  per- 
fonnes  j  Dieu  le  Père ,  Dieu  le  tils ,  Dieu  le  Samt 
Elprit  \  &  les  trois  ne  l'ont  qu'un  leul  Dizu.  Il  n'ell 
pas  beioin  de  le  retirer  du  monde  ,  pour  aller  clier- 
cher  Dieu  dans  l'horreur  de  la  lolitude.  S.  Evr.  Si 
nous  quittons  Dieu  pour  le  monde  ,  on  nous  traiti; 
d'impies  :  &:  li  nous  quittons  le  monde  pour  Dieu  , 
on  nous  traite  d'imbécilIcs.lD.  Faut  il  vous  la  prou- 
ver (  l'exillencè  de  Dieu  )  par  le  témoignage  de  vo- 
tre ame,  qui ,  toute  captive  qu'elle  ell  dans  la  prifon 
du  corps,  alliégée  par  des  habitudes  crimhielles, 
accablée  fous  le  poids  de  fes  penchans  &-  de  fes  dé- 
fi rs ,  elclave  des  faulfes  Divinités,  lorlqu'elle  re- 
vient à  elle  même  comme  d'une  ivreiTe,  d'un  allou- 
pdfement,  ou  de  quelque  maladie  violente,  & 
qu'elle  recouvre  la  raifon  ,  elle  invoque  la  Divinité 
fous  un  nom  qui  ne  convient  qu'au  véritable  Dieu. 
Grand  Dieu  !  lion  Dieu  !  Dieu  veuille  !  lont  des  pa- 
roles qui  font  à  la  bouche  de  tous  les  hommes. 
Elle  le  prend  audi  pour  Juge  ,  lorfq'i'on  dit,  Dieu 
le  voie  j  Je  mecs  tout  entre  les  mains  de  Dieu  ,  Dieu 
mêle  rendra.  Ne  font-ce  pas  là  les  fentimens  d'une 
ame  naturellement  Chrétienne  ?  Entin  ,  en  pronon 
çant  ces  paroles ,  ce  n'ell  point  le  capitole  qu'ell- 
legarde  ,  c'eft  le  ciel,  parcequ'elle  fait  qu'il  ell  la 
demeure  du  Dieu  vivant, qu elle etl  lortie  de  Dieu  , 
Se  que  le  ciel  elt  le  lieu  de  Ion  origine.  Vassoult. 
Truducl.  de  l'Apolog.  deTercullien. 

Ouvre  les  yeux  ^  homme  infidèle 

Sur  le  D\ea  puijfant  qui  t'appelle  : 

Mais  tu  te  plais  à  l'ignorer  ; 

.Affermi  dans  l'ingratitude  3 

Tu  voudrais  que  l'incertitude 

Te  difpenfàt  de  l'adorer.  Nouv.  ch.  de  Vers. 

Il  y  a  un  excellent  Livre  de  M.  Ray ,  Anglois , 
intitulé,  l'exiltence  &  la  fagelfe  de  Dieu  manitellées 
dans  les  œuvres  de  la  création  \  il  a  été  traduit  en 
François.  Il  y  en  a  aulli  un  de  M.  de  Cambray  fur 
la  même  matière,  &  Labadie  a  commencé  par  là 
fon  Traité  de  la  vente  de  la  Religion. 

On  dit,  dans  la  première  édition  de  ce  Diction- 
naire ,  &  dans  le  Moréri ,  que  le  nom  de  Dieu  elt 
appelé  des  Grecs  T!Tf«yf«^,|K«To» ,  ou  compofé  de  qua- 
tre lettres ,  comme  il  elt  prefque  chez  toutes  les 
Nations ,  ainli  qu'ont  temarqué  les  Curieux  :  en 
Hébreu  Jehova ,  &c.   Il  y  a  deux  ou  trois  fautes 
grollîères  en  cette  remarque  ,  qui  viennent  de  ce 
qu'on  n'a  pas  dirtingué  le  nom  Dieu  d'avec  le  nom 
tle  Dieu\   chofes  cependant   très -différentes.    Un 
exemple  va  le  taire  comprendre.  Le  nom  Roi ,  &  le 
nom  du  Roi ,  ne  fonr  pas  la  même  chofe.  Le  nom 
Roi ,  c'eit  ce  mot ,  Roi ,  &  ie  nom  du  Roi  c'eft  Louis. 
Il  en  elt  de  même  en  Hébreu  du  nom  Dieu ,  Se  non 
pas  du  nom  de  Dieu.  Nous  parlons  ici  du  nom  Dieu, 
&  non  pas  du  nom  de  Dieu.  Or  il  n'elt  pas  vrai  que 
le  nom  Dieu ,  duquel  feul  il  s'agit  ici,  loit  le  nom  , 
qu'on  appelle  de  quatre  lettres;  c'eft  le  nom  de  Dieu 
qu'on  appelle  ainfi  ,  &  non  pi.s  le  nom  Dieu,  qui  n'a 
pas  quatre  lettres,  mais  feulement  trois  au  lingu- 
îier,  ou  cinq  au  pluriel.  1°.  Suppofé  qu'on  voulût 
parler  du  nom  de  Dieu  ,  non  pas  du  nom  Dieu  ,  il 
falloir  dire  que  ce  font  les  Hébreux  qui  l'appellent 
un  nom  de  quatre  lettres ,  n"mK  v'3  "is  p  ,  Se  les 
Grecs  à  leur  exemple,  T£Tp«y«^^.«To..   ^°.  Ce  n'eft 
point  le  nom  Dieu  dont  il  s'agit  ici ,  qui  eft  compofé 
de  quatte  lettres  en  Hébreu  :  ce  nom  eft  au  fingulier 
nSx  ,  qui  n'en    a  que  trois ,  &  plus  ordinairement 
OTiSk  ,  pluriel ,  qui  en  a  cinq.  4°.  En  Hébreu  niiT  , 
Je/iovah ,  qui  eft  le  nom  de  Dieu,  n'eft  point ,  com- 


,,.      DIE  Î3X 

me  on  le  dit,  ©£^f  en  Grec,  en  Latin Zî^w  ,  Sec.  en. 
Hébi<:iii<:  nom  i^ieu,ce(irhn,  t-ioah  ,  comme  je 
l'ai  dit,  ou  O'nVx,  i-lohim  y  Si  le  nom  de  ^iett 
c'eft  nin»,  Jt,2ji^/z.  Quand  aux  autres  langues  ,  le 
nom  j^ieu  ,  mais  non  pas  le  nom  de  Dieu  ,  c'eft  en 
Grec  W£«f,  en  Laiin  ^cus  ,  en  Eipagnol  Dios  ,  en 
italien  Iddio,  en  François  Dieu.,  en  Gaulois  ZPiea.Vj 
en  ancien  Allemand  uiet ,  Se  aujourd'hui  (Jod ,  en 
Sclavon  Uucn  ,  en  Arabe  /illa.  Ceux  de  Pannonie 
l'appelent  ijlu ,  les  Polaques  Bung  _,  les  Égyptiens 
lenu,  les  Peiliens  c.ire ,  les  Mages  Orfi j  en  lan"ue 
Malaye  Dios.  Voilà  quel  eft  le  nom  Dieu  dans  tou- 
tes ces  Langues  ;  mais  elles  n'ont  point  de  nom  de 
Dieu,  comme  l'Hébraïque  a  rtlH»  j  Jehovah. 

Les  Rabbins  &  les  Hébrailans,  S.  Jérôme  ,  Se  les 
Interpièces ,  comptent  dix  diftérens  noms  de  Dieu. 
dans  1  Ecriture  j  qui  font ,  ^^  >  t.1 ,  a>n^K  ,  £/0- 
him ,  inHx  ,  tlohe  _,  ou  au  lingulier  ,  n^N  ,  tloah  , 
nay,  ijcbaoty  fvSyj  Elion  3  n'HX  ,  i^njch  ,  ^jriK, 
Adonai ,  n»  j  Jah  ,  "^i)  ,  Schaddui  ,  ,-fin»  ,  Jehoxan  ; 
mais  il  ne  haut  point  diftinguer  ^rhu ,  de  flixar  : 
il  n'en  faut  taire  qu'un  nom ,  mx^y  M^N  ,  ^  -oeh. 
tj'ehaoth  ,  c'ell-à-dirc ,  Dieu  des  ar,uecs  ,  Se  il  ne  faut 
point  confondre  ^rhii ,  Elohe ,  avec ,  nSx  ,  Eloha.  Il 
y  a  trois  de  ces  noms  de  Dieu  _,  qui  hgmheut  l  elfence 
de  Dieu ,  Se  font  des  noms  ptopres  j  c'eft  nMK , 
Ehjeh  ,  n» ,  Jiili  3  &  mn» ,  Jehovah.  Les  autres  ne 
font  que  des  noms  d'attribut ,  comme  nous  le  mon- 
trerons peut-être  à  leur  place.  S.  Jérôme  a  expliqué 
ces  dix  noms  de  Dieu  dans  fa  Lettre  à  Marcella. 
Buxtotf  le  fils  a  tait  une  Diifertation  fut  ces  mêmes 
noms  ,  Dijjertatio  de  Nominibus  Dei.  Le  P.  Souciet, 
Jéfuite,  en  a  fait  trois  fur  les  trois  noms ,  El ^  Schad- 
dai  Se.  Jehovah  j  imprimées  à  Paris  en  1715. 

L'Ecriture  donne  encore  à  Dieu  le  nom  de  Dieu. 
d'Abraham ,  Dieu  d  Ifaac  j  Dieu  de  Jacob  ,  &  c.  Le 
Dieu  des  Armées  ,  le  Dieu  des  Batailles ,  le  Dieu  vi« 
vant.  Les  Hébreux,  dans  leurs  fermens ,  difoient. 
Vive  Dieu.  Les  Grecs  ^  ni  les  Latins  par  le  nom  de 
-Die«,  n'entendoient point  un  Être  tout  parfait,  Sc 
dontl  éternitéeft  un  attribut  elfenriel.  Ilsentendoienc 
par- là  une  nature  excellente.  Se  ilsappeloient  Dieux 
tous  les  êtres  qu'ils  regardoient  comme  fupérieurs 
à  la  nature  humaine.  Les  hommes  mêmes  ,  félon 
eux,  pouvoient  devenir  des  Dieux  après  leur  mort, 
parce  que  leur  ame  pouvoir  acquérir  un  degré  d'ex- 
cellence, qu'ils  n'avoient  point  eu  pendant  leur  vie. 
Les  Sages  du  Paganifme  reconnoilToient  un  feul  Dieu 
fous  des  noms  diftérens.  La  Fortune ,  Jupiter ,  ou 
Mars ,  font  des  noms  diftcrens  du  vrai  Dieu ^  diver- 
fifiés  félon  l'ufage  qu'il  fait  de  fa  puifTance.  Le  P. 
Thomassin.  Ils  donnoient  à  Dieu  les  noms  des  bien- 
faits qu'il  difttibue  aux  hommes.  Ils  appeloienc 
Dieu  J  Bacchus ,  parce  qu'il  a  donné  l'ufage  de  la 
vigne.  Id. 

Le  nom  de  Dieu  vient  du  Latin  Deus  j  qui  eft 
formé  du  Grec  ©£«f  :  ces  mots  lignifient  la  même 
chofe. 

Il  y  a  une  infinité  de  façons  de  parler  communes, 
ou  proverbiales ,  où  l'on  fait  entrer  ce  mot.  On  die 
en  aétions  de  grâces  ^  grâces  à  Dieu,  Dieu  merci, 
Dei  bénéficia  3  quod  Dei  beneficium  e(i.  Populaire- 
menr ,  Dieu  merci ,  &  vous ,  ou  Dieu  merci  Se  i 
vous.  Tuo  bénéficia.  Dieu  merci  les  foins  que  j'y  ai 
pris ,  Dieu  merci  mon  argent  que  j'ai  fourni.  Z)/7i- 
genti-t ,  pecuni£  prufidio.  Dieu  merci  fe  dit  aulfi  en 
chofes  indifférentes,  Se  où  il  n'y  a  point  d'aélions 
de  grâces  à  rendre  à  Dieu.  Il  a  ménagé  les  faifeurs 
de  Romans ,  il  s'eft  fait  violence  pour  les  louer  :  car, 
Dhu  merci,  vous  ne  louez  jamais  que  ce  que  vous 
faites.  Racine.  Et  quelquefois  en  riant  : 

Puifiqu'on  plaide  &  qu'on  meurt,  ilfiaut  qu'on  fit. 

propofie , 
D'avoir  des  Appointeurs,  &  d'autres  gens  aufjly 
On  n'en  manque  pas  ,  Dieu  merci.  De  la  Font» 

On  le  dit  aulîi  à  contre- fcns.  Dieu  merci  les  gen« 


3:^^  DIE 

'de  guerre  j  je  n'ai  plus  de  bien.  Qus.fumma  'mllïtum 
injuria  eji. 

Cet  homme  vit  felcn  Dieu.  Secundum  Deum.  Cela 
eft  félon  Dieu  'Hc  railon.  On  appelle  un  Saint,  Hom- 
me de  Dieu.  L'homme  de  Dieu  fouffiit  tout  fans  fe 
plaindre.  Un  homme  félon  le  cœur  de  Dieu  ,  c'eft 
encore  une  pcriphrale ,  qui  figmiie  un  Saint.  Ces 
deux  dernières  exprcllions  font  prifesde  l'Ecriture, 
premier  L.  desRojs,  II.  27.  quatrième  L.  des  Rois 
IV.  ^5.  27.40.  42..  &c.  &  premier  L.  des  Rois  XIII. 

14.  Sic.  En  général  c'elt  un  uiage  de  l'Ecriture  d  a- 
jouter  le  nom  Dieu  à  un  mot,  quand  en  veut  ligni- 
lier  que  la  chofe  lignihée  par  ce  mot  ell  excellente  , 
parfaite  dans  fon  genre.  Amli  Pf.  XXXV,  7.  Des 
niontafjnes  de  Dieu  ,  c'eft-à-dire  ,  de  hautes  mon- 
tagnes. Pf.  XXXIX.  II.  Des  cèdres  de  Dieu,  font 
des  cèdres  beàux  &  grands.  Premier  L.  des  Rois  XIV. 

1 5.  une  terreur  de  Dieu  veut  dire  une  terreur  épou 
vantable.  Gcn.  XXX.  8.  des  combats  de  Dieu ,  ce 
folit  de  grands  combats ,  rudes ,  difficiles ,  &c.  Quand 
le  nom  eft  adjeétit,  l'Ecriture  fe  fert  devant  le  nom 
Dieu  de  la  particule  ^7 1,  qui  lignifie  eu  égard  ^  par 
rapport.  Ainfi,  Jonas  lil.  5.  Ninive  étoit  une  ville 
grande  à  Dieu  ,  eu  égard  à  Dieu  même  ,  par  rapport 
à  Dieu  ,  au  jugement  de  Dieu  même  •  cela  veut  dire 
une  très-grande  ville.  Nous  imitons  quelquefois  ces 
exptelîions  dans  notre  langue  en  matière  profane  ; 

■    car  on  dit  quelqueiois ,  venez  dîner  chez  moi ,  j'ai 
•du  vin  des  Dieux  ;  cela  lignifie,  d'excellent  vin. 

En  matière  de  fouhait ,  Dieu  le  veuille  ,  plût  à 
Dieu.  Faxic  Deus  ,  utinam.  A  Dieu  ne  plaife.  Dieu 
m'en  garde.  Ç^uod  Deus  avercat.  Dieu  vous  allifte , 
Dieu  vous  beniffe  ,  Dieu  vous  garde  de  mal ,  Dieu 
vous  veuille  bien  ouïr.  Adjic  cibi  Deus  j  Deus  te  ad- 
juvet.  Dieu  vous  le  rende.  Dieu  vous  conferve,  Z)/<?« 
vous  conduife. 

Ilvoùsfalue-, 
D'un  Dieu  vous  f oit  en  aide^  alors  qu'on  écernue. 

Mol. 

On  dit  auffi,  Dieu  aidant  \  pour  dire  ,  s'il  plaît 
a.  Dieu.   Deo juvante. 

En  matière  de  conjuration  &  d'affirmation.  Pour 
l'amour  de  Dieu.  Au  nom  de  Dieu.  Per  Deum.  Bon 
Dieu.  Bone  Deus.  Jufte  Dieu.  Sur  mon  Dieu  :  je 
prends  Dieu  à  témoin.  Itame  Deus  adjuvet.  Dieu 
fait  fi  j'ai  fait  cela  à  mauvaife  intention.  Croix  de 
par  Dieu.  Voyei;  Caoïx.  Allez  de  par  Di^u. 

En  matière  d'exclamation,  on  dit  j  bon  Dieu! 
qu'eft  c£cï}  Bone  Deus  l  0  Deus  !  Bon  Dieu  !  qui 
i'auroit  cru  .''  Saint  Jean,  dans  fon  Evaiigile,  nous 
ouvre  des  routes  toutes  nouvelles  ^  mais  ^  bon  Dieul 
avec  quelle  élévation  &  quelle  force!  Pélisson.  On 
dit  aulli  J  mon  Dieu  !  je  vous  connois.  Mon  Dieu  ! 
Mon  Dieu  !  s'écnoit  l'un  ,  la  pièce  elt  merveilieufe. 

ViLL. 

En  matière  de  faUit,  Dieu  vous  garde.  Dieu 
foit  avec  vous ,  bon  jour  &  adieu,  adieu  )iifqua.a 
revoir.  Salve  ,  vale.  Dieu  vous  ait  en  fa  fainte  gar- 
cle  :  c'i;fl:  la  formule  avec  laquelle  le  Roi  finit  les 
lettres  qu'il  écrit  à  les  fujets.  Les  Princes  fouverains 
s'appellent  Rois  par  la  grâce  de  Dieu.  Dei  sraciù. 
Et  dilent  qu'ils  ne  relèvent  que  de  Dieu  Se  de  leur 
cpce.  Ainfi  c'efi:  une  formule  de  toutes  les  lettres 
de  Chancellerie.  Louis ,  par  la  grâce  de  Dieu  , 
&c. 

.  On  appelle  la  caufe  de  Dieu  ,  la  détenfe  de  l'E- 
glife  ,  &:  des  chofes  facrées ,  celle  de  fon  nom  &c 
de  fa  gloiie,  &c  aulli  celle  des  pauvres  &  orphe- 
'lins  ,  tk.  autres  c^ui  font  fous  fa  proteftion.  Jus 
Dei. 
t)l£U  ,  fe  dit  auffi  des  faux  Dieux  de  la  Gentilité, 
Créatures  auxquelles  on  rend,  ou  l'on  a  rendu  les 
honneurs  de  la  Divinité.  Idole,  image  de  qbelqiie 
créature  J  à  laquelle  on  rend  un  culte  qui  n'ell  dû 
qu'à  Dieu.  Deus  ,  Jalfus  Deus  ,  Jdolum.  Les  pre- 
miers faux  Dieux  qu'on  ait  adorés ,  font  les  Af- 
tres  ,  le  Ciel  le  Soleil,  la  Lune,  S:c.  enfuite  la 
ierrej  qui  fourniiroitles  fruits  qui  ferventà  la  nour- 


D 1  Ê 

rit'ure  de  l'homme  &:  des  animaux  ,  le  feu  fi  utile 
à  la  vie,  &:c.  Dans  la  fuite ,  ces  Dieux  fe  font  mul- 
tipliés à  l'infini  par  le  caprice  de  leurs  adorateurs. 
Chaque  peuple ,  chaque  province ,  chaque  ville  , 
s'elt  Irait  des  Dieux  particuliers  à  fa  fnntaihe.  Pour 
autoriler  le  crime,  &  juùifier  fes  débauches,  on 
fe  fit  des  Dieux  criminels  &  débauchés  j  des  Dieux 
injulles  &  violens ,  des  Dieux  avares  &c  voleurs, 
des  Dieux  ivrognes  ,  des  Dieux  impudiques,  des 
Dieux  cineh  ôc  fangumaires. 

Les  principaux  Dieux  ,  qu'on  nommoit  les  grands 
Dieux  ,  étoient Jupiter,  Junon  ,  Apollon,  Diane, 
Vulcain,  Venus,  Mars,  Mmerve,  Neptune  j  Vef- 
ta  ,  Cerés  &c  Mercure.  On  dit ,    le  Dieu  du  Ciel  i 
le  Dieu  de  la  mer ,  le  Dieu  des  vers ,  le  Dieu  de  I.i 
Poëfie.,   pour   marquer    les  chofes  auxquelles  ceS 
Dieux  préfidoient.  Saturne  croit  le  Dieu  du  tempsi 
Jupiter  le  Dieu  du  Ciel ,  Neptune  le  Dieu  de  la 
mer ,  Pluton  le  Dieu  des  enfers.  Le  Dieu  de  la  guerre 
ctoit  Mars  ;  celui  de  l'éloquence  ,  de  la  pocfie  «Se 
de  la    Médecine,  Apollon  ;  Mercure  le  Dieu  des 
voleurs  ;  Bacchus  le  Dieu  de  la  vigne  &  du  vin  ; 
Pan  le  Dieu  des  Bergers  -,  Cupidon  le  Dieu  de  l'a- 
mour &c  de  la  volupté  ;  Efculape  le  Dieu  delà  Mé- 
decine -y  Janus  le  Dieu  du  labourage  ;  Vulcain  la» 
Dieu  du  feu  &  des  forgerons  j  le  Génie  le  Dieu  de 
la  naillance  ;  les  Pénates  étoient  les  Dieux  de  la 
htmiUe,  &  les  Lares  les  Dieux  du  foyer  ;  Jugatinus 
le  Dieu  du  mariage;  Dom.iducus  le  Dieu  des  noces; 
Silvain  le  Dieu  des  bois  ;  Vertumne  le  Dieu  des  fai- 
lonjPriape  leDieùàcs  fcmences;MithraétoitleZ)ie;£ 
des  Perfes;  Dagon   le  Dieu  des  Phiiiftinsj  Ifis,  Se- 
rapis  ,  Ofiris ,  Anubis  ,  Dieux  des  Egyptiens  ;  Her- 
cule Dieu  des  Tyriens ,  Thor  Dieu  des  peuples  di» 
Septentrion  ;  Xaca  &  Amida  font  les  Dieux  du  Ja- 
pon ;  Wilnou  le  Dieu  des  Indes  ,  &  Foe  un  Dieu  da 
la  Chine. 

Tous  ces  Dieux  des  Gentils  font  1°.  des  Efprit3 
créés.  Anges  ou  Démons.  De  là  les  bons  &  les  mau- 
vais Dieux ,  les  Génies ,  les  Typhons ,  les  Dieux  1 
ptotefteurs,  les  Dieux  ennemis,  les  2>/e;^.v  infer- 
naux ,  &c.  z°.  Des  corps  céieltes  ,  comme  le  So- 
leil ,  la  Lune  ,  les  autres  Planètes ,  les  .Etoiles  fi- 
xes j  les  Conllellations ,  &cc.  j°.  Les  Élémens  , 
comme  l'Air  ,  la  Terre,  l'Océan  ,  Ops ,  Vefta  ,  les 
Fleuves  ,  &c.  4".  Les  Météores.  Les  Perfes  adb- 
roient  le  vent  \  le  foudte  &  le  tohnerre  étoient  ho- 
norés fous  le  noni  de  Géryon  \  &  plufieurs  peu- 
ples des  Indes  &  de  l'Amérique  en  font  auffi  des 
Dieux.  On  a  auffi  donné  la  divinité  aux  Comètes, 
témoin  celle  qui  parut  vers  la  mort  de  Céfar.  Caf- 
tor ,  PoUux  ,  Hélène ,  Iris ,  font  encore  des  mcrccr=- 
res.  Socrate  divinifa  les  nuées ,  fi  nous  en  croyons 
Ariftophane  ,  &  l'on  fit  aux  Chrétiens  le  même 
reproche  ,  dit  TertuUien  ,  Apolog  C.  14.  5°.  On 
fit  des  Dieux  des  Minéraux  ou  Foffiles ,  tel  étoit  lé 
Boîtyle ,  dont  nous  avons  parlé  en  Ion  lieu.  Les  Ara- 
bes ^  les  habitans  de  Poffin,'ou  PolTène,  les  Fia- 
landois  ont  adoié  des  pierres.  Les  Scythes  tenoient 
le  fer  pour  un  Dieu.  L'Or  &  l'Argent  ont  aulli  pa(lé 
pour  des  Dieux.  ô'^.On  en  a  fait  des  plantes.  L'ail  &C 
les  oignons  étoient  des  Dieux  en  Egypte.  Les  Scla- 
ves  ,  les  Lithuaniens  ,  les  Celtes,  les  V.andales ,  les 
Indiens ,  les  peuples  du  Pérou  3  ont  adoré  les  ar- 
bres Se  les  forets.  Les  Gaulois ,  les  Germains  &  les 
Romains  avoiènt  beaucoup  de  vénération  pour  les 
chênes.  C'étoit  le  froment  3  le  blé  j  les  femenceg 
que  les  Anciens  honoroient  fous  les  noms  de  Cérès 
ik  de  Proferpine.  7°.  Ils  prenoient  des  Dieux  dans 
les  Eaux.  Les  Syriens  fur-tout,  &  les  Egyptiens, 
adoroientdes  poilfons.  /Vve:(ci-de(rus  Atergatis 
Dagon  ,  DtRCETO.  Les  Oxyrinchites  J  les  Latopo- 
litains  j  les  Sienites ,  les  habitans  d'Eléphnnrine  , 
avoient  chacun  leur  poilfon  pour  Dieu.  Les  Tri- 
tons ,  les  Néréides,  les  Syrènes ,  qu'étoient-ce  au- 
tre chofe  que  des  poi lions  ?  Plufieurs  nations  ont:, 
adoré  les  ferpons  ',  pu  exemple  ,  les  Egyptiens  ,  leî 
Borulliens  ,  les  Samogites  ,  les  Lithuaniens.  8".  Les 
Infeites ,  cora.n*  ks  mouches,  les  fourmis,  ont 


DIE 

eu  leurs  facrihces  ,  celles-ci  chez  lesTlieflraliens  j  8c 
celles-là  dans  l'Acarnanie  ,  où  on  leur  immoloir  un 
bœuf.   9''.  Parmi  les  Oilcaux  ,  la  cigogne  ,  le  col- 
beaii,  l'épervier ,  l'ibis  ,  l'aigle  ,  le  gritron  ,  la  chau- 
vefoiuis  ;  le  premier  en  Egypte  j  les  trois  fuivans 
&  le  fixième  en  Egypte,  le  quatrième  à  Thèbes,  le 
dernier  au  Mexique.   10".  Les  Bèces  à  quatre  pieds 
on  aulîî  eu  des  autels:   le  bœuf,  le  chien,  le  chat , 
le  cynocéphale ,  le   loup  ,   le  linge  ,  ou  la  guenon, 
le  lion,  le  crocodile  ea  Egypte ,  &  ailleurs  ;  le  co- 
chon dans  l'Ile  de  Crète ,  les  rats  &  les  fouris , 
chez  les  Muforites  dans  la  Troade  &  les  Ténédiens  ; 
les  belettes  à  Thèbes  j  toute  l'École  de  Zoroaftre 
honora  le  porc-épic.  1 1°.  Rien  n'a  été  plus  commun 
que  de  mettre  des  hommes  au  nombre  des  Dieux  , 
ëc   depuis    Belus ,  ou   Baal ,  julqu'aux  Empereurs 
Romains  avant  Conftantin,  les  exemples  en  font 
fréquens  :  fouvent  même  on  n'a  pas  attendu  qu'ils 
fiiflent  morts  ,  pour  faire  leur  apothéofe.  Nabu 
chodonofor  ht  adorer  lui-même  la  ftatue.  Virgile 
marque,  Eg^og.  I  v.6 ,  -j  &  %.  qu'Augurteavoit  des 
autels ,  &c  qu'on  lui  orftoit  des  facrifices  :  nous  fa- 
vons  d'ailleurs  qu'il  avoir  its  Prêtres  qu'on  nommoit 
Auguftales ,  des  temples  à  Lyon  ,  à  Narbonne  &:  en 
pIuTieurs  autres  endroits  \  c'eft  le  premier  des  Ro- 
mains pour  lequel  on  aie  porté  l'idolâtrie  jufque 
là.  Les  Ethiopiens  regardoient  leurs  Rois  comme 
des  Dieux.  Le  Velleda  des  Germains ,  le  Janus  des 
Hongrois ,  le   Thaut ,   l'Othin  ,  l' Afa  des  peuples 
du  Nord,  ctoientdes  hommes.  11°.  Non-feulement 
les  hommes ,  mais  prefque  tout  ce  qui  avoir  rap- 
port à  l'homme  ,  a  été  divinifé  ;  le  travail ,  le 
repos ,   le  fommeil ,  la  jeunelFe ,  la  vieilleffe  ,  la 
mort,  les  vertus,  les  vices ,  le  termes  le  temps  , 
le  lieujles  nombres  chez  les  Pythagoriciens  ;  la  puif- 
fance  de  produire  fous  le  nom  de  Priape  :  l'enfance 
avoit  -  elle     feule   une   troupe  de   Divinités  ,  "Va 
gitanus  j  Levana ,  Rumisa ,  Edufa  ,  Potina  ,  Cuba, 
Cumina  ,  Carna  ,  Oililago,  Statulin  ,  Fabulin,  Nun- 
dine  j  Intercidone  j  Pilumne  &  Déverra.  On  re- 
connoilToit  auili  pour  Dieux  la  fanté  ,  la  fièvre  j 
la  peur ,  l'amour  ,  la  douleur  ,  l'indignation  ou  Né- 
mèfe  ,  la  crainte  ,  la  pudeur ,  l'impudence  3  la  fu- 
reur ,  la  joie  j  Topinion  j  la  renommée,  lafcience, 
l'art,  la  prudence  ,  fous  le  nom  de  Minerve  j  la 
vertu,  la  foi  J  le  bonheur,  la  calomnie,  la  juftice, 
la  liberté ,  la  concorde  j  la  monnoie  ,  la  guerre  , 
la  paix  ,  la  viéloire ,  le  triomphe ,  &c.   Enfin  ,  la 
Nature,  &  le  Monde  tout  entier  a  paffé  pour  un 
Dieu,  Prefque  tout  ceci  eft  tiré  du  favant  Ouvrage 
d'Ifaac  Voulus ,  De  Origine  &  Progrejfu  Idololat. 
Les  Epicuriens  croyoient  que  les  Dieux  ne  fe  mê- 
lent point  des  chofes  d'ici-bas  ,  &  ne  fe  mettent 
point  en  peine  que  chacun  vive  à  fa  fantaifie.  Port 
R.  Il  eft  aifez  difficile  de  débrouiller  les  idées  des 
Payens  fur  leurs  Dieux  :  elles  font  très-confufes ,  & 
fouvent  contradictoires.    Ils   admettoient   tant   de 
Dieux  fupérieurs  &  inférieurs  ,  qui  parrageoient 
l'Empire  du  monde  ,  que  tout  étoit  plein  de  ZPiea.v. 
On  a  compté  jufqu'à  1 50  Dieux  que  les  Payens  ont 
adores.  Tous  les  Philofophes  de  l'antiquité  ont  re- 
connu qu'il  n'y  avoit  qu'un  Dieu  ,   comme  le   P. 
Mûurgues  l'a  très-bien  prouvé  dans  la  féconde  lettre 
<le  fon  Plan  Théologique  des  Sedes  favantes  de  la 
<ïrcce. 

On  appelé  aufîî  Dieux  improprement ,  les  hom- 
mes ,  les  idoles  que  les  Gentils  ont  adorés.  DU.  Les 
Payens  ont  fait  des  Dieux  de  tous  les  Hétos  ,  &  de 
leurs  Empereurs. 

On  appeloit  Demi-Dieux ,  les  Faunes  &  Divini- 
tés champêtres.  Semi-Dei.  On  traitoit  aulîî  de  De- 
mi-Dieux ,  les  Héros  &  les  hommes  qu'on  avoit 
élevés  au  rang  des  Dieux.  Heroës.CQ^k^om  cela  que 
Juvénal  difoit  en  raillant,  qu'Atlas  gémilToit  fous 
le  firdeau  de  tant  de  Dieux  qu'on  plaçoit  dans  le 
Ciel. 

Les  Poètes ,  qui  étoient  leurs  Théologiens ,  font 
leurs  Dieux  Ç\  ridicules  ,  qu'ils  femblent  avoir  eu 
plutôt  deiïein  de  les  faire  méprifer  ,  que  de  les  faire 
Tome  III. 


D  I  E  3^T 

refpeâer.  S.  Evr.  L'intervention  des  Dieux  dan 
Pocme  Héroïque  eft  nécelTaire  ;  mais  il  ne  £rac  pas 
que  le  Dieu  en  faifant  tout ,  anéantiiïe  !o  ménre  du 
Héros.  Id.  La  préfence  des  Dieux  déshonore  le  Hé- 
ros, &  fa  gloire  eft  fouillée  par  le  fecours  d'une  Di- 
vinité. P.  LE  Boss.  Otez  les  Dieux  de  l'Antiquité, 
&  vous  lui  ôtez  tous  fes  Poèmes.  S.  Evr. 

Quand  le  nom  de  Dieux  eft  joint  à  cerrains  autres 
mots ,  il  défigne  les  Dieux  auxquels  les  chofes  ex- 
primées par  ces  mots  onr  rapport.  Dieu  des  P  ers  3 
c'eft  Apollon  :  Dieu  des  combats  ou  de  la  guerre  j 
c'eft  Mars  :  Dieu  du  tonnerre  j  c'eft  Jupiter  :  Di^u 
des  en/ers  j  c'eft  Pluton  ,  &c. 

Jamais  le  Dieu  de  la  guerre 

N'avait  donne  fur  la  terre 

Tant  de  fpeclades  d'horreur.  RoY. 

Térence  ejldans  mes  mains,  je  rriinjlruis  dans  Horace  ; 
Homère  à-jonrivaljbntmes  Dieux  du  Parnajffe.LAFonr. 

Héfiodea  fait  un  Pocme'intitulé  ©"ya"«,Za;7"A/a- 
gonic ,  C'eft-à-dire  ,  la  Génération  des  Dieux  ,  dans 
lequel  il  explique  la  généalogie  des  Dieux,  quel  eft 
le  premier  &  le  principe  de  tous  les  autres,  quels 
fonr  ceux  qui  en  font  defcendus,  8c  quels  enfans  , 
quelles  générations  ils  ont  eus.  C'eft  un  abrégé  de 
la  Théologie  Payenne.  Outre  cerre  Théologie  po- 
pulaire ,  chaque  Philofophe  fe  faifoit  la  fienne  , 
comme  on  le  peut  voir  dans  le  Timée  de  Platon  , 
&  dans  les  livres  de  Cicéron  De  natura  Deoium. 

Saint  Juftin  ,  Martyr ,  TertuUien  dans  fon  Apolo- 
gétique &  dans  fes  Livres  Contra  G  entes ,  Arnobe , 
Minutius  Félix  ,  Laftance  ,  Eufcbe ,  Prâ,^  .  8c  Dtm. 
Evang.  S.  Auguftin,  De  Civit.  Dei ,  Thcoùoret  Adv. 
Centesj8cc.  ont  écrit  de  la  vanité  de  ces  faux  fiifax. 
Dieu  ,  fe  dit  abufivement  des  PullFances  &  des  perfon- 
nes  heureufes.  Les  Rois  fonr  les  Dieux  de  la  terre. 
Dii  terrA.  A  blanc.  Avec  les  Dieux  il  ofe  fe  mêler. 
Voit.  Les  Grands,  les  Princes^  fonr  de  perits /3à-i/.v. 
David,  &  après  lui  Jesus-Chkist  a  dir.  Vous  êtes 
des  Dieux  ,  des  enfans  du  Très-Haut.  Les  élus  ,  les 
gens  de  bien  font  appelés  les  enfans  de  Dieu. 

On  s'en  fert  aulIi  figurément  ,  pour  parler  des 
chofes  qu'on  aime  paflîonnément.  Une  mère  n'a 
qu'un  fils ,  elle  en  fait  fon  Dieu.  \]n  avare  fait  fon 
Dieu  de  fon  argent.  Un  gourmand  n'a  point  d'autre 
Dieu  que  fon  ventre.  Un  amant  dit  que  les  yeux 
de  fa  Maîtreffe  font  fes  Dieux. 

Les  Dieux-Manes  ,  c'étoient  les  Dieux  dont  les 
Payens  imploroienr  le  fecours  ,  8c  à  qui  ils  faifoienc 
des  vœux  courre  la  crainte  de  la  morr ,  8c  en  faveur 
des  défunts.  Nicaise.  DU  mânes. 

On  die  en  proverbe ,  Cela  lui  eft  venu  de  la  grâ- 
ce de  Dieu  ;  pour  dire  ,  que  c'eft  un  don  de  Dieu  ; 
par  un  bonheur  inopiné  ,  fans  qn'il  l'ait  recherché. 
On  dit  qu'un  homme  eft  devant  Dieu  ;  pour  dire  , 
qu'il  eft  morr  \  8c,  quand  c'eft  un  méchant  homme, 
que  c'eft  une  belle  ame  devant  Dieu.  Je  ne  fais  où 
cela  eft  j  Dieu  le  fâche.  Tout  cela  va  comme  il  plaît 
à  Dieu  ;  c'eft-à-dire  ,  en  défordre  ,  perfonne  n'en  a 
foin.  Dieu  fur-tour;  pour  dire,  que  Dieu  eft  au- 
delîîis  des  chofes  fublunaires,  fur  lefquelles  on  fait 
des  prédirions.  On  dir  que  la  voix  du  peuple  eft 
la  voix  de  Dieu.  On  dit  auftl  ,  que  ce  que  la  fem- 
me veut ,  Dieu  le  veur  j  pour  dire  j  que  les  femmes 
font  opiniâtres. 

On  dit  qu'un  homme  doit  à  Dieu  8c  au  monde  : 
pour  dire ,  qu'il  eft  noyé  de  dettes,  ^re  alicno  op- 
preffus. 
Dieu -DONNÉ  ,  eft  le  furnom  dohné  à  quelques  Prin- 
ces ,  donr  la  nailfance  a  été  inefpérée  ,  ou  en  quel- 
que façon  miraculeufe  ,  que  Dieu  a  accordés  aux 
prières  de  fon  peuple.  Deo-datus.  PhiUppe  Auguf- 
te  a  eu  le  nom  de  Dieu-donné. 

Il  V  a  quelques  endroits  où  l'on  appelle  Dieu-don- 
né,  les  féculiers  qui  fe  donnent  à  Dieu ,  8c  au  fer- 
vice  des  Monaftères  oi  ils  fe  retirenr.  En  d'autres  on 
les  appelle  feulement  jDû/z/zei- J  8c  autrefois  Oi^/aw 
Dieu,  fe  dit  aufli,  en  plufieurs  mors  compofés  j  dev 
lieux  pieux.  L'Hôtel--Die:^  j  la  Maifon  -  Z?ie;^  ,  fonc 

Vr 


53S  D   1   £ 

des  Hôpitaux.  La.  Chai(^&-Dieu  ^  "Romg-Dieu ,  Be- 
rÀiTon-lJieu ,  Lisu-Dicu  j  font  des  noms  d'Abbayes. 
On  appelle  communément  l'Hoftie  consacrée,  le 
bon  Dieu.  On  lève  le  bon  Dieu.  On  va  porter  U  bon 
Dieu  à  ce  malade. 

La  fi  ce-Dieu  j  Fcfium  Corporis  Chnfii  :  c'eft  une 
fcte  que  l'Eglife  célèbre  le  Jeudi  d'après  le  Diman- 
che de  la  Trmité  ,  qui  fuu  immédiatement  celui  de 
la  Pentecôte.  Elle  s'appelle  autrement  la  iête  du  S. 
Sacrement,  ou  la  fête  du  Corps  de  Notre-Seigneur: 
c'eft  en  l'honneur  du  S.  Sacrement  de  l'Autel  j  Se  de 
fcn  inftitution  :  le  jour  même  de  la  tête  s'appel- 
le par  le  peuple  la  grande  Fête-Dieu  j  &  le  jour  de 
l'Odave  ,  ou  le  Jeudi  fuivant ,  la  petite  Fête-Dieu  ^ 
parce  qu'elle  eft  moins  folennelle,  &  fêtée  feule- 
ment jufqu'à  midi.  Quelques- uns  dilent  mdX  Fcte 
de  Dieu.  Vers  le  milieu  du  XIII^  fiècle  ,  une  fainte 
fille  de  Liège,  appelée  Julienne  ,  ayant  eu  une  ré- 
vélation de  faire  mltituer  une  fête  à  1  honneur  du 
Très  Saint  Sacrement  de  l'Autel,  entreprit  de  l'exé- 
cuter ,  aidée  d'une  autre  fainte  Reclufe  ,  nommée 
la  vénérable  Eve.  Elle  en  vint  à  bout ,  malgré  un 
nombre  infini  de  contradiiftions ,  ^  fit  taire  un  of 
fice  particulier  pour  cette  fête  ,  par  fon  Clerc,  nom 
mé  Jean- Jacques  Pantaléon  ,  de  la  ville  de  Tioyes 
en  Champagne  ,  qui  étoit  alors  Arciiidiacre  de  Lié 
ge ,  fdvorifa  fort  un  (i  pieux  delfein  ,  &:  approuva 
cet  Office.  Cet  Archidiacre  ayant  été  tait  Patriarche 
de  Conftantinople  ,  &  enfi.ite  créé  Pape    le    19"^ 
d'Août  i2(ji ,  fous  le  nom  d'Urbain  IV,  un  miracle 
qui  arrivai  Bolfena  ,  petite  ville  de  l'Etat  Eccléfiaf 
tique  ,  non  loin  de  Civita  -  Vecchia ,  où  au  milieu 
des  fiints  myftères  ,  il  coula  du  fang  de  l'hoftie  ,  en- 
tre les  mains  d'un  Prêtre  qui  doutoir  de  la  préfence 
réelle,  &  il  vit  Jefus-Chrift  dans  l'hoftie;  ce  mi- 
racle, dis-jcj  qui  arriva  vers  la  quatrième  année 
du  Pontificat  d'LFrbain  ,  &  dont  tout  le  peuple  fut 
témoin ,  &  ce  qui  s'étoit  palTe  à  Liège  environ  quin- 
ze ans  auparavant ,  porta  le  Pape  ,  de  l'avis  des  Car 
dinanx  ,  à  ordonner  qu'on  cclébreroit  tous  les  ans 
dans  toute  l'Eglife  la  fête  du  Corps  de  Jefus-Chrift, 
le  Jeudi  qui  fuit  l'oftave  de  la  Pentecôte,  &,  ayant 
envoyé  quérir  S.  Thomas ,  qui  fe  tnouva  pour  lors 
à  Civitâ-Vecchia  ,  où  étoit  la  Cour ,  il  lui  ordonna 
d'en  compofcr  l'office ,  qui  eft  celui  que  nous  réci- 
tons encore,    f^oye^    les  Bollandiftes ,   PropyUum 
.  menjis  Maii ,  Dijjht.  XXIII.  &  Maii^  T.  Vil.  Pa- 
ralip.  ad  Conat,  Chronol.  p.  1 04. 
DIEUSE.  Petite  ville  de  Lorraine  ,  à  deux  lieues  de 
Marfal ,  du  côté  du  levant.  Dieufa  j  Decemp-.tgi, 
Cette  ville  eft  (ituée  fur  la  Seille  ,  peu  éloignée  de 
l'endroit  où  cette  rivière  fort  de  l'étang  de  Lindre , 
appelé  en  Latin  Lacus  Duodeciacus.  Les  Allemands 
appellent  cette  ville  Duoge  in  Lotringen.  Quelques 
Géographes  prctendentque  Dicufe  eft  l'ancien  Duo- 
deciacum^  que  d'autres  placent  à  Delme  ,  &  d'autres 
.à  Douzy.  On   dit  auffi  que  c'eft  à  Dieufe  qu'arriva 
le  miracle  qui  rendit  Attila  plus  trairable  ^  plus 
doux,  &:  qui  lui  fit  renvoyer  S.  Auteur.  Evêque  de 
Metz  ,  &  tous  les  captifs  qu'il  avoit  hiits  dans  cette 
ville.  Selon   quelques-uns,  les  Romains  la  noni- 
moicni  Decempagi.  L'Itinéraire  d'Antonin  marque 
exprelfément  Decempagi  à    une   égale  diftance  de 
Metz  &  di  S  ;verne  ,  c'eft-à-dire  ,  à  vingt  milles  de 
l'une  <k.  de  l'autre.  On  la  voit  marquée  dans  la  Car- 
te de  Peutin'^er ,  entre  Divodurum  ou  Metz,  &  Ta- 
hcrna  ou  Saverne.   Dans  la  Defcription  Hiftorique 
&  Géographique  de  la  France,  par  M.  l'Abbé  de 
Longuerue  ,  p.  154.  il  eft  dit  que  Dieufe  eft  célè- 
bre par  fes  puits  d'eau  falée  ,  dont  on  fait  quantité 
de  fel. 
DIEUTELET.  f  m.  Petit  Dieu.  Le  Capitan  Château- 
fort  dans  la  Comédie  du  Pédant  joué  ,  fe  fert  de  ce 
mot ,  expreflion  digne  de  fon  Auteur. 
DIEY.  Foye-^  DËEL  y  &  DTEL. 


D   I   E 

réputation,  fait  perdre  l'eftime,  &  attire  le  nié*- 
pris  des  honnêtes  gens.  Injamans  ,  injamiam  injc- 
rens.  On  peut  faire  informer  pour  des  injures  atro- 
ces ôc  di^amantes.  Voye\  Diftamatoiie. 
DIFFAMATEUR,  f.  m.  Celui  qui  diftame,  qui  ôte  la 
réputation  de  quelqu'un  par  des  paroles  ou  écrits 
dittamatoires.  Qui  alteri  injamiam  injerc  j  injamia 
notam  inurit  \  ohtreciator ,  atieniz  Jaw.m.  violator.  On. 
punit  ceux  qui  font  des  Libelles  ,  comme  des  diffa- 
mateurs publics. 
DIFFAMATION,  f  f.  Ac1:ion  par  laquelle  on  diffame 
quelqu'un  ,  on  lui  ôte  fa  réputation.  ALien&jamA 
violatio.  La  diffamation  du  prochain  eft  un  crime  qui 
n'eft  pas  allez  puni.  Vous  êtes  bien-heureux ,  (i  vous 
fouiïrez  des  injures  &  des  diffamations  pour  le  nom 
de  Jefus  Chrift.  PoRi-R. 

DIFFAMATOIRE,  adj.  m.  &  f.  Epithète  qui  fert  à 
marquer  la  nature  des  difcours  ou  des  écrits  qui  at- 
taquent la  réputation  d  autrui.  Injamans  ,  jamofus. 
Libelle  diffamatoire.  Les  Magiftrats  doivent  empê- 
cher la  publication  des  libelles  dijfamacoires.  Par  les 
loix  Romaines ,  &  par  les  anciennes  Ordonnances , 
les  Auteurs  de  libelles  dijfamatoires  étoient  punis  de 
mort,  yoyei  François  Baudouin  ,  Conimentarius  ad 
Leges  de  Famojis  Libellis  ,  &  la  Dillertation  de  M. 
Bayle  fur  les  libelles  diffamatoires  j  à  la  fin  de  fon 
Diélionnaire  Critique.  Le  Cardinal  de  Ximénès 
éroit  infeniible  aux  libelles  dijfamatoires.  Il  trouvoit 
qu'il  étoit  jufte  de  lailfer  aux  inférieurs  la  liberté 
de  venger  leur  douleur  par  des  écrits  ,  qui  ne  du- 
rent qu'autant  qu'on  s'en  offenfe  ,  &  qui  perdent 
leur  agrément  &c  leur  malignité  dès  qu'on  les  mé- 
prife. 

lïCF  Le  mot  dffamatoire  j  fuivant  la  remarque  de 
M.  l'Abbé  Girard ,  fert  à  marquer  la  nature  des  dif- 
cours ou  des  écrits  qui  attaquent  la  réputation  d'au- 
trui.  Diffhmant  &  injamanc  marquent  l'effet  des 
aélions  qui  nuifent  à  la  réputation  de  ceux  qui  en 
font  les  Auteurs  ;  avec  cette  différence  que  ce  qui 
eft  un  obibcle  à  la  gloire,  fiit  perdre  l'eftime  ,  &: 
attire  le  mépris  des  honnêtes  gens  ;  que  ce  qui  eft 
infamant  elf  une  tache  honceulc  dans  la  vie ,  fait 
perdre  l'honneur  &  attire  l'averfion  des  gens  de 
probité.  Qui  a  eu  la  fottife  ou  le  malheur  de  faire 
quelque  atlion  diffamante  ,  doit  être  attentif  à  ne 
fe  point  donner  Àss  airs  de  vanité.  Rien  n'eft  plus 
diffamant  pour  un  homme  ,  que  les  balfelTes  de 
cœur  \  Si.  rien  ne  l'eft  davantage  pour  les  femmes, 
que  les  foiblelles  de  galanterie  poulfces  à  l'excès. 
Plus  on  a  d'éclat  dans  le  public  ,  plus  on  eii  expofc 
aux  difcours  diffamatoires  des  jaloux  &c  des  nrécon- 
tens.  Les  libelles  difiamatoires  font  plus  propres  à 
déshonorer  ceux  qui  les  compofent ,  que  ceux  con- 
rre  qui  Us  font  faits.  Foye^  Aulli  Infamant. 

DIFFAME,  f  m.  Vieux  mot.  Honte  ,  diffamation  ,  op- 
probre. Opprobrium  ,  decus.  Marot  s'en  eft  fervi. 

DIFFAMER,  v.  a.  Déshonorer,  noircir  la  réputation 
de  quelqu'un.  Injamare ^  aliquem  infamià  ajpergere ^ 
turpitudmis  notam  alicujus  \its,inurere.  Pluiieurs  Ecri- 
vains ont  tâché  de  fe  diffamer  les  uns  les  autres  dans 
leurs  livres,  dans  leurs  critiques.  Diffamer  les  au- 
tres ,  c'eff  fe  diffamer  foi  -  même. 

Ce  long  amas  d'aïeu.v  ,  c^ue  vous  diffamez  tous  , 
Sontautantde  témoins  quiparlent  contre  vous.  BOIL0 


D  I  F, 

DIFFAMANT,  ANTE.  adj.  Qui  diffame,  qui  nuit  à  la 


Nicot  dit  que  ce  mot  vient  du  Grec  <^»f?x^é<»,  fi- 
gnihant  la  même  choie  ,  d'où  l'on  a  fait  diffamareçn 
Latin  ,  &  enfuite  diffamer  en  François. 
Diffamé  ,  ée.  part.  Un  homme  diffame' ,  c'eft  un  hom- 
me perdu  de  réputation.  Injamis  j  injamiâflagrans ^ 
diffamatus  .,famofus. 

En  termes  de  Blafon ,  on  appelle  diffame',  un  ani- 
mal ,  comme  un  lion  j  un  aigle,  un  chien  j  &c.  qui 
n'a  point  de  queue.  Caudà  carens ,  caudàmutUus.  On 
appelle  armes  diffamées  ,  celles  dont  quelque  pièce 
a  été  retranchée  ,  ou  auxquelles  on  a  ajoute  quelque 
chofe  ,  qui  fait  déshonneur ,  en  punition  de  quelque 
crime  commis  par  celui  qui  les  porte.  Sous  le  règne 


D  î  F 

c^e  S.  Louis,  Jexn  d'Avcfnes,  pour  avoir  injuiié  fa 
mare  Marguerite,  Comceire  de  Flandres,  en  pré- 
fence  du  Roi ,  im  condamné  à  poiter  le  Lion  de 
fes  amies  morné. 

DÏFFARrlEATION.  Cf.  Cérémonie  par  laquelle  fe 
ceiebroK  le  divorce  des  Prérres ,  par  laquelle  l'or- 
dre &  la  coutume  étoic  de  jdilloudre  les  mariages 
conrra£tés  par  confarréarion ,  qui  éroient  ceux  des 
Ponrires.  JJijfarreano.  Feilus  dit  qu'elle  le  taifoit 
avec  un  gâteau  de  h'oment ,  în:  que  c'eft  pour  cela 
qu'elle  fe  nommoit  ainîi ,  dsjar,  fronient.  Vige- 
rère ,  qui  parle  de  ces  deux  cérémonies  dans  fes^//z- 
nocdtiof/sfur  l'ite-Llve  j  pag.  968.  dit  que  la  confar- 
réarion &  la  d^jjdrrcjcion  croient  la  même  cérémo- 
nie. Cependant  Feilus  dit  lenlement  qu'on  la  faifoit 
avec  un  gâteau  de  homent ,  fans  dire  li  l'homme  & 
la  femme  en  mangeoienr  comme  dans  la  confarréa- 
rion j  ni  (1  c'étoit  abfolumenr  la  même  chofe.  Du 
relie  ,  il  donne  à  la  dijj'arrdaaon.  la  qualité  de  lacri- 
fice.  f'oye^  Confakréation. 

Ce  nom  vient  dédis,  prépofition  ,  qui  n'eft  en 

ufage  que  dans  la  compodrion,  &:  qui  iignihe  d,-vi- 

Jîon  J  jlpardrjon  ;  &  dà  Jarre acio  j  cérémonie  hiite 

avec  du  froment ,  de  Far ,  froment ,  comme  on  l'a 

dit. 

DIFFEREMMENT,  adv.  D'une  manière  différente. 
Diverse,  dijjlmiliter ,  dijjiniiii  ratione.  On  compte 
cette  hilloire  différemment.  On  traite  différemment 
les  perfoiines  fuivant  leur  qualiré  &  leur  mérire.  On 
vit  bien  différemment  à  la  Cour  îk  chez  le  peuple. 
Les  efprits  ,  qui  iont  dans  un  mouvement  conti- 
nuel ,  envifagent  les  chofes  différemment  ,  félon 
qu'ils  le  tourneur.  S.  EvR. 

|Cr  DIFFÉRENCE,  f.  f.  Terme  de  Logique  &  de 
Métaphylique.  C'eft  proprement  l'attribut  elfen- 
tiel  que  comprend  chaque  efpèce  de  plus  que  le 
j^enre  :  ce  qui  conftitue  l'efpèce  ,  la  caradlérife  ,  & 
la  diftingue  des  autres  efpèces.  Differentia.  Une 
bonne  définition  doit  contenir  le  genre  &:  la  diffé- 
rence. Dans  cette  définition  ,  par  exemple  ,  l'ame  ell 
une  fubftance  incorporelle  i  le  mot  fubftance  elf  le 
genre.( '^jy.  ce  mot  )  &  incorporel  eft  la  différence 
qui  conftitue  l'ame  ,  &  qui  la  diftingue  des  fubf- 
tances  corporelles. 

ftC?  Dans  un  fens  plus  étendu ,  nous  appelons 
fouvent  différence,  une  alfemblage  de  pîufieurs  at- 
tributs ,  qui  tous  réunis  ne  fe  trouvent  que  dans 
une  efpèce,  &  fervent  conféquemment  à  la  diftin- 
guer  de  toute  autre  efpèce.  Cela  arrive  nécelTaire- 
nient  toutes  les  fois  que  nous  ne  voyons  pas  dans 
une  chofe  un  attribut  qui  convienne  à  toute  une 
efpèce  ,  &  qui  ne  convienne  qu'à  cette  efpèce  j  c'eft 
ce  que  nous  faifons  dans  l'idée  que  nous  nous  fai- 
fous  de  la  plupatt  des  animaux ,  des  arbres ,  ^c. 
C  eft  par  le  moyen  des  fens  que  nous  reconnoillons 
les  principales  différences  entre  tous  les  corps.  Roh. 
Dijcrimen  j  diffimilitudo. 

Quand,après  le  mot  différence,on  met  deux  autres 
mots  qu'il  régit ,  le  premier  doit  être  au  génirir ,  & 
le  fécond  au  datif.  La  dijjérence  d'une  langue  à  l'au- 
tre. L'AsBfi  Regn.  La  différence  d'un  Roi  à  un  fujet, 
d'un  homme  à  un  enfant ,  d'un  Général!  un  foldat , 
ôcc.  Je  laiiTe  à  juger  s'il  n'y  a  pas  aujourd'hui  autant 
de  différence  de  notre  ignorance  j  &  de  notre  paref- 
fe ,  à  la  diligence  &  au  profond  favoir  de  ces  An- 
ciens. M^  Dacier. 

Différence  ^  (ignifie  aullî ,  Diftinétion.  Il  faut  faire 
grande  ^(^/re,;ce  entre  un  Savant,  ou  un  homme 
d'efprit ,  &  un  ignorant  ou  un  fot.  On  a  tout  palfé 
au  fil  de  l'épée  fans  différence  de  fexe  ni  d'âge.  Il  y  a 
des  génies  fupérieurs  qui  font  en  droit  de  prétendre 
des  différences  ;  mais  ce  font  des  droits  qu'il  faut 
exercer  avec  beaucoup  de  délicatelfe.  S.  Evr.  Il  y  a 
des  différences  délicates  entre  les  qualités  qui  paroif- 
fent  les  mêmes  ,  que  nous  découvrons  malaifément. 
Id.  Le  tems  ,  les  faifons  ,  les  fecours ,  le  plus  ou  le 
moins  d'ennemis ,  font  des  différences  dans  la  vie 
des  Rois  ,  que  Votre  Majefté  ne  connoît  point.  P. 
d'Orléans. 


D  i  F  339 

§CF  La  différence,  dit  M.  l'Abbé  Girard  ,  fuppoie  ' 
une  comparaifon ,  que  Tefprit  fiiit  des  choies ,  pour 
en  avoir  des  idées  précifes  ,  qui  empêchent  la  con- 
fulion.  La  diver/ité  luppoÇc  un  changement  ,  que  le 
goût  cherche  dans  les  chofes,  pour  trouver  une  nou- 
veauté ,  qui  le  flatte  6c  le  réveille.  La  vaiiétc  fup- 
pols  une  pluralité  de  chofes  non  reiîemblantes,  que 
l'imagination  fiilit ,  pour  fe  faire  des  idées  riantes  j 
qui  diilipent  l'ennui  d'une  trop  grande  un  il  ormitc. 
Uive/yité dzns  les  mets;  variété  dans  les  plus  petits 
objets.  La  différe::ce  des  mots  doit  fcrvir  à  marquer 
celle  des  idées. 

Différence,  tn  terme  de  Mathématique  ,fignlhe  l'ex- 
cès d'une  quantité  à  l'égard  d'une  aune.  Cet  angle 
eft  de  60  degrés,  &  celui-là  de  90  ,  leur  diff'rencc 
eft  de  trente  degrés.  Ainfi  ,  quand  on  a  fouftrait  un 
plus  petit  nombre  du  plus  grand,  ce  qui  relie  le 
nomme  différence.  En  Aftronomiej  on  appelle  c/{)yV- 
rence Âfcerijîonnelle ^\'^rc  de  l'Equateur  comprisenue 
le  cercle  de  (îx  heures ,  &  le  cercle  horaire  duloleil. 

^fT  Différence  ,  dans  la  Géométrie  del'infini,  nom 
que  l'on  donne  aux  grandeurs  diftérencielles  ,  ou 
tjue  l'on  regarde  comme  infiniment  petites,  l^oye^ 
Différentiel. 

DIFFERENCIER,  v.  a.  Mettre  de  la  différence  , 
marquer  la  différence,  expliquer  la  différence.  DiJ- 
jerentis. ,  liij'criminis  notam  apponere.  Une  définition 
doit  marquer  le  point  elfentiel  qui  différencie  le  gen- 
re de  l'efpèce. 

\f3'  Différencier  une  quantité,  en  Mathématique^ 
C'eft  en  prendre  la  partie  infiniment  petite.   Acad. 
Fr.  En  rendre  la  diftércnLC  fuivant  les  règles  du  cal- 
cul différentiel. 
",  Différencié  ,  ée.  part. 

DIFFEREND,  f^oyei  ci-deflLus  DIFFERENT. 

DIFFÉR.ENT,  enee.  adj.  Dilferablable  ,  qui  n'eft  pas 
S  \e  m^ivne.Differcns :,  dij'par,  diffi^nilis.  Les  op'imons 
des  Philofophes  font  bien  différentes.  Cela  eft  diffé- 
rent comme  le  ciel  &  la  terre  j  comme  le  jour  ôC 
la  nuit.  On  explique  les  lois,  les  palfages  de  FEcri- 
ture  ,  en  pluficurs  fens  différens.  Plutarque  a  jugé 
de  l'homme  trop  en  gros,  &  ne  l'a  pas  cm  fi  diffé- 
rent qaii  eft  de  lui-même.  S.  Evr.  Il  comparoir  la 
différence ,  &  la  relTcmblance  des  affaires ,  Se  com- 
bien ce  qu'elles  ont  de  £^.'ifcT£«f  change  ce  qu'elles 
ont  de  femblable.  S.  Ré.4l.  Ils  font  différens  d  ha- 
bits ,  de  vifage  ,  de  mœurs  ,  de  Religion.  Adi.anc. 
Evite  ces  phrafes  fynonymes  ,  qui  difent  la  même 
chofe  en  termes  différens. 

On  dit ,  proverbialementjde  deux  chofes  qui  font 
extrêmement  différences,  qu'elles  font  différentes  du 
blanc  au  noir.  Acad.  Fr. 

Différent,  f.  m.  Il  y  a  de  bons  Auteurs  ,^qui  écri- 
'  vent  différend-^  pour  dire  ,  dilpute  j,  démêlé  ,  con- 
teftation  ,  procès,  querelle.  Mais  l'Académie  n'ad- 
met que  différent.  Controverfia  ,  contentiù  ,)urgium^ 
rixa.  On  fait  des  rranfadions  pour  terminer  h-s  dif- 
férens. La  Cour  a  prononcé  fur  \caï  différent.  Décider 
un  différent'.  Con:rover(iam  dinmere.  Ablanc.  Il  (i- 
gnifie  aulh  la  chofe  conteftée.  Il  faut  partager  le  dif- 
férent par  la  moitié. 

Nous  favons  déjà  que  ces  mots  j  différent ,  dif- 
pute ,  démêlé,  querelle,  procès  ,  que  l'on  confond 
dans  l'ufage  ordinaire ,  ne  fe  relTemblent  que  par 
l'idée  générale.^!?)  e:f,  au  morconteftationj  les  nuan- 
ces particulières  qui  les  diftinguent. 

^fT  Le  différent  eft  une  conteftation  fur  une  cho- 
fe précife  &  déterminée  fur  laquelle  on  fe  contrarie, 
l'un  difant  oui ,  &  l'autre  non.  La  concurrence  caufe 
des  différens  cnive  les  particuliers. 

Différent  ,  en  termes  de  Monnoie  ,  eft  une  marque 
particulière  qu'ontchaque  Tailleur  ,  ou  chaque  Maî- 
tre en  chaque  Monnoie  ,  &  qui  fe  change  toutes  les 
fois  qu'il  y  a  un  nouveau  Maître  ou  Tailleur,  ou 
même  des  Juges-Gardes  ouEftàveurs  nouveaux-Z'cû.v- 
liaris  nota.  On  fait  des  boctes  apart  où  chaque  Maî- 
-  tre  a  fon  différent ,  un  fohdl ,  une  étoile  ,  un  croif- 
j  fant ,  ou  quelque  animal ,  ou  biep  quelque  fruit  i  dc 
[     ils  font  obligés  de  marquer  chacun  Ion  différent  dAns 

V  V  ij 


340  DIF 

la  légende  des  efpèces  du  côté  de  l'effigie,  &da  côté. 
de  recullon.  Boizard.  Ces  d/ffcrencs  ont  été  éta- 
blis pour  répondre  de  la  bonté  des  efpèces ,  &  pour 
faue  voirie  lieu  où  elle  ont  été  fabriquées  j  ainiij 
qu'il  s'eft  pratiqué  dès  le  temps  de  nos  premiers  Rois.  ! 
Alors  le  Monétaire  faifoit  mettre  fon  nom  &  fa 
qualitéentièie,  ou  en  abrégé  fur  les  efpèces.  Ces  dij- 
Jcrcr.ts  doivent  être  particuliers  ,  &  ils  ne  peuvent 
être  marqués  lur  les  efpèces ,  m  être  changés ,  que 
par  l'ordre  de  la   Cour  j    ou    des  Juges  -  Gardes 

IdE7\ï. 

DIFFERENTIEL  ,  elle.  adj.  Terme  de  la  nouvelle 
Analyfe  J  qui  fuppofe  l'Algèbre  ou  l'Analyie  ordi- 
naire, mais  qui  en  eft  tout  à  fi.iit  différente,  &  pour 
la  méthode  ,  &  pour  l'ufage. 

^fT  QaXiiZKé  d/fferencielie ,  une  quantité  infiniment 
petite.  Calcul  différentiel ,  le  calcul  de  ces  fortes  de 
quantités.  On  dit  aulîî  fubftantivement  une  d/^e- 
rcnûdle  ,  pour  dire ,   une  quantité  dijjinndelle. 

Ce  mot  eft  nouveau  :  la  découverte  des  infiniment 
petits  &  la  querelle  de  M.  Leibnits  avec  M.  New- 
ton l'ont  fait  naître. Tous  les  Mathématiciens  parlent 
aujourd'hui  de  calcul  dijfc:rt:itit;I  ^  de  méthode  dij- 
férenûellc.  0\\  appelle  calcul  différentiel ,  l'Arithmé- 
tique des  fluxions.  Le  calcul  différentiel  confille  à 
delcendre  des  grandeurs  entières  à  leurs  différences 
infinimient  petites,  &  à  comparer  entre  eux  ces  in- 
finiment petits  J  de  quelcjue  genre  qu'ils  foie.it  j  & 
c'eft  pour  cela  qu'on  l'appelle  càicvà  différentiel  ^  ou 
Analyfe  des  infiniment  petits.  Il  eft  oppofé  au  cal- 
cul intégral ,  qui  conhfte  à  remonter  de  ces  infini- 
ment petits  aux  grandeurs  dont  ils  font  les  différen- 
ces. L'un  &  l'autre  fert  principalement  à  la  réfolu- 
tion  des  lignes  courbes  ,  foit  Méchaniques  3  foit 
Géométriques.  Dans  le  calcul  différentiel ,  on  re- 
garde les  courbes  comme  des  polygones  d'une  in- 
finité de  côtés ,  qui  ne  diffèrent  entre  elles  que  par 
la  différence  des  angles  ,  que  ces  côtés  infiniment 
petits  font  entre  eux.  On  détermine  la  pofition  de 
ces  côtés  pout  avoir  la  courbure  qu'ils  forment , 
c'eft-à-dire  ,  les  tangentes  de  ces  courbes  ,  leurs  per- 
pendiculaires,  leur  point  d'inflexion  ou  de  rebrou- 
fement ,  les  rayons  qui  s'y  réfléchiffent ,  &  ceux  qui 
s'y  rompent  J  &c.  Tout  ce  calcul  différentiel  a  été 
patlaitement  bien  traité  &c  mis  dans  tout  fon  jour 
par  M.  le  Marquis  de  l'Hôpital,  dans  fon  livre  in- 
titulé ,  Analyfe  des  infiniment  Petits  pour  l'intelli- 
gence des  lignes  courbes ,  in-j^°.  à  Paris  de  l'Impri- 
merie Royale  1 696.  Il  le  fonde  uniquement  fur  deux 
demandes  oufuppofitions  très-fimples.  La  première, 
eft  que  l'on  puiffe  prendre  indifféremment  l'une 
pour  l'autre  deux  quantités  qui  ue  diffèrent  entre 
elle  que  d'une  quantité  infiniment  petite.  La  féconde 
demande  eft  ce  que  je  viens  de  dire  ,  qu'on  puiffe 
confidérer  une  ligne  courbe  comme  l'affembiage 
d'une  infinité  de  lignes  droites  ,  chacune  infiniment 
petite,  ou  comme  un  polygone  d'un  infinité  déco- 
tes, chacun  infiniment  petit.  On  trouvera  bien  des 
exemples  de  ce  calcul  dans  les  Journaux  de  Leipfic 
depuis  l'an  11J84.  On  attribue  la  gloire  de  l'inven- 
tion de  ce  calcul  au  célèbre  M.  Leibnits  Meilleurs 
Bcrnoulli,M.  Newton,  M.  T.  Schirneus,  s'en  font 
fervis  avec  avantage  pour  la  folution  de  différens 
problêmes  très-curieux  ;  comme  M.  Varignon  l'a 
fouvenc  fait  dans  l'Académie  Royale  des  Scien- 
ces. 

DIFFERER.  v.a.Gagnerdu temps,  remettre  à  un  au- 
tre t^mps.  Diferre  , procrj/tinare.  Les  Financiers  c///- 
ferent  les  paiemens  le  plus  qu'ils  peuvent.  Il  ne  faut 
point  différer  f.i  converfion  la  remettre  de  jour  en 
joue  On  ne  doit  point  (/itérer  à  bien  vivre.  Ablanc. 
Je  ne  puis  a'/îfcVtfr  plus  long-temps  à  vous  fupplicr 
de  me  tirer  de  peine.  Voit. 

Tu  Jais  lien  que  mo  i  cxur  ,  facile  à  tesdefirs  , 
iV'iî  jamais  d'un  moment  différé  tes plaifîrs. 

BoiLEAU. 


D  IF 

Je  rnaffûïhlis  ,  plus  je  diffère  : 
Il  Jaut  m' arracher  de  ce  lieu.  Quin. 

Différé  ,  ée.  part.  On  dit  proverbialement ,  ce  qui  eft 
différé  n'eft  pas  perdu. 

Différer,  figninu  être  diffemblable  j  n'être  pas  de 
même.  Differre  ,  difconvenire.  Il  y  a  bien  des  hom- 
mes qui  ne  différent  de  la  bête ,  que  par  la  figure. 
I)  difoit  qu'un  Roi ,  qui  ne  faifoit  point  la  guerre  , 
ne  d.fferoit  en  rien  de  fon  Palfrenier.  Ablakc.  Ils 
conviennent  en  plufieurs  chofes,  mais  ils  digèrent  en 
cela. 

Différer  vient  du  Latin  differre  ,  formé  du  Grec 
^icicpifiit  :  CCS  mots  fignifient  la  même  chofe. 

DIFFlt^ILE.  adj.  m.  &  f.  Ce  qui  fe  fait  avec  peine. 
f^oycti^  Facile.  Diffcilis  j  dijjicultatem  haiens.  Il  eft 
plus  diffcile  qu'un  riche  entre  en  Paradis ,  qu'un 
ch.-imeau  dans  le  trou  d'un  aiguille  ,  dit  Jlsus- 
Christ  en  Saint  Matthieu.  L'Algèbre  eft  une  fcience 
difficile  à  entendre.  Les  Princes  Ibnt  difficiles  à  gou- 
verner. Les  chemins  des  montagnes  font  âpres  &  dif- 
ficiles. Ce  paffage  eft  difficile  ,  il  a  fait  fuer  tous  les 
Commentateurs. 

Difficile,  fe  dit  auffi  de  l'efpiitjCnparlant  des  qualités 
oppofées  à  la  bonne  fociété.  Morofus ,  diff^cilis.  C'eft 
un  homme  fantafque  j  difficile.  C'eft  une  humeuc 
difficile  qu'on  ne  fauroit  contenter.  Cette  femme  fait 
la  difficile  par  honneur  feulement  ,  &.'  pour  ne  fe 
rendre  que  dans  les  formes.  B.  Rae.  Les  amis  dif- 
ficiles donnent  plus  de  peine  par  leur  humeur  ,  qu'ils 
ne  rendent  de  fervices  utiles.  S.  Evr.  On  dit  aulli  de 
ces  Critiques  qui  trouvent  toujours  à  rediie  aux 
plus  beaux  ouvrages ,  que  rien  ne  contente ,  que 
ce  font  des  gens  bien  difficiles. 

On  appelle  figutément  zemps  difficiles  j,  les  temps 
de  troubles  ,  de  mifère  ,  de  difette  ,  de  guerre  ci- 
viles ;  pendant  lefquels  les  Miniftres  ont  de  la 
peine  à  gouverner  les  peuples  ,  &  le  peuple  a  de  la 
peine  à  vivre. Difficilia ,   dura  tempora. 

On  dit  en  proverbe  ,  qu'un  homme  eft  difficile 
à  ferrer  ,  à  chauffer  ;  pour  dire  j  qu'on  a  du  mal  à 
lepcrfuader,   qu'il  n'eft  pas  accommodanr. 

DIFFICILEMENT,  adv.  Avec  peine,  d'une  manière 
difficile.  Difficile ,  difficulter ,  difficiliter ,  ngrè.  La 
profonde  érudition  ne  s'acquiert  que  fort  difficile- 
ment &  avec  grand  travail.  On  fe  défait  de  l'amour 
propre  difficilement.  S.  Evr. 

10°  DIFFICULTÉ,  f.  f.  Embarras  qui  fe  trouve  dans 
les  affaires  ,  qui  naît  de  la  nature  &  des  propres 
circonftances  de  ce  dont  il  s'agit  j  &  qui  en  lufp>.nd 
la  décihon.  C'eft  ainfi  que  M.  l'Abbé  Girard  déve- 
loppe le  caraélère  de  ce  mot.  Difficultas.  La  difpo- 
fition  des  efprits  fait  fouvent  naître  dans  les 
traités  plus  de  difficultés  que  la  matière  même  fur 
laquelle  il  eft  quefi;ionde  llatuer.  Les  grands  hom- 
mes furmontent  toutes  fortes  de  diffuuucs.  Les  dif- 
ficultés irritent  l'amour  &  les  defirs.  Les  difficultés 
redoublent  l'empreirement  des  Amans.  S.  Evr. 

IJC?  La  difficulté  embarraffe;  elle  fe  trouve  fur- 
tout  dans  les  affaires,  <k  en  fufpend  la  décihon. 
Vobfiacle  arrête  j  il  le  rencontre  proprement  fur  nos 
pas  ,  &  femble  exprimer  quelque  chofe  qui  vient 
d'une  caufe  étrangère.  L'd/72pe't7ze/«er  réhfte  ;  il  fem- 
ble mis  exprès  pour  s'oppofer  à  l'exécution  de  nos 
volontés.  H  fait  entendre  quelque  chofe  qui  dé- 
pend d'une  loi  ou  d'une  force  fupérieure.  Lever  la 
difficulté -.^Çinmomet  l'obfiacle-^otei  ou  vaincre  l'e/n- 
pêchement. 

03°  Difficulté  ,  fignifie  quelquefois  obfcurité  j  en- 
droit difficile  à  entendre,  raifons  de  dourer.  Il  eft 
allez  ordinaire  aux  Commentateurs  d  être  diffus  fur 
ce  qui  s'entend  aifément  j  &  de  palier  rapidement 
fur  les  difficultés,  fur  les  en  Iroits  difficiles.  Cet 
homme  eft  fi  fubtil ,  qu'il  cherche  àcs  difficultés 
plutôt  que  des  raifons  de  déci  1er,  S.  Evr. 

Difficulté,  fe  dit  aulli  des  difp  ifirions  des  pairies 
du  corps,  qui  caufent  des  mal.idies.  Difficuttas  ,  éc. 
La  gravelle  donne  une  difficultî  d'uriner.  Difficultas 


D  I  F 

urlnt,  L'afFeition  du  poumon  donne  une  d/jjiiulté 
de  reipuer.  DiJJLCukas  rcj^iraudi ,  onj'pintus.  La  lan- 
gue gralFe  caule  une  dijjiadce  de  parler. 
Difficulté, j  lignifie  encore,  dans  le  langage  com- 
mun, une  concertation  légère  entre  amis.  C'D«re«r/L). 
Ces  deux  frères  ont  eu  quelque  di^fficulcé  enfemble, 
ils  font  en  froideur. 

Onditencore,  taire  û'<'//?i.7//r<;' d'accorder  une  grâ- 
ce ,  une  prière  à  quelqu'un  ;  pour  dire,  y  avoir  de 
la  répugnance,  ^grè  aliquid  alceri  conced-^re. 

Sans  d/jjiculté.  façon  de  parler  adverbiale.  Indu- 
bitablement ,  fans  doute.  Haud  duhtc.  Si  vous  avez 
ces  gens-là  pour  vous  ,  fans  difficulté  vous  lerez  le 
plus  fort. 
Difficulté  ,  en  matière  dogmatique,  fîgnihe  une  rai- 
fon  ,  une  objediion  ,  un  argument  contraire  à  une 
propohtion  avancée  ,  qui  femble  la  détruire  ;  à  un 
fentiment  propofé.  Voilà  une  bonne  difficulté ^  il  y 
faut  répondre.  Ah  !  la  mauvaife  ,  la  pitoyable  c/.;^ 
ca/r^'.  La  liiez  venir  la  dijfkulté ,  puis  vous  répondrez. 
On  propole  de  grandes ,  de  fortes  dfficultés  contre 
ce  fyftème.  Répondre  j  fatisfaire  aux  difficultés.  Op- 
pofctio,  ohjectij  j  argumentum  contrarium. 

^fT  Faire  des  difficultés  ,  former  une  difficulté , 
des  difficultés  _,  alléguer  des  raifons  contre  quelque 
chofe. 

^Cr  On  dit ,  familièrement  &:  figurément ,  qu'un 
homme  eft  le  père  des  difficultés  j  pour  dite ,  qu'il  en 
fait  fur  toutes  chofes. 

CCF  On  dit  qu'une  chofe  ne  reçoit  point ,    ne 
fouftre   point  de  difficulté  ;  pour  dire  j    qu'on  ne 
Voit  rien  qui  s'oppofe  à  fon  exécution  :  qu'une  af- 
faire ne  fou (îre  point   de  difficulté,  qu'il  n'y  a  rien 
qui  en  doive  empêcher  le  fuccès  :  qu'une  propolî- 
tion  ne  foutïre  point  de  difficulté ,  qu'elle  elt  incon 
teftable ,  qu'on  ne  peut  rien  alléguer  contre. 
DIFFICULTUEUX,  EusE.adj.  Qui  forme  fins  ceffe 
des  difficultés ,  qui  en  trouve  où  il  n'y  en  a  point. 
Diffiicilis.  Voilà  un  homme  bien  difficultueux.  Il  eft 
fi  diffiicuhueux  qu'on  n'a  jamais  fait  avec  lui.  Il  ne  fe 
dit  que  des  perfonnes. 
DIFFINITEUR.  f.  m.  Le  P.  Helyoc  ,  dans  fon  Hif- 
toue  des  Ordres  Religieux  ,  du  quelquefois  Diffi- 
ni!sura.\i  lieu  de  Defîniteur ,  qui  elt  cependant  félon 
l'ufage.  Peut-être  que^  dans  quelques  Ordres  j  c'eft 
l'ufage  de  dire  Diffiniteur.  Chez  les  Céleftins  de  la 
Province  de  France  ,  après  i'éleétion  du  Provincial 
on  procède  à  celle  de  cinq  Diffiiniteurs  ,  qui ,  avec 
le  Provincial  &  celui  qui  fort  di  chargej  compofent 
le  Diffinitoire.  P.  Helyot  ,  T.  VI.  C.  13.  Où  l'on 
voir  qu'il  dit  aulïi  diffinitoire  ,  ou  lieu  de  déjinitoire 
qui  fedit  communément,  &  qui  eft  le  vrai  niotj 
car  ces   mots  ne  viennent  point  de  diffinire  ,  mais 
plutôt  de  definire ,  déterminer ,  régler ,  définir  ,  par- 
ceque  ce  font  ces  Définitcurs  Se  ce  Définitoire  qui 
règlent,  qui  terminent  toutes  les  affaires  de  l'Or- 
dre. 
DIFf  INITIF  ,  ivE.  adj.  L'Ordonnance  civile  emploie 
ce  mot  :  les  Praticiens  s'en  fervent  aulieu  de  dffi- 
nitif;  Se  difcnt  un  Jugement  diffitrùtij ,  un  Arrêt 
difftnitif ,  une  Sentence  diffinitive.  Mais  c'eft  fans 
aucune  raifon  d'étymologie  ni  autre.  Il  faut  abfo- 
lumentdire  Se  écnrc  définitif ,  du  verbe  Lann  de- 
finire ,  définir ,  décider.  F^oyci  DÉFINITIF. 
DIFFINITOIRE.  Foye^  Diffiniteur. 
DIFFORME,  adj.  m.  &  f.  Ce  mot  s'applique  génér.ile- 
ment  à  toutes  les  chofes  qui ,  parleur  conftrudtion 
extraordinaire ,  &  l'arrangement  de  leurs  parties  , 
ont  une  figure  qui  s'éloigne  d,;    la  naturelle  alfez 
pour  choquer  la  vue.  Injonnis ,  deforniis.  Les  Dé- 
mons font  peints  fous  de?  figures  difformes  pour  en 
donner  plus  d'horreur.  Un  nez  mal  fait  rend  un  vi- 
fa"e  di  forme.  O  la  difforme  créature  !  Elle  eft  alTez 
mal  bâtie  pour  faire  rougir  la  nature.  Main. 

§Cr  Ondit,dans  le  même  fens,  qu'un  bâtiment 
eft  di  forme ,  lorfque  le  conducteur  de  l'ouvrage 
n'a  pas  mis  dans  toutes  fes  parties  les  proportions 
qu'elles  devroient  avoir- 


D  I  F  î4i 

11  fe  dit  figurément  des  chofes  tnbrales.  Rieh  n'efï 
fi  dijjorme  que  le  vice.  Fadus. 
DIFFORMER.  v.  a.  Oter  la  forme.  Il  lie  fe  dit  guère 
qu'en  termes  de  Palais.  Dcjormare  ,  Jccdare.  On  or- 
donne qu'une  médaille  ^  qu'une  planche  f;ra   dij- 
Jormée ,  quand  elle    eft  désiionncte  j  que  des   f.uix 
coins  de  monnoies  feront  difformes.  Il  eft  défendu 
aux  Orfèvres  de  fondre  ,   ou  de  diffiormer  les  mon- 
noies ,  &  les  efpèces  d'or  &  d'argent. 
Difforme,  ee.  part.DeJormatus. 
DIFFORMITE,  f.  £  Ce  mot  déligne  en  général  uhe 
diipohcion  de  parties  j  qui  s'éloigne  plus  ou  moins 
de  la  di.'pofition  naturelle  ,  mais  toujours  allez  pour 
choquer  la  vue.  Défaut  de  proportion.  Diffr/nitas. 
La  dfformité  de  ce  bâtiment  vient  de  ce  qu'on  n'y 
apointobfervéde  iymmétrie.  Anftote  dit  que  le  ris 
vient    d'une  dijj ormite  ia.ns  douleur.  On    prile  les 
nains  &  les  bollus  en  Turquie  ,   pour  leur  diffor- 
mité. Leur  extrême  difformité  eft  la  preuve  de  leur 
fagelfe .  Gomb. 

On  ledit  auffi  des  chofes fpirituelies.  La  c/i^or- 
mitj  du  vice.  Ce  qui  fait  que  nous  avons  tant  d'in- 
dulgence pour  nos  pallions  j  c'eft  que  nous  les  re- 
gardons dans  un  certain  point  de  vue,  qui  nous  em- 
pêche d'en  apperçevoir  la  dfformité.  Bell.  Il  faut 
accoutumer  les  enfans  à  haïr  le  vice,  &  leur  eu 
faire  voir  la  difformité.  Mont. 
DIFFRACTION,  i.  f. Terme  d'Optique.  Inflexion  qltê 
fubiftent  les  rayons  de  lumière  ^  en  rafant  la  fur- 
face  d'un  corps  opaque.  C'eft  le  nom  d'une  des  qua- 
tre manières  dont  la  lumière  fe  répand ,  (Sv:  dont  on 
eft  redevable  au  père  GrimalJi.  On  avoit  cru  que 
la  lumière  ne  fe  faifoit  apperçevoir  que  par  direc- 
tion ,  par  rértcxion,  &  par  réhaètion  \  mais  le  P. 
Grimaldi  a  découvert  qu'elle  fe  répand  d'une  qua- 
trième manière  ,  qu'il  appelle  diffraciion.  Pour  ex- 
pliquer ce  que  c'éft  que  la  diffraciion  ,  il  dit  qne  ,  H 
l'on  fait  un  trou,  dans  une  chambre  bien  fermée, 
expoféeau  Soleil,  &  qu'on  mette,  dans  le  cône  lumi- 
neux que  forment  les  rayons  qui  entrent  parle  trou, 
un  corps  opaque  qui  ne  foit  pas  fi  grand  que  le 
cône  j  on  voit  que  la  lumière  fe  partage  à  la  ren- 
contre de  ce  corps  :  &,  comme  un  ruilleau  qui  court, 
rencontrant  un  corps  folide  ,  fe  divife  6c  coule  par 
les  deux  extrémités  de  ce  corps ,  &  y  répand  les 
eaux  ,  de  manière  que  de  chaque  coié  une  partie  de 
l'eau  s'écarte  vers  le  bord  du  ruilleau ,  £c  l'autre 
partie  coule  à  l'entour  de  ce  corps  folide  ,  Se  s'y  ré- 
pand en  tournant  par  derrière  j  de  même  la  lumièrcj 
rencontrant  le  corps  opaque,  fe  divife  dk'  jette  de 
chaque  côté  plufieurs  rayons  colorés  ,  dont  les  uns 
fe  répandent  vers  les  bords  du  cône  lumineux  ,  (Je 
les  autres ,  tournant  derrière  le  corps  cpaque  ,  le 
font  voir  dans  l'ombre  que  produit  ce  corps  :  ce  qui 
ne  fe  peut  rapporter  au  mouvement  dired  ,  ni  à  la 
réflexion  ,  ni  à  la  réfraction  \  mais  à  une  quatrième 
manière,  à  laquelle  il  a  donné  le  nom  de  diffrùcHon^ 
&  il  en  conclut  que  la  lumière  eft  un  corps  fluide 
comme  l'eau  j  puifqu'elle  a  le  même  mouvemenr* 
Journal  des  Savans  du  jo  Joùt  1666.  Toute  diffrac- 
tion ,  ou  irifie.xiondss  rayons  fe  fait  avant  qu'ils  aient 
touché  le  corps  j  à  l'occafion  duquel  elle  ie  fait  ;  Se 
c'eft  en  quoi  elle  diffère  ,  du  moins  en  apparence, 
de  la  reflexion,  ou  de  la  réfradion  j  qui  demandent 
toutes  deux  un  contact  immédiat.  Hifi.  de  l'Ac.  des 

6'c.  1740  j/'.  S4- 
DIFFUS  j  USE,  adj.  Etendu.  Il  ne  feditque  du  difcours 
&  des  écrits ,  fon  oppofé  eft  fiiccincl.  Diffufus.  Cec 
Avocat  plaide  bien  j  mais  il  eft  trop  diffus  Les  Com- 
mentateurs fouvent  font  trop  diffî/s  ,  pour  vouloir 
paroître  trop  lavans.  Le  ftyle  diffus  eft  propre  pour 
tous  les  difcours  qui  fe  font  dans  le  genre  dcmonf- 
tratif.  Dcmofthêne  eft  ferré  &  concis  ;  Cicéron  au- 
contraire  eft  diffus  Se  étendu.  Boil.  L'Orareur  doit 
être  fuccinct  &  diffus ,  félon  le  fujec  qu'il  tr.aite  Se 
l'occaiion  où  il  parle.  M.  l'Abeé  Girard. 

f(3'  On  voit  par-là  que  lemor  diffus,  en  matière 
de  littérature  j  ne  fe  prend  point  nécelfairementefi 
mauvaife  part,  c'eft-à-dire  ,   qu'il  n'emporte  pas, 


342.  D  I   F     D  I  G 

dans  fa  propre  (ignification,  l'idécj  d'un  vice  dans  le 
dikours.  Ainh  être  dijfus  n'ell  pas ,  comme  cjuel- 
qiies-uns  ledifenCj  employer  beaucoup  plus  de  pa- 
roles qu'il  n'eft  nécefîaire  pour  dus  ou  pour  expli- 
quer quelque  chofe.  Si  l'on  combe  dans  ce  détauc  , 
on  eft  alors  trop  diffus. 
DIFFUSEMENT,  adv.  D'une  manière  difFufe.  Diffufi. 

Il  écrit j  il. parie  trop  diffufément. 
fC?  DIFFUSION,  i:  f.  Terme  de  Phyfique  ,  qui  ex- 
prime l'aClion  par  laq^uelle  une  chofe  s'étend  j  ou 
Tertec  de  cette  action.  Diffufio.  Dès  que  le  foleil 
paroîc  ,  il  fe  fliit  une  grande  diffujion  de  petits 
atomes  par  tout  l'horifon.  On  le  dit  de  même  des 
fons  &  des  odeurs.  Mais  on  dit  mieux  propaga- 
tion de  la  lumière  ,  propagation  des  ions.  Voye\ 
ces  mots. 

On  dit  aulli ,  en  matière  de  dévotion  ,  une  dtf- 
fiip-on   de  cœur ,  lorfqu'il  l'emble  que   le  cœur  fe 
dilate  &  s'épanouit  pour  poulFer  des  dehrs  plus  ar- 
dens  de  l'amour  divin. 
|JC7'DIFFUSIOI^I.,  par  rapport  au  difcours  j  fe  trouve 
dans  la  Lettre   de  M.  l'Abbé   de  Pons  fur  l  Iliade 
de  M.  de  la  Motte.   Si  Homère    étoit   né  de  nos 
joursjil  s'exprimeroit  avec  le  moinsde  di^ufion  qu'U 
lui  feroit  poÛible.  On  peut   aulli- bien  dire  di^'u- 
fion  de   ftyle  ,  que  flyle  diffus.  De  bons   Ecrivains 
fe  font  fervis  de  ce  mot.  Avec  beaucoup  de  douceur 
&  d«  facilité  dans  les  vers  de  M.  du  Perron  de  Caf- 
tera, j'ai  cru  remarquer  feulement  qu'il  y  a  peut- 
être  un  peu  trop  de  dijjufion.  Le  Pour  et  Contre. 
DIFOSOT.  Nom    d'une    corvée  due  aux  Seigneurs 
par  les  Valfiux  en  Bretagne.  Il  en  efi:  parlé  dans  un 
Titre  de  S.  Méen  j    cité  par    Lobineau.  Hljl.  de 
Brcc.  T.  H.  p.  24. 

D  I  G. 

DIG.  f.  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  le  nom  du  pre- 
mier des  dix  mois  de  l'année  des  habitans  défile 
Formofe.  Voye\  la  Defaïpdon  de  cetcn  Ijh  j  im- 
primée à  Amfterdam  en  170^. 

DIGAME-  f.  1.  Terme  de  droit  Canonique,  /•'oje^ 
Bigame, 

DIGAMMA.  f.  m.  Terme  de  Grammaire  ,  qui  lig- 
nifie deux  gamma  ,  double  gamma.  Digamma.  Le 
dlgamma  n'eft  autre  chofe  que  la  lettre  F  ,  com- 
pofée  en  effet  de  deux  gamma  r,  polés  l'un  fur 
l'autre.  Le  dlgamma  renverfé  eft  une  F.  renverfée 
qui  fe  met  pour  l'V  conlonne.  On  trouve  dans 
plufieurs  infcriptions  antiques  des  digamma  ren- 
verfés  mis  pour  un  V  confonne. 

DIGANWEY.  Ville  d'Angleterre  que  l'on  croit  être 
la  Diclum  des  Notices  de  l'Empire. 

DIGAROIS.  LTlede  Digarois ,  autrement  DiÉcoroiz, 
ou  l'Ile  Diego  Rodrigue-^.  C'eft  une  Ifle  de  l'Océan 
Ethiopien.  Didaci  Roderici  Infula.  L'Ule  de  Diga- 
rois eft  à  cent  lieues  de  celle  de  Mafcaregne  ,  &c  à 
cent  quatre-vingts  de  celle  de  Madagafcar.  Elle 
porte  le  nom  de  Didaque  Rodriguez  qui  la  décou- 
vrit. En  Efpagnol  on  dit  Diego  Rodrigue^  \  de-Ià 
Diego  Roi-^  j  Digo  Roi^  ,  Digarois. 

DIGASTRIQUE.  adj.  Terme  d'Anatomie,  quifedit 
d'un  des  mufcles  qui  fervent  à  ouvrir  la  mâchoire 
inférieure.  On  l'appelle  auffi  biventer.  Ces  deux 
noms,  dont  le  premier  eft  Grec  ,  &  l'autre  Latin, 
ont  la  même  fignification  :  ils  ont  été  donnés  à  ce 
mufcle  parce  qu'il  a  comme  deux  ventres;  c'eft-à-dire, 
qu'il  eft  d'abord  gros  &  charnu  ,  puis  menu  & 
nerveux  ,  &,  derechef  ventru  &  charnu.  Il  y  a  pour 
la  mâchoire  inférieure  deux  mufcles  appelés  Di- 
gajlriques.  Àc.  des  Se.  1741.  175;. 

Ce  mot  vient  de  ê's  deux  fois  j  &  de  y«5-«p , 
ventre. 

DIGÉRER.  V.  a.  Se  dit  de  l'adion  que  fiit  l'eftomac 
pour  faire  la  coélion  des  alimens  qu'on  a  pris  , 
Se  les  rendre  propres  à  la  nourriture  du  corps. 
Digerere.  L'eftomac  digère  par  le  moyen  d'un  fuc 
acide  qui  hache  &  incife  les  alimens  ,  &:  les  dilfout 
jufqu'à  leurs  plus  petites  parties,  de  la  même  ma- 


D  1  G 

nière  que  l'eau-forte  dilfout  l'or  &  les  métaux. 
Les  alimens  mous  &  humides ,  qui  ne  font  point 
vilqueux  ,  &  qui  contiennent  une  fuftifante  quan- 
tité de  parties  volatiles  &  exaltées  ,  le  digèrent  ai- 
lément  •,  ceux,  au  contraire,  qui  font  durs  &  corn* 
paétes  ,  &  qui  abondent  en  parties  lentes ,  grof- 
lières  tSi  terreftres  ,  ne  fe  digèrent  qu'avec  beaucoup 
de  peine.  Le>ieh.y.  Digérer  fe  met  quelquefois  fans 
pronom  perfonnel  &  lans  aucun  régime  \  alors  il 
eft  neutre.  Le  fuc  des  poires  étant  grollier ,  il  de- 
meure du  temps  à  digérer  &i  à  fermenter  dans  l'ef- 
tomac. Leaiery.   Foye\  Digestion. 

DijEker  J  lignihe  ,  figurément  ,  Ranger  les  cho- 
fes ,  les  mettre  par  la  méditation  dans  l'ordre  &C 
dans  l'état  où  elles  doivent  être.  Le  delfein  de  ce 
livre  a  été  bien  conçu  ;  mais  il  a  éré  mal  digéré. 
Certe  affaire  a  été  bien   examinée  &    digérée. 

ifT  Digérer  ,  dans  le  fens  figuré ,  lignifie  encore  , 
Souffrir  patiemment  quelque  choie  de  fâcheux,  com- 
me affront  j  injure  ,  accident  de  la  fortune.  Aiquo 
anima,  patienter  J  erre  ,  concoquere.  On  lui  a  enlevé 
fr  femme  :  c'eli;  un  accident  fâcheux  :  il  a  eu  bien 
de  la  peine  à  le  digérer.  Il  fut  digérer  habilement 
toutes  les  mortifications  qu'on  lui  fie  elfuyer.  Var. 
Quoi  !  vous  digère^  paifiblement  les  plus  fanglans 
affronts  ?  C'eft  infenlibilité  ,  plutôt  que  grandeur 
d'ame.  S.  Evr.  Cela  eft  bien  dur  à  digérer. 

Le   voilà  dans  un  embarras 
Qu'on  ne  peut  exprimer.  D'un  côté  l'aventure 
Etoit  à  digérer  trop  dure. 

Nouv.  CHOIX  DE  Vers. 


Digérer  J  fe  dit  auftî  de  l'aclion  du  foleil  qui  mûrit 
les  Iruits  en  atténuant  leurs  parties  ,  &  en  exaltant 
leurs  efprits.  La  chaleur  du  foleil  dans  les  pays 
chauds  digère  &c  mûrit  plus  parfaitement  le  fuc 
des  oranges,  Hc  les  rend  d'un  goût  plus  délicieux. 
LÉMERY.  Foye^  Maturité  &  Maturation. 

lyj'  Digérer,  v.  n.  fignifie,  en  Chymie,  être  mis  en 
digeftion.  P'oye^  Digestion.  Terme  de  Chymie.  En 
Chymie  on  fait  digérer  plufieurs  fubftances  à  un 
feu  lent. 

On  dit ,  proverbialement ,  d'un  grand  mangeur  , 
que  c'eft  un  eftomac  d'autruche  ,  qu'il  digereroit  le 
fer. 

Digéré  ,   ée.  part. 

DIGESTE,  f,  m.  Compilation  faite    par    l'ordre    de 
Juftinien  ,    Empereur  d'Orient ,  des   décilions   des 
plus  fameux  Jurifconfultes  Romains.  Digejia  ,  t'an- 
decl£.    Il  en    donna  la    commillion  à  Tribonien  , 
fon  Chancelier  ,  qui    choifit   leize   Jurifconfultes 
pour  y  travailler.  Ils  tirèrent  les  plus  belles  déci- 
fions  qu'ils  trouvèrent  dans  les  deux  mille  volumes 
des  anciens    Jurifconfultes ,    &    les  réduifirent  en 
un   corps  ,   qui  fut  publié  en    533.  fous  le  nom 
de  Digcjîe.  L'Empereur  donna  à  cette  compilation 
la  force  de  loi  par  la  lettre  qu'il  a  mife  à  la  tête 
de  l'Ouvrage  ,  &  qui  fert  de  Préface.  C'eft  ce  qui 
compofe  la  première   partie  du  Droit  Romain ,  & 
du  Corps  du  Droit  CiviL  On  l'a  appelée  autrement 
Pandecles.  Il  y  a  cinquante  livres  du  Digefie.  Il   fut 
traduit  en   Grec  du  temps  de  Juftinien.  Cujas  dit 
qu'on  appelle  Digefle  ,  les  livres  diftribués  dans  un 
bel  ordre  &  ceconomie.  Ainfi  Tertullien  a  appelé 
Digcfte ,   l'Evangile  de  S.  Luc.  En   Droit  on  rite 
le  Digefle  ,  par   abréviation  ,    par  deux  ff  jointes 
enfemble  :   ce  qui  vient  de  ce  qu'on  les  appeloit  en 
Grec  Pandecles ,  qu'on  abrégcoic  par  la  figure  de 
deux  nn  ^  t"sc,  pour  abréger  davantage ,  on  a  joint  en- 
femble ces  deux  caraétèrcs  ,  que  les  Copiftes  La- 
tins ont  cru  être   deux  ^jointes.  Quelquefois  les 
Doéleurs  le  fervent  d'un  D  ,   pour  citer  le  Digejle  : 
c'eft  la    première    lettre    du    même   nom  de  cet 
ouvrage. 

|lC?DIGESTEUR,ou  DIGESTOIRE.  f.  m.  C'eft  le 
nom  qu'on  a  donné  à  ces  machines  ou  marmites 
fortes  ,  inventées  par  Papin  ,  dans  lefquelles  les 
viandes ,    après    qu'elles  ont  été  expofces  fept  â 


D  I   G 

huit  minures  à  un  petit  feu  ,  fe  trouvent  réduites 
à  une  efpèce  de  pulpe  ou  liqueur ,  ik.  les  os  les 
plus  durs  ,  après  quelques  minutes  de  plus  ,  fe 
convertiirenc  en  gelée.  Cette  dillolution  paroîc  i'e 
faire  par  une  voie  analogue  à  la  digelbon  des  ani- 
maux. Le  Digejleur  eft  un  vafe ,  d'où  il  ne  peut 
fortir  aucune  vapeur.  M.  Gommiers ,  Profelfeur 
en  Mathématiques,  a  travaillé  à  perfectionner  le 
Digejleur. 

^Ù"  Il  y  a  encore  d'autres  fortes  de  Digefteurs , 
mais  moins   célèbres  que  celui  de  Papm. 

DIGESTIF,  ivE.  adj.  Qui  procure  la  digertion.  Quod 
dlgerendï  vlm  habec.  Qui.prclide  à  la  digeftion.  Les 
anciens  Philofophes  admettoient  une  faculté  di- 
gejîive  ,  parce  qu'ils  ne  favoient  pas  expliquer  au- 
trement la  manière  daut  fe  fait  la  digelîion. 

Digestif.  Se  du  auffi ,  en  Médecine  ,  des  remèdes  qui 
fortifient  l'elfomac  ,  &  qui  aident  à  la  digelf ion  des 
alimens  ,   comme  font  les  femences   de   fenouil  , 


.  anis  c 


&:  de 


conan 


dre 


le  giro 


le,  1 


a  cannelle 


lie 


les  écorces  de  citron  &  d'orange  ,  &c. 

§3"  On  le  dit  aufli  fubftantiellement.  Un  bon 

^CT  Digestif.  Se  dit  encore  d'une  efpèce  d'onguent 
qu'on  mec  fur  les  plaies  ,  pour  mûrir  la  matière 
^  la  préparer  à  la  luppuration.  On  le  compofe  or- 
dinairement avec  la  térébenthine  ,  le  jaune  d'œuf , 
l'huile  dhypéricum^  l'onguent  bafilicum^  la  tein- 
ture d'alocs.  On  appelle  du  nom  de  dlgejlij  ce  qui 
mûrit  les  plaies  ,  &  les  amène  à  fuppuration.  La 
fiente  de  chèvre  contient  beaucoup  de  fel  volatil 
acre  ,  qui  la  rend  réfolutive  ,  déterfive  ,  delîlcative  , 
digejîive  ,  &c.  Lémery.  On  couvre  la  plaie  ,  la 
tente  &  les  nœuds  de  la  future  ^  avec  des  pluma- 
ceaux  plats  couverts  d'un  digejlif,  ou  de  quelque 
baume.  Dionis.  Ce  terme  eft  propre  .i  la  Chirurgie  , 
&  à  la  Pharmacie  ,  comme  on  le  voit  j  &  il  de- 
vient fubftantif,  comme  plulîeurs  autres  fembla- 
bles.  Un.  digejiif,  un  mondificaûj,  un  J'uppurna/  ,  &c. 
La  plaie  fera  pan  fée  dans  les  premiers  jours  avec 
un    digejlif  doux   pour  procurer     la  fuppuration. 

DlONlS. 

DIGESTION,  f  f  Codlon  des  viandes  dans  l'eftomac. 
JDigeJlio  ,  concoclio.  On  appelle  la  digeftion  du  nom 
de  cocfion.  La  digejlion  eft  la  préparation  qui  fe 
fait  des  alimens  dans  le  corps  même  de  l'animal 
pour  les  rendre  propres  à  la  nutrition.  Un  Offi- 
cier qui  étoit  à  la  tranchée  ,  étant  appelé  par  fes 
amis  pour  aller  dîner  ,  il  dit ,  je  ne  mangerai  point , 
que  je  ne  fois  fur  de  la  digejlion.  Ménage.  Les 
noix ,  les  amandes ,  les  écrevilfes ,  font  de  dure 
digejlion.  Les  viandes  bouillies  font  de  facile  di- 
gelîion. Il  faut  éviter  tout  ce  qui  peut  interrompre 
la  digejlion  des  alimens  j  comme  par  exemple  ,  une 
chaleur  immodérée,  &  un  exercice  trop  violent, 
qui  font  dillipper  beaucoup  d'efpnts  \  une  boilfon 
trop  abondante ,  qui  fait  flotter  les  alimens  dans 
l'efîomac.  Lémery. 

Les  fentimens  font  partagés  fur  la  manière  dont 
fe  fait  la  digejlion.  On  peut  les  réduire  «à  trois 
principaux  ,  qu'on  trouve  expliqués  &  foutenus 
dans  plufieurs  traités  que  les  Phyhciens  &  les  Mé- 
decins ont  donnés  depuis  quelques  années.  Les  uns 
difent  que  la  digejlion  fe  fait  par  fermentation  ; 
les  autres  j  qu'elle  fe  fait    par  trituration  ;  quel- 

?[ues-uns  ont  voulu  réunir  les  deux  partis  j  en  di- 
int  qu'elle  fe  fait  en  même-temps  par  fermentation  , 
&  par  trituration.  Le  premier  fentiment  a  été  long- 
temps le  feul  que  l'on  connût  &:  que  l'on  fuivît.  Il 
condfte  à  dire  que  les  alimens,  quand  ils  font 
palfés  dans  l'eftomac  3  fe  chargent  &  fe  remplilfenr 
d'acides  j  lefquels ,  étant  excités  par  la  chaleur  na- 
turelle J  caulent  dans  les  alimens  une  fermentation 
qui  les  altère  ,  les  change ,  &c  les  mécamorphofe 
en  chyle. 

Le  fécond  fentiment  a  été  inventé  ou  renou- 
velle dans  les  derniers  temps  ,  &  foutenu  avec 
vivacité ,  comme  l'eft  ordinairement  tout  ce  qui  a 
le  caradtère  de  la  nouveauté.  Ceux  qui  foutiennent 


ce  fentiment  J  difent  que  c'eft  par  un  broiemenc 
continuel ,  que  les  alimens  font  atténués ,  brifés  , 
&:  réduits  par-là  en  une  fubftance  grisâtre  ,  qui 
eft  le  chyle  j  à-peu-près  comme  le  blé  écrafé  par  Iz 
meule  des  moulins.  Ce  qui  s'obferve  dans  les  oi- 
feaux  paroît  confirmer  cette  opinion  :  leur  géfiec 
eft  compofé  de  deux  mufcles  forts ,  folides  &  com- 
pares ,  qui,  en  fe  frottant  l'un  l'autre,  &  étant 
aidés  de  petits  grains  de  fable  anguleux  ,  que  les 
oifeaux  avalent,  brilent  &  broient  la  nourriture 
qu'ils  prennent  5  &  ,  lorlque  les  angles  de  ces  grains 
de  fables  font  abattus  ,  les^  oifeaux  rendent  avec 
leurs  excremcns  de  ces  petites  pierres  dont  les 
pointes  font  emoulfées,  &  leur  font  inutiles;  & 
ils  en  avalent  d'autres  qui  font  rudes  &  rabo- 
teufes. 

Voici  comment  s'en  explique  un  partifan  de 
cette  opinion  :  (c'eft  M.  Hecquct  )  dans  fon  Traité 
de  la  digeftion.  Tout  eft  vailfeau  dans  le  corps  j 
donc  tout  y  eft  creux.  Tout  y  vit  à  fa  manière  j 
donc  tout  y  eft  en  mouvement  ;  donc  tous  ces 
vailleaux  fe  meuvent.  Les  parties  d'un  corps  qui 
doir  le  mouvoir  fe  meuvent  vers  les  endroits  ou 
ils  trouvent  moins  de  réhftance  \  l'endroit  de  la 
moindre  réfiftance  dans  des  tuyaux  ,  eft  la  partie 
cave  ;  donc  le  mouvement  des  parties  des  vaiffeaux 
fe  fera  vers  les  parties  caves.  Les  parties  qui  ont 
à  fe  mouvoir  dans  des  vailTeaux  font  leurs  parois  j 
parce  qu'elles  font  flexibles  &élaftiques  ;  &  ce  mou- 
vement ne  peut  fe  faire  que  par  le  rapprochement 
de  leurs  parois  :  c'eft  donc  un  relferremenc  ,  une 
preftion ,  une  contraélion  ,  qui  fe  fait  en  eux  ; 
donc  toutes  les  parties  du  corps ,  n'étant  que  des 
vailfeaux  ,  ont  un  mouvement  de  compreftion  ,  de 
fyftole  ,  de  contraélion.  Tous  ces  vaillèaux  con- 
tiennent des  liqueurs  dans  leurs  cavités  :  toutes  les 
liqueurs  du  corps  humain  font  donc  continuelle- 
ment prelfées.  Cette  prellion  eft  l'aéfion  d'une  force 
élaltique  \  donc  cette  prellion  fera  telle  que  cette 
force  \  donc  cette  preftion  fera  alternative  ;  donc 
c'eft  un  battement;  donc  ces  liqueurs  font  battues. 
Ces  liqueurs  font  très-divifibles  \  elles  feront  donc 
continuellement  divifées.  Une  divifion  procurée 
par  un  battement  eft  un  broiement  j  ou  une  tri- 
turation ;  donc  les  liqueurs  du  corps  humain  font 
continuellement  triturées  ,  ou  broyées.  La  railon 
pourquoi  la  force  qui  prelfe  doit  être  alternative  , 
c'eft  que  les  membranes ,  qui  compofent  les  vaif- 
{q:i.w\  ,  font  tilfues  de  deux  plans  de  fibres  ;  les 
unes  longitudinales  \  les  autres  circulaires  ,  qui 
coupent  les  longitudinales  à  angles  droits.  Les  lon- 
gitudinales font  tendineufes  &  élaftiques  ;  les  cir- 
culaires font  mufculeufes,  ou  motrices.  Les  longi- 
tudinales font  au-delfous  des  circulaires  :  les  circu- 
laires font  au  -  delfus  des  longitudinales  ,  qu'elles 
ceignent  &  embralfent.  Celles-ci  font  élaftiques  : 
les  circulaires  font  motrices,  femblables  à  des  fphinc- 
tères  qui  compriment.  Or  l'élafticiré  des  longitu- 
dinales réfifte  à  Lil  compreflion,  &j  de  cette  ré- 
fiftance, naît  une  adion  réciproque  ;  c'eft  cette  force 
altern.ative  &  broyante  que  l'on  cherche.  Ils  objec- 
tent à  ceux  qui  prétendent  que  la  digeftion  fe  fait 
par  un  levain ,  que  la  digeftion  eft  une  folution  j 
que  ,  pour  préparer  cette  folution  ,  il  faut  amollir  ; 
que  le  propre  des  levains  acides  eft  de  ronger  les 
matières  plus  dures  ,  &  de  durcir  les  molles  , 
d'épaillir  les  liquides,  de  figer  lesgralFes,  de  coa- 
guler les  laiteufes  ;  qu'ainfi  l'acide  eft  contraire  à  la 
digeftion.  Outre  la  force  qui  les  broie  ,  &  le  vailTéau 
quilescomprime  ,  il  y  a  encore  des  liqueurs  qui  les 
délaient  ,  c'eft  la  filive  &  le  fuc  ftomacal.  Des 
matières  minérales  que  le  fuc  ftomacal  ne  peut 
dillliudre  ,  le  trouvent  ufées  &  polies  après  avoir 
fcjourné  dans  l'eftomac:  or  la  polilfure  eft  l'effei 
du  broiement  ,& non  pasde  lacorrolion.  De  même 
on  tiouve  des  pelotons  de  fils  entalfés  &c  roulés 
dans  l'eftomac  des  bœufs,  polis  &  lilfés,  &  qui  ne 
portent  aucun  figne  de  corrofion. 

Les  auteurs  de  U  Trituration   demandent  tr»is 


544  D   I  G 

chofes  pour  opcter  la  d':ge[Uùn  :  une  liqueur  pour 
arroler  les  alimens  ;    c'ell  la  falive  &  le  fiic  de 
l'eftomac  :   un    vale ,    c  eft   l'eftomac  :   une    force 
mouvante  pour  broyer  j  ils  croient  la  trouver  dans 
les  mufclesde  l'eftomac,  dans  ceux  du  diaphragme 
&c  de  1  abdomen  :  ils  prétendent  que  la  puiilance 
de  mouvoir  qui  eft  dans  les  mulcles   de  l'eftomac 
équivaut  à  un  poids  de  148155  livres,  &  la  force 
de  l'eftomac  toute  feule  à  un  poids  de  1 195 1  livres, 
&  qu'ainfi  ces  deux  forces   unies  équivalent  à  un 
poids    de    161 186    livres;    puiifance  fupérieure  à 
celle  d'une  des  plus  puilFantes  meules.  Foy.  le  Traité 
de  la  Digeftion  par  M.  Hecquet.  M.  Borelli^  fui- 
vant  le  calcul  propre  de  l'équilibre  des  liqueurs , 
a  démontré  que  la  force  du  mufcle  fléchilfeur  de 
la  dernière  articularion  du  pouce  eft  égale  à  1750 
livres  \    d'où   M.   Pitcarne  a  conclu  que  la  torce 
ies  fibres  de  l'eftomac  eft  égale  à  11951  livres  ,  & 
celle  du  diaphragme  &  des  mufcles  dti  bas-ventre 
à  148Z35    livres.  Sa  raifon  eft   :    le  fléchlifeur  ne 
pèfe  que  m  grains  j  &:  peut  porter  jyzo  livres  j 
donc  les  forces  de  l'eftomac  qui  pèfent  8  onces  ,  & 
le  diaphragme  avec  les  mufcles  du  bas- ventre  ,  qui 
pèfent  enfemble  8113  grains,  ont  la  force  que  l'on 
vient   de    marquer.   Mais  ce  raifonnement  paroît 
porter  à  faux  :  car  ce  n'eftpas  en  vertu  de  fon  poids 
de  lii  grains  que  le  mufcle  dont  il  s'agit  eft  égal  ^ 
3720.  livres.  De  plus  il  s'enfuivroit  que  ,   plus  un 
mufcle  ,  plus  l'eftomac  j  un  diaphragme  ,  les  rnuf- 
cles  du  bas-ventre  feroientpefants  ,  plus  ils  auroient 
de  force,  plus  la  digeftion  fe  feroit  aifément  &  vite  : 
e  qui  eft  faux.  M.  Boher  ne  porte  la  force  des  fibres  de 
l'eftomac  qu'à  110708.  livres.  Les  Partifans  de  la 
Trituration  ajourent  tous  les  mufcles  du  corps  j  qui 
concourent,  difent-ils ,  à  produire  le  mênie  effet. 
De  plus ,  dans  la   machine  du  corps  de  l'animal  , 
ils  comparent  le  cerveau  à  l'arbre  du  prelToir,  le 
cœur    au  pifton  ,    les    poumons    aux  foufflets  j  la 
bouche  à  la  meule   &   aux    pilons  ,    l'eftomac  au 
preflbir,  les  boyaux  au  réfervoir,  ou  à  la  cuve.  Ils 
difent  que  Caftellan  ,  Médecin  de  Meftine  ,  a  été 
le  premier  des  Modernes  à  parler  expreCTément  des 
levains  ,  &  qu'il  a  été  fuivi  par  Wanhelmont ,  & 
par  WiUis.  Du  refte  ,  les  Partifans  de  la  Trituration 
ne  font  pas  d'accord  entr'eux.  M.  Pitcarne  prétend 
que  la  Trituration  fe  fait  par  le  refferrement  total  de 
l'eftomac,  &  M.  Hecquet  par  un  reflerrement  fuc- 
ceflif ,  périftaltique  ,  vermiculaire  ,  par  des  ofcil- 
lations. 

M.  Aftruc  ,  dans  un  Traité  de  la  Caufe  de  la  Di- 
geftion ^  réfute  fort  en  détail  ce  fyftême  de  la  Tritu- 
ration :  il  en  contefte  fortement  le  calcul ,  qui  fait 
monter  fi  haut  la  force  mouvante  des  fibres  de  l'el- 
tomac  :  il  foutient  qu'elle  n'équivaut  qu'à  trois  on- 
ces, &  que  celle  des  mufcles  du  bas- ventre  n'excè- 
de pas  quatre  livres  :  s'il  donne  à  la  force  de  l'efto- 
mac ,  pour  comprimer  les  alimens  qui  y  font  del- 
cendus ,  trois  onces  ,  c'eft  encore  gratuitement.  Il 
évalue  celle  du  diaphragme  &  des  mufcles  du  bas- 
ventre  à  environ  quatre  livres.  Il  obferve  que  M. 
Pitcarne,  vraifemblablement  étonné  lui-mcme  de 
ce  qu'il  avançoit  de  cette  force ,  n'a  ofé  fuivre  la 
proportion  fur  laquelle  pourtant  il  fe  fonde ,  &c^  fé- 
lon laquelle  il  fiudroit  faire  monter  ces  forces  l'une 
à  1 1708S  livres ,  &  l'autre  à  250754  livres ,  ce  qui 
fait  enfemble  567821  livres. 

Le  diaphragme  a  deux  forces  en  fon  mouvement  \ 
une  direde,  qui  eft  celle  par  laquelle  fes  mufcles  le 
rendent,  en  le  tirant  vers  la  circonférence;  l'autre 
latérale,  par  laquelle  il  appuie  fur  l'eftomac  &  le 
prelfe.  Celle-ci  eft  petite  en  comparaifon  de  celle-là. 
Ce  qui  a  trompé  Melfieurs  Pitcarne  &  Hecquet , 
c'eft  qu'ils  ont  pris  la  force  direâe  pour  la  latérale  , 
h  contradion  du  diaphragme  pour  fa  prelTion  fur 
l'eftomac.  Ils  fonr  tombés  dans  la  même  erreur  par 
rapport  aux  mufcles  du  bas-ventre  ,  donr  la  pref- 
fion  courre  le  bas-ventre  n'eft  encore  que  latérale.  Il 
y  a  plus  \  car  des  animaux  très-voraces ,  ou  n'ont 
point  de  diaphragme ,  comme  les  poiftbns  j  qui  ref- 


DIG 

pirent  par  les  ouies  j  ou  en  ont  d'une  {impie  menx- 
brane ,  comme  les  oileaux,  qui  avec  cela  ont  les 
mufcles  du  bas-ventre  rrès-petits  &  très-foibles ,  &: 
dans  une  fituation  à  ne  point  agir  fur  l'eftomac. 

Les  membranes  de  l'eftomac  n'ayant  qu'un  foible 
mouvement ,  &  n'ayant  aucune  dureté  ,  ne  font  pas 
propres  à  faire  l'office  d'une  meule.  Il  eft  vrai  que, 
dans  les  poules  &  quelques  oiieaux  ,  l'eftomac  eft: 
compofé  d'un  mufcle  charnu  &  denfe  ,  fort  jufqu'à 
brifer  de  petites  pierres  &  des  morceaux  de  verre  : 
mais  on  répond  que  ce  n'eft  pas  -  là  une  digeftion  ^ 
laquelle  fe  fait  dans  les  inteftins  de  ces  animaux.  Ec 
la  ftrudure  de  notre  eflxjmac ,  par  comparaifon  au 
géfier  des  oifeaux  qui  le  nourrilïent  de  grain ,  four- 
nit au  contraire  une  raifon  torte  contre  la  tritura- 
tion. Le  géfier  eft  garni  en  dehors  de  quatre  muf- 
fcles  charnus ,  dont  les  tendons  fe  réunifient  en  deux 
points  oppofés  :  en  dedans  il  eft  revêtu  d'une  mem- 
brane dure ,  épailfe  &  cartilagineufe ,  principale- 
ment aux  endroits  où  fe  fait  la  réunion  des  tendons. 
La  nature  fait  voir  à  l'œil  par  cette  conftrudion  que 
l'office  du  géfier  eft  de  broyer  les  grains  par  le  fcor- 
tement  de  fes  parois.  Au  lieu  que  la  membrane  de 
l'eftomac  de  l'homme  eft  mince,  &  garnie  de  peu 
de  fibres  charnues  j  couvertes  en-dedans  d'une  elpè- 
ce  de  duvet  délicat  &  lenfible  ;  Si  l'eftomac  eft  d'une 
grande  capacité.  L'eftomac  des  oifeaux  carnafliers  , 
qui  dévorent  de  gros  morceaux  de  chair  crue  fans 
les  mâcher,  eft  d'une  membrane  encore  plus  mince. 
Enfin  il  paroît  à  îvL  Aftruc  que ,  dans  le  fyftcme  de 
la  Trituration  ,  on  ne  fauroit  expliquer  ce  que  c''eft 
que  la  faim  j  le  dégoût ,  l'indigeftion. 

Dans  le  fyftême  de  la  Trituration ,  il  paroît  im- 
poffible  d'expliquer  pourquoi  certaines  chofes  faci- 
les à  broyer  ,  par  exemple  ,  des  choux -fleurs  ,  ne 
peuvent  fe  digérer  en  certains  eftomacs ,  qui  digè- 
renr  lans  peine  des  alimens  alfez  durs ,  comme  le 
bœuf  &  le  mouton  -y  au  lieu  que  la  diverfité  des 
difiolvans  eft  une  explication  naturelle  &  aifée.  Les 
hydropiques  ne  lailfent  pas  de  digérer ,  quoique  les 
fibres  de  leur  eftomac ,  de  rntme  que  routes  les  au- 
tres parties  de  leurs  corps  ,  foient  extrêmement  re- 
lâchées par  l'abondance  d'humeurs.  Le  total  & 
prompt  changement  de  nature  qui  arrive  aux  ali- 
mens ,  ne  fauroit  être  l'effet  que  de  la  fermentation  , 
qui  fe  fait  même  fentir  par  les  rots ,  tandis  qu'elle 
le  fait. 

M.  Aftruc  a  démontré,  par  le  calcul  géométrique, 
que  la  force  de  l'eftomac  n'eft  égale  qu'à  trois  onces, 
éc  celle  de  l'abdomen  à  quarre  livres.  Le  fer  &  les 
aiguilles  qui  fe  font  trouvés  dans  quelques  efto- 
macs ,  ne  détruifent  point  le  lyftême  de  la  fermen- 
tation ,  puifqu'il  eft  conftant  que  tout  dilfolvantue 
dilfoui  pas  tous  les  corps.  Dans  les  oifeaux  qui  fe 
nourrilfent  de  grain  ,  la  fermentation  ell  manifefte, 
premièrement  dans  le  jabot ,  où  le  grain  fe  prépare 
à  la  digeftion  par  une  liqueur  femblable  à  la  lalive  , 
&  puis  dans  le  géfier  ,  où  la  digeftion  s'achève  par 
un  diftolvant  qu'y  verfe  une  glande  conglomérée. 
Cel»  eft  encore  plus  évident  dans  les  animaux  qui 
ruminent,  &  qui  ont  comme  quatre  eftomacs  :  les 
deux  premiers  ,  quoique  faits  d'une  membrane  ner- 
veufe  ,  caufent  t;:;ii  de  changement  à  la  nourriture, 
manque  de  ferment  ou  de  dilfolvant  :  elle  revient 
donc  pour  erre  mâchée  ,  &  ce  n'eft  que  dans  le  qua- 
trième qu'elle  eft  bien  digérée ,  à  caufe  qu'une  glan- 
de conglomérée  y  verfe  un  difTolvant. 

Quoique  les  anciens  Médecins  &  Philofophes  ne 
fe  foient  exprimés  fur  la  digeftion  qu'en  termes  gé- 
néraux ,  de  fondre  J  ramollir,  dompter,  affujettn^, 
de  concrétion  ,  de  qualités ,  M.  Aftruc  prétend  néan- 
moins qu'ils  donnent  alfez  à  entendre  ce  que  nous 
appelons  fermentation.  Ainh  EmpédocleSc  Kippo- 
crate  difent ,  que  la  digeftion  fe  fait  par  la  putréiac- 
tion  des  alimens ,  comme  le  même  Empédoçle  dit 
que,  de  l'eau,  fe  fait  le  vin  parputrcfadion.Hippo- 
crate  &  Ariltote  ufent  du  terme  de  concodion , 
qu'on  trouve  auftî  dans  Erotien  ,,  Plurarque  6c  Adua- 
rius ,  pour  exprimer  comment  les  fruits  muriffent , 

comment 


D  I  G 

eomment  le  moût  fe  change  en  vin  ,  &:  comment  la 
pâce  le  lève.  Hippocrace  nomme  exprelFément  l'ef- 
fervefcence  Se  la  fermentation.  De  Vctcre  Medïcï- 
na  j  C.  ^.  Et  Gallien  aulli ,  L.  De  confuetudine  ,  C.  z. 
D'ailleurs  il  alfure  qu'une  lérofité  particulière  de 
l'eftomac  ,  la  bile  ôc  les  elprits  concourent  à  la  di- 
sefiion.  Quant  à  Eraliftrate  ,  que  les  dctcnleurs  de 
la  Trituration  mettent  de  leur  parti ,  il  n'admettoit 
pas  le  leul  broiement  des  alimens  :  il  y  joignou  le 
fecours  des  efprits  ,  dit  M.  Alhuc ,  leiquels  lans 
doute  taifoient  l'office  d'un  ferment  volatil.  Il  en  elt 
de  même  de  Cicéron ,  qui,  félon  l'opinion  de  Ion 
temps  ,  attribue  la  digejtion  à  la  chaleur  de  l'elto- 
mac.  L.  IL  De  Nat.  JJeor.  Ce  fuftrage  de  l'Anti- 
quité eft  un  préjugé  contre  la  Trituration. 

L'explication  de  M.  Hecquet,  par  un  refferre- 
ment  luccellif ,  &c.  fe  détruit  d'elle-même.  Où  eft 
le  moulin  qui  écrafe  le  grain  fans  le  pteifer,  &  en 
l'agitant  feulement  '-k.  le  balotant  ? 

La  falive  ,  la  bile  ,  le  fuc  pancréatique  ,  font  les 
levains  qui  font  la  digejUon  des  alimens  dans  l'ello- 
mac.  Cela  eft  fi  vrai ,  qu'en  certains  animaux  vo- 
races ,  dans  les  loups ,  par  exemple  ,  dans  les  porcs- 
cpics  ,  les  autruches  ,  la  bile  fe  décharge  immédia- 
tement dans  la  cavité  de  l'eftomac  j  &:  l'on  a  remar- 
qué une  difpodtion  à-peu-près  femblable  dans  un 
homme  qui  avoit  été  grand  mangeur.  On  ne  recon- 
noît  la  fermentation  de  la  pâte  &  du  moiit  qu'à 
trois  marques.  i°.  En  ce  que  la  pâte  s'élève  &c  fe 
gonfle  ,  &  que  le  moût  bouillonne  &  fe  raréfie.  2". 
En  ce  que  le  pain  &  le  vin  ,  formés  par  ces  fermen- 
tations ,  ont  un  goût  &  des  qualités  différentes  de 
celles  que  la  firme  &c  le  moût  avoient  auparavant. 
j°.  En  ce  que  le  pain  &  le  vin  tourmffent  par  la 
diftilation  des  principes  différens,  à  certains  égards , 
de  ceux  qu'on  rire  du  moût  &  de  la  farine.  Or  tout 
cela  fe  trouve  dans  le  changement  que  fouflrent  les 
alimens  par  la  digejllon.  Il  y  a  des  glandes  dans  l'ei 
tomac  deftinées  fans  doute  à  filtrer  une  liqueur 
propre  à  avancer  la  fermentation  des  alimens  dans 
l'eftomac  &  leur  dlgefilon. 

On  objeéle  contre  ce  fyftême,  que  le  chyle  ne 
donne  point  d'efprit  inflammable.  M.  Aftruc  ré- 
pond ,  qu'il  n'en  réfulte  pas  de  toute  fermentation  j 
qu'il  n'en  vient  point  de  la  pâte  ,  ni  des  fruits  pour- 
ris ,  ni  des  acides  &  des  alcalis  purs  :  l'efprit  inflam- 
mable demande  un  foufre  dégas^é  &  atténué  ,  ce 
qui  ne  fe  trouve  pas  en  toutes  les  fermentations. 

Mais ,  du  M.  Hecquet,  en  24  heures  ,  il  fe  pré- 
pare une  livre  de  falive,  une  demi-livre  de  bile, 
&  du  moins  deux  onces  du  fuc  pancréatique ,  à 
quoi  il  faut  ajouter  le  fuc  ftomacal  femblable  à  la 
ialive  ;  c'eft  environ  deux  livres,  ou  13b' 14  grains 
de  levain  5  or  un  grain  de  levain ,  félon  les  Chy 
miftes,airujettitSojgrainsde  la  matière  qu'il  a  àper 
feéfionner  :  les  deux  livres  ou  environ  de  levam 
pourroient  donc  affujettir  enViron  izoo  livres  d'ali- 
mens.  Cependant  un  homme  n'en  prend  pas  plus  de 
quatre  livres  par  jour.  On  répond  1°.  que,  de  l'aveu 
de  M.  Hecquet,  la  vertu  de  fermenter  n'apparrient 
qu'aux  fels ,  i<  que ,  félon  lui ,  la  demi  livre  de  bile 
ne  contient  que  trente  grains  de  fel  ;  que  la  livre  de 
falive  ,  avec  les  deux  onces  de  lue  pancréatique  ,  (Se 
le  fuc  ftomacal,  n'en  contiennenr  que  14  grains; 
en  forte  que  le  levain  de  chaque  jour  ne  reviendroit 
C[u'à  44  grains ,  qui  ne  fuffiroient  pas  pour  deux 
livres  d'aiimens.  Mais  ^L  Hecquet  diminue  trop 
la  quantité  de  ces  fe's  ^  que  des  Auteurs  exacts , 
comme  Verheyen  ,  font  beaucoup  plus  grande.  Il  y 
faut  ajouter  le  fel  volatil  mêlé  avec  le  flegme  &  les 
efprits.  1°.  qu'il  n'eft  pas  vrai  qu'il  faille  toujours  un 
grain  ,  ou  qu'il  ne  faille  qu'un  grain  de  levain  pour 
aifujettir  800  grains  de  matière  \  l'expérience  con- 
tredit cette  règle.  En  quelques  fermentarions  ,  il 
n'eft  pas  befoin  de  levain  \  en  d'aurres  il  en  fuir  plus 
ou  moins.  Les  levains  agiroient,  dit-on,  fur  les  mem- 
branes de  l'eftomac  ,  ils  les  diiloudroient.  Ils  y  agif- 
fent  en  effet  &  les  picotent ,  quand  ils  n'ont  point 
d'aiimens  fur  lefquels  ils  pullfent  agir  \  c'eft  ce  qui 
Tome  ///. 


D  I  G  34J 

fait  le  fentiment  de  la  faim  :  s'ils  les  corrodent ,  elles 
fe  réparent  par  la  nourriture  qui  leur  eft  propre. 
L'eftomac  eft  quelquefois  incommodé  iSc  ronge  par 
le  ferment  \  mais  communément  il  eft  préfervé  par 
une  matière  vifqueufe,  dont  il  eft  enduit. On  répond 
3*^.  qu'il  eft  faux  qu'il  ne  fe  trouve  point  de  ferment 
dans  leftomacjque  Valla-'us,  ayant  lailfé  un  chien  trois 
jours  lans  m.-inger,lui  trouva  dans  l'eftomac  beaucoup 
de  bile  en  forme  d  écume.  De  plus,  les  Partitans 
de  la  Trituration  ont  la  mcmeobjettionà  réfoudre; 
car  le  frottement  des  alimens  devroit  offcnfer  con- 
fidérablement  ces  membranes. 

Les  défenfeurs  du  troifième  fentiment  difent  qu'on 
ne  peut  nier  qu'il  n'y  ait  dans  l'eftomac  ,  des  acides 
qui  agiffent  fur  les  alimens  auxquels  ils  fe  mêlent , 
&  que  l'aClion  des  acides  ne  foit  aidée  &  tortifiée 
par  le  mouvement  de  fyftole  ôi  de  diallole  qu'ont 
nos  vifcères  \  que  l'aéfion  des  acides  caufe  la  fer- 
mentation, iSc  le  mouvement  des  vifcères  la  tritura- 
tion ;  6l  qu'ainli  la  digcjiïon  fe  fait  en  même-temps, 
&  par  fermentation  &L  par  trituration. 

M.  Lifter,  dans  le  Chap.  17^  de  (3.  Dijfercadon 
des  Humeurs  ,  réfute  l'opinion  qui  fait  confifter  la 
digejlion  dans  le  broiement.  Au  contraire ,  M.  Pit- 
carne.  Médecin  Ecoifois ,  tient  pour  le  broiement 
ou  la  triruration  ,  iSc  ,  dans  fon  dernier  Opufcule,  il 
réfute  M.  Aftruc.  M.  Boher  foutient  lamêmechofe, 
en  Mathématicien  &  en  Géomètre.  Baglivi ,  Auteur 
célèbre  ,  a  prouvé  qu'en  cette  matière  le  calcul  géo- 
métrique eft  impraticable  \  mais  il  a  prétendu  mon- 
trer que  la  force  des  folides  eft  fupérieure  à  celle 
des  liquides.  M.  Bertrand  ,  Médecin  de  Marfeille  , 
a  tâché  de  concilier  les  deux  opinions ,  en  donnant 
également  part  aux  liqueurs  &  aux  vaifleaux  dans 
la  digejtion.  Les  liquides  ,  félon  lui ,  commencent 
l'aéfion  ,  &  donnent  le  mouvement  aux  folides  qui 
la  continuent.  Les  liquides  &  les  folides  font  en 
action  réciproque  les  uns  contre  les  autres,  &  ceux- 
ci  n'ont  pas  une  aétion  purement  paffive  à  l'égard 
des  autres.  Quelques  Auteurs  prétendent  que  la  di~ 
gejlion  fe  fait  par  putréfad:ion  j  mais  putréfaétiora 
&  fermentation  c'eft  la  même  chofe.  Voye-:{  fur  ces 
difputes  les  Opufcula  Medica  de  M.  Pitcatne  ,  Mé- 
decin Ecoifois ,  DiJJen.  F.  &c  M.  Hecquet ,  Traité 
de  la  DigeJliùTij  Lifter  ,  Boher ,  Bagliri ,  M.  Aftruc, 
Traité  de  la  caufe  de  la  Digejlion  ,  imprimé  à  Pa- 
ris en  1714,  ôc  des  Réflexions  inférées  dans  les 
Mémoires  de  Trévoux  1714  ,  dans  le  mois  de  Fé- 
vrier ,  &c. 

Quoi  qu'il  en  foit  de  ces  trois  opinions ,  voici  ce 
qui  concourt  de  la  part  de  l'homme  à  la  digejlion 
des  alimens  qu'il  prend.  Comme  la  digejlion  ne  fe 
fait  que  pour  préparer  les  alimens,  afin  qu'ils  puif- 
fent  fervir  à  la  nutririon  ,  il  faut  confidérer  les  ali- 
mens depuis  que  Ihomme  les  prend  ,  iufqu'à  ce 
qu'érant  changés  en  chyle  ,  ils  fe  mêlent  au  fang 
qui  les  porte  dans  toutes  les  parties  du  corps.  Les 
alimens  que  nous  prenons  font  ou  crus,  comme  les 
huîtres  ,  les  fruirs,  certains  légumes ,  &c.  ou  cuits  , 
comme  les  viandes  &  le  poiffon  ,  qu'on  fait  rôtir  , 
frire  ou  bouillir,  &  qu'on  alfaifonne  en  mille  ma- 
nières différentes  avec  du  fel ,  du  poivre  ,  ou  d'au- 
tres épiceries ,  des  aromates  ,  du  vin ,  du  vinaigre , 
Sec.  autant  pour  en  relever  le  goût ,  que  pour  aider 
à  la  digejlion.  De  plus ,  il  y  a  des  alimens  qu'on 
avale  lans  les  mâcher ,  comme  les  huîtres  &  les 
liqueurs ,  &cc.  d'autres  qu'on  broie  en  les  mâch.ant, 
comme  le  pain,  les  viandes,  &c.  C'eft  de  ces  der- 
niers qu'il  faut  parler ,  parce  qu'ils  reçoivent  de  no- 
tre part  plus  de  préparations ,  qui  y  caufent  diffe 
rens  changemens  néceftaires  pour  qu'ils  nous  nour- 
rilfent ,  &  que  les  autres  en  reçoivent  moins.  D'a- 
bord 1  aliment  eft  divifé  &  brové  par  les  dents  ,  &C 
en  même-temps  abreuvé  d'une  liqueur  que  les  glan- 
des falivaires  fournilfent ,  ce  qui  lui  donne  une  for- 
me de  pâte  :  quand  il  eft  aind  pétri  Se  préparc  ,  it 
pafte  par  l'œfophage  dans  l'eftomac,  où  il  fermen- 
te. Cette  fermentation  eft  caufée  i°-  par  le  fuc  fali- 
vaire ,  qui  eft  un  fermant ,  &  qui  fait  aux  alimens 

Xx 


:A'6 


DIG 


DIG 


ce  que  le  levain  fait  à  la  pâte.  i^.  par  la  chaleur  de]     mclées  enfemble  font  préparées  y  par  une  fermen- 
rettomac  ,  des  vilcères  du  bas-  ventre  ,  &c  même  des  |      ration  lente  ,  à  une  diIloUition  parfaite.  Mettre  des 


excrémens  :  cette  chaleur  produit  dans  les  aUmens 
à-peu  près  les  mêmes  ettets  ,  que  le  tumier  produit 
dans  les  matières  que  les  Chimilles  y  mettent  en 
digefticn.  3".  par  les  reftes  des  alimens  qui  lont  de- 
meurés dans  des  rides  de  1  eftomac  ,  &  qui  s'y  lont 
ai.s^ns.  4^  par  la  compreilion  des  mufcles  de  l'abdo- 
men, &  du  diaphragme.  5°.  par  la  liqueur  que  la; 
compreilion  réitérée  de  ces  mulcles  hit  fuinter  des 
glandes  de  l'eftomac.  6°,  félon  quelques  Médecins 
modernes,  par  l'air  mêmsqui,étant  embarrallédans 
les  alimens ,  fe  dilate  par  la  chaleur  de  l'ellomac  ,  ! 
&  fépare  les  parties  des  ahmens.  Toutes  ces  caules 
atténuent  &  divifent  tellement  les  alimens ,  qu'ils 
fe  changent  en  une  matière  cendrée ,  qu'on  appelle 
chyle.  De  l'eitomac ,  le  chyle  defcend  dans  l'intuftin 
duodénum  ,  où  il  eft  perfeélionné  par  le  lue  pan- 
créatique &  par  la  bile  ,  qui  le  rendent  plus  coulant, 
l'atténuent ,  &  fervent  à  précipiter  fes  parties  grof- 
fières.  Le  chyle  ,  ainfi  perfeétionné  &  atténué  ,  entre 
dans  les  veines  ladées  qui  le  portent  dans  le  réler- 
voir  de  Pecquet,  où  il  ell  délayé  par  la  lymphe  qui 
y  vient  en  alfez  grande  quantité  j  puis  i!  monte  dans 
le  canal  thorachique  ,  &  entre  dans  la  veine  fou- 
davière,'d'où  il  eil  conduit  dans  le  ventricule  droit 
du  cœur,  par  la  veine  cave  afcendante. 


plantes  en  digejtion. 

Oncontondlouvenrce  mot  avec  macération  :  mais 
ces  deux  choies  diftèrenr,  en  ce  qu'il  faut  de  la  clia- 
leur  pour  la  digejlioû^  &  que  la  macération  le  irait 
à  froid.  La.  digejlion  fe  fait  pour  l'ordinaire  avec  ad- 
dition de  quelque  menftrue  convenable  à  la  matière. 
On  met  en  digejlion  des  rofes  ,  des  têtes  de  pavots 
dans  l'huile  ou  dans  de  l'eau  ,  pour  en  faire  des  on- 
guens  &  des  fyrops.  On  met  en  digejiion  le  plomb 
calciné,  la  cérufe^  dans  du  vinaigre  diflilé  j  pour 
les  dilloudre  ,  &  en  faire  le  magiltèreou  fel  de  Sa- 
turne. La  digejlion  fe  fait  tant  des  plantes  que  des 
minéraux  ,  &  même  des  métaux. 

Ip^  La  digejlion  diffère  aulh  de  la  circulation  & 
de  i'infufion.  Voy-  ces  mots. 

1^  Digestion  ,   fe  dit,  dans  les  plantes  comme  dan 
les  animaux  ,  de  la  lève  qui  leur  fcrt  de  nourriture 
bien  préparée  &  digérée.  /^qye^SÈVE  6c  Sucs,  Vé- 
gétation. 

Digestion.  Terme  de  Chirurgie.  On  le  dit  des  apcf- 
têmes  ,  des  abfcès  ,  &c.  pour  marquer  leur  dilpo- 
fition  à  mûrir,  à  venir  à  fuppuratiun.  Les  tumeurs 
qui  viennent  aux  parotides  des  enfans ,  lont  laites 
d'une  humeur  douce  &:  de  facile  dtgtjiion  :  elles  fe 
murillent  en  peu  de  temps.  Dionis. 


Le  chyle  en  fe  mêlant  au  fang  ,  en  ralentit  le'ÇCT  DIGESTOiRE.  f.  m.  Nom  qu'on  a  donné  à  la 
iTiouvement,  en  embatralTe  les  parties  &  les  efprits ,  |      machine  de  Papin.  P'oye^  Digesteur. 
ce  qui  frit  qu'on  a  envie  de  dormir  après  le  repas  ,  \  DIGITALE,  f.  f  Digitalis.  Plante  dont  la  fleur  repré- 
lorlque  la  digejlion  fe  fait  :  mais  aufli  le  lang  com-        fente  un  doigtier.  La  Disitjie  ordinaire  ,  dig,uaHs 
munique  au  chyle  de  fon  mouvement ,  &  ,  par  fes 
parties  volatiles ,  &  exaltées  jointes  aux  parties  fa- 
lines  &:  nitreufes  de  l'air ,  il  le  fubtilife  j  &  lui  don- 
ne fa  dernière  perfedion.  Alors  la  digejlion  ell  ac- 1 
compile ,  &  les  alimens ,  devenus  pat  tant  de  chan- 1 
gemens  la  matière  prochaine  de  la  nutrition  ,  font 
portés  par  le  fang  dans  toutes  les  parties  du  corps , 
pour  répaver   &  remplacer  celles   qui  fe  dillipent  j 
continuellement ,  ou  même  pour  en  ajouter  de  nou- 
velles. 

A  l'égard  das  parties  groflîères  des  alimens  qui 
ont  été  féparées  du  chyle  par  la  bile  &  par  le  lue 
pancréatique,  elles  prennent  de  la  bile  la  couleur 
qu'ont  les  excrémens  ,  &  cette  odeur  lotte  qui  leur 
vient  des  foufres  groliiers  qu'elle  y  excite  :  ces  fou- 
fres  &  les  fels  des  excrémens  fervenr ,  lorfqu'après 
avoir  palfé  par  tous  les  inteftins ,  ils  font  arrivés  au 
dernier ,  qui  eft  le  redlam  ,  à  picoter  les  mulcles  de 
ce  boyau,  à  les  difpofer  à  feirelàcher,  &c  à  avertir  par- 
la que  la  natuie  a  befoin  de  fe  décharger  des  matiè- 
res fuperflues.  ^ 

La  féparation  de  l'urine  d'avec  le  fang  peut  être 
regardée  comme  une  partie  ou  une  petfeftion  de  la 
digejlion ,  puifque  cette  féparanon  ne  fe  fait  que 
pour  rendre  1«  fang  pluspur  ,  plus  balfamique,  & 
par  conféquent  plus  propre  à  la  nutrition  j  que  les 
fels  dont  l'urine  eft  chargée  empêcheroient.  Cette 
féparation  de  l'urine  d'avec  le  fang  le  fait  ainfi.  Les 
rameaux  de  l'artère  émulgente  ,  qui  fe  terminent 
aux  glandes  dont  la  fubllance  des  reins  eft  compo- 
fée  J  y  portent  le  fang  :  la  férofité  du  fing  eft  fépa- 
rée  de  ce  fluide  par  le  moyen  des  pores  des  glan- 
des des  ceins;  ces  pores  étant  comme  les  trous  dun 
crible  ,  qui  ne  laiiTent  palîer  que  les  chofes  qui  ont 
un  plus  petit  diamètre  qu'eux,  ou  une  figure  fem- 
blable  à  la  leur  ,  &  un  diamètre  égal.  Cette  féro- 
fité ,  qu'on  appelle  urine  ,  eft  déchargée  dans  phi- 
fieurs  petits  tuyaux  ,  qui  fe  réunllfant  en  forme  de 
pyramides  J  la  diftillcnt  dans  le  balîinet,  d'où  elle 
coule  par  les  uretèrt-s  dans  la  velTie. 

§3"  On  dit  figurément  t-c  familièrement  qu'un 
mauvais  traitement ,  qu'une  réprimande  ,  qu'un  af- 
front eft  de  àme'digejlinn  y  difficile  à  fupporter.  Du- 
ras ,acethus.  On  dit  la  même  chofe  d'un  ouvrage 
d'efprit,  d'une  entrepiife  ,  &c.  pour  dire  ,  qu'ils 
font  difficiles  ,  pénibles.  Jrduus,  opemfus. 
fJCFDiGESTioNien  termes  de  Chymlcj  fe  dit  d'une  opé- 


purpurea  ,  a  fes  racines  menues  ,  fibreules ,  brunes 
&  très-amères.  Elles  poulTent  quelques  feuilles  pa- 
reilles à  celles  du  Bouillon  blanc  ,  moins  coton- 
neufes,  couvertes  d'un  poil  grisâtre.  La  tige  cjui  s  é- 
leve  d'entre  ces  premières  feuilles  eft  haute  de  qua- 
tre à  cinq  pieds,  arrondie,  velue,  garnie  de  cjuel- 
ques  feuilles  alternes,  un  peu  plus  petites  que  celles 
du  bas,  &  qui  vont  en  diminuant  à  mefure  qu'el- 
les approchent  de  l'extrémité  de  la  tige  ,  qui  eft  in- 
clinée èc  chargée  de  fleurs  difpofées  en  épi  &  pen- 
chées. Elles  font  d'une  feule  pièce,  ouvertes  par 
leurs  deux  bouts  ;  terminées  par  des  lèvres  à  l'ou- 
verture fupérieure  ,  &  enfilées  à  leur  partie  infé- 
rieure par  un  piftil  qui  devient  un  fruit  arrondi  , 
divifé  en  deux  loges  qui  contiennent  plufieuts  fe- 
mences.  La  couleur  de  ces  fleurs  eft  oïdinairement 
purpurine,  tachées  eh' dedans  de  quelques  pointes 
d'un  rouge  foncé  ;  rarement  les  trouvera-t-on  tou- 
tes blanches.  Il  y  a  d'autres  digitales  qui  diftèrenr 
de  celle-ci  par  leurs  feuilles  &  par  leurs  fleurs.  La 
Digitale  croît  dans  les  pays  froids  :  on  la  dit  bonne 
pour  les  écroueiles  ,  &  on  afiure  qu'elle  eft  vomi- 
tive &  purgative.  On  l'eftime  encore  pour  l'épilep- 
lie-  On  range  parmi  les  Digitales  la  Gratiole  ,  autre 
plante  purgative  &  vomitive.  f''oye\  Gratioi.e. 
ffT  DIGITATION.  f  f.  Terme  d'Anaromie ,  qui  fert 
à  exprimer  la  manière  dont  deux  mufcles  dentelés 
pat  les  extrémités  oppofées,  s'endentent  l'un  dans 
l'autre.  Digitatio. 

§C?  On  fe  fert  auflî  de  ce  mot ,  en  Botanique , 
pour  exprimer  la  découpure  des  feuilles.  Voy.  Di- 

GITÉ. 

UCT  DIGITE.  adj.  Terme  de  Botanique ,  digitatus  j 
coupé  en  forme  de  doigs  j  ou  échancré  par  digita- 
tions.  Feuilles  digitces.  Folia  digitata  ,  d/gitatim  dif- 
pojita  j  &:,fuivant  le  nombre  des  digitations  ,  on  dit 
hinata  ,   ternata  ,   i!s;c. 

DIGLATH,,&:  Diglito.  Nom  du  Tibre  dans  les  lieux 
où  il  ne  roule  pas  encore  fes  eaux  avec  rapidité. 
J'oy.  le  Diél.  de  la  Martinière. 

DIGLYl'HE.  f.  m.  Qm  a  deux  gravures.  Diglyphus  , 
triglyphus  cmperJeRus,.  C'eft  un  triglyphe  impar- 
fait, ou  une  confole-,  bn'cotbeau  qui  a  deux  gtavu- 
res. 

DIGNAN.  Ville  d'Italie  dans  l'îftrie.  Elle  eft  aux  Vé- 
nitiens, à  qui  elle  fe  foumit  en  1551. 

DIGNE,  adj.  m.  &  f.  Qui  mérite  quelque  chofe ,   foit 


ration  chymique ,  par  laquelle  certaines  fubftances       en  bien ,  foie  en  mal.  Dignus.  Seigneur,  je  ne  fuis 


D  ÎG 

pas  digne  que  vous  encriez  d.ms  ma  maifon  ,  difoic] 
le  Centenier  à  Jésus-Christ.  S.  Jean  diioii  qu'il 
n  etoit  pas  digne  dedéchauirer  les  fouliersde  celui 
qui  viendroi:  après  lui.  Un  Auteur  grave  Hc  digne 
de  foi,  qui  mérite  qu'on  ajoute  t'ai  à  ce  qu'il  dit. On 
dicquec'efl:  un  homme  digne ^  un  digne  lujct  j  pour 
dire,  qu'il  ell  capable  de  remplir  un  emploi,  une 
dignité  ,  une  charge.  Le  Roi  choilî:  de  dignes  fu- 


H7 


D  ÎG 

conteinieufe  ou  extérieurejon  les  nomme  feulement 
Perlonnats.  Dans  quelques  Cathédrales  le  premier 
dignitaire  eft  le  Grand-Chantre  ,  dans  d  autres  c'cft 
le  Prévôt,  d^c.  Au  heu  du  terme  de  dignicaire  ,  on 
fe  fert  prefque  toujours  aujourd'hui  de  celui  dé 
dignité  j  enlorte  qu'on  dit  :  Moniîuur  un  tel  ett 
une  dignité.  Les  Tréioriers  font  les  premiers  digni- 
taires dans  les  Saintes  Chapelles. 


jets  pour  mettre  dans  les  charges,  dans  les  Piéla-    |p=-  DIGNITÉ,  f  f.  Charge  ,  ottice,  qualité  qui  re- 
tures.  On  du  auffi  ,  cela  eft  ^^^'«^  de  pitié,  cela  eft    * '  "     ' 


digne  de  grâce ,  digne  de  pardon.  C'eft  un  crime 
digne  de  mort,  qui  mérite  la  mott.  On  dit  aufti 
d'un  brave  homme ,  qu'il  a  fait  une  adion  digne 
de  lui  j   digne  de  fi  nailHince.  Et  au  contraire  on 
dit  d'un  inhime  ,  qu'il  n'eft  pas  digne  de  vivre. 
DIGNE.  Ville  de  Provence  en  France.  Digna  ,  Dina, 
Dinia^  Dinenjiumon  Dinienjitirn  civitas.hQ  troilicme 
Dinia  eft  le  meilleur  :  c'eft  le  nom  que  Pline  lui  donne, 
L.  III  ,  c.  4  ,   où  il  dit  que  c'étoit  une   ville  des 
Ebroduntiens,  qui  étoic   dans  les  Alpes  j  &    que 
l'Empereur  Galba  avoit  ajoutée  à  la  Province  Nar- 
bonnoife.  Il  paroît  à  Scudus  qu'il  faut  lire  dans  Pline 
Bodiontios ,  au   lieu  (ÏEbroduntios ,  &i   qu'un  bourg 
qui  eft  à  cinq  lieues  de    Digne,  nommé  Bajour , 
Brodiontium  ,  conferve  cet  ancien  nom.  Dans  une 
vieille  Notice,  elle  eft  la  féconde  des  huit  villes  de 
la  Province  des  Alpes  maritimes.  Dans  des  Notices 
plus  récentes  ,  fon  Evèque  eft  le  premier  fuftcagant 
du  Métropolitain  d'Embrun.  Aujourd'hui  c'eft  une 
bonne  petite  ville   de  Provence  ,  fur  la  rivière  de 
Bleone  ,    dans   les  montagnes.  Il  y  a  cà  Digne  un  i 
Siège  Royal ,  ou  Vice-Sénéchauftee  j  dont  le  Chef" 
eft  Lieutenant    du  Sénéchal  de  la  Province.  C'cft 
François  I  qui  l'établit  vers  l'an  1 5  5  5.  Il  y  a  aulïï  une 
Viguerie.  L'Evêque  de  Digne  eft   fuffragant  d'Em- 
brun. Le  fameux  Pierre  Galfendi  ,   né  à  Chauter- 
fier ,  bourg  de  la  Vice-Sénéchaulféede  Digne  ,  Cha- 
noine, &  enfuite  Prévôt  de  l'Eglife  Cathédrale  de 
Digne,  &  mort  à  Paris  le  24  d'Odobre   1655  ,a 
donné  une  Notice  de  l'Eglife  de  Digne.  Le  premier 
Evêque  de  Digne  j  félon  cet  Auteur ,  eft  Saint  Dom- 
nin  ,  qui  lui  paroît  avoir  commencé  fon  Epifcopat 
vers  l'an  3 1 5.  Il  y  a  des  thermes,  ou  des  bains  chauds 
à  Digne,  qui  font  excellens.  Galfendi ,  oui  en  parle 
dans  l'ouvrage  que  j'ai  cité,  c.  5.  dit  que  le  rocher 
d'où  ces  eaux  iortent,  eft  plein  ,  dans  fa  partie  fu- 
périeure  ,  de  trous  &  de  fentes ,  d'où  au  printemps , 
Se  fur-tout  au  mois  de  Mai ,  il  tombe  des  ferpens  j 
ordinairement  accouplés  j  mais  qui  ne  font  point 
venimeux  ,  qu'on  touche  impunément ,  &  donc  la 
motfure  fait  moins  de  mal  que  la  piquure  d'une  guê- 
pe- M.  Gallendi  fur  des  obiervations  fures  ,  tîxe  la 
latitude  de  Digne  à  44  degrés  6  minutes ,  îfc  fa  lon- 
gitude à  près  de  24  degrés,  ou  25  degrés  5 1  minu- 
tes. Ce  qui  s'accorde  avec  les  Cartes  nouvelles  de 
M.  de  Lifle ,  faites  fur  les  Mémoires  ds  Meilîeurs  de 
l'Académie.  Voye'^  ces  Auteurs.  Toute  la  première 
partie  de  fa  Notice  eft  une  hiftoire  abrégée  de  Di- 
gne. Galpard  l'Alleman  j  Sebaftien  Richard  &  Lo- 
teret ,  ont  aulli  écrit  fur  cette  ville. 

Son  nom  s'eft  formé  du  Latin  ,  félon  la  remar- 
que de  Galfendi  ,   ci.  On  l'appela  Dinia  &  Di- 
na ,    Dinenjium  civitas  ,  enfuite  Dinna  y  Dignia  ,  . 
Digna,  d'où  s'eft  fait  en   François    Digne  ;    Di-\ 
neenfis  j  Dienaifls  y  Digmenjls  j  &  Dignenfls  urhs. 
Quelques-uns,  comme  Scaliger  ,  écrivent  Z)i/ze^  &: 
.  îion  pas  Digne;  &  Scudus,  d.ins  Ortelius ,  l'appelle 
Donoy. 
DIGNEMENT,  adv.  D'une  manière  digne.  Digne.  On 
._  nefauroit  parler  aftez  dignement  de  l'Euchariftie. 
Cet  Ambalfadeur  s'eft  acquitté  dignement  de  fr  com- 
million. 
DIGNITAIRE,  f.  m.  Celui  qui  occupe  une  dignité 
dans  une  Eglife  Cathédrale  ou  Collégiale  y  comme 
.   la    dis^nité  de  Prevôr,  de    Doyen,  de  Tréforierj' 
d'Archidiacre  ,  de  Chantre  y  &c.  In  aliquâ  Capiiali  ; 
dignitjte  conjlitutus.  Tous  ceux   qui  ont   quelque  ' 
prééminence  fur  les  autres  Chanoines,  nefonrpas; 
dignitaires.  Quand  ils  n'out  point  de  ^urifdictron  I 


lève  l'état  des  perfonnes ,  &  dont  celui  qui  en  eft 
revêtu  peut  prendre  le  citre.  Dignitas  ,  honcr,  mu- 
nus.  Le  Chancelier  pollcde  la  première  dignité  àQ 
la  Robe.  L'Epifcopac  eft  une   des   premières  digni- 
tés Eccléfiartiques.  C'eft  un  homme  conltitué  en  di- 
gnité. Fabius  Maximus,  voulant  éprouver  li  fon  fils 
ïauroit  bien  maintenir  fa  dignité ,  s'avança  fans  def-  ' 
cendre  de  cheval ,  jufc^u'à  ce  qu'il  eût  reçu  le  com- 
mandement de  ion  tils  :  puis  courant  l'embraller  , 
je  voulois  voir  j  dit-il  ^  li  tu  favois  ce  que  c'étoit 
d'être  Conful.  Ablanc.  D'où  vient  cet  emprelTe- 
mentpour  les  dignités,  finon  de  l'envie  que  l'on  a 
d'acheter  l'empire  fur  les  autres  ,  &  d'avoir  moins 
de  maîtres  à  qui  l'on  doive  obéir  ?  Flech.  La  vertu 
donne  un  degré  d'honneur  qui  n'eft  pas  moindre 
que  celui  des   dignités.  Herman.  Au  Heu  d'alfu- 
jettir  la  vie  à  fa  dignité,  Pétrone  ,  d'un  efprit  fu- 
périeur  àfes  charges,  les  ramène  à  foi-même.  S. 
EvR. 

^fT  On  a  donné  le  nom  de  dignités  à  ces  quali- 
tés honorables ,  parce  qu'elles  fuppofent  ou  ren- 
dent dignes  de  la  conhdération  publique  y  ceux  qui 
en  font  revêtus. 
0C?  Dignité  ,  fe  prend  aufli  pour  mérite  ,  importance 
&  en  général  pour  rout  ce  qui  peut  donner  de  l'é- 
clat aux  perfonnes  &  aux  choies.  Ce  Prédicateur 
a  bien  foutenu  la  dignité  de  fon  fujet  par  la  no- 
blelle  de  fes  exprelîions.  Ce  grand  Seigneur  parle 
avec  dignité ,  agit  avec  dignité,  marche  avec  dignité 
c'eft-à-dire  ,  qu'il  foutient  bien  fon  rang  ,  qu'il  ne 
dément  point  fon  caraclère,  qu'il  parle  j  qu'il  agit 
d'une  façon  convenable  à  fon  rang  ,  digne  du  ca- 
raétère  qu'il  foutient  &  de  l'affaire  qu'il  traite.  Il 
faut  une  grande  étendue  d'efprit  pour  demeurer  inu- 
tile \  prefqué  perfonne  n'a  alTez  d'efprit  pour  jouer 
ce  rôle  avec  dignité.  La  Bru  y.  Peu  de  gens  favenc 
conferver  la  dignité  en  ménageant  leur  forrune  à  la 
Cour.  S.EvR.  Jufque  dans  les  plaifirs  mêmes  il  y 
avoit  de  la  dignité.  Fléch.  M.  le  Premier  Prélidenc 
Lamoignon  avoit  je  ne  fai  quoi  île  doux  &  d'hon- 
nête ,  accompagné  de  dignité  Sz  d'une  certaine  au- 
torité naturelle  qui  peut  tout.  Bouh. 

De  tous  temps  il   y  a  eu  des  marques  de  dignité 
par  des  habits  J  des  ornemens,  des  fymbolesj  mais 
les   principales  fe  confervent  aujourd'hui  dans   le 
Blafon.  On  voit  dans  les  anciennes  médailles  ,  que 
Pompée  avoit  des  proues  de  vailfeaux  ,  comme  Chef 
de  la  guerre  des  Pirates.  Céfar  avoit  le  bâton  augu- 
rai,  la  hache ,  &  le  fimpule  pour  marque  de   fes 
dignités  d'Augure,de  Pontife  iSc  de  Sacrificateur.  Au- 
jourd'hui on  les  place  dans  le  Blafon.  Les  tiares  3 
les  chapeaux,  les  mitres,  les  couronnes  (Se  les  mor- 
tiers ,   fe   mettent   en    cimier.  Les  croix    des  Ar- 
chevêques ,  l'ancre  de  l'Amirauté  ,  les  bâtons  des 
Maréchaux  ,  les  clefs  des  Papes,  les  maffes  des  Chan- 
celiers fe  mettent  derrière  l'écu  ,  ou  en  pal  ,  ou 
en  fautoir.  Les  épées  du  Connétable  ,  du  Grand- 
Ecuyer  ,   les  bouteilles  des  Boutilliers,  les  clefs  des 
Chambellans ,  fe  mettent  à  coté.  Les  canons  des 
Grands  Maîtres  de  l'Artillerie  fe  mettent  au-deffous 
&■  les  colliers  des  Ordres  de  Chevalerie,  tant  Mili- 
taires que  Religieux ,  fe  mettent  autour  de  l'Ecu. 
les  Electeurs  de  l'Empire  les  placent  dans  un  quar- 
tier de  leurs  Armoiries  ,  comme  le  Palatin  la  cou- 
ronne ,  Brandebourg  le  fceptre  y  Saxe  les  épées  , 
&:c. 

>33' On  diftingue  hs  dignités  en  Eccléfiaftiques, 
le  Pape.  J  le.^  Cardinaux  ,  les  Archevêques  ,  les  Evê- 
ques  5  les  i'\bbcs  6c  les  dignités  des  Chapitres ,  &t 

Xx  ij 


34§  D  I   G 

en  temporelles  qui  fonc  colles  d'épce  j  de  robe  ,  ou 
des  fiers. 

Dignités,  dans  les  Chapitres ,  font  certains  Bénéfi- 
ces qui  donnent  la  prééminence  dans  le  Chœur  an 
dedus  des  limples  Chanoines  :  elles  iont  quelques 
fois  fimples ,  quelquefois  à  charge  d'aïues ,  &c  quel- 
quefois avec  jurildiClion  ,  (Scadminiltration  descho- 
les  faciées.  Dignicatts  gindus.  Si  la  dignac  n'a  point 
de  JurKdiciion  contentieufe  ou  extérieure,  &  li 
elle  ne  donne  qu'une  prééminence  ,  c'elt  un  (im- 
pie perfonnat.  Les  Prévôtés  du  Chapirie  de  Char- 
tres font  des  dignités  ^&c  des  Bénéfices  iîmples.  Les 
Doyennés  ou  Chefs  de  Chapitre j  font  des  digni 
ces  fujettes  à  rélidence.  Les  dignités  des  Cathédra- 
les, &  des  Collégiales,  ne  font  point  fujettes  au 
droit  des  Gradués. 

On  appelle  aulli  la  perfonne  qui  polTède  ces  fortes 
de  Bénéfices ,  une  Dignité.  Monlieur  un  tel  n'eft  pas 
un  limple.Lhanoine ,  c'ell  une  Dignité.  Il  y  a  des 
Cathédrales  où  toutes  les  dignités  portent  la  robe 
rouge;  d'autres  où  il  n'y  a  que  la  première  dignité, 
comme  le  Doyen  de  S.  Catien  de  Tours. 

Dignité.  Ternie  dAftrologie.  Les  Altrologues  difent 
que  les  Planètes  ont  des  joies  j  où  des  dignitésloû- , 
c}u'elles  font  dans  certains  lignes  où  elles  ont  quel- 
que empire  ou  faveur,  foit  par  domicile  ^^  exalta- 
tion ,  joie  ,  ou  autrement.  Le  Soleil,  par  exemple  , 
eft  en  digniu  dans  le  Lion  ,  le  Bélier ,  bc  la  neu- 
vième maifon,parceque  le  Bélier eil  Ion  exaltation, 
le  Lion  fon  propre  domicile  ,  &  la  neuvième  mai- 
Ion  fa  joie.  Ces  dignités  font  appelées  ejjentielles , 
quand  elles  font  prifes  dans  une  figne  ;  &  acciden- 
telles ,  quand  elles  font  prifes  dans  une  maifon 
célefte.  Quand  lUie  Planète  n'a  aucune  dignité  au 
lieu  où  elle  fe  trouve  ,  on  la  ).\o\'mwi  planète  étran 

Les  Mathématiciens  appellent  dignités  ,  certains 
axiomes  qui  fervent  généralement  dans  toutes  les 
démonftrations  :  on  les  nomme  dignités  ,  parce  qu'à 
caufe  de  leur  évidence  ils  Iont  dignes  d'être  reçus 
comme  certains  ëc  infaillibles. 

DIGOINS-  Ville  de  France  dans  l'Autunois  ,  fituée 
fur  la  rivière  d'Arroux  qui  fe  décharge  dans  la  Loire 
alfez  près  de  là.  Denegont'uim  ,  &c  par  corruption  le 
plus  fouvent   Degontium ,   on  Digoniu 

1^  DIGON.  f  m.  Terme  de  pèche.  Efpèce  de  dard, 
garni  de  deux  crochets  femblables  à  ceux  des  ha- 
meçons j  dont  fe  fetvent  les  pêcheurs ,  pour  prendre 
le  poilTon  plat  entre  les  roches  de  balle-mer. 

1^   DIGON.  Terme  de  \Lanne.  f'oye^  Diguon. 

îJCF  DIGRESSION.  C£.  On  appelle  ainfi  tout  ce  qui 
s'écarte  ,  qui  fort  du  lujet  principal ,  tout  ce  qui  elt, 
hors  du.  lu  jet  dans  un  difcours.  Ùigrejfw.  Digrejjion 
agréable  ^  ennuyeufe  ,  inutile.  Faire  des  digrejjlons 
fortir  de  fon  fujet.  Digrcdi  a  propojito  j  a  caufa,  de 
CiZufa.  On  pardonne  Içs  digrejpons  j  quand  elles  font 
courtes  &  à-propos.  Pardonnez  moi  cette  digtef- 
Jion  qu'un  jufte  dépit  m'a  arrachée.  Pel.  Hypcride 
a  une  Hexibilité  admirable  pour  les  digrejjlons ^  il  fe 
détourne  &  reprend  haleine  où  il  veut.  Boil.  Vous 
ne_ verrez  point  dans  ce  difcours  ces  digreffions  po- 
litiques ,  qu'on  accommode  au  fujet  avec  art.  Fléch. 
Il  y  a  des  digrejjlons  dans  cet  Ouvrage  j  mais  uti- 
les ,  &:  agréables  ,  &  félon  les  règles  de  l'art  ;  elles 
inftruilfent  J  oudélaiïent  l'efprit  du  Ledeur.  Id.Lcs 
digrejjions  font  vicieufes,  quand  elles  font  trop  fré- 
quentes ,  &  eanuyeufes  ,  c^u.and  elles  font  trop  lon- 
gues. S.    EvR. 

Digression,  Terme  d'Aftronomie.  Eloignement  d'un 
aftred'unautreaftreauquelonlecompare.Quantitéde 
l'efpace  don  t  un  aftre  s'éloigne  d'un  autreaftre.  H  fe  dit 
des  Satellites  de  Jupiter  &  de  Saturne  ,  par  rapport  à 
ces  deux  planètes.  Digrejlo.  Quoique  les  orbes  des 
Satellites  de  Jupiter  foienc  circulaires ,  ou  d'une  fi- 
gure qui  approche  fort  du  cercle  ;  cependant ,  à  caufe 
du  peu  d'inclinaifon  de  leur  plan  à  l'égard  de  celui 
de  récliptique,ils  nous  paroiffent  décrire  des  ellipfes 
fort  étroites  J  &  on  les  voit  quelquefois  fuivre  par 
içiirs  mouvemens  des  lignes  fenfiblement  droites. 


DI  G 

Cette  direftion  du  plan  de  leurs  oibes  forme  une 
inégaliré  apparente  dans  leurs  mouvemens  ,  qui  pa- 
roir  fe  faire  avec  plus  de  vîtelfe  plus  ils  font  près 
deJupiterj&  qui  fe  ralentit  à  mefure  qu'ils  s'en  éloi- 
gnent julque  vers  leurs  plus  grandes  digrejjlons  _, 
où  ils  paroifTenc  pendanr  quelque  temps  llation- 
naires ,  parce  que  l'arc  qu'ils  décrivent  alors  fur  leur 
orbe,  eft  à  peu-près  dans  ladirecliondu  rayon  viluel, 
qui  va  de  la  Terre  aux  Satellites.  Cassini.  Leur  plus 
grande  digrejjion  ne  difîère  pas  fenfiblement  du  dia- 
mètre de  leurs  oibes.  1d.  Cîn  a  trouvé  que  le  pre- 
mier Satellite  de  Jupiter  ,  lorfqu'il  e(t  dans  fa  plus 
gi'ande  digrejjion  J  cto'ii  éloigné  du  centre  de  cette 
planète  ,  de  cinq  de  fes  demi  diamèttes  ,  Se  j 
Le  fécond  de 9 

Letroifième  de 14  jl 

Et  le  quatrième  de ^5  il 

Pour  les  Satellites  de  Saturne  ,  on  détermine  leur 
diftance  en  les  comparant  au  diamètre  de  l'anneau, 
ou  bien  aux  autres  Satellites ,  quand  ils  font  dans 
leurs  plus  grandes  digrejjlons.  En  fuppofant  le  demi- 
diamètre  de  l'anneau  i. 

La   plus  grande  digrejjion  du  premier  Satellite 

eft  de i   ^, 

Du    fécond i   rh 

Du  troifième    de 

Du  cinquième  de     .......  23 


J        109 

1  00 


Cette  proportion  s'accorde  fi  exaélement  avec  celle 
qui  a  été  déterminée  par  les  obfervations  immé- 
diates ,  faites  par  l'eftime ,  que  l'on  peut  s'en  fervir 
pour  trouver  la  fituation  de  chaque  Satellite  fur 
fon  orbe  ,  fans  crainte  de  tomber  dans  quelque 
erreur  fenfible-  Id. 

La  plus  grande  digrejjion  de  Mercure  au  Soleii 
eft  de  vingt  huit  degrés  ,  &  celle  de  Venus  au  même 
Soleil  eft  environ  de  quarante-huit  degrés. 

DIGUE.  {.  f.  Ouvrage  de  maçonnerie  ,  charpente,  oa 
fafcmage  J  dont  on  fait  un  rempart  qu'on  oppofe 
à  l'entrée ,  ou  au  cours  des  eaux.  Moles  oppojita. 
fluclit'Us ,  agger.  Les  digues  fe  font  avec  des  élévations 
de  terre  mêlée  de  claies  ,  de  pieux  ,  de  pierres  , 
&c  auttes  chofes  femblables.  La  digue  de  la  Rochelle 
fe  fit  avec  des  vaifleaux  coulés  à  fond.  Les  digues  de 
Hollande  fe  font  fouvent  rompues  ,  &  ont  inondé 
beaucoup  de  pays  où  eft  à  préfent  la  mer.  Le 
cours  du  Rhône  a  été  changé  par  le  moyen  d'une 
digue. 

Ce  mot  vient  du  Flamand  diji  ,  qui  fîgnifîe  un 
amas  de  terre  courre  les  eaux  ;  &  ils  ont  dérivé 
ce  mot  du  Grec  ■'■^'x^j  comme  croient  Saumaife  Sc 
Ménage.  Guichard  fait  venir  le  mot  François  digue  ^ 
Sc  le  mot  Flamand  dijk  jde  l'Hébreu  ,dagdh,  formé 
ds gkadad,çn  tranfpofant  les  letttes,ghadah  j  ripa  , 
rivage. 

On  le  dit ,  fîgurément ,  en  Morale,  &il  fîgnifîe, 
Obftacle.  Oie.x ,  ohjlaculum.  On  ne  peut  trouver 
d'alfez  fortes  digues  pour  arrêter  la  fureur  des 
pallions  de  la  jeunelïe.  La  licence  a  ravagé  toutes 
ces  digues.  Patru.  La  Pragmatique-Sandtion  étoic 
une  digue  contre  les  entreprifes  de  la  Cour  de  Rome. 
Mez. 

Ou  font  tous  ces  guerriers  j  dont  les  fatales  ligues  ^ 
Dévoient  à  ce  torrent  oppofer  tant  de   digues  ? 

BoiLEAi;. 

DIGUER.  V.  a.  Diguer  un  cheval ,  c'eft  lui  donner 
de  l'éperon.  Addere  calcaria  equo.  Inufîté. 

DIGUITE.  {.  m.  Se  f.  Nom  de  peuple.  Diguita.  Les 
Diguites  font  des  peuples  barbares  de  la  Tucuma- 
nie  ,  dans  l'Amérique  méridionale. 

DIGUON.  f  m.  Terme  de  Maririe,  eft  le  bâton  qui 
porte  un  pendant ,  une  flamme  ,  ou  banderoUe  ar- 
borée au  bout  d'une  ve;:gs.  ëaciiluj!.  Ou  écrit  quel- 
quefois dlgon. 


DU 

D  I  J 

ÎCr  DIIAMBE  .  ou  DOUBLE  ÏAMBE,  m.  Terme  de 
Poëlie.  C  ell  un  pied  compofé  de  deux  ïambes , 
c'ell-à-dire  ,  de  quatre  lyllabss,  donc  la  première 
Se  la  troifième  fonc  brèves  ^  la  fecohde  &c  la  qua- 
trième longues  ,  comme  /eyentus. 

DIJON.  DiVLo  j  DïviopoUs  ,  Diviorum  ,  ou  Deorum 
Ch'U-js  J  Se  Dïvionum  ,  félon  quelques-uns.  Le  pre- 
mier ell  le  meilleur.  Ville  capitale  du  Duché  de 
Bourgogne  :  le  Pape  Clément  XIII.  y  érigea  en 
1731.  uu  Evcclié  ,  dont  le  Dioièfe  a  été  tiré  de 
celui  de  Langres.  Il  y  a  un  Parlement  j  qu'y  éta- 
blit Louis  XL  en  1476,  une  Chambre  des  Comptes  j 
une  Cour  des  Monnoies  ,  &  un  Préhdial.  Le  Pre- 
mier Préfîdént  de  Ville-Neuve  diloit  qu'étant  pri- 
fonnier  en  Suiffe  ,  il  avoir  lu  une  ancienne  Chro- 
nique de  Bourgogne  ,  qui  iaifoit  mention  d'une 
fameule  ville  de  l'Evèché  de  Langres ,  nommée 
Bourg-Ognej  ou  Bourg  des  Dieux  ,  Burgus  Deo- 
orwn  ;  car  Ogne  en  Celtique  lignifie  Dieu  :  que 
c'étoit  cette  ville  qui  avoit  donné  Ion  nom  à  tout 
le  pays  long-temps  avant  la  conquête  des  Gaules 
par  les  Romains.  Les  habitans  de  cette  ville,  mé- 
contens  des  Autunois ,  dont  ils  dcpendoient,  brû- 
lèrent leur  ville  ,  &  pallèrent  le  Rhin.  Elle  Le  ré- 
tablit :  Aurélicn  la  ht  encore  détruire  \  mais  ,  crai- 
gnant d'avoir  ofFenfé  les  Dieux  dont  il  avoit 
ruiné  la  ville,  il  réfoliit  de  la  rebâtir.  Il  le  ht,  i^ 
voulut  qu'elle  fût  appelée  Divio ,  du  nom  Divi , 
qui  lignihe  /es  Dieux.  Du  Chesne  ,  Antiq.  des 
Pailles  de  France,  P.  II.  L.  VI.  c.  i.  Cette  vieille 
Chronique  poi;rroit  bien  être  mêlée  de  fables.  Va- 
lois croit  feulement  qu'Aurélien  fit  entourer  Dijon 
de  murailles,  qu'il  l'embellit,  &  l'orna  de  tem- 
ples S<.  d'autres  édifices  publics.  Mais  l'opinion  la 
plus  probable  eft  que  ,  luivant  la  corredion  d'un 
palfage  de  Grégoire  de  Tours ,  où  l'on  doit  lire 
Aurele  au  lieu  d  Aurélien  ,  c'elL  Marc-Aurele  qui  en 
a  été  le  reltaurateur ,  &:  que  Dïion  étoit  plus  an- 
cien que  cet  Empereur,  puifque  l'Hirtorien  du 
Martyre  de  S.  Bénigne,  dans  Surius  ,  rapporte 
que  Marc-Aurele  fit  un  voyage  en  cette  ville^ 
pour  vifiter  les  nouveaux  murs  dont  il  l'avoit  fait 
entourer. 

Quoi  qu'il  en  foit ,  c'eft  une  très-ancienne  ville. 
Grégoire  de  Tours  en  parle  ,  &  la  décrit  très-bien 
dans  fon  Liv.  III.  c.  19.  Un  Marbre  ,  trouvé  il  y  a 
quelques  années  i  Rome  ,  parle  des  Serruriers  de- 
meiir.ins  à  Dijon  ,  Dibione  consistentes.  Dans 
la  luiti  les  Ducs  de  Boutgogne  de  la  première  race  , 
defcendus  de  Hugues  Capet  par  le  Roi  Robert, 
fon  pent-tîls,  ayant  choifi  Dijon  pour  y  faire  leur 
réiidence  ,  l'embeUirent  beaucoup.  Dijo'/  a  eu  titre 
de  Comté.  Aujourdhui  c'eil;  une  grande  &  belle 
Ville,  remplie  de  beaux  édifices,  tant  facrés  que 
profanes  ,  détendue  par  un  Château  fortifie.  C'ell 
Louis  XI.  qui  l'a  bâtie.  Dijon  eft  fitué  à  une  petite 
dirtance  des  deux  collines  de  Talan  ,  Se  de  Fon- 
taines ,  lieu  de  la  nailfance  de  St.  Bernard.  Ses 
environs  font  fertiles  &  agréables,  à  caufe  des 
rivières  de  Sujon  &  d'Ouche  qui  l'arrolent.  M.  Mé- 
nage diioit  fouvent  qu'après  f'aris ,  il  n'y  avoit 
guère  de  ville  en  France  où  il  y  eût  plus  de  gens 
de  lettres  qu'à  Dijon.  L'élévation  du  pôle  à  Dijon 
eft  de  47  deg.  10  min.  Sa  longitude  eft  de  2  i  deg.  50 
min.  Acad.  des  Sciences. 

Ce  nom  vient  de  Diu ,  qui  ,  en  Gaulois  ou 
Celtique  ,  fignifie  fontaine ,  &  lui  a  été  donné  à 
caufe  des  fources  qui  font  tout  autour.  Cela  eft  plus 
probable  que  ce  qu'on  dit  au  commencement ,  du 
Bour-Ogne  &  d'Aurclien. 

DÏJONNÔIS  ,  OISE.  f.  m.  &  f  Habitant  de  Dijon  , 
natif  J  originaire  de  DHon.  Divlonenfis.  Jean  Gue- 
negaud  ,  Docteur  en  Médecine  ,  a  expliqué  hifto- 
riquement  un  Tombeau  antique  de  Chindonax  , 
Prince  des  Vaccies  ,  Druydes  ,  Celtiques ,  Dijonnois. 
Th.  Corn. 


DU     D  I  L 


549 


DijoNNors.  Ternroire  de  Dijon  ,  périr  Pays  ..^ 
Duché  de  Bourgogne ,  appelé  autrement  Bourgogne; 
propre,  Rellôvr  du  Parlement  de  Di]on.Pùgus  Di- 
vionenfis.  Outre  la  ville  de  Dijon  ^  le  Dijonmiois 
renferme  encore  celles  d'Auxonne,S.  Jean-de  Laune, 
Beaune  ,  Nuys  j  t^'c. 

DIJOA'IS.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  C'eft  un  nom 
de  Jupiter  ,  qui  le  trouve  dans  Vairon  j  L.  IV.  De 
ling.  Lat.  Se  dans  Aulu-Gelle,  L.  V.  c.  li.  On  peur 
voir  aulîi  Vollius ,  De  îdol.  L.  II.  C.  84./?.  565. 
Comme  on  appela  ce  Dieu  Jupiter  Se  Dicl'piter ,  on 
l'appela  aulli  Jovis  Se  Dijovis.  Voye^  les  Dilîer- 
tations  du  P.  S.  Jci'.  imprimées  à  Pans  en  1715. 
p.  184. 

DIIPOLIES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Anciennes 
Fêtes  d'Athènes  ,  qu'on  célèbroit  en  l'honneur  de 
Jupiter  Polien  ou  Tutélaire  de  la  ville. Elles  n'étoienc 
plus  en  ufage  du  temps  d'Ariftophane  :  voilà  pour- 
quoi il  ie  fert  du  mot  de  Diipoliode  ,  pour  marque 
d'une  choie  du  vieux  temps. 

D  I  L. 

DILACERATION.  f.  f.  DiLueratio.  C'eft  k  même 
chofe  que  déchirement  ;  divihon  violente ,  lépa- 
tcition  caufée  par  une  grande  diftention.  Pour  em- 
pêcher le  dépôt  fur  la  partie  maltraitée  par  la  dûa- 
ccraùon  des  fibres,  des  mufcles  &  des  membranes. 

DiONIS. 

',fr  DILACÉRER.  v.  a.  C'eft  la  même  chofe  que  dé- 
chirer avec  violence.  Dilacerare.  Ce  terme  ne  pa- 
roît  pas   fort  ufué. 

^fT  DILACERE,   ée.  part.  Dilaceratus. 

DILANIATEUR.  adj.  Effort  dilamateur.  Terme  de 
mineur.  C'eft  l'effort  que  fait  la  poudre  d'une  mine 
ou  d'un  fourneau,  en  s'enflammant  j  contre  la  ré- 
fiftance  du  poids  des  terres  qu'elle  doit  enlever , 
jointe  à  la  ténacité  des  parties  ,  qui  compofent 
cette  malLe.  Et,  comme  le  poids  des  terres  à  enlever  j 
Se  la  malfe  des  terres  contenues  dans  les  entonnoij-s 
femblables  font  entr'eux  comme  le  cube  des  lignes 
par  la  33^  du  IL  Livre  d'Euclide ,  c'eft-à-dire  , 
comme  le  cube  de  la  hauteur  perpendiculaire  du 
terrcinqui  eft  fur  la  mine.  Se  que  les  fui  faces  de 
ces  mêmes  entonnoirs  font  entr'elles  comme  les 
carrés  de  leurs  hauteurs ,  M.  Bélidor  dit  que  la 
quantité  de  poudre  nécelTaire  pour  la  charge  d'une 
mine  ,  doit  être  déterminée  par  la  ténacité  des 
terres  ,  par  le  poids  des  malTes  à  détacher  &  à  en- 
lever ,  Se  par  conféquent  déterminée  par  le  carré  Se 
le  cube  des  lignes. 

Ce    mot   eft  pris  du  Latin  dilaniare ,  déchirer  , 
féparer  avec  violence. 

IP*  DILAPIDATION,  f.  f.  Dépenfe  folle.  Terme  peu 
ufité ,  ainfi  que  le  verbe  qui  fuit. 

DILAPIDER,  v.  a.  Du  Latm  dilapidare.  Dépenfer  , 
diftiper  mal  à-propos.  Coigrave.  C'eft  un  mot 
dont  Rabelais  s'eft  fervi  en  parlant  de  Panurge  , 
au  commencement  du  z.  chap.  5^  Livre.  Voici  {ii% 
termes:  Et  fe gouverna  fi  bien&  prudemment Mon- 
fieur  le  nouveau  Chaftelain  ,  qu'en  moins  de  qua- 
torze jours  il  (///i7/.v'i/a  le  revenu  certain  &  incertain 
de  fa  Chaftelenie  pour  trois  ans.  Il  ne  fera  pas  mal- 
à-propos  de  joindre  le  Con>mentaire  au  texte.  En- 
tre toutesles  manières,  dit  M.  le  Duchat,  de  dilapider 
fon  bien,  Rabelais  a  mis  la  manie  de  ceux  qui 
cherchentlaPierre-Philofophale  :  &le  bon  Owenus, 
qui  polfédoit  bien  fon  Rabelais  ,  n'a  pas  manqué 
de  faire  entrer  l'allufion  dans  fa  9«  Epigramme  du 
fécond  Livre  :  d'où  Naudé  ,  dans  fon  Mafçurat ,  a 
tiré  les  vers. 

Qjui  bana  dilapidant  omnia  prc  lapide. 

|tT  DILAPIDÉ,  ÉE.adj. 

§a°  DILATABILITÉ,  f.  f.  Propriété  de  ce  qui  peut  fe 
dilater ,  s'étendre  en  un  plus  grand  volume.  La 
dilatabilité  de  l'îiz.  M.  de  Reaumur  fe  lert'fouven: 


3J0  D  I  L 

de  ce  mot  dnns  fou  mémoire  fur  les  Thermomètres. 
Il  elt  d'un  tréquen:  ufage  eu  Phyricjue. 
DILATABLE,  adj.  m.  Ecf.  Terme  de  Phyliqiie.  Qnod 
dilacari ,  expandi  poceJL  Qui  ell  capable  de  dilata- 
tion ,  qui  peu:  ctre  dilaté ,  étendu.  Nous  ne  voyons 
pas  que  l'eau  puiile  être  comprimée  comme  l'air, 
au   point  d'occuper  moins  de  place  que  fous  une 
forme  ordinaire.  Si  l'on  emplie  d'eau  un  boule  d'é- 
taia  ,    (Se   qu'on    la    frappe    à  grands   coups  ,     la 
boule    crèvera   plutôt  que  de  s'aplatir  &  de  relfer- 
rer  l'eau  en  diminuant  de  volume.  Mais  cette  eau  , 
qui  n'eil  point  compreiîible  ,  eft  extrêmement  di- 
lacdble.  Par  le  moyen  du  teu ,  qui  s'y  inlinue  plus 
ou  moins ,  elle  peut  acquérir  une  expanlion  ,  &  par 
confequent  une  élafticité ,  pour  ainh  dire  ,  intime. 
Qu'elle  n'ait  point  de  reiloit  par  elle-même ,  j'en 
conviendrai  facilement  :  mais  elle   reçoit ,  du  feu 
qui  tourbillonne  dans  fes pores,  une  tendance  per- 
pétuelle à  s'élargir.  Cette  élalbcité  ou  cette  expan- 
iion  de  l'eau  fe  déclare  au   moment  qu'on  la   dé- 
charge ,    dans  la  machine  pneumatique  ,  de  l'air 
qui  la  comprimoit.  Speét.  de  la  Nat.  tome  4.  p.  zii. 
2 il.  On  peut  fe  fervir  de  ce  terme  après  M.  Pluche  ^ 
&  M.  Dionis  cité  dans  le  Diétionnaire. 
tfj-  DILATANS.  adj.  pi.  Terme  de  Chirurgie.  Nom 
qu'on  donne  à  certains  corps  qu'on  introduit  dans 
la  cavité  d'une  plaie  ou  d'un    ulcère  ,    &  qu'on  y 
laiffe  comme  une  pièce  de  l'appareil.  C'eft  en  quoi 
les  dnatans  diffèrent  des  i'd.noïrts.  Encyc. 
DILATATEUR,  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  Nom  que 
l'on  donne  à  deux  mufcles  du  nez.  Dilatator.  Les 
deux  dilatateurs  relTemblent  à  une  feuille  de  myrte  : 
on  les  appelle  d'datcLtcun  _,   à  caufe  qu'ils  fervent  à 
la  dilatation  du  nez  :  ils  nâifTenidel'os  du  nez  pro- 
che de  l'aile  ,   &  fe  vont  terminer  à  la  rotondité  de 
la  même  aile.  Dionis.  C'elf  encore  le  nom  de  trois 
mufcles   de   l'urètre.     L'urètre   eft  dilaté  par  trois 
&  relïerré   par  deux.  L'un   des  mufcles  dilatateurs 
de  l'urètre  naît  de  la  partie  inférieure  &  antérieure 
du  reélum ,   &  s'attache  par  fon  autre  extrémité  à 
la  partie   inférieure  &   poftérieure  de    l'urètre.  Et 
les  deux  autres  mufcles  dilatateurs  naiftent  chacun 
de  la  partie  intérieure  de  latubérofité  d'un  des  os  if- 
chium ,  &  s'infèrent ,  chacun  de  fon  côté ,  à  la  partie 
latérale  &  poftérieure  de  l'urètre.  Lixtre.  Ac.  des 
S.    1700.  Além.  p.  30CJ. 
§:?  DILATATION,  f.  f.  Terme  de  Phyfique.  Mou- 
vement par  lequel  un  corps  s'étend  en  plus  grand 
volume.  Ddatatio.    Un   corps  fe    dilate  ou   fe    ra- 
réfie ,  lorfque  ,    confervant    la  même  quantité  de 
matière  propre  qu'il  avoir  auparavant ,  il  acquiert 
un  plus  grand  volume.  Un  corps,  au  contraire,  fe 
<:ondenje  oa  fe  comprime  ^   lorfque  ^   fous  un  plus 
petit  volume  ,  il  ne  perd  rien  de  ft  matière  propre. 
Aux  mots  Chaleup.  &  Froid  ,  l'on  verra  que  la 
chaleur  eft  la  caufe  de  la  dilatation ,  &  le  froid , 
la  caufe  de  la  condenfation.  Voye\^  aulïï  Conden- 
sation &  Raréfaction. 
%T  Dilatation.  Terme  de  Médecine.  Synonyme  à 
Diaftole.  Voye\  ce  mot.  On  le  dit,  non-feulement 
de  l'état   du  cœur ,   mais  en    général  de  tous  les 
vailleaux  dont  les  parois  font  écartées  de  leur  axe. 
Dilatation  du  cœur  ,   dilatation  des  vaiiTeaux.  lic- 
laxatio.  Dilatatio. 
^fT  Dilatation.  En  Chirurgie  ,"  eft  l'écartement  des 
lèvres  d'une  plaie  ou  d'un  orifice  ,  fait  fans  inftru- 
ment  tranchant ,  en  quoi  elle  diffère  de  l'incifion. 
La  dilatation  d'une  plaie. 
DILATATOIRE.  adj. pris  fubftantivement.C'eft  un  inf- 
trument  de  Chirurgie  j   qui  a  certaines  cavités  au- 
dedans  pour  tirer  un  fer  barbelé   d'une  plaie  :   & 
on  le  dit  en  général  de  ce  qui  fcrt  à  ouvrir  &    di- 
later les   plaies,  &  d'un  inftrumcnt  fait  pour  cela, 
dont  quelques  Chirugicns  fe  fervent  dans  l'opération 
de  la   pierre.  Inftrumentum  jerrcuin    ad  dilatandas 
plagas  accommodatum. 
DILATER.  V.  a.  Elargir,  étendre,  rendre  plus  grand. 
Dilatjre ,  relaxare.  La  chaleur  ddate  les  pores.  La 
ttifteiTe  relTerre  le  cœur,  mais  la  joie  le  dilate.  Les 


D  I  L 


Chirurgiens 


ouvrent    èc  dilatent    les  plaies    pour 
empêcher  qu  il  ne  s'y  falfe  un  fac  oii  il  s'enferme 
du  pus. 
Dilater  le    cœur  ,  a  auffi  un  fens  figuré.  Il  faut  que 
nos  loins  s'étendent ,  &  que  les  elpaces  de  notre 
cœur  le  dilatent  à  mefure  que  les   befoins  du  pro- 
chain s'augmentent.  Flech. 
Dilater,  lignifie  auiîi ,  Raréfier.  Le  falpêtre,  en  le 
ddatant ,  hait  tout  l'effet  de  la  poudte.  Quand  l'air 
fe  dilate  dans  un  Thermomètre  ,  il  tait   monter   la 
liqueiir.  l^oye\  Dilatation. 
DILATE,  ÉE.  part.  Dilaxatus  ^   relaxatus. 
DILATOIRE,  adj.  m.  .ïc   f.  Terme  de  Palais.  Ce  qui 
tend   à    Liire  différer.  Moratorius,  Les  Procureurs 
donnent  fouvent  des  exceptions  dilatoires.  Ce  font 
certaines   fins    de  non-recevoir  propofées  contre  la 
demande  ,  ou  la  qualité  de  la  partie  ,   qui  ne  vont 
pas  à  l'exclulion  de  l'action  \   mais  feulement  à  en 
différer  le  Jugement  définitif:,  à  en  retarder  l'exé- 
cution. 
DILAYER.  V.  a.  Différer,  remettre  à  un  autre  temps. 
Differre.  Il  laut  ddayer  l'exécution  de  cet  Arrêt ,  la 
remettre  jufqu'après  la  moiffon.  Il  eft  au(îi  quelque- 
fois neutre  j  &c  fignifie  ufer  de  remife.  Ce  chica- 
neur a  tant  dilayé ,    qu'il  a   joui    toute  fa  vie  de 
fa  terre  qui  étoit  faifie.  Ce  mot  eft  vieux ,  &  pref- 
que  hors  d'ufage. 
DILAYÉ  j   ÉE.  part. 

DILE.  Petite  rivière  des  Pays-Bas.  Dilia.  Quelques- 
uns  écrivent  Dyle.  La.  Dde  a.  fa  lource  prés  de 
Genap ,  dans  le  Brabant  Wallon  :  après  avoir  reçu 
le  Demer  au-delfous  de  Louvain  ,  elle  le  rend  à 
Malines  ,  ciu'elle  traverfe  j  &c ,  grollîe  à  une  lieue 
de  là  des  eaux  de  la  Senne  &  de  la  Nethe ,  elle 
perd  fon  nom  ,  Se  prend  celui  de  Rupel. 
Ip'  DILECTION.  f.  f.  Du  Latin  ddeaw  ,  en  ftyle  de 
dévotion  ,  fynonyme^f amour  ,  chanté.  Amor ,  cha- 
ritas.  La  ddeclion  da  prochain. 

ffT  Ce  mot  s'emploie  dans  l'adreffe  des  Refcrits 
Apoftoliques.  A  tous  fidèles  Chrétiens  falut  &  di- 
leclion  en  Notre-Seigneur.  Les  Empereurs  donnent 
auftî  ce  titre  aux  Eleéteurs  &  aux  Princes  de  l'Em- 
pire 3  en  leur    écrivant ,   auiîi-bien  qu'aux  Cardi- 
naux qui  font  Princes  de  l'Empire.  Nous  ne  pou- 
vons pas  encore  abandonner  cette  efpérance  ,  fon- 
dée fur  l'équité ,  la  juftice  ,  &  les  autres  louables 
qualités    de   fa  Ddeclion.   (  l'Eleét.    de    Bavière). 
liefcrit  de    la    Cour  de    Vienne.    On   l'écrit  quel- 
quefois   fimplement    S.    D.    Nous    avions    efpéré 
par  la  connoiOance  que  nous    avons  des  grandes 
qualités  de  l'Eleéleur  de  Bavière,   que  S.  £>.  n'at- 
taqueroit  &  n'inquiéteroitpas  davantage  notre  droit 
de  fucceftion.  Ibid.   Ferdinand   I.  dans  fon  Tefta- 
ment  &  dans  fon  Codicile  j  parlant  de  l'Archidu- 
cheffe    Anne  ,    fa    fille  ,  mariée   au  Duc  Albert  y 
Eleéieur  de  Bavière  ,  lui  donne  le  titre  de  Dilec- 
tion.  Quant  aux    Roisj  l'Empereur  leur  donne  le 
titre  de  Ddeclion  loyale.  Le  Pape  fe  fert  aulH  du 
terme  de  Ddeclion  au  Dauphin  de  France,  au  frère 
du  Roi ,   &  aux   Princes  Souverains   qui  ne  font 
pas  Rois.  Tel  eft  l'ufige  à  préfent.  Dans  le  Liber 
Diurnus  Rom.anorum  Pontificum  ,  'Fit.  I.  il  eft  mar- 
qué que  le  Pape  donna  le  titre  de  Ddeclion  Dilec- 
t'jjimc  J,  à    un  Patriarche  J  à  un    Evêque  forain,  x 
un  Piètre ,  un  Diacre ,  un  Primicier ,  &  à  un  Se- 
condier ,  fi  l'on  peut  ainfi  parler.  Dans  les  formu- 
les de  Marculphe  ,  un  Maître ,  un  Seigneur  le  donne 
à  fon  valet,  ouàunferf,  Liv.  II.  2.  n.   ^^.aulli- 
bien  que  dans  celles  de  l'Anonyme  ,  n.  48.  Dans  les 
autres  formules  d'un  inconnu ,   un  parent  le  donne 
à  fa  parente  ,  n.  \6. 
^fT  DILEMME,  f.  m.  Terme  dogmatique,  efpèce d'ar- 
gument compofé  de  deux  ou  plufieurs  propofitions, 
qui  preffent  également  l'adverfaire  &  le  convain- 
quent ,  foit  qu'il  accorde  l'une ,  foit  qu'il  accorde 
l'autre.  Dilemma.  C'eft  pour  cela  qu'en  Logique  on 
appelle  le  dilemme ,  argument   cornu  ,  argumentum 
cornutuni ,  utroque  cornu  feriens  j  parce  que  les  deux 
parties  donc  il  eft  compofé  ,  portent  contre  l'adver- 


D  I  L 

faire,  de  façon  que  s'il  évite  l'une  j  il  ne  peut  évi-| 
ter  l'autre.  Tel  eft  le  dilemme  par  lequel  Ciccron 
prouve  qu'il  faut  fupporter  toutes  les  peines  avec 
patience.  Si  la  douleur  ell:  légère,  ou  naura  pas  de 
peine  à  la  fupporter  ;  fi  elle  eli  violente,  elle  ne  fe- 
ra pas  de  longue  durée.  UnPhilqfophe  vouloit  prou- 
ver par  ce  dilemme  qu'il  ne  ie  halloit  point  marier  : 
Si  la  femme  que  l'on  époufe  elt  belle  ,  elle  donne- 
ra de  la  jaloulie  \  li  elle  erl  laide ,  elle  déplaira  : 
donc  il  ne  fe  faut  point  marier.  Port-R. 

^^  Pour  qu'un  dilemme  foie  exaét ,  il  faut  une 
parfaite  énumération  des  parties.  C'cft  en  cela  que 
celui  par  lequel  Ariftippe  dilîuadoit  du  mariage  , 
ell  défeétueux ,  parce  qu'il  y  a  un  milieu  entre  la 
beauté  &  la  laideur. 

f(3°  Il  lam  encore,  pour  la  bonté  du  dilemme , 
qu'il  ne  pullfe  pas  être  rétorqué  contre  celui  cjui  le 
fait. 

DILÏGE,  ou  DICLI-NEUR,ouDEGLI-GINEUR. 
Ville  de  l'Ile  de  Ceylan ,  à  i  Eli  de  Candi ,  au  Pays 
de  Hevahatf. 

DILIGEMMENT,  adv.  Avec  diligence.  Diligentcr  , 
celericer.  Les  Ouvriers  qu'on  a  payés  par  avance  ne 
travaillenr  pas  fi  diligemment  que  les  autres. 

Il  lîgnihe  aulli ,  Avec  foin  &  exaélement.  J'ai 
recherché  ,  examiné  diligemment.  En  ce  fens  il  eft 
vieux. 

DILIGENCE,  f.  f.  Afliduité  au  travail ,  prompte  exé- 
cution. Diligentia.  C'eft  l'oppofé  de  parelîe.  Tra- 
vailler avec  diligence  j  en  diligence  ,  fans  perdre  de 
temps  ,  fans  quitter  l'ouvrage ,  faire  diligence ,  gran- 
de diligence. 

^3"  Oi\  le  dit  plus  ordinairement  des  voyages  j 
qu'en  matière  d'affaires.  Ce  courier  a  fait  diligen- 
ce j  ol  fait  toute  la  diligence  poiîîble. 

Je?"  Diligence,  enllylede  Palais,  plus  ordinairement 
ulîré  au  pluriel,  fynonyme  de  pourfuites.  Faire  fes 
diligences  j  faire  les  aéles,  les  pourfuites  nécellaires 
dans  une  affaire.  Un  tuteur  efl;  refponfable  du  dépé- 
lilTementdes  biens  de  fon  mineur  ,  s'il  ne  fait  ap- 
paroir de  fes  diligences.  Inftance  périe  faute  de  dili- 
gence ;  faire  aéte  de  diligence,  marquer  qu'on  s'efl: 
»nis  en  devoir  de  faire  quelque  chofe.  Dans  le  com 
merce  on  le  dir  des  protêts  qu'on  eft  obligé  de  faire 
faute  d'acceptation ,  ou  faute  de  paiement ,  pour 
allurer  fon  recours  fur  le  tireur  ou  l'endoffeur ,  ou 
pour  faire  payer  l'accepteur. 

f,'3"  Diligence  ,  fynonimede  foin  ,  recherche  exaétc. 
J'ai  fait  diligence ,  routes  mes  d'digences  pour  le 
trouver ,  pour  venir  à  bout  de  telle  chofe. 

§3"  Diligence  fe  dit  aufli  de  certaines  voitures  ,  de 
bateaux  ou  carrofles  publics  j  qui  vont  d'un  lieu  à 
un  autre  ,  en  moins  de  temps  que  les  voitures  or- 
dinaires. Aller  ,  partir  par  la  diligence  ^  retenir  fa 
place  à  la  diligence.  On  arrive  à  Lyon  en  cinq  jours 
par  la  diligence. 

ÇCF  DILIGENT ,  ENTE.  adj.  Qui  ne  perd  point  de 
temps  3  Se  qui  eft  allidu  à  l'ouvrage.  Diligens  ,  im- 
piger.  Son  oppofé  eft  pareffeux  ;  ce  n'eft  pas  propre- 
ment l'homme  expéditif ,  ni  celui  qui  eft  prompt  .î 
faire  les  chofes.  Celui  qui  eft  expéditif ,  ne  remet 
pas  à  un  autre  temps  l'ouvrage  qui  fe  préfente  ,  &: 
le  finit  tout  de  fuite;  celui  qui  eft  prompt  travaille 
avec  activité ,  &  avance  l'ouvrage.  L'homme  dili- 
gent n'a  pas  de  peine  à  fe  mettre  au  travail  ;  l'hom- 
me expéditif  lie  le  quitte  point  ;  l'homme  prompt 
en  vient  bientôt  à  bout.  Il  faut  être  diligent  dans 
les  foins  qu'on  doit  prendre  ;  e.vpe'i/ir//^ dans  les  af- 
faires qu'on  doit  terminer  \  &  prompt  dans  les  or- 
dres qu'on  doit  exécuter.  Syu.  Fr. 
DILIGENTE.  Terme  de  Fleurifte.  Tulipe  prlntanière , 

rouge  ,  colombin  &  blanc  de  lait. 
gcr  DILIGENTER.  v.  n.  Faire  diligence.  Il  faut  dili- 
^e«;er.  Plus  uiité  avec  le  pronom  perfonnel.  Il  faut 
fe  diligentcr.  Maturato  opus  efl.  Quelquefois  adtif. 
Diligentcr  un  affaire  ,  un  ouvrage  ,  mav^mrc ,  propc- 
rare.  Ce  mot  eft,  dans  toutes  fes  acceptions,  du 
langage  vulgaire. 

PlLIGENTÉ,   ÉE.  part. 


DI  L  5JI 

DILINGHEN ,  ou  DILINGEN.  Petite  ville  du  Cer- 
cle de  Suabe ,  en  Allema';ne.  Dilinga.  Cette  ville 
eft  capitale  d'un  petit  Comté  ,  &  elle  appartient  à 
l'Evêque  d'Ausbourg ,  qui  y  fait  fa  réfidence.  Le 
dernier  Comte  de  Ddmgcn  _,  qui  fut  Herman,  Evê- 
que  d'Ausbourg  ,  donna  ce  Comté  à  fon  Eglife  en 
1251.  Il  y  a  une  LIniverlité  à  Dilingen  ,  fondée  par 
le  Cardinal  Otton  Truchfes  en  1549,  fous  Jules 
III.  Dilinghen  eft  fur  le  Danube ,  entre  Ulm  &  Do- 
navert. 

DILLE ,  f  £  ou  DOUSIL  ,  f  m.  Vieux  mots ,  qui  fi- 
gnifient  le  fauffet  par  'cquel  on  tite  du  vin.  y\utant 
que  vous  en  tirerez  par  la  dille  j  autant  en  tonne- 
rai par  le  bondon.  Rabelais.  Prologue  du  liv.  j. 
De  duco.  Duce ,  duxi  j  duxilla  j  dilla.  Dille.  Duco  , 
duxi ,  duxium  3  duxillum ,  Doufil.  Les  Touloufains 
difcnt  Adou-^ilka  :,  pour  dire  ,  mettre  le  vin  en  per- 
ce. Les  Auteurs  de  la  balle  Latinité  l'ont  appelé  du- 
cilorum.  M.  de  Cafeneuve  en  produit  des  exemples. 
Ménage  ,  Dicl.  Etym.  aux  mots  Dille  &  Doujil. 
Vovei  Douzil. 

DILLEMBOURG.  Ville  de  la  baffe  partie  du  Cercle 
du  haut  Rhin  en  Allemagne.  Dillemburgum.  Elle 
eft  dans  la  Wétéravie  Royale ,  partie  de  la  Franco- 
nie  ,  &  dans  les  Etats  de  Naffau  ,  fur  la  Dille  ,  en- 
tre Marpurg  &  Sigen.  Il  y  a  un  bon  Château  \  c'eft 
la  réfidence  ordinaire  d'une  branche  de  la  maifon 
de  Naffau ,  appelée  les  Princes  de  Naffau-i)///eOT- 
hourg ,  qui  viennent  de  Jean-le-Vieux,  frère  puîné 
de  Guillaume  de  Naffau  ,  Prince  d'Orange.  Dillem- 
hourg  a  éré  long-temps  la  réfidence  des  Princes  d'O- 
range ,  &  a  donné  !e  jour  à  Guillaume  &  à  Mauri- 
ce- Long.  25.  d.  j'o'.  lat.  50.  d.  41;'. 

Ce  mot  vient  cfe  Dille  ,  &  iîourg ,  &  a  été  donné 
à  cette  ville  ,  patce  qu'elle  eft  fituée  fur  la  Bille. 

DILLEMBOURG.  Comté  qui  prend  Ion  nom  de  la^ 
ville  dont  nous  venons  de  parler,  qui  eft  fa  capita- 
le. M.  Corneille  lui  donne  le  titre  de  Principauté , 
mais  fans  raifon.  Il  eft  vrai  que  les  maîtres  de  cette 
terre  font  Princes  ;  mais  ce  n'eft  pas  parce  qu'ils  font 
maîtres  de  Dillembvurg  ,  qui  n'a  que  le  titre  de 
Comté.  Comitatus  Dillemhurgcnfls.  Le  Comté  de 
Dillembourg  eft  fitué  dans  le  Wefterwald  ,  en  Wé- 
téravie. Il  renfermoit  autrefois  les  villes  de  Sigen  &: 
d'Hademar  ,  &  il  avoir  fes  Comtes  particuliers.  Il 
eft  cnrré  par  un  mariage  dans  la  maifon  de  Naffau. 
Les  Princes  de  ¥idL[Xo.\i-Dillemb0urg  font  la  première 
branche  de  la  maifon  de  Naffau.  Elle  commença  en 
lioi,  par  Otton  fils  aîné  d'Henri  I ,  furnommé  le 
riche.  Orton  eut  Dillembourg  en  partage  ,  &  fut  le 
premier  qui  y  fit  fa  réfidence.  Philip.  Jacq.Spéner, 
dans  fon  Théâtre  de  la  Nobleffe  d'Europe  ,  Tom.  I. 
p.  81.  &  165  ,  a  donné  la  fuite  de  ces  Comtes  ;  &C 
Floftman  ,  dans  fon  Lexic.  Hift.  au  mot  Dillembur^ 
pum. 

DILLINGUE,  DILINGUE ,  ou  DILLENGHEN-  Vil- 
le d'Allemagne  ,  dans  la  Suabe ,  fur  le  Danube. 
Long.  19.  d.  10'.  lar.  48.  d.  3  S'. 

DILSBO.  Dilsboa.  Petite  ville  ,  ou  bourg  de  Suéde  , 
dans  THelfingie,  fur  un  petit  golfe  qui  fait  partie 
de  celui  de  Bothnie. 

D  I  M. 

ïfT  DIMACHES.  f  m.  pi.  Quinte-Curce  parle  de  cer- 
tains foldats  qu'il  appelle  Dimachs,.  C'étoieiit  des 
efpèces  de  Dragons,  qui  combattoient  à  pied  &  à 
cheval. 

fçCTDIMACHÈRE.  f  m.  Autre  terme  d'Hiftoire  an- 
cienne- Gladiateur  qui  combarroit  avec  deux  poi- 
gnards ou  deux  épées.  Voye-^  Gladiateur. 

DIMAH.  Autrement  Dchr.ah.  f  m.  Dixième  mois  des 
Perfes ,  qu'ils  appellent  aufll  Horm.  Il  répond  au 
mois  de  Juin.  Fabricii  Menol.p.6-j. 

DIMANCHE,  f  m.  Jour  du  Seigneur  ,  premier  jour 
de  la  femaine,  confacré  au  Seigneur,  pendant  le- 
quel il  eft  défendu  de  tr.availler.  Dies  Dominica. 
C'eft  un  Commandement  de  l'Eglife  d'entendre  la 
Mslfe  tous  les  Dimanches,  Il  y  a  des  Dimanches  j, 


I 


3JX  DIM  DIM 

<ians  le  Bréviaire  ,  de  la  première  &  de  la  féconde 
claffe.  Ceux  de  la  première  (ont  ceux  de  la  Pafiion , 
des  Rameaux  j  de  Pâques  j  de  Quafimodo  ,  de  la 
Pentecôte  ,  de  la  Trinité ,  (celui-ci  a  été  appelé  au- 
trefois le  Koi  des  Dimanches.  )  Le  premier  Lfunan- 
ehe  deïAvem  ,  &  de  la  Quadragélime.  Ceux  de  la  DIME,  ^oje:^  Diements.  C'eft:  la  même  chofe. 
tleuxième  font  les  Dimanches  ordinaires.  On  fait  DÎME,  plus  ordinairement  DIXME.  Dixième  parti 


rolent  le  nom  propre  de  Dominique  ,  &  ce  non» 
fe  trouve  dans  Monfirelet.  M.  Hue  t.  Le  nom  de 
Dimanche  le  donne  encore  au  Baptême  ,  fur  -  tout 
en  Brie.  Vocabulaire  Hagiologujue  j  au  mot  Domi- 
nicus. 


tous  les  Dimanches  l'Eau-benite  &  le  Prône.  Autre- 
fois chaque  Dimanche  de  l'année  avoir  fon  nom 
propre ,  qui  étoit  pris  de  l'Introïte  du  jour  :  ce  qui 
n'eft  demeuré  en  ufage  qu'en  quelques  Dimanches 
de  [Carême  ,  Reminifcere  ^  Oculi  j  L^tare ,  Judica. 
Le  Dimanche  a  été  fubftitué  en  la  place  du  Sabbat 
par  les  Chrétiens ,  en  l'honneur  &  en  mémoire  du 
myftère  de  la  Rédemption,  qui  hit  accompli  ce  jour- 
là  par  la  réfurreâion  de  Jesus-Christ. 

C'eft  le  Grand  Conftantin  qui  le  premier  a  fait 
une  loi  pour  l'oblervation  du  Dimanche ,  &  qui , 
félon  Eufébe ,  ordonna  qu'il  fût  célébré  régulière- 
ment par  tout  l'Empire  Romain  ,  comme  on  le  va 
dire  plus  bas.  Avant  lui ,  &  même  encore  de  fon 
temps ,  l'on  obfervoit  le  jour  du  Sabbat,  aulîi-bien 
que  le  Dimanche  ,  pour  fatisfaire  à  la  Loi  Mofaï- 
que  ,  &:  imiter  les  Apôtres,  qui  avoient  accoutumé 
de  s'airembler  le  Dimanche. 

Quelques-uns  croient  que  le  jour  du  Seigneur, 
dans  l'Apocalypfe ,  Liv.  i.  eft  le  Dimanche  ^  déjà 
inftitué  par  les  Apôtres.  Quoi  qu'il  en  foit ,  dès  les 
premiers  tem.ps  de  l'Eglife,  on  a  célébré  le  Dimanche. 
S.  Juftin  dit,  dans  fa  première  Apologie  ,  que  le  jour 
que  l'on  appelle  du  Soleil  (  c'eft  ainh  que  les  Payens 
nommoient  le  premier  jour  de  la  femaine  que  nous 
nommons  Dimanche)  les  Chrétiens  s'aHembloient 
en  un  même  lieu  ;  qu'on  y  lifoit  les  Ecrits  des  Apô- 
tres &  des  Prophètes  ;  que  celui  qui  piéfidoit  hi- 
foit  un  difcours  ;  que  l'on  faifoit  des  prières  ,  l'o- 
blation  du  pain  &  du  vin  ,  qui ,  étant  fandifiés  ,  fe 
diftribuoienr  à  ceux  qui  étoient  préfens ,  &  fe  por- 
toient  aux  abfens  par  les  Diacres ,  &c.  Le  6^  de 
Mars  de  l'année  311.  Conftantln  fit  une  loi  ,  par 
laquelle  il  ordonna  qu'on  célébreroit  dans  la  fuite 
le  jour  du  Soleil,  c'eft-à-dire ,  le  Dimanche,  &c  que 
tous  les  Juges  &  le  peuple  des  villes  obfervalFent  le 
repos  ;  mais  il  permit  encore  le  rravail  de  la  cam- 
pagne. En  538,  le  IIF  Concile  d'Orléans  détendit 
ee  travail  de  la  campagne  j  mais,  parce  qu'il  y  avoir 
beaucoup  de  Juifs  dans  les  Gaules  ;  que  le  peuple 
donnoit ,  par  rapport  à  l'obfervation  cUi  Dimanche  , 
dans  desfuperftitions  femblablesà  celles  de  ces  Juifs 
dans  l'obfervation  du  Sabbat  ,  il  déclare  que  de 
croire  qu'il  ne  foit  pas  permis  le  Dimanehe  de 
voyager  avec  des  chevaux  ,  des  bœufs  ou  des  voitu- 
res, ni  de  préparer  à  manger  ,  ni  de  rien  faire  qui 
regarde  la  propriété  des  maifons  ou  des  perfonnes , 
cela  fent  plus  le  Judaïfine ,  que  le  Chriftianifme. 
Deux  Conciles  de  Mâcon  défendent  au  même  fic- 
elé d'atteler  des  bœufs  le  Dimanche ,  ou  de  faire 
d'autres  travaux.  Voye\  encore  le  quarrième  Canon 
du  Concile  de  Narbonne  en  589. 

Les  Auteurs  du  moyen  âge  appellent  chaque  Di 
manche  de  l'année,  le  ioui  de  la  Réfurreélion  du 
Seigneur.  Dans  la  vie  de  S.  Bernard,  Evêqued'Hil- 
desheim ,  n.  40.  il  eft  dit  que,  la  veille  de  l'Epi- 
phanie, tomboit  la  première  férié  de  la  Réfurrec- 
lion  du  Seigneur.  In  vicilix  Epiphania  Domini  .  oua 
mnc  prima  j cria  Dominiez  refurreclionis  accidit. 

On  appelle  Dimanche  gras ,  celui  qui  précède  le 
Mercredi  des  Cendres.  Il  y  a,  un  petit  air  de  75 i- 
manchegT3.s  répandu  fur  cerre\lettrej  qui  la  rend 
d'un  goût  non  pareil.  Madame  De  Sév. 

Le  peuple  appelle  les  habits  du  Dimanche ,  les 
plus  beaux  habits  qu'il  ait.  On  dit  aufli  ,  qu'un 
homme  fe  pare  de  quelque  chofe ,  comme  de  fa 
robe  des  Dimanches. 
Dimanche.  Nom  que  l'on  donne  dans  le  ftyle  fami- 
lier ,  bas  &  populaire ,  aux  Artifans  ,  iSc  à  ces  fortes 
de  gens  qui  viennent  demander  leur  paiement  le 
Dimanche.  Monfieur  Dimarcht:.  MoL. 

On  appeloit  autrefois  Dimanche  ,  ceux  qui  por- 


partic 
des  fruits  d'un  héritage  ,  ou  autre  portion  appro- 
chante, différente  félon  l'ufage  des  lieux,  que  l'on 
paie  à  l'Eglife  ou  au  Seigneur  ,  à  celui  qui  a  droit 
de  dimer.  Décima ,  decuma.  En  bien  des  endroit» 
on  ne  paie  que  la  12  ou  13*^  gerbe.  Cela  fe  règle 
par  l'ulage-  Dans  l'ancienne  loi  les  dîmes  furent 
établies  par  le  droit  divin.  Dieu  avoir  ordonné  aux 
Ifraclites  de  lui  ottrir  la  d'me  de  leurs  revenus ,  &  il 
donna  cette  dime  aux  enfans  de  Levi.  Voye^  le  Lé- 
vitique,ch.  17,  v.  3  c.  le  livre  des  Nombres,  ch.  18. 
v.  21.  &c.  le  Deutéronome,  &c.  Les  dîmes  font  le 
patrimoine  des  Eglifes  Paroilliales. 

L'ufage  de  donner  ou  de  payer  la  dîme  eft  fore 
ancien.  Dans  la  Gen.  XIV.  20.  Abraham  donna  à 
Melchifédech  la  dîme  de  tout  le  butin  qu'il  avoic 
fait  fur  les  quatre  Rois  qu'il  venoit  de  vaincre.  Gen. 
XXVIII.  22.  Jacob  ,  allanr  en  Méfopot^mie  ,  fait 
vœu  à  Bethel  de  donner  à  Dieu  la  dîme  de  tous  les 
biens  qu'il  amalfera  pendant  le  féjour  qu'il  y  fera. 
Ces  dîmes  étoient  libres  &  volontaires.  Dans  la  fuite 
Moife  en  fit  une  loi  aux  Ifraclites.  Exod.  XII.  Zev. 
XXVII-  30.  Nomb.  21.  Deut.  14.  &  il  oblige  les 
Ifraclites  à  plulieurs  fortes  de  dîmes  que  voici.  I.  La 
première  dîme ,  îWNin  "WJ-i ,  étoit  la  dîme  de  tous 
les  fruits  que  l'on  recueiUoic ,  &  qui  fe  donnoit  aux 
Lévites  :  elle  ne  fe  prenoit  qu'après  que  l'oblarion  , 
qu'ils  appellenr  rwnn,  avoir  été  levée.  II.  La  fécon- 
de dîme  étoit  la  dixième  partie  des  neuf  qui  reftoienc 
après  la  première  dîme  payée.  Cette  dîmeie  mettoic 
à  part  clans  chaque  famille ,  &  le  père  de  famille 
étoit  obligé  de  la  faire  conduire  à  Jérufalem  ,  &  de 
la  confumer  là  :  s'il  ne  le  pouvoir  pas  ,  il  falloit  la 
racheter,  ou  la  convertir  en  argent  j  mais,  en  ce  cas, 
il  devoit  y  ajouter  un  cinquième  ,  ou  deux  dixiè- 
mes. Lev.  XXVII.  31.  S<.  porter  cet  argent  à  Jéru- 
falem, Les  Rabbins  difent  que,  s'il  ne  Ta  rachetoic 
pas  lui-même  ,  c'eft-à-dire,  s'il  n'y  fubftituoit  pas 
lui-même  de  fon  propre  argent,  mais  qu'il  la  ven- 
dît à  un  autre ,  il  n'étoit  obligé  que  d'en  porter  le 
prix  à  Jérufalem  fans  y  rien  ajourer.  III.  La  dîme  de 
la  dîme,  étoit  la  dixième  partie  de  toutes  les  dîmes 
qui  avoient  été  données  aux  Lévites  par  le  peuple  : 
car  les  Lévites,  après  avoir  reçu   toutes  \ts  dîjncs 
du  peuple  ,  féparoient  à  leur  tour  la  dîme  de  tout 
ce  qu'ils  avoient  reçu,  &  la  donnoientaux  Prêtres. 
Les  Rabbins  l'appellent  "W^ViT]  "jia  Ti'ya  ,  dîme  de  la. 
dîme,yvja  nann,   ou   l'ObLuion  de  la  dîme  ,   &: 
l'Ecriture,  2.  Par.  XXXI.  6.  O'CTpan D'ïînp  TOya , 
la  dîme  des  chof es  fancîi fiées.  Les  Lévires    étoient 
obligés  de  la  porter  au  Temple  ;  le  refte  leur  de- 
meuroit  pour  leurs  aiimens.  La  loi  en  eft  portée  au 
Liv.  des  Nombres  XVII.  26.  &  fuiv.  IV,  La  dîme  de 
la  troifieme  année   éroit  une  autre  efpèce  de  dîme  , 
à  cela  près  qu'elle  éroit  moins  onéreufe  ,  parce  qu'on 
n'étoit  point  obligé  de  la  porter  à  Jérufalem.    On 
fait  que  Dieu  avoit  ordonné  que  ,  toutes  les  feptiè- 
mes  années ,  les  terres  fe  repoleroient  ;  &  que  les 
maîtres  ne  recueilloient  point  ce_  qu'elles  produi- 
foient  d'elles  -  mêmes.  Ainfi ,  cette  année-là  j  on  ne 
payoit  point  de  dîmes,  mais  feulement  dans  les  fix 
années  qui  précédoient.  Or ,  pendant  ces  lix  années  , 
chaque  troilième  année  j,  c'eft-à-dire  j  la  troifieme 
&  la  fixième  année  ,  on  levoit  à  l'ordinaire  la  pre- 
mière ,  puis  la  féconde  dîme  ;  mais  on  n'éroit  point 
obligé  de  porter  cette  féconde  dîme  ,  foit  en  efpè- 
ce ,  foit  en  argent  ^  à  Jérufalem  :  on  la  gardoirchez 
foi  5   &   les  Lévires  J    les  étrangers  j   les   pupilles 
&  les    veuves   du   même  heu  ,    la  confumoienr , 
comme  il  eft  dit  j  Deut.  XIV.  28.  29.  C'eft  ce  que 
j'appelle  la  dîme  de  la  trofième  année  ,  dont  parle 
aufti  le  Livre  de  Thobie  I.  6.  On  l'appelle  encore  la 
dîme  du  pauvre ,   ù'j  T.Si"3  ,  Sc  la  troifieme  dîme , 


D  I  M 

whv  rVJU  ;  &  ces  troilîèmes  années  qu'on  payoit 
cette  dime  j  on  les  nomme  les  années  de  dîme. 

Toutes  ces  dimes  montoient  à  plus  d'un  fixième 
de  revenu  de  chaque  particulier  j  car,  (ï ,  par  exem- 
ple ,  un  père  de  famille  recueilloit  6000  gerbes  de 
blé  j  &  que  d'abord  il  en  ôtàt  une  centaine  pour 
les  prémices  ,  ou  l'oblation  ,  il  lui  en  relloit  encore 
5900.  Tirant  de-là  590.  pour  la  première  dime  ,  il 
en  reftoit  encore  5510.  dont  la  dime  ell  531.  qui, 
étant  ôtées  pour  la  féconde  d^me  ,  refte  4779.  gerbes 
pour  le  père  de  famille  ,  qui  par  conféquenc  en  a 
donné  iizi.  qui  font  m  plus  que  le  fixième  de 
6000.  Des  590.  que  les  Lévites  recevoient  pour  la 
première  dime ,  ils  en  donnoient  59.  au  Prêtre  pour 
hi  dime  de  la  dime.  Ainfi  il  leur  en  reftoit  551. 
.pour  leur  fiibfirtance  &  celle  de  leurs  familles. 

Toutes  ces  chofes  font  expliquées  plus  au  long 
dans  le  Thalmud  ,  où  il  y  a  deux  livres  des  dimes  , 
l'un  des  dimes  j  &c  l'autre  des  lecondes  dimes  j  &c 
encore  dans  le  livre  des  Bénédictions ,  n^Z-O , 
dans  les  Commentaires  de  Bartenora  j  de  Mai- 
monides  j  de  R.  Schélomoh  Jaililii  lur  ce  Traité  , 
dans  Scaliger  j  Amoma  ,  Guiluis ,  Selden  ,  Frilcli- 
muth  j  Quenifeed  ,  Varenius  ,  Jean  CsnradHot- 
tinger  ,  &  dans  ceux  qui  ont  traité  de  la  République 
des  Hébreux  ,  comme  Sigonius ,  Bécan  ,  Méno- 
chius  ,   Cun.rus ,  Godwin  ,    Leidekker ,  ikc. 

Au  refte  ,  les  Ifraclites  ne  payoient  pas  feulement 
les  dîmes  des  biens  Se  des  fruits  de  la  terre  ,  mais 
auflî  delà  portée  des  animaux  ,  comme  il  eft  expref- 
fémenr  marqué  dans  l'Ecriture,  Lev.  XXf^Il.  31. 
35.  34.  Encore  aujourd'hui  les  Juifs ,  quoique  hors 
de  la  Terre-Sainte,  ou  pour  le  moins  ceux  qui  par- 
mi eux  veulent  palier  pour  plus  religieux  ,  don- 
nent aux  pauvres  la  dixième  partie  de  tous  leurs 
revenus. 

Dans  la  nouvelle  loi  ce  n'efi:  point  Jesus-Christ 
qui  a  établi  les  dîmes  j  comme  Dieu  l'avoit  fait 
dans  l'ancienne  loi ,  par  le  miniilère  de  Moïfe.  Les 
Prêtres  Chrétiens,  &  ies  Miniftres  des  Autels  de  la 
nouvelle  Alliance  j  ne  vécurent  d'abord  que  des  au 
mônes  &  des  oblations  des  Fidèles.  Dans  la  fuite 
des  tems  on  donna  une  certaine  portion  de  fes  re- 
venus au  Clergé.  On  commence  à  en  trouver  des 
exemples  dès  le  IV^  &  le  V^  liècles.  Ce  don  fut 
appelé  dùnc  ;  non  pas  que  ce  fût  la  dîme  du  revenu , 
mais  feulement  par  imitation  des  dimes  de  l'an- 
cienne loi.  Ces  dîmes  n'étoient  point  encore  d'obli- 
gation. Dans  les  fiècles  fuivans  les  Prélats ,  dans  les 
Conciles ,  &  les  Princes  de  concert  en  firent  une 
loi ,  &  ordonnèrent  aux  Fidèles  de  donner  aux  Ec- 
cléiiaftiques  la  dîme  Àt  leurs  revenus,  «Se  des  fruits 
qu'ils  recueilloient.  Les  Eccléfiaftiques  en  jouirent 
paifiblement  deux  ou  trois  fiècles.  Dans  le  Vlil^  les 
Laïques  s'emparèrent  d'une  partie  de  ces  dimes ^  ou 
de  leur  autorité  ,  ou  par  la  conceUlon  ou  donation 
des  Princes.  Quelque-tems  après  ils  les  reflituèrent, 
ou  les  appliquèrent  à  des  fondations  qu'ils  firent  de 
Alonaftcres,  ou  de  Chapitres ,  &c  l'Eglife  confentit 
au  moins  tacitement  à  cette  reftitiition.  En  1 179.  le 
IIF  Concile  de  Latran  ,  tenti  fous  Alexandre  III. 
ordonna  aux  Laïques  de  rendre  à  l'Eglife  les  dîmes 
qu'ils  polfédoient  encore.  En  izi  ç.  le  IV^  Concile 
de  Latran  fous  Innocent  HI.  fe  relâcha  ,  &  fans  rien 
dire  des  dîmes  que  les  Laïques  avoient  eues  jufque- 
li,  &  qu'ils  polfédoient,  il  ordonna  feulement  qu'à 
l'avenir  ils  n'en  pourroient  acquérir  aucune.  Dans 
les  connnencemens  les  dîmes  étoient  diftribuées  par 
i'Evêque  i  depuis  long-teins  elles  appartiennent  de 
droit  aux  Curés.  Ils  ont  aulfi  les  dîmes  des  novales, 
c'eft-à-dire,  des  terres  qu'on  défriche  &  qu'on  met 
en  valeur,  &  les  vertes  dîmes.  Tout  l'Orient  appar- 
tenant à  des  Princes  infidèles ,  les  dîmes  ne  font 
plus  en  ufage  dans  l'Eglife  d'Orient  depuis  long- 
tems.  Fra-lVolo  a  cru  que  l'ufage  de  paver  les  dîmes 
dans  la  loi  nouvelle  eft  venu  de  France  ,  &  il  dit , 
dans  fon  Traité  des  Bénéfices  j  qu'avant  le  huitième 
&  le  neuvième  (lècle  ,  on  n'en  avoit  point  pavé  en 
Orient  &  en  Afrique  :  mais  il  fe  trompe,  &  il  eli 
Tome  IIL 


DïM 


}5Ï 


certain  que  les  dimes onz  été  payées  dès  les  premiers 
tems  de  l'Eglife.  ^oye^  le  P.  Thomallin  fur  les  Bé- 
néfices, pair.  j.ch.  3.  4. 5.  S.  Eévérégius,  1.  z.Fellus 
fur  S.  Cyprien,  les  Conftitutions  du  RoiClotaire, 
le  Concile  de  Mâcon  tenu  en  ^85.  Jérôme  Acofta  , 
Des  Revenus  Ecclef.  ôcc.  Origène  ,  hom.  XI.  fur  les 
nombres ,  croit  que  les  Lois  de  Moïfe,  touchant  les 
prémices  ôz  les  dimes  ,  ou  décimes ,  tan:  du  bétail 
que  des  fruits,  n'ont  point  été  abrogées  par  l'Evan- 
gile ,  &  qu'on  doit  encore  les  garder.  Le  5^  Canon 
du  II.  Concile  de  Mâcon  ordonne  fous  peine  d'ex- 
communication de  payer  les  dîmes  aux  Minières  de 
l'Eglife ,  fuivant  la  loi  de  Dieu  ,  Se  la  coutume  im- 
mémoriale des  Chrétiens.  C'ell  la  première  fois  que 
1  on  trouve  une  peine  impofée  à  ceux  qui  ne  paic- 
roientpasla  dime.  Callîen,  dans  fa  XXF  Confé- 
lence,  chap,  i.  marque  que  les  Chrétiens  avoient 
coutume  ,  au  moins  en  Egypte  ,  de  porter  aux  Mo- 
naltères  voilins  les  dîm.es  6c  les  prémices  de  leurs 
fruits  j  &  il  y  parle  d'une  inftruâ:ion  que  fit  à  Théo- 
dat  un  vieux  Moine,  nommé  Jean  j  fur  le  devoir 
ds  donner  .à  Dieu  les  dîmes  Se  les  prémices ,  afin 
qu'elles  fufient  employées  aux  befoinsdes  pauvres. 
Il  y  a  une  dime  Royale  ,  ou  Seigneuriale ,  qui  efl 
appelée  en  quelques  endroits  champan  ;  une  autre 
Eccléfiallique ,  qui  eft  due  naturellement  aux  Curés , 
&  qui  a  été  depuis  aliénée  à  d'autres  perfonnes.  Si 
les  grolles  dimes  appartiennent  à  d'autres  qu'au 
Curé,  à  des  Moines  par  exemple,  alors  les  gros  Dé- 
cimateurs  font  obligés  de  lui  payer  une  penfion  j 
qu'on  appelle  portion  congrue ,  qui  avoit  été  ré- 
glée à  300  liv.  par  une  Déclaration  de  lôbiôj  &: 
qui  vient  d'être  portée  à  500  liv.  &  cela  outre  les 
menues  ^/ot«,  &  les  Novales,  qui  appartiennent 
toujours  au  Curé.  On  peut  prefcrire  la  quotité  des 
di.riesj  &  la  forme  de  les  payer,  par  une  poirellîon 
de  40  ansj  mais  on  ne  peut  en  prefcrire  l'exemption 
ablolue.  Un  Curé,  pour  lever  les  dîmes^n'a.  befoin 
d'autre  titre  que  de  fon  clocher.  Les  dîmes  j  quant 
au  pétitoire,  font  de  la  compétence  du  Juge  Ecclé- 
iiaftique.  P^oye^  Baronius,  Scldenus,  qui  en  ont  fait 
des  Traités  entiers. 

Il  y  a  des  Auteurs  qui  écrivent  dixmes.  On  dirau 
lingulier  ,  lever  la  dixme  ,  prétendre  la  dixme  j  la 
menue  dixme  _,  la  grolle  dixme.  Affermer  la  dîme  j 
payer  la  dîme. 
Dîmes  inféodées,  font  celles  qui  font  aliénées  aux 
Seigneurs  Eccléfiaftiques ,  ou  temporels ,  &  qui 
font  unies  à  leur  fief,  &  pollcdées  comme  biens 
profanes.  Décima  in  fide  r.e-ia  pojîts..  Les  dîmes  in- 
féodées font  de  la  connoilîance  du  Juge  féculier.  Par 
le  Concile  de  Latran,  tenu  lous  Alexandre  III.  en 
1179.  les  inféodations  des  dîmes  font  défendues 
pour  l'avenir.  On  n'eft  pourtant  pas  obligé  de  re- 
préfenrer  le  titre  original  de  l'inféodation  :  il  fuffit 
de  juftifier  par  des  aveus ,  ou  dénombremens ,  une 
poirefiion  de  temps  immémorial.  En  général  on  re- 
garde comme  illégitimes  toutes  les  inféodations  fai- 
tes depuis  le  Concile  de  Latran.  S.  Louis  fit  un  Edit 
en  1 179.  par  lequel  il  ordonna  que  li  les  dimes  in- 
féodées retournoient  aux  Eglifes ,  elles  reprendroient 
leur  première  nature,  fans  pouvoir  par  après  être 
polfédées  pardesgens  lais. Quelques-uns  attribuent 
l'origine  des  dim.es  inféodées  à, Charles-Martel ,  &  le 
tiennent  damné,  parce  que  ce  fut  lui  qui ,  le  pre- 
mier,donna  des  Bénéfices  aux  Nobles  féculiers.  Mais 
Baronius  regarde  cela  comme  une  fable.  Leur  ori- 
gine vient  des  guerres  d'outre-mer  :  c'eft  l'opinion 
de  Pafquier.  Le  tribut  que  ies  Romains  avoient  im- 
pofé  fur  toutes  les  Provinces  de  l'Empire,  étoit  la 
dixième  partie  de  tous  les  fruits  :  quelques-uns  pré- 
tendent que ,  les  François  avant  conquis  les  Gaules , 
Si  trouvé  cette  impofition  établie,  ils  la  confervè- 
renr,  &  donnèrent  ces  dîmes  en  fiefs  aux  foldars  ;  Se 
que  delà  font  venues  les  dîmes  inféodées.  Elles  ne 
font  pas  fi  anciennes  :  on  n'en  trouve  aucune  men- 
tion avant  le  règne  de  Mugues  Capet ,  Se  même  le 
Concile  tenu  à  Clermont  fous  le  Pape  Lfrbain  II.  en 
1097.  n'en  parle  point.  Ce  Concile,  d'ailleurs  alTcz 

Yy 


•?J4  DIM 

fervent  pour  les  intérêts  de  l'Eglife,  n'eût  pas  man- 
qué de  s'en  plaindre  ,  comme  d'une  ulurpation. 
Quoi  qu'il  en  foit ,  c'ell  un  point  d'Hilloue  allez 
obfcur. 

fp"  On  appelle  grofles  dîmes  ^  les  dîmes  qu'on 
lève  fur  les  gros  fruits,  comme  le  bled  &  le  vm. 
Menues  aimes  j  celle  qu'on  lève  fur  le  menu  grain 
&  fur  le  menu  bétail.  Dunes  vertes ,  celles  qu'on 
lève  fur  les  légumes ,  fur  le  chanvre  ,  le  lin,  tkc. 

Dîmes  novales  ,  font  les  dîmes  des  terres  nouvelle- 
ment défrichées ,  qu'on  adjuge  toujouts  aux  Curés, 
auiïï-bien  que  les  menues  dîmes.  Dedm&  novales.  La 
nouveauté  eft  bornée  à  40  ans  avant  la  demande. 

L'ufage  de  payer  la^//72ejOude  confacrerla  dixiè- 
me partie  de  ce  qu'on  polfède,  ou  de  ce  qu'on  re- 
tire, n'a  pas  feulement  été  pratiqué  par  les  Fidèles, 
tant  fous  l'ancienne  ici ,  que  fous  la  nouvelle  :  chez 
les  Payens  il  y  avoir  quelque  chofe  de  iemblable. 
Xénophon,  au  hvre  5.  de  l'expédition  de  Cyrus, 
rapporte  l'infcription  qui  étoit  fur  une  colonne  pro- 
che d'un  temple  de  Diane,  par  laquelle  on  avertif 
foit  d'offrir  à  la  Déeffe  tous  les  ans  la  dime  ou  la 
dixième  partie  des  revenus.  Paufanias,  l.  5.  &  Dio- 
dore  de  Sicile  ,  Bibl.  hift.  1.  11.  difent  qu'on  offroir 
aux  Dieux  la  dime  des  dépouilles.  Feftus ,  au  livre  4. 
de  la  fignihcation  des  mots ,  dit  que  les  Anciens  ot 
froient  la  dîme  à  leurs  Dieux.  Décima  quaque  veteres 
Dïisfuis  offercbanc. 

La  dîme  Saladine  3  eft  une  dime  qui  fut  établie 
par  un  Concile  de  Paris  en  fan  1 188.  fous  Philippe 
Augufte,  pour  le  fecours  de  la  Terre-Sainte  envahie 
par  Saladin.  Tous  ceux  qui  ne  vouloient  point  aller 
à  la  Terre-Sainte  étoient  condamnés  à  payer  la  dîme 
de  leur  bien.  On  établit  de  même  en  Angleterre  un 
impôt  de  70  mille  livres  fterling  en  118S.  fous 
Henri  II.  pour  faire  la  guerre  à  Saladin  j  &:  cet  im- 
pôt fut  aulîi  appelé  dîme  Saladine.  ; 

fer  DIME,  de  fuite.  La  Coutume  de  Nivernois  dit 
ce  que  c'eft  qu'un  droit  de  fuite.  C'eft  la  moitié  de 
ce  que  le  Décimateur  Laie  ou  Eccléfiaftique  pren- 
droit  chez  lui,  fi  le  Laboureur  y  avoir  travaillé  ,  & 
qu'il  n'eut  point  palIé  dans  une  autre  dîmerie.  Ce 
droit  de  fuite  n'eft  pas  dans  le  décret  j  ni  dans  les 
«lécrétales  des  Papes ,  fi  ce  n'eft  dans  le  chapitre  , 
chmfint  homines  y  qui  eft  le  iS*=  au  tit.  de  declmis. 
Pour  que  la  dime  de  fuite  ait  lieu,  il  faut  deux  con- 
ditions, fuivant  la  Coutume  de  Nivernois  ;  la  pre- 
mière, que  les  bœufs  aient  hiverné  dans  la  dîmerie 
du  Seigneur  décimateur ,  quand  bien  même  ils  au- 
roient  été  nourris  ailleurs  :  la  féconde  que  le  La  • 
boureur  n'ait  point  labouré  à  prix  d'argent. 

Ip"  La  Coutume  de  Berri  dit  auOi  que  h  dîme 
de/uire  n'a  pas  lieu ,  quand  le  Laboureur  cultive  à 
;prix  d'argent. 

§Cr  On  voit  que  ce  nom  vient  de  ce  que  cette 
dîme  fuit  le  Laboureur ,  quand  il  change  de  lieu. 

DIME  ,  ou  DIMEL.  Rivière  d'Allemagne.  Dimola. 
Le  Dimel,  à  fa  fource  dans  le  Comté  de  Waldek, 
coule  fur  les  confins  de  la  Heffe  &  de  la  Weftphalie , 
baigne  Stadberg,  Warbotch  ,  Liebenaw  ,  &  fe  dé- 
charge dans  le  Wéfer  au-tielTus  de  l'Abbaye  de 
C.ovwey. 

Ip-  DIMENSION,  f.  f.  Terme  de  Phyfique  &  de 
Géométrie.  Etendue  des  corps  confidérés  en  tant 
qu'ils  font  fufceptibles  de  mefure.  Nous  concevons 
tvoïs  dimenJîonsd:ins  les  corps  naturels  ,1a  longueur, 
,  la  largeur  &  la  profondeur.  La  longueur  toute  feulv 
s'appelle  ligne.  La  longueur  combinée  avec  la  lar- 
geur fe  nomme  furface.  Ces  trois  dimenjîons  com- 
binées enfemble  produifent  le  folide.  Menfura  j 
dimenjic.  Confidérer  un  corps  par  toutes  fes  dimen- 
Jîsns.  Prendre  toutes  les  dimen/îons  d'un  bâtimenr 

Dimension.  Terme  d'Arithmétique  &c  d'Algèbre 
Puiffance,  ou  nombre  de  degrés,  auxquels  un^ 
fraâion  eft  élevée  par  la  multiplication ,  ou  réduite 
«^  abailfée  par  la  divifion.  Dimenfio.  La  multiplica 
tion  des  grandeurs  littérales  eft  la  caufe  de  leurs 
dimenfions.  Par  exemple,  le  produit  1^  eft  de  deux 
dimenfions  ;  "_if  eft  de  trois  dimenfions ,  i^cc  la  di- 


D  I  M 

vifion  qui  eft  oppofée  à  la  multiplication  ^  dimi- 
nue les  dimenfîons  des  produits.  C'eft  pourquoi  dans 
une  fraétion  littérale  le  numérateur  ayant  ceffé  d'ê- 
tre divifé  par  le  dénominateur ,  le  furplus  des  di- 
ijienjîons  du  numérateur  fur  le  dénominateur  eft  le 
nombre  des  dimenjîons  de  la  fraftion.  Deux  multi- 
plie par  deux  donne  4  ,  &  4  eft  un  nombre  ou  une 
puilfuice  de  deux  (//«£/;/'('/«.  Quatre  multiplié  par 
2  donne  8  ,  8  eft  une  puilfance  de  trois  dimenfions. 
Soit  propofée  la  puilfance  de  6  dimenfions  :,  ou 
dont  l'expofant  eft  (î ,  &  que  la  racine  foit  appe- 
lée Jl;  &  la  racine  de  la  même  puilfance  plus  l'unité 
foit  r-¥  I  j  la  différence  de  ces  deux  puiffances  fera 
G  r  +  i5r4+2or'-fi5r/-4-<^r4-i.  De 
Lahir.e,  Académ.  1704. 

Si  l'on  propofe  une  puilïance  de  fept  dimenfions , on 
aura  pour  différence  , 


7^ 
1d. 


-t-  2.  w  ^  -i-  3  5  r  ■ 


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I  rr-+-7  r  +  T.. 


hb  ow  b^  &  bc  font  des  grandeurs  de   deux  di- 
menfions. 
bbb  oi\  b^  &  bcd  font  de  trois  dimenfions. 

DIMENTS.  royei  Diements. 

fCr  DIMER,  ou  plutôt  dix  mer  y  v.  a.  avoir  droit 
de  lever  la  dîme  dans  un  endroit ,  dans  un  certain 
canton.  Decimare  j  Jus  aecimarumhabere.  Tel  Cure 
eft  à  portion  congrue  i  e'eft  le  Curé  primitif  cpi 
dîme  dans  toute  la  Paroiffe. 

IP"  DÎMER  ,  (ignilie  auffi  lever  actuellement  la  dîme. 
Décimas  colUgere.  C'eft  un  tel  qui  dime  pour  le 
Cure.  On  n'a  pas  encore  dimé  à^ns  ce  champ. 

yO-  DÎMÉ  ,  ÉE.  part. 

DÎMERIE ,  ou  DIXMERIE.  f  f.  Étendue  d'un  terri- 
toire fur  lequel  on  a  droit  de  dîmer.  Trapus  in 
quo  quis  dectmarum  jus  hahet.  La  dîmerie  d'un  tel 
Abbé  s'étend  depuis  une  telle  borne  jufqu'au  grand 
chemin. 

DIMESSE.  f  f  Nom  que  l'on  donne  aux  perfonnes 
du  fexe  qui  compolent  une  congrégation  établie 
dans  l'Etat  de  Venife  ,  (?>:  qu'on  appelle  autrement 
Modeftes.  Dimeffa  j  Modefia.  La  Congrégation  des 
filles  &  veuves  appelées  Dimejfes  ou  Modeftes  ,  ■ 
dans  l'État  Vénitien  ,  a  eu  pour  Fondatrice  Dejanira 
'Valmarana  ,  fille  d'Aluife  Valmarana  ,  &  d'Ifabelle 
Nogarole  de  Vérone,  &  époufe  d'AgrippaPriftrate, 
Jurïfconfulte  de  la  même  Ville  ,  dont  elle  eut  un 
fils.  Le  père  &  le  fils  étant  morts,  elle  fe  trouva  en 
1571.  libre  de  tout  ce  qui  pouvoit  l'attacher  au 
monde.  Elle  prit  l'habit  du  Tiers-Ordre  de  S.  Fran- 
çois d'Alîife,  &  fe  retira  avec  quelques  pauvres 
femmes  dans  une  maifon  qui  lui  appartenoit  ,  où 
elles  vécurent  dans  la  pratique  de  toutes  les  vertus 
Chrétiennes,  fous  la  conduite  du  P.  Antoine  Pa- 
gani  de  l'Ordre  de  S.   François   de  fObfervance. 
Angele    Valmarana  ,     confine   de    Dejanira  ,    fe 
voyant  aufli  veuve,   fit  la  même  choie  dans  une 
maifon  voifine  ,  qu'elle  acheta.  Le  P-  Pagani  fit  des 
réglemens  communs  pour  ces  deux  Maifons.  L'E- 
vcque  de  Vicenze,  &  le  Cardinal  Au-^uftin  ValieriO, 
Evêque  de  Vérone,  &  Vifiteur  Apoftoliqne  dans  le 
Diocèfe  de  Vicenze  j  les  approuvèrent  l'an   1584. 
Quelques  autres  Maifons  du  même  Inftitut  ayant 
été  fondées,  Dejanira  Valmarana  les  gouverna  en 
qualité  de  Supérieure  générale  ,  mourut  en  1605. 
&  fut  enterrée  dans   l'Eglife    de  Notre  Dame-la- 
Neuve  à  Vicenze  ,  &  mife  dans  la  fépulture  com- 
mune des  Dimeffes.  Pour  être  reçues ,  elles  doivent 
être  libres  de  tout  engagement  ,  même  de  tutelle 
de  leurs  enfants.  Elles  font  trois  ans  d'épreuves ,  &, 
encore  après ,  deux  ans ,  pendant  lefquels  on  peut 
les  renvoyer.  Il  ne  doit  y  avoir  que  huit  ou  dix 
Dimeffes  dans  chaque  Maifon.  Tous  les  trois  .ans 
deux  "Maifons  voifines,  ou  quatre  au  plus,  élifent 
pour  chaque  Maifon  une  Supérieure,  deux  Ajutan- 
tes  ou  Majeures  qu'on  appelle  auffi  Confultrices. 
Elles  ne  font  point  de  vœux  &  peuvent  fortir  .mê- 
me pour  fe  marier.  Elles  enfeignent  le  catéchifme 
aux  perfuunes  de  leur  fexe.  Se  fervent  les  femmes 


Dl  M 

dans  les  Hôpitaux.  Elles  font  habillées  de  noir  ou  de 
brun.  P.  Heliot.  T.  FUI.  C  j. 
DIMÉTRt.  adj.  Terme  de  Poëfie.  Qui  eft  de  deux 
mefures.  Dimcter ,  a,  um.  Ce  nom  fe  donne  aux 
Vers  qui  n'ont  que  deux  mefures ,  ou  quatre  pieds. 
Par  exemple  : 

Nox  eratj  &  cxlo  fulgebat  Luna  fereno  j     ' 
Inter  minora  fîdera.  Horat. 

Le  premier  vers  eft  hexamètre  ,  &:  le  fécond  eft 
un  ïambique  dimècre.  Il  y  a  un  ïambique  dimètre 
défedueux  d'une  fyllabe  au  commencement.  On 
peut  auili  l'appeler  un  trochaïquecZ/Wr/'e  détedueux 
d'une  fyllabe  à  la  fin.  Telle  elt  celui-ci  d'Horace. 

Non  ebur  neque  aurcum  j  &c. 

Ce  mot  vient  de  ^it  bis  &  ^Érpo»  meÇure. 
DIMEUR ,  ou  DIXMEUR.  f.  m.  Celui  qui  lève  ac- 
tuellement la  dîme.  Dccumanus. 
DIMIER,   ou  DIXMIER.  f.  m.  Journalier  qui  re- 
cueille la  dîme.  Le  dicimatcur  eft  celui  cpi  a  le  droit 
de  percevoir  la  dîme.  Le  dimier  eft  celui  qui  la  lève 
pour  un  autre.  Dimcur  eft  plus  ulitéque  dimïcr. 
DIMINIA.  Diminia.  C'eft  l'ancienne  Onchejlus  ^  pe- 
tite ville  de  Béotie  près  du  lac  de  Stivo  :  ou  du 
moins  Diminia  a  été  bâtie  de  fes  ruines.  Ce  n'eft 
qu'un  village  ,  qui  a  pris  ce  nom  du  mot  Grec 
Aifmict ^  qui  ûgnifie  l'efpace  de  deux  mois,  parce 
que  les  grains  jetés  en  terre  dans  fon  terroir  ne  font 
que  deux  mois  à  produire.  Voye:^  M.  Spon,  Foyagt 
de  Grèce  j  L.  II.  p.  Sç. 
^3"  DIMINUER.  V.  a.  Rendre  moindre  ,  retrancher 
une  partie  de  quelque  chofe.  Minuere  j  diminucre  j 
imminuere.  Un  tel  a  diminué iz  dépenfe.  Ce  nouveau 
Prieur  a  diminué  la  portion  de  fes  Religieux. 
^fT  DiMiNUia.  v.  n.  Devenir  moindre.  Minui ,  im- 
minui.  Sa  vue  diminue  tous  les  jours.  Ses  forces  di- 
minuent. Se  forces  augmentent ,  à  mefure  que  fa 
fièvre  diminue.  Les  jours  commencent  à  diminuer  à 
la  S.  Jean. 

gCT  On  le  dit  également  des  perfonnes.  Cet  en- 
fant diminue  à  vue  d'œil. 
^CT  Diminuer  fe  dit  aufli  dans  les  chofes  morales. 
Cette  difgrâce  a  diminué  fon  crédit.  Ses  dépenfes 
excelîîves  ont  diminué  (on  bien.  Un  favori  tâche  de 
^i;;:i«2/er  le  crédit  des  autres.  Son  efprit  s'aftoiblit, 
il  diminue  tous  les  jours.  Son  autorité  diminue.  Ceux 
qui  font  arrivés  au  comble  de  la  gloire ,  font  obligés 
de  defcendre  de  cet  état  glorieux  ,  &  de  diminuer 
aut.int  qu'ils  peuvent  leur  propre  gloire  dans  leur 
efprit.  Flech.  L'efprit  de  l'homme  n'eft  que  trop 
porté  à  diminuer  les  vérités  qui  incommodent  fes 
paillons ,  èc  à  chercher  des  biais  pour  éluder  la  fé- 
vérité  des  préceptes.  Id. 
Diminué  ,  Ée.  part.  Imminutus ,  minutus. 

En  Architeéture ,  on  appelle  colonne  diminuée  j 
celle  qui  eft  fans  renflement ,  &c  dont  la  diminution 
commence  dès  le  pied  de  fon  fût ,  à  la  manière  des 
arbres.  Foyc-^  diminution. 
Diminué.  Terme  de  Mufique.  Les  imcrvyWçs  diminués 
font  ceux  qui  font  moindres  d'un  femi-ton  mineur, 
lorfqu'ils  font  juftes.  On  marque  un  intervalle  dimi- 
nué ^!lx.  fon  b  mol,  ou  par  un  double  dièfe.  Contre- 
point diminué 3  eft  celui  dont  les  notes  font  de  diffé- 
rente figure  &  de  différente  valeur.  Quarte,  quinte, 
&c.  diminuée. 

DIMINUISER.  V.  a.  Mot  du  vieux  langage.  Di- 
minuer. 

DIMINUTIF,  ivE.adj.  Terme  de  Grammaire,  fou- 
venc  employé  fubftantivement ,  fe  dit  d'un  mot 
qui  adoucit,  ou  afFoiblit  la  force  de  fon  primitif, 

,  ou  qui  lignifie  une  chofe  petite  dans  fon  genre. 
Diminudvus.  Comme  bovillon  eft  un  terme  dimi- 
nutij  ou  un  diminutif  àz  bxuf ,  pochette  àc  poche  , 
maifonnete  de  maifon.  Les  diminutifs  qui  étoient  des 
délicateffes  dans  le  ftyle  de  nos  vieux  Auteurs  ,  ne 


D   IM  3;j 

fe  peuvent  fupporter  dans  le  langage  d'aujour- 
d'hui. Nous  n'avons  pas  la  liberté  d'en  faire  fé- 
lon notre  caprice,  comme  les  Italiens,  qui  en 
font  autan:  qu'il  leur  plau  j  &  l'on  fe  moqueroit 
préfencement  d'un  Poète  qui   diroit  avec  Belleau  : 

Le  gentil  rojfignolet  J 

Douceret^ 
Découpe  dejjous  l'ombrage  , 
Mille  Jredons  babillards , 

Fretillards  j 
Au  doux  fon  de  fon  ramage. 

Notre  langue  abonde  en  diminutifs  \  8c  l'on  peut 
s'en  fervir  ,  fans  entreprendre  d'en  forger  de  nou- 
veaux. Ce  n'eft  pas  qu'elle  foie  devenue  dure  ,  & 
incapable  d'expreifions  pailionnées.  Mais  elle  a  mis 
toute  la  tendrelle  dans  les  fentimens  :  on  plutôt 
elle  eft  tendre  comme  uneperfonne  fage  ,  cjui  parle 
toujours  raitonnablement  ,  même  en  parlant  de  fa 
paftion  J  &  qui  ne  cherche  point  à  fe  parer  de 
colifichets.  Mademoifelle  de  Gournai  fe  déclara  la 
protedfrice  des  diminutijs  :  elle  cria  au  meuitre 
de  toute  fa  force  ,  quand  elle  les  vit  attaqués.  Mais 
elle  eut  le  chagrin  de  les  voir  bannis  peu-à  peu. 
BouH.Rien  n'eft  plus  fade  que  les  Orateuis  afteèfccs, 
qui  ne  le  fervent  que  de  diminutijs  ,  &  dont  les  pa- 
roles funt  doucereufes ,  &  confites  ,  pour  ainfl 
dire  ,  dans  le  miel.  S.  EvR. 

C'eft  ici  le  lieu  d'oblerver  que  la  langue  Latine , 
grâces  ,  fur-tour  à  Plaute  &c  à  Catulle  ,  a  beaucoup 
de  diminutifs  ;  que  l'Italienne  en  a  encore  davan- 
tage ,  &  qu'au  lentimcnt  de  pluheurs  ,  la  nôtre 
n'en  a  pas  alfez.  Elle  étoit  autrefois  bien  plus  ri- 
che de  ce  côté  là  ,  fi ,  comme  le  dit  le  P.  Bouhours, 
dans  fes  Remarques ,  c'eft  une  richeffe  à  une  lan- 
gue que  d'avoir  des  diminutijs.  Il  en  a  fait  un 
chapitre  exprès ,  oii  il  ne  leur  eft  point  du  tout  fa- 
vorable. Il  prétend  que ,  depuis  que  la  langue 
FrançGife  el^  devenue  raifonnable ,  elle  a  mieux 
aimé  être  pauvre  ,  que  d'être  riche  en  babioles  &: 
en  colifichets.  Il  faudroir  au  moins  ditlinguer  les 
ftyles.  Le  ftyle  familier  admet  bien  des  exprelîions 
qui  ne  feroienr  pas  propres  au  ftyle  foutenu. 

AI.  de  la  Monnoye  a  parlé  des  diminutijs  dans 
fon  GlolTIiire  Bourguignon  au  mot  Fammdote  ,  &: 
le  P.  Bufiîer  dans  fa  Grammaire  Françoife.  n.  353. 

Il  y  a,  dans  la  langue  Françoife,  At%  diminutifs 
qui  ont  perdu  leur  lignification  diminutive  ,  comme 
cajfette ,  vergette  ,  qui  viennent  de  caijfe  ,  &  de 
verge.  Dans  la  langue  Italienne ,  &  dans  plulieurs 
autres ,  les  mots  diminutijs  fe  forment  des  mots 
primitifs  ,  par  l'addition  de  quelques  fyllabes  :  il 
n'en  eft  pas  de  même  en  François  ;  &,  dans  notre 
langue  ,  le  <///72//;i/r{/ eft  quelquefois  plus  court  que 
le  primitif,  quelquefois  il  a  le  même  nombre  de 
fyllabes. 

Les  terminaifons  les  plus  ordinaires  des  dimi^ 
nutifs  font  eau  ,  perdreau ,  faifandeau  _,  ^c-  Et 
pour  le  mafculin,  ette  pour  le  féminin,  jeunet  ^ 
jeunette  ;  grajfet ,  grajfette  ;  herbette  ,  miette  ;  pou- 
let,  poulette.  On.Alanon,  Marion  ,  Nanon  j  Jean- 
neton  ,  Fanchon  ,  Magdelon  ,  folichon  ,  garçon  , 
bichon  ,  bichonne  au  féminin  j  &c.  In  au  mafculin  ; 
ine  au  féminin;  Co'in,  Perrin  j  Pcrrine  ,  Ja- 
queline  ,  &c.  Ot  ordinairement  pour  le  mafcu- 
lin ,  ote  pour  le  féminin  j  Jeanot ,  Pierrot^  Tien- 
not  ;  3 canote ,  Marote  ,  Genevote  j  Javote  j  &c. 

Je  fuis  Margot  la  genre  Demoifelle , 
A  deux  maris  mariée  &  pucelle. 

Foyer^  la  Grammaire   Françoife   de  M.  l'Abbé 
Régnier. 

On  appelle  en  grammaire  au  moins  &  du  moins , 

des  conjonârions  diminutives  ,  parce  qu'elles  fervenc 

à  diminuer.  Rendez  lui  au  moins  une  vifae. Du  moins 

donnez-lui  de  quoi  vivre. 

Diminutif  ,  eft  aiifti  fubftantif ,  comme  on  peut  voir 

Yyij 


Ijé  D   I   M 

par  les  exemples  ci-defFus.  On  dit  qu'une  chofe  efl; 
le  diminuât  de  l'autre  \  pour  dire  ,  qu'elle  eft  en 
petit  ce  que  l'autre  ell  en  grand.  (Je  jardin-là  elt 
un   àiminuvj  du  jardin  des  Tuillenes. 

DIMINUTION,  f.  f.  Retranchement  de  la  quantité, 
ou  de  quelque  partie  d'une  choie  ,  ou  ion  atloi- 
Hififement.  Imminutïo  ,  dimhiucio.  La  Diminution 
des  impôts  eft  toujours  fouhaitce  par  le  peuple. 
Les  Architecles  ont  diverfcs  manières  pour  ia  di- 
inïnuùon  des  colonnes,  pour  leur  rétréciirement 
par  en  haut.  Alexandre  eitimoit  que  la  gloire  d'au- 
Trui  alloit  à  la  diminution  de  la  Tienne.  Vaug.  On 
trouve  de  la  diminution  dans  fa  fièvre  ,  diins^fei 
forces,  dans  fon  corps  &  dans  l'on  elpnt.  Il  faut 
faire  bouillir  ce  firop  julqu'à  la  diminution  d'un 
tiers.  On  voit  bien  de  la  diminution  dans  les  biens  j 
dans  la  fortune ,  dans  le  crédit  de  ce  Favori.  Di- 
minution du  prix  des  efpèces. 

Diminution  ,  figure  de  Rhétorique  ,  ainfi  nommée 
par  antiphrafe  ,  par  laquelle  on  augmente  &  on 
exagère  ce  qne  Ion  veut  dire,  p.ir  une  exprellion 
qui  femble  i'affoibiir.  Par  exemple,  lorfqu'on  du 
d'un  certain  ton  ,  Cette  femme  n'eft  pas  laide  , 
c'eft-à-dire,  qu'elle  eft  belle. 

Diminution  ,  en  Archireèfure  ,  fe  dit  auffi  du  ré- 
trécilfemeiit  d'une  colonne ^  qui  fe  fait  ordinaire- 
ment depuis  le  tiers  jufqu'au  haut  de  Ion  fiit. 
Quelquefois  la  diminution  fe  tait  dès  le  pied  :  elle 
eft  plus  niturelle  ;  mais  elle  eft  moins  agréable  que 
depuis  le  tiers.  Les  Architeâres  Gothiques  n'ont 
point  obfervé  la  diminution  \  &  leurs  colonnes  font 
cylindriques,  c'eft  pourquoi  on  les  appelle /J/Zierj , 
à  la  diftintfion  des  colonnes.  La  diminution  doit 
être  plus  ou  moins  fenlible,  félon  la  grolTcur ,  ou 
la  délicatelfe  des  colonnes.  Les  Maîtres  de  l'art  & 
les  Ouvriers  difent  quelquefois  contracture  j  au  lieu 
de  diminution  \  mais  ce  dernier  eft  plus  de  l'ulage 
ordinaire. 

En  termes  de  Palais,  on  dit ,  Mettre  des  dimi- 
nutions fur  une  déclaration  de  dépens  \  pour  dire,  y 
mettre  fes  débats  fur  chaque  article  qu'on  veut 
diminuer,  avant  que  leTiersIes  luxe.  Extenuationes. 

^C?DiMiNurioN,fe  ditauftî,en  Mafique,deladivifion 
d'une  note  longue ,  une  ronde  ,  ou  une  blanche  , 
en  plufieurs  autres  notes  de  moindre  valeur.  Im- 
minutio.  Ce  mot  a  encore  fignihé  roulade ,  plu- 
fieurs notes  paftees  fur  une  même  fyllabe. 
DIMISSOIRE.  f  f  Lettres  que  donne  une  Evèque  à 
fou  Diocéfain  ,  pour  pouvoir  prendre  la  toniure  , 
ou  quelque  autre  Ordre  Eccléfiaftique  d'un  autre 
Evèque.  DimifforiA  Littera.  Quand  on  produit  les 
lettres  de  tonfure  ,  ou  d'Ordres  donnés  par  un  autre 
que  par  fon  propre  Evèque ,  il  faut  juftifier  en 
même-remps  du  dimiffoire  de  fon  Evèque,  à  peine 
de  nullité.  Un  dimijfoire  ne  peut  être  donné  par  le 
Ch.ipitrej /èife  vacante  \  parce  que  c'eft  un  aéte 
de  la  JurifdiiStion  volontaire  j  qui  doit  être  réfer- 
vée  au  fuccefteur.  Le  Chapitre  ne  peut  donner  un 
dimijfoire  fans  titre  ,  ou  fins  une  poileftion  immé- 
moriale. Fevret.  Dans  le  cas  de  néceftîtéj  comme 
pour  une  Cure  &  des  Bénéfices  à  charge  d'ames  , 
le  Chapitre  peut  donner  un  dimijjoire  j  fede  va- 
cante ,  avant  l'année  révolue  après  la  mort  de 
l'Evèque. 

On  prononce  fouvent  démijfoire  \  mais  le  vrai 
tnot  eft  dirviffoire  :  car  il  vient  de  dimitto  ,  je  ren 
voie.  Le  dimiffoire  eft  un  renvoi  d'un  fujet  à  un 
Evèque  d'un  autre  Diocèfe  ,  pour  en  recevoir  les 
Ordres  ^  &  il  ne  vient  point  de  demitto ,  qui 
fignifie  route  autre  chofe  ,  c'eft-à-dire  ,  j'abaijjc  j 
fahats. 
DiMissoiRR.  Terme  Eccléfiaftique  &  de  rubrique. 
Dim/fforium.  Dans  l'Eglife  Grecque  le  dimijfoire  eft 
certaines  prières  que  l'on  récite  à  la  fin  de  l'Office 
de  chaque  jour ,  Se  par  lefquelles ,  ou  après  lef- 
quelles ,  on  renvoie  ceux  qui  le  chantent  ou  le  ré- 
citent. 

Ce  Mot  vient  du  Latin  dimitto  ,  je  renvoie  ,  je 
songcdie. 


D  I  M     D  I  N 

DIMISSORIAL  ,  ALE.  adj.  qui  ne  fe  dit  qu'en  cette 
phraie ,  Lettres  dinnjjonaus ,  qui  contiennent  un 
dimilfoire. 

DIMITE.  {.  f  Terme  de  Commerce  de  Toiles.  C'eft 
une  des  deux  efpèces  de  toile  de  coton  ,  qui  fe  fa- 
briquent dans  l'Ille  de  Siphanto,  l'une  des  Ifles  de 
l'Aichipel  :  elle  eft  croilée  &  d'un  tiès-bon   ufage. 

DIMIZANA,  ou  mhiimZk.  Diminaïa.  Ancieni^e- 
inent  Lrimanthus ,  thegca  j  Pjoplùs.  'Ville  an- 
cienne ,  mais  aujourd'hui  peu  conhdérable.  Elle 
eft  dans  la  Zaconie  en  Morée  ,  au  couchant  de 
Guardichi ,  fur  la  rivière  de  i^'i/ni^j/za  ,  ou  d'Ery- 
manthe. 

DIMNA.  ro}'f;j'.  Damna. 

DIMCERITES.  Nom  de  Sedte.  Dimœrita.  Ce  nom 
fut  donné  aux  Appoilinariftes.  Ces  Hérériques  di- 
foient  d'abord  que  ,  dans  l'Incarnation  ,  le  Verbe 
divin  n'avoir  pris  qu'un  corps  hutrain  ,  fans  pren- 
dre un  ame  raifonnabie  ëc  femblable  à  la  nôrre. 
Enfuite  ,  convaincus  par  le  texte  formel  de  l'Ecri- 
ture ,  ils  dirent  qu'il  avoit  pris  une  ame,. mais 
fans  entendement ,  &:  que  le  Vetbe  fuppléoit  en 
elle  cette  faculté  qui  lui  nianquoit.  Et  j  parce  qu'ils 
féparoient  l'entendement  de  Famé  ,  on  les  appela 
Dimœrijies ,  comme  qui  diroit  divifeurs  ,  fépara- 
teurs ,  de  êia  ,  Se  ^«p*,  je  divife.  Vc>ye\  la  première 
Epître  de  Saint  Grégoire  de  Nazianze  ad  Ciau- 
dium  ^  &  Jean  Forbés ,  Injiruci,  Hijîorico-Theolog. 
L.  I.c.  i .  p.  6.  I 

DIMON-  C'eft  une  "Villes  des  Moabites  appelée  Z)i- 
/720/2  par  les  Septante  en  Ifaie  xv.  9.  où  même  le 
manufcrit  Alexandrin  Fappelle  Remmon ,  &  par- 
tout ailleurs,  même  en  Ifa'ie  xv.  1.  Dibon.  La 
caufe  de  cette  différence  vienr ,  comme  on  l'a 
remarqué  au  mot  Dibon  ,  de  la  relfemblance  du 
mem  ôc  du  /leth  dans  le  premier  caractère  Hébreu. 
Dans  la  fuite  ,  la  relfemblance  du  "r ,  daleth  ,  Sc 
du  T  ,  rech ,  dans  le  fécond  caraélère  Hébreu ,  ou 
dans  le  caïadlère  Alfyrien  ,  a  produit  la  féconde 
faute  ,  qui  eft  dans  le  manufcrit  Alexandrin. 
Audi  cette  Ville  n'eft  autre  que  Dibon.  Foyei^  ce 
mot. 

DIMON  A  ,  ou  DIMON.  Ville  de  la  Tribu  de  Juda, 
au  midi,  près  de  Fldumée  &  des  montagnes  Séïr. 
Jof.  XV.  2i.  Elle  eft  appelée  Dibon  dans  Efdras  xr. 
25.  Koyei  la  caufe  de  cette  différence  au  mot 
Dibon. 

DIMOTUC.  Ville  de  la  Remanie ,  fur  une  mon- 
tagne dont  la  Mariza  baigne  le  pied.  Dydimoticos. 
Dimotuc  étoit  autrefois  une  ville  Archiepifcopale  ; 
aujourd'hui  c'eft  une  petite  ville ,  célèbre  feule- 
ment par  la  nailfince  &  par  la  retraite  de  Bajazet  IL 
Empereur  à<î%  Turcs ,  qui  y  mourut  l'an  1 5  ii.em- 
poifonné  ,  dit-on  ,  par  ordre  de  Selim  ,  ion  fils  , 
à  qui  il  avoit  été  forcé  de  céder  TEinpire.  Long. 
44.  d.  8.  lat.  41.  d.  3S. 
DIMUS.  f  f  Terme  de  Mythologie.  Fils  de  Mars  & 
de  Venus.  Dimus ,  Ati'fi<iç.  Héfiode  Théogonie,  v. 
934.  Il  aitnoit  anifi  la  guerre  ;  &  ce  Poète  en  fait 
un  portrait  tout  femblable  à  Mars. 

D  I  N. 

DINABA .  on  DINHABA.   Foye:^  Denaba. 

DINAN.  Ville  de  t.s.ncc. Dinantium ,  Dinannum.  Elle 
eft  en  Bretagne  fur  la  Rance  ,  du  Diocèfe  de  Saint 
Malo  j  dont  elle  n'eft  éloignée  que  de  quatre  lieues 
du  côté  du  midi.  Dinan  étoit  autrefois  la  place 
d'armes  des  Ducs  de  Breragne.  Il  avoit  titre  de 
Comté  ,  &  les  fils  des  Ducs  de  Bretagne  portoienc 
le  nom  de  Comtes  de  Dinan.  Duchefne ,  qui  en 
parle  dans  fes  Antiquités  &  Recherches  des  vil/es  de 
France,  P.  II.  L.  FUI.  c.  5.  rapporte  que  quel- 
ques Auteurs  tiennent  que  Dinan  a  été  ainfi  nommé 
du  nom  de  Diane  par  le  ch.ingement  de  quelques 
lettres  ;  que  certains  peuples  étrangets ,  qui  fe 
vctoient  de  peaux  de  bêtes  Se  vivoient  des  fruits 
des  arbres  ,  bâtirent  une  ville  au  milieu  d'une  Fo- 
ret, appelée  la  Forêt  de  Faigne  ;  qu'environ  500 


D  I  N 


D  I  N 


^57 


Sîîs  avant  Jesus-Christ  ,  hs^Flamancîs  ayant  tuc^DINATOIRE.  atlj.  Du  dînsr ,  qui  concerne  le  duier. 


la  plus  grande  partie  de  ce  ptiuple  ,  6c  nuné  la 
ville  ,  ceux  qai  purent  échapper  en  rebâtirenc  une 
autre  ,  qu'ils  nommèrent  Uionacuin  ,  ou  Dixni- 
cum ,  du  nom  de  Diane,  DéelFe  des  foièts,  Sc 
que  c'eit  celle  que  nous  appelons  Diaan ,  que  Du 
Clicfne  dit  avoir  été  l'un  des  anciens  &  plus  gra- 
cieux léjours  des  Ducs  de  Bietagne. 

DINAWOiiRlE.  f.  f.  Marchandile  de  cuivre  jaune 
nus  en  œuvre.  Synonyme  de  Chaudronnerie,  ^ra- 
menta  InterpolatJ..  Les  poêlons  &  chaudrons  ,  pla- 
tines &  chenets  de  cuivre  ,  appartiennent  a  la  Di- 
nandcric.  Dans  les  tarifs  des  Aides  ,  il  y  a  des  ar- 
ticles particuliers  pour  la  taxe  des  dnnniciies.  Ce 
mot  vient  de  Dinant ,  ville  du  Liégeois ,  pays 
abondant  en  calamine,  donc  le  mélange  avec  la 
roiecte ,  fait  le  cuivre  jaune.  Ainli  on  a  appelé 
dinanitrle  parmi  les  Marchands,  le  cuivre  jauns 
que  la  ville  de  Dinanr  envoie  par  toute  l'Europe. 
On  appelle  même  en  plulîeurs  lieux  les  Chaudron- 
niers,  D'inaniicrs. 

DlNANDIER..  f.  m  Celui  qui  fabrique  des  Ouvrages 
de  Dinandene,  ou  qui  en  tait  commerce.  Les  Chau- 
dronniers  prenn.-nc  cette    quaaté. 

DLNANDOIb:,  OISE.  f.  m.  &  f.  Habitant  de  Dînant, 
qu  eilde  Dinant.  Dinannus  ,  Deo:ianc:us,?iX3.àv  n  , 
dans  fes  Annales  de  Bowg^aae  j  L.  111.  appelL 
les  riabitans  de  Dinant  D'uiaadois  ,  &  Liégeois  de 
Dînant". 

DINANDOIS.  Pays  de  Dinan  ,  Comté  de  Dinan. 
Agtr  y   ou  pagus  ,  ou  Com'cacui,   Dinannenjis. 

DINANT.  Ville  djs  Pays-Bas.  Dinanc/um  ,  Oionan- 
tium  ,  Dionandum  j  Dcjnacum.  Ceft  une  ville  du 
Condrotz  ,  contrée  de  l'Evèché  de  Liège.  Di.iani 
ell  lîtué  fur  la  Meufe,  à  droite  ,  entre  Chailemont 
&  Namur.  Monultcj  Evêque  de  Tongre  ,  l'a  don- 
née à  l'Evèché  de  Liè:;e ,  auju.l  elle  appartient. 
On  croit  que  c'eft  du  nom  de  cette  ville  que 
vient  le  mot  François  Diantre.  Certains  coureurs  , 
qui  marchoient  la  tète  couverte ,  la  barbe  entor- 
tillée ,  vêtus  d'un  gros  habit  noir  qui  leur  dclcen 
doit  jufqu'aux  talons  j  &  nus  pieds,  turent  ap- 
pelés en  France  du  nom  de  cette  ville  Deanandi , 
on  ZJeo/îa/îtt,  parce  qu'apparemment  ils  on  venoient, 
& ,  comme  les  Démons  appirollfoient  fouvent , 
dit-on  ,  fous  la  figure  de  ces  fortes  de  gens ,  on 
appela  aulfi  les  Démons  Deonami ,  d'où  l'on  a  tau 
iJiantre.  Voy.  Valois,  Notit.  Gall.  Ou  plutôt ,  parce 
que  ces  figures  d'hommes  vêtus  denoir,levifage  tou 
jou's  couvert ,  &c.  parurent  relfembler  aux  Démons. 
On  appela  les  Démons  DejnarM,  Dlantrcî.  Les  Fran- 
çois prirent  Dinant  en  11S75.  Ils  la  fortifièrent, 
rebânrenr  la  citadelle,  qui  ett  fur  un  rocher  ef- 
capé  pref-^ue  de  tous  côtés,  &  la  gardèrent  jufquA 
!i  prix  de  Kifwick.  Long.  21.  d.  i^.   lar.  ^o.  d.  i^ 

DINAR,  f.  m.  Terme  de  Relation.  1°.  Nom  d'un  poids 
Arabe.  C'eft  le  poids  methcal  que  les  Médecins 
Arabifan?  appellent  un  médical,  &  qui  pèfe  une 
drachme  &  demie  Arabique,  Drachma  Arabica  cum 
femijje.  2".  En  matière  de  monnoie  ,  ce  mot  fi- 
gnifie  en  général  des  afpres ,  des  florins,  c'eft  a- 
dire  ,  toute  forte  d'argent.  D'Herbelot.  C'eft  ce 
<jue  nous  appelons  en  François  de  l'argent  ;  mot  gé- 
nérique ,  qui  fe  dit  de  toutes  fortes  de  pièces  de 
monnoie,  &  de  tout  mîtal.  Les  Rabbins  prennent 
aulli  dinar  en  ce  fens ,  &  ils  ont  emprunté  ce  nom 
du  Latin  denarius.  5°.  Dinar  fe  prend  le  plus  fou- 
vent  parles  Arabes  pour  une  pièce  d'or,  du  poids 
d'un  methcal ,  &  répond  aux  hongres  &  aux  fe 
quins  de  Venife.  Cette  efpèce  d'or  a  varié  fou 
vent  fous  les  Kalifs  j  car  quelquefois  le  dinar  a 
valu  vingt  &  quel  piefois  vingt -cinq  drachmes 
d'argent.  Les  Mufulmans  n'eurent  point  de  dinars 
d'or  marqués  à  leur  coin  avant  l'an  -76  de  l'hégire  , 
&  de  Jesos-Christ  695.  Ce  fut  Hégi icje  .  lequel 
établit  la  première  monnoie  fous  le  Kalifat  d'Ab- 
dalmalek.  Auparavant  toute  la  monnoie  d'or  croit 


feu  M.  le  Maréchal  de ecoit  allé  viluei  un 

Surintendant  des  Finances  à  l'heure  de  fon  dîner  : 
ce  dernier  ne  le  recondudic  que  jufque  iur  le  haut 
de  Ion  efcalicr,  &  il  lui  du  ,  vous  m'excuierez 
bien  ,  Monlîiur,  il  je  ne  de  cends  pas  pour  vous 
conduire  jul^u'-i  votre  carroife  ,  car  c'eli:  i'heu;e 
di.iatjire.  Le  Maréchal  ,  qui  étoit  naturellemenc 
railleur ,  fe  contormanc  à  (on  langage  j  lui  répon- 
dit :  il  eft  vrai ,  Monùeur  ,  &  dj  plus ,  la  rue  elt 
fort  crotatoire.  Mors  A  la  mdoe. 

DINCKELSPSIL,  ou  D  JNCKELSPIEHL.  Ville  li- 
bre impériale  d'Allemagne  ,  dans  la  Suabe ,  fur  le 
Wernitz  ,  qui  ,  i"e  partageant  en  deux  bras  ^  l'ar- 
l'ofe  au  midi  &  au  couchant.  J'^oye-:^.  DINKELS-- 
PIEHL. 

DINDAN.  Son  des  cloches.  Quand  nous  femmes 
femons  par  Ic's  cloches  d'aller  à  nos  l'aroilfes  p'iec 
Dieu  ;  li  à  petit  bruit ,  nous  1  appelons  tintin  de  la 
cloche;  fi  à  tour  de  bras  des  Sonneurs ,  le  fon  qui 
s'intinue  dans  les  oreilles  de  nos  petits  enfans  , 
fait  qu'ils  l'appellent  dindan.  Recherches   de  Pas- 

QUIER. 

DINDE,  f  m.  Coq  d'Inde.  En  plufieurs  endroits  ,  au 
^  lieu  de  dire  coq  d'Inde  ,  on  tait  un  nom  fubftantit 
de  ce  génitif  d'Inde  ,  &  l'on  du  un  dinde  ,  le  dinde  , 
du  dinde  ,  au  d'nde.  Les  d  ,Hes.  iJn  grand  rroilpc.ra 
de  dindds.  Un  gros  dinie  qui  pèie  plus  de  vmgc 
livres.  En  plulieurs  endroits  de  France  on  mène 
les  dindes  paître  à  la  campagne  par  troupeaux, 
comme  àzz  moutons.  Du  relte  j  voye^  Coo  d  Inde. 

OiNde.  f.  f.  On  appelle  ainfi  quelquefois ,  une  poule 
d'Inde.  Nous  avons  une  bonne  d.nde.  Ac.  îr.  On 
le  du  aulli,  figurément  &c  populurement ,  d'une 
femme  ,  ou  d'une  fille  niaife  ,  qui  n  a  aucun  ufags 
du  monde.  C'eft  une  grande  Dmde. 

DINDING.  lile  inhabitée  ,  fur  la  c'  ce  Occidentale 
de   la  prefqu'Ille  d  au  dc-là  du  Cirg?. 

^  DINDON,  f.  m.  coq  d'mde.  Gui  s  .ndcus.  Mettre 
un  dindon  à  la  broche.  Garder  le>  dndons. 

On  dit,  proveibialemenr ,  dune  pauvre  De- 
moilelle  qui  eft  obligée  de  fe  retirer  à  la  camp.agne 
pour  vivre  ,  qu'elle  va  garder  les  didons,  parce  qu'on 
les  mène  paicre  en  troupe. 

f^ous  voilà  dçnc  compagne 
De  certaines  Philis   qi^i  gardent  (es  dindons. 

La  Fontaine. 

CSO- DINDONNEAU,  f  m.  Jeune  dindon,  petit 
dindon.  Pullus  galli  Indici  junior.  Elever  des  ciir,- 
donneaux. 

DINDONNIEPv.  f.  m.  Pàrre,  celi  i  qui  mène  paître 
les  dînions  &  les  dindes.  GaLiorum  Indcorum, 
Paflor.  Le  d/ndonnicr  ne  doit  point  lailîer  fortir 
fes  dindes  des  érables,  ou  du  poulaiilicrj  que  le 
foleil  n'ait  difhppé  la  rofce  &  les  brouill.irds.  Il 
ne  doit  point  abindonner  fon  troupeau  ,  tS<  il  doit  le 
conduire  tantôt  d'un  côré  ,  tantôt  de  l'autre  ,  ahn 
que  la  diverfité  des  pâturages  réveille  l'appétit  de 
ces  animaux  ,  &  les  falfe  croître  plutôt  Sur  les 
dix  heures  du  matin,  il  ramer  en  fon  troupeau 
fufqu'après  midi ,  qu'il  faudra  retouriV3r  au  pâtuiagj; 
&  le  foir  venu  ,  ce  Dindonnier  conduira  fes  dii.d.s 
devint  lui,  pour  les  mettre  dans  le  poulai'lier. 
CHO\fEL.  Le  Dindonnier  Qi  une  grande  gaule  poir 
conduire  f  s  dindes. 

DINOONNiÈRE.  f.  f.  M.  Ménage  s'eft  Grvi  de  ce 
terme  ,  pour  dire,  une  f.'mme  qui  élève  les  din- 
dons ,  qui  en  a  foin  ,  ou  qui  les  mène  pnître.  Ce 
terme  eft  en  ufage  ,  en  ce  fens ,  dans  les  Provinces ,  à 
la  campagne. 

DiNDOMNjiÈRE.  adj.  f.La  Z)/Wo;2mèrcgentjc'eft-à-dire, 
les  Dindons.  La  FoNrAiNE.  FalUs- 1.  6.f.  18. 

%fT  DiNDONNiÈRE  eft  uii  temie  de  mépris,  dont  on  fe 
fert  dans  le  difcours  pour  défigner  une  Demoilelle 
de  camnac^ne. 


au  coin  des  Empereiirs  Grecs ,   celle  d'argent  avoir  DINOY.ME.  f  f.  Femme  de  Mion  ,  Roi  de  Lydie,  fut 
fon  infctipcion  eu  caractères-Perfiens.  l     mère  de  Cibèle,  félon  Diodgre. 


i 


358  DIN 

DiNDYMÈNE.  f.  f.  Nom  ou  épithète  de  Cybèle  ,  la 
Mère  des  Dieux.  Dindymene  j  Diniymia.  Elle  fut 
ainfi  appelée  du  nom  de  fa  mère  ,  où  de  certaines 
montagnes  de  Phrygie  nommées  Dindymes ,  où  elle 
étoit  particulièrement  honorée.  Dans  Héfichius ,  on 
lit  AincSi/itjj,  mais  mal  ,  pout  àivSlf<.>iv>i ,  qui  fe  trouve 
dans  Strabon  ,  L.  X.  &  dans  Paufanias  dans  les 
Achaïques,  &  les  Béotiques.  Horace  ,  L.  I.  Od.  iC. 
dit  auffi  Dindymene.  Vollius ,  De  Idol.  L.  II.  c.  5  2. 
/'.  198. 

DINE.  Foye:{  Digïîe.  Ville. 

DINEE.  f.  f.  Qui  ne  fe  dit  que  dans  les  voyages,  du 
lieu  ou  l'on  va  dîner ,  &c  du  repas  qu'on  y  fait 
vers  le  milieu  du  jour.  Locus  pranforius.  Je  m'en 
vais  prendre  le  devant  j  &  je  vous  attendrai  à  la 
dînée.  Il  nous  en  a  tant  coûté  pour  la  dînée. 

DINER,  v.  n.  Prononcez  dîné.  Prendre  fon  repas  vers 
le  milieu  du  jour.  Prandeie.  Les  maçons  dînent ï  an. 
heures,  les  Moines  à  onze,  le  peuple  à  midi,  les 
gens  de  Pratique  à  deux  heures.  Le  Roi  des  T'ai  tares 
après  fon  dîner,  fait  publier  par  Îq^  Hérauts ,  qu'il 
permet  à  tous  les  autres  Rois  &:  Potentats  du  monde 
d'aller  dîner.  Alexandre  difoit  que  fon  Gouverneur 
Léonidas  lui  avoir  enfeigné ,  que  pour  dîner  a;;réa- 
blement ,  il  falloir  fe  lever  matin  «Se  fe  promener. 
DuRiER. 

Je  fors  de  che\  unjat ,  qui  pour  m  empolfonner  , 
Je  penfe^  exprès  che:^  lui  m'a  prié  de  dîner. 

BOILEAU. 

fCF  On  dit  prier  à  dîner  3  &  prier  de  dîner  ;  mais 
dans  une  fignincarion  un  peu  différente.  Prier  à  dî- 
ner ,  marque  un  delFein  prémédité  ,  une  invitation 
dans  les  formes,  &  en  cérémonie.  Prier  de  dîner  ^ 
marque  une  prière  fur  le  champ ,  &  lans  prépara- 
tion, ouquand  il  y  aplus  d'amitié  &  de  familiarité, 
que  de  cérémonie.  Voye\  Bouh.  &  Men. 

Ce  mot  ,  félon  Du  Cauge ,  vient  de  difnare  , 
lîiot  de  balle  latinité.  Henri  Eftienne  le  tait  venu 
du  Grec  hi-anit ,  Se  prétend  qu'il  faut  dire  dipncr. 
Ménage  tient  qu'il  vient  de  definare  ,  qu'on  a  dit 
pour  de/înere  ,  comme  dilent  encore  les  Italiens. 

On  dit  j  proverbialement ,  qu'un  homme  dînt 
bien  j  quand  il  mange  beaucoup.  On  dit  auflî ,  Qui 
dort  dîne  ;  pour  dire;  que  le  dormir  engrailfe  les 
gens.  On  dit  d'un  homme  qui  n'eft  pas  à  l'auberge 
à  l'heure  du  dfner  ,  que  Ion  alîiette  di/ie  pour  lui. 
Un  pauvre  dit  auilî  à  l'égard  d'un  riche ,  S'il  eft 
liche  ,  qu'il  di'ne  deux  fois.  On  dit  aulli  ,  Quand 
Alexandre  avondiné,  il  lailfoito'iVzfr  fes  gens  •,  pour 
dire,  qu'il  faut  donner  le  loifir  aux  valets  de  dîner 
à  leur  tour.  On  dit,  quand  on  voit  quelque  chofe 
qui  déplaît,  il  me  femble  que  j'ai  diné  ^  ou  bien 
j'ai  àemi-di'ne  ,  quand  je  vois  cela.  On  dit  encore  , 
Qui  s'attend  à  l'écuelle  d'autrui  ell  fouvent  mal 
dmé.  Tout  cela  eil  du  ftyle  populaire. 

On  dit  de  l'Ordre  de  Cîteaux  ,  qu'il  d'ne  bien , 
mais  qu'il  collationne  mal  5  pour  dire  ,  qu'il  a  beau- 
coup de  biens  pour  vivre  ,  &  qu'il  a  peu  de  Béné- 
nces  à  conférer. 
§3°  DINER  ,  ou  DINE.  f.  m.  Repas  qu'on  prend  vers 
le  milieu  du  jour.  Prandium,  Bon  dîner.  Grand  , 
magnifique  dùier.  Nous  nous  amufons  beaucoup 
durant  le  d-ner.  On  va  au  dîner  du  Roi.  Les  Ro- 
mainsnégligeoient  le  dîner,  8c  remettoient  la  bonne 
chère  au  foir ,  qui  eft  l'heure  de  la  retraite  &  du 
repas.  Da.c.  Aujourd'hui  dans  prefque  toute  l'Eu- 
rope, le  o'îWe^parte  pour  le  principal  repas;&,  fi  nous 
en  croyons  les  Médecins, il  eftpKir.faindefiire  legrand 
repas  fur  le  midi ,  que  le  foir.  Il  y  en  a  pourtant  quel- 
ques-uns  qui  fouriennent  le  contraire,  avec  Bernardi- 
nus  Paternus  ,  célèbre  Médecin  d'Italie  ,  qui  a  fait 
un  Traité  exprès  fur  cette  matière.  Mais  l'on  croit 
communémenrqu'iledplus  faliuaire  de  fouper  peu  j 
&  de  manger  davantage  à  dîner,  principalement 
pour  les  gens  d'une  fanté  foible  &  délicate.  C'ell: 
le  fentiment  de  l'Ecole  de  Saletne. 


DÎN 

E.v  magna  anâ  Jlomaeho  fie  maxima ptzna. 
l)t  Jîc  nocle  levis  ,  Jîc  tibi  cczna  brevis, 

Ergo  J  pour  éviter  les  maux 
Qui  de  mort  aiguifenr  la  faux  , 
Dînons  bien,  &  ne  foupons  gueres , 
Et  nous  vivrons  plus  que  nos  pères. 

§C?  Dîner  fignifie  auffi  les  viandes  ,  les  mets  qui 
compofent  ce  repas-  C'eft  dans  ce  fens ,  qu'on  die 
préparer  le  dîner ,  apporter ,  fervir  le  dîner.  Le  dîner 
eu.  fur  la  table. 

Un  dîner  réchauffé  ne  valut  jamais  rien.  Boil. 

$3-  DINETTE.  Diminutif  dont  s'eft  fervi  Chapelle, 
pour  lignifier  un  léger  repas  ,  un  petit  dîner.  Pran~ 
diculum  ,  prandiolum.  Il  elt  du  ftyle  badin. 

le  dîner ,  ou  plutôt  dînette  , 

Que  fans  déjeuner  on  attend  ^ 

N'efl  rien  qu'un  petit  plat ,  moins  grand 

Que  la  plus  petite  palette 

Djnt  on  ufe  à  tirer  du  fang. 


^CF  DINEUR,  f.  m.  Ce  mot  ne  fe  dit  point  pour 
figniher  précifémentcelui  qui  dîne,  Pranfor;  mais 
pour  exprimer  celui  dont  le  repas  princi'pal  eft  le 
dîner.  Quelquefois  auffi  il  eftfynonyme  à  mangeur, 
particulièrement  quand  il  eft  joint  au  mot  beau. 
C'eft  UH  beau  dîneur  ,    un  grand   mangeur. 

DING.  f.  m.  Les  Siamois  nomment  ainfi ,  en  général , 
tontes  fortes  de  poids. 

DIGELFIN  J,  en  Latin  Dingolvenga.  "Ville  d'Alle- 
magne ,  dans  la  balle- Bavière  ,  fous  le  département 
&  dans  le  diftriét  de  Landshur. 

DINGLE.  Dinglia  Ville  de  la  Momonie  ,  en  Irlande  ^ 
dans  uneprefqu'Ifle  du  Comté  deKerry  ,  fur  le  bord 
feptentrional  de  la  baie  de  Dingle ,  qui  eft  un  des 
plus  grands  &  des  plus  beaux  golfes  de  l'Irlande. 
Long.  7.  d.  3  ^.  lat.  51.  d.  6. 

DINKÈLSPIEHL..  Prononcez  DINKELSPIL.  Petite 
ville  d'Allemagne  dans  la  Suabe ,  fur  la  rivière  de 
Vernitz,  aux  confins  de  la  Franconie  ,  &  à  trois 
ou  quatre  lieues  au  nord  de  Norlingue.  Dinchef- 
piela  ,  Dinckefpiela  ,  Dunkefpula  ,  Dinchefpila  _, 
Dinhefpila,  Zeapolis.  C'eft  une  ville  Impériale  &: 
libre.  Le  Gouvernemenr  y  eft  mi-parti  entre  les  Ca- 
tholiques &  les  Proteftans. 

DINOCRATE,  ou  STÉNOCRATE.   f.  m.  Célèbre 
Architedte  Macédonien  ,  llorillbit  environ  trois  cens 
ans  avant  J.  C.  On  raconte  que  ,  voulant  fe  faire 
connoîtte  à  Alexandre  le  Grand  ,  &  étant  oblige 
de  fe  produire  lui-même  ,  il  fe  frotta  tout  le  corpe 
d'huile ,  fe  couronna  d'une  branche  de  peuplier  y 
& ,  couvrant  fon  épaule  gauche  d'une  peau  de  lion  , 
il  prit  une  maftue    dans  fa  main.  Il  parut  devant 
Alexandre,  &  lui  dit  qu'il  lui  apportoit  un  projet 
digne  de  fa  grandeur.  Il  lui  déclara  qu'il  lui  lail- 
leroit  le  Mont  Athos  en  forme  d'une  ft:atue  ,    te- 
nant  en  fa  main  gauche  une    grande  ville,  &  ea 
fa  droite  une  coupe  ,  qui  recevroit  les  eaux  de  tous 
les  fleuves  qui  découlent  de  cette  montagne ,  pour 
les  verfer  dans  la  mer.  Alexandre   n'approuva  pas 
ce  deftein  \  mais  il  retint  l'Auteur  auprès  de  lui  , 
&  le  mena  en  Egypte  ,    où  il    lui  commanda  de 
bâtir  la  ville  ,  qui    fut  nommée  Alexandrie.  Pline 
dit  que  Dinocrate  acheva  de  rebâtir  le  Temple  de 
Diane  à  Ephèfe  ,    &    qu'enfuite    Ptoiomée  PhiLi- 
delfihe  lui  ordonna  d'en   bâth"    un  en  la  mémoire 
de   fa   femme  Arlmoe.  L'architeéle  s'étoit  propofé 
de  mertre  à  la  voûte  du  Temple  une  groile  pierre 
d'aiman  ,  qui  auroit  fufpendu  en  l'air  la  ftatue  de 
cette  Princeife  ,    laquelle  auroit  été  toute  de  fer  : 
mais  la  mort  du  Roi  empêcha  l'exécution  de  ce 
delfein.  DOîl.  de  Peint.  &  d'Arch. 
DINTIERS.  f  m.  Nom  que  l'on  donne  aux  roijnons 
du  cerf.  Renés  csrvini. 


D   I   O 

D  I  O. 

DïO.  Anciennement  Dium.  Voyc\  STADIA. 

Dio.  f.  f.  Premier  nom  que  porta  Cerès  iorfqu'elle 

rcgnoit  en  Sicile. 
^3"  DIABOLUS.  Monnoie  Athénienne ,  fur  laquelle  on 
voyoit  d'un  côté  repréfenté  Jupiter  ,&  de  l'autre  un 
Hibou  ,  oifeau  confacré  à  Minerve  ,  la  protectrice 
des  Athéniens. 
§cr  DIOCESAIN ,  AINE.  f.  Qui  eft  du  Diocèfe.  Di<z- 
cefanus ,  qui  e/l  t  Dioccefi.   Un  particulier  dit ,  je 
fuis  Dlocéfain  d'un  tel   Evêque.  Un  Evêque  dit , 
un  tel  eft:  mon  Dlocéfain.  Fevret  ,  contre  i'ufage, 
a  dit  Diocéfane  au  féminin. 
^3"  Diocésain  ell  aulli  adjedif ,  &  l'on  dit  Evêque 
Dlocsfaln,  en  parlant  de  l'Evêque  du  Diocèfe  dont 
il  eft:  quelHon.  L'Evêque  jDioc:*;^^-!/?  préfidoit  à  cette 
cérémonie.  L'Evêque  £>/oce/ii«  précède  toujours  les 
autres  Evèques  dans  fon  Diocèfe. 

^fT  On  le  dit  quelquefois  des  chofes.  Statuts 
■  Diocefdlns ,  pour  dire  ,  les  Statuts  du  Diocèfe. 
DIOCÈSE,  f.  m.  Territoire,  où  s'étend  la  Jurifdidion 
fpiricuelle  d'un  Evêque  ou  d'un  Archevêque  j  & 
Province  d'un  Métropolitain.  Dlxcejïs.  Ces  deux 
fens  font  anciens.  Dans  le  premier  fens  ,  il  fe  trouve 
dans  Hincmar ,  Ep.  5.  ép.  au  Pape  Nicolas  ;  dans 
S.  Grégoire,  Liv.  VII.  Indid,  II.  ép.  17.  ôc  dans 
le  chap.  13S  du  XVI^  Concile  de  Tolède  j  dans  l'é- 
pître  Synodale  de  Raban  au  Roi  Louis  j  dans  la  vie 
de  Raban  par  Rudolphe.  Il  fe  trouve  au  fécond 
fens ,  c'eft-à  dire  ,  pour  un  Evêché  ,  dans  Sidonius 
ApoUinaris  ,  L.  Vil,  ép.  6.  L.  IX.  ép.  16.  &c.  dans 
Céfaire  ,  L.  I.  ch.  17.  dans  S.  Léon  ,  ép.  87.  dans 
le  Concile  de  Carthage  ,  tenu  l'an  404.  ch.  93.  dans 
un  autre  Concile  d'Ahique  j  ch.  9S.  &  117.  de 
l'édition  de  Juftel  ;  dans  la  Conférence  de  Carthage , 
ch.  65.  &  117.  Anaftafe  le  Bibliothécaire,  dans 
la  vie  de  S.  Denis  Pape ,  attribue  à  ce  Saint  Pape 
rinftitution  des  Dlocefes  Eccléfiaftiques  pris  en  ce 
fens ,  c'eft-à-dire,  des  Métropolitains.  Ce  Saint  gou- 
vernoit  l'Eglife  au  Ille  iiècle.  Le  Diocèfe  de  Rouen 
a  i40oParoi(res,  celui  de  Chartres,  1800.  Le  nom- 
bre de  ces  Paroilîes  eft  beaucoup  diminué  depuis 
le  nouvel  écablilTement  d'un  Evêché  à  Blois ,  qui 
a  été  compofé  d'un  démembrement  de  celui  de 
Chartres. 

Ce  mot  vient  de  ^toitoine ,  qui  fignifie  prcpre- 
ment  aiTilnlJiration  ,  gouvernement.  C'eft  ainfi  que 
Ijs  anciennes  Glofes  le  traduifent  ,  i^mKisa-ts ,  Mi- 
nlflerlum  ,  adminljlratlo  ,  moderaûo.  Il  vient  de 
i-ii>:-<.'ia  J  que  les  mêmes  Glofes  traduifent.  Aiml- 
nlfratlo  i  mlniflro  ,  moderor  ^  ordlno.  Ainlî  ^to\><-ii-is 
T«3iroA!«f  fignifie,  Vadinlnlflration  ^  le  gouvernement 
de  la  ville. 

Ce  mot  de  Diocèfe  eft  Grec  3  hoUvimi ,  &  fignifioit 
autrefois  un  gouvernement ,  ou  préfedure  compo- 
fée  de  plufieurs  Province. 

C'eft  Conftantin  qui  divifa  l'Empire  en  Dlocefes. 
Il  ne  le  partagea  qu'en  quatre  ,  qui  furent  le  Dio- 
cèfe è^\x.i!M.Q\  le  i^iocf/è  d'iUyrie  ,  celui  d'Orient, 
&  celui  d'Afrique.  Voilà  ce  qui  fe  dit  communé- 
ment. Cependant  ,  long-temps  avant  Conftantin  ^ 
Strabon  ,  qui  écrivoit  fous  Tibète  ,  dit  L.  XIII.  p. 
45 1.  que  les  Romains  avoient  divifé  l'Afie  en  D/'o- 
cèfes-.^  car  il  fe  plaint  de  la  confufion  que  cela 
mettoit  dans  la  Géographie ,  parce  qu'ils  ne  divi- 
foiont  point  i'Afie  par  peuples ,  mais  par  Dlocefes , 
dans  lefquels  il  y  avoir  un  Tribunal  j  où  l'on  rendoit 
1.1  juftice.  Conftantin  fut  donc  feulement  l'Inftitu- 
t;ur  de  ces  grands  Dlocefes  qui  comprenoient  plu- 
fieurs Métropoles  &c  plufieurs  Gouvernemens  ;  au 
lieu  que  les  D/Jc^yî:^  auparavant  ne  comprenoient 
qu'une  Jutifdiilion  ,  un  diftrid ,  le  pays  qui  ref- 
ioralfoi:  à  un  Juje ,  comme  il  paroît  par  cet  en- 
droit de  Strabon  même  ,  par  Cicéron,  L.  III.  Ep. 
ad  famll.  ep.  9.  &  L.  X///.  e;7.(Î7.Ainfi  d'abord  une 
Province  comprenoit  plufieurs  Dlocefes  ,  &  dans 
la  faite  ,  un  Diocèfe  comprit  plufieurs  Provinces.  Le 


DIO  559 

Préfet  du  Prétoirecommandoit  à  plufieurs  Dlocefes. 
L'Empire  Romain  étoit  divifé  en  XIII.  Dlocèj'es  , 
ou  Préfeûures.  Il  y  en  avoir  XIV ,  fi  Ton  compte 
le  Diocèfe  de  Rome ,  &  les  villes  fuburbicaires. 
Ces  XIV  Diocèjes  contenoient  120  Provinces.  Cha- 
que Province  avoit  un  Proconful  qui  demeuroit  dans 
la  Capitale  ou  Métropole  ;  &  chaque  Diocèfe  un 
Vicaire  de  l'empire  j  qui  réudoit  dans  la  principale 
ville  de  fon  diftrid.  L'Ordre  Eccléfiaftique  fut  réglé 
fur  le  gouvernement  civil.  Chaque  Diocèfe  avoir 
un  Vicaire  Eccléfiaftique  ou  Primat  ,  qui  jugeoit  en 
dernier  relîort  les  affaires  de  l'Eglife.  Aujourd'hui 
le  changemenr  du  gouvernement  temporel  de  cha- 
que Province  n'apporte  aucun  changement  pour  le 
Diocèfe.  FÉVRET.  Il  y  a  feulement  cette  différence  , 
c'eft  que  le  Diocèfe  ne  fignifie  plus  un  alTemblage 
de  plufieurs  Provinces  ;  mais,  dans  un  fens  plus  li- 
mité ,  une  feule  Province  fous  un  Métropolirain , 
ou  l'étendue  du  reflbrr ,  &  la  Jurifdidion  d'un 
Evêque ,  ou  plutôt  le  territoire  d'un  Evêque  ou 
Archevêque ,  confidéré  comme  Evêque  feulemenr. 
Le  Reftort  du  Métropolirain  s'appelle  Mérropole  , 
&  celui  du  Primat ,  Primatie.  Guillelmus  Brito , 
dit  que  le  Diocèfe  eft  proprement  le  territoire  & 
le  gouvernemenr  d'une  Eglife  baptifmale  ou  pa- 
roilîiale  :  d'où  vient  que  plufieurs  Auteurs  fe  font 
fervis  de  ce  nom  pour  fignifier  une  fimple  ParolJJe. 
Le  P.  Thomaftin  ,  dans  fon  livre  de  la  Dlfclpllne 
de  l'Eglife  ,  fait  le  mot  de  Diocèfe  féminin.  Ç'a- 
voit  été ,  dit-il ,  la  Coutume  de  Conftantin  ,  qui 
avoit  établi  ces  ^r^/2(/ej  Dlocefes  L\a.ï\s  les  Provinces 
de  l'Empire. 

L'Abbé  Fleury ,  dans  fon  Hljlolre  EccUfaJllque , 
fait  au(fi  ce  mot  mafculin  ,  félon  notre  ufage  ,  quand 
il  fe  dit  du  diftrid  &  de  la  Jurifdidion  d'un  feul 
Evêque  j  &  quand  il  fe  dit  d'une  Province  entière, 
de  tous  le  pays  qui  eft  fournis  à  un  MécropoUtain  , 
qui  a  fous  lui  plufieurs  Evèques  ^  il  le  fait  féminin  : 
cela  eft  contre  I'ufage  \  jamais  Diocèfe  n'eft  fémi- 
nin en  notre  langue.  Il  en  ufe  ainfi  pour  mettre 
de  la  difi^érence  en  ces  deux  chofes  ,  &c  n'être 
pas  obligé  d'ajouter  fi  fouvent  une  explication  ou 
unepériphrafe.Eft-ce  une  raifon  fuftifante  ?  Ufalloit 
fe  fervir  du  mot  de  Province  au  fécond  cas  ;  c'eft 
I'ufage  conftanr. 

Diocèfe  s'eft  pris  aufii  quelquefois  pour  Paroille  , 
comme  P.iroilTe  ,  ^«po^i'^,  s'eft  pris  pour  Diocèfe. 
Le  Canon  5^.  &  le  57.  de  l'Eglife  d  ATique,  Si- 
donius AppoU.  L.  IX.  ép.  16.  Grég.  de  Tours  L.  IV. 
C.  1 5.  r Auteur  de  la  vie  de  S.  Prix  ,  PrAjeclus ,  C.  i. 
dans  BoUand.  Acla  SS.  T.  I.  p.  634.  le  prennent 
en  ce  fens.  Foye^  les  Notes  de  Juftel  fur  ce  dernier 
Canon  ,  les  Notes  du  P.  Sirmcnd  fur  Sidonius 
ApoUinaris ,  Filefac  \  De  Paritclar.  orlg.  De  la  Cerda  , 
Adverf  Sacr.  C  XXVI.  11.  iz.  Bollandus  cité,  p. 
(Î54.  Mais  ce  fens  n'eft  point  du  tout  en  ufage  dans 
notre  langue. 

DIOCLÉES.  f  f.  pi.  Terme  de  Myrhologie.  Dloclela. 
Fêtes  établies  à  Mégarepar  Alcathoùs  ,  fils  de  Pélops, 
en  l'honneur  de  Diodes ,  Roi  de  Mégare ,  félon 
le  ScholiaftedePindare  ,  (  Olymp.  od.  i^.  fub.fin.) 
Il  en  eft  fait  mention  dans  Théocrite ,  (  Id\l.  1 1. 
V.  17.)  Ce  Poëte,  après  avoir  loué  les  Mégariens 
de  ce  qu'ils  ont  reçu  Diodes  avec  plus  d'honneur 
que  les  autres  étrangers ,  ajoute  qu'au  commence- 
ment du  Printemps ,  des  jeunes  garçons  fe  difpu- 
toient  la  vidloire  dans  le  combat  du  baifer  auprès 
de  fon  tombeau.  Un  ancien  Scholiarte  de  Théo- 
crite nous  apprend  l'origine  de  cet  ufage,  en  difant 
que  ce  Diodes,  qui  aimoit  beaucoup  les  jeunes 
garçons ,  s'étant  entui  d'Athèner  pour  fe  retirai:  à 
Mégare  j  fit  des  merveilles  dans  un  certain  combat, 
&  qu'en  couvrant  de  fon  bouclier  un  defes  favoris, 
il  lefauva,  en  perdant  lui  même  la  vie  ;  que  les 
Mégariens  lui  firent  des  funérailles  ,  l'honorèrent 
comme  un  héros  j  &:  inftituèrent  un  combat ,  où 
étoient  admis  lesplus  beaux  girçons  j  pour  difputer 
le  prix  du  baifer,  qui  confiftoit  en  une  couronnî 


5^0  D  I  O 

que  ion  clonnoir  à  celui  qui  fa  voit  donner  ds  meil- 
leure t;race  le  plus  doux  baifer. 

X)!OCL£TIEN.  1.  m.  Nom  propre  d'homme.  DiocU- 
tumus.  Autrefois  on  ccrivoit  Diodecian.  Dioclétkn 
croit  un  loldat  de  fortune  ,  brave  de  fa  perfonne  ; 
il  étoit  de  balfe  naillance  ,  né  en  Dalmatie  :  on 
croit  qu'il  avoir  été  Affranchi  du  Sénateur  Anulin. 
Il  s'avança  par  tous  les  degrés  de  la  milice  _,  &:  par- 
vint à  l'Empire  après  la  most  de  Numérien.  Il  régna 
leul  après  la  more  de  Carinus,  frère  de  Numérien  , 
arrivée  l'an  ^05.  Cette  même  année  ,  Oioclcùc:i 
envoya  Maximien  commander  dans  les  Gaules ,  & 
le  Ht  Céfar  :  l'année  fuivante  zS(î.  il  le  fit  Auguile  , 
«5c  ralfocia  à  l'Empire.  Diodétïen  ,  fatigué  des  foins 
de  l'Empire  ,  &c  chagrin  de  ne  pouvoir  abolir  le 
Chriftianifme  j  quoiqu'il  eût  cruellement  perfécuré 
les  Chrétiens ,  abdiqua  l'Empire  ,  &  fe  retira  à 
Salone  ,  où  il  mena  une  vie  privée.  Diodéticn  s'ap- 
pela d^lbord  Diodes  ,    &  enluite  Diodcûtn. 

DlOCLETlENNE.  adj.  f.  En  uftge  dans  la  Chrono- 
logie ,  où  l'on  appelle  l'époque  Diodénenne  ,  & 
l'Ere  Diodéiicnne ,  une  époque  &  une  Ere  qui  a 
commencé  fous  Dioclérien.  Epocha  Diodedana.  JEr\: 
Diodetiana  ,  ou  ySra  Manyrum.  L'Epoque  Diodc- 
tïcnnc  ell  le  zçe  d'Août  de  l'an  de  la  période  Ju- 
lienne 4997.  de  Jefus-Chrift  284.  L'Ere  Diodc- 
ticnne ,  que  l'on  appelle  aufiî  l'Ere  des  Martyrs , 
commence  à  cette  époque.  Les  Ethiopiens  fe  fervent 
de  cette  ère  ,  donr  ils  appellent  les  années  ,  années 
de  grâces  ;  mais  lis  n'en  comptent  pas  les  années 
tout  de  fuite  :  ils  accommodent  cette  ère  à  un  cycle 
de  554  ans  j  après  lefquels  ils  recommencent  à 
compter  années  lere,  année  ze  j  de  forte  que  la 
535e  année  fe  nomme  année  première  ,  &  de  même 
la  1069^,  &  ainfi  après  chaque  révolution  de  5^4 
ans.  Leurs  années  ne  font  donc  pas  les  années  de 
l'ère  ,  mais  les  années  du  cycle  ;  &:  pour  trouver  les 
années  de  l'ère ,,  il  faut  lavoir  quel  eft  le  cycle  •, 
fi  c'eft  le  premier ,  les  années  du  cycle  &  celles  de 
l'ère  font  les  mêmes  ;  11  c'ell  le  fécond  cycle  ,  pour 
avoir  l'année  de  l'ère^j  il  faut  ajouter  l'année  du 
cycle  à  554-  ainfila  50«  année  du  fécond  cycle  eft 
la  5  84e  de  l'ère  ;  li  cd\  le  111«  cycle  ,  il  faut  ajouter 
l'année  courante  du  cycle  à  io6<3  ;  ainfi,  la  20e  an- 
née du  fécond  cycle  eft  la  1080e  de  l'ère  ,  &  ainlî 
des  autres. 

DIODAN.  Foyey  DESANUS. 

-DIOGENE.  f  m.  Nom  d'homme.  Dlogenes.  Ce  nom 
a  été  fort  commun  parmi  les  Grecs.  Diogène  le 
Cynique  ,  ou  le  Philofophe  .,  étoit  fils  d'un  Ban- 
quier :  il  méprifi  les  richelfes  lorfqu'il  n'en  put 
avoir,  car  fon  père  avoir  fait  banqueroute:  quel- 
ques-uns difenr  que  ce  i\iz  Diogcne  lui-même.  Ainfi 
le  mépris  qu'il  eut  pour  les  richedes  eft  bien  fuf- 
peét  j  &  paroît  être  bien  moins  l'efter  de  fa  fagelfe 
&  de  fa  vertu ,  que  la  marque  de  fon  orgueil. 
Diogcne  étoit  de  Synope.  Z)<!0^t'/rt' -  Laerce  a  écrit 
la  vie  des  Philofophes  :  c'eft  un  excellent  ouvrage. 
Il  y  a  eu  cinq  Diogènes  célèbres  chez  les  Grecs  : 
le  premier  étoit  Phyficien  ^  le  fécond,  qui  étoit 
de  Sicyone  ,  a  écrit  fur  le  Peloponèfe';  le  troi- 
iième  ell:  Diogène  le  Cynique  ;  le  quatrième  étoit 
un  Philofophe  Stoïcien  ,  il  étoit  de  Séleucie  ;  le 
cinquième  ,  qui  étoit  de  Tarfe ,  a  écrit  fur  la  Poé- 
tique. Il  y  a  un  S.  Diogène  martyrifé  en  Macédoine  :. 
on  célèbre  fa  fête  le  (Se  d'Avril 

Le  nom  de  Diogcne  vient  du  Latin  Dlogenes  , 
formé  du  Grec  ;  AjayÉv^f. 

DIOGNÉTE.  f.  m.  Architefte  &  ingénieur,  étoir  de 
Rhodes.  Il  rendit  <le  grands  fervices  à  fa  patrie  , 
lorfque  Demetrius  Poliorcètes  afiiégea  la  ville  de 
Rhodes.  Epimaque  avoir  conftruit,  par  l'ordre  de 
ce  Prince ,  une  Hclépole  d'une  grandeur  prodi- 
gieufe  ,■  c'eft  à-dire  ,  une  tourroulanre  ,  pour  appro- 
cher des  murailles ,  6i  du  haut  de  cette  tour  com- 
battre les  affiégés  \  mais  Diognéte  trouva  moven 
d'inonder  promprement  le  terrein  par  où  l'Hélé- 
pole  devoir  paiïer  :  de  forte  que  Demetrius  fut 
©bligé  de  lever  le  lîcge  l'an  304.  avant  J,  C.  Les 


D  I  O 

Rhodiens  récompenfèrenr  Diognéte  leur  llbérâteat. 
Il  y  eut  auili  à  Rome  un  Peintre  nommé  Diognéte , 
de  qui  l'Empereur  Antonin  le  Philofophe  apprit  à 
peindre.  Dicci,  de  Peint  C  d' Arch. 

DlOiS  ,  OISE.  f.  m.  &  f.  Qui  el't  de  Die  en  Dauphiné  ; 
habitant  de  Die  ,  Dee/ijis  ,  Dienjis.  Pendant  les 
guerres  civiles  du  XVI  liècle  ,  les  Diois  fouftrirent 
beaucoup  des  Huguenots,  qui  ruinèrent  leur  Eglife 
cathédrale. 

DIOLS.  Contrée  de  Dauphiné,  en  Fr.ance.  Pagus^  oa 
ager  Dienjis.  Le  Diois  eft  entre  le  Valenrinois  j  les 
Baronies ,  le  Gapençois  &  le  Grélivaudan.  Le  Diois 
eft  fort  montagneux  :  il  y  a  pourtant  un  gtand 
nombre  de  bourgs  &  de  villages  j  dont  les  plus 
con!i  Jetables  font  Saillans  &Luc;  mais  poinr  d'autre 
ville  que  Die  ,  qui  en  eft  la  capitale,  &  qui  lui 
donne  fon  nom.  L'Evcque  de  Die  étoit  autrefois 
Seigneur  du  Diois  \  puis  les  Comtes  s'en  emparè- 
rent. En  iz'Jp.  Aimon  ,  Con:!ta  de  Touloufe  ,  donna 
ce  pays  à  Aimar  de  Poitiers ,  Comte  de  Valenti- 
nois ,  à  la  charge  de  foi  i>c  hommage.  En  1404. 
Louis  de  Poitiers  le  vendit  cent  mille  écus  à  Charles 
VI.  qui  le  réunit  ainli  à  la  Couronne. 
Ile  de  DIOMEDE   /"ovc^  TRÉMITI. 

DION.  f.  m.  Nom  du  mois  dans  lequel  l'Equinoxe 
d'Automne  arrive-  •û<".  Ce  mor  n'étoit  en  ufage 
que  chez  les  Macédoniens.  Gallien.  Corn.  in.  I. 
Hpid. 

DIONE.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  DéefTe  du  Pa- 
ganifme  ,  dont  Héfiode  parle  au  commencement 
de  fa  Théogonie,  v.  17.  ZPio/zc.  Il  la  nomme  parmi 
les  Nymphes  dans  le  même  Poëme  ,  v.  5  5  2.  &:  lui 
donne  les  épithètes  de  belle  &  d'aimable.  Elle 
étoit  fille  de  l'Océan  &  de  Thetis.  C'eft  encore 
Héiiode  qui  ledit,  v.  537.  &:  fuiv.  On  dit  qu'elle 
fut  mère  de  Vénus  ,  &  qu'elle  l'eut  de  Jupiter  ^ 
&  c'eft  pour  cela  q;ie  Vénus  eft  appelée  Dionée. 
Cependant  Homère  ,  dans  fon  Hymi^e  fur  Vénus , 
la  tait  fille  de  Saturne  &:  de  Rhéa  ;  &  Héfiode  , 
dans  ft  Théogonie,  v.  i  90  &  198.  la  lait  naître  de 
l'écume  de  la  mer. 

Volllus,  de  Idol.  L.II.  C.  zi.  p.  108.  croit  que 
Dione,  ou  Vénus,  ou  la  Lune  ^  eft  la  même  que 
la  Baaltis  ou  Beltis  des  Phéniciens.  Il  avoue  néan- 
moins que  Sanchoniaton  ,  cité  dans  le  premier  li- 
vre de  la  Préparation  Evangélique  d'Eufebe  , 
femble  les  diftinguer  5  car  il  y  dit  qu'Aftarte  Sc 
Baaltis  lontfœurs  ;  que  la  première  eft  \'énus,  l'autre 
Dione:  il  les  fait  l'une  &  l'autre  femmes  de  Sa- 
turne J,  qui  n'eut  de  Dione  que  des  filles  :  mais'les 
Grecs  ^c  les  Romains  font  Dione  mère  de  Vénus. 
Confulrez  VolIiùs  à  l'endroir  qu'on  vient  de  citer. 

DIONYSIA.  f.  f.  Efpècc  de  pierre  fort  dute  ,  qu'on 
met  au  rang  des  précieufes.  Elle  eft  noire  j  &c  mar- 
brée de  tâches  rougeâtres.  Pline  ,  qui  parle  de  certe 
pierre,  dit  que,  li,  après  avoir  été  bien  pulvérifée,  on 
en  met  tremper  dans  de  l'eau  ,  elle  lui  donnera  le 
goût  du  vin  ,  &  qu'elle  empêche  l'ivrelTe  du  vin 
véritable.  C'eft  fon  goût  de  vin  qui  lui  a  fait  donner 
le  nom  de  Dionyjia  ou  Dionyfias  ,  à  caufe  d'une 
des  Cyclades  nommée  Dionyfias  _,  parce  qu'elle  eft 
ferrile  en  vignes.  C'eft  le  Naxos  ou  le  Naxi  d'au- 
jourd'hui ,  où  l'on  facrifioit  à  Bacchus ,  &  où  fe  trou- 
voit,  dit-on  ,  une  fontaine  de  vin. 

DîONYSIA.  Voye-^  DONUSA. 

DIONYSIADES-  Dionyfmdes.  Les  DionyJJades  font 
troi-s  petites  Iles  ï.  l'Orient  de  celle  de  Candie^  en- 
trecellesde  Lovo  ,  de  Stampalia<Sv:  de  Scarpanto.  Les 
incurfions  des  Pirates  ont  fait  déferrer  ces  Iles ,  où 
il  n'y  a  prefque  perfonne. 

DIONYSIAQUE,  f.  f.  Dionyfiaca.  Sorre  de  danfe,  ap- 
pelée auîli  la  Pyrrhique  ;  par  laquelle  on  exprimoit 
les  belles  aètions  de  Bacchus  dans  les  Indes.  Elle 
fut  très-fatigante  dans  fon  inftirurion  ;  mais  on  la 
rendit  plus  douce  &  plus  légère,  en  fe  fervant  de 
Thyrfes ,  au  lieu  de  lances,  qui  croient  beaucoup 
plus  pefantes,  &  en  prenant  de  petires  baguettes, 
ou  des  flambeaux  à  la  place  de  javelots.  Cette  danfe 
étoiraccompagnée  de  Bûtes ,  &  du  Carmen  Onhifium, 


D  ï  O 

Û  propre  à  exciter   le  courage.    (  J.  C.  Scili^er  ,' 
Poecu:  /.  I.  c.    iS.) 

DIONYSIAQUES,  f.  £  pi.  Nom  de  Fêtes  des  Payens , 
qu'on  célébioic  à  l'honneur  de  Bacchiis  le  3e  jour 
de  l'iipzem'ûie.  JD^oiy/i'u ,  Dionyjiacu.ï.es  La.nns  a.p- 
peloieiK  cerre  fcce  du  nom  de  Libérales  :  on  l'ap- 
pelle aullî  la  fèce  des  vendanges ,  parce  que  Bac- 
cliusj  dans  le  fyl^cme  de  la  Eible  ,  cil  le  Dieu  du 
vin ,  le  Dieu  qui  préfide  aux  vendanges,  f^oye-^ 
Varron  1.  5. 

Ce  nom  de  Dionyjîiques  vient  de  Dionyfiaca  ^ 
mot  tormé  du  Grec  iJ^fo»^^* ,  qui  ell:  le  nom  de 
cette   fête  chez   les  Grecs.  M.    Blondel  écrir  Dio- 

.  nilij.aucs  fans  y:  mais  il  en  faut  un  ,  fi  l'on  luit 
letymoioj;ie. 

DION  ifSIhS  ,  ou  fêtes  Dionyfiennes.  Dionyjîj.  /'bye^ 
BACCHANALES.  Cell  la  même  chofe.  Bacchus 
s'appeloit  auîlî  Dionyfîus  _,  nom  dont  cette  fête  avou 
pris  celui  de  Dionvfies. 

DIONYSIOPOLI.  Ville  de  Bulgarie,  appelée  autre- 
ment Chaliacra  ,  en  Latin  Dionyfiopolis  ,  Crunoi. 
C'étoit  autrefois  une  ville  Epifcopale  .•  maintenant 
elle  e(l  peu  confidérale.  Elle  efl:  fur  la  petite  rivièr 
de  Tiza  ,  à  fept  lieues  de  Varne ,  que  quelques 
Géographes  prennent  pour  l'anncienne  Dionyjio 
polis^ 

Ce  nom  cft  compofé  de  Atminos^  Denys  ,  &  îioa/j-  j 

DIONYSIUS.  f.  m.  C'eftundes  noms  que  les  Anciens 
donnent  à  Bacehus.  Quelques-uns  tuent  ce  nom  d.- 
Al»;  ,  génitif  de  ZtU ,  Jupiter,  de  de  Nyfa  ,  ville 
d'Egypre  fur  les  frontières  de  l'Arabie  ,  où  les  An- 
ciens difoient  que  Bacchus  avoir  été  élevé  par  les 
Nymphes.  D'autres  prétendent  qu'il  vient  de  Du  , 
ou  i-Jy ,  qui  fîgmhe,  Seigneur  j  au  moins  AtZw ,  en 
Indien  ,  fi^nitioit  Seigneur  ,  comme  le  témoigne 
Jubi  ,  cité  par  1  étyinologille  ;  &  de  Nyfa  ,  mis  par 
métathèfe  ,  on  tranlpodtion  ,  pour  Sina.  De  lorte 
que,  félon  Tz.-rzès  ,  Anvinoç  n'ell  autre  chofe  que 
Aivta;  xai  «i/«|  Hucnriif ,  D'iouyjius ,  Seigucur  &c  Roi  de 
Nylfa. 
DioNv'sius.  Terme  d'Aftronomie.  C'eft  le  nom  que 
les  AiUonomes  ont  donné  à  la  tache  de  la  Lune  qui 
ell  la  18^  du  catalofjue  que  le  I'.  Riccioli  en  a  drelié. 
Ce  nom  lui  a  éié  donné  en  l'honneur  de  S.  Denis 
l'Aréopagite  ,  &  de  ce  qu'il  dir ,  en  voyant  l'obf- 
curciircment  du  foleil  qui  arriva  à  la  morr  du 
Sauveur. 
DioN\'-:>ius ,  efl:  aufli  le  nom  d'un  des  trois  Anaces, 

Hls  de  Jupiter. 
DIOPTRE.  f.  m.  Terme  d'Aftronomie.  Les  dioptrcs  j 
font  des  trous  percés  dans  les  pmnules  del'alhidade. 
Diopcrum  ,    diopiron. 

fi?  C'eft  aullî  le  nom  d'un  inftrument  de  Chi- 
rurgie qui  ferr  à  dilater  la  m.urice  ou  l'anus  j  afin 
d'examiner  les  maladies  de  ces  parties. 
?fT  On  l'appelle  aulli  dilatatoire. 
Ip-  DIOPTRîQUE.  f.  f.  Dans  le  fens  le  plus  général , 
eft  la  troidème  partie  de  l'Optique  ,  qui  confidère 
&c  explique  les  réfractions  que  foufFte  la  lumière  j 
Jorfqu'ellepiire  pardi tférens milieux  , comme  l'eau, 
l'air ,  le  verre  ,  &c.  Aulll  cette  fcience  traite-c-elle 
des  verres  plans ,  convexes  &  concaves. 

tfT  Dans  un  fens  moins  étendu  ,  c'eft  la  fcience 
de   la  vifion  qui  fe  fait  par  des  rayons  réfra6lés   ou 
rompus,   en  pail^int  d  un    milieu    dans  un   autre, 
c'eit  .\-dire,  qui   changent  de  direilion  dans  ce  paf 
fat»e  ,  &  ne  parcourenr  pas   la  même  ligne  droite 
Diopaicj..  Cette  fcience  n'a  été  cultivée  que  depuis 
l'invention  des  lunettes ,  qui  montrent  les  plus  mer 
veilleux  effits  de  la  réfraétion.  Defcarres   a  fait  un 
Traité    excellent    de    la    Dioptrique.    Foye^    Re- 

îRACriON. 

Dioptriiue  eft  originairement  un  morGrec,  qui 
vient  de  <?<«  ,  per  ,  &  'irli.ucci  ^  Jg  vois  •  d'où  ^l'Ai-m 
feroit ,  voir  à  travers  quelque  chofe. 
fçCT  Dioi>TRiQUE,  eft  aulli  adj.  &  fe  dit  de  tout  ce 
qui  a  rappL^rt  à  la  Dtoptrlque.TiiiicQçQ  dlop:rique. 
Diopiricus. 

Tome  III. 


D  ï  O  561 

UCr  Pour  fe  former  une  idée  nette  de  la  DiO:'- 
trique  ,  il  iaut  fe  rappeler  tout  ce  qu'on  a  di:  de  la 
Réfradtion  ,   5:  fuppoler  les  vérités  fuivanres  : 

le?  1°.  Tout  corps  foUde  ou  fluide  qui  donne 
pal! âge  à  la  lumière,  fe  nomme  milieu. 

IfT  z".  L'air  eft  un  milieu  moins  denfe  que  ie 
verre.  ^ 

Cf3°  3°.  La  lumière  fe  rcfrafie  en  paflant  d'un 
milieu  dans  un  autre  j  lorlque  dans  ct?  paifage  elle 
change  de  direétion  j  c'eft- à-dire ,  lorfqu'elle  ne 
parcourt  pas  la  même  ligne. 

HtT  4".  Un  rayon  de  lumière  qui  palîè  perpen- 
culairement  d'un  milieu  dans  un  autre  ,  ne  fouffre 
aucune  rctrattion. 

IfT  5°.  Uit  rayon  de  lumière  qui  pafte  oblique- 
ment d'un  milieu  moins  denfe,  dans  un  milieu  plus 
denfe;  par  exemple,  de  l'air  dans  le  verre,  fè 
réfraéle  en  s'approchant  de  la  perpendiculaire  , 
c'eft-à  dire  ,  qu'il  quitte  la  ligne  qu'il  décrivoit  , 
pour  en  décrire  une  moins  éloignée  de  la  perpen- 
diculaire. 

0C?  6°.  Un  rayon  de  lumière  qui  pafte  oblique- 
menr  d'un  miheu  plus  dénie  ,  dans  un  milieu  moins 
dénie;  par  exemple,  du  verre  dans  l'air,  fe  ré- 
fracte en  s'éloignant  de  la  perpendiculaire. 

tfT  C'eft  par  le  moyen  de  ces  principes  j  que  l'on 
peut  regarder    comme  inconteftables ,  &  donr  on 
fait  fouvent  ufage  dans  plulîeurs  arricles  de  ce  Dic- 
tionnaire _,    qu'on  explique    les    difFérens  phéno- 
mènes que  nous  préfencent  les  verres  convexes   Se 
concaves  donr  il  eft  queftion  dans  la  Dioptrique.  A 
l'égard  des  verres  plans,  la  réfraèlion  que  foulFre  le 
rayon  de  la  lumière  ,  en  palfanr  du  verre  dans  l'air , 
corrige  le  dérangemenr  occalionné  par  celle  que  ce 
"même  rayon  avoir  foufferteen  pallant  de  l'air  dans 
le  verre. 
DIORYX,ouDORYX.Dansl'EcclériaftiqueXXIV.i4. 
On  lit,  Lgojîcut Jùuvii  Dioryx   (&   dans  plulleuis 
exemplaires,  Doryx)   &  Jicut  aquitduclus  exivi  de 
Paradifù.  Quelques  Auteurs  ont  fait  un  nom  propre 
de  fleuve  de  ce  nom  Dioryx,  ou  Doryx  ;  &  rAut.;ur 
de   la  Glofe  ordinaire   prétend  que  c'eft  l'Araxe  , 
peut-être  parce  que  dans  l'Arménie  il  y  a  un  fleuve 
appelé  Dorinx.  C'eft  une  pure  méprife  j  Doryx  eft: 
une  faute  ,  il  faut  lire  Dioryx  \  ôc  Dioryx  eft  un 
mot  purement  Grec  ,  de<^'«  ,  &  i>>iy»u,«( ,  Jrango  ;  6c 
il  ne  lignifie  qu'im  folFé  ,  une  lofle,  une  ravine  où 
l'eau  coule. 
DIOSCORL  Diofcorus.  Perite  Ifle  de  la  mer  Ionienne  , 
fur  la  côte  de  la  Calabre  ultérieure  ,  piès  du  Cap 
délie  Colonne. 
DIOSCORIEN,ouDIOSCORIDIEN ,  ENNE.f.m.&;f. 
Nom  d'anciens  Hérétiques  qui  luivoient  les  lenti- 
niens  d'Eutychcs  ,  ou  plutôt  de   Diofcore  ,  Evêque 
d'Alexandrie,  fauteur  d'Eutyches  :  ce  Diofcore  fur 
condamné  avec  Eutyches  dans    le   Concile  général 
de  Chalcédoine  ,  &  enfuire  relégué  à  Gangres  dans 
la  Paphlagonie ,   où  il  mourut.  Mais  ,    pendant  fa 
vie  ,    &  même    après  fa  morr ,  il    eut    un  grand 
nombre    de   feélareurs  ,    &   principalemenr  dans 
Alexandrie,  auxquels  on  donna  le  nom  ds  Diof- 
corieus. 
DIOSCURES.  f.  m.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Nom 
que  l'on   donnoit    dans    l'Antiquité    à  Caftor  &   à 
Poliux.  Diofcuri.  Ce  nom  lignifie  enfans  de  Jupiter , 
de  ^' f,  &  xîp",  qui  fe  dit  dans  le  dialeéle  Ionien 
pour  "li'fa' ,    Enjans.   Cicéron  ,    au   5"^  L.   De  naturà. 
Deorum  j  dit  qu'il  y  avoir  trois  diftérens  Diofcurcs: 
les  premiers  étoient  fils  du  Roi  Jupiter ,  le  plus  an- 
cien des  Jupiter.  Us  fe   nommoient   Triropatrée  y 
Eubulée  &  Dionyfius.  Les  f.conds  Diofcur.s  étoienc 
filsdutroifième  Jupiter  &de  Léda;  c'étoient  Caftoc 
&  PoUux.  Les  rroifièmes,  félon  quelques-uns ,  font 
Aleon ,  Mclampus  &  Emolus  ,    fils  d'Arée ,   qui 
l'étoir  de  Pclopsi  A.  Pofthumius  Diélireur  l'an  de 
Rome  157.  bâtit  un  Temple  m\^  Dioj cures  ,  parce 
qu'on  crut  leur  être  redevable  d'une  vi'ftoire  que 
l'on  remporta  contre  les  Latins ,  &  d'en  avoir  porté 

Z  z 


3^1  DIO     DÏP 

la  nouvelle  à  Pv.ome.  Voyei  fur  ces  Dieux  ,  Voirius , 
De  îodûlol.  L.  1.   C.   13. 

DIOSCURIES.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Fctes  en 
l'honneur  de  Caftor  &  de  Pollux ,  célébrées  à  Cy- 
rène,  felonleSchohalle  de  Pindare,  &  fur-tout  à 
Lacédémone  ,  où  ces  deux  héros  avoienr  pris  naif- 
fance.  On  (aifoic  ce  jour-là  de  grandes  réjouillan- 
ces  ;  en  buvûic  à  tout^  outrance  ,  <Sc  l'on  donnoit 
des  jeux  ,  dont  l'exercice  de  la  lutte  faifoit  la  meil- 
leure partie.  Diofcuria. 

DIOSON.  Rivière  de  France.  Diofo.  Le  Diofon  a  fa 
fource  dans  le  pays  de  Brenne  :  il  vient  dune  fon- 
raine  de  même  nom  ,  un  peu  au-delfus  de  l'Abbaye 
de  Maubec  ,  &  fe  jette  dans  la  Claife  ,  un  peu  au- 
delFus  du  Bourg  de  Suberay.  Davity  ,  Corn. 

DIOSPOLIS.  C'ell:  le  nom  de  plufieurs  villes.  Diof- 
poiis.Thhhzs  ,  ville  d'Egypte  j  a  été  appelée  Diof- 
polis.  Laodicée  a  été  aulli  nommée  d'abord  Diof- 
poits,  parce  qu'Antiochus  ,  difoit-on  ,  la  bâtit  par 
ordre  de  Jupiter.  Lidda  ,  ou  Rama  ,  ville  Epicopale 
de  Paleftine ,  de  la  dépendance  du  Patriarche  de 
Jérufalem  ,  s'elt  aulli  appelée  Diofpolis  ;  &  c'eft 
celle  dont  nous  parlons  le  plus ,  à  caufe  du  Concile 
qui  y  fut  tenu  contre  Pelage  ;  &  que  nous  nom- 
mons le  Concile  de  Z)i£)//'o/M ,  ou  de  Paleftine  ,  où 
l'Héréfiarque  fut  fi  bien  fe  contrefaire ,  qu'il  per- 
fuada  aux  Pères  de  ce  Concile  qu'il  étoit  Catholique. 
Voyei  S.  Jérôme,  ép.  74.  S.  Auguftin  ,  L.  I.  contre 
Julien,  C.  5.  &  fuiv.  &  L.  II.  des  Rétradations  c. 
47.  Il  y  avoit  aulîi  une  ville  de  ce  nom  en  Ethiopie: 
on  yvoyoic  un  grand  temple  ,  où  les  Ethiopiens  al- 
loient  tous  les  ans,  en  certain  temps,  prendre  la 
ftatue  de  Jupiter  &  celle  des  autres  Dieux,  &  les 
portoient  en  procefiion  dans  les  campagnes  ,  autour 
des  villages  de  la  Lybie  ,  faifant  de  grands  feftins 
pendant  douze  jours. 

DIOSPOLITES.  C'eft  le  nom  que  l'on  donne  aux 
Rois  qui  ont  régné  à  Diofpolis  dans  la  balle  Egypte. 
Il  y  a  dix-huit  jJiofpotkcs  :  en  ce  fens ,  il  eft  fubf- 
tantif.  Oriis  eft  un  d-s  Rois  DiofpoUtes  :  pour  lors , 
il  eft  adjedif. 

Ces  noms  viennent  de  A/oV ,  Jupiter ,  &  ^Un^  ville  : 
DiofpuUs  ,  Ville  de  Jupiter. 

DIOSPIRE.  f.  f.  Diofpyros.  Plante  dont  parlent  Gèf- 
ner  ,  Ray  Se  Lémery  fous  ce  nom  ,  &c  plufieurs 
autres  Botaniftes  fous  d'autres  noms  ou  dénomina- 
tions. C'eft  un  bel  abriireau  qui  poulfe  de  L\  racine 
beaucoup  de  tiges  plus  hautes  qu'un  homme  ,  ra 
meufes  ,  couvertes  d'une  écorce  rougeâtre.  Ses 
feuilles  ont  la  figure  de  celles  du  Poirier,  de  gran- 
deurs dirtérentes  3  vertes  en  delfus ,  blanchâtres  & 
lanugineules  en  delFous ,  arrondies  à  leur  extrémité, 
crénelées  en  leurs  bords  ,  nerveufes.  Ses  fleurs  naif- 
fent  entre  les  feuilles  ,  plulieurs  jointes  enfemble  , 
compofces  chacune  de  cinq  feuilles  blanches ,  oblon- 
gues ,  prefque  fans  odeur.  Elles  font  fuivies  de  baies 
groftes  comme  celles  du  myrte  ,  violettes  ou  noi 
res,  crenfées  &  couronnées  de  cinq  découpures 
d'un  goût  doux  &  agréable  j  remplie  de  (emences 
noirâtres  comme  celles  des  poires.  Ce  fruit  eft  fto- 
machal  &  cordial.  Lémery. 
DIOU.  Foye^DIU. 

DIOXIE  f.  f.  C'eft  la  même  chofe  que  Diapence.  Kay. 
ce  mot. 

D  I  P. 

DIPHAT.  Voyei  RIPHAT. 

DIPHRYGES.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie.  Marc  de 
bronze.  Diphryges  ,  diphrix.  C'eft  comme  la  lie  &: 
la  cendre  du  cuivre  fondu  qui  fe  trouve  à  la  four- 
naife  j  lorfqu'il  eft  écoulé.  Diofcoride  en  diftingue 
de  trois  fortes  \  favoir ,  celui  qu'il  appelle  naturel , 
quoiqu'il  fe  falfe  d'un  limon  de  certaine  mine  fé- 
chée  au  foleil  ,  &  brCilée  à  feu  de  farinent  j  celui 
qui  eft  la  cralFe  du  cuivre  fondu  j  &  celui  qui  fe 
fait  de  la  marcaffite,  ou  pierre  pyrite  brûlée.  Le  di- 
phry^cs  eft  médiocremtMit  acre  ,  &  médiocrement 


D   I  P 

aftringent  :  il  eft  très-  bon  pour  les  ulcères  difficiles 
àcicatnfer. 

Ce  mot  vient  de  »'? ,  deux  fois ,  &  de  ipfî'yw» , 
rôtir. 
DIPHTHONGUE.f.  f.Terme  de  Grammaire.  Jonûion 
de  deux  voyelles  qui  fe  prononcent  eniemble  j  &  ne 
font  qu'une  fyllabe.  Diphchongus.  Selon  l'ctymo- 
logie  du  mot ,  les  diphthongucs  doivent  faire  en- 
tendre un  double  fon  compofé  de  deux  voyelles. 
Ainfi  CM  dans  le  mot  de  bonheur  n'eft  pas  une  diph- 
thonguc  ,  ni  ac  dans  Cam  ,  ni  ao  dans  Laon  ,Jaon  ; 
parce  cjue,  dans  bonheur,  on  ne  fait  entendre  ni  le  fou 
propre  de  l'c  ,  ni  le  fon  propre  de  l'a  ,  mais  un  fou 
îimple  j  tout  différent  de  celui  de  chacune  de  ces 
deux  voyelles  \  Se,  dans  Caen,  on  retranche  entiè- 
rement ïe  j  comme  on  retranche  ïo  dans  Laon  & 
jaon. 

Les  Latins  prononçoient  comme  nous  les  deux 
voyelles  dans  une  diphthongue  ,  avec  cette  excep- 
tion ,  que  l'oii  n'entendoit  pas  également  les  deux 
voyelles  \  l'une  étoit  plus  foible  que  l'autre  :  on  les 
divifoit  même  le  plus  délicatement  qu'il  étoit  pof- 
fible.  La  plupart  des  diphthongues  fe  font  perdues 
dans  la  prononciation  ordinaire  du  Latin.  Leur  a.  Se 
leur  œ  ne  fe  prononcent  plus  que  comme  un  e  : 
quelquefois  aulli  en  François  ,  deux  voyelles  ne  font 
qu'un  fon  fimple  :  \œ  fe  prononce  comme  Ve  : 
Jœur. 

On  peut  diftinguer  en  François  j  comme  dans  J 
plulieurs  auttes  langues,  des  dipthongues  par  rap-  J 
port  aux  yeux  3  Se  des  diphthongues  par  rapport  aux 
oreilles.  Une  diphthongue  par  rapport  aux  yeux  ,  eft 
formée  de  deux  voyelles  qui  fe  trouvent  dans  une 
même  fyllabe  ,  foit  que  ,  dans  la  prononciation , 
on  faffe  entendre  le  fon  particulier  de  chaque 
voyelle  ,  foit  que  le  fon  d'une  des  voyelles  fe  perde, 
foit  enfin  qu'on  faffe  entendre  un  fon  nouveau  , 
diftérent  du  fon  propre  dechacune  des  deux  voyelles  : 
dans  les  deux  dernières  occafions,  les  diphtho/igues 
ne  font  appelées  qu'improprement  diphthongues  y 
mais,  dans  la  première  occafîon  ,  elles  font  diphthon- 
gues propres  j  parce  qu'elles  font  diphthongues  par 
rapport  aux  yeux  Se  par  rapport  aux  oreilles  j  qui 
font  les  diphthongues  propres ,  font  formées  ou  de 
deux  voyelles  qui  font  dans  une  même  fyllabe ,  ou 
dont  on  entend  le  fon  particulier ,  ou  de  trois 
voyelles  d'une  même  fyllabe ,  lefquelles  ne  rendent 
que  deux  fons  dans  la  prononciation.  Dans  cette 
dernière  occafion ,  les  diphthongues  par  rapport 
aux  oreilles  ,  lont  triphthongues  par  rapport  aux 
yeux. 

Diphthongues  Françoifes  par  rapport  aux  yeux, 
£C  ,  Athiupis  ,  plante ,  £thites  ,  pierre  :  ai ,  aigle , 
faire  :  ao ,  Laon ,  Faon  ,  Saône  :  au ,  autour,  vautour  : 
ay  ,  ayde  ,  ayder. 

Ea ,  jugea  ,   mangea   :  eo  ,  mangeons  ,  jugeons. 

Ei ,  feindre  ,  peintre  ,  dejjein  :  eu  ,  bonheur  ,  heu- 
reux:  ey  ,  Leyde  ,   ville  de  Hollande. 

\q  ,  fier ,  lièvre:  io  ,  devions,  aurions  ,  chante- 
rions. 

Oe  ,  œfophage ,  csfype  :  oi  ,  croire  ,  boire  :  00  ne 
fe  trouve,  dans  notre  langue,  que  dans  les  noms 
propres  étrangers  que  nous  avons  confervés  tout 
entiers  j  fans  y  rien  changer  j  comme  Verboom. 
Ces  fortes  de  mots  font  pris  ,  pour  l'ordinaire ,  de  la 
langue  Flamande:  ces  deux  00  dans  notre  lanyue^ 
n^ont  d'autre  eftet  que  d'alonger  la  fyllabe  où  ils 
font  ;  ce  que  faifoient  autrefois  les  deux  aa  dans 
certains  mots  ,  dont  on  en  a  retranché  un  dans  la 
fuite  j  comme  aage  ,  aagé ,  aujourd'hui  j  âge  j  âgé: 
ou  ,   vous  j  vouloir  :  oy  oyfeau. 

Ua  ,  quand,  quatrain:  uCj  quel,  queftion:  ui, 
qui ,  quitter  j  puifque  ,  puijfance  :  110  ,  quolibet  j  quo- 
tidien :   uy  ,   aujourd'hui. 

Ya ,  Ydchoranda  ,  arbre.  Dans  la  plupart  des  mots 
où  l'on  mertoit  autrefois  un  y  ,  aujourd  hui  on 
met  un  /.  Remarquez  aulîi  que  j  dans  les  noms  pro- 
pres dérivés  du  Latin  &  du  Grecj  au  lieu  à'ae, 
on  met    aujourd'hui  un  é ,   Se  qu'on  écrit  Enee , 


D  IP 

Egypte,  Ethiopie,  8cc.  Se  non  pas  ^/!t-e ^  Ethio- 
pie ,  Egypte.  On  a  cependanc  confervc  l'a  dans 
quelques  mots  d'art  ou  de  quelque  fcience  parti- 
culière, comme  atites,  &c.  mais  ,  foit  qu'on  écrive 
ces  mots  avec  un  a,  ou  avec  une,  on  doit  favoir 
qu'ils  font  dérivés  des  mots  Grecs  qui  commenceni 
par  «'  ,  comme  A'»e<«y ,  Sec.  ou  des  mots  Latins  qui 
commencent  par  un  <c  ,  comme  le  même  nom  en 
Latin  Eneas  ,    &c. 

Les  diphthongues  par  rapport  aux  oreilles  font , 

Eau  ,  comme  perdreau  ,  faijandeau. 

La  ,  comme  dialogue  ,  diacre  ,  &c.  en  profe. 

le  ,  comme  fier ,  bien  ,   rien  ,    &c. 

leu ,  Dieu  ,  Dieux  ,  deux  ,  Ses. 

lo,jod,  leweHéhia^iqae  ,  devioris  j  aurions,  Sec. 

Oe  .  quelquefois  en  vers ,  poète ,  poëme. 

Oei ,  œil  j  œillet  j  œillade. 

Oi  ,  croire  j  devoir ,  oifeau. 

Oie  j  croient  ^  voient. 

Uei ,  accueil ,  orgueil, 

Ui ,  puifque ,  pu/ffance. 

Ya  ,  cette  diphthonguc  ne  fe  trouve  que  dans 
quelques  mots  étrangers  ,  comme  ^ achoranda  •  Se , 
comme  ces  mots  ne  lonc  pas  de  l'ulage  ordinaire  , 
peut-être  nos  Poètes,  s'ils  étoient  obligés  de  les  faire 
entrer  dans  les  vers  ,  feroicnt-ils  deux  fyljabes  des 
lettres  y  &c  a. 

Yeu  j    yeux. 

Toutes  les  diphthongues  que  nous  venons  de  rap- 
porter ,  ne  iont  pas  toujours  diphthongues  :  les  lettres 
qui  les  forment  le  léparent  quelquefois  en  diiié- 
rentes  fyllabes.  Il  y  a  des  mots  où  les  deux  ou  trois 
lettres  qui  forment  une  diphtnungue  en  profe , 
n'en  forment  pas  en  vers  :  alors  il  faut  appuyet 
fur  la  première  de  ces  lettres  en  iifant  des  versj 
&  couler  doucement  fur  toutes  les  voyelles  de  la 
diphthongue ,  en  Iifant  de  la  profe  ou  des  vers  ou 
ces  voyelles   font   une    dipthongue  \   par  exemple. 

Quand  les  ormes  fuiront  l'emùrajjementdu  lie-rre. 

Corneille. 

Le  ii-erre^  croit  au  foyer.  S.  Amant. 

Quelquefois  les  lettres  qui  forment  uns  diphthon- 
gue d3.ns  certains  mots,  n'en  forment  jamais  dans 
certains  autres  :  les  lettres  io  font  une  diphthongue 
dans  les  premières  perfonnes  de  plulieurs  temps  des 
verbes,  aurions,  devrions.  Sec.  les  mêmes  lettres 
dans  les  mots  féminins  terminés  en  ion  font  une 
diphthongue  en  profe  ,  &  n'en  font  pas  une  en  vers. 
En  voici  des  exemples. 

Nous  devions  fuir  l'amour  ,  &  c'eût  été  le  mieux. 

La    Fontaine. 

Nous  attendions  un  fort  plus  Weureux  que  le  nôtre. 

Racine. 

Non  je  ne  hais  rien  tant  que  les  contorfi-ons  , 
De  tous  ces  grands  faifeurs   de  pro:eftati-ons. 

Molière. 

On  appelle  ici  diphthongues  aux  yeux  ,  celles  que 
d'autres  Auteurs  appellent  diphthongue '^  imYXiopxts-^ 
Se  triphthongues  ,  celles  qui  ont  trois  lettres ,  quoi- 
que le  nom  de  diphthongue  ne  convienne  propre- 
iiîent  qu'où  l'on  entend  deux  fons  dans  une  même 
fyllabe  -,  &C  celui  de  triphthnngue  ,  où  l'on  entend 
trois  fons  dans   une  même  fyliabe. 

Lemotde</.7'/.'r/zo/7^ùevientdu  Latin  diphthongus  , 
formé  du  Grec  ^np^tytç ,  qui  fignifie  la  même  chofe. 
DIPHYE.  f  m.  Nom  dpnnc  à  Cécrops  :  qui  fi'^nifie  , 
compofé  de  deux  natures  ,  pour  faire  alliifîon  à  la 
fable  qui  le  faifoit  moitié  homme  &  moitié  ferpent. 
Ce  mot  vient  de  <^<f,  bis ,  &  ipu» ,  nafcor. 
DIPHYES,  ou  DIPHRIS.  1.  f.  Pierre  figurée  qui  repté- 


DÏP  365 

fente  les  deux  natures  du  mâle  ou  de  la  femelle  :  elle 
eft  noire  ou  blanche. 
§cr  DL^LETHRUM.  Méfure  des  Grecs,  double  du 

Plethrum.  Foye-^  ce  mot. 
DIPLOË.  (.  f.  Terme  d'Anatomie.  Subftance  fpon-r 
pieufe  &  mocUeufe  qui  fépare  les  deux  tables  du 
crâne^ ,  qui  eft  entre  elles  ,  Se  qui  avec  elles  forme 
le  crâne.  Diploa.  Barthol. 

La  fubftance  du  diploé  eft  une  fubftance  médul- 
laire ,  ou  fpon^ieufe  ,  qui  s'imbibe  aifément  de 
fang  ,  Se  qui  fe  trouve  partagée  en  une  infinité  de 
cellules  deditférente  grandeur  ,  qui  reçoivent  leurs 
arrérioles  du  cerveau  ,  &  qui  donnent  ilFue  à  des 
vènules  qui  vont  fe  rendie  dans  les  linus  de  la  dure- 
mère.  DioNis.  Le  diploë  eft  entre  les  deux  tables  du 
crâne.  Id. 
^  DIPLOMATIQUE,  f.  f.  Diplomatica.  Diplomatum 
cognofcendorum  ratio  _,  ars  ^fcientia  ^  methodus.  C'eft 
la  Icience  de  connoître  les  Diplômes  Se  les  fiècles 
où  ils  ont  été  faits  ,  Se  qui  indique  les  moyens  de 
les  difcerner  d'avec  ceux  qui  font,  ou  faux  ,  ou  fup- 
pofés.  Depuis  que  le  P.  Mabillon  a  fait  un  ouvrage 
fur  la  manière  de  connoîrre  les  Diplômes  j  les  Sa- 
vans  onr  appelé  cet  art  Diplomatique.  La  Diploma- 
tique du  "P.  Mabillon  eft  un  ouvrage  favant  :  le  P. 
Germon  l'a  attaqué  par  un  ouvrage  qui  a  eu  du 
fuccès. 

Diplomatique,  adj.  qui  concerne  les  Diplômes  , 
qui  appartient  ,  qui  a  rapport  aux  Diplômes.  Di- 
plomaticus.  Recueil  Diplomatique. 
fC?  DIPLÔME,  f.  m.  Diplama.  C'eft  la  même  chofe 
que  Churtre.  Les  Diplômes  font  des  privilèges,  ou 
des  aéfes  émanés  ,   ou  de  quelque  Souverain  ,  ou 
d'une  perfonne  d'un  grade  inférieur,  f^oye^  Char- 
tre.  Dans  quelques  Etats,  on  appelle  encore  Di- 
plômes les  Lettres-Patentes  ,  Se  ces  tertnespaioiffent 
fynonymes.  En  faifanc   venir  ce  mot  du  Grec  ,   il 
figniiie  la  copie  d'un   adle.   Le   P.  Mabillon  a  fait 
un  ouvrage  connu  de  tous  les  Savans  ,  pour  con- 
noître l'âge  des  DipUmes  j  pour  dlftinguer  les  vrais 
d'avec  les  faux  ,  &c.  Il  faut  que  les   règles  que  ce 
favant  Auteur  donne  ne  foient  pas  inconteftables  , 
Se  qu'elles  ne  paroiflent  pas  fùres  à  tout  le  monde, 
comme  elles  lui  ont  paru  j  car  elles  ont  été  atta- 
quées en  France  j  comme  on  vient  de  le  dire ,  &: 
en  Angleterre.  M.  Icquez  ne  les  reçoit  qu'avec  mo- 
dification ,  comme  on  peut  le  voir  dans  la  Préface 
de  fon  Archéologie  des  langues  Seprentrionales ,  où 
il  loue  l'Auteur  de  laDiplom.itique  ;   &  certaine- 
ment il  mérite  d'être  loué   pour  fa  profonde  érudi- 
tion ,  &pour  fa  grande  modeftie. 
DIPLOÉES.  f  f.  pi.  Fêtes  de  Jupiter ,  Protedeur  d'A- 
thènes :  de  Zecî  ^  <J"iof^  Jupiter ,  &  de'''»-'"? ,  ville.  Di- 
pcleia.  Elles  fe   célébroient    le  14e  jour  du  mois 
Scirrophorion.  Elles   portoient  au(î;  le  nom  de  Bou- 
phonies,  à  caufe  du  bœuf  qu'on  immoloit.  Paufa- 
nias ,   in  Attic. 
=yT  DIPSACÉES.  (Plantes.)  Dipj ace  a  planta.  Terme 
de  Botanique.  Ceft  une  famille  de  plantes  ,  établie 
par  Vaillanr,  qui  les  a  nommées  ainfi  de  dipfacus  , 
le  chardon  à-foulon. 
DIPSAS.  f.  m.  ou  DIPSADE.  f.  f.  Eft  une   efpèce  de 
vipère  qui  fe  trouve  dans  les  lieux  maritimes.  Le 
dipfjs  eft    marqueté  par  tout   le    corps  de   raches 
roulfes  &  noires  ^  &  a  la  tête  fort  pente.  Il  càufe  , 
par  fa   morfure  ,  une  tumeur  lâche  &  fiafque ,  Se 
engendre  une  altération  fi  grande ,  qu'il  n'eft  pas 
pollible  de  dcfaltérer  ceux   qui   en  fonr   monlus , 
quoiqu'ils  ne  rendent  point  o'^'au  ,  ni  par  la  bouche , 
ni  pir  Turine  ,  ni  par  les  fueurs.  Dipfas.  Quelques- 
uns  l'appellent cj;//?.'j  ou  caufon,  c'eft- à-dire,  ardent; 
d'autres,  prefler ,  anombates  Se  melanurus.  Brébeuf 
a  dit  dipfade ,  au  lieu  de  dipfis  ,  Se  l'a  fait  fémi- 
nin. Il  a  fuivi  l'analogie  ,    &  je  crois  qu'on    peut 
l'imiter. 
DIPTÈRE,  f  m.  Terme  d'Architc<5ture.  Les  Anciens 
appeloient  ainfi  les  Temples  qui  étoient  entourés 
de  deux  rangs  de  colonnes,    parce  que  ces  deux 

Z  z  ij 


D  1  P 

icings  faifoientdeax  portiques  quils'appeloiêiic  ailes.  J 


344 


Diftcrus. 


Ce  mot  efl  Grec  . 


fignifia  deux  fois  \  Se  sn-t-fiiv  | 


aia ,  aile.  Foycr^  VITRUVE, 
DÎPTIQUES.  L  m.  C'étou  le  regiftre  public  fur  lequel  'i 
s'inlcrivûientles  noinsdesConiuls,  6-:  ueslvlagilaacs| 
chez  les  Payens  ;  des  Evcques  &c  des  morts  chez  les 
Chrétiens.  Acla  j  acLorum  codex.  DipCjCd  ,  oruiii. 
L'Empereur  ordonna  que  le  nom  du  nouveau  Pa- 
triarche fût  mis  dans  les  iacrcs  D/pcyques.  Le  i\ 
DouciN.  Juftinien,  offenfé  que  le  Pape  Vigile  eîit 
reFufé  de  foufcrire  la  condamnation  des  trois  Cha- 
pitres ,  ordonna  que  ion  nom  fût  rayé  des  Dypdques. 
Du  Pin. 

H  y  avoir  des  diptyques  prophanes  dans  TEmpire 
Grec,  comme  il  y  avoir  des  diptyques  lacrés  dans 
l'Eglife  Grecque.  Les  diptyques  prophanes  étoient 
la  matricule  ,  ou  le  regiltre  où  croient  les  noms  des 
îvla'^hlrats.  triptyques ,  en  ce  lens  j  ed  un  terme  de 
la  Chancellerie  de  l'Empire  Grec. 

Diptyques  facrés ,  terme  de  Lithurgie.  Ce  mot 
ed:  pluriel ,  parce  que  les  diptyques  croient  un  dou- 
ble catalogue  ^  dans  J'un^  on  ccri voit  les  noms  des 
vivans  •,  &  ,  dans  l'autre  ,  les  noms  des  morts  qu'on 
devoir  récirer  durant  le  facrihce.  Nous  avons  dans 
le  Canon  de  la  Meffe  ,  dans  le  rit  Latin  ,  quelque 
chofe  de  fcmblable  aux  diptyques  facrés  des  Grecs  ; 
carj  dans  le  Canon  ,  on  pue  une  fois  pour  les  vivans , 
^  une  fois  pour  les  morts;  on  invoque  plutieuis 
Saints  en  deux  diftérens  temps  ;  on  ptie  pour  le 
Pape  j  pour  l'Evêque  du  lieu  ,  en  France,  pour  le 
Roi. 

Gentien  Hervet  explique  le  mot  diptyque  j  «^«wI^a;" 
par  celui  de   corporaux  ,  Meurlius  ,    par  celui  de 
livres   -.cdéjiafiiqueS  ^  libclios  t.cdcjiaJtLCOS  :  m  l'un 
ni  l'autre  de  ces  deux   Aureurs  ,  qui  étoient  d'ail- 
leurs très  habiles  &;  très- verfés  dans  la  connoillance 
des  antiquités  Grecques  .,  n'a  donné  le  vrai  fens  de 
ce  mot.  Les  diptyques    n'étoient  ni  des  corporaux  , 
ni  des  livres  Ecclcfiattiques  ;    mais  deux  tables  ou 
tablettes  femblables  ,  pour  la  figure ,   aux  deux  ta- 
bles de  la  loi  qu'on  donne  à  Moife:  fur  une  de  ces! 
deux  tables  on  écrivoit  le  nom  des  vivans  ;  &  furj 
l'aurre,  le  nom  des  morts  pour  qui  l'on  prioit  :  c'étoitj 
le  Diacre  qui  lifoic  ces  noms  durant  le  faint  facri-j 
fi-ce.  On  appeloit  autrefois  le  temps  des  i//V'f>Y/««  j| 
le  temps  ou  on  lifoit  les  diptyques  autant  Is  uicrifice.! 
Diptycorum  cempus.  On  écrivoit  dans  les  facrés  dip-  \ 
tyques  les  noms  des  Evêques  qui  avoient  bien  gou-| 
verné  leur  rroupeau  ,  &  on  ne  les  en  ôtoit  jamais  ,; 
à  moins  qu'ils  ne  fulfent  convaincus  d'être  tom'bés; 
dans  rhéréùe,  ou  dans  quelque  crime.  On  marquoit' 
de  plus  ik-i.\\%\^%  diptyques  facrés  les  noms  de  ceux, 
qui  avoient   fait  quelque  bien  aux    Egliles ,    foit: 
cju'ils  fulFent  vivans  ,  ou  qu'ils  fujTent  morts  \  on  j 
fiifoit  mention  d'eux   dans  la  célébration  de  la  li-  i 
turgie.  Le  P.  Rofweyd  dit  que  l'on  ne  mettoir  guère  ' 
dans  les  aftes  diptyques  d'autres  noms  que  ceux  des 
Evêques  &  des  Patriarches  ;  &  il  doute  fi  les  facrés 
delta  ,  dont  parle  le  faux  faint  Denis ,    Ecdef.  Hic- 
rarch.  C.  II.  lie  dans  lefquels  on  mettoit  les  noms 
des  nouveaux  baptifés  &  de  leurs  parrains  &  mar- 
raines J  étoient  la  même  chofe  que  les  diptyques. 
Il  convient  cependant  après  j  qu'on  y  inféroit  aulil 
les  noms  des  Empereurs  &  des  autres  grands  hom- 
mes   diilingués  par  leur  foi  &  leurs   mérites,  ou 
leurs  bienfaits.  Meurfius,dans  fon  Glojfariutn  Gtaco- 
barbarum  ,  a  cru  que  le  nom  de  diptyques  venoit 
de  ce  qu'il  y  avoir  deux  livres,  dans  l'un  defquels 
on  écrivoit  les  vivans ,  &;  dans  l'autre  les  morts.  Il 
le  trompe.  Ce   n'en  étoit   qu'un  ,  dans  lequel  les 
vivans  étoient  marqués  d'un  côré  ,  &  de  l'aurre  les 
morts  ;&,  fi  l'on  écrivoit  les  vivans  dans  un  livre, 
&  les  morts  dans  l'autre  j  l'un  &  l'autre  en  parti- 
rulier  s'appeloit  (///'(y-^'^e ,  &  non  pas  rous  les  deux 
enfemble  ,  comme  l'a  remarqué  Rofweyd  ;    &  l'on  j 
ne  voit  pas  pourquoi ,  après  les  favantes  remarques  I 
de  ce  Père,    BoUandus ,  dans  la  vie  de  S.  Atticus  j 
P.  C.  Ad.  Sana.  Jan.  T.  />.  578.  &  fuiv.  fuit  eu- i 


DIP 

core  l'opinion  de  Meurfius.  Il  femble  qu'il  ne  coi'i- 
nojt  pas  ce  qu^avoit  Lait  Rofweyd  fur  les  diptyques. 
Auicus,  luccclleur  d'Aiiacuis  dans  le  liège  de  Conf- 
tantinopie  J  ^  qui  j  tout  Saint  qu'il  étoit ,  avoir  été 
fo:t  contraire  à  S.Jean  Chiyfoitôme,  ne  voulut  pas 
le  mettre  d'abord  dans  les  lacrés  dipt^  qucs  après  fa 
mort;  mais  enfin  il  le  fit  j  &  les  Evcques  d'Egypte  , 
de  l'Orient ,  du  Bofphore  &  de  Thrace  ,  lui  tendi- 
rent leur  communion,  f"  oye^  fur  ce  difiérend  ,  Bol- 
landus  dans  la  vie  de  S.  Atticus,  Acla  Sahclor.Ja/i. 
T.  I.p.  477,  &J^ii'.  §.  V.  VI.  &  VIL 

Cafaubon  ,  dans  fes  Obfervations  fur  Athénée  , 
L.  VI.  Ch.  14.  croit  que  les  Chrétiens  avoient  pris 
la  coutume  d'écrire  ces  noms  dans  un  Livre  ,  &  de 
les  réciter  à  la  Melle  ,  cjuils  l'avoient  prife,  dis- je, 
des  Payens ,  qui  faifoient  mettre  dans  les  vers  des 
Saliens ,  les  perfonnes  à  qui  ils  vouloient  faire  hon- 
neur d'une  manière  fingulière  ;  comme  on  le  ht  i  -. 
Germamcus  îk  à  Verus  fils  deMarc-Aurcle  :  &  long- 
temps avant,  pendant  les  temps  de  la  République, 
à  Mamurius  Veruuus  &  à  Lucia  Volumnia  :  ainfi  que 
le  rapportent  Tacite  Liv.  IL  Spartien  dans  Marc- 
Aurele  ,  Varron  ,  Ovide  ,  Pompeius  Feftus  ,  Plutat- 
que.  Sic.  Roiweyd  n'approuve  point  cette  idée  de 
Calaubon.  Le  prétendu  S.  Denis ,  Auteur  ancien , 
dit  le  contraire ,  &  prétend  que  l'étabiUrtment  de 
cet  ufage  eft  fondé  lur  lEcriture  1.  Jim.  II.  19. 
Pf.CXr.  15.  Rofweyd  ajoute  Lcd.  Xi. IV.  i.  &c 
croir  que  ce  font  ces  endroits  que  l'ancienne  Eglife 
a  eus  en  vue ,  plutôt  que  les  vers  Saliens. 

Les  diptyques  prophanes  s'envoyoient  fouvent  en 
prtient,  îk  on  les  donnoit  même  aux  Princes  ;•& 
alors  on  les  taifoit  dorer,  comme  il  paroît  par  Sy'm- 
maque ,  L.  II.  ép.  81.  Le  plus  ordinairement  ceux 
dont  on  faifoit  préfent  étoient  d'ivoire.  La  loi  1.  ds 
expenf.  Ludor.  C.  Theod.  défend  à  tous  les  Magif- 
trats  qui  font  au  -  deifous  des  Confuls,  de  donner 
des  diptyques  d  ivoire  dans  les  cérémonies  publi- 
ques. Le  P.  Roiweyd  Jéfuite ,  avoue  qu'il  ne  \t)it 
point  d'où  venoit  î'ufage  de  donner  des  diptyques 
en  préîenc.  Lud.  Carrion  ,  L.  II.  Emendat.  C.  (j. 
croit  qu'il  vient  de  ce  qu'on  faifoit  préfent  de  ces 
lortes  de  tablettes ,  a  ceux  qui  avoient  ete  nommes 
Q)ucfl:eurs  ,  parce  qu'elles  dévoient  leur  être  d'ufage. 
11  ftmble  que  les  diptyques  étoient  d'abord  des  ta- 
blettes dont  le  lervoient  les  Amans.  Papias  les  défi- 
nit TabelU  in  quibus  amores  fcnhebantur.  Voyez  en- 
core Juvénal ,  Sat.  IX.  57.  &  le  GlolFaiie  de  Cam- 
bron  cité  par  Rofweyd.  Carrion  croir  que  les  dipty- 
ques étoient  toujours  d'ivoire.  Le  P.  Rofweyd  s'inf- 
crit  en  taux  contre  ce  fentiment,  &  montre  par 
deux  endroits  d'Ovide,  qu'ils  étoient  quelquefois 
de  bois.  Cet  Auteur  dit  qu'il  a  vu  un  diptyque  facré 
d'ivoire  dans  l'Eglife  de  St.  Lambert  de  Liège.  Il 
croit  que  c'étoient  des  diptyques  confulaires ,  dont 
l'on  a  fait  des  diptyques  faoes.  Il  y  en  a  de  fembla- 
bles à  S.  Etienne ,  Cathédrale  de  Bourges. 

Jean-Baptille  Cardonna  ,  Evêque  de  Tortofe,  a 
fait  un  petit  Traité  fur  les  diptyques  ,  à  la  prière 
du  Cardinal  Gabr.  Paleoio.  Il  fut  imprimé  à  Tar- 
ragone  en  1 587.  Durand  en  parle  ,  De  Kitib.hcdef. 
C.  4;.  &  Angélus  Rocca  fur  le  Sacramentaire  de 
Saint  Grégoire.  Koye\  auffi  le  P.  Rofv/eyd  ,  qui  a 
fait  une  favante  Dillertation  fur  cela  dans  fon  Ono- 
mafticon  ,  au  mot  Diptychum  ;  le  Card.  Bona , 
Renan  Liturg.  L.  II.  C.  1 1.  M.  Baluze  fur  les  Ca- 
pitulaires  ,  p.  1 119.  &  du  Cange  dans  fon  Glodaire. 
Bollandus  ,  Acla  Sancl.  Jan.  T.  I.  p.  473.  &  fuiv. 
Fabro.  Glolf.  fur  Cedrenus.  On  a  dit  quelquefois 
Diptagus. 

Le  mot  de  diptyques  a  beaucoup  d'autres  figni- 
fications  :  mais,  comme  elles  n'ont  point  paffé  dans 
notre  langue,  nous  renvoyons  au  P.  Rofweyd  &C  à 
M.  du  Cange. 

Diptyques  vient  de  «îfîtrru;^»»  ^  &  SmT<Jx«:  Il  vient 
dcJ^itsTTt/l,  nom  mafculin  dérivé  de  nrUn-a  je  plie.  De 
fon  futur  3rr.;|a  ,  fe  fait  srrul ,  un  pli,  &  avec^'f, 
deux  fois  ,  <J^(3-Tu| ,  au  génitif ,  ^'^'"wsj  d'où  fe  fait 
le  nominatif  neutre  ^raru;^«,  diptyque  ,  c'eft-à-dire  , 


D  I  P     D  î  R 

une  chofe  quife  plie  en  deux.  Ceci  eft  pris  de  i'Ety- 
mologifte  Grec.  Ainfi  diptyque  croir  un  livre  plié 
en  deux  feuillets.  Il  y  en  avoir  de  plié  en  trois ,  en 
quatre  &  en  cinq.  On  leur  donnait  ce  nom,  lelon 
que  je  le  conjeéluce  ,  à  la  difîérence  des  livres  qui 
fe  rouloient ,  &c  qui  s'appeloient  Kolumtna.  Le  faux 
Denis  Aréopagite  ,  les  .ippelle  «?«<  -aruy^cif^  mais  les 
Evêques  d'Egypte  ^  dans  leur  lettre  à  Anatolius  1\C. 
contre  Timothée  intrus  dans  la  Chaire  d'Alexan- 
drie, laquelle  fe  trouve  dans  la  III.  P.  du  Concile 
de  Clialcedoine  j  le  VI=  Concile  Ad.  XIII.  Théo- 
doret,  Hill.  Eccl.  L.  V.  C.  55.  La  Liturgie  de  S. 
Jean  Chryioltônie  ,  tS:  plulieurs  autres  Grecs  iSi  La- 
tins cités  par  Rolweyd ,  les  nomment  diptyques. 
DIPYRENON.  f.  m.  C  eft  une  fonde  qui  a  deux  bou- 
tons à  ion  extrémité.  Galien  &  CœliusAurelianus  en 
font  mention;  cclui-ci  Morb.  acut.  L.  III.  cap.  3. 
^izrtif^tt» ,  de  ^i^ ,  double  ,  &  de  mfr.i  ^  proprement  une 
baie ,  ou  une  amande  ,  ou  l'extrémité  d'une  fonde 
qui  rellemble  a  une  baie. 

D  I  R. 

DIRCEE.  f.  f-  Femme  de  Lycus ,  Roi  de  Thèbes  ,  qui 
fut  attachée  i  la  queue  d'un  taureau  indompté ,  & 
pcrit  ainii  milérabiement. 

DiaCriAU.  yoje:i  ÛIRSCHOW. 

■DIRE.  V.  a.  Je  dis  y  tu  dis  3  U  dit  ;  Nous  difons  ^  vous 
dites  y  ils  difent\  Je  difois  ,]'ai  dit ,  je  dis  ^  /e  dirai. 
Qiie  je  dij'e.  Je  dirais.  Que  je  dijje.  Dis,  dites.  Di- 
fant.  Faire  connoître  ,  exprimer  la  penfée  aux  autres 
par  le  moyen  de  la  parole.  Dicere  ,  loqui.  Un  ha- 
bile homme  ne  .2/'r  pas  tout  ce  qu'il  penfe.  On  n'a 
plus  rien  à  dirt  à  une  temme  ,  dès  qu'il  ell  permis 
ai  lui  dire  tout.  ViLL.  Ileft  bon  de  dire  peu  ,  &  de 
lailfer  beaucoup  penler.  Ch.  de  Mer.  Il  y  a  des 
gens  qui  ne  dijèntçxzi^MS  rien  j  pour  trop  penfer 
à  ce  qu'ils  veulent  dire.  Bouh.  Il  a  t/zr  de  vous  tous 
les  biens  du  monde  j  il  en  a  dit^iis  que  pendre.  Je  1 
vous  le  dis  une  foi^  pour  touces.  j 

Il  faut  toujours  écrire  je  d.s  au  préfent  de  l'Indi-  ; 
catif ,  &  non  pas  je  dy.  CoaN.  Et  à  l'Impératif  <ii,  t 
■oa  dis ,  quand  il  e(t  luivi  du  relatif  e«  ,  dis-en  ce' 
que  tu  voudras.  Vaug   Corn.  j 

Il  m'a  dit  d'aller  elt  une  conftruction  vicieufe.  ' 
Il  faut  «/ire  ,  il  m'a  £/ir^«fy'a//a^'e.  Je  crois  pourtant  I 
que  ,    dans    la   converfation    on  peut   ufer  de  ce  i 
Gafconifme.  Mille  gens  parlent  de  la  forte  dans  le 
difcours  familier  qui  abrège  tour.  Bouh.  On  peur 
même  alfurer  que ,  dspuis  que  le  P.  Bouhours  ecri- 
voit  ceci ,    ce  Gafconihne  s'eft  il  fort  accrédité  , 
qu'aujourd'hui  il  eft  plus  en  ufageque  l'autre  conf- 
truclion.  Ceux  qui  écrivent  bien  ,   font  perfuadés 
que  ,  quoi  qu'on  die  ,  n'eft  bon  qu'en  vers  ,   &  qu'il 
faut  écrire  en  profe  ,  quoi  qu'on  dije.  Cork.' Il  ïauc 
même  toujours  en  profe  écrire  &  prononcer  diJe  , 
&    jamais  die  ,   ni  avec  quoique  ,  ni   dans  aucune 
autre  phrafe  ;   quoique  M.  de  Meziriac  j  qui  étoit 
de  l'Académie  Françoife  ,  ait  dit  dans  fo!i  dilcours 
fur  la  traduction.  Encore  que  le  texte  Grec  die-. 
clairem.-nt  que  Numa  ,  &zc.  Tout  le  monde  par-| 
loit  alors  ainfi  ;  mais  cela  ne  fe  diroit  point  aujour-' 
d'hui.  Mais  en  vers,  die  fe  fouilriroit  encore.  C'eft 
toujours  une  licence  qu'on  ne  le  permet  que  pour 
la  rime. 

Colas  eft  mort  de  maladie , 

Tu  veux  que  j'en  pleure  le  fort. 

Que  Diable  veux- eu  que  je  die  ? 

Colas  vivoit  j  Colas  eft  mort.  GomAaud. 

ffl?  Dire  ,  fignifie  quelquefois  réciter  :  dire  fes  priè- 
res, fon  chapelet ,  fa  leçon  ,  fon  bréviaire.  On  dif 
en  converfation  ,  à  la  fin  d'un  difcours ,  j'ai  dit,  dixi. 
En  poëfie  J  à  la  fin  du  dilcours  d'un  perfonnage  j 
on  met,  il  dit.,  pour  dire,  il  parle  ainfi^  après 
avoir  ainfi  parlé-. 

Ip"  Dire  la  M^-'iTe,  la  célébrer. 

'iÇJ'  En  pocfie  ,  dire   eil  fynonyme  de  cîianter  , 


D  1  R  5éj 

raconter.  Dicere  ^  cancre.  Je  dirai  les  exploits ,  &c. 

It?  Dire  des  douceurs  à  une  fenmie  ,  lui  parler  d  une 
manière  flattcuie ,  la  louer  fur  Ion  mente ,  fur  fa 
beauté.  Ces  agiémens.  Bui/idiri ,  palpari  Mulieri, 

On  fe  ferr  abfolument  de  cette  pinafe,  Cii  dit, 
pour  expliquer  i  ufage  ordinaire  des  mots  de  la 
Langue.  Viatur,  ujurpatur.  Ainli  le  Diélionnaire 
ell  tout  plein  de  ces  mots  j  On  du.  Ce  même  te-  me 
fert  aulli  à  expliquer  un  bruit  commun  &  incertain. 
lertur  ,  dicitur.  Un  dit  qu  un  tel  a  tait  banqueroute. 
M.  'Vaugelas  croit  que  ce  mot  eft  un  abré^'é  de 
l'homme  dit.  Foye^  On.  Les  citations  le  font  louvent 
ainli,  L'Orateur  Romain  t/^r,   l'Lipagnol  du,  &c. 

|C?  Dire  fe  dit,  figuiément,  du  geltc  ^  des  legaids  , 
des  aélions  ,  &:c.  Expliquer  j  faire  connostre  fes 
fentimens  par  fes  gelles ,  par  fes  regards ,  &c.  Mes 
foins  &  mes  regards  vous  dijei.t  depuis  long  temps 
que  je  vous  aime.  'Voit.  Sa  conft.mce  ,  fon  tîouble  , 
fon  filence  ,  tout  dit  qu'il  eft:  coupable. 

Mes  yeux  &  mes  foupirs  vous  Vont  dit  mille  fois. 
Et  pour  mieux  m' expliquer  f  emploie  ici  ma  voix* 

Molière, 

Tous  deux  hrùloient  fans  ofer  fe  le  dire. 
Ou  s'ils  fe  le  difoientj  ce  n  étoit  que  des  yeux\ 

La  Font. 

Mes  yeux  &  mes  foupirs  vous   diront  mieux  le  refte. 

Corneille. 

fC?  On  dir ,  figurément ,  qu'une  chofe  ne  die 
rien  ,  pour  dus  (qu'elle  ne  lignilie  rien  ,  qu'elle  ne 
fert  de  rien  dans  la  place  où  elle  eft.  Ces  oinemens 
dans  ce  tableau  ne  dijc.t  li^n  ,  font  déplacés ,  fonc 
inutiles.  Ses  yeux  font  beaux ,  mais  ils  ne  difenc 
rien  j  ne   font  pas  animés. 

i^  Pour  marquer  qu'on  avoir  quelque  prefTen- 
timent  d'une  thofe  ,  on  dit,  mon  cœur  me  l'avoit 
dit  :  &c ,  pour  favoir  li  quelqu'un  a  envie  de  faire  une 
chofe,  nous  demandons,  dans  le  ftyle  vulgaire, 
fi  le  cœur  lui  en  ait.  Nous  ferons  un  tour  de  pro- 
menade ,  h  le  cœur  vous  en  dit.  Il  s'emploie  en- 
core,  figurémcnr,  dans  la  fignification  de  lignifier. 
Vous  êtes  rêveur ,  diftrait ,  cela  veut  dire  que  vous 
aimez.  C'eU-à-dire  ,  qu'eft-ce  à  c'/'/'e.'' C'eft  comme 
fi  l'on  difûit ,  cela  fignifie;  qu'eft-ce  que  cela  fignifie  ? 

Dire,  fignifie  quelquefois  ,  Gtirir.  CJ;:  erre.  On  vous 
montre  de  belles  étoffes  j  vous  n'en  dites  rien  ,  pour 
dire  J  vous  nen  offrez  rien  :  dites-en  au  moins  quel- 
que chofe  ,  ditcs-cn  un  mor  raifonnable. 

Dire  ,  fignifie  quelquefois ,  Juger.  Dicere  ,  judicare  , 
judicium  Jerre.  Ces  deux  portraits  fe  relfemblent: 
tellement ,  qu'on  ne  fait  qu'en  dire.  Les  affaires 
font  tellement  brouillées  ,  qu'on  ne  fait  qu'en  dire  , 
qu'en  juger.  En  termes  de  Palais  ^  on  mec  dans  tous 
les  jugemens.  Il  eft  dit  j  Dit  a  été.  Nous  dif  on  s. 

Dire,  fignifie  quelquefois.  Avertir.  Afo/?cre  ,  admo~ 
nere.  J'ai  bien  voulu  vous  dire  qu'il  faut  prendre 
garde  à  vous.  Il  vaut  quelquefois  mieux  dire  aux 
gens  ce  que  l'on  penfe  d'eux  j  que  de  le  dire  à 
d'autres  qui  en  font  un  mauvais  ufige.  Nie. 

Dire,  fe  prend  quelquefois  pour  prédire.  Prs.dicere ^ 
vaticinari. 

Dire  à  quelqu'un  fa  bonne  aventure,  c'efl  prédire  à 
quelqu'un  ce  qui  lui  doit  arriver. 

^3"  Trouver  à  dire  ,  trouver  qu'une  chofe  man- 
que, trouver  de  manque.  Votre  calcul  n'eft:  pas 
jufte ,  j'y  trouve  un  écu  à  dire.  Et  de  même ,  en 
parlant  des  perfonnes.  Il  s'en  trouva  plus  de  foixante 
à  dire.  Abl.  On  trouve  dix  ou  douze  voix  à  dire. 
On  vous  a  trouvé  à.  dire  dans  cette  compagnie. 
Deftderare. 

%Ç3'  Eft-ce  parler  exadrement ,  que  de  dire ,  avec 
l'Acad.  trouvera  dire  ,  dans  la  fignifie  uion  de  trouver 
à  reprendre?  Doit-on  dire,  que  trouvez -vous  à 
<//'/■£  à  cette  action-là  ,  pourdircj  qu'y  trouvez-vous 
à  reprendre ,  à  blâmer  ?  Trouver  de  manque,  c'eft 


566  DÎR 

trouver  à  dire.  Cenfurer ,   blâmer ,    c'eft  trouver  à  j 
redire.  Il  trouve  à  redire  à  tout, ce  qu'on  tait.  j 

^çj'  Dire  encre  dans  quantité  d'autres  phraies  fami- 
iières. 

fCT"  Il  y  a  6ien  à  dire  ,  pour  ,  il  s'en  faut  beau- 
coup. Il  y  a  éie/i  à  d.re  que  je  ne  lois  content. 
Quelquefois  ,  pour ,  il  y  a  un  grande  d..ftérence.  Il 
y  a  bien  à  dire  entre  ces  deux  perfonnes. 

tfT  S'il  eft  queftion  de  fauc  quelque  léger  re- 
proche ,  en  peu  de  mots ,  on  dit  encore  j  cela  fait 
dit  en  pa[]ant. 

fC?  Pour  faire  entendre  qu'on  regarde  une  chofe 
comme  impolîible  ,  au  moms  comme  très  difficile  , 
on  dit,  s'il  en  vient  à  bouc ,  j'irai  le  dire  à  Rome. 
§3°  En  parlant  d'un  homme  qui  écoute  les  autres 
fans  parler ,  on  dit  que  ,  s'il  ne  dit  mot ,  il  n'en  peni'e 
pas  moins. 

§Cir  En  ftyle  de  converfation  puérile  &  honnête  5 
on  dit  J  cela  vous  plaît  à  dire  ,  pour  marquer  qu'on 
ne  convient  pas  de  ce  qui  ell  du  pat  manière  de 
flatterie. 

On  dit ,  proverbialement  ,  Il  dit  d'or ,  &  fi  il 
n'a  pas  le  bec  jaune.  Dire  d'or  ,  c'eit  parler  bien 
Vous  ne  fauriez   mieux   dire  ,  iî   vous  ne   recom- 
mencez. Il  fe  faut  mocquer  du  qu'en  dira-ton.  Quand 
les  mots  lonr  û'/'w  J  l'eau  bénite  eft  faite  :  ce  qui  le 
dit  des  marchés  qu'on  a  conclus.  Mon  petit  doigt 
me  l'a  dit ,  fe  dit  des  choies  qu'on  a  apprifes  pai 
voies  fecretes.  Qui  dit  tout  n'excepte  rien.  Dire  &. 
faire  font  deux  \  pour  dire  qu'on  ne  tient  pas  tou- 
jours ce  qu'on  promet.  Le  peuple  dit ,  balfement  6.: 
trivialement,  pour  alfurer  quelque  chofe  ,  Et  moi  je 
te  dis ,  ik  te  douze  ,  que  ,   &:c.  N.iudé  l'a  mis  dans 
fon  Mafcurat  en  la  bouche  de  fes  Colporteurs,  Et 
moi  je  te  dis  &  je  te  dou\e  ,  que  quantité  de  galans 
hommes    ont   acheté    des    meubles    du  Cardinal. 
Mascur.  C'eft  une  méchante  allufion  à  dis,  verbe, 
&  dix  ,  nom  de  nombre  ;  ik  à  dou^e  ,  autre  nom 
de  nombre  ,  comme  Iî  c'étoienc  deux   verbes  ,  &; 
que  dour^e ,  comme  marquant  un  plus  grand  nom 
bre ,  enchérît  fur  dix  ,  &  alfiuât  davantage. 
ffCT  DîR£,f  m.en  termes  de  Pratique,  eftimarion  d'Ex- 
perts ,  dépofition  de  témoins  j  &  ce  qui  eft  dit  & 
avancé  par  une  des  Partics.On  le dit,en  converfation j 
dans  ce  dernier  (ens.  Judiciurn,refïimonium.  Onl'acon- 
damné  à  payer  ces  ouvrages  au  dire  d'Experts.  Le  dire 
d'Experts  s'appelle  znl'adire  de  Prud'hommes:  c'eft  ce 
qui  eft  contenu  dans  un  rapport  d'Experts.  On  n'a 
point  d'égard  au  dire   des  témoins  j  s'ils    ne  font 
confrontés.  Il  a  mis  fon  dire  par  écrit.  Je  m'en  rap 
porte  à  fon  dire  ,  à  ce  qu'il  avance.  Il  a  raifon  à  fon 
dire.  Il  y  a  bien  loin  entre  le  dire  &  le  fiire.  L'H- 
glife  Chrétienne  étoit   à    peine  fondée  de   édifice 
au  IV^  fièclej  mais,   dans  ce  IV^  liècle  j  .à  leur 
dire  ,    nos   erreurs    avoient   déjà    pris    le  dellus. 

PÉLISSON. 

£'n/f/z  _final  j  approuvâtes  mon  dire. 
//  vous  parut  fermon  j  non  pas  fatyre. 

Qiioi  qu'eu  [Je  dit  j  n'eûtes  lieu  de  pe  ri  fer 
Qu'eujje  voulu  tant  /oit  peu  vous  tau  fer. 

De    VlLLARS. 

Un  û^/rc'  J  abfolument ,  en  termes  du  Palais  ,  eft  un 
afte  par  écrit  qui  contient  les  conteftanons  que  des 
parties  peuvent  faire  devant  un  Commiftaire  en  une 
defcente,  à  un  fcellé  ,  ou  en  quelque  autre  occafion. 
Propofnio.  Un  tel  oppofant  a  envoyé  fon  dire  au  Se- 
crétaire pour  l'inférer  dans  fon  Procès-verbal.  Cq 
,nom  de  dire  eft  un  terme  général  qui  renferme  plu- 
fieurs  efpèces ,  qui  font ,  l'exception  ,  les  défenfe-s , 
les  répliques,  ou  un  ade  qu'une  partie  fait  fignifiîr 
à  l'autre  avant  la  plaidoirie  de  la  caufe.  Dires  font 
les  reproches  propoiés  contre  les  témoins  produits 
dans  une  enqacre,  ou  plutôt  ces  reproches  fe  propo- 
fent  par  des  dires  qui  s'écrivent  dans  le  procès-verbal 
du  Juge. 

§3"  Ce  mot  précédé  de  l'adverbe  bien  ,  le  bien 


D 


1     it.. 


dire  défigne  l'élégance  dans  ledifcours,  Facundia  , 
fermonis  elegantia.  On  dit  familièrement  qu'un  hom- 
me eft  fur  ion  bien  dire  ^  pour  dire  qu'il  eft  en  train 
de  parler  j  &  prefque  toujours  en  mauvaifë  part,  de 
celui  qui  aiieCce  de  bien  parler. 

iR£  ,  le  dit  tiuelquefois  des  opinions.  Opinio  ^  fen- 
tentia.  Les  globes  ccleftes ,  au  dire  d'Ariftote ,  font 
mus  par  des  intelligences.  Façon  de  parler  qui  n'eft 
pas  noble. 

FOui-DiR£.  f.  m.  Ce  qu'on  n'a  ni  vu  ni  entendu  foi- 
même  ,  &  qu'on  ne  fait  que  par  le  rapport  des  au- 
tres. Auditio  5  auditum.  On  n'a  point  d'égard  en 
Juftice  aux  témoins  qui  ne  dépofent  que  fur  un  oui- 
dire,  içavoir  par  ouL-dire.  /luditione  accipere.  Audi- 
tum prêter  nihiL  habere.  Ne  fçavoir  rien  que  par  ouï- 
dire. 
Disant  ante.  adj.  ne  fe  dit  guère  qu'en  cette  com.po- 
lition  ,  ViQW-difant ^  qui  lignifie  un  homme  qui 
parie  élégamment.  Dicendi pcrkus.  Mais  on  ne  le  dit 
guère  que  par  raillerie. 

On  du  encore  au  Palais ,  Joi-difant  ^  quand  on 
parle  d'une  partie  dont  on  contelte  les  qualités.  Il 
plaide  contre  un  ie\ ,  Jdi-d/fc<nt  héritier  d'un  tel, 
foi-difant  pourvu  d'un  rel  bénéfice.  On  le  dit  quel- 
quefois par  raillerie  ou  par  mépris.  Un  iq\  foi-difant 
Gentil  homme.  Il  eft  honnête  homme,  ou  loï-difant 
tel.  On  dit ,  en  quelques  lieux  ,  cela  a  été  adjugé  au 
plus  -  difant  ;  pour  dire  au  dernier  enchérilleur. 
Licitator. 
^  DIT ,  ITE.  parc. 

IJCF  II  équivaut  quelquefois  à  furnommé,  comme 
quand  on  dit  Charles  V.  dit  le  Sage.  Louis  XV.  duc 
le  bien  aimé. 
^fT  En  ftyle  de  pratique  j  on  le  joint  avec  les  articles 
&  les  pronoms.  Ledit  Seigneur ,  ladite  mailon  ,  la- 
dite procédure,  moiidir  Seigneur,  &c.  alors  il  eft 
relatif  pour  les  perfonnes  ,  ii.  pour  les  chofes  donc 
on  a  parlé. 

Ç3°  On  le  joint  de  même  avec  quelques  adverbes. 
Ci-delTus,  ci- devant  dit,  Supradiclus ^zi-a'^ihs  dit. 
Style  de  pratique  &  de  formule. 
fO*  DIRECT  ,  ECTE.  adj.  &  droit  font  termes  fyno- 
nymes.  Direct ,  qui  eft,  qui  fe  fait  en  ligne  droite. 
Direclus.  Mouvement  direcl.  Rayon  direcl. 

§C?  En  termes  de  Généalogie ,  on  appelle  ligne 
directe  ,  la  ligne  principale  où  font  les  alcendans&: 
defcendans,  par  oppohtion  à  ligne  collatérale.  La 
Malfonde  Bourbon  vient  en  \\\};nQ  direcle  de  S.  Louis. 
Les  héritiers  en  ligne  dirccle  vont  avant  ceux  de  la 
ligne  collatérale. 

«ICT  On  dit  aufîi  fuccefiion  direcle  par  oppofition 
à  fucceflion  collatérale.  Voyei^  Succelfion  &  coll.a- 
téral. 

§Cr  En  Jurifprudence  féodale ,  on  appelle  Sei- 
gneur direcl;,  le  Seigneur  dont  une  terre  relève  im- 
médiatement, f^oye^  ces  mots  :    ■ 

t'iCT  Et  Seigneurie  direcle  j  les  droits  d'un  Sei- 
gneur fur  un  héritage  qui  relève  immédiatement 
de  lui. 

En  Logique,  on  dit Syllogifme o'/rccZj  conclufion 
direcle.  On  appelle  fyllogifmes  c/^VecZj  ceux  dont  la 
concluhon  eft  direcle ,  &  fyllogifmes  indireébs  ceux 
dont  la  conclufion  eft  indirecle.  Les  anciens  Philofo- 
phes  appeloienr  conclufion  direcle ,  celle  où  le  petit 
terme  étoit  le  fujet,  &  le  grand  terme  l'attribut  ou 
le  prédicat  j  &  ils  nommoient  indirecte  celle  où  le 
grand  terme  étoit  le  fujet,  &  le  petit  terme  l'attri- 
but. Aujourd'hui  quelques  nouveaux  Philofophes 
pofent  pour  principe  que  le  grand  terme  eft  toujours 
l'attribut  de  toute  conclufion  j  ainfi,  félon  eux,  toute 
conclufion  ,  tout  fyllogifme  font  toujours  dirccls. 
On  peur  encore  appeler  fyllogifmes  direcls  ceux  donc 
le  grand  tsv me  maj us  extremum  j  &  le  petit  terme 
minus  extremum  .,  gardenr  dans  la  conclufion  la  même 
raifon  que  dans  les  prémifies. 

lie?  En  termes  d'Optique,  on  dit  \iCion  direcle , 
celle  qui  eft  formée  par  des  rayons  direcls ,  c''eft-à- 
dire ,  qui  viennent  direélement  &  immédiatement 
de  l'objet  à  nos  yeux ,  fans  être  réfléchis  ou  rompus  ; 


D  I  R 

par  oppoficioii  à  la  vifion  qui  fe  fait  par  des  rayons , 
qui,  avant  que  d'arriver  à  nos  yeux  ,  font  renvoyés 
par  la  furface  d'un  miroir  ,  ou  brifés  en  palian:  à 
travers  un  corps  tranfparent.Fbye^  Rayon,  lumière, 
réflexion,  Optique,  Dioptrique  ,  &:c. 

En  ternies  d'Arithmétique,  on  appelle  la  règle  de 
trois  directe ,  celle  qui  eit  oppofée  à  Vinverfc.  Dans  la 
direcle,  le  quatrième  nombre  qu'on  cherche  augmen- 
te la  proportion,  &  ,  dans  l'inverfe,  il ,  la  diminue. 
f^oye\  règle  de  trois. 

§Cr  En  Arithmétique  &  eu  Géométrie ,  raifon 
direcle  &  proportion  directe  ;  f^oyci  raifon  &:  pro- 
portion. 

En  Aftronomie ,  on  confidère  les  Planètes  en  trois 
états,  quand  elles  font  directes ,  ftationaires,  ou  ré- 
trogrades. Directes ,  c'efi:  quand  elles  paroilfent  le 
mouvoir  fui  vant  l'ordre  des  lignes,  lorfque^  par  leur 
mouvement  périodique,  elles  paroiilent  aller  d'Occi- 
dent en  Orient.  Foye^  flationaire ,  rétrogradation  , 

§C?  En  matière  d'hiftoire ,  de  Pocme ,  &c.  on 
appelle  harangue  direcle ,  celle  où  l'Hilloricn  fait 
parler  quelqu'un  qui  harangue  lui-même,  &  rapporte 
un  difcoursj  comme  iî  la  perfonne  parloir  elle  mê- 
me. Dans  nos  anciens  Poètes  &c  Hilloriens ,  il  y  a 
beaucoup  de  harangues  directes.  H.u-a.ngiic  indirecte ^ 
quand  l'Hiftorien  parle  ,  &  rapporte  feulement 
les  principaux  points  de  la  harangue  de  celui  dont 
il  fait  mention. 

Directe,  f.  f.  C'eft  proprement  l'étendue  du  fief  d'un 
Seigneur  direct  j  c'eft-à-dire ,  duquel  relèvent  im- 
médiatement certaines  terres  ,  certains  héritages. 
Jujtum  ,  Icoitimum  alicujus  nobdis  dktonis  dominiuin. 
Cette  terre  eft  dans  la  directe  d'un  tel  Seigneur ,  c'eft 
■à  lui  qu  il  faut  payer  les  lods  &  ventes.  Retenit  la 
directe ,  c  eil  fe  conferver  les  droits  &  les  devoirs 
feigneuri.'iux  lors  du  démembrement  &  de  l'aliéna- 
tion qui  l'on  fait  de  partie  de  la  Seigneurie.  Quand 
un  Seigneur  a  la  directe  fur  l'autre,  c'eft  une  marque 
que  celui  qui  eft  fujet  dérive  de  celui  qu'il  ferr. 
Quand  un  Seigneur  eft  fondé  en  droit  de  directe  uni- 
verfelle  dans  un  territoue  limité  ,  nul  ne  s'en  peut 
dire  exempt ,  quelque  polfelfionde  liberté  qu'il  allè- 
gue. Voycy^  Ai.  le  Prêtre,  Cent.  5.  ch.  40. 

DIRECTEMENT,  adv.  En  ligne  direde  ,  tout  droit , 
vis-à-vis.  Direclo ,  recta.  Ce  bâtiment  regarde  <^^>e- 
ctement  la  rue.  Le  foleil  darde  fes  rayons  directement 
fur  l'Ethiopie.  On  dit  aulïi,  qu'il  taut  aller  c^/>ec?c- 
ment  au  maître  -,  pour  dire  ,  fans  l'entremife  d'une 
autte  perfonne.  Jamais  Louis  XL  n'alloit  directement 
à  fon  but,  il  cherchoit  fans  celfe  des  détours,  afin  de 
faire  perdre  les  traces  de  fa  conduite.  Var.  On  peut 
rechetcher  une  occafion  directement  Se  par  elle-mê- 
me. Pasc.  Cela  va  directement  à  vous.  Ablanc. 

§3"  On  dit,  figurément,  directement  oppoté ,  pour 
dire  entièrement ,  diamétralement  oppofé.  Ex  ad~ 
verfo  oppoficus.  Les  arbitres  choihs  par  les  parties 
font  d'ordinaire  d'avis  directement  contraires.  Tho- 
mas y  eft  directement  conzï3Aït.  Pasc. 

^fT  En  Méchanique,  un  corps  heurte  directement 
\m  autre  corps ,  quand  il  le  trappe  dans  une  ligne 
droite  perpendiculaire  au  point  de  conraét. 

DIRECTEUR,  f.  m.  Signifie  en  général  celui  qui  pré- 
fide  à  une  Aftemblée  ,  qui  dirige  ,  qui  conduit  une 
affaire.  Reclor,  moderjtor.  Le  Directeur  de  l'Aca- 
démie Françoife.  L'Académie  des  Peintres  a  auili  fon 
Directeur.  La  Quintinie  étoit  Directeur  de  tous  les 
Jardins  fruitiers  &  potagers  du  Roi  \  le  feu  Roi  créa 
cette  charge  pour  lui.  Directeur  Aqs  créanciers.  Di- 
recteur des  Finances.  Un  Directeur  de  confcience  , 
un  Directeur  d'érudes ,  eft  celui  qui  conduit  la  conf- 
cience ,  ou  les  études  d'un  autre.  Le  premier  s'ap- 
pelle quelquefois  abfolument  Directeur.  Il  y  a  un 
livre  intitulé.  Le  Directeur  dé/îute'reffe.  Le  capital 
d'une  femme  n'eft  point  d'avoir  un  Directeur  ^  mais 
de  vivre  fi  uniment  qu'elle  s'en  puifle  pafler.  La 
I>RUY.  Rien  n'eft  plus  néceffiire  dans  la  conduite  de 
la  vie,  que  d'avoir  un  fage  Directeur,  furies  avis 
duquel  on  piùlfe  fe  repofer.  Défiez-vous  de  ces  gens 


DIR  367 

qui  vont  fi  fouvent  confulter  leurs  Directeurs  :  ce 
font  des  pécheurs  rafinés  ,  qui  cherchent  des  adou- 
cilfemens  pour  pécher  avec  le  titre  de  gens  de  bien. 

Qui  pourrait  exprimer  ta  grandeur  de  tes  crimes  , 

Perfide  j  &  làctie  Directeur  , 

Qui  3  par  un  langage  flatteur  , 
Confirme  les  mondains  dans  teursfaufj'es  maximes  ? 

L'AbBH    TÊTU. 


Directeur,  eft,  en  particulier,  un  nom  qu'on  donne  à 
ceux  qui  font  choilis  &  prépofés  pour  la  direélion, 
le  maniement  (Se  la  conduite  des  aftairesd  une  Com- 
pagnie établie  pour  le  commerce.  Il  n'y  a  point  de 
Compagnie  mieux  réglée ,  &  plus  puillante  ,  que 
celle  des  Indes  Orientales  de  Hollande.  Elle  eft  par- 
tagée en  lix  Chambres  :  celle  d'Amfterdam  a  vingt 
Directeurs  :  celle  de  Zelande  douze  :  celle  de  Delfc 
/ept  :  celle  de  Roterdam  fept  :  celle  de  Hoorn  fept: 
celle  d  Enkhuizen  fept.  De  ces  foixante  Directeurs 
l'on  en  députe  dix-fept  qui  compofent  une  Alîem- 
blée  lupérieure  ,  laquelle  reprélente  la  fouveraine- 
te  de  la  Compagnie.  La  Compagnie  des  Indes  Oc- 
cidentales eft  drelfée  fur  le  même  modèle.  L'Alfem- 
blée  lupérieure  eft  de  dix-neuf  Directeurs.  Les  Dé- 
putés des  Etats  Généraux  ont  la  préfidence. 

ICF  II  y  a  plulieurs  autres  perfonnes  qui  portent 
le  nom  de  Directeurs  ,  comme  les  Directeurs  des 
lottifications  ,  de  la  monnoie,  &c.  dont  les  fonc- 
tions lont  les  mêmes. 

ffT  On  donne  encore  en  Allemagne  le  nom  de 
Directeurs  des  Cercles,  aux  Princes  qui  font  à  la  tête 
de  chaque  Ce;  de. 
Directeur.  Dans  la  Congrégation  des  Millionnaires 
du  S.  Sacrement  J  appelés  dans  leur  origine,  Mif- 
fionnaires  du  Clergé  ,  on  donne  ce  nom  aux  Supé- 
rieurs. Les  Supérieurs  de  cette  maifon  s'appellent 
Directeurs  ,  &  le  Supérieur  Général  le  nomme  Di- 
red.eur  Général,  l-  oye^  le  P.  Hélyot,  Hift.  des  Or- 
dres Relig.  T.  VIII.  c,  1 3.  &  f^oy<:\  Direction. 
DIRECTION,  f.  f.  Conduite  des  perfonnes  ou  des 
chofes.  Rectio  ,  adminifiratio  ,  cura ,  procuratio.  Cet- 
te AbbelTe  a  50  Religieufes  fous  fr  direction.  Cet 
Architeéte  a  la  direction  de  ce  bâtiment.  Cet  Inten- 
dant a  la  direction  des  affaires  d'un  tel  Seigneur.  Les 
Epicuriens  réduifoient  leur  Dieu  à  la  direction  du 
rnond'î  oifeufe  &  négligente.  S.  Evr.  Il  vaut  beau- 
coup mieux  fe  fervir  du  verbe  regere  ,  ou  adminif- 
trare  j  ou  procurare  j  curare  ,  Sec.  pour  rendre  en 
Latin  toutes  ces  expreilions. 

ifT  La  direction  J  fuivant  la  remarque  de  M. 
l'Abbé  Girard ,  eft  pour  certaines  affaires  où  il  y  a 
diftribution  ,  foit  de  Finances  ,  fou  d'occupations, 
&  auxquelles  on  eft  commis  pour  maintenir  l'ordre 
convenable,  f'^oye^,  au  mot  Administra rioN  ,  les 
idées  particulières  des  mots  régie  j  conduite,  admi- 
nillration. 
§C/"  Direction.  Gouvernement  des  Finances ,  ou  fim- 
plement  direction.  Aftemblées  du  Confeil  ,  ou  de 
quelques  Commllfàires  nommés  par  le  Roi,  pour 
régler  les  affaires  de  fes  Fmances.  Cet  Arrêt  a  été 
rendu  à  la  direction.  Il  y  a  la  grande  &  la  petite  di- 
rection. 

(<T  On  appelle  aufti  direction,  une  afiemblée  de 
créanciers  faite  pour  régler  les  affaires  d'une  fuccef- 
l;on   abandonnée  ,  on  d'autres  biens  abandonnés  , 
afin  de  payer  les  dettes.  Ces  directions  imaginées 
pour  le  bien  des  familles  ,  en  font  ordinairement  la 
ruine.  Conventus  credicorum  ad  (latuendum  de  bonis 
dchitoris.  On  y  fait  les  ventes  &  la  diftribution  du 
prix  à  l'amiable.  Les  biens  d'une  telle  maifon  ne 
(ont  pas  en  décret ,  mais  font  en  direction.  On  a  ren- 
voyé cer  oppofant  à  la  direction. 
Direction  d'intentiom  ,   en  termes  de  Cafuiftcs  , 
action  par  laquelle  on  dirige  fon  intention  ,  c'eft  un 
moyen  de  faiie  qu'une  aélion  ,   qui  en  apparence  a 
quelque  chofe  de  mauvais  ,  devienne  bonne  par  la 
fin  qu'on  ic  propofî  en  la  faifant.   Direclio  volunca- 
tcLtis  ,  confdù  ad  rem  aliquam.  La  direction  d'intfin- 


^ 


6ô 


DIR 


tionr\&  corrige  point  le  vice  de  l'aftion  ;  quand  l'ac-' 
tien  eft  mauvaile  de  fa  nature  ,  &  qu'elle  elt  con- 
nue pour  telle.  Il  y  a  bien  des  cas  où  la  direcliùn 
d'intention  qualifie  ,  îii  conlbtue  la  nature  de  l'ac- 
cion.  P.  Dan.  Par  la  direclion  d'intention  on  ne  peut 
allier  les  maximes    de   l'Evangile  avec  celles    du 
monde. 
Direction  ,  en  termes  d'Aftrologie  Judiciaire  ,  eft  un 
calcul  que  tont  les  Altrologues  pour  trouver  le  tems 
auquel  doit  arriver  un  accident  notable  ,  tant  bon 
que  mauvais  j  qui  concerne  la  perlonne  dont  ils  ti 
rent    lliorofcone.    Computatio.  Par  exemple ,   aprèb 
qu'ils  ont  établi   le  foleil ,  la   lune  ou  l'afcendant 
pour  maîtres,  ou  lignificateurs  de  la  vie,  &  d'ail 
leurs  Mars  ou  Satui  ue  le  prometteur  de  mort  \  la 
direclion  eft  le  calcul  du  temps  auquel  le  point  figni 
ficateur  rencontreia  le  prometteur.  Ils  appellent  1«. 
fignihcateur  aphh'e  ,  ou  donneur  de  vie  \  6c  le  pro 
metteur  j  ou  en  L3.xin  promijjor ,  anerètte  j  ou  don- 
neur de  mort.  On  fait»  les  direclions  des  principaux 
points  du  ciel ,  &  des  aftres,  comme  de  l'afcendant. 
le  milieu  du  ciel,  du  foleiI,  de  la  lune  j  &:  de  la 
partie  de  fortune    On  en  fait  même  des  planètes , 
&  d;S  étoiles  fixes ,  le  tout  différemment ,  félon  les 
divers  Auteurs. 
^CF"  DiREcnoN  en  Méchanique  fignifie  la  ligne  fui- 
vant  laquelle  un  corps  fe  meut.   Voy.  ligne.  Ces 
deux  corps  fe  meuvent  fuivant  la  même  direclion. 

On  appelle  aulîi  ligne  de  direclion  ,  la  ligne  qui 
vient  du  centre  de  ia  terre  ,  qui  palFe  par  le  centre 
de  gravité  du  corps ,  &C  par  l'appui  qui  le  foutient. 
Linea  direclionis.  Il  eft  nécelTaire  que  tout  hommr- 
tombe ,  dès  que  fon  centre  de  gravité  eft  hors  de 
fa  ligne  de  direction,  f^oy.  centre. 
^C?  Direction  fe  dit  au(li ,  en  Botanique  ,  en  parlant 
des  tiges  &  des  racines  qui  s'élèvent  ou  qui  defcen- 
dent  plus  ou  moins  perpendiculairement ,  plus  ou 
moins  horifontalement.  A  l'égard  des  racines  ,  il 
n'y  a  que  la  radicule  ,  CJulis  dejcendens  j  qui  s  éten- 
de perpendiculairement  dans  la  terre  ,  lorfque  rien 
ne  s'y  oppofe.  Cette  racine  j  qu'on  nomme  \e pivot , 
en  produit  de  latérales  qui  s'étendent  peu  à-peu  ho- 
rifontalement; &c  ,  fi  l'on  examine  une  bouture  d'ar- 
bre un  peu  grolfe ,  on  verra  ordinairement  que  les 
racines  qui  fortent  du  bourrelet  qui  eft  au  bout  de 
iatige,  defcendent  alTez  perpcnjiculairement ,  au 
lieu  que  celles  qui  forrent  le  long  de  la  tige ,  s'é- 
tendent horifontalement.  De  même  les  jeunes  bran 
ches  qui  fortent  d'entre  le  bois  &  l'écorce ,  s'élè 
vent  droites,  &  celles  qui  fottent  de  l'écorce,  for 
ment  une  courbe.  Plnlieurs  caufes  particulières  , 
comme  feroit  une  terre  remuée  ,  légère  ,  ou  fort 
huinide  ,  déterminent  les  racines  à  prendre  certai- 
nes direclions.  Duhamel. 

^3"  Tout  le  monde  fait  que ,  quand  on  met  des 
plantes  ou  des  arbres  ,  qui  poulfent  vigoureule- 
ment  j,  en  différens  endroits  d'une  chambre  où  il  n'y 
a  qu'une  croifée ,  toutes  les  poulFes  tendres  per- 
dent leur  perpendicularité  ,  pour  fe  diriger  vers 
■cette  croifée. 

^yT  M.  Bonnet,  ayant  (emé  des  haricots  dans  une 
cave  ,  remarqua  que,  dans  le  jour ,  les  tiges  s'incli- 
noient  vers  le  foupirail ,  &que,  dans  la  nuit,  elles 
fe  redrelfoient  un  peu.  La  même  chofe  arrive  en 
plein  air  :  car  on  peut  remarquer  que  fouvent  les 
arbres  ifolés  poulFent  plus  vigouteufement  du  côté 
du  midi ,  que  du  côté  du  nord  :  néanmoins  cet  effet 
eft  fouvent  dérangé  par  la  vigueur  des  racines  ;  par- 
ce- que  les  arbres  pouftent  avec  plus  de  force  du  cô- 
té où  les  lacines  font  plus  vigoureufes. 

§CF  La  direclion  des  tiges  du  côté  de  l'air,  eft  bien 
autrement  fendble  dans  les  mallifs  des  bois.  Un 
jeune  arbre  qui  fe  trouve  entouré  de  tous  côtés  par 
de  grands  arbres  qui  ne  lui  lailfent  d'air  qu'au-def- 
fus  de  lui ,  pouffe  tout  droit ,  toujours  en  s'élevant, 
mais  prenant  peu  de  corps  \  de  forte  que  ces  arbres 
fort  menus  ,  gagnent  en  peu  de  temps  la  hauteur  de 
ceux  qui  les  environnent  :  &  ,  quand  leurs  têtes  fe 
trouvent  alfez  élevçs  pour  profiter  de  l'air  ,  alors  ils 


D  I  R 

cc(fent  de  croître  en  hauteur ,   &    prennent  de  Iz 
grolleur. 

|CT  bi  un  Jeune  arbre  j  planté  dans  le  maflifd'un 
bois  ,  n'a  pas  la  liberté  de  i'air  au-dclfus  de  fa  tête  , 
mais  qu'à  une  petite  diftance  il  le  trouve  uneclaire- 
voie,  toutes  les  pioduébons  tendront  à  gagner  lair 
que  lui  fournit  cette  claire- voie,  de  forte  qu'elles 
s'inclineront  de  ce  côtê-là,  comme  les  arbuftes  pla- 
cés dans  une  chambre  .  s'inclinent  vers  la  cioiice. 

§CF  On  fait  que  toutes  les  branches  des  arbres 
plantés  en  efpaliet  le  long  d'un  mur,  s'tn  écartent 
pour  gagner  l'air,  &  M.  Duhamel  a  obfeivé  que 
les  branches  des  arbres  frappés  par  le  Soleil  du  midi , 
s'en  écartoient  plus  que  celles  des  arbres  plantes 
à  l'expofition  du  nord. 

^fT  Des  plai.tes  pofées  entre  deux  croifées,  dune 
les  chablis  à  verre  font  fermés,  s'inclinent  du  côté 
du  chaflis  extérieur. 

^fT  En  examinant  avec  attention  la  direclion  des 
branches  des  arbres  touffus,  on  remarque  alfez  or- 
dinairement que  les  branches  du  haut  font  un  angle 
plus  aigu  avec  la  tige  ,  que  les  branches  du  bas  ;  & 
je  crois  que  cet  écaitement  des  branches  du  bas, 
dépend  de  ce  qu'elles  s'inchnen:  pour  chercher 
l'air. 

§C?  Une  obfervation  encore  bien  fingulière, 
c'eft  qu'un  arbre  qui  vient  de  femence  ,  clève  la 
tige  fort  droite.  Il  en  eft  de  même  d'une  bouture 
qu'on  feroit  d'une  tige  droite  ;  mais  celles  qu  on 
feroit  avec  des  branches  latéraies  ,  &  des  jets  cour- 
bes fur  l'arbre,  le  courbent  beaucoup  ,  fur- tout  il 
c'eft  un  arbre  dont  le  bois  foit  fort  dur. 

fCJ"  Quoique  les  brauches  inférieures  de  la  tige 
foientcommunémentdéterminéesà  fe  porter  en-de- 
hors, parce  que  les  branches  lupérieures  leur  dé- 
robent l'air  ;  il  y  a  cependant  certains  arbres  où  elles 
prennent  une  autre  direclion^  par  une  difpohtion  inté- 
rieure tout-à  fait  inconnue  ;  mais  ce  font  là  dés  ex- 
ceptions à  la  règle  générale  ;  car  communément  les 
arbres  ifolés  étendent  leurs  branches  de  tous  côtés,  èc 
font,  comme  on  dit,  le  pommier.au  heu  que  ceuxtiui 
font  rallemblés  en  maliif  de  bois  ,  élèvent  beaucoup 
leurs  tiges  j  &  ne  poullent  prefque  pas  de  branches 
latérales,  f^oyei  encore  nutation  ,  héliotrope,  étio- 
lé ,  racine ,  Hic. 
îfj'  Direction  des  Gabjlles,  des  Douanes ,  c'eft  l'em- 
ploi d'un  Diredeur ,  &  l'étendue  de  fon  départe- 
menc. 
Direction  de  l'Aiman  ,  eft  la  propriété  qu'a  l'aimati 
de  préfenter  tf-ujours  un  de  fes  pôles  vers  l'un  des 
Pôles  de  la  terre  ,  &  le  pôle  oppolé  vers  l'autie  Pô- 
le. Converfio  magnetis  ad  pohs.  Les  aiguilles  aiman- 
tées ont  la  même  direclion  que  l'aimant,  /'oje^ 
Aimant. 
Direction.  Dans  la  Congrégation  des  Miiîîonnaires 
du  S.  Sacrement,  on  donne  ce  nom  aux  Maifonsde 
cette  Congrégation  ,  parce  qu'elle  a  été  confirmée 
par  Innocent  X  ,  fous  le  nom  de  Congrégation  du  S. 
Sacrement,  pour  la  direétion  des  Mijfions  &  dis  Se' 
minaires.  Il  doit  y  avoir  dans  cette  Congrégation 
un  Confeil  fuprême  ,  compolé  d'un  ou  de  plnlieurs 
Miffionnaires  députés  par  chaque  Direclion  ,  &  qui 
ne  doit  dépendre  d'aucun  Direéteur.  P.  Helyot, 
T.  Vlïl.  c.  15.  Ce  Confeil  a  pouvoir  de  changer 
d'une  direclion  à  un  autre  les  Àlillionnaires ,  d'en- 
voyer rous  les  cinq  ans  des  Vifiteurs  dans  toutes  les 
Direclions  j  &  de  convoquer  une  alTemblée  géné- 
rale j  quand  la  nécelîité  lerequiert.  A  cette  Alfeni- 
blée  générale  doivent  affifter  ceux  qui  compofent  le 
Confeil  fuprême  ,  les  Direfteurs  de  chaque  Direc- 
tion ,  &  les  Millionnaires  qui  font  aufîi  députés  de 
chaque  Direction. 
Direction  ,  le  dit  auffi  de  la  maifon  où  le  Bureau  de 
la  Direclion  eft  établi  ,  &  ou  le  Diredteur  &  les  au- 
tres Commis  travaillent 
DIRECTOIRE.  C  m.  On  appelle  ainfi  l'ordre  pout 
régler  la  manière  de  dire  l'ofEce  &  la  melfe  pouc 
l'année  courante.  Foyei  Bref,  petit  Calendrier  Ec- 
clefiaftique. 

Directoire, 


DÎR 

Ï3IR.ECT01RE  fe  dit  auflî,  dans  pludenrs  pays  j  d'une 
efpèce  de  Tribunal  chargé  d'une  Diredion  ,  foie 
civile ,  foit  miliraire. 

DIRECTRICE,  f.  f.  Celle  qui  dirige  ,^  qui  préllde  ^ 
qui  gouverne.  Reclrix  ,  moderacri.x.  Ce  mot  le  die 
particulièrement  d'une  fille  qui  gouverne  une  Mai- 
fon  de  Religieufes.  Il  ell  néanmoins  des  Commu- 
nautés dehlles  ,  où  Direclrice  fe  dit  des  fubalternes; 
par  exemple,  dans  la  Congrégation  des  Sœurs  de 
S.  Jofeph ,  chaque  maifon  eft  gouvernée  par  une 
Supérieure ,  qui  a  le  titre  de  Prieure  \  une  Inten- 
dante &  une  Coadjutrice.  Il  y  a  encore  une  Econo- 
me ,  une  Admonitrice  ■,  une  Intendante  des  Pau- 
vres j  une  Direclrice  de  l'AlIemblée  de  la  Miféncor- 
dej  &  quelques  autres  Officières.  P.  Helyot,  T. 
FUI.  <:.  iA. 

^CT  Directrice.  Se  die  auffi,  en  Géométrie,  d'une 
ligne  le  long  de  laquelle  on  fiit  couler  une  autre 
ligne  ,  ou  une  furface  dans  la  génération  d'une 
figure  plane  ou  d'un  folide.  Encyc. 

DIREM  ou  DIRHEM  f  m.  Terme  de  Relation.  Nom 
d'un  poids  des  Arabes ,  qu'ils  appellent  Dirhec,  «S: 
au  pi.  derahim^  &  cjue  les  Petfans  nomment  Z>.7c/72. 
C'ell  la  douzième  partie  de  l'once  Arabique.  Uncis, 
Ar.ihics.  pars  duodcàma.  Un  dirhem  &  demi  pèfe  un 
methcal  ,  ou  une  drachme  ,  de  forte  qu^il  y  en  a 
douzi.'  à  l'once  ,  qui  n'ell  que  de  8  drachmes.  D'Her- 

BELOT. 

Le  Direm  pèfe  aufiî  douze  carats  ,  &  fe  prend 
fouvent  pour  une  toic  petite  monnoie  de  cuivie. 
Id.  En  ce  cas ,  c'eft  la  mCme  choie  quant  au  poids 
que  le  methcal ,  ou  que  l'once. 

Il  y  a  auiii  un  dirhem  d'argent.  Ce  fut  Hégiage, 
qui  mourut  l'an  95  de  1  hégire  ,  qui  étant  Gouver- 
neur de  l'Iraque  Arabique  ,  fit  battre  le  premier  des 
dsrcihim  d  argent.  Le  dirhem  d'argent  a  pelé  quel- 
quefois un  methcal ,  puis  les  dix  dérahim  n'ont  p;fé 
que  cinq  ,  ou  fix  j  ou  fept  methcals,  ou  onces  Ara- 
biques. D'Herb. 

Voici  la  proportion  de  ces  poids  &:  de  ces  mon- 
«loies  aux  nôtres.  Le  premier  dirhem  eft  de  3 1  de  nos 
grains.  Le  fécond  de  douze  carats  eft  de  48  de  ces 
mêmes  crains.  En  fuppofant  le  dirhem  d'argent  de 
même  titre  que  font  nos  monnoies  ,  &  mettant  l'ar- 
gent à  51 1.  comme  nous  faifons  toujours  dans  cet 
ouvrage  ,  le  premier  dirhem  d'argent  vaudroit  en 
France  G  {.  4  d.  &  puis,  félon  les  différences  mar- 
quées ci-deffiis  par  d'Heibelotj  5  f.  1  d.  ?  f.  9  d.  4  & 
un  peu  plus ,  &  enfin  4  f  4-  s  d.  f  |  de  d. 
DI'tlFS.  f  f.  C'eft  le  nom  que  l'on  donne  quelquefois 
aux  Furies.  Virgile  les  nomme  ainh  en  plufieuis  en- 
droits ,  &  entr'autres  au  IV^  Livre  de  l'Enéide  : 

UUrkeJque  fcdent  irt  Hmirie  Din. 

Qu'j'ques-uns  prétendent  que  les  Furies  du  Ciel  &: 
de  l'air  font  appelées  Dires  ;  celles  de  la  teire  Furies, 
Se  celles  des  enfers  tzumSnides.  M.  du  Rondcl  eft 
de  ce  fentiment ,  dans  fes  réflexions  fur  le  Chapitre 
deThéophrafte  touchant  les  fuperftitions.  Il  dit  que 
que,  quand  un  homme  étoit  mort  ,  les  Payens 
croyoïent  qu'on  examinoit  au  Ciel  fes  penfées  de- 
vant les  Dires  ;  qu'on  examinoit  fes  actions  en  terre 
devant  les  Funes  j  &  qu'il  rendoit  compte  dans 
les  Enfers  devant  les  Euménides ,  des  bruits  qui 
avoient  couru  de  lui. 

DIRG  ,  ou  DERG.  Rivière  de  l'Ultonic  en  Irlande. 
Derghus ,  anciennement  Vidua.  Le  Dirg  prend 
fa  fource  au  lac  de  ZJerff  ,  ou  Ernuleiffer,  oîi  l'on 
voit  dans  la  petite  Ile  de  Règles  une  caverne  pro- 
fonde ,  dans  laquelle  il  fe  fait  un  bruit  que  le  peu- 
ple cfoit  être  les  plaintes  des  âmes  du  Purgatoire,  & 
qu'il  appelle  le  Purgatoire  de  S.  Patrice.  Le  Derg 
pafte  par  Derg  &  Strabane,  au-delfous  de  laquelle 
il  prend  le  nom  de  Lac  Foylc  y  8c ,  après  avoir  bai- 
gné Londonderry ,  il  fe  décharge  dans  un  grand  gol- 
fe auquel  il  donne  le  même  nom. 

DIRHEM.  rovej  DIRENL 

IP"  DIRIBUTEUR.  f.  m.  Nom  qu'on  donnoit  chez  les 
Tome  III, 


DÎR     D  î  S  ^6.j 

Romains  à  un  eiclave ,  dont  la  fonélîoft  étôit  d'âi- 
ranger  &  de  donner  différentes  formes  aux  ragoûts 
qu'on  fervoit  fur  les  tables.  Onlappelioit  auflî  .i  rrac-» 
tor.  Encycl. 

rr  DIRIBITOR.  Dans|ApuIée,ç*eft  lediftributeUrdeS 
bulletins  pour  les  fuftrages  dans  les  alfemblées  j  dans 
les  jugemens.  Le  Diritaor ,  dans  un  repas  j  ne  fe- 
roit-il  point  ce  que  nous  appelions  EÛiyer  -  tran-' 
chant ,  celui  qui  coupe  &:  qui  fert  à  table? 

1^  DIRIGER,  v.  a.  Régler,  conduire.  lle(yefe ^  dïri- 
gere.  Il  a  été  choifi  pour  diriger  la  compagnie,  pour 
diriger  cette  Maifon  Religieufe.  C'eft  un  tel  qui  di= 
rige  fa  confcience  ,  qui  a  foin  de  fa  confcience. 

On  dit  audi ,  en  termes  de  Cafuiftes,  Diriger  forl 
intention  ;  pour  dire  rapporter  fes  adlions  à  une  fin 
certaine  ,  &  plus  ordinairement  à  une  bon.ne  fiu  , 
quoiqu'en  apparence  elles  puillent  être  blâmées» 
Dirigere  couJUium  ,  voluntatem  ad  rem  aliquam.  Si 
l'on  n'a  foin  de  réfléchir  fouvent  fur  foi-même,  S<.  de 
diriger  Con  intention  .à  une  bonne  fin  j  on  perd  le 
fruit  &  le  mérite  d'une  infinité  d'adions  qui  font 
indiftérenres ,  ou  même  bonnes  de  leur  nature.  On. 
a  beau  diriger  fon  intention  ;  quand  l'adion  eft 
mauvaife  d  elle-même  ,  &  qu'on  la  connoît  pour 
telle,  on  ne  peut  la  redifier. 

UCT  Diriger  fi  marche  ,  fi  courfe ,  &'c.  c'eft  les  tour- 
ner d'un  certain  côté.  Dirigere  irer  aliqub  ,    ad  ali- 


quem  locum.  Cet  oileau  dirige  for 
droit. 


a  vol  vers  tel  en- 


On  dit,  en  termes  de  Mathématiques  j  qu'une» 
alhidade,  un  co^àsaw  dirigera  \q  rayon  vifuel,  di-^ 
rigein  une  ligne  droite  ,  quand  elles  les  font  ebfec-' 
ver  ,  ou  mirer  un  point  diredement  oppofé. 

Diriger.  Terme  d'Aftroiogie.  C'eft  tirer  une  ou  plii" 
fieurs  diredions. 

Dirige  ,  ee.  part. 

DIRIM  ANT.  Terme  de  Droit  Canonique.  On  appelles 
empêchement  dirimant  y  un  délaut  qui  emporte  la 
nullité  d'un  matiage.  Jmpedimencam  dirimens.  Il  y  a 
quatorze  empêchemens  dirimans.  J^oye^  EMPÊ- 
CHEMENT. 

DIRSCHOW,  DERSOW,  ou  TSCOZOW.  Petits 
Ville  de  la  Prufte  Royale.  Dirchovia  j  Dirfavia  , 
Derfavia  J  C:(erum.  Elle  eft  dans  la  Pomeranie,  fur 
laViftule,  à  quatre  lieues  de  Mariembourg ,  &  à 
fept  de  Dantzic  Maty.  Nous  l'appelons  en  Irançois 
Dirchau,  adoucifianr  la  rudelle  de  la  prononciation 
Allemande.  Ceux  du  Pays  la  nomment  Tfcozov/. 

D  I  S. 

DIS.  Particule  inféparable  de  plufieurs  mots  François, 
dont  l'effet  eft  ou  de  donner  une  fignification  con- 
traire à  celle  du  mot  Innple  ,  comme  dans  dij grâce  j 
difparité ,  dijproporcion  ,  &c.  ou  de  figniher  çà  &c  là  , 
&C  de  marquer  J  de'cachcmenc,  fe'parûcion^  dijlribu- 
tion ,  &c.  comme  dans  dijcerner,  difcourir  ^  difpo- 
fer  ,  diftraire  ,  diflrihuer. 

DIS.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  C'eft  un  nom  ques 
les  Anciens  donnoient  à  Pltiton  ,  Dieu  des  enfers» 
Dis.  Ils  l'appeloient  ainfi  ,  parce  que  ce  nom  Signi- 
fie riche  ,  &  qu'ils  croyoïent  que  ,  les  richelfes  fe  ti- 
rant des  entrailles  de  la  terre ,  le  Dieu  des  Enfers  en 
étoit  le  maître.  Voilius  prétend  De  Idol.  II.  c.  60  , 
p.  310.  que  c'eft  un  mot  Grec  ,  j^k,  Jupiter  ;  d'où 
vient  que  Virgile  appelle  Pluton  Jovem  Stygium. 

Dis  ,  Au  rapport  de  Céfar ,  I.  FI.  De  Bello  Gall.  c.  4, 
palfoit  parmi  les  anciens  Gaulois  pour  être  leur  pè- 
re. C'étoit  la  tradition  que  les  Druides  leur  enfei- 
gnoient.  De-là  on  conclut  que  ce  Dis ,  que  l'on  nom- 
me aullî  Samothcs,  étoit  un  fils  de  Japhet  &  petit- 
fils  de  Noc,  qui  lut  le  chef  de  toute  la  nation  des 
Celtes.  Si  l'on  en  croit  Cluvier,  Gcrm.  Ar.t.  L.  I.  c 
16.  p.  zij.  &  fuiv.  Dis  étoit  le  même  que  Teut  ;  car 
de0£ùr,  on  avoir  fait  Zfîy,  dezè!?,  a/?,  ^<f-  Selon 
Voftjus,  De  Idolol.  L.  IL  c.  r,i  p.  320.  C'étoit  la 
Terre  que  les  Gaulois  adoroient  fous  le  nom  de  Dis^ 
Se  de-là  vient  qu'ils  fe  difoient  defcendnns  de  Dis, 
c'eft-à-dire,  originaires  de  la  terre  qu'ils  habitoienç 

A  a  a 


370  DIS 

,«!'r5;Kra''î?.  Qiielques-iins  croient  que  Dis  étou  Sa-  | 
moches,  quarneme  fils  de  Japhet;  mais  ils  ne  le  di- 
icnt  que  lur  raiuorité  de  Béiofe. 
DIS  AIN.  k'oye^  DIZAIN. 
DISARES.  /  oye^i  DYSARES. 

^  DISART ,  ou  DYSERT.  Petite  Ville  d'EcolTe , 
dans  la  partie  occidentale  de  la  Province  de  Fite  ,  | 
fnr  l'Océan. 
fO=  DISCALE,  f.  m.  Terme  de  Commerce.  Dccliet  du  \ 
poids  d'une  marchandée  qui  i'e  vend  au  poids.  Acad.  j 
Fr.  Le  dijlale  d'une  botte  de  ibie,  ie  tait  par  i'évapo- 
rarion  de  !  humidité  qui  y  eft  contenue. 
DISCEPTATiON.  f.  h  Terme  Scholalhque,  qui  fe 
dit  des  drl'putes  qui  fe  font  de  vive  voix  ,  uu  par 
écrit ,  fur  une  quclHon  qu'on  entreprend  de  dilcu- 
ter,  &  d'examiner.  Difceptado.  Il  n'eit  pas  d'ulage. 
fO"  DISCERNEMENT,  f.  m.  Dans  le  lens  propre, 
c'efl:  la  di'.iinction  qu'on  fait  des  chofes  j  qui  empê- 
che de  les  confondre.  Dijtinci'to  ^  dijcrtnicn.  Faire  le 
difcernemeni  des  couleurs.  Le  difc.rnemtnt  du  boire 
&  du  manger.  Judïdum  cibi  &  potionis.  Au  ligure  , 
c'eîl  la  faculré  de  les  bien  diilinguer,  Efprit  de  di-l- 
cernemcnt.  Avoir  du  d/fcerncinenc.  Dijudtcacio ,  df- 
crcdo.  Dieu  n'a  pas  donné  à  tous  les  hommes  un  cf 
prit  de  difcernement.  Le  d'fcernement  de  la  vérité  eil 
fouvenr  très-difficile.  La  raifon  toute  leule  ,  ell  un 
_s;uide  peu  fur  dans  le  difcernement  des  Livies  iacrés. 
S.  EvR.  Un  dijcernemcnt  jufte  &  exquis  apparnent 
plus  au  bon  fens  qu'au  bel  elprit.  Bouh.  La  pruden- 
ce ne  veut  pas  que  l'on  falfe  un  ulage  inditcret  de 
{on  difcernement  j  ni  que  l'on  fe  précipite  à  porter 
des  jagemens  ,  qui ,  pour  être  juftes ,  ne  laiiient  pas 
de  trouver  des  efprics  mal  difpolés.  S.  Real.  Plus 
on  a  le  difcernement  exquis  ,  plus  on  le  fait  honneur 
d'être  indulgent.  Ch.  de  Mer.  Le  véritable  bel  el- 
prit  confuse  dans  un  difcernement  jufte  &  délicat. 
r>ouH.  Rien  ne  trouble  plus  le  repos  de  la  vie  que 
les  amis ,  fi  nous  n'avons  pas  aifez  de  difcernement 
pour  les  bien  choifir.  S.  EvR.  L'amitié  nous  laille 
allez  de  tranquillité  pour  faire  un  dij(:ernement]\.\{ïs. 
lo.J'aimerois  mieux  des  injures,  que  les  louanges 
triviales  que  certaines  gens  proilituent  à  tous  ve- 
nans ,  fans  difcernement  &c  (ans  choix.  Bell. 
^CJ"  Le  difcernement ,  dit  M.  l'Abbé  Girard,  regarde 
non-feulement  la  chofe  ,  mais  encore  fes  apparen- 
ces ,  pour  ne  la  pas  confondre  avec  d'autres;  c'eli 
une  connoilfance  qui  dilUngue.  Le  jugement  regarde 
la  chofe  confidéiée  en  elle-même,  pour  en  pénétrer 
le  vrai.  C'ell  une  connoiiiance  qui  prononce.  Le  pre- 
mier n'a  pour  objet  que  ce  qu'il  y  a  à  favoir ,  &  ie 
borne  aux  chofes  préfentes  ;  il  en  démêle  le  vrai  & 
le  f\ux  ,  les  perfedions  &  les  défauts ,  les  motifs  & 
les  prétextes.  Le  fécond  s'attache  encore  à  ce  qu'il 
y  a  à  faire  ,  &  poulfe  fes  lumières  jufque  dans  l'a- 
venir ;  il  fent  le  rapport  &  la  conféquence  des 
chofes ,  en  prévoit  les  luites  &  les  effets. 

On  peut  ajouter  que  le  difcernement  etl:  éclairé  , 
qu'il  rend  les  idées  juffes ,  &  empêche  qu'on  ne 
fc  trompe  en  donnant  dans  le  faux  ou  dans  le  mau- 
vais j  &:  que  \e  jugement  eff  fage ,  qu'il  rend  la  con- 
duite prudente  ,  &  empêche  qu'on  ne  s'égare  en 
donnant  dans  le  travers  ou  dans  le  ridicule.  f^oye~ 
Jugement. 

î)0'  Lorfqu'ileftqueffion  de  choifir,  ou  de  juger  de 
la  bonté  &  de  la  beauté  des  objets,  il  faut  s'en  rap- 
porter aux  gens  qui  ont  du  difcernement.  Les  Arts 
&c  les  Sciences  veulent  du  difcernement  ;  il  ell:  plus 
ou  moins  délicat,  félon  la  finelfe  de  l'efprit  Se  l'é- 
tendue des  connoilfances.  Qui  n'a  point  de  difcer- 
nement elt  une  bête. 
§C?  Discernement  ,  en  Logique ,  eft  la  vue  d'une  idée 
confidérée  en  elle-même  ,  ou  dans  ce  qu'elle  eft  par 
rapport  à  une  autre  idée  ^  avec  laquelle  on  peut  la 
comparer.  La  perception  d'une  idée  dans  toute  fon 
étendue,  eft  ce  qu'on  appelle  difcernement  direct. 
Tous  les  hommes  favent  difcerner  leurs  idées  de  ce 
difcernement  dired:.  Car  ,  avoir  une  idée  &  la  difcer- 
ner ,  ou  la  voir  dans  toute  fon  étendue ,  font  ter- 
mes fynonymes. 


DIS 

§3"  La  vue  trune  idée  confidérée  dans  ce  qu'elle  cH; 
par  rnjjport  à  une  autre  idée ,  eft  ce  qu'on  appelle 
dfcernernent  rejiecki ,  qui  eft  louvent  joint  au  u^ycer- 
nement  liueÙ. ,  &  c'el:  une  vue  que  nous  pouons 
en  même-temps  !ur  une  autre  idée  qui  nous  fait 
dne  que  cette  première  idée ,  eft  ou  n'elt  pas  la 
même  qu'une  autre  idée.  Le  dijcernenieru  réÛéchi, 
eft  propiemtnt  le  jugement.  Très  peu  de  gens  la- 
vent dilceiner  leucs  idées  de  ce  dernier  difcerne- 
ment. 

DISCERNER ,  v.  ad.  Appercevoir  direifiement  une 
idée,  qui  neft  pas  une  autre  idée,  une  choie  qui 
n'L'lt  p.is   une  autre  choie.   Difcemere  ,  aignofaire  , 
internojcere.   La  mut  étoit  li  obfcure  ,  que  je  ne  pus 
dijarner  les  objets.   C'eft  un  iécours    merveilleux 
que    le  microicope  pour  diferner  les  plus  petites 
parties  des  objets. 
Discerner  ,  fignifie  auffi  ,  diftinguer ,  faire  la  diffé- 
rence d'une  choie  d'avec  une  autre.  La  fûiblelfe  de  la 
r.iilon  humaine  empêche  louvent    de   difcerner,  de 
léparer  le  vrai  d'avec  le  faux  ,  le  bon  d'avec  le  mau- 
vais. Difcerner.  le  bien  d'avec  le  mal.  Aelanc.  Dif- 
cerner l'erreur  Pasc.  L  homme  n'a  été  honoré  de  la 
fiiculté  de  juger  &  de  dij cerner ,  que  pour  en  fiire 
ufage  dans  la  lociété.  S.  Evr.  L'Écriture  nous  aver- 
tit d'éprouver  toutes  chofes  ^  de  d  fcerner  _,  iSc  de 
choiiir  ce  qui  eft  bon.  Id.  Peu  de  gens  font  touchés 
des  qualités  de  l'efprit,  &:  prefque  tous  même  lonc 
incap,>bles  de  les  a/Jctmer.  Nie. 
Discerner  entre.   Les  Théologiens  qui  écrivent  en 
François ,  ulent  fouvent  de  cette  manière  de  pailer, 
ou  pour  mieux  dire,   ils  en  ufent  toujouis.  Ainfi, 
l'Abbé  le  Rouge  j  dans  fon  Traité  Dogmatique  des 
laux  Miracles,  tlit  :  Nos  adverfairesne  pcuvt.ni  don- 
ner j  comme  nous ,  de  règles   fûres  pour  d  fcerner 
encre  les  vrais  &  les  iaux  miracles...  Son  autorité  (  de 
l'Eglile)  feroit  ici  d'un  grand  i'ecours  pour  difcer- 
ner entre  les  vrais  &  les  faux  miracles  ,  &  en  cent 
autres  endroits  de  même.   Cette  façon  de  parler  eft 
priie  du  Latin  de  l'Ecole  ,   qui  dit ,  difcemere  inter 
vera  is' Jdlfi  miracula.  Klle  n'en  eft  pas  meilleure: 
c'eft  en  Latin  &  en  François  un   barbarifme  &  une 
conftruélion  vicieufe.  Il  faut  dire , en  Latin,  Z^z/c^r- 
nere  vera  &  JtilJ'a  miracula ,  ou  bien  :  Ver  a  miracula. 
a  j  al  f  s  difcemere  :&,  en  François,  Z?{/2er«e/' les  vrais 
miracles  des  faux ,  ou  d'avec  les  faux.   Tel  eft  l'u- 
fage,  (Se  c'eft  ainfi  que  parlent  tous  les  gens  qui  par- 
lent bien. 
Discerné  ,  Ée.  part. 

DISCIPLE,  f.  m.  Difcipulus.  Celui  qui  prend  les  le- 
çons d'un  maître  en  lifant  fes  ouvrages ,  ou  qui  s'at- 
tache à  fes  fentimens.  D'Alemeert.  Il  ne  fe  du  que 
des  fciences  &  des  arts  libéraux.  A  l'égard  des  méca- 
niques ,on  felert  du  moi  ÂpprentiJ.  Ariftote  étoit  un 
des  Dijciples  de  Platon.  S.  Chryloftôme  fut  Dif- 
ciple  de  Libanius  ,  qui  étoit  un  fameux  Sophifte. 
Maucroix. 

§lCr  Le  mot  d'Ecole ,  dit  Voltaire  ,  eft  du  ftyle 
familier  ;  mais  quand  il  s'agit  du  Difciple  d'un 
gran(i  homme  (  il  eft  queftion  d'Annibal ,  )  ces  mot9 
Difciple  ,  Ecole,  &zc.  acquièrent  de  la  grandeur. 
P'oye^  encore  Écolier  ,  Élevé. 

|CF  On  appelle  Difciples  de  Platon  ,  d'Ariftote  ,' 
d'Epicure.  Les  Philofophes  qui  fuivent  leur  doélri- 
ne.  Difciples  de  Saint  Auguftin  ,  de  Saint  Thomas, 
les  Théologiens  qui  fuivent  la  doécrine  de  Sain» 
Auguuin,  de  SaincThomas. 
Disciple  eft  aufli  f.  f.  Et  fe  dit  des  femmes.  Difcipula^ 
Quelques  Difciples  de  la  B.  Angeline  fondèrent  de 
nouveaux  Monaftères  en  plufieurs  Provinces.  P.  He- 

l.YOT,T.FJIIp.Zç,'i. 

En  tetmes  de  l'Écriture  ,  on  appelle  Difciples  dô 
Jesus-Christ  ,  les  Apôtres  &  autres  perfonnes  qu'on 
met  au  nombre  dî  71 ,  qui  s'étoient  attachés  parti- 
culièrement à  lui  &  à  fil  prédication.  Difcipuli.  S. 
Jean  étoit  le  Difciple  bien-aimé  de  fon  Maître.  Saine 
Jean-B.iptifte  avoir  aulLi  fes  Difciples.  En  parlant  de 
ceux  de  Jefus-Chrift,  nous  difons  fouvent,  Les 
Difciples  abfolument,  &  fans  rien  ajouter.  Les  Dif" 


DIS 

cifles  ahanàonnhrem  Jefus-Chrift  pendant  fa  paf- 
lîon.  Les  Dijapics  écoient  renfermés  dans  le  céna- 
cle ,  paice  qu'ils  craignoient  les  Juifs. 

C-:?  DlbCIPLiNABLE.  adj.  de  t.  g.  Capable  d'àie  dif- 
cipiiné.  DoùUs  j  ad  difcipllnaui  doalis  j  dijaplims. 
paûcns.  On  le  dit  des  hommes  &  àss  animaux.  Ce 
jeune  homme  n'ell  pas  dtjapLmable.  L'éléphant  eft 
le  plus  dijciplinabic  des  animaux.  Il  y  a  des  animaux 
d'un  naturel  ii  farouche  ,  qu'ils  ne  l'onc  jamais  dif- 
dplinables. 

DISCIPLINAIRE.  Nom  de  Sede  en  Ansleterre.  Pref- 
bycéiien  de  la  difcipline  de  Genève.  Les  Epifco- 
paux  donnoienc  ce  nom  au  Presbytériens,  l^rc^by- 
ijrLt.-ius  Genevcnjîs.  La  querelle  cnluite  s'échauf- 
îant,  on  inventa  d'autres  noms  de  mépris  :  les  Pré- 
lats appeloient  ceux  de  la  dilcipline  de  Genève  j 
Presbytériens  j   DiJdpUnaires  omiiiparlcns,  Pelis- 

SON. 

•C13-  DISCIPLINE,  f.  f.  IhftruifUon  ,  inftitution.  Difd- 
plbia  ^injiituno.  On  a  mis  ce  jeune  hom'ne  fous  la 
difàpiinc  d  un  Maître  &  d  un  Gouverneur  ,  qui  le 
rendront  favant  &  vertueux.  Il  y  a  quelques  ani- 
maux qui  lont  capables  de  dijdpline  j  comme  le 
chien ,  le  cheval.  Le  m.onde  ell  une  école  j  &  un 
\\Q\.\à(î  difcipline.  S. 'E.^K. 

ifJ'  DiscirtiNE  fe  dit  aulîl  d'une  manière  de  vie  ré- 
glée ,  d'une  manière  de  fe  conduire  en  fe  confor- 
mant à  certaines  lois ,  â  certains  réglemens.  Difd- 
'pllna.  Vivre  dans  la  dijdpUne.  Ces  Religieux  ont 
rétabli  la  vigueur  de  l'ancienne  diJlipLine.  Ce  Régi- 
ment obferve  icrupuleulement  fa  dtjàplinc. 

On  dit ,  La  dijdpline  du  Palais  ,  la  Difcipline  mi- 
litaire ,  la  Difcipline  Eccléiiaftique  ,  ou  la  Difcipli- 
ne de  1  Eglife  ,  la  Difcipline  régulière ,  ou  monalli- 
que.  Difciplinj.  milit,iris  jjorenjis  ^  Lcclejiajtcca  ,  re- 
gularis  ,  reiigiofa  j  monajtica.  On  ne  dit  pas  la  dif- 
dpline  civile  ,  il  faut  dire  la  police.  Obferver  la  Dif- 
dpline.  Garder  la  Dijlipline.  Rétablir  la  Dijdpline. 
Ablanc. 


Digne  refaurateur  de  lafainte  Doclnne  j 

Lut feul peut  rétablir  l'andque  Difcipline.  VitL. 

Dâsciplime  j  eft  aiiflî  le  châtiment  ou  la  peine  qu'on 
impoie  aux  Religieux  qui  ont  tait  cjuelque  faute, 
ou  que  s'impolcnt  volontairement  ceux  qui  fe  veu- 
lent mortifier.  Pxna  aut  impojita  ,  aut  u'aro  fufcepta 
On  lui  a  donné  la  difcipline  en  plein  Chapitre.  Les 
dévots  prennent  eux-mêmes  la  difcipline.  Parmi 
toutes  les  auftérités  que  pratiquoient  les  anciens 
Moines  &  Solitaires,  il  n'eft  pomt  parlé  de  difci- 
pline. Il  ne  paroit  pas  même  dans  l'Antiquité  qu'elle 
ait  été  en  ufige,  excepté  pour  punir  les  Moines  qui 
avoient  péché.  Z)u  Pin., On  dit  communément  que 
c'eft  Saint  Dominique  l'Encuirairé  &c  le  B.  Pierre 
Dcimién ,  qni  font  les  premiers  Inftituteuis  de  l'u- 
f^^ge  de  la  dijci.jilne  ;  mais  ,  comme  l'a  remarqué 
^D.  Mabillon  ,  Guy  Abbé  de  Pompohe  ,  où  de  Pom- 
pofe ,  &c  d'autres  encore  ,  le  pratiquoient  avant  eux. 
Cet  ufage  s'établit  dans  l'onzième  liècle  ,  pour  ra- 
cheter les  pénitences  que  les  Canons  impofoient 
aux  péchés  j  «Se  on  les  rachetoit  non-feulement  pour 
loi ,  mais  pour  les  autres.  Voye\  D.  Mabillon,  Ac- 
ta  Sariil.f^c.  FI.  P.  I.  Prtf.  n.  39.  &fuiv.  Ces  pra- 
tiques de  mortific.ition  font  en  ufage  dès  le  Vl^  liè- 

.    cle ,  comme  il  paroît  par  la  Règle  de  S.  Colomban. 

Discipline  ,  fi  du  auiîi  de  l'inftrument  avec  lequel  on 
châtie ,  avec  l.-quel  on  fe  mortifie  ,  qui  ordinaire 
ment  eft  fait  de  cordes  nouées ,  de  crin ,  de  parche- 
min tortillé.  Flaoeilum  y  verher  ,verbera.  On  peint 
S.  Jérôme  avec  djs  difciplines  de  chaînes  de  fer , 
avec  des  molettes  d'éperons,  &c.  Les  Mexicains  en 
faisoicnt  avec  une  herbe  qu'ils  appeloient  muguey  y 
&  qu'on  nonmie  ici  arrête-bœuf^  avec  laquelle  ils 
fe  déchiroient  cruellement  le  corps  ,  &  d'une  plus 
forte  manière  que  ne  font  les  Européens. 

Laurent  jferre^  ma  haire  ,  avec  ma  difcipline , 
Etprie:^  que  le  Ciel  toujours  vous  illumine.  Mol. 


,    DIS  j  7  ï 

Discipline  vOi  are  de  la  Difcipline  ^  ou  de  l'Aigle 
blanc,  en  Autriche  &  en  Bohème.  Equejtris  OrUo 
Dfdpiinarum.  La  marque  de  cet  Ordre  é'toit  uii 
aigle  blanc  en  champ  d'azur ,  &  fur  un  habit  bleu  ; 
lynibole  de  la  pureté  de  la  foi ,  (Ue  dévoient  avoir 
les  Chevaliers ,  &  qui  devoir  leur  mériter  le  ciel 
m.arqué  par  la  couleur  bleue.  On  ne  fait  quel  en  eit 
le  fondateur.  Parce  que  Lekus  I.  Roi  de  Pologne  , 
porta  un  aigle  blanc  dans  fes  drapeaur. ,  quelques 
Auteurs  lui  attribuent  l'origine  de  cet  Ordre  :  mais 
il  régnoit  en  550,  &  par  conféqucnt  cela  ne  peut- 
être  ,  puifqu'il  ny  a  point  d'ordre  militaire  avant  le 
Xli"^  liècle,  lelon  la  remarque  du  P.  Piipebroch, 
Menenius  dit  que  celui  -  ci  fut  établi  par  un  Duc 
d'Autriche,  il  appelle  le  Collier  de  cet  Ordre.  Col- 
lare  aquilâ  candidd  exornatum.  f^'oye^  Menenius, 
Delida  Equefires  ^jol.  1 56.  Dom  Jofcph  Michielli. 
Tefùro  Militar.  /.  155,.  Andr.  Mendo  j  De  Urd. 
Milit.  p.  15.  Caramuel  dans  fa  Théologie  Régu- 
lière ,  p.  9.  &  l'Abbé  juftiniani.  Eifl.  di  tuitigi  Ord.. 
Milit.  C.  78.  /'.   790.  .     ; 

DISCIPLINER.  V.  a.  Faire  obferver  le  bon  ordre,  les 
réglemens  d'une  profellion  ;  régler ,  former.  Injli- 
tuere.  Ce  Capitaine  a  bien  dilcifiiné  fes  foldats.  Cec 
homme  a  bien  difciplinéTiz.  maifon.  Ce  fupcrieur  a 
bien  difcipline  (on  Couvent. 
Discipliner,  lignifie  aufîî  ,  Corriger  avec  la  difcipli- 
ne, ou  fe  mortifier  avec  la  difcipline.  Flagella  ca- 
dere  y  emendaie  ^  flcgdLare,  Ce  Moine  a  été  bien 
difcipline  ï  fon  retour  au  Couvent.  Ce  dévot  fe  dif- 
cipline tous  les  Vendredis. 
Discipliné  j  ée.  part.  Injlitutus  j  honâ  difdplinà  exei~ 

citatus.  Il  avoit  des  troupes  bien  dif ci  pli  ne  es.  Abl. 
DISCOBOLE,  f.  m.  Athlète  qui  laifoit  profellion  de 
l'exercice  du  Difque ,   &  qui  en  difputoit  le  prix 
dans  les  jeux.  Dijcobolus. 
DISCOLE.  Foyei  DYSCOLE. 
DISCOMPTE.  Au  lieu  duquel  on  dit  plus  communé- 
ment Excompte ,  f.  m.  C'eft  le  profit  que  l'on  don- 
ne à  celui  qui  paie  une  lettre  de  change  avant  l'é- 
chéance. 
DISCOMPTER.  Faire  un   Difcompte.  Foyei  Ex^ 

compter. 
DISCONTINUÀTION.  f  f.  Interruption.  Imeirup- 
tio  ,  IntermiJJio.  La  difcontinuation  du  commerce  a 
fait  grand  tort  aux  Marchands.  La  difcontinuation 
des  études  lui  en  fera  perdre  tout  le  fruit.  On  tra- 
vaille à  fortifier  cette  place  jour  &  nuit,  fans  dif- 
continuation. On  tira  fans  difcontinuation.  Ablanc. 
DISCONTINUER,  v.  a.  Interrompre  une  entreprife 
qu'on  a  commencée.  Intermittere.  Quand  on  a  dif- 
continué  quelque  temps  un  travail  ,  il  fe  ruine,  &il 
faut  tout  recommencer.  On  oublie  les  arts,  on  perd 
les  habitudes  acquifes  ,  quand  on  dijcontinue  d'ap- 
prendre ,  de  s'exercer. 

On  finit  en  achevant  l'entreprife.  On  ceffe  en  l'a- 
bandonnaiiC  On  difcontiwie  en  l'interrompanr.  Syn- 
Fr.  Il  ne  faut  difcontinucr  le  travail  que  pour  fe  dé- 
lalfer,  &  pour  le  reprendre  enfuite  avec  plus  de 
goût  &  plus  d'atdeur.  Les  perfonnes  qui  nefinijfenc 
point  leurs  narrations  ,  &  ne  cejfent  de  parler  fans 
difcontinucr ,  font  aufli  peu  ptopres  à  la  converfa- 
tion  que  celles  qui  ne  dilent  mot. 

Il  eft  auiîi  neutre ,  &'  fe  dit  des  chofcs  qui  ont  du- 
ré ^  &  qui  celfent  pour  un  temps.   La  pluie  a  difcon- 
tinuc.   La  guerre  n'a  pas  difcontinué  pendant  vingt 
ans. 
Discontinué  ,  ée.  part.  Imermiffus. 

DISCONVENANCE.  î.  f.  Difproportion  ,  défaut  de 
convenance.  Difcrepantia.  Les  mariages  ne  font  pas 
heureux ,  quand  il  y  a  une  grande  difconvenance  d'â- 
ges. Foye^  Convenance. 

DISCONVENIR,  v.  n.  Je  difconviens,  je  difconvins  ^ 
je  fuis  di  [convenu  y  je  difconviendrai  ,  que  je  difcon- 
vienne.  Ne  pas  demeurer  d'accord  d'une  chofe.  Dif- 
crepare  3  difconvenire.  II  ne  faut  pas  dif convenir  àe% 
principes,  des  .axiomes ,  fi  on  veut  être  admis  à  la 
difpute- 

A  a  a  ij 


D 


34s  !>*    I     S 

Ce  niGt  vient  du  Latin  difcoiiv entre.  Du  Cange. 

gCT  Disconvenir  n'a  point  d'autre  flgnilication  que 
celle  qu'on  lui  lionne  ici  j  &  l'on  ne  dira  pas, 
avec  l'Auteur  de  l'Ecole  du  Monde  ,  ioiTqu'un 
homrne  fait  ce  qui  difconvient  ou  à  Ion  âge,  ou 
là  Ion  bien  ,  ou  à  la  qualité  ,  il  ne  peut  plus  plaire. 
Ou  àii  bien  qu'une  choie  convient  à  la  perlonne , 
à  la  dignité  ,  au  temps  ,  pour  dire  qu'elle  eit  con- 
venable j  qu'elle  lied  bien  ,  &c.  mais  l'ulage  n'a 
pas  adopté  d'ij'convtnir  pour  expruner  le  contraire. 

DISCORD.f.  m.  Dciunion  ,  difcorde.  D;jcjrdia  , 
(iijjentio.  H  cil:  vieux  &  hors  d'ufage.  Malherbe  i?c 
quelques  autres  Poètes  l'ont  Touvenc  employé  ,  mais 
il  ne  le  dit  plus  ^  même  en  vers. 

^CT  DiscoRD.  adj.  Qui  n'eft  point  d'accord.  Un  cla- 
vecin d/Jcord.  AeAD.  Fr.  Je  crois  qu'on  dit  plus 
commimément  dilcordant. 

î:)ISCORDANCE.  f.  f.  Contradiction..  Que  de  dif 
cordaTic:  dans  les  opinions  des  hommes  ,  &  même 
des  Philolophes  !  Ce  mot  n'eft  pas  reçu. 

§3=- DISCORDANT,  ANTE.  Qui  fe  dit' proprement 
des  voix  ou  des  inllrumens  Ue  Mufique  qui  ne  font 
jjas  d'accord  ,  ou  qu'on  accorde  difficilement.  Ab- 
Jo7ius ,  d!J]'oni!s  _,  d'fdns..  înftrument  dijcordant.  Voix 
diJcorda?ite.  Ton  'iifcomanr.  P'oye^  Accord.] 

On  dit  aufli ,  hautement ,  Des  humeurs  difcor- 
dantes  ;  pour  Des  humeurs  incompatibles. 

DISCORDE,  f.  f.  Dilïention  ,  divifion  entre  deux  ou 
pluiieurs  perfonnes.  Difcordia  ,  dijj'entio  ,  dijjidium 
La  difcjrde  s'ell  mile  en  cette  famille  ,  en  cette 
Communauté.  Lin  médiocre  intérêt,  enflé  des  veines 
conlidérations  de  l'orgueil,  jette  la  difcordc  entre 
les  amis  les  plus  unis.  Fléch.  Ce  font  quelquefois 
les  Doéteurs ,  qui ,  pour  fe  faire  chets  de  parti  , 
nourrillent  &;  entretiennent  la  difcorde ,  &c  la  dif- 
fention  entre  les  Chrétiens.  S.  Evr. 

La  Difcordc  ,  en  Mythologie ,  eft  une  Dceffe  fa- 
Ijuleufe  que  les  Poètes  ont  imaginée  pour  prélider 
aux  dilTcnrions.  Difcordia,  On  peignoir  cette  Divi- 
nité malfaifante  avec  des  yeux  hâves  ,  le  vifage 
pâlcj  les  lèvres  livides  ,  la  bouche  teinte  de  fang  ,  & 
verfant  des  larmes  ,  les  dents  d'airajn  &c  couvertes 
de  rouille  ,  une  humeur  pelHlente  lui  découlant  de 
ia  langue ,  cocfïée  de  ferpens  ,  à  demi-couverte 
d'une  robe  déchirée,  agitant  d'une  main  tremblante 
mie  torche  teinte  de  fang  ,  &  tenant  de  l'autre  une 
couleuvre  ou  poignard. 

La  Difcorde  j  à  l'afpecl  du  calme  qui  Voffenfe  , 
Fait  Jiffler  fcs  ferpens  ^  s'excite  à  la  vengeance. 
Sa  houcke  fe  remplit  d'un  poifon  odieux  J 
Et  de  longs  traits  de  feu  lui  fortent  par  les  yeux- 

B01LEAU. 


On  appelle,  figurément,  pomme  de  difcorde,  le 
fujetou  l'occafion  d'une  divifion.  Cela  eft  emprunté 
de  la  Fable:  les  Poctes  ont  feint  qu'aux  noces  de 
Thétis  &  de  Pelée  ^  la  Déelfe  de  la  difcorde ,  fâchée 
de  ce  qu'elle  n'y  avoit  point  été  invitée  ,  jeta  une 
pomme  d'or,  fur  laquelle  étoient  écrites  ces  paroles  j 
A  la  plus  belle.  Cela  mit  ia  dilFention  entre  Junon, 
PallasSc Vénus ,  pour  favoir  à  qui  appartiendroit  la 
pomme  d'or.  Il  eft  écrit  fur  mon  cœur ,  comme  fur 
la  pomme  de  difcorde  ,  A  la  plus  belle. 
DISCORDER,  v.  n.  Terme  de  Mulique.  Etre  difcor- 
dant.  Dijcordare  ,  difonare.  On  le  dit  des  inftru- 
mens.  On  l'applique  rarement  au  caractère ,  à 
l'humeur. 

Dans  un  concert  d' hymen  ,torfquc  quelqu  un  à\(cotàQj 
Je  fais  jufle  baifjer  ,  ou  haaffer  une  corde  : 
Nul  ne  fait  de  l'amour  mieux  le  diapafon 
Ni  mettre  comme  moi  deux  cœurs  à  l'unijfon. 

Regnard.  Com.  du  Bal. 

DISCOUREUR  ,  ÉusE,  fubft.  Qui  parle  beaucoup  & 
dit  des  chofes  en  l'air.  Loquax.  Il  ne  fe  prend  qu'en 
mauvaifi  part.  Cet  homme  n'eft  qu'un  difcoureur. 
il  ne  faut  pas  s'arrêter  à  ce  que  difent ,  ni  à  ce  que 


DIS 

promettent  tous  ces  difcoureurs  ,  qui  font  les  gai.mî. 
Si  vous  écoutez  tous  ces  difcoureurs ,  ils  vous  en  fe- 
ront bien  accroire.  S.  Evr.  Paix  difcoureufe.  Mol. 
On  dit ,  auffi  ,  d'un  hoir.me  qui  parle  facilement 
&  agféablement  j  mais  fans  grande  lolidité  ,  que 
c'eft  un  hs^xi  dij coureur:  &c  qu'd  fait  le  beau  ^//1 
coureur  j  pour  dire  ,  qu'il  afîede  de  bien  pailcr. 

DISCOURIR.  V.  n.  Je  dij cours  ,  je  df courus  ,  j' ai  df- 
couru ,  je  difcourrai.  Entretenir  une  compagnie , 
foit  en  public,  foit  en  particulier,  fur  quelque 
matière  J  avec  quelque  étendue.  Dijjcrere  ^fenvonem 
habcrc  de  aliquà  re.  J'ai  entendu  ti^/cjarir  ce  l'hilo- 
fophe  fur  les  propriétés  de  l'aimant ,  fur  la  ptf  n- 
teur  de  l'air  ;  il  en  parle  fort  iavamment.  il  i.;- 
faut  pas  qu'un  Capitaine  s'amufe  à  difcourir ,  à 
haranguer ,  quand  il  faut  combattre.  Les  Fiéios 
difcourent  dans  Homère  avant  que  de  fe  battre , 
comme  on  harangue  en  Angleterre  avant  que  de 
mourir,  S.  Evr.  J'ai  entendu  i/z/tv-ù/vr familièrement 
ces  Mciheurs  :  ils  difoient  de  belles  chofes  &:  bitn 
curieules. 

t/CT  On  dit,  difcourir  à' nuQ  chofe  ,  d'une  affaire, 
&  plus  fouvent  aifcourir  fur  une  affaire. 

Discourir  J  en  termes  de  Logique  ,  lignihe ,  Tirer 
une  conféquence  de  quelques  printipes  qu'on  a 
pofés  j  ce  qu'on  attribue  à  la  troilième  opération 
de  l'entendement.  Difcurrere  ,  conclujlonem  àliquam 
ex  aliquo  principio  deducere. 

On  dit ,  en  termes  de  Théologie  ,  que  les  An- 
ges conçoivent  fans  difcourir ,  c'eft-à-diie  ,  fans 
raifonner  à  notre  manière ,  lans  avoir  beioin  de 
pofer  un  principe  pour  en  tuer  une  conclulion. 

1^  DISCOURS,  f.  m.  Ce  mot ,  dans  le  lens  général, 
marque  tout  ce  qui  part  de  la  faculté  de  la  parole. 
C'eft  un  alfembLige  de  paroles,  par  lefquellcs  on 
explique  ce  qu'on  penfe.  Le  di/cours  eO.  familier, 
noble,  éloquent,  ioutenu ,  fleuri,  concis,  véhé- 
ment, &:c.  Il  faut  retrancher  les  difcours  fuperlius. 
Interrompre  le  difcours  j  reprendre  le  fil  du  difcours. 
Les  converiations  ne  font  j  pour  l'ordinaire  ,  qu© 
df  cours  frivoles.  Difcours  i  perte  de  vue. 

Un  jeune  homme  toujours  bouillant  dansfes  caprice^ 
EJl  vain  dans  fes  difcours Boileau. 

Mais  du  difcours  enfin  l'harmonieufe  adrejje 
De  ces  fauvages  mœurs  adoucit  la  rudejje  , 
Rû(]embla  les  humains  dans  lesjorèis  epars.  Id. 

On  dit,  C'eft  un  a.mre  difcours  ;  pour  dire,  il  ne 
s'agit  pas  décela.  On  ditauiîi  ,  fimplement,  difcours  ^ 
pour  Vain  difcours  ,  difcours  frivole.  Vous  me  pro- 
mettez monts  &c  merveilles  :   difcours  ,  ce  n'eft  que 

difcours. 

§3"  Corneille  a  fait  un  mauvais  ufage  de  c^not 
dans  les  Horaces ,  en  1  appliquant  aux  pleucs^||| 

Que  lespleurs  d'une  amante  ont  de pui (fans  difcours  I 

|tT  On  peut  bien  dire  le  langage  des  pleurs, 
comme  on  dit  le  langage  des  yeux  ,  parce  que, 
les  regards  èz  lespleurs  expriment  les  fentimens; 
mais  on  ne  peut  dire  le  difcours  des  pleurs ,  parce 
que  ,  ce  mot  difcours  ,  tient  au  railonnement.  Les 
pleurs  n'ont  point  de  difcours.  Et ,  de  plus ,  avoit 
des  difcours  eft  un  barbarifme.  Volt. 

Ce  mot  vient  du  Latin  ,  difcurjus.  Nicot, 
"^fT  Discours  ,  dans  un  fens  moins  étendu  ,  fignifîe  , 
un  affemblage  de  raifonnemens  difpofés ,  fuivanc 
les  règles ,  &  préparés  pour  des.  occafions  particu- 
lières ,  quelquefois  publiques  &  brillantes.  Scrmo  , 
oratio.  On  apporte  des  Difcours  à  l'Académie  Fran- 
çoife  pour  obrenir  le  prix  d'Eloquence.  Les  Difcours 
politiques  &  moraux  du  fîeur  de  la  Noue  ont  été 
fort  eftimés.  Il  faut  prendre  garde  qu'une  faulfe 
îdée  de  politefte  ne  rende  le  difcours  foible  &  lan- 
gullfant.  S.  Evr.  Il  n'y  avoit  ni  grâce,  ni  élégance 
dans  les  difcours  de  Caton.  Id.  L'étude  &  l'art  quj, 


DIS 

paroiflent  dans  un  dtj'cours  peigné  ,  ne  font  pas  le 
caradèie  cliui  elpriCvivemcinc  touché  de  ce  qu'il 
du.  J'admue  plus  dans  un  long  c^/,'cJi^/-J  ia  patience 
àz  l'auditeur  ,  que  la  iécondice  de  l'Orateur.  S.  Evr. 
li  tauc  pour  un  dijcours  public  ,  des  pcnlces  bnl- 
]antes  ,  des  expreliions  hardies ,  &  du  teu  d'eipnt. 
Idem. 
%G^  Discours.  Harangue  &  Oraison.  Le  dernier 
de  ces  mots,  dit  Ivl.  l'Abbé  Girard,  luppofe  tou- 
jours quelque  appareil  ,  ou  quelque  circonlhnce 
éclatante.  Les  deux  autres  n'expriment  ni  n'excluent 
l'éclat  ;  la  hj.rci::gue  pouvant  avoir  fa  place  dans 
une  occalîon  preUée  ts:  peu  connue  \  tk  le  dijCMirs 
étant  louvent  préparé  pour  des  occalions  publiques 
&  brillantes.  Les  difcours  qu'on  prononce  aux  ré- 
ceptions des  Académiciens  ,  dans  les  chaires ,  &  en 
cent  autres  occafions ,  peuvent  avoir  lappared  le 
plus  éclatant,  fans  être  ni  harangues,  m  ora/Jons  ■ 
ëc  ,  dans  une  converfation  fecrete  ,  ou  dxns  un 
tère-à-tcte  ,  on  peut  haranguer  ,  au  lieu  de  d/jcourir. 

ifT  Le  difcotirs  s'adreiïe  direétemenc  à  l'efprit  j 
continu^  le  même  Auteur;  il  fe  piopofe  d'expli- 
quer Hz  c'mrtridre  ;  la  beauté  eit  d'être  clair,  julte 
êc  élégant.  L'Académicien  prononce  un  dijcjurs , 
pour  développer  ou  pour  foutenir  un  fyfttme.  Les 
îleurs  du  difcours  en  diminuent  fouvent  les  grâces 
Foyei  aux  articles  Harangue  &  Oraison  ,  le 
caradèrc  propre  de  ces  mots  j  &  en  quoi  coniiften: 
leurs  difterences. 

ffj'  Ow  accorde, difent  les  Encyclopédifles  ,  à  M. 
l'Abbé  Girard  ,  (pie  fes  notions  font  exades  ;  maii 
en  l^s  reltreignant  aux  difcours  académiques ,  qu. 
font  plutôt  des  écrits  polémiques  &c  des  dillerta 
tions  ,  que  des  «^.ycj^^rj  oratoires.  Il  ne  laie,  dans  la 
<léhnition  ,  nulle  mention  du  cœur,  ni  des  paîlions 
&c  des  mouvemens  que  l'Orateur  doit  exciter.  Un 
plaidoyer,  un  fermon,  une  oraifon  tunèbie  font 
des  difcours  3  Se  ils  doivent  être  totichans ,  félon 
l'idée  qu'on  a  toujours  eue  de  la  véritable  élo- 
quence. 

ifT  Ne  peut-on  pas  même  dire  ,  que  les  d'fcours 
<3e  pur  ornement,  tels  que  ceux  qui  le  prononcent 
à  la  réception  des  Académiciens,  le  prcpolent  d'ex- 
citer des  pallions  douces  ,  l'eftime  -pour  les  Sujets 
que  l'on  reçoit ,  le  regret  pour  ceux  qu'on  a  perdus , 
l'admitation  de  leurs  travaux  ,  (Sec. 

0C?  Horace  a  donné  le  titre  *de  difcours  à  fes 
fatyres  ,  nom  qui  convient  plus  à  la  profe  qu'à  la 
poclie,  parce  qu'à  la  mefure  près ,  elles  lont  écrites 
dans  un  ftyle  qui  approche  de  la  proie  ,  n'ayan. 
aucun  caradère  particulier  de  la  véritable  poche  , 
qui  tienne  de  la  hble  ou  du  fublime  ;  fcnnoni 
propiora. 
DISCOURTOIS ,  OISE.  adj.'Qui  manque  de  courtoifie 
ou  de  civilité,  .?c  fur-tout  envers  les  Dames.  Inur- 
banus  ,  infceius.Un  C'isvalier  difcourcois  elt  celui 
qui  manque  de  rtffped  ou  de  dilpofition  à  fervir 
les  Dames.  Ce  mot  vieillit,  &  étoit  autrefois  de 
grand  ufagc. 

Ils  ont  écrie  quelques  vers  difcourtois.  R. 

DISCOURTOISIE,  f  f.  Manque  de  courtoifie.  Inur- 
hanitûs.  C'ell  une  difcourcoijie  de  refufer  à  quelqu'un 
un  fer  vice  qui  ne  coûte  rien.  Il  ell:  vieux. 

DISCREDIT.  Cm.  Terme  de  Commerce.  Diminution, 
perte  du  crédit  c]u'un  chofe  avoit  auparavant.  Les 
billets  d'un  tel  Banquier  ,  d'une  telle  Compagnie 
tombent  dans  le  difcrédic.  Les  lettres  de  change 
de  ce  Marchand  font  dans  le  difcrédic.  Ce  mot  eft 
très-nouveau ,  &  l'ufage  ne  s'en  efl:  guère  introduit 
dans  le  commerce  ,  que  depuis  l'année  1719.  que 
les  Arrêts  du  Confeil  d'Etat  l'ont ,  pour  ainfi  dire  , 
confacré,  pour  exprimer  la  perte  qui  fe  faifoit  fur 
les  Adionsde  la  Compagnie  des  Indes  &  les  Billets 
de  Banque  ,  &  le  peu  de  cours  qu'ils  avoient  dans 
le  public.  Ainfi  l'on  a  dit ,  en  ce  fens  ,  le  difcrédic 
des  Adions  \  pour  dire  ,  qu'elles  étolent  extrême- 
ment^  bailfées.  On  a  dit  encore  que  les  Billets  de 
Banque  ccoient  tombés  dans  le  difcrédic ,  pour  figni- 


D  î  S  57^ 

fier  qu'on  ne  lésa  plus  voulu  recevoir  far  k  Mîce, 
ou  du  moins ,  qu'on  ne  les  a  pas  reçus  pouf  leur 
jiirte  valeur.  Les  terres  ont  pu  paroïtit.  vendues 
chèrement  en  1727.  année  d'un  très-grand  difcrédic, 
Fact.  Cet  homme  a  diverti  une  partie  des  îi^wd-i 
de  la  cailfe  ,  ck  y  a  fubftitué  des  Billets  de  Banque 
dans  le  temps  de  leur  difrrcdic.  Faverel. 

Le  difcrédic  où  ces  Ouvrages  font  tombés  parmi 
les  Savans. 

On  a  inventé  le  terme  de  difcrédic,  pour  l'oppo- 
fer  à  celui  de  Crédit,  qui  fignihe  la  laveur  que  les 
Billets  de  Commerce,  tant  publics,  que  particuliers 
ont  quelquefois  coutume  de  prendre  fubitement , 
luivant  les  conjonduies ,  dans  le  négoce  que  les 
Marchands  &:  Banquiers  en  font  entr'eux, 

DISCREDITE,  ÉE.parr.  ou  plutôt  adj.  Qui  eO;  tombé 
^'■'  difcrédit.  Faire  valoir  dans  fa  cailfe  du  papier 
df crédité ,  comme  efpèces.  Il  lui  a  donné  du  papier 
dijcrédicé.  Faveret.  Allouer  du  papier  dijcréaué 
pour  des  efpèces. 

^  DISCRET  ,  ÉTÉ.  adj.  Qui  eft  prudent  Se  modéré 
dans  Çss  paroles  ^  dans  k%  adions.  On  fuit  ici 
la  foule  «Je  l'autorité  de  l'Académie  j  en  délinilTnnt 
ainh  l'homme  difcrec ,  quoique  ce  terme  ne  paiùiHe 
ligniher  que  celui  qui  eft  tempérant  dans  le  difcours, 
qui  a  l'art  de  conlerver  au  dedans  de  foi-même  ', 
les  choies  fur  lefquelles  il  eft  à  propos  de  fe  taire! 
f'oye^  Discrétion.  Conflder&cus  ^  prudens.  L'hon-^ 
nete  homme  eft  difcret:  il  remarque  les  défauts 
d  autrui;  mais  il  n'en  parle  jamais.  S.  EvR.  Le? 
gens  difcrets  font  bien  venus  par  tout. 

îJCr  Discret,  fe  dit,  particulièrement,  de  deux  qui 
faveur  garder  un  fecrct.  Les  femmes  aiment  les 
Amans  difcrets. 

Hamour  te  plus  difcret 
Laiffe  par  quelque  marque    échaper  fort  fecret. 

Racine. 

DiscRrT  ,  eft  auffi  une  formule  de  Notaires  ,  un  titre 
d  honneur  qu'ils  donnent  aux  Curés  &  aux  Gradués, 
&  principalement  aux  Supérieurs  des  Couvens.  Vé- 
nérable &  difcrec  M.  tel  ,  Curé  d'un  tel  lieu  ^ 
Prieur  d'un  tel  Couvent. 

Discret.  Terme  en  ufage  dans  plufieurs  A'îaifons  Re- 
ligieufes ,  telles  que  celles  des  Capucins ,  des  Aii- 
guftinsj  des  Recolets,  Sec.  C'eft  celui,  qui,  dans 
un  Chapitre  ,  repréfente  le  Corps  du  Couvent ,  & 
en  eft  comme  l'Avocat ,  cc  proprement  le  Député. 
Confulcor.  Sorte  d'avocat  envoyé  à  un  Chapitre 
Provincial  j  pour  repréfenter  les  intérêts  de  la  Alai- 
fon.  Il  y  a  dans  l'Ordre  des  Frères  Mineurs-l-ran- 
cifcains  des  Pères  difcrets  perpétuels.  Si  le  Général 
meurt  avant  que  d'avoij  lini  fon  temps,  ou  qu'il 
foit  élevé  à  quelque  dignité  d'Eglife  ,  on  lui  fubf- 
titue  un  Vicaire-Général  j  qui  eft  élu  par  les  Pères 
Difcrets  perpétuels  de  1  Ordre,  qui  font  ceux  qui 
ont  exercé  l'Office  de  Génér.al ,  ou  qui  ont  été 
Vicaires-Généraux  pendant  deux  ans.  P.  Hélvot 
ïom.  J^'ll.  c.   a.  ■ 

On  appelle  ,  auflî  j  Sœur  difcrète  ,  une  Rcligieufe 
ancienne ,  qu'on  donne  pour  Alîiftante  à  une  Su- 
périeure pour  la  conduite  de  la  Communauté.  Con- 
fultrix.  Les  Mères  Difcrètes  font  le  Ccnfea  de  l'Ab- 
belfe.  Patru.  Le  17«^  chapitre  des  Statuts  de  Fon- 
tévraud,   fait  en  1 4^4.  eft  des  Z>i/crm.f. 

On  diftingue  ,  en  Phiiofophie  j  la  quantité  con- 
tinue, de  la  quantité  dijcrete.  Difreta  quamitas. 
La  continue  eft  celle  des  lignes,  des  fupcificies  &: 
des  folides  ,  qui  eft  l'objet  de  la  Géométrie.  Voye-^ 
C0NTIKUE.  La  quantité  difcrète  eft  celle  des  nom- 
bres,  qui  eft  l'objet  de  l'Arithmétitiue.  On  l'ap- 
pelle difcrète  ou  disjointe  ,  parce  qu'elle  eft  com- 
pofée  de  parties  qui  ne  font  point  jointes  enfem- 
ble  ,  &  ne  peuvent  former  un  feul  continu. 

DISCRETEMENT,  adv.  D'une  manière  difcrète.  Con- 
fideratè,  prudenter.  Il  en  a  agi  fort  difcrétemcnt^  fore 
prudemment. 

|Cr  DISCRETION,  f.  f.  Tempérance  ,  inodérarion 
dans  le  difcours  &  dans  les  adions ,  prudence  qui 


3  '74  ^  ^  s 

'règle  nos  adîons  &  nos  paroles.  Cû.'iflderàtio  ^  pru~' 
■  dentïa.  Quand  on  eft  conltitué  en  dignité,  il  fau: 
fe  conduire  avec  une  grande  dïjcrédon.  Quand  on 
parle  devant  des  inconnus ,  ou  des  ennemis ,  on  ne 
le  fauroit  faire  avec  trop  de  dijcrédon.  Il  a  écé  dii- 
crec  tant  qu'il  s'etl:  cru  malheureux  j  mais  une  pen- 
fée  d'un  bonheur ,  même  incertain  ,  a  lîni  fa  dij- 
crédon. P.  DE  Cl.  La  dlfcredon  eft  lïne  des  princi- 
pales parties  d'un  Galant.  Voit.  Les  gens  lages 
blâment  un  zèle  fans  .prudence  &  fans  difcruion. 
S.  EvR. 

ifT  Le  fubftantif  ■û!'//cr/rio/2  >  difent  leis  Encyclo- 
pcdilles  ,  paroît  avoir  une  toute  autre  acception  que 
i'cld;ect:if  discret,  Dijlrédon  ne  s'entend  guère  que 
de  la  tempérance  d.ms  les  dilcouis  &  dans  les  ac- 
tions :  la  vue  de  i'cfprit  ne  fe  porte  plus  fur  l'idée 
de  ferret.  H  femble  que  la  difcrédon  marque  la 
qualité  des  adions  de  l'homme  prudent  &  mo- 
dt'ré. 

Difcrédon  vient  du  Larin  difcredo  ,  ijue  quelques- 
uns  d-'rivcnt  du  mot  Grec  ê^ixxfiFiç. 

On  cht  j  en  termes  de  Guerre  j  qu'une  place  fe 
rend  à  dijaédon-^  pour  dire  ,  à  la  merci  du  vain- 
queur j  par  la  confiance  qu'on  a  qu'il  ufera  bien  de 
la  vidjire.  Viciorïfc  permktere  nuUâ  propo/itâ  con- 
d'n^  one. 

ff3'  Dans  le  difcours  oïdinaire,  fe  mettre  à  la 
dijcrcdon  de  ciuelqu'im  ,  c'ell  fe  livrer  entièrement 
à  fa  volonté. 

^fT  Et ,  fe  temettre  à  la  difcrédon  de  quelqu'un  , 
c'efl:  fe  rapporter  au  jugement  de  quelqu'un  pour 
une  affaire  ,  dans  la  confiance  qu'on  a  en  fa  fagelFe. 
Permitcere  Je  fidei ,  ou  in  fidem  alicujus. 

On  dit  des  foldats  ,  qu'ils  vivent  à  difcrédon  , 
iorfqu'ils  vivent  en  liberté  chez  leurs  hôtes,  fans 
règle  &  lans  difcipline.  /'  Ivcre  auenis  impenjis , 
milites  fuo  arhitrio  permittere.  Le  vrai  moyen  de 
ruiner  une  ville ,  c'ell  d'y  laiirer  des  foldats  vivre  a 
difcrédon. 

Il  s'emploie  aùflî ,  figurément ,  en  ce  même  fens. 
Si  l'on  abandonne  la  palîion  fur  fa  foi  ,  &  H  on  la 
lailïe  faire  à  dfcrétio  ,  quels  ravages  ne  fera-t-elle 
point  dans  la  fociété  civile  ?  Balz.  Cupid.ita.ti  alicui 
effrenatx  laxare  jrena. 

^fT  En  termes  de  jeu  ,  difcrédon  fignifiece  qu'on 
gage  ou  ce  qu'on  joue ,  fans  marquer  précifément 
ce  que  c'efl:  j  &:  qu'on  lailfe  à  la  volonté  du  perdant. 
Jouer ,  gagnet ,  perdre  une  difrétion. 
iDîSCRÉTbfRE.  f.  m.  Lieu  nù  s'alfemblent  les  Mères 
Difcrètes  dans  les  Couvens  des  Religieufes,  ou  les 
Supérieurs  &  Pères  Uifciets  dans  les  Couvens  des 
Religieux. 

Les  yeux  en  pleurs  ,  les  fens  d'horreurs  troublés  j 
En  manteaux  longs  ,  en  voiles  redoublés. 
Au  Difcrétoire  entre  neuf  Vénérables  : 
'Figure'^-vous  ncuj  fiecles  affemblés. 

S?OEME  DE  Vert-Vert  de  M.  Grefet. 

■il  paroît  qiie  Difcrétoire  eft  un  terme  ufité  dans 
quelques  Couvens,  pour  marquer  l'alfemblée  des 
Notables ,  &:  l'endroit  oii  elle  fe  tient.  Feu  M. l'Abbé 
Le  Gendre,  Sous  Chantre  de  l'Eglife  Métropolitaine 
de  Paris ,  l'a  employé  en  la  première  fignification 
dans  fon  Teftament.  Si  la  fondation  des  Prix  n'eft 
point ,  dit-il ,  acceptée  par  le  Difcrétoire  du  Grand 
Couvent  des  RR.  PP.  Cordeliers  de  Paris ,  je  fup- 
plie  très-humblement  Meffieurs  les  Gens  du  Roi  du 
Parlement  delà  placer  où  ils  le  jugeront  à  propos. 
Mercure  d'Oclohre  1754. 

DISCRIME,  f  m.  Vieux  mor.  Danger ,  du  Latin  Dif- 
crimen  ,  qui  veut  dire  la  même  chofe. 

DÎSCRIMEN.  f.  m.  Efpèce  de  bandage  dont  t>n  fe 
fertpour  la  fùgnée  du  front.  Difrimen  eft  un  mot 
Latin  qui  fignifie  divifion,  féparation  ;  nom  qui  a 
été  donné  à  ce  bandage,  parce  qu'en  palfant  le 
long  de  la  future  fagittale  ,  il  divife  la  tête  en  deux 
jparties  égales ,  où  parce  qu'il  y  a  des  féparations 


DIS 

entte   fes  tours.    Voyei   le  Dict.   de  M.  Col  de 
Villars. 

DISCULPER.  V.  a.  Juftilîer  quelqu'un  d'une  faute 
qu'on  Im  impute.  Allqucm  purgare ,  culpu  libertire. 
11  s'emploie  iouvent  avec  le  pronom  perfonnel.  Il 
s'cft  fort  bien  difculpé  de  cette  accufation.  On  lui  fit 
un  crnne  de  fa  pallion  j  ëc ,  voici  comme  il  fe 
diJcuLpa.  Man.  de  penser.  Si  celui  qui  le  connoïc 
parfairement ,  &  qui  l'aime  avec  tendrellej  ne  laille 
pas  de  le  condamner  ,  comment  pouvons  -  nous  le 
dijculper S^cVdhïoxxàxQ}  difent  les  Chinois,  quand 
on  paroît  étonné  de  ce  cjue  chez  eux  ,  h  un  père 
accule  fon  fils  de  quelque  faute  devant  le  î.laii- 
darin,  il  n'a  befoin  d'aucune  preuve.  P.  le  Comte. 
Ce  mot  vient  du  Latin  Dfculpare.  Du  Cange. 
Le  P.  Bouhours  le  dérive  de  l'Italien  difcolpaie,  & 
dit  que  nous  devons  peut-être  ce  mot ,  &  quelques 
autres  qu'il  rapporte  ,  à  M.  le  Cardinal  Mazarin  \ 
ce  qui  fait  connoître  depuis  quel  temps  ces  mots 
font  en  ufage. 

DISCULPÉ ,  EE.  part. 

ifT  DISCURSIF  j  ivE.  ad;.  Terme  de  Logique.  Qui 
rire  une  propofition  d'une  autre,  pat  le  raifonne- 
ment.  Difcrendi  jacultate  prttditus.  L'homme  a  là 
faculté  difcurfve. 

IJC?"  Ce  mot  s'applique  auflî  aux  fciences  qui  em- 
ploient le  raifonnement ,  &  les  règles  de  la  Dia- 
lectique. Difcurfivus  j  a  j  um.  La  Théologie  ,  dont 
l'Eglife  fe  fert  po;ir  la  défenfe  &  l'établiflement 
des  vérités  ,  eft  eftentiellement  difcurjne  &c  n'eft  , 
à  proprement  parler  ^  qu'une  Logique  qui  raifonne 
jufte  lur  les  dogmes  révélés  ,  (Se  qui  en  déduit  clai- 
rement les  vérités  qu'ils  contiennent.  Lamy. 

Discursif  ,  eft  aufli  un  terme  de  dévotion  myftiqit'e  ; 
&  alors  il  fignifie  Aélif^  inquiet,  agité.  Difcur- 
rens.  La  contemplation  adlive  eft  celle  qui  eft  en- 
core mêlée  d'aétes  emprelfés  &  difcurfijs.  Fenel. 

DISCUSSIF,  ivE.  adj.  Terme  de  Médecine,  qui  fe 
dit  des  médicamens  qui  ouvrent  les  pores  ,  &  qui 
ront  évaporer  par  la  tranfpiration  infenfible  les  hu- 
meurs inutiles  ducorps,  principalerrient  en  atténuant, 
en  réfolvant.  Difcujjoria  medicamina.  Ce  font  les 
mêmes  que  ceux  qu'on  appelle  diaphorétiques  &  ré- 
folutifs.  Les  inteftins  étant  bourfouflés  ,  ont  befoin  ■ 
de  remèdes  carrainatifs  &  difcujff  pour  les  défen- 
fler.  DioNis. 

Ce  mot  &  les  deux  fuivans  ont  la  même  origine.' 

DISCUSSION,  f.  f.  Examen  exaét  &  en  détail,  ac- 
tion de  difcutet  des  queftions  ,  des  affaires  ,  des 
héritages.  Alicujus  rei  accurrata  confderatio.  Le 
peuple  n'entre  dans  aucune  difcujffion  des  chofes 
mêmes  dont  il  juge  le  plus  criminellement.  C'eft 
une  affaire  d'une  grande  difcujjîon ,  que  de  rendre 
un  compte  exadt  de  fa  conduite ,  quand  on  a  manié 
les  deniers  publics. 

ifT  Discussion.  En  Médecine  ,  fignifie  la  diftipation 
de  la  moitié  d'une  tumeur ,  &  fa  fortie  au  travers 
des  pores.  Voye:^^  Discuter. 

On  dit ,  en  termes  de  Palais  ,  qu'un  homme  , 
qu'une  caution  n'eft  point  tenue  de  payer  ,  finon 
après  dijcujfion  faite  des  biens  du  débiteur.  Bono- 
ram  debitoris  cum  are  alieno  coUatio.  Et  c'eft  pour 
cela  qu'on  fait  appofer  cette  claufe  dans  les  contrats. 
Ils  fe  font  obligés  folidairement  l'un  pour  l'autre, 
&  un  fculpour  le  tout,  fans  divifion  ni  difcujffion, 
&  ont  renoncé  au  bénéfice  d'icelles.  Faire  la  difcuf- 
fion  d'un  débiteur  ,  c'eft  faire  la  perquifition,  SC 
cnfuite  la  vente  en  Juftice  de  tous  it^  biens , 
meubles  &  immeubles.  Debitoris  bona  cum  alieno 
are  adducere  in  contentionem.  On  appelle  bénéfice 
de  difcujjlon  une  exception  dilatoire,  par  laquelle 
le  débiteur  empêche  ,  ou  retarde  fa  condamna- 
tion ,  en  renvoyant  le  demandeur  fur  les  biens  du 
tiers. 

Discussion  ,  fe  prend  aulîi  pour  Difpute  ,  contefta- 
tion.  Contentio  ,  jurgium.  Ils  ont  une  grande  difcuf- 
fion  enfemble.  Il  a  eu  une  difcuffion  au  jeu. 

Ce  mot  vient  du  Latin  difcuffio  j  qui  vient  de 
difcutere. 


D  î  S 

DISCUTER.  V.  a.  Examinei-  une  qiieftion ,  une  afuiire  , 
un  pomc  d'Hilloire,  de  Droit  j  faire  toute  !a  rcclierche 
poiiible  pour  en  dccouvnr  la  vérué  ,  c'elî  propre 
ment  dégager  une  chofé  de  tout  ce  qui  lui  elt  étran- 
ger ,  &  qui  ne  peut  l'ervir  qu'à  l'embrouiller.  yJccu- 
nitè  aliquid  co'ijiderare  ,  diligcmcr  perpe:;de'-e.  Ce 
Commentateur  a  bien  difcuu  cette  queftion.  Ce 
procès  a  été  bien  dijiucc  par  les  Juges.  L'article  qui 
conccrnoitles  Corfes  fut  pareillement  laiifé  indécis , 
mais  non  pas  lans  avoir  été  long-temps  difcucé  de 
part  &c  d'autic.  L'Abbe  Regn. 
Ce  mot  vient  du  Latin  difcutere. 

fïCr  Discuter  ,  lignifie  aulTi ,  en  Jurifpruàence  ,  Re- 
chercher les  etlcts  d'un  débiteur  ,  les  taire  vendre 
par  autorité  de  Juilice  ,  pour  faire  le  paiement  de 
ce  qu'il  doit.  Innuirere  dcl-itoris  in  bona  ,  eademque 
auctionc  j'uh  Itajlâ  venderc.  Ses  Créanciers  lont  au- 
torilés  à  difcuter  fes  biens  &  ceux  de  fa  caution. 
On  dit ,  dans  le  même  fens ,  (///c^/rer  tiuelqu'nn.On 
difcute  le  piincipal  gbligé  ,  avant  que  de  difiuter  la 
caution. 

Discoter  ,  en  termes  de  Médecine  j  fignifie  ,  féparer, 
divifer  ,  poulFer  &  chafTer  çà  &:  là.  Divldere  j  dij- 
folvere  ,  difcutere.  Les  principaux  effets  des  cata- 
plafmes  font  d'appailer  les  douleurs ,  de  ramollir , 
léfoudre  ,  difcuicr ,  ou  mener  à  luppuration  les 
matières  amalfées  aux  parties  extérieures  du  corps. 

DISCUTE  ,  ÉE.  part. 

DISDIAPASON,  f.  m.  Terme  de  Muficjue.  Le  difdia- 
pil'on  e(t  une  conionnance  compofée  ,  que  le  P- 
Paran  dit  être  quadiuple  de  4.  à  i.  ou  de  8.  à  z.  Le 
difdiapajon  eft  une  lymphonie  qui  fe  fait  lorfque 
la  VOIX  va  de  fon  premier  ton  au  quinzième  lieu. 
On  peut  appeler  cette  conionnance,  une  quinzième. 
La  voix  ne  s'étend  ordinairement  que  depuis  fon 
premier  ton  ,  jufqu'au  difdiapajon  ,  c'ell-i-dire  , 
qu'elle  n'a  guère  plus  d'une  double  oitave  d'étendue^ 
car  le  difdiapafon  e'I  une  double  oéiave  ou  une 
oélave  redoublée.  La  voix  peut  quelquefois  s'élever 
plufieurs  tons  au-dellus  du  difdiapajon  ;  mais  avec 
un  effott  qui  fait  que  le  fon  de  la  voix  n'eO:  pas' 
naturel ,  &:  que  l'on  appelle  faujfet. 

DISDiAPASON  DiAPENTE.f.  m.  Terme  de  Mufi- 
que.  Confonnance  compofée  en  proportion  fextuple 
de  II  à  1.  ou  de  i  à  6. 

DISDIAPASON  DIATESSARON.  f.  m.  Terme  de 
Muîique.  Confonnance  compofée  en  proportion  de 
i<>  à  5. 

DISDIAPASON  DîTON.  f.  m.  Terme  de  Mufique. 
Confonnance  compofée  en  proportion  de  10  à  2.  ou 
de  10.  à  4. 

DISDIAPASON  SEMI-DITON.f.  m.  Terme  de  Mu- 
fique. Confonnance  compofée  en  proportion  de  24 

à  5- 

Ces  termes ,  qui  font  pris  des  Anciens  ,  &  qui 
fervent  à  expliquer  les  accords  &  les  confonnances 
de  leur  Mulique  ,  fe  trouvent  dans  les  Auteurs 
François  qui  ont  écrit  de  la  théorie  de  la  Mufique. 

DISEN.  Foye:;  DILIBOD. 

DISSENTÉRIE.  Fo)  e:^  DYSSENTHRIE. 

DISSENTIS.  Célèbre  Abbaye  du  pays  des  Grlfons , 
dans  le  quartier  qu'on  nomme  la  Ligue  Grife,  près 
de  la  fource  du  haut  Rhin.  Dijcentium.  L'Abbé  de 
Difentis  a  droit  de  battre  monnoie. 

DISERT j  ERTE.adj.  Qui  parle  aifémenr  &  avec  quel- 
qu'élégance  j  qui  a  le  difcours  pur  &  aifé.  Il  eft 
bien  plus  aifé  d'ctte  disert,  que  d'ctre  éloquent. 
Disertus  ,  dicendi  peritus. 

IJCT"  Il  manque  à  l'homme  disert ,  pour  être  élo- 
quent ,  de  la  nobleffe  dans  l'exprellion  ,  &  de  l'élé- 
vation dans  les  penfées. 

DISERTEMENT.  adv.  D'ane  manière  difette.  Cet 
Avocat  plaide  disertement. 

'DiSERTEMENT  ,  fignifie  aufll ,  En  paroles  nettes  &  in- 
telligibles. Je  lui  ai  dit  bien  difertemem  que  je  vou- 
lois  mettre  telles  claufes  dans  mon  contrat.  Clarè  , 
dilucidè  _,  difertis  ,  conceptis  verUs.  La  foi  des  Traités 
2c  des  Capitulations  ,  où  ces  franchifcs  &  libertés  ie 
trouvent  difertcment  confirmées.   Mem.  d'Artois, 


D  I  S 


37i 


Un  VtwnhgG  difrtemerit  appliqué  &  aux  grains  du 
ciu  &  aux  grains  du  commerce.  Normant.  Laillbns 
ce  mot  au  Palais.  Il  vient  du  L.atin  dijcrtè  ,  qui 
fig.'iifie  la  même  chofe  :  il  ne  fe  dit  point  dans 
l'ufage  ordinaire.  On  ne  le  trouve  que  dans  des 
Faclams  &  des  Mémoires. 
Ce?  DISETTE,  f.  f.  Nécelficé,  manque  de  quelque 
chofe  nécellaire  ,  nous  dit  on  ,  dans  le  Dict.  de 
lAcad.  Notion  faulFe  j  ou  trop  vague.  La  dijetie 
eii:  proprement  un  manque  de  vivres.  Penuria.  Son 
oppolé  elt  l'abondance.  Copia.  Nous  fommes  dans 
une  grande  dijetie  de  blés ,  de  vivres.  La  pauvrctî 
emporte  la  privation  des  commodités  de  la  vie.  \Jin- 
digence  fuppofe  un  manque  des  choies  néccffaires. 
La  dij'ctte ,  dit  M.  l'Abbé  Girard,  elt  un  manque 
de  vivres. 

ffT  La  difette  femble  venir  d'un  accident ,  ou 
d'un  défaut  de  provifion ,  plutôt  que  d'un  défaut 
de  biens-fonds.  De  fages  précautions  préviennent 
la  difette  ;  les  conîommations  iuperflues  &c  immo- 
dérées la  caufent  quelquefois. 

^fT  Les  dijettes  qui  arrivent  dans  l'Etat ,  font 
une  marque  indubitable  que  la  Police  n'y  efl  pas 
parfaite  ,  ou  qu'elle  n'y  eft  pas  fidèlement  obfervée. 
/''oye^ Besoin  ,  Indigence  j  Pauvreté  , Nécessite. 
Les  Anciens  ont  perfbnnifié  la  dij'ette. 

La  difette  au  teint  blême  ,   &  la  trijle  famine  , 
Troublent  l'air  d'alentour  de  longs   gemijfemens. 

BOILEAU. 

Le  mot  vient  de  defta  ,  qui  a  été  fait  de  defnere, 
dejivi  J  ue/ùum.  Ménage. 

Les  difettes  arrivées  en  France  ,  &  dont  nouî 
avons  connoiiririce  ,  font  en  4S1.  fous  Childeric  j 
en  5  8.^.1ou3  Clotaire  IL  en  651.  fous  Clovis  II.  en 
778.  &  779.  fous  Charlemagne  ;  &  So^.  &  806. 
fous  le  même;  en  H04.  fous  Philippe  le  Bel,  & 
les  deux  années  fuivantes  5  en  1516.  jous  Philippe 
le  Long;  en  135)0.  &  i59'*  ^'^^'^  Charles  VI.  en 
143 1.  lous  Charles  VIL  en  i44(>.  fous  le  même 
Roi  ;  en  1560.  fous  Charles  IX.  en  1565.  plusgiands 
que  jamais;  en  1572.  &  1573.  en  1587.  caufées 
par  les  guerres  ;  en  1625.  fous  Louis  XIII. en  1625). 
fous  le  même  ;  en  iCyGo.  \66i.  1661.  fous  Louis 
XIV.  en  i<5(j4.  fous  le  même;  en  1693.  &  1654. 
lous  le  même;  en  i6ç)ii.  &  1690.  moindre;  en 
1709.  Foye-:[  tous  les  Réglemens  de  Police  qui  fu- 
rent faits  en  ces  occafions-là  ,  ramairés  par  M.  de 
la  Mare  J  dans  fon  Traite  de  la  Polue ,  Liv.  V. 
Tit.  XIV.  c.  10.  &  fuiv.  T.  II.  p.  9S3.  &  luiv. 

ter  DISETTEUX,  euse.  Vieux  adj.  pris  quelquefois 
fubftantivement.  Qui  manque  des  chofes  nécellaires. 
C'eil  un  pauvre  dfttcu.x.  tigens  ,  indigens. 

M.  Fiiretière  a  mi.,  d.ins  un  de  fos  Fnclums contre 
l'Académie .  au  heu  de  rendre  la  langue  riche  èc 
abondante  ,  ils  la  rendent  pauvte  &  difetteuj'e.  Ce 
mot  eft  vieux  &  furanné. 

DISEUR,  f.  m.  DISEUSE,  f.  f.  Celui  ou  celle  qui  dir. 
Dicens  j/o./:/t' .■.'.(•.  L'entente  elt  au  difeur:,  c'ell- à-dire, 
que  celui  qui  parle  entend  bien  ce  qu'il  veut  dire, 
&  qu'il  y  a  quelque  choie  de  caché  que  lui  feul  en- 
tend. Excepte  dans  cetie  phrafe  proverbiale  ,  le  mot 
de  difeur  ne  s'emploie  jamais  leul.  \j\\  difeur  de  bons 
mots  elt  celui  qui  affetVe  de  parojtre  fubtil  &  plai- 
fant.  Homo  facctus.  Les  quatre  grands  difeurs  de 
bons  mots  de  notre  temps  étoient  Angevins  ,  M.  le 
Prince  de  Guimené  ,  M.  de  Bauttu  ,  M.  le  Comte 
de  Lude  &  M.  le  Marquis  de  Jerzey.  Ménage.  Un 
grand  difeur  de  riens  j  c'elt  un  homme  qui  parle 
beaucoup;  qui  ne  dit  que  des  bagatelles.  Gerro  ,  nu- 
gator.  Un  difeur  de  nouvelles ,  un  nouvellifte. 
Narrator.  Cette  caufeufe ,  cette  grande  difiije  de 
riens,  cette  monftrueule  éloquence  des  décinmateurs, 
a  infedté  les  efprits  des  jeunes  gens.  S.  Evn. 

Le  bon  fens  de  l'efprit  efl  le  guide  fid'eU\ 
Lui  feul  peut  le  conduire  _,  &fait  le  ménager. 
Un  bel  efprit ,  fi  j'en  fais  bien  juger  j 
EJl  un  difeur  de  bagatelle.  S.  Evr. 


fy6 


I  S 


Kon  ,  je  ne  puis  fouffrir 
Ces  obllgeans  difcuts  d'inutiles  paroles.  Mot. 

Diseur,   Diseuse    de   bonne  aventure.   Ariolus  j 
Chlromdnds  ,  Chiromances  j  ChiroJ'copus.  On  appelle 
ainfi  des  aventuriers  ,  hommes  &  temmes ,  qui  le 
piquent  de  connoûre  j  par  l'inlpedionde  la  mam ,  ce 
qui  arrivera  à  une  petionne.  ils  difent  quelquefois 
ce  qui  eH:  déjà  arrivé  à  ceux  qui   les  confultent  j 
mais  lis  ne  le  font  qu'après  s'en  être  informes.  Pour 
ce  qui  eft  de  l'avenir,  ils  difent  tant  de  choIeSj  & 
en  des  termes  fi  généraux  ,  qu'il  eft  impollible  qu'il 
n'y  ait  quelque  chofe  de  vrai  j  dans  un   certain  lens 
qu'on  peut  donner  à  leurs  paroles  :  ainfi  ils  trompent 
les  fots  qui  veulent  bien  leur  donner  de  l'argent  pour 
les  fadaifes  qu'ils  débitent.  Les  Bohémiens  ionc  di- 
feurs  de  bonne  aventure. 
ifT  DISGRÂCE,  f.  f.  Ce  mo:  fignifie  ,    quelquefois  ^ 
perte,  privation  de  crédit^^  de   taveur  j  de  bonnes 
glaces  d'une  perfonne  puillante.  Comme  quand  on 
dit  j  tomber  en  dij'gràce.   Encourir  la  dijgrâce  du 
Prince.  Perfonne  ne  l'a   vu  pendant  fa  dijgrâce.  Se 
mettre  en  dil'gràcc  auprès  de  quelqu'un.  Offenjam  ali- 
cujus  mereri ,  fujcipere.  Etre  en  dij'gràce.  In  ojjcnj^a 
elfe  apud  aliquem.  Quelquefois  auHi ,  ce  mot  fignihe 
un  événement  fâcheux.  Advcrfus  cajus.  Il  eft  arrivé 
une  difgrâce  à  notre  ami  ,  il  a  perdu  fon  procès.  Les 
hommes  font  fujets  .à  mille  dj'grâces.  Si  l'on  parle 
mal  de  ce  que  vous  faites  ,  c'eO:  une  dijgrâce  qui 
vous  ell:  commune  avec  les  plus  grands  hommes  de 
l'Antiquité.  BoiL.  Le  fouvenir  d'une  profpérité  rend 
plus  vif  le  fentiment  d'une  difgrâce  prcfente.  Bouh. 
Comme  toute  difgrâce  peut  arriver  aux  hommes  j 
ils  devroient  être  préparés  à  toute  difgrâce.  La  Bruy. 
Nous  devons  apprendre  à  fubjuguer  nos  pallions ,  à 
vaincre  nos  délits  j  &  à  fouffrir  patiemment  les  plus 
cruelles  difgrâces.  S.  Evr.  Bajazet  ne  put  échaperà 
la  vîteife  des  chevaux  Tartares  ,  &  tomba  encre  les 
mains  du  vainqueur.  Alors  l'Ottoman  éprouva  dans 
fa  difgrâce  la  douceur  &  l'humanité  du  Tartare.  P. 
Catrou. 
DISGRACIER,  f.  m.  Priver  quelqu'un  de  fes  bonnes 
grâces  \  lui  ôter  la  faveur  ,  la   protedbion  qu'on  lui 
donnoit.  Gratiâ  quempiam  privare.  Un  Favori  qui  eft 
difgracié  -pzxà  tous  fes  flatteurs,  &c  la  plupart  de  fes 
amis.  Le  Roi  l'a  difgracié. 
DISGRACIÉ  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Qui  Principis  in  offen- 
Jionem  incurrit  ;   qui  cum  Principe  non  ejî  amplius  in 
gratiâ.  C'eft  un   ridicule  ordinaire  aux  dij'graciés , 
d'infeéter  toutes  chofes  de  leurs  difgrâces ,   &d'en 
vouloir  occuper  les  autres.  S.  Evr- 

Outre  la  lignitication  de  fon  verbe  ,  on  le  dit  aufli 
des  hommes  mal-faits  de  corps  ou  d'efprit ,  qui  ont 
quelque  chofe  de  défiguté  j  de  difforme.  Malè  na- 
ture pr&fidUs  paratus  ^  inftructus  j  nature  pr&(idûs 
deftitutus.  Cet  homme  elt  difgracié  de  la  nature 
boiteux  ,  borgne  ,  bofùi.  Il  y  a  des  perlonnes  à  qui 
les  défauts  fiéent  bien ,  &:  d'auttes  qui  font  dij~grâciées 
avec  leurs  bonnes  qualités.  Rochef. 
DISGR.^CIEUSEMENT.  adv.  Terme  nouveau,  &r  qui 
n'efl:  pas  encore  fuffifamment  accrédité.  J'ai  joué  ces 
deux  teprifes  de  médiateur  bien  dijgracicufement. 
On  ne  peut  pas  voyager  plus  difgracieufement  que 
nous  avons  fait  :  outre  la  pluie  que  nous  avons  pref- 
que  toujours  eue  fur  le  corps  j  nous  avons  encore 
elFuié  vingt  autres  accidens. 
DISGRACIEUX  ,  euse.  adj.  Défagréable.  Ingratus. 
Rien  n'eft  plus  df gracieux  pour  les  gens  de  fortune  j 
que  de  retomber  dans  le  néant.  Ses  anciens  amis 
font  aujourd'hui  f  js  plus  grands  perfécuteurs.  Cela 
ell  bien  difgracieux.  Un  homme  difgracieux. 
DISGREGAT ION.  f  f.  Adtion  qui  fépare  &  éloigne 
les  chofes  les  unes  des  autres.  Il  n'eft  guère  en  ufage 
qu'en  Optique.  Difperfus  ,  difpeclus.  Le  blanc  caufe 
la  difgrégation  de  la  vue  j  la  bleffe  &  l'égaré ,  à 
caufe  de  plufieurs  rayons  qui  la  frappent    de  tous 


D  I  S 

§3"  Ce  mot  eft  adopté  par  l'Acad.  &  expliqué 
de  la  même  manière. 
^Z?  Dijgregation  lignifie  ,    proprement  ,  difperfion. 
C'eft  l'oppofe  d'agrégation. 

|Cr  On  pourroit ,  peut-être  ,  dire  la  difgrégation 
des  rayons  ,  en  parlant  de  rayons  difperfes ,  épar- 
pillés j  mais  ce  terme  me  paroît  impropre  ,  appli- 
qué à  la  vue  j  pour  exprimer  l'effet  que  font  fur 
les  yeux  des  rayons  nombreux  ,  rédéchis  par  les 
objets. 
ÇCTDISGRÉGER.  v.  a.  Difperfcr  ^  éparpiller.  Vieux 
mot.  Les  Juifs  font  dj'greges  &  difperfés  par  le 
monde.  On  ne  le  dit  plus. 
DiSIBOi).  Nom  d'homme.  Difihodus.  S.  Difhod,  que 
l'on  appelle  encore  autrement  Saint  Difen  ,  éroit  né 
en  Irlande  au  Vile  fiêcle.  L'on  dit  même  qu'il  y 
'avoir  porté  le  nom  d  Evêque  j  fans  titre  &  fans 
liège ,  à  la  manière  de  plulieurs  autres  Prêtres  ,  ou 
Moines  Bretons  ,  ou  Hibetnois  de  ce  temps-là  ^  qui 
s'employoient  à  la  prédication.  Il  pallà  en  France 
vers  l'an  (J52.  &  fe  fixa  dans  le  Diocèfe  de  Mayence 
vers  l'an  66^.  Il  fonda  un  Monaftère  vers  l'an  674. 
fans  prendre  lui  -  même  l'habit  monaftique  \  &c  , 
malgré  les  grandes  auftérirés  ,  il  vécut  81.  ans,  & 
ne  mourut  qu'environ  l'an  700.  de  Jesus-Christ  , 
à  ce  que  l'on  croit,  ^^oye-^  les  Acïa  Sancl  Bened. 
S&C.  m.  P.  II.  pag.  j^a6,  &  fuiv.  ôc  Bailler  au 
FI  Ile.  Sept. 
DISJOINDRE.  V.  a.  Séparer  des  chofes  jointes.  Juncla. 
disjungcre.  On  ne  le  dit  qu'au  Palais.  Quand  on  joint 
des  inftances,  on  prononce  toujours  j  Sauf  à  disjoin- 
dre ,  s'il  y  échet. 

§C7"  Dans  ce  fens  ,  disjoindre  ,    fignifie   féparer 
deux  caufes    ou   deux    inftances    qui  avoient    été 
jointes  par  un  précédent  Jugement,    Il  n'a  poinc 
d'autre  ufage. 
DISJOINT ,  OINTE,  part.  Disjunclus. 

En  termes   de    Mufique  ,    Intervalle  par  degrés 
û'/j/oiwrj, eft  l'intervalle  quieftentre  deux  notes  qui  ne 
fe  fuivent  pas  immédiatement, &  qui  iont appelées, 
pour  cette  raifon  ,  degrés  disjoints.  Ainfi  le  degré 
disjoint  Q^  la  marche  d'une  note  à  une  autre  ,  qui  ne 
fe  fuit  pas  immédiatement  dans  la  gamme. 
fC?  DISJONCTIF  J  ivE.  adj.  Qui  disjoint,  ou  fépare.' 
Disjunclivus.  Ou  lie  ni  [ont  des  conjonélions  disjoncii-' 
ves  ,  qui ,  en  liant  un  difcours  ,  en  féparent  néan- 
moins les  parties.  Céfar ,  ou  rien.  Il  n'avance  j  ni 
ne  recule.  Comme  ce  mot  n'eft  guère  ufité  qu'au  fé- 
minin ,  cela  fait  que  disjonclive  eft  devenu  fubftan- 
tif.  Remarquez,  que,  lorfqu'il  y  a  plufieurs  fubf^ 
tantifs  féparés  par  une  disjonclive ,  le  dernier  feul 
fait  le  régime  du  verbe;   comme,   La   force,  ou 
la  douceur  lefera.  Cette  alternative  ne  peut  changer 
le  fingulier   du    verbe   en    pluriel.  Vaug.  Corn, 
Patru  foutient  qu'on  dit  également  bien  le  Jera  , 
ou  \q  Jeront  ^   &  qu'il  faur  dire  ,  Si  Titus  ou  Mé- 
vius  étalent  2.  Paris  ,  &  non  p.as  était  :  La  honte ,  ou 
l'occafion  ,  ou  l'exemple  leur  donneront  un  meilleur 
avis  ,  &  non  pas  donnera.  Il  faut,  dit-il,  dans  ces( 
occalions ,  confulter  l'oreille. 

En  Logique,,  on  appelle  Propofition  c/<''j/o«c?/v<' ,' 
une  Propofition  compofée  quicomptend  deux  mem- 
bres J  ou  deux  parries  liées  par  une  conjonétion  dls~ 
joncllve.  La  première  propofition  d'un  dilemme  eft 
une  propofition  disjonclive. 

Il  faut  obéir  au  Roi  j  ou  être  rebelle  : 
Il  ne  faut  jamais  être  rebelle  j 
Donc  II  faut  obéir  au  Roi. 

Sou  eft  encore  une  conjonébion  disjonclive. 

DISJONCTION,  f.  f.  Séparation  de  ce  qui  croit  joinrf 
Dlsjunclia.  Il  ne  fe  dit  qu'au  Palais.  Il  y  a  eu  arrêt  d* 
dlsjoncllon  de  ces  deux  inftances. 

DISLOCATION,  f  f.  Déboitement  d'un  os.  En  termes 


côtés.  On  le  dit  quelquefois  des  fons  ,aufll-bien  que       d'arr ,  on  l'appelle  luxation.  La  rédudion  d'une  dlf- 


des  rayons  de  lumière. 


1     location  du  fémur  faite  à  un  Marinier ,  bleffé  cinq 

mois 


D  î 

JOURN. 


DES    Sav.    Luxatlû 


mois    auparavant 
luxatura. 
Cry  DISLOQUER.  V.  a.  Terme  de  Chirurgie,  fyno- 
nyme  de  déboirer.  DijLoqutr  un  os ,  le  taire  lorcir 
de  fa  place.  ELocare ,  luxare.  Il  m'a  dijloquc  les  os 
du  bras. 

IjC?  On  dit ,  aufli ,  dijloquer  un  bras  j  une  jambe ^ 
&CC.  pour  dire  j  dijloquer  les  os  du  bras  j  de  la 
jambe. 

Disloquer  ,k  die,  figurémenr&burlefquement, 
de  l'efprit.  Cet  accident  lui  a  d'Jloqué  l'cipric  ,  la 
cervelle ,  lui  a  troublé  l'elpru  ,  lui  a  mis  refprit 
hors  de  Ion  alîiette.  Percurbare  mentem. ,  e  fuo  jtatu 
dimovere. 
Ip- DISLOQUÉ,  ÉE.  patc. 

Ce  mot  vient  de  dijlocare  j  que  l'on  a  forgé  dans 
la  balTe  Latinité  ,  pour  figniher  ,  ôter  de  fa  place. 
Dijlocatus  fe  trouve  dans  l'hirtoire  de  S.  François  de 
Paule  ,  Aci.  Sancl.  April.  T.  I.f.  130.  B. 
DISMA.  Ville  du  Japon  ,  qui  n'eft  féparée  de  Nan- 
guefaque  j  que  par  un  canal  fort  étroit. 


DISME 

DISMEll. 

DISMERIE. 

DISMEUR. 

DISMIER. 

DISNEE. 

DliNER. 

DISNER. 

DISNEUR. 


'.  Foye^  - 


DIME. 

DLMER. 

DIMERIE. 

DIMEUR. 

DIMIER. 

DINEE. 

DINER. 

DINER. 

DINEUR. 


D  ISPARADE.  f.  f.  Aftion  de  difparoîtrej  abfence.  Sans 
faire  aucune   réliexion  lur  ce  que  le   Marquis  de 


;nfer  j  je  le  laidai ,  dit  Marot ,  dans 
ma  cUambre  j  &c  je  courus  au  Palais  de  Madame.  Je 

rival   fut  futpris    de  la 


Macy  pourroit  p 


la  regardant 


comme  un  effet 


crois  que   mon    heureux 

difparade  j  &   que 

de  l'enthoufiafme  ,  il  rendit  grâces  à  la  Nature  de 

ne  l'avoir  pas  fait  naître  Pocre Madame  de 

Fille-Dieu  ^  tome  10.  p.  417.  418.  Il  y  a  quelque 
différence  entre  Difparade  &c  dijparidon  :  celui-là 
marque  une  évafion  prompte  &  uibite  ;  le  dernier, 
la  limple  ablence  d'une  perfonne  ou  dune  chofe  qui 
paroilfoit  &  qui  ne  paroît  plus.  Au  refte  j  il  n'eft 
point  ufité. 

DISPARAT ,  ATE.  ou  DISPARATE,  adj.  m.  &:  f  Terme 
de  Logique  j  qui  fe  dit  des  termes  &  des  chofes 
qui  n'ont  nulle  liaifon  j  nulle  connexion  entr'elles. 
Difpar.  Chien  &  cheval  j  font  des  termes  difparats, 
ou  difpàrates ,  parce  qu'ils  n'ont  pas  plus  de 
connexion  entr'eux ,  que  chien  &  bœuf  ou  bre- 
bis j  &c. 

ifT  On  dit  auffi ,  dans  le  difcours  ordinaire  ,  que 

deux  chofes  font  difpar^tes  _,   difparats ,  pour  dire 

qu'elles  ne  vont  point  enfemble,  qu'il  n'y  a  nulle 

•     li;  ifon  entre  elles.  Peut  -  on  mettre  en  parallèle  des 

chofes  au'.lî  d.ifparates  ? 

^ZT  DISPARATE,  f.  f.  Terme  que  nous  avons  pris  des 
Efpaun ois  ,  pour  figniher  écart  j  inégalité  dans  la 
conduite  j  dans  le  difcours  ,  dans  les  penfées  :  vice 
contraire  à  la  qualité  qu'on  défigne  par  le  mot  d'u- 
nité. Cet  homme  a  de  l'efprit  &  du  mérite  ;  mais 
il  a  quelquefois  de  grandes  dtfparates.  Quoi  !  pré- 
férer la  mollelfe  Se  la  ftérilité  de  Tibulle  ,  la  dureté 
&  les  difparatcs  de  Properce ,  à  l'aménité ,  à  la  fécon- 
dité &c  à  l'efprit  d'Ovide?  Huet. 

§Cr  Les  Encvclopédiftes  obfervent  qu'il  y  a 
beaucoup  de  différence  entre  les  inégalités  Se  les 
difparates,  l\  eft  impoflible  qu'il  y  ait  des  dtfparates 
fans  inégalité;  j  mais  il  peut  y  avoir  des  inégalités 
fans  difparates. 

ffâ-  DISPARITÉ,  f.  f  Difparatio  ,  difparilitas.  Diffé- 
rence qui  fe  trouve  entre  les  chofes  qu'on  compare  j 
au  qui  peuvent  fe  comparer. 
Tome  m. 


terme  de  difpanté  ^  paroîr  marquer  la 
en  quahcé.  Il  y  a  bien  de  la  difpants 
ces  chofes  ,  entre  ces  perfonnes.  Pourlamitié 
il  y  a  trop  de  dijparue  &  de  difproportion  entre  uil 
1  rmce  i^  fon  lujet.  Mont.  On  sen  fert  painculiè- 


D  IS 

jS^Le 
ditiérence 
entr 
il 
1 

rement  dans  les  difputes.  VoiLl  la  raifon  de  ^7/^dj- 
ruî  entre  ces  deux  lois  que  vous  prétendez  "c-tre 
lemblables.  On  le  fert  aulli  de  ce  mot  en  matière 
de  Change.  Marquer  ia  parité  &  la  dijparité  àq^  prix 
courans.  Irson. 

r?  DISPARITION,  f.  f.  Adion  de  difparoître.  L'ap- 
paririon  &  la  afparuion  d'une  étoile.  La  dfparkion 
d'une  comète  j  d'un  météore  ,  des  maladiesi 

Disparition.  Retraite  fecrèce  que  fait  une  perfonne* 
La  manière  donc  M.  de  la  Chauffée  julUtîe  la  dfpa-^ 
r/ricz  d'Aiiiéle  ,  dans  fa  Tragédie  de  Maximien  , 
n'eft  pas ,  à  mon  gré ,  fort  folide.  Despontaines. 

DIPSAROITRE.  v.  n.  iedij parois  ,  je  difparoifj'ois .je 
difparus ,  f  ai  dtfparu  ,  ù-  je  fuis  difpaiu  ,je  difpa- 
roîtrai,  que  je  difparoijje.  Ne  paroitre  plus,  ccller 
ÛQ  paraître.  Foyei  Paroitre. /:  confp.-.ctu  evanef^ 
cere  J  evolare.  Une  nue  éleva  Jésus-Christ  en  pré- 
fence  de^  fes  Apôtres  ,  &  il  difparut  à  k-uis  yeux. 
Les  Comètes  û('{/'/n7ro///c/2r  petit-a-petit,  parce  qu'elL's 
s'éloignent  de  la  portée  de  notre  vue.  Le  jour  com- 
mence à  dfparoître.  Ce  Courtifan  a  de  de  'izfparu 
Cour.  -^^ 

^  DisparoitRe  ,  fignifie  ,  quelquefois,  fe  cacher, 
ferecirerpromptement.il     '    '"  ' 


il, 


,     .        ^.,    ^  'l'a  fait  que  fe  montrer  5 

i\3.dijparu  aufti-côt.  Les  ennemis  onc  paru  fur  la 
frontière  j  mais  ,  à  l'approche  du  Roi,  ils  onc  ûf//- 
paru.  Ne  pouvant  plus  payer,  il  a  fait  banqueroute, 
(Sj  a  dijparu, 

ifT  On  le  dit  j  figurément ,  6e.s  chof-s  qu'on 
avoir  ,&  qui  cout-d'un-coup  ne  fe  trouvent  plus. 
J'av.ois  mis  mon  chapeau  fur  ce  liège  ,  en  un  mo-^ 
ment  il  eft  ,  ou  il  a  difparu. 

Disparoitre  ,  fe  dit  auffi  ,  figurément ,  de  ce  qui 
celle  d'être  ,  de  ce  qui  n'exifte  plus.  On  remet  d'or- 
dinaire la  joie  &  le  repos  à  l'avenir  ,  ou  à  l'âge  où 
les  meilleurs  biens  onc  déjà  difparu  ,  la  fanté  Se  la 
jeunelfe.  La  Bruy. 

DISPARU  ,  UE.  patt. 

DÏSPASTE.  Terme  de  Mécanique.  Machine  où  il  v  a 
deux  poulies.  Difpafos.  ' 

g:?  DISPENDIEUX  ,  susE.  adj.  Du  Latin  difpendlo- 
Jus.Ce  qui  occafîonne  beaucoup  de  dépenfe  ;  ce  qui 
ne  fe  fait  qu'avec  une  grande  Aé^^nk.DifpendwJus^ 
impendiofus.Ce  mor  manquoic  à  notre  langue.  Il  dic 
plus  que  couceux  ,  qui ,  d'ailleurs  ,  n'eft  pas°un  terme 
noble.  Procès  difpendicux,  entreprise  dispendieuse.  Per- 
mettez que  je  vous  falTe  part  d'une  invention  plus  fa- 
cile à  pratiquer, plus  fûre,&  moins  difpcndieufe.  'Voilà 
ce  me  femble,  le  moyen  le  plus  fimple,leplus  facile  i 
exécuter ,  le  moins  fujet  à  fe  déranger  j  ,!>:  le  moins 
difpendieux.  La  difficulté  de  raffembler  cane  ù'éài- 
ûons  difpendieufes ,  n'eft-elle  pas  un  inconvénient 
plus  confldérable  que  de  confronter  le  vSupplémenc 
avec  le  Livre  même  ?  Mcm.  de  Trév.  Avril  j'727 

DISPENSAIRE,  f.  m.  En  cermes  de  Médecine  ,  eft  le 
nom  qu'on  donne  aux  Recueils  qui  ont  été  fn'iis  --ar 
divers   Auteurs ,  d'un   grand  nombre   de  remèdes' 
compofés.    C'eft    la   même  chofe  qn'Anridotaire 
Formules  &  Pharmacopée.  Colleaanea  ^  excerptiones 
medicamentorum.  Il  y  a  le    Difpenfaire  de  Méfué 
de  Nicolas    Florentin,  de  Cordus^  de  Bauderon  ' 
&c.  * 

DISPENSATEUR  ,   atr.ce.  f.  m.&  f.  Qui  diftribue 
Difpenfator,  adminifîrator :  qu&difpenfat ,cu6admi 
nifirat.  Dieu  eft  un    \\-\\\t  difpenfateur  Aq  {qs  ^xzcts 
Le  Prince  eft  le  maître  &  le  difpenfateur  des  grâces  ^ 
des  privilèges.  Bonne  ,  fage  difpenfairice. 

Des  vrais  lauriers ^  fa ges  difpenfatrices , 
Mufes  J  jadis  mes  premières  nourrices.  R, 

IP;  DISPENSATEUR,  Dansl'Hiftoire  Ancienne; 
c'étoit  un  Officier  chargé  ,  à  la  Cour  de  l'Empe- 
reur ,  de  toutes  les  dépenfes  du  Palais. 

Bbb 


57S  DIS 

^^  C'vwiz ,  chez  les  Romains  ,  le  nom  de  l'ef- 
clave   qui  failo::  la  depenle    d'une   famille,    qui 
achetoit&:  payoïctour.  Promus, promus co/idus. 
DlSPENSATiON.  1'.  f.  Diftribut:on.  D^fpenJadOj  ad- 
mïnijtratio.  Le  giand  Aumônier  a  la  d/fpcnfation  des 
aumônes  du  Roi.  Il  fau:  être  très-cicconipert  dans 
la  difpcnjuùun  des  emplois. 
DisPENSATiON  ,  fe  dic  de  l'adminiftration  des  Sacre- 
mens  &  des  autres  fonctions  Eccléiiaftiques  envers 
les  Fidèles.  Les  Luthériens  accuioient  les   Miniftres 
Ecclclialtiques  de  s'enrichir  par  la  difpenjacion  des 
thofes  faintes.  Bouh.  vie  de  S.  Ign.  L.  il.  La  dif- 
penfadon  de  la  parole  de  Dieu ,  du  pam  de  la  pa- 
role. 
DisPENSATioN,  en  termes  de  Pharmacie  ,  eft  une  dif- 
polition  &    un    arrangement  de   plulicurs  mcdica- 
mens,  fimples  ou  compolés  ,pefés  chacun  (elon  leur 
dofe  requife ,  après  avoir  étc  bien  choiiîs   iSc  pré- 
parés ,  pour  en   faire  une  compofiticn.  Difpojuio  j 
compojuio ,  collocano. 
^  DISPENSE,  f.  f.  Exemption  de  la  règle  ordinaire, 
relâchement   du  diok  pour  une  julle  caufe-  Juns 
provida  rdaxatio  ,  Legis  Laxamenzum.  Il  arrive  quel- 
quefois  que  certaines    perfonnes  font  libérées   de 
i'cbligacion    cl'obferver   la    loi  j     c'eil  ce  t^ue  l'on 
appelle  difpenfe.  Si  le  Légiilateur  peut  abroger  en- 
tièrement une  loi,  à  plus  forte   lailon   peut-il  en 
fiifpenJre  l'effet  j  par  rapport  à  telle  ou  telle  per- 
lonne.  Mais  il    n'y  a  que  le  Lcgiflatcur   lui  même 
qui  ait  ce  pouvoir ,  dont  il  ne  doit  taire  uiage  que 
par  de  bonnes  raifons  ,  avec  une  fage  modération  , 
&  fuivant  les  règles  de  l'équité  &  de  la  piudence. 
Accorder  des  dijpenfcs  j  fans  diicernement  &:  tans 
choix  j  à  trop  de  gens  ,  c'elt  énerver  1  autorité  des 
lois  :  les  refufer  "en  des  cas  paifaitement  iembla- 
bles  ,  c'ell   marquer  de  la  partialité  ,  qui  produit 
ordinairement  de  la  jaloufie  &  du  mécontentement. 
Le  Pape  ne  donne  point  de  ^ijpenje  de  ce  qui 
efi  contre  le  droit  divin  ,  ou  contre  le  droit  natuiel , 
mais  feulement  de  ce  qui  eft  contre  le  droit  pofitif. 
Une  d'ifpenfe  au  premier  degré  d'afhuité  eft  abuhve. 
Il  accorde  bien  des  dlfpcnfcs  de  jeûner ,  de  le  ma 
lier  ,    de   tenir  pliUieurs    Bénélices  ,   &c.  Le   Roi 
donne  des  dijpenjes  d  âge  à  quelques  Officiers ,  pour 
être  reçus  avant  le  temps poi té  par  les  Ordonnances. 
La  difpenfe àtit  marier  au  fécond  degré  de  parenté, 
ou  d'affinité  ,  comme  entra  l'oncle  &  la  nièce  ,    ne 
s'accorde  qu'aux  grands  Princes  ,  &  pour  une  caule 
publique,  &  s'expédie  yii-  annulo  Fzfcatoris -^   au 
lieu  que  celle  du  rroifème  ,  cai  quatrième  degré  , 
s'expédie  en  Chancelleiie.  Le  Pape  accorde  .^///'tvyt 
au  r,roifième  degré ,  avec  connoillance  de  caiife  : 
mais ,  au  quatrième  degré  ,  il  ne  faut  d'autre  railon 
que  l'air.our  naturel  Aas  Parties.  L'ufage  des  dijhenfes 
n'eftpas  établi  pour  anéantir  la  diicipline  de  l'E- 
glife  ,  mais  pour  adoucir  j  en  quelques  rencontres , 
la  févérité  des  Canons.   Les  diipcnjhs  qui  blellent 
les  bonnes    mœurs    &    l'honnêteté  publique ,   ont 
toujours  été  en  horreur    d  toutes  les  Nations  de 
l'Europe. 

Il  ell  certain  que  l'Eglife  a  le  pouvoir  de  faire 
des  lois;  pouvoir  que  les  j\pôtres  ont  exercé  ,  & 
que  leurs  fuccelTeurs  ont  continué  d'exercer  opiès 
eux.  Quiconque  peut  fliire  une  loi ,  peut  la  caller; 
il  peut ,  à  plus  forte  raifon  ,  en  difpenfer  en  cer- 
tains cas  particuliers:  l'Eglife  peut  donc  difpenfer 
des  lois  qu'elle  fait.  Auili  l'a-t-elle  fait  dans  tous 
les  temps.  Dès  les  premiers  fiécles  elle  a  lailfé  au 
jugement  des  Evcques  de  difpenfer  de  la  longueur 
de  la  pénitence  réglée  par  les  Canons;  &  le  IV^. 
Concile  de  Carthage  permet  la  tranflarion  des  Evê- 
ques  6i  des  Clercs ,  quand  la  néceffité  &  le  befbin 
des  Eglifes  le  demandent.  Un  Auteur  ,  qui,  en 
17 13.  imprima  un  TrAnc  A^sdi/penfes  ,  réduit  les 
caufes  des  dil'penfcs  à  la  nécelhté  &:  .à  l'utilité  pu- 
blique de  l'Eglifes ,  &non  pas  à  futilité  particulière 
de  ceux  qui  pourfuivent  les  difpenfes  \  autrement 
les  caufes  ne  manqueroient  jamais,  dit-il  ;  car  il 
eft  évident  que  peifbnns  ne  demande  difpenfe  qu'à 


DIS 

fon  avantage.  Cet  Auteur  prétend  que  les  dfpenfes 
doivent  être  expédiées  gratuitement.  Marcel  IL  â  ce 
qu'il  dit  J  ttoit  rélolu  d'en  ufer  aind.  Ce  Pape  di- 
loit  que,  h  les  difpenfes  étoient  juftes,    elles  dé- 
voient être   accordées  gratuitement  \  que  ,  li  elles 
étoient  injuftes  ,  elles  dévoient  être  refufées.  Pie  "V. 
refuf a  une  groile  fomme  d'argent  y  offerte   par  un 
Seigneur  Elpagnol ,  pour  une  difpenje  que  ce  Pape 
accorda  ,  parce  qu  il  la  jugea  jufte.  Les  neuf  Pré- 
lats que  Paul  III.  confulta  pour  la   réformation  de 
la  Cour  de  Rome  ,  recommandèrent  la  même  chofe, 
excepté  pour  les  difpenfes  des  mariages  contracfcs 
malgré  un  empêchement  connu.  Rien  ne  feroit  plus 
à  fouhaitcr  que  cette  gratuité  ;  mais  ,  après  tout , 
puilque  l'on  peut  vivre  de  l'autel  même  ,  lelon  l'ex- 
preiîion  de  S.  P.iul  j  pourquoi  ne  pourra-t  on  point 
exiger  quelque  chofe  de  ceux  qui  demandent  des 
dijpenjes  ,  pour  l'entretien  des  Officiers  employés  à 
lesexpédier?Le  même  Auteur  prétend  non- feulement 
qu'on  pèche  en  demandant  &  en  accordant  une  dij- 
penje,  fans  railon,  ma. s  encore  qu'elle  eft  nuUe.C'efl 
alfutément  une  faute  d'accorder  ou  de  demander 
une  dijpenjè ,  fans  raifon  ;  mais  que  la  ^//'/e/^/è  ainli 
accordée  ioit  mille,  c'eft  autre  chofe.  M.  de  Sainte 
Beuve  ,  M.deMarca,  l'Auteur  des  Conférences  de 
Luçon  ,  &;c.  ne  font  pas  de  ce  fentiment.  Et ,  ce  qui 
eft  de  plus  iingulier  ,  c'eif  que  l'Auteur   même  du 
Traité  dont  nous   parlons ,  veut  que ,  quand  on  2 
expofé  les  raifons  fans  déguifement,  ou  s'en  tienne 
à  la  confcieiice  du  Supérieur  qui  accorde  la  dijpenfe. 
Mais    comment    s'y  tenir ,   i\  l'on  fait  que  l'on  n'a 
point  de  raifon  fufiifante  ?  S'il  ne  s'agit  que  de  patler 
ians  déguifement ,  c'eft  bien  la  faute  de  ceux  qui 
demancTcnt  des  dijpenfes  ,  s'ils  offenfent  Dieu.  On  a 
fait  ,  ces  dernières  années  un  Traité  des  dijpenfes  de 
Carême  imprimé  à  Paris. 

On  dit ,  proverbialement  :  A  point  marier  ,  ne 
faut  pas  de  dijpenfe. 

Dispenser,  v.  a.  Permettre  à  quelqu'un  de  faire 
quelque  chofe  contre  la  règle  ordinaire.  Faire  une 
exception  en  fa  faveur. ^licu/us  reiimmunitatem  dare, 
aliquem  ab  cliqua  re  inimunem  jccere.  Le  Roi  peut 
dijpenjer,  quant  il  veut ,  fes  Ofliciers  du  fervice. 
il  n'y  a  que  le  Pape  qui  puilfe  difpenjer  contre  la 
difcipline  d'un  Concile  CÈcuménique  ,  en  cas  d'u- 
tilité très  évidente  ,  ou  de  néceilîté.  L'Evêque  peu: 
(///jT^/T/èrdans  tous  les  casque  le  Papene  s'eft  pas  par- 
ticulièrement réfervésj  &  dans  lefquels  les  Canons 
permettent  de  dijpenfer.  Du  Bois.  L'Ordinaire  peut 
difpenjer  pour  deux  ans  au-deilôus  de  1  âge  prefcric 
pour  chaque  Bénéfice  ;  mais  il  ne  peut  point  dif- 
penser  de  lâge  réglé  pour  tenir  une  Cure.  L'Ordi- 
naire a  auili  le  droit  de  difpenfer  pour  les  perfonnats 
&  les  dignités.  Il  dijpenje  auili  les  bâtards  pour  les 
Bénéfices  funples.  Id. 

Ce  mot  vient  du  Latin  difpenfare.  . 

Dispenser  ,  fe  dit  encore  pour.  Exempter.  CelTe  de 
chercher  un  Amant  que  tu  ne  verras  jamais  ,  qui  ne 
pcnié  pas  un  feul  moment  à  tes  douleurs  ,  &  qui  te 
dijpenje  de  tous  ces  tranfports ,  dont  il  ne  te  fait 
aucun  gré.  Lett.  Poutug.  'Vous  ifi//'e/2/c'j  les  hom- 
mes de  l'amour  de  Dieu.  Pasc. 

Mais  au  moins  dire  adieu  j  eft  une  hienféance^ 
Dont  rien  ne  te  difpenfe.  Quint. 

Dispenser  ,  fe  dit  auftî  des  permilTîons  qu'on  prend 
de  foi-même.  Quelques  Prélats  fe  iZ/j^JEwyewr  d'aller 
à  Matines  ,  de  dire  la  MelTe  tous  les  jours.  Pourvu 
que  les  gens  du  monde  retiennent  une  furface  de  Re- 
ligion ,  ils  fe  difpenjent  eux-mêmes  des  févérités  de 
la  Loi  de  Dieu.  Flech.  Pour  foutenir  l'honneur  de 
la  Religion  ,  fouvent  nous  nous  difpenjons  de  ie% 
lois. 

On  ditjpour  s'excufer  poliment  de  faire  une  cho- 
fe ,  difpenfe:{-\x\Q\  de  faire  cela.  Difpenfe^  -  moi  de 
vous  aller  voir  li  fouvcnr.  Difpenfe^-  moi  de  vous 
reconduire.  Liceat  hocrnihi. 

Dispenser,  fîgnifie  aufli  diftribuer,  donner  à  plu- 


D  IS 

fîeurs  perfonnes.   Difpenfare  ,  diftrwuerè.   Dieu  a| 
difpcnj't:  l'efprit  aux  hommes  d'une  maniète  tî  ad- 
mirable ,  que  chacun  eft  content  du  fien.    Le  Roi 
difjjinfc  les  grâces  comme  il  lui  plait  :  il  les  difpen- 
Jè  avec  choix  ,  avec  jugement.  On  ne  doit  pas  dif- 
penjer  les  Sacremens  aux  indignes.    Qu'etl-ce  que 
protéger  les  Sciences  ?  C'elt  étendre  l'empire  de  la 
r.iiron,  embellir  à  nos  yeux  le  fpedtacle  de  la  na- 
ture ,  difpenjer  l'immortalité,  &:  le  ralfurer  à  foi- 
inème. 
Dispenser,  en  termes  de  Pharmacie,  fignifie,  Prépa- 
rer diverles  fortes  de  remèdes ,  &  en  garnir  une 
boutique  d'Apothicaire  j  pour  s'en  fervir  au  befoin. 
Componcre ,  difponerc  ,  coUocarc  y   priuparare.    Plu- 
lieurs  Auteurs  ont  écrit  en  détail  la  préparation  des 
remèdes  que  les  Apothicaires  doivent  difpcnfcr  & 
avoir  toujours  dans   leurs  boutiques.    Dijpc/ijcr  la 
thériaque  j  c'ert-à-dire  ,  la  préparer.  Les  ftatuts  des 
Epiciers  portent  que  les  aipirans  à  la  Maîtrife  dif- 
pcnjeronc  le  chef-d'œuvre  qui  leur  aura  été  donné , 
ik  en  feront  les  préparations  i?i  mélanges  en  préfen- 
ce  de  tous  les  Maîtres. 
Dispensé  ,  ée.  part. 

DISPERSER,  v.  a.  Répandre ,  jeter  çà  &  là  en  tous 
fens  ,  diltribuer  en  des  lieux  féparés.  Difpergerc. 
i,fT  En  parlant  des  chofes ,  répandre  ,  diftribuer 
à  plulieurs  ,  jeter  çà  &  li.  DiJ'perfer  de  l'argent , 
des  prélens.  En  parlant  des  perfonnes  ,  les  fépa 
rer ,  en  les  envoyant  en  ditiérens  endroits.  Difper- 
fer  fes  troupes  :  &  quelquefois  écarter  ,  difliper , 
mettre  en  défordre.  Je  frapperai  le  Pafteur,  5c  les 
brebis  feront  difpcrfces.  Juifs  difperfés. 
Disperse,  ee.  part. 

Et  cent  mille  Romains  en  cent  lieux  difperfés , 
Suffifent  à  ma  andre  j  &  C honorent  afjei.  Racine. 


DISPERSION,  f.  m.  L'Aclionde  difperfer  ,  d'éloigner 
de  ditférens  côtés,  en  tous  fens ,  des  parties  qui  fai- 
l'oient  un  tout.  Difperfus ^  ûs.  La  di/pcfion  des  Juifs 
a  été  prédite  par  les  Prophètes,  &  par  Notre -Sei 
gneur  Jesus-Christ.  L'Empire  étoit  alors  tort  oné 
reux,  foit  par  la  difperjlon  des  pays  qui  en  dépen- 
doient,  fou  par  les  médiocres  revenus  qui  y  étoieni 
attachés,  foit  à  caufe  des  brouilleries  perpétuelles 
qu  il  talloit  foutenir  contre  les  Papes.  Beauval 
Basnage.  Le  P.  de  Laubruifel  s'eft  fervi  de  ce  mot 
au  pluriel.  CyruSj  delliné  de  Dieu  à  ramafler  les 
difperjions  d'ifraël  ,  eft  déhgné  par  fon  nom  long- 
temps avant  fa  nailTance.  L'entreprife  de  la  Tour 
de  B.ibel ,  fut  un  effet  de  l'orgueil  des  Juifs.  Il  y 
avoir  donc  alors  des  Juifs  :  c'eft  bien  imaginé  !  Ils 
vouloient  faire  parler  d'eux  &  le  précautionner  en 
même-temps  contre  les  dijperjîons.  Goerée. 

DISPONDEE.  f.  m.  Terme  de  Poclie  Latine  &  Grec- 
que ;  double  fpondée.  Difpondxus.  C'eft  un  pied  ou 
lin  mot  compofé  de  deux  fpondées ,  ou  de  quatre 
longues  ;  par  exemple ,  Juramentum ,  Mœcenaces. 
Eiarris  ,  PORT-R. 

DISPONIBLE,  adj.  de  tout  genre.  Terme  de  Palais , 
qui  fe  dit  des  biens  dont  on  peut  difpofer  librement 
par  teftament ,  ou  d'une  autre  manière.  Quod  dari , 
quoi  legari  potejl.  Dans  la  Coutume  de  Paris ,  les 
quatres  quints  des  propres  ne  font  pas  difponiblcs. 
Les  meubles  &  les  acquêts  font  de  droit  commun 
également    difponiblcs.  Journal  des  Savans.   Oclo- 


hrc 

DISPOS,  adj.  dont  le  féminin  n'eft  pas  en  ufage.  Il  ne 
fe  die  que  des  hommes.  Il  fignifie,  qui  eft  agile  j 
léger,  Àgilis  :,  levis  j,  alacer.  Les  danfeurs  de  corde, 
les  fauteurs  &  les  voltigeurs  doivent  être  fort  difpos. 
Un  jeune  Bafque  fort  difpos  ,  Se  propre  à  la  courfe. 
On  di:  d'un  vieillard  qui  fe  porte  bien  j  qu'il  eft 
encore  gaillard  &  difpos. 

DISPOSER,  v.  a.  Mettre  les  chofes  avec  jufteffe  dans 
le  fens,  &  de  la  manière  dont  elles  doivent  être 
mifes.  Componcre.  Dans  un  ordre ,  dans  une  fitua- 
tion  convenable.    Componcre  j  difponere ,  collocarc. 


,    pis  379 

Dieu ,  en  créant  le  monde  ,  a  difpofé  toutes  chofes 
dans  cet  ordre  admirable  où  nous  les  voyons.  La 
fcience  d'un  Architeéle ,  c'eft  de  bien  difpofer  les 
membres  ,  les  parties  d'un  bâtiment.  La  fcience 
d'un  Général,  eft  de  bien  difpofer  fon  camp,  fon 
armée  ,  pour  avoir  les  commodités  de  ie  défendre 
&  d'allaillir. 

§C?  Disposer,  fignifie  aufii  ,  préparer  quelqu'un  A 
faire  ce  qu'on  louhaite  de  lui  :  &: ,  avec  le  pronom 
perfonnel  j  fe  préparer ,  le  mettre  en  devoir  de 
faire  une  chofe.  Je  l'ai  difpofé  à  vous  voir ,  à  loili- 
citer  pour  vous.  Ce  malade  eft  difpofé  à  recevoir 
fes  Sacremens.  On  ne  le  peut  difpojer  à  donner  cet- 
te fatisfaclion  au  Roi.  Il  fe  dijpofc  à  partir.  Ce  Gé- 
néral fe  difpofc  à  donner  bataille. 

On  dit  aulfi  ,  difpofer  quelqu'un  pour  le  bain  , 
pour  la  purgation  ,  pour  prendre  L-s  eaux  \  pour 
dire  le  préparer  à  fe  baigner,  à  fe  purger  j  a  pren- 
dre les  eaux.  Acad.  Fr. 

tfT  Disposer  ,  fignifie  encore  ,  préparer  ,  arranger 
les  choies  pour  quelque  occafion.  Tout  eft  difpofé 
pour  vous  recevoir.  On  a  difpofé  les  appartemens 
pour  vous  loger  avec  votre  compagnie. 

§Cr  Disposer,  fignifie  aufti ,  aliéner,  vendre,  don- 
ner ,  6:c.  Se  défaire  d'une  chofe  par  vente ,  dona- 
tion ,  ou  autrement-  Dans  ce  fens  il  eft  neutre  ,  S-c 
fe  joint  avec  la  particule  de  Satuere.  de  aliquà  re. 
Cet  homme  a  dtfpofe  ào.  fa  maifon  j  il  l'a  vendue, 
ou  échangée  ,  donnée,  &c.  Ce  Chanoine  a  t/z/^uyè' 
de  fon  bénéfice  ,  il  l'a  réligné  à  penfion. 

Disposer  ,  fe  dit  particulièrement  en  parlant  de  tefta- 
ment. Statuere  de  bonis Juis  tefiamcnto.  A  Paris  on 
ne  peut  difpofer  que  de  fes  meubles  &  acquêts ,  & 
du  quint  de  fes  propres.  Un  mineur,  un  furieux» 
un  interdit ,  ne  peuvent  difpofer  de  leurs  biens. 

Disposer,  fignifie  aufti.  Ordonner  en  maître  j  faire 
d'une  choie  ce  qu'on  vent.  Adminifrare  nutu  & po~ 
teftate.  Le  Roi  a  difpofé  de  cette  charge ,  l'a  déjà 
donnée.  Un  Surintendant  difpo/è  des  Finances  com- 
me il  lui  plaît.  Les  Juges  dij'pofent  de  nos  biens  &c 
de  nos  vies.  Je  ne  difpofé  pas  de  moi  comme  je  vou- 
drois.  Non  fum  mei  juris.  Dijpojir  d'une  choie.  Jus 
habere  alicujus  rei.  Ce  maître  d'Hôtel  difpofé  de 
tout  en  la  maifon  de  fon  maître  ;  il  la  gouverne  à  fa 
fantaifie. 

//  cflà  nous ,  Cl  Prince  y  encor  plus  qu'à  lui-même: 
Le  Ciel  nous  le  donna  pour  être  notre  appui  : 
Et  lors  qu  en  fe  livrant  à  fa  valeur  extrême , 

Il  cfe  difpofer  de  lui  j 

Il  difpofé  du  bien  d' autrui.  Perrault. 


On  dit  ordinairement  que  Dieu  a  difpofé  d'une 
perfonne,  pour  dire  que  cette  perfonne  eif  morte. 

Disposer  ,  fe  dit  figurément  en  chofes  fpirituelles  & 
morales.  Prsparjre  ,  difponere  ,  parare.  La  grâce 
difpofé  les  cœurs  à  profiter  de  la  prédication  d'une 
bonne  doCfrine.  Le  principal  foin  d'un  Pocte,  eft 
de  bien  difpofer  fon  Ouvrage.  On  dit  qu'un  homme 
a  l'efprit  mal  difpofé  pour  un  autre  j  quand  il  eflr 
mal  intentionné  pour  lui.  Malè  affeclus  in  aliquem. 
On  dit  aufti ,  en  fens  contraire ,  qu'il  eft  bien  difpo- 
fé çowc  quelqu'un. 

On  dit,  proverbialement ,  l'homme  propofe  ,  & 
Dieu  difpofc  ,  pour  dire  que  le  fucccs  de  nos  i\q(- 
feins  dépend  de  Dieu  ,  ou  qu'ils  tournent  fouvent 
tout  au  contraire  de  ce  que  nous  avions  penfé.  Ou 
dit,  d'une  perfonne  qui  en  gouverne  une  autre  ab- 
folument ,  qu'elle  en  difpofc  commQ  des  choux  de 
fon  jardin. 

Disposé  ,  ée.  part. 

Disposé  ,  fe  dit  en  Médecine  ,  non  -  feulement  de  la 
fituation  des  parties  extérieures  du  corps ,  mais 
aufli  des  parties  intérieures,  du  tempérament,  &c. 
Cet  enfanta  le  corps  bien  dijpofé  j  il  vivra  long- 
temps. 

#:r  DISPOSITIF.  f.m.  Terme  de  Jurifprudeace.  Par- 

Bbbi] 


3 


DIS 


80 

lie  du  jugement  qui  contient  ce  que  le  Ju,ee  a  or-) 


donJié  j  le  prononcé  d'un  Jugement  ,  d'un  Edi^t , 
d'une  Déch.arion  ,  d'un  Attêt  rédigé  par  écrit.  Pro- 

nuiKÏacum.  Le  difpoluij  de  l'Arrêt  porte  que Le 

difpojictj  commence  ainli  :  Le  Rol  enfon  Confeil  a 
ordonne  &  ordonne  :  la  Cour  j  Parties  ouïes ,  8cc. 
Nous  difons.  Il  ejt  dit. 

ifT  Ce  terme  fert  à  diftini^uer  le  prononcé  du  vu 
d'un  Arrêt,  du  préambule  d'une  Déclaration  ou 
d'un  £dit. 

IfT  On  appelle  aufll  difpojMf,  un  projet  de  juge- 
ment fart  de  concert  entre  les  parties. 
Dispositif  ,  f.  m.  Se  dit  aulîi  de  la  partie  d'un  Man- 
dement d'un  Evêque ,   par  laquelle  il  finit  &  dans 
Laquelle  il  prononce ,  il  ordonne  ce  qui  convient  fur 
la  matière  dont  il  a  traité.  Le  difpojùij  d'un  Man- 
dement Epifcopal  commence  à  ces  mots  :  A  ces 
caufes ,  le  iaint  nom  de  Dieu  invoqué  ,  &:c. 
DIÎîPOislTIF  ,  ivE.  adj.  Préparatoire,  qui  difpofe  à 
quelque  chofe.    Un  remède  dijpojuij.  Il  n'elt  guère 
d'ulage  que  dans  cette  phrafe. 
gC?  DISPOSITION,  f.  f.  Ce  mot  fignifie  en  général , 
l'arrangement  des  différentes  parties  d'un  tout.  lJ^J- 
pojuio.  La  difpolition  des  parties  du  corps  humain. 
La  ^////».i/tec.'«  des  diftérens  organes  dont  il  ert  com- 
pofé.  La  difpojition  des  troupes.  Ordinatio  ,  injlruc- 
tio.  La   d-fpojuion  d'un  jardin ,  d'un  tableau ,  d'un 
bâtiment ,  d'un  théâtre.  La  dij'pojitioii  de  l'architec- 
ture d'un  bâtimenr,  félon  'Vitruve  ,  condile  dans  le 
plan ,  l'élévation  &  le  profil.  Au  refce  cette  litua- 
tion  convenable  ,  &   cet  arrangement  des  parties 
d'un  ouvrage  qu'on  appelle  difpojition,  ne  legarde 
pas  lesmetures  de  chaque  partie. Ainfi  l'on  dit  qu'un 
tableau  e!l:  bien  difpofé  ,  lorfqae  le  fujet  efi  bien 
repréfcnté  ,   &  que  toutes  les  figuies  lont  en  leur 
véritable  place  \  quoique  d'ailleurs  ces  figures  puif- 
fent  être  mal  proportionnées ,  &  qu'il  y  ait  bien  des 
dchiucs  dans  L-  reile  de  la  compolition.  La  difpofi- 
tion  dans  la  Peinture  appartient  à  la  compoiition.  La 
<////'(j/''r/o«elirarrangement  des  parties  d'un  tableau, 
l'économie,  l'ordonnance  d'un  tableau.  La  difpofi-\ 
tion  contient ^x  parties ,  qui  font ,  la  diftribution  des 
objets  en  général ,  les  groupes ,  le  choix  des  attitu- 
des ,  le  contraire ,  le  jet  des  draperies ,  l'effet   du 
tout  enfemble.  P^oye-^  M.  Félibien  ,  Entretiens  fur 
let  vies  ,  &c.  M.  de  Piles  ,  Cours  de  Peinture  ,  Léo- 
nard de  Vinci ,  &c. 
^3"  Disposition  ,  dans  l'art  oratoire  j  eft  l'ordre  Se 
l'arrangement  des  différentes  parties  d'un  dilcours, 
l'exorde ,   la  divifion  ,    la  narration  ,  la   confirma- 
tion ,   la  réiutation  &  la  pérorailon.     Foye^    ces 
mots. 
Disposition  ,  fe  ditaufii  de  la  fanté.  Valctudo  ,  hona 
vel  mala.  Le  Médecin  a  trouvé  Ion  malade  en  alfez 
bonne  difpoftion  fA  n'avoir  plus  de  fièvre. 
§CF  Disposition  ,  dans  ce  feus ,  fignifie  ,  l'état  aéluel 
,  du  corps  humain  ,  dans  lequel  il  ell  fufcepcible  de 
cliangement,  fjitenbiîn,  foit  en  inal.  Difpofition 
à  la  fièvre ,  difpofition  fcorbutique  ,  &c.  Quelque- 
fois ce  mot  eft  fynonyme  à  habitude.  Voye\  ce  mot- 
Confitutio  corporis. 
Disposition,  fe  dit  auiTi  du  génie,  Ik  de  l'inclina- 
tion ,  de  la  firuation  d'efprit ,  des  fentimensoù  l'on 
ell  à  l'égard  des  chofes  ou  des  perfonnes.  Ingeniurn  j 
indoles  j  ajfeclio  animi ,  propenfio.  Ce  jeune  hom- 
me a  une  grande  difpofition  pour  les  armes,  pour 
la  danfe,  pour  fliiie  des  vers.  0\\  profite  des  enfei- 
gnem»ns  &  des  avis  félon  la  difpofition  où  fe  trou- 
ve l'efprit.  Je   n'ai  pas  ofé  parler  de  cette  affaire  , 
à  caule  que  je  n'ai  pas  trouvé  une  difpofition  favo- 
rable dans  les  efprits.  La  difpofiuion  du  fage  à  l'é- 
gard des  méchans  n'eft  pas  une  difpofition  aigre  & 
aitière  ;  miis   une  difpofition  douce  &  charitable, 
par  laquelle  il  a  pitié  d'eux,  &  prend  foin  de  les| 
corriger.  M.  Esp.  Il  faut  mettre  les  autres  dans  de 
Eivorables  difpofitions  à  notre  égard  ,  par  un  exté- 
rieur poli.  Bell.  Une  bonne  difpofition  de  l'ame , 


C^^ 


D  I  S 

veut  quelque  chofe  de  plus  animé  que  l'état  tran- 
ciuiile.  S.  ÊvR.  La  dijpojuion  que  vous  avez  à  me 
trahir ,  l'emporte  lin-  la  jullice  que  vous  devez  à 
tout  ce  que  j  ai  lait  pour  vous.  Lett.  Port. 
~"  DiiPosrriON  ,  lignifie  aufli  le  defiem  ,  la  réfolu- 
tion  où  l'on  el't  de  raire  quelque  chofe.  Je  l'ai  Lulic 
dans  la  difpofiiion  de  partir. 

tjO"  DibPosiiioN  ,  lixl  encore  l'aélion  de  difpofer  d'une 
choie  ,  c'ell-à-dire  ,  de  l'appliquer  à  l'ulage  qu'on 
veut  en  taire,  &  l'effet  qui  réhùte  de  cette  adion. 
Faire  la  difpojuion  de  Ion  bien.  Il  a  fait  telles  dif- 
poftions  en  mourant. 

Disposition  en  JurifpruJence  ,  fignifie  ,  Aliénation  , 
foit  par  ventej  ou  par  quelque  autre  aéle  que  ce  foit. 
La  donation  ell  une  dijpoJuion  entre- vils.  Donatio. 
Le  legs  ell  une  difpojuion  teftamentaire.  Il  eft  dé- 
fendu aux  gens  mariés  de  s'avantager  l'un  l'autre  j 
par  quelque  dijpojition  que  ce  foit. 

DisposirioN  ,  fe  du  auffi  de  la  décilion  &  du  contenu 
des  ordonnances  &  des  lois ,  qui  difpofent  des  cho- 
fes ,  &  qu'on  eft  obligé  de  luivre.  Decijio.  Cette 
maxime  e(l  lalon  la  d/fp.ojition  d'une  telle  loi ,  d'une 
telle  ordonnance.  Quand  quelque  cas  n'ell  pas  réglé 
par  la  Coutume  ,  on  a  recours  à  la  difpofition  du 
Droit  écrit. 

ffCr  Ainfi  difipofition  fignifie  un  aéle  qui  ordon- 
ne quelque  choie,  ou  qui  contient  quelque  arran- 
gement des  biens  de  celui  qui  difpofe. 

Disposition  ,  fe  dit  auffi  des  droits  qui  appartiennent 
à  quelqu'un  de  difpofer  d'une  chofe.  Jus  j  poteflas  , 
Jacuitas.  Le  Roi  a  \-\  dispojkion ,  la  nomination  des 
Bénéfices  Conlilloriaux  ,  des  Prélatures.  Pluficurs 
Engagilles  ont  \d,  dnpofiition  des  charges  du  Domai- 
ne, s'ils  en  ont  les  patries  cafuelles.  Un  majeur  a  la 
libre  dispofuion  de  l'es  biens. 

Disposition  ,  fe  dit  encore  pour ,  Volonté  ,  pouvoir. 
Potejlas  J  arlitrium.  Il  n'a  pas  un  fou  en  la  dispofi- 
tion.  Il  apofta  des  calomniateurs  ,  qui  étoient  à  fa 
dispoftion.  J'aime  mieux  voir  vos  yeux  irrités  ,  que 
de  ne  les  point  voir  du  tout  ;  mais  je  ne  haz.irde 
guère,  quand  je  laiffe  ce  choix  à  vo:^&  dispofition. 
Lett.  Portug.  Cn  dit  aulli  que!quelois,en  termes 
de  civilité  j  Tout  ce  que  je  polféde  ell  à  votre  dispo- 
Jition. 

On  dit,  en  termes  dePhilofophie,  Dispofitionpro' 
chaîne  j  pour  dire  ,  l'état  prochain  où  ell  une  cnofe 
pour  recevoir  une  nouvelle  qualité  ,  une  nouvelle 
forme.  On  dit,  dans  un  fens  conu:ihc ,  Dispofition 
éloignée. 

Disposition,  fe  dit,  en  Aftrologie  ,  de  l'état,  de  la 
fituation  des  Affres  ,  &  de  leurs  afpeéls.  Situs  3 po- 
fitio  J  pojitus.  L'horofcope  j  ou  le  thème  ,  ou  la  fi- 
gure céleffe,  n'elt  autre  choie  que  l'obfervation  de 
la  d'spofition  des  affres  &  du  ciel  ,  &  des  afpeéls 
différens  des  Planètes  au  point  de  la  nailFance  de 
quelqu'un.  Les  Ephémérides  enfeignent  la  dispofi- 
tion  du  ciel  à  midi  de  chaque  jour. 

DISPROPORTION,  f.  f.  Terme  relatif,  qui  fe  dit  du 
manque  de  proportion  entre  des  chofes  comparées. 
Ins.quaHtas.  Ce  mariage  ne  fe  fera  point,  il  y  a  trop 
Aq  disproportion  à^'S^Q ,  ^Q  qualité,  de  biens  entre 
les  parties.  Un  Bourgeois  ne  peut  pas  contefter  le 
pas  à  un  Seigneur ,  il  y  a  trop  de  disproportion  en- 
tr'eux.  Une  certaine  inégalité  entre  les  hommes  , 
qui  entretient  l'ordre  &  la  fubordination  ,  ell  l'ou- 

■  vrage  de  Dieu  \  une  trop  grande  disproportion  eft  la 
loi  des  plus  torts.  La  Bruy.  Quelque  disproportion 
qu'il  y  ait  entre  Dieu  &  les  intérêts  du  monde,  on 
ne  laiffe  pas  de  préférer  tous  les  jours  ces  intérêts  à 
Dieu.  Nicole. 

Disproportionné  ,  ée.  .adj.  Insqualis  ,  impar.  Les  ami- 
tiés qui  font  disproportionnées  ne  font  pas  durables. 
Fléch.  La  charge  que  vous  lui  voulez  faire  acheter 
eft  disproportionnée  à  fes  forces  ,  à  fi  capacité. 

DISPUTABLE.  adj.  Problématique  ,  ce  qui  peut  être 
difputé  ,  où  il  v  a  des  raifons  pour  &  contre.  Res 
t^uA  in  cpntroverfiam  addud  j   vocari  potefi    Cette 


DIS 

^ueilion  eft  disputahle  ,  on  peut  foutenii'  le  pour  & 
\c  conçue. 

DI^l'UTAILLERIE.  f.  f.  Vaine  difpute  Les  difputail- 
leries  n&  (ont  nullement  propies  à  ctablu- ni  à  con- 
feiver,  parmi  les  Fidèles  ,  l'amuié  réciproque  que 

jE.sus-CHRisr  nous  a  li  fouvent  recommanace 

Journ.  iiijl.  J^in.  1717.  C'eft  un  terme  bas  i^inu- 
lité.  Le  verbe  dijpuuiiier ,  qui  eft  dans  Cotgrave , 
n'eft  guère  plus  en  vogue. 

gCT  DISi'UTH.  1".  f.  Conteftation  occafionnce  par  la 
contrariété  des  opinions.  Contencio.  L'entêtement , 
joint  au  défaut  d'attention  à  la  jufte  valeur  des  ter- 
mes, eft  ce  qui  prolonge  ordinairement  ï'isd//pucds. 
lier  Par  unulage  vicieux  ,  ce  mot  eft  fouvent  em- 
ployé comme  lynonytne  à  querelle.  Jurgium  ,  nxa. 
Le  mari  &  la  femme  ne  doivent  jamais  avoir  difpute 
enfemble.  Ils  ont  eu  diîpute  au  jeu. 

Dispute,  dans  les  Collèges,  eft  une  conteftation  qu'ont 
les  Ecoliers  pour  les  places  ,  pour  les  prix  ,  ou  pour 
leurs  exercices.  Couccnacio  j  concendo  ,  dijpucaao.  Il 
fe  dit  aulîi  des  adions  publiques  qui  le  font  dans  les 
Ecoles  pour  agiter  des  quelhons.  Ouvrir  la  dijpute  , 
alîifter  zuxdijpuas.  On  fait  de  longues  dijpuccs  dans 
les  Ecoles  de  Théologie  j  de  Médecine  ,  &cc. 

Dispute,  (ignitie  un  combat  d'elprir  en  matière 
de  fcience  ,  une  controverle  fur  les  dogmes  de  la 
Religion.  Controverjia  ,  contendo  ,  d Jpuuzno.  Il  n'y 
a  rien  qui  ferve  davantage  à  donner  diverles  ouver- 
tures pour  trouver  la  venté  ,  que  la  dijpute.  Le  mou- 
vement d'un  efprit  qui  s'occupe  feul  à  l'examen  de 
quelque  matière  ,  eft  d'ordinaire  trop  fioid  &C  trop 
languilfant ,  il  a  beloin  d'une  certaine  chaleur ,  qui 
réveille  fes  idées  \  îk  c'eft  par  les  oppolitions  de  la 
dijpute  ,  que  l'on  découvre  où  conlifte  la  difficulté  ^ 
ce  qui  donne  lieu  de  faire  eliorc  pour  la  vaincre. 
Port  R.  Les  difputes  ont  fait  les  Ichifmes.  Mont. 
Il  faut  courir  après  la  raifon,  &  chercher  la  vérité 
par  les  doutes  &:  par  la  difpute.  Balz.  L'ardeur  de 
vos  difputes  infenlées  eft  devenue  le  plus  dangereux 
de  vos  maux.  Flech.  Les  zélés  ne  peuvent  fe  rélou- 
dre  à  attendre  le  luccès  lent  &  douteux  desraifon- 
nemens ,  àiis  difputes.  Sauki^.  On  cherche  moins  la 
vérité  dans  la  difpute  ,  qu'à  triompher  de  fon  adver- 
faire.  Claud. 

On  dit ,  en  proverbe  ,  qu'une  difpute  eft  fondée 
fur  la  pointe  d'une éguille;  pour  dire,  qu'elle  eft  f.iite 
pour  une  chofe  de  rien  ,  qui  n'en  vaut  pas  la 
peine. 

DISPUTER.  V.  a.  Contefter  ,  entrer  en  concurrence, 
pour  gagner  ou  pour  conferver  quelque  avantage. 
De  re  aliqua  contcndere  j  concept.zrc  ,  decertare  ,  df 
ceptare.  Perfonne  ne  difpute  à  cette  femme  le  prix 
de  la  beauté.  Vous  ne  prétendez  pas  lui  difputer  la 
couronne.  Ablanc.  Ces  deux  armées  ont  difpute 
long-temps  la  victoire.  En  ce  liège  on  a  bien  difpute 
le  cerrein.  On  lui  a  difpute  (li  qualité,  la  naiiruice  , 
fon  état.  Difputer  un  pojle ,  fe  dit  ,  en  termes  de 
guerre.  Difputer  une  chaire  de  Droir ,  de  Méde 
cine  ,  c'eft  faire  les  exercices  marqués  j  fubir  les 
épreuves  par  où  doivent  palfer  ceux  qui  prétendent 
obtenir  cette  chaire 

Je  ne  veux  ,  l'elfe  Iris ,  que  difputer  à  tous 
L'honneur   de  foupirer  &  de    mourir  pour  vous. 

La  Suze. 

^fT  Disputer  fon  bien  ,  fa  vie  ,  fon  honneur  ,  tkc. 
les  défendre  autant  bien  qu'il  fe  peut.  Dijputer  un 
honneur.  Honorera  certare.  Et ,  hgurénient ,  difputer 
le  cerrein  ,  fe  défendre  de  fon  mieux  ,  dans  quelque 
conteftation  que  ce  foir. 

gCT  Disputer  ,  dans  le  fens  neutre  ,  (ignifie  avoir 
conceftacion  avec  quelqu'un,  liixari.  Ih  difpute-u 
perpétuellement  enfemble.  Le  mari  &  la  femme  ne 
font  que  difputer. 

Disputer,  v.  n.  Se  dit  en  chofes  rplritiielles  (ïc  mo- 
rales ,  &  ligiiihe  ,  Contefter  fur  un  point  do  fcience  , 
ou  de  doctrine  ,  direndre  une  opinion.  Concertare  , 
d:fpucare,ecntendere.  Les  Théologiens  ont  ,  de  tout 


DIS  3Si 

temps  ,  difpute  entr'eux  fur  les  queftions  de 
la  glace.  En  foutenant  votre  opinion  ,  que  ce  foie 
avec  un  certain  tempérament ,  qui  mette  celui 
qui  dfpute  contre  vous  en  état  de  vous  céder  fans 
chagrm.  Lapallion  de  dijputer ^i^s  beaucoup  l'cfprit. 
En  dtjputant  on  entre  en  inimitié  \  premièrement, 
contre  les  rations,  &  puis  contre  les  perfonnes  : 
nous  n'apprenons  à  (^.'//^/jrcVj  que  pour  contredire  j 
&,  chacun  fecontredifant ,  &  étant  contredit ,  il 
arrive  loiivent  que  le  huit  de  la  dijpute  eft  d'anéan- 
tir la  vérité.  Port-R.  La  douceur ,  dans  la  diipute^ 
eft  un  fecret  delir  de  vaincre  ceux  contre  qui  nous 
dijputons.  M.  Esp.  On  dfpute  aujourd'hui  en  Sor- 
bonne;  pour  dire,  on  y  foutient  quelque  Thèfe. 
^3'  On  tilt  que  deux  femmes  djputent  de  beauté, 
que  deux  hommes  d:sputcnt  de  mérite  ,  de  no- 
bleJe  y  6lc.  pour  dire  «.[ue  ces  chofes  là  paroilfent 
tellement  égales  entre  ces  peilonnes  ,  que  l'on  ne 
fait  laquelle  l'emporte.  Dijputer  de  beauté  avec  les 
Déelfes.  Cerure  Deubus  Jormà.  Dijputer  d'honnê- 
tetés ,  de  civilités.  Ojficiis  certare  inter  fe. 

|C?  On   dit  aullij  le  c/{//:^rtr  à  quelqu'un  en  va- 
leur,  en  mérite,  &c.  pour  dire,  l'égaler. 

On  dit,  proveibialement ,  Dijputer  de  la  Chape 
à  l'Evêque  ,  pour  dire,  c/y'/'^rcr  pour  quelque  choie 
qui  n'eft,  &i.  ne  peut  être  à  aucun  de  ceux  qui  dif- 
putent.  Q\\  dit ,  dijputer  fur  la  pointe  d'une  égaille; 
pour  dire  ,  Dijputer  pour  des  chofes  de  rien  j  dij- 
puter pour  des  chofes  légères.  Acad.  F. 
DISPUTE  j  ÉE.  part.  Ce  Bénéfice  a  été  bien  difpute, 
bien  conceftéj  il  a  é.'é  le  iujet  d'un  grand  procès. 
Cette  demi-lune  nouT,  a  été  long-temps  difputée  j 
mais  enfin  nous  en  lommes  demeurés  maîtres. 
Disputé  Triomphant. Tevmede  Fleurifte.  Nom  d'un 
Œillet.  C'eft  un  violet,  aifez  lin  ,  fut  un  beau  blanc. 
Sa  fleur  n'eft  pas  large.  Morin. 
DISPUTEUR.  f.  m.  Qui  a  coutume  de  difputer ,  qui 
aime  à  difputer.  Dfputator  ,  rixojus.  Il  ne  faut  pas 
jouer  contre  ces  dfputeurs  continuels.  Je  ne  puis 
foufFiir  ces  violens  difputeurs  qui  fe  jettent  d'abord 
dans  la  dernière  extrémité  ,  foit  du  blâme  ,  foit  de 
la  louange.  Balz. 
DISQUE,  f  m.  Terme  d'Antiquaire.  Efpèce  de  paler , 
ou  inftrument  de  pierre  ,  de  plomb  ,  ou  d'autre 
métal j  large  d'un  pied,  que  les  Anciens  jetoienc 
pour  marquer  leur  force  ou  leur  adrelîe.  Dijcus.  Le 
Diji^ue  des  Anciens  étoit  plat  &  rond  ,  &  de  la  fi- 
gure que  le  foleil  femble  avoir.  Le  jeu  du  difque 
étoit  un  de  ceux  qui  fe  pratiquoient  chez  les  Grecs 
dans  les  folennités  des  jeux  publics.  li  conliftoità 
jeter  un  dijque  ou  en  haut ,  ou  en  long  j  &  ,  celui 
qui  le  jetoit  ou  plus  haut  ,  ou  plus  loin  ,  rempor- 
•toit  le  prix.  Ceux  qui  s'exerçoienc  à  ce  jeu  ,  s'ap- 
peloienc  Difcoboles.  DifcohoLi  5  c'elt-à-dire  ,  je- 
teurs, lanceurs  de  difue.  Hyacinthe  j  favori  d'A- 
pollon ,  jouant  au  difque  avec  ce  Dieu  ,  fut  tué 
d'nn  coup  du  difque  de  ce  Dieu,  que  Zéphire, 
fon  rival  ,  détourna  &c  poulT^i  fur  la  tête  d'Hya- 
cinthe. On  lanroit  le  dfque  par  le  ir.oyen  d'une 
corde  faite  de  cheveux  ,  à  ce  qu'il  paroît  par  Clau- 
dien.  L.  li.  in  Eutr.  Carm.  10.  v.  359.  &  fuiv. 
Ovide  décrit  ce  jeu.  Metam.  L.  X.v.  175.  Les  Ro- 
mains appuient  ce  jeu  des  Grecs,  &  en  ufèrenc 
aufti.  Dempfter,  Par.ilip.  in  Jean.  Rofini.  Antiq.  Rom, 
L.  V.  c.  X.  &  Pet.  Faber.  Agonifticon,  L.II.c.i, 
Traitent  du  jeu  du  dfque. 

fC  C'étoit  aufîî  un  bouclier  rond  ,  confacré  , 
deftiné  pour  repréfinter  une  aétion  mémorable  de 
quelque  Héros  d,' l'Antiquité  ,  &  pour  en  conferver 
la  mémoire  dans  un  Temple  des  Dieux  ,  où  il  de- 
voir être  fufpendu.  Antiq.  Rom. 
Disque.  Terme  d'Aftronomie.  Difcus.  C'eft  le  corps 
du  foleil ,  ou  de  la  lune  ,  tel  qu'il  paroît  à  nos  yeux. 
On  a  obfervé  quelquefois  Mercure  d ms  le  djque  du 
foleil.  Il  n'y  a  eu  que  la  moitié  du  dfque  de  la 
lune  qui  foit  entrée  dans  l'ombre  de  la  terre  en  une 
telle  éclipfe.  Le  difque  fe  divife  en  douze  parties, 
qu'on  appelle  a'o/cTfj  •  &  c'eft  par-là  qu'on  mefure 
I     la  grandeur  d'une  éclipfe ,  qu'on  dit  être  de   tant 


3^2.  DIS  DIS 

de  doigts,  ou  tant  ck'parties  an  disque  an  foleil ,' DISSEMBLANCE,  f.  t.  Manque  de  reflemblance.  Z)i^- 
ou  de  la  lune.  -  |     panliras  j  d/JJimUuudo  jdivejjttas.  l[  y  a.  anc  grande 

DiSQQE  de  la  teïre.  Ceft  un  plan  qui  pafle  par  le)  d'(//e/7;/>/a/>ce  entre  ces  deux  frères,  quoique  jumeaux, 
centre  de  la  terre  ^  &  qui  eft  tel  que  la  ligne  droite  DISSENHAUFEN  ,  ou  DISSENHOVEN.  Foye^ 
qui  joint  les  centres  de  la  terre  &c  du  foleil  lui  ell  j      DIESSENHOVEN. 


perpendiculaire.  Ce  plan  forme,  à  la  furface  de  la 
rerre  ,  un  cercle  -qui  lépare  l'hcmifphère  éclairé 
d'avec  -celui  qui  elt  dans  l'ombre.  Or  c'elt  pré- 
<:ifément  -le  cercle  que  nous  avons  nommé  le  terme 
de  la  lumière  &  de  l'om'ore.  Qu'il  nous  foie  per- 
mis de  l'appeler  aduellement  le  difque  de  la  terre  j 
puif^iu'aufli-bien  c'eft  le  plan  qui  leroit:  direétement 
oppofé  à  l'œil  de  l'Obfervateur,  fitué  dans  la  lune 
au  moment  de  fa  conjonétion  au  foleil  j  c'ell-à- 
dire  ,  quand  elle  fe  trouve  dans  la  li};ne  droite  qui 
joint  les  centres  de  la  terre  &  du  ioleil.  Injîkut. 
Ajîronom..  p.  215. 

Disque  j  fe  dit  auHi ,  en  termes  d'Optique  ,  de  la 
grandeur  des  verres  des  lunettes ,  <Sf  de  la  largeur 
de  leurs  ouvertures ,  de  quelque  figure  qu'ils  ioient , 
foit  plans,  convexes,  omphaloptres ,  ménifques ,  ou 
autres. 

Disque  j  fe  dit  encore,  entérines  de  Botanique,  de 
la  partie  des  fleurs  radiées  qui  en  occupe  le  cen- 
tre. On  l'appelle  quelquefois  le  bajjin.  Le  difquc 
eft  formé  par  un  alllmblage  de  fleurons  pofés  à 
plomb. 

ifT  On  prend  aufTi  ce  terme  pour  toute  l'étendue 
des  fleurs    compofées  d'un  nombre  de  pétales. 

Disque.  Terme  de  Lithurgie.  Le  dijque  eit  la  même 
cliofe  chez  les  Grecs  que  la  patène  chez  les  Latins. 
On  met,  dans  l'Eglife  Grecque,  le  pain  qu'on  con- 
facre ,  fur  le  difque  ,  ou  dans  le  dijque  ,  comme  on 
le  met  fur  la  patène  dans  l'Eglife  Latine.  Le  difque 
diffère  de  la  patène  pour  la  figure ,  en  ce  qu'il  eft 
plus  grand  &  plus  profond  :  il  relfemble  à  un  plat. 
Difque  fe  difoit  chez  les  Anciens  pour  un  plat  , 
une  aftîetre. 

DISQUISITION.  Terme  du  ftyle  didadique.^ Exa- 
men ,  recherche  exadte  de  quelque  point  de  fcience. 
Difquijitio.  Cette  queftion  eft  d'une  longue  difqui- 
Jltion  ,  d'une  longue  recherche.  Difquijicions  philo- 
fophiques ,  mathématiques  3  &:c.  Delrio  a  fait  un 
gros  livre  de  Difquifitions  Magiques.  Que  l'on  re- 
garde ce  que  vous  avez  fait  depuis  dix  ans,  vos 
Difquifitions  ,  vos  Differtations  j  vos  Réflexions  , 
vosCoahdérations,  vos  Obfervations  ,  on  n'y  trou- 
vera autre  chofe ,  finon  que  les  Propofitions  ne 
font  pas  dans  Janfénius.  Racine. 

§3"  Ce  mot  ne  s'emploie  que  dans  le  dida6ti- 
que  ,  &  quelquefois  dans  un  fens  ironique  ,  comme 
a  fait  Racine  dans  fa  lettre  à  MM.  de  P.  R.  Par- 
tout ailleurs  on  dit  recherche. 

DISSECTEUR,  f.  m.  Celui  qui  difFcque.  Sci(for.  Un 
bon ,  un  habile  directeur.  Ce  mot  n'eft  point  en 
ufage-  On  dit  dllFequeur. 

DISSECTION,  f.  f.  Terme  d'Anatomie.  Opération 
par  laquelle  on  dilféque  &  on  divife  les  parties 
du  corps  d'un  animal ,  &  on  en  f;rit  l'anatomie  , 
pour  les  confidérer  chacune  à  part.  On  le  dit  égale- 
ment de  l'opération  du  Diiïequeur  &  de  l'état  du 
corps  dilféqué.  Dijfeclio.  Les  Chirurgiens  ont  de- 
mandé le  corps  d'un  criminel ,  afin  d'en  faire  la 
dijjeciion.  Les  Anciens  ont  fait  des  dijfcclions  d'hom- 
mes vivans,  comme  Hérophile  ,  Eradftrate  j  &  ,  de 
Jiotrc  temps,  Carpus  &  Vefal.  La  direction  du  corps 
humain  a  palTé  pour  un  facrilège  jufqu'au  temps 
de  François  I.  Le  Gendre. 

Dissection  ,  ne  fe  dit  point  de  l'art  de  coupet  les 
viandes  qu'on  fert  fur  table.  On  parleroit  mal 
fi  l'on  difoit  qu'il  y  a  des  Ecuyers  tranchans  qui 
font  la  dijjeciion  des  viandes  avec  une  merveilleufe 
adrefTe. 
DISSEMBLABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  eft  différent,  qui 
n'eft  point  femblable.  Diffimilis ,  difpar,  diverfus. 
Les  jumeaux  font  fouvent  dijjemblables.  Ces  deux 
efpèces  font  fort  diffemb/ab/es.  Cet  homme  eft  dis- 
semblable à  lui-même  J  de  lui-même,  de  ce  qu'il 
écoit. 


ffCr  DISSENTANS.  -Fbye- Non-Conformistes. 

DISSENTION.  f.  f.  Divilion  caufée  par  la  diverfité 
de  lenti mens  ou  d'intérêts.  DiJjenJIo,  dijjldium.  Ce 
font  les  flatteurs  qui  mettent  la  diffention  entre  les 
Princes.  Un  faux  rapport  a  mis  la  dijjention  dans 
ce  ménage  ,  dans  cette  famille.  L'intolérance  elt 
caufe  des  troubles  6c  des  dijjentions  dans  un  Etat. 

^  DISSENZANO.  Petite  ville  d'Italie,  dans  l'Etat 
de  Vénile. 

§CT  DISSEQUER,  v.  a.  Terme  de  Chirurgie.  Ouvrir 
le  corps  d'un  animal ,  divifer  ,  par  le  moyen  de 
difîérens  inftrumens  deftinés  à  cet  ufage  j  les  par- 
ties folides  du  corps  d'un  animal,  ou  d  un  cadavre  , 
pour  les  confidérer  chacune  à  part,  f'oye:^  Ana- 
TOiMiE.  Dijjccare.  On  le  dit  j  aulh,  de  l'adrion  par 
laquelle  on  coupe  ,  on  fépare  ,  on  divife,  on  ouvre 
des  chairs  avec  ces  inltrumens  ,  en  paiifant  des 
plaies. Comme  en  féparant  &c  en  diffequant  la  chair, 
on  eft  obligé  de  trancher  les  vaiiFeaux  qui  la 
nourriiloient ,  on  doit  fe  fervir ,  &c.  Dionis.  Pour 
avoir  lieu  d'empoignet  cette  tumeur  avec  la  te- 
nette  ,  &  de  la  dijjequer  dans  toute  fa  circonférence* 
1d.  On  voit  une  confultation  que  fit  faire  l'Empe- 
reur Charles  -  Quint  aux  Théologiens  de  Salaman- 
que,,  pourfavoirj  lî ,  en  confcience,  on  pourroit 
dijjéquer  un  corps  ,  pour  en  connoître  la  ihuéture. 
Le  Gendre.  Les  Anatomiftes  modernes  ont  excellé 
dans  l'art  de  dijjéquer ,  ils  y  ont  fait  bien  de  nou- 
velles découvertes.  En  développant  &  en  dijj'équant 
jufqu'aux  moindres  pièces  dont  le  corps  de  l'animal 
elt  compofé ,  nous  nous  rendrons  capables  d'en  dé- 
couvrir les  reftorrs  &  les  mouvemens.  Dionis. 

On  le  dit  aulîi ,   par  extenfion ,  en   parlant  des 
fîmples  &  des  fruits.  Il  a  di£eque  une  telle  plante. 

Disséquer,  fe  dit  mal  des  viandes  qu'on  fert  fur  ta- 
ble ,  &  de  l'art  de  les  couper  proprement  &:  adroi- 
tement. Scindere.  Les  Allemans  font  curieux  d'ap- 
prendre l'art  de  dijjéquer  les  viandes  ;  fe  picquent 
d'être  bons  Ecuyers  tranchans. 

Disséqué  ,  ée.  part. 

DISSEQUEUR.  f.  m.  Celui  qui  difTéque.  Un  bon  ,  un 
habile  Dijféqueur  n'eft  pas  pour  cela  bon  Anato- 
mifte.  On  joint  ordinairement  ce  mot  avec  un 
adjeélif. 

DISSERTATEUR.  f  f.  Auteur  d'une  DifTettatlon.  Qui 
fait  des  DilFertations.  Le  Di£ertateur  ne  s'eft  point 
contenté  de  conjeéfurer  avec  les  Critiques  que  le 
Royaume  d'Yvetot  dans  fon  origine  ne  devoit  être 
qu'un  Franc-alleu  noble  ,  exempt  d'hommage  & 
de  fervices  militaires  ;  il  l'a  même  prouvé.  Merc. 
de  Juillet  iyi6.  A  ces  mots  que  je  lâchai  fans  for- 
ger à  mal ,  je  vis  le  vifage  de  mon  Dijfenateur 
s'allumer  d'un  feu  qui  me  fit  peur.  Marivaux. 
Ce  mot  fe  prend  fouvent  en  mauvaife  part  ,  pour 
difcoureur 

^  DISSERTA  TîON.  f  f.  Difcours ,  écrit  fur  quel- 
que point  général  ou  particulier  d'une  fcience,  d'un 
art ,  de  quelque  matière  que  ce  foit.  En  quoi  la 
dijjertation  diffère  du  traité  qui  embralle  tout  ce 
qui  appartient  à  fon  objet.  Les  difcours  académi- 
ques ne.  font  le  plus  fouvent  que  des  Differtations. 
Dijfertacio.  Balzac,  a  fut  une  belle  Dijjertation  fur 
VHerodes  infanticida  de  Daniel  Heinfius. 

DISSERTER,  v.  n.  Difcourir  ,  faire  une  differtation, 
Dijferere.  Marivaux  s'ell  fouvent  fervi  de  ce  mot 
dans  fon  Spedateur  François.  La  plupart  de  ceux 
qui  vous  liront  ,  fe  voyant  appuyés  ^  feront  bien 
aife  de  dijjerter  cavalièrement  fur  votre  compte, 
d'ofer  fécouer  la  tête ,  &  d'avoir  des  dégoûts  en 
vous  lifant.  ...  &  dans  un  autre  endroit  :  là-deflus  , 
le  voilà  qui  recommence  à  dijjerter  avec  moi,  &c 
qui  me  lomme  de  lui  rendre  juflice. 


DIS 

Je  m  dois  point  perdre  d'injlans  j 

m  prendre  une  peine  inutile 

A  dilTerter  en  grave  f y  le 

Sur  les  bagatelles  du  temph.  Cressét. 

Clitandre,  dans  la  Comédie  des  Philofophes 
amoureux  ,  par  M.  Deftouches ,  ade  5.  fcèiie  5.  du 
aux  Philofophes  ,  Lcandre  d:  Damis  ,  en  ie  berçant 
dans  ion  liège  : 

ça,  MeJJieurs  diflertez. 

C  L  A  R  I  C  E. 

Vous  \oule\  que  j'ejfuîe 
Leurs  froids  raifonnement  ?  Yii'Xtne  qui  voudra  \ 
Mais  pour  nous  j  médifons  :  cela  m'amusera. 

^  Ce  mot  déplaifoic  à  l'Abbé  Des  Fontaines. 
Il  paroîc  le  critiquer  dans  l'Eloge  de  Pantalon-Phcc- 
bus ,  à  la  fuite  du  Dictionnaire  Néologique,    ou- 
vrage qu'il  n'avoir  entrepris,  que   pour  jeter  du  ri- 
dicule fur  le  langage  de  nos   Ivlodernes.   Pantalon- 
Phœbus ,  dit-il  ,rôdoit ,  ou  plutôt  féjoutnoit  dans  les 
caffés  favans  j  &  fe  plaifoit  à  controvei  fer  &  dUJer- 
rer  chaudement.  Malgré  cela  ,  ce  mot  elt  en  ulage. 
Il  a  favamment  d/ff'erte  Car  un  rel  ponit  d'Hiftoire  , 
de   Clironologie.   On   le    dit  fouvent  en  niauvaile 
part.  C'eft  un  homme  ennuyeux  ;  il  aime  à  dijjerctr 
fur  tout. 
DISSIDENT,  f.  m.  On  appelle  en  Vo\ognQ  Diffident, 
ce  qu'on   appelle  ailleurs  Non-Contormiftes  :  c^eTi 
celui  qui  p-oFeiîe  une  autre  Religion  que  la  Ca- 
tholique. 
DISSIGNE.  Terme  d'Algèbre,   inventé  par  M.  de  la 
Loubere  dans  fon  Traite  de  la  Réiolucion  des  équa- 
tions _,  &  qui  fe  dit  des  termes  des  équations  qui 
ont  différens  lignes,  run+  &:  l'autre  —  ;  ou  l'un 
a  H-  ou  l'autrf:  a  —  ,  &  l'autre  —  :  ou  l'un  a  +  Dis- 
Jinidibus  fignis  affe  'us'  Son  contrai'e  eft  configne, 
qui  a  les  mêmes  lignes.  En  ce  cas-là,  le  deuxième 
période  ,   qui  commencera  par  le   relte  -H  4"  —   tjh 
fera  configne  au  premier.  Mais ,  dans  le  fécond  cas... 
le  deuxième  période,  qui  commencera  par  ce  refte 
—  4<i  +  9*  ;  fera  dijjrgne  au  premier.  La  Loub.  Les 
deux  extrêmes  me   donneront  encore  une  tormule 
d'une  équation  dont  le  période  fera  des  deuï  mêmes 
grades ,  mais  qui  fera  fuivi  d'un  période  diffigut.  Id. 
DISSIMILAIRE.  adj.  m.  &  f.  Terme    de  Médecine. 
Qui  n'elt   pas  de  même  genre,  de  même  elpcLe. 
Dllilmilaris.  Son  oppoÇé  ed  Similaire.  On  divile  les 
parties  du  corps  enjîmilaires  ,  &  en   dijjlmil aires. 
'Lcs/imilaires  (onicQWcs  qui  ne  font  point  compofées 
d'autres  de  différente  nature.  Voye^  Similaire.  Le 


DIS  38^ 

fînccrement ,    la  parfaite  dijjlmulation  eft  le  chef- 
d'œuvre  de  la  prudence.  Id.  La  dijjin.u'atlon  ,  qui 
fait  déguiler  toutes  chofes ,  fe   mafque  elle-même, 
6c  prend  le  nom  de  prudence.  S.  Evr. 
§CF  DISSIMULER.v.a.Cen'ellpas  jcomme  on  ledit, 
dans  le  Didt.  del'Acad.  cacher  les  fentimenS  ,  fes  de- 
feins  5  mais,  c'eft  au  moyen  d'une  conduite  réfetvée, 
ne  pas  les  lailFer  appercevoir.  DiJJimulare.  Il  y  a  de 
l'art  &  de  l'habileté  à  dijjlmuler.  La  fciencc  de  dis~ 
Jîmulcr  eft  d'un  grand  ufage  :  il  ne  laut  montrer  fon 
jeu  ,  que  quand  il  eft  fur.  Amelot.  La  maxime  de 
Louis  XI  j   qui  diloit  que  ,  pour  favoir  régner  ,   il 
falloir  favoir  dijjimuler  ,   eft  vraie  à  tous  égards , 
jufque  dans    le  gouvernement   domeftique. 
§C?  Dissimuler  ,  Déguifer  ^  cacher ,  conhdérés  dans 
unelignihcation  fynonyme.  On  cacAe,  par  im  protond 
lecret  ,  ce  qu'on  ne  veut  pas  manifefter.  On  dïjfi- 
mule  par  une  conduite  réfervée ,   ce  qu'on  ne  veut 
pas  hure  appercevoir. On  déguije^'Ç'xx.  des  apparences 
contraires  ,  ce  qu'on  veut  dérober  à  la  pénétration 
d'autrui.  Syn.Fr. 

|îC7"  Il  y  a  du  foin  &  de  l'attention  à  cacher  \  de 
l'art  &  de  l'habileté  à  dijjimuler  \  du  travail  &  de 
la  rule  à  déguiser. 

%fT  Si  l'on  veut  réufiir  dans  les  affaires  d'intérêt 
&  de  politique  ,  il  taut  toujours  cacher  fes  defteins , 
les  fc/////7z«/t'r  iouvent  ,    &c  les  dciguiser  quelquefois. 
Pour  les  aftliires  de  cœur  j  elles  le  traitent  avec  plus 
de  franchile  ,  du  moins  de  la  part  des  hommes. 
33°  Dissimuler,  lignifie,  quelqueloisj  faire  femblant 
de  ne  pas  remarquer ,  de  ne  pas   relFentir  quelque 
chofe.  Dijjimuler  un  affront ,  une  injure. 
|]CF  DISSIMULÉ  ,  EE.  adj.  Fin ,  couvert  ,  artificieux  , 
accoutumé  à  dillimi.ler  pour  furprendre  quelqu'un. 
AcAD.   Fr..    Notion    fauffe.  L'homme  dijfimulé  elt 
celui  qui  veille  fur  les  autres,  pour  ne  les  pas  mètre 
à  portée  de  le  connoître.  DiJJimulator ,  dijjimulandi 
peritus,  L  homme  caché  veille  fur  lui  même  j  pour, 
ne   fe  point   trahir   par  indifctétion.  Le  déguisé  fe 
montre  autre  qu'il  n'eft,  pour  donner  le  change.  Syn. 
Fr.  Il  fuffit  d'être  caché ,  pour  les  gens  qui  ne  voient 
que  lorqu'on  les  éclaire  j  il  faut  être  dijjimulé  pour 
ceux  qui  voient  fans  le  fecours  d'un  llambeau  ;  mais 
il  eft  néceffrire   d'être  parfaitement  déguisé  pour 
ceux  j  qui ,  non  contens  de  percer  les  ténèbres  qu'on 
leur  oppofe,  difcutent  la  lumière  dont  on  voudroit 
les  éblouir.  Il  eft  quelquefois  employé  fubftantive- 
ment.  C'eft  un  dijjimulé,  uns  dijjimulée. 
DISSIPATEUR  ,   ATRicE.  f.  m.  &  f.  Qui  dépenfe  , 
qui  confume  fon  bien  mal-à-propos.  Z)ecu)3or ,  ^ro- 
digus.  On   a  rompu  ce  mariage ,  à  caufe  qu'on  a 
appris  que  cet  Iiomme  étoit  un  dijfipaieur.  Tacite 
repréfente  Pétrone ,  non  pas  en  dijjipateur  dans  la  dé- 
bauche \  maisien  homme  délicat,  dans  un  luxe  poli 
&    curieux.  S.  Evr. 


dijjimilaires  font  celles  qui  font  compofées  d'autres  \  DISSIPATION,  f.  f.  Aélion  par  laquelle  une  chofe  fe 


de  différente  nature  ,  comme  le  doigt ,  qui  fe  peut 
divifer  en  os  ,  en  artères  ,  eu  nnifcles  ,  &c. 

DISSIMULATEUR,  f.  m.  Quidiflimule.  DiJJimulator, 
,diJJimulationis  artificio  eruditus.  Les  Politiques  font 
les  plus  profonds  dijjimulateurs.  Ce  mot  n'eft  guère 
en  ufage. 

go-  DISSIMULATION,  f.  f.  C'eft  l'art  de  dérober  à 
la  connoiffance  des  autres,  pas  une  conduite  ré- 
fervée, nos  deffeins  ,  nos  fentimens  ,  de  nelesi)as 
laiffer appercevoir.  Le  déguisémentàii  quelque  chofe 
de  plus,  &  fuppofe  qu'on  emploie  des  apparences 
contraires  ,  du  travail  !<.  de  la  rufe.  Dijimulatio. 
Cet  homm.e  ,  fi  fecret  dans  le  fond  ,  paroir  éloigné 
de  la  dijjimulation  ,  jufqu'à  approcher  de  la  naïveté. 
S.  Real.  Il  faut  vivre  avec  fes  amis  à  cosur  ouvert , 
&  fans  dijjimulation.  Si  la  d'ffîmulation  conlifte  fim- 
plement  à  cacher  nos  fentimens  ,  ce  n'eft  point  un 
vice.  Mais  il  faut  que  ce  déguifémenr  ne  foit  pas 
oppofé  à  la  vérité  :  autrement  c'eft  un  menfon^e. 
Cail.  La  dijjimulation  eft  fi  contraire  à  la  franchi*e, 
qui  eft  le  lien  des  amitiés  ,  qu'elle  ne  trouve  point 
de  défenfeurs  parmi  les  honnêtes-gens.  Id.  A  parler 


perd  ,  fe  dillîpe.  Dijfipatio  ;  bonorum  ,Jortunarum 
consumptio ,  dijjipatio.  L'étude  caufe  une  grande 
difjîpation  d'efprit.  La  dijfipation  des  Finances  eft  la 
ruine  de  l'Etat. 

Dissipation  ,  en  termes  de  Phyfique  ,  fignifie  propre- 
ment une  perte  ou  déperdition  infenfible  j  qui  fe 
fait  des  petites  parties  d'une  chofe  ;  c'eft  l'écoule- 
ment par  lequel  elles  fe  détachent  &  fe  perdent  : 
ainfi  on  ne  dit  point  dijjîpation  ,  mais  perte  de  fang, 
en  parlant  du  fang  qu'un  homme  perd  par  une 
plaie  ,  ou  de  quelqu'autre  manière  fenfible  :  au 
contraire,  on  dit  lort  bien  avec  M.  Lémery  ,  comme 
la  d'fllpation  des  efprits  fe  fait  beaucoup  plus  abon- 
damment que  celle  des  parties  folides  j  la  répara- 
tion ,  auffi  ,  en  doit  être  plus  fréquente  Se  plus 
abondante. 

-nCT  Dissipation  ,  dans  un  fens  moral ,  dcfigne  l'ét  " 
d'une  perfonne  d/JJîpée  ,  c'eft-à-dire  ,  répandue  dans 
le  monde,  livrée  aux  objets  extérieurs  qui  attitenc 
toute  fon  attention  ,  enforte  qu'elle  eft  plus  occu- 
pée de  fes  plaifirs,  que  de  fes  devoirs.  Combien 
de  fois  une   indécente  curigfité ,  ou  un  fouveiiir 


384  DIS 

îinpoitan  ,  au  milieu  même  de  la  prière,  vous 
■ont-ils  jeté  dans  des  dijfipadons  ,  que  les  inquié- 
tudes de  cette  vie  ne  rendent  que  trop  inévitables  ? 
Flech.  La  dijjïpadon  eft  inévitable  dans  le  com- 
merce du  monde.  Nicol. 

DISSIPER.  V.  .a.  Conlumer  ,  détruire  quelque  chofe  , 
en  l'é'cartant ,  en  la  divilant ,  en  la  réduilant  à  nen. 
JD/-(f}pare  ,  confumere ,  effundere.  L'ardeur  du  ioleil 
a  bien-tôt  d^fflpé  les  brouillards-  Lataim  &  les  mala- 
dies ont  bien-tôt  dijjlpé  uns  armée.  La  vue  le  dijjipe 
Se  fe  perd  à  regarder  de  vaftes  campagnes.  S.  Lvr. 

Dissiper..,  préfente  la  même  idée  ,  dans  le  fens  figuré. 
L'efprit  is  dijjîpe  dans  une  longue  méditation.  L/is- 
trahere  ,  evocarc.  Il  le  formoïc  une  grande  cabale 
contre  lui  3  que  fon  ad  relie  a  dijjipe'e.  Je  veux  dis- 
siper toutes  vos  illufions.  Rien  n'empêche  les  Reli- 
gieufes  de  penfer  incelTamment  à  Dieu  :  elles  ne 
font  point  détournées  par  mille  chofes  qui  d'Jfî- 
pent ,  ëc  qui  occupent  dans  le  monde.  Les  femmes 
fort  occupées  dans  le  monde  ,  ne  font  pas  d'ordi- 
jiaire  fort  tendres,  parce  que  cela  djjjipe  les  fenti- 
mens  du  cœur.  S.  Evr.  L'efprit  efl:  pins  net ,  &c 
y  plus  recueilli  le  matin ,  &  avant  que  les  aftaires  le 

dijjlpent.  BouH. 

DISSIPE,  Ér.  part.  palf.  &  adj.  Outre  les  fignifica- 
rions  de  fon  verbe,  il  lignifie,  Dillrait,  inappliqué, 
plus  occupé  de  les  pbifirs ,  que  de  fes  devoirs. 
Anïmus  variis  cogitationihus  agitatus  ,  jaclatus ,  in 
varias  cogitationcs  diflraclus.  Cet  homme  eft  trop 
dijjipé.  L'ennui  de  la  retraite  eft  infupportable  à 
ceux  qui  font  accoutumés  à  mener  une  vie  tumul- 
tueufe  &  dijjlpée.  Voye^  Dissipation  j  en  ce 
fens. 

IJCT  DISSOLU,  UE.  adj.  Se  dit,  dans  un  fens  moral , 
pour  débauché ,  qui  mène  une  vie  déréglée. 
Homme  dijjolu,   moeurs  dijjolues.  Dijjolutus. 

IKJ"  On  le  dit ,  auOi ,  des  chofes  qui  portent  au 
■dérèglement.  Paroles,  chanfons  d'Jfolues. 

tPT  On  a  dit ,  autrefois ,  dijjolu    pour    diffous. 
Mariage  dijjolu  ^  fociété  dijjolue.  Voy.  Dissoudrt:. 

^DISSOLVANT,  ante.  adj.  Terme  de  Chymie. 
Qui  a  la  force  6c  la  propriété  de  diftbudre  ,  de 
féparer  lesparties  d'un  corps  naturel.  DiJJolvens ,  dis- 
solvendi  vim  habcns.  Les  acides  ont  une  qualité 
diffolvante.  L'efprit  de  vitriol  eft  un  acide  des  plus 
dijjolvans.  Voy.  -^  Dissoudre. 

IJCT  Dissolvant.  1.  m.  Souvent  employé  en  Chymie  , 
comme  fynonyme  de  menftrue  ,  fubftance  propre  à 
opérer  une  dilfolution.  Dijffolvens.  L'eau-forre  eft 
le  dijjolvant  des  métaux.  L'eau-regale  eft  le  dijfol- 
rant  de  l'or,  L'efprit  de  vin  eft  le  diffolvant  des  ré- 
fines.  L'eau,  l'humidité  eft  le  dijjolvant àe^  fels  & 
des  gommes.  L'efprit  de  vinaigre  diftillé  eft  le  dis- 
folvant  des  perles  &  des  coraux.  On  fervit  une  talle 
<l'or  pleine  d'un  vinaigre  très-fort ,  qui  eft  un 
prompt  dijjolvant.  Citri.  Les  Alchymiftes  préten- 
dent que  leur  alchaëft  eft  un  dijjolvant  univerfel. 
Les  prétendus  dijfolvans  uiverfels  font  décrits  énig- 
matiquement  par  Paiacelfe  ,  Van-Helmont ,  De 
Comitibus,  &c. 

DISSOLUBLE.  adj.  Il  n'eft  d'ufige  qu'en  Chymie. 
Qui  fe  peut  réfoudre.  DiJJolubiUs.  Il  n'y  a  point  de 
corps  qui  ne  foie  dijfoluble  par  le  feu  ,  par  l'art 
de  Chymie. 

DISSOLUMENT.  adv.  D'une  manière  dilTolue.  Dijfo- 
lutè  ,  intemperanttr.  Les  Libertins  vivent  dijfolumcnt, 
fe  plongent  d.ans  toutes  fortes  de  débauches.  On 
emploie  rarement  ce  mot. 

DISSOLUTIF,  ivE.  adj.  Qui  a  la  propriété  de  dif- 
foudre.  Tachard.  Dijcujjoriam  vim  habens.  Il  n'eft 
pas  d'ufage. 

§3-  DISSOLUTION,  f.  f.  Du  Latin  Diffolutio  ,  qui 
lignifie fépiration  ,  divifion.  C'eft  la  réfolution  d'un 
corps  naturel  en  fes  parties  ;  la  féparation  des  par- 
ties d'un  corps ,  qui  fe  détachent  les  unes  des  au- 
tres. Le  feu  opère  la  dijfolution  des  corps  les  plus 
■durs.  La  dijjolution  des  métaux.  La  corruption  d'un 


DIS  -I 

corps  fe  fait  par  la  diJjoLution  de  fes  parties.   Il  y 
a  plulieurs  dijjoiutiohs  qui  fe  font  en  Chymie. 

^fT  Dissolution  ,  en  ternies  de  Phaimacie  &  de 
Chymie  ,  eft  une  opération  ,  par  laquelle  les  parties 
d'un  corps  lolide  lont  kpaiécs  les  unes  des  autres , 
par  un  tiuide  avec  lequel  elles  le  combinent.  On 
fait  la  aiJJoLution  de  la  ir.anne  ,  de  la  calie  ,  du  fu- 
cre ,  des  gommes  &  rélines  dans  les  liqueurs  con- 
venables. La  dijjolution  de  1  or  fe  fait  dans  l'eau- 
régale  \  celle  des  perles  &  des  coraux  ,  dans  du 
vinaigre  diftillé  j  &;c.  C'eft  ,  dans  le  même  fens ,  un 
terme  de  Phylique ,  qui  exprime  la  rédudlion  des 
corps  épais ,  en  corps  lluides ,  coulans  j  laquelle  fe 
fair  par  la  nature.  Ce  fuc  un  peu  acre ,  ou 
acide  ,  qui ,  picotant  les  parois  de  l'eliomac  ,  cau- 
foit  la  faim  ,  agit  dans  la  fuite  fur  les  alimens ,  &C 
aide  à  leur  dijjolution  dans  l'eftomac.  Lémery. 

Il  fe  dit  aulîi  de  la  chofe  dillcute  6^  de  fon  dif* 
folvant.  Prendre  la  dijjolution  de  vitrioi. 

Dissolution  des  Philosophes.  Teime  de  î'hilofo- 
phie  Hermétique ,  qui  veut  dire  coftion  ou  prépa- 
ration de  la  nature,  jufqu'.à  ce  qu'elle  loit  arrivée  a 
fa  perfection.  C'eft  ,  aulH ,  la  réduction  d'un  corps 
en  la  première  matière. 

On  dir  aufli ,  au  Palais,  la  difjolwion  d'un  ma- 
riage ,  la  dijjolution  d'une  communauté  ,  quand  un 
mariage  a  été  déclaré  nul  ,  quand  une  commu- 
nauté eft  finie.  La  dijfolution  de  la  communauié  ne 
fe  fait  que  par  la  clôture  de  l'inventaire. 

%fT  Le  mariage  eft  indilfoluble  :  ainfi  c'eft  im- 
proprement qu'on  emploie  le  mot  de  dijjolution, 
La  véritable  expreflion  dont  on  doit  le  le:  vir  ,  quand 
quelque  empêchement  dirimant  donne  lieu  à  la  lé- 
paration  des  conjoints  ,  eft  de  dire  que  le  mariage 
eft  déclaré  nul. 

0CF  Dissolution  de  Société.  C'eft  la  rupture  d'une 
Société  établie  entre  plulieurs  peifonnes.  Foye-^ 
Société  &  Associé. 

Dissolution  ,  fe  du  des  Corps  &:  des  Communautés 
qui  fe  détruifenr.  Il  rétablit  le  Séminaire  ,  dont  la 
dijfolution  ctoit  fi  préjudiciable  à  la  Chrétienté  des 
Indes.  BouHOURS.  Xav.  L.  y. 

\fT  Dissolution  ,  fe  dit  auffi ,  en  Médecine,  pour 
décompofition  des Humeurs./^oje:^ Décomposition. 

§C?  Dissolution  ,  en  Morale.  Déréglementde  mœurs, 
principalement  dans  ce  qui  regarde  la  continence. 
DiJJoluti  mores  ,  intemperantia.  Vivre  dans  la  dijfo- 
lution. Se  plonger  dans  toutes  fortes  de  dijfolutions. 
Vaug. 

DISSONANCE,  f.  f  Terme  de  Mufîque.  Faux  accord 
oppofé  à  consonance.  Tonus  dijfonus  ,  dijjonum  ,  dijfo- 
nans  quiddam.  Il  eft  produit  par  le  mélange  ou  ren- 
contre de  deux  fous  qui  font  défagréables  cà  l'oreille, 
tels  que  font  les  ditons ,  les  tritons  3  les  fauffes 
quintes,  les  quartes  fuperflues,  les  feptièmes  & 
leurs  répliques.  La  féconde  dijjhnance  eft  le  demi- 
ton  majeur ,  qui  eft  la  différence  de  la  tierce  ma- 
jeure cà  la  quarte.  Les  dijfonances  fervent  à  la  Mu- 
fîque ,  encore  qu'elles  n'y  entrent  que  par  accident. 
Koye'i  M.  Brolfard  fur  lesdifproportions  des  dijfo- 
nances. 

^p3'  Deux  fons  harmoniques  ,  fucceiïifs  ou  fimul- 
tanés ,  peuvent  produire  dans  l'oreilie  trois  impref- 
fions  diftérentes  j  l'unillon  ,  la  confonance  ck  la  dis- 
sonance.h'  ax\\ï[on  ,  quand  ils  font  tous  deux  fi  égaux 
&  fi  confonans  ,  qu'ils  femblent  ne  faire  qu'un  feu! 
&  même  fon.  La  confonance  ,  quand  l'aigu  &  le 
grave  fe  mêlent  fans  fe  confondre  ;  enforte  qu'on 
en  voit ,  fans  peine ,  la  différence  &  la  conformité, 
la  diftinéfion  èc  l'union:  ce  qui  donneà  l'ameun 
plaifir  facile,  &:  par-là  très-agréable.  La  dijfonance^ 
quand  ces  deux  fons  fe  Trouvent,  au  contraire  ,  ù. 
différens  ou  fi  difproportionnés ,  que  leur  rapport 
paroît  à  l'oreille  ,  ou  indéterminable ,  ou  trop  dif- 
ficile à  déterminer  ;  difliculté  que  l'ame  ne  peut 
fentir  fans  quelque  défagrément. 

|!3°  C'eft  un  principe  inconteftable  3  en  Mufique  ,' 
que,  dans  uninftrument  de  Mufique  à  cordes,  le 


DIS 

fon  eft  au  fou ,  comme  la  corde  efl:  i  la.  corde  : 
ainfi  deux  Ions  fonr  à  l'uniiron  parfait,  quand 
les  deux  cordes  font  parfaicemenr  égales.  Foyc^ 
Unisson. 

ifF  Si  l'on  divife  une  ccsrde  fonore  en  i  ,  en  3 , 
en  4,  en  j  ou  eu  6  parties  égales  ,  le  fon  de  la 
corde  entière ,  &  celui  de  l'une  ou  d'un  certain 
nombre  de  fes  parties  aliquotes,  produiront  dans 
l'oreille  cette  imprelllon  agréable ,  qu'on  appelle 
conl'onance. 

I^CF  Mais ,  lî  l'on  poulfe  plus  avant  la  divifion 
de  la  corde  ,  par  exemple  ,  en  7  ou  en  8  parties 
égales  3  on  éprouvera  que  la  corde  entière  &  fes 
parties  ne  rendront  plus  des  fons  amis  &  conlonans  j 
mais  des  fons  ennemis ,  dilcordans ,  rudes  j  &  d'au- 
tant plus  défagréables  ,  que  leurs  rapports  feront 
plus  difficiles  à  déterminer. 

^C?  Le  nombre  des  confonances  eil  très-borné  ; 
mais  il  y  a  ,  au  conuaire ,  une  inhnité  de  dijjo- 
nanccs  ,  mais  qui  ne  lont  pas  toutes  également  dé- 
fagréables :  il  y  en  a  même  qui  ne  lailfent  pas  de 
plaire ,  finon  par  leur  nature ,  du  moins  par  le 
n^érire  emprunté  de  quelques  bell;s  confonances 
voidnes ,  ou  par  l'ulage  que  les  Maîtres  de  l'art  en 
favent  faire  par  le  moyen  du  tempérament. 

ftCT  Par  la  rait'on  que  les  confonances  font  en 
petit  nombre  ,  il  leroit  à  craindre  ,  que  ,  malgré 
la  douceur  qui  les  accompagne,  elles  ne  viniîent  à 
caufer  du  dégoût  par  h  retour  trop  fréquent  des 
mêmes  tons.  Il  falloir  donc  trouver  le  fecrer  ,  ou 
&Q\\  augmenter  le  nombre ,  ou  d'en  relever  quel- 
quefois le  goLit  par  quelque  alfaifonnement.  Les 
bornes  que  la  nature  a  prefcrites  à  l'oreille ,  ne 
permettoient  pas  d'en  augmenter  le  nombre.  Il  a  donc 
fallu  fe  contenter  d'en  allaifonner  la  douceur  par 
une  efpèce  de  fel  harmonique  ,  û  nécelTàire ,  fur- 
tout  dans  les  grandes  comportions  j  pour  en  varier 
les  accords ,  pour  les  lier  enfemble  ,  pour  en  rendre 
l'exprelïïon  plus  lenllbls  par  une  modulation  plus 
piquante.  La  Mufique  va  prendre  ce  fel  julque 
dans  le  fein  de  fes  plus  cruelles  ennemies ,  dans  le 
fein  même  des  diffonances.  Elle  a  trouvé  des  tem 
péramens  pour  fe  les  concilier,  c'eft-à-dire  ,  l'art 
d'en  adoucir  la  rudeife  ,  de  leur  prêter  même  une 
partie  de  l'agrément  des  confonances  ,  pour  les  em- 
pêcher d'en  troubler  l'harmonie  ;  de  les  employer 
comme  les  ombres  dans  la  peinture ,  ou  comme  les 
iiailons  dans  le  difcours  ,  pour  fervir  de  palfage 
d'un  accord  à  l'autre  j  de  les  préparer  avant  qu'elles 
arrivent ,  en  les  faifant  précéder  par  des  fons  vifs  & 
doux  ,  qui  en  étouffent  le  dclagrément  dès  fa  naif- 
fance  j  ou,  quand  cette  préparation  eO:  impolfible, 
ou  trop  difficile  ,  de  les  fauver  avec  adrelTe  ,  en  les 
faifant  fuccéder  par  des  Ions  brillans ,  pour  en  cou- 
vrir le  défaut.  En  un  mot ,  on  a  trouvé  l'art  de 
placer  tellement  les  Ci/[fonjnces  dans  une  compoh- 
lion  ,  que  ,  h  elles  blelfent  encore  un  peu  l'oreille, 
elles  ne  la  blelfent  que  pour  nous  plaire  davantage, 
Voici  l'application  que  l'Aureur  du  Traité  fur  le 
Beau  ,  donne  de  cette  efpèce  de  paradoxe. 

yCF  Les  confonances  étant  obligées,  parleur  petit 
nombre  ,  à  fe  répéter  trop  fouvent ,  elles  auroient, 
à  la  longue  ,  endormi  les  auditeurs  par  une  har- 
monie trop  unitorme.  La  Mufique,  pour  nous  re- 
Yeiller ,  pour  nous  tenir  toujours  en  haleine,  em- 
ploie les  dijjonances  dans  fes  compofitions  j  pour 
éguifer ,  s'il  eft  permis  de  parler  ainfi ,  l'appétit  de 
l'oreille  ,  comme  un  autre  art ,  qui  eft  d'un  ufage 
plus  ordinaire  ,  emploie  ,  dans  les  liennes,  le  fel ,  le 
poivre  &  les  autres  épiceries ,  pour  piquer  le  goût 
des  convives.  Et  les  auditeurs ,  dédommagés  par 
la  furprife  agréable  de  voir  naître  des  accords  j  du 
fein  même  de  la  difcordance , ^pardonnent  ,  fans 
peine  j  aux  Muficiensces  petites  âpretés  paffagères, 
comme  la  plupart  des  convives  pardonnent  volon- 
tiers à  leur  hôte  ,  ces  ragoûts  piquans  qui  leur  mer- 
tent  le  palais  en  feu  j  pourvu  qu'il  ait  foin  en 
même  -  temps  de  leur  fervir  de  quoi  l'éteindre. 
^C?  Il  y  a  encore  un8  autre  raifon  pour  admettre 
TmellL 


D  î  S  5S; 

les  dijfjnances  dans  la  Mufique.  On.  a  remarqué  ds 
tout  temps  ,  que  ,  fi  elles  blelfent  l'oreille  par  quel- 
que rudelfe  ,  elles  font ,  par  cela  même  ,  d'autant 
plus  propres  pour  exprimer  certains  objets  ;  les 
tranfporrs  irréguliers  de  l'amout ,  les  fureurs  d?  la 
colère  j  les  troubles  de  la  difcorde  ,  les  horrcuis 
d'une  baraille ,  le  fracas  d'une  tempête.  Et ,  pour  fe 
borner  à  la  voix  humaine,  on  iait  que,  dans  cer- 
taines émotions  de  lame ,  elle  s'aigrit  naturelle- 
ment ,  qu'elle  détonne  tout-à  coup  ,  qu'elle  s'élève 
ou  s'abaille ,  non  par  degrés ,  mais  comme  par 
fauts  &  par  bonds.  Voilà  donc  évidemment  la  place 
où  les  d/[/o/inances  -peuwenz  avoir  lieu  :  voilà  mcms 
quelquefois  ©ù  elles  font  néceliaues.  Et  alors ,  dic 
M.  Dodart ,  avec  les  plus  frvans  Muficiens ,  on 
éprouvera j  que,  fi  elles  déplaifent  à  l'oreille  par 
la  rudelfe  des  fons ,  elles  plairont  à  l'efprit  &  au 
cœur  par  la  force  de  l'expreflion. 

fCT  II  e(l  vrai  que  ,  pour  faire  entrer  dans  l'har- 
monie ces  efpèces  de  beauté  ,  qui  dépendent  du 
choix  &  de  l'art  du  Muficien ,  il  a  fallu  bien  con- 
fulter  la  nature  j  bien  méditer  j  bien  raifonner , 
quelquefois  bien  hafarder.  Mais,à  force  d'expériences 
6c  de  railonnemens ,  on  y  eft  enfin  parvenu. 

■|t5"  C'eft  ainfi  qu'on  a  formé  de  la  Mufique  une 
efpèce  de  Rhétorique  fonore  ,  qui  a  ,  comme  cella 
des  paroles,  fes  grandes  figures  pour  élever  l'ame, 
fes  grâces  pour  la  toucher ,  fon  Ifyle  badin  ,  f;;s  ris 
&  fts  jeux  pour  la  divertir.  La  queftion  eft  de  pla- 
cer à  propos   tous  ces  ditférer.s  Itvles. 

DISSONANT  ,  ANTE.  adj.  Terme  de  Mufique.  Qui 
n'ell  point  d'accord ,  qui  n'eft  point  dans  le  ton,- 
Di(jonans ,  dijjhnus  ,  abjonus.  Une  voix  diQ'onantc^ 
Un  inftrument  dijjonant.  Il  n'a  d'ufage  que  dans 
ces  exemples. 

DISSONENT.  f.  m.  Vieux  mot  qui  fignifioit ,  au- 
trefois ,  Murmure  j  bruit  que  fait  un  ruilfeau  qui 
coule. 

fJCJ' DISSOUDRE,  v.  a.  Particulièrement  ufité  enPhy- 
fique  ,  en  Médecine  &  en  Chymie.  C'eft  en  générai  , 
féparer  ,  détacher  les  parties  d'un  corps  folide. 
Difjolvere.  Il  fe  conjugue  ainfi.  Je  dilîous  ,  nous 
dilTblvons,  vous  dilfolvez  ,  ils  dilfolvenr.  (Autre- 
fois: nous  diifoudons,  vous  dilfoudez  j  ils  dilfou- 
dent  )  \  je  dilTblvois  j  je  dilfoudrai  ;  diirulvez  ;  que 
je  dilfolve.  En  Chymie  ,  on  le  dit  des  fluides,  qui, 
en  pénétrant  les  parties  d'un  corps  folide  ,  les  dé- 
tachent les  unes  des  autres,  &  le  combinent  avec 
elles.  Cléopatie  fit  diffoudre  une  de  les  perles  dans 
du  vinaigre.  Il  y  a  des  fels  qui  fixent  ou  dijfolvenc 
des  matières  d'une  confilfance  propre  ,  &  qui  ne 
font  rien  fur  le  relfe.  Jourk.  des  Sav.  L'eau 
diffout  le  fucre  ,  le  fel.  Les  eaux  fortes  diJJ'olvent  les 
métaux.  L'eau -régale  diffout  l'or.  Les  Alchymiftes 
nomment  alcaheft  leur  DilToivant  univerfel ,  une 
matière  qu'ils  prétendent  eft  propre  à  dijjoudre  tous 
les  métaux  ,  &  même  tous  les  coips  de  la  nature. 
'^fT  On  dit ,  improprement,  c'{//c'i^t/re  un  mariage, 
le  déclarer  nul  j  le  rompre.  Diffolvcre.  Voye-^  Dis- 
solution ,  en  ce  fens.  Il  n'y  a  que  la  mort  qui 
puilFe  dijjoudre  le  mariage ,  au  moins  parmi  les 
Catholiques,  c'eft-à-dire,  faire  qu'il  ne  fubfifte 
plus. 

|K?  Ce  verbe  eftaullî  réciproque.  Les  métaux  fe 
fondent  &  fe  dlffolvenc.  Le  fucre  fe  difjoiu  dans 
l'eau.  Il  y  a  des  fels  qui  fe  d.'JJolvent  diftîciletrenr. 
Les  Jurifconfultes  difent  que  les  fociétés  fe  djffbi- 
vent ,  quand  les  affociés  n'agllTent  plus  en  affociés. 

ÇCT  Dissoudre  ,  Délayer  j  fondre  ,  confidérer ,  dans 
une  fignification  fynonyme.  D'après  ce  qu'on  vient 
de  dire  ,  il  eft  évident  qu'on  a  tort  de  confondre 
c^%  trois  verbes.  On  fond  un  corps  folide  ,  en  le 
rendant  fluide  par  l'aétion  du  feu.  On  délaie ,  eu 
détrempant  avec  quelque  liquide.  On  di[fouc,  en  fcpa- 
rant  les  parties  d'un  corps  j  par  le  moyen  de  quelque 
fluide  J  enforte  que  les  parties  du  corps  folide  C<  du 
fluide  fe  pénétrent  &  s'unifient  intimement  pour 
former  un  nouveau  compofé.  Le  fer  fe  d/ffouc 
dans  l'eau-fortCj  l'or  dans  l'eau-régale  ,  enforro 

Ccc 


386 


D  I   S 


que  ces  métaux  fe  combinent  avec  leurs  diiTolvans. 
La  terre  le  délaie  dans  l'eau ,  mais  ne  le  dijj'ùuc 
point.  Les  métaux  i^Jondent  dans  le  feu. 

DISSOUT,  OUTE.  part.  Dijjolutus. 

DISSUADER.  V.  a.  Détourner  quelqu'un  de  quelque 
entreprife ,  d'une  rélolution  pnie.  Uijjuaaere.  i^e 
Prince  avoir  conçu  une  belle  entrepiiie ,  mais  l'es 
gens  1  en  ont  dijjuadé.  Cet  i-.éiérique  le  leroit  con- 
verti j  Iffa  femme  ne  l'en  eut  pùs  dijjuade.  On  l'a 
dijjtiade  de  partir. 

DISSUADE,  EE. 

^  DISSUASION,  f.  f.  Effet  des  raifons  qui  dilTua- 
dcnt ,  qui  détournent  quelqu'un  de  l'exécution  d'un 
projet ,  d'une  réioliuion  prile.  Dijjujjio.  L'Orateur 
djns  le  genre  délibéiati£,  a  deux  principaux  objets , 
la  perfualion  &  la  dijjuajion. 

DISSYLLABE,  ad.  m.  &  f.  Qui  eft  de  deux  fyllabes. 
Dijj'yllahus.  Donner  cft  \iTin\otdijjyllabe.  Le  Ipon 
dée ,  le  trochée  j  l'ïambe  j  font  des  pieds  dijj'yl- 
labes  ,  auiîi-bien  que  le  Pyrrique.  DijfyUabe  j 
trilfyllabe  j  de  trois  fyllabes  j  &  j  après  ce  nom- 
bre j  on  dit  généralement,  polilfyllabe  ,  de  plii- 
fieurs  fyllabes.  Ce  mot  fe  prend  auifi  fubftantive- 
ment. 

Dissyllabe  ,  fignifie  auifi  ^  de  dix  fyllabes.  La  nou- 
velle Comédie  de  l'Enfant  prodigue  e(i  en  vers  dis- 
fyllabes  ,   ou  de  cinq  pieds. 

^fT  Cette  façon  de  parler  ,  que  M.  de  'Voltaire 
a  voulu  introduire,  eif  contraire  à  la  propre  ligni- 
fication du  mot  ,  qui  eft  confacrée  par  l'ulage  gé- 
néral. Il  vient  de  <^<f  deux  fois ,  &  «-«AXa^i  ^  fyllabe.  On 
peut  quelquefois  inventer  des  mots  nouveaux  , 
quand  ils  font  nécellaires  pour  exprimer  une  idée; 
mais  il  n'eft  permis  j  à  qui  que  ce  loir ,  de  détour- 
ner un  mot  de  fa  lignification  naturelle  ^  générale- 
ment adoptée  ,   pour  lui  en  donner  une  étrangère. 

fer  DISTANCE.  {.  f  Eloignement  d'une  chofe  à  l'é- 
gard d'une  autre  ,  intervalle  qui  fe  trouve  entre  deu 
chofes  ,  entre  deux  objets.  La  diftance  d'un  objet  .î 
un  autre,  d'un  point  à  un  autre,  efl  une  ligne 
droite.  Diflantla^  intervallum.  La  plus  grande  c/« 
tance  de  la  lune  efl  de  Ga^  demi  -  diamètres  de  1 
terre,  fa  plus  petite  de  54.  On  le  dit,  aulîi  ,  du 
temps  même  ,  des  qualités  ;  &  ,  dans  cette  dernière 
acception  .,  il  ell;  comme  fynonyme  de  différence  , 
prife  dans  un  fens  général  .j  &  fe  prend  figurémenr. 
Il  y  a  une  grande  d/Jiance  ,  depuis  l'Enipire  des 
Allyriens,  jufqu'à  l'Empire  des  Romains.  La  c/i/?iZ/2ce 
de  la  Création  du  monde  à  la  Nativité  de  Jesus- 
Christ  ,  efl  de  plus  de  4000  ans.  La  d'ftana 
entre  le  Créateur  <Sc  la  Créature  elf  infinie.  Lapuif 
fannce  abfolue  du  Souverain  ,  ôre  &  fait  difparoître 
la  dijlance  infinie  qui  eft  entre  les  grands  &  le  peu- 
ple :  elle  les  rapproche ,  &  tous  plient  également 
fous  elle.  LaBruy. 

Ce  rans  entre  elle  &  vous  ,  met-il  tant  de  diftance  ? 

Racinh 

DISTANT  J  ANTE.  Éloigné.  Dijlans  j  remctus.  Ces 
deux  chofes  font  disantes,  autnnt  que  le  ciel  eft 
diftant  Àz  la  terre.  Il  fe  dit,  aulfi  ,  du  temps.  Ces 
deux  époques  ne  font  pas  fort  d/JJantes. 

On  dit ,  en  Philofaphie  ,  que  les  corps  n'agiffcnt 
point,  fur  ceux  qui  font  dijlans  ,  c'elVà-dire  ,  hors 
de  leur  Iphère  d'adtivité. 

DISTENDUE,  v.  a.  Dijlendere.  Caufer  une  trop  grande 
tendon  ,  une  tenfion  violente.  Ce  mot  eft  rare,  &: 
ne  fe  trouve  que  dans  quelques  livres  de  Médecine. 
L'abondance  d'une  humeur  féreufe  ,  qui  fe  déchar- 
geoif  fur  les  nerfs  ,  &  qui  dijlendoit  les  parties  voi- 
lînes.  DtGoiii. 

Cet  mot  vient  du  Latin  dijlendere.  Tendre  ,  ban- 
der ,  aufli-bien  que  dijlention  qui  fuit. 

^  DISTENTICN.^  f  f  Terme  de  Médecine  &  de 
Chirurgie,  Qui  fignifie,  en  général,  une  tenfion 
violente  &  forcée.  On  le  dit  ,  particulièrement  ,  des 
neifs  trop  tendus.  Le  calcul  eft  un  corps  dur,folide, 
ikc.  caufanc  de  la  ftupeur ,  des  obftrudions  Hc  des 


D  I  S 

dijlentlons.  Degori  La  diftention  des  nerfs  Diflentlo. 

DISTICHIASIS.  {.  m.  Terme  de  Médecine  &:  de  Chi- 
rurgie. i5{///cVz/rf//j.  Incommodité  des  paupières ,  qui 
conlifte  .à  avoir  deux  rangs  de  cils.  Dans  le  dijlichiaj:s, 
par-detlus  les  cils  ordinaires  &:  naturels,  il  en  ctoïc 
un  autre  rang  extr.iordinaire  qui  déracine  fouvent  le 
premier  j  &  qui ,  picotaat  la  membrane  de  l'œil , 
y  caufe  de  la  douleur  ,  &  y  attire  des  fluxions.  Pour 
guérir  k  djlichiûjls  ,  il  faut  arracher ,  avec  des  peti- 
tes pincettes  j  ce  fécond  rang  de  poils,  &c  brûler  les 
porcs  par  où  ils  forrpient. 

Le  nom  de  dijtichiajis  vient  de  '^V ,  deux  fois ,  dc 
de  '''Z'^ ,  ou  «'/iof ,  ordre  ,  rana  ^  comme  fi  l'en  diloit 
deux  rangs  de  cils. 

DISTILLATEUR,  f  h  Celui  qui  fait  profeftion  de  dif- 
tiller.  Quiper  diJûUationem  herbaruni  aliarumque  re- 
rumjiiccûs  extrahit  j  exprimit.  Dijlillator.  C'eft  un 
habile  Dijlillatzur. 

Distillateur  ,  fe  dit  au  figuré  ,  pour  lignifier  un  hom- 
me qui  fubtilil'e,  qui  raffine  trop.  A'^w/<«ya(ïi/<'iiri?r/\î 
affectator.  Ne  vous  lailfez  point  éblouir  à  la  lubtile 
politique  de  ces  dijlillatcurs  des  maximes  de  Tacite , 
qui ,  à  l'exclufion  de  Jupiter ,  voudroient  prclider 
au  gouvernement  de  l'Univers.  Balz. 
DISTILLATION,  f  f  Action  de  diftiller ,  ou  la 


cnofe  même  dilHUée.  Dans  le  premier  cas,  c'eft 
une  opération  chymique  ,  par  laquelle  ,  a  laide  da 
feu,  on  iépare  des  vapeurs  ou  liqueurs  de  quelques 
fubirances  renfermées  dans  des  vailfeaux.  lv;cttre 
une  plante  en  diJUUation.  Dans  le  fécond  cas ,  c  efl 
le  produir ,  ou  les  fubftances  féparées  du  corps  lou- 
mis  à  la  dijlillation.  "Voilà  une  belle  àiiiuu.tLon.  p  oy. 
Produit,  rélidu  ,  caput  mortuum.  Dijidiatio  succo- 
runi  ex  herbis  ,Jiuiibus  3  rebufque  aliis  fuh]ccio  igné 
facla.  La  dijlillation  droite,  Kecta  ow per  ascenjum  y 
fe  fait  par  l'alambic  ordinaire,  quand  la  liqueur 
s'élève  &  tombe  dans  le  récipient.  L'oblique  j  per 
latus  ,  fe  fait  par  le  côté  ,  dans  des  vaiffeaux  courbés  j 
comme  cornues,  ou  retortes.  Et  la  dijlillation  par 
delcente  ,  per  descenfum  ,  eft  celle  qui  fe  fait  quand 
le  feu  le  met  par-delfus  Se  autour  du  vailfeau  jdont 
l'orifice  eft  en  bas-  Il  y  a  auîli  une  dijlillation  par 
dejcente  -,  qu'on  appelle  ,  per  deliquium  ,  qui  eft  une 
réfolution  naturelle  des  fels  en  liqueurs  \  qui  fe  fait 
par  l'humidité. 

f/CF  Détacher,par  l'aétion  du  feu, des  vapeurs  d'un 
corps  renfermé  dans  un  vailfeau  \  les  élever  par  l'ex- 
panlion  v'aporeufe  j  &  les  condenfer  par  le  froid  , 
pour  les  retenir.  Voilà  les  trois  effets  elfentiels  de 
la  diftillation. 

Distillation  ,  en  termes  de  Philofophie  Herméti- 
que ,  fignifie  quelquefois  Jï/rra-r/o/?  j  quelquefois  ce 
mot  ligniiie,  cuction  ,  ou putrejaction  de  la  matiè- 
re philofophale. 

DISTILLATOIRE.  ad.  m.  &  f  Terme  de  Chymie. 
Propre  aux  diftillations,  qui  fert  à  diftiller  Dijlilla- 
torius ,  a ,  uni.  Une  vellie  dijlillatoire.  Homserg. 
Acad.  des  Se.  1700.  Mem.p.  210. 

DISTILLER,  v.  a.  Terme  de  Chymie.  Séparer,  par  le 
moyen  du  feu  ,  ou  d'un  alambic  ,  tout  l'humide ,  ou 
le  fuc  de  quelque  corps  \  l'élever  par  la  chaleur  ,  & 
le  rellerrer  par  le  froid.  Succum  ex  herbis  ■,  Jîoribus  ^ 
ignejiibjecto  exprimere.  L'eau-de-vie  fe  fait  en  dif- 
tdlant  le  vin.  Diftiller  des  herbes ,  des  fleurs. 

On  fait  ordinairement  diftiller  par  le  moyen  du 
feu  plus  ou  moins  violent  félon  le  befoin.  Le  feu 
eft  appliqué  immédiatement  aux  vaiffeaux  qui  con- 
tiennent les  chofes  qu'on  fait  dijliller  3  ou  il  eft  ap- 
plicjué  de  différentes  manières  par  le  moyen  de  l'eau , 
du  fable,  de  la  limaille  de  fer ,  Sic.  Ces  différentes 
manières  s'appellent  du  nom  de  bains,  f^oye-^  ce 
mot.  On  diftille  aulfi  à  froid,  &  cela  fe  fait  de  la 
manière  fuivante.  On  prend  ,  par  exemple,  quatre 
livres  de  fleurs,  plus  ou  moins  ,  on  les  met  dans 
trois  ou  quatre  pinres  d'eau ,  &  le  tout  dans  une 
chapelle  qu'on  lute  bien  ;  enfuite  on  met  l'alambic 
dans  quelque  vaiffeau  qu'on  remplit  de  glace  pilée 
&  falée  ,  comme  fi  l'on  vouloit  faire  glacer  (\qs  eaux  ; 
on  adapte  un  récipient  qu'on  lute  bien  ,  on  mouil- 


D  I  S 

ie  'dans  de  l'eau  chaude  un  linge  j  dont  on  couvre  ' 
la  chapelle  à  ditFérenres  reprifes  ,  afin  d'accuer  en 
haut  la  dilbllationi  mais  il  fau:  auparavant  avoir 
D:é  l'eau  i'upeiHue  qui  ctoit  dans  la  chapelle.  Faite 
cette  opération,  cela  s'appelle  dijMer îi  tcoid.^  f'oy. 
Audiger ,  dans  fon  livre  intitulé  :  La  MuiJ'on  rc-  i 
glce  j  &c.  ^  -y      \ 

Distiller  en  montant.  C'eft  diftiller  à  la  manière; 
ordinaire ,  en  mettant  le  feu  fous  le  vailleau  où  lont , 
les  matières ,  dont  on  veut  tirer  quelque  chofe  par 
dillillation. 

Distiller  en  descendant.  Celt  diftillet  de  manière 
que  le  feu  foit  au-dellus  de  la  matière ,  dont  on 
veut  tirer  quelque  choie  par  dilhllacion. 

^fT  Distiller,  v.  n.  Se  dit  pour  couler ,  tomber  gout- 
te à  goutte.  StUlare  j  dijt'ulure.  On  voit  di.-s  gouttes 
d'eau  diJlUleràQs  voûtes.  On  voit  des  gommes,  des 
réfines  difl'dlcr  de  certains  atbres. 

Distiller.  Il  y  a  toujours  eu  dans  le  monde  des  Al- 
chymilles ,  qui  ont  diftUlé  les  chofes  humaines  ,  & 
donné  plus  de  liberté  qu'ils  ne  doivent  à  leurs  con- 
jeûures,  &  à  leurs  foupçons.  Balï. 

La  colère  dans  famé  ,  &  le  feu  dans  les  yeux , 
//diftiUayà  rage  en  sis  trijics  adieux.  Boil. 

En  blâmant  ses  écric;  ,  ai  je  j  d'unfiyle  affreux , 
DiftiUé  sur  sa  vie  un  vsnin  dangereux  ?  Id. 

On  dit  riufli  d'une  perfonne  qui  pleure  abondam- 
ment j  qu'elle  fe  difldle.,  ou  fe  rond  en  larmes. 
Distillé,  ee.  part.  Suceur  'ei  alicujus  exprejjus.  Le  vi 

naigre  diJULéz'?-  un  diiroivant  des  plus  forts. 
DISTINCT ,  iNCTE.  adj.  Ce  qui  n'eit  pas  la  même  cho- 
fe qu'une  autre.  Dii'-inclus.  Nous  avons  en  nous  un 
principe  intelligent,  tout- à-fait  dijtincl  du  corps  &<. 
de  la  matière.  Maleb.  , 

Distinct,  fe  dit  aulli  des  chofes  qui  font  nettes  (S»: 
claires  ,  fans  conlulion.  Une  voix  dijluicle ^  qui  pro- 
nonce &  fépare  bien  fes  paroles.  Une  vue  dijLacle  , 
qui  voit  les  objets  fans  contufion.  Nous  ne  devons 
croire  avec  certitude  que  les  chofes  dont  nous  avons 
une  idée  claire  &c  difliiicle.  Bayl.  Confidérons  nos 
défauts  dune  vue  dijiinde ,  afin  de  nous  découvrit 
à  nous-mêmes  tels  que  nous  fommes.  Nicol.  Le 
peuple  n'eft  point  accoutumé  à  faire  une  rctlexioii 
précife  &  diflincle  fur  les  principes  de  la  Religion. 
S.  EvR. 
DISTINCTEMENT,  ad.  D'une  manière  diftinde.  Di 
Jiinclè,  Un  bon  Orateur  doit  parler   diftincienient^ 
s'expliquer  diftinclement.  Le  fouvenir  de  fon  époux 
expirant  la  touche  vivement ,  &  cet  objet  funefte 
eft  encore  ttop  proche  ,  pour  lui  laiffer  fcntit  dis 
tinclement  fa  douleur.  P.  de  Cl.  Quand  un  dogme 
eft  clairement  &  distinctement  dans  l'Ectiture  ,  c'elt 
à  la  raifon  à  céder.  S.  EvR. 
DISTINCTIF ,  ivE.  adj.  Qui  diftingue  une  chofe  de 
toute  autre.  Peculiaris  ,propr/us  ,  specificus.  Ce  mot 
ne  fe  joint  qu'avec  celui  de  caraélère.  Le  caraélcre 
distinctij  de  la  nation  Françoife  ,  c'eft  la  valeur.  Un 
autre  caraârère  distincl/.t  des  François ,  c'eft  la  poli- 
telTe,&:  une  manière  de  vivre  aifee  &  fans  gêne.  Le  ca- 
radtère  distinctifàs  cette  plante  confifte  dans  la  for 
me  de  fa  fleur,  &c  dans  fa  graine.  On  pourroit  dire 
aulîi  Une  marque  distinctive.  Si  lecaraiîtère  elfentiel 
&  disiincti/àe  la  verfification  françoife,  confiftoit 
dans  les  tranfpofitions ,  ainfi  que  l'alFute  le  Père  du 
Cerceau.  l'Abbé  Desfontaines. 
^  DISTINCTION,  f.  f.  Dins  le  langage  ordinaire, 
fe  prend  généralement  pour  différence  ;  tout  ce  qui 
fert  à  diftinguer  les  chofes  ou  les  perfonnes ,  pré- 
férence, prérogative  ,  emploi ,  &c.  Distinctio.  Dans 
cous  les  Etats  il  y  a  de  la  distinction  entre  la  No- 
blelfe  &  le  peuple.  Le  mérite  met  bien  de  la  d'/5- 
ri/îcr.'o/z  entre  les  perfonnes.  C'eft  une  perfonne  d'une 
grande  distinction.   L'univcrfilité  jointe  à  l'cminen- 
ce  des  vertus  guerrières ,  étoit  le  caractère  de  dis- 
tinction de  l'invincible  Condé.  P.  Bûurd.  De  quel- 


DIS  3 

que  fuperbe  distinction  que  fe  flattent  les  hom- 
mes ,  ils  ont  tous  une  même  origine.  Boss.  On 
a  lait  une  taxe  générale  qu'il  faut  que  tout  le  mon- 
de paie  fans  distinclion.  Les  barbares  ont  palfé  tous 
les  Habitans  au  fil  de  l'épée ,  fans  distinction  de 
fexe  ,  ni  d  âge.  Ce  Prince  fait  bien  faire  la  dis- 
tinction des  gens  d'efprit ,  quand  il  diftribue  fes 
grâces.  Je  hais  cette  complaifance  fade ,  qui  ap- 
plaudit à  tout  fins  distinction.  Bell.  On  aiFeâre 
des  distinctions  d'honneur  dans  les  hglifes  mêmes, 
où  doit  s'anéantir  toute  la  gloire  humaine.  Flech. 
La  distinction  doit  être  agréable  aux  perfonnes  de 
qualité  \  mais  il  faut  le  l'attirer,  &  non  pas  fe  la 
faire  préiomptueufement  foi-même.  S.  EvR. 

^fT  Par  les  exemples  qu'on  vient  de  rappotter  , 
on  voit  que  le  mot  as  distinction  fe  prend  quelque- 
lois  pour  différence,  comme  quand  on  dit,  faire 
distinction  des  perfonnes ,  de  l'ami  &  de  l'ennemi. 
Discrunen.  Sans  aucune  diftinétion.  Nullo  difcrimi- 
ne  y  omni  difcrimine  remoto. 

§cr  Quelquefois  préférence,  prérogative,  égards 
qu'on  a  pour  les  perlonnes,  comme  quand  on  die 
traiter  quelqu'un  avec  distinction.  Les  distinctions 
qui  plaifent  à  ceux  qui  les  reçoivent  ,  oftenfent  les 
autres. 

§CF  On  dit,  d'un  homme  qui  s'eft  diftingué  dans 
fon  état ,  que  c'eft  un  homme  d'une  grande  distinc- 
tion. On  le  dit  de  même  des  chofes  qui  diftinguent , 
emploi ,  charge  de  distinction. 

%fT  Enfin  distinction  fe  prend  quelquefois  dans  la 
lignification  de  diviiion  ou  féparation  \  comme  quand 
on  dit  qu  un  livre  eft  écrit  tout  de  fuite  fans  distinc- 
tion de  Chapitres. 
Distinction  ,  en  termes  de  Philofophie  ,  eft  une  né- 
gation d'identité  ,  qui  fait  que,  de  deux  cxiplufieurs 
chofes,  l'une  n'eft  pas  l'autre.  Aiiih  la  distinction  eft: 
oppofée  à  l'identité,  comme  la  diviiion  l'eft  à  l'u- 
nion ,  &c  la  diverlité  à  la  fimilitude.  Etre  diftingué  , 
c'eft  n'être  pas  la  même  chofe  ,  ou ,  félon  le  langa- 
ge des  Philofophes ,  n'avoir  pas  la  même  identité  j 
Se  dire  que  deux  chofes  font  diftinguées  ,  c'eft  dire 
que  ce  n'eft  pas  la  même  chofe ,  que  l'une  n'eft  pas 
l'autre. 

|K?  Ainfi  ^.distinction  eft  la  négation  d'identité  ; 
\:i  féparation  eft  la  négation  d'unité  ;  &  la  diver/itc 
eft  la  négation  de  fimilitude.  Il  ne  faut  donc  pas 
confondre  ces  trois  chofes  ,  distinction  ,  divifîon  on 
févaration ,  &  diverfté ,  comme  on  le  fait  ordinai- 
rement. 

Il  y  a  en  général  deux  efpèces  de  distinctions ,  qui 
fe  fubdivifent  encore  en  d'aurres.  La  première  ,  eft 
la  réelle  ,  &  la  féconde  ,  la  mentale  ,  ou  la  distinc- 
tion de  raifon.  La  distinction  réelle  j  realis ,  eft  celle 
qui  eft  entre  les  chofes  diftinétes ,  &  dont  l'une  n'eft 
pas  l'autre.  Cette  distinction  peut  être  entre  des 
chofes  qui  ne  peuvent  pas  exifter  léparément  les 
unes  des  autres  ,  comme  les  perfonnes  divines, 
qui  font  diftinéles  l'une  de  l'autre ,  fans  pouvoir 
exifter  féparément  l'une  de  l'autre.  Et  de  même  il 
peut  y  avoir  féparation  fans  différence  ni  distinction. 
Par  exemple,  le  corps  de  Jelus-Chrift,  dans  l'Eu- 
chariftic  ,  &  à  Paris  &  à  Rome  ,  eft  le  même.  'Voilà 
de  la  féparation  \  il  n'y  a  cependant  ni  différence, 
ni  distinction.  Il  peut  être  confumé  &  détruit ,  félon 
fon  être  euchariftique  ,  à  Paris ,  &  être  confervé  i 
Rome  ,  quoique  ce  foit  le  même  corps.  Mais  ordi- 
nairement &  naturellement  parlant,  nous  jugeons 
que  deux  chofes ,  dont  l'une  peut  exifter  fans  l'au- 
tre ,  font  diftinguées  réellement. 

h^  distinction  Àe  raifon  ou  mentale ,  T.; r/OAVj  ou 
mentalis  i  eft  celle  que  notre  efprit  met  entre  des 
chofes  qui  ne  font  pas  réellement  diftinéles ,  en  les 
concevant  comme  Ç\  réellement  elles  l'étoient,  &: 
fous  deux  idées  différentes.  Telle  eft  la  distinction 
que  nous  mettons  entre  les  ficultés  de  l'ame  ;  c'eft 
toujours  la  même  ame  ,  mais  conçue  tantôt  comme 
rappelant  les  chofes  paftees ,  tantôt  comme  vou- 
lant. 

C  c  c  i  i 


|S8  DIS 

Il  y  a  encore  une  disûnalon  formelle  ,forniaHs  j 
qui  elt  celle  qui  fe  trouve  entre  les  formes  ou  for- 
malités, &c  periedioiis  inféparables  Tune  de  l'autre, 
aulfi  bien  que  du  fujet  où  elles  font ,  &  dont  cepen- 
dant l'une  n'eft  pas  l'autre  ,   indépendamment  de 
route  penfée  de  1  efprit.  On  l'appelle  Sconltique , 
parce  que  Scot  eu  elt  l'Auteur.  Les  Scotilles  préren- 
dent que  cette  distinction  fc  trouve  entre  les  iraculrés 
de  notre  ame,  &  entre  ce  qu'on  appelle  dans  l'éco- 
le les  dégrés  métaphyfiques ,  c'eft-à-dire,  les  pro- 
priétés ou  perfetT:ions  différentes  d'un  même  être  , 
comme  la  corporéïté  ,  l'animalité ,  la  rationabilité. 
Enfin  la  distinction  virtuelle  ,    virtualis  j  qui  ell 
moins  une  distinction  que  la  diftinguibilité ,  ou  le 
fondement  de  la  diftindion  mentale  j  c'efl  l'équiva- 
lence d'une  feule  cliofe ,  à  pludeurs  chofes  réelle- 
ment diftinguées.  Ainlî,  dès-lors  qu'une  chofe,  à  rai- 
fon  de  fes  différentes  perfedions,  équivaut  à  plu- 
fieurs  j  on  conçoit  entre  fes  propriétés  ou  perfec- 
tions une  distinction  virtuelle.    C'eft  celle  que  les 
Thomiftes admettent  :  de  forte  que  ce  que  les  Scotif- 
tes  appellent  û^«/i/2crio«  formelle,  les  Thomiftes  la 
nomment  distinction  virtuelle  ^  ou  bien  les  chofes  ou 
propiétés  entre  lefquelles  les  Scotiftes  difent  qu'il  y 
a  une  distinction  formelle  ,  les  Thomiftes  n'y  met- 
tent qu'une  distinction  virtuelle. 

Il  y  a  aufti  la  distinction  modale ,  modalis,  qui  fe 
rencontre  entre  les  modes  &  les  fubftances. 

(Cr  On  appelle  aullî  distinction  dans  les  écoles , 
l'explication  des  divers  fens  qu'une  propofition  peut 
recevoir.  Quand  une  propofirion  eft  équivoque  & 
peut  recevoir  plufieurs  inrerprérations  ,  onladif 
tingue ,  en  expliquant  dans  jjuel  iens  elle  eft  vraie  , 
dans  quel  fens  elle  eft  faulfe  :  Et  l'on  appel  le  distinc- 
tions de  l'école ,  les  distinctions  en  ufage  dans  les 
difputes  de  l'école. 

Les  distinctions  Philofophiques  ne  font  bien  fou- 
vent  que  des  chicanes  &deséchapatoues.  Les  Théo- 
logiens ont  multiplié  les  difputes  à  force  de  distinc- 
tions. S.  Ev.R.  Il  y  a  des  doéleurs  qui  difcourent 
avec  tant  de  fubtilité ,  qu'il  n'y  a  point  de  difficulté 
dont  il  ne  fe  tirent  â   la  faveur  de  leurs  distinc- 


tions. 


Distinction.  Terme  du  Droit  Canonique.  La  pre- 
mière partie  du  Décret  de  Gratien  elt  divifée  en 
CI.  distinctions  ;  &  chaque  distinction  eft:  fubdivifce 
par  chapitres,  ^oye^  DECRET. 

DISTINGO.  f.  m.  Terme  Larin  qu»  n'a  d'ufage  que 
dans  l'Ecole,  ou  en  ftyle  familier  :  il  lignirie ,  Jf 
distingue.  On  s'en  fert  pour  fe  défaire  d'un  argu- 
ment, ou  pour  éclaircir'&  développer  une  propoli- 
tion  ambiguë  j  qui  peut  être  vraie  dans  un  fens ,  & 
fauffe  dans  un  autre.  Ce  Répondant  éroir  tort  pref- 
fé  :  mais  il  s'en  eft  tiré  par  un  distingo.  J'appréhen- 
de furieufement  le  distingo.  Molière  fait  dire  par 
Thomas  Diafoiius  à  d  MaîtreiTe,  quilui  difoit,qu'il 
faut  être  ioumis  aux  volontés  de  ce  qu'on  aime  .•  dis- 
tingo ,  Mademoifelle  ;  pour  l'mtérctde  fon  amour, 
concéda  :  contre  la  pailion  ,  nego. 

{fT  DISTINGUER,  v.  a.  Difcerner  par  les  fens  ou  par 
l'opération  de  l'elp^it.  Disànguere  j  difcrinûr.arc. 
Distinguer  l'un  de  l'autre.  Unum  ab  aliofecernerc- 
La  nuit  étoit  II  noire ,  que  nous  ne  pouvions  plus 
distinguer  les  objets.  Distinguer  un  bon  écu  d'avec 
un  mauvais.  Distinguer  les  fons j  les  odeurs,  les 
couleurs.  Je  connoillois  toute  la  tendreffe  de  votre 
ame  ,  &  j'aurois  distingué  tous  fes  mouvemens  en- 
tre tous  les  autres.  Lettr.  Port. 

ijcr  Distinguer,  lignifie  encore  fcparer,  marquer  la 
différence.  Distinguer  un  habile  homme  d'avec  un 
ignorant.  Artificem  ab  infcio  distinguere  j  mettre  de 
la  différence  entre  l'un  &  l'autre.  Distinguer  le  vrai 
du  faux.  Vera  a  falfis  ,  ou  falfum  vero  distinguere. 
Il  faut  distinguer  les  divers  chefs  de  fes  demandes. 
Distinguer  les  intérêts  des  Princes  j  c'eft  une  fcien- 
ce  rare  que  de  favoir  bien  distinguer. 
^CT  Distinguer  &  féparer  ,  confidérés  dans  une  fi- 
gnification  fynonyme.  On  distingue ,  dit  AI.  l'Abbé 


DIS 

Girard  ,  ce  qu'on  ne  veut  pas  confondre.  Onjepure 
ce  qu'on  veut  éloigner. 

fi^  Les  idées  qu'on  fe  fait  des  chofes ,  les  qua- 
lités qu'on  leur  attribue ,  les  égards  qu'on  a  pour 
elles  ,  6:  les  marques  qu'on  leur  attache  ,  ou  dont 
on  les  déhgne ,  fervent  à  les  distinguer.  L'arrange- 
ment, la  place,  le  temps  &  le  lieu,  fervent  à  les 
feparer.  Vouloir  trop  le  distinguer  des  perfonnes 
avec  qui  nous  devons  vivre  j  c'eft  leur  donner  oc- 
cafion  de  in  fcparer  Aq  nous.  La  différence  des  mo- 
des &  du  langage  j  distingue  plus  les  nations  que 
celle  des  mœurs.  L'abfenceyè^^re  les  amis  fans  en 
défunit  le  cœur. 

|CT  Dans  les  écoles  ,  on  dit  distinguer  une  pro- 
poluion  '-y  c'eft  marquer  les  divers  fens  qu'une  pro- 
pofition peut  avoir ,  pour  l'accorder  dans  le  fens  où 
elle  eft  vraie,  &  la  nier  dans  le  fens  où  elle  eft  fauf- 
fe. J^'oye^  Diftinétion  &c  distingo. 
1)3°  Distinguer  ,  fignihe  encore  élever  au-deffus  des 
autres ,  tirer  du  commun.  La  vertu  ,  le  mérite,  la 
nailTance  ,  les  grandes  charges  ,  Sic.  distinguent  les 
hommes.  Si  ion  rang  le  distinguait ,  il  étoit  encore 
plus  distingue  par  fon  mérite.  Boss. 

0Cr  Se  distinguer  ,  fe  fignaler ,  fe  rendre  recom- 
mandable.  Il  s'eft  distingué  par  fa  valeur.  La  vanité 
de  fe  distinguer  ,  fait  oublier  aux  hommes  leurs  de- 
voirs les  plus  facrés ,  &  leurs  obligations  les  plus 
effentielles.  S.  Real.  Il  y  a  des  perfonnes  qui  fe 
montrent  outrées  de  douleur  à  la  morr  de  leurs 
amis,  pour  fe  faire  remarquer ,  &  distinguer  des 
autres.  M.  Esp. 
Distingue,  ée.  part.  Cet  Officier  eft  un  homme  fore 
distingue  ,  fort  au-delfus  des  autres.  J'ai  pour  vous 
une  eftime  distinguée,  U  eft  d'une  nailTance  distin- 
guée. 

On  est  riche  fans  bien  _,  diftinguéy^/z^J  emploi , 
Quand  on  ne  veut  chercher  fon  bonheur  que  che\foi. 

DISTIQUE,  f.  m.  Couplet  de  vers  ,  ou  Pocfie  dont  le 
Iens  elt  contenu  en  deux  vers.  Distichum.  U  y  a  de 
belles  moralités  dans  les  Distiques  de  Caton.  A^oy. 
de  Vigneul-Marville  fur  les  Distiques  de  Caton , 
T.  i.  p.  S4-  5  5- 

DISTORSION.  1.  f.  Terme  de  Médecine.  Contradion 
d'une  partie  du  corps  qui  fe  tourne  d'un  feulcôté, 
par  le  relâchement  des  nerfs.  On  appelle  distortion 
de  bouche  j  la  contraétion  ou  le  raccourciffement 
qui  le  fait  d'un  feul  côté  de  la  bouche  :  elle  arrive 
quand  il  n'y  a  que  les  mulcles  d'un  côté  du  vilàge 
qui  fouffrent  convulfion  ,  ou  paralyfie.  Lorfque  la 
distorjlon  de  la  bouche  vient  de  la  convulfion  ,  elle  fe 
fait  du  même  côté  où  eft  la  convulfion  ,  parce  que 
la  torce  de  la  partie  qui  eft  en  convulfion  ,  eft  plus 
grande  que  celle  de  la  partie  faine  :  au  contraire , 
lorfqu'elie  vient  de  paralylie  ,  elle  fe  fait  du  côic 
oppofé  ,  la  partie  paralytique  étant  emportée  par  la 
faine.  Dans  la  diftortion  de  la  bouche  ,  le  malade  ne 
peut  cracher  que  d'un  côté  ,  &  fi  on  le  fait  rire ,  ou 
qu'on  l'oblige  à  prononcer  la  lettre  O  ,  on  s'apper- 
coit  aifément  qu'il  ne  remue  qu'un  côté  de  la  bou- 
che. Les  Latins  appellent  cette  maladie  convuljio 
oris  J  &  les  Grecs  ra-a^^W  ««"kW.  Il  y  a  aufli ,  une  dif- 
torfion  de  l'œil  qu'on  nomme  ccil  louche  j  oxxjlrabif- 
me.  Foyeii  LOUCHE. 

DISTRACTION ,  f  f  Terme  de  Palais.  Séparation 
d'une  chofe  avec  un  autte  j  démembrement.  DiJ^ 
traclio  J  Dijjunclio.  On  a  jugé  fon  oppofition  pour 
la  diflraclion  d'une  terre  qu'il  prétendoit.  Ou  a  fait 
la  diflraclion  des  fommes  qui  ne  lui  appartenoienc 
pas  dans  ce  paiement.  Il  a  été  condamné  à  l'amende 
pour  la  diflraclion  du  reffort. 

C'eft ,  en  matière  de  dépens ,  l'attribution  ou 
adjudication  que  demande  à  fon  profit  le  Procureur 
de  la  Partie  qui  a  gagné  fa  caufe  ,  d'une  portion  des 
deniers  ,  au  paiement  defquels  eft  condamnée  l'au- 
tre Partie  ,  pour  fe  payer  des  falaires  qui  lui  font 
dus. 

^fT  Distraction  ,  en  morale ,  défigne  généralement 


I 


D  I  S 

un  dchiut  d'attention.  C'eft  Tapplication  de  notre 
efprit  à  Lin  autre  objet  que  celui  qui  de  vroit  nous  oc- 
cuper pour  le  moment ,  ou  qui  devroit  continuer  de 
nous  occuper.  Foye{  Distrait.  P'agans  ^  vagus 
animus\  aherrado  mentis.  Les  dijlraciions  font  le  par- 
tage ordinaire  des  jeunes  gens ,  un  rien  les  dctouine 
Si.  les  amufe.  La  curiolité  caufe  des  dijiraciions , 
parce  qu'un  nouvel  objet  extérieur  attire  notre  at- 
tention j  de  façon  qu'il  la  détourne  de  celui  à  qui 
nous  l'avions  d'abord  donnée  j  ou  à  qui  nous  devions 
la  donner.  Les  dïflr actions  aflûiblllfent  les  fonétions 
de  l'efprit ,  &  le  rempUlFent  d'inutilités.  Port-R. 
Les  plailirs  font  une  grande  dijhaclion  aux  delFeins 
de  fortune  &  d'établilFement.  S.  Real. 
DISTRAIRE  j  V.  a.  défedueux.  Il  fe  conjugue  comme 
traire.  Il  lignifie ,  retrancher ,  féparer  quelque  par- 
tie d'un  lowi. Dijirahere ydisj ungere,  divcUere.  Quand 
on  taxe  les  dépens,  il  faut  dijtrairc  les  falaires  du 
Procureur  d'avec  le  débourfé  de  la  Partie.  Du  con- 
tenu en  cette  obligation,  il  faut  dijiraire  ou  déduire 
ce  que  j'ai  payé  ,  ce  qui  appartenoit  à  votre  cohé- 
ritier. Quand  on  a  compris  dans  des  criées  des  héri- 
tages qui  appartiennent  à  un  autre  ,  il  doit  former 
fon  oppofition  à  fin  de  dijhaire.  Les  oppohtions  à  fin 
de  dtjlraire  fe  doivent  juger  avant  le  congé  d'ad- 

jugei'- 

Distraire  ,  fignifie  aulîi  ,  Démembrer  une  Jurifdic- 
^  tion  ,  une  Seigneurie.  Plufîeurs  Parlemens  ont  été 
diftraits,  6c  retranchés  de  celui  de  Paris.  On  a  dijlrau 
fix  Evèchés  de  l'Archevêché  de  Bourges,  pour  ériger 
celui  d'Albi  en  Archevêché.  On  a  dijlrau  ans  telle 
ville  d'un  tel  apanage. 

Dijiraire  la  jurifdidion  j  fe  dit  auffi  ,  quand  un 
jufticiable  fe  pourvoit  devant  un  autre  Juge  que 
l'ordinaire-  Dedinare.  Un  Procureur  du  Roi  ,  ou 
Fifcal ,  a  droit  de  faire  affigner  le  jufticiable  ,  pour 
être  condamné  en  l'amende  ,  quand  il  a  dijlraa  la 
Jurifdiélion. 

|ÎCT"  Distraire  ,  dans  un  fens  figuré,  fignifie,. Dé- 
tourner l'attention  de  quelqu'un  de  l'objet  dont  il 
ctoit  occupé.  Dijlrahere  aliquem  ,  ou  alicujus  ani- 
mum  ab  aliquâre  avertere  ,  avocare.'^xtn  ne  peut  le 
dijiraire  de  fon  travail,  de  fes  études.  On  ne  peut 
difîraire  ce  jeune  homme  de  l'attache  qu'il  a  pour 
l'étude  j  pour  le  jeu  j  pour  cette  temme. 

De  fon  image  en  vain  f  ai  voulu  me  diftraire.  Racine. 

ÇCT  Distraire  ,  fe  prend  quelquefois  dans  la  fignifi- 
cation  de  détourner  d'un  dellein ,  d'une  entreprife 
Deterrere.  Le  delTein  en  eft  pris  ;  mon  voyage  efl  ré 
folu  ,  &  rien  ne  peut  m'en  dillraire.  Cette  locution 
autorifée  par  l'Académie  ne  me  plaît  pas. 

Distrait,  aite  ,  part.  &  adj.  On  appelle  un  efprir 
diflrait ,  celui  qui  n'a  point  d'attention  à  ce  qu'on  lui 
dit ,  qui  ne  fuit  pas  la  converfation  j  que  fes  psnfées 
emportent  ailleurs  de  temps  en  temps  j  Se  que  la  con- 
verfation rappelle  auffi  de  temps  en  temps.  Cujus 
ariimus  peregrè  ejl abfens  cum  prafens  eff,  avocatus  alib. 
Il  y  a  des  gens  qui ,  par  une  trop  forte  application  à 
leurs  delTeins  ,  font  toujours  dijlraits  ,  ic  ne  portent 
en  aucun  lieu  que  la  moitié  de  leur  efprit.  Pel.  Il  me 
femble  qu'il  n'eft  pas  fi^rt  agréable  de  voir  une  femme 
quel'onaime,  toujours  dijlraice  par  mille  bagatelles 
Let.  PORTUG. 

Je  fuis  des  yeux  diftraits  , 
Qui  me  voyant  toujours  j  ne  me  voyaient  jamais.  Rac. 

La  Bruyère  ,  au  commencement  du  chapitre  de 
l'Homme,  a  fait,  fous  le  nom  de  Ménalque,  un  re- 
cueil fort  divertiflant  des  dijiraciions  du  feu  Comte 
de  Brancas.  A  quoi  il  faut  ajouter  ce  qui  en  eft  dit 
dans  la  Clef  des  caractères  par  M.  Cofte ,  p.  18.  dans 
leMenagiana,  T.  i.  p.  ijy.  138.  T.  4.  p.  21®.  &: 
dans  les  Lettres  de  Madame  de  Sevigné//2-i2. 1716. 
T.  I.  p.  60  ,  61,  77,  7S  ,  84.  On  tfouve  aufti  la  plu- 
part de  ces  traits  ingénieufement  rallexublcs  dans  la 


D  I  S 


389 


Comédie  en  cinq  aétes  en  vers  de  M.  Regnard,  inti- 
tulée i-e  Difirau. 

Un  efprit  naturel  me  conduit&  m'anime  : 
Jejuis  un  peu  diftrait  j  mais  ce  ri  ejl  pas  un  crime. 

^fF  L'hommQ  dijirait  eft  proprement  celui  donc 
un  nouvel  objet  extérieur  attire  l'atcntion  j  de  façon 
qu'il  la  détourne  de  celui  à  qui  il  l'avoit  d'abord 
donnée,  ou  à  qui  il  devoir  la  donner.  L'homme 
nbjliait  eft  celui  que  fes  propres  idées  occupent  fi 
fortement ,  qu'elles  l'empêchent  d'être  attentit  à  au- 
tre chofe  qu'à  ce  qu'elles  repréicntent.  Il  ne  penfe  à 
aucun  objet  prélent  j  ni  à  rien  de  ce  qu'on  dit.  Si  ces 
défauts  font  d'habitude  ,  ils  lont  graves  dans  lecotn-, 
merce  du  monde.  Syn.  Fr. 

U3"  On  eft  djirait ,  lorfqu'on  regarde  un  autre 
objet  que  celui  qu'on  nouspropofe,  ou  qu'on  écoute 
d'autres  dilcours  que  c;ux  qu'on  nous  adrelle.  L'u 
homme  dijii'ait  veut  avoir  l'clprit  à  tout  ce  qui  lui 
eft  préfent;  il  eft  frappé  de  tout  ce  qui  eft  autour  de 
lui  J  6c  celle  d'être  attentif:  à  une  choie,  pour  le  vou- 
loir être  à  l'autre  j  en  écoutant  tout  ce  qu'on  dit  à 
droite  &  à  fauche,  louventil  n'entend  rien, ou  n'en- 
tend qu'à  demi,  &  fe  met  au  halard  de  prendre  les 
chofes  de  travers.  Les  gens  ahjtraus  fe  loucient  peu 
de  la  converlation  j  les  gens  c/z/Z/t^ifi  en  perdent  le 
fruit.  Il  eft  bien  diftijile  de  n'être  pas  aijlraits,  quand 
on  nous  tient  des  dilcours  ennuyeux  ,  &  que  nous 
entendons  de  l'autre  côté  quelque  chofe  d'inté- 
relfant. 

■fT  DISTRIBUER.  V.  a.  Paitager  une  chofe  entre  plu- 
fieurs  perfonnes ,  donner  à  chacun  la  parc  qu'il  doit 
avoir.  Di/lnbuer  une  fomme  d'argent ,  diftribuerdes 
aumônes.  Dijcribuere  ■,  djj/artire  ,  ou  difpertire  j 
difpartiri.  On  a  dijiribuele  butin  aux  Soldats.  £){//«- 
buer  à  chacun.  Dijlribuere  injuigulos.  Diltribuer  les 
recrues  par  aigimens.  Dijiribuere  milues  infupple- 
mentum  legionum. 

§Cr  On  le  dit  de  m^me,  au  Palais,de  ce  qui  eft  par- 
tagé entre  plufieurs créanciers. Les  effets  de  cette  iiic- 
cellion  ont  été  diftribués  aux  créanciers  oppolans.  ■ 
ipr  En  termes  de  Palais  ,  distribuer  un  Procès , 
le  donner  à  un  Confeiller ,  pour  en  faire  le  rapport. 
Le  Préfident  a  distribue  tel  Procès  à  un  tel  Con- 
feiller. 

IJrT  Distribuer  j  fe  dit  de  même  en  chofes  fpirituel- 
les  &  morales.  Dieu  distribue  l'es  giâces  a  qui  il  lui 
plait.  La  Juftice  doit  distribuer  convenablement  les 
peines  &  les  récompenles.  La  irortune  distribue  à  fon 
gré  les  rôles  que  chacun  joue  lur  le  grand  théâtre 
du  monde.  S.  EvR.  Combien  d'Auteurs  distri- 
buent le  blâme  ,  ou  la  louange  fans  jugement  ? 
Fléch. 

(çzr  On  le  dit  auffi  avec  le  pronom  perfonnel.  Les 
eaux  de  telle  fontaine  (edisfibuent  par  des  canaux 
dans  différens  quartiers  de  la  Ville.  Et  de  n)ênie,  en 
Anatomie,  en  parlant  des  vailf-'aux  qui  fe  ramifient  j 
fe  parta_^ent  en  plufieurs  rameaux.  Telle  veine ,  telle 
artère  fe  distribue  en  plufieurs  moindres ,  qui  en 
font  comme  les  rameaux.  Voy.  Ramifier. 

'ifT  Distribuer  ,  dans  lafignification  de  ranger,  dif- 
pofer  ,  mettre  les  choses  avec  ordre  dans  le  rang  & 
dans  le  lieu  qui  leur  conviennent.  Cet  Orateur,  ce 
Pocte  a  distribué  la  matière. 

ifT  En  peinture,  distribuer  les  jours ,  les  ombres, 
c'est  arranger  ,  difpofer  les  objets  &  les  effets  de 
lumière  dans  un  tableau  ,  de  façon  qu'il  en  réfulte 
un  grand  eftet.  Ces  jours  font  bien  distribués.  Om- 
bres bien  distribuées.  Ouvrage  bien  dijlribué. 

Distribue  ,  ÉE.part. 

DISTRIBUTEUR,icE.  f.  m.  &  f.  Celui  ou  celle  qui  di- 
ftribue-  Distributor.Ce  Prince  eft  un  julte  distributeur 
&c  difpenfateur  de  fes  fiveurs.  Jésus-Christ  eft  le 
distributeur  àe  tous  \es  hkns.  Maucr.  C'eft  un  tel 
Préfident  qui  fera  aujourd'hui  le  distributeur  des 
procès,  &CC.  Distributrice  des  grâces  ,  des  rccom- 
penfes. 

DISTRIBUTIF,  ive.  adj.  Qui  diftribue.  La  Juftice 


390 


DIS 


disaibutlve  efl  celle  qui  ordonne  des  peines  &  des 
récompenfes. /'o)'eç  Justice. 
DiSTRiBUTiF  ,  iVE.  Temic  de  Logique.  Disaibutivus , 
a  ,um.  Le  fens  dismbutij  eftoppoiéau  fens  coUediif. 
Le  fens  discritutifed  celui  ou  l'on  prend  une  mul- 
titude félon  tous  les  individus  qui  la  compofent , 
conlîdérés  féparémenc  l'un  de  l'autre  ;  Se  le  fens  col- 
ledif ,  celui  où  l'on  prend  tous  ces  individus  con- 
jointement ,  toute  la  multitude  enfemble.  Il  y  a  des 
chofes  qui  conviennent  à  une  nature  dans  le  fens 
collectif,  qui  ne  lui  conviennent  pas  dans  le  fens 
dtstritutif.  Cette  propofition  eÛ  vraie  dans  le  fens 
distributif,  ôc  ne  l'elt  pas  dans  le  fens  coUedif.  Dans 
le  fens  distributif,  je  l'accorde  i  dans  le  colledif ,  je 
la  nie. 
Distributif  ,  fe  dit  audi  en  termes  de  Grammaire. 
Particules  discribudves.  Tantôt  Qk  quelquefois  parti- 
cule distributive.  Tantôt  il  lit,  tantôt  il  écrit. 
DISTRIBUTION  ,  f.  f.  Adion  de  diftribuer  ,  ou  mê- 
me ce  qu'on  diftribue.  Distributio  ^partitio,  div'ifio. 
On  fait  trois  fois  la  femaine  de  grandes  distributions 
aux  pauvres  à  la  porte  de  ce  couvent.  Les  Capitaines 
Romains  taifoient  de  grandes  distributions  d'argent 
aux  foldats&au  peuple  pour  gagner  lîur  bienveil- 
lance. Lz distribution  Aq  l'aliment  dans  toutes  les  par- 
ties du  corps  eft  une  des  plus  grandes  merveilles  de 
la  nature. 

Dans  les  Chapitres ,  on  appelle  des  distributions 
manuelles  &  quotidiennes ,  certaines  petites  fom 
mes  de  deniers,  qu'on  diftribue  aux  Chanoines  poui 
leur  préfence  ailuelle  au  Service  Divin.  Diaria  , 
diurna  annona.  Les  distributions  des  Chanoines  ne  fe 
peuvent  failîr ,  mais  bien  leur  gros. 
Distribution,  eft  auiîi  un  terme  de  Rhétorique.  C'eft 
une  figure  qui  partage  par  ordre  de  distribution  les 
principales  qualités  d'un  fujet.  Par  exemple  ,  il  a  la 
lumière  pour  voir  les  fautes ,  la  juftice  pour  les  re- 
prendre, &  l'autorité  pour  les  punir.  Port-R. 
Distribution.  Terme  de  Logique ,  qui  fe  dit  de  cha 
que  partie  féparément  l'une  après  l'autre.  Distributio. 
hTi  distribution  Q9i  un  terme  relatif  &  oppofé  à  col- 
lection, qui  eft  rrilfemblage  de  toutes  les  pairies 
prifes  toutes  à  la  fois  &  enlemble.  Tous  les  hom- 
.  mes  ,  c'eft  la  coUevftion.    Chaque  homme  pris  en 
particulier,  l'un  féparément  de  l'aune  j  mais  pris 
tous  ainfi,  depuis  le  premier  jufqu'au  dernier,  c'eft  la 
distribution. 
IJCF  Distribution  ,  en  matière  de  Belles  -  Lettres  j 
c'eft  ,  en  générai  j  l'adion  de  diviier  une  chofe  en 
plufieurs  parties ,  pour  les  ranger  chacune  à  la  place 
qui  lui  eft  propre.  L'ordre  &  la  diftribution  de  cette 
Tragédie  font  cxcellens.  La  diftribution  des  livres  par 
Chapitres  &  par  Sedlions  eft  fort  commode  pour  un 
Lecteur. 
Distribution,  fe  dit  auffi  au  Palais  ,  en  parlant  des 
ordres  des  créanciers  ,  du  rôle  qui  fe  fait  des  créan- 
ciers fur  un  bien  adjugé  par  décret.  C'eft  un  tel  Pro- 
cureur qui  eftpourfuivant  l'ordre  &la  distribution  du 
prix  de  la  vente  de  cette  terre. 
Distribution  ,  fe  dit  aulfi  des  procès  fur  lefquels  on 
commet  des  Rapporteurs.  On  a  fait  la  diftribution 
des  procès. 
Distribution.  Terme  de  Peinture.  Une  belle  cfwrri- 

butioriy  une  belle  Ordonnance. 
Distribu  noN  j  en  termes  d'Imprimerie  ,  fe  dit  lorf- 
que  l'on  remet  dans  lescafles  les  lettres  d'une  forme 
qu'on  a  tir  e,  &  qu'on  les  place  chacune  dans  leur 
propre  caffetin. 
Distribution  DE  PLAN  ,  en  Architedture  ,  c'eft  la  di- 
vifion  &  la  difpenfation  des  pièces  qui  compofent 
le  plan  d'un  bâtiment. 
Distribution  d'ornemens  ,  eft  l'efpacement  égal  des 

ornemens  dans  quelque  partie  d'Architecflure. 
Distribution  d'eau  ,  en  Hydraulique,  c'eft  le  partage 
qui  fe  fait  de  l'eau  d'un  réfervoir  par  une  ou  plu- 
fieurs foupapes,  dans  un  regard  ou  balîin  ,  pour  l'en- 
vover  à  diverfes  fonrnines. 
DISTRIBUTIVEMENT.  adv.  Terme  de  Logique. 
Au  fens  diftributif^ féparément ,  feula  feul, chacun 


DIS     DIT 

en  particulier.  Separatim,Jingillatim  ^yd'.strllutivs.  Il 
eft  oppofé  à  colledivement.  Tous  les  foldats  d'une 
armée  pris  distributivement  peuvent  palier  par  une 
poterne  qu'ils  ont  découverte ,  &  ne  le  peuvent  pas 
colleétivement ,  c'eft-à-dire  ,  tous  à  la  lois.  Les  pro- 
portions qui  n'expnment  que  des  attributs  elfentiels 
font  vraies  coUedivement  &  distributivement.  Ainfi 
tous  les  hommes  font  animaux  raifonnables  ,  Se 
chaque  homme  en  particulier  eft  animal  raifon- 
nable. 
DISTRICT,  f.  m.  Terme  de  Jurifprudence.Territoirgj 
relfort ,  étendue  de  la  jurifdidion  d'un  Juge.  Jurif- 
diciionis  finis.  Un  Officier ,  un  Juge  ,  ne  peuvent  in- 
ftrumenter ,  ni  juger  hors  de  leur  districi. 

On  du  hgurément ,  cela  n'eft  pas  de  mon  districi  y 
pour  dire  ,  Cela  n'eft  pas  de  ma  compétence  ,  il  ne 
m'appartient  pas  d'en  juger.  Acad.  Fr. 

Ce  mot  vient  du  Latin  distrxlus.  On  dit  quelque- 
fois détroit.  Autrefois  on  a  dit  dans  le  même  lens 
distroit. 

D  I  T. 


DIT,  ite.  adj.  Ce  quia  été  proféré  ,  prononcé. Z?/cZkj. 
C'eft  une  choie  dite  ,  il  faut  l'exécuter. 

Dit,  fignifie  quelquefois  j  Surnommé.  Louis  XIV  ,  die 
le  Grand.  Louis  VII ,  dit  h  Jeune. 

Ce  mot  eft  de  grand  ufage  au  Palais  ,  en  fe  joi- 
gnant aux  articles  j  pronoms  &  prépolitions  ,  pouc 
empêcher  les  équivoques  des  relatits  qui  lont  fré- 
quens  en  notre  Langue.  Le  dit  appelant ,  le  dit  déten  • 
deur  jpar  les  a6tes  &  moyens  ci-devant  dits  Se  pro- 
duits. Le  t^/r  Seigneur  Roi.  VzT  \o  Jujdit  contrat.  Un 
Secrétaire,  en  contrefignant ,  ajoute  par  mon  ^ir Sei- 
gneur un  tel. 

JIT.  f.  m.  Signifie  un  bon  mot ,  une  fentence  j  un 
apophtliegme  des  Anciens,  ^-^cutè  j  ingeniosè  diclum. 
Phitarque  a  fait  des  Traités  des  Dits  notables  des 
Lacédémoniens,  des  hommes  illuftres.  Il  ne  nous 
refte  d'Alexandre  que  certains  dits  fpirituels ,  d'un 
tour  admitable  ,  qui  nous  lailfent  une  impreflion 
égale  de  la  grandeur  de  fon  ame  j  &  de  la  vivacité 
de  fon  efprit.  S.  EvR.  Ce  root  n'a  guère  d'ufage 
hors  delà. 

Ainfi  pleins  d'une  fainte  joie  , 

Toujours  réglés  &  non  dévots  j 

De  A\x.s  joyeux  &  de  bons  mots  , 

Nous  a[jaiJbnnons  la  lamproie.  De  Chaulieu. 

L'Abbé  Régnier  fit  une  pièce  de  vers  qui  avoir 
pour  titre  &c  pour  fujet ,  les  dits  &  faits  du  Prince 
d'Orange. 

Voiture  a  aufti  employé  ce  mot  pour  fignifiec  un 
difcours. 

En  ces  mots  Minerve  plaida  ,• 
j^fes  dits  le  Ciel  s'accorda  , 
Et  chacun  dit  j  vive  d'Jvaux. 


On  dit  en  proverbe  qu'un  homme  a  fon  </if&  fora 
dédit  ,  pour  dire  qu'il  change  de  parole  ou  de 
defTein.  Voyez  Torigine  de  ce  proverbe  au  mot 
Dédit. 

On  dit  aufli ,  Il  a  tant  fait  par  fes  faits  &  par  fes 
dits ,  qu'il  eft  venu  à  bout  de  fes  delFeins. 

DITANT,  Vieille  prépofition.  Du  temps  ,  pendant  le 
temps,  autant. 

DITHÉISME.  Foyei  ManIs  de  Manichéisme. 

DITHMANING  roye:^  Dietrî^aming. 

DITHMARSEN.  f^oye^  Diethmarsen. 

DITHYRAMBE,  f.  m.  Hymne  à  l'honneur  de  Bacchus, 
dont  la  mefure  fut  inventée  par  un  nommé  Ditby- 
rambus  Thébain  ,  ou  par  les  Corinthiens  ,  félon  Pin- 
dare.  Dithyrambus.  Ce  font  des  vers  pleins  d'empor- 
temenr  ou  de  fureur  poétique.  On  appeloit  aufli 
chez  les  Grecs  Bacchus ,  ZîiM)^^/»^^  ,  ou  à  caufe 
quil  étoit  venu  deux  fois  au  monde  ,  fuivant  la  fa- 
ble de  fémélé  &  de  Jupiter  ;  ou  parce  qu'il  avoit 
triomphé  deux  fois  :  ce  mot  étant  compofé  de  i^ît , 


DIT     D  1  V 

double  trioii.phe.  Les  Anciens  ont 


&  de  «?'".^-~''f,  .      _    ., 

appelé  j.:.tnyrambes  ,  les  vers  où  ion   n  obitrvoit 
pas  les  règles  ou  les  mefures  ordinaires ,  comme 
difenc  Ariltote  &:  Horace.  Ce(l  ce  que  nous  appe 
Ions  vers  libres  ,  &  les  Italiens ,  verji  fdùu'i  j  bc  les 
Grecs  modernes  les  appellent /;y:/r^(;ttCi,  parce  qu'ds 
donnent  ce  nom  à  la  proie,  a  laquelle  ces  vers  rel- 
feinblent  plus  qu'à  la  i-ocfie.  Le  1^.  Labbe ,  en  l'a 
nouvelle  Bibliothèque,  a  ro-pporté  plulîeurs  de  ces 
vers.  Du  Gange,  il  ne  nous  relie  aucuns  Uithyram- 
bes des  mciens  Poètes  j  ce  celt  pourquoi  l'on   n'en 
connoitpas  la  mefure  avec  certuads.  Un  fait  feule 
ment  que  c'étoit  une  Poèlie  tort  hardie  &c  fort  dèié- 
glce.   >-cs   l'octes  non  -  lirulement    forgeoient    des 
mots,  mais  lis  en  failoient  de  doubles  &  de  ccm- 
polcs  ,  qui  conttibuoicnt  beaucoup  à  la  giandeur 
des  Didiyrumbcs.  Horace  les  a  queiquetois  nr.ii^s. 
Dac.  Le  P.  Commue  «Si  quelques  Modernes  ont 
fait  des  pièces  Latines  de  toutes  loites  de  vers  in- 
diuéremment  j  lelonqu  Us  le  prélentent  ,  fans   or- 
dre &  fansdiltiiiction  de  icroplies  :  ils  appellent  ces 
pièces  des  Lianjrambti.  Le  fameux  Rédi  ,    aulil 
excellent  Pocte  qu  habile  Phyficien ,  a   renouvelle 
paimi  les  Italiens  cette  eipece  de  Poclie.   Lui  ik 
M.  Pégolotti  oiu  écrit  chacun  un  dithyrambe  Italien, 
qui  paifciit  pour  de  belles  pièces. 
DITHYilAiViiiiQUE.  adj.  (^ui  appartient  au  dithy- 
rambe, uunyrarjibicus.  Pcëte,  vers  dukyrainhiquc. 
Pindare  étoit  né  pour  la   témérité   dithyrambique. 
Dac.  Un  mot  compofé  &  dithyramlique  a  quelque- 
fois de  la  grâce  &  de  la  force.  Id.  Une  ode  dithyram- 
bique. Quelques    Modernes  ont  ainii    appelé  une 
pièce  de    vers   laite   dans  le  goût  de   1  ode  ,  mais 
fans  diftindion  de  ftrophes,  &  dans  lefqucls  ils  font 
entrer  indifféremment  de  routes  lortes  de  vers- 

Quelv}ues-uns  écrivent  ditirambique  ,  comme  les 
Italiens ,  ditirambo,   La  Poclie  ditirami  ique  doit  la 
naill'ance  à  la  Grèce  &  aux  tranlports  du  vin.  Elle  le 
relfent  de  ion  origine,  &  n'a  pour  règle  que  les  lail- 
lies  d'une  imagination  échaattée.  L'art  néanmoins 
n'en  ell  pas  banni  j  employé  finement ,  il  retient ,  il 
conduit  l'impétuolîté  ditirambique,  &c  ne  lui  permet 
que  leselïors  qui  plaifent.  En  un  mot,  ce  qu'un  de 
nos  Poètes  a  dit  de  l'ode  j  eti:  plus  vrai  du  dinrambe 
que  de  l'ode  ;  que  fon  déioidre  ell  un  elfet  de  l'art. 
Mem.  de  Tr.  Il  eft  mieux  d'écrire  dithyrambe  Ik  di- 
thyrambique, avec  M.  Dacier. 
|j3°  DITO,  qu'on  écrit  quelquefois  en  abrégeant  D". 
Terme  ulité  parmi  les  Marchands ,  qui  lignifie  la 
même  chofequedit,  fufdit. 
DITON.  f.  m.  inlf  rument  de  Mufique  ,  qui  comprend 
deux  tons.  Ditonum.  Le  diton  elt  la  première  con- 
fonnance.  La  proportion  des  fons  qui  forme  le  diton 
eft  de  quatre  à  cinq;  celle  dn/emiditon  de  cinqàfix. 
Si  l'on  divife  le  diton  en   i8  intervalles  égaux  ,  ou 
coma,  les  neuf  de  la  partie  aiguë  font  le  ton  majeur, 
comme  le  dit  Salomon  de  Caux.  Selon  le  P.  Parran  , 
le  diton  eft    la  quatrième  efpcce  de  confonnances 
llmples  :  il  comprend  deux  tons,  l'un  majeur  ,  & 
l'autre  mineur.  La  tierce  majeure  eft  un  diton. 

Le  nom  de  diton  vient  de  ^iV,  deux  Jois-^  Se  de  î-c'mf, 
ton  ■  ce  qui  montre  que  le  diton  eft  compofé  de  deux 
tons. 
DITRIGLYPHE.  f.  m.  Terme  d'Architedure.  Efpace 

qui  eft  entre  deux  triglyphes. 
DITTAINQ,  autrement  DICTAINO,&DATAINO, 
Rivière  de  Sicile.  Z)i^rj/«i/j, anciennement  Chrxfas. 
Elle  coule  fur  les  confins  des  vallées  de  Démona  tV 
de  Noto,  baigne  la  petite  ville  d'Alforo,  &  le  dé- 
charge dans  le  Jaretta. 
DITTER.  V.  a.  Marot  dit  ditter  pour  diéter.  DiFiare. 
DITTEREL.  f.  m.  Vieux  mot.  Opufcule.  On  a  dit  aulli 
UitteUt,  pour  j  petit  difcours. 

D  I  V. 


DliJ,  0«  DIOU.  Ifle  de  l'Océan  Indien  (îruce  fort  près 
Ce  la  côte  de  Guzarate  ,  province  des  Etats  du  Mo- 
gûl  ,  à  l'entrée  du  Goife  de  Cambaye,  du  côté  du 


D  ÎV  35?! 

couchant.  Dium.  Les  Portugais  font  maîtres  de  Diu, 
omis  ont  une  lortereue  couronnée  de  deux  grands 
roi! es  pleins  d'eau  de  la  iner,&  couverte  de  plulieurs 
baz-ions  bâtis  lut  le  roc  ,  6c  cxrrèmement  luuts.avec 
un  trcs-bon  port,  où  ils  ont  rait  long  temps  piclque 
tout  le  commcice  du  Moguliltan.  Du  ixite  ,  il  n'y  a 
rien  de  remaïquablcdansectte  ille  ,  qui  eft  rort  pe- 
tite. C'ell  Nuno  d  Acuna,  Gouverneur  des  Indes, 
qui  a  tau  bàtir  la  forterelîe  de  Dtu.  La  ville  fe  nom- 
ma aufti  Diu.  Maftée  en  parle  fouvent  dans  fon  Hift. 
de;  Indes. 
DIVAGUER.  V.  n.  Ce  mot  n'eft  plus  en  i.f-ge  ,  où  il 
n'y  eft  guère.  Il  veut  dire  aller  de  côté  &  d'autre  , 
aller  çà  &:  là ,  s'écauer  de  l'objet  d'une  queltion.  On 
a  du  autrefois  dijvagucr.  *Cti  hornme  ne  fait  que  di- 
vaguer. Corneille  seft  fervi  de  ce  mot  dans   fa  tra- 
duction de  riinitation  de  Jesus-Chkist. 
DIVALES.  f.  f.  pi.  Divaiia.  Nom  de  fête  qui  fe  célc- 
broit  chez  les  Romains  le  21  de  Décembre,  à  l'hon- 
neur de  la  Déelle  Angérone  :  cette  fête  s'appeloit 
aulli  Angéronales ,  du  nom  de  cette  Déelle.  La  fête 
des  Divalesiwi  établie  à  l'occahon  d'une  maladie  qui 
falloir  mourir  les  hommes  &c  les  animaux  :  cette 
maladie  étoit  uneelpèced'efquiiiancie,ou  d'enduré 
de  gorge,  qu'on  appelle  en  Latin  ^'/.^/«t?,   d'où  les 
Divales  turent  nommées  Angéronales  ,  Angeronaliff^ 
comme  Macrobe  nous  l'apprend  L.  1.  Saturn.  c.  12. 
Ce  jour-là  les  Pontifes  faiioient  un  fncrifice   dans 
le  Temple  de  Volupia  ,   ou  de  la  Déelle  du  plaifir 
&  de  la  joie,   qui  étoit  la  même  qu'Angérone  j  & 
qui  challoit  toutes  les  angoilfes  &:  tous  les  chagrins 
de  la  vie.  liosinus  Antiq.  1  om.  L  .11^.  c.  1 6. 
DWAN.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Chambre  du  Con- 
f.'il  -.Tribunal  où  l'on  rend  la  juftice  dans  les  pays 
Orientaux.  Im,: eratons  1  urcici  fuprcmum  6'  J'ai  clius 
consdium  ;  Iribunal,  Curia.  Les  Voyageurs  racon- 
tent des  merveilles  du  filence  qui  fe  garde  ,  oc  de 
Tcxpédition  qui  le  fait  dans  les  Divans  de  l'Orient. 
On  dit  ,  le  grand  Vilir  a  tenu  Divan  5    c'eft-à-dire  , 
qu'il  a  tait  alfembler  les  Grands  de  la  Porte  pour  dé- 
libérer des  aftaires  de  l'Empire. 
Divan  eft  un  mot  Aiabe  ,  qui  fignifie  une  eftrade. 
C'eft  la  même  choie  (\\.\e  foja  en  langue  Turque. 

/y ii'^rt  fignifie  aufti,en  Arabe,  un  recueil  de  diver- 
fes  pièces,  soir  en  vers ,  foit  en  profe. 
Divan  ,  fe  prend  aulîi  pour  une  falle  dans  une  maifon 
particulière  j  mais  toujours  en  termes  de  Relation  , 
&  en  parlant  des  Orientaux.  Aula  ,  Atr:um.  La  cou- 
tume de  la  Chine  ne  permet  pas  de  recevoir  les  vifi- 
tes  dans  l'intérieur  de  la  maifon  ,  mais  feulement  à 
l'entrée,  dans  un  Divan  qu'on  a  pratiqué  pour  les 
cérémonies.  P.  le  Comte. 
DIVAN-BEGUI  ,  ou  DIVAN  BEGHI.  Nom  d'un  des 
Miniftres  d'Etat  en  Perfe.  Le  Divan-Bégui  eft  le 
Sur-intendant  de  la  Juftice.   Juri  dicundo  pr&posi- 
tus,  juris  dxundi  arriter.  Il  n'a  que  le  dernier  rang 
parmi  les  fix  Miniftres  du  fécond  ordre,  qui  font 
tous  au-deflous  de  TErmadaulet  qui  eft  premier  Mi- 
niftre.  On  appelle  au  tribunal  du  Divan-Bégui  des 
jugemens  rendus  par  les  Gouverneurs.  Le  Divan- 
Bei^ui  a  cinquante  mille  écus  d'appointemens ,    afin 
qu  il  rende  la  juftice  gratuitement.  Tous  les  huilfiers 
du  Palais  font  au  fervicedu  Divan-Begui.  Le  Divan- 
Béghi  connoît  des  caufes  criminelles  des  Cams  ,  des 
Gouverneurs ,  &  autres  grands  Seigneurs  de  Perfe 
dif.:;raciés  pour  quelque  faute;  &  il  rt-çoit  les  ap- 
pellations du  Daruga.  Il  y  a  des  Divan-Beghis  , 
non-feulement  à  la  Cour  &  dans  la  Capitale  ,  mais 
aulfi  dans  les  Provinces  &  dans  les  autres  Villes.  En 
Turquie  on  dit  Réfuldivan  ,  c'eft  le  Prefidentdu  Di- 
van. Le  Divan-Béaui  rend  la  juftice  dans  le  Palais 
du  Prince  ,  fans  fuivre  d'autre   loi  ,  ni  d'autre'  rè- 
gle que  l'AIcoran  ,  qu'il   interprète  à  fon  gré.  Il  ne 
connoit  que  des  crimes.  Il  fuffit  qu'on  ait  crevé  un 
œil  ,  ou  calTé  une  dent  ,  pour  que  la  caufe  lui 
foit   portée.  Les  caufes  des  Officiers  de  la  A^aifon 
du  Roi,  &  des  Miniftres  étrangers,  lui  font  coin- 
mifes. 
DIVANDUROU.  Nom  que  l'on  donne  à  cinq  ou  fix 


39- 


DïV 


DI  V 


nies  de  i'Occan  Indien.  Dlvandurî,  ip.fuh.  Les   Ifles  DIVERS  ,  erse,  adj.  Terme  qui  marque  la 


<le  Divandurou  font  au  nord  des  Maldives ,  &c  au 
touchant  de  la  côce  de  Malabar.  Elles  apparciennenc 
au  Roi  de  Cananor,  &c  font  tort  tercdes  ,  mais 
très  peatc-s  :  la  plus  grande  n'a  pas  plus  de  fix  ou 
fepc  lieues  de  ciicuit.  Maty. 

DIVAR.  Ifle  de  la  mer  des  Indes,  lîtuce  au  Septentrion 
de  celle  deGoa. 

DIVE.  Nom  de  rivière.  Diva  ^  Dcva.  Il  y  a  en  France 
dux  rivières  de  ce  nom  ;  l'une  qui  eft  en  Normandie, 
adeux  fourcesaudeirous  de  Gairey  ,  &  groilie  des 
eaux  de  l'Ante  ,  de  Vie  ,  de  Lezon  &  de  Meauce  , 
elle  fe  rend  dans  la  Mer  àfaint  Sauveur  de  Dive,  en- 
viron à  douze  lieues  de  fes  fources. 

L'autre  eil;  dans  le  Poitou.  Elle  a  fa  fource  à  La Gri- 
niaudière  :  après  s'è:re  jointe  au  Thouay  ,  elle  va  fe 
Jeter  dans  la  Loire  à  Saumur. 

PiVE  ,  ou  faim  Sauveur  de  Dive  ,  ou  fur  Dive^  Bourg 
de  Normandie,  ficué  à  un  quart  de  lieue  de  l'em- 
bouchure de  la  Da'e  dans  la  mer.  Dhe ,  eft  du 
Diocèle  de  Liiieux  j  dans  le  petit  pays  d'Auge  ,  à 
cinq  lieues  de  Cacn  vers  le  couchant.  Dive  a  un  petit 
port  de  mer  avec  Amirauté. 

I)ivE.f  f.Déeire.  Diva.  Ce  mot  ne  fe  dit  qu'en  ftyle 
badin  &  burlefque. 

Ces  Dieux  d'accord  ont  brouillé  leur  bagage  j 
Ces  deux  e/ifans  de  la  Dive  Cypris 
Ne  feront  plus  connus  à  l' équipage  . 
QiLand  guerroy oient  enfemhle  au  temps  jadis. 

Nour.  CH.  DE  Vers. 

O  ma patrone  !  ô  ma  Dive  concierge IK-, 

Il  en  fit  tant  ,  qu  enfin  par  une  nuit 
A Jes  regards  la  D'isafe produit.  Id. 

Ce  mot  a  été  pris  du  Latin  divus  ,  diva.  Chez  les 
Romains ,  on  appeloit  proprement  divus  &  diva  les 
hommes  &  les  temmes  qui  avoient  été  mis  au  nom- 
bre des  Dieux.  Delà  vient  que, fur  les  médailles  frap 
pées  pour  la  confécration  d'un  Empereur  ,  ou  d'une 
Impératrice,  on  leur  donne  le  titre  de  DIVUS  ou 
DIVA;  par  exemple^  DIVUS-JULIUS,  DIVO 
ANTONINO  PIO,  DIVO  PIO ,  DIVO  CLAUDIO, 
DIVA  FAUSTINA  AUG.  ^c.     ^  ^ 

Le  mot  Dive ,  pour  Déelfe ,  a  été  employé  par  nos 
anciens  Auteurs.  J'ai  pitié  des  Princes   qui  font  fi 
lâches  &  fi  peu  courageux,  qu'ils  ne  dédaignent  pas 
de  fe  foumettre  à  la  Dive  Fortune ,  &   pour  un  peu 
de  crédit ,  adorer  le  veau  d'or.  Gui  Patin.  Bacbuc 
demanda:  Qui  eft  celui    de  vous  qui  veut  avoir  le 
mot' de  la  dive  Bouteille  ?  Rabelais.  Lors  fut  ouï  ce 
mot,  7'W/?c(j.  Bacbuc  prit  Panurge  fous  le  bras,   lui 
difant  :  Ami ,   rendez  grâces  es   cieux,  vous    avez 
promptement  le  mot  de  la  dive  Bouteille.  Rabelais 
étoit  un  bon  Apôtre,  qui  aimoit  alTez  la  bouteille , 
pour  en  faire  une  Divinité.  Elle  a  eu  de  tout  temps 
beaucoup   d'adorateurs  ,  aulli  -  bien   que  la  For- 
tune. 
PIVERGENCE  ,  f.  f.  Terme  d'Optique.  Qualité  de 
ce  qui  eft  divergent.  Direction  des  rayons  de  lumiè- 
re ,  qui  s'éloignent  les  uns  des  autres.  Dlvergentla. 
La  divergence ,  le  parallclifme  ou  la  convergence  des 
rayons.  Acad.  d.  S.  1704.  Hifi.p.  77. 
DIVERGENT,  ente.  adj.  Terme  d'Optique  ,  qui  fe  dit 
de  deux  rayons,  lorfqu'ils  s'éloignent  toujours  plus 
l'un  de  l'autre.  C'eft  là  la  propriété  decousles  rayons 
qui  partent  d'un  même  point  d'un  corps  lumineux. 
Il  eft  oppofcà  convergent ,  qui  fe  dit  quand  ils  s'ap- 
prochent, &  tendent  vers  un  centte  ,  où  étant  par- 
venus ,  ils  fe  coupent  ;  s'ils  font  continués  j  ils  de- 
viennent dlvergens.  Dlvarlcatl  radll.  Le  verre  fphé- 
rique  convexe  rend  les  rayons  convergens ,  &  le  con- 
cave les  rend  dlvergens, 

$3'  Ce  mot  s'applique  à  tout  ce  qui  ,  continué  , 
fe  rencontreroit  d'un  côté  en'un  point  commun  ,  &c 
de  l'autre  iroit  toujours  en  s'éloignanc  de  plus  en 
plus.  Lignes,  diredlions  divergences. 


de  fimilitude.  &  fe  dit  des  lieux  ,des  temps",  des 
perfonnes  &  des  chofes.  f^oye:^  Distinction. 
Dlvcrfus.  Il  faut  avoir  eu  affaire  à  diverfes  perfonnes 
pour  connoître  le  monde.  Les  gens  de  divers  pays, 
cc  de  diverfes  religions  ne  s'accordent  guère  eniem- 
ble.  Les  hommes  ont  des  fentimens  bien  divers.  Je 
fuis  une  folle  de  redire  les  mêmes  choies  fi  fouvent  j 
luis-je  obligée  de  vous  rendre  un  coiupte  exatt  de 
tous  mes  t/ri-erjmouvemens?  Let.Portug. 

Dès  qu'on  ouvre  les  yeux  ,  on  volt  dans  L'Univers 
L'ajjemblage  éclatant  de  tant  de  corps  divers.  Vill. 

De  divers  Auditeurs  peins  les  divers  défauts.  Id. 

Divers,  ERSE.  Signifioit  autrefois  bizarre ,  méchant, 
extraordinaire,  trifte,  chagrinant,  qui  a  un  efpritde 
contradidlion. 
DIVERSEMENT,  adv.  D'une  manière   diverfe.  Di- 
verse. Toutes  les  héréfies  font  fondées  fur  des  paffa- 
ges  qu'on  a  expliqués  dlverfement.  Epicure  a  dit  la 
même  chofe  dlverfement  ,    félon  qu'il  peut  l'avoin 
dlverfement  penlée  &  fentie.  S.  EvR. 
DIVERSIFIABLE  ,  adj.  m.  &  f.  Qui  peut  fe  diverfi- 
fier ,  fe  varier.  VariablLls,  e.  La  règle  précédente. . . 
fe  trouve  dlverfifiable  en  autant  d'autres  ,    qu'il  y  3 
d'expreilîons  poffibles  des  développées.  Varignon. 
Acad.  des  S.  1701.  Mém.p.  14. 
DIVERSIFIER,  v.  a.  Mettre  de  la  diverfité  en  quelque 
chofe  \  varier  en  plufieurs  façons.  Variare.  Il  fauc 
^/ver/{/;Vr  un  ouvrage  pour  le  rendre  agréable. /^i- 
verslficri-xwQ,  fes  études,  fes  occupations.  Il  y  a 
diverfes  efpèces  d'ambition  ou  de  balfelfe  \  les  paf- 
^■\oxï%{<t diversifient icXon  les  efprits  où  elles  fe  trou- 
vent. S.  EvR.  L'abondance  lalTe,  à  moins  qu'elle  ne 
foit  extrêmement  diversifiée.  Ch.  de  Nier.  L'hiftoire 
eft  féche  &  ennuyeufe  ,  quand  il  n'y  a  pas  une  cer- 
taine variété  d'incidens  néceftaires  pour  diversifier 
la  narration  ,   &  la  rendre  plus  agréable.  P.  Dan. 
Pour  fe  plaire  à  la  vie ,  il  faut  fur-tout  la  diversifier. 
Ch.  de  Mer.  Il  y  a  beaucoup  d'art  à  diversifier  les 
plaifirs,  &à  leur  rendre  cette  pointe  qui  s'émoulTe 
li  ailément.  S.  Real. 
Diversifié  ,  ÉE.part. 

DIVERSION,  f.  f.  Terme  de  "Guerre ,  qui  fe  dit  quand 
on  va  attaquer  fon  ennemi  en  un  endroit  où  il  efl: 
foible  &  dégarni,  pour  lui  faire  rappeler  fes  forces 
d'un  autre  lieu  où  il  a  de  la  fupériorité  ,  &  où  il  eft: 
difficile  de  lui  réfifter.  Faire  diversion.  Dlstrahere 
hostiles  copias ,  alib  hostem  avertere.  Les  Romains 
ne  purent  challer  A  nnibal,  d'Italie  ,  qu'en  faifant  di- 
version ,  &  allant  attaquer  Carthage. 

On  s'en  fert  aufli ,  en  Médecine ,  pour  exprimer  le 
changemenr  que  l'on  produit  dans  le  cours  d'une 
humeur  qui  fe  porte  trop  abondamment  vers  quel- 
que partie.  La  faignée  fait  une  grande  diversion 
d'humeurs. 

On  dit  auflt ,  figurément,  la  confolation  qu'on 
donne  à  une  perfonne  affligée  fait  quelque  diversion 
à  fa  douleur.  L'on  vient  plus  aifément  à  bout  des 
partions  par  Xs.  diversion^  que  par  l'opiniâtreté  qu'on 
a  à  les  combattre  diredement. 

Cç  mot  êiQ  diversion  ^.  été  formé  par  Montagne, 
qui  l'a  employé  le  premier.  Pafquier  fe  plaint  dans 
une  de  fes  lettres  de  ce  que  Montagne  emploie  ce 
mot  qu'on  n'entend  point. 
DIVERSITE,  f  f.  Variété  ,  qualité  qui  fait  qu'une 
chofe  eft  diverfe  &:  différente  ,  &  proprement  néga- 
tion de  fimilitude.  J'oye^  Distinction.  Dlverfitas. 
La  diverfité  des  humeurs  des  hommes  eft  çaufe  de 
la  diverfité  de  leurs  fentimens.  La  diverfité  àes  fleurs 
d'un  parterre  réjouit  la  vue.  Les  Siamois  tiennenc 
que  la  diverfité  des  Religions  eft  agréable  à  Dieu  j 
éc  que  toutes  les  diverfes  manières  de  l'honorer  font 
bonnes ,  parce  qu'elles  ont  toutes  les  mêmes  objets, 
&  tendent  toutes  à  la  même  fin.  S.  Evr.  Quand  il 
eft  clair  qu'il  y  aune  Religion  révélée,  la  diverfité 
de  Religions  ne  peut  plus  paroîcre  bonne.  La  diver^ 

iité 


D  IV 

Jîté  Aqs  fetuiinens  aliène  les  efpnts.  Maleb.  La  (//- 
vérité  àQ5  chofes  cJclafTe,  &  un  peu  d'abfence  ranime 
l'amitié.  Ch.  dr  Mer. 
^CT  Diversité  ,  variété  ,  différence.  M.  l'Abbé  Girard 
diftingue  ces  trois  mots  par  des  nuances  particuliè- 
res. La  diffcrence  Aippofe  une  comparai/on  que  l'ef- 
prit  fait  des  chofes ,  pour  en  avoir  des  idées  ptéci- 
fes  ,  qui  empêchent  la  confufion.  La  différence  des 
mots  doit  fervir  à  marquer  celle  des  idées.  La  diver- 
fité  fuppofe  un  changement  que  le  goût  cherche 
dans  les  chofes  ^  pour  trouver  une  nouveauté  qui 
Je  flatte  &  le  réveille.  Un  peu  de  diversité  dans  les 
mets  ne  nuit  pas  à  l'œconomie  de  la  nutrition  du 
corps  humain.  La  variété  fuppofe  une  pluralité  de 
chofes  non  reffemblantes ,  que  l'imagination  faifit, 
pour  fe  faire  des  images  riantes  ,  qui  dillipent  l'en- 
nui d'une  trop  grande  uniformité.  La  nature  a  mis 
une  variété  infinie  dans  les  plus  petits  objets.  Si  nous 
ne  l'appercevons  pas ,  c'ell  la  faute  de  nos  yeux. 

Telle  e(l  la  loi  du  Ciel ,  dont  lafage  équité 
Seine  dans  l'Univers  cette  diverfité.  Corn. 

DIVERTIR,  v.  a.  Détourner  quelqu'un  ,  le  diftraire  de 
fon  delfein  ,  de  fon  entreprife  ,  de  fon  travail.  Ali,- 
qaan  ab  aliquâ  re  avocare  ,  ahducere  j  deducere.  On 
ferme  les  ateliers  pour  empêcher  que  le  peuple  ne 
divertijje  les  ouvriers ,  qu'il  ne  les  ainufe.  Cet  hom- 
me avoit  deffein  de  fe  venger  \  mais  les  prières  de 
fes  amis  1  en  ont  diverti ,  l'en  ont  détourné.  Les 
penfees  d'un  folitaire  font  plus  julles  ;  car  rien  ne  le 
divertit  de  la  contemplation  ,  en  ce  fens  il  eft 
vieux. 

Ce  mot  vient  du  Latin  divertercj  détourner,  for- 
mé de  la  prépohtion  di ,  qui  dans  la  compofition 
ilgniiàe  ,  féparation  ,  éloignemenc ,  &c  vertere  ,  tour- 
niir ,  divertere ,  tourner  ailleurs  ;  fignification  qui 
convient  à  tous  les  fens  que  ce  verbe  a  dans  notre 
langue. 

fc?  Divertir,  en  Jurifprudence ,  fignifie  détourner 
les  effets  d'une  fuccellion,  d'une  communauté.  Cette 
veuve  ,  à  la  mort  de  fon  mari ,  a  diverti  la  plupart 
des  effets  de  la  fucceffion  ,  les  a  fouftraits  j  pour  ne 
les  pas  repréfenter,  &  en  fruftrer  ceux  à  qui  ils  ap- 
partiennent. Subducere  y  distrahere. 

ifT  On  le  dit,  dans  le  même  fens,  dans  le  com- 
merce ,  en  matière  de  banqueroute.  Ce  banque- 
routier a  diverti  fes  meilleurs  effets. 

fcT"  On  le  dit  de  même ,  en  matière  de  Finances  , 
comme  fynonyme  à  voler.  Ce  Commis  a  diverti  les 
deniers  de  fa  recette. 

Divertir  ,  fe  dit  auiîi  en  matière  de  Finances ,  pour 
changer  la  deftination  des  deniers ,  les  employer  à 
un  ufage  différent  de  leur  deftination.  Detrahere  , 
avertere.  On  avoit  fait  un  fonds  pour  les  pen fions 
des  gens  de  lettres  ;  mais  il  a  été  diverti ,  &  em- 
ployé aux  nécellltés  de  la  guerre. 

0G°  Divertir,  fignifie  aufii ,  détourner  l'efprit  par 
des  chofes  agréables  de  ce  qui  le  tenoit  appliqué. 
On  le  dit  également  avec  le  pronom  perfoiinel.  Se 
divertir. 

Divertir.  Recreare  ,  relaxare  animum.  Il  n'y  a  rien 
qui  divertijje  mieux  que  la  Comédie.  Elle  divertit 
même  les  plus  mélancoliques.  Ablanc.  Quand  on 
n'a  guère  d'efprit,  on  fe  divertit  de  peu  de  chofe. 
M.  ScuD.  Ariftote  ne  permet  de  divertir  le  fpetla- 
teur,  que  pour  l'inftruire  en  même-temps  ;  c'eft  un 
artifice  innocent  pour  corriger  j  qui  réuflit  mieux 
que  la  févérité  des  Préceptes.  Dac.  Il  vaut  mieux 
s'ennuyer  comme  une  perfcnne  d'efprit ,  que  de  fe 
divertir  d'une  manière  impertinente.  Ch.de  Mer. 
Je  ne  fais  quoi  de  délicat  que  j'ai  dans  le  cœur  ou 
dans  l'efpnt ,  fait  que  rien  ne  me  divertit  long- 
temps. M.  ScuD.  Il  ne  faut  pas  toujours  étudier , 
il  faut  prendre  le  temps  de  fe  divertir ,  fe  divertir 
aux  dépens  de  quelqu'un.  C'eft  pécher  contre  la 
chafteté ,  que  de  fe  divertir  à  regarder  des  figures 
lafcives.  Tkiers. 

Tome  jrr 


Dî  V 


39; 


llfalloit  vous  repondre  ;  &  d'une  telle  affaire 
C'est  ainji  que  j'ai  dùfortir. 
Quand  on  ne  Jduroit  divertir  , 
lljaut  au  moins  n'ennuyer  guère. 

Nouv.  choix  de  Vers, 

Ce  mot  s'eft  dit  dans  ce  fens ,  parce  que  fe  di- 
vertir j  c'eft  fe  détourner  ,  détourner  fon  efprir  de 
l'application  ,  ou  d'une  matière  féiicufe. 

On  dit  qu'un  homme  fe  divertit  _,  quand  il  n'a 
autre  occupation  que  celle  de  fe  réjouir  ,  &  de 
paffer  fon  temps.  On ,  dit  d'un  homme  bourru  & 
chagrin,  que  rien  ne  le  divertit,  pour  dire  ,  qu'il  ne 
prend  plailir  à  rien. 
Diverti  ,  ie.  part.  Subduclus ^  amotus.  Deniers  diver- 
tis. Somme  divertie.  Fonds ,  effets  divcnis.  Il  n'eft 
guère  d'ufage  qu'en  ce  fens. 
DIVERTISSANT  ,  ante.  adj.  Qui  fait  plaifir  ,  qui 
donne  de  la  diilîpation.  Jucundus ,  amœnus  y  jesti- 
vus-  La  Comédie  cft  fort  diverti (fante.  Les  eaux  les 
plus  tranquilles  ne  font  pas  les  plus  divertijjantts. 
M.  ScuD.  Elprit  divertiffaut. 

Ce  mot  eft  quelquefois  fubftantif  :  alors  c'eft  le 
nom  d'un  perfonnage  que  les  Opérateurs  fontpa- 
roître  iur  leur  théâtre.  DivertiJJant  eft  l'Arlequin 
des  Opérateurs,  il  a  l'habit  &:  les  manières  d'Arle- 
quin. 
Ccr  DIVERTISSEMENT,  f  m.  Réjouiffance ,  plaifir , 
récréation.  Ces  mots  ne  font  fyiionymss  que  par 
l'idée  qu'ils  prélentent  de  plaifir ,  &  de  diffipation. 
L'idée  à\xpldijir  eft  d'une  bien  plus  vafte  étendue  ; 
parce  qu'il  a  rapport  à  un  plus  grand  nombre  d'ob- 
jets \  ce  qui  concerne  l'efprit ,  le  cœur  ,  les  fens , 
la  fortune  &  la  récréation  y  n'eft  qu'un  fimpledélaf- 
fement  d'efprit  ,  ordinairement  de  peu  de  durée. 
Réjouiffance  paroît  fe  rapporter  plus  direétemenc 
aux  démonftrations  extérieures  &  publiques.  Voyei^ 
ces  mots. 

Le  divertffement  eft  un  délaffement  agréable  & 
honnête  3  capable  non  feulemenr  de  diftraire  l'ef- 
prit ,  mais  encore  de  lui  procurer  du  plaifir.  Au  ref- 
te  ce  mot  eft  fouvent  employé,  comme  terme  gé- 
nérique ,  pour  toutes  fortes  d'occupations  agréa- 
bles ,  delajjemens  ,  amufemens  ,  ùm'iiX&s pajje-tcmps  ; 
mais,  dans  les  occafions  où  il  peut  y  avoir  unenécel- 
fité  de  choix ,  on  ne  doit  point  regarder  tous  ces 
mots  comme  fynonymes.  Relaxatio  y  obleclatio  ani- 
mi.  La  Comédie  eft  le  divertiffement  des  honnêtes 
gens.  Les  combats  de  Gladiateurs  étoient  des  plai- 
firs  inhumains  :  il  n'y  a  qu'une  inclination  maligne 
qui  puiffe  faire  trouver  du  plaifir  dans  ces  cruels 
diverti ffemens.  S.  Real.  Quand  le  feul  intérêt  de 
nos  diverti jj'emens  forme  le  nœud  de  l'amitié  ,  les 
chagrins  le  rompent  aifémenc.  S.  EvR.  Les  Pères 
n'ont  pas  abfolument  interdit  les  jeux ,  Se  les  diver-- 
tiffemens  aux  Chrétiens.  Thiers.  Les  divertiffe- 
mens  de  foule  ne  font  pas  .agréables ,  &  font  enne- 
mis des  pallions  délicates.  S.  Evr.  Quand  les  diver- 
tiffemens  font  continuels  &:  fans  intervalle ,  ils  en- 
nuient. M.  ScuD. 

Un  lecteur  fage  fuit  un  vain  amufement , 

Et  veut  mettre  à  profit  fon  divertilTement.  Bon,. 

On  appelle  ,  dans  les  Opéra ,  Divertiffement ,  les 
fêtes  de  danfe  <^  de  chant  qui  font  partie  de  ch.a- 
que  Aéie  dans  un  Opéra ,  ou  qui  le  terminent.  Les 
divertifemens  de  cet  Opéra  font  bien  amenés.  Il  fe 
dit  aulti ,  en  parlant  de  la  Comédie.  C'eft  une  Co- 
médie avec  desdiverti[Jemens. 

On  .appelle,  en  Jurifprudence,  (/h'em/7è/;7tv!;^d'eP 
fets ,  ou  divertiffement  de  fonds ,  le  recclement  des 
effets  y  le  changement  de  l'emploi  des  fonds.  Dif- 
tractio. 
DIVETO.  Bourg  de  Sicile  dans  la  vallée  de  Démena  , 
&  fur  la  côte  ftprentrionale  de  cette  vallée  ,  envi- 
ron à  deux  lieues  de  Meftine.  Divctum.  Diveto  a  et» 
bâti  des  mines  de  la  ville  de  Nauhchus. 

Ddd 


394  C>î'^ 

DIVETTE.  Petite  rivière  du  Cotentin  dans  la  bade  î 
Normandie.  Divctta.  La  fource  de  la  Divettc  eft  à 
Briquebolcq  :  elle  palle  à  Sotceville  ,  à  S.  Chrifto- 
phe  ,  à  Virandeville ,  à  Sideville  ,  à  Marcinvalt ,  à 
Oiideville  ,  &  va  à  Cherbourg  fc  décharger  dans  la 
mer.  Corn. 

DIVIDENDE,  f.  m.  Terme  d'Arithmétique.  Le  nom 
bre  à  diviler,  5c  du.iu,4  fe  tau  la  divilion.  NumcA 
rus  dividenius.  Le  quotient  contient  autant  d'uni- 
tés ,  que  le  dividende  renferme  de  tois  le  divifeur. 
RoH-  Le  dividende  doit  toujours  être  plus  grand  que 
le  divifeur. 

Dividende,  eft  auffi  un  terme  afFedé  aux  Compa-: 
gnies  dé  Commerce ,  &  qui  fignihe  ,  le  produit 
d'une  Adion  ,  c'efl- à-dire  ,  la  part  qui  revient  à 
chaque  Actionnaire.  Il  y  a  deux  dividendes  par  an. 

DIVIN  j  iNE.  adj.  Qui  vient  de  Dieu,  qui  a  rapport 
à  Dieu,  qui  appartient  à  Dieu.  Divinus.  Les  trois 
Perfonnes  divines  ne  font  qu'un  feul  Dieu.  L'Of- 
fice divin.  Le  fervice  divin.  La  Providence  divine 
nourrit  les  oifeaux.  Ce  n'eft  pas  une  chofe  fi  dit- 
ficile  qu'on  le  penfe,  que  d'allier  les  loix  humai- 
nes avec  les  loix  divines.  Le  Fils  de  Dieu  eft  le  ver- 
be divin. 

C'est  profaner  d'un  Dieu  le  langage  divin,  Vill. 

Se  peut-il  que  dansfes  ouvrages 
L'homme  aveugle  ait  misfon  appui  j 
Et  qu'il  prodigue  fes  hommages 


A  des  Dieux  moins  divins  que  l 


ui} 


NOUV.  CHOIX  DE  VEK.S. 

On  demande  j  s'il  faut  dire  divin  amour  ,  ou 
amour  divin.  On  répond  que  l'un  &  l'autre  eft  bon, 
qumd  on  parle  de  l'amour  de  Dieu.  Quand  le  divin 
amour ,  ou  l'amour  divin  embrafe  une  ame ,  rien 
ne  lui  coûte  dans  le  fervice  de  Dieu. 

Mais  fi  divin  amour  fe  difoit  ,  comme  il  fe  dit 
fouvent  du  Saint-  Efprit,  troifième  perfonne  de  la 
très-fainre  Trinité  j  alors  j  fur-tout  dans  une  apol- 
trophe  ,  il  faudroit  dire  ,  Divin  amour.  Divin 
amour ,  fanélificareur  des  âmes  ,  venez  purifier  la 
mienne  de  fes  imperfeârions.  Si  l'on  difoit,  Amour 
divin,  on  l'enteiidroit  non  pas  du  S.  Efprit,  mais 
de  la  chanté  ,  que  le  S.  Efprit  répand  dans  nos 
âmes. 
Divin  ,fe  dit,  figurément,  de  tout  ce  qui  eft  excellent, 
extraordinaire  ,  &:  qui  femble  être  au-delfus  des 
forces  de  la  nature  ,  &  de  la  portée  ordinaire  de 
l'efprit  humain.  Il  y  a  quelque  chofe  de  dr,'in  là- 
dedans.  'La  boulfole  ,  les  lunettes  ,  les  horloges  , 
inventions  divines.  Platon  eft  appelé  Au- 
Le  divin  Platon  ;  6c  Hippocrate,  le  di- 

1         T  T  t  f        I'       '  * 


font  des 

teur  divin. 

vin  vieillard.  Une  beauté  divine. 


Sans  la  langue  en  un  mot  l'auteur  le  plus  divin 
Est  toujours  ,  quoiqu'ilfajje  ,  un  méchant  écrivain. 

Boa. 

En  termes  de  Blafon  on  appelle  Croix  divine  , 
une  croix  d'où  il  fort  des  rayons  :  d'où  vient  qu'on 
la  nomme  encore  croix  rayonnante. 

Les  Arabes  appellent  les  Z)n7/2j- j  TVm»,  Elahioun^ 
la  féconde  Sede  de  Philofophes  ,  compofée  de  ceux 
qui  admettent  un  premier  moteur  de  toutes  chofes, 
éi  une  fubftance  fpirituelle  dégagée  de  toute  efpècc 
de  matière  ;  un  Dieu  en  un  mot:5c  ils  leur  donnent 
ce  nom,  pour  les  diftinguer  de  la  première  Sed:e  , 
(qui  font  lès  Deherioun ,  ou  Thabaioun ^  c'eft-à-dire, 
les  Mondains  ,  ou  Naturels  j  ou  bien  les  Monda- 
niftes  ou  natur.iliftes ,  ainfi  appelés,  parce  qu'ils 
n'admettent  d'autre  principe,  que  le  monde  maté- 
riel &  la  nature.  îvnSjij  Elahioun^  vient  dnSx  ,^1- 
la  ,  Dieu.  Aind  les  Elahioun  font  les  divins  j  ou  les 
Théologiens  j  comme  traduit  Caftel  ;  ceux  qui  re- 
connoifterit  un  Dieu,  /^ovej  d'Merbelot  au  mot 
tlahioun. 
DIVINATEUR,  f.  m.  Qui  fe  trouve  dans  quelques 


DI  V 

uns  de  nos  anciens  Auteurs  pour  devin  ,  devîneur 
Divinus  ^  Hariolus. 
DIVINATION,  f.  f.  L'art  prétendu  de  connoître  &  de 
prédire  l'avenir.  Divinatio  j  rerum  Juturarum  scien- 
t/a. Quoiqu'il  fernble  que  le  mot  de  divination  dût 
figniher  la  connoifTance  que  Dieu  a  des  chofes  futu- 
res, il  n'eft  pourtant  jamais  employé  que  pour  défi- 
gner  la  connoiliance  que  les  Magiciens  ,  ou  ceux 
qui  font  lemblant  de  l'êrre  ,  fe  vantent  d  avoir  des 
c'hofes  cachées.  Ce  mot  fignifie  donc  j  non  -  feule- 
ment la  connoilfance  ,  mais  l'annonce,  la  déclara- 
tion que  l'on  fait  d'une  chofe  cachée  ou  future,  en 
invoquant  le  fecours  du  Démon,  par  un  paéte  ex- 
près &  formel ,  ou  tacite  que  l'on  fait  avec  lui.  De- 
là vient  que  celui  qui  rapporte  feulement  ce  qu'il  a 
appris  d'un  devin  ,  ne  fait  pas  une  divination  ;  c'eft 
le  devin  qui  l'a  faite.   Toute  divination  eft  incertai- 
ne ,  &  ne  réulîit  que  par  haiard ,  ou  par  l'adrelfe  du 
Devin.  Le»  hommes  ont  inventé  cent  fortes  de  divi- 
nations :  par  les  oifeaux  ,  les  entrailles  des  bêtes  , 
les  fonges  ,  les  linéamens  de  la  main  ,  par  les  points 
marqués  au  hafard  ,  par  les  noms  ,  par  les  mouve- 
mens  d'un  tamis ,  par  l'air ,  par  le  feu  ,  par  les  forts 
Virgiliens,  Homériques,  ou  de  la  Bible,  les  nom- 
bres &  cent  autres  qui  ont  divers  noms.  Voici  les 
principales  efpèces ,  &c  leurs  noms.  L'Acromantie  , 
ou  divination  par  le  moyen  de  l'air  ,   la  Pfychoman- 
tie  ou  Pfychomance  ,   autrement  Sciomantie  ,  on 
Sciomance  ,  qui  fe  fait  par  l'évocation  des  âmes  des 
morts,  ou  des  ombres  ,  pour  en  apprendre  ce  que 
l'on  fouhaite  ;  la  Daétylomantie  j  qui  fe  fait  par  le 
moyen  d'un  ou  de  plufieurs  anneaux  j  l'Hydroman- 
tie,  qui  fe  failoit  avec  l'eau  de  la  mer  ;  la  Pégo- 
mantie  ,  avec  tle  l'eau  de  fontaine  ;  TOrnithoman- 
tie ,  qui    eft  la  même  chofe  que  les   augures  \  la 
Clidomantie  ^  qui  fe  fait  par  des  clefs  ^  la  CoskI- 
nomantie  ,  avec  un  crible  3  le  Clédonifme ,  qui  fe 
fait  par  la  parole  ou  ta  voix  ;  l'Extifpicine ,  ou  con- 
fidération  des  entrailles  des  victimes  ;  l'Alphitoman- 
tie,  ou  Aleuromanrie  ,  qui  fe  fait  par  la  farine  j  la 
Kéraunofcopie,  ou  coniidération  de  la  foudre  j  la 
Capnomantie  ,  ou  divination  par  la  fumée  i  l'Alec- 
tryomanie  ,  ou  divination  par  les  coqs  y  la  Pyroman- 
tie  ,  par  le  teu  j  la  Lithomantie  ,  par  les  pierres  ;  la 
Lycnomantie,  par  les  lampes  j  la  Nécromantie  j  par 
les  morts ,  ou  leurs  os ,  &c.  L'Onirocritique  ,  011 
Jugement  par  les  fonges  \  l'Oofcopie^  ou  confidé- 
ration  des   œufs  \  la  Lécanomantie ,  ou  divination 
par  un  baflin  plein  d'eau  \  la  Gaftromantie,  par  le_ 
ventre  ,  ou  par  des  phioles  ,  la  palpitation  j  salijja- 
tio  ,  ^»Àfc  (,  qui  le  tiroit  de  la  palpitation  ,  du  mou- 
vement de  quelque  membre  ]  l'Axincmantie  ,  par 
une  hache  ou  coignée  ;  la  Catopttomantie,  ouCrif- 
tallomantie ,  par  un  miroir  j  la  Chiromance  ,  par 
rinfpeétion  des  lignes  de  la  main.  La  Géomance , 
par  la  terre  *,  la  Céromantie  ^  par  des  figures  de  cire  ; 
l'Arithmomantie  ,  par  les  nombres  ;   la  Sycoman- 
tie ,  &c.  Cardan  les  a  décrites  au  IV^  livre  de  fa 
Sagelîè ,  &  Robert  Flud  en  a  fait  plufieurs  Traités 
particuliers.  Cicéron  a  fait  aufli  deux  livres  de  la 
divination  des  Anciens  ,  où  il  les  réfute.  Tontes  ces 
fortes  de  divinations  ont  été  condamnées ,  par  les 
Pères  &  par  les  Conciles  ,   vu  qu'elles  fuppofenc 
cju'on  a  paéte  avec  le  Diable. 

Dans  l'Ecriture  Sainte  il  eft  parlé  de  neuf  diffé- 
rentes fortes  de  divinations.  La  première,  qui  fe 
faifoit  par  l'infpeétiondes  planètes  j  des  étoiles,  des 
nuées.  On  prétend  que  c'eft  ceux  qui  la  prariquoient, 
que  Moïfe  appelle  UV'^  ,  Meonen  j  de  1i^ ,  anan  _,  qui 
fignifie  nuée.  Deut.  XFllI.  10.  1°.  Ceux  que  le 
même  Prophète  appelle  au  même  endroit  ■vm'ti^Me- 
nachesch  ,  que  la  Vuigate  î^  le  commun  des  Inter- 


prètes traduii'ent --^woz/rj  3°.  Ceux  qui,  au  même 
endroit ,  font  nommés  S]ï;30  ,  Mecascheph  j  c'eft-à- 
dire,  félon  les  Septante  8c  la  Vuigate,  un  homme 
qui  fait  des  maléfices.  4°;  Les  Enchanteurs  ,  que 
Moïfe  au  même  chapitre  v.  11.  nomme  i3in  ,  Hho- 
her.  5°.  Ceux  qui  confultent  les  efprits  qu'on  ap- 
pelle Python  j  ou  ,  comme  parle  Moïfe  au  même 


D  I  V 

livre ,  ceux  qui  inteirogenc  le  Python  ,  2Mi  htiV-  6".  T 
Les  Devins,  ou  les  Magiciens,  que  Moiie  appelle  j 
>J;;t,  Judeoni.  7°.  Ceux  qui  coniultent  les  mores, 
la  Nécromancie.  S".  Le  Frophère  Olée  IV.  11.  parle 
de  ceux  qui  confukent  des  baguettes  ,  13pD  hnv,  ou 
peut  appeler  cette  lorte  de  divination  RanJomautie. 
(^Quelques-uns  l'appellent  aulîi  Belomanne  ;  mais 
Rabdomantie  revient  mieux  au  mot  doat  le  iert  le 
Prophète ,  iVpO  ,  &  qui  lignifie  une  verge  ,  une  ba 


DÎV  ^5/ 

pèce  (oni  purement  Phyliques.  Eole  efl:  la  puilfan- 
ce  de  la  nature ,  qui  ramalle  les  vapeurs  .Se  les  exha- 
laifons  pour  former  les  vents.  Les  dernières  font  des 
Divinités  Morales.  Les  Furies ,  par  exemple  ,  ne 
font  autre  chofe  que  les  reproches  de  la  conlcience* 
P.  LE  Boss.  Le  nombre  infini  de  Divinités  Payennes 
n'écoient  que  des  Divinités  allégoriques.  Id.  La  For- 
tune étoit  une  Divinité  hiiaiiQ ,  qui  gouvernoit  tout 
félon  fon  caprice.  Bouh. 


îjuette ,  un  bâton  .Se  non  pas  une  Hcche  ,  fi^^os.  q°.  La  jDivinitÉ  j  fe  dit ,  figurcment&:  abufivement,  quand 


dernière  efpèce  de  divination  dont  parle  l'Ecriture  , 
eft  l'Fiépatolcopie  ,  ou  conhdération  du  foie. 
DIVINATOIRE,  adj.  Dont  on  ne  fe  fert  qu'en  le  fri- 
fant  précéder  de  verge  ,  ou  de  iaguecte.  La  baguet- 
re  divinatoire  J  dont  on  fe  ieic  pour  découvrir  les 
fources  ,  les  mines  .Se  les  ttélors.  Voye:^  BA- 
GUETTE. 

DIVINEMENT,  adv-  Par  le  fecours  ou  la  puilTànce  de 
Dieu.  Divine ,  divinitùs.  Les  Payens  croyaient  que 
ceux  qui  rendoient  les  oracles,  étoient  infpirés  di- 
vinement. La  même  Providence  qui  les  faifoic  écri- 
re divinement ,  &  par  l'impulfion  de  i'efprit  de 
Dieu ,  a  voulu  qu'ils  écrivilfenc  en  hommes,  &c 
comme  on  écrit  parmi  les  hommes.  Pelisson.  Il 
parle  des  auteurs  facrés. 

Divinement,  fignifie jfigurément,&  familièrement, 
excellemment,  pattaitement ,  extraordinairemenr. 
Divine,  mirijlce.  Cet  Oracle  parle  ,  écrit  divine- 
ment bien. 

DIVINISER,  v.  a.  Reconnoîrre  pour  divin  ,  mettre  au 
rang  des  Dieux.  M.  Grelfec  dit ,  en  parlant  de  fa 
Mufe,  dans  l'Envoi  de  l'Epître  qu'il  lui  a  dédiée  : 

Elle  lia  point  les  graees  fîères 
Dont  brillent  ces  Nymphes  altières  j 
Qui  divinifeni  les  Guerriers  : 
La  négligence  suit  ses  traces  ; 
Ses  tendres  erreurs  j  ont  ses  grâces , 
Et  les  roses  sont  /es  lauriers. 

DIVINITÉ,  f.  f.  Dieu ,  nature  ou  eiïeHce  divine.  Di- 
vinitas.  En  Jefus-Chrift  la  Divinité  &  l'humanité 
font  jointes  enfemble.  Les  impies  s'attlquenr  à  la 
Divinité.  Malgré  l'antipathie  naturelle  à  I'efprit  hu- 
main ,  pour  reconnoître  quelque  chofe  au-deflus  de 
lui ,  aucun  n'a  pu  effacer  de  fon  ame  l'opinion 
d'une  Divinité.  S.  Real.  L'idolâtrie  elle-même  n'ert 
que  le  fentiment  de  la  Divinité  diverlîfiée.  Le  Vas- 
soR.  Il  eft  diiiîcile  d'effacer  l'impreQion  que  la  vue 
de  ce  grand  monde  forme  de  la  Divinité.  Nicol. 
C'eft  fauffement  que  les  impies  difent  que  l'opinion 
de  la  Divinité  ell  une  invention  politique  des  Lé- 
giilateurs ,  pour  alfurer  ,  pour  aftermir  l'obferva- 
tion  de  leurs  lois  j  car  ,  au  contraire  ,  il  eft  évident 
que  les  Légiflateurs  fe  fout  fervis  de  cette  opinion, 
qu'ils  ont  trouvée  fortement  imprimée  dans  I'efprit 
des  peuples ,  fans  qu'on  puilfe  favoir  quand  ils  ont 
commencé  à  avoir  cette  idée. 

Le  Paganifme  avoir  aufli  fes  Divinités  ,  fes  LaOx 
Dieux.  Sombres  Divinités  j  noires  Divinités  ,  ce 
font  les  Puilfances  de  l'Enfer.  Les  Divinités  célef- 
tes,  marines.  Corneille  s'eft  foulevé  contre  certains 
fcrupuleux ,  qui  veulent  anéantir  toutes  les  Divi- 
nités poétiques.  S.  EvR.  On  reprochoic  aux  Egyp- 
tiens, que  leurs  Divinités  croilfoient  en  abondan- 
ce jufque  dans  leurs  jardins.  Id.  Un  véritable  bra- 
ve ne  voudroit  pas  devoir  la  victoire  à  la  compaf- 
fîon  de  quelque  Divinité  :  il  ne  veut  la  deVoir  qu'à 
fon  bras.  Le  P.  le  Boss. 

Dans  le  Poème  Epique 
Chaque  vertu  devient  une  Divinité  ; 

Minerve  efl  la  Prudence  j  &  Venus  la  Beauté.  Boil. 

On  peur  diftinguer  trois  fortes  de  Divinités  dans 
le  Paganifme  :  les  unes  Théologiques ,  qui  reprc- 


on  parle  d'une  belle  tcmme.  C'eft  une  Divinité  fut 
terre.  Terrejlre  numen.  Elle  a  le  port  d'une  Divinité. 
Les  Amans  traitent  leurs  Maîtrefles  de  Divinité. 
Une  jeune  Divinité,  comme  vous,  doit  caufer  bien 
des  révolutions  dans  le  monde  qui  aime ,  &  qui 
eft  aimé. 

Une  Divinité  de  mille  attraits  pourvue 
Tient  mon  cxur  dans  les  fers.  Voit. 

DIVIS.  adv.  Terme  de  Palais  ,  oppofé  à  indivis.  Divi- 
fum.  Ces  héritiers  ont  partagé  cette  maifon,  &  la 
polTedent  par  divis  ;  chacun  a  fa  part  marquée. 

DIVISE,  f.  f.  Terme  de  blafon.  Voyzi  DIVISÉ. 

DIVISER,  v.  a.  Faire  d'un  tout  plufieurs  parties.  Divi- 
dere  ,  partiri  j  in  partes  tribucre.  On  n'a  pu  encore 
trouver  le  moyen  de  c/iv^/èrgéomérriquement  un  an- 
gle en  trois  parties  égales.  Ce  père  a  divifc  fon  bien 
en  trois  portions  j  pour  faire  un  partage  entre  ks 
en  fans. 

Diviser,  fignifie  aulîl  j  Séparer.  Dieu  divifa  les  eaux 
des  eaux ,  c'eft-à-dire  ,  fcpara  celles  qui  font  au-def- 
fus  du  Firmament ,  de  celles  qui  font  au-delfous.  Là 
rivière  fe  divife  en  pluiieurs  bras  pour  faire  des  îles, 
&  différentes  embouchures.  Pour  fe  guérir  de  l'a- 
mour, il  faut  le  divifcr ,  Se  lailfer  errer  (es  vœux  de 
tous  côtés.  S.  EvR. 

Diviser,  lignifie  aulli,  Défunir.  Disjungere  j  divide- 
re  J  diftrahere.  Tout  Royaume  qui  fera  divifé  en 
foi,  fera  défolé  ,  die  Jésus -Christ.  La  grande 
adrefle  d'un  politique ,  eft  de  divifcr  ^  de  défunir  fes 
ennemis.  Je  vous  prie  de  remettre  bien  enfemble 
Céfar  &  Pompée  ,  que  la  malice  des  hommes  a  divi- 
fés.  Ablanc. 

§CF  Diviser  et  partager  ne  peuvent  être  regardés 
comme  fynonymes,  qu'autant  qu'ils  lignifient  l'un 
3e  l'antre  que  J  d'un  tout ,  on  tait  plufieurs  parties. 
Mais  le  mot  divijer  ne  marque  precifémenr  que  la 
défunion  du  tout ,  pour  former  de  fimples  parties. 
Celui  as  partager  ,  outre  cette  défunion  du  tout, 
a  de  plus  un  certain  rapport  à  l'union  propre  de  cha- 
que partie  ,  pour  en  former  de  nouveaux  tous  par- 
ticuliers. Différence  délicate  établie  par  M.  l'Abbé 
Girard.  La  différence  des  intérêts  divijc  les  Princes  ; 
celle  des  opinions  partage  les  peuples.  On  divife  le 
tout  en  fes  parties  ;  on  \e partage  en  fes  portions. 
Voilà  pourquoi  l'on  dit  divfcrnn  c^tclû ,  partager 
un  héritage. 

Diviser  ,  en  termes  d'Arithmétique,  eft.  Découvrir 
combien  de  fois  une  petite  fomme  eft  contenue  en 
une  plus  grande  ,  &  ce  qui  en  relte.  Si  l'on  divifé 
i550pariz,lc  quotient  fera  119,  5e  il  reftera 
2.  Divifcr  eft  encore  un  terme  qui  exprime  un  des 
quatre  principaux  changemens  qu'on  peut  faire  fur 
chaque  proportion.  Z)myêr  en  ce  fens ,  c'eft  compa- 
rer chacune  différence  de  l'antécédent ,  &  du  confé- 
quent  .à  ce  même  conféqucnr  ;  ce  qui  doit  encore 
donner  proportion  ,  après  ce  changement  \  car  cha- 
cun antécédent  contient  fon  conféquent ,  une  fois 
moins  qu'auparavant.  11,  6.: -.6.  3.  Bouguer. 

Divisé  ,  ée.  part.  Divifus. 

Divisé  ,  en  termes  de  ÎBlafon  ,  fe  dit  de  la  fafce ,  de  I.î 
bande ,  &c.  qui  n'ont  que  la  moitié  de  leur  largeur  j 
que  l'on  appelle/à/cc  ou  bande  en  devife.  Eafcia  di- 
jiiidiâ  fui  parte  angufior. 


fentent  la  nature  Divine  fous  divers  .ittribut;.  Par  .DIVISEUR,  f.  m.  Terme  d'Arithmétique.  C'eft  le  plus 

petit  nombre   par  lequel  fe  fait  la  divifion  :  on  le 
met  fous  le  plus  grand ,  pour  favoir  combien  de 

Ddd  i; 


ex 


Mnpie  ,  Jupiter  eft  la  puiffance  abfolue  de  Dieu  \  1 
Janon  eft  fa  juftice.  Les  Divinités  de  la  fecoude  ef-j 


39<^  D   ï  V 

fois  il  y  eft  contenu ,  Ôc  trouver  le  quotient.  Dlvifor. 
f^oyei  Divifion. 

Diviseur,  eft  aulii  un  grand  cercle  divifé  qui  fert  à 
divifer  plu(îeurs  autres  petits  qu'on  enclave  dedans, 
ôc  ce  par  le  moyen  d'une  règle  mobile  fur  leur  cen- 
tre commun.  Tous  ceux  qui  tont  des  inftrumens  de 
Mathématique  ,  ont  beloin  d'un  divijtur. 

DIVISIBILITÉ,  f.  t'.  Puiinince  palHve  qu'a  une  quanti- 
té d'être  divifée.  Propriété  qu'a  une  quantité  de 
pouvoir  être  divifée  en  plufieurs  parties.  DivifihUi- 
tas.ha.  divïfihuitci  l'inhni  etH'hypothèfe  d'Anllo- 
te,  &  de  routes  les  Univerfitcs.  Le  nell pas  qu'on 
îa  comprenne  ,  ou  qu'on  puilFe  répondre  aux  ob- 
jections \  mais  c'eft  qu'ayant  com.pris  maniteltement 
i'impoffibilité  des  puints  Mathématiques  ou  Phyfi 
ques ,  on  n'a  point  trouvé  d'autre  parti  à  prendre. 
Il  eft  vrai  d'un  côté  que  tout  corpulcule  étendu 
-doit  avoir  deux  côtés  :  donc  il  eft  diviiible  j  car ,  s'il 
n'avoif  pas  deux  côtés ,  il  n'auroit  pas  d'étendue  ;  & 
s'il  n'a  voit  point  d'étendue,  ralfemblage  de  diveri 
corpufcules,  ne  compoleroit  pas  un  corps.  D'autre 
côté  la  divisibilité i  l'inhni  fuppofe  une  infinité  de 
parties  :  d'où  il  s'enfuit  qu'il  n'y  a  point  de  fi  petu 
■corps  qui  ne  puiiTe  fournir  autant  de  fui  faces  qu'il 
en  feioit  nécellaiie ,  pour  couvrir  toute  l'étendue 
de  la  terre ,  &  au  delà  \  ce  qui  paroît  difficile  à  com- 
prendre. 

ftO"  Quand  mêire  il  n'y  auroit  pas  une  efpcce  de 
témcïité  à  vouloir  déterminer  jui-iu'où  s'étend  ,  ou 
ne  s'étend  pas  la  puillance  lupréme  du  Créateur , 
rien  ne  me  paroit  plus  inutile  que  l'examen  de  cette 
qucftion.  Il  doit  fuiîire  à  un  Phyficien  de  favoir 
que  la  matière  eft  acluellement  divifible  &  divifée, 
autant  qu'il  eft  nécelFaire  à  la  confetvation  de  l'U- 
nivers j  je  veux  dire  en  des  parties  encore  plus  fub 
tiles,  que  tout  ce  que  nous  pouvons  nous  imaginer 
de  plus  délié.  Mwt  infinité  d'expériences  nous  dé- 
montrent ,  qu'une  pareille  divisibilité  convient  à  la 
matière. 

DIVISIBLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  peut  fe  divifer.  Divi- 
sibilis.  Quod  dividi  pcteji.  Si  un  atome  a  de  l'éten- 
due ,  il  eft  divisible  à  l'infini  :  ou,  s'il  n'eft  pas  divi- 
sible à  l'infini,  l'exiftence  de  l'étendue  eft  incom- 
préhenfible.  Bayl.  C'eft  un  axiome  en  Philofophie; 
que  la  quantité  eft  divisible  à  l'infini  en  parties  pro- 
poftionnelles.  Defcartes ,  pour  éluder  la  difficulté  , 
■dit  qu'elle  eft  divisible  en  parties  indéfinies.  Voyc\ 
Indéfini. 

DIVISIF.  f.  m.  &  adj.  Terme  de  Chirurgie.  Fafcia  di- 
vilcns.  Bandage  dont  on  fe  iert  dans  les  grandes 
brûlures  de  la  gorge  ,  &  les  plaies  tranfverfales  de 
la  partie  poftérieure  du  cou ,  pour  tenir  la  tête  droi 
te.  Voye\  le  Diét.  de  M.  Col  de  Villars. 

DI"VISIÔN.  f.  f.  Terme  de  Logique.  Partage  d'un  tout 
en  ce  qu'il  contient.  Panitio  j  trihutio  j  difiributio. 
Si  le  tout  eft  compofé  de  parties  réellement  diftinc- 
tes ,  nommées  intégrantes ,  la  division  qui  s'en  fait, 
s'appelle  proprement  rarr/n'o^  .•  comme  lorfqu'on 
divife  une  maifon  en  l'es  appartemens.  Si  le  tout  eft 
compofé  de  parties  qu'on  appelle  fubjeelives  ,  c'eft- 
à-dire,  fi  le  tout  n'eft  qu'un  terme  commun  ,  dont 
les  fujets  compris  dans  l'étendue  de  ce  terme  font  les 
parties ,  la  division  que  l'on  en  fait ,  retient  propre- 
ment le  nom  de  division  :  telle  eft  la  division  du  gen- 
re en  fes  diverfes  efpèces.  On  fait,  en  Géométrie,  la 
division  d'is  lignes  en  tel  nombre  de  parties  qu'on 
veut ,  par  le  moyen  d'un  triangle.  La  division  des 
cercles  fe  fait  en  ^60  degrés.  L'ellence  Divine  eft 
incapable  de  division ,  8c  de  féparation.  S.  EvR. 

Division  ,  en  termes  d'Arithmétique  ,  eft  la  quatriè- 
me de  les  preraièies  règles,  par  laquelle  on  voit 
combien  de  fois  une  plus  petite  fomme  eft  contenue 
dans  une  plus  grande  ,  8c  ce  qui  en  refte.  Dlvisio. 
La  division  eft  une  efpèce  de  fouftraélion ,  par 
laquelle  on  retranche  d'un  grand  nombre  ,  un  autre 
nombre  plus  périt ,  autant  de  fois  qu'on  lepeutc'eft-à- 
dire,  autant  de  fois  qu'il  y  eft  compris.  P.  Lamy.  Ainfi 
il  y  a  trois  nombres  dans  la  division,  i".  Celui  qu'il 
faut  divifer ,  &  qui  s'appelle  dividende ,  ou  nom- 


DIV 

bre  à  divifer.  1°.  Celui  par  lequel  on  divlfe  ce  divi- 
dende :  on  le  nomme  le  divifeur.  5°.  Enfin  celui 
qui  exprime  combien  de  fois  le  divileur  eft  contenu 
dans  celui  qui  eftàdiviler,  ou  le  nombre  qui  réfulte 
de  la  division  du  dividende  par  le  divileur  ;  &  ce 
tioihème  nombre  s'.ippelle  Quotient-  Il  y  a  pluhcurs 
manières  de  faire  la  division  ,  8c  chacune  a  fa  mé- 
thode particulière  d'arranger  &  de  difpofer  les 
nombres.  L'une  s'appelle  une  division  à  la  Françoi- 
fe,  l'autre  à  l'Efpagnole  ,  l'autre  .à  l'Italienne  ,  l'au- 
tre à  l'Allemande,  8c  l'autre  à  l'Indienne.  Toutes  ces 
manières  lout  bonnes  ,  puifque  leurs  opérations 
font  bonnes,  &  font  trouvet  le  quotient  avec  la 
même  certitude.  Il  y  a  une  division  des  entiers  ,  & 
une  division  des  fractions  :  il  y  en  a  de  même  dans 
l'Algèbre. 

La  division  fe  fait  en  cherchant  combien  de  fois 
le  divifeur  eft  compris  dans  le  dividende  j  &j  quand 
celui-ci  eft  compolé  d'une  quantité  de  nombres 
plus  grande  que  celle  du  divifeur  j  il  faut  prendre 
le  dividende  par  parties ,  en  commençant  de  gau- 
che à  droite  ,  &  non  point  tout  enfemble  ,  &  cher- 
cher combien  le  divileur  eft  compris  de  fois  dans 
chacune  de  ces  parties.  'Voici  des  exemples.  Je 
veux  divifer  67^9  par  3,  je  cherche  combien  3  eft: 
dans  6 ,  puis  combien  dans  7  ;  &  parce  qu'il  y 
eft  deux  fois,  &:  qu'il  refte  encore  i  ,  je  joins  cec 
1  au  nombre  fuivant  5  ,  ce  qui  fait  1 5  ,  &  je  cher- 
che combien  j  eft  dans  15  ,  enfin  combien  il  eft 
dans  9.  J'écris  à  part  tous  ces  nombres,  qui  mar- 
quent combien  de  fois  j  eft  dans  chacune  de  ces 
parties ,  8c  je  les  écris  félon  l'ordre  des  parties  du 
dividende,  c'eft-à-dire,  en  commençant  de  giULhe 
à  droite  ,  &  les  féparant  du  dividende  par  une  ligne 
en  cette  manière. 

a  b  c 

î)  .   .  6759  (ii5î. 

;  eft  le  divifeur^  b  le  dividende;  &  c  le  quotient.  Ou  bieû 

c 
a  <Î759         (125J 

:  eft  le  dividende  :  ^  eft  le  divifeut  avance  fucceffive- 
ment  fous  toutes  les  parties  du  dividende  pour  les 
divifer  ,&  ceft  le  quotient  ;  c'eft-à-dire  ,  que  3  eft 
2 1 5  ?  fois  dans  67  5  9 ,  ou  que,  67  5  9  étant  partagé  eit 
3  ,  chaijue  partie  fera  de  2153. 

Quand  il  refte  quelque  chofe ,  &  que  le  divifeUt 
répété  un  certain  nombre  de  fois,  n'égale  pas  le  divi- 
dende ,  ce  qui  refte  s'écrit  au-delFus  du  divileur ,  en 
tirant  une  petite  ligne  entre  deux  y  &c  cela  s'appelle 
une  fradion  :  par  exemple ,  fi  ,  au  lieu  de  (Î759  ,  je 
mets  feulement  (S758  ,  &  que  je  chetche  combien 
de  fois  trois  y  eft  compris ,  tout  fera  femblable  à  la 
divifion  précédente  jufqn'au  dernier  chiffre  8  car  3 
n'étant  que  deux  fois  dans  8  j  je  mettrai  pour  der- 
nier nombre  du  quotient  2  ,  &  non  pas  3  ;  mais 
parce  que  deux  fois  3  ne  fait  que  6 ,  il  refte  2  de 
plus  dans  le  dividende  ;  j'écrirai  1  après  le  quotient, 
&  je  mettiai  le  divifeur  3  au-delFus  avec  une  ligne 
entre  deux. 

Voyez  \ Arithmétique  de  Tacquet ,  L.  I.  c.  9.  Les 
Elémens  de  Mathématique  du  P.  Lamy ,  L.  I.  c.  4. 

La  divifion  fe  fait  en  Algèbre  en  réduifantle  divi- 
dende 8ç  le  divifeur  en  fotme  de  fraélion  ;  &  cette 
fradfioneft  le  quotient.  Ainfi, fil'on  veut  divifer  a  ^pac 
cc/j  il  faut  les  ranger  de  cette  forte  , 

Yd,  &  cette  ftaélion  eft  le  quotient.  D'autres  mar- 
quent encore  ainfi  la  divifion  Algébrique ,  cd)  a  b. 
Ou  bien  ab  —  cd  — |—  Harris. 

Le  P.  Lami  donne  ces  trois  règles  pour  la  divifion 
Algébrique. 

1°.  Puifque  plus  en  plus  donne  plus,  fi  la  grandeur 
qui  doitêtrediviféealefigne  fj&que  le  divifeur  ait 
le  figne  f  par-tout ,  c'eft  une  marque  que  le  quo- 
tient doit  avoir,  f .  Ainfi  la  grandeur  x  b-\  x  d-\ib 


D  ï  V 

f  7  c^  étant  donnée  pour  être  d.iviiee  p.ir  .vf  - ,  il  eft 
hianifelte  que  le  quotient  eft  bj  cl, 

W.  Si  la  giandeur  à  divifer  a  le  figne  -—  dans  fa 
dernière  partie  >  &  que  le  divifeur  au  le  figne  f  ,  le 
quotient  aura  1^  ligne  —  Eç  li  le  divifeiir  a  le  fi- 
gne — -  le  quotient  aura  le  figne  f-  Amfi  divil.iju 
X  b-\  X  d  —  ih'='^  d  par  x  —  i,  le  quoncnt  fera 
b-\d\czxb-\  d multipliant  x-^,  fait  la  grandeur 
donnée x  b—  x  d—-{  d  —  :[d. 

111°.  Si  la  grandeur  donnée  à  divifer  à  le  figne  f  à 
la  tin ,  &  le  divileur  le  figne  — ,  le  quotient  aura  ce 
même  figne—.  Divifant  xb—  x  d—\  b  f  ç  d  par 
.V  —  ^ ,  le  quotient  iera /^  —  a'. 

Prenez  gatdeque,  lorfque  Texpreflion  d'une  opé- 
ration a  été  abrégée  pour  en  appercevoir  le  quotient; 
il  faut  fuppléer  ce  qui  a  été  lupprimé.  Ainii,  s'il  hl- 
îoit  divifer  a  a  —  b  b^%i  a-\  b  ■^)q  fuppléerois  ce  qui 
a  été  fapprimé  ,  fa  voir ,  ■\  ab  —ab  -^  après  quoi  il 
elt  évident  que  le  quotient  de  cette  dhnjwn  ell 
a-b. 

Lorfque,  dans  h  grandeur  à  divifer,  on  ne  trou- 
ve aucune  des  lettres  du  divifeur  ,  c'eit  une  marque 
qu'on  ne  peut  faire  cette  divlfion  ,  qu'en  plaçant  au- 
deflus  d'une  petite  ligne  la  grandeur  à  divifer,  qu'on 
nomme  le  dividende,  &  le  divifeur  au-dclfous.  Ainli 
divifant /^^1/?  .7  par  r  f -^  >  '^  quotient  fera 
b  d  t/'  9. 

M.  Harris ,  dans  fon  DicHonnaire  des  Arts  j  T.  I. 
donne  quatre  règles  de  la  diviAon  Algébrique;  qu'il 
e;;cpiique  ainfi  , 

1°.  Quand  le  dividende  eft  égal  au  divifeur  ,  le 
quotient  ell  1  .  &  il  faut  mettre  une  unité  pour 
quotient ,  parce  qu'une  choie  ne  fe  contient  elle- 
même  qu'une  tois. 

1".  Quant  h  quotient  eft  exprimé  par  manière  de 
f;  ic1"on  (  comme  dans  la  division  fimple  )  fi  les  mê- 
m.i  lettres  fe  trouvent  également  répétées  dans  cha 
que  membres  du  numérateur  &  du  dénominateur  j 
retranchez  ces  lettres ,  ce  qui  reftera  fera  le  quo- 
tient. Ainfi , 

ab         {a         5c         abc         [c  Sec. 

^     .  "^    . 

3**.  Quand  il  y  a  quelques  coëffîciens ,  c'e(l-à- 

d-re  ,  quelques  nombres  d-vant  les  lettres,  divifez 

les  comme  dans  l'Arithmétique  ordinaire  ,  ajoutez 

le  quotient   de  cette  divijîon  au  quotient  exprimé 

par  lettres  j  par  exemple , 

360  a  b 

. ( ,  5  d 

14  b 

4°.  En  général  la  divifion  de  quantités  complexes 
DU  compoiées  le  taie  en  Algèbre  ,  comme  dans  l'A- 
rithmétique commune,  ayant  toujours  égard  aux 
règles  de  l'addition  ,  de  la  foullraétion  &  de  la  mul- 
tiplication Algébrique  ,  comme  aulîi  qu'un  figne 
femblable  donne  plus  f  dans  le  quotient ,  &  un 
figne  ditFérent  donne  moins  -.  Il  taut  encore  avoir 
foin  de  divifer  chaque  partie  du  dividende,  par  le  di- 
vifeur qui  lui  répond ,  c'eil- à-dire,  parceiui  dont  les 
lettres  montrent  qu'il  eft  de  même  efpèce  que  l'au- 
tre, pour  prévenir  la  traétion  qu'il  ne  pourroitmin- 
quer  d'y  avoir  autrement.  Ainfi , 

d'ib+  a  a  -f  a  b —  ca—  cb  [a  —  c. 
aa'f  a  b 

o         o  —  ca  —  cb 
—  ca  —  cb 


Qu'il  y  ait  dans  la  divijîon  la  mêrrie  raifon  que 
dans  la  multiplication,  pour  que  les  fignes  pareils 
donnent  un  quotient  pofitit ,  &  que  les  fignes  dit- 
férens  en  donnent  un  négatif- ,  cela  eft  clair  par  la 
nature  de  la  divi/ton  ,  qui  eft  la  réfolution  d'un  tout 
en  fes  parties.  C'eft  pourquoi ,  pglfque  chaque  di- 
vidende n'eft  autre  cnufe  que  le  produit  du  divifeur 
&  du  quotient  multipliés  l'un  par  l'autre ,  le  quo- 


D  I  V  \  ^y 

tient  doit  avoir  les  fignes  qui  peuvent  produire  le 
dividende.  Si  le  dividende  doit  être  divilc  par  une 
quantité  qui  ait  im  figne  femblable  à  celui  qu'il  a» 
le  quodent  doit  être  pofitif  ;  mais,  fi  le  dividende  fe 
diviie  par  une  quantité  qui  ait  un  figne  différent  de 
celui  du  dividende  j  le  quotient  fera  négatif.  En  un 
mot ,  une  règle  générale  pour  ks  diyi/ions  compo- 
fées  de  l'Algèbre,  eft  de  mettre  toujours,  dans  le 
quotient,  des  lettres,  lefquelles,  quand  elles  multi- 
plieront le  divifeur,  produiront  le  dividende  ;  par- 
ce que  le  dividende  eft  toujours  un  rectangle,  clone 
les  côtés  font  le  divifeur  &:  le  quotient. 

Exemple  d'une  divijîon  Algébrique  cùmpofée. 

11-16  )i^--  8^4-ii4n-  -^4  (  T4 1  S?? 1 41^^  - 1 <?C4 
8-4  - 1  i4V^ 

4H-64 
4ÏT--64 


jCJDivisioN,en  termes  deGuerre,fe  dit  des  différentes 
parties  dans  lefquelles  une  armée  ou  un  corps  da 
troupes  eft  pattagé ,  foit  pour  le  mettre  en  ordre  dé 
bataille  ,  foit  pour  le  taire  camper  &  marcher. 
Parcitio  ,  distributio,  La  division  delà  droite  ,  la  di- 
vision de  la  gauche  ,  la  division  du  centre.  Les  Gfli- 
ciers  Généraux  ont  chacun  leur  pofte  fixe  à  quel- 
qu'une des  divisions.  Ces  divisions  font  des  batail- 
lons ,  les  efcadrons  &  les  brigades  de  Cavalerie  S£. 
d  Infanterie. 

§C?  Division  ,  fe  dit  aufti  des  parties  diftinétes  d'uri 
bataillon  qui  défile  ,  foit  par  d.;mi-rang  ,  foit  par 
quart  de  rang.  Le  pofte  des  Otliciers  fubalternes  eft 
dans  les  divisions. 

Division  ,  en  termes  de  Maririe  ,  eft  la  troifième  par- 
tie d'une  armée  navale  ,  ou  d'une  de  fes  Efcadres* 
C'eft  aulîi  une  certaine  quantité  de  vailfeaux  d'une 
armée  naVale  j  qui  font  fous  le  commàndemehc 
d'un  Officier  Général.  Faire  les  divisions  ,  ordonner 
les  divisions  d'un  armée  navale.  Commandant  d'une 
division ,  eft  le  premier  Officier  d'une  division  ,  Sc 
qui  la  commande.  Les  batailles  navales  fe  rangent 
d'ordinaire  en  trois  lignes,  fuivant  leurs  trois  di~ 
visions. 

Division  J  en  ternies  de  Mufique,  fe  dit  de  l'Odave  , 
que  la  quinte  &  la  quarte  mefurent  néceftairemenc 
toute  entière  ,  mais  diverfement.  Quand  on  diviie 
l'octave  tellement  que  la  quinte  toit  deflous,  &: 
ferve  de  bafe  à  la  ouarre  ,  cette  dnision  s'appelle  har^ 
monique  :  quand  la  quartâ  eft  deftbus  ,  cette  divi^ 
sion  s'appelle  authentique. 

Division,  entérines  d  Imprimerie  ,  eft  une  petite 
ligne  ou  tiret  qui  fcnil  les  mots  au  bout  des  lignes* 
Lincola  verba  aiia  ab  aliis  dividéns.  On  le  dit  auilî 
de  ces  mêmes  tirets  qu'on  met  entre  deux  mots  qui 
ont  delà  liaifon,  &  qui  doivent  fe  prononcer  en- 
femble.  Comme  croyez-vous  cela  ?  Fous  l'a-t-d  die 
lui-même  ? 

Ce?  Division  3  en  Jutifprudence,  fignifie  en  général 
le  partage  d'une  chofe  commune  entre  plulieurs  per- 
fonnes  j  entre  co-héritiers  ,  co  propriétaires ,  aifo- 
ciés  ,  &c. 

et?  On  dit  fans  division  ni  dijcujfion ,  pour  dire 
folid.iirement  l'un  pour  l'autre  ,  un  feul  pour  le 

On  dit,  au  Palais ,  ceux  qui  s'obligent  folidaire- 
ment  renoncent  au  bénéfice  de  division  Se  de  dif- 
culfion  ,  pout  dire,  qu'ils  veulent  bien  foutïrir  la 
contrainte  ,  comme  fi  leurs  biens  n'étoient  point 
divifés  de  ceux  qu'ils  cautionnent.  Parcicio  j  discrl-- 
butio. 
Division  ,  fignifie  figuréinent,  méfintelliaence  ,  dc- 
funion.  Diffsndo  j  dijjldium.  Il  y  a  de  la  division 
d.ins  cette  fimille  ,  dans  cette  compagnie  ,  dans  cet 
Etat.  L'Iliade  nous  repréfente  tous  les  maux  que  U 
division  des  chefs  caufe  dans  un  parti.  M".  DacihiI. 


398  DIV 

Division  ,  fe  dit  en  Littérature  de  la  diftribution  j  du 
partage  qu'on  fait  d'un  ouvrage ,  d'un  dikours  en 
plufieurs  parties.  Divisio  ,  distribudo.  La  division  que 
fait  un  Orateur  de  fon  Difcours  en  plufieurs  points 
fert  à  le  faire  entendre,  &  à  le  mieux  retenir.  C'elt 
un  égal  défaut  de  ne  faire  pas  allez ,  &  de  faire  trop 
de  divisions.  L'un  n'éclaire  pas  alïèz  Telprit,  &  l'au- 
tre le  dilîipe  trop  ,  &  le  fait  retomber  dans  la  con- 
fufion  qu'il  prétendoit  éviter.  Port-R.  La  division 
d'un  Pocme  Dramatique  fe  fait  ordinairement  en 
cinq  Actes.  Les  anciens  Auteurs  ne  faifoient  point 
leurs  livres  par  divisions  de  Chapitres,  d'Articles  ou 
de  Serions.  L'antiquité  ignoroit  la  gêne  d'une  divi- 
sion. Les  Cartes  de  Sanlon  font  comniodes ,  parce 
qu'elles  portent  les  divisions  des  Provinces  en  Evê- 
chés,  Gouvernemens  ,  Généralités  ,&c. 

Division j  en  termes  d'Eglife.  Les  Chanoine(îes  de 
Remiremont  font  une  fête  qu'elles  no^nment  la  Di- 
vision des  Apôtres  ,  lorfqu'ils  fe  féparèrent  pour  fe 
difperfer  en  différentes  parties  du  monde  ,  afin  d'y 
prêcher  l'Evangile.  Apostolorum  Divisio.  Charles  I , 
Duc  de  Lorraine,  reconnut  qu'il  étoit  tenu  tous  les 
ans  de  porter  en  la  proceiîîon  lolennelle  ,  le  jour 
de  h  Division  des  Apôtres,  les  corps  faints  de  l'Eglife 
de  Remiremont.  P.  Helyot,  T.  Kl.  C.  5 1. 

DIVORCE,  f.  m.  Pv.upture  du  lien  ,  dllfolution  entière 
du  mariage.  Divortium.  Le  Divorce  chez  les  Ro- 
mains étoit  la  féparation  des  conjoints  faite  félon 
les  lois,  enforte  qu'il  leur  éroit  enfuite  permis  ré- 
ciproquement de  fe  marier  avec  une  autre  perfonne: 
mais,  le  mariage  étant  confidéré  comme  Sacrement, 
il  ne  peut  point  être  dilTous  parmi  nous  ,  dès  qu'il  eft 
légitimement  contradé. 

Ainfi,  Divorce,  parmi  nous ,  ne  fignifie  point  la 
rupture  du  lien,  &  la  dillt:)lution  entière  du  maria- 
ge ,  mais  feulement  la  féparation  de  biens  &  d'ha- 
bitation entre  un  mari  &  une  femme  ,  qui  ne  donne 
pas  atteinte  au  lien  du  mariage  ,  enforte  qu'il  n'eft 
permis  à  aucun  des  conjoints  de  palier  à  un  autre 
mariage  ,  du  vivant  de  l'autre  conjoint. 

Le  divorce  étoit  permis  chez  les  Payens  ;  il  étoit 
même  en  ufage  chez  les  Juifs  ,  à  caufe  de  la  dureté 
de  leur  cœur.  L'indilfolubilité  eft  de  l'effèncedu  ma- 
riage. Il  n'y  a  de  différence  à  cet  égard ,  de  l'ancienne 
Loi  à  la  nouvelle,  qu'en  ce  qu'il  étoit  cérémonie 
dans  l'ancienne  ,  &  qu'il  eft  Sacrement  dans  la  nou- 
velle. A  Rome,  la  ftérilité ,  la  vieillelfe,  la  maladie, 
la  fureur ,  le  bannilTemcnt  3  étoient  les  caufes  ordi- 
naires du  divorce.  Carvilius  fut  le  premier  qui ,  cinq 
ou  ou  (\^  cens  ans  après  la  fondation  de  Rome  ,  ré- 
pudia fa  femme  ,  parce  qu'elle  étoit  ftérile.  Juftinien 
ajouta  l'impuilTànce  ,  le  vœu  de  chafteté ,  &  la  pro- 
feiîion  de  la  vie  Religieufe  ,  comme  des  raifons  va- 
lables pour  le  c/ivorce.  Parmi  les  Juifs,  la  laideur, 
la  vieillefle  ou  la  méchante  humeur  d'une  femme 
fulTifoient  pour  lui  donner  la  lettre  du  divorce.  La 
volonté  même  ou  le  repentir  étoient  de  bonnes 
raifons. 

Trop  heureux  !  si  bientôt  Li  faveur  d'un  divorce 
Mefoulageoit  d'un  joug  qu'on  mimpofa  par  Jorce. 

Racine. 

Quelques-uns  ont  dit  que  J.  C.  a  permis  le  divorce 
pour  la  feule  caufe  d'adultère.  Mais  ils  conviennent 
que  le  Concile  de  Trente  l'a  défendu  quant  au  lien 
du  mariage  ,  pour  quelque  caufe  que  ce  foit  :  cette 
opinion  eft  fauffe ,  quant  à  fa  première  partie.  Dans 
le  nouveau  Teftament  le  divorce  n'eft  point  permis 
pour  caufe  d'adultère  ,  mais  feulement  la  féparation 
Voyez  S.  Matth.  XIX.  9.  S.  Marc  X.  11.  S.  Paul  1. 
Cor.  X.  39  ;  le  Concile  de  Trente",  SeflT.  XXIV.  Can. 
7  ;  le  Concile  de  Florence  a  la  fin  ,  après  les  Quef- 
tions  propofées  aux  Grecs ,  TertuUien  ,  de  Mono- 
pam.d.  9  &  10.  S.  Auguftin  ,  L.  de  Bono  Conjug.  C. 
1 5  &  L.  IL  De  Aduk.  Conjug.  C.  1 3 ,  &  ce  que  nous 
avons  dit  au  mot  Adultère.  Le  Pape  S.  Innocent  I , 
dans  lii  Decrétale  à  Exupère  ,  déclare  adultères  ceux 
qui,  après  le  divorce  ,  contradent  un  nouveau  ma- 


DIV 

riage  j  5c  les  perfonnes  qu'ils  époufent.  C'eft  que  les 
■  divorces  étoient  permis  par  les  Lois  Romaines.  On 
excepte  le  mariage  entre  deux  Payens  ,  lequel  peut 
être  dKFous  après  la  converfion  de  l'une  des  parties. 
C'eft  la  doôlrine  de  Saint  Paul  ,  i.  Cor.  VII.  1 5  d'In- 
nocent III.  L.  IV.  Décréta/,  de  Divort.  C.  Quanto  ,  & 
C.  Gaudemus  j  du  Concile  IV^  de  Tolède  ,  Can.  61  , 
&c.,En  ce  cas-là  même  néanmoins  ,  1°  ,  le  mariage 
n'eft  pas  dilLous  par  la  converfion  de  l'une  des  par- 
ties :  elles  peuvent  encore,  demeurer  enfemble  ^  elles 
le  doivent  même  quelquefois.  Il  n'eft  pas  même  dif- 
fous  par  la  féparation  de  la  partie  infidelle  ;  car  fi 
elle  change ,  elle  eft  obligée  de  reprendre  fa  pre- 
mière femme  ,  ainli  que  le  décide  Innocent  III.  C. 
Gaudemus.  Mais  le  mariage  eft  difTous  par  un  fécond 
mariage  de  la  partie  convertie  à  la  foi  avec  une 
autre  perfonne.   t°.  Quoique  la  partie  convertie  à  la 
foi ,  dès  lors  qu'elle  eft  convertie,  puilfe  validement 
fe  féparer  &  contrader  un     autre  mariage,  parcs 
que  la  Loi  Chrétienne  lui  donne  ce  droit,  &  que 
félon  la  juftice  elle  ne  doit  plus  rien  à  l'infidelle  ,  ce- 
pendant la  charité  lui  détend  fouvent  le  divorce  Se  la 
iéparation  ;  par  exemple  ,  fi  l'infidelle  confent  de  de- 
meurer avec  elle  ,  &  ne  la  molefte  point  fur  fa  reli- 
gion ;  que  fa  foi  ne  foit  point  en  danger  ;  s'il  y  a 
quelque  efpérance  de  convertir  l'infidelle,  de  gagner 
les  enfans  ;  h  fa  féparation  doit  caufer  du  fcandalc 
aux  Gentils,  &  rendre  la  Religion  Chrétienne odieu- 
fe  ,   &c.  Voyez  SaintPaul,  i.  Cor.  Vil.  15,  14.S. 
Aug.  L.  I.  de  Adult.  Conjug.  ad  Pollent.  Le  IV^  Con- 
cile de  Tolède ,  au  Can.  6 1  que  j'ai  cité  ,   femble  dé- 
cider qu'au  moins  dans  les  pays  où  la  Religion  Chré- 
tienne eft  la  dominante,  il  faut  avertir  la  partie  infi- 
delle de  fe  faire  Chrétienne  ^  que  fi ,  après  cet  avertif- 
fement,  elle  nepe  veut  point,  il  faut  dilToudre  le  ma- 
riage. Milton  a  fait  un  traité  de  la  doctrine  &  de  la 
difcipline  du  divorce ,  où  il   foutient  que  le  divorce 
doit  être  permis  pour  la  feule  incompatibilité  d'hu- 
meurs. On  dit  qu'il  avoir  pratiqué  fa  propre  doc- 
trine. 
Divorce,  fe  dit  auflî  d'une  féparation  de  corps  &  de 
biens  du  mari  d'avec  la  femme  ,  le  lien  du  mariage 
fubfirtanc  toujours.  Ces  gens  mariés  n'ont  pu  s'accor- 
der ,  ils  ont  fait  divorce  ,  &  ils  vivent  à  parr.  Il  fedit 
auffi  des  fimples  dilfenfions  j  qui  nailfent  dans  le  ma- 
riage. Ce  mari  &  certe  femme  font  toujours  en  di- 
vorce ;  il  y  a  toujours  quelque  brouillerie  entr'eux. 
Divorce  ,  fe  dit  même  quelquefois  pour  fignifier  les 
diftenfions  qui  liai ffent  entre  les  amis.  Cer  homme 
eft  d'une* étrange  humeur,  il  faut  flaire  ^ivor<;e  avec 
lui  malgré  qu'on  en  ait.  Corneille  a  heureufement 
employé  ce  mot  dans  les  Horaces  : 

Ils  ont  ajffèi  long-tems  jour  de  nos  divorces. 

Ce  terme  ,  dit  Voltaire ,  s'il  ne  fignifioit  que  des  que- 
relles ,  feroit  impropre  ;  mais  il  dénote  les  querelles 
de  deux  peuples  unis  ;  par-là  il  eft  jufte ,  nouveau  ôc 
excellent. 

Divorce,  feditfigurément,  en  nrorale,  de  l'abandonne- 
ment  qui  fe  fait  de  toutes  les  chofes  auxquelles  on  étoit 
fort  attaché,  de  la  féparation  volontaire  d'avec  toutes 
ces  chofes.  Il  faut  (ant  divorce  avec  le  vice,  avec  les 
mauvaifes  compagnies  j  &  même  avec  les  plaifirs , 
quand  on  veut  fonger  férieufement  à  fon  falut.  Faire 
un  divorce  éternel  avec  le  monde.  P.  Chemin.  On  dit 
aullî  que  les  Hérériques  &  Schifmatiques  ont  fait  di- 
vorce avec  l'Eglife  ;  &  d'un  homme  qu'on  veut  taxer 
de  folie,  qu'il  a  fait  divorce  avec  la  raifon  ,  le  bon 
fens.  Pourquoi  mettre  le  divorce  entre  l'efprit  &  les 
fens .''  S.  EvR.  c'eft-à-dire ,  pourquoi  féparer  ,  pour- 
quoi divifer  des  chofes  qui  devroient  être  auflî  étroi- 
tement  unies  que  l'efprit  &  les  fens  ? 

DIURÉTIQUE  ,  adj.  de  t.  g.  Terme  de  Médecine.  Re- 
mède qui  provoque  Wmne.  Me  dicœmentum  urinam 
provocans.  Diureticus ,  a ,  um.  Les  remèdes  diurétiques 
8c  apéritifs  fon«|eux  qui  animant  les  urines  les  pouf- 
fent vers  les  reins ,  &  qui ,  par  leurs  particules  incifi- 
ves  &  piquantes,  peuvent  s'ouvrir  un  chemin  pour 


D  lU 

sV'vader.  DrOMis.  On  diftingue  les  Diurétiques  en 
chauds  &c  en  troids.  Les  chauds  fonc  ceux  qui  pac 
leurs  parties  falines,  tanthxes  que  volatiles,  animant 
le  reirott  des  libres,  augmentent  le  mouvement  du 
fang  ,  l'atténuent  ,  le  tondent  6;  bnlent  les  parties 
i'ulFureures  qui  lioient  &c  embarralFoierit  fa  (érolité. 
Les  dmrcùques  froids  font  ceux  c]ui  relâchent  les 
libres,  lubrifient  les  voies  de  l'utine  ,  aaouciilent  l'a- 
crimonie des  humeurs  ,  les  délaient,  les  rairaichif- 
fent,  &  augmentent  parleurs  parties  aqueiiles  la  fé- 
roliié  du  fang. 

Le  vin  blanc  pris  le  matin  eft  fort  diurétique ,  il 
coule  aifément.  Les  raihns  font  diurctiqucs  ,  ils 
donnent  de  l'appétit  ,  nourriflent  beaucoup ,  &c. 
LÉMERY.  Ce  mot  eft  fouvent  employé  comme  fubl- 
tantii  mafculin.  'Voilà  un  bon  diurétique.  Cet  homme 
fait  ufage  des  diurétiques. 

Diurétique  eft  un  mot  Gisc/'k^itix-os urinam  ciendi  vim 
kavens ,  qui  a  la  propriété  d'exciter  l'urine  \  du  verbe 
offoî ,  j'urine  beaucoup  j  tiré  èinna  ,  d'urine. 

DIU£<IsIAIRE,  f.  m.  Otïicier  des  Empereurs  Grecs  qui 
écrivoir  dans  un  livre  ou  mémoire  ce  que  le  Prince 
faifoit,  régloit  ou  ordonnoit  jour  par  jour.  Diunu- 
rius.  'Voyez  la  huitième  loi  du  Code  Theodohen ,  De 
Cohort. 

DIURNAL.  f.  m.  Livre  d'Eglife  qui  contient  l'Office  di- 
vin qui  fe  récite  chaque  jour^  c'eft-à-dire,  les  petites 
Heures  ,  Vêpres  &  Compiles.  JJiurnarum  preaan  Li- 
hellus.  Un  Eccléfiaftique  porte  d'ordinaire  un  Diur- 
nal  dans  f;i  poche. 

DIURNE,  adj.  m.  &  f.  Terme  d'Aftronomie.  Qui  ap- 
partient au  jour.  Dlurnus.  Le  mouvement  t/«r«£  du 
foleil ,  c'eft  celui  que  le  foleil  ou  les  afties  font  en  24 
heures. 

L'uïC  diurne  :  c'eft  l'efpace  que  parcourent  le  foleil, 
la  lune  ou  les  étoiles  depuis  leur  lever  jiilqu'à  leur 
coucher.  Arcjemi-diurne  eft  la  moitié  de  l'arc  diurne. 
Semi-  Jiurnus. 

fCTLe  mouvement  diurne  de  la  terre  eft  fa  rotation 
autour  de  fon  axe,  ce  qui  forme  le  jour  naturel. 
V.oyè\  Jour  &  Journalier. 

En  Aftrologie  ,  on  appelle  les  Planètes  diurnes  ou 

noctur:i£s j  félon  qu'elles  font  puilLmtes  dans  leurs 

■qu.\lités  aîlives  ou  paftives.  Les  qualités  adbves  iont 

'  lec'haLiu  &  le  froid  ^   les  pallîvesj  l'humidité  &  la 
féchereire.  Ainh  Jupiter  qui  eft  plus  chaud  qu'humi 
de,  &  Saturne  qui  eft  plus  froid  que  fec  ,  font  appe- 
lés Planètes  diurnes.  Au  contraire.  Mars  plus  fec  que 

_  chaud,  la  lune  plus  humide  que  froide,  font  des 
Planètes  nocturnes.  On  dit  la  même  chofe  des  lignes 
entiers, qui,  eu  égard  à  de  femblables  qualités,  (ont 
appelés  diurnes  de  nocturnes. 

DIUS.  f.  m.  Nom  d'un  mois  de  l'année  chez  les  Grecs. 
Dius  j  ê'ii!.  C'étoit  le  premier  de  l'année  chez  les 
Macédoniens  6:  les  Grecs  de  l'Afie  mineure,  à  Ephè 
fe  ,  à  Pergame,  à  Tyr ,  à  Sinon,  en  Lycie:  le  fécond 
chez  les  Macédoniens  de  Syrie  ,  à  Antioche,  à  Gaze, 
à  SraymCj  chez  les  Arabes ,  &  autres  peuples  d'Alie. 
Chez  les  premiers  ,  il  vcpondoit  au  mois  d'Oélobre  , 
&  chez  les  féconds  à  Noveml^re;  cliiz  les  Tyriens  à 
Décembre  ;  chez  les  Lyciens  -^  les  Sidoniens  à  Jan- 
vier. Chez  les  Bithyniens  au  con.rairejc'éroit  le  (ixié- 
me  de  l'année ,  &  il  répondoit  au  mois  de  Mars.  Fa- 
bricii  Menol.  p.  41 ,  44  ,  46  ,  47  ,  '' i. 

DI'V^UE.  f.  f.  &  nom  propre  de  femme.  De/rota.  En 
l'île  de  Corfe  Sainte  Divue  j  dont  le  corps  eft  honoré 
à  Monaco joii  elle  eft  tutélaire.CiiAsr.  17  janv.  Elle 
eft  nommée  Z^eivow ,  &  non  Z>ci'oAî,  en  l'ancien  ma 
nufcrlt  de  fa  viegardc  .à  Saint  Po  nsde  Nicej  où  on 
Ta  fait  native  de  Corfe.  Et  c'eft  ainlî  que  la  nomme 
Vincent  Datalis  en  fa  Chronique  de  Lérins,  où  il  don- 
ne cette  vie.  A  Monico,où  eft  fon  corps, elle  eft  ho- 
norée comme  Vierge  &:  Martyre,  fqus  le  nom  corrom- 
pu de  ZJcTorj,  duquel  M.  de  Tillemont  J  en  fi  perlc- 
cmion  de  Dioclétien  ,  a  fait  celui  de  Dévote ,  ne  fa- 
chant  pas  qu'on  l'appeloir  Sainte  Divue.  Chastel  , 

P-  47I. 
DIVULGATION,  f.  f.  Pùhlicanon  ,  aétion  de  divul- 
gU2rjt)aétat  de  la  chofe  divulguée.  Premulgatio. 


D I V     DIX 


399 


Il  ne  faut  pas  que  la  défiance  d'un  ami  s'étende  au- 
deià  des  chofes  dont  la  divulgation  pourroK  nous 
perdre.  M.  le  Noble  ,  Ecole  au  Monde. 

DIVULGUER.  V.  a.  Publier  une  chofe,  la  découvrir 
à  tout  le  monde,  la  rendre  publique.  JUivulgare  y 
pervulgare.  Le  fecret  de  cette  aliaire  eft  m.aintenanc 
divulgué.  Aioliere  du  ,  des  Galans  de  Cour ,  qu'ils 
n'ont  point  de  faveurs  qu  ils  n'aillent  divulguer. 
Divulguer  une  nouvelle. 

Divulgué  ,  ée.  part.  Divuls^-tus  y  pervulgatus. 

DIVULSION.  f.  f.  DivulJio.TeimQ  de  Chirurgie. C'eft 
une  léparation ,  caulée  par  une  tenlion  violente.  On 
dit  divuifion  en  parlant  des  membranes,  des  fibres , 
&:c.  du  corps.  La  douleur  ne  manque  pas  d'être 
très-vive ,  à  raifon  de  la  tenlion  des  membranes 
nerveufes, auxquelles  on  taule  des  divulfions.  DioNis. 

DIWOHART.  Nom  d'une  coivée  due  aux  Seigneurs 
par  les  vaifaux  ,  &  en  ufage  en  Bretagne  ,  coni'ne 
il  paroît  par  un  ancien  titre  de  S.  Méen  ,  dont  on 
a  donné  l'extrait  dans  le  II  Tome  de  \ Hifi.  de  Bre- 
tagne ^  p.  Z4,  lans  expliquer  ce  que  c'étoit,  ni  en 
quoi  cette  corvée  conliftoic  Ce  titre  s'appelle  en  La- 
tin Opus  Diwohurt. 

D  I   X. 

DIX.  adj.  Terme  d'Arithmétique.  C'eft  le  premier  nom- 
bre qui  s'écrit  avec  deux  caraâères,  une  unité  &  un 
zéro  ;  ik  il  ajoute  une  unité  au  nombre  de  neuf.  De- 
ce.72.  Quand  d'iiA-  n'eft  p.is  fuivi  de  fon  fubft.mtif  j  &: 
dans  di.K  fépt ,  l'.v  fe  prononce  comme  une^:  quand 
le  lubftantif ,  dont  il  eft  fuivi,  commence  par  une 
voyelle  ou  par  une  h  non  afpirée  ,  &  dans  dix-neuf  y 
Vx  fe  prononce  comme  un  ^  :  &,  quand  d:x  eft  fuivi 
immédutement  d'un  lubftantif  qui  commence  pac 
une  confonne  ou  par  une  h  afpirée,  l'.v  ne  le  p  o- 
nonce  pas  du  tout.  La  Loi  de  Dieu  contient  dix 
Commandemens.  Les  Philofophes  admettent  dix 
Catégories.  Ils  ctoienr  rangés  dix -à.  dix.  Il  ne  fait 
ceuvie  de  fes  dix  doigts.  Il  prend  l'intérêt  à  dix 
pour  cent. 

Combien  depuis  dix  ans  de  Grimaux  dant  la  chaire ^ 
De  leurs  Jades  portraits  ont  fatigué  la  terre}  Vill. 

Dix  ,  fe  prend  auffi  fouvent  pour  un  fubftantif  en  ter- 
mes de  Jeu  de  Cartes  ,  &  fignihe  une  carte  m.ir- 
quée  de  dix  points.  Kumerus  der.arius.  Un  dix  de 
trèrie  ,  de  carreau.  Il  s'écrit  ainli  en  chilFres  Ro- 
main X. 

Dans  le  difcours  ordinaire  ,  il  fe  prend  pour 
Dixième.  Innocent  X  ,  Clément  X.  Le  aix  du  mois. 
Le  Confeil  des  Dix  ,  Decemviri  rerutT^ûpitatium 
copnitores  :  c'eft  à  Venife  un  Tribunaf^fouverain 
dans  les  affaires  criminelles  des  Nobles.  Le  Confeil 
des  Dix  eft  dune  étrange  févérité  ,  &:  fort  hai  de 
la  NoblelFe. 

Les  Dix  fages ,  Decemviri  bonorum  djîimatores. 
Ceux  qu'on  appelle  à  Venife  les  Dix  Sages  for- 
ment un  Collège  ,  ou  une  Compagnie  qui  prife  le 
bien  des  particuliers,  &c  y  met  la  taxe  dans  les  be- 
loms  extraordinaires  de  l'Etat-  P^oye:^  fur  le  Confeil 
des  Dix  ,  &  fur  les  Dix  Sages ,  \'H/ft.  du  Gouvern. 
de   Venife  ,  par  M.   Amelot  de  la  HoulEiye. 

Il  y  en  a  qui  dérivent  ce  mot  de  dix  de  «''"'=«:  il 
y  a  plus  d'apparence  qu'il  vient  rie  decem ,  &  que 
ce  mot  Latin  a  été  formé  de  ■^"'-«. 

niXAINE.  Foye:^  DIZAINE. 

DIXIÈME,  adj.   numéral  &  ordinal.   Decimus.   Pro- 
noncez Dr^iième.  Il  étuit  au   dixième  rangj  c'eft  à- 
dire  ,  il  y  avoir  neuf  rangs  devant  lui.  Et  le  dixiè-     ■ 
me  ciel  ne  tourne  que  pour  lui.  Boil. 

Il  eft  anlli  fubftantif,  &  lignifie  ,  la  dixième  par- 
tie d'un  tout.  Il  eft  héritier  pour  un  dixième.  Il  a 
un  dixième  dans  cette   affaire. 

On  appelle  dixième  denier  .^  en  Latin  Dcci-va  ,  un 
droit  que  le  Roi  prend  fur  les  mines  ,  minières 
&  métaux  ;  le  droit  que  prend  l'Amiral  fur  les 
naufrages  &   biens  vacans  de  mer ,  &:  fur  toutes 


^QO  DIX 

fortes  de  pdfes  faites  fur  les  Corfaires ,  ou  fus  les 
ennemis.  En  général  on  appelle  dixième  denier  j 
toutes  les  dixièmes  parties  des  revenus  ,  du  prix 
des  marchandifes  ,  ou  d'autres  chofes ,  qui  fe  lè- 
'vent  comme  impôt ,  ou  qui  fe  paient  comme  un 
droit.  Les  Babyloniens  &  les  Egyptiens  donnoient 
à  leurs  Rois  le  dixième  de  leurs  revenus.  Foye^ 
A  dftute  au  Livre  fécond  de  l'CSconomie  ^  &  Dio- 
dore  de  Sicile  au  Livre  cinquième  de  fa  Biblio- 
thèque ,  Strabon  au  Livre  quinzième  de  fa  Géo- 
graphie ,  à  l'égard  de  leurs  Rois  ;  &  dans  la  fuite 
les  'Romains  exigèrent  des  Siciliens  le  dixième  des 
■bleds  qu'ils  recueiUoienti  &  Appien  dit  que  ceux 
qui  défrichoient  des  terres ,  portoienc  au  trèior  pu- 
blic le  dixième  denier  des  revenus  de  ces  terres, 
les  Romains  ofFroient  à  leurs  Dieux  la  dixième 
partie  des  prifes  qu'ils  faifoient  fur  leurs  ennemis, 
doù  vient  le  nom  de  Jupiter  Pradator.  Les  Gau- 
Jois  donnoient  le  même  dixième  à  leur  Dieu  Mars, 
comme  on  voit  dans  les  Commentaires  de  Céfar. 
On  eft  en  peine  de  favoir  d'où  vient  cet  ufage, 
qu'on  trouve  établi  chez  tant  de  peuples  ditférens 
de  mœurs  &  de  Religion  ,  de  donner  le  dixième, 
ou  à  leurs  Rois  ,  ou  aux  Miniftres  facrés.  Grotius 
croit  que  cela  vient  de  ce  que  le  nombre  dix  eft 
le  plus  connu  &  le  plus  commun  parmi  toutes  les 
nations ,  à  caufe  du  nombre  des  doigts  qui  eft  de 
dix  5  que  c'eft  pour  la  même  raifon  que  les  Com- 
niandemens  de  Dieu  furent  réduits  à  dix  ,  afin  que 
les  hommes  les  putfent  retenir  plus  aifément  ,  Se 
que  les  Philofophes  ont  établi  dix  catégories  ,  &:c. 
Foye:i  Grotius  fur  le  Décalogue ,  p.  36  ,  col.  i. 

Dixième,  i.  f.  Terme  de  Mufique.  Intervalle  corn- 
pofc  d'une  huitième  &  d'une  troifième  majeure, 
ou  mineure  par-delfus.  On  l'appelle  zaiïï  troifième 
doublée. 

Dix-SEPT,  Dix-huit  &  Dix- neuf  ,  font  des  nom- 
bres compofés  de  la  dizaine ,  &  de  ces  trois  nom- 
bres. Deccm  &  feptcm ,  Decem  &  oclo  j  ou  duode- 
vigenti ,  Deccm  &  novem  ,  ou  undevigenti.  Cette 
compolition  leur  elt  particulière  ,  &  eft  en  ufage 
aufti  en  ces  autres  nombres  ,  ÇoixmiQ-&c-dix-Jept  ., 
{o\xamQ-&c-dix-kuit ,  {ohante- ôc-dix-neuf:  qiiatre- 
vingt-c/iA;-ye/7f ,  quatre-vingt-û'i.v-/^«ir  ,  quatre-vingt- 
dix-neuf.  On  dit  auffi  ,  dix-feptieme  ,  dix-huitième 
&  dix -neuvième.  Dccimus  feptimus  j  decimus  ocla- 
vus  J  decimus  nonus. 

Dix  septième,  f  f.  Terme  de  Mufique.  Intervalle 
qu'on  appelle  autrement  la  troifième  triplée  3  ou  la 
dixième   doublée. 

|Cr  Dix-septième.  Terme  de  jeu  de  piquet.  Sept 
cartes  de  fuite  j  &  de  la  mf  me  couleur  ,  depuis 
l'As  jufeu'auHuit  ,  ou  depuis   le    Roi   jufqu'au 

Dix-huit  ,  eft  audî  le  nom  qu'on  donne  à  un  oifeau 
aquatique,  à  caufe  qu'en  chantant  il  femble  qu'il 
dife  dix-huit.  C'eft  apparemment  pour  la  même 
raifon  que  les  Flamands  appellent  cet  oifeau  Kivit. 
Les  œufs  de  Kivit  ^  difent-ils  ^  font  cxcellens.  On 
l'appelle  autrement  vaneau.   Vûye\  ce  mot. 

Dix-huit,  f  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  en  ftyle 
bas  &  populaire  à  un  habit  retourné ,  à  caufe 
qu'il  eft  neuf  pour  la  féconde  fois^ ,  &  que  deux 
fois  neuf  font  dix-huit.  On  dit  aufiî,  dans  le  même 
ftyle,  de  ceux  qui  font  plus  propres  qu'à  l'ordinaire, 
qu'ils  font  fur  leur  dix-huit. 

DIX-HUITAINS.  f  m.  pi.  Nom  que  l'on  donne  par- 
ticulièrement en  Provence,  en  Languedoc,  &  e n 
Dauphiné,à  certains  draps  de  laine,  dont  la  chaî- 
ne eft  compofée  de  1 8  fois  cent  fils  ,  c'eft-à-dire , 
de  lïoo  fils  en  tout. 

Dix-HUiTiÈME.  f.  f.  Terme  de  Mufique.  Intervalle 
qui  s'appelle  aufli  la   quatrième  triplée. 

Dix-NEUviÈME.  f;  f.  Terme  de  Mufique.  Intervalle 
qui  eft  la  cinquième  triplée. 

DIXIÈME,  f.  m.  C'eft  fur  mer  une  augmentation 
que  fournit  le  Munitionnaire  des  vivres ,  d'une 
barrique  fur  dix  ,  pour  le  coulage  qui  pourroit  arri- 
ver pendant  la  campagne. 


DIX     D  IZ 

DÎXIÈMEMENT  ,  adv.  en  Dixième  lieu.  Decimo. 

DIXME  ou  DIME  de  fuite.  Voyei  DIME. 

DIXMER.         -)  fDÎMER. 

DIXMEIJR.       V/^oyq^DIMEUR. 

DIXMIER.        3  (DIMIER. 

DIXMUDE.  Les  Flamands  écrivent  Dixmuyde.Ve.m<s 
ville  des  i*iys-Bas,  Dixmuda.  Cette  ville  eft  dans 
la  Flandre  fur  l'Iperlée ,  à  trois  lieues  de  Nieiiport. 
Dixmude  s'eft  rendue  célèbre  par  plufieurs  fièges, 
principalement  en  1459,  contre  ceux  de  Bruges, 
&  en  1580,  contre  les  Gantois.  Voye^  du  refte  le 
Père  Boulfingaut ,  Foyage  des  Pays-Bas. 

D    I    Z      " 

DIZAHAB.  C'eft  un  nom  de  lieu  ,  félon  le  fentl- 
ment  de  plufieurs  interprètes  :  il  n'en  eft  parlé 
qu'une  feule  fois  dans  l'Ecriture,  Deut.  I.  i.  & 
c'eft  un  endroit  yoifin  de  celui  où  le  Peuple  d'Ifracl 
s'arrêta  avant  de  paifer  le  Jourdain,  &  où  Moife 
leur  répéta  la  Loi  j  &  leur  dit  tout  ce  qui  eft  com- 
pris dans  le  Deutcronome  j  avant  que  de  mourir. 
A  la  vérité  les  Septante  le  traduifent  par  îffaf'"*  , 
qui  femble  un  nom  appellatif  plutôt  qu'un  nom 
propre  ;  &  la  Vulgate  porte ,  ubi  auri  ejî  plurimùm  : 
mais  cela  n'empêche  point  que  ce  ne  fût  le  nom 
propre  de  ce  lieu  j  ainfi  nommé  de  n  ,  di  ,  fuffi- 
fance  ,  abondance  ,  &  ^fyy  ,  Zoab  ,  or  j  pour  mar- 
quer, comme  l'a  fort  bien  vu  l'Auteur  de  la  Vul- 
gate ,  qu'il  y  avoit  là  beaucoup  d'or ,  ou  cornm« 
parlent  les  Septante  ,  qu'il  y  avoit  des  mines  d'or  ; 
que  c  étoient  des  terres  d'or.  Les  autres  Interprètes, 
le  Samaritain,  le  .Syriaque,  l'Arabe,  n'ont  rien 
changé  en  ce  mot  ,  preuve  qu'ils  l'ont  pris  pour 
un  nom  propre.  Ce  lieu  étoit  à  l'orient  du  Jour- 
dain ,  proche  de  la  Terre  des  Moabites. 

DIZAIN,  f.  m.  (  Quelques-uns  écrivent  DIXAIN.  ) 
ce  qui  eft  compofé  du  nombre  de  dix.  Decem  ver- 
fus  J  Carmen  decem  verfuum.  Il  ne  fe  dit  guère  que 
d'un  couplet  d'une  Ode  ,  ou  de  Stances  de  dix  vers: 
comme  quatrain  de  quatre  vers.  Quatrain  eft  de- 
meuré ,  mais  dizain  ne  fe  dit  prefque  plus. 

Orejlpajfé  ce  temps  où  d'un  bon  moty 
Stance  j  ou  dizain  j  on  payait  fon  écot.  DfiS-H. 

Il  fe  dit  aulTi  d'un  chapelet  ,  compofc  de  dix 
grains.  Les  Chevaliers  du  Saint-Efprit  font  obliges 
de  dire  tous  les  jours  leur  di\ain. 
DIZAINE,  f  f.  Terme  d'Arithmétique.  Second  or- 
dre de  chiffres ,  qui  contient  autant  de  fois  dix 
que  le  fécond  chiffre  a  d'unités.  Decas.  Nombre  , 
dizaine,  centaine,  mille. 

On  dit,  en  difcours  commun  ,  une  dizaine  de  pif- 
toles ,  une  dizaine  de  chapelet  \  pour  dire  ,  dix 
piftoles ,  dix  grains  de  chapelet.  Decem  nummi  , 
decem  alobuli.  Dizaine  eft  un  total  de  chofes  ou  de 
perfonnes,  compolé  de  ^ix.  _ 
Dizaine,  fe  dit  auHî  d'une  certaine  divifion  des  ha- 
bitans  d'an  quartier  d'une  ville  ,  qui  ont  relation  à 
un  Chef,  qui  les  avertit  de  ce  qu'il  faut  faire  par  les 
ordres  de  la  ville.  Urbis  décima  pars.  M.  deGiry,dans 
fa  Traduàion  de  l'Apologétique  de  Tertuliien  ,  C  37. 
fe  fert  de  ce  mot  pour  lignifier  les  Décuries  du  peu- 
ple Roimin.  Notre  origine ,  dit-il,  eft  depuis  pet» 
de  jours  ,  &  déjà  nous  rempliflons  tout  ce  qui  re- 
connoît  votre  puiftance  ,  les  Villes  ,  les  Forterefles  , 
les  Ifles ,  les  Provinces ,  les  aftemblées  du  peuple ,  les 
Armées  même  ,  les  Quartiers  &  les  Dizaines àsKo- 
me  ,  le  Palais ,  le  Sénat  &  les  Places  publiques  :enfia 
nous  ne  vous  lailTons  que  les  temples.  Mais  M.  l'Ab- 
bé Valfoult ,  dans  fa  Tradudion  nouvelle  du  même 
Ouvrage  ,  met  décuries  \  ôc  c'eft  l'ufage.     ^    _     , 

Le  plus  grand  nombre  de  nos  Auteurs  ecrivoienr, 
il  n'y  a  pas  encore  long-temps  ,  dixaine ,  &  non  pas 
dizaine  ,  comme  M.  de  Giry,  que  l'on  vient  de  citer  ; 
aujourd'hui  même  dixaine  ne  feroit  pas  une  taute^: 
mais  il  faut  toujours  prononcer  diiainc  ,  ou  plutôt 
dizéne.  _.     .   .  _ 


DÎZ     DNî     DOA     DOE 

DIZAÎNIER  ,  ou  DIZÉNIEPv  ,  fuivant  l'Académie,  f. 
m.  elt  l'Officier  qui  ell  commis  pour  avoir  foin  d'a- 
veLiir  ceux  de  la  Dizaine  des  ordres  de  la  ville ,  qu'il 
faut  exécuter.  Prononcez  Dizénier  j  quelques-uns 
même  écrivent  ainfi ,  mais  rarement.  Dtcutio.  Il  y  a 
quatre  Di^ainUrs  fous  chaque  Cinquantenier,  du- 
quel ils  reçoivent  les  ordres.  L'obligation  des  Quar- 
teniers ,  Cuiquanteniers ,  D'r^amiers  &  Bourgeois  , 
eftjdès  qu'un  crime  a  été  commis  ,  Ik.  qu'il  ell  venu 
à  leur  connoilTànce ,  d'en  avertir  le  CommilEiire  du 
quartier,  &  de  fe  joindre  à  lui  j  s'il  eu  eft  belom  , 
pour  y  pourvoir.  De  la  Mare. 

DizAiNiER.  C'étoit  aufi.1  un  Officier  fubalterne  dans 
les  Armées  Romaines,  nommé  Decanus,  Voyez  DE- 
CAN.  _  •     ^    _ 

DizAiNiER,  en  Jurifprudence.  C'étoir  anciennement 
un  Juge  d'un  village  ou  d'un  bourg.  Nos  Rois,  après 
leur  conquête ,  récompensèrent,  des  Offices,  tous  les 
braves  de  la  Nation  ,  cjui  les  avoient  fervis  à  cette 
importante  &  glorieufe  entrepnfe.  Ils  diltribuèrent 
les  Primaties  ,  les  Duchés  &  les  Comtés  du  premier 
ordre ,  aux  Officiers  Généraux  de  leurs  armées  :  les 
Coin;é,>  du  fécond  ordre  turent  donnés  aux  Meftres 
de  Camp  &:  aux  Colonels  \  &  les  petites  villes  ,  les 
bourgs  &  les  villages  aux  Capitaines,  aux  Lieutenans 
&  aux  autres  ,  pour  en  jouir  autant  de  temps  qu'il 
plairoii  au  Roi,  &  aux  mêmes  titres  qu'en  avoient 
joui  les  Officiers  Romains  ,  &  fous  les  mêmes  con- 
ditions d'y  maintenir  la  police  &  le  bon  ordre,  &: 
d'yadminiftrerla  juftice.  Les  Officiers  généraux  ,  les 
Meftres  de  Camp  &  les  Colonels  acceptèrent  avec 
plaihr  les  grands  titres  de  Patrices,  de  Ducs,  de  Com- 
tes ,  attachés  à  leurs  nouveaux  emploisj  mais  les  Ca- 
pitaines &  les  autres  Officiers  fubilternesj  ne  trou- 
vant pas  allez  de  dignités  dans  les  titres  Romains  de 
Juges  Pédanées  ,  ou  de  Maîtres  des  villages  ,  Judlccs 
Pedanei,  Maglfiri  Pagorum  ,  ne  voulurent  point 
changer  leurs  anciens  noms  de  Centeniers  ,  Cinquan 
teniers  &c  Di^ainiers  ,  qu'ils  avoient  portés  dans  les 
armées.  Ils  ne  laissèrent  pas ,  fous  ces  noms  militai- 
res ,  de  tenir  leurs  audiences ,  8c  de  rendre  la  jullice 
dans  les  lieux  où  ils  furent  établis.  Ils  confervèrent 
aulli  toujours  la  fubordination  qu'ils  avoient  eue 
dans  leurs  premiers  emplois  ;  les  Centeniers  étant 
demeurés  fupérieurs  des  Cinquanteniers  j  Se  ceux-ci 
des  Di^ainiers.  De  la  Mare  ,  Tr.  de  la  Pol.  T.  I.  p. 
z6.  Quelques-uns  des  Cinquanteniers  &  Di^ainiers 
avoient  les  trois  degrés  de  haute  ,  moyenne  &  balfe 
juftice;  &  les  autres,  la  moyenne  &:  la  balTe  feule- 
ment. Id./7.  98. 

DIZEAU.  f.  m.  Terme  de  MoifTonneur.  Amas  de  dix 
gerbes  enfemble.  Frumentariorum  fafcium  dena- 
rius. On  lailTe  fur  le  champ  les  gerbes  par  di-^eaux  ou 
trézeaux,  jufqu'à  ce  qu'elles  foient  dîméesoucham- 
nartées. 

^Zt  Dizeau  ,  fe  dit  auffi  d'un  tas  de  dix  bottes  de 
foin. 

DIZIER.  Fove:^  Didier. 

§^  D-L A-RÉ.  Terme  de  Mufique,  par  lequel  on  dc- 
figne  le  ton  de u. Cet  air  eft  en  dla-ré. 

DNI. 

DNIEPER.  Fleuve,  c'eft  le  Borifihcne.  Voye-[  ce  mot. 

DOA. 

DOARO.  Ville  de  la  côte  d'AJan  en  Ethiopie. 
Doara. 

D  O  B. 

DOBASS.  Province  d'Abyffinie  en  Afrique.  Dohaffa. 
DOBELEN  ,DOBLEN  ,  ou  DOBLIN.  Ville  du  Duché 

de  Courlan  J:; ,  en  Pologne.  Doblinuin,  Dubluium.  Elle 

eft  dans  la  Semigalle. 
DOBER ,  Voyei  Dauber. 
DOBEREIN.   Petite    ville  ou   bourg  du  Duché   de 

Meckcibourg   en  Allemagne.  Doberanum.  Il  y  a  .à 

DohcTcin  un  Monaftère  qu'y  fonda  Pribillas,  dernier 
Tomi  ni. 


D  O  B     D  O  C  4ÛÎ 

Roi  j&  dernier  Duc  des  Hernies  ,  après  qu'il  y  eue 
été  converti  à  la  foi.  Il  y  fut  inhumé  ,  &  ion  y  voie 
enco'.e  ion  tombeau  ,  &c  ceux  de  piuiieurs  Ducs  de 
Meckelbourg  j  fes  fuccelîeurs. 

DOBLAC.  Petite  Ville  du  Comté  de  Tirol ,  en  Alle- 
magne. 

DOBLEN  ,  ou  DOBLIN.  Foyer^  Dobelen. 

DORBONICH.  Foyer^  Raguse. 

DOBROSLAU.  Ville  d'Allemagne  ,  dans  la  Bo- 
hême. 

DOBRUCE,  ou  DOBRUCCIE.  Contrée  de  la  Bulga- 
rie.£>i.>/;rii/;'tf,Z)oim,7t:.  La  Dohruce  eit  la  partie  orien-" 
tnlo  i.'e  la  Bulgarie  ,  qui  e(l  occupée  par  des  Tartares, 
iv.>mmés  Tartares  de  Dobruce  par  les  Géographes.  M, 
Corneille,  après  Davity  ,  dit  Dobruccie. 

D0BB.Z1N.  Ville  de  la  Mazovie  en  Pologne.  Dobrl- 
nuiTi  j  Dobriciu!7i  ,  Dobri-i^uium.  Elle  eft  capitale 
d'une  contrée  qui  porte  Ion  nom.  Dohiivn  eft  htué 
fur  m  rocher  au  bord  de  la  Viftule,  entre  Ploczko 
&  Uladiilav/.  Long.  37.  d.  35'.  lat.  51.  d.  3S'. 

DoBRZîN.  Territoire  ,  contrée  de  Dobr^in.  Dobrlnenfis 
agcr  ^  ou  aaclus ,  pagus.  Pays  de  la  Mafovie  en  Polo- 
gncjdonc  la  ville  de  Dobr\in  eft  capitale.  Le  Dobr^in 
eft  enrre  la  Prutfe  ,  la  Cujavie,  &  le  Palatinat  de 
Ploczko  j  dans  lequel  piuiieurs  Géographes  le  ren- 
ferment. Il  eft  divifé  en  trois  Châtellenies ,  qui  pren- 
nent les  noms  des  trois  villes  qui  en  font  les  princi- 
paux lieux  \  Dobr^in ,  Ripina  6c  Libna. 

DOC. 

DOCETES  :,  ou  pOCiTES.  Nom  d'anciens  Héréti- 
ques qui  ont  été  ainli  appelés,  parce  qu'ils  croyoienc 
.que  Jesus-Christ  ne  s'étoit  pas  véritablement  in- 
carné j  mais  que  fon  Incarnation  n'étoit  fondée  que 
fur  l'opinion  qu'on  en  avoir  ;  car  c'eft  ce  que  lignihe 
en  Grec  le  mot  a<ix.>itui  ^  ou  Aty-iral  ^  comme  écrit 
Clément  Alexandrin.  Doceu.  Clément  d'Alexandrie 
&  Théodoret  ont  parlé  de  ces  anciens  Hérétiques  y 
dont  le  Chef  s'appeloit  Jules  Caffien  ,  comme  nous 
l'apprenons  de  Clément ,  qui  les  rélute  dans  fon  Li- 
vre m.  des  Stromates.  Foy.  auffi  Théodoret,  Divin, 
Décret.  L.  F.  Le  faux  Evangile  qui  portoit  le  nom 
de  S.  Pierre  étoit  fort  eftimé  parnîi  eux.  Foy.  Eufe- 
be .  Iliff.  Eccléf.  Liv.  VI.  Ch.  1 1.  Simon  le  Magicien 
a  été  le  Père  des  Hérétiques ,  que  l'on  nommoit  Do- 
cetes  ,o\x  Apparens  \  &  c'étoit  l'hérélie  commune  de 
tous  les  Gnoftiques.  AoKÇTff  vient  de  «^««a  ,  Fideor , 
ilmefemble,  il  me  paroît  ,  parcequ'ils  croyoient 
que  les  fouaVances  de  Jesus-Christ  n'avoient  été 
qu'apparentes. 

DOCH ,  ou  DOC.  Car  les  Septantes  l'écrivent  fans 
afpiration,  A<;x  ,  (.m.  Nom  d'un  fort  dont  il  eft 
parlé  au  premier  Livre  des  Machab,  XVI.  1 5.  C'eft- 
là  que  Ptolomée  ,  gendre  de  Simon  j  poufle  par  fon 
ambition,  trahit  Simon  le  Grand-Prètre  fon  beau- 
père  j  &  le  tua  avec  deux  de  fes  enlans  ,  Mathatias 
&  Judas,  dans  un  grand  repas  qu'il  leur  donna, 
Adrichomius,  place  ce  fort  dans  la  Tribu  d'Ephraim, 
&Ziegler  dansl'Acrabitene,  ou  l'Acrabatene  ,  pe- 
tite contrée  de  la  partie  méridionale  de  la  Tribu  de 
Juda,  proche  des  montagnes  de  l'Idumée.  Quelques- 
uns  l'appellent  Doech,  mais  mal.  Sanutus  la  nom- 
me Dos  ,  Dotus,  Liv.  III.  p.  14.  c.  j.  Doch,  A/« 
étoit  proche  de  Jérico.  Drufius  croit  que  c'eft  le 
château  que  Jofeph,  Andq.  Liv.  XIII.  C.  15.  ap- 
pelle Dagon.  k'mixDoc,  ou  Doch  ,ou  feroit  un  nom 
corrompu  de  Dagon,  &  la  même  choie  que  ce  Dieu 
des  Philirtins;  ou  ce  feroient  deux  différens  noms 
du  même  Dieu-  Mais  la  conjedure  n'eft  pas  fondée; 
car,  au  premier  Livre  des  Mach.ibées  XVI,  i  ^.  Doch 
eft  la  ville  ou  le  château  dans  lequel  Ptolomée  prit 
&  tua  Simon  ;  &  ,  dans  Jofeph  ,./>rf^'i/2  eft  le  lieu  où 
Jean  ,  furnommé  Hircan  ,  dernier  lîls  de  Simon  ,  fe 
retira ,  après  avoir  échappé  aux  pourfuites  &  aux  em- 
bûches cîe  Ptolomée.  /-!•/• 

DOCILE,  adj.  m.  &  f.  Quia  de  la  difpofition  à  fe  laif- 
fer  conduire  5c  gouverner.  Docilis.  Docile  comme 

E  e  e 


40  2. 


DOC 


un  jeune  Novice.  Cet  enfant  eft  fott  doàle.  Efpnt 
docile.  Humeur  docUe.  Naturel  docile. 

Veux-tu  prêcher?  Hé  bien  travaille  , fois  docile.  Vill. 

Docile,  fe  dit  aufli  des  animaux  ,  &  du  corps. 

Les  Courjlers  du  Soleil  a  fj.  voix  font  àocWss.  Boil. 

Il fcillut  qu  au  travail f on  corps  rendu  docile. 
Forçat  la  terre  avare  à  devenir  jertile.  Id. 

DOCILEMENT,  adv.  D'une  manière  docile.  Cum  do- 
cdiiate.  Ecouter  docilement. 

DOCILITE,  f.  f.  Difpolirion  à  fe  laiffer  conduire  & 
gouverner.  Doc;!itas.  La  docilité  de  l'eiprit  eft  nc- 
celfaire  à  un  Chrétien  ,  pour  être  inftruit  des  myftè- 
res.  Nous  difons  paryocvV/re  _,  que  nous  croyons  ce 
qu'on  nous  dit  avec  autorité  qu'il  but  croire.  S.  Evr. 
Eft-ce  pour  éprouver  ma  docilité^  que  vous  m'écri- 
vez comme  vous  faites  ?  Lett.  Port. 

^  D.OCIMASTIQUE  ou  DOCIMASIE.  f.  f.  Terme 
deChymie  &  de  Métallurgie.  L'art  d'elfayer  en  pe 
tit  les  mines ,  afin  de  connoitre  l'efpèce  &  la  pro- 
portion des  diflérentes  fubftances  dont  elles  lont 
compofées  ,  &  d'évaluer  par  le  produit  du  travail 
en  petit ,  les  produits  &  les  avantages  du  travail  en 
grand ,  c'ed- à  dire,  du  même  procédé  exécuté  lui 
une  grande  quantité  de  matière.  Elle  diffère  de  la 
Métallurgie  qui  s'occupe  du  travail  des  mines  en 
grand. 

DOCIMI.  Ville  ancienne  &  Epifcopale  de  la  Grande- 
Phrygie  ,  dans  l'Alie  mineure.  DocimAum ,  ou  félon 
Scaliger  Docinicum;  en  Grec  àaKi/^iitt.  Elle  étoit  pro- 
che des  fources  du  Sarabat  &  du  Sangari.  Strabon 
parle  d'un  bourg  de  ce  nom  ,  qu'il  metaulîi  en  Phry- 
gie  ,  &  près  duquel  étoient  les  carrières  de  la  pierre 
lynnatique  que  l'on  appeloit  Docimites  ,  Docimites, 
du  nom  du  Bourg  où  elle  fe  tiroir.  Docimi  n'eft:  au- 
jourd'hui qu'un  village  de  la  Natolie. 

DOCKUM.  Ville  des  Provinces -Unies  des  Pays-Bas 
fituee  dans  la  Frife.  Doceumum.  Cette  Ville  eft  pe- 
tite ,  mais  jolie ,  fituée  fur  la  rivière  d'Ee ,  Ea  ,  qui 
fe  décharge  peu  après  dans  la  mer  d'Allemagne.  Les 
plus  grands  vaifTeaux  peuvent  remonter  jufqu'à 
Dochum ^  qui  eft  le  liège  de  l'Amirauté  de  Fnfe. 
Dockum  battoit  autrefois  monnoie.  Ubbo  Emmius , 
qui  a  fair  une  defcription  &  une  hiftoire  abrégée  de 
Dockum  j  dit  que  la  première  mention  qu'il  .lit 
trouvée  de  cette  ville,  eft  du  milieu  du  huitième  fiè- 
cle.  Long.  13.  d.  18'.  lat.  5  3.d.  18'. 

BOCNA.  Bourg  de  l'Eplre  ,  qui  fut  autrefois  une  pe- 
tite ville  nommée  Elée.  Docna.  LLtus.  Il  eft  au  nord 
de  Burrinto,  ôc  au  levant  de  S.  Quaranti. 

DOCTE,  adj.  Quelquefois  employé  fubftantivement, 
qui  a  beaucoup  vu  &  lu  ,  qui  eft  verfé  dans  les  ma- 
tières d'érudition.  Doclus  ,  eruditus.  Ce  prédicateur 
eft  fort  docle.  Les  docles  ne  font  pas  d'un  tel  avis. 
Ayons  plus  de  foin  de  nous  rendre  intelligibles,  que 
de  paroître  doctes.  S.  EvR. 

çtT  Ces  motsd'iH??,  [avant  Se  habile  ,  ont  leur 
caraclère  propre.  Les  connoKf.mces  qui  fe  rcdui- 
fent  en  pratique,  xenàtni  habile.  On  dit  du  pré- 
dicateur &  de  l'Avocat ,  qu'ils  font  habiles.  Les  con- 
noilfances  qui  ne  demandent  que  de  la  fpéculation  , 
font  \q  [avant.  On  dit  du  Philofophe  &  du  Mathé- 
maticien ,  qu'ils  font  [avans.  Les  connoiirances  qui 
remplilTènt  la  mémoire,  font  l'homme  docle.  On  dit, 
de  l'Hiftorien  &  du  Jurifconfulte  qu'ils  font  docles. 
Nous  devenons  habiles  par  l'expérience  ,  [avans  par 
la  méditation  ,  docles  par  la  ledture.  Syn.  Fr. 

^3"  On  peut  encore  remarquer  o^z [avant  di.  une 
lignification  beaucoup  plus  étendue  que  le  mot  doc- 
te. Savant  fe  dit  des  chofes  &  des  perfonnes.  LTn 
favant  Géomètre  j  une  favante  difiertation.  Docle 
ne  fe  dit  guère  que  de'-'  perfonnes.  Je  crois  qu'on 
diroit  mal  une  docle  dilTerration  ,  un  livre  docle  , 
quoique  l'Académie  autorife  cette  locution  livre 
docle ,  qui  contient  beaucoup  de  dodrine. 


„  DOC 

DOClhMENT.  adv.  D'une  manière  doue.  Daciè  , 
eruuitè.  Il  a  écrit  doclement  fur  cette  queftion. 

DOCTEUR,  f.  m.  Qui  a  paifé  par  l'examen  ,  &  par 
tous  les  degrés  d'une  faculté,  &  qui  eft  promu  au 
plus  haut  degré  de  cette  faculté  dansuneUnivetlité. 
Doclor.  Docteur  en  Théologie.  Sacra  Iheclogia 
Doclor.  Docleur  en  droit  Civil  &  Canon.  Vtnuf- 
quc  Juris  Doclor.  Docteur  en  Médecine.  Dcctor  Me- 
dicus.  Docteur  d'une  telle  Maiion  ,  de  Sorbonne ,  de 
Navarre.  Docteur  Ubiquifte.  Docteur  Régent  eft  ua 
Profelfeur  qui  enfeigne  efteciivement.  Projcjjor. 
Docteur  Cathédratique  eft  la  même  chofe  en  Elpa- 
gne.  Foye^  Cathéuratique.  Pafquier  dit,  que  les 
Docteuis  Canonijles  furpallent  les  Jurifconfultes  en 
chicane  ,  &  en  fubtilité.  La  fcience  du  monde  vaut 
mieux  que  celle  des  Docteurs  ,  pour  la  conduite  de 
la  vie  civile.  A  peine  favez-vous  ce  que  les  ter- 
mes lignifient ,  &  cependant  vous  parlez  comme  un 
Docteur. 

Jamais  Dodteur  ,  armé  d'un  argument/rivale , 
Ne  s'enroua  chc^  eu.x  fur  les  bancs  de  l'Ecole.  Boil. 

LaiJJe-là  Saint  Thomas  s'accorder  avec  Scotj 

Et  conclus  avec  moi  qu'un  Do(5leur  nejlqu'unfot.lv. 

Lenne  de  Docleur  z  été  créé  vers  le  milieu  du  Xlle. 
fiècle^pourluccéder  à  celui  dei1-/<2'rrf, qui  étoit  devenu 
trop  commun.  On  attribue  rétablillement  des  dé- 
grés de  Doctorat  j  tels  que  nous  les  voyons  aujour- 
d'hui ,  à  Irnerius ,  qui  en  drelfa  lui  même  le  formu- 
laire. La  première  cérémonie  s'en  fit  à  Boulogne  j 
en  la  perfonne  de  Bulgarus ,  qui  commença  à.pro- 
feifer  le  Droit  Romain  ,  &  qui  fut  promu  folen- 
nellement  au  Doctorat.  Cette  coutume  palla  de  la 
Faculté  de  Droit  à  celle  de  Théologie,  &  l'Univer- 
fité  de  Paris  la  pratiqua  pour  la  première  fois  ,  en 
créant  Docteurs  en  Théologie ,  Pierre  Lombard  &C 
Gilbert  de  la  Portée  j  qui  étoient  les  principaux 
Théologiens  de  l'Univerfité  de  Paris  en  ce  temps- là. 
Spelman  ctoit  que  le  nom  de  Docteur  n'a  commen- 
cé à  fe  donner ,  qu'après  que  l'ouvrage  des  Sen- 
tences de  Pierre  Lombard  eut  été  publié  ,  vers  l'an 
1140.  car  alors,  dit-il,  on  appela  Z)ocre«rj  ,  ceux 
qui  expliquoient  cet  ouvrage  à  leurs  Ecoliers.  Quel- 
ques Auteurs  remontent  beaucoup  plus  haut ,  &  di- 
fent  que  Bede  a  été  le  premier  appelé  Docteur  à 
Cantorbery  _,  &  Jean  de  Beverlac  à  Oxford.  Ce  Jean 
mourut  en  711.  Spelman  rejette  ces  opinions  j  mais 
il  croit  qu'on  a  commencé  à  diftinguer  le  titre  de 
Docteur  ,  de  celui  de  Maître  dès  le  IXe  fiècle  ,  fous 
l'empire  de  Lothaire.  En  Angleterre ,  il  croit  que 
le  nom  de  Docteur  n'a  été  un  nom  de  titre  &  de 
degré  ,  que  fous  le  Roi  Jean  ,  vers  l'an  1207.  Voye^ 
le  Gloff.  Arch&ol.  de  cet  Auteur.  Bonnet  de  Doc- 
teur ^  Chaullede  Docteur.  Voye:^  Bonnet  &  Chaus- 
se. Donner  le  bonnet  de  Docteur  3.  quelq^ci' un  ,  à  un 
Licencié  ;  prendre  le  bonnet  de  Docteur,  recevoir  le 
bonnet  deDocteur  de  la  main  dequelqu'un  ,ou  fim- 
plemcntj  donner ,  prendre  ,  recevoir  le  bonner  j  c'efl 
donner, prendre,  ou  recevoir  la  qualité  dedocteur  avec 
les  cérémonies  accoutumées,  dont  l'une  eft  de  donner 
un  bonnet  catré  à  celui  que  l'on  conftitue  Docteur. 
Avoir  le  bonnet ,  ou  le  bonnet  de  Docteur  ,  c'efl: 
être  Docteur.  Ôter  le  bonnet,  ou  le  bonnet  de  Doc- 
teur à  quelqu'un  ,  c'eft  le  dégrader ,  &  lui  ôter  la 
dignité  &  le  rang  de  Docteur  qu'il  avoir. 
Docteur  de  la  Loi.  Titre  d'honneur  ou  de  dignité 
chez  les  Juifs.  Legifperitus.  Les  Juifs  ont  aullij  & 
ont  eu,  dès  avant  Jefus-Chrift  ,  le  titre  de  Docteurs 
en  ufage  parmi  eux.  Ils  en  donnoient ,  fi  j'ofe  aind 
parler ,  l'inveftiture  en  mettant  en  main  une  clef  & 
des  tablettes  :  &;  il  eft  des  Auteurs  qui  prétendent  que 
c'eft  ce  qncJ.C.indiquoit,quand,parlant  aux  Z)cjcre:^r5 
de  la  Loi ,  en  S.  Luc  XI.  5 1.  il  leur  difoit  ^  Malheur 
à  vous  ,  Doéfeurs  de  la  Loi  ,  parce  que  vous  ave^pris 
la  clef  de  la  fcience ,  que  vous  n'êtes  pas  entres  vous 
même  j  &  que  vous  ave^  empêché  d'entrer  ceux  qui  fe 
prefentoienc.  Ces  Docteurs  Juifs  font  ceux  qu'ils  ap- 


DOC 

pelknt  Rabbins,  ^^oye^  RABBIN.  Le  texte  Grec  de 
i».  Luc  appelle  No.«(xo(,  Se  la  Vulgate  Lcgljperid,  ceux 
que  nos  iiuerprèccs  François  nominenc  Docteurs  de 
la  Loi.  Car ,  ce  mtit  Legij'pcrius  ne  le  trouve  que 
dans  S.  Luc  &  dans  5.  Paul ,  Tu.  III.  i  j.  No.«(k«Vj  eft 
une  fois  dans  S.  Matchieu  XII.  55.  où  la  Vulgate  le 
traduit  Legis  Doaor  j  c'eft-à-dire ,  Docteur  de  \.\ 
Loi. 

Cette  clef  marquoic  que  les  Docteurs  dévoient  avoir 
la  fcience  renfermée  dans  leur  cœur ,  &  qu'ils  dé- 
voient l'ouvrir  pour  en  faire  part  à  leurs  difciples  \ 
&  l'on  croit  que  c'ellparune  métaphore  tirée  de-la, 
qu'il  eft  dit  ,  Coloil.  5.  que  tous  Us  tréfors  de  la  fa- 
Ijcjje  &  de  la  Jiiencejonc  cachés  dans  Jtfus-ChrijL 

Docteur  de  l'Etîise.  Titre  que  l'on  donne  â  quelques- 
uns  des  SS.  Pères  qui  ont  plus  écrit ,  lS:  dant  la  doc- 
trine a  été  plus  autorilée  dans  l'Eglife  ,  &:.  plus  gé- 
néralement fuivie.  tcclefis,  Doclor.  Il  y  a  dans  le 
Bréviaire  un  Office  pour  les  Docïeurs.  Il  ne  diffère 
de  celui  des  Contellèurs  ,  que  par  l'antienne  du 
M.ignijicat  ^  &  les  leçons.  Il  y  a  auiîî  dans  le  Milfel 
une  Meifedes  Doclcurs.  Il  y  a  parmi  les  Pères  quatre 
Docïeurs  de  TEglife  Grecque  ,  &  quatre  de  l'£j;lifc 
Latine.  Les  premiers  font  j  faint  Athanafe  j  i'amt 
Bafiie  le  Grand,  faint'Grégoire  de  Nazianze  ,  faint 
Jean  Chryfoltôme.  Ceux  de  l'Ei^life  Latine  font , 
ûint  Ambroiie  ,  faint  Jérôme ,  faint  Augullin,  fiint 
Grégoire  Pape  ,  furnommé  le  grand. 

Le  nom  d<iDocL'ur:i  été  joint  à  plufieurs  épithètes 
fpécitiques ,  pour  marquer  particulièrement  en  quoi 
conlilloit  le  mérite  de  ceux  que  l'Ecole  vouloit  ho- 
norer comme  fes  Maîtres.  Ainfi  Alexandre  de  Kaie^ 
«Il  appelé  le  Djcleur  irréfragable  j  &  {^.Jontaine  de 
vie  J  comme  le  dit  l^lTevin  ;  faintThomas ,  le  Doc- 
teur Angélique  ;  faint  Bonaventure  ,  le  Doéiear  Sé- 
raphique  ;  Jean  Duns  ,  ou  Scor,  le  Docteur  fubtil , 
RalmonJ  Lulle,  le  ûoclcur illuminé ^A\xffi-h\Qnc\\iQ 
Jean  Taulere  ;  Roger  Bacon  ,  Cordelier  Anglois  j 
le  Docleur  admirable  \  Guillaume  Ockam,  le  Doc- 
teur JlnguUer  \  Jean  Gerfon  &  le  Cardinal  de  Cufa  , 
Docteurs  très  -  Chrétiens  ;  Denis  le  Chartreux  ,  le 
Docleur  extatique ,  &  une  infinité  d'autres  qu'ont 
recueilli  les  Auteurs  EccléfiaiHques ,  &c  euire  autres 
Willot ,  Waddingue  ,  &;  M.  Baillet ,  dans  fon  Juge 
ment  des  Auteurs. 

Docteur. J  dans  l'Eglife  Grecque,  eft  le  titre  çl'une 
dignité  ou  Office  Eccléfiaftique.  Les  Grecs  appellent 
celui  qui  eft  chargé  d'mterprècer  les  Evangiles ,  Is 
tf^îîaraaAo;-,  ow  Docltur  àt  l'Evangile.  Celui  qui  inter- 
prète les  Epîtres  de  S.  Paul ,  a  le  nom  de  Doîieur  de 
l'Apôtre  :  ils  ont  aulfi  un  interprète  des  Pfeaumes, 
qui  eft  appelé  le  Docteur  du  Pfeautier.  Confultez  le 
Glolfaire  de  Meurfîus  fur  le  nom  de  SiSa^^aXoç^  l'Eu- 
cologe  des  Grecs  ,  &  les  fivantes  Notes  du  P.  Goar 
fur  l'Eucologe.  L'origine  de  ces  trois  fortes  Àq  Doc- 
teurs,  vient  de  ce  qu'on  liloit  dans  l'Eglife  les  Evan- 
giles j  les  Epîtres,  les  Ploaumes ,  &i  même  les  au- 
tres parties  de  l'Ecriture  Sainte.  L'Evêque  étoit  obli- 
gé par  fa  charge  d'en  donner  l'interprétation  au  peu- 
ple qui  aiîiftoit  à  l'Oifice  Divin.  C'eft  pourquoi  il  eft 
appelé  S-t^'i(rKâ.}vi; ,  ou  Docleur  dans  le  nouveauTefta- 
ment  ^  mais  on  fut  obligé  dans  la  luite  ,  de  donner 
ce  foin-là  à  des  prêtres.  La  qualité  de  Docleur  tft 
encore  aujourd'hui  ii  grande  parmi  les  Arméniens  , 
qu'ils  la  donnent  avec  les  mêmes  cérémonies  que 
l'on  confère  les  Ordres.  Ils  diient  que  cette  dignité 
imite  celle  de  Notre-Seigneur ,  qui  s'appeloit  Rabbi , 
c'eft-i-dire  ,  Maître ,  ou  Docleur.  Ce  f  jnt  ces  Doc- 
teurs qu'on  confulte  dans  les  points  de  Religion. 
Voye^  Gaban.  Concil.  Ecclef.  Armen.  cum  Bonu 

Docteur,  fe  dit  auiïi  de  ceux  qui  font  habiles  en 
quelque  profelfion  ,  quoiqu'ils  n'aient  pas  reçu  les 
degrés.  Doclus  ,  pericus  ,  eruditus  in  aliquafacultazc. 
Il  faut  confulter  cet  homme-là  ,  il  eft  Docleur ç.^  cet 
art.  Cromwel  faifoit  le  Docleur  &  le  Prophète  , 
aulTi-bien  que  le  foldat  &  le  Capitaine  ,  &  mèloit 
ainfi  mille  perfonnages  divers.  FlÉch.  Epicure  eft 
le  Docteur  de  la  voUipcé.  S.  EvR.  Préférons  la  pau-  , 


DOC  403 

vretc ,  donc  Jefus-Chrift  fut  le  Docteur  in  le  modèle. 
RoY. 


Ah  l  les  femmes  Dodeurs  ne  font  pas  de  mon  goût. 

Mol. 

Docteur  ,  lîgnihe  fimplement,  Maître  ,  celui  qui  inf- 
truit  un  autre.  Duclor ,  Magijrcr ,  1/fnutor.  Vos 
Docteurs  vous  conduifent  dans  l'erreur ,  c'eft-à-dire, 
vos  Maîtres  ,  ceux  qui  vous  enfeignent ,  qui  vous 
inftruifent.  On  appelle  S.  Paul  par  excellence  j  le 
Docleur  des  Nations.  Z)t)t7<;i<r  de  la  vérité  ,  c'eft  un 
homm.e  qui  enfeigne  une  doftrine  vraie  5c  ortho- 
doxe. Docteurs  de  l'erreur  &  du  menfonge ,  fonc 
ceux  qui  enfeignent  une  doèttine  faulfe  &"erronée. 
Tel  (  Calvinifte  )  fait  un  grand  fondement  fur  ce 
pallage  de  S.  Jérôme  ,  fans  avoir  jamais  vu  les  ou- 
vrages de  ce  grand  homme  ,  non  pas  même  par  le 
dehors  ,  perfuadé  par  fes  Docteurs  que  c'eft  une  lec- 
ture plus  dangereufe ,  qu'utile.  Pelisson.  C'eft-à- 
dire  J  les  Minirtres ,  comme  il  le  dit  quelques  li- 
gnes plus  bas. 

On  du,  ironiquement  &  à  contre  fcns  ,  des  igno- 
rans ,  C^eft  un  grand  Docleur  j  un  Docleur  en  fou- 
pe  lalée. 

Puretiere^au  mot  oublier,  dit  qu'un  Bachelier  eft  un 
homme  qui  apprend  ;  Se  qu'un  Docteur  ed  un  hom- 
me qui  oublie.  Cet  exemple  a  été  fupprimé  dans  le 
Furetiere  de  Bafnage,  peut-être  parce  que  celui- 
ci  étoit  Docleur  en  Droit.  LTn  Docteur  à  la  douzai- 
ne ,  Doctor  de  duodena  ^  comme  l'appelle  Nevizan, 
Liv.  5.11.  40.  eft  la  même  chofe  qu'un  Docteur  d'A- 
mercs  ,  village  à  une  lieue  de  Dijon  ,  fameux  par 
fes  grottes,  &  encore  plus  par  fon  Univeriité,  où 
il  fe  reçoit  plus  de  Docteurs  qu'en  toute  autre.  Clof- 
faire  Bourguignon,  au  mot  Aneire. 

DOCTORAL ,  ALE.  Qui  appartient  au  Dodeur.  Doc- 
toris proprius.  Ronnst  doctoral.  Robe  doctorale 

§Cr  DOCTORAT,  f.  m.  Degré  de  Dodeur.  Vitre 
qu'on  donne  à  celui  qui  a  accompli  le  temps  d'étu- 
de prefcrit ,  &c  fait  les  exercices  necelFaires  pour 
être  promu  à  ce  degré.  Doctons  gradus.  Doctoratus., 
Il  en  coûte  bien  du  temps  &  de  l'argent  pour  par- 
venir au  doctorat, 

DOCTORERIE.  f.  f.  Dodorat,  état  deDodcur.  Doc- 
toratus.  Ce  mot  n'eft  tolérable  que  dans  la  conver- 
fation  &  le  ftyle  familier, 

DOCTORERIE  ,  (ignifie  encore  dans  les  Univerlîtés 
une  Thèfe  que  l'on  foutient ,  quand  on  veut  être 
reçu  Docteur.  Un  te!  Licentié  foutient  demain  fa 
Doctorerie.  Thefis  pro  do-ctoratu. 

DOCTRINAIRE,  f  m.  Pète  de  la  Dodrine  Chrétien- 
ne ,  Prêtre  de  la  Doctrine  Chrétienne  ,  Clerc  Sécu- 
lier de  la  Congrégation  de  la  Daétune  Chrétienne. 
Pater  ^  Presbyter  j  Clcricus  Secularis  Conarecratio- 
nis  Doctrine  Chrijlianx.  Les  Doctrinaires  ont  trente 
Collèges ,  &  dix  Séminaires  en  France ,  outre  plu- 
Iieurs  Cures  unies  à  leur  Congrégation.  C'eft  un 
Doctrinaire  qui  nous  prêche.  Après  leur  uiiion  les 
Doctrinaires  ne  furent  jamais  bien  d'accord  avec  les 
Somafques  :  ceux-ci  ayant  voulu  contraindre  les 
Doctrinaires  de  recevoir  les  nouvelles  conftitutions 
qui  avoiént  été  approuvées  par  le  S.  Siège  en  1616 
le  Chapitre  Provincial  des  Doctrinaires  j  qui  fe  cinc 
à  Gimontl'an  i6ij  ,  refufa  de  les  accepter.  P.  HÉ- 
lyot  Liv.  IV.  C.  34,  Il  n'y  eut  guère  de  Chapitre  en 
France ,  où  il  ne  furvînc  quelque  conteftation  tou- 
chant cette  union  entre  les  Doctrinaires  Se  les  So- 
mafques ;  ce  qui  fit  prendre  la  réfolurion  aux  Doc- 
trinaires de  s'en  féparer.  Id.  f^oye:^  Doctrine 
Chrétienne. 

DOCTRINAL,  >le.  adj.  Qui  fe  dit  des  avis,  des 
fentimens  que  l'on  donne  en  matière  de  doctri- 
ne J  de  dogme  ,  ou  de  mœurs  ,  quand  ce  ne  font 
point  fentimens  judiciaires.  Dogmaticus.  Les  Prê- 
ties ,  les  Dodeurs ,  les  LTniverfités  même  ne  don- 
nent que  desJugemens  Doctrinaux  fur  les  Livres. 
Les  Evêques  feuls  ont  le  droit  de  porter  des  juge- 
mzns  judiciaires.  Le  Parlement  a  demandé  à  laSor- 

E  e  e  i; 


404  DOC 

bonne  fon  avis  doctrinal ,  fur  tel  ouvrage  qui  fait 
du  bruit,  &  qui  lui  a  été  déféré.  Vous  avez  vu  la 
réfutation  de  leur  fyrtème  erroné  lur  les  Jugemens 
de  l'Eglife ,  dans  l'avis  doctrinal  des  trente  i'rélats. 
De  TENctN.  Jugement  doctrinal.  Le  Clergé  du  fé- 
cond ordre ,  n'a  dans  les  Conciles  qu'un  iuftrage 
doctrinal.  Le  fufftage  des  Docteurs  n  elt  pas  un 
fuffrage  de  juiifdiélion  ,  mais  un  avis  doctrinal.  Les 
Pères  de  l'Eglife ,  confidérés  comme  Dodeurs  par- 
ticuliers j  n'ont  qu'une  autorité  doctrinale.  L'Abbe 
Faydit  remarque  ,  pag.  deuxième  de  fes  Remarques , 
qu'Horace  a  fait  des  Odes  Galantes  Se  de  Doctri- 
nales ,  c'elt-à-dire  ,  qu'il  en  a  fait  fur  des  fujets 
amoureux  ,  &c  d'autres  lur  des  fujets  férieux  &  plii- 
lofophiques.  Scuderi  a  bien  fait  des  ouvrages  Ro- 
manefques  \  mais  il  en  a  fait  aulîi  de  Doctrinaux. 
DOCTRINE,  f.  f.  Erudition,  ce  qu'on  a  appris  en  li- 
fant ,  Doctrina  ,  eruditio.  Ce  Prolelfeur  a  un  grand 
fonds  de  doctrine.  Tel  Savant  cil  un  abyme  de  doc- 
'  trine  ^  mais  un  abyme  qu'on  peut  appeler  un  cahos  , 
où  toutes  les  fciencesfont  brouillées  enfemble.BouH. 
On  le  dit  aulIi  de  ce  qui  eft  contenu  dans  les  li- 
vres. Calepin  contient  bien  de  la  doctrine,  il  y  a  une  1 
bonne  8c  faine  doctrine  dans  ce  Livre.  On  le  dit 
auili  des  fentimens  particuliers  des  Auteurs  ,  ou  des 
Sociétés-  La  doctrine  de  l'Eglife  orthodoxe.  Doctrine 
Chrétienne  fe  dit  fouvent  de  ce  qu'on  appelle  aulîi 
\  Catéchifme.  La  doclrine  qu'enfeignent  les  Calvinif- 
tes  eft  condamnée  par  l'Eglife. 

§Cr  Ces  mots  doclrine ,  favoir ,  fcience  ,  ont  cha- 
.  cun  leur  idée  propre    qui  les  caradèrife.     Le  fa- 
voir  dit  quelque  chofe  de  plus  étendu  que  l'érudi- 
tion ,  principalement  dans  ce   qui  eft  de  pratique. 
La  fcience  enchérit  par  la  profondeur   des  connoif- 
fances ,  avec  un  rapport  particulier  à  ce  qui  eft  de 
Spéculation.  Doctrine  ne  fe  dit  j  proprement ,  qu'en 
fait  de  moeurs  &  de  Religion.  Il  emporte  aulli  une 
idée  de  choix  dans  le  dogme ,  &   d'attachement  à 
un  parti  ou  à  une  feéte  :Syn.  Fr.  La  doclrine  fait 
les  gens  inftruits.  On  fuit  ordinairement  la  doclrine 
de    {&%    maîtres  j  fans  trop  examiner  fi  elle  eft  la 
bonne.  Voye-{  les  autres  mots. 
Doctrine    Chrétienne.   Nom   de  deux  Congréga- 
tions de  Clercs  ,  l'une  en  Italie  &  l'autre  en  France. 
La  Congrégation  des  Pères  de  la  Doctrine   Chré- 
tienne Qa  Italie  commença  par  une  efpècedeCon 
frcrie  ,   dans  laquelle  quelques  Prêtres  t^  Laïques 
entrèrent  fous  le  Pontificat  de  Pie  IV  ,  &  qui  s'u- 
nirent enfcmble  pour  enfeigner  la  Doctrine  Chré- 
tienne aux  Enfans  &;  aux  Ignorans.    Le  premier  à 
qui  Dieu  infpira  ce  delfein  fut  Marc  de  Sadis  Cu- 
fani  ,  Gentilhomme  Milanois ,  vers  l'an    1^60.  Ils 
commencèrent  l'explication   de  la  Doctrine   Chré- 
tienne dans  l'Eglife  de  S.  AppoUinaire  à  Rome;  & 
un   des   premiers  qui   s'y  employa   fut  le   célèbre 
Céfar    Baronius  ,  qui  fut    depuis  Cardinal.  Cette 
Confrérie  s'augmentant    de    jour    en  jour,   Pie  V 
accorda  en  1567,  des  Indulgences  à  tous  ceux  qui  j 
y  enrreroient.  En  1571  ,  il  ordonna  à  tous  les  Cu- 
rés d'établir  de  pareilles  Conhèries  dans  leurs  Pa- 
roiffes  ,  &  accorda  à  ceux  qui  y  entreroient  beau- 
coup d'Indulgences ,  que  Grégoire    XIII   augmenta 
encore.  Bellarmin  j  Jéfuite  ,  compola  p^r  ordre  de 
Clément  v'III ,  fon  Catéchifme  pour  cette  Confré- 
rie, afin  que  fa  manière  d'enfeigner    fût  par-tout 
uniforme.  Quoique  les  Pères  de  la  Doctrine  Chré- 
tienne foient   une    Congrésation    féparée    de  cette 
Archiconfraternité,  &  qu'ils  aient  neuf  Maifons  en 
différentes  Provinces  d'Italie  ,  ils  font  toujours  unis 
enfemble  en  ce  qui  regarde  l'inftruélion  de  la  jeu- 
neffe,  &  jouilfent  des  mêmes  privilèges.  Le  P.  Jean 
Baptifte    Seraphini   d'Orviette  ,  étant  Général ,  en 
drelli  l'an  i(5o^  ,  les  Conftitutions ,  qui  furent  ap 
prouvées  du    Cardinal-Vicaire  ,  par  ordre  de  Gré 
goire  XITI ,  &  imprimées  à  Rome  en  i(Î04.  Cette 
Congrégation  a   un    Général  ,    ou  Prévôt-Général  , 
qui  en  eft  le  chef,  Przpojitus  Generalis  ,  un  Vice 
Général ,   ou  Vice-Prévôt  ,    Vicepr&pofitus  \    troi 
Délîuiteurs ,  un  Chancelier ,  deux  Vifiteurs  j  <Sc  un 


DOC 

Compotifte.  Les  Supérieurs  &  Officiers  fubalternes 
lont  les  Recteurs  des  Mailons ,  Supérieurs  ,  Infir- 
miers ,  Maîtres  des  Novices  j  Dépofitaires ,  Com- 
muniers  ,  Provéditeurs  &  Dépenhers.  On  n'y  dit 
point  l'Office  en  commun,  (i  ce  n'eft  les  principa- 
les Fêtes.  Ces  Pères  ont  l'habillement  des  Prêtres  , 
avec  un  petit  rabat  large  d'un  doigt  autour  du  col- 
let. Us  nont  point  fait  de  vœujufqu'en  1609,  que 
leur  Chapitre  général  ordonna  qu  après  l'année  de 
Noviciat  on  feroit  vœu  de  refter  dans  la  Congré- 
gation. Grégoire  XV,  par  un  Bref  de  l'an  1621, 
réferva  aux  fouverains  Pontifes  le  pouvoir  de  dil- 
penfer  de  ce  vœu  j  &  L'rbain  Vlil  ordonna  en 
i6i7  ,  par  un  Bref  du  10  Septembre,  que  ceux  qui 
fortiroient  de  cette  Congrégation  lans  cette' dilpenfe 
feroient  traités  comme  les  Apoltats ,  &  encour- 
roient  les  mêmes  peines.  Phil.  Bonnani ,  Catal.  des 
Ord.  Relig.  P.  III.  P.  Helyot ,  HiJL  des  Ordres  Ke- 
%.P.  III,  Ç.  35. 

La  Congrégation  de   la  Doctrine   Chrétienne   en 
France  eft  une  Congrégation  hiérarchique ,  fondée 
par  le  B.  Céfar  de  Bus,  Gentilhomme  ,  né  à  Ca- 
vaillon  dans  le  Comté  Venaillin  en  Provence ,  le  j 
Février  1544.  Ce  font  des    Clercs    Séculiers  à  qui 
on  a  donné  le  nom  de  Pères  de  la  Doctrine  Chré- 
tienne ,  parce  que  la  fin  principale  de  leur  Inftittii: 
eft  d'enfeigner  la  Doctrine  Chrétienne  _,  en  catéchi- 
fant  les  peuples,  &   leur  expliquant   les  MyftèrÈs 
de  la  Foi.  Ils  honorent  S.  Charles  Borromée  comme 
leur  premier  Inftituteur  ,  parce  que  la  grande  Con- 
grégation de  la  Doctrine  Chrétienne  ,   établie  à  Mi- 
lan par  cet  illuftre  Archevêque  ,  fit  prendre  au  B. 
Céfar  leur  Fondateur  l'idée  de  la  fienne  ,  &  en  fut 
comme  le  crayon  5c  le  plan.  Il  la  compofa  de  Prê- 
tres &c  de  Clercs  ,  dont  la  fonétion  perpétuelle  & 
principale  fut  d'enfeigner  la  Doctrine   Chrétienne  ; 
&  les  ayant  affemblés  à  l'Ifle  dans  le  Comté  Ve- 
naiflin  le  29  Seprembre   1592  ,  après  y  avoir  déli- 
béré fur  les  moyens  d'obtenir  la  permillîon  d'exer- 
cer leurs  fondions  dans  l'Eglife  de  Sainte  Prnxède 
à  Avignon  ,  ils  députèrent,i  Rome  pour  cet  effet. 
Clément  VIII  les  renvoya  à  Marie  'laurujîus  j  qui 
venoit  d'être  nommé  à  l'Archevêché  d'Avignon.  Ce 
Prélat  leur  accorda  ce  qu'ils  demandoient  en  1593, 
&  rendit  des  témoignages  li  avantageux   de  cette 
Congrégation  nailfante,  que  le  Pape  i'autorifa  &  la 
confirma  par  une  Bulle  du  13  Décembre  1597.  Elle 
porte  que  l'exercice  de  la  Doctrine  Chrétiennent  fera 
pas  l'unique  occupation  des  Prêtres  ;  qu'ils  pourront, 
fims  fortir  de  l'efprit  de  leurlnftitutj  prêcher  la  pa- 
role de  Dieu  dans  la  Chaire  de  Vérité  ,  &  récon-» 
cilier  les  pécheurs  au  Tribunal  de  la  Pénitence.  Dans 
la  fuite  le  B.  Céfar ,  croyant  que  le  vœu  fimple  d'o- 
béiffance  étoit  abfolument  néceffaire  pour  affermie 
fa  CongrégatioUj  propofaà  fes  Compagnons  de  con- 
tradler  cet  engagement  ;  mais  les  fentimens  fe  trou-' 
verent  partagés  ,  &  quelques-uns  ne  voulant  pas  fui- 
vre  fes  vues  fe  féparèrent  de  lui ,  5:  formèrent  un 
Corps  à  part,  qui  depuis  fut  uni  à  celui  de  l'Oratoire 
de  France,  &  perdit  le  nom  de  la  Doctrine  Chrétienne^ 
qui  demeura  à  ceux  qui  firent  le  vœu  fimple  d'o- 
béi ffan  ce. 

En  1614,  fept  ans  après  la  mort  du  B.  Céfar ,  le  P. 
Antoine  Figier  fon  fuccelleur  fe  fit  autorifer  par  les 
Prêtres  de  la  Doctrine  Chrétienne  pour  faire  ériger  fa 
Congrégation  en  Ordre  Religieux,  &  obtenir  la  per- 
miffion  de  s'engager  par  des  vœux  folennels;  mais, 
n'.ayant  pu  y  réullir  que  par  la  voie  de  l'union  avec 
quelque  Corps  Religieux  ,  il  unit  la  Congréga- 
tion des  Clercs  Séculiers  de  la  Doctrine  Chrétienne 
aveugla  Congrégation  des  Clercs  Réguliers  Somaf- 
ques ,  pour  ne  compofer  qu'un  feul  ù  même  Corps 
Religieux  ,  où  l'on  feroit  déformais  les  trois  vœux 
folennels.  Cette  union  caufa  bien  des  troubles  en 
France  parmi  les  Dodrinaires.  Elle  ne  dura  que  juf- 
qu'en  1(547,  que  le  Pape  Innocent  X  ,  follicité  par 
les  vives  inftances  du  Roi  Louis  XIV  ,  de  glorieufe 
mémoire,  la  caffa  par  un  Bref  du  30  Juillet ,  fou- 
rnit les  Prêtres  de  la  Doctrine  Chrétienne  aux  Ordi- 


DOC     DOD 

hairos ,  &  létablit  leur  Congrégation  en  Ton  premier 
état  ,  tel  qu'il  étoit  avant  1  union  ;  i  ^  qu'il  confirma 
encore  par  d'autres  Brefs  en  16 y- de  1 6  ,-4  ,  auUi  bien 
que  fon  fucceffeur  Alexandre  VH  ,  qui  csmnu:  l'é- 
xécution  de  tous  ces  Brefs  au  Cardinal  Grimaldi , 
qui  préfida  au  nom  de  fa  Sainteté  au  Chapitre  Géné- 
ral des  Dodrinaires  tenu  à  Avignon  en   1657. 

Depuis  ce  temps-là  les  PP.  de  la  Doctrine  ChtX' 
tienne  ont  formé  une  Conj^régation  particulière , 
hiérarchique  &  féculière  ,  qui  ;i  fon  Général,  le- 
quel eil  toujours  François.  Ils  ont  en  France  trois 
Provinces  :  celles  d'Avignon  ,  de  Paris  &  de  Tou- 
loufe  ;  &  en  Italie  ,  celles  de  Rome  &  de  Naples, 
depuis  que  le  Pape  Benoit  XIII  a  réuni  la  Congré- 
gation de  la  Doctrine  Chrénenne  de  Naples  à  celle 
de  France,  &  plus  de  foixante-deux  AlaifonSjSc 
minaires  ou  Collèges ,  outre  grand  nombre  de  Cu- 
res unies. 

On  appelle  hDoclrine  Chrétienne ,  non-feulement 
toute  la  Congrégation,  mais  encore  chaque  Mai 
fon  de  la  Congrégation.  Il  demeure  à  la  Doclnne 
Chrétienne.  Il  a  étudié  à  la  Doctrine  Chrétienne.  J'zi 
entendu  la  Melfe  à  la  Doctrine  Chrétienne.  Un  Père 
de  la  Doctrine  Chrétienne.  On  les  appelle  aufll  Doc 
trinaires.  Les  Pères  de  la  Doctrine  Chrétienne  n'onr 
point  d'habit  particulier.  Ils  portent  celui  de  Prê- 
tres à-peu-près  tel  qu'il  étoit  au  temps  de  leur  éta- 
blilfement.  Il  n'elt  guère  différent  de  celui  des  Pè- 
res de  l'Oratoire. 
DOCUMENT,  f.  m.  Terme  de  Palais.  Ce  font  des  ti- 
tres ou  preuves  par  écrits  de  faits  qu'on  allègue  , 
&  principalement  des  chofes  anciennes.  Documen- 
tum.  On  prouve  l'ancienneté  de  la  fondation  de 
cette  Eglife  par  plulîeurs  bons  titres  àc  documens. 

DOD. 

DODANIM.  Nom  d'un  fils  de  Javan,  &  de  fa  pofté- 
térité  ,  qui  fut  une  des  ptemières  narions  du  mon- 
de ,  qui  divifèrent  la  terre  après  le  déluge,  &  la  re- 
peuplèrent. Doianim.  Gen.  X,  4.  On  ne  fait  pas  quelle 
fut  cette  nation ,  ni  quel  pays  lui  échut.  Les  P.iraphra 
fes  Chaldaïques  les  prenncnr  pour  les  Dardaniens. 
Des  Auteurs  récens  difent  que  ce  font  lesDodoniens^ 
que  Dedan  ,  ou  Dodan,  fils  de  Javan  ^  fut  mis  au 
nombre  des  Dieux, &  que  c'eft  fon  nom  que  porta 
l'Oracle  de  Dodone.  Le  Texte  Samaritain  &  les 
Septante  font  croire  à  quelques  Savans  que  ce  font 
les  Rhodiens.  Bochart  réfute  cette  opinion  dans  fon 
Phdleg ,  L.  III,  C.  6.  Rhodes,  dit-il,  ell  un  nom 
récent ,  &  donné  à  cette  ile  à  caufe  des  belles  rofes 
qu'elle  produifoir.  Cette  île  n'a  été  connue  que  fort 
tard.  Les  premiers  qui  l'ont  habitée  ,  qui  font  les 
Héliades ,  étoient  contemporains  de  Moife  ;  enfin  , 
elle  eft  trop  petite  pour  contenir  une  nation  entière. 
D'ailleurs ,  il  paroît  que  ce  mot  de  Rhodiens  eil 
moins  une  tradu6tion  de  l'Interprète  Samaritain  & 
des  Septante,  qu'une  faute  des  Copiftes  qui  ont  pris 
un  daleth  pour  un  refch  ,  lettres  très-femblables 
dans  les  deux  caradères  Hébreux.  Voyc-^  encore 
Dedan. 

DODART.  f.  m.  Nom  dhomme.  Theoiardus.  Saint 
Thcodart  ,  vulgairement  Saint  Dodart  ,  fils  d'un 
Gentilhomme  François ,  vint  au  monde  du  temps 
de  Clotaire  II.  Baille  r,  au  i  o  de  ^Se/^r.  Sainr  Z)o- 
dart  fuccéda  à  Saint  Rimail  en  l'Evcché  de  Maef- 
tricht  l'an  C6i,  &  mourut  très-vraifemblablement 
en  66%. 

DODAU.  FoyeT;  DODO. 

DODECAGONE,  f.  m.  Terme  de  Géométrie.  Fi- 
gure qui  a  douze  angles  ,  &  douze  côtés.  Dode- 
cagonus. 

En  termes  de  Forrification  j  c'efl:  une  place  qui  a 
douze  baftions  ,  telle  ciu'eft  Paima  nova  chez  les 
Vénitiens  j  dans  le  Frioul,  qui  elt  b.âtie  &  fortifiée 
régulièrement. 
DODECAHEDRE.  f.  f  Terme  de  Géométrie.  Ceft 
un  des  cinq  corps  réguliers,  compofé  de  douze  fa- 
ces égales  j  dont  chacune  eft  un  Pentagone  rcgu- 


DOD  40J 

Viev.Dodecahedrum.  Faire  des  cadrans  fur  toutes 
les  faces  d'un  dodecahédre. 
DODECATEMORIE.  Terme  d'Aftronomie.  La  dou- 
zième partie  d'un  cercle.  Doduatemorium.On  appelle 
dodec^témones  y  les  douze  parties  du  Zodiaque  du 
premier  mobile  ,  pour  les  dilUnguer  des  douze 
lignes  du  firmament.  Les  Agronomes  appellent  ainfi 
chaque  figne  du  Zodiaque  \  p^ice  que  ,  fi  l'on  divile 
jéo  par  50  ,  il  vient  li  ,  de  même  que  ,  fi  l'on  divife 
^60  par  li,  ilv,w;;i  jO.  Ce  mot  efi:  Grec  ,<?»c^xaTirjKof(o*, 
tk.  etl  lait  de  Mm»  j  douze  j  &  de  r-'f" ,  partie  j 
particule. 

DODELINER,  v.  a.  Remuer  doucement  &  alternati- 
vement d'un  côté  à  l'.iutre.  Ce  terme  bas  &:  popu- 
laire fe  dit  en  quelques  Provinces ,  où  l'on  s'en  i'ert 
pour  exprimer  le  mouvement  qu'on  donne  à  un 
berceau  pour  endormir  un  enfanr.  Dodeliner  la  tête, 
c'eft  la  remuer  doucement  d'une  manière  propre  à 
endormir. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  dondolare  ,  ou  du  mot 
François  dodo. 

DODINE.  f.  f.  ell  une  efpèce  de  fauce  délicate  qu'on 
lait  d'ordinaire  aux  canards  avec  de  l'oignon ,  de  la 
grailfe  tombant  du  rôt,  qu'on  mêle  avec  de  la  fa- 
rine &  du  lait  qu'on  a  délayés  enfemble.  Juris  ge- 
nus  exquifîtum  acdeiicatum.  Les  Italiens  appellent  la 
fauce  à  la  dodine ,  falfa  di  cipolle  per  rar.etre.  Il  y 
en  a  qui  croient  que  la  fauce  à  la  dodine  eft  l'alfai- 
fonnement  qu'on  donne  aux  daubes. 

L'origine  de  ce  mor  eft  incertaine  :  l'Auteur  des 
Notes  fur  Rabelais  dit  qu'à  Metz  ,  Dodin  eft  un  di- 
minutif de  Claude,  &  que  la  dodine  peut  avoir  eu 
fon  nom  de  quelque  Cuifinier  appelé    Claude. 

DODINER.  Qui  ne  fe  dit  qu'avec  le  pronom  perfcn- 
nel,  de  ceux  qui  vivent  délicatement,  &:  .à  leur 
aife ,  fans  vouloir  fe  donner  aucune  peine  Curare 
molliiis  cuticulam.  Ce  parelfeux  fe  '^Qli}.e  dans  fon 
lit  jufqu'à  midi.  Il  eft:  du  ftyle  fai.  lier. 

DODINER..  V.  n.  Terme  d'Moiloger.  Ce  mot  exprime 
le  mouvement  du  balancier.  Ce  balancier  aodine 
bien.  Librari. 

DODO.  C'eft  un  terme  enfantin  ,  dont  on  fe  fert 
pour  inviter  les  enfans  à  dormir.  Dormire.  La  nour- 
rice dit  à  fon  nourrillon  ,  Allons  faire  dodo.  Dor- 
initum  eamus.  L'enfant  fait  dodo. 

Ci  gît  qui  s' appelait  Dando  , 

Mon  compire  Alejfïre  L  tienne. 

Il  eji  céans  qui  jait  dodo  : 

S'il  eJi  bien  aife 3  qu'il  s'y  tienne.  C.  de  Rior. 

Quelques-uns  dérivent  ce  mot  du  Grec  êu.ii  , 
^«ùs  j  du  verbe  ^»"1 ,  dormio  j  &  prétendent  qu'il 
faut  écrire  dcudau. 
ûODONE.  Ville  ancienne  de  l'Epire  ,  que  la  foret  de 
Dodone  ,  l'Oracle  de  Dodone  ,  la  fonraine  de  Do- 
done ^  rendirent  célèbre.  Il  y  avoir  proche  de  Do- 
done un  bois  tout  de  chênes  ,  confacré  à  Jupirer. 
C'eft  ce  qu'on  appeloit  la  foret  de  Dodone.  Dodo- 
neum  nemus.  Dans  ce  bois  étoit  un  temple  de  Ju- 
piter ,  dans  lequel  étoit  le  plus  fameux  ,  & ,  à  ce 
qu'on  prétend,  le  plus  ancien  de  rous  les  Oracles  de 
la  Grèce.  Ce  n'étoit  pas  au  refte  le  feul  Jupiter  du 
temple  de  Dodone  qui  rendoit  des  Oracles  \  on  dit 
que  les  pigeons  en  rendoient  aulli  dans  la  forêt  de 
Dodone.  Mais  Hérodote  a  montré  l'origine  de  cette 
fable,  en  nous  apprenant  qu'elle  étoit  fondée  fur 
ce  que,  dans  la  langue  deThelTalie,  nsAcia,  qui  ligni- 
fie une  colombe  j  fignifie  aulli  une  Devinerelle  ,  une 
Prophètelfe.  Mais  cequ'il  y  avoir  de  plus  furprenanr, 
c'eft,  difenr  les  Poètes ,  que  les  chênes  mêni;s  de  la 
forêt  de  Dodone  parloienr  aulîî  y  &  débitoient  ^z^ 
oracles,  ///é?  VoiTius,  de  Idolol.  L.  I ,  C.  j  ,  p.  Z7. 
LTn  de  nos  Poctes  dit  plaifamment  à  un  de  fes 
Cenfeurs  : 

Quand  vous  ferie'^  un  chêne  de  Dodone  , 
Bois  où ,  félon  la  docte  Antiquité  , 
Chênes  jadis  ont  long-temps  caqueté  , 
Point  n  en  ferais  plus  uis  de  votre  Prone. 

P.  DU   Cerc. 


4o6     DOD     DOE     DOG 

Un  chêne  de  Dodone  auroit-il  mieux  parWi  Id. 

Chêne  parler  nejl  chofe  fi  nouvelle  : 

Ceux  de  Dodone ,  ainfi  qu'on  l'a  note'. 

Avaient  ce  don  &  d'une  voix  fidelle 

Parlaient  jadis ,  &  difoient  vérité. 

J'en  cannois  maints  dans  lejiecle  oh  nous  fammes  , 

Je  ne  dis  pas  des  Chênes ,  mais  des  hommes  , 

Qui  dans  leurs  dits  n'enfauroicnt  faire  autant. 

P.  Du  Cerc. 

ffT  La  fontaine  de  Dodone  toit  voifine  du  tem- 
ple de  Jupiter.  Pline  dit  que  ,  quoiqu'elle  tut  très- 
froide  j  &  quelle  éteignît  les  flambeaux  allumés 
qu'on  y  plongeoit  (ce  qui  n'ctoit  pas  étonnant  ) ,  elle 
rallumoit  les  Hambeaux  éteints  qu'en  en  approchoit; 
effet  quon  doit  fans  doute  attribuer  aux  vapeurs  m- 
flammables  qu'elle  exhaloit,  à- peu-près  comme  la 
fontaine  deDauphiné,  qu'on  nommoit  la  fontaine 
ardente,  à  trois  lieues  de  Grenoble  \  mais  qui  ne 
produit  plus  aujourd'hui  le  même  effet,  parce  qu'elle 
s'eft  éloignée  depuis  long-temps  d'un  petit  volcan , 
fur  lequel  elle  couloit. 

fCJ"  La  fontaine  de  Dodone  étoit  à  fec  à  midi  j 
enfuite,  croiffant  jufqu'à  minuit,  elle  recommençoit 
à  décroître  jufqu'à  midi  fuivant.  Voye\  Anapao- 
menes. 

La  ville  de  Dodone  avoir  pris  fon  nom  de  la  ri- 
vière fur  laquelle  elle  étoit  lituée ,  au-deiîus  de  l'en- 
droit où  elle  fe  jetoit  dans  l'Achéloiis  ;  ou  bien  elle 
avoit  donné  le  fien  à  cette  rivière  ,  qui  s'appeloit  j 
auili  Dodone.  En  Poëfie,  on  nomme  Dodone  y  non- 
feulement  la  ville  &  la  rivière ,  mais  encore  l'O- 
racle j  la  forêt ,  les  chênes.  Et  Ovide  a  dit ,  Do- 
donâ  vsrior  augur. 

DODONEEN ,  ou  DODONIEN.  adj.  Epithète  que 
l'on  donne  à  Jupiter  ,  adoié  dans  le  temple  de  Do- 
done ,  dans  la  forêt  de  Dodone.  Dadonaus.  Le  tem- 
ple de  Jupiter  Dodaneen  j  l'Oracle  de  Jupiter  Do- 
donien  ,  les  Prêtres  de  Jupiter  Dodonéen,  Dodonéen 
paroît  plus  félon  l'analogie  que  Dodonien. 

DODONIDE.  f  f  Nom  de  Nymphes.  Dodonis.  Les 
-Dodanides  font  dans  la  fable  ,  les  nourrices  de  Bac- 
chus.  On  les  appelle  autrement  Atlantides.  Les  Do- 
danides étoient  auflî  des  femmes  qui  rendoient  les 
Oracles  à  Dodone  j  tantôt  en  vers ,  &  tantôt  en 
profe. 

DODRANS.  Mot  purement  Latin.  Terme  d'Antiquai- 
re, dont  oneft  quelquefois  obligé  de  fe  fervir.  C'eft 
une  des  parties  de  l'as.  Voye\  As ,  &  Vigenère , 
dans  fes  Annotations  fur  Tite  -  Live  ,  page  1 502.  & 
fuiv. 

^fJ"  Ce  terme  eft  aulîî  employé  en  Botanique  ,  & 
fîgnifie  empan ,  mefure  ancienne  qui  eft  d'environ 
huit  pouces  j  ou  les  deux  tiers  d'un  pied  ;  c'eft  l'ef- 
pace  compris  depuis  l'extrémité  du  pouce  y  jufqu'à 
l'extrémité  du  petit  doigt.  On  dit ,  planta  dodran- 
tis  _,  ou  dodrantem  al  ta. 

DODU,  UE.  adj.  Gras,  potelé  ,  qui  a  beaucoup  de 
chair.  Pinguiar  j  plenior.  C'eft  un  homme  bien 
gras  J  bien  dodu.  Un  chapon  dodu. 

Ces  pigeons  font  AoàviS  y  mange^ftr  ma  parole. Boil. 

On  dit  aufli  d'une  femme  qui  a  beaucoup  d'em- 
bonpoint J  qu'elle  eft  dodue.  Il  eft  du  ftyle  fa- 
milier. 

DOE. 

DOÉ.  Ville,  royei  DOUÉ. 

DOËDLE.  f  f  Foy.  DOUELLE.  Ce  mot  vient  de  do- 

lium ,  un  tonneau. 
DOESBOURG.   Foye^  DOUSBOURG  ^  &  DUIS- 

BOURG. 

DOG. 

DOGADO.  Province  de  l'Etat  de  Venife ,  en  Italie. 
Ducatus  Fenetus.  Le  Dogado  eft  borné  par  la  Polé- 
fine  au  midi  ;  par  le  Padouan  au  couchant  ;  par  le 
Trévifan  au  nord  j  &  pat  le  golfe  de  Venife  au  le- 


DOG 

vant.  La  ville  de  Venife  eft  capitale  du  Doaado  , 
qui ,  outre  une  pente  partie  de  la  côte  qui  s'avance 
peu  dans  les  terres ,  comprend  ce  qu'on  appelle  les 
Lagunes  de  Venile  ;  c'elt-à-dire ,  plufieurs  petites 
Iles ,  qui  font  près  de  cette  côte.  Baudran  &  quel- 
ques autres  Géographes  étendent  le  Dogâdo  julqu'd 
l'embouchure  du  Lilonfo  ,  ôc  y  enferment  auill  les 
Lagunes  de  Alorano  j  qui  lont  des  Iles  proches  de 
la  côte  au  nord  des  Lagunes  de  Venile. 

Ce  mot  Dogado  eft  Italien  j  Cï^niiie  ^  Duché ,  & 
s'eft  formé  de  ducatus  _,  comme  Dogé  lignifie  Duc  j 
&  s'eft  formé  de  Dux  _,  ducis. 
03-  DOGAN  -  BACHI  ,  ou  DOGHANGI  -  BACHI. 
Nom  que  les  Turcs  donnent  au  grand  Tauconnier 
du  Sultan.  ■   ,  /        •      .,1  uL   ,• 

DOG  AT.  f.  m.  Qualité,  ou  dignité  du  Doge  de  Ve- 
nile, ou  de  Gènes.    Dignnas  Ducis  V  enetorum  ^ 
Genuenjium.  Il  a  exercé  le  Dogat  pendant  dix  ans. 
Le  Dogat  At  Venife  eft  à  vie  ,  celui  de  Gènes  eft  de 
deux  ans. 
DOGE.  f.  m.  C'eft  un  Magiftrat  éledif  qui  eft  le  Chef 
du  Conleil ,  ou  de  la  République  de  Venife  ,  ou  de 
Gènes.  Dux  Venetorum  _,  Genuenfum.  On  l'élit  à  vie 
à  Venile,  &  pour  deux  ans  feulement  à  Gènes.  Le 
Doge  de  Venile  n'eft  proprement  quune  vaine  ima- 
ge ,  &  un  véritable  îantôme  de  la  Wajefté  du  Prin- 
ce j  dont  la  République  a  retenu  toute  l'autorité.  Il 
ne  fait  J. pour  ainli  dire  ,  que  prêter  fon  nom  au  Sé- 
nat j  iSc  le  pouvoir  eft  répandu  fur  toute  la  Républi- 
que j  quoique  les  réponles  le  falfent  au  nom  du  Do- 
ge. S'il  lait  quelques  léponfes  de  fon  chef ,   il  faut 
qu'elles  loient  bien  mefurées ,  &  en  termes  bien 
généraux,  s'il  ne  veut  pas  s'expofer  àelfuyer  unelen- 
lible  réprimande.  Ainli  il  faut  qu'on  foit  d'un  efprit 
doux  ,  &  qui  fiche  plier  à  tout.  S.  Didier.  La  puif- 
fance  fouveraine  de  Ja  République  de  Venife,  rélî- 
de  dans  le  Sénat  ;  m.ais  le  Doge  la  repréfente,  quoi- 
qu'il n'en  ait  que  l'ombre.  Autrefois  les  Doges  ont 
été  Souverains  ;  mais  les  chofes  ont  changé  ,  &  au- 
jourd'hui les  prérogatives  du  Doge  ,  ne  conhftent 
plus  que  dans  les  chofes  fuivantes.  Il  donne  audien- 
ce aux  Amhaifadeurs  ;  mais  il  ne  leur  donne  point 
de  réponfe  de  fon  chef  fur  les  affaires  importantes  : 
il  a  feulement  la  liberté  de  répondre  comme  il  le 
juge  à  propos  ,  aux  complimens  qu'ils  font  à  la  Sei- 
gneurie ,  parce  que  ces  fortes  de  réponfes  font  fans 
conféquence.  Le  Doge    en  qualité  de  premier  Ma- 
giftrat ,  eft  chef  de  tous  les  Confeils.  Les  lettres  de 
créance  que  la  République  envoie  à  {es  Mmiftres 
dans  les  Cours  étrangères ,  font  écrites  au  nom  du 
Doge  ;  cependant  il  ne  les  ligne  point  :  un  Secré- 
taire du  Sénat  eft  chargé  de  les  ligner ,  &  d'y  ap- 
pofer  le  fceaudes  aimes  de  la  République.  Les  Am- 
balïadeurs  adrelTent  leurs  dépêches  au  Doge ,  qui 
ne  peut  les  ouvrir  qu'en  préfence  des  Conleillers. 
La  monnoie  qu'on  appelle  ducat ,  fe  bat  au  nom  du 
Doge  J  mais  non  pas  à  Ion  coin  ,  ou  à  les  armes. 
Tous  les  Magiftrats  fe  lèvent  &  faluent  le  Doge  , 
quand  il  entre  dans  les  Confeils  ,  &  le  Doge  ne  fe 
lève  pour  perfonne  3  que  pour  les  Ambalîàdeurs 
étrangers.  Le  Doge  nomme  à  tous  les  Bénéfices  de 
l'Eglifede  S.  Marc  j  il  eft  protedteur  du  Monaftère 
de/le  Firgine  ;  il  nomme  à  quelques  petites  charges 
d'huiiliers  de  fa  maifon  ,  qu'on  appelle  Comman- 
deurs du  Palais.  Sa  fimille  n'eft  point  foumife  au 
Magiftrat  des  pompes ,  Se  fes  enfans  peuvent  avoir 
deseftafiers,  &  des  gondoliers  vêtus  de  livrée.  La 
grandeur  du  Doge  eft  tempérée  par  bien  ces  chofes 
qui  lui  rendent  fa  dignité  onéieufe.  Il  ne  fauroit 
fortir  de  Venife  ,  fans  permilîîon  des  Confeillers  ; 
&,  s'il  fortj  il  eft  expofé  à  recevoir  des  infuires  fans 
en  pouvoir  prétendre  fatisfaélion  ;  &  ,  s'il  arrivoic 
quelque  défordre  dans  le  lieu  où  il  fe  trouveroit , 
ce  feroit  au  Podeftat ,  comme  étant  revêtu  de  l'au- 
torité publique  ,  à  y  mettre  ordre.  Les  enfans  &  les 
frères  du  Doge  font  exclus  des  premières  charges  de 
l'Etat  ;  ils  ne  fauroient  obtenir  aucun  bénéfice  de.  la 
Cour  de  Rome  ;  mais  ils  peuvent  accepter  le  Car- 
din:;ht,  qui  n'eft  point  un  bénéfice  ,  &  qui  ne  don- 


D  O  G 

ne  point  de  Jurifdiction.  Le  Dvge  ne  peut  pas , 
pour  ferepofer,  le  démettre  de  fa  dignité  \,  &  ,  après 
la  mort  j  la  conduite  eil  recherchée  par  trois  Inqui- 
liteuis  &  cinq  CorreCieurs  ,  qui  examinent  avec 
beaucoup  de  févcrité  fon  admmiihation.  !'^oye-{ 
V Hijloirt:  du  Gouvernement  de  Venifc,  par  i\i.  Arneiot 
de  la  Houiraie.  A  Venife  on  ne  prend  pas  le  deuil 
pour  la  mort  du  Doge ,  parce  qu'il  n'eft  pas  le  Sou- 
verain ,  mais  le  premier  de  la  République.  Wic^^. 
Le  Doge  ell  comme  la  bouche  de  la  République , 
parce  qu'il  répond  pour  elle.  Le  Doge  eft  à  la  Ré- 
publique ,  &  non  pas  la  Republique  au  Doge.  On 
le  traite  de  Sérénité  j  titre ,  félon  les  Vénitiens  ,  au- 
delFus  de  celui  d'Alteife.  Doge  fynihe  Duc.  Le  Do- 
ge de  Gènes  étant  à  Verfailles  dit ,  que  la  chofe  la 
plus  extraordinaire  qu'il  y  trouvoit  ,  étoit  de  s'y 
voir. 

ORDRE  DU  DOGE.  Nom  d'an  Ordre  militaire  à 
Venife.  Ducalis  Ordo.  Comme  le  Doi^e  elt  i^rince, 
&  chef  de  la  République  ,  il  confère  de  fon  autori- 
té un  Ordre ,  qu'on  nomme  l'Ordre  du  Doge  ou  du 
Prince  de  Vende.  Il  le  donne  dans  fi  falled'audien 
ce  \  &  la  marque  que  portent  les  Chevaliers  de  cet 
Ordre  j  est  une  Croix  à  douze  pointes  j  comme 
celle  des  Chevaliers  de  Malte.  Elle  est  émaillé'e  de 
bleujorlée  d'or  avec  une  ovale  au  milieu,  où  est 
reptéfenré  le  Lion  de  S.  ALirc  P.  Hélyot.  7'.  V 111 
C.  57.  f^oye^  aulH  l'Abbé  Justiniani  &  Schone- 
beck. 

DOGESSE.  f.  f.  Nom  de  la  femme  d'un  Doge.  Les 
Dogejjes  n'ont  aucune  part  aux  ombres  d'honneur 
qui  accompagnent  les  Doges.  Misson.  Le  Palais  de 
la  République ,  qu'ils  appellent  Pala^^^o  Lieale  ,  est 
extrêmement  grand  :  le  Doge  &  la  Dogejfe  y  fonr 
loi^és.  Voilà,  très-fércne  Dogejje,  Se  très-excellen 
tes  Sénatrices  ,  tout  ce  que  je  puis  dire  en  public... 
Œuvres  de  Saint  Evremond.  Le  mot  de  Dogejje  est 
répété  plufieurs  fois  dans  cette  fcène  ,  qui  est  la  fé- 
conde du  quatrième  Aile  de  la  Comédie  de  Sir  Po 
litick  Would-be.  Après  tout ,  il  vaut  bien  celui  de 
SireJJe  ,  féminin  de  Sire  qui  est  dans  le  Dictionaire 
Comique. 

§a=  DOGMATIQUE,  adj.  Terme  de  Théologie ,  ce 
qui  appartient  aux  dogmes  de  la  Religion  ,  ce  qui 
concerne  le  dogme  ,  ce  qui  est  hé  avec  le  dogme. 
Dogmaticus.  Jugement  dogmatique  ,  qui  roule  lui 
des  dogmes ,  ou  fur  des  matières  qui  concernent  le 
dogme.  Fait  dogmatique  ,  faclum  dogmaticum  :  fait 
qui  a  rapport  au  dogme. 

DOGMATigUE,en  termes  de  Philofophie  &  deGram- 
maire.  adj.  &c  f.  m.  Inllrudlif ,  qui  appartient  à  quel- 
que opinion  ,  ou  à  quelque  principe  établi  en  matiè- 
re de  Philofophie.  (^uod  ad  alicujus  dogmatis  ,fcien- 
ti£  ,  opinionis  intelligentiam  ^  notitiatn pertinet  ;  dog 
maticus.  Ce  mot  n'est  bon  que  dans  le  dogmatique- 
Le  mot  de  catégorie  est  un  terme  dogmatique.  Un 
Philofophe  dogmatique  est  celui  qui  allure  pohtive- 
ment  une  chofe  ,  comme  vraie  ,  qui  établit  des  dog- 
mes en  philofophie.  Il  estoppofé  au  Sceptique,  le- 
quel doute  de  tout.  Alicujus  opinionis  dejenfor ,  Pro 
pugnator.  Les  dogmatiques  décidoient  ptéfomptueu- 
fement  de  tout.  Bail. 

ifT  On  appelle  ton  dogmatique  ,  le  ton  magistral 
&  pédantefque  ,  le  ton  d'un  homme  qui  débite  fes 
opinions  d'un  air  d'alfurance  ,  trop  décilif ,  un  hom- 
me qui  veut  régenter.  Prendre  un  ton  dogmatique 
&  décifif.  Quod  magiflri  autoritatem  ,  gravi tatem 
fapu.  C'est  la  profonde  ignorance  qui  infpire  le  ton 
dogmatique.  La  Br. 

Dogmatique.  Nom  d'une  feéle  d'anciens  Médecins, 
nommés  autrement  Logiciens  ,  parce  qu'ils  em- 
plovoient  les  règles  de  la  Logique,  pour  traiter  ce 
qui  étoit  de  leur  profelhon  ,  uf.int  de  définitions  &C 
dedivifionSj  rcdmfant  les  maladies  à  certains  gen- 
res ,  ces  genres  à  des  efpèces ,  &  ayant  des  remèdes 
pour  les  uns  &  pour  les  autres  \  fe  faifant  des  prin- 
cipes, &  en  tirant  des  conféquences ,  &  appliquant 
ces  principes  &  ces  conféquences  aux  maladies  par- 
ticulières qu'ils  traitoient.  Dogmaticus.  Hippocratc 


DOG  407 

&  Galien  étoient  Dogmatiques  j  ou  de  la  fedle  des 
Dogmatiques  j  les^  Dogmatiques  étoient  ceux  qui 
donnoient  à  la  Médecine  un  arrangement  fembla- 
ble  à  celui  des  fciences  fpécularives ,  qui  définif- 
ioientj  divifoient ,  pofoicnt  des  principes  ,  6c  en 
tiroient  des  conféquences.  C'est  pour  cela  qu'on  les 
nommait  auili  Logiciens.  Ils  s'appliquoient  à  re- 
chercher les  caufes  des  maladies ,  '&  la  nature  des 
remèdes. Erafisrrate,  fameux  dogmatique  ^  alla  Ç\  loin^ 
que  non  content  de  diilcquer  des  chiens  &  des  ani- 
maux ,  il  demandoit  aux  Magistrats  des  criminels 
condamnés  à  mort ,  les  ouvroit  tout  vivans  & 
fouilloit  dans  leuts  entrailles,  /'oye^  encore  au  mot 
MEDECINE  ,  &c  au  motlVlETHODIQUE. 

La  Méthode  de  ces  Médecins  j  s'appelle  Médeci- 
ne dogmatique.  M.  Harris  la  définir  une  prarique 
raifonnée  de  la  Médecine.  Hippocrnte  ,  félon  lui , 
en  fut  le  premier  Auteur ,  &  après  lui  Calien.  Cette 
fede  ,  lut  des  principes  de  Philofophie  ,  à  ce  qu'elle 
prétendoit,  rejetoit  toutes  les  vertus  médecinales , 
qu'elle  ne  penfoit  pas  qu'on  pue  réduire  à  des  qua- 
lités manifestes.  Kiais  il  y  a  long-temps  que  Gaiieii 
lui-même  a  nés -bien  remarqué  qu'il  Eiut  que  ces 
Médecins  ,  ou  nient  des  faits  évidents ,  ou  n'appor- 
tent que  de  très-mauvaifes  raifons  de  pluiieurs  etîets 
qu'ils  prétendent  expliquer.  Harris. 

DOGMATIQUEMENT,  adv.  D'une  manière  dog- 
matique, &  comme  on  parle  en  l'Ecole.  Dialectico 
more.  Cette  question  n'est  pas  prouvée  dogmatique- 
ment J  mais  par  des  raifons  familières  &  accommo- 
dées à  la  capacité  du  peuple. 

Dogmatiquement,  (ignihe  auffi ,    Magistralement 
d'un  ton  ,  d'un  air  de  maître.  Cum  gravitate ,  autori' 
tate  magistri.  Les  Savans  voudroient  bien  s^TTtrribuer 
le  droit  de  parler  dogmatiquement  de  toutes  chofes  ■ 
mais  ils  fe  trompent.  Nie. 

tfT  DOGMATISER,  v.  n.  Enfeigner  quelque  dogme. 
Aliquod  dogma  dijjeminare.  Il  fe  dit  en  mauvaife 
part ,  pour  enfeigner  une  dodrine  faufle  ou  dange- 
reule ,  particulièrement  en  mitière  de  Religion. 
Cet  homme  ne  frit  que  dogmatifcr.  En  France  il  est 
défendu  de  dogmatifcr  ,  d'enfeigner  des  opinions 
nouvelles.  Novam  ,  non  receptam  in  vulgus  opinionem 
dijjeminare. 

Dogmatifcr  vient  du  Grec  ^«'//««"(J"»,  qui  fignifie, 
enfeigner.  Eadmer ,  Moine  de  Can.torbery  ,  dans  la 
vie  de  S.  Vilfroy  ,  C.  IV.  §.  37.  dit  dogmiLti\are  j  en 
parlant  des  Monothélites.  Il  écrivoit  au  commence- 
ment du  XII*^.  fiècle  fous  Menri  I.  perit-fîls  du  Con- 
quérant ^  &:  il  est  plein  de  femblables  termes  j  ce 
qui  fait  croire  qu'ils  croient  déjà  en  ufage  dans  no- 
tre langue  j  qui  avoir  palle  dans  cette  [fie  avec  le 
Conquérant. 

Dogmatiser,  fe  dit  aulhjen  badinant,  de  ceux  qui  font 
les  Doéteuis ,  &c  qui  fe  mêlent  de  régenter  les  autres. 
'Doctorem  agere.  Dogmatifcr ,  en  cette  acception  , 
c'est  débiter  fes  opinions  ,  fes  raifonnemens  d'un 
ton  de  maître ,  d'un  air  trop  déciiif. 

Dogmatifer  en  vers ,  &  rimer  par  chapitres .  Boin. 

Et,  dès  que  dans  :a  chaire  il  a  dogmatifé. 
Du  public  ignorant  11  efl  canonife.  Vill. 

DOGMATISEUR.  f.  m.  Celui  qui  dogmatifé.  Dog- 
matifîes^novA  opinionis  praco.  Ilfe  prend  toujours  en 
mauvaife  part. 

DOGMATISME,  f.  m.  Doctrine  qui  a  des  principes 
certains.  Il  fuit  que  chacun  prenne  parti ,  &:  fe  ran- 
ge ou  au  Dogmatifmc  ,  ou  au  Pyrrhonifme.\?Ai- 

CAL. 

DOGMATISTE.  f.  m.  Qui  dogmatifé,  qui  établit  des 
dogmes.  Quelcniefois  on  dit  ce  mot  pour  Dogmati- 
feur.  Dogmatijtes.  Ce  nom  fe  dit  principalement 
des  héréfiarques  ;  du  moins  c'est  celui  que  l'on  don- 
ne dans  le  for  de  l'Inquifition  Romaine  aux  Au- 
teurs d'héréfie.  /^oyc^-  Pegna  ,  Prax.  Inquif.  &i  Ey- 
meric. Z)//t'(.7or,  Inquif tar.  Les  Afiens d'Alexandrie, 
en  fe  plaignant  de  S.  Athanafc  à  l'Empereur  Jovien , 


\ 


40S  D  O  G     D  O  I  D  O  I 

lui  dirent  un  jpiir  :  Seigneur,  il  nous  appelle  liéiéci-'^     pendant  cela   mon  efprit   s'ennuie.  M.  Scud. 
ques  Se  dogmati/les,  Fleury.  Hi/l.  Ecci.  L.  XV.  Doigt  ,  fe  die  auiîi  de  quelques  animaux  ,  comme  des 

DOGME,  f.  in.  Maxime,  axiome,  prmcipe  j  enfei-  j  crocodiles,  &  de  pluiieurs  oifeaux  ,  (inges,  &c.  Les 
gnement  fervaat  de  règle.  Dogma  ,pi.acuum.  Voilà!  t/o/^w  de  la  bufe  de  Bellonlont  couverts  de  tablettes 
mes  î/c)^/;2ei'&  lesmaxnnesdemapoiitique.  Ablanc.  oud'anneaux.  Faultrier.  DtJi^xdebécaire  ,  de  ca- 
il  fe  dit  particulièrement  des  points  de  religion.  Les  •      nard  ,  «Sec. 

Jo^/72(?j  de  la  foi.  Ce  t/OjD'/«e  a  été  condamné  dans  un  Doigt,  fe  prend  auili  pour  une  petite  mefure  de  la 
tel  Concile.  Les  dogmes  des  Stoïciens  ctoient  la  plu-  'j  grandeur  d'un  travers  de  doigt.  DiglcaLis  crajjhudo  , 
part  des  paradoxes.  Des  dogmes  de  fpéculation  ,  qui  ;  menjura.  Ainii  on  dit ,  Prenare  un  doigt  de  vin,  pour 
ne  gênent  point  les  hommes,  leur  paroillent  plus]  dire^  la  hauteur  d'un  duigt  dans  un  verre.  Il  s'en 
clfentiels  à  la  Religion  ,  que  des  vertus  qui  les  gé-  j  manque  quatre  doigts  que  cette  porte  ne  joigne.  Le 
nent;  &  quelquefois  même  ils  fe  perfuadent  qu'il)  ^/o/^reftla  troilième  pairie  d'un  pouce,  &  il  contient 
est  permis  de  loutenir  ces  dogmes  aux  dépens  de  ces  i  quatre  grains  d'orge  ie  touchans  l'un  l'iiutre  ,  &  po- 
vertus.  g      fés  fuivant  leur  grolleur ,  ou  de  deux  grair.s  mis  l'un 

au  bout  de  l'autre. 
Doigt,  ancienne  mefure  Romaine,  faifant  neuf  lignes 
de  pouces  de  Roi.  Digitaiis  menjura. 

En  termes  d'Aftronomie  ,  doigt  eft  une  mefure 
pour  leséclipfes.  On  divile  le  dilque  ou  le  corps  du 
foleil  ou  de  la  lune  en  douze  parties ,  qu'on  appelle 
doigts  •  &  on  dit  qu'une  éclipfe  elt  de  dix  doigts  , 
quand  l'aftre  eft  oblcurci  en  dix  de  ces  parties.  On 
'es  appelle  doigts  édiptiques .  IJigitt  ecl:ptid. 


Souvent,  fans  y  pçnfer  3  onfe  laijje  féduire , 
Et  pour  dogmes  certains  par  l'bglije  enfeignés , 
Le  \èle  ofe  donner  des  dogmes  condamnés.  Vill, 

DOGNOYER.  v.  a.  Vieux  mot.  S'ébattre, 
DOGRE ,  DOGRE-BOT.  f  m.  Foyei  DAUGRE.  Si 
on  a  égard  à  Tétymologie  3  il  faut  écrire  dogre  j  & 
non  pas  daugre.  Ce  mot  vient  du  mot  Flamand  6'c 


Anglois,  dog  3   chien,  parce  que  les  HoUandois  fe    DOIGT.  Terme  d'Horlogerie.  C'eilla  pièce  de  laqua- 
fervent  des  bàrimens  appelés  dogre-bots  3  pour  pê-        drature  d'une  montre  ,  ou  d'une  pendule  à  répéti- 


cher  fur  le  doggers-bancs ,  on  banc-des-chiens 

DOGUE,  f.  m.  Gros  chien  ,  mâtin  qui  fert  à  garder  les 
maifons ,  ou  à  combattre  contre  les  taureaux  &  au- 
tres bêtes.  Molojjus  Britannicus.  Les  beaux  dogues 
viennent  d'Angleterre. 

■  Ce  mot  vient  de  l'Anglois  dog  3  qui  fignifie  , 
chien. 

Dogue,  f.  m.  Terme  de  Marine.  Les  dogues  font  des 
trous  qui  font  dans  les  platbords  des  deux  côtés  du 
grand  mat ,  pour  armurer  les  couets  de  la  grande 
voile  :  on  les  appelle  auili  dogues-  d'armure.  Chaque 
dogue  a  un  taquet  par  dedans ,  &  une  bordure  par 
dehors.  Foramen. 

DOGUER.  Verbe  qui  ne  fe  dit  qu'avec  le  pronom  per- 
fonnel ,  des  béliers  &  des  moutons.  Il  lignifie  j  fe 
heurter  les  uns  contre  les  autres.  Arictare  ,  Conifca- 
re.  Béliers  qui  fe  doguent.  C'eft  un  terme  de  Pro- 
vince. 

DOGUIN.  f  m.  &  DOGUINE.  f.  f.  Maie  &  femelle 
de  petits  dogues.  Canis  Britannici  catulus.  Les  do- 
guins  &c  les  doguines  s'apprivoifent  facilement, 

D  O  L 

DOIGNER.v.  a.  Vieux  mot.  Donner. 

DOIGT,  f.  m.  On  ne  prononce  point  le  G.  Extrémités 
des  mains  &  des  pieds  des  hommes  divifées  en  plu- 
fieurs  parties. -Di^iw^.  L'homme  a  cinq  doigts  à  cha- 
que main  ,  &  cinq  à  chaque  pied.  Les  doigts  de  la 
main  ont  quinze  os  difpofés  en  trois  ordres  ou  rangs. 
Articuli.  Les  Médecins  appellent  leurs  jointures^  con- 
dyles  ou  nœuds  ,  &  leur  arrangement  éc  leur  fuite  , 
phalanges  j  Phalanges,  ^e  premier  doigt  s'appelle  le 
pouce  3  Pol/ex.  Le  Cecondindex  ,  ou  indice.  Digitus' 
falutaris.  Il  eft  appelé  digitus  numerans  ,  le  doigt  qui 
compte  ,  dans  la  vie  de  S.  Médard  en  vers  par  Ve- 
nantms  Fortunatus.  Voyez  Acla  fancl.  Junii ,  T.  II. 
p.  78.  F.  (S*  79.  D.  où  le  P.  Papebroch  montre  que 
c'eft  ainfi  qa^il  faut  lire.  Le  tioifième  ,  le  doigt  du, 
milieu  3  que  les  Latins  appellent  médius  ,  infamis ,  ob- 
fcenus  ,  impudicus  3  j amofus  ,  parce  qu'on  s'en  fervoit 
autrefois  pour  fe  mocquer  de  quelqu'un  &  le  diffa- 
mer. Le  quatrième  s'appelle  le  Médecin  ,  Medicus  3 
parce  que  les  Anciens  avoient  coutume  dedélayer  les 
mcdicamens  avec  ce  dcigt-\ï.  On  l'appelle  aullî  an- 
nulaire 3  annularis  ,  ou  minimo  proximus  ,  parce 
qu'on  y  porte  d'ordinaire  les  anneaux.  Le  cinquième 
s'appelle  Xo.  petit- doigt ,  ou  l' auriculaire  ,  parce  qu'on 
s'en  fert  à  fe  curer  &  à  fe  netroyer  les  oreilles  ;  .^«- 
ricularis  ,  ou  minimus.  Les  doigts  des  pieds  s'appel- 
lent orteils  ou  arteils.  On  touche  les  inftrumens  avec 
les  doigts.  Les  tables  desdixCommandemensétoient 
gravées  du  doigt  de  Dieu.  Le  plus  bel  ouvrage  du 
monde  n'occupe  que  mes  yeux  ,  àc  iwas  doigts  y  de 


tion.  Elle  entre  fur  l'arbre  de  la  giolît;  roue  de  fon- 
nerie  ,  &  fert  à  faire  fonner  les  quarts ,  en  ramenant 
la  pièce  de  quarts  dans  fon  repos. 

DOIGT  de  hiveau  lignifie ,  félon  le  fieur  Deran  ,  une 
de  fes  branches.  Daviler  l'appelle  iras  ,  &c   d'autres  ' 
rappellent  branche. 

DOIGTS.  Termes  de  Conchyliologie.  Ce  font  des  poin- 
tes émoullées  d'un  genre  d'Ourlin  ,  appelé  hchinus 
digitJtus. 

Doigt,  fe  ditfigurément ,  en  termes  de  l'Ecriture,  pour 
lignifier ,  Puilïànce.  Digitus.  Lq  doigt  de  Dieu  a  para 
viliblement  en  cette  rencontre ,  quand  il  arrive  quel- 
que accident  miraculeux ,  ou  quelque  châtiment  , 
qui  marquent  fa  pullfance  ou  la  colère.  Le  doigt  de 
Dieu  eft  ici. 

DciGT,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Mon 
petit  c^o/^r  mel'adit,  pour  dire  ,  je  l'ai  fu  par  une 
voix  fecrette  &  inconnue.  Cela  ne  fe  dit  qu'aux  en- 
fans-  On  dit  d'une  chofe  qu'on  épargne  ,  dont  on 
donne  peu ,  qu'on  n'en  a  qu'à  lèche  doigt.  On  dit 
d'un  homme,  que  les  doigts  lui  démangent,  pour 
dire  qu'il  a  envie  de  fe  battre  ,  s'il  eft  loldat  ;  ou 
d'écrire  contre  quelqu'un  ,  s'il  eft  Auteur.  On  dit 
qu'un  homme  fe  gratte  la  tête  du  bout  du  doigt  , 
quand  il  a  quelque  chofe  qui  le  chagrine.  Avoir  de 
l'efprit  au  bout  des  doigts  •  c'eft  être  adroit  de  la. 
main.  Faire  toucher  au  doigt  Se  à  l'cEil ,  montrer  au 
doigt  Se  à  l'œil ,  c'eft  hiire  voir  &  toucher  fenlîble- 
ment  la  chofe.  On  dit  qu'un  homme  eft  f^rvi ,  eft 
panfé  au  doigt  Se  à  l'œil  3  pour  dire  3  qu'on  en  a 
grand  foin  ,  qu'il  ne  lui  manque  rien.  Toucher  du 
bout  du  doigt  à  quelque  chofcj  c'eft  en  être  bien  près. 
On  dit.  Eue  à. deux  doigts  de  h  mort  j  pour  dire. 
Etre  en  grand  danger  de  mort.  Montrer  au  doigt  y 
c'eft-à-dire ,  Se  mocquer  de  quelqu'un.  Etre  montré 
au c/o/gT,  parmi  les  Grecs  &  les  Latins,  croit  une 
marque  de  mérite  :  en  François,  il  ne  fe  dit  qu'en- 
mauvaife  part. 

Faut-il  que  déformais  à  deux  doigts  l'on  te  tnontre  j 
Et  qu'on  te  jette  au  ne^  le  fcandaleux  auront 
Qu'une  femme  mal  née  imprime  fur  ton  front? 

Moi. 

On  dit  3  Donner  fur  les  doigts,  avoir  fur  les  doigts. 
pour  dire  ,  Reprendre,  corriger  quelqu'un.  Il  en  mor- 
dra fes  doigts  j  pour  dire  ,  Il  s'en  repentira.  Mettre 
le  û'oi^rdeifus  ;  pour  dire  , Trouver  ce  qu'on  cherche. 
Compter  fur  fes  doigts  ,  pour  dire  ,  Compter  à  la 
manière  du  peuple.  On  dit  des  bons  morceaux  , 
qu'on  s'en  lèche  les  doigts,  pour  dire  ,  qu'on  mange 
tout,  &  qu'on  en  fouhaite  encore.  On  dit  quelque- 
fois qu'on  s'en  lèche  les  doigts  jufqu'au  coude.  Je 
voudrois  qu'il  m'en  eût  coûté  un  doigt  j  pour  dire,Je 

racheterois 


DOÎ 

ràcheterois  "cela  de  beaucoup.  Je  n'en  mettrois  pas 
mon  djigc  au  feu  ;  pour  dire  ,  Je  me  détie  de  la  vé- 
rité de  cela.  On  dit,  de  deux  bons  amisj  que  ce  font 
les  deux  doigts  de  la  main.  On  ditj  d'une,  pecfonne, 
qu'elle  ne  fait  œuvre  de  fes  dix  dnigis -^  pour  dire  , 
quelle  eft  tout  à-fait  fainéante  j  qu'elle  lait  une 
chofe  fur  le  bout  du  doig:  ;  pour  dire  ,  qu'elle  la 
fait  par  cœur  &  très-bien.  On  dit  aulli ,  Mettre  le 
doigc  entre  le  bois  &  l'écorce ,  ou  entre  l'enclume  & 
le  marteau  ;  pour  dire  ,  Se  trouver  engagé  entre 
deux  Puilïances  qui  donnent  fujet  de  craindre  des 
deux  côtés  ;  ou  le  mêler  d'atlaires  entre  proches  , 
comme  mari  ic  femme  ,  ècc  Dans  la  plupart  de  ces 
expreilions  populaires  j  le  mot  doigi:  ell  pris  au  ri 
guré. 

DOIGTER.  V.  n.  Terme  de  Mufique  \  Mouvoir , 
haulfer  &  bailfer  les  doigts  ,  les  faire  marcher  d'une 
façon  convenable  &  régulière  fur  un  inftrument  , 
pour  en  jouer  le  plus  nettement  &  le  plus  facilement 
qu'il  eft  poifible  ,  &  en  tirer  diftérens  fons.  Prxtcn- 
tAve  dirais.  Pour  commencer  à  apprendre  à  jouer  de 
la  mulette  ,  il  faut  doigter  quelque  temps ,  fans  re- 
chercher la  mefure,  ni  l'air  qu'on  étudie.  Traité  de 
la  lUufctte  j  P,  1 .  C  3 . 

^fT  Ce  mot  s'emploie  comme  fubftantif  mafcu- 
lin.  Le  doigter.  Sur  les  inllrumens  à  manche,  le  prin- 
cipal du  djigter  conrifte  dans  les  différentes  pofitions 
de  la  main. 

DOiGTlER,  f.  m.  Ce  qui  ferc  à  couvrir  un  doigt.  On 
mit  à^s  do igtiers  àe  cmï  ,  ou  de  linge,  aux  doigts 
qu'on  a  paniés ,  pour  y  faire  tenir  l'emplâtre.  Pelli- 
ceavel  linteadiguorurti  tiieca.  Quelques  Artifans  fe 
fervent  de  doigticrs  ,  quand  ils  ont  quelque  rude 
travail  à  faire  avec  les  doigts.  Les  Chirurgiens  fe  fer 
ventaulll  de  doigtiers  dans  quelques  opérations,  pour 
mieux  tenir  quelques  parties  que  l'humidité  rend 
coulantes,  &  qui  leur  échapperoient  fans  les  û'o/^'- 
tiers  \  par  exemple  ,  les  boyaux  dans  la  gallroraphie. 
On  met  auili  des  doigtiers  de  linge  à  ceux  qui  ont 
m  il  au  doigt. 

DOILE ,  ou  DOELE.  Voyez  DOUELLE. 

DOINT.  Vieux  mot.  Troifième  perfonne  du  préfent 
du  fubjondif  du  Verbe  donner.  Det.  Dieu  doint<\\ie, 
dcc./iixit  Deus. 

DO'-RE.  Nom  de  rivière.  Duria ,  Doria.  Il  y  en  a  deux 
de  ce  nom.  La  grande  &  la  petite  Doire ,  toutes 
deux  dans  les  Etats  de  Piémont  ,  ou  ,  comme  par- 
lent les  Anciens  Géographes  ,  dans  la  Gaule  Cifal 
pine.  La  grande  Doire  ,  autrement  Doria  Baltea  j 
prend  fa  fource  dans  les  Alpes  Grecques,  aux  confins 
du  Valais  ,  vers  le  grand  &  le  petit  S.  Bernard  ,  bai 
gne  Aoufle ,  Bart  j  Yvrée ,  &  fe  décharge  dans  le  Po 
un  peu  au-delfus  du  Crefcentin  &c  de  Vérue.  Doria  , 
ou  Duria  Major. 

La  petite  Doire  ,  Duria  Minor,  ou  Doria  Segufi- 
na  ,  &c  en  François  la  Doije  Sujine  ,  a  fa  fource  dans 
les  Alpes  Cottiennes ,  au  mont  Gencvre  dans  leDau- 
phiné.  Elle  arrofe  le  fort  d  Exiles  ;  &  entrant  dans  le 
Piémont  elle  paife  à  Sufe  ,  d'où  elle  a  pris  le  nom  de 
Sufine  ,  à  Veillanes  ,  à  Rivoles ,  &  tombe  dans  le  Pô, 
un  peu  au-delïous  de  Turin. 

DOIS.  f.  m.  Vieux  mor  quife  trouve  en  plufieurs  ligni- 
fications. Dans  celle  du  Conduit,  venant  de  Duciusy 
dans  celle  de  Dais  ou  de  Siège  j  &  dans  celle  du  De 
à  jouer. 

§3"DOIT.  Terme  de  commerce.  Intitulé  des  livres  des 
Marchands  qui  fe  ti.-nnent  en  débit  &  en  crédir.  Les 
pages  à  main  gauche,  qui  eft  le  côté  du  débit  ou 
dettes  palfives  J  font  intit\ilées  Doit  j  Se  le  côté  op- 
pofé  ,  qui  eft  celui  du  crédit  ou  dettes  aélives  ,  eft 
intitulé  Avoir. 

DOITE.  f.  f.  Terme  de  Tilferan  ,  pour  marquer  la 
grolfeur  du  fil.  Ces  deux  échevaux  ne  font  pas  d'une 
même  Doite. 

DOITEE.  f.  f  Petite  quantité  de  fil.  Une  aiguillée  pour 
régler  la  grolTeur  du  fil,  afin  de  faire  filer  égale- 
ment plufieurs  fileules. 

Tome  III, 


DOL 

D  O  L. 


40^ 


1^3"  DOL.  f  m.  Vieux  mot  qui  n'eft  plus  en  ufage  qu'au 
Palais.  C'eft,  en  général ,  une  rule  dont  on  fe  ferc 
pour  tromper  quelqu'un,  ûoius.  Le  dol  étant  une 
rufe  &  une  adrelfe  frauduleufe  ^  la  diftinétion  en  dol 
bon  &  en  dol  mauvais  j  ne  peut  que  paroitre  fingu- 
lière.  On  appelle  dol  bon  ,  dolus  bonus  ,  celui  qui  eft 
permis  ,  comme  de  tromper  les  ennemis  de  l'Etat. 
Le  dol  mauvais ,  dolus  malus  ,  eft  celui  qui  eft  com- 
mis pour  tromper  quelqu'un.  Le  dol  peifonnel  eft 
un  moyen  de  requête  civile.  Le  4^0/ réel  ne  vicie  pas 
une  tranfadion.  En  toutes  les  réfignations  il  fauc 
qu'il  y  ait  une  affirmation  ,  qu'il  n'eft  intervenu  a\i- 
can  dol  J  fraude,  ni  fimonie.  Autrefois  on  mettoic 
dans  les  contrats  cette  formule ,  qu'il  n'y  avoir  dol  , 
fraude ,  ni  mal  engin. 

fiCJ"  On  appelle  (/0/ perfonnel ,  celui  qui  provient 
du  fait  de  quelqu'un  ,  dans  le  delfein  de  tromper  un 
autre  :  comme  lile  vendeur  d'une  terre  ,  d'une  mai- 
fon  ,  fait  paroître  un  bail  fimulé  ,  à  plus  haut  prix 
que  celui  qui  eft  convenu  entre  le  bailleur  ou  le  pre- 
neur ,  dans  le  delfein  de  vendre  cette  terre  ou  cette 
maifon  un  prix  plus  fort  fur  le  pied  du  bail.  Ce  dol 
donne  lieu  à  la  reftitution  &  à  la  requête  civile. 

Le  dol  réel  eft  celui  qui  vient  de  la  chofe  ,  &  non 
du  fait  du  vendeur  .•  comme  quand  un  acquéreac 
croyant  acheter  des  biens  d'une  certaine  valeur  ,  s'eft 
trompé  dans  l'opinion  qu'il  en  avoit  ^  foit  qu'il  fs 
foit  trompé  par  ignorance,  foir  pour  n'avoir  pas 
fuffifammenr  examiné  la  nature  &  la  qualité  de  cet 
biens  ,  qui  fe  trouvent  d'une  valeur  beaucoup  moin- 
dre. Ce  dol  réel  eft  improprement  qualifié  dol,  puif- 
qu'il  n'y  a  point  de  fraude  de  la  part  du  vendeur  » 
qui  n'étoit  pas  obligé  de  déclarer  la  qualité  de  fes 
biens.  Aulli  cq  dol  ne  donne  point  lieu  à  la  reftitu- 
tion ni  à  la  requête  civile ,  à  moins  qu'il  n'y  ait  lé- 
fion  d'outre  moitié  du  jufte  prix. 

Ce  mot  vient  du  mot  Latin  Dolus  ,  formé  du  mot 
Grec  ^(JÀo;, 
DOL ,  Ville  de  France  j  Epifcopale  ,  fituée  en  Breta- 
gne J  vers  les  confins  de  Normandie ,  à  trois  ou  qua- 
tre lieues  de  S.  Mâlo.  Dola.  Elle  eft  à  deux  lieues  de 
la  mer,  dans  un  pays  marécageux.  Dol  n'étoit  d'a- 
bord qu'un  château  ,  auprès  duquel  fui  fondée  une 
Abbaye  fur  le  haut  de  la  montagne.  Quelques-uns. 
difent  qu'un  Seigneur  nommé  Primat  lui  donna  ce' 
nom  ,  pour  marquer  la  douleur  qu'il  eut  de  la  motc 
de  fa  femme.  C'eft  apparemment  une  fable  ,  fondée . 
fur  la  relfemblance  des  mots.  Dola  ,  Dolor.  Dans  la 
fuite  le  peuple  vint  s'habituer  de  bâtir  des  maifons 
proche  de  ce  Château  &  de  cette  Abbaye,  &  peu-à- 
peu  fe  forma  la  ville  de  Dol  y  qui   fut   érigée  en 
Evêché  en  )66.  &  dont  S.  Samlon  fut  le  premier 
Evêque  ,  qui  eut  pour  luccefleur  S.  Magloire,  donc 
les  Reliques  furent  tranfporteés  à  Paris  fous  le  Roi 
Lothaire.  Duchefne.  Ântiq.  des  villes  de  France  P.  11^ 
C.  J.  Néomène  ayant  ulurpé  le  titre  de  Roi  de  Bre— ' 
tagne  ,  la  fit  ériger  en  Métropole.  Les  Archevêques' 
de  Tours  ne  cefsèrent  point  de  fe  plaindre  de  cette 
érection  j  les  Rois  de  France  appuyèrent  fortement 
leurs  plaintes  j  &  enfin  ,  fur  les  inftances  de  Philippe 
Augufte,  Flugues  ayant  quitté  ce  fiége ,  Innocent  III. 
ordonna  en  1 15>8.  que  Dol  Ceron  remis  fous  la  mé- 
tropole |de  Tours  j  comme  tous   les  autres  Evêchcs 
de  Breragne.  L'Evêché  de  Dol  n'a  que  cinq  lieues 
d'étendue  ,  quatre  Abbayes  &  quatre-vingts  Paroif- 
{es.  Dol,  félon  les  cartes  de  M.  de  Lille  ,  eft  à  1 5 
degrés  environ  45  min  de  long.  &  à  48  degrés  envi- 
ron 50  minut.  de  latitude. 

Quelques-uns  croient  que  l'Evêché  de  Dol  ed  le 
pays  des  anciens  Biablinres  ,  Diablintes  ,  ou  Dia- 
blindes ,  Diablindi ,  comme  Pline  les  appelle,  L. 
IV.  c.  1  S.  &:  des  Diaulites ,  Diaulits, ,  de  Ptolomée  j 
qu'encore  aujourd'hui  ce  pays  s'appelle  Diablères  » 
&:  qu'il  y  a  des  frmilles  qui  portent  le  nom  de  i^/'a- 
^/tj. D'autrqs  mettent  les  Diablintes  dans  le  Perche; 
Henri  Valois^  préfère  le  premier  fentiment. 

Fff 


4IO  D  O  L 

DOLA.  Rrivicre  de  la  Turquie  j  dans  !a  Nntolie.  Les 
Turcs  ]ui  donnent  ce  nom  j  mais  les  Grecs  lui  ont 
conlervé  celui  de  ï  anheiii ,  de  Parchenius  ,  nom  que 
lui  domioient  les  Anciens. 

DOLCE  -  AQUA.  Petite  ville  des  Etats  de  Savoye. 
Dulcis  aqua.  Elle  eft  fur  la  petite  rivière  de  Nervia  . 
à  une  lieue  de  Ventimille.  Doice-aqua  eft  capitale 
'd'un  petit  Marquilat,  rellerré  entre  le  Comté  de  Nice 
&  TEtat  de  Gènes.  Ce  mot  eft  Italien,  &  lîgnitie  tau 

d0UC€. 

DOLCIGNO.  Fb>  cï  Dulcigno. 

DOLCINDA.  Foyf.i  Dulcinda. 

DOLE.  Ville  de  France  :,  dans  le  Comté  de  Bourgo- 
gne, ou  la  Frauclie-Comté./^o/ii.  Elle  eft  fut  le  Doux, 
a  15  degrés  quelques  minutes  de  longitude  ,  à  47  de- 
grés 7  ou  8  mmutes  de  latitude,  félon  la  Carte  de 
l'Académie  des  Sciences.  Dole,  autrefois  capitale  du 
Comté,  eft  une  ville  bien  bâtie  &  bien  fortifiée.  Il 
y  a  une  Chambre  des  Comptes,  &  une  Univerfité 
fondée  en  1426.  par  Philippe  le  Bon  ,  Duc  de  Bour- 
gogne. Il  y  avoir  autrefois  un  Parlement  j  que 
Louis  la  Grand  transféra  à  Befançon  dans  le  XIV'^ 
fièclcj  aufli-bien  que  l'LJniverfué  en  1691.  Louis  XI, 
après  la  journée  de  Guinegafte  ,  faccagea  Dole 
Charles  V.  la  fit  fortifier ,  &  en  fit  une  Citadelle, 
Auili  foutint-elle  un  fiége  de  trois  mois  contre  les 
François  en  \6i6.  Louis  le  Grand  la  prit  avec 
toutela  Franche-Comté  pendant  le  mois  de  Février 
i66'À.  Il  la  fit  démanteler ,  &  la  rendit  par  le  traité 
d'Aix  la  Chapelle.  îl  reprit  Dole  ôi  toute  la  Provin- 
ce en  KÎ74.  &  depuis  elle  eft  reftée  à  la  France  ,  à 
laquelle  elle  a  été  cédée  par  le  traité  de  Nimé- 
gue.  Le  Palais  qui  s'y  voit  ,  &  qui  eft ,  dit-on  , 
grand  &  magnifique  ,  a  été  bâti  par  Frédéric  I.  Em- 
pereur. 

Dole.  Nom  de  montagne.  Dola.  Le  Dole  eft  une  pe- 
tite partie  du  Mont  S.  Claude.  Il  eft  aux  confins  du 
pays  de  Gex,  de  celui  de  Vaud  &  de  la  Franche- 
Comté.  Le  Dole  eft  célèbre  à  caufe  de  fa  grande 
hauteur,  &  des  fimples  &c  plantes  rares  qu'on  )■« 
trouve. 

DOLÉANCE.  f.  f.  Plainte.  Querela  ,  quejlus.  Les  Ca- 
hiers des  Etats  alfemblés  contenoient  les  plaintes  & 
doléances  des  peuples.  Il  m'a  conté  fa  doléance ,  le 
fujet  de  fon  afflidion  II  fe  dit  plus  ordinairement  au 
pluriel  qu'au  fingulier.  Il  n'eft  plus  d'ufage  que  dans 
le  ftyle  familier, 

DOLÉMMENT.  adv.  D'une  manière  dolente.  ZJo/d/2- 
ter.  La  Tourterelle  gémit  dolcinment  après  la  mort 
de  fon  pair. 
DOLENT  ,  ENTE.  adj.  qui  fe  plaint  ,  8c  qui  fouffre  de 
la  douleur  au  corps  ,  ou  à  l'efpiit  ,  qui  eft  trifte. 
Trijlis  j  dolens.  Un  cœur  dolent ,  une  ame  dolente. 
Il  ne  fe  dit  guère  que  par  raillerie ,  &  dans  le  ftyle 
.  comique. 

J'avais ,   Martin  vivant ,  l'œil  gaij  l'ame  contente  \ 
Et  je  fuis  maintenant  ma  commère  dolente.  Mol. 

DOLER.  v.  a.  Terme  d'art.  Aplanir  &  unir  le  bois 
avec  une  doloire  ,  jufqu'à  ce  qu'il  foit  en  état  d'être 
"employé.  Dolare. 

IJ3"  Ce  terme  eft  aufii  ufité  parmi  les  Gantiers  : 
Doler\Q%  eftaviUons,  c'eft  parer  Se  amincir  les  mor- 
ceaux de  peaux  deftinés  à  faire  des  gants.  Encyc. 

IJCT  Chez  les  Tabletiers-Cornetiers  ,  c'eft  ébau- 
cher â  la  hache  ou  à  la  ferpe  des  cornes  d'animaux  , 
pour  en  faire  des  cornets  à  jouer, 

J]crDOLÉ,ÉE.parr. 

bOLFAR.  Ville  de  l'Arabie-Heureufe.  Dolfara.me 
eft  capitale  de  la  Principauté  d'Hadramuth  ,  ou  de 
Xaëli ,  &  fituée  fur  la  mer  d'Arabie. 

DOLICHA.  Petite  ville  de  la  Turquie  en  Afie.  Do- 
Hcha,DoHche,  Dolichcne.  Elle  eft  furie  Marfyaspiès 
de  l'Euphrate.  Quoique  Dolicha  ait  un  Evcché  fuf- 
fragant  d'Edelfe,  elle  eft  cependant  fort  mal  peuplée. 
Maty. 

DOLICHOLITHE.  f  m.  C'eft  un  nom  c^ue  Velfchius 
donne  à  certaines  pierres  noirâtres  qui  viennent  du 


D  O  L       D  O  M 

Tirol ,  qui  ont  la  forme  d'une  fève  ,  &  qui  rendent 
une  odeur  agréable  j  lorf.ju'on  les  frotte.  Cas tilli  , 
d'après  les  t phemeridcs  des  curieux  de  la  Nature  ,  ^n. 
I.  Obf.  1 57.  Ce  mot  vient  de  ^'Z'Z'^ ,  /'■■ve  ,  &  de 
Ai'êw  j  pierre. 

DOLINCOURT.  Terme  de  Fleurifte.  Tulippe  pour- 
pre ,  rouge  &  blanc.  MoaiN. 

DOLIMAN.f  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  uneefpèce 
de  longue  foutane  que  les  Turcs  portent  ,  qui  leur 
pend  jufqu'aux  pieds ,  &  dont  les  manches  étroites 
le  boutonnent  auprès  de  la  main.  P'ejlis  talaris.  Les 
Turcs  mettent  d'abord  un  caleçon  fur  leur  corps  nu, 
tant  les  hommes  que  les  femmes.  Par-delfus  le  cale- 
çon j  ils  ont  une  chemife  ,  &  fur  la  chemile  le  doli- 
man.  En  été  il  eft  de  toile,  ou  de  moufteline  ;  en 
hiver  il  eft  de  fatin,ou  de  quelque  autre  étoffe.  Voy, 
Le  Brun.  Voyage  au  Levant. 

DOLLART  ,  ou  DOLLERT.  Golfe  nommé  autre- 
ment le  Golfe  d'Embden.  Sinus  Dollartius  ,  oit 
£V7rWi7nivj.  C'eft  une  partie  de  la  mer  d'Allemagne 
Il  eft  à  l'embouchure  de  l'Embs,  entre  le  Comté 
d'Embden  ,  Se  la  Seigneurie  de  Groningue.  Le 
Golfe  de  Dollart  étoit  autrefois  une  belle  campa- 
gne, où  il  y  avoit  trente-trois  villages  ,  qui  furent 
tous  fubmergés  ,  la  mer  ayant  rompu  les  digues  en 

DOLNSTEIN.  Petite  ville  du  Cercle  de  Franconie, 
Dolnjleinum.  Elle  eft  fur  la  rivière  d'Altmul  j  dans 
l'Evêché  d'Aifchtet. 

DOLOIR,  v.  n.  Vieux  mot.  Souffrir ,  fentir  de  la  dou- 
leur. 

DOLOIRE.  f.  f.  Inftrument  de  Tonnelier,  qui  a  un 
tranchant  long  &  fort  aigu,  S<.  un  manche  pefanc 
qui  lai  lert  de  contrepoids.  Dolahra  ^  dolabella , 
petite  doloire.  Son  ufage  eft  pour  unir  &  aplanir  le 
bois  ,  tailleï  les  cerceaux ,  &c.  La  doloire  tient  le 
milieu  entre  la  hache  &  la  ferpe.  En  quelques  lieux 
on  coupe  la  tête  avec  une  doloire. 

%T  Du  Latin  dolabra  on  a  fait  ,  en  Botanique  , 
dolahriforme  ,  pour  exprimer  la  figure  de  certaines 
feuilles.  La  doloire  n'a  qu'un  bifeau.  Elle  coupe  le 
bois  entravers,  &  non  pas  fuivant  la  direélion  d;s 
fibres. 

En  ternies  de  Blafon ,  on  appelé  une  hache  fans 
manche  ,  doloire. 

Doloire  j  eft  auflî  un  terme  de  Chirurgie,  C'eft  une 
forte  de  bandage  fimple  &  inégal  ,  dont  les  circon-. 
volutions  ne  font  que  biaifer  un  peu  ,  en  fe  couvrant 
les  unes  les  autres,  Fafcia parumper  obliqua. 

DOLOPE.  f.  m.  Nom  de  peuple.  Dolops.  Les  Dolopcs 
étoient  des  peuples  de  la  Thelfalie ,  à  l'extrémité 
de  la  Phtiotide.  Pline  ,  L.  IV  ,  c.  2  ,  les  met  pour- 
tant dans  l'yEolide ,  &  Ptolomée  dans  l'Epire.  Les 
uns  les  mettent  à  la  fource  du  fleuve  Achelolis ,  Sc 
les  autres  le  long  du  Pénée. 

DOLOPIE.  Dolopia.  C'eft  ainfi  que  Strabon  &  Thii- 
cydide  appellent  le  pays  des  Dolopes ,  à  ce  que  dit 
Hoftman.  Strabon  ,  L.  I,dit  que  ce  pays  étoit  voifin 
desPœons,  &  L.  IX,  qu'il  étoit  voifin  du  Pinde  du 
côté  du  midi.  On  prétend  que  c'eft  ce  que  l'on  ap- 
pelé aujourd'hui  Onoblaca. 

DOLOSER,  v.  n.  Vieux  mot  qui  s'eft  dit  pour  plain- 
dre. On  a  dit  auflî  ,fe  douloufer  ,  pour  fe  plaindre  ; 
&  le  mot  de  Dol  a  été  employé  pour  ,  Deuil ,  dou- 
leur. 

DOLTABAD ,  ou  DAULET-ABAB.  Ville  du  Royau- 
me de  Décan ,  dans  la  Prefqu'île  de  l'Inde  ,  deçà 
le  Gange.  Doltabatum.  Elle  eft  capitale  de  la  Provin- 
ce de  Balaguate,  &  fituée  fur  la  rivière  de  Guenga, 
aux  confins  du  Mogoliftan.  Maty.  Doltabad  a  une 
forterelfe  au  haut  d'une  montagne  efcarpée  de  tous 
côtés  ,  &  où  l'on  ne  va  que  par  un  chemin  Ci  étroir , 
qu'il  n'y  peut  pafter  qu'un  chameau  ,  ou  un  cheval 
à  la  fois.  Corn.  Quelques  uns  conjed'jrent  que  Dol- 
tabad eft  l'ancienne  Tabafo  de  Pline.  Maty. 

D  O  M. 

jDOM  ,  ou  DON.  f.  m.  Titre  d'honneur  emprunté  de 


D   O   M 

rEfpagnol ,  qui  figtiifie  Sieur ,  ou  Seigneur.  Doml 
nus.   Dom  Jean   d'Autriche  ,  Doni  Barthclemi  des 
Martyrs.  M.  d'Ablancourt  dit  Dom  Jean  :m.iisbien 
Ats  gens    font  d'avis  qu'il   f.iut  dire,  Dom.  Jouan. 
MÉN.  Goliut ,  dans  ks  Mém.  des  Bourg.  L.  V,  c.  1 1, 
dit  que  le  premier  à  qui  les  Erpa<;aols  donnèrent  le 
titre  de  Don  tut  Dom  Pelayo,  lorfque,  challcs  par  les 
Sarrazins  au  commencement  du  Ville,  ficelé  ils  s'ar- 
rêtèrent dans    les    Pyrénées,  <?>:  le  firent  leur  Roi. 
Quelques-uns  difent  que  ce  fut  Froila  qui  introdui- 
iit  le  premier  le  titre  de  Don    en   EÎ'pagne  ,  que 
d'autres  attribuent  à  Pelage.  P.  Dori.  C'étoit  autre- 
fois un  titre  d'honneur  en   Efpagne  ,    rélervé  à  la 
haute  NoblelFe.  Il  e(l  devenu    prelque  aulli  com- 
mun que  celui  de  Monlieur  en   France.  Il  le  joint 
toujours  aux   noms    de    Baptême,   Efpagnols  ^  Z>. 
Juan,  D.  Luis  •    au  lieu  que  nous  difons  en  France 
Dom  Mabillon  ,  Do/n  Calmet.    Les  Efpagnols  écri- 
vent toujours   Don  ,  par  une  n ,  Se   les  Portugais 
Dom  ,  par  une  m ,  parce  qu'aucun  mot  Portugais  ne 
finit  par  une  n.  Ce  titre  ne  s'eft  pas  encore  avili  en 
Portugal ,  &  perfonne  ne  peut  prendre   le  titre  de 
Dom,  qui  eft  une  marque  de  la  Nobleiïe ,  fans  en 
avoir    permilllon    du    Roi.  De  la  Nkuville.  Ce 
mot  eiî  en  ulage  en  France  parmi  quelques  Ordres 
Religieux  ,   comme    Chartreux ,  FeuiUans  ,  Béné- 
dictins ,  ôc  autres.  On   dit  au  pluriels  Doms  avec 
une  s,  quand  on  parle  de  plufieurs. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Domnus ,  abrégé  àz  Do- 
minus.  Le  mot  de  Domnus  a  été  employé  par  les 
Auteurs  de  la  balFe  Latinité  au  lieu  de  Dominus , 
en  lejetant  un  i.  Onuphrius  dit  que  c'ell:  un  titre 
qu'on  donna  d'abord  au  Pape  feul  ,  puis  aux  Evè- 
ques  &c  aux  Abbés  ,  ou  auues  qui  avoieiit  quel- 
que dignité  Eccléliaftique  ,  ou  qui  étoient  re- 
commandables  par  leur  vertu  &  leur  fainteté.  De- 
puis il  a  été  donné  aux  finiples  Moines.  Quelques- 
uns  difent  que  par  humilité  ils  ne  voulurent  pas 
prendre  le  nom  de  Dominus  j  parce  qu'il  apparte- 
noit  à  Dieu  feul  ,  &  qu'ils  prirent  celui  de  Dom- 
nus,  qui  marquoit  de  l'infériorité  ^  quafi  minor Do- 
minus. L'abréviation  Domnus  ,  au  lieu  de  Dominus. _ 
eft  très-ancienne  ,  il  l'on  fait  attention  au  furnom  de 
Julie  ,  femme  de  l'Empereur  Septime  Sévère  ,  qui 
s'appelle  fur  les  Médailles  Julia  Domna,  au  lieu  de 
JuUa  Domina.  On  dit  aulli  au  féminin  j  Domna 
pour  Doini'm  ,  d'où  les  Italiens  ont  fait  Donna. 
Pasq.  V'oye\  le  mi^t  de  Monsieur. 

M.  de  Marca  &  Guichart  écrivent  don  avec  une  n; 
&  celui-ci  va  chercher  l'origine  de  ce  mot  dans  l'Hé- 
breu adon ,  en  retranchant  la  première  fyliabe.  Plu- 
fieurs ont  aujourd'hui  la  délicateire  de  diftinguer 
entre  Dom  Se  Don,  félon  qu'ils  appliquent  ce  mot, 
à  quelque  Moine ,  ou  à  un  grand  Seigneur.  Il  di- 
fent Dom  Juan  d'Autriche ,  éc  Don  S.acriftain.  Au- 
tretois  on  écrivoit  Domp  ,  Se  même  Damp.  On 
donne  le  nom  de  Damne  ,  ou  Donne  aux  Feuillan- 
tines. 
DOM-CHATEAU.  f  m.  Terme  de  Fleurifte.  Tulipe 

violet  -  cramoiii ,  pourpre  &  blanc.  Morin. 
DOMAINE,  f.  m.  Terme  de  Jurifprudence  ,  qui  lig- 
nifie la  propriété  d'un    bien  qui   nous  appartient , 
Se  dont  nous  avons  acquis  le  droit  de  propriété  à 
jufte  titre.  Domimum. 

Il  fignifie  quelquefois  un  corps  d'héritages  ,  biens 
de  campagne  ,  ferme  ,  métairie.  Pofjejfioncs.  Tout  le 
bien  de  cette  Abbaye  elt  en  domaine  ,  il  fe  confume 
tout  en  réparation.  Il  y  a  quatre  petits  domaines  ou 
métairies  dépendans  de  cette  terre.  Racan  dit  dans 
fes  Bergeries. 

Qui  n'a  vu  d'autre  mer  que  la  Marne  ou  la  Seine  , 
Et  croit  que  tout  finit ,  où  finit  fon  domaine. 

C'eft-à-dire,  fa  terre.  Ménage  dérive  ce  mot  de  doma- 
nium  ,  qu'on  dit  pour  dominium. 
Domaine  ,  fe  dit  quelquefois  d'un  droit  feigneurial 
fans  propriété.  Dominium.  En  miticre  deSeiijneurie, 
celui  qui  paie  le  cens  a  le  domaine  utile  de  la  terre  ; 


DOM  41 1 

8c  le  Seigneur  à  qui  on  le  paie  ,  en  a  le  domaine  di- 
rect. On  appelé  domaine  direct  j  le  titre  feul  du  do- 
maine. Le  domaine  utile  ,  le  profit  &  l'utilité  qui  en 
revient.  La  fumme  ïetient  le  domaine  direct  de  fes 
biens  dotaux  ,  &  le  domaine  utile  paiTe  au  mati. 

Domaine  j  ie  prend  quelquefois  pour  une  généralité 
de  biens  qu  on  pollède  en  propre,  foit  héritages, 
foit  rentes  ,  ou  autres  droits.  Pojjejfiones  ,  dominium. 
L'ufige  a  fait  que  ce  terme  général  de  domaine  eft 
devenu  particulier  Se  propre  au  parrimoine  des  Rois. 
Le  Domaine  de  la  Couronne  elt  imprefcriptible  & 
inaliénable  ;  il  ne  fe  vend  qu'à  faculté  de  rachat 
perpétuel.  La  Chambre  du  Domaine ,  le  Fermier 
du  Domaine,  les  Receveurs  du  Domaine,  la  réunion 
des  Domaines  à  la  Couronne.  On  a  fait  feuvent  l.i 
vente  Se  la  revente  du  Domaine.  Il  y  a  cette  diffé- 
rence entre  le  Domaine  du  Roi ,  Se  les  Aides ,  ou 
autres  impofitions ,  que  les  Juges  ordinaires  ,  Se  les 
Tréforiers  de  France  ,  connoilfent  du  Domaine  en 
première  inftance  ,  &  le  Parlement  par  appel.  Poul- 
ies Tailles  ,  Aides,  Sec  ce  font  les  Elus  ,  &:  la 
Cour  des  Aides  par  appel. 

ItT  Le  domaine  du  Roi  eft  fixe  ôc  cafuel.  Le  do- 
maine fixe  eft  l'ancien  domaine  de  nos  Rois  j  qui  eft 
compofé  de  Seigneuries  ,  Terres  ,  Poiïeflions  Se 
Droits,  qui  appartiennent  au  Roi  en  qualité  de  Sou- 
verain ,  comme  font  les  Tailles  ,  les  Gabelles  ,  les 
Douannes,  les  Droits  d'entrées ,  Sec.  Ferrieres. 

$3"  Le  domaine  cafuel  eft  tout  ce  qui  appartient 
au  Roi  par  droit  de  conquête ,  ou  par  acquilition  ; 
comme  par  fucceftion ,  droit  d'Aubaine  ,  confifca- 
tion  ,  bâtardife  Se  déshérence. 

|13"  Le  domaine  fixe ,  comme  étant  fpécialement 
confacré  à  la  couronne  ,  eft,  par  un  privilège  par- 
ticulier ,  inaliénable  de  fa  nature  Se  imprefcripti- 
ble ,  au  lieu  que  le  domaine  cafuel  peut  être  aliéné 
par  le  Roi,  Se  par  conféquent  il  peut  être  prefcrit. 
C'eft  pourquoi  les  Rois  peuvent  en  difpofer  par 
donation  ou  autrement  :  mais  ce  domaine  cafuel 
devient  fixe  après  dix  ans  de  joullfance  ,  ou  quand 
il  a  été  joint  à  l'ancien  domaine  par  Edit^  Décla- 
ration ,  ou  Lettres-Patentes. 

fCT  Domaine  particulier  du  Roi  ^  c'eft  celui  qui 
con lifte  dans  les  biens  que  le  Roi  avoir  ;  lorfqu'il 
eft  parvenu  à  la  Couronne.  Ce  patrimoine  n'eft  point 
inhérent  à  la  Couronne,  mais  perfonnel  au  Roi,  qui 
peut  en  difpofer  en  fiveur  de  qui  il  lui  plaît ,  fans 
que  ces  biens  foient  fujets  à  réverfion ,  comme  le 
font  ceux  du  domaine  de  la  Couronne. 

Domaine  Forain,  eft  une  efpèce  de  Domaine  du 
Roi,  qui  eft  une  impofition  qui  fe  lève  pour  la  né- 
celîité  de  la  guerre  fur  les  marchandifes  qui  entrent 
dans  le  Royaume ,  ou  qui  en  fortenr. 

Domaine,  en  plufieurs  Coutumes  ,  fignifie  le  fief  do- 
minant,  le  chef-lieu  ou  manoir,  où  eft  due  la  foi 
Se  hommage  par  le  vallal  ;  le  lieu  d'où  dépendent 
les  fiefs  &  vaflaux.  Prsdium  dominicum  ^  henefLciaril 
domini  s.des.  On  appelle  Domaine  immuable  ,  ou  Do~ 
maine  fieffé ,  les  cens  Se  rentes  feigneuriales  ,  qui 
n'augmentent  ni  ne  diminuent  jamais  \  Domaine 
muahle  ,  le  revenu  des  fermes ,  qui  eft  différent , 
fui  vaut  les  années  &  les  baux  ;  Domaine  congeable, 
en  Bretagne,  eft  celui  quia  été  donné  gratuitement 
par  un  Seigneur,  qui  y  peut  rentrer ,  quand  il  lui 
plaît ,  en  payant  cependant  les  améliorations  qui 
auroient  été  faites  par  le  poftelTèur  qui  eft  oblige 
de  s'en  delfaifir. 

On  ditj  proverbialement,  J'aimerois  autant  qui- 
ter  le  Fief  pour  le  domaine  ,  pour  dire  3  qu'on  ai' 
meroit  autant  abandonner  le   tout. 

DOMANGERS.  Voye^  DOMENGER. 

DOMANIAL.  ALE.  adj.  qui  appartient  au  domaine. 
Ad  Dominium  fpectans.  Les  Greffes  Çonx.  domaniaux, 
fuivant  l'Ordonnance  de  Philippe  le  Long  j  de  l'an 
1  ^19  ,  aulîi-bien  que  les  Tabellionages.  Voye-{-en 
la  raifon  à  GREFFE.  Traite  domarual  ,  c'eft  une 
impofition  mife  par  Edir  d'Henri  II  j  en  1577,  fut 
quatre  efpèces  de  marchandifes  ,  le  blé,  le  vin,  la 

rf  f  ij 


4ii  D  O  M 

toile,  &  le  paftel  ,  quand  elles  font   tranfportces 
hois  du  Royaume. 
^C7"  Domanial,   fignifie  dominant  :  ainfi  un  héritage 
domanial,  eft  un  Fief,  qui  a  droit  de  fupériorité  lur 
les  héritages  qui  en  relèvent. 

§Cr  Tout  héritage,  chargé  de  cenfive  envers  le 
Roi,  ou   un  Seigneur   particulier,  n'ett  point  do- 
manial. 
DOMANIER.  adj.  On  appelle  dans  les  Coutumes  , 
Seigneur    domani&r  ,  le  Seigneur  Jufticier  j  droits 
8c  exploits  domaniers,  ceux  qui  concernent  le  do- 
maine.  Domini  pojfejj'or  ,  pr^dii  Dominus. 
DOMAZLICE.  Voyei  TAUFF. 
DOiMBES.   Le  Pais    de  Bombes,  la  Souveraineté  de 
Dombes.  Dumbs.,  Dumbai\um.  La  Dombes  e^hoï- 
née  pat  la  Brelfe  à  l'orient ,  par  le  Beaujolois  à  l'oc- 
cident,  par  le  Lyonnois  au  midi,  &   par  le  Ma- 
connois  au  Septentrion.  Ce  pays  qui  s  étend  le  long 
de  la  Saône  ,  qui  le  fépare  du  Beaujolois,   eft  beau 
&  alTèz  fertile.  Il  eft  divifé  en  douze  Châtellenies  : 
qui  font -.Trévoux,  Beauregard,  Montmcrle,  Toilfey, 
Lent ,  Chalamont ,  le  Châtelard  ,  Marlieu  ,  Baneins, 
Villeneuve,  Amberieux,  &  Ligneu.  Ses  villes  prin 
cipales  font  Trévoux  ,  Toilfey,  Montmerle,  Chala 
mont  j  &    Lent;  Trévoux  e;i  eft  la  Capitale.    Ct 
pays  a  toujours  été  poftedé  en  Souveraineté,  même 
avant  que  les  Sires  de  Beaujeu  ,  qui  en  ont  été  les 
maîtres  pendant  plufieurs  hècles  ,  en  fulTent  en  pof- 
felîion.  En  1400  ,  Edoiiard  fécond.  Sire  de  Beaujeuj 
fit  donation  de  la  Souveraineté  de  Dombes  à  Louis 
fécond ,  Duc  de  Bourbon  ,  dont  les  defcendans  l'ont 
polfédée  jufq n'en  l'année  1 521,  que  François  I,  s'en 
rendit  maître   après    la  retraite  du  Connétable  de 
Bo'irbon  ,  qui  en  étoit  Souverain    en   vertu    de  la 
donation    que  lui   en    avoir  fait  Sufanne  de  Bour- 
bon, fa  femme.  En  l'année  1560^  il  y  eut  un  traité 
fait  à  Orléans  au  fujer  des  biens  &  terres  de  la  fuc- 
ceilion  du  Connétable  de  Bourbon  ,  qui  furent  len 
dus  au  Duc  de  Montpenfier  j  fon  périt  neveu  \  ce 
traité  porte  entre  autres  cliofcs  que  le  Roi  veut  & 
entend  que  le  Duc  de  Montpenfier  &  fes  fuccellcurs 
jouiirentde  la  iJ'ombeien   ourdroitde  fouveraineté, 
ce  qui  a  été  exécuté  ;  Cc  Prince  &  fes  defcendans 
ayant  toujours  eu  la  plénitude  de  la  Souveraineté.  Le 
Duc  de  Montpenfier  eut  de  Jacqueline  de  Longv/i, 
Comteire  de  Bar  fut  Seine  ,  François  ,  qui  fut  père 
de  Henri.  Ce  dernier  lailfa  de  Henriette  ,  Duchelfe 
de  Joyeufe,  Marie  deBou  bon,  qui  époufa  Gafton 
de  France  ,  Duc  d'Orléans  j  qui  fut  père  de  la  Prin 
celTè    Anne-Marie-Louife  ,  qui  rit  donation  de   la 
Principauté  de  Dombes  à  M.  le  Duc  du  Maine ,  au- 
quel a  fuccédé  Louis-Augufte  de  Bourbon  j  Prince 
de  Dombes  ,  fon  fils. 

La  Souveraineté  de  Dombes  a  un  Parlement , 
dont  le  Siège  eft  à  Trévoux.  Foyei  TRÉVOUX  & 
PARLEMENT. 

Ce  nom ,  Dombes  ,  vient  peut-être  de   Tumbit  , 
parce  que  ce  pays  eft  plein  de  collines  &  de  lieux 
élevés ,  qui  dans  la  balfe  latinité  fe  font  appelés  , 
Tumbit,  Tombes,  Dombes.  Tumba  eft  la  même  cho- 
fe  que  tumulus ,  de  tumor.  Bechman.  Or/gin.  Ling. 
lut. 
DOMBOCH.  f.  m.  Arbre  qui  croît  au  Royaume  de 
Quoia  ,  pays  des  Nuits.  Il  porte  un  fruit  qui  ref- 
femble  aux  nèfles ,  &  qui  eft  bon  à  manger.  Son 
écorce  prife  dans  quelque  liqueur  excite  le  vomif- 
fement.  Les   habitans  fe  fervent  du  bois  de  cet  ar- 
bre pour  faire  des  canots.  Il  eft  rougeâtre  ,  &  d'une 
couleur  qui  approc'ne  du  bois  de  Brélil. 
DOME.  f.  m.  Ouvrage  d'Archireélure  qui  s'élève  au- 
detTus  d'un  bâtiment  en  figure  fphérique  ,    &  qui 
fert  à  couvfir  le  rnili>^u  d'une  croifée  d'Eglife  ,  un 
pavillon  ,  un  fallon  ,  un  vcftibule  ,  un  efcalier  j  &c. 
Concameratum  £dis  fa'ligium.  La  plupart  des  dômes 
font    de  figure  ronde  par  delTus  ;   mais  il  y    en   a 
auftî  de  carrés  ,  comme  ceux  du  Louvre.  Il  s'en  fait 
à  plufieurs  faces  dans  leur  conrour ,  comme  celui 
de  l'Eglife  des  Jéfuites  de  la  rue  S.  Antoine.  Sou- 
vent les  dômes  ont  des  colonnes  autour  par  dehors 


D  O  M 

qui  fervent  à  les  orner  j  &  à  foutenir  la  voûte. 
On  dume  Jlirbaijje  ,  eft  celui  dont  le  contour  eft  au- 
delîbus  du  demi-cercle.  Concameratum  adis  Ja/u- 
gium  ,  idemquc  delumbatum.  La  plupart  des  bâtimens 
de  Conftancinople  font  faits  en  dôme.  Le  dôme  de 
S.  Pierre  de  Rome  eft  d'une  grandeur  éronnanre. 
Toutes  les  belles  Eglifes  modernes  ont  des  dômes  à 
la  croilée.  C'eft  pourquoi  dôme  fe  prend  pour  une 
Eglife  Carhédrale.  Le  dôme  de  Milan ,  de  Floren- 
ce ,  &c.  Les  Italiens  les  appellent  coupoles. 

Ce  mot  vient  de  doma,  qui  chez  les  Anciens  figni- 
fioit  un  toit  ou  porche  à  découvert ,  comme  le  dit 
Papias.  Il  le  trouve  dans  les  Auteurs  de  la  baft'e 
Latinité  qui  l'ont  pris  du  Grec  ,  &  qui  ont  appelé 
aullî  tout  bâtiment  rond  trullus  ou  trullum  ,  tel  qué- 
toit  le  Palais  de  Conftantinople  ,  oii  fut  tenu  le 
Concile  qu'on  appela  de  ce  nom  j  in   Trullo. 

On  appelle  aufti  voûte  en  dôme  j  un  fallon  ,  ou 
une  galerie  dont  les  planchers  ne  font  point  plats , 
mais  qui  font  voûtés  en  rond  ,  ou  en  berceau.  On 
appelé  dôme  de  treillage  ,  la  couverture  d'un  pavil- 
lon ,  ou  fallon  de  tteillage.  Concameratum  pergulis 
Jaftigium.    Dôme  furbailTé  ,  eft  celui  dont  le  con- 
tour eft  au  deftbus  du  demi-cercle  ,  Doma  depref- 
fum  :  dôme  futmonté ,  eft  un  dôme  formé  en  demi- 
fphéroide ,  doma  hemifpheroides. 
DÔME  J  s'eft  dit   autrefois  pour  Eglife   cathédrale.  Il 
y  avoir  des  pauvres    nommés  matriculiers  ,  parce 
qu'ils  étoient  infcrits   dans  la  matricule  ,  ou   cata- 
logue ,  foit  du  Dôme  ,  c'eft-à-dire  j  de  la   cathé- 
dtale  }  foit  des  autres  Eglifes.  Fleury. 

Les  Chymiftes  appelent  aufli  dôme  ,  la  partie  fu- 
périeure  des  fourneaux  de  réverbère. 

Les  Orfèvres  appellent  auffi  dôme  ,  la  partie  fupé- 
rieure  ou  couverture  des  caffolettes  j  encenfoirs  &: 
autres  ouvrages  femblables. 
DOMEj  le  Puy ,   ou  le  Puy  de  ZJowe.  Aiontagne  de 
France  ,  proche  de  Clermont  en  Auvergne.  Dumum^ 
Cuma.  Cette   montagne  a  de  bons  pâturages  &  des 
(impies  exquis.  II  y  a  au  fommet  des  ruines  de  bà- 
timens  qui  paroilfent  avoir  été  magnifiques. 
DOMEINE.  /'ayq  DOMAINE. 
DOMENGER.  f.  m.   Terme  de  Coutume ,  ufité  fur- 
tout  en  Galcogne  &  en  Bearn.  Gentilhomme.  Do- 
mïceLlus.  Les  Anciens  aéles  latins  diftinguent  les  No- 
bles de  Gafcogne  &  de  Bearn  in  milites  iy  Domi- 
oùlos  ;  c'eft-à  dire  j  en  Chevaliers  &  Domengers. 
De  AjARCa.   Hist.  de  Bearn.  L,   VI ,  c.  14,  §.  10. 
Les  anciens  titres  diftinguent  les  Nobles  de  liéarn 
en  trois  rangs  ;  favoir ,  Jurars  de  la  Cour  de  Béarn  , 
Milites  6"  Domicelli.  Les  Jurats  de  la  Cour  de  Béarn 
font  les  Barons  \  les  Milites  font  les  Chevaliers,  qui 
ont  la  qualité   de  Dominus  ,  ou  de  Don ,  ou  bien  , 
pour  parler  fuivant  le  vulgaire  Bearnois  de  ce  remps- 
Vi^tn.  Les  troifièmes,   Domicclù,  font  les  Domen- 
gers ;   qui  avoient  aullî  jurifùidioa,  &  même  de 
grandes  terres.  Id.  Ce  que  les  actes  Larins  expriment 
par  Milites  &    Domicelli ,  ceux  qui  font  conçus  en 
langage  Gafcon  le  tournent  en  Cavers  ^  ou  Cuicrs  ^ 
&    Domengers  ,  Danzeros  ,  Donzeles ,  ou  Donze- 
loos ,  fuivant  l'idiome  des  Provinces.  Id.  La  d  élion 
de  Domengers  fîgnifie  non-feulement  les  Noble;  j 
qui  ont  une  maifon  affranchie  fans  aucune  jurifdic- 
tion,  comme  on  la  prend  maintenant  ;   mais  elle 
eft  employée,  dans  l'ancien  tor,  pour  route  forre  de 
Nobles  y  puifque   les  Domengers  y   font  formelle- 
ment diftingués  en  ceux  qui  ont  fujets  &  jarifdic- 
tion  ,  &  en  ceux  qui  n'en  ont  pas.  On  voit  au  même 
fens,  dans  les  anciens  inres,  Domicellos ,  parmi  lef- 
quels  font  dénombrés  les  maîtres  des  plus   belles 
rerres  de  Béarn,  qui  ont  fujers  &  jurifdiction.  D'où 
vient  que,  dans  le  vieux  &z  nouveau  for,  la  maifon 
noble,  où  les  Seigneurs,  foir  Barons,  Cavers  ,  ou 
Domengers  ,  font  leur  demeure   &   réfidence  ,  eft 
nommée  Domengadure ,  qui  eft  proprement  ce  que 
les  livres  des  Feudes  appellent -Ôo/72//wa;m7-rt.  Id. 

Au  refte  ^  ce  tet me  de  Domenoers  ,  ou  Domicelli , 
tire  fon  origine  de  Domnus, â'oii  eft  dérivé  Domicel- 
lus.  Ce  mot ,  fous  les  Rois  de  la  première  race ,  figni- 


D  O  M 

fioit  le  fils  au  Roi.  Foye:[  Marculfe.  Eiifuite  hs  enf.ins 
des  grands  Valfaux  &  Barons  prirent  le  cure  de  L>^'>- 
nuccdi  ,  &  les  femmes  celui  de  DoinïceLU  ,  aind 
qu'on  l'apprend  des  lois  du  Roi  S.iinc  Edouard  jCon- 
felFeut,  6C  d'Athon  ,  Glollateur  des  Conttuucions  de 
l'Empereur  Othon,  &  des  anciens  regiltres  ^  de  force 
qu  il  ne  faut  pas  trouver  étrange  que  nos  prédécel- 
feurs  fe  ibient  fervis  de  cette  didion  pour  dcfii^ner 
un  Gentilhomme  qui  n'étoit  ni  ii.iron ,  ni  Chevalier. 
De  Marca. 

DOMEKiE.  f.  h  Titre  que  prennent  quelques  bénéfices 
ou  Abbayes  en  France  ,  qui  lont ,  ou  qui  écoient  des 
efpèces  d  hôpitaux,  amli  appelés  quaji  donius  Dci-^ 
ou  de  iJom  ,  Seigneur  j  Domine  ,  Seigneurie  ,  parce 
que  ces  Bénéfices  ont  ordinairement  la  Seigneurie 
temporelle  de  leur  territoire.  Aubrac  eft  une  Ûôine- 
rie  au  Diocèfe  de  Rhodez  qui  vaut  quarante  mille 
livres  de  rente.  C'ell  un  Hôpital  tameux  j  établi , 
dit-on,  en  i  iio  par  Adalard  Vicomte  de  Flandre.  La 
mauvaife  adminitlration  ^ui  étoïc  traite  de  cette  Do- 
mcrii  par  le  cher  des  i-'rètres  &  Hofpitaliers  de  cette 
mailbn  ,  engagea  M.  de  Noailles  ,  depuis  Archevê- 
que de  i^aris  6c  Cardinal ,  à  qui  cette  Domcrie  avoit 
été  donnée  ,  à  ne  rien  négliger  pour  y  établir  un 
meilleur  ordre.  MoREai  ,  au  mot  ALFBRAC. 

DOMcoCiiS.  adj.  Vieux  mot.  Domertique.  Oifeaux 
prives  ,  betes  dumejchss. 

DOMEbfiCl  TE.  f.  f.  Qualité  de  domeftiqua.  Domefti- 
cu'ti  noincn.  La  i:>:nijiicité  ell  un  reproche  à  un  té 
moin ,  une  cuife  de  réc.ifation  pour  un  Juge. 

DOMESTIQJE.  adj.  m.  &  t.  Qui  ell:  de  la  maifon  , 
qui  appartient  à  la  mailon.  Doincjhcus.  Afiaires  do- 
m&jli<iues.  Dieux  dome/liques.  Il  feroic  à  fouhaiter 
que  nos  jeunes  gens  fe  pi^iualfent  du  noble  dehr  d'i- 
miter j  Se  même  de  furpalTer  les  exemples  domefliques 
que  leurs  ancêtres  leur  ont  lailfés.  Cail. 

Do.vissriQUE  fe  prend  aulîî  pour  apprivoifi,  &  efl:  op- 
pofé  à  jduvage.  Ckur.  Les  pigeons  d'un  colombier 
font  mis  au  rang  des  animaux  domeiliquas.  Les  chiens , 
chats  ,  &c.  font  animaux  domefiiques. 

^fT\\  ell  quelquefois  oppofé  à  Etranger.  Guerres 
dome/liques. 

Domestique,  efl:  aulll  quelquefois  fubft.  &  fe  prend 
pour  l'intérieur  de  la  maifon.  Ce  Prince  eft  agréable 
quand  il  ell  en  fon  djmcjiique  ;  c'eft-à-dire  j  en  fon 
particulier.  Inc.r  domejlkos.  Il  a  régi;  extrêmement 
bien  tout  fon  domejhque  ;  c'eft-à-dire,  toutes  les  at- 
faites  de  fa  maifon.  Comme  j'en  faifois  du  bruit  le 
lendemain  dans  mondo:nefrique.  Bussi-.Iab.  Le  mari 
doit  avoir  foin  du  domeft.que^  de  la  fubhllance  du 
ménage. 

Domestique,  quand  il  eit  fubftantif  ,  a  encore  un 
autre  iens ,  qui  ell  plus  étendu  qee  celui  du  mot 
fervitcur.  Serviteur  ne  fignifie  que  ceux  qui  fervent  à 
gages  3  comme  les  valets  ,  les  laquais ,  les  portiers  , 
ikc.  Famnlus.  Domejhque  comptend  tous  ceux  qui 
font  fubordonnés  à  quelqu'un ,  qui  compofent  la 
maifon  ,  qui  demeurent  chez  lui ,  ou  qui  lont  cenlés 
y  demeurer ,  comme  Incendans  ,  Secrétaires ,  Com- 
mis ,  Gens  d'atfaires  :  quel  luefois  domeftique  dit  en- 
core plus  ,  &  s'étend  jufqu'à  la  femme  &  aux  en 
fans.  Ellepalli  bientôt  dansl'efprit  de  Ion  domejlique 
pour  un  peu  trop  entêtée  de  fa  beauté.  N . .. 

Domestique,  fe  dit  des  plus  grands  Seigneurs  qui  font 
Officiers  chez  le  Roi ,  O'i  chez  les  Princes.  Le  Roi 
écrivant  à  la  Reine  de  Suède  ^  Chriftine  )  au  fujet  de 
l'alfillinat  commis  à  Rome  y  en  la  perfonne  de  f  m 
Ambalfadeur  &  de  fon  AmbalHidrice  ,  parle  en  ces 
Termes  :  Je  me  réfolus ,  pour  faristaire  à  la  piopen- 
fion  naturelle  qu'a  Sa  Sainteté  à  la  magnificence,  de 
lui  envoyer  une  Ambalîade  d'éclat  j  jetant  les  yeux 
pour  11  foutenir  fur  un  des  plus  qualifiés  Seigneurs 
de  mon  Royaume  ,  &  en  qui  j'ai  entière  confiance  , 
comme  étant  mon  Domeftique. 

Domestiquf  du  Roi.  Nom  d'un  office  de  nos  premiers 
Rois.  Bardin  en  parle  dans  fon  Grand  Chambellan  de 
France  ,  C-  IV.  p.  8  &  9.  On  trouve  aulIi,  fous  ms 
Rois  de  la  première  race  au 'V^  &  VF  fiedes  j  &c.  le 
Domestique  de  la  Maifon  de  Campagne  ,  Domefllcus 


D  O  M  413 

vilU  ;  c'eii  ctoit  le  Gouverneur  ou  le  Bailli  :  le  Do- 
mescique  d'un  pays,  Domesticus  regionis  ,  y  comman- 
do! t  fous  le  Comte.  On  mit  aulfi  un  Domestique  fur 
pluheurs  Maifons  ou  Terres  du  Roi.  C'étoit  un  ef- 
pèce  de  Sénéchal  J  plutôt  qu'un  Bailli.  Il  y  avoit  en- 
cote  un  Domestique  ,  ou  intendant ,  qui  commandoic 
aux  elclaves  du  Roi ,  qui  avoient  loin  de  fes  haras  Sc 
de  les  beftiaux.  Le  Gendre.  Ce  n'elt  apparemment 
autre  chofc  que  Iq  Domesticus  vilU  ,  dont  nous  avons 
parlé. 
Domestique,  f.  m.  Nom  d'un  Officier  de  la  Cour  des 
Empereurs  de  Conftantinople,  Domesticus ,  dcuie-nKcs 
Fabrot  ,  dans  fon  Glollaire  Inr  Théophilaéle  Simoc- 
cata  ,  définit  Z)c)/;2£..f//d/«e  en  général ,  celui  que  l'on 
charge  d'afiaires  importantes,  au  foin  &  à  la  fidélité 
duquel  on  les  commet  :  un  ConfeiUer  :  Cujus  fidei 
graviores alicujus rei  cura  & foUicitudines committuntur  : 
à  Con/Iliis.  D'autres  difent  que  les  Grecs  appeloient 
Domestiques  ceux  que  l'on  appeloit  Comtes  à  Rome  , 
&  qu'ils  fe  fervirent  du  nom  de  domestique  ,  fur  tout 
depuis ,  lorfque  le  nom  de  Comte  fut  devenu  un  nom 
de  dignité,  &  qu'il  cella  d'être  un  nom  d'Oflicier  fer- 
vant  auprès  du  Prince.  Ainfi  l'on  appela  Domesti- 
ques ^  tous  ceux  qui  fervoient  le  Prince  ,■  qui  l'ai- 
doientdans  l'adminiftration  des  affaires ,  tant  de  fon 
palais  &  de  jufiice,  que  dans  les  affaires  Eccléfiaf- 
tiques. 

Dans  le  Palais  il  y  avoit  le  Grand  Domeftique  j  ou 
le  Megadomelfique  ,  Mûgnus  Domefttcus ,  Megado- 
mcsticus  ,  que  l'on  appeloit  auili  par  excellence  le 
Domestique  fimplement&  tout  court,  Domesticus.  Il 
fervoit  l'Empereur  à  table  ,  &  faifoit  la  charge  de 
celui  qu'on  appeloit  en  Occident  Dapijer ,  &c  auquel 
a  fuccédé  la  charge  de  Grand-Maître  de  la  Maifon  du 
Roi  ;  ou  bien  il  étoic  dans  l'Empire  d'Orient  ce 
qu'on  appeloit  en  Occident  Grand  Sénéchal ,  Major- 
dome. Il  commandoit  aulli  l'armée  de  terre  ,  comme 
le  Grand  Duc  ,  Magnus  Dux ,  commandoit  celle 
de  mer. 

Le  Domestique  de  la  Table  ,  Domesticus  menfte , 
éroit  un  Officier  qui  fut  créé  dans  la  fuite,  &  qui 
étoit  au-dellous  du  Grand  Domestique ,  &c  faifoic 
l'office  de  Sénéchal. 

Le  Domestique  du  revenu  ou  de  la  Maifon  d« 
l'Empereur ,  Domesticus  rei  domestics. ,  fut  auffi  créé 
dans  la  luite ,  &  faifoit  la  fonétion  du  Dap/fer ,  ou 
Grand-Maître  de  la  Miifon  du  Prince. 

Le  Domestique  des  Troupes  de  réferve ,  Domeft- 
ticus  Scholarum  ,  autrement  Domestique  des  Légions^ 
Domescieus  Legionum  ,  étoit  l'Officier  qui  commaiir 
doit  les  troupes  de  réierve,  appelées  Ecoles  Palatines. 
SchoU  Palatine.  C'étoient  en  Orient  huit,  &  en  Oc- 
cidenr  fix  Régimens  ,  ou  Légions  qui  étoient  tou- 
jours de  réierve  pour  recevoir  (5v  exécuter  les  ordres 
de  l'Empereur.  Elles  obéirent  d'abord  à  l'un  ou  l'au- 
tre des  Maîtres  des  Offices  ,  &  enfuite  au  Grand 
Domestique  ,  &  puis  au  Domestique  des  Ecoles  , 
qu'on  appelle  aulli  Domestique  des  Nombres.  Do- 
mesticus Numerorum.  li  s'appelle  quelquefois Z)c>/;zej- 
tique  8c  Patrice  des  troupes  de  réierve.  f^oye:;  Joan. 
Scylitzer,  p.  Szy.  Nicéphore  Callilfe,  L.  'VII.  c.  18. 
L.  VIII.  c.  2.  Nicetas  de  Paphlagonie  j  vie  d'Ig- 
nace. 

Le  Domestique  des  murs ,  Domesticus  murorum  , 
étoit  celui  qui  avoit  l'Intendance  de  toutes  les  Forti- 
fications. 

Le  Domestique  des  Régions  ,  c'eft-à-dire,  de  l'O- 
rient &  de  \'Occ\Aqm,  Domesticus  Regionum.Q'ho'it 
celui  qui  avoit  la  charge  de  toutes  les  afiàires  qui 
concernoient  le  public  ,  où  le  public  avoff'mtérct, 
à-peu-près  comme  ici  un  Avocat  &  jjn  Procureur- 
Général,  excepté  qu'il  fervoit  auprès  du  Prince,  &c 
non  pas  dans  un  Tribunal  de  judice.  C'étoit  le  Mi- 
niftre  pour  les  affaires  du  dedans  de  lEtat.  Anne 
Comnène  die  Domestique  d'Orient  ,  Domestique 
d'Occident. 

Le  Domestique  des  Icanates ,  ou  des  cohortes  mi- 
litaires, Domesticus  Icanatorum.  Cette  charge  fut  éri- 
gée par  l'Empereur  Nicéphore  en  faveur  de   fon 


4T4  D  O  M 

petit-fils  Nicétas  ,  fils  de  Michel  Rhangab  Sc  de 
i'a  fille  ,  &  qui  fut  depuis  Patriaiche  de  Conftan-  i 
tinople.  _  'i 

Plufieurs  autres  Officiers  de  jiuerre  portoient  le 
nom  de  Domestique ,  qui  ne  lignifioit  nen  autre  I 
chofe  que  Commandant ,  Colonel.  Le  Domestique 
de  la  Légion  ,  ou  Régiment,  Brigade,  que  l'on  nom- 
moit  Optimatcs  ,  étoit  leur  Commandant ,  Domesti- 
eus  Optimatum.  Le  Domestique  des  Stateurs  j  Stato- 
rum.  Stator  eft  propremsnt  celui  qui  eft  de  fervice 
auprès  d'un  Prince  ,  qui  eft  à  fes  côtés  :  dans  Anal- 
tafe  le  Bibliothécaire  ,  il  y  a  Domesticus  Stratorum. 
Le  Domestique  des  Légions  d'Orient  ou  d'Occident, 
Domesticus  Legionum  Orientalium  y  Occidentalium  j 
c'eft  comme  Colonel  Général  de  ces  Légions. 
Domestique,  f.  m.  Nom  d'un  Corps  de  troupes  dans 
l'Empire  Romain.  Domesticus.  Pancirole  croit  que 
les  Domestiques  font  les  mêmes  que  l'on  appeloit 
Protectorcs ,  qui  étoient  principalement  chargés  de 
garder  la  perfonne  du  Prince  dans  un  degré  élevé  au- 
deifus  des  Prétoriens  ,  &  qui ,  fous  les  Empereurs 
Chrétiens ,  avoient  le  privilège  de  porter  le  grand 
étendart  de  la  Croix.  On  prétend  qu'ils  étoient  au 
nombre  de  3  500  avant  Juftinien  ,  qui  y  en  ajouta  en- 
core zooc.  Ils  étoient  partagés  en  diverfes  bandes  ou 
compagnies ,  que  les  Latins  appeloient  Sckolas  ,  &c 
dont  quelques-unes  ont  été  ,  dit-on ,  établies  par 
Gordien.  Les  unes  étoient  de  cavalerie,  &  les  autres 
d'infanterie.  TiLL. 

Il  y  avoir  un  Comte  des  Domestiques 3  dignité  que 
l'on  trouve  marquée  fous  Emilien  ,  peut-être  pour  la 
première  fois.  Elle  fervit  de  dernier  degré  à  Dioclé- 
lien  pour  s'élever  à  l'Empire  ,  &  elle  eft  devenue  en^ 
fuite  fort  célèbre  dans  le  IV^  fiècle.  Tillem.  Les 
Comtes  ou  Commandans  des  Domestiquas  étoient 
fouvent  des  Princes  étrangers  ,  habiles  dans  la  guer- 
re, &  que  l'on  envoyoit  conduire  des  armées  contrô- 
les Barbares.  Tillem. 

Dans  les  Tribunaux  de  Juflice  ,  les  Domestiques 
étoient  les  Miniftres  &  les  AlTelfeurs  des  Juges ,  tels 
qu'étoient  ceux  qir'ou  appeloit  alors  Chanceliers ,  les 
Greffiers,  &:c. 

Dans  l'Eglife ,  il  y  avoit  le  Domestique  du  Chœur, 
Domesticus  Chori ,  qui  tenoit  la  féconde  place  d:uis 
Ja  cinquième  divifion  ou  portion  des  Officiers  de  l'E- 
glife de  Conftantinople.  Codin  ne  dit  point  quelle 
étoit  fa  fondtion. 

Dans  l'Eglife  de  Conftantinople,  les  deux  Domes- 
tiques étoient  comme  deux  Grands  Chantres  ,  011 
deux  Premiers  Chantres  ;&  on  leur  donnolt  quel 
quetois  ce  nom  Protopfalptes  \  a'^ku^U.  Un  des  deux 
Domestiques  avoit  la  direction  du  Chœur  du  côto 
droit  j  CSC  l'autre  avoir  la  direélion  du  Chœur  du  côté 
gauche  :  ils  annonçoient  au  Patriarche  ,  ou  au  Prêtre 
qui  célébroit  ,  qu'il  falloir  prier,  en  lui  difant,  Bé- 
nijje^  ,  Seigneur.  La  dignité  de  Domestique  étoit  fort 
conddérable. 

Dominique  Macri  en  diftingue  trois  ;  le  Domesti- 
que du  Clergé  Patriarchal  \  le  Domest'que  du  Clergé 
Impérial  ,  c'eft  à-dire ,  le  A^laîtro  de  la  Chapelle  tle 
l'Empereur  j  &  le  Domestique  Defpinique  j  ou  de 
l'Impératrice,  c'eft-à-dire  ,  le  Maître  de  fa  Chapelle. 
Il  y  avoit  encore  d'autres  Domestiques  d'un  ordre 
bien  inférieur  à  ceux  dont  on  vient  de  parler  ;  on 
les  appeloit  Patriarchaux  j  Patriarchales.  Ils  avoient 
le  rang  des  Lecteurs  :  leur  fonétion  étoit  de  faire 
des  acclamations  à  la  fin  de  l'Office  divin  ,  lorf- 
que  le  Patriarche  s'en  retournoit ,  ou  lorfqu'il  don- 
noû^a  bénédiction  au  peuple,  &  ils  difoient  dans 
ce^Wlafions  ces  paroles  ,  Pour  plu/leurs  années  , 
.     Seigneur.^ 

\q  Domestique  des  Portes  croit  le  premier  du 
neuvième  ou  dernier  rang  dans  la  même  Eglife. 
Il  étoit  Garde  des  Portes  ,  Aide  du  Portier  ^  Sa- 
criftain. 

Il  y  a  audl  dins  Codin,  p.  8  ,  le  Domestique  de 
l'Ambon  ,  ou  de  la  rribune  :  c'eft  celui  qui  en  avoit 
foin. 

Voyez  fur  tout  cela  Codin  ,  De  Offic.  Constant,  p. 


D  O  M 

50 ,  ^9  ,  95 ,  117,  1 1 8  ,  1 1 p  ,  &c.  Luitprand  ,  Hiit. 
L.  Vl.  C.  5.  Les  Gloffaires  de  Meurfius ,  de  Fabrot 
fur  Cédrenus  &  fur  Conftantin  Manaflcs ,  des  Ma- 
cri ,  de  Du  Cange,  de  Spelman  ,  d'Hoft'man  ,  Henri 
Valois  dans  fes  Notes  fur  Ammien  Marceilin  ,  Liv. 
XV  ,  p.  8  5  ,  &c. 
Domestique,  f  f.  Nom  que  l'on  donne  dans  l'Ordre 
de  la  Vifitation  aux  filles  du  troiliènie  rang  qui  com- 
polcnt  cette  Congrégation.  Domestica.  Il  y  a  dans 
cet  Ordre  des  Religieufes  de  trois  fortes  ;  des  Cho- 
riftes  ,  des  AlTùciées  ,  &  des  Domestiques.  P.  He- 
LYOT  ,  T.  III.  C.  44.  Les  AlTnciées  anlïl-bien  que  les 
Domestiques  ne  fonr  pas  obligées  à  lOftice ,  mais 
Seulement  à  dire    un  certain  nombre  de  Pater  & 
d'Ave.  Les  Domestiques  ne  peuvent  remplir  aucune 
charge  de  l'ordre.  In. 
DOMESTIQUEMENT.  adv.  A  la  manière  d'un  Do- 
meftique  ,   &    quelquefois    fimilièrement.    Il  eft 
attaché    domestiquement    à    un    tel    Seigneur.    Cet 
homme  vit  domestiquement  avec  nous.    Il  eft  peu 
uiiré. 
DOMESTIQUER  ,  pour  apprivoifer.  Vieux  mot.  M. 
Dellon  s'en  eft  fervi  dans  ie  i  tome  de  fes  Voyages  , 
chap.  5  ,  p.   32.  Les  Bœufs  ,  dit-il  ,  ne  font  pas  il 
communs  dans  l'ifle  Bourbon  que  Us  Cochons  &:  les 
Chèvres  :  c'eft  de  Madagafcar  qu'on  y  a  apporté  les 

premières  Vaches  avec  quelques  Taureaux Le 

peu  de  foin  que  l'on  a  pris  de  domestiquer  ces  ani- 
maux a  fait  qu'ils  font  devenus  fauvages ,  6c  qu'ainfi 
on  n'en  tire  prefque  aucune  utilité. 
Domestiquer  hgnifioir  auiîi  quelquefois  être  doux  , 
atfable  ,  populaire.  C'eft  en  ce  dernier  fens  qu'il  le 
faut  prendre  dans  cet  exemple.  "  Vous  aviez  (  on 
15  parle  aux  Parifiens  )  un  Patron  (  le  Roi  Henri  III.) 
>»  qui  vous  conduifoit  en  toute  fûteté  ,  vous  mettoic 
»  à  l'abri  des  vents  &:  de  l'orage ,  vous  faifoit  par  ics 
>'  Officiers  adminiftrer  juftice  en  dreit  &  équité,  fe 
»  communiquoit  j  s'avoidnoit ,  &C  domestiquoitzvcc 
>5  vous,  vous  chérilloit  infiniment ....  Sat.  Men.  ïn- 
»  8°.  r.  3  ,/7.  288.»  Ce  mot  ne  fe  dit  plus  ,  ni  dans 
l'un  ni  dans  l'autre  fens. 
DGMEZOPOLI.  Ancienne  ville  Epifcopale  de  l'Afie 
Mineure.  Dorr.etiopolis  j  DomitiopoUs ,  Titopolis. 
Etienne  de  Byfance  la  place  dans  l'Ifaurie.  Aujour- 
d'hui ce  n'eft  plus  qu'un  bourg  ,  qui  eft  fur  les  confins 
de  la  Caramanie. 

Le  nom  moderne  s'eft  formé  de  l'ancien  nom  Latin 
Domitiopoiis. 
DOMFRONT.  Petite  ville  du  Maine  ,  Province  de 
France.  Damjrons  j  Danjrons  ,  Dominijrons  ,  Dom- 
nijrons  j  Donnijrons.  Elle  eft  fituce  fur  la  Mayenne , 
&  elle  a  titre  de  Comté.  DomJront&Çt  au  confluent 
de  la  Varne  dans  la  Mayenne.  Il  s'appelle  auiîi  Dan- 
front  en  Paffais  ,  Danjrons  in  Pajfaio.  Ce  petit  pays 
dépend  de  la  Normandie  j  quoiqu'il  foitdu  Diocèfe 
du  Mans. 

Ce  nom  eft  compofé  de  dom  ou  dam,  ou  par  cor- 
ruption dan  ,  offrons  Jronr'-s,  le  front.  Quelques-uns 
ont  cru  qu'il  venoit  de  Danifrons,  c'eft-à-dire  ,  fronc 
des  Danois ,  c'eft-.i-dire  ,  des  Normans  ;  mais  dan  , 
dam  ,  dom,  eft  im  nom  corrdVnpu  de  domnus  icdomi- 
nus  ,  &  Valois  croit  que  ce  Château  fut  ainfi  nommé , 
parce  qu'il  fut  bâti  par  les  Comtes  du  Mans  ,  pour 
oppofer  au  Duc  de  Normandie,  Roi  d'Angleterre, 
fromis  advei'fî  instar  ohjectum, 
DOMICE  j  ou  DOMITIUS.  f.  m.  Terme  de  l'hiftoire 
Romaine.  Nom  d'un  Dieu  que  les  Rom.ains  invo- 
quoient  au  temps  des  noces  ,  pour  qu'une  femme 
demeurât  dans  la  maifon  de  fon  mari,  &  vécût  pai- 
fiblement  avec  lui.  Domitius. 

Ce  mot  vient  de  domus,  maifon  y  5c  de  effe  ^  être , 
demeurer. 
|p=DOMICELLI.  Foyei  Domenger. 
DOMICILE,  f  m.  Terme  de  Pratique.  Lieu  que  l'on  a 
choifi  pour  établir  le  fiêge  de  fa  fortune  &  de  fa  de- 
meure ordinaire  ,  fixe  &  permanenre  ,  indépendam- 
ment du  lieu  de  fon  origine  &  de  la  demeure  de  fes 
père  &  mère  Fer.  Domicilium  est  locus  in  quo  quis 
fedem  pojuit  ,  laremque  &  fummam  rerum  fuarum. 


D  O  M 

Pjiu-  établir  un  domicile ,  il  fauc  un  choix  &  une  dé- 
termination d'efprit  fixe  &c  permanence  ,  de  demeu- 
rer dans  un  lieu.  C  elt  pûurijuoi  un  relégué  n'acquiert 
point  de  djinicUe ^  parce  qu'il  ell;  ceniéconferver  tou- 
jours la  volonté  du  retour.  Une  demeure  de  quelques 
années  dans  un  heu ,  où  l'on  a  tranfporté  le  liège  âc 
la  capitale  de  fa  fortune,  ctablii  un  domkiU.  On  ne 
conlidère  principalement  que  le  domldle  de  demeure  : 
on  ne  s'arrête  pjinc  à  celui  d'origine  ,  comme  ftii- 
foienc  les  i-lomains  ,  qui  le  confervoienr  toujours 
pour  le  pré/abir  de  la  gloire  de  leur  naillaace.  L'é- 
le_tion  de  djnk'de  ii'étoïc  pas  connue  chez  les  Ro- 
mains. L'Ordonnance  veut  qu'eu  tous  les  contrats  , 
&  en  la  plupart  des  exploits  j  comme  d'oflires  ,  de 
faifies,  d'exécutions  j  &c.  on  falfe  une  eledr.on  de 
donche  y  c'ellà-dire,  qu'on  marque  un  lieu  où  l'on 
fe  puilFe  adrelfer  pour  l'exécution  de  l'aclie.Tout  ade 
doit  être  lignihé'à  perfonne  ,  ou  ï  domicile.  L'élec- 
tion du  domicile  finit  par  la  mort. 

En  France  on  fait  dilHnclion  entre  demeure  i?c  do- 
micile. Demeure  fignifie  le  lieu  ou  l'on  loge  ,  même 
pour  peu  de  temps  :  domicile  fignifie  une  demeure 
ordinaire  ,  fixe  &  permanente.  \Jn  mineur  retient  le 
domicile  de  fon   père  ,   &  un  pupille  celui  de  fon 

tuteur.  .  .  1-  »  1      • 

SfT  La  lieu  de  la  nail^mce  donne  la  qualité  de  ci- 
toyen. Le  domicile  donne  celle  d'habitant  dans  L- 
iieu  où  l'on  demeure. 

C^Le  domicile  de  dignité  efl:  le  lieu  où  l'Oificier 
fait"  la  fonction  de  fa  charge  ,  ayant  ailleurs  fon  do- 
micile naturel.  Ce  domxae  ne  change  point  le  domi- 
cile naturel.  Fer.  Excepté  pour  ce  qui  concerna; 
rOiïicier  à  raifon  de  fa  charge  feulement ,  &  pou 
les  droits  qui  y  font  annexés.  _  ^^ 

IpTLe  ujmiciie  conventionnel  ell  celui  qui  s'eta- 
tlic  par  le  coifentemenc  &c  l'élection  que  les  P.artus 
en  font  dans  un  acte. 

Ip'Le  domicne  légiil  eft  celui  qui  eft  donné  par  la 
loi  peur  certains  elFjts  ,  tel  eft  le  principal  manou 
d'un  Bénéfice,  d'un  fief,  &:c. 

Le  nom  de  domici'e  vient  du  Latin  domicilium  :  ce 
mot  elt  compofé  Se  formé  de  domus ^  &  de  colo.  Ha- 
biter une  mailon. 

Lsdo'Ti-ciie,  en  termes  d'Aftrologie,  eft  une  des 
principales  dignités  ou  élévations  des  Planètes  ,qu; 
fe  dit  quand  une  Planète  le  trouve   dans  un  hgnj 
avec  lequel  elle  a  tant  de  convenance  ,  qu'elle  y  gou- 
verne comme  un  maître  en  fa  maifon  ;  auquel  ca' 
on  lui  attribue  cinq  degrés  de  puilTance  :  comme  h 
Soleil  étant  au  figne  du  Lion  eft  dans  fon  domicile  , 
la  Lune  diUs  le  Cancer,  Saturne  dans  le  Capricorne  , 
&  ainfi  des  autres. 
DOMICILIER,  fe  DOMICILIER,  v.  récip.  Terme  dt 
Pratique  ,  qui  n'a  gueres  d'ufage  que  dans  les  temps 
formés  du  participe.  Il  eft  domicilié,  ou  il  s'eft  dom'- 
cilié  dans  cette  ville,  pour  dire,  il  y  a  pris  une  de 
meure  certaine. 
Domicilié,  ee.  parc.  &  adj.  C'eft  celui  qui  a  un  domi 
cile  établi,  certain  &  alturé  ^  un  bourgeois  Se  habi 
tant  d'une  ville  ,  qui  y  a  un  domicile  aéluel.  Habicans 
in  urhcy  habens  in  urbe  domicilium.  On  ne  doit  pas 
décréter  h  légèrement  contre  un  homme  domicilie  . 
que  contre  un  vagabond,  un  homme  fans  aveu.   Il 
etoit  domicilié dins  Rome.  Patru. 
DOMIDUQUE.  f.  m.  Terme  de  Klythologie.  Divinité 
Payenne,  l'une  de  celles  qui  préfiJoient  aux  maria 
ges.   Domiducus.  Parce  qu'il  falloir  mener  la  nou- 
velle mariée  chez  fon  époux ,  on  avoir  fait  le  Dieu 
Domiduque  ,  &  c'étoit  lui  qui  préfidoir  à  cette  aétion 
des  noces.  S.  Auguftin ,  De  Civic.  L,  FI.  C.p.  Rolin^ 
Jntiq.  liom.L.II.  C.  j^. 

On  appc-loic  aulli  innow  Domiduque.  JunoDomi- 
duca,  pour  la  même  raifon ,  &  parce  qu'elle  préfidoir 
aux  noces  _,  où  l'on  conduifoit  la  femme  à  la  maifon 
du  mari. 

Ce  mot  vient  de  domus,  maifon  ,  &  duco ,  je  con- 
duis. 
DOMIFIER.  v.  Tarme  d'Aftrologie.  C'eft  partager  le 
ciel  en  douze  Maifons ,  pour  dreffet  un  thème  ce 


D  O  M  41J 

lefte  ,  ou  un  horofcope  ,  par  le  moyen  de  fix  grands 
cercles  qu'on  appelle  cercles  de  f<oJïtiun,  delumpardri 
duodccun  in  dornos.  Il  y  adiverfcs  façons  de  doritifier^ 
fuivant  les  diftérens  Auteurs.  Celle'de  Régiomonta- 
nus  ,  qui  eft  la  plus  ordinaire,  eft  celle  qui  :aic 
pilfer  les  cercles  de  pofition  par  l'interfedion  du 
Méridien  &  de  l'Horifon.  D'autres  les  font  palier 
par  les  Pôles  du  monde  ou  de  l'Equareur  ;  d'autres 
par  les  Pôles  du  Zodiaque. 

DOMINANT,  ANTE.  adj.  Qui  commande,  qui  eft 
fupérieur,  &c,  Dominans.  Un  lieu  dom.inani  un 
vice,  une  paillon  dominante,  &c.  La  paillon  domi- 
nante des  Gentilshommes  eft .  le  point  d  honneur. 
Pasc.  La  peine  de  fe  défaire  d'une  palfion  dominante 
ou  de  la  dillimuler ,  l'emporte  fouvent  fur  l'amour 
de  la  gloire  ,  ou  de  la  fortune-  Bell.  Il  y  s.  des  dé- 
nies .lominans  à  qui  couc  le  monde  cède,  par  je  ne 
fins  quelle  force  de  fupérioricé  qui  les  faïc  régnée 
par  tour.  Amelot. 

En  Jurifprudence,  on  appelle  un  (i^i  dominant, 
un  fiel  qui  a  des  fiefs  qui  relèvent  de  lui  j  i.\:  qui 
eft  oppolé  à  iixii  fervant.  Pridium  domina/;s.  Le  fief 
n'elt  dit  dominant,  que  par  rapport  à  celui  qui  re- 
lève de  lui  ,  &:  il  peur  ccre  fetvanc  à  l'égj.rd  d'un 
autre.  Ainfi  les  fiels  relèvent  par  ordre  de  l'un  à 
l'autre  jufqu'à  la  couronne:  &  il  n'y  a  que  les  fiefs 
de  la  couronne  &  ceux  qui  font  en  franc-aleu  qui 
ne  relèvent  de  perfonnes  ,  &  qui  ne  font  pas  fer- 
van?. 

En  Aftrologie  ,  on  appelle  aftre  dominant ,  l'af- 
cendant  ou  l'aftre  qui  eft  le  plus  fort ,  &  qui  do- 
mine dans  un  horofcope. 

En  termes  de  Mufique,  on  appelle  la  Quinte  au- 
delFus  de  la  finale,  du  nom  de  corde  dominante.  On 
appelle  cadence  dominante  ,  celle  qui  eft  la  première 
des  trois,  pour  la  diftinguer  de  la  féconde,  qu'on 
3.^'ç>s.\\q  nicdicnte  ,  &  de  la  troifième,  qu'on  appelle 
finale.  On  appelle  note  dominante ,  celle  qui  eft  plus 
fouvent  répétée  ^  rebattue  dans  la  fuite, du  chant. 
La  dominante  eft  la  première  des  deux  notes ,  qui, 
dans  la  balle,  forment  la  cadence  parfaite,  parce 
qu'elle  doit  précéder  toujours  la  note  finale  j  & 
par  conféquent  la  dernière.  Rameau.  La  tierce  fe 
trouve  naturellement  majeure  dans  les  dominantes. 
Id.  Nous  ne  donnons  le  nom  de  tonique  qu'aux  no- 
tes qui  portent  l'accord  parfait  j  &  a:\m  an  domi- 
nante qu'à  celles  qui  portent  l'accord  de  la-  feptième; 
la  note  tonique  ne  peut  paroîne  qu'après  une  domi- 
nante,  dont  la  tierce  eft  majeure,  &  dont  cecce 
tierce  fait  la  faulTe  quinte  avec  la  feptième.  Que  lî 
la  tierce  de  cette  dominante  n'eft  point  majeure  j  Ik 
que  les  inrervalles  de  la  faulfe  quinre  ou  des  rritons 
n'y  aient  point  lieu  entre  fa  tierce  &  fa  feptième,  elle 
ne  peut  être  iuivie  que  d'une  autre  dominante  :  & 
ainfi  il  eft  à  propos  de  diftinguer  ces  dominantes  , 
en  appelant  dominantes  toniques  celles  qui  contien- 
dront dans  leur  accord  de  feptième  un  intervalle 
de  faulfe-quinte  ou  de  triton  \  &  fimplementi/ow/- 
nantes  celles  où  ces  intervalles  ne  paroitronr  point. 
Id.  Ton  j  ou  fon  dominant ,  c'eft  le  ton  du  chœur. 

Dominant.  Terme  ufité  chez  les  Cordeliers  ,  qui  ont 
dans  chique  Province  un  ancien  Provincial  qu'ils 
appclent  l'ère  Don.in^nt,  qm  gouverne  delporique- 
menc,  faic  les  Provinciaux  ,  les  Définireurs  ,  les 
Cuftodes ,  les  Gardieiis ,  donne  des  obédiences  pour 
aller  au  loin  ,  ou  pour  revenir. 

DOMINATEUR,  f.  m.  Qui  domine.  Dominator.  On  a 
appelé  Alexandre  le  Dominateur  de  coûte  l'Afie- 
Il  fe  die  air^z  rarement  ^  î\  ce  n'eft  dans  le  ftyle  fou- 
cenu.  Le  titre  de  Dominateur  en  Afie  &  en  Afri- 
que eft  un  de  ceux  que  Philippe  II,  Roi  d'EfpagnCj 
prenoic  dans  les  Aites  publics. 

Moi  ,  Monarque  qui  tiens  ma  Cour 
Dans  les  climats  heureux  où  commence  le  jour  j 

Souverain  des  vastes  campagnes    . 
Que  le  Ganae  traverfe  à  flots  précipités  ; 

Dominaceur  de  ces  riches  montcg  .es ,  , 
<2«i  cachent  leurs  ruhis  dans  leurs  ccnc-vités. 
Nouv.  CHOIX  DB  Vers, 


.4i<^  D  O  M 

En  termes  d'Aftrologie  ,  on  appelle  Dominateur 
ou  Seigneur  dominant ,  Tartre  qui  eft  le  plus  conll- 
dérablc,  ou  qui  a  le  plus  de  degrés  de  puiilance 
dans  un  horolcope. 

DOMINATION,  f.  f.  Empire  ,  puiflance  d'un  maître 
fur  ceux  qui  lui  font  fournis.  Dominaûo  ,  domina- 
tas^'Lii  domination  At%  Romains  a  daté  long-temps. 
Le  vittorieux  ufurpa  la  domination  fous  le  nom  de 
Prince  du  Sénat.  Ablanc.  Le  Roi  a  rangé  l'Artois 
ious  fa  domination.  > 

PoMiNATioN ,  fe  dit  auffi  du  gouvernement.  La  do- 
mination des  Princes  Orientaux  eft  foit  tyrannique. 
Une  domination  li  dure  &c  h  violente  a  loulevé  le 
peuple. 

Domination  ,  fe  dit  j  figurément  ,  de  l'afcendant 
qu'on  s'arroge  fur  les  elprirs  des  autres  j  toujours 
au  préjudice  de  leur  liberté.  C'eft  la  perfonne  du 
monde  la  plus  chagrine  ,  &  je  ne  prétends  point 
qu'elle  exerce  fur  moi  fa  trifte  domination.  Quand 
on  eft  parvenu  à  dominer  fur  fa  propre  cupidité  , 
■en  exerce  volontiers  fur  les  autres  une  fuperbe  do- 
mination. P.  Gail.  La  dévotion  s'attribue  une  ef- 
pèce  de  domination  qu'elle  exerce  tous  les  jours 
avec  un  empire  tyrannique.  S.  EvR.  Les  DocleurSj 
pour  fe  faire  cheh  d'un  parti  ,  &  s'en  attribuer  la 
domination,  entretiennent  la  difcorde  entre  les  Chré- 
tiens. Id. 

Domination  ,  en  termes  de  Théologie ,  fe  dit  des  Ef- 
prirs  du  quatrième  ordre  de  la  Nature  Angélique  , 
en  commençant  à  compter  par  les  Séraphins.  Do- 
minationes.  Ils  dominent  fur  les  hommes  ,  (?v:  fur 
Jes  Anges  des  ordres  intérieure.  S.  Paul  dit  au  pre 
niier  chap.  de  fon  Ep.  auxColofliens,  que  par  Jesus- 
Christ  ont  été  créées  toutes  les  chofes  qui  font 
dans  les  cieux  ,  &  qui  font  fur  la  terre  ,  vifibles  & 
invilibles,  foit  les  Trônes  ou  les  Dominations ,  on 
les  Piincipautés ,  ou  les  Puillances,  &c. 

DOMINER,  v.  n.  Commander  en  maîrre,  avec  une  puif- 
fance  abfolue.  Dominari.  Les  Romains  ont  dominé 
fur  la  plus  grande  partie  de  la  terre.  Il  fe  faut  gar- 
der de  ces  efprits  ambitieux  qui  veulent  domi- 
ner par-tout>   Le  Seigneur   dominera  les  Nations. 

PORT-R. 

§CF  On  le  dit  de  même  au  figuré.  Le  Sage  do- 
mine fur  fes  palfions.  Doiiiner  fe  dit  aufti ,  figuré- 
ment, des  lieux  élevés  qui  commandent  fur  des 
lieux  plus  bas  ,  ou  d'où  l'on  découvre  une  grande 
■étendue  de  pays.  La  citadelle  domine  fur  la  place.  Cette 
montagne  domine  fur  toute  la  plaine.  Supereminere. 
%fT  On  l'emploie  aulli  activement.  La  citadelle 
domine  la  ville.  La  raifon  doit  dominer  [es  pallions. 

§CF  Dominer  ,  fe  dit  encore  ,  figurément ,  de  ce  qui 
paroît  le  plus  parmi  plufieurs  chofes  ,  d'une  couleur 
qui  fe  montre  trop  dans  une  étoffe  j  ou  qui  s'y  mon- 
tre plus  que  les  autres  ]  le  bleu  domine  dans  cette 
garniture  j  de  ce  qui  eft  plus  fort ,  fe  fait  plus  fen- 
tir  dans  un  mélange.  Le  poivre  domine  dans  cette 
fauce. 

En  termes  d'Aftrologie,  on  le  ditaulîîdesaftres  qui 
dominent  en  certains  jours,  en  certaines  heures,  &  en 
certaines  Maifons  de  la  figure  célefte.  Jupiter  domine 
dans  la  X=.  Maifon.  Le  foleil  domine  dans  le  Lion.  Les 
heures  planétaires  font  les  heures  où  chaque  Planète 
domine  à  fon  tour. 

Dominé,  ée.  part. 

SAINT  DOMINGUE.  Ville  Archiépifcopale  ,  &  ca- 
pitale de  l'Ile  de  S.  Dominoue.  Dominicopalis.  Fa- 
numSancIi  Dommici.  Elle  eft  fur  la  côte  méridionale 
de  l'Ile  qui  porte  fon  nom.  S.  Domingue  fut  bâti  en 
I4f)4,  par  Chriftophe  Colomb,  à  l'embouchure  de 
la  rivière  d'Ozama.  Drak  la  prit  &  la  pilla  en  i  çSiî, 
puis  il  l'abandonna.  Cetce  ville  a  un  bon  portj  &  une 
bonne  Citadelle.  Elle  a  de  plus  Univerfité,  Chambre 
des  Comptes,  Cour  de  Monnoies,  &  Audience  Roya- 
le. L'Archevêque  de  ^.  Domingue -pzQnd  le  titre  de 
Primat  des  Indes. 

S. DOMINGUE^ ou  l'île  de  S.  Domingue. C'edane  des 
quitte  grandes  Iles  Antilles,  firuées  dans  la  mer  du 
^lexique.  S.  Dominid  Infula.  Elle  prend  foà  nom  de 


D  O  M 

fa  ville  cipltale ,  dont  nous  venons  de  parler.  Elle  a 
au  levant  l'île  de  Potto-Ricco  ,  au  couchant  celle  de 
Cuba  &  la  Jamaïque.  On  lui  donne  1 500  milles  ou 
500  lieues  de  citcuit.  On  dit  que  l'air  y  eft  tempéré, 
3c  le  terroir  fi  fertile  j  qu'il  rend  au  centuple  dans  les 
lieux  où  il  eft  cultivé.  On  tite  de  S.  Domingue  quan- 
tité de  fucre ,  de  gingembre ,  d'ambre  gris,  des  cuirs, 
&  de  la  cire.  Cette  Ifle  eft  partagée  en  deux  grandes 
parties  par  une  longue  chaîne  de  montagnes  qui  U 
traverfent  toute  eritière  du  Nord-eft  au  Sud-oueft.  La 
partie  qui  eft  à  l'Oueft  des  montagnes  eft  depuis  plu- 
fieurs années  aux  François.  Les  Efpagnols  poftedent 
ce  qui  eft  à  l'Orient  des  montagnes.  Les  Colonies 
ou  habitations  Françoifes  font  le  grand  &  le  petit 
Goave  ,  la  grande  &  la  petite  Anfe  j  le  Cap  de  Nipe, 
Léogane,  &.  les  trois  rivières.  Les  Efpagnols  ont  les 
villes  de  S.  Domingue  ,  de  la  Conception  ,  de  la 
Véga  &  S.  lago. 

Ce  nom  François  Domingue  ,  vient  de  l'Efpagnol 
San  Domingo ,  qui  veut  dire  S.  Dominique.  On  ap- 
pelé autrement  cette  Ile  Hifpaniola,  c'eft-à-dire,  la 
petite  Efpagnole,  du  nom  de  fes  plus  anciens  maî- 
tres ,  les  Efpagnols. 
DOMINICAIN,  f  m.  Religieux  de  l'Ordre  de  S.Domî- 
nique.  Dominicanus  efancti  Dominid  jamiliâ,  relioio^ 
ne.  On  les  appelle  à  Paris  Jacobins  ,  &:  en  plufieurs 
lieux  Frères  Prêcheurs.  Les  Dominicains  font  un 
Ordre  Religieux  fondé  par  S.  Dominique  de  Guz- 
man,  Gentilhomme  Efpagnol  né  l'an  1170,  à  Ca- 
larvéga  ,  bourg  du  Diocèfe  d'Ofma  ,  dans  la  vieille 
Caftille.  Il  fut  d'abord  Chanoine  &c  Archidiacre 
d'Ofma.  Enfuite  il  prêcha  avec  beaucoup  de  zèle 
contre  les  Albigeois  en  Languedoc,  où  il  jeta  les 
premiers  fondemens  de  fon  Ordre.  Il  fut  approu- 
vé l'an  m  5  ,  de  vive  voix  par  Innocent  III,  Se 
conhrmé  l'année  fuivante  1 1 1  <î ,  par  une  Bulle  d'Ho- 
norius  IIF,  fous  la  Règle  de  S.  Auguftin  ,  avec 
des  Conftitutions  particulières  ,  &  fous  le  titre  de 
Frères  Prêcheurs.  Le  premier  Couvent  fut  fondé  i 
Touloufe,&:  achevé  en  izi6  j  par  la  libéralité  de 
l'Evêque  ,  &c  de  Simon  de  Montfort.  Deux  ans 
après  en  1218,  ils  eurent  à  Paris  une  maifon  pro- 
che de  l'Evêché  ,  &c  quelque  temps  après,  en  ayant  ' 
obtenu  une  dans  la  rue  S.  Jacques  ,  on  les  appela 
dès- lors  Jacobins  \  &  ce  nom  paiïa  de  la  Capitale 
dans  les  provinces  ,  &  leur  eft  demeuré  dans  toute 
la  France.  S.  Dominique  ne  prit  d'abord  que  l'ha- 
bit des  Chanoines  Réguliers  ,  c'eft-à-dire  ,  une  fou- 
tane  noire  &  un  rochet.  Il  le  quitta  en  1219,  pour 
prendre  celui  qu'ils  ont ,  &  que  la  fainte  Vierge 
avoit  montre  au  Bienheureuï  Renaud  d'Orléans. 

Cet  Ordre  eft  répandu  dans  tout  le  monde.  Il  a 
45  Provinces  fous  le  Génér.al  qui  réfide  à  Rome, 
&  douze  Congrégations  ,  ou  Réformes  particuliè- 
res J  gouvernés  par  des  Vicaires  Généraux.  On  y 
compte  quatre  Papes  ,  qui  font  Innocent  V  ,  Benoit; 
IX,  &c  Pie  V,  canonifé  en  1711  ,  Benoit  XIII, 
mort  en  1730;  plus  de  60  Cardinaux,  plufieurs 
Patriarches  ,  près  de  1 50  Archevêques ,  &  environ 
8®o  Evêques  ,  outre  les  Maîtres  du  facré  Palais  , 
dont  rOraçe  a  toujours  été  exercé  par  un  Religiux 
de  cet  Ordre ,  depuis  que  S.  Dominique  en  fut  re- 
vêtu le  premier  par  Honorius  III  j  l'an  12 16.  LesE 
Dominicains  font  auffi  Inquifiteurs  en  bien  des  en- 
droits. F'oye:^  Hermando  de  Caftiglio  ,  Juan  Lo- 
pez  ,  &  Antoine  de  Romefel ,  dans  leur  Hiftoire 
Efpagnole  des  Dominicains  ^  Thom.  Malvenda,  ^/z- 
nales  Ord.  Pradicat.  Léand.  Albert.  De  viris  illu- 
Jlrih.  Ord.  Pndic.  Anton.  Senenù  Chronic.  Ord.  Pr^- 
die.  Hermani.  Hift.  des  Ord.  Rel.  T.  II.  Le  P.  Helyot. 
Hift.  des  Ord.  Rel.  T.  IIT,  C.  24  ,  15  ,  &c.  Les 
dogmes  des  Dominicains  font  ordinairement  oppo- 
fés  à  ceux  des  Francifcains. 
Dominicains  Réformés.  C'eft  une  réforme  de  l'Or- 
dre dont  on  vient  de  parler  ,  faire  au  commence- 
ment du  fiècle  paffé,  par  le  P.Jean  Michaclis ,  ôc 
confirmée  par  le  Pape  Paul  V,  en.  160S  ,  à  la  re^ 
commandation  d'Henti  le  Grand. 
DOMINICAINE.  {.  f.  O^dre  relii^ieux  de  filles ,  qui 

port&nt 


D  O  M 

porrent  l'habit  des  Dominicains ,  Bc  fuivenc  leiirk 
Règles  &  leurs  Coafticutions.  Les  Domink.iir.cs  Ibnc 
•plus  anciennes  que  les  Dominicains.  S.  Dominique 
avoi:  déjà  fonde  des  Religieules  à  l'rouilles  quel- 
ques années  avant  que  d'avoir  inftitué  ion  Ordre 
pour  les  hommes  j  c'efl-à-diie  ,  eiï  12.06.  Prouilles 
ell  encre  Càrcallonne  &  Touloufe.  Les  Dominicai- 
nes îbnt  appelées  i^rècherelfes  en  quelques  endroits. 
Il  y  a  plulieurs  Couvens  de  Dominicaines  où  l'on 
ne  reçoit  que  des  Demoifelles.  Le  premier  Cou- 
vent de  Prouilles  fut  établi  pour  de  pauvres  De- 
moifelles. Voyei  le  P.  Hélyot,  Hijl  des  Ordr.  lie/. 

T.  m ,  c.  xs. 

Il  y  a  encore  un  Tiers- Oçdre  de  S.  Domini- 
que pour  les  hommes  ,  &  un  pour  les  Hlles.  Le 
Tiers-Ordre  de  S.  Dominique  ,  ou  des  Frères  Prê- 
cheurs ,  &  plus  communément,  de  la  i'éiiitencc 
de  S.  Dominique  ,  ou  l'Ordre  de  la  Milice  de  Je- 
s  us-Christ  ,  eft  un  Ordre  militaire  inlhtué  par 
S.  Dominique.  Quelque-temps  après  ,  mais  on  ne 
fait  pas  l'année  ,  ni  fi  ce  fut  du  vivant  de  ce  Saint, 
ou  après  La  mort ,  cette  milice  quitta  les  armes  j 
Se  ceux  qui  voulurent  fe  conferver  en  fociété  , 
prirent  le  nom  de  Pénitens  de  S,  Dominique  j  en 
mémoire  de  leur  faine  Inftituteur.  C'ell:  ainli  que 
fe  forma  le  Tiers-Ordre  des  Frères  Prêcheurs.  Il 
fut  11  peu  conhdérable  pendant  200  ans  ,  qu'en 
1411,  on  ignoroit  quelle  ctoit  la  Règle  que  Ion  y 
fuivoit.  S.  Dominique  leur  avoit  donné  d'abord  le 
nom  de  Milice  de  J.  C.  parce  que  leur  fin  étoit 
de  combattre  pour  recouvrer  les  biens  &  les  droits 
des  Eglifes  iifurpées  par  les  Mérétiques.  Après  la 
mort  du  Saint  ils  changèrent  ce  nom  ,&,  pour  ho- 
norer leur  faint  Inllituteur  ,  ils  prirent  celui  de 
Pénitjns  de  S.  Dominique,  ou  Frères  de  la  Péni- 
tence de  S.  Dominique.  Il  y  eut  auflî  des  Sœurs 
du  Tiers- Ordre  de  S.  Dominique,  qui  portèrent 
ies  mêmes  noms  que  les  hommes ,  &  s'appelèrent 
d'abord  Sœurs  de  la  Milice  de  J.  C.  enfuite  Sœurs 
de  la  Pénitence  de  S.  Dominique.  l''oy.  le  P.  Hélyot, 
m(f.  dcT  ôrdr.  Relig.  T.  lll ,  C.  ic,. 

DOMINICAL  ,  ALE.  adj.  Qui  vient  de  Seigneur,  ou 
qui  appartient  au  Seigneur.  Dominicus.  L'Oraifon 
Dominicale  eft  le  Pater  nofter  ^  que  Dieu  même 
nous  a  enfeigné. 

DOMINICALE,  f.  f.  Cours  de  Sermons  pour  les 
fimples  Dimanches  de  l'année.  La  Dominicale  de  S. 
Sulpice  eft  une  Dominicale  pleine  ,  c'eft-à-dire  , 
que  l'on  prêche  tous  les  Dimanches  de  l'année.  Il 
y  a  des  Dominicales  qui  ne  font  pas  pleines  ,  & 
qui  font  plus  ou  moins  longues  les  unes  que  les  au- 
tres. Cette  Dominicale  eft  courte  ;  elle  finit  à  la 
Pentecôte,  c'eft- a-dire  que,  dans  cette  Eglife  ,  l'on 
lie  prêche  les  Dimanches  que  jufqii'a  la  Pentecôte. 
Prêcher  la  Dominicale  ,  prêcher  les  Dominicales ., 
c'ell,  Faire  des  Sermons  les  jours  des  fimples  Di- 
manches ;  c'eft-à-dire,  hors  le  Carême  &rAvent. 
Doininicis  diehus  fn^ulis  hahe're  conciontm.  Ce  font 
les  Curés  qui  donnent  les  Dominicales  :  les  Mar- 
guilliers  donnent  les  Avens  &  les  Carêmes.  On  a 
donné  le  nom  AaDominicalcs  dans  l'Eglife  ancienne 
aux  leçons  tirées  de  l'Ecriture  ,  qui  fe  faifoient 
tous  les  Dimanches.  On  les  appeloit  autrement 
Homélies.  L'ordre  des  Dominicales  ,  tel  qu'on  le 
voit  aujourd'hui  ^  eft  attribué  à  Alcuin  ,  ou  à  Paul 
Diacre. 

Lettré  Dominicale ,  lettre  de  l'AlphaBet  qiii  fert 
à  marcjuer  dans  les  Almanacs  les  Dimanches  pen- 
dant tout  le  cours  de  l'année.  Linera  diei  dominicx 
index  j  dominicalls.  Il  y  en  a  (ept ,  A  ,  B  ,  C  ,  D  , 
E  ,  F  ,  G ,  &  c'eft  pour  trouver  l'ordre  de  ces  let- 
tres qu'a  été  inventé  le  Cycle  Solaire  qui  fait  par- 
tie du  comput  Eccléhaftique  ,  lequel  dure  18  ans  ; 
parce  qu'au  bout  de  ce  temps  les  Xetuts  Dominica- 
les reviennent  dans  le  même  ordre.  Les  premiers 
Chrétiens  les  mirent  dans  leur  Calendrier  à  la 
place  des  huit  lettres  nundiales  qui  étoient  dans  ce- 
lai des  Pvomains.  Ces  fept  lettres  dominicales  fe 
fuivent ,  &  fe  fuccèdent  pour  marquer  le  Diman- 
Tome  IIL 


D  O  M  417 

che  ,  par  ordre  contraire  &  rélrogra'de  ':  enforre 
que  ,  fi,  en  cette  année,  A  étoit  la  lettre  Dominicale  i. 
1  année  prochaine  la  lettre  G,  qui  elHa dernière-i 
deviendrait  la  lettre  dominicale  :  enfuite  F ,  &  de 
même  en  remontant  toujours  ,  jutqu  à  ce  que  l'en 
revienne  à  l'A.  La  talion  de  cet  ordre  rétrograde 
eft  quej  l'année  étant  compoféede  565  jours,  qui 
font  51  femaines  &c  un  jour  ,  il  s'enfuit  que  )'i 
lettre  A  marque  encore  le  picnv.er  jour  de  la  55«, 
femaine ,  &  le  trouve  au  dernier  de  Décembre  , 
qui  eft  un  Dimanche.  Ainfi  le  Lundi  j  qui  eft  le 
premier  de  Janvier,  étant  anifi  marqué  de  la  lettre 
A  ,  le  Dimanche  fuivant ,  qui  eft  le  7  de  Janvier  , 
tombe  fous  la  lettre  G  ,  laquelle  devient  la  lettre 
Dominicale  de  cette  féconde  année.  Mais  l'année 
billextile  apporte  un  changement  dans  le  rang  ,  & 
dans  ce  cercle  des  letttes  dominicales,  qui  devroïc 
s'achever  en  fept  années.  Car  la  lettre  F  qui  tom- 
be au  jour  lequel  précède  le  billexte  ,  fe  répétant 
deux  fois,  il  arrive  que  la  lettre  E  qui  eft  la  let- 
tre dominicale  de  cette  année-là  ,  ne  fe  rencontrant 
plus  au  Dimanche  ,  la  lettre  D  devient,  par  ce  dé- 
rangement, la  lettre  dominicale  de  la  même  année 
billextile.  Par  conféquent  il  taut  deux  letttes  domi- 
n.  cales  pour  l'année  intercalaire  :  l'une  jufqu'aii 
billexte,  c'eft-à-dire,  le  14  de  Février  ;  &  l'aurre 
pour  le  relie  de  l'année.  Or  cette  interruption  que 
forme  le  billexte,  eft  la  caufe  que  les  lettres  domi- 
nicales ne  peuvent  retoutner  dans  le  même  ordre  , 
Qu'au  bout  de  18  ans.  C'eft- là  l'origine  du  Cycle 
folaire.  Par  la  rétormation  du  Calendrier  fous  les 
ordres  du  Pape  Grégoire  XIII  j  l'ordre  des  letties 
domi/ncales  tut  troublé.  Car  l'année  1581,  qui  avoit 
dans  fon  commencement  la  lettre  G  pout  letrre  do- 
minicale ,  eut  la  lettre  C  par  le  retranchement  des 
10  jours,  lequel  fe  ht  après  le  4  d'Oétol^re  de  cette 
année-là.  Amli  la  lettre  dominicale  As  l'ancien  Ca- 
lendrier précède  de  quarre  lièges  celle  du  Calen- 
drier Grégorien  j  enforte  que  la  lettre  A  de  l'an- 
cien répond  à  la  letrre  D  du  nouveau.  Par  cette 
raifon  il  a  fallu  confttuire  une  nouvelle  table  des 
lettres  dominicales  fur  le  modelé  de  l'ancienne  , 
pour  leur  alligner  leur  place  dans  le  nouveau^  Voi- 
ci une  méthode  pour  trouver  la  lettre  dominicale 
d'une  année  quelconque  qui  lera  donnée,  i*.  Du 
nombre  de  l'année  donnée  retranchez  un.  z°.  Di- 
viiez  le  nombre  qui  reftera  par  4.  5°.  Prenez  le 
quotient  de  votre  divifion  &  l'ajoutez  au  dividen- 
de ,  c'eft-à-dire  ,  au  nombre  que  vous  avez  divifé 
par  quatre.  4°.  De  la  fomme  de  ces  deux  nombres, 
retranchez  11  ,  pendant  le  ficelé  courant.  5".  Ce 
qui  refte  après  cette  fouftradhon  divilez-le  par  7  , 
néglige?:  le  quotient  &  ptenez  feulement  le  nom- 
bre qui  refte  après  la  divifion.  6".  Otez  de  9  ce 
reftant,  le  nombre  qui  reftera  après  cette  fouftrac- 
tion  feracehii  de  la  lettre  dominicale  félon  l'ordre 
qu'elles  ont  dans  le  Calendrier._  S'il  vous  refte  i  , 
la  lettre  dominicale  de  l'année  donnée  fera  la  pre- 
mière des  lettres  dominicales ,  c'eft-à-dire ,  A.  S'il 
vous  refte  x  ,  ce  fera  B  ,  &  ainfi  des  autres.  Ces  règles 
font  renfermées  dans  ces  quatre  vers  techniques  : 

Dempto  uno  partem  quartam  cape  \  jungitofummas:^ 
Quantum  fs.cLa  pètent  lahentia  detrahe  fummét. 
Sic  decurtatam  perfeptem  dividc  fummam  : 
Deque  novem.  ^  reliauum  deducito  ,  Itttcra  refiat. 

Donnons  un  exemple.  Je  cherche  la  lettrs  domi' 
nicaie  de  l'an  1 741.  1°.  De  1741 ,  j'ôte  un.  J'ai  1740, 
je  divife  1740  par  4  j  j'ai  pour  quotient  4^55  ;  c'eft 
le  nombre  des  années  billextiles.  3°.  J'ajoute  enfem- 
ble  1740  &  43  5  ,  la  fomme  eft  2I75.  4°*  Ce  fiè- 
cle  demandé  qu'on  en  retranche  11  ,  refte  11(34. 
5".  Je  divife  ce  tefte  par  7  ,  il  itie  refte  apics  la 
divifion  i  ,  c'eft-à-dire  ,  que  la  première  lettre  «'0- 
w.'/;zV^'/e  ,  qui  eft  A,  eft  celle  dû  l'année  i74i- 

Sur  quoi  il  faut  remarquer,  i".  que  nous  avols 
dit  qu'il  faut  ôter  1 1  ,  pour  le  fiècle  où  nous  vivons, 
&  jufqu'en  iSoo.  En   i8co  ,  il  faudra  ôter  iz;  eir 

Ggg 


4i8  D  O  M 

lyûo,  15 ,  &  ainfi  des  autres,  augmentant  toujours 
d'un  à  chaque  iiécle,  excepte  les  liècles  bilfexciles , 
c'ell-à-dire  j  don:  la  loo^.  année  ell  billextile.  Ainli 
depuis  2000  iuciulivement  jufqu'à  2100  inclulive- 
menc  ,  on  notera  pas  14  ,  mais  15  ieulemsnt , 
comme  au  Iiècle  précédent. 

Il  faut  remarquer,  en  fécond  lieu  ,  que  ,  dans  les 
années  billéxtiles,  la  lettre  que  l'on  trouvera  ne  fera 
.dominicale  que  jufqu'au  24  de  Février ,  &  celle  qui 
la  précède  immédiatement ,  le  fera  pour  le  relie 
de  l'année  :  par  exemple,  fi  l'on  a  trouvé  B,  le  B 
fera  lettre  dominicdU  jufqu'au  24  de  Février,  &c 
l'A  tout  le  refte  de  l'année. 

Il  faut  remarquer,  en  troifième  lieu,  quejfi  après 
la  dernière  divilion,  il  ne  relloit  qu'un ,  ôtant  1  de 
y  ,  refte  8  ,  mais  il  n'y  a  que  7  lettres  dominicales  : 
il  faut  donc  de  8  retrancher  7  ,  refte  i ,  la  lettre 
doinïiùcalc  fera  A ,  &  s'il  ne  refte  rien  ,  de  9  il  faut 
ôter  7,.reftera  2  ,  la  lettre  dominicale  lera  B. 

bnfin,  pour  les  années  qui  ont  précédé  la  cor- 
rection du  Calendrier  faite  en  1 581,  il  ne  faut  rien 
ôter  de  la  foinme  ,  mais  fimplement  la  divifei 
par  7. 

Le  plus  court  &  le  plus  sûr  eft  de  prendre   le 
Calendrier  univerfel  du  P.  de  Rebeque  ,  Jéfuite , 
imprimé  en   1731  ,  à   Paris  ,  chez  RoUin  ,  &C  de 
fuivre  les  règles  qu'il  prefcrit. 
Dominical,  f  f.  Terme  d'Hiftoire  Eccléfiaftique.  Le 
Concile  d'Auxerre  ,  tenu  en  57S  ,  ordonne  aux  fem- 
mes de  communier  avec  leur   Dominical.  Lïntcum 
dominicale.   Quelques-uns    prétendent    que  c'étou 
un  linge  fur  lequel  elles  recevoient  le  Corps  de  J. 
C.  ne  pouvant  le  recevoir  iur  la   main  nue  •,  car, 
durant  les   periécutions  ,  les  Fidèles ,  hommes  & 
femmes  ,  recevoient  la  fiinte  Euchariftie  dans  un 
mouchoir  appelé  Dominical,  &   la  gardoient  en- 
veloppée de  ce  mouchoir  pour  la  prendre  dans  le 
befoin.  D  autres  difcnt  que  c'ctoit  une  efpèce  de 
voile  qui  leur  couvroit  la  tête.  Du  Pin.  Vclum  ca-\ 
pitis.  C'eft  l'opinion  la  plus  vraifemblable.  On  peut 
en  tirer  une  preuve  bien  forte  d'un  ancien  Péniten- 
ciel  qui   porte  Si  mulier   communicans  dominicale 
fuum  Juper  caput  non  habuerit ,   ufque  ad  alium  diem 
Dominicum  non  communicet.  Les  femmes  pouvoient 
tenir  un  bout  de  ce  voile  dans  la   main  ,  pour  y 
recevoir  l'Euchariftie  \  mais  ce  n'eft  pas  ce  que  le 
Synode  d'Auxerre  ordonne.    Il  avoir  déjà  marqué 
dans  un  autre  Canon  que  les  femmes  ne  doivent 
pas  recevoir  l'Euchariftie  dans  la  main  toute  nue. 
Ce  Canon  eft  3  fi  je  ne  me  trompe  ,  le  3(5  j  ou  ^4. 
Il  veut  donc  déclarer  ici  pat  le  Dominical  \vî\.vo\\q 
qui  couvre  la  tête  pour  approcher  de  la  fainte  Ta- 
ble avec  plus  de  décence.  On  appeloit  ce  voile  Do- 
minical ,  parce  que  les  femmes  ne  le  portoient  or- 
dinairement que  le  Dimanche. 
DOMICELLAIRE.  f.  f.  Nom  d'un    grand    Officier 
des  Cours  d'Allemagne.  Un  Domicellaire  portoit  la 
Bannière  de  Franconie.   M.  le  B.  de  PoUnitz  par- 
lant de  la  Cour  de  Wurrzbourg.  Je  n'en  ai  pas  une 
idée  alTez  nette  pour  me  mettre  à  même  d'expliquer 
ce  que  c'eft  \  l'étymologie  pourroit  m'y  conduire  , 
&c. 
DOMINIQUE,  f.  m.  Nom  d'homme.  Dominicus.   S. 
Dominique  TEncuiralfé  vivoit  dans  l'onzième  iiè- 
cle. L'Epître   19  de  Pierre  Damien  eft  une  vie  de 
S,  Dominique  l'Encuiralfc.   S.  Dominique ,  fonda- 
teur des  Dominicains,  naquit  l'an   1170  ,  à  Calar- 
véga  dans  la  vieille  Caftille  ,  mourut  à   Boulogne, 
en   Italie  ^  le  4  d'Août  1221  ,  &  fut  canonifé  par 
Grégoire  IX ,    le   3'.  Juillet    1255.  Théodoric  du 
Puy  C  de  Podio  )  a  écrit  fa  vie  en   huit  Livres.  Le 
P.  Langlois ,  Jéfuite  j  dans  fon  Hijl.  des  Croifadcs 
contre  les  Albigeois  ,  L.  VIÎI ,  p.  408  ,  409  ,  a  fait, 
après  Vincent  de  Beauvais ,  un  beau  caraftère  de 
S.  Dominique. 

Ce  mot  vient  du  Larin  Dominicus  ;  qui  fignifié  , 
Qui  appartient  ,  qui  eft  au  Seigneur.  Les  Italiens 
difent  Dominiciy  &  les  Efpagnols  Domingo. 

L'ordre   de  S.  Dominique  eft  un  Ordre    Reli-'l 


D  O  M 

gieux ,  Inftitué    par   Dominique  de  Guzman  dont 
nous    venons    de  parier.  Foy.  au  mot  DOMINI- 
CAIN. 
S.  Dominique.    Nom    d'un  Ordre  militaire ,   dont 
les  Chevaliers  lurent  nommés   les  Gendarmes  de 
Jefus,  &  dans  la  luite  les  Frères  de  la  Milice  de 
S.  Dominique,  en  Latin,  S andominicani  Equités ^ 
Armiaeri  Chrijii ,  fratres  e  Militiâfancli  Dominici  y 
ou  Militii,  SandominicanA.  Cet  ordre  fut  inlfitué , 
dit-on  ,  par  S.  Dominique  ,  pour  combattre  les  Al- 
bigeois. On  ajoute  qu'ils  portoient  une  croix  fleur- 
delifée  ,  blanche  «Se  noire ,  &  que   depuis  ils  lui- 
virent   la  troilième  Règle  de  S.   Dominique.  Quoi 
qu'il  en  foit ,  cette  milice  ne  fubfifte  plus. 
Dominique,  f.  f.  Nom  de  femme.  Dominica.  L'Im- 
pératrice Dominique  ,  femme  de  l'Empereur  Va- 
lensj  lort   entêtée  de  l'Arianifme  ,  porta  Ion  mari 
à  perfécuter  les  Catholiques.  Foye^    ce  qu'en  die 
Thcodoiet ,  L.  IV,  C.   12. 
DOMINIQUE.  Ile    de    l'Amérique.    Dominica.   La 
Dominique  eft  une   des  Antilles  de  Barlovento ,  li- 
tuée  entre  la  Guadeloupe  au  nord,   &  la  Martini- 
que au  fud.  La  Dominique  eft    fertile  ,    mais   les 
Caraïbes    en  font  les   maîtres.  Maty.  Il  y  a  plu- 
lieurs  fources  qui  y  forment  des  rui (féaux  &  des 
rivières  qui  l'arrofent.  Hoffman  lui  donne  20  lieues 
de  tour,  &  M.  Corneille  ,  12    de  long,  &  S  de 
large. 

HofFman  dit  que  le  nom  de  cette  Ile  lui  vient  de 
ce  qu'elle  fut  découverte  pnr  les  Efpagnols  un  Di- 
manche ,  die  Dominica.  La  Dominique  eft  entre  la 
Guadeloupe  au  nord  j  &  la  Martinique   au  fnd , 
dont  elle  n'eft  éloignée  que  de  7   ou  lieues.   Les 
Caraïbes  en  font  les  maîtres.  On  dit  qu'elle  eft  fore 
arrofée  &  fort  fertile,  f^oye^  ^'Hiji.  des  Antilles  ^ 
par  le  L.  de  P.  I.  C.  3.  art.  i. 
Dominique,  f.   m.  C'eft  le  nom   que  les  Efpagnols 
ont  donné  dans  les  Indes  à  une  efpèce  de  Plane  ou 
Platane  qui  eft  plus   petit  que  les  autres.  On  lui 
donne  ce  nom  à  caufe  que  la  peau  de  fon  fruit  j 
quand  il   eft  en  maturité,  eft  blanche  &   noire, 
comme  l'habit  des  Dominicains. 
DOMINIQUE,  f.  Terme  de  l'Antiquité  Eccléfiafti- 
que. Il  s'eft  dit  autrefois  pour  un    temple  ,  une 
Eglife  J  comme  les  mots  Grecs  Bafilique,  &  Kyria- 
que  ,  Kyriacon  ;  d'où  s'eft  formé  le  nom  Allemand 
Kyrk  ,  le  Flamand  ^j-mv^ ,  &  en  Anglois  Church  ^ 
leiquels  entrent  dans  plufieurs  noms  de  lieu,  com- 
me Dunlcerque.  Dominicum  j  Kyriacon  ,  Templum. 
f^oye^  la  vie  de  Saint  Antoine  ,  traduite  par  Eva- 
grius ,  &  les  Notes  de  Bollandus  ,  Aci.  SS.  Jan. 
J'.  /,/7.  13  5  ,  &  le  Gloir  de  Spelman. 
DOMINIQUE,  f.  f.  Terme  de  Bréviaire  j  que  quel- 
ques-uns difent  pour  Dimanche  ,  Dominica  j  dies 
dominica.  On  fait  demain  l'Office  de  la  dominique. 
On  dit  plus  communément,  l'Office  du  Dimanche, 
que  l'office  de  la  dominique.   Quelquefois    on  dit 
en  Latin  ,  on  fait  l'Office   de  dominica. 
DOMINO,  f.  m.  On  nomme  ainfi  le  camail  noir  que 
les  Prêtres  portent  pendant  l'hiver.  Hibernum  capi- 
tis  tegumentum.  Ou  prend  le  domino  quand  on  quit- 
te le  bonnet  carré.  On  dit  plus  ordinairement  ca- 
mail. 

On  a  auiïi  donné  depuis  quelque-temps  le  nom 
de  domino  à  une  forte  d'habillement  ,  dont  on  fe 
fert  peut  aller  au  bal.  C'eft  une  grande  robe  qui 
eft  ordinairement  de  taffetas  ,  &  qui  defcend  juf- 
qu'aux  talons.  On  y  ajoute  une  efpèce  de  camail 
de  la  même  étoffe  ,  qui  couvre  la  tête. 
DOMINO,  f.  m.  Ancien  mot  qui  lîgnifioit  autrefois 
du  papier  marbré ,  &  peint  de  diverfes  couleurs. 
Les  payfans  achètent  de  ces  dominos  pour  garnir 
leurs  cheminées.  Les  defleins  &  les  perfonnages  en 
font  imprimés  avec  des  planches  de  bois  groftière- 
ment  faites  j  puis  enluminés  &  patronnes  de  cou- 
leurs dures. 

fCT  On  appelle  encore  domino    un    jeu   qui  fe 
joue  avec  une  efpèce  de  dés  ,  marqués  d'un  côté 


D  C  M 

tî'un  certain  nombre  de  points,  depuis  i  ,  jufqu'à 
y.  Ce  jeu  elt  allez  connu. 

DOMINOTERIE.  f.  f.  Ouvrage  de  Dominotier.  Offl- 
a;iu  chartarum  m  armons  in  morem  vuriarum.  Ce 
marchand  trafique  en  dominoterie. 

DOMINOTIER.  f.  m.  Ouvrier  qui  fait  du  papier 
•  marbré  ,  &  d'autre  papier  de  toute  forte  de  cou- 
leurs j  &  imprimé  de  plufieurs  fortes  de  figures , 
que  le  peuple  appeloit  autrefois  des  dominos.  Char- 
tarum opijex  marmoris  more  variarum.  Il  y  a  un 
Corps  de  Dominotiers  à  Paris.  Il  eft  enjoint  aux 
Syndics  des  Libraires  de  vifiter  les  Dominotiers  , 
Imagers  &  Tapiffiers  ,  afin  qu'ils  n'impriment  au- 
cune peinture  dilfolue,  par  les  Articles  13  &  21 
de  leurs  Statuts. 

DOMITIA.  f.  f.  Nom  de  femme.  Domina.  Domicia 
Lepida_,  hlle  delà  jeune  Antonia,  &  nièce  d'Au- 
gulle  ,  fut  fœur  de  Cn.  Domitius  mari  d'Agrippine. 
Domida  Longina,  fille  du  célèbre  Domitius  Cor- 
bulon  ,  époufa  l'Empereur  Domitien  ,  &c  fe  dif- 
fama par  fes  débauches.  Domicia  Calvilla,  femme 
de  Calvilîus  Tullus  ,  &  en  fécondes  noces  d'Annius 
Verus  ,  dont  elle  eut  l'Empereur  Marc-Antonin. 
Domicia  Decidiana  j  femme  d'Agricola  ,  &  belle- 
mere  de  Corneille  Tacite. 

DoMiTiA,eil  auffi  le  nom  d'une  illuftre  famille  de 
l'ancienne  Rome.  La  famille  Domicia  étoit  Plé- 
béienne. Le  prénom  de  la  famille  Domicia  eft 
Cneus  ,  ou  Cneius  ;  mais  elle  a  deux  furnoms 
pour  diftinguer  fes  deux  branches  \  l'un  eft  celui 
deCalvinus,&  l'autre  celui  d'Ahénobarbus,  com- 
me qui  diroit  barbe  d'airain  ,  c'eft-à-dire  ,  barbe 
roulle.  Les  médailles  de  la  famille  Domicia  ont  un 
char  à  quatre  chevaux  conduit  par  une  Viétoire , 
eu  à  deux  chevaux  conduit  par  un  Combattant  qui 
lance  un  dard  ,  une  poupe  de  navire  avec  un  tro- 
phée delîus ,   &c.  &  pour  infcriptions  cn.  domi. 

ou    CN.   yENOBAR.  OU    CN.    DOMITIUS      IMP.    De    l'au- 

trecôté,  c'eft  la  tête  de  Rome  avec  un  cafque  ,  & 
R0MA5  quelquefois  une  tête  d'homme  avec  une 
b.ube  courte  &  frifée,  ahenobar.  Une  tête  d'hom- 
me fans  barbe  co^uverte  d'une  peau  de  Lion  fans 
infcription  j  ou  avec  ces  mots,  cn.  domi.  &c.  Voy. 
les  familles  Romaines  de  Patin  &  celles  de  Vail- 
lant. 

Nos  Antiquaires  parlent  toujours  ainfi  ,  la  famil- 
le Domicia,  &  non  pas  la  famille  de  Domicius  \ 
il  faudroit  dire  des  Domicius.  Beaucoup  moins  , 
difent-ils ,  les  Domitiens  ,  &  la  famille  des  Domi- 
tiens  ,  comme  parle  le  Moréri.  Domicien  en  Fran- 
çois ,  n'eft  pas  Domicius ,  mais  Domicianus ,  noms 
trcs-difiérens. 

DOMITIEN.  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Domicia- 
nus. Nous  difons  en  françois  Domicius ,  mais  non 
pas  Domicianus  j  il  faut  dire  Domicien.  L'Empereur 
Domicien ,  fils  de  Vefpafien ,  &c  le  dernier  des  douze 
Empereurs  Romains  j  qu'on  appelle  vulgairement 
les  douze  Céfars,  (uccécîa  à  Tite  fon  frère  l'an  de 
Jefus-Chrift  8i.  le  15  Septembre  ,  &  fe  décria  par 
fes  débauches  &  fes  cruautés.  Domicien  ,  au  com- 
mencement de  fon  Empire ,  paftoit  le  temps  dans 
fon  cabinet  .à  prendre  des  mouches,  &  à  les  enfiler , 
ou  les  embrocher  avec  une  aiguille  d'or.  S.  Domi- 
cien y  Evêque  de  Mélitène  en  Arménie  ,  étoit  parent 
de  l'Empereur  Maurice ,  fous  lequel  il  vécut.  Les 
Domitiens.  Voye\  la  famille  Domitia. 

DOMITZ.  Petite  ville  du  Cercle  de  la  balTe  -  Saxe  en 
Allemagne.  Domicium.  Elle  eft  dans  le  Duché  de 
Meckelbourg  ,  fur  l'Elbe  ,  au  confluent  de  1  Elde  , 
qui  en  fait  une  Ifle.  Domic^  eft  petit, mais  bien  for- 
tifié, il  a  un  péage  confidérable  ,  &  appartient  au 
Duc  de  Meckelbourg. 

DOMMAGE,  f.  m.  Signifie  généralement  perte,  di- 
minution j  dépériftement  d'une  chofe  qu'on  a  en  fa 
\io\^e^\on. Damnum ,  detrimencum.  L'inondation  delà 
rivière  a  caulé  un  dommage  de  plus  d'un  million  à  la 
Province.  Les  Barbares  ont  ruiné  toutes  les  antiqui- 
tés d'Italie  ;  c'eft  un  grand  dommage.  Cela  né*porte 
aucun  dommage  à  perfonne  ;  pour  dire  ,  Cela  ne 


DOM  419 

fait  tort  à  perfonne.  Cela  va  à  mon  dommage ,  me 
caufe  de  la  perte. 
Dommage,  en  termes  de  Jurifprudence ,  fignifie  plus 
particulièrement  le  dégât  que  font  les  beftiaux  dans 
des  prés,  des  blés  ,  &  autres  héritages.  On  a  faifi  les 
bœuts  qui  ont  été  trouvés  en  dommage  j  il  faut  efti- 
mer  le  dommage.  Il  y  a  un  titre,  au  IX^  livre  du  Di- 
gefte  ,  du  dommage ,  qu'on  appelle  en  Latin  paie- 
vrecé.  Si  quadrupes  pauyericmjtcijje  dicatur. 

Ce  mot  vient  de  damnagium ,  qu'on  a  formé  de 
damnum.  Ménage. 

On  dit,  en  termes  de  Palais,  une  condamnation  de 
dépens,  dommages  &  intérêts  :  fous  ce  mot  de  dom- 
mages font  compris  j  tant  la  perte  qu'on  a  foufferre 
que  le  gain  qu'on  a  manqué  à  taire  par  le  fait  d'au- 
trui  :  ce  qu'on  appelle  dommage  émergent ,  6:  "ain. 
cclFant.  Damnum  tmergens  ylucrum  cejjans.  Quicon- 

3ue  fouffre  du  dommage  par  le  fait  d'autrui  j  elt  en 
roit  d'en  demander  la  réparation. 
On  dit  aulfi  ironiquement  ,  ou  par  menace,  C'eft 
dommage  qu'il  ne  fe  vienne  attaquer  à  moi ,  me  fai- 
re un  procès ,  je  lui  ferois  bien  voir  du  pays.  Ce 
jeune  homme  eft  fort  bien  faic ,  c'eft  dommage  qu'il 
foie  fripon.  C'eft  dommage  que  ce  livre  au  été  con- 
damné. Pasc. 

DOMMAGEABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  caufe  de  la  pette 
ou  du  préjudice.  Damnofus  ,  perniciofwi.  Les  mé- 
chans  livres  font  fort  domm.ageahles  au  public. 

DOMME,  Ville  de  France  au  haut  -  Pcrigord  ,  fur  la 
Dordogne  ,  aux  confins  du  Quercy  j  &  fiir  une  mon- 
tagne à  une  lieue  de  Sarlat,  au  Midi.  Long.  18.  d. 
54.  lat.  45.d.  58'. 

DOMMIM ,  ou  félon  d'autres.  Dammim.VxWQ  ou  lieu 
de  la  Tribu  de  Juda,  entre  Socho  &  Azeca.  Dom- 
mim  j  Dammim.  C'eft  là  que  les  Philiftins  avoienc 
leur  camp,  lorfque  Goliath  vint  infulter  au  peuple 
de  Dieu  qui  campoit  vis-à-vis,  dans  la  vallée  du 
Thérebinte  j  &  qu'il  fut  tué  par  David.  1.  des  Rois 
XVII.  I.  &  fuiv.  Il  y  a  dans  la  Vulgate  in  f.nibus 
Dommim  ,  &  dans  l'Hébreu  ,  3N3mD1l3 ,  Beephes 
Dommim,  que  quelques  -  uns  joignent  en  un  feul 
mot ,  croyant  que  le  nom  de  cette  ville  étoit  t^phef- 
dommim.  Les  Septante  ont  Fiptf^ii»;  mais  le  manufcric 
Alexandrin  ''  Aipfo-J~»^^t,r^^d'auttes  i»  A<^t  àc^fiifc.  Aqui- 
la  ,  comme  S.  Jérôme  ,  l'appelle  fimplement  Dom~ 
mim  ,  êv  ir\p«T<  ùiCftilft, 

DOMNE.  f.  f.  Titre  que  l'on  donne  à  des  Religieufes , 
comme  l'on  donne  celui  de  Dom  à  des  Religieux. 
Domna.  La  Marquife  de  Montferrand  entra  chez  les 
Feuillantines  le  1 1  Juin  166 j  ,  &  y  prit  le  nom  de 
Domne  Charlotte  de  Sainte  Claire.  P.  Kelyot  ,  T^ 
VI.  p.  344. 

DOMNOLE.  Voyei  TANNOLEY. 

DOMO  D'DSCELLA.  Petite  ville  du  Duché  de  Mi- 
lan. Domodojcella  _,  Ofccila.  Elle  eft  fur  la  Tofa , 
dans  le  Comté  d'Anghiera  ,  au  couchant  du  lac 
Majeur. 

DOMOCHL  Ville  de  Grèce,  dans  la  ThelTalie.  Z?o- 
mocus ,  Domonicus.  C'étoit  autrefois  un  Evêché  : 
aujourd'hui  Domochi  eft  prefque  défert. 

DOMPAÎRE.  Ville  ancienne  de  Lorraine,  ou  les  Roii 
d'Auftrafie  ,  &c  enfuite  les  Ducs  de  Lorraine  ,  ontfait 
leur  féjour.  Ce  n'eft  plus  qu'un  village  ,  fuué  à  qua- 
tre lieues  d'Epinal ,  &  à  deux  de  Plombières.  On  y 
voit  cependant  encore  des  ruines  qui  marquent  fon 
ancienne  grandeur. 

Ip-  DOMTABLE  ou  DOMPTABLE. adj.  de  t. g.  I/A- 
cadémie  veut  qu'on  fafte  fentir  le  p  dans  la  prcnon- 
ciation  foutenue.  Je  ne  fuis  pas  de  cet  avis  :  bien 
des  gens  même  retranchent  cette  lettre  ,  comme  inu- 
tile. Cette  épithète  s'applique  aux  hommes  $c  aux 
animaux  qu'on  peutdomter,  adoucir  j  apprivoifer. 
Domabilis,  L'adreffe  des  hommes  rend  domtab'os 
les  animaux  les  plus  farouches,  on  l'emploie  ordi- 
nairement avec  la  négative.  Ce  jeune  homme,  ce 
cheval  n'eft  pas  domtahle.  Nullâ  arte  dotr.ahilis. 

DOMTER  ou  DOMPTER.  Prononcez  DCWTER.  v. 
a.  Affujettir,  fe  rendre  maître  j  réduire  fous  fon 
obéiftance.  Domare,  Les  Romains  onr^ti/72fc  lejiu- 
Gggij 


.lO 


DOM     DON 


tions  les  plus  farouches ,  les  plusbelliqueufes.  Quand 
Dieu  chûific  quelqu'un  pour  être  l'inlbument  de  fes 
deiîeins  ,  rien  n'en  aricce  le  cours  ;  il  enchaîne,  ou 
il  domte  tout  ce  qui  efl:  capable  de  réfiftance.  Fléch. 
Hercule  domta  les  monftres. 

Ce  moc  vient  du  Latin  domitare.  Mén. 

DoMTER  ,  fe  du  aulli  des  animaux  \  pour  dire,  les  ap- 
privoiler  \  les  alFujettir  au  travail ,  &  leur  faire  per- 
dre leur  férocité.  Domter  les  taureaux  pour  les  met- 
tre fous  le  joug.  Domter  des  chevaux  dans  un  ma- 
nège. 

Domter  ,  fe  dit  figurémentj  en  Morale,  des  pallions. 
Il  faut  i/ow;erfi  colère.  Animum  i/jwi7/-t;.  Les  jeûnes, 
les  difciplines  domtcnt\ts  appétits  charnels,  frange- 
re  cupidicaces.  La  mifère  donn^  le  cœur  le  plus  her 
&  le  plus  fuperbe.  Vaug.  L'emploi  de  la  Philofo- 
phie  elt  de  domter  les  pallions.  M.  Esp. 

Pour  domteryô/z  orgueil  jufqu  alors  mdomte\ 
Feins  de  la  méprifer.  Corn. 

Ce  farouche  ennemi  qu'on  ne  pouvait  domter, .... 
Soumis  y  apprivoi/e,  reconnou  un  vainqueur.  Rac. 

Quelque  plaij^r  qu'on  trouve  à  l'amour  qui  nous  domte, 
On  trouve  à  l' avouer  toujours  un  peu  de  honte.  Mol. 

Ma  raifon ,  il  ejl  vfai ,  domte  mesfentimens.  Corn. 

J'ii  domté  la  nature ,  &  ne  l'ai  pas  détruite.  Id. 

DoMTÉ,  ÉE.part.  Domitus y perdomitus.  Un  efprit abat- 
tu ,  &c  comme  domté  par  l'accoutumance  au  joug  , 
n'ofe  plus  s'enhardsr  à  rien.  Boil. 

DO ivlTE  VENIN,  f.  m.  Afdepias,  f.  f.  Planreà  îaquel 
le  on  a  attribué  plufieurs  propriétés  (ïn<',ulières ,  & 
qu'on  dit  avoir  pris  le  nom  d'un  ancien  Médecin  , 
nommé  Afclépias.  Ses  racines  fonr  menues  ,  lon- 
gues ,  blanchâtres ,  un  peu  tibrées  ,  qui  poulfent  de 
leurs  collets  pluileurs  tiges  hautes  de  deux  pieds  en 
viron,  arrondies,  &  noueules  par  intervalles  :  fes 
feuilles  font  oblongues ,  pointues ,  pofées  deux  à 
deux  ,  &  nailfenc  des  nœuds  des  tiges.  Des  ailfelles 
de  quelques-unes  de  ces  feuilles  ,  fortent  des  bou- 
quets de  lleurs  foutenus  par  des  pédicules.  Cesfleurs 
font  blanchâtres  j  d'une  feule  pièce,  petites  pour 
la  grandeur  de  la  plante  ,  évafées  &  à  cinq  pointes- 
Leur  piftil  devient  un  fruit  oblong ,  en  manière  de 
corne,  compofé  de  deux  gaines  étroites,  vertes  j 
membraneufes  j  qui  renferment  plufieurs  femences 
aplaties ,  roufsârres  ,  chargées  d'une  aigrette  très- 
blanche  &  très  fine.  Cette  plante  eft  très-commune 
à  la  campagne.  On  la  diltingue  de  l'Apocin  &  du 
Periploca  par  fon  fuc  ,  qui  ell  plus  féreux  que  lai- 
teux. On  met  le  domte-venin  au  nombre  des  plantes 
alexitères  \  on   l'eftiiTie  encore   pour  l'hydropifie. 

P'oy.  ASCLEPIAS. 

DOMTEUR  .  ou  DOMPTEUR,  f.  m.  Qu'on  ne  dit 

point  abfolument.  C'efl:  la  qualité  qu'on  donne  à 
Hercule,  Donneur  de  monftres.  Domitor.  Ce  Prince 
eft  un  domteur  de  nations. 

DON. 

^T  DON.  f.  m. Ce  mot,dansfafignification  générale, 
marque  le  tranfport  aduel  que  l'on  fait  librement 
de  la  propriété  d'une  chofe.  Donum.  Quand  on  fait 
un  dont ,  il  faut  le  faire  de  bonne  grâce.  Ce  livre  ell: 
un  don  de  l'Auteur.  Djnner  en  pur  don.  Il  paroît 
aflez  difficile  de  marquer  bien  précifément  les  nuan- 
ces qui  distinguent  les  mots  don  &  préfent.  Le  pré- 
fent ,  difent  les  Encyclopédistes,  est  moins confidé- 
rable  que  le  don  j  &  fe  fait  à  des  perfonnes  moins 
confidérables.  On  dit  qu'un  Prince  frit  don  de  fes 
Etats  à  un  autre  ,  &  non  qu'il  lui  en  fait  préfent.  Un 
Prince  fait  des  préfens  à  fes  fuiets ,  &  les  fujets  font 
quelquefois  des  dons  au  Prince  ^  mais  ils  avouent 
qu'il  y  a  des  exceptions  à  cette  règle.  Ainfi  la  difté- 
rence  qu'ils  mettent  entre  ces  deux  mots,  n'est  pas 


DON 

précifément  celle  qui  empêche  leur  fignificatioia 
d'être  lynonyme.  Il  me  paroic  donc  que  fidée  par- 
ticulière qui  caraétérife  ces  mots  ,  conlilte  non-feu- 
lement en  ce  que  le  prefent  ell  moins  confidérable 
que  le  don  j  Hc  le  fait  à  des  perfonnes  moins  confi- 
dérables ,  au  moins  pour  l'ordinaire  j  mais  encore 
en  ce  que  \q  prefent  provient  toujours  d'une  pure  li- 
béralité, en  forte  qu'il  n'y  a  aucun  cas  où  l'on  ne 
puille  fe  difpenfer  de  le  taire  \  ce  qu'on  ne  peut  pas 
dite  en  géuéial  du  don  ,  du  don  gratuit ,  par  exem- 
ple ,  que  (ont  au  Roi  les  Etats  d'une  Province  &  le 
Clergé. 
03°  Don  fe  dit ,  en  chofes  fpiiituelles,  des  avantages, 
des  grâces  qu'on  reçoit  de  Dieu  ;  c'eft  un  don  du 
Ciel ,  un  dun  de  Dieu ,  un  don  de  la  grâce.  Le  Ciel 
l'a  enrichi  de  les  dons. 

^fT  En  Théologie  &  en  termes  de  fpiritualité , 
on  le  dit  de  certaines  grâces  que  Dieu  tait  aux  âmes 
pour  les  porter  à  la  perteclion  ,  &  qu'on  appelle 
dons  Àm  Saint  Efprit,  dona  fpiritus  fancli.  Les  dons 
du  S.  Efprit ,  font  des  habitudes  ou  qualités  perma- 
nentes que  Dieu  communique  à  l'aine  ,  avec  la  grâ- 
ce fanétihante  &  avec  les  vertus  infufes  ,  pour  for- 
tifier les  puilTances  naturelles,  &  les  rendre  plus 
fouples  aux  mouvemens  du  divin  Efprit ,  &  capa- 
bles d'exercer  les  vertus  les  plus  difficiles  &:  les  plus 
nobles,  qu'on  appelle  héroïques.  Il  y  a  fept  dons  du 
S.  Efprit,  celui  de  fageffe  ,  qui  efi:  le  premier  en 
dignité ,  celui  d'intelligence ,  celui  de  fcience  ,  celui 
de  confeil ,  celui  de  piété  ,  celui  de  force,  &  celui 
de  crainte  de  Dieu.  Les  quatre  pren.icrs  écl,  irenc 
l'entendement  &  le  peifeélionnent  ;  les  trois  autres 
perteétionnent  la  volonté  &  l'appétit  extérieur.  IfaiCj 
C.  II.  v.  1.  met  un  ordre  excellent  entre  les  dons  du 
S.  Efprit.  Il  joint  enfemble  la  fageffe  &  1  intelligen- 
ce ,  parce  que  l'une  fert  de  difpofition  à  l'autre  ; 
l'intelligence  pénétre  les  chofes  divines  ,  pour  dif- 
poler  l'ame  à  les  goûter  par  la  fagefîe.  Il  joint  le 
confeil  &  la  force  j  parce  que  le  confeil  eft  nécef- 
faire  pour  diriger  la  force  ,  qui ,  fans  cela,  feroit 
téméraire.  Il  joint  la  fcience  &i  la  piété  ,  parce  que 
la  fcience  fans  la  piété  eft  lèche  &  aride  :  &  il  met 
la  crainte  au  dernier  lieu  ,  comme  la  bafe  &  le  fon- 
dement de  tous  les  autres  dons. 

La  toi  ne  fe  compare  point  en  excellence  avec  les 
dons  ,  parce  qu'ils  la  contiennent,  &  qu'ils  en  font 
la  perfedtion.  La  foi  fe  perfectionne  par  les  dons  de 
fcience,  d'intelligence  &c  de  fageffe  ,  qui  font  que 
ce  que  nous  ne  voyons  par  la  foi  qu'oblcurément  y 
&  avec  dégoût  ,  nous  le  voyons  diftinftement ,  & 
avec  plus  d'onétion  &c  de  goût  :  c'eft  ainfi  que  fe 
font  les  vilîons  des  vérités  ik  des  connoilfances  ex- 
traordinaires. 

Les  dons  ne  fubfiftent  point  dans  l'ame  fans  la  cha- 
rité j  &  à  proportion  que  la  grâce  croît,  ils  croilTeiit 
aulh.  De-là  vient  qu'ils  lont  fort  rares ,  &  qu'ils  n'ar- 
rivent point  à  un  degré  d'excellence,  fans  une  fer- 
vente &  parfaite  chanté  ;  les  péchés  véniels  &  les 
moindres  imperfeéfions  les  renant  comme  liés  ,  & 
les  empêchant  d'agir.  Ainfi  le  moyen  d'exceller  en 
l'oraifon ,  c'eft  d'exceller  en  ces  dons  ;  &  la  contem- 
plation la  plus  lublime  ,  n'en  eft  prefque  pas  diffé- 
rente. P.  L.  L.  Ses. 
Don  de  sagesse.  Il  nous  eft  donné  pour  nous  faire  voir 
les  caufes  &  les  convenances  des  vérités  de  la  foi. 
Donum  fapienti£  ,  fpiritus  fapientu.  On  définit  la 
figejjè  une  fcience  acquife  par  les  premiers  princi- 
pes :  Car  le  nom  de  fageffe  vient  de  celui  défaveur. 
Comme  le  goût  eft  propre  à  diferner  la  faveur  des 
viandes  ,  dit  S.  Ifidore  ,  de  même  lafagefe ,  cejl-à- 
dire  ,  la  connoifjance  qu'on  a  des  créatures  par  le  pre- 
mier principe  ^  &  des  caufes  fécondes  par  la  première 
caufe  J  eji  une  règle  sûre  pour  bien  juger  de  chaque 
chofe. 

Le  don  de  fagejfe  eft  une  connoilTance  favoureiife 
de  Dieu,  de  fss  attributs  &  de  fes  myftères.  L'in- 
telligence conçoit  feulement  &"  pénétre.  La  fa  g  e  (Je 
juge'&  compare  :  elle  fait  voir  les  caufes ,  les  rai- 
fons ,  les  convenances  ;  elle  repréfente  Dieu  ,  fa 


DON 

grandeur,  fa  beauté,  fes  perFewlioiis ,  fes  myftères] 
comme  infiniment  adorables  &  aimables  ;  ^  de 
cette  connoilfance  rélaite  un  goût  délicieux  ,  qui 
s'étend  même  quelquefois  julqu'au  corps  ,  &  qui  ell 
plus  ou  moins  grand  ,  félon  l'état  de  perfection  & 
de  pureté  où  l'ame  fe  trouve.  Ainù  ,  c'eft  au  don  dd 
Jjgdjj'e  qu'appartiennent  les  douceurs  &  les  confo- 
iations  Ipirituelles ,  &  les  grâces  fenfibles.  Elles  font 
les  etFets  de  ce  do.n  ;  mais',  quand  elles  ne  lont  que 
dans  la  partie  inférieure  ,  elles  peuvent  venir  du 
Démon,  fur  -  tout  dans  lésâmes  qui  ne  font  pas 
encore  parfaitement  purifiées. 

Il  y  a  cette  difterence  entre  \xfagejfe  &  la  fclen- 
ce  ,  que  celle-ci  ne  produit  point  ordinairement  ce 
goût  (piruuel ,  que  celle-là  fait  fentir  à  l'ame  :  la 
raifon  ell  que  la  fcience  ne  regarde  que  les  créatu- 
res, quoique  par  rapporta  l5ieu  ;  mais  [3.  fugejffè 
envifage  l3ieu,  dont  la  connoilTance  eft  pleine  d'at- 
traits &  de  douceur.  Cela  vient  encore  de  la  chari- 
té ,  dont  la  perfedion  ou  la  ferveur  eft  la  fanté  de 
l'ame.  Car ,  quand  lame  eft  une  fois  bien  guérie  de 
fes  infirmités ,  &c  de  fes  langueurs  ,  quand  elle  eft 
bien  faine ,  elle  goûte  Dieu ,  &  les  chofes  divines 
comme  fes  propres  biens ,  fans  fentir  les  répugnan- 
ces ,  les  dégoûts  &  les  difficultés  qu'elle  fentoit  au- 
paravant ,  à  caufe  de  fon  indilpofition.  Le  vice  op- 
pofé  à  la  fagelfe  eft  la  folie. 

Don  d'intelligence.  Il  nous  eft  donné  pour  pénétrer 
plus  intimement  les  vérités  de  la  foi. 

Don  de  science.  Le  don  de  fcience  eft  une  lumière  du 
S.  Efprit ,  qui  éclaire  l'ame  pour  connoîrre  les  cho- 
fes humaines  ,  ôc  pour  en  porter  un  jugement  cer- 
tain par  rapport  à  Dieu ,  &  autant  qu'elles  font  l'ob- 
jet de  la  foi.  Le  don  de  fcience  aide  celui  d'intelligen- 
ce à  découvrir  &  reconnoître  les  vérités  obfcures  , 
&  celui  de  frgelfe ,  à  le  polTéder.  La  fagelfe  &  la 
fcience  oiîc  quelque  chote  de  commun.  Toutes  deux 
font  connoître  les  créatures.  Mais,  quand  on  connoît 
Dieu  par  les  créatures ,  &  qu'on  s'élève  ,  de  la  con- 
noifiiice  des  caufes  lecondes  ,  à  la  caufe  première 
&  univerfelle  ,  c'eft  un  aéte  de  la  fcience.  Quand  on 
connoit  les  chofes  humaines  par  le  goût  qu'on  a  de 
Dieu ,  &c  qu'on  juge  des  erres  créés  par  les  connoif- 
fances  qu'on  a  du  premier  être,  c'eft  un  aéte  de  fa- 
gelfe.  Le  difcernement  des  efprits  appartient  à  l'un 


42,  l 

3 


&  à  l'autre  :  mais  la  fagelTe  l'a  par  voie  de  goût  & 
d'expérience ,  qui  eft  une  façon  de  connoître  plus 
relevée  ,  la.  fcience  l'a  feulement  par  pure  connoif- 
fance.  Le  don  de  fcience  no.is  fait  voir  promptement 
&  certainement  tout  ce  qui  regarde  notre  conduite 
&  celle  des  autres.  Un  excellent  moyen  pour  acqué- 
rir ce  don  de  fcience  ,  c'eft  de  s'étudier  beaucoup  à  la 
pureté  du  cœur ,  &  de  veiller  foigneufemenc  fur  fon 
intérieur.  La  béatitude  qui  répond  à  ce  don  j  eft  la 
troifième:  Bienheureux  ceux  qui  pleurent  ;  parce 
que  \a.fiencJ  que  le  S.  Hfpiit  nous  donne  ,  nous  fait 
connoître  nos  défauts  Se  la  vanité  des  chofes  de  la 
terre  ,  &  qu'elle  nous  montre  que  nous  ne  devons 
attendre  des  créatures  ,    que  des  mifères   &  des 
pleurs.  Le  fruit  du  S.  Efprit  qui  lui  répond  ,  eft  ce- 
lui de  foi ,  en  tant  que  ce  don  perfectionne  les  con- 
noilTarices  que  nous  avons  des  aclions  humaines  & 
des  créarures  j  par  la  lumière  de  la  foi. 
Don  de  conseil.  Le  confeil  eft  un  ade  de  la  pruden- 
ce j  qui  prefcrit  le  choix  des  moyens  pour  arriver  à 
une  fin.  Ainfi  le  don  de  confeil  regarde  la  direction 
des  aétions  particulières.  C'eft  une  lumière  par  la- 
quelle le  S.  Efprit  montre  ce  qu'il  faut  faire  dans 
le  temps,  dans  le  lieu,  &  dans  les  conjonétures où 
l'on  fe  trouve.  Ce  que  la  foi ,  la  fagefte  &  la  fcien- 
ce enfeignenr  en  général  j  le  don  de  confeil  l'appli- 
que aux  cas  particuliers.  La  conduite  la  plus  sûre, 
eft  c  'II-?  qu'on  reçoit  dn  S.  Efprit  par  le  don  de  con- 
feil.Qn  p-'ur  remuq'ier  ,  en  divers  endroits  de  l'E- 
criture ,  des  rrai''*   idmirabies  du  don  de  confeil, 
comme  dans  le  fi!'?nce  de  N  itre  Seigneur  devant 
HéroJe,  &  dans  les  réponfes  qu'il  fit  pour  fniver 
la  temne  ad'i'tè'^,  ^  pour  confondre  ceux  qui  lui 
demandoient  s'il  falloic  payer  le  tribut  à  Céfar  :  dans 


DO  M 

le  lugenieni:  de  Salomon  ;.dans  l'entreprife  de  Ju- 
dith ,  pour  délivrer  le  peuple  de  Dieu  de  l'armce 
d'Holoierne  \  dans  la  conduite  de  Daniel  j  pour  juf- 
tihcr  Sufanne  de  la  calomnie  des  deux  vieillards  ; 
dans  celle  de  Saint  Paul ,  lorfqu'il  commit  les  Phc- 
lifiens  &c  les  Sadducéens ,  £c  qu'il  appela  du  tribu- 
nal de  Feftus  à  celui  de  Céfar.  Le  vice  oppofé  aUi 
don  de  confileA  la  précipitation:  l'empreiîen.ent 
eft  fort  con-raire  au  don  de  confeil.  La  témérité  eft 
encore  fort  contraire  à  ce  don.  La  lenteur  eft  auiïi 
un  défaut  qui  eft  contraire  au  don  de  confed.  La 
béatitude  qui  répond  au  don  de  confeil ,  eft  la  cin- 
quième, [bienheureux  ceux  qui  font  miféricordieux, 
parce  qu'ils  feront  traités  avec  mifericorde  ^  &c  la 
raifon  que  Saint  Auguftin  en  apporte,  eft  que  Dieu 
ne  manque  pas  d'aider  de  fa  lumière  ,  ceux  qui  af- 
fiftent  charitablement  les  autres  dans  leurs  befoins. 
On  ne  remarque  point  de  fruit  du  S.  Efprit ,  qui 
réponde  immédiatement  au  don  de  confeil ,  parce 
que  c'eft  une  connoilfance  pratique  qui  n'a  point 
d'autre  fruit ,  à  proprement  parler  ,  que  l'opération 
qu'elle  dirige ,  &  à  quoi  elle  aboutir.  Cependant 
comme  ce  don  dirige  fpécialement  les  oeuvres  de 
mifericorde  ,  on  peut  dire  que  les  fruits  de  bonté  &: 
de  bénignité,  lui  répondent  en  quelque  manière.  P. 
P.  Lallem.  j. 
Don  de  pieté.  Le  don  de  pie'ce'  eu.  une  difpofition  ha- 
bituelle ,  que  le  S.  Efprit  met  dans  l'ame  ,  pour  l'ex- 
citer à  une  afFeélion  filiale  envers  Dieu.  La  Reli- 
gion &  la  piété  nous  porteht  toutes  deux  au  culte 
&  au  fervice  de  Dieu  ;  mais  la  Religion  le  confi- 
dère  comme  Créateur ,  &  la  piété  comme  père  ;  en 
quoi  celle-ci  eft  plus  excellente  que  l'autre.  La  piété 
a  une  grande  étendue  dans  l'exercice  de  la  juftice 
chrétienne.  Elle  s'étend  non-feulement  à  Dieu, mais 
encore  à  tout  ce  qui  a  rapport  à  lui ,  comme  l'Ecri- 
ture Sainte  qui  contient  fa  parole  ,  les  bienheureux: 
qui  le  pollèdent  dans  la  gloire,  les  âmes  fouft'rantes 
du  Purgatoire,  les  hommes  qui  vivent  fur  la  terre. 

Le  don  de piele  ,  dit  S.  Auguftin  ,  donne  à  ceux 
qui  l'ont,  un  refpecl  amoureux  pour  l'Ecriture  Sain- 
te ,  foit  qu'ils  en  entendent  le  fens  ,  foit  qu'ils  ne 
l'entendent  pas.  Il  nous  donne  un  efpiit  d'enfant 
pour  nos  Supérieurs  ;  un  efprit  de  père  pour  nos 
inférieurs,  un  efprit  de  frère  pour  nos  égaux  ,  des 
entrailles  de  compalîîon  pour  ceux  qui  font  dans  le 
befom  &  dans  les  peines ,  ôc  une  tendre  inclination 
à  les  fecourir. 

Ce  don  fe  trouve  dans  la  partie  fupérieure  de  l'a- 
me &  dans  l'inférieure.  Dans  la  fupérieure,  lui  com- 
muniquant une  onction  &  une  fuavité  fpirituelle, 
qui  provient  des  dons  de  fagelfe  &  d'intelligence  ; 
dans  l'inférieure ,  y  excitant  des  inouvemens  d'une 
douceur  &:  d'une  dévotion  fenhble.  C'eft  de  cette 
fource  que  viennent  le;  Saints  &:  les  pcrfonnes 
pieufes.  C'eft-là  le  principe  de  ce  doux  attrait  qui 
les  porte  à  Dieu  j  de  cette  promptitude  qui  les  fait 
courir  au  fervice  de  Dieu.  C'eft  ce  qui  les  fait  s'af- 
fliger avec  les  affligés ,  pleurer  avec  ceux  qui  pleu- 
rent J  fe  réjouir  avec  ceux  qui  font  dans  la  joie  ,  fup- 
porrer  fans  aigreur  les  foiblelfes  des  infirmes ,  Se 
les  défauts  des  imparfaits ,  Se  fe  faire  tout  à  tous. 

Le  vice  oppofé  au  don  de  piet/  j  eft  la  dureté  da 
cœur,  laquelle  naît  de  l'amour  déréglé  de  nous-mê- 
mes :  car  cet  amour  fait  que  naturellement  nous  ne 
fommes  fendbles  qu'à  nos  intérêts  j  &l  que  rien  ne 
nous  touche  que  par  rapport  à  nous  ;  que  nous 
voyons  les  ofFenfes  de  Dieu  fans  larmes  ,  (?c  les  mi- 
fères du  prochain  fans  compalîîon  ,  &c.  Au  con- 
traire ,  plus  une  ame  a  de  charité  ou  d'amour  de 
Dieu  ,  plus  elle  eft  fenfible  à  l'intérêt  de  Dieu ,  &  à 
ceux  du  prochain. 

La  béatitude  qui  répond  au  don  de pictced  la  fé- 
conde ,  Bienheureux  ceux  qui  font  doux  ;  &  la  raifon 
eft  que  la  douceur  retranche  les  empêchemens  des 
actes  de  la  piété  ,  elle  l'aide  dans  fon  exercice.  Les 
fruits  du  S.  Efprit  qui  répondent  à  ce  don  font  ceux 
de  bonté  &  de  bénignité.  P.  l'Allem. 
Don  de  force.  La  force  eft  une  vertu  qui  nous  affer- 


42.1  DON 

mit  contre  Li  crainte  Se  conrre  l'horreur  des  diffi- 
cultés,, des  dangers  &  des  travaux  qui  fe  préfentent 
•dans  l'exécution  de  nos  enttcpriles.  C'eft  ce  que  le 
don  dejorce  fait  excellemment  \  car  ce  don  elt  une 
difpofition  habituelle  que  le  S.  Elprit  met  dans  la- 
me &  dans  le  corps,  pour  faire  &  pour  louflrirdeï 
chofes  extraordinaires,  pour  entreprendre  les  ac- 
tions les  plus  difficiles ,  pour  s'expoler  aux  dangers 
I?s  plus  redoutables ,  contlamment&  d'une  manière 
héroïque. 

Le  don  de  force  à  l'égard  du  corps  ,  rend  ceux  à  qui 
Dieu  le  communique ,  capables  d'opérer  des  efi-ets 
d'une  force  miraculeufe  ,  comme  David  ,  Samfon  , 
&c.  Mais  la  principale  fonction  dii  don  de  la  force, 
eft  à  l'égard  de  l'elprit,  d'où  il  bannit  toutes  les  crain- 
tes humaines  ,  mettant  dans  la  volonté  &  dans  l'ap- 
pétit, une  force  divine  qui  rend  l'ame  intrépide. 

Le  vice  contraire  zvidon  de  force  ,  eft  la  timidité 
ou  la  crainte  humaine  j  &  une  certaine  lâcheté  na- 
ttuelle  ,  qui  vient  de  l'amour  de  notre  propre  excel- 
lence, &  de  l'amour  de  nos  commodités  i  lefquels 
nous  arrêtent  dans  nos  entreprifes ,  &  nous  font  fuir 
i  la  vue  de  l'abjeûion  &  de  la  peine. 

La  béatitude  qui  répond  au  don  de  force ,  eft  la 
quatrième  :  Bienheureux  ceux  qui  ont  faim  &  qui 
ont  foif  de  la  juftice  ,  parce  qu'une  perfonne  qui  eft 
animée  de  la  force  du  S.  Efprit,  a  un  defir  infatia- 
ble  de  faire  &  de  fouftrir  de  grandes  chofes. 

Les  fruits  du  S.  Efprit  qui  répondent  à  ce  don  , 
font  la  longanimité  &  la  patience  :  la  première 
pour  ne  fe  point  ennuyer  ni  lafler  dans  la  pratique 
du  bien  :  la  féconde  pour  ne  fe  point  ennuyer  nilal- 
fer  dans  la  fouffrance  du  mal.  Lallem. 
Don  de  crainte  de  Dieu.  C'eft  une  difpofition  ha- 
bituelle que  le  S.  Efprit  met  dans  l'ame  pour  la  te- 
nir dans  le  refpeét  devant  la  Majefté  de  Dieu,  & 
dans  la  dépendance  &c  la  foumiffion  à  fes  volontés  , 
l'éloignant  de  tout  ce  qui  peut  déplaire  à  Dieu.  Ce 
don  eft  le  fondement  &  la  bafe  de  tous  les  autres , 
parce  que  la  première  démarche  de  la  voie  de  Dieu^ 
eft  la  fuite  du  mal,  laquelle  appartient  à  ce  don.C'eil 
par  la  crainte  qu'on  parvient  au  fublime  don  de  la 
îagelfe.  On  commence  à  goûter  Dieu  ,  quand  on 
commence  à  le  craindre  ,  &  la  (agelfe  réciproque- 
ment perfectionne  la  crainte  \  c'eft  le  goût  de  Dieu 
qui  rend  la  crainte  amoureufe ,  pure  &  dégagée  de 
tout  intérêt  propre. 

Les  effets  de  ce  don  font  d'infpirer  à  l'ame,  pre- 
mièrement une  continuelle  retenue  ,  un  fainr  trem- 
blement ,  un  profond  anéantiirement  devant  Dieu. 
Secondement  ,  une  extrême  horreur  des  moindres 
ofFenfes  de  Dieu  ,  Se  une  conftante  réfolution  d'en 
éviter  toutes  les  occafions.  Troifièmement,  une  hum- 
ble confufion  de  fa  faute  ,  quand  on  eft  tombé  dans 
quelqu'une.  Quatrièmement ,  une  foigneufe  vigi 
lance  à  réfréner  les  inclinarions  déréglées  de  l'appé 


DON 


ut,  de  fréquens  retours  fur  foi-même  ,  pour  recon- 
noître  l'état  de  fon  intérieur  ,  &  voir  ce  qui  s'ypaf- 
fe  contre  la  fidélité  du  parfait  feivice  de  Dieu. 

L'efprir  de  crainte  peut  aller  à  l'excès ,  &:  pour 
lors  il  eft  préjudiciable  à  l'ame  ,  &  empêche  les 
communications  &  les  effets  que  l'amour  divin  opé- 
reroit  en  elle ,  s'il  ne  la  ttouvoit  dans  le  relferre- 
ment  &  le  refroidiirement  de  la  crainre. 

Le  vice  oppofé  au  don  de  crainte  ,  eft  un  efprit 
d'orgueil  ,  u  indépendance  &  de  libertinage,  qui 
fait  qu'on  ne  veut  fuivrc  que  fes  inclinations,  & 
qu'on  ne  peut  fupporter  aucun  affiijettilfement  ; 
qu'on  pèche  fans  fcrupule  ,  &  qu'on  ne  tient  comp- 
te des  petites  fautes  ^  que  l'on  paroît  devant  Dieu 
avec  peu  de  refpeft  ,  &  que  l'on  commet  plufieurs 
irrévérences  en  fa  préfence  ;  qu'on  méprife  fes  inf- 
pirations  ,  qu'on  néglige  les  occafions  qui  fe  préfen- 
tent de  pratiquer  la  vertu,  &  que  l'on  vit  dans  le 
i-eiâchemenr  &  dans  la  tiédeur. 

La  béatitude  qui  répond  au  don  de  crainte  eft  la 
première  :  Bienheureux  les  pauvres  d^ efprit.  Car  cette 
nudité  d'efprit  j  qui  comprend  le  dépouillement  de 
raffe<3;ion  des  hommes  &  des  biens  temporels ,  eft' 


une  fuite  nccelfaire  de  la  parfaite  crainte  de  Dieu. 
Le  même  efprit  qui  nous  porte  à  nous  foumettre 
pleinement  à  Dieu  ,  S<.  à  n'eftimer  rien  de  grand 
que  Dieu ,  nous  portant  à  méprifer  tout  le  refte , 
&  ne  nouspermetcant  pas  de  nous  élever  ni  en  nous- 
mêmes  par  la  recherche  de  notre  propre  excellence  ; 
ni  au-delfusdes  autres  par  la  recherche  des  richelfes 
<Sc  des  commodités  temporelles. 

Les  fruits  du  S.  Eiprit  qui  appartiennent  à  ce  don 
font  ceux  de  modeftie  ,  de  tempérance  Se  de  chaf- 
teté.  Le  premier ,  parce  que  rien  n'aide  plus  à  la 
modeftie  que  cet  amoureux  refpedl:  pour  Dieu  ,  que 
l'efprit  de  crainte  hhale  infpire^lcs  deux  autres ,  par- 
ce qu'en  retranchant  ou  modérant  l'ulage  des  com- 
modités de  la  vie  ,  Se  des  plailirs  du  corps  j  elles 
contribuent  j  avec  le  don  de  crainte  ,  à  réfréner  U 
concupifcence.  Lallem. 

On  dit,  les  dons  de  la  grâce ,  le  don  de  Prophé- 
tie ,  le  don  des  Langues,  Se  autres  dont  S.  Paul  fait 
mention  au  chapitre  XIl  de  la  I  aux  Corinthiens.  Il 
y  a  diverfité  de  dons  fpitituels  \  mais  il  n'y  a  qu'ua 
même  Efprit.  Port-R.  Chacun  a  fon  don  de  Dieu  , 
Se  il  faut  prendre  garde  de  ne  le  vouloir  pas  fervir 
dans  le  don  d'un  autre.  Nie.  On  ditauffi,d'unechofe 
qu'on  eftime  fur  toutes  les  autres ,  c'eft  un  don  de 
Dieu.  La  foi  eft  un  don  de  Dieu. 

Saints  dons.  Nom  que  les  Grecs  donnent  aux  Sym- 
boles du  Corps  Se  du  Sang  de  J.  C.  non-feulement 
après  la  confecration,  mais  même  lorfqu'ils  ne  font 
encore  que  du  pain  Se  du  vin  ,  après  une  fimple  bé- 
nédiétion.  Ils  ont  pourcela  ,  dans  leur  Rituel ,  une 
cérémonie  fort  folennelle  :  ils  les  portent  avec  ap- 
parat en  chantant  des  hymnes ,  &  tout  le  peuple  fe 
profterne  pour  les  adorer.  Cette  cérémonie  a  été  ta- 
xée d'idolâtrie  par  quelques  Controverfiftes  Latins, 
Gabriel  furnommé  Sévère ,  Archevêque  de  Phila- 
delphie, a  publié  à  'Venife  en  1604,  une  Apologie 
pour  ceux  de  fa  nation.  M.  Simon  l'a  traduite  en  La- 
tin avec  quelques  autres  opufcules  du  même  Ar- 
chevêque :  ils  ont  été  imprimés  à  Paris  en  Grec  Se  erj 
Latin  ,  avec  des  remarques  en  1671. 

Cette  Apologie  de  Gabriel,  qui  étoit  Grec  fchif- 
matique  ,  &  quia  même  écrit  un  livre  en  Grec  vul- 
gaire contre  le  Concile  de  Florence ,  montre  clai- 
rement que  les  Grecs  croient  la  tranfubftantiationj 
car ,  pour  répondre  aux  Latins  ,  qui  accufoient  d'i- 
dolatrie  cette  adoration ,  il  diftingue  deux  fortes 
d'adoration  ;  l'une  qui  n'eft  qu'un  honneur  qu'on 
rend  kccsdons  ,  parce  qu'ils  ont  été  bénis,  par  les 
Prêtres,  furie  petit  autel,  qu'on  nommQÏ  Autel  de 
la  Prothèfe  ;  Se  l'autre  qui  eft  une  véritable  adora- 
tion j  qu'on  ne  rend  à  ces  dons  qu'après  qu'ils  ont 
été  tranlubftanciés  ou  changés  au  Cc>rps  Se  au  Sang 
de  J.  C.  La  première  ,  dit  Gabriel ,   eft  une  fimple 
adorarion  qui  eft  appelée  vfdTKititnt  par  les  Grecs  ;  Se 
l'autre  eft  un  culte  ou  adoration  appelée  Latrie,  qu'on 
rend  à  Dieu  feul  :  il  donne,  pour  exemple  Je  la  pre- 
mière ,  les  images  que  les  Latins  adorent  auffi-biei» 
que  les  Grecs,  f^oye:^  Autel  de  la  Prothèfe. 
Don  ,  fe  dit  auffi  de  certains  avantages  de  la  nature 
ou  de  l'art.  Nature  munus  _,  donum.  La  beauté  eft 
un  des  plus  précieux  dons  de  la  nature.  Il  a  le  don 
de  plaire  à  tout  le   monde.  Titéfîas    avoit  le  don 
de  deviner.  Cet  importun  n'aura  jamais  le  don  de  fe 
taire. 
Don  ,  fedit  auffi  quelquefois  abufîvement.  Les  petits 
efprits  ont  \q  don  de  beaucoup  parler.  Hoc  hahet  ^ 
ou  habent ,  ut ,  &c.  Cet  homme  a  le  don  de  déplaire 
à  tous  ceux  qui  le  voient.  Cette  femme  a  le  don  de 
pleurer;  pour  dire,  qu'elle  pleure  quand  elle  veut. 
^fT  En  Jurifprudence,on  appelle  don  ,  tour  ce  qui 
eft  accordé  gratuitement  au  Prince,  &  par  le  Prince; 
ou  ce  qui  fedonne  réciproquement  par  le  mari  à  la 
femme  ,  Se  par  la  femme  au  mari.  C'eft  la  raifon 
pour  laquelle  on  dit  r/o«  d'aubaine  j  de  bâtardife  & 
de  déshérence  ;  don  de  confifcation  \  don  gratuit , 
tfi)«  mobile  ,  don  mutuel. 
Don  d'aubaine  ,  de  bâtardife   &  de  déshérence  ,  eft  un 
don  que  le  Roi  fait  à  quelqu'un  de  fes  fujets ,  du  droit 


DON 

qu'il  a.  ,  Si  qui  eft  échu  ^  à  l'effet  de  fuccéder  à  quel- 
qu'un par  droit  d'aubaine  ou  autre. 

JDoN  t^e  confijcation  _,  elt  un  don  que  le  Roi  fait  a  quel- 
qu'un de  les  l'ujets  de  biens  conhlqués  ,  iS:  ce  don 
n'eft  pas,  non  plus  que  les  piéccdens ,  une  véritable 
aliénation  du  Domaine. 

Don-Gratuit,  ell  un  préfent  que  font  au  Roi  les 
Etats  affembics  d'une  Province  ^  ou  le  Clergé  dans 
fes  Alfemblées  ,  en  confidération  des  privilèges  qui 


t)  O  N 


413 


avoir  reçu  les  eaux  de  lOskul  &  de  î'Udi  ,  elle  va 
le  dechariJer  dans  le  giand  Don. 


Don.  Rivière  de  France  dans  la  Bretagne.  Elle  a  fa 
ourcepresdeJuigné,  &  fe  décharge  dans  la  Vil- 

laine,  entre  Av.lfic&  Mafferac. 
Don,  ccoit  autrefois  le  nbm  d'une  rivière  de  laquelle 

quelques  uns  croient  que  Dodone    avoir  pris  fon 

nom.  /ûyci  Etienne  de  Byzance. 
Don.  Foye-^  Dun  j  rivière. 


leur  font  accordés  ,  ou  des  impolitions  dont  ils  font  DON  A&^AL./^ojt'-  DUNGHALL 


àéchaigés.  £>o/ium  gracuàam.  ilparoit  par  les  Ha- 
rangues de  M.  Poncet,  imprimées  en  1679,  que  le 
i/o«^Mri<^/r  que  Meffieurs  du  Clergé  tirent  en  i6y^ 
à  Sa  Majelté  j  montoit  à  quatre  millions  cmq  cenr 
mille  livres.  Lq  don  gracuic  ic  lève  lur  tous  ics  Bé- 
néfices du  Royaume  j  &  les  Ecclélîaftiques  appellent 
cette  forte  de  taxe  ,  décimes  extraordinaires. 

Don  mobile.  Terme  de  Coutume.  C'ell:  une  certaine 
portion  de  la  dot  d'une  femme  ,  dont  elle  fait  don  à 
ion  mari  par  le  contrat  de  mariage.  Donum  mobile.  Il 
eft  ordmairement  du  tiers  en  Normandie  ,  où  il  n'y  a 
point  de  communauté.  Si  le  père  marie  fa  fille  ,  il 
peut  (.lonner  au  delà  du  tiers  en  don  mobile.  On  peut 
donner  moins  auili. 

Don  MuiUEL,  eft  un  donautorifé  parles  Coutumes^ 
c'elt  un  don  quefe  font  les  conjoints  par  le  mariage, 
de  l'uluhuitde  tous  leurs  biens  réciproquement^pour 
en  jouir  jpar  celui  quifurvivra,  fa  vie  duranr.  Quand 
le  don  mutuel  eft  fait  par  contrat ,  il  peut  être  Itipulé 

.  fans  retour  j  mais, lorlqil'il  eft  lait  durant  le  mariage, 
il  ne  fauroit  être  fait  que  pour  l'ufufruit  pendant  la 
vie  du  furvivant  feulement,  en  donnant  bonne  & 
fuffifante  caution. 

On  appelle  aulii  un  don  j  ou  préfent  de  nous ,  le 
préfent  que  l'accordé  envoie -à  fa  fiancée  en  contem- 
plation de  fon  mariage.  Donum  nuptiale. 

Don  &  donation  diffèrent  dans  l'ufage  :  donation  ne  fe 
dit  que  des  particuliers  ,  donation  entre-vifs,  dona- 
tion à  calife  de  mort  \  Se  don  fe  dit  même  des  Prin- 
ces, tant  de  ce  qu'ils  donnent,  que  de  ce  qu'on  leur 
•donne:  don  gratuit,  le  Roi  lui  a  fait  don  de  telle 
chofe.  Don  fe  dit  aullî  des  particuliers  ,  don  mutuel  ; 
&',quand  donation  fe  dit  en  parlant  des  Princes, ils  font 
conhdéréscomme particuliers  jpar  exemple  ,  comme 
lliari  i?i  femme. 

§3"  Don  céleste. TerniedePhilofophieHermétique. 
On  entend  par  ce  mot  la  matière  de  la  pierre  phi- 
lofophale.  Dore  vient  de  donum  qui  lignifie  la  même 
chofe  en  Latin. 

Don.  Titre  d'honneur.  Foyc^  Dom. 

DON.  Nom  de  fleuve.  C'eft  celui  que  les  Anciens  ap- 
pelloient  Tanais  ,    &  que  nous  nommons  encore 
Tana  ou  Tanaïs,  fur- tout  quand  nous  parlons  de 
l'Antiquité.  Tanais.  Cel\  une  grande  rivière  de  Mof- 
covie  en  Europe.  Le  Don  lort  du  lac  de  Jowanow 
Ofero  ,  qui  eft  dans  le  Duché  de   Rezan ,  proche 
d'un  village  nommé  Donio  ,  attente  cinq  lieues  en- 
viron de  Mofcou.  Il  coule  du  couchant  au  levant  juf- 
qifaux  confins  de  Czérémiffes  Nagornoy  ,   d'où   d 
prend  fon  cours  vers  le  midi ,    jufqu'à  la  Circaîiie. 
Làjtournantau  couchant ,  il  va  fe  décharger  dans  la 
mer  de  Zabache.  Quoique  le  cours  du  Don  fou  de 
fix  ou  fept  cens  lieues  ,  il  ne  fe  trouve  pourtant  au 
cune  ville  remarquable  fur  fon  paffage  ,  que  celle 
d'Azowj  ou  Azor  ^  &  il  ne  reçoit  aucune  rivière 
confidérable  que  le  Doniec.  Ce  fieuve  fait  tant  de 
«létours,  qu'il  n'y  a  par  terreque  quarre-vingrs  lieues 
d'Allemagne  depuis  fa  fource  jufqu'à  Azov/.  L'en- 
droit le  plus  oriental  du  Don  n'eli  éloigné  du  Volga 
que  de  qumze  lieues ,  &:  l'on  a  tiré  de  1  une  à  1  au- 
tre de  ces  rivières  un  canal  appelé  autrefois  Camous  , 
Se  maintenant  Tzaritza.Plufieurs  Géographes  mar- 
quentlaféparation  de  l'Europe  &  de  l'Afie  au  nord, 
par  le  cours  du  Don. 

Le  périt  Don.  Autre  rivière  de  Mofcovie  apoelée 
autrement  le  petit  Tanaïs ,  ouDonieck  Sewtrski ,  à 
caufe  qu'il  a  fa  fource  dans  la  Principauté  deSewerski.  j 
Cette  rivière  prend  fon  cours  vers  l'Orient  ,&j  après  1 


DONAISAN.  Nom  de  lieu  lur  la  frontière  de  France 

&  d  Efpagne. 
DONATAIRE,  adj.  &  f  Terme  de  Jurifprudence,  Qui 
reçoirune  donation.  Qui  donatusejî  aûqua  re,  dona- 
tarius.  La  donation  eft  nulle,   quand  elle  n'eft  point 
acceptée  par  le  donataire.   Il  a  fait  fon  aîné  ^o/w- 
rj^/tf  de  cette  terre.  U  donataire  ne  contribue  point 
aux  dettes  avec  1  héritier.  Louet.  Mais  le  do:.ata.ire 
pcrjonnel  y  «ontribue  :  il  tient  la  place  de  l'héritier, 
Voye-  Donation. 
DONATEUR,  ATRicE.f  m.  .\'  f  Celui  ou  celle  qui 
afait  une  donation.   Z-'aror.  Les  donations  deman- 
dent  de  la  paît  du  donateur  un  confentement  qui 
ioit  libre  &  dégagé.  G.  G.  Le  donateur  i)em  révoquer 
la  donarion  entte-vifs  ^  tant  qu'elle  n'eft  point  ac- 
ceptée. Louet. 
DON  ATI  F.  f  m.  Préfent  qu'on  fait  à  quelqu'un.  Do- 
nativum.  Cet  Auteur  a  eu  mille  écus  du  Roi  :  ce  n'eft 
pas  une  penfion  ,  mais  un  donatij.  Donatij  en  ce 
lens  ne  le  du  plus ,  ou  ne  fe  dit  guère.  On  fe  fert  du 
mot  gratification.  Les  Romains  faifoient  de  grands 
donatij i  à  leurs  foldats.  Ce  triomphe  fut  fuivi  d'un 
donatij ,  que  le  Préteur  fit  aux  gens  de   mer  qui 
avoient  lervi  fous  lui.  Huet. 

Julia-Pia  ,  fehime  de  Sévère  ,  fut  appelée  fur  le 
revers  de  (es  médailles  Mater  Castrorum  ^  i 
caufe  des  foins  que  cette  bonne  Impératrice  prenoic 
des  foldats ,  s'mterpofant  pour  augmenter  les  dona- 
tij s  ,  &c.  Mascur. 

Ce  n'eft  plus  qu'en  ce  fens  que  ce  mot  fe  peut 
bien  dire  ,  &  en  parlant  des  Romains.  Le  donatif 
croit  le  don  que  l'on  failbit  aux  troupes  à  l'année  i 
comme  le  Congiaire   étoit  celui  qu  on  faifoit  au 
peupl'i.  Saumaiie  ,  dans  fes  Notes  lur  Lampndius, 
vied'Elagabale  ,  où  il  dit  que  cet  Empereur  fit  uil 
donatij  de  trois  pièces  d'or  par  tête  ,  c  eft-.î-dire ,  à 
chaque  foldat  ,  remarque  que  c  étoit  la  fomme  or- 
dinaire &:  légitime  du  donaitj.  Cafaubon  ,  dans  fes 
Notes  lur  la  vie  de  Perrinax  par  Capitolin  ,  du  que 
Perrinax  promit  jufqu'à  trois  mille  deniers  en  dona- 
tij à  chaque  Ibidat  ;  c'eftàpeu  près  deux  mille  francs 
de  notre  monnoie.  Le  même  Auteur  écrit  que  le 
donatij  légitime  mcntoir  jufqu'à  vingt  miilc  deniers" 
qu'on  n'avoir  guère  coutume  d'en  donner  moins  , 
fur-tout  aux  foldats  Prétoriens  j  que  IcsCenturions 
avoient  le  double,  &  les  Tribuns  &  les  Comman- 
dans  avoient  deux  fois  autant.  Capitolin ,  dans  la 
vied'Antonin  Pie  ,  parle  en  effer  d'un  donatij  àii 
2ÛOOO  deniers   promis   à  chaque  foldat  du  Camp 
Prétorien.  'Voyez  les  Notes  de  Cafaubon  fur  cet  Au- 
teur &  fur  Suétone  dans  Jules ,  C.  5  8.  Vigenère,  qui 
dîftingue  forr  bien  le  donatij  àw  Congiaire  à  la  page 
1 5 16.  de  fes  Annotations  fur  Tite-Liyc  j  les  confond 
à  la  page  5 1 5.  &  appelle  donatij'  une  gratification 
faite  au  peuple. 
Donation,  f  f  .Ceft  en  générai  une  cefîîon  entré 
des  particuliers  ,  faite  par  pure  libéralité  ,  &  fans 
contrainte  :  c'eft  plus  particulièrement  un  contrat , 
un  asfte  public  ,  par  lequel  un  homme  tranfmet  à  un 
autre  la  propriété,  ou  î'ufufluit  de  tous  j  ou  d'une 
partie  de  Ces  biens.  Donatio.  Une  donation  entre- 
vils  ,  donatio  inter  vivos  ;   c'eft  une  donation  qu'oit 
fait  en  pleine  fanté.  Elle  eft  irrévocable   :  c'eft  ce 
qui  la  diftingue  fpécialement  de  la  donation  à  caufe 
fie  mort.  Une  donation  à  caufe  de  morr ,  donatio 
causa  mortis  ,  c'eft  celle  qui  fe  fait  par  un  tcftament, 
ou  par  un  aile  paffé  par  un  malade.  Il  eft  quelque- 
fois allez  difficile  dediftinguer  la  donation  à  canfe  de 
mon ,  de  la  donation  entre-vfs.  Car  i!  ne  fufli't  pas 


42-4  DON 

qu'il  foit  fait  mention  de  la  mort  dans  une  û'f/^a- 
r/o/z  j  pour  conftituer  Mn^  donaâon  à  cauji  de  more. 
S'il  en  efc  tait  mention  dans  le  dilpoluif  &  dans 
l'exécution  ,  alors  c'eft  une  donation  à  caufe  de  mon. 
Mais  j  s'il  elt  leulement  parlé  de  mort  pour  l'exécu- 
tion j  c'eft:  une  donation  enirc-vijs.  Ainli  le  caractère 
d'une  donation  à  caufe  de  more ,  c'eil  d'être  perpé- 
tuellement révocable,  &  de  n'ctre exécutée  qu'après 
la  mort  du  donateur  ,  en  forte  qu'il  peut  toujours 
difpofer  de  la  chofe  donnée.  Par  le  Droit  Civil  les 
donations  à  caufe  de  mort ,  6c  les  donations  entre-vif  s  ^ 
étoient  conçues  dans  les  mêmes  termes  :  il  n'y  avoir 
que  cette  ditiérence,que  la  première  étoit  révocable, 
bc  que  la  féconde  ne  l'étoit  point.  Mais,par  le  Droit 
Coufumier,  les  donations  a  caufe  de  mort  doivent 
être  revêtues  de  toutes  les  formalités  des  teftamens. 
Voyez  le  T.  5  du  J.  du  Palais.  Les  donations  entre- 
vifs  font  fujettes  à  l'infinuation  dans  les  quatre  mois 
par  les  Ordonnances.  L'acceptation  eft  de  l'elfence 
de  la  donation  entre-vijs  :  elle  ell:  nulle  fans  cette 
formalité.  Une  donation  elt  révocable  par  ingrati- 
tude. On  dit ,  Une  donation  pure  &  iimple  :  une  do- 
nation avec  réferve  d'ufulruiî  :  m\Qdonation  fraudu- 
leufe.  f^oyei  Ricard  ,  Des  donationst 
Donation  rémunératoire ,  elt  celle  qui  fe  hit  pour  ré- 
compenfe  de  fervices  rendus  par  le  donataire  au 
donateur  ;  &  cette  donation  n'est  pas  une  véritable 
donation  j  parce  qu'on  appelle  donationlz  libéralité 
qui  eft  taite  à  quelqu'un  ,  nullo  jure  cogente  ,  qui  ne 
procède  d'aucune  obligation  :  at  donatio  remunera- 
toriafit  aliquo  jure  cogente  ,faltem  jure  naturali,  quo 
èeneficium  acceptum  débet  contrario  bénéficia  remune- 
fari.  Il  y  a  auln  des  donations  en  faveur  de  mariage. 
Donatio  propter  nuptias. 

Une  donation  ,  pour  être  valide  ,  parfaite  &  ac- 
complie, fuppofe  la  capacité  dans  le  Donateur  & 
dans  le  Donataire,  &  requiert  le  confentement, 
l'acceptation  ,  l'inlinuation  &  la  tradition. 

C'étoit  autrefois  l'ufage  de  marquer  les  donations 
&c  chaque  difpolition  (table  par  quelque  acte  exté- 
rieur. On  fe  fervoit  de  diftérentes  manières  pour 
mettre  en  polfellion  les  donataires.  Le  plus  fouvenr 
on  donnoit  un  gant ,  un  couteau  ,  le  manche  d'un 
couteau  ,  un  bâton  ,  un  brin  d'herbe  ,  une  branche 
d'arbre  ,  un  morceau  de  bois  j  un  livre,  ou  quelque 
autre  choie.  Quelquefois  on  rompoit ,  ou  l'on  plioit 
fon  couteau,  ou  celui  d'un  autre.  On  apportoit  de 
la  terre  du  lieu  même  que  l'on  donnoit  j  Se  on  la 
pendoit  dans  l'EgHfe  devant  l'Autel,  nouée  dans  un 
linge.  La  donation  fe  faifoit  auffi  par  le  toucher  des 
cloches  ,  par  une  déclaration  publique  prononcée  à 
haute  voix  ,  par  la  courroie,  dont  le  donateur  étoit 
ceint ,  ou  par  le  baifer  de  paix  ;  cérémonie  qui  pa- 
roît  avoir  été  elfentielle  j  &  donc  les  Religieux  ne 
qaittoientpas  des  féculiers ,  lorfque  la  bienféance 
ne  leur  permettoit  pas  de  s'en  acquitter  envers  des 
perfonnes  d'un  autre  fexe.  On  faifoit  encore  quel- 
quefois la  donation  en  donnant  &  recevant  des  fouf- 
flets  ,  ou  en  fe  coupant  un  ongle  jufqu'au  fang. 
f^cy.  le  P.  Màhi\lon,/É nnal.  Bened.  l.  Lyil.  n.  s  s. 
&  L.  LFIII.  n.  S 4.  Lobineau ,  Hift.  de  Bret.  T.  IL 

DON  Al  ISTES.Nom  d'anciens  Schifmatiques  d'Afri- 
que, dont  il  eft  parlé  au  long  dans  les  livres  qu'Op- 
tât, Evêque  de  Mileve,  a  écrits  contre  Parménien. 
Donatiftx.  Le  fchifme  des  Z>o/2ar//?ej  commença  en 
3 II ,  lorfqu'à  la  place  de  Menfurius,  mort  l'année 
précédente  ,en  revenant  de  Rome  j  fut  élu  Cécilien,, 
qu'ils  ne  voulurent  point  reconnoître ,  &  auquel  ils 
opposèrenr  Majorin  ,  que  Donar,  Evêquede  Cafes- 
Noires,ordonna.Ils  furent  condamnés  dans  un  Con- 
cile tenu  à  Rome  en  3 1 5 ,  &  enfuite  dans  celui  d'Ar- 
les, l'an  5 14. 

Les  erreurs  Ae'i  Donatifles  ,  outre  le  fchifme  , 
croient  que  le  Baptême  donné  hors  de  l'Eglife,  c'eft- 
à-dire,  horsde  l"urfe6te,  étoit  nul.i°.Qu'il  n'y  avoit 
plus  d'E'^life  qu'en  Afrique  :  ils  traitoient  l'Eglife 
Catholique  de  proftituée.  De  plus,  Donat  étoit  très- 
lie  avec  les  Ariens ,  &  donna  dans  leurs  erreurs  fur 


DON 

la  Trinité.  C'eft  ce  qui  a  fait  que  S.  Epiphane , 
Théodoret,  &  quelques  autres,  ont  accule  les  Z>o- 
natijtes  d'Ananilme  ;  mais  S.  Auguftin,  Ep.  185. 
au  Comte  Boniface  j  alfure  que  ces  Schifmatiques 
ne  donnèrent  point  en  cela  dans  les  erreurs  de  leur 
Chef. 

Eu  3  94  J  fous  le  Pontificat  de  Siricius  &  l'Eir-piie 
de  ThéoQole  le  Grand  ,  il  s'éleva  un  Schifme  entre 
les  Donati/ies ,  qui  les  divifa  en  deux  fedes  j  car 
Parménien  leur  Evêque  étant  mort,  les  uns  élurent 
Primien  ,  &  turent  appelés  Primianiftes  ;  les  autres 
prirent  Maximien  pour  Evêque  ,  &  fe  nommèrent 
Maximiamftes.  Les  Donatijtes  eurent  encore  d'au- 
tres noms ,  comme  Circoncellions ,  Montenfes  ,  ou 
Montagnards  ,  Campites,  Cuzupites  ,  Rupites ,  ou 
Rupitains.  Les  Vaudois  étoient  Donattjles.  Voyez 
M.  Boiïiiet  J  Fariat.L.  XI.  n.  1Z4. 

Les  Donatif  es  tinrent  trois  Conciliabules  ,  celui 
de  Cirre  en  Numidie  ,  &  deux  à  Carthage.  11  eft  à 
remarquer  que  les  Donatifies  ne  crurent  pas  pouvoir 
paroître  Catholiques  s'ils  n'avoient  un  Evêque  de 
Rome  j  ainlî  ils  y  envoyèrent  pour  cela  en  diftérens 
temps  Viétor  Si  Macrobe  ,  comme  le  témoignent 
S.  Auguftin  ,  L.de  Haret.  Optât  de  Mileve  ,  L.  II. 
adv.  Parmen.  &  Gennadius,  L.  de  Script.  Eccl.  C.  5. 
Conftantin  ordonna  la  peine  de  l'exil  ,  &c  même 
de  mort ,  contre  les  Donatifies.  Conftans  &  Hono- 
rius  portèrent  contr'eux  des  lois  d'exilj  Théodofe  Se 
Llonorius  les  condamnèrent  à  de  groffes  amendes. 

S.  Auguftin  a  auUi  traité  du  fchifme  pernicieux 
des  Donatifies  dans  plufieurs  de  fes  Ouvrages  Se 
dans  fes  Epîtres.  Ces  Schifmatiques  ,  qui  causèrent 
de  grands  défordres  dans  toute  l'Afrique  ,  furent 
aihfi  appelés  ,    parce  que  Donat  ,   furnommé  à 
Cafis  Aigris  ,  étoit  leur  Chef.  Ils  aimèrent  mieux: 
néanmoins  tirer  leur  nom  d'un  autre  Donat  qui 
étoit  poftérieur  à  ce  premier.  Sous  prétexte  de  zèle 
&  d'une  grande  pureté  de  Religion,  ils  apportèrent 
plus  de  maux  dans  T'Eglife  -,  que  n'avoir  fait  la  per- 
îecution  de  l'Empereur  Dioclétien.  f^oye^  la  DilTer- 
tation  touchant  le  Schilme  desDonatifies  que  Henri 
de  Valois  a  ajoutée  à  la  fin  de  fes  remarques  fur  THif- 
toire  Eccléfiaftique  d'Eùsèbe. 
DONATO.  Petite  rivière  du  Royaume  de  Naples.Do- 
natus  J  anciennement  Ifaurus.  Le  Donato  arrofe  la 
Calabre  ultérieure  3  &c  fe  décharge  dans  la  m'er 
Ionienne  près  de  Cortone.  Maty. 
DONAWERT.  Ville  du  Cercle  de  Suabe  en  Allema- 
gne. Donavertia ,   Vertid  ,  Donaverda ,  Danubii  In-^ 
J'ula.  Elle  eft  fur  le  Danube  au  confluent  du  Vernitz, 
qui  l'entoure  prefque  de  tous  côtés.  Donavert  a  été 
compris  autrefois  dans  le  Comté  de  Dillengen  ,  & 
fut  engagé  en  1126  pour  deux  mille  marcs  d'argent 
aux  Ducs  de  Bavière.  On  l'ôta  enfuite  à  ces  Ducs  \  il 
fut  uni  à  l'Empire ,  &  devint  ville  Impériale.  L'an 
1 376  ,    l'Empereur   Charles    IV.    l'engagea    pour 
éoooo  florins    auX  Palatins  &  Ducs  de  Bavière ,  j 
Othon,  Etienne,  Frédéric  &  Jean,  frères.  En  1422. 
cette  ville  fut  encore  réunie  à  l'Empire,   lans  que 
l'on  eût  rembourfé  cette  fomme.  Louis  de  Bavière 
fe  l'étant  allujettie  en  1458  ,  fous  l'Empereur  Fré- 
déric III  ,  fut  obligé  de  la  rendre  l'année  fuivante. 
Enfuite  elle  fut  mife  au  ban  de  l'Empire  par  l'Em- 
pereur Rodolphe  II ,  pour  quelques  infolences  com- 
mifes  par  les  Luthériens  contre  les  Religieux  de 
Sainte- Croix;  &,  l'exécution  du  ban  ayant  été  re- 
mife  au  Duc  Maximilien  de  Bavière  en  1^07,  il 
s'en  rendit  le  maître  la  même  année  ,  &  l'a  gardée 
pour  les  frais  de   la  guerre  ,    qu'il  fit  monter  à 
800000  florins.  Depuis  ce  temps-là  fes  fuccelfeurs  la 
poiTédenr.  Long.  29.  d.  50'.  lat.  48,d.4<î' 
DONC  ,  autrefois  DONCQUES.  Particule  conjonc- 
tive qui  fait  la  conclufion  d'un  raifonnement.  igitur, 
ergo  ,  itaque.  Cela  fuppofé  ,  il  s'enfuit  </i? /2c.  On  peut 
tuer  pour  défendre  fi  vie  :  donc  on   n'eft    point 
coupable  d'homicide  de  l'avoir  fair. 
Donc  ,  fe  met  quelquefois  abfolument  au  commen- 
cement d'une  période  j  &  fe  prononce  avec  un  ton 
interrogatif.  Mais  on  ne  commence  point  une  pé- 
riode 


DON 

rio3e  par  donc,  fi  ce  n'eft  pour  tirer  une  confé- 
quence  de  ce  qui  a  été  du  auparavant.  Corn.  Y  a- 
t-il  donc  quelqu'un  qui  ofe  loutenir  que  la  morale 
foie  inutile?  Que  veux-je  donc  ?  Je  n'en  fais  rien  : 
je  veux  vous  aimer  toute  ma  vie  \  6c  je  veux, s'il  fe 
peut,  que  vous  m'aimiez  de  même.  Let.  Por.tug. 
Doncqucs  ne  fe  dit  qu'en  Pùcue,pour  alonger  la 
mefure. 

ifT  Suivant  la  remarque  de  Voltaire  ,  donc  ne 
doit  prefque  jamais  entrer  dans  un  vers,  encore 
moins  le  commencer.  Quoi  donc  fe  dit  très-bien  , 
parce  que  la  fyllabe  quoi  adoucit  la  dureté  de  la  fyl- 
labe  donc. 

Racine  a  pourtant  dit  : 

Je  fuis  donc  un  témoin  de  leur  peu  de  puijjance. 

§C?  Mais  remarquez  que  ce  mot  eft  glilTé  dans  le 
vers ,  S>c  que  fa  rudelfe  ell  adoucie  par  la  voyelle 
qui  fuit.  Peu  de  nos  Auteurs  ont  fu  employer  cet 
enchaînement  harmonieux  de  voyelles  &c  de  con- 
fonnes.  Les  vers  les  plus  exacts  6c  les  mieux  penles 
rebutent  quelquefois.  On  en  ignore  la  raifon  j  elle 
vient  du  dctaut  d'harmonie. 

Ce  mot  de  donc ,  félon  M.  Ménage  ,  efl:  une  abré- 
viation de  celui  de  doncque  ,  tormé  de  l'Ital.en  dun 
que  ,  qui  avoit  été  fait  de  denique.  D'autres  dérivent 
donc  de  èth. 

D'ONC  ,  vieux  mot  :  D'où ,  vient  du  Latin  undè. 
Glo[j]fur  Marot. 

DONCHERL  Vdle  de  France  ,  dans  le  Rethelois , 
en  Champagne.  Doncheriacum,  Elle  elt  fur  la  Meufe, 

entre  Sedan  &  Mézières.  Long.  zi.  d.  51'.   56".  lat. 

di       // 
-      •+' • ^^  • 
DONDAINE.  f.  f.  Machine  ancienne,  qui  n'efl:  point 

en  ufage  aujourd  hui  :  elle  lervoit  à  jeter  de  grolles 
pierres  rondes. 

Ce  mot  dondaine  vient  àz bedon,  vieux  mot  qui 
veut  dire  tambour  ^  d'où  l'on  a  tait  dondon  ,  dondai- 
ne j  bedaine  j,  bedondaine. 
DONDALK.  Petite  ville  d'Irlande.  Allard  ,  dans  fon 
Atlas,  écrit  Dundalke  ,  &  place  cette  ville  dans  le 
Comté  de  Louth. 
DONDON.  f.  f.  Terme  familier  dont  on  ufe  pour  li- 
gnifier une  femme  gralfa  ,  haîche  3c  réjouie.  Pin 
guis  ,  obeja  j  hilara  mulier.   C'eft  la  même  chofe 
c^tgaguy.  Ce  mot  vient  d'un  ancien  inllrument  de 
guerre  gros  &  court  ,  appelé  dondaine  y  dont  on  se 
fetvoit  autrefois  pour   |eter  des    pierres    rondes  , 
comme  on  faifoit  avec  les  catapultes  des  Anciens^ 
ce  qu'on  a  appliqué  aux  femmes  grolfes  &  courtes. 
MÉNAGE.  C'elt  une  grolfe  dondon  qui  ne  demande 
qu'à  rire  &  à  fe  réjouir. 
DONE.  f.  f.  Vieux  mot.  Demoifelle.  Gloj].  fur  Ma- 
rot. 
DONEGALL.  Foyei  Dungall. 
DONESCHINGEN.    Village  de  la  Principauté   de 
Furftembetg ,  en  Suabe.  Efchingianus  vicus.  Ce  lieu 
n'eft  remarquable  que  parce  qu'on  y  voit  la  fource 
du  Danube-  Donefchingen  eft  iltué  à  une  lieue  du 
Château  de  Furftemberg  ,  à  trois  de  Rotweil,  &  à 
quatre  de  Schatoufe.  Maty. 
DONEKYNF,  Foye^  Dunkeran. 
DONGAH.  f.  m.  Grand  arbre  qui  croît  en  Afrique  , 
le  long  de  la  côte  du  Royaume  de  Quoia.  Son  nuit 
eft  femblable  à  une  noix  ,  &c  a  une  écorce  verte  par- 
delfus.  La  coquille  8c  le  dedans  en  eft  rond.iSi  d'auftî 
ban  goût  que  les  cetneaux.; 
D3NGALON.  Ville  d'Irlande  ,  dans  le  Comté  de 

Tyrone  ou  Tyrowen  ,  félon  Davity. 
DONGER,  v.  a.  Vieux  mot.  Donner. 
§3"  DONGES.  Petite  ville  de  France  ,   en  Bretagne  , 
fur  le  rivage  de  la  mer ,  prefqu'à  l'oppofite  de  Pain- 
bcEuf. 
DONGI.  Province  du   Royaume  de  Lovango  ,   en 

Afrique. 
DONGO.  Nom  de  ville.  Don^um.  Je  trouve   deux 
villes  de  ce  nom ,  l'une  en  Ethiopie  ,  qui  eft  la  ville 
ptincipale  du  royaume  d'Angola ,  fituée  aux  confins 
Tome  lïl. 


DON  41  j 

du  Royanme  de  Congo  j  au  confluent  de  plulieuis 
rivières  qui  sortent  du  lac  d' Aquilunda  j  elle  fe  nom- 
me autrement  Engazze  :  l'autre  eft  une  petite  ville 
du  Japon  ,  fituée  lur  la  côte  feptentrionale  de  l'IIle 
de  Xicogo.  Maty. 

DONGRIS.  f  m.  Toile  de  coton  des  Indes  Orien- 
tales. 

DONIEC-SEWERSKL  C'eft  le  petit  Don.  Foiei 
Don. 

DONILLAGE.  f  m.  Mauvaife  fabrication  des  étoffes 
de  laine  ,  qui  vient  de  ce  que  le  Tilfcur  n'y  a  pas 
employé  des  tramcs  de  la  même  qualité  dans  toute 
la  longueur  des  pièces. 

DONILLEUX.  Terme  de  manufaéture  &  de  fabrique 
d'étoffes xle  laine.  Une  pièce  doniucuje,  eft  une  pièce 
ridée  &  mal  unie ,  qui  n'eft  pas  carrée  ,  6c  d'une 


c^ale  largeur. 


DONJON,  f.  m.  Terme  de  fortification.  La  partie  la 
plus  élevée  d'un  château  bâri  à  l'antique  ,  qui  sert  à 
découvrir  de  loin.  Furriculu  cajielliiujafcigio pofita. 
Le  t/c;/;yo«  de  Vincennes  eft  le  lieu  où  l'on  met  les 
prifonniers  qui  font  les  mieux  gardes. 

Ce  mot  elt  dérivé  par  Faucher  de  domicillum  , 
parce  que  le  donjon  étant  la  partie  la  plus  forte 
du  château  ,  étoit  le  logement  du  Seigneur.  Mais 
Ménage  le  dérive  de  domnionus  ,  qu'on  trouve  dans 
Ijs  anciens  titres  en  cette  fignification.  D'autres  tien- 
nent qu'il  vient  de  domu^  juin  Cdfaris  ,  ou  de  do- 
mus  jugi,  parce  qu'on  y  gardoit  les  prifonniers  de 
gucir^-.  L'Empereur  Julien  a  bâti  plufieurs  de  ces 
châteaux  dans  les  Gaules ,  <5c  il  y  en  a  encore  un 
en  Lorraine  ,  qu'on  .-i.ppelle  JDoni  Julien.  DuCange 
dit  qu'on  aainli  appelé  un  .hâteau  in  duno  t.:ut  colle 
ddjic^ituni  ,  6i  que  les  .'^utturs  de  la  balîe  Latinité 
l'ont  appelé  dunjo  ,  dungeo  ,  dongio  ,  ùa  gio  ,  dom- 
gio  Se  dj/n.iio.  Guichart  trouve  quelque  relfemblan- 
ce  entre  le  mot  François  donjon  ,  &c  le  mot  Hébreu 
daj  ek  _,  taur. 

Donjon  ,  eft  aulfi  un  réduit  dans  une  place  ,  ou  dans 
une  citadellcjoù  l'on  fe  retire  pour  capituler,  quand 
on  s'opiniâtre  à  la  détenfe  d'une  place  ,  Municijjimum 
arcis  propugnatuium. 

^ÏZr  DoNjûN  ,  en  Architeélure  ,  fe  dit  d'un  petit  pa- 
villon élevé  au-dellus  du  comble  d'une  mailon  ;  de 
la  partie  la  plus  élevée  ,  qui  eft  au-d.-ssusde  la  cou- 
verture ou  de  l'efcalier.  Pi^rj  domùs  daùor  te^uUs 
fuperpojita.  Les  Aftronomes  fe  logent  dans  queljue 
donjon  pour  mieux  faire  leurs  oblcrva  ions. 

DONJONNE  ,  EE.adj.  Terme  de  Blafon,  qui  fe  dit 
d'un  château  ou  d'une  tour  ,  quand  il  y  a  au  deifus 
une  petite  tour  ou  donjon  ,  qu'il  faut  exprimer  en 
blafonnant.  fumcu/os  habens.ll  y  a  des  tours  don- 
jonne'es  de  deux  pièces  j  c'eft-à-dire  ,  qui  ont  des 
donjons  les  uns  fur  les  autres. 

DUNKERQUE.  Foyei  Dunquerque. 

'^.  DONNANT  ,  ante.  adj.  Qui  aime  à  donner.  Il 
eft  du  ftyle  familier,  &c  ne  se  dit  guère  qu'avec  la  né- 
gative. Le  bon  homme  n'eft  pas  donnant. 

DONNE,  f .  f .  Terme  emprunté  de  l'Italien,  qiii  fi- 
gnihi  Darne  ,  ou  Madame.  Domina.  Il  ne  le  dic 
qu'en  mauvaife  patt.pour  figniher  une  Courtifanne. 
Merefix.  C'eft  un  débauché  qui  a  toujours  quelque 
Donne  chez  lui. 

On  prononce  aulfi  Dône. 

DONNE,  f  f  Terme  de  jeux  de  cartes.  Manière  de 
donner  ,  de  diftribuer  les  cartes.  Folia  luforia 
difiribuendi  ratio.  Changer  fa  donne  ,  perdre  fa 
donne. 

DONNER.  V.  a.  Faire  un  don  ,  transférer  gratuite- 
ment la  propriété  ,  ou  l'ufufruit  de  quelque  chofe  a 
un  autre.  Dare,  donare  ,  imvertirc  ^  impertiri ,  lar~ 
g:ri.  Le  Roi  a  donné nne  confifcation  à  un  tel,  il  lui 
a  donné  \ine  Abbaye.  Les  Romains  avoient  en  tout 
temps  la  liberré  de  donner  dont  ils  furent  (i  jaloux. 
G.  G.  Les  Ordonnances  défendent  de  donner  à  fon 
Direcleur  ,  à  (on  Tuteur  ,  à  fon  ConfelTeur ,  à  fon 
Avocat.  Id.  C'eft  un  œuvre  méritoire  de  donner  Viu- 
mone  pour  Tamour  de  Dieu.  Il  n'y  a  que  ceux  qui 
^  Hhh 


4i6  DON 

donnent  de  bonne  grâce ,  à  qiù  l'on  fok  obligé  ■  de 
leur  don. 

Tel  àoï\r\Q  à  pleines  mains  ,  qui  n'oblige  perfonne. 
La  façon  de  donntt  vaut  mieux  qut  ce  quondonnQ. 

Corn. 

Un  foupir ,  un  regard;  un  mot  de  votre  bouche  : 
F'oilà  l'ambition  d  un  cœur  comme  le  mien. 
Foye^-moi plus  Jouvent ,  &  ne  me  donnez  rien. 

Racine. 


^  Donner  ,  préfenter  ,  ofFrir  dans  une  fignification 
fynonyme.  Donner  eft  plus  familier  ;  préfenter  eft 
toujours  plus  refpedueux  ;  offrir  ell  quelquefois 
religieux.  On  donne  aux  domeftiques  \  on  préfente 
aux  Princes  \  on  offre  aux  Dieux. 

^C?  Z)o/2/2er  marque  poririvetnent  l'adte  de  la 
volonté  qui  tranfporre  aéiuellemenc  la  propriété 
de  la  chofe.  Pre/è«rer  défigne  proprement  l'adioii 
extérieure  de  la  main  ou  du  gefte  ,  pour  livrer  la 
■  cliofe  dont  on  veut  tranfporter  la  propriété  ou  Tu- 
■fage.  O^r/r  exprime  ,  particulièrement ,  le  mouv-s- 
menr  du  cœur  qui  tend  à  ce  tranlporc. 

§5°  On  donne  à  une  perfonne  afin  qu'elle  reçoi- 
ve. On  lui  préfente  afin  qu'elle  agrée.  On  Uu  ojjre 
afin  qu'elle  accepte. 

|k?  On  peut   bien  dire  qu'on  préfente  en  doji- 
nant ,  «.V  qu  on  offre  pour  donner  ,   mais  on  ne  peut 
pas  ckanger  l'ordre  de  ce  fens  ;  parce  cjue  offrir  & 
préfenter  ont  plus  de  rapport  à  la  partie  prélimi- 
naire du  don^  &  que  donner  en  a  davantage  à  ce 
qui  rend  cet  ade  pleinement  exécuté.  Syn.  Fr. 
DoNNtR ,   fignifie   qirelquefois    fimplement ,  Prêter. 
Co;7imodare.  Il  n'y  a  rien  qui  ruine  plus   les  Mar- 
chands que  de  donner  leurs  marchandifes  à  crédit- 
Cet  ufurier  ne  prête  rien  ,  fi  on  ne  lui  donne  des 
gages ,  des  furet'és.  Il  Un  a  donné  fon  nom  pour 
faire  une  telle  affaire  \  c'eft- à-dire  j  II  l'a  mife  fous 
fon  nom  ^  ou  bien  ,  Il  lui  a  fervi  de  caution.   Il 
lui  a  donne  çQ  cheval  à  l'eflai ,  à  l'épreuve. 
t>ONNÉil ,  fe  dit    âufli  d'une   fimple  tradition  d'une 
chofe.  Mettre  entre  les  mains.  Pribere  ^  dare.  Don- 
ne^  moi  ce  livre  qui  elt  fur  ma  table.  Donner  un 
paquet. 
§Cf  DoNNtR,  fe  die  auflfi  pour  apporter,  préfenter. 
Donner  à  laver.  Donner  un  faureuil.  Donner  un 
bouillon.  ^ 

Donner  ,    fignifie  auffi,  Accorder  quelque   grâce, 
quelque  permiffion.    Frihuere  ,  indulgere  j  dare.  Il 
n'y  a  point  d'épreuve  où  je  ne  puiffe  me  foumettre 
fans  crainte,  s'il  me  plaifoit  de  vous  donner  cette 
fatisfadion  :  mais  pourquoi  vous  la  donnerois-']Q  ? 
Eft-ce  par  des  invedives    qu'on  l'obtient  ?  Lett. 
PoRTOG.  Le  Roi  a  donné  une  amniftie,  une  abo- 
lition générale.  On  a  donné  à  cet  Auteur  une  per- 
miffion d'imprimer.  Le  Roi  a  donné  la  paix  à  la 
France.  Do.intr  fa  fille  en  mariage  ,  c'eft  l'accor- 
der pour  femme-,  lui  donner  en  mariage  ,  c'eft  lui 
conftituer  une  dor. 
Donner  un  repas  ,  une  fête  ,  fignifie  ,  Faire  les  frais 
d'un    repas ,  ou  d'une    réjouilfance.  Impenfas  ali- 
çujus  rei  facere^folvere;  erogare.  Donner  i  dîner  ^ 
donner  à  manger  \  donner  un  régal  ;  donner  le  Bal , 
l'Opéra,  la  Comédie.  On  dit  aulîl ,  donner  le  bou- 
quet à  quelqu'un  \  pour  dire  ,  l'invitation  de  don- 
ner à  fon  tour  un  repas  ,  à  donner  le  bal,   &c.  On 
dit  aulîi  au  figuré  ,  qu'un  homme  a  donné  la  Co- 
médie ,  quand  il  a  fait  quelques  fottifes  ou  irnper- 
tinences  qui  ont  apprêté  à  rire  à  la  compagnie. 
t)oNNER  ,   fignifie  aùffi  ',   Payer    le  prix  d'une  mar- 
chandife ,  ou  en  faire  des  offres.  Solvere  rei  alicu- 
jus  pretium.  J'ai  donné  i  oo  écus  de  ce  cheval.  Je 
ne  veux  donner  que  dix  francs  de  cette  étoffe. 


» 

D  ON 

Donner  la  vie  ,  fe  dit  de  celui  qui  en  fe  battant 
a  avantage  fur  fou  ennemi,  qui ,  le  pouvant  tuer  , 
lui  donne  la  vie  ,  lui  donne  quartier.  On  dit  aulli 
qu'un  Médecin  a  donne  la  vie  ,  quand  on  lui  eft 
redevable  de  la  guéiifon  d'une   maladie  mortelle. 
On  dit,  au  figuré  ,  qu'une   bonne  nouvelle   donne  la 
vie  ;   pour   dire,   qu'elle  donne   une  fenf'.ble  joie 
qu'on  n  atrendoit  point.  On  dit  auffi ,  qu'on  don- 
neroit  la  vie ,  fon  fang  ,  fa  tête  ,  pour  avoir  quel- 
que chofe  ;  pour  dire ,  qu'on  la  fouhaite  paflîonné- 
ment ,  qu'on  facnrieroit  fa  vie  ,  qu'on  répandroic 
fon  fang. 
^fT  DoNNEii    un    coup.  Frapper.    Donner  le   fouet. 
Fouetter.  Donner  un  coup  de  bâton.  Frapper  aves 
un  bâton.  Donner  un  démenti.  Démentir,  6cc. 
Donner,  ligmfie  aulîi ,  Juger  de  quelque  choie  ,  lui 
attabuei  quelque  qualité.  Tribuere ^,  cttr'ibuere.  Com- 
bien co  ?/.e^--vous  à  cette  veuve  ?  Je  lui  donne  bicrn 
40  ans.  A  voir  fon  infirmité  ,  je  ne  lui  donne  ^\m 
que  deux  ans  à  vivre.  A  qui  dor:ne-i-on  cet  enfant  ? 
On  donne  le  livre  de  limitation  de  J.  C.  à  divers 
Auteurs.  On  dit  aufli  j  qu'un  homme  donne  tout 
au  hafard  \  pour  dire,  qu'il  s'en  rapporte  à  la  for- 
tune, qu'il  lui  attribue  tout  l'événement. 
Donner,  fe  dit  aulîi  des  facilités,  des  commodités 
qu'on  apporte  à   quelque   chofe.  Procurer.  Dare  , 
procurare  rei  alicujus  copiam  j  jacaUatem  providere\, 
Il  faut  donner  de  l'air  à  ce  bâtiment,  y  faire  des 
ouvertures  ,  lailfer  les  fenêtres  &  les   portes  ou- 
vertes. Donner  du  veiit  à  un  tonneau.  Donner  de 
la  vue  à  un  édifice  4    c'eft  abattre  &  applanir  les 
chofes  qui  lui  ôtoient  le  jour.  Il  faut  donner  de  la 
pente  aux  eauxi  II  faut  donner  tant  de  pieds  à  cette 
chambre  ,  donner  une  telle  largeur  à  cet  habit.  Oa 
le  dit  auffi  de  la  fituation  ,  de  l'àfped.  Cet  appar- 
tement donne  fur  la  rue  ;  pour  dire  ,  regarde  fut 
la  irue.  Speclare  locum  aliquem  j  loco  alicui  imminere. 
Le  foleil   donne  à  plomb   fur  ces  fenêtres  ;  pour 
dire ,  il  eft  oppofé  diredement  à  ces  fenêtres.  Di- 
reclo  imminere.  Dans  ces  derniers  exemples  ,  il  elt 
neutre. 
Donner  ,  en  termes  de  difputes  littéraires  &  dogma-! 
tiques  ,  fignifie  ,  Accorder  ,  convenir  ,  avouer ,  oiç 
fuppofer  qu'une  chofe  eft.  Concedere  3  fateri  ^  per-^, 
mittere.  Vous  fuppofez    toujours  cette  propofitiom 
que  je  ne  vous  ai  point  donnée  \  c'eft-à-dire  ,  accor- 
dée j  avouée,  paifée.  Je  pourrois  vous  chicaner  fur 
cer  article  j  mais,  fans  vouloir  l'examiner  ,  je  vous 
le  donne  ,  je  veux  bien  fuppofer  qu'il  eft  aufti  vrai 
que  vous  le  dites.  Quand  oii  auroit  donné  à  nos 
frères,  (ce  qui  rrès-aflurément  n'eft  pas)  que  les 
dix  Tribus    fuffent  comme  un  million  d'homfties 
fur  cent  douze  mille  ,  ils  n'en  fçauroient  rien  rirer 
contre  les  vérités  que    nous   avons   établies-  PÉ- 

LISSON. 

Donner  les  mains  ,  c'eft  confentir  ,  accorder  quel- 
que chofe  ,  fe  relâcher.  Cedere  ,  concedere  ,  annue- 
re.  On  lui  a  fait  une  telle  propofition  ,  il  y  a  don- 
né les  mains.  Donner  la  main ,  c'eft  la  préfenter  ^ 
la  tendre.  Donner  la  main  à  quelqu'un  ,  c'eft  lui 
aider  à  marcher.  Porrigere.  Donner  la  main  ,  ou 
le  pas ,  c'eft  donner  la  droite  j  la  place  d'honneur. 
Locum  cedere  honoratiorem.  Donner  la  main  fe  dit 
auffi  pour ,  Donner  la  foi  de  mariage  ,  époufer 
quelqu'un.  Fidem  conjugalem  dare  j  obligare.  On  dit 
auffi,  en  termes  de  Manège,  donner  la  main,  ou 
donner  la  bride  ;  pour  dircj  Lâcher  la  bride  à  un 
cheval.  Laxare  equo  habenas. 
Donner,  fe  dit  âufti  en  parlant  d'affignations  &  de 
défis.  Il  a  donné  rendez- vous  en  tel  lieu  à  fon 
ennemi.  Locum  aliquem  ad  eonveniendum  edicere. 
Voilà  un  beau  coup  :  faites-ea  autant ,  je  vous  le 
donne  en  cent.  Provocare  aliquem  ad  al  quid.  Je 
donne  au  plus  habile  homme  à  deviner  cette  énigme. 


Donner,  fe  dit  aufli  en  parlant  desfalaireSj  gages jDonrer  ;,  fe  dit    auffi  en  parlant  des  remps  ôc  des 


&:  penfions-  Dare.  On  donne  à  ce  Gouverneur 
mille  écus  d'appointemens.  On  donne  tant  à  cette 
auberge  pour  la  penfion  \  on  donne  tant  par  repas. 
Je  donne  tant  de  gages  à  ce  valet. 


lieux.  Donner  fon  remps  à  quelque  chofe  ,  c'eft  en 
faite  fon  ocaipation  \  y  donner  du  remps  ,  c'eft  y 
donner  tout  le  loifir  néceilaire  pour  fa  perfedion. 
Tempus  im.pendere.  Donner  dix  temips  fignifie  auffi  > 


D  O  N 


1 1.. 


iounerltïmz  &:  dcLu  pour  payer,  oii  pour  raiie 
autre  choie.  Moram  aiuiuerc ,  ddatloncm  pati.  On 
dit  paieillcme-nt  ,  donner  un  lieU ,  un  rang,  une 
place  convenable  ,  donner  heu  de  croire  ,  donner 
occaiîon  de  i'ervir ,  de  nuire.  Dare ,  tnbucre  ,  pra- 
bere. 

Donner,  fe  die  en  parlant  d'un  penchant,  d'une  in- 
clination qui  nous  porte  vers  quelque  chofe.  Stu- 
dere  alicui  rei  bnpensè  ;'  rem  allquain  conjectari.  Cet 
hoxnma  donne  dans  la  curioiîcc  des  médailles,  des 
tableaux,  des  coquilles-  Il  donne  à  tout  j  pour  dire, 
qu'il  entreprend  mdirfcreminent  toutes  choies ,  ou 
qu'il  dépenle  en  toutes  fortes  de  curioficés.  On  dit 
aulli ,  qu'il  donr.e  dans  les  bâtimens ,  dans  le  jeu, 
dans  la  débauche  ,  pour  dire,  qu'il  y  depenle  beau- 
coup. Et,  fi;4urénicnt,  (/o/z/ii-v  tête  bailFee  dans  une 
affaire  ,  pour  dire  ,  l'entreprendre  avec  chaleur , 
fans  être  retenu  par  aucune  conhdération.  Vous 
donnei  furieufement  dans  le  Marquis.  Mol.  Dans 
toutes  ces  acceptions  il  ell  neiUte.  Qu'il  donne  tout 
a  fon  plaiiîr  ;  pour  dire ,  qu  il  elt  tort  attaché  à 
ces  choies.  On  dit  aulîi,  qu'il  donne  tout  à  la  taveur  ; 
pour  due  ,  qu'il  y  elt  ennèiement  dévoué  ,  qu'il 
eft  à  qui  plus  lui  donne. 

Donner  ,  le  du  en  choies  fpirituelles  &  morales.  Il 
fliut  donner  de  la  loUange  à.  Dieu  ;  donner  bonne 
opinion  de  ioi,  quand  on  entre  dans  le  monde. 
Il  faut  donner  bon  exemple.  Un  Prélat  donne  la  bé- 
nédiction. Donner  dans  le  fens  de  quelqu'un  ;  c'elt- 
à-dire.  Tomber  dans  fon  avis.  Il  n'elt  pas  homme 
à  donner  là-dedans ,  à  entrer  dans  ce  delfein.  Z)o«- 
Tzer  confcil  à  quelqu  un,  lui  donner  avis  par  billet, 
ou  de  vive  voix  ,  de  quelque  chofe  qui  fe  trouve 
contre  lui  -,  lui  donner  fa  voix  j  fon  iuflrage  ,  fon 
exclulion.  On  dit  aulli  ,  donner  connoilfance  de 
quelque  affaire  j  lui  en  ^o«/2e/' part ,  lui  en  décou- 
vrir le  fecreî.  Donner  une  fauffe  idée  d'une  chofe, 
la  rapporter  autrement  qu'elle  n'eft.  Donner  fon 
nom  à  un  tilleul ,  le  tenir  fur  les  Fonds.  On  dit 
aulïï  ,  qu'un  Auteur  a  donné  un  livre  au  public  ; 
pour  dire,  qu'il  l'a  mis  en  lumière.  Donner  Cuir 
lignihe  en  certaines  phrafes  donner  l'apparence  , 
la  reffemblance.  Il  n'oublia  rien  de  tout  ce  qui 
pouvoit  lui  donner  quelque*air  de  grandeur.  Mé- 
nage. 

Donner  ,  fe  dit  auffi  à  l'égard  des  paffions ,  &  figni- 
tie  ,  câufetj  facrilier ,  pofer,  fouhaiter ,  exciter, 
accorder.  Procreare,  exckare  3  incutere  ,  ïmprimere. 
Donner  de  l'amour  ,  donner  de  l'eflroi ,  donner  des 
defirs,  (ia-^werde  mauv.iif;s  penfées:c/on/2£r  l'alarme. 
Je  voudrois  que  la  nécelîité  de  vous  éloigner  de  moi 
Vous  donnât  autant  d'horreur  qu'elle  m'en  donne. 
Lft.  Port'jg.  Par  quel  prodige  m'avez  vous  mar- 
qué de  l'amour  ,  fans  me  donner  de  la  joie  .''  Ib. 
L'on  ne  peut  fe  rcloudre  à  fe  faire  violence  _,  &  à 
donner  à  Dieu  cette  malheureufe  facisraClion  que 
l'on  trouve  à  faire  des  fautes  De  Rangé.  Donner 
des  bornes  à  fon  ambition.  Fines  ponere ,  circum- 
fcribere.  Donner  des  preuves  de  fa  valeur.  Il  lui  eft 
venu  donner  le  boa  jour.  Cela  donne  envie  de  man- 
ger j  donne  de  l'appétit.  Excltare.  Donne^  quel- 
que chofe  à  notre  ancienne  amitié.  Il  a  donné  cela 
à  ma  prière.  Dare  ,  tribuere, 

C'eft  ainfi  qu'on  me  vie ,  dans  mes  plus  jeunes  ans , 
Donner  à  tous  mes  fens  ce  qui  leur  pouvoit  plaire. 

L'Ab.  TÉtu. 

^3"  Donner  au  but.  t)ans  le  propre  ,  c'efl:  frapper, 
toucher  le  but.  De  tous  ceux  qui  titoient  au  blanc, 
aucun  n'a  donné  au  but.  Dans  le  figuré  ,  c'eft  ren- 
contrer jufte  ,  deviner  l'intention  de  quelqu'un. 
Vous  avez  donné  au  but.  Pem  aeu  tel'ig'tfti.  Vous  avez 
trouvé  le  nœud  de  la  difficulté.  Ici  donner  eft  en- 
core neutre. 

On  dit  aulli  qu'un  homme  a  donné  dans  le  pan- 
neau ,  &  familièrement  ,  qu'il  a  donné  dedans  j 
pour  dite,  qu'il  a  été  attrapé  par  quelque  finelle, 
ou  par  quelque  piège  qu'on  lui  a  tendu.  Indefe  fe 


DON  417 

in  Isiqueos  ,  in  laqueos  dare  j  impingere.  On  tUt  aulH 
qu'il  a  donné  prile  fur  lui ,  quand  il  a  fait  quelque 
taux  pas  dont  les  ennemis  tirent  avantage. 

On  dit  aulli  qu'un  rapporteur  a  donne  \q  braïUé 
à  une  affaire  ,  qu'il  lui  a  donné  un  certain  tour  fa- 
vorable ,  qu'il  a  ci'0/2/^1;  un  jour,  une  ouverture  j 
pour  la  faire  réuiîir.  Auclorem  &  impu.Jorem  ejje 
rei  alicujus. 

Donner  des  paroles  ,  c'eft,  S'engager  par  ptrb- 
meffes.  Spondere  j  poUiteri ,  fidem  obLi^are.  Donner 
des  bourdes ,  des  défaites,  des  baies,  des  caffades; 
c'eft  ,  Mentir  •  impoler  à  quelqu'un  ,  fe  moquée 
de  lui.  llludere.  Lui  donner  croyance  ,  c'eft.  Ajouter 
foi  à  ce  cju'il  dit.  Habere  fidem.  Donner  la  Loi  ; 
c'eft-à-dire  ,  Commander  à  des  peuples.  Impcrate  , 
legem  dare.  Donner  la  Loi  à  un  Confeiller  ,  c'elt 
luiprefcrire  certaine  loi ,  fur  laquelle  il  doit  fubir 
l'examen  pour  être  reçu.  Legem  interptetandam  prdtf- 
cribere.  Donner  ordre  ,  c'eft  commander  à  des  Ofh- 
ciers.  Pr^fcruere.  On  dit  aulli,  donner oiàxQ  au  mé- 
nage ;  pour  dire  prendre  garde  que  tout  aille  bien 
dans  la  maifon.  Providere  ulicuirci. 

On  dit  aulli,  donner  à  parler  ;  pour  dire  ,  donner 
fujet  de  divers  jugemens  lur  fa  conduite  j  &  ,  à  l'é- 
gard des  femmes  ,  il  le  dit  toujours  en  mauvaife 
part.  Occafionem  ,  tocum  dare,  pr&bere.  Avoir  donné 
à  entendre  \  c'eft-à-dire ,  avoir  expliqué  ou  fait 
favoir  à  quelqu'un  fon  intention,  hxpiïcare ,  enu- 
deare.On  dit  aulli,  abfolument ,  un  faux  donnés,  en- 
tendre. Maligne  ,  fubdolè  rem  interpretari,JaUere, 
illudere.  Donner  bien  àpenfer,  c'eft  mettte  quel- 
qu'un en  inquiétude.  Infxcre follicuudinem.  Je  vous 
donne  à  penfer  ,  limplement.  Inviter  à  faire  ré- 
flexion fur  ce  qu'on  dir.  Donner  à  courre;  c'eftjfuf- 
citer  des  affaires  à  quelqu'un  ,  qui  l'obligent  à  aller 
&  venir  beaucoup.  Sufdtare  negotia  ,  turbas  :  exhi- 
here  nioLefiiam:  Donnerai  ia  befogne  ,  à  travailler. 
Donner  à  connoître.  Dare  ,  procurare. 

Donner,  a,  dans  les  phrafes  fui  vantes,  qui  ne  font  que 
du  diicours  familier ,  une  lignification  particulière. 
Z)L),7/2£r  de  l'AltelIe  à  quelqu  un  ,  ct\i\\.\\  donner  le 
titre  d'AltelFe  ,  le  traiter  d'Alretfe  :  il  en  eft  de  même 
des  autres  titres  d'honneur.  Donner  du  Monfieur  a 
quelqu'un  ,  c'eft  l'appeler  Monfieur.  Les  hommes  de 
lettres  François  qui  avoient  quelque  relation  avec 
Grévias ,  ne  pouvoient  honnêtement  fe  difpenfer  de 
lui  donner  à\\.  Monlieur.  Ménage. 

Donner,  en  termes  de  Jeu  j  fe  dit  de  l'avantage  qu'on 
donne  à  celui  qui  eft  plus  foible-  Dare.  Donner 
quinze  &  bifque  à  la  paume.  Uonner  dix  points  &C 
la  main  au  piquet,  i^o/i/if  deux  trous  auTri6tac.Z?o;?- 
ner  lignihe  aulli ,  diftribaer  les  cartes.  Donner  hc\\tc 
Se  mat  aux  Echecs  ,  c'eft  ,  gagner  la  partie. On  dit, 
donner  he:ia  \  pour  dire  ,  donner  des  coups  faciles  à 
jouer.  On  dit  aulli  ,  donner  beau  jeu, au  figuré  j 
quand  on  donne  facilité  à  Ion  adverl^iire  d'avoir  l'a- 
vantage ,  quand  on  lui  donne  matière  d'attaquer  Se 
de  critiquer. 

En  rerme  d'Arithmétique,  donner  CigniRe  ,  pio- 
âu'ne.  Producere.  On  du  à  la  règle  de  trois.  Si  ij 
donnent  ^o  ,  combien  donneront  (îoi  Ils  donnetonc 
1 10?  Ils  lignifie  le  même  en  termes  d'Agriculture.  Les 
fruits  n'ont  pas  bien  t/o/^w  cette  année  jc'elc-à-dire  , 
que  les  arbres  n'en  ont  guère  produit.  Les  petits  blés 
ont  mieux  donné (\x\c  les  grands. 

En  termes  de  Guerre  ,  donner  la  chalTè  à  l'ennemi 
à  un  vailfeau  ,  à  un  Corfaire  ;  c'eft-à-dire  ,  lepour- 
fuivre  quand  il  fe  fauve.  Injugam  agere  j  dure  ,  fu- 
gare.  Donner  des  deux  ,  c'eft,  piquer  desdeux  épe- 
rons pour  s'enfuir.  Calcaria  odhi! ère. 

Donner,  abfolument,  c'eft  commencer  le  combat, 
aller  à  la  charge.  Impetum  facere.  Donner  d'eUoc  Sc 
de  taille  J  c'eft  ,  fe  battre  ccurageufement.  On  dit 
an((\, donner  tête  baiffce  dans  les  ennemis ;pour  dire. 
Aller  au  péril  aveuglément  &  fans  le  craindre.  On 
dit  auflî  J  donner  dans  une  errbufcade  ;  pour  dire  , 
y  tombet ,  être  furprisen  chemin. //2  infidias  venire^ 
cadere ,  inàdcre. 

En  termes  de  Chymie ,  donner  le  feu  par  degtès  * 

H  h  h  ij 


4i8  DON 

feu  doux,  feu  de  chalTe  j  c'eft-à-dire  ,  appliquer' 
un  feu  convenable  aux  opérations.  Igncm  fcnjim 
Jujficere  j  admoverc.  Donner  le  toivc  trop  chaud  à  du 
pain. 

En  termes  de  Vénerie  ,  donner  les  chiens ,  C'eft- 
à-dire ,  lâcher  la  meute  après  la  bête.  Canes  m  feram 
agere.  Donner  lecerf  aux  chiens. 

En  termes  de  Marine ,  on  dit  que  le  vent  donnait 
dans  les  voiles  \  pour  dire  ,  que  le  vent  étoit  favora- 
ble. Ingruere ,  incidere.  Donner  la  cale  j  c'eil  une  ef- 
pèce  d'eftrapade  de  Marinier ,  jeter  un  homme  du 
haut  du  mât,  dans  la  mer,  attaché  à  une  corde.  SuJ- 
peiifum  fune  nautam  de  mali  jafiigio  in  mare  dejicere. 
On  dit  que  le  vallféau  a  donné  lut  un  banc ,  à  la 
côte  ,  fur  un  écueil  j  pour  dire ,  qu'il  a  heurté  à  la 
côte  fur  un  écueil ,  qu'il  a  échoué.  On  dit  aulli  , 
</o/-2/zer  fur  quelques  dangers,  pour  marquer  en  gé- 
néral les  écueils,les  rochers ,  les  bancs ,  qui  font  des 
chofes  dangereufes.  Impingere.  On  dit  aulfi,  donner 
fond ,  donner  carène.  Donner  vent  devant ,  c'eft  , 
mettre  le  vent  fur  les  voiles  ,  afin  de  faire  courir  le 
vailfeau  à  une  autre  aire  de  vent,  Auram  captare. 
Donner  dedans ,  veut  due  ^  entrer  dans  une  rivière , 
dans  un  port,  dans  une  rade.  Intrare  ^  fubire porcum^ 
oftia  fluminis. 

On  dit ,  au  Palais  ,  donner  &  retenir  ne  vaut  :  c'ell 
l'article  275  de  la  Coutume  de  Pans  \  c'eft-à-dire  que 
celui  qui  a  tait  une  donation  ne  peut  pas  ,  fous  peine 
denullité,  ajouter  une  claufe  qui  en  détruife  l'ef- 
fet. Cela  a  palfé  en  proverbe  ;  pour  dire  ,  qu  on  ne 
peut  retenir  ce  qu'on  donne.  Donner  détaut,  don 
fier  congé  ,  donner  audience  j  donner  un  arrêt ,  don- 
ner un  décret ,  donner  un  ajournement.  On  dit  aulîi , 
donner  pouvoir  j  donner  procuration  ,  donner  char- 
ge, donnerais  griefs,  donner  des  faits,  donner àes 
défenfes  &  autres  écritures.  Ce  moyen  lui  a  donné 
gain  de  caufe.  La  date  de  tous  les  jugemen.s  en  let 
,  très  de  Chancellerie  s'exprime  ainli  :  donné  en  tel 
lieu,  en  tel  jour.  Les  Edits  fe  terminent  par  ces  mots: 
Si  donnons  en  mandement  aux  gens  tenans  notre  Cour 
de  Parlement. 

En  termes  de  Mufique  ,  donnerïe  ton  du  Chœur  , 
cell  commencer  un    chant  par    un    certain  degré 
de  fon  ,  tellement  proportionné  aux  voix  qui  doi- 
vent chanter,   qu'elles  puilfent  monter  cinq  ou  lix 
degrés  plus  haut ,  Se  delcendre  d'autant ,  fans  in- 
commoder ou  forcer  les  organes  de  la   voix.   Don- 
ner la  mefure ,  c'ell  battre   la  mefure  qu'on  doit 
battre. 
Donner,  fe  dit  auflî  avec  le  pronom  perfônnel.  Se 
donner  à  quelqu'un  j  c'elt-à-dire,  fe  mettre  fous  fa 
domination.  Suè/icere  Je  a/icujus  imperio.  Les  Cofa- 
ques  fe  font  donnés  au  Grand-Turc.  Se  donner  tout  à 
Dieu  ,  c'eft  ,   renoncer  au  monde.  lotumfe  Dei  ob- 
fequio  mancipare  ,  devovere.  Se   donner  à   quelque 
Grand  Seigneur  ,  c'eft  j  s'attacher  à  fon  fervice.  Se 
donner  du  bon  temps,  c'eft  ,  paffer  le  temps  en  joie 
&  en  plaifir. Se  donner  carrière;  c'eft-à  dire  ,  fe  ré- 
jouir.  Indulgere  genio.  Il  s'eft  donné  tout  entier  à 
l'étude,  au  jeu  ,  &c.  c'eft-à-dire,  il  s'y  applique  en- 
tièrement. Darc  fe  totum  alicui  rei.  On  dit  auili  j  il 
fe  donne  des  airs  ;  pour  dire  ,  il  atfeéle  de  paroître 
noble  J  brave  ,  riche  \  &c.  Efferre  Je  magnifiée.  Se 
donner  de  garde  ,  c'eft-à-dire ,  agir  avec  circonfpec- 
tion.  Cavcrefibi.  Vous  vous  donne\  trop  d'autorité  \ 
c'eft-à-dire  ,  vous    vous  attribuez  trop  d'autorité. 
Ufurpare  auioritatem.  On  dit    aullî  ,  fe  donner  la 
peine,  fe  donner  Wonntnz ,  fe  donner  \a.  patience; 
pour  dire  ,  _  prendre   la  peine  ,    avoir  l'honneur , 
prendre  leloifir  nccelfaire  pour  faire  quelque  chofe. 
Sumere.  On  dit ,  fe  donner  quelque   chofe  j  pour 
l'acheter.  Je  me  fuis  donné  m\e  Bibliothèque,  un  Ca- 
binet de  Médailles.  Je  me  fuis  donné \.\i\  manteau  d'é- 
carlate. 
Donner,  en  termes  de  Commerce,  fe  dit  a (Tez  or- 
dinairement dans  le  négoce  en  détail,  pour  fignifier 
que  la  vente  des  march.indifesa  été  confiJératile  ,»u 
qu'elle  n'a  point  été  bonne.  Encefens,  on  dit  j  la 


DON 

vente  a  bien  donné  ;  ou  au  contraire  ,  la  vente  a  mal 
donné. 

On  dit  proverbialement ,  donner  de  la  gabatine  ; 
pour  ^ïiQ  ^  donner  du  galimatias,  faire  des  p.ro- 
melfes  ambiguës  qu'on  ne  veut  pas  tenir.  Perfonne 
ne  peut  donner  ce  qu'il  n'a  pas.  On  ne  donne  rien 
pour  rien  ;  qui  donne  tôt ,  donne  deux  fois.  On  dit 
qu'on  ne  donnerait  pas  fa  part  aux  chiens  de  quel- 
que chofe  ;  pour  dire ,  qu'on  y  a  des  prétentions 
quoiquéloignées.  Qui  donne  au  commun  j  wq  donne 
à  pas  un  ;  pour  dire  j  que  perfonne  ne  vous  fait 
gré  de  ce  que  vous  donne^  au  public.  A  donner  don- 
ner, à  vendre  vendre  ;  pour  dire  que,  quand  on 
vend ,  il  n'eft  pas  queftion  d'ufer  de  libéralité  j  &C 
que  ,  quand  on  donne  ,  il  ne  faut  point  faire  acheter 
ce  qu'on  donne.  Acad.  Fr.  Vous  nous  l'avez  donné 
belle  ;  pour  dire  j  vous  nous  en  avez  bien  fait  ac- 
croire. Vous  nous  en  avez  donné  à  garder  ,  vous 
nous  en  avez  donne  d'une ,  fe  dit  dans  le  même 
fens.  On  dit  qu'il  ne  faut  pas  fe  donner  au  Diable 
pour  faire  cela;  pour  dire  ,  qu'une  chofe  eft  fort 
aifée  à  faire.  On  dit  auflî  ,  s'en  donner  au  cœur 
joie  ;  pour  dire  ,  s'en  donner  tout  fon  faoul ,  prendre 
d'un  plaifir  tout  ce  qu'on  peut.  Il  s'en  eft  a'o/2/?t' par 
les  joues.  On  dit  aulli ,  ne  favoir  où  donner  de  la 
tête  ;  pour  dire,  ne  favoir  où  trouver  de  quoi  vi- 
vre ,  de  quoi  fubfifter.  Autant  vaudroit  fe  donner 
delà  tête  contre  un  mur;  pour  dire ,  que  c'eft  per- 
dre fon  temps  &c  fa  peine ,  que  de  faire  une  telle 
entreprife.  On  dit  aulli,  qu'un  homme  s'eft  fait  don- 
ner fon  fait ,  s'eft  fait  donner  fur  la  crête  ,  a  donné 
des  verges  pour  fe  fouetter  ;  pour  dire  j  qu'il  a  at- 
tiré fur  lui  quelque  malheur  par  fa  faute.  On  dit 
aulli ,  à  c\\Q\iA  donné  on  ne  regarde  point  à  la  bou- 
che ;  pour  dire  ,  on  reçoit  les  préfens  tels  qu'ils  font. 
Quand  quelqu'un  héfiteàfaire  quelque  chofe,  ou 
qu'il  manque  à  le  faire  du  premier  coup  ,  fi  on  lui 
fait  des  reproches ,  fi  on  le  raille ,  il  répond  :  je  vous 
le  donne  en  trois ,  ou  en  quatre ,  ou  en  tel  autre 
nombre  qu'il  veut  marquer  ;  pour  dire ,  je  confens 
qu'un  autre  s'elfaie  trois  fois  ,  quarre  fois  ,  &c- 
nous  verrons  enfuite  s'il  le  fera.  On  dit  qu'un  hom- 
me fe  donne  les  violons  ,  quand  il  fe  loue  lui- 
même.  On  dit  zv\iX\  ^donner  ds  l'encens  ;  pour  dire  , 
louer. 

Donné  ,  ée  ,  part.  Datus. 

Donnes.  Séculiers  qui  fe  mettoient  en  retraite  dans 
les  Monaftères  pour  y  vivre  doucement  ,  &  fervir 
Dieu  &  les  Religieux.  Ils  étoient  autrefois  appe- 
lés Oblats  ;  mais  ce  nom  a  changé  depuis.  Dans  Iqs. 
vieux  titres  on  les  nomme  Dati ,  Ohiati  j  Donati. 
Les  donnés  ou  oblats ,  étoient  des  gens  qui ,  par 
dévotion  ,  fe  donnoient  aux  Monaftères  avec  leurs 
biens  ,  &  obéilloient  en  tout  aux  Supérieurs  ,  dif- 
férant cependant  des  Moines  &  des  ferfs  des  Mo- 
naftères. Ils  différoient  des  Moines  en  ce  qu'ils  ne 
faifoient  point  profellion  ,  &  qu'ils  portoient  un  ha- 
bit peu  différent  de  celui  des  féculiers.  Us  diffèroienc 
des  ferfs, en  ce  qu'ils  gardoient  le  célibat.  Pour  pren- 
dre cet  engagement,  la  cérémonie  étoit  de  fe  mettre 
la  corde  de  la  cloche  du  Monaftère  autour  du  cou  , 
ou  des  deniers  fur  la  tête  ,  ou  de  pofer  leur  tête  fur 
l'Aurel.  Voye-:{  Du  Cange  au  mot  Oblati.  Du  temps 
d'Aymar  ,  Abbé  de  Cluny  ,  vers  l'an  948  j  une  per- 
fonne noble,  avec  fa  femme  nommée  Dode  ,  du 
confentement  de  leurs  enf.ms ,  renoncèrent  au  fiè- 
cle ,  &  fe  donnèrent  à  l'Abbaye  de  Cluny  j  avec 
tous  les  biens  qui  leur  appartenoient  dans  les  villa- 
ges de  Macère  &  de  Norond  fur  la  Garonne.  Le 
P.  Mabillon  croit  que  ce  fut  là  l'origine  des  Donnés 
ou  Oblats  qu'il  y  a  eu  dans  la  fuite  dans  plufieurs 
monaftères  de  l'Ordre  de  S.  Benoît.  Ces  Donnés  ou 
oblats  prenoient  l'habit  Religieux  j  différent  néan- 
moins de  celui  que  portoient  les  Moines,  s'offrcient 
à  Dieu  avec  leurs  biens,  &  fe  donnoient  entière- 
ment au  Monaftère  ,  jufque-là  qu'ils  y  entroient 
en  fervitudeeux  &  leurenfans.il  ne  faut  pas  con- 
fondre ces  oblats  avec  ceux  que  les  Abbayes  &  Mo- 
naftères de  fondation  Royale  étoient  obligés  de  rece- 


DON 

voir  du  Roi ,  &  dont  on  parlera  au  mot  OBLAT. 
P.  HÉLYOT  ,  T.  F.  C.  i8.  Les  Donnés  font  appelés 
Demi-croix  dans  l'Ordre  de  Malte.  On  les  appelle 
Commis  dans  la  Congrégation  de  S.  Maiir. 

IJCT  En  Mathématiques ,  quantité  donnée  ,  ou 
fimplement  donnée  ^  font  des  chofes  ou  quantités 
connues  ou  fiippofées  connues ,  &  dont  on  fe  fert 
pour  en  trouver  d'autres  qui  font  inconnues  &  cjue 
l'on  cherche.  Ce  terme  a  été  tranfporté  dans  les  arts 
&  dans  les  fciences  ,  &  l'on  s'en  fert  pour  déligner 
les  chofes  que  l'on  prend  pour  accordées  j  fans  avoir 
de  preuves  immédiates  de  leur  certitude. 

^kJ"  On  appelle  quelquefois  data  ,  données  ,  les 
chofes  connues  par  le  moyen  delquelles  on  parvient 
à  la  connoiflance  de  celles  qui  ne  le  font  pas. 
Donnée,  f.  f.  Vieux  mot. Largelfe  ,  diftribution.Ztzr- 
gicio.  Ueft  dans  Nicot ,  dans  Monec  &  dans  Cot- 
grave. 

Un  bruit  s'épandit  en  tous  lieux 

Q^uaux  oifeaux  qui  chantoient  le  mieux 

On  donnerait  du  grain  pour  toute  leur  année. 

J'en  aurai ,  dit  le  liojjîgnol  j 

Si  la  chofe  ejl  bien  ordonnée. 

Tout  aujji-tôt  il  prend  fon  vol 

Pour  s'en  aller  à  la  donnée La  Font. 

On  dit  proverbialement  ,  c'eft  une  donnée  ;  pour 
dire  ,  c'elt  un  grand  marché. 
DONNERSBERG,  &  par  contradion.DONSBERG  , 
Montagne  du  i'alatinat  du  Rhm.  iannus  /ko/«.  Elle 
n'a  pas  beaucoup  de  largeur  ;  mais  elle  s'étend  alfez 
en  longueur  entre  Oppenhcim  ,  Mayence  &  Cafe- 
loutre. 

Ce  mot  eft  compofé  de  deux  mots  Allemans  t/o/z- 
ners  ,  genitit  de  donner  ,  qui  iîgnihe  Tonnerre  ^  & 
herg ,  qui  veut  dire  monta^  le.  Ainlî  Donnersherg  eft 
la  même  chofe  que  Montagne  du  tonnerre  ,  &  s'eft 
formé  du  Latin  iannus  mons. 
DONNEUR  j  EUSE.  f  Qui  donne.  Dator.  Il  n'efl:  guère 
en  ufage  qu'en  quelques  phrafes.  Ce  n'eil:  pas  un 
grand  donneur ,  une  grande  donneufe  ;  quand  on 
veut  taxer  quelque  perionne  de  peu  de  .libéralité. 
Les  exclamations  des  donneurs -çQr^hwtXs  de  louan- 
ges paroilfent  fades  aux  gens  de  bon  goût.  Bell. 
Je  ne  retufe  pas  d'ètte  le  preneur ,  afin  qu'il  foit 
le  donneur.  Ablanc.  Donneur  de  férénades.  Scar. 
Don-.eufe  de  galbanum.  Donneur  deau-bénite  de 
Cour.  Tout  cela  eft  du  ftyle  familier. 

ifT  Donneur  d'ordre ,    dans  le   commerce ,  eft. 
celui  qui  palTe    fon  ordre  au  dos  d'une  lettre  de 
change- 
On    appelle  auftî  donneurs  d'avis  ,  ceux  qui   font 
les  Courtiers  pour  faire   réulîir  des    affaires ,    des 
ventes  ,  des  mariages  ,  &c.  On  le  dit  auifi  de  tous 
ceux  qui  fe  mêlent  de  donner  des  avis  ,  fans  qu'on 
leur    en   demande.  Ce  donneur  d'avis  eft  bien  im- 
pertinent. 
DONNEUR  ci /j  oTÉ)^.  Celui  qui  fait  un  contrat  ou 
obligation  par  écrit,  pouralTurer  le  corps  ou  les  mar 
chandifes  d'un  vaiifeau. 
DONNEZAN  ,  ou  DOUNEZAN.  Petite  contrée  de 
France  dans  les  Pyrénées  ,  unie  au  Gouvernement 
de  Foix.  Le  Donne^an  é[oit  une  Souveraineté  par- 
ticulière, qui  fut  donnée  à  Raimond  Roger,  Comte 
de  Foix  ,   par   Pierre  II  ,    Roi  d'Arragon  ,   Se  que 
Henri    IV  réunit  à  la  Couronne.  Tous  (es  Ancê- 
tres fe  qualifioient  Seigneurs  fouverains  de  Don- 
/ie\an.   Le  Donne^an  n'a  que  trois  lieues  de  long, 
&  ne  comprend  .que  neuf  bourgs ,  dont  le  prin- 
cipal   eft   Qucrigut  \   mais   il   eft  d'importance  à 
caufe  des  palfiges ,  qui  donnent  une  entrée  facile 
dans  la  Catalogne  du  côté  des  pays  de  Foix  S<.  de 
Sault. 
DONNIS.  f  m.  Nom  d'homme.  Domninus.  S.  Don- 
nis  ,  premier  Evêque  de  Digne  en  Dauphiné  ,  étoit 
natif  d'Afrique  ,  d'où   il  accompagna  S.    Marcel- 
lin    jufqu'à  Embrun  ,   &  convertit  avec  lui  plu 
fleurs  infidèles ,  qui  reftoient  encore  dans  les  Ai- 


DON 

pes.  Cétoic  au  IV=.  fiècle.  Il  eft  honoré  le 


419 

13^  " 


Février  à  Digne  de  temps  immémorial.  Vaudeberc 
a  marqué  S.  Donnis  le  20«^  Aviil  à  l'occafion  de 
S.  Marcellin  d'Embrun.  Chast.  15  de  Février  p. 6^^^ 
656 ,  65  S.  roye^  Gaflèndi  ,  dans  fa  Notice  de  l'E- 
glife  de  Digne. 

DONNOLA.  f  f.  Les  Italiens,  ^quelques  Marchands 
foureurs  en  France  nomment  ainfi  la  Belette,  qui 
eft  un  petit  animal ,  dont  la  peau  eft  propre  à  faire  des 
fourrures. 

DONOISON.  Vieux  mot  qui  a  été  dit  pour  donation 
dans  la  plupart  des  Coutumes  ,  fur- tout  dans  celle 
d'Anjou. 

DONOY.  Foye^  DIGNE.  Nom  de  ville. 

DONQUERQUE.  Foye-  DQNKERQUE. 

ÛONSBERG.  Foyei  DONNESBERG. 

DONT.  Particule  qui  fe  met  pour  le  génitif  j  &  l'a- 
blatitlingulier  &  pluriel  des  pronoms  relatifs,  qui 
font  duquel ,  de  laquelle  ,  desquels  j  dejquelles  j  de 
qui  J  de  quoi.  Les  Seigneurs  dont'û  fe  vante  de  tirer 
fon  origine  n'éroient  pas  de  cette  Maifon.  Le  Méde- 
cin dont  je  mê  fers  eft  fort  habile  ,  c'eft  celui  dont 
je  vous  ai  tait  mention  ci-delfus  j  c'eft-à-dire  ,  de 
qui  je  vous  ai  parlé.  Voilà  ce  dontei\  queftion.  Cette 
particule  s'exprime  en  Latin  par  le  relatif  çz^i  ^  qu<e, 
quod ,  quife  met  au  cas  que  gouvetne  le  verbe  qui 
la  fuit. 

Cette  particule  fe  dit  auffi,  pour,aveclequelj  avec 
laquelle  ,  avec  lefquels ,  ou  avec  lefquelles.  Le  ré- 
gime J  la  régularité  dont  il  vit.  Acad.  Fr. 

On  le  dit  aulli  pour  de  quoi.  Ce  dont  je  vous  ai 
pailé. 

Marot  met  fouvent  ce  mot  pour  l'adverbe  d'où  r 
undè. 

Quand  à  l'efpr't ,  qui  du  Ciel  eft  venu  j 

Signeurs  pajjansy  croye^  qu'il  n'a  tenu 

A  être  bon  ù-  de  vertus  orné 

Que àont  il  vient  cl  ne  soit  retourné.  Marot. 

Ce  mot  vient  de  undè,  dont  les  anciens  fe  font 
fervis  en  la  même  fîgnification.  Ménage  ,  après  Ni- 
cot. Cependant  ce  feroit  une  faute  de  s'en  fervir 
dans  fa  fîgnification  otiginaire  ,  en  diiant ,  le  lieu 
dont  je  viens.  Il  faut  dire  j  d'où  je  viens-  Il  taut  dire 
auftî ,  la  maifon  dont  je  fors  ,  quand  /7Zd//ô/2  lignifie 
race;  &  la  maison  d'où  je  fors  ,  quand  mai/on  eÙ. mis 
au  propre.  Vaug.  Corn. 

DONTE.  f.  f.  Terme  de  Luthier  ,  qui  fe  dit  du  corps 
ou  du  ventre  du  luth  ,  du  thuorbe  ,  de  la  mandore  , 
&c.  qui  eft  faird'éclilfes  taillées  &  plofées  en  côtes 
de  melon  ,  &  colées  fur  le  taftèau.  Corpus  cithare  , 
tc'hidinis  ,  <S'C. 

DONTER.  Foyei  DOMTER. 

DONTFOU.  f  m.  Sorte  de  Caméléon  ,  qui  fe  trouve 
au  pays  des  Nègres.  Ils  le  regardent  comme  un  ani- 
mal de  mauvais  augure. 

DON  VILLE,  f  m.  Nom  d'une  efpèce  de  poiriers,  &  de 
leur  fruit.  Le  Donville  eft  bon  à  cuire.  La  Quint. 
Cette  poire  fe  nomme  autrement  Calot.  Id. 

DONUSA.  Petite  île  fituée  proche  celle  de  Rhodes. 
C'eft  dans  cette  Ile  ,  dit  Etienne  de  Byfance,  que 
Dionyfius , c'eft-à-dire  ,  Bacchus ,  tranfporta  de  celle 
de  Naxos,  Ariadne,  que  Minos  Ton  père  pourfui- 
voit.  Ainfi  il  lui  paroît  que  l'on  n'a  dit  Donu/i'a  qui 
par  coriuption  ,  pour  Dinnyfia.  Pinedo  ,  dans  fes 
Notes  fur  le  Géographe  Etienne,  remarque  qu'Eue 
tathius  parle  de  cette  Ile  fur  levers  550  de  Denis 
le  Géographe,  &  que  nos  exemplaires  ont  No>;in'«, 
pour  ànou<rlu.\\  ajoutc  que  Tacite,  L.  IV,  C.  ^o, 
l'appelle  Donufa  ,  &c  que  Mêla  L.  II ,  C.  7  ,  &  Vir- 
gile, E'i4i'de  ,  L.  III,  V.  1 1^,  la  nomme  Donyfa  ; 
que  Virgile  lui  donne  l'épithète  de  Verte,  Firi- 
demque  Donyfan  ,  parceque  ,  félon  la  remarque  de 
Servius,  on  en  tiroir  du  marbre  vert  j  nppeléniar- 
bre  Laccdcir.onien.  Vollius  dans  fes  Obfervations 
fur  Mêla  ,  p.  iii.  &  fuiv. ,  dit  que  dans  les  manuf- 
crits  de  ce  Géographe  il  y  a  Dionvjla  ,  qae   ceft 

I     une  faute  que  Pline  a  copiée  dans   fon  Livre   IV  , 


43©     DON     DOP     DOR 

Chapitre  iz.  Il  croit  qu'il  faut  lire  Donufa -^  cp-'il^' 

ne  faut  point  mettre ,  comme  Pline  ^  cette  lie  fur  j 

la  côte  de  l'Etolie  i  qu  elle  eft  de  la  mer  de  Crète  ;  ; 

qu'enfin  ,  c'eft   une  fable  ridicule  de  croire  ,  qu'elle 

a   pris  fon  nom  de  Diony/ius  :  que  fon  vrai  nom  eft  j 

Donufa  Ao»o>«  j  qui  vient  de  àtvia  ,  ag'uo  ,  concutio  \  j 

6c  qu'elle  fut  ainll  nommée  à  caufe  des  fréquens  j 

tremblemens  de  terre  qu'on  y  fentoit ,    aulli-bien  ; 

que  dans  toutes  les   Iles  voilines.  Au  refte  ;  per- 

fonne  ne  l'appelle  Donnuffa  que  Mati  Se  Corneille. 
DONUSIA.  yoye:(DON\JSA. 
DONYSA  royer  DONUSA. 
DONZELLE.  f.  f.  Terme  burlefque  qui  fe  dit  d'une  ?  DOR.  Le  mont  d'Or.  Foye^  OR 


DOR 

Evêqiie  ,  qui  fut  futFragant  de  l'Archevêque  deCé- 
farce.  Les  Septante  la  nomment  <Pi»«£Wap,  (fmaiX- 
i'af ,  ê'uf  Se  ^ofa  &  Pcolomée  <J^*'P«.  Adrichomius  pré- 
rend que  c'eti  Ador  ,  que  les  Grecs  nomment  Adora 
&c  les  Hébreux ,  ^^  naj  Nephatk  Dor.  J.  XI.  z. 
Sanutus,  L.  III,  P.  14^  c.  2.  prétend  qu'elle  s'eft 
encore  appelée  -^ji/ur  :  mais  fur  quoi  fondé  le  pré- 
tend-t-il  ;■ 

(Quelques-uns  mettent  encore  dans  l'Idumée  une 
ville  de  ce  nom  ,  &  nommée  quelquefois  Adora  par 
Jofeph  ,  &  citent  fur  cela  Jofeph.  Anciq.  Jifd.  L. 
Xlli.   12.  6-  17. 


fille  d'un  état  médiocre  ,  &  dont  la  conduite  eft  or 
dinairement  fufpede.  Ainfi  c'eft  au  moins  un  terme 
de  mépris  ,  &  prefque  toujours  odieux  &  oftenfant. 
lia  quitté  fa  Z?o/-.'^£//e.  C'eft  l'humeur  de  la  Don- 
relle.  Meretrix.  GoM.  Béroalde  fait  le  dénombrement 
des  beaux  efprits  qui  foupiroient  pour  la  don^elie. 

Et  quoi  !  cejlfon  Ads  , 
Qui  pour  complaire  à  divine  Donzelle 
Aux  yeux  hagards  que  Belle  ne  on  appelle , 

S'en  eji  allé  courir  le  pays.  R. 

^3"  Donzelle  ,  eft  audî  un  poinTon  de  mer  peu  dif- 
férent du  congre  ,  dont  la  chair  eft  blanche  & 
dure. 

fC?  DONZI.  Ville  de  France,  dans  la  Généralité  de 
Lyon,  éieélion  de  Roanne. 

DONZI  i^etiie  ville  de  France  fituée  fur  la  rivière  de 
Noaym  dans  le  Nivernois.  Doncia,.um  ,  Don-(ia- 
cum  J  lJon\ùum ,  Oan^aum.  Le  fils  du  dernier 
Duc  de  Nsvers,  qui  eft  aujourd'hui  Comre  de  Ne- 
vers  ,  portoit,  du  vivant  de  fon  Père  ,  ie  titre  de 
Duc  àzOon^l.  Ow  du  que  Don^i  a  été  érigé  en  Du- 
ché j  mais  cela  n'a  point  eu  d'effet.  Don-^i  eft  capi- 
tale d'un  petit  pays  dont  on  va  parler.  Long.  20  d. 
55'.  Lar.  47.  d,  21'. 

DONZIOIS.  Petit  pays  de  France  ,  dans  le  nord  du 
Nivernots ,  du  core  qu'il  touche  l'Auxerrois.  Don- 
riacus  ,  ou  Don-^iacenjcs  pagus  ,  ager  j  traclus.  Le 
Don:(iois  étoit  autrefois  une  Baronie  féparée  :  elle  a 
été  depuis  unie  au  Comrc  de  Nevers.  Le  Don^iois 
comprend  les  villes  de  Donzi ,  Entrain  ,  Drenne  , 
Saint-Sauveur  en  Puifaye  ^  Corvol  l'Orgueilleux  , 
Billy  ,  Eftais  ,  le  ChâteldeCofne  fur  Loire  ,  Tan- 
nay  ,  Dornay  fut  Yonne  ,  Champagne,  Amafi  & 
Anan.  Davity  ,  Corn. 

DoNziois ,  OISE.  f.  m.  &  f.  Qui  eft  de  Donzi.  Don- 
^iacus. 

DOP. 

DOPHCA.  Foyei  DAPHCA. 

DOR. 


DOR  ,ou  DORA.  Ville  de  la  Terre  de  Chanaatt.  Dora. 
C'étoit  une  ville  maritime.  Jof.  IX.  2  j  /-  Machab. 
II  ,  i^.  Elle  avoit  fon  Roi  particulier ,  &  étoit  ca- 
pitale d'un  Royaume  auquel  elle  donnoit  fon  nom. 
]ofue^l  ^  2  ,  X//j  2j'.  Et  fon  Roi  fut  défait  par 
Jofué.  Ihid.  XII.  2  5 .  Et  Dora  avec  toutes  fes  appar- 
tenances fut  donnée  à  la  Demi  Tribu  de  Manalfé 
d'en-deça  du  Jourdain.  Jof.  XVII.  i/. Cette  Tribu 
ne  put  cependant  en  extirpet  tout-à-fait  les  Cha- 
nanéens-  juges  I.  27.  Quelques-uns  veulent  que  Dor 
ou  Dora  ,  foit  la  tour  de  Straton.  Egelîppe  le  nie  \ 
dans  le  premier  Livre  de  fon  hiftoire  ,  où  il  dit  que; 


cette  ville  étoit  entre  Dora  &  Joppe ,  ou  Jafa. 
D'ailleurs  Céfarée  ,  bâtie  par  Herode  I ,  à  l'honneur 
d'Augufte  ,  eft  la  ville  qui  s'appeloit  auparavant 
Tour  de  Straion.  Jofeph  Antiq.  Juiaiq.  L.  XF  j  C. 
13.  Or  Céfarée  &  /^or font  très-différentes  ,  com- 
me on  le  verra  tout-à  l'heute.  Dora  étoit  .à  cinq 
milles  au  nord  de  Céfarée,  près  du  mont  Carmel 


DORADE,  f.  f.  Pollfon  de  mer  qui  a  des  écailles  de 
diveifes  couleurs ,  &  une  queue  longue  &  large. 
Aurata.  Les  Anciens  faifoient  beaucoup  de  cas  de  ce 
poiilbn  ,  à  ce  que  rapporte  Athénée.  On  l'appelle 
aufti  Fijcis  Jacer. 

Il  y  a  un  autre  grand  polfïon  nommé  dorade  ,  qui 
eft  commun  vers  les  Antilles  ,  qu'on  appelle  autre- 
ment brame  o\x  brune  de  mer.  Sa  tète  paioît  d'un  verc 
doré  ,  &  le  refte  de  fon  corps  eft  jaune  comme  l'or, 
&  azuré  comme  le  Citl  ferein.  Elle  fuit  1  js  Navires, 
&  nage  avec  telle  vîtelfe  ,  qu'on  ne  la  peut  guère 
atteindre  avec  la  gaffe  j  ou  fouine  ,  avec  laquelle 
les  Matelots  attrapent  de  gros  poiffons.  Le  devant 
de  fa  tête  eft  en  pointe  ;  le  dos  hériffé  d  épines  qui 
s'étendent  jufqu'à  la  queue,  qui  eft  fourchue.  Elle 
a  deux  nageoires  au  défaut  de  1?  tête ,  &:  autant  fous 
le  ventre  j  les  écailles  petites  ,  &  tout  le  corps 
d'une  figute  plus  large  que  grofTe.  Il  s'en  trouve  qui 
ont  cinq  pieds  de  long.  Sa  chair  eft  aulli  agréable 
que  celle  de  la  truite  &  du  fiumon  ,  quoiqu'elle 
foit  un  peu  lèche.  On  en  prend  avec  un  hameçon  , 
où  Ton  met  un  morceau  de  linge  blanc  pour  touc 
appât. 

Dorade  ,  Terme  de  Fleurifte.  Tulipe  rouge  &  cha- 
mois blanchiffant.  Morin. 

ffT  Dorade  ,  ou  d'Aurade  ,  ou  Herbe  dorée. 
Nom  qu'on  donne  en  Languedoc  à  la  plante  connue 
en  Botanique  j  fous  le  nom  de  Cetetach.  Foye-^  ce 
mot. 

Dorade  ,  chez  les  Aftronomes  j  eft  une  conftellatioa 
nouvellement  découverte  du  côté  du  Pôle  Antardti- 
que  i  qui  ne  paroît  point  fur  notre  horilon  ,  &c  qui 
eftcoinpoléede  fept  étoiles  peu  confidérables. 

DORADO.  Provincia  del  Dorado.  Pays  de  lAmé- 
rique  méridionale,  entrera  rivière  d'Orenoque  & 
celle  des  Amazones.  On  y  met  un  grand  lac  ,  qu'on 
nomme  Parime,  &  une  ville  magnifique  (ur  le  bord 
occidental  de  ce  grand  lac ,  &  quantité  de  mines 

d'or. 

|!CJ"  Rien  n'eft  plus  magnifique  que  tour  ce  qu'on 
dit  de  ce  pays  ,  6l  de  la  ville  de  Manoèt ,  qui  en  eft 
la  capitale  ,  dont  l'exiftence  eft  au  moins  fort  fuf- 
pedle. 

DORAGE.  Terme  de  Chapellerie,  qui  fignifie,  cou- 
vrir une  grofte  étoffe  d'une  plus  fine ,  pour  faire 
paroîte  un  chapeau  plus  fin  dans  les  dehors. 

Cette  tromperie  eft  défendue  par  les  Réglemens. 

DORAGE  ,  fe  dit  auffi,  en  termes  de  Pâtiflier  ,  d'une 
couche  légère  de  jaune  d'cEufbatru,  que  l'on  donne 
à  la  croûte  de  divers  ouvrages  de  PâtilFerie. 

DORILAGE.  Terme  de  Fleunfte.  C'eft  un  œillet  de 
couleur  de  rofe  vive  ,  tirant  fur  l'indicrofe.  Son 
blanc  eft  fin  ,  &  fa  fleur  fort  large  ;  mais  fa  plante 
eft  délicate  ,  &  fi  fujette  au  blanc  &  à  la  pourriture  j 
qu'à  peine  peut-on  la  conferver.  Morin. 

DORAMIE.  Terme  de  Fleurifte.  Tulipe  pourpre  , 
gorge  de  pigeon,  &  jaune  blanchilîant.  Morin. 

DORÂT.  Petite  ville  de  France  ,  dans  la  Marche , 


Doratum ,  Duratum  .,  Oratorium.  Le  Dorai  eft  fur  la 
Sève  ,  entre  Gueret  &  Poitiers.  On  dit  le  Dorât 
avec  l'article.  Si  ce  mot  eft  appelé  en  Latin  Orato- 
rium ,  ce  n'étoit  apparemment  d'abord  qu'un  Ora- 
toire. Il  y  a  aujourd'hui  un  Abbé  ,  &  des  Chanoi- 
nes ,  qui  font  Seigneurs  d'une  partie  de  la  ville. 
Long.  18.  d'  46.  Lat.  46.  d'  10. 


Après  l'établiirement  du  Chriftianifme  elle  eut  un  -  DORCESTER ,  ou  DORCHESTER,  &DORCHES 


D  O  R 

TRE.  Nom  de  deux  villes  d'Angleterre.  DùiCefrU , 
Dorda.  L'une  eft  Dorccfire  ,  capitale  du  Comté  de 
Dorfec,  ou  DuLfet  j  appelé  en  Angleterre  Drecshire, 
ou  Dorcccskire  ,  comme  écrit  Speed.  Elle  eit  lituée 
fur  la  rivière  de  Frome  j  à  une  lieue  de  la  mer  de 
Bretagne.  Elle  s'eft  appelée  autrefois  Dunovarla  , 
Durnovaria  j  &  Durnum  ;   &c  c'étoit   la  ville  des 
anciens  Durotriges.  On  y  trouve  beaucoup  de  mé- 
dailles antiques.  L'autre  Dorctjlre  ii'eft  plus  qu'un 
village.  Il  eit  dans  le  Comté  d'Oxford,  au  confluent 
de  l'Ifîs  (Si  de  la  Tame ,  qui  forme  la  Tamife.  C'é- 
roit  autrefois  une  ville  Epilcopale.  Son  Evêchéa  été 
transféré  à  Lincoln.  Baudrand ,  Hoffman  ,  Maty  _, 
Corn.  Speed  lui  donne  50  d.  48  m.  de  latitude,  & 
18  d.  de  longitude.  Elle  n'a  guère  que  1 5  degrés  & 
quelques  minutes  de  longitude. 
DORDOGNE.  Rivière   de  France.  Duramus  ^   Du- 
ranus  :  quelques  Modernes  difent  aulli  i^ora/z^'/^j  j 
Do'rononia  ,    Dornonia  _,    D  ordonna.    Aufone    en 
parle  dans  faMofelle  ,  v.  464.  «Se  l'appelle  Durama, 
taiiant  à  la  féconde  fyllabe  Xa  bref  La  Dordogne  a 
fes  fources  en   Auvergne  ,  dans  la  montagne  ap- 
pelée autrefois  du  nom  de  ce  Fleuve  ,  Durannius  , 
aujourd'hui  Monrber.  Elle  fe  forme  de  deux  ruif- 
feaux  ,  dont  l'un  s'appele  Dor  ,  &c  l'autre  Dognc  , 
dont  elle  forme  aulli  fon  nom.  Elle  traverfe  une 
partie  du  Lirrioufin  &  du  Quercy  j  tout  le  Perigord  \ 
ëc  ,  après  avoir  reçu  dans  la  Guyenne  la  Vezere & 
l'Ille  ,  elle  fe  jerre  dans  la  Garonne,  ou  j  comme 
on  parle  communémenr,dans  lamer,  aubecd  Am- 
bez.  Quelques-uns  écrivent  Dordonne:  Dordogne 
eft  mieux.  C'eft  ainli  qu'on    prononce   ordinaire- 
menr.   La  Dordogne  commence  à  porter  bateau  à 
Limeuil. 
DORDONNE.  Foye-  DORDOGNE. 
DORDRECHT.  Ville  des  Provinces- Unies  des  Pays- 
Bas.  Dordracum  ,  ou  plutôt  Ik  mieux  Dorderachum. 
Maty  &  Corneille  l'appellent  Dordrecht,  ou  Dort. . 
mais  nous  dilons  Toujours  Dordrecht ,  &  nous   ne 
connoilfons  point  cette  ville  fous  le  nom  de  Don. 
Quoi  qu'il  en  foit  ^  Dordrechr  edd^ns  la  Hollande 
hiéridionale  ,  fur  la  Meufe  j  qui  porte  en  ce  lieu  le 
nom  de  Merwe  ,  à  trois  lieues  au-delTus  de  Rorer- 
dam.  Dordrecht  eft  ancien.  C'a  été  la  rélldence  des 
Comtes  dé  Hollande ,  &:  cette  ville  a  eu  feule  le 
droit  de  faire  battre  la  monnoie  d  or  &  d'argent. 
Elle  a  encore  aujourd'hui  le  premier  rang  entre  les 
villes  de  Hollande  ,  &  c'eft  la  première  des  iix  qui 
compofent  les  Erats  de  cettre  Province.  Elle  eft 
grande  ,  belle  &  riche.  En  1411.  le  15.  de  Novem- 
bre ,   la  mer  rompit  fes  digues  ,  forma  une  mer 
de  tout  ce  qui  eft  entre  le  Brabant  Se  la  Hollande  _, 
Se  plaça  Dordrecht  dzns  une  Ifle.  Il  s'y  prend  tant  de 
faumons  ,  qu'on  dit  que  les  fervantes  ne  s'engagent, 
qu'à  condition  de  ne  manger  du  faumon  que  deux 
fois  la  femaine.  Long.  11.  à!  8.  lat.  50.  d'  41. 

Le  Synode  de  Dordrecth,Dordrechtana  Synodus , 
eft  uneaftembléede  plufieurs  MiniftresCalviniftes, 
non-feulement  des  Provinces-Unies  j  mais   encore 
d'Angleterre,  du  Palatinat  du  Rhin,  de  Brande- 
bourg, de  HelTe,  de  Suilfe ,  &c.  tenue  en  1608 
&  ifîof).  par  ordre  des  Etats  Généraux  j  pour  Ter- 
miner le  différend  entre  les  Arrrieniens  &  les  Go- 
mariftes ,   fur  la  Prédeftination    &  la    Grâce.  Ce 
Synode  commença  le  premier  Novembre  1618.  & 
contient   cent  cinquante  -  quatre  Sellions.    Foye:{ 
Arminien  ,  &  Gomariste.  Paul  Merula,  homme 
habile  j  &  favant  Géographe  ,  mort  à  Roftock  en 
1607.  &  auteur  d'une  Cosmographie  forteftimée, 
&  de  plufieurs  autres  ouvrages  j  étoit  de  Dordrecht, 
où  il  naquit  en  1558. 
DORE.  Rivière  de  France.   Dora.  Elle  commence  à 
S.  Eloy  en  Auvergne  ,  &  fe  jette  dans  l'Allier -ciu- 
delfous  du  Puv-Guillaume. 
Dore,  f  m.  &  f.  Dorien.  Dor.  La  Méthode  Grecque 
de  Port-Royal  dit  Dore  ,  ou  Dorien.  Les  Dores  ,  ou 
Doriens ,  font  dominer  Va  par-tout.  Port  R.  Foye'^ 
DORIEN. 
DORE  AS.  f.  m.Mouireline  j  ou  toilede  coton  blanche 


b  O  li 


43 


qu'on  .apporte   des  Indes  Orientales,  particulière- 
ment de  Bengale. 
DORELOT.  f.  m.  Vieux  mot.  Un  homme  qui  fe  dé- 
licate J  qui  a  trop  foin  de  lui. 
DORELOTERIE.  f  f.  C'eft  ainfi  qu'on  nommoit  au- 
trefois à  Paris  le  métier  du  Rubanier- Franger. 
DORELOTIÈRE.  f.  f.  Ouvrière  qui  fait  des  ouvrages 
de  DoreLocerie  :  ce  qui  s'enrendoit  autrefois  des  tu- 
bans  &  franges ,  tant  de  fil  que  de  fuie. 
DOR-EMUL.  f.  m.  Moutteline  à  fleurs  que  les  Anglois 

rapportent  des  Ind'is  Orientales, 
DORENAVANT,  adv.  Déformais ,  à  l'avenir.  Dcln- 
ceps  J  in  pojlerum.  Il  hiutètre  plus  d^t  dorénavant  % 
les  réglemens  font  faits  pour  l'avenir  j  pour  ce  qui 
fe  doit  faire  dorénavant.  Ce  mot  dorénavant ,  eft 
compofé  de  ces  xwnii  d'ores  en  avant. 
DORER.  V.  a.  Étendre  ,  appliquer  de  l'ot  en  Feiiilles , 
ou  moulu  ,  fur  quelques  corps.  Inaurate  aliquid. 
On  dore  des  tabernacles,  des  chapelles  j  des  pla- 
fonds. On  dor/-.  des  calices  d'argent  par  le  dedans. 
On-  a  défertdu  de  dorer  les  CarrolfeS.  On  dore  les 
livres  à  petits  fers.  On  dore  à  colle  &  à  huile,  avec 
des  feuilles  d'or  ,  avec  de  l'or  moulu  &:  amalgamé 
avec  du  mercure.  Le  fer  &  le  cuivre  fe  dorent  au 
feu.  Pline  allure  que  dans  Rome  on  n'a  commencé 
à  dorer  les  planches ,  qu'aptes  la  ruine  de  Carthage, 
&  que  les  premiers  lambris  qui  furent  dorés,  furent 
ceux  du  Capitolci 

Dorer  à  petits  fers ,  fe  dit ,  quand  on  fait  des 
dorures  en  compartimens  ,  avec  plufieurs  fers  qui 
f&  rapportent  les  uns  aux  autres  j  comme  font  les 
Doreurs,  les  Gaîniers ,  &c.  Per  partes,  velpani-^ 
culctim  inaurare. 

0;i  dit  J  hgurément  Se  poctiquem.en': ,  que  le 
foleil  dore  les  montagnes  ,  lorfqu'il  commence  à  les 
éclairer,  qu'il  les  tend  jaunes  par  fa  lumière,  iiadiis  , 
luniuie  collujii are.  Que  les  épis  fe  dorent,  quand 
ils  fe  mCuiflent  J  auHi-bienqueles  citrons  6c  d'autres 
fruits. 
Dorer.  ,  eft  atafli  ,  un  terme  de  P.atiflier  &:  de  Bou- 
langer. Il  lignihe  ,  Mettre  du  jaune  d'oeuf  délayé 
fur  plufieurs  pièces  de  four ,  &  fur  de  certain?  pains. 
lllinere  viteiio.  Dorer  un  pâté.  Dorer  un  gâteau.  Les 
Boulangers  de  P.^ris  ne  dorent  que  le  pain  de  Si- 
govie ,  &  le  pain  au  lait.  Il  y  a  des  lieux  où  l'on  ne 
dore  ,  pendant  le  carême ,  qu'avec  des  œufs  de  poif- 
fon  ;  &  ce  lont  ceux  oii  il  n'elt  pas  permis  de  man- 
ger ,  pendant  tout  le  tems ,  des  œufs  de  poule. 

En  termes  de  Marine ,  on  dit  aufli  dorer  ;  pour 
dire  ,  Spalmer  ,  donner  le  fuif  à  un  vaifiTeau  ,  lui 
donner  le  flore.  Sebo  iliinere. 
Dorer  ^  fedir,  proverbialehient  en  ces  phrafes;  Dorer 
la  pillule,  c'eft  Faire  paroitre  une  chofe  plus  belle 
qu'elle  n'eft:  faire  avaler  quelque  amertume,  quelque 
chofe  de  fâcheux ,  en  l'adoucilfaut  par  de  belles 
paroles.  On  dit  qu'un  homme  eft  fin  à  dorer  \  pour 
dire  ,  qu'il  eft  extrêmement  fin  S<  adroit  ;  faifanc 
aîlufionàl'or,  qui  doit  être  bien  fin  pour  être  propre 
à  dorer.  On  dir ,  aulîî ,  A  vieille  mule  ,  frein  doré  ; 
pour  dire  ,  qu'il  faur  parer  fa  marchandife  pour  s'en 
détaire.  On  le  dit ,  auflî ,  des  vieilles  qui  fe  parent. 
On  dit,  encore  j  que  des  gens  fonr  bien  dorés, 
qu'ils  fant  dorés  comme  des  calices  ;  pour  dire, 
qu'ils  ont  bien  de  la  dorure  &  de  la  broderie  fut 
leurs  habits.  On  dit ,  aufti,  que  bonne  renommée 
vaut  mieux  que  ceinture  dorce  j  pour  dire ,  qu'il 
vaut  mieux  avoir  la  réputation  d'être  femme  de 
bien  ,  que  d'en  avoir  la  marque,  qui  étoit  autre- 
fois une  ceinture  dorée. 
Doré  ,  ée.  parr.  &  ad/.  Inauratus.  On  dir ,  de  l'argent 
doré,  du  cuivre  doré,  du  vermeil  dore ,  du  cuir 
doré ,  du  papier  doré ,  qui  fe  dore  fur  tranche  ,  fur 
la  coupe ,  quand  il  eft  encore  d.ms  la  prelfe  dii 
Relieur. 
DoR^.  ,  fe  dit ,  aufli  j  de  ce  qui  imite  l'or  ,  d'un  /.'.une 
brillanr.  Auratus ,  Aureus.  Il  y  a  une  munce  que 
les  Tapilfiers  appellent  du  mors  doré.  Cheveux  d'uii 
blond  doré.  Les  Fleuriftes  onr  une  forte  de  filéria , 
qu'ils   appellent  doré  ,  parce  qu'elle  a  quelque? 


431  D   O   R 

.  teuilles  qui  tirent  fur  le  jaune.  On  couronne  Ce- 
rès  d'épis  dords  ,  jauniffans. 

On  appelle ,  aulH ,  loupe  dorée ,  celle  qui  a  une 
couleur  jaune  ,  qu  on  dore  avec  du  faffran  :  une 
pièce  de  pâtillene  dorée  ,  quand  elle  ell  enduite 
d'une  conipolition  d'ceufs  6c  de  beurre. 

Dore,  le  liit ,  aullij  en  parlant  des  chofcs  qu'on 
elhme.  Les  vers  dorés  de  Pychagore.  Les  Epures 
dorées  de  Gué vare.  Le  livre  (iorc'  de  Marc-Aurèle. 
La  Légende  dorée  des  Saints  ,  celle  des  Mendians. 
La- Légende  dorée  de  Jacques  de  Voragine.  Les 
Poctes  appellent  l'ézge  dor  ,  l'âge  doré.  Cette  façon 
de  parler  ell  un  peu  ancienne  \  mais  les  Modernes 
ne  laiirent  pas  de  s'en  fervir.  Ménage. 


Faveur  inefpérée  j 
Même  aujiède  doré  de  Hacurne  ù'  de  lihée. 

COLLETET. 

Dorés  j  fedit,auili,  en  termes  de  Vénerie,  pour 
lignihcr  les  fumées  des  cerls  ,  quand  elles  ion:  jau- 
nes. ÎJALN.  Cervinurn.  jlcrcus  Luteum. 

Chevalier  Doré,  f^/^t-'j  Auratus.  C'eft  en  Angleterre 
un  Gentil-homme  qui  a  reçu  l'Ordre  de  dievale- 
rie.  On  les  nomme  amh ,  parce  qu'une  des  cérémo- 
nies de  leur  création  eli:  de  leur  mettre  aux  pieds 
des  éperons  dores.   Les  Chevaliers  dores  n'etoient 
autrefois  que  des  gens  d'épée  j  qui  avoient  fervi , 
&  mérité  cet  honneur  par  leurs  fervices  :  depuis 
long  -  temps   on  le  confèie  même  à  des  gens  de 
robe  ,    Avocats  ,  ou    Médecins  ;  mais    non  à  des 
Théologiens ,  ni  à  des  gens  d'Eglife.  i^oyei  l'Etat 
vréfenc  d' Angi.eterre  par  Chamherlayne. 
Chevalier  Doré  ,  Ordre  de  Chevalerie,  appelé  au- 
trement les  Angéliques,  ou  les  Z^ortfly  de  la  *^roix 
de  Conftantin.  Nous  en  avons  parlé  au  mot  Angé- 
liques :  nous  ajouterons  leulement  ici,  pour  conlir- 
mer  ce  que  nous  en  avons  du  contre  l'Abbé  Jmti- 
niani ,  Chevalier    &  Grand-Croix  de  cet  Ordre  , 
qu'il  n'eft  point  vrai  que  Conltantin  en  foit  l'Lil- 
ntuteur  \  que,  félon  la  remarque  du  P.  Papcbroch  , 
Jéfuite,  Acla  Sancl.  Apr'd.  Tom.  lll.p.  155,  i^^. 
d'Avril  j  fête  de  Saint  George  ,  dont  cet  Ordre 
porte  aulli  le  nom  ,  on  trompe  ,  ou  l'on  fe  trompe  , 
quand  on  veut  trouver  l'Origine  des  Ordres  mili- 
taires avant  le  XIIF  liècles  ;  que  le  marbre  que  l'on 
prétend  avoir  été  trouvé  à  Rome,  &  qui  reprélente 
Conftantin  aiFislur  un  tr''~>ne  ,  donnant  le  collier  de 
cet  ordre  à  un  grand  nombre  de  Chevaliers ,  eft  , 
comme  le  marque  ce  favant  homme  ,  un  monu- 
ment f  lUX  &  fuppofé ,  ou  du  moins  nullement  an- 
tique j  que  les  figures  qui  y  font  repréfentées  ne 
font  que  l'ouvrage  d'un  Sculpteur  moderne;  &  que 
tous  ceux    qui  ont  quelque  connoillance  des  an- 
ciennes infcriptions  Romaines  ,  conviendront  que 
celle  qui  y  eft  gravée  eft  très-récente.  Voici  ce  qu'on 
a  pu  en  lire.  Constantinus  Maximus  Imperator 

POStQUAM  MUNDATUS  A  LEPRA  PtR  MEDIUM  BAP- 
TISMATIS  MILITES  SIVEEi^UITES  DEAURArOS  CREAT 
IN     TUfELAM    CHRISTIANI     NOMINIS.  Le    Sculpteut 

avoit  eifacé  le  refte  pour  mieux  cacher  fa  fuppofi- 
tion  \  mais  il  devoir  aulli  mieux  compofer  ce  qu'il 
a  laiilé  voir.  Le  P.  Papebroch  ajoute  que  le  fceau 
d'une  famille  qui  a  eu  ,  &  qui  a  peut-être  encore  à 
Vcnife  la  grand'Maîrrife  d'une  milice  qui  eft  venue 
de  Conltantinople  ,  ne  prouve  pas  mieux  l'antiquité 
des  Chevaliers  dorés.  Saint  George  y  paroit  à  che- 
val ,  avec  cette  infcripcion  :  S.  Georgius  Militia 
Confiantinians,  proteclor  &  tutelaris  \  c'ert-à-dire  :  S. 
George ,  proteÙeur  &  titulaire  de  la  Milice  de  Conf- 
tantin. Enfin  ,  il  parle  des  médailles  de  Majorien  , 
comme  nous  en  avons  parlé  au  mor  Angélique  ,  & 
les  traite  de  fauftes  &  fuppofées.  Nous  obferverons 
encore  avec  le  P.  Hélyot ,  dans  fon  Hift.  des  Ord. 
Relig.  P.  L  C.  }i.  p.  250.  &  25 1.  que  les  prétendues 
lettres  de  S.  Léon  à  l'Empereur  Marcian  ne  font 
pas  plus  vraies  ,  quoiqu'on  les  dife  tirées  des  Ar- 
chives de  la  Cour  de  Rome ,  &  des  Regiftres  de 
l'Ecrivain  Uloa  \  car  ce  ne  fut  que  l'an  1533.  qu'on 


DOR 

les  dépofa  dans  ces  Archives  ,  avec  quelques  autres 
titres  &c  privilèges  prétendus  du  ir.ême  Ordre ,  qui 
furent  imprimés  à  Plaiiance  l'an  1575.  par  les  foins 
du  Docteur  François  Malvezzo.  C'etl:  ce  que  nous 
apprend  lui-même  le  Comte  Majolino  Biiacciani  j 
Chancelier  de  cet  Ordre  ,   dans  le  dilcours  qui  elt 
au  commencement  des  Statuts  de  cet  Ordre  ,  im- 
piimés  à  Trente  en  1624.  &  .i  Rome  la  même  an- 
née ,  par  ordre  du  Grand  Maître  îvlarin  Caracciolo, 
Prince  d'Aveilmo  ^  qui  avoit  tenu  cette  année- là  ua 
Chapitre  Général  de  l'Ordre  à  Avellino  dans  le 
Royaume  de  Naples  ,  où  ces  Statuts  furent  drelfés. 
Ce  lonc  les  mêmes  que  ceux  qu'avoit  fait  l'Empe- 
reur Ifaac  Ange  Comnene  l'an  1 190.  Il  y  a  dans  cet 
Ordre  un  Grand-Maure  ,  des    Chevaliers  Grand- 
Croix  ,  des  Chevaliers  de  Juftice,  des  Chevaliers 
Eccléiiaftiques  ,    des  Prêtres  d'obédience  ,  &   des 
hères  lervans ,  dont  le  P.  fiélyot  a  tait  graver  les 
diftérens  habits,  aulii  bien  que  le  Collier  de  l'Or- 
dre ,  qui  le  tiouve  auili  dans  l'Abbe  Juftiniani. 
DORESNAVANT.  Foye:i  Dorénavant. 
DOREUR,  f  m.  Qui  fe  dit  de  celui  qui  dore,  foie 
en  bois  ou  en  cuivre  ;  loir  de  celui  qui  dore  le  fer  , 
rargeiueiie  ;  quoique  ce  foient  des  métiers  diflerens, 
&  que  la  doiure  le  ialfe  de  diverfes  m.anières.  Inau- 
randi  artijex  j  inauraicr.  On  du  auili  Doreufe. 
DORGASSE.  f.  f.  Ce  mot ,  en  quelques  lieux  du  ref- 
lort  du  Parlement  deGienoble,  eft  un  mot  d'injure: 
il  lignifie  vieille  bête.  ExpiUy  remarque  j  au  chap. 
97.  de  fes  Arrêts ,  que  ce  mot  a  été  pris  en  cette 
lignification,  parce  qu'un  nommé  Claude  Cham- 
brier ,  Vice-châtelain  de  Voiron  j  appeloit  ainh  une 
vieille  cavale  qu'il  avoit.  Au  fujet  de  cette  injure 
dite  à  une  femme  j  il  y  eut  autrefois  un  procès  dé- 
volu par  appel  au  Parlement  de  Grenoble  ,  &  jugé 
par  Arra  en  1 585.  Expilly ,  au  lieu  allégué  j  a  pro- 
duit cet  Arrêt.  Menug.  JDicl.  Etym. 

L'Arrêt  confirma  la  Sentence  du  Juge,  qui  avoit 
condamné   Guillaume    Durand    de   Voiron   à    un 
écu  d'amende  envers  la  partie  civile  ,  à  tiente  fous 
envers  le  l^rocuieur  d'Oftice  ,  oc  aux  dépens  ;  mais 
fans  note  d'infamie.  Il  faut  remarquer  que  Durand 
avoir  encore  dit  à  cette  femn.e  :  Allez,  allez  ,  vous 
n'êtus  qu'une  babiliard.-.  C'eft  une  injure  qu'on  ne 
punirou  pas  aujourd'hià  avec  rant  de  iévérité. 
DORIA.  Rivière.  /  oyc^  la  DOIRE. 
DORIA.  f.  f.  Plante  dont   la   racine  eft  vivace  &  fî- 
breufe.  Ses  feuilles  lont  prelque  routes  oblongues  ; 
le  godet  de  fa  fleur  eft  cylindrique  &  en  torme  de 
tube  ;  fes  fleurs  croilTent  aux  fommités  de  fes  bran- 
ches, où  elles  font  difpofées  en  ombelles,  ou  en 
pannicuies  épars  &  radiés  comme  celles  de  la  Ja- 
cobée.  Elle  croît  au  bord  des  rivières.   ^t%  feuilles 
fon  un  vulnérane  excellent  ,  Ik  qui  a  les  propriétés 
de  la  règle  d'or.  Liici.  de  James. 
DORIDE.  Petite   Contrée    de    l'Achaie  en   Grèce. 
Doris.  La  Doride  étoit  proche  du  Golfe  de  M  aléa  , 
&  avoit  le  Mont  Oëta  à  dos.  Elle  avoit  au  couchant 
l'Acarnanie  ,  au  midi  l'Etolie  &  les  Locres  Ozola- 
nes,  au  levant  la  i^hocide  &   les  Locres  Epicnémi- 
diens  ,  &  la  Thelïalie  au  nord.  La  Doride  étoit  au- 
tour de  la  rivière  de  Céphife  ,  vers  fa  fource.   Elle 
s'étendit  enfiiue  en  Thelïalie,  julqu'à  la    rivière 
qu'on  nommoit  Sperchius  ,  aujourd'hui  Agriomela. 
•    C'eft  aujourd'hui  une  parrie  de  la  Livadie  ,   &c  une 
partie  de  la  ThelFalie.   La  Doride  s'appela  Tétra- 
pole  ,  à  caufe  des  quatre  villes  qu'elle  renfermoit 
d'abord  ,  &c  qui  font  Pinde  j  Eripée  ,  Cirinie  8c 
Bojo  J  félon  la  remarque  du  P.  Briet.  On  y  ajouta 
dans  la  fuite  Sperchius  &  Lilée. 
Doride  ,  ou  Dorique.  Petire  Contrée  de  TAfie  Mi- 
neure. Doris ,  Dorica.  C'étoit  une  partie  de  la  Ca- 
rie ,  &  elle  occupoir  toute  la  prefqu'Ifle  qui  eft  près 
de  Rhodes,  &  qui  fait  la  pointe  de  l'Afie  mineure. 
Ses  villes  étoient  Halicarnaire  ,  Ceramus,  &  Cni- 
dus.  Hérodote  rapporte  que  les  habitans  tentèrent 
de  couper  l'Ilthme  de  cette  peninfule  ,  &  d'en  faire 
une  Ifle  ,  pour  fe  mettre  à  couvert  de  la  domination 
des  Perfes  :  mais  ils  n'en  purent  venir  à  bout. 

Ce 


I 


D  O  R     ~ 

Gè  Pays  fe  nomms.  D onde ,  comme  le  précédent, 
parce  qu'il  tut  habité  par  une  colonie  de  la  Doride 
de  Grèce  qui  s'y  établie  ,  comme  nous  le  duons  au 
mot  Dorien. 
bORlEN  ,  ENNE.  f.  m.  (Se  f.  Nom  d'un  peuple  Grec 
qui  habita  d'abord  en  Grèce  j  Se  enluite  partie  en 
Grèce,  partie  dans  l'Alie  mineure,  partie  dans  les 
Itles  de  Rhodes ,    de  Co  j  &  autres  pays  yoilins. 
Dor ,  Dons  _,   Dorien/is.  Les  Doriens  étoient  un 
peuplade  l'Achaie  qui  habitoit  la  Doride  de  Grèce. 
Après  la  guerre  que  les  Athéniens  leur  firent  j  & 
dans  laquelle  Codrus  ,   en  fe  dévouant  pour  fes  fu- 
jets ,  les  rendit  vainqueurs  ;  les  Doriens  fe  retirè- 
rèrent  des  confins  de  l'Attique  :  une  partie  bâtit  la 
ville  de  Mégare  ,  entre  Athènes  ScCorinthe  \    une 
autre  partie  s'alla  établir  dans  la  Doride  d'Alie ,  à 
laquelle  ils  donnèrent  leur  nom.  Le  refteie  dilpetfa 
:    dans  les  Ifles  voihnes ,  Rhodes,  Co,  &c. 
Dorien  ,  enne.  adj.  qui  appartient  aux  Doriens.  Do- 
r'uus.  Le  Dialeéle  Doncn.  Port-R.  La  langue  Do- 
rienne.  Les'Doriens  furent  excellens  Muficiens  ;  ce 
qui  fit  dire  de  ceux  qui  ne  s'accordoient  point  en 
chantant ,  qu'ils  ne  fuivojent  point  l'harmonie  Do- 
rienne.  Corn.  Voye\  DORIQUE. 
Dorien  ,  fe  die  en  parlant  des  peuples,  les  Doriens  , 
èc  non  pas  les  Doriques;  mais,  en  termes  d'Architec- 
ture &  de  Grammaire,,  on  dît  Dorique  ,  ordre -Do- 
rique  ,  dialede  Dorique  j  en  termes  de  Mufique  on 
dit  Dorique  &  Doriea .;  mode  Dorique  ,  mode  Do- 
nd/z.rjyeçDQRIQUE. 
!Dorien.  Terme  de  Mufique.  '^ioà^Dorien.  Voy.XiO- 
.    RIQUE. 
DORILEE.  Terme  de  Fleurifte.  Tulipe  violet  &  blanc 

de  lait.  Morin., 
bORLVIÈNE.  Terme  de  Fleurifte.  (Eillet  pourpre  fur 
un  fin  blanc ,  qui  fieurit  très-large  ;  fes  panaches  font 
détachéSjHBaisfaplanteeft  délicate  (Se  peu  vigourcufe, 
puifquon  a  peine  d'en  tirer  des  marcottes.  C'eft  une 
produdioode  la  graine  d'orpheline  venueàCompiè- 
gne.  MoRiN.  ,  ,  .       _ 

Dorimène,  fe  dit  auflî  d'une  Tulipe  lacque  violet 
&  blanc.  IVloRiN. 
bORINDE.  Terme  de  Fleurifte.  Tulipe  colombin  rou- 
ge &  jaune  blançhiirant.  Morin. 
X>ÔRI9UE.  adj.  m.  &  f.  Dorien.  Qui  concerne   les 
Doriens ,  qui  vient  des  Doriens.  Doricus  y  a.  Le  Di.a- 
lecte  Dorique  ,  c'eft  un  des  cinq  dialeétes  ou  ma- 
nières de  parler  qui  ont  été  principalement  en  ufa- 
ge  parmi  les  Grecs.  Le  dialeéte  Dorique  a  été  en  ufa- 
ge  parmi  les  Lacédémoniens  &  ceux  d'Argos  :  en- 
fuite  il  palfa.dans  lEpire  ,  dans  la  Lybie  ,  la  Sicile  j 
les  îles  de  Rhodes  (Se  de  Crète.  C'eft  celui  qu'ont 
fuivi  Archimède  &  Théocrite  j  tous  ceux  de  Syra- 
cufe  (St  Pindare.  Port-R.  Pour  parler  jufte ,  il  falloir 
dire  que  le  dialeète  Z)ori^«e  fut  la  manière  particu- 
lière de  parler  des   Doriens ,  après  qu'ils  fe  hirent 
retirés  pioche  le  Parnafte  &  l'Afope  ,    comme  l'a 
remarqué  Martin  Rueland.  Ce  dialeéle  palTà  enfuite 
aux  Lacédémoniens  ,  &  autres.  Quelques-uns  même 
diftinguent  le  dialeéte  Lacedémonien  du  Dorique  \ 
mais  au  fond  c'étoit  la  même  à  quelques  diftéren- 
çes  près ,  qui  fe  trouvoient  dans  le  langage  des 
Lacédémoniens   ,    comme    l'a     remarqué     encore 
le  même  Auteur  ,   dans  fon  excellent  Traité  de  la 
Langue  Grecque  &  de  tous  fes  Dialeétes  ,  De  lin- 
gua  GrAca  y  ejufque  Dîaleciis  omnibus.  L.  V.  Les  Au- 
teurs qui  ont  écrit  dans  le  àiAtCte  Dorique  font  Ar- 
chitas  de  Tarente  ,  Théocrite  ,  Bion  y  Callinnus , 
Pindare  ,  Simonides  ,    Bacchilides,  Cypfelas ,  Alc- 
man  ,  &  Sophron.  La  plupart  des  médailles  des  vil- 
les de  la  Grande  Grèce  &:  de  Sicile  fentent  le  dia- 
ledbe  Dorien  dans  leurs  inlcriptions,  témoins  am- 

BPAKIîîTAN  AnOAAiîNIATAN.AXEPONTAN,  ^XTPITAN, 
HPAKAEfiTAN,   TPAXINIAN  ,    0EPMITAN,    KATAOMIA- 

tAn  ,  KoniATAN,  tAïpomenitAn,  &c.  Voy.  Golt- 
zius.  Cela  montre  les  pays  où  le  ^xAtdiz  Dorique 
croit  en  ufage.  Voici  les  règles  générales  de  ce  dia- 
lêfte: 

Tome  tll. 


DOR 


4^  > 


D'?r«,  d'»  grand  ,  à\  ,  â\8c  d\  1'«  fait  le  Dore; 
D'«  tait  "'TU  d'à  y  "  tk.  d'à  au  tait  encore  j 
'  Dte  de  l'infini  :   &  pour  le  fingulier 

Se  fert  au  féminin  du  nombre  plurier.  Pcrt,R, 
Mais  elles  font  beaucoup  mieux  expliquées  de  plus 
au  long  dans  le  IV*;  Livre  de  l'Ouvrage  de  Ruel.nhd.. 
Il  y  marque  les  différences   légères   du  dialede  dv. 
Sicile,   de  Crète,  de  Tarente,  de  Rhodes ,  de  La- 
cédémone  ,  delaLaconiêj  delà  Macédoine  &  de 
la  Thedalie,  qu'il  a  pu  ramalfer. 
DORIQUE,  adj.  m.  .Se  f.  Se  fubft.  Terme  d'ArcIiitfec- 
ture  .-  c'eft  le  fécond  Ordre  d'Architeéture  ,  qui  fe 
met  entre  le  Tofcan  ,  Se  l'Ionique.  Doricus.  Un  xiZ- 
dcc Dorique.  La.  colonne  Dorique  x  hait  dia.mèzïesï 
fon  chapiteau  &c  fa  bafe  font  un  peu  plus  riches  de 
moulure  que  la  colonne  Tofcane.  Le  Dorique  a  pour 
ornement  les  métopes  ,  &  les  triglyphes.  Dorus  , 
Roi  d'Achaie ,  ayant  bâti  le  premier  dans  Argosun 
temple  de  cet  Ordre  ,  qu'il  dédia  à  Junon  y  donna 
occafion  de  l'appeler  Dorique.  Ce  qui  rend  le  Dori- 
que conlidérable  ,  eft  qu'il  a  donné  la  première  idée 
de  l'ArchireCture  régulière ,  Se  que  toutes  fes  parties 
font  tondées  fur  la  pofition  naturelle  des  corps  foli- 
des.  Quelques  temps  après  que  l'ordre  Dorique  eut 
été  inventé  ,  on  lui  donna  la  proportion,  la  torce, 
(Se  ia  beauté  du  corps  de  l'homme  ;  &c  ,  comme  le 
pied  de  l'homme  eft  la  iixième  partie  de  fa  hauteur 
on  donna  à  la  colonne  Dorique  ,  en  y  comprenant  le 
chapiteau  ,  i\\  de  fes  diamètres  y  c'eft  à. dire  ,  qu'on, 
la  ht  fix  fois  aulfi  haute  qu'elle  étoit  grofie;  enfuite  on. 
yajoutaun  feptième  diamètre.  Alors  onpouvoitdire 
qu'elle  avoir  la  proportion  du  corps  d'un  homme;  eau 
le  pied  d'un  homme  n'eft  point  j  du  moins  aujour- 
dhui,  la  fixième  partie   de  fa  hauteur  ,  mais  en-^' 
viron  la  feptième.  Les  Anciens  avoient  deux  fortes 
d'ordre  Dorique  ,  un  plus  mallit  pour  les  temples  , 
&  un  plus  léger  «Se  plus  délicat  pour  les  portiques 
de   théâtres.  Vitruve  trouve  l'ordre  dorique  embar- 
raftant ,  à  caufe  des  métopes  ,  &   des   triglyphes, 
qui  f(jnt  l'ornement  de  fa  Irile  ;  de  forte  qu'on  ne 
peut  guère  employer  l'ordre  Dorique  que  dans  la 
pycnoftyle ,  en  mettant  un   triglyphe  enrre  chaque 
colonne,  ou  dans  l'arœoftyle,  en  mettant  trois  tri- 
glyphes entre  chaque  colonne. 

Cet  ordre  eft  ainfi  appelé,  parcequ'il  a  été  in- 
venté par   les  Doriens ,  peuple  Grec.  Si  fes  colon- 
nes font  fimples  (Se  unies  fans  pilafties ,  Palladio  dit 
qu'elles  doivent  être  de  fept  modules  (Se  demijOii 
de  huit  modules  J  &:  que  leur  entrecdlonnementdoic 
être  d'un  peu  moins  de  trois  diâmècies   de  la  colon-' 
ne  ;  cSe  Vitruve  appelle  cette  manière  de  bâtir  diaf- 
tyle.  Que  fi  les  colonnes  Doriques  ont  des  pilaftres, 
leur  hauteur  J   en  y  comprenant  leur  bafe   Se  leur 
chapiteau,  doit  être  de  dix-lept  modules  plus  y  ; 
fur  quoi  il  faut  remarquer  en  paiïantqiie  ,  quoique 
dans  les  autres  Ordres  le  module  foit  le  diamètre  di- 
vifé  en  60  parties  égales ,  néanmoins  dans  celui-ci 
le  module,  félon  Palladio,,  n'eft  que  le  demi  dia- 
mètre y  (Se  qu'il  ne  fe  divife  qu'en  50  parties  égales-, 
Harris.  La  colonne  Doriq'ue  n'a  point  de  bafe  pro- 
pre :  ainfi,  dansplufieiUs  anciens  bâtimens ,  elle  n'en 
a  poine  dutout,  comme  on  le  peut  voir  au  temple 
de  Marcellus  à  Rome;  mais,  quand  on  lui  donne  une 
bafe  yîttiqne  ,  elle  augmente  beaucoup  fa  beauté. 
La  hauteut  de  cette  bafe  eft  f  du  diamètre  de  la  co- 
lonne. La  hauteur  du  chapireau  eft  d'un  demi-diamè- 
tre de  la  colonne  à  fa  bafe.  L'architrave  eft  de  même 
hauteur.  La  frife  a  im  nioduleiSedemi  ;  &la  cornichii 
un  module  &  f.  Les  triglyphesont  lin  module,  &  leur 
chapireau  une  fixième  partie  de  module: les  iTiéto- 
pes ,  ouïes  efpaces  qu'il  y  à  d'un  triglyphe  à  l'au- 
rre  ,  doivent  être  de  la  longueur  d'un  triglyphe.  Cet 
ordre  eft    folide  ,     &    ne    doit    s'employer    que 
dans  des  bâtimens  grands  Se  folides.  L'entablement 
en  eft  plus  mailif  5e   plus  haut  que  celui  d'aucun 
autre  ordre,à  caufe  que  la  colonne  eft  beaucoup  plus 
forte  ;   6e  il  eft    ordinairement  du  quart  de  la  co- 
lonne. La  corniche  ne  doit  point  avo'r  de  feuillage, 
hi  aucune  garniture  J  & ,  fi  l'on  y  met  desmodilloni 

I  i  i 


434  D   O  R 

il  faut  qu'ils  foient  carrés  &  unis.  La  fiife  a  pour 
ornemeiis  des  cnglyphes.  Le  métope  ,  ou  efpace  qui 
eft  entre  les  cnglyphes  ,  doit  être  cxatbement  cairé. 
L'architrave  a  aulii  un  ornement  particulier  ^  ce  font 
des  efpèces  de  gouttes  qui  pendent  des  trij^lyphes 
&  qui  lemblent  y  être  attachées.  Harris. 

DoR'QUE  ,  ou  DoRiEN  ell  audi  un  terme  de  Gram- 
maire. Le  Dorique  étoit  un  dialecte  de  la  langue 
Grecque.  D'uilc'dus  Dorka.  Il  a  été  d'abord  en  ufage 
parmi  les  Lacédémoniens  j  &:  ceux  d'Argos.  Théo- 
crue  &  Pindare  s'en  Ibnt  fervis.  Dans  le  Dialeéte 
Dorique  l'iz  domine  prefque  par-tour.  Il  a  tant  de 
rapport  avec  l'Eolien  ,  qu'on  le  compte  pour  un  feul 
&  même  dialeéle. 

Dorique.  Terme  de  Mufique.  Le  mode  Dorique  ^Si  le 
premier  mode  authentique  des  modes  des  Anciens  : 
il  ell  févère  ,  mêlé  de  gravité  &  de  joie  :  il  eft  pro- 
pre pour  les  fujets  de  Religion  &  de  guerre.  Le  xno- 
ae-Doriçwe commence  enD  fol  re  :  les  Anciens  l'em- 
ployoient  dans  les  fujets  graves  &  férieux.  Platon  ad- 
miroit  la  mufique  en  n^oào.  Doriquc^xWx  croyoit  pro- 
pre à  conferver  les  bonnes  mœurs  ,  parcequ'elle  a 
quelque  chofe  de  mâlex'ert  pour  cela  qu'il  la  permet- 
toit  dans  fa  Répub.  V.  le  P.  Parran  ,  M.  Brolîait,  &c. 
Le  nom  de  Dorique  vient  des  Doriens ,  qui  étoient 
une  nation  Grecque. 

Les  Modernes  ont  confervé  au  mode  Dorique  les 
qualités  que  les  Anciens  lui  aitribuoient.  Cefl:  au- 
jourd'hui Tarde  C/a  ut. 

Sous-DORiQUE,  ou  SoM%-v>o'!s.\t^.Suhd.oricus.  Cefl:  un 
des  modes  pl.igaux  des  Anciens  :  il  ell:  grave,  t<.  lort 
propre  pour  les  chofes  de  piété  :  c'ell  G  ut  j  un 
dia'telTIrron  plus  bas  c]ue  le  mode  Dorique. 

DORIS.  f  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  de  Nimphe. 
Doris.  Il  y  en  a  deux  de  ce  nom-là  dans  Héfiode. 
La  première  eft  fille  de  l'Océan  &  de  Thetis.  Elle 
époufaNéréus  fon  frère,  dont  elle  eut  cinquante 
filles  ,qui  du  nom  de  leur  père  furent  appelées  Né- 
réides. Voye^  la  Théogonie  d'Héfiode  v.  240  &fuiv 
L'autre  eft  une  des  cinquante  Nymphes  filles  de  Né- 
rée&de^om,  qui  porte  le  même  nom  que  fa 
mère  Héfiode ,  Théog.  v.  150. 

DORIS.  Terme  de  Fleurifte ,  &  nom  d'une  Tulipe. 
C'eft  un  blanc  de  lait  j  comme  à  pièce  emportée  j 
avec  du  rouge  très-vit.  Morin. 

DORISMÈNE.  f  f.  Terme  de  Fleurifte.  Anémone  qui 
a  fes  grande  fleurs  incarnates  mêlées  de  blanc ,  fa  pe- 
luche rougeârre.  Morin. 

DORLAYE.  f  f.Nom  de  femme.  Dardulaca.  Dempf- 
tetj  Colgan  ,  Ferrarius  &;  Fitzmou  ,  difent  que  la 
fête  de  Sainte  Dorlaye  ,  Vierge  j  eft  marquée  le  pre- 
mier de  Février ,  au  Bréviaire  deFrifingue:  mais  il 
n'y  en  a  rien  dans  le  dernier  Bréviaire  ;  &  dans  l'an- 
cien il  eft  feulement  dit ,  en  l'une  des  Leçons  de 
l'Office  de  Sainte  Brigitte  d'Irlande ,  que  Dorlaye 
qu'elle  avoir  élevée  ,  mourut  un  an  ,  jour  pour  jour, 
après  famaîtrelfe,  comme  elle  le  lui  avoir  prédit. 
Chast.  I  Févr. 

DORLOTER,  v.  a.  Choyer  ,  traiter  délicatement.  Se 
dorloter,  prendre  fes  aifes ,  &  fes  commodités.  Ali- 
quem  curare  mollius ,  curare  fe  moUiter.  Cette  mère 
dorlote  fes  enfans.  Ce  vieillard  fe  dorlote  fort. 

Ce  mot  vient  de  dorelot ,  vieux  François ,  qui 
fignifie  mignon.  Il  eft  employé  dans  ce  feus  par  le 
PocteCoquillard.  En  Bas- Breton  on  dit  orloca  j  pour 
dire  ,  mignarder. 

Dorloté  ,   ée.  part. 

DORMANS.  Bourg  de  France  ,  dans  la  Champagne. 
Domnamantum  3  Donamantum .,  Dormanum.  Il  eft 
fur  la  Marne  ,  entre  Epernay  &  Château-Thierry. 
Dormans  eft  fameux  ,  pour  avoir  donné  fom  nom  à 
la  famille  de  Dormans  ,  dont  étoit  itunàe Dormans  , 
Chancelier  de  France  fous  Ciiarles  V.  Il  fut  fait  Car- 
dinal par  Urbain  V  ,  en  1368.  &  fonda  le  Collège  de 
Sainr  Jcan-de-Beauvais  àParisen  1370.  Long,  zi  d. 
11.  Lar.  49  d.  5'. 
DORMANT ,  ANTE.  Qui  dort.  Dormiens.  Il  eft  aulTi 
fubftantif  &  ne  fe  dit  que  des  martyrs  qu'on  appelle 
les  Sept  Dormans.  V.  plus  bas. 


D  O  R 

On  appelle  eau  dormante  ,  celle  qui  n'a  point 
de  cours  j  qui  ne  coule  poinr  \  comme  celle  des  fof- 
(és  ,  des  marais  ,  des  étangs.  Aqua  refes.  Pont  dor- 
mant ,  eft  uneelpèce  de  pont-levis  qui  ne  fe  lève 
point.  Pons  qui  non  movetur.  Verre  dormant,  eft  une 
efpèce  de  fervitude  ,  ou  droit  de  prendre  du  jour 
fur  l'héritage  de  fon  voilin  ,  par  une  fenêtre  où  il 
y  a  un  verre  fcellé  en  plâtre  ,  qui  ne  fe  doit  point 
ouvrir ,  &  qui  doir  être  haute  de  neuf  pieds  audel- 
lus  du  raiz  de-chaulféedu  premier  étage,  félon  l'Art. 
201  de  la  Coutume  de  Paris.  Vitrum  non  exemptile. 
Pêne  dormant  ,  dans  une  ferrure  ,  pêne  qui  ne  peut 
s'ouvrir  ni  fe  termer  qu'avec  la  cleh 

Dormant,  f.  m.  En  rermes  de  Marine  ,  fe  dit  de  la  par- 
tie des  manœuvres,  ou  cordages ,  qui  font  fixes  ,  de 
ne  fe  remuent  point  _,  ou  peu  fouvent  :  &  ainli ,  en- 
tre les  manœuvres,  il  y  en  a  de  coulantesj  ou  couran- 
tes ,  &:  de  dormantes.  Funes  immobiles.  Les  étais ,  ks 
aubans  ,  l'itacle,  font  les  manœuvres  donnantes  j  ou 
des  dormans. 

§3°  Faire  dormant ,  c'eft  amarrer  SJ  fixer  le  bouc 
d'une  manœuvre  courante. 

Dormant  j  en  termes  de  Menuiferie.  C'eft  dans  le 
haut  d'une  porte  carrée,  ou  cintrée,  unefrife  ,  ou 
un  chalîis  de  bois ,  qui  eft  attaché  dans  la  feuillure  j 
&  qui  fert  de  battement  aux  venraux.  Supercilium  j 
antepagmentum  fuperius.  Quand  le  dormant  eft  l'af- 
femblable  ,  le  panneau  qui  le  remplit  s'appelle  tym- 
pan. Tympanum.  Le  dormant  de  craifée  ,  eft  la  par- 
tie du  chalîis  qui  tient  dans  la  feuillure  de  la  baie  , 
&:qui  porte  les  chalîis  &  les  guichets  d'une  croilée- 
Antepagmentum  exjcapis  &  impagibus  confions.  Dor- 
mant de  jer ,  eft,  au-detfus  des  ventaux  d'une  porto 
de  bois  ou  de  fer ,  un  paneau  de  fer  évidé  pouc 
donner  du  jour. 

Dormant.  Qui  dort.  Qui  s'endort  au  Seigneur ,  c'eft- 
à-dire  ,  qui  meurt  faintemenr.  C'eft  au  remps  de 
Décius  que  l'on  rapporte  les  Sept  Dormans  ;  c'eft-à 
dire,  fepr  frères  qui ,  fuyant  la  perlécution  ,  forti- 
rent  d'Ephèfe  ,  &  fe  retirèrent  dans  une  caverne, où 
ils  furent  enfermés  ,  &  ainfi  s'endormirenr  au  Sei- 
gneur. D'où  vient  que  ,  quand  on  trouva  les  corps  , 
long-temps  après ,  on  les  appela  les  Sept  Dormans^ 
Fieury  Hifi.  Eccl. 

%fT  On  prétend  qu'ils  relTufcitèrent  fous  Théo- 
dofele  jeune,  lorfqu'Eiienne  étoit  Evêque  d'Ephèfe, 
vers  l'an  447.  Les  Latins  difent  qu'ils  s'endormirent 
feulement,  &  fe  réveillèrent  alors  ,  penfant  n'y  avoir 
été  qu'une  nuit. 

fCF  Dormant,  terme  de  Blafon ,  qu'on  applique  aux 
animaux  qu'on  met,  dans  l'écu des  armoiries ,  dant 
l'atritude  d'animaux  qui  dorment. 

DORMEUR,  EUSE.  f.  Qui  dort  ,ou  qui  aime  à  dormir 
{owg-tem'çts. S omniculofius ,  dormitator.Les  vieillards 
&lesgensrtupides  font  û^orOTez/rj,font  grands  û'orwea/j. 

DO  RMIR.  V.  n.  Qui  fe  dit  du  repos  que  la  nature  prend 
elle-même  ,  quand  elle  perd  l'ufage  des  fens ,  pour 
réparer  fes  forces  épuifées  par  la  veille  j  ou  par  le 
travail,  /-'oyeç  Sommeil.  Dormire.  Jefus-Chrift  dor- 
mait au  fond  de  fa  nacelle.  Port-R.  Parménion , 
voyant  les  Ambalfadeurs  de  tout  la  Grèce  qui  mur- 
muroienr  de  ce  que  Philippe  de  Macédoine  tardoic 
trop  à  leur  donner  audience  ,  ne  vous  étonnez  pas 
leur  dit-il ,  s'il  dort  tandis  que  vous  veillez  ;  car,  tan- 
dis que  vous  dormie:ç  ,  il  veilloit  :  parce  qu'il  avoit 
profité  de  leur  négligence.  Ablanc.  Dormir  d'un 
bon  fomme  ,  d'un  fommeil  tranquille.  In.  utramyis 
aurem  ,  in  utrumvis  oculum  dormire. 

Cefi-là  que  le  Prélat  j   muni  d'un  déjeuné. 
Dormoit  d'un  léger fiommc  attendant  le  diné.  Boit. 
On  dit,  aétivement ,  dormir  un  bon  fomme  ;  pour 
dire ,  long-temps. 

On  appelle  dormir  en  lièvre,  dormirles  yeux  ou- 
verts. Apertis  oculis  dormire. 

Dormir,  fedit,  figurémenr,  deseaux  qui  n'ont  pas  de 
cour ,  qui  font  arrêtées  dans  un  balîîn  ,  dans  un 
étangs  ,  dans  un  marais.  Aqua  refides.  Il  fait  bon 
pêcher  aux  endroits  où  l'eau  dort. 

Dormir.  Terme  du  jeu  de  Toupie.  Les  enfans  difent 


D  O  R 

que  leurs  toupies  c/or/we/2r,  lorfqu'elles  tournent  d'un 
mouve.nenc  ii  rapide  j  &:  fi  uni ,  qu'on  m  s'apper- 
çoit  p.is  qu  elles  remuent. 

On  dit,  figurement, qu'un lage  doit  dormir {av  fa 
colère,  pour  dire,  lalailler  palier ,  ou  prendre  du 
temps  pour  fonger  au  rnal  qui  peut  arriver  de  la  ven- 
geance. U'ijerre  vindiciam.  Il  y  a,  dans  Horace  même 
qui  veilloic  tant  fur  Tes  vers ,  des  chofes  qu'Homère 
n'auroit  pas  voulu  due  en  dormant.  Ch.  de  Mer.  Il 
ne  faut  pas  lailîcr  dormir  long-temps  l'amitié.  M. 
ScuD.  Lailfer  dormir  ks  relfentimens.  Indormifcere. 
RocHEF.  On  dit ,  qu'il  fliut  lailfer  dormir  une  af- 
faire ;  pour  dire ,  que  la  faifon  n'eft  pas  propre  ponr 
la  remuer ,  pour  la  pourfuivre  ^  qu'il  faut  attendre 
une  occafion  favorable.  On  dit  qu'on  lauTe  dormir 
un  ouvrage  ,  pour  dire  ,  qu'on  le  garde  pendant 
quelque  temps,  afin  de  l'examiner  plus  à  loiiir.  Ac. 
Fr.  On  dit  aulîi ,  qu'un  patrt)nage  laïque  dort  , 
quand  le  Seigneur  de  la  tetre  eft  Hérétique  :  car  il 
ne  peut  pas  alors  exercer  foii  droit ,  qu'il  ne  perd 
pas  ,  mais  qui  eft  fufpendu. 

Du  hcdu  toujours  égal  la  beauté  même  lajje  ; 
Trop  de  grâce  à  la  fin  ceffe  d'être  une  grâce. 
Quelquej  ois  dort  Homère,  &  lefens  du  proverbe, 
Cejl  qu'il  jaut  quelquefois   au   vers   noble    6'  fu- 

perbe  , 
Savoir  mêler  un  vers  moins  fuperbe  &  moins  fort  : 
Sil'auteurne  àoti  pas  ^cejl  le  lecleur  qui  dort. 

DORMIR  avec  une  femme,  en  ftyle  de  l'Ecriture  ,  fi- 
gnifie  avoir  commerce  avec  elle.  C'efl:  un  terme  hon- 
nête pour  exprimer  la  conjonction  charnelle. 

DORMIR,  en  termes  de  jeu  de  Pharaon,  on  dit  qu'une 
carte  dort^  qu'on  la  fait  dormir  j  ou  qu'on  la  lailîe 
dormir  ,  quand  on  l'a  gagnée  ,  &  qu'on  en  hnr  pa- 
loli  ou  autre  chofe  ,  &  qu'on  la  couvre  pendant  une 
taille  ou  deux  :  pour  lors  la  carre  dort  \  & ,  pendant 
qu'elle  ^o/f  ,  le  Banquier  ni  le  Ponte  ne  la  peuvent 
gagner  ni  perdre. 

Dormir  ,  le  du  aufli  de  ceux  qui  font  morts.  Dormire. 
J.  C.  réveilla  le  Lazare  qui  dormoit  dans  le  fépulcre. 
Les  Patriarches  dormoient  dans  le  fein  d'Abraham 
jufqua  la  paffion  de  Notre-Sauveur. 

Oh  dit ,  proverbialement  3c  figurement ,  qu'il  n'y 
n  point  de  pire  eau  que  celle  qui  dort  ;  pour  dire , 
qu'il  fautfe  délier  de  ces  gens  mornes  &c  taciturnes, 
qui  fongent  ordinairement  à  faire  du  mal  en  trahi- 
fon  :  qu'il  ne  faut  point  réveiller  le  chat  qui  dort  j 
pour  dire  ,  qu'il  ne  tant  pas  réveiller  une  méchante 
affaire  alfoupie.  On  ditauiii,  d'un  homme  vigilant  & 
a6tif  dans  fes  affaires ,  que, quand  \\dort ^  le  Diable 
le  berce.  On  dit  aulli,  qui  dortàiuQ  \  pour  due,  que 
le  fommeil  tient  lieu  de  nourriture.  On  dir  auOi , 
dormtr\3.  graffe  matinée  \  pour  dire  ,  dormir  jnfqu'.i 
midi.  In  mcdios  dies  ,  in  mediam  lucem  dormire.  On  du 
aulIi ,  c/un72/r  comme  un  fabot,  par  une  figure  tiret 
Au.  fabot  des  enfans ,  dormir  profondément,  &  fan< 
aucun  mouvement.  Altum  _,  arête  ,  arêlius  dormre. 
Dormir k  bâtons  rompus.  Voir.  C'eftmal  dormir.  0\\ 
dit  audî ,  dormir  comn-\s  un  loir  ,  parceque  les  loirs, 
les  marmottes  dorment  lix  mois  de  l'année.  On  dit 
aulli ,  jeunelfe  qui  veille,  &  vieillelfe  qui  dort  ;  c'cf; 
ligne  de  mort.  Il  ne  dort  non  plus  qu'un  jaloux  , 
qu'un  lutin.  On  dit  auffi  ,  des  contes  à  dormir  de- 
bout; pour  dire,  qu'ils  font  ennuyeux.  On  ditaulîl, 
en  voyant  quelque  prodige  qui  nous  furprend  ,  veil- 
lé-je  ou  fi  je  dors.  On  dit  aulli ,  que  les  biens  vien- 
nent à  quelqu'un  en  dormant-^  pour  dire,  lorfqu'on 
ne  s'y  attend  point ,  8c  fans  travailler,  fans  qu'il  ait 
lien  fait  pour  les  avoir.  C'eft,  en  faifant  une  pointe 
de  ce  proverbe  ,  qu'un  Prince  qui  voyoic  dormir  d:ins 
uneEglife  un  Prêtre  dont  l'habit  étoit  déchiré,  lui 
donna  un  canonicat,  afin  qu'on  pût  dire  que  le  bien 
lui  étoit  venu  en  dormant.  Dormir  en  chien  ,  ou  com- 
me un  chien ,  fignifie,  dormir  à  toute  heure,  &  en  tous 
lieux.  Il  y  a  un  livre  appelé  Dormi  fecurè ,  dorme:; 
en  repos  ,  fijns  crainte-yce(^  un  recueil  de  fetmons 
fur  les  Saints  ,  appelé  Dormi  fecurè ,  parce  que 


DOR  4is 

Ion  peut,  fans  beaucoup  de  peiné,  les  âpprendr<? 
&  les  prêcher  ,  eu  qubd  ubfque  fiudio  j^ciuter pojj.ut 
incjrporariC>-  populo  prddicari.  Lwc  Wadinuiie  nous 
apprend  que  Matthieu  Hys,  Cordelier  AHemand  , 
elt  l'Auteur  du  Dormi  Jecurè. 

fC?  On  du,  en  matière  féodale, que,  quâlid  le  vaf- 
fal  dort,  la  Seigneur,veille,&  que  le  valfal  veille  quand 
'e  Seigneur  t/o/Tj  c'eft  à-dire,  que,  quand  le  valfal 
léglige  de  faire  foi  &  hommage ,  le  Sei'^neur  domi- 


ne" 


liant  laifitfon  fief  &  profite  des  fruits ,  fait  les  fruiis 
fiens  ,  comme  dit  la  Coutumede  Paris  ,  jufou'à  ce 
que  le  valfal  ait  fait  fon  devoir  \  &  que,  d  un  autre 
côté  ,  fi  le  feigneur  néglige  d'uler  de  ks  droits ,  le 
vailal  en  ptofito. 

§3"  On  dit ,  au  Palais ,  que,  quand  la  Cour  fe  lève 
le  matin  ,  elle  dort  l'après-dlnée  \  pour  dire  ,  que  , 
quand  elle  a  été  obligée  de  lever  l'audience  du  ma- 
tin plutôt  qu'à  l'ordinaire,  pour  quelques  céiémo- 
nie  ou  atïaire  publique,  elle  ne  rentre  point  l'après- 
midi. 

On  dit ,  en  parlant  d'un  ufage  pratiqué  en  cer- 
taines Provinces  ,  comme  en  Bretagne  ,  la i[Jcr  dormir 
Noble'Je  J  lorlqu'un  Gentilhoniine  qui  veut  faire 
commerce  déclare,  pour  ne  point  perdre  fa  Noblelfe, 
qu'il  n'entend  faire  le  commerce  que  durant  un  cer- 
tain temps. 

DORMIR,  f.  m.  Eft  l'adlion  de  celui  qui  dort.  Quics 
j'omnus.  Le  dormir  n'eft  pas  fain  après  le  repas.  Le 
dormir  ne  perd  point  les  droits.  Ledurmir  nous  dé- 
robe prefque  la  moitié  de  la  vie.  M.  Scud.  Pendant 
le  c^jr,77;>  l'homme  n'elf  prefque  point  diftingué  des 
bêtes.  NicoL.    i'oje^  Sommeil. 

DORMiTIF,  ivE,  adj.  fouvent  employé  fubftantive- 
ment.  Remède  ou  potion  qui  fait  dormir.  Soporijer  ^ 
a  ,  um.  On  lui  a  tait  prendre  un  remède  dorniitif. 
On  lui  prépare  une  potion  dormitive.  Le  voilà  ad- 
jectif. Mais  il  eft  fubftantif  dans  les  exemples  fui- 
vans.  L'opium  eft  un  dormuij  mortel ,  quand  la  dofe 
eft  trop  force.  Le  Itramonium  eft  un  puiîlant  dormi- 
tif.  Le  pavot  eft  le  dormitij  le  plus  ordinaire.  Les 
Médecins  fe  lervent  du  mot  narcotique  ,  aulieu  de 
dormitij, 

DORMITION.  f.  f.  Terme  dogmatique  dont  on  fe 
fert  pour  fignifier  la  manière  dont  la  Sainte  Viergs 
quitta  la  terre  pour  aller  au  Ciel  ;  paice  qu'on  pré- 
tend que  la  mort  n'étoit  qu'un  eipece  de  fomnjeil 
&  que  fon  ame,  trois  jours  après  erre  enlevée  au 
Ciel ,  defcendit  pour  ranimer  le  corps ,  6c  l'enleva 
par  uns  miraculeuie  Aifomptio:!  ,  pour  jouir  dans 
le  Ciel  de  la  place  qui  lui  é'on  préparée  au -défions 
du  iiône  de  Dieu.  On  ne  fait  plus  de  difficulté  de 
dire  qu'elle  fut  enlevée  au  Ciel  en  corps  &  en  ame: 
on  en  célèbre  même  la  fête  au  quinzième  d'Aoûr, 
Ivlcfiieurs  de  Laut'.oy  &:  Joli  s'opposèrent  pourtant  à 
cette  créance  publique  fur  la  fin  du  dernier  liècle  , 
&  voulurent  faire  rétablir  l'ancienne  leçon  du  Mar- 
tyrologe d'Ufuard  à  la. place  de  l'Homélie  qu'on  y 
avoir  fubifituée.  La  conclufion  du  Chapitre  aiJeniblé 
fur  ce  fait  lut  pour  le  ré.ablilfemint  de  l'ancien  u!a- 
ge  :  mais  Meilleurs  Gaudm  &  l'Avocat  s'y  opposè- 
rent ;  ce  qui  forma  la  difpute.  M.  du  Pin,  par- 
lant de  cette  queftion  ,  dit  que  cette  Alfomption 
n'eft  pourtant  pas  de  foi,  &  cjue  le  Martyrologe  aU- 
fuart  en  parloir  avec  beaucoup  de  modération  dans 
cette  Leçon  qui  fe  lifoit  autrefois  dans  l'Eglife , 
ik  dont  ces  Alellieurs  demandoienr  abfolumenc  le 
rétablilLement.  Voici  de  quelle  manière  il  a  traduit 
cette  Leçon  ,  qu'on  lifoit  encore  ,  dit-il ,  dans  l'E- 
glife  avant  1 5400U  1 549.  »  Le  quinzième  Aoi!it ,  la 
»  Dormition  de  la  Sainte  Mère  de  Dieu  ,  dont  le 
»  corps  ne  fe  trouve  point  fur  la  terre  ,  &  toutefois 
»  l'Eglife  , qui  eft  une  bonne  mère  ,  fait  lapréfenre 
»  fête  :  ne  doutant  pomt  qu'elle  ne  foit  morte  ,  fui- 
3'  vaut  la  condition  de  toute  chair.  Savoir  ou  ce 
.»  Temple  vénérabledu  S.  Efprit  a  été  caché  parla 
»  volonté  &  pat  les  defteins  de  Dieu  ?  c'eft  far 
»  quoi  l'Eglife  toujours  fage  a  préféré  de  dire  avec 
»  piété  que  c'étoit  une  choie  inconnue  ,  que 
»  détenir  ou  d'avancer  quelque  chofe  d'apocryphe, 

Ii  iij 


43^  D  G  R 

Maigrécerte  Leçon  d'Urnard,  &:  ie  tcmoignagede 
queUines  autres  Martyrologes  ëc  des  Saints  Pères , 
qui  ont  toujours  entendu  par  DormUion  une  mort 
partaice  &  certaine  j  la  Sovbonne  ^  en  condam- 
nant la  vie  de  la  iainre  Vierge  ,  écrite  par  une  vi- 
lionmire  nommée  -Marie  d'/^greda  ,  déclara  en  16^6 
qu'elle  croy<iit  l'Aliomption  de  la  Mainte  Vierge  au 
Ciel  en  corps  6c  en  ame. 
DORMOIS.  Petit  pays  de  France  ,  titué  dans  le  Dio- 
cc(s  de  Reims.  JJulCu^nenJis  pagus  ,  ou  DuUonienJis 
ik.  même  Dolomcnjis  <y  Duinienjh  pagus  \  Did- 
minje.  Le  Dormais  fe  trouve  dans  la  divihon  du 
Royaume  de  Lothaire.On  y  voit  Sainte  Menehould, 
Cernay  en  Dormais  ,  Aumont.  Le  Dormais  s'éten- 
tendoir  depuis  Cernay,  julqu'à  la  Meule,  ou  au 
Château  de  Dun  hir  la  Meufe,  à  Duléon  &  àSenuc. 
Valois. 
DORNBOURG.  Petite  ville  du  Duché  d'Altenbourg, 
en  Milnie  ,  Province  d'Allemagne.  Dor,ieburgum. 
Dornbourg  eft  litue  lur  le  bord  occidental  de  la  Sale- 
Il  appartient  au  L>uc  de  Saxe-VVeimar. 
DORNE.  Rivièie  de  France  dans  le  Périgord.  Elle 
fort  des  montagnes  de  cette  Province  ,  &  fe  jette 
dans  la  Dordogne. 
DORNHAM ,  ou  DORNHELM.  Petite  ville  d'Alle- 
magne, dans  la  foret  noire  ,  au  Duché  de  Wirtem- 
herg. 
DORNOCH  ,  ou  DORNOK  ,  DORNOCK.  Petite 
villî  dans  le  leprentnon  de  l'Ecoire.  Dunrodunum. 
Elle  eit  capitale  du  Comté  de  Souterland,  Dornocli 
el'  litué  lur  un  golte  qui  porte  fon  nom  ,  fur  lequel 
il  y  a  un  bon  porc  iSc  une  citadelle.  Dornach  eft  audi 
le  iiége  de  l'Evèquede  Caithnes  j  fuffragant  de  S. 
André. 

Le  Golphe  de  Dornok.  Dunrodunenjis  Jinus ,   efl: 
une  partie  de  l'Océan  feptencrional  d'EcolFe.  Il  s'é 
rend  du  levant  au  couchant ,  entre  les  Comtés  de 
Southerland  &  de  RoUen. 
DORNSTET.  Petite  ville  du  Duché 'de  Furftemberg , 
en  Suabe.  Dornjladium.   Elle  eft  fur  la  rivière  de 
Glarc ,  prés  de  la  Foret  Noire.  Quelques  Géogra- 
phes la  prennent  pour  le  faradunum  des  Anciens 
que  d'autres  placenra  Fribourg.  Matv. 
DOROIR.  f  m.  Manière  de  petite  broiTe  dont  les  Pà- 
rilhers  &  les  Boulangers  le  fervent  pour  mettre  la 
dorure  fiir  les  pièces  qu'ils  veulent  dorer.  Scopula 
quà  pifcores  vancin  lUinunt. 
{yj"  DORON.  m.  Mefure  dss  Grecs,  la  même  que 

notre  emoan- 
ip-  DORÔivJIC,  on  DORONICE.  f.  f.  que  quel- 
ques Auteurs  fonrdu  genre  mafculin.  Sorte  de  plante 
dont  il  y  a  plulieurs  efpèces.  Elle  afes  Heurs  ra- 
diées &  d'un  ufage  un  peu  ftifpeél:.  L'efpèce  la  plus 
employée  a  fa  racine  traçante  ,  noueufe  j,  charnue  ^ 
&  qui  relfemble  en  quelque  manière  par  fa.  figure 
au  corps  d'un  Icorpion  ,  d'où  vient  fon  nom  ,  Do- 
ronicum  tiidlce  fcurpii  ;  C.  B.  Ses  tiges  ne  s'élèvent 
pas  beaucoup  ,  à  peine  ont  elles  neutà  dix  ponces  : 
elles  font  arrondies  ,  &  velues ,  garnies  à  leur  bas 
<le  quelques  feuilles  un  peu  arrondies  &  velues.  Ces 
mèmesciPes  font  rertninées  par  une  deur  jaune,radiée 
dont  les  femences  font  noirâtres ,  chargées  d'une  ai- 
grette. La  racine  de  cette  Z>(3ro/7/c  eft  recommandée 
par  plufieurs  Auteurs  contre  les  venins,  &  comme 
un  puilfant  alc>:;tcie;  il  ne  manque  pas  cependant 
d'oblervations  qui  ne  lui  font  pas  favorables.  Elle 
entre  en  quelques  comp»hrions  de  Pharmacie  dont 
on  n'a  jamais  vu  de  mauvais  effets.  On  a  attribué  la 
mort  de  Gefner  à  l'épreuve  qu'il  avoit  voulu  faire 
de  cette  plante  fur  lui.  Parmi  les  efpèces  de  Doro- 
nicj,  on  en  trouve  une  dont  les  racines  font  d'une 
douceur-fade  ,  &  une  autre  dont  les  fleurs  font  beau- 
coup éternuer.  Cetre  dernière  efpcce  eft  nommée 
Doronïcum  planciigi/iisfalia  alterum  ,  C.  B.  ou  Alif- 
ma  ,  ou  Arnica.  Il  y  a  une  autre  efpèce  de  Doronic 
que  C.  Bauhin  appelle  Doronicum  radicedulci  :  elle 
a  fes  feuilles  approchantes  de  celles  du  plantain,; 
mais  plus  jaunâtres.  Ses  fleurs  font  des  bouquetscom- 
pcfés  de  quantité  de  pftite;  fleurs  jaunes.  $a  racine 


D  OR 

eft  de  la  grofleur  du  petit  doigt ,  nouée  ,  d'un  goiic 
lemblable  à  celui  du  lue  de  léglille,  &  garnies  de 
libres  j  longues ,  blanches  &:  allez  grolfes.^On  le  fert 
de  cette  racine,  qui  eft  bonne  contre  les  venins , 
dans  le  vertige,  dans  les  maladies  malignes ,  &  dans 
ia  monurc  des  bêtes  venimeufes  .•  cependant  elle  tue 
les  loups,  les  chiens,  &  la  plupart  des  bêtes  à  quatre 
pieds.  ^ 

DORONIC  A  FEUILLES  de  PLANTAIN.  Voye^ 

Arnica. 
DOROPH  AGE.  f  m.  Qui  vit  de  préfens.  Rabelais  ap- 
pelle dorophagcs  les  gens  du  Palais. 

Ce  nioc  vient  de  ^Jpow ,  prej'ent ,  Se  de  <pây«/««(  ^ 
]e  mange. 
DOPvOSfO.  Ville  de  la  Turquie  ,  en  Europe,  dans 
la  Bulgarie,  fur  le  Danube  ,  au-delfus  de  SiUltrie. 
DOROTHEE,  f  m.  Nom  d'homme.  Dorothcus.  Il  y 
a  plulieurs  Saints  Dorocht-es.  S.  Dorothée  le  Thé-  . 
bain  étoit  Chambellan  de  Dioclétien  ,  &  fur  marty- 
rilé  .à  Nicomédie.  S.  Dorothée  Archimandrite  au 
VPfiècle. 
DOROTHÉE,  f  f.  Nom  de  femme.  Doroth&a.  Ce 
nom  vient  de  ^îf"  ,  don  ^  &  Oes/,  Dku\  Don  de 
Dieu.  "'" 

^  DORQUE.  Voye-{  Epaulard, 
DORSAL  ,  ALE.  adj.  qui  eft  du  dos  ,  qui  a  rapport  au 
dos.   Terme  d'Anatomie.   Darfalis  ,  e.  Les  nerfs 
dorjhux  ou  coftaux  font  au  nombre  de  douze  pai- 
res ,  &  ils  font  nommés  nerfs  intercoftaux  a  plus 
jufte  titre  que  les  grands  nerls  fympathiques  aux- 
quels on  avoit  donné  ce  nom.  Us  ont  cela  de  com- 
mun enlemble,  que,  dès  leur  lortie  entre  les  vertè- 
bres du  dos ,  &  avant  que  d'accompagner  les  côtes  , 
ils  jettent  ordinairement  deux  hletsen  devant ,  pour 
communiquer  avec  le  grand  nertfympathiq^ue  j  on 
prétendu   nerl:  intercoftal  ,    &c    plulieurs  hiets  en 
arrière, pour  les  mufcles  vertébraux  ,  &  autres  muf- 
cles  voilins.  On  nomme  chacune  de  ces  douze  pai- 
res ,  par  le  nombre  des  vertèbres  fous  lefquels  elles 
paflent ,  par  exemple ,  la  première  paire,  la  féconde 
paire,  &c.  Winslow. 
DORSAL  eft  aulli  f.  m.  Le  long  dorfal  eft  un  mufcle 
très-compofé ,  fore  étendu  en  longueur,  &  très-peu 
en  largeur  \  au  refteen  quelque  façon  fernblableau 
frcrolombaire ,  mais  plus  charnu  &  plus  épais.  Il  eft 
placé  entre  les  apophyles  épineules  de  le  lacroloni- 
baire,  &  il   ne  paroit  drftingué  de  ce  nuiicle  que 
par  une  ligne  graiflTeufe  ou  cellulaire  j  jufque  vers 
en   bas ,  où  ces  deux  mufcles  fe  trouvent  comme 
confondus.  Il  couvre  le  demi-épineux  ,  ou  tranfver- 
fal  épineux  du  dos  ,  &  le  demi-épineux  des  lombes. 
En  haut  il  eft  niché  contre  le  lacrolombaire  &  le 
tranfverfaire  du  cou.  Winslov.  En  termes  de  mé- 
decine ,  OH   appelle  Phtilie   dorjdie  une  lorte  de 
Phtifie  ,  ou  corruprion  ,   qui  vient  d'une  longue 
gonorrhée.  Ce  mot  vient  de  dorfum,  le  dos. 
DORSANES.  f  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'un 
faux  Dieu.  Dorfans.  C'eft  le  nom  que  les  Indiens 
donnoient  autrefois  à  Hercule.  Hesichius.  Scaliger, 
&  ,  après  lui,  Selden  ,  De  Dûs  Syr.fym.  c.  6.  p. 
1 87.  doutent  11  le  nom  Dejhnaus  ,  ou,  lelon  d'au- 
tres ,  Dojdiiaus,  que  S.  Jérôme,  dans  la  Chronique 
d'Eufebe ,   donne  à  l'Hercule  des  Phéniciens  ,  ne 
feroit  point   Dor fanes  ,  parce  que  Dorfanaus ,  ôC 
Dorfdues   approchent  uflez.  Quoi  qu'il  en  foit  de 
ce  point,  Selden  ne  paroîc  pas  douter  d'un  autre  , 
qui  eft  que  le  Dorfanes  des  Indes  ne  foit  le  même        >, 
que  le  Saruics  des  Perfes,  qui ,  félon  Bérofe  &  d'au-        H 
très,  dans  Agathias  ,  étoit  l'Hercule  de  ces  peu- 
ples ,  qui  fouvent  font  compris  fous  le  nom  d'In- 
diens. 

Quoiqu'il  foit  difficile  de   donner   l'étymologie        ij 
d'un  ancien  mot  Indien  ,  Voftius ,  De  Idolol.  L.  I.        j] 
c.  iz.  croit  néanmoins  que  celui-ci  peut  venir  du 
Chaldéen  an  ,  dares  ,  qui   veut  dire  ,  Jouler  aux 
pieds.   Une  des  principales    louanges   d'Hercule  , 
c'éroit  d'abattre  les  tyrans ,  &  de  les  fouler    aux 
pieds. 
DORSET  ,  ou  DQRCET.  Le  Comté  de  Dorfe; ,  on 


D  O  Ë. 

•lyorcct ,  comme  il  eft  cciu  fur  la  CaiTe  de  SpeeJ,  & 
ijue  lei  Anglois  appellciu  iJortcc-Snuc  ,  ou  avec 
Speed  ,  Dorcejler-ànire ,  eft  une  Province  d'Angle- 
terre ,  que  les  Bretons  appeloienc  autrefois  Dwrg- 
weir  j  11  l'on  en  croit  Spcec-i  j  5c  que  le  mcme  Au- 
teur ik.  d'autres  encore  prennent  pour  le  pays  des 
anciens  Durotnges.  Dorjetur^  Durocriges.  Le  Comté 
de  Uorjec  a  au  nord  ceux  de  Sommerlet ,  de  Wilc  j 
d  l'ouell  celui  de  Devon  &c  une  partie  de  celui  de 
iomnieriet  :  à  1  ell  le  Comte  de  Hant^  ou  leHamps- 
Jiire  ,  Ik.  au  Sud  la  mer  de  Bretagne.  La  capitale  ell: 
Dorcefter.  Ce  Comté  eft  très  ternie  ;  &i  l'on  en  tire 
quantité  de  laines ,  qui  font  les  meilleures  d'Angle- 
terre. Speed  lui  donne  24S  Parodies.  Ofmond  , 
Lvêque  de  Salisburi,a  été  le  premier  Comte  àcDor- 
fci.  Deux  cent  quatre-vin;4ts  ans  après  j  Richard  II. 
érigea  -ce  Comte  en  Alarquifat  ,  en  taveut  de  Jean 
de  Beaulort ,  qui  en  iwi  dépouillé  par  Henri  IV. 
pour  le  donner  à  titre  de  Comté  feulement  d  Tho- 
mas de  Beauf-ort ,  trère  de  Jean.  Edmond  de  Lan- 
caihe  ,  tiis  de  Thomas ,  en  f-ut  pourvu  après  la  mort 
de  Ion  père.  Il  palla  enluite  à  Thomas  Grey,  qui  fut 
créé  Marquis  de  i->u>^r.  Ses  fuccelïeurs  en  jouirent 
julqu'à  Henri  Duc  de  Suffolck  ,  qui  eut  la  tète  cou- 
pée fous  le  règne  de  Marie.  Jacques  I.  récablit  ce 
titre  aboli  par  la  mort  du  Duc  de  Surtolck  ,  &c  créa 
Thomas  Sackvil ,  Comte  de  Dorfcc  :  il  fubhfte  en- 
core dans  fapoftérité. 

Le  premier  nom  qu'a  eu  ce  pays  c'eft  Durotrigcs  , 
inot  purement  Britannique  ,  compoie  de  dour  ,  ou 
dwr ,  qui,  en  ancien  langage  Britannique  ,  ligni- 
fioit  de  l'tiûu  ;  &  de  crig ,  qui  vouloit  dire  habitant. 
Durotnx  y  habitant  de  l'eau  j  c'ell-à-dire  ,  de  la 
mer  \  Peuple  maritime  :  Aqus.  ,  ou  Maris  accola. 
Dans  le  IX^  liècle  ce  peuple  s'appeloit  Dwrguir.  Les 
Anglo  Saxons  le  nommèrent  Dorfitcan  ;  d'où  s'eft 
formé  le  nom  de  Dorfcc  qu'il  porte  aujourd'hui. 
Tous  ces  noms  fignifient  la  même  cliofe  ;  car  Setca 
en  Anglo-Saxon  voulait  dire  habiter  \à'o\i  vient 
holfattcn  ,  habitant  des  forêts  \  &  Dweir  lîgnihe 
homme  j  Dwr'gueir  3  homme  de  mer  ,  yiri  mari- 
ami. 

DORSTEN.  'v'^ille  Capitale  de  CecicUnkaufen  ,  en 
Weftphalie.  Dorjla.  Elle  eft  du  domaine  de  l'Arche- 
vêché de  Cologne ,  &  est  iituée  fur  la  Lippe  ,  aux 
confins  de  l'Evêché  de  Munster.  Lon-g.  14.  d.  36'  lat. 
5i.d.  38'. 

DORSTÉNIA.  f.  f.  Nom  d'une  plante  de  l'Amérique 
méridionale.  Le  P.  Plumier  l'a  décrite  dans  Ion 
ouvrage  intitulé  Nova  PLtntarum  Americanarum  gê- 
nera. Il  s'en  trouve  deux  efpèces  dans  les  Indes  Oc- 
cidentales. Il  n'y  a  aucune  différence  dans  la  forme 
extérieure  de  ces  plantes  j  qui' ont  d'ailleurs  les  mê- 
mes propriétés  \  c'eft  pourquoi  on  les  confond  ,  &C 
on  les  apporte  en  Europe  fous  le  même  nom.  On 
peut  j  à  ce  que  je  crois ,  nommer  une  de  ces  plantes 
Dorjlenia  Dentaris.  radice  ,fpondylii  jolio  ,  placenta 
ovali.  Et:  Vnutna,  Dorjtcnia  Denturiài  radice  ,  folio 
minus  laciniato  j  placenta  quadrangulari  j  &  undu- 
laco. 

La  première  efpèce  paroît  être  le  Tuz-Patli  de 
Hernandes,  pag.  147.  Ses  racines  qui  font  vivaces, 
poulTènt  au  mois  de  Mai  ,  ou  aulîitôt  qu'il  com- 
mence à  pleuvoir,  chacune  fix  ou  huit  feuilles  de 
quatre  au  cinq  pouces  de  long  &  d'autaiu  de  large 
Ces  feuilles  font  coupées  en  plulîeurs  fegmens  qui  j 
pénètrent  jufqu'â  la  côte  du  milieu  ,  a.  -peu-  prési 
comme  dans  \q  fphondilxum:  elles  font  attachées  à 
des  pédicules  de  cinq  ou  lix  pouces  ,  du  milieu  def- 
quels  nailfc;nt  quatte  auttes  pédicules  uq  peu  plus 
longs;  &  dont  chacun  foutient  un  corps  extraordi- 
naire. Ce  corps  eft  plat  :  il  eft  pofé  verticalement  ; 
ou  ,  ce  qui  revient  au  même  ,  fa  partie  tranchante 
eft  tournée  en  haut.  Le  P.  Plumier  l'appelle  pétale. 
Je  la  nomme  placenta  ,  parce  qu'elle  en  fait  l'office. 
Dans  cette  première  efpèce  ,  ce  placenta  eft  ovale, 
&  fon  axe  le  plus  long ,  eft  parallèle  au  pédicule 
qui  le  foutient:  un  côté  eft  lifte  &  vert  comme  l'ex- 
térieur du  calice  des  autres  plances,  &:  l'autre  côté' 


D  Ô  R  437 

renferme  un  grand  noir.bre  de  petits  fommets  jau- 
nes. Apres  qu'ils  loiit  tombés ,  il  paroit  plulieurs  pe- 
ntes kmenccs  prelque  rondes ,  qui ,  dans  leur  ma- 
turité ,  reliemblent  alfez  .i  celles  du  gremd  ou  Li--- 
thofpermon.  Cette  efpèce  croit  dans  la  nouvelle 
Efpagne,  pioche  l'ancienne  Veracruz,  fur  des  ter- 
rems  élevés  au  bord  de  la  rivière. 

La  féconde  efpèce  de  Dorjienia  a  le  même  nom- 
bre de  teuiUes  que  la  première  j  mais  les  feudles 
ont  une  hg  ue  diftérence  :  car  quelques-unes  fonÊ 
tout  d'une  pièce  ,  &c  taillées  comme  celles  de  la  vio- 
lette ;  d'autres  font  angulaires  comme  celles  du 
lierre  j  &  il  y  en  a  enfin  qui  font  coupées  pat  feg- 
mens J  femblables  à  ceux  des  teuilles  de  l'érable  or» 
dinaire.  Ces  Veuilles  iont  minces,  lilles,  &  d'ua 
vert  foncé.  On  ne  diftingue  lut  leurs  dos  que  quel- 
ques petits  poils  à  peine  fenlibles.  Les  pédicules 
qui  foutiennent  les  Heurs  partent, immédiatement 
de  la  racine  dans  cette  efpèce  ,  comme  dans  la 
précédente  ,  ^  s'élèvent  dans  toutes  les  deux  à  la 
hauteur  de  fix  ou  huit  pouces.  Le  placenta  ,  furie- 
quel  Iont  pofées  les  fleurs  eft  carré,  onde  à  fes  ex- 
trémités,  6c  plus  large  traniverlalement  que  de 
haut  en  bas.  Les  fleurs  &  les  femences  font  parfai- 
tement les  mêmes  dans  les  deux  elpèces.  Cette  fé- 
conde Dorjienia  croît  abondamment  fur  les  terreins 
élevés  &  pierreux  des  environs  de  Campefche.  Ja 
l'ai  cueillie  dans  fa  perfcdlon  au  comincncenjenc 
de  Novembre.  Houjloun  Tranf.  Phil,  1-7 j:.  p.  1^1. 

DORT.  C'eft  Dordiecht.  Voyer^  ce  mot. 

DORTAN.  Petite  ville  de  France ,  dans  le  Bugey , 
fur  les  frontières  de  la  Franche-Comté  ,  prèsd'Artan 
&  de  la  rivière  d'Ain  ,  à  trois  lieues  de  S.  Claude  , 
vers  le  couchant.  En  Latin  Dortanum. 

DORTMUND  ,  ou  DÛRMLJND.  Ville  d'Allemagne. 
Dortmunda  ,  Tremonium  j  Dormania.  Elle  eft  du 
Cercle  de  Weftphalie ,  enclavée  dans  le  Comté  de 
la  Mark,  &  fituée  fur  la  rivière  d'Emfer ,  à  dix 
lieues  de  fon  embouchure  dans  le  Rhin.  Dortmund 
eft  une  ville  forte,  Anléatique,  &  Impétiale.  Fri- 
deric  II.  l'a  exemtée  de  toute  charge  de  l'Empire. 
Elle  eft  capitale  d'un  Comté  auquel  elle  donne 
fon  nom  J  Comitatus  Dortmundanus.  Elle  le  tient 
en  fief  de  l'Empire,  aux  mêmes  droits,  priviléges& 
libertés ,  que  le  polfédoient  autrefois  les  Comtes 
ait  Dorunund.  Voye\  LinmAus y  Elucid  IV.  c.  15, 
Long.  25.  d.  6'.  lat.  51.  d.  30'. 

DORTOIR,  f.  m.  Galerie  dans  les  Couvens  j  divifce 
en  plufieurs  cellules ,  où  les  Religieux  habitent  èc 
dorment.  Dormitorium  ,  Dormitorium  membrum. 
C'eft  un  crime  à  un  Religieux  de  coucher  hors  du 
dortoir.  Il  paroît  par  le  chap.  XXII.  de  la  Règle  de 
S.  Benoît ,  que  les  dortoirs  autrefois  n'éroient  pas 
toujours  diviies  en  plufieurs  cellules;  mais  qu'il  y 
en  avoir  qui  n'étoient  autre  choie  que  de  grandes 
falles  où  il  y  avoir  plulieurs  lits ,  comme  aujour- 
d'hui dans  nos  hôpitaux.  M.  l'Abbé  de  la  Trappe  y 
dans  fon  Commentaire  fur  la  Règle  de  S.  Benoît , 
regarde  cela  comme  un  des  plus  grands  alfujettilTè- 
mens  de  la  vie  des  Moines. 

C'cjl-là  qu'en  un  dortoir  [la  mollejfe)  fait  fon  fe jour, 

BoiL. 

Ce  mot  vient  de  Dormitorium  ,  qui  fe  trouve  en 
Latin  en  cette  même  fignification.  ^Iénage. 

DORURE,  f  f.  Or  mince  appliqué  fur  la  fuperhcie  de 
cjuelques  corps.  Auratura.  Les  dorures  font  fort  à  la 
mode,  foit  dans  les  bâtimensj  foit  fur  les  meubles, 
foit  fur  les  habits.  On  dit  qu'une  perfonne  a  bien 
de  la  dorure  ,  quand  elle  a  des  habits  chargés  de  paf- 
femens ,  ou  de  broderie  d'or  ou  d'argent ,  des  an- 
neaux, des  croix  ,  des  agrafles,  des  boutons  d'or  ou 
d'argent,  ou  des  pierreries. 

f^CT  C'eft  aulli  l'art  d'employer  l'or  en  feuilles  & 
l'or  moulu  j  &:  de  l'appliquer  fur  les  métaux  ,  les 
pierres ,  le  bois  Z<.  diverfes  autres  matières. 

Dorure  ,  eft  aulli  un  terme  de  PâtiftTer  5c  de  Bou- 
langer. lUicus,  Et  parla  ils  çntendem  des  jaunes 


43^  DOR     DOS 

d'cEiifs  bien  délayés ,  dont  ils  doren:  le  defflis  de 
leurs  pièces  de  foiu',  &;  de  leuis  pains,  f-  oye-^ 
DORER. 

DORURES  FAUSSES.  Ce  font  des  étoffes  ,  qui  vien- 
nent de  la  Chine,  d'une  fabrique  extrêmement  mgé- 
nieufe ,  &  tout-à-fait  inconnue  en  Europe.  Elles 
font  de  fatin  à  fleurs  d'or  ou  d'argent  j  mais  l'or  ou 
l'argent  qui  compofent  ces  Heurs  ne  font  que  de 
petits  morceaux  de  papier  doré  ou  argenté. 

DORURES  FINES.  C'ell;  ainii  que  les  Commis  em- 
ployés dans  le  commerce  de  la  Chine  appellent ,  en 
général ,  routes  les  riches  étoffes  d'or  &c  d'argent , 
dont  ils  font  mention  dans  leurs  iaétures. 

DORICNIUM.  1'.  m.  Terme  de  Botanique.  C'eft  un 
nom  attribué  à  plufieurs  plantes  de  diflérens  genres. 

DORYPHORES,  f.  m.  pi.  Cétoit,  chez  les  Perfes  , 
un  corps  de  troupes  qui  efcortoient  le  char  Royal , 
lorfque  le  Roi  alloit  à  la  guerre,  lis  ne  recevoient 
point  de  paie  ,  comme  les  autres  Soldats  ;  mais  ils 
étoient  nourris  des  viandes  que  l'on  lervoit  fur  la  ta- 
ble du  Prince.  Ils  étoient  vêtus  de  pourpre  :  leurs 
robes  étoient  bordées  en  or  ,  uniformes  \  &  ils  les 
tecevoienc  des  mains  du  Roi.  ^opifôfùi, 

DOS. 

DOS.  f  m.  Le  derrière  de  l'animal  j  qui  efl:  depuis  le 
cou  julqu'auxfelfes.  Dorfum  ,  tergum.  Les  Médecins 
appellent  proprement  le  dos].,  la  féconde  divilion  de 
l'épine  ,  qui  contient  douze  vertèbres  fuuées  entre 
celles  du  cou  &  celles  du  rable,  &  où  font  attachées 
les  côtes.  Ces  foldats  ont  tout  le  jour  les  armes  fui 
le  dos ,  la  pluie  fur  le  dos.  La  piété  d'Enée  lui  lit 
porter  fon  père  fur  fon  dos.  Les  parties  du  dos  font 
les  épaules  ,  l'épine  du  dos  ,  les  vertèbres  du  dos  : 
&  l'on  dit  d'un  homme  qui  a  l'épaule  ronde  ,  qu'il 
a  le  dos  bolfu  ,  voûté.  Les  aloyaux  font  pris  lur  les 
vertèbres  du  dos  d'un  bœuf. 

Ce  mot  vient  de  i/c)//àOT ,  qu^on  adit  pour  dorfum. 

MÉNAGE. 

Dos  fe  dit  encore ,  en  Anatomie ,  d'une  partie 
du  nez.  La  partie  du  nez  qui  eft  fous  la  racine  du 
nez,  &  qui  eli;  obfcure  &  immobile,  s'appelle  le 
dos  du  nez.  Dionis.  Le  dos  As  la  main  eft  la  partie 
extérieure  de  la  main  ,  oppofée  à  la  paume  de  la 
main.  Le  dos  du  pied  eft  la  partie  oppofée  à  la 
plante. 

On  dit ,  en  Manège  ,  Monter  un  cheval  à  dos  j 
ou  à  dos  nu  j  pour  dire  ,  le  monter  fans  felle  &  à 
^oû.  Nudum  equi  tergum, 

Dos ,  le  dir ,  fîgurément ,  de  plufieurs  chofes  qui  ont 
un  devant  &  un  derrière.  Le  dos  d'une  maifon  , 
contre  lequel  on  dit  qu'une  autre  maifon  eft  adojjée. 
Le  dos  d'un  lit.  Le  dos  d'un  couteau  j  d'une  épée  , 
c'eft  le  côté  oppofé  au  taillant.  Le  dos  d'un  livre  j 
c'eft  le  côté  par  ori  il  eft  relié.  On  dit ,  Ecrire  au 
dos  d'un  papier  ,  d'un  parchemin  ,  pour  dire  fur  le 
revers.  Le  dos  à'ane  chaife,  c'eft  la  partie  fur  la 
quelle  on  s'appuie  le  dos  ,  liège  à  dos. 

On  appelé  dos-d'ane ,  un  corps  qui  a  deux  fur- 
faces  inclmces  l'une  vers  l'autre ,  qui  aboutillent  en 
•pointe.  Dorfum.  Il  y  a  des  combles  de  maifons, 
dont  les  uns  font  en  dos-d'âne  ,  tcclum  ow  fasti^ium 
anguUtum ,  &  les  auttes  en  appentis ,  en  terralîe. 

Dos  DE  Bahut  ,  on  Dos-d'Ane,  en  Jardinage, 
c'eft  une  couche  ,  ou  planche  élevée  en  forme  pref- 
que  ronde ,  pour  faire  écouler  les  eaux.  Voye\ 
Ados. 

"Dos-de-Carpe  ,  fe  dit ,  aufli ,  en  termes  de  Jardinage  , 
de  la  manière  d'élever  les  terres  dans  les  plates-ban- 
des des  parterres ,  &  qu'on  deftine  à  contenir  des 
fleurs.  Le  dos-de-carpe  a  beaucoup  d'agrément  dans 
ces  fortes  de  pièces.  Liger.  -Doj-de-bahut ,  dos-de- 
carpe  ,  en  Latin  ,  areola  arcuata.  Id. 

Dos.  Terme  de  Conchyliologie.  C'eft  la  partie  pofté- 
rienre  de  la  coquille  ,  qui  eft  la  même  chofe  que  le 
talon. 

Dos.  TermedeManufadure  de  Lainerie.  On  appelle 
le  d.çs  d'un  drap  ,  d'une  ferge,  ou  d'une  autre 


DOS 

étoffe  de  laine,  la  partie  qui  eft  oppofée  aux  lifières. 
On  dit  plus  ordinairement  faîte. 

LAVER  A  DOS ,  fe  dit  des  toifons  des  brebis  &  de« 
moutons ,  qu'on  lave  fur  le  dos  de  l'animal  avant 
que  de  les  couper. 

Dgs,  fe  dit,  aufli ,  de  la  furface  de  la  mer. 

ADOS.  Terme  de  Vigneron.  Ce  font  des  efpèces  de 
couches  que  l'on  fait  dans  les  nouveaux  plants  de 
vignes  ,  &  fur  lefquels  on  féme  des  poids ,  des  fè- 
ves ,  ou  autres  menus  grains.  Semer  des  ados. 

A  DOS  ,  ie  dit ,  adverbialement.  A  tergo.  Avoir  un 
homme  à  dos ,  c'eft ,  Avoir  un  ennemi ,  qui  cherche 
tous  les  moyens  de  nuire. 

On  dit  à  une  perfonne  qu'on  chaffe.  Vite  ,  tour- 
nez-moi le  dos  ;  Terga  ventre.  Qu'un  homme  a 
tourné  \e dos  en  une  bataille;  pour  dire  ,  qu'il  s'efl 
enfui;  &  ,  dans  les  affaires,  qu'il  a  tourné  le  dos  ; 
pour  dire ,  qu'd  a  refufc  de  faire  ce  qu'on  defiroic 
de  lui.  On  dit ,  aulfi  j  la  Fortune  lui  a  tourné  le 
dos  ;  pour  dire  ,  s'efl  déclarée  contre  lui.  Quand  un 
Courtifan  est  difgracié  ,  tous  fes  amis  lui  tournent 
le  dos.  Cétoit  fait  de  la  pauvre  Ariane  à  qui  Théféa 
avoir  tourné  le  dos.-^ms.  On  dit ,  auffi ,  On  a  fait 
tomber  cette  accufation  fur  le  dos  d'un  miférable. 
Ce  Ministre  a  toutes  les  affaires  de  l'Etat  fur  \edoSy 
pour  dire  ,  qu'il  est  chargé  de  toutes  les  affaires. 
Impojitum  humeris pondus  gestare.  Il  n'eut  pas  fi"«;ôt  le 
dos  tourné  ,  que  ,  &c. 

On  dit ,  proverbialement  J  qu'on  a  mis  des  gens 
dos-k-dos  ,  quand  ,  dans  une  fentcnce  ou  un  accom- 
modement ,  ils  n'ont  point  eu  d'avanr.age  l'un  lue 
l'autre.  On  dit ,  des  gens  qui  aiment  leurs  aifes  SC 
la  bonne  chère  ,  qu'ils  font  toujours  le  dos  au  feu  , 
&  le  ventre  à  la  rable.  On  dit ,  d'un  homme  qu'on 
a  battu  ,  qu'il  a  été  battu  dos  &  ventre  ,  qu'on  lui 
en  a  donné  fur  le  dos  &  par-tout.  On  dit ,  pour  ex-« 
primer  la  pauvreté  d'une  perfonne  ,  qu'elle  n'a  pas 
une  chemife  fur  fon  dos.  On  dit ,  aulli ,  d'une  p;rte, 
d'un  déchet ,  que  cela  ira  fur  fon  dos  ;  pour  dire  , 
que  cetii  perte  ira  fur  fon  compre  :  qu'un  homme  a 
bon  dos  ;  pour  dire  ,  qu'il  a  le  moyen  de  faire  les 
frais  de  quelque  entrepnfe ,  de  quelque  partie 
qu'on  veut  faire  tomber  fur  lui.  On  dit ,  aufli ,  d'un 
homme  qui  fait  l'important ,  que  c'eft  un  gros  dos^ 
&  qu'il  ?ait  le  gros  dos.  On  dit,  aufli,  Faire  la  bête  à 
deux  dos.  Il  le  laiffe  tondre  la  laine  lur  le  dos.  Il 
fouffre  avec  patience  ,  fans  chercher  à  fe  venger  , 
les  chofes  les  plus  fâcheufes.  On  dir ,  d'un  homme 
tout-à  fait  malheureux  ,  qu'il  eft  tombé  fur  le  dos , 
qu'il  s'eft  caffé  le  nez  ;  pour  marquer  que  les  cho- 
fes qu'il  auroit  le  moins  appréhendées  lui  font  ar- 
rivées. 

Dos.  Mot  du  vieux  langage  ,  qu'on  a  dit  pour  deux; 

DOSANAUS.  Voyei  DESANAUS. 

ifT  DOSE,  f  f.  Terme  de  Pharmacie.  Quantité  dé- 
terminée ,  par  poids  ou  par  mefure,  de  chacun  des 
ingrédiens  qui  doivent  entrer  dans  la  compofîtion 
d\in  médicament.  Medicamentl  j,medic£  potionis  mo~ 
dus.  Prefcrire  la  dofe.  Ce  n'eft  pas  affez  defavoir  les 
drogues  qui  entrent  dans  la  compofîtion  des  médi- 
camens  :  il  faut  j  de  plus  ,  en  favoir  la  dofe. 

|Cr  Dose  ,  fe  dir  encore  de  chaque  prife  de  la  quan- 
tité déterminée  du  médicament  que  le  malade 
prend  chaque  fois.  Partager  un  bol  en  plufieurs 
dofes. 

jtT  Dose  ,  fe  dit ,  par  extenfion  j  de  plufieurs  autres 
chofes.  Dofe  de  poivre  j  dofe  de  fucre  ;  &  ,  dans  un 
fens  figuré,  c/o/è  de jaloufie  ,  ^(i/è  d'amour,  &c. 

fCT  Dans  les  chofes  ordinaires  de  la  vie  j  on  dir, 
augmenter ,  doubler ,  diminuer  la  dofe.  Nous  n'a- 
vons pas  fufïîfamment  à  manger  ,  il  faut  doubler  la 
dofe  :  alors  le  mor  de  dcfe  s'exprime  en  Larin  par 
le  fubftantif  même  auquel  il  eft  joint ,  ou  par  le 
pronom  qui  tient  fa  place.  On  fait  une  taxe  fur  lui 
pour  raifon  de  fon  maniement  ;  mais  la  dofe  eft  un 
peu  trop  forte.  Son  teint  avoic  doublé  la  dofe  de  fosii 
incarnat  naturel.  5car., 


DOS 


"ton , 


D'encens  ,  qui  vient  di  ce  petit  cû 

Je  prife  plus  cent  Jois  la  moindre  dofe. 

Que    tout    celui  que  fournit   l'Héiicon. 

P.    DU    Cerc. 

Entre  les  animaux  ,  leur  Auteur ,  de  raifon  y 
A  qui  plus  ,  à  qui  moins  ,  départit  une  dole. 

Nouv.  en.  DE  Vers. 

Ce  mot  vient  du  Grec  «J'^^f,  qui  iignifie  la  même 
cliole.  NicoT. 

DOSER.  V.  a.  Terme  de  Médecine.  Mettre  une  cer- 
taine dofe,  ou  quantité  convenable  de  divers  in- 
grédiens  dans  un  médicament.  Medicamenti  modum 
ponere  ,  potioncm  medicani  temperarc.  Il  y  a  des  Au- 
teurs &  des  Difpenl'aires  qui  décrivent  le  même  re- 
mède ,  mais  qui  le  dofent  diverlement. 

DOSIL.  On  dit ,  auHi  doufd ,  &  du/il,  f.  m.  C'cft  le 
faucet  que  l'on  mec  à  un  tonneau.  Dans  quelques 
Coutumes  on  trouve  dojù  :  dans  Rabelais  ,  on  lit 
doujil^  &,  dans  quelques  Provinces ,  on  prononce 
aujourd'hui  dufil ,  fans  faire  fencir  1'/  finale,  /^oyq 
DUSIL. 

DOSITHEE.  f.  m.  Mom.  d'homme.  Dofuus.  Il  eft 
Grec,  formé  de  "sW  ,  &  i^cW,  Dieu  ,  Don  de  Dieu. 

DOSITHEENS.  Noms  d'anciens  Sedaires  dans  le 
parti  des  Samaritains.  Dojitheani.  li  ell  fait  men- 
tion dans  Origène  j  dans  Saint  Epiphane  ,  &  dans 
plulieurs  autres  Pères  Grecs  ,  auiii  bien  que  dans 
Saint  Jérôme,  d'un  certain  Dojàhée,  chet  d'une  fac- 
tion parmi  les  Samaritains  j  mais  les  Savans  ne 
conviennent  pas  entre  eux  du  temps  auquel  a  vécu 
ce  Dohthée.  Saint  Jérôme  J  dans  Ion  dialogue  con- 
tre les  Luciferiens  ,  le  fait  vivre  avant  Jésus- 
Crist;  &  il  a  été  fnivi  en  cela  par  Drufius ,  qui  , 
dans  fa  réponfe  à  Sérarius  ,  le  place  vers  le  temps 
de  Sennacherib  ,  Roi  des  Alfyiiens.  Mais  Scaliger 
prétend  qu'il  n^a  vécu  qu'après  Jesus-Christ.  Et  en 
effet,  Origène  ne  le  fait  vivre  qu'au  temps  des 
Apôtres.  Il  voulut ,  felo<:  lui ,  perfuader  aux  Sama- 
ritains,  qu'il  étoic  le  Meliie  prédit  par  Moife.  Il 
■  eut  des  Sedateurs ,  &C  fa  Seéle  fubliftoit  encore  dans 
Alexandrie  au  temps  du  Patriarche  Eulogius  , 
comme  on  le  voit  dans  un  décret  de  ce  Patriarche  , 
que  Photius  a  rappor:é  dans  fa  Bibliothèque.  Eulo- 
gius y  accufe  Doluhée  d'avoir  traité  injuriculement 
les  Patriarches  &  les  Prophètes ,  s'attribuant  .t  lui- 
même  l'efprit  de  Prophétie.  Il  le  t^ait  contemporain 
de  Simon  le  Magicien.  Il  l'accule  aufli  d'avoir  cor- 
rompu ,  en  une  infinité  d'endroits  ,  le  Pcntateuque 
de  Moife ,  &  d'avoir  compofé  plufieurs  livres  qui 
écoient  entièrement  contraires  à  la  Loi  de  Dieu. 
UlFérius  d'Armach  a  cru  que  ce  Dofithée  eft  l'Au- 
teur de  tous  les  changemens  qui  ont  été  bits  dans  le 
Pentateuque  Hébreu  des  Samaritains  :  ce  qu'il 
prouve  par  l'autorité  d'Eulogius.  Mais  on.ne  peut  in- 
férer autre  chofe  du  témoignage  d'Eulogius ,  finon 
que  Dofithée  a  corrompu  les  exemplaires  Samari- 
tains qui  ont  été  depuis  à  l'ufage  de  ceux  de  fa  l'eéle. 
Cette  corruption  n'a  pas  palfé  dans  tous  les  exem- 
plaires du  Pcntateuque  Hébreu  Samaritain  que  nous 
avons  encore  aujourd'hui  j  &  qui  eft  peu  ditiérent 
du  Pentateuque  Hébreu  des  Juifs.  Et  c'eft  auili  en 
ce  fens-là  qu'on  doit  expliquer  ee  qu'on  lit  dans 
une  Chronique  Samaritaine  écrite  en  Arabe  ,  où  il 
eft  dir  que  Doufis ,  c'eft-à-dire  ,  Dofithée  ,  a  changé 
plufieurs  chofes  dans  la  Loi  de  Moïfe.  L'Auteur  de 
cette  Chronique,  qui  étoit  Samaritain  de  Religion  , 
ajoute  que  leur  grand  Sacrificateur  envoya  plufieurs 
Samaritains  pour  i"e  faifir  de  Douiîs,  &  de  fon 
exemplaire  corrompu  du  Pentateuque.  On  remar- 
quera que  Dojlai  &  Dojnheos  ne  font  point  deux 
noms  de  petfonnes  diftérentes ,  comme  Jofeph  Sca- 
liger l'a  alfuré  dans  une  de  fes  lettres  à  Drufius.  Il 
eft  vrai  qu'il  y  a  eu  plufieurs  perfonnes  qui  ont 
porté  le  nom  de  Dofithée  \  mais  toute  la  différence 
qu'il  y  a  entre  Doftai  &c  Dofîtheos  ,  c'eft  que  Do- 
fttheos  eft  un  mot  Grec ,  &  Dostai  eft  formé  de  la 


ij  OS  43^ 

langue  Chaldaïque  ,  qui  a  été  autrefois  commune 
aux  Juifs  &  aux  Samaritains.  Au  tefte  ,  les  anciens 
Ecrivains  Ecclefiaftiques  ne  conviennent  pas  cout-à- 
fait  entre  eux  fur  ce  Dojuhee.  Saint  Epiphane  a  cru 
qu'il  étoit  de  race  Juive,  &  qu'il  avou  abandonné 
le  parti  des  Juits  pour  embrallèr  celui  des  Samari- 
tains. Selon  lui ,  ce  Dofithée  eft  l'Auteur  de  la  Seéfe 
des  Saducéens,  ce  qui  ne  peut  pas  êtrç  j  s'il  n'i 
vécu  qu'après  J.  C.  Cependant  le  Jéfuite  Sérafius , 
dans  Ion  livre  2.  des  Sectes  des  Juifs ,  chapitre  10. 
fait  Dolithée  maître  de  Sadoc,  dont  font  venus  les 
Saducéens.  TertulJien  a  fait  auifi  mention  de  Dofi- 
fithée,  &  il  prétend  qu  il  a  été  le  premier  qui  aie 
olé  rejeter  l'autorité  des  Prophètes ,  niant  leur  inf- 
piration  :  Dojitheus  primus  aufus  est  Proph^tas 
quaji  non  Spiritu  Jdncto  locutos  jepudiare.  Il  a  fait 
à  ce  Seélaire  un  crime  d'une  chofe  qui  eft  com- 
mune à  tous  les  Samaritains,  lefquels  n'ont  jamais 
reçu  comme  divins  que  les  cinq  livres  de  Moife. 

DOSNO  YER.  V.  n.  Vieux  mot.  Palfer  le  temps  ,  ba- 
diner ,  niaifer.  Glojj.  des  Puéf.  du  Roi  de  Navarrei 

DOSSAGE.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  C'eft  un  droit 
&  un  tribut  qui  le  levoic  en  argent. 

DOSSAL.  f.  m.  Manteau.  C'eft  un  ancien  mot  qui 
n'eft  plus  d'ufage  il  y  a  long  temps.  Pallium.,  Dof- 
fale.  Louis ,  fils  de  Bofon  ,  fe  rendit  le  maître  fi  ab- 
lolu  de  l'Abbaye  de  Saint  André-le  bas-de  Vienne  j 
qu'il  en  eft  appelé  le  Redieur ,  &  les  Moines  les 
Clercs  ,  en  deux  chartes.  En  effet  j  il  en  détacha  lei 
domaine  de  Creicentien  pour  le  donner  au  Comte 
Hugues  fon  coufin  ,  &  ,  le  rcftituant  depuis  à  cette 
Abbaye  ,  ce  fut  par  voie  de  vente  ,  £k  non  de  fim- 
ple  delailnjrtent.  Le  prix  en  fut  un  manteau  broché 
d'or  ,  dont  le  nom  vulgaire  étoit  alors  celui  de  dof- 
fal ,  Pallium  aura  contextum ,  quod  vuigb  dicunc 
Dojjale.  Chorier.  Le  Dojjal  n'étoit  propre  qu'aux 
hommes  de  la  plus  fublime  condition.  Id. 

Ce  mot  vient  de  dos  ,  3c  fe  donnoit  à  un  man- 
teau ,  parce  qu'il  fe  portoitfur  le  dos  ,  qu'il  couvroic 
principalement  le  dos.  Peut-être  écoit-il  femblable 
.1  ces  habiilemens  de  théâtre  que  l'on  donne  aux 
Rois  dans  les  Tragédies  j  &  que  nous  appelons 
mante. 

DOSSE.  f.  f.  Grofte  planche  de  bois  qui  fert  à  des 
clôtures  &  à  d'autres  ufiges.  On  le  dit  particulière- 
ment des  planches  qui  ne  font  fciées  que  d'un  côté  , 
&  qui  de  l'autre  ont  quelque  aubier  ou  écorce, 
ou  qui  font  fort  inégales.  On  les  appelle  doyejlache^ 
Quand  on  a  équarri  un  arbre  ,  la  première  planche 
qu'on  en  retire  de  chaciue  côté  en  le  Iciant ,  eft 
une  dojfe. 

On  appelle  j  en  particulier,  les  planches  d'un 
batteau  des  dojfes  ,  parce  que  ces  fortes  de  planches 
ne  font  fciées  que  d'un  côté. 

DOSSERET.  f.  m.  Terme  d'Architedure.  Petit  jam- 
bage ,  petit  pilaftre  faillant  qui  fert  à  foutenir  des 
voûtes  Se  des  portes ,  ondes  fenêtres  ,  dont  il  fait 
le  piédroit.  Parastata.  On  appelle  dojjeret ,  ou  doj- 
/ler  de  cheminée,  un  petit  exhauirement  de  mur  de 
pignon  ,  ou  face  avec  ailes ,  pour  retenir  une  Tou- 
che de  cheminée.  Erecta  fuhstentando  camin:  fpira- 
culo  pila. 

DOSSIER,  f.  m.  Partie  d'un  banc ,  d'une  chaife  ,  où 
l'on  appuie  fon  dos  \  &  fe  dit ,  tant  du  bois  que  de 
l'étoffée  qui  le  couvre.  Pars  ïlla  fedilis  eut  dorfum 
applicatur.  On  dit ,  auffi ,  le  do[Jier  d'un  lit ,  tant  des 
planches  qui  foutiennent  le  chevet ,  qui  joignent 
les  deux  colonnes  de  derrière  ,  que  de  la  garni- 
ture d'étoffe  qui  les  couvre.  On  le  dit ,  encore  ,  d'un 
ouvrage  de  menuiferic  ,  contre  lequel  on  adoile 
cjuelque  choie  ,  comme  la  chaire  d'un  Prédicateur  : 
c'eft  auifi  la  partie  qui  fert  de  fond  à  un  buffet.  ■ 

Ce  mot  fe  dit ,  auili ,  par  les  Selliers-Carrolliers  , 
fin  fond  du  carrolfe  ,  contre  lequel  on  s'appuie  le 
dos;  mais  les  honnêtes  gens  àK'SiiX  Jvnd.  Pars  illa 
currus  cui  dorfum  nitiiur. 

Dossier  ,  eft  auffi  un  terme  de  Vannier.  Il  fignifie  1,-i 
.  partie  de  k  hotte  qui  pofe  fur  le  dos  de  celui  qui 


440  DOS     DOT 

la  porte.  Sporcut.  pars  plcna  qus,  dorfo  imcumblt.  Le 
dojfier  d'une  hotte. 

Dossier,  en  teimes  de  Palais -,  sft  une  liafle  de  piè- 
ces attachées  avec  un  tiret  de  parchemin.  Fafckuius. 
Le  Juge  a  ordonné  que  les  parties  mettroient  leurs 
dojficrs  lur  le  Bureau  fans  piodudion.  Dans  cette 
prodadtion  il  y  avoir  tant  de  dajjiers  cotés  aux  dos , 
depuis  a  julqu'à  /. 

%fT  Quelquefois  on  entend  j  par  dojjier ,  la 
feuille  de  papier  qui  couvre  une  iialfe  de  pièces 
pliées  en  deux  ,  avec  lefquelles  elle  eft  attachée.  On 
l'appelle  aulli  coizq  àw  dojjlcr ^  parce  que  les  noms 
des  Parties  y  font  cotés. 

On  appelle  ,  en  Anacornie  j  le  grand  dojjlcr ,  un 
des  mufcles  qui  font  mouvoir  le  br?.s  en  bas , 
qu'on  nomme  autrement  le  grand  rond  j  ou  îe 
gratte- cul. 

Dossier.  Terme  d'Horlogerie.  Ce  font  les  deux  pla- 
ques qui  tiennent  une  lime  droite,  pour  régler  la 
■  profondeur  d'une  denture. 

DOSSIERE,  f.  f.  Eft  une  partie  du  harnois  d'un  limo- 
nier de  charrette  ,  dans  laquelle  on  engage  les   li- 
"inons ,  'c<.  qui  patfe  par-dellus  la  felle.  Darjualia. 

DOT. 

DOT.  f.  f.  Il  faut  toujours  prononcer  le  t.  Somme  de 
deniers  aOignés  à  une  fille, .quand  on  la  pourvoit , 
foit  par  mariage  j  foit  par  entrée  en  Religion.  Dos. 
A  l'égard  du  mariage  ,  c'ell;  plus  particulièrement  ce 
qui  eft  donné  au  mari  par  la  te  m  me  ,  ou  par  quel- 
que autre  perfohne  que  ce  foir ,  pour  en  avoir  1  ufu- 
fruit  pendant  le  mariage ,  afin  d'en  fiipporter  plus 
aifément  les  charges.  En  Normandie ,  la  dot  d'une 
îemme  eft  alfuréè,  elle  eft  inaliénable.  En  pays  de 
Droit  Ecrit ,  il  y  a  un  augment  de  dot  que  donne  le 
mari  j  qui  répond  au  préciput  qu'on  donne  ailleurs 
La  vertu,  la  naillance  j  la  beauté  de  cette  Prince'fe 
ï^ouvôient  lui  fervir  de  dot.  LeGend. 

Les  marier Jahs'^ol^  ceta  n  est  plus  d'ufage. 
Je  trouverois  ce  mot  aujjî  beau  qu'Harpagori. 

On  l'aprofcrit  j  c'est  grand  dommage. 

Que  n'est- il  encor  dejaifon  ! 

Nouv.  CHOIX  DE  Virus. 

^iZr  Cet  avantage  n'est  point  fait  à  la  femme  par 
'îe  mari  pour  la  récompenfer ,  comme  quelques-uns 
le  difent ,  des  biens  qu'elle  lui  a  apportés  en  dot , 
-puifque  le  douaire  eft  accordé  à  celle  qui  n'a  rien 
apporté  eh  mariage,  ou  qui  n'a  point  réellement 
apporté  en  dot ,  ce  qu'elle  ou  une  autre  perfonne 
avoit  promis  d'apporter  ati  mari.  Ferr. 

|(C?  Le  douaire  n'eft  pai  non  plus  fondé  ,  fur  la 
raifon  qu'en  donne  C\.\):is  ,  r/t prxmium  haheat  dc- 
jîorata  virginitatis  j  puifque  les  femmes  veuves  qui 
ie  remarient ,  ont  un  douaire  ,  aulîi-bien  que  celles 
qui  contraétent  leur  premier  mariage. 

IJCJ"  D'ailleurs  ,1a  confommation  du  mariage  n'eft 
pas  nécetTaire  pour  le  gain  du  douaire ,  excepté 
dans  quelques  Coutumes  ,  qui  portent  exprelfe- 
ment ,  qu'au  coucher  ,1a  femme  gagne  fon  douaire. 

^f^  On  peut  dire  ,  avec  plus  de  raifon  ,  que  cet 
avantage  eft  fait  par  le  mari  à  la  femme  ,  afin  que 
celle  qui  contracte  mariage,  foit  fûre  d'avoir  des 
alimens  fur  les  biens  de  fon  mari ,  pour  la  récom- 
penfer des  foins  &  des  peines  qu'elle  prend  pour 
fon  ménage  ,  pour  élever  fes  enfans ,  &  pour  l'aug- 
mentarion  &  la  confervation  des  biens  communs. 

ifT  Quelques  -  uns  remarquent  que  le  mot  de 
dot  ne  devroit  erre  employé  qu'en  Pays  de  Droit 
Ecrit  y  pour  fignifier  ce  qu'une  femme  apporte  en 
mariage  à  fon  mari  ,  pour  en  foutenir  les  charges. 

i'fT  La  raifon  qu'en  Pays  Coutumier  une  femme 
n'apporte  point  de  dot  a  fon  mari ,  eft  que  le 
douaire  que  fon  mari  lui  conftirue  ,  eft  {a  véritable 
dof^  ce  que  nos  premiers  François  retinrent  des 
Allemands  ,  qui  en  ufoient  ain(i.  Dotcm  non  uxor 
tnarito  ,  fed  uxori  maritus  offert,  Tacit.  de  morib; 


DOT 

Germ.  Ainfi  ce  qui  eft  dit  en  plufieurs  endroits  , 
qu'il  ne  doit  point  fe  taire  de  mariage  (ans  dot , 
fe  doit  entendre  du  douaire  conftuué  par  le  mari  ,, 
au   profir  de  fa  femme,   f^oye^  Douaire. 

iér  L'ufage  ,  qui  eft  le  tyran  des  langues  ,  a  pré- 
valu ,  &  on  donne  toujouisau  Pays  Coutumier  le 
nom  de  dot ,  à  ce  que  la  femme  apporte  à  ion 
mari. 

0CF  On  appelle  aufll  c/or,  quelquefois ,  ce  que 
le  mari  donne  à  fa  femme  ,  en  faveur  du  mariage, 
ou  le  douaire  qu'il  lui  conftitue. 

§3°  On  appelle  encore  dot  ^  ce  que  l'on  donne 
pour  la  fondation  &  entretien  des  Eglifes ,  ou  éta- 
bliftemens   de  charité, 

l/CT  Enfin,  l'on  appelle  fl'or,  ce  que  l'on  donne 
à  un   monaftère  pour  l'entrée  en  Religion. 

Chez  les  Allemands ,  c'étoit  autrefois  la  coutume 
que  le  mari  apportât  une  dot  à  fa  femme.  Aujour- 
d'hui l'afige  eft  changé  j  mais  les  filles  de  qualité 
n'ont  qu'une  dot  fort  modique.  Par  exemple  ,  les 
Princeifes  de  la  Maifon  Eleétoralede  Saxe,  ont  feu- 
lement 30000  écus  ;  celles  des  autres  branches  de 
la  même  Maifon  10000  florins  y  les  PrincetTes  des 
Maifons  de  Brunfwic  &  de  Bade  15000  florins  j 
&  une  fomme  pour  les  habirs ,  les  bijoux  &  l'é- 
quipage. 

Le  VIF  Concile  Général  ,  qui  eft  le  fécond  de 
Nicée,  défend  la  fimonie  pour  la  réception  dans 
les  Monaftères  ,  comme  pour  les  ordinations  ;  mais 
ce  que  les  parétis  donnent  pour  dot,  ou  que  le 
Religieux  apporte  de  fes  propres  biens  ,  demeurera 
au  Monaftère  ,  foit  que  le  Moine  y  refte  ,  ou  qu  il 
en  forte  ,  fi  ce  n'eft  pas  la  faute  du  Supérieur. 

En  France  ,  la  dot  des  perfonnes  qui  entrent  dans 
les  Monaftères  ,  pour  y  faire  profeflion  de  la  vie 
Religieufe  ,  eft  réglée  par  l'Ordonnance  du  Roi  du 
18  Avril  1693.  La  ^or qu'on  donne  pour  entrer  dans 
les  Monaftère  des  Carmélites  ,  des  filles  de  Sainte 
Marie ,  des  Urfulines  ,  &  autres  qui  ne  font  pas 
fondés,  &  qui  font  établis  depuis  1600,  en  vertu 
de  Lettres-Patentes  regiftrées  aux  Parlemens,  tient 
lieu  de  la  penfion  viagère,  qu'il  eft  permis  d'exiger 
de  celles  qui  entrent  dans  ces  Monaftères  j  &  cette 
dot  ne  doit  pas  excéder  la  fomme  de  huit  mille 
livres  dans  les  villes  où  il  y  a  Parlement,  Se  celle  de 
fix  mille  livres  ailleurs. 

On  écrit  plus  ordinairement  ^or;  Se  l'autorité  dé 
M.  Patru  j  qui  écrivoit  dote  ,  ne  l'a  point  emporté 
fur  le  plus  grand  nombre  des  Ecrivains  j  qui  faic 
l'ufage  dans  les  langues.  On  écrit  c/ow  au  pluriel, 
qui  fe  dit  rarement. 

Le  mot  de  dot  eft  formé  du  Latin  dos ,  dotis  aa 
génitif. 
DOTAL,  ALE.  adj.  Qui  appartient  à  la  dot,  qui  en 
fait  patrie.  Dotalis.  La  quittance  des  deniers  dotaux 
doir  être  à  la  fin  du  contrat  de  mariage.  Le  domaine 
du  fonds  dotal  pafte  au  mari ,  mais  d'une  manière 
révocable  ,  dit  M.  Wernher:  de  forte  que  le  mari 
eft  obligé  de  le  reftituer  en  efpèce  ,  après  la  dilfo- 
lution  du  mariage  ;  ce  qui  ne  fouffre  aucune  diffi- 
culté ,  quand  les  fonds  dotaux  n'ont  point  été  efti- 
més  par  le  contrat  de  mariage.  Journ.  dés  Sav. 
lyzi./?.  254.  La  loi  54.  aU  Digeft.  De  jure  dotium  j 
répute  biens  dotaux  ,  les  fonds  qui  ont  été  ac- 
cjuis  de  l'argent  donné  en  dot  à  la  femme  Ibid. 
p.  255. 
DOTATION,  f.  f.  Terme  de  Jurifprudence  j  fignifie 
en  général  l'aéfioh  de  doter ,  &  quelquefois  les  biens 
donnés  en  dot.On  le  dit  particulièrement  des  fonds, 
des  revenus  aflignées  à  une  Eglife  ,  à  une  Commu- 
nauté, à  un  Hôpital  ^  &  de  ce  qu'on  donne  aux  Re- 
ligieux &  aux  Religicufes  pour  leur  entrée  en  reli- 
gion. Dotatio  l  dotis  ajjignatio.  Dotation  d'une  Egli- 
fe. Ce  que  les  Fondateurs  ont  cru  fuffifant  pour  fa 
dotation,  le  doit  être  pour  fa  fubfiftance  ,  Mémoi- 
res pour  S.  Germain  r Auxerrois.  ManoRry  Plaid. 
Jacques ,  Roi  d' Arragon  ,  envoya  prier  le  Pape  Gré- 
goire IX  d'ériger  à  Majorque  une  Eglife  cathédrale , 
&  d'y  ordonner  un  Evêque  •■,  à  quoi  le  Pape  répon- 
du V 


D  O  U 

èh:  une  Eglife  cathédrale  doit  être  dotée  inagnifi-l 
quement,  afin  que  l'Evcque  &  le  Chapitre  ioient! 
honorablemement  entretenus  :  autrement  la  dignité 
Epifcopale  y  feroit  avihe.  Or  li  ne  nous  a  point  en- 
core apparu  de  la  Joucion  de  l'EgUle  de  Majorque  j 
ceil  pourquoi  naus  avons  diftcic  l'eliet  de  votre 
«demande.  La  lettre  ell  du  lo  Décembre  1150.  Le 
Pape  toutefois  l'accorda  fept  ans  après,  fleury,  Hiji. 
Ecd. 

gCT  Lxdotadon  d'une  Eglife  ,  eft  un  des  moyens 
par  lesquels  on  acquiert  le  droit  de  patronage. 

Patronum  faciunt  dos  ,  £,difi-:aûo  j  fundus. 

DOTEKOM.  Petite  ville  des  Provinces-Unies  dans  le 
Comté  de  Zutphen.  Douchemum.  Elle  ell  fituée  fur 
le  vieux  Ilfel ,  à  deux  lieues  de  fon  embouchure 
dans  le  Rhin. 
DOTER,  v.  a.  A(Tîgner  à  une  fille  des  deniers  pour  la 
marier, ou  pour  la  rendre  Rcligieufe. i^jwre.  Quand 
on  a  débauché  une  fille  de  famille  on  la  doit  epou- 
fer  ou  doter. 
DorER,  fignifie  aufïï,  fournir  des  deniers,  ou  afll- 
gn^r  des  revenus  pour  l;s  fondations  des  Egliiesou 
des  Bénéfices.  LJn  Prélat  ne  doit  point  benir  ou  con- 
facrer  une  Eglife  qu'elle  ne  foi:  dotse.  Les  Rois  ont 
doté  les  Abb.iyes  qu'il  ont  tondccs  ,  de  grands  rêve 
nus. 
Doté  ,  ée.  parc.  Dotacus. 

DOTrlA,  D.>rHAM,  ou  DOTHAN.  Ville  de  la 
terre  de  Chanaan ,  ou  de  la  Terre-Sainte  ,  fuuée 
dans  le  pays  de  Oochain  dont  nous  allons  parler  _,& 
auquel  elle  donnou  le  nom.  Dotha.On  la  contond 
ordinairement  avec  Dothain  ;  mais   on  le  trompe. 
Dotha-2  elt  une  ville,  comme  il  p.iroit  par  le  qua- 
trième Livre  des  Rois  VI.  13.  &  les  frères  de  Joleph 
ne  pailfoient  airurérnsnt  pas  L'urs  troupeaux  dans 
une  ville,  mais  dans  les  cainpignes  de  cette    ville. 
C'eft  dans  Dothan  qne  les  Syriens  aiîîégèrent  Eliféej 
4*^  l.iv.des  Rois,  VI.  ij.  Cette  ville  fubfilloit  en- 
core du  temps  de  S.  Jérôme  ,  qui  dit  quelle  étoit  à 
douze  mille  de  Sebafte  au  No'.d, 
DOTHAÏN.  Prononcez  en  tiojs  fyllabas.  Petite   con- 
trée de  la  terre  de  Chanaan.  Dotàain,  Dothanu^ 
ager.  C'eft  ïDothdin  queJofeph  trouva  fes  frères  , 
qu'ils  le  jetèrent  dans  une  vieille  citerne  ,  &  qu  ils 
le   vendirent    aux  Marchands    Ifmaclites.    Gcntje. 
XXX VIL   17  (S- y«/V.  C'étoit  un  pays  plat ,  &    des 
campagnes  où  il  y  avoir  des  pàcurages  pour  les  trou- 
peaux. Il  étoit  dans  la  Tribu  de  Zabulon  ,  au  nord 
du  pays  de  Sichem  Hc  de  Samarie  ,  à  un  mille  de  Bé 
thulie,  dit  le  P.  Lubin  ,  &  à  douze  de  Samarie.  Cor- 
neille écrit  DûCHAiN  ,  ou  Dothain.  C'eft  une  erreur. 
Il  cite  le  voyage  du  P.  Roger  ,  qui  dit  toujours  Do- 
thain j  &  jamais  Dochaïn, 
DOTIS.  Ville  de  Hongrie  que  Maty  appelle  Dotes  j 
Dotis ,  ou  Tai^  ;  &  M.  Corneille  ,  Dotis  ,  Fatis  j  ou 
Tota.  Elle  eft  dans  le  Comté  de  Javarin  ,  félon  celui 
ci ,  &  dans  le  Comté  de  Comore  ,  félon  l'autre.  Voy. 
TATA. 
DOTO.  f  f.  Nymphe  ,  fille  de  Nérée  &  deDoris.  Héf. 
Théog.v-  14^.  Virg.  Enéïd.  L.IX^v.  loz.    Faler. 
"■         '  '  I ,  V.  154.  Dota. 


D  O  U  441 

en  particulier  dans  Strabon  &  dans  Ptoîomée.  Frc- 
degaire  ,  L.  dtrnier ,  C  26  &  Jonas  ^  dans  la  vie 
de  S.  Colomban  ,  l'appellent  Dova.  L'Auteur  de  la 
vie  deSainre  Salaberge,  contemporain  deDagobert, 
le  nomme  Duvius  ,  Guillaume  le  ]}>ïQioa.Duher. 

Le  Dou  eft  une  grande  rivière  de  la  Franche - 
Comté  ,  qui  a  fa  fource  au  mont  Jura  ,  près  de  la 
grande  Combe.  Elle  coule  du  midi  au  feptentrion  , 
jufqu'à  Sainte  Urfanne  aux  confins  de  l'Evêché  de 
Bâle  ;  puis  tourne  tout  à-coup  du  feptentrion  au 
midi ,  jufqu'.!  S.  Hippohte ,  où  elle  remonte  du 
midi  au  nord  :  enfuite  elle  rabat  au  midi 


cou 


Place.  Argon.  L. 


DOU. 


D'OU  ,  adv.De  quel  lieu  ,  de  quel  endroit.  Unde.D'oh 
venez-vous?-D'oi  vous  font  ces  attraits  venus  ?  Voy. 
Où. 

DOU.  Le  Dou.  Quelques-uns  écrivent    Doux  ^  Le 
Doux  ;    c'eft  une  faute  ,  félon  Hadrien  de  Valois 
&c  félon  d'autres  encore.  Ils  ont  railon:  l'origine  <5c 
la  prononciation  brève  de  ce  nom  demandent  qu'on 
écrive  Dou  ,  &:  non  pas  Doux  ,  en  Latm  Duh'is.  On 
lit,  dans  le  premier  livre  desCommentaires  de  Céfar, 
Alduahis  ,  &,  en  d'autres  exemplaires,  AlduadubiSy 
Alduatdufms  i  Alduafdalis\  mais,  félon  la  remarque! 
de  Valois,  le  véritable  mot  eft  Duhis   :  c'eft  ainfi; 
qu'il  fe  lit  dans  les  Hiftoriens  &;  les  Géographes ,  &i 
Tome  IIL 


.le 
plus  loin  qu'elle  n'a  fait  de  fa  fource  au  nord ,   &C 
fe  décharge  dans  la  Saône  au-deftous  de  Verdun ,  ea 
forte  qu  elletorme  J  par  fon  cours,  la  figure  d'un  Si- 
phon ,  dont  la  féconde  branche,  qui  eft  à  l'occi^ 
dent ,  eft  plus  longue  que  la  première  qui  eft  à  l'o- 
rient. LeDou  arrofe  Mortau  ,Sainte-Urfanne ,  Saint- 
Hippolite  ,  Mandeure ,  Chaftelot ,  Leile ,  Clerval, 
Bel'ançon  j  Dole  &  Verdun, 
DOU.  1.  m.  Le  peuple  du  Dauphiné  nomme  ainfi  le 
fiel  des  animaux  ,  par  une  annphrafe  tirée  des  Grecs, 
qui  le  nomment  aulli  yAuxôs-  ^  ^-  ce  mot  fignifie  doux. 
Chorrier.  Il  talloit  dire  ,  par  une  annphrafe  fem- 
blable  à  celle  des  Grecs  :  mais  cet  Auteur  eft  per- 
fuadé  que  les  Celtes ,  peuple  du  Dauphiné  j  ont  par- 
lé Grec  J  (k  ont  pris  pluheurs  exprellions  de  cette 
langue. 
DOUAIRE.  {.  m.  Biens  que  lemariaffigne  à  fa  femme 
en  le  mariant ,  pour  en  jouir  par  ufufruit  pendant 
fa  viduité  j  &  en  lailfer  la  propriété  à  fes  enfans. 
Uiufruit  d'une  certaine  portion  des  biens  du  mari, 
que  la  femme  doit  prendre  quand    elle  furvit.  Ufus 
Jruclus  certi  cujujdam  partis  bonorum  mariti  qu^fu- 
perjliti  uxori  conceditur.  Cet  avantage  n'eft  point  fait 
à  la  femme  j  par  le  mari  pour  la  récompenfer ,  com- 
irc  quelques-uns  le  difent,  des  biens  qu'elle  lui  a 
apportés  en  dot  ,  puifque  le  douaire  eft  accordé  à 
celle  qui  n'a   rien  apporté  en  mariage,  ou  qui  n'a 
point  réellement  apporté  en  dot  ce  qu'elle  ,  ou  uns 
autre  perfonne  ,  avoir  promis  d'apporter  au  mari. 
Ferr. 

ifT  Le  douaire  n'eft  pas  non  plus  fondé  fur  la 
raifon  qu'en  donne   Cujas  ,  utprtzmium  habeat  de- 
fiorats,  virginitatis  ;  puifque  les  femmes  veuves , 
qui  le  remarient,  ont  un  douaire ,  au(Ti-bien  que  cel- 
les qui  contradtent  leur  premier  mariage. 

§C?  D'ailleurs  la  confommation  du  mariage  n'eft 
pas  nécelfaire  pour  le  gain  du  douaire  ,  excepté  dans 
quelques  Coutumes  ,  qui  portent  exprelfémenc 
qu'au  coucher  la  temme  gagne  fon  douaire. 

IfT  On  peut  dire  ,  avec  plus  de  raifon  ,  que  cet 
avantage  eft  fair  par  le  mari  à  la  femme,  afin  que 
celle  qui  contrade  mariage  foit  fûre  d'avoir  desali- 
mens  fur  les  bjens  de  fon  mari,  pour  la  récompen- 
fer des  foins  &  des  peines  qu'elle  prend  pour  fon 
ménage  ,  pour  élever  fes  enfans ,  Se  pour  l'augmen- 
tation &C  la  confervation  des  biens  communs. 

Le  douaire  préjîx ,  eft  celui  qui  confifte  en  une 
cerraine  rente  ,  ou  fomme  d'argent,  ou  en  quelque 
terre  :  ou  héritage  affeiSté  au  douaire.  Douaire  cou- 
tumier  3  eft  la  moitié  de  tous  les  biens  qu'a  le  mari 
le  jour  de  fon  mariage  ,  lequel  a  lieu  quand  on  n'a 
point  ftipulé  de  douaire  préfix.  En  Normandie  c'eft 
le  tiers  en  ufutruit.  Chez  les  Gots  le  douaire  n'étoic 
que  la  dixième  partie  des  biens  du  mari  j  chez  les 
Lombards,  la  quatrième  ;  chez  les  Romains  &  Si- 
ciliens ,  la  troifiéme.  Le  douaire  eft  fi  privilégié  , 
qu'un  décret  ne  le  purge  pas ,  &  fon  hypothèque 
demeure  toujours.  On  dit,  en  proverbe.  Jamais 
mari  ne  pa.yx  douaire  ,  c'eft- à-dire  ,  que  la  morr  ci- 
vile du  mari  ne  donne  pas  lieu  à  la  demande  dit 
douaire.  Loukt.  Ce  proverbe  n'eft  pas  vrai  en  Nor- 
mandie ,  où  la  mort  civile  donne  ouverture  au 
doujire.  Il  y  des  femmes  qui  fonr  du  mariage  un 
commerce  d'intérêt ,  qui  ne  fe  marienr  que  pour 
gagner  des  douaires,  !k  pour  s'enrichir  de  la  dé- 
pouille de  leurs  maris.  Mol.  Avant  Philippe-Au- 
guftc,  il  y  avoïc  en  France  un  douaire  :  mais  U 

Kkk 


44i  ^   O  U      ,     . 

femme  ne  le  pouvoir  prétendre  à  moins  qu'il  n'eût  j 
été   promis   :    ce   Pnnce    voulut  ique  ,    lans  con- 
vention j  le  douaire  fut  réglé  à  la  moitié  des  pro- 
pres du  mari. 

Douaire  far2s  retour,  Eft  le  droit  de  propriété  du 
douaire  qu'a  la  femme  quand  il  eft  ftipulé  ians 
retour  en  la  htveur  ;  en  cas  qu'elle  lurvive  à  fon 
mari. 

Ce  mot  vient  du  Latin  dotarium. 

DOUAIRIER.  i.  m.  Terme  de  Palais.  Qui  fe  dit  des 
enfans  qui  ont  renoncé  à  la  fucceilion  de  leur  père, 
&  qui  fe  tiennent  au  douaire  de  leur  mère,  tilius 
qui  concejjam  matri  bonorum  paternorum  partem  , 
neglecïâ parentis  ipfius  h&reditate  ,  fibi  vindicat.  La 
Gpiitume  veut  qu'un  enfant  ne  puilFe  être  héritier , 
4^  douairitr  tout  enlembie. 

DOUAIRIÈRE,  f  f.  Veuve  qui  jouît  de  fon  douaire. 
Il  ne  fe  dit  que  des  Dames  de  la  première  qualité. 
Mulier  cui  ufusfruclus  certA partis  bonorum  mariti  con- 
cejjus  est.  Jamais  Madame  la  Douairière  de  Rohan 
ne  leur  a  dit  un  feul  mot.    Patru.   Reine  Douai- 


rière ,  Pnnce 


ïife  D 


ouainere. 


fCF  DOUANE,  f  f.  Nom  que  l'on  donne  aux  prin- 
cipaux Bureaux  établis  dans  le  Royaume  pour  per- 
cevoir certains  droits  fur  les  marchandifes.  Posto- 
rium.  Il  y  a  en  France  trois  Bureaux  qui  portent  par- 
ticulièrement le  nom  de  Douane  j  celui  de  Pans  , 
celui  de  Lyon  ,   &  celui  de  Valence. 

ifT  On  appelle  auHi  Douane  ,  les  droits  qui  fe 
paient  à  ces  Bureaux  j  fuivant  les  tarifs  arrêtes  au 
Confeil.   Vectiaat. 

La  Douane  de  Lyon  eft  confidcrable  par  les  droits 
fur  les  étoffes  Se  draps  d'or  &  d'argent,  de  foie^  de 
filofelle ,  de  palfemcnt  ,  de  canetille  ,  &  autres 
femblables  ouvrages  qui  viennenr  d'Efpagne  ,  d'I- 
talie ,  &  qui  entrent  eu  France.  Cet  impôt  fut  éta- 
hYi ,  félon  quelques  uns ,  fous  le  Règne  de  Louis  XL 
&c  félon  d'autres  ,  fous  celui  de  Charles  IX.  Il  s'ap- 
pelle Douane  de  Lyon  ,  pirce  qu'il  le  paie  .\  Lyon  , 
où  il  faut  que  palfent  ces  fortes  de  draps.  Il  faut  que 
tous  les  Rouliers  viennent  à  la  Douane  faire  décla- 
ration de  leurs  marchandises.  De  toutes  les  mar- 
chandises qu'on  décharge  à  la  Douane  ,  il  n'y  a 
que  les  livres  qui  ne  paient  rien.  Par  tout  l'Orient  il 
y  a  des  Douanes  établies  ,  où  fe  lèvent  les  feuls  de- 
niers pour  la  fubfiftance  de  l'Etat. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  duana  ,  ou  dogana,  dé- 
rivé de  l'Arabe  diwan,  qui  figni.^e_,  proprement,  le 
Prétoire  &  le  Sénat,  &  qui  a  été  fait  de  l'Hébreu  ., 
doun,  figmdznt  juger.  Men.  On  ttouve  dans  la  balle 
LMnné  duhanuj  doana  ,  &  dohana  ^  L.  I.  Sicul. 
Constitut.  tit.  ip.yS  j  Sec,  Foye^  Acla  Sancl.  Maii  ^ 
T.  Fil. p.  zoo.  C.  &  F.  Du  Cange  le  dérive  du 
mot ,  doen  ,  Bis-Breton  ,  qui  ÇigmhQ porter ,  à  caufe 
qu'on  transporte  en  ce  lieu- là  toutes  fortes  de  mar 
chandises.  Vincent  de  Beauvaisdit  que  le  Palais  des 
Sultans  ,  où  fe  gardoient  leurs  trésors  j  s'appeloit 
Douane. 

DOUANEPv..  v.  a.  Terme  de  Marchand  ,  qui  fignifie  j 
mettre  le  plomb  de  la  douane  à  quelque  marchan- 
dise. Faire  douaner  une  éroffe  ,  une  marchandife  , 
c'eft  la  faire  pafiTer  à  la  douane ,  pour  y  être  vilitée 
&  plombée.  Ce  terme  eft  particulièrement  en  ufage 
à  Lyon  &  à  Tours. 

DOUANE  ,  NEE.  part.  Marchandife  ,  étoffe  ,  où  le  Vi- 
/îteur  a  mis  fon  plomb ,  &  pour  lefquelles  il  a  dé- 
livré fon  acquit.  Cette  étoffe  eft  douanée  ^  elle  a 
patfé  par  la  douane. 

DOUANIER,  f.  m.  Fermier  ou  Commis  de  la  Douane, 
qui  vilite  les  marchandifes  ,  &  reçoit  les  deniers 
qu'elles  doivent  payer  aux  Douanes.  Publicanus. 

DOUAR,  f.  m.  Terme  de  Relation.  Village  des  Arabes 
en  Barbarie.  AlTemblage de  plufieurs  tentes  difpofées 
en  rues  ,  &  fous  lefquelles  logent  plufieurs  familles. 
Ficus.,  habitatio.  Il  n'y  a  que  les  Maures  &  les  Arabes 
qui  habitent  les  campagnes  en  Barbarie.  Ils  font  leurs  j 
demeures  le  long  des  ruifreaux&  des  rivières  ,  à  ' 
caufe  de  la  commodité  de  l'eau,  &  n'ont  pour  tou- 
tes maifons  que  certaines  tentes  de  dix  ou  douze 


DO  U 

pas  de  long  &  fix  de  large.  Ils  s'aiTemblcnt  là  quel- 
quefois juiques  à  cent  ou  deux  cens,  ce  qu'il  appel- 
lent un  Douar.^. 'Da'h.  Usdrélîent  leurs  tentes  les 
unes  proche  les  autres ,  &  en  font  diverfes  rues  , 
ainli  qu'en  un  camp.  Tout  cela  joint  eniemble  s'ap- 
pelle un  douar.  Id.  . 

Ce  mot  eft  Arabe ,  &  originairement  Hébreu  :  il 
vient  de  lin,  dour  ,  habitare  3  Se  fignifie  une  habi- 
tion ,  une  peuplade. 

DOUARNENES.  Petite  ville  de  France  en  Bretagne. 
Dovarnena.  Ce  lieu  eft  à  quatre  lieues  au  nord  de 
Quimpercorenrin  ,  &  à  neuf  au  midi  de  Breft. 
Douarncncs  a  un  fort  grand  &  fort  bon  port  ,  fur 
la  Baie  de  Douamenes ,  qui  eft  un  golfe  auquel 
cette  ville  donne  fon  nom.  Sinus  Dovarnencnjis. 

DOUAY,  que  nous  prononçons  Doué  ,  comme  s'il  y 
avoir  une^?',  &  que  les  gens  du  pays  prononcent, 
comme  li  c'étoit  une  e  ouvert ,  Doués.  Duacum  , 
Duagium.  C'eft  une  grande  ville  de  la  Flandre 
Wallonne  ,  fur  la  Scarpe  ,  entre  Lille  &  Cambray. 
Quelques-uns  prétendent  que  c'eft  l'ancien  Duei~ 
giuin  Atrebatum  ,  &  que  Duacum  eft  un  nom  ré- 
cent. D'autres  difent  qu'elle  étoit  autrefois  la  Ca- 
pitale des  Catuagates.  Cette  ville  eft  bien  forti- 
fiée. Elle  fut  cédée  aux  François  par  la  paix  d'Aix- 
la-Chapelle  \  &  ,  ayant  été  prife  &  reprife  enfuite 
par  les  François  ,  elle  leur  fut  encore  cédée  par  la 
paix  d'L/trechr.  Il  y  a  à  Douay  une  Univerdté  cé- 
lèbre ,  fondée  par  Philippe  IL  Roi  d'Efpagne ,  en 
1 571.  Elle  a  trois  Collèges ,  celui  d'Auchin  ,  celui 
du  Roi ,  Se  celui  de  Saint  Waft. 
DouAY.   Petite  Ville  d'Anjou.   Foye\  DOUÉ. 

DOUBLA,  f.  m.  Monnoie  d'argent  qui  fe  frappe  à 
Alger,  ou  à  Tunis.  Il  vaut  environ  2^  afpres  j  ce 
qui   revient  à-peu-près  à  rrois  livres  de  France. 

DOUBLAGE,  f.  m.  Terme  de  Marine.  C'eft  un  fécond 
bordage  j  ou  un  revêtement  de  pl.anches  ,  qu'on 
met  par-dehors  aux  vaiffeaux  ;  particulièrement  à 
ceux  qui  vont  vers  la  ligne,  pour  les  conferver,  Sc 
empêcher  que  les  vers  ne  les  criblent.  Navh  duplis 
ajferibus  injlrud.a. 

^fT  On  met ,  généralement ,  ce  fécond  bordage 
ou  revêtement  de  plajiches  aux  vaiflèaux  deftinés  à 
des  voyages  de  long  cours. 

Doublage,  En  matière  de  Fiefs,  fe  dit  du  double 
des  devoirs  que  les  Sujets  font  tenus  de  payer  à 
leur  Seigneur,  en  certaines  occalions,  comme  quand 
il  eft  f'.iit  Chevalier  ,  quand  il  marie  fa  fille 
aînée  noblement,  quand  il  a  été  fait  prifonnier  en 
jufte  guerre   ,    &c.   Fecligal  duplicatum.    Ce  dou- 

'  hlage  ne  doit  pas  monter  plus  haut  que  vingt-cinq 
fous. 

iCr^DouBLAGE  ,  dans  l'Imprimerie  j  C'eft  lorfqu'un 
mot  ,  ou  plufieurs  mots  ,  une  ligne  ,  ou  plufieurs 
font  marquées  à  deux  différentes  fois  fur  une  feuille 
de  papier  imprimé  j  ce  qui  eft  un  défaut  de  la 
preife  ou  de  l'Ouvrier. 

IlS'  Doublage  ,  fe  dit  encore  ,  dans  les  M.anufa61:u- 
res ,  de  Taèlion  de  joindre  deux  fils  de  foie ,  pour  en 
faire  un  fils  compofé. 

gCF  DOUBLE,  adj.  m.  Se  f.  Qui  vaut ,  qui  pefe  ,  qui 
contient  une  fois  autant  qu'un  autre.  Il  eft  oppofé 
à  fimple.  Duplex  _,  duplicatus.  Double  Louis.  Dou- 
ble ducat.  Double  paie.  La  pinte  eft  une  double. 
chopine. 

Double  ,  fignifie  aufîi  ,  ce  qui  eft  fait  ou  répété 
deux  fois.  Duplex  _,  geminus.  LTn  aéte ,  un  compte 
double ,  eft  celui  dont  iK  y  a  deux  originaux  pour 
en  donner  un  à  chaque  partie.  Un  double  baftion  , 
un  double  ravelin  ,  une  double  enceinte ,  une  dou- 
ble enveloppe  de  lettre.  Une  double  porte,  fe  dit , 
de  deux  portes  mifcs  des  deux  côtés  de  l'épaifleur 
d'un  mur.  Un  a^o^We  chaffis.  La  plupart  des  orga- 
nes des  fens  font  doubles.  J'ai  un  double  intérêt  en 
cette  affaire.  Je  prouve  mon  dire  par  une  double 
raifon.  Ce  palfage  a  un  double  fens.  Voilà  un  mot  a 
double  entente.  Une  double  cadence.  Une  ferrure  à 
doubk  tour ,  c'eft  celle  où  l'on  tourne  deux  fois  la 


D  O  U 

clef.  Un  djuhle  nœud ,  fe  dit  de  ce  qu'on  a  noue 
deux  fois. 

^fT  En  Géomccric  ,  une  quantité  eft  double  d'une 
autre,  lorfqu'ell'.;  l.i  contientdeux  io\s: fous-double  , 
lorfqu'elle  en  ell  la  moitié.  6.  elt  double  de  3.  5.  elt 
eft  fous-double  de  fix. 

§3°  On  appelleraifon  double ,  le  rapport  de  deux 
quantités,  dont  l'une  eft  double  de  l'autre.  16.  eft  à 
S.  en  raifon  double.  Il  ne  faut  pas  confondre  la 
raifon  double  avec  la  raiion  doublée. 

Les  Poètes  appellent  le^arnalîe  la  double  mon- 
tagne ,  parce  qu'il  y  a  deux  fommets.  Biceps. 

Apollon  m'a  montre  ,  dejjus  le  double  mont, 
Le  Laurier  immortel  qui  doit  ceindre  mon  jront. 

GOD. 

Nous  lifons  dans  l'Ecriture  ^  qu'Elifée   deman 
doit  le  double  efprit  d'Elie.  Qbfecro  Jiat  in  me  du 
plex  fpiritus    tuus.  On   l'entend  ,   communément , 
comme    lî    Elifée  avoit  demandé  que  le  don  de 
prophétie  &  des  miracles  fût  plusgrand  en  lui  qu'en 
Elie.  L'explication  la  plus   naturelle ,  eft  de   dire 
qu'Elilée  demandoit  à  être  animé  du   mcme  ef- 
pric  qu'Elie  ;  que   le  don  de  prophétie  &  des  mira- 
cles ,  qui  avoit  éclaté  en  Elie  ,  pafsât  en  lui. 
Double,  fe  dit  auili  des  chofes  qui  font  faites  avec 
plus  de  foin  ,  &:  qui  ont  plus  de  f^orce  &  de  vertu. 
Du  brocard  à  double  broche ,  du  ruban  double  en 
liiTè  j  de  l'encre  double  3  bonne  double  bière ,  un  dou- 
ble canon. 

En  termes  de  Bréviaire ,  on  appelle  Fête  double , 
une  Fcte  folennelle  ,  où  l'on  double  les  Antiennes 
iSc  Oii  on  les  répète  à  la  fin  &  au  commencement 
de  chaque  Pfeaume  ,  &  parce  qu'elle  a  les  premiè- 
res &  les  fécondes  Vêpres.  Fejlum  duplex,  U  y  a  des 
Fêtes  doubles  de  la  preiiiicre  ciafFe  ,  qui  font  Nocl , 
l'Epiphanie  ,  Pâques ,  l'Afcenfion  j  la  Pentecôte  ,  la 
Fête-Dieu  ,  la  Saint  Jean ,  la  Saint  Pierre ,  l' Alfomp- 
tion  ,  la  Toulfaints ,  la  Dédicace  &  le  Patron  de 
l'Eglife ,  d'autres  font  doubles  de  la  féconde  dalfe. 
D'auties  font  doubles  majeures  ,  &  d'autres  entin 
font  feulement  doubles.  Telles  font  les  différentes 
claifes  des  doubles  ,  félon  le  Bréviaire  Romain. 

Dans  le  rie  Parilien  ,  on  ne  parle  point  des  fêtes 
doubles  de  la  première  ni  de  la  leconde  clalfe  ;  mais, 
au  lieu  de  ces  termes ,  on  fe  fert  de  ceux  d'Annuel- 
le, de  folennelle  majeure  ,  &  folennelle  mineure. 
Il  y  a  cependant  des  Fêtes  que  Ton  qualifie  de  dou- 
bles majeures ,  &  de  doubles  mineures ,  &  de  femi- 
doubles  j  mais  l'office  ne  s'y  fait  pas  de  la  même 
manière  que  dans  le  Romain. 

Lfne  double  Fête ,  c'eft  un  jour  où  deux  Fêtes  fe 
rencontrent  enfemble  \  un  double  jeûne  ,  un  jour  où 
il  fe  rencontre  deux  Jeûnes  de  commandement.  Les 
YctQ%  fcmi-doubles ,  font  celles  qui  ont  aulîi  l'Office 
entier  avec  les  deux  Vêpres  ,  mais  où  l'on  ne  répète 
pas  les  Antiennes. 

On  appelle  un  double  bidet ,  un  bidet  qui  eft  de 
plus  haute  taille  que  les  ordinaires.  Manus  elaûor , 
craJJJor. 
DoufiLE  ,  terme  du  jeu  de  Lanfquenet ,  fe  dit  d'une 
carte  qui  eft  déjà  venue  une  fois  ;  &,  au  figuré,  on  le 
dit  de  ceux  qui  ont  un  avantage,  des  furetés  que 
les  autres  n'ont  point.  Duplicatus ,  geminutus.  Il  eft 
bien  établi  dans  cette  ferme ,  il  a  la  faveur  des  Mi- 
niftres ,  il  joue  fur  carte  double. 

On  appelle  un  chiifie  à  double  clef,  celui  où  l'en 
cliange  des  caractères  pour  fignifier  une  même  let 
tïQ.Duplex.\]\-\  chiffre  àc/oa/Vdclefeft  indcchitFrable. 

On  appelle  aulli  lettre  double  j  en  termes  de  Gram- 
maire, une  lettre  qui  a  la  force  de  deux  autres, 
comme  le  y  des  Hébreux,  quiKiitr&jj  \'x  des 
Latins  ,  le  i  des  Grecs.  Il  eft  évident  que  ces  lettres 
en  valent  deux  ,  Se  que  ,  quand  on  prononce  le  mot 
Latin  axis ,  ou  le  mot  François  axillaire ,  on  leur 
donne  le  même  fon  qu'ils  auroier.t  s'ils  éroient 
écrits  par  deux  ce ,  accis  ^  accillairc  ,  ou  par  un  c  Ik. 
une  s ,  acjis  j  acfllairc.  Les  lettres  doubles  renfer- 


D  O  U  44i 

ment  avec  le  (7  ou  l'j-,  l'une  des  muettes  auxquelles 
elles  ont  rapport.  Les  Grecs  en  ont  trois ,  z ,  -J' ,  E; 
Les  Latins  n'en  ont  que  deux  X  ,  Z  ;  &  la  plupart 
des  langues  vulgaires  de  même.  Port-R.  Les  dou- 
bles ne  font  que  des  abréviations  d'écriture  pour 
les  lettres  que  nous  voyons  qu'elles  renfermenr. 
Id.  f^oyei  la  Nouvelle  Méthode  Latine  ,  Traité  des 
Lettres  ,  C.  XL  &  la  Méthode  Grecque  j  Liv.  I.  C. 
V.  Régie  V^ 

En  Médecine  on  dit ,  fièvre  double  tierce  ,  double 
quarte.  Foye^  Fièvre. 

On  dit,  au  Palais ,  qu'un  faux  Redouble  emploi  ne 
fe  couvre  jamais.  C'elt  une  même  partie  qui  a  été 
employée  deux  fois  dans  un  compte ,  fous  divers 
noms  &  divers  prétextes  :  c'eft-à-dire  ,  qu'on  peut 
revenir  à  la  demande  ,  nonobftant  tous  arrêts  & 
tranfaétions. 

En  termes  de  Chymie  j  efprit  de  vin  double  3  veut 
dire,  de  l'efprit  de  vin  diftiUé  deux  fois  ,  &  réduit 
par  la  féconde  diftillation,  à  une  quantité  moindre 
d'un  tiers  ;  par  exemple ,  de  trois  pintes  à  deux  j  ou 
environ. 
Double  ,  fe  dit  aufti  en  chofes  morales.  C'eft  Uh  dou~ 
ble  maraut ,  un  double  fripon  ,  un  grand  coquin  ,  un 
grand  maraut.  Nequior.  Cela  n'eft  que  du  ftyle  fa- 
milier. Au  figuré  ,  on  appelle  un  homme  double , 
celui  qui  a  de  la  mauvaife  foi ,  qui  a  toutes  les  dé- 
monftrations  de  l'homme  de  bien,  fans  en  avoir  la 
réalité  :  une  ame  double ,  un  cœur  double  j  qui  die 
d'une  façon, &  penfe  d'une  antre. Duplex^fîcius  ,/1- 
mula tus.  Seignem ,  délivrez  mon  aine  des  langue? 
c/o/z/i/ej&trompeufes.  Port-R.  S.  Paul  dit ,  dans  fa 
première  Epître  .1  Timor,  que  les  Diacres  ne  doi- 
vent point  Être  doubles  eh  paroles. 

Ak  !  traure  jfcélérat,  ame  double  &fansfoi,  Miet. 

Un  cœur  ào\ih\Q  aifànent  croit  qu'un  autre  eft  coupable 
D'un  crime  donc  lui-même  ilfent  qu'il  eji  capable, 

P.L.D.J, 

Double,  eft  auffî  quelquefois  fubftantif ,  &  lignifie 
une  fois  autant.  Ùuplum.  La  peine  du  double ,  du 
quadruple.  Gager  le  double  contre  le  fimple.  Le  dou- 
ble A'' un  chiffre.  On  dit  qu'un  homme  \on  double  y 
quand  il  voit  deux  choies  au  lieu  d'une.  Le  double 
d'une  fentence  ,  c'eft:  la  tranfcription  d'une  fenten- 
ce  dans  quelque  aéte.  En  ce  fens  ce  mot  vient  de 
double  J  qui ,  en  bas-Breton  ,  fignifie  copie  ,  ou  dou- 
bla J  copier.  Le  double  d'un  compte  ^  c'eft  la  féconde 
grolfe,  qu'on  donne  à  la  Partie.  Le  double  d'un  air,  en 
Mufique  ,  c'eft  le  même  air  qu'on  figure  fur  le  fim- 
ple ,  par  l'addition  de  pliilieurs  notes  qui  varient 
&  ornent  le  chant.  Foyej  Variation.  Plier  un  linge 
en  double  j  c'eft  le  replier  fur  lui-même. 

^fT  On  dit  aufti  le  double  d'un  corps  de  logis.' 
On  a  mis  les  garderobes  dans  le  double. 

^fT  On  appelle  aulli  double  à  l'Opéra  ,  un  chan- 
teur ou  un  danfeur  en  fous-ordre ,  qui  remplace  les 
premiers  Acl:eurs  quand  ils  ne  peuvent  pas  jouer 
leurs  rôles.  Il  y  a  pluficurs  doubles  Y)0\.n  le  chant  &C 
pour  la  danfe.  U  y  a  aufti  des  doubles  à  la  Comédie. 

En  termes  de  Marine  ,  double  fe  dit  des  manœu- 
vres ,  &  eft  oppofé  à  bout ,  ou  extrémité.  F^aler  fur 
le  double  J  c'eft  haler  en  prenant  une  manœuvre  par 
le  milieu,  ou  par  tout  autre  endroit  que  parle 
bout. 
Do'JELE  ,  en  termes  de  Mufique  j  fe  dit  des  croches, 
des  meftires  :  double  croche  ,  double  meiure.  La  dou- 
ble croche  vaut  la  feizième  partie  de  la  note  ronde  : 
c'eft  une  note  dont  la  queue  a  un  double  crochet,  Sc 
qu'on  nomme  ,  à  caufe  de  cela  ,  double  croche  :  elle 
vaut  la  moitié  d'une  croche.  La  mefire  double  eft 
celle  qui  fe  bat  à  deux  temps  égaux.  Dans  ces  exem- 
ples,  le  mot  double  eft  adjeâtif  :  le  même  mot  eft 
aufti  fubft.intif ,  &  de  genre  mafculin  en  termes  de 
Mufique ,  lorfqu'on  parle  des  mefures.  Le  double 
majeur  fe  bat  à  quatre  temps  égaux.  Le  double 
ordinaire  fc  b.i:  à  deux  temps  égaux.    Le   double 

K  k  h  ij 


i 


444  ^        D  O  U 

mineur  fe  bat  à  deuxtemps  très-légers.  Monteclair.  ' 

gCr  DouLE  Octave  j  efl  un  intervalle  de  Mufique  , 
compolé  de  deux  odaves. 

Double  ,  En  termes  de  Fleuriftes  &  de  Botaniftes  ,' 
ie  dit  des  fleurs  qui  ont  plus  de  feuilles  qu'elles 
n'en  ont  naturellement ,  qui ,  par  l'art  Se  la  culture , 
ont  acquis  un  plus  grand  nombre  de  feuilles  que  la 
nature  ne  leur  en  a  données,  qu'elles  n'en  ont  quand 
elles  viennent  d'elles-mcmes  Se  fans  culture  ,  & 
qu'on  appelle  fimples.  Un  œillet  dauèie  ,  une  rofe 
double  ,  une  anémone  double  ,  un  louci  double.  Un 
c£\\iQidouble  ellfujet à  crever.  Les  Fleuriftes  eftiment 
fort  les  fleurs  doubles  ,  que  les  Botaniltes  regardent 
comme  des  monftres.  ^oyei  Fleur. 

Double  d'Aoust.  Terme  de  Coutume.  Ceft  le  droit 
ordinaire  qui  eft  dû  au  Seigneur  au  mois  d'Août  par 
fes  hommes  ferfs. 

Double- Aubier,  /"fj^î  Awbier.  Aux  arbres  qui  ont 
ce  défaut ,  on  trouve  dans  répallFeur  du  bois  une 
zone  de  bois  tendre  ,  que  l'on  compare  à  l'Aubier. 
Elle  eft  recouverte  par  une  zone  de  bon  bois  Se  par 
l'aubier  ordinaire. 

Double-Borne,  f.  f.  Pièce  carrée  d'une  vitre. 

Double-Cens,  fe  dit ,  quand  le  Sujet  Cenfier,  pour 
fa  nouvelle  acquifition ,  ou  fucceftion  ,  ne  paie  à 
fon  Seigneur  que  le  a'o«A/e  de  ce  qu'il  paie  chaque 
année  de  devoir  cenfuel. 

DouBLE-pEUiLLe.  f.  f.  Ophds  ,  hifollum.  Plante  qui  a 
beaucoup  de  rapport  avec  \Orchis.  Ses  racines  font 
fibrées  ,  blanchâtres ,  &  poulTent  une  tige  garnie  à 
fa  bafe  de  deux  ou  trois  feuilles  arrondies ,  &:  fou 
tiennent  pluficurs  fleurs  difpofées  en  forme  d'épi. 
Chaque  fleur  eft  verdâtre  ,  a  fix  pétales  ,  dont  cinq 
font  petits  j  &  font  unecoctFe  j  &  le  fixième  ,  ou 
l'inférieur  ,  repréfente  une  figure  humaine.  Le  ca- 
lice devient  un  fruit  à  trois  côtés  &  à  trois  loges  , 
qui  font  chacune  garnies  de  quelques  bandes  ,  fur 
iefquc-Ues  font  attachées  des  femences ,  aufli  me- 
nues que  de  la  fciure  de  bois.  La  Double-feuille 
vient  dans  des  endroits  humides. 

Double-Fleur.  Nom  d'une  efpèce  de  poiriers,  & 
de  poires.  Ceft  une  grolfe  poire  plate  j  qui  a  la 
queue  longue  Se  droite  ,  la  peau  lilfe  ,  colorée  d'un 
côté,  &  jaune  de  l'autre:  quand  elle  eft  gardée, 
elle  perd  fon  coloris ,  &  devient  toute  terne  Se 
noirâtre.  On  en  fait  les  plus  belles  Se  les  meilleures 
compotes  du  monde  ,  ayant  une  chair  moclleule  , 
fans  aucune  pierre  ,  Se  ayant  fur-tout  beaucoup  de 
jus ,  qui  prend  aifément  une  belle  couleur  au  feu. 
La  Quint.  . 

Double-Henry.  Monnoie'  d'or  ,  du  poidsde  5  deniers 
17  grains  trébuchans  ,  les  fimples  &  demi  à  pro- 
portion j  au  titre  de  zi  carats  trois  quarts  ,  valoir 
autrefois  un  peu  plus  que  le  louis  d'or ,  environ 
douze  livres.  Ceft  à  cette  monnoie  que  Henri  IIL 
faifoit  alluhon  ,  lorfque  fon  armée  étant  jointe  à 
celle  de  Fleuri  IV.  alors  Roi  de  Navarre  ,  il  refufa 
de  combattre  celle  de  Charles  ,  Duc  de  Mayenne, 
chef  de  la  Ligue  ,  &  dit  qu'il  n'étoit  pas  prudent  de 
rifquer  un  Double-Henri ,  contre  un  fimple  Carolus. 

Double-lien.  Terme  de  Coutume.  Lien  de  parenté, 
par  lequel  deux  perfonnes  lont  unies  du  côté  pa- 
ternel Se  du  côté  maternel ,  comme  le  font  deux 
frères  germains.  Le  double-lien  donne  un  droit  qui 
confifte  en  ce  que  le  frère,  conjoint  de  deux  côtés , 
exclut  celui  qui  ne  l'eft  que  d'un.  Le  double-lien  n'a 
pas  lieu  dans  la  Coutume  de  Paris  ;  mais  il  a  lieu 
dans  plufieurs  autres,  comme  dans  celle  de  Bour- 
gogne, d'Orléans ,  de  Blois,  de  Berry,  d'Amiens ,  &c. 

DOUBLE-ŒUVRES.  Voye-^  DOUBLERIE. 

Double-Oreille.  Terme  d'Agriculture.  Les  Labou- 
reurs appellent  ainii  la  partie  de  leur  charrue  qui 
fert  à  tourner ,  à  renverfer  de  côté  &  d'autre  la 
terre  que  le  foc  a  fendue.  Celle  qui  ne  la  tourne 
que  d'un  côrc  ,  eft  une  oreille  fimple. 

Double-p  aie.  Terme  de  Guerre  ,  Officier  qui  a  dou- 
ble-paie' Duplicarius.  Les  Troupes  étrangères  ,  en 
France  ,   ont  double-paie. 

^tTDouble-sens.  Subtcrfa;;e  adroit  pour  cacher  fa  vc 


DOU 

ritable  penfée.  Le  double-fens  a  deux  fignifications 
naturelles  Se  convenables  ,  par  l'une  defquelles  il  fe 
préfente  littéralement  pour  être  compris  de  tout  le 
monde  j  Se  par  l'autre ,  il  iait  une  fine  allufion  pour 
n'être  entendu  que  de  certaines  perfonnes.  Le  dou- 
ble-fens eft  d'un  efprit  Cm  ;  la  malignité  &  la  poli- 
teiïë  en  ont  introduit  l'ufage  ;  il  faudroit  feule- 
ment que  ce  ne  fût  jamais  aux  dépens  de  la  répu- 
tation du  prochain  qu'il  eût  lieu,  f^oye^  Ambiguïté 
.  &  Equivoque. 

Double-tête.  Terme«de  Cloutier.  Ceft  un  clou  ,  une 

forte  de  clou ,  qui  a  efFeétivement  comme  deux  têtes. 

Il  fedit,  aulli ,  en  termes  de  Jardinage,  d'une 

efpèce  de  poire,qui  a  aufli  comme  deux  têtes.  On  les 

appelbjplus  communément,  des  poires  à  deux  têtes. 

Double-de-Troye.  Nom  d'une  efpèce  de  pêche, 
qu'on  nomme  autrement  Magdéleine  rouge,  /^oje:^ 
Magdeleine. 

On  dir,  auflî  j  adverbialement  ^  qu'un  homme 
paiera  au  double  _,  qu'on  lui  rendra  au  double  quel- 
que chofe  ;  pour  dire ,  doublement ,  Se  même  beau- 
coup plus  ,  avec  ufure  ,  Se  bien  au-delà  de  ce  qu'il 
a  prêté.  Soit  qu'on  lui  fît  du  mal  ,  ou  du  bien  , 
il  le  vouloit  rendre  au  double.  Ablanc.  J.  C.  dit 
que  les  Pharifiens  rendoient  leurs  Profélytes  fils  de 
la  géhenne  au  double  de  ce  qu'ils  l'étoient  eux- 
mêmes.  On  dit  j  auifi  ,  Mettre  double ,  quand  on 
replie  une  chofe  fur  elle-même, ou  fur  quelque'au- 
tre  de  même  nature.  Replicare.  Plufieurs  lettres  de 
Chancellerie  font  taxées  au  double  ,  Se  on  les  ap- 
pelle des  Doubles.  On  dit ,  aufllî  ,  double  d'une  let- 
tre ,  d'une  copie.  Apographum. 

On  dit  ,  aufli ,  Jouer  à  quitte  j  ou  à  double , 
tant  au  propre  qu'au  figuré  ;  pour  dire  ,  Mettre  tout 
au  hazard.  Quamcumque  adiré  aleam. 

DOUBLE,  f.  m.  Petite  monnoie  de  cuivre  j  valant 
deux  deniers.  Sexta  pars  affis.  Il  fert  à  exagérer  la 
pauvreté.  Cet  homme  eft  Ci  gueux  ,  qu'il  n'a  vail- 
lant un  double  ,  un  rouge  double.  Il  eft  fi  "avare  ,  qu'il 
ne  donneroit  pas  un  double  aux  pauvres.  Il  y  a  eu 
des  doubles  à  Paris  ,  qui  ont  été  de  différente  va- 
leur 3  félon  les  remps ,  qu'on  a  appelés  doubles 
Par  if  s  ,   &  petits  Parcfs. 

Double,  f.  f.  Ceft  le  premier  des  quatre  ventricules 
des  animaux  qui  ruminent.  On,  l'appelle  autrement, 
panfe  j    ou  géfer.  T'oye^  Panse. 

DOUBLEAU.  Terme  d'Architedure.  Arc-Doubleau, 
Nom  qui  fe  donne  aux  premiers  arcs  qui  forment 
les  voûtes  ,  qui  vont  diredemenr  d'un  pilier ,  ou 
d'un  arcboutant  à  l'autre  ,  entre  lefquels  font  com- 
prifes  les  croifées  d'ogives.  Arcus  majores  _,  prima- 
rii.  Ils  ont  quelquefois  plus  de  largeur  que  les 
ogives. 

DOtJBLEAUX.  Terme  de  Charpenterie.  Ce  font  des 
folives  pour  faire  des  planches.  Tigna.  On  mec 
huit  doubleaux  au-deflus  des  travées  pour  faire  le 
plancher  d'un  moulin  à  venr.  En  particulier  ,  on 
appelle  doubleaux ,  les  folives  qui  portent  le  che- 
vêtre. 

DOUBLEMENT,  f.  m.  Terme  de  Finances.  Duplum. 
Ceft  une  dernière  enchère  qui  fe  tait  dans  la  hui- 
taine ,  après  l'adjudication  des  Fermes  Se  Domaines 
du  R-oi ,  qui  eft  le  double  du  tiercemenr.  Elle  doit 
être  de  neuf  enchères  courantes.  Or,  l'enchère  cou- 
rante eft  une  fomme  certaine  que  le  Confeil  fixe  à 
proportion  de  la  Ferme  qu'on  adjuge.  De  forte  que  j 
fi  l'enchère  courante  eft  de  dix  mille  francs,  le 
doublement  doit  être  de  trente  mille  écus  ,  moyen- 
nant quoi,  on  eft  reçu  à  la  place  de  celui  qui  eu 
croit  adjudicataire.  On  revient  contre  les  adjudica- 
tions des  Fermes  du  Roi  par  doublemens  Se  par  rier- 
cemens.  Dans  les  autres  affaires ,  le  doublement  eft  la 
moitié  du  prix  de  l'adjudication  dont  on  doit  faire 
l'enchère. 

fCF  Doublement.  En  termes  d'Eaux  &  Forêts  ,  eft 
aufli  une  dernière  enchère  ,  qui  eft  le  double  du 
tiercemenr.  On  détruit  l'adjudication  faite  à  l'extinc- 
tion de  la  bougie  ,  par  le  tiercemenr ,  i^  le  tierce- 
menr ,  par  le  doublement.  L'une  Se  l'autre  enchère 


D  O  U 

doivent  être    faites    dans  le  temps   fixé  par  l'Or- 
donnance. 

Doublement  ,  fe  dit  d'un  bataillon  ,  quand  on  dou- 
ble les  rangs  ou  les  iiies ,  pour  les  augmenter  en 
front ,  ou  en  hauteur.  Duyiianïo. 

Doublement,  adv.  En  deux  manières.  Duplkuer. 
Cette  terre  lui  appartient  doublement,  par  double 
titre  ;  l'un ,  comme  acheteur  \  l'autre  comme  hc- 
ririer  du  vendeur.  Qui  retient  le  bien  d'autrui 
avec  parjure,  pcche  doublcmcm. 

fCT  DOUBLER,  v.  a.  Mettre  une  chofe  deux  fois; 
Mettre  le  double,  mettre  une  fois  autant.  DupU- 
care.  Doubler  [a.  dépenic.  Doubler  \'ordina.'ne.  Dou- 
bler une  fomme,  un  nombre  ;  c'elt  multiplier  par 
deux. 

iJfCr  On  appelle  doubler  un  corps  de  logis,  join- 
dre un  autre  corps  de  logis  à  la  face  de  derrière  de 
celui  qui  eft  déjà  tait.  Adolfer  deux  corps  de  logis 
l'un  à  l'autre. 

^p"  Doubler  une  Comédie  ,  Quand  deux  Auteurs 
font  chacun  une  Comédie  fur  le  même  fujet.  Du- 
plkem  in  idem  argumentum  Comediam  fcribere, 

^fT  On  dit  j  en  matière  de  Ipeclacle  ,  Doubler 
un  rôle  ,  doubler  un  Adeur ,  lorfqu'un  Adeur  en 
lous-Œuvre  joue  un  rôle  ,  au  défaut  de  l'Acteur  qui 
en  étoit  ch:irgé  en  premier. 

Doubler,  iignitie  quelquefois  limplement,  Augmen- 
ter ,  réformer.  Augere  j  ampliare.  Doubler  le  pas  , 
c'efl:  aller  plus  vite.  Properare ,  gradum  accelerare. 
Cette  redexion  eil  bien  trifte  \  il  faut  doubler  le 
pas  pour  s'en  éloigner.  Ch.  de  Mer. 

Doubler,  fignifie,  aullî.  Mettre  deux  étoffes  Tune 
fur  l'autre,  l^efli  alcerum  pannum  intus  njjuere.  Faire 
doubler  un  manteau ,  d'hermine ,  de  panne  ,  de 
brocart. 

^CT  Doubler. Dans  les  M-inufaiSures  &dansplufieurs 
Arts  Se  Métiers,  c'ell:  accoupler j  alfeuibler  plu- 
fieurs  brins  de  foie  ,  de  lil  ou  coton  ^  pour  n'en 
faire  qu'un. 

On  dit,  parmi  les  joueurs  à  !a  paume,  qu'une 
balle  a  doublé  j  quand  elle  a  touché  deux  fois  à 
terre.  Dans  ce  cas ,  doubler  efl:  neutre.  Solum  bis 
tangere.  Et  alors  le  coup  ne  vaut  rien  ,  ou  l'on 
marque  une  chalTe.  Et ,  au  jeu  de  Billard  ,  doubler 
une  bille  ,  fe  dit ,  quand  on  poulTe  la  bille  de  fon 
adverfaire  ,  de  manière  qu'après  avoir  touché  la 
bande,  elle  revienne  en  lormant  un  angle ,  dont 
la  ligne  du  fécond  côté  aboutiffe  ou  réponde  à  une 
bloufe  j  ou  Amplement  poulTer  la  bille  de  fon  ad- 
verfaire ,  de  manière  qu'après  avoir  touché  la 
bande  ,  elle  revienne. 

0C7  Doubler,  les  Files  ,  Doubler  les  rangs  ,  En 
termes  de  Guerre,  C'efl;  de  deux  rangs  ou  de  deux 
files  n'en  faire  qu'une.  On  double  les  rangs  ,  en 
faifant  entrer  les  Soldats  du  fécond  rang  dans  le 
premier  ,  ceux  du  quatrième  dans  le  troilième  ,  ^c 
aind  de  fuites. 

En  termes  de  Marine ,  on  appelle  doubler  le  cap  , 
parer  le  cap  ,  doublerXx  pointe  ;  pour  dire ,  Palier 
au-delà  du  cap  ,  d'une  poinre  de  terre.  Promonto- 
num  cdiquod  prdtervehi.  Le  premier  qui  a  doublé 
le  Cap  de  Bonne  Efpérance  ,  a  été  Vafco  de  Gama  , 
Portugais,  en  1498.  Doubler  un  vailfeau  ,  c'eft , 
aufll ,  lui  donner  un  doublage ,  ou  revêtement  de 
pl.inches.  Doubler  le  fiUage  ,  c'efl:.  Faire  plus  de 
chemin. 

Doubler àçs  reins,  fe  dit ,  en  termes  de  Manè- 
ge, quand  un  cheval  défobéilfant  faute  plufieurs 
fois  de  fuite,  pour  jeter  le  Cavalier  à  bas.  Suc- 
cucere. 

DOUBLE ,  ÉE.  part.  J^oyei;  le  verbe.  Les  Tartares 
font  à  cheval  les  jambes  doublées,  &  les  étriers  ex- 
trêmement courts.  P.  le  Comtf. 

Doublé,  ee.  adj.  Terme  de  Mathématique.  Il  ne  fe 
dit  qu'en  cette  phrafe  ,  raifon  doublée  ,  qui  eft 
très  différente  de  la  raifon  double. 

ff3' La.  raifon  double,  comme  nous  l'avons  dit , 
efl  le  rapnort  de  deux  quantités  ^  dont  l'une  efl; 
double  de  l'autre.  ïC.  el^  à  S.  en  r.nfon  double.  Au 


D  O  U  44; 

heu  que  la  ztii^on  doublée  eft  le  rapport  de  deux 
cartes.  16.  eft  à  4.  en  raifon  doublée  de  4.  à  1.  c'eft- 
à-dire  j  eff  la  raifon  du  carré  de  4.  au  carré  de  2. 
comme  le  carré  de  4.  eft  au  carré  de  2. 

DOUBLERIE.  f.  h  On  nomme  ainfi,  dans  quelques 
Provinces  de  France  ,  particulièrement  en  Nor- 
mandie, dans  le  pays  du  Maine  ,  &  dans  le  Perche, 
ce  qu'on  appelle  ailleurs  plus  communément  du 
linge  ouvré.  Ans.  environs  de  Rouen  ,  on  dit  Dou- 
bles-œuvres. Les  Tiflerans  donnent  au  linge  ouvré 
ces  deux  noms,  parce  qu'il  contient,  pour  ainfi 
dire  ,  deux  fortes  d'ouvrages  ;  l'un  ,  qui  eft  flm- 
ple  ,  eft  la  fimple  toile;  &  l'autre  ,  qui  femble  le 
doubler  j  qui  eft  la  façon  qu'on  y  ajoute. 

DOUBLET.  1.  m.  Fauffe  pierrerie,  faite  de  criftaux 
taillés  ,  joints  enfemble  par  du  maftic  coloré  par 
art  ,  ou  par  quelque  perite  feuille  de  la  même 
pierre,  ou  teinte  de  quelque  autre  matière  ,  pour 
imiter  les  Eméraudes,  les  Rubis,  &:c.  Adulterina. 
gemma  e  cryftallo ,  colorata.  Ce  n'eft  pas  une  Emé- 
raude  ,  c'eft  un  Doublet. 

Doublet.  Terme  de  Joueur  au  Tridrac.  C'eft  un  jet 
de  dez  qui  amène  les  même  points  des  deux  dez  , 
comme  deux  as ,  deux  cinq  ,  deux  fix  ,  &c.  Teffe- 
rarum  ]ad:us  eadem  duihus  in  tejferis  puncla  referens. 
Doublet  d'as ,  s'appelle  ambezas  ;  Doublet  de  deux , 
s'appelle  double  deux  ,  tous  les  deux  ,  L.  S.  Doublet 
de  trois,  s'appelle  icxnQs.  Doublet  àt  quatre,  s'ap- 
pelle carmes.  Doublet  de  cinq  ,  s'appelle  quines. 
Doublet  de  fix,  s'appelle  fonnés.  Id.  Tous  les  auttes 
coups,  où  les  points  font  inégaux,  s'appellent  fim- 
ples  3  ou  coups  fimples. 

C'eft ,  aulli ,  un  terme  de  Pharaon  :  le  doublet 
arrive  ,  lorfque  la  même  carte  arrive  à  droite  &  3 
gauche  j  &  le  Banquier  gagne  moitié.  Les  doublets 
font  le  profit  des  Banquiers. 

fC7  Doublet  ,  fe  dit  ,  aufti ,  au  Jeu  de  Billard.  C'eft 
un  coup  ,  par  lequel  on  fait  frapper  la  bille  de  fon 
adveriaire  ,  feulement  contre  une  bande  ;  d'oii  elle 
elle  va  entrer  dans  une  bloufe.  Doublet  du  milieu  > 
doublet  du  coin,  f^oye^  DOUBLER  au  Jeu  de 
Billard. 

DOU3LETTE.  f.  f.  Eft  un  des  jeux  de  l'orgue,  qui 
eft  ouvert  Se  de  deux  pieds  j  accordé  à  la  22^  de 
la  montre.  La  doublette  eft  un  jeu  à  bouche  dont 
les  tuyaux  font  de  la  petite  fadure  ,  c'eft-à-dire  , 
étroits  :  ces  tuyaux  font  d'étain  fin  &  ouvetts. 

Doublette.  Terme  de  Conchyliologie.  C'eft  un  moc 
dont  fe  fervent  les  Hollandoisj  pour  exprimer  les 
Coquillages  qtii  ont  deux  écailles.  Ce  terme  revient  - 
.à  celui  de  Bivalve. 

DOUBLEUR  DE  LAINE.  Celui  qui  double  la  laine 
fur  le  rouer. 

DOUBLEUSES  DE  SOIES.  Ce  font  des  filles  ,  qui, 
après  que  la  foie  a  été  filée  par  le  Moulinier ,  la 
doublent  fur  des  guindres  ,  qui  font  des  eipèces  de 
rouets. 

DOUBLiERE.  f.  f.  C'eft  ,  félon  Botel  ,  une  bête 
qui  porte  deux  petits  à-la-fois.  Ce   mot  n'eft  pas 


d'ufage. 


icT  DOUBLOIR.  f.  f.  Dans  la  Manufadure  de  foie  , 
Machine  qui  fert  à  foutenir  les  rochers  fur  lefquels 
eft  dévidée  la  foie  qu'on  veut  doubler. 

DOUBLON,  f.  m.  Monnoie  d'Efpagne  ,  ou  double 
piftole.  Duplex  nummus  aureus.  Ala  foi  ils  font 
beaux  &  bons,  vos  doublons.  Cathol.  d'Es.  Voy. 
Pistole  d'Espagne. 

Doublon  ,  en  termes  d'Impriitierlcj  fedit ,  des  fautes 
des  Compofiteufs  ,  quand  ils  compofent  deux  fois 
la  même  chofe  j  ou  plufieuts  mots.  Iceratio  fupef- 
vacanei\ 

DOUBLOT.  f.  m.  Terme  de  M.inufadure  d'étoffes 
de  laine,  en  ufage  dans  la  Province  de  Cham- 
pagne, particulièrement  à  Reims  :  il  fignifie  ,  un 
fil  de  laine  double,  dont  on  fait  les  lifières  des 
droczuets. 

DOUBLURE,  f.  f.  L'étoffe  dont  on  double  une 
autre.  Affutus ,  ou  ajfucndus  intrinfecùs  yejli  pan- 


44^  D  O  U 

nus.  La  doublure  eft  fouvenc  plus  riche  que  l'étoffe. 
On  die ,  en  proverbe  &  au  figuré  ,  que  fin  con- 
tre hn  ,  n'eft  pas  propre  à  faire  doublure  j  pour  dire, 
que  deux  perfonnes  qui  fonc  égalemenr  fines  j 
ont  delà  peine  à  fe  tromper  l'une  l'autre. 

f3°  Doublure,  fe  dit,  aulîi ,  parmi  les  Orfèvres, 
de  l'or  ou  de  l'argent  dont  on  garnit  intérieure- 
ment les  tabatières,  dont  le  delfusnellpas  du  même 
métal. 
DOUBTER.  Voyei  DOUTER. 

DOUCE-ÂMÈRE,  ou  DULCAMERE.  Plante  qui 
poulie  des  farmens  longs ,  ordinairement  de  deux 
ou  trois  pieds.  Elle  eft  chaude  ,  fébrifuge  ,  pulmo- 
nique  ,  5c  tue  les  vers.  Ses  feuilles  &  fes  baies  font 
defficatives  ,  digeftives ,  déterfives  ,^  réfolutives  &; 
propres  pour  les  obftruclions  du  foie  ,  pour  les 
hernies  ,  pour  ceux  qui  font  tombés  de  haut ,  pour 
dilFoudre  le  fang  caillé  ,  étant  prife  endécoélion ,  ou 
autrement.  On  l'emploie  avec  luccès  ,  en  forme  de 
cataplafme ,  fur  la  tumeur  des  mamelles  ,  caufée 
par  la  coagulation  du  lait.  Cette  plante  fe  vend  dans 
les  boutiques  des  Herboriftes.  Dulcamara ,  folanum 
Jcandcns. 

DOUCEÂTRE,  adj.  m.  &  f.  Qui  eft  d'une  douceur 
fade.  Il  fe  du  des  eaux  ,  ou  des  liqueurs  j  ou  fa- 
veurs ^  &  quelquefois  des  odeurs.  Subdulcis  j  dul- 
ciculus.  Je  n'aime  point  cette  fauce  ,  elle  eft  trop 
douceâtre.   Un  fruit  douceâtre.  Prononcez  dou^âtre. 

DOUCEMENT,  adv.  D'une  manière  douce.  Suaviter, 
dulcicer.  Les  tortues  marchent  fort  doucement.  Sé- 
nèque  nous  apprend  ,  que  ,  quand  Socrate  étoit  en 
colère,  c'était  alors  qu'il  parloir  plus  doucement^ 
&  plus  rarement.  Port-R. 

Doucement,  figmfie  encore.  Humainement,  fans 
rudeffe  ,  fans  aigreur.  Humanlter ,  lenlter.  Il  faut 
traiter  doucement  les  valets.  Ce  Prince  a  traité  dou- 
cement les  vaincus.  La  corredion  chrétienne  fe  doit 
faire  doucement.  Se  fans  aigreur.  Je  ne  lui  ai  rien 
dit  de  fâcheux  ^  je  lui  ai  parlé  doucement. 

Doucement,  fignifie  encore.  Commodément,  fa- 
cilement ,  paifiblement ,  agréablement ,  fans  mur- 
mure ,  fans  impatience.  Placide  ^  quietè  ,  tran- 
quille j  pacatè  ,  fuaviter.  On  vit  doucement  dans  la 
lolitude.  Avec  un  peu  de  raifon  ,  on  peut  goûter 
doucement  les  biens  ,  &  s'caccommoder patiemment 
aux  maux.  S.  Evrem.  Il  vit  tout  doucement  de  fon 
bien  ;  ce  qui  veut  dire  ,  auiîî  ,  petitement  ;  mais 
fans  être  à  charge  à  perfonne.  Vivre  doucement ,  c'eft- 
à -dire  ,  fans  paflion  ,  fans  inquiétude  ,  hors  du 
bruit  &de l'embarrasdes affaires.  Bouh.  Doucement, 
diras-tu  ,  que  fert  de  s'emporter  ?  Boil.  C'eft-à- 
dire  ,  parler  fans  aigreur  &:  fans  précipitation. 
Quelquefois  il  va  plus  à  l'artifice  qu'à  la  modé- 
ration. 


DO  U 

ment  fe  porte  ce  malade  ?  Tout  doucement.  Avan- 
cez-vous cette  affaire  ?  Tout  doucement.  Académie- 
Françoise. 
DOUCEREUX^   EusE.  adj.  Qui  eft  doux,  fans  être 
DuUiculus.   Vin  doucereux  ,  truit  douce- 


agreabie. 
reux. 


EJi-ce  donc -là  médire^  ou  parler  franchement  ? 
Non  j  non  ,  la  médifance  y  va.  plus  doucement. 

BOILEAU. 

Il  faut  fe  laifler  conduire  doucement  à  la  nature  , 
qui  nous  apprendra  affezà  mourir.  Mont.  Les  mar- 
ques de  votre  tendreffe  me  repaffent  doucement 
dans  l'imagination.  Ch.  de  Mer.  Je  fais  fouffrir 
mes  malheurs  adez  doucement ,  &  fans  importuner 
perfonne.  M.  Scud.  Le  mouvement  le  plus  dé- 
licat de  l'amour  ,  c'eft  la  langueur  ,  qui ,  comme 
une  flamme  fecrète,  nous  confume  doucement.  S. 
Evremont. 
Doucement  ,  fignifie  encore  ,  Sans  éclat,  à  la  four- 
dine  &  délicatement.  Tacite  ^  leniter ,  lente.  Les 
négociations  av.  c  les  Etrangers  doivent  être  traitées 
fort  doucement.  Il  faut  aller  doucement ,  &  bride  en 
main  ,  quand  on  a  affixire  à  certaines  gens. 

On  dit ,  en  proverbe,  Allei  doucement  en  befogne, 
quand  on  agit  lentement ,  &  avec  grande  circonf- 
pe£bion. 

On  dit ,  après  de  grandes  douleurs  ,  qu'on  eft 
bien  doucement-^  pour  dire  ,   qu'on  eft  foulage. 

Il   fignifie  ,   auflî ,  Médiocrement  bien.   Com- 


%fT  Doucereux  ,  fe  dit ,  au  figuré  ,  de  ceux  ,  qui , 
par  des  airs  féminins  &  affeétés  ,  par  des  difcours 
flatteurs,  cherchent  à  s'infinuer  dans  l'efprit  des 
autres.  Il  fignifie  ^  proprement  ^  celui  qui  eft  tiop 
doux  &  affedté.  Ce  mot  s'applique  à  ceux  qui  mon- 
trent beauconp  d'amour  ;  mais  une  amour  fade. 
Blandiculus ,  blandicellus  ^  blandiloquus.  Il  eft  auflî 
employé  fubftantivement. 

fer  On  ledit,  non-feulement  des  perfonnes, 
mais  aufli  des  chofes  qui  font  particulièrement  pro- 
pres aux  perfonnes.  Un  ftyle  douceureux  ,  un  efprit 
doucereux  ,  des  vers  doucereux  :  ce  qui  fe  dit,  par- 
ticulièrement j  des  vers  d'amour.  Faire  le  douce- 
reux ,  c'eft  ,  Faire  l'amoureux ,  le  languiffant  auprès 
d'une  Dame.  Lanmidum,  languentem  amajlum  aaere. 
Cet  homme  eft  un  doucereux  j  qui  fait  toujours  le 
plaintif  &  le  foupirant.  M.  Scud.  Appeler  un  homme 
doucereux ,  c'eftjhiidire  une  injure.  Id.  La  réputation 
Aq  doucereux  bannal.  Bussi.  ^Rab.) 

DOUCET,  ETTE.  adj.  Diminutif  de  doux  ,  qui  ne  fe 
dit  que  dans  le  difcours  familier.  Blandicella  oris 
fpecies.  U  ne  fe  dit  que  des  perfonnes ,  &  l'ufage 
en  eft  fort  borné.  U  eft  auili  fubftantif.  C'eft  une  ' 
petite  doucette. 

DOUCETTE,  f.  f.  Campanulaarvenjis  erecla  y  vel pro- 
cumbens.  Efpèce  de  Campanule  qui  vient  dans  les 
champs  ,  &  dont  on  mange ,  au  printemps ,  les  ra- 
cines en  falade.  Sa  racine  eft  blanchâtre  ,  petite, 
&  pouffe  quelques  feuilles  oblonguesj  arrondies 
par  leurs  extrémités ,  molles  _,  légèrement  dente- 
lées fur  leurs  bords.  Ses  tiges  font  ,  tantôt  droites , 
tantôt  couchées  ,  branchues  ,  garnies  de  feuilles  al- 
ternes ,  pareilles  à  celles  du  bas  \  mais  plus  étroites 
&  un  peu  frifées  fur  leurs  bords.  Les  branches 
&  les  tiges  font  terminées  par  des  fleurs  d'un  feul 
pétale  ,  fort  évafées,  &  à  cinq  angles  ,  purpurines, 
ou  bleuâtres  ,  blanches  dans  leur  fond  ,  èc  foutenues 
par  des  calices  verdâtres  ,  rayonnées  à  cinq  feuilles 
étroites.  Ce  calice  devient  un  fruit  alongé  com- 
pofé  de  quatre  loges  ,  qui  contiennent  une  fe- 
menfe  luifante  &  fort  menue.  Toute  la  plante 
donne  du  lait. 

Doucette  ,  qu'on  nomme  auflî  Roussette,  f.  f.  Efpèce 
de  chien  marin  ,  dont  la  peau  fert  aux  ouvriers  en 
bois ,  aux  mêmes  ouvrage  où  ils  emploient  le  véri- 
table  chien  de  mer. 

Doucette  ,  eft  aufli  un  nom  que  l'on  donne  à  la  Mé- 
laffe  ,  ou  firop  de  fucre. 

|C?  DOUCEUR,  f.  f.   Impreflion  agréable  que  font 
fur  la  langue  les  chofes  qui  n'ont  rien  d'aigre ,  de 
piquant  ni  de  rude.  On   le  dit  aufli    de  la  même 
impreflion  qui  eft  produite  fur  les  autres  fens.  Ce 
mot  s'emploie  au  propre  Se  au  figuré ,  dans  la  plu- 
part de   fes  acceptions.    Voye^  DOUX.  Dulcedo  ^ 
dulcltudo  ,  fuavitas.  La  douceur  du  miel  eft  plus  fade 
que  celle  du  fucre-  La  douceur  de  la  voix  charme 
l'oreille.  Ce  qu'on  eftime  dans  les  parfums  ,  c'eft  U 
douceur.  La  douceur  de  la  peau  plaît  au  toucher.  La 
douceur  âss  covAcnis  plaît  à  la  vue.  On  dit  qu'un 
homme  aime  les  douceurs ,  quand  il  aime  le  fucre  , 
les  confitures  j  les  vins  de  liqueurs. 
ifT  Douceur  ,  dans  un  fens  moral ,  lenitudo,  lenïtas^ 
défigne  un  caraéfère  d'humeur  qui  rend  très-focia- 
ble  ,  Se  ne  rebute  peifonne.  La  douceur ,  dit  M. 
TAbbé  Girard  j  eft  une  qualité  qui  fe  trouve  par- 
ticulièrement dans  la  tournure  de  l'efprit  j  par  rap- 
port à  la  manière  de  prendre   les  chofes  dans  le 
commerce  de  la  vie  civile.  Ses  contraires  font  l'ai- 
greur Se  l'emportement. 

^  Il  paroît  qu'on  fe  fert  plus  communément 
de  ce  mot  à  l'égard  des  femmes  ,  parce  qu'elles  ti- 
rent leur  principale  gloire  des  qualités  convenables 
à  lafociété,  pour  laquelle  il  femble  qu'elles  aient 


D  O  U  D  O  U  447 

été  précifément  faites.  C'efl;  par  une  conduite  mo-^     corporls  panem  Infujîo.  Donner,  recevoir,  prendre 

la  t/'j/icAt'.  On  emploie  les  <^ciz^c/ie^  ,  principalemenr 


dans  les  cas  où  il  y  a  ép.-iiiHUement  de  la  fynovie  , 
que  l'on  cherclie  à  dctiuire  par  ce  moyen  :  effet  qui 
peut  être  produit  par  la  cluite  de  l'eau ,  par  la  cha- 
leur &  par  les  parties  falines  dont  les  eaux  ther- 
males font  chargées.  On  continue  l'ufage  des  douches^ 
plus  ou  moins  long-temps  ,  ftlon  que  le  mal  eût 
plus  ou  moms  opiniâtre. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  ^ocda.  Ménage. 


dérée ,  par  des  manières  modèles  &  polies  ,  que 
l'homme  doit  montrer  ia  douceur  de  fon  carad^re, 
èc  non  par  des  airs  féminins  &c  alledés.  La  douccurl 
etl  une  vertu  prefque  inconnue  ,  parce  qu'elle  elll 
fîmple  &  fans  éclat.  M.  Esp.  Il  y  a  une  lî  grande  j 
liailon  entre  la.  douceur  &  1  humilité  ,  qu'elles  font' 
prefque  inféparables.  S.  Bernard,  dit  que  ce  font  j 
deux  fœurs.  Douceur  de  mœuts  ,  douceur  d'efprit.  1 
Il-ell  difficile  de  définir  cette  douceur  qu'on  trouve  ' 
fl  charmante  dans  les  femmes  ;  il  femble  qu'il  n'y  |^  DOUCHER,  v.  a.  Donner  la  douche.  On  m'a 
a  pas  grande  diftérence  entre  la  bonté  &  \x  douceur. \  douché  \q  br.as  ,  le  genoux,  &c.  Aquas  thermales 
M.  i>cuD.  /-^oye^  encore  Humanité  ,  Bénignité,  j  in  aliquain  corooris  partcm  malè  affeclam  injundere. 
Douceur,  fignihe  encore.  Contentement  ,  aile  ,  DOUCIN.  f.  m.  Nom  que  quelques  -  uns  donnent  à 
agrément ,  plaihr.  Suavuas  ,  jucundiras.  Dieu  nous        l'eau  douce  mêlée  d'eau  de  la  mer.  • 

détache  des  douceurs  trompeufes  du  fiècle  par  les  Doucin.  f.  m.  Sorte  de  pommier  »7^ui  approche  fott  de 
amertumes    falutaires  qu'il  y  mêle.  Le   P.  Thom.        celui  de  Paradis. 

C'ell  dans  le  repos  de  l'efprit  que  conlîrte  la  douceur  DOUCINE.  f.  f.  Terme  d'Architeéture.  C'eft  un  or- 
de  la  vie.  Toutes  les  douceurs  d  un  cœur  tendre  ne  fe  ,      nement  de  la  plus  haute  partie  de  la  corniche  ,  qui 
peuvent  connoître  ,  qu'en  les  éprouvant  foi-même.  !" 
M.  ScuD 


eft  fait  en  forme  d'onde  ,  moulure  ondoyante  ,  moi- 
tié convexe  ,  &  moitié  concave.  Cymatium.  Ou 
l'appelle  ,;  auffi  ,  cymaife  ,  ou  gueule  droite  &  rcn- 
verj'ée, 

^fT  Les  Ménuifiers  appellent  douane ,  une  efpèce 
de  rabot  qui  ferra  faire  des  moulures. 
Mille  &  mille  douceurs  j-  {à  U  couronne) /emMent^lDovci-^2.  f.  f.  Vie'jx  mot.  Sorte  d'inftrument  de  Mu- 

accjche'esj  |      fique.  Marot. 

Qui    ne  Jonc  qu'un  amas  d'amertumes    cachées. ''■DOXiDOU.  f.  m.  Monnoie  de  cuivre,  qui  a  cours 


Ce  font  les  douceurs  d^a  vie  , 
Qiûjoat  les  horreurs  du  trépas.  QuiN. 


Corn. 

La  gutrre  afes  douceurs  j  l'hymen  a  /es  alarmes. 

La  Font. 

On  dit ,  conter  des  douceurs  à  une  femme  y  pour 
dire ,  la  cajoler  ,  lui  conter  des  fleurettes.  Blan- 
ditiiZ  ,  illeceâra  j  lenocinia. 

Aller  à  l'abri  d'une  perruque  blonde , 

De  /es  froides  àQ\i.cQ\ir:s  fatiguer  le  beau  monde, 

#  BOILEAU. 

En  ce  fens ,  on  dit  aulTî  j  Dire  des  douceurs  à 
quelqu'un  j  pour  dire  ,  le  flatter  j  lui  dire  des  cho- 
fes  obligeantes. 
Douceur  ,  fe  dit  aufli ,  de  quelque  commodité  ,  ou 
menu  profit  qu'on  tire  d'une  affaire  ,  d'une  entre- 
mife  i  Fruclus  ,  utilitas  ,  commodum.  Cet  homme 
n'a  pas  beaucoup  gagné  à  ce  marché  \  mais  il  en  a 
tité  quelque  douceur.  Il  a  fait  ce  mariage  j  il  en  a 
eu  quelque  douceur.  Cela  eft  du  difcours  familier. 

Douceur  fe  dit  du  flyle.  Il  y  a  une  douceur  de 
ftyle  ,  qui  condlle  à  écrire  de  manière  que  le  dif- 
cours s'infinue  imperceptiblement  dans  î'efprit  du 
Lecteur  ,  &  y  falFe  une  imprellionqui  plaife  &  qui 

attache Ce  talent  regarde  le  ftyle  perfonnel ,  & 

eft  fort  au-delfus  du  grammatical ,  dont  néanmoins 
il  fuppofe  d'ordinaire  la  pratique.  P.  Buffier.  La 
douceur  du  ftyle  grammatical ,  félon  le  même  Au- 
teur, confifte  à  éviter  une  fuite  de  mots  dont  la  pro- 
nonciation eft  rude ,  ou  une  fuite  de  fyllabes  qui 
ont  le  même  fon  ,  ou  à-peu-près  le  même  :  le  ftyle 
n'aura  poinr  de  douceur  ,  fi  ces  mots  ou  ces  fyllabes 


dans  quelques  lieux  de  l'Orient ,  particulièrement 
à  Surate  &  Pondichéri.  Le  Doudou  vaut  un  peu 
moins  de  deux  liards. 

DOUÉ ,  ou  DOE.  'Iheotuadum  Cafcllum  j  ou  Pala- 
tium.  Petite  ville  de  Fiance,  dans  la  Province  d'An- 
jou J  à  quinze  mille  pas  de  la  Loire  ,  à  trois  lieues 
de  Saumur  ,  &  à  une  lieue  d'une  petite  rivière  ap- 
pelée le  Toué ,  alfez  près  d'jjn  ruilfeau  nommé 
Layon.  Il  paroît ,  par  le  témriignage  de  phifieurs 
Hiftoriens  ^  que  Doé  étoit  un  des  principaux  Pa- 
lais des  Rois  d'Aquitaine  ;  &  ce  font  les  ruines 
de  ce  Palais  que  les  gens  du  Pays  prennent 
pour  les  reftes  d'un  Amphithéâtre.  Meilleurs  Bau- 
drand  &  Corneille  ont  cru  que  c'étoit  un  Amphi- 
théâtre ,  &  en  ont  décrit  la  forme  &  les  dimen- 
fions.  Il  eft  défigure  hexagone  ,  taillé  dans  un  roc, 
ou  carrière  de  pierre  rougeâtre,  &  pouvoir  contenir 
quinze  mille  fpeétareurs.  Il  y  a  vingt  degrés  pour 
delcendre  au  parc  ,  où  l'on  faifoit  combattre  les 
animaux.  En  1610.  les  Bourgeois  de  Doué  repré- 
feutèient,  dans  cet  Amphithéâtre,  la  prifede  Jé- 
rufalem ,  par  Godefroi  de  Bouillon ,  &  quelques 
Tragédies.  Outre  la  ParoilTe  ,  qui  eft  dédiée  à  S. 
Pierre ,  il  y  a  l'Eglife  Royale  &  Collégiale  de  S. 
Denis ,  un  Couvent  de  Recolets  ,  &  un  Hôpital 
bien  rente.  On  voit  à  Doué  une  des  plus  belles  fon- 
taines qu'il  y  ait  en  France.  Elle  eft  en  fera  cheval , 
Lebaffin  en  eft  fort  large,  &  feivoit  aux  Nauma- 
chies,  ou  combats  fur  l'eau.  La  Collégiale  de  S. 
Denis  eft ,  dit-on  ,  un  monument  de  la  piété  de 
Dagobert  I.  Cette  ville  a  été  appelée  en  Latin 
Doadum  Cafiellum  ,  Doalum  ,  Caftfum  Doadium , 
Dudum  ,  ou  Douœum. 

DOUECNE.  Foyc^  DUEGNE. 


ne  font  pas  tout  à-fiit  de  fuite,  mais  fort  près  ;  filDOUELLE.  f  £  Petit  ais  dont  on  fait  les  tonneaux 


l'on  repère  trop  fouvent  certaines  particules,  car, 
pour ,  mais  ,  &c.  (\  les  mêmes  mots  font  ptisen  dif- 
férens  fens  dans  une  même  phrafe  ;  s'il  y  a  des  mots 
que  l'oreille  ne  diftingue  pas  affez ,  de  forte  que 
phifieurs  femblent  n'en  former  qu'un  feul.  Ifocrate , 
S.  Jean  Chryfoftôme  ,  &  Euripide  parmi  les  Grecs  ; 
Cicéron  &  Cornélius  Nepos  parmi  les  Larins  ;  Sa- 
rafin  ,  M.  de  Fénelon  ,  Archevêque  de  Cambrav  , 
M.  Maboul ,  Evêque  d'Alet,  Racine  ont  une  gtande 
douceur  de  ftyle.  S 

On  dit ,  proverbialement ,  Tout  par  douceur  ,  Se  ■ 
rien  par  force  ,  pour  dire  j  qu'on  fait  mieux  fes  j 
affaires  à  l'air.iable  j  que  pat  violence.  ï 

iyT  DOUCHE,  f  f.  Epanchement ,  chute  d'eau  mi 


C'eft  la  même  chofe  que  douve,  ou  douvelle. 
F'oye^  Douve  ,  dont  douelle  Se  douvelle  font  des 
diminutifs. 
Douelle.  f  f.  Terme  d'Architedure  ,  quife  dit  d'une 
coupe  de  pierre  propre  à  faire  des  voûtes.  Secli  in 
cuneum  lapides.  Le  parement  qui  fait  la  partie  cein- 
trée  de  la  voûte ,  &  qui  eft  courbe  ,  s'appelle 
douelle  intérieure  ,  ou  intrados.  La  partie  oppofée 
qui  fait  le  defliis  de  la  voûte ,  s'appelle  douelle  in- 
térieure, ou  extrados.  La  furface  plane  qui  palfe 
par  la  corde  de  l'arc  à\mzdouelle ,  s'appelle  douelle 
plate  :  c'eft  une  préparation  à  la  formation  d'une 
douelle  concave.  Frezier. 

Ce  mot  vient  du  Latin  dolium ,  un  tonneau.  Id. 


nérale,  dirigée  fur  une   partie  afteclée,  pour  en   DOUER,  v.  a.  Terme  de  Pratique.  Aligner  un  douaire 
procurer  la  guérifon.  Aqus.  calidx,  in  affeclam  maVe  i     à  fa  femme.   Voye\  Douaire.  Une  femifle  douée. 


44S  D  O  U 

de  douaire  coiuumier  eft  plus  avantagée  j  que  Ci  ♦ 
elle  étoic  douce  d'un  douaire  piéhx.  11  a  doue  fa  ; 
femme  d'un  tel  revenu.  ) 

PouER,  fe  dit,  auffi ,  en  parlant  des  dons  &  des 
avantages  que  nous  recevons  de  Dieu  ,  de  la  nature.  ; 
Ornare  ,  injiruere.  Samfon  fut  douz  d'une  force  ex-  ; 
traordinaire.  EftKer  fut  douce  d'une  beauté  admi-  j 
rabie.  La  Sainte  Vierge  a  été  douce  de  toutes  fortes 


D  O  U 

Ou  appelle,  aufli ,  douille  de  la  croix,  le  cretCi 
qui  elt  au  bas ,  où  l'on  fait  entrer  le  bâton  pour  la 
porter  en  Procellion  ,  ou  la  mettre  fur  fon  pied. 
Les  Taillandiers  &  les  Jardiniers  le  difent  ,  aulîi  , 
du  trou  d'un  outil  de  ter  ,  comme  d'une  bêche  , 
dans  lequel  on  mer  un  manche  de  bois.  On  appelle 
ainli,  généralement,  tout  canal ,  anneau,  tuyau  de 
métal. 


de  oraces  &  de  vertus.  Dieu  l'a  doué  d'une  grande   DOUILLET  ,  ette.  adj.  Mouillez  l'i  &  les  deux  //. 


vertu.  La  nature  l'a  doue  de  grands  talens ,  d'une 
grande   beauté. 

Doué  ,  ée.  part.  &  adj.  Ornatus  _,  pr<tdïclus ,  ïnfiruc- 
tus.  Ce  jeune  homme  ell  douéàç.  mille  belles  qua- 
lités. 

DOUET"  ou  DOUIT.  f.  m.  Petit  courant  d'eau.  Ce 
Terme  elt  piincir^alement  ufité  dans  les  Provinces 
de  Normandie  &c  d'Anjou.  On  ne  le  dit  point  ail-  ' 
leurs.  M.   Huet  dit   qu'il  vient  du  Latin   duclus , 
aqunduclus. 

DOUGÉ ,  ÉE.  adj.  Vieux  mot.  Fin  ,  délié. 

Le  corps  ejl  droit ,  gent  &  dougé. 

Ménage   remarque   que  l'on  dit ,  auflî ,  du  fil 
dougé ,  Hcàchtoïkdougée.  ,        ^       .      , 

DOUGLAS.  Bourg,  ou  petite  ville  d  Ecolle  j  fur  la 
côte  de  Merche ,  Merchia ,  aux  confins  de  la  Lo- 
thiane  ,  dans  laquelle  quelques  Géographes  la  com- 
prennent. Maty.  Speed  la  met  dans  la  Merche, 
ou  Marche.  Dunglajium.  Les  Anglois  écrivent  Du 
g/as ,  ou  ~Dunglas.  C'eft  ce  dernier  qui  fe  voit  tou 


Mollet  J  doux  à  l'attouchement.  Mollis  ^moUicuius. 
Une  étofte  de  loie  ell  bien  douillette.  Un  oreiller  de 
duvet  eft  douillet.  La  pommade  rend  la  peau  unie 
&  douillette.  Les  linges  qu'un  Chirurgien  emploie 
doivent  toujours  ctre  à  demi  -  ufés ,  afin  qu'ils 
obéllfent  davantage ,  &  qu'ils  foient  plus  douillets. 
DroNis. 
Douillet,  fe  dit ,  auflî  ,  des  perfonnes  qui  afFeftenc 
une  délicatelfe  extraordinaire  pour  ce  qui  touche 
les  fens.  Delicatus  ^  delicatulus.  Ced  un  homme  fi 
douillet  :  ce  qui  fe  dit ,  aufli  j  des  hypocrites 
&  taux  dévots  qui  cherchent  trop  leurs  ailes.  L'a- 
mour propre  eft  douillet  &c  mignard  j  il  eft  fort 
mal-aifé  à  fatisfaitp.  M.  Esp.  On  dit ,  dun  homme 
qui  a  Ja  goutte  au  pied  ,  &  qui  a  encore  de  la  foi- 
blelfe  ,  qu'il  a  encore  le  pied  douillet. 

Il  eit  encore  fubftantif.  Il  fait  le  douillet.  C'eft  un 
douillet.  Homme  qui  aimefes  aifes. 
DOUILLETTEMENT,   adv.  D'une  manière  douil- 
lette ,  ou  fur  quelque  chofe  de  douillet.  Délicate. 
Il  étoit  couché  bien  douillettement  fur  un  bon  mate-r 
las ,  tandis  que  les  autres  étoient  fur  la  dure, 
jours  dans  les'Carres  de  Speed  ,    foit  pour  ce  nom-   D  O  U  I  L  L  O  N.   f.  m.  Il  fe  dit ,  en  Poitou  &  d.ans 
ou  pour  les  fuivans.  Ce  lieu  donne  fon  nom  à       quelques  autres  Provinces  voifines  ,  des  laines  de 

'    "  '        "  '  moindre    qualité  ,   telles   que  font  les  plures  ôc 

poignons. 
DOLïLAS.  Village  de  France  en  Bretagne,  à  trois  lieues 
à  l'orient  de  Brelt.  Daculajîum.  L'Abbaye  de  Doulas 
de  l'Ordre  de  S.  Auguftin  fut  fondée  en  1115.  par 
Alain  ,  Seigneur  de  Rohan.  M.  Corneille  écrie 
Doulas  ,  on  D<iO'das  ;  mais  on  dit  toujours  Doulas, 
DOULCEMER.  f.  m.  Inftrumentde  Mufique  en  ufage 
en  France  au  XV*^  fiècle.  Un  compte  rendu  au  Duc 
de  Bretagne  en  145 1  &  1452..  par  Raoul  de  Lau- 
nay  ,  fait  mention  d'un  nommé  Henri  Cuiyot , 
joueur  de  doulcemer.  Le  P.  Lobineau  a  donné  l'ex- 
trait de  cet  ade  dans  \HiJl.  de  Bret.  T.  x.  1122.  & 
fuiv.  f^oye:^  à  la  pag.  1 184.  dernière  ligne 
DOULEBSAIS  ,  ou  MALLEMOLLES.  Efpèce  de 
moulîeline  ,  ou  toile  de  coton  blanche  ,  très-claite 
&  très  fine ,  que  l'on  tire  des  Indes  Orientales , 
particulièrement  de  Bengale. 
ifT  DOULEUR,  f  £  Sentiment  défagréable,  occa- 
fionné  par  un  délordre  dans  quelque  partie  interne 
ou  externe  du  corps ,  par  une  lélion  particulière 
dans  l'organe  des  lentimens.  Dolor.  La  douleur  ^ 
félon  les  uns ,  eft  un  mouvement  qui  réfîde  dans  les 


Cl 


une  vallée  ,  de  laquelle  il  eft  proche  ,  _&  que  les 
EcolTois  appellent  Dugafdale.  il  a  aulli  donné  fon 
nom  à  l'ancienne  maifon  de  Douglas.  Corn. 

Douglas.  Ville  de  llfte  du  Man.  Dunglafium.  G'eft 
un  port  de  mer  fitué  fur  la  côte  orientale  de  cette 
Ifle  ,  vis-à-vis  le  Lancaftre  en  Angleterre.  Le  Golfe 
ou  le  Havre  de  Douglas  eft  une  partie  de  la  met 
d'Irlande,  fur  la  côte  orientale  de  l'ille  de  Man, 
Se  au  fond  duquel  eft  la  ville  de  Douglas ,  dont 
il  prend  le  nom.  Ce  Cap  ,  ou  la  pointe  de  Douglas , 
eft  fur  la  côte  orientale  de  l'Ifle  de  Man  ,  la  poin  e 
de  terre  qui  s'avance  au  midi  du  Golte  de  Douglas  ^ 
dont  nous  venons  de  parler ,  îk  qui  fert  à  former 
ce  Golfe.  Les  Cartes  de  Speed  j  qui  écrivent  Dun- 
glas  J,  en  indiquant  le  Douglas  d  Ecolfe  ,  écrivent 
toujours  Dovvglas  pour  celui  de  Man.  Pour  nous  , 
nous  prononçons  toujours  Douglas. 

DOUHE.  f.  f  C'eft  le  c"->té  d'un  foifcoù  font  les  terres 
jeélices.  /'dveç  Douve. 

DOUiKEN.  Terme  de  Relation.  C'eft  ainfi  que  les 
Cathains  appellent  la  vingt  -  deuxième  partie  de 
leur  année  ,  qui  en  a  vingt-quatre  de  1 5  jours  cha- 
cune, f^oye^  d'Herbelot. 

DOUILLAGE.  f.  m.  Terme  de  Manufadure.  Mau- 
vaife  fabrication  des  étoftes  de  laine,  qui  vient  de 
ce  que  le  tilfeur  n'a  pas  employé  des  trames  de  la 
même  qualité  dans  toute  la  longueur  des  pièces. 
On  appelle  une  pièce  douilleufe  ,  celle  qui  eft  ridée 
Se  mal  unie  ,  qui  n'eft  pas  carrée  ,  &  d'une  égale 
largeur. 

.DOUILLART.  f.  m.  Mefure  dont  on  fe  fert  à  Bor- 
deaux &:  prefque  dans  toute  la  Guyenne  ,  pour 
mefurer  k-;  charbons  de  terre  d'Ani^lcierre  &c  d'E- 
'coife.  ^iat  J-ouillarts  font  le  tonneau  compofé  dî 
36  barriques,  qui  reviennent  à  71  barrils  ,  delà 
mefure  de  ceux  portés  par  les  rarifs  de  1<>(Î4  5c 
1667. 

DOUILLE,  f.f  Mouillez  ill.  Terme  d'Armurier.  C'eft 
le  fer  creux  qu'on  mer  au  rilon  ou  au  bout  d'e:i-bas 
d'une  pique  ,  d'une  hallebarde  ,  javeline  ,  baïon- 
nette, ou  autre  arme  femSlable,  ou  au  bout  de  la 
baguette  d'une  arme  à  feu.  ''u'ulus  Jerreus  ,  cjuo 
pars  hafl&i  fpiculi  ,  extrema  pr.^.figitur.  On  le  dit , 
'auflî ,  du  creux  où  l'on  m-^r  la  chandelle  dans  une 
lanterne  ,  un  martinet,  on  un  flunbeau.  Candelahri 


fens  ;  &  ,  félon  les  autres ,  c'eft  une  émotion  de 
l'ame  caufée  par  les  organes.  Si  on  demande  la 
caufe  de  la  douleur  que  caufe  une  piquure  ,  l'on 
doit  répondre  d'abord ,  que  la  piquure  ne  peut  fé- 
parer  les  fibres  de  la  chair ,  fans  ébranler  les  nerfs 
qui  aboutillent  au  cerveau  :  on  demandera  encore  , 
pourquoi  cette  partie  du  cerveau  étant  ébranlée  ,on 
fenr  de  la  douleur  ?  Car  il  n'y  a  point  de  liaifon  né- 
ceflàire  entre  les  ébranlemens  du  cerveau,  &  le 
fentiment  de  douieur  àont  l'ame  eft  atfeéfée.MALEB. 
Pour  rendre  raifon  de  la  douleur  ,  il  faut  avoir  re- 
cours à  une  puiifance  fupérieure ,  qui  forme  la  liai- 
fon entre  les  ébranlemens  du  cerveau  &  le  fentimenc 
de  l'ame.  Dieu  connoît  la.  douleur-^  mais  ne  la  fenc 
pas ,  pirce  que,  fentir  la  douleur ,  c'eft  être  aéfuel- 
lement  malheureux:  pour  nous,  nous  fentons  la 
douleur  ,  fuis  la  coniioître  ;  nous  n'en  avons  nulle 
idée  claire.  Id.  Ce  Stoïcien  ,  qui  ne  vouloit  pas 
avouer  que  la  douleur  fût  un  ma!  ,  l'avouoir  par 
l'eff  irr  qu  il  faifoit  pour  ne  le  pas  avouer.  Le  péché 
de  la  femme  a  été  puni  par  les  douleurs  de  l'enfan- 
tement. 


'.  Jummus  tubulus.  Les  Orfèvres  l'appellent  ^oZ-^/ze.  fC?  Douleur,  fe  ditp   également,   des  fenfations 

défajjréabl©* 


D  O  U 

défagréables  du  corps,  &:  des  peines  de  refprit  &:da 
cœur.  L'idée  de  douleur  ajoure  à  celle  d'aftlicbion  , 
qui  enchérit  à  fon  tour  ,  lur  l'idée  de  trûteile.  Do- 
lor ,  duCicéron,  eji  agrkudo  crucians.Kisnn^  ion- 
\a.gQ  unt  la.  douleur  ,  que  la  liberté  de  le  plaindre. 
f^oyei  Affliction  ,  Tristesse. 

F'ous  triomphei ,  cruelle  j  &  brave':ç  ma  douleur. 

Racine. 

Il  y  a  des  douleurs  fi  fçnfibles  ,  qu'il  femble 
qu'elles  nous  difpenfenr,  pour  quelque  temps, de  la 
nécellicé  d'être  raisonnables.  J'ai  reirenti  tour  ce 
que  la  douleur  a  de  tendre,  de  vif  &  de  violent. 
M.  Esp.  Je  lailFe  à  ces  femmes  médiocrement  tou- 
chées ,  tout  ce  fracas  de  gémilfemens ,  qui  font  plus 
propres  à  atfoiblir  la  û'j/^/fttr,  qu'à  l'exprimer.  Il  y 
a  des  femmes  qui  ne  s'opinuurent  à  pleurer  ,  que 
pour  avoir  la  gloire  dune  belle  &  immortelle  dou- 
Leur,  RocHEF.  La  douleur  eft  toujours  moins  forte 
que  la  plainte.  La  Fomt.  Les  douleurs  qui  font  eau- 
fées  par  l'amour  ,.  font  plus  aifées  à  conloler  ,  que 
celle  qui  iont  caulées  par  l'amuié^  celles  de  l'amour 
font  plus  violentes ,  mais  moins  durables.  Id.  Re- 
marquez dins  ce  tableau  d'un  homme  mourant, 
environné  de  fa  famille  ,  que  la  douleur  y  ell  li  bien 
diverfitîée  ,  qu'on  peut  dilhnguer  la  douleur  d'un 
coufni  germain  ,  <Sc  la  douleur  àiiïn-ïnx\tQ  d'une  fer- 
vante  qui  fe  contrefait. 

■Il  faut  dans  la  douleur  que  vous  vous  ahalffle^. 

BoiL. 

Lncain  fait  dire  à  Corneille  ,  veuve  de  Pompée  , 
Il  m'eit  honreiix  de  ne  pouvoir  mourir  après  vous 
de  ma  i^j^/ci^.- feule.  Bo  UH.  La  douleur  ànns  M.û- 
irelFe  ,  qui  pleure  Ion  Amant,  nous  touche  plus  que 
i'affliclion  d'une  veuve  artificieufe.  S.  Evr. 

On  dit  j  en  proverbe  ,  Four  un  plailir  j  mille 
douleurs  j  pour  due  ,   qu  il  y  a  plus  de  maux  que 


D  O  U 

46 


449 

royei  PHILIPPINES,   Reli- 


de  plailirs  en  ce  mouds.  On  dit ,  aulli ,  A  la  »^han- 
deleur  ,  la  grande  uouleur-^  pour  dire,  le  grand 
froid.  On  dit  encore,  proverbialement.  Douleur 
aux  vaincus. 

(fT  Le  plaifir  eft  toujours  l'oppofé  de  la  douleur. 
Douleur  &c  mal  ne  font  proprement  fynonymes  , 
que  dans  le  fens  où  ils  marquent  une  forte  de  fenfi- 
ïion  dilgracieufe  qui  fait  iouttrir  \  ôc  ,  alors  ,  la 
douleur  du  quei-iue  chofe  de  plus  vif,  qui  s'adrelfe 
précifément  à  la  fendbilité  ;  le  mal  dit  quelque 
chofe  de  plus  générique  ,  qui  s'adrelTe  également  à 
la  fenlîbilué  ëc  à  la  fanté.  Syn.  Fr. 

fiCJ"  La  douleur  efl:  fouvent  regardée  comme  l'effjt 
du  mal  \  jamais  comme  la  caufe.  On  dit ,  de  la  dou- 
leur,   qu'elle  eft  aiguc  j  du  mal,  qu'il  eft  violent. 

Les  Filles  des  SEPT  DOULEURS  de  la  Sainte  ^ 
Vierge.  S.  Philippe  Bénizi  ,  Propagateur  ,  &  l'un  j 
des  Généraux  de  l'Ordre  des  Servîtes ,  avoit  établi  ] 
en  plufieurs  lieux  des  Contrairies.  en  1  honneur  des  j 
fept  douleurs  de  la  Sainte  Vierge  ;  mais  il  n'y  avoit  i 
aucune  Communauté  fous  ce  nom.  Ce 'fut  la  Du-  j 
chelTe  de  Latere  ,  Dona-Camille-Virginie  Savelli-  j 
Farnefe,  qui  fonda  celle  de  Rome  vers  l'an   1651 


Tom.   m.  p. 

gieu  fes. 
Douleur.  En  Mythologie,  f.  f.  Fille  de  l'Erébè  &  de 

li'Nuit  ,  félon  Cicéron. 
DOULI.  f.  m.Terme  de  Relation.  Efpèce  de  voiture 

dont  on  fe  lert  aux  Indes.  Leclka  ,  Sella  indka.  U  fît 

même  fa  femme  dans  un  Douli ,  (  c'eft  une  voiture  • 

moins  honorable  que    le  Palanquin)    &  il    la  ht 
•  tranfporter  de  l'Eglife.  Let.  edif.  et   cur.  Elle  fe 

leva  tout-àcoupde  delUis  le  aouli.  Ib. 
DOULOIR  ,  SE  DOULOIR.  v.  récip.  Vieux  mot  qui 

fignilioit,   autrefois  j  Se  plaindre.  Dolere  ,  queri  ^ 

conqueri.  Les  Chevaliers  d'Amadisfe^oa/o/enr  moule 

piteufement. 

Femme  fe  plaint ,  femme  yè  dealt  '> 
Femme  pleure  quand  elle  veut. 

Se  Douloir  ,  ne  (ignifie  pas  tant  être  fâché  ,  que 
Avoir  de  la  douleur  ,  être  crifte,  dolent,  ckigrin, 
Dolere. 

Ce  n' efl  point  deuil ,  quand  louange  on  en  veut  \ 
Mais  le  vrai  deuil  ^fais-tu  bien  qui  le  porte  f 
C'ejl  celui-là  qui  fans  témoins  fe  Deulc.  Marot, 

^fT  DOULON.  Rivière  de  France  ,  en  Auvergne, 
Elle  palfe  à  St.  Verrin  &  à  St.  Didier  ,  îk  joint  l'Al- 
iier,  entre  Brioude  &  vieille  Bioude. 

DOULOUREUSEMENT,  adv.  D'une  manière  dou- 
loureufe.  Acerle. 

DOULOUREUX  ,  EusE.  adj.  Ce  qui  fent  de  la  dou- 
leur,   ou  qui  en  caufe.  Acerhus  ,  dolorem  creans  ^' 
<7^e/v/zi.  Neliii  lijurtezpas  le   bras,  il  l'a  fort  ^uz^- 
loui'eux  ,  a  caufe  d'un  rhumatifme.  La  goutte  eft  un 
mal  fort  douloureux. 

Douloureux.,  fe  dit  également  au  figuré.  Nous  fom- 
mcs  naturellement  touchés  d'un  fpeélacle  trifte  &C 
douloureux.  Felib.  Il  n'y  a  rien  de  phià  douloureux 
que  cette  féparation  éternelle,  que  la  mort  met 
entre  nous  <Sc  nos  amis.  Pàtr'. 

Servons  d'exemple  à  l'Univers^ 
De  l'amour  la  plus  tendre '^j'  la  plus  rnalheureufe^ 
Dont  il  puisse  garder  l'hi/loire  douloureufe. 

Racine. 


DOUNEZAN.  Foyei  DONNEZ  AN.  On  prononce 
l'un  &  l'autre. 

DOURAK.  Ville  de  Perfe,  où  il  fe  fait  quantité  d'A- 
bah?beSj  qui  font  des  efpèces  de  foutanes  fans 
manches  dont  fe  fervent  les  Arabes.  Elles  font  de 
camelot  à  bandes  du  h:u}t  en  bas,  &  de  trois  cou- 
leurs ,  blanches ,  grifes  ^  noires.  Dcurak  eft  allez 
près  d'Hclla,  lieu  où  fe  fait  la  jon6tion  de  l'Eu- 
phrate  &  du  Tigre,  qui  y  forment  plufieurs  marais  j; 
où  l'on  femedes  cannes  qui  fervent  à  écrire.  Quand 
ces  cannes  font  coupées ,  on  les  fait  rouir  dans 
l'eau  J  comme  le  chanvre  en  France.  Cela  leur  donne 
une  vive  couleur  de  feuille  morte.  Enfuite  on  les 
faitfécher  \  &:  elles  acquièrenr  la  dureté  nécelfaire 
pour  écrire.  Tavernier  ,  Voyage  de  Perfe  j  T.  F 
L.  5.  Long.  47.  d.  31'-  Lat.  jz.  d.  15' 


voulant  que  cette  Communauté  portât  le  nom  des   DOURBIE.  Rivière  de  France  ,  qui  fort  d'entre  le  Gé- 
fept  douleurs  de  la  Sainte  Vierge  ,  afin  d'honorer  ,  '      vaudan&  les  Cévennes ,  &:  fe  jette  dans  le  Tarn  au- 
par   une   dévotion    particulière,  la  Mère  de  Dieu        delfus  deMillaud. 
dans  fes  fouftrances.  Elles  font  feulement  une  obla-    DOLIRDAN.  Petite  Ville  de  l'Ifle  de  France.  Durda- 


tion  de  leurs  perlonnes,  fans  engagement  de  vœux, 
promettant  une  perpétuelle  ftabilité  ^  la  converfion  j 
de  leurs  mœurs ,  &:  l'obéilfance  à  la  Supérieure  ^  &  j 
elles    gardent  toutes    les   obfervances     régulières  ,  i 
comme  fi  elles  etoi.nt  Rjligieufes.  Elles  n'ont  point 
de  clôture,  &  elles  fortent   pour   vifiter  les  trois, 
principales  Eglifes  de  Rome  ,   fans  pouvoir  foi  tir 
hors  les  portes  de  la  ville.  Elles  obfervent  la  Règle 
de  Saint    Augu'lin  ,    avec  des  Conftitutions ,  qui 
leur  ont  été  doîince';  par  la  Fondatrice  ,  &  approu- 
ves par  Alexandre  VII.  &  Clément  IX.  ScqueClé- 
laient  X.  confirma  le  Z5   Mars  1^71.  P.  Helyot., 
Tome  IIL 


num  ,  Dordineum  ,  Dordingum.  Elle  eft  dans  le 
Hurepoix  ,  fur  la  rivière  d'Orge.  Quelques-uns 
mètrent  une  partie  de  cette  ville  dans  le  Gâtinois  , 
&  une  aurre  dans  la  Haute  BeaufTe.  Dourdan  eft  un 
Comté  du  domaine  du  Roi.  Il  appartenoit  en  propre 
au  Roi  Hugues  Cnpet;  ^:  ce  fut  par-là  qu'il  devine 
domaine  Royal.  Dourdan  fur  prefque  ruiné  par  les 
Huguenots ,  qui  le  orirent  &  le  reprirent  en  1  ^<îi  Sî 
1 557.  Henri  III.  engagea  DourJar^nu  DiicdeGuife 
en  I  ^96.  Cette  ville  fut  vendue  enfuife  à  Imbert  de 
Diesbac  ,  de  Berne  en  SuilTe.  Celui  ci  remit  fort 
droit  au  fieur  de  Harlay  de  Sancy  ,  qui  le  transféra 


4;o  DOU 

au  heur  de  Rofny.  Ce  dernier  en  jouit  jufqu'en  i(îio 
que  Louis  XIII.  le  rembourfa ,  &c  reprit  Dourdan. 
Corn.  long.  19,  d.  41'.  lat.48.  d.  30'. 
DOURLACH,  ou  DûURLAC.  Petire  ville  d'Alle- 
magne. Durlacum.  Elle  donne  fon  nom  à  ,1a  parcie 
intérieure  du  Marquifat  de  Bade.  Dourlach  elt  fort 
joli ,  &  orné  d'un  beau  château  ,  qui  eft  la  demeure 
des  Marquis  de  'àz.àQ-DourLack.  Rhénan  a  pris  cette 
ville  pour  l'ancienne  Budoris  y  que  Cluvier  croit 
être  le  château  de  Buriach  dans  le  Ckreichgow ,  & 
d'autres  Heidelberg,  Le  Marquifat  de  Dourlac ,  ou 
de  Bade-Dourlach ,  eft  un  petit  Etat  du  Cercle  de 
Souabe  en  Allemagne.  Marchionatus  Duriacenfis. 
C^eft  la  partie  intérieure  ou  feptentrionale  du  Mar- 
quifat de  Bade.  Le  Marquis  de  DourUch  ,  &c  plus  or- 
dinairement de  Bade  Dourlach  :  la  maifon  de  Bade- 
Dourldch  cil  la  branche  cadette  des  Marquis  de  Ba 
de  ,  qui  elt  fouveraine  ,  &:  a  voix  dans  les  Diètes  j 
comme  l'aînée.  Koye\  Bade.  long.  27.  d.  3'.lat.  48. 


d.  58'. 


DOURLANS  ,  ou  DOURLENS.  Petite  ville  de  Fran 
ce.  Dulcndlum  j  Donincu/n  Ambianorum  ;  iJo- 
ncnçum  j  Donengium  dans  quelques  exemplai- 
res de  Sigebert.  Dourlens  eft  dans  l'Amiénois, 
qui  eft  une  partie  de  la  Picardie.  Dourlens  eft  fitué 
fur  la  rivièie  d'Auchie  ,  vers  les  trontières  d'Artois. 
Il  appartenoit  autrefois  aux  Comtes  de  Ponthieu. 
Marie,  Comtelfe  de  Ponthieu  ,  rille  de  Guillaume 
II.  &  d'Alix  de  France,  donna  Dourlens  à  Louis  VIII 
par  contrat  tait  à  Chinon  l'an  1125.  Par  le  traité 
d'Arras  ,  Charles  VIII.  l'aliéna  à  Philippe  le  Bon  , 
Duc  de  Bourgogne  ■,  mais  Louis  XI.  fils  de  Charles, 
le  racheta  en  14(^3.  Les  Picards  àiisni  Doulens  -^  & 
Valois  prétend  qu'il  faut  dire  ainfi  ,  &  que  Dour- 
lens eft  une  corruption  :  eu  Artois  on  dit  aulîi 
Doulcns^ 

DOURO.  Rivière d'Efpagne.  Durlus.  Tel  eft  le  cours 
du  Dûuro  :  il  prend  fa  fource  dans  la  vieille  Caftille, 
vers  les  confins  de  la  Navarre  &  de  l'Arragon ,  dans 
le  pays  des  anciens  Palendons  j  près  l'endroit  où 
écoit  Numance  j  de-là,  féparant  les  Callaïques  des 
Lufitaniens  ,  il  fe  déchargeoit  dans  l'Océan.  Il  a  cent 
lieues  de  cours  à-peu-près  :  il  traverfe  la  vieille  Ca- 
ftille &  le  Royaume  de  Léon  ;  il  touche  au  Portu 
gai  au-deftus  de  Miranda  ,  &c  courant  au  Sud-oueft 
fait  quelque  tems  la  féparation  de  l'Efpagne  éc  du 
Portugal  j  puis  tournant  droit  à  l'Oueft  ,  il  entre 
tout-à-fait  dans  le  Portugal  j  Se  fépare  les  Provinces 
de  Tralos-montes,  &c  d'entre-Minho  Se  Duero  qui 
font  à  fon  nord  ,  de  celle  de  Beyra  qu'il  a  iu  mi- 
di ,  &  fe  dégorge  dans  l'Océan  vers  le  quarante- 
unième  degré  de  latitude  ,  un  peu  au-delfous  de 
Porto.  On  l'appelle  Duero  en  Efpagnol  ;  &  Douro 
en  Portugais. 

DOUROU.  f.  m.  Plante  de  l'Ifle  de  Madagafcar,  qui 
croît  en  forme  d'un  panache^  &  dont  les  feuilles 
ont  deux  pieds  de  largeur  j  &  font  longues  d'une 
toife.  Il  s'en  trouve  même  qui  ont  plus  de  huit  &  dix 
j)ieds  de  long ,  fans  compter  la  tige  qui  eft  quelque- 
fois de  la  longueur  de  deux  pieds.  Son  fruit  appelé 
voaJorou  ,  à  caufe  que  voa  hgnifie  fruit  en  langage 
Ifu  pays  ,  vient  en  forme  d'une  grappe  ,  longue  com- 
me Pépi  du  blé  de  Turquie.  Elle  eft  enfermée  dans 
une  écorce  fort  dure,  &  chaque  grain  ou  baie  eft 
comme  un  gros  pois  environné  d'une  chair  bleue  , 
dont  on  fait  de  l'huile.Les  baies  fervent  à  faire  de  la 
farine  pour  manger  avec  du  lait.  Les  habitans  de 
cette  Ifte  ont  toujours  de  ce  fruit  dans  la  bouche  avec 
du  bétel  &  un  peu  de  chaux  ^  qu'ils  mâchent  pour 
lafanté  ,  <Sc  afin  d'avoir  l'haleine  douce.  Les  feuilles 
vertes  de  cette  plante  leur  fervent  de  nate ,  d'alTiette 
&  de  gobelet.  On  les  nomme  rates ,  quand  elles 
font  féches ,  &  les  tiges  s'appellent/a/a/^j.  On  en 
bâtit  les  murailles  des  maifons. 

DOUSARES.  Fc^^r  Dysares. 

DOUSBOlTRG.  Qu'on  écrit  aufll  Doeshourg.  Ville  des 
Provinces-Unies.  Doesburgum  ,  Doesburgius  ,  Duf- 
burgum,  Vrufiburgum.Qmt  ville  eft  fîtaée  au  con- 


DOU 

iluent  du  vieux  &  du  nouvel  Iftel.  Dousbourg  étoic 
fortifié  i  mais  les  François  en  ruinèrent  les  fortifica- 
tions en  1673. 

DOUiiLAG,  Grande  plaine  fur  la  route  de  Smyrne  a 
Ifpahan ,  à  vingt-quatre  jours  de  Caravane  de  la 
première  de  ces  deux  villes,  &  à  quatorze  deTocat, 
félon  les  voyages  de  Tavernier,  L.  i.c.  7.Cenoin 
fignihe  j  Place  defel  ^  &  le  Pacha  de  Couchabar, 
qui  en  eft  à  deux  journées ,  en  retire ,  dit  cet  Auteur^ 
vingt-quatre  mille  écus  par  an. 

DOUSSAY.  Petite  ville  de  Poitou  en  Ytzace.  Doujfay 
eft  fur  la  rivière  de  Vende. 

DOUTANCE.  f.  f.Vieux  mot.  Doute, crainte.  Dubium, 
timor. 

DOUTE,  f  m.  Le  genre  de  ce  mot  n'eft  pobt  incer- 
tain :  quoique  Voiture  ,  Balzac,  &  plulieuis  de  nos 
bons  Auteurs,  qui écrivoient  il  y  a  envuon  un  liè'i 
de ,  1  aient  fait  du  genre  téminin,  il  eft  aujourd'hui 
du  genre  malculin.  Doute  veut  dire  Incertitude  j  ir- 
réfolution,  agitation  d'un  cipnt  qui  ne  connoit  pas 
la  vérité  ,  ou  qui  ne  kit  de  quel  cote  il  le  doit  ûi- 
temmie:.Dubitatioj  hi/itatio.  Il  taut  pourtant  re- 
marquer que  ces  trois  mots  ne  font  lynonymes  que 
dans  le  fens  où  ils  marquent  une  indécifion.  L'incer- 
titude vient  de  ce  que  l'événement  des  chofes  eft  in- 
connu ;  le  doute  vient  de  ce  que  l'elprit  ne  fait  pas 
faire  un  choix  ;  &  XïrreJolutLon  vient  de  ce  que  k 
volonté  a  de  la  peine  à  fe  déterminer.  Ainfi  le  dout& 
eft  proprement  une  indécifion  de  l'efprit  qui  ne  faic 
pas  faire  un  choix.  On  eft  dans  le  doute  de  ce  qu'on 
doit  faire  ,  fur  des  opinions,  &  j  félon  Ariftote  ,  le 
doute  eft  le  commencement  de  la  fcience.  Mén.  Le 
doute  des  Athées  eft  un  doute  de  ténèbres,  qui  ne 
conduit  point  à,  la  vérité  \  mais  le  doute  à&%  Philo- 
fophes  aide  à  la  trouver.  Maleb.  L'opinion  eft  un 
milieu  entre  le  doute  &c  la  fcience  :  le  doute  laille 
l'efprit  en  fufpens  ,  Se  la  fcience  prononce  détermi-- 
nément.  En  bien  des  chofes  difficiles,  il  vaut  mieux 
pencher  vers  le  doute  que  vers  la  crédulité.  Mont. 
Il  faut  courir  après  la  raifon ,  &  chercher  la  vérité 
par  les  doutes  ik  par  ladifpute.  Balz.  Il  y  a  un  dout& 
qui  tient  l'efprit  abfolument  fufpendu  j  Se  indéter- 
miné ;  Se  un  doute  qui  eft  feulement  accompagné 
de  la  crainte  de  fe  tromper.  Les  Sceptiques  étoienc 
dans  un  doute  perpétuel.  Les  dévots  font  toujours 
pleins  de  doutes  Se  de  fcrupules.  Les  doutes  palTagers 
afFùiblilIènt  la  foi.  Sens  la  ruinent  pas.  Une  faut 
pas  être  flottant  entre  le  doute  Se  la  foi.  Maintenant 
dans  la  Jufticeon  révoque  tout  en  doute.  Ce  doute  ^ 
cette  ctainte  eft  bien  fondée.  Le  P.  Bouhours  a  pro- 
pofé  plufieurs  doutes  fur  la  Langue. 

ip"  On  diftingue  en  Philofophie  deux  fortes  de 
doutes ,  l'un  efteélif  Se  l'autre  méthodique.  Le  doute 
effedif  eft  celui  par  lequel  l'efprit  demeure  en 
fulpens  entre  deux  propofitions  contradidoires  , 
fans  avoir  aucun  motif  dont  le  poids  falFe  pencher 
d'un  côté  plutôt  que  d'un  autre.  C'eft  le  doute  des 
Pyrrhoniens.  Le  doute  méthodique  eft  celui  par  le- 
quel l'efprit  fufpend  fon  jugement  fur  des  vérités 
dont  il  ne  doutepas,  pour  s'aftermir  de  plus  en  plus 
dans  fes  connoiftances.  C'eft  le  doute  introduit  par 
Defcartes.  Dubium  effeclivum.  Dubium  mcthodicum. 
Ce  doute  génétal ,  dans  lequel  les  Pytrhoniens  fe 
renfetment ,  fans  que  rien  puifle  les  en  faire  fortir , 
eft  impollible  ,  pernicieux  à  la  fociété  ,  ridicule  Se 
extravagant.  Foy.  Pyrrhonien. 

Le  mot  de  doute  vient  de  dubita,  terme  de  la  bafte 
Latinité  ,  qu'on  a  dit  pour  dubitaiio. 

Doute  ,  fignifie  quelquefois  crainte  ,  appréhen- 
fion.  Le  doute  où  je  fuis  qu'il  ne  lui  arrive  du  mal, 
fait  que  je  ne  le  quitte  point.  Il  fignifie  aufli  Scru- 
pule. Ce  cas  de  confcience  n'a  pas  été  fi  bien  éclair- 

«  ci  J  qu'il  ne  me  refte  encore  quelque  doute. 

EiouTE.  Figure  de  Rhétorique  ,  par  laquelle  rOtateur 
naroît  en  fufpens  fur  ce  qu'il  doit  faire  &  dire.  Que 
ferai-je  ?  à  qui  m'adrefterai-je  ?  &c.  Ceux  qui  s'a- 
bandonnent à  la  violence  de  leurs  paflions  font  dans 
une  petpétuelle  inquiétude.  Ils  prennent  undelTein  , 
&  puis  ils  le  quittent  ,  Se  ces  divers  mouvemens 


D  OU 

pouflent  leur  efprit  de  tous  côtés.  Or  la  figure  qui  re- 
préfente  cette  fufpenfion,  &  cette  incertuade  ,  s'ap- 
pelle doute.  Dubïtado. 

Sans  doute.  Façon  de  parler  adverbiale  ,  qui  figni- 
fie.  Hors  de  doute  ,  certainement.  Sine  dubio  ,  duhi- 
indubitantcr.  Vous   avez  Jlins 
vos    mefures    pour    un  iî  grand 


DO  U 


-^n 


tatLone  j   indubitatè 
doute  bien    pris 
delFein.  Voit. 


Le  Ciel  s'eflfaït  fans  doute  une  jo'x  inhumaine 
De  rajfeinbler  fur  moi  tous  les  traits  de  fa  haine, 

Racime. 

DOUTER.  V.  n.  Etre  en  doute,  ttre  indécis.  Dubitare. 
Quand   on  peut  djuur  aulli  raiionnablement  que 
vous  ,  l'on  elt  capable  de   décider.  Ménage.  On 
a  beaucoup  avancé  j  (i  l'on  a  feulemenr  appris  à  dou- 
ter :  ce  n'ell  pas  peu  de  chofe  que  de  lavoir  douter 
par  raifon  &  par  efprit.  Maleb.  On  peut  douter  par 
aveuglement,  ou  par  brutalité  ;  mais  on  doute  aulli 
par  prudence  &  par  pénétration.    Id.  Les  ignorans 
l'ont  d'ordinaire  les  plus  décilih,  parce  qu'ils  n'ap- 
peiçoivent  pas  les  raiions  de  douter,  La  Plac.  C'eft 
un  crime  de  douter  de  la  toi ,  &c  des  vérités  que  Dieu 
a  révélées  i  Ton  Eglife.  Celui  qui  prend  un  ton  aftir- 
matit  témoigne  non-leLde  nent  qu'il  ne  doute  pas  de 
te  qu'il  avance;  mais  aufli  qu'il  ne  veut  pas  qu'on  en 
pullFe  douter.'Hicoi..  Ma  tendrclfe  in'elt  (i  précieu- 
le ,  &  l'ellime  que  je  fais  de  vous  m'y  fait  trouver 
tant  de  gloire  ,  que  je  ne  lais  point  de  plus  grand 
ciime  que-de  vous  en  ladrer  douter.  Mais  comment 
en  douteric^-wows  ?  Tout  vous  le  perfuade  ,  &  dans 
votre  cœur  &  dans  le  mien.  Lett.  Portug.  Com- 
ment pourrions-nous  douter  du  penchant  que  nous 
avons  à  la  béatitude  ?  N  JUS  ne  fommes  au    monde 
que  pour  travailler  à  l'acquérir.  On  croit  qu'il  y  a  de 
ia  honte  à  douter  Se  à  ignorer  ;   &  l'on  aime  mieux 
parler  &  décider  au  halard  ,  que  de  reconnoître 
qu'on  n'efl:  p.as  alH-z  bien  informé  des  chofes  pour 
fen porter  un  jugement.  Poar-R. 

Prends  alors  le  milieu  que  doit  prendre  un  Chrétien, 
Entre  douter  de  tout ,  6'  ne  douter  de  rien.  Vill. 

Après  douter^  on  metT?,  ou  ({ue.  Je  doute  fort  que 
Vous  preniez  bien  L  kntiment  de  cet  Auteur;  ou, 
/z"vous  prenez  bien.  J^-  ne  puis  douter  ii  c'eft-là  fa  ré- 
foludon  ,  ou  qu3  ce  ne  loit-là  fa  réfolution  ,  puif- 
qu'il  me  l'a  déclaré  nettement.  Quelques-uns  met- 
tent aulli  quelquefois  un  infinitif;  tnais  cette  conf- 
truition  eii  vicieule.  Il  trouvoit  Dieu  fi  grand ,  il 
fe  trouvoit  u  petit,  qu'il  </oaro/f  même  d'avoir  ja- 
mais pu  former  des  doutes  fembLbles.PÉLissoN. 

fK?  Le  mot  douter  exige  toujours  le  génirif;  c'efl:- 
à-dire  ,  la  prépofition  de.  On  ne  doute  pas  une 
chofe  ,  elle  n'elf  pas  doutée  ;  on  doute  d'une  chofe. 
Corneille  a  pourtant  dit  dans  Hcraclius: 

Outre  que  lefuccès  efl  encore  à  douter, 

Alais  c'eft  un  folécifme. 

Douter,  fe  dit  avec  le  pronom  perfonnel,  &  fignihe. 
Croire  fur  quelque  apparence  ,  conjecturer.  Je  me 
doutois  bien  qu'il  f.roit  une  folie.  U  ne  fe  doutoit 
pas  qu'on  lui  feroit  cette  infulte.  Il  ne  fe  doutoit  de 
rien.  Il  eft  venu  fans  qu'on  s'en  doutât.  Sufpicari  j 
prifentïre. 

Douter  ,  s'eft  dit  autrefois  pour  foupçonner.  Sufpi- 
cari.  Et  parcequ'il  les  doubtoit ,  les  hc  mourir.  Join- 

VILLE. 

Ce  verbe  a  été  fait  dé  dubitare  ;  d'où  vient  qu'au- 
trefois on  écrivoit  douhter, 

DOUTEUSEMENT.  adv.^  Dune  manière  douteufe. 
Ambiguë  ,  incerte  ,  dubie.  On  ne  fait  rien  d'allure 
d'une  telle  aff lire ,  on  en  parle  doutcufement.  On 
fait  cei2.Cidouteufement,(\\iQ  j'aime prefqu'autant  n'en 
rien  favoir.  M.  Scud.J 

DOUTEUX  ,  EUSE.  ad).  Chofe  dont  on  peut  douter. 
Voy.  Doute.  A  parler  avec  judelTe  ,  douteux  &:  i«- 


<rtr/r.7^,';he  font  point  fynonymes.  Douteux  ne  ledit 
que  des  choies  :  incertain  des  chofes  &:  des  perfon- 
ner.  Une  opinion  douteufe,  un  homme  incertain  j, 
un  fait  incertain.  Un  homme  fage  ell  incertain  fur 
les  opinions  douteufes.^  ALris,  dans  lulage  ordinai- 
re, où  l'on  n'eft  pas  fi  délicat,  on  confond  fouvenc 
douteux,  incertain,  obfcur,  ambigu.  Dub:us  ^  in~ 
certus,  ambiguus  ,  anceps,  C'eft  uiie  queftion  fort 
douteufe.  Ce  procès  eil  forr  douteux  ,  difficile  à  ju- 
ger. Les  Oracles  ne  rendoient  autrefois  que  des  ré- 
ponfe's  douteufes.  Dans  une  queftion  paffaicemenc 
douteufe,  on  peut  choifir  le  parti  qui  plaît  davan- 
tage. P.  Dan.  Toutes  nos  qualités  en  bien  ,  ou  erl 
mal ,  font  incertaines  &  douteufes-^  elles  dépendent 
des  occafions.  R.och.  Les  chofes  que  nous  connoif- 
fons  pat  fentiment ,  plutôt  que  par  raifon  ,  font 
toujours  un  peu  douteujes.  Ch.  de  Mer.  Cette  fem- 
me a  eu  le  malheur  d'avoir  une  réputation  un  peu 
douteufe.M,  Scud. 

Loin  ceux  à  qui  du  mal  l'apparence  douteufe 
Donne  pour  leur  prochain  une  horreur  faflueuje. 

VlLL, 

ifT  On  le  dit  auftî  des  perfonnes  dont  on  ne  pèuc 
pas  trop  s'alFurer  ,  fur  qui  l'on  ne  peut  pas  trop 
compter.  Dans  cette  chan:ibre  il  y  a  rrois  Juges  qui 
font  pour  moi  ,  trois  contre  ,  &  les  quatre  autres 
doutiux.  AcAD.  Fr. 

Pièce  de  monnoie  douteufe  ,  c'eft  celle  dont  l'alloi 
n'eft  pas  bien  connu.  Elles  doivent  être  ci  faïUées. 

Douteux  ,  eft  aulli  un  terme  de  Grammaire  ,  qui  fe 
dit  des  noms  dont  le  genre  varie  ,  &  que  les  uns 
font  mafculins,  &  les  autres  féminins.  Anceps, 
dubius. 

Douteuse  ,  Terme  d'Anatomie  j  qui  fe  dit  d'une  ef- 
pèce  d'arriculation  du  corps  humain  ,  que  l'on  ap- 
pelle aulli  «e^^^re,  parce  qu'elle  n'eft  pas  tout-à  fait 
diarthrole  ^  n'ayant  pas  un  mouvement  manifefte; 
ni  tout- à- fait  fynarthrofe,parcequ'elle  n'en  eft  pas  ab^ 
folument  privée.  Telle  eft  l'arnculation  des  côtes 
avec  les  vertèbres  ,  &  celle  des  os  du  carpe  &;  du 
tarfe  entre  eux  ,  laquelle  tenant  de  l'une  &  de  l'au- 
tre eft  appelée  amphiarthrofe  ,  &  par  quelques-uns 
diarthrole  lynarthroïdale.  Dionis.  Articulatio  dubia, 
neutra  ;  amphiarthrq/is  ,  diarthrofs  fynarthroïdalis, 

DOUTIS. Toiles  blanches  toutes  de  coton,  alfcz  gref- 
fes,  que  l'on  apporre  des  Indes  Orientales  ,  parti- 
culièrement de  Surate. 

DOUVAIN.  Terme  de  Marchand  de  bois.  Planches 
minces  qu'on  fend  dans  les  forêts  pour  faire  les  dou- 
ves &les  futailles.  Lign'um  ex  quo  doUorum  lamns,  j 
lamins.  comparantur.  Le  millier  de  douvain  vaut  tant. 
Le  millier  de  douvain  à  pipes  eft  taxé  335  liv.  pour 
le  droit  de  fubvencion.  Les  ouvriers  nomment  quel- 
quefois c/oaviii«  les  billes  de  bois  qui  font  coupées 
de  longueur  pour  être  refendues  en  douves. 

DOUVE,  f.  f.  Pièce  de  bois  merrain  qui  eft  propre  à 
fiire  des  tonneaux,  des  cuves,  &  autres  vailfeatix. 
Dolii  lamna  ,  lamina. 

Du  Cange  dit  que  ce  mot  vient  de  doga  ,  quifi- 
gnifie  aulli  chez  les  Grecs  un  vaijffeau  j  un  tonneau  , 
&  une  foife.  On  trouve  aufli  dogus  dans  la  balîè  La- 
tinité, pour  lignifier  lésais  donr  on  fair  les  tonneaux. 
^oyei  les  Aéles  de  S.  Tyrfe  &  de  fes  compagnons 
martyrs  dans  Bollandus  ,  Afia  Sanclorum  Januar, 
T.  I.  p.  82 1.  En  quelques  endroits  on  dit  Douvelle  , 
en  d'autres  douelle  ,  au  lieu  de  douve.  D'autres  dé- 
rivent ce  mot  de  l'Alleman  daub. 

Douve  ,  eft  aulli  le  folfé  d'un  château.  Foffs.  cafîellt. 
Douve  fignifie  encore  le  mur  d'un  bafliîn  defonraine, 

_,  quand  il  n'eft  que  d'une  aflife  ou  de  deux ,  comme  il 
l'eft  ordinairenienr.  Margo. 

En  Touraine  ,  on  appelle  douves  lescavernesque 
les  habitans  du  long  de  la  Loire  font  dans  le  roc  ,  èc 
où  ils  fe  retirenr. 

Douve  .  eft  aulli  le  nom  d'une  plante  qui  croît  d.inà 
les  prés  &dans  les  lieux  marécageux.  Sa  tige  eft  lifle, 
creufe  ,  entrecounée  par  des  nœuds  ,   &  garnie  dç 
^  Lllii 


45^  DOU 

f-uilles  longues ,  érroites  &  dentelées  eh  fcie.  Ses 
rieurs  font  jaunes  ,  ou  de  couleur  d'or  ,  femblables 
à  la  renoncule  commune  des  prés.  Sa  racine  ellicom- 
j)ofée  de  fibres  blanchâtres.  La  douve  caufe  TmAam- 
mation  dans  les  entrailles  des  brebis  qui  en  man- 
gent ,  &  les  fait  mourir  :  c'ell  pourquoi  les  bergers 
évitent  avec  loin  les  endroits  où  elle  Te  trouve.  C. 
Bauhin  l'appelle  ranunculus  longlfolius  palujlrls 
minor. 

DOUVE  ,  ÉE.  adj.  qui  fe  dit  du  foie  des  animaux  qui 
eft  altère.  Corruptus ,  a ,  um.  Pour  connoître  les  ani- 
maux qui  ont  le  foie  altéré  ,  il  faut  pouiTer  &  pref- 
fer  l'œil  du  mouton  au  petit  angle  \  &  fi  le  bouton 
qui  eft  au.  grand  angle  paroît  blanc  ,  c'eft  un  figne 
certain  que  l'animal  eft  pourri ,  fuivant  la  manière 
de  s'exprimer  des  Bouchers  &  des  Fermiers.  En  ef 
fet,  on  trouve  le  foie  tuméfié  j  &  les  vaifleaux  bi- 
■  liaires  remplis  de  peaux,  ou  membranes.  Les  Bou- 
chers difent  un  foie  douve ^  ou  garni  de  douves. 
DuvERNEY  ,  Acad.  des  Se.  1071.  Além.p.  14g. 

DOWN,  ou  DOWNE.  Ville  d'Irlande,  capitale  du 
Comté  de  Downe.  Dunum.  Elle  eft  fituée  fur  le  lac 
de  Cône  ,  &  eft  prefque  ruinée.  Elle  a  cependant 
féance  au  Parlement.  Eugène  III  y  mit  un  Evcché 
fiiftragant  d'Armach ,  auquel  celui  de  Conner  fut 
uni  l'an   1441.  Long.  iid.  48'.lat.  54d.  25'. 

Le  Comté  de  Down ,  ou  de  Downe ,  Dunenfis 
Comuatus,  eft  une  Province  de  l'Ultonie  en  Irlande. 
Ce  Comté  eft  borné  au  nord  par  celui  d'Antnm  ,  au 
couchant  par  celui  d'Armach  :  la  mer  d'Irlande  le 
baigne  au  levant  &  au  fud. 

DOUVRES.  Petite  ville  du  Comté  de  Kent  en  An- 
gleterre. Dubris  j  Darvcrnum  ,  ou  mieux  encore 
Durovernum.  C'eft  un  port  de  mer  fitué  fur  la 
côte  méridionale  d'Angleterre ,  à  cinq  lieues  au 
fud  de  Cantorbery.  Douvres  eft  un  des  cinq  ports 
qui  ont  féance  au  Parlement.  Il  eft  vis-à-vis  de 
Calais ,  qui  n'en  eft  éloigné  que  de  fix  ou  fept 
lieues. 

DOUX  ,  oucE.  adj.  Qui  fait  une  imprelîlon  agréable 
fur  nos  fens.  Dulcls ,  fuavis.  Ce  qui  rend  les  chofes 
doucei ,  c'eft  qu'elles  font  compofées  d'atomes  ronds 
&  polis  qui  touchent  légèrement  nos  fens ,  àc  les 
frappent  fans  les  blelTer. 

fer  Doux ,  fe  dit  proprement  des  chofes  qui  font 
d'une  faveur  qui  affeéle  agréablement  l'organe  du 
goût, qui  n'a  rien  d'aigre,  d'amer ,  de  piquant ,  d'â- 
pre j  de  falé.  Le  lait ,  le  miel,  le  fucre  font  doux ^ 
fruit  doux ,  amandes  douces, çzx  oppofitionà  aman- 
des amères. 

ffT  Du  wxadoux^  qui  n'a  pas  encore  cuvé.  Muf- 
tuni. 

^fF  Un  potage  trop  doux  j  où  il  n'y  pas  aflez  de 
fel.  Une  l'aulTe  douce- 

ifT  On  appelle  généralement  e3.nx  douces,  les 
eaux  des  fontaines ,  des  rivières  &  des  lacs  ,  parop- 
pofition  aux  eaux  de  la  mer  qui  font  falées. 

Doux,dans  cette acception,fe  dit  de  ce  quieftcompofé 
d'une  grande  quantité  d'acides  ,  mais  qui  font  telle- 
ment embarralfés  par  des  parties  huileufes  &  ra- 
meufes,  qu'ils  ne  peuvent  que  chatouiller  très-douce- 
ment, par  le  plus  fubtil  de  leurs  pointes  ,  les  petites 
fibres  nerveuies  de  la  langue.  Lémery.  En  effet ,  fi 
dans  les  doux  il  n'y  avoit  point  d'acides  ,  les  doux 
neferoient  plus  aucune  impreifionfur  la  langue  ,  & 
ils  feroient  infipides  &  non  pas  doux  j  &  fi  les  aci- 
des n'étoient  enveloppés  &  embarraffés,  ils  feroient 
fur  la  langue  une  imprelHon  trop  forte  &  bien  dif- 
férente de  celle  que  fait  une  faveur  douce.  Or  on  ne 
peut  douter  que  les  doux  ne  contiennent  une  grande 
quantité  d'acides ,  puifque  le  fucre  donne  ,  par  la 
diftilbtion  une  grande  quantité  d'acides.  Lelait,quoi- 
que  fort  doux  ,  en  contient  aiifti  une  très-grande 
quantité  :  ces  deux  chofes  ont  auftl  beaucoup  de 
parties  huileufes  &  fulphureufes  ;  ce  qui  paroît  par- 
ce qu'on  tire  le  beurre  du  lait ,  &  que  le  fucre  s'en- 
flamme aifement  quand  on  le  jette  dans  le  feu  : 
d'ailleurs ,  le  feu  où  l'on  a  jette  du  beurre  ou  du 
fucre  ,  s'attache  aifement  j  ce  qui  ne  peut  venir  que 


DOU 

desparties  huileufes  &  fulphureufes  qu'ils  contien- 
nent. Les  corps  doux  font  propres  à  adoucir  les  du- 
rerés  de  la  poitrine  &  des  autres  parties.  Lémery. 

On  dit,  du  vin  agréable  &<.  fumeux  ,  qu'il  eft  deux 
&  traître.  On  ledit  auiîi  d'un  homa^e  qui  a  l'exté- 
rieur honnête  &  agréable  ,  &  l'efprit  dangereux  Se 
méchant. 
§3"  Doux  ,  fe  dit  de  même  de  ce  qui  fait  une  im- 
preifion  agréable  fur  les  autres  fens ,  &c  défigne  ce 
qui  n'a  rien  d'aigre,  de  piquant  ni  de  rude.  C'efl: 
ainfi  qu'on  dit  une  haleine ^ci^ce  ,  un  doux  parfum, 
une  voix  douce  j  une  peau  douce  j  une  chofë  douce. 
V{\JlIQ  douce  jXimQ  douce,  Ledoux  ramage  des  oifeaux. 
/^oye^ odeur,  toucher ,  fon  ,  mufique  ,  &c. 

§0°  On  dit  J  faire  les  yeux  doux  ,  compofer  fes 
regards  de  manière  que  les  yeux  en  paroilfcnt  plus 
doux.  Faire  les  yeux  doux  i  une  femme,  lui  témoi- 
gner de  l'amour. 

On  dit,  d'un  cheval  ,  qu'il  a  les  allures  douces , 
quand  il  ne  tourmentepoint  le  cavalier  j  &  d'un  cat- 
rolle  ,  qu'il  eft  doux  j  quand  il  eft  bien  fufpenda, 
&  ne  fecoue  point  ceux  qui  font  dedans. 

On  dit  que  l'air  eft  doux  j  que  le  temps  eft  doux, 
pour  dire ,  qu'il  eft  d'une  température  agréable  , 
qu'il  eft  calme  &  qu^il  a  une  chaleur  modérée.  Une 
pluie  douce  ,  menue  ,  plus  chaude  que  froide.  Une 
douce  température  de  l'air.  Aller  vivre  fous  un  ciel 
plus  doux  ;  c'eft-à-dire,  dans  un  climat  plus  tem- 
péré. Un  doux  zéphir  ,  petit  vent  frais  &  agréable. 

On  le  dit  auflidu  fommeil  j  même  de  la  mort.  Ua 
doux  fommeil  lui  ferma  la  paupière.  Ici  il  équivauc 
à  tranquille. 

fer  Ce  terme  eft  employé  dans  plufieurs  autres 
fignificationsj  dans  la  plupart  defquellesil  eft  pris  aii, 
figuré. 

fe?  Dans  le  langage  ordinaire  de  la  médecine  , 
on  dit  qu'une  purgation  eft  douce  ,  quand  elle  ne 
fatigue  point  le  malade  ,  &  qu'elle  fait  fon  effet , 
fans  lui  donner  de  tranchéesj&  l'on  dit ,  d'un  remède 
qu'il  eft  trop  doux  quand  il  n'agit  pas  aflez  efficace- 
ment. 

fC?  En  Métallurgie  on  appelle  mine  douce  ,  par 
oppofition  à  rebelle ,  celle  qui  eft  aifée  à  fondre. 
Métal  doux ,  par  oppofition  à  aigre  ,  celui  qui 
eft  flexible,  duéfile,  non  caflânt.  Mo/Z/j.  On  rend 
les  métaux  plus  doux ,  en  les  faifimt  palfer  plu- 
fieurs fois  par  le  feu  ou  par  la  forge.  On  le  dit  de 
même  à  la  Monnoie ,  des  métaux  qui  ont  reçu  les 
préparations  nécelfaircs  pour  n'être  pas  calfans.  L'on 
perd  fa  douceur  ou  fon  doux  en  le  bralfant  avec  le 
fer. 

fer  On  appelle  n\l\e-douce  .  une  gravure  faite 
fur  des  planches  de  cuivre  avec  le  butin  ou  avec 
l'eau-forte. 

fer  On  appelle  auffi  tailles-douces  ^  les  images  ti- 
rées fur  ces  fortes  de  planches.  Imago  in  are  cxlata  j 
expreffa. 

On  dit  d'un  efcalier,  qu'il  eft  doux-^,  qu'une  mon- 
tagne a  une  ^Qiue douce  \  pour  dire,  qu'ils  font  ai- 
fés  à  monter,  qu'ils  ne  font  pas  rudes.  Jfcenfu 
facilis. 
feF  Doux ,  en  Mufique  ,  oppofé  à  fort  j  on  écrit  ce 
mot  au  defllis  des  portées  ,  pour  marquer  qu'il  faut 
modérer  le  fon  ,  diminuer  le  bruit,  ou,  félon  quel- 
ques-uns ,  pour  marquer  qu'il  faut  un  jeu  plus  û'okat 
&  plus  agréable, 
fer  Doux  ,  fe  dit ,  figurément,  d'un  homme  qui  a  un 
caraétère  d'humeur  qui  le  rendtrès-fociable  ,  &c  qui 
fait  qu'il  ne  rebute  perfonne.  M.  l'Abbé  Girard. 
Syn.  Ceux  qui  font  doux  naturellement  j  le  font 
toujours ,  aulieu  que  ceux  qui  ne  font  doux  que  par 
étude  s'emportent  quelquefois.  J'aime  mieux  une 
perfonne  vive  qui  me  divertit,  qu'une  perfonne 
douce  &  languilTante  qui  m'ennuie.  M.  ScuD.  Foy. 
Bénin  ,  Humain. 

fer  M.  l'Abbé  Girard  prétend  qu'on  fe  fert  plus 
communément  de  ce  mot  à  l'égard  des  femmes ,  par- 
cequ'elles  rirent  leur  principale  gloire  des  qualités 
convenables  à  la  fociété ,  pour  laquelle  il   femble 


DOU 

qu'elles  aient  piécifémenc  été  faites  ;  aulieu  qu'on 
faic  un  plus  giand  ufage  du  mot  humum  en  par- 
ïancdes  hommes,  qu'en  parlant  des  femmes ,  par- 
cequils  fe  trouvent  dans  de  plus  fréquentes  occa- 
lions  de  faire  paroître  leur  humanité  ou  leur  inhu- 
manité. Ses  contraires  font  aigre  &  emporté.  Il  ei\ 
des  tons  h  aigres  que  les  perfonnes  les  plus  douces 
ne  fauroient  les  fupporter.  Et  quelle  douceur  pour- 
roit  être  à  l'épreuve  des  apoftrophes  impertinentes 
de  ces  gens  que  le  langage  moderne  nomme  avan 
tageux,  qui  croient  trouver  dans  l'eftime  ridicule 
qu'ils  ont  d'eux-mêmes  le  droit  d'une  raillerie  inful- 
tante  ? 

Doux  j  fignifieauffi  agréable  ,  touchant,  qui  fait  une 
impreffion  agtéable  fur  l'efprit.  Jucundus  ,  gracus  , 
amxnus.  Les  pallions  malignes  ne  donnent  jamais 
de  contentement  a?c'«Ar  &  paifible.S.  Real.  Mes  plus 
,  doux  momens  ne  vont  qu'a  n'être  pas  tort  trifte.  M. 
ScuD.    Une  douce  converfation ,  en    épanchant  le 

,  ccEur ,  en  fait  fouvent  échapper  le  fecret.B"oss.  Les 
Rois  font  privés  du  bien  le  plus  doux  que  la  lociété 
fournllfeaux  hommes  :  c'eft  l'amitié. S.  Evr. 

Jamais  à  ce  qu'on  aime  on  n'impute  d'offenjè  : 
(Quelque  àou^i  fouvenir prend  toujours  fa  dejenfe. 

CoilN. 

Tahne  mieux  m' expofer  à  perdre  un  hienjîàonx  , 
Q_ue  de  vous  obtenir  d'un  autre  que  de  vous.  Id. 

On  le  dit  d'un  gouvernement ,  des  peines ,  par 
oppolition  à  rude  ,    fâcheux ,  févère   ,     violent. 
Moderatus ,  lenis.  On  l'a  condamné  à  une  peine  fort 
douce.  On  lui  a  donné  une  queftion  trop  douce  ,  une 
douce  pénitence. 

On  dit  aulli  ,  d'une  Religion ,  qu'elle  eft  plus 
douce  \  c'eft-à  dire  ,  moins  auftère  ,  qu'il  eft  aifé  d'en 
pratiquer  les  règles. 

On  le  dit  aulli  des  difcours  ,  &c  des  écrits  flat- 
teurs j  galans,  ou  amoureux.  iJ/i^/z^i^j.  Il  lui  a  tait 
de  doux  reproches  de  fa  négligence  j  une  Jjuce  guer 
re  ,  en  fe  plaignant  obligeamment.  Il  a  tenu  de  doux 
propos  à  cette  Belle  ;  c'eft-à-dire  ,  il  lui  a  dit  des 
chofes  flatteufes  &c  obligeantes.  On  appelle  des  bil- 
lets doux  ,  des  billets  de  galanterie  qu'on  écrit  à 
une  Maîtrelfe.  Amatoriix,  Litteriz.  Ces  discours  éter 
nels  des  chofes  douces  font  fort  décriés  dans  le  monde 
raifonnable.    M.  Scud. 

IK?  Doux ,  en  iilatière  de  langage  ,  fe  dit  du  ftyle 
Un  ftyle  «^oa.v  ,  qui  n'a  rien  de  rude  ,  de  raboteux  j 
qui  eft  aifé  &  coulant.  Voye\  douceur  du  ftyle. 

§3°  Une  vue  douce  ,  qui  a  d'agréables    repos 
comme  des  prairies,  des  petits  bois  qui  font  à  une 
médiocre  diftance. 

Doux  ,  fe  dit  aulîi  abfolumeut.  Il  eft  doux  de  mourir 
pour  fi  patrie ,  pour  ce  qu'on  aime.  Duke  eft.  Il 
eft  bien  doux  de  vivre  en  liberté  ,  &  fans  affaire 
Faut-il  trahir  fon  cœur ,  &  obéir  à  cette  chnnère 
d'honneur ,  aux  dépens  de  ce  qu'il  y  a  de  plus  doux 
dans  la  vie  ?  S.  Evr. 

Doux  ,  fe  dit  encore  ,  adverbialement,  Tout  doux  ; 
pour  dire  ,  N''allez  pas  fi  vite  ,  ou  arrêtez-vous , 
ne  vous  emportez  pas.  Lente  j  moderaù.  Il  va  tout 
doux  en  befogne.  Filer  doux  ,  c'eft  Etre  humble  & 
fournis  devant  un  plus  fort  que  foi.  Obfequentem 
fe  exhibere.  Quelquefois  fouffrir  patiemment  une 
injure. 

Doux  ,  fe  dit ,  proverbialement ,  en  ces  phrafes.  Ce 
qui  eft  amer  à  la  bouche  eft  doux  au  cœur.  On  dit , 
d'un  mauvais  Médecin  ,  que  c'eft  un  Médecin  d'eau 
douce  ,  quand  il  n'ordonne  que  des  remèdes  ordi- 
naires. On.  dit ,  de  celui  qui  ne  s'eft  point  relfenti 
d'un  affront  qu'on  lui  a  fait  ^  qu'il  a  avalé  cela 
doux  comme  du  lait.  On  dit ,  qu'un  homme  eft 
doux  comme  un  agneau  j  pour  dire  ,  qu'il  fouffire 
tout.  Lqs  douces  paroles  n'écorchent  point  la  langue, 
les  oreilles. 

Entre  doux  &  hagard ,  façon  de  parler  prover- 
biale \   pour  dire ,  moitié   rude  5c  moitié  doux. 


DOU  4J3 

Des  yQtiXentre  doux  ù'  hagard.  Cela  fignifie ,  aulli  , 
ni  bien  ni  mal.  Il  l'a  reçu  entre  doux  0  hagarde 

Doux  ,  (le)  Rivière  de  France  ,  en  Latin,  Dubis  & 
Aduabis.  Elle  a  fa  fource  au  Mont- Jura  ,  un  peu 
au  dclfus  du  village  de  la  Motte,  is:  coule  dans  la 
Franche-Comté,  t^  oy.  Dou. 

Doux  ,  (le)  Rivière  de  France  ,  dans  le  Languedoc. 

DOUY,  ou  DYf  I.  Rivière  du  Pays  de  Galles  en  An- 
gleterre. Dovus  J  Dyfus.  Elle  fe  décharge  dans  la 
nier  d'Irlande  au  bourg  d'Aberdif ,  ou  Aberdon. 
Maty. 

DOUZAIN.  f.  m.  Monnoie  de  cuivre  avec  quelque  al- 
hage  d'argent  ,  valant  un  fou  ,  ou  douze  deniers 
tournois.  Ajfis  tranacus ,  Gallicus.  Le  dou^ain  avoic 
d'un  côté  pour  légende  ,  Francijcus  trancorum  Kex, 
avec  un  éculfon  couronné  ,  où  il  y  avoir  trois  fleurs 
de  lis  ;  ik  de  l'autre  côté  ,  il  y  avoir  pour  légende  , 
Sit  nomen  Domini  benediclum  ,  avec  une  croix  au 
milieu  de  l'épée.  Ce  dou-{ain  s'appeloit,  auHî,  grand, 
blanc.  Il  a  eu  cours  jufqu'au  règne  de  Henri  IV.  Il 
y  avoir  aulli  des  demi-dou-^ains  ,  valant  la  moitié 
d'un  dou^aln  ,  &c  faits  comme  les  dou^ains  ,  hormis 
qu'ils  étoient  plus  petits.  Semijfts,  Il  y  a  eu  des  dou- 
^ains  à  la  falamandre  en  153  9. 

Mais ,  s'a  advient  j  comme  toutfe  peut  faire. 
Que  mes  écrits  par  unjujîe  dcjlin  _, 
De  La  boutique  aillent  au  magasin , 
•     Et  que  delà  ,  moifis  dans  la  poussière  y 
Ils  foient  enjin  livres  à  la  bcurrière  3 
Et  tous  en  bloc  vendus  pour  un  douzain. 

P.  D.  C. 

DouzAiN  ,  fe  difoit  J  autrefois ,  de  12  vers,  comme 
quatrain  fe  dit  encore  de  quarre.  Men.  On  le  trouve, 
en  ce  fens ,  dans  Saint  Gelais.  Carmen  duodecim 
conjtans  verjiculis. 

DOUZAINE,  f  m.  Affemblage  de  douze  chofes  de 
même  nature.  Duodeni  j  duodecim.  Une  douzaine 
d'alliettes  ,  de  ferviettes.  Vendre  j  acheter  des 
alouetes  à  la  douzaine.  Les  Sergens  de  la  douzaine  , 
font  les  douze  anciens  Sergens  du  Châtelet,  qui 
font  les  gardes  du  Prévôt  de  Paris. 

Douzaine,  fe  prend  fouvent ,  dans  le  difcours  fami- 
lier ôc  dans  l'ufage  ordinaire  ,  pour  un  nombre  in- 
déterminé ,  &  non  pas  pour  le  nombre  jufte  ôc  pré- 
cis de  douze.  Une  dou-^aine  d'amis.  Quand  je  vins 
à  Pans  ,  il  n'y  avoir  qu'une  douzaine  de  perfonnes 
qui  écriviflent  raifonnablement.  Ménage. 

On  dit ,  proverbialement ,  A  la  dou-^aine  ,  en 
parlant  d'une  chofe  quin'eft  pas  d'un  grand  mérite, 
d'un  grand  prix.  Un  Pocte  d  la  douzaine. '^t,  au 
contraire  ,  on  dit,  Il  ne  s'en  trouve  pas  à  la  dou- 
■^a'ine  ,  ou ,  il  n'y  en  a  pas  treize  à  la  douzaine  j  pouc 
dire,  qu'une  chofe  eft.  rare- 

DOUZE.  Terme  numéral.  Le  fécond  nombre  de  la 
féconde  dizaine  j  ou  qui  contient  dix  &  deux.  Duo^ 
decim.  Le  Zodiaque  eft  partagé  en  dou:[e  parties,  qui 
font  les  douie  Signes.  Les  Aftrologues  partagent  la 
ciel  en  dou^e  maifons. 

Les  dou-^e  ,  abfolument ,  fe  trouve  pour  les  dou:(e 
Apôtres ,  parce  qu'il  eft  ainfi  dans  l'Ecriture.  Alors 
l'un  des  doure ,  appelé  Judas  Ifcariote ,  s'en  alla 
trouver  le  Prince  des  Prêtres.  Port-R.  Et ,  appelant 
les  dou^e  ,  il  commença  à  les  envoyer  deux  à  deux. 
BouH.  Ilalla  enfuite  par  les  villes  ôc  les  villages, 
prêchant  &  annonçant  le  Royaume  de  Dieu.  Et  les 
douie  étoient  avec  lui.  Simon.  Il  dit  aux  dou^e  : 
Et  vous  ,  ne  vous  en  allez-vous  point  aufll  ?  PÉ- 

LISSON. 

On  dit ,  proverbialement  &  trivialement ,  pour 
alTurer  quelque  chofe ,  je  te  dis  &  te  dou^e  que ,  &cc. 
Voyc-{  au  verbe  Dire. 

On  dit ,  aulTi ,  Le  Roi  Lotis  Dou-^e  ,  le  dou'^e 
du  mois ,  par  abus ,  au  lieu  de  douzième.  Duodeci- 
mus.  On  dit ,  aulli ,  un  livre  \n-dou-:{e  ;  pour  dire, 
que  chaque  cahier  ou  feuille  plice  a  c^ou^-c  feuillets, 
ou24pages.'On  dit ,  au0î,  une  aune&un</(P«|e,une 
dou-^iéme  partie. 


/ 


454  DOU     DOX 

Douze.  Petite  ville  de  Gafcogne  en  France,  dans  le 

Diocèfe  d'Aire. 

Douze.  Petite  rivière  de  Gascogne,  qui  palFe  à  Ro- 

quetorr ,  &  fe  décharge  dans  le  Midour  à  Mont-de- 

Marian. 

DOUZEN  AC.  Petite  ville  de  France ,  dans  le  Limoufin. 

Du\&nacum.  Elle  eft  à  trois  lieues  de  Tulle  ,  du  côté 

de  l'Occident. 

DOUZIEME,  adj.  m.  &  ï.  Nombre  ordinal,  qui  eft 

à  une  place  où  l'on  compte  douie,  à  commencer 

par  le  premier  ;  qui  eft  après  l'onzième.  Duodeci- 

mus  ,  duodenus.  Décembre  eft  le  douiième  mois  de 

l'année. 

Douzième,  f.  f.  Terme  de  Mufique.  Intervalle  qui 

s'appelle  la  cinquième  doublée.  On  l'appelle  ainli , 

parce  qu'il  eft  formé  de  douze  degrés  diatoniques  , 

où  douze  fons. 

Dou'^ième  ,  eft  auffi  un  fubftantif  mafculin.  Un 
douzième  fignitie  la  doui'ième  partie  de  quelque 
chofe.  J'ai  un  douzième  dans  cette  affaire. 
La  Douzième,  f.  f  nng.  ou  Les  Douzièmes  f.  plur. 
C'eft  l'ancien  nom  de  Vêpres  ,  qui  marque  la  dou- 
zième heure  après  le  lever  du  foleil ,  comme  None 
marque  la  neuvième  ,  qui  fe  termine  à  trois  heures 
après-midi  aux  équinoxes,  '&  Sexte  la  fixième  qui 
finit  à  midi.  Chastelain.  Duodedma  \  Vefper&  , 
VefpertinApreces.  Onappeloit  autrefois  chaque  par- 
tie de  l'Office  divin  du  nom  de  l'heure  à  laquelle 
'  il  falloir  la  réciter  :  Prime  ,  parce  qu'on  là  diloit 
au  lever  du  foleil  j  Tierce,  parce  qu'elle  commen- 
coit  à  la  troifième  heure  depuis  le  lever  du  foleil  \ 
Sexte  ,  parce  qu'elle  commençoit  à  lix  heures  après 
le  foleil  levé  j  None,  parce  qu'elle  fe  difoit  à  la 
neuvième  heure  depuis  le  lever  du  foleil.  Et  enfin  , 
Dou-{ième  ,  Vêpres ,  qui  fe  difoient  douze  heures 
après  le  foleil  levé. 
DOUZIÈMEMENT,  adv.  En  douzième  lieu.  Duode- 

cimo  loco. 
DOUZIL.  f.  m.  C'eft  le  faulTet  d'un  tonneau.  Rabe- 
lais ,  livre  I.  chapitre  5.  dit ,  des  femmes  nouvelle- 
ment veuves ,  que  félon  les  lois  qui  déclarent  légi- 
timevl'enfint  né  le  onzième  mois ,  elles  peuvent 
jouer  du  ferre-croupière  deux  mois  après  le  trépas 
de  leurs  maris  i  &:que  ,  fi  le  diavol  ne  veutcpi'elles 
en^'^roilTent ,  il  faudra  tordie  le  t/o/^yi/,  &  bouche 
clofe.  Il  veut  dire  que,  padé  le  troifième  mois  de 
veuvage  d'une  femme  ,  il  ne  faudra  plus  avoir  de 
privautés  avec  elle ,  fi  l'on  ne  veut  bien  courir 
rifque  du  fcandale  qui  pourra  s'en  enfuivre  :  &  il 
appelle  cela  ,  tordre  le  û'o«{i/j  par  une  métaphore 
prife  j,  de  ce  qu'après  avoir  goûté  le  vin  d'un  muid , 
on  y  met  j  pour  boucher  le  trou  ,  un  faulfet  qu'on 
rompt  en  le  tordant.  Note  14.  Ce  mot  n'eft  plus 
ufité.  Fbyeç  DILLE. 
DOUZY.  Petite  ville  de  France  en  Champagne.  Du- 
^iacum.  Elle  eft  fituée  fur  la  rivière  de  Chiers ,  à  une 
lieue  &  demie  de  Sedan ,  vers  l'Orient.  Maty  , 
Corn.  Hoffman  ,  Se  quelques  Géographes  ,  la  pren- 
nent pour  l'ancien  Duodedacutn  j  &  lui  en  donnent 
le  nom  en  Latin  j  d'où  ils  croient  que  le  mot  Fran- 
çois s'eft  formé  par  corruption.  Il  y  a  deux  Con- 
ciles de  Doujy  \  l'un,  tenu  en  871  ,  où  Hincmar 
fut  condamné  ;  &  un  autre  en  874. 

DO  X. 

DOXOLOGIE.  f.  f.  Terme  Eccléfiaftique.  Les  Grecs 
ont  ainfi  nommé  l'hymne  du  14*^  v.  du  i.  chap.  de 
S.  Luc  ,  gloire  foit  à  Dieu  ,  &c.  parce  qu'il  com- 
mence par  le  mot  Grec  ,  <^4«,  qui  fignifie  gloire. 
C'eft  ce  qu'on  a  appelé  la  grande  doxologie  :  la  pe- 
tite doxologieefi  le  gloria  Patri ,  qui  commence  par 
le  même  mot  <J"4«.  On  le  chantoit  à  la  fin  de  chaque 
Pfeaume.  Philoftorge  j  L.  III.  N.  15.  rapporte  ttois 
formules  de  la  doxologie.  La  première  eft  ,  Gloire 
foit  au  Père ,  &  au  Fils  y&  au  S.  Efprit.  La  féconde , 
Gloire  foit  au  Père  par  le  Fils  dans  le  S.  Efprit  ;  & 
la  troifième  ,  Gloire  foit  au  Père  dans  le  Fils  &  le 
S.  Efprit.  Sozomène  &  Nicéphore  ,  L.  IX.  C.  14. 


DOX     D  O  Y 

en  mettent  encore  avant  la  dernière  une  autre  ,  qui 
eft  ,  Gloire  foit  au.  Père  ,  6"  au  i  ils  dans  le  S.  Ejprit: 
ce  qui  fait  quatre  formules  de  doxologie.  La  pre- 
mière eft  celle  des  Catholiques.  Elle  rut  inftiiuée 
vers  l'an  350.    par  les    Catholiques    d'Antioche  , 
nommés  alors  Euftathiens  ,  comme  nous   le  dirons 
à  ce  mot.  Les  trois  autres  font  de  la  façon  des  Ariens. 
La  féconde  étoit  celle  d'Eunomius  &    d'Eudoxe  \ 
c'eft  celle  qui  plaifoit  le  plus  à  Philoftorge  ,  au 
rapport  de  Photius.  Ils  firent  ces  trois  doxologies  dès 
l'an  341.de  J.  C.  au  Concile  d'Antioche  ,  où   ils 
commencèrent  à  fe  brouiller  entr'eux  ,  &  à  le  divi- 
fer.  Philoftorge  dit   que  Flavien  ,  qui  fut  depuis 
Patriarche  d'Antioche  ,  eft  l'auteur  de  la  première 
doxvlogie  qui  eft  Catholique  ;  mais  Sozomène  ,  L. 
III.  C.  19.  &  Théodoret  j  L.  II.  C  14.  qui  en  par- 
lent ,  ne  difent  point  cela  ;  &  Philoftorge  j  Auteur 
Arien  ,  n'en  doit  pas  être  cru  fur  fa  parole  ,   non 
plus  que  Nicètas  ,   qui  n'a  fait  apparemment  que 
copier  Philoftorge  ,  comme  l'a  remarqué  Jacques 
Godefroy  dans  fesdilîertationsfur  cet  Auteur.  Voy. 
ce  livre  ,  &  Bollandus  ,   Acla  Sancl.  Febr.  T.  II. 
p.  -j-ji.  Il  y  a  eu  autrefois  de  grandes   difputes  , 
principalement  dans  Antioche  ,  fur  la  foimule  de 
la  doxologie.  La  plus  commune  parmi  les  Ortho- 
doxes étoit  celle-ci,  qui  eft  encore  aujourd'hui  en 
ufage  dans  l'Eglife  Catholique  :  Gloire  foie  rendue 
au  Père  ,  au  Fils  j&  au  S.  F/prit.  Les  autres  étoienc 
affeâées  par  les  Ariens  &  par  les  autres  Antitrinitai- 
res.  f^oye^  Eustathien  ,  &  Baillet  dans  la  vie  de 
Saint  Euftate  au  16  Juillet.  Saint  Bafile  néanmoins 
défend  la  féconde  de  ces  doxologies  ,  comme  légi- 
time &  orthodoxe  j  dans  le  livre  qu'il  a  écrit  tou- 
chant le  Saint  Efprit. 

Quelques-uns  difent,  auffi  hymnologte  ,  comme 
fynonyme  de  doxologie'^  mais  il  y  a  de  la  différence. 
L'hymnologieeft  les  Pfeaumes  ,  ou  la  récitation  des 
Pfeaumes  mêmes  ,  &  doxologie  eft  ce  petit  verfet  , 
Gloire  au  Père ,  &c.  ajouté  à  la  fin  de  chaque 
Pfeaume-  Godefroy  lui  même  »  qui  les  confond  dans 
l'ouvrage  dont  j'ai  parlé,  p.  147.  les  diftingue  fort 
bien,  p.  14S. 

D  O  Y. 

DOYEN,  f.  m.  Titre  de  Dignité  Eccléfiaftique.  Ceft 
la  première  dignité  dans  la  plupart  des  Eglifes  Ca- 
thédrales &  Co\\égiûes.Decar2us.  Doyen  de  l'Eglile 
de  Paris.  Doyen  de  S.  Martin  de  Tours.  Le  Doyen 
eft  le  Préfident  né  du  Chapitre. 

Grand  Doyen.  Il  y  a  des  Eglifes  où  le  Doyen  ixi.  Cha- 
pitre porte  le  titre  de  Grand  Doyen.  A  Angers  j  i 
Tournay  ,  le  Doyen  de  la  Cathédrale  s'appelle  le 
Grand  Doyen. 

Doyen  de  la  CrhÉtienté.  On  appelle  dans  le  Pays- 
Bas,  Doyen  de  la  Chrétienté  ^  cq  que  nous  nom-; 
mons  Doyen  rural. 

Ce  mot  vient  de  Decanus  ,  qui  fe  difoit  chez  les 
Romains  j  de  celui  qui  préfidoit  à  dix  foldats  ,  ou 
d'un  petit  Juge  d'une  Dizaine  ,  à  l'imitation  def- 
quels  les  Prélats  ont  établi  des  Juges  pour  faire 
leurs  vifites  dans  une  partie  de  leurs  Diocèfes.  En 
quelques  lieux  on  les  appelle  Archiprkres  &  Archi- 
diacres J  auxquels  les  Doyens  ont  fuccédé. 

Doyen  j  Nom  d'un  Officier  des  Eglifes  Grecques  j  & 
fur-tout  de  l'Eglife  de  Conftantinople.  Le  Doyen 
n'étoit  point  un  Eccléfiaftique  j  mais  un  laïque  : 
il  n'avoit  point  une  dignité  dans  l'Eglife ,  mais  ii 
étoit  Officier  de  l'Eglife.  Juftinicn  ,  dans  fes  Novel- 
les  45  &  59  J  a  fait  plufieurs  réglemens  fur  l'office 
des  Doyens  ,  car  ils  étoient  plufieurs  :  il  avoient 
foin  des  funérailles  j  &,  à  caufe  de  cekj  on  les 
appeloit  quelquefois  Leclicaires  ,  Leclicarii.  Le 
Doyen  étoit  le  chef  des  Leclicaires.  Il  y  avoit  parmi 
les  Doyens  un  chef  qui  éroit  chargé  de  marquer  aux 
Prêtres  leur  rang  j  de  foutenir  leurs  droits ,  &  de 
leur  diftribuer  également  les  aumônes  des  Fidèles 
&  les  rétributions.  f^oye-{  l'Eucologe  des  Grecs ,  &C 
les  notes  de  P.  Goar. 


D  O  Y 

..  ÎJoyen,  dans  l'Antiquité  étoit  une  efpcce  d'Huif- 
fier.  Comme  S.  Ambroife  étoic  occupe  à  les  fonc- 
tions ,  on  lui  vint  dire  que  l'on  avoïc  envoyé  du 
Palais  des  Doyens  pour  lufpendre  des  voiles  dans 
laBaiilique  Porcienne,  Fleury.  Ces /^oye/w  croient 

uneefpèce  d'Huiilier. 

Doyen,  dans  les  anciens  Monaftères,  croit  un  Su- 
périeur établi  fous  l'Abbé  pour  le  foulager ,  &c  pour 
avoir  foin  de  dix  Moines  ^  c'eftde-là  qu'on  l'appe- 
loit  Doyen  y  Decanus  ,  à  l'imitation  de  ces  Offi- 
ciers Romains  ,  qui  avoient  dix  foldats  fous  eux. 
Avant  Saint  Benoît ,  il  y  avoit  d'ordinaire  dans  les 
Monaftères  un  Prévôt  j  Prapojkus ,  8c  plufieurs 
Doyens,  (ons  l'Abbé.  En  quelques  Monaftères  j  le 
Doyen  étoit  béni  par  l'Evèque  ,  ou  par  les  Abbés , 
comme  l'Abbé  même  :  ce  privilège  lui  donnoit  oc- 
casion de  s'égaler  à  l'Abbé  j  &  de  ne  lui  être  point 
alFez  foumis.  S.  Benoît  vit  cet  inconvénient ,  &c  , 
pour  le  prévenir  dans  fon  Ordre  ,  il  voulut  que  les 
Monaftères  ne  fulFent  gouvernés  fous  l'Abbé  j  que 
par  des  Doyens,  dont  l'autorité  étant  partagée, 
donnoit  moins  à  craindre.  Il  ne  défend  cependant 
pas  cependant  abfolument  qu'il  y  ait  un  Prévôt  ; 
mais ,  fi  l'on  en  crée  un  ^  il  veut  qu'il  foir  établi  par 
l'Abbé  ,  qu'il  lui  foit  foumis.  Pour  les  Doyens  _,  ils 
avoient  j  comme  j'ai  dit ,  l'infpedion  fur  dix  Moi- 
nes ,  &  veilloient  fur  leur  travail  j  &  fur  tous  les 
autres  exercices.  Ce  n'étoit  point  l'antiquité,  mais 
leur  mérite  ,  qui  les  taifoit  choifir  ;  ÔC  on  pouvoir 
les  dépofer  après  trois  avertillemens.  Comme  les 
Monaftères  font  aujourd'hui  moins  nombreux  qu'ils 
n'étoient  dans  les  premiers  tems  j  l'Abbé  _,  ou  le 
Prieur  n'a  plus  tant  de  befoin  d'être  foulage  ,  êc  il 
n'y  a  plus  de  Doyens  dans  les  Monaftères.  f^oyei  la 
Kègle  de  S,  Benoit  _,  tradu'ue  &  expliquée  par  M.  de 
Rancé  ,  Abbé  de  la  Trappe ,  Tom.  II.  ch.  n. 

On  appelle  Doyens  Ruraux  ,  ceux  qui  ont  droir 
de  vifite  fur  les  Curés  de  la  campagne  dans  les 
Diocèfes  qui  fonr  divifés  par  Doyennés.  Dès  le  IX^ 
fiècle,  on  voit  des  Doyens  Ruraux  ;  &  Hincmar  , 
dans  fon  Capitulaire  à  fes  Archidiacres ,  s'en  ré- 
ferve  l'éledion  j  &  ne  la  permet  à  ces  Archidia- 
cres j  qu'en  cas  qu'il  fut  éloigné,  &  par  provifion 
feulement.  QuelqOes-uns  croient  que  les  Doyens 
Ruraux  tiennent  le  rang  &  place  des  Chorévèques. 
Quoi  qu'il  en  foit ,  ils  font  tort  anciens  en  France  , 
en  Allemagne  ôi  en  Angleterre  \  mais  jufqu'à  la 
fin  du  XVI*  fiècle  ils  ont  été  inconnus  en  Italie  , 
parce  que  les  Evêchés  étant  fort  petits ,  ils  n'y 
étoient  pas  nécelTaires.  S.  Charles  Borromée  les  y 
a  établis. 

On  appelle,  auffi ,  en  certaines  Univerfités  & 
Facultés ,  un  Doyen  ,  celui  qui  eft  élu  pour  avoir 
quelques  fonctions  &  prérogatives  dans  la  Com- 
pagnie. 

Doyen  j  fignifie,  aufîî  ,  celui  qui  eft  le  plus  ancien 

en  réception  dans  une  Compagnie.  Le  Doyen  des 

Cardinaux.  Cardlnalium  y  Senacorum  ,  &c.  antïquif- 

Jimus.  Le  Doyen  de  la  Grand'Chambre.  Le  Doyen 

des  Enquêtes  ,  c'eft  le  premier  montant. 

Doyen,  le  dit ,  aufti,  de  celui  qui  eft  le  plus  ancien 
en  âge  ,  à  l'égard  d'un  autre.  Antiqulor.  Il  faut  que 
vous  paftiez  devant  moi ,  vous  êtes  mon  Doyen. 

Doyen  ,  fe  dit ,  encore ,  de  celui  qui  eft  le  plus  an- 
cien dans  une  maifon  ,  dans  une  fociété.  Le  Doyen 
de  la  Conciergerie  n'a  pas  voulu  fortir,  quoique 
tous  fes  écrous  fulfent  déchargés.  Le  Doyen  d'une 
auberge  ,  d'une  penfion  ,  a  droit  d'avoir  la  plus 
belle  chambre  ,  &  k  première  place  à  table. 

DOYENNE,  f.  f.  Decana.  Il  y  a  plufieurs  Chapitres , 
ou  Abbayes  de  Filles  3  qui  ont  des  Doyennes  ;  tels 
font  Remiremont  j  &  Ronceray  à  Angers.  La 
Doyenne  a  la  même  Jurifdidion  que  l'Abbefte  fur 
le  chœur  de  l'Eglife  de  Remiremont. 

Doyenné,  f.  m.  Première  dignité  en  plufieurs  Eglifes 
Cathédrales  &  C,o[\égia.\es.Decanacus.  Un  Doyenné 
oblige  à  la  réfidence  ,  &  à  la  Prêtrife.  Le  Pape  peut 
conférer  les  Doyennés  ,  tant  d'Eglifes  Cathédrales  , 
que  Collégiales,  fur  la  rcfignationdu  poirefleur, 


D  O  Y     D  R  A  4;5 

nonobftant  le  droit  d'éledion  du  Chapitre  j  lequel 

1  n'a  lieu  qu'en  cas  de  mort ,  ou  de  démiilioa  vo- 
lontaire. 

Doyenne, eft auili, une  fubdivifion  des  Archidiaconés 
de  quelques  Diocèfes ,  qu'on  divife  en  plufieur  por- 
tions j  dont  chacune  eft  fujetteà  la  vifite  d'un  même 
Supérieur.  Le  Diocèfe  du  Mans  a  fix  Archidiaconés 
divifés  en  vingr-quatre  Doyennés.  Celui  de  S.  Malo 
a  deux  Archidiaconnés  divilés  en  neuf  Doyennés, 
Celui  de  Rouen  a  vingt-fept  Doyennes  fous  fix  Ar-  ' 
chidiaconés. 

Doyenné  ,  eft  audî ,  la  qualité  de  celui  qui  eft  le  plus 
ancien  en  réception  dans  un  Compagnie.  Il  faut  être 
bien  vieux  pour  parvenir  au  Doyenné  de  la  Grand* 
Chambre,  du  Cardinalar. 

On  appelle  ,  en  quelques  endroits  ,  Doyenné,  la 
mailon  du  Doyen. 

^3"  Doyenné.  Nom  d'une  efpècé  de  poires  ,  qu'on 
appelle ,  autrement  ,  S.  Michel ,  beurré  blanc 
d'automne  ,  poires  de  neige  j  &cc.  La  poire  doyenné 
rellemble  au  beurré  gris  pour  la  groileur ,  la  peau 
unie  J  verdàtre  j  jaunilfant  beaucoup  en  maturité. 
Elle  eft  fondante  ,  pleine  d'une  eau  fort  donce  j  or- 
dinairement peu  relevée.  Rarement  elle  eft  parfu- 
mée. Il  faut  la  cueillir  verte,  &  la  manger  avanc 
qu'elle  ait  acquis  un  jaune  clair  ,  qui  marque  une 
maturité  trop  avancée.  Alors  elle  devienr  pâteufe  &c 
infipide-  Il  tant  la  prendre  au  point  jufte  de  fa  ma- 
turité. 

#3°  Celles  des  efpaliers  fe  colorent  beaucoup  du 
côté  expofé  au  foleil. 

^CT  Le  doyenné  fur  coigna(îîer  rapporte  promp- 
rement.  Ce  poirier  rapporte  beaucoup  dans  toutes 
fortes   de  fonds. 

D    R   A, 

DRABANT.  f.  m.  Charles  XL  Roi  de  Suéde,  forma 
un  petit  efcadron  de  deux  cens  Gentilshommes 
choifis  ,  qu'il  appela  Drabans ,  Sc  dont  il  voulue 
être  le  Capitaine.  C'étoient  tous  gens  d'un  grand 
air ,  &  d'un  grand  courage.  Sous  Charles  XII.  ce 
Corps  fut  réduit  à  150.  hommes.  Charles  XIL  a 
fouvent  attaqué  ôc  détruit  avec  fes  Drabans  ,  deux 
à  trois  mille  Mofcovites.  Rem.  de  M.  de  la  Motraye 
fur  l'HiJi.  de  Charles  XIL  de  M.  de  Voltaire.  Foy, 
Traban. 

DRABOURG.  Petite  viiledu  Cercle  d'Autriche.  Dra~ 
yohurgum.  Elle  eft  dans  la  Carinthie  j  &  prend 
ion  nom  de  laDrave,  fur  laquelle  elle  eft  fituée, 
Maty, 

DRAC.  Rivière  de  France  qui  coule  dans  le  Dauphiné, 
Dracum.  Le  Drac  tire  la  fource  des  montagnes  de 
Mcnterfier ,  &  fe  joint  à  l'Isère  au-deiïbus  de  Gre- 
noble. Corn. 

Drac.  f  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  en  Languedoc 
à  ce  qu'on  appelle  ailleurs  Efprit-Jollct  j  efprit  fa- 
milier. Voici  la  defcription  qu'en  fait  M.  Aftruc  , 
dans  fes  Mémoires  pour  fervir  à  l'Hiftoire  natu- 
relle du  Languedoc.  "  L'idée  qu'on  fe  forme  des 
»»  Dracs ,  c'eft  que  ce  font  des  efprits-follets ,  ca- 
»  pricieux  ,  inquiets  ,  ordinairement  malfaifans. 
:)  Les  meilleurs  d'entre  eux  fe  plaifent  du  moins 
»  à  faire  des  malices  &  des  tours  de  page.  On  croit 
s>  pourtantqu'ils  prennent  certaines  gens  en  amitié  . 
j>  &c  qu'ils  leur  rendent  d'alTèz  grands  fervices. 
»  Du  rc'fte ,  on  leur  donne  le  pouvoir  de  fe  rendre 
»  invifibles ,  ou  de  fe  monuer  lous  telle  forme 
"  qu'il  leur  plaît ,  &c. 

DRACHME,  on  prononceS:  l'on  pentéciireDRAGME- 
f.  f.  Monnoie  des  Grées  ^  qui  valoit  un  gros  d'ar- 
gent. Drachma.  C'étoit  la  même  chofe  que  le  de- 
nier à  l'égard  de  la  valeur:  c'eft-à-dire,  7  ou  8  fous, 
monnoie  de  France  ,  félon  la  plus  commune  opi- 
pion.  Rejouiiïez- vous  avec  moi,  parce  que  j'ai 
'rouvé  la  drachme  que  j'avois  perdue.  Port.  R.  Luc 
XV.  8.  &  9.  On  voir  par  cet  exemple  ,  par  le  Non;  . 
veàu  Teftament  de  M.  Simon  j  &  par  les  Notes  qm 
font  dans  celui  des  Jéfuites  imprimé  en  1715.  ctae," 


;  DRÀ 

•quoiqu'on  prononce  dragmc  ,  nos  Auteurs  écrivent 
encore  drachme  ,  ielon  Ictymologie  &  l'origine  de 
ce  mot. 

La  drachme  ,  félon  quelques  Auteurs ,  ccoit  chez 
les  Grecs  j  ce  qu  ecou  le  denier  chez  les  Romains  , 
qui  valoir  quatre  lellerces.  Budé  ell   de  ce  lenti- 
ment ,    De  AJje  ,  L.  IL  &  L.  III.  où  il  le  prouve 
parles  témoignages  de  Pline,  de  Plutarque  ,  de 
Strabon  ,  &  de  Valère  Maxime  j  où  en  QÛQtdeiia- 
rius  eft  fynonyme  de  ^fxf*'"'  Mais  comme  il  y  avoir 
peu  de  différence,  ces  Auteurs  Grecs  j  qui  dans  ces 
endroits  ne  traitent  pas  exprès  des  poids  &c.  des  me- 
fures  ,  peuvent  s'être  fervis  chacun  dans  leur  langue 
au.  nom  de  monnoie  ,  approchant  de  celle  qu'ils 
vouloient  marquer.  Scaliger  j  dans  fa  Diiîertation^ 
T>e  Ke  Nummariù  ,  pag.  a,i.  ne  dit  pas  abfolument 
que  le  denier  &:  la  drachme  font  la  même  çhofe  \ 
mais  d'un  palfage  Gïecdu  JurifconfuUe,  Ç.XXFi. 
Mandaû  ,  où  Li drachme el\  compolée  de  hx  oboles, 
il  en  conclut  qu'au  iiècle  de  Sévère  ,  de  Caracalle 
&  d'Alexandre,  fils  de  Mammée  j  le  denier  tk  la 
drachme  étoient  la  même  choie.  Mais  Agricola,  dd 
Menf.  &  Fonder.  L.  IV.  prouve  par  Pline  j  Celfe 
&  Scribonius  Largus ,  qu'il  n'y  avoir  que  fept  de- 
niers à  l'once  ;  &  par  Tire-Live  ,  Appien  ,  &c.  que 
•la  drachme  étoit  à  la  taille  de  huit  a  l'once  ;  &  il 
prétend  que,  quand  quelques  Grecs  ont  dit  que 
i'once  contenoit  fept  drachmes .,  ils  ne  parloient  pas 
de  la  drachme  Ainque ,  mais  du  denier  Romain, 
tiuquel  ils  donnoient  en  Grec  le  nom  de  drachme. 
Gronovius  eft  au(îi  du  fentiment  d'Agticola  ,  que 
la  drachme  eft  k  S'  partie  de  l'once  ;  &  ce  fenti- 
ment eft  vrai ,  comme  il  paroîr  par  Ifidor^  ,  L.  XIV. 
C.  14.  par  Fannius,  qui  le  dir  exprelfémenr  j  & 
qui  déplus,  donne  96  drachmes  à  la  livre  Romaine  j 
parVolfius,  qui  divife  l'once  en     24    fcriptules, 
ou  fcrupules  ,  dont  \i  drachme  en  comprenoit  "trois. 
Cela  donc  iuppnfé  ,  &  fuppofant  encore  que  l'once 
Romaine  ancienne  étoir  égale   .à   l'once  Romaine 
d'aujourd'hur  ,    &   par   conféquent  j  de  40  grains 
moindre  que  la  nôtre_,  comme  l'aobfervé  Galtendi , 
il  s'enfuit  q^ie  l'once  Romaine  ancienne  pefoit  5  5(î 
<ie  nos  grains  ,  puifque  la  nôtre  en  pèfe    576.  Or , 
ii  l'on  divife  556  par  S  ,  on  trouvera  6-j  grains  pour 
le  poids  de  la  drachme  Attique  ;  ce  qui  revient  en 
effet  au  poids  des  médailles  Antiques   que  j'ai  pe- 
fées.   Puis  J  en   fuppofant   l'argent  d'Athènes  ,  au 
m.ême  titre  que  le  nôtre  j  &c  prenant  le  nôtre  à  ji 
liv.  le  marc  j  l'on  trouvera  que  la  drachme  Attique 
valoit  5  f.    3    d.  Y  de  denier  de   notre    nionnoie. 
Voye^  Oifel  dans  fes  Notes  fur  Aulu-Gelle  ,   L.  I. 
C.  8. Gronovius  de  Pecunià  veceri ,  Budé,  Scaliger, 
Agricola  ,  cités  ;  ci-defius  DENIER. 

La  drachme  d'Egine  croit  de  deux  tiers  plus  forte 
que  celle  d'Athènes  j  car  fix  drachmes  d'Egine  en 
faifoient  dix  d'Athènes. 

Ladrachme,  étoit  aulli  j  une  forte  de  monnoie  des 
Juifs ,  ayant  d'un  côté  une  harpe  ,  &  de  l'autre  une 
grappe  de  raifin.  Bouteroue.  Certe  monnoie ,  dont 
parle  Bouteroue,  p.  19.  que  le  P.  Kirker  a  aulli 
décrire,  Œd/p.  .Aîgyp.  T.  II.  p.  100.  &  qui  fe 
voit  au  cabinet  du  Roi,  &  dans  celui  de  M.  de 
Pontcarré  j  'Préfident  du  Parlement  de  Rouen  ^ 
avec  une  partie  d'une  Infcription  Latine  de  Trajan 
furajoutée  ,  comme  parle  le  P.  E.  Soucier,  Jéfuite 
dans  fr  Dilfertation  fur  les  médailles  Hébr.aïques , 
p.ig.  1 5  &  i(î ,  où  il  en  parle  ;  cette  monnoie  n'eft 
point  une  drachme:,  au  moins  Attique.  C'eft  un 
demi-ficle  \  Se  ,  comme  le  ficle  pefoit  quatre 
drachmes  Attiques  &  deux  Alexandrines  j  cette 
monnoie  pefe  deux  drachmes  Attiques ,  &  une  feu- 
lement d'Alexandrie.  Au  refte  ,  il  ne  faur  point 
l'appeler  drachme.  C'eft  un  demi-ficle  j  &  c'eft  ainti 
que  1;S  Hébreux  l'appeloient.  Il  n'y  a  que  les  Grecs 
qui  donnaient  en  lein-  langue  X^snonysàQ  drachmes, 
de  didrachmes  ,  &  de  tctradrachmes  ,  aux  monnoies 
Hébraïques. 

On  dir  que  David  lailTii  à  Salomon  dans  fon  tréfor 
dix  mille  draksrinon  :  c'étoit  une  monnoie  étrangère 


DRA 

de  même  nature  que  les  fols  d'or,  &  qui  pefoit  uns 
drachme. 

Ce  mot  eft  dérivé  de  ^t~xf^'»  &  ce  mot  ^fxf-^  vient 
de  ^farTîS-tti  cenirj  contenir.  Cette  monnoie  fut  ainlî 
appelée,  parcequ'elle  valoit  une  poignée  de  petites 
pièces  de  cuivre,  nommées  >:iffiiTu  ou  *£?,««"«  Sc 
par  SérîrCjue  minudas  s.rïs\  c'eft-à-dire,  autant  qu'il 
en  pouvoir  tenir  dans  la  main.  Oifel ,  dans  les  Notes 
fur  Aulu-Gelle.  L.  1.  C.  8.  va  plus  loin  ,  &  prétend 
que  ê'fiixf*i  vient  de  l'Hébreu  pinT  darchcmon,  qui 
le   trouve  dans  le  2°  L.  d'Eidras  "VIII.  79.   ^oye^ 
TEtymologicum  de  Vodius. 
Drachme  ,  eft  aulli  un  poids  j  don:  fe  fervent  les 
Médecins,  qui  eft  la  huitième  partie  d'une  once  , 
qu'on  appelle  autrement  un  gros ,  au  poids  de  marc. 
Elle  connent  trois  fcrupules  ,  ou  loixante  grains. 
Drachme  ,  en  ce  fens  s'emploie  quelquefois  hguré- 
ment ,  &  en  riant.  Il  me  femble  qu'il  y  a  dans  cette 
lettre  cinq  ou  fix  dragmes  d'amour.  Voit. 
DRACO.  f.  m.  Ancien  Légiflateur  d'Athènes ,  donc 
Solon  fit  abroger  toutes  les  loix  j  excepté  celle  qui 
regardoir  le  meurtre.  Ces  loix  étoient  h  févères,  que 
l'on  difoir  qu'elles  n'avoient  point  été  écrites  avec  de 
l'encre,  mais  avec  du  fang.   Eneftet,  elles  ordon- 
noient  le  même  lupplice  pour  les  fautes  légères  ,  &: 
pour  les  crimes  même  les  plus  énormes.   Celui  qui 
avoir  volé  un  chou  étoit  puni  de  mort_,  comme 
celui  qui  avoit  commis  un  ailallinat  j  &,  lorfqu'oa 
en  demandoit  la  railon  à  Dracon  j  il  répondoit  que 
les  petites  fautes  méntoient  cette  peine,  &c  que,  pouc 
les  plus  grandes,  il  n'en  connoilfoit  point  de  plus 
griéve  que  la  mort.   Sa  fin  turglorieufe,  mais  très- 
malheureufe  en  même -temps  \  car  on  dit  qu'étant 
fur  le  théâtre  d'Egine,  le  peuple,  au  milieu  des 
acclamations  de  joie,  lui  jeta  par  reconnoilfance  j 
une  fi  grande  quantité  de  bonnets  ,  de  tuniques  ,  6c 
autres  habillemens  ,  qu'il  en  fut  accablé. 
Draco.   Voyei  DRAGO. 

ffC?  DRACONITES  ou  DRACONTIA.  Pierre 
fabuleufe,  au  fujet  de  laquelle  on  a  débité  une  infi- 
nité de  rêveries.  On  lui  avoit  donné  ce  nom ,  parce- 
qu'on  prétendoit  qu'on  la  tiroit  de  la  tête  d'un  dra- 
gon. Mais ,  pour  fe  la  procurer ,  il  falloir  endormii; 
le  dragon  avant  que  de  lui  couper  la  tête. 
Porto  draco.   i^qye^  Lionne  ,  &  Piree. 

t/Cr  DRACONNAIRE ,  ou  le  Porte-Dragon  ; 
Braconarïus.  Voyci  DRAGONNAIRE. 
DRACUNCULES  ou  DRAGONNEAU.  f  m.  Terme 
de  Médecine.  Dracunculi.  Maladie  des  enfans,  dans 
laquelle  ils  fentent  une  grande  démangeaifon ,  eau- 
fée,  à  ce  qu'on  croir,  par  de  petits  vers  qui  s'engen- 
drent fous  la  peau,  au  dos  ,  aux  épaules,  aux  bras  , 
i^  qu'on  appelé  dracuncules.  Les  enfans  qui  ont  àès 
dracuncules ,  ou  dragonneaux  ,  deviennent  prefque 
Cliques,  &  ils  ne  fe  nourriftenr  poinr,  quoiqu'ils 
mangent  de  fort  bonnes  chofes  ,  ils  fentent  au  dos,; 
&  quelquefois  aux  autres  parties  extérieures  ,  une 
démangeaifon  infupportable,  qui  vient  de  ce  que 
fous  la  peau  il  fe  forme  des  vers  d'une  matière  vif- 
queufe  ,  qui  ne  fe  difiipe  point  par  la  tranfpiration. 
Cette  maladie  n'eft  pas  tellement  propre  des  enfans , 
que  les  perfonnes  plus  âgées  ne  l'aient  quelquefois  y 
puifqu'on  dit  que  l'Empereur  Henri  V.  en  mourut  : 
il  l'avoit  eue  de  naillance.  En  Pologne,  les  femmes 
guérilfent  de  la  manière  fuivanre  les  enfans  qui  onc 
des  dracuncules.  On  baigne,  &  on  lave  les  enfans 
dans  de  l'eau  chaude  ,  dans  laquelle  on  a  jeté  une 
mie  de  pain  en  miettes,  &  une  poignée  de  cendres; 
on  fait  écouler  l'eau,  &ronramaire  en' une  malfe  la 
mie  de  pain  :  (\  on  la  diyife  le  premier  jour ,  on  y 
voit  une  quantité  prodigieufe  de  poils  très-fins .  que 
quelques-uns  appellent  poils  de  chien ,  &  d'autres , 
poils  de  vers  :  c'eft  à  ces  poils ,  ou  à  ces  vers  ,  qu'on 
attribue  la  caufe  du  mal.  Après  avoir  donné  aux  en- 
fins  ce  bain  j  on  leur  frotte  les  épaules  &  les  bras 
de  farine  détrempée  dans  du  vinaigre ,  ou  de  farine 
de  fromenr  détrempée  avec  du  miel ,  &  aulli-tôt  il 
paroît  fur  la  peau  de  petits  tubercules ,  femblables  à 
des  graines  de  pavot  de  couleur  cendrée  :  on  appelle 

*  ^  ces 


D  R  A 

ces  tubercules  tètes  de  vers  :  il  faut  les  racler  aiifTi- 
tôt  qu'ils  paroiirent  ;  car  autrement  ils  rentreroient 
fous  la  peau.  On  réitère  l'opération  jufqu'à  ce  qu'il 
n'en  paroilfe  plus  ;  car ,  à  chaque  fois  qu'on  frotte  ^ 
&  qu'on  racle,  on  s'apperçoit  que  le  nombre  de  ces 
tubercules  diminue.  Cette  maladie  ell  rare  ,  &  peu 
de  Médecins  en  ont  parlé.  On  ne  laconnoît  point  en 
France.  ^oye-{  André  Dudithuis,  épîcre  12  liv.  j. 
Sennert  dans  fa  Pratique,  liv.  i  c.h..  24.  Vucirius, 
liv.  2  des  Obfervations  \  Dégori ,  tréfor,  &c. 

Les  Auteurs  du  Journal  de  Leipfik  parlent  de  cette 
maladie  dans  le  tome  du  mois  d  Odobre  i6Sz.  pag. 

5  iCy.  Us  difent  que  ces  poils,  qui  loitcnt  des  porcs 
après  le  bain,  font  comme  de  gros  cheveux,  œrpiif- 
cuLii  pilorum  crajjiorum  inftar  dcnfa.  a  j'pïffa  ;  &  non 
pas  des  poils  très-fins  ,  comme  dit  Dagori.  Us  ajou- 
tent que  cela  a  fait  donner  le  nom  de  crinoiies  à  ces 
petits  corps  \  qu'on  les  appelé  aulll  Comedoncs^  parce- 

■  cju'ils  mangent,  ils  dévorent  l'aliment  qui  nourrit 
lesenfins  j  que  George-Jérôme  Velchius  les  nomme 
vers  capillaires  des  entans ,  dans  une  Dilfert-ation 
trcs-curieufe  &  très-utile  aux  Médecins ,  qu'il  a  faite , 
fous  le  titre  de  Exerdtatïo  de  Vcrmïcuhs  capillaribus 
ïnjanûum.  j  &  qu'ils  louent  &  recommandent  beau- 
coup, comme  contenant  toutcequis'eltditlur  cela  , 
tant  pour  la  curiofité  &  la  théorie,  que  pour  l'ufige 

6  la  pratique  j  cc  pouvant  iuppléer  à  toiis  les  ou- 
vrages qui  ont  paru  fur  cette  matière.  Quant  à  la 
nature  &  à  la  figure  de  ces  petits  corps  ,  le  microl- 
cope  a  décidé  la  queltion;  ce  font  de  véritables  ani- 
maux vivans ,  qui  font  d'un  cendré  tantôt  plus,  tan- 
rôt  moins  foncé  ^  qui  ont  deux  cornes  longues  fut 
la  tète  j  deux  gros  yeux  ronds ,  avec  une  queue  lon- 
gue, &  qui  ell  terminée  par  une  toulle  de  pluheurs 
poils  ;  qu'il  cli:  difficile  de  tirer  entiers  en  frot- 
tant le  corps  de  l'enfant,  parcequ'ils  font  fi  tendres, 
que  le  moindre  frottement  les  écrafe.  Les  quatre 
figures  qui  en  font  gravées  ,  montrent  de  plus 
qu'ils  ont  beaucoup  de  poils  aux  côtés.  La  grandeur 
naturelle  de  l'aniuial  entier ,  ell  d'environ  deux 
lignes. 

DRAGAN.  f.  m.  Terme  de  Marine.  C'efi;  la  partie  de 
derrière  de  la  pouppe  qui  en  fait  l'extrémité  ,  &  qui 
porte  la  devife  des  galères. 

DR  AG  ANTÎ.  Vi'leancicnne  de  la  Cilicie ,  province  de 
l'Aîie  w\\\\Qwi\:.Dra^antam  ,  anciennement  ^rdwae. 
C'ert;  mainrenant  un  village  de  la  petite  Caramanie, 
en  Natolie   Maty. 

DRAGE.  f.  f.  Terme  de  pêche.  Voye^  DRÉGE. 

DRAGÉE,  f.  f.  Petites  confitures  féches  ,  où  l'on  en- 
ferme quelque  petite  graine  ou  menu  fruit,  comme 
anis ,  amandes  ,  piftaches  ,  avelines  ,  morceau  de 
cannelle  ou  de  citton  ,  ou  abricot,  coriandre,  &c. 
Anlfum  i  amygdalum  y  &c.  durato  faccharo  cïrcumda- 
tuin.  GLobulifaccharei.  Cette  circonlocution  eft  né- 
celfaire,  faute  de  mot  propre  qui  puilfe  exprimer  ce 
qu'on  entend  par  diasrée.  Les  anis  de  Verdun  font 
fort  renommées ,  &  p'.i'Jent  pour  les  plus  excellentes 
dragées.  On  travaille  bien  aulfi  en  dragées  à  Sedan  : 
les  dragées  de  girofle  Hc  des  autres  épiceries  fines , 
y  font  admirables,  &  très -propres  pour  fortifier 
l'ertomac  j  &  pour  aider  à  la  digelfion  après  le 
repas. 

Ce  mot  vient  de  tragea  Latin,  qui  a  été  fait  du 
Grec  vp «-/!;,««  ^ui  Çv^p^xhi  féconde  table.  Nicot. 

Dragée  ,  fe  dit  auOi  du  menu  plomb  dont  on  charge 
un  fudl  pour  tiret  l'urde  petit  gibier.  PLumbe&  p'duU 
minutijjirnt. 

Dragée  ,  fignifie  aufli  un  mélange  de  graines,  qu'on 
donne  aux  chevaux.  Grana  mifcellanea  equorum 
pabulum. 
DragÉh,  fe  dit  auHl  des  menus  grains  qui  fe  recueil- 
lent ordinairement  dans  les  jardins,  comme  lentilles, 
navettes,  bled  farrafin,  qu'on  appelle  quelquefois 
dragée  aux  chevaux,  millet,  &c.  fur  lefquels  les 
Curés  prétendent  droit  de  menues  dîmes  ,  qu'ils 
appellent  dîmes  vertes ,  ou  dragées.  Granea  mifcel- 
lanea. 

Tome  III. 


D  R  A  457 

On  dit  d'un  fufil  qui  ne  porte  pas  fon  plomb  bien 
ferré  &  bien  enfemble  ,  qu'il  écarte  la  drugée. 

On    dit,   figurément  &   populairement  ,  qu'un 
homme  écarte  la  drague  ,  pour  dire  qu'en  parlant 
il  laille  échapper  de  pences  parties  de  falive  j  qui 
tombent  iur  celui  à  qui  il  parle. 
DRAGEMEL.  Bourg  du  Cercle  d'Autriche ,  en  Alle- 
magne. Dragcmaum.    Il  ell  dans  la  Carniole  ,  fur 
la  Save,  a  lieux  ou  trois  lieues  de  Laubach ,  du 
côté  du  Nord.  On  le  prend  pour  l'ancienne  Adrantis^ 
ville  de  la   Pannouie.     Maty.    C'ei't  le  fentiment 
de  Lazius. 
DRAGEC^IR.  f  m.  Petite  boîte  en  forme  de  montre, 
que  les  Dames  portoient  autrefois  à  la  ceinture  par 
ornement  j  où  elles  mettoient  les  dragées.    Pyxt- 
diada  quâ  dur::ta  in  Jaccluiro   anifum ,  amygdalum 
jer-yantur. 
Drageoir,  efi:  encore  une  tafie  large  l<  plate  de  ver- 
meil doré  ,  montée  fur  un  pied ,  dans  laquelle  on 
préfenroit  autrefois  i\t%  dragées  aux  noces  &   aux 
baptêmes.  Paiera  inaurata.  On  lervoir  auili  des  dra- 
gées à  la.  fin  du  rep.is  dans  des  Drageoirs.        ^ 
DRAGEOIR.  f.  f.  Terme  d'i-Iorlogerie.    C'eft   une 
rainure,  qui  rient ,  par  exemple,  le  cr)jllal  d'une 
montre,  le  couvercle  d'un  barillet,  &c. 
DRAGEON,  f  m.  Terme  de  Jardinage.  C'cft  le  bour- 
geon qui  pouîTe  au  pied  des  arbres,  ou  des  plantes. 
Stolo.     Un  drageon  d'oeillet ,  drageon  de    vigne. 
i'oye-:[  Rejeton. 

^T  On  appelle  proprement  Drageons ,  owVq- 
trcaux  ,  de  jeunes  tiges  qui  s'élèvent  des  racines 
rampantes.  Les  chênes  produifent  rarement  des 
Drageons.  Les  ormes  &  les  pruniers  en  produifent 
beaucoup. 
DRAGEONNER.  v.  n.  Il  fe  dit  des  arbres  oui  pouf- 
fent des  drageons.  Stolones  agere.  Arbre  qui  com- 
mence à  dragconner.  La   Quint.  Liger. 

CiO~  Drageonner,  fignifie  auili  lever  des  dra- 
geons. 
DRAGIER.  f.  m.  Foye:^  DRAGEOIR.  C'efl  la  même 
chofe.  Dans  le  dernier  fiècle  (  le  XVF  fiècle)  où 
l'on  avoir  le  goût  délicat,  on  ne  croyoit  pas  pouvoir 
vivre  fans  dragées  ;  il  n'éroit  fils  de  bonne  mère  , 
qui  n'eût  fon  dragier  ;  &  il  ell  rapporté  dans  l'HiJc. 
du  Duc  de  Gidfe  ,  que  ,  quand  il  fut  tué  à  Blois  ,  il 
avoit  fon  dragier  i  \:i  nid.in.  De  Vign.  Marv. 
DRAGO.  Bocci  delDragû.  Nom  Efpagnol ,  qui  fignifie 
Bouche  de  Dragon ,  petit  détroit  de  la  mer  du  Nord 
en  Amérique.  Draconisfretum.  La  Boca  dclDrago  , 
elf  entre  l'ille  de  la  Trinité  ,  &  la  Province  de  Paria  , 
en  la  Terre  ferme.  Elle  joint  la  mer  du  Nord  avec 
le  détroit  de  Paria. 
DRAGO.  Rivière  du  Royaume  de  Naples.  Ur^rco.  Elle 
a  fa  fource  aux  confins  de  la  Principauté  cit(|fieure, 
&  de  l'ultérieure  ,  baigne  Nocera  ,  &  fe  décharge 
dans  le  Golfe  de  Naples  aux  conhns  de  la  Terre 
de  Labour. 
DR AGOMAN.  f  m.  Terme  de  Relations ,  qui  fignifie 
Truchement.  Interprcs.  Ce  mot  ellprefque  général 
en  Orient  patmi  le  peuple,  pour  fignj^er  un  hner- 
prête  ,  qui  fert  à  f  iciliter  le  commerce  des  Occiden- 
taux avec  les  Orientaux. 

Ce  mot  vient  fans  difficulté  de  l'Arabe  Tergeman  , 
ou  Tergiman  ,  félon  la  ptononciation  des  Turcs , 
Interprète  3  du  verbe  Taragem,  il  a  interprété.  Dra- 
goman  vient  en  premier  lieu  de  l'Italien  Dragomano. 
Les  Italiens  difent  auili  Turcimanno  j  avec  plus  de 
rapport.!  fon  étymologie  Arabe;  &:  de  Turcimanno , 
nous  difons  Truchement ,  aulli-bien  que  Dragoman 
Se  Drogman.  Dès  long-temps  chez  les  Orientaux 
T'argum  fignifie  Interprétation  _,  &  Metargen  ,  ou 
Turgeman,  Interprète  ;  ce  qui  eft  un  mot  Chaldai- 
que,  félon  Calauiîon.  Quelques  uns  dérivent  ce  moc 
de  l'Allemand.  M.iis  il  vient  plutôt  de  Turcimannus  , 
■  ayant  ajouté  le  mot  de  man  ,  qui  fignifie  homme  , 
à  celui  de  Turc.  Il  y  avoit ,  dans  la  Cour  Byzantine  , 
un  Officier  qu'on  nppeloit  Maître  des  Draguemans, 
comme  le  dit  Tyrius.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Ville- 

M  m  m 


4;8  DR  A 

Hardouin  :  ce  qui  a  fait  croire  à  quelques-uns  que  | 
c'étoic  un  vieux  mot  François.  Du  Cange  dit 
que  les  Auteurs  de  la  balle  Latinité  ,  pour  lignifier 
Interprètes  des  langues  étrangères,  fe  iont  fervis  de 
ces  mots ,  Dragumanus  j  Drogmandus  _,  Drogema- 
nus  ,  Drogomarmus  .yTurquingcns  ,  Turchimannus  ^ 
&  Tunhemannus.  Voyc^  TRUCHEMENT,  & 
DROGMAN. 

Caji'dlan  plus  que  Gardllas  3 
Tofcan  plus  que  n  était  Boccicc  3 
Digne  favori  de  P allas  _, 
Et  grand  Dragoman  du  Parn^£e. 


DRAGOMESTRO,  ou  DRAGUMESTRO.  Ville  de 
Grèce  dans  la  Livadie.  Dragomejlra  ,  ou  Dragu- 
mejlra^  anciennement  Ocniadiz.  Elle  eft  fur  le  Golfe 
de  Patras  à  l'embouchure  de  l'Alpri.  Maty. 

DRAGON,  f.m.  efpècedemonftre  d'une grandeurpro- 
digieufe,  à  qui  la  fable  a  donné  des  griftés,  des  ailes, 
&"une  queue  deferpent.  Draco.  Les  anciens  Natura- 
liftes  fe  font  égayés  à  décrire  ce  monftre  en  diverfes 
manières.  Ils  lui  ont  donné  des  ailes,  des  crêtes,  des 
pieds  &  des  têtes  de  différentes  figures  ;  jufques-là 
qu'Aldrovand  fait  mention  d'un  dragonnèdQ  l'accou- 
plement d'un  aigle  avec  unelouve,  qui avoitdegran- 
des  ailes  ,  une  queue  de  ferpent ,  &  des  pieds  de 
ioup,  fait  aulîi  faux  que  merveilleux.  Mais  il  efl:  le 
premier  à  dire,  avec  les  Modernes,  quec'ellun  ani- 
mal chimérique,  fi  on  le  prétend  faire  diiîérer  d'un 
vieux  ferpent.  Quelques-uns  même  ont  dit  qu'il  y 
a  en  Afrique  des  dragons  volans  qui  peuvent  em- 
porter un  homme  &  un  cheval,  &  qu'ils  emportent 
fouvent  des  vaches.  Albert  le  Grand  fait  mention 
d'un  dragon  de  mer ,  femblable  à  un  ferpent ,  qui  a 
les  ailes  courtes,  le  mouvement  très  prompt ,  &: 
venimeux  j  &  qui  fait  mourir  par  fa  morfure. 

Ce  mot  de  dragon  vient  du  Latin  draco  ,  formé 
du  Grec  ^(l^y-eni  qui ,  félon  l'opinion  commune,  s'eft 
dit  par  rranfpofuion  ou  méthathèfe,  pour  «J^àp-*' 
dracon  ;  de  t^V"*  Je  -vois  ,  parce  que  les  dragons  ont 
la  vue  très-perçante.  Scaliger  le  Père  le  tire  de  «^f"» 
a^c'f  faire  de  la  douleur,  VoOius  de  ^f^i  «■"-'^  JJ-- 
cere  medidnam  ,  guérir  ,  être  propre  à  guérir  ,  être 
un  bon  remède,  ou  comme  dit  Voflius ,  ne  point 
faire  de  malj  car  au  rapport  de  Solin,  C.  50.  les 
vrais  dragons  ont  la  gueule  petite ,  5c  ne  peuvent 
mordre  \  ou  s'ils  mordent ,  leur  morfure  n'eft  pas 
venimeufe.  C'elf  pour  cela  que  les  anciens  les  ai- 
moient,  &  les  appeloient  A'yurc^alfMias  De  bons  gé- 
nies. Ce  font  des  remarques  de  Saumaife.  Voflius 
confirme  encore  fon  étymologie  ,  parceque  les  ^rtz- 
^o«j  étoient  confacrés  à  Efculape.  On  peut  ajouter 
que  ,  fur  les  médailles ,  la  DéelTe  Santé  a  toujours 
un  ferpent. 

Les  Poètes  qui  ont  feint  que  le  jardin  des  Hefpé- 
rides  étoit  gardé  par  un  dragon ,  ont  entendu  la  mer 
Océane  qui  fermoir  l'enrrée  aux  Iles  fortunées  ,  ou 
à  l'Amérique,  d'où  venoient  de  beaux  fruits,  &  où 
fe  trouvoient  les  mines  d'or.  On  peint  un  dragon 
auprès  de  Sainte  Marguerite.  Dragon  ,  la  Gargouille 
de  Rouen.  Voye\  FIERTE.  Dansl'Eglife,  on  a  porté 
autrefois  des  figures  de  dragon  dans  les  Procellions  , 
peur  repréfenter  le  Diable  ,  ou  l'Héréfie  ,  dont 
l'Eglife  triomphe.  On  le  portoit  au  bout  d'une  per- 
che; tSc  un  enfant  avoit  une  lanterne,  où  éroit  un 
fierge  allumé,  pour  rallumer  le  feu  qui  étoit  en  la 
gueule  du  dragon,  s'il  venoit  à  s'éteindre.  Les  Poctes 
donnent  des  crêtes  &  des  crinières  ,y^^^-f ,  aux  dra- 
gons-^ ils  ne  font  pas  les  feuls.  Le  Roi  Juba  alfuroit 
qu'il  y  en  avoit  en  Afrique  à  qui  la  nature  en  avoit 
donné;  &  Jacques  de  Vitry,  L.  i.  C.  89.  avec  beau- 
coup d'autres  qui  ont  fait  des  voyages  aux  Indes , 
difent  la  même  cliofe.  Les  Poètes  attribuent  aux  dra- 
gons la  garde  des  tréfors  ,  &  des  chofes  précieufes. 
Ainfi  ,  "c'étoit  un  dragon  qui  gardoit  le  Jardin  des 
Hefpérides  ;  un  autre  gardoit  la  toifon  ,  &c.  Cela 
fignifie  que  ces  chofes  étoient  confiées  à  des  hommes 
tics-clairvoyans ,  ttès-vigilans. 


D  R  A 

Les  Egyptiens  adoroient  les  dragons  ,à  ce  que 
rapporte  Marcianus  Capella  ,  L.  1.  en  parlant  de 
Saturne  ,  qui  étoit  le  Temps,  défigné  ,  en  ftyle  de 
hiéroglyphe  ,  par  un  ferpent  qui  fait  un  cercle  en 
mordant  la  queue.  Il  y  a  chez  un  curieux  de  Paris, 
membre  de  l'Académie  des  Infcriptions  ,  une  ef- 
pèce  d'Anubis ,  qui ,  au  lieu  d'une  tête  de  chien,  a 
une  tête  de  dragon  ,  ou  de  ferpent  ;  ou  une  figure 
Egyptienne  qui  a  une  tête  de  drvgon  fur  un  corps 
d'homme.  Les  Chaldéens  adoroient  aulîi  les  Dra- 
gons _,  comme  il  paroît  par  l'hiftoire  de  Daniel.  Les 
Grecs  &  les  Romains  donnoient  toujours  un  dragon 
à  Efculape  ,  &  à  la  Déellè  Santé,  comme  on  le 
voit  ii  fouvent  fur  le  revers  des  médailles  qui  ont 
pour  infcriptions  Salus  Publica  j  Salus  Aug. 
Maxime  de  Tyr  parle  aulli  d'un  Dragon  que  les 
Indiens  adoroient ,  &  qui  j  li  on  l'en  croit  j  étoic 
de  la  longueur  de  cinq  arpens  de  terre.  Confultez 
aulîi  Freinshemius  fur  Quinte  -  Curce  ,  L.  IX. 
C.  L 

Foye^  fur  les  Dragons  Voflius,  De  îdolol.  L.  IK. 
C  5  4  j  1 06 ,  1 1  z  ,  1 1 3  ;  où  l'on  trouve  tout  ce  que 
l'Antiquité  en  a  dit.  Il  y  a  parmi  les  ouvrages  de  S. 
Jean  Damafcène  de  l'Edition  du  P.  le  Quien  ,  une 
réfutation  des  fables  que  les  Arabes  débitoient  tou- 
chant les  dragons  &  les  Fées. 

Les  dragons  faifoient  les  Etendarts  des  Perfes  > 
comme  les  Aigles  ceux  des  Romains.  Les  Parthos 
en  avoient  aulli  comme  les  Perfes.  Suidas  le  dit 
encore  des  Indiens  &  des  Scythes.  Les  Romains 
prirent  cet  ufage  des  Parthes  ,  félon  Cafaubon  fur 
Vopifcus  ,  p.  230.  &  des  AlTyriens ,  félon  Codin. 
D'autres  prétendent  qu'ils  le  prirent  des  Daces  , 
après  les  viéloires  que  Trajan  remporta  fur  eux- 
Cétoient,  chez  les  Romains, des  figures  de  Dragons^ 
peintes  en  rouge  fur  les  drapeaux  j  comme  il  pa- 
roîr  par  Amm.  Marcellin  ,  L.  XV^  C.  i<î.  & 'par 
Claudien  In  Rufin  j  L.  II.  Mais ,  chez  les  Perfes  §C 
les  Parthes, c'étoient ,  comme  les  Aigles  Romaines, 
des  figures  pleines  ;  enforte  que  les  Soldats  Ro- 
mains y  furent  quelquefois  trompés,  &  les  prirent 
pour  de  vrais  dragons.  Les  Perfes  s'en  fervoient 
pour  épouvanter  leurs  ennemis  dans  le  combat. 
Dans  des  remps  poftérieurs  j  ceux  qui  en  ont  por- 
té pour  Etendarts,  font  les  Empereurs  d'Allemagne^ 
Gudl.  Brir.0  Philipp.  L.  II.  Les  Saxons  ,  Witikind. 
Gejl.  Saxon.  L.  I.  Les  Anglois ,  Du  Cange  Glojf. 
Matth.  Monajîer.  Ac.j,<)^.  Cambden  ,  p.  141.  qui 
doute  Çi  ce  n'efl:  point  le  Roi  Uther  Pendragon  qui 
introduifit  cet  ufage  ;  il  penche  cependant  plus  à 
croire  qu'on  le  prit  des  Romains.  Les  Ducs  de  Nor- 
mandie ,  Du  Cange.  Les  Comtes  de  Flandres , 
Chron.  Andrenfe ,  p.  401.  Enfin  ,  fi  l'on  en  croit 
le  Roman  de  Garin  cité  par  Du  Cange,  prefque 
toutes  les  Nations  ont  mis  un  dragon  fur  leurs  en- 
feignes.  L'Eglife  l'a  mis  aulTi  quelquefois  dans  fes 
bannières,  ponr  fignifier  ou  le  Démon,  dont  le 
dragon  dans  l'Ecriture  efl:  le  Symbole  j  ou  l'héré- 
fie.  Voyez  Belet  D.  Divin.  Offlc.  C.  ix^.  Durand. 
Rat.  Liv.  VI.  C.  85).  n.  \x.  &  C.  loi.  n.  1 1.  Le  GlolT^ 
de  Du  Cange,  Dempfter  ji/2iio//«i-^/zr. -Root. X.  A'. 
Paralip. 

Dragon,  en  termes  de  l'Ecriture,  fe  dit  figurément 
du  Serpent  infernal  ,  de  Saran.  Ainfi  ,  quand  il  eft 
dit  dans  l'Apocalypfe  j  Chap.  i^  que  le  Dragon 
6c  fes  Anges  combattoient  contre  Saint  Michel,  il 
eft  expliqué  aufli-tôt  que  e'étoit  le  Diable  &  Satan. 
Et  de  même  ,  au  Chap  1 5  ,  quand  il  efl:  dit  que  le 
Dragon  a  été  adoré;  &  pareillement ,  quand  il  efl: 
dit  dans  les  Prophéties  d'Ifaie  &  de  Daniel  que  le 
Dragon  a  été  blelTé  ,  a  été  mis  à  mort ,  cela  s'entend 
du  myflère  de  la  Rédemption  qui  a  détruit  l'Empire 
de  Satan. 

Dragon  ,  fe  dit',  hyperboliquement,  des  gens  acariâ- 
tres ,  d'humeur  fâcheufe  ,qui  crient  toujours.  Cette 
femme  crie  toujours  contre  fon  mari  ,  c'eft  un  vrai 
dragon.  Cet  enfant  eft  un  vïzi  dragon.  Il  eft  méchant 
ôc  mutin. 


D  R  A 

$3^  On  appelle  Dragon  de  vertu  j  une  femme 
d'une  vertu  aullère  Se  farouche. 

Quoi  !  me  voir  le  mari  de  ces  femmes  de  bien  ! 
Ces  dragons  de  vertu ,  ces  honnêtes  Diableffes  ! 

Mol. 

Dragon  ,  en  termes  de  guerre,  eft  une  forte  de  Ca- 
valier fans  bottes ,  qui  marche  à  cheval ,  &  qui 
combat  à  pied,  6c  quelquefois  d  cheval,  t-ques  quem 
Draconcm   vacant.  On.  a   beaucoup    multiplié    en 


France  le  corps  des  Dragons.   Lss  Dragc 


fon 


portés  .à  la  tête  du  camp  j  6c  vont  les  premiers  à  la 
charge  ,  comme  les  enfans  perdus.  Ils  font  réputés 
du  corps  de  l'Infanterie  ,  par  une  Ordonnance  du 
Roi  de  l'année  1 66  5  ,  &  en  cette  qualité  ils  ont  des 
Colonels  &  des  Sergens  j  mais  ils  ont  des  Cornet- 
tes comme  la  Cav.rlerie.  Les  Dragons  ont  pour  ar- 
mes l'épée  j  le  fuiil  ic  la  bayonnette.  Ils  ont  1  eten- 
dartj  des  tambours  &  des  hautbois.  Lorfqu'ils  mar- 
chent à  pied  ,  leurs  Officiers  portent  la  pertuiiane  , 
&  les  Sergens  la  hallebarde.  Les  Dragons  ont  fuccé- 
dé  aux  Carabins. 
Dragon  ,  onne.  adj.  LesCalviniftes  appeloiencMif- 
fion  Dragonne.,  les  Dragons  que  le  Roi  de  France 
envoyoitdans  lesCévennes  pour  contenir  le  peuple 
qui  s'étoit  révolté  au  fujet  de  la  Religion.  En  voici 
un  exemple  tiré  du  Didionnaire  de  Bayle  au  mot 
Aldis  rem. 

La  révocation  de  l'Edit  de  Nantes  faite  en  1(585. 
a  donné  lieu  à  la  création  de  l'Evêché  d'Alais,  ville 
de  France  dans  les  Cévennes.  Ce  pays-là  étoit  rem- 
pli de  gens  de  la  Religion  ,  qui  avoient  été  forcés 
par  une  '>4iifion  Dragonne  à  ligner  un  formulaire 
Papillique.  On  crut  donc  qu'il  feroit  utile  de  ne  les 
renit  pas  aulfi  éloignés  de  leur  Prélat  ,  qu'ils 
1  euifent  été  s'ils  avoient  été  foumis  au  Ûiocèle  de 
Nîmes. 

Madame  de  Sévigné  ;,  dans  une  lettre  à  fon  coufin 
le  Comte  de  Bu'fy,  daté  du  18  d'Oélobre  1685,  dit 
aulii  que  les  Dragons  ont  été  de  très-bons  Million- 
naires ,&  ajoute  que  rienn'eft  il  beau  que  l'Edit  par 
lequel  le  Roi  révoque  celui  de  Nantes ,  Se  que  ja- 
mais aucun  Roi  n'a  iait  &  ne  fera  rien  de  plus  mé- 
morable, r.  II.  des  Lettres  de  Bujjy  ^  p.  45. 

Ménage  dérive  ce  mot  Dragon  _,  du  Latin  Dra- 
conarii ,  qu'on  trouve  dans  Végèce  dans  la  hgnihca  • 
tion  de  Soldats.  Mais  il  y  a  plus  d'apparence  qu'il 

-  vient  de  l'Allemand  tragen  •  ou  draghen  ,  qui  figni- 
fie  infanterie  portée.  Il  y  a  plus  d'apparence ,  félon  le 
P.  Daniel ,  que  ce  mot  vient  de  ce  que  cette  forte 
de  troupes  fe  rendit  fort  redoutable  par  fon  a6tivi- 
té  j  fon  courage  &  le  ravage  qu'elle  caufoit  chez  les 
ennemis.  Chartes  de  Collé  ,  Maréchal  de  BrilTac  , 
eft  l'Auteur  de  cette  Mihce,  qu'il  leva  dans  le  Pic- 
mont. 

Dragon  renversé  ,  ou  Dragon  vaincu.  Dracofub- 
verjus.  Ordre  de  Chevalerie  ,  inftitué  par  l'Empe- 
reur Sigifmond.  Quelques  Auteurs  dilent  que  les 

-  Chevaliers  du  dragon  renverfc  portoient  ordinaire- 
ment une  croix  tleurdelifée  de  finople.  Dans  les  cé- 
rémonies ils  avoient  un  manteau  d'écarlate,  &  une 
double  chaîne  d'or  fur  un  manteau  de  foie  verte. 
Au  bout  de  la  chaîne  pendoit  un  dragon  renverfe  , 
aux  ailes  abatttues,  émaïUées  de  différentes  cou- 
leurs. Dom  Giufeppe  Michieli  prétend  ,  dans  fon 
Tréfor  militaire  ,  que  cet  Ordre  fut  inftitué  en 
1400.  dans  le  deffein  d'anéantir,  pour  me  fervir 
de  fes  termes ,  les  hérétiques  de  Hongrie  &  de  Bo- 
hême. L'Abbé  Juftiniani  foutient  que  Sigifmond 
étoit  prifonnier  en  1400,  ou  qu'il  ne  fortit  de  la 
prifon  que  cette  année-là  ;  qu'il  y  fut  peut-être  mê- 
me jufqu'en  1401  i  qu'ainfi  il  ne  put  en  1400  infti- 
tuer  cet  ordre.  L'7/i/?t)ire  des  Ordres  Militaires  xm^ 
primée  à  Paris  en  1671,6x6  l'époque  de  cettte  inf- 
titution  à  l'an  1418.  Favyn  6c  Elias  Ashmole  ,  Au- 
teur Anglois,  dans  fon  Hiftoire  de  l'Ordre  de  la  Jar- 
retière, font  du  même  lentiment ,  &  difent  qu'il 
ne  fut  inftitué  qu'après  le  Concile  de  Confiance  , 


D  RA  419 

qui  finit  cette  année-là  ;  que  cette  inftitution  fe  lu 
au  fujet  de  la  condamnation  de  Jean  Hus  ,  6c  de 
Jérôme  de  Prague  ^  &  de  la  punition  de  ces  héré- 
tiques ;  que  le  dragon  renverfc  étoit  le  fymbole  de 
l'hérélîe  défaite  dans  leurs  perfonnes  ,  que  la  varié- 
té de  la  couleur  de  fcs  ailes  marquoic  les  diftcrens 
appas  que  l'héréhe  emploie  pour  féduire  les  Fidè- 
les. On  confirme  ce  fentiment ,  parce  que  les  Lu- 
thériens ,  qui  fe  firent  honneur  de  delcendre  de 
Jean  Hus  &:  de  Jérôme  de  Prague,  affedtcrent  de 
mettre  un  dragon  relevé  fur  leurs  Etendarts  j 
dans  les  guerres  civiles  qu'ils  fufcitèrent  en  Alle- 
magne. 

Mais  l'Abbé  Juftiniani  leur  oppofe  le  Teftament 
de  Francezco  dal  Pozzo,  fait  en  1397,1e  dernier 
jour  de  Mp.i ,  &  qui  le  conferve  d.ins  la  maifon  dal 
Pozzo  ,  tamille  patricienne  de  Vérone  \  car ,  dans 
ce  Teftament  qui  eft  en  Latin, Francezco  dal  Pozzo , 
parlant  de  Ion  fils  Vittorio  dal  Pozzo  ,  qu'il  fait 
fon  héiicier  univeri^l  ,  lui  donne  la  qualité  de 
Chevalier  au.  Dragon  ,  D.  ficlorium  à  Putdo  Mlli- 
tem  Draconis  ,  &  dit  qu'il  étoit  pour  lors  auprès 
de  l'Empereur  Vencellas ,  pour  les  aftaires  de  Jean 
Galeazzo,  Vilconti  ,  Prince  de  Vérone  ,  qui  l'y 
avoir  envoyé,  \yo\x  l'Abbé  Juftiniani  conclut ,  que 
\0\.àLKQ  Aw  Dragon  V aincu  ,  on  renverfe  3  étoit  donc 
inftitué  avant  141 8  ,  avant  1400,  &c  même  avant 
1397  5  &  il  conjeéture qu'il  le  fut  en  1385  ,  au  ma- 
riage de  Sigifmond  avec  la  Reine  Marie  ,  ou  en 
1387  ,  à  Ion  couronnement  conime  Roi  d'Hongriej 
ou  bien,  en  1391,  au  plus  tard  ,  lorfqu'après  la 
mort  de  fon  époufe  ,  Marie,  Reine  d'Hongrie ,  qui 
lui  avoir  apporté  ce  Royaume ,  il  fut  couronné  une 
féconde  lois  de  Ion  propre  chef 

Michieli  écrit  que  le  collier  étoit  une  chaîne  ver- 
te ,  d'où  pendoit  un  dragon  mort  &  renverfe.  Dans 
l'Histoire  des  Ordres  Militaires  imprimée  à  Paris  en 
1671  j  c'eft  une  double  chaîne  ,  entre  laquelle  font 
de  diftance  en  diftance  fept  croix  patriarchales. 
L'Abbé  Juftiniani  prétend  fur  des  monumens  an- 
ciens que  ce  fut  au  moins  d'abord  un^dragon  non 
renverfe  ,  qu'il  ne  hit  point  doré  ,  &  qu'il  avoic 
une  croix  fur  le  dos.  Il  ajoute  cependant,  pour  ac- 
corder les  mêmes  Auteurs ,  qu'après  le  Concile  de 
Conftance  ,  Sigilmond  put  changer  ,  6c  rappor- 
ter cet  Ordre  à  la  viétoire  remportée  fur  l'hé- 
réhe. 

Voyez  Franc.  Menenii  Déliât  Equestres  ,  ^.155. 
D.  Jofeph  Michieli  Tcforo  Militar.  p.  14.  Andr. 
Mendo.  Soc.  Jef.  de  Ordin.  Mi  in.  p.  14.  Favyn  ,  Juf- 
tiniani ,  Hist.  di  tutti  gi  Ord.  mil.  C.  66.  p.  717.  Il 
y  donne  une  fuite  chronologique  des  Grands- 
Maîtres  de  l'Ordre  ,  depuis  Sigifmond  jufqu'en 
1688. 

Dragon  volant  ,  eft  un  nom  qu'on  a  donné  à  une 
ancienne  coulevrine  extraordinaire,  qui  a  39  cali- 
bres de  long  ,  6c  qui  tire  31  livres  de  balle  ,  fclon 
Hanzelet.  Le  dragon  étoit  aulîi  une  pièce  d'artil- 
lerie de  40  livres  de  balle  :  ces  deux  pièces  ne  font 
plus  en  uCoLge.Tormentum  aneum  a  colubra^  Dracone 
nuncupatum. 

Dragon  ,  eft  auftî  une  maladie  j  une  rache  qui  vient 
aux  yeux  des  hommes  6c  des  chevaux.  Ce  cheval  a 
diminué  de  prix,  depuis  qu'il  lui  eft  venu  dans  l'œil 
un  dragon. 

Dragon  ,  ou  Dragonneau.  Dracunculus.  Efpèce  de 
corde  polypeufe  ,  longue ,  blanchâtre ,  femblable  à 
un  ver  ou  petit  ferpent  j  renfermée  dans  une  veine 
fous  la  peau  des  bras  ,  des  jambes,  des  côtes,  &  qui 
fait  élever  une  tumeur  phlegmoneufe  dont  elle  lort 
en  la  tirant  doucement.  Les  habitans  des  pays  chauds 
y  font  fujets.  On  l'appelle  dragon  ou  dragonneau  , 
parce  qu'on  croyoit  que  c'étoit  un  ver  tortueux 
comme  un  petit  ferpenf,vd/2a/1/e:/i/2^/î/w,àcaufeque 
cette  maladie  étoit  connue  à  Médine,ville  d'Aiabie. 

CoL-DE-ViLLARS. 

Dragons  _,  en  termes  de  Marine,  font  de  gros  tour- 
billons d'eau  qu'on  trouve  fouvent  fous  la  ligne.qui 
brifercient  ou  couleroient  à  fond  les  navires ,  s'ils 

M  m  m  i] 


46« 


..o  DR  A 

'  pafToient  pardefTus ,  &  les  Maimiers  ont  la  fnpcr-i 
Ituion  de  croire  qu'ils  les  détournent ,  en  battant 
leurs  épees  nues  en  croix  du  côté  d'où  vient  l'orage, 
comme  dit  François  Pirard.  Fortius.  On  l'appelle 
auHi  dragon  de  vent ,  parce  que  c-'ell:  un  orage  Inbu 
&  violent ,  qui  d'ordinaire  délempare  les  vaiileaux, 
&  qui  les  teroK  tourner  û  l'on  n'avoit  loin  de  ferrer 
les  VOllôS» 

Dragon,  en  Aftronomie,  eft  une  Conftellation  cé- 
lelle  vers  le  Pôle  Ardique ,  ayant  j  1  ecoil.s-,  lelon 
Ptolomée  \  52.  lelon  Kepler  ;  &  55  ,  lelbn  Bayer  , 
qui  font  de  la  nature  de  Saturne  &.  de  Jupiter. 

En  termes  d'Aftronomie  ,  on  appelle  la  rere  &la 
queue  du  dnjgon ,  les  points  des  interfedlions  de 
l'Ecliptique  par  l'orbite  des  autres  Planètes ,  &  par- 
ticulièrement par  celle  de  la  Lune.  Bmco  Le  ventre 
du  Dragon  cil:  l'endroit  de  ces  cercles  ou  fe  trouvent 
leur  plus  grande  latitude  &C  éloignement.  Comme 
ces  cercles  marquent  une  plus  grande  enflure  au 
milieu  qu'aux  extrémités  ,  cela  a  tait  croire  qu  ils 
avoient  la  figure  du  dragon  ;  ce  qui  les  a  fait  nom- 
mer ainfi  :  &  c'eft  dans  ces  feuls  points  d'interlec- 
tion  que  fe  font  toutes  les  éclipfes.  On  les  marque 
dans  les  horofcopes  avec  ces  lignes  ,  «  tète  de  dra- 
gon ;  a  queue  de  dragon.  Mais  il  n'y  a  rien  de  plus 
vain  que  les  prédidions  que  font  là-delTus  les  Alho- 
logues  ;  car  en  effet  ces  points  n'ont  aucune  vertu  ni 

.  influence.  ,  , 

Dragon  ,  en  termes  de  Phyfique  j  ell  un  météore 
qui  fe  forme  de  quelques  nuées  enflammées  qui 
jettent  quelques  étincelles ,  qui  ont  divers  replis,  oc 
qui  imitent  la  figure  d'un  dragon. 

ifT  On  appelle  aufli  la  vive  dragon  de  mer. 

Dragon,  en  termes  de  Blafon,  quand  on  le  dit  fim- 
plement ,  s'entend  du  terrestre  ,  qui  doit  avoir  deux 
pieds ,  &  la  queue  en  pointe.  Il  yen  a  d'autres  qu'on 
appelle  monstrueux  ,  qui  ont  des  ailes  :  Se  on  appelle 
dragonnes,  les  autres  animaux  qui  font  peints  avec 
des  queues  de  dragons  ou  de  ferpens. 

Dragon,  eft  auffi  un  petit  laquais  ,  qui 'porte  un 
bonnet  en  forme  de  cône  ,  ou  de  pain  de  fucre.  On 
l'appelle  ainfi ,  parce  que  les  dragons  foldats  ont  un 
bonnet  pareil. 

Dragon  ,  eft  auffi  le  nom  d'un  grand  arbre  qui  croit 
dans  l'Amérique.  Il  relFemble  de  loin  à  un  Pin,par- 
ce  que  les  brandies  font  égales  Se  vertes  en  tout 
tems.  Son  tronc  eft  gros  ,  fort  âpre  Se  raboteux  ;  il 
'  jette  huit  ou  neuf  branches  de  deux  coudées  de  long, 
égales  &  nues,  chacune  defquelles  en  produit  au| 
bout  trois  ou  quatre  autres  de  la  longueur  d'une  cou- 
dée ,  ou  un  peu  davantage  ,  grofles  comme  le  bras, 
qui  font  aulVi  nues  :  il  fort  de  l'extrémité  de  celles- 
ci  des  feuilles  longues  d'une  coudée,  de  la  latgeur 
d'un  pouce,  plus  épaiftes  au  milieu,  avec  une  côte 
relevée  comme  les  feuilles  de  la  flambe  ,  minces  & 
rougeâtrespar  les  bords:  elles  finirent  peu  à  peu  en 
'  pointe.  Se  font  toujours  vertes.  Le  fruit  du  dragon 
eft  jaunâtre  ,  d'un  goût  aigrelet ,  Se  gros  comme  une 
pente  cerife.  Quelques  Botaniftes  rapportent  qu'au- 
delibus  de  la  peau  qui  le  couvre ,  on  voit  la  figure 
d'un  dragon  auili-bien  repréfentée  que  fi  elle  avoit 
été  taillée  par  un  Sculpteur  ,  ayant  un  long  cou  , 
longue  queue  ,  la  gueule  ouverce  ,    l'épine  du 


lin 


dos  garnie  de  longs  aiguillons ,  &  les  pieds  &  le 
refte  du  corps  fort  remarquables  \  mais_  d'autres 
^lus  dignes  de  foi  aftiirent  que  c'eft  une  lable  ,-  & 
quon  ne  trouve  au-delfous  de  cette  peau  qu'un 
noyau  dur  comme  un  os,  fans  qu'il  y  paroilfe  aucu- 
ne figure  d'animal.  Du  tronc  de  cette  arbre  il  fort 
une  liqueur,  laquelle,  étant  épaiffie  ,  eft  appeléeyi/?^ 
de  drasori ,  à  caufe  qu'elle  eft  rouge  comme  du 
fan<T ,  &:qua  l'arbre  d'où  éllcdiftille  eft  nommé  dra- 
gon. Voyc'^  Sang  de  Dragon.  Le  bois  du  tronc  eft 
fort  dur  ,  Se  mal-aifé  à  couper;  mais  fes  branches 
fe  coupent  aifément. 

Sang  de  dragon.  Terme  de  pharmacie.  Les  An- 
ciens ont  cru  que  le  dragon  combattoit  contre  l'élé-  , 
phant  ;  qu'il  lui  fuçoit  tout  fon  fang  par  les  yeux  J 
&:  les  oreilles  \  que  l'éléphant,  tombant  mort,  écrà-j 


D  R  A 

foie  le  dragon  ;  &  que,de  ce  fang  mêlé  tombant  fur 
la  terre  ,  on  en  recueiUoir  ce  qu'ils  appeloient  Jang^ 
de  dragon  ,  dont  ils  faiioient  grand  cas.  Ceft  ainli 
qu'en  parlent  Solm , Pline  ,  Ifidore,  &  plufieurs  au- 
tres après  eux  ;  mais  ce  combat  eft  une  fable  inven- 
tée par  les  Marchands.  On  appelle  aulîi  le  cinabre  ^ 
fang  de  dragon  .,  félon  Avicenne  Se  Sérapion.  Mais 
le  vrai  Se  naturelyà-'A""  de  dragon  eft  un  fuc  ou  réline 
d'un  grand  arbre  ,  nommé  dragon ,  qui  croît  dans 
l'Amérique  Se  dans  l'Afrique.  Cette  réline  eft  d'un 
rouge  obfcur.  Se  fe  fond  aifément  étant  approchée 
du  feu  ;  &  Cl  on  la  jette  dedans ,  elle  s'enflamme  ; 
cependant  il  eft  dilficile  de  la  diftoudre  dans  quel- 
que liqueur  que  ce  fou.  Lsfang  de  dragon  eft  aftrin- 
gent.  On  s'en  feit  dans  les  pertes  de  lang  ,  dans  les 
dyllenteries ,  pour  aifermir  les  dents  ébranlées  ,  Se 
pour  fortifier  ks  gencives.  Il  y  a  wn  fang  de  dragon 
contrefait ,  qui  n'cft  compofé  que  de  gommes  de 
cerifiers  ou  d'amandiers ,  diiîbutes  &  cuites  dans  de 
la  teinture  du  bois  de  Bréfil ,  qui  leur  donne  la  cou- 
leur rouge  j  Se  qui  n'eft  guère  en  ufage  que  pour  les 
maux  externes  des  chevaux. 

Il  y  a  un  y  ï ni  fang  de  dragon  dont  François 
Gauche  fait  mention  en  fon  Fo\age  de  Madcgafcar. 
Il  dit  qu'on  lui  fit  préfent  de  îix  morceaux  deyi/2^ 
dedragûn,z\\xc\xvi  long  de  trois  pouces,  reifemblant 
à  des  morceaux  de  boudin ,  marbrés  comme  le  lavon 
d'Alicanre,  de  rouge,  de  noir  Se  de  blanc  :  ce  que 
les  habitans  appellent  onguent  pour  étancher  le  fang. 
Ils  font  faits  de  feuilles  pilées  d'un  arbre  tort  bran- 
chu,  &  gros  comme  un  poirier,  qui  a  les  feuilles 
longues  &;  plus  étroites  que  celles  du  laurier ,  ayant 
une  odeur  de  violette.  Les  fleurs  font  blanches  Sc 
odoriférantes  ,  venant  en  bouquet  ,  rondes ,  Sc 
n'ayant  que  cinq  feuilles  bien  ordonnées.  Elles 
fe  ferment  la  nuir,  Se  ne  font  pas  plus  larges  qu'un 
double.  Il  fort  du  milieu  un  filet  rougeâtre  ,  qui 
fe  recoquille  en  telle  forte  ,  qu'il  fait  la  figure  d'un 
dragon. 

Dragon  ,  en  termes  dé  Chymie ,  n'eft  autre  chofe  que 
le  mercure  ,  ou  argent  vif.  Les  Chymiftes  appellent 
le  mercure  doux,  dragon  mitigé.  Voyez  Mercure 
DOUX.  Dragon  a  encore  beaucoup  d'autres  fignifica- 
tions  dans  le  langage  du  grand  art,  ce  mot  fignifie 
quelquefois/ei/.  Dragon  fans  ailes  ,  c'eft  le  foutfre. 
Dragon  ailé,  c'eft  le  mercure.  Les  deux  dragons  font 
le  mercure  Se  l'antimoine.  Le  grand  dragon  ,  les 
quatre  élémens  :  cela  veut  dire  que  le  mercure  des 
Philofophes  eft  compofé  des  quatre  élémens.  Le  dra- 
gon dévorant  fa  queue,  c'eft  la  terre  coagulée ,  deifé- 
chée  ,  &  humedée  de  fon  eau  mercurielle.  Le 
dragon  igné,  dont  le  fang  s'incorpore  avec  la  fatur- 
nie  végétabte  ,  le  mercure  hermétique.  Le  dragon  qui 
veille  toujours  à  la  garde  de  la  toifon  d'or  ,  c'eft  le 
mercure  qu'il  eft  difficile  d'arrêter  &  de  fixer.  Le 
dragon  qui  fut  endormi  par  Jafon  ,  par  l'invention 
que  lui  en  donna  Médée  ,  c'eft  le  mercure  fixé  par 
l'Artifte  défigné  par  Jafon  ,  par  le  moyen  de  quel- 
que fecret  exprimé  par  le  nom  de  Médéè.  Dragon 
dévorant ,  dragon  volant ,  c'eft  le  mercure.  Le  dra- 
gon qui  a  trois  gueules ,  c'eft  le  mercure  qui  renlerme 
trois  principes,  j  qui  font  ,  le  fet  ,\z  foufre  &  le 
mercure.  Le  dragon  eft  mort ,'  c'eft-à-dire  le  merdure. 
philofophal,  ou  la  matière  de  la  pierre  phrlofdphale 
eft  parvenue  <à  la  couleur  noire.  Le  fang  de  dragon , 
c'eft  la  teinture  d'antimoine. 

DRAGONAIRE  ,  f.  m.  Nous  avons  dit  an  mot  dra- 
gon ,  que  chez  plufieurs  peuples ,  &  en  particulier 
chez  les  Romains ,  les  enfeignes  des  troupes  s'dp- 
peloient  dragons  j  parce  qu'on  y  peignoir  des  dra- 
gons. Le  foldat  qui  portoit  cette  forte  d'enfeigne 
s'appeloit  Dragonaïre  ,  en  Latin  Draconar:us  ,  SC 
en  Grec  ^ftucmâfio;  Se  ^fu'cotriKi^ipiif,  Caries  Empereurs 
portèrent  cet  ufage  à  Conftantinople.  Dès  le  temps 
d'Aurélien  ,  il  y  avoit  des  Dragonalres. _  'Vopifcus 
en  parle  dans  fa  vie.  Le  Diacre  Pierre  dit  ,  Chron. 
Cnfin  L.  IV.  C.  59.  que  les  Bajulès ,  les  Cercofta- 
taires  j  les  Staurophores  ,  ou  Porte  -  Crobc  ■;  les 
AqUiliféres,  ou  Porte-Aigles,  les  Léoniféiei,  ou 


D  R   A 

Porte-  Lions  ,  Se  les  Dragonaires  ,  allèrent  au-da- 
v.uK  du  Roi  Henri,  lorfqu'il  vint  à  Rome.  Voyez 
aiif'i  VofiiLis,  De  Idolol.  L.  IV.  C.  54  au  coinn-;cii- 
cement. 

DRAGONARA ,  ou  DRAGONERA ,  ou  TRACO- 
NARA,  Bourg  ou  village  de  la  Capitanace,  Pro- 
vince du  Royaume  de  Naples.  Dragonara  ^  ou  Trj.- 
gonara,  Dragonera.  C'écoit  autrefois  une  ville  Epil- 
copale.  Elle  eft  près  de  Forcore,  à  deux  ou  trois 
lieues  de  S.  Serviero  ,  du  côté  du  couchant.  Les 
Géographes  la  prennent  pour  une  ancienne  ville 
nommée  Geronia  y  Géranium  ,  Gerio  j  Gerunium. 
Maty  Se  M.  Corneille  difent  Dragonara  ,  mais  il  y 
a  dts  Caries  qui  l'appellent  Dragonera. 

DRAGONE,  Rivière  du  Royaume  de  Naples.  Draco. 
Elle  a  fa  fource  au  mont  de  Somma  ,  dans  la  Terre 
de  Labour ,  &  fe  décharge  dans  le  Serno. 

DRAGONNE  ,  f.  f.  Sorte  de  batterie  de  tambour  , 
fin^^uUère    &  particulière   aux  Dragons. 

DRAGONNE  ,  adj.  Terme  de  Blafon  ,  qni  fe  dit  du 
lion  ,  ou  autre  animal  qui  eft  reptéfenté  avec  une 
queue  de  dragon.    Léo  in  draconis  caudam  dejinens. 

DRAGONNE  AU,  f.  m.  Ceft  ,  félon  quelques  Méde- 
cins ,  im  animal  femblable  à  un  ver  long  &  large , 
qui  fe  met  entre  cuir  &  chair,  &  qui  vient  aux 
jambes ,  &  quelquefois  aux  mufcles  du  bras.  Ver 
miculus  draconis  aliquam  fpcciem  exhibens.  Il  eft 
ainli  nommé,  parce  qu'il  a  la  figure  &:  la  tortuoficé 
d'un  petit  ferpent.  Il  paroît  fur-tout  fur  la  peau 
des  côtés  j  &  les  habitans  des  pays  chauds  y  font 
fort  fujets. 

DRAGOVAN ,  Royaume  d'Afie  ,  dans  la  grande  Ifle 
de  Java. 

DRAGUE  ,  f.  f.  Outil  fait  en  forme  de  pelle  recour- 
bée ,  qui  fert  à  tirer  du  fable  des  rivières  ,  à  curer 
les  puits ,  &  à  tirer  les  immondices  de  quelque  en- 
droit. Palaferrea  recurvo  hinc  arque  hincUmbo,  ô' 
iongo  inftrucla  manubrio  ^  ad  educendas  fordes.  Ceft 
une  efpèce  de  pelle  de  fer ,  ayant  une  perche  ,  ou 
un  long  manche  de  bois ,  qui  a  des  rebords  des 
trois  côtés  ,  &  placte  par  le  devant  pour  enlever  ce 
fable  &:  ces  ordures. 

Drague  ,  terme  de  pêche,  Inftrument  propre  à  pé- 
cher des  coquillages.  Cet  Inftrument  eft  de  fer.  Il 
a  ordinairement  quatre  pieds  de  long,  fur  dix-huit 
pouces  de  large ,  avec  deux  traverfes  :  celle  d'en- 
bas  eft  faite  en  bifeau  ,  pour  mordre  fur  le  fond , 
&c  enlever  l'huître  attachée  au  rocher.  Il  y  a  un  fac 
dont  le  deflfus  eft  ordinairement  un  réfeau  de  cor- 
dage ,  &c  par-delTous  on  fubftitue  un  cuir ,  ou  bien 
l'on  fait  les  mailles  du  deffous  du  fac  ,  de  lanières 
de  cuir  qui  j  étant  glilTant  de  fa  nature,  glifte  mieux 
au  fond  d 

P 


e  l'eau.   On  defcend  la  Drague  avec  un 
cordage  proportionné  à  la  profondeur  où  font  les 
coquillages. 
Drague  ,  eft  auftl  un  outil  de  Vitriers  ,  ou  pinceau 
qui  leur  fert  à  (igner  ou  à  marquer  leur  verre.   Ce 
pinceau  eft  un  poil  de  chèvre  qu'on  attache  dans 
une  pluma  avec  un  manche  ,  &  on  le  trempe  dans 
un  blanc  broyé.  Caprtt  villi ,  penicillus. 
Drague,  f.  m.  Terme  de  Marine  ,  eft  un  gros  cordage 
dont  on  fe  fert  fur  les  vailTeaux  pour  arrêter  le  recul 
des  canons  J  quand  ils  tirent.  Tornienti  rétrocèdent! s 
retinaculum.  Drague  d'avirons ,  c'eft   un  paquet  de 
trois  avirons.   Remorum  trium  Jafciculus. 
Dragve  ,  eft  auffi  un  nom  qu'on  donne  à  de  l'orge 
cuite  J  qui  demeure  dans  le  bralîin  après  qu'on  en 
a    tiré  la  bière.    Fax  hordeacea  j   expreffa  cervifià 
Juperfles.  On  en  donne  aux  chevaux  ,  particulière- 
ment en  Picardie  &  en  Flandres, 
Drague,  eft  encore  un  nom  qu'on  donne  à  de  certains 
Lutins  qu'on  dit  roder  le  long  des  rivages  du  Rhône  , 
en  Provence  ,  qui  ont  la  figure  d'homme ,  &  fe 
retirent  dans  les  cavernes  :  d'où  vient  qu'on  dit  en 
Languedoc,  faire  X^drac;  pour  dire,  faire  le  Diable. 
Lémures.   Voy.  Drac. 
DRAGUER  l'ancre,  terme  de  Marine;  c'eft  chercher 
une  ."tncre  dans  la  mer  avec  le  gros  cordage  ,  qu'on 
appelé  drague  j  ou  pêcher  quelque  chofe  dans  la  mer. 


D  R  A  4^1 

Pifcar'i-  Pour  draguer ,  on  attache  les  bouts  de  la 
drague  à  deux  chaloupes ,  qui  font  à  côté  l'une  de 
l'autre,  à  quelque  diftance  :  au  milieu  de  la  drague, 
on  attache  des  boulets  de  canon ,  qui  la  portent^  par 
leur  poids  jufqu'au  fond  de  l'eau  ;  deforte  que  les 
deux  chaloupes ,  voguant  en  avant ,  entraînent  la 
drague ,  &  avec  elle,  ce  qui  eft  au  fond  de  la  mer. 
Drtrgucr ,  c'eft  aulli  nettoyer  le  fond  d'une  rivière  j 
ou  d  un  canal ,  avec  une  drague  ,  ou  pelle  de  fer. 
Purgare. 
DRAGUIGNAN  ,  Ville  de  France.    Draguinianum. 
Dracenz  j  Dracenum.  Elle  eft  en  Provence  ,  à  cinq 
lieues  de  la  mer  Méditerranée,  fur  les  confins  d'une 
petite  contrée,  nommée  ieCallianez,  à  quatre  lieues 
de  Frejus  j  au  couchant ,  &  à  douze  au  levant  da 
Toulon.  Draguignan  eft  htué  dans  un  terroir  agréable 
&  fertile  ,  fur  la  rivière  de  Pis  :  elle  eft  voifine  de 
quelques  hautes  montagnes ,  qui  contribuent  à  fa 
fertilité.    Les  vins  de  Draguignan  font  très-forts. 
Draguignan  a  une  Viguerie  j  une  Sénéchauifée  ,  Se 
une  Collégiale.  Quelques-uns  prennent  cette  ville 
pour  le  Forum  Voconii  des  Anciens.  Le  iiége  du  Sé- 
néchal de  Draguignan  y  fut  établi  en  1533.  par 
François  I.  Cette  ville  a  été  féconde  en  gensdefavoir 
&  démérite.  C'étoit  la  patrie  de  Barthel.  Tixier,  Gé- 
néral de  l'Ordre  de  S.  Dominique.  Long.  24  d.  14- 
Lat.   4s.  d.  s4. 
DRAHEIM  ,  Lac  de  la  Poméranie  ,  du  côté   de  la 

Pruffe  Royale. 
Draheim  ,  Fort  fitué  entre  le  Lac  de  Tempelbourg  , 
&  celui  de  Draheim  ,  dont  il  prend  le  nom  ,  ou 
auquel  il  le  donne.  Draheimum.  Ce  Fort  eft  de  la 
Prulfe  Royale,  &r  eft  aftez  près  deButhou,ou  Bythou. 
DRAK,  f.  m.  Racine  de  DRAK.  C'eft  une  lacine 
qui  tire  fon  nom  de  François  Drak ,  qui  en  apporta 
le  premier  en  Angleterre.  Elle  relfemble  beaucoup 
au  Contrayerva,  &  a  à  peu  près  les  mêmes  qualités  j 
car  elle  eft  alexitère  comme  lui ,  c'eft-à-dire,  qu'elle 
réfifte  aux  venins ,  &  nous  vient  aulli  comme  lui  du 
Pérou ,  d'oii  on  nous  l'apporte  féchc.  Etant  prife  en 
poudre  J  elle  fortifie  &  chalfe  par  tranfpiration  les 
mauvaifes  humeurs.  Pomet  l'appelé  Drak  tout  court  ; 
mais  communément,  on  la  nomme  racine  à^Drak. 
DRAMATIQUE,  adj.  m.  &  f.Term.  de  Poëfie,  épithète 
que  l'on  donne  aux  ouvrages  compofés  pour  le  théâ- 
tre j  &  qui  repréfentent  une  aélion  tragique  ou  co- 
mique ,  pour  les  diftinguer  du  Pocme  épique  j  qui 
conlifte  partie  en  aétion ,  partie  en  récit.  Dramaticus, 
La  Poëfie  Dramatique  a  pour  but  d'inftruire  &  di- 
vertir le  fpeclateur.  Corn.  Il  ne  s'ctoit  point  fait 
avant  le  règne  de  Charles  V. de  pièces  d.'  théâtre. 
Ces  pièces,  même  au  commencement,  n'étoientque 
des  récits  en  vers  fur  quelques-uns  de  nos  myftères. 
Les  Pocces  à  l'envi  travaillèrent  fur  ce  nouveau  plan  : 
on  y  joignit  des  épifodes  •,  ainfi  ,  infcnfiblement,  on 
en  fit  une  pièce  en  forme.  Les  Adleurs  qui  les 
jouoient',  prirent  des  lettres  de  CharlesVI.  pour  for- 
mer une  Compagnie  fous  le  nom  de  Confrères  de 
la  Paillon.  Le  Gendre.    Voye-^  COMEDIE. 

Corneille  eft  le  premier  des  Poètes  Dramatiques. 
Voyez  fon  difcours  du  Pocme  Dramatique.  L'ame 
du  Pocme  épique  ,  comme  du  Pocme  Dramatique ^ 
c'eft  la  fable.  M.  Dacier. 
Dramatique,  f.  m.  Poche  dramatique.  Genrede Poëfie 
dramatique.  Dramavca  Poéjts.  Le  Dramatique  eft  le 
genre  de  poëfie  le  plus  agréable.  lia  réu'îî  dans  le 
Dramatique. 

Il  fe  prend  auffi  pour  l'Art  du  Drame.  L'Art  des 
pièces  de  Théâtre.  Le  Dramatique  n'eft  pas  bien 
obfervé  dans  cette  pièce. 

îf!"  Ce  mot  s''étend  encore  à  d'antres  Ouvrages 
qui  ne  font  pas  faits  pour  le  théâtre  ,  &  où  l'Auteur 
quitte  fon  récit,  pour  faire  parler  les  perfonnages 
qui!  introduit.  C'eft  ainfi  que  M.  de  Fénclon ,  Arche- 
vêque de  Cambray,  l'a  pris  pour  l'Art  du  Dialogue. 
C'eft  dans  le  Mandement  qui  eft  à  la  tête  de  fon 
Infttudion  Paftorale,  en  forme  de  dir.Iocues.  Toute 
l'Antiquité  la  plus  éclairée  a  cultivé  heureufemsntce 
genre  d'écrire  fi  infinuant.  Ils  voyoieut  par  expé- 


^6l 


D  R  A 


rience  qu'une  longue  &  uniforme  difcuffion  de 
dogmes  fubtils  '"k  abllraics ,  e(l  féche  &  fatigante  j 
on  y  languit ,  rien  n'y  dclalfe  :  un  railonnement  en 
demande  un  autre  \  un  Auteiir  parle  lans  cetle  tout 
feuL  Le  ledeur  rebuté  de  ne  rien  hure  qu'écouter 
fans  parler  à  fon  tour  ,  lui  échappe  j  ou  ne  le  fuit 
qu'à  demi.  Au  contraire,  faites  parier  tour-à-tour 
pluheurs  hommes  avec  des  caradères  bien  gardés  y 
le  leéteur  s 'imagine  faire  une  véritable  converiation, 
&  non  pas  une  étude.  Tout  l'intérelfe  ,  tout  réveille 
fa  curiofité  ,  tout  le  tient  en  fufpens.  Tantôt  il  a  la 
joie  de  prévenir  une  réponfe  ,  &  de  la  trouver  dans 
fon  propre  fond  ;  tantôt  il  goûte  le  plaifir  de  la  lur- 
prife,  par  une  léponle  déciïive  qu'il  n'attendoitpas. 
Ce  que  l'un  dit  le  prelfe  d'entendre  ce  que  1  autre  va 
dire.  Il  veut  voir  la  fin ,  pour  découvrir  quel  ell  celui 
qui  répond  à  tout ,  &c  auquel  l'autre  ne  peut  donner 
une  entière  riponfe.  Ce  fpedtacle  ell  une  efpèce  de 
combat  ,  dont  le  ledeur  fe  trouve  le  fpeclateur 
Se  le  Juge.  Telle  ell  la  force  du  Drarnaûqut.  Fénel. 
Le  Dram.itique  fait  une  des  grandes  beautés  des 
Dialogues  de  Platon. 

Ce  mot  vient  purement  du  Grec  ,  de  <^f«/««j  qui 
fignifie  aclion,  parée  que  la  nature  du  Pocme  Dra- 
madque  confiile  dans.ra6lion. 
DRAME,  f.  m.  Pièce  de  théâtre ,  pièce  de  Poëfie  dra- 
matique. Pièce  ,  foit  en  vers  ,  loit  en  proie  ,  qui 
conlilte  j  non  dans  le  fimple  récit,  mais  dans  la  re- 
préfentation  d'une  adion.  Drama  ^  Ludus  Scenicus. 
Quelques  Critiques  prétendent  que  le  Cantique  des 
Cantiques  ell  un  dmme. 

Aulieu  d'étudier  à  Séneque  &  Sophocle  ^ 

D'en  prendre  l'art  du  Drame  &les  endroits  touchans  ; 

C'ejî  de  Lucrèce   &  d  Empédodc 

Qu'il  prétend  imiter  les  chants. 

L'Abeé  Genest. 

Il  faudroit  appeler  ainfi  les  pièces  qui  ne  font  ni 
tragiques  j  ni  comiques ,  &  qui  font  néanmoins 
théâtrales.  On  ajouteroit  une  épithète  qui  détermi- 
neroic  ce  terme  générique  à  une  efpèce  particu- 
lière, &  l'on  appelleroit  Drame  héroïque  j  ce  que 
Corneille  a  appelé  Comédie  héroïque ,  &  la  Meia- 
nide  de  M.  de  la  Chaulfée ,  Drame  Romanefque. 
Obf.fur  les  Ecr.  mod.  t.  2/  p.   zS. 

Le  mot  de  Drame  vient  de  c^(i«,««  aclion,  parce  que 
dans  les  Poe'mes  dramatiques ,  ou  les  .Drames,  Ion 
agit ,  &  l'on  repré fente  une  adion  comme  fi  elle  fe 
palfoit  effediveinent.  Ce  mot  de  Drame  ii  prend 
plus  ordinairement  pour  une  pièce  férieufe  ,  que 
pour  une  pièce  comique  ^  pour  une  tragédie  ,  que 
pour  une  comédie  j  quoiqu'une  comédie  foit  autant 
un  Drame  qu'une  tragédie  \  puifqu'elle  ell  égale- 
ment la  repréfenration  d'une  adion.  Toute  la  diffé- 
rence naît  du  choix  des  fujjts,  du  bue  que  fe  pro- 
pofent  l'une  &  l'autre  j  &c  de  la  didion  :  du  relie  j 
tout  ell  égal. 

DRANET.  f.  m.  Sorte  de  filet  que  deux  hommes 
traînent  dans  la  mer.  Retis  quoddam  genus.  On  s'en 
fert  fur  les  côtes  de  Normandie.  On  l'appelle  aufîî 
colerct. 

DRANGIANE.  Ancien  nom  d'un  pays  d'Afie.  Dran- 
giana.  La  Drangiane  étolt  bornée  au  couchant  par 
la  Carmrnie  \  au  Nord  par  l'Afie  j  au  levant  par 
l'AracholIe-,  au  midi  par  laGédrofie.  Les  villes  prin- 
cipales de  la  Drangiane  ho\tnt  Ariafpe,  &  Pro- 
phtafie  ,  qui  donne  nuiourd'hui  fon  nom  à  ce  pays , 
dit  HotFmiîi.  C'ell  aujourd'hui  une  Province  de  l'Em- 
pire de  Perfe  ,  &c  la  plus  orientale.  On  la  nomme 
Sigiftan  ,  ou  Sizillan.  Son  ancien  nom  Drangiane 
lui  venoit  peut  être  de  la  rivière  de  Drange  ,  que 
Ptolomée  fait  palfer  par  cette  Province.  On  appelle 
aujourd'hui  cette  rivière  liment.  Foye^  Strabon  , 
L.  XL  Davity.  Etats  du  Sophi  ,  Hoffman  ,  Maty  , 
Corneille,  &c.  Les  Peuples  de  cette  Province  s'appe- 
loient  Oranges  ^  Drang.ei  ,  Drangi ,  dans  Strabon. 
Ip-  DRÂGUELLE  ou  DRIGUELLE.  f.  f.  Terme 
de  pèche-,  nom  que  l'on  donne  à  une  efpèce  de 


D  P.  A 

grande  chaufle,  à  l'ufage  des  Pêcheurs  Flamands  & 
Picards. 

DRANSE.  f  m.  Nom  de  peuple.  Dranfus.  Les  Dran- 
Jes  écoient  des  peuples  de  ïhrace  j  dont  Hérodote 
parle  ,  L.  V.  Il  rapporte  que  j  quand  il  nailfoit  un 
Dranje ,  on  s'affligeoit ,  &  on  pleuroit  en  racontant 
les  milères  de  la  vie  dans  laquelle  il  entroit  j  & 
qu'au  contraire  ,  quand  il  mouroit  quelqu'un  ,  on  le 
réjouilfoit.  Quelques-uns  prétendent  qu'il  faut  due 
Tranfe  ,  &'non  pas  Dranjc ,  &  que  ,  dans  les  exem- 
plaires d'Hérodote  les  plus  correds ,  on  lit  Tfa!fcr« 
Trauji. 

DR  ANSE.  Petite  rivière  de  Suilfe,  dans  le  bas  Valais. 

DRAP.  f.  m.  Linceul  tait  de  toile,  qu'on  met  dans 
le  lit  entre  les  matelas  &  la  couverture  ,  pour  être 
couché  plus  proprement.  Lccli  lintea.  Il  ell  couché 
entre  deux  draps.  Des  draps  de  toile  fine.  Des 
draps   fans  couture. 

On  trouve  dans  la  baiïe  Latinité  drapus,  dès  le 
VF.  ou  VII^  fiècle  j  par  exemple  ,  dans  la  vie  de 
Saint  Célaire  ,  L.  IL  à  la  fin  ,  §,  31.  Acla  SS.  Be- 
ned.  Sttc.  1.  pag.  6-jG.  Dans  la  Conllitution  de 
l'Abbé  Anfegife  ,  on  appelle  un  drap  blanc  ,  drapus 
albus ,  cequil  faut  pour  faire  une  chemife.  Acla 
Sancl.  Bened.  ùcec  J/'.  pag.   6jç. 

Drap  ,  terme  de  Manufadure  de  Lainage  ,  efpèce 
d'Etoffe  réhilante ,  ordinairement  toute  de  laine  , 
quelquefois  moitié  laine  &  moitié  fil ,  ou  mêlée 
d'autres  matières.  Pannus.  On  dit  aufli  drap  d'or  , 
drap  de  foie  :  mais  le  mot  de  drap  ,  employé  feul , 
déligne  toujours  une  étoffe  de  laine.  On  habit  de 
drnp.  Les  draps  d'or  ou  d'argent ,  tant  pleins ,  oii 
façonnés ,  que  frifés  ou  brochés  ,  doivent  avoir 
demi-aune,  moins  un  14'  de  largeur.  On  connoît 
la  bonté  du  drap  à  la  filure,  &  celle  de  la  ferge  à 
la  croifure.  C'ell  aulli  ce  qui  marque  leur  différence , 
qui  confiile  en  ce  que  les  draps  font  fabriqués  de 
laines  toutes gralles,  ôc  les  ferges  &  étamines  avec  de 
la  laine  féche  &  dégrailfée.  Les  draps  étrangers  vien- 
nent de  Hollande  &  d'Angleterre,  &c. 

Drap  d'EJpagne  ,  ell  un  drap  fait  de  laines  de 
Ségovie  qui  ne  lont  pas  torfes  finement ,  qui  ellga- 
rencé  ^  qui  en  vieillilTant  devient  noir.  Les  draps 
de  France  font  de  Sedan  ,  de  Berry  ,  d'Abbeville  , 
de  Louviers  ,  d'Elbeul ,  &:c.  Le  drap  de  Meunier  eft 
un  drap  fait  de  laine  fine  ,  &  qui  ell  plus  épais  que 
celui  d'Angleterre  ,  qui  a  été  ainfi  nommé  du  norrj 
de  l'Ouvrier  qui  le  fabriquoit  en  Berry.  Drap  d'Uf- 
feau ,  c'ell  un  drap  manufadure  en  un  village  de 
Languedoc  près  de  Carcalfonne,  d'où  ce  nom  lui 
ell  venu.  Le  premier  Fabricateur  s'appeloit  de  Va- 
renne.  Ménage  croit  que  c'ell  à  caufe  du  fceau  du 
Roi  qu'on  y  mettoit  autrefois  j  mais  on  l'écrit  ainfii 
abulivement. 

Drap  ,  eft  un  vieux  mot  Gaulois  ,  qui  fe  trouve  dans 
les  plus  anciens  Titres ,  &  que  les  Peuples  voifins 
ont  emprunté  de  nous.  Quelques-uns  croient  qu'il 
vient  de  trahea.  Du  Cange  dit  qu'il  vient  de  drap- 
pus  J  ou  de  trapus  ,  dont  il  eft  parlé  dailî  les  Ca- 
pitulaires  &  dans  les  formules  de  Marculfe.  Dans 
Froilfart  on  voit  cette  phrafe  ;  être  des  draps  de 
quelqu'un  ;  pour  dire ,  être  de  fes  livrées.  On  dit 
aulli,  dans  plufieurs  Eglifes  ,  foit  Cathédrales ,  foie 
Collégiales ,  porter  les  draps  ;  pour  dire  ,  les  ha- 
bits de  Chanoines.  Être  des  draps  d'une  telle  Eglife, 
fignifie,  être  Chapekin  habitué  de  cette  Eglife,  la 
delfervir.  A  Angers,  à  Blois  &  ailleurs ,  On  dit  : 
ce  jeune  Clerc  porte  les  draps  dans  fa  paroiffe.  Être 
des  draps  da  Chapitre  de  Reims  j  de  S.  Martin  de 
Tours ,  eft  une  exprelfion  qui  fe  trouve  dans  des 
arrêrs  du  quinzième  fiècle. 

On  dit ,  fe  mettre  en  drap  ;  pour  dire  ,  Prendre 
fon  gros  habit  J  fon  habit  d'hiver ,  de  fatigue  pouc 
la  campagne.  Craffius  vejlimentum  induere.  Et  ,  por- 
ter le  deuil  en  drap  •  pour  dire,  prendre  le  grand 
deuil. 

Drap  mortuaire  ,  eft  une  pièce  d'étoffe  ou  de 
velours  noir  qu'on  étend  fur  la  bière  d'un  mort,  ou 
fur  la  repréfentation  qu'on  en  fait  pendant  f^s  ob- 


b  R  À 

fcqites.  Pannus  Junelris.  Il  y  a  fur  le  drap  mortuaire 
la  figure  d'une  croix.  Ce  drap  elt  noir  ,  quand  il 
fertà  des  hommes  ou  à  des  femmes  ;  mais  il  ell 
blanc ,  quand  il  lert  a  des  garçons  ^-  à  des  fil- 
les. 

Drap-dc-plcd  ,  e(t  une  pièce  d'étoffe  j  ou  tapis 
xiu'on  met  liir  un  pne-Dieu  ,  &  qui  lert  de  marche- 
pied aux  perfonnes  du  premier  rang.  Sutjbatus 
pannus. 

Drap  ,  fe  die ,  proverbialement,  en  tes  phrifes  ,  Les 
plus  riches  en  mour.int,  n'emportent  qu'un  drap  ^ 
non  plus  que  les  pauvres.  0\\  dit  qu'un  homme 
combat  contre  les  draps ^  contre  ion  chevet,  quand 
îl  a  de  ta  peine  à  fe  lever.  Q\\  dit,  mettre  un 
homme  en  beaux  t/nt^5  blancs  5  c'eft-à-dire,  en  dire 
du  mal ,  découvrir  les  défauts,  ou  l'impliquer  dans 
une  mauvaileartaire.Onditaulli ,  il  n'y  a  que  celade 
drap  ;  pour  dire  contentez  vous  ,il  n'y  a  que  cela  de 
fonds.  Tailler  en  plein  drap  j  pour  dire  ,  non  feu- 
lement, an  propre,  couper  un  manteau  dans  la  pièce 
xie  dtap  j  mais  anlli,  au  tiguré  ,  pour  dire,  avoir  plein 
pouvoir  dans  une  aifaire  ,  &  de  s'étendre  ,  &  d'en 
prendre  tant  &  li  peu  qu'on  veut.  Vouloir  avoir  le 
drap  &  l'argent ,  c'elt-à-dire  ,  vouloir  avoir  le  prix 
^'une  choie ,  &  ne  la  point  livrer.  On  dit  audi ,  au 
bout  de  l'aune  iaut  le  drap  ,  pour  dire  ,  qu'on  vient 
à  bout  de  toutes  chofes.  On  dit  que  la  lilière  efl:  pire 
que  le  drap  \  pour  dire  que  les  habitans  des  fron- 
tières de  certaines  Provinces  auxquelles  on  attribue 
certains  détauts,  font  encore  pues  que  ceux  du  de- 
dans du  pays. 

Drap  d  argent.  Terme  de  Fleurifté.  C'eft  un  nom 
que  l'on  donne  à  quelques  Tulipes.  Il  y  a  le  drap 
d'argent  ûc  Valenciennes.  Le  drap  d'argent  du  Pal- 
teur.  Ledrcw  d'argent  du  Berger.  Morin. 

Drap  d'or.  Nom  d'une  efpèce  de  prunes ,  &  de  Tar- 
bre ,  qui  les  porte.  La  Quiiitinie  fait  ce  nom  fémi- 
nin en  parlant  du  fruit.  La  drap  d'or.  Il  dit  auHi  le 
drap  d'or.  Le  drap  i/'orell:  une  prune  ronde  ,  prefque 
carrée  &  plate.  Elle  elt  blanche  ou  jaunâtre  pour  la 
couleur.  L,a  Quint.  Il  y  d  des  prunes  qui  ne- font 
bonnes  que  cuites  &  même,  parmi  les  cuites,  il  y  en 
a  qui  font  particulièrement  bonnes  en  pruneaux , 
comme  les  f/ri^iPi'  d'or,  êcc.  Id. 

Drap  d'or  ,  ell  aullî  un  terme  de  Fleurifte  j  &  le  nom 
d'une  Renoncule.  Il  eft  jaune  doré,  mêlé  de  rouge 
par  le  dehors  de  fa  fleur ,  de  forte  qu'il  relFemble 
à  àa  drap  d'or ,  ce  qui  ell  caufe  qu'on  le  nomme 
ainfi.  MoRiNi 

Drap  d'or  ,  elt  encore  le  nom  d'une  tulipe  printanière 
&  panachée.  Id. 

DRAP  D'Oli.  Terme  de  Conchyliologie.  Nom  que 
l'on  donne  à  des  coquillages  de  mer.  Pannus  aureus 
concha.  Il  y  a  des  draps  d'orAc  plufieurs  efpèces  ,  un 
gros  drap  d'or  facié  :  c'elt  la  plus  belle  efpèce.  Ger- 
saint. 

DRAP  de  curée.  Terme  de  ChalTe.  C'eft  une  toile 
fur  laquelle  on  étend  la  mouée  qu'on  donne  aux 
chiens  quand  on  leur  fait  la  curée  de  la  bête  qu'ils 
ont  prife. 

^fT  DRAPADES,  f.  f.  Certaines  étoffes  ou  ferges  qui 
fe  pratiquent  A  Sommières. 

DRAPANO ,  ou  PUNTA  DI  DRAPANO  ,  c'eft-à- 
dire  ,  pointe  de  Drapano.  C'ell  un  cap  ou  pointe 
de  terre  ,  qui  fe  trouve  fur  la  côte  feptentrionile 
de  l'Ifle  de  Candie,  entre  la  ville  de  Rétimo  au  le- 
vant ,  &  celle  de  la  Canée  au  couchant.  Drapenum 
promontorium. 

DRAPANT.  I.  m.  Nom  que  l'on  donne  aux  Manu- 
facturiers ,  &  aux  ouvriers  qui  fabriquent ,  ou  font 
fabriquer  les  draps  de  laine,  pour   les  diftinguer 
des  Marchands  qui  n'en  font  que  le  débit  ;  les  pre- 
miers étant  appelés  Drapiers  drapans  ,  ëc  les  autres, 
Marchands  Drapiers. 
DRAPANT,  f  m.  Terme  de  Papeterie. C'eft  une  forte 
de  planche  carrée,  iur  laquelle  on  met  les  feuilles  de 
papier  les  unes  fur  les  autres ,  à  mefure  qu'on  les  lève 
dedeffiis  les  feutres ,  pour  les  remettre  une  féconde 
fois  fous  la  preffe. 


b  R  A  4^5 

DR.APÉAU.  f,  ni.  Qui  fe  dit  des  vieux  morceaux  d'é- 
toffe ,  OLi  de  linge.  Panniculus.  Les  gueux  ont  des 
habits  faits  de  vieux  haillons  &  drapeaux. 

Drapeau  ,  fe  dit  auili, ironiquement,  de  toute  étoffe  , 
quoique  neuve  ,  qui  n'a  pas  la  force  j  la  bonté  qu'elle 
doit  avoir.  Je  ne  veux  point  de  ce  drap  ,  il  ell  mal 
foulé ,  il  eft  trop  lâche  ,  ce  n'eft  que  du  drapeau  , 
c'eft  un  vrai  drapeau  qui  ne  durera  rien. 

On  appelle,  abfolument,  du  drapeau  ,  le  vieux 
linge  que  les  chiftonniers  ramaffent ,  &  donc  on 
fait  du  papier.  Linceolum  vêtus  ac  lacerum.  Voyer 
Papier,  Chiffon. 

Drapeau  ,  en  termes  de  Guerre  ,fignifie  éiendnrt.  Il 
fe  dit  généralement  de  toutes  les  enfeignes.  Vexïl- 
lum  _,  Jignum.  Il  a  combattu  fous  les  drapeaux  de 
ce  Général,  il  a  fuivi  les  drapeaux.  On  a  pris  tant 
de  drapeaux  dans  cette  bataille  :  on  y  comprend  en 
ce  fens  les  cornettes  &c  les  guidons.  Ce  mot  vient 
de  drap ,  parce  qu'on  taifoit  autrefois  les  enfei-  ' 
^nes  de  cette  étofte.  On  le  dit  plus  particulièie- 
ment  d'une  enleigne  d'un  Régiment,  d'une  Com* 
pagnie  d'infanterie.  Il  faut  qu'un  foldat  fe  range 
fous  le  drapeau  au  premier  Ion  du  tambour.  Les 
drapeaux  de  l'Infanterie  n'étoient  autrefois  que  de 
toile  peinte. Le  Gendre. 

On  ditj  figurémciK  ,  fe  ranger  fous  les  drapeaux 
d'un  Prince  jpour  lignifier,  prendre,  embralïer  fon 
parti. 

De  quelle  noble  ardeur  penfe^-vous  qu'ils  Je  rangent 
Sous  les  drapeaux  d'un  Roi  long-tems  viclorieux  ? 

Drapeau  ,  fignifie  auffi  la  charge  de  l'Officier  qui  le 
porte.  Signifer  ,  VexilLijer.  Le  Roi  a  donné  un  dra- 
peau à  ce  foldat;  pour  dire  ,  un  emploi  d'Enfeigne 
dans  une  compagnie  de  gens  de  pied. 

Drapeau.  Terme  de  Chirurgie  &  de  Médecine. 
C'eft  le  nom  d'une  maladie  qui  vient  aux  yeux.  Le 
drapeau  .^  panniculus ,  eft  une  efpèce  de  ptérygion  , 
qui  paroît  comme  un  morceau  de  linge.  On  le  gué- 
ritj^avec  des  poudres  cauftiques  quand  il  eft  récent 
&  petitj  &  par  extirpation  quand  il  eft  grand  ôC 
dur. 

DRAPEAUX  au  pluriel ,  fe  dit  de  ce  qui  fert  à  eiit 
mailloter  un  enfant.Sécher  les  drapeaux  d'un  enfanr. 
Il  eft  vieux.  Acad.  Fr. 

DRAPELE,  ée.  àdj   Vieux  mot.  Drapé. 

DRAPER.  V.  a.  Couvtir  un  carroffe  ,  une  chaife  à  por- 
teurs, une  litière  ou  autre  voiture  de  drap  ,  pour 
marque  de  deuil.  Panne  aliquid  integere.  Les  gens 
de  qualité  font  draper  leurs  carroffes  par  dedans  & 
par  dehors  de  drap  noir  \  le  Roi  de  violet.  On  le 
dit  aullî  abfolument.  Les  Princes  ,  les'  Ducs  dra- 
pent. 

Draper.  Terme  de  Peinture.  Draper  une  figure  ,  c'eft 
l'habiller,  la  couvrir  des  habits,  des  étoffes  con- 
venables. On  dit  qu'elle  eft  bien  drapée  ;  pour  dire, 
que  les  draperies  font  bien  mifes ,  bien  entendues  j 
que  les  plis  font  bien  agencés ,  bien  jetés. 

L'art  de  draper  fe  remarque  ptincipalement  en 
trois  chofes ,  qui  font  l'ordre  des  plis ,  la  diverfe 
nature  des  étoffes ,  la  variété  des  couleurs  des  étof- 
fes. A  l'éîjard  des  plis  ,  ils  doivent  être  tellement 
jetés  qu'on  connoiffe  ce  qu'ils  couvrent,  &  qu'on 
le  diftingue  de  toute  autre  chofe  \  qu'on  voie  que 
fous  la  draperie  il  y  a  un  bras&  non  pas  une  jambe. 
Les  plis  doivent  être  grands j  parcequ'ils  partagent 
moins  la  vue  :  il  doit  auffi  y  avoir  du  contrafte , 
fans  quoi  les  draperies  ont  je  ne  fais  quoi  de  duf 
&  de  fec.  La  nature  des  étoftes  doit  être  bien  re- 
marquée, parce  qu'il  y  en  a  qui  font  des  pliscaffés; 
d'autres  en  font  de  moelleux  ;  quelques-uns  ont  la 
fuperficie  mate  ,  quelques-autres  l'ont  luifinte  :on 
en  voit  de  fines ,  de  tranfparenrcs ,  de  fermes  &c  dfi 
fo'.ides  ,  dcc.  La  variété  des  couleurs  ,  quand  elles 
font  bien  ména'^ées ,  fait  la  beauté  d'un  tableau  ;  cir 
elles  ne  font  pas  toutes  également  amies  les  unes  des 
autres  :  5r  il  y  en  a  qui  ne  doivent  jamais  être  mifeS 


4^4  D   R   A 

auprès  de  certaines  aaties.  F'oye^  M.  de  Piles  ,  M.î 
Felibieu,  &c.  /'oyeç  Draperies. 

Draper  ,  le  du  auUi  en  p.idant  de  fautereaux  de  cla- 
vellin  ,  d'épinetre ,  &  lignihe  y  metcie  du  drap.  Fan- 
num  atiextre.  Il  faut  draper  la  pluparc  de  ces  faute- 
reaux. , 

Draper  ,  fignihe  aulîi  railler  fortement  quelqu'un  , 
en  dire  du  mal.  Dicteras  aiiquem  llberalaer  carpere. 
Quand  les  Auteurs  écrivent  les  uns  contre  les 
autres ,  ils  font  fujets  à  fe  draper.  On  dit  qu'on  l'a 
drapé  dans  certaine  latyre.  Boil.  En  ce  fens  il  vient 
du'vieux  mot  François  i-/ra/^/t.r,  qui  ligniiioit /=//2- 
cear,  railleur ,  parcequ'on  pinçoit  les  draps  en  les 
préparant:  Je^là  vient  qu'on  a.cM  draper:,  poui  dire, 
tourmenter  quelqu'un  par  desriilleries.  Borel.  Mais 
il  y  en  a  d'autres ,  comme  Danet  ,  qui  prétendent 
que  c'ell  une  métapliore  prife  de  ce  que  les  Fou- 
lons de  draps  couchent  le  poil  des  draps  avec  des 
cnardons.  D'autres  croient  que  ce  mot  vient  de  la 
Farce  de  Patelin  ,  ou  l'Avocat  dupe  un  Drapier  en 
ramufantde  paroles.  De  quelque  part  qu'il  vienne, 
il  n'elî  que  du  llyle  &niilier. 

Draph  ,  ÉE.  part.  &  adj.  CarroîTe  drapé,  Rheda  panno 
i/itecia.  On  hppelle  ,  h:r,  drapés  ■,  des  bas  de  laine 
préparcs  de  telle  manière  ,  qu'ils  relfemblcnt  à  du 
drap. 

Drapé  j  fèdit  auili ,  en  termes  de  Botanique,  des 
fruits,&  des  feuilles  qui  lont  épailfes  &  velues  & 
d'un  fuFu  ferré  comme  du  drap.  Fillofus ,  toincn 
tofus.Les  fruits  de  la  Pivoine  font  drapés.  Les  feuil- 
les du  bouillon  blanc  font  drapées. 

DRAPEillE.  f.  f.  Marchandife'  de  draps  ;  Manufac- 
ture de  draps,  &  le  lieu  où  on  les  tait,  Ik  où  on 
les  vend.  Parinonun  Laneorum  textura  ,  officina.  Il 
y  a  grand  commsrce  de  draperie  en  Hollande ,  la 
rue  de  la  Draperie  à  Paris.  La  draperie  d'Efpagne  eft 
plus  recherchée,  à  caufe  delà  bonté  des  teintures. 
On  appelle  auHi  draperie  ,  le  Corps  des  Marchands 
Drapiers. 

Draverie  j,  en  termes  de  Peinture  &  de  Sculpture  j, 
eft  la  repréfentation  des  habits  ,  des  tapilferies  ,  du 
linge,  &c  autres  chofes  qui  ne  font  ni  carnations, 
ni  pa.y  figes,  f^'e/liu/npiclura  ,  exprejf^  colorihus  vefies. 
On  dit  qu'un  Peintre  jette  bien  une  draperie ,  pour 
dire,  qu'il  en  jette  bien  les  plis.  Paul  Veronèfe  ex- 
ceiloit  pour  les  draperies.  Il  y  a  de  l'intelligence  dans 
l'ajuftement  des  draperies.  De  Piles.  Le  premier 
e&t  des  draperies  eft  de  faire  connoïtre  ce  qu'elles 
couvrent.  lu.  Le  Peintre  doit ,  avant  que  de  difpo- 
fer  fes  draperies  ,  delliner  le  nu  de  fes  figures.  Id. 
Que  la  draperie  ne  foit  pas  trop  adhérente  aux 
parties  du  corps.  Id.  Les  plis  des  draperies  bien  en- 
tendus donnent  beaucoup  de  vie  à  l'action,  de  quel- 
que natuie  qu'elle  pullfe  être.  Id.  La  richelFe  des 
draperies  fait  une  partie  de  leur  beauté.  In.  La 
grande  légèreté  &  le  grand  mouvement  des  drape- 
ries ne  conviennent  qu'aux  figures   qui  font  dans 


D  R  A 

ptemier  des  (îx  Corps  des  Marchands  de  Paris ,  à 
caufe  que  les  Fourreurs  leurs  ont  vendu  leur  droit. 
On  {e%!i.i^pi:\\t  Drapiers-Chaujjetiers  -^  parce  qu'au- 
trefois leur  métier  étoit  celui  de  fane  des  hauts- 
de-chaulTes  &  des  bas  j  celui  de  Pourpointiers  3  de 
faire  des  pourpoints  ,  qu'on  faifoit  d'une  autre  étof- 
fes i  &  il  y  avoit  de  grands  procès  pour  les  entre- 
prifes  qu'ils  faifoient  les  uns  fur  les  autres. 

On  appelle  auili  Drapiers  ,  les  Artifans  qui  font 
du  drap  ,  qu'on  nomme  Drapiers  diapans.  Laneo- 
rum paa/iorur/i  opijex.  Il  a  été  fait  de  nouveaux  Sta- 
tuts en  1669  pour  les  Drapiers  drapans  ,  Seigiers 
&  Façonniers ,  qui  contiennent  la  largeur  de  toutes 
fortes  de  draps  &  de  ferges  ,  &  les  longueurs  des 
pièces. 

Dans  le  procès  des  Miracles  du  B.  Simon  Auguf. 
tin  ,  fait  en  1514,  on  trouve  drapparius.  Le  mot 
drapier  éioit  alors  en  ulage. 

DRAPIER,  f.  m.  Mot  du  vieux  langage  ,  qui  fe  trou- 
ve dans  la  lignification  de  railleur,  de  bailleur  de 
brocards,  d'homme  qui  pince  en  raillant.  Bord  dit 
quece  mot  vient  de  ce  qu  on  pince  les  draps,  &  que 
l'on  a  dit  de  là  Draper  quelqu'un,  pour  dire  ,  Railler, 
ciitiquer  quelqu'un. 

DRASTIQUE,  adj.  Teime  de  Médecine.  On  appelle 
médicamens  drajliques  ceux  qui  agilfent  prompte- 
ment  &  avec  force.  En  particulier  on  donne  le  noru 
de  draftiques  aux  forti  purgatifs.  Ce  mot  eft  Grec  , 
^()«o-r(x.«V,  aéfif.  Col  de  Villars. 

DRAVE.  Rivière.  Dravus.  Ptolomce  l'appelle  Darus  , 
Pline  Draus  ,  les  Manufcrits  Drarus  ,  félon  la  re- 
marque de  Daléchamp  ;  &  Strabon  Dr  abus  ,  Af«/3«r. 
LiDrave  eft  une  grande  rivièrede  la  Pannonie.  Elle 
a  fa  fource  à  Innichen  dans  le  Tirol,  aux  confins  de 
l'Archevêché  de  Saltzbourg  ,  traverfe  la  Carinthie 
&  la  Stirie  j  coule  le'  long  des  confins  de  l'Efclavo- 
nie  &  de  la  baffe  Hongrie  -,  &,  un  peu  au-dellous 
d  Efleck  ,  elle  fedécharge  dans  le  I^'anube  ,  formant 
quelques  petites  Illes  à  fon  embouchure  ,  qui  eft 
proche  de  la  ville  d'Erdwdy.  Les  villes  principales 
qui  fe  rencontrent  fur  le  cours  de  la  Drave  j  font 
"Wolmark,  Lavamund  &  Drabourg  en  Carinthie; 
Marpurg  &  Pettaw  en  Stirie;  le  Gradt,  Turano- 
vitza&  Elfeck  dans  la  balfe  Hongrie.  Les  Auteurs 
du  Moréri  font  ce  nom  mafculin  Draw,  ou  le 
Drave.  Maty  dit  la  Drave  ,  ou  le  Dravj.  Nous  di- 
fons  toujours  la  Drave ,  comme  a  fait  M.  Cor- 
neille. 

DRAVE  ,  ou  DRABA  ,  f.  f.  Plante  ,  qui  eft  ^  une  ef- 
pèce  de  lepidium  ,  ou  pajjcrage.  Elle  croît  à  la  hau- 
teur d'une  coudée  ,  &  a  une  tige  mince,  ronde, 
ftriée&  ferme.  Ses  feuilles  font  oblongues  ,  larges 
d'un  pouce  ,  ou  d'un  pouce  &:  demi  ,  d'un  vert 
cendré  ,  &  rangées  alternativement  le  long  de  la 
tige.  Ses  fleurs  font  petites  &  blanches  :  elles  for- 
aient un  bouquet.  Drata  umbellata  ,  ou  draba  ma~ 
iorj  capitulis  donata.  /•''o)vPaS5ERAGe. 


une  grande  agitation ,  ou  qui  fontespofées  au  vent.    DRAUSEN.  Lac  de  la  Ptulfe.  Draufetms.  Le  lac  Drau- 
"  ■  '  '    "  '     "     yé;2,ou  le  i5r/^z«/è/2,  eft  voifinde  la  ville  d'Elbing  : 

il    reçoit    la    rivière   de  Sargune  j    &    par   celle 
d'Elbing    il  fe    décharge    dans    la    Frifch  -  Half. 
Maty. 
DRAUSiN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Draufius  ,  Drauf- 
cio  ,  Drautio  ,  S.  Draufin ,  ou  S.  Drofin  ,  vint  au 
monde  du  temps  de  Clotaire  IL  au  cinquième  fiè- 
cle.  Baillet  ,  5  de  Mars.  S.  Draujïn  entra  dans  la 
Cléricature  en  649.  Il  fut  fait  Archidiacre  en  652. 
F>êque  de  Soilfons  en  654.  En  657.  il  bâtit  à  une 
lieue  &  demie  de  Compiègne  l'Abbaye  de  S  Pierre 
de  RotonJes  ;  &  en  658.  une  de  filles  aux  portes  de 
Soldons ,  par  les  libéralités    du    fameux  Ebroin  , 
Maire    du    Palais  ,    &  de  Leutru    fa  femme.   Il 
mourut  l'an  6^74  ou  675.  le  cinquième  de  Mars. 
Foyei  les  BoUandiftes  ,  Mart.    T.    I.  p.   404-  ^ 
fuiv. 


In.  Les  anciens  Sculpteurs  ont  été  fort  entendus| 
dans  le  jet  des  draperies.  Id.  Draperies  légères  & 
volantes.  Draperies  majeftueufes.  Draperies  pauvres. 
Draperies  qui  ientent  le  mannequin  ;  ce  font  celles 
dont  les  plis  fontdurs  &  pleins  de  ïùiàQxxï.Dicî.de 
Peint.  &  d'Aich. 

^3"  Les    draperies  doivent  être  conformes  aux 
modes  régnantes.  Les  Peintres  d'hifioire  doivent  être 
vcrfés  dans  la  fcience  ducoftume,    &c  \es  dr-aperies\ 
doivent  être  conformes   au  coftume  de  l'action  re- 
préfentée. 
DRAPEPxIE.  f  f.  On  appelle  ainfi  des  excrollfances  de 
chair  fur  le  corps  de  certaines  perfonnes  ,    parce-; 
qu'elles  ont  à-peu-près   la  figure  d'une    draperies. 
Foyex  les  Mémoires  de  Trévoux.  Juin  174Î,  p. 


1085 
DRAPIER,  1ÈRE.  f.  m.  &  f.  Marchand  qui  vend  du 


Drap  &  autres  marchindifes  de  laine  ;  quoiqueles  DRAYER.  v.  n.  Terme  de  Corroyeur.  C  elt  travail- 


Merciers  leur 
ratines 


conteftent    le   droit   de  vendre  des 
s  étamines.   Pannorum  la- 


des  ferges  &  d 


neorum  propola.  Les  Drapiers  font  maintenant  le 


1er  avec  la  Dr.iyoire,  qui  eft  un  inftrument  appelé 
auili  couteau  a  revers  &  écharnoir  ,  &  ôterde  dcf- 
fus  le  cuir  tout  ce  qui  peut  y  être  refté  de  la  chair  de 

l'animal 


D  R  A     DRE 

fanimal.  Il  a  ce  dernier  nom ,  parce  qu'il  ferc  à 
écharner ,  c'ell-à-dire,  àôrerla  chair  j  &  on  l'ap- 
pelle auffi  couteau  à  revers ,  parce  que  le  tranchant 
en  ell  un  peu  affilé  &  qu'il  elt  emmanché  à  re- 
vers. On  appelle  Drayûres  ces  morceaux  de  cuirs 
tannes ,  qui  ont  été  enlevés  de  lu  peau  du  côté  de  la 
chair. 

DRAYOIREj  f.  f .  Inftrument  avec  lequel  on  draie. 
On  l'appelle  auffi  Couteau  i  revers  ,  &i  Echar- 
noir. 

DRAYURES.  f.  f.  plur.  Ce  font  les  morceaux  ou 
rognures  des  cuirs  tannés  ,  qui  ont  été  enlevés  cie 
Li  peau  _,  du  côté  de  la  chair  ,  avec  la  Drayoire 
des   Corroyeurs. 

DRE. 

« 

ItO^DRÊCHE.  Foy^î  Dresche. 

DRECSODERNHEIM.  Petite  ville  du  Palatinit  du 
Rhin.  Drccfodernlieimum.  Elle  eft  fur  la  rivière  de 
Glan  ,  dans  la  Prcfeéluie  de  Creutznach  ,  à  deux 
ou  trois  lieues  de  la  ville  de  ce  nom. 

DREGE  ,  DRAGE  ,  f  f.  Terme  de  Pêche.  C'efl:  un 
filet  en  ufage  fur  les  côtes  de  l'Océan  j  avec  lequel 
fe  tait  la  pêche  la  plus  conlidérable  &  Aqs  poillons 
les  plus  délicats  j  comme  turbots  ,  foies  ,  barbues, 
îk-c  lictis  quoidam  genus  delicadorihus  pifcibus  ca- 
piendis  accommoddtuin.  La  pêche  qu'on  fait  pendant 
tout  le  Carême  du  plus  beau  poillon  fur  les  côtes 
de  l'Océan  ,  fe  nomme  la  pêche  de  la  Drége.  Les 
filets  dont  on  fe  fert  pour  cette  pêche  s'appellent 
traîneaux  ,  &  ils  font  faits  à-peu-près  comme  des' 

■  ailiers  à  perdrix.  Au  haut  de  ces  trameaux  on  atta- 
che du  liège  peur  les  tenir  élevés ,  &  au  bas  on  met 
des  plaques  de  plomb  pour  les  faire  enfoncer  dans 
le  l'able.  Cette  pêche  ell  femblable  à  celle  qui  fe 
fait  dans  les  rivières  avec  un  filet,  qu'un  homme 
tire  d'un  côté,  &  qu'un  autre  homme  tire  de  l'au- 
tre. De  même  le  flux  ôc  reflux  de  la  mer  poulie  avec 
rapidité  le  bateau  j  qui  étant  poulTé  fait  avancer  les 
trameaux  qui  y  lont  attachés  avec  un  cordage  par 
un  bout.  Le  borfet  de  Drcgc  y  auquel  ces  trameaux 
font  attachés  auffi  par  l'autre  bout  j  étant  auOî  pouf- 
fé par  le  courant  des  eaux,  traîne  &  fait  avancer 
de  fon  côté  ces  mêmes  trameaux  \  en  forte  que  le 
borfet  de  Drége  &  le  bateau  font  comme  deux  hom- 
ineséloignés  l'un  de  l'autre, qui  tirent  des  deux  côtés 
les  trameaux,  lelquels  étant  ainli  tirés  &  enfoncés 
d'un  pouce  dans  le  fable  j  recueillent  j  en  le  grat- 
tant, tout  le  poilfon  qui  y  eft  enfoncé.  Les  Ordon- 
nances ne  permettent  la  pêche  de  la  Drége  que  pour 
le  temps  du  Carême  ,  parce  qu'elle  emporte  tout , 
&c  qu'elle  nuit  beaucoup  au  fond  de  la  mer,  où  les 
poilfons  trouvent  leur  nourriture. 

^O'Drûge.  Terme  d'économie  ru'lique./^oy.  Serans, 
&  l'art,  fuiv. 

DREGER.  V.  a.  Terme  ulité  dans  quelques  endroits , 
pour  dire  ,  féparer  la  grame  du  lin ,  de  la  tige  ,  en 
le  faifant  patTer  entre  les  dents  d'un  peigne  de  fer, 
qu'on  appelle  Drége- 

DRELlN.  Mot  inventé  pour  repréfenter  le  fon  d'une 
fonnette.  Imiraclo  fnnltus parvi  tïntïnnabuli.  Ma  fon- 
nette  ne  tait  pas  aifez  de  bruit  \  drelïn  j  drdïii  ^  dre- 
lin.  Mol. 

DRELVE.  Petite  ville  de  France  dans  le  Donziols. 
Drelva. 

DRENTE.  Petite  contrée  des  Provinces-Unies.  Dren- 
tla.  De  trois  parties  (lui   compofent   la   Province 
d'OveriflTel ,  c'eft  la  plus  feptentrionale.  La  Drente 
a  pour  confins  à  l'Orient   une  partie  de  la  Weft- 
phalic  ;   au  Septentrion  la  Seigneurie  de  Gronin- 
gue  j  à  l'Occident  la  Frife  ,  &  au  midi  la  Tranfyl- 
vanie  ,  ou  le  pays  de  Sallandt.  La  Drente  eft  pleine 
de  marais, qui  tournilfent  des  tourbes  aux  Provin- 
ces voifines.  Covorden  ou  Cocvorden  en  eft  la  ca- 
pitale, &  le  feul  lien  confidérable  qu'on  y  trouve. 
La  Drente  eft  diviféë  en  fix  Bailliages. 
DREPALI.  Lieu  de  la  Romanie.  Dr^jj^j/a/Tz, ancienne- 
ment C&nophurium  ,  comme  on  lit  dans  la  vie  d'Au- 
Tome  III. 


DRE  46jr 

relien  par  Vopifcus  ,  C.  35.  Hift.  Auguji.  Script. 
FI. p.  zii.  A.  B.  dans  Eutrope  fur  le  même  Empe- 
reur &  dans  l'Itinéraire  d'Aiitonin.  Plutarque  dans 
la  vie  de  Lucullus ,  l'appelle  K«/.;»  Çfsfioi/.  Dans  Po- 
lybe  on  trouve  Kev^  x^i'"  ,  au  lieu  de  Kaiv»»  (pfsf;« 
mais  c'eft  une  tuante,  i>:  peut-être  la  correétion  d'un 
ignorant  qui  n'a  pas  fu  ce  que  c'étoit  que  K«jv« 
ipgKffan  La  Table  de  Peutinger  dit  Cenopurium.  Ce 
heu  étoit ,  dit  Vopifcus ,  entre  Mcraclce  &  Bizan- 
ce.  L'Itinéraire  d'Antonin,  &c  la  Table  de  Peutin- 
ger l'y  placent  en  effet.  C'étoit  un  fort  ,  une  cita- 
delle ,  comme  fon  nom  le  marque.  Car  KaoLr 
Çfii^iM  J  iignifie  neuf  Jort ,  ou  Jort  neuf,  ou  châ- 
teau neut ,  C^flellutn  novum  _,  comme  le  nomme 
la  Chronologie  de  Nicéphore.  En  effet ,  Polybe  dit 
que  c'étoit  un  château  très-fortifié  ,  &  que  Mithti- 
date  avoiif  là  fon  tréfor.  Ce  fut  auffi  là ,  au  rapport 
de  Vopifcus ,  que  l'Empereur  Aurélien  fut  tué  par 
quelques-uns  de  fes  domeftiques.  Aujourd'hui  Dré~ 
pâli  n'eft  qu'un  village  fitué  fur  la  mer  de  Mar- 
mara ,  environ  à  cinq  lieues  de  la  ville  de  Seli- 
vrée.  /"0) c^  ,  outre  les  Auteurs  cités  ,  Saumaife 
fur  l'endroit  de  Vopifcus  que  j'ai  rapportéjHoftman, 
Maty. 

DRESCHE.  f  m.  Il  faut  écrire  Dreche  avec  l'Acadé- 
mie. C'eft  le  nom  qu'on  donne  au  marc  de  l'erge 
moulu  ,  dont  fe  fervent  les  Braifeurs  de  biere. 
Par  Ordonnance  du  4  Novembre  1701.  rapportée 
dans  le  Traité  de  la  Police  de  M.  de  la  Mare  ,  Liv.  4. 
pag.  575  &  ^77.  Il  eft  permis  aux  Braifeurs  de  ven- 
dre aux  particuliers  qui  nourrillent  des  vaches  lai- 
tières le  marc  de  l'orge  moulu  ,  vulgairement  appe- 
lé Z)At'c/2c  ,  &  aux  particuliers  d'en  nourrir  leurs 
vaclies  ,  pourvu  que  la  Drcdie  ne  foit  point  aigrie. 
Par  Sentence  de  la  Police  de  Paris  du  10  Décembre 
1745  ,  un  Vacher  tut  condamné  en  cent  livres  d'a- 
mende, pour  avoir  nourri  fes  beftiaux  de  drèche 
corrompue  ,  contre  la  difpofition  des  Ordonnances 
de  Police. 

DRESDE.  Ville  du  Cercle  de  la  haute  Saxe  en  Alle- 
magne. Drefda.  HofFman  l'appelle  en  Latin  Z)re/Î7, 
on  Drefda  y  t<  àk  qu'en  Allemand  on  la  nomme 
ZDrç/'tv;,  ou  Z^rt^yJc/?.  En, François  nous  difons  tou- 
jours Drcfde.  CctK  ville  eft  capitale  de  la  Mifnie  , 
&  fituée  fur  l'Elbe,  qui  la  fépare  en  deux  parties  j 
dont  l'une  fe  nomme  la  vieille  Drefde  ,  &  l'autre  la 
nouvelle.  Drefde  eft  belle  ,  grande  ,  bien  peuplée  , 
dans  une  (ituation  agréable  ,  bien  tonifiée  ,  &  dé- 
fendue par  une  fort  bonne  Citadelle.  C'eft  Charlc- 
magne  qui  commença  de  la  fortifier  l'an  800.  pour 
arrêter  les  courfes  des  Bohèmes.  Hoffman.  D'au- 
tres difent  que  Drefde  fut  bâtie  par  les  Sclaves  fous 
l'Empereur  Henri  lOifelenr;  qu'enfuite  les  cruau- 
tésdes  Huns  oblieèrent  les  Habitans  à  fe, retirer  de 
l'autre  côté  de  l'Elbe  ,  où  ils  formèrent  une  nouvel- 
le ville  ,  qu'ils  ceignirent  de  murailles.  L'Empe- 
reur Othon  I.  la  donnai  l'Evêquc  de  Meiffen^mais 
vers  l'an  1174.  Witignon  ,  Evêque  de  Mciffen  , 
l'échangea  pour  Stenditz  avec  Henri  l'illuftre  Mar- 
quis de  Mifnie.  L'accord  de  Drefde  eft  fameux  dan; 
l'Hiftoire  Proteftante  ,  Confenfus  Drefdenfis.  Il  fat 
fait  en  1571.  pour  appaifer  les  troubles  arrives 
après  la  rnort  de  Melanchthonj entre  les  Sedareurs 
de  Flaccius  Illyricus  ,  c^  les  Théologiens  de  Wit- 
tembeig,  qu'il  n'appaifa  pourtant  pas.  Les  Ducs  de 
Saxe  ont  â  Drefde  un  beau  palais  où  ils  font  leur 
réfidence  ordinaire.  Ils  y  ont  auffi  leur  arfenal.  Le 
Pont  de  ZJ^Cj'rf'e  eft  fort  long,  &  pa  fie  pour  un  bel 
ouvrage,  long.   ji.d.  26'.  lat.  5i.d.  iz'. 

DRESERY.  Foye^  Didier. 

DRESSE,  f  f  Terme  de  Cordonnier  &  de  Sa^Tetier. 
Morceau  de  cuir  qUe  l'on  met  entre  les  deux  femel- 
les pour  redrefter  un  foulier  quand  il  tourne. 
Corii  fruflulum  geminas  inter  Joleas  tnfenum  ad 
refihuendum  calceum  inclinatum.  Mettre  une  dreffe. 

DRESSER,  v.  a.  Ce  terme  fe  prend  dans  les  arts  dans 
plufieurs  acceptions  différentes.  Nous  allons  mar- 
quer les  principales  auxquelles  on  pourra  facila- 

N  n  n 


^66  D  R  E 

ment  lappotter  celles  donc   le  détail  feroit  trop  | 
long. 
ffT  Dresser.  Terme  d'architecture.   C  eft   élever  à 
plomb  quelque  corps.  Erigerc.  DreJJcr  an  obélif- 
que  ,  une  colonne ,  une  potence 


D  R  E 

forme  ,  à  mefure  qu'elles  font  achevées  fur  la  ga- 
lée  ;  &  là  en  laue  rîmpofition  les  unes  fur  les  au- 
tres, pour  en  allurer  le  regiftre,  quand  les  feuilles 
fe  mettent  en  retiration. 
[Dresser  un  drap  de  laine.  C'eft  le  rendre  carré  de 


§3°  On  du  de  même  drejjer  la  tête  ,  fe  drefler  fur  1      uni  ,  par  le  moyen  de  ce  qu'on  appelle  une  lame 


les  pieds.  Lngere  caput  ^  ériger  e  Je  in  pedes. 


dans  les  Manufactures  de  draperie. 


|f3°  On  dit,  d'un  cheval,  qu'il  Ccdrejè,  lorfqu'il  j  Dresser  un  peigne.  C'eft,  après  que  les  dents  ont 


fe  lève  tout  droit  fur  les  pieds  de  derrière 

I^CF  On  dit,  proverbialement ,  qu'une  chofe  fait 
drejj'er les  cheveux  à  la  tête,  pour  dire  quelle  fait 
horreur  :  &  qu'elle  tait  dreJJer  les  oreilles  ,  quand 
elle  attire  notre  attention  ,  par  les  avantages  qu'elle 
fait  efpérer.  Alors  <//v//frelt  neutre. 

DCT  Dresser,  fc  prend  prefque  dans  le  même  fens, 
comme  fynonynie  à  ériger ,  élever.  Erigere  j  po- 
nere.  Dfejj'er  un  trophée,  des  ftatues,  des  *utels  en 
rhonneur  de  quelqu'un. 

-^CTDresser,  fe  dit  quelquefois  pour  préparer ,  met- 
tre une  chofe  en  état.  Injlruere  ^prs.parare.  Drejfer 
un  plan  j  drejfer  la  minute  d'un  aéte.  Drejfer  une 
requête  ,  un  compte  ,  un  inventaire  ,  des  articles 
de  mariage,  &  mettre  tout  cela  dans  la  forme  né- 
celFaire. 

§C?  Dresser  un  mémoire  ^  dans  le  commerce  ,  c'eft 
faire  un  relevé  de  tous  les  articles  fournis  à  crédit , 
pour  en  demander  le  paiement. 

^fT  Dresser  une  batterie  de  canon  ,  en  termes  de 
gmerre  ,  c'eft  la  mettre  en  état. 

fCF  Dans  le  fens  figuré ,  dreffer  une  batterie  , 
c'eft  prendre  des  mefures  pour  réuflîr  dans  quelque 
entreprife. 

^3'  Dresser  un  piège  j,  tendre  un  piège  ,  drejfer  des 
embûches.  Parure  j  (lruere\  8c,  au  figuré,  tendre  un 
piège  à  quelqu'un ,  c'eft  employer  la  rufe  pour  le 
furprendre  ôc  le  faire  tomber  dans  le  faux. 

UCT  Dans  les  cuifines  ,  dreffer  la  table,  le  fruit , 
&c.  c'eft  le  préparer  &  le  difpofer  dans  une  pro- 
preré  convenable.  Praparare  ,  difponere.  Drejjer  le 
potage  ,  c'eft  verfer  le  bouillon  fur  le  pain  ,  &  gé- 
néralement fur  tout  ce  qui  doit  être  humeété.  La 


été  approtondies  avec  l'eftadou  ,  les  appointer  avec 
la  grêle. 

Dresser  un  feutre  ,  fignificj  en  termes  de  Chapelier, 
lui  donner  la  figure  d'un  chapeauj  après  qu'il  a  palfc 
à  la  foulerie. 

Dresser  un  chapeau.  Autre  terme  de  Chapelier. 
C'eft  en  unir  &  applanir  les  bords  &  le  dellus  de  la 
tête. 

Dresse^  une  piètre.  C'eft  ,  en  termes  de  Tailleur  de 
pierre  j  en  équarrir  les  paremens  de  tous  les  côtés  , 
pour  enfuite  lui  donner  la  figure  dontrAppareilleur 
a  fourni  les  cartons. 

Dresser  les  aiguilles  de  lime.  C'eft  les  limer  ,  après 
que  les  pointes  en  ont  été  formées  j  &  qu'elles  ont 
été  poinçonnées  du  poinçon  du  Maître  qui  les  a  fa- 
briquées. 

|CF  Dresser  du  linge  J  chez  les  Blanchifleufes  j  fy- 
nonimede  repalTer. 

Dresser  ,  fe  dit  figurément ,  &  figijifie  ,  Inftruire  ,  & 
difpofer  à  faire  quelque  chofe.  Injlituere  ,  Jormarc. 
Ce  Précepteur  a  bien  drejje  cet  Ecolier.  Il  a  drejfece 
valet  à  tout  faire.  Il  a  beau  lui  faire  répéter  fou  rôle 
deComtelfejje  défefpére  qu'il  la  puiffe  jamais  drejjer  ' 
aux  grands  airs.  On  le  dit  aulîi  par  extenfion  des  ani- 
maux. Dreffer  un  cheval  ,  c'eft  lui  apprendre  les 
exercices  qu'on  exige  de  lui.  Ce  cheval  a  été  drejjé 
par  un  bon  Ecuyer.  Condocefacere,  Les  Bateleurs 
dreffcnt  des  chiens  ,  &  des  finges  à  faire  mille  gen- 
til lelfes.  Les  Chalfeurs  drejjent  les  chiens  à  la 
challè. 

On  dit  aulîl ,  que  le  bon  oifeau  fe  drejfe  de^lui;- 
même  ,  pour  dire  j  qu'un  bon  naturel  n'a  pas  be- 
foin  d'initruétion. 


foupe   eft  drejfee ,  Y)Our   dire  ,   fervie.   Expreffionj|i3"  Dresser  ,  eft  quelquefois  neutre.  On  dit   figiiré- 


bourgeoife.  On  a  fervi  la  foupe  ,  le  fruit  j  &c 
§CJ"  Dresser,  fignifie  aufti  tourner  droit  vers  quelque 


ment ,  les  cheveux  lui  dreftèrent  à  la  tête.  f^oj.  les 
premiers  articles. 


endroit.  Dreffer  fa  route.  En  termes  de  marine  j  le   Dressé  ,  ée  ,  part.  &  adj.  Il  a  les  fignifications  de  fon 


Pilote  a  dreffe  le  Cap  fur  un  tel  Rliumb,  a  dreJJe  le  j 
Cap  au  Nord.  Dirigere. 

^fT  Au  figuré,  dreffer  fon  intention  ,  c'eft  la 
même  chofe  que  ditiger 


verbe  ,  en  Latin  comme  en  François. 

[DCF  Dresser,  vient  âedirexare ^  qu'on  a  formé  de 

dirigere  ,    &  dont  les  Italiens  ont  fait    dri^^are. 

MÉN. 


Dresser  ,  fe  dit  aulîî ,  en  termes  de  Menuiferie  &  de  |KF  DRESSEUR,  f.  m.  On  donne  ce  nom  à  celui  qui 


Charpenterie  ,   pour  dire ,  Unir  ,   aplanir  j  équar 
lir  J  mettre  en  ligne  droite.  Dirigere.  Drejjer  du 
bois ,  drejfer  une  règle. 


arrange  les  bûches  ,  de  la  manière  dont  il  convient 
qu'elles  foient  pour  former  le  four  à  charbon. 
Encyc. 


Dresser  ,  eft  auftî  un  terme  de  Relieur.  C'eft,  Battre   DRESSOIR,  f.  m.  Vieux  mot.  Efpèce  de  buffet  qu'on 


uniment  un  livre.Jtt/^i^eriï  Aqualïter.  Ce  livre  eft  bieti 
dreffé. 

Dresser  ,  en  termes  de  chafte,  fe  dit  quand  les  bêtes 
&  les  chiens  fuient  par  une  route  droite  :  &  on  dit 
qu'un  chien  drejfe, 8c  qii' i!  va  le  droit ,  quand  il  fuit 
la  vraie  route  du  cerf,  ou  de  la  bête.  Ferdi.  veftigia 
perfequi ,  vefligiis  inh&rere. 

Dressir  ,  eft  aulîi  un  terme  de  Paveur.  C'eft  ,  après 
avoir  pofé  le  pavé  &  garni  les  joints  ,  frapper  furies 
pierres  pour  les  égaler,  &  faire  que  tout  le  pavé  foit 
propre  &  bien  uni.  j¥.quare,  exAquare. 

Dresser  ,  fe  dit  aulîi ,  parmi  les  Pàtilîiers  ,  des  pièces 
de  four  qu'on  ne  met  pas  dans  les  XQMXixèies.Dreffer 
un  pâté  ,  c'eft  en  faire  les  bords.  Oras  circurn- 
ducere. 

En  rermes  de  Jardinage  ,  on  dit ,  Dreffer  en  par- 
lant du  terrein.  Drejfer  une  allée  ,  une  terrafte  ,  un 
parterre,  c'eft  l'aplanir,  le  mettre  de  niveau  ou  en 
pente  ,  fuivant  le  befoin. 

|CF  Dresser  une  paliiïade  ,  c'eft  la  tondre  avec  le 
croiftant.  Les  Vignerons  difent  aulîl  drejfer  une  vi- 
gne ,  c'eft-à-dire,  la  troulFer  proprement.  Voilà  une 
vigne  bien  drejfee. 

Dresser  une  forme.  Terme  d'Imprimerie.  C'eft  pofer 
fur  le  marbre  les  pages  qui  doivent  compofer  une 


dreffe  à  côté  pour  le  fervice  d'une  table  ,  où  l'on 
met  le  vin  ,  les  verres  ,  la  vailfelle  ,  &:c.  ^ba- 
cus.  On  trouve  dans  les  Auteurs  de  la  balle  Lati- 
nité le  mot  de  drejjorium  ^en  la  même  fignifi- 
cation. 
Dressoir,  f.  m.  Outil  de  fer  creux  de  deux  ou  trois 
pouces ,  avec  lequel  les  Filalîîers  redrelfent  les 
dents  du  feran.  On  appelle  aulli  dre(joir  un  outil 
de  fer ,  dont  fe  fervent  les  Ouvriers  qui  mettent 
les  glaces  au  teint  ,  pour  étendre  &  drellèr  la 
feuille  d'étain  ,  avant  que  de  la  couvrir  de  vit-ar- 

DRÉVE.  Petite  ville  de  France  ,  dans  le  Nivernois:en 
Latin  Drevum. 

DREUGESIN.  Territoire  de  Dreux.  Durocajpnus  , 
DurCiiJfnus  j  Drocaffinus pagus.  Voy.  Valois  au  mot 
Durùcaff'd. 

DREUX.  Ville  de  France  dans  le  Vexin  FrançoJs.2?ra- 
cum  ,  ou  plutôt  Droffit,  ,  Durocaffk  ,  Durccafs.  , 
Durcafa  ,  Drogit  .,  DiirosaJJinum  caflrum.  Droccii- 
Jes  J  Druis  ,  Drucnfc  cajlrum.  Quelques-uns  la  met- 
tent dans  rifle  de  France,  parce  que  fon  Eleèlion 
eft  de  la  Généralité  de  Paris.  Dreux  eft  fitué  fur  la 
rivière  de  Bl.iife  ,  près  de  fon  embouchure  dans 
l'Etire.  Il  eft  du  Diocèfe  de  Chartres ,  &  a  titre  de 


D  R  E     D  R  I 

Comté.  On  prétend  que  cette  ville  eft  une  des  plus 
anciennes  des  Gaules  ,  Se  qu'elle  a  été  fondée  par 
Drius ,  quatrième  Roi  des  Celtes  ,  &c  arrière- petit- 
fils  de  Samotes,  qui  vmt  habiter  les  Gaules  au  temps 
de  Noé.  Dreux  avoïc  un  château  iur  le  penchant 
d'une  colline.  Il  ell  maintenant  demi-ruiné.  long. 
19.  d.  i'.  14".  lat.  44.d.4S'.  17". 

La  Mailon  de  Dreux  elt  une  branche  de  la  Maifon 
Royale  de  France.  Le  Chef  de  cette  tige  des  Comtes 
de  Dreux,  ell  Robert  de  France,  fils  de  Louis  VL 
d\t  le  Gros ,  Roi  de  France,  au  commencement  du 
XIF  liècle.  Robert  eut  en  appanage  le  Comté  de 
Dreux.  La  Maifon  des  Ducs  de  Bretagne  étoit  lortie 
de  celle  de  Dreux..  Charles  V.  réunit  le  Comté  de 
Dreux  à  la  Couronne  en  1377.  Duchefne  a  fait 
l'Hilloire  de  la  Maifon  de  Dreux. 

La  torêt  de  Dreux  eit  une  torèt  voifine  de  cette 
ville  j  &  qui  ell  du  domaine  du  Comté  de  Dreux, 
La  bataille  de  Dreux ,  ell  une  bataille  fameufe  dans 
nos  guerres  civiles  du  XVI  hècle.  Elle  fe  donna  en 
1561.  Les  deux  Chefs  ,  c'eft-.i-dire  ,  le  Connétable 
de  Montmorency,  qui  commandoit  l'armée  Royale, 
&  le  Prince  de  Condé,  lous  les  ordres  duquel  étoit 
celle  des  Huguenots ,  furent  pris.  Ees  Catholiques 
remportèrent  une  entière  viéloire.  Le  fiége  de  Dreux 
ell  aulll  célèbre  fous  Henri  IV.  &  dura  iS  jours. 
Ce  fur  en  1 59;. 
DREUX,  f.  m.  Nom  d'homme.  Dros^o.  S.  Drogon  _, 
que  nous  appelons  vulgairement  Druon,  ou  Dreux , 
perdit  fon  père  avant  que  de  naître  ,  &  fa  mère  en 
naillant ,  n'ayant  pu  lortlr  que  par  l'opération  cela 
rienne.  Baillet.  Il  vécut  reclus  en  Hainaut ,  dans 
le  VI*^  fiècle ,  depuis  1111  jufqu'au  mardi  de  Pâques , 
l'an  1x85,  qu'il  mourut. 

DRL 

DRIADE.  roye^  Dryade. 

DRICLINK.  f.  m.  Mefure  d'Allemagne  ,  pour  les  li- 
quides. Le  Dric'.ink  ell  de  24  hemers. 

DRIE-BAND.  f.  m.  On  nomme  ainli  à  Amfterdam 
une  forte  de  lin  non  peigné  ,  qu'on  nomme  en 
François  lin  à  trois  cordons. 

DRIE-GULDEN.  f.  m.  Monnoie  d'argent, de  flibrique 
Hollandoife  ,  qui  a  cours  pour  trois  florins  j  ce  qui 
revient  à  trois  livres  quinze  fols  de  France. 

DRIESSEN,  DRE.SSEN.  Prononcez  Dnjjen.  Ville  du 
Marquilat  de  Brandebourg,  en  Allemagne.  Dnejja, 
Dreijenlum.  Elle  ell  dans  la  Nouvelle  Marche ,  près 
de  la  Pologne  ,  à  dix  lieues  de  Lanfperge  ,  du  côté 
de  l'Occident.  Drte[Jen  ell  litué  dans  une  petite  Ifle 
que  forment  la«  rivières  de  Trega  Se  de  Netc ,  immé- 
diatement après  leur  confluent.  DrieJJen  ell  fort,  & 
par  cette  fuuation ,  &  par  les  travaux  que  l'art  y  a 
ajoutés  de  nouveau.  Longicud,  S3-  d.  j6'.  Lacicud. 
5  2.  d.  ^6'. 

DRILLE,  f.  m.  Mouillez  les  deux  //.  Vieux  mot  qui 
fignihoit  autrefois  foldat.  Se  qu'on  emploie  aujour- 
d'hui dans  le  llvle  familier  dans  diflérentes  accep- 
tions. On  dit,  par  mépris  ,  c'ell  un  pauvre  dril/e  , 
un  méchant  foldat,  m;les  ignavus  ^rnbellis ,  ôc  plus 
fouvent  un  pauvre  malheureux.  C'ell  un  vieux  drille, 
c'ell-à-dire  ,  un  foldar  qui  a  vieilli  dans  le  fervice  , 
miles  flrenuus  \   Je  quelquefois  un  vieux  libertin. 

^fT  Drille,  fe  dit  encore,  populairement,  d'un 
jeune  homme  vif  &  hardi.  Audax^  audaculus.  Un 
tel,  ah!  je  le  connois;  c'ell  un  drille ^  un  bon  drille. 
Un  bon  compagnon. 

l'C?"  Ce  mot ,  en  vieux  Gaulois ,  lignifie  un  haillon , 
un  habit  en  lambeaux,  tels  qu'en  portent  ordinaire- 
ment les  méchants  foldats. 

^XT  En  termes  de  Papeterie  ,  on  appelé  Drilles  , 
f.  f.  pi.  les  vieux  chiffons  de  toile  de  chanvre ,  ou  de 
lin ,  qu'on  emploie  dans  les  Manufadlures  de  papier, 
êc  qui-en  font  la  principale  matière. 

Selon  quelques-uns  ,  ce  mot  vient  du  mot  Ctec 
'>'!  &  M.  le  Prince  prenoit  plailirà  en  rapporter  la 
généalogie;  d'j.^<f  on  a  t\\i  J'olus ,  folidus  ,  folida- 
tus  j  foldat  ifoudar^foudrille ,  drille.  Si  cela  cil  vrai , 


D  R  î  4^7 

on  pourra  dire  que  drille  vient  de  l'Hébreu  h^2 
car ,  félon  quelques  Savans ,  .a.s-  ell  formé  de  h'O 
en  ajoutant  la  lerminaifon  Grecque  h  &  en  fup- 
pléant  par  l'efprit  rude  au  retranchement  de  1* 
lettre  caph. 

Drillk ,  lignifie  aullî  un  grand  arbre,  qui  eft  de  la  na- 
ture du  chêne ,  qu'on  appelé  autrement  rouvre ,  donc 
le  bois  ell  le  plus  dur,  &c  qui  porte  le  meilleur  gland 
&  le  plus  gros.  Rohur. 

DRILLE,  f.  f.  Terme  d'Horlogerie.  Outil  qui  porte 
un  foret  pour  percer  certaine  pièce  pefanre,  tomme 
bocte  de  pen.-lulede  cuivre,  tkc. 

DRILLE.  1.  m.  &c  t.  Nom  de  peuple  ,  qui  fe  nomma 
depuis  Sanne,  ou  Thzane.  Drillus,  a.  Ils  habitoient 
proche  de  Tiébizonde.  Les  Sannes,  nommés  Drilles 
par  Xcnophon,  n'avoient  point  de  Rois,  &  avoienc 
autrefois  payé  tribut  aux  Romains.  C'étoient  les 
peupliis  les  plus  billiqueux  de  ces  contrées,  /^oye:^ 
Tillemont.   /////.  des  timp.  Tom.  II.  p.  .2yo, 

DRILLER.  V.  n.  Mouillez  'dl.  Courir  vite.  C'ell  un 
terme  populaire.  Ccleriter  currere.  Il  n'y. a  rien  tel 
qu'un  petit  bafque  pour  dr'dler.  Toute  la  Cour  drdU 
vers  la  Guyenne.  Scar. 

DRILLEUX,  EusE.  adj.  Mouillez  //.  Ce  mot  fe  trouve 
dans  Pomey  ,  pour  lignifier  un  homme  mal  vêtu  , 
qui  n'ell  couvert  que  de  lambeaux.    Pannofus. 

DRILLER.  1.  m.  Celui  qui  ramalfe  lesdiiUes,  ou  vieux 
chiffons,  &  qui  en  fait  commerce.  On  le  nomme 
plus  oïdinairemenr  Chiffonnier.   Voye^  ce  mot. 

DRILLO.  Rivière  de  Sicile.  Drillus ,  anciennement 
Achdtis.  Le  Drillo  coule  dans  la  vallée  de  Noto  , 
du  feptentrion  au  midi ,  &:  fe  décharge  dans  la  mer 
d'Afrique  ,  entre  Terra  Nuova  &:  Camarana  ,  vers 
le  commencement  du  Canal  de  Malte. 

Il  y  a  aulli  un  bourg  de  même  nom  fur  cette  ri- 
vière, d  trois  lieues  de  fon  embouchure.  Les  anciens 
l'appeloient    Phrhintia. 

DRIMAGO.  Ville  de  la  Turquie,  en  Europe.  Drirv.a- 
gum,  anciennement  Dtnogctiu.  C'étoit  autrefois 
une  ville  de  la  Mœlje,  ou  de  la  Scythie  inférieure  , 
comme  on  le  peut  voir  dans  Ptolomée.  Aujourd  hui 
c'ell  une  ville  de  la  Bulgarie,  lituée  fur  le  Dannbe , 
à  trente  lieues  environ  de  fon  embouchure ,  (S:'^  dix 
ou  douze  au-deflous  de  Silillria. 

nPv.IN.  Drilo  :,Drinus.  C'ell  un  fleuve  d'Albanie  j  en 
Grèce,  queleshabitan;  appellent  Diino.  Il  a  eu  trois 
ou  quatre  noms  différons  dans  l'Antiquité.  Nicandre 
Theriac.  verf.  607.  -Mérrodoret,  Strabon ,  Pline  & 
Ptolomée,  l'appellent  «'ç''>'«  Drilo.  Scylax  l'appelle 
Arion  j  Se  Tite-Live,  L.  XLIV.  c.  5 1.  Onurzdes ,  Sc 
non  pas  Oriundus,  comme  on  ht  dans  le  Diétionnaire 
d'Hoffman.  Bochart,  Chaiij^Liv.  I.  c.  25.  croit  que 
■  ce  font  les  Phéniciens  qui  lui  ont  donné  ces  deux 
derniers  noms  ,  que  Arion  -n'ell  autre  que  .fVlx 
Or  Javan  ,  ceA-à.-àne  ,  fleuve  de  Javan-^  car  lt< 
Or,  ÇigniÇie  fleuve  ,  aufli  bien  que  ^N'  Jeor\  &  il 
fe  trouve  en  ce  fens  dans  Amos  VIII.  8.  &  l'Ecclé- 
fiallique  ,  félon  Bochart ,  l'avoit  pris  au  même  fens 
XXIV.  55.  où  les  interprètes  traduifent  luiiiwe  : 
pn.s  lignifie  donc  fleuve  de  Javan  ,  &  cette  rivière 
futainli  nommée,  à  caufe  qu'elle  étoit  près  de  la 
Macédoine-  De  Or  Javan  fe  fit  Orion  &  Arion  » 
comme  de  Javan  fe  forma  Jon  &  Jonia,  Le  Drin  fe 
forme  par  le  confluent  de  deux  rivières ,  dont  l'une 
s'appele  le  Drin  Blanc  ,  qui  vient  de  la  Bofiiie  ,  & 
&  l'autre  le  Drin  noir ,  qui  fort  du  lac  d'Ocrida,  & 
baigne  Albanopoli.  Tite  Live  dit  qu'il  fort  du  n^onc 
Serdrus,  Se  qu'il  reçoit  feulement  ces  deux  rivières. 
Quoiqu'il  en  foit ,  il  palfe  par  Alexio  ,  ou  Alellio  , 
Se  fe  décharge  dans  le  Golfe  du  Drin,  ou  de  Drin  , 
aptes  avoir  fait  une  petite  Ifle^  au-délîous  de  la 
ville  d'Alallio. 

Drin,  autrement,  dit  Mary  ,  la  Drinc,  ou  le  Drino. 
Rivière  de  Bofnie.  Drinus.  Le  Drin  a  fa  fource  vers 
l'Albanie,  coule  du  midi  au  nord,  &,  ayant  fcparé 

Quelque  temps  la  lîofnie  Se  la  Servie,  il  fe  décharge 
ans  la  Save ,  à  quelques  lieue;  au-delTiis  de  Sirmifch. 
Maty.  Il  arrofe  Cepelizi,  Drin,  Erona ,  Archo- 
chia  j  Nédin  ,  Vivar  Se  Dinavar,  Se  reçoit  les  eaux 

N  nn  ij 


4^ 


^S 


DRO 


<}es  rivières  de  Tara  j  de  Piva,  &  de  Lim.  Corn. 
Le  Golfe  de  Drin  ,  ou  du  Drin  _,  Drilonis  J:nus. 
C'eltune  petite  partie  du  Golfe  de  Venife.  Il  eft  lur 
les  côtes  d'Albanie  ^  &  prend  fon  nom  de  la  rivière 
du  Drin,  qui  s'y  décharge.  Maty.  Quelques  Cartes 
l'appelent  Lodrin  ,  joignant  mal-à-propos  l'article 
Italien  lo  au  nom  Drin  ^  parce  qu'en  Italien  on  dit 
Lo  Dritio  j  Le  Drin  6c  Goljo  dello  Drino  ^  Goltc 
du  Drin. 

D  aNAWAR,  DRINOWAR.  yille  de  Turquie,  en 
Europe.  DiinopoLis  ,  &  peut-être  Sidrona  ,  félon 
Hoffman.  C'ell  une  ville  d'Ulyrie  :  elle  eft  dans  la 
Servie,  fur  les  contins  de  la  Bofnie  j  dans  une  pente 
Ifle  que  forme  le  Drin ,  environ  à  fept  lieues  de  fon 
embouchure  dans  la  Save^  &  à  huit  ou  neul:  de 
Saraio,  vers  le  levant.  Quelques-uns  appellent  cette 
ville  Drin^  ou  Drinawar. 

DIUNASTRO.    Foyei  DRIVASTO. 

DRINGUER.  V.  a.  Vieux  mot.  Boire.  Bibere  ,  potare. 
Nous  difons  aujourd'hui  trinquer.  Ce  mot  vient  de 
l'Allemand  m«/ttV2 ,  qui  fignihe  la  même  chofe. 

DRISSE,  f.  f.  Terme  de  Marine  ,  eft  un  cordage  qui 
fert  à  hilfer,  à  élever ^  ou  à  amener  la  vergue  le  long 
du  mât-  Rudens jyfunis.  On  l'appelé  autrement ///ijj". 
Driffe  du  pavillon,  c'eft  une  petite  corde  qui  fert 
'  à  arborer  &  amener  le  pavillon.  Plonge  la  drijje  ; 
c'eft  un  commandement  que  l'on'  fait  pour  éten- 
dre la  drijle  j  afin  que  plufieurs  puiirent  travailler 
enfemble. 

DRIVASTO,  ou  DRINASTO.  Petite  ville  de  l'Al- 
banie j  en  Grèce,  Drivafium  ^  Trivajium.  Quelques 
Cartes  la  mettent  fur  le  bord  oriental  du  lac  de  Scu- 
tari ,  &  d'autres  fur  la  petite  rivière  de  Chire.  Elle 
eft  mal  peuplée  ,  quoiqu'elle  ait  une  Evêché  fuffra- 
gant  d'Antivari.  Maty. 

DRIVENICH.  Foyei  GIRONA  ,  Ifle. 

DRO. 


DROCA.  Rivière  d'Afrique  ,  qui  coule  dans  la  partie 
occidentale  du  Royaume  de  Barca,  nommée  Mef- 
trata.  Droca.  Cette  rivière  donne  aufli  fon  nom  à 
la  côre  de  ce  Royaume,  que  l'on  nomme  côte  de 
Droca.  Ora  Drocea. 

DROCTOVÉE  f.  m.  Foye^  DROTHÉE. 

DROCTOVÉ.  f.  m.  Nom  d'homme.  Drociov£us. 
Saint  Droclové,  appelé  autrefois  ^S".  Drotté ,  parmi 
le  vulgaire,  naquit  dans  le"Diocèfe  d'Autun  j  vers 
l'an  5  34,  ou  5  3  5.-  Il  fuc  le  premier  Abbé  de  Saint 
Germain  -des-  Prés  j  à  Paris,  &  mourut  vers  l'an 
^80. 

DRABUSA.   Voyei  DROGOBUSK. 

DROGHDAGH.  Petite  ville  d'Irlande,  Draguedà , 
Pontana.  Maty  la  nomme  Drogkeda  ,  ou  Tredach, 
Mais  les  Cartes  de  Spéed ,  que  nous  fuivons  ,  la 
nQ'ix\vciQX\x.  Drogdagh.  Elle  eft  dans  le  Linfter,  ou  la 
Lagenie,  fur  la  côte  orientale  de  l'Ifte  ,  au  nord  de 
Dublin  ,  fur  la  Boyne  j  &;  à  fon  embouchure  ,  où 
elle  a  un  fort  bon  port.  Droghdagh  eft  dans  le 
Comté  de  Louth.  Il  a  un  Château  fort  ruiné.  Foye^ 
la  defcriprion  de  certe  ville  dans  Jovin  de  Roche- 
fort  ,  Foyage  d'Angleterre 

DROGHEDA.  Fo^^e^  DROGHDAGH. 

DROGICIN  ,  ou  DROGIEZIN.  Petite  Ville  de  Po- 
logne. Drogicinum  ,  Drogi^ium.  Elle  eft  dans  ia 
Podlaquie  ,  fur  le  Rui^ ,  environ  à  quinze  lieues  de 
Bielfico  ,  du  côté  du  midi.  Drogicin  a  une  Châ- 
tellenie. 
DROGMAN.  f  m.  Terme  d'Hiftoire  &  de  Relations. 
Nom  qu'on  donne  aux  Interprères  j  &  aux  Truche- 
mens,  dans  les  Echelles  du  Levant ,  &  ailleurs.  In- 
terpres.  Ce  mot  eft  Turc  &  Arabe,  comme  nous  le 
dirons  tout  à  l'heure.  On  l'a  fait  François ,  &  l'on 
s'en  fert  en  parlant  de  la  Porte  j  &  des  Cours  des 
Princes  d'Orient,  &  de  Barbarie  en  Afrique.  Le 
Drogman  trembloit  en  interprétant  les  rcponfes 
de  l'Ambaftadeur  au  Grand  Vifir. 
Un  AmhaJJadeur  vénérable  y 
Suivi  d'une  foule  innombrable 


DRO 

Des  plus  renommés  Mufulmans  , 
Accompagnés  de  leurs  Drogmans. 

DivERT.  DE  Sceaux. 

Ce   mot     eft  originairement   Chald.aique  XZiT\n 
thirghem  en  Chaldéen ,  lignitie  interpréter ,  tourner 
d'une  langue  dans  une  autre;  traduire.  Il  fe  trouve 
dans  le  premier  Liv.  d'Efdras.  IV.  7.  (?c  c'eft  de  là 
qu'on  appelle  1  hargum  une  Paraphrafe  Chaldaïque. 
Les  Arabes  difent  aufli  thargama ,  pour  lignifier  Tra- 
duire ,  interpréter.  Les  Turcs  ont  pris  ce  nom  d'eux , 
&  en  ont   fait  fraJin   'l'argiman^  Interprète,  Tru- 
chement.   Les  Grecs  modernes  _,  depuis  qu'ils  font 
foumis  au  Turc  ,  par  un  changement  très-ordinaire 
du  f  en  ^  ,  en  ont  fait  dargcumenos  y  &  les  Italiens 
drugoniano,  d'où  nous  avons  fait  dragoman  ,  donc 
quelques  Auteurs  fe  fervent,  &<.  QniiwK drogman ^ 
qui  eft  vieux,  &  plus  en  ufage.   Fayc:^  encore  ci- 
deftùs  DRAGOMAN.  Meninski  va  plus  loin ,  & 
il  prétend  que   c^nn  étant  de  quatre  lettres,  vient 
de  CD21  mais  ,  dans  aucune  des  langues  orientales, 
on  n'a  une   fignification  qui  convienne  à  ce  fen- 
timent.   En   Hébreu  ,  ou  en  Chaldéen  ,  &  en  Sy- 
riaque ,  il  ne  fignifie  que  lapider  Se  lancer,  tirer  des 
flèches  ;  en  Arabe  &  en  Turc  lapider,  élever  un  tom- 
beau de  pierres;  &  félon  Raphelange,  être  Prince  , 
Principatum  obiincre.   Il  a  encore  ,  en  Arabe  &  eu 
Turc  ,  le  fens  de  déteftaiion  ,  injure  ,  exécration  , 
opinion,  conjectures;  &  celui  d'ami  &  de  convive  , 
compagnon  de  rable  &  de  bouteille,  compotator : 
mais  cjuel  rapport  tout  cela  a-t'il  à  CiuiJi  interpré- 
ter, pour  le  tirer  de  C3JT  ou  pour  conjeélurer  qu'il 
en  vient  ?  On  dit  aulli  DROGUEMAN. 
DROGOBUSK.  Petite  ville  de  Mofcovie.  Drogobuf- 
cum.  Elle  eft  fur  le  Niéper  ,  environ  à  vingt  lieues 
de  Smolenko ,  &  dans  le   Duché  de  même  nom. 
Maty.  Drogobusk  eft  dans  le  Duché  de  Bielki. 
DROGUE,  f.  f.  Terme  général  de  marchandife  d'épi- 
cerie de  toute  forte  de  nature,  &  fur-tout  des  pays 
éloignés ,  lefquelles  fervent  à  la  Médecine ,  aux  tein- 
tures &  aux  Artifans ,  comme  féné  ,  cafte  ,  maftic, 
borax  j  alun  ,  bréfil ,  fandaraque ,  &c.  Materia  ex 
quâ  medicamenta  &  alu  compofitiones  conficiuntur. 
Lémeiy  a  publié  en  1698  un  Traité  tmiverfel  des 
drogues  par  ordre  alphabétique.    Les  Apothicaires' 
doivent  avoir  dans  leur  boutique  toutes  fortes  de 
drogues.  Il  y  a  de  certaines  drogues  qui  ne  font  point 
nourriftantes ,   lefquelles  appaifent   la  faim   pour 
quelque  temps.  Lémery. 

Ménage,  après Saumaife,  dérive  ce  mot  de  ^ro^of^ , 
qui  a  été  fait  du  Perfan  droa ,  fignifiant  odeur ,  parce- 
que  les  drogues  aromatiques  ont  beaucoup  d'odeur. 
Guichart  le  fait  venir  du  mot  Hébreu  rakab  ,  qu'il 
explique  par  préparer  des  parfums  ,  des  aromates  j 
des  onguents. 

Plufieurs  Auteurs  ont  écrit  en  Latin  fur  les  drogues  y 
Pometa  donné  une  Hiftoire  des  drogues  en  François 
avec  des  figures;  cet  ouvrage  eft  bon  pour  le  choix 
des  drogues. 
DROGUE.  Terme  d'Évantaillifte.  Ce  qu'on  nomme 
de  la  forte  ,  chez  les  maîtres  Evantailliftes  ,  eft  une 
compofition  de  gomme  d'Arabie  ,  &  de  quelques 
autres  ingrédiens ,  dont  ils  fe  fervent  pour  appli- 
quer les  feuilles  d'or  ou  d'argent  fur  les  papiers  dont 
ils  font  leurs  évanrails  ,  ou  pour  les  couvrir  de  l'un 
de  ces  métaux  réduits  en  poudre- 

On  donne  aullicenomaufel,  ou  cendre  de  verre, 
dont  on  fe  fert  dans  quelques  blanchifteries  pour  le 
blanchiftage  des  Toiles. 
Drogue  ,  fe  dir,  figurément,  des  chofes  de  peu  de  va- 
leur. Res  vilioris  pretii.  Le  fonds  dont  ce  Marchand 
fe  veut  défaire  ,  n'eft  que  de  rebut ,  ce  n'eft  que  de 
la  drogue.  Cet  ufurier  ,  en  flxifant  un  tel  prêt ,  en  a 
donné  la  moitié  en  drogue ,  en  méchans  billets,  mé- 
dians meubles ,  &c. 

On  dit.  proverbialement^  qu'un  homme  fait  bien 
faire  valoir  L  drogue  y  pour  dire  qu'il  eft  charlatan  , 
qu'il  fait   vendre   cher  de  mauvaife  marchandife, 


D  R  O 

On  dit ,  figuL-ément  &  ironiquement ,  voilà  de 
bonne  dro°ue ,  pour  fignilîer  que  ce  qu'on  veut  nous 
offrir  pour  bon  ,  ne  vaut  rien,    y^cud.  tr. 

DROGUEMAN.r.   m.  Quelques-uns  écrivent  ainfi , 

aulieu  de  DROGM AN.  f^oye^  ce  mot.  Drogueman  , 

'      félon  l'Auteur  des  noces  fur  Curopalate,  vient  de 

ê'^uyifiinç  qu'on  a'  dit  pour  ^^ayl/utcç  qui  vient  de 

CDJin  mot  Chaldaïque ,  qui  veut  dire  intcrprcicr. 

DROGUER.  V.  a.  Donner  fouvent  des  médicamens. 
Se  droguer ,  prendre  fouvent  des  drogues.  Medi- 
camenta  adinbere ,  medïcamentis  curare  ,  uti  medï- 
cjmentis.  Cette  mère  drogue  trop  fes  enKins.  Il  eft 
dangereux  de  fe  ttop  droguer.  Les  Médecins  lont  ceux 
qui  fe  droguent  le  moins. 

Drogué  ,  ée.  part. 

iP"  DROGUERIE,  f  f.  Terme  générique  par  leqiiel 
on  dciigne  toute  forte  de  drogues.  II- y  a  des  impôts 
fur  la  droguerie  ôc  fur  l'épicerie.  François  I  ht  un 
Edit  portant  qu'on  ne  pourroit  décharger  les 
épiceries  &  Drogueries  ,  qui  feroient  nécelfaires 
en  ce  Royaume ,  qu'en  deux  ports  &  havres  de  fon 
Etat  j  fivoir  pour  celles  de  la  mer  Océaneà  Rouen, 
&  pour  celles  de  la  mer  Méditerranée  à  Matleille. 
De  Rufi. 

DROGUET.  f.  m.  Etoffe  de  laine  de  bas  prix,  qui 
eif  une  efpcce  de  drap  ,  mais  fort  mince  &  fort 
étroit.  Pannus  laneus  vUior.  Le  droguée  de  Hollande 
elf  ptefque  drap.  Il  y  a  des  droguées  façonnés  ,  donc 
la  chaîne  eft  de  fîl ,  &  la  crame  de  laine  ,  qui  fe 
font  à  balle  Hlfe  à  la  marche  de  l'ouvrier.  Il  y  a  eu 
des  droguées  d'or  &  d'argent  inventés  par  le  fieur 
Savary  ,  dont  la  chaîne  étoit  en  partie  de  fil  dot  &c 
d'argent ,  &  la  trame  de  laine.  Pannus  lino  lanaque 
concexms.  En  général  le  droguet  eft  une  elpèce  de 
ratine ,  ou  de  ferge  ^  moitié  fil  &  moitié  laine.  Il 
s'en  fait  aulli  couc  de  laine.  Les  droguets  faits  de 
laine  fine  font  appelés  demi-foules. 

fCT  DROGUETIER.  f  m.  Nom  qu'on  donne,  dans 
quelques  manufadures,  aux  ouvriers  qui  fabriquent 
le  droguet. 

DROGUEUR.  f.  m.  Qui  fournit,  qui  vend  des  dro- 
gues. NicoT  ET  CoTGRAYE.  La  fîèvre  &  le  Dra- 
gueur me  tiennent  le  poignatd  fur  la  gorge...  Cy- 
rano DE  Bergerac  Abandonnons  ce  mot  à  Cy- 
rano. 

DROGUIER.  f  m.  Buffet  d'un  Naturalifte  curieux, 
qui  eft  divifé  en  pluheurs  tiroirs  &  calfes  ,  en 
chacune  defquelles  il  y  a  une  drogue  différente 
avec  fon  étiquette.  Armariuni  injlruclumjoruti s  va- 
ria referas  materià  ex  quibus  medicamcnta  conficiun- 
tur. 

DROGUISTE,  f.  m.  Marchand  Epicier  qui  s'attache 
patticulièrement  au  commerce  &  à  la  vente  des  dro- 
gues. Qui  vendit  ea  quibus  medicamenta  &  alu  com- 
poftiones  conjîciuntur.  Pharmacopola. 

DROINHOLM.  Mailon  de  plaifance  des  Rois  de  Sué- 
de, à  une  lieue  de  Stokholm.  Droinhoimium. 

DROIT  ,  DITE.  adj.  Terme  de  Géométrie.  Ce  qui  ne 
penche  j  ou  ne  décline  ni  d'un  côté  ,  ni  d'autre  \ 
qui  n'eft  point  courbe.  Reclus.  Une  ligne  droite  eft 
la  plus  courte  entre  deux  points.  Le  plus  c/roif  che- 
min. De  droit  lîl.  Direclo. 

Ce  mot  wïQniàQ  direclus.  Nicot.  Du  Cange  dit 
qu'en  la  baffe  Latinité  on  s'eft  fervi  du  mot  de  dric- 
tum  pour  fignifîer  droit,  f^oye^  Bollandus  ,  Acla  SS. 
April.  T.  I.  p.  490.  F. 

Droit,  fignifie  aufTi ,  perpendiculaire,  qui  eft  à 
plomb. 'Un  angle  droit,  ell  un  angle  de  90  degrés  , 
qui  fe  fait  quand  une  ligne  tombe  à  plomb  fur  une 
autre.  Ce  mur  n'eft  pas  droit  il  menace  ruine. 

Droit  ,  en  terme  d' Architecture  ,  fignihe  perpendi- 
culaire, qui  eft  oppofé  à  incliné.  A inli  on  dit  un 
arc  droit,  quoique  cet  arc  foit  courbe,  parce  que 
l'on  veut  dire  que  fon  plan  eft  perpendiculaire  à 
la  diredlion  d'un  berceau.  On  dit  une  porte  droite 
ou  un  berceau  droit ,  une  defcente  droite  ,  pour  li- 
gnifier que  fa  direction  n'eft  pas  oblique  à  fon  en- 
trée horizontalement.  Frézier. 

ifT  En  Botanique,  ce  mot  fignifie  aufîîqui  fe  tient 


D  R  O  ^6c^ 

perpendiculairement.  Tige  droite  ,  caath  reclus.  On 
du  aulil  qu'une  fleur  ou  qu'un  fruit  fe  tiennent 
droits,  quand  ils  ne  s'inclinent  m  d'un  côte  ni  d'au- 
tre. 

iyr  On  le  dit  auifi  de  l'homme ,  comme  fyno- 
nyme  à  debout,  en  mettant  pourtant  la  nuance 
fuivante  entre  ces  deux  mots.  On  eft  droit ,  lotf- 
qu'on  n'eft  ni  penché  j  ni  courbé.  On  eft  debout  ^ 
lorfqu'on  eft  fur  les  pieds.  La  bonne  grâce  veut 
qu'on  fe  tienne  droit.  Le  refped  fait  quelquefois 
tenir  debout.  Syn.  Fr.  On  dit  familièremenc ,  droit 
comme  un  cierge. 

Entérines  d'Architeéture  ,  on  ^ç^eWe  pied  droit, 
le  rang  des  pierres  qui  fait  chacun  '.les  côtés  d'une 
porte  cochère.  Para/lat£.  On  le  dit  des  côtés  ou  ta- 
bleaux des  fenêtres. 

En  termes  d'Aftronomie  ,  on  appelle  la  Sphère 
droite ,  celle  où  l'Equateur  coupe  l'Horifon  à  angles 
droits,  ou  perpendiculairement,  en  laquelle  les  jours 
font  toujours  égaux  aux  nuits.  L'afcenlion  droite  tk. 
oblique. /'"o)rj à  leur  ordre. 

En  termes  de  Chalfe,  on  appelle  \e  droit ,  lorf- 
qu'on eft  au  vrai  chemin  que  la  bête  tient ,  &c  qu'on 
a  redrelfé  le  change.  A'eJ/iZ  via.  Quand  on.  a  coq- 
noillancè  du  droit,  on  fonue  deux  mot»  pout  ap- 
peler les  Piqueurs.  Les  bons  chiens  connoiffenc  le 
droit ,  courent  bien  le  droit. 
Droit  ,  en  Anatomie  ,  c'eft  le  dernier  des  boyaux  , 
ou  inteftins ,  parce  qu'il  s'étend  tout  droitdepuis  l'os 
facré  jufqu'au  fiège  ,  ou  d  l'anus  ,  fans  faire  aucuns 
tours  ni  replis,  huejbnum  reciuni.  Sa  partie  infé- 
rieure eft  ferrée,  &  fermée  par  un  mufcle  qu'on 
nomme  fphinclcr  ;  c'eft  à-dire ,  Jermeur  :  Elle  eft 
rélevée ,  après  la  fortie  des  excrémens  par  deux  au- 
tres mufcles  ,  qu'on  appelle  les  releveurs  de  l'anus. 
Les  Médecins  appellent  auill  ce  boyau  recium.  Il  y 
a  deux  mufcles  de  l'abdomen  qu'on  appelle  aufïï 
droits  ,  parce  que  leurs  fibres  vont  en  ligne  direéle 
de  haut  en  bas.  La  jambe  à  un  mufcle  auquel  on 
donne  ce  même  nom  ,  parce  qu'il  a  une  figure  droite 
depuis  son  commencement  jufqu'à  la  fin.  C'eft  le 
premier  des  exténfeurs.  La  tête  a  aulîi  quatre  muf- 
cles qu'on  nomme  droits  ^  parce  que  leurs  fibres 
vont  direétement  de  leur  origine  à  leur  infertion. 
Il  y  en  a  deux  grands  ,  &c  deux  petits. 

On  dit  J  en  généalogie  ,  il  defcend  en  droiteVi- 
gne ,  ou  en  ligne  collatérale  d'un  tel  Prince.  Rec- 
ta linea.  Droite  ieàii  en  ces  occafions  pour  û'irecZej 
fur  quoi  il  faut  remarquer  qu'en  termes  de  Géomé- 
trie ,  on  dit  ligne  droite ,  &  non  pas  droite  ligne , 
&  ,  qu'au  contraire,  en  termes  de  Généalogie  on  dit 
droite  ligne  ,  &c  non  pas  ligne  droite.  Defcendre  de 
quelqu'un  en  droite  ligne.  Tracer ,  tirer  une  ligne 
droite  :  mais  on  dit  defcendre  en  ligne  direéte ,  Se 
non  pas  en  direéte  ligne.  On  appelle  droites  aventu- 
res ,  les  biens  échus  en  ligne  dire6te>  Foye:^  les 
Etablijffemens  de  France  ,  L.  I .  ch.  11. 
Droit  ,  lignifie  auffi  ce  qui  eft  oppolé  à  gauche.  Dex- 
ter.  Le  côté  droit  eft  le  plus  honorable.  Dextera- 
On  donne  la  droite  à.  ceux  qu'on  refpette.  La  main 
gauche  ,  la  main  droite.  On  dit  l'aile  droite  ,  l'aile 
gauche  d'une  armée  ,  d'un  bâtiment.  Dextrum  cor- 
nu ,  dextra  ala. 

On  ditj  en  tetmes  de  rEcriture-Sainte,que  Jesus- 
Christ  eft  adîs  à  la  droite  de  Dieu  fon  père  j  pour 
dire  ,  que  Dieu  fon  Père  l'a  glorifié  ,  &  lui  a  cpm- 
muniqué   tout  fon  pouvoir. 

L'Evangile  dit  qiiCj  quand  on  fait  l'aumône,  il  ne 
faut  pas  que  la  main  gauche  fâche  ce  que  fait  la 
d.oite  y  pout  dire ,  que  ,  dans  les  bonnes  œuvres ,  il 
faut  éviter  l'oftencation.  • 

On  dit  auûi ,  figurément  ,  d'un  homme  à  l'égard 
d'un  autre  ,  que  c'eft  fon  bras  droit  \  pour  dire.que 
c'eft  fon  principal  appui,  celui  qui  lui  fert  dans  fes 
principales  a6tions. 
A  Droite.  Façon  de  parler  adverbiale  ,  qui  fignifie, 
A  main  droite.  Tourner  iz  droite.  Se  placer  à  droite.  A 
droite  &  à  gauche.  De  tous  côtcs.Frappei  à  droite  &  à 
gauche. 


47G  D  Pv  O 

DïvoiT  ,  en  termes  de  Manège  ,  fe  dit  d'un  cheval 
qui  ne  boite  point ,  (^  qu'on  garantit  droit  chaud  & 
froid  ,  c'eft-à-dire  ,  qu'il  ne  boite  point  ni  lorfquil 
eft  échjiurî'é  ,  ni  lorlqu'il  eft  réh'oidi.  Equus  minime 
ciaudicans.  On  dit  aullî  qu'un  cheval  eft  droit  fur 
fes  jambes  ,  quand  le  devant  du  boulet  tombe  à 
plomb  fur  la  couronne,  enforte  que  le  canon  &  le 
paturon  font  en  ligne  droite.O\\è^\i  aulh  ,  promener 
un  cheval  par  le  droit \  le  guider  droit,  le  haire 
partir  &  reculer  droit,  quand  il  va  fur  une  ligne 
droite ,  fans  fe  traverler  ,  ni  fe  jeter  de  côté.  Rec- 
ta. 

Droit.  Terme  de  Mufique.  Il  fe  dit  du  mouvement 
lequel  eft  appelé  droit ,  ou  femblalne  ^  lorfquc  les 
deux  parties ,  le  delFus  &  la  bafTe ,  montent  ou 
defceadent  enfemble  ,  &  toutes  deux  à  la  iiois. 
Droit  ,  fe  dit  hgurément,  &  fignifie  j  jufte  ,  judi- 
cieux ,  lîncère  j  proprement  celui  qui  ne  s^écarte 
point  de  la  règle  ;  qui  eft  fincère  dans  les  paroles  & 
de  bonne  foi  dans  les  izMés.Integcr ,  reclus-^  nquus. 
Cet  homme  a  l'ame  droite  ,  a  1  intention  droite  ; 
pour  dire  ,  il  eft  de  bonne  foij  équitable-  Il  a  l'ef- 
Tpntdroif^  pour  dire,  qu'il  a  l'eiprit  jufte,  qu'il 
ne  s'égare  point.  Ceux  qui  ont  X'i  ccewx:  droit ,  ont 
le  fens  de  même.  Ch.  de  Mer.  Les  Poctes  ont  feint 
que  les  hommes  pendant  l'âge  d'or  fe  conduifoient 
par  les  feules  lumières  de  la  û'/oire  raifon.  ii.  Evr. 
C'eft-àdire,  par  la  raifon  naturelle  ,  faine  &  déga- 
gée de  préjugés. 
fï? Droit,  f.  m.  Ce  terme,  dans  fa  première  ori- 
gine, vient  du  verbe  diriger ^,  qui  lignifie  conduire 
à  un  certain  but  par  le  chemin  le  plus  court  ,  ainfi 
le  terme  de  droit ,  dans  le  fens  propre  le  plus  gé- 
néral, &  auquel  tous  les  autres  doivent  fe  rappor- 
ter ,  eft  tout  ce  qui  dirige ,  ou  ce  qui  eft  dirigé. 
f3~  Droit.  Terme  de  Jurifprudence.  Jus.  C'eft  un 
airemblage  de  préceptes  qui  conduifeht  l'homme  à 
vivre  conformément  à  la  juftice.  Ars  &qui  &  boni. 
Le  rf'/o/r  eft  l'objet  de  la  juftice  ;  c'eft  ce  qui  eft  du 
à  chacun.  La  juftics  eft  la  conformité  des  aétions 
avec  le  droit:,^  c'eft  rendre  &  conferver  à  chacun  ce 
.  qui  lui  eft  du.  Le  premier  eft  diété  par  la  nature  , 
ou  établi  par  l'autorité  foit  divine,  foit  humaine. 
Il  peut  quelquefois  changer ,  félon  les  circonl'tan- 
ces.  La  féconde  eft  la  règle  qu'il  faut  toujours  iui- 
vre  ;  elle  ne  varie  jamais.  La  jurifprudence  eft  la 
fcience  du  droit.  Ce  n'eft  pas  aller  contte  les  lois 
de  la  jujîice  ,  que  de  fourenir  &  défendre  fes  droits 
par  les  mêmes  moyens  dont  on  fe  fert  pour  les  at- 
taquer. yoye\  encore  au  mot  équité  en  quoi  cette 
vertu  diffère  du  droit,  &  quelquefois  lui  eft  op- 
pofée. 

^C?  Les  préceptes  généraux  A\x  droit,  font  ren- 
fermés dans  ces  trois  points,  vivre  honnêtement, 
n'oftenfer  perfonne ,  &  rendre  à  chacun  ce  qui  lui 
appartient. 

Ce  terme  a  plufîeurs  autres  fignifications  qui  ont 
plus  ou  moins  de  rapport  à  celle  que  nous  venons 
d'expliquer.  Il  fe  prend  quelquefois  pour  le  lieu  ou 
l'on  rend   la  juftice. 

CtT  Quelquefois  pour  la  décifidn  du  Magif- 
trat.  Jus  gaitium  ,  decretum  Magijîratûs  etiam  ini- 
quum  ;  re/atione  hahitû  non  ad  id  quod  facit ,  fed 
ad  id  quodfaccre  ipfum  convenir.  [\x\\Ç\\iQns  difons, 
gfter  à  droit,  faire  droit,  &  il  fignifie  aufti  une 
puilfance  accordée  par  le  droit.  Ainfi  l'on  dit  qu'il 
ya  des  perfonnes  qui  fom  fui  juns  ,  être  jouilfant 
de  fes  droits  ,  &  d'autres   qni  i'oat  juns  alieni. 

^]3"  Quelquefois  ce  terme  eft  employé  par  op- 
pofitton  à  fait ,  &  fignifie  ce  qui  eft  de  droit.  Qua 
juris  ejfe  dicuntur ,  opponuntiir  lis  qu£  funtfacii.PoÇ- 
feffionde  droit,  polfelTion  de/à/>.  Perrière. 

I]C?  On  ùk  plufieurs  divifions  du  droit ,  fui- 
vant  les  difFérens  objets  auxquels  il  fe  rappocte. 

Outre  le  Z?ro/V divin  ,  il  y  a  trois  fortes  de  droits  : 
le  Droit  de  nature,  k  Droit  des  gens ,  &  le  Droit 
de  chaque  nation  particulière  ,  qui  a  les  maximes 
&:  fes  lois  différentes. Le  dernier  eft  ce  que  les  Infti- 


D  R  O 

tûtes  de  Juftlnien  appellent  le  Droit  civil  ,parcequ'il 
émane  de  la  puiffance  civile. 

Droit  Divin.  Loi,  ou  volonté  de  Dieu  révélée.  Jus 
divinum.  On  diftingue  deux  fortes  de  lois  divines. 
Les  unes  qui  dépendent  du  feul  bon  plaifir  de  Dieu, 
eniorte  que  les  chofes  commandées  ne  deviennent 
juftes  &c  obligatoires ,  que  parce  que  c'eft  la  pure 
volonté  de  Dieu.  Telle  eft  la  Loi  Judaïque  à  l'égard 
des  cérémonies.  L'obligation  qu'elle  impoié  ne  re- 
garde que  les  Juifs  j  parce  qu'elle  ne  vient  que  de 
la  feule  volonté  du  legillateur  :  ainli  elle  ne  fut  abro- 
gée que  pour  les  Juifs  j  qui  feuls  étoient  aftreints  à 
l'obierver-,  de  même  ,  l'ordre  d'exterminer  les  ha- 
bitans  de  Chanaan  fortuit  hors  des  règles  de  la  juf- 
ticehumaine,  &  l'exécution  n'en  devenoit  légitime 
que  parce  que  Dieu  l'ordonnoit ,  en  vertu  de  fa 
puitlance  abfolue  lut  la  vie  des  hommes.  C'eft  ce 
que  les  Théologiens  appellent  droit po^iij -^ctA-à- 
dire ,  pofé  &  établi.  Les  autres  lois  divines  font 
des  loix  morales  ,  qui  commandent,  ou  qui  défen- 
dent des  chofes  bonnes  ou  mauvaifes  par  elles-mê- 
mes j  5c  indépendamment  de  la  volonté  du  Légifla- 
teur.  Ces  fortes  de  lois  font  invariables  &  perpé- 
tuelles. En  ce  fens  le  Droit  divin  fe  confond  avec  le 
Droit  nature/ ,  parceque  les  lois  morales  nous  font 
prefcrites  &  fuggérées  par  la  nature ,  dont  Dieu  eft 
l'Auteur. 

Droit  Naturel.  C'eft  le  fenriment  de  la  droite  rai- 
fon que  Dieu  a  gravé  dans  nos  cœurs  :  c'eft  une 
règle  que  fuggère  la  droite  raifon.  Jus  natur,t  ; 
rtcla  ratio.  Le  Droit  civil  j  dans  un  fens  plus  étroit, 
définit  le  Droit  naturel ,  ce  que  les  hommes  ont 

,  de  commun  avec  les  animaux  :  par  exemple  ,  l'u- 
nion du  mâle  &  de  la  femelle  ,  pour  la  continua- 
tion de  l'efpèce.  A  la  vérité  ,  il  y  a  un  Droit  de  na- 
ture cjui  nous  eft  commun  avec  les  animaux  j  de 
que  la  nature  a  enfeigné  ;  mais  avec  cette  différen- 
ce ,  que  Dieu  a  diftingue  l'homme  par  le  privilège 
de  la  raifon  ,  &  par  le  difcernement  du  bien  &  du 
mal.  Les  bêtes  au  contraire  ne  le  conduifent  que 
par  inftinétj  &  exécutent  les  lois  de  la  nature  fans 
les  avoir  examinées.  Il  n'y  a  donc  à  leur  égard  2.0.- 
cnn  Droit  naturel  qu'improprement  &:  abu/ivemcnt. 
Ils  n'ont  que  des   vertiges  ou  apparences  de  raifon. 
L'union  des  deux  fexes  n'eft  entre  elles  qu'une  union 
brut.ile  ,  qui  ne  peut  être  comparée  avec  l'honnê- 
teté du  mariage  entre  les  hommes.  Dieu  ayant  im- 
primé dans  l'homme  l'idée  du  bien  &  du  mal ,  c'eft 
ce  fentiment  général  d'équité  qui  tait  le  droit  natu- 
rel enixe  les  hommes."  Dans  l'â^e  d'or ,  dont  parlent 
les  Poctes  j  les   hommes  fe  gouvernoient  par   les 
feules  lois  du  Droit  de  la  nature.  Mais  il  ne  faut 
pas  les  borner  aux  feules  notions  communes  aux 
hommes  &  aux  animaux.  Il  faut  renfermer  fous  le 
droit  de  la  nature  tous  les  principes  de  la  droite  rai- 
fon. Par  tout  ce  qui  vient  d'être  dit ,   on  voit  que 
les   Dodleurs  ne  s'accordent  pas  trop  fur  la  défini- 
tion du  o'ro//  naturel,  f^oye^  De  Launay.  La  plupart 
définilfent  le  Droit  naturel,  le  Droit  que  la  feule  rai- 
fon a  établi  :  &  par  là  ils  excluent  les  animaux  , 
parce  que ,  ne  pouvant  y  avoir  de  fociété  entt'eux  , 
il  n'y  a  aufti  ni  Droit  ni  juftice.  Par  conséquent  une 
chofe  eft  censée  du  Droit  naturel ,  lorfqu'elle  «ft 
jufte    du  confentement  de  toutes  les  nations ,  ou 
du  moins  des  nations  les  mieux  difciplintes.  C'eft 
un  effet  général  d'une  caufe   générale ,  tjui  eft  le 
fens  commun  à  tous  les  hommes.  La  voix  générale 
eft  la  preuve  la  plus  certaine  de  la  vérité.   L'excep- 
tion des  nations  féroces  &  infociables  ne  détruit 
point  les  règles  communes  de   la  nature.  Ainli  une 
adtion   condamnée  par  le   Droit  naturel  eft  effen- 
tiellement   mauvaife,  &  illicite  de  fa  nature.  Se 
comme   t^le  nécelÏÏiirement  défendue    ds  Dieu  ; 
c'eft  pourquoi  les  règles  du  Droit  naturel  font  im- 
muables. 
Droit  dp.s  Gens.  Lois  &  conventions  établies  par  un 
confentemerat  général  pour  la  fureté  du  commerce 
entre  différentes  nations.  Jus  gentium.  Le  Droit  Ro- 
main ,  ffde  jujlitia  &  jure  ,  donne  plus  d'étendue 


DRO 

au  drok  aes  gens.  Le  dépôt ,  le  contrat  de  vents- , 
•  d'achat,  de  prêt,  Sic.  font  compris  fous  cette    dé- 
nomination. Mais  l'on  n'y  donne  pas  d'ordinaire  un 
fens  il  général.  Comme  tout  le  genre  humain  com- 
pofe  une  fociété  univerfelle  partagée  en  diverles 
nations ,  qui  n'ont  point  le  pouvoir  de  -î'impofer  d;s 
lois  les  unes  aux  autres ,  il  a  été  nccellaire ,  pour 
entretenir  commerce  entre  elles  j  d'établir  certaines 
conventions  qui  ferviirent  de  lois  réciproques  :  tel- 
les font  les  fulpenlions  d'armes  ,  les  Traités  de  Paix, 
les  Ambadades  ,  &c.  Ainlî  le  Droic  des  gens  eft  éta- 
bli fur  un  ufage  long  &  perpétuel  entre  les  nations. 
Au  relie ,  cette  partie  du  Drok  qui  regarde  toutes 
les  nations,  a  été  la  plus  négligée  ,  <?c  jufqu'à  Gro- 
tius  petfonne  ne  l'avoir  traitée  avec  un  peu  d'éten- 
due. Il  ne  l'a  pas  même  tout-à-fait  épuifée.  f^'oje:( 
Vander-Meulen  fon  Commentateur.  Quelques-uns 
confondent  le  Drok  des  gens  avec  le  Drok  nature/  j 
comme  une  feule  &  même  choie,  parcequ'ils  ont 
l'un  &  l'autre  un  même  principe  ;  c'eft-à-dire  ,   la 
raifon  commune  à  tous  les  hommes. 

Ip"  L'établiifement  des  Etats  j  dit  Burlamaqui, 
introduit  entre  eux  une  efpêce  de  fociété,  fembla- 
ble  à  celle  qu'il  y  a  entre  les  hommes  ;  &  les  mê- 
mes raifons  qui  portent  les  hommes  à. entretenir 
l'union  entre  eux  ,  doivent  aiilli  engager  les  peuples 
ou  leurs  Souverains  à  vivre  en  bonne  intelligence 
les  uns  avec  les  autres. 

§CF  II  eft  donc  nécelTaire  qu'il  y  ait,  entre  les  na- 
tions,  quelque  Loi  qui  ferve  de  règle  au  commerce 
qu'elles  ont  enfemble.  Or  cette  Loi  ne  peut  êtte  que 
ia  Loi  naturelle  elle  même  ,  que  l'on  appelle  alors 
Droit  des  gens  ,  ou  Loi  des  nations.  Ainli  l'on  peut 
divifer,  avec  Hobbes  ;  la  Loi  naturelle  ,  en  Loi  na- 
turelle de  l'homme,  &  Loi  naturelle  des  Etats.  Cette 
dernière  ,  eft  ce  qu'on  appelle  droit  des  gens.  Ainfi , 
ie  droit  naturel  &  le  droit  des  gens ,  ne  font  au 
fonds  qu'une  feule  Se  même  chofe  ,  &  ne  difterent 
que  par  une  dénomination  extérieure. 

%Cj'  Ainlî  ,  le  droit  des  gens ,  proprement  ainfi 
homme  ,  &  confidéré  comme  une  loi  qui  émane  c4u 
Souvierain,  n'eft  autre  choie  que  ce  droit  naturel  lui- 
même,  appliqué  j  non  aux  hommes  envifagés  fim- 
plement  comme  tels  ,  mais  aux  peuples ,  aux  na- 
tions, aux  états,  ou  à  leurs  chefs,  dans  les  relations 
qu'ils  ont  enfemble  ,  &  dans  les  intérêts  qu'ils  ont 
à  ménager  entr'eux.  On  ne  fauroit  douter  de  la  réa- 
lité dececfnvr obligatoire  par  lui-même.  Si  Dieu,par 
le  moyen  de  la  droite  raifon,  impole  aux  particuliers 
certains  devoirs  les  uns  envers  les  autres ,  il  eft  bien 
évident  qu  il  veut  au(fi  que  les  nations  obfervent 
entr'elles  les  mêmes  devoirs.  En  effet ,  les  nations  j 
ou  fociétés  d'hommes ,  font  conlidérées  comme  des 
corps ,  &  on  leur  donne  le  nom  de  perfonnes  mo- 
rales, animées  par  une  feule  volonté  ,  qui  en  règle' 
tous  les  mouvemens.  Le  Souverain  en  eft  le  chef, 
ou  la-  tête  ,  &  les  Sujets  en  font  les  membres 

ÇCJ"  L'état  général  des  nations,  les  uns  à  l'égard 
des  autres ,  eft  un  état  de  fociété  &  de  paix.  Cette 
fociété  J  eft  aulli  une  fociété  d'égalité  &  d'indépen- 
dance ,  qui  établit  entr'elles  une  égalité  de  droit  j 
&  qui  les  engage  à  avoir  les  unes  pour  les  auttes  les 
mêmes  égards ,  les  mêmes  ménagemens.  Le  prin- 
cipe général  du  droit  des  gens ,  n'eft  donc  autre  chofe 
que  la  loi  générale  de  la  fociabllitc  qui  oblige  les 
nations  qui  ont  enlemble  quelque  commerce  ,  à  la 
pratique  des  mêmes  devoirs  auxquels  les  particu- 
liers font  natutellement  affujetis.  F'oyer  POLI- 
TIQUE. 

rj^T  Quelques  Auteurs  reconnoiftent  bien  ,  avec 
Grotius,  que  le  droit  ■  naturel  e(\:  commun  à  toutes 


les  nations;  mais  ils  établi (Tent  aufli  avec  lui  un 
droit  des  gens  pofitif  &  diftincl  du  droit  natare/ , 
comme  on  l'a  iniinué  au  commencement  de  cet  arti- 
cle; &  ils  raoportent  ce  droit  des  gens  à  une  efpèce 
de  droit  Ivmuin  ,  qui  a  acquis  la  force  d'obliger  par 
un  effet  de  ia  volonté  de  tous  les  peuples ,  ou  du- 
moins  de  plulîeurs.  Ils  ajoutent  que  les  maximes  de 
ce  droit  des  gensj  le  prouvent  par  la  pratique  perpé- 


t'iieue  des  peuples ,  &  par  le  témolguage  des  Hif- 
toriens. 

ffT  Mais,  dit  Burlamaqui,  ce  prétendu  drok  des 
gens,  diftinct  du  drok  naturel,  &  qui  a  néanmoins 
par  lui-mcmela  force  d'obliger,  ibit  qu'on  veuille 
ou  qu'on  ne  veuille  pas  s'y  foumettre,  eft  une  fup- 
pofition  deftituée  de  fondement. 

i^  Car;  i'\  Toutes  les  nation?  font,  les  unes  à 
l'égard  des  autres,  dans  une  indépendance,  &  une 
égalité  naturelle.  Si  donc ,  il  y  a  entre  elles  quelque 
loi  commune,  elle  ne  peut  venir  que  de  Dieu,  leur 
commun  Souverain. 

§3"  2°.  Pour  ce  qui  eft  des  ufages  établis  entre 
les  nations  ,  par  un  confenrement  exprès  ou  tacite  , 
ces  ufages  ne  font  point  obligatoires ,  par  eux-mè- 
meS,  ni  univerfellement  &  pour  toujours  ;  car  j  de 
ce  que  certains  peuples  ont  agi  entr'eux  d'une  cer- 
taine manière  en  certains  cas,  il  ne  s'enfuit  pas  qu'ils 
fe  foientimpofé  la  néceffité  d'agir  roujoursde  même 
a  1  avenir,  encore  moins  que  les  autires  peuples 
foient  obligés  de  fe  conformer  à  ces  ufages. 


Ç3"  Il  pourroit  même  arriver  que  ces  ufages  fuf- 
fent^  mauvais  ou  injuftes.  Le  métier  de  Corfaire  a 
palfé  long-temps  pour  légitime  j  par  une  efpèce  de 
confentement  tacite  entre  des  nations  qui  n'étoient 
unis  par  aucun  traité.  Quelques  peuples  fe  permet- 
toient,  dans  la  guerre,  l'ufage  des  armes  empoi- 
fonnées.  Dira-r-on  que  ce  fuffent-là  des  loix  du  droit 
des  gens ,  qui  obligeallent  véritablement  1-es  na- 
tions ?  Ne  doit-on  pas  plutôt  les  regarder  comme 
des  pratiques  barbares  ?  On  ne  peut  donc  fe  difpen- 
fcz  d'en  revenir  Toujours  au  droit  naturel ,  ôc  feul 
vraiment  univetfelj  pour  juger  fi  les  ufages  établis 
entre  les  nations  peuvent  avoir  quelque  effet  obli- 
gatoire. 

C^  Tout  l'effet  qu'on  peut  attribuer  aux  ufages 
reçus,  c'eft  que,  s'il  s'en  introduit  quelques-uns, 
innocens  par  eux-mêmes ,  entre  des  nations  j  cha- 
cune d'elles  eft  raifonnablement  obligée  à  ces  ufa- 
ges, aufti  long-temps  qu'elle  n'a  pas  déclaté  qu'elle 
ne  veut  plus  s'y  conformer  :  mais  cet  effet  eft  bieii 
différent  de  celui  d'une  loi  proprement  dite.  Fov. 
LOI.  -^ 

|t?  On  pourroit ,  pour  concilier  ces  deux  fenti- 
mens  ,  diftinguer  deux  efpèces  de  droit  des  gens  ; 
\\\n  univerfel ,  de  nsceffîté ,  obligatoire  par  lui-mê- 
me ,  qui  ne  diffère  en  rien  du  droit  naturel  ;  qui  eft 
par  conféquent  immuable,  &  dont  les  peuples  ,  ou 
leurs  Souverains ,  ne  fauroient  fe  difpenfer,  même 
d'un  commun  accord ,  fans  manquer  à  leur  devoir  : 
Se  un  autre  j  que  l'on  pourroit  nommer  arbitraire 
Se  de  liberté,  comme  n'étant  fondé  que  fur  quelque 
convenrion  exprelfcj  ou  tacite  ,  dont  l'effet  n'eft  pas 
par  lui-même  univerfel ,  Se  qui  n'oblige  que  ceux 
qui  s'y  font  volontairement  loumis  j  &  feulement 
pour  aulli  long-temps  qu'ils  le  veulent  /  puifqu'il 
dépend  toujours  d'eux  de  le  changer  ,  ou  de  le 
révoquer.  i 

ifT  Les  maximes  du  droit  des  gens  ,  ne  font 
donc  ni  moins  refpedables ,  ni  moins  facrées  que 
celles  des  lois  naturelles ,  puifqu'elles  ont  égale- 
ment Dieu  pour  auteur.  La  règle  de  Jullice  eft  la 
même  pour  tous  les  hommes.  LTn  Souverain  qui 
viole  le  droit  des  gens ,  ne  commet  pas  un  moindre 
ctime  qu'un  particulier  qui  viole  la  loi  naturelle  ; 
&  ,  s'il  y  a  quelque  différence ,  elle  eft  à  la  charge 
des  Princes  dont  les  mauvaifes  actions  ont  tou- 
jours des  fuites  plus  fâcheufes  que  celles  des  Par- 
ticuliers. 
Droit  Civil.  Les  Inftirutes  définiffent  le  Drok  Civil; 
les  lois  qui  font  propres  à  chaque  ville  ,  ou  à  cha- 
que peuple.  Mais  aujourd'hui,  ceft  proprem.nf 
le  Drju  Romain,  comme  dans  les  Inftirutes,  le  Di- 
gefte  6c  le  Code.  Jus  civiU.  On  l'appelle  autrement 
le  Droit  écrit-  LespremierscommencemensditZ)ro/r 
Romain  ont  été  très  médiocres.  Sous  le  règne  des 
Rois,  le  peuple  étoit  gouverné  par  quelc;!ies  lois 
préparées  par  le  Confeil  du  Scnar  ,  Se  conlirméeS 
dans  l'AjTemblée  du  peuple.   Papirius  hit  le  premier 


47-  D  R  O 

qui  ramafla  les  lois  que  les  Rois  aveient  faites  : 
cette  colledion  s'appela  du  nom  de  fon  Auteur  , 
Droit  Papirien  j  Jus  Papirianum.  La  République, 
après  avoir  aboli  la  domination  Royale  ,  retint  les 
lois  Royales.  On  y  joignit  la  loi  des  douze  tables  , 
dreffee  par  les  Décemvirs ,  &  compofée  des  loix  des 
principales  villes  de  la  Grèce,  &  des  lois  les  plus 
équitables  qui   fe  piatiqnoienc  déjà  à   Rome.    La 
loi  des  douze  tables  ctoit  h  dure  ,  &  conçue  en  ter- 
mes fi  obfcuis ,  qu'on  l'adoucit ,  &  qu'on  l'entendit 
dans  la  fuite  par  d'autres  lois ,  propofées  au  Sénat 
par  les  Confuls,  &  autorifces  par  l'Airemblce  géné- 
rale du  peuple  ,  félon  l'ufage  obfervé  fous  les  Rois 
mêmes.  En  751.  de  Rome,  rinit  la  République  ,  & 
tout  le  pouvoir  du  peuple  palîa  à  Augulte  .   qui  fe 
contenta  de  faire  publier  fes  nouvelles  lois  dans 
l'AlTembléedu  peuple,  pour  conferver  quelque  image 
de  la  République  par  cette  formalité.  Tibère  abolit 
ces  AlTemblées .,  fous  prétexte  que  le  grand  nombre 
les  rendoit  trop  difficiles.  Mais  il  propoloit  les  Or- 
donnances au  Sénat,  qui  ne  manquoit  pas  de  les 
confirmir;  enforte  que  les  Lois  de  Tibère,  &  de 
ifes  fuccelfeurs,  qui  gardèrent  les  mêmes  mefures  avec 
le  Sénat,  palfoient  pour  des  Scnatus-confuhes.  Ainfî  , 
il  y  a  deux  efpèces  de  Dro'u  Romain ,  par  rapport 
aux  ditférens  changemens  de  la  pullfance  légiflative. 
Le  Z)/wr  établi  par  le  peuple  [pUtifcita  \  &  les  lois 
des  Empereurs.  Pendant  le  temps  de  la  République. 
&  mêmes  fous  les  Empereurs  j  il  y  avoir  des  Jurif- 
confultes ,  qui,  faifant  une  profemon  publique  de 
l'étude  du -D/o/r,  interprétoient  les  lois,  è^:  répon- 
doient  à  t»utes  les  conlultations  qu'on  leur  taifoit 
fur  les  divers  fens  des  lois.  Papirius  fut  le  premier 
après  l'expulfion  des  Rois  ,  &  Modeftinus  a  été  le 
dernier.  Alors,  c'eft- à-dire ,  en  240,  les  oracles  de 
la  Jurifprudence  Romaina  celTèrent  de  parler.  C'eft 
des  écrits  de  ces  Jurifconfultes  ,  qui   compofoient 
2000  volumes,  que  Jullinien  a  fait  compiler  le  corps 
du  Droit  Romain.  Les  Magiftrats  de  leur  côté  ,  en 
rendant  la  Juftice  ,  interprétoient  les  lois  avec  plus 
de  liberté  que  les  Jurifconfultes.  Ils  étoient  comme 
la  voix  vivante  de  la  loi.  Les  Empereurs  ,  pour  ren- 
dre l'interprétation  des  Magiftrats  moins  libre  & 
moins  fréquente  ,  ordonnèrent  qu'on  les  conlultât 
eux-mêmes,  &  qu'on  attendît  leurs  rcponfes  lur  les 
questions  de  Droit.    Cell  ce  qu'on  peut  remarquer 
par  les  Epîtres  de  Pline  à  Trajan.    Ils  préiendoient 
que  l'interprétation  des  lois  n'appatient  qu'à  celui 
qui  a  le  droit  de  faire  des  lois.  A  mefure  qu'on  fai- 
foit  des  nouvelles  lois  à  Rome,  travailloit  à  les  ra- 
malfer ,  &  à  les  réduire  en  corps.    Papirius ,  du 
temps  de  Tarquin  le  Superbe ,  fit  un  recueil  des  lois 
Royales.  A  peine  la  République  fut-  elle  établie  , 
que  les  Décemvirs  furent  commis  pour  rédiger  les 
lois ,  qui  furent  comprifent  en  douze  tables.    Du 
temps 'de  Jules  -  Céfar ,  un  Jurifconfulte,  nommé 
Ofilius  ,  commença  une  compilation  des  Edits  du 
Préteur  ,  qui  ne  fut  achevée  par  Julipus  ,  aurre  Ju 
rifconfulte ,  que  fous  l'Empire  d'Adrien.  Pendant  le 
règne  du  Grand  Conftantin,  ou  de  fes  enfans,  deux 
Jurifconfultes  compilèrent  deux  Codes,  qui  turent 
appelés  du  nom  de  leurs  Auteurs;  l'un  le  Code  Gré- 
gorien ,  &  l'autre  ,  le  Code  Hermogénien.  Théodofe 
le  Jeune  entreprit  un  pareil  delfein  ,  fit  compiler  les 
Conftirutionsdes  Empereurs  Chrétiens,depuis  Conf- 
tant:a  jufqu'à  fon  temps ,  &  publia  le  Code  Théo- 
dq/îenen  458.  Alaric  ,  Roi  des  Vifigoths  en  506.  fe 
fervit  de  ces  trois  Codes  ,   &  principalement  du 
Tliéodolien,  &  en  forma  une  nouvelle  compilation 
fous  le  même  titre  de  Code  Théodofien.  Ce  Code 
d'Alarîc  fut  long-temps  en  ufage ,  &  fit  le  Droit 
Romain  <\m  s  o\iÇtvvo\z  en  France.  Enfin,  Juftînien 
voyant  l'aurorité  du  Droit  Romain  prefqu'abolie  en 
Occident,  depuis  la  chute  de  l'Empire,  réfolut  de 
faire  une  compilation  générale ,  qui  renfermât  toute 
la  Jurifprudence  Romaine.  Il  en  commit  le  foin  à 
Tribonien,  fonChancellier.  Tribonien  exécuta  cette 
commiffion  avec  beaucoup  de  diligence.  Le  nouveau 
Code  fut  achevé  en   5  2,9.  Le  Digefte  fut  publié  en 


D  RO 

533,  &,  la  même  année,  il  en  fit  faire  un  abrégé  qui 
contient  les  premiers  principes,  &  les  premiers  éié- 
menSj  fous  le  titre  d'iifiituces.  Juftinien  ,  durant  le 
cours  de  fon  règne,  fit  168  Conftitutions  ,  &  ij 
Edits,  qui  changèrent  beaucoup  l'ancien  Droit  :  on 
les  appela  Noveiles.  Tout  cela  enfemble  compofe 
le  corps  du  Droit  C^v7/,  gieedigé  par  les  ordres  de 
Julbnicn.  Pendant  jooatist,  il  fut  obfervé  fans  au- 
cune innovation  ;  mais  les  Conftitution  des  Empe- 
reurs ayant  apporté  quelque  changement  j  l'Empe- 
reur Baille,  &  Léon  le  l'hilofophe ,  fon  fils,  com- 
polèrent  un  nouveau  corps  de  Juriiprudence  Ro- 
maine, tiré  des  livres  même  de  Jullinien,  traduits 
en  langue  Grecque  ,  &  le  divilèrent  en  7  volumes , 
£5i  en  60  livres ,  fous  le  nom  de  BaJJiques.  Depuis 
ce  temps-là  ,  les  livres  de  Julhnien  eurent  peu  de 
crédit  dans  l'Orient ,  &  les  feuls  livres  des  BjJ.Il- 
ques  furent  en  ufage. 

Dans  l'Occident,  le  Droit  Civil  eut  une  autre  for- 
tune. On  croit  communément  qu'il  n'y  rut  connu 
que  600  ans  après ,  &  iorfque  Lothaire  IL  ayant 
trouvé  ce  livre  à  la  prife  de  Melphe  dansJe  Royau- 
me de  Naples  ,  le  donna  à  la  ville  de  Pife.  Cepen- 
dant on  le  trouve  cité  en  quelques  ouvrages  long- 
temps avant  Lothaire  II.  Mais  il  eft  vrai  qu'il  ne  lut 
enleigné  publiquement  qu'au  XII'  liècle.  Les  dif- 
ciples  d  Irnérius ,  le  reftauratenr  du  Droit  liomain, 
qui  avoit  commencé  à  l'expliquer  à  Boulogne  en 
1118  ,  l'apportèrent  en  France,  il  y  a  encore  plu- 
fieurs  Provinces  qui  fe  gouvernent  par  le  Droit 
écrit",  le  Lyonnois,  le  Languedoc  ,  la  Guyenne  , 
&c.  Dans  les  autres  Provinces  le  Droit  Civil  peut 
être  cité  comme  une  raifon  j  &  non  pas  comme 
une  autorité.  L'étabiiiîement  du  Droit  Civil  dans  la 
Guyenne  &.  le  Languedoc  vient  de  ce  que  les  Vifi- 
goths, occupant  la  Gaule  Narbonnoife  &  l'Aqui- 
taine ,  Alaric  II.  ordonna  que  le  Code  Théodofien, 
réformé  par  Anien  ,  l'un  de  fes  principaux  Con- 
feillers ,  fût  obfervé  dans  tous  les  pays  de  fon  obéif- 
fance.  Les  Goths  feulement  obfervoienr  les  loix 
Gothiques.  On  en  ufa  de  même  dans  le  refte  des 
Gaules  a  l'égard  des  anciens  habitans,à  qui  l'on  per- 
mit de  fe  régler  par  le  Droit  Civil ,  c'efr-à-dire  ,  le 
Code  Théodofien.  Car  le  corps  du  Droit  Civil ,  tel 
qu'il  eft  aujourd'hui  ,  ne  fut  renouvelle  que  dans  le 
XII^  fiècle  ,  &  Irnérius  eft  le  premier  qui  l'ait  pro- 
feifc  publiquement.  Depuis  ,  il  a  été  enfcigné  dans 
toutes  les  Univerfités.  Il  eft  certain  aulfi  que  {^Droit 
Romain  renferme  rous  les  principes  de  1  équité  na- 
turelle ,  &  qu'il  n'y  a  rien  de  plus  propre  à  former 
le  bon  fens  ,  &  à  fortifier  le  jugement.  C'eft  pour- 
quoi ,  bien  qu'en  diverfes  Provinces  il  n'ait  d'autre 
autorité  que  celle  que  la  juftice  &  l'équité  ont  fur  la 
raifon  ,  on  l'enfeigne  pourtant  unaniment  dans  tou- 
tes les  Univerfités.  On  ne  peut  être  reçu  Docteur  en 
Droi^  Civi/ qu'après  avoir  étudié  fept  ans  dans  cette 
faculté. 
Droit  Canon  ,  ou  Droit  Canonique.  C'eft  la  Ju- 
rifprudence Eccléfiaftique.  Elle  eft  compofée  des 
Canons  des  Conciles  ,  des  Décrets  des  Papes  &C  des 
Maximes  des  Pères.  Jus  Canonicum  ,  Pontificium  , 
Z'.cc/</?i{/?/V«OT.  Le  premier  recueil  du  Droit  Ecclé- 
Jijjîique  éx.o\x.  uniquement  compofé  des  Canons  des 
deux  premiers  Conciles  généraux  de  Nicée  &  de 
Conftantinople  ,  des  cinq  Conciles  particuliers 
d'Ancyre  ,  de  Néocéfirée,  de  Gangre,  d'Antioche 
&  de  Laodicée.  Quelques-uns  même  conteftent 
que  celui  de  Conftantinople  y  fût  compris.  Quoi 
qu'il  en  foit ,  cette  coUedion  des  Canons  de  l'E- 
glife  Grecque  fut  traduite  en  Latin  ,  &  demeura  en 
vigueur  dans  l'Eglife  d'Occident  jufqu'au  temps  de 
Cln^rlemagne.  Denis  le  Petit  eft  le  premier  qui  ait 
inféré  ,  dans  le  Corps  des  Canons  des  Conciles,  les 
décrets  des  Papes  .depuis  Sirice  jufqu'à  Anaftafe.  Il 
y  joignit  50  Canons  des  Apôtres  ,  qu'il  traduifit 
en  Latin.  Cette  Colledion  fut  préfenté  à  Charle- 
magne  par  le  Pape  Adrien  ,  &  reçue  en  France  ,  où 
elle  prévalut  fur  la  première.  Enfuite  ,  &  dans  le 
X^  fiécle,  Burchard ,  Evêque  de  Wormes  ,  a  été 

le 


D  R  O 

le  premier  qui  aie  joinr,  aux  Canons  des  Conciles  &c  J 
aux  Décrets  des   Papes  ,    les  fentimensdes  Pèies.  ^ 
Yves,  Evcque  de  Chartres,  publia  une  nouvelle' 
CoUedion  tort  amplihée ,  &  groiîie   l'ur-tout  de 
diverles  dccUions  pilier  du  Droà  Cjvv/  de   Julh-, 
nien.  Il  voulut  imiter  Photius  ,  qui  avoir  fait  un 
Corps  de  UroU  Civil  &  de  Droit  Jzcclcjîaftique  tout 
enfemble.  Le  Moine  Grarien  furpalFa  tous  les  au- 
tres ,  &  ramairant  tout  ce  qu'ils  avoient  hiir  ,  il  en 
compofa  le  Décret,  ou  la   Concordance  des  Canons 
difcordans  ,  qu'il  publia  en  1 1 5  5.  Grégoire  IX.  fit 
une  coUedtion  de -Oecr c-fa/fj-    en  iijoj  &  c'ell  la 
deuxième  partie  du  Droit  Canonique  :  enfuite  Bo- 
niiace  Vill.  imitant  Grégoire  IX.  publia  en   1297. 
une  nouvelle  collecl:ion  des  Décrétâtes  d'Innocent 
IV.  &  de  plulieurs  conlHtutions.  Cette  CoUcftion 
eft  intitulée  le  >i'e.vrt;,  oafextus  //T-er.  Clément  V. 
qui  {"uccéda  à  Boniface  VIII.  ht  aulîi  une  nouvelle 
compilation  ,  compofée  des  Canons  du  Concile  de 
Vienne  ,  &  de  fes  propres  conllitutions  ;  mais  il  ne  [ 
la  publia  point.  Jean  XXII.  la  publia  pour  lui  en 
1317.  ious  le  titre  de  Clémentines.  Jean   XXII.  y 
ajouta  d'autres  conftitutions  de  lui-même  ,  qu'on 
appelle  Extravagantes  de  Jean  XXII.  On  y  a  depuis 
ajouté  d'autres  conftitutions,  ou  Extravagantes  du 
même  Pape  Jean  XXII.  &  de  quelques-uns  de  fes 
fuccelfeurs.  Ainli  ces  troisVolumesou  CoHedtionSj 
c'eft-à-dire  ,  le  Décret  de    Gratien  ,  les  Dccrétales 
&C  le  Sexte  ,  compofent  le  Droit  Canonique  ,  lequel 
aujourd'hui  tient  lieu  de  loi  dans  le  for  contentieux. 
Voyez  chaque  mot  en  l'on  ordre.  Pour  les  Canons 
des  Apôtres ,  comme  ils  font  apocryphes  ,  ou  du 
moins  très-fufpeds ,  ils  ne  font  aucune  partie  du 
Droit  Eccléfiailique.  En  France  ,  on  fuit  pour  le 
Droit  Canonique  les  anciens  décrets  ,  ou  canons  , 
l'ufage  reçu  par  tradition  des  Apôtres  &  des  Saints 
Pères ,  les  réglemens  des  Rois  de  la  troilième  race, 
comme  la   Pragmatique  Sanction    fous  les  limita- 
tions du  Concordat.  Les  nouveaux  décrets  ou  ré- 
glemens ne  font  point  reçus  j   à  mains  qu'après 
avoir  été  examinés  par  ceux  que   le  Roi  commet 
pour  cela,  ils  n'aient  été  regiihés  aux  Parlemens  : 
&  cet  ufage  eft  ce  qu'on  appelle  les  libertis  de  l'E- 
glife  Gallicane.  Voyez  Canons. 
Droit  François.  Jus  Gallicum.  Avant  la  conquête 
des  Gaules,  les  Gaulois  fe  gouvernoient   par   un 
Droit  Coutumier ,  dont  la  connoilfance  étoit  renfer- 
mée dans  le  Collège  des  Druides.  On  en  trouve 
feulement  quelques  articles  dans  Céfar  ,  Strabon 
&  Ammien  Marccllin.   Après  qu'ils  eurent  été  fub- 
jugués  par  Céfar ,  ils  fe  fournirent  au  Droit  Ro- 
main _,  qui  fut  obfervé  dans  les  Gaules  pendanr  près 
de  50«  ans.  Dans  le  temps  de  la  Décadence  de  l'Em- 
pire ,  les  Vilîgoths  ,  les  Bourguignons  &  les  Fran- 
çois envahirent  les  Gaules  ,    &  tormèrent  divers 
Royaumes.  Les  Vifigoths  ,  à  qui  l'Empereur  Ho- 
norius  céda  la  Gaule  Narbonnoife  ,  fe  gouverné-  , 
rent  par  leurs  propres  loix  ,  qu'ils   appeloient  !oix 
Gothiques  ,  fans  abolir  le  Droit  Romain  ,   que  les 
anciens  Gaulois  gardoient  inviolablement.  Le  Droit 
Romain,  obfervé  par  les  anciens  habitansdes  Gau- 
les ^  n'ctoit  autre  chofe  que   le  Code  Théodofien. 
Gondebaud ,  Roi  des  Bourguignons  ,  publia  aufti 
une  loi  appelée  Gombette  ,  qui  fubdfta  même  long- 
temps après  la  tuine  du   Royaume  de  Bourgogne. 
Pour  les  François  ,  ils  avoient  la  loi  Salique  ,  dont 
on  ne  connoît  ni  l'Auteur  ,  ni  l'origine.  Le  P.  Da- 
niel l'attribue  à  Clovis.  Elle  fut  fouvent  augmentée, 
&  retranchée  fous  la    première  &  la  féconde  race 
des  Rois  de  France.  Charlemagne  ,  entr'autres  ,  y 
ajouta   beaucoup   d'articles.    Les    Capitulaires   de 
Charlemagne  ,  de  Louis  le  Débonnaire  &  de  Char- 
les le  Chauve,  fuccédèrent  à  la  loi  Salique.    Les 
Rois  avoient   accoutumé  d'alTembler  les  Etats  du 
Royaume  ;  &  là  on  dreftbit  des  Réglemens ,  foit 
pour  la  difcipline  Eccléfiaftique  ,  foit  pour  les  afïlii- 
res  civiles  ou  politiciues.  Le  P.  Sirmond ,  fur  les 
Capitulaires  de  Charles  le  Chauve  ,  explique  aftez 
curieufement  la  forme  de  ces  alTemblées.  Les  Ic^is 
Tome  m. 


D  R  o  47J 

de  Charlemagne,  &  de  {ts  fuccefleurs  ,  furent  af- 
fez  long-temps  dilperfées  fans  aucun  ordre.  On  era 
fu  divti fes  CoUedtions,  qui  ont  été  publiées  paf 
P.  Puhou.Par  la  loiblelfe  des  Rois  de  la  féconde 
Race,  les  Ducs  (Se  les  Comtes  ,  ayant  ufurpé  les 
Provinces  &  les  villes  dont  ils  avoient  le  gouver- 
nement ,  établirenr  des  lois  &  des  coutumes  parti- 
culières dans  l'étendue  de  leur  temtoire.  Par  ce 
changement,  &  par  ces  défordres,  le  Droit  1  ran- 
çois  ,  contenu  dans  la  loi  Saliqus  &  les  Capitulai- 
res ,  fur  aboli ,  &  fît  place  au  Droit  Coutumier.  Ain- 
fi  la  France  eft  partagée  entre  le  Droit  Romain , 
qui  règne  dans  les  Provinces  méridionales  ,  &  le 
Droit  Coutumier.  Les  Ordonnances  des  Rois  font 
aufti  une  parrie  de  la  Juriiprudence.  En  1680.  le 
Roi  a  créé  à  Paris,  &  dans  les  aunes  Univerfités  du 
Royaume,  un  Pfofelleur  en  Droit  François.  Au- 
jourd  hui  le  Droit  trançois  eft  compolé  des  Or- 
donnances du  Royaume  ,  des  Oidonn.inces  des 
Rois  Se  des  Coutumes  particulières  dts  Provinces. 
Voyez  fur  toute  cette  matière  du  Droit ,  &:  fur  les 
parties  qu'elle  embralle  ,  Rolinusdans  les  Antiqui- 
tés Romaines  ,  Wanuce  iur  les  Loix  des  Romains, 
Auguftin  de  Ta^ragone  ,  Dernier  ,  De  Launay ,  &'c. 

03°  Droit  ,  hgnihe  aufti  loiécrite  ou  non  écrite.  C'eft 
dans  ce  fens  qu'on  dit  :  Droit  divin  ,  droit  humain, 
pohtif  j  commun.  Droit  natutel  ,  droit  des  gens. 
Droit  écïiï ,  t/ro/'r  couruimer  ,  die.  dont  nous  avons 
parlé. 

|iCF  On  appelle  droit  étroit ,  la  rigueur  du  droit  j 
&  l'on  dit  qu'une  choie  eft  de  droit  étroit,  pour  di- 
re qu'il  laut  l'oblerver  à  la  rigueur, 

1)3°  Droit  Commun.  Jus  commune.  C'eft  le  droit-  or- 
dinaire, &  fondé  furies  maximes  générales j  op- 
pofé  aux  pi  iviléges  qui  en  font  des  exceptions. 

ÇCr  Droit  de  la  Guerrf.  Lois  qu'on  doit  obfervec 
dans  la  guerre  pour  la  rendre  jufte.  Jus  belli. 

^fr  Droit  Public  ,  en  Allemagne  j  eft  compofé  des 
lois  générales  qui  regardent  la  conftitution  ,  le  bien 
des  Etats  ,  particuhèrement  de  l'Empire  d'Alle- 
magne. 

Droit  Écrit  ,  eft  le  Droit  Romain  qui  s'obferve  en- 
core dans  plufieurs  Provinces  du  Royaume,  &  qu'on 
appelle  pour  cela  pays  de  Droitécrit.  LeDauphiné , 
la  Provence  ,  le  Languedoc  ,  la  Guyenne  ,  le  Lyon- 
nois ,  font  des  pays  de  Droit  cent. 

Droit  Coutumier  ,  eft  celui  de  plufieurs  Provinces 
qui  ont  confervé  leurs  Coutumes  particulières  ,  lef- 
quelles  ont  été  rédigées  par  écrit,  &  réformées  de 
temps  en  temps.  Jus  moribus  conftiiutum.  Paris ,  la 
Normandie  &  la  Bretagne  j  font  des  pays  de  Droit 
Coutumier.  /^oyeç  Coutume. 

^fT  Droit  ,  fignifie  auflî  Jurifprudence.  On  dit  en 
ce  féns  étudier  en  i/ro/r.  Apprendre,  favoir,  enfei- 
gner  le  droit.  Doéleur  en  droit ,  &c.  T^oye^-  ces 
mots. 

Droit  ,  fignifie  encore  ,  Autorité  j  pouvoir.  Jus  ,  au- 
cloritas  ,  impeiium ,  potcjlas.  Les  Anciens  avoient 
droites  vie  &c  de  mort  iut  leurs  efclaves.  Ufer  des 
droits  de  la  vidoire.  Voit.  Nous  ne  connoillbus 
pas  toute  l'étendue  des  droits  fouverains  de  Dieu. 
S.  EvR. 

Droits  Domaniaux.  Droits  qui  concernent  les  Do- 
maines. 

Droits  Royaux  ,  font  des  droits  que  le  Roi  poUcde 
comme  Roi  :  ces  droits  ,  quand  ils  font  anciens, 
s'appellent  droits  delà  Couronne:\es  nouveaux  s'ap- 
pellent ^roirj  Royaux.  Le  pouvoir  de  faire  des  lois  , 
de  les  abroger,  de  les  cafierjcft  un  des  droits  Hfiy aux. 
Il  y  a  des  droits  Royaux  honorifiques  ,  il  y  en  a  d'u- 
tiles. 

Droits  Seigneuriaux  &:  Féodaux  ,  font  les  droits 
qui. appartiennent  aux  Seigneurs  à  caufe  de  leurs 
fiefs ,  ou  de  leurs  juftices  :  tels  font  le  quinr ,  le  re- 
quint ,  les  lods  &  ventes  ,  le  relief,  la  foi  Se  hom- 
mage ,  &c. 

Droits  Honorifiques  ,  font  les  honneurs ,  les  préé- 

1     minences  qui  appartiennent  aux  Seigneuis  >  aux 

O  00 


474  DRO 

Patrons  ,  aux  Fondateurs  &  Dotareurs  des  Egli- 
fes. 
Droits  utiles  ,  font  des  revenus  j ou  des  chofes  équi- 
valentes ,  que  l'on  doit  pour  certaines  chofes  aux 
Seigneurs. 
Droits   Litigieux  ,  font  des  droits  conteftés ,  qu'on 
difpuce  à  celui  qui  prétend  les  avoir  ,  &  dont  il  n'elt 
pas  pailible  polfeireur. 
Droit,  lignifie  aullî  puilTance  j  privilège  qu'on  a  de 
donner,  ou  de  faire  quelque  chofe.  jus ,  pucejlas. 
Le  Pape  a  conféré  de  plein  droit  ce  Bénéhce  ,  qui 
lui  eft  dévolu.  Pleno  jure.  Un  Prélat  n'a  pas  drott 
de  faire  les  Ordres  hors  de  fon  Diocèfe  fans  pet- 
miflion. 
Droit  d'annexé  ,  eft  un  privilège  dont  le  Parlement 
d  Aix  jouit  feul  en  France  :  c'eft  le  droit  <\\\n  ce  Par- 
lement fur  les  brefs,  les  difpenfes,  les  bulles  d'In- 
dulgences, de  Jubilés,  &   autres  femblables   ref- 
crits  qui  viennent  de  la  Cour  de  Rome  ,  ou  de  la 
Légation  d'Avignon.  Louis  de  Fourbin  ,   Doyen  & 
Confeiller  Garde  des  Sceaux  du  Parlement  d'Aix  , 
Ambalfadeur  à  Rome  ,  des  Rois  Louis  XIL  &:  Fran- 
çois I.  obtint  ce  privilège  du  Concile  de  Latran,au 
quel  préfidoit  Léon  X.  en  1 5 1 5.   <■ 
Droit  DE  Régale,  eft  le  û'ri^i;  qu'a  le  Roi  de  pour 
voir  aux  Bénéfices,  &  de  jouir  du  temporel  ou  des 
fruits  ,  le   (iège  Epifcopal  vacant.   Jus  regium  alicu- 
jus  tcdejï.t  bénéficia  conferendi  àjruclus  perapiendi , 
mortuo  ejufdem  Epifcopo. 
Droit  ,    fignifie   aufti  j  Aftion  qu'un  homme  peut 
pourfuiv^re  en  juftice  :  aptitude  ,  capacité  ^  pour  de- 
mander un  bien  qui  lui  appartient.  Jus.  Chacun  eft 
reçu  à  pourfuivre  fes  droits  en  Juftice.  Un  ceilion- 
naire  de  :/roir  litigieux.  Une  fille  majeure  j  ufante 
&  jouilfante  de  fes  (/rjir^.  Je  fuis  en  ^roi/,   en  pof- 
fellion  de  palfer  fur  cette  terre.  Il  a  époufé  cette  fille 
avec  fes  droits.  Il  eft  fubrogé  en  tous  fes  droits  . 
noms ,  raifons  ,  aétions.  Il  exerce  les  droits  de  fon 
débiteur  ,  il  les  pourfuit  au  lieu   de  lui.  Il  a  été 
pourvu  de  cette  charge  avec  tous  fes  droits  ,  profits 
&c  émolumens. 

Un  droit  de  banalité  ,  de  preftoir ,  de  four  ,  de 
moulin.  \Jn  c/rair  d'aubaine  ,  de  déshérence  ,  d'hy- 
pothèque J  &c. 
Droit  ,  fignifie  aufti  ,  Jufte  raifon  ,  titre  dont  on  en 
revêtu  pour  poftéder  quelque  chofe  juftement ,  ou 
pour  y  prétendre  légitimenienr,  fou  en  vertu  de  L^ 
loi ,  fou  par  une  convention  particulière.  Il  y  a 
plufieurs  prétendans  afroir  à  ce  Bénéfice,  l'un  comme 
kélignaiaire  ,  l'autre  comme  Indaltaire.  Il  a  accu- 
iTiulé  droits  fur  droits.  Il  a  dit  cela  par  iurabondance 
de  c/rair.  Cela  lui  appartient  de  û^roir.  Il  ^  \q  droi: 
d'ancienneté  ,  &c. 

fC/'Dans  cette  acception,  c'eft  une ptétention 
fondée  fur  quelque  titre  ;  ce  qui  appartient  à  quel- 
qu  un  en  ve;tu  d'un  titre  légitime. 

fCT  Dans  ce  cas ,  on  du  avoir  droit  à  quelque 
chofe,  &  non  pas  pour  quelque  chofe,  comme  a 
fait  Comeilli-  dans  Héraclius. 

Lui  qui  n  a  pour  l'Empire  i^arre  droit  que  fes  crimes. 

Ceft  un  folécifme.  Il  falloir  : 

Lui  qui  n'eut  â  l'Empire  autre  droit  que  fes  crimes. 

Droit,  fignifie  auflî.  Redevance.  Les  c^roiM  de  cens  , 
de  furcens,  dîmes  ,  champarts,  de  lods  &  ventes  , 
de  rachat  ,  &c.  font  cf/oiw  feigneuriaux.  Le  Seigneur 
faifit  le  fief  J  faute  de  droits  &  devoirs  non  faits  & 
non  payés. 

Dii-oiT,  fe  dit  au'iïïde  toutes  fortes  d'impofitions  éta- 
blies pour  fv.)Utenir  les  charges  de  l'Etat.  Fecligal, 
tributum.  On  a  établi  un  droit  fur  le  vin  ,  fur  le  bois, 
fur  telle  marchandiîe.  L'ancien  &  le  nouveau  droit 
du  pied  fourclié.  Il  ne  faut  pas  frauder  les  droits  du 
Roi. 

Droit  Annuel.  Eft  un  certain  droit  (\\\t  quelques  Of- 
ficrers  paient  au  Roi  pour  confervec  leurs  offices  à 


DRO 

leur  f  ucceflion.  Il  y  a  aufli  un  droit  annuel  des  Vcn- 
dans-vin.  Voye-^  lur  ce  droit  annuel  Iss  Ordonnances 
de  16S0  ,  Art.  11.  &  1685. 
Droit  de  nouvel  aveu  ,  eft  le  pouvoir  qu'un  Sei- 
gneur a  de  recevoir  le  ferment  de  fidélité  des  aubains 
qui  viennent  demeurer  dans  fa  terre,&de  les  acqué- 
rir parce  moyen. 
Droit   de  Banage  j  ou  Barage  ,  eft  un  droit  qui 
le  lève  en  quelques  endroirs  de  Provence  fur  les 
hommes   &   fur  les  bètes  chargées  ,    ou  déchar- 
gées. 
Droit  de  Boite,  en  fait  de  marchandifes  :  C'eft  un 
droit  qui  le  lève  fur  la  rivière  de  Loire  pour  l'entre- 
tien du  commerce  &  navigation  qui  ie  font  fur  cette 
rivière. 
Droit  de  Carnalage.  Certain  droit  qui  fe  lève  en 
chair  en  quelques  endroits  ,    comme  de  prendre 
routes  les  langues  des  bœuts  que  l'on  tue. 
Droit   de  Chevrotage.   Droit  que  quelques  Sei- 
gneurs lèvent  fur  ceux  de  leurs  fujetsqui  nourriiïent 
des  chèvres. 
Droit  de  Congrier.  f^oye^  Congrier  dans  le  Dic- 

rionnaire. 
Droit  de  Congé  ,  parlant  des  Aydes.  C'eft  ce  qui  eft 
dû  aux  Commis  d'^s  Aydes  j  pour  la  permiftion 
qu'ils  accordent  d'enlever  ou  remuer  du  vin  d'un 
lieu  à  un  autre.  Il  y  a  un  autre  droit  de  Congé,  qui  fe 
paie  aux  Officiers  de  l'Amirauté  par  les  Capitaines 
&  Maîtres  des  'Vailfeaux  marchands  ,  pour  obtenir 
la  permiftion  de  mettre  à  la  mer. 
Droit  DE  Consul  AT.  C'eft  h  droit  que  les  Marchands 
des  di verfes  nations ,  (  chacune  à  l'égard  de  fon  Con- 
ful  J  )  8c  tout  homme  qui  commerce  ,  foit  dans  le 
Levant,  foirdans  les  l^rts  de  la  Médirerranée  & 
Barbarie ,  paient  aux  Confuls  que  ces  Nations  y 
entretiennent^  lequel  droit  leur  eft  accordé  pour  les 
peines  que  ces  Officiers  fe  donnent  en  les  protégeant 
dans   leur  négoce   auprès  des  Puiftances  dans  les 
Etats  defquelles  ils  font  établis. 
Droit  de  Corvées.  Droit  qnï  eft  dû  par  les  Bouchers 
de  Ville-Franche.  Il  confifte  dans  les  inteftins  ,  en 
tout ,  ou  en  partie  ,  des  bêtes  à  manger  qu'on  tue  j 
comme  le  cœur  ,  le  poumon  ,  le  foie  ,  &c. 
Droit  de  Coutume  ,  fe  dit  fur  les  cotes  d'Afrique,  où 
les  Européens  font  commerce  ,  de  ce  qu'on  paie  en 
mnrchandifes  aux  petits  Rois  de  la  côte ,  pour  avoir 
permiftion  de  faire  la  Traite. 
Droit  DE  nouveaux  acquêts  j  celui  qui  eft  dû  au 
Roi  par  les  Gens  de  main-morte  qui  pollcdent  des 
biens  fans  être  amortis. 
Droiedemarc  d'Argent.  Z^ro/V  dû  au  Roi  par  les 
Notaires  en  pays  de  Droit  écrit  ,  pour  fon  joyeux 
avènement  à  la  Couronne. 
Droit  de  MARCAicE.£)roirdû  au  Roi  fur  lespanniers 

de  poiilon  qui  fe  vendent  à  la  halle. 
Droit  DE  PAix.Z)raif  qui  eft  dû  en  certains  lieux  pour 
la  Paix.  C'eft  une  hémine  de  vin  qui  fe  paie  tous  les 
ans  par  chaque  chef  defrmille. 
Droit  de  Présence.  Ce  terme  eft  fort  ufité  dans  les 
Compagnies,  &  fe.dit  d'une  certaine  fomme  fixe 
qu'on  paie  aux  inréreftés  qui  font  prélens  au  bureau 
les  jours  d'alfemblée.  Il  y  a  des  Compagnies  qui 
paient  ce  droit  en  argent  comptant ,   Se  d'autres  qui 
donnent  des  jetons  d'argent  ,  la  part  des  abfens  ac- 
croiftant  à  celle  des  préfens. 
Droits   de  Rivière.  Droits  d'Aydes  qui  fe  lèvent 
fur  chaque    muid    de    vin    qui    defccnd    ou   qui 
monte  par  la  rivière  de  Seine  ,  Yonne  ,  Marne  Se 
autres  rivières  y  aftluentes  ,  depuis  leur  fource  jul- 
qu'à  Rouen. 
Droit  de  Sixième,  de  Douzième,  DiCENTiÈivrE  ,&:c. 
Ce  font  certains  droits  _,  par    exemple ,  de  fix  de- 
niers ,   ou  de  douze ,  &c.  qui  fe  paient  aux  Sei- 
gneurs. 
Droit  i^'Ancrage.  Ce  droit  appartient  en  France  aiv 
Grand  Amiral,  &  fe  lève  fur  rous  les  vaifteaux  Fran- 
çois &  étrangers  qui  entrenr  dans    les  Porrs  du 
Royaume,  dont  ne  font  exempts  que  ceux  qui  ap- 


D  RO 

partiennenc  aux  habicans  des  lieux    où  ils  abor- 
dent. 

Droit  de  Rapport.  C'eft  le  droit  que  l'on  paie  aux 
Oihciers  de  i'Ami:auté  ,  pour  la  délivrance  qu'ils 
font  aux  Capitaines  &  Maîtres  des  navires  des  ex- 
péditions des  rapports,  que  ceux-ci  lerou:  tenus  de 
taiie  devant  eux  j  lorfqu'ils  airivent  de  leurs  cours 
&  voyages. 

Droit  x)E  Tonnage  et  Pondage.  C'eft  un  droit  que 
paient  en  Augleceire  les  vailFeaux  xMarchands,  à  l'en- 
trée ou  à  la  fortiedu  Royauaie. 

Droit  de  Visite,  ou  de  Visitation.  C'eft  le ^//o/rqui 
eft  du  aux  iMaîtres  ci  Gardes  des  lix  Corps  des  Mar- 
chands de  Paris ,  &;  aux  Jurés  des  Communautés  des 
Arts  '^ic  Métiers  ,  lorfqu'ils  vont  en  vifite. 

Droit, lignifie  aullî.  Salaire  qu'on  taxe  ,  ou  qui  eft 
accordé  à  quelqu'un  pour  les  peines  i<.  vacations. 
Mcrces  ,  pretium.  Le  droit  du  Gretie  ,  du  Contrôle , 
de  la  fignature  d'un  Arrêt.  Droit  de  confultation ,  de 
révilîon  dû  aux  Procureurs.  On  appelle  droit  d'avis^ 
la  paraguante  qu'on  eft  obligé  de  donner  à  celui  qui 
a  donné  l'avis  d'une  affaire  avantageufe.  C'eft  aulli 
le  falaire  qu'on  a  coutume  de  donner  aux  dénoncia- 
teurs ,  pour  les  failles  qu'ils  font  faire  des  inarchan- 
diles  ,  ou  de  contrebande,  ou  palFées  en  fraude.  Il 
est  ordinairement  du  tiers  de  la  marchandife  dé- 
noncée ,  lorfque  la  confifcation  a  lieu. 

Droit  ,  lignifie  aulli  un  privilège  accordé  par  le  Roi, 
ou  par  la  loi ,  qui  donne  prérogative  à  quelqu'un 
pour  l'excepter  du  droit  commun,  de  la  règle  géné- 
rale. Privuegium.  Droit  de  committimus.  Droit  de 
franc-falé.  Jus  falarii  immunis.  Droit  d'entrer  aux 
Etats.  Jus  hatenii  locum  in  comitiis.  Droit  de  bour- 
geoilie.  Jus  civitatis.  Droit  à  aîneiTe. 

En  termes  de  pratique  ,  on  dit  Efter  à  droit,  pour 
dire,  Comparoitre  en  jugement  pour  y  être  inter- 
rogé. Sijli  coràm  judice  ^  in  judicio.  Appointement 
en  droit ,  c'eft  un  règlement  qu'on  donne  aux  parties 
pour  écrire  &  produire  fur  quelque  queftion  de 
Droit ,  ou  en  première  inftance-  Controvcrjî  juris 
formula.  Appointement  à  ouir  droit  j  eft  le  règle- 
ment qu'on  donne  en  matière  criminelle  après  la 
confrontation  ,  pour  ouir  le  jugement.  Syngrapha 
judiciaiis  litis  decretoria  à  cognitoribus  conflaïa.  On 
dit  aulli ,  qu'on  a  fait  droit  iwz  le  tout  ,  pour  dire  , 
qu'on  a  prononcé  fur  toutes  les  demandes.  On  dit 
auili ,  en  ftyle  de  Palais ,  un  avant  faire  droit ,  pour 
dire  Sentence  ou  Arrêt  interlocutoire.  Ce  procès  n'a 
pas  été  jugé  définitivement,  on  n'a  prononcé  qu'un 
avant  faire  droit.  On  dit  aulîi ,  fans  garder  ordre  de 
droit ,  ni  forme  de  Juftice.  NuUâ  habita juris  ,  aqui- 
tatis  ratione.  On  dit  aufli  j  prendre  droit  par  les 
charges,  pour  dire,  s'en  rapporter  aux  témoins  : 
lans  préjudice  du  droit  des  parties  au  principal.  Le 
Roi  finit  ainfi  fes  lettres  patentes.  Sauf  en  autre 
chofe  notre  droit  ,  &c  l'autrui  en  toutes.  On  die 
aulli ,  Défendre  fes  droits,  ufer  de  fon  droit ,  renon- 
cer à  fon  droit.  C'eft  un  palTe-^roir,  une  grâce,  une 
faveur. 

Droit,  fe  dit  encore  des  obligations  Se  des  engage- 
mens  que  forment  les  devoirs  ,  ou  les  liaifons  de 
l'amitié  ou  de  l'amour.  Jus.  C'eft  une  règle  pour  les 
actions  morales  qui  oblige  à  ce  qui  eft  jufte  &  rai- 
fonnable  :  non  comme  un  fimple  confeil  louable  , 
mais  comme  un  précepte  qui  lie  &  qui  engage.  Cha- 
cun confulte  d'ordinaire  fon  humeur  pour  établir 
les  dro/rs  de  l'amitié  :  l'ami  froid  ,  &  l'ami  ardent, 
en  établilTent  de  contraires.  S.  Evr.  Un  père  a  droit 
d'exiger  les  alimens  de  fon  fils  ;  &  cette  loi  de  de- 
voir eft  auffi  inviolable  que  les  lois  de  la  Juftice 
étroite.  Grotius. 

liCJ"  Le  droit,  en  ce  fens  ,  pris  pour  une  qualité 
perfonnelle,  une  puilTance  ,  un  pouvoir  d'agir ,  une 
faculté  ;  comme  quand  on  dit  que  tour  homme  a  le 
droit  de  pourvoir  à  ia  confervation  ;  qu'un  père  a  le 
^roif  d'élever  fesenfans  ;  qu'un  fouverain  a  le  droit 
de  lever  des  troupes  pour  la  défenfe  de  l'Etat,  &cc. 
lignifie  le  pouvoir  qu'a  l'homme  de  fe  fervir ,  d'une 
certaine  manière,  de  fa  liberté  &  de  Ces  forces  natu- 


DRO  47J 

relies,  folt  par  rapport  à  lui-même,  foir  à  l'égard 
des  autres  hommes  ^  en  tant  que  cet  exercice  de  îcs. 
forces  &  de  fa  liberté  eft  approuvé  par  la  raifon. 
Burlam. 

IP'Ainfi,  quand  nous  difons  qu'un  père  a  le 
(/rd/r  d'élever  fes  enfans  ,  cela  ne  veut  dire  autre 
chofe  i  il  ce  n'eft  que  la  raifon  approuve  qu'un  père 
fefervede  la  liberté  l^  de  les  forets  naturelles  dune 
manière  convenable  à  la  confervation  de  fes  enfans, 
&  propre  à  leur  former  l'elprit  &  le  cœur.  De  mê- 
me ,  comme  la  railon  donne  fon  approbation  au 
Souverain  pour  tout  ce  qui  eft  néceilaire  à  la  confer- 
vation &  au  bien  de  l'Etat,  elle  l'aïuorife  fpéciale- 
ment  à  lever  des  troupes  pour  s'oppoler  à  un  enne- 
mi j  &  l'on  dit  en  conféquence  qu  il  a  le  droit  de  le 
faire.  Mais  nous  difons  qu'un  père  n'elt  pas  en 
droit  d'expofer  fes  enfans  ,  ni  de  les  mettre  à  mort , 
î?vc.  parce  que  la  raifon  J  loin  d'approuver  ces  cho- 
fes,  les  condamne  formellement. 

§Cr  11  ne  faut  pas  conlondre  le  fimple  pouvoir 
avec  le  droit.  Le  limpie  pouvoir  eft  une  quaUré 
phyfique  :  c'eft  la  puillance  d  agir  dans  toute  l'éten- 
due des  forces  naturelles  Se  de  la  liberté.  L'idée  du 
<^ro/r  eft  plus  reftreinte.  Elle  renferme  un  rapport 
de  convenance  avec  une  règle  qui  modifie  le  pou- 
voir phyfique  ,  &  qui  en  dirige  les  opérations 
d'une  manière  propre  à  conduire  l'homme  à  un 
certain  but.  C'eft  pourqu^  l'on  dit  que  c'eft  une 
qualité  morale.  L'ufage  femble  pourtant  confondre 
ces  mots ,  &  l'on  dit  également  le  pouvoir  paternel 
&  le  û'roir  paternel.  Mais  reffentiel  eft  de  diftinguer 
ici  le  phyfique  du  moral ,  Ik.  il  femble  que  le  ternie 
de  û'/o/r  eft  plus  propre  à  déligner  l'idée  morale, 
que  celui  de  pouvoir.  Le  droit  &:  le  pouvoir ,  die 
Puffendorf,  renferment  à-peu-piès  la  même  idée. 
Il  y  a  feulement  cette  différence  ,  que  le  pouvoir  in- 
finueplus  diredement  la  polTelfion  aéluelle  d'une 
telle  qualité  j  par  rapport  aux  chofes  &  aux  perfon- 
nes  ,  &  ne  déligne  qu'obfcurément  la  manière  donc 
on  l'a  acquife  :  au  lieu  que  le  droit  donne  à  enten- 
dre proprement  &  diftinétement  que  cette  qualité 
a  été  légitimement  acquife  ,  &  qu'ainfi  on  fe  l'attri- 
bue à  jufte  titre. 

fCF  En  un  mot  j  dit  Burlamaqui ,  l'ufage  de  nos 
facultés  ne  devient  un  c/ro/r,  qu'autant  que  la  rai- 
fon l'approuve  ,  &  qu'il  fe  trouve  conforme  à  cette 
règle  primitive  des  atlions  humaines  ;  6c  tout  ce 
que  l'homme  peut  faire  raifonnablementj  devient 
pour  lui  un  droit,  parce  que  la  raifon  eft  le  feul 
moyen  qui  puiffe  le  conduire  à  Ion  but ,  de  la  ma- 
nière la  plus  abrégée  &  la  plus  fûre. 

IJC?  Ce  qui  répond  au  droit  pris  de  cette  manièrcj 
&  confidéré  dans  fes  effets  par  rapport  à  autrui  , 
c'eft  l'obligation.  Lorfque  la  raifon  approuve  que 
l'homme  FalTe  un  certain  ufage  de  fes  forces  &  de 
fa  liberté  ,  c'eft  à-dire  j  lorfqu'elle  reconnoît  en 
lui  un  certain  droit;  il  faut  par  une  conféquence 
naturelle  que  pour  affurer  ce  droit  à  un  homme, 
ellereconnoilTe  en  même  temps  que  les  autres  hom- 
mes ne  doivent  point  fe  lervir  de  leurs  forces  m  de 
leur  liberté  pour  lui  réfifter  en  cela  ;  mais  qu'au 
contraire  ils  doivent  refpeiter  fon  droit ,  &  l'aider 
à  en  ufer,  plutôt  que  de  lui  nuire.  Comment  pour- 
roit  on  attribuer  a  un  père  le  droit  de  former  (es 
enfans  à  la  fagelîe  &:  à  la  vertu  par  une  bonne  édu- 
cation ,  fans  reconnoître  en  même  temps  que  les 
Mftins  doivent  fe  foumettre  à  ia  direction  pater- 
nelle. Se  que  non-feulement  ils  font  obliges  de  n'y 
point  réfifter,  mais  encore  qu'ils  doivent  concou- 
rir par  leur  docilité  &  leur  obéilTance  à  l'exécution 
des  vues  que  leur  père  fe  propofe  par  rapport  à 
eux  ?  Sans  cela  tous  les  droits  que  la  laifon  accorde  à 
l'homme  ,  lui  deviendroient  inutiles,  if^cye^  Obli- 
gation. 

ipr  Les  droits  8c  les  obligations  font  de  plu/îeurs 
fortes.  Il  y  a  des  droits  naturels  ,  qui  appartiennent 
effentiellement  Se  originairement  à  l'homme  ,  qui 
font  inhérens  à  fa  nature,  dont  il  jouit  par  cela 
même  qu'il  eft  homme  ,  indépendamment  d'aucun. 

û  o  û  ij 


47^ 


DRO 


taie  particulier  de  fa  part ,  &  des  droits  acquis  ,  qui 
font  au  contraire  ceux  dont  l'homme  ne  jouit  pas 
naturellement ,  mais  qu'il  s'eft  procuré  par  fon  pro- 
pre fait.  Le  droit  de  pourvoir  à  fa  con fer vation  , 
eft  un  droit  naturel  à  l'homme.  Le  droit  de  com- 
mander à  une  fociété  d'hommes  ,  eft  un  droit 
acquis. 

ifT  II  y  a  des  droits  parfaits  &c  rigoureux ,  &  des 
droits  imparfaits  ou  non-rigoureux.  Les  premiers 
font  ceux  dont  on  peut  exiger  l'effet  à  toute  rigueur, 
<Si  ,  s'il  eft  néceflaire  ,  jusqu'à  employer  la  force  , 
pour  en  obtenir  l'exécution,  ou  pour  en  maintenir 
î'ufage  contre  ceux  qui  voudroient  nous  réfifter  ou 
nous  troubler  à  cet  égard.  C'eft  ainii  que  l'on  peut 
légitimement  oppofer  la  torce  à  quiconque  attente 
injuftement  fur  notre  vie ,  fur  nos  biens  ,  fur  notre 
liberté.  Mais  ,  lorfque  la  raifon  ne  nous  permet  pas 
d'employer  les  voies  de  fait  pour  nous  aftlirer  la 
jouirfànce  des  droits  qu'elle  nous  accorde ,  alors  ces 
droits  ne  font  qu'imparfaits  Sc  non-rigoureux.  Ain 
iî ,  quoique  la  raifon  autorife  ceux  qui  par  eux-mê 
mes  font  deftitués  des  moyens  de  vivre  ,  à  exiger 
des  fecours  des  autres  hommes  ,  ils  ne  peuvent 
pourtant  pas  ,  en  cas  de  refus  ,  fe  les  procurer  par 
la  force  ,  ni  les  leur  arracher  malgré  eux.  Dans  ce 
cas  j  {'obligation  répond  exadtement  au  droit  :  elle 
eft  plus  ou  moins  Jorte  ,  parfaite  ou  imparfaite  ,  fe 
Ion  que  le  droit  lui-même  eft  parjaic  ou  impar- 
fait. 

^flT  II  y  a  des  droits  auxquels  on  peut  renoncer 
légitimement  :  ce  font  ceux  qui  n'intéreirent  en  rien 
nos  devoirs.  Un  créancier  peut,  s'il  lèvent,  remettre 
la  dette  à  fon  débiteur  ,  ou  en  tout ,  ou  en  partie 
Il  en  eft  d'autres  à  l'égard  defquels  cela  n'eftipas 
permis  :  ce  font  ceux  qui  par  eux-mêmes  ont  une 
liaifon  naturelle  avec  nos  devoirs  ,  &C  qui  ne  font 
donnes  à  l'homme  que  comme  des  moyens  de  s'en 
acquitter.  Un  père  ne  peut  renoncer  au  droit  qu'il  a 
fur  fes  enfans  j  ni  les  lailfer  dans  une  entière  indé- 
pendance. 

§3"  Le  droit  confidéré  par  rapport  à  fes  différens 
objets  ,  fe  réduit  à  quatre  efpèces  principales.  Le 
droit  que  nous  avons  fur  notre  propre  perfonne  &c 
fur  nos  adions,  lequel  s'appelle  liberté ^  \q droit  qat 
nous  avons  fur  les  chofes  qui  nous  appartiennent 
en  propre  3  qui  fe  nomme  propriété  ou  domaine  j 
le  droit  que  l'on  a  fur  la  perfonne  &  les  aétions  des 
autres  hommes  ,  qu'on  déhgne  par  le  nom  à! empire 
ou  ^ autorite  \  ^  enfin  le  droit  que  l'on  peut  avoir 
fur  les  chofes  qui  appartiennent  à  autrui,  qui  peut 
être  de  plufieurs  fortes. 
Droit  j  en  termes  de  Chafle ,  (îgnifie  la  part  de  la 
bête  défaite  qui  appartient  aux  Veneurs  ,  ou  aux 
chiens.  Le  pied  droit  ài\  cerf  eft  celui  qu'on  offre  au 
Roi  ,  ou  au  Maître  de  la  chalTe.  Le  droit  des  chiens 
eft  celui  dont  on  leur  fait  curée.  Pars  prsda  vena- 
lores  vel  canes  contingens  j  ad  venatores  ,  ad  canes 
pertinens.  Les  menus  droits  ,  en  attendant  pleine  cu- 
rée ,  font  la  langue,  le  mulle  &  les  oreilles ,  que 
l'on  donne  au  limier.  On  dit  en  Fauconnerie  ,  le 
droit  de  l'oifeau ,  lorfqu'on  le  paît  de  ce  qu'il  a  volé  , 
comme  la  tête  ,  la  cuilfe  ,  le  cœur  ,  le  foie  de  la 
perdrix ,  l'aile  de  la  corneille  ,  &c. 
Droit  ,  Terme  de  jeu  de  Paume.  On  le  dit  au  plurier. 
Prendre  les  droits  ,  choifir  les  droits ,  c'eft  le  côté  de 
la  raquette  où  les  cordes  font  unies  ,  oppofé  à  celui 
où  font  les  nœuds.  Au  commencement  d'une  pafctie 
on  jette  une  raquette  en  l'air  ^  un  des  joueurs  prend 
les  droits  ,  5c  l'autre  les  nœuds  :  ils  regardenr  en- 
fuite  quel  côté  la  raquette  préfente  quand  elle  eft 
tombée  j  &  celui  qui  a  rencontré  jufte  j  &  qui  l'a 
pris ,  choisit  le  côrc  du  jeu  le  plus  avantageux. 
DROIT,  adv-  Diredement,  par  le  chemin  le  plus 
court.  Reclà.  Cet  homme  va  droit  au  but.  Il  lui  a 
tiré  droit  dans  la  tête.  Il  faut  marcher  droit ,  aller 
droit  avec  lui.  Il  a  mis  tout  droit  la  main  delfus. 

|fC?  Quand  on  dit  j  aller  droit  à. fes  fins  ,  aller 
droit  en  hefogne  ,  le  mot  droit  ett:  pris  au  figuré. 
Je  le  ferai  bien  marcher  droit,  fainilièremem  cha- 


DRO 

rier  droit  ,    je  lui  ferai  bien    faire  fon   devoir. 

A  bon  droit  ,  façon  de  parler  adverbiale  ,  pour 
dire,  avec  raifon  j  avec  juftice.  C'eft  à  bon  droit 
qu'A  fe  plaint  à'un  tel.  Acad.  Fr. 

U3°  On  dit  encore  ,  à  tort  ou  à  droit ,  c'eft-à-di- 
re^  fans  examiner  fi  une  chofe  eft  jufte  ou  injufte. 
Jufi  auc  injujii  nuUd  habita  ratio  ne  ,  omni  di/cri- 
mine  remoto. 

On  ditj  proverbialement,  que.  Où  il  n'y  a  pas  de 
quoi ,  le  Roi  perd  fon  droit  j  pour  dire  ,  qu'il  eft 
inutile  de  plaider  contre  des  gens  infolvables  :  que 
le  bon  droit  a  befoin  d'aide  j  pour  dire  qu'il  ne  faut 
pas  négliger  la  foUicitation  des  meilleurs  procès. 
On  dit  auHi ,  c'eft  le  droit  du  jeu  ;  pour  dire  ,  on  a 
accoutumé  d'en  ufer  ainfi.  On  dit  encore ,  qu'un 
hommeeft^roir comme  un  jonc,  comme  un  echa- 
las ,  comme  un  cierge  ,  comme  un  fapin  \  pour 
due ,  qu'il  fe  tient  bien  droit.  On  dit ,  ironique- 
ment ,  Cela  eft  droit comvnQ  la  jambe  d'un  chien. 

On  dit ,  Se  faire  droit  lur  quelque  chofe  ;  pour 
dire  ,  s'en  emparer  &  en  difpofer. 
DROITEMF.NT.  adv.  Diredement  ,  vis-à-vis.  Di- 
reclo  ^  è  rcgionc.Si  mai  fon  eft  oppofée  droitement  à 
la  mienne.  Ce  chemin  va  droitement  à  la  ville.  Dans 
ce  fens ,  il  eft  vieux  &  furanné. 

^fT  II  fignihe  ,  Ordinairement ,  équitablemenr, 
ou  avec  juftelfe,  judicieufement.  Agir  droitement, 
\\xgex.  droitement.  Dans  cette  acception  même,  je  ne 
le  crois  pas  fort  ufité. 
DROITIER  ,  lâRE.  adj.  Qui  n'eft  pas  gaucher  ,  qui 
fe  fert  ordinairement  de  la  main  dioite.  Il  eft  peu 
d'ufage. 
DROITURE,  f.  f.  Ce  mot  ne  fe  die  prefque  point 
dans  le  fens  propre.  Au  figuré  ,  il  fignifie  ordinai- 
rement la  vertu  par  laquelle  nous  demeurons  atta- 
chés à  nos  devoirs,  fans  nous  en  écarter,  ^quitas  , 
integritas.  La  droiture  eft  une  pureté  de  motif  & 
d'intention  ,  qui  attache  l'ame  au  bien, pour  le  bien 
même.  Flech.  Agir  avec  droiture  \  cela  eft  contre 
toute  droiture  &  équité.  Sincérité  dans  les  paroles  , 
&:  bonne  foi  dans  les  traités ,  voilà  l'idée  de  la  droi- 
ture. Ce  terme  appliqué  à  l'efprit  eft  fouvent  fyno- 
nyme  à  juftelïè.  Droiture  d'efprit.  Il  y  a  deux  fortes 
d'efprits  ,  l'un  de  pénétrer  vivement  &  profondé- 
ment les  conféquencesdesptincipes;  &  c'eft  là  l'ef- 
prit de  juftelfe  :  l'autre  de  comprendre  un  grand 
nombre  de  principes  fans  les  confondre  ;  &  c'eft 
là  l'efprit  de  Géométrie.  Rectum  ingenium.  L'un  esc 
force  &  droiture  d'efprit  ;  l'autre  est  étendue  d'ef- 
prit.  Pasc.  Quelquefois  aulîi  il  paroît  fynonyme  à 
iincérité,  franchife  :  &  alors  il  est  oppofé  à  détours, 
rufes  ,  artifices.  Les  précieux  restes  de  la  parfaite 
droiture  des  fiècles  précédensétoient  mêlés  de  beau- 
coup d'artifices  &  de  faufles  vertus.  S.  Real. 

Dans  nos  champs  la  vertu  toute  pure 

A  ait  fans  dejfein  d'éclater. 
Tout  l'an  de  la  raifon  ne  fauroit  imiter 
De  nos  hersers  l'innocente  droiture.  Font. 


Eu  matière  de  fiefs  ,  on  appelle  droiture,  le  droit 
qui  est  dû  aux  Seigneurs  féodaux  &  cenfuels  par  les 
nouveaux  acquéreurs,  jurapr&diatoria-.^  Hc  on  appel- 
le. Relever  droiture,  ou  droiturer,  lorfque  le  vaf- 
fal  relève  fon  fief  de  fon  Seigneur  j  &c  lui  en  paie 
les  droits. 

§C?  Dans  quelques  coutumes  ,  Droiture  est  fyno- 
nyme de  ligne  direde.  En  droiture,  adv.  Direde- 
ment,  par  la  voie  ordinaire.  Rccià.  Ce  Banquier 
n'a  pas  pu  écrire  en  droiture  ,  à  caufe  de  la  guerre  ; 
mais  il  a  fait  l'affaire  par  fes  correfpondans.  Faire 
tenir  une  lettre  en  droiture.  On  diioit  autrefois  à 
droiture. 

On  appelle  aufli  fur  la  mer  ,  Aller  en  droiture  , 
quand  on  navige  fans  être  dérourné  de  fa  route  ,  ni 
par  les  vents  j  ni  par  autres  nécedités,  6c  fans  mouil- 
ler dans  aucun  des  ports  qui  font  à  côté  de  la  traver- 
fée  qu'on  a  fait. 
DROITWICH.  Bourg  du  Comté  de  Worche«ter  en 


D  R  O 

Angleterre.  Drutwichum.  Ce  hàu  est  inné  fur  la  ri- 
vière de  i)alwarpe,à  deux  lieues  au  nord  de  la  ville 
tic  V/orchister.  Drciiwxh  envoie  deux  députés  au 
Parlement  d'Angleterre.  Quoiqu'il  foie  d.tns  les  ter- 
res ,  il  y  a  crois  f^oncaines  lalées  dont  on  tait  beau- 
coup de  fel.  Lon^.  1 5.  U.  2.6'.  lat.  52.  d.  20'. 

DROITCJRIER.  ad|.  'Vieux  mot  ,  qui  fignifie  celui 
qui  a  l'intention  droite  \  qui  rend  justice  lans  ac- 
ception de  perfonncs.  ^quus  j  jujlus  ,  inceger. 
Celui  qui  "ouvernoit  alors  écoit  juste  6C  droi- 
turïcr. 

Droiturier,  en  termes  de  Coutumes  ,  fe  dit  d'un 
Seigneur  qui  a  des  valfiux  qui  relèvent  de  lui ,  &: 
lui  paient  les  drous  pour  leur  fieh  La  lettre  circu- 
laire que  le  Roi  Jean  ,  l'an  1351,  écrivit  aux  Sei- 
gneurs qu'il  voulut  honorer  de  l'Ordre  de  N.  Dame 
de  la  Noble  Maifon,  porte   ,  que  ces  Chevaliers 

pourront ,  s'il  leur  plaît  j  lever  bannière efpé- 

cialement  fur  les  ennemis  de  la  foi,  ou  pour  la 
guerre  de  leur  droïiurur  Seigneur.  P.  Helyot  j  T. 
KlII. p.  yiQ. 

DRÔLE,  adj.  Qui  est  plaifant,  qui  fait  nte-Lepidus, 
jiijhvus  J  hiluris.  Cet  homme-là  est  bien  Jrôie.  Voilà 
qui  est  drôle.  Ce  conte  est  touc-à-fait  drôle.  Ce  mot 
de  matiage  est  plaifant ,  il  n'y  a  rien  de  plus  drôle 
.pour  les  jeunes  hllcs. 

Ce  mot  est  du  style  familier.  Il  vient  de  draucu- 
lus,  diminutif  de  draucus.  Ménage.  D'autres  croient 
avec  plus  de  raifon  qu'il  vient  de  ce  que  les  peu- 
ples feptentrionaux  donnent  le  nom  de  drôle  aux 
Diables  familiers  qui  hantent  dans  leurs  maifons  , 
qui  panfent  leurs  rênes  ,  (  ce  font  leurs  bêtes  de 
voiture  )  &  qui  leur  rend;?nc  plufieurs  fervices  do- 
meftiques  ;  qui  font  prompts  à  exécuter  ce  qu'on 
leur  commande  ,  &  qui  les  avertilfent  des  dangers 
dont  ils  font  menacés  ;  &c  ,  parce  que  ces  drôles  font 
fouvent  des  tours  de  gaillardife  pour  fe  rejouir  j  on 
a  donné  le  nom  de  drôle  aux  hommes  qui  iont  plai- 
fans ,  gaillards  &  fubtils  ,  madrés  &c  dangereux  j 
comme  ces  efprits  follets. 

Il  fe  dit  aulîi  des  animaux.  Un  Poëte  a  dit  d'un 
Perroquet , 

D'un  ton  aifé ,  là  ,  jafe\  comme  un  drôle  , 
N'iiicerrompaiu  jamais  vos  ris  badins , 
Que  pour  croquer  anis  &  mufcadins. 

Nouv.  CHOIX  DE  Vers. 

§CT  Drôle  ,fe  dit  quelquefois,  fubftantivement , 
en  mauvaife  part,  d'un  homme  fin  ,  rufé  ,  dont  il 
faut  fe  défier,  l'rcnez  garde  à  lui  j  c'elt  un  drôle. 
On  dit  proveibialement  drôle  comme  un  coffre. 
C'elt  un  drôle  de  corps  ;  pour  dire  un  homme  fa- 
cé^tieux. 

DRÔLEAdENT.  adv.  D'une  manière  drôle.  Lepidè  j 
fellivè.   Cela  ell  drôlement  dit ,  drôlement  tait. 

DRÔLERIE,  f.  f.  Trait  de  gaillardife  ,  de  bouffonne- 
rie, jocus ,  prafiigia.  Les  Charlatans  amufent  le 
peuple  avec  mille  drôleries  &  plaifanteties. 

DRÔLESSE.  f  f.  On  ne  le  dit  qu'en  mauvaife  part  , 
pour  défigner  une  femme  de  mauvaife  vie  ,  qui 
hante  des  drôles  j  des  gens  débauchés.  Meretrix  j 
fcortum.  Tout  cela  eft  populaire  &  tamilier. 

DROMADAIRE,  f.  m.  Efpèce  de  chameau  qui  a  deux 
bolfes  fur  le  dos ,  aulieu  que  le  chameau  ordinaire 
n'en  a  qu'une,  félon  Solin.  Dromas  camelus.  Il  s'ap- 
pele  Baclriau ,  &c  vie-.it  des  parties  Orientales  de 
î'Afie.  Il  eft  le  plus  s^rand  ,  &c  porte  déplus  pefans 
fardeaux.  Mais  M.  Perrault  appelle,  au  contraire, 
dromadaire ,  celui  qui  n'a  qu'une  bolfe  fur  le  dos  , 
celui  qui  eft  le  plus  petit ,  &c  le  meilleur  pour  la 
courfe ,  &  qui,  pour  cette  raifon,  eft  appelé  des 
Grecs  dromadaire.  Le  Dromadaire  que  les  Arabes 
appellent  Giuma^eeh  ,  eft  de  grande  fatigue  ,  ôc  les 
courriers  s'en  fervent  en  Orient  pour  porter  en  dili- 
gence leurs  dépèches.  D'Herb.  Il  eft  plus  commun 
aux  parties  Occidentales  de  I'Afie ,  comme  dans  la 
Syrie  cSi  dans  l'Arabie.  Il  a  fept  pieds  &  demi  de 
hau:  depuis  le  fommet  de  la  tête  jufqu'à  terre.  Les 


D  R  O  477 

dromadaires  &  les  clwimeaux  ont  le  poil  fort  court 
&  tort  doux  i  mais  ce  poil  a  près  d'un  pied  fur  la 
bolfe  ,  où  il  fe  tient  levé  ,  &  en  fait  la  plus  grande 
partie  ;  &: ,  à  le  bien  prendre  ,  ils  ne  font  guère  plus 
bollus  que  l^s  autres  animaux.  Ils  n'ont  point  de 
dents  canines  ni  incifives.  Ils  n'ont  point  de  cornes 
au  pied,  lequel  eft  feulement  couveit  d'une  peau 
charnue.  Ils  ont  quatre  ventricules ,  ik.  au  fécond 
il  y  a  pluheuts  ouvertures  carrées  qui  fervent  d'en- 
trée à  environ  vingt  cavités  faites  comme  des  facs  , 
qui  leur  fervent  de  réfervoirs.  Pline  dit  qu'ils  y  gar- 
dent long-temps  l'eau  ,  qu'ils  boivent  en  quantité 
lorlqu'ils  en  rencontrent.  Us  la  troublent  avec  le  pied 
pour  la  rendre  moins  légère ,  &  la  garder  plus  long- 
temps dans  leur  eftomac.  On  dit  même  que  les 
Voyageurs ,  dans  une  grande  nccelfitc,  leur  ouvrent 
le  ventre  pour  en  tirer  de  l'eau.  Leurs  inteftins  ont 
onze  à  treize  toiles  de  long  ,  leur  cœut  neuf  pouces. 
Leur  poumon  n'a  qu'un  lobe  de  chaque  côté.  Leur 
verge  a  dix-neut  pouces  de  long ,  éc  eft  crochue 
par  le  bout.  On  dit  qu'on  en  fait  des  cordes  d'arc 
excellentes.  La  glande  pinéale  du  dromadaire  a  la 
forme  d'un  trèfle  ,  &  a  trois  lignes  de  long. 

On  trouve  cet  animal  appelé  Dromades,  Drome- 
des ,  Dromid<&  ^  Dromedn ,  Dromedus  &  Dromas  , 
Cameli  Dromadei.  Foyei  l'Onomafticon  de  Rof- 
veyde  \  S.  Nil  Moine  dans  Bollandus  j  Acl.  Sancl. 
Jan.  T.  I.  p.  956.  (î/  957.  &  Bollandus  lui-même  j 
au  même  endroit. 

IJCJ"  DROiVIE.  f.  m.  C'eft ,  dans  les  grolfes  Forges , 
la  pièce  de  charpente  la  plus  forte  qui  foit  employée 
à  loutenir  le  marteau ,  à  favorifer  fon  action  ^  &  à 
rélifter  à  fa  réaâion.  Encyc. 
DROME.  Nom  de  rivière.  Druma,  Druna,  qu'Aufone 
fait  bref  dans  fa  Moselle.  Il  y  a  deux  rivières  de  ce 
nom  en  France:  l'une  elt  en  Dauphiné  j  la  Drôme  ; 
ou  la  Droune.  Elle  coule  dans  le  Diois ,  &  dans  le 
territoire  de  Valence.  Elle  pafie  à  Die ,  à  Saillans  , 
à  Cretf,  &.  fe  décharge  dans  le  Rhône ,  prefque  vis- 
à-vis  de  la  ville  de  Voulte  ,  à  trois  ou  quatre  lieues 
de  Valence.  L'autre  a  fa  fource  à  Frefnes,  &  grollie 
des  eaux  de  la  Quinne,  qu'elle  reçoit  entre  Saint 
Mathurin  &  Corvicres  \  elle  va  tomber  dans  la  ri- 
vière de  Vive,  audelfus  de  celle  de  Gouvet,  à  Pon- 
tarfi.  Corn. 
DROMO.  île  de  l'Archipel.  Dromos.  Elle  eft  au  cou- 
chant de  celle  de  Saraquino  ,  vers  les  Golfes  de  Sa- 
loniki  &  de  l'Armiro.  L'Ule  de  Dromo  eft  petite  & 
mal  cultivée.  Maty.  Elle  a  environ  trente  mille  de 
tour.  On  y  trouve  de  fort  bonnes  eaux  ;  mais  elle 
n'a  point  de  port.  Davity  ,  Corn. 
DROMEE.  f.  m.  C'eft  le  nom  d'un  mois  des  Anciens 
Cretois,  duquel  il  eft  parlé  d.uis  les  marbres  d'Aron- 
del,/J.  1 17,  &  dans  les  Infcnption  de  Reinefius  , 
p.  491.  Prienus  en  parle  aufti  fur  l'Apologie  d'Apu- 
lée. 5  9.  Febr,  Menol.  p.  49.  mais  on  ne  fait  quel 
mois  c'étoit. 
DROMORE ,  ou  DRUMMORE.  Petite  ville  d'Ir- 
lande ,  Dromatla  dans  Hoffman  ;  Dromora  &  Dru- 
/noriZ  dans  Maty.  /)ro/72or<?  eft  prefque  ruinée.  C'eft 
une  ville  Epifcopale  de  l'Ulfter,  "ou  Ultonie,  à  cinq 
lieues  d'Armach ,  dont  fon  Evèché  eft  fuffragant. 
Maty.  Hoffinan  la  met  à  25  milles  à  l'Orient  d'Ar- 
mach ,  &  à  18  au  midi  d'Antrim.  Long.  i^.d.  j.6'^ 
Lat.  52.  d.  50'. 
DRONÉRO.  Petite  ville  de  Piémont ,  Draconerium. 
On  croit  qu'elle  a  reçu  fon  nom  d'un  certain  Dragon , 
ou  Dracon ,  qui  étoit  Seigneur  de  ce  lieu.  Dromero 
eft  fitué  dans  un  terrein  uni  au  haut  d'une  colline  , 
à  l'entrée  de  la  vallée  de  Malagra^  ainfi  nommée 
à  caufe  de  la  rivière  de  ce  nom  ,  qui,  defcendant  du 
haut  des  Alpes  maritimes  ,  coule  le  long  de  cette 
vallée  ,  &  arrofe  prefque  les  murailles  de  la  ville  , 
où  elle  eft  reiïerrce  entre  deux  rochers ,  fur  lefquels 
on  a  conftruit  un  pont  de  pierre  de  deux  arcades  , 
d'une  hauteur  furprenante.  Dronero ,  après  avoir 
obéi  à  des  Seigneurs  particuliers  ,  vint  au  pouvoir 
des  Marquis  de  Bufca,  d'où  elle  paffa  aux  Marquis 
de  Salaces,  qui  futentobligés  plus  d'une  fois  de  faire 


47S  DRO 

la  guerre  aux  Rois  de  Sicile,  de  la  Maifon  d'An)ou, 
pour  en  collier  ver  la  pollellion.  Enfin ,  en  1 5  5  i.  Jean- 
Louis  ,  Marquis  de  baluces  ,  voulant  renci et  dans  les 
Etats  avec  une  armée  de  l'Einpeieur,  les  Impériaux 
rumèrent  baluces  &  Droneiù.  Les  François  les  repri- 
rent l  année  luivante,  &  par  la  paix  de  1601 ,  juro- 
nero  fut  rendu  à  Charles  Emmanuel  L  Duc  de  Sa- 
voie. Ce  Prince  donna  enfuite  la  ville  de  Dronero 
par  contrat  de  mariage  à'  Marguerite  de  Savoie  ,  fa 
tille  naturelle,  qui  époufoitFiançois-Pliilippe d'Elfe, 
Marquis  de  Lanzo  j  &  de  Saint  Martin.  De  ce  ma- 
riage ,  ell  né  Charles-Philibert  Emmaniiel  d'Elte  , 
qui  polfcde  le  Marquifat  àt  Dronero,  en  fief- dépen- 
dant du  Duc  de  Savoye.    Théâtre  de  Piedm. 
DRONGILE.  Petite  ville  de  Thrace.  Dronguus.  Har- 
pocrarion  &  Suidas"  difent  que  Drongile  étoit  une 
bourgade  de  Thrace  \  Stephanus  ajoute  que  Théo- 
pompe j  au  IX.  Liv.  de  fes  Philippiques  j  Lut  men- 
tion de  Drongile,  &  l'appelle  z^P""  ^''■'■«^''«s  Bourg 
de  Thelfalie  :  mais,  ou  ji  me  trompe  fort,  ou  l'Abté- 
viateur  de  Stephanus  ie  trompe  ;  îk.  je  crois  qu'il  faut 
lire  ifMia;-^  car  cette  Drongdc  de  Thêlfalie  eif  ima 
ginaire,  &  vraifemblablemenr  Théopompe  ,  Hilto 
rien  de  Philippe,  n'a  point  parlé  d'autre  DrongUe 
que  de  celle  qui  avoit  rapport  à  fon  hilfoire.  TouR- 
REiL.  HotFman  a  traduit  le  a:»?'"  ^sTaAiW  d'Etienne 
de  Bvzance  par  Reglwicula  i  hcjJaiiA  ,  un  petit  pays 
de  Thelfalie,  prenant  a;*?''"  pour  un  petit  pays,  au 
lieu  d'un  bourg,  ou  d'un  château  j  mais  il  paroît  , 
par  l'endroit  de  Démofthène,  que  c'étoit  un  bourg, 
ou  un  château,  &  non  pas  un  petit  pays 5  & ,  par  ce 
que  nous  avons  dit,  qu'il  étoit  en  Thrace,  &  non  pas 
en  Theiralie. 
DRONNE.   Rivière  de  France  ^  dans  le  Périgord. 
DRONOS.  f.  m.  Mot  indéclinable.  Ce  terme  bas  & 
populaire  ,  elf  en  ufage  en  certaines  provinces  j  fur- 
tout  en  Anjou  j  &  fignifie  des  coups  ,  des  tapes. 
Donner  dronos  fur  les  doigrs,  c'eft  donner  des  coups 
fur  les  doigts  Si  quelqu'un  de  fa  vieille  connoilTImce 
lui  irioit  :  Ha  frère  Jean  j  mon  ami,  frère  Jean  , 
je  me  rends.  Il  t'cft,  difoit-il ,  bien  force.  Mais  en- 
femble,  tu  rendras  l'ame  à  tous  les  diables.  Et  iou- 

dain  lui  donnoit  dronos Rabelais.  Un  vilain  pe-  .,  DROSLE 

tic  Turc,  bolfu  par  le  devant ,  me  croquoit  furtive- 
ment mes  lardons  ;  mais  je  lui  baillis  ii  vert  dronos 
fur  les  doigts  à  tout  mon  javelot ,  qu'il  n'y  retourna 
pas  deux  fois.Io.  Dans  le  langage  Tuuloufain,  Dro- 
nos ,  ce  font  des  coups,  des  tapes  (  Did.  de  la  lan- 
gue Touloufaine.  ) 
DRONTE-  f.  m.  efr  un  oifeau  Indien  ,  dont  les  An- 
ciens n'ont  point  parle,  qui  a  de  petites  ailes  j  &  , 
bien  loi»  de  pouvoir  voler,  à  peine  peut-il  mar- 
cher ,  tant  ileftgras.  Les  Hollandois l'appellent ^/ot/- 
ecrs.  Foye^-en  la  figure  dans  le  Recueil  deThevenot, 
au  voyage  de  Bentekoe. 

Selon  Margrave ,  c'eft  un  oifeau  qu'on  trouve  dans 
l'Ifle  Maurice,  aux  Indes  Orientales.  Il  eft  grand 
comme  une  autruche ,  ou  un  coq  dinde.  Il  tient  un 
pju  de  l'un  &:  de  l'autre.  Sa  tête  eft  longue  ^  grolîe 
&  difforme,  couverte  d'une  peau  comme  un  co(iue- 
luchon.  Ses  yeux  font  grands  &  noirs.  Son  bec  eft 
fort  long,  gros ,  robufte,  pointu  &  crochu  ,  de  cou- 
leur de  bleu  pale.  Son  cou  eft  grand  ,  gras,  courbé. 
Son  coips  eft  gros ,  rond,  couvert  de  plumes  grifes 
comme  celui  de  l'Autruche.  Ses  jambes  font  grolTés  , 
courtes,  jaunâtres.  lia  quatre  doigts  :  il  eft  ftupide  , 
il  fe  laïue  prendre.  Sa  chair  eft  gralTe  &  nourrif- 
fante.  M 

DRONTHEIM,  ou  DRONTHEM.  Ville  deTÏor- 
vécfe.  Drontheima  ,  Nidrojia.  Cette  ville  eft  ficuée 
fur  un  Golfe  ,  où  elle  a  un  bon  port ,  défendu  par 
un  bon  château.  Elle  eft  encore  munie  d'une  bonne 
citadelle  du  côté  de  terre.  C'eft  un  Archevêché,  5c 
la  capirale  d'un  Gouvernement.  C'étoit  autrefois  la 
capitale  du  Royaume,  &c  le  fiège  ordinaire  du  Roi 
de  Norvège. 

Le  Gouvernement  de  Drontheim^  en  Latin  Drom- 
thdrncnfls  ,  ou  Fidrofiana  Pmfeaura  ,  eft  une  Pro- 
vince de  Norvège  ,  bornée  au  fud  par  le  Gouver- 


DRO 

nemenr  de  Bergen  j  au  nord  par  celui  de  Wardhuis; 
au  couchant  par  l'Océan  Septentrional,  &  au  levant 
par  les  montagnes  de  Norvège  j  qui  la  féparent  de 
la  Suède.  Ce  pays  peut  avoir  cent  quacre-Vingt 
lieues  de  côtes  ^  la  laigeur  ne  pafle  pas  trente-cinq 
lieues  \  en  quelques  endroits  même,  elle  n'en  a  pas 
dix.  L'air  y  eft  encore  lupportable,  ce  qui  fait  que 
le  pays  eft  allez  peuplé  j  au  moms  vers  le  midi  \ 
mais  il  n'y  a  aucun  lieuconhdérable  que  Drontheim^ 
qui  en  eft  la  capitale. 

Dronchehn  eft  aujourd'hui  fort  déchu  de  fa  gran- 
deur. Cen'eft  plus  qu'une  petite  ville,  mais  dont  le 
port  eft  alfez  fréquenté  ,  quoiqu'il  n'y  entre  que  de 
petits  bâcimens  ,  à  caufe  des  rochers  qui  incommo- 
denr  l'entrée  de   la  barre.    C'eft  Eugène  III.  qui  a 
établi  l'Archevêché  de  Drontheim ,  dont  les  futFra- 
gans  font  les  Evêchés  de  Bergen  ,  de  Stavanger ,  de 
Hammar  ,  de  Anflo  ,  de  Halar  &  de  Scaholt.  L'E- 
glife  de  Drontheim  j  dédiée  à  Saint  Olaiis ,  étoit 
m.rgnihque  ,   &  palfoit  pour  la  plus  belle  qui  fût 
dans  tout  le  Nord. 
DROPAX.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie.  Dropax.  Il  y  x 
deux  fortes  de  dropax  ,  le  /impie  &  le  compofe.  Le 
firnplc  fe  fait  d'une  once  de  poix  féche.  Si  de  deux 
dragmes  d'huile.  Le  compofé  eft  fait  avec  la  poix  ,  la 
cire,  lacolophone,  le  fel  commun,  le  bitume,  le 
foufre  vif,  le  poivre,  l'euphorbe,  les  cantarides 
&  le  caftor.  On  en  fait  de  pluiieurs  autres  manières. 
Le  dropax  étoit  autrefois  en  ufage  pour  réchauffer  les 
membres,  pour  attirer  le  fang  &  lesefprits ,  &  pour 
remédier  à  l'atrophie.  On  l'uppliquoit  chaudement 
fur  la  partie  malade,  après  l'avoir  rafée  ,  d'où  on 
l'arrachoit  avant  qu'il  fût  tout  -  à  -  fait    froid  :  on 
le  faifoit  chauffer  de  nouveau  ,  &  on  l'appliquoit 
encore;  ce  qu'on  réiréroic  jufqu'à  ce  que  la  partie 
fut  devenue  bien  rouge.  On  s'en  fervoit  aufli  pouc 
arracher,  ou  fliire  tomber  le  poil. 

Ce  mot  vient  du  Grec  <^{swm»  qui  fignifie  j  Cueillir^ 
arracher, 
DROSIN.  f  m.  &  nom  propre  d'homme.    Foye\ 
Drausin. 


DROSLEMENT. 

DROSLERIE. 

DROSLESSE. 


Foyei 


DROLE. 

DRÔLEMENT. 

DRÔLERIE. 

DRÔLESSE. 


DROSSART,  ou  DROSSAART.  f.  m.  C'eft  le  nom 
qu'on  donne  en  Hollande  aux  chefs  de  la  Juftice.  Il 
s'eft  francifé  par  l'ufage.  Il  fut  reçu  à  la  portière  du 
caroffe  par  les  Droffarcs  de  Twickel ,  Rhenen  j  &c. 
WicQOEFORT.  La  charge  de  Drojfuan  de  la  ville 
&:  pays  de  Vianen  étant  venue  à  vacjuer ,  il  en  a  été 
pourvu.  Mad.  du  Noyer. 

Drossart  ,  fe  dit  aulll  d'un  Officier  de  l'Etat  de  Liège. 
L'Evêque  de  Liège  a  confirmé  un  tel  dans  les  fonc- 
tions de  la  charge  de  Grand  Drojjarc  du  quartier  de 
Montenarke.  / 

DROSSE,  ou  DROUSSE,  TRASSE,  ou  TRISSE, 
f.  f.  En  termes  de  Marine  ,  fe  dit  des  cordes  ou  pa- 
lans ,  qui  fervent  à  approcher  ou  à  reculer  une  pièce 
de  canon  de  fon  fabord.  Funes  nauùci  trahendo  aut 
retrahendo  tormento  bellico  comparad.  Leurs  deux 
bouts  tiennent  de  deux  côtés  à  deux  boucles,  ou 
argans,  qui  ne  lui  lailfent  la  liberté  de  reculer  que 
jufqu'à  demi-tillac.  On  l'appelle  autrement  bridoU. 
Dro'Je  ,  eft  auftî  une  manœuvie  qui  ferre  le  raccage 
de  la  vergue  d'artimon  ,  ou  des  autres  vergues. 

DPvOSSEN.  Petite  ville  d'Allemagne,  dans  le  Duché 
de  Sternberg ,  qui  fait  partie  de  la  nouvelle  Marche 
de  Brandebourg.  Drojja,  Drojjena^  Elle  eft  entre 
Cuftrin  &  Sternberg  J  à  trois  lieues  de  l'une  6c  de 
l'autre.  Maty. 

DROSSEURS ,  ou  TROUSSEURS.  f.  m.  pi.  Ce  font 
les  noms  qu'on  donne  à  certains  Ouvriers  dans  les 
fabriques  de  draperie,  dont -la  feule  occupation  eft 
d'engraiffer  les  laines  avec  de  l'huile  d'olive  ,  ou  de 
navette  ,  &  de  C4tder  avec  de  grandes  .cardes  de  fer 


D  RO     DRU 

pûféss  fur  un  chevalet  de  bois,  difpofc  en  talus,  en 
manière  de  pupitre. 

DROT.  Rivière  de  France  dans  le  Périgord.  Dirfus. 
Cette  rivière  a  fa  lource  près  d'un  village,  qu'on 
appelle  pour  cela  Capdrot,  CapucDirfi,  c'eft-à-dire  , 
2  <.te  y  origine  ,  fource  du  Drot ,  dans  le  Dioccfe  de 
Périgueux  ;  puis  j  fortant  de  ce  Diocèfe  à  Salvetat  , 
elle  va  fe  jeter  dans  la  Garonne  à  Caudrot.  Le 
Drcc  eft  fort  poiironneux. 

DROTHEE.  f.  m.  Nom  d'homme,  qui  s'efl  fait  par 
corruption  de  Droclovéc.  Droàoveus.  S.  Drothée  j 
premier  Abbé  de  Saint  Germain-des-Prés  ,  à  Paris , 
rà^juit  vers  l'an  555.  dans  le  Diocèfe  d'Autun.  11 
gouverna  ce  monailère  depuis  l'an  5  58.  que  S.  Ger- 
main j  Evèque  de  Paris ,  le  tira  du  monallère  de  S. 
Symphorien  ,  jufqu'en  l'an  580.  Voye-:^  Ufuard  au 
dixième  de  Mars,  Bollandus.  ibii,  &  le  Père  Mabil- 
lon  ,  Acla  Sanct.  Ben.    T.  I. 

DOTTE.  f.  m.  Nom  dhomme.  Voy.  DROCTOVÉ. 

DROLTILLE.  Nom  de  lieu.  Il  y  a  DrouUle  la  blanche, 
&  Drouiile  la  noire.  Ce  font  deux  monaltères  de 
Religieufes  de  l'Ordre  deGrandmont,  fitués  dans 
le  Diocèle  de  Limoges. 

DROUILLES.f  f.  pi.  Ce  mot  fe  trouve  dans  quelques 
Coutumes ,  &  fignifie  des  étrennes ,  ou  des  prélens 
qu'on  donne  au  Juge  ,  au-delà  du  prix  d'une  vente. 
yoy.   les  Statuts  de  Brejfe. 

DROUILLETTES.  f.  f.  py' DRIVONETTES.  Terme 
de  Pèche. 

DROUINE.  f  f.  Terme  de  Chaudronnier.  Efpècede 
havrefac  que  les  Chaudronniers  de  campagne  por- 
tent derrière  le  dos ,  &  dans  lequel  ils  mettent  tous 
leurs  outils.  Mantica  quain  vajorum  aneorutn  jahrï 
circumforanei  geflant  humeris. 

DROtlINEUR.  f.  m.  Terme  de  Chaudronnier.  Les 
Chaudronniers  en  boutique  nomment  ainfi  par 
dérilion  ces  Chaudronniers  de  campagne  qui  por- 
tent la  drouine  ,  &  qui  vendent  &  raccommodent 
divers  ultenfiles  de  cuifine.  Vajorum  &neorumjaber 
circumjoraneus. 

DROUME.  Foye^DaoME. 

fO"  DROUSSE.  Terme  de  Marine.  Voye\  Drosse. 

DRU. 


D 


DRU  ,  UE.  adj.  Terme  de  Fauconnerie ,  qui  fe  dit  des 
oifeaux  qui  font  prêts  à  s'envoler  du  nid.  PuUus 
grandior  cy  volando  habilis. 

Ce  mot  vient  par  métathèfe  de  dur,  parce  que 
les  oifeaux  deviennent  plus  durs  quand  ils  croil- 
fent.  Cette  tranfpofition  de  la  lettre  r  eft  fort  or- 
dinaire dans  les  Langues  ,  comme  en  ces  mots 
à'éprevier ,  aulieu  d'e/^ervier  j  de/'rajf/j  au  lieu  de 
parfit  •^à.ejromage,  au  lieu  At  formage  ;  de  cré- 
nelé j  au  lieu  de  carnelé  j  de  Hannovre  j  au  heu  de 
Hannover ,  Sec. 

Guichard  croit  que  dru  vient  du  mot  Grec  "h'^ , 
qui  veut  dire  fort ,  robufie ,  puiffant  j  &  qu'"''"?'? 
vient  de  l'Hébreu  ûi/tzrj  qui  fignifie  fortifier,  ^'c- 
aiiifi  dru  ,  félon  cet  Auteur  ,  vient  de  l'Hébreu 
adar. 

On  le  dit,  figurément ,  de  ce  qui  eft  déjà  grand  , 
qui  fe  porte  bien.  Fegetus  j  grandis  ,fanus  j  agilis. 
Cet  enfant  eft  bien  c/'T/j  bien  grand  pour  fon  âge. 
Cette  fille  eUdrue  ,  bonne  à  marier.  En  vieux  Fran 
çois  il  fignifioit  gaillard. 

Ce  motfe  dit  encore  en  ce  fens. 
Les  premiers  Ecrivains  François  exprimoient  par 
ce  mot ,  un  ami ,  un  compagnon.  Lqs  Auteurs  qui 
ont  cent  depuis,  lui  ont  donné  un  fens  figuré, pour 
déhgner  un   homme  propre  au   plaifir  amoureux. 
Dans  le   Pocme   d'Alexandre,  le  mot  t/ra  exprime 
toujours  un  compagnon  de  guerre.   Glof.  des  Pocf. 
du  iioi  de  /Vjv. 
Dru  ,  mot  fort  ordinaire  à  Paris  ^  pour  dire ,  Brave  ^ 
courageux  ,  hardi ,  alerte  j  entreprenant.  Dicl.  com. 
C'eft  un  dru  ,  c'eft-à-dire  ^  Un  bon  drôle  ,  un  gail- 
lard ,  un  éveillé.  Terme  populaire  &  bas. 

^3"  En  termes  de  jardinage  &  d'agriculture,  dru 


fignifie  J  ferré  J  planté  près-à-près ,  épais  j  touffu. 
JJenfus.  On  le  dit  des  arbres  j  des  bleds  ,  des  îier- 
bes ,  &c.  Ces  bleds  iont  drus.  L'herbe  eft  fort  drue 
dans  ce  pré.  Les  aibres  font  bien  i^//«  dans  cette 
foret.  Les  blés  font  bien  drus  ,  font  fort  beaux.  Là 
fur  l'herbe  drue  dan  (oient  au  fon  des  joyeux  Hageo- 
lets.  Rabelais.  Il  eft  des  graines  qui  ne  veulent 
point  être  feméestrop  drues. 
DRU.  adv.  Souvent,  près  à-près.  Sapé  ^  confertim  ^ 
dense.  Ils  meurent  bien  dru  dans  cette  ville  ,  à  caufe 
de  la  pefte.  Ces  arbres  font  plantés  trop  dru  ,  ils  s'of- 
fufqueront  les  uns  les  autres.  La  pluie  tomboit  dru 
di.  menu. 

On  dit  proverbialement ,  en  cette  bataille  les  fol- 
dats  tomboient  dru  comme  mouches. 

On  ditencore^/tf  (J* /;z£«:^.  Il  l'a  ha.::a  dru  &  me- 
nu •  c'eft-à-dire  ,  que  les  coups  fe  luivoient  as 
près. 

.i4u  plus  dru.  Expreffion  adverbiale. 

Z)e  telles  gens  il  eft  beaucoup 
Qui  prendraient  Vaugirardpaur  Rome  ^ 
Et  qui  caquetantaa  plus  dru. 
Parlent  de  tout  ,  &  n'ont  rien  vu. 

DRUD  ,  Vieux  mot  François,  qui  étoit  de  grand  ufage 
chez  les  anciens  Romanciers ,  &  lignihoit  jéal  ^fi- 
delle  ,bonami.  Fidus  ^fidclis.  Il  vient  de  l'Allemand 
dra-w  ,  qui  fignifie/ai.  On  a  dit  aulli  druerie  ,  pour 
.  fignifier  amour  ^fidélité.  Amor  y  fides.  Mais  enfuite 
ce  mot  a  été  pris  odieufement ,    pour  exprimer  un 
amour  impudique  \  '6c  en  Italien  on  appelle  le  ga- 
lant d'une  lemme  J  druda. 
DRUE.  f.  f.  Vieux  mot.  Amie  ,  amante.  Comme  Aga- 
memnon  fit  de  Chryfeis  fa  mie  &  fa  drue.  Borel  dit 
que  ce  mot  vient  àsDraue,  Se  de  Traw  ,  qui  figni- 
fient/oi  en  Allemand  ,  &  que  c'eft  delà  qu'eft  venu 
celui  de  Trêve. 
Drue-Permein  d'Angleterre.  Efpèce  de   pommes» 
Les  Drues-permein  d'Angleterre  font  de  la  couleur 
des  Jérufalem,  mais  plus  plattes  :  elles  ont  plus  de 
douceur  &  de  fucre.  Les  Anglais  en   font  plus  de 
cas  que  de  la  plupart  de  nos  pommes  de  France.  La 
Quint. 
DRUERIE.  f.  f.  Vieux  mot.  Amitié  ,  gaianteiie. 
!fr  DRUGEON.  f  m.  C'eft   ainfi  qu'on  appelle  le 
bourgeon  de  l'année,  qui  eft  tendre  j   qui  pouffe 
aux  branches  de  la  vigne,  &  cjui  fait  avorter  le 
rai  fin. 
DRUIDA.  Bourg  de  l'Etat  de  l'Eglife  fitué  dans  le  Pé- 
roufin,  fur  le  bord  oriental  du  Tibre  ,  à  deux  lieues 
de  Péioufe.    Duuta.   Maty.    Druida   elt   connue 
par   fa  vailfelle  de  terre  ,     couverte  d'un  vernis 
qui  la  fait  paroître    dorée.  Maty  fait  ce  nom  maf- 
culin. 
DRUÏDE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  peuple.  Bruïia  ,  Drui- 
des ,  Durocaffis.  Les  Druides  étoient  autrefois  un 
peuple  de  la  Gaule  Celtique  ,  qui  faifoit  partie  des 
Carnutes.Drocum,  que   nous    nommons  à  préfent 
Dreux  ,  étoit  leur  Capitale. 
DRUIDE,  f  m.  Prêtre  ,  Doéteur  ^  Miniftre  de  la  Re- 
ligion chez  les  anciens  Celtes ,  ou  Gaulois ,  &  chez 
lel  peuples  de  la  Germanie  &  de  l'Ifle  de  la  grande 
Bretagne.  Druidéty  Druides.  On  les  choifilfoit  dans 
les  plus  nobles  familles  i  &  la  noblelfe  de  leur  ex- 
traction J  jointe  à  la  dignité  de   leur  charge ,  les 
falloir  regarder  du  peuple  avec  beaucoup  de  véné- 
ration. On  ne  ccnnoit  de  leurs  fcntimens  particu- 
liers que  le  dogme  de  la  métempfycofe.  Le  Collège 
des  Druides  avoit  l'adminiftianon  des  chof^s    fi- 
crées.  Ils  étoient  les  Interprètes  de  la  Religion  ,    Se 
les  Juges  de  toutes  les  atfaires  indifféremment.  Qui- 
conque refufoit  de  leur  obéir  étoit  déclaré  impie  6C 
fcélérat.PASc.  Le  premier  ordre  parmi  les  Gaulois 
étoit  celui  des  Druides.  Mais  il  y  avoit  différens  or- 
dres de  Druides,  qui  fout  les  Vacerres  ,  les  Bar- 
des ,  les  Eubaqes ,  les  Sémothées;  quelques- uns  di- 
fentSemnothées  ,  Si   les  Saronides.   Les  Vacerres 
étoient  les  Prêtres  \  les  Batdes  croient  les   Poctes  -, 


4^0. 


DRU 


ies  Eubages  étoient  les  Augures  ,  &  vaquoient  à  la 
contemplation.  Les  Sémothées  étoient  appliqués  au 
fervice  des  Dieux;  &  peut-être  que  ce  n'étoient  que 
les  Vacerres ,  auxquels  on  a  donné  le  nom  Grec  de 
Sémotliées.  Les  Saronides  étoient  lq,s  Ju:;es  de  la 
nation,  ôc  les  Inftrudteurs  delà  jeunclïè.  Sttabon  , 
Liv.  IV.  p.  197,  &  ,  après  lui.  Picard  ,  dans  fa  Cel- 
copédle  ;  ne  renterincn:  pas  tous  ces  dirtétens  Or- 
dres fous  les  Druides  ,  comme  des  elpèces  lous  leur 
genre  ,  ou  des  parties  dans  le  tout  ;  mais  ils  les  dif- 
tinguent  comme  des  conditions  toutes  diftérentes. 
Strabon  même  n'en  dillingueque  trois  ;  les  Bardes, 
les  Vares  &  les  Drâdis.  les  Bardes  font  les  Pocces  j 
les  Vates ,  ivuTin  ,  ce  font  apparemment  ies  Vacer- 
res \  les  Vates  ,  dis-je ,  offroient  les  facrifices ,  & 
vaquoient  à  la  contemplation  de  la  nature.  Les  Drui- 
des ,  outre  l'étude  de  la  nature  ,  s'occupoient  auili 
à  celle  de  la  morale. 

Quelques  «'auteurs  dérivent  Druides  j  &  Dru  de 
l'Hébreu  Cj'ïJm,  derujjïm  ,  drujjim  ,  ou  drljjim  , 
qu'ils  interprètent  Contemplateurs  ;  •oy^  ,  derafch  , 
ugnifie  une  penfée  fubiime  ,  fubrile  ,  recherchée  , 
myftique;  &  OTT  ,  darafch  ,  interpréter  quelque 
choie  de  la  forte. 

Diogène  Laerce  ditj  dans  fon  Prologue  ,  que  les 
Druides  étoient  chez  les  anciens  Bretons ,  c'eft-â- 
dire.chez  les  anciens  iiabitans  deTlHj  de  la  Grande 
Bretagne  ,  ce  que  les  Philofophes  étoient  chez  les 
Grecs ,  les  Mages  chez  les  Perles ,  les  Gymnofo- 
philtes  chez  les  Indiens  ,  &  les  Chaldéens  chez  les 
AlTyiiens.  Amniien  Marcellin  les  appelle  Eubages  , 
Se  Diodore  de  Sicile  j  L.  VI.  C.  ^-  &c  C-  1 1-  Saroni- 
des. Diodore  dit  qu'ils  étoient  les  Théologiens  des 
Gaulois.  Les  Druides  étoient  verfés  en  Aftrologie,en 
Géographie,  en  Politique i  ce  qui  les  rendou  les 
arbitres  de  tout. 

Tous  les  Druides  avoient  un  Chef  ,  qui  avoit  la 
fuprême  autorité  fur  eux  tous ,  &  auquel  ils 
croient  fournis.  C'étoit  le  fouverain  Pontife  de  la 
natian,dont  l'autorité  étoit  abfolue.Après  fa  mort  le 
plusconfidérabled'entr'eux  lui  fuccédoit;&  s'il  y  en 
avoit  plufieurs  qui  y  prérendiifent,  la  chofe  étoit  re- 
mife  à  l'éledlion,  ou  fe  décidoit  quelquefois  par  les 
armes.  Un  de  leurs  principaux  points-  de  Théologie 
étoit  l'immortalité  de  l'ame  ,  qu'ils  regardoient 
comme  une  créance  utile ,  &  qui  nous  porre  au  mé 
pris  de  la  mort.  César  Com.  Phérécydes,  le  princi- 
pal des  difciples  de  Pythagore  ,  eft  le  premier  qui 
publia  les  argumens  des  Druides  fur  l'immortalité 
de  l'ame. 

Les -Ori/ï/si  étoient  dans  une  eflime  &  dans  une 
vénération  fingulière.  Ils  prélîdoient  à  tous  les 
facrifices,  tant  publics  que  particuliers,  &  avoient 
foin  de  tout  ce  qui  concernoit  la  Religion.  La  jeu- 
netïe  Gauloife  accouroit  à  eux  en  rrès-grand  nom 
bre ,  pour  fe  faire  inftruire.  Ils  n'enfei^noient  cepen- 
dant que  les  principaux  &  les  plus  diftingués  de  la 
NoblelFe  Gauloife  ,  dit  Mêla.  Ils  ne  les  enfeignoient 
qu'en  particulier,  dans  un  antre  ,  ou  dans  des  fo 
rets  reculées ,  &  les  tcnoient  au  moins  quelquefois 
vingt  ans  fous  leur  difcipline  ,  difent  Céfar,  L.  VI. 
&c  Mtjla  ,  L.  m.  C.  1.  Ils  leur  faifoient  apprendre  un 
grand  nombre  de  vers. 

Céfar  nous  apprend  qu'ils  jugeoient  auifi  tous  les 
différends  8c  toutes  les  conte  (la  rions,  ou  publiques, 
ou  patticulières.  Ils  connoilToient  des  meurtres , 
des  fucceffions;  des  bornes  iS:  des  limites;  ils  dé- 
cernoient  les  rccompenfes  &  les  châtimens.  Quand 
on  n'obéilToit  pas  à  leurs  décidons  ,  ils  excommu- 
.nioient  ,c'eft-à-dire  ,  qu'ils  retranchoient  des  alfem- 
blées  de  Religion  les  rebelles,  &  leur  interdifoient 
tout  facrifice.  Cette  peine  palToit  pour  très  griève  ; 
&  ces  excommuniés  n'éroienr  plus  regardés  que 
comme-  des  impies  &c  des  fcélérats  :  tout  le  monde 
les  évitoit  ;  on  fuyoit  leut  rencontre  ;  &  perfonne 
Tie  leur  parloir  ,  de  crainte  de  fe  fouiller  pu  leur 
commerce  ,  &  de  prendre  la  contagion.  On  ne 
bur  rendoir  aucun  devoir  ,  ni  même  juftice  ,  s'ils 
avoient  quelques  procès  ,  5c  qu'ils  la  demandâf- 


DRU 

fent.  Strabon  dit  qu'ils  avoient  eu  quelquefois  le 
crédit  ôi  l'autorité  d  arrêter  des  armées  qui  cou- 
roient  au  combat ,  Se  d  accommoder  leurs  diffé- 
rends. Outre  les  opinions  dont  nous  avons  parlé  , 
il  ajoute  qu'ils  croyoïent  que  le  monde  Icroit  éter- 
nel ,  auilibien  que  les  âmes  :  que  cependant 
un  jour  viendioit  que  le  feu  &  l'eau  ptévau- 
droienr. 

Les  i^fi'.^d'ejs'airernbloient  tous  les  ans,  à  cer- 
taine faifon,  dans  le  pays  des  Carnutes  ,  ou  de 
Chartres  .  qui  ell  à-peu-près  au  centre  de  la  Fran- 
ce ;  ôc  là  ,  dans  un  heu  conlacré  ,  que  l'on  croit 
être  Dreux ,  ils  tenoient  leurs  alhfes ,  &  termi- 
noient  tous  les  différends  des  peuples  qui  y  accoii- 
roient  de  toutes  parts.  Les  Druides  étoient  exempts 
de  fervir  dans  les  armées  ,  de  payer  aucun  tribut , 
&  de  toutes  lortes  de  charges.  Ces  privilèges  leur 
attiroient  un  grand  nombre  de  jeunes  gens  ,  qui  ve- 
noient  d'eux-mêmes  fe  donnera  eux  ,  ou  que  leurs 
parens  y  poufloient.  Céfar  dit  que  ce  font  ceux  qui 
fe  failoient  ainfi  Druides  ,  qu'ils  enfeignoient  de 
la  manière  que  nous  avons  dit.  Le  premier  &  le 
principal  article  de  leur  fcience  étoit  l'immortalité 
Se  la  métempfycofe.  Us  leur  apprenoient  auffi  le 
mouvement  des  cieux  &  le  cours  des  aftres,  la  gran- 
deur du  monde  &  de  la  terre  ,  la  nature  des  chofes, 
la  puilfance  &  la  grandeur  des  Dieux.  Ils  confer- 
voient  la  mémoire  &  les  a.éiions  des  grands  hom- 
mes, dans  des  vers  ,  qu''ns  ne  fouffroient  point 
qu'on  écrivît ,  mais  qu'ils  faifoient  feulement  ap- 
prendre par  cœur  à  leurs  difciples  ;  &  ils  avoient 
julqu'à  14000  de  ces  fortes  de  vers.  C'étoit  peut- 
être  là  la  Morale  que  Picard  dit  aullîdans  faC'e/ro- 
topédie ,  L.  II.  qu'ils  enfeignoient.  Ils  avoient  le  Gui 
de  chêne  en  fingulière  vénération.  Pline  rapporte, 
L.  XV.  C.  44.  la  manière  dont  ils  le  coupoient  tous 
les  ans,  Se  nous  en  avons  parlé  au  mot  Au  Gui, 
L'an  neuf.  Us  avoient  encore  beaucoup  de  con- 
fiance dans  des  œufs  de  ferpens  ramalfés  d'une  cer- 
taine manière  &  en  certaine  Lune  ,  ainfi  que  Pline 
le  décrit ,  L.  XVI.  C.  44.  XXIV.  C.  z.  L.  XXIX. 
C.  3.  L.  XXX.  C.  I.  Ils  cioyoient  ces  œufs  des 
remèdes  efficaces  pour  gagner  les  procès  ,  ou  pour 
s'attitet  les  bonnes  grâces  des  Princes  ;  &  Pline 
croit  que  c'eft  pour  cela  que,  pour  un  figne  de  paix, 
on  avoit  pris  un  caducée  j  ou  bâton  entouré  de  deux 
ferpens  entrelacés.  Les  Druides  faifoient  aufli  les 
Devins,  les  Prophètes ,  les  Augures.  Diodore  de 
Sicile,  L.  VI.  le  même  Auteur,  Pline,  L.  XXX. 
C.  1.&  Suétone,  dans  la  vie  de  Claude,  afiiuent 
qu'ils  immoloient  des  hommes.  On  dit  que  c'étoic 
à  Mercure  qu'ils  faifoient  ces  facrifices  inhumains. 
Diodore ,  L.  VI.  dit  qu  ils  n'en  ufoient  ainfi  que 
lorfqu'ils  confultoient  de  quelque  affaire  de  la  der- 
nière conféquence  ,  &  pour  juger  de  l'avenir ,  8c 
du  parti  qu'Us  dévoient  prendre  ,  par  la  chûre  de 
cette  miférable  viâime  j  par  le  déchiremenr  de 
fes  membres ,  &  par  la  manière  donr  couloir  foa 
fang  y  Se  il  dit  qu'une  longue  expérience  leur  avoit 
appris  par-là  des  chofes  hitures.  Augufte  avoit  con- 
damne cette  coutume  barbare.  Tibère  la  punit;  mais 
ce  ne  fut  que  Claude  qui  l'abolit ,  fi  l'on  en  croie 
Suétone.  Ammien  Marcellin  ,  &  Lampridius  ,  en 
parlent  encore  j  &  Aufone  fait  mention  de  quel- 
ques perfonnes  qui  étoient  de  la  race  de  Druides. 
Lucain  décrit  la  Théologie  des  Druides  dans  fon 
premier  Livre. 

Le  Druide  en  repos  reprend  fes  exercices , 

Et  r  appareil  fanglant  de  fes  noirs  facrifices. 

Sur  les  efprits  divers  ces  efprits  curieux 

Ont  feuh  droit  de  connottre  ou  d  ignorer  les  Dieux  i 

Au  milieu  du  fdence  &  des  boisjalitaires, 

La  nature ,  enfecret ,  leur  ouvre  fes  myfières. 

Ils  penfent  que  des  corps  les  ombres  divifées 

Ne  yontpas  %' enfermer  dans  les  champs  EUfées^icc. 

Br£B. 


De 


DRU 

De  fort  corps  languijjant  une  ame  fé parie 

En  reprend  un  nouuveau  dans  une  autre  contrée  ; 

Elle  change  de  vie  au  lieu  de  la  lai(Jer , 

Ec  ne  finie /es  jours  que  pour  les  commencer.  \o. 

Les  Druïdes ,  au  rapport  de  Diodore  de  Sicile  , 
croyoient  ii  fort  limmortalitc  de  l'ame  ,  qu'ils  prc- 
toient  volontiers  de  1  argent  en  ce  monde ,  à  condi- 
tion qu'on  le  rendroit  en  l'autie  :  ce  qui  a  fait  dite 
à  Valere  Maxime  ,  qu'il  talloit  qu'ils  crulfent  à  la 
inétemplycole.  Merc.  Décembre  1735. 

Les  principales  démentes  des  Druides  étoient 
quelques  villes  Armoriques ,  le  pays  des  Carnutes , 
ou  de  Chartres ,  celui  des  Héduens ,  ou  l'Autu- 
nois  ,  &  des  Madubiens ,  c'eft-à-dire  ,  l'Auxois.  Il 
y  a  dans  ces  endroits  des  lieux  qui  ont  confervc  juf- 
qu'à  préfent  le  nom  des  DriSles  ,  témoin  dans 
l'Auxois  le  mont  Dru  ,  Mans  Druïdarum. 

Céiar ,  qui  avoir  vu  des  Druides  dans  l'Kle  de  la 
Grande  Bretagne  ,  a  cru  que  les  DruHes  avoienr 
palFé  de-là  dans  les  Gaules  \  mais  il  fe  trompe  ,  & 
c'eit  coût  le  contraire.  Les  habiles  "ens  conviennent 
que  les  anciens  Bretons  etoienc  ongmairei^ient 
Gaulois  ;  que  des  Celtes ,  ou  des  Belges ,  nations 
Gauloiles  ,  avoienc  p.ilFé  les  premiers  dans  cette 
lile  ,&  l'avoienc  peuplée.  Avec  eux  palpèrent  des 
Driilies.  Voilius  ,  De  Idolol.  L.  I.  C.  34.  s'elt 
lailîé  tromper  à  l'autorité  de  Céfar.  Il  cite  encote 
Tacite ,  Annal.  L,  XI F.  mais  il  du  feulement  qu'il 
y  avoit  des  Druides  dans  cette  Kle. 

Picard,  Celc.iped.  L.  H. p.  58.  croit  que  les  Drui- 
des invtnz  a.\nÇi  a^^hXcs  àe  Druis,  ou  Dryus ',  leur 
Chef,  quatrième  ou  cinquième  Roi  des  Gaulois  , 
&  père  de  Saron,  ou  de  Naumès.  Pline,  L.  VI.  C. 
44.  Saumaife  dans  fes  Notes  fur  Lampridius  .  p. 
•137.  B.  &c  Vigenère  ,  fol.  98.  col.  i.  de  fes  Notes 
fur  Céfar  j  penfent  que  ce  nom  vient  du  Grec  «^ç"?, 
chêne  ,  parce  que  les  Druides  habitoient  ,  ou  du 
moins  étoient  fouvenc  &  enfeignoieat  dans  les  fo- 
rêts ,  ou  bien  àcaufe  de  la  cérémonie  du  guy  l'an 
neuf,  de  parce  qu'ils  ne  faifoient  aucun  iacrifice 
%  fans  chcne_,  comme  ajoute  Pline.  Mais  on  a  beau 
dire,  avec  Céfar  &  Vigenère,  que  les  Gaulois  &les 
Druides  parloient  Grec  :  on  ne  le  perfuadera  point; 
&  cette  étymologie  Grecque  ne  convient  pas.  Cette 
raifon  eft  encore  plus  forte  contre  Célar  j  car  fi  les 
Druides  venoienc  de  l'Ifle  de  Bretagne  ,  leur  nom 
ne  peut  être  Gtec.  Jamais  Colonie  Grecque  ne  mit 
le  pied  dans  cette  Ifle.  Audi  Volhus  j  qui  croit  que 
l'opinion  de  ceux  qui  tirent  le  nom  de  Druide  du 
Grec  ^§5y ,  feioit  alfez  probable  ,  fi  les  Dràiies 
croient  venus  de  Matfeille  ,  ville  Grecque  ,  n'adop 
te  point  cette  étymologie  ,  parce  que  les  Druides 
étoient  inconnus  aux  Gtecs  ,&  qu'il  croît  avec  les 
anciens ,  dit-il ,  qu'ils  avoient  paifé  de  l'Ille  Britan- 
nique en  Gaule.  Ménage  ctoit  que  ce  mot  vient  de 
drus.,  qui,  envieux  langage  Britannique,  figni- 
fie  Démon  ,  Magicien.  Borel  le  dérive  de  dry  ,  mot 
Saxon  j  qui  lignifie  aulli  Magicien  ;  ou  plutôt  de 
dru ,  vieux  mot  Breton  ,  qui  fignifie  un  chêne,  doù, 
à  ce  qu'il  croit,  le  mot  Grec  ^pîf  eft  dérivé.  Goropius 
Becanus,  L.  I.  croit  que  Druis  eft  un  ancien  mot 
Celtique  &  Allemand  \  &  qu'il  s'eft  fait  de  Trowis  , 
qui  fignifie  Un  Docleur  de  la  vérité  &  de  la  foi.  Car 
Wis  ,  ou  Wys ,  Ç\  c'ell  un  verbe  ,  fignifie  Montrer , 
en  Latin  oflendere;  dans  les  Pays-Bas  ,  on  dit  Wy- 
fen  en  ce  fens  :  fi  c'ell  un  nom  ,  il  fignifie  un  fage  j 
iinfavant,nn  homme  intelligent.  Pour  Tru  ,  ou 
Trou ,  il  fignifie  foi  :  de-là  vient  que  les  anciens 
Germains  appeloient  Dieu  Drutin ,  ou  Trutin^  c'eft- 
à-dire,  fidèle,  de  même  que  les  Hébreux  &  les 
anciens  Patriarches  donnoient  à  Dieu  l'épithète  de 
înxj  ,  qui  lignifie  la  même  chofe.  Cette  étvmo- 
loge  eft  ingénieufe.  Volfius  la  fuit,  &  la  confirme 
parlaTraduilion  de  l'Evangile  faite  par  Othfridus, 
où  Dieu  eft  appelé  Drutin  ,  ou  Trudin.  Ainfi  Dru- 
tin ,  d'où  fera  venu  Druide  ,  Ç\<^v\\^e  fidèle  &  divin, 
deux  noms,  ajoute-t-il,  fort  convenables  à  desPrê- 
Tome  III. 


D  R.  U  4S  î 

j  très.  Georges  Homius  ,  dans  fon  Hiftoire  de  la 
J  Philofophie  ,  L.  II.  C.  12.  croit  que  toute  la  fcience 
&  la  Philofophie  des  Druides  venoit  des  Mages 
Afiyriens ,  que  l'on  appelle  encore  aujourd  hui  en 
Allemagne  Irutten,  oa  Irutoner ,  qui  ,  de  même 
que  le  nom  de  Magus  ,  ou  Mage ,  a  perdu  fon  an- 
cienne lignification  ,  qui  étoic  honorable  &  glo- 
rieufe  j  &  fignifie  Magicien  ,  Sorcier  ;  celui  de 
Druide ,  qui  avoit  le  même  fens  ,  a  dégénéré  de 
même,  ôc  nes'eftplus  pris  dans  la  fuite  que  pour  un 
homme  qui  a  commerce  avec  le  démon  ,  adonné  à 
la  Magie  j  6c  qu'encore  aujourdhui  en  Frife ,  où  il  y 
avoir  autrefois  des  Druides ,  on  appelle  ces  fortes 
de  gens  Drus. 

Outre  les  Auteurs  que  l'on  a  cités ,  ceux  qui  par- 
lent des  Z>m</£j,  font  Vinet,  dans  fes  Noces  fuc 
les  Profelfcurs  d'Aufone  ;  Cluv.  Gcrm.  Ant.  L.  C. 
50.  Merula  Cofmogr.  Parc.  II.  L.  III.  Cm.  Dio- 
dore deSicile,  L.  VI.  C.  9.  &  12.  Strabon  ,  L.  IV, 
p.  l'y-/.  &:  fuiv.  Cœlius  Rhodigin-  L.  XVIII.  C.  21. 
RouiUard  ,  Hift.  de  Cnarc:es  ,  L.  I,  n.  ^.&fuiv. 
Vigenère  dans  fes  Noces  fur  Céfar  j  Picard  ,  De 
Prfca  Ceitopsd.  L.  il.  p.  58.  &  fuiv.  Cambden, 
Bntannid  ^  p.  10.  &  fuiv.  Cluvier  ,  Germ.  Ant, 
L.  1.  C.  23.  &  24.  Volfius  ,  De  Idolol.  L.  L 
C  35. 

Druide,  f.  f.  Dnas  j  Dryis  ,  Druias  ,  Dryas.  Il  y 
avoir  aulli  chez  les  Gaulois  dei  temmes  que  l'on 
nommoic  Druides  j  comme  les  hommes  dont  nous 
venons  de  parler.  Les  Auteurs  de  l'hiftoire  d'Au- 
gufte  ,  &j  encre  autres ,  Lampridius  &c  Vopifcus 
en  parlent.  Une Z)r:/ii^, dit  Lampridius,  pag.  137. 
C.  avoir  dit  à  Alexandte  Sévère  des  paroles  qui 
marquoient  qu'il  ne  feroit  point  heureux.  Foye:(^ 
Tillemonr,  T.  III.  p.  22^.  Vopifcus  rapporte  dan» 
la  vie  d'Aurélien  ,  qu'il  avoir  confulté  les  Druides 
Gauloifes  ,  pour  favoir  fi  l'Empire  demeureroit 
dans  la  maifon  ,  &  qu'elles  lui  répondirent  que 
le  nom  de  nul  autre  ne  feroit  plus  glorieux  que 
celui  des  defcendans  de  Claude.  Sur  quoi  l'f  lifto- 
rien  remarque  que  Conftancius,  père  de  Conftan- 
tin  en  étoir.  Enfin,  le  même  Vopifcus  ,  dans  la  vie 
deNumérien,  dit  qu'une  Druiie  prédira  Dioclé- 
tien  qu'il  feroit  Empereur  ,  quand  il  auroit  tué 
Aper ,  qui  veut  dire  un  ianglier  ,  &  qui  eft  le 
nom  d'un  Préfet  du  Prétoire  qu'il  tua  en  effet  de  fa 
main.  Saumaife,  dans  fes  Notes  fut  Lampridius, 
femble  douter  qu'elles  étoient  ces  femmes. Il  s  arrêce 
cependanc  au  fencimenc  quiparoîc  le  plus  vrai  ,  que 
c'éroienc  des  femmes  de  Druïles  ,  ou  de  la  race  des 
Druides,  Leur  nom  &  leurs  tonétions  femblenc  le 
monrrer  fuHiiamment  ;  car  elles  étoient  devine- 
relles  &  prophételfes ,  &  on  les  confultoit  comme 
l'on  faifoit  les  Prêttelles  de  Delphes ,  &  les  auttes 
On  dit  qu'un  Z^r/ji./e  prédit  la  mort  de  l'Empeteur 
Alexandre,  lorfqu'il  marchoit  contre  les  Germains. 
On  prétend  qu'une  Druide  l'ayant  rencontré  dans 
fa  marche  ,  lui  cria  en  Gaulois  :  Vas ,  mais  ne  t'at- 
tends pas  de  vaincre  ,  &  ne  te  fie  pas  à  tes  foldats. 

TiLLEMONT. 

DRUIDE.  Terme  de  Fleurifte.  Tulipe  ,  rouge  terni  ^ 
colombin  obfcur  &  blanc.  Morin. 

DRUIDE,  f.  m.  Homme  qui  a  de  l'expériente,  & 
qui  eft  verfé  dans  les  affaires.  Peritus  y  exercitus, 
verfatus  in  aliqua  re.  C'eft  un  vieux  Druide  ,  il  nous 
pourra  donner  de  bonnes  inftruilions.  Ce  mot  vient 
de  ce  que  les  Druides  étoient  autrefois  les  Savans  , 
les  Prêcres  &c  les  Sacrificateurs  chez  les  Gaulois. 
Ils  étoienr  aulTi  les  Piulofuphes,  les  Mathémati- 
ciens, les  Jurifconfultes ,  les  Orateurs  ,  les  Af- 
tiologues  ,  les  Médecins  &  les  Théologiens  du 
pays. 

DRUIDISME.  f  m.  C'eft  un  de  ces  mots  nouveaux 
formés  par  analogie  fur  phifieurs  autres-  Celui-ci  fi- 
gnifie la  doétrine  &  les  fondions  des  Druides.  Le 
P.  Dom  Jacques  Martin  ,  en  expliquant  deux  an- 
ciennes figures,  l'une  d'un  vieillard  Hc  l'autre  d'un 
jeune  homme ,  dit  que  le  jeune  eft  furement  uiv 
Gaulois  qui  embralfoit  le  Druidfme  ^  &c  que  U  té- 

Ppp 


'èz 


DRU 

cepùcr\  à^nslo  DrLtJiJ'me  confiftoit  en  ce  qu'on  a 
depuis  appelé  Accolade.  Il  fe  fert  dans  plulieurs  au- 
tres endroits  de  ce  terme  j  ik.  l'Abbé  Deslontaines 
s'en  eft  fervi  après  lui. 

DRUÏbER.  V.  n.  Parler  comme  un  Druide,  c'eft-à-di- 
re  f  en  homme  capable  &c  expérimenté.  C'eft  bien 
druifcr ,  dit  Hylas  eu  fe  moquant  :  mais  ,  quant  à 
îiioi  j  je  crois  que  tout  ce  que  vous  venez  de  dire 
font  des  fables  avec  lefquelles  les  femmes  endor- 
ment les  moins  rufés...  ^Jlrée  ,  tom,  t.  p.  372. 

DRUNGAIRE  ,  ou  DRUNCAIRE.  f.  m.  Nom  d'offi- 
ce &  de  dignité  dans  l'Empire  de  Conftantinople. 
Drungarius.  Ce  nom  lignifie  ,  Commandant  j 
Chef.  Le  Grand  Drungairc  étoit  une  charge  confi- 
détable.  Il  y  en  avoir  deux  ;  celui  qu'on  appeloit 
Drungarius  BigLt  \  8c  le  Urungaire  de  la  liocce.  Le 
premier  étoit  le  Commandant  des  Veilles  ou  Gar- 
des de  la  nuit.  Il  fervoit  dans  les  armées  de  terre- 
fous  le  Grand  Domelfique.  f^oyei  jf.  L.  i.  tit.  de  ojj-. 
prsf.  vigil.  Ilell  marqué  dans  la  vie  de  fainte  Théo 
dore  ,  impératrice  ,  que  le  Drungairc  des  veilles 
étoit  Ion  frère.  BoUand.  Acla  Sanct.  Feb.  T.  II.  p. 
555.  Le  Drungaire  de  la  liocce  écoit  lous  le  Grand 
Duc  qui  commandoit  l'Amiral  j  le  Protocomte  ,  les 
D rungaire s  Si.  \ts(Zomi&s.  Meurlius  remarque  que 
cerce  charge  palfa  de  la  Hotce  aux  armées  de  terre, 
.Sous  le  Grand  Drungairc  de  la  Botte  il  y  en  avoit 
un  autre  qu'on  appelloit  fécond  Drungaire  ,  & 
dont  Anne  Comnène  parle  ,  Alexia.  L.  XIIL  p. 
3(îcj.  ^oye^  Godinus  ,  De  Officiis  Conft.  C.  \6.  n. 
4.  5.  (S.  î  7.  le  P.  Goar  dans  fes  Notes  fur  cet  Au 
teur ,  Meurlius ,  Glojfar.  Du  Cange  ,  Fabrot,  Gloll. 
de  Cedrenus ,  &  de  (.^onftancin  Manalfes. 

DRUNGAHIEM,  enne.  f.  m.  &:  f.  Nom  que  l'on 
donna  aux  Manichéens  vers  le  XII^  fiècle.  On  du 
zaffi  Drucarien  ,  5c  en  retranchant  le  d  Runcaricii 
&  Rungirien.Ce  mot  vient  apparemment  de  Drun- 
garius ,  qui  dans  le  bas  Empire  répondoir  à  ce 
que  nous  appelons  Colonel  du  mot  Afoyyoç  j  troupe 
de  foldats  commandés  par  un  Capitaine  ,  Ré- 
giment. 

DRUNGE.  f-  m.  Corps  de  troupes  ainfi  appelé  dans 
l'Empire  Romain  ;  Partie  d'une  armée.  Drungus. 
Ce  nom ,  comme  il  paroît  par  Végèce  ^  L.  III.  C. 
i(j.  ne  fe  dit  d'abord  que  des  troupes  étrangères  &; 
ennemies  :  enfuite  j  dans  l'Empire  d'Orient  ou  de 
Conftantinople  ,  on  le  dit  des  troupes  mêmes  de 
l'Empire  ,  &  l'on  fit  le  mot  ApJvyo?.  H  revenoit  à- 
peu-près  à  ce  que  nous  appelons  Régiment  j  ou 
Brigade  ,  ou  quelque  corps  lemblable.  Leunclavius 
dit  que  le  Drunge  n'étoit  pas  moins  de  1000  hom- 
mes, ni  de  plus  de  4000. 

Leunclavius  dit  queûçoyyaf,  chez  lesGtecs  moder- 
nes ,  lignifie  le  bâton  qui  elf  la  marque  d'un  olhce  , 
ou  d'une  dignité  ,  comme  agla  chez  les  Turcs  ,  "& 
que  ce  nom  vient  peut-être  du  Latin  truncus ,  tronc  , 
parce  que  ce  bâton  ,  ce  fceptre,  étoit  un  tronc  ,  & 
s'appeloit  truncus  :  mais  il  paroît  par  Végèce  que 
drungus  eft  un  mot  barbare  j  &  non  Latin.  Spel- 
man  croit  qu'il  eft  Saxon ,  parce  qu'encore  à  prélent 
throng  en  Anglois  fignifie  ,  une  grande  multitude  j 
une  grande  troupe  d'hommes  aflemblés.  Saumaife 
croit  que  ce  mot  s'eft  fait  de  <^p'V>;''f ,  qui  lignKîe 
bec  ,  d'où  le  vulgaire  en  Grec  a  fait  ^pojyyof,  pour  li- 
gnifier un  bataillon  j  un  grand  nombre  de  foldats 
difpofés  en  bec  ,  ou  de  forte  qu'ils  fe  terminoient 
en  pointe  \  Se  que  pour  cette  raifon  on  appeloit 
^foâyyK  j  bpc  ,  ainfi  qu'on  les  a  appelés  tète  de  porc  , 
comme  le  témoignent  Végèce  Se  Ammien  Marcel- 
lin,  f^oye:;  cet  Auteur  fur  Vopifcus,  vie  deProbus, 
p.  43  5.&  furSolin,  p.  511.  &  564.  Lambecius  eft 
de  même  fentiment  dans  fon  Glolfaire  fur  Codin. 
Mais  S.  Nicephore,  P.  C.  dans  fon  Hiftoire  abré- 
gée ,  iTTo^'tx  a-uvrofioç ,  p.  2(j.  difûit  que  ce  nom  venoit 
des  Romains. 

DRUON,  f  m.  &:  nom  d'homme,  /'oye-  Dreux. 

DRUS  ,  UE.  f  m.  &  f.  Vieux  mot  François ,  qui  fe 
trouve  une  infinité  de  fois  dans  les  anciens  Romans^ 
Se  fignifie  un  galand  ,  un  ami  fidèle.  Fidus  cornes  _, 


D  RU 

anùcus.  Mes  drus  Se  mes  amis.  Comme  Agamemnon 
fit  de  Chryieis  fa  mie  Se  ta  drue  ,  dit  un  vieux  Au- 
teur j  pour  dire ,  fon  amante. 

Ce  mot  vient  de  l'Allemand  aew  ;  d'où  les  Au- 
teurs de  la  balle  Latinité  ont  frit  drudes  Se  drudi^ 
fignifiant  la  même  chofe.  Les  Italiens  difent  aufli 
drudo.  Icquez  croit  que  drus  Se  drudus  en  Latin 
pourroient  bien  venir  des  langues  du  nord:  truad  , 
dans  la  langue  des  Cimbres  treovvad  Se  truad ,  dans 
la  langue  des  Francs  j  lignifient  J.dèle.  Voyez 
Drud. 
DRUS ,  ou  DR  USE  ,  DRUSSE  ^  DRUSIS  ,  &  DRU- 
SIEN  ,  £NNE.  f.  m.  Se  f.  Nom  de  peuple.  Drujus  , 
ou  Drufius.  C'eft  une  nation  de  Syrie  ,  ennemie  des 
Turcs  j  des  Arabes  j  &  de  tous  les  Mahométans. 
Ces  Drufis  fe  difent  Chrétiens ,  quoiqu  ils  n'obfer- 
venc  point  la  Religion  Chrétienne,  Se  qu'ils  ne 
foient  point  bapiilés.  Il  eft  vrai  cependant  qu'ils 
reconnoilient  Jesus-Christ  pour  le  vrai  Mellie  &: 
le  Rédempteur  du  monde  \  qu'il  s'eft  fait  homme 
Se  qu'il  elt  né  de  Marie  fans  blelTer  fa  virginité  ; 
qu'il  a  été  crucifié  par  la  haine  des  Juifs.  Ils  croient 
un  Jugement,  un  Paradis ,  un  enfer,  &  que  tous 
les  Turcs  &  les  Juifs  font  damnés.  Ils  fe  difent  if- 
fus  des  Chrétiens  Latins  ,  qui  le  retirèrent  dans  les 
délerts  au-delà  du  Jourdain  ,  lorfque  les  Sarrafins 
fe  rendirent  maîtres  de  la  Terre- Sainte.  Ils  y  de- 
meurèrent long  temps  fans  Prêtres  pour  les  mainte- 
nir dans  la  Religion  j  &:  aujourd'hui  les  leules  mar- 
ques qu'ils  aient  du  Chriltianilme  font  les  points 
de  leur  créance  que  nous  avons  rapportés  j  Se  les 
injures  qu'ils  vomillenc  contre  Mahomet  Se  les  fec- 
tateurs,  quand  on  leur  dit  qu'eux  Druj.s  ne  font 
pas  Chrétiens.  Quelques-uns  néanmoins  le  font 
circoncire.  Ils  n'ont  ni  temples  pour  prier,  ni  Ec- 
cléliaftiques  pour  les  inltruire  ,  ni  fêtes,  ni  céré- 
monies. Ils  difent  feulement  de  temps  en  temps 
quelques  prières  en  deux  mots  ;  Dieu  eft  grand  , 
Dieu  fou  loué  ,  Dieu  me  préferve.  ils  ont  une 
extrême  horreur  de  l'ulure.  Ils  font  fort  humains,  Sc 
beaucoup  moins  vicieux  que  les  Maures.  Us  habi- 
tent une  contrée  appelée  Drus  ,  où  ils  lont  environ 
fix  mille  hommes  capables  de  porter  les  armes.  Ils  9 
ont  entre  eux  une  parfaite  union  ,  qui  les  foutient 
malgré  leurs  ennemis.  Ils  font  braves  ,  Se  bons 
guerriers ,  habiles  aux  exercices  de  la  guerre  ,  aux- 
quels ils  forment  leur  jeunelfe  avec  beaucoup  de 
foin.  Leui  langue  eft  l'Arabe  :  ils  font  habillés  com- 
me les  Maures  ,  excepté  que  la  plupart  portent  des 
turbans  de  foie  noire  ,  ou  rouge.  Quoiqu'ils  ne 
foient  pas  Chrériens,  ils  paient  le  même  tribut  que 
les  Chrétiens.  Ce  font  eux  qui  cultivent  la  plupart 
des  vi'jjies  qui  porrent  ces  gros  railins  de  Damas  j 
où  ils  les  vonr  vendre  aux  François  &  aux  Vénitiens. 
Les  Drufis  ont  eu  leur  Emir,  ou  Prince  parti- 
culier ,  qu'on  difoit  être  fils  d'un  certain  Mahan  , 
Se  qui  prétendoit  être  iiTu  de  Godefroi  de 
Bouillon. 

On  leur  a  donné  le  nom  de  Drus  ,  ou  Drufis  , 
parce  qu'ils  occupent  une  contrée  appelée  par  les 
Arabes  B/aideDrufi.  Voyez  \e  P.  Roger  ,  dans  ia. 
Terre  fainte  ,  p.  335.  Se  fuiv.  Coppin  ,  Voyage 
ae    Phenicie    ,  C.     14.    Se    d'Herbelot  ,  au    mot 

DRUSELLE.  f  f.  Efpèce  de  Pêches.  Les  Drufielles  Se 
les  Pêches  cerifes  mûriHent  vers  ia  fin  du  mois 
d'Août. 

La  Quint.  Ce  n'eft  pas  une  bonne  pêche.  Elle  a 
la  chair  grollière.  Id. 

DRUSENHEIM.  Ville  de  France  dans  la  balTe  Alface, 
fur  le  Moter ,  fort  près  du  Rhin  ,  à  quatre  lieues 
au-deftous  de  Strasbourg.  Drufenheimum. 

DRUSIBABA.  Ville  autrefois  de Thrace  .maintenant 
de  la  V^om:in\e.  Druficpara.  Elle  eft  entre  SelivréeiSc 
Andrinoplc  ,  &  avoir  autrefois  un  Evêché. 

DRUSIEN,  ENNE.  Foye^  Drus,  ou  Druse. 

DRUSILLIANA.  Ville  Epifcopale  d'Afrique  ,  dans  la 
Numidie. 

DRUSSE.  î'oyei  Drus. 


DRY 

DRY. 

DRYADE,  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nymphe  des 
bjis.  Les  Dryades  écoient  des  Divinités  imaginai- 
res des  Payens,  qui  prclldoient  aux  forêts  &  aux 
arbres  en  général.  Car  quoique  ^pW  fignifie  pro- 
prement un  chêne  ,  on  le  prend  aulli  pour  un  arbre 
en  général.  Elles  croient  errantes  dans  les  torêts  Hc 
dans  les  bois  qu'elles  avoient  fous  leur  protedion  : 
c'eft  en  cela  qu'elles  ditïéroient  des  Hamadryades  , 
que  l'on  fuppofoit  attachées  à  chaque  arbre  en  par- 
ticulier j  fous  i'écorce  duquel  elles  étoienr  cachées  , 
&  avec  lequel  elles  nailfoient  &  mouroient.  De-là 
ce  refpeét  que  les  peuples  avoient  pour  les  arbres , 
qu'ils  n'ofoient  couper  qu'après  que  les  -Minières 
de  la  Religion  avoient  déclaré  que  les  Nymphes  qui 
y  préfidoient  s'en  étoient  retirées.  Les  Poètes  enfer- 
ment auùi.les  Dryades  dans  les  arbres ,  quand  il 
leur  plaît. 

Les  Dryades  enfermées 
Dj.is  les  Pins  &  Us  Ormeaux  j 
Soujfrenc  que  des  mains  armées 
Leur  arrachent  des  rameaux. 

Nûuv.  CHOIX  DE  Vers.. 

Dryade,  fe  dir,  pûëtiquemenc,pour  les  arbres  mêmes 
dans  leiquL'ls  oa  les  croyoit  enfermées ,  &  auxquels 
elles  prclldoient. 

Mais,  fi  voulant  rêver  à  V ombre  &  loin  du  bruit , 
J'aime  mieux  ces  bofquets  ,  ces  longues  palijjades  , 
Ou  les  bras  étendus  des  plus  vertes  Dryades 
Me  fauventde  l'arieur  du  lion  dangereux  ; 
Ou  trouver  cher  G**  d'afyle  plus  heureux  ? 

N.  CH.  DE  Vers. 

Quelques  Auteurs  difent  auHî  que,  chez  les  Gau- 
lois ,  il  y  avait  des  Devinerelîes  ou  ProphételTes  j 
qui  s'appeloient  Z)rj  jiei-j  donc  on  trouve  plufieurs 
prédidions  qu'elles  ont  faites  à  des  Empereurs  Ro- 
mains. Ces  Prophéceires  étoienc  des  femmes  des 
Druides ,  qui  habitoienc  les  bois  j  &  fe  mêloient 
de  prédire  l'avenir. 

DRï'AS.  f.  f.  Nymphe,  fille  de  Faune,  Dryas.  Cette 
Nymphe  étoit  fi  chiile  ,  que,  pour  éviter  jufqu'à  la 
vue  des  hommes ,  elle  ne  parue  jamais  en  public  ; 
ce  qui  ht,  dit  Plucarque  y  que  l'on  régla  que  nul 
homme  ,  nul  garçon,  n'allifteroic  jamais  aux  facri- 
fices  qu'on  lai  oflroit. 

DRYITÈ.  f  t.  Pierre  figurée  qui  imite  les  feuilles  du 
chêne,  ou  plutôt  bois  de  chêne  pétrifié.  Dryites. 

DRYLLE.  f.  m.  Chêne  femelle.  Quelques  -  uns  ne 
prennent  ce  mot  que  pour  le  gland  de  cet  arbre. 

DRYNUS.  f.  m.  Ert  une  efpècede  ferpent  qui  fe  nour- 
rit dans  les  montagnes  j  &  qui  fe  tient  caché  dans  le 
creux  d'un  hêtre ,  ou  d'un  chêne  :  ce  qui  l'a  fait  ap- 
peler ainfi  par  les  Grecs.  Il  efl:  long  de  deux  coudées, 
&  eft  gras  Se  armé  d'écaillés  fort  dures  par  tout  le 
corps.  Il  rend  une  telle  puanteur ,  qu'encore  qu'on 
ne  le  voie  pas ,  on  le  fent.  Quelques-uns  l'appel- 
lent hydrus  &C  chedrus. 

DRYOPE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  peuple.  Dryops.  Il  y 
avoir  des  £>ryopej  dans  l'Epire  ,  félon  Strabon  ,  L. 
VIII.  &  L.  XV.  Setvius  en  met  d'autres  proche  du 
Parnaffe,  &  le  Géographe  Etienne,  proche  du  mont 
(Eta.  Ils  avoient  pris  leur  nom  àz  Dry  ope  fille  d'Eu- 
ripile. 

DRIOPE.  f.  f.  Nom  de  femme.  Driope.  Elle  écoit  fille 
d'Euriciis ,  Roi  d'CEchalie  ,  ville  de  la  Melfenie  , 
Province  de  Péloponèfe.  Driope  étoit  fœur  d'Iole  , 
&  femme  d'Andrarmon  :  elle  fut  changée  en  lotos 
pour  avoir  rompu  une  branche  de  lotos,  &  l'avoir 
donnée  à  fon  enfant  Amphife  pour  fe  divertir.  Ovid. 
Metam.  L.  LX.  fab.  ri II. 

Dryope  ed  encore  la  fimme  la  plus  diftinguée  de 
Lemnos,  dont  Vénus  prit  h  figure  ,  pour  pariétaux 
femmes  de  cette  Ifle.  Fdcr.  Flauus  Argon  j  L.  II. 


DRY     DU  .  DU  A        48; 

V.  174.  Le  dernier  Editeur  du  Moréri  nous  donne 
encore  une  Dryope  Nymphe  d'Arcadie ,  qu'il  fait 
mère  de  Pan  ,  qu'elle  eut ,  dit-il ,  de  Mercure  \  ci- 
tant fur  cela  Homère.  Mais  ,  par  malheur  ,  cette 
prétendue  Nymphe  d'Arcadie  étoit  un  homme 
nommé  Dryops  ,  &  non  pas  Dryope  \  &  c'ell  de  la 
femme  de  ce  Dryops  qu'Homère  dit  que  Mercure 
eut  le  Dieu  Pan.  Car,  dans  l'hymne  à  llionneur  de 
Pan ,  Homère  conte  que  Mercure  ,  tout  Dieu  qu'il 
étoit ,  alla  garder  les  brebis  en  Arcadie  ,  poulfé  par 
l'amour  qu'il  avoit  pour  la  temme  de  Dryops  ,  dont 
il  eut  enfin  un  fils  ,  que  les  Dieux ,  &  fiir-tout  Bac- 
chus,  nommèrent  Pan. 

TaXt  yaf  Ttcto!  ûypsf  iffiAS-air 
HafiÇiti  luTT^^iKiCfia  ù^ltiiios  ip^AcrijTi  ^(y£, 

Nv'«(pi)  fignifie  femme.  Callimaque,  dans  l'hym- 
ne iur  Délos  ,  appelle  Junon  Nî-/^if«  Auv  .  De  même 
Homère  dit  femme  de  Dryops ,  &  non  pas  Nymphe 
Dryope.  Ce  Dryops  étoit  un  chef  des  Arcadicns , 
dont  parle  Strabon  ,  L.  VIII.  p.  37^. 
DRYOPETIS.  Efpèce  de  petite  grenouille  verte 
qu'on  ttouve  dans  les  broulIaiUes  :  elle  a  les  mê- 
mes propriétés  que  les  autres  grenouilles.  Dicl.  de 
James. 

RYOPTERIS.  f  f.  Sorte  de  fougère  appelée  ainfi 
par  les  Grecs ,  à  caufe  de  la  figure  de  fes  feuilles,  6i 
du  lieu  où  elle  croît;  en  Latin  y^'/zA."  querna  ,  &c  eu 
François  fougère  de  chêne.  Selon  Diofcoride  3  elle 
eft  femblable  à  la  fougère,  avec  cette  diilérence,que 
les  découpures  de  les  feuilles  font  plus  menues.  Ses 
racines  font  entrelacées  enlemble  j  velues  ,  d'un 
goût  âpre ,  avec  un  peu  de  douceur.  La  dryopteris 
croît  fur  la  mouire  des  vieux  chênes.  Matthiole  dit 
qu'elle  vient  dans  des  lieux  humides  ,  parmi  les 
builfons,  auprès  des  pieds  des  chênes  ,  &  qu'il  en 
a  auffi  trouvé  ailleurs ,  qui  n'étoit  point  attachée  à 
ces  arbres.  Il  y  a  des  Botanifles  qui  donnent  ce  nom 
à  d'autres  plantes.  La  fougère  de  chêne  broyée 
avec  fa  racine  ,  &c  appliquée  fur  une  partie  ,  en 
fait  tomber  le  poil  :  c'eft  le  polypode  de  chê- 
ne. Foye\  Fougère. 

D  U. 

DU.  Article  qui  fe  met  ordinairement  devant  le  fîn- 
gulier  des  noms  mafculins  qui  commencent  par 
une  confonne.  Il  eft:  tantôt  la  marque  du  nomina- 
tif ,  comme  ,  c'eft:  du  pain  ,  c'eft  du  vin  :  tantôt  la 
marque  du  génitif;  commejles  ncheires  du  Pérou,  la 
Loi  de  Dieu  doit  être  l'étude  du  fage  :tantôt  la  mar- 
que de  l'accufatif ,  comme  ,  donnez- moi  du  pain  , 
donnez-moi  du  vin  :  &  tantôt  la  matque  de  l'abla- 
tif ,  comme,  les  gens  de  bien  font  aimés  du  Sei- 
gneur; ilfe  vit  d'abord  délivré  du  péril  où  fon  im- 
prudence l'avoir  jeté. 

Du,  eftaulFi  quelquefois  une  prépofition  qui  marque 
le  lieu  ;  A  ,  ab.  Comme,  il  vient  du  Pérou:  il  fut 
pris  à  la  fortie  du  Royaume  ;  on  le  tua  comme  il  for- 
toit  du  bois. 

Du,  eft  encore  une  Prépofition  qui  défigne quelque- 
fois le  temps  ;  comme  ,  du  temps  d'Alexandre  le 
Grand  ,  du  vivant  du  Cardinal  de  Richelieu  ,  les 
gens  de  lettres  étoient  heureux.  Alexandri  Magni  y 
Cardinalis  Bichelii  tempore.  Rome  fut  gouvernée  du 
commencement  pat  des  Rois.  Ablanc. 

DÛ,  UE. part,  ou  DU.  fubft.  Foy.  Devoir, 

D  U  A. 

UCr  DUALISME ,  ou  DITHÉISME  f.  m.  Opinion  de 
cettains  Philofophes  qui  adoptent  deux  principes  , 
deux  êtres  indépendans  l'un  de  l'autre  j  l'un  bon  , 
l'autre  mauvais ,  le  premier  principe  du  bien,  l'au- 
tre principe  du  mal.  Foye-[  Manès  &  Mani- 
chéisme. 

DU  ARE.  Place  de  Dalmatie.  Duara.  EUe^  eft  près  du 
bord  oriental  de  la  rivière  de  Cetrina  ,  à  trois  liewes 

Pppij 


DU A     DU  B 

de  la  ville  d'Almiffa.  Duare  efl:  petice  ,  mais  aflez' 
forte.  Elle  fuc  prifepar  les  Vénitiens  en  1645.  Peu 
de  temps  après  j  les  Turcs  la  reprirent.  Le  Général 
Fofcarini  l'ayant  prife  de  nouveau  lur  les  Ottomans 
en  i6^i.  les  Vénitiens  la  ruinèrent.  Les  Turcs  la  ré- 
patèrent  enfuite,  pour  arrêter  les  courles  des  Mot- 
laques  de  la  Craacie.  Ceux-ci  la  prirent  pat  efcala- 
de,  l'an  1(584.  &:  depuis  ce  tems-là  les  Vénitiens  y 
ont  toujours  eu  garnifon. 
DUASSENEMSAL.  Siège  Epifcopal  eu  Afrique,  dans 
la  Province  Proconfulaire. 

D   U   B. 

DUB.  f.  m.  Efpèce  de  lézard  qui  fe  trouve  en  Afrique , 
dans  les  délerts  de  la  Lybie.  Le  Dub  relïemble  à  la 
Tarentule  ^  mais  il  eft  un  peu  plus  gros ,  &  a  un 
pied  &  demi  de  longueur,  &  de  largeur  quatre 
doigts.  Il  ne  boit  jama\s  d'eau  .•  onditmême  qu'une 
goutte  feroit  capable  de  le  faire  mourir.  Il  fut  des 
œufs  comme  la  tortue  ,  &  eft  fans  venin.  Les  Ara- 
bes le  mangent  rôti ,  Se  fa  chair  a  le  goîit  de  la  gre- 
nouille. Il  n'eft  point  venimeux. 

CUBELDAM.  Territoire  de  la  Province  d'Hollande  , 
dans  le  voifinage  de  Dordrechr. 

DUBELTIES.  f.  f.  pi.  Monnoie  d'argent  qui  a  cours 
en  Hollande.  Elle  vaut  deux  fous  d'Hollande  ,  en- 
viron quatre  ,  argent  de  Brance. 

DUBEN. /^e^DiEBEN. 

DUBITATION.  f,  f.  Figure  de  Rhétorique  ,  par^  la- 
quelle un  Orateur  fait  femblant  de  douter  d'une 
propofition  qu'il  veut  prouver  ,  afin  de  préve- 
nir les  objedtions  'qu'on  peut  lui  faire.  Dubi- 
tat'io. 

DUBITATIVE,  adj.  f.  Le  mafculin  dubitatif  n'ell: 
point  en  ufage  :  le  féminin  eft  un  terme  de  Gram- 
maire. Conjonction  dubitative  eft  celle  qui  marque 
fufpenfion  &  doute  dans  ledifcours.  Si 3  en  tant  que 
conjondion  dubitative,  répond  auxconjondiions  La- 
tines an  ôc  utràm.  L'Ab.  RÉgn.  Si ,  /avoir  fi ,  àfa- 
voirfi  j  quoi  qu'il  en /oit ,  font  des  conjonftions  du- 
bitatives. 

DUBLIN.  Ville  Capitale  d'Irlande.  Dublinum  ,  Ehla- 
na.  Elle  eft  dans  la  Lagenie  ,  à  l'embouchure  du 
Leiffer,  dans  la  mer  d'Irlande,  c'eft-à-dire  ,  pref- 
que  au  milieu  de  la  côte  orientale  de  cette  Ifle  ,  & 
félon  les  Cartes  de  Speed,  un  peu  au-deifus  du  54^ 
dègté  de  latitude  ^  &  à-peu-près  au  11^  de  longi- 
tude, &  ,  félon  M.  de  L'Ifle  ,  au  55°  degré  1 8  mi- 
nutes environ  de  latitude  ,  &  au  1 1''  degré  environ 
20  minutes  de  longitude.  Cette  Ville  eft  grande  j 
bien  bâtie^  fort  peuplée  &  fort  marchande.  Il  y  a 
un  bon  port  &  un  bon  château  ,  Archevêché  & 
Univerfité.  Le  Viceroi  d'Irlande  ,  &:  prefque  toute 
la  Nobleiïe  du  pays  y  font  leur  réfidence  ,  &  l'on  y 
tient  le  Parlement  du  Royaume.  L'Univerfité  de 
Dublin  a  été  fondée  en  1 3  20.  par  Alexandre  de  Bik- 
nore ,  qui  étoit  Archevêque  de  cette  ville.  Cette 
Univerfité  a  droit  de  députer  au  Parlement.  L'E- 
glife  Métropolitaine  de  Dublin  eft  dédiée  à  S.  Pa- 
trice. C'eft  le  Pape  Eugène  III.  qui  érigea  Dublin  en 
Archevêché  ,  l'an  1 1 5 1.  lui  donnant  pour  fuffragans 
les  Evêqu2s  de  Kildare  jde  Fernès  &c  d'OlTery.  Cette 
ville  donne  fon  nom  à  un  Comté. 

Le  Comté  de  Dublin  ,  Dublinienfis  Comitatus ,  eft 
une  contrée  d'Irlande,  qui  fait'partie  de  la  Lagenie, 
Province  de  ce  Royaume.  Ce  Comté  eft  borné  au 
midi  pat  celui  de  Wicklo  ,  ou  Wicklou  ;  au  cou- 
chant par  ceux  de  Kildare  iid'Eaftmeath  j  au  nord 
encore  par  Eaftmeath  ,  &  au  Levant  par  la  met 
d'Irlande  :  il  a  a  environ  dix  lieues  de  côtes  ,  ^c  tout 
au  plus  cinq  de  largeur.  Outre  Dublin ,  il  contient 
les  bourgs  de  Neucaftle  ,  &  de  Swords  ,  qui  ont 
droit  de  députer  au  Parlement.  Les  peuples  de 
cette  contrée  s'appeloient  autrefois  Eblaniens. 
Ehl.inïu 

DUBNO.  Petite  ville  de  Pologne.  Dw^n^î.  Elle  eft  dans 
le  Palatinat  de  Chelm  ,  qui  eft  dans  la  Ruflie  rouge, 
à  onze  lieues  de  Chelm. 


DUB     DUC 

DU  UÙU.  Ville  du  Royaume  de  Fez  en  Afrique.  Du- 
hudum.  M.  Corneille  l'appelle  ZJi^^aaftfj  ou  JJabudw. 
mais  Marmol  dit  toujours  Dubuàu.  C'eft  une  glan- 
de ville  de  la  Province  de  Cuz  ,  fîtuée  fut  la  pente 
d'une  haute  montagne  ,  à  vingt  lieues  de  Méliie  du 
côté  du  midi.  Elle  a  été  bâtie  pat  un  Seigneur  desBé- 
nimérinisj  depuis  qu'il  règne  dans  la  Maurita- 
nie Tingitane.  Il  y  a  fur  le  haut  plufieurs  fontaines, 
qui  delcendent  dans  la  ville  ,  quiparoît  de  loin  être 
au  pied  de  la  montagne  ,  quoiqu'il  y  ait  plus  d'une 
lieue  &  demie  de  ce  côté-là  ,  &  qu'on  y  monte  en 
tournoyant,  comme  par  un  chemin  rude  &:  difli- 
cile.  Toute  la  campagne  eft  ftérile  ,  h  ce  n'eft  le  bord 
d'une  rivière,  où  il  y  a  quelques]  jardins  &  quelques 
vergers.  Les  habitans  ont  leurs  héritages'  fur  le 
haut  ;  mais  ils  n'y  recueillent  pas  du  blé  pour  qua- 
tre mois  de  l'année,  i^^^^^o'^, dans  fon  origine,  étoit 
une  forterelfe  des  Bénimérinis,  qu'ils  bâtirent  pour 
reirerrer  leur  blé.  Quand  les  Bénimérinis  furent 
dépoféspar  les  Vatazes  j  les  Arabes  de  la  contrée 
voulurent  ruiner  cette  ville,  &  en  chalfer  les  habi- 
tans  ;  mais  Us  fe  défendirent  courageufement  par 
la  valeur  de  leur  chef,  Muca  ben-Camu  ,  qui 
traita  depuis  avec  eux  ,  &  demeura  Seigneur  de 
Dubudu.  Mahomet  fon  petit-fils  l'embellit  beau- 
coup ,  &c  y  établit  un  grand  commerce  ,  fe  mon- 
trant tort  doux  &  favorable  aux  étrangers  ; 
&  on  le  nomma  Roi  de  Dubudu,  Il  voulut  fe  rendre 
maître  de  Tuzur  ,  comme  il  avoir  fait ,  dès  le  vi- 
vant de  fon  père  ,  de  plulieurs  villes  fur  la  ce  te  du 
mont  Atlas  qui  regarde  la  Numidie.  Mais  le  pre- 
mier Roi  des  Béni  Oatazes  ,  qui  régnoit  alors  ,  en 
ayant  eu  avis  ,  l'affiégea  dans  Dubudu  ^  &  ,  malgté 
fes  ftratagêmes  &  fa  valeur ,  l'obligea  de  fe  rendre. 
Le  vainqueur  le  traita  bien  ,  lui  confirma  fon  Etat,  ^ 
pour  lui  &  pour  fes  defcendansj  &:  dès-lors  (1490) 
les  Seigneurs  de  Dubudu  prirent  le  titre  de  Rois  j 
quoique,  depuis  l'établiirement  des  Chéiifs  ,  ils  de- 
vinlFent  comme  leurs  valfaux.  Enfin  Muley  Hamar, 
Seigneur  de  Dubudu  _,  étant  mort  à  Fez  en  1 5(^3  ,  le 
Chérif  qui  gouvernoit  alors  s'empara  de  fon 
Etat  ,  &  y  mit  un  Gouverneuravec  des  troupes , 
pour  le  défendre  contre  les  Turcs.  Marmol.  Tome 
ILL,tF,C.  110. 

DUC. 

DUC.  f.  m.  Dans  l'Hiftoire  moderne.  Prince  Souve- 
rain qui  n'a  pas  la  qualité  de  Roi.  Dux.  Le  Duc  de 
Savoye.  Il  y  a  deux  Souverains  à  qui  l'on  donne  la 
qualité  de  Grand  Duc  :  le  Grand  Duc  de  Tofcane, 
&  le  Grand  Duc  de  Mofcovie. 

Ce  mot  vient  des  Grecs  modetnes  ,  qui  ont  ap- 
pelé ducds  ,  ce  que  les  Latins  appeloient  dux. 

Duc  ,  eft  audl  un  Seigneur  revêtu  d'une  dignité  qui 
eft  la  première  parmi  la  Noblefte  ^e  France ,  ou  un 
Prince  qui  a  un  titre  érigé  fous  le  titre  de  Duché. 
Les  Ducs  &  Pairs  de  France  ont  les  honneurs  du 
Louvre  ,  y  entrent  en  carolfe  ,  &  ont  féance  au 
Parlement.  Dans  les  anciens  Titres  on  trouve  que 
les  Ducs  ôc  les  Comtes  ont  été  appelés  Jbbe's  ,  & 
les  Duchés  &  Comtés  Abbayes.  Il  y  a  trois  anciens 
Ducs  &c  Pairs  Eccléfiaftiques  ,  qui  ont  le  premier 
rang  ,  c'eft-à-dire  ,  l'Archevêqiie  Duc  de  Rheims  j 
l'Evêque  Duc  de  Laon,  ^l'Evêque  Duc  de  Langres. 
Le  rang  des  autres  Ducs  &c  Pairs  fe  règle  d'ordinaire 
par  la  date  de  la  vérification  de  l'éredion  en  Duché- 
Pairie.  L^  Z?Kcd'Ufez  érigé  en  1572.  eft  le  premier. 
L'Archevêque  de  Paris  eft  Duc.  S.  Cloud  fut  érigé 
en  I  ^90.  pour  être  titre  de  fa  Duché-Pairie.  Com- 
me il  y  a  trois  anciens  Ducs  &  Pairs  Eccléfiaftiques, 
il  y  avoit  trois  anciens  Ducs  &  Pairs  Laïcs  j  qui 
étoient  le75«c-(!e  Bourgogne,  \e  Duc  de  Norman- 
die ,  &  le Z>«c de  Guyenne  5  mais,  ces  Duchés  étant 
réunis  depuis  long-temps  à  la  Couronne  ,  ces  Ducs 
&  Pairs  ne  fubfiflientplus  5  d'où  vient  que,  dans  les 
cérémonies ,  comme  au  Sacre  du  Roi ,  le  Roi  nom- 
me des  Princes  ou  des  Seigneurs  pour  les  repréfen- 
ter  ,  &  faire  leurs  fondions.  Il  y  a  des  Ducs  qui  ne 


DUC 

font  point  Pairs  ,  ou  donc  les  letrres  ne  font  pas  vé- 
ni'iizs  au  i^arlement  de  Paris  comme  Pairj.  Il  y  a  en- 
fin des  Ducs  à  (impie  brevet  ,  ou  donc  les  lettres 
r.  ont  pas  été  vétitîées  ni  comme  Pairs  j  ni  comme 
i/xrs.  Les  Grands  font  accoutumes  dès  leur  en- 
fance à  fe  regarder  comme  une  efpèce  féparée  des 
fiUtres-  hommes  :  ils  font  toujours  Comtes  ,  ou 
'.'.'CJ-  à  leurs  yeux  ,  &  jamais  fimplement  hommes. 
PortR. 

Le  Duc  n'étojt  anciennement  qu'un  Gouverneur, 
ou  Vice-Empereur ,  comme  on  apprend  dans  Vo- 
pifcus.  Le  premier  Gouverneur  j  en  qualité  de 
Àjuc ,  c'a  un  Duc  de  la  Marche-Rhétique  ,  ou  des 
Criions ,  dont  il  eft  fait  mention  dans  Calliodore. 
Ou  temps  des  Romains ,  les  XJ-^^w  avoient  le  Gou- 
vernement des  Provinces  :  mais  ce  ne  fut  que  bien 
avant  fous  les  Empereurs.  Ils  avoient  aulîi  le  com  - 
inandcmenr  des  troupes ,  &  l'adminitlration  de  la 
Juftice  &  des  Finances.  Les  François  ,  quand  ils 
s  emparèrent  des  Gaules  ,  conférvèrent  les  noms  & 
la  lOrme  de  ce  gouvernement ,  comme  on  l'a  du. 
Sous  la  féconde  race,  on  ne  trouve  gUcre  de  Ducs. 
Tous  les  Grands  Seigneurs  s'appeloient  Comtes , 
Pairs  ,  ou  Barons.  Il  y  avoir  pourtant  un  Duc  de 
Bourgogne  ,  un  Duc  d'Aquitaine.  Hugues  Capet 
étoit  lui-m'hne  Duc  de  France  :  qualité  qui  répon 
doit  à  celle  de  Maire  du  Palais ,  ou  de  Lieutenant 
Générai  du  Roi.  On  a  aulli  donné  autrefois  le  titre 
de  Duc  de  France ,  ou  de  Comte  au  Gouverneur  de 
i'L'îe  de  France.  Par  la  foiblelfe  des  Rois  j  les  Ducs 
fe  rendirent  Souverains  des  Provinces  dont  on  leur 
avoit  conîîé  le  gouvernement.  Ce  changement  ar 
riva  principalement  du  temps  d'Hugues  Capet.  Les 
Grands  Seigneurs  démembrèrent  le  Royaume ,  & 
Hugues  Capit  trouva  en  eux  plutôt  des  concurrens 
que  des  fujets.  Ils  eurent  même  bien  de  la  peine  à 
le  reconnoîtrepour  fupirieur,  &:  à  relever  de  iui 
par  foi  6c  hommage.  Peu-à-peu  j  foit  par  la  force, 
foit  par  des  alliances,  ces  Provinces,  ou  Duchés 
&  Comtés,  qui  s'étoient  détachés  de  la  Couronne  , 
y  ont  été  téunis.  Mais  on  ne  donna  plus  le  titre  de 
Ducs  aux  Gouverneurs  de  Province.  C'ell  préfente- 
ment  un  fimple  nom  de  dignité  attache  à  une  Sei- 
gneurie ,  que  les  Rois  ont  érigea  en  Duché.  Ainli 
la  prééminence  de  cette  qualité  ne  confifte  que  dans 
le  nom ,  &  le  premier  rang  qu'elle  donne  ,  lans  au- 
cune prérogative,  ni  autorité.  Par-là  ils  font  bien 
déchus  de  leur  ancienne  fplendeur.  Seulement  pour 
conferver  une  image  de  cette  grandeur  ,  il  y  a  trois 
Ducs  de  Province  ,  reprélentés  par  de  Grands  Sei 
gneuis ,  qui  tout  au  facre  &  au  couronnement  des 
Rois  ,  la  ioncVion  des  Ducs  de  Bourgogne  ,  de  Nor- 
mandie &  d'Aquitaine,  comme  anciens  Ducs  &: 
Pairs  du  Royaume-  Pasq.  Dans  les  éreétions  qui  fe 
font  de  Duchés,  le  Roi  fe  réferve  le  reffort  &  la  fou 
veraineré  ;  &,  pour  la  réverfion  à  la  Couronne  ,  on 
ne  s'avifoit  pas  de  la  ftipuler  ,  comme  les  appanages 
qui  fe  donnent  aux  enfans  de  France,  parce  que  le 
Roi  ne  donnoit  rien  de  fon  domaine ,  &  que  le  Du- 
ché étoit  le  patrimoine  de  celui  qu'on  honoroit  du 
titre  de  Du:.  Mais  Charles  iX.  pour  prévenir  les 
fréquentes  érections ,  ordonna  en  i  ^66.  que  les  Du- 
chés feraient  défortnais  réverfibles  à  la  Couronne. 
Cela  ne  fe  pratique  plus.  Les  Ducs  n'ont  retenu  de 
leur  ancienne  puilfance ,  que  la  couronne  fur  leur 
écuiTôn  :  c'cft  la  feule  marque  de  leur  fouverainetc 
palTée.^oyeif  Cluvier  fur  l'Origine  des  Ducs.  Germ. 
anciq.  L\  I.  C.  ^V-, 

Le  Grand  Duc  tout  court ,  c'eft  le  Duc  de  Tofca- 
ne.  On  dit  aulfi ,  le  Grand  Duc  de  Tofcane.  Les 
Turcs  même  l'ippellenc  fimplement  Le  Duc,  Dou- 
cah.  J^o\.  d'Herbeloc  à  ce  mot. 

Duc  en  Angleterre.  Pair  du  Royaume.  Dignité  pcr- 
fonnelle.  On  n'y  a  annexé  ni  domaine  ,  ni  territoi- 
re, ni  jurifdiction.  Le  noip  que  l'on  y  attache  cil 
arbitraire,  &c  dépendant  du  Roi  lorfqu'il  confère  li 
qualité  de  Duc.  Elle  eft  héréditaire ,  &  palfe  au:c 
enfans  fucceflivement. 

Duc  des  Limites  d'une  province.  Nom  d'un  Officier 


DUC  48; 

de  l'Empire  Gçéc.  Dux  limuum  Provirxi/t.  C'étoit 
onginauemenc  un  Olîicier  qui  commandoit  fur  les 
confins  d'une  Province  ,  &  la  défendoit  des  incut- 
fions  de  fes  voifins.  f^oye^  Fleury ,  Hiji.  Ec.  L,  XL 
n.  3(1. 

DUC  -  DUC  ,  f  m.  Qualité  que  l'on  a  donnée  en  Ef- 
pagne  à  un  Seigneur  de  la  maifon  de  Sylva  ,  parce- 
qu'il  y  avoir  plulieurs  Duchés  de  deux  Maifonscon- 
fidérables  qu'il  réunillpit  en  la  perfonne.  Dux  àC'- 
rhm.  Le  Grand-  Maître  de  la  Reine  Régente  d'Efpa- 
gne  d'aujourd'hui,  qu'on  appelle  le  Duc- Duc  ^ 
parce  que  les  Duchés  de  Paftrane  &  de  l'Infantado  , 
ont  été  unis  en  fa  perfonne.  P.  Verj.  Dom  Rodri- 
gue de  Sylva  ,  fils  aîné  de  Dom  Ruy  Gomez  de  Syl- 
va ^  &  héritier  de  fes  Duchés  &  de  fes  Principautés , 
cpoufa  la  fille  aînée  du  Duc  de  l'Infantado ,  &  c'eft 
en  vertu  de  ce  mariage  y  que  le  Duc  de  Paftrane 
d'aujourd'hui ,  qui  en  eft  venu  ,  &  qui  elt  petit  fils 
de  Dom  Rodrigue  de  Sylva  ,  a  recueilli  la  grande 
fucceflîon  de  cette  maifon  h  illuftre  en  Efpagne  ,  &: 
a  ajouté  à  fes  autres  titres  celui  de  Duc- Duc,  pour 
fe  diftinguer  des  autres  Ducs  j  dont  quelques-uns 
ont,  comme  lui  ,  plufieurs  Duchés  ,  donc  aucun 
n'en  a  de  fi  confidérables  ,  ni  qui  foienc  le  ticie  de 
deux  aufîi  grandes  Maifons. 

On  dit,d'un  homme  qui  prend  la  qualité  de  Duc  y 
qui  ell  pauvre  ,  ou  qui  n'en  a  que  le  titre  ,  que  c'eft 
un  Duc  à  corneilles. 

Les  Fleuriftes  donnent  à  différentes  fleurs  ^  des 
noms  de  Ducs. 

Duc  d'Anjou,  eft  un  œillet  rouge-  clair,  furun blanc 
allez  fin  :  fa  fleur  eft  médiocrement  large  y  mais  fort 
ronde ,  &  bien  garnie  de  feuilles  ;  fes  panaches  bien 
tranchés.  Il  graine  ,  mais  fa  plante  eft  fujette  au 
blanc  J  &  difficile  à  conferver. 

Duc  DE  Caxdale  ,  c'eft  un  œillet  violet. 

Duc  de  Duras.  (Eillet.  C'eft  un  très  beau  violet  &: 
blanc  :  fa  fleur  eft  grolfe  _,  régulièremenr  tracée  de 
gros  panaches  ,  qui  font  bien  détachés.  Sa  plante 
eft  allez  délicate ,  mais  fon  vert  eft  beau.  Le  puce- 
ron l'attaque  ,  &:  le  blanc  facilement ,  il  le  faut  pré- 
ferver  des  méchantes  pluies,  fur-tout  fi  l'on  veut 
qu'il  graine.  Morin. 

Duc  de  Longuevïlle.  (Eillet  pourpre,  tellement  fon- 
cé qu'il  paroîc  noir.  Son  blanc  paroît  d'abord  carné  j 
mais,dans  la  fuite  de  fa  fleur,  il  devient  blanc  de  lait, 
qui  rehaulfe encore  la  bautédece  pourpre:  fespana^ 
ches  font  gros  ,&  fa  fleur  très-laige.  Sa  plante  eft 
délicate  ,  &  fon  vert  pale.  Ses  marcottes  prennent 
difficilement  racine  \  elles  fmt  fujettes  aux  taies 
qui  viennent  fur  les  fanes.  Elle  eft  tort  hâtive ,  & 
n'eft  pas  fujete  à  crever.  Morin. 

Duc  de  Milan.  (Eillet  violet-brun,  ou  pourpre-clair, 
fur  un  beau  blanc  ;  fa  fleur  eft  large  &  ronde  j  gar- 
nie de  feuilles  ;  fes  panaches  gros  ^  fa  plante  médio- 
crement forte.  Il  ne  crève  point.  Morin. 

Duc  d'York.  Nom  d'un  œillet.  C'eft  un  beau  rouge 
fur  un  fin  blanc  :  bien  détaché ,  fes  panaches  petits, 
aulfi-bien  que  fa  fleur  ;  mais  elle  eft  fine,  &  porte 
graine. 

Duc  de  Florence.  (Eillet  incarnat-clair  j  fur  un  fin 
blanc  \  mais  fes  panaches  font  confus.  Sa  plante  eft 
allez  robufte ,  mais  tadive  à  porter  fleur.  Il  ne  caf- 
fe  pas  fi  on  lui  lail^e  q  latre  à  cinq  boutons. 

Duc  de  Guise.  (Eillet.  C'eft  un  beau  pourpre  fur  un 
fin  blanc  :  fa  fleur  eft  large  j  fes  panaches  détachés, 
facile  à  porter  gr.-ine.  Morin. 

Duc  ,  eftaufli  un  o.feau  noéturne  ,  &  une  efpèce  de 
hibou,  ayant  fur  la  tête  deux  petites  cornes  faites 
de  plumes.  Buho.  Il  y  a  plufieurs  efpèces  de  Ducs. 
Le  grand,  dont  il  y  a  trois  efpèces  ;  le  moyen  dont 
il  y  a  deux  efpèces ,  &  le  petit  Duc  j  que  les  Gaf- 
cons  appellent  Ducquet, 

Le  grand  Duc ,  autrement  hibou  ,  eft  le  plus  grand 
de  tous  les  oifeaux  noéturnes.  Il  chalfe  adroite- 
ment ,  &  avec  avidité.  Il  y  en  a  trois  efpèces  qui 
font  de  même  taille  ,  mais  dont  le  pennage  eft  tout- 
à  fait  difterent  par  les  couleurs.  Le  premier  eft  très- 
grand  ,  &  a  la  tête  comme  celle  d'un  chat  :, c'eft 


4S6  DUC 

pour  cette  raifon  qu'en  France  nous  l'appelons  chat- 
huautj  c'ell-à-dicc  j  clia:  plaintif.  Il  a  des  plu- 
mes noirâtres ,  qui  s'élèvent  de  trois  doij^ts  au-def- 
fus  de  chaque  oreille.  Le  fécond  relfemble  au  pre- 
mier ,  quant  à  la  taille  ;  mais  il  a  les  jambes  cou- 
vertes de  poil,  ou  plutôt  de  duvet,  jufqu'à  lex- 
trémité  des  doigts,  qui  font  plus  courts  &c  plus  me- 
nus. Tout  le  champ  de  ion  pennage  elt  fauve ,  ou 
de  couleur  de  rouille,  tirant  fur  le  cendré  ,  Oc  prin- 
cipalement pai-deflTous  ,  où  l'on  voie  des  taches 
noirâtres  tirées  en  long,  qui  font  femées  fans  or- 
.  dre  :  il  a  le  deiïïis  d'une  couleur  de  touille  plus 
obfcure.  Le  troifième  relfemble  parfaitement  au  fé- 
cond ,  excepté  qu'il  a  les  jambes  moins  velues  de 
les  ferres  plus  foibles.  Le  grand  Duc  ne  fait  pas 
feulement  fa  retraite  dans  les  cavernes  des  monta- 
gnes &c  des  rochers  ,  mais  aulli  dans  les  creux  des 
arbres,  dans  les  édifices  ruinés,  &  dans  les  ma- 
fures  aband.)nnées,  fous  les  toits  des  grandes  mai- 
{ons,  dans  des  trous  de  tours  &  de  murailles ,  où 
les  hommes  ne  fréquentent  que  rarement. 

Le  moyen  Duc,  appelé  autrement  hibou  cornu  , 
ou  chat-huant  cornu  ,  JJio  ,  Oto  j  ell  de  deux  efpè- 
ces.  Le  plus  grand  a  le  champ  du  pennage  plus  cen- 
dré &  plus  blanchâtre.  L''autre  elt  plus  fauve  ,  & 
elt  d'une  couleur  plus  lavée.  Le  premier ,  qui  eft 
le  plus  grand,  a  la  tête  ronde  ainli  que  le  hibou  , 
&  la  plupart  des  oifeanx  de  nuit.  Il  a  des  oreilles 
compofées  de  deux  cornes  déplumes.  Sa  tête  cftde 
plufieurs  couleurs  de  plumes  différentes, de  cendré  , 
de  brun  lavé  &  de  noir.  Toute  fa  face  ,  depuis  les 
fourcils  jufqu'aux  nafeaux ,  &  tout  ce  qui  elt 
autour  des  yeux  &  du  bec  ,  eft  d'un  cendré  blan 
cliâtre  :  favoir ,  de  petites  plumes  déliées  comme 
des  poils,  dont  elle  eft  toute  environnée.  Il  a  les  yeux 
grands,  la  prunelle  noire  j  le  tour  jaune.  Son  bec 
ell  courbé ,  &  d'un  brun  noirâtre  ,  moins  courbé 
toutefois  que  celui  du  hibou.  Lechamp  de  i^on  pen 
nage  eft  cendré  j  ou,  pour  mieux  dire  ,  gris  cen 
dré,  tirant  fur  la  couleur  de  rouille  un  peu  dure 
&  lavée  ,  femé  de  taches  brunes  ,  dont  les  unes 
font  grandes  ,  &  les  autres  menues  comme  des 
pointes.  Le  dedans  des  manteaux  approchint  du 
ventre  ,  eft  mêlé  de  plumes  blanches ,  dont  l'extré- 
mité eft  noirâtre.  Les  grandes  pennes  font  embel- 
lies de  taches  larges  ,  &  obfcuies  par  intervalles 
longs  &  égaux,  dont  elles  font  traverlées.  Les  fé- 
condes pennes  ,  qui  font  placées  au  milieu  des 
manteaux  ,  font  d'un  cendré  blanchâtre  ,  tachetées 
de  petites  gouttes  :  celles  du  troifième  ordre  ,  qui 
font  proches  du  dos  ,  font  traverfées  de  lignes , 
ainfi  que  les  grandes  pennes  ;  mais  elles  font  plus 
prelTées  &  plus  fréquentes.  Le  long  du  ventre  ,  il 
y  a  des  taches  brunes  qui  font  tirées  en  long  en 
defcendant ,  &  finiffent  en  pointes.  Le  dedans  des 
manteaux  &  les  ailTelles  font  garnies  de  plumes 
argentées.  Les  pennes  qui  compofent  ia  queue  ,  & 
qui  s'étendent  d'une  demi -paume  au-delà  de  l'ex- 
ttémité  du  vol  ,  vers  les  deux  côtés  ,  font  d'un 
cendré  de  couleur  plombée  ;  &  au  milieu  ,  par 
efpaces  égaux ,  elles  font  ornées  de  lignes  noires  j 
menues  y  de  travers  ,  comme  fi  elles  étoient  peintes 
en  ondes.  Ses  ferres  font  longues  &  robuftes ,  gar- 
nies de  beaux  ongles  noirs  ,  aigus  Se  beaucoup 
courbés.  Ses  jambes  font  pareillement  fortes  Se  ro- 
buftes. Enfin  toutes  fes  parties  font  beaucoup  plus 
grandes  que  celles  de  la  féconde  ou  petite  efpèce  , 
dont  nous  allons  parler. 

Le  moyen  Duc  de  la  féconde  &  petite  efpèce  , 
J^o  j  pourroit  s'appeler  chat-huant  fauve.  Tout  le 
devant  de  fi  tète  eft  jaunâtre ,  ainfi  que  fes  yeux. 
La  prunelle  en  eft  extrêmement  noire ,  Se  très-écla- 
tante.  Les  plumes  qui  font  à  l'endroit  des  oreilles, 
ou  qui  s'élèvent  en  forme  d'oreilles  j  font  noires 
pour  la  plupart  j  !k.  droites  ,  principalement  par 
devanr,  quand  l'oifeau  eft  vivant  :  mais  elles  reftent 
abalfTees  qiinnd  il  eft  mort.  Chacune  de  ces  pré- 
tendues oreilles  ,  ne  confifte  qu'en  une  feule  plu- 
me. Son  bec  eft  noirâtre,  courbé,  ^  gros  enviton 


DUC 

comme  le  doigt  à  l'endroit  par  où  il  fort  du  front 
&  va  finilfant  infenfiblement  en  pointe.  Il  a  pref- 
que  tout  le  devant  du  corps  femé  de  taches  brunes, 
tirées  en  long ,  qui  font  coupées  par  de  certaines 
plumes  blanchâtres  qui  fe  traverfent  en  croix  ,  ou  , 
pour  mieux  dire  ,  qui  compofent  la  figure  d'un  lis. 
Il  en  elt  de  même  deiaqueue,dont  les  taches  cepen- 
dant font  moins  nombreufes  Se  mieux  formées,  ne 
font  pas  tant  interrompues ,  Se  font  difpofées  tantôt 
par  efpaces  égaux,  &  puis  inégaux,  au  moins  en  par- 
tie :  mais  elles  fe  répondent  fur  les  côtés  ^  &  c'eit 
ce  qui  fait  la  différence  des  lignes.  Les  racines  des 
plumes  font  par-tout  d'un  brun  plombé  ,  de  même 
qu'au  hibou.  Celles  dont  le  dos  eft  couvert  j  font 
marquées  de  taches  noires  Se  longues  ,  qui  fuivent 
les  tuyaux  jufqu'à  leurs  extrémités  ,  Se  au  milieu. 
Le  refte  en  eft  blanchâtre  ,  Se  marqué  de  taches 
brunes.  Les  plumes  des  manteaux  qui  avoifinent  le 
dos ,  ont  des  mailles  blanches  dilpofées  en  long. 
Les  jambes  Se  les  pieds,  ou,  pour  mieux  dire  ,  les 
griftes  font  couvertes  de  plumes  velues  jufque  def- 
fus  les  ferres  ,  lefquelles  font  d'une  couleur  jaunâ- 
tre j  tirant  fur  la  rouille  ,  ainfi  que  tout  le  champ 
d«  fon  pennage,  mais  particulièrement  la  partie 
du  delfous.  Le  moyen  Duc  eft  plus  court  en  pointe 
que  le  chat-huant  cornu  ,  auquel  d'ailleurs  il  ref- 
femble  beaucoup.  Ses  jambes  font  aulli  plus  me- 
nues. Se  fes  doigts  moins  charnus.  Ses  ferres  font 
noires  Se  très-aigucs ,  mais  peu  courbées  &  pref- 
que  droites.  La  queue  ne  palTe  le  vol  que  d'envi- 
ron un  doigt. 

Le  petit  Duc.  Scops.  Il  a  le  champ  du  pennage 
femblable  au  grand  Duc.  Il  eft  plus  petit  que  le 
hibou  Se  la  huette  :  il  a  des  cornes  comme  le  grand 
Duc  j  Se  a  tous  les  mêmes  geftes  Se  les  mêmes  fa- 
çons de  faire  ,  ne  différant  que  par  fa  petitellè. 

DUCAL  ,  ALE  J  adj  Qui  appartient  au  Duc.  Ducalis. 
Une  couronne  Ducale  eft  toute  bordée  de  fleurons. 
Manteau  Ducal  doublé  d'hermines.  A  Neversilya 
une  Place  Ducale. 

DUCALA  ,  ou  DUCCALA.  Province  du  Royaume 
de  Fez  en  Afrique.  Duccala.  Elle  s'étend  le  long  de 
l'Océan  Atlantique,  entre  les  rivières  d'Ommirabi 
6f  de  Teufift.  Ses  principales  villes  font  Azamos 
Se  Madina  ,  Azafia ,  Se  Mazagan  qui  eft  aux  Por- 
tugais. 

DUCALE,  f.  f.  On  appelle  ducales  les  Lettres  patentes 
accordées  par  le  Sénat  de  Venife.  iienatùs  Verte- 
tiarum  Dlploma.  On  appelle  auflî  de  ce  nom  les 
Lettres  qu'il  écrit  aux  Princes.  Il  eft  parti  un  Cour- 
rier portant  une  Ducale  à  l'Empereur  ,  pour  le  re- 
mercier de  ce  cqu'il  a  renouvelle  le  Traité  d'allian- 
ce contre  le  Turc  avec  la  République  de  Venife 
(  en  171(5.  ) 

Le  nom  de  Ducales  vjent  de  ce  qu'au  com- 
mencement de   ces  Lettres  patentes ,   le  nom  de 

Duc  ,  ou  Doge  ,  eft  écrit  en  cette  manière.  N. 

Deï  gracia  Dux  Veneùarum  y  Sec.  La  date  des  Du- 
cales eft  aulTi  d'ordinaire  en  Latin  j  mais  le  corps, 
ou  le  contenu  J  eft  en  Italien. 

SfT  On  donne  le  nom  de  Ducales  à  certaine  fer- 
ges ,  façon  d'aumale. 

DÙCAT.  f.  m.  Monnoie  d'or  &  d'argent ,  dont  la  va- 
leur eft  différente  j  fuivant  qu'il  eft  d'or  ou  d'argent. 
Ducatus  nummus.  Par  l'Ordonnance  de  François  I. 
publiée  en  I  ^40  J  pour  le  règlement  des  monnoies, 
on  voit  que  le  ducach.dxx.  une  efpèce  d'or  des  pays 
étrangers  ,  qui  avoir  cours  par-tout  le  Royaume,  & 
valoit  ordinairement  46  fous  Se  quelques  deniers. 
Eo  la  chancellerie  de  Rome,  on  compte  p:iv ducars. 
Il  faut  exprimer  dans  les  fignatures  ,  qu'un  Bénéfi-  ^ 
ce  ne  vaut  pas  14  dixats  de  la  Chambre  de  revenu  j 
autrement  il  faut  payer  l'annare.  L'origine  des  </i/- 
cats  vient  d'un  Longmus,  Gouverneur  d'Italie,  qui 
fe  révolta  contre  Juftin  le  Jeune,  Empereur,  fe  fit 
Duc  de  Ravenne  ,  &  fe  nomma  Exarque  j  c'eft-à- 
à^iiQ.  .,  fans  Seigneur.  Pour  marquer  fon  indépen- 
dance j  il  fit  forger  en  fon  nom  &  à  fon  empreinte 
des  monnoies  d'or  ttés-pur,  &  à  14  çararsj  qui 


DUC 

furent  nommées  ducats  ^  comme  dit  Pmcope.  Après 
lui ,  les  Vénitiens  ont  été  des  premiers  qui  ont  tait 
fabriquer  des  ducats  ,  qui  appelèrent  audî  cec/j/Vzi, 
à  caul'edu  nom  de  la  monnoie  où  on  les  fabriquoit, 
qu'ils  appellent  Zecca.  Ce  fut  au  tems  de  Jean 
Dandulo,  en  l'an  ii8o.  Roger,  Roi  de  Sicile,  en 
avoir  fait  fabriquer , dés  l'an  1140.  Du  Cange  dit 
que  les  premiers  ducats  turent  une  monnoie  du 
Duché  de  la  Fouille.  D'Ablancourt ,  dans  fa  Tra- 
duction de  rAjiiquc  de  Marmol ,  évalue  le  ducat  à 
quatre  livres  dix  fous  de  notre  monnoie. 

On  appelle  Or  de  ducat  3  le  meilleur  or  qu'on 
emploie  pour  dorer  ,  celui  qui  ell  au  titre  du  du- 
cat. Cette  épée  ,  cette  bordure  etl  d'or  de  ducac  , 
On  dit  plus  ordinairement  or  ducat  _,  l'ufage  l'ayant 
ainli  voulu. 

Double  ducat.  Efpèce  d'or  d'Efpagne  j  qui  du 
tems  d'Henri  III.  valoir  fix  livres  quatre  fous.  Du- 
catus  nummus  duplex.  Elle  avoir  pour  légende  d'un 
côté  ,  F crdinandus  &  Eli:^abeth  Dei  gratta  ,  avec  la 
tête  de  Ferdinand  &  d'Elizabeth  j  &  de  l'autre , 
Sub  umhrâ  alarum  tuarum  ,  avec  un  écullon  couron- 
né ,  011  il  y  avoir  des  armes.  Mais,  fous  le  règne  de 
Louis  XIII ,  il  y  avoir  une  autre  forte  de  double 
ducat  y  qu'on  appeloit  ducat  à  deux  tctes  ,  d'Efpa- 
gne &  de  Flandres,  qui  pefoic  cinq  deniers  dix 
grains  ,  &  qui  valoir  dix  livres.  Cette  forte  de  dou- 
ble ducat  avoir  pour  légende,  d'un  côté,  Deus  for- 
tltudo  &  fpes  nojlra  ;  &,  de  l'autre  ,  un  aigle  au- 
delfus  d'un  éculTon  couronné.  Il  y  avoir  de  ces 
doubles  ducats  qui,  ayant  les  deux  tètes j  avoient 
cette  autre  légende  ,  Quos  Deus  conjunxit  homo 
non  feparet.  Cette  forte  d'efpcce  n'a  plus  aujour- 
d'hui de  cours  en  France ,  ou  du  moins  on  en  voit 
très -peu. 
DUCATON.  Efpèce  d'argenr.  Monnoie  qui  eft  pref- 
que  de  même  valeur  qu'un  ducat  d'argenr.  Duca- 
tus  nummus  minor.  Il  vaut  près  de  quatre  livres  , 
monnoie  de  France.  Les  ducatons  de  Veniie  valent  à 
préfent  trois  liv.  fepr  fols.  Les  ^«m^o/îj  de  Milan  , 
de  Flandres ,  &c.  onr  été  de  diverfes  valeur  &  em- 
preinte ,  félon  les  temps  &c  les  lieux.  Il  y  a  audl  des 
demï-ducatons  ,  qui  fonc  taits  comme  les  ducatons  j 
excepté  qu'ils  font  plus  petits. 
DUCÉNAIlIE.  f  m.  Orticier  d'armée  qui  avoir  fous 
foi,  deux  cens  hommes.  Ducenarius.  Les  Empereurs 
avoient  aulîi  des  Dudnaires  parmi  leurs  Procureurs, 
ou  Intendans ,  qu'ils  appeloient  Procureurs  Ducé- 
naires  j  &  en  Larin  Procuratores  ducenaru.  C'é- 
toient  ceux  qui  avoient  deux  cens  fefterces  d'ap- 
pointemen:.  Dans  les  jeux  du  Cirque ,  on  appeloit 
"^aulll  ducénaires  les  chevaux  qu'on  louoit  deux 
cens  fefterces.  Voye\  Saumaife  fur  la  vie  de  Perti- 
nax ,  par  Julius  Capitolinus.  Les  infcriprions  Pal- 
miréennes  portent  fouvent  le  nom  de  ducénaïre ,  en 
Grec  oovKitix^ioi, 

Les  Ducénaires  éroient  encore  ceux  qui  levoient 
le  deux-centième  denier  ,  qui  étoient  prépofés  à  la 
levée  de  ce  rribut- 
DUCENIER.  f  m.  Nom  d'un  Ofïicier  qui  levoir  les 
deniers  publics.  Ducenarius.  Paul  de  Samofate  fe 
chargea  d'un  office  de  Ducenier  ,  pour  lever  les 
impôts  publics  ,  &  il  aimoit  mieux  le  titre  de  cette 
dignité  féculière  que  celui  d'Evèque.  Tiliemont. 
C'eft  une  extravagance  de  dire  que  aoykenapioz 
eft  mis  pour  AOïicEnAFios,  &  que  cela  veur  dire 
Duc  &  Pair.  Du  temps  de  Paul  de  Samofate ,  on 
ne  favoit,  même  en  France  ,  ou  plutôt  dans  les 
Gaules ,  ce;  que  c'étoit  que  Duc  &  Pair. 
îfT  DUCHE,  f.  m.  Seigneurie  confidérable  ,  à  la- 
quelle le  titre  de  Duc  eft  attaché  ,  &  mouvant 
immédiatement  de  la  Couronne.  Ducatus. 

§C?  Il  y  a  deux  fortes  de  Duchés  y  les  Duchés- 
Pairies.  Voye^  Pairie  &  les  fimples  Duchcs-x\ov.- 
Pairies.  Ces  derniers  four  héréditaires ,  ou  feule- 
ment perfonnels  ,  quant  au  titre  de  Duché  ^  à  la 
perfonne  que  le  Roi  en  a  gratifiée. 

D3"  Il  y  a  aufli  des  Duchés  par  fîmple  Brevet , 
qui  n'a  point  été  fuivi  de  lettres d'éredion  sn.Duché. 


DUC  4S7 

Il  eft  plus  fouvent  mafculin  que  féminin.  Il  eft 
feulement  féminin  ,  quand  il  eft  joint  à  Pairie. 
La  rai  Ion  eft  que  Duché-Pairie  ne  devant  être  con- 
lidérés  que  comme  un  feul  mot  ,  c'eft  le  dernier 
qui  règle  le  genre.  Vaug.  Ménage.  Les  Duchés 
font  mouvans  ,  èc  relevans  de  la  grofte  tour  du 
Louvre.  Jufqu'au  temps  de  François  I  &  de  Henri 
II,  l'éredion  des  terres  en  Duché ,  ne  fe  fiifoit 
guère  qu'en  faveur  des  Princes  du  Sang  \  mais  il 
s'en  tir  plufieurs  pour  d'autres  fous  le  règne  de 
Charles  IX.  Afin  de  modérer  TemprelTemenr  des 
Seigneurs  pour  ces  forres  d'honneurs  &  de  titres  , 
il  ordonna  par  un  Edit  particulier ,  que  ces  érec- 
tions des  terres  en  titres  de  Duchés^  de  Marquifats, 
de  Comtés  ,  ne  fe  feroicnt  qu'à  condition  que  ceux 
qui  les  polféderoienr,  venant  à  mourir  fans  hoirs 
mâles  ,  elles  feroient  unies  au  domaine  de  la 
Couronne.  P.  Daniel.  Foyei  dans  Moréri  ,  fous 
le  mot  Pairie  ,  la  fuite  chronologique  de  l'éredbion 
des  Duchés-Pairies. 

On  appelle,  Duché-Ç^mcWe .,  celui  qui,  par  les 
lettres  d'creébion,  palfe  aux  femelles  au  défaut  de 
mâles. 

DUCHESSE,  f  f. Femme  ,  veuve  d'un  Duc,  ou  celle 
qui  polféde  en  titre  un  Duché-femelle.  Ducijfa.  _ 

Duchesse  ,  eft  aufli  un  terme.de  Cocffeufe,  qui  fe  dit 
d'un  nœud  de  nompareille ,  que  les  Dames  &  les 
Demoifelles  porroienr  autrefois  fur  le  haut  du  front. 
TenuiJJlmarumvittarum  globus.  Attachez  mzDuchefJc 
propremenr. 

On  appelle  aujourd'hui  Duckejfe  une  efpèce  de 
lit  de  repos  qui  a  un  doilier  comme  un  fauteuil ,  Sc 
fur  lequel  fe  mettent  les  Dames  incommodées ,  ou 
qui  relèvent  de  maladie.  Madame  eft  (aifs-ducheffe. 
Elle  a  reçu  fes  vifites  fut  fa  duchejfe. 

Duchesse  de  Bohème.  Terme  de  Fleurifte.  C'eft  un 
œillet  violet-brun  fur  un  beau  blanc.  Il  n'eft  pas 
beaucoup  déraché ,  mais  il  eft  large  :  fa  fleur  eft.  aftêz 
hâtive,  portant  graine.  Morin. 

DUCL  AIR.  Bourg  ,  &  ancienne  Abbaye  du  Diocèfe 
de  Rouen.  Foyei  la  Defcrip.  Géog.  &  Hift.  de  la. 
Haute-  Normandie.  T.  H.  p.  i66. 

DU-CROIRE.  Terme  de  Commerce.  Foyei  DE- 
MEURER  DU-CROIRE. 

DUCTILE,  adj.  m.  &  f  Terme  deChymie  &  de  Phy- 
fique  ,  qui  ne  fe  dir  guère  tjue  des  métaux  j  pour  fi- 
gnitier  qu'ils  fe  peuvent  étendre  ,  alonger  &  forger 
avec  le  marteau  ,  parce  que  leurs  parties  font  telle- 
ment accrochées  les  unes  avec  les  aurres  qu'elles  ne 
fe  féparent  point.  Duciilis.  L'or  eft  le  plus  duclile 
des  métaux.  Quoique  le  verre  foit  duclile  dans^  fa 
fufion ,  néanmoins  il  n'eft  pas  métal,  parcequ'il  n'eft: 
pas  malléable. 

DUCTILITE,  f.  f.  Propriété  qu'ont  certains  corps  de 
s'étendre  en  tous  fens  fans  fe  rompre  fous  les  coups 
de  marteau ,  ou  de  s'alonger  quand  ils  font  preffés 
&  rires  :  comme  les  métaux  qui  gagnent  en  lon- 
gueur &  en  largeur  ce  qu'il  perdent  en  épaiifeur , 
lorfqu'on  les  bat  avec  le  marteau,  ou  qui  s'alon- 
gent  en  devenant  plus  déliés,  quand  on  les  fait  paifer 
a  la  filière.  On  dit  vaguement  qu'elle  confifte  dans 
l'accroilîement  des  parties  dont  le  métal  eft  com- 
pofé.  Natura  duciilis ,  duclditas  ;  id  per  quod  habet 
metallum  ut  duclile  fit.  Rohault  parle  de  la  ducliliti 
des  méraux.  Le  verre  n'eft  dudtile  que  par  le  moyen 
du  feu,  &  dans  fa  fulion.  Dès  que  les  parties  du  feu 
ont  abandonné  le  corps  du  verre ,  fa  duclilité  Vâban' 
donne  auOi-tôt,  &c  il  revient  à  fa  fragilité  naturelle. 
Le  Pour  &  Contre. 

M.  de  Réaumur  a  découvert  une  ductilité  prodi- 
gieufe  dans  certaines  matières.  Foye\  les  Mém.  de 
i'Acad.  des  Scienc.  1716.  La  (^ttt7i^r/prodigieufe  de 
certains  corps,  ou  la  faciliré  qu'ils  ont  de  s'étendre  en 
long  ,  eft  rrès-propre  à  diminuer  l'étonnemenr  que 
la  divifibilité  de  la  matiète  à  l'infini ,  quoique  dé- 
montrée, caufe  touiours  à  l'imaginarion.  Ieid.  Quel- 
que foin  que  les  Philofophes  aient  pris  de  faire  va- 
loir cette  extrême  ducldité ,  l'on  peut  dire  qu'ils 
font  demeurés  fort  au-deiïbus  du  vrai.  Ibid. 


488  D   U  D     D  U  E 

gC?  On  nous  die ,  dans  le  Did.  de  l'Acad.  que' 
la  ducîilité  e^k.  un  fynonyme  de  la  malUabUué  :  ce 
qui  n  eft  pas  vrai.  La  inalleabiiuc  eft  la  propriété 
qu'ont  les  métaux  de  s'étendre  en  tous  fens ,  fous  les 
coups  de  marteau.  La  duclU'ué y  comme  on  vient  de 
le  voir ,  dit  quelque  chofe  de  plus.  Le  verre  elt 
ductile  j  &c  n'elt  pas  malléable. 

DUD, 

DUDERSTAT.  Ville  d'Allemagne.  Dudet(ladlum.  Elle 
eft  du  Cercle  de  la  Balfe-Saxe ,  capitale  du  petit 
pays  d'Eifchfeld  ,  Eijchjeldia ,  &  fituée  fur  la  We- 
pre,  ou  le  Wipper,  aux  confins  de  la  HelFe  &  de  la 
Turinge  ,  entre  la  Turinge  ,  &  le  Duché  de  Brunf- 
wich.  Hotiman  dit  qu'elle  ell  fur  l'Eledorat  de 
Mayence.  Long.  z8.  d.  i'.  Lat.  5 1.  d.  34'. 

DUE. 

DUEGNE,  f.  f.  Gouvernante  3  fuivante  ,  femme  de 
chambre.  C'eft  le  nom  que  l'on  donne  en  Efpagne 
à  une  vieille  femme  qui  a  foin  de  la  conduite  d'une 
jeune  perlonne.  i-*arce  qu'en  Elpagne  on  prononce 
\u  comme  la  diphthongue  ou  y  pluheurs  François 
écrivent  Douegne  8c  même  Doegne;  mais  il  faut 
écrire  Duègne.  Les  Efpagnols  qui  ont  des  jeunes 
femmes  leur  donnent  des  Duègnes  ,  pour  les  gar- 
der. Les  Efpagnols ,  tyrans  de  leurs  femmes  ,  plu- 
tôt par  tradition  que  par  jaloufie  ,  fe  contentent 
de  pourvoir  à  la  déhcatefle  de  leur  honneut  par  les 
Du<egnes ,  les  grilles  &  les  verroux.  Mémoires  du 
Comte  de  Grammonc.  C'eft  la  perle  des  Duègnes  , 
un  vrai  dragon  pour  garder  la  pudicité  du  fexe.  Le 
Sage.  Elle  confervoit  encore  la  qualité  de  Duègne  , 
mais  elle  n'en  remplilfoit  plus  l'emploi  pénible. 
Id.  Le  caradère  qu'on  donnoit  à  cette  Duègne  me 
paroifloit  capable  de  défefpérer  tous  les  galands.  Id. 
On  donne  auflî  ce  nom  à  une  femme  qui  fait 
l'entremetteufe  ,  &  qui  fe  prête  aux  amours  de  la 
maître  (Te. 

DUEIL.  roye:^  Deuil. 

DUEL.  f.  m.  Combat  fingulier  ,  combat  aflîgné 
d'homme  à  homme.  Singulare  certamen.  Les  duels 
étoient  autrefois  permis  pour  défendre  ou  accufer 
en  Juftice  dans  les  cas  dont  on  ne  pouvoit  avoir 
preuve.  Ce  duel  étoit  un  moyen  fi  ordinaire  pour 
vider  les  différends  des  Nobles,  qu'on  n'en  dif- 
penfoit  pas  même  les  Eccléliaftiques  ;  les  Prêrres  iS: 
les  Moines.  Et ,  afin  qu'ils  ne  fe  fouillairent  pas  de 
fang  ,  on  les  obligeoit  de  donner  des  gens  pour  fe 
battre  à  leur  place ,  comme  a  fait  voir  le  P.  Luc 
Dacheri  dans  le  VIIF.  tome  de  fon  Spicilegïum.  On 
n'en  exceptoit  que  les  femmes  ,  les  malades ,  &  les 
mahaignés  ,  c'eft-à-dire  ceux  qui  étoient  bleffés,  & 
ceux  qui  étoient  au-delfonsde  11  ans,  ou  au-delfus 
de  Go.  La  coutume  ancienne  étoit  de  faire  entrer 
en  champs  clos  deux  ciiampions  par  autorité  des 
Juges  ordinaires ,  non-feulement  en  matières  cri- 
minelles ,  mais  aufti  en  quelques  civiles,  pour  le 
foutenement  de  leur  droit.  Et  même  le  Moine  Sige- 
bert  raconte  qu'il  fe  prcfenta  une  queftion  de  Droit 
devant  l'Empereur  Othon  Lpour  favoir  Ç\  en  fuccef- 
fîon  diredfe  la  repréfentation  auroit  lieu  :  en  la  ré- 
folution  de  laquelle  des  Dodeurs  fe  trouvant  em- 
pêchés, l'Empereur  remit  la  décifion  de  cette  obfcu- 
ritéau  jugement  des  armes,  &  il  choifit  deux  braves 
combattans  pour  foutenir  le  pour  &  le  contre.  La 
tidoire  demeura  à  celui  qui  éroit  pour  la  repréfen- 
tation j  en  faveur  de  laquelle  fut  faite  une  ordon 
nance  qui  depuis  a  eu  toujours  lieu.  Cette  coutume 
venoit  originairement  des  peuples  Septentrionaux , 
qui  vidoient  tous  leurs  différends  par  les  armes , 
comme  le  dit  Paterculus ,  &  qui  depuis  pafia  pour 
loi  chez  les  Allemans  ,  les  Danois  &  les  François  , 
fur-tout  après  que  Gondebault ,  Roi  des  Bourgui- 
gnons ,  l'eut  fait  recevoir  à  la  place  du  jurement. 
M.  Godeaa  ,dans  {Q>n  Hifl.  de  l'Eglife,yilh  fiècle,; 
n.  ic»8.  p.  I4Z.  dit  que  ce  fuient  les  Lombards,  qui. 


DUE 

comme  ils  étoient  barbares  ,  apportèrent  en  Italie 
la  baibane  des  combats  iinguhers  ,  qui  tte-là  s  eft 
répandue  par  toute  l'Europe ,  &  que  nos  Rois  de 
la  première  race  ont  fouvent  permile.  La  forme 
de  ce  combat  étoit  que  l'accufé  &  l'accufa- 
teur  jetoient  des  gages  en  Juftice  de  part  &c  d'autie. 
Le  Juge  levoit  premièrement  celui  du  détendeur 
&  puis  celui  du  demandeur.  Après  ,  on  les  mettoit 
l'un  &c  l'autre  en  prifon  ,  ou  en  fùte  garde  ,  &  le 
Seigneur  Haut-Julticier  étoit  tenu  de  leur  fournir 
des  armes  forrables.  Ceux  qui  combattoient  d  pied 
n'avoicnt  que  l'épée  &  le  bouclier.  Les  Chevaliers 
étoient  armés  de  toutes  pièces ,  aulli-bien  que  leurs 
chevaux.  Le  jour  du  combat ,  ils  choififtoient  de- 
vant le  Juge  quatre  Chevaliers  pour  la  garde  du 
champ  ,  &  failoient  pluheurs  cérémonies,  prières , 
fermons  &  oraifons  décrites  pat  Pafquier ,  6c  plu- 
lieurs  autres  Auteurs  cités  par  Du  Cange,  qui  rap- 
porte une  Ordonnance  du  Roi  Philippe- le- Bel,  de 
l'an  1306.  qui  en  règle  les  conditions,  les  ftatuts, 
&c  les  cérén":onies  ,  qui  font  cutieufes  à  voir.  Le 
vaincu,  loit  accufateur,  fou  acculé  ,  étoit  puni  de 
mort,  ou  de  mutilation  de  membres  ,  &  étoit  igno- 
minieufement  traîné  hors  du  champ,  pendu  à  un 
gibet,  ou  brûlé,  fuivant  l'exigence  des  cas.  On 
ordonnoit  les  épreuves  du  duel,  parce  qu'on  croyoic 
par.-là  conlulter  la  Providence  ,  pour  difcerner  le 
coupable  ;  &  l'on  s'imaginoit  que  Dieu  ,  ainfi  in- 
terrogé ,  fe  déclaroit  en  faveur  de  i'innacenr.  Ce- 
pendant il  arrivoit  il  fouvent  que  l'injulie  accufa- 
teur demeuroit  victorieux,  que  l'on  a  reconnu  qu'il 
ne  falloir  point  prefcrire  à.  fa  fageilè  la  nécelfité 
d'interrompre  le  cours  dels  caufes  fécondes.  C'étoit 
donner  des  règles  au  meurtre  ,  déguifer  ralTaffinac 
en  méthode  &  en  mefure.  Saxo  Grammaticus ,  dit 
que  dès  l'an  981.  le  Roi  de  Dannemark  abrogea  la 
preuve  du  duel ,  ôc  ordonna,  en  fa  place,  celle  du 
fer  chaud  ,  qui  a  été  aufli  depuis  abolie.  Ces  com- 
bats furent  auOi  condamnés  en  un  Concile  tenu  à 
Valence,  fous  Je  Roi  Lothaire  j  en  l'an  85  5,  où  l'on 
excommunia  celui  qu/  tueroit  fon  ennemi ,  &  l'on 
déclara  le  corps  mort  indigne  de  fépulture.  Et  en- 
fuite,  les  Papes  Nicolas  I ,  Céleftin  III  ,  Alexandre 
III,  les  défendirent;  comme  audi  Frédéric  I  &:  II, 
les  défendirent  en  Allemagne.  S.  Louis  fit  ce  qu'il 
put  pour  les  abolir  en  France.  Mais  fon  Ordonnance 
n'eiu-lieu  que  fur  fes  Terres,  &  non  pas  en  celles  de 
fes  Vaiî^iux.  A  fon  imitation  ,  les  Comtes  cVAuver- 
gne  &  de  Poitou,  &  plufieurs  autres  Seigneurs  , 
les  défendirent  pareillement.  Philippe- le- Bel  fie 
une  Ordonnance  j  l'an  1 503.  par  laquelle  ,  fuivant 
les  traces  de  S.  Louis  ,  fon  aieul,  il  défendoit  tous 
ces  gages  de  bataille,  nonobftant  toutes  coutumes 
contraires  ;  &  néanmoins  il  les  permit  en  quatre  cas 
dans  l'Ordonnance  ci-devant  mentionnée  ,  de  l'an 
1 30(î.  Mais,  depuis  cette  défenfe  générale,  il  n'y  eut 
que  le  Roi  en  fon  Grand  Confcil ,  ou  la  Cour  de 
Parlement ,  qui  pulfent  connoître  de  ces  gages  de 
bataille.  On  voitencote  des  procédures  faites  en  ces 
occafions ,  dans  le  vieux  ftyle  du  Parlement.  Le 
dernier  duel  fameux  a  été  fait  en  l'année  1 547.  de- 
vant le  Roi  Henri  II ,  au  combat  de  Jatnac  (îi  de  la 
Châtaigneraye  ,  dont  fait  mention  M.  de  Thou  , 
&  Jean  de  Serres.  Il  s'en  fit  un  autre ,  durant  la  Li- 
gue, entre  les  fieurs  de  Marolles  &  de  Marivaux  ; 
mais  ils  étoient  de  partis  contraires.  D'Audiguier  a 
traité  de  ces  duels  dans  un  Ouvrage  intitulé  :  De  la 
Permillîon  des  duels.  J^oye:^  D.  Mabillon  j  fur  la 
preuve  par  le  duel.  Acla  Sancl.  Benedicl.  f&c.  VI. 
P.  I.  pr&f.  ff,  43 .  &  fuiv. 
Duel,  fe  dit  aufli  des  combats  finguliers  qui  fe  font 
pour  des  querelles  particulières.  La  fureur  des  duels 
a  fait  périr  la  Heur  de  la  Noblefte.  Dans  les  duels  , 
on  appeloit  des  féconds,  &:  on  faifoit  des  parties 
quelquefois  de  quatre  contre  quatre.  Le  Roi  a  fait 
des  Edits  fort  févères  contre  les  duels.  On  ne  donne 
aucunes  lettres  de  rémiffion,  ou  d'abolition  pour  les 
duels.  Le  duel ed  uneadion  téméraire,  &  l'effer  d'une 
vanité  extr.tvagante.  Le  Cl.  On  ne  peut  alTez  admirer 

la 


DUE 

piété  de  Louis  le  Grand,  d'avoir  employé  toute  fa 
puUlàncc  &  fon  autorité  pour  défendre  ôc  abolir  les 
due/s  dans  fes  Etats.  En  Prulfe,  il  eft  ordonné,  par 
Edit,  au  Chirurgien  qui   panfe  un  homme  bielfé 


dans 


un  ûuei 


de  l'aller  déclarer  aux  Magiftrnts. 


Jadis  chei  les  humains  le  jaloux  point  d'honncui ^ 
Du  Duel  iJ'iuruirj  infpira  la  jureur.    Vill. 

On  p.ul'j,  à  Paris,  de  deux  Dames  de  la  Cour,  qui 
fe  font  battues  en  dud  à  coups  de  pillolet.  Le  Roi 
dit  en  riant  qu'il  n'en  avoit  fait  dcfenfe  que  pour 
les  hommes ,  &  non  pas  pour  les  femmes.  Guy 
i^AiiN.  Henriette  Sylvie  de  Molière  ,  en  habit 
d'homme ,  étoit  une  des  combattantes.  Elle  fut  at- 
taquée par  une  autre  femme  j  auffi  traveltie  ,  qui  , 
la  prenant  pour  la  rivale,  tiril'épée,  en  lui  difint 
en  fureur,  il  faut  que  vous  ayez  ma  vie  avec  Mon- 
iteur un  tel  5  qu'elle  nomma,  ou  que  l'un  &  l'autre 
me  demeurent.  "  Ce  fut  ce  qui  donna  lieu  à  la 
>5  nouvelle  qui  courut  à  la  Cour  en  ce  temps-là,  que 
M  deux  Dames  déguifées  s'écoienr  battues  en  dud 
»  pour  un  amant.  La  chofe  etoit  vraie ,   &  on  ne  fe 

~       (/e 
de 


»  trompoit  que  dans    les  circonftances.  »  P'ie 
Hinrietti-SyLvii  de  Molière  ,  tome  7  des  Oeuvr. 


Madame  de  Fiilcdicu  ,  pag.  82.  85,  Madame  Du 
Noyer,  dans  fes  Lettres ,  marque  les  circonltances 
d'un  duel  dune  Dame  de  Beaucaire  ,  &  d'une  tîile 
de  condition,  qui  fe  battirent  à  l'épée  dans  un  jar- 
din ,  qui  fe  blelfèrent  l'une  l'autre ,  &:  qui  fe  feroient 
peut-être  tuées,  h  l'on  n'eut  couru  pour  les  féparer. 
C'étoit  un  duel  dans  toutes  les  formes ,  qui  avoir 
été  précédé  d'un  cartel ,  dont  on  donne  la  copie.  Ce 
font-là  de  ces  fans  delquels  il  n'y  a  pas  beaucoup 
d'exemples.  Il  n'ell  pas  extraordinaire  que  des  fem- 
mes foicnt  la  caufe  de  bien  des  combats  finguliers  \ 
mais  qu'elles  mêmes  fe  Ijattenc  en  duel ,  c'eit  ce  qui 
fe  voit  rareineut. 

Velibert ,  Gouverneur  d'un  quaitierdd  la  Baffe- 
Hongrie  ,  pour  le  Grand  Seigneur,  étant  à  Conf- 
tantinople  ,  comme  les  Bâchas  en  plein  Divan  le 
quelfionnoient  fur  les  inimitiés  qui  étoient  entre  lui 
oz  un  autre  Sangiac,il  leur  dit,  entr'autres  choies  j 
que  fon  ennemi  n'avoit  jamais  eu  le  cœur  d'accep- 
ter le  (i';^i.'/ qu'il  lui  avoit  fouvent  préfenté.  Quoi! 
répondirent  les  Bâchas ,  vous  avez  ofé  appeler  en 
duel  votre  compagnon  de  lervice  ?  Manquez-vous 
donc  de  Chrétiens  contre  qui  vous  puilîiez  tirer 
l'épée  ?  Vous  vivez  tous  deux  du  pain  de  notre 
grand  Maître ,  &  vous  auriez  hafardé  votre  vie  dans 
un  combat  liugulier  ?  De  quel  droit  ?  &  qui  vous 
en  a  donné  la  leçon  ?  Ignoriez-vous  que  quiconque 
de  vous  deux  auroit  été  tué  ^  c'eiit  été  une  perte 
pour  votre  Maître  ?  Parmi  nous ,  il  y  a  bien  des 
gens  qui  fe  font  un  nom  pour  avoir  tiré  l'épée  con- 
tre un  de  leurs  concitoyens  ,  fans  jamais  avoir  vu 
l'ennemi.  Ainlî ,  le  vices  prennent  la  place  de  la 
vertu.  Pufendorf,  d'après  Busbccq. 

Ce  mot  vient  de  duellum  _,  dont  fe  font  fervis  les 
Auteurs  de  la  balfe  Latinité,  comme  qui  diroit 
duorum  hélium  ,  félon  Joannes  de  Janua. 
DUEL.  Terme  de  Grammaire.  C'eft  une  inflexion  des 
noms  &  des  verbes,  dont  on  ufe  quand  on  parle  de 
deux  chofes  feulement.  Dualis  numerus.  Le  duel  a 
lieu  dans  les  Langues  Grecque  &  Hébraïque. 
DUELLISTE,  f.  m.  Dans  le  temps  de  la  fureur  des 
duels  ,  on  donnoic  ce  nom  à  ceux  qui  faifoient 
profelîîon  de  fe  battre  en  duel.  Pugnator  Jïngularis. 
Des  gens  fe  font  rendu  fameux  pour  avoir  été 
Duelliftes  :  enz\:'a.mres  le  fameux  Boureville.  Au- 
jourd'hui, on  appelle  de  ce  nom  celui  qui  efl  cou- 
pable de  duel. 

Boyle   appelle  Duellifles  les  deux  principes  des 
Chvmiftes ,  qui  prétendent  expliquer  tout  par  la 
dodrine  des  Alkalis  &:  des  Acides. 
DUELLE.  f  f.  Certain  poids  qui  n'eft  plus  en  ufage. 
Terùa  pars  unds,.    il  en  falloit  trois  pour  faire  une 
once. 
DUEMENT.  Terme  de  Palais.  D'une  manière  jufte. 
Tome  m. 


D  U  E     D  U  I  48  y 

convenable  à  ce  qui  fe  doit  ,  félon  les  formes.  Vl 
decet ,_  ut  par  efl.  ^  Cette  procédure  a  été  bien  5:  due- 
ment  îa.iie.  Il  a  été  bien  &C  dùement  atteint  &  con- 
vaincu. Il  l'a  payé  bien  dùement.  Dans  les  lettres 
de  privilège  que  le  Roi  donne  pour  l'imprellion  des 
livres ,  il  e(t  dit  que  la  copie  des  préfentes ,  qui 
fera  imprimée,  ou  au  commencement  ,  ou  à  la  tin 
du  livre,  fera  tenue  ^owvdùement  lignifiée.  Plufieuts 
écrivent  aujourd'hui  dûment.  Cette  orthographe  eft 
la  plus  ufitée  ,  &  la  meilleure. 

DUENAS.  Prononcez  D ue gnas ,  momWdini  gn.  C'eft 
une  petite  ville  du  Royaume  de  Léon,  en  Efpagne. 
Domina,  Eldana.  Elle  ell  fur  la  rivière  de  Pizuerga, 
entre  Valladolid  &  Palencia. 

DUENECH.  f.  m.  Terme  de  Chymie.  C'eft  le  noir 
très-nou  épaiflî ,  ou  la  matière  de  la  piètre  philo- 
fophale  devenue  très-noire. 

DUERO.  Voyei  Doijro. 

DU  ERN A.  Petite  rivière  d'Efpagne  qui  arrofele  nord 
du  Royaume  de  Léon.  El  le  reçoit  dans  fon  cours  les 
eaux  de  Rio  Taerto  ,  &  vafe  rendre  dansl'Orbigo, 
ou  Orbega. 

DUESME.  Petite  ville  du  Duché  de  Bourgogne  en 
France.  Dufmum  caflrum.  Ce  lieu  eft  fur  la  Seine  , 
dans  le  Bailliage  de  la  Montagne,  à  quatre  ou  cinq 
lieues  de  Chaltillon.  Duefmc  donne  fon  nom  au 
Duefmois  ,  dont  il  eft  le  chef.  Voye\  Valois  ,  Nor. 
Gall.  pag.  18}. 

DUESMOIS.  Petite  contrée  du  Duché  de  Bourgogne. 
Dufmenfis  traclus.  Le  Ducjmois  eft  fituc  vers  les 
fources  de  la  Seine  ,  ic  fait  partie  de  l'Auxois ,  Se 
du  Bailliage  de  la  Montagne.  Il  prend  fon  nom  de 
Duefme  ,  qui  en  eft  le  lieu  principal.  Voye\  Valois, 
;>.  1 H  5 .  _ 

DUFFEL.  Petite  ville  franche  ,  entre  Malines  & 
Lière  ,  dans  le  Brabant  Efpagnol,  fur  la  rivière  de 
Ncthe. 

DUGLAS.  Foyei&prono/ice^DovGLAS,. 


D  U  L 

DUINE.  Foye^  Dzv/ine. 

DUIRE.  V.  a.  Drefter ,  accoutumer  à  quelque  chofe. 
Docere ,  ajfuejacere.  Il  ne  fe  dit  plus  guère  en  ce 
fens  qu'au  participe.  Ce  cheval  eft  duit  à  la  chaife. 
Vous  êtes  bien  mal  duit ,  c'eft-à-dire  ,  bien  mal  inf- 
truit. 

C'eft  aufli  un  terme  de  Fauconnerie  j  qui  a  la  mê- 
me fignitîcation.  En  Afrique  j  ils  accoutument  Sc 
duifent  les' aigles  à  la  chafte  du  loup  ,  du  cerf , 
du  chevreuil  &  du  renard.  Fautrier.  La  manière 
d'aflurer  ,  leurrer  ,  gaigner ,  &  faire  voler  les  oi- 
feaux,  &  toutes  les  autres  particularités  qui  font 
néceftaires  à  les  duire  à  tous  les  exercices  de  la  fau- 
connerie. Id. 

Ce  mot  vient  de  decere  &  decens.  D'autres  le  dé- 
rivent de  ducere. 

DtJiRE.  V.  n.  Signifie  auffi ,  Etre  propre  à  quelqu'un  , 
l'accommoder  ,  lui  convenir.  Decere  j  convcnire. 
Cette  marchandife  ne  me  duit  p3.s.  Cet  homme  af- 
famé prend  tout  ce  qu'il  trouve ,  tout  lui  duit.  Il 
ne  fe  dit  plus  guère  que  dans  le  ftyle  burlefque. 
Voyez  fi  cet  échange  vous  duit.  Madame  Du  Noyer, 
c'eft-à-diie,  s'il  vous  convient. 

Duire.  A  fignifiéaulS,  Prendre  jAa\Ç\r.  Deleclari , pla- 
cerefihi.  Et  Marot  a  dit  deus  à  la  féconde  perfonne 

du  préfent  de  l'indicatif. 

Ceflui parler  &  chant  en  qui  te  dens  , 
Sera  commun  toujours  entre  nous  deux. 

Duit,  uite.  part.  Il  n'a  que  la  première  fignification 
du  verbe. 

DUIS  ,  ou  plutôt  DUS  ,  f.  m.  Terme  de  Mythologie. 
Nom  d'un  Dieu  adoré  autrefois  dans  la  Grande  Bre- 
tagne ,  au  pays  d'York  ,  &  autres  pays  circonvoi- 
fins  ,  appelés  autrefois  B  igantes.  Dus  jOu  Ducis  ^ 
ou  Duis.  On  ne  connoît  le  DienDuis ,  o\xDus ,  qus 

Qsq 


490  D  UI 

par  l'infcriprion  d'un  aiuel  antique  trouvé  à  Gret- 
land  :  Cambdeiila  rapporte, p.  563. 

DUI   CI    BRI  G. 

ET  NVM    GG. 

T.    AVR.  A  VR  ELI  AN. 

VS    *DD   PRO  SE 

ET  SUIS  S. M.  A.  G.  S. 

Ce  qui  lignifie  ,  félon  cet  Auteur  ,  Dui  Civuatis 
Brigancum  <y  Numïn'ibus  Auguftoruin  Titus  Aurdlus 
Aurdianus  ieiicavit pro  fe  bfuis.  Sur  une  autre  fa- 
ce de  l'Autel  on  lit  ; 

ANTON INO 

III.  ET  G  ET.  CO.SS. 

Ce  qui  montre  que  cet  Aurel  fut  érigé  fous  le 
Confulat  d'Antonin  Caracalle  pour  la  troifième 
fois,  &  de  Géta  ,  c'eft-à-dire  ,  environ  l'an  zoS.  de 
J.  C.  Cambden  doute  fi  ce  Dut  n'efk  point  le  Dieu 
que  les  Anglois  appellent  aujourd'hui  Diw  ,  ou  fi 
c'eft  un  Dieu  topique  ,  ou  le  Génie  des  Brigantesj  & 
il  s'arrête  à  ce  dernier  fentiment,  parce  que  les 
peuples  de  la  Grande-Bretagne  avoient  alors  chacun 
leur  Dieu  :  And.ites  étoit  celui  de  la  Province  d'Ef- 
fex,  Belormadre  du  Cumberland  ,  Viterinus  &  Mo- 
guntus  du  Nortumbcrland  ,  &  de  même  Dui  des 
Brigantes. 

Pour  moi ,  je  crois  qu'il  faut  dire  Dus  ,  ouDuii, 
Se  non  pas  Dui-^  car  Dui,  dans  l'infcriprion,  eft  un 
datif ,  dont  le  nominatif  doit  être  l'un  de  ces  deux 
mots.  Cela  fuppofé,leZ)i/jdesBrigantespourroit  bien 
être  le -Dij  des  Celtes  ou  Gaulois  j  car  le  nom  eft 
le  mêmej  &c  il  ne  feroit  pas  fort  étonnant  que  les 
Infulaires  de  la  Bretagne  l'eulTent  prononcé  un  peu 
différemment  de  ce  que  Céfar  fait  en  parlant  des 
Gaulois.  D.'ailleurs  ,  les  Infulaires  étoient  origi- 
nairement des  Celtes  qui  avoient  palTé  dans  cette 
Ifle  ;  ils  avoient  mêmes  mœurs ,  même  religion  j 
mêmes  Dieux  ,  &c.  ^oye^  Bretagne.  Après  tout , 
l'Infcription  ne  lailïe  pas  d'avoir  fa  difficulté  ;  car 
c'eft  le  fécond  Confulat  de  Géta  qui  concoure  avec 
Je  IlP.de  Caracalle.  Il  faudroit  examiner  s'il  n'y  a 
point  II.  entre  GET.  &  COSS.  ou  fi,  étant  eft'acé 
par  le  temps ,  il  n'y  a  pas  la  place  pour  le  mettre. 

DUISANT  ,  ANTE.  adj.  Propre  ,  convenable.  Nicot, 
Monét  ,  CoTGRAVE.  C'eft  un  vieux  mot,  aftez 
doux  &  aiïezexprelîif ,  pour  mériter  qu'on  le  re- 
grette. 

DUISBOURG.  Ville  du  Cercle  de  Weftphalie. 
Duisburgum.  On  prétend  que  c'eft  l'ancien  Difpar- 
gum,  owDifporum.  Quoi  qu'il  en  foit,  Duishourg 
eft  dans  le  Duché  de  Clèves ,  fitué  fur  le  Roër , 
près  du  Rhin  ,  entre  Dulfeldorp  &  Wefel.  Elle  a 
été  ville  Impériale;  mais  elle  dépend  maintenant 
des  Eleileurs  de  Brandebourg  ,  qui  y  érigèrent  une 
Univerfité  l'an  1(^55.  Quelques-uns  écriventaufti 
Doésbourg. 

DUISET.  Voy.  Dusil.  C'eft  lamêmechofe. 

DUISIBLE  ,  adj.  m.  &  f.  Convenable.  Conveniens , 
proprius  ,  a,  um.  Il  ne  fe  dit  plus. 

§3"  DUITE.f.  f.  Terme  général  d'ourdiffage.  On  ap- 
pelle ainfi  le  jet  de  trame  de  chaque  coup  de  na- 
vette ,  lorfqu'il  fert  à  faire  le  corps  de  l'étoffe. 
Encyc. 

LesRubaniersau  contraire  entendent  par  la  duite^ 
la  portion  de  chaîne  qui  lève  ou  baiffe  à  chaque 
iriouvement  de  marche  ,  &  même  l'ouverture  qui 
eft  formée  alors  par  la  portion  qui  lève  ou  baille  , 
&  par  la  portion  qui  refte  en  place. 

DUITS.  f  m.  pi.  Pêcheries  de  pierre  ,  chauffées  fai- 
tes de  pieux  &  de  cailloux  ,  fur  une  même  direc- 
tion ,  tout  à-travers  d'une  rivière  ,  &:  qui  gênent  la 
navigation,  parce  qu'elles  ne  laiOentau  milieu  du 
canal  qu'un  petit  palfage  pour  les  barques. 

DUITZ,  ou  TUITZ.  Bourg  de  la  Baffe  Allemagne. 
Duitium.  On  croit  que  Duit:^  a  été  bâti  par  Con- 
jlantin  le  Grand ,  &  qu'il  y  avoit  un  pont  qui  le 


DU  L 

joignoit  à  la  ville  de  Cologne  ,  vis-à-vis  de  Taquelle 
il  eft.  On  ajoute  que  les  pierres  de  ce  pont  ,  dé- 
truit par  le  temps ,  fervirent  à  la  conftrudion  du 
Monaftère  de  S.  Héribert. 

D  U  L. 

DULCAMERE  BATARDE,  f.  f.  Salonoides.  Plante 
dont  la  fleur  eft  en  rofe.  Elle  a  cinq  feuilles  ;  fon 
piftil  dégénère  dans  la  fuite  en  un  fruit  rondelet  j 
qui  contient  une  femence  dure,  couverte  d'une  pul- 
pe mince  J  qui  donne  au  fruit  la  reffemblaiice  d'une 
baie.  Cette  Plante  eft  originaire  des  contrées  les 
plus  chaudes  de 'l'Amérique  J  d'où  l'on  a  apporté 
en  Europe  leurs  femences.  Dicî.  de  James. 

ifT  DULCIFICATION.  f  f  Terme  de  Chymie.Opé- 
ration  par  laquelle  on  cherche  à  tempérer  la  vio- 
lence des  acides  minéraux,  en  y  mêlant  l'efprit  de 
vin.  Dulcificacio. 

DULCIFIER.  Terme  de  Chymie.  Rendre  doux,  tem- 
pérer la  violence  des  acides ,  en  y  mêlant  l'efprit 
de  Vin.  Dukorarc  j  edulcorare.  Dulcifier  l'efprit  de 
nitre. 

§Cr  DULCIFIÉ  ,  âE.  part. 

DULCIGNO  ,  DOLCIGNO.  Quelques-uns  écrivent 
aulli  Doicegno  \  mais  l'ufage  eft  pour  Dulc'igno. 
Dutdgno  elt  une  ville  &  port  de  mer  ,  que  quel- 
ques-uns mettent  dans  la  haute  Albanie,  &  d'autres 
en  Dalmatie  :  elle  eft  fur  les  confins  de  l'une  &  de 
l'autre,  dans  le  Golfe  du  Drin,  qui  eft  une  partie 
de  la  mer  Adriatique,  ou  du  Golfe  de  Venife.  Old- 
nium  J  Olchinium  j  Uicinium.  Cettte  ville  eft  mal 
fortifiée  \  mais  elle  a  un  bon  port  &  une  bonne  ci- 
tadelle ,  &  contient  environ  fept  ou  huit  mille  per- 
fonnes.  C'eft  une  aflez  bonne  échelle ,  &  il  s'y  fait 
un  négoce  confidétable.  M.  Corneille  dit  qu'il  n'y  a 
que  quelques  Modernes  qui  la  mettent  dans  l'Alba- 
nie, mais  qu'elle  appaitient  véritablement  à  la  Dal- 
matie ,  étant  au-delà  de  la  rivière  de  Boyane  ,  & 
du  lac  de  Scutari.  Duldgno  a  un  Evêché  fuffragant 
d'Antivari.  Les  Turcs  ont  enlevé  Duldgno  aux  Vé- 
nitiens ,  &.  le  poflédent  depuis  long-temps.  F~oye:ç^ 
Spon  ,  f^oyage  du  Levant. 

DULCIGNÔT ,  oTE.  f.  m.  &  f.  Qui  eft  de  Dulcigno; 
habitant  de  Dulcigno.  Okinienjis ,   Utdinienjîs. 

DULCINDE.  Petit  pays  de  la  pattie  méridionale  de 
la  Perfe.  Il  eft  ainfi  nommé  à  caufe  de  la  ville  de 
Duldnde. 

DULCINEE,  f.  f.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  dans  le 
ftyle  familier  &  badin  à  la  maîtrelTe  d'un  homme. 
Ilpalfeles  jours  entiers  aux  pieds  de  fa  Dukinée. 
C'eft  un  tel  qui  tienne  une  feténade  à  fa  Duki- 
née.  Les  Chevaliers  étoient  obligés  dans  les  carrou- 
fels  de  chamarrer  leurs  lances  ,  leurs  houlles  &  leurs 
habits  des  chiffres  &  des  couleurs  de  chaque  Dul- 
cinée. Mém.  de  la  Vie  du  Comte  de  Grammont  j 

Ce  mot  a  ete  pris  du  Roman  de  Dom-Quichot- 
te ,  qui  avoit  choifi  la  Duldnee  du  Tobofo  pour  fa 
maîrreffe  &  fon  Héroïne. 

DULCINEE,  f  f.  Terme  de  Fleurifte.  Efpèce  de  tu- 
lipe. Elle  eft  d'un  blanc  de  lait  ,  Se  couleur  de 
lacque. 

DULCINISTE.  f.  m.  &  f.  C'eft  un  nom  que  l'on  a 
donné  aux  Vaudois ,  à  caufe  d'un  certain  Dulci- 
nus  ,  qui  étoit  de  Novarre.  f^oye^  Blondel  ,  Decad. 
II.  L.  9.  à  l'an  1307  de  Jésus  -  Christ.  Duki- 
nijla. 

DULCITE.  f.  m.  &  f.  Foye-{  Dulcinistb.  C'eft  ainfi 
qu'il  faut  dire  ,  comme  il  paroît  par  l'origine 
de  ce  nom. 

DULCORÉ  ,  adj.  paftif.  Duldfié.  Les  parties  de  l'A- 
pothicaire d'Arî^an  contiennent  ,  entre  autres  ar- 
ticles ,  une  prife  de  petit  lait  clarifié  &  dukoré ^ 
pour  adoucir  ,  lénifier  ^  tempérer  &  rafraîchir  le 
fang  de  Monfieur.  Malade  imaginaire  _,  Acl.  i. 
Se.  I. 

DULEEK  ,  ou  DULÉRE.  Bourg  confidérable  d'Irlan- 
de ,  dans  la  Lagénie.  Dulecum.  Il  eft  fitué  dans  le 


D  UL     D  U  M 

Comté  d'Eaft-Meath  ,  à  deux  lieues  de  la  tivicre 
deBoine  &  de  la  ville  de  Drogheda,  vers  le  Midi. 
DuUek  a  droit  d'envoyer  des  Députes  au  Pailemenc 
d'Irlande. 

DULHAGIA  ,  autrement  Dulhega  j  Dulheggia  ,  DU- 
hagj.  ,  ZUitJche  ,  DuLcagiatk  ,  Duaiinigiathi  , 
Ddlhaiyka  ,  DU  hafia.  Douzième  mois  des  Turcs 
&  des  Arabes  j  qui  répond  à  notre  mois  d'Août. 
Duodecimus  Turcaruui  ^  Arabum  Hagarenorum  men- 
(is.  Voyc\  Fabricius  ,  Menolog.  p.  -jG. 

DULKADA  j  autrement  Dulkaada  ,  Dulkd:dachl  j 
DuLkaadeth  ,  Dualkaddali  ,  Dulkaïda  j  Dtikaa- 
da  ,  Silkadhe.  Nom  de  l'onzième  mois  de  l'année 
Arabique  Se  Turque.  Fabrlai  McnoL.p,  79.  Eucych. 
T.  H.  Annal, p.  524  &  484.  Il  repond  au  mois  de 
Juillet. 

DULICHIUM.  Ifle  de  la  mer  Ionienne,  Dulkhium. 
C'ell  une  des  Echinades ,  fituée  vis-à-vis  l'embou- 
cliuie  du  BeuN^e  Achéloiis,  non  loin  d'Iraque  ,  en- 
tre Zacynthe  &  Céplialénie.  Dulichium  étoit  une 
de  celles  qui  obéilFoient  à  Ulyirej  comme  Ovide 
l'inlinue,  Trill;  L.  I.  Eleg.  IV.  v.  67.  &:  Virgile, 
Egl(.>gtie  VI.  v.  j6.  M.  Spon  croie  que  Dulkhium  ell 
l'IIlî  qu'on  appelle  Thialci  j  qui  n'ell  éloignée  que 
de  trois  o.i  quatre  mille  de  Ccphalénie  ,  l^  qu'on 
nomme  pour  cela  la  petite  Céphalénie.  Strabon  l'a 
prile  pour  Icaque  :  mais  Itaque  ell  celle  qu'on  nom- 
mj  aujou  d'hui  Jathaco  ;  &,  dans  Thiaki,  il  y  a  un 
port  a  10  ient ,  qui  porte  encore  à  préfent  le  nom 
de  Dollcha.  De  plus ,  Thiaki  eft  une  fois  aullî 
grande  que  l'étoit  Itaque,  félon  Strabon  même. 
Enfin,  Z>':^/'f'z.'tt'7z  femble  ne  devoir  pas  être  comp- 
tée parmi  les  Echmades  ,  (i  l'on  s'en  rapporte  à 
Homère,  ^oye^  M.  Spon  ,  F'oyjge  de  Grèce  ,  P.  I. 
p.  iji.  Juigné  ,  dans  ion  Diclhnnaire  Cof/nogra- 
phique ,  dit  q'i'on  appelle  maintenant  x5////V/î«/« 
Val  du  Compère.  M.  Spon  ell  un  meilleur 
Auteur. 

DULIE.  f.  f.  DuUa.  C'eft  ainfi  que  l'Eglife  appelle  le 
culte  qu'elle  rend  aux  Anges  èc  aux  Saints  ,  pour  le 
diftinguer  de  l'hyperdulie  j  qui  eftle  culte  qu'elle 
rend  à  la  Sainte  'Vierge  ,  &  de  la  latrie  ,  qui  eft  le 
culte  qu'elle  rend  à  Dieu.  Voye:^  ces  mots  ,  & 
Culte. 

DULIEN  j  ENNE.  f.  in.&  f.  Nom  que  l'on  a  donné 
aux  hérétiques  Ariens,  f^oyc:^  Arien. 

DULMA.  Ville  ancienne,  mais  tellement  détrulteau- 
jourd'hui  ,  qu'à  peine  en  peut-on  remarquer  les 
veftiges.  Duhna.  Elle  étoit  dans  la  Bofnie  ,  aux  con- 
fins de  laDalmatie  ,  &  avoit  un  Evêché  fuffragant 
de  Spalatro. 

DULMEN.  Petite  ville  du  cercle  de  Weftphalie  en 
Allemagne.  Dulmena.  Elle  eft  dans  l'Evêché  de 
Munfter ,  à  l'Occident  méridional  de  la  ville  de  ce 
Hom.Z)«/OTe/2  eft  capitale  d'un  petit  pays  qui  porte 
aulli  fon  nom  j  &  où  l'on  remarque  encore  la  pstue 
tille  d'Halteren.  Maty. 

D  U  M. 

DUM.   î'oye-:^  Dun. 

DIJMA.  Ville  de  la  Tribu  de  Juda  ,  ainfi  appelée 
dans  le  texte  Hébreu,  Jof.  XF.  51.  Car  la  Vul- 
gate  &  les  Septantes  la  nomment  Ruma  ,  pf^và  j 
&  fo»/<à  ,  ce  qui  vient  de  la  relFemblance  du  ^,  da- 
leth  ,  &  du  "1 ,  refch ,  dans  les  deux  caradères  Hé- 
breux. 

DUMB  APv.  Ville  de  l'EcofTe  méridionale.  Dumbarum. 
Maty  écrit  Dombar  •  mais  l'.'S  Cartes  de  Speed  & 
de  M.  de  l'Ifle  écrivent  Dum^^ar.  Nous  les  fuivons  ■, 
car  ce  nom  eft  compofé  ,  félon  la  remarque  d'Hof- 
man  ,  de  c/^/2 ,  château,  élévation,  montagne,  & 
de  Bara,  ou  ^ara  ,  &  (ign'fie  Château  Wara  ,  ou 
Château  Bara.  Maty  dit  qu'anciennement  on  l'ap- 
peloit  Bara  ci  Wata.  Corneille  la  nomme  Dumba- 
ra,  c'eft  une  faute-  Dumhar  eft  dans  la  Province 
nommée  Lothiane  ,  &  fur  la  cote.  Les  Rois  d'E- 
colfe,  après  qu'ils  eurent  perdu  Barwick,  fortifiè- 
rent Dumbar  d'un  bon  château  ,  qui  fut  démoli  en 


DUM     DUN       0t 

1 5(^7.  par  ordre  des  Etats  du  Royaume.  Cette  ville 
elt  célèbre  dans  l'hiltoire  d'Angleterre  par  la  ba- 
taille que  Cromwel  y  gagna  le  .5  Septembre  1650^ 
contre  les  EcolFois  j  qui  foutenoient  le  parti  dô 
Charles  I.  Quelques  Géographes  j  que  M.  Corneille 
a  luivis,  après  même  avoir  remarqué  leur  erreur, 
confondent  mal-à-propos  Dumbar  avec  Dumlrao- 
nium  ,  qui  eft  Dunbarton,  ou  Dunbriton.  Dum- 
har avoit  droit  de  députer  au  Pailement  d'E- 
coife. 

DUMBARTON.  Ville  de  TEcofle  méridionale.  Dun- 
hrkonium  ,  Dunum  ,  ou  Caftrum  Bruonium,  Elle  eft 
dans  le  Comté  de  Lenox  ,  fur  la  rivière  de  Leith  , 
qui  peu  après  le  décharge  dans  le  Golfe  de  Cluyd  , 
qu'on  appelle  aulli  Golfe  de  Dumbanon.  Maty. 
Dumhanon  eft  la  plus  forte  place  d'Ecolfe  ,  à 
cauie  de  fafituation  fur  un  rocher  fort  haut  &:  fore 
efcarpé.  Id.  C'eft  de-là  qu'elle  a  pris  fon  nom,  com- 
pofé de  dun  ,  qui ,  en  langage  Celtique  &  Britanni- 
que ,  fignifie  élévation  j  colline ,  montagne  ;  &  de 
Brnton  ,  c'eft-à-dire,  Breton  ^  parce  que  ce  fonc 
les  anciens  Bretons  qui  ont  commencé  à  l'habiter  , 
s'y  étant  retirés  ,  &  maintenus  plus  de  joo  ans 
contre  les  efforts  des  Piéfes,  des  EcolTois  &  des  An- 
glo-Saxons,  qui  voulurent  tour-à-tour  les  fubju- 
guer.  Cette  étymologie  j  qui  eft  vraie  ,  montre 
qu'il  faut  écrire  dun ,  &  non  pas  dum  ;  le  b  qui  fuit 
fait  changet  1'«  en  m.  Les  Cartes  de  Speed  difenc 
Dunbcrton  ,  &c  le  Golfe  de  Dumbretun.  D'autres 
l'appellent  Dunbritton.  C'eft  ainii  qu'écrit  M.  de 
l'Ifle  dans  fa  Carte  des  Ifles  Britanniques.  Dunbarton 
paroit  plus  félon  notre  ufage.  Hofïman  dit  qu'on 
l'a  nommé  autrefois  Dunbarte. 

Quand  il  fuit  une  m  ,  une  n ,  ou  un  b  ,  Vn  de  durt 
fe  change  en  m  ,  ôc  l'on  dit  dum.  Ain  fi  l'on  dit  Dum- 
bar :  Dumbarton ,  Dumblay  &  fJummerzée ,  &c. 
Comme  on  avoit  coutume  de  bâtir  les  châteaux  fut 
les  hauteurs ,  dun  s'eft  pris  enfuite  pour  château. 

DUMBLAIN.  Petite  ville  Epifcopale  de  l'Ecolfe  Mé- 
ridionale. Dunblanum y  Dumblanum,  Elle  eft  capi- 
tale du  Comté  de  Menteith.  Maty.  Dumblain  eft 
fituc  fut  la  rivière  de  Leith  .  â  une  lieue  &:  demie 
de  la  ville  de  Sterling ,  vers  le  Nord.  Dumblain  a 
féance  &  voix  au  Parlement  d'Ecoflfe  ,  &  fon  Evê- 
que  eft  fuffragant  de  Glafcow.  Id.  Cette  ville  eft 
nommée  fort  différemment  j  car,  outre  qu'on  écrie 
également  Dun  &  Dum  à  la  première  fyllabe,  les 
Cartes  de  Speed  l'appellent  toujours  Dumblay  ; 
mais,  dans  fon  difcours ,  ou  fa  defcription  d'Ecosse, 
Speed  dit  Dumblan  ;  M.  Corneille ,  Dumhlane  j 
Baudrand  &  la  Carte  de  M.  de  l'Ifle  Dumblain  ;  Ma- 
ty Dumblain  y  ou  Dumhlane  ^  5i  dans  le  difcours 
Dumblane.  Maty ,  comme  nous  l'avons  marqué  , 
fait  dépendre  Dumblain  de  la  Métropole  de  Glaf- 
cow ;  mais  Speed  dit  qu'il  eft  fuffragant  de  Saine 
André. 

DUMBROSA.  Petite  ville  d'Irlande ,  dans  la  Province 
de  Connaught. 

DUME.  Voyei  DONGISBEY. 

Ip-DUMENT.  adv.  roye?  DUEMENT. 

DUMFREIS.  Voy.  DUNFREIS. 

DUMMERZÉE.'C'eft-à.dire  ,  Merde  Dummer.  Dum^ 
mera.  C'eft  un  lac  de  Weftphalie ,  fitiié  entre  les  ter- 
res de  Munfter,  d'Ofnabrug&  de  Biepholt.  On  ap- 
pelle quelquefois  ce  lac  ,  le  lac  de  Damma  ,  à  caufe 
d'un  bourg  de  ce  nomquielf  à  une  lieue  de  fes  bords. 
Maty. 

DUMNO.  Foy^t  DELMINO. 

DUN. 

DUN.  Vieux  mot ,  qui  entre  dans  la  compofition  de 
phifieurs  noms  de  lieux  François ,  j^llemands.  Fla- 
mands,  Bvetons  ,  Anglois,  Ëcoflois  &  Irlandois^ 
comme  on  l'a  déjà  vii ,  &  comme  on  le  verra  en- 
core ci  après.  Ce  nom  fignifioit ,  félon  quelques- 
uns  ,  dans  la  langue  des  Celtes ,  une  élévation  ,  un 
lieu  élevé,  une  colhne  j  une  hauteur ,  unemonta- 

j      gne.  Foyei  Clitiphon  dans  Plutarque  ,  de  fiumi.' 

Q  ^  q  i) 


492.  D  U  N  D   U  N 

nibus.  Voy.  auffi  Cambden  ,  Britannia  Antiqua  j  f.  [DUNDÉÉ,  Petite  ville  de  l'Ecoflè  Septeiitrionale.  Do- 
'        '  '     '     "  '  num  DcL.  Autrefois  Tdqdunum  &  Aleclum.  Elle  eft 

tortinée  ,  &  iîtiiée  à  trois  lieues  de  S.  André  j  vers 
,  le  Nord .  dans  le  Comté  d'Arigus ,   &  à  l'embou- 
chure du  Tay  ,  où  elle  a  un  bon  port.  Maty  ,  &, 
la  Carte  de  M.  del'ljle.  Long.  1 5  d.  5' ,  lat.  i6  d.  42', 
DUNE.F'oyeîDZWlNA. 

DUNE.  f.  f.  Elévation  de  terrein,  ordinairement  for- 
mée par  des  fables  arides  au  bord  de  la  mer.  Are- 
nofi  montes  3  prxaltn  maris  iittora.  Les  Allemands 
difent  Duint  pour  fignifier  la  même  chofe.  Charles 
de  Vifch ,  dans  Ion  Compcndmm  chronoiogkum  Exor- 
dit  &  Progrejjùs  Abbatiiz  Clarijfima  B.  Maria  de  Du- 
nis  j  dit ,  Vallem  reperit  arenariim  coUibus  ,  (  quos 
incol&  Duyiienvocant)  undique cinclum.Ce  font  quel- 
quefois des  rochers  efcarpés  ,  comme  en  Angleterre, 
quelquefois  de  (impies  hauteurs_,ou  collines  de  lable. 
Les  Dunes,  en  particulier,  font  une  grande  rade 
d'Angleterre,  qui  eft  le  long  de  la  côte  Orientale 
du  Comté  de  Kent ,  depuis  Douvres  jufqu'au  Cap- 
Nort.  Cette  rade  a  un  tort  bon  ancrage  ,  &;  ell  dé- 
fendue par  les  Châteaux  de  Sondowne  ,  Déale , 
&:  de  Walmer.  C'eft  là  que  s'alTernblent  ordinaire- 
ment les  flottes  Angloifes.  On  dit  ,  la  flotte  eft  en- 
core aux  Dunes  ,  eft  partie  des  Dums.  Cette  efca- 
dre  eft  retournée  aux  Dunes.  Elle  a  été  accueillie 
d'une  violente  tempête  qui  l'a  obligée  de  relâcher 
aux   Dunes. 

C  e  mot  vient  de  dun  ,  qui  a  fîgnifié  anciennement 
montagne,  ou  lieu  cminent,  &c   qui   a  donné  les 
noms  à Dunkerque ,  Chuteaudun,  Verdun,   Loudun\ 
Dun-le-Pioi  j  &  à  un  grand  nombre  d'autres  places 
par  toute  l'Europe.  Mais  dune  proprement  a  fignifié 
vague  j  ce  qu'en  Efpagne  on  appelle  ola ,  &  en  Fran- 
çois ouïe  _,  ou  houle.  De-U  vient  que  les  Flamands 
ont  appelle  Dunen  ,  les  coteaux  de  fable  qui  empê- 
chent que  les  vagues  n'entrent  fur  la  terre.  II  y  en 
a  qui  font  venir  le  mot  de  dune  du  mot   Grec  "îw 
qu'ils  difent  avoir  été  formé  de  ^!^»»»-,  colline. ,  hau- 
teur, éminence.G\.\iQ\\aït  le  dérive  du  Grec  5^«»,  S^î»,  ^"t 
qui  fignifié  bord ^  rivage  ,  élévation,  &c.  en  chan- 
geant le  i  ,  ou  th   en  d ,  comme  le  ~,  oule  d  ,  du 
mot  Hébreu   ned  avoir  été  tranfpofé  &c  changé  en 
« ,  ou  rAj   par  les  Grecs   pour  formera»,    de   "'^ , 
ned.  Voici  donc  la  table  généalogique  du  mot  dune, 
félon  ces  Auteurs  j  "î^  ,  ned  ,  H  den  ,  -^i' ,  ou  S-'i>  , 
thunu,  tune  j   dune.  Quoiqu'il  en  foit  de  l'origine 
Hébraïque  ou  Grecque  de  ce  mot ,  il  eft  plus  natu- 
rel de  s'en  tenir  à  la  langue  Celtique  ou  Teutoni- 
que,  &c  de  ne  pas  chercher  ailleurs  l'origine  du  mot 
de  dune. 
DUNEBOURG.  Foyei;  DUNENBOURG. 
DUNELM ,  ou  DLÎNELME.   Foye'^  DURHAM. 
DUNEMUNDE.  Bonne  forterefte  de  Livonie.  Dune- 
munda.  Elle  eft  à  l'embouchure  de  la  Dzwine,  dans 
le  Golfe  de  Riga,  environ  à  deux  lieues  au-deifous 
de  cette  ville. 
DUNENBOURG.   Petite  ville  de  la  Létonie^  Pro- 
vince de   Livonie.  Duneburgum.  M.  Corneille  dit 
Duneburg  en  V Y?Lnco\s  ,  &c  Maiy  Dunenboui g.  C'eft 
une  forterefle  ,  ou  petite  ville  bien  fortifiée,  fituée 
fur  la  Dzwine  ,  aux  confins  de  la  Scmigalle ,  à  cinq 
lieues  plus  au  nord  que  Braflaii  en  Lithuanie.  Du- 
nebourgj  ou  Duner.bourg,  fut  pris  fur  les  Polonois 
en  1655  parles  Suédois  ,    à    qui   les  Mofcovites 
l'enlevèrent  quelque  temps  après.  Corn. 
DUNESLEY.  Petit  Golfe  qui  eft  fur  la  côte  du  Comté 
d'York  ,  en  Angleterre.  Duni  fretum.  Il  eft  près  dtk 
bourg  de  Withby.  Il  prend  fon  nom  du  village  de 
Dunefley ,  qui  eft  fur  ce  Golfe.  Dunum. 
DUNETTE,  f.  f.  Terme  de  Marine,  eft  l'étage  le  plus 
élevé  de  la  pouppe,jou  de  l'arrière  du  vailïèau,  où 
eft  le  pofte  du  Maître  t's:  du  Pilote.  Puppis pars  altif- 
Jima.  On  ne  fait  de  dunette  qu'aux  vaiffcaux  qui  ont 
So  pieds  de  quille  ,  ou  environ.   Dans  les  vaiflTeaux 
de  guerre,  il  y  a  toujours  un  foldat  en  fentinelle  fur 
le  plus  haut  de  la  dunette. 
DUNFREIS ,  ou  DUMFREIS.  Petit  ville  avec  ud  bon 
château.  Dunfrcia.    Elle  eft  dans  l'Ecolfe  méridio- 


180.  Cluvier  Germani&   Antiq.  L.  I,  C.  j,p.6^. 
Dun,  en  vieux  François ,  dit  Du  Chiiae,  iignifie 
roche  &  montagne  :,  &  toutes  les   villes  élevées  li 
haut  fur  la  ûiperficie  de  la  terre  ,  comme  de  gran- 
des Reines  des  b.Uîes  campagnes,  font  enrichies  de 
cette  qualité  de  Dun  à  la  fin  (ou  au  commencement) 
de  leurs   noms  pour  marque  de  leur  lomniué  ce 
haiitelfe.  Antiq.  des  villes  de  Fr.  P.  L  C.  50.  Dom 
Duplellîs  qui  a  imprimé  à  ce  fuje:  quelques  difler- 
tations  dans  le  Mercure  de  France,  piérend,  au  con- 
traire j  que  Dun  ne  fignihe  hauteur  ou  montagne  _, 
que  dans   la   langue  Teutonique  j  &  que,  dans    la 
langue  Celtique,  il  fignifié /jw/oni  ,  bas  j  inférieur, 
comme  il  le  fignifié  encore  aujourd'hui  dans  le  Bas- 
Breton.  De  S.  julien  dit  que  Dun  fignifié  une  ville  , 
&  le  plus   fouvent  une  ville  fituée  fur  une  monta- 
one  ,   mais  il  fe  trompe  ;  c'eft    fimplement  une 
colline  ,   une    élévation  ,   une  montagne.   Coquil 
le     dans   fon  Hijloire  de  Ntvernois  page.  6.   croit 
que  dunum ,  en   ancien   langage    Celtique ,   figni 
fie  mont  de  terre  relevé'  fait  de  main  d'homme  j 
qui  eft  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  une  motte  ,  ou 
fort.  U  eft  vrai  que  dun  s'eft  dit  de  ces  fortes  d'élé- 
vations faites  de  main  d'homme  ;  &  par-là  on  voit 
pourquoi  plufieurs  lieux  qui  ne   font  point  fur  les 
montagnes  ,  ont  porté  ce  nom  ;    mais  il  n'eft  pas 
vrai  que  ce  foit  là  fa  première  ou  fa  feule  fignifica 
tion.  Voye^  DUNE. 
DUN.  Petite  ville  de  France.  Dunum.  Elle  eft  du  Du- 
ché de  Bar.  Dun  eft  fitué  fur  une  montagne  dont  la 
Meufe   baigne  le  pied ,  entre  Verdun  au  midi  & 
Stenay  au  nord  ,  un  peu  au  defl^us  de  Villefranche. 
Dun,  qui  eft  aux  confins  de  Champagne,  appartcnoit 
autrefois  au  Duc  de  Lorraine  j  mais  en  1635  ,  il  le 
céda  à  la  France.  Dun  a  eu  des  fortifications ,   qui 
ont  été  démolies.  Le  nom  de  cette  pLace  eft  pris  de 
fa  fituation  fur  une  hauteur.  Foy.  ci-delTus  ce  que 
fignifié £?.'/;?.  Long.  21  d.  51'.  lat.  49  d.  22'. 
Dun.  Petite  rivière  de  Normandie  en  France.  Dunus, 
Tala  dunus.  On  l'appelle    communémenr  Dun  en 
Caux.  Elle  a  fa  fource  dans  le  village  de  S.  Pierre-le 
petit ,  au-defibus  du  Bourg  de  Fontaines-fur  Dun. 
Elle  donne  encore  fon  nom  au  Bourg  -  Dun  &  au 
Val-Dun.  Voyez  la  Defcripion  Géogr,  &  Hijl.  de  la 
Haute  Norm..  T.I.p.^i. 
DUN.  Petite  rivière  d'Angleterre.  Dunum.  Elle  naît 
dans  le  Comté  de  Darby,  baigne  Duncafter  dans  celui 
d'Yorck,  &  vafe  jeter  dans  l'Humbertaux  confins  de 
celui  de  Lincoln.  Maty.' 

Dun.  Petite  rivière  d'EcolTe  j  qui  arrofe  la  Province  de 
Kile  ,  &  va  fe  décharger  dans  la  mer  d'Irlande ,  af- 
fez  près  de  la  ville  d'Aire. 

DUNALMA.  Terme  de  Relation.  C'eft  le  nom  d'une 
fête  chez  les  Turcs.  Elle  dure  fepr  jours  &  fept 
nuits  ,  que  l'on  pafte  dans  les  réjouilfances.  Le  peu- 
ple fait  des  feftins  dans  les  rues  ,  qui  font  ornées 
de  fleurs  &  de  tapilferies*,  &  le  divertit  à  toutes 
fortes  de  jeux.  On  célèbre  cette  fête  à  la  première 
entrée  du  Grand-Seigneur  dans  une  ville  ,  ou  après 
la  nouvelle  d'une  viitoire  fignalée.  Elle  fe  nomme 
aulti  Ziné  ou  Eziné.  Ricault  de  l'Empire  Ottoman. 

DUNBAR.  Voye-(  DUMBAR. 

DUNRARTON,  DUNBRITON  ,  DUNBERTON  ^ 

DUNBRETTON.  Foyei^  DUMBARTON. 

DUNC  ASTER,  ou  D  ANC  ASTER.  Nous  pronon- 
çons Doncaftre.  Petite  ville  ou  bourg  du  Duché 
d'Yorck  en  Angleterre.  Dunum ,  Danum  :  Danocaf- 
tria.  Ce  lieu  eft  fur  la  rivière  de  Dun,  vers  les  con- 
fins du  Comté  de  Lincoln  à  neuf  lieues  delà  ville 
d'York  au  midi. 

DUNCKESPIEL.  Voyei;  DINKESPIEL. 

DUNDALKE  ,  ou  DUNDALK.  Petite  ville  delà  La- 
génie  en  Irlande.  Dundalcum.  Elle  eft  fur  la  côte 
orientale  de  l'Ifle  ,  dans  la  Comté  de  Louth ,  où  elle 
a  un  grand  port ,  à  huit  lieues  au  nord  de  Drogheda, 
&  à  trois  deCarlinfort.  Dundalke  a  féance  &  voix  au 
Parlement,  &  un  Evêquefutfragant  d'Armach.  Long. 
ïi  d.  g' .  lat.  54  d.  i'. 


D  U  N    _ 

haie,  &  capitale  de  la  Province  de  NithefJale,  fur 
la  côte  Orientale  de  ce  Royaume.  Dunjrch  ell  lituc 
lui-  le  Nithe ,  environ  à  une  iieue  de  (on  embouchure 
dans  le  GoRe  de  Solway.Spéed ,  Macy  ,  Holiman, 
écrivent  Dunfreis\  Meilleurs  Corneille  &  de  Lille 
Dumjrcis.  j-ongit.  13.  d.  50'.  Latitud.  55. 
d.  8'. 

DUNG.  f.  m.  Petit  poids  de  Perfe  ,  qui  tait  la  (ixième 
partie  du  mefcal.  C'eft  aulli  une  monnoie  d'argent 
qui  le  fabrique ,  &  qui  a  cours  en  Perfe.  Il  pelc 
douze  grains. 

Db'NGANON.  Bourg,  ou  petite  ville  de  l'Ultonie, 
Province  d'Irlande.  Dunganon'ta ,  Dunganomum  , 
Dunganum.  Ce  lieu  eft  iituc  dans  le  Comté  de  Ty- 
rone  j  à  quatre  lieues  au  nord  d'Armach  ,  eft  la  rcli- 
dence  du  Comte  de  Tyrone  ,  &  a  feance  au  Parle- 
ment d'Irlande.  Maty.  On  trouve  aulli  Z)««eo^t;«/w«, 
&  Duneganon. 

DUNGARRES.  f.  f  pi.  Toiles  de  coton  blanches  que 
l'on  tire  de  Surate. 

DUNGARVAN.  Bourg,  ou  petite  ville  d'Irlande. 
Dungarvanuin.  Hotfman  dit  que  Dungarvan  eh  très- 
fortihé.  Il  efl  lîtué  dans  la  Momonie,  fur  la  côte  du 
Comté  de  Waterlort.  Il  a  un  bon  port ,  &  léance 
au  Parlement.  Hotfman  &  M.  de  Ldle  le  mettent 
dans  la  Lagcnie.  Longit.  10.  d.  11'.  Lutitud.  51. 
d.    2'. 

bUNGCANON.  Fort,  ou  Château  de  la  Lagcnie, 
en  Irlande.  Duncj.nonium.  Il  eft  dans  le  Comte  de 
Wexfor:  ,  fur  le  bord  oriental  de  la  Baye  tle  Wa- 
terforc,  à  trois  ou  quatre  lieues  de  la  ville  de  ce  nom. 
Maty  ,  qui  écrit  aulli  Dunkanon. 

DUNGHALL.  Dans  Spéed  &  dans  M.  Con>2ille  ; 
Dungall  dans  Mary  ^  Dungal  ,  dans  la  Carte  de 
l'Ultonie  de  Spéed  j  Dongall,  dans  la  Carte  d'Ir 
lande,  du  même  Auteur;  Doneghall,  dans  Maty  \ 
DonagAll  j  dans  la  Carte  de  M.  de  Lille.  Nom 
d'une  petite  ville  de  l'Ulronie  ,  en  Irlande.  Dun- 
gallia ,  Dungalïa  dans  Hoiiman  :  DunghdU,  fitué 
Tur  une  grande  baie  qui  prend  Ion  nom  ,  eft  capitale 
d'un  Comté ,  auquel  il  le  donne  aulli ,  env^iron 
à  quatre  lieues  au  Nord  du  lac  de  Broad.  Dun- 
ghall  a  féance  &  voix  dans  le  Parlement  d'Irlande. 
Maty. 

Le  Comté  de  Dunghall ,  ou  deTyr-conelle  ,  eft 
une  contrée  de  l'Ultonie,  en  Irlande.  Dungalia  \ 
Dungalenjis  Com'uatus ,  Tyrconenfis  Comuatus ,  Cor- 
ndii  Terra.  Ce  Comté  eft  borné  au  levant  par  ce 
lui  de  Londonderri,  au  midi  par  celui  de  Ferma 
nagh  \  l'Océan  Calédonien  le  borne  au  couchant  & 
au  nord.  Il  peut  avoir  30  lieues  de  longueur j  &C  10 
de  largeur  nfcyenne.  Il  conlifte  en  des  plaines  fort 
fertiles ,  particulièrement  vers  les  côtes.  Dunghall 
en  eft  la  capitale. 

DUNGISBEY,  DUNISBEY,  ou  DUNSBEY.  Bourg 
de  l'Ecolf;  feptentrionale  Dungisbuum...  Il  eft  dans  le 
Comté  de  Cathnes ,  vis-à-vis  des  Orcides ,  fur  un 
Cap  de  même  nom.  On  croit  que  le  Cap  A^Dun- 
gisbey  eft  le  Berubium ,  ou.  Veruvïumproinôntorhan 
des  Anciens  :  c'eft  le  lentiment  xle  Buchanan  &  de 
Baudrandj  mais  Hedlor  Boctius  croit  que  c'eft 
Dume 


D  U 


N 


03 


DUNGLAS. 

DUNISBEY. 

DUNKANON. 


I  Voyc-,  I 


DOUGLAS. 

DUNGISBEY. 

DUNGCANON. 


DUNKELD.  Petite  ville  Eplfcopale  d'Ecofte.  Dun- 
cheldium,  Duncaledonia  ,  Cafirurn  Caledoniuni.  Cette 
ville  eft  fur  la  rivière  du  Tay  ,  dans  le  Comté  de 
Perth  ,  quatre  lieues  plus  hautque  la  ville  de  Perth. 
Lévêque  de  Dunkeld  c^  fuffragant  de  l'Archevêque 
de  Saine  André.    Longit.    14.  d.  10'  Latitud.    56. 

On  prétend  que  cette  ville  a  tiré  fon  nom  des 
Calédoniens ,  fes  premiers  habitans.  Dun  ,  Châ- 
teau j  Kcld,  ou  Kald  ,  Calédonien  ,  Dunkcld,  Châ- 
teau des  Calédoniens. 
DUNKERAN.   Petite  ville  d'Irlande  ,  qu'on  appelle 


auffi  autrement  Donekinc.  hcrnis  ^  Dunkcranum-, 
Elle  eft  dans  la  Momionic  ,  &:  appartient  au  Comté 
de  Delmon,  lur  la  côte  ieptentrionaie  de  la  baie  de 
Mayra,  entre  le  bourg  de  Kilmare,  ou  de  Glana- 
rogh  ,  &  la  mer.  Matv.  On  croit  que  Dunkcrari 
eft  l'ancienne  Ivcrnis  ,  capitale  des  iverniens.  Id. 
C'eft  le  lentiment  de  Cambden.  Hoftman  ajoute 
qu'il  a  un  Evcché  lutlragant  de  Casliel. 
DUNKERQUE.  Nom  de  ville  ,  qu'on  écrit  àuffi 
Donkerque  3  comme  on  le  prononce,  Ik.  Donqutr- 
que  ;  en  Latin  ,  Duiikcrca,  jan-ùin  Duuenfc.  C'eft 
une  ville  des  Pays-Bas ,  dans  le  Comté  de  Flandres , 
que  Meflieurs  de  TAcadémie  des  Sciences  placent 
au  zo*^  degré  une  minute  de  longitude  ,&  au  1,)° 
une  minute  de  latitude  nord.  Dunkerquc  eft  iituce 
à  l'embouchure  de  la  Colme  ,  entre  ces  dunes  qui 
blanchllfent  J  &c  s'élèvent  au  bord  dqlOccan  depuis 
l'Eclufe  jufqu'à  Calais.  A  l'Orient ,  elle  eft  bornée 
de  Fumes  &  de  Nieuport;  au  Midi  ^  elle  regarde 
Bergues  &  la  Flandres  ;  elle  a  Mardik  au  couchant  ; 
la  mer  l'enferme  du  côté  du  Nord.  Son  territoire 
eft  fort  petit ,  &  prefque  par-tout  reirerré  par  celui 
de  Bergues.  Sa  grandeur  lïc  ia  puilfance  viennent 
des  commodités  de  la  mer.  Saint  Eloi ,  annonçant 
l'Evangile,  y  bâtit  autrefois  une  Chapelle,  dont 
on  trouve  encore  des  reftcs  allez  proche  des  mursde 
la  ville ,  qui  en  tire  fon  nom  &  Ion  origine.  Dun- 
kerque  ,  en  effet ,  lignifie  l'Eglife  des  Dunes  \  Se  il 
femble  que  pour  ce  fujet  on  a  élevé  h  haut  le  clo- 
cher de  fon  Eglife ,  que  l'éminence  des  Falailes 
n'empêche  point  qu'on  ne  le  voie  de  la  mer,  &  que, 
de  la  plateforme  qui  eft  au  fonimetj  l'on  ne  puilTé 
en  temps  ferein  découvrir  les  montagnes  de  Douvres, 
&  la  côre  d'Angleterre.  Sarasin. 

Au  commencement  Dunkcrque  n'étoit  qu'un  ha- 
meau ,  compofé  de  cabanes  de  Pêcheurs  ,  alfcmblés 
par  la  commodité  du  havre.  Depuis ,  la  vieilleife  Se 
la  négligence  ayant  gâté  le  port  de  Mardik,  célèbre 
en  ce  temps-là,  elle  devint  conlidétablepar  la  ruine 
dece  port.  Baudouin  IlI.Comte  de  Flandres,  furnom- 
mé  le  Jeune  j  en  lit  une  ville,  l'an  de  falut  <)nG.  Elle 
fut  enfuite  peuplée  par  la  bonté  de  Philippe  de  Ver- 
mandois,  qui,  y  ctablilTant  beaucoup  de  hanchifesi 
y  alFembla  beaucoup  d'habitans.  Sarasin.  Dunker- 
que  eft  féparée  en  deux  villes  ,  vieille  Se  nouvelle. 
La  vieille  eft  aflife  au  bord  de  la  mer ,  &:c.  Id.  La 
nouvelle  ville  s'attache  au  lort  de  Léon  ^  &,  enfer- 
mant le  refte  du  Havre  ,  s'étend  enfuite  autour  de 
la  vieille ,  jufqu'au-delà  du  chemin  qui  mène  à 
Nieuport.  Id.  Dunkcrque  a  eu  autrefois  fes  Sei- 
gneurs particuliers  ,  qui  portoient  le  titre  de  Châ- 
telains ,  &  qui  relevoient  des  Comtes  de  Flandres. 
L'an  1138,  Laurent  d'Efpagnc  la  vendit  à  Gode- 
froy  ,  Evêque  de  Cambray  ,  après  la  mort  duquel 
on  la  réunit  au  Comté  de  Flandres.  Robert  de  Bé- 
thune  l'en  démembra  ,  pour  la  donner  avec  d'autres 
terres  à  Robert  de  Calfel  fon  fécond  fils  \  &  le  ma- 
riage d'Yoland  de  Flandres  avec  Henri  IV  ^  Comte 
de  Bar,  la  fit  palTer  dans  cette  maifon.  Jeanne  de 
Bar  la  porta  en  dot  à  Louis  de  Luxemboutg  ,  Châ- 
telain de  Lille  i5c  Connétable  de  France;  &  Marie 
de  Luxembourg  la  fit  entrer  dans  la  maifon  de 
Vendôme.  Dunkcrque  a  été  fouvent  aftiégée  &  prife 
dans  les  deux  derniers  fiècles.  En  1558  »  De  Ter- 
mes la  prit.  En  1 58  J  ,  le  Duc  de  Parme  la  reprit  ; 
en  \C^\6,  les  François  l'adiégèrent  encore,  &  s'en 
rendirent  maîtres  fous  la  conduit-.-  du  Grand  Condé. 
C'eft  ce  fiége  dont  Sarafin  a  écrit  l'Fliftoire  \  ouvra- 
ge d'une  main  inaîtreffe  ,  comme  parle  M.  Pélilfon. 
Les  Efpagnols  la  reprirent  en  1652.  En  1658,16 
Maréchal  de  Turenne  s'en  étant  rendu  maître,  elle 
fut  remife  aux  Anglois ,  de  qui  la  France  l'acheta 
en  \GGx  ,  &  depuis  ce  temps-là  elle  n'a  plus  changé 
de  maître.  Par  la  paix  d'Utrecht  entre  la  France  & 
l'Angleterre,  les  fortifications  &:  tous  les  ouvrages 
ont  été  rafés  ;  mais  on  a  fait  à  Mardik  un  nouveau 
canal  qui  va  jufqu'à  Dunkcrque. 

Il  y  a  encore  fur  la  même  tôtc-jim  bourg  de  même 
nom  entre  cette  ville  i'c  Nieuport. 


45)4  D  U  N 

Ce  mot  éft  compofé  de  dun  j  les  dunes ,  &  Klrche 
©u  Khke  .  mot  Allemand  &  Flamand  ,  qui  lîgnihe 
Eglife  :  ainli  ,  Dunkerquc  ,  c'eftà-dircj  l'Eglife 
des  Dunes.  On  prétend  que  ce  nom  lui  vient  de  ce 
que  la  tour  de  fon  Egliie  elt  la  première  que  les 
Mariniers  apperçoivent  de  fort  loin  en  mer  par- 
deflus  les  dunes  ^  ou  plutôt ,  parce  que  Dunkerque 
a  commencé  par  une  Eglife  ,  qui  fut  bâtie  en  cet 
endroit-là  fur  les  dunes;  c'eft-à-dire,  fur  le  bord 


DUN     DUO 

rOcéan  au  midi,  eft  entre  Montrofe ,  &  Dunnotyr 
le  New-Aberden. 
DUNOVERT.  Château  de  i'EcolTe  méridionale.  Du- 
novcTcium.  Il  ell  dans  la  pcninfule  de  Cantyr  &  à 
fon  midi  j  peu  éloigné  du  Cap  de  Cantyt ,  appelé 
Mule-ûJ-cancyr ,  qui  n'elt  éloigné  du  Cap  Faire  en 
Irlande  que  de  24  milles,  félon  Hoftman,  c"elt-à- 
dire ,  de  îi  lieues ,  &  de  1 6  milles  ,  ou  5  à  6  lieues  , 
félon  Corneille.   Dunovert  eft  très- fort. 


de  la  mer,  comme  la  remarqué  ci-delfus  M,  Sa-.DUNQUERQUE.  Foyc^  DUNKERQUE, 


rafin. 

DUNKERQUOIS  ,  oise.  f  m.  &  f.  Qui  eft  de  Dun- 
kerque.  Dunherkcnjis.  L'Antiquité  n'a  point  connu 
d'hommes  plus  déterminés  fur  la  mer ,  que  les  Dun- 
kerquois  j  &  nous  ne  Ufons  point  d.actions  plus 
hardies  ,   que  celles  qu'ils  ont  exécutées.  Sara- 

SIN. 

DUNLACECASTLE.  Ville  d'Irlande ,  dans  la  Pro- 
vince d'Ulfter,  au  nord  de  l'Océan. 

DUNLEROY.  Nom  d'une  ville  de  Berry ,  Provincede 
France.  Regiodunum.  Elle  eft  fuuée  fur  les  confins 
du  Bourbonnois  ,  à  fix  lieues  au  midi  de  Bourges , 
fur  le  bord  de  l'Auron.  DunUroy  eft  un  hége  Royal 
qui  dépend  du  Bailliage  de  Berry.  Dunleroyt!iQ\x  ies 
Seigneurs  particuliers  ,  qui  en  1x75  en  vendirent  l.i 
moitié  à  Philippe- le-Hardi.  Philippe-le-Bel  l'é 
changea  pour  d'autres  terres  en  1313.  Charles  le- 
Bel  révoqua  l'échange  en  1311.  Charles  VU  ayant 
adigné  DunUroy  pour  douaire  à  Marguerite  de 
Bourgogne  ,  veuve  de  Louis  Duc  de  Guyenne,  le 
réunit  à  la  couronne  après  la  mort  de  cette  Princel 
fe.  Cette  réunion  fut  confirmée  par  Louis  XI ,  fon 

.  fils,  le  douzième  Mars  1465.  Quelques-uns  ont  ef- 
timé  mal-à-propos  que  DunUroy  étoit  le  Noviodu- 
num  de  Céfar.  Du  Chefne  ,  Antïq.  des  vlU.  de  Fr. 
P.I.C,  lij).  Il  croit,  ch.  m.  que  Noviodunun, 
eft  Neuvi. 

DuNLEROY  ,  eft  aufTi  une  petite  ville  de  France  en 
Bourgogne ,  fuuée  dans  le  Beaujolois  ,  entre  Se- 
mur  &  Beaujeu.  De  S.  Julien  ,  dans  fon  Origine  de. 
Bourguignons ,  la  met  dans  le  Mâconnois. 

DUNLUCE.  Château  de  l'Ultonie  en  Irlande.  Don-^ 
lufd.  Il  eft  fur  la  côte  feptentrionale  du  Comté 
d'Antrim ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  du  Bush. 
Donluce  eft  fort  par  fa  fituation  fur  un  rocher  ;  & 
on  l'a  féparé  de  la  terre  ferme  par  un  folfé. 

DUNOIS.  Petit  pays  de  France  ,  dans  la  Beauce.  Du- 
nenjis  ager  ,  truclus  ^  pagus  3  Comitatus  j  ou.  Duca- 
ius  ,  félon  les  temps  dont  on  parle.  Le  Dunois  con- 
fine avec  la  Beauce  propre  ,  &  le  Perche  au  Nord  j 
le  Vendomois  &  le  Maine  à  l'Oueft,  le  Blaifois  au 
Sud,  &  l'Orléanois  à  l'ElL  Châteaudun  ,  autrefois 
Rubeclaire  ,  urhs  dura  ,  eft  capitale  du  Dunois.  C'é 
toit  anciennement  une  Vicomte  que  poftedoient  les 
defcendans  de  Rotrou  I ,  Comte  de  Mortagne,  qui 
vivoit  dans  l'onzième  hècle.  Cette  Vicomte  entra 
cnfuite  dans  la  Maifon  de  Châtillon  &  de  Blois.  Il 
fut  érigé  en  Comté,  &  Jean  de  Châtillon  fut  le 
premier  Comte  de  Dunois ,  Gui  de  Châtillon  ,  fils 
de  Louis ,  Comte  de  Blois ,  qui  mourut  à  la  jour- 
née de  Crecy  ,  fe  voyant  fans  enfans  après  la  mort 
de  Louis,  fon  fils  unique  ,  vendit  ce  Comté  l'an 
Î391  ,  à  Louis  Duc  d'Orléans,  pour  la  fomme  de 
200000  liv.  Ce  Prince  le  donna  à  Jean  ,  fon  fils 
naturel ,  qui  eft  ce  fameux  Comte  de  Dunois ,  fi 
célèbre  fous  1  harles  VII ,  &  dont  vinrent  les  Ducs 
de  LongueviUe.  Le  Comté  de  Dunois  fut  érigé  en 
Duché  Pairiepar  François  I.  l'an  i  ^  14,  dit  du  Chef- 
ne,  ou  1515  ,  en  faveur  de  Louis  Duc  de  Longue- 
ville.  Ce  pays  a  10  lieues  de  long  &  7  de  large  ,  & 
eft  arrofé  de  quatre  rivières ,  la  Loire ,  la  Convoyé  , 
rAi<'re  &  l'Hierre  ,  autrement  la  féche.  Foye^  Du 
Chefne  ,  Âne.  des  FJiUs  de  Fr.  P.  I.C.  40. 
DUNNOTYR.  Château  de  l'Ecoffe  feptentrion. 
Dunnotyrum.  Spéed  l'appelle  Donnotyr  ,  &  Mary 
Domnotyr.  Il  eft  fur  la  côte  orientale  de  ce  Royau 
me ,  dans  la  Province  de  Mernis  ,  &  dans  une  pé- 
ninfule  que  forme  le  détroit  de  Stone  au  nord ,  & 


DUNQUERRE.  Village  du  Ponthieu  en  Picardie, 
luué  entre  AbbeviUe&Dourlens.  Dunquerra.  Quel- 
ques-uns le  prennent  pour  l'ancien  Duroïcoregum  , 
que  Valois  prétend  être  Rue. 

DUNS.  Bourg  ,  ou  pente  ville  de  l'Ecofie  méridiona- 
Dunjium.  Elle  eft  dans  le  Comté  de  Merche ,  à  trois 
lieues  au  couchant  de  Coldingan.  M.  De  Lille  l'ap- 
pelle Dung  ,  mais  mal-à  propos.  Jean  Duns ,  appelé 
autrement  Scot,Cordelier,  Ck  iurnomméle  LoCteuc 
fubtil ,  étoit  né  en  ce  lieu  ,  dont  il  prit  le  nom  ,  fé- 
lon l'ufage  de  fon  temps.  Il  y  naquit  l'an  1175 ,  fut 
le  Chef  de  l'Ecole  des  Scotiftes  ,  &  moutut  â  Co- 
logne le  huitième  de  Novembre  1 308. 

DUNSI5EY.  Foyei;^  DUNGISBEY. 

DUNSTABLE.  Bourg  du  Comté  de  Bedfort  en  An- 
gleterre. DuniJlabuLum.  Il  eft  fui  la  rivière  d'Oufe» 
aux  confins  des  Comtés  d'Hartford  &  de  Buckin- 
ham.  On  le  prend  pour  l'ancienne  ville  des  Carti- 
cuchlans  ,  qu'on  nommoit  Maginiovinium ,  ou  Ma- 
giovencum.  Maty. 

DUNSTAFAG.  Petite  ville  d'Ecoire.  Scephanoundum. 
Elle  eft  fur  la  côte  du  Comté  de  Lomé  ,  vis-à  vis 
l'ifle  de  Mule  ,  dont  elle  n'eft  féparée  que  par  un  ca- 
nal de  deux  lieues.  Maiy.  Cette  ville  eft  fortifiée , 
&:  a  un  port  très-commode  ,  au  fond  d'une  baie  , 
dont  le  mouillage  eft  alTez  bon.  Corn.  Leflei  croit 
que  Dunflafag  eft  l'ancien  Evonium  ,  demeure  au- 
trefois des  Rois  d'Ecofle  ,  &  ttès-  forte  &  d'une 
grande  antiquité. 

Ce  nom  eft  compofé  de  Dun  ^  &  Staphag^SiC 
fignifie  Montagne  de  S.  Etienne. 

DUO. 

DUO.  f.  m.  Terme  de  Mufique.  C'eft  une  compofitîon 
faite  en  Mufique  de  quelque  air  ou  motet  pour  être 
chanté  par  deux  voix  ,  ou  exécuté  par  deux  inftru- 
mens.  On  appelle  aulli  duo  3  quand  deux  voix  feu- 
les chantent  différentes  parties ,  quoiqu'elles  foienc 
accompagnées  d'une  troilième  partie,  qui  cil  la  baffe 
continue.  Duo  ,  duo  voces.  Ainfi  ce  qui  conftitue  le 
duo  j  font  les  deux  parties  principaleé  entre  lefquel- 
les  le  fujet  eft  également  diftribué.  Les  Italiens  nous 
font  moins  fupérieurs  pour  les  crio  ,  que  nous  ne  le 
leur  fommes  pour  les  Duo,  Ceux-ci  demandent 
moins  de  jeu  ,  moins  d'art  ,  plus  de  chant, 
plus  de  naturel  que  les  autres.  Et  je  ferois 
fort  trompé  ou,  en  fait  de  duo  ,  la  mufique  Ita- 
lienne n'approche  pas  de  la  nôtre.  Entrer,  fur  la 
Mujîq.  Le  talent  des  trio  &  des  duo ,  a  été  un  des 
principaux  talens  de  LuUi.On  a  remarqué  que,  dans 
le  grand  nombre  des  fiens ,  il  ne  s'en  trouve  pref- 
que  point  qui  ne  foient  beaux.  Id. 

On  tfouve  ce  mot  au  pluriel  avec  une  j  à  la  fin  , 
comme  aiJx  autres  mots  François.  Il  faut  ufer  fort 
rarement  dans  les  Duo  ,  de  l'unilTon  &  de  l'oéla- 
ve,  excepté  au  commencement  &  à  la  fin.  P.  Par- 
RAN.  M.  Sauveur  ne  met  point  6^s  à  la  fin  au  plu- 
riel,  &  il  écrit  les  fugues,  les  duo,  les  trio,  les 
écho  ,  &:c.  L'académie  dit  aufli ,  de  beaux  duo.  Cet 
ufage  eft  général. 

DUODENUM,  f.  m.  Terme  d'Anatomie,  qui  fe  dit 
du  premier  des  inteftins  grêles.  Duodénum.  Il  eft 
ainfi  appelé  ,  parce  que  fa  longueur  eft  de  douze 
travers  de  doigt ,  en  y  comprenant  le  Pylore.  De-là 
vient  que  quelques  -  uns  l'appellent  aufll  Dodeca- 
ddclylum  ,  comme  a  fait  M.  Harris  dans  fon  Dic- 
tionnaire Anglois  des  Arts ,  ajoutant  néanmoins  , 
ce  qui  eft  vrai ,  que  le  nom  duodénum  eft  pUi$  iifité. 


D  U  P 

En  notre  langue  on  n'en  dit  point  d'autre.  Le  duo- 
dénum commence  à  l'orifice  droit  du  ventricule  ,  & 
defcendvers  l'épine  de  droit  à  gauche,  fans  être 
nucLinement  entortillé  :  il  finit  où  les  circonvolu- 
rions  des  autres  intelhns  commencent  :  il  eft  plus 
épais  &  plus  étroit  que  les  autres.  Quand  le  chyle 
a  été  fuililamment  cuit  &  perfedionné  dans  l'ef- 
tomac  ,  il  defcend  dans  l'inteftin  duodénum.  Lémî- 
RY.  L'inteftin  jéjunum  fait  diverfes  inflexions ,  & 
fe  plilfe  en  dedans  ,  parce  que  la  bile  &  le  fuc  pan- 
créatique fe  mêlant  au  commencement  de  ce  boyau , 
ou  à  la  fin  du  duodénum  ,  précipiteroient  trop 
prompcem.^nt  non-feulement  la  partie  grollière  des 
excrémens ,  mais  même  le  chyle.  DioNis. 

D  U  P. 

DUPE.  f.  f.  Qui  eft  trompé  \  qui  eft  facile  à  être 
furpris  ,  à  être  trompé.  Stupidus  ^  JtoUdus  , 
mfulfus.  Qui  donne  aifément  dans  le  panneau.  Ce 
mot  dupe  ,  Ôc  les  deux  fuivans ,  duper  &  duperie  ^ 
s'écrivent  aujourd'hui  avec  un  feul  p.  Cet  étourdi 
eft  la  dupe  de  tout  le  monde. 

On  commence  (  dans  le  jeu)  par  être  dupe , 

On  finit  par  être  fripon.  M.  DhS-HoUL. 

On  dit,  d'un  avare  qui  fe  refufe  le  néceftairCj  & 
généralement  de  tous  ceux  qui  ne  tirent  aucun  pro- 
tic  de  leurs  injuftices  ,  qu'ils  fe  damnent  en  dupes. 

Le  monde  eft  un  commerce  d'apparence  de  bon- 
ne foi ,  &  de  tendrelfe  ,  &  celui  qui  donne  des  réa- 
lités pour  cela  ,  eft  pris  pour  dupe.  S.  EvR.  En  ma- 
ricre  d'amitié  il  eft  moins  honteux  d'être  la  dupe  , 
que  le  pipeur  ;  mais  il  ne  faut  être  ni  l'un  ni  l'au- 
tre. Ch.  oe  Mer.  Je  ne  puis  voir  tranquillement 
que  vous  foyez  la  dupe  de  Monfieur.  Le  i.AGE. 

Faines  réflexions  !  inutiles  difcours  ! 
L'homme  ,  malgré  votre  fecours  , 
Du  frivole  avenir  fera  toujours  /a  dupe.  Des-Houl. 

Les  hommes  ne  vivroient  pas  long-temps  en  fo- 
ciété  ,  s'ils  n'étoient  pas  les  dupes  les  uns  des  autres. 
RocHEF.  L'efprit  eft  toujours  la  dupe  du  cœur.  Id. 
Il  ne  faut  pas  être  la  dupe  d  une  forte  confiance.  S. 
EvR.  Il  arrive  fouvent  à  la  Cour  qu'avec  beaucoup 
d'efprit  l'on  eft  la  dupe  de  plus  fot  que  loi.  La 
Bruy.  Nous  fommes  aifément  les  dupes  de  ceux 
qui  nons  louent.  S.  Ev.  La  manière  donc  on  joue 
les  hommes  ,  a  beau  être  vifible ,  les  plus  fins  lont 
toujour>  de  grandes  dupes  du  côté  de  la  flatterie. 
Mol.  On  dit ,  Je  ne  fuis  pas  fi  dupe  ;  vous  ne  me 
prendrez  pas  pour  dupe  :  c'eft-à-dire,  je  ne  fuis  pas 
aulli  mais ,  ni  auiîi  fot ,  que  vous  penfez.  Ce  mot 
vient  de  hupe ,  oifeau  foc  &  niais  j  &  que  dans  quel- 
ques endroits  on  appelle  dupe. 

tfT  Ce mor s'emploie  fouvent  au  fingulier,  quoi- 
que joint  à  des  noms  pluriels ,  pourvu  que  ce  foient 
des  noms  collectifs  ,  ou  pris  colleétivement.  Les 
perfonnes  de  bonne  foi  font  fouvenc  la  dupe  des 
gens  intérellés.  Nous  en  ferons  la  dupe  ,  ou  les 
dupes. 

Dupe.  Sorte  de  jeu  de  cartes ,  femblable  au  Lanfque- 
net.  Celui  qui  tienc  la  dupe  ,  tire  fa  carte  la  premiè- 
re ,  &  elle  va  contre  tous  venans. 

DUPE-PHILIPPE.  Terme  de  Fleurifte.  (Eiller  appe- 
lé autrement  Prince  d'Epinay ,  qui  eft  fon  véritable 
nom  ,  &  de  S.  Félix.  C'eft  un  rouge  de  fang  fur  un 
blanc  fin  :  fa  fleur  eft  large  ,  quoiqu'elle  ne  foit  pas 
chargée  de  feuilles  :  fes  panaches  ne  font  pas  gros  , 
mais  fore  diftindts  &  decachés.  Sa  plance  ,  qui  eft 
vigoureufe,  s'élève  au-deflus  de  coures  les  auties 
plantes  d'œillecs.  Ses  fanes  fonc  d'un  beau  verc,  6c 
ne  font  pas  fujettes  aux  taches.  Tout  fon  défaut  j 
c'eft  d'être  plat. 

DUPER.  V.  a.  Faire  donner  dans  le  faux  par  habilecé  , 
en  faifant  ufage  de  fes  connoilTances  aux  dépens  de 
ceux  qui  n'en  ont  pas ,  ou  qui  en  ont  moins.  Sur- 


D  U  P  49>- 

prendre  ,  c'eft  y  faire  donner  par  adrelTèj  en  faifif- 
fant  la  circonftance  de  l'inattention  à  diftinguer  le 
vrai.  Tromper,  c'eft  y  faire  donner  par  déguife- 
.  ment ,  en  donnanc  au  faux  l'air  &c  la  figure  du  vrai. 
Syn.  Fr.  Il  femble  que  duptr  air  proprement  pour 
objet  les  chofes  où  il  eft  queftion  d'intérêt  &c  de 
profit.  L'art  des  Grands  eft  de  leurrer  les  petits  pa 
des  promeifes  magnifiques;  &  l'art  des  petits  ,  eft 
de  duper  les  Grands  dans  les  chofes  que  ceux-ci 
commettent  à  leurs  foins.  Aliquem  deludere ,  ludi- 
ficari ,  deludificari.  On  eft  fouvent  dupé  au  jeu  & 
en  amour. 

Vn  Bigot  orgueilleux 
Croir  duper  jufquà  Dieu  par  fon  :jè/e  affecté.  Boil. 

Souffrei-vous  qu'un  fripon  vous  dupe  avec  audace. 
Sous  lepompeux  éclat  d'une  auflère  grimace.  Mol. 

Quelques-uns  dérivent  ce  mot  du  Latin  decipere. 

Dupé  ,  ee.  part.  DeluJ'us. 

DUPERIE,  f.  f.  Tromperie,  filouterie.^  Fraus,  irrifio  , 
derifio.  Rendez  moi  raifon  d'une  fi  étrange  duperie. 
Fontenelle.  Let.  du  Ckev.  d  Her. 

DUPEUR.  f.  m.  Trompeur.  Deceptor.  U  n'eft  pas 
ufité.  Un  conte  cbarmoic  dans  la  bouche  de  Boifro- 
berr.  Il  étoit  grand  ûf«/?eur  d'oreilles.  C'eft  lui-mê- 
me qui  le  dit ,  en  repréfentant  à  Conrart ,  qui  l'in- 
vicoit  à  publier  fes  Pocùes ,  qu'elles  pourroient  bien 
n'avoir  pas  fur  le  papier  tout  l'agrément  qu'il  avcrtt 
l'art  de  donner  quand  il  les  récitoit. 

En  récitant ,  de  vrai  je  fais  merveilles. 
Je  fuis,  Conrart 3  un  grand  à\içt\:it  d'oreilles, 

Hiji.  de  l'Ac.  Fr. 

DUPLICATA,  f.  f.  Le  double  d'un  a6te,  d'un  exploit, 
d'un  brevet  j  &c.  On  écrit  par  un  duplicata  quand 
on  craint  que  la  première  dépêche  n'aifécé  prife, 
ou  perdue.  U  fedit  particulièrement  des  expéditions 
qui  fe  font  chez  les  Secrétaires  d'Etar  ,  &  en  la 
Chancellerie.  On  le  dit  aulli  de  quelques  Arrêts  du 
Parlement  de  Paris  qu'il  envoie  aux  autres  Parle- 
mensdu  Royaume  :  ce  ne  font  que  les  Arrêts  qui 
fe  donnent  lur  des  chofes  qui  ne  fe  traitent  qu'au 
Parlement  des  Pairs ,  au  Parlement  de  Paris.  Ces 
duplicata  font  différens  des  copies  collationées  qu'on 
envoie  aux  Bailliages'  &  Sénéchaulfées  du  reflort  : 
le  Parlement  de  Paris ,  en  envoyant  ces  fortes  de 
duplicata  aux  Parlemens  ,  leur  communique  fes 
Arrêts  pour  les  faire  regiftrer  ,  &c.  Mais ,  en  en- 
voyant des  copies  collationnées  aux  Cours  ûibalter- 
nes  du  reflort ,  il  ne  fait  que  fuivre  fa  pratique  or- 
ciinaire,  qui  eft  de  leur  faire  exécuter  tous  les  Arrêts 
qu'il  donne.  Cette  différence  des  duplicata,  aux  co- 
pies collationnées  ,  eft  marquée  dans  l'Arrêt  du  Par- 
lement de  Paris,  du  z  Septembre  1715  ^  fur  la  Ré- 
gence du  Royaume  j  &  les  chofes  qui  la  concer- 
noient.  Voici  les  termes.  La  Cour  ordonne  que  des 
duplicata  du  préfent  Arrêt  feront  envoyés  aux  au- 
tres Parlemens  du  Royaume  ,  &  des^  copies  colla- 
tionnées aux  Bailliages  &  Sénéchauffées  du  relfort, 
pour  y  être  lues  ,  publiées  &:  regiftrées.  Enjoint, 
&c.  Foye^  les  Arrêts  fur  ces  fortes  de  matières, 

^  Le  duplicata  eft  une  double  expédition  ,  tirée 
fur  la  minute,  aulieu  que  la  copie  collation  née  n'eft 
ordinairement  tirée  que  fur  l'expédition. 

Le  mot  duplicata  ne  prend  point  d'j  au  pluriel  , 
comme  on  le  voit  \  &  il  fe  trouve  imprimé  en  Ita- 
lique dans  les  extraits  des  regiftres  du  Parlement , 
&  dans  les  livres  ,  comme  s'il  n'étoit  pas  François  , 
quoiqu'il  le  foit  autant  que  les  mots  Te  Deum  , 
faclum  ,  finito ,  reclo  ^  verfo :,  qui  fe  trouvent 
imprimés  en  mêmes  caradères  que  le  texte  où  ils 
fe  trouvent.  _         . 

On  appelle  auffi  duplicata ,  le  parchemin  qui  eft 
rendoublé  en  beaucoup  de  lettres  de  Chancellerie  j 
fur  lequel  on  écrit  les  Arrêts  d'enregiftremenr ,  de 
vérification,  de  preftation  de  ferment,  quand  on 
entre  dans  les  charges,  &:  auctes  chofes  femblables. 


49^ 


D  U  P 


Duylkdca  fe  dit  auffi,  dans  k-  hguré ,  en  ftyle  fa- 
milier. \\  s'eft  marié  par  dupiicjca\  pour  dire  qu'un 
homme  marié  a  coiitraété  un  fécond  mariage. 

Bu:  Cange  dit  que  ce  mot  vienc  de  duploma  ou 
duplum^  qu'il  du  lignilîer ,  chez  les  Jurifcoafuices , 
les  mca'.oiies  dont  on  charge  les  Couriers.  Le  mot 
de  duplicata  vienc  de  ce  que  les  anciens  Praticiens  , 
qui  faifoient  les  adles  en  Latin ,  appeloienc  de  ce 
nom  le  double  des  a6les  qu'ils  failoient. 

DUPLICAIRE.  f  m.  Dupluanus.  Terme  de  l'hittoire 
&  de  la  nnlicc  Romaine.  Les  Soldats  duplicanes 
étoient  ceux  à  qui  on  donnoic  double  paie  ,  à  caufe 
de  leur  valeur. 

Ce  mot  vienc  de  duplus^  mot  Latin ,  qui  veut  dire 
double. 

DUPLICATION,  i.  f  Terme  d'Arithmétique  ,  &  de 
Géométrie.  C'ell  la  multiplication  d'une  quantité 
difcrete  ,  ou  continue  ,  par  deu.x.  Duplicacio. 

Il  fe  dit,  principalement,  de  la  duplication  à\x 
cube  j  qui  eft  un  problême  fameux  que  tous  les 
Géomècres  onc  cherché  depuis  deux  mille  ans.  L'O- 
racle de  Delphes  écanc  confulté  pour  faire  celfer  la 
pefte  dans  Achènes ,  répondit  qu'il  falloir  doubler 
l'autel  qui  étoic  cubique.  Cela  fit  qu'on  s'appliqua 
à  chercher  la  duplication  du  cube.  On  ne  peut  ré- 
foudre ce  problème ,  qu'en  trouvant  deux  lignes 
moyennes  continuellement  proportionnelles  ,  dont 
celle  qui  liiivroit  en  proportion  le  côté  du  cube  pro- 
pofé ,  feroit  le  côté  double ,  ce  que  Platon  &  les 
autres  Géomètres  ont  cherché  inutilement.  Voye\ 
Eutocius  en  fes  Commentaires  fur  Archimède  ,  où 
il  en  donne  pluheurs  moyens  par  le  Méfolabe.  Pap- 
pus  Alexandrinus,  &  fon  Commentateur  Frédéric 
Commandin,  en  rapportent  trois  manières  j  l'une  , 
félon  Nicomède  ;  l'autre  ,  félon  Héron  ;  &  la  troi- 
lième  p.ar  un  inllrument  de  l'invention  de  Pappus , 
qui  donne  toutes  les  proportions  qu'on  denande. 
Le  (leur  Comiers ,  Prévôt  deTernant,  en  a  fait  im- 
primer une  fore  belle  démonftration  ,  par  le  moyen 
d'un  comp.is  à  trois  régies,  en  1579.  Mais  toutes 
ces  folutions  font  mcchaniquesj  ce  qu'on  demande 
dans  ce  problème  ,  c'eft  de  trouver ,  par  des  opé- 
rations géométriques,  le  côté  du  cube  que  l'on 
cherche.  On  ne  peut  en  venir  à  bout  par  le  feul  fe- 
cours  de  la  règle  &  du  compas. 

DUPLICATURE.  f  m.  Terme  d'An.atomie,  qui  fe  dit 
de  l'endroit  où  les  membranes ,  ou  parties  fenibla- 
bles,  font  doublées  ou  pliées.  Duplicacio.  Dans 
l'Hilloire  de  l'Académie  des  Sciences  j  pour  l'année 
1714.  Il  eft  parlé  d'un  jeune  homme  more  à  17  ans, 
dans  la  duplicature  des  méninges  duquel  on  trouva 
de  très-petits  os  ,  qui  paroilfoient  fortir  de  la  fur- 
fice  intérieure  de  la  dure-mère  ,  &  quij  par  leurs 
pointes  aiguës  j  picotoient  la  pie-mère.  Cette  dupli- 
cature du  péritoine  ,  dans  laquelle  les  Anciens  pla- 
(joient  la  veille,  ne  fe  trouva  point.  Dionis.  Jérôme 
Fabriceab  Aquapendcnce  a  fait  la  découverte  de  la 
duplicature  de  la  cucitule.  Journ.   des  S  av. 

DUPLICITÉ,  f  f.  Ce  mot  fe  du  des  chofes  qui  font 
doubles  ,  &  qui  devroient  erre  uniques.  Duplum. 
L'Optique  enfeigne  pourquoi  il  n'y  a  pas  duplicité 
d  objets  ,  puifque  nous  les  voyons  par  deux  yeux 
différens.  C'eft  un  défaut  dans  une  pièce  tragique 
que  la  duplicité  àe  péril.  Corn.  Duplicité  d'aélion. 

Duplicité  ,  fe  dit  beaucoup  plus  ordinairement  au 
hguré  pour  le  vice  de  l'homme  double,  c'eft-à-dire, 
de  celui  qui  eft  tout  autre  que  ce  qu'il  paroît  être  , 
qui  a  tous  les  dehors,  l'écorce ,  le  mafque  de  l'hon- 
nête homme,  fans  en  avoir  la  réalité.  Simulatio  , 
Ingenium  minime  fimplex  ac  candidum.  La  duplicité 
de  fentiment,  de  paroles  ,  eft  par- roue  odieufe.  Du- 
plicité de  cœur. 

DUPLIQUE,  f  f  Terme  de  Pratique.  Ecritures  qu'on 
fournit  en  des  procès ,  qui  fervent  de  réponfe  à  des 
répliques,  à  des  foutenemens ,  à  des  défenfes  qu'on 
avoit  données.  Iteraca  rcfponjîo.  L'ufa^e  des  du- 
pliques a  été  abrogé  par  l'Ordonnance  de'  1(^67.  art. 
3.  T.  14. 

fCT  On  appelle  auffi  duplique  la  réponfe   que 


D  U  P     DUR 

l'Avocat,  ou  le  Procureur  du  Défendeur,  fait  ver- 
balementj  à  l'audience,  contre  la  léphque  du  De- 
mandeur. 

DUPLIQUE,  adj.  Terme  de  Mufique.  Cofonnance 
duplique. (^w^Lnà.  deux  confonnances, étant  comparées 
entr'elles,  ont  un  terme  commun  ,  fi  l'autre  terme 
dans  une  des  confonnances  eft  double  de  ce  cjuil  eft 
dans  l'autre ,  celle  des  conlonnances  qui  a  ce  rerm» 
double  ,  eft  duplique  ,  ou  la  duplique  de  l'autre  con- 
lonnance.  Par  exemple  ,  le  difdiapafonfemiditon  , 
qui  eft  en  proportion  de  24  à  5  ,  eft  duplique 
du  dîapafonfemiditon  ,  qui  eft  en  proportion  de 
li  à  5. 

DUPLIQUER.  V.  a.  Fournit  des  dupliques.  Duplicare. 
Quand  on  a  répliqué  &  dupliqué,  il  faut  plaider, 
ou  appointe!  la  caufe- 

DUPONDIUS.  f  m.  Terme  d'Antiquaire.  Poids  de 
deux  livres  ;  Monnoie  valant  deux  as  ,  Double  as. 
Dupondius.  J  dipondius  .,  dupondium  ,  dipondiuni.  Ce 
mot  eft  Latin  ,  compolé  de  duo  ^  deux  ,  6i  pondo , 
livre;  mais,  tout  Latin  qu'il  eft,  nous  avons  befoin 
de  nous  en  fervir  quelquefois  dans  notre  langue  , 
quand  nous  parlons  des  monnoies  &  des  antiquités 
Romaines.  Comme  ïas  ,  dans  les  commencemens, 
pefoit  une  livre,  te  dupondius  alors  en  pefoit  deux  , 
&c  c'eft  de-là  que  fon  nom  lui  fut  donné;  maisj  quoi- 
que dans  la  fuite  l'on  diminuât  le  poids  de  l'as  ,  & 
que  par  conféquent  l'on  afFoiblît  auili  le  poids  du 
dupondius^  il  retint  cependant  toujours  fon  nom. 

DUR.       . 

DUR  ,  Dure.  adj.  En  Phyfique  ,  c'eft  un  corps  qui 
rélifte  à  l'impreifion  &  à  l'attaque  des  corps  étran- 
gers, ou,  félon  Defcartes,  corps  dont  toutes  les  par- 
ties font  en  repos,  &  qui  ne  fe  peut  pas  aifémeut 
divifer.  Duras.  Un  corps  eft  d'autant  plus  dur ,  qu'il 
réiifte  plus  à  fa  divifion.  Roh.  Selon  Ariftote ,  un 
corps  eft  dur .,  parce  qu'il  contient  beaucoup  de  ma- 
tière fous  un  petit  volume.  Les  métaux  &  les  pierres 
font  des  corps  durs.  L'ébène  ,  le  gcy.ac,  font  des 
bois  durs.  Le  porphyre  ,  le  marbre  &  les  pierreries, 
font  des  corps  f»rt  durs  ,  difficiles  à  tailler.  Voye\^ 
DURETÉ. 
Dur,  fe  dit  aulfi  relativement  à  d'autres  corps  moins 
fermes ,  &  moiiii;  folides  ;  dans  ce  fens,  il  eft  op- 
polé  à  tendre.  Une  éclanche  de  brebis  eft  plus  dure 
que  celled'un  agneau.  On  dit  qu'une  viande  eft  dure 
au  couteau,  c'eft-.l-diie,  qu'elle  n'eft  pas  tendre.  A 
Pâques,  on  mange  des  œufs  durs. 

§3"  On  dit  coucher  fur  la  dure  ^  c'eft-à-dire,  fut 
la  terre,  fur  le  plancher,  fans  matelas. On  le  dit  par- 
ticulièrement des  Religieux,  qui,  pour  obferver 
leur  règle ,  couchent  durement.  Alors  ce  mot  eft 
pris  fubftantivement,  &  il  eft  oppof'e  à  moû,  mollet. 

§cr  Dur,  eft fouvent  employé  au  figuré  dans  des 
acceptions  différentes,  mais  qui  fe  rapprochent  plus 
ou  moins  de  la  fignification  qu'il  a  au  fimple.  On  le 
dit  également  des  perfonnes  &i  des  chofes.  On  verra 
la  plupart  des  acceptions  dans  les  exemples  fui- 
vans. 

IJCr  On  dit  d'un  homme  qu'il  eft  difficile  d'é- 
mouvoir &  de  toucher ,  que  c'eft  un  homme  dur. 
Durus  ,  immifericors.  Cet  homme  a  l'ame  dure  _,  il 
eft  d'un  naturel  dur&c  cruel,  il  n'a  pitié  de  perfonne. 
Le  changement  d'opinion  eft  aftez  durï.  la  nature  , 
fans  y  ajouter  de  nouvelles  duretés.  Nie.  Un  créan- 
cier dur  à  fes  débiteurs  ,  qui  eft  rigoureux,  exai5l 
à  les  faire  p.ayer.  Il  a  le  cœur  dur  ;  poux  dire  ,  il  n'a 
point  de  tendrellê,  d'amitié.  Le  fiècle  eft  dur  comme 
un  roc  GoMB.  Les  efprits  durs  &  firouches  n'en- 
trent point  dans  le  charme  &  la  facilité  des  vers  de 
la  Fontaine.  M.  ds  S.  Il  ne  faut  point  faire  fentir 
aux  gens  j  par  àt%  termes  durs  8c  humilians ,  qu'on, 
ne  leur  trouve  point  de  bon  fens.  Nie.  Ici  dur  li- 
gnifie fâcheux,  offenfant.  Pour  le  ftyle  ^«o  Foyei 
plus  bas. 

gCfOn  dit  qu'un  homme  a  l'oreille  ^/^re  ,  pour 
dire  qu'il  n'entend  pas  bien  clair ,  qu'il  eft  un  peu 

fourd 


DUR  DUR  497 

fourd  ,  que  les  fons  font  peu  d'imprefTion  fur  l'or-f  peine  à  tirer  de  l'argent  de  fss  mains  :  qu*ane  chofe 
ga.nQ  furdj/kr  :  qu'il  a  la  tête  dure  ,  l'efpric  dur,  ell  dure  comms  (et ,  pour  expamer  une  ucs  grande 
pour  dire  qu'il  ne  comprend  rien  que  difficilement.  dureté.  Cet  homme  ell  bon  dans  le  tond ,  mais  il  elt 
Hcèes.  ^  </«r;  c'ert-à-dircj  qu'il  ne  paie  que  difficilement. 

Il  fignifie   aulîî  auflère.    Les  Chartreux  mènent       On  dit,  de  deux  peifonnesqui  ne  s'accordent  pas- 
une  vie  dure.  Les  Soldats  mènent  une  vie  fort  dure,  j      que  quand  l'un  veut  du  mou  ,  l'autre  veut  du  dur. 
Dansce  fensj  il  eftoppofé  à  moUeire. /^o>.  Austère,  ■  DURA.  Campagne   delà  Babylonie  ,  dans   laquelle 
Rude  &c   Sévère.  \      Nabuchodonolor  fit  élever  la  ftatue  pour  la  faire 

Dur  ,  lignifie  encore  j  ce  qui  eft  incommode  j  dou-^      zdoïet.Dan.  111.  i.  Elle  étoit  dans  la  Méiopotamie., 
loureux,  fâcheux  ,  difficile  à  fupporter.  Durus,acer-\  DURA  ,  étoit  auflî  une  ville  ,  fituée  dans  cette  Cam- 
hus  ,  nioiefius.  L'efciavage  eft  une  chofe  bien  dure.  \     pagne,  que  le  Géographe  Etienne  place  dans  la  Mé- 
II  eft  bien  dur  de  fe  voir  préférer  un  lot.  Il  n'y  a  J      fopotamie.   Voye-^  Polybe  ,   L.  V. 
point  de  douleur  plus  t/j^re  à  fupporter  que  l'abfence   DURABLE,  adj.  m.  &  t.  Qui  eft  folide,  qui  doit 


i 


de  ce  qu'on  aime.  Voit.  Le  temps  eft  dur  ;  on  a  de 
la  peine  à  vivre 

La  frayeur  de  la  mort,  des  frayeurs  îaplus^axQ.  Breb. 

On  dit  que  du  vin  eft  dur,  pour  dire  qu'il  eft  âpre. 
Qu'une  voix  eft  dure  j  pour  dire  qu'elle  eft  rude  & 
défagréable. 

On  dir,en  Peinture  j  qu'un  ouvrage  eft  dur  &c  fec, 
lorfqu'il  y  a  peu  d'adoucilfement ,  d'union  entte  fes 
parties  ,  que  les  couleurs  n'en  font  pas  bien  nuées, 
qu'elles  font  trop  vives  ,  ou  trop  fombres ,  trop 
proches  les  unes  des  autres  ;  que  les  traits  font  trop 
forts  J  Se  trop  marqués  j  que  le  tout  n'eft  pas  del- 
finé  &  peint  tendrement,  ou  avec  moUelfe.  Dans 
le  même  fens ,  on  dit  qu'un  Peintre  a  le  pinceau 
dur. 
Dur  ,  fe  dit  aufli  en  matière  de  Sculpture  Se  d'Archi- 
tecture. Ainfij  on  dit,  qu'un  Sculpteur  a  des  ma- 
nières dures  ;  pour  dire  qu'il  manque  à  fes  figures 
une  certaine  tendrefte  qui  eft  dans  les  beaux  Ouvr.i- 
ges  :  Se  qu'un  morceau  d'Architeélure  eft  dur-^  pour 
dire  qu'il  eft  travaillé  d'une  manière  grolîîère. 

Un  ftyle  dur  Se  ferré  ,  en  Grammaire,  eft  un  dif- 
cours  compofé  de  mots  qui  s'entrechoquent  d'une 
manière  défagréable,  qui  eft  plein  de  concours  de 
voyelles  défagréables.  En  Rhétorique,  c'eft  un  dif- 
cours  rempli  d'exprelîions  énergiques,  mais  barba- 
res Se  inélégantes.  Tertullien  &  la  plupart  des  Afri- 
sains  ont  un  ftyle  dur  Se  ferré. 

En  Pocfieon  dit  des  vers  durs -.^  pour  dire  peu  cou- 
lans,  peu  faciles,  &  peu  naturels.  Une  verfification 
dure.  En  ce  fens  dw  ne  regarde  point  les  penfées , 
mais  l'expreffion  j  les  mots  ,   la  cadence. 

On  dit,  en  Médecine,  qu'un  homme  a  le  ventre 
dur,  pour  dire  qu'il  eft  conftipé  ;  qu'il  eft  dur  à 
émouvoir,  pour  dire  qu'il  lui  faut  des  médecines 

filus  fortes  qu'à  un  autre:  que  le  pouls  eft  dur,  quand 
es  bartemens  en  font  fermes  &  rudes  :  qu'une 
viande  eft  de  dure  digeftion  ,  quand  l'eftomac  a  de 
la  peine  à  la  digérer.  On  dit  aulfi ,  au  figuré ,  qu'une 
chofe  eft  de  i/are  digeftion ,  quand  elle  eft  fâcheufe 
&  difficile  à  fupporter. 

On  dit  aufti,  en  termes  de  Manège  ,  qu'un  cheval 
eft  dur  à  l'éperon  Se  au  fouets  quand  il  n'a  point  de 
fenfibilité  pour  les  coups.  Duras  adfcudcam ,  ad 
calcaria. 

Au  Billard  j  on  appelle  une  bille  dure ,  lorfqu'elle 
eft  collée,  &  qu'on  la  frappe  î\  pleine ,  qu'au  lieu  de 
déco'  1er  elle  refte  à  fa  place. 

IJCT  On  dit,  dans  la  marchandife,  dure  à  la  vente, 
pour  dire  qu'elle  fe  vend  difficilement,  -^gre  ve- 
nalis.  On  le  dit  généralement  de  tout  ce  qui  n'eft 
pas  d'un  prompr  débit. 
Dur.  Terme  de  fortilége.  On  appelle  c/^/r,  un  homme 
qui,  par  des  enchantenfbns  &  des  charmes  ,  rend 
fon  corps  impénétrable  au  fer  &  au  feu.  Les  Soldats 
avouent  qu'ils  ne  fçauroient  fe  rendre  durs ,  quelque 
chofe  qu'ils  faffent. 
Dur  ,  fe  met  quelquefois  adverbialement.  Il  entend 
duri  pour  dire  qu'il  eft  à  demi-fourd,  qu'il  a  l'oreille 
dure.  Surdajter.  On  dit  d'un  homme  trop  crédule  , 
qu'il  croit  dur  comme  fer  tout  ce  qu'on  lui  dit. 
Cette  dernière  phrafe  eft  populaire. 

On  dit ,  proverbialement ,  qu'un  homme  eft  dur 
à  la  defterre  ,  lorfqu'il  eft  avare,  &  qu'on  a  de  la 
Tome  III. 


durer  long- temps.  Durah'dis ,  manjurus.  Un  bâti- 
ment bien  fondé  ,  bien  folide ,  eft  durable.  Un  Ou- 
vrage durable  ,  Ôe  qui  paflera  à  la  poftériré  ,  &c. 

On  s'expole  à  mille  périls,  pour  fe  faire  ici-bas 
un  bonheur  peu  durable.  Les  douleurs  qui  font  eau- 
fées  par  l'amour  font  plus  violentes ,  mais  moins 
durables.  M.  Scud. 

Plusunefiammeejipurey  &  plus  elle  ejl  durable.  Corn. 

0CT  Ce  qui  eft  durable  ,  dit  M.  l'Abbé  Girard,  ne 
ceffe  point  j  il  eft  ferme  par  fa  iolidité.  Ce  qui  eft 
conjlanc  ne  change  pas  ;  il  eft  ferme  par  fa  réfolu- 
tion.  Il  n'eft  point  de  liaifons  durables  entre  les 
hommes  ,  fi  elles  ne  font  fondées  fur  le  mérite  Se 
fur  la  verru. 
DURACINE.  f  f.  Efpèce  de  pèche  qui  eft  de  fort  bon 
goût  J  Se  des  plus  eftimées.  Durafina  perfica.  On 
l'appelle  ainfi ,  parce  que  fa  chair  eft  plus  ferme 
que  celle  des  autres  pêches. 

DURAL.  adj.  Terme  de  Mufique.  Ce  mot  fe  trouve 
dans  quelques  anciens  Muliciens  :  il  veut  dire  la 
même  choie  o^^t  dur  ^  rude.  Le  c\\^x\i  durai  eft  le 
chant  marqué  d'un  b  quarte.  Durai  fignifie  un  ca- 
raélère  de  chant  oppofé  à  celui  du  chant  marque 
d'un  b  mol. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  dur  aie  ^  qui  veut  dire  la 
jnême  chofe: 

DURANCE.  Rivière  de  France.  Druentla ,  Druen^ 
dus.  La  Durance  prend  fa  fource  dans  les  Alpes ,  au 
mont  de  Genève.  Après  avoir  travcrfé  une  partie 
du  Dauphiné,  où  elle  baigne  Briançon  ,  Embrun, 
Se  Tallard  ,  elle  entre  dans  la  Provence  j  paife  à 
Sifteron,  vient  au  Territoire  deManofque,  à  Per- 
mis &  Cavaillon ,  &  grollie  des  eaux  de  plufieurs 
rivières,  elle  fe  décharge  dans  le  Rhône  ,  une  lieue 
au-delious  d'Avignon.  Ces  rivières  quelle  reçoit 
dans  fon  cours  ,  font  l'Urbaine  ,  le  Jabron  j  la. 
Bleone,  le  Lauzon^  la  Laye,  l'Allé,  le  Verdon,  la 
Leze  Se  le  Calavon.  La  Durance  eft  très-rapide  ,  Sc 
prefque  toujours  débordée.  On  n'y  voit  qu'un  feul 
pont  de  pierre,  qui  eft  à  Sifteron,  où  elle  éft  reffer- 
rée  entre  deux  rochers. 

DURANÛAL.  C'eft  le  nom  de  l'épée  de  Roland  Hé- 
ros de  l'Ariofte.  On  s'en  f3rt  tn  une  phrafe  pro- 
verbiale i  pour  expliquer  qu'une  viande  eft  fore 
dure,  on  dit  que  c'eft  durandal ,  l'épée  de  Roland. 

DURANGO.  Ville  dEfpagne,  dans  la  Bifcaye.  Du- 
rangum.  C'eft  une  petite  ville,  m^is  bonne,  fituéa 
fur  une  petite  rivière  ,  à  cinq  lieues  au  levant  de 
Bilbao.  Long.   14.  d.  4^'.  Lat.  5J.d.    18'. 

j-)URANGO  ,  Ville  de  l'Amérique  feptentrionale,  dans 
la  Nouvelle  Bifcaye,  ou  dans  la  Province  de  los  Za- 
catecas ,  qui  eft  de  l'Audience  du  Mexique.  Duran- 
gum.  Alphonfo  Pachéco ,  qui  y  mena  une  Colonie 
d'Efpagne ,  par  l'ordre  de  Francifco  d'Yberra  ,  lui 
donna  le  nom  de  Durango ,  à  caufe  de  la  ville  d'Ef- 
pigne  qui  le  porte.  L'^r  y  eft  fain,  &  la  terre  arro- 
fée  de  plufieurs  rivières  Se  torrents  j  eft  fort  fer- 
tile en  froment,  en  inays ,  &  autres  fruits.  Les 
mines  de  S.  Lucar  fonr  proche  de  cette  ville  ,  avec 
des  falines  très-commodes.  Elle  eft  fur  les  fron- 
tières des  mines  de  Saint  Marriget  de  la  Vallée  de 
San-Salvador  y  c'eft-à-dire  ,  de  S.  Sauveur.  Foye:^ 
Lace,  Defripdon  des    Indes  Occid.  L.  FI,  C.  S, 

Ric 


49S  DUR  DUR. 

Durangù ,  fut  érigé  l'an  162.0  en  Evêclié  fulTragant  J     fort  à  l'Ombre,  poitTon  Je  l'Océan  ,  qu'on  les  prend 
du  Mexique.  I      l'un  pour  l'autre  dans  les  Poilfonneries.  Le   JJurdo 

DURANT.  Prépofition  ,  qui  fignifie  le  temps  qu'une       elt  pourtant  plus  petit. 

chofe  dure  ,  &  la  durée  déterminée  des  cliofes  :   DURE.l.f.  On  ne  ledit  qu'en  cette  phrafe  ,  Coucher 
elle  s'exprime  quelquefois  par  la  prépofition  Latine       furla^^re  •  c'eft-à-diie,  fur  la  terre  ,  ou  fans  mate- 
Per,  ou  bien  on  la  fupprime  en  mettant  le  lubftan-  '.      las.  Uumi  cubare ,  cubure  nudâ  humo. 
tif  qui  fuit  à  l'accufatif,  ou  à  l'ablatif  II  faut  faire  BUREDENT  j  ou   plutôt    DURDAN.   Rivière  du 


fes  provifions  durant  l'Eié.  N'ai-je  pas  fçu  que ,  du-  \ 
rant  votre  voyage  ^  vous  avez  été  de  la  plus  belle  | 
humeur  du  monde?  Let.  Portug.  Si  jamais  la  voie  j 
du  Chrétien  eft  étroite,  c'efl  durant  les  perfécutions. 


pays  de  Caux  ,  en  Latin  Durdo  ,  onis.  Elle  pafl'e 
à  Grainville,  la  Teinturière  ,  Cani ,  &  Vitetleur. 
Deji.  Géûgrap.  6'  Htjioire  du  la  Haute-Norm.  tom.  i. 


Fléch.  Ce  mot  fe  met  quelquefois  après  le  nom 'DUREE,  f  f.  Perfévérance  des  chofes  dans  leur  être. 


qu'il  régit.  J'ai  été  malade  fix  ans  durant.   On  lui  a 
afligné  une  penfion  fa  vie  durant. 
Durant,  eil  aufli  une  conjonction   qui  fe  joint  à  la 
particule ^«e 5  &  qui  fignifie  pendant  que,  tandis 
que  ,  Dum.  Durant  qu'on  eft  dans  la  prefpérité,  il 
âut  fe  préparer  à  l'adverfité.  Durant  que  les  chofes 
étoient  en  cet  état.  Cette  conjondion  n'eft  plus  en 
ufage  que  parmi  le  peuple. 
DURAS.  Bourg  de  France  ,  dans  la  Guyenne.  Dura- 
cius ,  Duracium.  Ce  bourg  a  titre  de  Duché ,  &  eft 
fitué  fut  la  petite  rivière  de  Drot ,  dans  l'Agénois  , 
aux  confins  du  Bazadpis  ,  environ  à   neut  lieues 
de    Bourdeaux  ,    en   tirant   au  Levant.   Maty  j 
Corn. 
DURATON.  Petite   rivière   d'Efpagne.  Duratonius. 
Le  Duraton  prend  fa  fource  dans  la  pointe  qui  eft 
au  midi  de  la  vieille  CaltiUe  j   reflerrée  entre  le 
Royaume  de  Léon  &  la  Nouvelle  Caftilte  ,   non 
loin  de  Sepulveda.  De- là  ,  courant  au  nord  ,  il  va 
fe  jeter  dans  le  Doiuo  ,   un  peu  au  -  delïous  de 
Pegnafiel. 
DURAZ  ,  ou  DURAZZO.  Ce  dernier  eft  le  plus  or- 
dinaire :  ville  de  Grèce  ,  ficuée  fur  la  côté  d'Alba- 
nie. Dyrrachium\  Se  plus  anciennement  Epidamnus. 
Elle  eft  à  cinq  lieues  de  Golfe  de  Drin  ,   &  à  qua  ■ 
torze  d'Aleifio  du  côté  du  midi.  Cette  ville  d'abord 
n'avoir  point  de  port  ,  &c  s'appeloit  Epidamne  ,  du 
nom  d'Epidamne  ,  petit-fils  de  Neptune.   Elle  prit 
le  nom  de  i?yrr-i7cAi«OT  de  Dyrrachus  fils  d'Epidam- 
ne ,  qui  y  ajouta ,  ou  qui  y  conftruifit  le  port.  De 
Dyrrachium  s'eft  (om-\é  Dura:(:(o.  Il  fut  bâti  par  les 
Corc,yréens,  vers  l'an  de  Rome   ijo,  c'eft-à-dire, 
6io  ans  avant  Jesus-Christ.  L'an  de  Rome  315, 
Se  J05  avant  Jesus-Christ,  cette  ville  ayant  im- 
ploré le  fecours  des  Corinthiens  contre  une  troupe 
de  gens  bannis  5i  exilés  qui  l'afliégeoient  ,  les  Cor- 
cyréenss'y  opposèrent,  &c  défirent  les  Corinthiens. 
Ce  fut  l'occafion  de  la  guerre  de  Corinthe  ,    par 
où  commença  celle  du  Péloponèfe  j  décrite   par 
Thucydide  ,  &  fi  fameufe  dans  l'hiftoire  Grecque. 
Aujourd'huf  Dura^^o  eft  une  alfez  grande  ville  : 
elle  eft  fortifiée,  &  elle  a  un  bon  pott ,  fi  l'on  en 
croit  Matvj  mais  M.  Spon  dit,  P.  i.  p.  117.  que  ce 
n'eft  plus  qu'un  village.,  où  l'on  voit  les  ruines  de 
fon  ancien  Château.  Dura^^o  eft  un  fiége  Archi- 
épifcopal.  Les  Mahométans  l'enlevèrent  aux  Véni- 
tiens au  XV'  fiècle.  Quelques-uns  de  nos  Auteuis 
confervent  auftî  le  nom    Latin  Dyrrachium  dans 
notre  langue.  Voyez  ce  mot ,  où  nous  apporterons 
fa  véritable  étymologie.  Voyez  Pline  ,  L.  III.  C.  1 1. 
Se  13.  Mêla,  L.  U.C.  j. 
Le  Cap  Dura^^o.  Foye^  Palo  Capo. 
DURBU  J  ou  DURBÙY.  Petite  ville  des  Pays-Bas. 
Durbutum  j  Durbis.   Elle   eft   capitale  d'un  petit 
Comté  qui  porte  fon  nom  ,  &c  fituée  fut  la  rivière 
d'Ourte  ,  dans  le  Duché  Je  Luxembourg  ,  à  fix  ou 
fept  lieues  au  midi  de  la  ville  de  Liège.  Maty. 
DURCIR,  v.  a.  Rendre  dur.  Durare  .  indurare.  On 
durcit  le   fer  à  force   de  k  battre.  Le  foleil  durcit 
l'ambre ,  durcit  les  perles.  L'air  durcit  le  corail. 
Durcir  ,  eft  auffi  un  verbe  neutre,  &   réciproque. 
Durefcere  ,  obdurefcere  ,  indurefcere.   Un  œuf  trop 
cuit  fe  durcit.  La  yiande  li/arcvV  pendant  la  gelée. 
Durci  ,  ie.  part.  Duratus  ,  induratus. 
DURDAN  ,  Rivière.  Voyf{  Duredent. 
DURDO.  f.    m.   Coraanus.  Poiffon  de  tivière  qu'on 
trouve  daiis  le  Nii ,  qui  eft  noirâtre  &  reflemble  fi 


Efpace  écoulé  entre  le  commencement  &  la  fin 
d'nuQ  {:\'ïok.  Duracio  ,fpatium.  Longue  durée.  Diu- 
turnitas.  Le  temps  eit  défini  par  les  Philofophes  ,  la 
durée  d'un  mouvement.  Dieu  a  promis  à  fes  élus 
une  gloire  d'éternelle  durée.  Cette  fougue  eft  trop 
violentej  elle  ne  fera  pas  de  durée.  Nous  ne  joullfons 
de  la  vie  qu'à  mefure  que  nous  la  perdons  j  chaque 
moment  en  abrège  la  durée.  On  juge  de  la  durée  du 
temps  félon  la  difpofition  où  l'on  fe  trouve  :  celui 
qui  eft  accablé  de  triftelfe  s'ennuie  de  la  durée  du 
temps ,  parce  qu'elle  lui  eft  pénible  ,  &  qu'il  y  fait 
plus  d'attention.  Malebr.  Je  ne  mefure  pas  ma  vie 
par  la  durét  du  temps  ,  mais  par  la  durée  de  là  gloi- 
re. BouH.  Cette  femme  s'eft  mis  dans  l'efprit  d'éga- 
ler la  durée  de  fon  deuil  à  celle  de  fa  vie,  &  a  choifi 
cette  trille  &  fatigante  voie  pour  acquérir  de  la  ré- 
putation. M.  Esp. 

§3"  Le  mot  de  durée  a  un  rapport  marqué  au 
commencement  &  à  la  fin  d'une  chofe.  Le  mot 
temps  nedéfigne  qu'une  partie  de  cet  efpace^  ou  dé» 
ligne  cet  efpace  vaguement  &confufément.  Règne 
de  longue  «//^reV:  événement  arrivé  pendant  le  temps 
d'un  Règne.  Voye-[  Temps. 
DUREMENT,  adv.  D'une  manière  dure.  Duré ,  duri~ 
ter.  Il  a  été  traité  durement  par  fon  maître ,  &c.  Ces 
Religieux  font  couchés  bien  durement.  Luther  s'eft 
exprimé  durement  ,  en  parlant  de  la  prédeftina- 
tion.  Claud.  Il  ne  faut  pas  dire  durement  les  chofes 
dures.  NicoL. 
DURE-MÈRE.  f.  I.  Terme  d'Anatomie.  C'eft  une 
membrane  forte  &  épaifie  ,  qui  tapilTe  toute  la  ca- 
vité intérieure  du  crâne  ,  &  enveloppe  tout  le  cer- 
veau. Dura  mater.  On  l'appelle  aufii  méninge.  Voy. 
Cerveau. 
DUREN.  Ville  d'Allemagne  du  Cercle  de  Weftpha- 
lie.  Dura  ,  Duria  ,  anciennement  Marcodurum 
Ubiorum.  Elle  eft  fur  la  rivière  de  Roër  ,  dans  le 
Duché  de  Juliers ,  trois  lieues  au-delVus  de  Juliers. 
Duren  fut  autrefois  une  ville  Impériale  ;  mais  les 
Ducs  de  Juliers  la  fournirent  l'an  1407.  Charles  V. 
la  prit  en  1545.  Long.  24.  d.  1 5'.  lat.  50.  d.  46'. 
DURENIS.  Petite  ville  ou  bourg  de  l'Ecoife  fepten- 
trionalc  :  on  la  nomme  autrement  Ardurne.  Dure- 
Ardurna.  Elle  eft  dans  le  Comté  de  Strathna- 


nis 


vern ,  fur  une  rivière  qui  s'appelle  aufii  Durenis , 
dans  une  petite  ptefqu'ille. 

DURER.  V.  n.  Continuer  d'être.  Durare.  Une  femme 
fe  défait  de  fon  galanr  quand  elle  veut  j  mais  il  faut 
qu'elle  garde  fon  mari  tant  qu'il  dure.  Ch.  de  Mer. 
L'abfence  ,  pour  peu  qu'elle  dure  ,  nuit  à  l'amitié 
auflî-bien  qu'à  l'amout.  Id.  Rien  n'approche  de 
l'ennui  que  donne  une  paflîon  qui  dure  ttop.  S.EvR. 
Un  engagement  qui  doit  durer  jufqu'à  la  mort ,  ne 
fe  doit  jamais  faire  qu'avec  de  grandes  précautioiîs. 
Mol. 

Durer  ,  fe  dit  de  ce  qui  eft  folide  ,  qui  fubfiuç 
long-temps  ,  qui  eft  fort  j  qui  s'ufe  difficilement. 
Le  drap  d'Efpagne  eft  d'un  bon  ufer ,  il  dure  lon';- 
temps.  Ce  meuble  durera  un  fiècle  ;  cela  durera  juf- 
qu'au  bout. 

Durer  ,  avec  la  négative ,  fignifie  ,  Réfifter ,  fouffrir, 
quelque  mal,  quelque  peine,  quelque  incommodi- 
té. Durare  y  perfiftcre.  On  ne  fauroit  durer  t^sqc 
cette  femme-la  ,  tant  elle  eft  criarde.  Je  ne  puis  du- 
rer avec  cette  colique.  On  ne  fauroit  durer  à  la  mai- 
fon  par  ce  beau  temps-là.  On  ne  fautoit  durer  en 
ce  pofte ,  il  eft  trop  expofé  à  l'artillerie.  On  n'y  dure 


DUR 

^oint ,  on  n'y  peut  tenu-.  IvIol.  Penfsz-vous  que  je  ' 
puïiTti  durer  a.vec  coûtes  ces   turlupinadcs  ?  1d.  On 
dit  aufîl  ne  pouvoir  durer  de  chaud  ,  de  troid  ,  t\.'c. 
pour  dire  ^'être  extrêmemenc  incommodé  du  chaud, 
du  froid  ,  &CC.  Tout  cela  eft  familier. 

On  dit  proverbialement  ,  il  hiuc  faire  vie  qui 
dure,  lorlqu'on  parle  du  ménage,  &  qu'on  veut 
empêcher  la  dillipation.  Un  Poëce  ,  en  inucanc  cette 
phrafe,  a  dit  j  faire  feu  qui  dure. 

H'é  quoi  ,  s'e'crioic  Apollon  , 
Voyant  le  froid  dans  fou  empire  ; 
Pour  échauffer  notre  vallon  , 
ie  bois  ne  fauroit  donc  fuffire  ? 
Bon ,  bon  !  dit  une  des  ncuj  fxurs  ; 
Conddinne\  vue  à  la  brûlure 
Tous  les  vers  des  michans  Auteurs. 
Par-là  nous  j erons  feu  qui  dure. 

Nouv.  CH.  DE  Vers. 

On  dit ,  d'un  niais  qui  n'a  point  vu  le  monde  , 
qu'il  ell  bien  neuf,  qu'il  durera  long  temps.  On  du 
que  le  temps  dure  à  quelqu'un  j  pour  dire,    qu'il 
s'ennuie  ,  qu'il  attend  quelque  chofe  avec  grande 
impatience.  On  dit  aulli  qu'un  homme  ne  fauroit 
durer  en  fa  peau  ,  qu'il  ne  peut  durer  en  place,  pour 
dire  qu'il  ell  in:|uiet  &  inconftant. 
DURESM  j  ou  DUNELME.  /^o^-ej  Durham, 
DUREr  ,  ETTE.  adj.  Diminutif  de  dur ,  Duriufculus. 
■  L'oifeau  étoïc  bon  j  mais  il  étoit  un  peu  duret.  Il  eft 
dn  ftyle  familier. 
DURETAL   ■,    Que    l'on    prononce    communément 
Durtal.   Petite  ville  de  France  ,  dans  l'Anjou^  Du- 
reflaltum.  Elle  eft  fur  le  Loir  ,  à  trois  lieues    au- 
defTous  de  la  Flèche  ,  6c  ï  fix  ou  fept  au  -  delfous 
d'Angers. 
PURETE,  f.  f.  Solidité,  qualité  de  ce  qui  eft  dur.  Duri- 
tia  ,  duritics.  C'eft  la  réfiftance  que  font  les  corps  à  la 
divifion ,  &  à  la  fcparation  des  parties  dont  ils  font 
compofés.  Le  repos  ,  la  liaifon  ic  contiguïté  des  par- 
ties qui  le  touchent  immédiatement  fans  fe  mouvoir, 
font  la   dureté  des  corps-  AL  Perrault  explique  la 
.  dureré  des  corps    par    la    grandeur   &    la    Hgure 
des  parties  du  corps  ,   '5c  par  la  pefanteur  de  l'air  ; 
de  forte  que  les  corps,  dont  les  parties  font  plus 
grandes ,  &  ont  des  faces  plates  qui  les  rendent  pro 
près  à  fe  toucher  dans  une  furface  étendue,  iont 
plus  durs  que.  ceux    dont    les    parties    font    plus 
déliées  &:  d'une  autre    figure  ,  parce   que   l'air  qui 
environne  ces  corps,  empêche  par    la   pefanteur 
qu'on  ne  divife  les  parties  des  premiers  aulfi  aifé- 
ment  que  les  parties  des  féconds,  dont  aucune  n'a 
une  grande  furface. 

SfT  Ce  n'eft  pas  feulement  aux  molécules  fenfi- 
bles ,  c'eft  encore  aux  molécules  infendbles  que  la 
dureté' corwianx..   Les  parties   infenfibles  d'un  corps 
dur ,  quoique  trop   déliées  pour  Tomber  fous  nos 
fens ,  font  cependant  compofées  de  p.articu!es  en- 
core plus  petites  ,    qu'on  peut  appeler  élémentai- 
res. Ces  parties  font  tellement  configurées  ,  qu'elles 
font  très-propres  à  s'accrosher  très  exactement  les 
unes  avec  les  autres  \  aulU  font-elles  jointes  de  ma- 
nière qu'il  refte  très-peu  de  pores  ,    ou  que  ces, 
pores  font  trop  petits  pour  admettre  le  fluide  mê-| 
me  le  plus  fubcil.  C'eft  donc  à  la  figure  des  parties 
élémentaires  que  nous  pouvons   attribuer  la  dureté 
des  molécules  infenfibles  dont  le  corps  dureftcotn- 
pofé. 

§Cr   Pour  la   caufe  principale  de  la    dureté  i\q% 
corps  ,  on  l.i  trouve  dans  le  fluide  qui  les  environ- 
ne ,  &  qui  prelfe  leurs  molécules  Icnhbles  les  unes 
contre  les  autres  :  fluide  qui  n'eft  point  la  micicre 
fubtile  des  Cartéliens ,   ni  l'air  que  nous  refpirons, 
mais  avec  cet  air,  un  fluide  encore  plus  fubtil,dont 
Texiftence  eft  prouvée  par  une  infinité  d'expérien- 
ces. Deux  plaques  de  marbre  qu'on  a  mouillées,  ap- 
pliquées l'une  contre  l'autre  de  façon  à  chalfer  tou- 
tes parties  d'air  qu'il  pouvoir  y  avoir  entre  deux  , 
ne  fe  féparent  que  très-difiuilement,  lorf.iu'on  les 
tire  perpendiculairement  à  leurs  faces;  &}.L  i  Ab- 


D  U  R  49  9 

bc  Noltec  a  éprouvé  que  leur  union  fubfiftoit,  apics 
qu'on  avoic  raréfié  l'air  avec  la  machine  pneunuti- 
c]ue  la  plus  exadle. 

^  Lqs  Newroniens  expliquent  la  dureté  des 
corps  par  l'atrrac'Kon  decohciiun  ,  c'elt- à-dire  ,  par 
une  attraction  qu'ils  font  agir  en  raifon  inverfe  des 
cubes  des  diltances.  Mais  cela  ne  s'accorde  point 
avec  les  lois  générales  de  lanacure^quifontcouftau- 
tes  ûc  uniformes  j  &,  puifqu'il  eli  démontré  que 
1  attraction  qui  caufe  la  graVké  ,  agit  en  raifon  m- 
verfe  des  carrés  des  diiiances  ,  pourquoi  voudioit- 
on  ,  pour  expliquer  la  du.eié  des  corps,  la  faire 
aguen  railon  inverte  des  cubes  des  diltances? 

^fT  il  vaut  donc  mieux  ,  pour  expliquer  la  dureté 
des  corps  d'une  manière  phyfique  ,  s'en  tenir  à  la 
prellion  d'un  fluide  environnant. 

En  termes  de  Médecine  ,  on  appelle  i/wrer/i,  cer- 
taines tumeurs  ou  callodtés  qui  viennent  à  la  peau 
dans  diftérentes  parties  du  corps  ,  principalement 
aux  mains  &c  aux  pieds.  '/o_)  e^  Calloske  ,  Cor  , 
DuRiLLO.-^i.  Cailus  J  callum.  On  fent  à-^%  duretés  dans 
les  mains  des  hommes  de  travail.  Ablanc.  On  dit 
aufll ,  une  dureté  à^  ventre  ,  quand  on  eft  conftipé  , 
Dura  alvus\  une  dureté  d'oreille ,  quand  on  eft  picl^- 
que  fourd  ,  Auditûs  gravitas. 
Dureté  ,  fe  dit  au  figuré  dans  le  même  fens  que  dur. 
Duritia  ,  duriàes  ,  afpericas.  Il  aune  dureté  de  cœur 
qui  fait  qu'il  n'aime  perfonne.  Nous  joindicns  nos 
forces  pour  attaquer  la  dureté àe  fon  humeur.  Mol. 
Le  cœur  &  le  tempérament  des  Stoïciens  ne  s'ac- 
coirmodoient  pas  toujours  de  la  dureté  Philoiophi- 
que  dont  ils  failoient  proteflion.  S.  Evr.  Les  opi- 
nions de  Sénéque  ont  trop  de  durué.  Il  a  une  dureté 
d'efprit  qui  fait  qu'il  ne  peut  rien  comprendre. 

On  dit  aufil ,  Duretés  ,  pour  difcours  durs  ,  oflx^n- 
fans.  Penfez- vous  que  je  vous  pardonne  toutes  les 
duretés  que  vous  m'avez  dues  .''  Let,  Port.  La 
dureté  des  termes  choque  d'autant  plus  ,  qu'elle 
enferme  quelque  force  d'indifférence  &  de  mé- 
pris.   NiCOL. 

Je  renonce  à  la  variite 
De  cette  dmQzé farouche  , 
Que  l'on  appelle Jermeté.  QuiN. 

De  tant  de  duretés  que  j'étale  à  regret , 
Chaque  mot  à  mon  cxur  coûte  un  J  oupir  fecret. 

Corn. 

On  dit  aulTi ,  qu'un  fty^le  a  beaucoup  de  rudelle 
^'dï  dureté.  Durit..s  ,  afperitas.  Si  Homère  &  Vir- 
gile avoient  eu  à  parler  ,  &  à  compoler  en  Alle- 
mand, ilsauroieht  peiu-ècre  échoué  contre  la  du- 
rcie ai  la  langue.  S.  EvR.  Les  traits  politiques  dont 
la  narration  de  Tacite  eft  femée  ,  ont  je  ne  lais 
quoi  de  fin  qui  récompenfe  la  dureté  de  fon  ftyle. 
BoUH.  On  dir ,  que  dus  vers  ont  de  la  dureté ,  qu'un 
pinceau,  qu'une  gravisre  ont  de  la  (/«ref^',  quand 
Us  n'ont  pas  cette  douceur ,  cette  politelfe  ou  déli- 
catefte  qui  donne  le  prix  aux  ouvrages.  Voy.  Dur. 

DURGOUT  ,  ou  DURGUT.  Pays  de  la  Natolie.  Oix 
lenomme  p.Uis  fouvent  Gcrmtan. 

DURGOUT.Petite  ville  de  Turquie,  en  Afie  ,  lî- 
tuée  dans  une  plaine  ,  à  deux  pecites  journées  de 
Smyrne. 

DURHAM.  Ville  de  l'Anglererre  feprentiicnale,qii'on 
nomme  aulli  Durefm  Se  Durelme.  Dunelacum. 
Cette  ville  eft  capitale  d'un  Comté  qui  porte  fon 
nom.  Elle  eft  lur  la  rivière  de  Vère  ,  ^(.  prefque  ifo- 


lée  par  ce  fleuve.  Durham  a  un  Evcché  iuirr.iganc 
d'Yoîk.  Ily  futtransféié  l'nn  149^.  de  iLle  d'FIoly- 
Iland  ,  où  il  avoir  été  établi  par  Aidan  vers  le  mi- 
lieu du  IX'  ficelé,  Son  Evêquc  porte  le  titre  de. 
Comte  Palatin  ,  &  a  le  pis  fur  tous  les  Evèques 
'd'Angleterre  J  à  la  réfervc  de  celui  de  Londres. 
L'Evcché  de  Dz/n'/JOT  fut  fupprinv;  en  MnJ-  fous 
Edouard  VI,  pour  en  ériger  deux  ,  donc  l'un  re- 
tiendroit  le  nom  de  l'ancien  Dioccfe  ,  &  ^l'autre- 
l     prendroit  Cvlui  de  N'eticaftel,  oïi  feroit  la  le.Klencs 

i;.  ni) 


;oo  DUR 

du  fecoacl  Evèque.  Le  Dac  de  Nortliumberland , 
qui  s'en  étou  taie  donner  cous  les  nets ,  érigés  en 
Palatinats ,  ou  Comtés,  ayant  été  condamné,  & 
fes  biens  conhlqués,  la  Reine  Marie  rétablit  l'E- 
vêclic  de  Durham  dans  ion  premier  état  en  1^53  , 
&:  voulut  que  fes  lettres  parentes  (rirent  mention  que 
c'étoit  une  relliturion  du  hrcin  tait  à  l'Eglife  ,  & 
non  une  libéralité  de  fun  tonds  ;  &  enfin  i'Evêque 
fnt  rétabli  dans  tous  ks  droits  par  le  Parlement  en 

'5  54- 
Le  Comté  ou  l'Evêché  de  Durham ,  ou  le  Diocèfe 

de  Dunelme,  eft  une  petite  Province  d'Angleterre. 
Dwid:ncnjLS  Epifiopatus  ;  Dïxcejis  ,  ou  Comicatus. 
Elle  eft  bornée  au  lud  par  le  Comté  d'York  ,  à 
l'oueft  par  ceux  de  Weftmorland  &  de  Cumber- 
land  j  elle  a  au  nord  celui  de  Northumberland  ^  & 
elle  eft  baignée  à  l'eft  par  la  mer  d'Allemagne.  Ce 
Comté  a  environ  neut  lieues  de  côtes  6:  onze  de 
profondeur.  Le  pays  en  eft  montagneux  ,  &  mal 
peuplé  à%  côté  du  couchant  :  le  reile  eft  alFez  fer- 
tile, l!  n'y  a  deconlidérable  que  la  ville  de  Durham^ 
capitale  ,  &  les  bourgs  d'Harlepole  ,  d'AukIand  , 
de  Bernard  Caftle  &  de  Darlington- C'étoit  un  Pa- 
larinat  qui  appartenoit  aux  Evêques  de  Durham ,  & 
auquel  les  Rois  d'Angleterre  avoient  donné  de 
beaux  privilèges.  De-là  vient  le  titre  de  Comte  Pa- 
latin, que  porte  encore  fon  Evêque.  Le  Comté  de 
Durham  a  été  inhabitable  à  caufe  de  fes  forêts  juf- 
qu'à  la  tin  du  X"^  iiècle.  Sous  Ethelrede  ,  Roi  d'An- 
gleterre ,  on  le  défricha ,  on  y  b.-irit  des  villes  &  des 
Eglifes ,  lïc  il  devint  dans  la  luire  le  liège  d'un  des 
plus  beaux  Evêchés  du  royaume. 
DURILLON.f.  m.  Mouillez  il/.  Callofité  ,  ou  petit 
corps  dur  qui  fe  fait  de  la  peau  endurcie  ,  ou  de 
quelque  humeur  qui  s'y  amalfe  ,  ou  de  la  chair  pref- 
lée  &  toulée  ,  &  endurcie  par  un  exercice  fréquent 
ôv  violent.  Callus  ,  callum.  Les  Chapeliers  ont  des 
durillons  au  poignet,  à  force  de  fouler  les  chapeaux. 
Il  lui  eft  venu  un  durillon  à  cette  glande  qui  s'eft  en- 
durcie. Ceux  qui  marchent  fouvenc  &  long-temps 
ont  des  durillons  aux  pieds.  Quand  les  durillons 
font  devenus  épais,  &  cju'ils  fe  font  delfcchés  ,  & 
durcis  comme  de  la  corne  ,  ils  font  de  la  douleur 
en  marchant  ,  parce  qu'ils  meurtnlfent  les  chairs 
voihnes  par  la  pefanteur du  corps  qui appuiededus. 
DiONis.  On  fe  délivre  de  la  douleur  que  caufent  les 
durillons  en  les  coupant.  Chacun  peut  fe  taire  cette 
opération  à  foi-même. 

^fT  Les  durillons  &  les  cors  ne  diffèrent  que  par- 
ce que  les  premiers  viennent  en  différentes  parties 
du  corps ,  qui  font  fouvent  frottées  &  tortement 
prefTées  j  aulieu  qu'on  n'appelle  cors  que  ceux  qui 
viennent  fur  les  doigts  des  pieds  &  entre  les  or- 
teils. Les  durillons  (ont  tonnés  de  plulieurs  feuillets 
de  l'épiderme  &  du  tiflu  de  la  peau  ,coHés  par  cou- 
ches les  unes  fur  les  autres,  les  vaiiFeaux  cutanés 
ayant  été  détruits  par  une  prelHon  continuelle  ou 
fouvent  répétée. 

Ce  mot  de  c/^WZ/o/î  vient  de  dur  ,  parce  que  les 
durillons  font  de  petits  corps  durs. 
DURION.  f.  m.  Fruit  qui  croît  en  Malaca  dans  les 
Indes  Orientales  ,  &  qui  eft  d'un  goût  extrême- 
ment agréable.  L'arbre  qui  le  produit  eft  grand  , 
d'une  fubftance  terme  &  folide  ,  &  couvert  d'une 
grolfe  écorce  :  il  poulfe  plufieurs  branches  ,  &  por- 
te beaucoup  de  truit  :  fes  fleurs  font  blanches  ,  ti- 
rant fur  le  jaune,  &  fes  feuilles  longues  de  demi- 
empan  ,  large  de  deux  doigts,  ou  davantage  ,  den- 
telées fort  menu  ^  d'un  vert  clair  au  dehors  ,  Se  au 
dedans  d'un  vert  obfcur.  Le  fruit  eft  de  la  grolïèur 
d'un  melon  ,  couverr  d'une  écorce  épailfe, roue  hé- 
ritTé  de  plufieurs  aiguillons  courts ,  gros  &:  piquans, 
•  vert  au  dehors  ,  &  cannelé  en  long  comme  un  me- 
lon :  au  dedans  il  y  a  quatre  cavités  j  dont  chacune 
en  contient  trois  ou  quatre  autres ,  dans  lefquelles 
il  y  a  des  fruits  fort  blancs,  comme  la  crème  ,  de 
la  grofleur  d'un  œuf  de  poule  ,  &  d'aufti  bon  goût 
que  ce  qu'on  appelle  blanc  manger ,  qui  fe  fait  avec 
de  l'i  farine  j  du  lait,  de  l'eau  tofe,  du  fucre  &:  à^s 


DUR     DUS 

amendes  pilées  ;  mais  non  pas  (1  mous  ni  fi  gluans 
ceux  (jui  n'ont  pas  cette  blancheur  j  &  qui  font 
jaunis,  ont  été  gâtés  par  l'injure  de  l'air  ,  ou  de 
la  pluie.  Les  meUleurs  font  ceux  qui  ont  feulement 
trois  fruits  dans  chaque  cellule  ,  enfui  te-  eux  qui 
en  ont  quatre  :  ceux  qui  en  ont  cinq  font  eftunés 
de  peu  de  valeur  ,  comme  auflî  ceux  qui  ont  quel- 
ques tentes  ou  crevaftes.  Chaque  pomme  ne  produit 
point  au-delà  de  vingt  durions  j  dans  chacun  def- 
queis  eft  un  noyau  ,  femblable  à  un  noyau  de  pè- 
che, nn  peu  plus  long.  Ce  noyau  eft  d'un  goût  fa- 
de ,  &  rend  la  langue  âpre,  comme  tout  les  nèfles 
vertes  ,  ce  qui  empêche  qu'on  ne  les  mange.  Quant 
au  fruit ,  il  eft  chaud  &  humide ,  & ,  popr  le  man- 
ger, il  faut  le  prelîer  légèrement  avec  le  pied,  afia 
de  l'ouvrir  fans  être  piqué  des  épines  qui  l'entou- 
rent. Il  ienc  mauvais  ,  &  l'odeur  forte  qu'il  ré- 
pand dégoûte  ceux  qui  commencent  à  en  manger; 
mais ,  quand  ils  en  ont  mangé  trois  ou  quatre  fois , 
ils  en  trouvent  le  goût  meilleur  que  celui  des  au- 
tres truits.  Ce  fruit  eft  appelé  parles  Malais  û'i^r^ao/ij 
ià  Heur  huaa  •  l'arbre  qui  le  ^oits  bacan.  LesSiamois 
appellent  ce  fruit  tourrien. 

CCrDURiUSCULE.adj.de  t.  g.  diminutif  Un  peu  dur. 
Duriufculus.  Le  pouls  du  malade  eft  duriufcule.  Voy. 
Dur  en  Médecine. 

DURLACH.  Voye-z  Dourlach.  De  quelque  manière 
qu'on  écrive ,  il  faut  prononcer  Dourlach. 

DURMIA.  Nom  d'une  famille  Romaine  qui  ne  fe 
trouve  que  fur  quelques  médailles  d'Augufte,  com- 
me l'a  remarqué  Patin. 

DURY  j  ou  DUTY-DUNGAPORS.  Toile  de  coton 
écrue.  L'aunage  eft  de  14  aunes  de  long  lur  trois 
quarts  de  large. 

DURY-AGRA.  Toile  de  coton  rayée  ,  bleue  &  blan- 
che, qui  vient  des  Indes  Orientales  :  elles  ont  onze 
aunes  de  long  fur  une  demi-aune  de  large- 

D  U  S- 

DUSARES.  f^oyei  Dysaris. 

DLISIEN.  f.  m.  Nom  que  les  Gaulois  donnolent  autrer 
fois  aux  Démons  impurs.  Dujius.  S.  Auguftin  ,  de 
Civit.  Dei  ,  L.XV.  C.  z^.&cnsn  pas  zi.  comme 
dit  Hottman  j  ni  22.  comme  cite  le  Motéri  j  Saint 
Auguftin,  dis-je,  écrit  que,  comme  les  Sylvains  ôc 
les  Faunes  j  que  les  Latins  appeloienr  Incuhi ,  ôC 
que  nous  nommons  en  François  Incubes,  prenant 
des  corps  fenfibles  &  palpables  ^  &  la  ligure  hu- 
maine ,  tourmentoient  des  femmes  &  en  abu- 
foient  même  fouvent,  il  y  avoit  aufli  des  Démons 
que  les  Gaulois  appeloient  Dufiens  ,  qui  les  poul- 
foient  au  même  crime  j  &  il  ajoute  que  tant  de 
gens  l'allurenc ,  qu'il  y  eût  eu  de  l'imprudence  à  le 
nier.  Sur  quoi!  Vivez  a  remarqué  qu'il  y  a  des  na- 
tions cjui  font  gloire  d'avoir  une  pareille  origine.  Il 
ajoute  que  les  Egyptiens  croient  qu'un  pareil  com- 
merce eft  pollîble.  Paul  Lucas ,  dans  fon  premier 
voyage ,  dit  qu'il  a  vu  au  Caire  des  enfans  qui 
croient  dans  une  très-grande  vénération ,  parce 
qu'on  difoit  qu'ils  étaient  fils  d'un  Génie  ,  qui  pa- 
roissoit  en  ferpent  dans  une  grotte ,  &  qu'il  eut 
la  curiofite  d'aller  voir.  Mais  je  n'ai  lu  nulle  parc 
que  des  nations  entières  fe  vantassent  d'une  fem- 
blable cohabitation  j  &  Vivez  ne  nomme  point  ces 
nations.  Voye\  au  mot  Incube  ce  qu'on  doit  penfer 
dei'exiftence  de  ces  fortes  d'efprits. 

Ce  mot  Dujïus  ,  Dnjien  ,  peut  venir  de  vn  ,  ducs, 
qui  ,  en  Hébreu  ,  fignifie  fauter  j  fauterde  joie,  en- 
forte  que  Dujîen  fignifie  auflî  un  Géniedu  plaifir  , 
un  voluptueux. 

DUSIL.  f.  m.  Petit  morceau  de  bois,  ordinairement 
de  coudrier  ,  taillé  en  pointe  ,  ou  en  cône  ,  dont  on 
fe  fert  pour  fermer  ou  boucher  le  trou  fait  à  un  ton- 
neau, avec  un  foret,  foit  pour  tirer  du  vin,  foit 
pour  donner  du  vent  au  tonneau.  On  prononce 
duji,  ou  plutôt  du^i^  ÔC  Tondit  aulVi  duifec  j  dit  le 
p.  Mabillon  ,  Jd.  Sancl.  Bened.  S.  II.  Je  n'ai  ja- 
mais oui  dire  duifa  ,  &  je  fais  plufieurs  vignobles 


DUS     DUT     DUV 

où  l'on  die  toujours  dujU ^  que  l'on  prononce ,  com- 
me j'ai  dit,  fans  taire  fentir  la  lettre  /.  On  i'appslls 
audi  une  brockc^kw^  quelques  endroits  ,  &c  prelque 
put-toM Juujjer,  qui  eitle  vrainiot. 

Ce  nom  s'eft  tormé  du  Latin  dudculus  ,  qui  fe 
tronve  fouvent  dans  la  basse  Latinité,  comme  on 
le  peut  voir  en  plulieurs  endroits  des  Acla  Sancl. 
des  Jéfuites  d'Anvers.  De  duciculus  ^  on.  a  £i\t  du- 
cidus  ,  dusiculus,  qui  fe  trouve  aulFi  ^  de-là  du- 
sicle  ,  dus'd  ;  &c  ,  comme  le  remarque  un  ancien  Au- 
teur, cité  par  O.  MabiUon  ,  Aà.  Sancï.  Bened. 
Siic.  II.  p.  ^iS.  dudculus  s'ell  dit  ab  educendo ,  parce 
que  pat  le  moyen  d'un  dus'd  on  tire  le  vin.  l'ar- 
li  &c  par  l'ufage  de  l'inftrum'jnt  appelé  dudculus  , 
dans  les  Auteurs  ou  ce  mot  fe  trouve  ,  il  eft  inani- 
fefte  que  Voffius  s'ell  trompé  ,  quand  il  a  dit ,  De 
ykus  Serm.  L.  III.  C.  lo.  que  dudculus  ctoit  un  cer- 
cle. Bollandus  s'y  étoit  auiii  trompé  dans  l'es  Notes 
fur  la  vie  de  S.  Urbain  X.Xill.  Jan.  Ci.  §.  4.  Il 
l'a  mieux  pris  dans  la  vie  de  Sainte  Adélaïde  ,  V. 
de  Février^  C-  S-  §■  ^9- F-  7^9-  ^-  Au  lieu  de  dud- 
culus ,  on  trouve  dux  dans  la  vie  de  S.  Benoîtj  Abbé 
de  S  Anian  en  Languedoc  ,  §.  4,i.Acia  Saiici.  Ben. 
Sdc.  IF.  p.  20çj. 
DUSSELDORP.  Ville  d'Allemagne  ,  capitale  du  Du- 
ché de  Bert^.  DulliLiorpium.  Elle  eft  du  Cercle  de 
WePtpliaiie.  Dujj'eldorp  eft  ficué  fur  le  Rhin  j  au 
confluent  de  la  petite  rivière  de  Dullel  dans  ce 
fleuve  ,  entre  Cologne  &  Juiiers ,.  &  au-delïôus  de 
Nuys  ,  mais  non  pas  du  même  côté  de  la  rivière. 
Diijjcldorp  eft  une  ville  a;4réabie  ,  bien  fortifiée,  &: 
la  réiidejice  ordinaire  dis  Ducs  de  Neubourg, main- 
tenant Electeurs  Palatins.  Long.  24.  d.  2;!'.  lat.  51. 
d.12'. 

Ce  mot  eftcompofé  de  Dujfel ,  nom  de  la  pe- 
tite rivière  qui  le  baigne  ,  &  qui  s'y  décharge  dans 
le  Rhiii ,  &c  de  dorp  ,  mot  Alleaiand  ,  qui  (i^ïnifie  , 
}xr\  vilLigs.  Ainli  Dujjddorp  figniiie  le  village  de 
'Du(Td\  ce  qui  montre  que  cette  ville  n'étoic  qu'un 
village  d'abord  ,  tic  quand  elle  a  pris  ce  nom.j 

DUT. 

DUTLÎXGE.  Petite  ville  de  la  Suabe  ,  en  Allema- 
gne. Dudinaa.  Elle  eft  lut  le  Danube  ,  entre  la 
ville  de  Conft.uice  de  celle  de  Tubinge  »  dans  la 
Principauté  de  Furftenberg.  Quelques  Géographes 
la  prennent  pour  l'ancienne  Juliomagus  ,  ville  de 
la  Vindelicie  ,  que  d'autres  mettent  à  PfuUendorf , 
bourg  de  la  mï:ine  Principauté. 

DUTROA.  l.  m.  Herbe  f.imeufe  dans  l'Amérique  , 
dont  la  graine  eft  femblable  à  celle  du  melon.  Pier- 
re Petit  patle  des  propriétés  de  cette  plante  dans 
fon  Traité  du  Népendiès.  Lorfqu'on  met  du  dutroa 
dans  du  vin  ,  de  l'eau  ou  autre  liqueur ,  itcaufe  une 
joie  fi  infenfée  à  ceux  qui  en  boivent,  qu'ils  rient 
continuellement  de  toutes  leuts  forces.  Ils  perdent 
abfolument  l'ufage  de  l'efprit  &  de  la  raifon  \  &c 
daiis  cet  état  ils  n'ont  aucun  fentiment  de  ce  qui  fe 
fait  devant  eux  ,  ni  à  eux-mêmes,  &  n'en  confer- 
vent  aucun    fouvenir  ,  quand  ils   font   revenus  à 

€UX. 

f>CT  On  accufe  les  Portugal fes  de  les  Américaines 
d'en  faire  prendre  quelquefois  à  leurs  maris  j  Se  el- 
les comptent  i\  bien  fur  l'effet  de  cette  plante  fingu- 
liète  j  que,  lorfqu'elles  leur  ont  fait  boire  de  cette 
liqueur  ,  elles  ne  font  point  difficulté  de  s'amufer, 
même  en  leur  préfence  ,  avec  leurs  amans. 

DUV. 

DUVELAND  ,  ouDUYVELANDT.  f.  f.  Contrée  de 
rifle  de  Schouven  dans  la  Zélande.  Duyvolandia. 
Elle  eft  au  levant  del'Ifle,  &  féparée  du  refte  par 
un  grand  canal.  Il  n'y  a  aucun  lieu  confidérable. 
Nous  avons  fait  ce  nom  mafculin  ,  parce  qu'en 
notre  langue  ,  quand  les  noms  compofés  de  land  , 
ancien  mot  Tndefque  qui  fignifie  terre  ,  font  ter- 
Tninés  par  un  c/ ,  ou  t/  r ,  nous  les  faifoias  mafculius, 


DUV  /01 

le  Gutlandy  le  Groenland ,  &c.  Mais  ,  quand  après 
le  d  on  mec  un  e  ,  ils  font  féminins ,  la  Hollande  ^ 
la  Zilande  ,ècc.  Maty  écrit  Duyvelant  ,  &i  IvL 
Corneille  Duvelant. 
DUVET.  {.  m.  La  plume  des  oifeaux  la  plus  douce  , 
la  plus  moUô  &  la  plus  délicate ,  qui  couvre  tout  le 
coips  de  l'oifeau.  Mollior  avium  pluma  yplumula.  En 
termes  de  fauconnerie  le  duvet  s'appelle  la  chemife 
de  l'oifeau.  Faultrier. 

Là  j  parmi  les  douceurs  d'un  tranqudle  Jîlence  , 
Règne  fur  le  duvet  une  heureufe  indolence. 

BoiL. 

\fT   Duvet  de   Gerfaut.  Voyc^  Edredon. 

Duvet  d'Autruche.  C'eft  ce  qu'on  appelle  autrement 
Lame-Ploc,  ou  Poil  d'Autruche.  Il  y  en  a  de  deux 
fortes  :  celui  qui  eft  nommé  fimplement  fin  d'Au- 
truche s'emploie  par  les  Chapeliers  dans  la  fa- 
brique des  chapeaux  communs  \  &  celui  qui  eft 
appelé  gros  d'Autruche  fert  à  faire  les  lifières 
des  draps  fins  ,  deftinés  pour  être  teints  en 
noir. 

^fT  Les  PlumalTiers  appellent  aulïi  duvet  les  plu- 
mes de  deflous ,  le  rebut  des  plumes  de  l'Autruche, 
qu'ils  frifent  pour  les  employer  à  ditféientes  garni- 
tures. 

Ce  mot  vient  de  tufetum  ,  qui  a  été  fait  de  tufa , 
heibe  qui  croît  dans  les  marais  j  dont  la  flc-ut  eft 
velue,  &  fetvoit  aux  Anciens  à  mettre  dansles  coi- 
tes &  matelas.  Ménage.  Du  Cange  dit  qu'il  vient 
àiduma  ,  ou  dum,  dont  s'eft  letvi  l'EmpereurFré- 
déric  II.  en  fon  livre  de  la  Vénerie,  pour'lignifier  les 
petites  plumes  des  oifeaux. 

Duvet  ,  eft  aulli  un  petit  coton  ou  poil  follet ,  le  pre- 
mier poil  qui  vient  au  menton  &  aux  joues  des  jeu- 
nes gens.  Lanugo.  Un  mol  duvet  lui  ombrageoit  en- 
core les  joues.  Il  n'eft  bon  que  dans  le  burlefqueÇou 
dans  le  ftyle  badin. 

^ZT  On  le  dit  auflî,  en  Botanique,  e'une  efpèce  de 
coton  qui  vient  fur  certains  fruits  &  fut  les  plantes. 
Lanugo.  Les  coins  font  couverts  d'un  petit  duvtt. 
Lanuginofus. 


Là  des  rouges pavis  le  duvet  délicat , 
Ici  le  jaune  ambré  d'un  roujjâtre  muj'cat. 

PERR.A.ULT. 

Le  duvet  des  plantes  qui  naiOent  dans  des  lieux 
fort  fecs ,  femble  leur  procurer  quelque  rafraîchif- 
fement  \  ce  i^^^ver  n'étant  autre  chofe  qu'un  amas  de 
plufieurs  brins  de  coton,  qui  font  comme  autant  de 
mèches,  qui  s'imbibent  de  l'humidité  de  l'air.TouR- 
NEFORT  ,  Acad.  des  Se.  1770.  Mém.p.  jo. 

DUVETEUX,  adj.  Terme  de  Fauconnerie  ^  qui  fe 
dit  des  oifeaux  qui  ont  beaucoup  déplumes  molles 
6c  délicates  proche  de  la  chair.  Pîumeus.  Cet  oifeau 
eft  duveteux. 

DWINA.  Province  de  Mofcovie.  Duna.  Elle  eft  bor- 
née au  levant  par  celle  de  Codinski ',  au  midi  par 
c;!!e  d'Ouftioug,  &  au  couchant  par  celle  de  Kar- 
gipol.  La  mer  blanche&  celle  de  Mofcovie  la  bai- 
gnent au  notd.  Les  ptincipaux  lieux  de  cette  Provin- 
ce font  Archangel  capitale  ,  S.  Nicolas  &  Kolmo- 
grod.  Maty. 

DWINE.  Grande  rivière  de  Mofcovie.  Duina.  Elle 
naît  dans  le  Duché  de  Vologua  ,  où  elle  porte  le 
nom  de  cette  Province.  Elle  prend  enfuite  celui 
de  Schucana  ,  &  va  baigner  Ouftioug  ,  capitale  de 
la  Province  de  même  nom.  Puis  entrant  dans  celle 
de  Dwina,  elle  en  prend  le  nom  ,  palfe  à  Archan- 
gel ,  &  fe  décharge  peu  après  dans  la  mer  blanche 
par  deux  embouchures. 

DUUMVIR.  f.  m.  Nom  générique  qui  fe  donnoit 
chez  les  anciens  Romains  à  plufieurs  Magijftrars  , 
CommilTaires  ,  Officiers ,  quand  il  y  en  avoir  deux 
pour  la  même  fondion.  Duumvir.  Ainfi  il  v  a  eu 
prefqne  autant  de  fortes  de  Duumvirs  qu'il  y  a  eu 
d'Officiers  charges  deu«  enfemble  de'la  même  .id- 


yo% 


D  U  V        DUV  DUY  DUZ  DYC  DYL  DYM  DYN 


minldratlon.  Il  y  eut  des  Duumvîrs  p{épo[és  i  la 
conltruCbion  ,  à  la  léparation  ,  à  la  conf ervation  des 
Temples  &  des  Autels.  Cétoic  le  peuple  qui  les 
nommoic.  Tarquin  en  ciéa  pour  faire  des  lacrilî- 
ces,  &  pour  la  garde  des  Livres  des  Sybilles,  Duum- 
yiri  Sacrorum ,  &  il  les  cira  du  corps  de  la  Noblef- 
fe  ,  ou  des  Patriciens.  Ceux-ci  étoient  perpétuels  j 
&  la  charge  de  Duumvir  leur  étoit  donnée  à  vie. 
Ils  étoient  exempts  de  fervir  à  la  guerre  ,  &  des 
charges  inipolées  aux  Citoyens  ;  &  l'on  ne  pou- 
voir l'ans  eux  confulter  les  oracles  des  Sybilles.  Cet- 
te charge  dura  jufqu  a  l'an  de  Rome  588.  qu'à  la 
requête  de  C  Licinius  &  L.  Sextius ,  Tribuns  du 
peuple,  le  peuple  les  changea  en  Décemvirs  j  c'eft 
à-dire  ,  qu'au  lieu  de  deux  perfonnes  on  en  commit 
dix  pour  avoir  ce  foin  ,  &  l'on  ordonna  que  cette 
Compi^nie  feroit  mi-partie  des  Patriciens  &  des 
Plébéiens.  Sylla  augmenta  leur  nombre  de  cinq  ,  &; 
ils  furent  appelés  Qûi/idecimvirs.  Ce  nombre  crut 
encore  beaucoup  dans  la  fuite,  &  alla  jufqu'à  foi 
'  xante,  qui  retinrent  néanmoins  le  nom  de  Quin- 
decimvirs.  Enlin  j  ilî  furent  abolis  lous  l'Empire  de 
Théodofe  avec  d'autres  relies  des  fuperlhtions 
payennîs.  C'éroienc  donc  des  Officiers  qui  con- 
îulfoient  les  Livres  Sybillins  dans  le  befoin.  Vo- 
pifcus ,  dans  la  vie  d'Auiélien  j  décrit  les  cérémo- 
nies qui  s'obfervoient  alois.  On  pnoit  l'es  Duumvir^ 
de  vouloir  ouvrir  ces  livres,  &  y  chercher  les  def- 
tins  de  l'Empire.  On  .illoit  au  temple  ,  on  feuille- 
îoit  ces  livres,  on  en  tiroit  les  vers  que  l'on  croyoit 
avoir  rapport  aux  aSaires  dont  il  étoit  queftion  ,  on 
faifoit  des  luftrations  fur  Rome,  &  des  facrifices  : 
de  jeunes  enfans  chantoient  des  vers  :  on  fiifoit 
aufîi  un  amburbie  ,  &  un  ambarvalle  j  c'eft-à-di- 
re  j  une  procedion  autour  de  la  ville  ,  &  une  au- 
tre autour  de'î  campagnes.  Les  Duumvirs  dévoient 
être  bien  purifiés.  ^oye:(  fur  tout  ceci  Tite  Live  , 
LA,  L.  V,  L.  VI ,  L.  XLI.  Vopifcus  cité  ,  Héral- 
Sas  fur  le  IV^  Livre  d'Arnobe  ,  Rofin  ,  ^ndq. 
Rom.  L.  JII.  C.  z^.  &  les  Paralïpomcna  de  Tho- 
mas Dempfter  fur  cet  endroit  de  Rofin  ,  Vigenère 
dans  fes  Aanot.Jur  lite-Live  ,  p.  çy-j  ,  çyS  tij2ç, 
Jji)i.  Caligula  ne  jugea  pas  indigne  d'être  lui-mê- 
me nommé  Duumvir  lur  une  monnoie  de  Carthage 
la  Njuve.  Le  jeune  Juba ,  accoutumé  aux  manières 
des  Romains,  prit  le  même  titre. 

Les  Duumvirs  capitaux  capitales  furent  aufli  appe 
lés  Duumviri perduellionis.  C'étoit  une  Magiftrature 
extraordinaire,  que  l'on  ne  créoir  qu'en  certaines 
circonftances  ,  pour  juger  les  crimes  de  leze  -  Ma 
jcfté.  Les  premiers  Duumvirs  de  cette  efpèce  furent 
ceux  que  l'on  nomma  pour  juger  Horace  qui  avoir 
tué  fil  lœur  ,  après  avoir  vaincu  les  Curiaces. 

^ZT  A  Rome,  C5:  dans  les  villes  municipales,  les 
Duumvirs  ,  furnommés  capitaux,  étoient  les  Juges 
criminels  j  Juges  des  affaires  où  il  alloit  de  la  vie  , 
&  d'autres  peines  afïliélives.  On  appeloit  de  leur 
Sentence  au  peuple  ,  qui  feul  avoit  droit  de  confir- 
mer le  jugement  de  mort  contre  un  Citoyen.  Ils 
étoient  tirés  des  Décurions.  Deux  Licteurs  mar- 
choient  devant  eux. 
Duumvirs  Municipaux.  Duumviri  municipales.  Les 
Duumvirs  tenoient  dans  les  Colonies  le  même 
rang,  &  avoient  la  même  autorité  que  les  Confuls 
a  Rome.  Ils  étoient  pris  du  corps  des  Décurions , 
Se  portoicnc  la  robe  prétexte,  ou  bordée  de  pour-' 
pre.  Cette  Majjiftrature  duroit  cinq  ans. 

ifT  Vigencre  compare  les  Duumvirs  Municipaux 
à  nos  Echevms.  Ils  étoient  plutôt  ce  que  (om  à- 
peu-prés  nos  BaiUifs  &  nos  Sénéchaux. 

Il  y  avoit  auili  à  Rome  des  Duumvirs  ,  qui 
étoient  les  ConiiviifiTaires  de  la  ALirine.  Ils  avoient 
le  foin  des  vailfeaux  &t  des  équipages ,  Ikc.  Ils  fu 
rent  créés  l'an  541  de  Rome. 

ffT  Ce  mot  etl  compofé  des  deux  mots  Latins , 
duo,  deux  ,  tk  virj  homme. 
DITUMVIRAL,   ALE.    adj.    Duumviralis.  Terme  de 
l'i-Iiftoif;  Romaine.  Ce  qui  a  rapport  aux  Duum- 
virs.  Office  duumv'iral. 


DÛUMViRAT.  f.  m.  Magiftrature,  Charge,  Office, 
Dignité  de  Duumvir.  Duumviratus  j  Duumviri 
munus  ,  dignitaSj  Alagijîratus.  L&,  Duumviraràuv:: 
jufqu'à  l'an  388.  de  la  fondation  de  Rome,  qu'il 
fut  changé  en  Décemvirat.  Le  Duumyirat  étoit  ho- 
norable &(.  utile. 

DUY. 

DUY.  f.  f.  Arbre  du  pays  des  Noirs ,  qui  porte  de» 
pommes  bonnes  à  manger.  Il  eft  d'une  hauteur ,  & 
d'une  épailfeur  médiocre. 

DUYNIS.  Voye-  DUNE. 

DUYTE.  f.  f.  Petite  monnoie  de  cuivre,  qui  fe  fa- 
brique ,  &  qui  a  cours  en  Hollande.  La  duyte  vaut 
environ  deux  deniers  en  France  :  huit  font  le  fou 
d'Amfterdam,  qu'on  nomme  vulgairement  Stuyver. 

DUZ. 

DU2;AMA.  Terme  de  Philofophie  hetmétique.  C'eft 
l'ouvrage  de  la  pierre  des  Sages. 

DYC. 

Ip-  DYCK  -  GRAVES.  C'eft  le  nom  qu'où 
donne  en  Hollande  à  ceux  qui  font  chargés  du 
foin  des  digues  &  éclufes  d'un  certain  diftrid:,  &C 
qui  font  obligés  d'en  faire  la  vifite  en  certains 
temps  marqués.     Encyclop. 


DYL. 


DYLE.    Foyei  DILE. 


D  Y  Mi 

DYMEL  roye^  DIMEL. 

DYMON.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Dymon,  C'eft 
l'un  des  quatre  Dieux  domeftiques  des  Egyptiens. 

DYN. 

DYNAMÈNE.  f.  f.  Nymphe.  Dynamene.  Elle  étoît 
fille  de  Nérée  &  de  Doris.  Héfiod  ,  Theogon.  Vi 
248. 

Ce  mût  eft  Grec  &  fignifie  puijjanty  dii^i'^fii  ^ 
poff'um. 
DYNAMIQUE,  f.  f.  Terme  de  Mathématique,  Se 
en  particulier  de  Mécanique.  Science  des  puilfan- 
ces,  c'eft-à-dire,  des  forces  qui  mettent  les  corps 
en  mouvement.  Dynamice.  La  Dynamique  eft  une 
partie  de  la  Mécanique.  Les  mouvemens  d'un  ou 
de  plufieurs  corps  tirés  par  des  cordes  ,  font  un  des 
principaux  objets  de  \3.  Dynamique  j  ou  fciencc  des 
forces  Ac.  D.  Se.  1755.  Hiji.p,  105.  On  trouve  au 
même  endroit,  Mém.  p.  i.  &  fuiv.  la  folution  de 
quelques  problêmes  de  Dynamique.  M.  Leibnitz  , 
dans  une  lettre  à  M.  Pélilîon  ,  en  i(Î9i  ,  promet  de 
travailler  à  un  Traité  de  la  Science  Dynamique.  Sa- 
lomon  de  Caux  ,  &  le  P.  Pardies ,  MM.  Vaiignon  , 
De  la  Hire  ,  Euler,  d'Alembert,  &:  autres  j  ont  fait 
des  ouvrages  dynamiques. 

0CF  Ce  mot  fe  dit  plus  particulièrement  aujour- 
d'hui, parmi  les  Géomètres,  de  la  fcience  du  mouve- 
ment des  corps  qui  agilFent  les  uns  fur  les  autres  , 
de  quelque  manière  que  ce  foit ,  foit  en  fe  pouf- 
fant,   foit  en  fe  tirant. 

Ce  mot  eft  Grec  ,  &  vient  de  «Wva^u  j  pui[[ancc^ 
force  ;  nom  verbal  ,   dérivé  de  ^may.ci.i  ,  je  puis. 

Ip-  DYNASTE.  f.  m.  Terme  d'hiftoire.  Petit 
Souverain,  c'eft-à-dire,  Prince  dont  les  Etats  étoient 
peu  confidérables ,  ou  qui  ne  régnoit  qu'à  titre  pré- 
caire, ou  fous  le  bon  piaifir  des  grandes  Puillances, 
telles  que  les  Romains.  Dynaflcs. 
DYNASTIE,  f.  m.  Terme  d'Hiftoire,  qui  fe  dit  à\im 
fuire  de  Rois  d'une  même  race ,  qui  ont  régné  l'un 
après  l'autre  dans  un  Royaume.  Dynafiia.  On  fait 
fouvcp.t  mention  d^es  Dynafiies  d'.-s  Perfes  ,  des 
Aif/ricns,  desMèdes,  &:c.  Manéthon  a  iaiiïc  Uiie- 


DYP     DYR     DYS 

Chronologie^  Hiftorique  d'Egypie,  Hivifée  en  trente 
Dynallies.  Foyci  Eulebe,  Syncclle,  le  P.  Riccioli, 
UlFerius  ,  qui  lapporten:  ces  DynajUes  ;  le  Chev. 
Marsham  dans  Ion  Canon  jEgyptiacus  ,  &  le  Pèie 
Pezion.  AnaqiJ.it.  des  temps  r-.'.ablie. 

Ce  mot  vienc  de  êuia^iU^  Gif:,  dérive  de  H^uUi , 
qui  fianifie  être  puijjuut -,  être  doi. 
DYPTIQUES.  Foy.  DIPTYQUES. 

DYR. 

bYRRACHIUM.  Ville  ancienne,  qu'on  nomme  au- 
jouid'hui  Durazzo.  A^oj/ej  ce  nom.  Il  cft;  bon  de 
dire  Dyrrachium  ^  quand  on  parle  de  l'Antiquité. 
C'oil  ainiî  qu'en  ulent  Godeau ,  Brébeuf,  M.  de 
Harlay  dans  fa  Fraduclion  de  Tacite  j  où  il  écrit 
Diirachium  ,  p.  460  ,  &  Dyrrachium.  Foye:^  aulîi 
Vigenère  fur  Célar. 

Cette  ville  s'appeloic  d'abord  Epidamne ,  Epi- 
damnum.  Pomponms  Mêla  dit,  L.  IL  C.  III.  que 
ce  font  les  Romains  qui  chanj^èrenc  ce  nom  ,  &  lui 
donnèrent  celui  de  Dyrmcliium ,  parce  que  celui 
iXEpidamnum  leur  parut  de  mauvais  augure ,  comme 
s'il  lîgnifioit ,  au  malheur  ,  pour  le  malheur,  &  com- 
me on  difoit  autrefois  en  François,  à  fon  dam.  Ils 
crovoientque  ce  nom  étoit  compofé  d'csri,  piopoli- 
tioii  Grecque ,  &  de  damnum  j  mot  Latin  ,  qui  fi- 
gnihe,  dommage  j  malheur  j  dam.  Appien  dit  que 
les  Grecs,  au  contraire^  évitèrent  le  nom  de  Dyrra- 
chium  j  comme  étant  de  mauvais  augure  ,  &  l'appe- 
lèrent Epidamne.  Scaliger  ,  fur  Eufèbe ,  rejette  ce 
que  difent  ces  deux  Autours  ,  &  prétend  ,  fondé 
peut-être  fur  la  raifon  que  nous  avons  rapportée  au 
mot  Durazzo,  que  la  ville  fut  appelée  Epidamne, 
&c  le  çon  Dyrrachium.  Mais  Vollius,  fur  l'errdroit 
de  Mêla  cité,  foutien:  que  Scaliger  fe  trompe;  que 
jamais  perfonne  n'a  appelé  Dyrrachium  le  port  des 
Epidamniens  \  que  les  plus  anciens  Grecs  difent 
que  c'étoit  la  Péninfule  ,  dans  laquelle  la  ville 
d'Epidamne  étoic  bâtie ,  qui  s'appeloit  Dyrrachium  ; 
&  il  eue  fur  cela  Erarofthène  &  Philon  ,  cités  avec 
d'autres  Auteurs  par  Etienne  de  Byzance,  StrabonJ 
Se  Paufanias.  Euftathius  met  Dyrrachium  dans 
l'Epire,  &c  l'en  appelle  la  Métropole. 

Dyrrachium  vient  du  Grec  Aupf*;^'»' qui  efl  la  même 
chofe  que  i^r^uxioi  Dyfrachium  ,  compofé  de  «^t 
quij  dans  la  compofuion  ,  fignifie  difficuement ,  &c 
de  fux'ci  un  rocher  qui  s'avance  dans  la  mer.  Ainfi , 
Dyrrachium  fignifie  un  rocher  de  diijicile  accès. 
Euftathius,  fur  Denis  le  Géographe,  v.  585,  dit 
qu'on  lui  donna  ce  nom  à  caule  que  ce  lieu  étoit 
exttèmement  étroit  &c  relferré.  Suidas  die  que  c'eft 
parce  qu'il  y  avoir  U  un  rocher  qui,  s'avançant  dans 
ia  mer,  &  brifant  les  flots  qui  venoient  frapper 
contre  j  étoit  d'un  très-difficile  accès.  C'eft  appa- 
remment aujourd'hui  le  Cap  Durano  _,  Se  plus 
commmunément  Capo  Palo. 

DYS. 

DYSANOGOGUE.  adj.  m.  &  f .  &  f.  .^«^««-/«yi^f  qui 
ell  difficile  à  expectorer.  Epithète  que  l'on  donne 
à  la  matière  épailFe  &  vifqueufe  j  logée  dans  les 
bronches. 

DYS  ARES,  ou  DIS  ARES.  f.  m.  Faux  Dieu  des  Arabes , 

duTertuUien,  Apol.  C.  14.  Di/ares.  Dans  l'édition 

de  TertuUien  faite  par  Aide  ,  on  lit  Diafares,  mais 

c'eft  une  faute.  Etienne  de  Byzance  l'appelle  AKs-afs!? 

Doupzres ,  &  dit  qu'il  y  avoit,en  Arabie ,  un  rocher 

très-haut  de  fon  nom  ,  Axs-âfri  Dufara  j  &  qu'il  étoit 

honoré  des  Arabes  &  des  Dacharéniens  ,  qui  font 

les  mêmes  que  les  Nabathéens.  Car  il  y  a  une  faute 

dans  HéfychiQS ,  lorfqu'il  die  que  les  Nabathéens 

honorent  le  Dieu  Doufares.    Il  faut  lire  NaJ^TaTm 

au  lieu  de  Uat^r^Àot.  C'eft  une  remarque  de  Thomas 

de  Pinedo ,  dans  fes  obfervacions  fur  Etienne  de 

Byzance  j  pag.  245  not.  91.  HéfychiusdirquaZ)^- 

fares  étoit  le  même  que  Denis  ,  ou  Bacchus ,  que 

l'on  prétend  n'ècre  autre  chofe  que  le  foleil. 


DYS  50^ 

Voflîus  croit  que  ce  mot  Dujares  vient  de  î^'n, 
duts  ,  qui  fignifiey;//c  y  &  XIN  ,  erets,  ou  arets  ,  qui 
veut  due  terre  ;  Dujares  ,  joie  de  la  terre;  que  ce 
ce  Dieu  eft  Bacchus ,  ou  le  Soleil.  Suidas  le  nomme 
<ê)iiiiri,^r,s  Theufares  ,  comme  fi  c'étou  Oser  a"()«  Dieu 
Mars  ;  mais  Bocharta  tiès-bien  remarqué  ,  PliaUg. 
L.  II.  C.   19.  qu'il  eft  ridicule  de  chercher  dans  la 
langue  Grecque  les  étyniologies  des  mots   Arabes. 
Munfter  ,  & ^  ap  es  lui  j  Pamélius  ,  dans  fes  Notes 
fur  TertuUien  ,  cruient  que  Dufares  vient  de  ifTi^T, 
dajchrefchi  qu'ils  interprècenc  errer,  marcher  comme 
un  homme  ivre-  Mais  ,  comme  remarque  encore 
Bochart  avec  beaucoup  de  fagacité  ,  c'eft  une  mé- 
prife  de  Munfrer,  qui  a  pris  un  T  pour  un  1 ,  dans 
la  paraphrafe  Childaïque,  Haïe  XIX.  14.  où  les 
mots  du  Prophète  1X'p3  "VSb  rî\'iT\\\1  ut  oberrat  ebrius 
in  vemitufuo ,  font  traduits  en  Chaldcen  ,  K'IT  ';?!3T 
«01  navnnttT»:;  m-  Munfter  a  lu  '^tH-xo  Middaf- 
chrefch  ^  aulieu  de  Middafchdejch  ,  &  il  a  cru  que 
l'on  diioit  en  Chaldéen  V'Mi'i  dafchrejch  ,  ou  daf- 
res ,  pour  fignifier,  fe  veautrer  comme  un  ivrogne  i 
qu'ainfi  ce  nom  daj'chrefch  venoit  de  là ,  &  conve- 
noit  fort  à  Bacchus  ;  mais  c'eft  dafchdefch ,  de  ï?n  , 
dufch.  Quant  à  Bwchart,  après  avoir  rejeté  ces  éty- 
niologies, il  propofe  la  fienne,  &:  prétend  que  T^'^fi- 
res  fe  prononçoic  &  s'écrivait  en  Arabe  TIlBiNn , 
Du-jfara  ;  car  ce  mot  fe  trouve  dans  Giggeïus  pour 
le  nom  d'une  idole  ;  que  néanmoins  ce  nom  n'ell 
point  Arabe ,  mais  moitié  Arabe  &;  moitié  Syria- 
que ,  compofé  de  n  ,  qui,  en  Arabe  ,  répond  au 
7^3  des  Hébreux,  félon  l'interprétation  de  Raphé- 
lange  ,  &  fignifie  Seigneur ,  Maître  ,  Podelfeur  , 
celui  qui  a  ,  qui  poftède quelque  chofe;  Se  de  nT:? , 
ou 'Tù>  ,    qui  iigmi\e  /otucio,  liberté,  affranchiirc- 
ment  ;  deforte  que  'TiïiKn  ,  Dufares ,  ou  Dyjrres , 
eft  la  même  chofe  que  Dominus  folutionis  j   eu  H- 
bertatis  ,  &c  répond  au  Liber pater  des  Latins  ,  &  au 
A'jcitc;  Se    Auj-(^£ço«nç  des  Gtccs  ;  qu'en   Hébreux  > 
Nomb.  VI,  3.iTTMr3>3ij;fignihe/o/^r^i;  &  exprejfio 
uvarumj  &  que  le  mois  de  Septembre,  où  fe  fait 
la    vendange ,  eft  appelé   pour  cela  '^^"^  ,  Tifri  ; 
qu'ainfi  Difares  peut  encore  fignifier  Dieu,  le  Sei- 
gneur de  la  vendange  ,   ou  du  prelfurage,  ce  qui. 
revient  au  nom  Grec  de  Bacchus  Au^r^,-  qu'enfin 
'1T.y  lignifie  convivium  ,  lui  feftin,   &  n,"ï/K  ^  epu- 
lari ,  faire   un  feftin;  d'où  nchj<n,  Dyfures ,  ou 
Dujares  ,  fignifiera  le  Dieu  des  feftins  ;  tous  noms 
qui   font  très  -  propres  de  Dyfares  ;   c'eft-à-dire  , 
de  Bacchus. 

Nicolaiis  Loenfis  ,  dans  fes  Mifcellanea  ,  croit , 
après  Marin  le  Philoiophe,  que  dans  Tertulien  il 
laut  lire  Thyandrites  ,  ou  comme  Suidas  fe  f  A'^w 
^n\\Q\x  as  Dyfares.  Denis  Godefroy  ,  Se  api  es  lui 
VolFius  ,  trouvent  encore  Dyfares,  ou  Dujfares , 
dans  un  autre  endroit  de  TertuUien  ;  car  ,  L.  II. 
adv.  Nation.  C.  S.  on  lit  j  Farfutlnam  Mau- 
rorum  ,  Obodaneduffirem  Arabum  ;  ils  prétendent 
avec  raifon,  qu'il  faut  lire,  Obedan  ù'  Duffarem 
Arabum,  La  correélion  eft  très-heureufe.  loyer  , 
fur  ce  Dieu  ,  Vofîius ,  de  IdoLol.  L.  II  C.  8.  à  la 
fin  ,  page   178.  Selden  ,  de  Diis  Syr.  Synt.  IL  C. 

4.  p.  2QJ  j   2Ç4. 

DYSART.  Petite  ville  ^  ou  gros  bourg  de  l'Ecolfe 
méridiona/e.  Dyfartum.  Elle  eft  dans  le  Comté  de 
Fife,  fur  ie  golfe  de  Forth ,  vis-à-vis  d'Edimbourg , 
à  quatre  iieues  au  nord.  Dyffard  a  droit  d'élire  des 
Députés  pour  le  Parlement  d'Ecofte.  Maty. 

DYSCOLE.  ad/,  de  t.  g.  Quelquefois  employé  fubf- 
tantivement ,  fignifie,  au  moins  dans  l'ufage  ordi- 
naire j  celui  qui  s'écarte  de  l'opinion  reçue.  Dif- 
colus.  L'Auteur  de  l'Efprit  de  Gerfon  dit  que  ^ 
quand  l'Empereur  Léon  voulut  faire  abattre  les  ima- 
ges ,  le  Pape  Grégoire  IL  procéda  ,  pour  le  fpiri- 
tuel,  contte  Léon  :  mais ,  lorfqu'il  vit  que  les  peu- 
ples d'Italie  pouffoient  leui  zèle  jufqu'à  vouloir  le 
dépofer  ;  il  les  appaifa  ,  Se  maintint  fon  autorité, 
tout  dyfcole  qu'il  étoir.  On  ne  trouveroit  pas  étrange 
qu'un  dyfcole  fût  privé  de  fon  bénéfice.  Rassicot. 
M.  Bayle  dit ,  dans  fa  Critique  générale  de  l'Hiftoire 


J04  D  Y  S 

du  Calvinîfme  :  Je  voudrais  bien  favoir  fi  l'inter- 
diction ,  les  cenfiires  &  les  pénitences  d'un  Moine 
dyfcole  n'appartiennent  pas  à  la  difcipluie  inté- 
rieure &  ordinaire  des  Communautés  Religieufes. 
Dyfcole  ,  dans  l'exemple  f  uivant ,  doit  êrie  expli- 
qué par  féparé  de  communion  ,  qui  profelFe  une 
Religion  diflérente.  Je  vous  avertis  de  bonne  heure , 
dit  le  Reéteur  Roze  dans  fa  Harangue,  que,  fi  vous 
ne  fournirez  à  l'appointement ,  il  y  a  danger  que 
nous  ne  nous  mettions  tous  à  prouver  qu'il  n'eft 
que  d'avoir  un  Roi  légitime  ;  eûam  dyfcole ,  pourvu 
qu'il  nous  lallFe  le  pain  de  Cliapitre ,  &  Purgatoire  , 
fans  rien  innover  jufqu'au  futur  Concile.  Sac. 
Mcnip.  in-8°,  p.  84.  6"  85.  Dyfcole  vient  du  Grec 


^ifKoXù;  latinifé  dans  la  Vulgate. 


Cotgrave  la  mis 


dans  fon  Diélionnaire.  Il  fignifie  rude ,  f:â,cheux,de 
mauvaife  augure^  difficile  à  contenter,  qui  ne  penfe 
pas  comme  les  aurres.  On  ne  le  dit  point  pour  tâ- 
•cheux  ,  homme  avec  qui  il  ell  difficde  de  vivre.  Il 
n'eft  ordinairement  employé  que  pour  déligner  ce- 
lui qui  eft  d'un  fentiment  différent  de  celui  des  au- 
,tres  j  en  matière  de  Doctrine.     Obedite   prapofids 
veflris ,  etiam  DyfcoHs. 
DYSENTERIR.    (   Prononcez   fortement  1'^.  )    f.  f. 
.  Terme  de  Médecine.    L'étymologie   demanderoit 
qu'on  écrivît  ainfi  i  &  c'eil  l'orthographe  que  fuit 
M.  Lemery.  Mais  l'ufage  prefque  général  efl  pour 
dyfjencerie.  C'ell:  proprement  un  flux  de  ventre  fan- 
gninolent,  accompagnédedouleurs  &  de  tranchées. 
Dyjfenteria,  intefiinorum  difficultcis,  tonnina.  Le  ter- 
me de  diffenterie ,  dans  fa  fignification  particulière  , 
dédgne  l'efpèce  de  flux  de  ventre,  qui  elt  caradlérifé 
par  la  fréquence  des  déjeélions  ,  l'épanchement  du 
/ang  &  les  tranchées.    La  fièvre  ,  l'ulcère  ,  &c,  ne 
font  pas  de  l'effence  de  cette  maladie  ;  quoique  , 
quant  à  l'ulcère ,  la  plupart    des   anciens  &c  d  ha- 
biles modernes  j  le  prétendent    f^oy.  le  Traité  de 
la  Dyffenterie  de  M.  Maubec.    Ceux  qui  en  font 
attaqués  jettent  auffi  quelquefois  avec  les  excré- 
mensj  du  pus  &  de  la  fanie  ,    &  quelquefois  des 
mucofités  blanchâtres  j  &  des  raclures  de  boyaux  j 
en  forme  de  petites  peaux.  Ces  raclures  ne  font  au- 
tre chofe  que  quelques  mucofités  delFéchées  j  qui  le 
détachent  des  boyaux,  où  elles  s'étoient  collées.  Il 
y    a    une  dyffenterie   ^ert/^«<;,  qui  n'eft  point  con 
lagieufe  d'ordinaire  ,  ni   accompagnée  d'accidens 
fort  fâcheux.  Il  y  en  a  une  maligne ^,  qui  eft  jointe 
à  une  fièvre   peftilentielle,  &  qui  fe  communique , 
ravageant  des   villes    &  des    provinces    entières  5 
celle-ci  arrive  fouvent  dans  les  armées  j  à  caufe  des 
méchantes  eaux  ,  &  des  mauvais  alimens.  La  dij- 
fenterie  eft  ptoduite  par  uue  bile  j   ou  par  quelque 
autre  humeur  acre   &   corrofive  ,    qui    ouvre   lei 
vailfeaux  des  inteftins,  qui  en  picote  les  membra- 
nes j  &  qui  enfin  les  ulcère.    Il  y  a  une  déjeélion 
fanguinolente  j  où  le  fang  coule  par  bas  fans  dou- 
leur, &  fans  que  les  boyaux  foient  blefles  j  qui 
ne  s'appelle  dyffenterie  c^ue  fort  improprement. 

La  caufe  prochaine  de  la  dyfenterie  ,  eft  une  hu- 
meur acre  &  corrofive  qui  ulcère  les  inteftins  :  les 
caufes  éloignées  font  les  méchans  alimens,  les  fruits 
d'automne,  les  raifins,  le  vin  nouveau  pris  avec 
excès,  les  poifons ,  les  médicamens  violens  ,  les 
eaux  qui  paffent  par  des  canaux  de  plomb  ,  ou  par 
de  vieux  canaux  j  l'air  pluvieux  du  printemps  après 
lin  hiver  fec  ,  l'air  chaud  &  fec  de  l'été  &  de  l'au- 
romne  ,  quelque  contagion  qui  règne.  La  partie 
que  cette  maladie  affeéle  font  les  inteftins,  ou  les 
gtêles,  ou  les  gros,  ou  tous  enfemble  :  quand  la 
caufe  du  mal  eft  dans  les  grêles  ,  les  tranchées 
commencent  long-temps  avant  les  felles  ;  la  dou- 
leur eft  vive  ,  &  fe  fait  fentir  aux  environs  &  au- 
delTus  du  nombril  ;  les  excrémens  &  le  frng  font 
plus  mélangés  ,  parce  qu'ils  font  plus  long-temps 
enfemble  :  quand  les  gros  inteftins  font  attaqués,  la 
douleur  efr  moins  forte,  elle  fe  fait  fentir  plus  bas  \ 
les  excrémens  fortent  en  même  temps  que  les  tran- 
chées commencent  ;  le  fang  nage  delTus  ,  &  n'eft 
pas  mêlé  avec  les  excrémens. 


D  Y  S 

Les  caufes  de  la  dyjjencerie  font  à(^s  férofitcs,  ou 
d'autres  mauvaifes  humeurs  féparées  de  la  malle  du 
lang  ,  d'où  s'enfuit  une  trop  grand  fermentation 
dans  le  fang,  &  une  dilfolution  de  fes parties,  qui 
deviennent  trop  liquides.  Ceft  la  première  caufe. 
La  caule  fecondaire,  comme  pai  lent  quelques  Mé- 
decins j  c'eft  une  vellication,  &  une  irritation  des 
fibres  nerveules  des  inteftins,  caufée  par  des  hu- 
meurs acides  ,  acres,  féparées  du  fang;  qui  fait  que 
les  fibres  fpirales,  qui  produiient  le  mouvement  pé- 
riftaltique  du  ventricule  &  des  inteftins  ,  fe  meu- 
vent  trop  vite ,  &  que  les  humeurs  font  poulfées 
trop  vite  à  la  cavité  des  boyaux  ,  &  chalîees  trop 
rôt  par  l'anus.  La  caufe  médiate  eft  quelque  corps 
étranger  qui  adhère  fortement  aux  intifcins ,  &  par 
fes  pointes  &  fes  aiguilles  picotte  violemment,  & 
avec  impétuofité,  les  fibres  nervcufes  des  inteftins. 
Les  caules  éloignées  font  tout  ce  qui  peut  corrom- 
pre lamaftedufang,  tels  que  font  les  fucs  vifqueux, 
cruds ,  acides  ,  acres,  iScc.  trop  manger  des  fruits 
deté  ,    &C. 

Rarement,  les  purgatifs  font  de  bons  effets  dans 
la  dyfenccrie ,  parce  qu'ils  augmentent  la  fermenta- 
tion du  fang  ,  ôc  irritent  de  plus  en  plus  les  fibtes 
des  inteftins.  Les  émétiques  n'y  font  guère  d'ufage 
non  plus  J  parce  qu'ils  attirent  dans  le  ventricule  , 
ou  pour  le  moins  dans  les  inteftins  fupérieurs  ,  les 
humeurs  peccantes ,  &  caulcnt  de  plus  fréquentes 
felles.  Les  remèdes  ballamiques  &  ftiptiques  font 
ceux  dont  il  fa.ut  ufer  félon  les  différentes  caufes 
&  les  différens  lymptômes  de  la  maladie.  L'Jpeca~ 
cuanha,  dont  on  doit  la  découverte  à  M.  Helvétius, 
a  cela  de  (ingulier  ,  qu'il  corrige  le  levain  dyffen- 
térique  à  meiure  qu'il  l'évacué.  Borry  ,  dans  fa 
lettre  à  Bartholin  ,  dit  qu'il  n'y  a  point  di  meilleur 
remède  pour  la  dyjfentene ,  que  l'eau-rofe ,  où  l'on 
a  éteint  de  l'or. 

Ce  mot  vient  de  ^It ,  qui  fignifie  ,  Avec  peine, 
avec  difficulté ,  6c  de  '«mfov  ^  inteftin.  Difficulté 
d'inteftins. 
DYSENTERIQUE.  (  Ecrivez  DYSSENTÉRIQUE  , 
conformément  à  lulage.  )  Qui  a  la  dyllentetie. 
Dyfemeria  laborans.  Guérir  ,  traiter  un  dysentéri- 
que. Ce  mot  ne  fe  dit  pas  feulement  fubftantive- 
ment  d'un  malade  quia  la  dyffenterie,  mais  c'eft 
encore  un  adj.  m.  éc  f.  qui  fignifie  ce  qui  a  rap- 
port ,  ce  qui»  appartient  à  la  dyilenterie.  Dyfen- 
tericus  ,  a,  um.  h  Ipecacuanha  eft  un  remède  divin 
pour  les  dévoiemens  &  flux  dyffentjriques  ;  il  eft 
en  même  -  temps  émétique  j  cathartique  &  aftrin- 
gent.  BoLDUC  Acaddm.  des  Scienc.  1700.  Mém. 
pag.  2. 
tfT  DISERT.  Voyei  Disart. 

DYSPEPSIE,  f.  f. "Terme  de  Médecine.  Difficulté  de 
digérer.  Dyfpepsia  \  difficdis ,  Agra  concoclio.  La 
dyfpepsie  eft  caufée  par  le  vice  des  humeurs  ,  ort 
par  le  manque  de  forcedans  les  organes  qui  fervent 
à  la  digeftion. 

Ce  mot  vient  de  ^!>s ,  difficilement,  avec  peine  , 
Si  de  TtiTTtiv ,  cuire. 
DYSPNÉE,  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Difficulté  de 
refpirer.  Dyfpnea  ,  fpirandi  difficultas.  La  dyfpnée 
a  trois  degrés  \  favoir ,  la  courte-haleine  ,  l'afthms 
&  l'orthopnée.  La  courte-haUine  ,  qui  retient  aufli 
le  nom  de  dyfpnée  ,  eft  une  difficulté  de  refpirer  qui 
n'eft  pas  fort  grande.  L'afthme  eft  une  difficulté  de  ref- 
pirer plus  grande,  accompagnée  de  ronflement  &  de 
fifflement.  L'orthopnée  eft  la  plus  violente  de  toutes , 
les  malacles  ne  pouvant  demeurer  couchés,  &  étant 
obligés  d'être  debout,  ou  aflis ,  afin  de  pouvoir  ref- 
pirer. Les  caufes  les  plus  fréquentes  de  la  dyfpnée  ^ 
font  les  flegmes  contenus  dans  les  bronches ,  &  la 
conG  itution  trop  forte  de  ces  mêmes  bronches  ,  qui 
empêchent  l'entrée  facile  de  l'air  dans  les  poumons. 
Ce  mot  vient  de  ^U ,  difficilement  ,  mal-aifé- 
ment,  &  de  ît«»  ,  je  refpire. 
DYSRACHITIS.  C  f.  Nom  d'une  emplâtre  dont  on 
trouve  la  defcription  dans  Galien  ,  de  compositions 
msdicamcntorum  per  gênera  3  L.  V.  C.   s.  &  il  la 

recommande 


D  Y  s 

recommande  pour  la  filiale  j  &  les  fmus  calleux  , 
(CT  DYSSENTERIE  &  DYSSENTERIQUE.  royei 

DVbENrERIE. 

DY5SYLLABE.  yoyex  Disyllabe. 

DYS THYMIE.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Anxiété , 
mal  aile  ou  abatuemen:  d'efprit.  Dyjlhymia,  De 
«S'ij,  qui  faïc  entendie  ici  le  mal-aife,  &  de  '»^W 
ejprit. 

DYbTHOCHIE.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Accouche- 
ment laborieux.  Dyfiochia.  De  ^s  ,  difficilement 
Se  de  Ti'jtra ,  meure  au  monde. 

DYSTRE.  f.  m.  i>y7?raj.  Terme  de  Chronologie.  Cin- 
quième mois  Syro  -  Macédonien  ,  qui  répond  à 
Mars,  en  commençant  quatre  jours  plutôt.  Chas- 
TELAiN.  J'^oyei  Eusèbe ,  Hifi.  Ecdef.L.  FUI.  C.  j.\ 
&  l'Hicrolexicon  des  Macry.  Le  Dyjire  répondoit 
au  mois  de  Février  chez  les  Macédoniens  ,  les  Grecs 
d'Alie  ,  à  Ephèfe,  à  Pergame  j  &c.  Et  au  mois  de 
Mars  chez  les  Macédoniens  de  Syrie  ,  à  Antiochc  , 
à  Gaze  ,  chez  les  Arabes  &  d'autres  Orientaux,  A 
Tyr  ilétoit  aulH  le  cinquième  mois  \  mais  il  répon- 
doit au  mois  d'Avril  ,  &  de  même  dans  la  Lycie  , 
aufll  -  bien  qu'à  Sidon.  Mais  chez  les  Achéens  il 
,  étoit  le  troilième  ,  &  répondoit  à  Mars.  Fabrïcii 
Menolog.p.  42  ,  44,46  ,  47 ^  4%. 

DYSURIE.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Difficulté  d'uti- 
ner,  accompagnée  de  douleur  Se  d'une  fenfation  de 


D  2  W  joj 

;  chaleur.  ByCuria  ,  difficultas  urlns,.  On  l'appelle 
^\\&.  ardeur  d'urine  ,:^z.x<iQ  qu'il  femble  que  l'urine 
en  pairant  brûle  l'urètre.  Cette  maladie  diffère  de 
la  ftrangurie  ,  en  ce  que  dans  celle-ci  l'urine  ne  fore 
que  goutte-à-goutte  ,  au  lieu  que  dans  la  dyfuric 
elle  coule  fans  interruption,  &  fouvent  en  la  quanti- 
té requife.  La  fupprellion  d'urine  totale ,  dernier 
période  de  la  ftrangurie  ,  s'appelle  Ikhurie.  Les 
caufes  les  plus  ordinaires  de  la  dy furie  ,  font  l'acri- 
monie de  l'urine,  &  l'excoriation,  ou  l'exulcéra- 
tion  du  col  de  la  veflîe  j  &  du  canal  urinaire. 

Ce  mot  eft  Grec ,  compofé  de  la  particule  <^î*, 
difficilement,  avec  peine,  &  de  éju»,  uriner. 

D  Z  W. 

DZWINE  ,  ou  DUNE.  Grande  rivière  de  Pologne. 
Duna  ,  Duina.  Elle  prend  fa  fource  près  de  celle 
de  Volga ,  dans  le  Duché  de  Refckw  en  Mofcovie. 
Elle  traverfe  enfuite  la  Lithuanie  où  elle  baigne 
Witcpsk  &  Poloczk: ,  &  enfin  ayant  féparé  la  Cur- 
lande  de  cette  dernière  Province  ,  &  palTé  à  Dune- 
bourg  &  à  Riga  ,  villes  de  la  Province  de  Livonie  , 
elle  dégorge  fes  eaux  dans  Te  golfe  de  Riga  â 
la  forterelTe  de  Dunemonde.  On  croit  que  cette 
riviète  eft  celle  que  les  Anciens  nommoienc 
Rubo. 


Tome  HT. 


Sss 


yo6 


f.  m. Cinquième  Lettre  de  l'Alpha- 
bet, la  féconde  des  voyelles.  Un  e 
bien  formé  ,  un  grand  E ,  un  e  ac- 
centué. La  prononciation  de  cette 
lettre   eft  fort    difficile   pour  les 

!  Etrangers.  Il  faut  diftuiguer  au 
moins  lix  fortes  d'E  en  François. 
^  Le  premier  eft  celui  qu'on  pronon- 
ce comme  a  ,  enfe'gner  j  empor- 
ter. Orient,  Occident.  Prononcez  anjeigner  ^  ampor- 
ter ,  Oriantj  Occidant.  J'appelle  le  fécond  e  François 
l'e  muet  final  ;  c'eft  celui  qui  ne  fe  trouve  jamais  que 
dans  la  dernière  fyllabe ,  &  qui  ne  fe  prononce  point 
du  rout.  Il  rend  même  muettes  les  confonnes  ne  ou 
s,  quand  il  les  précède  dans  la  dernière  fyllabe  de 
nos  noms  &  de  nos  verbes.  Ainfî  bonne ,  bo/m  j 
bonnes ,  bonét,  j  àoane,  dat\  donnent,  dant,  fe  pro- 
noncent en  François  tout  comme  on  prononceroit 
bonn  &C  donn.  Dans  la  fuite  du  difcours  la  voix 
coule  par-defTusceteimperceptiblemen:  &  fans  s'ar- 
rêter. Aufli  notre  verfification  ne  peut  foufFrir  cet  e 
dans  les  endroits  qui  demandent  du  repos  ,  comme 
dans  la  fyllabe  qui  porte  céfurcj  en  quelques  vers 
que  ce  foit. 

J'appelle  letroifième  e  prefque  muet.  Il  fe  trouve 
à  la  fin  des  monofyllabes  ,je  ,de  ,te.  ^  &cc.  &  pour 
lors  fa  prononciation  appioche  un  peu  du  fon  de  la 
diphtongue  eu.  AmCije^  ego  ,  fe  prononce  prefque 
comme  JEU  ,  ludus.  Lorfque  dans  les  monofyllabes 
cet  e  fe  trouve  fuivi  d'une  j  j  &  que  le  mot  fuivant 
commence  par  une  voyelle  ,  ou  ,  ce  qui  eft  la  même 
cliofe,  par  une  A  douce  ou  muette,  le  bel  ufage  a 
introduit  une  règle  particulière.  C'eft  que  dans  la 
converfation  on  coule  fur  cet  e  qui  devient  tout-à- 
fait  muet,  les  âmes ,  les  hommes ,  les  honneurs,  les 
amours  :  cela  fe  prononce  comme  s'il  y  avoit  l\  hom- 
mes ,  /ç  honneurs ,  /^  amours  :  mais  dans  un  dif- 
cours public  on  prononceront,  &  on  appuie  fur  cet 
es,  comme  s'il  y  avoit  ^w  ,  lais  âmes  ,  lais  hom- 
mes ,  lais  honneurs  ,  lais  amours.  Cet  e  fe  trouve 
auffi  dans  notre  langue  au  milieu  des  mots  ,  foit  en- 
tre deux  confonnes  j  foit  après  une  voyelle  ,  &  de- 
vant une  confonne.  Lorfqu'il  eft  entre  deux  con- 
fonnes ,  il  a  un  fon  obfcur ,  &  comme  impercep- 
tible. Il  eft  dans  notre  langue  ce  qu'eft  en  Hébreu 
le  point  voyelle  que  les  Grammairiens  appellent 
fcheva.  C'eft  un  e  très-obfcur  ,  qu'on  eft  obligé  dans 
toutes  les  langues  de  fous-entendre  ,  quand  on  veut 
prononcer  deux  confonnes  de  fuite  dans  la  même 
fyllabe  ,  fur-tout  (i  ces  deux  confonnes  font  un  peu 
fortes  à  prononcer.  Toute  la  différence  qu'il  y  a  là 
deftiis  entre  les  autres  nations  Se  nous ,  c'eft  que 
nous  écrivons  cet  e  ,  que  les  autres  nations  n'écri 
vent  point  \  mais  la  prononciation  eft  à-peu-près  la 
même.  Ainfi,  en  écnvant peloufe  ^  éperon,  nous  pro 
nonçons  comme  on  prononceroit  ailleurs  j  plou':^  , 
épron.  Enfin  cet  e  prefque  muer  fe  trouve  quelque 
fois  après  une  voyelle  &  devant  une  confonne  ;  & 
pour  lors  il  ne  fair  qu'alonger  un  peu  la  voyelle 
lur-tout  dans  quelques  temps  formés  des  infinitifs 
en  er.  J'avouerai  ,  je  piierois  :  il  £iut  prononcer 
prefque  je /riroij  ,  en  fiiifant  l'i  un  peu  long  ;  en- 
jouement,  il  faut  alonger  l'o«  qui  précède  l'e,  & 
ainfi  des  autres;  mais  il  fiut  toujours  conferver  l'e 
dans  l'écriture ,  &  il  ferr  pour  lors  à  marquer  la 
racine  ,  l'étymologie  .  &;c.  Au  refte  ,  cet  e  pref- 
que muet  eft  fi  infenfible  dans  la  prononciation 


qu'il  n'eft  point  compté  dans  les* vers.  Ainfi 
prierons  ne  fait  que  deux  fyllabes  dans  te  vers  de 
M.  Racine. 

Et  nous  le  prierons  tous  de  nousfervir  de  père. 

Cete,  aufli-bien  que  le  précédent  ,  s'appellent  e 
féminin  ,  tant  parce  qu'Us  font  trop  foibles,  que  par- 
ce qu'ils  fervent  à  former  les  féminins  des  adjeéiifs. 
Ainfi,  du  mafculin  l'homme  eo^iiwr,  on  forme  le 
féminin,  \a.  kmvaQ  confiante  ,  voilà  l'e  muet  i  6c, 
du  mafculin  aimé ,  on  forme  le  féminin  aimée ,  voilà 
l'e  prefque  muet. 

Le  quatrième  e ,  eft  l'e  fermé  ,  qu'on  appelle  auiîî 
l'e  mafculin,  parce  qu'entr'autres  ufages  il  fert  à 
marquer  le  mafculin  des  participes  paftifs  dans  les 
verbes  en  er  j  comme  aime ,  change.  Il  eft  toujours 
accentué ,  quand  il  termine  le  mot  ,  comme  dans 
bonté ,  facilite',  &c.  au  pluriel  des  noms  &  des  ver- 
bes ,  il  eft  fuivi  d'une  s ,  bontés  ,  facilite.?.  Quel- 
ques-uns mettent  auffi  un  s  aux  fécondes  perfonnes 
des  verbes.  Vous  nimés  ,  vous  Vilés  ,  vous  croyez. 
Mauvaife  orthographe.  Il  faut  un  ^  à  la  place  de  l's. 
On  ne  doit  écrire  ni  prononcer  de  la  même  façon 
enfansaimej,  les  enfans  que  vous  aimej.  Au  com- 
mencemenr  &  au  milieu  des  mots  cet  e  fermé  de- 
vroit  toujours  être  accentué  ;  mais  cette  exactitude 
eft  difficile  à  garder  j  &  bien  des  gens  y  manquent. 
L'e  fermé  ,  ou  mafculin  ,  rime  fort  bien  avec  la 
diphthongue  ai  du  préfent ,  du  prétérit  indéfini,  & 
du  futur  des  verbes  j  Ôc  par  conféquent  il  a  parfaite- 
ment le  même  fon. 

Vaincu ,  chargé  de  fers ,  de  regrets  confumé  , 
Brillé  de  plus  de  feux  que  je  n'en  allumai.  Rag. 

Le  cinquième  e  eft  l'e  ouvert ,  qui  eft  alongé  dans 
la  prononciation  Françoife ,  comme  il  l'eft  en  Latin 
dans  les  pénultièmes  longues ,  concéda  ,  albedo. 
Nous  marquons  fouvent  cet  è  en  François  par  un 
chevron,  ou  accent  circonflexe  ,  honnête,  tàe  j  on 
le  mari}uoit  autrefois  par  une  s  qu'on  ne  prononçoit 
poinr  j  honne/îe ,  fore/t.  Nous  avons  dit  que  l'e  fer- 
mé a  le  même  fon  que  la  fimple  diphthongue  ai  ; 
&  l'e  ouvert  a  le  même  que  la  diphthongue  ai  alon- 
gée  &  marquée  d'un  circonflexe ,  ou  fiiivie  d'une/^ 
muette.  Ainfi  Feste  ou  Fête  ,fejlum  ;  &  Faiste  ou 
Faite  ,  fafligium  _,  ont  parfaitement  le  même  fon. 
Cet  e  ouvert,  au  lieu  d'un  circonflexe,  ne  prend 
fouvent  qu'un  accent  aigu  dans  la  dernière  fyllabe 
des  noms  dont  le  fingulier  auffi-bien  que  le  pluriel 
eft  en  es  ,  comme  acce'j ,  accès  j  proce'^  ,  &c.  dans 
les  prépofitions  &  adverbes  de  même  terminaifon, 
pre'^,  aprej  ,  &c.  D'autres  y  mettent  un  accent  gra- 
ve \  Se  c'eft  ce  que  nous  avons  fait  dans  ce  Didtion- 
naire-ci,  parce  que  cet  e  eft  fort  diftérent  de  l'e 
fermé ,  fur  lequel  l'ufage  eft  de  mettre  un  aigu. 
Foye-^  notre  Préface.  Néanmoins  dans  chés,  apud  y 
aflèV  ,  jatis  j  félon  quelques  -  uns  ,  l'e  eft  for- 
mé j  &  non  pas  ouvert.  C'eft  pourquoi  ajfés  ri- 
me avec  les  pluriels  des  noms  dont  le  fingulier  eft 
en  e. 

Quelques  faux  brillans  mal  placés  , 

Toute  la  pièce  efi  admirable  : 
Un  mot  leur  déplaît ,  ceji  affés  , 

Toute  la  pièce  efi  déteflable.  Des-H. 


Cet  e  même  n'a  point  du  font  d'accent  dans  la  pé- 
nultième ,  lorlqu'il  eft  ûuvi  de  deux  r/-,  comme 
guerre  ,  tonnerte,  non  plus  que  dans  la  dernière 
lyllabej  iorfqu'iï  efl:  fuivi  d'une  r  faille  &  fur  la 
quelle  on  appuie,  comme  mer,  îcr:  Te  eft  ouvert 
dans  ces  mots  \  &  ii  l'on  n'y  met  pas  l'accent  grave  , 
qui  y  feroit  nècelfaire  ,  c  elt  que  l'ulage  ne  le  per- 
met pas.  Car  lorfque  cer  r  hnal  ell  ninet ,  Xer  dans 
le  diicours  ordinaire  a  le  ion  de  IV  fermé  ou  accen 
tué  ,  Roclifr ,  ripes  ,  changer ,  mutarc  :  on  prononce 
rochi ,  change.  Ajoutez  à  ceux-ci  léger,  quifepro- 
nonce  comme  fi  l'on  écrivoit  lége'  avec  l'accent  ai- 
gu fur  IV  de  la  dernière  fyllabe.  Mais  le  mot  CAe- 
y'taulger ,  ell  une  exception  de  cette  règle  j  &  il  fe 
prononce  avec  l'è  ouvert.  C'ell  un  compofé  ,  qui 
ne  retient  point  la  prononciation  ordinaire  de  léger. 
Nous  dirons  ailleurs  que  cet  r  final  doit  fe  pronon- 
cer j  lorfqu'il  ell  fuivi  d'un  mot  qui  commence  par 
une  voyelle  j  ou  qu'il  fe  trouve  placé  à  la  fin  d'un 
vers,  dont  la  rime  demande  qu'on  falle  fentir  l'rdans 
la  prononciation. 

Le  fi.xième  e  eft  médiocre  ou  mitoyen  entre  l'e 
ouvertiSc  l'e  fermé  ,  ayant  un  fon  plus  plein  que  l'e 
fermé,  &  moins  ou  vert  que  l'^qu'on  nomme  pro 
prement  ouvert.  Ct,  e  médiocre  a  un  fon  bret  &: 
coupé  ,  comme  dans  la  dernière  iyllabe  de  ces 
mots,  cabinef  ,  o'njer  j  difcrer  ;  dans  la  première 
de  /neare,  /eare  ;  &  dans  la  pénultième  de  Ihopht- 
te  i  InteiT'rète.  Les  régies  de  la  rime,  qui  font  fort 
févères  dans  la  verfification  Françoife,  font  bien 
fentir  laditlérence  entre  cet  e  médiocre  Se  l'e  ouverr. 
Car,  par  exemple  ,  mettre  ,  ponere  ,  ne  rime  point 
avec  Maître  ,  Mugijîer ,  m  lettre,  lictera,  avec 
ÊTRE ,  ejfe  ;  &  cela  prouve  que  le  fon  en  eft  entière- 
ment dittérent. 

On  pourroit  encore  trouver  une  feptième  efpèce 
d'e  ,  qui  ell  l'e  fimple  ,  qui  n'eft  point  muet ,  &  qui 
n'eft  proprement  ni   ouvert  j  ni    fermé  j  ni  mé- 
diocre ,  ni  long  ,  ni   bref  j  comme  dans  les  der 
nières  fyllabes  de  ces  mots,  Grammairie/z,  Hifto 
rie« ,  &c. 

Après  toutes  ces  règles ,  il  faut  convenir  que  l'u 
fage  eft  le  plus  sur  de  tous  les  maîtres.  L'e  muec  h 
liai  eft  celui  qui  coûte  le  plus  aux  Etrangers.  Il  y  a 
môme  des  Provinces  de  France  ,  où  on  le  prononce 
fort  mal,  &où  les  petits  enfans  difent  ma  mercj, 
au  lieu  dédire  , /72^  mère.  Dans  le  langage  vulgaire 
deTouloule  ,  on  donne  à  cet  e  final  &  muet  un  fon 
fort  approchant  de  l'e'accenrué. 

Quelquefois  l'e  n'a  aucun  des  fons  qu'on  vient  de 
marquer,  ce  qui  arrive,  lorfqu'il  elt  dans  une  mê- 
me fyllabe  devant  une  autre  voyelle  \  &  alors  quel- 
quefois il  tonne  une  diphthongue  ,  comme  dans 
les  mots/eu,  malheur,  Ôic.  Quelquefois  l'e  fe  perd 
entièrement ,  &:  on  ne  le  prononce  point  du  toat , 
comme  dans  malheureux ,  heureux,  qu'on  pronon- 
ce mal/^i/ieux,  huneuK  ;  <i:ins  Jeindre  ,  peindre  ,  &c. 
qu'on  prononce  comme  s'il  y  avoit_yï'«dre  ,  pindre  j 
devant  un  aUcun  o  dans  mangea  j  partagea  ,  man- 
geons,  partageons  ,  mangea/ enc,  partageaient,  & 
dans  les  autres  mots  femblables ,  où  l'e  ne  fert  qu  à 
adoucir  le  fon  du  ^  ,  Se  à  le  faire  prononcer  comme 
un/  confonne  dans /.'mais  ,  yoconde  ,  &c. 

Ceux  qui  ne  diftmguent  que  trois  efpèces  d'e,  qui 
font  l'e  muet,  l'e  ouvert,  <k  l'e  fermé  ,  avouent 
qu'il  y  a  plufieurs  degrés  ilans  la  prononciation  de 
ces  e  \  ce  qui  eft  la  mèms  chofe  que  s'ils  diftin- 
guoient  plulieurs  efpéces  d'e. 

Les  Latins avoient  aulfi  des  cdifferens  :  l'un  ctoit 
plus  ouvert ,  e  vajtius  j  tel  étoit  le  dernier  dans  hè- 
re ,  vocatif  de  herus,  maître  :  l'autre  étoit  plus  fer- 
me ,  tel  que  celui  de  l'adverbe  herè  ,  hier.  Ce  der- 
nier e  &:  Vi  fe  changeoient  fouvent  l'un  &  l'autre. 
Ainfi  ,  pour  herè ,  on  dit  heri\  Se  l'on  trouvoit  fou- 
vent  yT/^e,  quafe  ,  &c.  pour  _0i  Se  qu.iji  j  &  Tire- 
Live  fe  fervoit  fouvent  de  ces  fortes  de  mors.  L'e 
Latin  s'exprimoit  aulfi  quelquefois  par  a.  C'eft  pour 
cela  que  quelques  Antiquaires  ont  prétendu  que  la 
médaillç  de  Gallien,  qui  a  pour  Infcription ,  GAL- 


E  A  C  yoy 

LIEN.£  AVGVSTJE  ,  n'eft  point  une  médaille  fa- 
tyrique  ,  comme  d'autres  le  vouloicnr ,  &:  que  ces 
mots  ne  iont  point  un  datif  féminin  ,  mais  le  vo- 
catif maiculin  ,  CalUene  Augujle  écrit  par  un  <t. 

Quant  à  la  forme  de  cette  lettre  E  ,  nous  l'avons 
prile  des  Latins  ,  qui  la  tenoient  des  Grecs  :  ceux- 
ci  l'avoient  reçue  des  Phéniciens ,  &;  de  Cadmus 
qui  la  leur  avoir  portée.  Car  lesPhéniciens  avoienc 
la  même  langue  &  les  mêmes  caraciilères  que  les 
Hébreux  :  or  la  forme  du  he  Hébreu  étoit  la  même 
que  celle  de  notre  E  ,  ainfi  qu'on  le  peut  voir  fur 
les  médailles  Hébraïques ,  &  dans  la  Ditrertation 
du  P.  Soucier,  Jéfuite,  fur  ces  médailles,  &  fur 
les  premières  lettres  Hébraïques,  p.  143.  Toute  la 
différence  qu'il  y  a  ,  c'eft  que  les  Hébreux  lifanc 
de  droit  à  gauche,  ils  tournoient  cette  lettre  en  ce 
fens  ,  'J  ,  au  lieu  que  les  Grecs,  les  Latins  j&  toutes 
les  langues  modernes ,  lifant  de  gauche  à  droite, 
l'écrivent  dans  un  fens  -différent,  E.  Enfuite  j  en 
écrivant  vite  &  faifant  la  traverfe  d'en  haut ,  la  per- 
pendiculaire y  Se  la  traverfe  d'en  bas  tout  d'un  traie 
Se  fans  lever  la  main  ,  on  l'a  arrondie  comme  un 
C  ;  puis  ajoutant  la  traverfe  du  milieu  ,  de-là 
s'eft  formé  e  ,  qui  eft  la  petite  forme  de  cette 
lettre. 

Les  Imprimeurs  appellent  e  tréma  un  ë  fur  lequel 
il  y  a  deux  petits  points  ,  Se  un  é  acut ,  celui  qui  eft 
accentué. 
E,  fur  les  monnoies ,  marque  celles  qui  font  fabriquées 

à  Tours. 
E  ,  fur  les  touches  d'un  clavier  d'orgue,  ou  de  clavef- 

fin  ,  marque  les  tons  E  mi  la. 

E ,  fur  la  bouffoUe  ,  ou  compas  de  mer ,  Cartes  marr- 

nes,  &c.  marque  le  vent  d'Orient,  qu'on  nomme  est 

dans  les  mers  du  Ponent.  E.  £/l.  ÊSE.   EJt-Jud-eJl, 

NE.  Nord-Est ,  Sec.  ^ 

E  ,  dans  les  lettres  ,  Epîtres  dédicatoires.  Gazettes  & 

livres  d'Hiftoire  moderne,  fe  met  par  abréviation 

pour  Excellence  ,  ou  Eminence.  V.  E.  f^otre  Excel- 

.    Lence  3  ou  Votre  Eminence ^  S.  E.  Son  Excellence  , 

fon  Eminence ,  &c. 
E  j  dans  les  Calendriers  Eccléfiaftiques ,  eft  la  cin- 
quième des  fept  lettres  qu'on  nomme   Domini- 
cales. 

On  trouve  dans  bien  des  Didionnaires  ,  que  1» 
lettre  E  étoit  chez  les  Anciens  une  lettte  numérale  , 
qui  fignifioit  250,  fuivant  ce  vers. 

E  quo^ue  ducentos&  quinquaginta  tenebit. 

Mais  il  faut  remarquer  ici,  une  bonne  fois  pour  . 
toutes ,  que  ce  n'eft  pas  chez  les  Anciens  que  cec 
ulage  des  lettres  Latines  numérales  a  eu  lieu.  Ifi- 
dorede  Seville,  Auteur  du  feptième  fiècle,  le  dit 
en  termes  exprès  au  premier  livre  de  fes  Origines  , 
cliap.  3.  Latini  autem  numéros  ad  litteras  non  com~ 
putaiit.  Cela  fut  introduit  dans  un  temps  de  barbarie 
&  d'ignorance.  M.  DuCange  a  pris  foin  d'expliquer 
cet  ulage  au  commencement  de  chaque  lettre  de 
fon  favant  GloflTaire  Latin-Barbare.  Mais  les  faifeurs 
de  Didionnaires  qui  l'ont  fuivi ,  &  qui  Be  l'ont  pas 
entendu  ,  ont  dit  qu'on  trouvoit  cette  explication 
des  lettres  numérales  dans  Valérius  Probus.  M.  Du 
Cange  ne  dit  point  cela ,  mais  feulement  qu'pn 
trouvoit  cette  expi  ication  à  la  pag.  1 68  3 .  du  recueil 
des  anciens  Grammairiens,  entré  lefquels  font  Va- 
lérius Probus ,  Se  Pierre  Diacre.  Hahetur  verb  illud. 
cum  Valerio  Probo  ,  Paulo  Diacono  (  il  fallait  dire  , 
Petro  Diacono  )  &'artis  qui  de  numeris  fcripferunt , 
editum  inter  Grammaticos  antiquos.  Cette  édition 
elf  de  Wékel  //2-4°.  de  l'an  1605.  par  Elle  Putf- 
chius.  On  attribue  à  Magnon  ,  Archevêque  do 
Sens  du  temps  de  Chirlemagna  ,  l'explication 
des  notes  du  Droit ,  qu'on  trouve  dans  le  ractna 
recueil  ,    &  ailleurs. 

E  A  C. 

EACÉES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Fêtes  ^jeu* 

Sfsij 


joS        E  A  C     EÂL    EAS 

folennels  qui  fe  célébroiçr.c  à  Egine  en  rhonneur 
d'Eaque  qiii  en  avoit  été  Roi.  F'oye:^  Eaque. 
E  ACIDE,  f.  m.  &  f.  Defcendant  d'/Eaciis ,  qui  efl:  de 
Ja  race  li'JEzciis.  ^acides.  J'aime  mieux  que  Ther- 
flte  loit  votre  père ,  pourvu  que  vous  foyez  un  Ea- 
cide  en  valeur ,  que  li  vous  étiez  le  fils  d'Achille , 
&  que  vous  ne  fuiliez  qu'un  Therlite.  Juvenal  Sat. 
yiïl.  Eacide  efl:  mis  là  pour  Achille  ,  &  fouvenc 
on  lui  donne  ce  nom,  aulîi-bien  qu'à  Néoptolé- 
me  j  ou  Pyrrhus  fon  fils  ,  parce  qu'ils  defcen- 
doient  d'Eacus,  qui  croit  aïeul  d'Achille.  Paufanias 
a  remarqué  queprefque  tous  les  f^ciiej  furent  tués. 

E  A  D. 

EADBERT.  Voye:^  Edbert. 

EAGH.    Grand    lac    d'Irlande  >    dans   1?.   Province 

d'Ulfter. 
EAIGE.  i.  m.  Vieux  mot.  Vie  ,  âge. 

EAL. 

ÉALE.  r.  f.  Eale.  Bète  à  quatre  pieds  ,  dont  on  ne  fait 
que  ce  qu'en  a  dit  Pline ,  I.  8.  feét.  30.  &  Solin  après 
lui.  Pline  ,  après  avoir  parlé  des  Lynx,  desSphynx  , 
&  autres  animaux  d'Ethiopie  ,  que  bien  des  Au- 
teurs modernes  traitent  d'animaux  fabuleux  j  par- 
ce qu'ils  ne  les  ont  pas  vus  ,  dit  que  VEale  eft 
une  bête  de  la  grandeur  de  l'hippopotame  j  qu'elle 
a  la  queue  d'Eléphant ,  &  eft  de  couleur  noire  ou 
rouife  'f  qu'elle  a  les  mâchoires  de  langlier ,  &  des 
cornes  de  plus  d'une  coudée  de  longueur;  que  fes 
cornes  font  mobiles  ,  enforte  qu'elle  combat  tantôt 
avec  l'une,  &  tantôt  avec  l'autre  ,  &  les  remue  en 
tous  fens  ,  foit  pour  attaquer  ,  foit  pour  fe  défen- 
dre ,  &  parer  les  coups  qu'on  lui  porte. 

E  A  N. 

ÉANUS.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  N^om  qua  l'on 
donnoit  à  Janus  ,  &  que  Cicéron  lui  donne  ,  com- 
me l'allègue  Cornificius  au  IIF  Livre  des  étymolo- 
gies.  Eanus.  On  l'appelle  ainfi  ab  eundo,  parce  que 
le  monde ,  le  Ciel ,  va  toujours  ,  tourne  toujours. 
Vigenère  ,fu.r  Tite-Live  ,  p.  1 114. 

EAQUE.  f.  m.  Fils  de  Jupiter  &  d'Egine  j  ou  ,  félon 
d'autres ,  d'Europe.  La  réputation  qu'il  s'acquit 
d'être  le  Prince  le  plus  équitable  de  fon  temps  ,  lui 
mérita  chez  les  Poètes  une  place  parmi  les  Juges 
d'Enfer ,  entre  Minos  Se  Radamanthe. 

IfF  EARLDORMAN.  f.  m.  Premier  degré  de  No- 
bleiïe  chez  les  Anglo-Saxons.  Ce  mot  ,  qui ,  dans 
fon  origine ,  fignifie ,  Ancien ,  âgé  ,  fut  donné  chez 
ces  peuples  à  ceux  qui  exerçoienc  les  emplois  les 
plus  honorables. 

Ë  A  R. 

EARNE.  Grand  lac  d'Irlande.  Erms,  Erno  j  Derno  ^ 
Erdinus,  L|  eft  dans  le  Comté  de  Fermanagh ,  en 
Dltonie.  Il  a  deux  lieues  de  long.  Ce  font  comme 
deux  lacs  joints  par  un  canal ,  ce  qui  fait  qu'on  le 
divife  en  deux  parties  ,  ou  deux  lacs ,  dont  l'orien- 
tal conferve  le  nom  d'Earne  ,  ôc  celui  qui  eft  à 
l'Occident  s'appelle  Broad. 

EAS, 

EAST-ANGLE.  Prononce^  EST-ANGLE,  Nom  pro- 
pre d'uri  ancien  Royaume  des  Anglo-Saxons  dans 
i'Ifle  Britannique.  Orientalis  Anglia  ;  Eafl-Anglia. 
Il  avoit  au  couchant  le  Royaume  de  Mercie  ,  au 
rnidi  celui  des  Saxons  &  Orientaux  ,  &  il  étoit 
baigné  au  levant  &  au  nord  par  la  mer  d'Allema- 
gne :  il  comprenoit  les  terres  où  font  aujourd'hui 
les  Comtés  de  Norfolk  ,  de  SufFolk  &  de  Cam- 
bridge. 

Eajl  fignifie  Orient ,  d'où  nous  eft  venu  le  nom 


EAS       EAU 

d'£/?.  Ainfi  Eajl- Angles   lignifie   Anglois  Orien- 
taux. 

EASIER.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Déefle  des  an- 
ciens Sa.-x.ons.  Eajier.  M.  Bochartj  qui  avoit  entre- 
pris de  rapporter  les  anciennes  origines  à  la  langue 
&c  à  la  dodtrine  des  Phéniciens  ,  prétendoit  que 
cette  £i7/?er  étoit  la  même  qu'Aftarté.  Ses  facrifices 
fe  tailoient  au  commencement  du  printemps  ;  &c 
de-là  vient  que  les  Saxons  appeloient  Eajhr  le  mois 
auquel  le  célèbre  la  Pâque.  Skinnerus  ne  s'éloigne 
pas  beaucoup  de  ce leutiment,  dans  fon  Etymolo- 
gique delà  langue  Aiigloile.  Hur.T.  Bochart,pour 
rapprocher  ce  mot  de  celui  d'Aftarte,  dit  Jajtar  , 
onEaJler:^  maisBede,  L.  De  temporibus .,  où  il  a 
pris  ceci ,  dit  Eajhr  ^  &  ne  dit  <\\xEaJter.  Il  eft  vrai 
que  la  prononciation  à'EaJIer  &  ôi'^Jler ,  diffè- 
rent peu  aujourd'hui  en  Anglois.  C'étoit  le  mois 
d'Avril ,  que  les  Saxons  appeloient  Eafier  Monta  \ 
6c  les  Anglois  appellent  encore  aujourd'hui  les  Fê- 
tes de  Pâque  Eajler-time  ,  le  temps  d'EaJIer.  Voyez  ' 
le  Chanaan  de  Bochart,  c.  42. 

ifT  Ce  mot ,  dit-on  j  vient  de  Réfurreftion  ; 
&  c'eft  pour  cela  que  les  détraéteurs  de  nos  fêtes 
nous  accufent  de  tehir  la  célébration  de  la  Pâque  des 
Eaftrées  Gauloifes  ,  ou  Fêtes  de  la  Déelfe  Eajler  ou 
Eajire, 

EAST-MEATFi.  Prononcez  Eft-Meti.  Nom  d'un 
Comté  de  laLagénie,  en  Irlande.  Me^'i^z ,  ou  Me- 
dia Orientalis.  La  Boine  divife  VEafi-Meath  en  deux 
parties.  C'étoit  autrefois  un  Royaume  ,  &  le  pays 
des  Eblaniens ,  ou  Eblanes. 

Ce  nom  eft  compofé  d'EcJl^,  Orient  ,  &  de 
Meath  ,  Médie.  Ce  nom  lui  vient  peut-être  ,  dit 
Cambdenj  de  ce  que  ce  pays  eft  au  milieu  de  I'Ifle. 
Cambden  écrit  Meth  ,  &  l'appelle  lîmplemenE 
Comté  de  Meth.  Néanmoins  dans  fa  Carte  on  trou- 
ve Eaji-Meatk  Se  Weft-Meath. 

EAU. 

EAU.  Cette  terminaifon  ne  fait  ordinairement  qu'une 
fyllabe  en  François,  couteau,  cifcau  ,  tableau, man- 
teau J  &CC,  excepté  dans  Jïeau ,  que  nos  bons  Poc'tes 
font  de  deux  fyllabes  ,  ôcperderau,  que  quelques- 
uns  font  de  trois,  f^oye^  l'excellent  Traité  de  la  Po'é- 
Jîc  Françoife  du  P.  Michel  Morgues  ,  dont  on  a 
beaucoup  profité  dans  la  révifion  de  ce  livre. 

Eau.  f.  f.  Âqua.  On  ne  prononce  prefque  pas  l'e,  c'eft 
un  e  prefque  muet.  Veau  eft  le  troifième  des  qua- 
tre Elémens  vulgaires  j  qui  eft  froid  &  humide  pan 
fa  nature.  Ueau  élémentaire  eft  un  fluide  humide  , 
tranfparent,  fans  goût ,  fans  odeur,  qui  pénètre  à 
travers  les  pores  de  la  plupart  des  corps ,  &  qui 
éteint  les  matières  enflammées.  Quelle  eft  la  caufe 
phyfique  de  la  fluidité  de  Veau  ?  Pourquoi  fe  chan- 
ge-t-elle  en  glace  ?  Comment  caufe  -  t  -  elle  les 
pluies,  la  grêle,  la  neige?  Comment  nous  vient- 
elle  du  fein  de  la  terre?  /^oye?  Fluidité  j  Glace, 
Météores  aqueux ,  Fontaine.  Eau  de  mer ,  marina  ; 
de  nvicte  ,  Jiuviatilis  ;  de  f onuine  , /bntan a  ;  d'é- 
tangs ,  de  fources,  de  citernes  ,  cijiernina  ;  de  puits, 
putealis.  Veau  pèfe  Soo  fois  plus  que  l'air  ,  &  eft 
de  14  à  un  à  l'égard  du  mercure.  Toute  ea^/ con- 
tient des  particules  terreftres ,  plus  ou  moins.  Wod- 
wart,  dans  fon  Traité  de  la  Végétation,  &  d'autres, 
l'ont  démontré. 

L'etz^d'Efpagne  eft  excellente  relie  ne  fe  corrompe 
jamais.  C'eft  en  partie  ce  qui  fait  que  le  pain  de 
Madrid  eft  Ci  bon.  Le  pain  de  Gonellè  n'eft  fi  efti- 
mé,  depuis  fi  long-temps,  que  parce  que  les  eaux 
y  ont  toujours  été  bonnes.  La  bonté  de  Veau  confif- 
te  dans  fa  légèreté  &  dans  fa  pureté. 

Les  meilleures  eau.v  pour  les  ufages  de  la  vie  font 
celles  qui  font  pures  ,  légères  ,  tranfparentes,  fim- 
ples  ,  &  fans  grand  mélange  de  particules  terreftres. 
MoRTHON.  Veau  la  plus  convenable  pour  la  fanté  , 
eft  celle  qui  eft  légère  ,  claire  j  pure  ,  qui  n'a  ni 
couleur ,  ni  odeur  ,  ni  faveur ,  qui  s'échauffe  Se  fe 
rafraîchit  très-vîte,  &  dans  laquelle  les  herbes  SC 


■EAU 

les  légumes  fe  cuifent  facilement  &■  pi'omp.tôment.' 
Quelques-uns  difenc  que  la  marqus  d'une' bonne' 
eau  ett  de  dilFoudre  parfaicemencle  lavon. Les  meil- 
leures eaux  l'on:  ordiHairement  celles  de  pluie  ,  en- 
fuice  Veau  de  iburce ,  de  rivière ,  ou  de  puits.  Les 
eaux  des  neiges  &  dss  glaces  fondues  font  générale- 
ment mal-faines.  Les  eaux  croupillantes  &  de  ma- 
lais, paiuftr.es,  font  pernicieufes. 

M.  Léniery  croit  que  ^eau  de  rivière  eft  la  meiU 
Heure  &  la  plus  faine  de  toutes  j  pourvu  qu'on  la 
lailfe  repofer  devant  que  d'en  boire  ,  &  qu'on  la 
prenne  loin  au  -  de  (Fus  des  grandes  villes,  pour 
qu'elle  ne  foit  point  chargée  d'impuretés  &  d'im- 
mondices. 

Veau  de  la  Seine,  ayant  été  pofée  dans  une  aréo- 
mètre crès-exaél,  s'eft  trouvée  aullî  légère  qu'aucune 
<rfl«  de  fontaine  ,  quelque  claire  qu'elle  tût.  Voyez 
le  Traitd  des  allniens  de  AI.  Léméry.  On  ne  juge  pas 
de  la  légèreté  des  eaux  par  leur  moindre  poids , 
mais  par  leur  fubtilité  à  defcendre  promptement  de 
l'eftomac. 

M.  de  la  Mare  ,  dans  fon  Traité  de  la  Police  ,  L. 
IV.  Tu.  III.  C.  5.  parle  de  la  Police  des  eaux  de 
fontaines  &  de  puits  ,  laquelle  ,  dit-il ,  a  toujours 
fait  partie  de  la  Jurifdidion  du  Prévôt  de  Paris. 
Dagobert  I.  par  un  Edit  de  l'an  (îjo.  ordonna  quc,fi 
quelqu'un  faUlfoit  ou  corrompoit  par  des  immon- 
dices les  eaux  d'une  lontamé  ,  il  feroit  condamné 
à  les  nettoyer ,  &:  en  (ix  fous  d'amende  j  c'eft-à- 
dire ,  quarante-neuf  livtes  dix  fous.  Il  rapporte  à 
la  même  page  550  &  5  5 1.  divers  autres  Réglemens 
;(Î9  ,  \Gçj"i  ic  \o-jT,.  Le  chapure  fui 


des  années   i ,    , 

vant  regarde  la  police  des  eaux  de  rivière.  Le  VI. 
eft  des  porteurs  d'e^Mj  &  des  endroits  où  ils  doi- 
vent puiler  les  eaux  qu'ils  débitent  au  public. 

Th.ilè>  foutenoit  que  Veau  ctoit  le  principe  de 
tous  les  corps  \  &  cette  opinion  a  été  renouvellée  en 
nos  jours  par  Robert  Flud  ,  qui  en  a  fait  unSyftème 
compris  en  plulieurs  volumes. 

Veau  rafraîchit  &  humeél^  beaucoup  ,  elle  aide 
â  la  digeftion.  L'eau  eft  un  principe  pallif ,  félon  la 
plupart  des  Chy;ii;lles.  On  dit  que,!  dans  une  Ifle 
de  la  mer  Atlantique ,  il  fe  trouve  une  arbre  qui 
fournit  de  Xeaul.  tous  les  Infulaires.  L'e^zz^ de  pluie 
eft  plus  pénétrante  i.'s:  plus  aétive  que  Xeau  commu- 
ne ,  à  laquelle  les  Chymiftes  la  préfètent  en  qua- 
lité de  dllFolvant. 

Les  Chinois  difent  qucjdans  la  Province  de  Fo- 
quien,il  y  a  un  lac  dont  l'eau  eft  verte  ,  &  qui  chan- 
ge le  fer  exi  cuivre.  P.  le  Comte. 

Ce  mot  eft  dérivé  du  Latin/z^«i7,  d'où  l'on  a  fait 
premièrement  aiguë  ,  témoin  aiguière ,  ou  e'guicre  ^ 
A iguef mortes  ^  Aigueperfc  ,  Aigucbelette  ,  aiguade  _, 
qu'on  dit  encore  en  termes  de  marine  :  enfuite  on  a 
èi\.tayve.  Se  ayau  ,  &  y^^e.  )  qu'on  dit  encore  en 
quelques  lieux  ,  dont  enfin  on  a  fait  eau.  Borel  dit 
que  ce  mot  vient  du  vieux  Gaulois  auen  ,  auon ,  qui  j 
fignifioit  autrefois  rivière ,  d'où  font  venu';  les  noms  J 
des  villes  Gandavum ,  Genabum  ,  ëc  autres.  Du 
Cange  dit  qu'on  a  appelé  une  Me  Eia ,  mot  tiré 
du  Saxon  ea^e ,  d'où  nous  avons  fait  cave ,  com- 
me on  écrivoit  encore  du  temps  de  Nicot  j  Se  de- 
puis eau. 

On  dit ,  en  général ,  Aller  par  eau  ^  pour  dire, 
Naviger ,  voyager  fur  la  mer  ,  fui*  les  lacs  Se  fur 
les  rivières.  Navigio  ire.  Palier  Veau  ,  au-delà  de 
Veau  ,  c'eft  -  à  -  dire  ,  de  l'autre  côté  de  la  ri- 
vière. 
On  dir  qu'une  chofe  ne  fent  que  IViîz^ ,  quand  elle 
n'a  ni  fel ,  ni  fweur.  Jeûner  au  pain  &  à  Veau  ,  ne 
manger  que  du  pain,  ne  boire  que  àzVeau.  On  a 
obfervé  que  Xeau  d'une  fontaine  eft  d'un  autre  poids 
à  fa  fource  qu'à  quelque  diftance  de-là  ;  &  qu'après 
fon  dégel  elle  eft  d'un  autre  poids  qu'elle  n'étoit  au- 
paravant. Une  pinre  à'eau  du  Gange  eft  plus  légère 
d'une  once  que  quelque  autre  eau  que  ce  foit  :  le 
Mogol  n'en  boit  point  d'autre,  en  quelque  lieu  qu'il 
fe  trouve. 
Eau,  en  particulier ,  fe  dit  de  la  pluie.  Aqua^  pluyia. 


EAU  /09 

Ce  nuage  épais  nous  mftiuce  d'eau.  Il  tombé  de  Veau. 
Les  bleds  ont  grand  befoin  d'eau. 

IP"  On  dit  que  kseaux  font  grandes  ,  grolTes  , 
pour  dire  que  les  rivières  font  enflées  par  les  eaux 
de  pluie  ;  que  les  eaux  font  balfes  ,  au  propre  , 
pour  dire  qu  il  y  a  peu  d'eau  dans  les  rivières.  Pour 
le  figuré  J  y'oye^  les  phrafes  proverbiales. 

On  dir  qu'un  homme  eft  obhgé  de  recevoir  les 
eaux  de  fon  voifin,  pour  dire  ,  les  eaux  pluviales 
qui  tombent  de  dellus  le  coxt  de  la  maifun  de  lou 
voifin. 

L'Ecriture  diftingue  les  eaux  qui  font  au-delliis 
du  firmament ,  ou  des  Cieux  ,  &  celles  qui  font  au- 
dellous ,  c'eftà-dire  ,  les  eaux  de  la  mer,  des  riviè- 
res J  Sec.  qui  lont  au-dellous  de  l'air  ,  Se  les  ea.tx 
des  nuées  qui  lont  au-delïus. 
Eau  pétrifiante  ,  eft  une  eau  qui  a  un  fel  de  telle  na- 
ture ,  que,  s'inlinUanr  dans  les  corps^qu'on  met  de- 
dans ,  il  les  rend  tout  à-fait  pierres.  Elle  pétrifie 
les  matières  qu'on  laille  féjourner  dedans  ,  comme 
du  bois  ,  des  fruits ,  des  parries  d'animaux,  &c.  Ovi- 
de parle  de  ce  phénomène  dans  le  XV*  livre  des 
Métamorphofes.  . 

Flumen  habent  Ciccnes  ,  quod  potum  faxea  reddit 
Vifceray  &l. 

Les  Anciens  ont  attribué  des  effets  furprenans 
aux  eaux  qui  pétrifienr.  Les  Paylans  en  Angleterre 
s'en  ferveur  cou; me  d'un  fpécifique  pour  guérir  les 
bertiaux  attaqués  de  clyfenterie. 

L'eji^  d'Arcueil  eft  remplie  de  parties  pierreufeSj, 
qui  fe  féparent  des  parties  de  ïeau  en  coulant  j|Pc 
forment  au  fond  des  canaux  un  lédiment  jqui  fe 
durcit  ,  Se  devient  pierre.  On  dit  que  les  eaux^\xn. 
certain  fleuve  de  Thrace  enivrent  de  la  mêmema- 
nière  que  du  vin  ,  ce  qui  peut  venir  des  parties  ful- 
fureufes  J  bitumincufes  &  volatiles,  que  les  eaux 
de  ce  fleuve  contiennent.  Se  qui,  s'étant  portées  à  la 
tête,  empêchent  le  mouvement  réglé  des  efprks 
animaux  y  Se  les  portent  avec  impétuofité  &  fans 
ordre  ,  dans  toutes  les  parties  du  corps. 

Il  y  a  encore  une  autre  efpèce  d'eau  qu'on  pour- 
roit  appeler  incruftante,parce  que ,  fi  l'on  met  quel- 
que corps  dans  cette  eau  ,  il  fe  fait  tout  autour  une 
incruftation  de  pierre  ,  fans  changer  le  corps  qu'on 
y  avoir  mis.  Cette  eau  eft  fort  commune  à  Paris  Se 
aux  environs  ;  &  ,  à  propos  de  cela  ,  on  doit  re- 
marquer qu'il  faut  bien  prendre  garde  d'où  vien- 
nent les  eaux  qu'on  deftine  à  la  boilfon.  Car,  h  elles 
palfent  par  des  terreins  qui  aient«le  mauvaifes qua- 
lités ,  elles  en  prennent  aullij  comme  lorlqu'elles 
palfent  fur  des  pierres  de  plâtre ,  Sec.  ce  qui  fe 
connoît  en  faifant  cuire  de  l'ozeille  dans  Veau  qu'on 
veur  éprouver  ;  car  Xeau  change  de  couleur ,  Sc 
devient  rougeâtre  i  ce  qui  li'arrive  jamais  aux  au- 
tres eaux. 
Eau  ,  en  termes  de  Théologie  ,  fe  dit  premièrement 
de  celle  avec  laquelle  on  baptife.  Le  pécheur  eft  ré- 
généré pat  les  eaux  du  Baptême  ,  par  les  eaux  de  la 
grâce.  L'ancien  ufage  croit  de  dire  eau  fimplement, 
pour  dire ,  les  eaux  du  Baptême.  Il  y  a  dans  le  Ro- 
man MS.  de  Jourdain  de  Blaye  , 

Cille  leva  des  faines  foncs  &  de  l'algue. 

.  C'eft-à-diré  ,  de  Veau.  Les  ancien  Auteurs  Ec» 
cléfiaftiques  fe  font  fervis  diaqua  en  ce  même 
fens. 
Eau  bénite.  Aqua  henedicla,  aqua  lujlralis.  C'eft  une 
eauc[m  fe  fait  dans  l'Eglife  avec  certaines  prières, 
exorcifmes  Se  cérémonies.  On  la  prend  à  l'entrée  Se 
au  fortir  de  l'Eglife.  Veau  bénite  de  Pâques  eft  celle 
qu'on  préparoit  autrefois  feulement  pour  baptiferles 
enfms  &  les  catéchumènes.  Celle  qu'on  fait  folen- 
nellement  tous  les  Dimanches  dans  les  ParoilTes.ferc 
pour  la  dévotion ,  pour  effacer  les  péchés  véniels , 
chalTer  les  Démons ,  &c.  On  la  peut  faire  auftî  les 
autres  jours  ,  Se  en  quelque  Eglife  que  ce  foir,  avec 


jio  EAU 

les  prières  marquées  pour  cela  dans  les  MifTels  & 
Rituels.  Par  ua  cure  de  iVIarmoucier  rapporté  dans 
Vtiijioirc  de  BitiCagne  ,  T.  II.  p.  1615.  il  paioit  que 
les  Moines  ne  la  hiiloient  pas  atitretois  ,  mais  lare- 
cevoient  des  Evèques.  Un  Allemand  nommé  Ur- 
bain Godetroy  Siber  a  imprimé  une  Dilïercation  à 
Leipfikj  pour  montrer  ,  par  des  preuves  tirées  de 
l'Hiitoire  Ecclélialhque  ,  que  l'on  peut  faire  boire 
de  Veau  bénite  aux  animaux. 

L'ufagede  Veau  bénite  ell  très-ancien  dansl'Eglife, 
comme  on  le  peut  voir  dans  S.  Jérôme  ,  dans  la  vie 
de  S.  Hilarion  ,  &  dans  Gretfer,  De  Benedict.  C. 
X.  ùfuiv.  jufqu'au  XX.  Les  Juifs  avoient  pluiieurs 
afperlions  lemblables  que  Dieu  mcms  avoir  initi- 
tuées.  Voyez  au  L,  des  Nombres  XIX.  17.  On  attri- 
bue au  Pape  S.  AL-xandre  ,  martyrifé  fous  Adrien  , 
riiiftitution  de  Veau  bénite.  Godeau. 

L'ufage  de  Veau  bénite  ell  une  des  pratiques  de 
l'Eglife  contre  laquelle  les  Hérétiques  de  ces  der- 
niers lîècles  ont  crié  avec  le  plus  d'ignorance  &  de 
pallion  :  la  paillon  leur  a  fait  déguiler  la  créance  (5c 
la  pratique  de  l'Eglife  j  &  l'ignorance  leur  a  fait 
blâmer  ce  qui  eft  autorilé  par  des  preuves  incon- 
teftables.  Il  ell  vrai  que  les  Payens  avoient  une  eau 
lurtrale  ,  tout  comme  il  ell  vrai  qu'ils  avoient  dts 
Temples  ,  qu'Us  faifoient  des  prières ,  &  prati- 
quoient  une  infinité  de  chofes,  que  nous  pratiquons 
aulli-bien  qu'eux  :  nous  fléchilfons  les  genoux  poui 
•adorer  le  vrai  DieUjComme  ils  faifoienc  pour  adorei 
les  faux  Dieux. 

On  appelle  auflî  eau  bénite  ,  cette  cérémonie  & 
ces  prières  qui    fe  font  les  Dimanches    avant    la 
i,  grand'Melfe  pour  bénir  Veau  :  comme,  voilà  Veau 
bénite  qui  fonne. 

^Cr  Eau  lustrale,  ^^«^/«j^ra/ij,  dont  les  anciens  fe 
fervoienc  pour  le  purifier  dans  leurs  facrifices.  Ils 
n'employoient  pas  indifféremment  toutes  fortes 
ê^eauv  à  cet  ufage  :  ilsfe  fer  voient  toujours  des  eaux 
coulantes  &  claires  ,  comme  de  celles  des  rivières 
les  plus  rapides  ,  ou  de  la  mer ,  qu'ils  béniffoientà 
leur  manière.  Quelques-uns  prétendent  que  les  an- 
ciens fe  fervoient  de  Veau  toute  pure,  fans  aucun 
mélange  ,  pour  faire  leur  eau  lustrale.  D'autres 
difent  qu'ils  prenoient  les  cendres  du  bois  qui  avoir 
fervi  à  brûler  la  viétiniej  ou  de  quelques  morceaux 
de  bois  de  cèdre  ,  d'hillope  &  de  cumin  ,  qu'ils  Jet 
toient  dans  le  feu  du  fncrifice,  lorfqu'il  venoit  à 
s'éteindre  ,  pour  en  laire  leur  eau  lustrale  ,  ou  fa- 
crée,  qu'ils  mettoient  à  l'entrée  de  leurs  temples 
dans  de  grands  vales  ,  &  dont  ils  fe  purifioient  en  y 
entrant.  « 

fC?  Ils  avoient  encore  des  vafes  plus  petits,  dans 
lefquels  ils  mettoient  de  cette  eau  ,  dont  ils  arro- 
foient  les  allillans  avec  des  goupillons  ,  affez  fem- 
blables  à  ceux  dont  on  fe  fert  dans  nos  Eglifes. 

CCT  Ovide  parle  encore  de  Veau  de  Mercure,  qui 
croit  auprès  de  laporre  Capéne,dont  les  Marchands 
s'arrofoient  ,  croyant  effacer  par-là  toutes  les  in- 
juftices  qu'ils  avoient  commifes  dans  le  com- 
merce. 

Eaux  amères  de  Jalousie.  Dans  le  Livre  des  Nom- 
bres il  eft  fait  mention  d'une  eau  qui  fervoità  prou- 
ver fi  une  femme  étoit  adultère,  ou  non.  f^cye\ 
NuiT).  Cap.  5.  comment  on  y  procédoit. 

Eau  bouillante  ,  épreuve  de  l'eau  bouillante. 
Chez  nos  Anciens  on  faifoir  la  preuve  des  crimes 
par  l'immerlion  du  corps,  ou  du  bras  ,  dans  Veau 
chaude  j  avec  plufieurs  cérémonies  Eccléfiaftiques  ; 
d'où  vient  que  ,  comme  on  dit  maintenant  :  j'en 
jnettrois  ma  main  d.ins  le  feu  ,  quand  on  veut  af- 
fûter une  chofe  3  &  marquer  qu'on  n'en  doute  pas , 
les  Anciens  difoien^  :  J'en  ferois  un  Jugement  a  eau 
chaude  &  de  fer  chiud.  C'eft  ce  qui  eft  exprimé  en 
vieux  langage  dans  le  Roman  manufcrit  du  Renard, 
cité  par  du  Cange,  p.  zSi.  fur  le  mot  aqun  fer- 
ventis  judicium. 

Si  que  j'en  ferois  unjuife  y 
[c'efl- à-dire,  un  jugement) 

^  De  chaude  yaue  &  de  fer  chaud. 


EAU 

Dans  l'examen  ou  jugement  de  Veau  chaude  ,  ce- 
lui qui  étoit  acculé  ,  ou  celui  qui  vouloir  bien  pren- 
dre la  place  de  l'acculé ,  &c  fubir  pour  lui  cetre 
épreuve,  étoit  obligé  de  mettre  le  bras  nu  dans  une 
chaudière  pleine  a-eau  bouiUanre  ,  &  d'en  tirer  une 
pierre  qui  éroit  plus  ou  moins  enfoncée  j  iclon  la 
qualité  du  crime  :  enfuite  on  enveloppoit  la  main  _, 
le  juge  mettoit  un  fcellé  fur  lenveloppe,  &  au  bout 
de  trois  jours  on  la  venoit  viliter  ;  &,  li  elle  fe  trou- 
vait fans  brûlure,  l'accufé  etoïc  déclaré  innocent. 
Les  Nobles  fe  purgeoient  par  le  fer  chaud  j  6>:  ceux 
qui  n'étoient  pas  de  libre  conditiori  ,  par  Veau  froi- 
de. Voyez  ci-dellous.  Le  P.  MabiUon  dit  que  ce  fuc 
le  Pape  Eugène  11.  qui  inventa  cette  cérémonie  ,  » 
pour  rerrancher  la  coutume  de  faire  ferment  en  I 
métrant  la  main  fur  les  reliques  des  Saints  ,  dont 
on  abufoit  j  &  qu'elle  fut  détendue  par  Innocent 
III.  au  Concile  de  Latran,  Dans  l'Hiftoire  critique 
des  pratiques luperftitieufes  du  R.  P.  le  Brun  de  l'O- 
ratoire j!  imprimée  en  1701  ,  ontiouvera  bien  des 
choies  curieufes  ,  &:  de  favantes  recherches  fur 
ces  preuves  par  Veau  chaude  ,  &  Veau  froide  ,  & 
fur  la  verru  prétendue  qu'on  a  attribuée  à  la  baguet- 
te de  trouver  les  fources  (ïeau.,  &:c.  Thictbcrge, 
tennne  de  Lothaire  ,  ayant  été  acculée  d'avoir  com- 
mis, avanr  fon  mariage  ,  un  incclte  avec  Ion  frère 
le  Duc  Huberr  j  comme  on  ne  povivoit  la  convain- 
cre par  aucuns  témoins ,  on  conlulta  quelques  Evc- 
qu;;s  fur  la  manière  dont  les  Juges  pouiroienr  fe 
comporter  tians  une  aftaire  où  le  crime  étoit  tiès- 
douteux  \  mais  qui  ,  tout  douteux  qu'il  étoit ,  dés- 
honoroit  le  Roi.  Les  Evèques  furent  d  avis  qu'on 
eût  recours  à  la  preuve  de  l'eau  bouillante  ,  qui  con- 
fiftoit  en  ce  que  laccufé  ,  pour  prouver  fon  inno- 
cence ,  entonçoit  fa  main  dans  un  baffin  plein  d'eau 
bouillante  ,  pour  en  tirer  un  anneau  qu'on  y  avoit 
mis  :  s'il  renroitfa  main  avec  l'anneau  fans  qu'elle 
fût  brûlée  ,  il  étoit  déclaré  innocent  ;  Ci  la  maiu  fe 
tiouvoit  brûlée  ,  il  demeuroit  convaincu.  P.  Dan- 
Bi/l.  de  Fr.  T.  I.p.  711.  Quelquelois  on  fubftituoic 
une  autre  perfonne  à  fa  place  pour  laire  cette 
épreuve.  Le  rang  éc  la  qualité  deThietberge  la  dif- 
penfèrent  de  faire  elle-même  la  preuve.  Elle  choific 
un  homme  pour  la  faire  en  fon  nom,  qui  ,  ou  par 
zèle  pour  la  vie  &  pour  l'honneur  de  cette  Prin- 
celfe  ,  ou  pour  de  l'argent ,  confentit  à  mettre  fa 
inain  dans'  Veau  bouillante.  Il  le  fit  ,  &  la  retira  fans 
aucun  mal.  P.  Dan.  ibid.  Voyez  encore  V Hist.  de 
Bret.  par  D.  Lobineau  ,  T.  II.  p.  145.  Le  P.  Daniel 
dir  preuve,  mais  on  dit  communément,  épreuve 
de  Veau  bouillante. 
Epreuve  de  l'eau  froide.  Après  qu'on  avoit  fait 
quelques  prières,  on  lioit  l'accufé  en  peloron  ,  & 
on  le  jetoit  dans  une  rivière ,  dans  un  lac  ,  ou  dans 
une  cuve  pleine  i^eau  \  s'il  furnageoir  ,  il  étoit  te- 
nu pour  coupable  j*  s'il  enfonçoit,  il  étoit  regar- 
dé comme  innocenr.  V oyez  \qs  Mémoires  de  Fré^ 
vaux,  171 1.  p.  1407.  &  fuivantes  j  Cordemoy  j  T. 
II.  317.  &  le  P.  le  Brun.  ^oy.  Epr£uve,ou  Preuve. 

En  dévotion  il  y  a  Eau  de  Saint  Clair  ,  qui  gué- 
rit du  mal  des  yeux  j  Eau  de  Sainte  Geneviève  ,  qui 
guérit  delà  fièvre. 

Dans  l'Agriculture  &  le  Jardinage  rien  n'eft  finé- 
celTaire  &  ii  utile  que  Veau.Ct\\.  pour  cela  que  Var- 
ron  met  l'e^za^armi  les  Divinités  qu'il  invoque  an 
premier  livre  de  lie  rustica  ,  Etiam  ,  dit-il  ,  precor 
Lympham  j  quoniam  fine  aqua  omnis  mifera  est  agri- 
cultura.  Il  faut  dans  une  maifon  de  campagne  tâcher 
d'avoir  de  Veau  vive  &  coulante,  faine  j  claire  &  en 
abondance. 

%fT  La  meilleure  eau  pour  le  Jardinage  eft  celle 
où  les  légumes  cuifent  facilement.  Pour  juger  de  la  1 

bonté  de  Veau  ,  on  doit  avoir  égard  au  goût  qu'elle  ' 

communique  aux  fruits  &  aux  légumes ,  en  fe  fil- 
tranr  à  ttavers  les  rerres. 

îfT  L'eau  de  pluie  ramaffée  dans  des  citernes  fe- 
roit  la  meilleure  pour  les  arrofemens.  Les  nitres  de 
l'air  dont  elle  eft  chargée  la  rendent  plus  aclive  Se 
plus  féconde. 


E  AU 

C(3*  Veau  de  pluie  eft  crop  crue.  Il  faut  la  faire 
un  peu  dégourdir  au  foleil  dans  des  ballins  ,  avant 
que  de  l'employer  aux  arrofemens. 

ifir  Dans  le  langage  ordinaire  ,  on  appelle  eau 
certaines  humeurs  ou  lerolîtés  qui  fe  trouvent  ou 
s'anialFent  dans  le  corps  de  l'animal.  Les  vélîcatoires 
font  des  ampoules  pleines  d'eau  claire.  On  lui  a 
trouvé  la  poitrine  toute  pleine  d'eau.  Il  lui  eft  tombé 
des  eaux  fur  les  jambes  .•  ce  qui  fe  dit  particulière- 
ment des  chevaux  j  quand  il  leur  tombe  de  mau- 
vaifes  humeurs  fur  le  boulet  &  le  paturon. 

ipr  On  le  dit  aullî  de  la   fueur.   Cette  courfe  , 
cet  accès  de  fièvre  l'a  mis  tout  en  eau.  Veau  lui  dé- 
goutte du  vifage. 
fer  Eau  fe  dit ,  en  ftyle  populaire  ,  pour  urine.  Faire 
de  Veau,  lâcher  de  l'eau,  retenir  fon  eau. 

On  dit  j  Fondre  en  eau  ,  pour  dire.  Pleurer  abon- 
damment. 

Pleurc\ ,  pUure\  ,  mes  yeux,  &  fondez-vous  en  eau. 

Corn. 

En  termes  de  Marine  ,  on  dit ,  faire  de  Veau  , 
A  quart ,  pour  dire,  faire  aiguade  ^  faire  fes  pro- 
vitions  d'tviu  douce  au  milieu  d'un  voyage  de  long 
cours.  Ce  navire  fait  eau  ,  aquani  acciph  j  rimis  Ja- 
tifcif^  c'eft-à-dire ,  que  Veau  entre  dans  le  navire  par 
quelque  ouverture  ,  ou  voie  d'eau  qui  eft  fous  le 
navire.  Pour  y  remédier,  on  prend  une  civadière 
piquée  d'étoupe  ,  fur  laquelle  il  fiut  coudre  qua- 
tre cordages  à  travers  ,  &c  amarrer  des  poids  aux 
deux  bouts  d'en -bas  ,  afin  de  faire  caler  la  voile^  iz, 
lorfqu'elle  eft  vis-à-vis  de  la  voie  d'eau  ,  l'on  bal- 
le fur  les  cordages  qui  font  coufus  fur  la  voile  ^ 
la  voile,  étant  bien  faille  contre  le  cordage  ,  empè  - 
che  que  le  navire  ne  faffe  tant  d'eau ,  M.  de  Tour- 
viLLE.  Oii  n'appelle  voie  d'eau,  que  les  ouvertu- 
res un  peu  conhdérables  &  dangereufes.  On  met  en 
panne  ,  c'eft-à-dire  ,  on  fait  pencher  le  vailfeau 
d'un  côté  ,  pour  fermer  une  voie  d'eau  ,  qui  eft  de 
l'autre-  Quelque  foin  qu'on  ait  eu  de  bien  calfater 
le  vailfeau  ,  il  y  encre  toujours  un  peu  d'eau  j  c'eft 
pour  cela  qu'on  pompe  de  temps  en  temps.  L'ufage 
eft  de  faire  pomper  à  la  fin  de  chaque  quart.  Il  y  a 
des  canaux  dans  le  fond  de  cale  ,  qui  fervent  à  con- 
duire ces  eaux  à  la  pompe  :  ces  canaux  s'appellent 
bitonnières ,  anguilliers  ,  ou  lumières.  Le  vailfeau 
coule  bas  d'eau  j  lorlqu'il  y  entre  plus  d'eau  qu'on 
n'en  peut  tirer  dehors  avec  la  pompe  ,  lorfque  Veau 
gagne  le  vailleau.  La  baftonnée  d'eau  eft  la  quantité 
d'eau  que  l'on  puile  à  la  pompe  chaque  fois  qu'on 
fait  jouer  la  brimbale,  ou  bringuebale  ,c'eft-à  dire, 
le  bacon  de  la  pompe  ,  qui  a  un  levier  fervant  à 
tirer  Veau  de  la  pompe.  Ozan.  Ce  vailfeau  tire  tant 
d'eau  ;  pour  dire,  il  lui  faut  tant  de  pieds  d' eau  poin 
êtte  à  îlot ,  &  pour  voguer.  Pour  favoir  li  an  vaif- 
feau  tire  plus  ou  moms  d'eau  j  on  a  égard  à  la  hau- 
teur du  mât  &  à  la  forme  ou  ftruéture  de  la  quille, 
ou  carène.  Un  vailleau  tire  plus  d'eau  fur  une  ri- 
vière j  que  fur  la  mec ,  parce  que  Veau  de  mer  a 
plus  de  conliftance. 

On  appelle  la  ligne  d'eau  ,  ou  flottaifon  ,  la  pat- 
tie  du  bâtiment  qui  eft  à  rteur  d'eau,  qa^nd  il  a  fa 
charge  j  &:  parce  qu'ordinairement  cette  ligne  doit 
être  dans  Tendroic  où  le  vailfeau  eft  le  plus  gros  , 
cet  endroit  s'appelle  auiîî  la  ligne  du  fort.  Il  faut 
attendte  le  vif  de  Veau ,  ou  la  haute  eau ,  pour  dire  , 
la  pleine  marée.  On  dit  au  contraire  ,  baiTe  eau  ,  ou 
eau  morte,  ou  le  mort  d'eau,  dans  le  reflux,  lorf- 
que la  marée  eft  baiïe  ,  que  la  mer  refoule  ,  ou  fe 
retire,  les  Matelots  difenc  communéinent  que  Veau 
eft  maigre  ,  quand  il  y  a  peu  d'eau.  Les  eaux  vives 
régnent  trois  jours  devant ,  &  trois  jouts  après  la 
nouvelle  ou  la  pleine  lune.  Les  ea«.v  mortes  viennent 
après  les  fix  jours  qu'ont  occupé  les  eaux  vives.  Ce 
▼  aifteau  alloïc  à  Heur  d'e£2a ,  c'eft-à-dire  ,  n'avoir 
guire  de  bord  hors  de  Veau.  Ce  navire  étoit  percé  à 
1  eaa,c'eft-à-dire  ,  dans  les  œuvres  vives,  ou  qui 
plongent  dans  Veau. 

On  dit  auUi  qu'un  navire  eft  fur  Veau  ,  ou  fur  les 


EAU  j  i  î 

eaux  d'un  autre  J  pour  dire  ,  qu'il  fuit  fon  cours,  fort 
liilage.  Un  vailleau  le  mec  dans  les  eaux  d'un  autrej 
lorfqu'il  fe  met  derrière  lui ,  pour  faire  la  même 
route.  Dans  les  évolutions  navales  ,  pour  ranger 
une  flotte  en  ordre  de  bataille  fur  la  ligue  de  près  , 
le  vailfeau  qui  eft  à  la  queue  court  toujours  au  plus 
près ,  Se  les  autres  vaiUeaux  fe  mettent  fucceftive^ 
ment  dans  fes  eaux.  Quand  on  chalTè  un  vailleau  _, 
il  faut  fi  bien  mancsuvrer  j  tenir  le  vent,  faire  des 
bordées ,  qu'on  fe  trouve  enfin  dans  fes  eaux.  Veau 
du  vailleau  s'appelle  encore  le  fillage  ,  la  feillure  , 
hourge  &:  houaicle  du  vaifll;au.  Les  remoux  d'un 
vailfeau  font  decertains  toutnans  d'eau  qui  fe  font, 
lorfque  le  vaiftcau  palfe,  &  que  le  vailleau  paroît 
entraîner  après  foi.  On  dit  aufli,  mettre  un  navire  à 
Veau  j  le  poulfer  à  Veau,  le  lancer  à  Veau,  quand  ,  du 
chantier  où  il  étoit  pour  le  bâtir ,  ou  le  radouber  ^ 
on  le  poulfe  dans  la  mer. 

Des  courans  d'eau  font  des  nîouvemens  d'eau  im- 
pétueux qui  fe  trouvent  le  long  des  côtes ,  ou  dé- 
troits ,  &  qui  nailfent  de  leurs  finuofités.  Le  cou- 
rant de  Veau  ,  ou  le  fil  de  Veau  ,  fe  dit  feulement 
de  l'endroit  des  rivières  où  VeaueH  la  plus  forte» 
On  appelle  aulfi  chej-d'eau  ,  la  haute  marée  ^  &  dans 
la  bonalfe  on  dit  que  l'eau   eft  plate  &  courtoife» 

On  appelle  Veau  de  la  mer  ,  eau  falée  ,  pour 
la  diftinguer  de  Veau  douce  ,  qui  eft  celle  des  fon- 
taines ,  des  rivières,  des  étangs  Se  des  puits.  On  à 
cherché  bien  des  moyens  pour  rendre  Veau  de  la 
mer  douce  &  potable.  Foye-^  VHi/l.  4e  l'Acadénu 
Royale  des  Seienc.  par  M.  Duhamel  :  la  i*.  édition 
in-à^.  'eft  de  1701. 

%fT  Veau  faumache  eft  celle  qui ,  fans  avoir  toute 
l'âcretc  de  Veau  de  la  met ,  en  tient  cependant  un 
peu  ;  telle  que  celle  qu'on  eft  quelquefois  obligé  de 
pr^dre  dans  les  puits  que  l'on  creufe  fur  le  bord 
de  la  mer.  On  ne  s'en  fert  que  dans  un  prelfant 
befoin. 

Battre  Veau.  Terme  de  Chalfe.  Cela  fe  dit  quand 
une  bcteeft  dans  Veau,  &c  l'on  crie  aux  chiens,  elle 
bac  l'eau. 

En  Aftronomie  le  Vetfeur  d'eau  ,  ou  plutôt  "Ver- 
feau  ,  Aquarïus  ,  ou  Amphora,  eft  l'onzième  ligne 
du  Zodiaque  ,  en  commençant  à  Aries  ,  8c  le  fé- 
cond des  figues  d'hiver ,  fa  figure  eft  ^^  Le  foleil 
entre  dans  ce  figne  environ  le  ly  ou  lo  Janvier. 
Selon  le  Calendrier  Grégorien  ,  en  1701,  le  foleil 
entre  en  Aquarius  le  20  Janvier  ,  à  dix  heures 
quatre  minutes  du  matin.  Ceux  qui  s'adonnent  à 
la  vanité  Afttologique,  ou  à  l'Aftrologie  judiciaire  , 
mertent  ce  figne  parmi  les  fignes  de  moyenne 
beauté,  &  parmi  ceux  qu'ils  appellent  humains  , 
raifonnables  j  &  de  bonnes  voix,  «Sic.  Ils  préten- 
dent aulïï  que  ce  figne  domine  lur  les  cuilfes  ds 
l'homme  ,  comme  les  poilfons  fur  les  pieds  ;  Sc 
que  ceux  qui  nailfent  lous  ce  figne  auront  de  belles 
inclinations  poui  la  vertu  j  lelon  ces  vers  de 
Manilius  ,   1.  4.  v.  569. 

At  fi  quem  fanclumque  velis  ,  caftumque,  probumque  j 
Hk  tibi  nafcetur  j   cum  prïmus  Aquarius  exit. 

Ils  difent  aulfi  que  ce  figne  donne  de  grands  ta- 
lens  pour  la  découverte  des  fources ,  la  conduite 
des  eaux  ,  &  pour  tous  les  arcs  qui  en  dépendent, 
&  mille  autres  chimères  femblables. 

On  dit ,  en  termes  d'Hvdraulique ,  Conduire  les 
eaux-.,  pour  dire  ,  les  enf-ermer  dans  des  ruyauxj 
ou  canaux  ,  ou  les  détourner  par  un  bâtardclu. 
Meilleurs  de  l'Académie  Royale  des  Sciences  ont 
mis  en  François  le  livre  de  Jules  Frontin  ,  de  aquA 
duclihus  ,  où  il  eft  traité  des  Aqueducs  des  ancien^ 
Romains  j  &  de  leur  mcrhode  pour  la  conduite 
des  eaux  ,  pour  élever  les  eaux  par  des  machines  , 
comme  par  les  pompes ,  qui  les  élèvent,  par  afpira- 
tion  jufqu'à  32.  pieds,  ou  pat  comprellion,  en  pref- 
fant  Veau  pour  Télever  ^\  haut  qu'on  veut ,  parce 
que  l'ert;^  ne  fe  condenfe  jamais.  Le  troifième  livre 
des  Jardins  du  P.  Rapin  eft  fut  les  eaux  :  il  y  dé- 


5  -î  2,  E  Â  U 

dit,  en  beaux  veis  Latins ,  la  manière  de  dccoii- 
vrir  les  fouices  d'cuu  ,  de  les  conduire  par  les  aque- 
ducs ,  de  les  puriiier  par  le  moyen  des  puifards , 
/ojjdi  putealcs  ,  lîk  des  xQ'gàiàs ,  fpecuU  ,  de  les  con 
ferver  dans  les  réfervous  j  recepcacula ,  &c.  li  parli 
auili  des  canaux  &  de  leurs  ion^n3.\\\,  fpirantenta 
canallum  j  des  tuyaux  ,  tubi,  tubuil  ;  des  baliinsj  la 
bra  j  des  grandes  pièces  ^eau  ,  grandes  aqunt,  ;  des 
ronds  à!^eau  ,  aquarum  ambitus  ^  des  cafcades  ,  des 

■  jnappes  <S'eau  ,  des  jets  d'eau,  aquafaiiences,  &cc. 
Il  en  parle  auiîî  dans  le  chap.  14  de  la  DilFertation 
de  difciplina  univerjh  hortenjls  culture,  V.  Jet  , 
f  ONTAiNE  Hydrostatique  ,  &c.  Faire  un  jet 
àHeau ,  c'eft  ,  Elever  Veau  ,  &  la  faire  jaillir  en 
l'air.  Un  bouillon  d'eau  ,  eft  celui  qui  ne  s'élève 
guère  au  delFus  du  tuyau.  Une  chute  d'eau ,  ou 
cafcade  ,  aquarum  lapfus.  Viwq  nappe  dieau ,  aqus, 
textiles  ,  fe  dit  quand  \eau  s'étend  comme  une 
nappe,  fur  une  pierre  d'où  elle  tombe.  Un  foleil 
^eauy  quand  les  jets  fe  dillribuent  en  rayons.  Une 
gerbe  ^eau  ,  quand  il  y  a  grand  nombre  de  tuyaux 
près  l'un  de  l'autre  qui  jettent  de  \'eau  enfemble. 
Un  berceau  d'fja,  quand  il  y  a  des  jets  à! eau  à 
droit  &  à  gauche  ,  qui  fe  courbent  en  arc  par-def- 
fus  la  tête.  Un  pouce  £'eau,  eft  l'ouverture  d'un 
tuyau  que  M  eau  remplit  en  coulant ,  &  dont  la 
fuperficie  contient  un  pouce  carré.  Bernard  Palliffi, 
Jacques  Beiîon  ,  Serlio  ,  Sal  deCaux,  &  le  Théâ- 
tre d' Agriculture  j  ont  écrit  de  l'art  de  conduire  les 
eaux ,  de  .trouver  des  fources  &:  des  fofitaines.  Il  y 
a  auffi  des  horloges  dîeau.  J'^oye^  HORLOGE  j 
des  moulins  à  eau.  Foye^  MOULIN  ;  &  plu- 
fieurs  autres  machines  dans  lefquelles  on  fe  fert  de 
la  force  del'ej^,  félon  les  règles  de  l'Hydrollati- 
que ,  pour  élever  des  corps  pefans ,  &c. 

On  dit  à  Verfailles  que  le  Roi  a  donné  les  eaux 
à  un  Prince  étranger,  à  un  Ambalfadeur,  &c.  pour 
dire  ,  que  le  Roi  a  fait  jouer  tous  les  jets  àleau 
en  fa  confidcration  ,  &  pour  lui  faire  plaiiîr  & 
honneur. 

Eau  ,  en  termes  de  Médecine  ,  fe  dit  de  quelques 
liqueurs  du  corps  humain.  Eau  flegmatique  ;  \'eau 
du  péricarde  ,  ou  contenue  dans  le  péricarde  :  c'eft 
une  humeur  féreufe  ,  dans  laquelle  nage  le  cœur  : 
elle  eft  femblable  à  de  l'urine  ;  néanmoins  elle  n'eft 
ni  âcrcj  ni  falée  :  en  quelques-uns ,  elle  relfemble 
à  de  la  lavure  de  chair  :  on  la  trouve  en  toutes  for- 
tes d'animaux  ,  morts  ou  vivans  :  les  uns  en  ont 
plus,  &c  les  autres  moins.  On  prétend  que  les  fem- 
mes &  les  vieillards  en  ont  une  plus  grande  quan- 
tité que  les  jeunes ,  à  caufe  de  la  foibleife  de  la 
■chaleur.  Il  v  a  de  cette  eau  dans  le  péricarde  du 
fœtus  ,  ce  qui  fait  voir  qu'elle  y  eft  dès  la  première 
conformation  ,  &  qu'ainh  elle  y  eft  néceffaire  dès 
le  moment  que  le  cœur  commence,  à  fe  mouvoir. 
Lorfqu'elle  eft  en  trop  grande  quantité  ,  elle  caufe 
des  palpitations  de  cœur  j  qui,  le  fuifoquant,  peu- 
vent caufer  la  morr.  Si  nous  en  croyons  Veftingius , 
cette  férofité  fe  peut  rengendrer  en  ceux  qui  l'ont 
perdue  par  quelque  plaie  au  péricarde  \  &  il  en 
rapporte  un  exemple.  Dionis.  Je  crois  que  cette  li- 
queur eft  féparée  par  les  glandes  qui  font  à  la  bafe 
du  cœur  ;  qu'elle  tombe  goutte  à  goutte  dans  la  ca- 
vité du  péricarde-,  à  mefure  qu'elle  eft  filtrée  par  ces 
glandes ,  &  qu'elle  y  élt  enrretenue  dans  une  quan- 
tité médiocte,  parce  que  ces  glandes  font  difpofées 
de  manière  qu'elles  ne  peuvent  féparer  qu'une  cer- 
taine quantité  proportionnée  à  leur  groHeur  &  à 
leur  porofité ,  qui  eft  à-peu-près  la  quantité  qui  fe 
confume  tous  les  jours  par  le  mouvement  &  par  la 
chaleur  du  cœur.  Cette  eau ,  que  quelques-uns  ont 
appelé  flegmatique  ,  ne  fert  pas  feulement  à  rafraî- 
chir &  humeéter  le  cœur  ,  mais  elle  lui  permet  en- 
core de  faire  fes  mouvemens  avec  plus  de  facilité 
que  s'il  étoit  touché  par  quelque  partie  ;  de  ma- 
nière qu'elle  rend  au  cœur  le  même  office  que  l'eau 
dans  laquelle  nai;e  le  fœtus ,  qui ,  fans  fon  cours  , 
n'auroit  pas  la  liberté  de  fe  mouvoir.  Id. 
En  Médecine,  en  Chymiei  en  Pharmacie  jchei 


E  AU  , 

les  Diftillateurs ,  les  Limonadiers,  &  en  général 
dans  l'ufage  ordinaire  j  en  terme  d'OtHce  ,  on  ap- 
pelle eaux,  plufieurs  fortes  de  liqueurs  ,  qu'on  em- 
ploie à  divers  ufages ,  &  qu'on  diftingue  par  de 
diftérentes  épithetes  qui  font  priles  du  François , 
du  Latin  ,  du  Grec  ,  quelquefois  de  l'Arabe  ,  par 
rapport  à  la  vertu  fpécihque  de  ces  eaux  ,  ou  aux 
parties  du  corps  humain  ,  pour  la  guérifon  def- 
quelles  on  les  emploie  ,  ou  aux  maladies  auxquel- 
les elles  font  propres  ,  ou  aux  chofes  qui  entrent 
dans  leur  compolition ,  ou  à  leur  inventeur  ^  ou  à 
leurdifterens  ufages,  &c.  On  dit  des  eaux  de  fleurs, 
des  eaux  de  fruits  j  des  eaux  glacées ,  des  eaux  non 
glacées.  L'eau  des  Barbades  j  ['Eau  colorée ,  l'Eau 
des  Carmes,  l'Eau  de caffé,  l'Eau  de  célezi,  l'Eau 
clairette  de  Chamberry  ,  l'Eau  de  Frangipane  , 
l'Eau  de  lavande,  l'Eau  de  mélifle  ,  l'Eau  de  mille 
fleurs  ,  l'Eau  de  myrte  ,  l'Eau  de  Pottugal ,  l'Eau  de 
réglilfe  ,  l'Eau  de  la  Reine  d'Hongrie  ,  fimple ,  & 
celle  qui  eft  à  la  bergamottte  ,  l'Eau  de  favon ,  l'Eau 
de  thym,  &c.  Ce  font,  la  plupart,  différentes 
préparations  d'ea^-de-vie  j  dans  laquelle  on  a  fait 
infufer  les  chofes  dont  elles  portent  le  nom. 

Eau  d'Abricots.  Dans  une  p'imn  d'eau,  mettez  fix 
ou  huit  abricots  ,  fuivant  leur  grofleur  :  coupez- 
les  par  morceaux  :  donnez-leur  un  bouillon  pour  en 
tirer  le  goût  ;  &  le  tout  étant  refroidi ,  on  y  met 
un  quarteron  j  ou  cinq  onces  de  fucre  y  quand  il  eft 
fondu  ,  on  paife  le  tout  à  la  chaulfe.  Chomel. 

Eaux  Alixitères.  Aqua  Alexiter'u  3  Alexiphar- 
maca ,  font  des  eaux  qui  réfiftent  aux  venins  & 
à  la  pefte^  comme  font  celles  d'angélique  ,  de  fcor- 
fonnère  ,  de  eitron,  d'orange  j  de  fcordium ,  de 
rue ,  &c. 

Ce  mot  eft  Grec  j  àMl>irific( ,  qui  vient  du  verbe 
ùy^ikii/ ,  qui  fignifie,  ChaJJer  ,  empêcher  3  repoujjer. 

Eau  Alumineuse.  Aqua  alumïnofa  ,  eft  une  taw  vul- 
néraire compolée  ,  appelée  ainfi  à  caufe  de  l'alun, 
qu'elle  a  pour  bafe. 

Eau  d'Ange.  Terme  de  Parfumeur.  Aqua  Angeli 
odoraria  _,  jucundè  olens  ,  eft  une  eau  de  fenteur  , 
compofée  d'itis  de  Flotence  ,  de  ftorax  ,  de  bois  de 
rofe,  de  fantal  citrin,  &c.  On  verfe  deftus  les  eaux 
difti liées  de  rofe  &  de  fleur  d'orange ,  &  on  fait 
diftiller  la  liqueur  au  bain-marie  ,  dans  laquelle  on 
dilTout  du  mufc  &  de  l'ambre  :  c'eft  pour  la  vendre 
mieux  que  les  Parfumeurs  lui  ont  donné  le  nom 
d'Ange.  Les  eaux  d'Ange  fe  font  de  plufieurs  fa- 
çons ,  &  font  prefque  toujours  la  même  chofe. 
Barbe.  L'eau  d'Ange  fe  fait  d'une  cornpofition  de 
benjoin  concaffé,  de  ftorac  aufli  concalTe  ,  de  can- 
nelle pilée ,  de  clou  de  girofle  pilé  ,  de  quelques 
citrons  coupés  en  quatre ,  &  de  quelques  morceaux 
de  calamus  \  le  tout  bouilli  dans  un  coquemar  juf- 
qu'à  la  diminution  d'un  quart.  On  verfe  cette  eau 
dans  un  baflin  ,  &  on  la  lailfe  refroidir.  C'eft  l'eau 
d'Ange.  Voyei^  Barbe  dans  fon  Traité  des  Eaux  de 
fenteur. 

Eau  d'Angélique.  Elle  eft  différente  de  la  précé- 
dente ,  à  laquelle  on  a  donné  le  nom  d'eau  d'Ange , 
pour  marquer  fon  excellence  par  ce  beau  nom  : 
l'eau  d'Angélique  tire  Ion  nom  de  l'Angélique  qui 
entre  dans  fa  compofition  :  elle  fe  fait  dleau  de-vie, 
de  \ Angélique  ,  de  la  cannelle ,  du  clou  de  girofle  j 
du  macis  ,  de  la  coriande ,  de  l'anis  vert ,  du  bois 
de  cèdre  ,  le  tout  concaffé  dans  un  mortier  ,  &  in- 
f  ufé  durant  une  nuit  j  puis  diftillé. 

Eau  d'Anis,  ou  eau-de-vie  anisée.  Prenez  un  de- 
mi-fetier  d'effence  d'anis  diftillée  ,  mettez -la  fur 
trois  pintes  de  la  meilleure  eau-ds-wle ,  avec  une 
pinte  d'eau  bouillie,  &  mêlez  bien  le  tout  enfem- 
ble ;  (i  vous  la  voulez  fucrée  ,  mettez  fur  le  tout 
une  chopine  de  fucre  clarifié  :  mais  bien  des  gens 
l'aiment  fins  fucre  ;  paffez  le  tout  à  la  chauffe. 
CuoMEL.  On  appelle  de  l'eau  d'anis  forte,  une  eau 
compoféî  d'effence  d'anis  diftillée  ,  de  bonne  eau- 
da-vie,  6:eau  naturelle  &  de  fucre  ,  Ci  on  la  veut 
fucrée.  Ces  eaux  s'appellent  auffî  du  novad'eau-de- 


yie  anifée. 


ËAa 


EAU 

Eau  d'Arquebwsade.  Aqua  vulneraria.  C'eft  une 
eau  qui  aft  appelée  ainfi ,  parce  qu'on  s'en  fer: 
^ans  les  plaies  d'arquebufade.  Elle  elt  compofce  de 
racines  &  de  feuilles  de  confoude ,  de  feuilles  de 
fauge,  de  bugle  ,  d'arnioife,  &c  de  plufieurs  autres 
vulnéraires  ,  qu'on  fait  intufer  dans  du  vin  blanc  ', 
Se  qu'on  diftille  enfuice  par  le  bain-marie  ou  de  va- 
peur. On  travaille  à  dellécher  la  plaie  avec  de  l'eau 
vulnéraire  ,  qui  efl:  excellente  à  ces  fortes  de  plaies , 
&  à  laquelle  ,  pour  cette  raifon,  on  a  donné  le  nom 
d'edu  d'arquebufade.  DioNis. 
£aux  Arthritiques.  Aqu£  Anhridc^ ,  font  des  eaux 
contre  la  goutte,  la  paialyfie,  les  iremblemens  ,  les 
douleurs  des  jointures,  &c.  Telles  font  celles  de 
pivoine,  de  chamaepitis,  de  calamenc,  de  bétoine. 
de  romarin  ,   &c. 

àfifiri!  ,  en  Grec,  efl:  la  douleur  qu'on  fent  dans  les 
jointures,  «ff»  eft  un  article  ,  une  jointure.    Ueau 
arthritique  eft  une  eau  bonne  pour  les  douleurs  des 
articles. 
Eau   battue.    C'efl:  celle  qu'on  a  verfée  plufieurs 
fois  d'un  vafe  dans  un  autre  ,   pour  lui  ôter  £i 
crudité. 
Eau  de  blanc  d'œuf.    C'eft  de  \eau  qui  fe  fait  en 
fouettant  bien  le  blanc  d'œuf ,  ou  bien  en  le  fai- 
fant    abreuver  par  une   éponge  plufieurs  tois ,  & 
l'épreignant  auili-toc,  puis  la  taifant  couler  par  le 
papier  gris.  Cett  une  cu/^  jaunâtre,  qui  elt  la  plus 
fine  de  toutes  les  colles. 
Eau  de  Cannelle.  On  la  fait  avec  de  l'eau  naturelle. 

&  de  la  cannelle  concalfée  &  pilée. 
Eaux  Cardiaques.  Aquéi.  cardiact.   Des  eaux  pro- 
pres à  fortifier  le  cœur,  comme  font  celles  d'endive , 
de  chicorée,  de  bugloire,  de  bourach^,  d'ofeille  , 
de  fouci,  &c. 

x.xfi-iu,  ,  (ignifie  le  cœur ,'  &  fe  prend  fouvent 
pour  l'efliomacj  d'où  vient  que  nous  appelons  maux 
de  cœur ,  &cc. des  maux  deltomac. 
Eau  Céleste,  Elle  fe  Hiit  avec  de  la  cannelle  fine  , 
du  girofle ,  des  noix  mufcades ,  du  gingembre  ,  de 
l'ezedonary  ,  du  galanga ,  du  poivre  blanc.  Prenez 
une  once  de  chacune  de  ces  drogues,  fix  pelures 
de  bon  citron  ,  deux  poignées  de  raifin  de  Damas, 
autant  de  jujubes ,  une  poignée  de  mocle  d'hièble  j 
quatre  poignées  de  graines  de  genièvre,  qui  foient 
bien  mûres  ,  une  poignée  de  femence  de  fenouil 
vert,  autant  de  fleurs  de  bafilic  ,  autant  de  fleurs  de 
millepertuis,  autant  de  fleurs  de  romarin  ,  autant 
de  fleurs  de  marjolaine  ,  de  pouillot ,  de  ftécados , 
de  franc  fureau  ,  de  rofes  mufcades ,  de  rue  ,  de 
fcabieufe ,  de  centaurée  ,  de  fumeterre  ,  &  d'ai- 
g'-emuiiie ,  deux  onces  de  fpica  Hardi ,  autant  de 
bois  dalocs  j  autant  de  graines  de  paradis,  autant 
de  cr-iamusaromaticus,  autant  de  bon  macis,  autant 
d'ohb.m  ,  autant  de  fental  citrin  ;  une  dragme 
d'alocs  épatique  ,  ambre  fin  ,  rhubarbe  deux 
dragmes.  Après  avoir  pilé  &  pulvérifé  celles  de 
ces  uiou'ues  qui  le  doivent  être  ,  on  met  le  tout  bien 
mêlé  dans  un  alembic  de  verre  fort.  On  verfe  de 
l'eau-de-vie  fur  ces  drogues  ,  aflez  pour  que  l'eau- 
de  vie  furnage  au  moins  de  crois  ttavers  de  doigt 
au-delfus  des  drogues;  l'alembic  étant  bien  bou- 
ché, il  faut  le  mettre  dans  le  fumier  de  cheval  bien 
chaud,  en  digeltion  l'efpace  de  quinze  jours,  puis  en 
diiHllation  au  bain-marie  toujours  bouillant  ;  & 
lorfqu  on  s'appercevra  que  ce  qui  tombe  dans  le  ré- 
cipient change  de  couleur,  on  doit  aulll  changer 
de  récipient ,  &  remettre  la  première  eau  qui  a 
diftiUé  dans  l'alembic  ,  pour  la  purifier  dans  fon 
flegme  par  une  féconde  diftillation;  &  cette  féconde 
fêta  \'eau  célejle.  Chomel. 
Eaux  Céphaliques.  AquA  Cephalicx^  font  des  eaux 
qui  fortifient  le  cerveau  \  comme  font  celles  de 
romarin  ,  de  marjolaine ,  de  fauge ,  de  pivoine  , 
de  mélifle  ,  de  bétoine  ,  Sec.  Ki<fi«Afl' ,  (îgnifie  la 
tere. 
Eau    de    Cerfeuil.    Elle   fe  fait  comme   celle  de 

tenouil. 
Eau  de  Cerises. 
Tome  III, 


EAU 


Ji 


écrafez  demi- livre  ,  ou  trois  quarterons  de  cérifes, 
fuivant  qu'elles  font  bonnes  ,   avcc  un  quarteron  , 
ou  cinq  onces  de  fucre  :  paliez  le  tout  à  la  chauffe  , 
jufqu'à  ce  qu'il  foit  bien  clair.  Chomel. 
Eau  de  Cete.  Elle  le  fait  avec  de  l'eau  naturelle  qui 
a  bouilli ,   &  qu'on  a  laillé  refroidir  dans  l'ellence 
d'anis  diftillée  ^  de  l'efprit  de  vin  j  &  du  lucre  cla- 
rifié. On  peut  mettre  plus  ou  moins  de  chacune  de 
ces  choies  ,  ou  en  ajouter  d'autres  j  fuivant  l'inten- 
tion que  l'on  a  de  rendre  cette  eau  de  cète  plus  ou 
moins  forte ,  &  de  lui  donner  quelque  odeur  Sc 
quelque  goût  particulier.  Elle  s'appelle  ainfi  ,  de 
Sète ,  port  de  mer  j  dans  le  Languedoc ,  où  elle 
a  commencé  à  fe  faire.    On  écrit  cependant  eau  de 
cète  j  aulieu  à' eau  de  Sète. 
Eau  ChalybÉe.  Aqua  chalybeata ^  eft  une  eau  dans 
laquelle  on  a  éteint  l'acier  rougi  au  feu.  L'acier  s'ap- 
pelle en  Latin  chalybs.   Cette  eau  eft  aftringente  , 
&  propre  pour  les  cours  de  ventre  ,  aufli  bien  que 
Veau  ferrée.  Comme  il  y  a  une  infinité  de  chofes 
dont  les  Chymiftes  tirent  des  eaux  j  ou  qu'ils  mê- 
lent avec  \'eau  j  pour  en  faire  des  compofitions  à 
l'ufage  de  la  Médecine  ,  il  n'y  a  pas  moyen  d'en- 
trer ici  dans  tout  le  dérail  qu'on  trouvera  dans  les 
livres  de  M.  Lémery,  &c  autres  qui  en  ont  écrit. 
Eau  de    Chaux.    Aqua  cihe  inituta ,  eft  de    leatt 
commune  ,  dans  laquelle  on  a  tait  éteindre  de  la 
chaux  qu'on  a  enfuite  filtrée. 
Eau  Clairette  ,  c'eft  une  eau  compofée  d'eau-de- 
vie  J  de  fucre  &  de  cannelle,  dans  laquelle  on  dif- 
fout  quelques  grains  d'ambre  gris  :  elle  aide  à  la 
dii^eftion  ,  ôc  fortifie  le  cœur.    On  rend  cette  eau 
purgative ,  ou  émétique ,  en  y  ajoutant  des  refines 
de  jalap  &  de  fcammonée  ,  ou  du  fafran  des  mé- 
taux. Quelques-uns  font  de  Veau  daintte  :ivec  de 
l'eau -de-vie  ,  du  jus  de  cerifes  ,  de  framboifes  &  de 
grofeilles  écralées  ,  du  fucre  ,  des  clous  de  girofle  j 
du  poivre  blanc  j  de  la  mairie  &  de  la  coriande  :  on 
palIe  à  la  chaulFe  cette  liqueur ,  après  avoir  lailfé 
infufer  les  chofes  qui  y  enrrent,  &c  fondre  le  fucre 
pendant  deux  ou  trois  jours.    Chomel  appelle  celle- 
ci  J  Eau  clairette  d' Arménie ^  &  apprend  la  manière 
de  la  faire. 
Eaux  Cordiales.  Voye\  Eaux  Cardiaques.  C'eft 

la  même  chofe. 
Eau  de  Coriandre.   Elle  fe  fait  d'eau-de-vie  &  de 
coriandre. 

Eaux  Cosmétiques.  Aqut  cofmetics ,  font  des  eaux 
propres  pour  nettoyer ,  pour  adoucir  &  pour  em- 
bellir la  peau.  Il  s'en  fait  de  plufieurs  fortes  :  »»«-^7» 
fignine  orner ,  embellir. 
Vraie  Eau  Crystaline  végétale.    "Terme  de  Phi- 
lofophie  hermétique.  Eau-At-wiQ  faite  de  vin  j  Se 
fept  fois  reétifiée. 
Eau  de  Départ,  ou  de  séparation j  n'eft   autre 
chofe  que  Veau  forte ,  qui  eft  appelée  ainfi  ,  parce 
qu'elle  fert  à  féparer  l'or  d'avec  l'argent.  Cette  ex- 
preflion  eft  prife  de  la  Chymie  &  de  la  Philofophie 
hermétique. 
Eaux  distillées.  Aquit  diJliUat£  ,  JlillatitiA ,  (ont  des 
eaux  qu'on  tire  des  plantes  par  le  moyen  de  la  dif- 
tillation.   Il  y  en  a  dtfimples  &c  de  compofies.    Les 
/impies  font  celles  qu'on  tire  de  la  plante  fans  addi- 
tion ,  comme  Veau  de  rofe  j  de  chicorée  ,  &c.  Les 
compofées  font  celles  dû  il  entre  plufieurs  efpèces 
d'ingrédiens  j  comme  Veau  thériacale  ,  Veau  impé- 
riale ,  &c. 
Eau  divine.  Aqua  divina. 

L'un  ejl  rempli  d'une  liqueur , 
Quon  appelle  de  /'eau  divine  , 
Et  quon  dit  bonne  pour  le  cœur. 

Elle  eft  extrêmement  déterfive  j  &  c'eft  fa  grande 
vertu  qui  lui  a  fait  donner  fon  nom. 
Eau  dorke.  Terme  du  grand  Art.  C'eft  le  nom  qu'on 
donne  au  mercure  quand  il  eft  fair.  ^ 

Dans  une  pinte  d'eau  ^,  mettez  ScIEau  des  Eqwinoxes.  Terme  de  Philofophie  Herms- 

T  1 1 


ji4  EAU 

tique.  C'eft  la  rofée  qui  tombe  au  temps  des  équi- 
noxes. 
•Eau  de  Fenouil.  Il  faut  prendre  une  poignée  de  fe- 
nouil, la  mettre  lafuler  dans  une  pinte  d'ccju  à 
froid,  l'efpace  d'une  heure  ,  ou  d'une  heure  &c  de- 
mie ;  puis  y  mettre  trois  onces ,  ou  un  quarteron 
de  fucre,  la  palFer,  la  faire  rafraîchir,  &c  la  donner 
à  boire.  On  y  peur  mettre  du  mufc  ,  ou  de  l'ambre 
préparé  ^  mais  très  peu.  Chomel. 
Eau  ferrée.  Jqua  ferrata  ,  chalybcata  ,  car  c'eft* 
la  même  chofe  que  \'eau  chalybée.  C'eft  une  eau 
dans  laquelle  on  a  éteint  une  biHe  d'acier  rougie 
au  feu. 
Eau-Forte  ,  ou  Eau  ardente  ,  ou  caustique. 
Aqua  fonis  ,  fepcvationis  ,  eft  un  mélange  d'efprit 
de  nitre  «3c de  vitriol,  tirés  par  la  violence  du  feu.  On 
y  ajoute  quelquefois  de  l'alun  &  de  l'ariénic.  Elle 
lert  à  diffoudre  tous  les  métaux,  à  la  réierve  de  l'or. 
Veau  forte  commune  n'eft  autre  chofe  qu'un  mé- 
lange de  parties  à-peu-près  égales,  d'efprit  de  nitre 
&  d'efpiK  de  vitriol.  Homberg.  Acad.  des  Scienc. 
1412.  /'.  70  II  n'y  a  qu'une  feule  eau-forte  princi- 
pale ,  qui  eft  l'efprit  de  nitre  ,  lequel  dilfout  feul 
l'argent,  fans  avoir  befoin  d'être  mêlé  à  d  autres 
acides 5  <ïc  les  .autres  acides,  que  nous  avons  quali- 
fiés à'cau-fone,  ne  fçauroient  di (foudre  l'argent , 
fans  être  mêlés  d'efprit  de  nitre.  Id.  Ibid. 

§CJ'On.^ppelleaulfi  eiî^-yo;rff,  une  eftampe  gra- 
vée avec  le  feul  fecours  de  Veau-force  ,  &  dans  la- 
quelle le  burin  n'a  pas  travaillé.  Une  belle  eau- 
farte.  Acad.  Fr. 

En  termes  de  Blanchilfeufes  ,  on  appelle  eau- 
forte  ,X  eau  d'empois,  c'eft-à-dire,  Xeau  qui  fort 
du  linge  empefé  lorfqu'on  le  tord.  Il  eft  de  certaines 
chofes  qu'on  n'empèle  pas  :  on  y  met  feulement  un 
peu  à'eau-jorte.  Veau-Jorte  des  Blanchilfeufes  n'eft 
pas  toujours  \eau  qui  fort  lorlc^u'on  tord  le  linge 
empefé  :  elles  en  font  quelqaetois  avec  l'empois 
qu'elles  délaient  dans  de  l'eau,  à  force  de  le  ma- 
nier, &  qu'elles  palfentenfuite  dans  un  linge.  Celle- 
ci  eft  plus  forte  que  la  première  j  car  l'autre  j  qui 
a  fervi  ^  n'eft  ,  pour  ainfi  dire  j  que  le  mégue  de 
l'empois. 
Eau  de  Genièvre.  Eau  compofée  :  elle  fe  fait  avec 
de  Vei'u.  -  de  -  vie  ,  3c  de  la  graine  de  genièvre 
concalfée. 
Eau  de  clou  de  Girofle.   Elle  fe  fait  avec  de  Veau- 

de-vie  ,  ôc  du  clou  de  girofle. 
Eaux  glacées.  Les  eaux  glacées  fe  prennent  l'été  : 
celles  qu'on  fait  glacer ,  font  celles  qu'on  appelle 
rafraîchilfantes.  Voyc^  Eaux  rajraîchtffantes  y  & 
Eau  de  fleur  d'orange.  Les  eaux  glacées  fe  font  ain(î. 
On  met  les  boctes  j  ou  les  vailleaux  où  font  les  li- 
queurs qu'on  veut  faire  glacer,  dans  un  feau ,  en- 
lotte  que  ces  boëtes  ne  fe  touchent  point  l'une  l'au- 
tre :  on  les  couvre  j  on  remplit  le  vide  du  feau  de 
glace  pilée  &  falée  \  de  demi-heure  en  demi-heure 
on  fait  fortir  Veau  qui  s'amalle  au  fond  du  feau, 
par  un  trou  qui  eft  au  bas;  on  remue  avec  une 
cuillier  les  liqueurs  pour  les  faire  glacer  en  neige  , 
(car,  fi  elles  étoient  en  forme  de  glaçons,  ou  de 
morceaux  de  glace,  elles  n'auroient  point  de  goûtj 
on  recouvre  les  boëtes ,  &  on  remplit  le  feau  de 
glace  pilée  &  falée  pour  remplacer  celle  qui  avoir 
fondu  ,  &  qu'on  avoit  fait  écouler  :  fi  Ion  veut  faire 
glacer  proinptement  les  eaux,  on  y  met  beaucoup 
de  (A.  /^'oyei  aufli  Chomel  j  Diclion.  Oecon.  Jll. 
Part.  p.  4. 
Eau  Gommée.  Aqua  gummina ,  eft  celle  qui  fe  fait 
en  y  lailfant  tremper  de  la  gomme  Arabique  enfer- 
mée dans  un  morceau  de  linge.  Les  femmes  en  font 
aufli  pour  gommer  leurs  cheveux  ,  en  y  laiflant 
tremper  des  pépins  de  coin. 
Eau  Grégorienne.  Terme  de  Droit  Canon.  Aqua 
Gregoriana.  Les  Canoniftes  donnent  ce  nom  à  Ve.vu 
bénite,  avec  laquelle  on  purifie  les  Eijlifes  polluées. 
Le  Pape  Innocent  III.  confulté  par  l'Archevêque  de 
Compoftelle  ,  qui  lui  rcpréfentoit  que  dans  fon 
£glife  il  arrivoit  quelquefois  des  batteries  5c  des 


EAU 

meurtres  par  le  concouis  des  Pèlerins ,  répond  qu'il 
faut  dans  ces  occafions  réconcilier  l'Eglife  avec  de 
Veau  bénite  mêlée  de  vin  éc  de  cendre  ,  per  aqunm 
curti  vino  t,'  cinere  benedlctam.  C'eft  ce  qu'on  appelle 
VEau  Grégorienne. 

Eaux  Hépatiques.  Aqux.  hepacic£  ,  fonr  celles  dont 
on  fe  ferr  pour  fortifier  le  foie ,  qu'on  appelle  en 
Latin  hepar  ,  du  Grec  «»à^j  comme  celles  de  chi- 
corée, de  capillaire^  de  pourpier  ,  d'agrimoine  ,  de 
fumeterre  ,  &c. 

Eaux  Hystériques.  Aqu£  hyflericâ, ,  font  des  eauii 
propres  à  fortifier  la  matrice ,  &  remédier  à  iz^  in- 
commodités; comme  font  celles  de  matricaire,  de 
méliffe  ,  d'hylîope  ,  de  fenouil,  d'armoife  j  d'ache, 
&c.  Les  Grecs  difentî's-'-eEfixof  dans  le  même  fens. 
io-7-;p«î  fignifie  proprement  le  dernier ,  le  fuivant  ; 
&  les  Médecins  appellent  la  matrice  ^«-ref«  ^  comme 
qui  diroit  le  dernier  des  vifcères. 

Eau  Impériale.  Aqua  imptrialis ,  eft  de  Veau  diftillée 
de  cannelle  ,  de  noix  mufcade  ,  d'écorce  de  citron  , 
de  clous  de  girofle ,  de  calamus  aromaticus  j  de 
fental  citrin,  &  de  plufieurs  autres  fimples  qu'on  a 
fait  infufer  dans  le  vin  blanc  &  Veau  de  mélifie  :  elle 
eft  bonne  pour  les  mafidies  du  cerveau  j  de  l'efto- 
mac  &  de  la  matrice.  M.  Lémery  dit  qu'il  y  a  appa- 
rence que  le  nom  de  cette  eau  vient  de  ce  qu'elle  1 
été  inventée  pour  quelque  Empereur.  Mais  il  fe 
pourro'it  bien  faire  aulfi  qu'on  ne  lui  auroit  donné 
ce  nom  que  pour  en  donner  une  grande  idée, 
comme  on  a  dit  Veau  d'Ange  &  Veau  divine  ,  ou 
parce  qu'il  y  entre  beaucoup  de  drogues,  dont  au- 
cune n'eft  en  aifez  grande  quantité  pour  lui  donner 
fow  nom  en  particulier. 

Eau  de  Mélisse,    l^oye^  MÉLISSE. 

Eau  de  Mer  salée.  On  appelle  ainfi  l'urinCj  en  ter- 
mes de  Philofophie  Hermétique. 

Eaux  méres  ,  ou  amek.es.  Ce  font  les  eaux  qui 
proviennent  de  l'égoût  du  falpêtre  brut  de  la  pre- 
mière cuite.  On  s'en  fert  pour  recharger  les  cu- 
vières. 

Eau  mère  de  vitriol.  C'eft  une  eau  qui  refte  après 
que  la  dilfolution  de  la  couperofe  verte  dans  Veau 
eft  évaporée  jufqu'à  un  certam  point,  f^oye^  Eau 
MÈRE.  L'eau  mère  du  vitriol  eu.  compofée  en  partie 
des  acides  qui  fe  font  dégagés  du  fer  qu'ils  pénc- 
troient  fous  la  forme  du  vitriol ,  en  partie  de  f  huile 
de  fer  féparée  de  la  terre  métallique  la  plus  grof- 
fière ,  &  en  partie  de  cette  terre  métallique  :  de  ces 
principes  défunis,  il  fe  fait  de  nouvelles  combinai- 
fons  :  les  acides  fe  joignent  les  uns  à  l'huile  de  fer 
féparée  de  la  terre  ,  les  autres  à  la  terre  féparée  de 
l'huile;  ce  qui  produit  des  alcalis,  mais  exempts  de 
corrofion  ,  à  caufe  du  mélange  de  l'huile  j  &  doués 
d'une  qualité  fort  ftyptique  ,  à  caufe  de  la  grande 
quantité  de  terre  qu'ils  foutiennent.  Cette  eau  mère 
de  vitriol  eft  un  des  meilleurs  aftringens.  On  s'en 
fert  avec  fuccès  j  tant  extérieurement  qu'intétieure- 
ment ,  dans  les  hémorragies  ,  dans  les  flux  de  ven- 
tre y  dans  les  crachemens  de  fang  ,  dans  les  ulcères 
du  poumon  ,  des  reins  &  de  la  velîie  ;  elle  eft  pré- 
férable à  Veau  de  Rabel ,  qui  eft  moins  ftyptique  & 
plus  corrofive  ,  [ôc  aux  gouttes  antiphtifiques  des 
Anglûis.  Geoffroy.  Acad.  des  Se,  171 5.  Veau  mère 
de  vitriol  eft  une  invention  de  cet  habile  Académii^ 
cien.   Voy.  encore  Stypticitî. 

Eau  de  Miel.  C'eft  une  eau  qu'on  prépare  dans  les 
lieux  où  il  fe  fait  beaucoup  de  miel ,  en  lavant  les 
rayons  du  miel ,  &  les  vailïèaux  où  il  y  en  a  eu, 
dans  de  Veau,  ce  qui  la  rend  miellée  :  elle  de- 
vient enfuite  claire  ;  &  les  gens  du  commun  s'en 
fervent ,  dans  ces  lieux  -  là  ,  pour  leur  boiffbn 
ordinaire. 

Eau  des  Microcosmes.  Terme  du  grand  Art.  C'eft 
l'efprit  de  nitre. 

Eaux  Minérales.  Aqua.  minérales  ,  font  des  eaux 
qui  ont  contraélé  quelque  propriété  en  palTant  à 
travers  des  minéraux;  comme  font  l'alun,  le  vi- 
triol ^  le  foufre  ,  &c.  Il  y  en  a  qui  font  aduelle- 
ment  froides  ,  Se  qui  ont  uu  goût  plus  ou  moins 


EAU  EAU  su 

aigre  :  on  les  appelle  adjuges  :  elles  font  le  plus  Eau  PhagÈdÉnique.  Jqna  phagcdcr.ka,  efi  de  Veau 

de  chaux,  lur  une  livre  de  laLiuelle  on  ajoiue  vincrc 

_.. : l.r.,L\;..    '        '      ,-r  '      ,  °- 


fouvent  chargées  de  particules  de  fer  ,  de  vicnol , 
de  niure ,  ou   d'alun.    Il  y  en  a  d'autres  qui  font 
atluellement  chaudes  ,  &  qu'on  appelle  chermales  : 
celles-ci  font  ou  falées ,  ou  nitreules ,  ou   birumi- 
neufes,  ou  fulfureufes ,  ou  i^errugineufes.  Les  eaux 
muieraUs  font  aulli ,  ou  naturelles  ,  ou  arcijkielles. 
Les  naturelles  font  l'ouvrage  de  la  nature  :  les  arti- 
ficielles dépendent  de  l'induftrie  des  hommes.   Les 
eaux  de  Bourbon,  deForgeSj  deSpa^  de  Pougues,de 
Palfy ,  près  Paris.  On  dit,  abfolument,  il  ell  allé 
au.x  eaux.  On  lui  a  ordonne  les  eaux.  Il  ell  mort  aux 
eaux.    Voy.  Minéral, 
Eau  Mondifiéb   de  la  terre,  ou  de  l'élixir.  Terme 
de    Philofophie    Hermétique.    On    appelle    ainh 
la  matière  j  lorfque  j  de  noir ,  elle  ell  devenue 
blanche. 
Eau  de  Naphe  ,  Aqua  nepht  ,  feu  aurantiorum  ^  n'eft 
autre  chofe  que  X'eau  de  fleur  d'orange.  M.  Danet 
dit  que  c'eft  de  Veau  de  citron.   Meflieurs  de  l'Aca- 
■démie ,  dans  leur  Diélionnaire,  fur  le  mot  de  'lajfe, 
tlifent  feulement ,  en  général ,  que  Veau  de  na^e  eft 
une  certaine  eau  de  fenteur.    Mais  il  eft  conftant  que 
Veau  de  naffe,  aquananfa  j  ou   lanfa  ,  comme  l'ap- 
pellent les  Tofcans,  n  elt,  chez  les  Parfumeurs,  que 
de  Veau  de  fleur  d'orange. 
Eaux  Néphretiiiues.  Aquâi.  nephretic£ ,  font  des  eaux 
qui    fortitîcnt  les   reins,  qui  en  font  fortir ,  par 
les  urines,   les  impuretés;  conime  font  celles  de 
chèvrefeuille  ,  de  pariétaire  ,  de  raves ,  de  ihwt%  , 
de  mauves ,  d'oignons,  &c.  «sippsf,  en  Grec ,  fignifie 
le  rein. 
Eau  de  Noyaux.  Liqueur  qui  fe  fait  avec  de  Veau- 
de-vie  ,  des  noyaux  de  ceriles  piles  ;  ou  des  aman- 
des d'abricots  pilées  avec  de  Veau  ,  de  la  cannelle  , 
des  clous  de  girofle  ,  de  la  coriande,  du  fucre^  &  de 
l'eaa naturelle,  qui  a  bouilli  :  quelquefois  on  ajoute 
du  poivre  blanc. 
Eau  d' oeillet.  Cette  e^iu  n'eft  point  tirée  de  l'œillet  ; 
cette  fleur  n'en  rend  point.    On  la  tire  du  girofle  \ 
mais  parce  que  l'œillet  tire  fur  l'odeur  du  girofle  , 
que  l'on  a  adouci  en  en  tirant  Veau ,  c'eft  par  ce 
moyen  que  l'on  a  de  Veau  qui  a  l'odeur  de  l'œillet. 
Barbe. 
Eaux  Ophtalmiques.  Aqu^e  ophtalmies,  font  celles 
qui  remédient  aux  incommodités  des  yeux  :  comme 
font  les  eaux  d'eufraife,  de  fenouil,  de  verveine, 
de  plantain ,  de  chélidoine  ,     &c.   «'«V:'  fignifie 
l'œil.  On  appelle  aulîî  eaux  de  caffe-lunette ,  les  eaux 
qui  éclaitcilfent  la  vue  ,  &  rendent  par-  là  les  lu 
nettes  inutiles.    On  le  dit  en  particulier  de  Veau  de 
bluet,  ou  de  cyanus. 
Eau  d'Or.   Liqueur  forte  &  violente,  dont  le  corps 
eft  de  l'efprit  de  vin  :  on  y  mêle  un  peu  de  fucre  , 
&  quelques  odeurs. 
Eau   de  fleur  d'orange.  Elle  fe  fait  avec  de  Veau 
naturelle  ,  du  fucre  &c  de  la  fleur  d'orange  ,   qu'on 
fait  infufer  dans  Veau  pendant  environ  deux  heures. 
On  peut  faire  de  la  même  manière  de  Veau  de 
différentes  fleurs ,  comme  de  violette  ,  de  jonquille , 
de  jafmin  ,  de  tubéreufe  ,  &c.  Ces  eaux  font   ra- 
fraichilfantes.   On  fait  aufli  des  eaux  rafraichilfin- 
tes  avec  différens  fruits  :  celles  qui  font  le  plus  en 
ufage  ,  font,  Veau  de  fraifes ,  de  framboifesj  de 
cerifes ,  de  grofeilles  ,  d'abricots  ,  de  pêches ,  de 
poires  mufquées,  de  grenade,  de  verjus  ,  de  pifta- 
thes,  de  pignons,  de  noifettes,  de  cannelle  ,  de  co- 
riande, S:c.  Quelques  légumes,  comme  lecerfeuil , 
la  pimpjenelle  ,  le  fenouil  vert ,    &c.  fervent  en- 
core à  taire  des  eaux  rafraîchilfantes.  Ces  eaux  fe 
font  toutes  avec  de  Veau  naturelle  ^  du  fucre  j  &  les  ' 
chofes  dont  elles  portent  le  nom  ,  qu'on  met  infu-  | 
fer  dan?  Veau  ,  &  dont  on   prend  le  fac  après   les  ' 
avoir  pilées  &  écrafées  :  dans  quelques-unes  on  met 
un  peu  de  jus  de  citron. 
Eau  Panée.    C'eft  celle  où  l'on  a  mis  tremper  du 

pain. 
Eau  de  Pêches.  Elle  fe  fait  comme  Veau  d'abricots  ; 
mais  avec  des  pêches.  j 


ou  trente  grains  de  fublimé  corrolif  en  poudre ,  qui 
la  font  jaunir  d'abord.  Elle  fert  pour  nettoyer  leî 
vieux  ulcères ,  &c  pour  manger  les  chairs  fuper- 
flues.  C'eft  encore  une  eau  phagedéniane  ,  que  de 
Veau  de-vie  dans  laquelle  on  a  tait  dilloudre  de  la 
thériaque, 

Ce  mot  vient  du  Grec  <p«rr:^a(^a  ou  ■piîytiva  ^  qui  fi- 
gnifie ulcère  qui  mange  les  chairs  voUînes  j  àix 
verbe  çl^yu^,  manger. 
Eau  Philosophique  ,  ou  des  deux  champions. 
Aqua  philofophka  ,  eft  une  eau  qui  fe  fait  avec  par- 
ties égales  de  falpêtre  j  &  de  fel  ammoniac.  C'eft 
une  efpèce  ^eau  régale  qui  eft  propre  pour  dilfou- 
dre  l'or. 
Eau   de  Pimprenelle.  Elle  fe  fait  comme  Veau  ds 

fenouil. 
Eau  de  Poires  musquées.   Elle  fe  fait  comme  celle 

d'abricots. 
Eau   de   Poulet.  C'eft  une  manière  de  demi-bouil- 
lon fait  avec  de  Veau  îk  de  la  chair  de  poulet.  L'eau 
de  pouiet  eft  fort  en  ufage  dans  la  diète  des  Fébri- 
citans,  qui  n'ont  befoin  que  d'un  aliment  très-léger, 

LÉMERY. 

Eaux  Rafraîchissantes.  Sont  celles  qui  rafraî- 
chilfent,  &  qu'on  prend  ordinairement  en  été  aux 
colations  j  &  entre  les  repas ,  autant  pour  le  plailit 
qu'on  y  trouve ,  que  pour  le  befoin  qu'on  en  a. 
Voy.  Eau  de  fleur  d'orange.  Chomel  parle  aulîi 
à' tau  rajrakhifantcs  pour  faire  les  émulfions  j 
telles  que  font  celles  de  pourpier,  chicorées ,  laitues 
courtes,  melons,  concombres. 

Eau  Régale.  Aqua  regalis  ,  eft  de  l'efprit  de  nitre  , 
dans  quatre  onces  duquel  on  diifout  une  once  de  fel 
ammoniac.  Elle  fe  tau  aufti  avec  parties  égales  de 
falpêtre  &  de  fel  gemme  ,  dont  on  tire  les  efprits 
par  la  diftillation.  Cette  eau  eft  nommée  reV^/e,  par- 
ce qu'elle  diflout  l'or ,  qu'on  appelle  le  Roi  àQS 
métaux.  On  la  nomme  aufli  aqua  chryfulca  ,  ou 
fygia.Lei  eaux  régales  font  l'efprit  de  fel  commun, 
&  les  eaux-foncs ,  quand  on  y  a  joint  du  lel  com- 
mun eu  de  l'efprit  de  fel.  Ho  m  b  erg  j  Acad.  des  Se. 
/79^.^.  ^.?.  Il  n'y  a  qu'une  feule  eau  régale k^xo- 
prement  parler  ;  favoir  ,  l'efprit  de  fel  qui  diflout 
l'or,  fans  avoir  befoin  d'être  mêlé  à  d'autres  acidesj 
&  tous  les  autres  acides  ne  deviennent  eaux  régales 
qu'étant  mêlés  avec  du  fel  commun  j  ou  avec  de 
l'efprit  de  fel.  Id.  Ihid. 

Eau  de  la  Reine  d'Hongrie.  Aqua  Reginéi  Hunga- 
ric£  ,  eft  une  diftillation  qui  fe  fait  au  bain-marie, 
des  fleurs  de  romarin  ,  fur  lefquelles  on  a  verfé  de 
l'efprit  de  vin  bien  reélifié.  On  l'appelle  ainfi  à  cau- 
fe  du  merveilleux  efFer  qu'en  reffentit  une  Reine  de 
Hongrie  à  l'âge  de  foixante-douze  ans.  Elle_eft  bon- 
ne dans  les  foibleffes  de  cœur  j  dans  la  paraly- 
fie  ,  dans  la  léthargie,  dans  l'apoplexie  ,&  dans 
les  maladies  hyftériques.  On  en  fait  de  plufieurs 
fortes. 

Eau  Repassée.  Pour  retirer  l'argent  des  eaux  foires 
qui  ont  fervi  aux  départs ,  on  met  Veau  forte  dans 
une  bolfe  de  terre  ,  ou  de  verre  luté  de  terre  ,  ap- 
pelée matras  ;  on  fait  entier  le  cou  du  matras  dans 
un  alembic  ;?on  les  lutte  bien'enfemble,  &  on  fait 
diftiller  Veau  forte  dans  un  récipient.  Quand  cette 
diftillation  eft  environ  au  tiers  ,  on  retire  Veau  qui 
a  été  diftillée  ,  &  on  l'appelle  Eau  fimple  ,  parce 
qu'elle  ne  contient  que  des  flegmes:  mais,  quoique 
fimple  ,  elle  peut  encore  fervir  de  première  eau  y 
pour  commencer  à  amollir  la  grenaille  en  d'autres 
départs.  On  met  enfuirele  rec/^/V^r  pour  continuef 
la  diftillation  :  quand  elle  eft  achevée  ,  Veau  qui  a 
été  diftillée  eft  appelée  Eau  repayée  j  &  fe  trouve 
alors  en  état  de  fervir  de  dernière  eju  pour  per- 
feélionner  d'autres  départs  \  Se  même  y  eft  plus 
propre  qu'auparavant  ,  parce  que  les  eaux  fortes 
qui  n'ont  pas  encore  fervi ,  font  chargées  de  fleg- 
mes qui  les  rendent  plus  corrofives  que  diflôlvan- 
tes.  On  retire  alors  Veau  repajjcc  du  marras ,  en  la. 

T  t  t  ij 


j  1  ê  EAU 

verfant  par  inclination  ^  de  manière  qu'il  n'y  refte 
que  l'argent.  Boizard. 

Eau  des  Sages  ,  ou  des  I^hilosophes.  Terme  de  Phi- 
lofophie  Herméti-juc.  Cellle  mercure  hermétique  j 
ou  philolophal  :  on  lui  donne  encore  les  noms  lui- 
vans  j  qu'il  elt  inutile  de  mettre  à  leurs  places  ,  atin 
de  ne  pas  répéter  plulieurs  lois  la  même  chule^pour 
dire  que  par  chacun  de  ces  mots  on  entend  en  ter- 
mes de  iHiilofophie  Hermétique  le  mercure  des 
Sages.  Ces  noms  ibnt ,  Eau  de  mer.  Eau  ialée  des 
-Sages,  £t^ttdenuée,  £^^-de-vie  des  Philolophes, 
Ëau  Pontique  ,  Eau  célelle  &c  élémentaire  ,  Eau  de 
feu,  ou  Eau  ignée  ,  Eau  douce  des  Sages  ,  Eau 
féche  des  Philolophes ,  Eau  féconde  ,  Eau  anti- 
moniale mercuriale.  Eau  mercuriale  ,  Eau  perma- 
nente de  l'argent  vif  des  Philolophes  ,  Eau  féche 
qui  ne  mouille  point  les  mains  3  Eau  de  blanchif- 
fement  j  EJau  bénite,  Eau  venuneufe  j  Eau  vicieu- 
fe  ,  Eau  puante  ,  Eau  minérale ,  Eau  de  célelle  grâ- 
ce ,  Eau  précieufe  ,  Eau  des  eaux  ,  Eau  des  Philo- 
fophes  Indiens,  Babyloniens  &  Egyptiens  ,  Eau 
radicale  des  métaux. 

Eau  Seconde  ,  ^-Jqua  fecunda  ,  eft  Veau  forte  qui  a 
déjà  fervi  à  la  dillolucion  de  quelques  métaux,  & 
qui  par  ce  moyen  a  perdu  une  partie  de  fa  force. 
Elle  eil  propre  pour  raire  efcarre  aux  chancres,  & 
pour  manger  les  chairs  baveules. 

Eau  DE  SENrEUR.  .î/</-^''  o^orau.  C'eft  une  eau  \  la- 
quelle on  a  donné  quelque  odeur  douce ,  agréa- 
ble, aromatique,  en  y  mettant  infufer  ou  macérer 
des  lleurs  j  des  herbes  odoriférantes  ,  ou  en  y  mê- 
i.int  quelques  aromates  ,  ou  l'efprit  «Se  l'effence  de 
ces  chofes-U.  Chomel  donne  la  compofirion  d'une 
eau  de  cette  efpèce  j  qu'il  appelle  eau  de  feiueur  de  L 
Reine. 

Eau  de  Séparation.  Voyei  Eau  de  départ. 

Eau  Simple  ^'"oye^  Eau  Repassee. 

Eaux  Spécifiques,  Aqu£fpec.fîc£.  ,  font  celles  qu 
ont  une  propriété  particulière  pour  certaines  mala 
dies-  Veau  de  pourpier  dans  laquelle  on  a  fait  trem 
per  de  l'argent  vif,  eiifped^que  contre    les  vers 
des  petits  enfans  ,  &:c.  c'etl-à-due ,  propre  pour  gué- 
rir cette  efpèce  de  maladie. 

Eaux  Splenitiques.  Aquiz  fplenitlc£  ^  font  celles  qui 
font  deftinées  aux   maladies  de  la  race  ,  en  Latin 
fplen  ;  comme  les  eaux  de  tamaris  j  de  cufcute  ,    de 
fcûlopendre  3  de  houblon  ,  &ic. 

Eaux  Stomachiques  j  Aqu&fiomachiai.,  font  celles 
qui  fervent  à  fortifier  l'eltomac  ;  comme  les  eûu.vde 
rofes  rouges,  de  menthe  j  d'anis  ,  &c. 

EauStyptique  ,  Aqua  ftyptiqua,  eft  une  dilfolurion 
de  vitriol  rouge,  ou  colcotar  ,  qui  refte  dans  la  cor 
nue  après  qu'on  en  a  tiré  l'efprit ,  d'alun  briilé  &  de 
fucre  candi-  On  prend  rrente  grains  de  chacune  de 
ces  trois  drogues  ,  qu'on  mêle  avec  demi-once 
d'uriné  d'une  jeune  perfonne,  autant  d'e^a  rofe  , 
&  deux  onces  à'eau  de  plantain.  Cette  eau  eft  très 
propre  pour  arrêter  le  fang,  &  c'eft  pour  cela  qu'on 
l'appelle  ftyptique  y  ou  aftrin'j,ente  ,  du  verbe  Grec 
o-rûifa  ,  aftreindre ,  d'où  vient  l'adjeélif  <!-rv%TtKo; 
aftvingent. 

'i.A.vTiii.KiKQM.^.  Aqua  theriacalis ^  eft  une  ei2«  dif- 
tillée  ,  compofée  de  plufieurs  ingréJiens  céphali- 
ques  &  cardiaques  ,  entre  lefquels  eft  la  théria- 
que  ,  d'où  elle  a  pris  fon  nom.  Elle  eft  bonne  pour 
réveiller  les  efprits  ,  &c  pour  réfifter  au  mauvais 
air. 

Eau  ThÉriacale.  Aqua  therlacalis  he^oardica.  C'eft 
une  liqueur  diftillée  de  la  thériaque  d'Androma- 
chus,  du  mithridate  de  Damocrates ,  &  d'un  alfez 
grand  nombre  de  végétaux  chauds  ^  connus  fous 
le  nom  d'Alexipharmaques ,  auxquels  on  a  ajouté 
la  racine  de  tormentiUe  ,  l'écorce  de  frêne  ,  l'é- 
corce  moyenne  du  lureau  ,  les  fucs  de  noifettes 
vertes  Se  d'ofeille  ,  avec  les  vinaigres  de  framboi- 
fe  ,  de  fureau  ,  de  rofe  Hc  de  rue.  ^oye^/c  Dici.  de 
James. 

Eau  Végétale. Terme  du  Grand  Art.  Eau  Je  vie  faite 
de  vin. 


EAU 

Eau-t»e-Vie.  Aqua  viu  j  vinum  igné  ftiilatum  ,  eft 
une  liqueur  fpiritueufe  inflammable,  qu'on  tue  du 
vm  parla  diftillation.  On  remplit  de  vin  la  moitié 
d'une  cucurbite  de  cuivre  \  on  la  couvre  de  fon 
chapiteau.^  on  y  adapte  un  récipient,  &  on  diltille 
à  petit  feu  environ  la  quatrième  partie  de  l  humi- 
dité j  ou  julqu'à  ce  que  la  liqueur  qui  diftille  ne 
s'enflamme  plus,  quand  on  la  préfente  au  feu.  Ce 
qui  fe  trouve  dans  le  récipient  eft  ce  qu'on  appelle 
euu-de-v:e.  Elle  ne  diftère  de  l'efprit  de  vin  ,  qu'en 
ce  qu'elle  contient  une  plus  grande  quantité  de  par- 
ties aqueufes. 

On  n'appelle  communément  eau-de-vie,  que  l'ef- 
prit qu'on  tire  du  vin  j  mais  quelquefois  on  donne 
le  nom  A'eau-de-vie  aux  efprits  qu'on  tire  des  diffé- 
rentes chofes,  en  joignant  le  nom  de  ces  chofes- 
là  à  celui  à!eau-de-vie  \  par  exemple  ,  eau-de-vie 
de  bière  ,  de  cidre,  de  poiré,  d'hydromel,  de  blé,  de 
ris,  de  dattes,  de  fucre,  &c. 
Eau  Vulnkraire.  Aqua  vulncraria.  C'eft  une  eau 
ainfi  appelée  ,  parce  qu'elle  eft  bonne  pour  les 
plaies  ,  qu'on  appelle  en  Latin  vdnera.  Les  eaux 
vulnéraires  font  faites  du  fuc  de  vulnéraires , 
c'eft -à -dire  ,  de  plantes  qu'on  appelle  vulné- 
raires. 

Il  y  a  deux  manières  de  diftiller  les  eaux  j  l'une , 
qui  eft  l'ordinaire  j  fe  fait  par  le  moyen  du  feu  \  Se 
l'autre  par  le  moyen  du  loleil ,  en  y  expofant  la  cu- 
curbite,  &  mettant  le  chapiteau  à  l'ombre  ,  &  le 
rafraichilfan:  fouvent.  Les  liqueurs  diftillées  de 
cette  dernière  manière  ne  doivent  point  fentirl'em- 
pyrème. 

Des  eaux  dont  on  vient  de  parler  ,  les  unes  font 
naturelles  ,  comme  les  eaux  minérales  de  Bourbon  , 
de  Forges,  &c.  les  autres  font  artificielles;  &  de 
celles-ci  quelques-unes  ferveur  de  remèdes ,  comme 
les  eaux  aîexiières  ,  les  néphrétiques ,  les  cordiales  , 
&c.  Les  Droguiftes  &  les  Epiciers  en  fournilfent  la 
matière  ,  &c  les  Apothicaires  les  font  :  quelques- 
unes  fervent  dans  les  arts  ,  &  à  diftérens  ulages  de 
la  vie  ,  comme  les  eaux-Joncs  ,  &c.  quelques  au- 
tres enfin  fe  boivent  en  différentes  failons  de  l'an- 
née \  ce  font  celles  que  les  Confifeurs  &  les  Limo- 
nadiers font  pour  chatouiller  le  goût  ,  comme  les 
eaux  de  cerile  ,  de  verjus  ,  de  groleille  ,  de  fran- 
gipane, qui  fonr  des  eaux  fucrées  &  parfumées  où 
l'on  a  mis  des  grofeilles,  des  cerifesj  des  parfums  : 
on  rafine  tous  les  jours  là-deflus,  &  on  trouve  le 
moyen  de  faire  des  eaux  de  toute  forte  de  fruits  , 
de  fleurs  &  de  légumes  ,  les  unes  pour  rafraîchir  , 
les  autres  pour  échauffer.  C'eft  de  ces  dernières  que 
M.  l'Abbé  Régnier  a  dit  dans  fon  Virelay  fur  les  ex- 
cès qu'on  voit  en  France. 

Uejprit  de  vin  reciifié 

Est  déformais  qualifié 

De  boifjon  douce  à'  déleclalle. 

Le  feu  par  art  liquéfié 

Devient  une  liqueur  potable. 

La  manière  de  faire  les  eaux  dont  on  vient  de 
parler  n'eft pas  toujours  la  même,  fur-tout  pour  les 
eaux  qu'on  boit  :  chacun  donne  fa  méthode  pour  la 
meilleure.  Celles  que  nous  avons  rapportées  font 
prifes  de  ceux  qui  ont  le  plus  de  réputation  pour 
ces  chofes-là  ,  ou  tirées  de  ceux  qui  en  ont  le  mieux 
écrit.  Il  faut  feulement  ajouter  trois  chofes  à  ce  qui 
a  été  dit  à^^eaux  qu'on  boit.  \°.  Que  celles  où  l'on 
met  infufer  quelque  chofe,  qu'on  fait  avec  des  fruits 
écrafés  ,  ou  des  herbes  pilées  ,  ou  des  aromates 
broyés,  fe  paftent  par  la  chaulfe  ,  pour  être  plus 
pures  &  plus  nertes.  z°-  Que  celles  qu'on  fiit  avec 
de  Tda^/de  vie  ,  ou  de  l'eiprir  de  vin  ,  fe  dilfillent 
pour  l'ordinaire  j  après  qu'on  y  a  mêle  les  chofes 
(^ui  entrent  dans  leur  compofition  ;  ce  qui  rend  ces 
liqueurs  très-fortes,  &  dangereu Ces  pour  la  flinté  , 
&  confirme  ce  proverbe,  ou  ce  diéton ,  Plures  occi' 
dit gul.1 ,  Quàm  gLidius.  En  eiî;t ,  quelques-unes  de 
ces  c;tj«;c- font  fi  violentes,  qu'elles  btùlenc  la  lan- 


EAU 

guc  lorfqu'on  les  prend.  }°.  Que  les  eaux  qui  pren- 
nent leur  nom  de  quelque  choie  en  particulier  j 
comme  de  !a  cannelle  j  &c.  reçoivent  loavenc 
dans  leur  compodtion  d'autres  clioJes  ,  lelon  qu'on 
veut  leur  donner  diftérens  goius  ,  ou  ditœrentes 
odeurs. 
Eau,  fe  dit  auOî  du  fuc  de  quelque  fruit  que  ce  foit. 
Cette  poire  eft  de  bonne  e.::/. 

En  termes  de  Joailliers  ,  on  appelle  e.z«  ,  l'éclat 
des  perles  &  des  diamans ,  parce  qu'on  luppoloit 
autrefois  qu'ils  croient  lormés  d'eau.  Ce  mot  fe  dit 
de  la  couleur  d'un  diamant  bien  blanc  :  une  eau 
vive  &  pure.  L'eau  de  ce  diamant  ell  trouble.  Cette 
perle  eft  de  belle  eau.  Les  perles  que  Cléopatre  avoit 
en  pendans,  étoient  d'un  prix  inelUmable,  i^oit  pour 
l'eau  ou  pour  la  grolleur.  Citri. 

$3^  Ce  terme  s'emploie  aulli  quelquefois  ,  quoi- 
que moins  proprement ,  pour  lignilîcr  la  couleur 
des  autres  pierres  précieuies. 

Donner  Veau  à  un  drap.  Terme  de  Teinturier. 
C'eft  le  luftrer,  le  calendrer.  Expolire.  On  dit  aulli 
des  cuirs ,  quand  ils  font  à  la  tannerie  ,  qu'on  leur 
donne  plulieurs  eaux  pour  les  préparer. 

Donner  une  couleur  d'or  à  un  morceau  de  fer  , 
c'elt  lui  donner  une  couleur  bleuâtre. 
Eaux  &  Forêts.  Le  Grand-Maître  des  Eaux  &  Fo- 
rêts prend  la  qualité  d'Enquêteur  &  Réiormateur 
Général  des  Eaux  &  Forêts.  Les  Maîtriles  particu- 
lières des  Eaux  &  Forêts,  la  Rétormation  générale 
des  Eaux  Se  Forêts ,  ce  font  des  Officiers  ou  des 
Jurifdiclions  qui  jugent  des  caufes  concernant  les 
Eaux  &:  \Qs¥oïhs ,  c'eft-à-dire  ,  de  tous  les  diffé- 
rends c|ui,  arrivent  pour  les  bois  ,  forêts  ,  chalfes , 
garennes  ,  ventes,  contrats  ,  coupes  j  mefures,  fa- 
çons ,  défrichemens  ,  repeuplemens  des  bois  du 
Roi ,  ou  tenus  en  gruerie  ,  ou  par  apanage  j  ou  en 
ufufruit,  &c.  Ils  connoilfent  aullî  de  tous  les  diffé- 
rends qui  furviennent  à  caufe  des  entreprifes  ou 
prétentions  pour  les  rivières  navigables  &  flottables, 
pour  la  pêche ,  p-ilfages  ,  pontpnnage  ;  pour  la  con- 
•  duite  ,  ou  rupture  ,  ou  loyer  des  bacs  ,  bateaux  : 
pour  les  Ifles,  Iflots  ,  accroilfemens,  alluvions.  Sec. 
Foye:^  le  titre  l.  de  la  Nouvelle  Ordonnance  des 
Eaux  &  Forées  de  1669.  Les  appellations  des  Maî- 
tres particuliers  des  eaux  &  forêts  font  relevées  au 
Siège  de  la  Table  de  Marbre  du  Palais  ,  &  de- 
là au  Parlement.  L'Intendant  des  Eaux  ,  eft  celui 
qui  a  foin  de  faire  aller  les  eaux  des  Maifons 
Royales. 
Eau  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes ,  un  Mé- 
decin d!eau  douce  ,  c'cft-à-dire ,  un  Médecin  ,  qui 
n'a  pour  remède  que  de  l'ea^^  douce  ;  qui  n'ordonne 
que  des  chofes  qui  ne  font  aucun  effet.  On  dit  qu'un 
homme  a  mis  de  \'eau  dans  fon  vin ,  pour  dire  , 
qu'il  eft  revenu  de  fon  emportement.  Ses  defleins 
vont  à  vau-1-t'ja  j  pour  dire,  qu'ils  ne  réullilfent 
pas.  On  dit ,  d'un  ivrogne ,  qu'il  ne  hait  rien  tant 
que  Xeau  ,  ou  bien ,  qu'après  Veau  il  ne  hait  rien 
qu'une  telle  choie  ,  dont  on  veut  marquer  qu'il 
a  beaucoup  d'averfion.  Maroc  a  dit  de  frère 
Lubin  : 

Mais  pour  boire  de  belle  eau  claire  , 
Faites  la  boire  à  notre  chien , 
Frère  Lubin  ne  le  peut  faire. 

"L'eau  lui  en  vient  à  labouchejpour  dire,CeIa  lui 
donne  l'envie  d'en  tâter.  Ce  proverbe  répond  au 
Latin  falivam  movere,<\\x\  fignilîeyl^^Ve  venir  de  l'ap- 
pétit. On  dit,  d'un  homme  qui  fait  beaucoup  de  com- 
plimens  ,  ou  de  promeflTes  ^  fur  lefquelles  il  ne  faut 
pas  faire  grand  fondement  ,  que  c'eft  de  Veaubenite 
de  Cour  ,  parce  qu'on  n'eft  point  chiche  de  belles 

Fromelfes  à  la  Cour ,  non  plus  que  à' eau  bénite  à 
Eglife.  On  dit,  d'un  homme  dont  le  mérite  n'eft 
point  connu  ,  qu'il  faut  qu'il  falfe  voir  de  fon  eau\ 
pour  dire,  qu'il  taiTe  voir  ce  qu'il  fait  faire.  On  ap- 
pelle des  gens  de  delà  Veau ,  des  gens  grodiers  &: 
mal  inftruits  des  nouvelles  &  des  affaires  du  temps. 


EAU 


J17 


Les  eaux  font  baffes ,  pour  dire  j  qu'on  n'a  point  de 
fonds ,  point  d'argent  en  bourfe.  Suer  iang  &  eau  , 
pour  dire,  faire  un  effbrc  &  un  travail  extraordi- 
naire pour  parvenir  à  quelque  chofc.  On  appelle  nu 
buveur  <Kcau  ,  un  homme  froid  <x  incapable  de 
grandes  affaires.  On  dit  j  faire  venir  ['e..u  au  mou- 
lin ,  pour  dire,  faire  venir  de  l'argent  à  la  maifon. 
Naviger  en  grande  eau,  pour  due,  être  en  fortu- 
ne ,  dans  les  grands  emplois.  Il  oft  heureux  comme 
le  poilfon  dans  Veau  ,  pour  dire  j  il  eft  en  fon 
élément ,  où  il  fe  plaît,  où  il  eft  bien.  Revenir  fuc 
'Veau  j  le  diz  d'un  homme  qu'on  crovoit  abvmé  ëc 
qui  rétablit  les  affaires ,  &  rentre  dans  le  négoce. 
On  dit  aulli,  rompre  l'ea;^  à  quelqu'un  j  pour  di- 
re ,  apporter  quelque  obftacle  à  fa  fortune,  à  i'cs 
affaires  j  ce  qui  fe  dit  au  propre  des  chevaux  qu'on 
oblige  de  boire  à  plufieurs  reprifes.  On  dit  qu'un 
valet  eft  allé  à  la  benne  eau  ,  pour  dire  j  qu'il  eft 
trop  long  temps  à  revenir  d'un  meffage.  Lailfev  cou- 
rir Veau ,  pour  dire  ,  ne  fe  point  loucier  comme 
vont  les  affaires.  Battre  Veau  ,  pour  dire,  travailler 
inutilement.  On  dit  encore,  tant  va  la  cruche  à 
Veau  j  qu'enfin  elle  fe  brile  ,  pour  dire  ,  qu'à  la  hn 
on  périt  dans  les  dangers  où  l'on  s'expofe  trop  fou- 
vent.  Nager  entre  deux  eaux,  c'eft-à-dire  ,  n'ofer 
fe  déclarer  pour  aucun  parti,  par  crainte  ,  ou  par 
refpeél:  humain  ;  fe  ménager  entre  deux  partis  op- 
polés  j  fans  fe  déclarer  pour  aucun  des  dei^x.  Pêcher 
en  eau  trouble  ,  c'eft-à-dire ,  profiter  des  défordres 
du  temps  ,  du  mauvais  état  d'une  famille.  Oi> 
dit  encore ,  d'un  homme  malheureux  ,  qu'il  fe 
noieroit  dans  un  verre  d'eau  :  d'un  avare  ,  qu'il  ne 
donneroit  pas  un  verre  d'c^r^j  pour  dire  qu'il  ne 
donne  rien  du  toutjd'un  mélancolique  &  méchant, 
que  c'eft  une  ^j/^  dormante  ,  qu'il  n'y  a  point  d'eau 
pire  que  celle  qui  dort  :  d'un  homme  inutile  ,  qu'il 
ne  gagne  pas  Veau  qu'il  boit.  Porter  de  Veau  à  la  mer, 
c'eft-à-dire ,  donner  à  quelqu'un  des  chofes  dont  il 
n'a  déjà  que  trop.  C'eft  une  goutte  d'eau  dans  une 
mer ,  c'eft-à-dire  ,  que  ce  qu'on  met  dans  quelque 
chofe  ne  la  fait  pas  paioître  davantage.  Il  n'y  fera 
que  de  Veau  toute  claire  ,  pour  dire  qu'il  ne  réuf- 
fira  pas  en  une  telle  affaire.  On  dit,  de  deux  ju- 
meaux J  qu'ils  fe  relTemblent  comme  deux  gout- 
tes d'e.zi^  :  de  deux  perfonnes  qui  fe  hailfent ,  que 
c'eft  le  feu  &  Veau  :  d'une  affaire  qui  n'a  point  réuf- 
fi  ,  tout  s'en  eft  allé  en  eau  de  boudin ,  ou  à  vau- 
\-eau  :  d'un  homme  niais  Se  innocent  ,  qu'il  ne  faic 
pas  troubler  Veau.  Tenir  le  bec  dans  Veau,  c'eft-à- 
dire  J  amufer  long-temps  une  perlonne  ,  fans  lui 
tenir  ce  qu'on  lui  faic  efpcrer.  On  dit  aulli ,  d'un 
homme  officieux  ,  qu'il  fe  mettroit  dans  Veau  juf- 
qu'au  cou  pour  fervir  fes  amis  ;  d'un  homme  qui  fe 
noie  J  que  Veau  eft  entré  dans  fes  fouliers  par  le  col- 
lée de  fon  pourpoint.  On  die ,  des  enfans  ,  qu'il  faut 
les  garder  de  feu  &  d'eau  jufqu'à  fepc  ans.  On  die 
encore  ,  ce  crime  eft  fi  grand  ,  que  toute  Veau  de 
la  mer  ne  fuffiroit  pas  pour  le  laver  ;  &  au  con- 
traire ,  il  fait  auffi  peu  de  fcrupule  de  cela  ,  que  de 
boire  un  verre  d'eau.  On  dit  aulli  ,  fi  on  l'envoyoic 
à  la  rivière  ,  il  ne  trouveroit  point  d'eau  ;  pour  di- 
re j  qu'il  ne  pourroit  pas  trouver  les  chofes  les 
plus  communes.  On  dit  aufii ,  il  paffera  bien  de 
Veau  fous  les  ponts  entre  ci  &  là  ,  pour  dire  ,  cela 
n'arrivera  de  long-temps.  On  dit  auffi  ,  gare  Veau 
là- bas,  quand  on  veut  jeter  par  les  fenêtres  quoi  que 
ce  foit. 
Eau  Bénitier.  P^as  aqu£  benedicla.  Terme  d'Orfèvre. 
Ils  nomment  ainfi  les  vailTèaux  d'argent  qu'ils  pré- 
parent pour  mettre  de  l'eau  bénite.  Ils  doivent  être 
contre-marqués  au  corps,  au  collet  de  pied  Se  au 
goupillon.  A  l'égard  de  la  gorge ,  creux  ou  panache, 
carré  de  pied,  ou  anfe,  i's  font  feulement  marqués 
du  poinçon  du  maître.  Ce  mot  n'eft  uuère  en  ula- 
ge  :  on  dit  Bénitier.  On  difoit  autrefois  Benoiftier  , 
&:  eau  Benoiftier.  Nicoc  le  tourne  en  L.itin  par 
amula,  aquiminaro  &  aquiminarium.  M.  Ménage 
prétendoic  qu'il  falloic  dire  Beneftier.  Mais  il  recon- 
noilloit  que  l'ufage  de  Paris  était  pour  Bénitier  ,  & 


5i8  EAU     EB  A 

il  prévoyoit  que  cet  ufage  prévaudioic  un  Jour.  Gela 
n'a  pas  manqué. 

EAUC  i  ou  EAUG.  Nom  d'un  lac  d'Irlande ,  dans 
\\}\lomQ.Eaugus.  h'Eaug  ell  (îtué  encre  les  Comtés 
deTyr-Oen  tic  de  Down,  d'Aimagli,  &d'Antrim. 
Les  cartes  récentes  l'appellent  Ncaug  \  mais  Orte- 
lius ,  Vaiée  j  Maty,  tk  d'autres ,  dilenc  que  Ion  vrai 
nom  ell  Eaug. 

EAUNE.  Petite  rivière  de  France,  en  Normandie  , 
dans  le  pays  de  Caux.  ELlona  ,  Elna  _,  Alna.  L'E au- 
ne fort  de  terre  un  peu  au  delFous  du  village  de 
S.  Martin  ,  palFe  aux  bourgs  de  Londinièces  ,  & 
d'Envermeu ,  &  mêle  les  eaux  avec  celles  d'Ar- 
qués ,  une  lieue  au-delTus  de  Dieppe.  Defaïpt. 
ùeograph.  &  Hisc.  de  la  Elaute  -  Norm.  Tom.  I. 
p.  42. 

É AUNES.  L'Abbaye  d'^ûa/zj,^/^^  Ulnis.  C'eft  une  Ab- 
baye de  l'Ordre  de  Cîceaux,  dans  le  Diccèfe  de 
Touloufe.  St£  Marthe. 

EAU- VERSANT.  Pente  qui  porte  des  eaux  &  les 
fait  couler.  VEau-vetfaru  des  Pyrénées  fait  juger  des 
pays  qui  écoient  anciennement  dans  les  Gaules  & 
de  ceux  qui  étoient  de  l'Efpagne  ;  les  Anciens  les 
appeloient  divergia  aquarum.  Innocent  ,  Arpen- 
teur fous  l'Empereur  Conftance,  les  appelle  iZi^wi- 
vergla  ^  lesBéarnois  les  nomment  Aigucbes. 

EAUX,  vieux  f  m.  C'efl:  le  pluriel  du  mot  ail.  AlUum. 
On  dit  aujourd'hui  Aux. 

EAUZE  ,  ou  EAUSE.  Elu-^a  ,  Elufatum  clvhas.  C'eft 
une  ville  d'Aquitame  ,  dans  la  Gafcogne  ,  qu'on  ap- 
pelle auifi  Eufe.  Eaufe  fut  autrefois  une  grande  &; 
riorilTante  ville  Epifcopale^  &  Métropole  de  la  No- 
vempulanie.  Son  Evêché  a  été  joint  à  celui  d'Auch  , 
qui  en  étoic  fuflragant.  Sous  Chilpéric  I.  les  Vifi- 
gots,  &  les  Sarradns  en  750  la  rumèient.  C'eft  au 
jourd'hui  une  petite  ville,  capitale  de  l'Eufan.  Eaujc 
fut  la  patrie  de  Rufin,  contre  qui  Claudien  a  écrit. 
Ce  Pocte  appelle  cette  ville  Elyfa  j  L.  I.  in  Ruff]  v. 
iSj.  Foye\  Adrien  Valois  j  JSlot.  Gall.p.  iSj.  iSi 

E  B  A. 

ÉBADI,  ou  EBADIEN,  ènne.  f.  m.  &  f  Nom  d'une 
race  d'Arabes  Chrétiens ,  ramalfcs  de  différentes 
Tribus  ,  qui  s'établirent  dans  Airah  j  ville  de  l'Ira- 
que  Arabique  ,  &  aux  environs,  ils  bâtirent  plu- 
jfieurs  cabanes ,  qui  formèrent  peu-à-peu  des  bour- 
gades &  des  villages, où  ils  pouvoient  exercer  avec 
plus  de  liberté  leur  religion.  D'Herb.  Honain-Ben- 
Ishak  ,  célèbre  Médecin  ,  &  tradudleur  des  livres 
Grecs  en  Arabe,  étoit  Ehadien.  Il  ell  furnommé/^/ 
Ebadi,  Id.  Il  y  a  aulli  des  Mahométans  qui  portent 
ce  furnom.  Id. 

Ce  nom  lignifie  ferviteur ,  de  l'Arabe  Ï13  ,  ahad , 
fervir ,  &  il  s'eft  donné  à  ces  Chrétiens  comme  à  des 
fervireurs  du  véritable  Dieu. 

ÈBADIEN,  ell  auiîi  le  nom  d'une  Dynaftie  d'Arabes 
en  Efpagne,  qui  a  duré  depuis  les  Ommiades  ,  juf- 
qu'à  l'an  484.  de  l'Hégire  ;  de  Jesus-Christ  1091. 
félon  Novairi.  Roderic  Ximenés  ,  Archevêque  de 
Tolède  J  écrit  que  le  dernier  Prince  des  Ebadiens  , 
qu'il  nomme  Mahomet  Abendabeth  ,  fut  alliégé 
dansSéville,  pris  &  mis  enprifon,  où  il  mounu  , 
par  Jofeph  Roi  de  Maroc  ,  qu'il  avoit  appelé  à  fon 
fecours  contre  Alphonfe  ,  Roi  d'Efpagne,  qui  avoit 
prisTolèie   'û'Herbelot. 

ÉBAHIR.  V.  a.  cjui  ne  fe  dit  guère  qu'avec  le  pronom 
perfonnel.  S'éhahïr.  v.  récip.  Ohsiupefacere.  S'ébahir, 
être  furpris  par  quelque  chofe  d'extraordinaire  ,  qui 
caufe  de  l'étonnement  ,  de  l'admiration.  Mirari , 
ohstupefcere.  Ill'a  bien  ébahi,  quand  il  lui  a  appris 
cette  nouvelle.  Tous  les  Fleuves  en  font  ébahis. 
Voit.  On  crovoir  cet  homme  mort ,  on  fut  tout 
ébahi,  quand  on  le  vit  revenir.  Cet  avare  fut  bien 
ébahi  As  ne  trouver  plus  fon  tréfor. 

Quelques  uns  dérivent  ce  mot  de  l'Hébreu 
fchebafch  ,  qui  (ignifie  attonitum  c(Je.  Il  ell  vieux. 

Ebahi,  lE.  part.  Se  adj.  Etonné,  furpris.  Les  badauts 


E  B  A 

font  ébahis  ,  fitô:  qu'ils  voient  quelque  chofe  dt 
nouveau. 

Jouet:  à.  l'ébahi,  efl:  une  façon  de  parler  prover- 
biale, de  laquelle  .Rabelais  ,  iiv.  i.  ckap.  z2.  fait 
un  des  jeux  de  Gargantua  ,  du  temps  qu'il  avcit  été 
mis  fous  des  Précepteurs  Sophiltjs.  D  Aubray  s'en 
fert  dans  ia  Harangue  ,  en  parlant  au  Duc  de 
Mayenne.  Il  ett ,  dit-il ,  aifé  .i  juger  combien  votre 
mailon  fut  ébranlée  &  fracalîée  par  là  mort  inopi- 
née du  petit  Roi  (  François  II.  )  ck  pouvez  croire  , 
M.  le  Lieutenant  ,  que  Monlieur  votie  père  .ïc 
Meilleurs  vos  oncles  jouèrent  tout  un  temps  a  Xi-ba- 
hi ,  comme  vous  pûtes  fane  ,  quand  on  vou^  porta 
la  nouvelle  de  la  mort  de  vos  deux  frères.  SaciVlcn. 
tom.  I ,p.  Il-, 

Jacques  Drevin  donna  en  \^6i'.\xne  Comédie, 
qui  avoit  pour  titre, /ej  hhahis.  Ce  verbe  s'ell  main- 
tenu julqu'au  milieu  du  liècle  dernier.  Il  a  depuis 
infcnlibiement  vieilli  ,  &  il  ne  trouve  plus  aujour- 
d'hui fa  place  que  dans  le  burlelque.  S.  Amant  s'en 
ell  fervi  dans  les  pièces  les  plus  ferieules  ,  té- 
moin ce  vers  de  fon  Moife  lauvé  ,  où  décrivant 
les  Ilraclites  qui  pailoient  la  Mer  Rouge  à  pied  fec, 
il  du: 

Les poi(fons  ébahis  les  regardent pajfer. 

Vers  dont ,  pour  une  autre  raifon  j  Boileau  s'eft 
moqué  dans  fa  i'octique,  chant  5.  &  que  S.  Amant 
avoit  imité  de  celui-ci. 

Jîinc  inde  attoniti  liquida  stant  marmore  pif  ces. 

Qui,  comme  l'a  remarqué  l'exadl Commentateut 
delîoileau,  eil  du  P.  Antoine  Nillien  Jéiuite,  Iiv. 
5-  de  fon  Mojés  viator.  S.  Amant,  qui  n'entendoic 
pas  le  Latin  j  jugeant  que  ce  Pccme,  dont  il  avoit 
oui  parler  avanrageufement ,  pourroit  lui  être  de 
quelque  fecours  pour  fon  ^ellein  ,  s'en  étoit  fait 
traduire  en  profe  Françoife  les  principaux  endroits. 
Giofjaire  Bourguignon  au  mot  Eboui. 

Ce  vers  de  .Saint  Amant  ell  encore  imité  ,  tant 
bien  que  mal ,  de  ce  que  Catulle  a  dit  des  Néréi- 
des, lorfqu'elles  virent  paroître  en  mer  le  Navire 
Argo. 

Emerfereferi  candentï  è  gurgite  vultus. 
jËquorc&  monstrum  Nereidi  admirantes. 

ÉBAHISSEMENT.  f.  m.  Stupor  .,  admiratio.  Admira- 
tion lubite  ,  étonnement  caufé  par  quelque  chofe 
d'extraordinaire.  La  chute  de  ce  favori  caufe  un 
grand  ébahijjement  parmi  le  peuple.  Il  est  vieux. 

EBAL.  f^oy  e\  Hebal. 

EDALAÇON.  f.  m. Terme  de  Manège  ,  qui  fignifioit 
autrefois  une  forte  de  ruade  de  cheval  ^  que  l'on- 
nomme  aujourd'hui  estrapade.  Faire  des  ébalaçonsy 
donner  des  ébalacons.  f^oye^  Estrapade 

ÉBANIER  ,  ou  EB'ANDIER  ^  vieux  v.  Attrouper  , 
fe  mettre  par  bande  ,   fe  réjouir  ,  s'amufer. 

ÉBANOI.  f  m.  Vieux  mot.  Ebat ,  joie  j  tournoi.  Oa 
a  dit  Ehanoye  ,  qui  a  ïûiébanoyer. 

S'EBANOYER.  Vieux  v.  a.  S'égayer  ,  fe  divertir. 
Obleclare  fe  ,  voluptati  indulgcre.  S'ébanoyant ,  s'é- 
gayant ,  fe  divertilTant. 

ÉBARBER.  V.  a.  Rafer  j  couper  la  barbe.  Tondcre  ,  at- 
tondere.Un  homme  n'a  point  la  mine  galante  ,  s'il 
ned  ébarbé  jtaCé  de  ùais. 

03*  Dans  ce  fens  ,  ce  mot  ne  fe  dit  point.  Mais 
il  ell  d'ufage  dans  d'autres  occafions,  pour  dire, 
couper  ,  retrancher  les  parties  excédentes  &c  fuper- 
flues  d'une  chofe.  On  ébarbe  du  papier  j  des  plumes, 
un  plat  ,  une  pièce  de  métal ,  Sic. 

|p°  C'ell  aulli  un  terme  de  Jardinage  ,  qui  ligni- 
fie ,  retrancher  les  menues  branches.  Les  Jardiniers 
éharbent  les  haies  avec  le  croilîant  &  le  cifeau.  Les 
Fagoteurs  ébarhent  les  fagots  avec  le  volin. 

tlCT  C'ell  encore  un  terme  de  Graveur  en  taille- 
douce  ,  qui  fignifie,  enlever  avec  le  ventre  du  bu- 


E  B  A 

rîii ,  ou  *vec  l'ébarboir,  la  petite  lèvre  ou  barbe 
qui  refle  au  bord  de  la  taille ,  ahn  que  le  trait  pa- 
roiire  net. 

Ébarber  les  lames.  Terme  de  Monnoyage.  C'eft:  les 
nettoyer  &  brûlfer  au  fortir  des  moules  avec  une 
gratte- boclFe. 

Ébarber  une  lettre.  Terme  de  Fondeur  de  caradères 
d'Imprimerie.  C'eft  en  ôter  avec  un  canif,  ou  quel- 
qu'aurre  inftuument  dacier  tranchant ,  les  bavures 
de  métal  qui  échappent  quelquetoisdu  moule  en  les 
fondant.  On  dit  aulli  cmonder  une  lettre  ,  dans  la 
même  fignification. 

Ébarbp,  ,  EK  ,  part.  palT.  Se  adj.  Jttonfus, 

ÈBAilBOIR.  l'.  m.  Outil  lervant  à  ébarber  ,  commun  à 
plufieurs  Ouvriers.  Foyci  Ebarber.  Les  Droui- 
neurs,  c'eft  à-dire  ,  les  petits  Chaudronniers  qui 
courent  la  campagne  ,  nomment  ainfi  un  petit 
inftrument  de  fer ,  un  peu  courbe  par  le  bout  ,  & 
très-tranchant  j  avec  lequel  ils  ébaibent  les  cuilliers 
&  les  falieres-d'étain  ,  qu'Us  fondent  dans  des  mou- 
les de  fer ,  qu'ils  portent  avec  eux. 

^  EBARBURES  &  REBARBES,  f.  f  pi.  Terme  de 
gravure  en  cuivre.  Ce  lont  de  petites  lèvres  qui  fe 
forment  iur  la  planche  à  chaque  coup  de  burin  que 
donne  le  Graveur ,  &  qu'il  abat  de  temps  en  temps 
avec  le  ventre  d'un  burin  trarkchant.  Encyc. 

ÉBAROJl,  iE.  adj.  Terme  de  Marine.  On  appelle 
vailleau  eharoui  ,  navisjatifcens  ,  rimas  agens  j  un 
vailfeau  qui  s'eft  defféché  au  foleil ,  ou  au  vent  , 
enlorte  que  les  bordages  fe  foient  retirés ,  &  que 
les  coutures  le  foient  oirvertes. 

ÉBAT.  f.  m.  Divertillement ,  palTe-temps.  Ludus  ,  de- 
leihnio  y  iudicrum.  Ce  jeune  homme  prend  fes  ébats 
à  fauter ,  à  danfer  ,  &c.  On  dit ,  Prendre  fes  chats  j 
pour  dite,  fe  réjouir  j  &  particulièrement  en  fait 
d'amourettes.  Il  n'eft  plus  que  du  ftyle  familier ,  & 
ne  i l;  dit  qu'au  pluriel. 

ÉBATTEMEN  F.  f.  m.  Pafte-temps.  Recrcatio  aiiimi. 
Ce  mot  n'eft  plus  guère  en  ufage.  On  ne  s'en  peut 
fervir  qu'en  riant. 

Il  faudra  3  fi  je  le  veux , 
Que  le  manteau  s'en  aille  au  diable  : 
L'ébnKment  pourrait  nous  en  être  agréable. 

La  Font. 

EBATTRE.  Qui  fe  dit  avec  le  pronom  perfonnel. 
S' ébattre,  v.  récip.  Se  divertir.  OhUclare  fe  ,  ludere. 
Ce  Gentilhomme  s'eft  allé  ébattre  à  la  chalfe.  Elle 
étoit  delcendue  avec  fes  compagnes  pour  s'ébattre 
fur  le  rivage.  Abl.  S'ébattre  noblement.  Sar.  Il 
vieillit.  La  Fontaine  s'en  fert  fouvent  en  parlant  de 
l'amour. 

ÉBAUBI ,  lE.  adj.  Terme  populaire  &  vieux  ,  qui  fi- 
gnilîoit  la  même  chofe  qu' e'/'a/zi ,  mais  d'unéba- 
hilfement  accompagné  de  quelque  trouble  ,  ou  foi- 
blelfe  d'efprit. 


Je  fuis  toute  ébaubie 


&  je  tombe  des  nues. 

Mol. 


ÉBAUCHE,  f,  f.  Terme  Technique.  Première  forme 
qu'on  donne  à  un  ouvrage.  Prima  Uruamenta.  Rudi- 
mentum.  Ce  terme  eft  employé  dans  plufieurs  arts\, 
particulièrement  en  peinture  &  en  fculpture  j  & 
s'applique  généralement  à  tout  ouvrage  commencé, 
qui  fe  huit  &  fe  polit  avec  le  temps  ,  &  qui  pafle 
de  l'état  6! ébauche  à  celui  de  perfeélion.  Perfection- 
ne/ l'ébauche  ,  l'ouvrage  eft  fini.  Ebauche  &  efquiffe 
ne  font  point  fynonymes.  f^oye^ :i\imot  Esquisse  la 
différence  de  ces  deux  termes.  Une  légère  é'.'iuche 
d'un  grand  Peintre  vaut  fouvent  mieux  que  les  m- 
vrages  finis  d'un  autre.  P'oye-^  ÉbauJher. 

^3"  Ebauche  ,  fe  dit,  dans  le  même  fens  au  figuré,  de 
la  première  forme  qu'on  donne  aux  ouvrages  d'ef- 
prit ou  autres  chofes  ,  pour  les  faire  paffer  de  cet 
état  à  celui  de  perfeiftion.  On  doit  faire  anti  ébauche 
d'un  Pocme  Dramatique  j  &  en  diftribuer  le  iujet  j 
avaut  que  d'en  faire  les  vers.  Le  tempérament  ne 


E  B  A     E  BB  ji^ 

peut  faire  que  l'ébauche  des  vertus,  &  il  n'appar- 
tient qu'à  la  raifon  de  les  achever.  M.  Scud.  Pline  , 
en  parlant  du  lifer  ,  convolvulus  y  dit  que  cette 
fleur  relfemble  au  lys  ,  Se  que  c'eft  comme  mie 
ébauche  de  la  nature  ,  qui  par-là  fe  prépare  &  ap- 
prend à  faire  des  lys.  ttflos  non  dijjimilis  Idio  j 
ac  veluti  naturx  rudimenta  lilia  facere  cond/fcentls. 
Liv.  2 1 . 
Ip^  EBALTCHER.  v.  a.  Commencer  groflièrement  un 
ouvrage  ,  lui  donner  les  premières  fK^ons  ,  la  pre- 
mière trorme  ,  en  attendant  qu'on  le  finilfe.  £)e- 
lineare  j  inchoare.  Il  porte  cette  lignification  dans 
tous  les  arts  où  il  eft  employé.  Ainii  ,  ébaucher  ^  en 
peinture,  c'eft  dilpoler  avec  des  couleurs  les  ob' 
jets  déjà  dellînés  fur  une  toile  imprimée  ,  fans  leur 
donner  le  dernier  degré  de  perfection  ,  qu'ils  reçoi- 
vent quand  on  les  finit.  On  dit  de  même  ébaucher 
une  ftatue ,  une  image  ,  des  pierres ,  des  criftaux. 

Mais ,  pour  mon  frère  l'ours  j  on  ne  l'aquéhznchi  : 
Jamais  ^  s'il  veut  m'en  croire ,  il  ne  fe  Jtra  peindre. 

La  Font. 

Nicot  tient  que  ce  mot  fignifioit  autrefois  dé- 
niaifer,  &  vient  du  mot  bauch  en  Languedoc  ,  qui 
C\gni(ïe ,fot&c groffier ,  &c  que,  par  translation,  il 
a  été  du  des  ouvrages  qui   ne    font  pas    encoce 
polis. 
Ebaucher  ,  fe  dit  auffi,cliez  les  Menuifiers ,  quand  ils 
dégrolhllent  le  bois  à  coups  de  cifeaux  &  de  mail- 
lets, ou  avec  le  fermoir,  avant  que  de  Tapplanir  avec 
la  varlope.  Injormarc. 
Ebaucher  ,  eft  aufli  un  terme  de  Cordier ,  qui  fignifie 
faire  palier  pat  l'ébauchoir,  par  le  gros  feran,  c'cft- 
à  dire, par  le  gros  peigne  à  pointes  droites.  Ebaucher 
du  chanvre. 
§cr  Ebaucher  ,  fe  dit,au  figuré,  dans  le  même  fens  j 
des  ouvrages  d'efprit.  Cet  ouvrage  n'étcit  (\y\  ébau- 
ché ^  quand  la  mort  a  lutpris  l'Auteur.  Lhi  ouvrage 
qui  n'eft  qu'eTiiittc/je,  eft  celui  auquel  l'Auteur  n'a 
pas  encore  mis  la  dernière  main. 
Ébauche  j  Ée.  part.  &  adj.  Inchoatus  ^  impolitus.L'c- 
léphant  n'eft  qu'une  figure  ébauchée  par  la  nature. 
Cos. 
ÉBAUCHOIR.  f.  m.  Qui  fe  dit  des  outils  qui  fervent 
à  plufieurs  Ouvriers  pour  ébaucher  leurs  ouvrages , 
avant  que  de  les  finir  j  ou  pour  préparer  leurs   ma- 
tières, comme  les  cifeaux  des  Charpentiers  &  Me- 
nuifiers ,   &c  autres  outils  qu'emploient  les  Sculp- 
teurs ,   &  ceux  qui, travaillent  aux  ouvrages  de 
ftuc. 

C'eft  aufli  un  terme  de  Cordier.  Il  fignifie  le  gros 
feran ,  le  gros  peigne  à  pointes  droites,  au  travers 
daquel  les  Cordiers  font  palier  le  chanvre  pour  l'c- 
baucher.  Après  cette  première  préparation  ,  on  fait 
palfer  la  filafle  fucceflivement  fur  des  ferans  plus 
fins. 
ÉBAUDIR.  V.  a. vieux.  Recreare,  relaxare ^Utari.Tet- 
me  populaire  y  qui  fignifie  fe  réjouir.  Ebaudir  fes 
elprits ,  les  récréer. 

§^  Il  eft  plus  ordinairement  réciproque.^  Vitjw- 
dify  fe  réjouir  ,  &  témoigner  la  joieendanfant,  en 
faut.ant ,  ou  de  quelqu'autre  manière  femblable.  Ik 
pafTeront  la  journée  à  s'éhaudlr.  Il  eft  vieux  ,  &  ne 
fe  dit  qu'en  plaifantant. 

Ce  mot  vient  de  baus  ,  ou  baud  &  hauderie ,  qui 
Cignidcnt  joyeux  &c  joie.    Men. 
Ebaudi,  ie  ,  adj.  Vieux  mot.  Gai,  enjoué.  Hilarisj 

Ut  us. 
ÉBAUDISE.  f  f.  Vieux  mot.  Humeur  gaie. 
EBAUDISSEMENT.    f    f.   Vieux   mot.   Joie  ,    rc- 
jouilfance  ,   ébat.    Latitia  j   gaudium.   Ce  mot   fe 
trouve  dans   Alain  Charrier  en  Quadriloque  in- 
vedif.    Dufresne  ,  Glojf.  de  Fillehard. 


EBB. 

EBBER.  Nom  d'une  petite  rivière  de  Perfe ,&  d'une 

ville  fituée  fur  cette  rivière. 


510  E  B  B     EBE 

EBBÈS.  f.  m.  Nom  d'homme.  Ebbo.  Ebbès ,  ou  Eb- 
bon ,  que  l'on  noLive  encore  nommé  Ebobe.  ,  na- 
quit à  Tonnerre  de  parens  conlidérés  dans  le  pays 
par  leur  noblelfe  ,  par  leurs  charges ,  &  même  par 
leur  piété.  Il  fut  élevé  fur  le  Siège  de  Sens  vers 
l'an  709  ,  à  la  place  de  Géric ,  fon  oncle,  MM. 
de  Sainte  Marthe  ont  écrit  qu'il  mourut  en  750. 
d'autres  difent  que  ce  fut  en  743  ,  &L  d'autres  en 

74S-  ,        , 

EBBON.    Foye-^    EBBES. 

EBE. 

ÉBE.  f.  f,  Salacia.  Terme  de  Marine,  qui  fe  dit  dans 
quelques  Provinces.  C'eft  le  reflux  de  la  mer  ,  lorf 
que  la  marée  baille,  ou  que  la  mer  refoule,  ou  s'en 
retourne.  Il  eft  oppofé  2i\xfiot  &  au  montant.  On 
l'appelle  autrement  jujjant.  On  dit,  il  y  a  ebe  ; 
.  c'eft-à-dire  ,  il  y  a  reflux.  Du  Cange  témoigne 
qu'on  a  dit  ebba  dans  la  bafle  Latinité  j  &  les  An- 
glois  d lient  aufli  ebe  ,  d'où  eft  venu  ce  mot. 

On  dit,  proverbialement,  en  Normandie, Tout 
ce  qui  vient  de  J?ot  s'en  retourne  à'ebe  ,  en  parlant 
«les  biens  mal  acquis  &  mal  alTurés  :  fon  bien  eft 
venu  dejcot ,  il  s'en  retournera  d'ebe.  On  dit  ail- 
leurs, ce  qui  vient  de  fliue,  s'en  retourne  par  le 
tambour. 

ÉBELSTOT.  Petite  ville  de  Danemark  Ebdfiotium. 
Elle  eft  dans  le  Dioccfe  d'Arhufen  ,  en  Jutlande  , 
fur  une  baie  du  Catégat  j  à  quatre  ou  cinq  lieues  au 
nord-eft   d'Arhufen. 

ÉBÈNE.  f  f.  Ebenus.  Bois  étranger  ,  dur  ,  pefant  , 
noir,  qui  prend  un  beau  poli  ,  &  qu'on  emploie  en 
Europe  pour  les  ou  tarages  de  Marqueterie.  On  en 
fait  un  grand  trafic  à  Madagafcar.  Tavernier  dit 
que  les  habitans  de  cette  Ille  ont  foin  de  l'enterrer 
peu/le  temps  après  l'avoir  coupé  ,  pour  le  rendre 
plus  noir.  Flacour  allure  qu'il  y  a,  dans  cette  même 
Ifle ,  plufieurs  arbres ,  ou  arbriifeaux ,  dont  le  bois 
eft  plus  ou  moins  noir  ;  &  que  l'arbre ,  qui  eft  pro- 
prement VEbène  ,  ou  l'Ebénier,  s'élève  fort  haut, 
&  a  fes  feuilles  femblables  à  celles  de  notre  Myrte 
à  feuilles  larges.  Si  l'on  veut  parcourir  les  diffé- 
rentes relations  des  Voyageurs  anciens  &  moder- 
nes, l'on  trouvera  des  defcriptions  d'arbres  &d'ar- 
briifeaux  à  bois  noirs,  qui  conviennent  à  des  pal- 
miers ,  à  des  Cytifes ,  ou  à  d'autres  genres  dirté- 
rens.  La  Candie  a  un  petit  arbufte  que  les  Boca- 
niftes  connoiiîent  fous  le  nom  à'Ebenus  Gratlca.  Si 
l'on  en  croit  Diofcoride  ,  la  meilleure  Ebène  vient 
d'Ethiopie,  &  la  moindre  vient  des  Indes.  Pline 
penfe  de  même  :  mais  Théophrafte  eftime  fort  celle 
des  Indes.  L;i  connoillance  du  vernis ,  &  les  moyens 
que  i'®n  a  aujourd'hui  de  donnera  plufieurs  fortes 
de  bois  durs  une  couleur  noire,  durable,  a  rendu 
plus  rare  l'emploi  de  VEbcne.  L'arbre  dont  le  bois 
s'appelle  Ehcne.  ,  eft  de  l.i  hauteur  &  grolfeur  de 
vieux  chênes  j  &  leur  reftemble  par  le  cœur  & 
l'aubier;  mais  il  eft  de  couleur  fort  noire  ,  laquelle 
lui  dcme  fon  prix ,  parce  qu'elle  reçoit  un  beau 
poli.  Ses  feuilies  rellemblent  à  celles  du  laurier  j 
&  portent  entre  deux  un  fruit  comme  un  gland  fur 
une  petite  queue.  Son  aubier  ^  infufé  dans  l'eau  , 
^  purge  la  pituite  ,  &  guétit  les  maux  vénériens  :  ce 
qui  a  fait  croire  à  Matthiolle  que  le  gayac  étoit  une 
efpèce  àlihcne.  Il  y  a  trois  fortes  à' ebène,  la  noire  , 
ou  mauritée  j  la  giife  &  la  verte ,  dite  de  Portugal , 
qui  eft  le  nom  de  toutes.  La  meilleure /Aè/zc ,  eft 
celle  qui  eft  noire  ,  fans  aucunes  veines ,  qui  eft 
malHve,  aftringente,  &  d'un  goût  aigu  &  piquant. 
Elle  rend  un  parfum  agréable ,  quand  on  la  met 
fur  les  charbons ,  fans  incommoder  par  fr  fumée. 
Si  on  b  préfente  au  feu  étant  fraîche,  elle  s'allume 
inconrineiit  à  caufe  de  fa  graille  ;  maisj  quelque 
fiche  qu'elle  fait,  elle  \'\  touiour'?  au  fond  de  l'eau. 
Si  on  la  frotte  contre  une  pierre  ,  elle  devient  roufle. 
Les  Indiens  en  font  les  ftatues  de  leurs  Dieux  ,  & 
les  fceptres  de  leurs  Rois.  Ce  fut  Pompée  qui,  le 
premier ,  apporu  Vsbème  à   Ronie  j  après    avoir 


EBE 

vaincu  Mithridate.  Agricola  dit  qu'il  y,a  uns  e'bène 
minérale  qu'on  trouve  dans  la  terre.  |fC?  C'eft  une 
efpèce  de  rerre  aiumineufe  tort  noire ,  à  laquelle  ou 
a  donné  le  nom  d  Lbène  foflile ,  à  caufe  de  fa  ref- 
femblance  avec  ïébène. 

On  trouve  une  efpèce  particulière  à'ébène  dans 
llfle  S.  Domingue  :  les  branches  lont  couvertes  de 
petits  piquans,  donc  la  pointe  eft  tournée  à  rebours, 
&  de  quantité  de  teuilles  charnues,  veloutées  ,  de 
figure  ovale  ,  &  grandes  à-peu-près  comme  l'ongle. 
Parmi  ces  feuilles  ,  !k  ces  piquans ,  il  y  a  plufieurs 
petites  fleurs  jaunes  ,  légumLieufes  ,  dont  le  piftil 
devient  enfuite  une  petite  goufte,  large  comme  la 
moitié  de  l'ongle ,  &  de  la  figure  d'un  petit  rognon 
aplati ,  &  remplie  d'une  femence  qui  eft  de  la  mê- 
me figure.  Le  R.  P.  Charles  Plumier,  Religieux 
Minime  ,  appelle  cette  efpèce  d'ébène  ,  fpartium 
portulaat.  fol'us  acuhatum  ebeni  materie. 

M.  Vaugelas  a  remarqué  fort  judicieufement  que 
ce  mot  écoit  toujours  féminin  ,  mais  que  ceux  qui 
travaillent  en  efc/2£  le  font  indifféremment  mafculin 
ou  féminin. 

Ce  mot  vient  de  l'Hébreu  ebcc ,  qui  fignifie 
une  pierre.  XJébhic  coupée  s'erfdurcit  comme  une 
piene. 

EBENE  R.  v.  a.  Ebeni  fpeciem  inducere.  C'eft  j  Donner 
à  du  bois  la  couleur  de  l'ébène.  ^fJ'  Pour  ébéner  du 
bois ,  les  Tabiettiers  j  Ébéniftes ,  &c.  fe  fervent 
d'une  décoélion  chaude  de  noix  de  galles ,  de 
Tencre  à  écrire ,  d'une  brofTe  rude ,  &  d'un  peu 
de  cire  chaude  ,  qui  fait  le  poli. 

^3"É_BÈNÉj  ÉE.  part.  Bois  ébéné. 

ÉBEN-ÈZÈR.  Lapis  adjutorii.  Nom  d'un  rocher  , 
dans  la  Terre  Sainte  i'  L.  des  Rois  VII.  9.  IV.  i. 
V.  I.  Ce  rocher  étoit  entre  Mafphat  &  Sen  ,  au 
feptentrion  delà  Tribu  de  Dan,  aux  confins  de  celle» 
de  Juda  &  de  Benjamin. 

ÉBÉNIER.  f.  m.  Ebenus.  Arbre  ci-delTus  décric,  dont 
le  bois  s'appelle  ébène. 

ÉBÉNISTE,  f.  m.  Ebeni  artifex.  Menuifier  qui  tra- 
vaille en  ébène  ,  qui  fait  des  cabinets  &  des  tables 
d'ébène,  qui  plaque  l'ébene.  On  le  dit  auffi,  de  ceux 
qui  font  des  ouvrages  de  rapport ,  de  marqueterie 
&  de  placage  ,  comme  de  bois  d'olivier,  d'écaill© 
de  tortue  J  &c. 

ÉBERARD  ,  ou  ÉBERHARD.  Voye-^  ÉVERARD  ^ 
ou  EVRARD. 

EBERBACH.  Ville  d'Allemagne  j  dans  le  Palatinas 
du  Rhin. 

ÉBERNBERG  ,  ou  ÉBERNBOURG.  Château  du  Pa- 
latinat  du  Rhin,  en  Allemagne.  Ebernberga,  Ebern- 
burgum.  Le  Landgrave  de  HeiTe  -  Calfel  aflîcgea 
Ebernbourg  3  l'an  1691.  mais  les  François  ^  qui  le 
défendoient  j  l'obligèrent  de  lever  le  fiége.  Maty. 
Ebernberg  eft  fiiué  dans  le  Comté  de  Sponheim  j  au 
confluent  des  rivières  de  Nahe  &  d'Alfen. 

ÉBERNSDORF.  Bourg  de  l'Archiduché  d'Autriche  , 
fîtaé  fur  le  Danube  3  à  deux  ou  trois  lieues  au- 
dellûus  de  Vienne.  Eberfiornfium.  On  prend  Ebernf- 
dorfpovK  l'ancienne  Ala  Nova  j  ville  de  la  haute 
Pannonie.  Maty.  Les  Archiducs  d'Autriche  ont  un 
beau  Palais  à  Ebernfdorf.   Id. 

ÉBERSBERG.  Ville  de  la  haute  Autriche  ,  qui  appar- 
tient à  l'Évêque  de  Paftaw.  Eberfperga.  Elle  eft  fi- 
tuée  fur  l'Inn,  environ  à  une  lieue  de  fon  embou- 
chure fur  le  Danube.  Maty. 

ÉBERSHEIM,  ou  EBERS-MUNSTER.  Bourg  d'Aï- 
face  Aprimonaflerium.  L'Abbaye  ^Ehershelm  rend 
ce  boufg  confidérable.  Eberskeim  eft  fitué  fut  la  ri- 
vière d'Ill ,  entre  Scheleftat  &  Benncfelt. 

ÉBERSTEIN.  Nom  de  lieu.  Eberfteinum.  Le  Château 
à'Eberjicin  ,  Cafiellum  Ebcrftdnium  ,  eft  bâti  fur  un 
rocher  ,  &  fortifié.  Le  Comté  d'EberJIein  eft  une 
contrée  de  Suabe  j,  en  Allemagne  ,  entre  le  Duché 
de  Wirtemberg  ,  l'Ortarw,  &le  Marquifat  de  Bade. 
Maty.  Jean  ,  fils  de  Bernard  ,  8c  d'Agnès  de  Fé- 
neftrange,  étoit  Comte  à'Eberfiein  ,  dèî  l'année 
1411.  Corn.  Le  dernier  Comte  d' ?^^r/?«/2  mourut 
en  \CCo.  Alors  l'Evêque  de  Spire  réunit  à  fon  do- 
maine 


EBE     E  B  î 

maine  Gernsbach  j  qui  rebvoic  de  fou  Eglifej  le 
Marquis  de  Rade  s'empara  de  la  plus  grande  partie 
du  Comté  iïEber[Iein.  Le  Duc  de  Wirtemberg- 
Neuftadt  ,  &  les  Comtes  de  Wolkenftein  i>:  de 
Grondsfeldc,  font  maîtres  du  refte. 

É3ERTAUDER.  v.  a.  Terme  de  Tondeur  de  draps  , 
qui  fignifie  ,  tondre  un  drap  ,  une  ratme  ,  ou  autre 
étoffe  de  laine  j  en  première  coupa  _,  en  première 
voie,  ou  en  première  hiçon,  trois  manières  d'ex- 
primer la  même  chofe. 

E3ETS  j  ou  ABES.  Ville  de  la  Terre  Sainte  ,  dans 
la  partie  orientale  de  la  Tribu  d'IlTachard  ,  &  dans 
la  Galilée  intérieure.  Jofué  en  parle  XIX.  20.  Elle 
efl:  audi  appelée  Ames  ,  &  Vitu  par  les  Septante. 

ÉiiETUDE.  1.  f.  Vieux  mot  qui  vient  du  Latin  He- 
betudo  j  dérivé  àîHebes  ,  Obtus.  Pefanteur  d'ef- 
prit  3  fottife. 

Nous  femmes  Jl pleins  c/'Ebétude  > 
Ec  Je  lourdeaux  en  notre  cas. 

EBL 

ÉBIONITES.  f.  m.  pi.  Anciens  Hérétiques  J  qui  ont 
été  dans  l'Eglife  dès  fes  premiers  commencemens. 
Ebionitz.  Origène  a  cru  qu'ils  avoienc  été  ainfi  ap- 
pelés du  mot  Hébreu  Ebion  ,  qui,  dans  cette^ lan- 
gue j  hgnilie  pauvre  ^  parce  qu'ils  étoient  j  dit-il  j 
pauvres  de  fens ,  &  qu'ils  manquoient  d'efprit. 
Eufebe ,  qui  a  eu  égard  à  la  même  étymologie  , 
prétend  que  ce  nom  leur  a  été  donné  j  parce  qu'ils 
avoient  des  idées  baffes  de  Jésus-Christ  j  qu'ils 
aoyoient  être  un  fimple  homme  ;  mais  tout  cela  j 
dit  M.  Simon  ,  dans  fon  Hijloire  critique  du  texte  du 
nouveau  Teftament ^  n'eft  qu'une  fimple  allufion  au 
nom  de  ces  Seétaires ,  qui  llgnilîe  pauvres  ,  dans  la 
Lingue  Hébraïque.  Il  y  a  plus  d'apparence  que  les 
Juifs  les  appelèrent  ainfi  par  mépris  ^  parce  qu'en 
ces  premiers  temps  il  n'y  avoir  prefque  que  des  pau- 
vres qui  embralTaffent  la  Religion  Chrétienne. 
Origène  femble  confirmer  cette  opinion  j  dans  fes 
livres  contre  Celfe,  où  il  dit  qu'on  appela  Ebionites 
ou  pauvres  j  ceux  d'entre  les  Juifs  qui  crurent  que 
Jésus  étoic  véritablement  le  Meffie  qu'ils  atten- 
doient.  On  pourroit  au(îi  dire  que  ces  premiers 
Chrétiens  prirent  eux-mêmes  ce  nom  ,  conformé- 
ment à  leur  profeffion.  Et  en  effet  j  S.  Epiphane  a 
rem.irqué  qu'ils  fe  vantoient  d'être  pauvres,  à  l'imi- 
tation des  Apôtres.  Le  même  S.  Epiphane  a  néan- 
moins cru  qu'il  y  a  eu  un  homme  appelé  Ebion,chef 
de  la  Seâie  des  Ebionites^  8c  qui  vivoit  en  même- 
temps  que  les  Nazaréens  j  &  les  Cérinthiens.  Il  dé- 
crit au  long  j  &  avec  ex.idlitufle  J  l'origine  de  cette 
Secte  J  qu'il  fait  commencer  après  la  deftruélion 
de  Jérulalem  ,  lorfque  les  premiers  Chrétiens  , 
appelés  Nazaréens  j  en  fortirent  pour  aller  demeu- 
rer à  Pella.  Les  Ebionites  ne  font  donc  qu'un  re- 
jeton des  Nazaréens  :  mais  ils  altérèrent  en  plu- 
lieurs  chofes  la  pureté  &  la  fimplicité  de  la  croyance 
de  ces  premiers  Chrétiens.  C'efl:  pourquoi  Origène 
a  diiHngué  deux  fortes  dEbionites,  dans  fes  livres 
contre  Celfe.  Les  uns  croyoienc  que  Jésus-Chrit 
étoit  né  d'une  Vierge,  &  les  autres  croyoient  que 
Jésus-Chrit  étoit  né  à  la  manière  de  tous  les  autres 
hommes.  Ces  premiers  n^avoienr  que  des  fenti- 
niens  orthodoxes  j  ii  ce  n'ell  qu'ils  joignoient  à  la 
Religion  Chrétienne  les  cérémonies  de  l'ancienne 
loi  J  avec  les  Juifs  &  les  Samaritains  ,'iulîî- bien 
que  les  Nazaréens.  Ils  différoient  néanmoins  de 
ceux-ci  en  plufieurs  chofes  ^  &  principalement  dans 
ce  qui  regarde  l'autorité  des  livres  facrés  :  car  les 
Nazaréens  recevoient  toute  l'Ecriture  qui  eft  renfer- 
mée dans  le  canon  des  Juifs  ^  les  Ebionites j,  au  con- 
traire, rejetoient  tous  les  Prophètes  :  ils  avoient  en 
horreur  les  noms  de  David,  deSalomon,  d'ifaïe,  de 


EBI     E  B  L        /it 

auffi-bien  que  les  Nazaréens,  de  l'Ev.mgile  Hé- 
breu de  S.  Matthieu,  autrement  de  l'Evangile  des 
douze  Apôtres  :  mais  ils  avoient  corrompu  leur 
exemplaire  en  beaucoup  d'endroits  :  ils  en  avoient 
ôté  la  Généalogie  de  Jésus  Christ  j  qui  fe  trou- 
voit  entière  dans  celui  des  Nazaiéens ,  &i  même 
dans  l'exemplaire  qui  étoit  à  l'ufage  des  Cérin- 
thiens. Ces  derniers  qui  étoient  dans  l'es  mêmes  fen- 
timens  que  les  Ebionites  lur  la  naiffance  de  Jbsus- 
Christ  ,  appuyoient  leur  erreur  fur  cette  généalo- 
gie. Outre  l'Evangile  Hébreu  de  S.  Matthieu  ,  les 
Ebionites  avoient  adopté  plufieurs  autres  livres  fous 
les  noms  de  Jacques  ,  de  Jean  ,  &  des  autres  Apô- 
tres. Ils  fe  fcrvoient  aulli  des  f^oyages  de  S.  Pierre^ 
qu'on  fuppofe  avoir  été  écrits  par  S.  Cléinent  \  mais 
ils  les  avoient  tellement  altérés,  qu'il  n'y  relloic 
prefque  rien  de  vrai  :  ils  y  faifoient  dire,  à  ce  S. 
Apôtie,  unQ  infinité  de  faalfetés  ,  pour  autorifer 
davantage  ce  qui  fe  pratiquoit  parmi  eux.  Voye^ 
Saint  Epiphane,  hxr.  50.  où  il  s'étend  fort  au  long 
fur  l'ancienne  héréfie  des  Ebionites.  f^oye:r  auiîî 
Heury  ,  //£/?.  Eccléfiafi.  T.  I,  L.  IL  Tic.  XL.  ij.p. 
S 36.  &  fiiv. 

ÉBISEMETH.  f.  f.  Terme  du  grand  Art.  C'eft  la 
matière  des  Sages  ,  lorfqu'elle  eft  arrivée  au  très- 
noir.  On  appelle  auffi  ébijemetliy  le  laiton  qu'il  faut 
blanchir  par  un  feu  égal. 

EBL. 

■ 

ÉBLANE,  ou  ÉBLANIEN,  enne.  f.  m.  &  f .  Ebh.- 
nus  ,  ou  Eblanius,  a.  Ancien  peuple  de  l'Irlande  , 
oude  l'Hibernie.  Les  iT/i/awej  étoient  entre  les  Mé- 
napiens,  au  fud,  &  les  Voluntiens,  au  nord.  Lblane^ 
aujourd'hui  Dublin  ,  Eblana  ,  étoit  leur  capitale. 
Les  Ehlanicns  occupoient  ce  que  nous  appelons  au- 
jourd'hui les  Comtés  de  Dublin  &  de  Meath ,  en 
Irlande,  c'eft-à-dire,  le  milieu  de  l'Ille. 

EBLOUIR.  V.  a.  Frapper  les  yeux  par  un  trop  grand 
éclat  ;  empêcher  l'adion  de  la  vue ,  par  une  trop 
vive  lumière  qui  bleffe  les  yeux.  Perjlringere  oculosy 
perjlringere.  Le  foleil  ,  les  éclairs  cblouï(jent  j  parce 
que  leur  lumière  eft  trop  vive.  Jamais  tant  de 
douceur  &  tant  de  majefté  n'éblouirent  nos  yeux. 
Arnaud. 

Eblouir,  fe  dit  au  figuré,  &  fignifie,  furprendçe 
l'efprir  &  les  lens  par  quelque  choie  de  vif,  par  un 
fiux  éclat ,  &  par  de  faulîès  lumières.  Les  honneurs, 
la  fortune  ,  éblouirent  les  ambitieux.  Combien  de 
prétendus  beaux  eiprits  renoncent  au  bon  fens  pour 
une  penfée  qui  brille ,  qui  éblouît  •:'  G.  G.  v.e  qui 
m'ébloi.'i' ,  m'eft  d'ordinaire  fufpe6t  de  je  ne  fçais 
quoi  de  faux.  Le  Ch.  nn  M.  Il  iaut  s'examiner  fur 
tout,  ne  fe  flatter  fur  rien  ,  &  ne  %  éblouir 'ç-x^  de  fa 
propre  vertu.  M.  Scud.  Les  objets  du  monde  nous 
éblouïjfcnt ,  &  nous  font  perdre  de  vue  l'avenir  & 
l'éternité.  Fl.  Comme  l'œil  eft  bluffé  par  un  trop 
grand  éclat  de  lumière  ,  l'efprit  eft  de  même  ébiouî 
par  un  trop  grand  amas  de  traits  brillans  &  agréa- 
bles. Cl.  Je  ne  viens  point  vous  éblouir  par  l'éclat 
des  honneurs  de  la  terre,  pour  nourrir  votte  cfpric 
d'un  récit  fpécieux  de  fécilité  mondaine.  Fléch. 
La  valeur  d'oftentation  éblouît  davantage  les  fpecia- 
teurs ,  qu'un  caraétère  modefte  qui  tient  plus  de  la 
folide  vertu.  Le  P.  le  B.  Il  y  a  des  efprits  é^loLÏjans 
qui  impofent  &:  qu'on  n'eftime  que  parce  qu'on  ne 
les  approfondit  pas.  La  Bruy.  Ces  grands  génies , 
qui  ne  cherchent  que  la  gloire  6c  h  réputation  , 
n'ont  pas  tant  pour  but  d'inftruire  ,  que  d'eblouïr. 
Le  C.  de^L  Lesefprits  trop  brillans  ne  veulent  rien 
qui  ne  iurprenne  Se  n'éblouïl/e.  Boun.  TertuUien  ne 
perfuade  qu'enébloitïifant.  AÎaleb.  En  vain  ru  prépa- 
res les  difcours  dont  tu  veux  m  éblouir.  R.acine.  Les 
hypocrites  ont  toujours  ébloui  les  fimples  par  leurs 
fpécieux  dehors.  Ien. 


Jérémie  &d'Ezcchie!.  Ils  ne  recevoient  pour  Ecriture    , 
Sainte  que  le  feul  Pentateuque  ;  ce  qui  femble  in-  Ébloui  ,  ie.  part.  &  adj. 

diquer,  qu'ils  étoient  plutôt  fortis  de  la  Sede  des!  ÉBLOUISSANT  ,  ante.    adj.  verbal.     Qui    éblouie 
Samaritains,  que  de  celle  des  Juifs.  Ils  fefervoient,'      Perjlringens  oculos.    Il   fe   dit  dans  le  propre  & 
Tome  III^  V  V  y 


f  ^^  E  B  L     E  B  O 

dans  le  figuré.  Eclat  éblouijfanc.  Lumière ,  couleur, 

■JiTance, 


Plus  fcnUblc  aux  douceurs  d'une  am'ulé confiante  j 
Qu'uu  charme  cblouiiranc  d'une  gloire  naijjance. 

ÉBLOUÏSSEMENT.  f.  m.  Difficulté  de  voir  ,  occa- 
iîonnée  j  foit  par  une  trop  vive  lumière  qui  vient  du 
dehors ,  foie  par  des  vapeurs  ou  fluxions ,  ou  par 
quelqu'autre  caufe  intérieure.  Les  vues  foibles  font 
plus  fujettes  aux  cbhuïjjemens.  Les  maladies  j  les 
longs  jeûnes,  la  grande  diiripation  des  efpnts,  cau- 
ient  des  eblouijjimens.  Il  m'a  pris  tout-à-coup  un 
éblouijfcment 3  ^  je  me  retire  d'ici.  Mol. 

EblouïssemenTj  fe  dit  auflij  au  figuré,  pour  furprife, 
féduclion.  fafcinatio^decepno.Commz  la  grande  elii 
me  que  nous  avons  pour  les  Prédicateurs  peut  venir 
de  notre  ebloWJement^  &  de  notre  illuhon,  el^epeut 
auill  faire  partie  de  notre  foi  &  de  notre  pièce.  Bal. 

EBO. 

ÉBOBE.    Foy^i  ÈBBÉS. 

EBOELER.  V.  a.  Vieux  mot.  Éventrer. 

EBONNER.  V.  a.  Vieux  mot.  Ordonner  ,  ranger.  On 
trouve,  en  parlant  de  Dieu,  qui  les  quatre  élémens 
ébonne. 

ÉBORA.   /^cvK^î  ÉVOîlA. 
■  EBORGNER.  v.  a.  Crever  un  œil  ,  rendre  borgne. 
Elufcare  j  oculum  cruere.  Ce  coup  de  balle  qu'il  a 
reçu  l'a  éborgné. 

Éborgner  ,  fe  dit,  figurément  &  familièrement,  des 
murs  élevés  qui  ôtent  les  vues  d'une  mx\[ov\.  Officere 
luminibus.  Ce  voilin  a  élevé  fi  haut  fon  bâtiment , 
qu'il  a  éborgné  tout  ce  corps  de  logis. 

Eborgné  ,   Ée.  part.  &  adj.  Altero  oculo  orbatus, 

^3"  EBOTTER.   fynonyme  à  Étêter.  Voye-^  ce  mot. 

ÉBOUFf  ER.  V.  neut.  Vieux  mot  qui  fe  dit  en  cette 
phrafe.  Ces  fots  diicours  font  ébouler  de  rire  ;  pour 
dire  j  font  rire  à  crever.  Difrumpi.  On  dit  ordinaire- 
ment étouffer  de  rire  j  parce  que  bien  des  gens  ne 
favent  ce  que  c'eft  c[n  ebouffer. 

Ce  mot  vient  de  bouffe ,  t]u'on  difoit  autrefois  ; 
pour  dire ,  joues  enflées  ;  &  on  a  dit  aulli  autre- 
fois ,  une  bouffée  de   ris  ,  pour  dire ,  un  grand 

♦  éclat  de  rifée. 

Ne  manque\  pas  de  le  dire  j 

Dit  Morne  j'ébouftant  de  rire,    ScAR. 

EBOUILLIR.  V.  a.  Diminuer  à  force  de  bouillir. 
Lailïez  ebouillirle  pot.  Faire  ebouiliirj  faire  évapo- 
rer une  partie  de  la  liqueur  qu'on  met  fur  le  feu  , 
pour  la  rendre  plus  épailfe ,  ou  plus  fucculente. 
Ebullire  ,  concoquere  j  excoquere.  Quand  on  fait 
trop  ébouiliir  le  pot ,  le  potage  eft  plus  fucculent. 
On  s'en  fert  peu  ;  &  il  n'ell  d'ufage  qu'à  l'infinitif 

,  &  au  participe. 

Ebouilii,  ie.  part.  &  adj.  Excocius  ^  recoclus. 

ÊBOULEMENT.  f.  m.  Chûre  de  terres  &  de  mu- 
railles. Disjeclioj,  ruina ,  demolitio.  Quand  on  creufe 
bien  avant  dans  les  fondemens  j  il  faut  craindre 
\é''oulementàts  terres.  Les  terres  s'éboulent  quand 
elles  ne  font  pas  foutenues. 

ÉBOULER  ,  S'ÉBOULER,  v.  récip.  Tomber  en 
s'affailfanr.  Voye^  ÉCROULER.  Tomber  par  fon 
propre  p  ùds  ^  faute  de  liaifon  ou  d'appui.  On  le 
dit  des  murailles  &  des  terres.  Ruinam  agefe  ,  cor- 
ruere.  Les  baftions  faits  de  terre  fiblonneufe  font 
fujets  à  séhouler.  Les  murs  de  terralfes,  qui  ne  font 
pas  bien  liés  &  cimentés  j  s'éboulent  en  peu  de 
temps.  Il  n'étoit  pas  flxcile  de  nous  retrancher  dans 
le  fable  des  Dunes  j  aifé  à  s'ébouler. 

Éboulé  ,  ée  part. 

ÉBOULIS.  f.^  m.  Chofe  qui  s'eft  éboulée.  Ingens 
ruina.  Voilà  un  grand  éboulis  de  terres  j  de  frble, 
de  pierres. 

EBOUQUEUSES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Manufadures 


EBO 

de  draperies  8c  étoffes  de  laine.  Ce  font  des  fjm- 
mes  ,  qui  ,  avec  de  petites  pincettes  d^  fer  , 
ôtent  les  nœuds ,  pailles ,  ou  petits  bourats  qui 
fe  trouvent  aux  étoffes  ,  après  qu'elles  font  for- 
tics  de  dellus  le  métier.  Elles  ont  divers  noms, 
fuivant  les  Provinces  :  le  plus  commun  eft  celui 
d'Enoueufes. 
ÉBOURGEONNEMENT.  f.  m.  Terme  de  jardi- 
nage. Retranchement  des  bourgeons  fuperflus  fur 
les  arbres  fruitiers  j  pour  les  foulager  j  les  confer- 
verj  de  leur  faire  porter  de  plus  beaux  fruits.  Cette 
pratique  avoit  d'abord  été  imaginée  pour  la  vigne  j 
panipinatio  j  qui  s'eft  dit  enfuite  de  tous  les  arbres 
fruitiers  auxquels  on  l'a  étendue.  Cependant ,  ocu- 
latio  J  qui  eft  le  terme  générique  ,  convient  mieux 
dans  ce  cas.  On  le  dit  plus  particulièrement  des  pê- 
chers auxquels  ce  rerranchement  eft  fur-tout  né- 
celT'aire.  On  fçalt  que  cet  arbre  poulTe  une  quantité 
prodigieufe  de  branches  qui  nuiroient  à  fr  figure  & 
à  fa  fécondité  ,  Çi  on  ne  les  éclairciifoit  pas  ^  parce 
qu'elles  confumeroient  une  trop  grande  cjuantitéde 
fève ,  &  formcroienc  néceirnrement  de  la  con- 
fufion. 

tfT  II  faut  donc  retrancher  ce  qui  eft  inutile  ou 
nuifible ,  c'eft-à-dire  j  mal  placé  j  quoique  bon 
d'ailleurs  J  ou  mauvais  en  lui-même  ,  j'appelle  mat 
placé  J  tout  ce  qui  pouffe  droit  du  côté  da  mur  ,  on 
du'côté  oppofé ,  parce  qu'on  ne  fcj'auroit  profiter  de 
ces  branches ,  qu'en  leur  faifant  faire  un  coude  :  ce 
qu'il  faut  éviter  dans  le  palilîage  ,  aurant  qu'il  eft 
polîible  ,  à  moins  pourtant  qu'on  ne  foit  forcé  de 
conferver  une  de  ces  branches  j  pour  remplir  un 
vide  qu'on  ne  pourroit  garnir  autrement.  J'appelle 
nuifibles,  tomes  les  branches  qui  furchargeroienc 
l'arbre  ,  confumeroient  trop  de  fève,  &  n'en  laifTe- 
roient  pas  aifez  pour  la  nourriture  du  fruit. 

ifT  II  faut  donc  ébourgeonner  ,  c'eft-à-Jire  ,' 
ôrer  les  bourgeons ,  à  propos  &  avec  choix,  en  laif- 
fant  fur  chaque  branche  de  la  dernière  raille  plus  ou 
moins  de  nouvelles  pouiïes ,  fuivant  la  vigueur  de 
l'arbre,  oppofées  l'une  à  l'autre,  autant  qu'il  eft 
polîible.  On  en  laiilera  toujours  plus  que  moins  , 
parce  que,  (i  on  ne  laifioit  précdement  que  ce 
ciu'on  doit  conferver  à  la  taille,  les  aialadies  .lux- 
quelles  le  pêcher  eft  tort  fujet,  comme  la  cloque^ 
le  blanc  &c.  pourroient  faire  périr  quelqu'une  de 
ces  branches ,  qu'on  ne  pourroit  plus  remplacer.  Il 
eft  donc  prudent  d'en  avoir  de  réferve.  Si  toutes 
viennent  bien,  on  en  fera  quitte  pour  les  retranchée 
à  la  taille. 
|iCr  L'Ebourgfonnement  fe  fait  au  mois  de  A4ai  , 
temps  où  les  bourgeons  font  allez  formés  pour  fixer 
notre  choix,  &  o^'i  ces  nouvelles  poulfes ,  encore 
tendres  &  herbéiées ,  fe  détachent  aifément  par  la 
feule  aclion  du  pouce,  fans  le  fecours  d'aucun  inf- 
trument. 

IjCr  On  confond  otdinairement  l'ébourgeonne- 
ment  a\2c  le  pincement ,  parce  que  ces  deux  opéra- 
rions  fe  font  dans  le  même  temps,  mais  on  doit  les 
diftmguer.  Ébourgeonner,  c'eft  retrancher  les  bour- 
geons qui  font  de  trop.  Pincerj  n'eft  pas  retranchée 
le  bourgeon  ,  c'eft  feulement  l'arrêter,  en  coupant 
avec  l'ongle  l'extrémité  de  la  nouvelle  poulfe.  C'eft 
ainfi  que,  thns  V ébourgeonnement  ,  on  pince  quel-  . 
quefois  les  nouvelles  poulFes  que  l'on  conferve  ,  & 
l'on  pince  toujours  celles  qui  tiennent  au  fruit  , 
parce  que,  fi  on  ne  les  arrêtoit  pas  en  les  pinçant,  ou 
en  les  coupant  avec  la  ferpette  ,  ce  que  je  crois  fort 
indifférent  ,  elles  déroberoient  une  partie  du  fuc 
deftiné  à  la  nourriture  du  fruit,  f^oye^  Pincement. 
§C/"  L'Ébourgeonnement  &  le  pincement,  dit  li 
Quintinie  ,  ne  contribuent  pas  feulement  à  arron- 
dir, remplir  &  étendre  la  tête  d'un  oranger,  mais 
ils  donnent  encore  toutes  les  autres  perfeétions  à 
l'oranger. 

$3"  Le  plus  grand  avantage  de  ï'ébourgeonnemenc 
pour  les  arbres  fruitiers ,  eft  non-feulement  de  mé- 
nager la  fève  pour  la  nourriture  des  branches  qu'on 
doit  laiffer  Se  des  fruits  ,  mais  encore  de  diminuer 


E  B  O     E  B  R 

le  travail  dz  la  taille.  Vl^bourgeonnemet  eft  j  à 
proprement  parler  ,  la  première  taille,  royei 
Taille. 

i'fZT  Quoique  Y ébourgennnement ^  ajoute  la  Quin- 
tinie,  ne  regarde  que  les  bourgeons  à  ôter,  o;i  peu: 
pourtant  encore  l'entendre  pour  un  cclairciirement  ,1 
ou  un  cpluchement  à  faire  des  ir'ruits ,  uc  lur-tout 
des  fruits  i  noyau,  quand  il  y  en  a  trop  en  quel- 
qu'endrou  j  cet  épluclieaient  le  faifant  en  même- 
temps  que  Vébourgconneinenc.  L^ilage  n'a  pas 
adopté  le  mot  êï nbourgeonnement  dans  cette  accep- 
tion. 

ÉBOURGEONNER.  v.  a.  Pumpinare  vineam  ,  dccu- 
tae  pampinos.  Oter,  couper  les  bourgeons,  les 
nouveaux  jets  des  vignes  ,  des  arbres  ,  lorlqu'fls 
fçnt  fuperHus ,  &  qu'ils  poulFent  trop  de  bois. 
Ebourgionner^  c'ell  ôcer  à  la  vigne-  &  aux  arbres  les 
nouvelles  branches  qui  font  inutiles.  Ce  travail , 
à  l'égard  de  la  vigne  &  des  autres  arbres ,  fe  hut 
vers  la  lîn  de  Mai ,  ^<:  au  commencement  de  Juin. 
Les  jardiniers  &  les  Vignerons  difcnt ,  il  ell  temps 
à'cboujgeonncr  nos  arbres  ^  il  ne  faut  point  perdre 
de  temps  à  ébourgeonner  la  vigne.  Liger.  Ebour- 
gtonncr  n'a  proprement  été  inventé  que  pour  la 
vigne  ;  mais  ,  comme  pc^pïnare  qui  paroît  encore 
plus  propre  de  la  vigne  ii^ ébourgeonner^  n'a  pas 
îaiiré  de  fe  dire  de  quelques  autres  arbres ,  comme 
on  le  voit  dans  Columelle  ,  ébourgeonner  s'elf  aulli 
étendu  aux  arbres  fruitiers ,  &  les  Jardiniers  l'ont 
pris.  Si ,  d'un  même  œil,  lur  tel  arbre  que  ce  foit , 
il  en  fort  deux  eu  trois  branches,  il  en  faut  ébour- 
geonner quelques-unes  pour  faire  meilleure  la  con- 
dition des  autres  ,  cC  ôter  en  même-temps  la  con- 
fulion.  La  Quint.  On  peut  aulîî-bien  faire  tort  .à 
un  certain  arbre,  li  on  iébourgeonne  trop,  qu'à  un 
■  certain  autre  ,  fi  on  ne  Vébourgeonne  pas  allez. 
C'eft  à  la  prudence  du  Jardinier  à  bien  démêler 
celui  qui,  pour  être  trop  vigoureux  ,  a  befoin 
d'être  ebourgeonné  à!nneià(^ot\ ,  d'avec  celui  qui, 
à  caufe  de  fon  peu  de  vigueur ,  a  befoin  de  l'être 
d'une  autre  manière.  Liger.  AlTez  i'ouvent ,  faute 
d'avoir  fageiPient  ei'c)«rçeo/2/2d,  ou  d'avoir  bien  pa- 
HlFé  ,  nous  voyons  que,  dans  la  confulion  des  bran- 
ches, il  s'en  eil  fait  de  certaines  menues  &  élancées, 
que  nous  appelons  veules  ;  il  faut  foigneufement 
les  ôter  à  la  taille.  Id. 

Eb,)urgeonn'É  ,  EE.  part.  &  adj. 

|p=*£BOURGEONNEUX.  f.  m.  Infede.  Voye:^ 
LISETTE. 

ÉBOURIFFÉ  j  ÉE.  adj.  Eparpillé  ,  dérangé.  Il  fe  dit 
des  cheveux ,  de  la  perruque  j  ou  de  la  cocffure 
que  le  vent  a  mis  en  défordre.  J'embralTe  Grignan, 
&  le  bîife  à  la  joue  droite  ,  au-delFous  de  fa  touffe 
ébouriffée.   AL\u.  de  SevignÉ. 

ÉBOURRER.  v.  a.  Ôter  la  bourre.  Terme  de  Cor- 
royeur.  On  ébourrc  les  peaux  de  mouton  avec  l'ef- 
tire. 

ÉBOUZINER..  v.  a.  Terme  de  Maçonnerie.  C'eft 
ôter  d'une  pierre  ou  d'un  moellon,  le  bouzin  ,  ou 
le  tendre  du  lit  de  pierre  ,  &  l'atteindre  avec  la 
pointe  du  marteau  jufqu'au  vif.  Il  faut  ebou-^iner 
les  pierres  avant  que  de  les  tailler.  ' 

ÉBOUZINÉ  ,    EE  part. 

EBR. 

ÉBRAIQUE.    Foyei  HÉBRAÏQUE. 

ÉBRANCHEMENT.  L'aclion  de  couper  les  bran- 
ches d'un  arbre. 

EBRANCHER.  v.  a.  Couper ,  ou  rompre  les  branches 
d'un  arbre.  Collucare  _,  nudare  ranih.  Il  faut  ébran- 
cher  ces  arbres  pour  en  faire  des  fagots. 

EbranchÉj  ïe.  part.  Un  arbre  eft  elV^z/.vAe  quand  il 
eft  dépouillé  de  les  branches  par  accident  ,  ou  par 
la  main   du  Jardinier,   ^rhor  ramis  nudata. 

Ebranché  ,  fe  dit,  en  termes  de  Blafon,  d'un  arbre 
dont  les  bran;;hes  ont  été  coupées. 

ÉBRANLEMENT,  f.   m.  SecoulFc    qui  fa^it  qu'une 


EBR  J15 

fmo  3  eoncujfio.  Les  coups  de  canon  ont  caufé  uii 
grand  ebramement  à  cette  muraille.  L'efpnt  s'af- 
foiblit  par  le  trop  grand  ébranlement  i^qs  hbres,  &C 

,   la  trop  violente  agitation  des  efprits.    Maleb'. 

EBeranx-Ement,^  fe  dir  aufli  au  Hgnré.  La:-eJaà,o  3 
Labejadaûo.  VébrarJeinenc  de  fa  fortune  lui  a  fait 
perdre  tous  les  amis.  Ceux  qui  font  accoutumés 
aux  grandes  occupations ,  ne  fe  plaifent  qu'à  ces. 
grands  ébranlemens.  Nie  Pendant  le  cours  d'une 
guerre  fi  fanglante  ,  l'Angleterre  foutFnt  des  fe- 
coulfes  &  des  ébranlemens  ,  qui  la  mirent  fur  le 
penchant  de  fa  ruine.  Cohieille  a  dit  dans  les 
Horaces. 

Si  près  de  voir  Jur  /bi  de  tels  orages  ^ 
Véhï3.n\QmsntJied  bien  aux  plus  Jermes  couraoes. 

EBRANLER,  v.  a.  Donner  des  fecoufies  à  une  chofe , 
enforte  qu'elle  foit  moins  ferme  dans  fon  aifiette. 
Concucere  _,  cornmovere  ,  conqua£are  _,  labejailarc. 
Il  ébranla  en  peu  de  temps  une  partie  du  mur  avec 
les  machines.  Abl.  Il  f;rut  bien  des  coups  de  canon 
pour  ébranler  ce  baftion.  La  voix  de  l'Erernel  brife 
les  cèdres  du  Liban  ,  &  ébranle  les  déferts.  Port-R. 

Ebranler,  le  dit  Hgurémenr,  &:  fignifie  émouvoir, 
rendre  moins  ferme  dans  la  fituatlon  d'efprit  oit 
l'on  étoit.  Dieu  ébranle  le  cœur  par  la  crainte  ^  avant 
que  de  le  toucher  par  fon  amour.  Nie.  Le  Juge  a 
ère  ébranle  par  les  raifons  de  la  partie  adverfe/Un 
Philolophe  Stoique  ne  fe  pouvoir  ébranler  par  les 
lourmens  ,  ni  par  \z%  carefles.  Pour  nous  fiire  re- 
tourner  à  Dieu ,  il  faut  que  la  crainte  ébranle  d'abord 
notre  efprit.  Nie.  La  tranquillité  de  la  Palloiale 
n'admet  point  ce  qui  ébranle  le  cœur  troD  fortement. 
Font.  Que  faut-il  faire  pour  ébranler  votre  tran- 
quillité ?  L'image  de  la  mort,  quand  elle  eft  proche, 
ébranle  les  plus  fermes.  Nie.  Toutes  vos  raifoiis 
l'ont  plutôt  ébranlé  que  vaincu.  S.  EvR. 

Poilidonius,  cette  colonne  du  Portique,  fat 
ébranlé  par  la  douleur,  ii.  Evr. 

§Cr  On  dit ,  en  termes  de  guerre ,  que  des  trou- 
pes commencent  à  s  ébranler ,  pour  dire,  fe  mettre 
en  mouvement  La  première  ligne  s'ébranla  pour 
marcher  &  charger  l'ennemi.   Acad.  Fr. 

I^C?  On  le  dir  aulli  des  troupes  qui  commencent 
a  s'ébranler ,  8c  à  faire  quelque  mouvement  pour 
prendre  la  fuite.  L'aile  droite,  expofée  au  cancn 
de  l'ennemi,  commençoit  à.  s'ébranler,  quand  elle 
fut  ralFurée  par  la  préfence  du  Général.  Inelina- 
hat  acies. 

Ebranlé,  Ée.  part.  &  adj.  Commctus ^  conquajfatus. 
Corneille,  dans  Rodogune  ,  a  dit ,  une  Couronne 
ébranlée.  Un  Empire  ,  un  Trône  peut  être  ébranle  y 
mais  non  pas  une  Couronne.  Il  faut  toujours  que 
la  métaphore  foit  jufie. 

ÊBRASEMENT.  f.  m.  Terme  d'Architeaure.  F.v//^- 
carto  j  ampUatio.  C'eft  l'clargiirement  en  dedans 
des  côtés,  ou  jambages  d'une  porte  ou  d'une  voûte  ; 
tels  font  les  baies  des  fenêtres ,  &  abat- jours  qui 
s'élargilTcnt  en  dedans.  Frfzier. 

0Cr  EBRASER.  V.  a.  Terme  d'Architeélure.  Les  Ou- 
vriers difenr  embrafer.    Voye-^  ce  mot. 

ÉBRBUHARITE.  f.  m.  Sorte  de  Religieux  Mahomé- 
tans.  f/^r^wAizriw.  Ebrbuhard ,  difciplede  Nacfchi- 
bcndi  ,  eft  le  Fondateur  de  ces  Religieux  \  c'eft  de 
lui  que  leur  vient  leur  nom.  Les  Ebrbukarites ,  mal- 
gré la  profellîon  qu'ils  font  d'une  grande  Sainteté, 
&  d'un  grand  dépouillement  de  toutes  chofes,  paf- 
fent  pour  hérétiques  parmi  les  Mahométans  ,  parce 
qu'ils  ne  croient  point  être  obligés  au  pèlerinage  de 
la  Mecque  j  car ,  pour  s'en  difpenfer ,  ils  difent  que 
la  pureté  de  leurs  âmes,  leurs  hautes  contempla- 
tions, leurs  extafes ,  leur  font  voir  la  Mecque  fans 
fortirde  leurs  cellules.  Foye^  Ricaud,  de  l'Empire 
Ottoman. 

EBRE.    Fleuve.    Iherus.    Les  Efpagnols  difent  Ebro, 

L'Ebre  a  fa  fource  dans  la  vieille  Caftille  ,  près  du 

bourg    de  Fuentelibre  ,  traverfe   une  partie  de  la 

chofe  n'eft  plus  dans  une  aiîiecte  ferme.  ConquafA     Bifcaye  &  de  la  Navarre,  tout  l'Arragon  j  & ,  ayant 

V  V  v  jj 


J14  EBR 

■  icparé  1.1  Catalogue  du  Royaume  de  Valence  ,  il  fei 
décharge  dans  la  mer  Méditerranée  ,  formant  les 
petites  Ifles  d'Airacs  à  fon  embouchure.  Maty. 

EBRECHER.  v.  a.  Faire  une  petite  brèche  à  un  cou- 
teau ,  ou  à  qiieltiu'autre  inlhument  tranchant.  Fh- 
larc  ,  injerre  iaban  ,\'Mum  ;  .Labeja3,are.  Les  nœuds 
de  bois  cbrèchent  les  rabots ,  les  ciieaux. 

Ebrecher  j  le  dit  aulli  des  ruptures  qui  fe  font  aux 
ouvertures  des  pots  de  terre ,  de  faïence ,  de  por- 
celaine. 

Ebrené  j  sf.  pirr. 

EBRENER.  v.  a.  Nettoyer  un  enfant  qui  fait  fes  or- 
dures fous  lui;  lui  ôcet  les  matières  fécales.  2'eigere. 
Cette  temmc  .i  ebrené  i'oa  enfant.  Terme  de  Nour- 
rice. 

Ebreché,  Éf.  part. 

EBREU.    Foye:^  HEBRELT. 

£BREUILLE,  ÉBREULE  ,  ou  ÉBREUIL.  Eborola- 
cum ,  Evrogilum.  C'étoit  autrefois  un  des  quatre 
principaux  châteaux  de  Louis  le  Débonnaire  ,  lorf- 
qu'il  étoit  Roi  d'Aquitaine.  Ebreuille  eft  aujour- 
d'hui une  petite  ville  de  la  Balfe-Auvergne ,  fur  la 
rivière  de  Siaule ,  Sicaula.  j  ou  Siouie  ,  comme 
écrit  Valois,.  Elle  elf  à  trois  lieues  de  Riom  j  au 
Septentrion,  iSc  à  cinq  de  Clermont  ^  vers  les  fron- 
tières du  Bourbonnois.  Fûyei  les  Sainte- Marthe  , 
T.  IV. 

ÉBRIDES.    Voyej  WESTERNES. 

ÉBIIILLADE.  f.  f.  Terme  de  Manège.  C'eft  un  coup 
de  bride  que  le  Cavalier  donne  par  la  fecoulle 
d'une  rêne ,  à  un  Cheval  qui  refufe  de  tourner. 
\.-x  façade  fe  fait  par  la  fecoulle  des  deux  renés  en- 
femble. 
ÉBRÛDUNTIEN:,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  peuple. 
Ancien  habitant  de  l'Embrunois.  Ebroduncii.  Les 
Ebrodundens  avoient  au  nord  les  Brigantes  ,  au  le- 
vant les  Vagiens,  au  fud  les  Soutiens,  &  au  couchant 
les  Caturiges, 

EBRON.  Voy^i  HÉBRON. 

IP"  ÉJ3ROUEMENT.  f.  m.  Terme  de  manège.  Ref- 

piration  force  &  fréquente ,  ronflement  d'un  cheval 

,  ^  la  vue  des  objets  qui  l'effraient  Si  qui  l'animent. 

EBROUER.  S'ibroucr.  v.  rècip.  Tjjrme  de  Manège, 
qui  fe  dit  des  chevaux  pleins  de  feu  ,  qui  font  une 
clpèce  de  ronflement ,  comme  s'ils  vouloient  faire 
forrir  de  leurs  nafeaux  quelque  humeur  qui  les  em- 
pêche de  prendre  leur  haleine.  C'eft  une  bonne 
marque  ,  qu  ind  un  cheval  s'ébroue  ,  lorfqu'on  veut 
le  retenir.  Virgile  l'a  mis  parmi  les  lignes  d'un  bon 
poulain,  Géorgiqucs  j  Liv.  3. 

Tumjï  quafonum  procul  arma  dedere  , 
Stare  ioM  iiefdc ,  mkac  aurïbus  &  trémie  artus  3 
Coliecluinqus  premcns  ,  volvit  fub  naribus  ig/iem. 

CoUscluin  igncni  voîvcrefub  naribus  ,  ignem  effla- 
re naribus  ,  eft  ,  eu  termes  Latins  poétiques,  ce  que 
nous  aDpelons  ébrouer  dans  les  chevaux.  On  l'a  dit 
autrefois  des  hommes  qui  avoient  de  la  peine  à  fe 
moucher  j  ou  à  èternuer. 

Ébrouer.  Terme  de  Teinturier ,  ou  d'ouvrier  en  toi- 
les ou  en  étoffes.  C'eft  laver  &  paflsr  dans  l'eau  une 
pièce  d'ctofte  ou  de  toile. 

ÉBRUHART.  f.  m.  Sorte  de  Religieux  Mahométan. 
Le  Didionnaire  de  Moreri  dit  au  mot  Médine ,  que 
les  maifons  de  cette  ville  n'ont  qu'im  étage  ,  à  la  ré- 
îerve  de  celles  où  logent  les  Dervis  ,  \QsEbruharts  &c 
les  Cadrictes. 

ÉBRUITER,  v.  a.  Propalare^  palam  facere.  Rendre 
une  chofe  publique  ,  la  faire  connoître  à  bien  des 
gens.  Ebruiccr  eft  aulli  un  verbe  réciproque-  S'ébrui- 
rsr.  Palam  fteri  j  uwotcfcere.  Venir  à  la  connoillan- 
ce  de  plufieurs  perfonnes.  Les  affaires  qui  deman- 
dent du  fecret  ne  réuffUfent  jamais ,  quand  elles  vien- 
nent à  s'e^w^r,  quand  on  les  laille  e^mrer.  Les 
Normands  difcnt  ébriter. 

N'allons  donc  pas  ébruiter  une  affaire 
Qui  me.  couche  en  époux  i&  vous  regarde  en  f  ère.  R. 


EBR     EBS     EBU 

Ébruité  ,  ée,  part.  Divulgatus. 

EBS. 

^fJ"  EBSOM,  Fontaine  d'Angleterre  ,  d'où  l'on  retire 
un  lel  auquel  elle  donne  fon  nom.  Foy.  Sel. 

EBU. 

EBUARD.  f.  m.  Gros  coin  de  bois  dur  kc  Se  recuit^ 
dont  on  fe  fert  à  fendre  le  bois  dans  les  forêts. 

ÉBUDHS.  Foyc:(  Westernes. 

EBULLITION.  f.  f.  Ebulluio.  C'eft  une  raréfaûlon  des 
liqueurs  faite  par  le  feu  ,  ou  par  la  rencontre  des 
fels  de  diflérente  nature  ;  comme  quand  on  mêle 
de  l'huile  de  t*rtre  avec  de  l'huile  de  vitriol.  M. 
Harris  définit  Vebullicion  ,  un  grand  bouillonne- 
ment ,  agitation  ,  ou  effervefcence ,  qui  s'élève  par 
le  mélange  des  acides  avec  les  alcalis  ,  duquel  naît 
un  mouvement  intérieur  &  violent  des  patries  du 
fluide  ,  caufé  par  l'agitation,  &  ,  s'il  eft  permis  de 
parler  ainlî,  le  débat  des  parties  de  différentes  na- 
tures/M.  Boyle  a  prouve  par  des  expériences  qu'une 
ébuUitlon  confidérable  peut  être  produite  fans  cha- 
leur ;  qu'elle  peut  produire  lui  degré  de  froid 
plus  grand  qu'il  n'étoit  en  chacun  des  corps  pris  en 
particulier ,  &  que  ce  froid  ne  vient  que  de  leur 
mélange,  quoiqu'accompagné  d'une  grande  agi- 
tation, d'un  grand  tumulte,  d'un  grand  bruit,  & 
d'écume.  Car,  ayant  jeté  une  partie  d'huile  de  vi- 
triol dans  douze  parties  d'eau  commune,  ce  mélan- 
ge fut  d'abord  fenfiblement  chaud.  Il  plongea  de- 
dans la  phiole  d'un  Thermomètre  jufqu'à  ce  que 
l'efprit  de  vin  qu'elle  renfermoit  ^it  pris  le  degré 
de  chaleur  de  ce  mélange.  AlorSj  ayant  mis  dedans 
une  quantité  convenable  de  fel  volatil ,  de  fel  am- 
moniac ,  pour  abforber  les  acides  de  ce  mélange, 
l'efprit  de  vin  qui  éto.it  dans  le  Thermomètre  ,  def- 
cendit  jufqu'à  un  pouce.  Harrjs.  Quelques  Phyfi- 
ciens  ne  fe  fervent  de  ce  mot  que  pour  lignifier  un 
mouvement  fait  dans  une  liqueur  fans  féparation 
des  parties  ,  comme  quand  du  lait  nouvellement 
tiré,  ou  une  autre  liqueur  femblable  ,  bout  fur  le 
feu,  &  qu'après  Vébullition  il  demeiue  comme  il 
étoit  auparavant.  Quelquefois  ce  fera  un  trémouf- 
fement  caufé  par  une  ébulUtion  de  toute  la  mafls 
des  humeurs ,  qu'on  fentira  à-peu-près  comme 
une  cloche  qui  tremble  encore  après  avoir  fonné. 
P.  Le  Comte. 

%T  Le  terme  d'<?'ïa//irionjconfidéré  fuivant  l'idée, 
qu'on  y  attache  dans  i'ufage  ordinaire  ,  n'eft  autre 
chofe  que  le  mouvement  que  prend  un  liquide  qui 
bout  furie  feu  j&  on  le  dit  en  Chymie  de  deux  matiè- 
res qui,en  fe  pénétrant,font  paroitre  des  bulles  d'air. 
Sous  ce  point  de  yuejOn  a  confondu  ce  mot  avec  ceux 
^effervefcence  &  de  fermentation  ,  dont  on  a  fait 
trois  fynonymes  ,  parce  que  \&sfermentations  fonc 
ordinairement  accompagnées  d'effervefcence  &  d'e- 
buUicion,  Mais,puifqu'il  eft  prouve  parles  expérien- 
ces de  M.  Boyle  ,  que  l'on  vient  de  rapporter ,  qu'il 
peut  y  avoir  une  ébullition,mème:  conudéraWe,  fans 
chaleur  ,  ôc  qu'elle  peut  même  produire  un  degré 
de  froid  plus  grand  qu'il  n'étoit  en  chacun  des  corps- 
pris  en  particulier  ;  puifqu'il  eft  certain  d'ailleurs 
qu'il  y  a  des  effervefcences  fans  ébulUtion.  (  Foy.  Ef- 
fervescence. )  il  réfulte  que  Vébullition  &c  l'effer^. 
vefcence  font  deux  adrions,  abfolument  diftindles,  8C 
qu'elles  ne  font  pas  moins  diftinguées  de  la^  fer- 
mentation, Foyc-^  ce  mot. 

Ebullition  ,  fe  dit  en  Médecine  des  petites  élevu* 
res  ,  ou  taches  rouges  qui  viennent  fur  la  peau.  Il 
a  une  ébulUtion  par  tout  le  corps.  \  une  ébulUtion  de 
,   fang. 

Ebullition  ,  fe  dit  aufli  par  rapport  aux  animaux^  &: 
en  particulier  par  rapport  aux  chevaux  ,  dans  lef- 
quels  ces  petites  élévures  ,  que  caufe  Vébullition  du 
fang  j  ne  font  pas  ordinairement  fort  dangereufes, 
quoiqu'on  les  prenne  quelquefois  pour  du  farcin. 
Pour  rafraîchir  les  chevaux  ,  Hc  les  guérir ,  il  ne 


EBU     EGA 

faut  que  leur  faire  manger  du  fon  avec  une  once  de 
foie  d'Antimoine  par  jour,  &  ne  les  point  faire 
faigner  ,  qu'après  qu'on  aura  éprouvé  que  ce  remè- 
de ne  les  aura  poinc  foulages. 
ÈBURONS.  Nom  de  peuple,  hburones.  Les  Eburons 
étoient  un  ancien  peuple  de  la  Gaule  Belgique  fi- 
lués  le  long  de  la  Meuie,  dans  la  contrée  où  turent 
enfuite  les  Tongres  i  c'eil  le   pays  de  Liège.  Clu- 

VIERj   HOFFMAN,  MaTY. 

ÉBUKOVICES.  Nom  de  peuple.  Ce  font  les  anciens 
habitans  de  la  ville  ic  du  Territoire  d'Evreux.  Ebu- 
rovices.  Les  Eburovices  ,  peuples  de  la  Gaule  Celti 
que,  avoient  les  Velocafles  au  nord  ,  les  Lexoviens 
au  couchant ,  les  Aulcrces  Diablintes  au  fud  ,  &  les 
Carnuttis  au  levant. 

ÉBUSE.  Nom  ancien  de  l'Ifle  d'Yvica.  f/'w/àj.  L'Iile 
à'EbuJc  ne  prodaifoit  aucun  animal  nuifible  ,  Plin. 
L.  III.  C.  5.  il  y  avoir  dans  cette  Ifle  une  ville  de 
même  nom  ,  bâtie,  .i  ce  que  l'on  croit  j  par  les 
V\\Qïi\c\ens.  Ebujus  ,  Ebujid.  Jjilius  Italicus ,  L.  III. 
V.  3(î5.  femble  i'infinuer.  Pour  fa  iituation  ,  ^^oye^ 

YVICA. 

EGA. 


ÉCACHEMENT.  f.  m.  Frollfure,  brifurede  quelque 
corps   dur  ,   enloncemeiu  ,  ^u  plutôt  entonçure 
faite  avec  violence.  L'entlalis  eft  une  efpècede  con 
tufion  qui  conlifte  dans  XccachcmcntUc  la  brifure  de 
l'os  du  crâne.  Dionis.  Contufio^  dcprejjlo,  conjraciio, 
difrupdo. 
ÉCACHER.  V.  ad.  FroilTer  ,  écrafer,  brifer  par  une 
prefiion  violente.  Ohlider^  _,  obcerere.  On  m'a  mar 
ché  fur  les  pieds ,  je  les  ai  tout  écachés.  On  ccach 
du  fucre  ,   du  fel  ,  des  minéraux ,  lorfqu'on  les 
égriige  ,  qu'on  les  réduit  en  poudre ,  en  les  pr elfant 
par  quelque  chofe  de  pefant. 
^fT  EcACHER  ,  chez  les  Tireurs  d'or  ,  c'eft  aplatir  le 
fil  ,  en  le  faifant  paflTer  entre    deux   meules  du 
moulin. 
fiC?  EcACHER  la  cire.  C'eft  la  pétrir  ,  jufqu'à  ce  qu'il 
n'y  ait  plus  ds  parties  plus  dures  les  unes  que  les 
autres. 
ÉcAcHEjÉE.  pnrt. &  ad j.  Offrir;/ j.  On  dit  communé- 
ment ,  un  vifage  écacké ,  quand  il  eft  plat  ;  un  nez 
i-cjcké,  quand  il  eft  camus  j  peu  élevé  j  &  large  par 
en  bas.  Fatulus. 
ÉCACHEUR  dor.  f.  m.  Ouvrier  qui  écachel'or.  Ob- 

truor. 
ÉC.'^FER.  V.  a  Terme  de  Vanier.  On  dit,  EcaferYo- 
fier ,  pour  dire  j   ôter  la   moitié  de    l'oficr  pour 
ourdir. 
ÉCAILLE,  f.  f.  Squarriii.    M.  Ménage  dérive  écaille 
dtii'U^YienJcûglia  ,Sc  cq\\iÏ-c\  du  h-xùn  fquamula  ^ 
diminutif  de  Çquamc,.  Coquille,  croûte  dure  qui 
couvre  les  poilfons  qu'on  nomme  teftacées.  Ecaille 
d'huitre.  Les  moules  font  enfermés  dans  des  écail- 
les. On  fait  des  cabinets ,  des  tables  èi  écaille  de 
tortue.  Il  y  a  des  ccaillcs  de  tortue  larges  de  deux  ou 
trois  pieds.  Si  l'on  ôte'aux  tortues  leurs  écailles,  & 
iî  on  les  rejette  en  mer,  il  leur  en  revient  de  nou- 
velles. 
Écaille  j  fignifie  encore  cette  couverture  qu'ont  pref- 
que  tous  les  autres  poilfons ,  qui  n'eft  pas  continue, 
mais  qui  eft  féparée  en  plulicurs  petites  pièces  ,  ar- 
rangées fur  leur  corps  comme  les  tuiles  ou  les  ar- 
doifes  fur  les  maifons.  Ce  font  de  petites   parties 
dures ,  rondes ,  plates ,  ordinairement  tranfparen- 
tes  ,  qui  couvrent  la  peau  des  poiftbns  &  de  cer- 
tains reptiles.Les  carpes  ont  de  grandes  écailles  do- 
rées. Les  foies  ont  de  trçs-plîfites  écailles.  Les  croco- 
diles ont  des  écailles  dures  &  épaiftes. 
Écaille  ,  fe  dit  de  cette  croûte  dure  des  pommes  de 

pin  ,  dans  laquelle  le  pignon  eft  enchaffé. 
Écaille  ,  fe  dit  .nulfi  des  pièces  de  fer  qui  compofent 
une  armure,  des  taffettes  qui  font  au  bas  des  cui- 
raftes ,   qui  fqnt  pofées  l'une  fur  l'autre  en  guife 
,  à' écailles.  Les  Latins  ont  aufti  appelé  c^la  fqitama. 
Écaille  de  mer  ,  eft  une  pierre  dure  dont  les  Peintres 
fe  fervent  poux  broyer  les  couleurs- 


.  E  C  A  /15 

Ecaille  ,  fe  dît  aufll  de  certaines  croûtes  ou  parties 
minces  &   légères  qui  fe  détachent    de   quelques 
corps.  Le  ftuc  qui  n'eft  pas  bien  fait  tombe  fouvent 
par  écailles.  Le  malheur   des  tableaux  à  frefque  , 
c'eft  qu'il   en   tombe  toujours  quelque  écaille.  Un 
tableau  tombe  par   écailles,  lorfque  ,  par  vétufté  , 
ou  par  le  détaut  de  l'impreihon  ,    il  s'en  détache  de 
pentes  parcelles.  Les  galles  lèches  s'en  vont    par 
écailles.  Les  Sculpteurs  appellent  aufli  écailles  ,  les 
éclats  de  marbre  qui  tombent  lorfqu'ils  taillent  ou 
dégroftilfent  un  bloc. 
Écaille  ,  fe  dit  aulîi  des  ouvrages  qui  font  faits  àl'i- 
mitatioii  des  écailles ,S<.  qui  en  ont  la  figure,  com- 
me plufieurs  ornemens  d'architedure,  de  ménuife- 
rie  ,  de  broderie  ,  de  tapifterie  ,  Sec.  Il  y  a  une  ef- 
pèce  de  tapifterie  deBergame  nommée  écaille  ,  pat- 
ce  que  les  façons  dont  les  Ouvriers  les  embelliftent, 
imitent  les  écailles  de  poiflon. 
Écaille  de  fet;i,  d'acier  ,  de  bronze  ,  ou  d'airain  ^  fe 
du  des  parties  decesméraux  qui  s'en  fépareut, lorf- 
qu'on les  bat  Se  qu'on  les  met  en  œuvre. 

(fT  On  appelle  abfnlun-.entcca///.?,  de  Vécaillede 
tortue.  Tabatière  d'écaillé.  Tablettes  couvertes  d'cr- 
cailles. 

Ç3'  Les  Rotaniftes  donnent  aulfi  le  nom  d'écaillés 
à  des  productions  qui  approchent  de  la  figure  d'une 
écaille  de  poilfon.  Elles  forment  l'enveloppe  des 
boutons.  On  en  trouve  fur  les  calices  de  quelques 
fleurs ,  fur  les  chatons  ,  fur  les  bulbes ,  &c.  Les  cô- 
nes du  fapin  font  des  fruits  à  écailles  ,  ou  ccailleux. 
Squame  ,fquamofus.  Dun. 
L'Ordre  de  l'Ecaille.  Ordre  militaire  en  Efpagne  , 
qui ,  félon  quelques  Auteurs,    fut  établi  en    1516. 
ou  1 3 13.  &  ,  félon  d'autres  ,  en  142.0.  fous  le  règne 
de  Jean  IL  L'opinion  la  plus  commune  eft  que  ce 
fut  en  1518.  mais  on   ignore  quel  en  fut  l'Inftitu- 
teur.  Les  Chevaliers  de   M  Ecaille  portoient  fur  un 
habit  blanc  une  croix  rouge,  écaillée,  ou  formée 
d'écaillés ,  &  faifoient  vœu  de  défendre  Se  d'éteri- 
dre   la  Religion  Chrétienne,  de  mourir ,  s'il  éroic 
néceftaire  pour  cela  ,  &  de  chalfer  les  Maures  du 
Royaume.  Juftiniani ,  T,  IL  C.  50.  où  il  donne  une 
lifte  des  Grands-Maîtres  ,    depuis  1318.  jufqu'eu 
16^7.  qui  font  tous  les  Rois  d'Efpagne.  Il  y  marque 
aulli  les  Auteurs  qui  ont  écrit  de  cet  Ordre, 
ÉCAILLE  ,   ÉE.  adj.  Qui  a  la  peau  couverte  d'écail- 
lés. Les  Poètes  appellent  les  poiiTons  ,  les  peuples 
écaillés ,  ou   la  troupe  écaillée.   Squamatus  ,  Jqua- 
nicus  ,  fquamofus  J'quamifer  ^fquamiger. 
Écaillé.  Terme  dont  on  ufe  dans  leBlazon  ^  en   par- 
lant des  poilfons  ,  on  l'accompagne  fouvent  du  rnot 
ombré.  Il  portoitdi  fable  a*u  crocodile  d'argent  écail- 
li  ôc  ombré  de  finople. 
Écaillé  ,  Ée.  Incifé,  travaillé  en  écailles.  Infquamas 
incifus  ,  elaboratus.  On  dit ,  en  Botanique ,  que  la 
racine  de  la  dentaire  eft  écaillée ,  c'eft-à-dire ,  incifce 

,  en  écailles.  ^        1       /     -it      ' 

ÉCAILLER,  v.  a.  Defquamare.  Oter  les  ccaïUes  a  un 
poilfon.  A  Rouen  on  ouvre^on  écaille  les  huîtres  par 
le  dos ,  &  plus  proprement  qu'à  Paris.  On  n'écaille 
poinr  les  carpes  qu'on  met  au  court-bouillon.  On 
écaille  le  faumon  ,  la  morue. 
Écailler  ,  fe  dit  avec  le  pronom  perfoiuiel,  descho- 
fes  qui  tombent  par  croûtes  ,  fe  détachent  par  peti- 
tes parties  ,  comme  des  écailles.  Les  enduits  de  plâ- 
tre font  fujets  à  s't-cji//er.  Les  tableaux  fur  du  bois 
ont  cet  avantage,  qu'ils  ne  font  point  fujets  à  s';c.zi/- 
ler.  Les  peintures  à  frefque  font  fujettes  à  s'écailler  y 
l'enduit  s'en  écaille  aiféinent,&  fe  détache  du  corps  ^ 
de  la  muraille.  a      1      '      1 

Écaillé,  ée.  part.  Defquamatus.  A  qui  on  ote  les  écail- 
les. Carpes  écaillées. 

ifT  On  le  dit  aufli,  dans  un  fens  contraire  ,  pour 
dire  qui  eft  couvert  d'écailles.  Animaux  écaillés. 
7^ove?  plus  haut.  , 

|tr  ÉCAILLER  ,  ERE.  f  m.&  f  Celui  ou  ceUe  qui 
vend  des  huîtres  à  l'écaillé  ,  qui  les  ouvre  OJ/rca- 
rius,  Oflrearia.  Ecaillcur  n'eft  pas  uiitc.  Faites  ve- 
nir {'Ecailler. 


$%.€  EC  A 

ECAILLECfX,  EUSE.  ^à].  Squamofus-.V'icnt  ^  on  au- 
tre corps  dur  qui  le  lève  par  écailles.  L'ardoile  de 
Mézières  eft  peu  eftimée,  parce  qu'elle  eft  éca'd- 
Utifc. 

EcAiLLEUX.  Compofé  de  plufieurs  écailles.  En  Botani- 
que ,  on  dit  que  la  racine  du  lys  ell  écailieuje,  Voy. 
Écailles, 

En  Anatomiej  la  partie  fupérieure  des  os  des 
tempes  eil  appelée  fquammeule  ,  ou  écadUujs  _, 
parce  qu'elle  elt  fott  mmce.  Dionis. 

EcAiLLEUX.  Semblable  à  des  écailles.  Une  cicatrice 
didormi  ,  en  manière  de  croûte  un  peu  e.ca'dku.fd. 
DvvEKUEY^fis  j  Je.  des  Se.  IJ02.  Mém.  pjg.  204. 
La  tète  &  la  poitrine  des  araignées  eft  couverte  d'u- 
ne peau  dure  &:  écailkufc.  Hqmberg.  Mim.  de  VAe. 

"ECAILLONS.  1.  m.  pi.]  En  termes  de  manège  ,  ngni- 
iîe  quelquefois  les  crocs  ou  crochets  d'un  cheval.Ges 
derniers  mors  font  feuls  en  ufage.  On  ne  dit  plus 
écaillons.  ' 

ECAIN.  f.  f  Nom  d'homme.  Ecchanus.  A  Clonefort 
au  Comté  de  Meath  j  en  Irlande  j  S.  Ecain,  Evèque. 
Chastelain. 

1^  ECAi.E.  f.  f.  Couverture  extérieure  qui  renfer- 
me la  coque  de  certains  fruits.  Ecale  de  noix.  Puta- 
men  juglandis.  On  le  dit  de  même  des  coquilles 
d'œufs,  &  de  la  peau  des  pois  qui  fe  détache  quand 
ils  cuifent.  Eeales  d'œufs  ,  écales  de  pois.  Oi\  fait 
des  clepfydres  ou  poudriers  avec  des  écales  d'œuf 
féchécs  &  pul V érilées.  On  fait  un  beau  noir  avec  les 
écales  ÀQ  noix  ,  lefquelles  on  appelle  en  plufieurs 
endroits  des  calots. 

Egale  ,  en  termes  de  Marine ,  c'eft  une  arrivée  ou 
mouillage  dans  un  port,  ou  une  côte,  paroccalion, 
pour  éviter  la  tempête,  ou  les  ennemis  ,  ou  pour 
acheter  des  vivres  j  iur-tout  quand  on  y  a  quelques 
habitudes  &  communication.  Exjcenjzo  ,  exjcenfus. 
Ce  vailfeau  marchand  a  fait  ècale  dans  l'embou 
chars  de  cette  rivière  ,  pour  y  faire  la  traite  avec  les 
habitaus.  Les  écales  pour  les  navires  qui  partent  de 
Bordeaux  ,  ou  de  Bayonne  ,  pour  Terre  -  Neuve  , 
font  Oléron  ,  Brouage  ,  la  Rochelle  ,  pour  y  char- 
ger du  fel  ,ou  du  bifcuit.  Ecale  jou  ej'cale  ,  eft  par- 
mi les  Marins  ,  &  fur-tout  les  Marins  Provençaux, 
la  même  chofe  qu'échelle  ,  en  Latin  fcala.  Voye-:^ 
Echelle. 

03"  EcAL£  ,  à  la  monnoie.  Profondeur  d'environ  trois 
pied'j  qui  eft  au  pied  du  balancier ,  où  le  monnoyeur 
fe  place  ,  pour  être  à  portée  de  mettre  commodé- 
ment les  flancs  fur  les  carrés.  Encyc. 

EGALER.  V.  a.  Ôter  l'écale  ,  ou  l'écorce.  Vummen  de- 
trahere  ,  deconicare.  ]£caler  des  pois  ,  écaler  des 
noix.  Il  eftaufii  rccip.  Les  pois  s'(;tvz/tf/2r  quand  ils  ont 
bouilli. 

Egalé  ,  ée  Part. 

ECaLOT.  f.  m.  Se  dit  en  quelques  Prcîvinces  pour 
tioLv ,  en  prenant  apparemment  la  partie  pour  le 
tout,  c'eft- à-dire,  l'écale  ou  la  coque  pour  la  noix. 
C'eft  quelque  chofe  de  plailant  que  la  Lettre  à  la 
DucheiTi';  de  Bouillon  ,  où  l'Abbé  de  Chaulieu  j  en 
fe  moquant  de  Ménage ,  fans  le  nommer,  fe  fait 
demander  par  Madame  de  Chaulieu  li  le  mot  de 
coque  eft  plus  Frar.çois  q\.\écale.  Il  décide  en  faveur 
du  premier ,  d'où  il  tire  les  étymologies  de  coquin  , 
coquette  &c  coquertt'.r.,  en  fuivant  la  méthode  de  Mé- 
nage. P'oye-^  les  (Euvres  de  l'Abbé  de  Chaulieu. 
Plufieurs  Piovinciaux  retranchent  Ve  (Hécalot ,  ôc 
Fureti'jre  ,  au  mot  calot ,  dit  que  c'eft  ainfi  que.  les 
enfans  nomment  les  noix ,  Se  qu'on  les  appelle  ainfi 
par  totite  la  campagne  ,  où  l'on  nomme  aufli  l'ar- 
bre qui  les  porte  un  calotier.  Caler  ,  félon  le  même, 
fedit  pour  eca/<?r,  ôtsr  la  première  peau  des  noix 
vertes.  P^OYe:^  Ciialler. 

ECAQUEUiR.,  qu'on  nomme  auili  Caqueur  Se  Ete- 
teur  ^  f.  m.  C'eft  le  matelot  qui ,  dans  la  pêche  du 
hareng  ,  eft  charge  de  le  caquer. 

ECARBbUILLER.  v.  n.  Contundere.  Terme  populaire 
qui  fignlfie  écrafer.  Il  lui  a  écarbouillé  la  cervelle, 
pour  dire,  illuiatcralé  la  tête  avec  unemalFue, 


EGA 

un  marteau.  Voilà  une  pomme  toute  écarbouillée  , 
aplatie,  écachée. 

Ecarbouillé  ,  ée.  part.  Contufus. 

$Zr  ECARISSOIR.  F'oye:;[  Equarrissoir, 

§C?  ECARLATE.  Il  f.  L'une  des  fept  belles  couleurs 
en  rouge.  Couleur  rouge  &  fore  vive.  On  croie 
ordinairement  que  Yécaiate  eft  la  graine  d'un  ar- 
bre ,  qui  eft  une  efpèce  de  chêne  vert  ,  &  qui 
produit  la  plus  belle  des  couleurs  &c  la  plus  chè- 
re ,  qui  eft  d'un  rouge  fort  vif.  Le  P.  Plumiec 
a  fait  là  dellus  des  découvertes  très-particulières. 
Il  a  trouvé  que  ïecarlate  eft  une  petite  excroif- 
fance  ronde  ,  rouge  ,  &  de  la  grolleur  d'un  petic 
pois  ,  qui  croît  fur  les  feuilles  d'un  petit  arbrilleaii 
qui  eft  une  efpèce  d'yeufe ,  &  qu'on  appelle  ile:c 
aculeata  cocci  glandifcra.  C.  Bauh.  Piiiat.  415.  En 
certaines  années  on  en  recueille  une  grande  quan- 
tité dans  la  Provence  &  dans  le  Languedoc.  La  ri- 
vière des  Gobelins  a  une  eau  propre  pour  teindre  en 
écarune.  On  fait  cas  de  Xécarlate  de  Venife  fur  tou- 
tes les  autres.  En  Latin  ccccus. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  l'AlIemandyctîr/^f,  on 
du  Flamand  fcharlahen ,  d'où  les  Italiens  ont  fait 
Jcarlaco ,  &  l'Anglois  fcarlet.  Il  vient  plutôt  de 
fquarlerc ,  mot  Celtique  Se  Bas-Breton ,  lignifiant 
écarlate.  Daléchamp  dit  qnefcarlatum  a  été  dit  par 
corruption  pour  cujculiatum  j  qui  éroit  un  nom  bar- 
bare, venu  d'Elpagne.  D'autres  le  dérivent  de  l'Arabe 
yxqucrlàte.  On  fe  lert  d'étain  pour  la  nouvelle  cou- 
leur exquife  ïecarlate  ,  &  ,  pour  cela  ,  on  en  dif- 
fouc  des  barres  dans  l'eau-Iorte,  laquelle  change  la 
couleur  du  rouge  cramoid  en  couleur  de  feu.  On 
l'appelle  auih  cochenille  ;  &  il  y  a  une  autre  efpèce 
de  cochenille^  qui  eft  un  petit  ver  gris  qu'on  ap.porte 
des  Indes  :  c'eft  celle  dont  on  fait  ['écarlate  de 
Hollande,  /^oyeij- Cochenille  ,  &  Kermis.  Voy. 
auiîi  le  petit  Traité  Phyfique  de  cochinilla  ,^  de 
Chrirtûphe  Frid.  Richter ,  imprimé  à  Le:phk  > 
en  1701  ,  &  la  Diirettation  du  P.  Plumier,  fur  la 
cochenille. 

Écarlate  j  fe  dit  auflî  de  l'étoffe  léims  à' écarlate  ^ 
Murex  ^  purpura.  Habit  j  manteau  Xécarlate.  On 
tire  un  beau  rouge  de  la  teinture  à'ecarlatc^  dorUf 
on  fait  un  fard  pour  rendre  les  lèvres  rouges.  Les 
Plumafliers  s'en  fervent  auOi  à  teindre  leurs  plu- 
mes \  Se  on  extrait  cette  couleur  fans  qu'elle  fouffra 
aucun  déchet  ferillble.  Vécarlatc  rouge  doit  être 
teinte  en  graine  à'écarlate,  &c  de  vermillon  ,  ou 
paftel  à' écarlate  J)  comme  étoienr  les  anciennes  écar- 
latcs  de  France  ,  qu'on  nommoit  des  Gobelins  , 
fans  mélange  d'aucuns  aurr.es  ingrédiens.  L'écarlate 
incarnate  cramoifie  doit  être  teinte  avec  cochenille, 
maftic ,  eau-forte,  fel  ammoniac,  fublimé  &  ef- 
prit  de  vin  ,  pour  donner  le  bel  œil  &  le  luftre. 
On  y  peut  ajouter  la  galle  à  l'épine,  la  terra  mérita 
&  le  tartre  de  Montpellier  ,  &  elle  doit  demeurer 
vingt- quatre  heures  dans  le  bain  ,  après  avoir  pris 
Lèvent. 

On  ditj  figurément ,'. d'une  perfonne  qui  a  les 
yeux  fort  rouges  ,  qu'elle  a  les  yeux  berdés  d'«- 
carlate. 

Écarlate.  f.  m.  Terme  dâ  Fleurifte ,  nom  d'une 
1-leurqui  fe  nomme  autrement  Croix  de  Chevalier, 
eu  Croix  de  Jérufalem.  JIos  conjiantinopolitanus. 
Cette  fleur  ,  que  quelques-uns  appellent  Reine  des 
plantes ,  produit ,  à  l'extrémité  de  fa  tige ,  quantité 
de  petits  boutons,  qui  forment  comme  un  parafol  j 
lefquels  s'étant  ouverts  reftemblent  à  autant  de  pe- 
tites croix  à' écarlate  ;  &  c'eft  de  -  là  que  vient  le 
nom  qu'on  lui  donne.  Elle  veut  beaucoup  defoleil, 
une  terre  à  potager  :  oit  l'arrofe  quand  elle  en  a 
befoin.   Morin. 

ÉCARLATIN.  f.  m.  Efpèce  de  cidre  que  l'on  fait 
dans  le  Cotantin  ,  pays  de  Normandie  ,  en  France. 
S.rera  purpurea,  on  Jubrubra  è  pomis  conjecla.  Les 
cidres  abondent  dans  le  Cotantiti,  &  y  font  excel- 
lens,  principalement  \'Ecarlatin,  qiii  reflemble  ^ 
en  coul'^ir ,  au  vin  paillé  ,  Se  l'égale  prefque  etl 
borné.  Du  Moulin.   Hi/i,  de  Norm,  Difc.p.  6. 


EGA 

0Cr  ÉCARLAÏINE.  (Fièvre)  Efpcce  de  fièvre  qui 
rend  la  peau  très-rouge.  On  ne  le  dit  que  dans 
cette  acception.  Fièvre  écatiatine.  adj.  féminin. 
ÉCARNER.  V.  a.  Echancrer^  rompre,  brifer  ,  faire 
tomber  les  carnes,  les  angles  extérieurs  d'une  chofe. 
Selon  Delcartes  ,  Dieu  forme  d'abord  une  malfe 
immenfe  de  matière  homogène,  &  dont  toutes  les 
parcelles  font  dures  ,  cubiques,  ou  du  moins  an- 
guleufes.  Enfiiite  il  imprima  à  ces  parcelles  un 
mouvement  double  :  il  les  fait  tourner,  la  plupart, 
fur  leur  centre,  &  divers  pelotons  d'entr 'elles  au- 
tour d'un  centre  commun ,  ce  qu'il  nomme  tour- 
billons. Cela  fait,  félon  lui ,  tout  eft  fait;  &,  du 
frottement  de  ces  parcelles  ccamée^s  par  leurs  an- 
gles ,  il  s'en  tor-meta  une  poullière  très-fine  ,  qu'il 
nomme  le  premier  élément,  ou  la  matière  fubtile.... 
Sped..  de  La  Nat.  iom.  4.  p.  S4'f  >  S-4-S-  Le  grand 
Defcartes ,  en  écarnant  fes  cubes  j  en  a  vu  naître 
lefoleil,  l'or  &  la  lumière  même  ,  p.  547.  Foye\ 
Cartéfianifme  &  Monde  de  Delcartes. 
ÉCARQUILLEMENT.  f.  m.  L'adion  d'écarqiiiller. 

Il  eft  populaire. 
ÉCARQUILLER.  v.  a.  Terme  populaire.    Ecarter  , 
ouvrir.    Divaricare.    Il  ne  fe  die  guère  qu'en  ces 
prhafes,  écarquiller  les  jambes,  écarqullUr  les  yeux  , 
pour  dire,  les  ouvrir    autar.t  qu'on  peut.    Quel- 
ques-uns difent  écarnller  les  jambes.  On  fait  mieux 
de  ne  dire  ni  l'un  ni  l'autre. 
ÉcARQUiLLÉ,  ÉE.  part.  &  zà].  Divdricdtus.  Ils  mar- 
chent écarqulllés  ainû  que  des  volans.  Mol. 
ÉCART,  f.  m.  Adion,  mouvement  qui  éloigne  d'un 
certain  point ,  d'une  diredion  particulière.  Il  fit 
écart  pour  éviter  le  coup.  Son  cheval  eut  peur,  fit 
un  écart  ^  &  le  renverfa. 

§3°  On.  dit  qu'un  cheval  a  pris  ,  ou  s'eft  donné 
un  écarts  pour  dire  qu'il  s'eft  eftropié  en  faifant 
un  écart. 
Ecart  y  fe  dit  auiîî  en  plufieurs  jeux  de  cartes ,  c\ 
fur-tout  au  Piquet ,  des  cartes  qu'on  rebute  de  fon 
jeu  ,  &  qu'on  met  à  part  pour  en  prendre  d'autres 
au  talon.  ChartuU    rejecia ,  fepojitx.    Il  n'eft    pas 
permis  de  reprendre  des  cartes  de  fon  écart. 
Ecart  ,  en  termes  de  danfe ,  eft  un  pas  qui  fe  fait  en 
avançant  un  pied  à  quartier,  de  côté  j  &  en  le  rap 
prochant  de  l'autre,  en  baifiant  la  pointe  ,  &  levant 
le  talon. 
Ecart  ,  fe  dit ,  au  figuré ,  de  tout  ce  qui  s'éloigne  de 
la  direétion  qu'on  doit  fuivre  j  de  la  règle  à  laquelle 
on  doit  fe  conformer,  des  principes  reçus,  &c.  Di 
grejjïo.  Cet  Orateur  a  fait-là  un  terrible  eMrr;  pour 
dire,  il  s'eft  terriblement  éloigné  de  fon  fujet.  Ho- 
race fait  des  écarts  furprenans  dans  fes  Odes.  Per. 
C'eft  un  étrange  homme,  &  qui  eft  fujet  à  de  grands 
écarts  ;  pour   dire  que  fa  conduite   n'eft  pas  bien 
réglée. 
Ecart,  en  termes  de  Marine  ,  fe  dit  de  la  jondtion  , 
aboutltTcment  de  deux  bordages ,  ou  de  deux  pré- 
cintes  entaillées.    '  cinfimpU  ,  eft  celui  où  les  pièces 
fe  touchent  hmplement,  fans  être  endenrées.   Ecart 
double  _,  eft  celui  où  les  pièces  de  bois  font  enden- 
rées l'une  fur  l'autre. 

En  termes  de  Rlafon  ,  \ écart  fe  dît  de  chaque 
quartier  de  l'écu  divifé  en  quatre  ,  &:  fur-tout  de 
ceux  qui  font  après  le  premier.  Quairans.  Les  Ar- 
mes principales  de  la  maifon  fe  mettent  au  premier 
&  au  quatrième  écait  ou  quartier  \  8c  au  deuxième 
&  troifième  celles  des  alliances ,  ou  de  la  mère.  On 
dît  auftî  des  contrécarts,  des  parties  de  l'écu  contre- 
cartelé. 

(fT  En  termes  de  Maréchalleric ,  on  dît  qu'un 
cheval  a  pris,  s'eft  donné  un  écart  ;  pour  dire  qu'il 
s'eft  eftropié  ,  en  faifant  un  écart.  C'eft  une  disjonc- 
tion forcée  du  bras  d'avec  le  corps  du  cheval ,  qui 
arrive,  ou  dans  la  chute,  ou  par  les  efforts  qu'il 
fait  en  fe  relevant,  ou  lorfqu'en  marchant  les  jam- 
bes fe  portent  du  côté  &  en  dehors. 
A  l'Ecart,  adj.  A  quartier,  à  part ,  &  quslqucfois 
dans  un  lieu  ecarri,  àhonxné.  Seorfîm  ^  clam.  Ce 
banqueroutier  a  mis  fon  bien  à  ïécart^  à  couvert 


EGA  J17 

defes  créanciers.  Mettez-vousà  l'c'wrf  ;  c'eft-à-dire, 
rangez-vous.  Il  a  thé  cet  homme  à  \'cc..it  pour  lui 
dire  un  mot  .1  l'oreille.  Je  me  fuis  mis  à  Wcart,  Se 
n'ai  point  voulu  m'engager  dans  la  difpute.  Il  cher- 
che quelque  heu  à  {tcart,  &  éloigné  du  biuit, 
pour  s'y  retirer.  Il  a  trouvé  fon  ennemi  à  l'.c  /z, 
6i  l'a  aliailiné.  Vivre  à  ïccait,  &c  loin  de  la  vue  du 
monde.    S.  Evr. 

Dans  cette  grotte  fombrc  un  Berger  amoureux 
Deploroit  à  i"éca.ïtfon  dejlin  malheureux.  Seg. 

fCP  Mettre  à  Vécart  &;  écarter  ne  font  point  fyno  - 
nymes.  On  met  à  Vécart  les  chofes  qu'on  veut ,  cju 
qu'on  peut  reprendre  en  fuite.  On  écarte  celles  donc 
on  veut  fe  débarraller  pour  toujours. 
ECARTABLE.  adj.  m.  &c  f.  Terme  de  Fauconnerie, 
qui  fe  dit  des  oifeaux  qui  font  les  plus  vêtus ,  &:  les 
plus  coutumiers  de  monter  en  elfor,  quand  le  chaud 
les  prelfe. 
ÊCARTELER.  v.  a.  Mettre  en  quartiers,  tirer  à  quarte 
chevaux.  Difirahere ,  divel/ere.  Les  criminels  de  lèfe- 
Majefté,  au  premier  chef,  font  écarte  lés.  Sur  mer,  on 
écartèle  un  criminel  par  le  trait  de  plufieurs  galères. 
EcARTELER ,  cu  termes  de  Blafon  j  fignifie  dwifer 
reçu  en  quatre  quartiers  :  ce  qui  arrive  lorfqu'il  eft 
parti   &  coupé.    Secare  quadnpartitb  j  partiri  qua- 
drantlbus  j    in   quadras  dïvïdcre.    Monfeiggeur  le 
Dauphin  écartèle  de  France  &  de  Dauphiné.    Ce 
Seigneur  porte  écartelé  d'argent  &  de  lable.    On  die 
aufli  cox\nQ-écarieler  un  écu  ,  lorfqu'un  de  fes  quar- 
tiers eft  derechef  écartelé ^  ou  divifé  en  quatre.  Il  y 
a  des  écus  zonx.KZ-écartelés  ,  qui  ont  jufqu'à  vingt  6c 
vingt-cinq  écarts. 
Ecartelé  ,    ée.  part. 

ECARTELURE.  f.  f.  Terme  de  Blafon.  Partkio  in 
quadras.   Divifion  de  l'écu  écartelé.  Vécartelure  ferc 
quelquefois  de  brifure  pour  diftinguer  les  cadets  des 
aînés.  Quand  Vécartelure  fe  fait  par  une  croix,  le  pre- 
mier &  le  fécond  quartier  font  ceux  d'enhaut  ;  le 
troifième  Scie  quatrième  font  ceux  d'enbas,  en  com- 
mençant à  compter  pat  le  côté  droit.  Quand  Vécar~ 
telure  fe  fait  par  un  fautoir ,   ou  par  le  tranché  «Se 
taillé  ,  le  chef  &  la  pointe  font  le  premier  «S:  le  fé- 
cond écart  ou  quartier,,  le  flanc  droit  le  troifième  , 
le  gauche  le  quatrième  i  &  alors  on   appelle  auiîî 
l'écu  flanqué. 
ECARTEMENT.  f.  m.  L'aétion  d'écarter ,  l'état  de 
ce  qui  eft  écarté.  Disjunclio  ,  feparatio.   La  difpofi- 
tion  convulfive   des  inteftins  agilfant  fur  les  deux 
feuilles  de  la  valvule  du  colon  ,  en  procure  ['  -carte- 
ment  y  à-peu  près  comme  la  convulfion  appelée  ris 
Sardonique  écarte  les  deux  lèvres.    Journal  des 
Sav.  p.  614.  Ces  mufcles   fervent  à  faire  V  écarte- 
ment  des  doigts.   Il  ne  faut  employer  ce   mot  qu'en 
termes  d'Arts.  L'ufage  jufqu'ici  ne  va  pas  plus  loin. 
ECARTER.  V.   a.  Eloigner  ,  féparer,  difperfer.  Ces 
mots  ne  fe  reffemblent  que  par  l'idée  générale  qu'ils 
prcfentent,  d'une  aétionpar  laijuelle  on  fait  difpa- 
roître  un  objet  de   la  vue.  Eloigner,  dit  plus,  & 
déligne  une  plus  grande  diftance.  Séparer  x\  2. ^wzVlXi 
rapport  à  Ja  diftance.  On  fcpare  ce  qui  eft  uni  ou 
mêlé.    Les  choies /e'parées  peuvent  être  contigues. 
Difperfer  marque  une  diftribution  en  des  lioux  dif- 
férens.  On  écarte  les  chofes  dont  on  veut  fe  débar- 
rafier.  Seponere y  rejicere  y  amovere.  Un  favori  tâ- 
che ^écarter  tous  les  gens  qui  lui  font  fufpects.   Les 
Courtifans  n'oublient  rien  pout  écarter  ceux  qui  leur 
font  ombrage.  S.  Real.   Ne  t'enorgueillis  point  de 
ton  équipage;   car  on  c'a  r;^  tout  cet  attirail,  qui 
eft  étranger  ,  pour  pénétrer  jufqu'à  toi.  La  Bruv. 
Ecarter  les  ennemis  à  coups  d'épée.  Abl. 

Laiffe\-moi  de  T Autel  écarter  une  mère.   Rac. 

03"  Ecarter  ,  fe  prend  quelquefois  dans  le  même 
fens  que  détourner.  A  via  deducece  ,  avertere.  Il  eft 
employé  au  propre  &  au  figuré.  \Ecartcr  quelqu'un 
du  droit  chemin,  ^'curre/- la  tempête ,  les  raauvai- 


ji8       EGA     ECB 

fes  penfées.   La  laifon  ferc  à  ccarur  le  foavenlr  clesl 
maux. 

Ecarter  ,  fe  dit  en  ce  fens  avec  le  pronom  perfon- 
nel.  JJigredi ,  feccdcre,  deciinare,  Ons'dcane  beau 
coup  par  cette  route.  Ils  s'étoient  écartés  pour  piller. 
Ablanc.  Les  rayons  qui  partent  d'un  centre  ^\car- 
tcnt  toujours.  Vous  vous  êtes  trop  ecané  de  l'ori- 
ginal. On  dit  auHi,  à  un  homme  dont  on  doit  avoir 
bientôt  atFaiie,  ne  vous  écarte:^  pas,  ne  vous  en  allez 
pas  loin  d'ici.  Ecartei-vonsàQS  mondains,  &  vous 
icparezdeceux  qui  peuvent  corrompre  vos  mœurs. 
Flech. 

Écarter  j  fignifie  aufîî ,  éparpiller.  Ce  fufil  écarce  fon 
plomb. 

On  dit,  proverbialement ,  qu'un  homme  écarte 
la  dragée  ,  quand ,  en  parlant,  il  jette  quelques  me- 
nues parcelles  de  lalive  fur  ceux  qui  font  pies  de  lui. 

ÈcARTtR  ,  (ignitîe  auili  au  jeu  ,  laire  un  écart ,  &c  ie 
défaire  des  cartes  dont  on  ne  veut  pas  fe  fervir.  J'ai 
écarté mo:)  jeu  ,  j'ai  ccartéime  quinte,  nn  quatorze  ; 
pour  dire  ,  je  me  fuis  défait  d'une  carte  qui  m'au- 
roit  fait  une  quinte  ,  un  quatorze. 

Ecarter  ,  fignifie  aulîi ,  faire  ranger.  DiJJipare.  Il  a 
f-rllu  que  les  Suilles  fiient  venus  faire  écarter  la 
foule,  h'KQ  écarter  le  peuple  j  pour  dire,  le  taire 
ranger.  Trois  ou  quatre  coups  de  hallebarde  écar- 
tèrent la  canaille. 

Écarter,  fe  dit  de  même  au  figuré  avec  le  pronom 
petfonnel,  relativement  aux  lois  j  aux  règles ,  aux 
principes  ,  que  l'on  regarde  comme  des  directions 
qu'on  doit  fuivre.  Cet  Orateur  fait  des  digrelîions , 
il  s'écarte  trop  fouveut  de  fon  difcours.  Vous  vous 
/ctjrre^  des  règles  de  la  morale  Chrétienne.  Port-R. 
\]n  Sage  ne  s  écarte  jamais  du  chemin  droit  de  la 
vertu.  S'écarter  des  fentimens  des  autres.  Abl.  Les 
gens  timides  n'ofent  s'écarter  d'un  grand  cliemin. 
S.  EvR.  On  s'imagine  faire  paroîrre  plus  de  rafi- 
nemSnt  en  s'écartant  de  la  route  commune.  BeiL. 
S'écarter  de  fon  but .  fe  dit,  en  parlant  des  ouvrages 
de  l'efprit  &  des  .'\rts ,  de  ceux  qui  ne  font  pas  ce 
qu'ils  s'étoient  propofé. 

Écarté  ,  ée.  part.  On  appelle  un  chemin  j  un  lieu 
écarté 3  celui  qui  eft  hors  le  commerce  des  hommes , 
qui  eft  peu  fréquenté,  fecret,  ou  caché.  Des  foli- 
tudes  écartées.  Abb.  de  la  Tr.  Un  bois  écarté. 

ÉCARTILLEMENT.  f.  m.  Signifie  la  même  chofe 
c^ écarquilUvient.  Les  Mimes  &  Sauteurs  font  des 
mouvemens  fi  étranges  j  &  fe  plient  &  repHcnt  en 
tant  de  façons ,  que  l'on  doit  croire  qu'il  n'y  a 
forte  de  pofture ,  de  laquelle  les  hommes  ne  fe 
puident  rendre  capables ,  par  une  férieufe  étude  , 
ou  un  long  exercice  j  pouvant  même  faire  des  ex- 

.     tentions  exrraordinaires  ,  8c  écanillemens  de  jam- 
bes ^  de  cMilFcs,  &  autres  parties  du  corps....  Mém. 
.  de  Trev.  Dec.  17?!. 

ÉCATOIR.  f.  m.  Efpèce  de  cifelet  dont  fe  fervent 
les  Fourbiffeurs  pour  refTerrer  les  pièces  d'une  garde 
d^épée  l'une  contre  l'autre.  Encyc. 

ECAVEÇADE.  f.  m.  Terme  de  Manège.  C'eft  le 
nom  de  la  fecoulTe  qu'on  donne  .à  la  tCté  du  cheval 
avec  le  caveçon.  Il  ne  faut  pas  donner  de  fortes 
écavecades  avec  les  caveçons  à  figuette. 

ECB. 

ECB  AT  ANE.  Echaranzj  orum.  C'étoir  la  capitale  de 
la  Médie.  Quelques-uns  croient  qu'elle  fe  nommoit 
aulîi  Achemète ,  &  que  c'eft  Ecbatane  qu'Efdras 
appelle  ainfi  i.  VL  z.  que  ce  nom  vient  de  l'Hé- 
breu non  ,  Ahamat ,  ou  Chamat ,  qui  fignifie  cha- 

. .  leur  J  de  On  être  chaud,  &  qu'il  fignifie  lieu  d'été  , 
parce  que  les  Rois  y  faifoient  leur  réfidence  en  été. 
Mais  beaucoup  d'autres  Interprètes  prétendent  que 
ce  mot ,  qui  ne  fe  trouve  que  dans  l'endroit  que 
nous  venons  d'indiquer,  eft  un  mot  Chaldéen  ,  & 
non  point  Hébreu;  qu'il  fignifie  buffet,  coffre, 
armoire ,  archive ,  lieu  où  l'on  garde  les  a6tes  & 
les  titres  ,  les  chartes  ,  les  regiftres  publics  ;  en  un 
mot,  que  c'eft  ce  que  les  Latins  appellent  Tabula- 


ECB     E  C  C 

rlum  ,  &  les  Grecs  *«fre(pi/A«x;ov.  Quoiqu'il  en  foi:, 
au  Livre  de  Judith  I.  i.  la  Vulgate  fait  entendre 
qu'Arphaxad  bâtit  Ecbatane;  mais  le  Grec  fembie 
feulement  dire  qu'il  y  fit  des  augmentations  &:  des 
embellilfemens.  C'eft  dans  le  même  fens  de  l'Au- 
teur du  Livre  de  Judith  ,  que  Phne,  Liv.  VI.  Chap. 
14  dit  que  c'eft  Séleucus  qui  bâtit  tcbatane  ;  c'eft- 
à-dire,  qu'il  la  rétablit,  ou  l'embellit,  6c  l'orna. 
Ecbatane  hit  bâtie  ,  ou  plutôt  ornée,  amplifiée  par 
Arphaxad  J  Judith  I.  i.  Car  il  eft  certain  ,  par  le 
Livre  de  Tobie  V.  8.  (iixEcbatune  ctoit  avant 
Arphaxade  ,  dit  Mariana.  En  effet  ,  Hérodote  , 
Liv.  I.  dit  qu'elle  fut  bâcle  par  Dejoces  ,  le  fonda- 
teur de  la  Monarchie  des  Mèdes.  L'Auteur  du  Li- 
vre de  Judith  dit  encore  que  ce  fut  Arphaxade  qui 
lui  donna  \c  ï\ox\\  à' Ecbatane ,  à' oxx  Mariana  con- 
clut qu'apparemment  elle  avoit  auparavant  un  au- 
tre nom  \  qu'en  effet ,  ailleurs  ,  elle  eft  appelée 
Amatha;  qu'ainfi,  dans  le  Livre  de  Tobie  j  c'eft 
par  anticipation  qu'elle  eft  nommée  Ecbatane. 
Diodore  de  Sicile  dit  que  le  tour  àEcbatane  étoit 
de  150  ftades  ,  c'eft-à-dire,  6  lieues.  C'étoit  à 
Ecbatane  que  les  Rois  de  Médie  j  &  enfuite  de 
Perfe  ,  avoient  leurs  tréfors.  Hérodote  dit  qu'elle 
avoiî  fept  enceintes  de  murailles  ,  &  que  ,  dans  la 
dernière  enceinte,  étoient  le  Palais  des  Rois  &  leurs 
tréfors;  que  ces  enceintes  étoient  toutes  plus  hau- 
tes les  unes  que  les  autres  ;  deforte  que  de  la  fé- 
conde muraille  on  commandoit  toute  la  première 
enceinte ,  de  la  féconde  la  troihème  ,  &  ainfi  des 
autres.  Toutes  ces  enceintes  étoient  de  différentes 
couleurs.  Ecbatane  étoit  au  midi  des  montagnes 
de  Médie,  qui  la  couvroientdu  côté  du  nord.  Quel- 
ques Auteurs  difent  (\n  Ecbatane  eft  la  ville  de  Tau- 
ris,  ou  qu'elle  étoit  où  eft  Tauns. 

Le  Géographe  Etienne  l'appelle  Agbatane.  De- 
là Scaliger  a  prétendu  que  ce  mot  eft  formé  de  "^'y 
ag,  ou3f{,  ac ,  dont  il  avoue  qu'il  ignore  la  figni- 
ficacion  ,  &  de  TJT3  ,  bïthan  ,  qui ,  félon  lui ,  fi- 
gnifie Palais  Chaldaïque.  Bochart  croit  que  ce 
mot  vient  de  royx  ,  agbatka,  qui  fe  dit  encore  en 
Arabe,  pour  fignifier  une  variété  de  couleurs,  &c 
que  ce  nom  fut  donné  à  Ecbatane ,  à  caufe  des 
iept  diftérentes  couleurs  de  fes  fept  enceintes  de 
murailles. 

Ecbatane.  Ville  de  la  Paleftine.  Ecbatana.  VlïnejL. 
V,  Ch.  19.  dit  qu'il  y  avoit  une  Ecbatane  fur  le 
Mont-Carmel.  Bochart  croit  qa'Ecbatane  s'étoit 
fait  de  Bafaii  :  mais  Bafan  étoit  trop  loin  delà ,  dit 
M.  Reland  ,  Palejl.  Tome  II.  p.  745. 

ECBOLIQUE.  adj.  de  t.  g.  Formé  du  C^rec  tx/Sa^^aj 
expulfer.  Terme  de  Médecine  ,  qui  s'applique  aux 
remèdes  qui  hâtent  l'accouchement,  ou  qui  tendent 
à  caufer  l'avortement.   Ecbolicus. 

ffF  On  dit  5  fubft.antlveinent ,  faire  ufage  des 


ecboUques. 


E  C  C. 


ECCANTHIS.  f.  m.  Terme  de  Médecine.  Maladie 
de  l'œil.  Eccanthis.  C'eft  une  excroiffance  de  chair 
au  coin  de  l'œil.  M.  Dionis  écrit  eccantis  Se  eckantis. 
Ce  mot  vient  du  Grec  îyxai'S)?,  qui  lignifie  la  mê- 
me chofe. 

ECCATHARTIQUES.  adj.  &  f.  m.  pi.  Les  eccatharti- 
ques  font ,  félon  Gorranis ,  des  remèdes  ,  qui ,  ap- 
pliqués fur  la  peau  ,  en  ouvient  les  pores  ;  maison 
entend  généralement  par  ce  mot  les  défobftruans. 
Ce  n'eft  pas  qu'il  ne  fignifie  auflî  quelquefois  les 
expeétorans ,  &  même  ,  félon  d'autres  j  des  remè- 
des fimplement  purgatifs.  Eccatharïca ,  de  x«.^«i'fi»,  je 
purge. 

ECCÈ-HOMO,f.  m.  Nom  que  donnent  les  Peintres 
à  un  tableau,  où  J.  C  eft  repréfenté  avec  la  robe 
de  pourpre,  la  couronne  fur  la  tête  ,  &  un  rofeau  à 
la  main  ,  tel  qu'il  fut  préfente  aux  Juifs  par  Pilate. 
Voilà  un  bel  eccc-homo, 

ECCHYMOSE,  f.  f  Terme  de  Chirurgie.  Meurtrljfure. 
C'eft  une  contufion  légère  ou  fuperficielle  j  qui 
n'offenfe  que  la  peaii  ou  le  corps  graiffeux.  Ecchy- 

mofis 


£  C  G 

mojîs ,  fuggUlatio.  Vecchymofe  eft^  d'abord  rouge 
ou  livide ,  enfuite  elle  devient  jaunâtre  &  fe  dilli- 
pe.  Pkifieurs  Auteurs  donnent  aiifli  le  nom  à'ecchy- 
mofe  aux  vergetures ,  aux  tiétnllures  &  aux  taches 
routes  ,  livides  ,  purpurines ,  qui  lurviennenc  à  la 
peau  dans  le  fcorbut ,  la  vérole  ,  la  rougeole ,  les 
ricvres  rouges  (Se  les  fièvres  malignes.  E'x;(iu^ocriîj  (î_ 
gnifie  effulion  d'humeurs.  Col  de  Villars. 

ECCISSO-VERBENNI.  Ville  de  la  Turquie  ,  d'Eu- 
rope, dans  la  Macédoine  j  entre  Comonava  &  Fi- 
iuvina. 

ECCLÈSIAPv-QUE.  f.  m.  Terme  de  Liturgie  Grecque. 
Ceft  le  nom  d'un  Officier  des  Fgliles  Grecques. 
Ecdejiarcha.  La  fonction  de  ÏEccUJi arque  écoit  en 
quelques  endroits  d'airembler  le  peuple  à  l'Eglife. 
Il  avoir  fous  lui  ,  pour  l'aider ,  un  Ledeur  6c  un 
Candelapte. 

ECCLESIASTE.  f.  m.  Ealefajîes.  C'eft  undes  Livres 
de  l'ancien  Tellament.  Ce  mot  eft  Grec  ,  &  figni- 
fie ,  Prédicateur.  Quand  on  trouve  dans  les  livres 
Ecc/e.  cette  abréviation  marque  que  c'eft  VEcclé- 
fij.fte  qui  eft  cité ,  & ,  quand  il  y  a  Ecdi,  c'eft  l'Ec- 
cléfiaftique. 

Ce  nom  à'EcdéJiaJle  a  été  donné  à  ce  livre ,  par- 
ce que  l'Auteur  y  déclame  en  Piédicateut  contre  les 
vices  &  les  vanités  du  monde  :  c'eft  le  fentiment 
de  Mariana  &  de  Sa.  Grotius  croit  qu'il  eft  ainfi  .ip- 
P'.-lé  ,  parce  qu'on  y  a  r.amairé  plulieurs  belles  fen- 
tences  lur  la  vanité  des  choies  de  la  terre  ,  car  -\r\'j 
fî  j;nilie  afl'embler ,  <rt/vaJ):,4:o.  Quelques  Dodeurs 
Hébreux  difent  que  c'eft  parce  qu'il  a  ramalfc  beau- 
coup de  fagelfe.  D'autres,  parce  que  fon  but  eft  de 
ralfembler,  &  d'appeler  à  foi  tous  ceux  qui  veu- 
lent prendre  foin  de  leur  faluc ,  &  éviter  les  dan- 
gers du  monde.  C'eft  le  fentiment  de  Gejerus  j  &  , 
comme  dit  Calovius ,  parce  qu'il  veut  les  ralfem- 
bler autour  de  foi  j  comme  un  Prédicateur  aiïem- 
ble  fon  auditoire. 

Il  y  a  des  fentimens  diftérens  fur  l'Autaur  de  ce 
Livre  i  mais  le  plus  commun  eft  qu'il  eft  de  Salo- 
mon  i  qu'il  l'écrivit  fur  la  fin  de  fa  vie,  &  pour 
donner  des  marques  de  fa  pénitence.  A  la  vérité , 
Grotius  s'eft  ima._;iné  que  ce  Livre  étoit  poftéricut  à 
Salomon  ;  qu'il  vvoit  été  fait  après  fa  mort  par  jene 
fais  quels  A ureursj  au  nombre  de  fix  ,  &  que  pour 
fe  concilier  de  l'autorité  ,  ils  y  avoient  mis  le  nom 
de  Salomon ,  &  l'avoient  repréfeiité  comme  péni- 
tent. Sur  quoi  tonde-t  il  tant    de  faits  fi  pofitifs  ? 
C'eft  qu'on  trouve  des  mots  dans  ce  Livre  ,  qui  ne 
fon:  que  dans  Daniel  ,   dans  Eldras ,  &  dans  les 
Paraphrafes  Chaldaiques.Voilà  toute  fa  raifon.  Mais 
on  l'a  folidement  réfuté.  En  effet,   i'^.  les  Hé- 
breux ,  les  Giacs ,  les  Lanns ,  ont  toujours  parlé  de 
ce  Livre ,  comme  d'un  ouvrage  de   Salomon.  i°. 
Dieu  eîit-il  permis  que  1  Eglile  Juive  &  la  Chré- 
tienne missent  dans  le  Canon  un  Livre  fuppofé  ? 
5°.  Il  eft  vrai  que  quelques  Auteurs  ont  attribué  à 
Ifiïe  tous  les  Livres  de  Salomon  ;  mais  ils  ont  feu- 
lement voulu  dire  que  ce  Prophète  les  avoit  ramaf- 
fés.  La  raifon  de  Grotius  eft  fausse  &  ridicule.  S'il 
eft  vrai  qu'il  y  ait  des  mots  Chaldéens  dins  \'Ec- 
cléfiafte ,  il  faut  dire  que  Salomon  favoit  cette  lan- 
gue ,  plutôt  que  de  nier  qu'il  foit  l'Auteur  de  ce  Li- 
vre. Si  ce  Livre  n'étoit  pas  de  Salomon  ,  parce  que 
Grotius  y  trouve  quatre  ou  cinq  didions  que  l'on  ne 
peut  expliquer  que  par  le  Chaldcen  &:  l'Arabe  j  on 
n'eft  sur  d'aucun  des  Auteurs  de  la  Bible;  Moife  ne 
fera  pas  l'Auteur  delà  Gencle.  Dès  le  premier  ver- 
fet  de  ce  Livre,  il  y  a  deux  ou  trois  mots  dont  on 
he  trouve  les  vraies  racines  que  dans  la  langue  Ara- 
bique. Combien  de  favans  hommes  attribuent  à 
Salomon  ,  ou  à  Moife  ,  le  Livre  de  Job  ,   de  tous 
les  Livres  de  l'ancien  Teftament  celui  où  l'on  trouve 
plus  d'Arabe,  de  Syriaque  ,  ou  de  Chaldéen  ?  En- 
fin Calovius  prétend  que  la  vraie  raifon  pour  la-  \ 
quelle  Grotius  n'a  point  voulu  que  Salomon  fût 
l'Auteur  de  VEcdcJiaJle,  c'eft  qu'à  fon  gré  il  y  parle 
pour  fon  temps  trop  nettement  du  Jugement  uni- 
verfel,  de  la  vie  éternelle,  &  des  peines  de  '  en- 
Tome  III, 


EC  G 


5'^$ 


fer,  comme  fi  ces  vérités  n'étoiertt  pas  auflî  claire- 
ment établies  avant  Salomon  dans  les  Pleaumes , 
dans  Moiie  &  dans  Job.  Il  n'y  a  donc  point  de  rai- 
fon doter  ce  Livre  à  Salomon  :  il  y  en  a  beaucoup 
au  contraire  de  le  lui  attribuer.  Ces  railons  font , 
i'.  le  titre  du  Livre  ,  qui  dit  que  fon  Auteur  étoit 
fils  de  David  ,  &c  Roi  de  Jérufalem.  x\  Divers  en- 
droits du  Livre  qui  ne  conviennent  qu'à  ce  Prince  , 
comme  C.  I.  v.  li.  &  C.  VII.  v.  14.  C.  XII.  9.  &cc. 
3°.  La  tradition  &  le  confentement  unanime  des  an- 
ciens Hébreux  &  Chrétiens. 

LesThalmudirtes  iS:  les  autres  Rabbins  difent  que 
le  Livre  de  \'£ccléfiajie  a  été  du  temps  fans  être  mis 
dans  le  Canon. /^oj'tfj  la  Ge/nare  fur  le  I  irke  Ah- 
botii ,  f.  I.  coL  I.&  Md'ijtch.  Schahbath  ,  C.  a.  fol. 
50.  col.  2.  le  Midras  C&heict  ^  fol.  114.  \q  Midras 
fur  les  Proverbes  j  fol.  «7.  i.  Aben-Ezrafur  VEcdé- 
Jiafle  ,  VIL  4.  Maimonides  Morêh  Ncboch'an  ,  L. 
III.  C  28.  Mercérus,  au  commencement  de  fou 
Commentaire  fur  XEcdéfiafte  ,  p.  94.  Edit.  de  Ge- 
nève de  l'an  157?.  in-JoL  Hottinger,  Thefaur.  p. 
4y2.(S'  SOI.  Haclpanius,  Not.  Bibl.  P.  II.  p.  4(î8. 
<yc.  Calovius  6c  GejetHS  fur  ce  Livre. 

ECCLESIASTIQUE,  adj.  m.  i?c  ï'.  tcdcfiaJlkus.Çhxi 
appartient  j  qui  eft  deftiné  à  l'Eglife  ,  qui  eft  d'E- 
glife.  Il  fe  dit  des  perfonnes  &  des  chofes.  C'eft  un 
Miniftre  EcdéJiaJUque.  Il  y  a  dans  l'Empire  trois 
Electeurs  EcdéfiaJUques  ,  qui  font  les  Archevêques 
de  Mayenee  ,  de  Trêves  &  de  Cologne.  Il  y  a  en 
France  des  Pairies  Ecdifiafiiques  ,  &c.  Le  compuc 
EcdefiastLquc?\.iik  établi  principalemenr  pour  la  cé- 
lébration exade  de  la  fête  de  Pâques  j  qui  règle  tou- 
tes les  autres  fêtes  mobiles.  Des  biens  Ecdésuisa- 
ques  ,  des  cérémonies  Ecdeslasùques.  La  Dilcipline 
Ecdéslasùquc.  Tout  l'Ordre  Ecdesiasùque  s'appelle 
autrement  le  Clergc.W  faut  craindre  les  cenlures-Ec- 
désiastiques.  Les  principaux  Recueils  des  Ecrivains 
Ecdésiasdqaes  ont  été  faits  par  Sixte  de  Sienne  , 
Poftevin  ,  Bellarmin  ,  Trithcme  ,  Aubert  leMire, 
le  P.  Labbe,  GefnerjSimler  j  Perlcin,ScHltet  ,Gra- 
be,DuPin. 

$Zt  On  dit  fubftantivement ,  un  Ecdésiastique  , 
un  bon  Ecdcsiast'ujue.    _  _  .  .  _ 

EccLÉsiASTiQUfc.  f.  m.  Livre  canonique  de  l'ancieri 
Teftament.  Il  a  été  compofé  pat  Jelus  j  fils  de  Si- 
rach.  On  écrit  par  abréviation  Ecdi.  Ealesiasdcus. 
Ifidore,  Uv.  FI.  Ecym.  C.  2.  &  entre  les  Moder- 
nes Grotius  &:  Drufius  nient  que  le  noilide  l'Auteur 
de  ïEcdéJïaJlique  fort  Jcfus  fils  de  Sirach,  petit-fils, 
du  Grand-Prêtre  Jefus,  qui  revint  de  Babylone  avec 
Zorobabel  ;  mais  il  paroit  certain  qu'ils  fe  trom- 
pent. Foyei  la  Préface  de  cet  Auteur ,  le  Ch.  XL. 
v.  29.  &  le  titre  du  Ch.  LIX.  &:  tout  ce  Châpitre.Ge- 
nebrard  avance  que  Jefus ,  fils  de  Sirach  ,  étoic 
Prêtre  de  la  race  de  Jefus  j  fils  d;-  Jofedec.  Cela  n'eft 
pas  sûr.  S.  Jérôme  témoigne,  dans  fa  Préface  fur  leà 
Livres  de  Salomon  ,  qu'il  a  vu  ce  livre  en  Hébreu , 
&  que  les  Hébreux  l'intituloient  Paraboles.  De 
tout  cela  le  Jéfuite  Matiana  juge  que  le  Grandr 
Prêtre  Jefus  compofa  ce  Livre  en  Hébreu  j  com- 
me il  paroît  par  le  Prologue  du  Livre  même  j  que 
fon  petit-fils  le  traduifit  en  Grec  ,  comme  il  paroît 
encore  par  le  Prologue  j  qu'il  fit  cette  tradudion  en 
Egyîce,  où  l'Auteur  vint  dans  fa  trente-huitième 
année  ;  que  ce  fut  fous  le  règne  de  Ptolomée  Ever- 
gères  ,  fuccelTeur  de  Ptolomée  Philadelphe ,  qui 
commença  de  régner  l'an  de  Rome  j  1 1 ,  240  avant 
Jesus-Christ  ,  que  l'aïeul  l'avoit  intitulé  Parabo- 
les ,  &  que  le  petit-fils  changea  ce  titre  en  celui 
à'EcdésJasdque  ;  c'eft-à-dire  ,  "Prédicateur  ,   parce 


qu 


il  régie  les  mœurs ,  dit  Emmanuel  Sa  ;  enfin  , 


que 

le  Pontificat  d'Onias  m.  fils  de  Simon,  Se  fous  le 
règne  d'Antiochus  Epiphanes ^  Roi  de  Syrie.  Il  re- 
marque encorequ'on  ne  fait  ni  l'Auteur  de  la  Tra- 
dudion Latine  ,  ni  le  temps  auquel  elle  fut  faire  ; 
mais  que  ,  puifqu'elle  eft  citée  d'une  manière  aOez 


3-30        ECC     ECD 

uniforme  par  tous  les  anciens  Pères ,  on  ne  peut 
douter  qu'elle  ne  foit  très  -  ancienne,  il  lui  pd- 
roic  qu'elle  ell  du  Tradudeur  du  Livre  de  la  ba- 
gelle. 

Dès  le  IV^  lîècle  ,  le  Livre  de  V Ecclésiastique 
étoit  dans  le  Canon  de  l'Eglife,  comme  il  paroit  par 
un  Concile  d'Hippone,  tenu  en  503.  &  par  le  III' 
Concile  de  Cartilage,  tenu  en  397.  auquel  allilla 
S.  Auguftin ,  &  dont  le  Cli.  47.  elt  un  catalogue 
des  Livres  Sacrés  tout  femblable  à  celui  du  Concile 
de  Trente.  Ajoutez  que  les  Evêques  de  ce  Concile 
difent  l'avoir  reçu  des  Pères  ;  &  par  coniéquent  il 
étoit  plus  ancien.  En  effet.  S-  Cypnen,  S.  Ambroi- 
fe  ,  tkc.  l'ont  reconnu  pour  canonique.  Depuis,  In- 
roccnt  I.  S.  Auguttin,  le  Concile  de  Rome  fous  le 
Pape  Gélafe,  le  Décret  d'Eugène  IV.  au  Concile  de 
Florence  j  &  le  Concile  de  Trente  ,  1  ont  aulîi  mis 
au  nombre  des  Livres  Sacrés.  . 

ECeLESlASTIvUEMENT.  adv.  D'une  manière  ec 
clelîalhque.  Un  Prêtre  doit  toujours  vivre  eccLisius- 
ti.juemthc-^  c'ett-à-dire,  comme  il  convient  à  un  Ec- 
cléliafhque. 

ECCLtSIENS.  f  m.  pi.  Ecclesiani.  Lorfqu'il  y  avoir 
quelques  démêlés  entre  les  Empereurs  tk  l'Eglile,le6 
Painians  des  Empeteursapp^ioient  hcctésie/ts, CQU)i. 
qui  étoient  dans  les  intérêts  de  l'Eglife.  jyijr.  c/e  i  rt- 
ves  ,  pig.  225.  Ce  terme  éioit  odieux  &  injurieux  , 
a  peu  près  co.nme  celui  de  Papille  ,  que  les  fiéré- 
riques  donnent  mamtenant  aux  Cacholiques  ,  il^c  ce 
lui  de  Pipifme  ,  par  lequel  ils  défignent  ladodiine 
&  la  fol  des  Catholiques. 

ECCOPE.  l  f.  ticcjfe  ,  amputatiû.  Terme  de  Chirur 
gie.  C'ell  une  divilion  des  parties  charnues,    pu  la 
quelle  on  retranche  une  partie  gangrenée  ,ouchan- 
creufe  ,    &c  les  excroilfances   qui   furviennent  au 
corps. 

EccoPE  ,  fe  ditauflî  d'une  efpèce  de  fradure  du  crâne 
par  incilîon  fimple. 

Ce  mot  vient  du  Grec  «xoVrEiv  ^  couper. 

fCFECCOPROTIQUE.  adj.  de  t.  g.  Terme  de  Méde- 
cine ,  par  lequel  on  défigne  un  remède  qui  purge 
doucement  tccoproticus. 

§Cr  On  dit  fubilantivement  un  .'ccoprotique ,  les 
eccoprociqu es, pour  dire  les  remèdes  laxatifs  ciui  pur- 
gent doucement  le  ventre ,  en  ramolilFant  les  hu- 
meurs &  les  excrémens. 

Ce  mot  eft  fut  de  la  particule  Grecque  U  j  &: 
de  Jtc'jrçtç ,   excrément. 

ECCOKTHATIQUE.  adj.de  t.  g.  Terme  de  Méde 
cine,  qui  s'applique  auï  remèdes  qu'on  emploie 
contre  les  obllrudtions,  qui  ouvrent  les  pores,  étant 
appliqués  fur  la  peau.  Eccorthaticus.  On  l'emploie 
aulli  fubftantivement.  Les  Ecconkatiques.  C'eft  un 
bon  Eccûrthjtique. 

ECCRIN  JLOGIE.  f  f  Eccrinologia ,   de    «xf/va  ,  fe 
parer.  C'eîl  la  partie  de  la  Médecine  qui  traite  àes 
excrtions ,  ou  de  l'expulfion  des  excrémens  hors  du 
corps. 

*'  •  ECD. 

ECniQÎTE.  r.  m.  Officier  de  l'Eglife  de  Conftantino- 
ple.  C^oye-^  PrioDECDiQUE. 

ECDLISIES.  f  f  pi.  Terme  de  Mythologie.  Fêtes  en 
l'honneur  de  Latone  ,  qui  fe  célébroient  à  Phefte  , 
ville  <le  Crète.  Ecdusia.  Un  citoyen  de  cette  ville  , 
nommé  Limprus ,  fils  de  Landion  ,  époufa  Gala- 
tée,  hllc  d'Eiirytius.  Lamprus,  voyant  que  fa  fortune 
ne  répondoit  pas  à  fa  noblelfe  ,  ordonna  à  fa  femme 
qui  étoir  enceinte  ,  de  faire  mourir  l'enfant  j  fi 
c'éroit  une  fille.  Après  cela  il  s'en  retourna  vifiter 
fon  troupeau.  Pen.Lmt  ce  temps-là  fa  femme  ac- 
coucha d'une  fille  :  mais,  la  tendrelfe  maternelle 
l'emp o'-tantfur  l'obéilTmce  qu'elle  devoit  à  fon  ma- 
ri _,  elle  donna  à  cette  fille  le  nom  de  Leucippe  ,  & 
jura  à  fon  miri  q-ie  c'étoit  un  garçon.  Cependant  la 
vérité  ne  pouvant  ctie  long-temps  cachée  ,  elle  alla 
au  Temple  d^  I  atone  avec  fa  fille  ,  &  conjura  la 
Déerfe  de  vouloir  bien  h  changer  en  garçon.  Sa 
prière  fut  exaucée.  Les  Pheftrens  confacrèrenc  la 


E  C  E       ECH 

mémoire  de  ce  miracle  par  une  fête  qu'ils  nommè- 
rent çniTitc  ^  du  veibe  <?'■''"  j  najcor ,  parce  qffe 
Leucippe  avoir  acquis  la  virilité  ;  S<.  ^'yMna  ,  du 
veibe  j  ix^iiîiv  j  exucre^  parce  qu'elle  avoir  quitté 
les  habits  de  Ion  premier  lexe,  pour  prendre  ceux 
de  l'autre.  (  ^nton.  i.ibcralis  ,  Ùiccamorph.  17.  ) 

E  C  E. 

ECEIS.  Habitation  d'Afiique  ,  à  fept  ^lieues  de  Fez, 
du  côté  de  l'Occident.  C'ell  un  pays  plein  ,  quialix 
lieues  de  long  d'Orient  en  Occident,  lur  fept  de 
large. 

ECERVELÉ  J  ÉE.  Qui  manque  de  cervelle  ,  de  juge- 
ment, léger  &L  étourdi.  Cercbrofus  ,   in^enio  vai:us. 
C'eft  une  tête  ectrvelée.  On   dit  lubftantivemenc , 
c'eft  un  petit  eVerve/e,  une  jeune  ecerveiee. 
Ce  mot  vient  de  ceicbrum  ,  cervelle. 

ECH. 

ÉCHACHE.  Nom  d'une  Abbaye  de  filles  de  l'Ordre 
de  Cîteaux,  dans  la  balfe  Auvergne.  Ecclesia  j  Echa- 
Laria.  L'Abbaye  è^ Echache  eft  dans  le  Diocèfe  de 
Clermonr ,  envuon  à  huit  lieues  au  couchant  de 
cett.  Capitale  de  la  Province. 

ECHi^^FAUD.  L  m.  Ouvrage  de  Charpenterie  élevé 
en  lorme  d'amphithéâtre  peur  y  placer  des  fpeéta- 
teurs,  afin  devoir  commodément  quelque  céré- 
monie. Eabulacum.  On  frit  de  grands  echafaudspoac 
voir  le  carroufel.  Toutes  les  rues  étoient  pleines  d'e- 
chajauds  à  l'entrée  de  la  Reine. 

Ménagé  dérive  ce  mot  de  l'AllemandycAw/îûtt/^, 
qui  hgmhoit  la  même  chofe.  Guyet  le  dérive  de  l'I- 
talien catajalco  \  Du  Cange  à'echajaudus  ,  mot  de 
la  balle  Latinité,  qu'il  dit  avoir  fignifié  tribunal ^ 
pulpitum  editius.  Il  dit  aulli  qu'il  peut  venir  de  catay 
qui  étoit  une  machine  de  bois  qui  fervoit  à  porter 
de  la  terre  pour  remplit  les  folfés  j  &  à  porter  des 
foldats  pour  attaquer  des  places,  qui  fautoient  dans 
la  ville  ,  après  avoir  rempli  les  fossés  ,  d'où  les  Ita- 
liens ont  fait  catajalco  ,  Si  les  vieux  François  avoienc 
fait  chajaut,  comme  qui  diroit  chat-Jaux.  Les  Fran- 
çois fe  font  auifi  fervis  de  cette  machine  ,  qu'ils  ap- 
peloient  chat.  On  a  dit  aulfi  dans  la  basse  Latinité 
EJ'cûJaldus  dans  le  même  fens. 

On  le  dit  aulli  des  lieux  un  peu  élevés  qu'on 
prépare  dans  les  Eglifes  pour  y  placer  des  chœur? 
de  mufique  ,  de  la  fymphonie.  Theacrum  ,  pul- 
pitum. 

EcHAFAUD,  fe  dit  aufii  d'un  petit  théâtre  qu'on  dref- 
fe  en  une  place  publique  ,  fur  lequel  ou  exécute  les 
criminels.  Pegmaferale.  Les  méchantes  adlions  con- 
duifent  un  homme  farïcuka/aud, 

EcHAFAUD,  fe  dit  auffi  en  Architeéture,  de  ces  plan- 
ches lourenues  par  des  rrér.aux  ,  ou  par  des  pièces 
de  bois  fichées  dans  un  nuir  ,  fur  lèfquelles  fe  met- 
tent des  Maçons ,  des  Sculpreurs ,  des  Peintres  > 
pour  travailler  en  des  lieux  élevés ,  murs  j  plafonds, 
&  autres  chofes.  Il  s'en  fait  auùi  d'assemblage  de 
charpente  pour  le  haut  des  cloches  ou  flèches.  Il  y  a 
aufii  des  échafauds  volans  qui  s'appliquent  contre  le 
mur ,  avec  des  cordes,dont  fe  fervent  les  Couvreurs 
&  Sculpteurs. 

EcHAFA'jD.  Terme  de  pêche.  C'eft  un  lieu  bâti  de 
bois  qu'on  fait  en  Terre-neuve  fur  le  bord  de  la 
mer,  où  l'on  accommode  la  morue  pour  la  fé- 
cher. 

EcHAFAUD.  Terme  de  Marine  ,  fe  dit  encore  dé 
l'assemblage  de  plufieurs  pièces  de  bois  &:  de  plan- 
ches qu'on  fufpend  avec  des  cordages  fur  les  côtes 
du  vaisseau  ,  pour  y  chaner  ou  calfarer.  On  en 
fait  aufti  avec  des  traverfins  ,  des  eccores  &  des 
planches. 

ÉCHAFAUDAGE,  f.  m.  Conftrudion^  d'échafauds 
pour  bâtir  3  pour  peindre,  &c.  &  pièces  deftinécs 
à  ces  échafauds.  Cotnahulcitio.  Quand  on  veut  re- 
gratter une  Eglife,  il  coûte  plus  en  échafaudage 
qu'en  toute  autçe  chofe. 


1 


E  C  H 

Échafaudage  ,  au  figuré.  Les  Dialogues  de  Ciccron 
ont  tout  tout  le  mérite  du  Dialogue  h  difficile  à  at- 
traper ;  mais  il  y  a  trop  de  détours  ,  de  retours  & 
À' échafaudages ,  pour  ufer  du  terme  de  Montagne. 
,  M.  l'Abbé  Colin. 

ÉCHAFAUDER.  v.  n.  Dreller  des  écîiafauds ,  pour 
travailler  [à  un  bâtiment.  \Extruere  tabulata.  C'ell 
une  maxime  chez  les  Maçons  ,  que  qui  ne  fait  pas 
échafauder  y  ne  fait  pas  travailler.  On  ne  le  dit  que 
pour  ce  qui  regarde  la  conftruclion  des  bâtimens. 

ÉcHAFAUDER  j  fe  peut  dire  par  métaphore  ,  &  en 
badinant  des  préparations  j  des  préludes  de  quel- 
que ouvrage  que  ce  foit ,  même  des  ouvrages  de 
l'efprit.  Ainfi  ua  ingénieux  Auteur  de  notre  temps 
a  dit  : 

Ayant  que  d'entrer  en  étude , 

On  cherche  encor  à  marchander  \ 

Il  faut  toujours  quelque  prélude  , 

El  di^emps  pour  échatauder.  P.  Du  Cerc. 

Des  Maçons  j  voyant  que  leur  Curé  étoit  long- 
temps à  arranger  fon  calice  &  fon  milFel  ,  avant  que 
de  commencer  la  Menre,difoient  entre  eux  que  leur 
Curé  étoit  long-temps  à  iéchajauder.  V.  Menagiana, 
T.  II.  p.  16. 

ÉcHAFAUDER.  C'eft  auffi  un  verbe  aftif  ^  qui  fignifie  , 
Mettre  par  fentence  de  Juge  un  criminel  lur  un  écha- 
faud  ,  pour  l'expofer  avec  un  habillement  ridicule  , 
à  la  rifee  &  à  la  honte  du  public.  Cette  forte  de  fup- 

,  plicê  iVeft  plus  en  ufage. 

EcHAFAUDER,  fe  prend  aulli,figurément,pour,  décrier, 
pedrede  léputation.  Mezerai  s'en  elî  fervij  mais 
on  ne  le  diroit  pas  aujourd'hui. 

ÉCHALADEP.  V.  a. Terme  d'Agriculture  ou  de  Vi- 
gneron. Ce  moteft  employé  dans  quelques  endroits 
pour  échalatTer  qui  eft  plus  en  ufage.  l^oye\  ce 
moc. 

ÉcHALADÉ  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Palatus .  impedatus. 

ÉCHALANS.  Bourg  du  pays  de  Vaux  en  Suide.  Echa- 
lanfîum.  Le  bourg  d'Echalans  eft  entre  la  ville  de 
Laufane  &  celle  d'Yverdun.  Il  appartient  en  com- 
mun aux  cantons  de  Berne  Se  de  Fribourg  i  il  y  a  un 
bailliage.  Matv. 

ÉCHALAS.f.  m.  Morceau  de  bois  refendu  carrément, 
qui  a  environ  quatre  pieds  ôc  demi  de  longueur ,  & 
qui  fert  à  foutenir  un  fep  de  vigne  ,  ou  des  treilla- 
ges ,  ou  des  contre-efpaliers.  Pa/us ,  pedamentum  j 
ridica y  JLJitumen.  Les  bons  échalas  fe  font  de  cœur 
de  chàie.  Ucchalas  fe  fait  depuis  quatre  jufqu'à 
qninze  pieds  de  long.  Les  petits  fervent  aux  vignes  \ 
les  grands  aux  berceaux  &  aux  efpaliers.  Les  grands 
échalas  s'appellent  autrement  perches.  Liger.  Et 
même,  en  plufieurs  endroits,  on  ne  les  appelle  point 
du  loai  échalas ,  mais  toujours  perches.  En  quelques 
autres  on  ne  dit  jamais  échalas  ^  même  des  petits  j 
on  les  appelle  paillèau ,  ou  peilèau  ;  dapaijfeau ,  des 
paijfeaux. 

Cette  vigne  a  befoin  ^échalas  ;  voilà  une  belle 
butte  à'échalas. 

Ce  mot  vient,  félon  Nicot,  du  Grec  ;(i«?a|  j  qui 
fignifie  an  pal  y  ou  bâton  qui  fert  à  foutenir  les 
feps  de  vigne  qu'on  y  attache  :  d'autres  le  tirent  de 
l'Hébreu  fchatal ,  qui  iignifie  plantavit,  à  caufe 
qu'on  les  plante  au  pied  des  vignes.  Du  Cange  le 
dérive  de  efcharra  ,  mot  de  la  baife  Latinité  , 
quasi  fcalula.  On  l'appelle  auffi  en  Picardie  efcarras. 
Onditj  ptoverbialement,  qu'un  homme  eft  droit 
comme  un  échalas ,  quand  il  affecte  de  fe  tenii 
droit  :  que  c'eft  un  vrai  échalas^o^W^  avalé  wc\écha- 
las ,  quand  il  eft  maigre  &  délié. 

ÉCHALASSEMENT.f  m.  L'adion  d'échalafîer,  de 
mettre  des  échalas  aux  vignes.  Palatio ,  pedatio. 

ÉCHALASSER.  v.  a.  Garnit  une  vigne  d'échalas ,  la_ 
lier  aux  échalas.  Palare  j    impedare.  Dans  tous  lesj 
baux  on  ftipule  que  les  Fermiers  rendront  les  vignes 
fumées ,  échalajjées  ,  &en  bon  état. 
EcHALAssÉ  ,  EE.  part.  &c  adj.  Pedatus. 
ECHALIER.  f.  m.  Clôture  d'un  champ  faite  de  p'ieux 


E  CH  J31 

eu  piquets  fichés  en  terre ,  entrelacés  de  branches 
pliantes ,  pour  empêcher  que  les  beftiaux  n'y  en- 
trent. Septurn  ex  iigno  dtfecto  amie  arido.  Les  écha- 
licrs  diflerent  des  haies  j  en  ce  que  celles-ci  font 
faites  d'arbres  vifs  j  &  les  autres  de  bois  fec.  Les 
échalicrs  font  fort  communs  en  Berri.  Ce  mot  fe 
prend  aufii  pour  une  manière  de  petite  échelle  que 
l'on  met  en  quelques  endroits  de  ces  clôtures  j  afin 
que  l'on  puillé  entrer  plus  commodément  dans  les 
champs  :  ainfi'  on  dit ,  Palïèr  par  les  échalicrs. 

ECHALIS.  Efcaaleïum.  Les  Sainte  -  Marthe  dans  le 
GaHiaCItrijLT.  IV.  pag.  375.  écrivent  Echaalis. 
Bourg  du  Dioccfe  de  Sens  en  Champagne  ,  dans  le- 
quel il  y  a  une  Abbaye  de  l'Ordre  de  Cîteaux  ,  fille 
de  iontenay.  Cette  Abbaye  tut  fondée  en  1 1 3 1.  le 
11''  de  Juillet,  jour  de  Sainte  Magdeleine. 

ÉCHALOTE,  f.  f.  Efpèce  d'ail  qui  a  plufieurs  racines 
bulbeufes  ,  jointes  enfemble  ,  &:  fibrées.  Ses  feuilles 
font  filluleules j  rondes,  lilles,  d'un  goût  appro- 
chant de  celui  de  l'oignon  commun  ,  de  même  que 
les  bulbes.  C&pula.  L'échaUce  eft  bulbeufe  ,  oblon- 
gue  5  elle  a  l'odeur  t-:  le  goût  de  l'ail ,  mais  moins 
fort.  Les  échalotes  ont  moins  d'uliige  dans  la  Méde- 
cine que  dans  les  ragoûts  ,  dans  «lefquels  on  en 
met  pour  exciter  l'appétit,  d'où  vient  qu'on  les  ap- 
pi;lle  auffi  en  François  appétits.  L'échalote  fortifie 
l'eftomac  ;  elle  aide  à  la  digeftion  \  elle  eft'  apériti- 
ve  ;  elle  chalî'e  la  pierre  cf;s  reins  &  de  la  veffie  ; 
elle  réfiftc  au  mauvais  air  :  mais  auffi  elle  échauffe 
beaucoup  ;  elle  excite  la  fuif,  &  caufe  des  maux 
de  tête,  fur-tout  quand  on  en  prend  trop  ,  ou  trop 
fouvent.  ' 

Ce  mot  d'échalote  vient  d'Afcalon  ,  ville  de  Ju- 
dée ,  autour  de  laquelle  il  y  avoir  beaucoup  de  cette 
forte  d'oignons.  C'eft  pour  la  même  railon  que 
quelques  Botaniftes  l'appellent  cepa  Afcalonica. 
C'eft  de  ce  pays- là  qu'on  l'a  apportée  en  Europe. 
On  l'a  nommée  en  vieux  François  efchaloigne.  Foy. 
Oignon. 

tfT  Echalote  d'Efpagne.  Voy.  Rocambole. 

^3"  L'échalote  fe  multiplie  par  lewnoyen  de  fes 
cayeux. 

Echalote  ,  en  termes  d'Organifte  ,  fe  dit  d'une  pe- 
tite lame  de  laiton  ,  creulée  en  forme  de  demi  cy- 
lindre ,  qui  fert  de  languette  &  de  couvercle  aux 
tuyaux  d'anche.  Elle  eft  mobile  &  tremblante  j  & 
s'ouvre  &:  fe  ferme  par  le  moyen  d'un  fil  de  fer  qu'on 
appelle  rafecte. 

ÉCHAMPEAU.  f.  m.  Bout  de  menue  ligne  oii  l'on  at- 
tache l'hameçon  pour  pêcher  de  la  morue- 

ÉCHAMPIR.  V.  a.  Terme  de  Peinture.  Contourner 
une  figure,  un  feuillage  J  ou  autre  ornement  ,  en 
féparant  les  contours  d'avec  le  fond.  Détacher  les 
contours  d'avec  le  fond. 

^fT  Echampi  ,  lE.  part.  Voye^  le  verbe. 

§3"ÉCHANCRER.  v.a.  ufité  da-is  plufieurs  arts  & 
métiers.  Couper  ,  tailler  ,  vider  en  dedans  en  arc  , 
ou  forme  de  croiffant  ^  en  portion  à-peu-près  circu- 
laire ,  du  bois ,  de  l'étofte  ,  du  cuir  ,  ou  toute  autre 
chofe.  Emarginare  ,  introrfum  incidcre.  Ce  colet  de 
manteau  ne  va  pas  bien  ,  il  n'eft  pas  allez  échancré. 
Echancrer  une  table. 

Echancré  ,  Ée.  part.  Incifus. 

'ifs'  Echancré  ,  eft  auffi  un  terme  de  Botanique.  Une 
kmWQéchancréc  3  emarglnatum  ,  eft  une  feuille  donc 
les  bords  font  entamés,  comme  h  l'on  avoit  emporté 
une  pièce  avec  des  cifeaux.  Les  échancrures  des 
feuilles  font  en  croiffant ,  en  cœur  ,  en  pointe,  &c. 
On  dit  auflî  échancrure  du  calice. 

ÉCHANCRURE.  f.  f.  Coupe  faite  en  croiffimt.  Incl- 
sio  ,  incifura.  Echancrure  d'une  table  j  d'une  étoffe- 
Les  baffinsdeBatbieront  nm échancrure  qu'on  nom- 
me leur  gorge.  Echancrure ,  en  Botanique.  Foye^ 
Echancré. 

É'CHANDOLE.  f.  f.  Petit  ais  à  couvrir  les  maifonç. 
Scandula  j  tegula  tahularis.  Apulée  s'eft  fervi  aulîi 
dsfcandularis  ,  pour  dire ,  fait  d'échandoles.  La  vil  - 
le  de  Rome,  dans  les  premiers  temps  ,  n'étoitcou- 
.verte  que  d'échandoles.  C0nJJ.1t  Romam.  ad  bellurn 

X  X  X  ij 


;32.  ECH 

ufque    Pyrrhi  fcandulïs    teclam  fuijfe.  Pomet. 

ÉCHANGE,  f.  m.  Ce  mot  fert  à  dénommer  une  des 
efpèces  ou  façons  de  changer  les  chofes  les  unes 
pour  les  autres.  C'eftjfuivanc  le  Didiionnaire  de  l'A- 
cadémie Françoife ,  le  change  d'une  chofe  pour  une 
auttejfuivant  lesEncyclopédilleSjle  troc  d'une  chofe, 
d'une  marchandife  contre  une  autre.Ces  notions  ne 
font  point  exadles.  ^.au  mot  Change  les  nuances 
particulières  qui  diftinguent  les  mots  change  j  troc, 
échange  Sc  permunition.  Echange  ,  fuivant  M.  l'Ab- 
bé Girard  ,  fe  dit  pour  les  terres ,  les  perfonnes  , 
tout  ce  qui  ell  bien  fonds;  ainfi  l'on  fait  des  échan- 
ges d'Etats ,  de  charges  ôc  de  prifonniers.  Commuta- 
tio.  Le  Roi  a  fait  un  échange  de  la  Brelle  contre  le 
Marquifat  de  Saluces.  Autrefois  en  échange  d'héri- 
tage il  n'étoit  point  du  de  droits  Seigneuriaux. 
Faire  X échange  des  prifonniers  de  guerre. 

ÇCT  Ce  mot  s'emploie  aufli  dans  le  commerce  , 
en  parlant  de  marchandifes  ,  principalement  des 
marchandifes  en  gros.  Quand  Rechange  fe  fait  avec 
de  l'argent,  onditvewre,  o\i achat.  Anciennement 
le  commerce  fe  faifoit  par  éçKai<.^c.  Les  hommes  fe 
fournllfoient  mutuellement  les  chofes  dont  ils 
avoient  befoin  ;  mais  ces  échanges  devinrent  très- 
difticiles  à  pratiquer,  ou  à  caufe  de  l'inégalité  des 
denrées ,  ou  parce  que  chacun  n'avoit  pas  précifé- 
ment  ce  qui  pouvoir  accommoder  celui  avec  lequel 
il  vouloit  faire  {'écluinge.  Pour  éviter  cette  incommo- 
dité ,  on  inventa  la  monnaie ,  &  on  fit  des  contrats 
de  vente. 

Ce  mot  vient  ^exçamhïum.  Mén. 

Échange  ,  fe  dit  aulîl  figurèrent.  Dans  l'amour  qui 
eft  fondée  fur  l'eftime  &  fur  la  vertu ,  il  le  l^ait 
une  échange  de  cœurs ,  &  les  volontés  fe  confon- 
dent. M.  ScuD.  Dans  le  monde  il  fe  fait  une  échange 
continuelle  de  civilité  &  de  complimens.  Nie.  il 
m'a  donné  fon  cœur  en  échange  du  mien.  Scar.  On 
voit  par  les  deux  premiers  de  ces  exemples  que 
quelcjuas  Auteurs  ont  fait  autrefois  échange  du  fé- 
^ninin. 

1^  M.  Cochin ,  dans  (on  Plaidoyer  pour  Made- 
moifelle  Ferrand  ,  fait  au(li  échange  féminin.  Par 
une  échange  Ç\  odieufe  l'enfant  légitime  fera-t  il 
dégradé  ?  Aujourd'hui  on  ne  le  fait  que  mafculin. 

ÉCHANGER,  v.  a.  Donner  une  chofe  pour  une  au- 
tre. Commutare.  Il  a  échangé  fa  ttrre  contre  des 
rentes.  On  a  échangé  un  tel  prifonnier  contre  un  au 
tre  de  même  qualité.  Ou  échange  quelquefois  but- 
à-but,  quelquefois  avec  retour.  L'Eglife  n'entend 
pas  que  les  Prêtres  échangent  le  facrifice  pour  de 
rargent.  Il  fembloit  échanger  ces  malheureux  ,  & 
donner  le  Mécréant  pour  racheter  le  Fidèle.  Pat. 
Les  marchandifes  de  la  Taurique  confiltent  en  blé , 
en  fourrures  ,  en  beurre  ,  en  chevaux  ,  que  lesTar- 
tares,  habitansde  la  Turquie  ,  échangent  aujour- 
d'hui avec  les  Mofcovites  contre  des  écoiîes.  Huet. 

Echanger  ,  eft  aulli  un  terme  de  BlanchilFeufe  ,  qui 
hgnihe ,  mouiller  ,  battre  5c  égayer  le  linge  pièce  à 
pièce  dans  l'eau.  Q>n  ne  peut  faire  de  bonnes  leilives 

,  qu'on  n  échange  le  linge. 

Echangé,  ée.  part. 

ÉCHANSON.  f.  m,  OlBcier  qui  préfente  à  boire  aux 
Rois,  i\i\\?nnczs.  PocUlator ,plncerna.  Ganimède 
fut  ravi  par  Jupiter  pour  être  fon  Echanfon.'Qç  mot 
n'eft  plus  en  ufage  qu'en  parlant  de  la  fable ,  ou 
en  racontant  quelque  hiftoire  de  l'Antiquité.  On 
ne  donne  plus  ce  nom  à  celui  qui  fert  à  boire  au 
Roi ,  ou  à  un  Prince.  On  ne  s'en  fert  qu'en  parlant 
du  ç,t2.nàEchanfon  ;  Officier  de  la  Couronne  ,  qui 
picfente  à  boire  au  Roi  dans  les  jours  de  cérémo- 
nie ,  comme  au  feftin  du  Sacre  ,  &  autres  folenni- 
tés  :  ce  que  font  les  Gentilshommes  fervans  aux  jours 
ordinaires.  Il  n'eft  appelé  fur  l'état  que  \q premier 
F.chanfon  -,  Echanfni.  Le  grand  Echanfon  n'a  pas 
fuccédé  au  Grand  Bouteiller.  Ils  éioienr  l'uniSc  l'au- 
tre un  des  quatre  grands  Officiers  de  la  Couronne  , 
qui  fignolent  toutes  les  patentes  de  la  Cour.  Dans 
ks  aftes  j  depuis  Hugues  Capet  jufqu'à  S.  Louis  , 
\ Echanfon  &  le  Bouteiller  fe  trouvent  nommés; 


ECH 

Ce  mot,  félon  quelques-uns  ,  vient  de  cantharus. 
Ménage  le  dérive  du  Lztm  Jcantio  ,  qui  fe  trouve 
dans  les  vieux  Gloiraires  pour  pincerna ,  &  qu'il  dit 
avoir  été  fait  de  \'k\\Qma.nà^fchinken,  fchinker  , po- 
ciUator,  qui  vsrfe  à  boire  j  d'autres  de  l'Hébreu/cAti- 
ca ,  qui  fignifie  propinavit. 

Il  y  a  auffi  le  Grand  Echanfon  de  l'Empire.  Voye-^ 
Archi-Echanson. 

ÉCHANSONNERIE.  f.  f.  Lieu  où  fe  garde  la  boif- 
fon  du  Roi ,  &  oùfe  rendent  les  Officiers  qui  en  ont 
foin.  On  le  dit  auffi  de  ces  Officiers.  Il  y  a  XEchan-- 
fonnerie-houche  ,  &  celle  du  commun.  L'Echan^ 
fonnerie-bouche  fait  partie  de  l'office  qu'on  appelle 
gobelet.  Les  Officiers  de  V Echanfonnerie-bouche  ont 
loin  du  vin  &  de  l'eau  qui  font  pour  la  perfonne  du 
Roi.  Son  Chef  s'appelle  chef  de  gobelet. 

Ip-  ECHANTIGNOLE.  f.  f.  Terme  de  Charron. 
Morceaux  de  bois  qui  font  emmortoilés  pour  re- 
cevoir l'effieu  au-delTous  ,  &  qui  fervent  pour  l'af- 
fujettir  &  le  tenir  en  place.  Encyc. 

1^  Les  Charpentiers  fe  fervent  auffi  de  ce  ter- 
me ,  pour  défigner  lis  pièces  qui  foutiennent  les 
talTàux. 

ÉCHANTILLER.  v.  a.  Confronter  un  poids  avec  le 
poids  original  \  Etalonner.  Conjcrre  j  exigere  ad 
exeriplar.  Le  Roi  a  ordonné  le  2 S  Septembre  1689. 
que  le  Fermier  du  droit  de  marque  fur  l'or  &  fur 
l'argent  fera  tenu  de  le  fervir,  dans  l'Argue deLion, 
de  poids  echantiUés  fur  la  matrice  du  poids  de  mate 
,étant  au  Greffe  de  la  monnoie  de  Lion.  Boizard. 
Ce  terme  échantdles  ,  fignifie  la  même  chofe  qu'é-' 
talonnés,  &  n'eft  en  ufage  que  dans  le  Lionnois.  I». 

ECHANTILLON,  f.  m.  Ce  terme  a  plufieurs  fignifi- 
cations  relatives  aux  différentes  parties  du  com- 
merce. C'eft  en  général  un  morceau  d'étoffe  ,  de 
toile  ,  ou  toute  autre  chofe  ,  détaché  de  la  pièce ,  & 
qui  lert  de  montre ,  foit  pour  la  couleur  j  foit  pour 
la  qualité.  Spécimen.,  exemplum.  Ce  Marchand  a  en- 
voyé à  la  Cour  plufieurs  échantillons  d'étoffes  neu- 
velles  qui  lui  font  venues. 

Ce  mot ,  félon  Nicot  ,  vient  de  chameau.  Et  Mé- 
nage le  dérive  de  cantlUo ,  dinainutif  de  camus ,  qui 
fignifie  morceau. 

On  appelle  auffi  échantillons  chez  les  Teinniriers, 
douze  morceaux  de  drap  de  Valogne ,  ou  de  Berry, 
longs  de  demi-aune  ,  qu'on  garde  dans  le  bureau 
des  Maîtres  ,  pour  éprouver  d  les  autres  font  de  bon 
teint  :  favoir  ,  en  noir  de  garence  ,  minime  ,  rouge 
de  garence ,  couleur  de  Prince,  écarlate  rouge,  rolC' 
féche,  incarnat,  colombin  ,  couleur  de  rôle ,  vert 
gaij  bleu-turquin  &  violet  j  &  pouD  les  ratines, 
quatre  :  favoir ,  d'écarlate  rouge  ,  noir  de  garence, 
rouge  cramoifi  &  couleur  de  penfée,  qui  font  mar- 
qués des  marques  des  Drapiers  &  Teinturiers  j  &; 
qui  font  coupés  en  deux,  afin  qu'il  en  demeure  ua 
morceau  à  chaque  Bureau. 

Échantillon.  Terme  de  Détailleur.  C'eft  la  contre- 
partie de  la  taille  ,  fur  laquelle  les  Marchands  en 
détail  marquent  avec  des  hoches  &  des  incifions  la. 
quantité  de  marchandifes  qu'ils  vendent  à  crédit. 

Échantillon.  Terme  de  Monnoie.  L'on  nomme  ainfî 
dans  les  Monnoiesde  Lyon  le  poids  original  qu'où 
nomme  à  Paris  étalon. 

Échantillon,  dans  l'Artillerie,  eft  un  ais  garni  de 
fer  par  un  côté,  que  l'on  arrête  fur  des  chantiers, 
ce  qui  fert'à  former  les  moulures  des  pièces  de  ca- 
non fur  la  terre  molle  qui  couvre  le  trouffeau ,  en 
le  tournant  à  mefure  par  un  moulinet  qui  eft  au 
bout  du  troulleau. 

Échantillon  ,  fe  dit  auffi,  figurément ,  des  morceaux 
ou  parties  d'autres  chofes,  qui  fervent  à  juger  du  to- 
tal. Cet  Auteur  ne  nous  a  laiffé  que  des  fragmens  ;, 
nous  pouvons  juger  de  fon  génie  par  ïéchamillon. 
EcoMQT.  un  échantillon  àqIqwï  ftyle.  Sar.  J'ai  fait 
voir  un  échantillon  de  fa  gloire.  Abl.  Il  ne  refte  plus 
que  quelques  ruines  des  Cirques,  &  des  bâtimens 
ancien  s  :  mais  on  peut  juger  du  rc/ut  par  ces  échan- 
tillons^ 


E  GH 

On  dit  proverbialement  :  On  juge  de  la  pièce  par 
XéchantiUûn.  Exungue  uoiiem. 

Échantillon.  Terme  de  Chevalier  de  lAïquebufe. 
C'eft  une  marque  qu'on  prend  poiu  preuve  de  quel- 
que bon  coup  qu'on  a  fait ,  lorlqu'on  tire  au  jeu  de 
l'Arquebufe.  C'elt  un  coup  à  prendre  échantillon. 

Échantillon  ,  fignihe  quelquefois  ,  Modèle,  mefure 
conforme  à  l'ulage  &  aux  Ordonnances  j  pour  le 
bois  à  bâcir  ,  la  tuile,  l'arduile  ,  le  pavé,  &c. 
Exeinplar.  On.  a  ordonné  aux  Paveurs  de  Paris  de 
n'etnployer  du  pavé  que  du  gros  échantillon  ,  qui  a 
rant  de  pouces  en  toutlens.  On  le  dit  aufli  des  tuiles, 
des  pièces  de  bois ,  quand  elljs  font  demèmegran- 
deur  ou  grolfenr.  Le  bois  d'échantillon  ell  celui  qui 
ell  de  certaine  grolfeur  ^C  longueur  ordinaire  ,  tel 
vju'on  le  trouve  dans  les  chantiers. 

Échantillon  ,  eft  auili  un  terme  de  Charpenterie& 
de  Menuiferie.  C'elt  un  outil  qui  fert ,  comme  le 
trufquiujà  rendre  les  pièces  d'cpailTeur. 

ÉCHANTILLONNER,  v.  a.En  Jurifprudence.  Con- 
fronter un  poids  ,  une  mefure  avec  fa  matrice  on 
ginale,  avec  l'étalon, -È'-vi^^rt;  adexemplar.  Les  poids 
de  ce  trébucher  ont  été  marqués  &  échantillonnes  à 
la  Monnoie. 

Échantillonner  ,  dans  le  Commerce.  C'eft  couper 
des  échantillons  d'une  pièce  d'étoffe  ,  pour  les  faire 
voir  aux  Marchands.  C'eft  auffi  couper  des  mor- 
ceaux de  drap,  des  pièces  qui  viennent  de  la  teintu- 
re ,  pour  en  faire  le  débouiUi.  /^ojej  Echantillon. 

Échantillonné  ,  ee.  part. 

ECHANVRER  la  (îlalfe.  C'eft  lui  Ater  avec  l'échan- 
vroir  les  plus  grolfes  chenevottes  qui  lui  font  ref- 
tées ,  après  qu'on  l'a  concalîée  dans  la  btie  ,  ou 
brayoïre-  Ce  terme  ell  Picard.  En  Normandie  on 
dit  Ecoujfir.  Chanvnr  vient  de  chanvre,  comme  qui 
diroit.  Purifier  le  chanvre  ,  en  ôtant  ce  qui  le  rend 
groifier  Se  chargé  de  chofes  inutiles. 

ÉCHANVROIR.  f.  m.  Inltrument  avec  lequel  on 
échanvre  la  hlaife.  P^oye^  Brwoire. 

^  ECHAPPADE.  f.  f.  Terme  de  gravure  en  bois. 
Accident  qui  arrive  ,  lorfqu'en  forçant  la  réfiftance 
du  bois  ,  l'outil  échappe  ,  &  va  tracer  un  fillon  fur 
une  partie  déjà  gravée.  Acad.  Fr.  On  dit  pourtant 
dans  le  Dict.  Encyclopédique  que  ce  mot  n'eft  dans 
aucun  Diéti onnaire ,  quoiqu'il  foit  fort  ulité  parmi 
les  Graveurs  en  bois. 

ÉCHAPPATOIRE.  Effugium  Jubterfugium.  Furetière 
fait  ce  mot  mafculin,mais  l' Académie, Danet&  Ri- 
chelet  j  le  tont  féminin.  Subterfuge  ,  moyen  adroit 
&  fubtil  pour  fe  fauver  d'une raifon  ,  d'unedeman- 
de  prelfinte  \  excufe ,  défaite ,  raiion  dont  on  fe  fert 
pour  fe  rirer  d'affaire ,  quand  on  foutient  un  mau- 
vais parti,  pour  éluder  un  argument  convaincant. 
La  plupart  des  diftindtions  de  Philofophie  font  des 
échappatoires  qui  n'expliquent  pas  la  difficulté,  mais 
qui  l'éludent.  Trouver  une  échappatoire.  Il  a  fes 
échappatoires  toutes  ptètes.  L'Acad.  Il  eft  du  ftyle 
familier. 

ÉCHAPPÉ.  Terme  de  Fauconnerie,  qui  fe  dit  des 
oifeaux  que  l'on  a  en  main,  &  qu'on  met  en  liberté 
en  pleine  campagne  ,  pour  avoir  le  plaisir  de  les 
faire  voler  aux  oifeaux  de  proie  qu'on  lâche  fur  eux. 

ÉCHAPPÉ,  f.  m.  en  termes  de  Manège,  fe  dit  d'un 
cheval  engendré  d  un  étalon  &  d'une  cavale  qui  font 
de  différente  race  &  de  différent  pays,  Ihrida  :  com- 
me ,  un  échappé  de  barbe,  un  échappé  as  chevaux 
d'Efpagne. 

On  dit ,  figurément  ,  d'un  fou  ,  que  c'eft  un 
échappé  des  Petites  Maifons.On  appelle.figurément, 
un  homme  échappé  de  Juif  j  un  homme  qu'on  foup- 
çonne  être  de  race  Juive. 

On  ledit,  figutément,  d'un  homme  qui  tient 
d'un  autre  ,  qui  a  de  la  reffemblance  avec  lui. 

Regarde  Dorilas  ,  cet  échappé  d'Efope  , 
Qu'on  ne  peut  difcerner  qu'avec  un  microfcope , 
.  Dont  le  corps  de  travers,  &  l'efpritplus  maljait. 
D'un  Therjïte  à  nos  yeux  retracent  le  portrait. 


.  ECH  sii 

ÉCHAP  PEE.  f.  f.  C'ell  la  même  chofe  que  Ffcapade. 
Action  imprudente  d'un  jeune  homme  qui  s'éloigne 
de  fon  devoir.  Ereni  impatientia  ,  facinus  foluti  ac 
nimium  libsri  adolefcentis.  Si  quelquefois  nous  bif- 
fons aller  notre  cœur  fur  la  bonne  foi  du  penchant, 
nous  le  taifons  revenir  ,  par  raifon  ,  d'une  échap- 
pée capricieufe.  S.  Evr.  Par  échappce  ,  c'eft-à-dire, 
de  temps-en- temps  ,  &  à  la  déiooée ,  furtim  ,  clan- 
culum. 

Échappée  ,  en  termes  de  Peinture  ,  eft  une  vue  dans 
un  payfageou  tableau  j  une  perfpeétive  en  lointain 
qui  femble  fe  dérober  aux  yeux,  liecejjus.  Echap- 
pées de  vues  fe  dit  proprement  des  vues  refferrces 
entre  des  bois  ,  des  montagnes,  &c.  On  dit  auffi 
une  échappée ,  ou  dts  échappées  de  lumière;  pour 
dire  ,  un  rayon  qui  tombe  lur  un  objer  par  quelque 
paflage  étroit ,  ôc  qui  fins  cela  feroit  dans  l'ombre 
ou  dans  la  demi-tcinte.  La  lumière  ne  donne  dans 
cet  antre  que  par  échappée. 

On  appelle  aullî  échappée  de  l'efcalier ,  l'efpace 
qu'on  ménage  pour  placer  la  defcente  d'une  cave 
fous  un  efcalier.  Echappée  eft  auffi  le  paffage  dans 
une  écurie  derrière  les  chevaux.  Diverticulum. 

ÉCHAPPEMENT,  f.  m.  En  termes  d'Horlogerie,  on 
appelle  échappement ,  la  lortie  des  palettes  de  la 
roue  de  rencontre.  Vibrationum  moderamen  j  tem- 
peratio  ;  &quiHbritas.  Le  balancier  a  deux  palettes 
qui  s'engrennent  dans  la  roue  de  rencontre.  Plus 
elles  y  entrent  avant,  (?i  plus  M  échappement  (t'a.  gva.ud, 
parce  qu'il  fait  que  le  balancier  tourne  davantage  j 
&  fait  un  plus  grand  mouvement  pour  dégager  fes 
palettes.  Un  grand  échappement  eft  plus  agréable 
qu'un  petit  ,  «S:  fait  mieux  dodiner  le  balancier. 
C'eft  l'échappement  d'une  montre  qui  hrit  la  juf- 
telFe  des  vibrarions  du  balancier.  Vibrationes  inqui- 
libres  facit.-V  échappement  dQ  cet  Ouvrier  eft  plus 
élégant  que  celui  de  l'autre. 

tfJ-  ECHAPPER.  V.  n.  ëc  S'ECHAPPER  ,  évader  , 
s'enfuir ,  fe  garantir  du  danger,  fe  fauver  dss  mains; 
de  quelqu'un  ,  de  quelque  accident  fâcheux. /^ece- 
dere  ,  fugere,  evadere.  Voilà  fans  dente  la  lignifi- 
cation générale  de  ce  mot.  Mais  il  a  fon  idée  pro- 
pre qui  le  diftingue  des  autres  avec  lefquels  on  le 
confond.  S'évader .,  c'eft  s'écarter  fubtilement ,  afin 
de  n'être  point  apperçu  :  S'enfuir  ,zeSk.  s'éloigner 
avec  vîtelTè  ,  afin  de  n'être  point  pris.  Nous/àyo/zj 
les  ennemis  qui  nous  pourfuivent.  Oh  s'échappe 
quand  on  eft  pris ,  ou  qu'on  eft  fur  le  point  de 
l'être.  On-échappedes  mams  des  Sergens  :  on  échap- 
pe du  danger  dont  on  eft  menacé.  Pericutofejub- 
trahere. 

^fF  Ce  verbe,  dit  Vaugelas,  a  trois  régimes.  On 
dit  échapper  d'un  danger;  échapper  z\x^  ei\nem\s  , 
Se  échapper  un  grand  péril  ,  échapper  la  potence ,  la 
côte.  Alors  il  eftaftif  i^c  fynonyme  à  éviter,  f^oyei 
ce  mot.  Ce  verbe  fe  mer  avec  la  prépolition  de, 
quand  il  fignifie  j  celfer  d'être  où  l'on  ctoit ,  fortir 
de,  &c.  Acad.  Fr.  Echapper  des  mains  des  enne- 
mis, du  naufrage.  Il  fe  met  avec  la  prépolition  à, 
quand  il  fignifie  n'être  pas  fiifi  ,  apperçu.  Echap- 
per à  la  fureur  ,  à  la  pourfuite  des  ennemis.  Les 
objets  éloignés  échappent  i  la  vue.  Des  deux  coupa- 
bles l'un  a  échappé  à  la  Maréchauffce  ,  l'autre  s'eft 
échappé  de  prifon. 

Le  P.  Bouhours  a  remarqué  que  nos  bons  Au- 
teurs difent  échapper d'wn  danger,  d'une  bataille, 
d'un  naufrage;  mais  qu'ils  difent  réchapper  d'une 
maladie.  Il  a  raifon  ,  &  l'on  ne  parle  point  autre- 
menr. 

Ce  mot  vient  du  L.itin  fcaphare  ,  qui  fignifie 
s'enfuir  avec  un  efquif  on  \)\atôt  d'achap  ^  vieux  mot 
Celtique  ou  Bas-Breton  ,  fignifiant  la  même  chose. 

Échapper,  fe  dit ,  figurément  j  en  Morale,  en  par- 
lant des  empottemens  de  colère.  Quand  un  valet 
eftinfolent,  la  patience  échappe  aux  plus  modérés. 
Il  s'emploie  en  diverfes  autres  phrafes.  Se  dans  le 
fens  figuré. 

On  dit  ,  qu'un  mot  eft  échappé  par  mégarde , 
excidit  imprudenti  ;  pour  dire  ,  qu'on  a  eu  i'impiu-' 


J34  E  C  H 

dcnce  ou  l'indifcrccion  de  dire  quelque  cliofe  fe- 
crete  ,  ou  chaquante.  Rien  n  échappe  à  la  prévoyan- 
ce de  ce  Miniftre  ,  il  donne  ordre  à  tout.  Cela  m'eft 
échappe  de  la  mémoire  ,  je  ne  m'en  fouviens  plus. 
Ilalaiiré  échapper  Ion  Ouvrage,  il  l'a  abandonné 
au  public.  L'amour  n  échappe  pouit  à  la  vue  de  cel- 


ECH 

bols  ou  de  chardon ,  qui  entre  dans  la  chair.  Aculeus, 
Les  Bûcherons  foni  lujets  à  fe  ficher  des  échardes 
dans  les  doigts. 

Ce  mot  vient  de  efquerde  ,  qui  (ignifiolt  autrefois 
une  bâche  tort  petite ,  comme  on  voit  dans  le  Ro- 
man de  Perceval. 


lc£  qui  le  caulent  :  elles  sen  apperçoivent  les  pre-^  ECHARDONNbR.   v.   a.  Ôter    les  chardons  d'une 


mieres.  P.  de  Cl.  Un  Plénipotentiaire  ne  montre 
ni  humeur ,  ni  complexion ,  de  peur  que  foH  le- 
x;ret  ne  \al  échappe  par  pallion,  ou  par  foiblelle. 
La  Br.  Notre  vie  nous  échappe  à  tous  momens  j 
elahitur -^  Jugit.  Il  ne  faut  pas  trop  luner  le  dif- 
cours  :  des  traits  trop  fins ,  &  trop  déliés  ,  échap- 
pent à  l'efprit ,  &  ne  le  [rappent  pas  alFez.  Gom. 
S'il  m'çft  échappé  quelque  choie  contre  vous ,  il 
faut  l'attribuer  au  chagrin  qui  accompagne  toujours 
la  misère.  Vaug.  Je  recueille  les  moindres  Heurs 
qui  échappent ÀQ  vos  mains.  Voit.  Il  y  a  des  pen- 
fees  fi  fubriles  qu'ailes  nous  échappent  lorfque  nous 
penfons  les  tenir.  S.  EvR. 

Combien  de  fois  ,  fenfible  à  tes  ardens  defirs  , 
M'eji-il,  en  ta  prïfence  j  échappé  des  foupirs. 

Racine. 

§C?  On  voit ,  par  les  exemples  qu'on  vient  de  rap- 
porter que  ces  mots  a  échappe ,  ejl  échappé  ligni- 
fient deux  chofes  tout-à-fait  différentes.  Dans  le 
premier  cas  il  fignifie  une  chofe  qu'on  n'a  point 
faite,  par  inadvertance  ou  par  oubli.  Ce  que  je  vou- 
lois  dire  m'a  échappé  de  la  mémoire  ,  cette  citation 
IL  échappé  à  l'Auteur  ;  c'e(l-à-dire  j  il  l'a  omife  ,  il 
n'y  a  pas  penfé  ,  il  a  oublié  de  la  faire.  Dans  le  fe 
cond  cas  il  défigne  une  chofe  qu'on  a  faite  par  in- 
advertance ou  par  étourderie.  Ce  mot  m'ell:  échappe-^ 
c'eft-à-dire  ,  je  l'ai  prononcé  par  mégarde,  lans  y 
penfer ,  contre  ma  volonté. 
Échapper,  avec  le  pronom  perfonnel ,  fignifie  s'ou- 
blier ,  s'emporter  à  faire  ou  à  dire  des  chofes  contre 
la  raifon  ou  la  bienféance.  Prorumpere  ,  audere.  Il 
s'eft  échappez,  dire  des  injures  à  fon  père.  Si  vous 
vous  échappe\  ,  du  moins  ne  vous  égarez  pas.  S. 
EvR.  Cela  empêche  qu'on  ne  s'échappe  à  des  pa- 
,  rôles -déshonnêtes.  Ablanc. 

Echapper  ,  fe  dit ,  parmi  les  Jardiniers  ,"pour  poufler 
avec  trop  de  vigueur  ,  ou  pouller  de  belles  &  gran- 
des branches ,  qui  ne  fruélifient  pas.    Luxuriari , 
lafcivire.    Cer  arbre  s'échappe ,  il  le  faut  retenir. 
La  Quint.  Il  faut  ôter  de  ces  branches  qui  s'ecA^/?- 
pent  trop.    Id.  Il  faut   ravaler  toutes  les  branches 
échappées  ,  Se  réduire  tout  l'arbre  à  commencer  une 
rondeur jagréable.    La  Quint, 
Échapper,  fe  dit  auffi  des  étoffes  qui  font  découfues, 
parce  qu'on  n'avoir  pas  fiché  Taiguille  alfez  avant 
pour  les, retenir 
Échapper  ,  en  terme  de  Manège ,  ou  lailTèr  échapper  j 
i  c'eft  pouffer  un  cheval  à  toupe  bride  ,  le  faire  par- 
tir ,  ou  échapper  de  la  main.    On  faiioit  autrefois 
ce  verbe  aélif ,  &  on  difoit  j   échappe-  votre  che- 
val de  la  main  :  mais  on  a  depuis  reétifié    cette 
exnrelîlon  ;  &  on  dit,  faire,  on  h'ûTeï  échapper. 
^3"  Echapper,  en  Fauconnerie,  ^qye^  Échappé, 
Échapper  ,  fe  dit,  proverbialement ,  en  ces  phrafes , 
Il  e&  échappé  d'an  grand  naufrage;  pour  dire  j  il 
s'ell  rire  d'une  affaire  qui  devoir  être  fort  ruineufe. 
On  dit  aulli  qu'un  homme  l'a  échappé  belle  ;  pour 
dire  qu'il  s'e'.l;  fauve  d'un  grand  péril. 

On  dir  qu'un  jeune  homme  fait  le  cheval  échappé. 
Tandem  /iber  CijuuSj  campoque  potitus  aperto  ;  pour 
dire  qu'il  eft  libertin  ,  qu'il  efl:  emporté  ,  quand 
il  eft  hors  de  la  vue  de  fes  Niaîtres.  On  dit  encore  , 
il  n'eft  pas  échappé  qui  traîne  fon  lien. 
Échappé  ,  ée.'  part. 
Échappé,  f.  m.  eft  auflî  un  terme  de  Manège.  Foye^ 

ci-deifus  Echappé. 
^  ÉCHARA.  Foy.  ÉSCHARE. 
ÉC^ARBOT.  Efpèce  de  plante  appelée,  autrement , 

châtaigne  d'eau.  Foy.  CHÂTAIGNE  D'EAU. 
ÉCHARDE.  f.  f.  Petite  épine  pointue,  ou  éclat  de 


terre.   Carduis  purgare.   Les  chardons  oftufquent  les 
blés,  fi  on  n'a  foin  d' échardonner  les  terres. 
ÉcHARDONNÉ  ,  ée.  part.   Carduis  purgatus. 
ECHARDONNOIR.  f.  m.   Petit  ceochet  tranchant 
qu'on  attache  au  bout  d'un  bâton  j  qui  fert  à  échar- 

,   donner  les  terres. 

ÈCH  ARGUET.  f.  m.  Vieux  mot  qui  fignifie  celui  qui 
fait  le  guet.   Cujlos  j  vigil. 

ÈCHARNER.  V.  a.  Terme  de  Tanneur  &  de  Mégif- 
lier.  Oter  d'un  cuir  la  chair  qui  y  refte  ,  ôter  d'une 
peau  de  bête  écotchée  les  chairs  qui  y  font  demeu- 
rées. CoriumJ)iirgare  carnibus  j  ou  carnium  reliquias 
abradere  ,  excidere.  Echarner  un  cuir.  Il  eft  défend» 
aux  Tanneurs  &  Mégiffiers  de  porter  fur  la  rivière 
de  Seine  leurs  bourres  pour  y  être  lavées  ,  ni  leurs 
cuirs ,  avant  qu'ils  aient  été  éciiarrés.  Ordon.  de 
Police  ,  du  7^  de  Novembre  \-/ 01.  Foy.  La  Mare  , 
T.  I.  p.  55  6.  On  écharne  les  cuirs  avec  un  couteau 
rond  ,  &  un  couteau  tranchant. 

ÉcHARNÉ,  EE.  part. 

ECHARNOIR.  f.  m.  Inftrument  avec  lequel  on 
écharne.  On  l'appelle  auffi  Drayoire  &  boutoir. 

ÉCHARNURE.  f.  f.  Terme  de  Tanneur  &  de  Mc- 
gilîîer.  Refte  de  chairs  ôtés  d'un  cuir  pour  le  pré- 
parer. Carnium  reliqui.tè  corio  detracîie.  Sur  le' plain- 
tes f^iites  que  les  Tanneurs  &  Mégiffiers  lavoient 
dans  la  rivière  de  Seine  &  dans  celle  des  Gobelins 
leurs  bourres,  &c  leurs  cuirs  pleins  de  chaux  ,  y  je- 
toient  leurs  écharnures  _,  plams  &  morplains  ,  ÔC 
toutes  les  immondices  de  leur  métier,  il  y  eut  une 
Ordonnance  de  Police  ,  le  feptième  de  Novembre 
1702  J  qui  leur  détend  de  jeter  dans  la  rivière 
les  écharnures  ,  cornichons  ,  ni  autres  immon- 
dices ,  &c.  Foye\  La  Mare  ,  Traité  de  la  Po- 
lice. Livre  IF.  Titre  IIL  Chapitre  4.  Tome  /. 
page   5  5  G. 

§3°  EcHARNURE ,  fe  dit  auffi  de  l'adion  de  l'Ou- 
vrier qui  écharne ,  &  la  façon  qui  le  donne  en 
écharnant. 

ÉCHARPE.  f.  f.  Grande  pièce  de  taffetas  large  que 
portent  les  i^ens  de'guerre  j  tantôt  en  guife  de  cein- 
ture \  tantôt  a  la  manière  d'un  baudrier.  On  s'en 
fert  fûuvent  pour  marque^  &  diftinguer  les  partis. 
Fafcia.  Les  écharpcs  rouges  fignifient  les  troupes 
d'Efpagne  ,  les  écharpes  blanches  celles  de  France. 
Celles  des  Anglois  &  des  Savoyards  font  bleues ,  & 
celles  des  Hollandois  orangées.  Les  bandes  &  les 
fafces  du  Blafon  repréfentent  les  écharpes  des  Ca- 
valiers. On  dir,  figurément,  changer  diécharpe  pour 
dire  changer  de  parti. 

Dans  la  guerre  civile  des  Ducs  d'Orléans  &  de 
Bourgogne  ,  les  gens  du  Comte  d'Armagnac  ,  qui 
tenoit  pour  le  Duc  d'Orléans,  portoient  une  écharpe 
de  linge  pour  enfeigne  ;  &c  quelques  Hiftoriens 
croient  que  les  écharpes  blanches  j  dont  on  a  ufé 
depuis  ,  font  venues  de-là.  Foye^  Paradin.  Annal 
de  Bourg.  L.  III.  p.   ^16. 

Ordre  de  l'Écharpe  ,  ou  de  la  BANbE.  Foye'^ 
Bande.  Outre  l'Ordre  de  Chevalerie ,  dont  nous 
avons  parlé  au  mot  Bande  ,  i!  y  a  eu  une  Compa- 
gnie de  Dames  à  Palepciaj  en  Efpagne ,  qui  a  porté 
le  même  nom  de  l'Écharpe  ,  ou  de  la  Bande.  Dans 
la  guerre  que  firent  Jean  I.  Roi  de  Caftille,  &  Jean 
I.  Roi  de  Portugal ,  les  Anglois  ayant  afliégé  Pa- 
lencia ,  ville  du  Royaume  de  Léon,  qui  fe  trou- 
voit  dépourvue  d'hommes ,  toute  la  Nobleffe  ayant 
fuivi  fon  Prince  en  campagne,  les  Dames,  non- 
feulement,  foutinrenr  les  affauts  des  Anglois ,  mais 
firent  une  vigoureufe  fortie  fur  eux,  &  les'  obli- 
gèrenr  d'abandonner  l'entreprife.  Pour  récQrppen- 
ier  ces  Kéroines,  le  Roi  Jean  leur  permit  de  por- 
ter une  écharpe  d'or  fur  le   manteau  ,    &   leur  ac- 


ECH 

corJa  tous  les  privilèges  donc  jouilîôient  les  Cheva 
JieisdelaBande,  oade  Vt'chdrpe  ,  établis  par  le 
Roi  Alphonle  j  fon  aieul.  Les  Auteurs  ne  dilenc 
point  l'année  précife  de  l'établi (remiiic  de  la  Com- 
pagnie des  Dames  de  VEcharpc  j  mais  ce  n  a  pu 
être  que  depuis  15S3.  jufqu'en  1390.  Foy.  l'Abbé 
Julliuiani,  T.  II.  C.  88.  François  de  Luna,  hijloire 
de  Tortofi,  L.  I.  Chap.  19.  Rodrigo  Mendez  Sylva, 
Michieli  «St  Andréa  Mendo,  dans  leurs  Hijtoires 
des  Ordres  Militaires. 

ÉcHARPE  j  (ignihe  auiii  la  bande  palfée  au  cou  ,  qui 
fert  à  foutenir  le  bras  quand  il  ell  bleiTé ,  ou  ma- 
lade. Micelld.  En  ce  lens ,  on  dit ,  hgurément  , 
qu'un  homme  a  l'efpric  en  ccharpc  j  pour  due  qu'il 
l'a  eftropié  ,  qu'il  n'a  point  de  jugement ,  de  bon 
fens.  On  dit,  proverbialement,  que  le  lit  elî:  \e- 
charpe  de  la  jambe  ,  pour  dire  qu'un  homme  qui  a 
une  jambe  malade,  fe  tienne  au  lit. 

EcHARi'E,  eft  aulli  une  pièce  de  taftetas ,  une  forte 
de  vêtement  que  les  îemmes  mettoienc  lur  leurs 
épaules  quand  elles  fortoient  en  habit  négligé.  Les 
Marchandes  de  modes  font  encore  aujourd'hui  des 
ajuftemens  qu'on  nomme  écharpes ^  mais  dilîérentes 
de  celles  qu'on  portoic  autrefois. 

En  termes  d' Agronomie  quelques-uns  appellent 
le  Zodiaque  l'écharpe  ce'iejic,  parce  que  c'ell  un  cer- 
cle largî,  qui  efl  pofé  obliquement,  à  l'égard  de 
l'Equateur  &  del'Horifon. 

En  termes  de  guerre  ,  on  appelle  une  batterie  en 
eckarpe  .,  celle  qui  bat  quelque  corps  de  côcé  ,  ou 
obliquement,  ou  par  bricoles ,  Se  non  pas  à  angle^ 
droits. 

En  Chirurgie ,  on  dit  audî  qu'un  coup  a  été  donne 
ene'charpe,   quand  la  plaie  n'ell  pas  droite. 

EcHARPE,  en  termes  de  Mécanique,  eft  la  pièce  de 
bois  j  ou  de  fer  qui  foutient  la  roue  d'une  poulie  , 
&  qui  porte  le  boulon.  On  l'appelle  aulli  échappe  . 
&C  quelquefois  mùufle. 

ÉcHARPE  ,  en  termes  d'Architedure  ,  font  des  ceintu- 
res, ou  corroies  qui  font  aux  côtés  des  chapiteau:. 
Ioniques  ,  qui  femblent  enferrer  les  volutes. 

ÉcHARPES,  termes  de  Maçonneiie,  font  les  cordages 
avec  lefquels  on  retient  &  on  conduit  les  f-ardeaux 
en  les  montant.  C'efl:  apparemment  ce  que  Vicruve 
appelle  retinacula  y  liv.  10.  chap.   5. 

§Cr  EcHARPE  ,  en  Menuiferie  ,  c'cft  une  deirli-croix 
de  S.  André  ,  telle  qu'oii  en  met  derrière  les  portes . 
entre  les  barres. 

ÉCHARPER.  V.  a.  Donner  un  coup  d'eftramaçon. 
Voy.  ce  mot.  Echarper  le  bras ,   le  vifage. 

EcHARPER  ,  en  termes  d'Artifan  ,  c'eft  taire  plufiet?rs 
tours  avec  un  moyen  cordage  autour  d'un  fardeau  , 
pour  y  attacher  une  écharpe  avec  fa  poulie  ,  dans 
laquelle  on  paffe  le  cable. 

Echarper, en  termes  de  guerre,fignifîe  faire  beaucoup 
fouffrir  l'ennemi  ,  lui  faire  perdre  beaucoup  de 
monde ,  par  le  fer  ou  par  le  feu.  Nous  fumes 
écharpés,  nous  les  écharpâmes,  ils  furent  écharpés  & 

.   taillés  en  pièces. 

Echarper,  en  termes  de  guerre,  fe  dit  auflî  d'une 
batterie  qui  attaque  un  ouvrage  de  revers  &  obli- 
quement. Il  faut  avoirfoin  d'ouvrir  les  embrafures , 
de  façon  qu'on  puiflTe  echarper  nn  revers  fur  le  che- 
min couvert  qui  fait  face  aux  attaques.   Despres 

.,  DE  S.  Savin. 

Echarpe,  ee.  part. 

ÈCHAK.S,  ARSE.  adj  Vieux  mot  quifignifioic  autrefois 
avare  y  mefquin.  PraparcuSj  nimium  attentas  ad  rem. 
Ce  mot  J  félon  Borel,  vient  du  François  charci , 
qui  fignifioit  tnargre ,  comme  on  voit  dans  le  Ro- 
inan  de  Perceval.  D'autres  le  dérivent  du  Latin 
exparcusj,  d'où  l'on  a  faitenfuiteycar/î/j.  Du  Cange 
le  dérive  du  Saxon  fchearde ,  qui  fign i fie yrjo-wfW 
&  morceau  ,  à  caufe  que  les  avares  ne  donnent  que 
,  de  petites  chofes. 

EcHARs,  fe  dit  en  termes  de  Marine.  Uu  vemechars, 
c'eft  un  vent  qui  n'eft  point  fait,  &  qui  faute  d'un 
rumb  à  l'autre,  Et  on  dit  aufli  que  le  vent  echarje, 
quand  il  eft  foible  &  inconftant. 


ECH  ^3j 

^^^A^^,^-.  Terme  de  Monnoie,  qui  fignifie  la  qua- 
lité intérieure  de  la  monnoie  qui  eft  au-defius  du 
titre  ordonné.  Alinor  quàm  lex  juht.  Le  remède 
de  loi  n'eft  autre  chofe  qu'une  permiilion  accordée 
par  le  Roi  aux  Maîtres  de  ces  Monnoies  de  tenir  la 
bonté  intérieure  des  efpèces  d'or  te  d'argent  plus 
echarce  ,  ou  moindre  que  le  titre  ordonne.  Boi- 
ZARD ,  qui ,  comme  l'on  voit ,  écrit  echarce.  Se  non 
echarje. 

ECHARSEMENT.  adv.  D'une  manière  chiche.  Ava- 
re ^prAparce.  \in  pédant  vit  fort  écharfcment^  d'une 
manière  mefquine.  Il  eft  vieux. 

iJCT  ECHARSER.  v.  n.  Terme  de  Marine,  qui  fe 
dit  d'un  vent  fuible,  &  qui  faute  d'un  thumb  à 

,  l'autre,  de  moment  en  moment. 

ECHARSETE.  f.  f.  Terme  de  Monnoie.  Boizard  , 
dans  Ion  Traité  des  Monnaies ,  écrit  toujours  Echar- 
cetd  J  Se  jamais  Echarfeté.  C'eft  lé  défaut  d'une 
pièce  de  monnoie  qui  n'eft  pas  de  poids  ,  ni  du 
titre  requis.  Imminutto.  Il  fiut ,  pour  faire  rece- 
voir des  efpèces  ,  qu'elles  foient  lans  écharfcté  de 
poids ,  ni  d'aloi.  Le  M.iître  des  Mohnoies  eft  tenu 
de  payer  au  Roi  Vecharfcté  qui  fe  trouve  dans  fes 
monnoies  ,  fuivant  le  jugement  qui  en  eft  fait  par 
la  Cour ,  comme  le  dit  M.  Poulain  3  en  fon  Glof- 
faire.  Il  y  a  deux  fortes  d'c'charjete' ;  l'une  dans  les 
remèdes ,  quand  on  n'a  point  excédé  les  remèdes 
accordés  par  le  Prince,  foit  dans  le  titre j  foitdans 
le  poidi.  L^autre  c-c/?rfr/lr/eft  hors  des  remèdes, 
quand  on  a  été  au-delà  :  ce  qui  eft  punilfable. 

Echarseté,  s'eft  dit  aulli,  dans  le  fens  ptopre,  pour 
l'avarice  ,  la  mefquinerie.  Parcimonia,  avaricia.  Il 
eft  vieux  ,  &  hors  d'ufage. 

liCHASSE.  f.  f.  Terme  d'Architeéiure.  Norma  latîor. 
C'eft  une  règle  de  bois  un  peu  large  ,  dont  les 
Appareilleurs  fe  fervent  pour  y  ma'-qucr  les  ligneâ 
de  hauteur  ,  de  retombée  Se  d  épailfcur ,  dont  ils 
ont  beloin  pour  les  porter  commodément  dans  le 
chantietj  où  ils  voient  ks  pierres  qui  leur  convien- 
nent, &  peuvent  en  donner  les  mefures.  Frézier. 

£CHASSES.  f.  m.  pi.  (rralU  ^  JwcuU ,  grallatoriiz. 
Ce  font  deux  manières  de  perches  ,  grolTes  comme 
le  bras  j  longues  de  cinq  ou  lix  pieds  ,  qui  ont ,  à 
une  ccrraine  hauteur,  un  niorceari  de  bois  qui  faic 
une  efpèce  d'étrier,  fur  lequel  on  pofe  le  pied, 
pour  être  plus  élevé  en  marchant ,  ou  pour  mar- 
cher dans  certains  lieux  difficiles.  Les  Paftres  du 
Poitou  s'en  fervent  pour  marcher  dans  les  marais  , 
dans  des  endroits  difficiles.  Les  Charlatans  amufenc 
le  peuple  ,  quand  ils  marchent  montés  fur  de 
hautes  échajjes.  On  dit,d'une  petfonne  qui  a  des  pa- 
tins ou  des  louliers  trop  hauts  j  qu'elle  eft  montée 
fur  des  échaffes. 

On  dit ,  figurémenr ,  d'un  Auteur  qui  affcéte  un 
ftyle  trop  pompeux  &  trop  élevé  ,  qu'il  eft  tou- 
jours monté  fur  des  échajjes.  vSophocIe  Se  Euripide 
prenoient  quelquefois  le  cothurne  ;  mais  ils  ne 
montoient  pas  fur  des  échajjes.   S,  EvR. 

Ses  vers,  &  fans  force  3  &  fans  grâces. 
Montés  fur  deux  grands  mots,  comme  Jur  deux  échaflès. 

BoiL. 

On  ditauftî,  de  ceux  qui  veulent  paroître ,  qui 
veulent  être  remarqués  ,  qui  afftétent  de  grands 
airs  ,  qu'ils  font  toujours  montés  fur  des  écxajjes. 

Au  XIIF  Se  XIV^  fiècle  ,  echa^es  fe  prenoient 
en  François  pour  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui, 
des  potences,  c'eft  à-dire,  de  longs  bâtons,  termi- 
nés en  potence  par  en  haut ,  &  fur  lefquels  un 
homme  impotent,  ou  perclus  des  jambes,  s'appuie 
fous  le.j  ailfelles  ,  &  defquels  il  s'aide  à  marcher. 
Paiera  fubaxillaria.  Cela  paroît  par  le  procès  des 
hiiracles  de  S.  Yves,  fait,  zo  ans  ans  après  (i\  mort, 
en  1350,  &  imprimé  par  les  Bollandilles ,  dans  le 
quatrième  tome  du  mois  de  Mai.  Foyei  la  p.  571  ^ 
le  Chap.  XIV.  n.  114. 
EcHAssESj  feditjen  Afaçonnerie,  des  grandes  per- 
ches ,  ou  pièces  de  bois  dreiïees  à  plomb,  lié'. s  8c 
,     entées  les  unes  fur  les  autres,  qui  fervent  à  faire 


E  CH 

ne  s  échauffe.  Liger.  Il  eft  quelquefois  neutre.  Ce 
malade  ne  fçauroit  échauffer ,  reprendre  de  la  cha- 
leur. ^ 

1^  En  termes    de   chalTe ,  cchcuffer  la  voie 


c'ek  la  fuivre  avec  aideur.  Acad.  Fr, 


!l£l 


muier 


jC  ^  6  E  C  H 

des  échafFauds.  FurcuU,  tigill-a  in  reclum pojîta.  On  J 
les  appelle  aulli  baliveaux  ^  quand  ils  fervent  à  pl^i-  j 
lîears  échafauds  l'un  fur  l'autre.  \ 

ÉCHAUBOULE'jÉE.adj.  Qui  a  des  écliauboulures.  | 
Pujîulis  laborans.  ^ 

ÉCHAUBOULURE.  f.   m.  Petite  bube  rouge  ,   ou  Echauffer,  ie   dit,  hgurérnent,  pour  enflammer 
élevure  fur  la  peau.   Pujîula.    On  fe  fait  laigner       animer,  exciter,  remplir  d'ardeur.  Il  eO:  des  âmes 
pour  fe  guérir  des  eehauboulures.  Il  elt  du  ftyie  ta-       choilies  que   Dieu   regarde  plus  efficaceniinc ,  5c 

!  qu'il  echai/ff  de  (on  amour  d'une  façoa  plus  parti- 
de  :  culière.  Fl.  Le  teu  de  l'amitié  ee/-..i^^è  le  cœur  fans 
ie  confumer,  &  le  remue  fani  ie  troubler.  Vill. 
Le  vin,  en  echauffa/uics  p£..^ées,  les  rend  plus  vi- 
ves &  plus  agréables.  Petit.  L'ima;^ination,  quand 
elle  eft  échauffée,  exagère  tout  ce  qu'elle  relîcnr. 
Fen.  a  quoi  bon  échaujjer  fa  valeur  déjà  trop  ani- 
mée ?  BoiL. 
Échauffer  ,  fe  dit  encore ,  en  morale ,  de  l'émo- 
tion des  pallions.  Ce  Prédicateur  s  échauffe  beau- 
coup en  parlant  contre  les  vices.  Exaraejcit.  Cec 
homme  efl;  fort  colère,  il  ne  faut  pas  lui  et/zji^t;r 
la  bile ,  lui  échauffer  les  oreilles.  Se^haufjer^  fe 
mettre  en  colère,  s'animer,  s'emporter,  fe  paf- 
fionner. 

Il  y  a  des  gens  qui  voudrolent  être  faifis  & 
é-cha'uffés  dès  la  première  fcène,  &  c^ui,  ignorant 
l'art  desprotafes  &  des  épitafes  ^  ne  font  pas  atten- 
tion que  le  feu  efl  d'autant  plus  vif  dans  les  der- 
niers aéles  d'une  pièce  ,  qu'il  a  été  caché  dans  les 
premières.    OhJ'erv.  fur  les  Ec.  modernes  tome  2j  ^» 

On  dit,  en  ce  même  fens ,  que  la  guerre ,  que  la 
fédition,  que  Izàxi^mQ  s'échauffe  ,  incalejcit  ^  in- 
gravejcic  i  pour  dire  ,  augmente  :  que  le  jeu  sV- 
chauffd  j  pour  dire  qu'on  s'y  pique,  qu'on  joue  plus 
gros  jeu.  LaiiTcns  cette  matière  qui  s'échauffe  uo, 
peu  trop.  Mol.  Les  brigues  s'échauffent.  Vaug. 

On  dit ,  proverbialement ,  qu'un  homme  s'e- 
chauffe  dans  fon  harnois,  lorfqu'il  fe  met  en 
colère. 


ÉCHAUDE'.  f.  m.  Efpcce  de  pâtilTerie  faite  avec 
la  pâte  échaudée,  de  l'eau  &  du  fel ,  &  quelquefois 
avec  du  beurre  &  des  œufs.  Les  échaudes  écoient 
autrefois  de  figure  triangulaire  ,  ou  en  cœur.  Cruf- 
tuluin  triqutcrum.  Du  Cange  dit  qu'on  les  appellî 
dans  les  vieux  Titres  efchodoti  panes  j  &:  qu'ji.7Z(2«- 
der  v'vQWlàQ  excaldare. 

On  appelle  aulli  echaudé  trois  rues  difpofees  en 
triangle  qui  font  une  Ifle  en  forme  d'un  échaudé. 
Tri^onuin  ,  trivium.  La  fontaine  d-j  \ Echaudé ^  au 
Marais  JuTemple.  La  rue  de  X Echaudé 7i\x  fauxbourg 
S.  Germain.  ^.  ^ 

§3"  On  donne  le  même  nom,  en  jarainage,  a 
une  pièce  de  bois  de  figure  triangulaire. 

ÉCHAUDER.  V.  a.  Nettoyer  avec  de  l'eau  chaude, 
tremper  dans  de  l'eau  chaude,  ou  arrofer  quelque 
<hof^  avec  de  l'eau  chaude.  Calidéi  irrigare  j  per- 
fu'idere ,  exteraere.  Les  Cuiuniers  échciudeht  leurs 
vaiffeaux  ,  leurs  marmites,  pour  les  laVer ,  échau- 
d^nt  leurs  viandes  pour  les  apprêter.  On  échaude 
des  fruits  ,  par  exemple  ,  des  amandss ,  pour  ôrer 
la  peau  qui  les  couvre  :  on  echaude  des  poulets  j 
pour  les  plumer  plus  facilement.   On  échaude  la 

S'EcHAUDER  ,  fignitîe  J  figurément,  faire  un  faux 
marché  où  il  y  a  à  perdre,  être  attrapé.  Cette  terre 
efl;  trop  enviée,  prenez  garde  de  vous  y  échauder.  Il 
€ft  populaire. 

On  dit,  proverbialement,  qu'un  chat  échaudé 
craint  l'eau  froide  :  experta  calidam  ,  frigidamfelis 


timei  ^  pour  dire   que,  quand  un  homme  a  fouffertf  Échauffer  ,  percer,  vider  une   étoffe.    Termes  de 


quelque  grand  mal ,  il  craint  tout  ce  qui  en  a  quel- 
qu'apparence.  On  dit ,  autrement ,  chien  échaudé 
ne  revient  plus  en  cuifme. 

Échaudée  ,  Ée.  part. 

ECHAUDOIR.  f.  m.  Chaudière  ,  vailTeau  dans  le- 
quel les  Bouchers-Tripiers  font  cuite  les  abbatis 
de  leurs  viandes. 

DCF  On  le  ùit  aufll  du  lieu  où  ils  les  font  cuire  , 
où  ils  les  échaudent.   Caldarium. 

Les  réglemens  de  Police  ordonnent  aux  Bouchers 
de  tenir  leurs  échaudoirs  foit  nets  ,  &  de  n'y  point 
faire  couler  le  ûng. 

Échaudoir,  fe  dit  aulîi  des  lieux  &  des  vaiiïeaux  où 
les  Teinturiers  &  les  Mégilliers  échaudent  &  dé- 
graiflenr  le^r?  laines. 

iCHA'uFFAIoON.  f.  f.  Maladie  qui  arrive  à  quel- 
qu'un pour  s'être  trop  échauffé,  ^ftus.  Ce  mal 
n'eft  pas  dangereux  ,  ce  n'eft  qu'une  échauffai/on. 

Échauffaison  ,  fe  dit  aufli  de  certains  boutons  qui 
vieniipi-ir  au  vif^ige,  &  ailleurs,  par  une  trop  grande 
chaleur  de  fang ,  qu'on  appelle  autrement  eehau- 
boulures. 

^  ÉCHAUFFANT  ,  ante.  adj.  Epithète  par  la- 
quelle on  défigne  ,  en  Médecine ,  les  alimens  ,  les 
remèdes  ïc  en  général  tout  ce  qui  peut  augmenter  la 
chaleur  animale  ,  jufqu'à  un  dé^ré  contre  nature. 

ÉCHAUFFEMENT.  f.  m.  Aéfion  par  laquelle  on 
échauffe,  ou  l'efîet  qui  en  réfulte.  Calefaclus.  Il  y 
a  pluiîeurs  opérations  de  Chymie  qui  fe  font  par 
un  échauffement  doux  &  fort  lent.  L'échauffemenc 
du  fang  eft  caufe  de  plufieurs  maladies. 

ÊCHA'UFFEPs..  V.  a.  Rendre  chaud  ,  &  s'échauffer^, 
devenir  chaud.  Calcfacere  ,  calefieri.  Le  foleil 
échauffe  la  terre  par  fes  ravons.  Le  foin,  qui  efl: 
ferré  a^-ant  que  d'être  bien  (qc,  fermente,  s'échauffe 
&  prend  feu.  Quand  on  n'a  pas  de  quoi  faire  du 
feu  il  faut  s'e-V/îaa/^t.7- à  travailler.  Les  Laboureurs 
difent:  il  efl:  à  propos  quelquefois  de  jeter  de  l'eau 
fur  le  blé,  à  mefure  qu'on  l'entalfe ,  de  crainte  qu'il 


Manufadure  de  lainage.  Ils  fe  difent  lorfque  le 
foulon  par  négligence  ayant  foulé  ou  trop  long- 
temps, ou  trop  fortement,  la  pièce,  elle  devient  trop 
étroite,  &  perd  quelque  chofe  de  la  largeur  or- 
donnée par  les  Réglemens. 

Échauffé  ,  ie.  part.  &  adj.  Echauffés  du  vin  &  de 
la  débauche,  ils  montent  tous  armés  au  haut  du 
rempart.  Ablanc.  Les  François  qui  avoient  déjà 
la  tête  échauffée  de  vin  ,  &c  que  ie  voifinage  du 
Palais  de  l'Amhaffadeur  rendoir  infolens.  L'Ab, 
Regn.  Les  tranfports  d'une  imagination  échauffée. 
Fen.  On  appelle  bois  échauffé ^  celui  qui  efl:  fujec 
à  fe  pourrir,  &  qui  efl:  plus  ordinairement  rouge  , 
&  rempli  de  petites  taches  blanches  ,  rouilès  & 
noires.  Les  Ouvriers  l'appellent  bois  pouilleux. 
Il  n'eft;  pas  de  bon  fervice. 

§Cr  Échauffe  ,  fe  dit  quelquefois  fubfl:antivement, 
comme  dans  cette  phrafe,  fentir  YechauJJé ,  exha- 
ler une  certaine  odeur  provenant  d'une  chaleur 
exceflive. 

ÉCHAUFFURE.  f.  f.  Petites  rougeurs  ^  petires  éle- 
vures  qui  viennent  fur  la  peau  dans  l'échauffaifon. 
Ce  n'eft  qu'une  échauffure. 

ÉCHAUFOUR  j_  ou  ÉCHAUFOU.  Excalfarnum 
Lexoviorum.  Lieu  dans  le  Diocèle  de  Lizieux  j  en 
Normandie.  Il  eft  fitué  fur  un  petit  ruilfeau  qui 
entre  dans  la  Rille  ,  entre  l'Aigle  &  Séez.  On 
trouve  auin  en  Latin  Efcaljoium  _,  &  Efcaljoum  , 
d'où  s'eft  fait  ii'c/îaw/ôtt.  De  Valois,  Notic.  Gall. 

ÉCHAUFOUREE  ^  ou  ÉCHAUFFOUREE.  f.  f.  En- 
treprife  mal  concertée,  téméraire  ,  ordinairement 
malheureule.  Il  a  fait  une  étrange  échaufource.  De 
toute  cette  échaufourée  ,  bien  des  gens  fonij  perfua- 
dés  qu'il  n'en  arrivera  que  le  retardement ,  c'eft-à- 
dire  ,  la  rupture  du  voyage  de  Fontainebleau. 
M^.  De  Sevigné. 

(fJ'  On  le  dit  auffi  des  rencontres  inprévues  à  là 
guerre.  Ce  inor  n'eft:  que  du  ffyie  familier. 

ÉCHAUGUETTE.  f.  f.  Lieu  couvert  &  élevé  pour 

placer 


E  C  H 

placer  une  fentinellej  (<c  pour  décoiivrii:  ce  qui  fc 
p.iJie  aux  L-nvirons.  SpccuLa  ,  excuri.i. 

Ce  mot  ne  fe  ditjd'une  guérite  à  placer  une  lenti- 
nelle,  que  lorfque  cette  guérite  eft  aa  bois.  Spécula 
lignes.  Quand  elle  eft  de  pierre,  on  l'appelle  guérite. 
De  la  Fontaine. 
ÉCHAULER.  V.  a.  Terme  d'Agriculture  &  de  labou- 
rage, qui  fe  dit  des  blés.  C'eft  prendre  de  la  chaux 
amortie  ,   la  mettre  dans  l'eau ,  puis  en  arrofer  le 
blé  qu'on  veut  femer.  Cake  confpergere  -,  inficere  j 
mlfccre  calcem.    J'ai  échaulélà  plus  grande  partie  de 
mes  blés.  Ces  blés  ont  ère  echauus  avant  que  d'crre 
femés.  L16ER.  Les  Laboureurs  prétendent  que  cette 
manière  d'accommoder  le  blé    l'empêche    d'être 
brume,  &que,  s'ArniVechaulolent ^  ceblé  naîtroit 
bruiné.  Abus.    Id. 
ÊCHE.  Dans  les  mots  François  la  terminaifon  en  éche 
cft  longue,  comme  pêche,  dépêchej  revêche,  tout 
comme  la  terminailon  en  akhe,  fraîche,  (Sec.  Ces 
deux  terminaiibns  n'ont  aucune  dilîéience  pour  la 
proniionciation  :  auiîi  l'une    rime   tort  bien   avec 
l'autre.  Aujourd'hui  on  oce  prefque  toujours  1'^  en 
écrivant  ces  fyliabes  j    &,  pour  en  marquer  le  re- 
tranchement ,  on  met  un  accent  circonriexe   fur 
!'<; ,  èche. 
ÊCHB.  f.  m.  Ce  motfemble  venir  i'efca  ,  &  les  Pé- 
cheurs d'autour  de  l'aris  s'en  fervent  pour  hgniner 
amorce. 
ÉCHÉANCE,  f .  f .  Jour  auquel  on  doit  payer,  ou 
faire  quelque  chofe.  Termuius  Jatalis  ,  pi\ijcnpcusj, 
cercus  dies.  L'echJance  des  rentes,des  loyers,  feftipule 
à  la  tin  de  trois  mois ,  celui  des  Fermes  à  la  S.  Jean , 
t<£  à  la  S.  Martin  ordinairement.   Payer  un  billet  à 
fon  échéance. 
ÉCFiECS.     (  Le  dernier  c  ne   fe  prononce  poinr.  ] 
M.  Saraiîn,  î^:  >.l.  l  Abbé  deChoili  écrivent  écluts. 
D'autres  l'écrivent  de  même.  f.  m.  pi.  ordinaire- 
ment.   Latrunculi.   Jeu  de  petites  pièces   de    bois 
tourné  f  qui  fervent  à  jouer  iur  un  tablier  ou  da- 
mier, divifé  en  64  carreaux,  où  i'adrelfe  eil  telle- 
ment requife^  que  le  hafard  ne  s'en  mêle  point ,  & 
où  l'on  ne  perd  que  par  fi  faute.  Il  y  a  de  chaque 
côté  huit  pièces  ^A.  hait  pions ,  qui  ont  divers  mou- 
veniens  &  règles  pour  marcher.  Autrefois  on  jouoit 
avec  des  échecs  figurés,  comme  le  fonr  ceux   de 
l'Empereur  Cha'rlemagne,  qu'on  garde  encore  dans 
le  tréfor  de  S.  Denis.  iAR. 

Douât  écrit  ,  fur  lEunuque  de  Térence  ,  que 
Pyrrhus,  le  Prince  de  fon  liècle  le  mieux  entendu 
à  mettre  des  gens  en  b'' taille,  le  fervoit  des  loldats 
des  échecs  pour  former  fes  delfeins,  &  pour  en  mon- 
trer le  fecret  aux  autres.  Sar. 

On  a  appelé  un  des  Empereurs  Romains  ,  Au- 
gufle  ,  parce  qu'il  avoir  gagné  aux  échecs  dix  parties 
de  fuite.  C'eft  'v^opifcus  qui  l'écrit  dans  la  vie  de 
Pfoculus.  Sar.  Montagne  dit  que  le  jeu  des  échecs 
n  eft  pas  alfez  jeu  ,  &  qu'il  divertit  trop  férienfe- 
ment.  Toutes  les  fois  que  vous  rangez  vos  échecs 
en  bataille ,  fouvenez  vous  que  c'eft  mettre  les  fol- 
dats  en  bataille.  Sar.  En  Efpagne  les  villes  en- 
tières fe  font  défis  à' échecs.   Id. 

Les  échecs  font  un  jeu    très-ancien  &  univerfel. 
A  la  Chine  on  apprend  aux  filles  à.  jouer  aux  échecs 
pour  les  rendre  .agréables  ;  comme  on  leur  apprend 
ailleurs  à  dan  fer  &  à  chanter.    Sabadino  dit  que  le 
diable  étoit  un  grand  fot  d'employer  tant  de  moyens 
pour  faite  perdre  patience  à  Job  :  il  n'avoit  qu'à  l'en- 
gager dans  une  partie  à'échecs.  En  11 17  ,  dans  une 
bataille  qui  fe  donna  entre  les  François  &  les  An- 
glois ,  un  Chevalier  Anglois  ayant  faifi  la  bride  du 
cheval  du  Roi  Louis  le  Gros ,  &  criant  aux  Anglois 
le  Roi  eft  pris  ,  ce  Prince  le    jeta  à  fes  pieds  d'un 
coup  d'épee  qu'il  lui  déchargea  fur  la  tête,  en  lui 
difant ,  ne  fçais-tu  pas  qu'aux  échecs  on  ne  prend  pas 
le  Ho't  !  Jean  de  Salisbsry  ,  L.  I.  Polycr.  C.  j.  Na- 
varre ,  Enchirid.  C.  I.IX.  n.  •?.    Le  Cardinal  Cajé- 
tan  fur  la  féconde  de  SaintThomas,  q.  158.  art.  5. 
&  d'autres  graves    Auteurs  mettent  les  échecs  au 
nombre  des  jeux  défendus ,  parce  qu'ils  appliquent 
Tome  ÎII.  • 


trop.  De  ia  Mare.  Tr.  dau  Pol.  L.  III.  T.  IF.  C.  f. 
Fanierlan  a  été  un  fameux  joueur  d'échecs.  Le  Cà- 
iabroisafait  un  livre  du  jeu  des  échecs,  Sz  en  A 
montré  plufieurs  iyftêmes.  Jérôme  Vida  a  compofé 
un  agréable  Pocme  Larin  fur  les  éciiecs.  Louis  des 
Mazures  l'a  traduit  en  notte  langue.  Le  Chevalier 
Marin  a  aulli  rraduit  tous  les  vers  de  Vida  dans 
fon  Adone,  quoiqu'il  en  ait  un  jjeu  chan-'c  l'in- 
vention. 

M.  Sarafin  a  fait  un  petit  Traité  intitulé  ,  Opi- 
nions du  nom  (^  du  jeu  des  échecs. 

Ménage  rapporte  aufti  les  divers  opinions   fur 
l'origine  de  ce  mot.    Leunclavius  croit  qu'il  vient 
des   Ufcoqucs  ,  fameux  brigans  de  Turquie  ;  le  P. 
Sirmond  ,  de  l'Alleman  yc^c/i ,  qui  lignifie  larcin, 
&C  catculus.  Il  croir  que  c'ctoit  le  jeu  que  les  Romains 
appeloient  le  jeu  des  Larrons.  Voflius  &c  Saumaife 
tiennent  que  fcachus  peut  venir  de  calculas  ,  qui  a 
été   dit    pour  Litrunculus  ,    parce  qu'ils  ont  cru  j 
quoiqu'à  tort  ,  que  notre  jeu  d'échecs  étoit  la  mê- 
me choie  que  ludus  latrunculorum  des  Latins.  Gré- 
gorius  Tolafanus  dit  qu'il  vient  de  l'Hébreu/r/ziJcA , 
qui  lignifie  vallavh,  &  de  mat ^  qui  lignine  mor- 
tuus  e]l,déo\\  eft  venu  échec  &  mat.  Joannes  Fa- 
bricius  dit  qu'un  célèbre  Mathématicien  Perfan  j 
Scatrenfca  ,  en  a  été  l'inventeur  _,  &  lui  a  donné 
fon  nom  ,  qu'il  a  encore  en  Perfe^  Nicot  le  dérive 
de  Scheque  ,  on  Xeque  ^  qui  eft  un  mot  Morifque  i 
(\gn\.^2L\-\t  Seigneur  ,    Roi -^  on  Prince.    Bochart  dit 
anilî  que  ce  mot/cach  eft  originaire  Perfan  :  &  que 
Scach   mat  fignifie  ,  le  Roi  eji  mort.   L'opinion  dâ 
M.  Bochart   &  de  Nicot,  qui    eft  aufti  celle  de 
Scriverius,  font  les  plus  vraifemblables,  &  les  plus 
probables ,  félon  Sarafin  &  Ménage.  Saumaife  pré- 
tend que  ce  mot  vient  du  Grec  Ç«7-p/x(s»  d'où  il  a 
palR  en   Perfe.    Voye-^   une  Dillertation  curieufe 
iur  les  échecs  ,  rapporté   dans  le   cincjuième  tome 
des  Mémoires  de  l'Académie    des  Belles  Lettres, 
page  z  5 1 ; 

Le  Roman  de  la  Rofe  attribue  l'invention  des 
écchecs  à  un  nommé  Atalus.  La  commune  opinion 
des  anciens  eft  que  ce  fut  Palamède  qui  inventa  les 
échecs  &c  l'échiquiet  pendant  le  ficgede  Troie.  D'au- 
tres l'attribuent  à  un  Diomède  qui  vivoit  fous 
Alexandre.  Mais  la  vérité  eft  que  ce  jeu  eft  li  ancien 
qu'on  n'en  peut  favoir  l'auteur. 
Échec  ,  au  fingulier ,  eft  un  terme  de  ce  jed,  qui  fi- 
gnifie une  attaque  au  Roi ,  qui  j  ne  pouvant  être 
pris ,  eft  obligé  de  fe  couvrir  ,  ou  de  le  retirer.  On 
eft  obligé  d'avertir  le  Roi ,  quand  il  eft  en  échec  , 
ou  en  prife.  Et  on  appelle  un  échec  &  mai,  quand 
il  eft  tellement  ferré  <5c  attaqué  ,  qu'il  ne  peut  fe  re- 
tirer ,  ni  fe  couvrir  fans  être  pris  ,  ce  qui  termine 
la  partie.  On  appelle  l'échec  du  Berger  ,  celui  qui  fe 
donne  au  troidème,  ou  quatrième  coup.  L'échec  au 
Roi  &  à  la  Dame ,  ou  au  Roi  &  à  la  Tour  j  quand 
ces  deux  pièces  font  également  attaquées  par  une 
même  pièce. 

Les  Joueurs  d'échecs  difenr.  Roi  blanc  a  le  cul 
noir,  pour  dire  que  le  Roi  blanc  doit  être  pofé 
d'abord  fur  une  cale  noire. 

Sede  albusfefe  nigra  cenet  ,  ater  in  alha.  VivA. 

C'éft  tout  le  contraire  des  Dames  qui  gardenr  cha- 
cune leur  couleur. 

Et  proprium  fervant  prima  fiatione  colorem. 

Donner  échec  &  mat  à  tous  les  plats-  Abl  anc.  Cet- 
te façon  de  parler  eft  figurée  ,  bafie  &  burlelque. 
Échec,  fe  dit,  figdrément,  d'un  malheur  jou  deqnel- 
que  pette  qui  donne  atteinte  aux  biens  ,  à  la  lor- 
tune  ,  à  l'honneur.  Labes  j  detrimentum  ,  clades.  Ce 
favori  a  reçu  un  grand  échec.  Cet  échec  le  fir  retirer. 
Abl.  Cette  accufation  donne  un  grand  ec/iec  à  la  ré- 
putation de  ce  dévot. 

1^3"  On  dit  qu'une  armée  a  reçu  un  grand  échec ,' 
quand  elle  a  fait  une  perte  confidérable. 

Y  y  y 


5|8  ECH 

On  dit  qu'on  tient  des  troupes  en  échec ,  quand 
on  en  eft  li  près  ,  qu  on  peut  être  lur  elles  au  pre- 
mier mouvement  qu  elles  feront  :  qu'on  ti;;nt  trois 
o  I  quatre  placesen  cc/Ut,  quand  ou  ell  en  état  d  al- 
fieger  celle  qu'on  voudra  choilir. 

Eu  ce  lens,  on  dit  qu'une  citadelle  tient  une  ville 
encc/zef,  pour  dire,  qu'elle  la  tient  en  bride  ,  ou  lu- 
jette  ,  qu  elle  rcmpèche  de  le  révolter  :  que  le  Par- 
ieaient  d'Angleterre  tient  en  fc/zec  l'autorité  Royale, 
por.r  dire,  qu'il  la  retient  dnns  certaines  bomes. 

On  dit  proverbialement  qu'aux  éciiecs  les  tous 
foiît  les  plus  pioches  des  Rois. 

£CiiEDORE.  Rivière  tle  Macédoine  ,  qui  Te  dé- 
charge dans  la  in;r  Egée  près  de  Theilalomque,  au- 
jourd'hui Saloniki.  tchtdorus,  Hérodote  l'appelle 
Chidore,  Cludorus  ;  Sophien  ,  Caïko  j  le  Noir  , 
Grand  j  oc  Caftoidus  ,  f^ecer..jer.  Hoffwian.  L'ar- 
mée de  Xerxès  bue  tout  Vlzchéaore  j  &  le  mit  à  fec, 
au  rapport  d'Hérodote  ,  L.  VlI.C  \ij. 

ÏCHELAGE  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  Scalanum. 
C'ert  un  droit  de  pofer  une  échelle  fur  l'héritage 
d'autrui ,  pour  retaire  un  bâtiment ,  un  mur ,  &c. 
Cequi  eit  droit  à'échelage  d'un  côté  eft  fervitude  de 
l'autre. 

ÈCHELETTE.  f.  f.  diminutif.  Petite  échelle.  Sca.'a 
bixvijr.  On  dit  ce  mot  d'une  elpèce  de  petite  échelle 
plus  large  par  le  bas  que  par  le  haut,  dont  le  ler- 
vent  les  Charretiers  ,  loiiqu'ils  charrient  du  foin  ^ 
cette  échelle  le  mec  iur  le  devant  d'une  charrette  n- 
delée,  pour  contenir  le  foin  dont  elle  ell  chargée. 

ÉcHELETTE.  f.  h  eil  auili  une  elpèce  de  petite  échelle 
qu'on  attache  fur  le  bât  d'une  bcte  de  lomme,  pour 
y  accrocher  de  la  viande  ,  du  foin  ,  de  la  paille,  &C. 
Minores  fcjLi. 
-  ÊCHELIDEi.  Bourg  de  l'Attique  nommé  Echelides  , 
d'un  certain  Echélus,  qui  tiroit  lui-même  fon  nom 
d'un  heu  nommé  ÉAof ,  c'ell-à-dire,  waraw,  &  dans 
lequel  on  faifoirdes  jeux  folennels&  des  combats, 
pendant  que  les  Panathénées  tenoient, 

ÉCHELLE,  f.  f.  Scala.  En  Latin  on  ne  le  dit  guère 
qu'au  pluriel.  ScaU.  Inll ruinent  compofé  de  deux 
.perches ,  ou  pièces  de  bois  longues  6c  légères ,  tra- 
verfées  d'efpace  en  efpace  de  menus  bâtons  qui  fer- 
vent de  degrés ,  &  qu'on  nomme  échelons  ,  fur  lef- 
quels  on  met  les  pieds  l'un  après  l'autre,  pour  mon- 
ter,, ou  pour  delcendre.  Jacob  vit  une  échelle  par 
où  les  Anges  defcendoient  &  montoient  du  ciel  en 
terre.  Conllancin,  choqué  delà  févérué  inHexible 
d'Acèfe  ,  Evêque  Novatien  y  lui  répondit  :  Prenez 
donc  une  eV/?e//j ,  &  montez  feul  au  ciel.  Les  fol- 
dats  j  les  voleurs  fe  fervent  èi  échelles  pour  iurpren- 
dre  les  villes ,  pour  entrer  dans  les  maifons  par  les 
feiiêtres  ,  pat-delFus  les  murs.  Les  Ma(,-ons  fe  fervent 
èî cchelles  T^owx  monter  fur  leurs  échatauds.  On  tait 
auill  àe%  échelles  de  corde ,  de  foie  ,  qui  fe  plient  , 
&C  qin  font  portatives.  On  en  fait  auHi  de  btifées.  Il 
y  en  a  de  doubles  ,  qui  font  étendues  par  le  pied,  & 
qui  fervent  aux  Peintres.  Il  y  en  a  d'autres  pour  la 
guerre,  qu'on  tranfpoite  fur  des  roues  ,  &  qui  font 
■de  diverfes  conftrudions,  dont  on  voit  les  figures 
dans  la  Pyrotechnie  de  Hanfelet.  Plantei  les  échelle 
confe  les  murailles.  Abl.  Les  échelles  étoienc  déjà 
appl.quées.  ^i//7zovere  ,   applicare  fcalas. 

ÊcnELLEj  fe  prend  quelquefois  pour  le  Gibet,  à  caufe 
qu'on  fait  monter  avec  une  échelle  ceux  qu'on  pend 
aune  potence.  Ainil  on  dit,  celui-là  a  été  condamné 
à  adilàer  à  l'exécution  ,  à  avoir  le  fouet  au  pied  de 
l'échelle.  L'échelle  étoit  aniTi  Un  ligne  de  haute  Jufti- 
ce  ,  comme  ailleurs  les  fourches  patibulaires ,  où  les 
criminels  étoient  fuftigés  &  expofées  à  la  rifée  pu- 
blique. On  voit  encore  à  Paris  l'échelle  du  Temple  , 
qui  eft  la  marque  de  la  Juftice  du  Temple.  Il  en  eft 
parlé  dans  plufi.urs  Coutumes ,  de  Troyes  ,  de  Ne- 
vers  ,  de  Senlis. 

Échelle  de  Jardin  ,  c'eft  une  échelle  double,  haute 
environ  de  douze  à  quinze  échelons,  &  dont  les 
Jardiniers  fe  fervent,  foit  pour  cueillir  les  fruits  des 
arbres  à  plein  vent ,  pour  couper  les  branches  inuti- 
les, ou  pour  les  tailler.  Les  Tapilîlers  ont  auffi  des 


ECH 

échelles  doubles  j  pour  placer  un  luftre  ,  pour  y 
mettre  des  bougies ,  ôcc.  Les  échelles  doubles  fonï 
com.polées  de  deux  échelles  plus  larges  par  le  pied 
que  par  en  haut.  On  les  applique  parle  haut  ,  &c 
on  les  y  joint  par  une  vergi  dj  fer ,  ou  de  bois,  qui 
Ls  enule  toutes  deux  comme  un  dernier  échelon 
commun. 

Echelle  de  Couvreur ,  n'eft  bien  ft>uvent  aurre  chofe 
qu'une  corde  nouée  d'elpace  en  elpace  :  en  lorte 
que  chaque  nœud  eft  une  elpèce  d  échelon  ,  où  les 
Couvrv,urs  s'accrochent  par  le  moyen  d'un  crochet 
deterquils  ontàcliaque  jambe.  Les  Couvreurs  fe 
fervent  de  ces  fortes  d'ef/idZ/ej  ,  quand  ils  veulent 
monter  au  haut  de  quelque  tour,  ou  de  quelque 
clocher. 

Echelle  ,  feditaufli  d'un  rang  de  nœuds  de  rubans, 
difpofés  en  forme  à'ech^l.^ ,  que   les  femmes  por- 
tent le  long  de  leur  bufc,  depuis  le  fein  jufqu'à  la 
ceinture._  Cette  Dame  avoit  une  échelle  de  rubans 
de  fatin  bleu. 

Echelle,  en  termes  d'Architeélure  &  de  Géographie, 
le  dit  d'une  ligne  divifée  en  parties  égales, qui  ferc 
de  melure  commune  à  toutes  les  parties  d'un  bâti- 
ment ,  à  la  def'cription  des  Cartes  topographiques. 
Pour  iavoir  combien  cet  étage  a  de  haut ,  il  en  faut 
prendre  avec  un  compas  la  melure  fur  l'cc/u//;?.  Oa 
en  ufe  de  même  pour  lavoir  combien  il  y  a  de  lieues 
entre  deux  villes  marquées  fur  une  carte. 

Echelle  ,  ou  Bâton  de  Jacob ,  en  termes  de  Marine  j 
eft  un  inftrument  en  croix  divifé  en  femblables 
parties  égales  ,  qui  a  été  décrit  ci-devant  au  mot 
d' Arbalète. 

Echelle,  eft  auftî  un  nom  qu'on  donne  fur  la  Médi- 
terranée ou  mer  du  Levant  aux  villes  de  commer- 
ce ,  ou  aux  ports  qui  Ion  t  aux  côtes  des  Ifles  d'Afri- 
que &  d'Afie  J  dans  les  terres  de  la  domination  du 
Grand  Seigneur.  La  France  a  fes  Confuls,  fes  Ma- 
galins ,  fes  Bureaux  en  toutes  les  échelles  du  Levant, 
aulli-bien  que  la  plupart  des  autres  nations  ,  à 
Smyrne  ,  à  Saïd  ,  à  Alep  ,  au  Caire,  &c.  On  ap- 
pelle aulli  ces  places  des  pons  &  étapes.  M.  Frezier 
fe  fert  aulli  du  mot  échelle  ,  en  parlant  des  villes  &C 
ports  de  l'Amérique  méridionale,  où  les  autres  vil- 
les du  pays  viennent  faire  le  commerce.  Ainli ,  aux 
pages  1 5  S  iSi  1 5  5 >  de  fa  relation,  il  donne  l'idée  des 
villes  dont  Ylo  et^  l'échelle  pour  le  commerce  des 
marchandifes  d'Europe  ;  &  à  la  page  16 j^,  l'idée  de 
celles  dont  Pilco  eft  l'échelle. 

Ce  moi  vient  d'e/lale,  vieux  terme  de  Marine  j 
qui  ligmCion port  de  mer  qu'on  trouve  lur  fa  r»ute  , 
où  l'on  entre  par  occafion  pour  acheter  quelques  vi- 
vres ,  ou  pour  éviter  la  tempête  ,  eu  les  ennemis. 
C'eft  ce  qu'on  appelle/Lvree/t-û/'e;.  Du  Cange  dit  que 
fcala  fignifioit  autrefois  un  petit  port  qui  donne  en- 
trée en  un  plus  grand. 

Echelle  campanale  (  quelques-uns  difent  campa~ 
naire)  eft  une  règle  qu'ont  les  Fondeurs  pour  pro- 
portionner la  longueur ,  largeur  &  épallfeur  d'une 
cloche  à  fon  poids ,  Hc  pareillement  celle  de  fon 
battant ,  pour  lui  faire  rendre  un  certain  fon.  Ils 
ont  fait  cette  échelle  par  une  longue  expérience  , 
plutôr  que  par  une  voie  géométrique.  Elle  eft  cepen- 
dant curieufe  ,  &  on  la  trouve  au  lixième  livre  de  la 
Pyrotechnie  de  Riringuccio  ,  &  dans  le  P.  Mer- 
fenne.  On  l'appelle  aulli  brochette  ,  bâton,  règle  & 
diopafon. 

Les- Teinturiers  appellent  aulli  ecAf//e  j  un  cer- 
tain nombre  d'étages  qu'ils  donnent  à  la  clarté  &:  à 
la  profondeur  des  couleurs  ,  particulièremerx  à  cel- 
les qui  viennent  du  paftel. 

Echelle,  eft  aulli  un  inftrument  de  mufique  niiez 
grolîîer  ,  compofé  de  douze  bâtons  enfilés  enfem- 
ble  ,  &  lépatés  l'un  de  l'autre  par  des  grains  de  cha- 
pelet. Ils  vont  toujours  en  diminuant  depuis  le  grand 
qui  a  dix  pouces ,  jufqu'au  plus  petit  qui  en  a  trois. 
Leur  figure  peut  être  ronde  ,  ou  carrée,  ou  en  for- 
me de  prifme  ,  ou  de  parallélipipéde.  On  en  joue 
avec  un  petit  bâton  ,  dont  une  des  extrémités  eft 
tournée  en  boule.  Quand  cet  inftrument  eft  bien 


ECH 

touché  ,   il   rend    une   fjumphonie   afTcz  agréable. 

Échelle  ,  en  Géométrie  ,  elt  une  ligne  dioite  divi- 
lée  en  paities  égales,  qui  reprélencenc  des  pieds, 
des  toiles  ,  ou  telle  autre  mel'ure  que  l'on  votidra. 
Le  compas  de  proportion  tait  la  ronclion  d'échelle 
pour  toutes  fortes  de  pians  ,  en  le  fervant  de  la  li- 
gne des  parties  égales.  On  appelle  cchellc  libre  ,  une 
ligne  dont  la  longueur  n'ell  point  déterminée  ,  & 
fur  laquelle  il  cit  libre  de  fliue  des  divilions  de  telle 
grandeur  que  l'on  voudra.  Mais,  quand  la  longueur 
elt  déterminée  ,  .5:  que  les  parties  en  font  égales,  on 
la  nomme  échelle  concraince. 

Échelle  de  cordes.  Terme  de  Géométrie.  C'ell:  une 
ligne  droite  fur  laquelle  font  marquées  les  grandeurs 
des  cordes  de  tous, les  ^degrés  d'un  demi-cercle  ou 
d'un  quart  de  cercle. 

Échelle  DE  DixME,eft  aufli  un  terme  de  Géométrie.  On 
entend  par  ces  mots  une  ligne  ,  quoique  petite  j  di- 
vilée  par  dixaines  en  un  très-grand  nombre  de  par- 
ties dilcinétes. 

Echelle  de  retraite.  Terme  d'Artillerie.  Machine 
qui  fert  avec  la  ^chèvre  à  monter  les  canons  fur 
leurs  atrùts ,  quand  il  n'y  a  point  de  dautins.  De  la 
Font. 

Echelle  DE  FRONT,  en  Perfpeétlve  j  efl  une  ligne 
droite  dans  le  tableau  ,  qui  cil:  parallèle  .à  la  ligne  de 
terre  ,  &  qui  eft  divilée  en  parties  égales  ,  lefquel- 
les  repréfentent  des  piedsj  des  pouces ,  Sec-  Echelle 
juyante  ,  eft  une  ligne  droite  dans  le  tableau  ,  qui 
tend  au  point  de  vue  ,  &  qui  eft  divifée  en  parties 
inégales ,  lefquelles  repréfentent  des  pieds  j  des 
pouces ,  &c. 

On  dit,  proverbialementj  qu'il  faut  tirer  \ échelle 
après  quelqu'un,  pour  dire  ,  qu'il  n'y  a  rien  à  faire 
après  lui ,  qu'il  a  épuifc  la  matière,  qu'il  a  appris 
coût  ce  qu'on  en  pouvoir  favoir. 

On  dit  aulfi  ,  qu'on  punit  comme  voleurs  ceux 
qui  tiennent  le  pied  de  {'échelle. 

ifT  On  dit  que  des  troupes  font  portées  en  e'chel- 
îc  ,  quand  elles  lont  portées  de  diftancc  en  diftance  , 
les  unes  au  dellus ,  les  autres  au-delîous.  Le  Roi 
lailHi  environ  douze  mille  hommes  devant  Tour- 
nai ,  qui  écoient  portés  en  échelle  jufqu'au  champ  de 
bataille. 

LES  ECHELLES.  Ville  deSavoye^  qui  aprisfonnom 
d'un  grand  chemin  ,qui  y  ert  taillé  dans  le  roc.  Sca- 
l.t.  Quelques-uns  croient  que  c'eft  le  lieu  qu'Anni- 
bal  ouvrit  avec  le  feu  &  le  vinaigre. 

ÉCHELLER.  v.  a.  Scalis  ïnvaiere.  Scandere  ,  confcen- 
dere.  Vieux  mot ,  au  lieu  duquel  on  dit  à  préfent 
efcaladir. 

Écheller  ,  eft  aurti  un  terme  de  Coutumes  j  qui  fi- 
gnilie,  expoier  quelqu'un  fur  une  échelle  en  public, 
en  punition  de  quelque  crime  j  pour  lui  faire  faire 
amende  hoiiorable,&c.  Il  y  a  à  Paris  l'échelle  de  S. 
Martin  ,  &  l'échelle  du  Temple  ,  qui  fervoient  au- 
trefois à  cette  forte  de  fupplice  :  aujourd'hui  on  ex- 
pofe  au  carcan  &  au  pilori.  Coquille  décrit  en  ces 
termes  la  manière  à'echeller.  Au  haut  de  l'échelle 
font  cinq  pertuis  ronds,  pour  y  enfermer  la  tête, 
les  deux  bras  &:  les  deux  [pieds  du  condamné  ,  6c 
expofer  fon  infamie  &  fa  perfonne  à  la  vue  de  tout 
le  monde.  /^o>eç  cet  Auteur  fur  l'Article  15.  du  ti- 
tre de  la  Coutume  de  Nivernois. 

ECHELLIER.  f.  m.  Eft  une  pièce  de  bois  traverfée  de 
longues  &  grolTes  chevilles  ,  qui  fert  à  monter  au 
haut  des  grues,  des  engins  Se  des  eftrapades.  On  l'ap- 
pelle aulli  rancher. 

ECHELON,  f.  m.  Petite  pièce  de  bois  qui  traverfe  l'é- 
chelle. Gradus^jiandulafcalarls.  Cette  échelle  avoir 
■!^o  échelons. 

ÉcHteLON,  fe  dit,  figurément,  de  tout  ce  qui  fert  à  flxire 
palTer  d'un  rang  à  un  autre  plus  élevé.  Cette  charge 
eft  un  échelon  pour  monter  à  celle  de  Confeilier,  de 
Maître  des  Requêtes.  Il  eft  monté  d'un  échelon,  d'un 
degré  ;  il  eft  avancé  d'autant. 
ÉCHEMER.  V.  a.  Faire  un  nouvel  elTaim  d'abeilles. 
Examinare^fœtumeduçere, examen  emittere.  Po.mey. 
Il  eft  vieux. 


Ê  C  H  /59 

ECHENAL.  f.  m.  En  quelques  endroits  on  dit  éche- 
neuu^tk.  dans  quelques  Coutumes  on  trouve /c/ze/7e^! 
ces  trois  mots  hgnihent  la  même  chofe  ,  qui  eft  une 
gouttière  de  bois  pour  recevoir  l'eau  qui  découle 
de  delfus  les  toits ,  &  empêcher  qu'elle  ne  tombeau 
pied  du  mur  ,  ou  lur  le  fonds  des  voifuis.  Stillki- 
dium  ligneum. 

Ces  trois  mots  viennent  du  mot  chêne  ^  parce  que 
ces  fortes  de  gouttières  lont  faites  de  bois  de 
chêne. 

ÉCHENÈIS.  /^oycç  Remore. 

ÉCHENICHERRIBASSI.  f  m.  Nom  d'un  Officier  du 
Serrail.  Maître  ,  ou  Surintendant  du  Fournil.  Chef 
des  Maîtres  de  la  Boulangerie  &:  des  fours ,  &  de 
tous  ceux  qui  y  UAv:i\\\Qai.PtftorumPrd:Jecîus.  \JE- 
chenicherriiiijji  a.  cïnquame  afpres  par  jour  ,  &  une 
robe  de  brocard  d'or  tous  les  ans ,  avec  quelques 
dons  &  bienfaits  des  Bâchas ,  &c  autres  perfonnages 
d'autorité,  quand  il  leur  préfente  dts  mallepains  , 
du  métier  ,  du  bilcuit ,  &c  de  femblables  douceurs 
à  la  façon  des  Turcs  j  qui  n'eft  pas  des  plus  délica- 
tes. Vigenère  ,  IlluJlr.Jur  Chalcond.  p.  138. 

ECFIENILLER.  v.  a.  Ôter  les  chenilles  d'un  arbre, ou 
détruire  les  nids  des  chenilles.  Erucis  purgare.  On 
appelle  aulli  du  moellon,  ou  du  grès  échenille  ^ 
quand  il  eft  pic^ué  avec  la  fmille,  ou  marteau  à  deux 
pointes. 

Echenillé  ,  ée.  part. 

fCF  ÈCHENILLOIR.f.  m.  Outil  dont  on  fe  fert  pouc 
écheniller. 

ÉCHENO.  (.  m.  Tuhus  fuforius.  Terme  de  Fondeur» 
C'eft  un  baOïn  de  terre  que  les  Fondeurs  font  au- 
delfus  du  moule  de  leurs  figures ,  dans  lequel  tom- 
be d'abord  le  métal  pour  couler  de-là  dans  le  mou- 
le. Il  veient  du  vieux  mot  François  échencau,  tuyau^ 
ou  canal\  Se  on  difoit  j  Conduire  une  fontaine  par 
écheneaux. 

EcHENO  ,  fe  dit  dans  quelques  endroits  pour  échenal. 

|Cr  ÉCHEOIR  ,  plus  ordinairement  ECHOIR,  v.  n. 
Au  préfent  de  l'indicatif,  il  n'eft  guère  ufité  qu'à  la' 
troifième  perfonne.  Il  échch  ,  qu'on  prononce  ,  Se 
qu'on  écrit  même  quelquefois  il  echet.  Véchus  , 
)  écherra} ,  'fécherrois  ,  que  féchulfe  j  échéant.  Ar- 
river par  hafard ,  par  cas  fortuit ,  par  donation  , 
fucceiîion  ,  partage  j  ou  autrement.  Contingere  , 
ohûngere.  Le  gros  lot  lui  eft  cchu.  Ce  Domaine  lui 
écherra  en  partage.  Il  lui  eft  échu  une  bonne  fuc- 
ceflion  du  chef  de  fa  femme. 

§cr  Si  le  cas  écheuit  ,  fi  l'occafion  s'en  prélènte. 
Si  obûgevït ,  fife  dedcrit  occafio.  Exptellion  fami- 
lière. 

fC?  Échoir  ,  vient  du  Latin  excidere. 

^fT  On  le  dit  aufli  du  temps  préfix  auquel  on 
doit  faire  certaines  chofcs  ,  &  de  celles  qui  doivent 
fe  faire  à  certains  termes.  Le  premier  teime  ccheoit 
à  la  S.  Jean.  Cette  lettre  de  change  eft  cchue.  Le  ter- 
me de  ce  paiement  ne  doit  échoir  que  dans  ua 
an. 

ffT  Ce  verbe  eft  encore  en  ufige  ,en  parlant  des 
peines  qui  font  impofées  à  ceux  qui  interviennent 
aux  lois.  Dans  ce  cas  ,  il  échoie  une  amende  ,  une 
peine  aftUéfive. 

^fT  Ceft  pourtant  un  terme  de  pratique  j  ou  du 
difcours  familier. 
Échu,  ue.  part. 

ECHERPILLER.  v.  a.  Vieux  mot ,  qui  fignifie ,   pil- 
ler ,  voler  fur  les  grands  chemins.  PrAdari ,  latroci- 
nari. 
ÉCHERPILLERIE.  f.  f.  Vieux  mot.  Brigandage,  vol 
fur  les  grands  chemins.  Prxdacio  ,  latrocinium. 

Les  deux  mots  précédens  viennent  du  mot  fer- 
paut  ,  qui  fignifie  un  trouffeau  :  dans  plufieurs  de 
nos  mots ,  au  lieu  de  Y  s  ou  du  c  qu'on  y  voit  au- 
jourd'hui ,  il  y  avoir  autrefois  un  ch  \  ainli  de  cher- 
pdut  on  3.  iûx.  écher piller ,  qui  veut  dire  détroujfei;  j 
Se  echerpillcrie. 
ÉCMET.  i.  m.  Ce  mot  fe  trouve  au  pluriel  dans  quel- 
ques titres  ,  où  les  échets  veulent  dire  les  redevan- 

[      ces,  ce  qui  eft  échu. 

Yy  y  i] 


540  E  C  H 

£CHETE.  f.  f.  Vieux  mot,  qui  liguihoit  fuccefîîon  , 
hciitage.  Nos  vieux  Coutumiers  Se  les  Diplômes 
font  pleins  de  cette  expreliion.  Il  ne  nous  eil  reltc 
que  le  verbe  echeoir,  qui  fe  dit,  paiciculièrement, 
&;  dans  le  l'ens  propre ,  des  choies  qui  arrivent  par 
fucceflîon. 

ÉCHETLE.  Echeda.  Cétoit  une  ancienne  ville  de 
Sicile  ,  qui  fubliftoit  dès  la  première  guerre  Pu- 
rique.  Le  Géographe  Etienne  &  Polybe  ,  L.  I.  en 
parlent.  Bochar't  croit  que  ce  mot  elt  Hébreu  ,  ou 
Punique  ,  &  qu'il  s'ell  fait  par  la  tranlpolstion 
d'une  lettre  de  N^'iinx  ,  qui  peut  figniher  une  pla- 
ce fortiiîée.  P^oyei  aulli  Cluvier ,  Sud.  Ant.  L.  II. 
C.  10. 

ÉCHEVEAU.  f.  m.  Plufieursfils  tournés  &  repliés  en 
plufieurs  tours ,  &;  atcachés  en  un  endroit,  pout 
empêcher  qu'ils  ne  fe  mêlent ,  par  un  nœud  parti- 
culier qu'on  appelle  centaine.  <5'/^im  jdi  eyo'.un , 
fplrajîlacea  ^  filaccus  o;bis.  Une  poignée  de  fil  con 
tient  x.:ini(^écheveaux.  On  dévide  les  echeveaux  pour 
en  faire  des  pelotons.  Un  jour  Volfey  &Campegge, 
Légats  du  Pape  pour  examiner  le  mariage  d'Eien- 
ri  VIII.  iSc  de  Cacherine  d'Arragon  ,  un  jour  ,  dis- 
je  ,  qu'ils  allèrent  vifiter  cette  Reine  ,  pour  la  per- 
fuader  de  confentir  à  la  féparation  :  Je  vois  bien  j 
leur  dit-elle,  que  vous  venez  ici  pour  me  parler 
d'affaires  qui  font  au-deiTus  de  ma  connoiUance  : 
voilà  ,  continua  -  t  -  elle  ,  en  leur  montrant  un 
echeveau  de  fil ,  qui  pendoit  à  l'on  cou  ,  de  quoi  je 
fuis  capable,  &  dont  je  fais  aulli  toute  mon  occu- 
pation. Larrhy. 

Il  y  avoir  autrefois  une  façon  decocffure  de  fem- 
me ,  qu'on  appelciten  échevedu,  parce  cruelle  iiui- 
toit  les  echeveaux  de  fil. 

Echeveau  ,  fe  dit ,  en  termes  d'Anatomie,  d'un  amas 
de  fibres.  La  glotte  n'a  nulle  profondeur  que  la  dou 
ble  épailFeur  d'une  membrane  ,  &  de  {'echeveau  des 
fibres  charnues  c?i  tendineules,  dont  l'intervalle  de 
ces  deux  membranes  eft  fourré.  Dodard.  Acad. 
d.  Se.  1700.  Mcm.v.  251.  Ces  fibres  lont_  attachées 
fortement  par  leur  extrémité  antérieure  j  &  forte- 
ment arrêtées  par  leur  extrémité  pollérieure  ,  îk 
elles  lont  enfermées  ,  chaque  echeveau  de  chaque 
côté ,  dans  le  pli  d'une  membrane  double  &  af- 
fez  forte.  Id. /?.  i^^},  Echeveau  tendineux.   Id.  p. 

ECHEVELE  ,  ée.  adj.  Qui  a  les  cheveux  épars  & 
en  défordre,  fe  dit  plus  oïdinairement  des  femmes 
que  des  hommes.  Solutis  j  J'parjis  ,  p':Jfii  capidis. 
On  peint  les  Furies  &  les  Bacchantes  echeveUes  , 
pout  les  rendre  plus  aflreules.  Les  mères  écheve.'ecs 
pleuroient  la  monde  leurs  enfans.  Abl.  Elle  accourt 
l'œil  en  feu  ,  la  tête  échevcléc.  Boil.  Les  Peintres 
nous  repréfentent  fouvent  Sainte  Magdeleine  éche- 
yelée  j  parce  qu'elle  fe  fervit  de  fcs  cheveux  pour 
elfuyer  les  pieds  de  Notre  Seigneur;  &  cela  eft  mê- 
me palïe  en  proverbe  :  échevelee  comme  la  Magde- 
,  leine. 

ECHEVER.  v.  a.  Vieux  mot,  qui  fignifie  échapper, 
éviter.  Vitare  _,  effugere  ,Jc  fubducere.  Echever  la 
prifon. 

•ECHEVIN.  f.  m.  Scabinus  j  Couful,  Decurio.OSidex 
qui  eft  élu  par  les  habitans  d'une  ville  pour  avoir 
foin  de  l.urs  affaires  communes  ,  de  l'entretien  & 
de  la  décoration  de  la  ville.  A  Paris  il  y  a  un  Prévôt 
des  Marchands  &  quatre  fcAev/'w^.  Ils  ont  un  Bu- 
reau &  un  Jurifdidtion  qui  s'étend  fur  tous  les 
potts,  &fii  '  s  Marchands  de  plufieurs  marchandi- 
fes  qui  y  abordent  par  eau.  Ils  font  maîtres  de  la 
navigation  des  rivières  qui  fe  rendent  à  Paris.  Ils 
connoiffent  aullî  des  rentes  conftituées  fur  l'hôtel  de 
ville  ,  &  des  différends  qui  naiffént  pour  les  rentes, 
ou  entre  les  payeurs.  Ils  mettent  les  taux  aux  mar- 
chandifes  &  denrées ,  &:c.  Les  appellations  en  ref- 
fortilfentau  Parlemenr.  Aux  autres  villes  il  y  a  un 
Maire  &  des  Echevins.  On  les  appelle  Confuls  en 
Lsnsjuedoc,  en  Provence  &  en  Dauphiné  ;  Capi- 
touls  à  Touloufe  ,  &  Jurats  à  Bordeaux.  Ancienne- 
Hient  les  Echeyins  étoient  AlTeHèurs  Se  Confeillerj 


ECH 

des  Comtes  j  ^'  Juges  fies  villes.  C'eft  pourquoi  e» 
quelques  villes  ils  s'appellent  Pairs ,  qui  eft  ua  nom 
de  Juges  ,  Allelleurs  ,  ou  Conledlers.  Ils  jugeoient 
même  feuls  les  pentes  caufes,  &  de-là  vient  aufii 
qu'en  plufieurs  villes  ils  ont  ufurpé  le  premier  de- 
gré de  Jurudiétion  ,  pour  juger  les  caules  légères  , 
Ôc  ils  ont  balle  Juftice.  f^'oye^  Loifeau.  Du  Cange 
dit  que  les  Juges  &  leurs  AiVeireurs  ,  qui  étoient 
chonis  par  leurs  habitans  j  s'appeloient  Sca/nni, 
^  leur  Collège  J  Scabiiiagium  ,  iichevinage.  Il  die 
aulii  que  quelques  Auteuisles  ont  appelés  PiJC/ttr/Vj 
à  cauîe  que  leur  Jurifdidion  entretenoit  la  paix 
dans  leur  ville  iSc  dans  la  banlieue  ,  qu'on  appeloic 
pax  vdU, 

Les  Echevins  font  aulli  très-fouvent  ce  que  les 
Édiles  étoient  à  Rome  ,  &  le  Magiftrat  qu'on  ap- 
pelûit  potejlas ,  dans  les  petites  villes  d'Italie.  On 
dit  encore  aujourd'hui  pode/iac.  Les  Grecs  l'appel- 
lent âyop«o'fiaf,  &c.  En  Hollande,  la  londion  des 
Lchevois  elt  de  juger  les  affaires  civiles  en  premiè- 
re inftance.  Ils  jugent  aulli  les  affliires  criminelles  ; 
&,  fi  l'accufé  confelle  fon  crime  ,  ils  peuvent  faire 
exécuter  leur  jugement ,  foit  de  morr ,  loit  de  quel- 
que autre  peine  aftlictive  J  fans  appel.  Ils  peuvent 
même  faire  donner  la  queffion  ;  &  ,  fi  le  criminel  la 
foutientfans  confeirer,  ils  jugent  le  procès  félon  la 
forme  civile ,  &  faut  l'appel  à  la  Cour  de  Hollande. 
Le  nombre  des  Echevir.s  n'eil  point  égal  dans  tou- 
tes les  villes.  Il  y  en  a  neuf  à  Amftetdam  ,  lept  à 
Roterdam,  &c. 

Quelques-uns  croient  que  ce  mot  vient  de  chef  ^ 
à  caufe  que  ce  font  eux  qui  mettent  à  ckej  les  affai- 
res de  la  ville.  Pour  confirmer  leur  conjeéhire  ,  ils 
repréfentent  que  l'on  difoit  autrefois  Chevetaine 
pour  Capitaine ,  &  échever  pour  découvrir  fa  tête, 
ou  la  détourner  pour  éviter  d'y  être  frappé.  Menest. 
/////.  de  Lyon  J  p.  541. 

Ménage  croit  qu'il  vient  de  Scabinus ,  ou  Scabi~ 
dnius  ,  qui  fe  trouve  dans  les  Capifulaires ,  &  que 
c'eft  un  mot  Allemand.  Cujas  &  Chopin  difent  que 
ce  mot  eft  dérivé  de  l'Hébreu.  Ragueau  croit  quil 
vient  de  l'Allemand  Schaffer,  ou.  fcafftn -^  &  dit 
qu'on  a  appelé  S  chai  &  Schabin,  un  Juge  Inquifi- 
teur,ou  Réformateur.  Il  s'imagine  aufli  que  les 
Echevins  anciennement  peuvent  avoir  été  les  Juges 
ou  Confeillers  de  l'Echiquier.  Quelques-uns  les  onc 
appelés  burlefi-iuemeut  Lechevins  ,  parce  qu'autre- 
fois ils  dévoient  goûter  les  vins  pour  y  mettre  le 
taux  Se  la  police.  Borel  le  dérive  de  cavere  ,  dans  le 
fens  de  Juge  Se  confervateur  des  intérêts  publics. 
Pafquier  dit  que  le  moc  d'Echevin  vient  de  S eiélni  ^ 
dont  eft  fait  mention  fréquente  dans  les  anciennes 
lois  des  François.  Lipfe  dit  que  ce  mot  vient  de 
Schepen  mot  Allemand,  c[m(vTp.\^Q  Juge^ Senaceur, 
Jurât  Se  Echevin.  Le  P.  Meneftrier  j  Hift.  de  Lyon  , 
p.  541.  qui  eft  de  ce  même  fentiment,  ajoute  que 
ce  nom  le  ttouve  dans  les  lois  Lombardes  ,  &  dans 
les  Capitulaires  de  nos  Rois.  SchepenenjÇelon  Non- 
nius ,  en  fes  Lois 'municipales ,  font  les  Confeillers 
de  ville  ,  qui  ont  foin  des  affaires  publiques.  Ceux 
qui  veulent  des  origines  plus  reculées,  le  tirent  f>ri?, 
Schaven  ,  qui  fignifie  en  Syriaque  des  hommes  rai- 
fonnablesj  juftes  ,  &  propres  d  conduire  des  affai-' 
rcs.  Menestrier. 

ÉcHEviN  DU  Palais.  Nom  d'un  ancien  Officier  de  la 
Maifon  de  nos  Rois  de  la  première  race.  Le  Comte 
du  Palais  avoit  pour  Confeillers  des  gens  d'épée 
comme  lui ,  qu'on  nommoit  Echevins  du  Palais.  Le 
Gendre. 

ECHEVlNAGE.f.  m.  Charge  d'Echevin  ,  &  le  temps 
qu'il  eft  en  charge.  ConJuiatus.L'Echevinage  eft  une 
chofe  bien  briguée.  Ce  bâriment  public  a  éré  fait 
de  VEckevinage  de  tels  &  tels;  pendant  le  temps  de 
leur  Echevinage.  Il  y  a  des  villes  onVEchcvinage  en- 
noblit. 

Ip-  ÉCHEUTE  ,  ou  ÉCHÛTE.  La  même  chofe 
qu'EcHoiTE.  Foye^  ce  mot. 

ÉCHIDNA.  Monftre  produit  par  Chryfaor  &  Cal- 
lirhos ,  ayant  la  moitié  du  corps  d'une  belle  Nym^ 


ECH 

phe  ,  rautre  moitié  d'un  feipeac  affreux  Se  terrible. 
C'eil  de  (on  commerce  avec  Hercule  ,  que  les 
Grecs  prccendent  que  les  Scythes  tirent  leur  cri- 

Sine.  •  /-   ,• 

ÉCHIF.adj.  FowAT.  Terme  de  Vénerie  ,  qui  ieaitdes 

,    chiens  ardcns  à  manger. 

ÉCHIFFRE.  f.  m.  Termed'Archireôture.Celtunmur 
"iui  fert  de  bafe  à  un  eicaiicr ,  qui  en  foutieur  la 
charpente  ou  les  marches,  la  baluftrade  les  ap- 
puis, &c.  On  du  un  mur  à'échiffre,  ouet/z^ff/e  ablo- 
lumenc.  On  ledit  aulli  de  la  charpente  d'un  elca- 
lier.  Cet  cchijfre  fera  compole  de  deux  patms ,  de 
quatre  noyaux  ,  de  rant  de  limons  &  d'appuis  ,  de 
tant  de  paliers ,  de  tant  de  balullres  tournés,  de  tant 
de  marches  moulées. 

|Kr  ECHIGNER.  Terme  populaire.  On  dit  Echiner. 

ÉCHIGNOLE.  f.  f.  Terme  de  Boutonnier,  ou  Ou- 
vrier en  gance.  C'eft  une  efpèce  de  tuleau  dont 
ils  fe  fervent  pour  mêler  enfemble  les  différens 
brins  de  foie  ou  de  tîl  dont  ils  doivent  faire  leur 

ouvrage.  i    r.    i    ■ 

ÉCHIK-'AGASI-BACKI.  f  m.  Terme  de  Relations. 

L'rlcnik-Jgi^/i-Backi  ell  Grand-Maître  des  cérémo- 
nies à  la  Cour  de  l'erfe.  La  qualité  de  Kan  eft  an- 
nexée à  fa  charge  ,  auffi-bien  que  le  gouvernement 
de  Téhéran  vers  Casbin.  VEduf^-AgaJi-B.ichi,  pour 
marque  de  fa  charge  ,  porte  un  bâton  couvert  de 
lames  d  or  ^  &  garni  de  pierreries.  Il  eft  chef  de  tous 
les  Oflicieis  de  la  garde  du  Roi  ••  c'eft  le  Seigneur 
de  la  Cour  le  plus  magnifiquement  habillé  ,  ce  qui 
convient  fort  bien  à  fa  charge.  Quand  le  Roi  monte 
achevai,  il  le  précède  toujours  \,  &c  ,  quand  il  don- 
ne audience  aux  Am'j  dfadsurs  &  aux  Etrangers ,  il 
les  tient  parle  bras.  Mag'ius  Ceremonialis  arbiterm 
Regno  Perjico.   f^oye^  Samfon  ,    Eue  préfcnt  du 
Royaume  de  Perfe. 
ÉCHILLON.  f  m.  Terme  de  Marine  de  Levant.  C'eft 
une  nuée  noire ,  d'où  fort  une  longue  queue  qui  va 
toujours  en  diminuant,  &  qui,  s'atongeant  dans  la 
mer  j  en  tire  l'eau  comme  une  pompe  avec  tant  de 
violence,  qu'on  voit  bouillonner  l'eau  tout  alen- 
tour. Sïvho.  Les  Matelots  craignent  plus  que  toute 
autre  tempête  cet  étrange  météore.  Ils  croient  qu'en 
piquant  dans  le  mât  un  couteau  à  manche  noir,  cela 
détourne  l'orage  \  tant  ils  poullent  loin  la  fuperf- 
tition.  C'eft  prefque  la  même  choie  que  ce  que   fur 
l'Océan  on  appelle 7^)7^0«.  (^oye\  Puchot,  Trom- 
be ,  &c. 
ÊCHIN.  f.  m.  Médecin  du  Serrait.  Medkus.  Il  y  a 
dans  le  Serrail  dix  Echins ,  ou  Médecins ,  dont  trois 
font  ordinairement  Juifs.  La  jaloufie  du  Souverain 
rend  leurs  fondions  très-dangereufes.  Les  Echins 
ou  Médecins ,  m  les  Géraclers  ou  ,  Chirurgiens  , 
n  oferoient  traiter ,  ni  panfer  qui  que  ce  foit ,  fans 
fa  permiflion. 
ÊCHINADES.  Ancien  nom  de  cinq  petites  Ifles   fi- 
tuées  dans  la  mer  Ionienne ,  fur  la  côte  de  l'Acar- 
nanie.   Echinades.  les   Echinades    s'appellent  au- 
jourd'hui Curzolui  ,  ou  Cuzzolari.  RufcelliSc  Pi- 
net  les  nomment  falées.  Les  Modernes  n'en  comp- 
tent que  trois.  Ce  ne  font  proprement  que  des  ro- 
chers défetts.  Elles  font  liîu.-es  à  la  bouche  du  Gol- 
fe de  Lépante  :,  ou  de  P.atras ,  &  vis-à-vis  du  fleuve 
Acheloiis ,  qui  divifoit  autrefois  l'Acamanie  de  l'E- 
tolie.  Ovide,  M.'V.  L.  V[!I.  v.  593.  &  fuiv.  feint  que 
des  Naïades  furent  changées  en  ces  Ifles  par  Nep- 
tune &  par  Acheloiis.  C'eft  proche  de  ces  Ifles  que 
fe  gagna  en   1571.   la   faaieufe    bataille    de    Lé- 
pante. 
ÉCflINE.  f  f.  L'épine  du  dos  ,  les  vertèbres  qui  font 
depuis   le  milieu  des  épaules   jufqu'au  croupion. 
Spina.  dorfi.  Il  eft  tombé  fur  cet  efcalier,    il  s'eft 
rompu  Xccklne. 


Tandis  que  CoHetet ,  crottJ  jufqu'à  l'écWine , 
Ka  mendier  fon  pain  de  cuijinc  en  cuijîne. 

BOIL 


ECH  J4Î' 

^  Ce  mot  vient  àifpina ,  félon  Nicot,  Ménage  le 
dérive  àoJckicn.T,  Italien. 

On  le  dit  auffi  des  chevaux  &z  d'autres  animaut. 
On  appelle  maigre  ec/u/ie  un  grand  homme  menu  , 
&  maigre.  On  dit  aulîi  longue  échine  dans  le  même 
fens.  Il  eft  l'amilier. 
ECHINE  ,  eft  auili  un  terme  d'Architedure.  Echinus^ 
C'eft  un  membre  j  ou  ornement  de  figure  ovale,  qu^ 
eft  au  haut  du  chapiteau  de  la  colonne  Ionique 
Corinthienne  &c  Compofite.  Il  relfemble  à  dei' 
œuts  ou  des  châtaignes  ouvertes ,  Ik  arrangées  les 
unes  auprès  des  autres.  C'eft  ce  qu'on  appelle 
ove. 

Ce  mot  vient  du  Grec  i%ï>tç ,  qui  fignifie  châtai~ 

gne.  Au  refte  ,  le  mot  Grec  &c  le  Latin  echinus  étanc 

du  mafculin  j  il  paroîtroit  aufli  plus  raifonnable  de 

le  faire  en  François  du  mafculin.  Cependant  l'ufage 

,   eft  contraire. 

ECHINEE,  f  f.  Pièce  de  chair  d'un  cochon  qui  fe  cou- 
pe fur  le  dos.  Imbrex  porû.  C'eft  un  bon  ragoûc 
,    qu'une  tcAi/.'eV  aux  pois. 

ECHINER,  v.  a.  Rompre  l'échiné.  Il  l'a  échiné  d'un 
coup  de  bâton.  Ce  fardeau  eft  trop  pefant  ;  il  eft 
capable  de  vous  échiner.  Spinam  dorsi  abrumpere. 
iyT  On  leditj  au  figuré,  pour  alfommer  de  coups 
dans  un  combat,  dans  une  mêlée.  Il  y  eut  deux 
mille  hommes  échinas  dans  cette  déroute.  Intcrfi- 
cere.  Il  eft  du  ftyle  populaire  ,  ou  très  familier  dans 
l'une  &  l'autre  acception.  Le  peuple  dit  par  corrup- 
tion échigner, 
ÉCHINE  ,  É£.   part. 

ECHINITE.  f  m.  Terme  d'Hiftoire  naturelle.  Echi^ 
nites.  Pierre  femblable  à  la  coquille  appelée  fc:A//2«j. 
Voyc\  au  mot  CONCHITE  la  formation  de  ces 
pierres. 

Les  EcHiNiTES ,  ou  boutons  de  mer,  font  des  co- 
quilles pétrifiées  que  l'on  trouve  dans  des  carrières 
du  Berry ,  &  dont  l'intérieur  eft  rempli  de  craie. 
Quand  on  a  la  patience  de  délayer  cette  craie  en  la 
lavant,  on  reconnoît  aifément  la  coquille  de  l'our- 
fin.  J'en  ai  diftingué  deux  efpèces;  l'une  qui  relfem- 
ble fort  à  ce  petit  echinus  ,  commun  fur  les  côtes 
de  S.  Domingue  ,  &  dont  il  y  a  un  fi  grand  nombre 
au  Jardin  du  Roi ,  l'autre  m'a  paru  être  la  coquille 
de  Vhyftrix  mariùmus  Imperatï.  Ces  échinucs  font 
bien  différens  des  cchinites  ordinaires,  qui  font  pouc 
la  plupart  des  piètres  polies  ,  dures  comme  du  mar- 
bre ,  &  fur  lefquelles  on  voir  feulement  l'impref- 
fion  de  l'intérieur  de  la  coquille  de  l'echinus. 
ECHINOPE.  f.  m.  Chardon  fphérique.  Echinopus. 
|k7"  On  en  connoît  deux  efpèces,  le  grand  &  le  pe- 
tit. Le  fommet  de  leurs  tiges  eft  armé  de  têtes  fphé- 
riques,  qui  portent  des  fleurons  évafés.  Ces  deux 
plantes  font  fudorifiques.  On  les  emploie  dans  la 
pleurélie.  "*•• 

ECHINOPHORE.  f.  f.  Plante  dont  le  calice  eft  conx- 
pofé  d'une  feuille  en  forme  d'étoile  ,   divifé  en 
cinq  fegmens  ,  &  enfermant  le  pédicule  de  l'om- 
belle. Son  fruit  forme  une  capfule    anguleufe  Sc 
hériflee  de  pointes  ,  qui  contient   une    femence 
longue. 
ÉCHINOPHTALMIE.  f.  f.  Inflammation  aux  patries 
de  la  paupière  qui  font  garnis  de  poils,  De  f;^»'»»^, 
hcriffon  ,  Se  de  'c<prax^,ia  ^  ophtalmie. 
ECHÏNOPODE.  f.  m.  Arbriffeau  qu'on  ne  trouve  que 
dans  l'Ifle  de  Crète  ,  dans  flfle  de  Chio,  &  dans  la 
Grèce.  Il  eft  très-difficile  à  conferver  :  il  ne  peut  fup- 
porter  le  froid,  ni  en  hiver ,  ni  en  été.   l^oye^-en  la 


defcription  dans  le  Didionnaire  de  James. 
ÉCHION.  f  m.  Nom  dune  plante  que  les  reptibles 
venimeux  abhorrent.  Echion.  Cette  plante  croîc 
très-abondamment  aux  environs  de  Paris,  en  Dau- 
lïhiné,  près  de  Grenoble  &  d'un  refte  de  Tour 
qu'on  v  voit  &  qu'on  appelle  la  Tour  fans  venin  , 
parce  cju'une  longue  expérience  apprend  que  les  ani- 
maux venimeux  n'y  nailfent  point  ;  que  incme  ils 
n'ofent  l'abotder ,  Se  que  les  araignées  y  rrouvenc 
une  mort  certaine,  fi  on  les  y  porte  d  ailleurs. 
Giégoire  de  Tours  ,    Si  Gervais  de  Tihsbery  eri 


J42.  E  C  H 

parlent  ;  &  Choiier ,  en  fon  Hiflùire  de  Dauphine, 
L.  I.  p.  45  &   46.  allure  que  cette  vertu  dure  en- 
core j  &  l'attribue,  ou  à  la  violence  du  vent  du 
nord  qui  y  fouffle  j  ou  à  la  plante  échionqvn  naît 
aux  environs  très-abondamment.     C'ell    ce  qu'on 
appelle  vipérine^    Foyei  ce  mot. 
ÉCHION.  f.  m.  Fils   de  Mercure,  &  d'Antianire 
fut  un  des  Argonautes  à  qai  il  lervit  d'elpion  pen- 
dant le  voyage,  parce  qu'il  ûtoit  fin  &  rule  j  c  elt 
peut-être  pour  cette  qualité  qu'on  l'a  fait  fils  de 
Mercure. 
ÉcHiON  ,  mari  d'Agave  ,    &   père  du    malheureux 

Penthée. 
ÉCHIQUETÉ,  ouECHiQUE,  ée.  adj.  Terme  de 
Blafon,  qui  fedit  de  l'écu  qui  ell  divilé  en  échiquier. 
Tejfetlatus.  Un  ccu  cchïquctc  d'or  &  d'azur  ,  d'ar- 
oent  (ii^'  de  fable.  Il  faut  qu'il  foit  du  moins  compofc 
de  fix  traits  j  ou  de  vingt  carreaux.  Quand  il  y  en 
a  moins ,  on  èi\x.  points  équipoUés  ;  de ,  quand  il  n'y 
en  a  qu  une  tire  ,  on  l'appelle  compone. 

On  le  dit  aulli  non-feulement  des  pièces  hono- 
rables dont  l'écu  efl;  charge  ,  mais  même  des  ani- 
maux ,  comme  aigles  &  lions ,  quand  ils  font  char- 
gés ou  divifés  par  de  femblables  carrés.  Il  portoit 
d'or  au  lion  de  gueules ,  charge  de  trois  bandes  , 
■echiquete  à'dLïgQWi  Se  d'azur  de  deux  traits. 
ÉCHIQUIER,  f.  m.  Tablier  divifé  en  6j,  carreaux  de 
deux  couleurs  j  fur  lequel  on  joue  aux  Dames ,  aux 
Echecs.  Alveolus  luforius.  Echiquier  d'wohe,  d'am- 
bre ,  de  bois. 

On  dit  que  des  arbres  font  plantés  en  échiquier  , 
in  quincuncem  ,  quand  ils  font  plantés  de  forte  ,  que 
leur  figure  repréfente  plufieurs  carres,  ou  un  échi- 
quier. 

|p°  On  dit  lieu  planté  en  éeniquier^  lorfqu'il  eft 
fur  un  trait  carré  ,  formant  des  allées  de  tous  côtés. 
On  dit,  en  termes  de  Marine  ,  que  des  vailfeaux 
font  en  échiquier^  loifqu'ils  ne  courent  pas  lut  la 
même  ligne  \  enferre  que  les  lignes  fur  lefquelles 
ils  courent ,  fe  croifent  comme  les  lignes  d'un  échi- 
quier,  ou  comme  des  arbres  rangés  en  échiquier. 

L'ÊVrii/wicr  de  Normandie,  Szacarium,  étoit  une 
Juftice  foLiveraine  ,  on  féancedeCommillaire  ,  ou 
de  Magiftrats  délégués  pour  tenir  une  elpèce  de 
Grands  Jours  dans  une  Province.  Sous  les  Ducs 
de  Normandie  XEchiquier  étoit  une  ailîfe  générale, 
où  fe  ttouvoient  les  principaux  Seigneurs,  pour  ju- 
ger les  affaires  les  plus  importantes  en  dernier  ref- 
fort.  Les  Prélats,  les  Barons ,  &  les  Baillifs  Royaux 
y  dévoient  affifter.  Il  fut  créé  par  le  Duc  Raoul , 
après  que  la  Normandie  lui  eut  été  cédée  par  Char- 
les-le-Simple ,  vers  le  commencement  du  X*^.  fiè- 
cle.  Il  fut  établi  en  la  place  At%  Comtes ,  ou 
Commilj^ires  ,  que  les  Rois  envoyoient  dans  les 
Provinces  ,  avec  une  pleine  autorité.  Le  Duc 
Raoul  créa  auili  un  grand  Sénéchal,  qui  réformoit 
les  jugemens  des  Juges  inférieurs,  pendant  que 
VEchiquier  n'étoit  point  allemblé.  Comme  ['Echi- 
quier etoit  ambulatoire  ,  &  qu'il  n'étoit  point  per- 
pétuel ,  la  charge  de  Grand  Sénéchal  fut  fupprimée 
par  la  mort  du  Sénéchal  de  Normandie  ;  VEchiquier 
fut  fixé  à  Rouen  ,  comme  dans  la  capitale  de  Nor- 
mandie, &  rendu  perpétuel  à  la  requête  des  Etats 
de  la  Province,  par  le  Roi  Louis  XII.  en  l'an  1499. 
Se  François  I.  lui  a  fubftitué  le  noin  de  Parlement 
en  1 5 1 5.  Ainfi  le  Parlement  de  Rouen  eft  ce  qu'on 
appeloit  autrefois  l'Echiquier.  Il  y  a  eu  aulli  un 
Echiquier  à  Alençon  ;  &  l'Archevêque  de  Rouen 
prétend  avoir  un  Echiquier,  8c  Cour  Souveraine 
pour  les  caufes  dépendantes  du  temporel  de  fon 
Archevêché.  Vers  le  temps  de  Philippe-le-Bel,  on 
tenoit  deux  échiquiers  à  Rouen  chaque  année,  com- 
me deux  Parlemens  à  Paris.  Sur  VEchiquier ,  ou 
Parletnent  de  Rouen.  F'oye^  la  Defcription  Géo- 
graphique &  Hiftorique  de  la  Haute-Normandis.  tom. 
2.  p.  i6z. 
Échiquier  d'Angleterre.  On  appelle  Cour  de  l'E- 
chiquier,  une  Cour  où  l'on  juge  les  caufes  touchant 
les  comptes,  débourfemens,  impôts ,  douannes  & 


ECH 

amendes.  Elle  eft  compofée  de  fept  Juges,  qui 
font ,  le  Grand  Tféforier  ,  le  Grand  Chancelier 
de  V Echiquier j  le  Lord  Chef  Baron  ,  les  trois  Ba- 
rons de  r Echiquier j  &c  le  Curfitor-Baron.  Les  deux 
premiers  s'y  trouvent  rarement.  Le  Chef- Baron 
eft  le  principal  Juge.  Cette  Cour  de  l'Echiquier 
eft  fubdivilée  en  deux.  L'une  s'appelle  Cour  de 
loi j  (k  l'autre.  Cour  d'équité.  Autrefois  les  Evê- 
ques,  &■  les  Barons  du  Royaume  ,  avoient  féance 
à  la  Cour  de  VEchiquier.  Aujourd'hui  ces  deux 
Cours  lont  tenues  par  des  perfonnes  qui  ne  font 
point  Pairs  ,  &  qu'on  appelle  pourtant  Barons,  Il 
y  a  un  autre  Echiquier  ,  qu'on  appelle  le  petit 
Echiquier.  C'eft  le  Tréfor  Royal,  ou  la  Tréfo- 
rerie.  On  y  reçoit ,  &  on  y  rembourfe  le  revenu 
du  Roi.  Le  Grand  Tréforier  en  eft  le  premier 
Officier. 

Nicot  croit  que  ces  Cours  étoient  ainfi  appelées 
à  caule  qu'elles  étoient  compofées  de  gens  de  dif- 
férentes qualités  ,  comme  les  pièces  du  jeu  des 
échecs  :  d'autre  ,  parce  qu'on  y  plaidoir  les  uns 
contre  les  autres  en  bataille  rangée,  comme  on  fait 
aux  échecs. 

Ménage  &  Du  Cange,  après  Pithou  &  Ragueau, 
tiennent  qu'il  vient  de  l'Allemand  /egicgen ,  qui 
lignifie  envoyer,  parce  que   cette  Allemblée  fuc» 

•  céda  à  des  Commilfaires ,  appelés  dans  les  anciens 
litres  M iffï  Dominici.  D'autres  ontcruquele  mot 
fcacarium  Latin  eft  venu  de  ftatarium  ,  à  Jlando. 
Du  Cange  croit,  avec  plus  d'apparence,  qu'il  vient 
du  pavé  de  cette  chambre  qui  étoit  fait  en  forme 
à! Echiquier,  ou  du  Bureau  autour  duquel  étoient 
les  Juges  ,  fur  lequel  on  mettoit  un  tapis  diftingué 
en  plufieurs  carreaux.  Larrey  eft  aulli  de  ce  fenti- 
ment.  Cette  Cour  eft  ainfi  nommée  j  dit-il  ,  du 
tapis  de  cette  chambre  travaillé  en  échiquier.  Spel- 
mannus  ,  Somnerus  &  Wagius  le  dérivent  de 
Jlhût^,  qui  fignifie  trefor  :  d'où  vient  que  Polidore 
Virgile  a  dit  qu'il  faut  écrire  fcattarium  ,  aulieu  de 
fcaccarium.  Somnerus  le  dérive  àe/chaen ,  qui  veut 
dire,  ravir  ;  ce  qu'il  dit  être  le  propre  au  Fifc. 

On  appelle  encore  en  Angleterre  Zivre  de  r Echi- 
quier, ou  Livre  noir,  un  livre  compofé  en  1175. 
par  Gervais  de  Tilburi  ,  neveu  d'Henri  IL  Roî 
d'Angleterre,  &  divifé  en  plufieurs  chapitres.  Oa 
y  voit  la  defcription  de  la  Cour  d'Angleterre  de  ce 
temps-là  J  fes  Officiers,  leurs  rangs,  leurs  privilèges, 
leurs  gages ,  leur  pouvoir  &  leur  Jurifdiélion  j  les 
revenus  de  la  Couronne  ,  tant  en  argent  qu'en  grains  ■ 
&  en  beftiaux  :  on  y  voit  que  pour  un  chelling  on 
avoir  du  pain  autant  qu'il  en  lalloit  pour  la  nour- 
riture de  cent  hommes  pendant  un  jour  ;  qu'un 
bœuf  gras  ne  valoir  que  douze  fols  ,  &  un  mouton 
que  quatre.  Larrey,  P.I.p.  394. 

Échiquier  ,  fe  dit  auffi,  en  termes  de  Blafon",  lorfque 
l'Ecu  eft  divifé  en  plufieurs  carrés ,  dont  les  uns 
font  de  métal  ^  &.  les  autres  de  couleur,  comme 
le  tablier  où  l'on  joue  aux  échecs.  TeJJeU. 

Échiquier.  Terme  de  pêche.  Efpèce  de  filet  carré  , 
dont  on  fe  fert  pour  la  pêche  du  goujon.  Il  a  en- 
viron (w  pieds  de  chaque  côté. 

ECHMALOTARQUE.  f  m.  Chef  de  la  captivité. 
Prince  des  captifs,  j^chmalotarcha.  C'eft  le  nom 
que  l'on  donne  aux  Chefs  qu'avoient  les  Juifs  pen- 
dant la  captivité  de  Babylone  ,  &  qui  les  gouver- 
noicnt  :  car  il  ne  faut  pas  s'imaginer  que  ce  foit  le 
nom  que  les  Juifs  leur  donnoient,  comme  on  pour- 
roit  fe  le  perfuader  en  lifint  quelques  Auteurs  mo- 
dernes 5  ce  mot  n'eft  ni  Hébreu  ,  ni  Chaldéen  j 
mais  Grec.  Les  Juifs  les  appellent  m^J  yvA-\ ,  Rafchc 
oheluth  ,  c'eft-à-dire ,  Chef  de  la  captivité.  On  a 
formé  fur  ce  modèle  le  mot  Grec  Echmalotarque  , 
de  «çjioî,  Chef,  Prince,  &«i';K^«As;r«  ,  captif,  honime 
pris  en  guerre,  &  par  les  armes,  de  «.X/"^,  la  pointe 
d'une  arme  ,  &  «ajo-//.»  ,  je  prends.  Du  refte  ,  voye7;_ 
ECHMALOTARQUE. 

ECHO,  f  m.  Echo.  Prononcez  en  François  comme 
en  Latin  ,  Eco.  Il  eft  toujours  du  mafciilin  en  Fran- 
çois, quoiqu'il  foit  du  féminin  en  Latin  ,  lorfqu'il 


E  C  H 

fignilîe  le  icflécliilTement  &  la  répétition  du  fon.; 
C'elt  un  Ion  réHcciii  ,  ou  renvoyé  par  un  corps  fo- 
lide  vers  l'oieiUe  ,  où  il  fe  repère.  Il  y  a  des  échus  ; 
qui  renvoient  lo  Ton  ,  ou  les  paroles  ,  deux  ou  plu-  i 
iieurs  fois.  Les  Amans  maltraités  vont  faire  leurs 


E  CH  J45 

qu'il  vient  de  plus  loin.  En  général  une  furface 
concave  renvoie  un  ion  plus  fort.  Par  fa  figure  elle 
empêche  le  fon  de  fe  diHiper  :  elle  le  léunir.  Ainii 
les  cavernes  j  les  lieux  voûtes,  &c.  doivent  ctre, 
comme  ils  le  font  en  effet,  plus  fonores. 
plaintes  dinx  échos  ;   il  n'y  a  que  l'cc^o  qui  réponde    Écho.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  propre  d'une 


à  leur  voix.  On  compare  à  '^echo  les  perfonnes  in 
diicrétes ,  les  perfonnes  qui  vont  répéter  tout  ce' 
qu'elles  apprennent.  Les  femmes  fontprefque  tou-j 
tes  de  la  nature  des  échos  3  qui  rediient    tout  ce 
qu'on  leur  du.    Bouh. 


Les  échos  de  nos  bols 
Ont  cent  fois  retenti  de  vos  fameux  exploits.  M  en. 

Jrai-je  ,  en  une  églogue  ,  affis  au  pied  des  hêtres  _, 
Faire  dire  aux  échos  des  fottifes   champêtres  ^ 

BoiL. 

Ce  mot  vient  du  Grec  '•yjs  ^fonus  ,  du  verbe  'y^yj" 
fono. 
É<HO  ,  fignifie  au!îi  le  lieu  où  l'on  entend  cette  ré- 
pétition de  fon.    Chanter  à  ïecho. 

Au  fépulcre  de  Metella,  femme  ds  CralTus ,  il  y 
avoit  un  écho  qui  répétoit  cinq   tois  ce  qu'on  lui 
difoic.   On  parle  d'une  tour  de  Cyzique ,  où  ïe'cho 
fe  répétoit  lept  fois  ;  mais  le  plus  bel  écho  ,  dont  on 
a  fait  mention  jii'.-^u'ici,  ell  celui  dont  parle  Bartius 
dans  les  Notes  ilit  l.i  Thébai'de  de  Stace  L.  VL  v. 
}o.  &z  qui  répctoit  jufqu'à  dix-lept  lois  les  paroles 
que  l'on  prononçoit.    Il  étoit  fur  le  bord  du  Rhin , 
entre  Cobhnts  6:  Bingen  ;  &  Bartius  alT'ure  qu'il  a 
éprouvé  ce  qu'il  dit,  &  compté  dix-fept  répétitions. 
Il  ell  auiîi  parlé  ,  dans  les  Mémoires  de  l'Académie 
des  Sciences  ,   &  dans  la  Dcfcription  Géographique 
&  Hiforlque  de  la  Haute-Normandie,  tom.  2,  p.  2py. 
d'un  écho  extraordinaire.   Aulieu  que  les  échos  or- 
dinaires ne  répètent  la  voix  que    quelque-temps 
après  qu'on  a  entendu  celui  qui  chante,  ou  qui 
parle  ;  dans  celui-là  on  n'entend  prefque  point  ce- 
lui qui  chante ,  mais  bien  la  répétition  qui  fe  fait 
de  fa  voix  ,  ik.  toujours  avec  des  variations  furpre- 
nantes,  VEcho  femblant  tantôt  s'approcher,  &  tan- 
tôt s'éloigner.  Quelquefois  on  entend  la  voix  trés- 
diftindement ,  &  d'autres  fois  on  ne  l'entend  pref- 
que phis.  L'un  n'entend  qu'une  feule  voix  ,  &  l'au- 
tre plufieurs  :  l'un  entend  Yecho  à  droit,  &  l'autre  à 
gauche-  Enfin  ,  félon  les  diftérens  endroits  où  fe 
placent  fur  deux  lignes  l'une  au-delfus  de  l'autre, 
ceux  qui  écoutent   &  celui  qui  chante,  on  entend 
Vécho  différemment.  Cet  écho  ell  à  deux  lieues  au- 
deffous  de  Rouen ,  près  de  l'Abbaye  de  S.  Georges , 
dans  une  mailon  de  plaifance  appelée  le  Genetai. 
§Cr  L'EcHo,  difent  les  Phyiiciens  ,  eft  un  fon  réflé- 
chi qui  vient  trapper  l'organe  de  l'ouie  avec    la 
même  modification  que  le  fon  direét^  quand  celui- 
ci  ne  fait  plus  d'imprefîion.  J^'oyei^  SON.    Le  fon 
réfléchi  garde  dans  fa  propagation  les  mêmes  rè- 
gles que  le  fon  direél ,  puifque  la  furface  polie  & 
impénétrable  qui  le  renvoie  doft  être  regardée  com- 
me un  vrai  corps  fonore.    Lorfque  les  corps  réllé- 
chilfans  font  à   une  certaine  diltance  de  celui  qui 
parle ,  alors  le  (on  réfléchi  parvient  plus  tard  à  fes 
oreilles  que  le  fon  direét  ;  &  c'elf  là  ce  qui  forme 
les  échos  i  foit  fimples ,   foit   polyphones.    Le  fon 
diredt  n'ert-il  répété  qu'une  fois  ?  Vécho  eft  iimple. 
Le  fon  direct  eft-il  répété  plufieurs  fois  ?  Vécho  eft 
polvphone.  Plufieurs   furfaces  polies    &  impéné- 
trables font-elles  fituécs  de  manière  à  recevoir  & 
à  renvoyer    lucceffivement   le    même    fon  ?    elles 
feront  nutant  à! échos  qui  vous  rediront  tous  les  uns 
après    les  autres  ce  que  vous  aurez  dit. 

fi3"  Les  échos  redifent  plus  la  nuit  que  le  jour, 
parce  qu'alors  l'air  eft  plus  tranquille  ,  moins 
chargé  de  vapeurs  &  d'exhalaifons.  Auffi  ,  quand 
l'air  eft  plein  de  vapeurs,  qu'il  neige,  on  s'ima- 
gine que  le  fon  vient  de  ^slus  loin  ,  parce  que , 
pa'fant  par  un  milieu  plus  épais,  il  eft  plus  atfoi- 
bli  quand  il  frappe  l'organe.    De-U  nous  jugeons 


Nymphe.  Echo.  La  Nymphe  ,  ou  la  IJéelfe  Echo  , 
étoit  voifine  du  Hcuve  Céphife.  Aufone  la  fait 
fille  de  l'air  &  de  la  langue.  Varron  l'appelle  com- 
pagne des  Wufes.  icAo,  étant  devenue  amoureufe 
de  Narcilfe,  &  en  étant  méprifée  &  rebutée,  délTé- 
cha  de  chagiin,  &  fut  changée  en  rocher,  rete- 
nant toujours  la  voix  qu'elle  avoit  auparavant. 
D'autres  difent  que  Junon  j  pour  la  punir  de  ce 
que  ,  par  fon  babil  &:  fes  diicours ,  elle  l'empê- 
choit  de  furprendre  Jupiter  dans  fes  commerces 
de  galanterie  ,  la  condamna  à  ne  plus  parler 
qu'on  ne  l'interrogeât ,  (Se  à  ne  répondre  que  deux 
ou  trois  mots  aux  queftions  qu'on  lia  feroit. 
Les  Poètes  marient  la  Nymphe  Echo  avec  le  Dieu 
P.an. 

^fT  Le  mot  écho  eft  féminin  en  ce  fens. 

Un  Berger  chantera  fes  déplaiprs  fecrets 

Sans  que  latrl/le  Echo  répète  fes  regrets.  Corn. 

Et  /'Echo,  dans  le  fond  de  fes  grottes  fecrétes  ^ 
JVe  redit-elle  pas  les  airs  de  nos  mufettcs.  GoD. 

Echo  j  en  termes  d'Architeéture,  fe  dit  de  certaines 
figures  de  voûte  qui  font  d'ordinaire  elliptiques, 
ou  paraboliques  ,  qui  redoublent  les  for^s  ,  &  font 
des  échos  artificiels.  La  manière  de  faire  \écho 
artificiel  eft  enl^eignée  par  le  P.  Blancani  ,  Jé- 
fuite,  dans  fon  Echométrle,  à  la  fin  de  fon  livre  de 
la  Sphère. 

Vitruve  écrit  qu'en  divers  endroits  de  Grèce  & 
d'It.Tlie  on  rangeoit  avec  art  j  fous  les  degrés  du 
théâtre  ,  en  des  cfpaces  voûtés  ,  des  vafes  d'airain , 
pour  contribuer  à  rendre  plus  clair  le  fon  de  la  voix 
des  Acteurs,  &  faire  une  elpèce  à' Echo ^  ik  par  ce 
moyen  ,  malgré  le  nombre  prodigieux  de  ceux  qui 
ailiftoientà  ces  fpeétacles,  tout  le  monde  pouvoir 
entendre  aifémelir. 

Echo  ,  en  termes  de  Mufique  ,  fe  dit  des  tépétitions 
de  plufieurs  notes  qu'on  vient  de  chnntet ,  ou  de 
jouer  fur  un  autr^e  ton.  Les  échos  font  fort  agréables 
fur  l'orgue. 

Echo  ,  en  termes  de  Pob'fie  ,  eft  un  jeu ,  ou  une  cer- 
taine forte  de  Poèfie,  dont  les  dernieis  mots  ,  ou 
les  dernières  lyllabes,  ont  un  fens  qui  répond  à 
la  demande  qui  eR  contenue  dans  les  vers  j  &  qui 
femble  être  faite  par  un  écho.  Il  y  en  a  d'afTeiz  in- 
génieux dans  l'Aftrée.  Le  premier  écho  en  vers  j 
félon  Pafquier  ,  eft  celui  qu'on  voit  de  Jean  Se- 
cond dans  fes  Sylves  5  mais  Pafquier  fe  trompe  : 
les  anciens  Poètes  Grecs  &c  Latins  ont  fait  des  échos. 
Martial  le  donne  affezà  entendre  ,  lorfque  fe  mo- 
quant de  ces  fortes  de  jeux  j  il  dit  qu'on  ne  trou- 
vera rien  de  tel  dans  fes  Poëfies.  Nufqucm  Gr&cula 
quod  recar.tat  Echo  \  par  où,  d'un  côtéj  il  fait  voie 
qu'il  y  avoit  des  Poètes  Latins  de  fon  temps  qui 
faiibient  des  échos  ,  8c  de  l'autre  que  cette  invention 
venoit  des  Grecs.  Ariftophane  j  dans  fa  comédie  in- 
titulée &'5-^i"p»ç'«Çx^«' ,  intfoduic  Euripide  fous  le 
perlonnage  d'Echo  ,  d'une  manièic  véritablement 
fort  froide.  Callimaque  ,  dans  l'épigramme  t.'y,B-xifa 
rr,  sramy-a.  T'y  kukMkiv  ^  femble  avoir  voulu  faire 
une  efpèce  d'Echo.  Il  y  etj  a  un  de  Goradas ,  L. 
4.  c.  10.  de  TAnthologie.  ^o)e:^auffi  l'épigrainme 
de  Léonides,  L.  5.  c.  6.  de  la  même  Anthologie  , 
(?r  le  Père  Sirmond  fur  l'Epître  XI.  du  8.  livre  d-j 
Sidonius  Apollinaris.  Cette  érudition  &  cerr-; 
critique  nous  a  été  communiquée  pat  M.  de  l.t 
Alonnoye. 

UCT  Nos  premiers  Poètes  François  faifirent  avi- 
dement ces  jeux  de  mots ,  qui  furent  regardes  loa;- 
temps  comme  des  eftotts  de  génie.  Ces  fortes  ds 


J44  E  C  H 

produdions ,  ainfi  que  bien  d'autres  de  cette  efpè- 
fonc  dans  un  décri  général. 


ce 


Nos  yeux  par  ton  éclat  font  Ji  fort  c\Aoms.  .  Louis. 
Que,  lorfque  ton  canon ,  qui  tout  le  monde  étonne.Tonne. 
D'unJiproJonJrefpeclnousnousfcntonsèçxis,  .  .  Pris. 
Que  tonfeul  nom  par-tout^ton  bras  &  ta  perlonne.SoJine. 

ÉCHOITE.  f.  f.  Terme  de  Coutumes ,  qui  fignifie 
fuccelîîon  collatérale.  De  Beaumanoir  dit,  que  Vej- 
choite  (i  eft  quant  hiretage  defcend  du  cofté  par  dé- 
faute  de  che  que  chil  qui  meurt  n'a  nus  enfans ,  ne 
nul  qui  de  fes  enfans  foit  illus ,  fi  que  fes  hiretages 
efchoient  i  fon  plus  prochain  parent.  Succejfto  col- 
lateralis. 
ÉCHOMES  ou  ÉCHEOMES  ,  S  calmes  ,  ou  Tolets  , 
en  termes  de  Marine ,  ce  font  des  chevilles  de  bois  j 
ou  de  fer ,  plus  épailfes  au  milieu  qu'aux  deux  ex- 
trémités j  qui  fervent  à  tenir  la  rame  du  matelot 
qui  nage. 

Il  y  a  des  Auteurs  qui  dérivent  ce  mot  du  verbe 
Grec  'ix'fxi ,  ou  du  nom  '^xf^».  Il  eft  bien  plus  natu- 
rel de  le  faire  venir  du  Grec  <rx.<tXiÀoç  j  &  du  Latin 
fcalmus  :  en  voici  la  généalogie  ^/tj/OTa^ ,  efchoul- 
me,   efchaume  ,  /c/zo/ne  ;  ce  qu'on  appelle  cc/zo/we 
dans  la  Méditerranée  j  s'appelle  Tolet  ,  ou  Toulet 
dans  l'Océan  j  &  Touret  fur  la  Seine. 
ÉCHOMÈTRE.  f.  m.  Echometrum.  Terme  de  Mathé 
matique ,  d'Acouftique  &  de  Mulique.  L'Echomc- 
tre  eft  une  règle  fur  laquelle   font  plufieurs  lignes 
divifées  ,  qui  fervent  d'échelles   pour    mefurer  la 
durée  des  Ions  ,  &  pour  trouver  leurs  intervalles  êc 
leurs  rapports.  Voye\  M.  Sauveur ,  dans  fes  Princi- 
vcs  d'AcouJlique  y  où  il  parle  de  XEchomhre  ,  de  fes 
Divifions  J  de /es  ufages. 

Ce  mot  à'Èchomètre  ,  dans  fon  origine ,  fignifie 
mefure  du  fon  :  il  eft  dérivé  de  deux  mors  Grecs , 
"X"'?  J  fon  ;  &  ftiT^lv  J  mefure. 
ÊCHOMETRIE.  f  f. Science  ,  Art  de  faire  des  échos; 
de  faire  des  bâtimens ,  dont  la  difpoficion  ,  &  fur- 
tout  celle  des  voûtes,  forme  des  échos. 
ÉCHOPPE,  f  f.  petite  boutique  adodée  à  un  mur,  & 
couverte  en  appentis  ,  qui  fe  bâtit  en  des  lieux  paf- 
fans.  Taberna.  C'eft  oii  fe  logent  des  Marchands 
cjui  n'ont  pas  à  débiter  des  chofes  de  grande  valeur. 
Aux  environs  du  Palais  on  a  bâti  plufieurs  échoppes. 
Dans  les  marchés,  dans  les  parvis  des  Cathédrales, 
il  y  a  toujours  quelques  échoppes. 

Ce  mot  approche  de  l'Anglois  Shop  ,  qui  fignifie 
une  petite  boutique.  M.  Huet ,  dans  fes  Origines  de 
Caen ,  Ch.  XI.  fait  Efchope ,  fynonyme  de  Cage.  Ce 
Contrat,  dit-il,  fait  mention  d'une  cage,  ou  ef- 
choppe. 
Échoppe.  Terme  de  Graveur  &  autres  Ouvriers.  C'eft 
une  efpèce  de  burin  ou  de  pointe  plate  ,  &c  tran- 
chante par  l'extrémité  ,  dont  fe  fervent  les  Orfè- 
vres, Sculpteurs  ,  Graveurs  en  eau-forte ,  Serruriers 
&  autres  ,  qui  difent  aufti  échopper,  pour  dire.  Tra- 
vailler avec  l'échoppe.  Calum  ,   fcalprum.    Pomey 
écrit  échople  j  &  échopler. 
|3^  ÉCHOUAGE.  f  m.  Terme  de  Marine.  Endroit 
ou  il  y  a  peu  d'eau  ,  où  l'on  peut  faire  échouer  un 
bâtiment  avec  moins  de  danger  pour  l'équipage. 
ECHOUEMENT.  f  m.  Terme  de  Marine ,  &  de 
commerce  de  mer.  C'eft  le  choc  d'un  vailfeau  con- 
tre un  banc  de  fable ,  ou  un  bas  fond ,  fur  lequel  il 
ne  peut  paffer  faute  d'y  trouver  allez  d'eau  \  ce  qui 
bien  fouvent  le  brife  ,  &  en  caufe  la  perte.  Le  Ti- 
tre 9.  du  Livre  4.  de  l'Ordonnance  de  la  Marine  de 
France  de  i(î8i  ,  règle  ,  en  quar.ante-cinq  articles  , 
tout  ce  qui  concerne  la  police  qui  doit  s'obferver 
pourlaconfcrvation  des  effets  &  marchandifes  pro- 
venans  des  naufrages ,  bris  &  échoucmens  de  Vaif- 
feaux  fur  les  côtes  du  Royaume.  L'Abbé  de  Choify 
fe  fert  du  terme  à'échouage  dans  fon   Journal  du 
Voyage  de  Siam.  Il  y  a,  dit-il ,  apparence,  malgré 
léchouage,  que  je  gagnerai  trois  porcelaines. 
ECHOUER.  V.  n.  Donner  contre  un  rocher ,  ou  de- 
meurer, fur  le  fable,  quand  on  eft  dans  un  vaifteau 


E  CH     ECI     ECL 

qui  ne  trouve  pas  afiez  d'eau  pour  voguer  ,  pour 
être  .à  Hot.  On  appelle  aulîi  csla  toucher  quand  la 
quille  touche  le  fond  de  la  mer.  Impingere  ,  iiliiîere 
navim  ad  fixa  ,  harere  in  vado.  On  le  dit  ,  &  des 
perfonnes  qui  lont  dans  le  vaifieau  èc  du  vailfeau 
même.  Nous  avons  échoué.  Notre  vailFeau  a  échoué. 
Le  v-aiffeau  eft  arrêté  quand  il  porte  fur  terre  j  par- 
ce qu'il  n'a  plus  alTez  d'eau  pour  fe  foiitenir. 

On  le  dit  aufli  en  lignification  active  ;  échouer 
ion  vailieaUj  pour  due,  le  taire  échouer.  La  tem- 
pête a  fait  échouer  ce  vailTeau  fur  les  bancs  de  la 
Manche.  Ce  Capitaine  a  échoué  exprès  fon  vailfeau  y 
a  voulu  s'échouer  ,  pour  fe  fauver  des  Corfaircs ,  & 
pour  attendre  que  les  groifes  marées  le  relèvent. 
F'oy.  EcHouAGE  &  EcHOUEMENT.  Il  fe  ditaufii  des 
grands  poitlons.  On  trouva  une  baleine  qui  avoir 
échoué  fur  la  côte. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  excubare ,  comme  qui 
diroit'  tomber  J  cheoir  ;  ou  bien  de  fopulare  ,  de  de 
fcopulus. 
Echouer  ,  fignifie  aufll  quelquefois  fe  Brifer.  Trois 
de  nos  vailieaux  échouèrent  contre  les  rochers.  StO. 
navire  échoua  contre  les  brifans. 
Echouer  J  fignifie,  figurément.  Avoir  un  manvais  fuc- 
cès  ;  ne  point  réullir  dans  une  entreprife.  On  a  éven- 
té le  fecret  de  cette  affaire  ,   je   la  tiens  échouéei. 
L'amour  eft  un  écueil  contre  lequel   la  vertu  des 
plus  grands  hommes  échoue  ordinairement.  Votre 
dellem  a  malheuieufement  échoué.  Les  traduétions 
en  vers  échouent  d'ordinaire  par  les  défauts  de  la 
verfification.  Ménage. 
Échoué,  ée.  part.   &  adj.   Ayant  trolivé  fa  Galère 
échouée  (ut  le  rivage  ,  il  la  fit  remorquer  par  d'autres. 
îp^  ECHROÏDÈS.  f  m.  Plante  qui  ne  diffère  de  l'E- 
chium  ou  vipérine ,  qu'en  ce  que  la  circonférence 
de  fes  Heurs  eftégale  ,  au  lieu  que  le  bord  fupérieut 
de  la  vipérine  eft  plus  alongé  que  l'inférieur.  Tou- 
tes deux  ont  les  mêmes  ptapriétés.  ^oye^  Vipérine. 
ECHTER  ,  ou  ECHTERNACH.  ro^e^  ETERNAC. 
ECHYMOSE  J  ou  plutôt  ECCHYMOSE,  f  f.  Sufu- 
fio.  Terme  de  Médecine  ,  qui  fe  dit  lorfque  ,  par 
quelque  effort  ou  contufion ,  le  fang  qui  eft  arrivé 
entre  cuir  &  chair  &  dans  les  mufcles  ,  s'y  arrête  , 
quoiqu'il  n'y  paroilfe  pas  de  plaie  ^  ni  d'ouverture. 
Il  y  a  échymofe  lîmple  ,  &  échymofe  avec  abcès.  Ce 
mot  eft  tout  Grec  :  ly-x'!^'''^'^ ,  fignifie  j  eftufion  d'hu- 
meurs J   rm    x"f^^- 

On  donne  aujourd'hui  le  nom  d'infiltration  à  cet 
épanchement, 

Ë  C  I. 

ECU  A.  Ecija  3  Afigis.  On  écrit  attfll  Artigïs ,  comme 
l'a  remarqué  Vollius  fur  Mêla  j  L.  II.  C.  6.  v.  21. 
p.  187.  Mais  Pline  s'eft  trompé  quand  il  l'a  nom- 
mée Lafigis  ,  félon  la  remarque  du  même  Au- 
teur. Ecija  eft  une  ville  Epifcopale  d'Andaloufie  j 
en  Efpagne  ,  fituée  fur  la  rivière  de  Xénil ,  entre 
Cordoue  &  Séville.  L'Evêque  à' Ecija  eft  fuftraganE 
de  Séville.  Maty  l'appelle  aulîi  Ecya  ,  ScEcife. 

ÉCIMER.  v.  a.  couper  la  cime ,  couper  la  tête  d'un 
arbre.  Decacuminare.  Ecimcr  un  arbre.  On  dit  auftî 
Étêter.  Cet  arbre  a  été  écimé ,  afin  qu'il  puilfe  pouf- 
fer plufieurs  branches  fur  fa  cime  :  l'on  ecime  les 
faules  ,  afin  qu'ils  pouffent.  On  les  étête. 

ÉciMÉ,  ÉE.  part-  Decacuminatus. 

En  termes  de  Blazon  ,  écimé  fe  dit  ordinairement 
de  la  pointe  d'un  chevron  qui  eft  emportée  \  ce  que 
l'on  appelle  aulli  rompu.  La  Rochufoucault  porte 
burelé  d'argent  &  d'azur  j  au  chevron  de  trois  piè- 
ces de  gueules ,  brochant  fur  le  tout ,  le  premier 
chevron  écimé ,  ou  rompu. 

ÉCISE.  Foyei  ÉCIJA. 

ECL. 

ÉCLABOTER.  v.  a.  V.ieux  mot.  Couvrir  de  boue. 
C'eft  de-là  que  nous  eft  venu  éclaboujjer ,  qa'on  3. 
cpmpofé  à'éclat ,  &  cje  boue, 

ECLABOUSSER 


E  C  L 

ÉCLABOUSSER.  V.  a.  Luto  vel  aquâ  perfundere ,  infi- 
cere  ,  ajpergere  ^  lutulare.  Faire  rejaillir  de  la  boue 
au  viGxge  &  fur  les  habits.  Les  chevaux  qui  mar- 
chent dans  les  tuiffeaux  édaboujjcnt  les  gens  de 
pied. 

Cucnauifurfon  cheval  enpaffant m'échhouiTs.  Bon. 
Lorjquun  vilain  Counaut  mepoujje  , 
Et  me  jette  vers  le  rui£'eju  j 
Ou  qu'un  carrojje  w'éclabouile , 
Chargeant  de  mouches  mon  manteau. 

P.  DU  Cerc. 

Ce  mot  eft  compofé  de  éclat ,  &  de  houe.  Nicot 
dit  efclahocher. 
ÉCLABOLTSSURE.  f.  f.  Lutum  injcaum.  Boue  ,  ordu- 
re qui  rejaillit  fur  une  perfonne.  Votre  linge  elt 
plein  d'éclizhoujjures. 
ECLAFFER.  Vieux  mot,  pour  Eclater.  Les  Gouver- 
nantes de  Gargantua  sVc/aj/ô/ewr  de  rire  ,  quand  fa 
braguette  levoit  les  oreilles ,  comme  fi  le  jeu  leur 
eût  plu.  Rab.  Ponocrates  &  Euilemon  s'éciafferent 
de  rire  tant  profondément ,  qu'ils  en  cuiderent  ren- 
dre l'ame  à  Dieu.  Id.  On  parle  de  la  lorte  en  Lan- 
guedoc &  en  Dauphiné  ,  S>c  même  en  Bretagne. 
C'eft  une  onomatopée. 
ÉCLAIR,  f.  m.  Eclat  lubit  de  lumière,  qui  annonce  (Se 
précède  ordinairement  le  bruit  du  tonnerre.  Ful- 
gur.  L'éclair ,  félon  les  Cartéfiens  ,  conlille  en  ce 
que  les'exhalaifons ,  qui  fe  trouvent  entre  deux  nues , 
étant  enflammées ,  ou  par  le  choc ,  ou  par  la  chute 
des  nues  ,  ou  par  la  rapidité  de  leur  mouvement  j 
elles  pouifent  les  petites  boules  du  fécond  élément 
vers  les  objets  d'alentour ,  d'où  fe  réfléchil^nt  vers 
nos  yeux,  nous  fommes  excités  à  voir  ces  objets , 
comme  s'ils  étoient  enflammés ,  ou  éclairés  du  So- 
leil. RoHAULT.  Selon  les  Galfendiltes ,  l'éclair  fem- 
ble  n'être  qu'une  lumière  lancée  Se  répandue  dans 
l'air  par  la  flam.me  de  la  foudre  :  &  cette  matière 
inflammable  de  la  foudre  n  eft  autre  chofe  que 
certaines  exhalaifons  gralfes ,  fulfureufes ,  bitumi- 
neufes  &  nitreufes ,  que  la  force  de  la  chaleur  fou- 
terreine  ,  &  celle  du  foleil  détachent  &  élèvent  en 
l'air.  Bern. 

fCJ"  La  matière  du  tonnerre  renfermée  entre 
deux  nuages  ,  comme  dans  une  efpèce  de  voûte , 
eft  allumée  par  l'adion  des  vents ,  par  le  choc  des 
nuages,  par  la  chaleurdu  foleil,  par  le  mélange  feul 
des  efprits  hétérogènes.  F'oy.  Tonnerre  ,  vapeurs 
ïT  EXHALAISONS.  Ces  exhalaifous  allumées  di- 
latent avec  violence  l'air  emprifonnc  dans  l'exha- 
laifon  &  dans  le  nuage.  Le  nuage  ne  pouvant  plus 
foutenir  l'eftort  de  lair  ,  puifque  fon  reifort  ac- 
quiert des  forces  immenfes  ,  s'ouvre  avec  violence. 
L'air  qui  y  ctoit  retenu  ,  fort  par  l'ouverture  avec 
une  rapidité  étonnante,  &  entraîne  avec  lui  une 
partie  des  exhalaifons  enflammées  qu'il  rencontre 
fur  fon  palfage.  Voill  les  éclairs  qui  brillent  de 
toutes  parts  à  nos  yeux. 

IÇr  Suivant  les  nouveaux  Phyficiens,  les  éclairs 
ne  lont  autre  chofe  qu'une  infinités  de  bluettes  qui 
fortent  des  nuages  éledrifés.  La  matière  propre  du 
tonnerre  ,  efi:  la  matière  éledrique,  qui  ell  un  vrai 
feu  répandu  dans   l'atmofphère  tcrreftrej   &  qui 
devient  fenfible  lorfqu'il  fe  joinr  à  des  matières  in- 
flammables. Les  exhalaifons  qui  s'élèvent  du  fein 
de   la  terre  ,  font  les  alimens  du  feu  éledrique. 
/^oy.  ELECTRiciTE.Siles  vents  contraires  portent  un 
nuage  non  électrique  ,  contre  un  nuage  éleftrique, 
ce  choc  donne  une  infinité  de  bluettes.  Si  les  ma- 
tières qui  fervent  d'aliment  au  feu  éleftrique  s'en- 
flamment, lennage  éclate  en  foudres  &:  en  carreaux. 
Lorfque  le  choc  d'un  nuage  non  électrique  ,  contre 
un  nuage  électrique  ,  ou  d'un  nuage  moins  éledtri- 
que,  contre  un  nuage  plus  éledrique  ,  n'eft  pas  af- 
fez  fort  pour  hrifer  l'un  &  l'autre  en  des  millions 
de  parties  ^  alors  nous  avons  des  éclairs  fans  ton- 
netre  :  lorfque  cette  rupture  fe   fait ,   &c  qu'il  fe 
trouve ,  entre  notte  osil  &  les  nuages  brifés ,  quel- 
Tome  III, 


E  C  L  J/J.J 

qu'autre  nuage  capable  d'abforbet  la  lumière  que 
donnent  les  bluettes  élec'taquesj  nous  avons  des  ton- 
nerres fans  éclairs. 

^  UCT  Si  le  bruit  du  tonnerre  fuit  immédiatement 
Véclairj,  le  nuage  éleélrique  eft  proche.  S'il  y  a  une 
féconde  ou  un  battement  de  pouls  entre  Véclair  ôc 
le  bruit,  le  nuage  éledrique  elt  à  175  roifes.  S'il  y 
en  a  deux  ,  il  eft  à  34«?,  &c.  calcul  fondé  fur  la  dif- 
férente du  mouvement  de  la  lumière  qui  vient  à  nos 
yeux  prefque  dans  un  inftanr ,  &  parcourt  dans  une 
minute  environ  quatre  millions  de  lieues ,  &  celui 
du  fon  qui  ne  parcourt  dans  le  même  temps  que 

,    103S0  toiles.  P'oy.  Lumière  &  Son. 

Eclair  ,fe  du  aiifli  des  lumièies  réfléchies  qui  palfent 
en  un  moment ,  comme  d'une  épée  j  d'une  glace  de 
miroir  agitée. 

On  dit,  hgurémentjil  efl:  prompt  comme  un 
éclair.  La  gloire  de  ce  monde  paîfe  comme  un  éclair  ^ 
pour  dire  ,  qu'elle  ne  dure  guère-  Démofthène  a  ef- 
facé les  Orateurs  de  tous  les  liècles ,  &c  les  a  lailfés 
comme  ab.attus  j  &  éblouis  de  les  tonnerres ,  &  de 
fes  éclairs. 

Nous  perdons  le  préfent,  ce  tcmpsji précieux  , 

Et  qui  tel  qu'un  éclair  difparoit  à  nosyeu.x.  Des-  H. 

On  dit  aulli  ,  figurément  &  poétiquement ,  les 

_   éclairs  de  fes  yeux  ,  pour  figniher  l'éclat  de  fes  yeux. 

ECLAIR  des  harengs.  C'eft  un  éclat  de  lumière,  fem- 

blable  à  celui  des  éclairs  qui  précèdent  le  tonnerre  : 

il  paroîc  fur  la  mer  lorfque  les  harengs  palfent  en 

troupes. 

I/Cr  On  appelle  auflî  éclair  en  chymie,  la  lumiè- 
re vive  &  étincelante  qui  paioît  à  la  furface  du  bou- 
ton d'or  ou  d'argent  qui  relie  fur  la  coupelle.  Acad. 
Fr.  c'eft-à-dire,  lorfqu'il  perd  fon  état  de  fluidité  , 
qu'il  commence  à  fe  congeler. 
ECLAIRCIE.  f  f.  Terme  de  Marine.  Endroit  clair  qui 
paroît  au  ciel  dans  un  temps  de  brume.  A  dix  heu- 
res du  foir,  il  s'étoit  fait  une  éclaircie ,  à  la  faveur 
de  laquelle  nous  avions  vu  une  très-grolfe  glace  au- 
près de  nous.  Les  Matelots  qui  alloient  en  vigie  au 
haut  des  mats ,  dirent  qu'il  venoit  quelque  éclair- 
cie. 
ÉCLAIRCIR.  Y.  a.  Rendre  nn  corps  plus  clair  &  plus 
net  \  lllujlrare,  clarare.  Il  faut  lailfer  repofet  ce  vin 
pour  ['éclaircir.  On  fe  mire  dans  l'argent  qui  eft  bien 
bruni ,  bien  éclairci.  Un  vent  de  Nord  éclairât  \c 
ciel  j  le  rend  ferein  ,  chafle  les  nuées. 

Dans  ce  fens  on  le  dit  du  vifagej  pour  rendre 
clair  &  ferein. 

N'éclaircire\-vous  point  ce  front  chargé  d'ennuis  ?  R. 

§Cr  Éclaircir  fe  dit,  des  chofes  liquides^pour  rendre 
moins  épais.  Eclaircir  un  firop. 

Eclaircir  ,  fe  dit  auifi  des  corps  qu'on  fépare  les  uns 
des  autres  ,  &  dont  on  diminue  le  nombre,  en  bif- 
fant plus  d'efpace  &  d'intervalle.  Vacuare  ,  difper- 
gere.  La  tempête  a  bien  éclairci  cette  forer  j  elle  a 
abattu  bien  des  arbres.  Le  feu  de  la  courtine  c'c/tz/'r- 
ci(]oit  les  rangs  des  alfaillans.  On  tira  une  telle 
quantité  de  traits  ^  qu'on  eV/tr/Var  bientôt  la  foule  de 
ceux  qui  s'étoient  trop  avancés.  Vaug. 
ffT  Eclaircir  ,  fe  dit  auili  par  les  Jardiniers  pour 
arracher  du  plan  dans  un  endroit  où  il  il  y  en  a  trop. 
On  éclair  cit  un  bois  ,  une  pépinière,  une  planche  de 
laitues.  Interlcgere  ,  interpurgare ,  difrariire  ,  dans 
Columelle.  Ce  plan  eft  trop  épais,  trop  dru  ^  il  en 
faut  arracher  pour  ['éclaircir.  On  n'éclaifcit pointVo- 

\      feille  ,  parce  qu'elle  ne  peut  ctre  trop  drue. 

\  §C7"  Eclaircir  ,  chez  les  Teinturiers ,  c'eft  diminuer 

j      le  foncé  de  la  couleurd'une étoffe.  Diluere,  eluere. 

\  fer  Eclaircir,  fedit,  dans  un  fens  figuré,  pour  ren- 
dre clair  ce  qui  eft  oblcur,  en  préfenrant  les  idées 
dans  l'ordre  où  elles  doivent  être.  Eclaircir  une  ma- 
tière. Il  eft  fouvent  employé  comme  fynonyme  à 
développet  &  expliquer,  qui  ont  pourtant  leuridée 
particulière.  Explicare ,  enucleare  ,  dilucidare.  Les 

Z  z  z 


f  ^S  E  C  L 

Critiques  du  dernier  fièclc  ont  bien  édaircï  les  Au- 
teurs anciens. 

^fT  On  le  fair  quelquefois  fynonyme  à  réfoudre. 
Edaircir  uns  difficulté,  un  doute. 
ÇCT  ÈcLAiRciR  quelqu'un,  c'eft  l'infliruire  d'une  véri- 
té ,  d'une  chofe  dont  il  doutoit.  Docere  j  ']s  WQUX 
vous  éclaircir  de  ce  point  là.  On  dit  auili  s'edalrcir. 
Je  ferois  bien-aife  d'être  éclaira  de  mon  doute.  Je 
veux  ïnédairdr  fur  cette  affaire  avec  vous.  Vous 
ferez  e'c/a/rci  de  toutes  chofes  par  lai- même.  Mol. 
La  plupart  des  gens  font  également  faciles  à  rece- 
voir des  impi-eÙions ,  &  négligens  à  s'en  édciircir. 
Nie.  On  a  effacé  Epicure  du  nombre  des  Philofo- 
phes  fins  l'écouter  ;  on  n'a  pas  voulu  s'c't7tz<:/'cv>  de 
ion  bon  droit.  S.  Evr:  De  tous  vos  fentimens  mon 
cœur  ell  édaird-  Rac. 

On  dit,  proverbialement,  que  le  bien  d'un  hom- 
me eft  fort  édaird ,  quand  il  en  a  mangé  une  bon- 
ne partie  :  qu'une  maifon  efl  b^n  cdauxic  ,  quand 
il  y  a  pluficLirs  des  enfans  ou  des  domeftiques  qui 
font  morts ,  ou  qui  fe  font  abfentés. 
ÉcLAiRci,  lE.  part. 

ÉCLAIRCISSEMENT,  f  m.  Effet  de  l'adlon  qui 
éciaircit.  llluminatlo.  La  chélidoine  ,  ou  éclaire  , 
eft  bonne  pour  \ édairdjfement  de  la  vue.  On  s'en 
fert  rarement  au  propre.  Bouh.  Ou,  pour  mieux  di- 
re, on  ne  s'en  fert  plus.  C'elt  une  bizarrerie  de  la 
langue.  Ce  mot  exprime  très-bien  l'idée  qu'on  y 
avoir  attachée.  Nous  ne  fommes  pas  aifez  riches  , 
pour  nous  appauvrir  ainfi. 

Chez  les  Ofhciers  des  Eaux  &:  Forêts  on  dit.  Faire 
des  ventes  par  cdairdjjcmenc  ^  quand  on  fait  abat 
ne  des  baliveaux  fur  un  taillis  qui  font  en  fi  grand 
nombre  ,  qu'ils  l'otiufquent  &c  l'empêchent  de  croî 
tre  ,  enforte  qu'il  ne  profite  plus ,  h  on  ne  l'éclair- 
cit ,  en  faifant  couper  un  nombre  fuffifant  de  ces 
baliveaux,  tant'anciens  que  modernes. 

On  le  dit  plus  ordinairement  au  figuré  ,  &:  il 
fignifie ,  Explication  d'une  chofe  obfcure  ou  ditïici- 
le.  Enodatio  }  explicado,  Uédaircijjemenc  des  dii" 
ficultés  de  la  Bible  j  fe  trouve  dans  des  palfages  de 
même  nature.  Les  Commentateurs  donnent  beau- 
coup d'édairciffemenc  aux  Auteurs  anciens.  Dieu 
nous  élève  par  des  édaircijjeniens  fucceiîils  à  lacon- 
noilïance  de  fa  vérité.  Fl.  Il  réfulte  quelquefois  ce 
la  difpute  des  édairdjf'cmcns  utiles  à  la  vérité.  S. 
Evr.  La  figure  n'eft  jamais  alfez  nécelTàire  pour  s'y 
attacher  j  ce  n'eft  qu'un  ornemenr ,  qu'un  édaird/- 
Jèmenc  j  &  qu'un  embellilfement  du  dilcours.  Pe- 

LISSON. 

Éclaircissement  ,  fe  ditaullides  explications  qu'on 
demande  à  quelqu'un  ,  pour  favoir  fi  ,  en  difant , 
ou  en  faifant  une  chofe ,  il  a  eu  intention  de  nous 
offenfer.  C'eft  un  homme  .à  édairdjjemens  j  en  par- 
lant d'un  homme  querelleux.  Bouh.  Gardez  vous 
de  ces  gens  pointilleux  ,  qui  demandent  des  édair- 
djjemens fur  la  moindre  équivoque.  Bell.  C'eft  un 
Amant  jaloux  qui  veut  un  édairdjjcment  fur  un  re- 
gard ,  fur  un  coup-d'œil  jeté  à  l'aventure.  Mol.  Je 
ne  fais  pourquoi  un  tel  en  ufe  fi  mal  à  mon  égard  5 
je  veux  avoir  un  édisircijfsmcnc  avec  lui. 

ÉCLAIRE,  f.  f.  Plante  que  l'on  nomme  aulfi  diélidoi- 
ne.  Voye\  Chélidoine  &  Renoncule.  Il  y  a  la 
grande  &  la  petite  edaire.  La  grande  édaire ,  c'eft 
la  chélidoine ,  &  la  petite ,  c'eft  le  ranunculus  rotun- 
difoims  ^  &c.  Injl.  rei  herb. 

ÉCLAIRER,  v.  a.  Répandre,  communiquer  delà  lu- 
mière, llluminarc  ,  collujîrare.  Les  aftres  ont  été 
faits  pour  édairer  le  monde.  La  falle  du  bal  étoir 
fort  bien  édairéc. 

f3°  On  dît  abfolument ,  le  foleil,  la  lune  édaire. 

^fT  Èci,AiRER.  V.  n.  Se  dit  de  cette  Hammebrillanre, 
fubite  ,  &  de  peu  de  durée  ,  qui  s'élance  dans  l'air, 
&  qui  précède  ordinairement  le  lonnsncFulgura- 
re.  Il  faut  chercher  un  abri  contre  l'orage  ;  il  com- 
mence à  édairer. 

IJCT  On  le  dit  encore  au  neutre,  pour  lignifier, 
apporter  de  la  lumière  à  quelqu'un ,  pour  lui  faire 


E  C  L 

yqir  clair.  Afferre  îucem.  Prenez  un  flambeau,  éd.:l' 
r^if  à  Monfieur. 

%fT  On  le  dit  aulTi  de  certains  objets  qui  répan- 
dent naturellement  de  la  lumière.  Les  vers  luilans 
edairent  pendant  la  nuit.  Les  yeux  des  chats  édai- 
re/2f  dans  l'obicurité.  Corufcare. 

^3"  On  le  dit  de  mème,en  Chymie,du  bouton  ds 
fin  ,  qui  répand  une  lumière  vive  &  étincelance  , 
dans  l'inftaar  où  il  perd  la  fluidité.  Voye^  Eclair. 
En  tei  mes  de  Joueur,  ou  dit  activement  dc.iî^Vdr 
le  tapiS,  pour  dire,  coucher  comptant  la  fomme  que 
l'on  veut  jouer.  On  avertit  fon  adverlaire  à' édairer 
le  rapis ,  lorfqu'il  oublie  de  mettre  au  jeu. 
îfï'  Eclairer,  pris  dans  un  lens  figuré  ,  fignifie  j 
donner  des  lumières  ,  de  la  clarté  à  l'efprit.  Lioce- 
re  ,  illutninare  ,  illujirare.  Les  fciences  edairent  l'ef- 
pàt,  lui  donnent  bien  des  lumières.  Loin  de  mé~ 
daircr  jy  vous  ne  penfez  qn'.l  m'égarer  par  vos  dif- 
cours  trumpeurs.  Ab.  Têtu.  Ceux  qui  demandenc 
conleil ,  le  font  plus  fouvent  pour  être  applaudis  , 
que  pour  être  edairés.  S.  EvR.  Quel  befoin  d'édai- 
rer  les  autres ,  fi  on  n'eft  pas  édaire  foi-même  ?  Lb 
P.  Ra.  Le  favoir  conuihim h.  édairer  l'efprit;  mais 
il  ne  forme  pas  toujours  le  jugement.  Lock.  L'a- 
mour-propre elt  d'ordinaire  trhs-edairé  fur  les  in- 
térêts. Nie.  Ils  ne  connoiifent  ni  cette  valeur  fage 
que  la  raifon  édaire  ,  ni  cette  égalité  d'ame  qu'au- 
cun événemenr  ne  déconcerte.  De  la  Mot. 
0C?  Eclairer  ,  fe  dit  aufii ,  au  figuré  ,  pour  obfervec 
les  aélions  de  quelqu'un.  Qbfervare.  hdairer  quel- 
qu'un ,  les  aétions  de  quelqu'un.  Les  Princes  font 
trop  édairés  pour  goûter  de  véritables  plailirs.  On  3. 
mis  quelqu'un  .1  la  fuite  de  ce  jeune  homme  pour 
Yéddtrer  ,  pour  édairer  fcs  adlions.  Voye'^  Ob- 
server. 
tfT  Éclairer  ,  en  termes  de  peinture ,  c'eft  diftribuer 
les  limiières /i'un  tableau,  y  répandre  des  clairs 
avec  intelligence.  Koye^  Lumière  &  Clar,  ternies 
de  Peinture. 

On  dit,  proverbialement^  la  ch.andelle  qui  va  de- 
vant edaire  mieux  que  celle  qui  va  derrière  ,  pour 
dire  qu'il  vaut  bien  mieux  faire  du  bien  de  fon  vi- 
vant ,  que  d'obliger  fes  héritiers  par  fon  teftament 
à  en  faire. 
Eclairé  ,  ée-  part. 

fJCF  Ce  terme,  pris  dans  un  fens  figuré,  eft  relatif 
aux  lumières  de  l'efprit.  L  homme  édaire  eft  celui 
qui  a  des  connoitfancesacquifes  ,  &  qui  lait  en  fai- 
re une  application  convenable.  L'homme  clair- 
voyant eft  celui  qui  a  des  lumières  naturelles. 
L'homme  édaire ,  dit  M.  l'Abbé  Girard ,  ne  f;  trom- 
pe pas  \  il  fait.  Le  dairvoyant  ne  fe  laiffe  pas  trom- 
per \  il  diftingue.  Voye-{  Clairvoyant.  L'étuds 
rend  edaire.  L  efprit  rend  claii  voyanr.Un  Juge  édai- 
re conndix.  la  julbce  d'une  caufe;  il  ell  inltruit  de  la 
loi  qui  la  favorife  ,  ou  qui  la  condamne.  Le  nom- 
bre de  ceux  qui  font  alfez  édairés  pour  démêler  la 
vérité  à  travers  la  grimace  ,  eft  bien  petit.  S.  Real. 
L'homme  injlruic  a  beaucoup  de  connoiifances  ac- 
quifes ,  ainfi  que  l'homme  ^c/t^irc';  mais  il  n'a  que 
cela.  L'homme  éclairé 3.  quelque  chofe  de  plus. 

fer  On  dit  que  les  pas  d'un  homme  font  bien 
édairés  ,  que  fes  aélions  font  bien  édairécs  ,  pour 
dire  ,  qu'il  eft  bien  obfervé. 

On  dit,  au  propre,  qu'une  maifon  eft  bien  édai- 
rée ,  ludida  ,  luininofa ,  lorfqu'elle  eft  bien  percée , 
qu'elle  a  de  grandes  fenêtres,  qu'elle  reçoir  bien  du 
jour  ,  ou  qu'il  y  a  un  grand  nombre  de  lumières. 
On  dir ,  au  figuré  ,  qu'elle  eft  trop  éclairée  ,  lorfque 
d'autres  maifons  ont  des  vues  fur  elle,  &  que  les 
voilais  voient  ce  qui  s'y  paife. 
ÉCLAMÉ.adj.  Terme  d'Oifelier,  fe  dit  des  Serins, 
&  figni.^ie.  Qui  a  l'aile  rompue  ,  ou  la  jambe  caf- 
fée.  Cui  ala  frada  ,  aut  ruvtus  pes.  Lorfque  vous 
aurez  un  Serin  édamé ,  dont  la  patte  fera  rompue  , 
vous  le  mettrez  dans  unepetite  c.igegarniede  mouf- 
fe  ,  ou  petit  foin  ;  vous  lui  ôterez  les  bâtons  fur  lef- 
quels  il  fe  perche  ,  en  lui  mettant  fon  boire  &  fon 
manger  au  bas  de  la  cage  d.ans  un  petit  coin.  Hsr- 


ECL 

VIEUX.  Il  ne  faut  pas  lui  lier  la  pâtre,  lois  même 
qu'elle  ell  cailée  ,  parce  que  cela  feroit  venir  quel- 
que' inflammation  dans  la  ligature.  Vous  le  place- 
rez couvert  dans  un  lieu  à  l'écart ,  de  crainte  qu'il 
ne  s'achève  de  rompre  h  patte,  ou  l'aile  ,  en  enten- 
dant quelque  autre  oifeau  auprès  de  fa  cage ,  & 
laillànt  ainfi  la  patte  calfée ,  la  nature  ,  qui  eft  un 
bon  Médecin  ,  la  lai  guérira  en  peu  de  temps.  Id. 

ÉCLANCHE.  f.  f.  Terme  de  Boucherie.  Partie  char- 
nue du  mouton  ,  qui  tient  au  quartier  de  derrière. 
Vervecis  fémur ,  coxa.  Les  meilleures  edanchcs  font 
celles  qui  ont  le  manche  court.  Le  jus  à'édanche  ell 
excellent  pour  faire  des  bilques,  des  ragoûts  te  des 
fauces.  On  mange  les  ecLitichcs  rôàes  ,à  la  daube  , 
en  pâte ,  &c. 

ÉcLANCHE  ,  pour  dire  un  gigot  dé  mouton  ,  ed  un 
mot  particulier  aux  Bourgeois  de  Paris  ,  qui  a  peu 
d'ufage  à  la  Cour  &  dans  les  provinces.  Suite  des 
Mots  à  la  mode.  On  dit  plus  communément  Gigot. 
Borel  dérive  ce  mot  de  clunche,  qui  eft  un  mot  en 
tifage  chez  les  Serruriers  ,  &  fignitîe  la  partie  du 
loquet  qui  s'abat  en  fermant  une  porte  ,  à  caufe 
de  la  relfemblance  de  [l'emboîture  &c  du  mouve- 
ment. 

ÉCLAT,  f.  m.  Ce  motfignifie  proprement  une  pièce  , 
un  morceau  de  bois  brifé  ou  rompu  dans  fa  lon- 
gueur. On  fend  une  bûche  par  éclats.  Dans  les  Tour- 
nois on  voyoit  les  lances  des  Chevalier  voler  en 
éclats.  Un  de  nos  Rois  fut  blelfé  d'un  éclat  da 
lance. 

IJC7"  On  le  dit  dé  même  des  pierres  brifées  par  le 
canon  ,  des  grenades ,  des  bombes  qui  crèrent. 
j4jjula  y  corporis  djj/llientis  Jragmcn  ,  jragmentwn. 
Il  fut  tué  d  un  écl-at  de  bombe ,  de  grenade.  Le  ca- 
non donnant  contre  la  muraille ,  taifoit  voler  de? 
éclats  de  pierre. 

Pafquier  dérive  ce  mot  par  onomatopée  du  bruit 
que  font  les  chofes  qu'on  fend,  &  qu'on  éclate.  Mais 
il  vaut  mieux  le  faire  venir  du  Grec  x>^«»  ,  frango  , 
xxâtriç^  i^racZio.  .J'efti me  qu'il  vientj  comme  l'a  fort 
bien  reconnu  M.  Ménage  ,  à'eclatum  ,  participe  paf- 
fif  du  verbe  ecjero.  EcLitumaéié  formé  de  1  infi- 
nitif barbare  eclatare ,  &  de-là  éclater  ;  comme,  de 
relatum  ,  relatare  ,  le  vieux  Gaulois  relater  ;  de 
tranjlatum ,  tranjlatare ,  tranflater,  dont  on  ufoit 
encore  au  commencement  du  fiècle  dernier  ;  de 
tralatum,  tralatare,  frelater  j  anciennement _//a/t?- 
fer,  changeant  tra  en  fra  ,  à  l'Italienne.  Lef  autres 
fîgnifications  du  mot  éclat  ont  rapport  à  cette  même 
origine.  Ainfi  ^c/jr  lignifie  ,  tantôt  bruit  jà  caufe  du 
bruit  que  fait  cette  partie  d'un  corps  dur  ,  lorf- 
queile  s'en  détache  avec  force  ;  &:  tantôt  lumière  , 
à  caufe  de  la  lumière  que  produifcnc  quelques-uns 
de  ces  corps  quand  ils  font  froilFés. 

Eclat  ,fulgor.  Ce  dit  aufli  des  rayons  que  jettent  les 
corps  lumineux,  ou  de  ceux  que  rélléchillent  les 
corps  polis.  C'eft  une  lumière  vive  &  .abondante  qui 
affeâie  fortement  l'organe.  Le  foleil  au  fortir  de 
la  nue  a  plus  d'éclat.  L'étoile  de  Vénus  j  ou  du  Ber- 
ger ,  eft  celle  qui  a  le  plus  d'éclat.  Les  diamans  font 
entre  les  pierreries  celles  qui  ont  le  plus  d'éclat  ,  le 
plus  de  feu.  Le  verre  a  aufli  fon  éclat. 

Toute  votre  félicité  j 
En  un  moment  tombe  par  terre  : 
Et  y  commt  die  a  /'éclat  du  verre , 
Elle  en  alajragilité.  Corn. 

"3^  C'eft  là  ,  dit  Voltaire  J  un  de  ces  concetti  , 
un  de  ces  faux  brillans ,  qui  étoient  tant  à  la  mode. 
Ce  n'eft  pas  l'éclat  <\m  fait  la  fragilité  ,  les  diamans 
qui  éclatent  bien  davantage  ,  font  ttès-folides.  Ces 
Vers  font  pris  mot  à  mot  d'une  Ode  de  M.  Godeau 
à  Louis  XIII.  La  mémoire  de  Corneille  pouvoir 
l'avoir  trompé.  Ces  vers  fe  préfentèrent  à  lui  dans 
la  foule  de  fes  autres  enfins.  Il  eût  été  mieux  de  ne 
les  pas  employer  :  il  étoir  affez  riche  de  fon  propre 
fonds.  C'eft  peut- être  une  plus  grande  faute  de  les 
averir  cra  bons  ,  que  de  fe  les  être  app  ropriés. 


E  G  L  3-47 

Eclat  ,  fvlendor ,  fe  dit  aulH  des  chofes  vives  ,  & 
hautes  en  couleur.  La  renoncule  a  un  rouge  vif  qui 
lui  donne  beaucoup  d'cclat.  Cette  femme  a  dans  les 
yeux  ,  dans  le  teint  beaucoup  d'éclat,  de  vivacité. 
L'édatdn  coloris ,  i'cclat&c  la  vivacité  des  couleurs. 
Les  tableaux  de  Rubens  ont  beaucoup  d'éclat. 

^fT  L'ec/^f  enchétit  fur  le  hrilUmt ,  8c  le  brillant 
furie  lujlre,  en  forte  qu'on  peut  appliquer  ces  trois 
mots  au  même  lujet  ,  par  forme  de  gradation  ;  en 
difant ,  par  exemple,  d'une  chofe,  quelle  a  du  luf- 
tre  ,  da  brillant ,  ik.  même  de  l'éclat.  Mais  ils  ne 
font  pas  faits  pour  être  fous  le  régime  l'un  de  l'au- 
tre ,  Se  l'on  ne  peut  pas  dire  le  luf^-e  du  brillant,  ni 
le  brillant  du  lu/ire  ,  &Cc.  L'éclat  eft  l'effet  d'une  lu- 
mière vive  ôc  abondante.  La  fplendeur  montre  les 
objets  dans  tout  leur  éclat.  Ilfem.ble  ,  dit  M.  l'Abbé 
Girard  j  que  l'éclat  tienne  du  feu ,  le  brillant  de  la 
lumiète  j  &  que  le  lujlre  tienne  du  poli.  Les  cou- 
leurs vives  ont  plus  d'éclat  que  les  couleurs  p'des. 
/'oyeç  Lumière  J  LUEUR  ,  clarté,  splendeur. 

§3"  Le  motd'fc/(7reft  quelquefois  employéj  dans 
le  figuré ,  pour  le  dilcours  &  les  ouvrages  d'efpric. 
C'eft  par  la  vérité  ,  la  force  &  la  nouveauté  des 
penfées,qu"un  difcours  a  de  ïédat.f^oje-:^  Brillant 
au  figuré.  Les  figures  pompeufes  &  magnifiques  de 
Tertullienne  prouvent  que  par  leur  éclat  fenfible. 
MalÉb.  Les  beautés  d'eV/ar,  en  fait  de  paroles-,  ne 
font  pour  l'ordinaire  que  de  faulfes  beautés  ,  qui 
n'ont  que  la  première  vue.  Le  Ch.  i>e  M. 

gCT  Eclat  J  fe  prend  .encore,  au  figuré,  pour  gloire, 
magnificence  J  tout  l'appareil  de  la  grandeur.  L'tc/iir 
de  la  vertu,  des  belles  actions ,  des  grandeurs ,  des 
richelfes.  Les  triomplies  des  Romains  fe  faifoienc 
avec  beaucoup d'c't/tzr (Se  de  magnificence. 

Z^éclat  de  mes  hauts  faits  fut  mon  feul  partifan. 

Corn. 

Ce  Seigneur  a  toujours  paru  à  la  Cour  avec  un 
grand  éclat.  La  pourpre  ,  qui  rehaufle  d'ordinaire 
l'e'c/^rdes  bonnes  qualités  ,  reçoit  du  luftre  de  tou- 
tes les  fiennes.  B.  Rab. 

Z'éclat  de  mon  nom  même  augmente  mon  fupplice  : 
Moins  connu  des  mortels  je  me  cacherais  mieux. 

Racine. 
♦ 
On  aime  leur  grandeur  fans  aimer  leur  perfonne  i 
Ils  n'ont  que  cet  éclat ,   qui  vientde  la  Couronne  y 
Et  connus  par  leur  nom  plus  que  par  leurs  exploits. 
Ut  ne  feraient  plus  rien  y  s'ils  cejjoient  d'être  Rois. 

FlÉgh. 

^CT  Dans  cette  acception  ,  on  dit  qu'une  a6fion 
a  fait  bea'ucoup  d'éclat ,  pour  dite  ,  qu'elle  a  fait 
grand  bruir.  f^^oye^  ce  mot. 

§C?  On  le  dit  de  même  des  chofes  qui  font  fues 
dans  le  monde  ,  qui  fournllfent  matière  aux  conver- 
fations  ,  dont  on  parle  beaucoup  en  mauvaife  part. 
Prévenir  ,  empêcher  l'éclat  d'une  mauvaise  affaire. 

(CT  On  le  dit  encore  d'une  querelle  y  d'une  rup- 
ture qui  fait  du  bruit. 

^vec  ce  pied  plat , 

Il  faudra  que  j'en  vienne  à  quelque  grand  éclat 

Mol, 

IJCT  Enfin  des  chofes  dont  on  fe  vlnte  trop.  Se 
que  l'on  affeéle  de  faire  paroîrre.  A  quoi  bon  tous 
ces  éclats  de  vertu  ?  c'eft  que  vous  cherchez  de  la  ré- 
putation. 

Là ,  votre  pruderie  ,  &  vos  éclats  de  ^èle , 

Ne  Jurent  pas  cités  comme  un /art  beau  rhodele. 

Mol. 

IP"  Faire  un  édat  de  rire.  Faire  grand  bruit  en 

n3.m.  Rifumtollere. 

Éclat.  Ville  Capitale  de  la  Baffe  Arménie  :  elle  eft  fi- 

tuce,  félon  les  Géographes  Perfaws  ,  à -'5    degrés 

50'  de  longitudes:  359  degrés  iH'  de  latitude.  C'eft; 

Z  z  z  ij 


54^ 


EC  L 


la  même  qui  eft  nommée  j4chlac  dans  la  carte  de  la 
Perle  d  Oléaruis. 
ÉCLATANT,  ante.  adj.  Qui  fait  du  bruit ,  qui  a  de 
l'éclat,  tutgidus  ,  j'plcndidus  ,  clarus.  Il  ell  employé 
de  même  qu'éclat  dans  le  fens  propre  ,  dans  le  iens 
par  extenlion  ,  &c  dans  le  fens  figuré  ,  comme  on 
Je  verra  par  les  exemples  luivans.  Lumière,  cou- 
leur cdataiiu  ^  Ion  éclatant ,  voix  éclatante  ,  vertu 
éclatante.  Le  canon  fait  un  bruit  ec/i/w/zr.  Les  rubis 
balais  ont  une  couleur  éclatante.  La  lumière  du  fo- 
leil  eft  II  éclatante^  qu'elle  éblouit. 

3' ai  vu  de  mes  pareils  Us  malheurs  éclatans.  Rac. 

Les  fervices  les  plus  éclatans  ne  font  pas  les  plus 
feniibles  pour  les  Souverains.  S.  Real.  De  tout 
temps  rien  n'a  été  plus  dangereux  parmi  les  hommes 
qu'un  mérite  éclatant.  Le  luperbi  ne  cherche  pas  à 
faire  de  bonnes  adions  \  il  n'en  veut  faire  que  dV- 
datantes. 

Publions  en  tous  lieux  j 
Du  plus  grand  des  Héros  la  valeur  triomphante: 

Que  la  terre  &  les  deux , 
Retentijjent  du  bruit  de  fa  gloire  éclatante. 

QuiNAUT. 

Des  plus  riches  hahits  les  apprêts  éclatons 
Réparent  joiblemcnt  les  ravages  du  temps. 

CoP.N. 

De?  Éclatant  ,  Terme  de  Bijoutier,  adj.  pris  fubftan- 
tivement.  Pierre  de  compoiition  fort  tendre  ,   mais 

,   qui  a  beaucoup  d'éclat. 

ECLATANTE,  f.  f.  Sorte  de  fufée  chargée  de  com- 
poiition de  feu  brillant  qui  lui  donne  plus  d'éclat 
que  le  feul  charbon. 

fp°  ECLATER.  V.  n.  Aller  en  éclats  ,  fe  rompre  ,  fe 
brifer  en  éclats.  Diffilire  in  /ragmina  j  ajjulatim  , 
ajfulosè  difrumpi.  Cet  arbre  a  édaté.Là  bombe  éclata 
en  tombant ,  éi  tua  plufieurs  perfonnes.  Il  eft  auflî 
réciproque.  Cet  arbre  s  sii  éclaté. 

Ci3"  Les  Jardiniers,d'après  la  Quintinie  &  Liger  , 
font  quelquefois  ce  verbe  aélif.  Prenez-garde  de 
trop  bailfer  cette  branche ,  de  peur  de  Védater  ,  ou 
qu'elle  ne  s'ec/a^e,  La  Quint.  "Voilà  une  branche 
que  le  vent  zédatéç.  Liger. 

^3"  Éclater,  fignifie  aulîi  faire  un  grand  bruit.  Le 
tonnerre  éclate.  On  le  dit  auffi  figurément  du  bruit 
qu'on  fait  en  riant.  Eclater  ,  o\x$  éclater  as  rire.  Ri- 
fum  tollere. 

§CF  On  leditaufli,  figurcment,des  chofesqui  ont 
été  cachées  ,  &  qui  viennent  à  la  connoilîance  de 
tout  le  monde.  On  tramoit  cette  conjuration  il  y 
avoit  long-temps  ;   mais  enfin  elle  a  éclaté. 

Quelque  cragéfur  eux  eft  tout  prêt  af'éclater.  Rac. 

On  foupçonnoit  un  mariage  clandeftin  ,  il  a  en- 
fin éclaté  ,  on  l'a  déclaré  liautement.  Ils  en  vinrent 
à  une  animofité  réciproque ,  qui  éclata  en  plufieurs 
rencontres.  L'Ab.  Regn. 

§^  On  dit  de  même  éclater  en  Injures  ,  en  re- 
proches ^  &  s'emporter.  In  querclas  ,  in  convicia 
erumpere.  Je  fus  prête  à  éclater  cent  fois  par  mes 
pleurs  &;  par  mes  reproches. 
Éclater,  conftruit  avec  la  prépofition  contre  ,  ou  mis 
ablolument ,  fignifie,  S'emporter  ,  invediver  ,  fai- 
re des  plaintes  avec  chaleur  &  avec  colère.  Irafci  , 
ftomachari ,  in  querelas  &  convicia  erumpere.  Eclater 
contre  l'injuftice. 

Après  cela  ,  Madame ,  éclatez  contre  un  traître. 

Racine. 

Marot  a  dit ,  s  éclater  j  pour  éclater  ^  parler  avec 
feu. 

Ceiui  qui  parle  illecfans  ^'éclater  , 
Le  Juge  ajjîs  veut  corrompre  &  flatter. 


E  C  L 

Éclater  j  fignifie  auffi  ,  Avoir  de  l'éclat ,  frapper  les 
yeux,  yoyei^  Eclat.  On  le  dit  tant  au  propre  qu'au 
figuré.  SpLendere,  Iplendejcere  ^  Julgere.  Les  pier- 
reries miles  en  œuvre  tV/are/irdavaniage.  La  gloire 
de  ce  Conquérant  éclate  dans  toutes  les  contrées.  La 
colère  edatoit  fur  fon  vifage  ,  qui  en  étoit  tout  trou- 
blé ,  &  altéré.  M.  Esp.  Fane  cciattr  la  vérité ,  c'eft 
la  faire  connoître  évidemment ,  d'une  manière  feii- 
lible  :  on  doit  entendre  de  la  même  manière  ,  à  pro- 
portion j  ces  expreliions,  faire  éclater  fon  zèle,  fa 
colère ,  &c. 

Un  tranfport  tout  de  flamme  éclate  en  fon  vfage. 

La  Suze. 

On  peut  douter  d'un  cœur  qui  n'a  point  combattu  : 
Ce  u  eft  qu'en  ces  afjauts  quéc\7iX.Qla  vertu.  Corn. 

Eclaté  j  ée.  part.  palT.  &  adj.  Bois  éclaté ^  pierre  écla- 
tée. JJiJciJJus  ijia  dus. 

Éclaté  ,  ie  dit,  en  termes  de  Blafon  j  des  divifions 
de  lEcu  ,  qui  ne  fe  font  pas  nettement  &  en  ligne 
droite  ,  mais  qui  femblent  témoigner  que  cela  pro- 
vient de  ce  qu'il  a  été  rompu  ou  brifé  avec  force  , 
de  forte  qu'il  paroït  en  éclatb.  On  le  du  aulli  des 
lances  rompues  ,  des  chevrons ,  &:c. 

ECLECTIQUE,  adj.  fouvcnt  employé  fubftantive- 
ment.  Nom  que  l'on  donnoit  à  quelques  Philofo- 
phes  anciens.  Ecledicus  ,  Eleclicus.  Diogène  Laerce, 
L.  I.  &:  Suidas ,  difent  que  les  Ecieciiques  étoienc 
ceux  des  Philolophes  qui ,  fans  s'attacher  à  aucune 
fe6te  particulière  ,  prenoient  de  chacune  ce  qu'ils  y 
ttouvoient  de  bon  &  de  folide.  Dc-là  leur  venoit 
leur  nom  ,  qui  en  Grec  fignifie ,  Qui  peut  être  choi- 
lij&  qui  choilit  :  èitAsya ,  Je  thoifis.  Laerce  dit 
au  même  endroit  qu'on  lesnommoit  encore  pour  la 
même  raifon  Analogétiques  ,  &  que  pour  eux  ils 
s'appeloientPhilaléthes  ,  c'eft- à- dire  ,  amis  ou  fec- 
tateurs  de  la  vérité.  Le  Chef  des  Edediques  fut  un 
certain  Potamon  d'Alexandrie  ,  qui  vivoit  fous  Au- 
gufte  &  fous  Tibère,  &  qui ,  las  de  douter  de  tout 
avec  les  Sceptiques  &  les  Pyrrhoniens  ,  forma  la 
feéle  Ededique  ,  que  Vofiius  appelle  aulli  Eledive, 
conformément  au  Latin.  Foye^  cet  Auteur ,  Hifl, 
Philof  L.  III.  C.  dernier.  Etre  Ededique  j  c'eft  être 
de  la  lede  de  ceux  qui  fe  confervent  la  liberté  de 
choifir  dans  les  autres  fe<5tes  ce  qui  leur  paroït  le 
meilleur.  Clifton.  Son  Tradudfeur  écrit  mal-à- 
propos  Ecdedique. 

ÉCLEGME.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie.  Médicament 
peétoral  d'une  confiftance  de  firop  épais.  Ce  mot  , 
qui  fignifie  j  Léchement  j  fucement ,  eft  Grec  :  il 
vient  de  la  particule  êa  ,  &  de  «"x"»  ,  lécher.  On  a 
nommé  ainfi  ce  remède  j  parce  qu'on  le  fait  fucer 
aux  malades  avec  un  bâton  de  régliiïe  ,  qu'on  trem- 
pe dedans  par  un  bout ,  afin  qu'étant  pris  peu-à-peu 
il  demeure  plus  de  temps  au  palfage  ,  &  humeéte 
mieux  la  poitrine.  Il  y  a  un  eclcgme  de  choux,  un  de 
pavot,  un  de  lentilles  ,  un  de  fcille  ,  tkc.  Les  Mé- 
decins appellent  aulli  ce  médicament  loock  ,  qui  eft 
le  nom  que  lui  donnent  les  Arabes, 

ÉCLIPSE,  f.  f.  Edipsis  3  deliquium  j  defcdus.  Obfcur- 
cilfement  d'un  corps  célelfe  par  l'interpofition  de 
quelque  corps  opaque  j  entre  le  corps  célefte  &  no- 
tre œil  ,  ou  entre    ce  même  corps  &  le  foleil.  L'e- 
dipfe  du  foleil  devroir  être  plutôt  appelé  Xéclipfe  de 
la  terre  ,  puifque  c'eft  la  privation  de  la  lumière  du 
foleil  par  une  partie  de  la  furface   de  la  terre  ,  que 
nous  appelons  édipfe  de  foleil  :  ce  qui  arrive,  lors- 
qu'il eft  conjoint  avec  la  lune  dans  les  nœuds  de  l'E- 
cliptique,  &  qu'elle  eft  interpofée  entre  lui  &  la 
terre.  Comme  Tombre  de  la  terre  jetée  fur  la  Lune 
doit  y  produire  les  édipfes  totales  ou  partiales  que 
l'on  y  obferve  de  temps  en  temps  ;  ainfi    la  lune  , 
lorfqu'elle  iette  Ion  ombre  fur  la  terre  ,  forme  une 
édipfe  de  terre  :  toute  la  différence  qui  s'y  trouve 
vient  uniquement  de  ce  que  la  lune  étant^  beaucoup 
plus  petite  que  la  terre,  fon  ombre  n'en  fauroit 
couvrir  toute  la  futface,  mais  feulement  une  très- 


.    E  C  L 

giaftole  partie  de  cecce  nièini  laihice-  Ainfi  il  n'y 
aui-aquc  ceux  qui  liabicenc  cetue  partis  de  la  terre 
qui  le  trouveront  dans  les  ténèbres  ;  enlbrte  que,  la 
lune  venant  à  jeter  (on  ombre  dans  une  tort  petite 
étendue  ,  on  y  verra  difparoître  le  loleil.  Celt  la 
railon  pourquoi  on  no  n.ne  ce  phénomène  éciipjc 
de  loieil  :  quoique  impiopremenr,  puilqu  j  le  loleil 
ne  manque  point  pour  cela  de  lumière.  En  etter  il 
laconferve  toujours  avcc  le  même  éclat  :  ce  font 
au  contraire  les  régions  de  la  terre  où  l'ombre  vient 
à  le  répandre  ,  qui  en  manquent  etrechvement, , 
Sic  ce  font  elles  qui  lont  véritablement  écliplces. 
Injtuut.  Ajlronom.p.  lyS.  L'cdipje  de  lune  fe  tait, 
Jorfqii'elle  eft  pleine  ,  &  oppofee  au  foleil  dans  les 
niènies  nœuds ,  6c  que  l'ombie  de  la  terre  tombe lur 
ie  difque  de  la  lune  ,  &  empêche  qu'elle  ne  reçoive 
fa  lumière.  Ce  qui  tait  qu'il  n'arrive  pas  des  cclip- 
fes  toutes  les  fois  que  la  lune  elt  entre  le  foleil  &  la 
terre  ,  ou  la  terre  entre  le  foleil  &  la  lune  ,  c'elt 
que  fouvent  ces  trois  corps  ne  lont  pas  exaétement 
ranges  en  droite  ligne  ,  i^cque  parconléquent  celui 
qui  devroit  faire  l  c;c///^d  jette  Ion  ombre  un  peu  à 
côté  de  celui  qui  en  devroit  être  couvert.  foNT. 
Chaque  pleine  lune  nous  donneroit  une  eclipjé  ,  Il 
cette  planète  avoit  un  mouvement  périodique  dans 
l'Eclipcique  \,  mais  l'orbite  de  la  lune  forme  avec 
l'Echptique  un  angle  qui  va  quelquefois  julqu'à  y 
degrés  17  minutes.  C'clt  pourquoi  la  lune  ne  s  cclip- 
fe  que  lorfqu'elle  fe  trouve  dans  un  des  nœuds ,  ou 
près  d'un  des  nœuds ,  dans  le  même  temps  que  le 
ibleil  paroîtdans  le  nœud,  ou  près  du  nœudoppole. 
Les  Satellites  de  Jupiter  ont  aulli  leurs  éaipjcs ^ 
quand  cette  planète  le  trouve  entre  le  foleil  &ies  fa- 
tellites. 

Les  Anciens  fe  formoient  une  idée  alFreufe  des 
édipj'es  ,  comme  de  prélages  des  plus  tuneltes  al 
fliéiions.  Bay.  Plutarquc  rapporte  qu'à  Rome  on 
n'oloit  s  expliquer  quen  feciet  de  la  caufe  natu- 
rellle  des  éaipjcs ,  parce  que  c'étoit  ôter  aux  Devins 
]eur  emploi.  Les  hommes  ont  tait ,  débité  bien  des 
lottifes  fur  les  éciipjes. Fo^iT.  VédipJ'edc  loleil  dure 
moins  que  ctlle  de  la  lune.  La  plus  longue  édipjt 
du  foleil  n'elT:  que  de  deux  heures.  La  raifon  elt  , 
que  Is  mouvement  propre  de  la  lune  fe  faifant  d'Oc- 
cident en  Orient,  elle  achève  fon  cours  ,  ou  mois 
périodique  j  en  17  jours  &  demi ,  &c  quelque  cho- 
ie de  plus ,  c'eil-à-dire,  qu'elle  fait  à-peu  près  les 
360  degrés  en  ce  temps-là  :  ainli  il  faut  qu'elle  par- 
coure 1 5  degrés  en  un  jour  ;  &  par  conféquent  elle 
fait  un  demi-degré  à  chaque  heure,  &  ce  demi-de- 
gré eft  environ  la  grandeur  du  diamècre  apparent 
du  foleil  :  ainfi ,  même  lorfque  Védipft  du  loleil  ell 
la  plus  longue  ,  c'eit-à-dire,  lorfqu'elle  eft  totale  , 
la  lune  pour  le  couvrir  emploie  une  heure  ,  qui  eft 
la  moitié  de  la  durée  d'une  édipfe\  &,  pour  fe  reti- 
rer de  devant  le  difque  du  foleil ,  il  lui  faut  de  mê- 
me une  heure  entière.  Pour  déterminer  la  durée 
d'une  édipfe  de  foleil ,  ou  de  lune  ,  on  divife  or- 
dinairement le  diamètre  du  foleil  ou  de  la  lune  en 
douze  parties  égales ,  qu'on  appelle  doigts  éclipti- 
ques,  &  chaque  doigt  en  60  minutes.  On  appelle 
demeure,  le  temps  que  tout  le  difque  du  foleil  de- 
meure caché  à  nos  yeux  par  l'inrerpofition  de  la  lu- 
ne ;  ou  le  temps  que  route  la  lune  demeure  enve- 
loppée dans  l'ombre  de  la  terre.  On  appelle  inci- 
dence ,  ou  immersion  ,  le  commencement  d'une 
édipfe  Ac  lune  ,  ou  de  foleil  :  c'eft-à-dire  ,  le  mo- 
menr  auquel  la  lune  commence  à  nous  cacher  une 
partie  du  foleil  ,  ou  auquel  la  lune  commence  à 
être  obfcurcie  ,  &  à  entrer  dans  l'ombre  de  la  iqï- 
te-^émersiono\\  expurgation  ,  quand  le  foleil  recom- 
mence à  paroître  ,  ou  que  la  lune  fort  de  rcmbre 
de  la  terre. 

Les  Aftronomes  divifent  Xédipfe  de  lune  en  par- 
tiale ,  quand  la  lune  n'eft  obfcurcie  qu'en  partie  j 
en  totale  fans  demeure  ,  quand  la  lune  eft  entière- 
mentobfcurcie,  &  qu'elle  ne  demeure  pas  un  temps 
confidérable  dans  l'ombre  ;  &  totale  avec  d,^meurc  , 
quand  tout  le  corps  de  la  lune  eft  obfcurci,  &  qu'il 


E  C    L  549 

demeure  quelque  temps  dans  l'ombre.  On  appelle 
encore  cdipjii  centrale  ,  une  edipfe  totale  ,  en  forte 
que  l  axe  de  l'ombre  ^  ou  du,  cône  que  fait  l'ombre, 
delà  terre  jpaffe  par  la  centre  de  la  lune.  Pour  U 
fjieil  ,  il  peut  y  avoir  une  edipfe  centrale  ,  qui  ne 
foit  point  totale  ,  lorfque  dans  le  remps  de  ïédipfs 
la  lune  fe  trouve  dans  fon  apogée  ,  &  plus  éloignée 
de  la  terre.  Car  pour  lors,  li  le  centre  de  la  lune  fe 
trouve  à  notre  égard  dans  la  même  ligne  que  le  cen- 
tre du  loleil ,  V edipfe  fera  centrale  j  mais,  parce  que 
la  lune  fera  plus  près  du  foleil,  &  que  d'ailleurs  foa 
dilque  eft  beaucoup  plus  petit  que  celui  du  foleil, 
elle  nous  en  cachera  une  bien  moindre  partie  ,  &il 
fe  pourra  faire  qu'à  l'entour  de  la  partie  du  difque 
du  loleil ,  qui  fera  edipfie  ,  il  refte  comme  un  an- 
neau de  lumière,  que  la  lune  ne  couvrira  point  : 
c  eft  pour  cela  que  ces  fortes  d'e'dipjes  s'appellent 
annulaires.  Les  édipfes  annulaires  font  fort  rares  : 
généralement  parlant  il  arrive  plus  à'edipfes  de  îb- 
îeil  que  d'edipjès  de  lune.  Mais,dans  chaque  pays  en 
particulier,  on  voit  plus  d'f'c//pyt-x  de  lune  que  d'e- 
dtpfs  de  loleil.  La  taifon  de  cela ,  c'eft  que  Védipfe. 
de  la  lune  paroît  toujours  fur  tout  l'hémifphère  de 
la  terre  fur  lequel  la  lune  eft  pendant  Xédipfe,  au  lieu 
que  \' edipfe  de  loleil  ne  paroît  que  dans  les  endroits 
de  la  terre  à  l'égard  defquels  la  lune  cache  le  foleiL 
La  lune  ne  peut  guère  éviter  ['édipfe  de  cinq  en  cinq 
'mois.  L'eclipje  du  foleil  eft  fouvent  piécédée  quinze 
jours  devant  j  &  fuivie  quinze  jours  après  d'une 
edipjc  de  lune. 

If?  La  lune  totalement  éclipfée  paroît  quelque- 
fois de  couleiir  de  cendre  ,  quelquefois  d'une  autre 
couleur. 

§^^  L'ombre  parfaite  de  là  terre  ne  s'étend  pas 
jufqu'à  quarante-huit  mille  lieues.  L'ombre  impar- 
faite ,  ou  la  pénombre  s'étend  jufqu'à  environ  trois 
cens  vingt  cinq  mille  lieues  au-delà  de  la  terre.  Ce 
n'eft  pas  dans  l'ombre  ,  mais  dans  le  pénombre  que 
le  flut  l'immerlion  du  difque  de  la  lune.  Cette  pé- 
nombre contient  plufieurs  rayons  du  foleil.  Ainlî  k 
lune ,  quoique  rotalement  éclipfée  ,  doit  nous  pa- 
roître  tantôt  rdugeàcre  j  tantôt  d'une  autre  cou- 
leur. 

^'  La  lune  fe  meut  périodiquement  d'Occident 
en  Orient  ;  ainfi  c'eft  toujours  le  limbe  oriental  du 
difque  de  cette  planète  qui  doit  entrer  le  premier 
dans  l'ombre  de  la  terre. 

|ÎC?  Dans  les  edipfs  de  lune ,  le  foleil  &  la  lune 
font  féparcs  l'un  de  l'aurrede  fix  lignes  céleftes: ain- 
li il  n'eft  pas  poliible  que  ces  deuxaftres  fe  trouvent 
enlemble  fur l'horifon.  Lorfque  cela  paroît  arriver, 
c'eft  une  illufion  purement  optique,  caafée  par  la 
rerraélion  de  la  lumière.  C'eft  par  cette  raifon  que 
nous  croyons  voir  le  foleil  fur  l  horifon,  lorfqu'il  n'y 
eft  pas  réellement.  Voye\  Réfraction. 

La  figure  d'une  édipfe  eft  la  repréfentation  fur  un 
plan  ,  du  commencement ,  du  milieu  ,  &  de  la  fin 
de  cette  édipfe  ,  foit  de  lune  ,  foit  de  loleil.  On  ap- 
pelle édipje  moyenne  ,  celle  qui  fe  fait  dans  la 
moyenne  conjoncliion,  ou  dans  la  moyenne  oppofi- 
tion  ;  &  édipfe  vraie  ,  celle  qui  fe  fait  dans  la  vraie 
conjonction ,  ou  dans  la  vraie  oppofition. 

Il  y  a  une  edipfe  des  Satellites  de  Jupiter  prefque 
tous  les  jours.  On  nefait  point  certainement  les  lon- 
gitudes que  par  le  moyen  des  eVA^^/tj.  hss  édipfes àvL 
premier  Satellite  de  Jupiter  font  pour  cela  bien  plus 
commodes  1^  bien  plus  fùres  que  celles  du  foleil  ou 
de  la  lune,&  outre  cela  bien  plus  fréquentes.  L'illuftre 
M.Calîini  a  tait  des  tables  de  mouvemens  du  premier 
Satellite  de  Jupiter  :  ces  tables  fervent  à  calculer  les 
édipfes  de  ce  Satellite  ,  &  le  temps  de  fes  immer- 
fions  (Scémerfions.  L'ufage  en  eft  trcs-aifé  pour  la 
détermination  des  différences  en  longitude.  Deux 
perfonnes  observent  chacun  en  différens  lieux  une 
même  imhierdon  ou  émerfion  ,  &  après  comparent 
le  temps  de  leurs  deux  obfervations  ^  pour  avoir  la 
dillérence  de  l'heure,  minute  &C  féconde  de  cha- 
cune ,  laquelle  diffétence  étant  convettie  en  degrés 
5c  minutes  ,  comptant  quinze  degrés  pour  une  heu- 


jjo  E  C  L 

re  5  UH  degré  pour qiuue  minutes,  &  une  minute | 
pour  nuatre  fécondes,  donne  la  différence  de  lon-l 
gitude  de  ces  lieux  en  degrés  Se  minutes.  Lorfqu'on 
a  la  table  des  immerfions  &  émeilions  j  ou  qu'on 
les  a  calculées  par  les  tables  de  M.  Caflini ,  qui 
■font  d'un  ufage  très-aifé ,  il  r.e  faut  qu'obferver 
une  immerfîon  ou  cmeifion  du  premier  Satellitede 
Jupiter;  &  la  différence  de  temps  entre  l'obferva- 
tion  &  le  calcul  fait  fur  les  tables  qui  font  pour 
le  méridien  de  Paris ,  donnera  la  diftérence  en  lon- 
qitude  entre  Paris  Se  le  lieu  de  l'obfervation. 

Il  y  a  des  voies  fûres  de  ptédire  les  écUpfes  ,  &  de 
fiivoir  fur  quel  horifon  elles  paroîtront.  Romer  a 
trouvé  une  machine  ou  efpèce  de  planilphère  &  de 
"montre  ,  tjui ,  par  le  moyen  d'une  manivelle  qu'on 
tourne  ,  marque  toutes  les  éclip/es  des  planètes  qui 
ont  été  ,  ou  qui  feront  jamais.  C'eft  une  invention 
merveilleufe.  Cette  machine  ell  .\  l'Obfervatoire 
Royal  de  Paris ,  avec  plufieurs  autres  machines  cu- 
rieufes.  M.  de  la  Hire  le  père  a  fait  des  tables  Aftro- 
nomiques  pour  les  édipjcs  du  foleil  &  de  la  lune.  Il 
n'a  attaché  fes  tables  a  aucune  hypothèfe. 

On  dit  qu'une  éclipfe  eft  de  huit  doigts  ,  de  dix 
doigts  j  quand  l'aftre  eft  obfcurci  en  tant  de  parties 
de  ion  corps ,  qu'on  fuppofe  être  divifé  en  douze 
doigts  ou  parties;  &c  on  dit  que  les  édipfes  de  la  lu- 
ne font  de  plus  de  douze  doigts,  lorfque  l'ombre  de 
la  terre  couvre  plus  que  le  difque  de  la  lune  j  ên- 
forte  que  la  lune  demeure  long-temps  dans  l'om- 
bre ,  éc  s'y  enfonce  \  &  c'eft  pour  lois  que  Vîdipje 
de  la  lune  ell  totale  avec  demeure  ,  totalis  cum 
mora. 

Les  Païens  attribuoieht  la  caufe  des  édipfes  de 
lune  aux  vilites  que  Diane  ou  la  lune  rendoit  à  fon 
amant  Endymion  dans  les  montagnes  de  la  Carie  j 
mais ,  comme  fes  amours  ne  durèrent  pas  toujours, 
il  fallut  cheïcher  une  autre  cauie  de  fes  édipfes.  On 
•publia  que  les  forcières  ,  fur-tout  celles  de  Theffa- 
lie  ,  où  les  herbes  venimeules  étoient  plus  commu- 
nes ,  avoie'.it  le  pouvoir  par  leurs  enchantemens 
d'attirer  la  lune  fur  la  terre, '&  qu'il  falloir  faire  un 
grand  bruit  de  chaudrons  &  autres  infttumens  j 
pour  l'empêcher  d'entendre  les  cris  de  ces  Magi- 
ciennes. 

Les  Mexicains  jeûrtoient  pendant  les  édipfes  ,  & 
particulièrement  les  femmcs,qui  durant  ce  temps-là 
le  maltraitoient  elles-mêmes  ;  &  les  filles  le  ti- 
roientdu  fang  des  bras.  Ils  s'imaginoient  que  la  lu- 
ne avoit  été  bleffée  par  le  foleil  pour  quelque  que- 
relle qu'ils  avoient  eue  enfemble.  Les  Anciens  fai- 
foient  grand  bruit  avec  des  inftrumens  d'airain  ,  & 
pouiïoient  des  grands  cris  pendant  Xédipfe  de  la  lu- 
ne ,  croyant  la  foulager  dans  fon  travail.  Juvenal 
dit  j  d'une  femme  babillarde  j  qu'elle  fait  affez  de 
bruit  pour  fecourir  la  lune  lorfqu'elle  travaille.  Vna 
laboranû potcrit fuccumrcluTidi.  D'autres  attribuoient 
Xédipfe  de  la  lune  à  l'art  des  Magiciens  ,  qui  par 
leurs  enchantemens  l'arrachoient  de  fon  ciel  j  &  la 
faifoient  venir  écumer  fur  l'herbe.  Les  Chinois  ont 
li-deffus  leurs  idées  particulières. /''oye:^ les  A/tfOToi- 
res  du  R.  P.  Le  Comte. 

Ce  mos  vient  du  Grec  «^iB-rij ,  de  ÎK^iTra  ,  dcf- 
tio-  Et  ainfi  tous  ces  mots  ^  edipfe  ,  édipfer^  édipd- 
■que  j  ne  doivent  pas  s'écrire  en  François  par  deux  c, 
&  encore  moins  par  un  y  Grec.  Il  y  a  des  gens  qui 
ne  manquent  jamais  de  mettre  des  h  ,  &c  des  y 
Grecs,  dans  les  mots  qui  viennent  du  Grec  ,  com- 
me s'il  n'y  avoit  pas  en  Grec  des  efprits  doux  auftî- 
bien  que  des  efprits  âpres  ,  &  des  i  fimples  aUllî- 
bien  que  des  y  Grecs ,  ou  v.  On  commence  depuis 
quelque  temps  à  retrancher  l'j  Grec  j  &  l'A  ,  dans 
bien  des  mots ,  dans  lefquels  on  devroit  les  obfer- 
fer ,  pour  marquer  leur  origine  :  l'ufage  eft  le  maî- 
tre de  ces  fortes  de  chofes ,  &  ,  quand  il  fera  bien 
établi  j  il  faudra  nous  y  rendre.  Mais  l'ufage  de 
mettre  des  h  Ik  des  y  Grecs  ,  dans  les  mots 
Grecs  qui  n'ont  point  en  Grec  d'afpiration  ,  ni 
d'tf  ,  doit  être  toujours  regardé  comme  un  abus  ; 


E  C  L 

&   il  n'y  a  ni  piefcrip  tion  ni  autorité  qui  le  puilTe 
faire  palier. 

Éclipse  du  soleil  et  de  la  lune.  En  termesdeGrand 
Art  j  cela  fignilie  l'état  de  la  matière  philofophale 
confidéiée  dans  le  premier  régime,  lorfqu'elle  eft 
comme  de  la  poix  fondue. 

Une  lune  qui  couvre  le  foleil  &  lui  caufe  une 
édipfe  y  avec  ce  mot ,  Adimit  quo  ingrata  rejulget , 
eft  la  devife  d'une  ame  ingrate  dans  Picinelli.  Et 
une  édipfe  de  lune,  avec  ce  mot  Italien  ,  E  put 
camina ,    eft  une  devife  du  Père  Camillo  Autici  , 

,   pour  la  conftancc  &  la  fermeté  dans  l'adverlité. 

Eclipse  ,fe  dit,  figurément,  d'un  obfcurcilfementpaf- 
fager.  Objluracio,  L'éclat  de  fa  lumière  ne  fouftre 
n'iA' edipfe , m  de  nuit.  La  Suze.  Cette  malheureufe 
édipfe  de  la  Monarchie  eut  des  commencemensbien 
foibles..  Patru.  Elifabeth  difoit  un  jour  à  fon  Con- 
feil  J  fâchez  que  la  France  ne  peut  fouffrir  à'éelipfe 
qui  ne  fou  funefte  à  l'Angleterre  ,  &  que  fon  der- 
nier jour  feroit  un  préfage  denotie  prochaine  nuit. 
Larrey  ,  Elifab.  p.  505. 

§C?  Eclipse  ,  fe  dit  aulli  pour  difparition  :  en  patlant 
des  perfonnes  qui  ont  été  long-temps  abfentes  ,  on 
dit  qu'elles  ont  fait  une  longue  édipfe. 

IfT  ECLIPSER.  v.  a.  Se  ditjau  propre,d'un  corps  opa- 
que J  qui ,  par  fon  interpolition  ,  cache  un  corps 
célefte  ,  en  tout ,  ou  en  partie  ,  en  intercepte  la  lu- 
mière. Ohfeurarc.  La  lune  édipfe  le  foleil  ,  lorf- 
qu'elle fe  trouve  en  conjonction  entre  le  foleil  &c 
la  lune  j  parce  qu'alors  elle  répand  fon  ombre  fur 
la  terre,  &  qu'elle  nous  empêche  de  recevoir  les 
rayons  de  lumière  que  le  foleil  nous  envoie. 

§^'  Ce  mot  ,  tranfporté  au  figuré  en  parlant  du 
mérite  &c  des  taiens ,  préfente  la  même  idée  d'obf- 
curciffement  j  mais  d'un  obfcurcilFement  total  ,  & 
paroît  lynonyme  à  effacer.  Corneille  édipfe  tous  les 
Poètes  Tragiques  qui  l'avoient  précédé.  "Ne  t'ap- 
proche jamais  de  qui  peut  zedipjer.  Le  plus  accom- 
pli aura  toujours  le  premier  rôle. 

IJCT  s'Eclipser,  v.  récip.  Souffrir  éclipfe.  Deficere  j 
edipf/n  ydeliquium  paci.Le  [oWû  sédipfa  miracii- 
leufement  à  la  mort  de  Notre-Seigneur.  En  Amé- 
rique on  étoit  perfuadé  que  le  foleil  &  la  lune 
étoient  fâchés  quand  ils  s'cc://^yoie/2rj  ôi  Dieu  fait 
ce  qu'on  ne  faifoit  pas  pour  le  raccommoder  avec 
eux.  Font.  . 

s'iicLiPSER  ,  fe  dit,figurément,de  ceux  quis'abfentenr, 
qui  difparoiiïcnt ,  ou  qui  fe  cachent ,  ou  des  cho- 
ies qui  fe  perdent  ,  qui  s'évanouilfent.  Evanejcere. 
Ce  Banqueroutier  s'elX  édipfe ,  il  ne  paroît  plus.  Il 
s'eft  edipjé  de  la  Cour.  Tout  le  bien  de  ce  prodigue 
s'eft  éclipfe  en  peu  de  temps.  De  vos  beaux  yeux  les 
rayons  s'édijysèrent.  Voit.  Si  l'Eglife  Romaine  eft 
idolâtre,  il  faut  que  l'Eglife  de  Jesus-Christ  fe  foic 
entièrement  édipfée ,  &  détobée  à  la  vue  des  hom- 
mes. Nie. 

Quels  nobles  efprits  oferenti 

Lui  preferner  le  miroir  ? 

Tous  fes  défauts  j'éclipfèrent  ^ 

Sitôt  quelle  put  les  voir.  Rot.  Ode  à  l'Académie. 

Eclipsé  ,  ée.  part.  En  termes  de  Blafon  ,  on  dit  que 
les  étoiles  font  édipfees  ,  lorfqu'elles  ne  paroilTent 
qu'à  demi  &  fortant  d'une  autre  figure.  Méné- 
trier. 

ÉCLIPTIQUE.  adj.  m.  &  f.  Edipticus.  Qui  appar- 
tient aux  éclipfes.  Conjonéfion  édiptique.  Termes 
édiptiques.  Toutes  les  pleines  lunes  ne  font  pas 
édiptiques  _,  c'eft-à-dire,  qu'il  n'arrive  pas  d'éclipfe 
à  toutes  les  lunes  j  quoique  le  foleil  foit  toujours 
pour  lors  oppofé  direétement  à  la  lune ,  parce  qu'il 
n'eft  oppofé  qu'en  longitude,  &.  non  pas  en  lati- 
tude. 

0Cr  Écliptique.  f.  f.  Terme  d'Aftronomie.  C'eft  la 
ligne  qui  eft  marquée  dans  les  Sphères  au  milieu 
du  Zodiaque,  &  qui  le  partage  dans  toute  fa  lon- 
gueur en  deux  parties  égales  ,  &  que  le  foleil  dé^ 
crit  par  (on  mouvement  annuel.  Edipdca, 


(fT  Dansle  fyftème  de  Copernic, qui  eft  gcncra- 
lemenc  reçu  j  c'elt  propremem  la  terre  qui  décru 
Védiptique.  Mais  que  ce  foie  la  terre  ou  le  folcil 
cela  revient  au  même  pour  l'explication  des  appa- 
rences ccleltes.  On  l'appelle  aucremenc  l'orbire  du 
foleil  ou  ,  pour  parler  plus  exaôtemeiu  ,  l'orbue  de 
la  terre.  Védiptique  coupe  l'Equateur  en  deux  par- 
ties égales  ,  &  ne  s'en  éloigne,  de  part  &  d'autre  , 
que  de  25  degrés,  29'. 

Le  foleil  eit  toujours  dans  ÏEdiptique  j  mais  la 
lune  n'y  e!t  pas  toujours.  Elle  s'en  éloigne  jufqu  à 
cinq  degrés  ^  tantôt  d'un  côté  j  &:  tantôt  de  l'au- 
tre. Mais,  de  cinq  en  lix  mois ,  ou  environ,  elle 
coupe  VEcliptique  ,  &  ce  n'eft  que  vers  ce  temps  là 
qu'il  peut  y  avoir  écliple  j  ou  de  lune  j  ou  de  lo- 
leil.  Les  endroits  dans  lefquels  la  lune  coupe  VEclip- 
tique s'appellent  les  nœuds  de  la  lune  j  is:  ainli  il  ne 
peut  y  avoir  d'éclipfe,  que  lorfque  la  lune  eft  vers 
l'es  nœuds.  On  appelle  doigts  éciiptiques ,  les  douze 
parties  égales  du  diamètre  de  la  lune ,  ou  du  foleil , 
par  lefquels  on  détermine  fi  grandeur ,  ou  la  durée 
d'une  éclipfe.  On  appelle  termes  cclipiiques  ,  la  dif- 
rance  de  12  ou  de  1 5  degrés  des  nœuds  de  \Edip- 
tique-^  c'eft-.i-direque  ,  fi  la  lune  eft  jointe  ,  ou  op- 
jjofée  au  foleil ,  dans  cette  dittance  des  nœuds ,  il 
le  peut  faire  une  éclipfe  de  foleil,  ou  de  lune, 
quoiqu'elle  ne  foit  pas  dans  les  nœuds  de  i'Edipti- 
que.  Mais,  hors  cette  diftancCj  l'éclipfe  ell  naturelle- 
ment impodible. 

Le  nœud  boréal  ou  afcendant  de  VEdiptique  s'ap- 
pelle aulli  tête  du  dragon  ,  &  le  nœud  aullral  ,  ou 
defcendant ,    queue  du  dragon. 

Le  Chevalier  de  Louville  alla  exprès  à  Marfeille 
en  1714,  pour  voir  li  l'obliquité  de  Xédiptique  y 
paroilloit  la  même  qu'elle  avoit  été  obfervée  par 
Pycheas,  il  y  avoit  plus  de  2000  ans.  Il  trouva  c;tte 
obliquité  de  Védiptique  moindre  de  20  minutes  que 
Pytheas  ne  l'avoit  trouvée.   Les  anciens  Egyptiens 
difoient  que  le  foleil  pendant  des  liècles    entiers 
s'étoic  levé  à  l'Occident.  Hcrod.  Euterp.  Les  Prêtres 
de  Thèbes  le  rapportèrent    à   Hérodote.    Platon  , 
Diogène  Lacrce  &  Plutarque  parlent  auiîi  de  ce'tc 
révolution.     Les  Philolophes  Babyloniens  comp- 
toient,  au  temps  de  l'entrée  d'Alexandre  dans  leur 
ville,  430K00  ans  depuis  les  premières  obferva- 
tions  qui  s'y  étaient  faites.   Il  fe  trouve  ,  félon  le 
calcul  de  M.  le  Chevalier  de  Louville,  que  l'axe  de 
Védiptique    avoir   été   perpendiculaire  à  celui    de 
l'équateur  ,  il  y  a  environ  399000  de  nos  années  j 
fuppofé  que  le  monde  eût  exifté  alors.  Ôtez  ,  de  ce 
nombre,  le  temps  qui  s'eft  écoulé   depuis  l'entrée 
d'Alexandre   à    Babylone,  on  verra  que  ce  calcul  fj 
rapporte  alfez  jufte  avec  les  450000  années  de  5'îj 
jours,  que  comptoient  les  Babyloniens.  Il  y  a  bien 
de    l'apparence    que    les     Agronomes   Chaldéens 
avoient  fait  la  même  découverte  ,  &  fur  cette  dé- 
couverte,  le  même  taifonnement  que  l'Aftronome 
François.   Par-là   l'énigme  des  Egyptiens  efl;  aulli 
éclaircie.  Ce  font  des  calculs  faits  furie  raifonne- 
ment ,  &  non  fur  des  obfervations  ;  en  un  mot , 
ce   lont  des  fy  lié  mes.     L'étendue  du  diamètre  de 
l'orbe  j    ou  de  Vidiptïque  ,    ell:  d'environ  foixante 
millions  de  lieues.  Cassini  ,  L.  I.  C.  5. 
ËCLISSE.  f.  f.  Terme  de  Boiifelier ,  eft  un  bois  de 
fente  ,  foit  de  chêne  ,  ou  autre  ,   qu'on  travaille 
dans  les  forêts ,  &  qui  fert  à  faire  des  minots ,  des 
féaux,  des  tambours,  &  autres  ouvrages.  On  l'ap- 
pelle aufti  cerdies  j  de  l'Italien   cerchio  ;   mais  ce 
mot  eft  inufité  ,  5:  même  alTez  inconnu.    On  ap 
peloir  aulli  autrefois  edijjes  ,  des  tronçons  de  lances 
rompues. 
EcLissE ,  ou  Attelle.  Terme  de  Chirurgie  ;  petit 
morceau  de  bois  fort  mince  &  fort  délié  ,  dont  fe 
fervent  les  Chirurgiens  pour  alfujettir  des  membres 
calfés.    Ferula  ;   parce  qu'on  f,\ifoit   autrefois  ces 
petits  ais,  de  bois  nommé  fénelle.    On  met   des 
édijjes  pour  tenir  les  os  en  état .  afin  qu'ils  puiffent 
fe  reprendre. 
EcLissE ,  fe  die  aulîî  d'un  petit  rond,  ou  petit  moule 


E  C  L  j-jî 

d'acier  ,  dans  lequel  on  met  égouter  les  fromages 
nouvellement  taits.  forma  ,  craus. 

Il  fe  dit  auili,  parmi  les  Vaniers  j  d'un  ofier  fendu 
&  planépour  bander  le  moule  du  panier.  On  ledit 
aulli  des  ronds  d'olier  dont  on  fe  fert  pour  foutenir 
les  plats  fur  les  tables ,  6c  qu  on  appeloit  aulli  cha- 
pelets, coronula  catinaria.   Nicot. 
EcLissE,  le  dit  aulli  des  côtes  d'un  luth,  d'un  violon 
ou  autre  inftrument  de  cette  nature.  C'eft  propre- 
ment le  bois  plat ,  délié  &  recourbé  j  qui  borde  le 
corps  de  l'inftrument. 
EcLissE,  ou   Ecliftoire,  a  fignifié  aulfi  autrefois  une 
feringue  j  un  vaiftcau  propre  à  atrofer.  6_)  rinx  j 
depfydra.    Voye\  Eclisser. 
EcLissE,  fe  dit  aulli  des  plis  d'un  foufflet,  ou  des 
petits  ais  de    bois  qui  fervent  à  les  fermer.    Le 
foulîlet  d'une   mufette  a  trois  édiffes  ,    ou  trois 
plis.  On  le  dit  auili  des  fouftlets  des  orgues  ,  des 
lorges  ,  &c. 

M.  Ménage  fait  venir  édiffe  du  Latin  crates  y 
5c  voici  par  quels  degrés,  crates,  cratis^  excrates^ 
excraticus  _,  edatitius,  edaticia  ,  Eclijfe. 
Eclisser.  v.  a.  Il  fe  dit  des  membres  rompus , 
&  fignilie ,  mettre  des  éclillés  le  long  d'une  frac- 
ture. FeruLis  munire.  On  lui  a  édijj'é  le  bras  ,  la 
jambe. 
Eclisser,  lignifie  aufti  faire  rejaillir  de  la  boue  ou 
de  l'eau  contre  quelqu'un.  Afpergere.  Un  cheval 
qui  met  le  pied  dans  un  trou  edi£e  les  palîans. 
On  écliJfe  fouvent  de  l'eau  contre  les  oifeaux  de 
proie,  en  leur  en  jetant  quelque  goûte  avec  un 
doigt  qu'on  trempe  dans  l'eau  ,  &:  qu'on  lèche. 
Ce   mot  en   ce  lens   fe  trouve  dans   Nicot. 

§C?  Si  ce  mot  s'eft  dit  autrefois  dans  ces  deux 
dernières    acceptions,  on  ne  le  dit  plus. 
■^    ECLISSE,    EE.     part.   Bras    édijfé.     Jambe 

e'd'JJée. 
ECLiSSOIPvE.  f.  f.  Foyei  ÉCLISSE. 
ECLOGAIRE.  Foye^  EGLOGAIRE. 
ECLOGUE.    Voye^  ÉGLOGUE. 
ECLOPPE  J    ÉE.  adj.  ou  part,  du  verbe    Éclopper  ,' 
cjui  eft  inufité.  Celai  qui  clopine  ,   qui  traîne  fa 
jambe  en  allant ,  que  quelqu'accident,  blelfure  ou 
maladie ,  empêche  de  marcher  facilement.    Claw 
dus ,  daudicans.   Ne  vous  moquez  point  de  pau- 
vres édoppés. 

Quelques  -  uns  croient  que  ce  mot  vient  de 
Jean  Ciopinel  3  dit  de  Mchun  ,  qui  a  fait  le  fa- 
meux Roman  de  la  Rofe,  qu'on  fuppofe  avoir  été 
boiteux. 

On  le  dit  aulîI  de  tous  ceux  qui  font  arrêtés 
par  quelqu'incommodité  qui  les  empêche  de  mar- 
cher ^  de  vaquer  à  leurs  aliaires.  Cet  homme  a 
tantôt  la  goutte,  tantôt  un  rhume ,  tantôt  la  fièvre  3 
il  eft  toujours  édoppé.  C'eft  un  pauvre  eV/o^/^e.  Il 
eft  du  ftyle  familier. 
Ecloppé  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  d'un  écu  taillé 
&  tranché ,  ou  divifé  de  l'angle  feneftre  du  chef 
au  côté  dextre  de  la  pointe  \  enforte  néanmoins 
que  la  taille  en  fon  milieu  eft  tranchée,  &  n'eft 
pas  d  égale  largeur  par  le  bas  &:  par  le  haut.  Il 
portoit  raillé  &:  édoppé  qu  cœur  d'argent  fur  fable. 
Plufieurs  riennent  que  cette  forte  d'Armoiries  eft 
propre  aux  bâtards. 
ECLC'RE.  V.  n.  Ce  verbe,  en  partie  défeélueux , 
n'eft  en  ufage  qu'à  Tinfinitif,  (Se  aux  troilièmes  per- 
fonnes  de  quelques  temps.  Dans  ces  temps  com- 
pofés,  il  prend  l'auxiliaire  ctre.'W  fignifié  fortir  de- 
hors ,  commencer  à  paroître.  Nafci ,  oriri ,  fur- 
gère  ,  exdudï.  Il  ne  fe  dit  proprement  que  des 
rieurs  qui  commencent  à  s'épanouir ,  ou  des  oi- 
feaux, des  infedlesqui  viennent  d'œufs.  Voilà  des 
pouiïïns  qui  percent  leur  coquille  ,  qui  vont  cdore. 
Il  y  a  un  art  de  faire  e'c/oreles  poulîins  par  la  cha- 
leur des  fourneaux.  Le  foleil  ,  au  prinremps ,  fait 
édore  mille  (leurs,  fait  édore  les  chenilles  ,  les 
vers-à-foie.  On  dit,  que  fi  l'on  trempe  des  cham- 
pignons dans  de  l'eau,  &  que  l'on  jette  enfuite 
cette  eau  fur  la  terre  ,  il  y  naîtra  des  champignons. 


j jz  E  C  L 

Cela  vient  de  ce  que  cette  eau  s'efl:  chargée  des 
femences  de  champignons»  lelquelles  s'jdojc/icsn- 
luite  fur  la  terre ,  ou ,  Ôcc.  Lemery. 

Ce  mot  vient  du  Latin  excludere. 

On  dit,  hgurémenc,  le  jour  commence  Séclore ^ 

quand  l'aurore,  ouïe  foleil  commence  à  paroicre. 

Ma  vie  à  peine  a  commencé  A'édore.  Rac. 

EcLORE  ,  fe  dit,  figurément ,  des  chofes  qui  ont  été 

long-temps  cachées,  &  qui  commencent  a  paroicre 


ECL     ECN     ECO 

petit  golfe  de  la  mer  d'Allemagne,  qui  la  fépare 
de  l'Ifle  de  Cadfant.  Le  Duc  de  Parme  prit  l'/ic/i/yè 
en  s  507.  Le  Prince  Maurice  la  reprit  en  1604. Cette 
ville  a  pris  fon  nom  des  éclules  qui  y  font ,  èc  par  le 
moyen  delquelles  on  peut  inonder  toute  la  campa- 
gne d'alentour.  / 

VEclufe  eft  encore  le  nom  d'une  autre  ville  de  la 
Flandre  Walonne,  à  trois  lieues  île  Douai,  du  côté 
du  midi.    Maty. 


Cette  ligue  a  été  long- temps  tenue  fecrète  j  mais  t  Écluse  noire,  autrement  Sawarte  Jluys ,  oa  Sa- 
"   '"   ""'  ■""  '    --/--     z^.-  -  1  --         wartftuis.    Petite  ville  de  la  Province  d'Overillel , 

qui  eil  l'une  des  Provinces  -  Unies.  ClaufuU  nigra. 
Le  Fort  de  \'Edu£c.    ClaufuU  cafirum  ,  munitnen- 

tum ,  eft  un  Fort  litué  au-delà  du  Rhône ,  fur  le 


eniin  elle  eft  venue  à  edorc.  On  a  beaucoup  at- 
tendu £e  Pûcme  ,  cet  Ouvrage  j  mais  enhn  le  voilà 
•qui  commence  à'edoTe.  Il  a  tenu  fon  amour  lecret; 
mais  enfin  il  l'a  fait  idorc.  Pour  remplacer  le  prix 
d'une  acquihtion  taite  aujourd'hui ,  demain   doit 


édorc  une  iniquité.  Roy. 

Dès  que  rimprejjljnfah  éclore  un  Poëie. 
IL  ejl  cfdave  né  de  celui  qui  l'adicccc,  Qovi.. 

^3"  Éclore,  en  termes  de  Meunier  ,  c'eft  priver  le 
moulin  d'eau  en  la  retenant,  empêther  qu'elle  ne 
tombe  fur  la  roue,  en  abattant  la  pale. 

ÇC?  Eclore  un  moulin.  Aquâ  privare. 

EcLOs ,  OSE.  part.  &:  adj.  Natus,  anus.  Un  pouftin 
tout  hais  cc/oj.  Une  fleur  fraîchement  édoje.  Alille 
fleurs  nouvellement  cdojcs  couvroient  la  neige  de 
ion  fcin.   Voit. 

|p=  Ei^LO:)iON.  f.  f.  Adion  d'éclore.  Ce  terme 
qui  patoilïoit  néceiîaire  ,  parce  qu'il  n'y  eii  a  point 
qui  exprime  préciiément  la  même  idée  ,  a  été  em- 
ployé par  M.  de  Réaumur.  Les  infedles  ,  dit -il, 
qui  vivent  de  vetdute,  n'éclolent  jamais  que  lorl- 
qu'il  y  en  a  fur  la  terre,  attendant  comme  le  mo- 
ment précis  de  Védofion  des  feuilles ,  pour  éclore 
eux  mêmes.  On  le  trouve  aulli  .employé  par  les 
-Journaliftes  de  Trévoux,  Mars  1747,  &  même 
par  les  Aureurs  qui  ont  écrit  fur  les  infeiles. 

ECLOY,  ou  ESCOLY,  eft  un  vieux  ternie  Gaulois  , 
dont  on  fe  fert  encore  en  Picardie ,  pour  ligniher 
Éurine.  Nicot.  Il  vient  du  Latin  lotium ,  qui  fi- 
gnifie  la  même  chofe,  &  de  la  propohtion  ex.  Mén. 

ÉCLUSE,  f.  f.  Conrtruélion  de  pierre,  ou  de  char- 
pente ,  qui  fert  à  retenir  ou  à  élever  des  eaux.  Mo- 
les.   Une  édufe  de  moulin  eft  une  petite  digue  qui 
fert  à  amafter  l'eau  pour  la  faire  tomber  fur  la  roue 
d'un  moulin.    Les  édufes  de  Flandres  fervent  à  re- 
tenir les  eaux  pour  empêcher  qu'elles  n'inondent 
les  terres  qui  font  plus  balfes  ,   li  ce  n'eft  quand  il 
eft  befoin  de  les  noyer,  La  Hollande,  dont  les  terres 
en  pluhcurs  endroits  font  au-delfous  du  niveau  de 
la  mer,  ne  fe  conferve  que  par  le  moyen  des  é^lu- 
fes.  Les  édufes  de  Briare  font  de  grolTes  conftruc- 
rions  de  pierre  ,  ou  murailles  parallèles ,  diftantes 
de  vingt  à    vingt  -  quatre  pieds  >  fermées  par  de 
puilTantes  portes  par  les  deux  extrémités  j  au  mi- 
lieu defquelles  fe    forme  une  chambre  beaucoup 
plus  longue  que  large  ,  oùj  quand  un  bateau  eft  en- 
fermé ,  on  lâche  de  l'eau  qui  l'élève  de  deux  ou 
trois  toifes ,  le  fait  pafler  d'un  canal  plus  bas  en 
un  autre  d'un  fond  plus  élevé;  &  ainn  un  bateau 
de  la  Loire  palFe  dans  la  Seine  ,  qtroique  le  terrein 


chemin  de  Genève.   J^oye^  au  mot  Fort. 

ÉCLUSÉE.  f.  f.  L'eau  qui  eft  contenue  &c  qui  coule 
dans  une  éclufe  depuis  qu'on  l'ouvre  jufqu'à  ce 
qu'on  la  referme.  Ce  ruilfeau  peut  fournir  tant 
à'edufées  par  jour. 

ÈcLUSEE  ,  eft  aulli  un  demi-train  de  bois  propre  à 
palier  dans  une  éclufe.  On  l'appelle  autrenreut 
èrelle  &  coupon  j  qui  ell:  de  treize  tuiles  &  demie 
de  long,  lur  li  pieds  de  large,  &  contient  d'or- 
dinaire 300  pièces  de  bois,  au  compte  des  Char- 
pentiers. 

ECN. 

ECNÔME.  Nom  ancien  d'une  montagne  de  Sicile, 
qu'on  appelle  aujourd'hui  Monte  à'Alicata.  Lcono- 
mus.  Le  mont  Ecnànie  étoit  fur  la  côte  de  la  mer 
d'Afrique  ,  à  l'embouchure  du  fleuve  Himera.  Il 
avoir  tout  près  le  château  dans  lequel  Phalaris  avoir 
mis  fon  taureau  d'airain.  Fazelle  place  VEcnôme 
fur  les  confins  de  la  vallée  Neétine  &i  de  la  vallée 
de  Mazara  ,  entre  Gela  j  ou  Terranova  ,  &  Agri_- 
gente  j  ou  Gergenti,  où  eft  en  effet  le  mont  d'Ali- 
cata,  &:  vis-à-vis  l'Ifle  d'Alicata. 

ECO. 

ÈCOBANS.  f.  m.  pi.  Foy.  ÉCUBIERS. 

UCFECOBUE.  f.  f.  Tetme  d'Agricultute.  C'eft  un  inf- 
trument  avec  lequel  on  pèle  les  terreins  couverts  de 
landes ,  de  bruyères ,  de  genêts  ,  &c.  après  qu'on 
a  brûlé  toutes  ces  broulTaïUes.  M.  le  Marquis  de 
Turbilly  en  recommande  fort  l'ufage  dans  fon  Mé- 
moire fur  les  Défrichemens. 

ÉCOBUER.  f.  f.  Enlever  la  fuperficie  d'un  terrein  , 
le  peler  avec  l'Ecobue.  Avant  M.  de  Turbilly  , 
M.  Duhamel  avoir  décrit  la  façon  à'écobuer  ,  ou  de 
peler  les  terres  ,  &  de  les  brûler.  M.  de  Turbilly 
a  perfeètionné  l'Ecobue. 

ÉCOFRAI ,  ou  ÉCOFROI.  f.  m.  GrofTe  table  ,  ou 
madrier  qui  fert  à  plufieurs  Artifans  pour  tailler  & 
préparer  leurs  ouvrages ,  comme  celles  des  Cor- 
donniers, Selliers,  Bourreliers,  &c. 

ECOINSON.  f.  m.  Terme  d'Architedlure.  Pierre  qui 
fait  l'encoignure  de  J'embrafure  d'une  pente ,  d'une 
fenêtre.  C'eft  la  partie  d'une  fenêtre  qui  eft  la  plus 
ouverte  en  dedans  l'embralure  pour  y  placer  les 
volets ,  afin  qu'ils  n'embarrairent  point.    Obllquita- 


tis  pars  intima. 

d'entre-  deux  foit  élevé  de  plus  de  cinquante  toifes  jÉCOL AGE. f.  m.  Vieux  mot,  quifigni£ecWe.  Schola. 

au-delfus  de  ces  deux  rivières.  Le  canal  de  Briare  j  ,   Èzie  en  écalage  ,  c'eft  aller  à  l'école. 

quarante- deux  édufes,  tant  en  montant  qu'en  j  ECOLÂTRE.  f.m.fChanoine  qui  étoit  autrefois  char- 
gé d'inftruire  gratuitement  les  jeunes  clercs  &  les 
pauvres  écoliers  du  Diocèfe  ,  ou  du  rellort  de  fon 
Eglife.  Ajourd'hui  ils  font  ordinairement  chargés 
de  veiller  fur  les  Maîtres  d'école-  Scholafîicus. 

Le  Concile  de  Laxr.in  ,  tenu  fous  Alexandre  III. 
ordonna  que  les  Evêques  auroient  un  Précepteur  à 
leurs  gages  ,  pour  enfeigner  tant  la  Philofophie  , 
que  la  Théologie.  Depuis ,  on  a  appelé  Ecolâcre , 
celui  qui  enfeigne  la  Philofophie;  &  Théologal ^ 
celui  qui  enfeigne  la  Théologie.  En  Latin  on  l'ap- 
pelle ScholaJIicus,  mot  qui  a  lignifié  autrefois  élo- 
quent, lettré.  Orateur,  Avocat.  M.  Châtelain  dit, 
dans  fon  Martyrologe,  Ecolâtre,  Dignité  en  cer- 
taines Cathédrales,  la  même  à-peu-près  que  Chan- 
celier 


defcendant.  Celui  de  Languedoc,  pour  la  com- 
munication des  mers  ,  en  a  cent  &  plus.  Simon 
Stevin  a  écrit  la  manière  de  fortifier  les  places  par 
édufes. 

Nlénage  dit  que  ce  mot  vient  SexcluÇa  ,  qui  eft 
tians  la  Loi  Salique  :  ce  qui  fe  doit  entendre  de 
Védufe  d'un  moulin  ;  car  pour  celles  qui  fervent  à 
élever  des  bateaux  ,  elles  ont  été  inconnues  aux 
Anciens. 
ÉCLUSE.  Nom  de  ville,  que  nous  ne  difons  point 
en  notte  langue  fins  l'article.  VEclufe.  Le  Gou- 
verneur de  ['Edufe.  Slufi ,  Claufula.  C'eft  une  pe- 1 
tire  ville  très-forte,  avec  un  bon  port ,  dans  la  Flan- 
ire  Hollandoife ,  à  trois  lieues  de  Bruges ,  fur  un 


ECO 

celier,  de  Scholafikus  ^  &  non  pas  de  Scholarls  , 
m  même  de  Scholajier. 

ÉCOLE,  r.  f.  Lieu  public  où  l'on  enfeigneles  fcien- 
ces  &  les  langues.  Schola. ,  ludus  linerarius.  Ecole 
de  Médecine.  Ecole  de  Droit.  On  a  transféré  les 
Écoles  de  Droit  à  Orléans,  6c  depuis  on  les  a  réta- 
blies à  Paris.  On  reçoit  au  Barreau  de  jeunes  gens 
encore  tout  couverts  de  la  poullicre  de  {'Ecole.  Ori- 
gène,  après  le  martyre  de  Léonide  fon  père,  fe  croii- 
vant  ians  biens ,  ouvrit  une  école  de  Grammaire 
dans  la  capitale  de  l'Egypte,  &  il  la  lailla  bientôt 
pour  tenir  celle  des  Ecritures  faintes  ;  mais  on  pou- 
voir bien  due  qu'il  tenoit  plutôt  une  école  de  mar- 
tyre ,  que  de  Théologie.  Godeau. 

Ecole  ,  fe  dit ,  en  Peinture,  pour  diftinguer  les  ditîc- 
rentes  manières  des  lieux  ,  ou  des  perlonnes.  On  di- 
llingue  fix  écoles  ,  ou  lix  dalles  de  Peintres.  Uecole 
Romaine.  L'e'cole  Florentine.  L'e'cole  Vénitienne. 
L'école  de  Lombardie.  L'école  Flamande  &  Alle- 
mande. L'école  Françoile.  Chacune  de  ces  écoles  a 
ime  manière  diltindtive  ,  &  qui  lui  eft  particulière. 
On  dit  encore  ['école  de  Raphaél ,  du  Titien  ,  des 
Carraches  ,  &c.  C'etl-à-dire  ,  leurs  difciples,  leurs 
Elèves. 

École,  fe  dit  aullî  de  toute  une  faculté  ou  Univerfi- 
té ,  ou  d'une  Seite.  Schola  ,Jamilia.  L'Ecole  de  Pla- 
ton &  celle  d'Epicure  avoient  des  fentimens  bien 
différens.  L'Ecole  de  Salerne  a  intitulé  de  fon  nom 
un  beau  livre  en  vers  ,  du  régime  de  vivre  ,  com- 
pofé  par  un  Médecin  de  Salerne,  appelé  Johannes  de 
MedioLzno.  Il  ell  forti  des  amcs  héroïques  de  l'Eco- 
le d'Hpicure.  S.  Evr.  On  appelle  S.  Thomas  l'An- 
ge àzM Ecole.  L'école  Aq  Tibériade  a  été  fameufe 
chez  les  Juih  ,  &  c'eil  delà  qu'ell  venue  la  Malfore 
&  les  Maliorètes,  parce  que  les  Juits  appeloient 
école  leur  Synagogue.  Du  Cange  dit  que  ce  mot 
vient  àQjchola  \  qui  iignifie  d'ifcipline  j  ou  cvrrec- 
tiorij,  Se  que,  généralement, 'ce  mot  s'ell  dit  des  lieux 
où  plulieurs  perfonnes  s'allembloient  ,  fou  pour 
étudier  ,  foit  pour  conférer ,  foit  pour  faire  quel- 
que autre  chofe.  Ainli  on  a  appelé  Ecoles  Palati- 
nes ,  les  divers  poRes  où  on  mertoit  les  Gardes  de 
l'Empereur  ,  comme  Schola  Scutanorum  ,  Gend- 
lïum  y  &c.  Depuis  il  a  pallé  aux  Magiftrats  civils  , 
comme  on  voit  dans  le  Code,  Schola  Chartulario- 
rwn  ,  Agentiuin ,  &c.  &  a  pallé  aux  Eccléfiaftiques, 
Schola  Lancorum  ,  Sacerdotum.  Le  mot  Lziin  J'chola 
eft  dérivé  du  Grec  ir/^ôxli ,  qui  fignihe  loi/ir.  L'étude 
demande  de  la  tranquillité  &  du  loilir  j  &  non 
de  l'agitation  &  du  mouvement  j  comme  la  plupart 
des  autres  arts.  Quelques  Auteurs ,  même  de  ceux 
qui  ôtent  1'^,  retiennent  encore  \'h  dans  ce  mot  & 
dans  efcolier.  Dans  les  écholes  comme  dans-Ja  mai- 
fon.  MoRABiN  j  ;?.  1 1 5. 

École  de  S.  Ambroise.  ^oj)  «^  Oblationnaire. 

Ecole  Angélique  ,  fe  dit  de  l'école  de  S.  Thomas  & 
des  Thomiftes ,  parce  que  Saint  Thomas  eft  appe- 
lé l'Ange  de  l'école  ,  &  que  les  Thomiftes  préten- 
dent fuivre  fa  doitrine.  Vous  propofez  de  concilier 
S.  Auguftin  avec  S.  Thomas ,  &  avec  Vécole  Angé- 
lique. Mem.  de  Tr. 

École  Séraphique.  C'eft  l'école  des  Frères  Mineurs, 
communément  appelés  Cordeliers,  parce  qu'ils  ont 
été  inftituéspar  S.  François  d'AlIife  j  auquel  on  don- 
ne le  titre  de  Séraphique.  Voye\  ce  mot. 

École  j  fe  dit  auffi  ,  par  oppofition  à  la  fcience  du 
monde,  des  manières  d'expliquer  les  fciencesdans 
les  Collèges.  C'eft  parler  en  termes  de  l'Ecole  ,  cela 
fent  l'École  y  la  manière  pédantefque  &  fcolaftique. 
J'aimai  l'antithèfe  au  forcir  de  l'Ecole  ,  dit  le  Poète 
des  Vilionnaires. 

ï^oye^  comme  il  vous  montre  en  phrafes pathétiques 
L'Art  de  repréfenter  les  hijloire.s  tragiques  , 
Débitant  par  fcs  vers  avccfajie  étalés 
La  crajfe  de  /'Ecole  en  dogmes  empoullés. 

École  ,  fe  dit  aulTi  des  lieux  particuliers  où  l'on  en- 
voie les  enfans  apprendre  à  lire  &  à  écrire  ,  &  les 
Tome  III. 


ECO  JJ3 

premiers  principes  de  la  Grammaire.  Les  Officiaux 
reçoivent  les  Maîtres  tk.  Maïtrelles  des  petites  éco- 
les. Cet  entant  ne  va  pas  au  Collège  ,  il  eft  encoce 
à  ïécole.  Il  y  a  long-temps  qu'ils  fe  connoiftent ,  ce 
font  des  camarades  àlecoLc.  Lucien  a  dit  j  que  ceux 
que  les  Dieux  liailfoient  ^  ils  les  faifoient  Maîtres 
d'ccole. 

En  cheveux  blancs  il  me  faut  donc  aller 
Comme  un  enjant ,  tous  les  jours  à  /'École  ? 
Que  je  fuis  J ou  d' apprendre  à  bien  parler  ^ 
Lorjque  la  mortvient  m'ôtcr  la  parole  !  Maynard. 

En  quelques  Univerfuéson  appelle  les  Écoles  à& 
Droit,  les  Grandes  Ecoles. 

École  ,  lé  dit  aulli  de  toute  forte  d'inftrudion  ,  &  du 
lieu  où  l'on  fe  torme  j  où  l'on  s'inftruit ,  foit  par  les 
diicours  j  foit  par  les  exemples.  On  l'emploie  en 
bonne  &  en  mauvaife  part.  On  dit  qu'un  homme 
eft  en  bonne  école  ;  pour  dire  ,  qu'il  ell  en  lieu  où  il 
peut  bien  profiter.  Il  a  appris  cela  dans  l'école  de  la 
pauvreté.  Vaug.  Je  crois  que  vous  allez  tous  à  la 
même  école  j  vous  dites  tous  la  même  chofe  j  vous 
avez  les  mêmes  manières  d'agir.  C'eft  comme  Te- 
rence  a  dit  :  in  eodcm  omnes  mihi  videntur  ludo  docléi 
ad  malitiam  J  &c.  La  Cour  eft  une  bonne  école  ^  où 
l'on  apprend  à  vivre  dans  le  grand  monde.  La  Cour 
fut  pour  lui  une  école  de  fagelFe  &  de  vertu.  Bouh. 
Rabelais  dit  que  Ouï-dire  tenoit  école  de  Témoi- 
gnerie.  L'armée  eft  une  meilleure  école  que  les 
clalFes ,  tant  la  difcipline  militaire  eft  exaûe,  en 
comparaifon  de  celle  des  Collèges.  Une  Cour  ,  qui 
eft  l'école  du  bon  goût ,  &  le  règne  de  la  poiitelie, 
&  ou  tout,  jufqu'aux  plailirs  ,  eft  alîaifonné  d'ef- 
prir.  L'Ab.  V)'LsT]kii.s, , parlant  delà  Cour  de  Sceaux. 
Foye^  Difciple. 

École  Royale  Militaire.  Nouvel  établiffèment  fon- 
dé par  le  Roi,  pour  l'inftrudion  de  la  jeune  noblciTe 
Françoife  ,  dont  les  parens  ont  coniacré  leurs  biens 
&c  leurs  jours  au  iervice  de  1  Etat. 

Ecole  j  en  termes  de  Manège  ,  fe  dit  de  la  leçon  que 
donne  l'Ecuyer ,  tant  au  Cavalier  qu'au  cheval ,  en 
le  faiiant  travailler.  Dfciplina  ,  iiifl'itutio.  Ce  Ca- 
valier n'a  que  trois  mois  àHécole  j  pour  dire,  il  n'a 
commencé  fes  exercices  que  depuis  ce  temps-là. 
Voilà  un  cheval  qui  a  de  l'école  ,  qu'on  a  remis  à 
ïécole  ;  qni  fournit  bien  à  l'école  ;  qui  eft  bon  che- 
val à'école  \  c'eft-à-dire  ,  qui  manie  bien.  On  dit  , 
un  pas  A'école  ;  ou  un  pas  averri  ^  un  pas  écouté. 
On  dit  aulli ,  qu'un  homme  eft  hors  à'école ,  quand 
il  y  a  long-temps  qu'il  ne  s'eft  exercé  en  quelque 
art  que  ce  foie 

Ecole  ,  fe  dit  aulli  au  jeu  de  Trictrac ,  quand  on 
oublie  à  marquer  les  points  qu'on  gagne.  Erratum. 
On  m'a  envoyé  à  l'école  de  quatre  points.  J'ai 
fait  une  école.  Il  a  marqué  mon  école.  Faufle 
école.  Un  joueur  qui  envoie  l'autre  à  l'école  mal-à- 
propos  ,  fait  école  lui-même  d'autant  de  points  ; 
c'eft  ce  qu'on  appelle  faulTe  ccole.  Augmentation 
d'tf'co/(?.  Un  joueur  fait  nugmeniationd'eVo/f,  quand 
ayant  fait  une  véritable  école  que  l'adverfure  a 
marquée  ,  il  va  s'imaginer  que  l'adverfaire  s'eft 
trompé  J  il  démarque  &  marque  à  fon  profit.  Celui- 
là  doit  remettre  à  fa  place  le  jeton  de  celui-ci  j  6c 
marquer  le  double  de  ce  qu'il  avoir  marqué  ,  qua- 
tre ,  par  exemple  J  au  lieu  de  deux;  favoir  deux 
pour  Vécole  ,  "k.  deux  pour  la  faulfe  école  qu'a  fait 
l'adverfaire.  L! Ecole  de  l'école  ne  fe  marque  point; 
c'eft-à-dire ,  en  général ,  qu'un  joueur  eft  à  X école  ^ 
quand  il  oublie  de  marquer  les  points  que  le  coup 
lui  vaut  diredement  ;  mais  il  ne  fait  jamais  école 
pour  avoir  oublié  de  marquer  une  école  de  l'adver- 
faire. Ecole  de  privilége:(i  un  joueur  rompt  fon  jan- 
de-retoutj  pouvant  le  conferver  par  privilège  j  il 
fait  école  ;  c'eft  ce  qu'on  appelle  école  de  privilège  : 
l'école  de  privilège  eft  de  quatre  points.  Ecole  de 
partie ,  c'eft  manquer  de  marquer  un  trou.  On  ne 
fait  point  école  de  partie.  Par  exemple  ,  Ci,  étant  en 
bredouille  ,  vous  achevez  un  trou,  ou  (î  vous  faites 

A  a  a  a 


^j4  ECO 

douze  poims  fans  bouger ,  &  que  vous  n'eïi  mjr- 
quiez  pas  deux  comme  vous  le  pouvez  ,  l'adverfaire 
ne  peuc  pas  marquer  à  fon  profit  le  trou  que  vous 
oubliez.  Ecole  de  deux  jetons.  Un  joueur  a  S  points, 
il  jette  les  dés,  bat  fon  adverfaire  &  gagne  4  points; 
il  oublie  qu'il  en  a  déjà  huit,  prend  un  jeton  au 
talon,  &  marque  les  quatre  points  qu'il  vient  de 
faire ,  &  les  mec  à  la  place  du  quatre.  Dès  qu'il  a 
lâché  ce  lecend  jeton ,  il  fait  école  des  8  points  qui 
étoient  marqués.  Son  adverfaire  efface  ces  S  points  j 
&  en  marque  autant  à  fon  profit  j  &  lailfeà  Damon 
les  quatre  derniers  qu'il  vient  de  marquer  ;  c'elt  ce 
qui  s'appelle  école  de  deux  jetons.  Ecole  de  de^rein 
par  moins.  Un  joueur  a  iS  points  &  fon  plein  for- 
mé. Il  eft  battu  à  faux  par  fon  adverfaire  j  il  fait 
femblant  de  n'y  pas  prendre  garde ,  &  jette  les  dés 
pour  le  coupfuivant  \  car,  s'il  marque  ces  quatre 
points  J  il  a  pirtie  ,  &c  ne  peut  pas  s'en  aller  avec 
un  jeu  qui  en  a  grand  befoin  ;  au  lieu  qu'en  faifant 
cette  école  à  deifein  j  il  a  efpérance  de  conferver 
le  coup  d'après  j  d'avoir  partie  ,  &  de  lever;  mais, 
fi  on  l'avertit  de  marquer  ,  il  eft  obligé  de  le  faire. 
École  de  deffein  par  trop.  Un  joueur  a  4  points  :  il 
remplit  j  c'eft  4  points ,  &  4  qu'il  avoir  font  8  en 
tout ,  &  joue  fon  coup.  L'adverfaire  qui  étoit  battu 
à  faux,  gagnoit  deux  points ,  au  lieu  de  deux  il  en 
marque  6  :  il  fair  à  deifein  école  de  4  points,  afin 
que  l'autre  ,  qui  voudra  relever  cette  école  j   foii 
obligé  de  marquer  un  trou  fans  pouvoir  s'en  aller. 
Celui-ci  qui  connoîc  la  rufe,  démarque  les  quatre 
points  que  l'autre  a  marqués  de  trop  ,  renonce  au 
profir  qu'il  y  pouvoir  faire  ,    &  ne  marque  rien 
pour  cela.  On  ne  peut  pas  le  forcer  de  marquer  j 
parce  qu'il  eft  libre  à  celui  qui  démarque  une  école  ^ 
d'en  profiter ,  ou  d'y  renoncer. 
École  j  fe  dit  proverbialement  en  ces  pbrafes.Il  a  pris 
le  chemin  de  Vécole  ;  c'eft-à-dire  ,  le  plus  long.  On 
die  qu'on  a  fait  l'école  builfonnière,  lorfqu'on  s'en 
efl  abfenté  fans  raifon  ,  ou  j  comme  on  parle  en 
Normandie,  lorfqu'on  a  frippé  fa  clalfe ,  qu'on  a 
;       été  ailleurs.  M.  Ménage  tient  que  cette  locution  eft 
née  au  village ,  où  les  enfans  vont  dans  les  buif- 
fons  chercher  des  nids  d'oifeaux  ,  au  lieu  d'aller 
à  Vécole.  Ce   Proverbe  vient  plutôt  de  ce  qu'au 
commencement  du  Luthéranifme,  les  Sectateurs  de 
cette  dodrine  ,  n'ofant  prêcher  ni  enfeigner  publi- 
quement leurs  dogmes  j  tenaient  dans  les  campa- 
gnes des  écoles  fecrètes  qu'on  nomma  buljjonnières. 
Le  Parlement ,  qui  en  fut  informé  ,  rendit  un  Ar- 
têt  le  6  Août  1 5  5  2.  J  qui  défend  les  écoles  buijfon- 
nicres  ,  Se  renouvelle  les  défenfes  d'enfeigner  j  fans 
la  permiffion  du  Chantre  de  Paris,  Dire  les  nouvel- 
les de  l'école  ;  c'eft- à-dire  j  Découvrir  le  fecret  d'une 
cabale ,  d'une  compagnie.On  dit  aulîi,  à  un  enfant  j 
allez  à  l'école  fouetter  le  Maître.  Quand  un  igno- 
rant patle  Latin  ,  ou  dit  quelque  cliofe  qui  paffe  fa 
capacité  ,  on  dit  en  quelques  endroits  ,  Les  grandes 
écoles  ont  couché  ouvertes  j  les  ânes  parlent  Latin. 
Naudé  ,  a  dit  dans  fon  Mafcurat ,  je  vois  bien  que 
tu  fuis  l'école  ;  pour  dire  ,  que  tu  veux  efquiver  , 
manquer  à  ta  parole ,  éviter  quelque  chofe. 
École  d'Athènes.  Termes  de  Peinture.  C'eft  le  nom 
d'un  tableau  de  Raphaël,  qui  eft d'unegrande beau- 
té. Ce  tableau  ,  qui  eft  au  "Vatican  j  contient  quan- 
tité de  figures  qui  repréfentent  des  Philofophes  j 
des  Mathématiciens  ,  &  d'autres  perlbnnes  atta- 
chées aux  Sciences.  Plufieurs  Auteurs  ont  parlé  de 
ce  rableau ,  &c  en  l'expliquant,  ont  tous  pris  des 
ientimens  diftérens,  Vafari  dit  que  c'eft  l'accord  de 
la  Philofophie  ,  &  de  l'Aftrologie  avec  la  Théolo 
gie.  Les  Graveurs  ,  par  l'infcnption  qu'ils  mettent 
au  bas  des  eftampes  qu'ils  ont  gravées  de  ce  ta- 
bleau ,  font  voir  qu'ils  l'ont  pris  pour  un  tableau 
«de  Saint  Paul  qui  ptèche  à.  Athènes.  Auguftin  Vé- 
nitien a  pris  le  Philofophe  qui  écrit  pour  un  Saint 
Marc  J  &  celui  qui  eft  à  genoux  pour  l'Ange  Ga- 
briel. M.  De  Piles  rejette  toutes  ces  explications  de 
l'école  d'Athènes  ,  &  fur-tout  la  dernière  :  on  poiir- 
roic  dire  pour  juftifier  le  Graveur  Vénitien ,  qu'il 


ECO 

n'a  point  prétendu  expliquer  le  tableau  de  l'école 
d' A  chênes  ,  mais  feulement  en  copier  tk  en  graver 
quelques  figures  qu'il  a  cru  propres  à  repréfenter  , 
l'une  Saint  Marc  ,  une  autre  l'Ange  Gabriel ,  &c. 
M.  De  Piles  croir  que  le  tableau  de  l'école  d'Athè- 
nes n'eft  rien  autre  chofe  que  l'image  de  la  Philo- 
fophie ,  que  Raphaël  a  repréfentée  par  tous  ces  Phi- 
lolophes  qu'il  a  peints.  11  y  a  aux  Gobelins  à  Paris 
une  fort  belle  tapilferie  fur  le  deflein  de  l'école  d'A- 
r/it/2«  de  Raphaël. 

Ecoles-Chrétiennes.  Frères  des  Ecoles-Chrétiennes , 
Sœurs  des  Ecoles-Chrétiennes.  Ce  font  des  Congré- 
gations d'hommes ,  &  des  Congrégations  de  filles  j 
inrtituées  par  le  R.  P,  Barré  3  Minime  ,  vers  l'an 
16x1  ,  les  uns  pour  inftruire  les  garçons,  &  les  au- 
tres pour  inftruire  les  filles.  Le  premier  établilfe- 
menr  s'en  fit  à  Paris  l'an  1678  ,  pour  des  filles.  Les 
uns  &  les  autres  vivent  en  communauté  fans  faire 
de  vœux  J  fous  la  conduite,  les  hommes  d'un  Su- 
périeur j  &  les  filles  d'une  Supérieure  auxquels  ils 
doivent  obéir.  Ils  doivent  faire  leurs  inftrudfions 
gratuitement.  Les  Frères  ont  pour  habit  une  fou- 
tane  &  une  houpelande ,  avec  des  manches  pen- 
dantes ,  le  tout  d'étofté  noire  &  groflière.  Les  Sœurs 
font  vêtues  plus  proprement  j  mais  modeftement  j 
&c  à-peu-près  comme  les  filles  de  l'Union  Chrétien- 

,  ne,  P,  Helyot  >  T.  FUI.  C.  30. 

Écoles -Chrétiennes.  Il  y  a  à  Rouen  deux  Chefs 
d'Ordre  ou  de  Congrégation  ,  pour  l'inftruâiion 
gratuite  des  pauvres  enfans  :  les  trères  des  Ecoles- 
Chrétiennes  ^  ou  les  I  rères  de  S.  Yon  ^  pour  les  gar- 
çons :  ceux-ci ,  qui  font  Religieux  j  fe  font  établis 
aufli  dans  plulieurs  autres  villes  du  Royaume  :  & 
les  Filles  des  Ecoles  -  Chrétiennes  j  ou  les  Sœurs 
d'Érnenwnt  3  pour  les  filles  :  celles-ci  n'ont  encore 
d'établiffement  que  dans  le  Diocèfe  de  Rouen. 
Foye\  la  Defcription  Géogr.  &  HiJI.  de  la  Haute- 
Norm.  Tom.  l.p.  rij  &  iji. 

Écoles  pieuses.  Clerc  Régulier  j  Pauvre  de  la  Mère 
de  Dieu ,  des  Écoles  pieufes.  Foye^  au  mot  Pau- 
vre. 

ECOLER,  Enfeigner  ,  inftruire,  Docere  3  injlituere. 
Ce  terme  n'eft  plus  d'ufage.  Cent,  nouv.  %6. 

Ip'  ÉCOLIER ,  1ÈRE.  f  m,  &  f,  Auditor^fcholajlicus; 
celui,  celle  qui  va  à  l'école.  Il  faut  remarquer  que 
le  mot  Écolier  ,  lorfqu'il  eft  feul  ,  ne  fe  dit  que 
des  enfans  qui  étudient  dans  les  Collèges.  Il  fe  die 
aufli  de  ceux  qui  étudient  fous  un  Maître  un  art, 
qui  n'eft  pas  mis  au  nombre  des  arts  libéraux , 
comme  la  Danfe  ,  l'écriture ,  &c.  mais  alors  il  doit 
être  joint  avec  quelqu'autre  mot  qui  défigne  l'art 
0«  le  maîtte,  Voye-:^^  Difciple  &  élève,  D'Alem- 
BERT,  Il  faut  qu'un  Écolier  ait  étudié  fix  mois  dans 
l'Uni\^rfité,  pour  jouir  du  privilège  de  fcholaritc. 
/^oye^  l'Ordonnance  de  x^^p.  En  faveur  des  Scien- 
ces ,  un  Ecolier  étranger  n'eft  point  fiijet  au  droit 
d'aubaine,  La  Bret, 

On  dit,  familièrement,  m^AicQ  à' Écolier.  Tout 
d'Ecolier.  Il  fe  diverrit  comme  un  Ecolier  en  vacan- 
ce. Prendre  le  chemin  des  Ecoliers  j  pour  dire 
prendre  le  chemin  le  plus  long  ,  félon  la  coutume 
des  Ecoliers.  Ac.  Fr, 

Écolier  ,  fe  dit  auflî  de  ceux  qui  fortent  du  Collège, 
&  qui  en  ont  retenu  les  manières  j  &  le  mauvais 
air.  Vous  avez  dans  le  monde  l'embarras  &  la  con- 
tenance d'un  écolier.  Vous  récitez  d'un  ton  d'écolier. 

Écolier,  fignifie,par  extenfion,  un  difciple,  un  ap- 
prenrifdans  routes  les  chofes  du  monde  où  l'on  a 
befoin  d'inftru6fion.  Je  fuis  maintenant  l'écolier  da 
la  fagelfe  :  je  ne  confulte  plus  qu'elle.  S.  Evr. 

N'allé^  pas  de  l'amour  devenir  /'écolière , 
Ce  Maître  dangereux  conduit  tout  de  travers. 

La  Font. 

Écolier,  fe  dit  auflî  de  ceux  qui  favent  imparfaire-" 
ment  une  chofe  ,  qui  y  font  novices.  Rudis  ,  tiro. 
Cet  homme  fera  toujours  écolier^'xl ne faura  jamais 


ECO 

bien  cette  fcience.  Ce  n'eft  qu'un  écolier  en  Géomé 
crie  ,  qu'un  apprentif  à  l'égard  d'un  tel. 

Un  Poème  excellent  ou  coût  marche ,  &fe  fuit  j 
Jamais  d'un  écolier  ne  fut  l' apprentijfage.  fail- 
li entreprend  d'abord  l'éloge  defon  Roi  ; 
Pour  un  fmple  écolier  cejlun  terrible  emploi. 

Congrégation  des  Ecoliers.  C'eft  un  Ordre  Reli- 
gieux de  Chanoines  Réguliers  j  établi  proche  Bou- 
logne en  Italie  par  quelques  Ecoliers  de  l'Univeihcé 
de  cette  ville.  Penot  &  Falconius  ,  qui  parlent  de 
cette  Congrégation  ,  n'ont  pu  trouver  ni  le  lieu  où 
elle  fut  établie ,  ni  le  monaltère  qu'elle  occupoit , 
ni  ceux  qui  en  dépendoient ,  ni  le  Pape  qui  l'a  ap- 
prouvée. Le  P.  Papebroch  a  cru  que  c'étoient  des 
Dominicains  ;  mais  le  Cardinal  de  Vitry  les  dillin- 
gue  de  cet  Ordre  ;  &  de  plus  S.  Dominique  n'obtint 
une  maifon  à  Boulogne  que  l'an  iiiS,&,  félon 
plufieurs  Auteurs,  la  Congrégation  des  Ecoliers  cio'n 
déjà  établie  en  iJ.oo.  On  ne  fait  point  non  plus  ni 
la  tin  de  cet  Inftitut ,  ni  combien  il  a  fubfifté  ,  ni 
quel  étoit  l'habillement  de  ces  Chanoines.  Le  Car- 
dinal de  Vitry  ,  Hijî.  Occid.  C.  17.  Psnot,  Hifl.  Tri- 
part,  L.  II.  C.  54.  /:.  I.  Falconius  ,  Mém.  Hiji.  de  lu 
faille  de  Boulogne  ,  p.  zoi.  &  le  P.  Hélyot ,  T.  ILC. 
57.  parlent  de  cet  Ordre. 

CoMaRSGATioN  DU  VAL  DES  EcoLiERS. /^iyc:^  au  mot 
Val. 

Le  Val  dis  Ecoliers.  Nom  d'une  Abbaye  ,  Chef 
d'Ordre.  Vallis  Scholarum.  Le  Val  des  Ecoliers  eft 
lur  la  Marne  ,  dans  le  Balfigny  ,  en  Champagne  ,  à 
une  lieue  de  Chaumont.  Voye^  N ki.. 

ÉCOLIÈRE.  f.  f.  Nom  que  l'on  donne  aux  Chanoi 
nelfes  de  Mons  en  Haynaut  ,   les  deux  premières 
années  après  leur    réception.  P.  HÉlyot  ,  T.  IV. 

ECOLLETTÈ  ,  ée.  adj.  Terme  d'Orfèvre  ,  qui  fe  dit 
des  ouvrages  ou  vailfeiux  qui  ne  font  point  taillés 
à  pans  _,  mais  échancrés ,  arrondis  &  étrécis.  In  or- 
bem  diminiitus.  Les  fa  hères  ecolletées  font  à  la  mode. 
On  ne  le  fert  plus  de  falières  à  pans. 

ECONDUIRE.  V.  a.  Reful-îr  ce  qu'on  demande.  Ex- 
cluiere  j  denegare  ,  inficiari ,  repellere.  Il  faut  écon- 
duire  doucement  les  pauvres  ;  éconduire  avec  civi- 
lité ceux  qui  nous  font  quelque  prière  ,  quand  on 
ne  leur  veut  rien  accorder.  Il  ne  fe  dit  que  des  per- 
fonnes. 

ÉCONDUISEMENT.f.  m.  Vieux  mot.  L'adion  de 
mettre  quelqu'un  hors  de  chez  foi.  Glojf.  des  Po'éf. 
du  Roi  de  Navarre. 

ÊCONDUIT ,  iTE.  part  &  adj.  Qui  eft  refufé.  Repul- 
fam  paffus.  Se  voyant  éconduit  Se  moqué ,  ilpe  garda 
plus  de  mefures.  B.Rad. 

Ce  mot  vient  d'e.vrra  conducere. 

'  On  dit ,  proverbialement,  qu'on  n'eft  pas  battu  & 
éconduit  tout  enCemhïe  J,  pour  exciter  quelqu'un  à 
fe  hafarder  tle  faire  quelque  demande. 

ÉCONOMAT.  {.  m.  (Ce  mot  &  les  fuivans s'écrivent 
aulfi  par  un  (E  ).  Charge  j  office  d'Économe,  de  ce- 
lui qui  a  l'adminiftration  &  la  régie  des  revenus 
d'un  Evèché  ,  d'une  Abbaye,  ou  autres  Bénéfices 
pendant  la  vacance.  Adminiftratio  ,  curatio.  L'éco- 
nomat des  Bénéfices  qui  font  à  la  nomination  du 
Roi ,  dépend  du  Roi,  Jour  d'un  Bénéfice  par  écono- 
mat ,  en  vertu  de  lettres  d'économat. 

Les  économats  prennent  leur  origine  de  ce  qu'il  y 
avoir  autrefois  des  Eccléfiaftiques  commis  dans  les 
Cathédrales  ,pour  recevoir  tout  le  revenu  del'Egli- 
fe,  tant  celui  de  l'Êvêque  que  du  Chapitre.  Voye-^ 

COMMENDATAIRE.  * 

ÉCONOME,  f.  m.  Celui  qui  eft  prépofé  pour  régir  & 
adminiftrer  un  bien  Eccléfiaftique  vacant ,  ou  ceux 
d'une  Communauté.  Adminidrator.  Le  Roi  nomme 
des  Economes  aux  Evêchés  &  \bbaves  ,  lorfque  la 
régale  eft  ouverte,  ou  que  l'Abbaye  eft  vacante.  Il  y 
a  aufli  dans  les  Hôpitaux  &  Communautés  des  Eco- 


ECO  S55 

nomes  qui  ont  foin  de  iaue  la  dépenfe,  &  particu- 
lièrement celle  de  bouche. 

Econome  a  lignifié  autrefois  Défenfeur  ,  pro- 
tecteur, avocat  :  on  ledifoit  de  ceux  quidéfendoienc 
les  droits  &  les  biens  des  Eglifes  ,  des  Abbayes,  des 
Monaftères.  Ce  nom  a  éré  auUl  celui  d'un  Officier 
Eccléfiaftique,  qui  avoit  foin  des  bâtimcns  &  des 
réparations  de  l'Égiife,  de  recevoir  les  aumônes  ,8C 
de  les  diftribuer,  lelon  les  intentions  de  l'Evèque. 
Les  tondlionsdes  Economes  font  à  peu-près  les  mê- 
mes aujourd'hui.  Godefroy  en  traite  fort  au  long  fur 
le  Code  Théodofien  ,  au  titre  De  Bon.  Clerkor. 
Les  Economes  des  Bénéfices  sujets  à  la  régale  doi- 
vent rendre  compte  de  leur  adminiftration  à  la 
Chambre  des  Comptes  :  les  Economes  des  autres 
Bénéfices  rendenr  compre  devanr  les  Juges  auxquels 
les  lettres  d'économat  lont  adrelfées.  Le  VI^  Cencile 
ordonne  ,  Can  II.  que  chaque  Eglife  aura  fon  £co- 
«i;//2t;  :  fi  quelqu'une  en  manque,  le  Métropolitain 
en  donnera  aux  Evèques  ,  Si  le  Patriarche  aux  Mé- 
tropolitains. 

Dans  l'Eglife  Grecque  V Econome  nhoit  pas  feu- 
lement chargé  du  temporel  de  l'Eglife  j  des  aumô- 
nes J  des  biens  de  l'Evèque  j  il  avoir  encore,  des 
fondions  particulières  dans  l'Eglife.  Quand  l'Evè- 
que otiicioit,  il  étoit  à  fa  droite  revêtu  d'une  tu- 
nique ,  tenant  une  efpèce  d'éventail  à  la  main ,  fé- 
lon l'ufage  de  l'Eglife  Grecque  j  il  préfentoità  l'E- 
vèque ceux  qui  dévoient  être  ordonnés  Prêtres. 
Pour  l'adminiftration  des  biens  temporels  ,  il 
avoit  fous  lui  un  Officier  qu'on  nommoit  C(irtu~ 
laire. 

Il  y  a  eu  en  France  des  Economes  fpirituels  ,  pen- 
dant les  troubles  de  la  ligue  ,  pour  conférer  les  Bé- 
néfices vacans  à  l'infar  des  Ordinaires. 

^CTEcoNOME.  adj.  Signifie,  qui  a  de  l'économie.  Voy. 
ce  mot.  Père  économe.  Mère  extrêmement  éio- 
nome. 

|Kr  ECONOMIE,  f  f  (Sconomia  ,  du  GrecO-,r.«w«^ 
fage  conduite  j  ou  bien  de  ""«f;  maifon  ,  «Se  »u>Jf  , 
loi.  Sage  &c  prudent  gouvernement  d'une  maifon  ; 
règle  qu'on  apporte  dans  la  conduite  d'un  ménag^j 
dans  la  dépenfe  d'une  maifon. 

(KF  Dans  cette  acception  ,  le  mot  c'i'Economie  eft: 
relatif  à  l'ulage  qu'on  tait  de  fon  bien  .•  c'eft  une 
juftedifpenlatioH  du  bien  que  l'on  a  ;  un  emploi 
convenable  de  fes  fonds  ,  un  moyen  induftrieux  de 
les  perpétuer  j  pou::  être  toujours  à  portée  de  ne 
pas  diminuer  fa  dépenfe,  ëc  même  de  l'augmenter , 
en  multipliant  fans  interruption  le  produitdes  fom- 
mes  qu'on  fait  circuler  avec  honneur.Son  grand  arc 
eft  de  tirer  parti  de  tout  ce  qui  eft  entre  fes  mains , 
ôi.  de  ne  rien  dilîiper.  Un  prudent  père  de  famille 
accroît  fes  biens  par  une  prévoyante  économie.  Je 
n'approuve  pas  une  économie  trifte  qui  fe  contente 
de  fatisfaire  aux  befoins,  &  ne  donne  rien  au  plai- 
fir.  S.  EvR.  Un  avare  déguife  fon  avarice  fous  le 
nom  honnête  d'économie. 

§Cr  Economie  rustique.  C'eft  l'art  de  tirer  le  plus 
grand  avantage  pollible  des  biens  de  la  campagne. 

Economie  ,  fe  ditauftidubon  ufage  qu'on  fait  de 
fon  efprit ,  &  de  fes  autres  qualités  :  de  la  pruden- 
ce à  les  bien  placer ,  ou  à  les  bien  ménager.  Œco- 
nomia,  prudens  adminiftratio ,  Ce  neft  pas  affez  d'a- 
voir de  grandes  qualités ,  il  en  faut  avoir  l'écono- 
mie. La  Roch.  Ménagez  vos  talens  avec  économie  : 
autrement  ils  deviendront  fades  ,  d  vous  les  mettez 
à  tous  les  jours.  Bell.  Il  faut  de  l'eVo/îo/Tzie  dans  les 
plaifirs  :  l'ame  s'ennuie  d'être  toujours  dans  la  mê- 
me aftîette.  S.  Evr.  Epicure  voulut  que  la  fobriété 
fût  une  économie  de  l'appétit.  Id.  Cet  ouvrage  de- 
mande un  homme,  qui,  par  une  étude  allidue  i?<:  une 
févère  économie  de  fon  temps ,  fe  foie  rendu  fami- 
lier le  ftyle  des  Pères.  Mém.  de  Trév. 

ifT  On  le  dit,à-peu-près,dans  le  mcmefens,d'une 
conduite  réglée  fur  les  circonftance;  du  temps ,  du 
lieu  &  des  perfonnes.  Sage  tempérament.  Le  Prince 
de  Condé  fit  voir  qu'il  avoit  une  parfaite  intelli- 
gence de  {'Economie  Militaire,  &:  combien  La  pré- 

A  a  a  a  ij 


5/6  ECO  ECO 

voyance  eft  nccefTaire  à  un  Général.  Sar..  L'Eglife       on  vi:  fort  économiquement^  11  ne  s'y  fait  aucune  dif- 
£o\iSzzc[at\(\MQ'îo\s\QsJeanddles  par  économie.  lipation. 

§cr  Ce  mot,  dans  une  fignirication  puis  étendue,  '  ECONOMISER,  v.  a.  Gouverner  ,  adminiftrer  avec 
fedit,auhguré,  de  l'ordre  pat  lequel  un  corps  politi-  économie.  Il  a  bien  économife  les  revenus  de  cette 
que  fubfilte  ptuiopalement.  Renverler  toute  ïeco-       terre  ,  de  cette  Abbaye. 

nomie  d'un  Etat.  Economise  ,  ee.  part.  Des  revenus  bien  économijés. 

Économie  Légale.  Legalis.  C'eft   la  manière  dont  ECOPE.  f.  f.  Terme  de  Batelier.    Efpèce    de   pelle 


Dieu  jugea  à  propos  de  conduire fon  peuple  ,  par  le 
minillèrede  Moyle.Elle  comprenoit  non-feulement 
les  lois  politiques  &  cérémoniales  j  mais  auiîi  la 
loi  morale  ,  -entant  qu'elle  prononçoit  malédiétion 
contre  tous  ceux  qui  ne  l'accomplitoient  pas  pattai- 
tement.  V économie  légale  n'avoit  pas  la  loice  de 
fandiifier  les  hommes. 
Économie  EvangÉlu^ue  j  Evangelica ,  fe  dit  par  op- 
pofuion  à  Ve::onomie  légale  j  &  renferme  tout  ce  qui 
appattientà  l'alliance  de  grâce  que  Dieu  a  faite  avec 
les  hommes  par  Jesus-Christ. 

On  appelle  en  Pologne  ,  Economies  Royales  3  les 
biens  alredés  pour  l'entretien  de  la  Aiaiion  du 
Roi. 
|Cr  Économie,  fe  dit  encore,  au  figuré,  de  l'ordre  j  de 
la  juftedifpofuion  des  chofes,  de  l'harmonie  qui  eQ 
entre  les  différentes  parties  ,  ou  les  diftérentes  qua- 
lités d'un  corps  phylique.  On  ledit  de  même  de  la 
difpofition  d'un  dellein  ,  de  la  didribution  d'un 
difcours,  du  plan  ^  de  l'ordre,  de  la  proportion  d'un 
•bâtiment.  Harmonia.  Foyc-{^  Harmonie.  C'ell  une 
■chofe  admirable  Q^<iXéi07iomie  «Si  la  difpoiitiondes 
parties  du  corps  humain  j  &  de  voir  comme  cha- 
cune fait  régulièrement  fës  fondions. 
^3°  Economie  animale.  Termes  impropres ,  dont 
on  fe  fert  quelquefois  pour  défigner  l'animal  mê- 
me. De- là  ces  façons  de  parler  abufives  ^  racuve- 
mens ,  fondions  de  Yéconomie  animale.  A  parler 
exadtement,  cette  dénomination  ne  regarde  que  le 
méchanifme,  l'ordre  j  l'enfemble  des  tonétions  Se 
des  mouvemens  qui  entretiennent  la  vie  des  ani- 
maux ,  dont  l'exercice  parfait  conllitue  l'état  de 
fanté ,  dont  le  moindre  dérangement  eft  par  lui-mê- 
me maladie  ,  Se  dont  la  celTation  eft  la  mott.  C'eft 
dans  ce  fens  qu'on  dit,  mouvemens  ,  lois  de  [éco- 
nomie animale. 

L'économie  d'un  bâtiment  eft  l'art  de  ménager  le 
terrein  ,  &  de  dilhibuer  lei  appartemens  de  la  ma- 
niète  la  plus  convenable  &  la  plus  commode.  L'éco- 
nomie d'un  tableau.  L'économie  du  deifein.  Une 
belle  économie. 

Ce  mot,  dans  ce  fens ,  s'applique  aux  myftèresde 
la  Religion  j  &  aux  matières  de  la  Théologie  ;  6c 
on  appelle  économie  ,  la  difpolition  des  choies  que 
la  Providence  a  foites  concernant  l'incarnation  du 
Verbe,  &  ce  que  Jesus-Christ  a  fait  fur  la  terre 
pour  fauver  les  hommes.  Ce  mot  eft  pris  de  l'E- 
criture ,  où  S.  Paul  appelle  cette  conduite  de  Dieu 
o'(xoMfci«  ,  que  S.  Jérôme  a  traduit  par  difpenfado. 
Voyez  Ephef.  I.  10.  III.  19.  ColoJJ'.I.  15. 
ECONOMIQUE,  adj.  Qui  appartient  à  l'économie. 
(Economicus.  On  donne  ce  nom  dans  l'école  à  la 
Motale ,  en  tant  qu'elle  donne  des  préceptes  pour 
bien  conduire  &c  réglei:  une  famille- 

ffTLss  Philofophes  divifent  la  Morale  en  mo- 
najîique  ,qui  regarde  l'homme  particulier  ,  en  éco- 
nomique, qui'concerne  l'homme  confidéré  dans  fa 
famille  ,  &  en  politique  ,  qui  le  conhdère  par  rap- 
port à  l'état.  Sageffe  ,  prudence  économique. 

(fT  Ce  mot  eftaulli  fubftantif  féminin  ,  &  défi- 
gne  cette  partie  de  la  Morale  qui  concerne  le  gou- 
vernement d'une  Province.  Ariftote  a  éctit  deux  li- 
vres de  l'Economique. 
Économique,  f.  m.  Ce  mot  lignifie  proprement  un 
Exécuteur  tcftamentiire  ,  l'exécutent  des  dernières 
volontés  d'une  perfonne  ,  celui  qui  a  l'économie, 
&,  fi  l'on  peut  ainfi  parler ,  !a  difpolltion  fiduciaire, 
c'eft  à-dire,  quia  par  fidei  commis  la  diipofition 
des  biens  d'un  homme  mort.  (Economicus.  Harris 
Cela  doit  s'entendre  de  l'Angleterre. 
ÉCONOMIQUEMENT.  adv.'D'une  manicte  écoiio 


creule  qui  fert  à  vider  l'eau  des  bateaux  fur  les  ri- 
vières. 

Ce  mot  vient  àtfcopa  ,  ou  plutôt  de  afcopa  j  qui 
eft  un  vaKfeau  portatif  ou  l'on  met  de  leau,  donc 
il  eft  parlé    dans    Judith  ,   Chap.   10.  félon  Du 

,  Cange. 

EcoPE  ,  eft  aufl!î  un  terme  de  Chirurgie ,  qui  fignifie  3 
Divihon  des  parties  charnues, par  laquelle  on  tran- 
che &  coupe  une  partie  gangrenée  ,  ou  chancreufe. 
Dec. 

ÉCOPERCHE.  f.  f  Terme  d'Architedure.  Pièce  de 
bois  avec  une  poulie  ,  qu'on  ajoute  au  bec  d'un'i 
grue  ou  d'un  engin  ,  pour  lui  donner  plus  de 
volée. 

On  nomme  auiïï  Etoperches  toutes  pièces  de  bois 
de  brin.j  qui  fetvent  à  porter  les  échatauts.  Pertica. 

ECORCE.  f.  f.  La  partie  extérieure  des  arbres,  qui  leur 
lert  de  couverture ,  de  peau.  Cortex.  L'écorce  du  chê- 
ne battue  fert  à  faire  du  tan.  Les  Sauvages  de  l'Amé- 
rique font  des  canots  à'écorce  de  bouleau  cjui  tien- 
nent jufqu'à  vingt-quatre  petfonnes.  On  fait  des 
cordes  de  puits  avec  la  petite  écorce  de  tilleul.  Les 
écorces  d'aunes  fervent  à  la  teinture.  Les  Amans  mar- 
quent leurs  noms&  leurs  chiffres  fur  \ écorce  des  ar- 
bres. Les  Anciens  écrivôient  fur  des  écorces  ,  prin- 
cipalement du  frêne  &  du  tilleul ,  non  pas  lur  l'é- 
corce extérieure,  mais  fur  l'écorce  intérieure  ^qui  eft 
fous  l'autre  j  plus  mince  3  plus  déliée  3  cortex  inte~ 
rior  3  tenuis  tunica ,  tunicuia ,  liber.  Fortunat  en  parle, 
f^oyez  au  mot  Cortical. 

S-cribere  quo pojjls  difc'ingat fafàa  fagum  ^ 
Cortice  dicta  legi  fit  mihi  dulce  tui. 

Ce  mot  vient  du  Latin  cortex. 

Écorce  ,  fe  dit  auffi  de  la  peau  ou  enveloppe  de  quel-i 
ques  fruits  ,  quand  elle  eft  épailïe.  De  l'écorce  de 
grenade.  Mali  corium.  On  fait  des  confitures  exqui- 
fes  de  l'écorce  de  citton  3  de  melon  ,  d'orange,  &c. 

Écorce  ,  fe  dit,  figurément ,  pour  fignifier ,  la  fuperfi- 
cie  ,  l'apparence  ,  la  furface  extérieure  des  chofes. 
Species.  Le  peuple  ne  regarde  les  choses  que  par 
l'écorce  ,  ne  juge  que  par  l'apparence.  Les  ignorans 
ne  veulent  point  pénétrer  dans  le  fond  des  fciences> 
ils  s'arrêtent  à  l'écorce.  Le  vulgaire  s'arrête  à  l'écorce 
&  aux  apparences.  Pat.  Ceux  qui  parlent  avec  tant 
de  facilité  ,  ne  s'attachent  d'ordinaire  qu'à  l'écorce 
des  choses.  S.  Evr.  Il  eft  des  amis  agréables  qui 
amusent  ;  mais  ils  n'ont  que  l'écorce  ;  pour  peu 
qu'on  approfondi  (Te  ,  on  n'y  ttouve  pas  fon  comp- 
te. M.  Scud. 

ipT  Pvoulfeau ,  dans  une  de  fes  odes ,  a  appliqué 
ce  mot  à  l'eau  J  en  le  prenant  pour  glace. 

Et  les  jeunes  Zéph  'rs,  par  leurs  chaudes  haleines , 
Ûntjondu /'écorce  des  eaux. 

Cette  métaphore  paroît  trop  hardie  &  peu 
naturelle.  Ecorce  èc  fondre  ne  peuvent  aller  ense  m- 
ble  ,  parce  qu'il  y  a  de  la  disconvenance  entre  ces 
deux  mots. 

On  dit,  proverbialement ,  qu'il  ne  faut  pas  mettre 
le  doigt  entre  le  bois  &  l'écorce  ,  pour  dire  ,  qu'il  ne 
faut  pas  fe  mêler  des  différends  qui  naiftent  entre 
gens  qui^fonr  proches ,  comme  entre  le  mari  &  la 
femme  ,  les  frères  <?i  les  forurs. 
ÉCORCER.  v.  a.  Ôter  l'écorce  du  bois.  Decorticare , 
dclibrare.  Il  faut  écorcerU  bois  en  Mai  ,  parce  qu'eu 
ce  temps ,  la  fève  fait  féparation  du  bois  d'avec  l'é- 
corce. Il  eft  très-diflicile  en  une  autre   faifon  de  le 


mique.  (Economicè  3  prudenter.  Dans  ce  monaftère  1     faire.  Il  faut  le  faire  au(!i  lorfque  l'écorce  eft  trop  fé- 


ECO 

che ,  ou  mangée  des  vers  j  ou  pounie  &  gâtc'e ,  afin  T 
que  l'aL-bre  le  porte  mieux.  _  | 

ÉcoRCER,  a  fignifié  aulli  Kafer.  Sous  Louis  le  Jeune  ,  l 
les  Prêtres,  qui  écoienc  alors  appelés  Prévoires ,  le  j 
rasoient  tout  le  visage  ,  félon  le  Roman  de  Guarin.  I 
Les  Prévoires  écorcent  tout  vis.  _  \ 

ÉcoRCÉ,  EE.  parc.  Dccortkatus.  Le  bois  e'cwW  s'ap 
pelle  Bois-Pelard 


E  C  O 


557 


pour  dire  que  le  receleur  eft  auflî  punîfTable  que  le 
yo  eur.  On  du  encore,  beau  parler  xiécorchc  poinc 
a  langue,  pour  dire  qit'jl  bue  toujours  ufer  de  paro- 
les civiles.  On  dit  aulli  traîner  à  ecorche  cul  pouc 
dire  Violemment,  en  lai ifant  traîner  le  cul  à  terre. 
!  Ecorche  ,  ee.  part. 

I  En  termes  de  Blafon  ,  écorché  ^q  dit  des  animaux 

f  ^   qui  font  totalement  rouges,  ou  de  gueule 


AÉCORCHE-Clf.adv.EnglilTanr,  en  fe  traînant  fur  :  ECORCHERIE.  f.  f.  Lieu  où  Ton  écorcheles  bêtes. 

le  derrière.  Ces  enlans  joueiitàdC(;rcAe-ca.  Il  ligni- 1      Laniena,    Ce  cheval  n'eft  bon  que  pour  mener  i 

fie  aulli  figurément,  par  lorce  ,  de  mauvaise  grâce  j  !      Vecorcherie 

avec  répugnance.  Il  ne  fait  jamais  les  choses  qu'ù -Écorcherie  j  fe  dit  auflî ,  figurémentj  d'une  hôtel- 

écorche-cu.  Il  eft  bas.  Acad.  Fr- 
ÉCORCHEE.  f.  f.  Terme  de  Conchyliologie.  Nom 

d'une  espèce  de  coquillage  marin.   Excoriaica  j  nu- 

idj  cowcÀa.  Ou  l'appelle  autrement  Nuée.  Vécorchce 

eil  une  des  espèces  de  Rouleau.  Le  fond  de  ce  co- 
quillage etl  traversé  de  grandes  taches  brunes  ,  & 

rayé  par-tout  légèrement. 
ÉCORCHER.  V.  a.  Arracher  la  peau  d'un  homme  , 

d'un  animal.  Excoriarc  ,  corium  detrahere.  S.  Bar- 

thelemi  fut  écorché  tout  vih  Ecorcher  un  bœuf,  un 

mouton  ,   un  cheval  ,  un  âne. 

fC?  Ce  mot  fignitie  quelquefois  fimplemenc  dé- 
chirer ou  enlever  la  furpeau  par  une  action  ou  pref- 

lion  violente.  Les  Pollillons  ont  louvent  les  tclfes 

ecorchéii.  Ecorcher  un  enfant  ,   c'ell  lui  donner  le 

fouet  i  jufqu'à  ce  qu'il  y  paroilfe  fur  la  peau  j  en- 
forte  qu'elle  en  foit  effleurée.   Les   chevaux  de  bat 

font  fujers  à  s'eVtJ/'tAer  fur  le  garot.  Les  elHeux  ecw- 

chent  les  arbres  j  les  murailles  ,  dans  les  lieux  trop 

ferrés.  Les  livres  reliés  en  veau  sécorchcnc  facile- 


ment. 

Il  vient  du  mot  excoriare  ,  ou  de  fcor:^are  ,  Ita- 
lien ,  qu'on  a  dit  dans  la  balfe  Latinité  pour  figni- 

,  fier  la  même  chose. 

Ecorcher,  figniKeaulîi,  faire  une  trop  violenreim- 
preilion  fur  les  fens.  Offenfure  ,  offd/idcre.  Voilà  une 
voix  aigre  qui  m'ecorche  les  oreilles.  Les  cormes  ver- 
tes écorchcnt  la  langue ,  le  gofier.  La  prêle  ccorclit  la 

^   main  pour  peu  qu'on  la  manie. 

Ecorcher  ,  (îgnifiej  au  figuré  ,  Rançonner  ,  exiger 
d'une  pcribnne  plus  qu'elle  ne  doit ,  vendre  trop 
cher.  Les  Hôteliers  de  Hollande  rançonnent ,  écor- 
chentlas  palîagers.  Les  Procureurs  ecort/zc^r  les  par- 
ties ,  quand  ils  leur  font  payer  les  dépens.  Si  je  ne 
vous  demande  que  tant  de  ce  livre  ,  ce  n'eft  pas  vous 
écorch'er. 

Ecorcher,  Terme  de  Sculpteur  &  de  Stuccateur.  Ecor- 
cher une  figure  de  cire  ,  ou  de  terre ,  qui  doit  fervir 
de  noyau  ,  c'eft  la  ratiller  pour  la  diminuer,  &  ôter 
de  fa  grolfeur  :  ôter  ,  du  noyau,  autant  d'èpaiiïeur 
qu'on  en  veut  donner  à  la  figure  qu'on  doit  couler 
en  plâtre. 

ÉcoRCHURj  fedit,  figurément  S>i  familièrement ,  en 
Grammaire ,  lorfqu'on  fait  une  langue  imparfai- 
icement,  qu'on  la  parle  mal.  Cer  écolier  ne  fait 
encore  <\\i  ecorcher  le  Latin.  Cet  Allemand  ecorche 
le  François.   Mot  eVorcAe  du  Latin  ,   du  Grec,  &c.'J 


lerie  ,  d'une  boutique  ,  &  de  tout  autre  lieu  oU 
l'on  fait  payer  les  chofes  trop  cher.  N'allez  pas  chez 
ce  Marchand  ,  chez  cet  Hôtelier,  c'eft  une  écor- 
chérie.  Le  Palais  eft  une  vraie  ecorchcrie.  Ce  terme 
eft  familier. 

ÉCORCHEUR.  f.  ni  Celui  qui  ecorche.  Qui  exco- 
riât,^ corium  detrahit.  Il  fe  dir  tant  au  propre  qu'au 
figuré  j  tant  des  Ecorcheurs  de  chevaux,  de  chiens , 
que  des  Hôteliers ,  Marchands  &  gens  de  chicans 
qui  exigent  trop. 

En  1437  ,  dans  la  révolte  des  Pays-Bas  contre  le 
Duc  de  Bourgogne ,  leur  Seigneur  ,  les  François 
étant  entrés  dans  le  Hainaut,  y  fiient  des  maux  in- 
finis ^  &:,  parce  qu'ils  dcpouilloicnt  en  chemife  tous 
ceux  qui  tomboient  entre  leurs  mains  ,  on  les  nom- 
moit  vulgairement  les  Ecorcheurs.  Paradin.  An- 
nal, de  Uvurg.  I.  III.  p.  jSi.  La  licence  des  guerres 
débauchant  les  troupes  ,  taute  qu'elles  n'éroienc 
pas  payées,  avoir  engendré  deux  fortes  de  brigands: 
les  uns  conduits  par  Rodrigue  de  ViUandras  j  An- 
toine ChabannCj  2:  le  Bâiard  de  Bourbon  ,  s'appe- 
loient  les  tcorciieurs  :,  les  autres  fe  faifoient  nom- 
mer les  Retondeurs,  qui  en  effet  retondoient,  ccor- 
choient ,  &  ,  par  manière  de  dire  ,  évencroienr  les 
pauvres  gens  j  n'étant  lorte  de  barbarie  qu'ils  n'exer- 
çaiïent  pour  en  tirer  de  l'argent.  Mezer.  T.  II.  p. 
z6.  ViHandias  iur  alfez  infolent  pour  détrouffer  les 
Fouriers  du  Roi  Charles  VII.  Ce  Prince  offenfé  d'ua 
tel  attentat ,  &  excite  par  les  cris  du  peuple ,  or- 
donna à  tous  fes  autres  Capitaines ,  &  à  toutes  les 
villes  j  de  courir  fus  aux  Ecorcheurs ,  &  bannit, 
par  Arrêt ,  Villandras,  Chabanne  &  le  Bâtard  de 
Bourbon.  Villandras^  pour  mériter  fon  pardon  par 
quelque  fignalé  fervice ,  recueillit  plufieurs  compa- 
gnies de  ces  Ecorcheurs  ,  s'en  alla  en  Guyenne,  où 
il  dérruifit  toutes  les  contrées  de  Médoc  ,  de  Buch  , 
&  le  pays  d'entre  les  deux  mers  ,  avec  des  inhuma- 
nités h  diaboliques  j  que  ceux  de  ce  pays  là  fe  fou- 
viennent  encore  du  méchant  Rodrigue.  Nonobftant 
fon  départ,  il  refta  encore  grand  nombre  de  ces 
compagnies  enragées,  qui  dcfolèrent  la  campagne  ; 
de  forte  que  les  payfrns  s'étanr  rerirés  dedans  les 
villes ,  &  le  labourage  étant  délailfé  ,  s'enfuivic 
une  grande  famine,  &  de- là  une  pefte  encore 
plus  hirieufe  ,  qui  fie  mourir  cinquante  mille  hom- 
mes à  Pans,  en  moins  de  fix  femaines.  Mézer. 

.    [.II.  p.  Z7. 


c'eft-à-dire  tiré  de  ces  langues ,  6c  qui  n'eft  pas  en-' ECORCHURE.  f  f.  Légère  folution  de  continuité  , 
"'"■""  "'"'^''  érofion  qui  n'intérelfe  que  l'épiderme  ,  les  fibres  & 

les  vailfeaux  curanés.  Excoriacio  j  intenrigo.  Il  s'eft 
lait  une  grande  écorchure  au  derrière  pour  avoir 
couru  la  pofte. 

Tous  ces  mors  viennent  du  Larin  excoriare. 


cor 


,  core  établi. 

Ecorcher  J  fédit,  proverbialement,  en  ces  phrafes. 

Il  eft  brave  comme  un  lapin  ecorche'.  On  dit  ecor- 
cher une  anguille  par  la  queue  ;  pour  dire  ^  com- 
mencer une  chofe  par  où  l'on  devroit  la  finir.   On 

dit,  qu'il  n'y  a  rien  de  plus  difficile  à  ecorc/zer  que^ÉCORClER.  f.  m.  Bâtiment  qui  doit  être  près  des 

la  queue ,  pour  dire  que  le  point  de  la  conclufionj      moulins  à  tan.  C'eft  un  grand  magafin,  où  l'on  mer  à 

eft  ce  qu'il  y  a  de  plus  difficile  dans  une  affaire.  On 

dit  aulli  de  celui  qui  fe  plaint  d'un  mal  avant  qu'il 

■foit arrivé,   il  reffemble à  l'anguille  de  Meluii  .,  il 

crie  avant  qu'on  Vccorche  :  à  quoi  Molière  faifant 

allufion  _,  lait  dire  à  une  de  fes  Précieufes  :  votre 

coeur  crie  avant  qu'on  Ve'corche ,  c'eft- à-dire  j  avant 

qu'on  lui  frlfe  du  mal.  On  dit  aulli ,  ecorcher  le  re- 

liard,  pour  dire  vomir  après  avoir  trop  bu.  On  dit 

encorequ'il  faut  tondre  fes  brebis ,  &  non  pas   les 

éconher,  pour   dire  n'exiger  de  fes  fujers,  de  fcs 

débiteurs  ,  que  ce  qu'ils  peuvent  donner.  On  dit , 
autan:  vaut  celui  qui  tient ,  que  celui  qui  ecorche , 


rouvert  les  écorces  des  chênes ,  parce  que ,  fi  on  les 
ailFoit  à  la  pluie,  le  fel  s'en  détacheroit  j  &  c'eft 
f.n  quoi  cond^le  toute  fa  qudité. 

ÉCORE.  f.  f.  Terme  de  Marine  &  de  rivière.  Côte 
efcarpée  à  pic.  Saxum  ,  cos,  ruves  abrupta ,  ora 
erecla.  Il  y  a  prefque  toujours  bon  fond  auprès  des 
côtes  à  écore  efcarpées.  Il  n'y  a  point  A'ecores  plus 
célèbres  que  celles  du  banc  de  Terre-Neuve- 

EcORES  ,  en  Marine  ,  font  des  éraies  ou  érançonsqui 
fouriennent  le  navire  ,  tandis  qu'on  le  conftruit,  ou 
,    qu'on  le  répare.    Tihicen ,  cancerius,  vara. 

EcoRE ,  terme  de  rivière.   Pièce  de  bois  qu'on  fnet 


j;8  ECO 

le  long  du  plat- bord  d'un  bateau  ,  pour  empêcher 
qu'il  ne  fe  btife. 
ÉCORNE.  1.  m.  Vieux  mot  qui  fignifioit  autrefois 
affront,  perce ^  ou  dommage  en  les  biens,  en  ion 
honneur.  Labes  ,  detrimentum  ,  dades ,  contumeL'ia. 

Sire  Apollon  dépité  contre  moi 
De  ce  quavois  fait  écoins  à  Ja  gloire  , 
En  le  quittant  pour  fuivre  une  autre  loi  j 
M'en  joua  d'une ,  ùc.  P.  Du  Cerc. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien y^or/20,  qui  a  été  fait 
àzfperno.  Mén..  Ou  plutôt  il  vient  de  l'Alkmand 
fchern  ,  qui  (ignitie  iitufion  j  moquerie. 
ÉCORNER.  V.  a.  Rompre  une  corne  à  un  animal. 
Mutilare  j  decidere  cornu.  Les  Poètes  feignent 
qu'Hercule  écorna  le  fleuve  Acheloiis  ,  qu'il  lui 
arracha  une  corne,  écorner  un  Taureau. 

Ménage  dérive    ce    mot    du   Latin   excornare  , 
comme  qui  diroit  ôter  une  corne. 
Écorner  ,  fe  dit  auflî  de  tous  les  corps  qui  ont  des 
angles ,  quand  on  en  émouife  quelques-uns.   On  a 
écorné  la  corniche  de  ce  buffet  en  déménageant. 
Cette  pierre  a  été  écornée  en  la  montant.    On  ne 
joue  point  avec  des  dés  qui  font  écornés. 
Ecorner  ,  fe  dit ,  figurément  &  balTement,  en  Mo- 
rale ,  &  fignifie  donner  atteinte  à  quelques  droits , 
ou  privilèges  ,  &  à  toute  lorte  de  biens  qu'on  di- 
minue. Ecorner  les  droits,  les  privilèges  de  quel- 
qu'un. Ecorner  fa  terre ,  Ion  autorité.    Ce  nouvel 
hôte  eft  caufe  qu'on  a  eVor/îd  notre  portion.  On  du 
aulli  écorner  une  armée.    Ecorner  la  pointe  de   la 
bataille.   Danet.  On  dit ,  populairement ,  eVcir/.'e/ 
le  cœur  d'un  homme  ,  d'une  femme ,  d'une  tille , 
pour  dire  s'infinuer  dans  fon  cœur ,  s'en  faire  aimer. 
Ecorne  j    ée.  part.  Dccifus^  imminutus ,  mutUatus. 
ÊCORNIFLER.  v.  a.  Chercher  à  manger  aux  dépens 
d'autrui  \   chercher  des  franches  lipées.   Proftqui 
menfam  ,  feclari ,  aliéna  vivere  quadrd.   Il  eft  venu 
nous  eVor/zy?dr.  Sans  bien  ,  fans  emploi,  il  va  eVor 
n'ifler  un  dîner  où  il  peut.    Il  n'eft  que  du  ftyle  fa- 
milier. 
Ce  mot  vient  de  excorniculare.  Mén. 
ÉcoRNiFLÉ  ,  ÉE.  part.   Repas  écorniflé.  Ccena  captata. 
ÉCORNIFLERIE.   f.  f.  Adlion  d'écornifleur ,  d'ex- 
croqueur  de  repas.    AUerid,  mcnfs,  afftctatio.    Cet 
avare  épargne  Ion  revenu ,  &  ne  vit  que  ^écor- 
niflerie. 
ÉCORNIFLEUR ,  euse.  f.  m.  &  f.   Qui  écorniflé  , 
qui  cherche  de  franches  lipées  j  parafite.  Parajl- 
tus.  Sur  le   midi ,  il  dîne  bourgeoifement  &  en 
famille,  mais  bien,  &  avec  appétit;  Se,  s'il  lurvienr 
un   ami  ,  ou  un   écornifleur^  il  fait  redoubler  les 
plats.   De    ViGN.  Marv.    Les  tables    des  Grands 
font  toujours  pleines  à'écornifieurs.    On  les  appelle 
auffi  piqueurs  d'efcabeUe.  Les  anciens  les  appeloient 
parajîtes  ;   &  ils  ont  été  de  tout  temps  l'objet  des 
fatyres. 
ÉCORNURE.  Terme  de  Maçon.   Eclat  qui  fe  déta- 
che à  l'arête  de  la  pierre  lorsqu'on  la  taille  ,  qu'on 
la  monte  ,   ou  qu'on  la  pofe. 
ECOSSE.     Nom  de   pays.  Scotia,  autrefois  Albion 
Septentrionalis  ,   ou  inferior  ,  Caledonia  j  Albania. 
Les  Hibernois  l'appellent  encore  aujourd'hui  AUa- 
bani ,  les  Anglois  Scotland.   C'efl  la  partie  de  i'Ifle 
de  la  Grande  Bretagne  qui  efl:  au  nord.   Elle  eft 
bornée  au  midi  parla  mer  d'Irlande  &  l'Angleterre 
dont  elle  elt  féparée  par  le  Golfe  de  Solwiy  du  côté 
du  couchant ,  par  celui  de  Twede  du  côté  du  le- 
vant ,  &  par  les   montagnes  Cheviotes  entre  ces 
deux  golfes.      L'Océan    Calédonien,  ou    la    mer 
À'EcoJJc  ,  la  baigne  de  tous  les  autres  côtés.    Elle 
s'étend  du  feptencrion  au  midi,  depuis  le  55*  dé- 
gré  de  latitude  jufqu'au  59=  ou    environ  :  &:  du 
couchant  au  levant  du  15e  degré  de  longitude  juf- 
qu'au  10=. 

On  divife  VEcoJfe  de  plufieurs  manières  différen- 
tes j  en  haute  &  bafl"e  Ecojfe  ;  en  Ecoffe  méridio- 
nale &  en  Ecojfe  feptentrionale  ,  en  Eco[Je  de  de^à 


ECO 

le  Tay  ,  &  en  Ecoffe  d'au-delà  le  Tay.  La  haute 
Ecojje,  que  ['on  nomme  Highland  j  Hoghland  , 
c'elt.à-dire ,  Terre  ou  Pays  haut ,  ell  vers  le  cou- 
chant. Elle  eft  ainfi  appelée  j  parce  qu'elle  eft 
pleine  de  montagnes.  La  baffe  Ecoffe  ,  ou  le  Lo- 
wland,  c'cftà-dire,  BalFe-terre  ou  Bas-pays,  eft 
du  côté  du  levant ,  &c  a  beaucoup  moins  de  mon- 
tagnes,  eft  plus  peuplée  ,  plus  cultivée,  plus  fer- 
tile. L'EcoJje  méridionale  eft  la  partie  à'hcojje  qui 
eft  entre  l'Angleterre  &  la  rivière  du  Tay  j  qui  eft 
la  plus  confidcrable  de  tout  ce  pays.  Elle  comprend 
vingt  Comtés,  &  I'Ifle  d'Arran.  U Ecoffe  fepten- 
trionale eft  la  partie  à'Ecejje  qui  s'étend  depuis  b 
Tay  jufqu'au  détroit  de  Pentland,  qui  eft  au  nord 
entre  [Ecoffe  tk.  les  Orcades.  Elle  comprend  qua- 
torze Comtés.  L'Ecoff  d'en  deçà  le  Tay,  Scotia 
cis-Taana ,  eft  la  même  chofe  que  VEcojje  méri- 
dionale ,  &  V  Ecoffe  d'au  -  delà  le  Tay  ,  Trans^ 
Taana,  la  même  que  r£Vo//è  feptentrionale.  Les 
Ifles  Wefternes ,  ou  Ebudes  ,  celles  de  Pare  ,  les 
Orcades  ,    font  des  dépendances  de  VEcojje. 

L'Ecoffe  étoit  autrefois  divifèe  en  deux  peuples  ; 
les  Vetturions  &  les  Calédoniens.  Les  Piétés  fuccé- 
dèrent  enfuite  aux  Vetturions,  &  les  Scots  ,  ou 
Ecollois  j  peuple  de  l'Hibernie  ,  occupèrent  le  pays 
des  Calédoniens  qu'ils  chalfêrent.  L'EcoJje  a  eu  les 
Rois  particuliers  jufqu'au  commencement  du  fei- 
zième  fiècle  ;  car,  en  160^  ,  Jacques  VI  ,  Roi 
d'Ecoffe  fuccéda  à  Elizabeth  ,  &  réunit  les  deux 
Royaumes  fous  le  nom  de  Jacques  I.  Malgré  cette 
réunion  ÏEcoffe  avoir  toujours  été  un  Royaume  fé- 
paré  ,  qui  avoir  fon  Parlement  diftingué  de  celui 
d'Angleterre  ,  jufqu'en  1707  ,  que  la  Reine  Anne 
fit  l'union  d^s  deux  Royaumes  d'Angleterre  êc 
d'Ecoffe  en  un  feul  ,  fous  le  nom  du  Royaume  de 
Grande-Bretagne.  Cette  affaire  fut  confommée  le 
17  de  Mars  1707  ,  dans  le  Parlement  d'Angleterre, 
où  elle  approuva  le  Traité  d'union  ,  avec  l'Adte  de 
ratification  de  ce  Traité.  Depuis  ce  temps-là  il  n'y 
a  plus  qu'un  feul  Confeil  privé  ,  &  un  feul  Parle- 
ment pour  les  deux  Royaumes.  Les  Ecolfois  n'ont 
que  feize  Lords  j  ou  Seigneurs  dans  la  Chambre 
haute  J  ôc  quarante-cinq  Membres  dans  la  Chambre 
balfe  :  ce  qui  fait  la  quarantième  partie  du  Parle- 
ment des  deux  Royaumes ,  parce  que  la  proportion 
de  ['Ecoffe  avec  l'Angleterre ,  eft  comme  i  à  40. 
Ce  Tr.aité  d'union  comprend  25  articles,  qu'onze 
CommifFaires  Anglois,  &  onze  Ecolfois  examinè- 
rent, approuvèrent  &  fignèrent  le  3  Août  1705. 
Le  Parlement  d'Ecoffe  les  approuva  le  4  Février 
1707,  celui  d'Angleterre  le  10  Mars  de  la  même 
année,  &  le  17  fuivant  la  Reine  Anne  fe  rendit 
au  Parlement ,  où  elle  approuva  le  même  Traité  ; 
avec  l'Aéte  de  ratification.  Cette  union  avoit  été 
inutilement  tentée  par  Jacques  I  3  comme  nous 
avons  dit  au  mot  de  Bretagne. 

La  Religion  de  l'Ecoffe  eft  la  Religion  réfor- 
mée ;  &  la  Sede  Puritaine  eft  la  dominante.  La 
couronne  d'Ecoffe  eft  héréditaiie  comme  celle  d'An- 
gleterre. 

Il  eft  difficile  de  déterminer  quand  l'£'cq//ê  com- 
mença à  fe  fervir  de  monnoie.  Boëthius  alfure  que 
le  Roi  Donald  I  fit  faire  de  la  monnoie  d'or  &  d'ar- 
gent; mais  fon  autorité  n'eft  pas  fuffifance  Si  l'on 
en  croit  Larrey,  Reutha  ,  qui  régnoit  du  temps  de 
Ptolomée  Philadelphe ,  fut  le  premier  qui"  en  fie 
battre.  D'abord  elle  n'étoit  que  de  cuir  :  celle  de. 
fer ,  de  cuivre  &  d'argent  vint  enfuite  :  mais  cet 
Auteur  a  copié ,  fans  jugement  &  fans  critique  , 
tout  ce  qu'il  a  trouvé  dans  les  Aureurs  les  plus  fa- 
buleux. L'argent  monnoyé  étoit  commun  enEcoffe 
pendant  que  les  Rois  Saxons  gouvernoient  l'Angle- 
terre. Donald  V.  au  neuvième  fiècle,  y  fit  faire  de 
la  monnoie  fterling,  fi  l'on  en  croit  quelques  Au- 
teurs i  &  c'eft  -  là  l'origine  de  cette  monnoie  (i 
commune  depuis  en  Angleterre.  La  monnoie  étoit 
commune  fous  David  I.  vers  l'an  1 1 14.   Les  Cabi- 


nets en  font  encore  pleins.  La  monnoie  d'or  n' 
commencé   qu'avec  les  Scuarts.  On  peut  voir  f* 


a 

ur 


Ë  C  Ô 

tout  ce  qui  regarde  la  monnoie  à'Ecoffc ,  le  favanL  î 
&  judicieux  Traité  de  M.  Nicolfon ,  intitulé  Q/'j 
the  inedals  and  coin  of  Scotlani  ;  c'elt-à-dire  ,  des  j 
Médailles    &  des   monnoies    à'i:co[fe.  1 

Autrefois  l'Irlande  s'appeloit  t'cojjè  :  les  Scots ,  | 
ou   Ecolîois ,  peuples  de  cette  Ifle  ,    étant  venus  j 
s'établir  dans  la  partie  feptentrionale  de  l'Iile  Bri- 1 
tannique  ,  ils  donnèïent  â  ce  pays  le  nom  de  peritej 
Écol/cj  pour  la  dilliriu;uer  de  1  Irlande  ,  qu'ils  ap- 
pelèrent  grande   Ecojj'^.    Dans   la    fuite  le    nom 
A'EcoJje  s'ed  aboli  pour   l'Irlande  ,    il  n'ell  refté 
qu'à  la  partie  feptentrionale  de  l'Iflt;  Britannique. 

Camérarius  &  Dempftcr  on:  cent  fur  les  Hifto- 
rien's  tSc  les  gens  de  lettres  d'L'colfc  :  le  premier  eft 
fi  fuccinct  qu'il  n'y  a  prefque  rien  à  apprendre  dans 
fon  Livre.  Les  Critiques  ont  décrié  l'ou- 
vrage du  fécond  ;  mais  l'on  a  depuis  peu  fur  cela 
tin  tort  bon  ouvrage  en  Anglois  ,  intitulé  27îc  Li- 
ves  ,  and  Caraclers  oj  the  moft  eininents  W^riters 
of  the  Scots  nation  :  c'eft-à-dircj  les  vies  ôc  les 
caradères  des  rneitleurs  Ecrivains  d'£co(Je.  Il  eft 
de  M.  George  Mackenlie  ,  &  fut  imprimé  in-Jol. 
à  Edimbourg  en  1708.  Buchanaft  a  donné  une  Hil- 
toire  Latine  d'£c(i//è  pleine  de  fliulfetés  infignes  5c 
de  calomnies. 

M.  Anàerfon  prétend  que,  dans  le  Recueil  de  ^L 
Rymer ,  parmi  les  Actes  qui  concernent  VEcoJJc  j 
il  y  en  a  de  taux. 

%leï  d'EcossE.  Mare  Scotxum.  Octanas  Scoticus.  C'ell 
la  partie  de  l'Océan  feptentriohal  qui  entoure 
ÏEcqlJe  du  côté  de  l'Orient,  du  Nord  &  de  l'Occi- 
dent j  car  la  mer  d'tcojje  s'étend  jufques  vers  l'Ir- 
lande ,  &  comprend  même  les  Illes  de  l'Ouell  de 
VEcojJe  6i  les  Hébrides.  La  mer  à'EcoJJe  eft  une 
partie  de  l'Océan  CalécHonien  des  anciens. 

Les  Anglois  donnent  le  nom  de  Nouvelle  Ecoffi- 
à  l'Acadie  découverte  ^  à  ce  qu'ils  prétendent  , 
par  Cabot  ;  mais  les  François  foutiennent  que  ce 
pays  tut  découvert  par  des  Bretons  fous  Louis  XI. 
ik  que  François  I.  y  envoya  Jean  Verazan.  En 
1615  les  Anglois  envoyèrent  une  nombreufe  Co- 
lonie dans  la  Nouvelle  Ecojje.  Us  l'abandonnèrent 
€ni66/  J  la  cédèrent  aux  l-rançois.  En  1690,  ils 
y  renvoyèrent  le  Chevalier  Guillaume  Philips ,  qui 
en  challa  les  François  qui  néanmoins  s'en  rendirent 
encore  depuis  les  maîtres ,  &  l'ont  gardée  jufqu'en 
1715 ,  qu'ils  la  cédèrent  à  l'Angleterre  par  la  paix 
d'Utrecht. 

ECOSSE,  f.  f.  Couverture  des  fèves  j  des  pois,  des 
lentilles.  Siliqaa.  Eco£e  dure.  EcoJJe  rendre.  On 
dit  cojje  J  goujfe  ,  &  non  pas  écojje. 

ECOSSER.  V.  ^.  Dctrahere  Jiiiquj77i.  Ôter  les  pois, 
les  tèves  ,  &  autres  légume,  de  leurs  goulfes ,  de 
leurs  colfes.  Des  pois  rames  &  écojjés  ;  ce  font  de 
gros  pois  tirés  de  leurs  goulTès ,  qui  ont  crû  étant 
arrachés  à  des  rames  ou  des  branches  de  bois  dans 
les  jardins  ,  à  la  diftérence  de  ceux  qui  rampent  fur 
la  terre  à  la  campagne. 

Ecosse,  ée.  "pzxt.  EJlliquâ  evulfus. 

ÉCOSSEUR,  EUSE.  f.  Qui  écoife.   E cojfeufe  àe  po\s. 

ECOSSOÎS,  OISE,  f  m.  &  f.  &  adj.  Qui  eft  d'Ecdlfe, 
qui  appartient  à  l'Ecofle.  Scotus.  Les  EcoJJois  fe 
prétendent  originaires  de  la  Tartarie  Adatique  , 
d'où>-ils  paftcrent  premièrement  en  Efpagne  ,  & 
de-là  eil  EcolFe  j  plufieurs  fîècles  avant  la  venue  de 
Jesus-Christ.  Larrey ,  dzns  Edouard  FI.  p.  571. 
Le  même  Aureur ,  qui  copie  toutes  les  fables  in- 
venrées  dans  les  temps  d'ignorance  j  rapporte  que 
quoique  ce  nom  Eco(Jois ,  Scotus  ,  foit  peu  connu , 
ou  ne  le  foit  point  du  tout  des  Auteurs  avant  Conf 
tantius  Chlorus ,  qui  vivoit  vers  l'an  300.  de  J.  C. 
il  eft  cependant  beaucoup  plus  ancien,  iî  l'on  en 
croit  cerraines  hiftoires  ^  car  Gathelcj  fils  de  Cé- 
crops ,  ayanr  éponfé  la  Princefte  Scora  ,  tille  de 
Pharaon  ou  d'Orus  VII.  celui  qui  bâtir  les  Pvra 
mides ,  c|ui  régnoir  en  Egypte  au  temps  de  la  fortie 
des  Ifraclites ,  (jathele,  dis-je  ,  s'érant  venu  établir 
en  Efpagne,  eur  un  tils  nommé  Heber,  qui  pallii 
enHibernie,  puis  dans  la  partie  feptentrionale  de 


ECO  ys9 

la  Grande-Bretagne ,  à  laquelle  il  donna  le  nom  de 
La  mère.  D'aurres  prétendent  que  les  Ecojfois  &  les 
Bretons  font  des  Colonies  de  ces  Phéniciens  que 
challa  Jofué  ,  &  qui  s'établirent  d'abord  en  Efpa- 
gne, &  puis  en  Ecolfe ,  &  dans  la  Grande-Bretagne  : 
d'autres  les  tont  venir  de  la  Scandinavie,  ou  de  la 
Suède  \  &c  d'autres  de  la  Sarmatie  j  c'eft-à-dire  ,  des 
Scythes  ,  d'où  s'eft  formé  ,  difenr-iis  ^  le  nom  de 
Scot ,  ou  Eco[jois. 

Dans  ces  piemiers  temps  -  là  ,  les  Ecojfois  n'é- 
toient  pas  les  feuls  habitansde  cette  partie  de  1  île. 
Les  Pictes  la  parrageoient  avec  eux  :  c'éroienc  deux 
Colonies  anciennes  3  qui ,  de  quelque  l:cu  qu'elles 
vinllent  ,  s'établirent  dans  la  Grande-Bretagne  à- 
peu-près  en  même  temps.  On  dit  que  la  divihon 
le  fit  fous  le  règne  de  Fergus  I ,  dont  on  place  l'inf- 
tallation  305  ans  avant  Jefus-Chrift.  L'Ecoife  fep- 
tenrrionale  fut  allignée  aux  Scots ,  &  la  méridio- 
nale aux  Piétés.  Tout  ceci  eft  tiré  de  Larrey. 

Saint  Jérôme ,  dans  fon  lecond  livre  contre  Jovi- 
nien  ,  parle  des  Ecofois ,  &  die  que  c'étoit  une  na- 
tion Briranniquej  qu'ils  étoient  Anthropophages,  & 
qu'il  en  avoir  vu  dans  les  Gaules.  Ammien  ,  qui 
vivoit  à-peu  près  en  même  temps  que  S.  Jérôme, 
&  qui  a  le  premier  parlé  des  Eco(jois ,  L.  XXVL 
C.4.  &  L.  XXVII.C.8.  les  appelle  Scotti.  Hotfman  lui 
dire  qu'ils  étoient  originaires  de  la  Cantabrie  , 
Province  de  l'Efpagne  Tarraconoife ,  qui  compre- 
noit  une  partie  de  la  Bifcaye  &  des  Afturies  \  que 
de-là  ils  vinrent  s'établir  en  Hibernie  ,  &  enfuite 
dans  la  parrie  fepentrionale  de  l'Ifle  Britannique  , 
qui  de  leur  nom  tut  appelée  Ecolfe  \  mais  Ammieii 
ne  dit  pas  un  mot  de  tour  cela  ,  ni  de  l'origine  des 
Ecojjois,  ni  des  pays  qu'ils  ont  occupés.  Buchanan 
tire  aufti  les  Ecofois  d  Efpagne  \  mais  il  ajoute  qu'ils 
defcendoient  de  ces  Celtes  qui  palïerent  les  Pyré- 
nées, &  s'établirent  en  Efpagne.  Matthieu  de  Weft- 
minfter  dit  qu'ils  naquirent  des  mariages  des  Piétés 
avec  des  femmes  Hibernoifes  ,  &  que  leur  nom  fuc 
donné  ,  parce  qu'ils  defcendoient  de  deux  uarions 
différentes  ;  que  Scot  lignifie  un  amas  de  chofes 
différentes  :  mais,  fi  ce  que  dit  le  Vénérable  Bede 
eft  vrai ,  il  y  avoir  des  Scots  en  Hibernie  avant  ces 
mariages  des  Piétés ,  puifque  ,  félon  lui ,  c'eft  aux 
Scots  d'Hibernie  que  les  Piétés  demandèrent  des 
femmes.  Cambden  &  quelques  autres  croient  que 
les  Ecojjois  font  originairement  Scythes  ,  &  que  le 
nom  de  Scot  n'eft  qu'une  corruption  de  celui  de 
Scythe.  Ifidore,  mauvais  Auteur  dans  ces  fortes  de 
chofes ,  dit  que  les  Ecoffois  font  ainfi  appelés  du 
mot  Grec  a-Jrcç,  qui  fignifie  obfcurité ^  ténèbres.  L'o- 
pinion la  plus  probable  eft  que  c'eft  un  peuple  d'Hi' 
bernie  ,  ou  d'Irlande  j  qui  fe  rendit  mairre  d'une 
parrie  du  nord  de  l'Ille  Brirannique.  Il  eft  cerraiii 
par  Orofius,  S.Profper ,  Ifidore  ,  Bede  ,  S.  Bernard , 
&  plufieurs  autres,  dont  quelques-uns  fe  trouvent 
dans  le  fpicilége  de  D.  d'Achery  ,  que  l'Irlande  a  été 
appelée  EcofTe  pendant  plufieurs  liécles ,  &  que  les 
peuples  d'Irlande  ont  été  appelés  Ecofes  ,  ou  Ecof- 
fois  d'Hibernie.  Les  Montagnards  d'Ecofi'e  parlent 
encore  la  même  langue  que  les  Hibernois. 

Quelque  antiquité  que  l'on  donne  à  la  Monar- 
chie EcoJJ'oife ,  donr  quelques  Auteurs  placent  l'é- 
tablifiement  à  l'an  410  de  Rome  ,  c'eft  à-dire  j  plus 
de  330  ans  avanr  Jefus-Chrift  fousFergus  1.  Lloyde 
Evcque  de  Saint  Afàph,  &:  Stillingfleet ,  Evèque 
deWorcefter,  ont  montré  qu'elle  n'a  commencé 
que  700  ans  après  Jefus-Chrift.  L'an  1371,1a  Cou- 
ronne d'EcolTe  palTà  à  Robert  II,  de  la  famille  des 
Stuards.  Les  Ecoffois  fureur  convertis  à  la  foi  fous 
le  Roi  Donald ,  dans  l'onzième  fiècle  j,  par  des  Mil- 
fionnaires  que  le  Pape  Viétor  IL  y  avoir  envoyés. 
Au  feizième  fiècle ,  ils  embrafterent  la  Religioiî 
Proreftanre,  &  ils  font  la  pluparr  Presbytériens,  on 
Puritains. 

Les  Ecojfois  d'aujourd'hui  font  de  belle  raille, 
robuftes,  vaillans ,  généreux  &  fobres  ;  mais  on  les 
accufe  d'être  fiers  ,  envieux  &  vindicatifs.  Il  y  a 
comme  deux  difterens  peuples  en  Ecoife.  Ceux  qui 


jôo  ECO 

habicent  la  partie  mcnùionale  fonr  polis;  mais  les 
Montagnards ,  &c  ceux  qui  demeurenc  vers  le  nord, 
font  encore  à  demi-lauvages. 

La  Garde  hcojjoije  elt  la  première  Compagnie 
des  Gardes  du  Corps  de  nos  Rois.  Quoiqu  ciie  loir 
depuis  long-temps  toute  compolée  de  François ,  & 
qu'il  n'y  ait  pas  un  EcoJJois  ,  elle  ne  lailïe  pas  de 
conferver  fon  ancien  nom  _,  &  de  retenir  la  plirale 
Ecojjbife  ,  lain  li/re  j  qui  le  prononce  Ai  am  hire  , 
c'e!t-à-dire,  Je  fuis  ici  j  me  voici.  Les  Gardes  tcoj- 
fois  ont  été  établis  en  France  par  Charles  VII,  qui 
retint  à  fa  garde  des  t.cojfois  ,  tirés  de  ceux  que  les 
Comtes  de  Bucan  Se  de  Duglas ,  &  d'autres  Sei- 
gneurs Ecojfois ,  lui  avoient  amenés  pour  challèr 
de  Fiance  les  Anglois.  Quand  un  Garde  de  la  Com- 
pagnie Ecojfoifs  a  fermé  les  portes  du  logis  où  elt 
le  Roi ,  il  cil  appelé  par  un  Clerc  du  Guet ,  auquel 
il  répond  en  tcojfois ,  /  am  hire,  c'eft-à-dite  ,  me 
voilà.  Voyez  Vtiac de  Fiance. 

On  demande  comment  il  faut  prononcer  la  der- 
nière fyllabe  de  ce  mot ,  s'il  faut  dire  Ecojjouais  , 
ou  Eco[jais.  Le  P.  Buflier  prétend  qu'il  faut  pro 
noncer  de  la  féconde  manière.  Dans  le  difcours  or 
dinaire ,  on  prononce  Ecojjois  ^  comme  on  pronon- 
ce HoUandois ,  Irlandois,  Anglois. 

On  dit,  proverbialement,  fiet  comme  un  Ecoffois. 
ÉCOT.  f.  m.  Ce  que  chacun  paie  pour  fa  parc  d'un 
•repas  qu'il  fait  en  commun.  Symboh  ,jyinbolum 
ou  fynibolus.  Pour  vivre  en  liberté  au  cabaret,  a 
l'hcrellerie  ,  il  faut  que  chacun  paie  fon  écot.  Il 
faut  compter  &  payer  Xéœt.  L'Efpagnol  dit  que 
c'cll  un  grand  plaifir  de  manger,  &  de  ne  point 
payer  fon  écot. 

Or  Cjl  paffé  ce  temps  où  d'un  bon  mot, 

S  tance  j  ou  dizain,  on  payait  fon  écot.  De  s- H. 

Qnelqaes-ans  dérivent  ce  mot  de  collecia ,  ou  de 
€Xcolliaj  j  ou  du  vieux  mot  efcoUage  ,  qui  ligmiioit 
le  paiement  d'une  peniion.  Guyet  le  dérive  de  ex- 
tjuot.2  j  comme  qui  diroic  quota  pars.  Ménage  le 
fait  venir  à^fcot ^  mot  Saxon,  fignifianc  vecfigai , 
ou  impôt-,  car  on  difoit  autrefois  homme  de  fervi 
che  j  de  taille  Si  d'jcot.  D'autres  le  tirent  du  vieux 
mot  écot ,  qui  fe  dit  encore  ,  dans  le  Blafon  &dans 
les  Eaux  Se  Forêts ,  d'une  pièce  de  bois  inégale  ,  ra- 
boteufe  ,  &  où  il  refte  encore  les  nœuds  ,  &  quel- 
ques bouts  des  branches  qui  en  ont  été  retranchées, 
à  caufe  de  la  relfemblance  qu'elle  a  avec  ces  tailles 
de  Boulangers  &  Taverniers ,  qui  les  rendent  iné- 
gales par  les  hoches  &  entailles  qu'ils  y  font ,  pour 
marquer  la  quantité  de  pain  ,  de  vin  ,  de  viande , 
ou  des  repas  qu'ils  fourniiïent  à  crédit  ;  enforte 
que ,  quand  on  difoit ,  Payer  fen  eVor,c'étoit  à  dire 
Payer  le  contenu  en  cette  taille. 

fer  ÊCOT  fe  dit  auiîî  de  la  dcpenfe  qu^on  fait  au 
caba'-et,  chez  le  Traiteur,  pour  un  repas. Un  gros 
écot. 

Écot  ,  fe  dit  auiïî  par  les  Cabaretiers  ,  des  tables  de 
ceux  qui  m.mgenc  enfemble.  Contubernium.  Il  y  a 
trois  ecots  dans  cette  chambre  ,  &  tant  dans  cette 
autre.  ïl  a  fallu  renvoyer  cet  écot,  car  il  n'y  avoir 
plus  de  place. 

Ceft  en  ce  fens  que  Loret,  dans  fes  nouvelles 
en  vers  burlefques ,  appelle  écot  un  repas  ,  ou  une 
collation  magnifique ,  que  Monfieur  donna  à  Saint 
Cloud. 

La  Princeffè  de  Monaco 
Etoit  auff:  du  bel  éco  j 
Dont  je  rogne  un  T  pour  la  rime. 
Quainjî  je  rends  plus  légitime. 

On  dit,  proverbialementjàcenx  qui  viennent  in- 
terrompre l'entretien  de  gens  qui  ne  leur  parlent 
pas,  parlez  à  votre  écot.  On  dit  auflî,  d'un  homme 
agréable  en  compagnie,  qui  chante,  qui  amufe  & 
divertit  les  convives ,  que  c'eft  un  homme  qui  paie 
iati  éc»t.  On  dit  auffi ,  il  a  beau  fe  taire  de  Vécot^ 


E  CO 

qui  rien  n'en  paie  ;  pour  dire  qu'il  eft  bien  aifé  ai 
ne  le  pas  plaindre  d'un  mal  qui  tombe  fur  autrui, 
&  que  nous  ne  devons  point  parler  d'une  affaire  qui 
ne  nous  regarde  pas ,  devant  les  intérelfés. 

Ç3°  ECOT.  f.  m.  Terme  d'eaux  &  forêts.  Tronçon 
d'arbre ,  avec  des  bouts  de  branches  qui  ont  été 
mal  coupes. 

Ecot  ,  fe  dit,  en  termes  de  Blafonj  d'un  tronc  d'arbre, 
où  il  y  a  quelque  relte  de  branches  qui  ont  été 
rompues.  De  là  vient  qu'on  appelle  croix  ecotées  j 
celles  qui  font  formées  par  de  lemblables  pièces  de 
bois. 

ECOT  ARD.  f.  m.  Terme  de  Marine,  eft  une  grofle 
pièce  de  bois  mile  en  faillie  ,  &  en  rebord  fur  les 
côtés  du  bordage  ,  le  long  des  cintres  du  vailfeau, 
pour  porter  &i  conferver  les  haubans ,  &  empêcher 
qu'ils  ne  touchent  contre  les  bordages.  On  les  ap- 
pelle aulTi  porte-haubans  ;  &  ceux  de  l'avant  fer- 
vent à  placer  l'.ancre. 

ÉCOTE  ,  ÉE  adj.  Terme  de  Blafon.  Il  fe  dit  des 
troncs  &  des  branches  de  bois ,  dont  les  menues 
branches  ont  été  coupées.  Lécheraine  en  Savoye 
porte  d'azur  à  la  bande  écotée  d'or.  P.  Mén. 

ÉCOUAILLES.  f.  f.  pi.  fe  dit  en  Berry,  de  la  laine 
que  l'on  coupe  de  delfous  les  cuilîes  des  moutons. 

ECOUAN  Gros  Bourg  de  l'Ifle  de  France  ,  à  quatre 
lieues  de  Paris,  vers  le  Septentrion. 

0Cr  ECOUANE.  f.  f.  Quelques-uns  difent  Efcouenc 
&  EJluene.  Outil  de  Tabletier ,  Serrurier  &  autres 
Ouvriers  ,  qui  fert  à  râper  uniment  l'ivoire  &  le 
bois.  C'eft  une  efpèce  de  râpe  qui  a  des  cannelures 
par  angles  entrans  &c  fortans. 

tfj'  Ecou.4NE  eft  aulli  un  terme  ufité  à  la  Monnoie. 
C'eft  une  forte  de  lime  propre  aux  Ajufteurs  & 
Taillerelfes ,  fervant  à  réduire  les  efpèces  d'or  & 
d'argent  au  poids  ordonné. 

Ck?  Les  Écouanes  font  différentes  fuivant  les 
matières  à  écouaner. 

IP"  ECOUANER.  v.  a.  A  la  Monnoie,  c'eft  réduira 
les  efpèces  au  poids  ordonné.  Ecouaner ,  parmi  les 
Ouvriers  J  c'eft  fe  fervir  de  l'écouane  pour  dégrof- 
fir  &  râper  quelqu'ouvrage. 

■fT  ECOUANETTE  ,  mieux  qjàEcouenette.  Petite 
Ecouane. 

:^  ÉCOUENE.  Voyei  ÉCONOME. 

IfT  ÈCOUENER  l^oyei  ECOUANER. 

ECOUCHAY.  Gros  Bourg  de  France  en  Normandie. 
Ecouchay  eft  fitué  dans  le  Diocèfe  de  Seez ,  fur  la 
rivière  d'Oane,  une  lieue  au-delFous  d'Argentan. 

ECOUCFfl.  Bourg  de  France  en  Normandie.  Sco- 
ceium.  Foye\  Hadrien  Valois,  Not.  Gall.p.  so8. 
Ecouchi  eft  fur  l'Orne.  Ce  nom  s'eft  formé  da  La- 
tin. 

ÉCOUER.  V.  a.  Couper  la  queue  à  quelque  animal. 
Detrahere  j  diminuere  caudam  ,  mutilare  caudâ. 
Ecouer  un  chien.  Ce  mot  ne  peut  être  en  ufage  que 
dans  quelque  Province. 

ÉCOUET.  L  m.  Terme  de  Marine.  Grofle  corde  qui 
va  en  diminuant  par  un  bout  j&  qui  fert  à  amurec 
la  grande  voile  ,  &:  la  voile  de  mifaine.  Punis  nau~ 
ticus  ,pes  veli.  Ecouets  de  revers,  font  ceux  qui  ne 
font  point  amures ,  &  qui  par  conféquent  font  op- 
pofés  aux  écouets  au  vent.   Foye^  Couet,  qui  eft  la 
même  cliofe  que  ce  qu'on  appelle  ici  écouer.  J'ai 
oui  dire  couet,  &  non  pas  écouet ^  aux  gens  de  mer 
que  j'ai  pratiqués ,  &  j'en  trouve  même  l'étymolo- 
gie  dans  notre  langue.  Car  il  me  femble  que  couet 
veut  dire  coue ,  ancien  mot  qui  fignifie  ^ueae.Nous 
avons  appelé  la  queue  de  la  voile  ,  ce  que  les  La- 
tins ont  appelé  le  pied  J  jPej  ve//.  Mais  d'autres  di- 
fent écouet ,  pour  dire  ,  la  co'rde  qui  tient  la  voile 
amurée.  On  amure  ^  c'eft-à-dire  ^  on  attache  un 
des  bouts  inférieurs   de  la  voile  contre  le  bois  du 
vaifleau  ,  pour  la  tenir  plus  roide  du  côté  du  vent 
qui   vient  obliquement.  On  è^\t  écouet  ï  queue  de 
rat  J  pour  majquer  qu'il  eft  plus  gros  par  le  bouc 
d'en  haut ,  que  par  celui  d'en  bas.  Ce  qui  revient 
encore  à  l'étymologie  de  coue.  Les  dogues  d'amure 
fervent  à  amurer ,  c'eft-à-dire ,  à  bander  jSc  à  roidic 

les 


ECO  ECO  5^1 

les  couets  de  la  grande  voile.  Nicot  écrit  coyts  j  &  |     pe  \icoupe  ou  Vécoupée  dans  la  mer ,  kc  on  lave  &C 
■ce  mor  pourroitetFedivement  venir  de  l'ancien  mot  j      balaie  ainfi  tout  enl'emble.  Ce  balai  s'appelle  en- 
Francois  coy ,  pour  dire  ,  tranquille  ,  en  repos ,  &c.  I  ,   core  autrement  vadrouille  &cjaubert. 
ÉCOUf  LE.  1.  f.  Oifeau  de  proie  qu'on  appelle  autre-  ÉCOURGEE.  f.  m.  Fouet  compofé  de  plufieurs  brins 


ment  Milan.   Milvus.    Vecoufie  fait  ion   vol   fans 
bruit ,  &c  entrecoupe  l'air  quafi  fans  battre  l'aile  j 
&  ne  fe  branche  prefque  jamais  ,  n'ay,inr  nulle  pei- 
ne à  voler  entre  deux  airs.  L'ccoufle  s'appelle  aulli 
Huau.  Foyei  Milan. 
ÉcouFLE.  C'eft  ainfi  que  les  écoliers ,  dans  quelques 
endroits,  appellent  une   efpcce  d'oifeau  de  papier 
qu'ils  font  voler   en  l'air  quand  il  tait  vent.  Dans 
d'autres  endroits  on  l'appelle  haube.  Ces  deux  ter- 
mes viennent  de  deux  oifeaux  effedlifs  \  le  premier 
du  Milan  ,  qui  fe  nomme  aufli  écouflc  j  &  l'autre  du 
Hobereau  ,  que  quelques-uns  appellent  haube. 
ÉCOUIS.  Gros  Bourg  de  France  dans  le  Vexin  Nor- 
mand- Efcovium.  Il  eft  fitué  fur  le  grand  chemin  de 
Paris  à  Rouen ,  à  cinq  ou  fix  lieues  au  fud-ell  de 
cette  dernière  ville.  Ecouis  a  titre  de  Baronnie.  Il  y 
a  une  Eglife  Collégiale  à  Ecouis  ,  dont  le  Chapitre 
fut  fondé  en  15  ii  par  Enguerand,  Ecuyer,  Sieur 
de  Marigny  ,  Comte  de  Longueville ,  &  Chambel 
lan  de  Philippe -le- Bel  j  qui  y  eft  enietaé.DeJcrip., 
Geogr.  &  Hijl.  de  la  Haute  Norm.  T.  II.  p.  ^  ,'6. 
CCr  ECOULEMENT,  f.   m.  Terme  qui  déilgne  en 
général  le  mouvement  d'un  fluide  ,  qui  palle  d'un 
lieu  dans  un  autre.  Fluxlo  ,  fiuxus.  Noé  fortit  de 
l'Arche  après  que  ïecoulemenc  des  eaux  eut  lailfé  la 
terre  à  fec.  Ce  terme  eft  fouvent  employé  en  Phy- 
fkjue  pour  émanation  ,  en  parlant  des  corpufcules 
infenfibles,  des  particules  extrêmement  fines  &  dé- 
liées qui  fe  détachent  des  corps,  /^oy.  Emanation, 
VAPEURS,ExHALAisoNS.La  lumière  eft  une'co«/e/72e/2r 
perpétuel  de  rayons  du  corps  du  foleil.  Il  fe  fait  un 
perpétuel  écoulement ,  8c  diflipation  d'efprits  par 
les  ailions  de  notre  corps. 
Écoulement  j  fe  dit  aullî  en  chofes  fpirituelles.  Jé- 
sus-Christ  fentit  un  écoulement  de  la  vertu  divi- 
ne ,  quand  la  femme  qui  avoir  le  flux  de  fang  ,  fut 
guérie  par  le  feul  attouchement  de  fa  robe ,  en  S. 
Luc,  Chap.  VIII,  V.  44. 
^Zr  ECOULER.  V.  En  patlant  des  fluides  en  général, 
c'eft  s'échapper  d'un  lieu  &  le  lailfer  à  fec.  Fluere  j 
labi.  Le  torrent  s'eft  écoulé  -,  le  vin  s'eft  écoulé  du 
tonneau.  On  a  fait  écouler  les  eaux ,  en  rompant  la 
chaulTée. 
1^  Écouler  eft  fouvent  employé  au  figuré  ,  en  par- 
lant du  temps,  des  années ,  &c.  Effluere  ,  labi.  Les 
années  découlent  lans  qu'on  y  penfe.  Nos  années 
ne  celfent  de  s  écouler.  Boss.  Il  faut  que  notre  em- 
pieirement  à  bien  ufer  du  temps  j  égale  la  vîtefle 
avec  laquelle  il  s  écoule. 

ifT  Ongénéralife  cette  acception  figurée,  en  ap- 
pliquant ce  terme  à  des  corps  qui  n'ont  rien  de 
commun  avec  ces  fluides.  C'eft  ainfi  que  l'on  dit 
que  la  prefle  ,  la  foule  s'écoule  j  diminue  :  que  l'ar- 
gent s'écoule  j  fe  diffipe. 

1^3°  On  dit  aulli  qu'une  cllofe  s'écoule  de  la  mé- 
moire ,  s'échappe  ,  s'efface  infenhblement.    Votre 
bienfait  ne  s'écoulera  jamais  de  ma  mémoire. 
Écouler  le  cuir.  Terme  de  Corroyeur.  C'eft  en  faire 
fortir  toute  l'eau  qu'il  a  prife  ,  ou  dans  le  ronneau , 
ou  quand  On  le  foule  aux  pieds.   Dans  ce  fens  il  eft 
adih 
Écoulé  ,  éei  part.  &  adj.  Il  a  les  fignifications  de  fon 
verbe. 


Ne  renaitre-^-vous  point ,  beaux  jours  de  majeunc(fe  ? 

Mais,  ôjouhaits  trop  fuperflusl 
A  rappeler  ces  jours  en  vain  je  m'intéiejfe  : 
(^uand  ils  font  écoulés  ,  ils  ne  reviennent  plus. 

Recueil  de  Vers. 


decorde,oude  plufieurs  lanières  decuir.  Ileft  vieuxj 
&  peu  en  ufage  ,  Scutica  j  loreumj/agelium. 

Borel  le  dérive  du  vieux  mot  François  courgie  _, 
qu'on  trouve  dans  Perceval ,  qui  fignifioit  une  ver- 
ge ,  ou  fangte  de  cuir  propre  à  châtier.  Du  Cange 
le  tire  àtjcoriata.  Il  vient  plutôt  du  langage  Cel- 
tique, ou  Bas-Breton,  oa  Jccurges  fignifie  fouet, 
Jcourge^a ,  fouetter, 

0-  ECOURGEON.  f  m.  Espèce  d'orge  ,  qu'on  ap- 
pelle aulli  orge  carré  ,  d'automne  ou  de  prime, à 
cause  de  fa  figure,  de  la  faifon  où  on  le  feme  ,  & 
du  temps  où  on  le  moillonne^avant  les  autres  grains. 
f^oye^OAGE. 

ÉCOURTER.  V.  â.  Rogner  j  rendre  trop  court.  Curta- 
re  ,  truncare.  Vous  avez  tiop  écourté  ce  manteau  , 
cette  Jupe ,  cette  perruque. 

Ecourter  ,  fe  dit  encore  d'un  chien,d'un  cheval,  pour 
couper  la  queue  ,  les  oreilles.  Muiilare.  On  le  dit 
aufii  d'un  homme  qui  a  les  cheveux  coupés  fort 
courts. 

Ecourté  ,  ée.  part.  &  adj.  , 

ECOUSSER.  Terme  de  Filaflîer.  Il  a  la  même  fignifi- 
caîion  que  le  verbe  Echanvrer. 

ECpUSSOIR.  f.  m.  C'eft  le  même  inftrument  que 

l'EcHANVROIR. 

ÉCOUTANT,ante.  adj.  Auditeur,  qui  prête  l'oreille 
à  ce  qu'on  dit.  Auditor  ,  aujcultatoi .  Il  n'eft  d'ufage 
qu'en  plaifantant.  On  appelle  au  Palais  des  Avocats 
ecoutans  ,  ceux  qui  n'ont  point  de  pratique  j  qui  ne 
plaident  point  j  qui  ne  font  au  Barreau  que  pour 
écouter. 
Écoutant  ,  ante.  Terme  de  THiftoire  Eccléfiafti- 
que.  Audiens  ,  auditor.  L'ancienne  Eglife  donnoit  ce 
nom  aux  Catéchumènes  du  fécond  rang  j  à  ceux 
qu'on  inftruisoit  encore  ,  qui  écouroient ,  qui  ap- 
prenoient  encore  la  dodrine  de  l'Eglife  ,  qui  leur 
étoit  enseignée  par  les  Catéchiftes  ,  &  qui  n'en 
étoient  point  encore  luflifamment  inftruits  pour 
être  admis  à  recevoir  le  baptême  ,  ceux  du  premier 
rang  s'appelant  EluS.  I-^oye^  ce  mot.  Oh  dit  auili  Au- 
diteur Se  Oyant.  Foy.  Auditeur. 

Les  Manichéeris  donnoient  auflî  ce  nom  ,  ainfi 
que  celui  d'Elu  ,  à  leurs  difciples  ou  fedrateuts.  Les 
Ecoutans  ou  Auditeurs  parmi  eux  étoient  les  moins 
parfaits ,  auxquels  on  ne  révéloit  point ,  comme  aux 
Elus, les  fecrets  de  la  feéle.  Les  Bulgares,  qui  étoienc 
de  vrais  Manichéens ,  avoient  de  même  leurs  Ecou- 
tans ou  Audireurs ,  &  leurs  Elus. 

Ce  mot  vient  du  Grec  «Kocs-iif,  auditor,  d'«K£u«' j 
audio  ,  comme  fon  primitif  f'co^/er. 
ÉCOUTE,  f  f.Tribune  ou  entre- fol  fermé  par  des  ja- 
loufiesjau  travers  defquelles  ceux  qui  ne  veulent  pas 
être  vus  peUvenr  écouter  ce  qui  fe  dit  dans  une  falle 
qui  eft  plus  bas.  Spécula  j  locus  unde  audire ,  aufcul^ 
tare  quis  potcJL  11  eft  plus  ordinaire  au  pluriel.  Il  y  â 
des  écoules  dans  les  Couvens ,   dans  les  Collèges. 
Quand  les  Dames  allîftent  aux  thèfes  dans  les  Collè- 
ges de  l'Univerfité  de  Paris  j  on  les  place  dans  les 
écoutes.  Il  y  a  aulli  des  espèces  à'ecoutes  pour  les  Da- 
mes dans  les  Salles  où  le  tiennent  les  Académies  au 
Louvre. 

On  dir,  proverbialement,  qu'on  eft  zm-x.  écoutes  , 
pour  dire ,  qu'on  cherche  de  tous  côtés  des  nouvelles 
de  ce  qui  arrivera  dans  une  aff\rire  où  l'on  prend  in- 
térêt. On  appelle  aulli  un  écoutes' il  pleut, un  moulin 
à  qui  l'eau  maniiue  fouvent,  oii  qui  né  va  que  par 
des  écluses;  &  figurémcnton  le  du  de  celui  qui  at- 
tend patiemment  qu'il  lui  vienne  quelque  bonne 
fortune ,  fans  qu'il  fè  naette  en  peine  de  le  la  pro- 


ÉCOUPÉE  ,  ou  ÉCOUPE,  f.  f.  C'eft  le  nom  qu'on 
donne  fur  mer  à  un  cerrain  balai ,  dont  on  fe  fort 
pour  nettoyer  le  vailTeau.  L'écoupéeti\  faite  de  vieux 


curer. 


On  appelle  dans  les  Couverts  de  Religieufes,  k 
fœur  écoute,  aufcultatrix ^ceWe  qui  accompagne  une 

,  ,      autre  Religieuse  qui  va  au  parloir. 

cordages  effilés,  qu'on  .attache  par  un  bout  à  un  Écoutes,  en  termes  de  Marine  ^  font  des  cordages 
bâton.  Quand  on  veut  neuoyer  le  navire  ,  on  trem-l     qui  font  deux  branches  amarrées  aux  deux  pointes 
Tome  III.  B  b  b  b 


j^i  E  C  O 

d'en  bas  de  chaque  voiie  ou  bonnette  j  pour  les  te- 
nir en  état.  JFunts  veLira  porad.  Lqs  grandes  ecouus 
font  celles  qui  fervent  à  border  la  grande  voile.  Les 
écoutes  de  mijaine ,  font  celles  qui  lervent  à  border 
la  voile  de  niifaine.  Ecoute  d' artimon  ,c'eft  celle  qui 
borde  la  voile  d'artimon  ,  à  la  poupe  du  vaiileau. 
On  dit.  Larguer  ou  filer  les  écoutes  ;  pour  dire  ,  les 
Hcher  j  &  haler  les  écoutes  ,  pour  due,  les  bander. 
Jl  y  a  aulîl  des  écoutes  de  revers  ,  qu'on  appelle 
jauffes  écoutes.  Ecoute  de  hune  ,  eft  l'extrémité  de  la 
grande  vergue  ,  à  laquelle  on  attache  les  extrémi- 
tés de  la  voile  de  hune.  On  dit.  Naviguer  ['écoute  à 
La  main  :  c'eft  lorfqu'on  navigue  dans  une  chaloupe 
pat  un  gros  temps ,  &  qu'on  eft  obligé  de  tenir  1  c- 
(.'o«re,pour  la  larguer  au  befoin..i///t7' ewrre  deux  écou- 
tes j  c'eft  aller  vent  en  poupe. 
ÉCOUTER.  V  a.  Prêter  l'oreille  pour  entendre.  Auf- 
cultare.  C'eft  une  politelTe  que  èHécouier  ceux  qiii 
nous  parlent ,  &  de  leur  répondre  à  propos.  Bell.  Il 
y  a  une  certaine  manière  $  écouter  qui  perfuade  ailé- 
ment  quece  n'eft  pas.'par  ftupidité  qu'on  garde  le 
iîlence.  La  Chet.  Ceux  qui  croient  avoir  plus  d'el- 
prit  que  les  autres ,  n  écoutent  point ,  &  veulent  rou 
jours  parler.  Bell.  On  fe  rend  agréable  quand  on 
écoute  volontiers  &  fans  jalouhe  j  &  qu'on  laille 
avoir  de  l'efprit  aux  autres.  S.  Evr. 

^fT  Ecouter  &  Entendre  ,  confidérés  dans  une  fi- 
gnifijation  fynonyme.  Entendre,  dit  M.  l'Abbé  Gi 
rard  ,  c'eft  être  frappé  des  Ions.  Ecouter,  c'eft  prêter 
l'oreille  pour  les  entendre.  Quelquefois  on  n'entena 
pas ,  quoiqu'on  écoute -^  &  fouvenc  on  entend  fans 
écouter.  Il  n'eft  pas  honnête  ^écouter  aux  portes. 
Ouir ,  qui  n'eft  guère  d'usage  qu'au  prétérit ,  mar- 
que une  fenfation  plus  confuse  v^ entendre.  On  a 
quelquefois  oui  parler  ,  fans  avoir  entendu  ce  qui  a 
été  du. 

On  difoit  autrefois  Accouv:r ,  &  le  peuple  de  Pa 
ris  le  dit  encore.  L'un  &c  l'aurre  viennent  du  Grec 
tcKivut ,  fignifiant  la  même  chofe.  Ménage  le  dérive 
de  aujcultare. 

ftir  On  dit  qu'un  homme  5  écoute  parler ,  ou  fim- 
plement  qu'il  secouce  ,  lorsqu'il  parle  lentemenr,  & 
paroît  fort  content  de  ce  qu'il  dit. 

ce?  On  dit  encore  qu'un  homme  s  écoute  trop  , 
qu'il  écoute  trop  fon  mal  j  pour  dire  qu'il  a  trop 
d'attention  à  ce  qui  fe  palfe  en  lui ,  par  rapport  à  fa 
famé. 
|Cr  Ecouter,  fignifie  aufli  donner  audience.  Le  Roi 
écoutaX^s  Ambaifadeurs  j  les  renvoya  fans  les  écou- 
ter. AcAD.  Fr. 
Écouter  ,  fe  dit  aulîi  figurément  en  Morale  ,  pour  fc 
rendre  à  quelque  raison  ,  fuivre  les  imprelîîons. 
Obaudtre  3  j'equi.  Un  brutal  n  écoute  point  la  raison^ 
il  n'écoute  que  l'on  fens ,  fon  caprice.  S.  Evr.  Je  ne 
veux  point  écouter  les  fureurs  de  la  vengeance. 


ECO     ECP 

Foye:^  Rapporteur ,  où  fe  trouve  le  paftagê  de 
Plaute. 

Ecouteur  eft  dans  le  petit  Diûionnaire  de  Moreljtaut 
François  que  Latin,  il  fe  trouve  dans  Nicot ,  dans  le 
Dicliionnaire  François- Latin  ^«-4".  Paris  1618.  & 
dans  Moner.  Cotgrave  l'a  mis  aulIi  dans  fon  Dic- 
tionnaire François  &  Anglois,  où  il  rapporte  le  pro- 
verbe ,  A  fol  conteur  fage  écouteur. 

ÉCOUTEUX.  Terme  de  Manège  ,  fe  dit  d'un  cheval 
diftrait  par  quelque  bruit  ou  par  quelque  objetj  Se 
qui  ralentit  ion  allure,  parce  que  Ion  attention  eftj 
pour  ainfi  dire  ,  partagée  entre  les  impreliions qu'il 
reçoit  de  l'objet  qui  a  frappé  fes  yeux  ou  les  oreilles, 
&  celles  qui  résultent  de  l'opération  du  cavalier. 

ECOUTILLE.  f.  f.  Terme  de  Marine  :  ce  font  de 
grandes  ouvertures  en  forme  de  trapes  ,  aux  ponts 
ou  tillacs  d'un  vailîèau  j  pour  y  descendre  ,  ou  en 
tirer  les  gros  fardeaux  &  les  marchandises.  Voye:^ 
Trape.  Les  portes  qui  les  ferment  s'appellent  pa- 
neaux.  On  les  appelle  quelquefois  hiloires ,  du  nom 
des  bordures  qui  les  environnent.  Il  y  a  dans  les 
grands  vailfeaux  d'ordinaire  quatre  écoutiUes  :  celle 
de  la  lolFe  aux  cables  j  qui  eft  vers  la  proue  \  Te- 
cûutiUe  des  foutes  j  qui  eft  vers  la  poupe  \  la  gran- 
de écoutille  ,  qui  eft  entre  le  grand  mât  &  le  mât  de 
mifaine  \  V écoutille  des  vivres,qui  eft  entre  le  grand 
mât  &  l'artimon. 

ECOUTILLON.  f.  m.  Petite  ouverture  carrée  ,  prati- 
quée dans  les  écoutiUes  mêmes,  par  laquelle  les 
perionnes  descendenr  dans  le  vailfeau.  Fenejlra. 

ECOU  VETTE.  f.  f.  Espèce  de  petit  balai  dont  fe  fer- 
vent les  ouvriers  Scopula.  Il  elt  vieux.  Cemot  vient 
de  ej'couve ,  dont  la  racine  eHjcopa.  On  a  appelé 
autrefois  les  Sorciers  ,  Chevaucheurs  d'tcj^verreij 
c'eft-à-dirc  ,  de  manches  à  balai ,  parce  qu'on  feint 
que  les  Sorciers  vont  au  fabat,  un  manche  de  balai 
entre  les  jambes. 

N'en  £/?,  le  dût-on  vif  brûler , 

Comme  un  chevaucheur  d'écoavenes.  Villon. 


D'un  coupable  tranfport  écouter  la  chaleur.RAC. 

En  vain  je  veux  contre  elle  écouter  ma  colère  : 
Toute  ingrate  quelie  ejl ,  je  crains  de  lui  déplaire. 

Corn. 

Écouté  ,  ée.  part.  &  adj.  On  appelle  au  Manège  un 
p.as  écouté :,  un  pas  d'école  ,  un  pas  raccourci  de  eue 
val ,  qui  eft  balancé  entre  le<;  talons  ,  qui  les  écouta 
fans  fe  jeter  fur  l'un  ni  fur  l'autre  :  ce  qui  arrive 
quand  le  cheval  prend  finement  les  aides  du  talon  , 
&de  la  main.  Mouvemens  ecowrdj,  faits  avec  juftelfe 
&  précifion. 

ÉCOUTEUR,  f.  m.  Qui  écoute. 

//  ri  ejl  point  de  pefie  pareille 

Aux  rapports  j  vrais  ou  faux  : 
Rien  de  plus  contraire  au  repos. 

Plaute  juge  à  merveille , 
Lorfjue  parlant  du  rapporteur , 

Aïrifique  de  fnécoutein , 
Il  pend  l'un  par  la  langue  j  &  l'autre  par  l'oreille. 


ÉCOUVILLON.  f.  m.  Inftrument  qui  fert  aux  Ca- 
nonniers  à  nettoyer  le  canon  ,  ou   à   le  rafraîchir. 
C'eft  un  long  bâton  nommé  hamée  ,  au  bout  duquel 
il  y  a  un  gros    bouton  nommé  boéce  ,    garni  d'une 
peau  de  mouton  avec  fa  lame.  On   l'appelle  autre- 
ment griffon  &  arrcufement.  On  le  dit  aulîi  des  ba- 
lais qui  fervent  aux  Boulangers   &  aux  Pâtilîiers  4 
nettoyer  leur  tour.  Le  balai  dont  fe  lervent  les  Bou- 
langers &  Pâtilîiers  s'appelle  néanmoins  plutôt  c;to//- 
vette  qaecouvillon.  Les  Maréchaux  j  Serruriers  ,    & 
autres  Ouvriers  en  fer  j  donnent  le  nom  d'écouvillon 
à  un  très  petit  balai  qu'ils  trempent  dans  de  l'eau  , 
qu'ils  fecouent  fur  leur  forge  ,  pour  animer ,  félon 
les  uns,&:  pour  tempérer,  félon  les  autres,  la  vivacité 
du  feu  de  leur  lorge.  L'ccoaviZ/o/z  du  canon  fert  plutôt 
à  le  rafraîchir  qu'à  le  nettoyer.  Ce  rafraîchillement 
fe  fait  en  trempant  le  bout  de  Xécouvillon  dans  une 
cuvette  remplie  d'eau  &  de  vinaigre  ,  deux  pinres 
d'eau  fur  une  de  vinaigre  ,  dont  on  lave  enfuite 
l'ame  du  canon.  Sans  cette  précaution  ,  le  canon, 
venant  à  s'échaufter ,  à  force  de  tirer ,  creveroit. 
ÉCOUVILLONNER.v.a.C'eft  fe  fervir  de  l'écou- 
villouj  tant  pour  nettoyer  ou  rafraîchir  un  canon  , 
que  pour  nertoyer  les  cendres  du  four.  Voy.  l'art, 
précédent.  Quelques-uns  croient  que  ces  mots  vien- 
nent de  quifquiliA,  ordures,  parce  qu'on  dit  encore 
en  Picardie ,  Les  Sergens  ont  tout  équeviilé  chez 
nousj  pour  dire,  nettoyé. 

ECP. 

ÉCPHRATIQUE.  adj.  de  t.  g.  Souvent  employé  fubf- 
tancivement.  Terme  de  Pharmacie  ,  par  lequel  on 
défigne  les  médicamens  qui  débouchent  les  con- 
duits par  011  les  liqueurs  doivent  palfer.  Ecphracli- 
cus.  On  les  appelle  autrement  apéritifs.  Les  ecphracli- 
ques  Çoni  l\  psùze  centaurée,  l'abfynthe  j  l'aigre- 
moine,  l'hyilope  ,  leçham^dris,  l'écorca  de  tama- 


ECP     ECR 


^■i  ECR  ^6j 

ris,  les  racines  de  câpres,  la  fcolopenâvs  j ^  Sec.       comme  des  gens  terralFés  qu'il  accabloic ,  ou  qu'il 

Ce  mot  vient  du  Grec  !»^p«=-i.»  ,   délivrer  d'obf-  '  ,   écrafoit.  Le  P.  Dan. 
trudionj  formé  de  «,&  de  f?«'^o-*  ^  o^/Zraa,yt;^^o. 'Ecrasé  ,  ée.  p^it.  Obtricus.On  dit  jfigurément  ,  nez 

«^W^' "op  •;;'PP':ifi- ^t^inble  de  maisf)ii  t'crj/tr ,  trop 
,   bas.  Taill'j  écrajcc ,  tiop  courte  &  enfoncée. 
ECREBEL.  Nom  de  lieu  dans  Judith  VII.  xC.Ecrcbel. 
Ce  nom  n'eft  que  dans   le  Grec  ,  &  il  eft  fufofa 


ECPIESMA.  f.  m.  Terme  de  Chirurgie.  Ecpiefma.  Ef- 
pèce  de  fracture  au  crâne ,  où  il  y  a  pluficurs  efquil- 
îes  qui  prelfent  &  fatiguent  les  membranes  inté- 
rieures. 

Ce  niot  eft  Grec  ,  &  a  pniïe  fans  aucun  change- 
ment dans  notre  langue  :  i''!iiÈO-/««. 
ECPLEROME.  f.  m.  £xxA8fo,««,  de  wAi/ffa? ,  remplir. 
Hippocrate  entend  par  ce  mot  de  petits  fachets  fer- 
més, de  cuir,  ou  de  quelque  autre  lubftance  ,  defti- 
nésà  remplir  les  cavités  des  aillilies.  Il  paroît  qu'il 
fe  fervcit  de  ces  fachets  dans  la  réduction  de  l'hu- 
mérus. Pour  cet  effet ,  après  les  .avoir  adaptés ,  il 
prenait  le  bras  j  &  appuyant  le  talon  contre  ces  fa- 
chets ,  il  repouffoit  le  corps.  Cette  opération  efl: 


décrite  fort  au  long  dans  le  livre  De  articulis. 

ECR. 

ÉCRAIGNE.  f.  f.  Tabourot  ,  au  Prologue  de  fes 
Ecraig.ies  Dijonnoifes  ,  dit  que  de  fon  temps  Ecrai- 
gne  à  Dijon  étoit  une  hute  faite   avec  des  perches 
lîchées  en  rond  ,  &  recourbées  par  en  haut ,    d  une 
manière  qui  relfembloit  à  la  forme  d'un  chapeau  j  le 
tout  couvert  de  gazon  &  de  fumier,  Çi  bien   liés  & 
mêlés ,  que  l'eau  n'y  pouvoir  pénétrer.  En  ce  temps- 
là  les  Vignerons  de  chaque  quartier  avoienr  leurs 
Ecra'igncs  ,    où  après  foupé  ils  s'alFembloient  en 
hiver  avec  leurs  femmes  &c  leurs  filles  pour  faire  la 
veillée  jusqu'à  minuit.  Ecraigne  fe  prend  &  pour  le 
lieu  de  l'alfemblée,  &  pour  ralfemblée  même.  Les 
pauvres  gens   ne  bâtilfent  plus  ,  à  Dijon  ,   de  ces 
lortes  de  taudis.  Ils  tiennent  leurs  veillées  l'hiver  en 
quelques  caves  j  &  ces  alfemblées  confervent  en- 
ce  ra  le  nom  àEcraigne.  Glo[f.  Bourg,  f^oye^  l'Ety- 
mologie  de  Ménage  ,    au  mot  Ecréne.  Il  ne  faut 
qu'une  femmelette  du  commun  en  fon  ecraigne  , 
comme  on  parle  en  Bourgogne  ,  pour  mettre  un 
Médecin  en  bon  prédicament  par  tout  le  quartier. 
Cours  de  Médecine  par  Meyjfonier. 
ÉCRAIN.  Foye:{  Écrin. 

ECRAN,  f.  m.  Petit  meuble  qui  fort  à  fe  parer  de  la 
trop  grande  ardeur  ,  ou  de  la  lumière  du  leu.  Um- 
hella.  Il  y  a  des  écrans  à  pied  qui  fe  tiennent  debout 
devant  le  feu  ,  qui  fe  haulfent  &  fe  bailfent  comme 
on  veut  ;  d'autres  à  main  ,  qu'on  orne  de  diverfes 
hirtoires  &  imiges.  C'efl:  un  ignorant ,  qui  n'a  ja- 
mais appris  le  Blason  que  dans  les  écrans  \  un  mau- 
vais Pocte  ,  qui  ne  fait  des  vers  que  pour  les /tra/z^. 

Ménage, après  Bochart,dérivc  ce  mot  du  Grec  i^a;V"> 
qui  lignifie  umbraculum. 

On  dit ,  à  celui  qui  fe  met  devant  un  autre  pour 
empêcher  qu'il  ne  fe  chauffe,  ôtez-vous  j  je  ne 
veux  pas  d'un  écran  fi  épais. 
ÉCRANCHER.  v.  a.  Terme  de  Manufadurer  de  bi- 
nage. Ecrancher  les  faux  plis ,  c'eO:  les  etficer. 
ECRASER,  v.a.  Brifer  une  chose,  en  l'applatilfant  par 
un  poids ,  ou  par  un  effort  violent.  Ohcerere ,  e/i- 
dere.  Une  meule  de  vn:)\.\\\n  écrafe  le  grain.  Dans  ce 
rremblement  de  terre ,  il  y  a  eu  bien  du  peuple 
écraf^  fous  les  ruines  des  maisons.  Quand  on  mar- 
che fur  une  chenille  j  fur  un  ver,  on  Xécrafe. 

Ce  mot,  fclon  Ménage,  vient  du  Latin  ,  ^.vrrj- 
fare.  D'autres  le  dérivent  du  Chaldaique  lieras ,  qui 
iigniûe  conterere ,  confr ingère ,  c's(t-à-dk^,froij[Jer , 
irijer. 

ÇC?  Dans  les  Manufadures  en  foie ,  écrafer  fe 
dit  pour   frapper  trop  un  étoffe  ,  enforte  que  les 
fleurs  font  aplaties  &  perdent  leurs  dimenfions  na- 
turelles. 
Écraser.,  fe  dit  figurément en  Morale  ,  pour  dire. 
Détruire  &  ruiner  entièrement.  Si  vous  choquez  ce 
Miniftre ,  il  vous  écrafera  en  un  moment.  Il  vaut 
mieux  aider  à  détruire  les  impie»  ,  que  de  fe  lailferi 
ccrajer  fous  leurchùce.  Cail.  M.  Pafca!  traita  fes  ad-  ' 
vcrfaireSjDon  comme  des  gens  qu'il  combattoit,mais  ; 


à  d'habiles  gens,  &  à  M.  Réland.  La  Vulgate  mec 
Betharade  au  lieu  de  Ecrebel.  M.  HUler,  dans  fon 
Onomajiicon.  p.  799.  lit.   Ups.sW ,  Lcrebct ^  &c  s'i- 
magine que  c'efl  la  région  appelée  par  les  Grecs 
^crabatene. 
ÉCRÉMER,  v.  a.  Ôter  la  crème  de  deffus  le  lait.  De- 
cerpere  cremorem.    On  fait  du  mauvais  fromage  du 
lait  qu'on  a    écrémé. 
fCJ"  Ce  mot  eft  fouvent  tranfporté  à  d'autres  li- 
quides. 

Au  figuré  ,  écrémer  une  affiiire,  c'eft  en  tirer  les 
plus  clairs  deniers,  le  plus  liquide,  tcrémer  uu  Au- 
teur ,  c'eft  en  tirer  tout  ce  qu'il  y  a  de  meilleur.   Il 
eft:  familier. 
Écrémé  ,  ée.  part. 

ECREMOIRE.  f.  f.  Les  Artificiers  .appellent  ainfi  un 
morceau  de  corne  ou  de  fer  blanc  de  deux  à  trois 
pouces  de  long  &  de  large,  dont  ils  fe  fervent  pour 
rafTembler  les  matières  broyées»  ou  les  prendre  dans 
les  boctes  où  on  les  conferve. 
ÉCRENAGE.  f  m.  Terme  de  Fondeur  de  caradlères 

d'Imprimerie.  Ad:ion  d'écréner. 
EGRENER  une  lettre.  C'eft  évider  le  defTous  d'une 
partie  de  l'œil  d'une  lettre  avec  un  canif,  ou  un  pe- 
tit inftrument  qu'on  appelle  écrenoir.  Il  n'y  a  que 
les  lettres  longues  qui  s'écrénenc,  afin  que  les  qua- 
dratins  ,  ou  efpaces ,  qui  féparent  les  mots,  puil- 
fent  fe  placei  par-delfous. 
ÉCRENOIR.  L  m.  Petit  inftrument  avec  lequel  on 

écrsne. 
ÉCRENNES.  f.  f.  pi.   Vieux  mot  qui  fe  difolt  au- 
trefois de  ces  mailbns  que  lespayfans  croulent  fous 
terre ,  &  qu'ils  couvrent  de  fumier ,  où  les  filles 
vont  faire  la  voillée  :  elles  étaient  autrefois  en  utage 
chez  les  Allemands  ,  comme  on  le  voirdu.is  un  paf- 
fage  de  Tacite.  Ce  qui  a  donné  le  nom  aux  écrcnnes 
Dijonnoifes  &  Champenoifes ,  dont  parlent  quel- 
ques Auteurs. 
ÉCRETEALT.  f.    m.  Terme  de  Tondeur   de  Draps. 
,  royei  DESMAPvCHE. 

ECRÊSl-R.  v.  a.  Terme  de  guerre.  Enlever  la  crêre, 
le  fommet  d'un  ouvrage  ,  d'une   muraille  ,   d'un 
épaulemenr,  &c.    Le   Canon  a  écrété  ce  baftion 
On  écrête  les   pointes   des    palilfades  qui  défen- 
dent   le    chemin    couvert  ,    avant  que  ne  latr.a- 
quer. 
ECRcVISSE.  f.  f.  Efpèce  de  Poiffon  du  genre  des  tef- 
tacées ,   ou  plutôt  crultacées ,  &  qui ,   feion  l'opi- 
nion vulgaire  J   va   prefque   toujours  à   reculons. 
Ajlacus  ,  cancer^  carcir.us ,  &c.  Baudouin,  dans  fon 
préambule  furies  fables  de  Phèdre,  dit  qu'il  croie 
que,  comme  l'on  dit  un  grand  &C  une  grande^  nigle, 
on  peut  dire  un  grand  &  une  grande  écrevtjje.  Ro- 
CHEF.  Baudouin  fe  trompe  :  l'pfage  eft  contraire,  Sc 
fait  toujours  écrevijfe  du  genre  féminin,  h'écrevijje 
eft   un  poilîon  cruftacéc- ,    fait  à-peu-près  comme 
le  fcorpion  ,  mais  beaucoup  plus  gros ,  &  qui  a , 
comme  cette  infc6te  ,  des  pattes  difpofées  ..n  ma- 
nière de  ferres ,  Ou  tenailles.  Il  fe  nourrit  d  herbes, 
de  grenouilles ,  de  cadavres ,  d'excrémens  des  ani- 
maux. 

Il  y  a  des  écrevijjes  de  rivière  ,  &  des  écrevijfcs 
de  metj  qu'on  appelle  homards,  &  ciiacune  de 
ces  deux  elpèces  le  divife  encore  en  plufieiirs  au- 
tres. On  trouve  des  eaev///è.f  d.ans  les  p-j:itscar::'.ux 
bourbeux  qui  font  le  long  des  prairies.  On  en  ti'ouva 
dans  les  ruiifeaux  qui  coulent  éc  qui  ont  des  fources , 
&  ces  écreviJfes-M  font  bien  meilleures  q-ùe  les  au- 
tres. Les  écreviffes  n'ont  que  trois  dents  placées  au 
fond  du  ventricule.  Les  ec'evilfes  n'ont  point  de 
paupières  ,  non  plus  que  la  plupart  des  poilTons. 
VécreviJJ'e  ne  nage  point  avec  les  pieds;  mais  .elle 

B  b  b  b  ij 


j  (^4  ^  C  R 

fe  ferc  de  fa  queue  pour  frapper  &  poûflTer  l'eau. 
Ce  moLivemeni;  lui  ferc  aulfi  à  marcher  fur  la  terre  ^ 
C£  qui  fait  qu'elle  va  à  reculons.  Les  écrevijjcs  ont 
douze  pieds.  Les  écrevijjts  de  mer  rellemblent  aux 
écrevijjes  de  rivière,  hormis  que  celles-là  font  beau- 
coup plus  groifes,  &  moins  délicates  que  celles-ci. 
Les  unes  &  les  autres  deviennent  rouges  en  cui- 
fant.  Toutes  les  ecrcvijfes  ont  à-peu-ptès  les  mêmes 
qualités. 

Les  écrevijfes ,  foit  de  terre ,  foit  de  mer ,  ont 
-une  chair  fort  nourrillante  ,  de  bon  goût  j  forti- 
fiante ,  mais  qui  fe  digère  lentement,  fur-tout  celle 
des  écnvijjcs  de  mer.' Le  fuc  eneft  adoucillant ,  & 
convient  particulièrement  dans  les  chaleurs  de  poi- 
trine, dans  la  toux  ,  &  même  ,  comme  le  remarque 
le  favanc  Rivinus^  dans  le  fcorbut,  dans  la  mélan- 
colie j  dans  les  douleurs  de  rate  ,  dans  la  goutte,  & 
dans  toutes  les  indilpofitionsqui  viennent  d'une  trop 
grande  âcreté  d'humeurs.  Les  ecreviffes  font  un  des 
■meilleurs  mets  de  Carême.  On  les  mange  en  ra- 
goût, en  hachis,  en  tourtes,  en  falade  j  il  s'en  fait 
des  coulis  excellens ,  &  il  n'y  a  pointde  bonne  bif 
que  où  elles  n'entrent.  Les  écrevijj'es  lont  falutaires 
aux  phthihques  &  aux  afthmatiques.  Leur  ufage  eft 
■■d'un  grand  fecours  contre l'excellive  maigteur  j  mais 
il  ne  faut  pas  qu'il  foit  trop  continué  j  car  leur  lue 
renferme  quelque  chofe  de  narcotique ,  qui  à  la 
longue  peut  faire  tort  à  la  fanté.  Du  refte  ,  c'eft  un 
fort  bon  manger  que  Vécrevijje  ,  foit  homard,  lan- 
■gotiite,  chevrette,  ou  autre  :  elles  purifient  le  fang, 
poulfent  les  urines  ,  &  détergent  les  ulcères  de  la 
gorge,  Foye^  le  Traité  des  Aiimens  de  îvL  Andry, 
celui  de  M.  Lémeri  ,  &  Jonfton  De  Plfdbus. 

Les  ecrevilfes  mâles  ont  dans  l'eftomacdeux  peti- 
tes pierres  blanches  de  la  grolTeur  d'un  pois ,  & 
quelquefois  plus  groifes ,  faites  comme  un  œil  j  on 
les  appelle  pour  cette  raifon  yeux  à' ecreviffes.  Ces 
pierres  font  de  grand  ufage  dans  la  Médecine  pour 
purifier  le  fang  ,  &  pour  .abforber  les  acides  ,  on 
les  emploie  en  poudre.  On  les  trouve  feulement  au 
temps  qu'elles   pofent  leurs   écailles.    Les  pierres 
d'ecrevijjes  ,  autrement  nommées  yeux  d'écreviffes, 
font  de  petits  corps  blancs,  durs,  ronds,  convexes  , 
d'un  côté  &c  plans  de  l'autre,  ayant  du  côté  plat  une 
petite  cavité  :  lefquels  fe  trouvent   dans  les  e'cre- 
viffes  au  mois  de  Mai  ,  de  Juin  &  de  Juillet.  Il  y 
a  des  Charlatans  qui  fabriquent  des   yeux  d'écre- 
yiffes ,  &  qui  y  réullilTent  fi  bien  ,  que  les  Droguif- 
tes  les  plus  experts  s'y  laiiTent   fouvent  tromper. 
Pour  découvrir  la  tromperie,  il  n'y  a  qu'à  les  écra- 
fer ,  &  jeter  delfus  un  peu  d'efprit  de  fel.  Si  les 
yeux  d'écrevi[Jes  font  vrais  ,  il  s'excitera  une  fer- 
mentation; s'ils  font  faux  ,  il  ne  s'en  fera  point ,  à 
moins  qu'ils  ne  fulfent  faits  decoquillages.  Lesj^ez/.v 
d'e'creviffes  naturels  ont  la  propriété  d'adoucir  les 
humeurs  acres ,  d'émouller,  d'abforber  &  de  pré- 
cipiter les  acides  :  c'eft  pourquoi  ils  conviennent 
dans  les  ardeurs  d'eftomac  ,  dans  la  colique  ,  dans 
la  pleuréfie,  dans  la  gravelle  ,  dans  les  fièvres  con- 
tinues ,  dans   les  fièvres   erratiques.    Les  ecreviffes 
entières  ont  la  même  qualité.  On  les  écrafe  avec 
leur  coquille ,   ^  on  en  fut  des  bouillons  qui  ne 
font  pas  moins  bons  aux  perfonnes  faines   qu'aux 
malades.  Uécreviye  eft  propre  contre  la  morfure  des 
chiens  enragés.    On  fait  brûler  des  ecreviffes  dans 
une  poêle  de  cuivre  jufqu'à  ce  qu'elles  foient  en 
cendre  j  &  on  donne  tous  les  matins  ,   pendant 
quarante  jours  ,  une  petite  cuillerée  de  cette  cen- 
dre délayée  fimplement  dans  de  l'eau.  Galien  vante 
extrêmement  ce  remède. 

On  trouve  en  Amérique  des  c'creviffes  d'une  grof- 
feur  prodigienle  :  quelques  Auteurs  difent  qu'elles 
font  dangereufes  Se  cruelles. 

Ce  mot  vient,  félon  Nicot,  de  l'Allemand  crehs  , 
ou  du  Latin  carahus.  Ménage  le  dérive  de  fcara- 
bijca  ,  qui  a  été  frit  de  fcarabus  ,  qu'on  a  dit 
pour  carabus  ,  ou  de  l'Aniilois  crabfîsh  ,  qui  fignifie 
ecreviffe.  Rondelet  appelle  les  ecreviffes  ,  ajlaci 
fluviatiles. 


ECR 

On  dit ,  proverbialement ,  d'une  perfonne  à  qui 
on  reproche  quelque  chofe  de  honteux,  qu'elle  efl: 
devenue  rouge  comme  une  e'crevijje  :  qu'un  homme 
va  comme  une  ecreviffe  j  quand  il  recule  ,  aulieii 
d'avancer. 

Le  Grifon ,  qui  des  flots  redoute  le  caprice. 
Tire  de  fon  coté  j  fait  le  pas  c^'écreviile.   R. 

Un  Auteur  anonyme  a  écrit  depuis  peu  que  peut- 
être  les  fauterelles  que  mangeoit  S.  Jean  étoient  des 
ecreviffes,  ^vtcQ  qu'il  y  a  certains  rivages  de  la  mer  ou 
les  pauvres  vivent  en  été  d'une  efpèce  de  langoufte 
que  le  peuple  appelle  fauterelles.  Mais  les  langouf- 
tes  s'appellent  en  Grecxapa/S;? ,  &  S.  Matthieu  III. 
4.  aulfi-bien  que  S.  Marc  I.  G.  fe  fervent  du  mot 
«>'P"*'£s  ,  qui  certainement  ne  fignifie  point  des 
ecreviffes. 

En  Aftronomie  j  on  appelle  le  Signe  de  \Ecre~ 
viffc  ,  ou  du  Cancer  j  le  quatrième  depuis  Aries  j 
au  commencement  duquel  fe  fait  le  Solftice  d'été. 
C'eft  une  conftellation  formée  de  15  étoiles  ,  félon 
Prolomée  j  de  17,  lelon  Kepler;  de  15,  félon 
Bayer  ;  qui  repréfente  la  figure  d'une  ecreviffe. 
D'autres  difent  qu'on  lui  a  donné  ce  nom  ,  à  caufe 
que,  quand  le  foleil  y  eft  arrivé  ,  il  femble  marcher 
comme  les  ecreviffes  à  reculons  vers  l'Equateur.  Ce 
figne  eft  la  maiion  de  la  lune ,  &  l'exaltation  de 
Jupiter,  félon  les  idées  des  Aftrologues. 

Le  figne  de  VécreviJJe  fe  marque  par  le*'  Aftrono- 
mes  par  une  figure  qui  femble  former  le  nombre 
de  69  ,  parce  que  cette  figure  eft  rétrograde  comme 
VécreviJJe  ,  le  6  &  le  9  s'entrcchangeant  l'un  en  l'au- 
tre quand  on  les  retourne. 

Autrefois  le  mot  d'écreviffe  fignifioit  aufli  une 
efpèce  d'armure.  C'étoient  des  cuirafies  faites  de  la- 
mes de  fer  ,  mifes  les  unes  fur  les  autres ,  à  la  ma- 
nière des  écailles  d'écreviff'es. 
ÉCRIER.  Qui  ne  fe  dit  qu'avec  le  pronom  perfonnel. 
S'écrier,  v.  recip.  Faire  un  cri ,  crier  avec  furprife  j 
admiration  ,  ou  indignation  ,  ou  douleur.  Focem 
attollerey  exclamare.  Il  s'eft  écrié  à  la  vue  de  fon  en- 
nemi. Ce  curieux  s'eft  écrié  à  la  vue  de  ce  tableau. 
Tout  le  monde  décrie  contre  ce  mot.  Vaug. 

Abus  ,  j'écria-t-il ,  hé  ievene-^  dévote  ! 
Ne  le  devient-on  pas  à  la  ville,  à  la  Cour? 
Moi  dévore!  qui  moi.''  /72'écriai-je  à  mon  tour. 

Des  Hout; 

ÉCRÏLLE  f.  f.  Clôture  faite  de  clayonnage  pour  em- 
pêcher le  poillon  de  fortir  des  étangs  par  les  dé- 
charges. 

ÉCRIN.  f.  m.  Petit  coffre  où  l'on  met  des  pierreries. 
Scrinium.  Les  Orfèvres  mettent  leurs  pierreries 
dans  des  écrins.  Les  anciens  Héros  des  Romans  por- 
toient  toujours  des  écrins  de  pierreries ,  pour  s'é- 
quipper  au  befoin.  On  écrivoit  autrefois  Efcrain  j 
c'eft  la  même  chofe  que  baguier. 
Ce  mot  vient  dejcrinium.  Mén. 

ÉCRINIER ,  Ecrainier.  f  m.  Artifan  qui  fait  des 
éctins.  Il  y  a  à  Paris  une  Communauté  des  Maîtres 
Layetiers  ,  Ecrainiers. 

ÉCRIRE,  v.  a.  V  écris,  tu  écris,  il  écrit,  nous  écri- 
vons,  j'écrivis  3  j'ai  écrit ,  j'écrirai ,  que  j'écrive  ^ 
que  j'écriviffe.  Peindre  avec  la  plume  ,  former  des 
caraélèresqui  puilTent expliquer  la  penfée.  Scribere. 
Ce  Commis  écrit  y  peint  fort  bien,  fa  lettre  eft 
nette  &  lifible.  Il  écrit  en  lettre  Françoife,  Italienne, 
bâtarde  ,  en  lettre  de  coinpre  ,  de  finance,  en  mi- 
nute ,  en  chicane.  Il  gagne  fa  vie  à  écrire  des  Ser- 
mons ,  à  copier.  On  écrit  aulîi  fur  des  tablettes  avec 
l'aiguille  ,  &  avec  le  crayon. 

L'on  s'eft  fervi  autrefois  de  différentes  chofes  pour 
écrire,  i*".  L'on  a  écrit  {nx  des  feuilles  de  palmes. 
2".  Sur  des  feuilles  de  fleurs.  5°.  Sur  de  IVcorce 
d'arbres  ,  principalement  du  tilleul,  du  papier,  &; 
du  hêtre.  4^.  Sur  de  petites  pièces,  ou  planches,  ou 
tablettes  de  bois  très  -  minces ,  que  l'on  rabottoit. 


ECR 

&  qu'on  polilToit  avec  foin  :  on  les  appeloit  en 
Grec  m»»Ki^i» ,  en  Latin  Jcheis,  :  on  les  enduifoic 
de  cire  j  &  Ton  écrivoic  fur  cet  enduit.  C'elt  ce 
ce  qu'on  appeloit  pugilarcs.  Prudence  nous  en  a 
donné  une  defcripcion.  Les  Chinois  ccriv.cnc  tou- 
jours de  haut  en  bas ,  &  commencent  la  première 
lione  où  finit  la  nôtre;  ainfi^  pour  lire  leurs  li- 
vres, il  faut  d'abord  allerchercher  la  dernière  page, 
qui  parmi  eux  en  eft  le  commencement.  P.  Le 
Comte.  Ecrire mûnz  jamaisétéàlaCliine,  comme 
autrefois  en  France ,  une  marque  de  noblelîe.  Tout 
le  monde  s'y  pique  de  bien  peindre;  &,  avant  que 
de  fe  préfenter  pour  être  admis  au  premier  degré 
de  Lettrés ,  il  tàut  avoir  tait  preuve  de  bon  Ecrivain. 
P.  Le  Comte. 

Jouer  au  piquet  à  écrire,  f^oye^  Piquet. 
On  dit  faire  écrire  fon  norvS  à  la  porte  ,  pour  dire 
faire  écrire  Ion  nom  au  Portier  quand  on  no  trouve 
pas  la  perfonne  qu'on  étoit  allé  voir.  On  demande 
à  ceux  qui  allèguent  quelque  chofe  fans  preuve,  où 
cela  eft-il  écrie  i"  On  a  de  tout  temps  propofé  des 
métbodes  pour  écrire  aulli  vite  qu'on  parle.  Jacques 
Collard  ,  Bachelier  en  Théologie  ,  ht  imprimer  à 
Paris  un  petit  -'Vz-S"  de  vingt-Iix  pages  iur  cette  ma- 
tière en  i(j5i.  Ramfa  ,  EcolTois  ,  a  fait  aulII  une 
Tachéographie  en  Latin  qui  a  été  traduite  en  Fran- 
çois ,  &  imprimée  à  Pans  i.i-iz,  en  i6Si  ;  mais 
ces  méthodes  ont  paru  plus  curieufes  que  commo- 
des ,  ou  utiles,  Se  ne  font  guère  devenues  à  la 
mode  ;  les  François  ne  s'en  accommoderont  jamais. 
Les  Notes  de  Tirôn,  que  l'on  a  données  dans  le  II' 
volume  de  Gruter, font  une  ancienneTachéographie, 
ou  manière  à'écrire  vite  &  couramment.  Ceux 
qui  écrivaient  ainlî  s'appeloient  Notarii  en  Latin  , 
&  raxiixc'l»'  en  Grec,  f^oye^  Tachéographie. 

Écrire,  lignifie  aulli  faire  favoir  par  lettres.  Je  vous 
ai  écrie  de  venir..  Il  y  a  long-temps  que  vous  ne 
m'avez  écrie.  Le  Roi  lui  aécriedeCa  main.  J'oubliois 
à  vous  demander  pardon  d'avoir  voulu  avoir  de  l'ef 
prit  en  vous  écrivant  :  il  ne  falloit  que  de  la  ten- 
drelfe.  S.EvR.Commeon  n'àr/rpas  d'ordinaire  aux 
gens  pour  les  fâcher,  il  faut  un  peu  fe  proportion- 
ner au  degré  d'orgueil  de  celui  à  qui  on  écrit. 
Cail.  Ecrive:^  moi  fans  foin,  afin  que  vous  tnécri- 
vie:j;  avec  piaifir.  Voir.  Balzac,  en  écrivant  fes  let- 
tres ,  fongeoit  plus  à  la  poftérité  ,  qu'à  ceux  à  qui 
il  les  écrivait.  Id.  Il  y  a  des  gens  qui  écrivent  feule- 
ment pour  écrire.  S.  EvR. 

Écrire,  figniûe  aulîilarrianièrede  choifir  &  de  difpo 
fer  fes  lettres.  Nous  écrivons  de  la  gauche  à  la  droite , 
&  les  Orientaux ,  au  contraire  j  de  la  droite  à  la  gau- 
che. Il  y  a  des  peuples  qui  écrivent  du  haut  en  bas. 
Ce  mot  s'ecr/V  en  plufieurs  façons,  en  parlant  de  fon 
ortographe.  L'ortographe  eft  la    manière  de   bien 

-  écrire  un  mot.  Les  Egyptiens  écrivaient  en  lettres 
hiéroglyphiques. 

Écrire,  fignifie  Aulîl,  figurément,  compofer  un  ou 
vrage,  rédiger  par  écrit  les  penfées.  On  le  dit  aulîi 
particuliètement  du  ftyle.  Quelque  génie  qu'on  au, 
il  eft  impollible  de  bien  écrire  pour  ion  liècle  , 
qu'après  s'être  formé  l'efprit  fut  les  Anciens ,  &  le 
goût  fur  les  Modernes.  Cet  homme  écrit  bien,  & 
poliment;  il  écrit  avec  netteté  &  avec  jugement; 
il  écrit  favamment ,  &  avec  facilité.  Il  écrit  en  profe 
&  en  vers ,  en  Grec  &  en  Latin  ,  &cc.  Les  Grecs  & 
les  Romains  ont  bien  écrit  de  l'éloquence ,  les  Ara- 
bes de  la  Médecine  ?<.  de  l'Aftrologie.  Galien  , 
Ariftote,  S.  Auguftin  ,  S.  Thomas  j  ont  beaucoup 
écrit ,  ont  fait  beaucoup  d'ouvrages.  Il  y  a  des  gens 
qui  écrivent  bien  ,  &  qui  parleur  mal  ;  la  raifon  eft 
qu'ils  ont  befoin  de  tout  le  calme  du  cabinet  pour 
bien  arranger  leurs  penfées.  S.  Evr.  Ces  grands 
génies  qui  ne  cherchent  que  la  gloire ,  n'ont  pas 
tant  pour  but  d'inftruire  que  d'éblouir.  Us  n'écrivent 
que  pour  eux.  Lt  Ch.  de  AL  Pour  bien  écrire  ,  il 
faut  bien  penfer.  S.  Evr.  J'ai  lailfé  aux  autres  le 
foin  de  bien  écrire  y  èc  ]q  n'ai  pris  pour  moi  que 
celui  d'écrire  beaucoup.  La  Serre. 

M.  de   Balzac  a  intitulé  un  de  fes  Entteciens  , 


ECR  5^5 

Qu'il  n'eft  pas  podîble  d'eVr/re  beaucoup  &  de  bieù 
écrire.  Ce  n'eft  pas  en  écrivant  vke  que  l'on  apprend 
à  bien  écrire.  Bouh.  Le  Père  Bouhours  avoir  mis 
d'abord  â  éaire  bien.  Il  a  reconnu  depuis  cju'il 
falloit  mettre,  à  bien  écrire. 
IP"  Ecrire  ,  fe  dit  aufli  en  parlant  d'opinions  ,  dâ 
dodrine,  &  de  ceux  qui  ont  enseigné  quelque  cho- 
fe par  écrit.  Ariftote  a  écrit  que  ,  &:c.  &c. 

1^  En  termes  de  pratique:,  écrire  fignifie  met- 
tre fes  raisons  par  écrit  pour  la  défenfe  de  fa  caufe. 

Au  Palais  on  appointe  les  parties  en  droit,  à 
écrire  &  produire  ,  donner  contredits  &  falvations; 
pour  dire  j  mettre  les  demandes  &  les  défenses  fur 
le  papier,  quand  on  n'a  pu  juger  l'affaire  fur  le  plai- 
doyer des  Avocats.  Cet  Avocat  ne  plaide  plus ,  il  ne 
fait  qu'ct7vVi.'  &  consulter. 
Ecrire  J  fignifie  aulli,,  s'engager  par  un  écrit.  Il  ne 
fuftt  pas  de  donner  des  paroles,  il  faut  écrire.  Ac.  Fr. 

On  dit,  proverbialement  &  ironiquement.  Voilà 
une  belle  voix  pour  écrire,  &  une  belle  main  pour 
chanrer.  On  dit  auflli  j  A  mal  exploiter  bien  écrire  ; 
pour  dire  ,  que  les  Sergens  "font  des  exploits  faux 
pour  rectifier  les  fautes  qu'ils  ont  faites  en  exploi- 
tant. On  dit  aufti  ,  Ecrire  de  bonne  encre  ;  pour  di- 
re ^écrire  fortement  fur  une  chose.  On  dit,  par  ma- 
nière de  fentence  ,  écrire  en  Italien  ,  fe  vanter  eii 
Efpagnol,  tromper  en  Grec. 
Ecrire  ,  fe  dit  figurément  en  chofes  morales.  Sa  ma- 
lignité eft  peinte  &  écrite  (aï  fon  visage.  On  dit,  poé- 
tiquement, fon  nom  eft  écrit  au  Temple  de  Mé- 
moire. Cet  affront  eft  écrit  Si  gravé  dans  fa  mémoi- 
re ,  il  ne  l'oubliera  jamais.  Une  coquette  oublie  que 
les  rides  ont  écrit  [on  âge  fur  fon  visage.  La  Bruy. 

Je  vois  tous  mes  malheurs  écrits  fur  fon  vifage.  Rac.' 

j4vecque  quatorze  ans  éci'nsfur  le  vifage , 

IL  vous  j  croit  beau  voir  prendre  un  air  férieux . 

Des-Houl.' 

Ecrit  ,  ite.  part.  Il  a  les  fignlfîcationsdu  verbe.  Droit: 
écrit.  Voy.  Droit. 

On  dit ,  proverbialement  j  re  qui  eft  écrit ,  eft 
écrit  \  pour  dire  ,  qu'on  ne  veut  rien  changer  à  ce 
qui  eft  écrit,  à  ce  qu'on  a  réfolu. 

ECRIT,  f.  m.  Papier  écrit.  On  ledit,  principalement, 
d'un  aébe  portant  promefle  ou  convention  ,  d'un 
acte  ordinairement  fous  feing  privé  ,  paflé  entre 
quelques  perfonnes  ,  pour  allurer  l'exécution  d'une 
convention,  &  en  régler  les  conditions.  Scriptum  j 
jcriptura.  Les  chicaneurs  plaident  contre  leur  écrit, 
contre  leur  cédule.  L'Ordonnance  de  Moulins  veut 
qu'on  ait  preuve  par  écrit  d'un  prêt  excédant  cent 
livres.  En  ce  fens  ,  il  eft  opposé  à  la  preuve  tefti- 
moniale.  On  appelle  procès  par  écit ,  un  procès  qui 
fe  juge  par  rapport ,  &  qui  ne  fe  plaide  point.  Met- 
tre ,  ou  rédiger  par  écrit ,  c'eft  écrire  ce  qu'on  a  lu, 
penfé.  Les  Coutumes  de  France  onr  éré  long-temps 
fans  être  rédigées  par  écrit.W^  publié  un  Ecrit ,  un 
Libelle,  un  Manifefte.  On  lui  a  donné  fon  congé 
par  écrit.  On  dir ,  Mettre  en  écrit  une  chose  pour 
s'en  fouvenir  ;  pour  dire  ,  l'écrire  fur  fes  tablettes  , 
fur  quelque  morceau  de  papier.  Et  ,  Coucher  par 
éc  it ,  pour  dire  ,  mettre  par  écrit  ;  coucher  bien  par 
t^Vriz^,  pour  dire  ,  écrire  en  bons  termes.  Ces  deu.'c 
derniers  font  du  ftyle  familier.  Acad.  Fr. 

Ecrits  ,  au  pluriel  j  fe  dit  des  ouvrages  impiimés,ou 
non  imprimés.  Scripta  ,  volumina  ,  charte  ,  libri  , 
codices.  Nous  apprenons  des  Ecrits  des  Anciens,  &C 
composés  fur  quelque  matière.  La  plupart  de  leurs 
Zcr/w  font  perdus ,  faute  d'avoir  connu  l'imprime- 
rie. Les  Profelfeurs  publics  dictent  à  leurs  écoliers 
des  Ecrits  de  Théologie,  de  Philofophie  ,  de  Droit, 
de  Médecine. 

LOUIS  de  fes  faveurs  combla  les  beaux  efprits^ 
Jamais  Roi  ne  fournit  tant  defujets  d'écrire  j 
Ni  ne  paya  mieux  ces  Ecrits. 

Tous  ces  mots  viennent  àafcribo  ^fcripfi  ,fcripttm^ 


s  66 


EC  R 


r? 


qui  lignifie  écrire.  Nous  ajoutons  un  e  au  conimen- 
cemenc  des  mots  Latins  qui  commencent  par  une  f 
immédiatement  luivie  d'une  autre  consonne  ■  fpifi- 
tus  ,  esprit  \Jhuus ,  état  \fcopulus,  écueil  \fcut^lla  , 
écuelie  ,  &c. 

ÉCRITEAU.  f.  m.  Morceau  de  papier  ou  de  carton 
fur  lequel  on  écrit  quelque  chofe  en  grotles  lettres , 
pour  en  donner  avis  au  Public.  Il  ne  faut  pas  conton- 
dre  Vécrittau  nvecVinJcripaon  deftinée  à  conserver  la 
i-némoire  de  quelque  chofe  ,  ni  avec  l'épigraphe, 
f^oye^  ces  mots.  Programma  ,infcriptum.  Les  Boctes 
d'Apothicaires  ont  des  écriccaux ,  pour  faire  connoî- 
tre  les  drogues  qui  (ont  dedans.  On  met  des  écritaux 
aux  gens  qu  oii  tultige  ,  pour  marquer  la  cause  de 
leur  lupplice.  On  met  iesécriteaux  aux  maisons  qui 
font  à  vendre  ,  à  louer  ,  aux  chambres  garnies.  Les 
Maîtres  Ecrivains  ont  des  ccriceaux  pour  leurs  en- 
feignes. 

ÉCt<.ITOIRE.  f  f,  Efpèced'érui  où  Ton  ferre  les  cho- 
fes  nécelfaires  à  écrire  ,  &  particulièrement  le  canif, 
les  plumes ,  l'encre  &  la  poudre.  Theca  calamaria. 
Il  y  adegrandes  eVrifcvre^  de  cabinet,  de  petites 
écritûires  pour  la  poche.  Les  Ecoliers  le  battent  à 
coups  d'c'C^iw/re.  hz^  Nobles  appellent  par  mépris 
les  gens  de  robe  ,  des  'gens  ^écriioirc. 

On  appelle  Greffiers  de  ïecricoire,  ceux  qui  adif- 
tenr  aux  rapports  qui  fe  font  en  juftice  à  Paris  par 
les  Experts  nommés  pour  les  vifites  des  bàtimens,  & 
qui  les  rédigent  par  écrit. 

M.  Bruneau  ,  dans  fes  Gbfervations  &  Maximes 
fur  les  matières  criminelles ,  met  le  nom  d'Ecricoires 
parmi  ceux  qu'on  donne  aux  prifons. 

ÉcRiToiRE.  Ceft  ainfi  qu'on  appelle  le  lieu  où  fe 
tiennent  les  aflTemblées  des  Maîtres  Jurés  Charpen- 
tiers de  la  ville  Se  f  auxbourgs  de  Paris. 

ECRITURE.  Caraclères  écrits  3  tracés  avec  la  plume 
fur  le  papier  &  avec  de  l'encre.  Scriptio  j  c.iracler. 
Eftacer  l'écriture.  On  afligne  les  parties  pour  recon- 
noître  leur  écriture  &  (ignature.  En  matière  de  faux, 
on  nomme  des  Experts  pour  vérifier  les  écritures. 
Jean  Raveneau  a  fait  un  traité  intitulé  des  Infcrip- 
tions  en  faux  ,  où  il  enfeigne  le  fecret  de  faire  re- 
vivre des  écritures  anciennes  &  prefque  effacées  , 
par  le  moyen  d'une  eau  de  noix  de  galle  ,  broyée 
dans  du  vin  blanc,  Se  diftillée  au  feu,  dont  on  frotte 
le  papier. 

^CF  On  le  dit  auffi  de  îa  manière  de  former  les 
caradères.  C^eftà  Cadmus  que  la  Grèce  eft  redeva- 
ble de  l'invention  des  lettres  ou  des  caractères  j  & 
c'efl:  de  lui  qu'elle  a  appris  l'art  de  l'écriture.  Ce  que 
Brébeufaheureufenient  exprimé  parles  versfuivans: 

C'ejl  de  lui  que  nous  vient  cet  art  Ingénieux 
Dépeindre  la  parole  ,  &  déparier  aux  yeux  ; 
Et  par  les  traits  divers  défigures  tracées. 
Donner  de  la  couleur  &  du  corps  aux  penfées. 

La  manière  de  communiquer  nos  idées  par  des 
marques  &  par  des  figures  ,  a  confifté  d'abord  à  def- 
finer  tout  naturellement  les  images  des  chofes.  Les 
Mexicains  n'employoient  pas  d'autre  méthode  que 
cette  écriture  en  Peinture,  pour  conferver  leurs  lois 
&  leur  hiftoire. 

Dans  la  fuire  IVcritore  devint  en  Egypte  peinture 
&  caraélère.  Les  Egyptiens  vouloient-ils  repréferter 
deux  armées  rangées  en  bataille  ?  ils  peignoient  deux 
mains,  dont  l'une  tenoit  un  bouclier  ,  &  l'autre  un 
arc.  Un  œil  j  &  un  fceptre ,  repréfentoient  un  Mo- 
narque ;  un  vaifleau  avec  un  Pilote  ,  le  Gouver- 
neur de  l'univers-  L'univers  étoit  repréfenté  par  un 
ferpenr  roulé  en  forire  de  cercle ,  &  la  bigarrure  de 
fes  raches  défignoit  les  étoiles.  Une  veuve  qui  ne 
s'étoit  point  remariée  ,  étoit  lepréfenrée  par  un 
pigeon  noir.  Une  perfonne  morte  d'une  fièvre  occa- 
fîonnée  par  la  trop  grande  chaleur  du  foleil ,  par  un 
fcarabé  privé  de  la  vue.  Un  homme  qui  ,  par  pau- 
vreté ,  expofoit  fes  enfans  ,  par  un  faucon.  Une 
femme  qui  h.iiffôit  fon  mari,  ou  des  enfans  qui  ou- 
trageoient  leur  mère  ,  par  une  vipère.  Une  perfon- 


ïlu    Vj    xL 

ne  initiée  aux  myftàres,  &parconféquenî  obligée 
au  lecret  j  par  une  fauterelle,  à  caufe  qu'on  croyoic 
qu'elle  n'avoir  point  de  bouche. 

Les  marques  Chinoifes  participent  des  hiérogly- 
plies  des  Egyptiens  &  dès  lettres.  Les  mots  qui  fer- 
vent dans  les  anciennes  langues  à  lignifier  les  lettres 
cwMécriture  en  lettres,  montient  encore  que  les 
lettres  proviennent  des  Hiéroglyphes.  Amli  les  mots 
a;;yAni  i<c  tr.itixrci  veulent  également  dït'ij  Images  des 
chofes  naturelles,  &  marques  ou  caractères  artifi.ciels: 
Se  Vf «<p4) ,  fignïRQ peind'e  Se  écrire. 

11  paroît ,  par  un  pallage  de  Porphyre  &  par  une 
autre  de  Clément  d'Alexandrie  ,  que  les  Egyptiens 
ont  eu  quatre  fortes  d'écritures  :  TMiéroglyphique, 
la  Symbolique,  l'Epil1:olique,  &  l'Hiérogrammati- 
que  j  ou  Sacerdotale.  Porphire  parle  de  l'Epiltoli- 
quej  de  l'Hiéroglyphique ,  &  de  la  Symbolique; 
&:  Clément  de  l'bpiftoliquej  de  la  Sacerdotale ,  iSc 
de  l'Hiéroglyphique. 

Les  Chinois  j  même  avant  Fo-hi  j  c'eft-à-dire  , 
dans  la  plus  profonde  antiquité  ,  fe  fervoienc  de 
cordeletes  nouées  en  guife  d'écriture.  Le  nombre  des 
nœuds  de  chaque  corde  formoit  un  caraélère  ,  Se 
l'allemblage  des  cordes  tenoit  lieu  d'une  elpèce  de 
livre  qui  lervoit  à  rappeler  ou  à  fixer  dans  l'efprit 
des  hommes  des  choies  qui  (ans  cela  fe  leroient  ef- 
tacéîs.  M.  Freret.  Fo-hi  j  continue-t-il,  fubiiitua 
aux  cordes  nouées  des  caractères  formés  parlatom- 
binaifon  deplufieurs  lignes  droites  Se  pa.alieles, 
mais  les  unes  entières  (Se  les  autres  brifées,  pour  re- 
préfenter  ces  nœuds.  Les  Chinois  coniervent  encore 
des  hagmens  d'un  ouvrage  de  J-o-hi ,  écrit  avec  ces 
caraétères.  Ils  le  nomment  Jé-kin  ,  le  livre  des  mu- 
tations ou  des  productions.  EJJ'aifur  les  Hiérogiyph. 

'  F-  SiO-  • 

Ecriture,  fe  dit  aulTi  par  oppofition  à  ce  qui  eft  mou- 
lé, ou  imprimé.  Manu  Jcriptum  ,  exaratum.  Cet 
enfant ,  ce  payfan  ne  fauroit  lire  \ écriture  ^  il  ne  lit 
que  le  moulé. 

Ecritures  ,  fe  dit  au  Palais  des  écrits  que  font  les 
Avocats  &  les  Procureurs  pour  inftruire  les  Juges 
du  droit  des  parties.  Scripta  j  inJJrumenta,  tabula.. 
Les  écritures  font  des  avertilîemens,  caufes  d'appel 
ou  griefs,  contredits  &  falvations,  débats  ou  foute- 
nemens  de  compte  ,  moyens  de  faux  ,  d'interven- 
tion ,  d'oppofition  ,  &c.  On  fait  des  écritures  par 
mémoires  en  matière  bénéficiale.  Les  écritures  fe 
paient  par  rôle.  On  dit  une  pièce  d'écritures  ,  quoi- 
que ce  ne  foit  qu'un  feul  aéte  ,  qu'une  feule  pièce. 

Ecritures.  C'e.^  parmi  les  Marchands,  Négocians  & 
Banquiers  J  tout  ce  qu'ils  écrivent  concernant  leur 
commerce. 

Ecriture  ,  feprenoit  auflî  autrefois  pour  les  écrits, 
ouvrages  des  Savans ,  des  Gens  de  lettres.  Maroc 
l'a  pris  dans  ce  fens,  lorlque,  fur  fa  retraire  auprès 
de  la  Duchelfe  de  Ferrare  j  il  écrit  au  Roi  Fran- 
çois Premier. 

En  fa  Duché  de  Ferrare  venu  j 
M'a  retiré  de  grâce  &  retenu  j 
Pour  ce  que  bien  lui  plate  mon  écriture  , 
Et  pour  autant  que  fuis  ta  nourriture. 

On  ne  dit  plus /cr/VOTt;  en  ce  fens ,  excepte  dans 
le  burlefque  <S>:  marotique.  Ainfi  Voiture  a  dit  au 
au  Comte  de  Guiche  ,  Guicheus. 

T^ieux  parangon  de  vaïllans  &  courtois 
Qui  m'envoye^  déleciable  écriture. 

Marot  a  dit  auflii  écriture  au  fingulier,  pour  dire 
un  écrit ,  un  fauf-conduit  qu'il  deinandoit  au  Dau- 
phin pendant  ^on  exil. 

Conclufion  ,  Royale  giniturc  ^ 
Ce  que  je  quiers  j  n'efr  rien  qu'une  écriture. 
Que  chaque  jour  on  bai/le  aux  ennemis  : 
On  la  peut  bien  ocîroyer  aux  amis. 


E  CR 

On  tlir,  proverbialement,  qu'un  homme  eftbien 
âne  de  nature  qui  ne  peut  lire  fon  écriture.  On  dit 
auîîi  qu'un  homme  entend  les  écritures^  quand  il  ell 
fort  intelligent,  quand  il  fait  bien  fon  métier.  On 
dit  auHI ,  accordez ,  conciliez  les  écritures  ;  pour 
dire.  Accommodez  ces  paifages ,  fauvez  cette  con- 
cradii5tion. 

Écriture.  Scriptura  ,  fe  dit  par  excellence  des  Livres 
facrés ,  l'Ancien  &  le  Nouveau  Teltament ,  qu'on 
appelle  {'Ecriture- Sainte  ,  ou  iiniplement  Ecriture. 
Les  Hébreux  appellent  aulîi  les  Livres  faints  3^33, 
ou  3iro  ,  Ecriture  ^  ôc  c'c A  d'eux  que  les  Grecs  ont 
pris  cette  exprelfion  ,  &  l'ont  donnée  aux  Latins  , 
qui  noas  l'ont  tranfmife.  Quand  je  lis  l'Ecriture- 
Sainte  ,  qui ,  avec  fa  (implicite  a  tant  de  fublime  , 
penfez-vous  que  ce  foit  l'amour  de  mon  élévation  , 
ou  la  corruption  de  mon  cœur,  qui  me  falie  goûter 
ce  que  je  lis  ?  N'ell-ce  pas  plutôt  le  caradère  fimple 
&  majeftueux  de  la  parole  divine  ,  qui  fut  impref- 
ifion  lur  moi .' BouH.  XJ Ecriture-Sainte  eft  un  fond 
de  penlées  nobles  ,  grandes  &  fublimes.  Id. 

On  le  dit  au  pluriel ,  comme  les  Latins  ont  dit 
fcriptura ,  fcripturs  ,  &;  les  Grecs  vf^^i ,  &c  vf"^^''. 
Enflé  de  l'orgueil  des  fciences  j  &  rempli  de  Ion 
propre  efprit,  il  commença  à  fe  moquer  des  impref- 
llons  humbles  &  balfes  des  Ecritures.  Flhch. 

ÉCRIVAILLERIE.  L  f.  C'ell  un  mot  que  Montagne 
a  imaginé,  pour  marquer  la  démangeailon  d'écrire 
qui  régnoit  de  fon  temps,  &  du  temps  des  Romains. 
Voici  le  palîage  tiré  du  commencement  dug'^Chap. 
du  Livre  5.  '>  Il  y  devroit  avoir  quelque  coerclion 
»  des  Loix  ,  contre  les  Ecrivains  ineptes  &  mutiles , 
»  comme  il  y  a  contre  les  vagabonds  &  fainéans. 
"  On  banniroit  des  mains  de  notre  peuplej&  moy, 
»  Ôc  cent  autres  :  ce  n'eft  pas  moquerie.  Vccrivaille- 
"  rie  fembie  être  quelque  fymptôme  d'un  liccle  dcf- 
»  bordé.  Quand  écrivii'mes-nous  tant,  que  depuis 
»  que  nous  fommes  en  trouble  ?  Quand  les  Romains 
»  tant  j  que  lors  de  leur  ruine  ?  »  M.  l'.Abbé  Tru- 
blet ,  en  citant  Montagne  j  Ta  employé  dans  fes 
Eifais  de  Littérature  ô;  de  morale  ,  pag.  87.  de  la 
féconde  édition.  Si,  dit-il j  la  crainte  de  la  critique 
ne  détournoit ,  de  la  carrière  des  Auteurs ,  que  des 
gens  fans  efprit  &  fans  talens  ,  ce  feroit  un  bien  , 
cela  banniroit  Xccrivaiilcrie,  comme  dit  Montagne... 

^  ECRIVAILLER  &:  ECRIVAILLEUR  ,  méchant 
écrivain  ,  fe  trouvoient  dans  le  Dictionnaire  de  l'A- 
cadémie ,  édition  de  1718.  Us  ne  font  plus  dans  les 
éditions  poitérieures. 

ÉCRIVAIN,  f.  m.  Qui  écrit.  Scriptor  ,  fcripturarius  , 
Jcriba.  Les  Sergens  font  d'ordinaire  de  méchans 
écrivains,  on  ne  peut  lire  leur  écriture.  Bon  ',  mau- 
vais écrivain. 

Écrivain  j  fe  dit  plus  particulièrement  de  celui  qui 
eft  reçu  Maître  en  l'art  d'écrire ,  qui  montre  à  écrire. 
Les  M.iîtres  Ecrivains  Jurés  pour  la  vérification  des 
écritures  &  fignatures.il  va  apprendre  à  écrire  chez 
un  tel  Maître  Ecrivain. 

Écrivain,  fe  dit  aulfi  de  ceux  qui  ontcompofé  des 
Livres  J  des  ouvrages.  Tite-Live,  Hérodote  ,  font 
de  fameux  Ecrivains  pour  l'Hiftoire.  Nous  ne  man- 
quons pas  dehous  Ecrivains  en  notre  hècle.  Il  eft  bon 
de  porter  un  falutaire  effroi  parmi  les  méchans  fc/v- 
vains ,  afin  de  les  tenir  dans  le  refpecl  &  d-ins  le  re- 
pos. S.  EvR.  Si  quelqu'un  s'étonne  qu'après  tant 
d'Ecrivains  je  mette  la  main  à  la  plume  ,  il  celTera 
de  s'étonner ,  s'il  vient  à  lire  cet  Ouvrage.  Abl. 

Soyçi  plutôt  Ma^on  j  Jl  cefl  votre  talent  j 
Q«'Ecrivain  du  commun  j  ou  Poète  vulgaire.  Boil. 

TJufou  du  moins  fait  rire  ,  &  peut  nous  égayer  • 
Alais  un  froid  Ecnvûn  ne  fait  rien  qu'ennuyer.  Id. 

fC?  Écrivain  &  Auteur,  confidérés  dans  une  figni- 
fication  fynonyme.  Le  mot  d'auteur  eft  plus  étendu 
que  celui  d'Ecrivain.  Il  s'applique  généralement  à 
tous  ceux  qui  donnent  au  public  des  ouvrages  de 
leur  compofition  dans  quelque  genre  que  ce  foir. 


E  C  R  j6y 

î!  paroît  avoir  un  rapport  particulier  au  fond  de 
1  ouvrage.  fcvvvtf.Wle  dit  particuUèicmcnt  des  ou- 
vrages de  Littérature,  principalement  par  rapport 
au  Ityle  ,  a  la  tonne.  On  die  d'un  Juteur,  qu'il  eft 
bon  Ecrivain.  ' 

En  termes  de  ALirine  ,  l'f  cr/v^vV;  eft  un  Officier , 
ou  Commis  dans  chaque  vailfeau  ,  qm  tient  regif- 
ne  de  toutes  les  marchandifcs  dont  il  eft  chargé ,  de 
ce  qui  y  entre.  Se  de  ce  ce  qui  en  forr ,  &  de  ce  qui 
s'y  confume.  Il  y  fert  aulîl  de  Greffier  &  de  Notaire 
pour  y  rédiger  par  écrit  tout  ce  qui  s'y  pafte  de  nota- 
ble. Il  peut  même  recevoir  des  reftamens,  comme  il 
eft  porté  dans  l'Ordonnance  de  la  Marine,  l.  2.  tit. 
}.  Il  y  a.  un  Ecrivain  principal ,  qui  tient  le  milieu 
entre  le  Commiftaire  j  &  l'Ecrivain  du  Roi. 

§C?  On  appelle  auffi  Ecrivain  ,  ceux  qui  écri- 
vent pour  le  Public  lettres,  mémoires, placées,  Sec. 
tels  qu'on  en  voit  dans  pluiieurs  quartiers  de  Pans, 
principalement  dans  la  cour  du  Palais ,  &  fous  les 
,  charniers  du  cimetière  des  Innocens. 
ECROU.  f  f.  Pièce  de  bois  ,  ou  de  fer  ,  ou  d'autre 
métal,  qui  a  un  trou  relatif  à  la  giolTeur  d'une  vis, 
&:  qui  lert  à  la  ferrer  ,  ou  à  la  rerenir ,  quand  on  la 
fait  entrer  dedans.  Cavus  firiatus  ;  receptaculum  co- 
ckleifriatum.  Il  faut  que  les  vis  de  ce  lit  aient  été 
changées ,  elles  ne  peuvent  entrer  dans  leurs  écrous. 
Les  taiieurs  d'inftrumens  de  Mathématiques  appel- 
,  lent  le  clou  de  l'alidade ,  l'écrou  ,  ou  le  chevalet. 
EcRou  ,  ou  EcRouE  ,  auquel  cas  il  eft  féminin  en  Ju- 
rifprndence,eft  l'acte demprifonnement  d'une per- 
lonne  écrit  fur  le  regiftre  de  la  géole  ,  pour  charger 
le  Concierge  du  prifonnier.  M.  Bruneau  ,  dans  les 
Ohfervacions  &  Ma.ximes  fur  (es  matières  criminel- 
les J  dit  que  l'Ecroue  n'eft  pas  feulement  l'aéte  d'em- 
prifonnement ,  mais  aulii  i'aéte  d'élargilfement  ^  &c 
que  ce  mot  vient  du  Latin  Scrobs.  Injirumentum  in- 
carcerationis  ,  conjeclionis  in  carcerem  ^  commenta- 
rius  carcerarius  j  acla  carceris.  Il  faut  attacher  fon 
écroue  à  la  requête  d'élargiffement.  Quand  on  eft 
recommandé  pour  plulîeurs  affaires,  ce  font  autant 
d'ccroues.  Quand  on  déclare  un  emprifonnemenc 
injurieux ,  tortionnaire  &  déraifonnable  ,  on  or- 
donne que  l'écroue  fera  rayée  &  biffée.  Gueret , 
Style  criminel  J  imprimé  en  iG'ii  ,  du  roujours 
écroue.  Ménage  dit  aufll  écroue ,  aulli  bien  que  Bru- 
neau dans  l'ouvrage  qu'on  vient  de  citer.  Lever  l'e- 
croue.  Patru.  Ecrou  f.  m.  eft  plus  ufité. 

Il  y  en  a  qui  tirent  le  mot  d'écroue  de  Scrobs. 
Foffe  J  qu'on  difou  anciennement  pour  prilon.  On 
dit  encore  balîe-foffe.  D'autres  le  dérivent  du  Grec 
lx.x.fl,uiv  ,  contrudere  in  carcerem. 
ECROUE-,  f  f.  chez  le  Roi  fe  dit  des  rôles  ou  états  de 
la  dépenfe  de  fa  maifon  ,  qui  fe  mettent  dans  des 
peaux  de  parchemin  qu'on  coud,  &  qu'on  attache 
les  unes  aux  autres ,  dont  on  fair  de  gros  rouleaux 
qui  font  lignés  &:  arrêtés  au  bureau,  par  les  Maîtres 
&  Contrôleurs  de  la  maifon  du  Roi.  Commentarius  , 
alhum-^  catalogus  ,  ordo.  Seize  Contrôleurs-Clercs 
d'office  qui  font  les  écroues  ordinaires  de  la  dépen- 
fe de  la  maifon  du  Roi.  Etat  de  Fr.  Ces  écroues 
font  les  arrêtés  en  parchemin  qui  fe  font  tous  les 
jours  dans  la  maifon  du  Roi.  Id. 

On  la  dit  auffi  des  rôles  que  les  Receveurs  des 
tailles  ou  des  amendes,  baillent  aux  Sergens  pour 
en  faire  le  recouvrement ,  qui  font  appelés  écroue 
dans  plufieufs  Edits.  On  voit,  dans  la  Chambre 
des  Compres  ,  une  écroue  du  Parlement  tenu  fous 
Louis  Hutin  ,  qui  contient  la  lifte  des  Confeil- 
lers  du  Confeil  étroit,  des  I\Iaîtres  des  Pvequêtes 
&:  autres  Officiers. 
Écroue  ,  en  plufieurs  Coutumes ,  fe  dit  de  la  déclara- 
tion ,  dénombremenr  &  aveu  d'héritages  cottiers , 
que  le  fujet  donne  à  fon  Seigneur.  Prqfe(fw. 

Dans  l'Edit  de  rétabUlfement  de  rÈchiquier  de 
Normandie,  on  appelle  écroues,  les  écritures  qui 
contiennent  les  faits  &  raifons  des  Parties,  où  il 
eft  dit  auffi  que  les  Sergens  ne  doivenr  bailler  leurs 
exploits  par  écroues ^  c'eft-à-dire  ,  par  écrit. 

Borel  eftime  que  ce  mot  vient  d'écrit,  eu  écrire  ^ 


jéS  ECR 

parce  qu'en  effet  on  écrit  fur  un  reglftie  ,  &  parce  J 
qu'on  a  appelé  auHi  éaoue  ,  une  quittance  en  fa-  j 
veut  de  celui  qui  a  manié  les  finances ,  &  on  a  dit ,  ' 
Baillet  e'croue  à  un  Receveur  de  fa  recette  ;  pour  j 
dire,  folder  fon  compte.  ! 

ÉCROUELLÉ.  f.  m.  Malade  -des  écrouelles.  Struma-] 
rum  inorbo  laborans  ,Jlrumofus.  Jacques  Moyen  ou  | 
Moion  ,  Efpagnol  né  à  Cotdoiie ,  faifeur  d'aiguil- 
les ,  &  établi  à  Paris  ,  demanda  en  1 576  j  au  Roi 
(  Henri  III.  )  la  permiffion  de  bâtir  dans  un  des 
Fauxbourgs  de  la  ville,  un  Hôpital  pour  les  écrouel- 
les y  qui,  dans  le  delfein  de  fe  faire  toucher  par  le 
Roi ,  arrivoient  des  Provinces  &  des  Pays  étrangers 
à  Paris ,  où  ils  n'avoient  aucune  retraite. .  .  Mais 
les  défordres  des  guettes  civiles  firent  échouer  c-e 
projet.- .^{/?.  de  la  ville  de  Paris. 
ÉC-ROUELLES.  i.  f.  pi.  Terme  de  Médecine.  Strumx. 
Ce  font  des  tumeurs  fchirreufes  qui  viennent  ordi- 
nairement autour  du  cou  ,  &  quelquefois  aux  au- 
tres parties  glanduleufes  3  comme  aux  mamelles , 
aux  ailfelles  &  aux  aînés.  Elles  font  prefque  tou- 
jours enveloppées  dans  une  membrane  propre.  Il  y 
en  \  de  deux  fortes  j  de  vraies  ou  légitimes ,  &:  de 
faulFes  ou  bâtardes  :  les  vraies  iont  toutes  blanches 


ECR 

de  France  ,  à  qui  Dieu  ait  accordé  le  privilège  de 
guérir  les  écrouelles  en  touchant  les  malades.  Il  eft 
certain  qu'il  n'elt  tait  nulle  mention  de  cette  préro- 
gative de  nos  Rois  avant  l'onzième  fiècle ,  où  ce 
Prince  régna.  P.  Daniel.  HijL  de  Fr.  Tom.  I.  pag. 
1031. 

On  attribue  encore, parmi  le  peuple  ,  aflez  ridi- 
culement ,  le  privilège  de  guérir  les  écrouelles  au 
feptième  fils  né  de  luite  j  &  fans  qu'il  foit  venu 
de  fille  entre  eux  fept ,  &  à  l'aîné  de  h.  Maifoa 
d'Aumont  en  Bourgogne.  Foye^  Favyn ,  Hijl.  de 
Navarre^  L.  X'VII.  p.  1059.  Polydore 'Virgile ,  L. 
'VIIL  de  fon  Hijloire  d'Angleterre  ,  s'efforce,  mais 
inutilement .  de  montrer  que  fes  Rois  ont  la  même 
puilfance.  Favyn.  p.  1062.  de  la  même  Hijloire. 
Le  Continuateur  de  Monftrelet  remarque  que  Char- 
les 'VIII.  toucha  des  malades  à  Rome,  &  les  gué- 
rit J  dont  ceux  des  Italies  _,  dit^il ,  voyant  ce  myf- 
tère  ,  ne  furent  onguesjl  émerveilles. 
ÉCROUELLEUX,  euse.  adj.  Terme  de  Médecine. 
Qui  appartient  aux  écrouelles.  Sttumofus  ,Jlruma- 
ticus  J  a  J  um.  Les  tumeurs  œdémateufes  ,  chan- 
creufes ,  écrouelleufes  ,  Journ.  des  Savans  1719  , 
p.  586. 


femblables  aux  auttes  paities,  &  fans  douleur:  les 3  ÈCRÔUER.  v.  a.  Manàpare  carceri  j  darc  cufiodien- 
faulîes  font  douloureufes ,  piquantes  &  livides.  Il         '  -  n  ,     ,  ^         /   .  ,1 

y  en  a  aulfi  de  bénignes  &  de  malignes  :  les  légiti- 
mes font  bénignes  :  les  bâtardes  ont  beaucoup  de 
malignité,  &  il  eft  dangereux  d'y  toucher  pour  les 
guérir.  La  caufe  phyfique  des  écrouelles  eft  une  lym- 
phe vifqueufe  ,  un  peu  aftringente,  &  empreinte 
de  particules  acides ,  laquelle  venant  à  fe  ramaller 
dans  les  pores  &  dans  les  canaux  des  petites  glan- 
des, s'y  coagule,  s'y  endurcit  peu-à-peu  ,&  produit 
par  ce  moyen  cette  forte  de  tumeurs.  Si  cette  lym- 
phe devient  plus  acte  &  plus  corrofive  ,  elle  rend 
les  écrouelles  chancreufes  \  &  s'il  s'en  jette  fur  les 
os,  elle  les  altère  &  les  carie.  Les  Latins  les  appel- 
lent fcrophuU ,  du  mot  fcropha  ,  qui  fignifie  une 
truie.  D'autres  difent ,  les  Latins  les  appellent  /?ra- 
ma  àjiruendo,  parce  qu'elles  croilFent  infenfible- 
ment,  [îruclim  ajj'urgunt.  Rochef.  Les  Grecs  les  nom- 
ment x"i'^^^^  >  truies  ,  du  mot  Grec  %o7pof,  qui  figni- 
fie un  pourceau  j  parce  que  les  pourceaux  font  fu- 

jets  à  avoir  de  ces  tumeurs  fous  la  gorge ,  &  ceux 

qui  mangent  de  leur  chair,  y  ont  aulliplusdedif- 

pofition. 

Le  Roi  de  France  jouit  du  privilège  de  toucher 

\q%  écrouelles.  Le  vénérable  Guibert  j  Abbé  de  No- 

gent,  a  dit,  il  y  a  600  ans  ,  que  le  Roi  Louis-le- 

Gros  touchoit  les  écrouelles.  Il  ajoute  que  le  Roi 

Philippe  I  J  fon  père  ,  ufoit  de  ce  privilège,  mais 

que  quelque  crime  le  lui  fit  perdre.  Il  dit  aulîi  que 

le  Roi  d'Angleterre  touchoit  auflî  de  fon  temps, 

&  aujourd'hui  il  prétend   avoir  le  même  droit, 

comme  il  prétend  avoir  celui  de  fe  dire  Roi  de 

France.  Raoul  de  Prefles ,  en  parlant  au  Roi  Char- 
les cinquième  ,  auquel  il  dédia  fa  traduétion  de  la 

cité  de  Dieu ,  lui  dit  exprelfément  :  f^os  devanciers , 

<S'  vous  J    avec  telle  vertu  &  puiffance  qui  vous  eji 

donnée  &  attribuée  de  Dieu  ,  que  vous  faites  miracles 

en  votre  vie  telles,  fi  grandes  &  fi  appertes  j  que  vous 

gariffe-^  d'une  très  -  horrible  maladie  ,  qui  s'appelle 
les  Ecrouelles  ,  de  laquelle  nul  autre  Prince  terrien 


dum  ergaflulaiio  j  xejerre  nomen  in  album  j  in  com- 
mentarium  carcerarium.  Charger  un  Geôlier  de  la 
perfonne  d'un  prifonnier ,  en  écrivant  fur  fon  re- 
giftre  ,  par  l'Ofticier  qui  l'arrête  ,  la  caufe  pour  la- 
quelle il  eft  emprifonné  j  &  par  quelle  autorité  ou 
ordonnance.  Il  eft  défendu  févèrement  aux  Geô- 
liers de  détenir  qui  que  ce  foit  fans  être  écroué ,  & 
de  faire  des  écrous  fur  des  feuilles  volantes  Voye\ 

ÉCROU. 

ÉcRouÉ,ÉE.  part.  Relatas  in  album  carcerarium. 

ECROUÏR.  V.  a.  îndurare.  Il  fe  dit  des  métaux;  & 
c'eft ,  les  battre  à  froid  ,  pour  les  condenfer  &  les 
rendre  plus  fermes ,  afin  qu'ils  faffent  reflort.  La 
plupart  des  métaux  ,  même  fans  être  alliés  ,  de- 
viennent capable  d'une  plus  grande  rèadlion,  quand 

on  les  bat  à  froid Un  Ouvrier  intelligent  en 

Horlogerie,  en  inftrumens  de  Mathématiques ,  en 
Orfèvrerie  3  8cc.  ne  manque  jamais  à  écrouïr  {qs 
ouvrages,  non-feulement  pour  leur  procurer  plus 
de  folidité  ,  mais  encore  pour  les  faire  valoir  par 
un  poli  plus  brillant.  M.  l'Abbé  Nollet  ,  T.  I, 
p.  138.  C'eft  aufli  un  terme  de  Monnoie ,  qui  fe 
dit  des  pièces  qui  fortent  du  moulin ,  parce  qu'alors 
elles  font  écroules. 

EcRouï ,  ÏE.  part.  &c  adj.  Terme  de  Monnoie.  Indura- 
tus  J  obduratus  ,  denjatus.  Il  fe  dit  de  l'or ,  de  l'ar- 
gent &  du  cuivre  ,  quand  on  l'a  battu  long- temps 
à  froid,  enforte  qu'il  faffe  refiort.  On  le  dit  aulÏÏ 
des  pièces  de  Monnoie  durcies  à  la  iortie  du  mou- 
lin ,  &  qu'il  faut  faire  recuire. 

ÉCROUISSEMENT.  f.  m.  Terme  de  Monnoie.  Ob- 
duratio.  Endurcillement  qui  arrive  aux  pièces  mon- 
noyées  par  la  forte  comprefiion  qu'elles  ont  fouf- 
ferte  en  les  marquant.  On  le  dit  aiilii  chez  les  Ar- 
tifans  ,  de  tous  les  métaux  qu'on  a  battus  à  froid  , 
comme  de  toutes  les  pièces  qui  entrent  dans  les  Hor- 
loges ,  de  celles  qu'on  emploie  dans  les  inftrumens 
de  Mathématiques ,  &  fur  lefquelles  on  veut  avoir 
des  diviiions  juftes. 


ne  peut  garir  hors  vous.  Etienne  de  Conti ,  Reli-  '  ÉCROULEMENT,  f.  m.  Eboulement  de  terres  ,  d'é- 
gieux  de  Corbie  ,  qui  vivoit  en  1400  ,  &  qui  a|      difices  qui  ne  font  pas  foutenus.  Concujfus  j  ruina. 
écrit  une  Hiftoire  de  France  qui  eft  dans  les  mlT.  1  §3°  ECROULER ,  s'écrouler,  v.  récip.  Tomber  en 


de  la  Bibliothèque  de  S.  Germiin  des  Prés,  fous 
le  numéro  510  3  rapporte  les  cérémonies  que  le 
Roi  Charles  VI.  obfervoir  en  touchant  les  écrouelles. 
Après  que  le  Roi  avoir  entendu  la  Melfe  ,  on  ap- 


s'afFailTant.  Labare ,  labafcere.  Les  tremblemens  de 
terres  font  écrouler  les  plus  folides  bâtimens.  Après 
une  vingtaine  de  volées  de  canon  3  tout  le  baftion 
s'écroula. 

portoit  un  vafe  plein  d'eau  ,  &  Sa  Majefté  ayant?  Écroulé  ,  ée,  part.  ^ 

fait  fes  prières  devant  l'Autel,  touchoit  le  mal  de ,  ÉCROUTER.  v.  a.  Oter  la  croûte  du  pain,  DetergC' 

la  main  droite  ,  &  le  lavoir  dans  cette  eau  ,  &  les  !      re  ,  eximtre  cruflam. 

malades  en  portoient  pendant  neuf  jours  de  jeune  .  Écrouté  ,   ée,  part.  Cruflâ  nudatus. 

qu'ils  obfervoient.  Matthieu  Paris  dit  que  la  bènè-jÉCRU,  ue.  adj.  C'eft  une  épithète  qu'on  donne  aux 

fion  ,  a  été  in-        fil  &  à  la  foie  qui  n'ont  point  été  déctufèsj  {Voy.cQ 


didion  que  le  Roi  fait  en  cette  occa 

troduite  par  le  Roi  Saint   Louis.    Quelques  -  uns 

croient  que  le  Roi  Robert  eft  le  premier  des  Rois 


qui  n  ont  poi 
mot)  ni   mis  à   l'eau  bouillante.  On  appelle  aufli 
toiles  écrues  celles  qui  n'oac  jamais  été  mouillées. 

Crudiis 


E  C  R     E  C  T 

Crudus.  Il  efl  défendu  aux  Tapiffieis  de  doubler  les 
tapilTeries  de  toiles  c(:;-^fs,paice  qu'elles  le  letirent. 
Les  billes  étotfes  fe  font  de  Ibie  cuite ,  &  les  pe- 
tites de  foie  crue  ou  écrue.  Il  ell  févérement  dé- 
fendu de  mêler  la  foie  cuite  avec  la  ibie  écrue. 

ÉCRUES  de  bo:s,  font  des  bois  nouvellement  crus  fur 
des  terres  labourables.  Ils  font  de  garde  depuis  la 
S.  Remi  jufqu'au  premier  Janvier,  qui  eft  le  temps 
de  la  glandce  &  pailfon.  j 

ECSARCOME.  f.  m.  Excroilfance  charnue.  £««-«,««^5«,  I 
de  o"'»?^,  chair,  i 

ECS-MIAZIN.  Monaftère  célèbre  de  Perfe,  à  deux 
milles  de  la  ville  d'Erivan.  C  ell:  un  lieu  d'une  gran- 
de dévotion  pour  les  Chrétiens  Arméniens.  Ce 
mot  veut  dire  en  leur  langue ,  la  defcente  du  Fils 
unique  engendré  ;  &  ils  l'ont  nommé  ainfi,  parce 
GU  ils  prétendent  que  Jefus  Chiilt  fe  fit  voir  claire- 
ment dans  ce  iieu-là  à  S.  Grégoire  ,  qui  en  fut  le 
premier  Patriarche.  Les  Mahométans  le  nomment 
t^i^k-clijjlc ,  ce  qui  lignifie  trois  Eglifes  ,  parce 
qu'outre  celle  du  Couvent  ,  il  y  en  a  deux  autres 
allez  près  de-là. 

E  C  T. 

ECTHÈSE.  f.  f.  Eahefis.  Terme  d'Hiftoîre  Eccléfiaf- 
cique.  Nom  que  l'Empereur  Héraclius  donna  à  une 
Profedion  de  foi  qu'il  publia  en  "1539. 

ISEclhèfe  favorifoit  l'erreur  desMonothélireSj  & 
n'établilfoit  qu'une  volonté  en  Jefus-Chrill.  Héra- 
clius l'avoir  publiée  ,  trompé  par  Athanafe,  Chef 
des  Jacobites  ,  par  Cyrus ,  Patriarche  d'Alexandrie , 
&  par  SergiuSj  Patriarthe  de  Conllantinople;  mais, 
ayant  fù  que  l'Eglife  Romaine  le  regardoit  comme 
hérétique ,  il  défavoua  l'EclhcJe ,  &  ,  par  un  autre 
Edit ,  qu'il  eut  foin  de  faire  répandre  dans  tout  l'O- 
rient &  l'Occident ,  il  déclara  que  Sergius  étoit 
l'Auteur  de  Vtiàhèfe. 

Ce  mot  efl  Grec,  î''-*'"? ,  &c  [\gn\ÇiQ  expojîtion. 
Godeau  fe  fert  du  mot  Latin  Eahejis.  Aullîtôt  que 
Jean  IV  fut  affis  fur  la  Chaire  de  S.  Pierre ,  il  af- 
fembla  un  Synode  d'Evêques ,  dans  lequel  XEclhc 
Jîs  d'Héraclius  fut  folennellement  condamnée.  Go- 
deau. Eclhèfe  eft  mieux. 
ECTHLIPSE-,  Eclhliffts.  Figure  de  Grammaire  La- 
tine ,  qui  fe  fait  lorfqu'on  retranche  une  m  finale 
pour  la  mefureduvers.  Il  vient  du  mot  GrecVxê^u.Trjfj 
qui  fignifie  cllfion  :  de  {^^  ,pre:no ,  eiido.  Comme 
multum  aie  :  en  fcandant  le  vers  ,  on  retranche  ïm 
finale  de  multum  ,  &:  on  ne  compte  que  trois  fylla- 
bes  dans  ces  deux  mots.  Au  relie  _,  cela  ne  doit  pas 
s'appeler  une  licence  poétique,  dans  la  verdiication 
Latine.  VEclhlipfc  ,  ou  l'élilion  de  1'/«  finale,  quand 
le  mot  fuivant  dans  le  même  vers  commence  par 
une  voyelle, efl:  d'obligation,  &  non  point  de  licen 
ce.  Scaliger  dit  qu'on  avoir  remarqué  qu'Accius  le 
moderne  n'avoir  jamais  fait  une  Eclhlipje  ,  c'eft-à- 
dire,  une  élifion  de  1'/«  dans  tous  fes  vers;  mais 
que  pour  lui ,  il  en  avoir  trouvé  une  ou  deux.  Mo 
réri  au  mot  Accïus.   On  retranchoit  auili  ancien- 
nement \'s  devant  une  confonnc  :  comms  fdcundu 
fuoque  ,  pour  /acundus.  L's  6'c  \'m  ,  fur-tout  à  la  fin 
des  mots,  étoient  très-rudes  dans  la  prononciation  , 
à  ce  que  dit  Quintilien  ;  &  c'eft  ce  qui  fit  que  les 
Poètes  Latins ,  pour  donner  plus  de  douceur  à  leurs 
vers  ,  s'obligèrent  à   retrancher  ces  lettres  finales  j 
comme  dans  la  verlihcarion  Françoife  j  nous  fai- 
fons  l'élifion  de  Ve  féminin  ,  quand  il  fe  trouve 
devant  un  mot  qui  commence  par  une  voyelle  ,  & 
nous  évitons  avec  foin  V hiatus  ,  ou  le  concours  de 
deux  voyelles. 
ECHTYM'OSE.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Eahymo- 
Jis.  C'eft  une  agiration  &  une  dilatation  du  fang  ; 
comme  il  en  arrive  dans  un  grand  mouvement  de 
joie,  que  l'efprit  reftent. 

Ce   mot  eft  Grec  j  &  vient  de  l» ,  ex  j  &  ^^y-'s , 
animus. 
ECTIQUE  ,  ou  ÉTIQUE  ,  adj.  m.  c^'  f.  ;%q  Hec- 
tique. 

Tome  III. 


ECT     ECU  jé9 

ECTROPÎON.  f.  m.  Terme  de  Médecine.  EBropium, 
Maladie  des  yeux  :  c'eft  un  renverlém-nt  de  la  pau- 
pière intérieure  ,  qui  fait  qu'elle  ne  couvre  pas  1  œil 
avec  celle  d'en  haut. 

Les  Grecs  appellent  Lagophthalmie  ou  œil  de 
Lièvre ,  la  même  aftedion  dans  la  paupière  lupé- 
rieure.  /  oy.  Eraillement. 

Ce  mot  vient  du  Grec  Êxrfo'îns»  ^  q^j  fignifie  la 
même  chofe  ,  ou  plutôt  n'eft  que  le  même  mot 
écrit  avec  nos  caradères. 

ECTYLOTIQUE.  adj.  de  t.  g.  qui  s'applique  aux  re- 
mèdes propres  à  confumer  les  callofités  ik  les  du- 
rillons ,  qui  fe  forment  fur  la  chair  ,  Eclyi^'t  .us. 
Ce  mot  eft  formé  de  éx,  &  de^^'s-,  cullui.  Leme- 
RY.  Il  eft  audi  iubftantif.  Faire  ulage  des  Eciyiod- 
ijues.  Eiiylotica.. 

ECTYPE.  f.  h  Etlypum.  Les  Latins  en  font  un  ad- 
jedit ,  ecîypus  ,  a  ,um  ,  qui  eft  de  relief,  taillé  en 
boife.  Terme  de  Médaillille.  C'eft  une  cmpreinie 
d'un-  cachet,  ou  d'une  médaille,  ou  une  copie  fi- 
gurée de  quelqu'infcription ,  ou  autre  monu- 
ment antique-  Dans  les  Livres  des  Voyageurs ,  on 
trouve  piuheurs  i;cry^ej  de  vieilles  inlcnptions  , 
de  la  Colonne  Tr.ajane  j  du  Chliminar  de  Perle, 
&c. 

Ce  mot  eft  Grec  :  aç^Wi/sro» ,  eft  l'original ,  le  mo- 
dèle :  én-ujro» ,  eft  la  copie  ,  l'image  moulée,  frap- 
pée en  creux  :  '«tus-o»  ,  eft  l'image  relevée ,  frappée 
en  bolfe. 

ECU. 

ECU.  f.  m.  Dans  l'Hiftoire  de  l'ancienne  Chevalerie. 
Ancienne  arme  détcnfive  j  faite  en  forme  de  bou- 
clier léger ,  que  la  Gendarnierie,  qui  coml  auoit 
avec  la  lance  ,  portoit  autieiois  au  bras  j  &  fur  le- 
quel on  peignoir  des  armoiries ,  ou  des  devifesdans 
les  joutes  Se  tournois,  ^cutum. 

Cent  Chevaliers  ,  de  tous  côtés 

Venus  à  cesjvlennitjs , 

Préparaient  de  ricnes  livrées  , 

Ecus  dorés  _,  lances  dorées.  Div.  de  Sceaux. 

Sur  fon  dos  jetant  fon  Qci\  ^ 
Il  croyo't  avoir  tout  va"  ...  Id. 

Ce  mot,  félon  Nicotj  vient  du  Latin  Sc!;tum  ^ 
Se  le  Lann  du  Giec  e-x-ro; ,  qui  îi^nifij  cuir  ,  parce 
que  les  prenne. s_boucliers  étoient  faits  de  cuir.  Le 
flivant  P.  Oudin,  Jéiuite,  déuve  le  moi  Jcutum  du 
Celtio,ue  ,Jci  jfàl  3  fcU  yjcut,  qui  i.gnifie  protec- 
tion. C'eft  dans  une  Diirertati.m  lur  \ Ajàu  fépul- 
ctalej  imprimée  dans  un  recued  d^  pièces  de  M.  le 
Bœuf,  Chanoine  d'Auxerrej  &  dans  les  Alémoires 
de  Trévoux  1739.  Nov.  art.  104. 
Ecu  ,  tetme  de  Blafon,  eft  le  champ  où  l'on  pofe  les 
pièces  &  les  meubles  des  Arinoines.  1  ejjera<ie!it:H- 
tia.  Il  eft  de  figure  carrée  ,  à  la  réferve  que  le  côté 
d'en  bas  eft  un  peu  arrondi ,  &  a  une  petite  pointe 
au  milieu.  L't^w  des  filles  eft  pofé  en  lofange.  Lécu. 
eft  appelé  de  divers  noms  ,  fuivant  fes  divifions. 
"L'écu  adextré ,  eft  quand  la  ligne  perpendiculaire 
qui  divife  \!écu  eft  fur  la  droite ,  au  tieis  de  \\cu\  le 
Jenejlré ,  quand  elle  eft  fur  la  gauche  ^  le  tiercé  en 
pal  j  quand  elle  eft  double  ,  &  divife  tout  Vécu  en 
trois  parties  égales.  Elle  fait  le  pale  Si.  le  vergeté , 
quand  elle  eft  multipliée  à  diftance  égale  ,  au  nom- 
bre defix  ,  de  huit ,  ou  de  dix  pièces.  La  ligne  ho- 
rifontaie  fait  le  chef ,  quand  elle  occupe  la  tierce 
partie  d'en  haut  ;  la  plaine  ,  quand  elle  eft  au  bas, 
an  tiers  de  Vtcu.  Quand  elle  eft  double  fur  le  mi- 
lieu ,  à  diftance  é':;ale  des  extrémités j,  elle  fait  la 
fafcc  &  \s  tiercé  en  fafce.  Quand  elle  eft  niidtipliée, 
elle  fait  \efafce:,  &  le  lunU ^  quand  il  y  a  huit  ou 
dix  efpaces  égaux ,  ou  plus  ;  les  tr.  i  ,.;les  ,  quand  le 
nombre  en  eft  impair.  La  ligne  diagonale  du  droit 
du  chef  au  gauche  de  la  pointe  fait  la  farc/ié ,  la 
contraire  fait  le  taillé.  Si  on  les  double  à  diftance 
égale  ,  l'une  fait  le  bundé ,  Se  le  tiercé  en  bande;  dc 

C  c  c  c 


l'autre  la  barre^  &  le  tierce  sn  batre.  En  multipliant 
la  première  ,  on  fait  le  bandt  lie  le  coticé,  &  en  mul- 
tipliant la  féconde,  on  izixX^harré&clQiraverfé. 

Les  autres  divifions  de  ÏEcu  font  écanelé  ,  con- 
trécanelé ,  enahyme,  ôcc.  Voyez-les  à  leur  ordre. 
L'Ecu  de  France ,  d'Oileans  ,  Sic.  L'Ecu ,  ou  le 
Pannonceau ,  efl:  une  marque  de  la  médiocre  No- 
blelTcjqui  appartient  aux  Châtelains  &  auxEcuyers, 
au  lieu  que  la  5i2«/ii^/<;  ell  la  marque  de  la  haute 
Chevalerie.  Qn  trouve  des  marques  que  les  Bour- 
geois ont  porté  des  Ecus  il  y  a  plus  de  400  ans  ^ 
&  les  Marchands  en  font  en  ipoireilîon  même  en 
Allemagne.  Les  anciens  fc^J  étoient  ordinairement 
couchés  &  inclinés  j  mais  on  a  commencé  à  les 
dreflTer ,  quand  on  a  mis  au-delFus  des  couronnes. 
Les  Ecns  des  François  étoient  autrefois  triangulai- 
res ;  &  cen'eft  que  depuis  un  fiècle  qu'on  les  a  tait 
carrés ,  avec  une  petite  pointe  par  le  bas.  Les  Ef- 
pagnols  les  ont  tout-à-fait  arrondis  aufîi  par  le  bas. 
Ceux  des  Italiens  font  la  plupart  ovales,  &  ceux  des 
Allemands  en  cartouches.  l\  Menestrier.  Ce  font 
les  Ecus  des  Armoiries  ,  qui  ont  été  tranfportésfur 
certaines  monnoies  ,  auxquelles  elles  ont  donné  leur 
nom.  Voyez  ci-delfous. 

Écu  de  Cartier.  Vieux  mot  ,  qui  n'eft  plus  d'ufage.  On 
appeloitchantel,  ou  chanteau  ,  le  bas  d'un  fceau. 
Ecu  de  Cartier,  ou  en  chantel  jCarc'étoit  la  même 
chofe  :  c'étoit  un  Ecu  couché  Inr  le  côté  ,  tels  qu'on 
les  portoit  fur  le  bras  gauche. 

ÉCU.  (.  m.  Pièce  de  Monnoie  ,  ainfi  appelée,  parce 
qu'elle  eft  chargée  de  r;(.«  de  France  ,  de  l'écu  des 
Armoiries  de  nos  Rois.  Scutuin,  nuinmus,  numifma. 
L'Ecu  de  France  d'argent  vaut  d'ordinaire  foixante 
fous  :  c'eft  à  ce  prix  que  le  réduiient ,  en  comptant, 
toutes  les  autres  monnoies  d'or  &c  d'argent  :  c'ell  ce 
qu'fcn  appelle  ecu  blanc,  &  qui  ell  ,  à  quelque  cho- 
ie près  ,  la  même  chofe  qu'un  patagon  ,  une  réc/e  , 
ou  pièce  de  huit,  une  rkhedul/e.  En  1641  ,  le  Roi 
ordonna  la  fabrication  d'une  nouvelle  monnoie 
d'argent  fous  le  nom  de  Louis  d'argent ,  ou  de  piè- 
ce de  foixante  fous.  C'eft  ce  qu'on  nomme  commu- 
nément écu  blanc.  Le  célèbre  Varin  en  avoir  fait  les 
coins:  ainfi  par- tout  où  il  eft  parlé  d'e'c^^ avant  16^1, 
il  faut  l'entendre  de  Vécu  d'or.  Voyez  les  divers 
changemens  du  poids,  de  la  valeur  &  delà  fabrique 
des  ecus  ,  dans  le  Traité  Hijlorique  des  Monnoies  de 
France  ,  par  M.  Le  Blanc.  On  a  augmenté  de  temps 
en  temps  le  prix  de  Vécu.  En  1701  ,  au  mois  de 
Juillet ,  Vécu  blanc  valoit  76  fous.  Il  y  a  aulîi  des 
ecus  de  iix  francs.  Henri  III.  ordonna  en  1 577.  que 
l'on  compteroit  par  écus  ^  mais  Henri  IV,  vingt 
ans  après,  rétablit  le  compte  par  livres.LE  Gendre. 

Écu  d'or  j  eft  une  monnoie  d'or  qui  a  eu  diverfes  va- 
leurs félon  les  temps.  Il  a  valu  le  plus  ordinaire- 
ment 114  fous  j  &  le  demi'écu  d'or  57  fous.  On 
.  n'en  voir  plus  maintenant.  Il  doit  être  du  poids  de 
deux  deniers  quinze  giains.  Il  y  en  a  17  &  demi  au 
marc.  Ils  font  au  titre  de  13  carats,  au  remède  d'un 
quart  de  carat.  Sous  Charles  VI.  on  fit  des  écus  d'or 
couronnés ,  on  écus  à  la  couronne  ,  qui'  valoienc  it 
fous  G  deniers.  On  les  appeloit  ainfi  ,  à  caufe  de  la 
couronne  qui  étoit  fur  Vécu.  Nous  les  appelons 
communément  écus  d'or.  Quelques  Auteurs  de  ce 
remps-li  les  nomment  fimplement  couronnes,  ou 
couronnes  de  France  :,  ôc  ceux  qui  écrivent  en  Latin, 
coronati.  Cette  monnoie  fut  commencée  en  1384. 
au  mois  de  Mars.  Elle  étoit  d'or  fin  ,  &  pefoit  trois 
deniers  quatre  grains.  Ils  valoient  22  fous.  Char- 
les VI.  en  fit  beaucoup  faire  \  ils  étoient  d'or  fin  , 
&  de  foixante  au  marc  :  ils  chmgèrent  enfuite  fou- 
lent de  poids  ^  &  les  moindres  qui  furent  faits 
pendant  ce  résine  ,  furent  à  1 5  carats  ,  &  de  67  au 
marc  ;  &  enfin  ,  l'an  1411  ,  la  dernière  année  de 
Charles  VI.  ils  étoient  d'or  fin  ,  &  de  66  au  marc. 
Sous  Charles  VII.  ils  changèrent  fouvent  de  poids 
&  de  titre,  Se  on  en  fit  qui  n'ctoienc  qu'à  16  ca- 
rats -y  mais  l'an  i.\^y6.  il  les  fit  faire  d'or  fin  ,  &  de 
"70  au  marc,  valant  25  fous  pièce.  Depuis  ce  temps- 
U  911  ne  s'écarta  guère  de  ce  poids  j  ni  de  ce  titre  ; 


E  eu 

&  l'an  1455.  ils  étoient  à  25  carats  &  f  ,  &  de  71 
au  marc,  valant  27  fous  la  pièce.  En  147 3. Louis  XI. 
les  fit  faire  de  72  au  marc.  Le  Blanc. 

On  fit  aulli  des  écus  heaumes  ,  ainfi  nommés  à 
caufe  du  heaume  ,  ou  cafque  qui  eft  fur  Vccu.  C'eft 
encore  Charles  VI.  qui  les  fit  Laue.  Cette  monnoie 
étoit  plus  pefante  que  les  écus  couronnés  ;  car  elle 
étoit  de  4^)  au  marc  ;  mais  elle  n'étoit  qu'à  22  ca- 
rats. On  fit  peu  de  cette  monnoie.  Le  Blanc 

Ecu  d'or  au  Soleil ,  eft  une  monnoie  que  Louis  XL  fie 
faire  l'an  1475.  Les  écus  d'or  au  Soleil  furent  ainlî 
nommés,  parce  qu'au  deftlis  de  la  couronne  il  y 
avoit  un  petit  foleil  à  huit  racs.  Ils  étoient  de  même 
titre  que  ceux  qu'on  appeloit  fimplement  à  la  cou- 
ronne j  mais  ils  étaient  un  peu  plus  pefans  j  &  de 
70  au  marc.  Charles  VIII.  fit  Ltue  des  écus  d'or  à 
la  couronne  &  nu  foleil,  de  même  titre  &  de  même 
poids  que  fonpère  ^  &  palfé  ce  règne  ,  on  ne  fit  plus 
que  des  ecus  d'or  au  foleil.  François  I.  aftoiblit  un 
peu  le  poids  &  le  titre  des  écus  au  foleil  j  mais  ils 
furent  prefque  toujours  à  23  carats,  &  de  71  &  i 
au  marc.  Sous  Charles  IX  ,  Henri  III  ,  Henri  IV, 
Louis  XIII.  &  Louis  XlVjà  23  carats^Sc  72  Scdemi 
au  marc.  Ainfi  ^  depuis  145  5,  les  écus  a'or  om  très- 
peu  changé  de  poids  &  de  titre  ,  mais  fouvent  de 
prix  J  puiiqu'alors  ils  ne  valoient  que  27  fous  j  &  , 
en  1690,  près  de  6  liv.  Le  Blanc. 

Ecu-soL.  f.  m.  Nom  de  monnoie  ancienne.  C'étoit  le 
fou  J  ancienne  nionnjie  d'or  j  fi  peu  différente  de 
l'ancien  poids  ,  &  du  premier  prix  des  écus  d'or  de 
France  ,  qu'elle  en  a  tiré  le  non\d^écu  fol,  Chorier, 
T.  I.  p.  4S9.  Ainfi  ce  mot  d'ecu-fol  ne  vient  pas  à 
J'oie  J  comme  croit  Bodin  avec  le  vulgaire  ,  mais  à 
folido  J  comme  prouve  Fréhérus.  Le  Blanc  eft  ce- 
pendant encore  du  fentimentde  Bodin, p.  305.  dans 
Louis  XL  On  faifoit  autrefois  toutes  les  conftitu- 
tions  de  rente,  &  les  eftimations  en  écu  d'or  fol. 
Ylécu-fol  doit  pefer  deux  deniers  quatre  grains.  Vi- 
cutikKEfur  Tite-Li\'e ,  T.  I. p.  1501. 

Sous  Louis  XII.  on  a  battu  des  écus  au  porc-épi.  Il 
y  en  avoit  deux  qui  fervoient  de  fupports  à  Vécu.  Ils 
ne  différoient  que  par-là  des  écus  d'or  au  foleil  :  ce 
qui  leur  fit  donner  le  nom  d'écus  au  porc-épi. 

Du  temps  de  François  I.  on  fabriqua  des  écus 
d'or  à  la  Jalamandre  ,  où  il  y  avoit  deux  falaman- 
dres  à  côté  de  Vécu.  Le  prix  de  ces  écus  variait  feloa 
les  diverfes  conjon6l:ures. 

Ecu  d'or  ,  ou  Denier  d'or  à  F  écu  ,  étoit  une  monnoie 
qui  eut  grand  cours  fous  Philippe  de  Valois  &C 
Jean  I.  L'ecu  étoit  femé  de  fleurs-de-lis  fans  nom- 
bre ,  que  le  Roi  tient  de  la  main  gauche ,  ce 
qui  fut  caufe  qu'on  appelacette  monnoie  denier ^ 
ou  florin  à  Vécu.  Dans  la  fuite  ils  furent  nommés 
écus  vieils  ,  pour  les  diftinguer  des  écus  d'or  à  la 
couronne  ,  &  des  écus  d'or  au  foleil.  On  a  cru  que 
Philippe  de  Valois  étoit  l'Auteur  de  ces  écus-^  mais 
le  Blanc  a  montré  ,  dans  fon  Traité  des  Monnoies  , 
à  Louis  VII.  que  cette  monnoie  avoir  commencé 
avant  Philippe.  Sous  ce  Prince  ils  comiiiencèrent  le 
premier  de  Février  i5  3<î.  Ils  étoient  aucommence- 
ment  d'or  fin,  &  on  les  z'pçeloïK  écus  premiers.  En 
1 547.  ils  n'étoient  qu'à  23  carats ,  &  on  les  nomma 
écus  deuxièmes.  On  affoiblit  encore  le  titre  de  cette 
monnoie  ,  de  forte  que  j  fur  la  fin  du  règne  de  Phi- 
lippe de  Valois,  ils  n'étoient  qu'à  21  carars.  Eni  539. 
le  Roi  d'Angleterre  fit  faire  une  monnoie  fembla- 
ble.  Le  Blanc,  f'^oyei  encore  Boizard  ,  Traité  des 
Monnoies  ,  P.  I.  C.  30. 

Écu  d'or  a  la  croisette.  Le  peuple  nomma  ainfi 

fous  François  I.  les  écus  d'or  au  foleil  que  ce  Prince 

fit  fabriquer,  &  qui  avoient  une  petite  croix  carrée. 

On  a  difcontinué  de  faire  des  écus  d'or  en  France 

depuis  1^55.  Le  Blanc. 

Il  y  a  un  écu  d'or  que  le  Prince  de  Condé  fir  frap- 
per pendanr  les  guerres  des  Huguenots  j  &  fur  le- 
quel il  fit  mettre  cette  infcription,  LudovicusXIII. 
Dei  gratia  Francorum  Rex  primus  Christia- 
Nus.  Brantôme  ,  Sponde ,  &  le  Blanc  ,  en  parlent 
fous  Charles  IX.  Il  eft  très-rare. 


ECU 

Écu  d'or  d'Estampe  j  ou  di  Jlampa.  C'cfl  une  mon- 
noie  de  compte,  donc  on  fe  1ère  à  Rome  poui  te- 
nir les  livres. 

Écu  de  Campagne.  Ce  font  quinze  francs  de  l'uftenfile 
des  cent  cinquante  jours  du  quartier  d'hiver  du  Ca- 
valier ,  qij'on  lui  dillribue  en  cinq  paieniens  cgiuXj 
en  entrant  en  campagne  ,  &  avant  que  d'en  fortir. 
Un  million  d'or ,  c'ellun  million  à'ccus  ,  ou  trois 
millions  de  livres.  Un  millier  à'ccus  ^  c'eft  mille 
écus  ,  ou  trois  mille  livres.  Quand  les  Médecins  or- 
donnent le  poids  d'un  ccu  de  quelque  drogue  ,  on 
entend  le  poids  d'un  écu  d'or,  qui  ell  une  dragme.. 
En  L?iûn  Jcuru.'Ji  &  fcutatuni  auicum. 

On  appelle  écus  fables  ,  de  faux  écus  jetés  en  fa- 
ble ;  des  écus  fourrés ,  ceux  où  l'on  a  mêlé  au  mi- 
lieu quelque  autre  matière ,  en  forte  qu'il  n'y  ait 
qu'une  petite  plaque  d'argent  très  -  mince  qui  la 
couvre. 

Quand' écu,  a  été  une  monnoie  d'argent  ci-de- 
vant fort  en  vogue  ,  qui  valoir  le  quart  d'un  écu  ,  ou 
l^  fous  j  &j  comme  elle  fut  depuis  haulfce  à  i6 
fous,  cek  introQuific  le  nom  à'ecus  quart,  parce 
qu'un  écu  étant  payé  en  quarts  d'écu  valoir  64  l'ous  \ 
éc  à  caufe  que  les  épices  des  Juges  fe  payoient  en 
quarts  d'écus  ,  on  a  confervé  cette  évaluation  juf- 
qu'à  préfentj  de  forte  qu'en  quelque  monnoie  qu'on 
les  paie  ,  les  écus  d'épices  valent  trois  livres  quatre 
fous ,  ou  écus  quarts. 

DïMi-Qu.'VRT-D'Ecu.f.  m.  Pièce  de  monnoie  valante 
pefant  la  moitié  d'un  quart  d'écu.  Acad.Fr. 

Écu  de  So'oieski,  en  Alkonomie.  Conltellation  ficuée 
entre  Ophiucus  &  Antinous. 

Écu  ,  fe  prend,  dans  le  ftyle  familier,  pour  argent  ^y  ri- 
chcjjes.  Dans  ce  fens  c'ell  un  mot  général  ,  qui  ne 
marque  point  cette  efpèce  de  monnoie  qu'on  ap- 
pelle proprement  eVtf ,  mais  de  l'argent  compfant. 
Cec  avare  a  bien  des  écus ,  amafife  bien  des  écus. 

Et,croyantfon  grand  cceur^  à  pleines  mains  verfoit 

Et  les  écus  ,  (S" /ej  piftoles  , 
Sur  ceu.x  défis  fujcts  que  le  fort  maltraitait. 

Mlle  L'HÉRITIER. 

C'eft  en  ce  fens  qu'on  emploie  le  mot  â!écu  dans 
les exprelfions  proverbiales  qui  vont  fuivre. 

Ou  dit ,  proverbialement,  qu'un  homme  n'a  pas 
vaillant  un  quart  dVcu  j  pour  dire  ,  qu'il  n'a  point 
de  bien.  On  dicj  au  contraire  ,  qu'un  homme  eft  le 
père  auxâiii-  ,  qu'il  a  des  écus  moifis  ;  pour  dire  , 
que  c'eft  un  riche  avare  ,  qui  a  bien  de  l'argent  ca- 
ché. On  dit  aulli ,  qu'il  a  des  ecus  à  remuer  à  la 
pelle.  On  dit  encore  ,  vieux  amis  &  vieux  écus.  On 
dit  aulli ,  de  ceux  quifurviennent  en  une  compagnie 
&c  qu'on  n'attendoit  pas ,  Voilà  le  reftede  1'/«.  Cela 
ne  lui  fait  pas  plus  de  peur  qu'un  écu  à  un  Avocat. 

ÉCUAGE.  f.  m.  Terme  de  Coutume.  C'eft  un  droit 
ou  fervice  de  Chevalier  j  que  dans  les  vieux  titres 
on  zppeWsfervitiurnfcuti.  Il  lignifie  auili  le  droit  que 
l'on  paie  pour  s'exempter  du  fervice,  ou  pour  faire 
fervir  un  autre  à  fa  place.  Munus  clientelare  ,  cquef- 
tris  opéra. 

ÉCUBIERS  ,  ou  ÊCOBANS.f.m.  pi.  Terme  de  Ma- 
nne. Ce  font  les  trous  par  où  palfent  les  cables  des 
vaifteaux  ,  &  particulièrement  ceux  qui  font  vers 
l'avant  à  bâbord  &  à  ftribord,  qui  fervent  à  mouil- 
ler &  à  filer  le  câble.  A  Marfeille  on  les  appelle  œZ/j. 
Oculi. 

ÉCUEIL.  f.  m.  Rocher  qui  eft  dans  la  mer ,  &  con- 
tre lequel  un  vaiiïeau  fe  peut  brifer.  Scouulus  ,  ru- 
pes.  Cet  écueil  eft  dangereux  ,  il  eft  à-Heur-d'eau. 
La  mer  des  Maldives  eft  dangereufe ,  elle  eft  toute 
pleine  à'ecueds.  On  le  dit  aulli  des  bancs  de  fable 
qui  font  repréfentés  dans  des  cartes  avec  des  poin- 
tes. Voye-[  Banc. 

Ce  mot  vient  àzfcoglio  j  ou  de  fcolium  ,  terme 
de  la  balfe  Latinité,  ou  plutôt  de  fcopulus  ,  com- 
me œil  de  oculus.  M.  Huet  dérive  le  mot  François , 
écueil,  &  le  mot  Italien ycc^/ioj  du  mot  Hébreu  hyja 
fccûl. 


ECU  J71 

Écotii,  fe  dit,  figurément,  des  chofes  dangereufes  qui 
peuvent  faire  luccomber  la  vertu  ,  ou  ruiner  quel- 
que dellein.  Le  monde  eft  une  mer  pleine  à'écucils. 
La  haine  &  la  flatterie  font  des  écueils  où  la  vérité 
fait  naufrage.  De  la  Rochlf.  L'amour  &  l'ambi- 
tion font  des  écueils  où  la  plupart  des  femmes  fc 
perdent.  Vasconcelle.  La  beauté  a  fouvent  été  \é~ 
cueil  de  la  fagellè  la  plus  auftère.  S.  Evr.  Les  Philo- 
fophes  ont  eux-mêmes  quelquefois  fait  naufrage 
contre  \ccueil  qu'ils  avoient  montré  aux  autres.  Les 
Sroiciens  prétendenr  que  i'ame  du  Sage  doit  ctie 
ïecueil  de  toutes  les  pallions.  Vill.  Si  le  zèle  fervent 
foutient  les  vertus,  il  en  elè  aulli  trcs-iouvent  Xecueïl. 
De  Vill.  Il  eft  difficile  de  fauver  fa  vertu  des  écue'ds 
de  la  Cour. 

ECUELLE.  f  f.  Pièce  de  vaiflelle  qui  fert  d'ordinaire 
à  prendre  un  bouillon ,  ou  à  préparer  du  potage  pour 
quelqu'un  en  particulier.  Scutella.  On  fait  des 
écuelles  d'argent  j  de  vermeil  doréj  d'érain  ,  de 
faïance,  de  bois,  <5>:c.  Quand  on  dit  laver  lesia/^/- 
les  ,  ce  mot  comprend  alors  toutes  fortes  de  vaif- 
felles. 

Laveufe  ^écuelles.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  une 
fervante  de  peine  ,  qu'on  emploie  ordinairement 
daiK  la  cuifîne  à  laver  la  vailfelle,  &:  à  quelque  autre 
grolfe  befogne. 

Ce  mot  vient  èiifcutclla ^  parce  qu'elle  éroit  cren- 
fée  en  forme  de  bouclier.  NicoT.  Borel  le  dérive  de 
efculus,  qui  eft  une  efpèce  de  chêne  ,  parce  que  les 
premières  ont  été  faites  de  ce  bois ,  qui  eft  moins 
lujet  à  fe  fendre  que  les  autres.  Il  vient  plutôt  du 
langage  Celtique,  ou  Bas-Breton  ,  où/»i/e/ figni- 
fie  écuelie  ,   S^fcudella  ,    une  écuelléc. 

EcuELLE  ,  dans  les  anciens  titres  j  en  Latin  fcutella  , 
fe  prend  pour  le  droirs  des  p.xuvres  dans  les  biens 
du  Roi,  en  forme  de  denier  à  Dieu  ,  &  d'aumône. 
Hugues  Capst  accorda  l'efcutelle  ou  écuelle  aux  pau- 
vres de  Poiiry  &:  de  Gambais.  Louis  le  jeune  permit 
l'an  1 173  aux  pauvres  infirmes  de  Corbeil  de  pren- 
dre le  droit  à! écuelle.  Scutcllam  in  omnibus  appcndi~ 
cils  ipfius  cajtri  j  &  de  omni  re  ,  quod  ad  illcrum 
ufum  pertinet  &  in  Dci  ,  £■  in  noflra  manu  eji.  Reg. 
des  Chartres  du  Roi.  (37.  a6f.  41S5.  &  c'eft  peut-être 
de -là  que  les  Archers  des  pauvres  lont  encore  au- 
jourd'hui appelés  Archers  de  Xécuelle.  Ce  font  ceux 
qui  font  chargés  de  prendre  les  niendians,  &  de  les 
mener  à  l'hôpital. 

Ecuelle,  fe  dit,  en  termes  de  Marine,  d'une  plaqus 
de  fer ,  fur  laquelle  tourne  le  pivot  du  cabeftan  d'un 
vaifTeau. 

Écuelle,  fe  dit,  proverbialement,  en  ces  phrafes. 
Quand  on  s'attend  à  Yécueilc  d'autrui,  foUvent  on 
dîne  mal.  On  dit  aulli  que  dans  une  maifon  il  n'y  a 
ni  pot-aufeu ,  ni  écuelles  lavées ,  pour  dire  que  tout 
y  eft  en  défordre^qu'il  n'y  a  rien  de  prêt  pour  le  dîner. 
On  dit  auflî ,  qu'on  y  a  mis  tout  par  écuelles;  pouC 
dire  qu'on  y  a  fait  une  grande  chère  ,  qu'on  n'a  rien 
épargné.  On  dit  encore ,  d'un  homme  fale  &  mal 
mis ,  qu'il  eft  propre  comme  une  écuelle  à  chat.  On 
dit  qu'on  a  rogné  fon  écuelle ,  pour  dire  qu'on  lui  .x 
retranché  fes  gages ,  fes  appointcmens  ,  ia  fubfif- 
tance.  On  dit  aulîi  ,de  celui  qui  a  beaucoup  héiité, 
qu'il  a  bien  plu  dans  fon  <.'tae//c. 

Écuelle  d'eau,  f.  f.  C'eft  la  plante  qu'on  appelle 
umbilicus  venerisy  ou  cotylédon  aquatica  ,  ou  hydro- 
cotyle.  Plante  ombellifère  rampante,  &  qui  vient  au 
bord  de  l'eau  ,  ou  des  endroits  fort  humides.  Ses 
feuilles  font  de  la  figure  de  celles  du  Cotylédon  ,  un 
peu  moins  charnues ,  amères  au  goût,  &  foutenues 
par  des  queues  minces  ^  &  un  peu  velues.  Ses  fleurs 
naiiïent  ramalTées  en  bouquets  j  elles  font  compo- 
fées  de  cinq  petits  pétales  pointus  &  rougeâtres.  Le 
calice  qui  les  foutient  devient  un  fruit  qui  fe  divife 
en  deux  femences ,  comme  dans  les  ombeliifères. 
Marcgrave  fait  mention  d'une  efpèce  d'hydroco- 
tyle  qui  vient  dans  le  Brefil  ,  &  dont  les  Portugais 
font  cas  contre  le  venin.  Ils  la  nomment  Efva  do 
Capitaou. 

lÉCUELLEE.  i.î.  Ce  qui  eft  contenu,  ou  ce  qu;  peut 

C  c  t  c  ij 


172-  ECU 

contenir  une  écuelle.  Scutdla  ,  quantum  cap'u  fai- 
tella.  On  a  ordonné  à  ce  convalefcenc  de  prendre 
tous  les  matins  une  écuellée  de  laie. 

ÉCUIAGE,  ouÉCUYAGE.  f.f.  Terme  deJarifpru- 
dence.  Vieux  mot  qui  fe  trouve  dans  des  chartes  , 
des  CoutumeSj  &cc.  Il  lignitie  état,  condition,  fer- 
vice  d'Ecuyer.  Scutagtum ,  feryltumjcuû.  Tenir  une 
terre  par  ecuiage  ,  c'eft  la  tenir  de  fon  Seigneur,  à 
tonduion  de  lui  rendre  le  fecvice  de  Chevalier ,  & 
d'aller  en  guerre  avec  lui. 

§Cr  On  appeloit  au(li  ecuiage  un  droit  en  argent 
que  le  Valfal  payoit  à  fon  Seigneur  pour  s'exempter 
du  fervice  Militaire. 

ECU  1ER.  Voye^  ECUYER. 

ECUISSER.  V.  a.  Terme  des  Eaux  &  Forêts,  qui  fe 
dit  des  arbres  qu'on  éclate  en  les  abattant.  Ajjula- 
tim  frangcrc ,  finiae.  L'Ordonnance  veut  qu'on 
abatte  les  bois  à  coups  de  coignée  à-fleur-de- terre , 
fans  les  écutjjer^  ni  éclater. 

ÉCUISSE  ,  EE.  part. 

ECQLER.  V.  a.  Corrompre  fa  chaulTure  par  le  der- 
rière ,  en  forte  que  les  quartiers  s'abailFent,  &  dé- 
bordent fur  le  talon.  Rabelais  met  entre  les  plailiis 
&  les  jeux  de  Pantagruel,  à'écuUr  fes  fouliers.  On 
difoit  en  ce  temps-là  acculer.  Il  eft  auffi  réciproque. 
Un  foulier  trop  périt  sécule  facilement. 

ÉcuLÉ,  ÉE.part.  Souliers  eWeV.    Bottes  éculées. 

ECULOF.  i.  m.  Ternie  de  Cirier.  Efpèce  de  grande 
écuelle  de  ter  blanc  ,  dont  on  fe  fert  dans  le  blan- 
chi lEige  des  cireSj  pour  porter  la  cire  dans  les  moules. 

ÉCUME,  f.  f.  Efpcoe  de  moulfe  blanchâtre  ;  alfem- 
blage  de  petites  bulles  blanches,  &  légères ,  qui 
fe  forment  &  fuinagent  fur  l'eau,  ou  fur  cjuelqu'au- 
tre  liqueur  agitée  ou  échauffée.  Spuma.  Pendant  la 
tempête  ,  on  voit  beaucoup  d'e'cume  fur  les  flots  & 
fut  les  rivages.  Les  Poètes  feignent  que  Venus  eft 
née  de  Ve'cume  de  la  mer.  Après  une  grande  agita- 
tion, la  mer  eft  toute  blanchiffante  d'écume.  Bouh. 
Faire  de  l'écume  j  s'appelle  moulfer.  Il  faut  que  le 
chocolat  mou(Jé  beaucoup,  c'eft-à-dire,  flrlfe  de 
l'écume,  étant  battu  &  remué.  La  meilleure  bière 
eft  celle  qui  fait  beaucoup  d'écume  j  qui  moullc 
beaucoup. 

Le  vent  avec  fureur  dans  les  voiles  frémit. 
La  mer  blanchit  d'écumQ  ,  &  l'air  au  loin  gémit. 

BoiL. 
Ce  mot  vient  du  Lann  fpuma.  M  en. 

Ecume  ,  fe  dit  audl  des  impuretés  qui  s'élèvent  fut  la 
furface  du  corps  liquide  bouillant,  par  le  moyen  du 
mouvement  que  leur  donne  la  chaleur.  Il  faut  ôter 
\'écumed\i  pot  ,  quand  il  commence  à  bouillir.  Le 
fucre  jette  beaucoup  d'écume.  On  lève  Yécume  des 
firops  &  des  confitures. 

Écume  ,  fe  dit  aufti  de  la  b.ave  de  quelques  animaux  , 
quand  ils  font  échauffés.  Ce  n'eft  autre  chofe  que  la 
falive  fortement  expt imée  des  glandes  deftinées  à  la 
filtrer  ,  dans  laquelle  l'air  forme  quantité  de  petites 
bulles.  Quand  cet  homme  eft  en  colère  ,  \'ccume\-M 
fort  de  la  bouche.  C'eft  un  bon  figne  .à  un  cheval, 
quand  fon  mors  eft  toujours  plein  dîécume.  Frena 
jerpx  fpumantia  maniit. 

UCT  Écume,  fe  dit  aulîi  de  la  fueur  qui  s'amaflTe  fur 
le  corps  du  cheval.  Cheval  tout  couvert  èiécume. 

L'Ecume  de  mer  eft  une  compofition  qu'on  trouve 
autour  des  plantés  qui  croilfent  dans  la  mer.  Il  s'en 
trouve  auOi  dans  les  marais  falés ,  auprès  des  rofeaux 
&  des  autres  arbres.  On  appelle  l'écume  de  mcr^,  al- 
cyonium,  parce  que  les  oifeaux  nommés  alcyons  font 
leur  nid  fur  l'amas  de  cette  écume  qui  flotte  fur  la 
mer.  Selon  Diofcoride,  il  y  en  a  de  cinq  fortes  \  une 
qui  eft  verte ,  pefante,  reltemblante  à  une  éponge  , 
âpre  au  goût  &  d'odeur  de  poiffon  ,  une  autre 
qui  elt  auflî  femblable  à  une  éponge  ,  mais 
caverneufe  &  légère  ,  approchant  de  Todeur 
de  la  moufTe  de  mer,  dite  alga  :  la  troillème  eft 
faite  comme  de  petits  vers  ;  mais  elle  eft  plus  rouge 
que  les  auttes  ;  c'eft  celle  qu'oii  appelle  alcyomum 
Mylejianum  ;  la  quatrième  refTemble  à  la  laine;  mais 


ECU 

elle  eft  fort  légère,  elle  a  plufieurs  cavités  5  &  la  cin- 
quième eft  f.iite  en  façon  de  champignons,  &  n'a 
aucune  odeur. 

Ceux  qui  pèchent ,  ou  qui  fe  baignent  dans  la 
mer  (  des  Antill.s)  font  quelquefois  accueillis  d'une 
certaine  écume  qui  flotte  au  gré  du  vfent,  comme 
une  petite  veflîe  couleur  de  pourpre  j  de  différente 
figure  j  6C  agréable  à  voir  :  mais,  à  quelque  partie 
du  corps  qu'elle  s'attache,  elle  y  caufe  en  un  inltant 
unt;  trcs-ieniible  douljur ,  qui  eft  brillante  &  pi- 
quante. Le  remède  le  plus  prompt  pour  l'appaifer , 
eft  de  frotter  la  partie  oftenfée  avec  de  l'huile  de 
noix  d'Acajou ,  mêlée  avec  un  peu  de  bonne  eau  de- 
vie.  De  Poincy  ,  HijL  Nat.  dts  Ant.  C.  XXIV. 
Art.  S. 

IJCT  Ecumes  printanières.  On  donne  ce  nom  dans  les 
campagnes  à  ce  qu'on  appelle  plus  communément 
chevelure  de  Vénus.  C  tft  une  efpèce  de  fil  blanc 
&  long  ,  que  l'on  voit ,  dans  les  temps  chauds ,  vol- 
tiger au  gré  des  vents ,  &  s'attacher  aux  branches 
d'aibres.  Quelques  exhalaifons  grollières  compo- 
lent,  en  fe  réuniifant,  ces  fortes  de  filamens. 

\J écume  d'argent,  n'eft  autre  chofe  que  la  litharge 
d'argent.  Foye-/;^  LITI-I'ARGE. 

L  écume  de  plomb  eft  une  fumée  que  jette  le  plomb, 
quand  on  verie  de  l'eau  froide  delTus,  lorfqu'il  e(î 
fondu  &:  encore  chaud.  On  la  recueille  fur  une  pla- 
tine de  fer.  Diofcoride  dit  qu'elle  elt  fort  maflive  , 
jaunâtre ,  &  luilante  comme  verre  ,  mal-aifée  à 
rompre,  &  qu'elle  reffemble  fouvent  à  de  l'émail 
varié  de  différentes  lignes  &  couleurs. 

Les  Ouvriers  appellent  aulîi  mâchefer^  l'écume 
de  fer.  Ecume  de  iel  &  de  nitre-  Voye^i  SEL  SC 
NITRE. 

Écume,  f.  f.  Terme  de  Bonneteur.  Dé  dont  on  a 
abatu  les  côtés  d'un  des  plans  ,  &c  qui  par-là  ne  peut 
prefque  plus  s'arrêter  fur  ce  côté-là ,  parce  que  le 
milieu  eft  un  peu  élevé,  &  comme  un  peu  arrondi, 
l'ejjera  luforia  ex  unâ  parte  tantifper  rotundata.  Ce 
Bonneteur  enleva  les  bons  dés,  &  fubftitua  adroite- 
ment des  écumes. 

ÉCLT'vIÉNIQUE.  Quelques  modernes  écrivent  ainfi. 
Foye^^  ŒCUMÉNIQUE. 

ÉCUMER.  V.  n.  Jetet  de  l'écume.  Spumare.  Le  vin  , 
la  bière,  &  tout  autre  liqueur  qui  fermente  ,  écume. 
Le  pot  a  écume  toi\t  feul  ,  c'eft-à-dire  ,  il  n'y  aper- 
fonne  qui  ait  eu  foin  d'en  tirer  l'écume.  Le  miel 
eV«we  beaucoup.  On  dit,  d'un  homme  fort  en  colère, 
il   écume  comme  un  verrat.   La  met  écum.e  quand 


elle  eft  agitce. 


Écumer  ,  eft  aulîi  aébif  ,  &  fignifie  ,  généralement , 
ôter  l'écume  de  ce  qui  bout  fur  le  feu  ;  les  impure- 
tés qui  fe  font  féparées  pat  l'ébullition  ,  &  qui  font 
repoullées  vers  la  furface  d'un  liquide.  Defpumaie , 
exfpumare ,  fpumam  excernere.  Ecumer  le  pot,  des 
confitures  ,  un  firop. 

On  dit ,  figurément  Sc  familièrement  ,  d'un 
parafite ,  d'un  écornifleur ,  qu'il  va  écumer  les  mar- 
mites. 

Écumer,  en  terme  de  Fauconnerie,  fe  dit  quand 
l'oifeau  palIe  fur  le  leurre,  ou  fur  la  proie  fans  s'ar- 
rêter. Ecumer  la  remife  ,  c'eft  quand  il  pafte  fur  la 
perdrix,  qu'il  a  poufTce  dans  le  builTtin.  Il  fe  dit  aufli 
quand  l'oifeau  épie  le  gibier  que  les  chiens  lèvent 
pour  courir  defTus. 

Écumer  ,  Terme  de  Marine  j  fignifie  pirater,  volet 
fur  la  mer.  Faclitare  piraticam ,  latroclnlum  mariti- 
mum  exerccre.  Les  Corfaires  d'Alger  vont  écumer 
les  mers  du  Ponant ,  du  Levant.  Les  Corfiires  ne 
ceffoient  d'écumertomes  les  côtes  ,  &  de  faire  mille 
ravages.  Vaug.  Foy.  PIRATER. 

Écumer  ,  fe  trouve,  en  quelques  Auteurs ,  dans  une 
fignihcation  aétive  ;  pour  dire  exhaler ,  faij'e  écla- 
ter. Malherbe  s'en  eft  fervi  :  Racan  a  dit  ^  les  flots 
en  écumant  leur  rage.  Et  Mainard ,  le  Pô  écume  fa 
fureur.  Ces  exemples  ne  font  pas  à  imiter. 

Écumer  ,  fe  dit ,  figurément ,  en  chofcs  morales, 
pour  dire  prendre  le  meilleur  d'une  affaire,  extraire 
ce  qu'il  y  a  de  bon  dans  les  livres,  &  fe  l'appliquer  ; 


ECU 

prendre  ç'à  iS:  là  ce  qu'il  y  a  de  meilleur.  Ecumer 
un  héritage  \   écumer  des  nouvelles. 

ÉcuMER.  Terme  de  Boiiiiuceur.  tcumer  des  dés,  c'eft 
abattre  les  côtes  d'un  des  plans ,  enforte  que  le  mi- 
lien  refte  un  peu  élevé  ,  &c  que  le  dé  ne  demeure 
que  difficilement  fur  ce  côté-là.  TeJJera  iuforU  ja- 
dem  unam  unâjper  rocundare. 

ÉcuMH,  EE.  part.  &  adj.  tLxpuinatus  ^  defpumatus . 

EGUMEUR.  f.  m.  Qui  écume.  Il  n  eft  point  d'ufage 
au  propre.  On  dit  y  au  figuré  ,  un  Ecumeur  de  mar- 
mites. Paraficus.  Un  Etu.ncur  as  mer.  Pirata  ^  ma- 
ridmus  pr&do.  Un  hiumcur  de  mer  eft  pendu,  s'il  eft 
pris,  y  oy.  PIRATE.  M.  Ménage  appelle  Ecumeur  s 
de  Mercuriales,  ceux  qui  alloient  quelquefois  chez 
lui  aux  aif.-mbléts  qui  s'y  tenoient  le  mercredi ,  pour 
voir  ce  qui  s'y  tailoit 

ÉCUMEUX  ,  EusE.  adj.  Qui  jette  de  l'écume,  qui  eft 
plein  d'écume.  Spumajus^  jpumeus,  fpumà  diffluens. 
Flots  écumeu.x.  Ce  cheval  a  la  bouche  écumeufe.  Ce 
mot  eft  plus  propre  dans  la  Pocfie  que  dans  la  Profe. 

Du  Rhin  fend  les  Jiois  écumeux.  BoiL. 

Jamais  du  Thermodon  le  rivage  écumeux 

Ne  vit  tant  de  hauts  Jaits.  Mén. 

Un  ruijfeau  d'une  onde  pure , 

Serpentant  au  milieu  des  prés  , 

Plaît  plus  à  nos  yeux  charmés 

Cent  fois  que  l'onde  écumeufe 

D'une  rivière  orguedUufc  Rec.  de  Vers. 

Le  Tigre  écumeux  &  bruyant.  P.  Le  Moine. 

ÉCUMOIRE.  f.  f.  Uftenfile  de  cuifme  qui  fert  à 
écumer.  CochUare  eximend^  fp  im&  ,  fpumatorium. 
C'eft  une  efpèce  de  cuillier  percée  de  plufieurs  pe- 
tits trous.  |Cr  Plufieurs  Ouvriers  fe  fervent  d'un 
uftenlîle  A-peu-près  feinblable,  pour  enlever  les  ma- 
tières excrémentitielles  qui  furnagent  les  matières 
en  fufion  ,  &  celles  qu'on  f.iit  bouillir. 

ECURÉ  ,  comme  les  iiainte-Marthe,  dans  le  Gall. 
Chrijl.  r.  IV.  p.  357.  ou  ECUREY,  comme  or- 
thographie M.  Corneille  dans  fon  Dictionnaire 
Géographique  ,  Nom  de  lieu.  Efcureium.  C'eft  une 
Abbaye  de  l'Ordre  de  Cîteaux,  ïituée  dans  le  Duché 
de  Bar,  au  Diocèfe  de  Toul ,  fur  la  rivière  de  Saux  , 
à  une  demi-lieue  de  Monftiers,  du  côté  du  Nord,& 
à  quatre  lieues  au  midi  de  Bar  le-Duc.  L'Abbaye 
à'Ecuré  fut  fondée  le  18  Septembre  de  l'an  1 144  , 
parGodelroy  111=.  Baron  de  Joinville. 

EcuRÉE.  f  f.  Ou  appelle  à  Amfterdam  GuedafTe  dou- 
ble ecuréiy  la  meilleure  gravelle  qui  vienne  de  Caf- 
fube:ia  moindre  fe  nomme  limple  ecaree.  Voyelle 
Dicl.  du  Commerce. 

ÉCURER.  v.  a.  Detergere  j  mundare.  Nettoyer  la 
vailfelle,  batterie  de  cuifme,  &  autres  chofes  de 
cuivre  d'étain  ou  de  ter,  avec  de  la  lie  ,  du  grès , 
du  fablon ,  des  herbes ,  &  autres  chofes  convena- 
bles. On  lave  la  vailfelle  d'argent  avec  de  l'eau  de 
fon  j  mais  on  Vecurc  avec  de  la  cendre  de  foin ,  & 
non  pas  avec  du  grés  ou  du  lablon. 

EcuRER,  fe  dit  aullî  des  puits  que  l'on  e'cure ,  que  l'on 
nettoie  avec  la  drague  ,  &  autres  outils  propres  à 
cela.  Il  faut  cV«rer  ce  puir.  L'Académie  dit  curer  j 

,  &  il  paroît  que  c'eft  l'ufage  le  plus  général. 

EcuRER  le  chardon.  Terme  de  Manufacture  de  lai- 
nage, qui  lignifie  retirer  j  ou  ôter  la  bourre-lanilfe, 
qui  s'eft  fourrée  dans  des  bolfes  du  charbon  vif, 
dansletemps  que  l'Ouvrier  Laineur,  ou  Eplaigneur 
a  laine  l'étoffe  fur  la  perche.  Ce  qui  fe  fait  avec 
l'écurette. 

On  dit,  proverbialement  &  bairemenr ,  qu'il 
faut  aller  à  Pâques  ecurer  fon  chaudron  j  pour  dire 
nettoyer  fa  confcience  ,  aller  à  coiifelfe. 

Ce  mot  vient  à'cxcurare.  Men.  ou  de  exfcoriare  j 
c'cft-àdire,  ejcorias  auferre. 

EcuRÉ,  ée.  part.  &  adj.  Deterfus ,  purgarus ,  mundatus. 

^fJ"  ECURETTE.  f.  f.  Sorte  de  grattoir  dont  fe  fer- 


ECU  S7i 

veht  les  Facteurs  de  mufettes  pour  gratter  certains 
endroits  des  chalumeaux  &  des  bourdons.  Encyc. 

03"  ÉcuRETTE.  (Manufacture  de  lainage  )  Foyex 
ÉCURER. 

ÉCUREUIL,  f.m.  Quelques-uns  difentiBW/ea;  mais 
l'ufage  le  plus  commun  el't  pour  Ecureuil.  Petit  ani- 
mal fauvage ,  quadrupède  ,  qui  eft  fort  léger ,  qui 
faute  fur  les  arbres  de  branche  en  branche ,  qui  a 
une  longue  queue  garnie  de  grands  poils  j  qu'il  porte 
recourbée  fur  le  dos.  On  tient  que  c'eft  une  efpèce 
de  belette.  Quelques-uns  le  mettent  au  rang  des 
rats,  parce  qu'il  relfemble  tout -à-fait  à  la  fouris 
Pontique.  Sciurus.  L'Ecureuil  vit  de  pommes  j  de 
châtaignes,  de  noix,  de  noifettes.  Il  eft  d'ordi- 
dinaire  roux  ;  mais  en  Pologne  il  eft  gris  Se  roux  ; 
en  Rullie  j  de  couleur  de  cendre  ;  &  en  Podolie  il 
y  en  a  de  diverfes  couleurs  :  ceux  de  Laponie  chan- 
gent tous  les  ans  de  couleur,  &  de  roux  t^u'ils  font 
l'été  J  ils  deviennent  gris  l'hiver.  Il  a  la  marte  pour 
ennemie.  En  quelques  lieux  on  eftime  tort  la  chair 
d'Ecureuil  pour  manger. 

Ecureuil  de  Hollande.  L'on  donne  quelquefois  ce 
nom  au  petit  animal  plus  ordinairement  appelé  petit 
gris  ,  qui  fournit  une  forte  de  fourrure  fort  eftimée 
chez  les  Pelletiers. 

Ce  mot  vient  as  fcioriolus  ,  êàminvLii^  ào  fciurus  , 
qui  vient  du  Gï&crii.Uvfi>s^  compofé  de  h-kiu  ^  umbrJL 
&  de  ôuf*,  cauda  ,  parce  que  ce  petit  animal  fe  cou- 
vre prelque  tout  entier  de  fa  queue,  pour  fe  garantit 
desardeurs  dufoleil  :  elle  lui  fert  de  voile,  quand  il 
pailè  quelque  rivière  fur  une  écorce.  Guii..  Postel. 

JONSTON. 

ÉCUREUR  de  puits,  f.  m.  Purgator,  mundator.  Ou- 
vrier qui ,  avec  un  outil  qu'il  appelle  drague,  écure 
les  puits,  les  citernes,. &  vide  les  lieux.  On  dit 
plus  communément  Cureur  de  puits.  L'Académie 
même  met  le  mot  Cureur ,  &c  ne  met  point  celui 
d"Ecureur. 

ÉcuREUR  ,  eft  auflî  cliez  les  Eplaigneurs celui  qui  avec 
l'écurette  ôte  la  bourre  qui  eft  demeurée  de  la 
croix,  quand^-ona  reparé  le  drap. 

ÉCUREUSE.  f.  f.  Femme  qui  écure  la  vaiftelle  &  la 
batterie  de  cuifine.  Une  écureufe  doit  être  forte  , 
&  avoir  bon  bras. 

ÉCURIE,  f.  f.  Logement  des  chevaux,  ou  bâtin^nt 
en  longueur  au  raiz-de-chaulfée,  dont  l'aire  pour  la 
place  des  chevaux  eft  d'ordinaire  féparée  par  des  po- 
teaux &  des  barres  ;  un  peu  élevée  ,  &  en  pente.  La 
mangeoire  &  le  râtelier  en  occupent  la  longueur. 
Equile,equinum pr&fepe iflahulum.  Les  lieux  où  l'on 
met  des  animaux  ont  des  noms  particuliers  ;  ils 
s'appellent  écuries^  quand  ils  fervent  pour  chevaux, 
mulets ,  &c.  érables ,  quand  ils  ne  font  que  pour 
des  bœufs  ,  vaches ,  moutons ,  cochons ,  ^rc.  Se 
chenils  pour  les  chiens.  La  Quint.  Les  plus  belles 
écuries  font  voûtées.  Une  écurie  fmple  eft  celle  qui 
n'a  qu'un  rang  de  chevaux.  Une  écurie  double  ell 
éelle  qui  a  deux  rangs  de  chevaux  ,  .avec  'un  paftage 
au  milieu  ,  ou  avec  deux  palfages  ,  les  chevaux 
étant  tête  à  tête  ,  &  éclairés  en  croupe  ,  comme  la 
petite  écurie  de  Verfailles. 

On  comprend  quelquefois,  fous  le  nom  à'ecurie, 
les  logemens  des  Ecuyers  ,  P.rges ,  gens  de  livrées  , 
&c.  Chez  le  Roi  il  y  a  la  grande  &  la  petite  Ecurie. 
La  petite-Ciwri*^  a  été  tirée  de  la  grande:  elles  ne 
fiifoient  autrefois  qu'une  feule  Ecurie.  Dans  la 
grande  Ecurie  font  les  chevaux  de  guerre  &  de 
manège;  &  dans  la  petite  iTa^r/'e  font  les  chevaux 
defelle  &  de  carolfe  pour  le  Roi.  Des  Pages,  des 
Valets  de  pied  de  la  grande,  de  la  petite  Ecurie.  L'é- 
curie de  ce  Seigneur  eft  bien  garnie  de  chevaux. 

Ce  mot  vient  ds  fcuriu,  qui  a  fignifié  autrefois 
non-fjulement  un  lieu  où  on  retire  les  animaux, 
mais  encore  une  grange  où  l'on  bat  le  rrain.  Men. 
Ou  bien  du  latin  e^2^//e  ,  par  le  changement  de  1'/ 
en  r. 

Écurie  ,  fignifié  aufti  l'équipage  oui  marche  avec  le 
Roi.  Les  Ecuyers,  les  Pages  ,  les  gens  de  livrée  > 
les  chevaux,  les  carrofTt-s.'&c.  L'Ecurie  marche  en 


J74  ECU 

ce  voyage.  On  a  fait  partir  devant  V Ecurie.  Le  Txî:- 
[oxxtï  d^V Ecurie  paie  la  dépenle  des  Pages,  des 
gens  de  livrée-,  des  chevaux  ,  mulets,  carroires  i: 
charrois. 
ÉCUi>SON.  f.  m.  Terme  de  Blafon.  Ecu  chargé  d'Ar- 
moiries. Lawxulus  ,  tel/era  ^entilitijt.  ,Jcucum  minus. 
Il  ie  dit  particulièrement  d'un  petit  écu  ,  quand  ou 
-en  charge  un  plus  grand.  Un  écu[joii  en  abyme,  qui 
•eltleul  au  mUieu  d'un  Eca.  Une  croix  cantonnée 
de  quatre  ècuffons ,  &c.  Lqs  écujjons  en  Efpagne  font 
ronds  par  le  bas ,  au  lieu  qu'en  France  ils  fe  terini- 
«enc  par  une  petite  pointe. 

L'un  des  Capets  ,  pour  honorer  Jon  nom  , 
A  de  trois  fleurs  de  Lis  doréfon  écutron.  Boit. 

Éc  JssoN  ,  fe  difoit  autrefois  d'une  forte  d'écu  pointu 
par  en  bas ,  diffétentde  l'écu  catré  ,  que  les  Com- 
;     tes ,  les  Vicomtes  &  les  Barons  pouvoient  leuls  por- 
ter en  guerre  :  ceux  qui  étoient  d'un  rang  inférieur 
.    parmi  la  Noblelfe  portoient  Vécuffon. 
\,       Ce  mot  vient  du  Lziin  Jiutum. 
i:      Les  Ouvriers  appellent  aiilïî  <.'cu//ù«j, ces  platines 
de  fer  ou  d'autre  métal  ,  qui  fervent  à  orner  les 
•heurtoirs  des  portes,  les  boutons,  les  entrées  des 
ferrures,  &c. 
JÉcussoN,  en  termes  de  Jardinage  j  eft  une  manière 
dente  fort  commune  aux  Jardiniers.  ScucuLa,  em- 
^   plaftruin.  On  ne  tait  guète  que  deux  fortes  d'ente, 
en  fente  &  en  ecufon.  Voye^  Ecussonner.  A  pro- 
prement parler  ,    l'écujjon  n'eft  point  la  manière 
d'ente,  mais  c'eft  un  oeil  levé  de  dsfTus  une  bran- 
che de  l'année  ,  à  l'aide  d'un  petit  couteau  qu'on 
appelle  éculTonnoit.  Cet  œil  fe  lève  en  formant  une 
efpèce  de  triangle,  au  milieu  duquel  ell  l'œil ,  & 
<]ont  la  pointe  ett  toujours   en  bas  ;   ou  bien  cet 
écujjon  fe  lève  en  coupant  l'écorce  tout  autour  de 
l'œil  en  forme  d'eci/^ 0/2,  dont  la  pointe  ell  au-def- 
(ous  de  l'œil  j  &  la  i.Ke  au-delTus.  Ce  petit  morceau 
d'écorce  que  l'on  fépare  du  bois ,  &  au  mUieu  du- 
quel eft  l'œil  ,   ait  ce  qu'on  appelle  écu(fon  ,  parce 
qu'il  en  a  la  forme.  Greffer  en  écujfon.  Cqz  e'cujjon 
eft  repris.  Liger.  Foye-^  Greffe. 
EcussoN  ,  en  termes  de  Médecine  ,  fe  dit  des  fachets 
piqués  où  l'on  enferme  pluiieurs  poudres ,  &  remè- 
des, mêlés  avec  du  coton  entre  deux  toiles  ,  ou  taf- 
fetas ,  qui  repréfentent  un  écujfon ,  alfez  grand  pour 
couvru  l'eftomac  fur  lequel  on    les  applique.  £'«- 
plajlrum  fcutellacum.  Quelquefois  on  appelle  écuf- 
jons  ,  des  emplâtres  ftomachiques  étendues  fur  une 
peau  de  chevreau  couverte  d'un  taffetas  façonné  en 
écujjon. 
ECUSSONNER.  V.  a.  Greffer  en  écuffon.  Inoculare  , 
inferere.  C'eff  une  opération  par  laquelle  on  fubfti- 
tue  les  branches  d'une  arbre  à  celles  qui  font  natu- 
relles à  un  autre.  Voye\  Greffe  &  Greffer. 
ÉcussoNNF. ,  ÉE.  part. 

ÉCUSSONNOIR.  f.  m.  Terme  de  Jardinier.  Petit 
couteau  pointu  ,  qui  a  au  bout  de  fon  manche  une 
efpèce  de  fpatule,  dont  on  fe  fert  pour  l'opération 
de  la  greffe  en  écuffon.  Cultcllus  fcutuU  inferend.i 
ia'o,'2e.75.  Il  a  pris  fon  nom  de  fon  ufage.  CuUeilus 
inocuLitorius  j  Cultellus  ad  infidonem  fcutuU  compa- 
ratus. 
ÉCUYER.  f.  m.  Titre  qui  marque  aujourd'hui  la 
qualité  de  funple  Gentilhomme  ,  &  qui  eft  au- 
deffous  de  Chevalier.  Eques  ,  nohilis  fcutarius  ,/iu- 
tifer.  On  a  fait  la  recherche  des  Nobles  ,  &  on  a 
fait  des  taxes  fur  ceux  qui  avoient  ufurpé  la  qua- 
lité ^Ecuyer.  On  appeloit  aulfi  autrefois  Ecuyers  , 
les  jeunes  Seigneuts  qui  n'étoient  pas  encore  faits 
Chevaliers.  On  prétend  qu'anciennement  la  qiiali- 
té  de  Noble  n'étoit  pas  inférieure  à  celle  à' Ecuyer  , 
Liquelle  n'a  prévalu  que  depuis  quelques  fiècles. 
L'Ordonnance  de  Blois  à  l'année  1579.  eft  la  pre- 
mière qui  ait  fait  mention  de  la  qualité  à'Ecuyer 
comme  d'un  titrede  Nobleffe. 

Pafquier  prétend  néanmoins  dans  (es  Recherches, 
L.  IL  C.  15.  que  le  titre  à' Ecuyer  sÇi  très-ancien  j 


ECU 

que,  dès  le  temps  de  la  décadence  de  l'Empire  Ro- 
main il  y  eut  deux  fortes  de  gens  de  guene  ,  dont 
les  uns  furent  appelés  Gentils  ,  &  les  auttes  Ecuyers. 
Ammien  Aiarceliin,  L.  XIV.  C.  7.  &  L.  XVI.  C. 
4.  en  parle  comme  de  gens  que  l'on  craignoit ,  & 
que  l'on  regardoit  comme  invincibles  \  &  Julien 
1  Apoftat  faiioit  grand  cas  de  ces  troupes  ,  pendant 
qu'il  fut  dans  les  Gaules.  Dans  la  iuite  les  Gaulois  , 
ou  peut-être  feulement  les  François  ,  ayant  vu  que 
les  plus  braves  des  ttoupes  P<.omaines  s'apptloient 
Gentils  &  Ecuyers ,  Gentilcs  &:  Scutarii,  donnè- 
rent aufti  ces  deux  noms  aux  plus  braves  de  leurs 
armées. 

Ce  mot  vient  du  'Laûn  fcutum  ,  ou  àz  fcutarius  , 
fluciger ,  oiij'cutijer ,  à  caufe  que  les  Eeuyers  por- 
toient l'écu  des  Chevaliers  dans  les  behours  & 
tournois. 
EeuYER  ,  étoit  auflîj  anciennementj  le  Gentilhomme 
fetvant  d'un  Chevalier ,  qui  l'accompagnoit  à  l'ar- 
mte  &  en  toutes  fes  entrepriles  ;  celui  qui  portoit 
fon  bouclier  jy?ur/<772  _,  d'où  s'eft  L\n  fcutij er .,  qui 
eft  le  nom  Latin  de  cet  Officier  ,  d'où  le  nom  Fran- 
çois s'eft  formé  par  corruption.  On  l'appeloit  auifi 
Armiger,  patce  qu'il  portoit  non-leulement  le  bou- 
clier ,  mais  aufti  les  autres  armes  de  fon  Chevalier. 
Aurefte,  on  prétend  que  ce  nom  vient  nonfeule- 
mcnt  de  fiutum ,  écu  ,  bouclier  j  mais  encore  de 
fcuria  ,  écurie  ,  parce  que  les  Ecuyers  avoient  auffi 
foin  de  l'écurie  des  Chevaliers.  Tous  les  Héros  de 
Roman  étoient  toujours  fuivis  de  leur  Ecuyer. 
Dom  Quichote  même  avoir  Sancho  Panfa  pour  fon 
Ecuyer. 

Ce  mot  ne  vient  pas  ^écu  ,  fcutum  ,  comme  ont 
cru  quelques-uns ,  mais  de  equus  ■  &  ceux-ci  s'ap- 
peloient  aiurefois  Ecuyers  ,  en  Latin  equifones  ,  SC 
avoient  foin  des  écuries  feulement. 
Ecuyer  ,  fe  dit  aulli  de  celui  qui  tient  une  Académie, 
qui  fait  fort  bien  le  manège  ,  qui  enleigne  aux  jeu- 
nes Gentilshommes  l'artde  bien  manier  les  chevaux 
&  de  les  dreffer.  Equins.  domiturdt,  curator  ,  ma- 
gifter.  On  a  mis  ce  jeune  Seigneur  chez  un  fort  bou 
E  cuyer. 

On  dit  auflî,  d'un  homme  qui  fe  tient  bien  à  che- 
val &  de  bonne  grâce  ^que  c'eft  un  bon  Ecuyer.  Pé- 
ri tus  equitandi. 
ÉcuYiR.  ,  fe  dit  auffi  de  ceux  qui  ont  le  foin  ,  le  gou- 
vernement des  chevaux  du  lloi ,  d'un  Prince,  ow- 
buli  Magifter.  Chez  le  Roi ,  le  Grand  Ecuyer,  qu'on 
nomme  abfolument  Monfieur  le  Grand  ,  polfède 
une  des  premières  charges  de  la  Couronne.  Cette 
charge  eft  un  démembrement  de  celle  de  Conné- 
table, Cornes  Jlabuli ,  qui  avoit  la  Surintendance 
des  Ecuries  du  Roi  :  ce  qui  paroît  ^  en  ce  qu'il  por- 
te, comme  lui  ,  deux  épées  à  côté  de  l'Ecu  de  fes 
Atmes,  avec  cette  différence,  que  celles  du  Con- 
nérable  font  nues  ,  &  celles  du  Grand  Ecuyer  dans 
un  fourreau  de  velours  femé  de  fleurs  de  lys  avec  la 
ceinrure  autour.  Il  n'eft  point  fait  mention  du  Grand 
Ecuyer  avant  Charles  VII.  Il  y  avoit  feulement  des 
Grands  Maîtres  de  l'Ecurie  dès  le  temps  de  Phi- 
lippe le  Long  en  ijio.  Il  prête  ferment  de  fidélité 
au  Roi ,  &:  tous  les  Officiers  des  Ecuries  le  prêtent 
entre  fes  mains.  Sa  charge  lui  donne  le  pouvoir  de 
difpofer  des  charges  vacantes  de  la  grande  &  de  la 
perite  Ecurie  ,  &  de  tous  les  offices  qui  en  dépen- 
dent. Il  ordonne  des  fonds  deftinés  pour  la  dépenfe 
de  la  grande  Ecurie,  &  de  toutes  les  livrées  de  la 
grande  &c  de  la  petite  Ecutie.  Les  poftes  &  les  relais 
appartenoient  autrefois  au  Grand  Ecuyer ,  &  n'en 
ont  été  démembrés  que  du  temps  de  Henri  IV.  Aux 
premières  enttées  que  fait  le  Roi  dans  les  villes  du 
Royaume ,  ou  les  villes  conquifes  ,  le  Grand  Ecuyer 
marche  immédiatement  devant  le  Roi  ,  portant 
l'épée  Rovile  dans  le  fourreau.  Il  ta  porte  aulli  aux 
pompes  funèbres  des  Rois.  Après  la  mort  du  Roi  , 
les  chevaux  &  les  harnois  de  TEcuiie  lui  appar- 
tiennent. 

Premier /Tfi/yerde  la  grande  Ecurie.U  commande 
à  la  grande  ^curie  en  l'abfençe  du  Çrand  Ecuyer  ^ 


1 


ECU     EDA 

*  entre  les  mains  duquel  il  prcte  ferment  de  fidélité. 
Il  n'ell  appelé  lur  i'Etac  qu'iif«>er  ordinuire  de  la 
grande  Ecurie. 

Le  premier  Ecuyer ,  qu'on  appelle  abfoUiment 
Monjieur  le  premier ,  ell  celui  qui  commande  à  la 
petite  Ecurie  &  aux  Pages  du  Roi  qui  y  lonc.  Il 
prête  ferment  ds  fidélité  entre  les  mains  du  Roi. 
Cette  charge  n'efl:  pas  aulii  ancienne  que  celle  de 
Grand  î^cuj  er.l\  a  fous  lui  des  ncuyers  de  quartiers, 
qui  aident  au  Roi  à  monter  à  cheval.  Chez  les 
Princes  &  Grands  Seigneurs ,  il  y  a  des  Ecuyers  qui 
difpofenc  de  toute  l'ecurie  ,  &  commandent  à  la 
Jiviée. 

Ecuyer  Cavalcadour ,  chez  le  Roi  &  les  Princes , 
eft  celui  qui  commande  l'écurie  des  chevau.xfervans 
à  leur  perlonne. 

Ecuyer  y  eft  celui  qui,  chez  les  Princefles  Se  gran- 
des Dames  ,  non-feulement  commande  leur  écu- 
rie j  mais  encore  donne  la  main  pour  les  me- 
ner. L'Ecuyer  de  la  Reine  ,  île  Madame  ,  ôic.  Et  on 
les  appelle  Ecuyers  ,  ou  Chevaliers  d'honneur. 

Ce  mot  s'eft  étendu  à  tous  ceux  qui  donnent  la 
main  aux  Dames ,  foit  qu'ils  foient  leurs  domefti- 
ques ,  loit  qu'ils  foient  leurs  galans ,  foit  qu'ils  le 
falfent  par  pure  civilité.  Cette  partie  étoit  bien  af- 
fortie,  chaque  Dame  avoit  Ion /j'cayer. 
Ecuyer  ,  fe  dit  aulli  de  quelques  Ôfticiers  particu- 
liers. Un  Ecuyer  tranchant ,  eft  celui  qui  eft  occupé 
chez  les  Princes  à  dépecer ,  à  fervir  les  viandes. 
Seclor  mcnfarius.,  fcindendi  opfonii  Magijter.  Cette 
charge  n'eft  plus  guère  en  ufager,  maison  appelle 
encore  Ecuyer  tranchant,  celui  d'une  compagnie 
qui  dépèce  .adroitement  les  viandes  qu'il  /ett.  Les 
Allemans  fe  piquent  fort  d'être  bons  Ecuyers  tran- 
chans  :  ils  ont  des  ALiîtres  exprès  pour  leur  appren- 
dre cet  art. 

Ce  mot  fe  dit  peut  être  en  ce  fens  par  corruption 
^Ecayer ,  qu'on  appeloit  en  Latin  feclores  efcarii  , 
ou  menfarii  j  ce  qui  vient  àc  ejca  j  c'eft-à  dire  , 
viande  :  la  relfemblance  des  mots  les  a  fait  confon- 
dre. VEcuyer  tranchant  s'eft  appelé  Dapijer  \  &i 
non-feulement  les  Princes  ,  mais  les  particuliers 
même  en  avoient.  Voy.  Dapifer. 

Grand  Ecuyer  tranchant  ,  ou  Archiécuyer  tran- 
chant de  l'Empire.  P^oye^  Archidapifer  ,  dans 
Dapifer. 

-  Ecuyer-bouche.  C'eft  un  Officier  qui  range  les 
plats  fur  la  table  de  l'office  ,  avant  que  de  les  fer- 
vir au  Roi ,  &  qui  donne  deux  elfais  au  Maîtres 
d'Hôtel. 

Ecuyer  de  Cuijlne  y  eft  celui  qui  commande  à  la 
cuifine  du  Roi ,  qui  fait  faire  la  délivrance  des 
viandes  qu'on  fert  chez  le  Roi.  Ce  nom  s'eft  étendu 
à  prefque  tous  les  autres  Cuifiniers  des  Grands  Sei- 
gneurs. 
ÉcuYERj  en  termes  de  Vénerie  ^  fignifie  un  jeune 
cerf,  accompagnant  &  fuivaiic  un  vieux  cerf.  Cer- 
vus  ajf'ecîator ,  ajfecla. 
Ecuyer,  chez  les  Vignerons ,  fignifie  un  faux  bour- 
geon qui  croîr  au  pied  d'un  fep  de  vigne  ,J'uffraoo ^ 
palmes  fuccrefcens  y  Oculus  pojlerior.  Ce  mot  s'ell 
dit  par  métaphore  du  mot  ecuyer  ,  qui  lignifie  un 
Gentilhomme  du  plus  bas  degré  ;  qui  accompa 
gne  un  Chevalier.  Au  refte  cet  ecuyer  réullît  quel- 
quefois ,  &  répare  la  perte  du  vrai  bourgeon  ,  en- 
dommagé par  la  gelée  ,  ou  par  quelque  autre  ac- 
cident. 

ECY. 


ECYA.  Foyei  Ecua. 


E  D  A. 


ÈDA.  Rivière  de  l'Arabie  heureufe.  Eda  y  Béiiius. 
Elle  coule  dans  les  Etats  du  Chérif,  ou  Prince  de 
la  Mecque  ,  &  fe  décharge  dans  la  mer  rouge  à 
Zidden.  On  croit  que  l'Eda  eft  le  Bstius  des  An- 


ciens. 


ÉDA^Lfi/ûTOw/Tz,  Ville  des  Provinces-Unies  des  Pays- 


E  D  B     E  D  Ë  J7J 

Bas.  Edam  eft  fitué  dans  la  Nord-Hollande  fur  le 
Zuiderzee  ,  où  li a  un  bon  port,  à  t>ois  ou  quarte 
lieues  dAmfterdam  ,  du  côte  du  nord.  Ldam  a 
féance  aux  Etats  de  Hollande.  Maty.  Edam  eft  cé- 
lèbre par  fes  bons  riomages ,  &  par  la  quantité  de 
vailfeaux  qu'on  y  conltruit.  Id.  Un  raconte  qu  en 
1430.1a  mer  j  dans  une  grande  tempère  ,. ayant  rom- 
pu ks  digues,  jeta  dans  les  prairies  à^tdam  une 
femme  marine ,  qui  fut  menée  à  Harlem ,  tSi  qui 
apprit  à  filer,  tk.  le  fit  à  nos  alimens.  Elle  vécue 
quelques  années,  ayant  toujours  un  inftintt  qui  la 
conduifoit  vers  1  eau. 

Le  pays  à  Edam  ,  qu'on  appelle  en  Hollandois 
Landvam-Edam  ,  Regeo  Edami ,  eft  une  contrée  de 
là  Groenlande  ,  fituée  au  yô'^  degré  de  latitude  fep- 
tenrrionale.  Les  Hollandois  le  découvrirent  l'an 
i<î5  5  ,  &  lui  donnèrent  ce  nom,  en  mémoire  de  la 
ville  <^Edam. 

E  D  B. 

EDBERT.  f.  m.  Nom  d'homme.  Eadbertus.  S.  Edherd^ 
qu'on  écrit  en  Anglois  izadoert ,  fut  élu  Evêque  de 
Lindisfarne  en  Angleterre  ,  l'an  688.  &  fut  luccef- 
feur  de  Cutberr,  mort  l'année  précédente.  S.  ndbert 
mourut  lui-même  le  fixième  de  Mai  de  l'an  710. 
Henjchenius  y  Aci.  Sanct.  AlaiijT.  II. p.  i  oj.  o'  iQis. 

E  D  D, 

EDDA.  f.  f.  VEdda,  citée  fi  fouventpar  les  Ecrivains 
des  Antiquités  du  Nord,  eft  un  Recuevl  de  la  My- 
thologie ieptentrionale  ;  c'eft  bien  plus  une  Pocfie 
qu'une  Hiftoire.  Chaque  chapitre  eft  une  chanion 
en  vers  de  plulieursdiftérentesmefures.  Le  premier 
chapitre  contient  les  prédidions  de  la  Sibylle.  Les 
autres  roulent  furOdin,  la  m.agie  ,  &c  les  géans. 
La  compilation  de  ÏEdda  a  été  faite  en  partie  par 
SemondFrodé,  né  eniflandeen  1057.  plus  ancien 
de  près  de  cent  ans  que  Saxon  le  Grammairien.  Vît 
autre  Reciieil  de  l'Edda  a  eu  pour  Auteur  Snorro  né 
en  1 179.  fils  de  Sturla  ,  ce  qui  le  fait  nommer  fou- 
vent  Sturhïfonius  par  les  Auteurs  qui  le  citent.  C'é- 
toit  un  favant  Jurifconfulte,  qui  a  tianfmis  à  la 
poftérité  l'Edda  y  après  l'avoir  abrégée.  Le  Prologue 
de  l'Edda  ,  auquel  cet  abréviateur  a  donné  une 
forme  hiftotique,  eft  rempli  d'anachronifmes  ,  Sc 
direâemenr  contraire  à  tout  ce  qu'on  lit  dans  les 
bons  Auteurs  Grecs  &  Latins ,  fur  Sarurne,  Jupiter, 
lesTroyens.  C'eft  dans  l'Edda  que  les  Scaldes  ont 
puifé  ;  &  une  partie  de  VEdaa  porte  même  le  nom 
de  Scalde ,  ou  d'Art  Poétique. 

Il  y  avoir  eu  une  Edda  plus  ancienne  &  beaucoup 
plus  ample ,  compofée  par  ces  Afiatiques  mêmes  , 
qui  avoient  fuivi  Odin  dans  la  Scandinavie  \  car 
l'Edda  qui  refte  eft  infuffifante  pour  expliquer  plu- 
fieurs  traits  de  cette  Mythologie,  &  pour  rendre  rai- 
fon  des  différens  noms  que  les  avenrures  d'Odin  lui 
avoient  fait  donner.  Le  fcuvenir  de  cette  Edda  plus 
ancienne  &  plus  étendue,  confirme  qu'Odin  &  fes 
Afiatiques  font  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  reculé  dans 
les  Antiquités  feprentrionales  j  &i  que  leur  com- 
mencement ne  remonte  pas  au-delà.  En  effet ,  c'eft 
feulement  depuis  Pompée  ,  temps  que  l'Edda  &: 
les  Chroniques  ont  fixé  pour  celui  de  la  migration 
d'Odin  &  des  premiers  habitans  dans  la  Scandina- 
vie ,  que  l'on  commence  à  trouver  quelque  men- 
tion de  ce  pays  dans  les  Anciens.  De  S.  Aubin  ,  An- 
tiq.  de  la  Nat.  &  de  la  Mon.  Franc.p,jp2.  &  fulv. 

EDE. 

ÉDELAY.  Petite  ville  de  Syrie ,  à  peu  àé  diftance 

d'Alep. 
ÉDÉM  A.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre-Sainte.  Edema. 

Les  Septante  la  nomment  Arniairh  ,  &•  Ziégler  , 

Adamuch.  Elle  croit  dans  la  Tribu  de  Nephtali./^oy. 

leLivredeJofuéXIX.  3^;. 
ÉDÉME.  f.  m.  Nom  d'homme.  Edemus.  C'étoit  un 

citoyen  de  Cyinhos  ,  que  fes  compatriotes  adoré- 


r> 


570 


ED  E 

renc  comme  un  Dieu  après  fa  mort  j   aind  que  le 
témoigne  Clément  d  Alexandrie  dans  Ion  Exhor- 
tation aux  Nations. 
ÉDEN.  f.  m.  Nom  de  lieu,  dont  il  eft  fait  mention 
dans  l'Ecriture.  Eden.  Le  pays  d'Eden  etl:  l'endroit 
où  étoit  le  Paradis  terreftre  ;  d'où  vient  qu'on  l'ap- 
pelle le  Jardin  dïEden.^LQS   Septante  dilent  aiiiii 
Edcm  ,  mais  il  faut  dire  Eden  ■  car  ce  lieu  vient 
de  l'Hébreu  I3j;  j  Eden ,  qui  fignifie  ,  délices.  Ue-là 
v.ent  que  les  beptante  ,  &  S.  Jérôme  dans  la  Vul- 
gate  j  prennent  quelquefois  ce  nom  pour  un  appel 
iatif ,  &  non  pas  pour  un  nom  propre.  S.  Jérôme  , 
par   exemple  j  traduit  Paradljus  voluptads  j  Gen. 
IL  8.  Lccus  voLuptdcis  ,Ib.  10.  mais  ailleurs.  S.  Jé- 
rôme lui-même  en  fait  un  nom   propre  ,  comme 
fren.  IV.  16.  où  il  dit ,  conformément  à  l'Hébreu 
&  aux  Septante  ,   que  Gain  ,  rejeté  de  Dieu  ,  ha- 
bita à  l'orient  d'£^e«.  Les  Septante  en  font  aufli 
un  nom  de  lieu  ,  Gen. II.  S.  lors  même  que  les  Sep- 
tante ,  ou  S.  Jérôme  ,  traduifent  par  un   nom  ap 
pellatif  ^p''?*' ,  ou  volupus  ,  ce   n'eft  pas  qu'ils  ne 
prennent  le  nom  à'Eden  pour  un  nom  propre,  mais 
ils  veulent  faire  fentir  en  Latin  ,  ou  en  Grec  ,  ce  que 
fignifie  ce  nom  ,  &c  ce  qu'étoit  le  lieu  auquel  on 
l'avoit  donné  j  comme  le  nom  Hébreu  le  faifoit 
connoître  j  car  tout  le  monde  convient  que  ce  lieu 
fut  appelé  i:'i/c;«  ;  c'elV  à-dire,  délices,  parce  que 
c'écùit  un  lieu  délicieux  &  tres-agréable.  De  plus  , 
tous  les  Pères  de  l'Eglife  ,  Grecs  &  Latins ,  comme 
Ta  remarqué  le  favant  M.  Huetj  tous  les  interprè- 
tes de  l'Ecriture  ,  anciens  Se  modernes  j  &  tous  les 
Orientaux  ,  demeurent  d'accord  qu  Eden  eft  un 
nom  local  j  tiré  de  la  beauté  du  lieu  ;  comme  Plu- 
cenda  chez  les  Latins  ,  Callicorus  &c  Callicolona , 
chez  les  Grecs  j  Bcauveau  j  Beaumanolr  j  Beaumé- 
nil ,  parmi  nous,-  Hypfa  y  Enna  ^  Jalyfus  ,  &c  les 
champs  Elifées  ,  ainîî  nommés  par  les  Phéniciens  j 
Belvédère  chez  les  Italiens,  &c.  Le  texte   Hébreu 
montre  encore  qaEden  eft  un  nom  de  lieu  ;  car  U 
porte  ,  Gen.  II.  b'.  que  Dieu  planta  un  jardin  M'JJ 
dans  Eden  :  la  prcpoiition  exprimée  par  la  lettre  ^ 
déligne  clairement  ,  fuivant  fon  principal  &c  plus 
naturel  ufage,  la  ficuation  du  jardin  dans  Eden. Ow 
tre  cela  ,  Gen.  II.  10.  il  eft  dit ,  Et  un  fleuve  fanon 
Uya  J   à'Eden  ;    &    Gen.   IF.    1 6.    Cain  sarùt^ 
dans  le  pays  de  Nod.,   13yjTJ3p  ,  iî    Varient  d'tden. 
Si  EdenitoM  feulement  un  nom  appell.itif ,  &  non' 
pas  un  nom  propre  ,  il  n'eût  pu  être  mis  feul ,  com- 
me il  l'eft  en  ces  endroits,  il  eut  fallu  dire.  Un 
fleuve  fortuit  du  pays  de  la  volupté ,  Cc'ii  s  arrêta  à 
I orient  de  la  Région  de  volupté  j  &  non  pas  fortoit 
de  la  volupté  \  s'arrêta  à  l'orient  de  la  volupté.  Enfin 
Eden  eft  le  nom  de  plulîeurs  autres  lieux  ,  comme 
nous  le  dirons  ci-aprés. 

On  convient  donc  allez  de  la  lignification  de  ce 
mot  ,  &  de  fa  qualité  ;  mais  on  ne  convient  pas 
de  même  de  la  fituation  du  pays  d'iTJtJ/z.  Sans  rap- 
porter ici  toutes  les  opinions  qu'on  a  publiées  lur 
cela,  &  dont  quelques-unes  mêmes  lont  extrava- 
gantes ,  celles  qui  font  piusraifonnables  s'accordent 
à  le  placer  en  général  dans  l'Afie.  Durefteiiy  atrois 
ou  quatre  fentimens  qui  ont  eu  plus  de  cours.  Le 
premier  met  le  Paradis  Terreftre  dans  la  Terre- 
Sainte  ,  habitée  dans  la  fuite  des  temps  par  les 
Ifraëlites.  Un  autre  le  place  à  Dam.as ,  ou  vers  Da- 
mas, dans  la  Syrie.  Ces  deux  fentimens  font  (1  peu 
foutenablis ,  que  nous  ne  nous  arrêterons  point  à 
les  expliquer  davantage.  D'autres  croient  q\iEdcn 
étoit  la  partie  de  la  Méfopotamie  la  plus  méridio- 
nale ,  en  tirant  vers  le  conl-luent  de  l'Euphrate  &  du 
Tigre.  Vantil  a  expliqué  &  foutenu  ce  fentimerit  j 
dans  un  ouvrage  imprimé  en  Hollande. 

Hopkinfon  ,  dans  une  DilTertarion  fur  ce  fujet , 
place  le  pavs  àEden  au-delfous  du  confluent  du 
Tigre  &  de  l'Euphrate  j  à  l'occident  de  ces  deux 
fleuves  joints  enfemble.  Voici  comment  il  conçoit 
lachofe.  Quand  l'Euphrate,  en  coulant  du  norcl  au 
midi ,  eft  parvenu  aux  montagnes  de  la  Chaldée 
verslesj'degcé  de  lacitude,il  rebraulTe  couc-à- 


E  D  E 

coup  chemin  ,  &  remonte  du  midi  au  nord  ^cS-' 
qu'au  J  5*=  degré  de  latitude.  La  il  tourne  à  l'Orient  ^ 
mais  à  peine  a-t  il  commencé  fa  courfe  de  ce  côté- 
là,  qu'il  leiépareen  deux  branches.  L'une  prend 
fou  cours  au  midi  ,  &  va  fe  jeter  dans  le  golfe 
Perfique  :  c'elt  là  cet  ancien  lit  de  l'Euphrate  dont 
Pime  parle,  L.  VI.  C.  16.  Se  que  les  chaldéens  , 
dit-il ,  avoient  enfin  tan ,  à  force  d'en  détourner  les 
eaux  pour  arrofer  leurs  campagnes  :  c'eft  le  Géon  , 
Itlon  Hopkinfon  ;  car  ce  nom  ,  qui  vient  de  mj , 
exzre  ,  educere  ,  marque  un  lleuve  que  l'on  dctour- 
noit,  &  que  l'on  répandoit  en  dirtcrens  endroits 
par  les  faignées  que  l'on  y  laifoit.  L'autre  branche 
de  1  Euphrate  continue  encore  quelque  temps  fon 
ciiemin  à  l'orient ,  après  quoi  elle  fe  fépare  encore 
en  djux  ,  dont  l'une  court  encore  au  midi ,  &  va  fe 
joindre  au  Tigre  vers  le  34''  degré  de  latitude  \ 
c'eft  l'Euphrate  ;  c'eft  far  cette  branche  qu'étoit  Ba- 
bylone  :  fautre,  allant  toujours  à  l'orient ,  rencon- 
tre après  quelques  lieues  le  Tigre  ,  auquel  elle  fe 
mêle  J  &  dont  elle  prenoit  le  nom.  A  quelques 
lieues  de  cette  réunion  ,  le  Tigre  jette  une  branche 
qui  va  fe  joindre  à  l'Euphrate  ,  un  peuau-deflTus  de 
lendroit  où  il  entre  dans  le  Tigre.  Cette  btanche 
étoit  le  Phifon.  Selon  Hopkinfon  ,  c'eft  le  pays  que 
renlerment &  qu'arrofent  ces  quatre  fleuves,  que 
Lon  appela  i:'^e«  \  Se  c'eft  dans  la  partie  orientale  , 
c'eft-à-dire,  furie  bord  du  Tigre  ,  &  dans  l'Ifle 
qu'il  faifoit  avec  le  Phifon ,  qu'étoit  le  Paradis  ter- 
reftre. 

La  dernière  opinion  que  nous  avons  à  rapporter , 
eft  celle  de  Bochart ,  Se  de  1  illuftre  M.  Huet ,  qui 
placent  le  pays  àEden  plus  bas  que  ne  lait  Hopkin- 
lon  J  lur  les  bords  du  fleuve  que  lorment  l'Eupluate 
Se  le  Tigre  joints  enfemble  \  car ,  félon  la  table  qu'en 
a  donnée  M.  Huet  dans  fon  1  laité  de  lajituation  c'u 
Paradis  Terreftre  ,  le  Tigre  Se  l'Euphrate  ,  après 
s'être  joints  enfemble  à  la  hauteur  environ  du  54^ 
degré  de  latitude  Se  quelques  minutes  ,  ne  font 
plus  qu'un  feul  fleuve  ,  que  l'on  appeloit  autrefois 
le  Pajitigris,  Se  qu'on  nomme  aujourd'hui  Schat-il- 
Arah  ,  c'eft-à-dire  ,  le  fleuve  des  Arabes.  Us  rou- 
lenr  ainii  réunis  dans  un  même  lit  jufqu'environ  le 
31*^  degré  de  latitude  J  où  ils  fourchent  j  Se  vont 
le  dégorger  dans  le  golre  Perlîque.  C'eft  lur  le  fleu- 
ve des  Arabes  j  entre  le  3  i  &  le  34*^  degré  de  lati- 
tude, (ju'ils  mettent  le  pays  à'Eden  ,  au  milieu  du- 
quel ce  fleuve  palfe  \  Se  ce  fleuve  eft  celui  dont  l'E- 
criture dit  qu'il  fort  du  pays  d  Eden,  Se  que  hors  de 
là  il  le  divile  en  quatre  branches  :  ces  quatre  bran- 
ches font  deux  audeifus  à'Eden  j  &  deux  au  dcf- 
fous;  deux  au-delfus  ,  qui  font  l'Euphrate  Se  le 
Tigre  avant  leur  jonétion  ;  deux  au  delfous ,  qui 
fjut  tes  deux  branches  par  lefquelles  le  Schat-el- 
Arab  ,  ou  fleuve  des  Arabes,  le  décharge  dans  le 
golte  Perfique.  Celle  qui  eft  à  l'orient  eft  le  Gchon, 
Se  celle  de  l'occident  eft  le  Phifon.  Calvin  j  Scali- 
ger  ,  les  Doéteurs  de  Louvain  j  Se  plulîeurs  autres 
'après  eux  jqui  ont  fuivi  les  premiers  ce  fentiment, 
confondoient  mal- à-propos  ces  fleuves,  ^rprenoienc 
la  bouche  orientale  du  Schat-el-Arab  pour  le  Phi- 
fon ,  &  l'occidentale  pour  le  Géhon.  Bochart  Se 
M.  Huet  ont  corrigé  cette  erreur  ,  &  expliqué  ce 
fentiment  ,de  forte  qu'il  lÏQn.  eft  aucun  qui  paroillè 
auflî  probable. 

Les  preuves  qu'il  y  avoir  un  Eden  à  l'endroit  que 
ces  Auteurs  marquent ,  font  tirées  du  quatrième  li- 
vre des  Rois  XIX.  1 1.  d'Haïe  XXXVII.  1 1.  où  il  eft 
parlé  des  enfansd'iï't/e//  qui  étoient  en  Thalaflar  , 
c'eft-à-dire  J  Talacha  ,  ville  de  Babylonie  ,  que 
Ptolomée  place  fur  le  canal  commun  du  Tigre  Se 
de  l'Euphrate  :  quand  le  Géographe  Etienne  a  parlé 
d'une  ville  d'Adana  fituée  fur  l'Euphrate.on  ne  peut 
pref  lue  douter  ,  dit  M.  Huet ,  qu'il  n'ait  entendu 
quelque  réduit  des  habitans  du  pays  à'Eden  qui  en 
aura  tiré  fon  nom.  Quand  Ezéchiel  XXVII.  13. 
fait  le  dénombrement  des  peuples  avec  qui  la  ville 
de  Tyr  trafiquoit  3  il  met  enfemble  Ilaran  ,  Sc 
Chenc  Se  Eden.  Huèt ,  Truite  du  Puradis  lerr.  C. 

les 


EDE    _ 

Le  pays  èi^Edcn  s'éreiidoic  au-dellous ,  &  peut- 
ècre  mcme  au-deirusde  la  jonction  du  Tigre  &  de 
l'Etiplirate,  oc  occupoic  une  bonne  partie'  de  cette 
graiîJe  région  y  qiu  depuis  a  été  appelée  la  Babyio- 
nie.  HuET.  Les  Nclloiieiis  ont  encore  donné  le  nom 
^Edcn  à  rifl*  nommée  Gc^alr ,  c'cll-àdire  ,  Vljlc 
par  excellence.  C'eil  celle  qui  eil  immédiatement 
au-de(îus  de  la  jonélion  du  Tigre  &  de  lEuphratej 
&  ils  l'ont  ainfi  nommée  ,  loit  à  caule  de  Ion  amé- 
nité, fbiipar  la  connoillance  qu'ils  avoient  que  la 
Province  d'iit/«/2  étoit  dans  ce  pays  j  &C  s'étendoit 
jufqu'à  cette  Kle.  Huht.  I^arad.  cerre/L  C.  17. 

£d£n  eft  encore  le  nom  de  plutieurs  autres  lieux.  Tel 
étoit  celui  dont  parle  le  Prophète  Amos  ,  1.  5. 
bi^  différent  &  bien  éloigné  de  celui  de  Moyfe. 
C'ctoir  une  belle  vallée  de  iyrie ,  firuée  entre  le  Li- 
ban &:  l'Annliban  ,  dont  Damas  étoit  la  capitale. 
Cette  vallée  mérita  le  nom  ^Hden  ,  ou  plutôt  de 
Beth-Edcn  ,  c'eft-à-dire  _,  Maijhn  de  délices  ,  à  cau- 
ie  de  fa  fertilité  i'c  de  Ion  aménité.  C'elt  ce  qui  a 
fait  croire  à  quelques-uns  que  c'étoit  là  qu'il  falloit 
chercher  le  Paradis  terreilre.  Ho  et. Telle  ctolt  Ada- 
lia  ,  ville  de  Cilicie  ,  ainli  nommée  pour  la  bonté  de 
fon  terroir ,  &  la  beauté  de  fi  fituation.  lo.  f^oyc:; 
Edkna.  Tel  eil  encore  le  village  d'-dc/i  près  de  Tri- 
poli de  Syrie  ,  fur  le  chemin  Ja  Liban  ,  où  quel- 
ques-uns ont  placé  le  Paradis  terrelhe  j  &  tel  eiï 
enlin  ce  port  célèbre ,  nommé  Adana  ,  ou  Aden  , 
fî  fréquenté  depuis  plufieurs  ficelés  ,  pour  avoir  é:c 
le  lieu  le  plus  délicieux  d'une  région  nès-délicieu- 
fe  .'  je  veux  dire  ,  de  l'Arabie  heureuie,  renlermanr 
en  foi  toutes  les  beautés  de  cette  contrée.  Muet. 
F'oye:^  Aden.  Outre  cette  Adana  ,  il  y  en  avoit  en- 
core une  autre  méditerranée  dans  le  même  pays , 
portant  le  même  nom  ,  i\:  pour  la  même  caute.  Il 
ne  faut  donc  pas  s'étonner  li  les  Arabes  ,  habitans 
de  cette  contrée  ,  ont  cru  que  le  Paradis  étoit  chez 
eux. 

Eden  ,  Rivière  de  l'Angleterre  Septentrionale.  Ituna. 
Cambden  écrit  Edcn  dans  fes  Cartes  ,  &  Eïden 
dans  fon  difcours.  UEden,  félon  cet  Auteur  j  prend 
fa  fource  dans  la  Province  d'York  ,  aux  contins  de 
celle  de  Wellmorland  :  félon  Maty  &c  d'autres  ,  fa 
fource  eft  dans  le  Weftmorland.  Quoi  qu'il  en  foit, 
il  parcourt  cette  Province  j  entre  dans  le  Cumber- 
land  à  lendroit  011  il  reçoit  l'Eimot  j  &,  après 
avoir  baigné  Carlile  j  va  fe  jeter  dans  le  golte  de 
Solv/ay  ,  qui  ell"  aux  confins  d'Ecolfe  du  coté  du 
couchant  ,  Se  que  Cambden  voudroic  qu'on  ap- 
pelât le  golfe  d'Z:ie«,  comme  fait  Ptolomée.  /^oj'. 
dans  le  Brkannia  de  Cambden  la  defcriprion  du 
Weftmorland  ôc  du  Cumberland. 

JÈD  ENTER.  V.  a.  Arracher  j  ou  rompre  les  dents. 
Ede-itiire.  Il  y  a  des  Tyrans  qui  ont  fait  édcn'cr  des 
Martyrs,  des  criminels.il  fe  dit  plus  ordinairement 
de  tous  les  inftrumens  qui  ont  des  dents.  Edenter 
une  roue  ,  une  fcie  ,  un  peigne. 

Édenié  ,  ÉE.  paie.  &  adj.  Celui  qui  a  perdu  toutes  fes 
dents,  ou  à  qui  on  lésa  arr.achées.  Edentatus  ,  eden- 
tulus.  Une  vieille  édentée. 

On  dit  aulli  qu'une  roue ,  une  fcie  eft  édentée  j 
qu'un  peigne  eft  édenté ,  quand  ils  ont  perdu  quel- 
qu'une de  leurs  dents. 

EDER.  Nom  de  lieu.  Eder.  Dans  Jofué,  XV.  zi.  Eder 
eft  une  ville  de  la  Tribu  de  Juda  ,  fituée  dans  fa 
partie  méridionale  ,  aux  confins  de  l'Idumée.  Les 
Septante  l'appellent  Ara.  Le  P.  Lubin  prétend  que 
c'eft  l'Hcted  dont  il  eft  parlé  ,  Jof  XII.  14.  &  que 
les  Septante  appellent  Ader.  Il  foutient  encore  que 
c'eft  la  même  chofe  qu'Arad.  Il  y  a  des  Auteurs  qui 
écrivent  rîéder. 

Eder  ,  Rivicre  d'Allemagne  qui  a  fa  fource  dans  le 
Landgravi.it  de  Hefte  ,  paffeà  Vardeck  &  à  Fri(l?.r  , 
&  fe  déchu'^ie  dans  le  Weler ,  à  trois  lieues  au-def 
fus  de  Calfcl  ,  Maty.  Âdrana  j   Adranus. 

EDESSE.  Nom  ancien  d'une  ville  célèbre  d'Orient. 
Edeffa.  Strabon  dit  Edefe  ,  comme   l'a    remarqué 
HoflFman  \  mais  c'eft  en  parlant  d'Edeffè  de  Macé- 
doine ,  &  non  point  de  celle-ci ,  en  q[uoi  Hoftman 
To^r.e  111. 


EDE       EDH  J77 

s'eft  trompé.  Procope  nous. apprend  quEdeffe  fut  ap- 
pelée d'abord  Antioche  des  Olrhocniens  ,  Ancio- 
cliLi  Ojtho'cnorum  ,  &  Callirhoc  ,  du  nom  d'une 
fjntaine  qui  y  étoit.^  Edejje  ctoit  une  grande  ville 
Archiépifcopale ,  fituée  fut  le  bord  oriental  de  l'Eu- 
phrate  j  ce  qui  tait  qu'on  la  mer  aulfi  dans  la  Méfo- 
potamie.Eile  n'ctoit  qu'à  douze  milles  de  Samolare. 
il  y  a  peu  de  villes  auifi  anciennes  ,  fi  l'on  en  croit 
Ifidore  ,  qui  prétend  qu'elle  fut  bàne  par  Nemrod. 
ii/ej/è  lut  le  liégedu  Roi  Abgare  ,  (?c  la  patrie  de 
S.  Ephrem.  L'an  525.  un  tremblement  de  terre  la 
renverfa  prclque  toute  entière  \  l'Empereur  Juftin 
~  la  répara ,  &  en  mémoire  de  ce  bienfait  elle  fut 
nommée  Jullinopolis.  Ede[Je  n'étoit  proprement 
qu'une  Toparchie,dont  les  Princes  prenoient  la  qua- 
lité des  Rois ,  ^'  leur  nom  le  plus  commun  étoit  ce- 
loi  d' A  bgare. 

Aujourd'hui  EdeJJe  eft  une  ville  de  Mtfopotamic, 
dans  le  Diarbeck.  Gyllius  dit  qu'elle  s'appelle  ovyi;. 
Le  Noir  la  nomme  Rohas  ,  RohajJ'e  ,  ou  Jloha. 
D'autres  difentque  les  Turcs  l'appellent  Ow?jf'//i2_,les 
Syriens  Ourk.iia  j  &  les  Arabes  ,  Jiohi:i  ,  Orrhot.ï- 
quc.  Ces  trois  derniers  noms  paroifient  une  corrup- 
tion à'Ofrhocne.  Elle  n'eft  point  fur  rEuphrate,niais 
furleChabur,  alfez  éloignée  même  de  l'Euphra- 
te,  entre  Alep  au  couchant ,  ce  Diarbeck  au  levant. 
C'eft  encore  à  prélent  une  jolie  ville  &  aifez  gran- 
de 5  qui  dépend  du  Turc  ,  mais  ce  n'eft  pas  l'ancien- 
ne Ede(Je  ,  comme  il  paroît  par  (a  fituation.  Jac- 
ques de  Vitry  a  fait  la  defcripnon  de  la  ville  à'Edif- 
Je  ,  L.  I.  C.  31. 

Quelques-uns  doutent  fi  Edejfe  n'eft  point  la  Ra- 
ges du  Livre  de  Tobie.  EdeJJe  a  frappé  des  médail- 
les pour  Augulte  ,  Tibère  ,  Adrien  j  Sévère  ,  Cara- 
calle,  Macrin  ^  Julia  M.-îmnia:a  ,  ê<.  Gordien  le  fils, 
furnommé  le  Pieuxj  fon  infcription  eft  eaezsaiqn. 
Koye\  les  Médailles  Grecques  de  Vaillant. 

Le  Comté  d'EnEssE.  Petit  Etat  de  laMéfopotamie 
en  Afie  ,  dont  Edelje  étoit  la  Capitale,  tdejjenus 
Cûmuatus.  A  la  première  Croifade  ,  Baudouin  ,  frè- 
re de  Godefroi  de  Bouillon  _,  fe  rendit  maître  du 
Comté  à'EdeJJe  ,  dont  les  peuples ,  quoique  foumis 
aux  Turcomans  ,  étoient  la  plupart  Chrétiens. Ver- 
-iot:.  Hiji.  de  Malt.  L.  L  p.  40.  Le  Comté  d'L'deif'e 
comprenoit  prelque  toute  la  Méfoporamie  ,  &  s'é- 
tendoir  entre  l'Euphrate  Se  le  Tigre.  Id.  p.  6z. 

Edesse.  Ville  de  Macédoine.  Edeffa.  Strabon  l'appelle 
Edeje  ^  mais  il  paroît  que  c'eft  une  faute  deCopiftej 
toutes  les  médailles  de  cette  ville  ayant  pour  inf- 
cription Eûesseun,  ou  EAESSAiflN.  Elle  en  a  frappé 
pour  Marc- Aurèle,  Caracalle  j  Macrin  ,  Diadumé- 
nien ,  Julia  Mammxa  ,  &  Philippe  le  Père.  J-^oy. 
Vaillant  ,  Numifm.  Impp.  à  Pop.  Grxcè  loquentib. 
paxuffa  ,  où  il  attribue  quelquefois  dans  fa  Table  la 
même  médaille  à  Edejje  de  Syrie ,  &  à  Edeffe  de 
Macédoine. 

EDÉTAN  ,  ANE.  f  m.  &  f.  Edethnus.  Ancien  peu- 
ple de  l'Efpagne  Tarraconoile.  Leurs  villes  princi- 
pales étoient  Sagunte  &  Ségobrige. , 

EDETANIE.  P.iys  qu'habitoient  les  Edctans  ;  Edeta- 
nia,  dans  Pline,  L.  V.  C.  j.  VEdctanie  étoit  la  par- 
tie feptentrionale  de  ce  qu'on  nomme  aujourd'hui 
en  Elpagne  le  Royaume  de  Valence. 

EDH. 

EDHÉMITE.  f.  m.  Sorte  d'Ermites  Mahométans  , 
ainfi  nommés  d'Ibrahim  Edhem  ,  leur  fondateur. 
Edhemita.  Us  fe  nourrifientde  pain  d'orge,  &  jeû- 
nent fouvent.  Us  ont  un  bonnet  de  laine  entouré 
d'un  turban,  &  portent  fur  le  cou  un  linge  blanc 
marqué  de  rouge.  La  plupart  des  Edhémites  vivent 
dans  les  déferts.  Leurs  Supérieurs  néanmoins  s'ap- 
pliquent à  l'étude  pour  fe  rendre  capables  de  prê- 
cher. La  plupart  de  leurs  Monaftères  font  en  Perfe, 
&  principalement  dans  la  Province  de  Chorafan. 
Vovex  Ricaut  de  VEmpire  Ottom. 

EDMÎLINGLÎE  ,  ou  ÉDILING  f.  m-  Nom  ancien  des 
Nobles  parmi  les  Saxons.    EdhiluD^us.  La  Nation 

Dddd 


y^î  lÉ  D  ï  EDI 

Saxohe  ,  dît  Nithard  ,  Hijl.  L.  IF.  eft  divifée  en  j  piédiciuions  ;  mais  quelquefois  le  Sermon  édifie ,  5c 
trois  diftéiens  Ordres ,  dont  les  noms  font  les  Edhc-]      l'exemple  détruit.  Vill. 

liriguesj  on  Edi/ings  ,  les  Frelingues ,  ou  Frilingi ,' §^  Edifier,  ledit  encore,  au  figuré,  par  oppofi- 
&  les  Lazzes,  ou  Lazzi.  Ces  noms  fignifient  les  i  tien  à  détruire.  Ainli  l'on  dit ,  d'un  homme  qui  au- 
NobleSjles  gens  libres,  &  les  ferfs,ou  eiclaves.  1      lieu  d'établir  la  paix  &  l'ordre  dans  an  lieu  où  il  a 


fens  que  nous  avons  dit,  en  fon  lieu,que  Damoiteaa 
avoir  été  pris  en  France  ,  &  qu'il  le  trouve  dans 
Marculfe.  Les  Auglo-Saxons  appeloient  encore  ^de- 
iingues  les  Grands  du  Royaume,  les  Seigneurs ,  &c 
«n  général  toute  la  Noblelfe.  Foye:^  le  Glojjar. 
ArcliAol.  de  Spelman. 

È  D  î. 


ÉDIFLANT,  ANTE.  adj.  Qui  infpire  de  la  piété  ,  qui 
eft  de  bon  exemple,  qui  porte  à  la  vertu  par  fa  vie , 
ou  par  les  difcours.  Ketigiofus ,pius  ad  cxemplum.  Il 
n'y  a  rien  que  d'e.///zt;/7r  dans  toute  fa  conduite.  Il 
prêche  d'une  manière  ttcs- édifiante. 
ÉDIFICATEUR.  f.  m.  Celui  qui  fait  un  édifice. ^^i- 
ficator.  On  ne  s'en  fert  guère  dans  le  ftyle  férieux. 
Il  en  eft  de  ce  terme  ,  comme  de  plulieurs  autres. 
Ils  font  félon  toute  l'analogie,  &  félon  le  génie  de  la 
langue  j  ils  paroillent  même  nécelfaires  pour  expri- 
mer certaines  choies  ,  qu'on  ne  peut  exprimer  au- 
trement fans  périphrafes ,  mais  enfin  ils  ne  font 
point  en  ufage  ,  &  tant  qu'ils  n'y  feront  pas ,  & 
qu'ils  n'auront  pas  tait  fortune ,  il  ne  faut  point  s'en 
fervir  férieufement.On  peut  tout  au  plus  leshazarder 
dans  la  converfation  où  le  ton  corrige  tout  j  ou  dans 
un  livre,  en  y  mettant  un  correétif.  Il  en  eft  des  ter- 
mes nouveaux  comme  de  la  mode:    On  ne  doit 
être  ni  le  premier  à  la  prendre ,  ni  le  dernier  à  la 
Quitter. 
ÉDIFICATION,  f.  f.  Adlion  de  bâtir,   JEdificaûo , 
conftruclio.  Il  ne  fe  dit  guère  au  propre  qu'en  par- 
lant des  Temples;  &  danscecas  là  même,  le  mot 
de  conftruélion  eft  le  plus  ufité.  L'édification  d'une 
Eglifeeft  d'une  grande  dépenfe. 
Édification  j  fe  dit ,   au  figuré  ,  des  fentimens  de 
piété  qui  font  infpirés  par  le  bon  exemple  ,  ou  par 
les  difcours  de  quelqu'un.  Esemplum  dignum  laudt, 
imitatione.    Les  mœurs  de  ce  Prédicateur  caufent 
plus  de  fcandale  que  fes  beaux  Sermons  n'appor- 
tent èi  édification.  Toutes  nos  actions  doivent  ten- 
dre à  la  gloire  de  Dieu,  &  à  \' édification  de  notre 
prochain. 
ÉDIFICE,  f.  m.  ^dificium.   Bâtiment  confidérable. 
Le  Louvre  eft  le  plus  bel  édifice  du  monde.  Quand 
on  bâtit  fur  le  fable  ,  tout  Xédifice  eft  bientôt  détruit. 
Les  Ediles  de  Rome  avoienr  foin  des  édifices  pu- 
blics. M.  Ozanam  femble  prendre  édifice  &maifon 
pour  la  même  chofe.  Il  dit  qu'un  édifice  ou  maifon 
eft  un  ouvrage  d'architedture ,  compofé  de  murail-  | 
les ,  de  chambres,  déportes ,  de  fenêtres ,  d'un  toit, 
de  tout  ce  qui  eft  néceiraire  pour  le  rendre  habita- 
ble, &  fe  mettre  à  couvert.  Mais  il  me  femble  que 
l'ufage  a  confacré  ce  mot  à  ne  défigner  qu'un  mo- 
numei  t  confidérable,  une    Eglife  ,    un    Palais  j 
un  Hôtel-  de  -Ville  ,    &c  autres  grands  bâtimens 
publics. 

On  le  dit  j  figurément ,  des  defleins  &  desentre- 
prifes.  Quand  on  fe  met  dans  les  affaires ,  il   faur 
avoir  la  faveur  des  Miniftres,  finon  V édifice  eft  bien- 
tôt à  bas. 
ÉDIFIER.  V.  a.  Bâtir  des  Temples ,  des  Palais  ,  &  au- 
tres Monumens  publics.   Aidificare.  François  I.  le 
plaifoit  fort  à  édfiier.  Il  eft  de  peu  d'ufage  au  pro- 
pre ,  &  l'on  fe  fert  plutôt  du  mot  de  bâtir. 
Édifier,  fe  dit ,  figurémenr ,  en  Morale,  &  fignifie 
porrer  à  la  piété  par  de  bons  difcours ,  par  de  bons 
exemples.  Eexemplo  prslucere  ^  adpietatcm  alUcere^ 
pietatis  fenfum  inficere ,ingcrei e.  La  le6i:ure  de  l'Ecri 
ture  Sainte  e^{//t  beaucoup  les  Fidèles.  Ce  Prédi 


mériter  l'upprobation  des  autres  par  la  conduite  , 
par  les  procédés.  La  conduite  qu'il  tient  dans  cette 
affaire  édifie  tout  le  monde.  Comprobatur  ab  omni- 
bus. Je  ne  fuis  pas  trop  édifi.é  de  ce  que  vous  faites. 
Édifié  ,  ée.  part.  Il  a  les  fignifications  de  fort 
verbe. 

On  dit,  dans  le  difcours  familier  ,  qu'un  h^mme 
eft  bien  édifié  d'an  autre  ,  lorfqu'il  eft  bien  content 
de  fes  aélions ,  ou  de  fes  difcours  ,  qu'il  en  agit 
honnêtement  avec  lui.  On  dit  mal  édifié,  pour  dire 
,  fcandalifé. 
Edifié,  ée.  adj.  Vieux  mot.  Certain ,  afturé.  G/oJf. 

fiur  Alarot. 
EDILBURGE.    Foyc-  AUBIERGE. 
ÉDILE,  f.  m.  Magiftrat  chez   les  Romains ,  dont  la 
fondrion  répondoir  en  quelque  forte  à  celle  de  nos 
Maires  &c  Echevins.  JEddis.    Les  Edi'es  avoient 
l'intendance     des     édifices     publics    &     particu- 
liers ,  des  bains  j  des  aqueducs  :  ils  avoient  le  loin 
des  chemins  ,  de  l'entretien  des  ponts  &  des  chaul- 
fées.  Les  poids  &  les  mefures  ctoient  aulll  de  leur 
reffort.   Ils  mettoient  le  prix  aux  vivies  ,   &  pre- 
noient  garde  qu'on  ne  fit  des  exactions  Au  le  peuple. 
La  recherche  &  la  connoilfince  des  débauches  &C 
des  diftolurions  qui  fe  palloient  dans  les  maifons 
publiques  ,  leur  appartenoient  ;  ils  avoient  aulîi  la 
charge  de  revoir  les  Comédies;  &  c'étoit  à  eux  à 
donner   les  grands  jeux  au  peuple  à  leurs  dépens* 
Toutes  ces  fonétions  j  qui  rendirent  l'Edilité  li  con- 
fidérable ,    appartenoient   d'abord  aux  Ediles  du 
peuple ,  édiles  Plebeii  j   ou  Minores.    Il  n'y   en 
avoir  que  deux.  Ils  furent  créés  dans  la  même  an- 
née que  les  Tribuns.  Les  Tribuns  ,  accablés  par  la 
multitude  des  affaires,  demandèrent  au  Sénat  des 
Officiers  fur  qui  ils  pulfenr  fe  décharger  des  affaires 
de  moindre  importance  •,  &  on  créa  deux  Ediles, 
C'eft  pourc]uoi  on  les  élifoir  tous  les  ans  daas  la  mê- 
me Alfemblée  que   les  Tribuns.    Mais  ces  Ediles 
Plébéiens  ayant  rehifé  ,  dans  une  occafion  célèbre, 
de  donner  de  grands  jeux  ,  parce  qu'ils  n'en  pou- 
voienr  foutenir  la  dépenfe  ,  les  Patriciens  offrirent 
de  les  donner  j  pourvu  cju'on  leur  accordâr  les  hon- 
neurs de  l'Edilité.    On  créa  ddnc  ,  en  l'an  388  de 
Rome  ,  deux  nouveaux  Ediles  ,  pris  d'entre  les  Pa- 
triciens. On  les  appela  édiles  Curules,  ou  Majo- 
res J  parce  qu'ils  avoient  le  droit  de  s'alleoir  lur  une 
chaife  curule  j  ornée  d'ivoire  ,  lorfqu'ils  donnoient 
audience  ;  aulieu  que  les  Ediles  Plébéiens  n'étoient 
affis  que  fur  des  bancs.  Outre  que  les  Ediles  curules 
partagètent  toutes  les  fonctions  avec  les  Ediles  du 
peuple  ,  leut  principal  emploi  étoir  de  fp.ire  célébrer 
les  grands  jeux  Romains  ,   &  de  donner  des  Comé- 
dies  &  des  Speélacles  de  gladiateurs   au   peuple. 
Pour  foulager  ces  quarres  Ediles  j  Céfar  créa  les 
Ediles  qu'on  appela  Céréales ,  parce  qu'ils  furent 
commis  pour  prendre  foin  des  blés,  qu'on  appelle 
dona  Cereris  ;  car  les  Paiens  honoroient  Céiès  com- 
me la  Déeffe  qui  préfide  aux  blés,  &c  lui  attribuoient 
l'invention  de  l'agriculture.  Ces  Ediles  Cercûles  fu- 
rent auffi  tirés  de  l'Ordre  des  Patriciens.    Dans  les 
villes  municipales ,  il  y  avoir  aulli  des  Ediles  avec 
la  même  autorité  que  ceux  de  Rome.  Voye\  Danet 
dans   fon  Diclionnaire  des    Antiquités  -^  ou   plutôt 
Vigenère  fur  Tite-Live,  T.  L   page  605,   1379» 
139^.  ^ 

Ce  mot  vient  de  sdes .,  parce  qu'ils  avoient  foin 
des  Temples  ,  &  des  maifons  publiques  &  particu- 
lières. 
^  EDILING.   Foye^  EDHILINGUE. 


careur  édifie  autant  par  fa  bonne  vie,  que  par  fesjEDILITÉ.  f  f.  Charge,  dignité  des  Ediles,  ^dilltas, 


EDI 

Obtenir  XEdïiué.  C'ell;  auflî  le  temps  que  duroit 
cette  Àlagiltrature.    Pendant  lou  eidiu. 

Édilité.  r.  h  En  termes  (l'HilloueEccléhaftique,  fe 
dit  pour  Cuftodie.  j¥.dititas ,  cujiodia.  Kuy.C\JS- 
TODIE.  Celui  qui  poirédoit  cet  Office  ne  s  appeioit 
point  ^■^d'dis  ,  comme  celui  qui  avoit  l'idum  Ko- 
iTiainej  mais  ^dituus  on  Cujios. 

EDIMBOURG,  ou  EDIN30URG  ou  EDENBOURG. 
Ville  capitale  d'EcolFe.  Edenburgus^  hdimùurgum , 
Hdinburguin.  Anciennement  Auca  cajira  _,  &  dans 
Ptolomee  ^Tf^rom^t»  ■xrtpKTov,  Les  Ecolfois  d  Hibei- 
nie,  dit  Cambùen  j  l'appellent  Dun-taden,  Hc  Ion 
nom  ordinaiie  ell  izdeiworow.  Ce  nom  j  ajoute  le 
même  Auteur,  ell  la  même  chofe  en  langage  Saxo- 
Britannique  que  YAlatd  cj.jiriL  des  Anciens  :  car  en 
langage  Britannique  Ada'in  fignihe  ala  ,  une  aile  , 
Se  en  Saxon  È:jrg  veut  dire  caitru.:n  _,  camp ,  château , 
Dun-eaden  ell:  aulli  apparemmeni  la  même  chofe  j 
car  dun  en  Celtique  &  en  Britannique  ell  la  même 
chofe  que  burg  en  Saxon ,  calirum  en  Latin  \  Se  eadcu 
n'efl:  apparemment  autre  chofe  que  \'Adain  Britan- 
nique ,  félon  le  dialedle  Hibernois.  Ainlî  le  nom 
qu'a  la  ville  A' Edimbourg  n'eil  qu'une  traduction  de 
1  ancien  nom  que  les  Romains  lui  donnèrent.  Cainb- 
den  croit  que  ce  nom  lui  vient  des  compagnies  de 
Cavalerie  que  les  Romains  y.  avoient ,  &  qu'ils  ap- 
peloient  ACéi  Equitum,  ou  de  ces  doubles  murs  dont 
parle  Vitruve  ,  qui  ,  en  s'clevant,  torment  la  ligure 
d'une  aile,  &  que  les x^rchite6tes  Grecs  appeloient 
■ar-fîfix-a^  dcs  aiUs.  D'autres  tirent  ce  nom  d  un 
Breton  nommé  Ebrancus ,  iSc  d'autres  d'un  Piôte 
nommé  Héthus.  Quelques  Auteurs  dilent  que  cette 


579 


■VI 


lie 


a  au 


'i; 


Agneda  j  mais  CambJen 
écrit  que  c'eft  le  château  que  les  Anglcis  appellent 
CaJUe  Mydcns  Agncd ,  &c  les  Ecohois,  Cajirum 
Pudlaruni,  ou  Cajlrum  Virginum,  le  château  des 
jeunes  filles ,  p-^rce  qu'on  y  enferma  autrefois  les 
filles  des  Rois  Piclres. 

Edimbourg  ell  lîtué  dans  la  Lorhiane ,  fur  une  pe- 
tite rivière  ,  à  un  mille  du  GoUe  de  Forth  ,  ou  à'E- 
dimhourg ,  où  cette  ville  a  un  port.  Elle  eft  allez 
grande  :  Cambden  lui  donne  un  mille  de  long  d'o- 
rient en  occident ,  &  la  moitié  de  large.  Il  ajoute 
qu'elle  ell  peuplée, &  célèbrej  à  caufe  de  la  bonté  de 
fon  port.  Elle  elt  bien  bâtie  :  elle  eft  détendue  par 
une  citadelle  qui  palToit  pour  imprenable  au  temps 
de  Cambden.  Elle  eft  fituée  fur  la  croupe  d'un  ro- 
cher inacceiîîble  d'un  côté  j  &  entourée  des  autres 
par  douze  baillons,  &  par  un  fotïeà  fond  de  cuve  j 
taillé  dans  le  roc.  Edimbourg  étoit  le  tlége  des  Rois 
d'EcolTe  avant  qu'ils  parviniîcnt  à  la  couronne  d'An- 
gleterre ,  &  le  lieu  de  la  téhdence  du  Conleil  d'E- 
colFe  ,  Se  de  l'alfemblée  du  Parlement  de  ce  Royau- 
me jufqu'en  1707  ,  qu'il  fut  réuni  à  celui  d'Angle- 
terre. Edimbourg  a  une  Univerfité  &  un  Evêchéj 
érigé  par  Charles  I.  &.  fuftragant  de  Saint  André. 
Edimbourg  ,  félon  HofFman  ,  eil  à  17  degrés  i  i  mi- 
nutes de  latitude  ;  mais  Meilleurs  de  l'Académie 
des  Sciences  le  placent  à  1 5  degrés  de  longitude  &c 
355  degrés  45  minutes  de  latitude.  On  ne  com- 
mence à  en  parler  que  vers  le  milieu  du  neu- 
vième fiècle.  Elle  avoit  dans  fon  enceinte  un  châ- 
teau nommé  Maydens ,  auquel  on  donna  le  nom  de 
Château  d'Edimbourg,  Ce  tut  la  dernière  place  où 
les  Piéles  tinrent  bon.  Les  Ecollois  la  confervèrent 
pour  la  fureté  du  Royaume. 

Le  Golfe  d'Edimbourg ,  ou  de  Forth  ,  ou  Firth  , 
Fonhes.  dfluarium  ,  Edimburgaijls  fuius  ^  &  ancien- 
nement Bodotria ,  félon  Tacite  Se  Boderia ,  dans 
Ptolomee.  D'autres  le  nomment  Mare  Frejlcum , 
ou  Marc  ScotiLum.  C'eft  un  golfe  de  la  mer  d'Alle- 
magne ,  fur  la  côte  Orientale  de  l'EcolTe  ,  lequel 
s'avance  dans  Province  de  Lothiane  ,  Se  dans  celle 
de  Fife  :  il  a  environ  quinze  lieues  de  profondeur. 
&  quitte  à  cMiq  dans  fa  plus  grande  largeur.  La  ri- 
vière de  Forth  ,  qui  fe  décharge  dans  le  tond  de  ce 
golfe  ,  lai  donne  quelquefois  fon  nom  ;  mais  le 
plus  fouvent  il  prend  celui  d'Edimbourg ,  qui  n'eft 
qu'à  un  mille  de  fon  bord.  Maty. 


E  D  î 

EDIPE.  Foy.  (EDIPE. 

EDIT.  f.  m.  eft  une  Ordonnance,  ou  conftitution  gé- 
nérale que  le  Prince  fau  publier  de  ion  propre  mou- 
vement, pour  le  bien  de  fon  Etat.  Edi'dum.  Elle  eft 
univerlelle  ,  Se  oblige  généralement  tous  les  fujets 
du  Roi ,  à  moins  qu'il  n'y  ait  des  perfonnes  excep- 
tées fpécialement ,  ou  qu'elle  ne  foit  particulière 
pour  une  Province.  Les  Edits  contiennent  quelque- 
{■"ois  des  lois  Si  des  léglemens ,  comme  ÏEdit  de 
Melun  des  fécondes  noces ,  XEdit  des  duels ,  du  rè- 
glement des  monnoies.  Quelquefois  des:  ciéations 
d'Office  j  des  établi ifemens  de  droits,  des  créations 
de  rentes  ,  Sec.  Quelquefois  des  articles  de  pacifi- 
cation ,  comme  \K.duds.  Nantes.  Les  Edhs  Se  Dé- 
clarations du  Roi  fe  vérifient  dans  les  Compagnies 
louveraineSi  Se  s'exécutent  par  provifion.  Les  Edits 
fe  fcellent  en  cire  verte,  pour  marquer  par  cette 
couleur  qu'ils  font  perpétuels  &  irrévocables  de  leur 
nature  \  aulieu  que  les  autres  lettres  qui  s'expédient 
dans  la  Chancellerie  \  des  Paréatis  ,  des  privilèges 
perfonnels ,  des  committimus,  &c.  font  fcellées 
en  cire  jaune;  iS:  tout  ce  qui  s'expédie  pour  leDau-* 
phiné,  en  cire  rouge  avec  un  fceau  particulier.  Les 
-Êi2<f>j  n'ont  point  de  date  de  jour,  mais  feulement 
du  mois  où  ils  ont  été  donnés.  Les  bdits  Se  les  Dé- 
clarations ditîèrent  en  ce  que  les  AV/M  contiennent 
une  première  loi  :  aulieu  que  les  Déclarations  font 
des  Ordonnances  rendues  fur  des  Edits  ,  pour  en 
donner  l'explication  ou  l'interprétation.  De  plus , 
les  Ed'^ts  font  (îgnés  du  Roi ,  Se  vifés  par  M.  le 
Chancelier,  Se  fcellés  du  grand  fceau  d,'  cire  verte  j 
iurdcs  lacs  de  foie  vette  Se  rouge  :  aulieu  que  les 
Déclarations  font  fcellées  du  grand  fceau  de  cire 
jaune  ,  /ur  une  double  queue  de  parchemin. 

fiCr  Enfin  ,  les  Déclaratious  fout  datées  du  jour  , 
du  mois  Se  de  l'année. 

Le  Droit  Romain  fait  fouvent  mention  de  \Edic 
du  Préteur.  Quod  Prator  Edi.xit.  C'étoit  le  mot  con- 
lacré  pour  les  Ordonnances  de  Préteur,  quoiqu'on 
s'en  lervît  quelquefois  en  d'autres  fignifications. 
C'étoit  un  règlement  que  chaque  Préteur  faifoit  " 
pour  être  obfervé  pendant  fa  Magiftrature. 

On  donne  en  particulier  à  quelques  Edits  qui 
ont  été  plus  célèbres  j  le  nom  des  lieux  ou  du  mors 
où  ils  ont  été  portés.  L'Edit  de  Château  -  Briant , 
VEdit  de  Remorentin  ,  font  deux  Edits  faits  dans 
ces  villes  contre  les  hérétiques,  l'un  par  Fleuri  II. 
au  mois  de  Juin  1551  ,  l'autre  par  François  II.  au 
mois  de  Mai  1560,  qui  fut  appelé  par  les  Hugue- 
nots Vlnquijhion  de  France.  L'Edit  de  Nantes  ,  eft 
un  Edit  donné  à  Nantes  en  159S  par  Henri  IV. 
pour  accorder,  aux  Huguenots ,  des  Prêches  &  le  li- 
bre exercice  de  leur  Religion  prétendue  réformée  j 
Se  l'entrée  dans  les  charges;  Se  révoqué  en  1685  par 
Louis  le  Grand.  L'Edit  de  Janvier ,  eft  un  Edtt 
donné  à  S.  Germain  en  1 591, pendant  la  minorité  de 
Charles  IX,  qui  ôtoit  aux  Huguenots  l^exercice  de 
•leur  Religion  prétendue  rétormce  dans  toutes  les 
villes  clofes  ,  Se  dans  les  faubourgs  de  Paris.  Edit 
de  Mars  ;  il  y  en  a  deux,  l'un  de  1 563  ,  donné  à 
Amboife  par  Charles  IX,  l'autre  de  15(58.  L'Edit 
de  Juillet  fut  fait  à  Saint  Germain  en  ijtîi,  pat 
Charles  IX.  L'Edit  du  mois  d'Août  fut  donné 
au  même  lieu.  Se  par  le  même  Prince,  mais  en 
I  ^70.  Tous  ces  Edits  ont  été  faits  au  fujet  des  Hu- 
guenots. 

On  appelolt  Chambre  de  VEdit ^  celle  qui  avoit 
été  établie  en  vertu  des  Edits  de  pacification  avec 
ceux  de  la  Religion  prétendue  reformée.  C'étoic 
une  Chambre  mi-partie  ,  où  il  y  avoit  des  Confeil- 
1ers  de  l'une  Se  de  l'autre  Religion  pour  juger  les 
caufes  des  Religionnaires.  Il  y  en  avoit  dans  plu- 
fieurs  villes  du  Royaume.  Elles  font  maintenant 
fupprimées. 
Edit  des  petites  ijates.  C'eft  un  Edit  porté  en  1 5  50 
pour  réprimer  l'abus  qui  fe  commetroit  par  rnpport 
aux  petites  dates  que  l'on  retenoit  de  France  à  Rome, 
pour  la  rèiîgnation  des  Bénéfices  ;  en  ce  que  les  Inv 

D  d  d  d  ij 


jSo         EDI     EDM 

pécrans  retenoient  ces  dates  fans  envoyer  la  procu- 
ration ad  rejignanduni. 
Édit  des  mères  ,  ou  DE  s.  Maur,  efl:  un  Edit  de 
Charles  IX.  donné  en  1567.  Il  concerne  la  iuccel- 
lion  des  enfans ,  qui  eil  détérce  aux  n.cres  en  pays 
de  Droit  écrit.  Il  eft  fort  oblcur  «?i  fort  embarralic. 
Il  y  a  un  Commentaire  fur  cci  tdic,  tait  par  Ni- 
colas WeiUer,  Avocat  à  Lyon. 
-Edit  Bursal.  f  m.  Celui  qui  établit  un  droit  qui  fe 

lève  par  ordre  du  Roi  fur  les  fujets. 
Edit  des  fécondes  noces,  eft  un  édu  de  François  I ,  de 
l'ani  5(5o,au  mois  de  juiller,  qui  contient  deux  chefs 
contre  les  veuves  qui  fe  remarient.  Le  premier  dé- 
fend à  celle  qui  fe  remarie  de  donner  à  (on  fécond 
mari  ,  plus  qu'un  de  fes  entans  le  moins  prenant 
peut  avoir.  Le  fécond  veut  qu'elle  lailîe  à  fes  entans 
du  premier  lir ,  tous  les  avantages  qu'elle  aura  re- 
çus de  fon  premier  mari.  Cet  édit  comprend  les 
hommes  qui  fe  remarient  ,  auOi-bien  que  les  fem- 
mes ,  parce  qu'il  y  a  parité  de  railon. 

§C?  Le  mor  tdu  vient  du  Latin  edicere  ,  aller 
au-devant  des  chofes  ,  &  ftatuer  defflis  par  avance. 
ÉDITEUR,  f.  m.  Homme  de  Lettres  qui  a  foin  de  l'é- 
dition de  l'ouvrage  d'un  autre.  Editer.  Erafme  fut 
un  grand  Editeur  d'anciens  ouvrages.  Les  Dodteurs 
de  Louvain  ,  Scaliger ,  le  P.  Petau  ,  le  P.  Fronton 
Du  Duc  ,  le  P.  Vigier  ,  le  P.  Sirmond  ,  font  de  fa- 
vans  Editeurs,  Pour  être  bon  Editeur  des  ouvrages 
des  Anciens  ,  il  faut  favoir  plus  que  lire  de  vieux 
Manufcrits. 
EDITHE.  f.  f.  Nom  propre  de  femme.  Eadgitha. 
Edithe  ,  fille  d'Edgar  j  Roi  d'Angleterre  ^  &  de  la 
Princelle  VVilfetrude,  ou  Vilfrith  j  vint  au  mjnde 
l'an  961,  Baillet,  au  16  de  Sept.  Elle  fut  Rcli- 
gieufe  de  Wilthon  en  Angleterre. 
ÇCr  ÉDITION,  f  f.  Imprellion,  publication  d'un  ou- 
vrage ,  d'un  livre,  tditio.  Ce  terme  eft  relatif  au 
nombre  de  fois  qu'un  livre  a  été  imprimé  :  premiè- 
re, féconde  ,  troificme  édition  •  à  la  manière  dont  il 
Ta  été.  Belle  édition  ^édition  corred:e  ou  flrutive. 

§CF  On  dit  un  faint  Auguftin  de  \ édition  des 
Pères  Bénédiétins ,  c'elt-à-dire  ,  à  laquelle  ont  pré- 
fldc  les  Bénédidins  j  Saint  Auguftin  publié  ,  revu 
&  corrigé  par  les  Pères  Bénédiftins. 

Ce  mot  &  celui  d'Editeur  viennent  du  verbe 
Latin  edere  ^  faire  paroitrc ,  mettre  au  jour. 

tf3'  Dans  le  ftyle  familier  on  prend  quelquefois 
ce  mot  dans  un  fens  figuré.  A  cetre  livrée  110m- 
breufe  &  brillante,  vous  devinez  que  c'eft  un  Sei- 
gneiu"  de  nouvelle  édition. 

EDM. 

EDME  &  EDM.  Foye^  ÊME. 

EDMONT  ou  EDMONT.  f.  m.  Nom  d'homme.  Ed- 
mundus.  C'eft  la  même  chofe  (\\xE.me.  Dans  l'ufage 
on  fe  fert  du  nom  d'Eine  pour  nommer  certaines 
perfonnes ,  &  du  nom  dEmond^  pour  nommer 
certaines  autres  :  il  faut  le  fuivre-  Saint  Edmond  le 
vieux  monta  fur  le  trône  en  941.  Sïmt  Edmond, 
aulH  Roi  d'Angleterre  &  Martyr  j  rcgnoit  au  IX' 
fiècle.  Edmond  Auger,  Jéfuite  j  Confelîeur  d'Hen- 
ri III,  que  l'on  appeloit  le  P.  Edmond,  le  P. 
Edmond  Àuger,  Maître  Edmond,  comme  on  le  peut 
voirdansla  vieque  l'on  a  donnée  au  public  en  £716. 
Edmond  côte-de-fer ,  régna  en  Angleterre  après 
Ethelrede  fon  père  J  l'an  1016  Se  1017. 

Cambden  dérive  le  nom  d'Edmond  de  deux  mots 
de  la  langue  Anglo-Saxone,  Ead, félicité ,  bonheur „ 
&  mund  ,paix  :  ainfi  Edmond  veut  dxxe  ,paix  heu- 
renfe  ou,  qui  eft  heureux  dans  la  paix  :  de  forte  que 
fuivant  cette  étymologie  ^  Edmond  (ignifie  la  même 
chofe  dans  la  langue  qu'on  parloir  en  Angleterre, 
avant  que  Guillaume  le  Conquérant  en  fit  la  con- 
quête ,  que  Salomon  en  Hébreu ,  Soliman ,  Sulei- 
man  j  Selim  en  Arabe  &C  en  Turc  ,  Irénée  en  Grec 
Fridéricen  Allemand  ,  Paq/z'çz/c;  en  François. 

Quelquefois  on  prononce  le  d,^  quelquefois  on 
ne  le  prononce  point.  Ainli  Ton  dit  Saint  Edjnondj 


EDM     EDO 

Roi  d'Angleterre;  &  au  contraire,  le  P.  Emond  Au- 
ger ,  &  de  même  de  tous  ceux  qui  portent  aujour- 
d'hui ce  nom. 
Saint  Edmonds  -  Burie.  Cambden  l'appelle  fimple- 
ment  Burie  ,  M.  de  l'Ule  dans  fa  Carte ,  L'uri.  C'eft 
un  Bourg  d'Angleterre  ,  dont  le  nom  lignifie  j  fé- 
pulcre  de  S.Edmond,  Sancii  Edmundi  fepulcrum  ^ 
tumulus  ,janum.  Il  eft  dans  le  Comté  de  Sufcolk  j 
entre  Ely  &  Ipfwich.  On  prend  ce  bourg  pour  l'an- 
cienne (■'illa  !■  aujlina ,  ou.  t aujLin ,  petite  ville  des 
Iconiens. 

EDO. 

EDOM.  f.  m.  Nom  ou  furnom  a\\ommç.Edom.  C'eH 
le  nom  ou  furnom  qui  fut  donné  à  Efaii ,  fils  aîné 
de  Jacob ,  après  qu'il  eut  vendu  fon  droit  d'aînefl» 
pour  un  plat  de  lentilles  ,  ainh  qu'il  &Ù.  dit  ,  Gen. 
XXV.  30.  Quelques-uns  difent  encore  que  ce  nom 
lui  lut  donné  J  parce  qu'il  étoit  roux.  Il  eft  vrai 
que  l'Ecriture  du  qu'il  étoit  loux  ,  Gen.  15.  mais 
elle  ne  dit  point  que  ce  foit  là  la  caufe  de  ce  nom , 
&  en  rapporte  une  toute  diftérente  cinq  verlets  plus 
baSj  comme  nous  difions  rout-à-l'heure. 

Ce  nom  eft  Hébreu,  lZJ'gn,  &  lignifie  rouge, 
roux  ,  ou  terreftre ,  étant  le  même  dans  l'origine 
que  celui  deÙZDDX,  Adam.  Les  Des  Marêts  préten- 
dent qu'il  peut  aulli  fignifier  fanglant ,  parce  que 
S.  Auguftin  dit  que,dans  la  langue  Punique  ou  Phé- 
nicienne ,  qui  éroit  autrefois  celle  de  l'Atrique  ,  le 
fang  s'appeloit  Edom  j  mais  ils  n'ont  pas  fait  atten- 
tion que  ï'Edom  de  S.  Auguftin  n'eft  pas  la  même 
chofe  que  VEdom  dont  nous  parlons  j  que  la  pre- 
mière lettre  de  M  Edom  de  ce  Père  n'eft  pas  radicale, 
que  ce  n'eft  que  l'article  Phénicien  en  Hébreu  ^  y 
&  non  pas  un  f>  ;  &  que  San^  en  Phénicien,  com- 
me en  Hébreu  fe  difoirtrj3,  dam,  &  non  point 
a3K,  adam  :  il  eft  cependant  vr.ai  que  ces  deux  mots 
viennent  de  la  même  fource ,  &  que  sSj'^'î'nj 
/ang^^  s'eft  fait  de  lSSS,  rouge  à  caufe  de  la  couleur 
du  lang  ,  ou  au  contraire  EZi^K  rouge  de  £z:2  ,fang  : 
mais  cela  ne  prouve  rien  pour  les  Des  Marêts,  Se 
il  eft  certain  par  la  Genèfe,  XXV.  30.  que  Edom 
n'a  point  la  lignification  de  fanglant ,  quand  il  eft 
dit  d'Efiri. 

Edom  ,  en  fécond  lieu ,  fe  prend  pour  la  poftérité  d'E- 
dum ,  c'eftà-dire  ,  d'Efaiij  les  Iduméens;  car,  dans 
l'Ecriture  une  nation  s'appelle  très  -  ordinairement 
du  même  nom  que  celui  de  qui  elle  defcend.  Ainli 
les  Ifraëlites  s'appellent  Ifracl  &  Jacob ,  comme 
Jacob.  Les  Egyptiens  Mitfraïm,  comme  leur  père; 
les  Ethiopiens  Chus  j  comme  le  fils  de  Cham^  donc 
leur  race  étoit  fortie.  De  même  Edom  font  les 
enlans  ^ Edom ,  les  Idumcens^  par  exemple  ,  hdom 
leur  répondit ,  Vous  ne  palFercz  point  lur  mes  ter- 
res. Saci.  Saiil ,  ayant  afternii  fon  règne  fur  Ifracl  _, 
co.mbattoit  de  tous  côtés  contre  fes  ennemis  j  con- 
tre Moab  ,  contre  les  enfans  d'Ammon  ,  contre 
Edom  ,  contre  les  Rois  de  Saba  ,  &  contre  les  Phi- 
liftins.  Id.  Ainfi  la  Terre  d'Edom,  le  pays  d'Edom^ 
les  Chefs  d'Edom  ,  les  Rois  d'Edom ,  c'eft  la  terre  , 
le  pays  ,  les  Chefs ,  les  Rois  des  Iduméens.  f^oye^ 
Iduméen. 

Edom,  en  troifième  lieu  ,  eft  Tldumée  ,  le  pays  qu'ha- 
bitoient  les  iduméens  ,  defcendans  d'Edom.  Foy. 
Joseph  j  Antiq.  Jud.  L.  IL  C.  i.  Dieu  fufcita  un 
adverlaire  .à  Salomon  ,  ce  fut  l'Iduméen  Adad  qui 
étoit  dans  Edom.  Le  côté  du  midi  (  de  la  Tribu  de 
Juda  )  commencera  au  défert  de  Sin  ,  qui  elc  près 
d'Edom  ,  &  il  aura  pour  confins  vers  l'orient  la  mer 
filée.  Saci,  Nomb.  XXXU'.  3.  Voye-^  Idumée. 
Au  refte  _,  nous  ne  difons  Edom,  en  ce  fens  &  an 
précédent ,  que  dans  l'Ecriture  ou  en  llyie  de  l'Ecri- 
ture ,  c'ert-à-dire,  en  traduifant  &  en  cirant  l'Ecri- 
ture ,  ou  en  imitant  fon  ftyle ,  comme  on  le  fait 
dans  des  Sermons  ou  des  livres  de  Religion  ,  ou  da 
piété.  Ailleurs  il  faut  dire  Iduuîée  &  Iduméen. 
Voy.  ces  mots. 

Edom  ,  en  quatrième  lieu ,  fignifie  auffi  quelquefois 


EDO     EDR 

en  général ,  les  ennemis  de  Dieu  ,  les  perfccuteurs 
du  peuple  de  Dieu.  Les  Des  M:irets  citent  lu:  cette 
iignihcation  II".  XXXIV.  5.  (ajoiuez  &:  6.)  LXIII. 
i!  Joël  I.  iç).  Les  Rabbins  appellent  raiili  ics  Chré- 
tiens Edom  :  c'e!l  peut-ctre  en  ce  lens  ,  iJC  comme 
leurs  ennemis.  Ce  i'ens  n'a  heu  que  dans  l'iicri- 

tUre. 

Edom  ,  en  cinquième  lieu  ,  eft  une  ville  de  la  Tribu 
de  Ruben ,  iiu  le  bord  du  Jouidani  j  il  en  ell  pailc, 
Jofué  III.  lû.  ou  la  Vuigate  la  nomme  Adom  ,  au 
lieu  à' Edom.  C'ell  proche  de  cette  ville  que  les  eaux 
du  Jourdain  s'arrêtèrent  &  s'accumulèrent  comme 
une  montagne  ,  pour  lai  lier  le  pallage  libre  aux  li- 
raëlifis  dans  la  terre  promiA.-. 

EDCH\iITE.  f.  m.  &  £  Idumden  ,  habitant  d'Edom, 
defcendant  d'Edom.  ldum£us.  Quelques  Auteurs  le 
fervent  quelquetois  de  ce  mot  ,  mais  Iduméen  eft 
plus  ordinaire-  Les  Arabes  appellent  xai'Àl:.djmiouru 


EDR     ED  U 


jSî 


milles  d'Aftaroph  ,  &  À  24  de  Bofra.    Elle  étoic 
dans  ce  que  l'on  appelle  la  liaianitide  :  quelques- 
uns  la  mettent  daub   l'Arabie  j  &   d'autres  da 
Cœléiyrie.   Les 

Edrain  ,  t<^ç«£(,« ,  t^fnin 


ans  la 

ptante  l'appc-Ucnt  Edraim  ,  ou 

H  y  avoit  encore  une  ville  de  ce  nom  dans  la  Tri- 
bu de  Nephtali. Les  Septante  appellent  celle-ci  «»--«?', 
^^..'/■^  Samlon  la  confond  avec  Enhaj'or  3  &  n'en 
fait  qu'une  même  ville  qu'il  appelle  Edrai-En-ha- 
Jor-^  mais  les  Septante  (5i  les  Géographes  j  Zie"le- 
rus ,  le  P.  Lubin  ,  &c.  les  diftinguent.  Jofué  en  Fait 

.   mention,  XIX.  57. 

EDREDON.f.  m.  Quelques-uns  écrivent  Éderdo>j. 
Duvet  de  certains  oifeaux  du  Nord  qui  fert  à  taire 
des  couvertures.  Un  couvre-pied  iVedredon. 

ffT  Ce  duvet 'eft  tiré  du  canard  de  mer  appelé 
Eider ,  dont  les  plumes  font  très-douces ,  &  feren  ■ 
'àani  beaucoup. 


iic  Edomiin  ,\es  EdomUes  ,  ou  Iduméens  qui  font' ÉDRÈMIT,   Ville  de  la  petite  Phrygie,  dans  l'Alie 
de  la  poftérité  d'Efaii.  Ils  leur  donnent  auiii  le  titre       mineure. 

de  Banou  j  ou  Bani  al  AJiar  ,  les  enhns  du  Blond,  ÉDRISSITE.  C.  m.  &  f.  Defcendant  d'Edris  qui  eft  de 
ou  du  Rouireau  j  à  caule  ciixEdo/n  en   Hébreu  a       la  race  d'Edris  5  nom"  d'une  famille  &  dynalHe  qui 


cette  Iignihcation.  D'Herbelot.  Ils  appliquent  aul 
fi  ce  nom  aux  Chrétiens  Grecs  &c  Romains ,  à  l'e- 
xemple des  Juifs }  qui  leur  ont  perfuadé  que  ces 
peuples  defcendoient  d'Efaii  j  pour  faiie  tomber , 

f»ar  une  infigne  impofture  ,  les  maléJidions  que 
es  Prophètes  ont  données  aux  Iduméens  fur  les 
Chrétiens,  &  même  fur  la  perfonne  adorable  de 
Jesus-Christ.  Id.  /^0}e^  encore  le  même  Auteur 
au  mot  Aïs  j  &  au  mot  Asfar. 
EDON.  Nom  d'une  montagne  que  Servius  met  dans  EDUCATION.  C.  i.  Soin  qu'on  prend  d'élever ,  &  de 


tire  ion  nom  d'Edris ,  defcendant  d'Ali ,  gendre  de 
Mahomet.  Edrijjha.  Les  EdùJJites  ont  régné  l'ef- 
pace  de  plus  de  cent  ans  dans  l'Afrique ,  en  Bar- 
barie, à  Fez,  à  Ceuta  &;  à  Tanger.  D'Herbel.  La 
race  dès  Edrifficcs  fut  exterminée  par  les  Fathimi- 
tes ,  i'an  de  l'hégire  296.  de  J.  C.  908.  id. 

E  D  U. 


la  Thrace  ,  ou  du  moins  qui  étoit  dans  la  Macé 
d oine ,  vers  les  confins  de  la  Thrace.  Edon.  Pli- 
ne ,  L.  IV.  C.  II.  &  Virgile  Enéide,  L.  XIl.  v. 
3<Î5.  l'appellent  Edcnus.  Les  K'énades  ,  ou  Ptêtrel- 
les  de  Bacchus,  célébroient  les  myftèresde  ce  Dieu 
fur  cette  montagne  ,  où  elles  couroient  toutes  éche- 
velées ,  &  en  furieufes  :  c'eft  de-là  qu'elles  ont  été 
noinmées  Edonides.  Foye-^i  Sirvius  lur  l'endroit 
de  Virgile  que  nous  avons  cité,  &:  Barthuis  lur  la 
Thébaide  de  Stace ,  L.  V,  v.  5. 

EDONiDE.  f  f.  Ménade  ,  Prêtrefle  de  Bacchus ,  ainlî 
nommée  du  mont  Edon.  Edonis.  l'oyci  Edon. 

EDOUARD,  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Eduardus. 
Prononcez  Edouar.  Ce  nom  eft  commun  en  Angle- 
terre. Il  y  a  eu  en  Angleterre  deux  Saints  Rois  qui 
ont  porté  le  nom  d'i^douard.  Saint  Edouard  le" Mar- 
tyr ,  fils  du  Roi  Ethelrede  ;  ëc  Saint  Edouard  le 
Confefteur  ,  neveu  du  premier ,  qui  mourut  en 
1066,  après  13  ans  &  demi  de  règne.  £'i:i'ii;<ï:;v2' II , 
Roi  d'Angleterre,  fut  gendre  de  PHiiippe-le-Bel , 
Roi  de  France  ,  ayant  époufé  Ifibelle  de  France  , 
fille  de  ce  Prince.  Edouj.rd  III  ,  Roi  d'Angleterre, 
inftitua  en  1 344  ,  l'Ordre  de  la  Jarretière  en  l'hon- 
neur de  la  Comtelfe  de  Salisberi ,  &  il  ordonna 
qu'on  célcbreroit  tous  les  ans  la  fête  de  cet  Ordre  j 
le  jour  de  S.  Georges,  yoyei  l'Abbé  de  Choifi  , 
Hifi.  de  Philippe  de  Valois  ,  Liv.  2.  ch.  8.  Il  y  a  fix 
Edouards  ,  Rois  d' .Angleterre ,  depuis  la  conquête  j 
&  trois  avant  Guillaume  le  Conquérant. 

Skinner  dit  que  le  nom  £  Edouard  eft  compofé , 
&  formé  de  deux  mots  de  la  langue  Anglo-  Saxo- 
ne  j  E  ad ,  félicitas  3  bonheur  ,  félicité  -^  &c  W^ard , 
cujtos  j  gardien  :  dépofitaire  du  bonheur ,  ou  dé- 
fenfeur  du  bonheur. 

EDR. 

EDRAI ,  ou  EDREI.  Nom  de  lieu  dans  l'Ecriture. 
Edrai.  Ce  fut  d'abord  une  ville  des  Amorrhéens 
d'au-delà  du  Jourdain  ^  capitale  du  Royaume  d'Og, 
&  la  réhdence  du  Roi.  /'oyeT  Nombr.  XXI.  j?. 
Deut.  1 ,  4.  III  I.  Après  la  défaite  de  ce  Roi ,  iS: 
la  conquête  de  fon  pays ,  elle  fut  donnée  à  la  moi- 
tié de  la  Tribu  de  ManilTé,  qui  s'établit  à  l'orient 
du  Jourdain  ,  JoC  XIÎ.  4.  XIII.  n.  31.  S.  Jérôme 
afture  qu'elle  fub(îftoit  encore  de  fon  temps  \  qu'el- 


nourrir  les  entans.  Educatio.  Il  faut  qu'un  père 
fournilfe  aux  frais  de  ïéducation  de  fes  enfans,  mê- 
me des  mturels.  Oélavius  Ferrarius  a  fait  un  Trai- 
té Latin  de* la  bonne  éducation,  intitulé  Ciùron  , 
noiii  du  Centaure  qui  fut  Gouverneur  d'Achille. 

$Zr  Éducation  ,  fe  dir,  plus  ordinairement,  du  foin 
qu'on  prend  d'inftruiie  les  enf.ms,  foie  dans  tout 
ce  qui  regarde  les  exercices  du  coips  j  foit  dans  ce 
qui  concerne  les  exercices  de  l'eiprit  ,  &c  princi- 
palement les  mœurs  :  tout  ce  qui  tend  à  éclairer  , 
orner  &  régler  l'efpiit.  InJUtutio.  L'éducation ,  dit 
M.  RoUin,  ellj  à  proprement  parler,  l'art  de  manier 
&  de  façonner  les  efpnts  ;  c'eft  de  toutes  les  fcicn^ 
ces  la  plus  difficile  ,  &c  en  même  temps  la  plus  im- 
portante ,  mais  qu'on  n'étudie  pas  allez.  La  fouve- 
rainehabileté  conhlie  à  lavoir  allier  ,  par  un  fage 
tempérament ,  une  force  qui  retienne  les  enlans 
ians  les  rebuter  ,  &  une  douceur  qui  les  gagne, 
fans  les  amolir.  h'éducation  ne  donne  pas  les  talens; 
elle  ne  fait  que.  les  développer;  &,  pnifque  les  ta- 
lens  font  diftérens  ,  il  feroit  raifonnablc  que  Védu- 
cation  variât  pareiilemerj.  La  principale  obligation 
d'un  pète  envers  fes  enlans ,  c'eft  de  leur  donner 
une  bonne  éducation.  Donner  à  fes  enfans  une  belle 
éducation ,  c'eft  leur  donner  une  féconde  vie  :  la  na- 
ture commence  ,  ^éducation  achève.  Le  courage  & 
la  vertu  font  des  qualités  que  l'on  hérite  de  fes  an- 
cêtres \  mais  {'éducation  doit  venir  au  fecours  de  l.i 
naillance.  car,  fans  elle,  les  meilleures  qualités  de- 
meurent infruètueufes.  Dac.  L'art  &  l'éducation 
toute  feule  ,  ne  fauroienc  faire  un  homme  de  mé- 
rite :  le  naturel  ne  le  peu:  guère  plus  :  &  j'aimerois 
mieux  une  éducation  excellente  avec  un  naturel 
médiocre,  que  le  plus  riche  naturel  du  monde, 
avec  une  éducation  médiocre.  S.  Real.  On  dit  d'une 
perfonne  incivile  &  groflière  ,  qu'elle  n'a  nulle 
éducation. 

EDUEN ,  ENNE.  f  m.  &  f.  Nom  d'un  peuple  de  la 
Gaule  Celtique.  JEduus  ^  Hednus  ,  a.  Les  Educns, 
peuple  célèbre  parmi  les  Celtes ,  occupoient  la  par- 
tie des  Gaules  qui  eft  entre  la  Saône  5:  la  Loire, 
que  nous  appelons  aujourd'hui  le  Châlonois ,  le 
Charolois ,  l'Autunois  &  l'Auxois.  Leur  Capir.ile 
étoit  Auaujlodununi ,  aujourd'hui  Autun.  Voyc~  ce 
mot.  Le  Sénat  appela  les  ÉVz/c-r  non  -  feulement 
^    ,  ^  ,    Alliés,  mais  encore  frères  du  peuple  Rcmain. 

lefe  nommoic  Adar  ou  Adaraj  qu'elle  écoic  à  6  EDULCORATION.  f  f  Dulcoratio.  Ce  mot  fe  dit 


58^  EDU     EER 

en  pharmacie,  ce  i'adoi.;ciirL'nicnt  qu'on  donne  al 
plarieurs  re.ncdes  j  parie  nîoyea  du  liicre  ,  ou  de] 
quelque  hrop.  En  Chymie ,  il  iignihe  i  adoucilîe- 
inent  qu'on  donne  à  divcifes  matières ,  par  des  lo- 
tions réitérées,  pour  les  priver  des lels  acres  qu'el- 
les contiennent. 

Édulcoration  et  Dulcification  ne  font  point 
fynonyines.  Foyei  Dulcification. 

ÉDULCORER.  v.  a.  Rendre  doux.  Dulcorare.  En  ter- 
mes de  Pharmacie  ,  c'eft  ,  Rendre  doux  par  le 
-moyen  du  fucre  ou  de  quelque  firop.  En  ter- 
mes de  Chymie,  ccll,  Adoucir  en  ôtant  ,  par  plu- 
sieurs lotions  d'eau  froide ,  les  fels  qui  Ce  trouvent 
dans  diverfes  matières  i  par  exemple  ,  ^  dans  les 
piccipiics  du  mercure ,  &.  des  autres  métaux  qui 
ont  «té  diifous  par  la  force  de  ces  mcmes  fels ,  qu'on 
a  été  obligé  d'y  mêler  pour  en  venir  à  bout. 

ÉDULCORE,  ÉE.  part.  &,  adj.  lU  les  fignifications 
de  fon  verbe.  Didœratus.  On  fe  fert  de  la  décoc- 
tion de  raves  de  Limoufin  j  pulfée  &  édulœree  avec 
du  fucre,  pour  adoucir  les  âcretés  de  la  poitrine, 
&:  la  voix  rauque.   LÈmery. 

EDULIE.  l'oyei  EDUSE. 

ÉDUQUEPv.  v.  a.  Donner  de  l'éducation  ,  élever. 
Terme  nouveau  ,  qu'on  a  voulu  mettre  à  la  mode  ; 
c'ell  un  vrai  barbarifme  de  mots ,  qui  lîgureroit 
très-bien  dans  le  Diélionnaire  Néologique  des  pe- 
tits Maîtres ,  &  des  Précicufes  ridicules. 

EDUSE  j  ou  EDESIE.  f  f.  Nom  d'une  fauflTe  divini 
té  des  Komûws.  Edufi.  Donat,  fur  la  fin  de  fon 
Commentaire  fur  la  première  fcène  de  l'Acte  I 
du  Phormion  de  Terence  ,  &Nonnius  Marceilus, 
difent  que  c'étoit  une  des  Déelfes  proretfcrices  de 
renf?.nce ,  citant  fur  cela  Varron  &  Caton.  Ils  ajou- 
tent que  ,  lorfqu'on  fevroir  les  enfans  ,  &  qu'on 
commençoir  à  leur  fùre  prendre  de  la  nourriture 
folide  ,  on  taifjit  de  ces  mets  là  un  facrifice  à  Edu- 
fe.  S.  Auguilin  parle  aullî  de  cette  Déeife  dans  fon 
quatrième  Livre  de  la  Cité  de  Dieu  ,  ch.  ii  ,  & 
l'appelle  Educa  :  d'autres  exemplaires  portent  Edu- 
lica.  Louis  "Vivez  préfère  la  première  leçon,  &  té- 


bien  taire  qi  „         ,  .  .      . 

Edufa  ,  &  Edulia,  de  même  que  la  DéeiTc  du  boi- 
re ,  fa  compagne,  s'appelle  Podna  .,  Se  Potlcd.  Az- 
nobe,  Liv.  Ili ,  appelle  Edulls  Niâe,  Ficla. 

EE. 

EE.  Les  rimes  fcminimes  en  ée  ne  font  bonnes ,  dans 
notre  verfification,  que  lorfque  les  rimes  mafculincs 
ene,  dont  les  féminines  font  formées,  font  bon- 
nes. Ainfi,  parce  que  frappé  &  tombé  ne  riment 
pas,  frappée  &  tombée  ne  rimeront  pas  non  plus  , 
quoiqu'on  en  trouve  un  exemple  dans  un  bon  Au- 
teur j  qu'il  ne  faut  pas  fuivre  en  cela.  Cette  règle 
vient  de  ce  que  ce:  e  muet  &C  final  ell:  (I  impercepti- 
ble j  qu'il  ne  fiit  guère  plus  de  fenfation  que  s'il  n'y 
étoit  point.  Ainfi  les  mots  qui  ne  riment  point  fins 
cet  e  j  ne  riment  pas  non  plus  avec  lui.  P.  Mourc. 

EEN. 

ÉENHAME.  Autrefois  petite  ville  capitale  du  Bra- 
ha.ntE enhamum.  Ce  n'eil  maintenant  qu'un  village 
où  il  y  a  une  Abbaye.  Il  eft  dans  la  Flandre,  fur  l'Ef- 
caut ,  à  une  lieue  d'Oudenarde. 

EER. 

EERENBR.EISTEIN.  Foye-  HERMANSTEIN. 

EERSEL.  Bourg  d'Hollande  dans  la  Campine  Braban- 
çonne. Il  ttoit  anciennement  fott  gros  &  avoit  neuf 
villages  fous  fa  Jurifdiction  :  devenu  fort  petit  , 
il  n'en  a  plus  que  deux  ,  qui  font  Stesnfel  ôc 
DuyLl.  A.ILAS     Se  Corn. 


EF A      EFF 

EF  A. 

fÇT  ÉFAUFILER.  v.  a.  Terme  ds  Marchand  Ruba- 
nier.  Tirer  avec  la  main  la  foie  d'un  ruban  ou  d'un 
bout  d'étofte ,  pour  en  avoir  la  qualité ,  ou  pour  en 
faire  de  la  ouate.  E/iu  ferica  decerpere.  On  le  dit 
aulli  du  drap. 

ifT  Efaufii.e  j  ée.  parc. 

EFF. 

EFFAÇABLE,  adj.  Qui  peut  être  effacé.  De/ebins.  Il 
n'y  a  point  d'écriture  qui  ne  foit  effaçable  avec  de 
l'eau-torte.  Il  ne  fe  die  guère,  quoiqu'on  dife  inej- 
Jacable. 

EFFACER,  v:  a.  Faire  difparoître  l'image  ,  le  carac- 
tère ,  les  couleurs ,  les  traits  ,  l'empreinte  de  quel- 
que chofe.  Dclere.  Ainfi  ce  mot  ne  convient  pas 
(eulement  à  ce  qui  eft.  écrit  ou  imprimé.  On  ejface 
les  taciies  du  vilage  par  le  moyen  d'une  eau  com- 
pofée.  On  efface  l'encre  ,  on  hiit  difparoître  les  ta- 
ches avec  de  l'eau- forte.  On  efface  les  différentes 
couleurs  par  un  mélange  bien  entendu  j  qui  en  fait 
fortir  une  nouvelle. 

|CrOn  voit  par-là  qii  eff'acer  a.  une  fignlfîcation 
beaucoup  plus  étendue  que  rayer  &c  raturer  qui  ne 
fe  difeni  que  de  ce  qui  eft  écrit ,  avec  cette  diffé- 
rence que  rayer  fe  dit  non-feulement  d'un  mot  ou 
de  pluiieurs ,  mais  de  plulîeurs  lignes ,  &  même 
d'une  page  entière  j  &  c'eft  paffer  fur  ce  qui  eft 
écrit  de  limples  traits  de  plume  ,  qui  n'enxpêchenc 
point  de  lire  :  aulieu  que  raturer  ne  fe  dit  que  des 
mots ,  &  c'eft  patfer  fur  l'écriture  des  lignes  affez 
fortes  j  plufieurs  traits  de  lignes  allez  forts ,  pour 
qu'on  ne  puiiïè  plus  la  lire. 

fî^"  Quant  au  mot  biffer,  que  l'on  peut  encore 
regarder  comme  fynonyme,  il  n'eft  employé  que 
dans  un  jargon  particulier ,  que  l'on  appelle  ftyle  du 
Palais.    Fvy.  BIFFER. 

Ce  mot  eft  dérivé  Aq fades ,  félon  Nicot. 

Effacer,  fe  dit,  figurément,  en  chofes  fpirituelles 
&  morales.  Dcterere  j  abolere.  Les  bienfaits  fon: 
bientôt  ejfaces  de  la  mémoire  des  ingrats-  Il  faut 
eifaccr  fes  péchés  par  fes  larmes  ,  par  fes  aumônes , 
par  une  vraie  pénitence:.  Efffacer  un  affront.  L'ab- 
fcnce  atîoiblit  peu-à-peu  l'idée  de  l'objet  aimé ,  & 
{'cifcicc  enfin  abfolument.  M.  Scud.  L'image  de  fa 
grandeur  n'étoit  pas  encore  eff'acée  de  leurs  cœurs. 
Vaug. 

Les  Athées  ne  fauroieni  obfcurcir ,  ni  eff^acer  en- 
tièrement l'impreffion  d'une  Divinité  que  la  vue  de 
ce  grand  monde  forme  fur  eux.   Nicole. 

Effachr  ,  fignifie  auffi  furpalTer  en  mérite.  Obfcurare , 
exfuperare  ,  pncellere  ,  emïcarc  ,  prAgravare.  Le 
foleil  qui  monte  furl'horifon  e^ace  tous  les  aftres , 
tous  les  feux  de  la  nuit.  Cette  beauté  a  e//ace  toutes 
les  autres,  dès  quelle  a  paru  dans  le  bal.  Le  vrai 
mérite  ne  craint  point  d'être  e/^ce  par  celui  des  au- 
tres. Naturellement  nous  avons  un  fecret  dépit  con- 
tre les  perfonnes  qui  nous  effacent.  Bell.  Si  vous 
avez  quelques  qualités  éminentes  qui  effacent  zeWe^ 
des  autres ,  il  faut  les  en  dédommager  par  beaucoup 
de  modeftie.  Bell. 

Dauphin  ,  ce  long  amas  d'Ancêtres  glorieux 

A  quoi  vous  eft-il  néceffaire  ? 
Regarde-^  feulement,  imite\  votre  père  , 
Et  vous  effacerez  tous  les  Rois  vos  aïeux. 

Effacer.  Terme  de  Maître  d'Armes.  C'eft  fe  tourner 
de  façon  que  l'on  mette  à  couvert  la  partie  qu.e  l'en- 
nemi ajufte.  Tegere  ,  ahfcondcre.  Effacer  1  épaule. 
Effacer  fon  corps ,  c'eft  regarder  «Je  demi-face  celui 
contre  qui  on  a  à  faire,  mectanr  la  main  fur  la  garde 
de  l'épce  pour  être  prêta  la  tirer.^LiANCooRv.  Les 
Maîtres  de  danfe  difenr  aufti  cjface^  ces  épaules  ; 
pour  dire  j  ne  faites  point  de  groftes  épaules  ,  ne 


Ë  F  F 

vous  panchez  point ,  tenez  vous  droit,  portez  kj 
tète  éc  le  bras  en  arrière.  ^  j 

fp'  Effacer,  fe  dit  aulii,  dans  le  même  fens,  au  Ma- 
nège ,  &  dans  ces  diftérens  exercices,  c'elt  en  gêné- 
rrd  tenu  Ci;rtaines  parties  du  corps  dans  la  polinon] 
qui  donne  le  moins  de  prife  à  l'ennemi ,   ou  le  plus; 
de  grâce. 
fer  Effacer.  Terme  de  Aîarine.  Prcfenter  le  côté, 
Un  vaillèau  sébacé  quand  il  eft  emboflc,  &  qu'il  l'ej 
prclente  de  plus  en  plus  au  vaille.iu  qu'il  veut  ca-"* 
nonnei". 
Effacé  ,  ée.  part.  Delctus>  Ce  foldat  a  les  épaules 

bien  effacées. 
EFFAÇURE.  f.  f.  Ce  qui  eft  effacé.  Lituni.  Il  y  a  bien 

des  cjjacures  dans  ce  Alanuicrit. 
EFI'ANEA.  V.  a.  Terme  de  Jardinage  :  c'eftla  même 
chofe  qa'effeuilleij  comme  fane  elt  la  mcmc  choie 
que  feuille.  Retrancher  la  fane  ou  les  feuilles.  On 
effanc  les  blés  quand  ils  font  trop  forts.  j 

Effané,"  ée.  part.  1 

EFFARER,  v.  a.  Troubler  quelqu'un  j  de   manière| 
qu'il  vienne  .1  avoir  quehiue  chofe  de  hagard  ,  de 
farouchi  dans  l'air,  dans   lamine,   dans  les  yeux.) 
Ejferarc.  Qu'a-t-on  pu  vous  dire  qui  vous  ait  li  fort  | 
effare  ?  _  j 

Il  fe  joint  avec  le  pronom  perfonnel.  Pourquoi» 
vous  effarer  de  fi  peu  de  chofe.  On  connoît  que  la  ' 
rage  faifit  un.furieux  ,  quand  fes  yeux  coniaiencent 
isejfarer.  Il  n'elt  guère  d'ufage  qu'au  participe. 
Ménage  dérive  ce  mot  de  efferare. 
Effare  j  ée.  part,  Il  eft  venu  tout  ejjaré  nous  annon- 
cer la  perte  de  la  bataille.  On  a  arrêté  ce  meurtrier, 
^'ur  ce  qu'il  s'enfuyoit  tout  interdit  &  effaré.  Il  avoit 
'air  fi  effare  Se  fi  confterné  ,  qu'il  écoit  aifé  de  re- 


fi 


1'^ 

connoître  qu'une  crainte  excellive  le  troubloit.    M 

ScuD. 

Effaré  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  d'un  cheval  levé 
fur  fes  pieds.  Arreclus  inpedes.  La  Weftphalie  porte 
d'azur  au  cheval  gai  &  ejprd  d'argent. 

EFFAROUCHER,  v.  a.  Faire  peur  ,  rendre  fauvage  , 
faire  éloigner.  Efferare,  àfferarc  ,  tcrrere.  Les  ani- 
maux timides  s  effarouchent  aifément ,  comme  les 
chats ,  les  oifeaux.  Vos  menaces  ont  effarouché  vo- 
tre partie  ,  elle  â  pris  la  fuite. 

Effaroucher  ,  fe  dit  aulli ,  au  figuré  ,  à  l'égard  de 
l'efprit ,  &  fignifie  rendre  moins  rraitable  ,  donner 
de  l'éloignement.  Les  paradoxes  effarouchent  l'efprir 
du  peuple  préoccupé  de  fes  erreurs.  Il  faut  j  fi  vous 
rn  ti\  cïoyez  y  a  effaroucher  ■pQxÇonne.  Mol.  Le  feul 
nom  de  la  pauvreté  effarouche  ces  Dames  mondaines 
accoutumées  au  luxe  &c  aux  vanités.  Flécii. 

On  dit  J  figurément ,  effaroucher  les  pigeons  j 
pour  dire  éloigner  d'une  maifonceux  qui  apportent 
du  profit.  AcAD.  Fr. 

Ce  mot  eft  dérivé  du  Latin  eff^erociare,  félon  Mé- 
nage. Eff'crociare  eft  un  mot  qu'on  ne  trouve  point, 
ou  qu'on  ne  trouve  guère.  Il  elt  forgé  de/èro.v,  d'où 
nous  avons  fait  farouche  j  &  de  là  effaroucher. 

Effarouché  ,  ee.  part.  &  adj.  Ce  qui  augmenroit  fa 
douleur ,  c'étoit  de  voir  fes  amis  effarouchés,  &  que 
perfonne  n'ofoit  plus  l'aborder.  Vaug. 

Effarouché  j  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  d'un  chat , 
lorfqu'il  eft  en  aélion  rampante.  On  l'appelle  aulli 
effare. 

EFFAUTAGE.  f.  m.  Terme  de  commerce  des  bois. 
On  appelle  ainfi  le  merrain  de  rebut. 

EFFECTIF,  ivE.  adj.  Réel  &:  pofitif.  V  crus  y  legiti- 
mus ,  Jîncerusi  II  a  conligné  le  prix  de  cette  terre  en 
deniers  effeWfs.  Ceux  qui  font  les  moins  exaéls  en 
civilités  ,  font  fouvent  ceux  qui  ont  le  plus  de  de- 
firs  effcclifs  de  nous  rendre  desfervices réels.  Nicol. 
Une  armée  de  ^o  mille  hommes  fur  les  rôles ,  n'eft 
pas  de  10  mille  effeclifs  en  campagne?  C'eft  un 
nomme  effectif  ;  fa  p.arole  eft  effective  ;  pour  dire 
qui  fait  ce  qu'il  dit,  qui  ne  promet  ncn  qu'il  ne 
faife. 
Effectif,  fe  dit  encore,  en  Théologie  ,  pour  appa- 
rent,  extérieur  J  ou  plutôt  pour  ce  qui  n'eft  pas 
rcillement ,  mais  qui  a  les  mêmes  effets  que  s'il 


E  F  F  58^ 

croît  réel  :  ainfi  ,  quand  l'Ecriture  dit  qite  Dieu  fe 
repent,  qu'il  eft  en  colère ,  «Se  même  en  fureur,  en 
un  mot ,  quand  elle  lui  attribue  des  pallions ,  ce 
n'eft  pas  qu'il  les  ait  en  effet;  mais  c'eft  qu'il  paroît 
les  avoir  ,  qu'il  agit ,  qu'il  produit  les  mêmes  effets 
que  s'il  les  avoit;  &  cela  s'appelle  un  repentir 
^ff'^^i'î  ^  une  colère  efflclive  ^  &;c.  Il  eft  oppofé  à 
affeclij.  ^  .      _ 

Effectif,  en  termes  de  Théologie,  fignifie  qui  fait 
faire,  qui  fait  pratiquer.  Ainfi  les  Théologiens  dif- 
tinguent  denx  fortes  d'amours  de  Dieu.  L'amour 
affecl:if,  &  l'amour  e^ecZi/.  Celui-ci  eft  l'amour  de 
Dieu  qui  fait  obferver  fes  commandemens,  Foyer 
AFFECTIF. 

EFFECTIVEMENT,  adv.  D'une  manière  réelle  &  po- 
lirive.  F'erè.  Il  a  payé  cette  femme  effectivement, 
réellement  ôc  de  fait.  Dans  les  douleurs  d'oftenta- 
tion  l'on  s'efforce  de  paroître  touché  beaucoup  plus 
qu'on  ne  l'eft  effectivement.  M.  Esp.  C'eft  une  chofe 
effectivement  mauvaife.  Paîc.  Les  liommes  fe  for- 
ment des  idées  de  vertu  qu'ils  ne  pratiquent  jamais 
effectivement.  Nicol.  Le  repos  eft  une  chofe  Ci  dou- 
ce ,  que  ceux  qui  ne  le  pofsèdent  pas  effeclivemenc , 
tâchent  de  le  goîiter  par  l'imagination  &  par  la  pen- 
fée.  Id. 

EFFECTION.  f.  f.  Terme  de  Géométrie.  Manière  de 
faire  un  problême.  Effeclio.  Plnfieurs  ont  démon- 
tré la  quadrature  du  cercle  j  &  la  duplication 
du  cube  ;  mais  Yeffeciion  n'en  étoit  pas  géométri- 
que ;  elle  n'étoit  qUe  mécanique ,  faite  avec  des 
inftrumens. 

EFFECTUER,  v.  a.  Mettre  une  promelTe  à  exécution. 
Eacere ,  pr.<ffare ,  exequi.  Les  hâbleurs  n'effecluenc 
pas  la  moitié  de  ce  qu'ils  promettent. 

Effectué,  EE.  part.  Qui  a  eu  fon  effet.  FacZw  ;  f'^J' 
titus. 

EFFÉMINATION.  f.  f.  Âdion ,  manière  des  femmes. 
Les  hommes  qui  fe  rougiffent  le  vifage  de  fard, 
devroient  bien  plutôt  rougir  de  honte  de  s'amufer  à 
ces  efféminations.  Ecole  du  Monde.  Ce  mot  n'a 
pas  fait  fortune.  Il  eft  aufli  décrié  que  l'Auteur  qui 
s'en  eft  fervi. 

EFFEMINER.  v.  a.  Rendre  foible ,  comme  l'eft  ordi- 
nairement une  femme.  Enervare  ,  debditare  ^  fran- 
ger e ,  emôUire  ,  effeminare.  Le  luxe  efféminé  les  peu- 
ples. Les  fpeélacles  du  théâtre  ne  font  propres  qu'a 
amollir  &  à  effeminer  la  jeunelle.  S.  Evremont. 
L'amour  maternel  efféminé  Se  attendrit  trop  ks 
enfans.  Mont. 

Efféminé  ,  Éfe.  part.  palT.  &  adj.  Qui  fe  ditd'un  hom- 
me amolli  par  les  délices;  qui  eft  devenu  (emblable 
à  une  femme;  qui  tient  de  la  foiblelTe  d'une  fem- 
me. Mollis^  effeminctus.  Héliogabale  étoit  un  Prince 
efféminé.  La  beauté  de  l'efprir  n'a  rien  de  mou,  ni 
d'efféminé.  BouH.  Que  ceux-là  pleurent  qu'une 
longue  profpérité  a  rendu  lâches  ^:  efféminés.  S.  Ev. 
L'éloquence  Chrétienne  ne  doit  point  affeéter  de 
charmer  l'oreille  par  la  mollelTe  d'un  langage  effé- 
miné, Ab.  du  Jarry.  On  dit,d'un  homme  qui  a  les 
traits  trop  délicats ,  que  c'eft  une  beauté  efféminée  , 
vifage  efféminé. 

Efféminé,  f.  m.  C'eft  un  efféminé. 

EFFERDING.  Efferdinga.  Petite  ville  de  la  haute 
Autriche,  en  Allemagne  ,  fituée  à  une  lieue  du  Da- 
nube, Se  à  trois  lieues  de  Lintz  ,  du  côté  du  cou- 
chant. Eff}rdina  eft  défendu  par  deux  châteaux , 
dont  l'un  eft  dans  la  ville,  &  l'autre  dehors.  Ce  der- 
nier s'appelle  Schaumbourg. 

EFFERVESCENCE,  f.  f.  Terme  de  Chymie  Effer-' 
vefcentia.  En  Chymie  on  n'entend  point  par  ce  mot 
un  mouvement ,  un  bouillonnement  caufé  par  le 
feu,  mais  le  mouvement  inteftin  excité  dansun li- 
quide, dans  lequel  il  fe  fait  une  combinaifon  de 
fubftances,  telles  que  les  acides  appliqués  aux  alca- 
lis qui  fe  mêlent  &i  produifent  ordinairement  de  la 
chaleur  ,  avec  un  nombre  confidérable  de  pentes 
bulles,  poulfées  vers  la  furface  du  liquide  ,  où  elles 
crèvent ,  Se  fouvent  de  tous  côtés  des  particules  de 
ce  liquide.  Les  acides  étant  mêlés  avec  les  alcalis 


E  F 


5^4  

tanc  effervefcence ,  comme  1  efprit  de  vitriol  mcie 
avec  de  l'huile  de  tarae-  L'crpru  de  vitnol  mcié 
avec  l'huile  diftilléé  de  théiébenrine  fait  une  eljer- 
vefccnce  violente  ,  accompagnée  d  une  cli.-ileiii  ex- 
trcme,  aulîi  bien  que  l'u-rpru  d'uiuie  avec  i  iuiile  de 


virnol.  Leau  llmple,  vcri'ée  iur  delà  chaux  vive, 
fait  aulîi  ejfervefcence  de  même  que  le  coraii  avec  ie 
fuc  de  citron  ou  de  limon,  le  iliarbre  avec  1  elpiu 
de  fel  ;  la  corne  de  cerf ,  la  craie  ,  la  dent  de  lan- 
glier ,  les  yeux  d  ccievilfe  ^  la  nacre  ,  6i  tous  ks  co- 
quillages avec  les  acides.  La  plupart  des  ejjervej- 
vefcences  produilent  de  la  chaleur  dans  les  corps  ,  à 
caufe  que  leurs  parties  fe  heurtent  fortement  les 
unes  les  autres  :  il  y  en  a  pourtant  qu  on  appelle 
froides ,  parce  qu'elles  n'en  caufcnt  point  ,duinoins 
qui  foir  feniible  ,  quoique  d'ailleurs  ïcj^f-erve/cdnct: 
loit  fort  grande  :  telle  ett  celle  qui  arrive  par  le  mé- 
lange du  corail  en  poudre  avec  le  vinaigre  diihlié  ; 
ce  qui  vient  de  ce  que,  le  corail  ayant  des  pores  allez 
grands  ,  il  peut  être  facilement  dilfous,  lans  qu'il  fe 
l-ilfeun  grand  froiiremeht  de  ce  corps  par  les  acides  , 
comme  il  feroit  uécelïàire  pour  exciter  une  chaleur 
conlidcrable.  Vejf'crvefcenu  fe  produit  quelquefois 
par  le  mélange  de  deux  liqueurs  froides.  Z'  oj  e~ 
î'Hifloire  Latine  de  l'Académie  Royale  des  Sciences , 
par  M.  Duhamel,  féconde  édition,  page  4^5. 

%fT  Nous  avons  déjà  obfervé  au  mot  ct^ullnïon 
qu'on  ne  doit  point  confondre  effervc/ancc: ^wcc/cr- 
mentadon,  ni  ■a.wQd^lmUidun,  La  bière  ell  Qnjenncn- 
c.icion  ;  l'eau  qui  bout ,  eft  en  ebuilaion  j  bi  le  fer 
dans  l'eau- forte  fait  effervejunce.  Foye^  E'6'ULLl- 
TION  &  FERMENTATION. 
§C?  EFFERVEScEHt.E,  en  Médecine ,  bouillonnement, 
mouvement  inteliin,  femblable  à  celui  dont  noub 
venons  de  parler,  que  quelques  Médecins  luppolent 
excité  dans  les  humeurs  du  corps  humain.    Les  re- 
mèdes,  foit  fondans ,  foit  abiorbans,  qui  cauleui 
l'ejjervefcencê,  font  que  le  levain  occupant  plus  d'ef- 
pace  qu'auparavant  ,  produit  des  douleurs  erfroya- 
bles.   DioNis. 
ifF  EprEavEscENCE  dans  un  fens  figuré.  Madame  de 
Grignan  avoir  rendu  compte  à  Madame  de  i*évignc, 
fa  mère  ,  de  quelques  tiacaireries  de  famille  ,  eau- 
fées  ,  difoit  -  elle  ,  par  des  ejfcrvefcences  d'humeur. 
Madame  de  Sévigné  répond  :  cela  s'appelle   donc 
(comment  dites-vous  j  ma  tille  ?  )  à^iejjcrycJccuLCi 
à  humeur  ?  Voilà  un  mot  dont  je  n'avois  jamais  en- 
tendu parler;  mais  il  elt  de  votre  père  Delcaices; 
je  l'honote  à  caufe  de  vous. 
EFFET,  f.  m.    Ce  qui  ell  produit ,  ce  qui  rcfulte  de 
l'opération  des  caufes  agillantes.  t'.^cclus.  On  ccri- 
voit  autrefois  ejfeci  2ivec  un  c,  ce  qui  marquou  en- 
core mieux  fon  origine  ;  mais  cela  n'eft  plus  d'uiage. 
Les  caufes  fe  font  connoître  par  les  ejfers.  Les  cou- 
leurs de  l'arc  en-ciel  font  un  bel  ej^ec.  L'air  produit 
de  beaux  effets ,  aufia-bien  que  la  nature.  Ohai  le- 
magne  fufpondit  un  peu  les  triftes  effets  de  la  bar- 
barie &  des  ténèbres  qui  fe  répandirent  dans  les 
ficelés  fuivans.  Bail.  Les  effets  extraordinaires  des 
palfions  ne  peuvent  être  imités  par  la  raifon.  Us  dé- 
pendent des  objets.   Nie. 

En  termes  de  Peinture,  Se  en  parlant  de  certaines 
touches  de  lumière  qui  font  un  bel  effet  dans  un  ta- . 
bleau  ,  on  dit,  voilà  un  bel  effet  de  lumière.  Cn  | 


E  F  F 

de  llyîe.  -4  cet  e^^et ,  fignihe  la  même  chofe  ;  mais 
il  eft  an  peu  moins  en  ulage.  ^  quel  effet  ?  iignihe 
à  quelle  intention  ?  pour(juoi  ?  &  il  commence  à 
vieillir.  A  l'effet  de. ...  n'ell  que  du  llyle  de  prati- 
c|ue.  Cell  une  phrafe  adverbiale  qui  fe  dit  au  Pa- 
lais. Ut,  eo  fine  ut.  Doit-on  croire  que  le  Ch.  a  été 
bien-aiie  qu'on  ne  fixât  rien  ,  à  l' effet  tï'ùiïQ  m.aître 
d'exagérer  ces   dépenles  ?  Gilley. 

On  dit,  au  Palais,  qu'un  homme  a  été  mandé  à 
cet  ejjct  ^  pour  cet  effet ,  eu  cuusu  ;  qu'il  a  produit 
telle  pièce  à  cet  effc-^  pour  dire,  à  cette  fin  ,  pour 
cette  caule.  On  dit  auHi ,  en  confirmant  une  fen- 
tence  ,  qu'elle  fortira  Ion  pL-m  <Sc  entier  effet ,  pour 
dire ,  qu  elle  fera  exécutée  félon  fa  forme  &  teneur. 
Cela  vient  àzfortiri  effcïum. 

En  matière  bénéficiale  on  dit,  créer  une  Chanoi- 
nie  aVeffetdc  polTéder  une  dignité  dans  une  Ca- 
thédrale ,  quand  on  crée  un  titre  de  Chanoine  e.a 
faveur  de  l'impétrant  d'une  dignité  ,  fans  lequel  il 
ne  la  peut  pollcder.  Dans  les  autres  matières  de 
droit  on  emploie  aulli  la  même  expreiîion  ,  à  l'c^'et 
de  j  pour  marquer  la  hn,  l'intention  ,  le  dellein.  Il 
y  a  des  décrets  qui  le  font  en  coiiiéquence  d'un 
contrat  de  vente,  â  l'effet  de  purgez  les  hypothèques- 
pour  la  sûreté  de  l'acheteur. 

EfFET,  &  plus  ordinairement  ejjets  nu  pluriel ,  fe  dit 
des  biens  des  perfonncs ,  &  particulièrement  des 
négocians ,  &  de  leurs  meubles  &  actions.  Dona  , 
res  jfignus.  Effets  d'un  Marchand,  Bona  conjîantia. 
Les  créanciers  viennent  à  contribution  fur  les  effets 
mobiliaires.  Cette  obligation  ert  un  bon  ,  ou  mau- 
vais effet,  c'eft-à-dire ,  eft  duc;  par  un  homme  riciie , 
ou  par  un  homme infolvable.  11  faut  qu'une  caution 
juftitie  de  fes  effets  &  facultés. 
En  EFFET  j  adv.  relpsâ  ^  /psâ  re.  D'une  maniète  vérita- 
ble èl  réelle.  Les  couleurs  ne  font  rien  en  effet  :  ce 
n'cil  qu'une  apparence   &   une   réflexion   de  lu- 
mière. 
IfT  En  effet  &  efïedivement ,  font  à-peu-prcs  fy- 
nonimes.  Cependant  le  premier  de  ces  mots  patoîc 
plus  propre  que  l'autre  pour  oppofer  l'apparence  à 
la  réalité.  'Vertueux  en  apparence  ,  vicieux  en  effet. 
En  EFFET  ,  eft  aullî  une  conjonction  avec  laquelle  on 
reprend  un  difcours ,  en  rendant  raifon  d'une  chofe 
qu'on  a  avancée.  Et  verb.  En  effet  il  eft  certain  que, 
&c.  Il  y  en  a  qui  difent ,  car  en  effet,  &  croient  par- 
là  donner  plus  de  force  à  leur  difcours  ,  &  plus 
d'emphafe  à  leur  raifonnement.  C'eft  une  répétition 
fuperliue,  &  même  ridicule.  Car,  &  en  effet,  ligni- 
fient à-peu- près  la  même  chofe,  &  car  en  effet  q9c 
aulli  mal  die  que ,  fi  cn  cas  _,  &  autres  expreflions 
femblables. 
|Cr  Effets  civils ,  en  Jurifprudgnce  ,  font  les  droits 
&  les  avantages ,  (jui  font  accordés  aux  regnicoles, 
par  les  lois  civiles  &  politiques  de  l'état  :  comme 
de  pouvoir  intenter  des  aébsons  en  juftice ,  pouvoir 
fuccéder  j  pouvoir  dlfpofcr  de  fes  biens  par  tefta- 
ment  j  pouvoir  poiféder  des  offices  &  des  bénéfices 
dans  ce  Royaume.  Tout  cela  s'appelle  vie  civile  , 
&  ceux  qui  font  incapables  des  effets  civils ,  com- 
me les  Aubains  ,    ceux  qui  font  condamnés  aux 
Galères  à  perpétuité ,  ou  au  bannllFement  perpétuel , 
font  morts  civilement. 


dit  aulli,  un  bel  effet  de  clair  obfcur,  lorfque  l'un  [EFFEUILLER,  v.  a.  Dépouiller  un  arbre  de  k^  feuil- 


&  l'autre  font  bien  ménagés  ii-  bien  entendus.  C'eft, 
dit  M.  V/atelet  j  le  concours  des  différentes  parties 
de  l'Art,  cjui  excite  dans  l'efpric  de  celui  qui  voit 
un  ouvrage,  le  fentiment  dont  le  peintre  étoit  rem- 
pli en  le  compofanr, 
Ef  FET  ,  fignifie  aulli  Pratique  ,  exécution.  Opus  ,  res. 
■  Voilà  une  machine  bien  inventée;  mais  il  en  fuit 
voir  \ effet.  Cet  homme  prome::  beaucoup  ;  mais  on 
ne  voit  point  d't/fer,  point  d'exécution.  On  attend 
rtf/fèr  de  fes  promelfes.  Ablanc. 

Pour  cet  effet,  A  cet  effet.  A  auel  effet.  Façons  de 
parler  qui  ont  chacune  leur  lignification  &  leur 
iifige.  Peur  cet  effet,  fignifie  pour  l'exécution  de 
quoi,  &  peut  s'employer  fort  bien  dans  toute  force  . 


IcS  en  tout  ou  en  partie.  Frondes  carpere  ,ftringere  , 
avellere.  Fronde  levare  arbore^ ,  Sic.  On  dit  en  latin 
frondator ,  celui  qui  eiFeuille  les  ^x\)ïQ%\jrondatio ^ 
l'aétion  d'etfeuiller  les  arbres  \  frondarius ,  qui  fert 
à  effeuiller ,  ou  qui  y  a  rapport  ,  commQ  frondaris 
fijci.n£  ,  paniers  ou  mannequins  à  mettre  les  feuilles 
qu'on  a  tirées  des  arbres ,  &  qu'on  garde  pour  la 
nourrittire  du  bétail ,  &:c. 

|CT  On  effeuille  les  mûriers  pour  nourrir  les 
vers  à-foie.  Les  Payfans  çffeullient  les  arbres  en 
automne,  pour  nourrir  les  vaches  pendant  l'hiver. 
Ils  appellent  cette  opération  ébroiiter ,  frondatlo  , 
comme  qui  diroit  ôrer  le  brout ,  ou  ce  que  les  ani- 
maux pouuuient  brouter.  On  trouve  efl-udleur  & 

etFeuillement 


EFF  J85 

corps  n"a  point  d'autre  lien  6c  d'autre  principe  j. 


EFF 

efcuillcment  dans Nicot  (<c  dans  Pomey.  Ils  ne  font  .   _         .  ^ ^^^ 

plus  en  ulage.                                                              I  que  i'efficua  des  décrets  ;  que  les  caufes^fecoudes 

ifT  On  le  dit  de  même  des  fleurs.  £^e«i//er  une  n'ont  aucune  ç^^zazctpropic,  occ.  i:_^t■t^c■t■,prlscom- 
rofe  :  &  il  le  du  avec  le  pronom  perfonnel.  Les  to-  me  fubllantilr",  n'ell  plus  d'ulage,  du  Voltaire.  On 
ies  s'effeuillent  du  matin  au  loir.                                  j  dit  etficacue  ,  ou  plutôt  on  le  lert  d'un  autre  mot. 

iczr  En  termes  de  jardinage,  effiuillsr^  c'eft  ôter   EFFICACEMENT,  adv.  D'une  manière  efficace.  EJfi- 


.  les  feuilles  qui  couvrent  les  traits ,  &c  qui  par  leur 
ombre  les  empich.MU  de  prcnJte  du  colons.  Ces 
fruits  ainli  découvetts ,  ■S»:  plus  expolés  à  l'action 
du  Ibleil ,  acquièrent,  dans  leur  niduradùn ,  de  la 
beauté  ,  de  la  couleur  &  du  goût  j  mais,  dans  cette 
opération ,  on  djit  prendce  garde  de  ne  pas  ôcer 
un  trop  gcand  nombre  de  teuilles  ,  parce  que  les 
feuilles  elles  mêmes  iont  néceliaires  pour  la  nour- 
riture des  fruits.  Foye:[  Feuille.  Pour  les  vignes 
on  dit  épamprer  ,  pampïnare  :  autretois  on  diloit 
bdiUcrjôur ,  bj.'dkr  foUaigCy  ce  qui  lignitioit  non- 
fculemen:  retrancher  les  teuilies ,  mais  aulJi  les 
branches  qui  donnent  trop  d'ombre  j  ôc  même 
couper  quelques  arbres  d'elpace  en  elpace,  afin  que 
ceux  qui  reitent  foient  plus  au  large,  6i  en  vien- 
nent mieux.  C'ell  en  ce  lens  que  Pline  a  dit  Inzir- 
lucxre  ramos  arboruin ,  &  on  trouve  ailleurs  lucuni 
collucare.  Effeuiller  fe  dit  aulîi  des  cartes  à  jouer , 
lorfqa'elles  fe  décollent ,  que  les  feuilles  du  carton 
fe  détachent.  Cette  carte  sejfeuUie _,  on  le  fent  au 
■  doigt. 

Ce  mot  vient  du  latin  e.v  j  iSc  Atfolïuin. 
Effeuille  ,  ée.  part. 

Ef  r  ICACE.  adj.  m.  &  f  Qui  produit  fon  effet.  Efficax. 
il  fe  dit  des  remèdes  pour  les  choies  corporelles  j 
èc  de  la  grâce  pour  les  chofss  fpirituelles.  Remède 
«/pcjcé  contre  les  venins.  GïàcQ  •ijficace.  On  dit  en- 
core ,  un  moyen  efficace  pour  parvenir  à  certaine 
chofej  c'e:l:-à-du-e  ,  un  lujyen  sur  ,  immanquable. 
La  philofjphie  eil  un  remède  ejjicace  contre  les 
traverfes  de  la  fortune.  Malgré  l'union  de  l'ame  &i 
du  corps,  on  demeureroit  immobile  ,  fi  Dieu  n'ac- 
cordoit  fes  volontés  to  ijours  ejficuces  avec  nos  ei^- 
forts  toujours  iinpui'dans.  Maleb. 

Les  Théologiens  Catholiques  divifent  la  grâce  en 
fuiHlance  &:  effc2ce.  Veffcace  éclaire  l'elprit  ,  6c 
touche  le  cœur  de  telle  manière  j  qu'elle  produit 
toujours  ion  effet ,  quoiqu'il  puille  être  empêché 
par  la  réfhcance  delà  volonté.  Les  Janféniftes  veu- 
lent qu'il  n'y  ait  point  de  grâce  futîitance,  cjui  ne 
foit  aulli  efficace  j  c'ell-à-dire  ,  qui  ne  détermine 
efficacement  la  volonté  à  agir. 

Quelques  Théologiens  veulent  que  la  grâce  effi- 
cace fou  efjicjice  par  elle-même.  La  grâce  efficace 
par  clle-mi:ne  J  s'il  en  ell,  elt  celle  qui  a  fon  effet 
par  elle-même  ,  &  nullement  du  confentement  de 
la  volonté.  Calvin  elt  le  premier  qui  fe  foit  feivi 
du  terme  de  grâce  efficace  par  eile-incme.  Un  nou- 
veau Théolo'^ien  a  prétendu  que  l'eflicacité  de  la 
grâce  par  elle-même  conhlloit  en  ce  que  la  grâce 
efficace  elt  toujours  jointe  à  une  nécellîté  morale  de 
fiire  le  bien  auquel  elle  porte ,  au  lieu  que  la  grâce 
fuîtifinte  ell  toujouis  jointe,  félon  lui ,  aune  im- 
puilïance  morale  de  taire  le  bien.  Un  Théologien 
anonyme,  dans  deux  ou  trois  Dénonciations  qu'il 
a  faites  de  cette  doilrine  aux  Evèqnes ,  M.  l'Abbé 
du  Mas ,   dans  fes  Lettres  fur  les  hcrefies  du  XVII. 
Jlècle  ,  &  le  P.  Daniel ,  dans  un  Traité  de  l'impuij- 
fance  morale  ,  ont  réfute  ce  fyftême ,  qu'ils   ne 
croient  différer  du  Janfénifme  que  par  les  mots. 
Voye^  ce  mot  Grâce. 
Efficace,  f.  f.  Force  par  laquelle  une  caufe  produit 
fon  effet.   On  le  dit  dans  les  mêmes  fens.  L'effi- 
cace d'un  remède,  d'un  difcours,  de  la  grâce.  Il  fe 
dit  très-ordinairement  dans  les  matières  de  la  grâce. 
L'efficace  de  la  grâce  eft  la  vertu  par  laquelle  elle 
produit  infailliblement  fon  effet ,  fans  bleffer  le 
libre  arbitte ,  qui  peut  toujours  lui  rcfuferfon  confen- 
tement. On  y  voit  V efficace  de  la  grâce  de  Jésus- 
Christ,  qui  amollit  un  cœur  endurci,  fans  lui  ôter 
fa  liberté.  God.  Votre  exemple  aura  une  efficace 
tonte  particulière.  Port-R.    Le   P.   Malehranche 
prétend  que  le  commerce  mutuel  entre  l'ame  iSc  le 
Tome  III. 


caciter.  La  grâce  agit  efficacement  dans  nos  cœurs  , 
quand  elle  y  trouve  des  difpofuions.  Dieu  difpofe 
efficacement  de  notre  cœur.  On  du  aulTi  j  vouloir 
e/,';tjie/72e/ir  quelque  chofe  \  c'eft-à-dire  ,  vouloir  de 
tout  fon  cœur  J  tout  de  bon,  n'avoir  pas  de  fim- 
ples  defirs ,  ou  velléités  i  prendre  des  mefures  sûres 
pour  en  venir  à  bout  ,  ikc. 
EFFICACITE,  f.  f  Terme  abfolument  fynonyme  à 
efficace  j  fubftantif.  On  a  eu  de  la  peine  à  s'accoutu- 
mer à  ce  mot.  De  bons  Auteurs  l'ont  même  regar- 
dé comme  mauvais.  Aujourd'hui  il  eft  généralement 
reçu  J  &  beaucoup  plus  uiué  (\\xeijicace.  Efficacia  j 
efficacitas.  Janfénius  &c  Hqs  dilciples  font  confifter 
l'efficacité  de  la  grâce  dans  la  délectation  vidtorieufe. 
Ce  fentiment   ell    inloutenable  ,    &    contraire  à 
l'expérience  ,  &  à  l'exemple  de  Jesus-Christ  dans 
le  Jardin  des  Olives  ,  (k.  lur  la  croix ,  à  l'exemple 
de  tous  les  Saints  ,  à  ce  que  difent  en  cent  endroits 
David ,  S.  Paul ,  Sec.  On  lait  le  bien  fouvent  avec 
de  très-grandes  difficultés ,  de  très-grandes  répu- 
gnances ,  &  fans  cette  prétendue  délégation.  C'eft 
ce  que  les  Saints  appellent  les  Etats  d'aridité  ,  de 
fécherclle  J  d'épreuve.  Il  s'enfuivroit  j  1°.  Qu'alors 
ces  Saints  tout  le  bien  fans  la  grâce  ,  qu'ils  font  des 
hypocrites  ,  &c  que  leurs  actions  font   de  vrais  pé- 
chés. 1".  Si  l'on  ne  fent  donc  point  cette  déleéta- 
tion  célefte ,  il  eft  naturel  qu'on  s'abandonne  à  la 
rentîition  ,   dilant  qu'on  n'a  point  de  grâce.  5".  Si 
la  vue  de  l'Enter  étonne  ,  trouble  ,  effraie  ,on  di- 
ra que  ce  n'ell  point  la  grâce.  Ce  lont  là  autant  d'ab- 
futdités  5c  d'impiétés  qui  montrent  la  fauffcté  de 
ce  fyftême. 
EFFICHER.  v.  n.  Vieux  mot.  Imaginer  ,  penfer. 
EFFICIENT  ,  EN  TE.  Efficiens.  Terme  de  Philofophie^ 
qui  fe  joint  ordinairement  avec  le  mot  caufe  ,  qui 
produit  quelque  effet.   Il  y  a  quatre  caufes ,  l'effi- 
ciente ,  la  finale  ,  la  matérielle  &  la  formelle.  Voy. 
Cause. 
EFFIGIE,  f  m.  Repréfentation  d'une  perfonne.  Effi- 
gies. On  voit  les  Rois  en  effigie  dans  leurs  lits  de  pa- 
rade. On  voit  l'effigie  du  Roi  Henri  IV.  au  Tréfoc 
de  S.  Denis. 
Effigie,  fe  dit  aulîi  de  l'empreinte  d'une  monnoie  , 
de  larepréfentationdela  tête  du  Prince  qui   la  fait 
battre.  Les  Louis  d'argent  ont  d'un  côté  l'effigie  du 
Roi ,  &  de  l'autre  les  Armes  de  France.  On  dit , 
l'effigie  d'un  lion.   Les  Sculpteurs  en  médailles  fe 
fervent  da  mot  effigie  j  pour  les  figures  de  mé- 
dailles. 

1^  On  confond  ordinairement  ces  mots  ;  effi- 
gie ,  image  ,  figure ^ portrait ,  Se  on  les  donne  com- 
me fynonymes  dans  les  Didionnaires.  Voici  les 
nuances  particulières  par  lelquelles  M.  l'Abbé  Gi- 
rard les  diftingue.  L'effigie  eft  pour  tenir  la  place  de 
la  chofe  même.  L'image  eft  pour  en  reprélentei" 
(împiement  l'idée.  L3  figure  ,  pour  en  montrer  l'at- 
titude &:  le  deffein.  Le  portrait  ed  uniquement  pour 
la  relTemblance.  Voye:^  ces  mots.  On  pend  en  effi- 
gie les  ctiminels  fugitifs. 

On  appelle ,  Exécuter  en  effigie ,  l'exécution  d'nn 
criminel  contumax  &  condamné  ,  dont  on  n'a  pu 
faire  la  capture.  On  pend  un  tableau  à  une  poten- 
ce ,  où  eft  dépeint  le  criminel ,  la  qualité  du  fup- 
plice.  Se  le  jugement  de  condamnation  eft  écrit  au 
bas.  Il  n'y  a  que  les  condamnations  à  mort  qui  s'eXc- 
cutent  en  effigie.  Les  condamnations  aux  galères  j 
amende  honorable ,  bannillèment  perpétuel ,  flé- 
trilfure  ,  fouet ,  font  feulement  écrites  fur  un  ta- 
bleau ,  fans  aucune  effigie. 
ÉFFIGIER.  V.  a.  Dans  le  propre  ,  c'eft  faire  l'effigie  de 
quelqu'un  _,  lui  dreffer  une  ftatue.  Effingers.  Tailler 
ou  tirer  au  vif ,  dit  Nicot  ;  mnis  il  n'eft  plus  en 
ufagedans  ce  fens.  Effigierne  fedit  plus  que  poac 

E  e  c  e 


5^6  ï.  F  F 

fignifier,  cxcciuei"  un  ciimintl  en  effigie.  Debixum 
fond  abfendjupplkium  in  tabdia propo!:crc,j'onds  ab- 
Jends  effigiein  padbuio  appendere.  Ce  banqueroutier 
a  été  effigie  ,  pendu  en  etïigie. 

Fffigié  ,  ÉE.  part.  Sc  adj. 

EFFILE,  f.  m.  C'eft  ainll  qu'on  appelle  le  linge  bordé 
d'une  efpcce  de  frange  de  tii ,  &  qu'on  porte  dans 
le  deuil:  être  en  effiie  ,  porter  V effilé. 

^fT  L'e^z/e  eft,  proprement,  l'eipèce  de  frange  de 
foie  crue,  ou  de  til ,  qui  borde  les  manchettes  ,  les 
garnitures  ,  qu'on  porte  pendant  le  deuil. 

EFFILER.  V.  a.  Ôter  quelques  fils  d'un  tilfu  ,  d'une 
toile,  d'une  érotfe.  ^V/j  evellere  ,filadm  di(]olvere. 
Les  Tailleurs  bougient  les  bords  de  plufieurs  étof- 
fes, pour  empcclier  qu'elles  ne  s'effilent  avant  qu'el- 
les foient  cûufues. 

Effilé  ,  ée.  part.  &  adj.  Il  a  la  fignifîcation  de  fon  ver- 
be. La  charpie  ell  faite  de  linge  effilé.  Oignis. 

On  dit ,  en  termes  de  Chalfe ,  que  des  chiens  font 
effilés  ,  Laffii  ^fadgad  j  rupd ,  pour  avoir  couru  avec 
trop  d'ardeur. 

On  dit  auffi  ,  d'une  perfonne  ,  qu'elle  eft  effilée  ^ 
qu'elle  a  la  tète  effilée ,  gracilis  ,  pour  dire  ,  qu'elle 
eft  grande,  déliée,  menue.  Ablanc.  Vifage  effilé  , 
étroit  &  long.  Un  grand  cou  effilé.  On  devient  fou- 
vent  effilé  di  force  de  vouloir  avoir  la  taille  déliéee 

&  dégagée, Térence  a  dit  dans  ce  fens-là Quas 

maires jtudcnt  demïffis  humer'is  effie  j  vinclo peclore ut 
graciles  fient. .  ,  Reddunt  curaturâ  junceas.  Cheval 
effilé ,  eft  un  cheval  qui  a  l'encolure  trop  déliée. 

fer  Effilé,  fe  dit  auffi,  parmi  les  Jardiniers ,  d'une 
branfihcj  &  même  d'un  arbre  entier  trop  menu. 

Effiler,  v.  a.  Terme  de  Jardinage  ,  qui  fe  dit  des  ar- 
tichauts. C'eft  la  même  chofe  que  les  œilletonner  , 
c'eft-à-dire  j  ôter  leurs  œilletons  ,  ou  les  nouvelles 
productions  qu'ils  font.  Pullos  cinars,  disjungere  , 
ro//er<;.  J'ai  déjà  cent  pieds  d'artichauts  effilés.LiGEK- 
Ce  mot ,  en  ce fens ,  eft  compofé  de  fils,  fille, 
filius  ,  &  de  la  prépofition  e ,  qui,  dans  la  compoiî- 
tion,  fignifie  retranchement.  On  dit  mieux  œille 
tonner. 

-EFFILURE.  f.  f.  Fils  qu'on  a  ôtés  d'un  tiffu  j  d'une 
toile ,  d'une  étoffe.  Pour  coudre  ce  fac  ou  cette 
poche,  je  m'étois  fervi  des  ç^/^rei- de  mon  linceulj 
-en  guife  de  fil  ;  &  avec  un  brin  de  baiai  que  j'avois 
-fendu  parle  milieu  avec  mes  dents ,  j'en  avois  fait 
une  aiguille.  DelloNj  tom.2.  de  /es  Foyages  j  ch. 
8s.  p.  çS.  çç. 

EFFIOLER.  v.  a.  Terme  d'Agriculture  ,  qui  fe  dît  en 
pluheurs  endroits.  C'eft  ôter  la  fiole  des  blés  j  c'eft- 
à-dire  ,  leur  feuille  ,  cette  production  qui  fort  d'a- 
bord de  terre  après  que  le  blé  eft  levé  ,  &  qu'en 
quelques  endroits  on  appelle  par  corruption  fiole  , 
au  lieu  de  feuille.  Faire  brouter  le  blé.  Il  faut  effloler 
ces  blés.  LiGER.  On  effiole  les  blés  dans  les  bonnes 
terres  ,  lorfqu'avant  l'hiver  ils  pouffent  avec  trop  de 
vigueur. 

:^CTEFFioLER.,fe  dit  SD  quelques  endroits  pour  Effeuil- 
ler &  eftaner. 

C^  Effiolé  ,  ÉE.  part. 

EFFLANQUER.  v.  a.  Il  fe  dit  en  parlant  des  chevaux 
que  l'excès  du  travail  ou  le  défaut  de  nourriture  a 
maigris ,  jufqu'à  leur  rendre  les  flancs  creux  &aba- 
tus.  Effianquer  un  cheval.  Le  travail  l'a  efflanqué.  La 
niauvaife  nourriture  l'a  efflanqué. 

■Efflanquer.  Terme  d'Horlogerie.  On  dit,  effianquer 
un  pignon  ,  pour  dire  ,  le  vider. 

-Efflanqué  ,  ée.  part.  &  adj.  Abattu,  atténué  par  un 
trop  grand  effort  de  travail ,  par  une  courfe  trop 
violente  ,  ou  par  un  défaut  de  nourriture.  Il  fe  dit 
particulièrement  des  chevaux.  Cheval  efflanqué,  ju- 
ment efflanquée.  La  rage  efflanquée  eft  un  mal  dont 
Jes  vieux  chiens  fur-tout  font  attaqués  :  dans  cette 
maladie  leurs  flancs  font  reflerrcs ,  &  leur  battent 
d'une  manière  qui  leur  caufe  bien  de  la  douleur.  Ils 
ne  peuvent  réfifter  à  la  langueur  qui  les  abat ,  Se 
qui  les  mine  peu-à-peu  :  on  ne  fait  point  de  remè- 
de à  cette  maladie.  Liger. 

EFFLEURAGE.  f.  m.  A(^on  par  laquelle  on  efïleure 


EFF 

les  peaux  des  moutons ,  des  boucs  &  des  chèvres. 

EFr'LEURER.  v,  a.  Efflorare.  Terme  d'Agriculture. 
Oter  les  Beurs.  Mais  ,  comme  ce  terme  a  d'autres  fi- 
gnihcations  très-différentes  ,  on  évite  de  s'en  fervir 
dans  le  fens  que  nous  venons  d'expliquer.  Mais  o!i 
dit,  la  grêle  a  un  peu  endommagé  ce  tiuit.  Elle  n'a 
fait  que  l'effleurer.  Dans  cette  lignification  ,  c'ed 
ôter,  entamer  la  fuperficie  d'une  chofe  j  la  peau, 
l'écorce.  Eambere  ,perjtrinsert  leviier.  Quand  on  fe 
frotte  contre  quelque  chofe  de  rude  ,  cela  effiieureXx 
peau.  Ce  coup  de  moufquet  n'a  fait  (\i\  effleurer  Ix 
joue  de  ce  Cavalier.  La  fortune  en  cela  ne  vous  a 
pas  feulement  effleure  la  peau.  Costard;  c'cft-à- 
dire,  ne  vous  a  pas  fait  le  moindre  mal. 

Effleup.er  une  peau  de  chèvre  ,  ou  de  mouton,  ou 
de  quelque  autre  animal.  C'eft,  après  qu'elle  a  été 
planée  &  lavée  à  la  rivière,  en  enlever  la  fieur, 
ou  fuperficie  du  cuir ,  du  côté  où  étoit  le  poil .  ou 
la  laine  j  pour  la  rendre  plus  douce  Se  plus  ma- 
niable. 

Ce  mot  vient  de  fias  j  comme  fi  on  difoit  effio- 
rare. 

Effleurer  ,  fe  dit,  figurément,  des  chofes  qu'on  tou- 
che légèrement  &  fuperficiellement.  Summatim  at- 
tïngere  ,  ftricdm  peratrrere.  Il  ne  faut  point  lire 
tons  les  faifeurs  d'Abrégés  ,  il  ne  font  qn'effleurer 
les  matières ,  S<.  ne  les  approtondilîent  pas.  Les 
inftrutfions  de  piété  ne  font  la  plupart  du  temps 
qaeffleurerl'efpïïZy  fans  y  laiiler  aucune  trace.  La 
P.  Gail. 

Effleurer.  C'eft  auffi  un  terme  de  Fleurifte  ,  qui  fi- 
gnifie ,  ôter  les  fleurs.  Defiorare  ,  perflorarc.  Effleu- 
rer une  anémone ,  une  rofe  ,  une  tulipe. 

Effleuré  ,'ée.  part. 

ifT  EFFLEURIR.  v.  n.Termede  Chymie.Tomber  en 
eftlorefcence.  Foyei^  ce  mor. 

-îlCrEFELEURi  ,  lE.  parr.  Acad.  Fr. 

?tT  EFFLORESCENCE.  f.  f.  Terme  de  Chymie  ,  fy- 
nonyme  à  moihllure.  Il  fe  dit  encore  en  Chymie 
pour  un  changement  qui  arrive  à  une  fubftance 
minérale  j  lorfqu'elle  eft  chargée  de  parties  frlines, 
qui  fe  montrent  à  fa  furface  ,  Se  y  forment  un  en- 
duit femblable  à  de  la  moifilfure.  Il  y  a  des  Pyrites 
qui  efl^leurilfent ,  on  qui  tombent  en  efflorefcence  à 
l'air. 

EFFLOTTER.  v.  a.  Terme  de  Marine  ,  qui  fignifie, 
féparer  d'une  flotte.  Les  navires  s'f/^t)rre«f  quelque- 
fois par  un  coup  de  vent ,  par  des  nuits  très-obfcu- 
res  ,  ou  par  d'autres  accidens.  Un  tel  navire  s\fflot~ 
ta  ,  Se  ne  nous  rejoignit  qu'au  bout  de  deux  jours. 
Un  coup  de  vent  nous  efflotta  de  notre  chère  com- 
pagne la  Tranquille.  P.  Labat. 

Er  FLOTTÉ  ,  part.  Se  adj.  C'eft  un  terme  dont  quelques 
Navigateurs  fe  fervent  j  pour  dire,  écarté  d'une 
flotte ,  ou  d'un  autre  vailîèau  avec  qui  on  alloit  de 
compagnie. 

EFFLUENCE.  f.  f.  Terme  de  Phyfique  ,  qui  fe  dit  des 
corpufcules  qui  fortent  fans  celfe  de  certains  corps , 
comme  l'aimant  J  les  corps  éleèfriques ,  Sec.  C'eft 
l'oppofé  d'aftluence.  Par  Veffluence  les  corpufcules 
fortent  des  corps  j  par  i'affluence  ils  y  reviennent. 
Effluxus. 

^13"  Efïluent  ,  ENTE.  ad).  Matière  e^ttf«/«  ,  c'eft  la 
matière  qui  émane  d'un  corps  la  matière  éleétriquef 
tant  cffluente  qn'affluente,  eft  allez  fubtile  pour  paf- 
fer  à  travers  les  carps  très-durs  &  très- compaéls. 
Nollet.  Ce  mot  eft  formé  des  mots  ex  ,  Se  fluo  , 
je  coule. 

EFFLUXION.  f.  f  Terme  de  Médecine  ,  qui  fe  dit 
des  vidanges  que  font  les  femmes  d'un  fœtus  im- 
parfait dans  les  premiers  jours  (d'après  la  concep- 
tion. Dcffluxio,  deffluvium.  Il  faut  qu'un  fœtus  ait 
trois  mois  ,  pour  qu'on  puilfe  dire  qu'il  y  a  eu 
avortcment.  S'il  fort  avant  ce  terme  j  on  l'appelle 
effluxion. 

EFFOEL.  f.  f  Fœtus  ,fœtura.  Vieux  mot.  Augmenta- 
tion que  le  bétail  a  fait  dans  la  bergerie. 

Ce  mor  a  été  t'ait  à'exfolium  ,  .i^  caufe  que  l'on 
nourrit  les  brebis  d'herbes  Se  de  feuilles  d'arbres^ 


E  F   F 

t*iift  ce  que  je  trouve  dans  le  Didionnaire  âc  M. 
D.  C.  qui  l'a  pris  de  Borel  mot  à  mot. 

EFFONDREMENT,  f.  m.  Terme  de  Jardinage.  L'ac- 
tion d'efiondrer.  l'ojjio.  Je  crois  qu'un  cjjondrtmtnc 
conviendroit  alFez  à  cette  terre.  Ligkr. 

EFFONDRER,  v.  a.  &  n.  Quand  il  elt  actif,  il  figni- 
lie  ,  Accabler  par  la  pefanteur  j  &  quand  il  elt  neu- 
tre j  il  lignifie ,  S'aiïaiirer.  Vous  chargez  trop  ce 
plancher  ,  vous  ï ejjondreie^  ^  il  ejjjndrera.  La  terre 
avoir  été  fouillée  en  cet  endroit ,  elle  s'eft  effondrét. 
Dans  ce  fens  il  n'eft  plus  ulité. 

Effondrer,  lignifie  auiii ,  Rompre  avec  violence, 
Pcrfringire.  Ces  voleurs  s'écoient  b.irricadcs  dans 
cette  chambre  .•  il  a  fallu  ejjondrer  la  porte  pour  les 
prendre.  Cet  homme  heurte  li  fort ,  qu'il  (emble 
qu'il  veuille  effondrer  la  porte.  Il  n'ell  pas  noble. 

Efhondrhr  ,  fe  dit  aulli  des  volailles  &  du  poilîon 
qu'on  vide,  qu'on  prépare  pour  manger,  quand 
on  leurôte  la  poche,  le  gclier ,  &  autres  chofes 
qu'elles  ont  dans  le  cotps.  Exencerare.  On  fe  fert 
plutôt  de  vider. 

Effon'drer  ,  eftaulll  un  terme  de  Jardinier.  Effondrer 
les  terres  ,  c'eft  les  fouiller  à  la  profondeur  d'envi- 
ron trois  pieds ,  les  renverfer  fens-deirus-delFous  , 
Se  en  ôter  les  pierres  &  les  gravois.  Souvent  même 
on  metdeiTôus  un  lit  de  fumier  j  ou  Ion  met  de 
bonnes  terres  à  la  place  des  mauvailes.  On  fent  al- 
fez  les  avantages  qui  peuvent  réfulter  de  cette  opé- 
ration. 

On  dit  auflî  eftoncer  &  défoncer  un  terrein.  Fo- 
derc  Que  n  effondrez-vous  cette  terre  ,  elle  en  pro- 
duitoit  davantage.  Liger.  On  effndre  ordinaire- 
ment la  terre  dans  Its  lieux  où  l'on  juge  à-peu-près 
que  les  arbres  ,  ou  autres  plantes  qu'on  y  mettroit  , 
,feroient  douter  de  leurtccondité.  Id.  En  de  pareilles 
occalions  on  dit  mieux  ,  t'ouï'dcr ^  ou/aire  des  tran- 
chées ,  qu'effondrer. 

M.  Ménage  fait  venir  ce  mot  du  Latin  exfundu- 
lare. 

Effondré,  ée.  part.  On  le  dit,  dans  les  Manufadtu- 
res  de  lainages,  de  draps  ,  îfc  autres  étotfes  de 
laine  ,  qui  ont  été  extraordmairement  tirées  à  la  ra- 
me ,  ou  lannées  trop  à  fond  avec  le  chardon  fur 
la  perche.  Ainfi  l'on  dit  ,  ce  drap  ell;  trop  effon- 
dre \  pour  dire  ,  que  le  fonds  en  el1:  foible  ,  lâche 
6c  altéré. 

Effondre.  Terme  de  Jardinier.  Les  terres  pierreufes 
&  caillouceufes  par  leur  peu  de  fond,  doivent  être 
effondrées  fou  vent.  Jardins  de  propreté. 

EFFONDRILES.  f  m.  pi.  Ordures,  parties  groflTières 
qui  fe  trouvent  au  fond  d'un  vaiiîeau  dans  lequel 
on  a  fait  cuire  ou  intufer  quelque  chofe.  Faces. 
Effondrilles  du  bouillon. 

EFFORCER  ,  Qui  ne  fe  dit  qu'avec  le  pronom  per- 
fonnel.  S'efforcer,  v.  récip.  Employer  toutes  fes  for- 
ces pour  venir  à  bout  de  quelque  choie  ;  ne  pas 
alTez  ménager  fes  forces  en  failant  quelque  chofe, 
&c  quelquefois  employer  toute  fon  indulhie  pour 
parvenir  à  une  fin.  Lnai,  tenderc-  \\  Ç^lUZ  s  efforcer 
à  gagner  la  vie  éternelle.  Ne  vous  efforce-^  pas , 
vous  vous  blelTerez.  On  le  conltruit  auflî  avec  de. 
On  voit  bien  que  vous  vous  efforce:[d'èzrs  plaifant; 
mais  ce  n'eft  pas  le  moyen  de  l'être.  Port-R.  Plus 
ils  s'efforcent  de  faire  bonne  mine  dans  leur  folitu- 
de  ,  plus  ils  meurent  d'envie  d'en  fortir.  S.  Evr. 

Efeorcé,  ée.  part.  palT.  Vieux  mot,  que  Marot  dit 
d'une  mauvaife  plume  ,c'eft-à-dire  ,  d'un  mauvais 
écrivain. 

//  te  fallûlt  un  efprie  poétique  j 

Non  pas  ma  plume  efforcée  &  rujlique , 

Pour  te  répondre.     Mar. 

EFFORMIER.  v.  n.  Vieux  mot.  Fourmiller.  Scatere  , 
circumfluere.  Du  Cange  ,  fur  J^ille-Hardouin. 

EFFORT,  f.  m.  Emploi  violent  de  fes  forces.  Adion 
faite  en  y  employant  beaucoup  de  force.  On  le  dit 
également  des  actions  du  corps  &  de  celles  de  l'ef- 
prir.  Nifus  ^  conatus.  Quand  on  fait  de  grands  efforts 


E  F  F  1^7 

pour  lever  des  fardeaux  ,  on  rifque  de  fe  bleller. 

Du  Cange  dit  que  les  Auteurs  de  la  balle  Larinité 
fe  font  fervis  du  mot  e^'orcv///« ,  pour  lignifier  ejfbrty 
&  une  armic^  oujorces  militaires. 

Effort,  fe  dit  aufà  des  tentatives,  ou  des  mouvement 
de  vigueur,  deplulieurs  perfonnes  alfemblées  pour 
un  même  ài^<î\x\.ln:prejjio.  Cette  année  va  faire  les 
derniers  efforts  pour  emporter  cette  place.  Tout 
\ effort  à^  la  guerre  va  tomber  fur  la  Flandre. 

0Cr  Effort  ,  fe  dit  encore  des  chofes  qu'on  fait  avec 
beaucoup  de  peine  ,  &  en  s'incommodant.  Il  a  faic 
un  effort  pour  l'établiiîement  de  fon  fils. 

Efeort  ,  fe  dit  aulli  de  tout  ce  qu'on  lait  avec  violen- 
ce. Cette  clef  elt  taullce,  il  faut  qu'on  ait  fait  quel- 
que e^orf  dans  la  fetrure  en  voulant  l'ouvrir. 

03"  Eefort  ,  fe  dit ,  en  Phyfique,  pour  exprimer  la 
tendance  d'un  corps  au  mouvement ,  ou  pour  dé- 
ligner  la  force  avec  laquelle  un  corps  en  mouvement 
tend  à  ptoduire  un  effet,  foit  qu'il  le  produife réel- 
lement, fuit  que  quelque  obftade  l'empêche  de  le 
produire.  Ainfi  l'on  dit  qu'un  corps  qui  décrit  une 
courbe,  fait  e^^ort  pour  s'éloigner  à  chaque  inftaiu 
du  centre  de  Ion  mouvement,  pour  s'échapper  par 
une  tangente  du  cercle  qu'il  décrit ,  &  s'échappe 
réellement ,  dès  qu'il  ne  trouve  plus  d'obftacle  au 
mouvement  en  ligne  droite.  Nifus.  Les  corps  gra- 
ves tendent  naturellement  en  bas,  &  font  effort 
pour  defcendre.  L'air  comprimé  fait  effort  çout  for- 
tir.  Le  P.  Holte,  dans  fa  Théorie  de  la  conjlruclion 
des  vaiffeaux  ,  examine  l'effort  que  les  parties  du 
vailfeau  doivent  foutenir  ,  l'effort  de  l'eau  contre 
le  vaitleau  ,  l'ejffort  que  doivent  foutenir  les  ver- 
gues j  les  mâts  ,  les  ancres  ,  les  cordages ,  &c, 

(fT  Ce  terme  cft  encore  employé  en  Médecine  j 
pour  exprimer  les  mouvemens  extraordinaires  que 
fait  la  nature  pour  furmonter ,  détruire ,  ou  expul- 
fer  lescaufes  d'une  maladie. 

0CF  En  termes  de  Maréchallerie,  effort  Ce  dit  du 
mouvement  forcé  d'une  articulation  ,  d'une  exten- 
fion  violente  des  mufcles  ,  des  ligamens  ,  principa- 
lement des  reins ,  des  hanches ,  du  jarret.  Ce  Che- 
val a  fait  un  effort  de  reins  ,  d'épaules. 

IJCirOn  le  dit,généralement,d'une  rupture  de  vei- 
nes ,  d'un  relâchement  de  mufcles  &  d'une  exten- 
hon  de  nerfs. 

Effort,  fe  dic,hgurément,en  chofes  fpirituelles,  d'une 
forte  application  ,  du  travail  &  de  l'attention  de 
l'efprit.  On  ne  peut  inventer  des  machines  que  par 
un  grand  e//()rrd'efprit.  La  (latue  de  Laocoon  elt  ua 
grand  f/forr  d'imagination.  G' e[\  un  effort  de  l'art. 
Réciter  toute  l'Enéide  par  cœur  eft  un  grjnd  effort 
de  mémoire.  Ne  lui  as-tu  pas  dit  qu'il  falloit  qu'elle 
s'aidât,  qu'elle  fit  quelque  effort,  qu'elle  fe  faignâc 
pour  une  occafion  comme  celle-ci  ?  Mol.  Il  faut 
faire  tous  fes  efforts  pour  gagner  le  Ciel.  Il  eft 
plus  siàr  de  s'arrêter  à  l'autorité  de  l'Eglife  ,  que  de 
s'abandonner  aux  foibles  eff'orts  de  notre  miferable 
raifon.NTCoL.  Je  vais  faire  un  c^r^furmon  amour. 
B.  Rab.  Notre  cœur  tient  toujours  à  la  terre  ,  &C 
nous  ne  l'en,  arrachons  qu'avec  ejjort.  Héron. 

j^  :et  illuflrc  effort  par  mon  devoir  réduite  , 

J'ai  domté  la  nature  y  &  ne  l'ai  pas  détruite.  CoRN. 

Ces  mots  viennent  du  primitif_/orr,  du  Latin  fortls. 

EFFOUAGE.  f.  m.  Vieux  mot.  Certaine  fomme  que 
chaque  feu  ou  famille  doit  payer. 

EFFOÛEIL.  f  m.  Terme  de  Coutumes.  Fœtus.  C'eft 
le  part ,  ou  le  croît  du  bétail. 

EFFOUIL.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  C'eft  le  profit 
qui  provient  du  bétail ,  comme  le  lait,  la  laine  , 
&:c.  Reditus  ex  pécore. 

EFFRACTION,  f.  m.  Terme  de  pratique.  Fradure.^ 
que  l'on  fait  pour  entrer  dans  un  lieu  ,  ou  pour  en 
fortir.  EffraClura.  Il  y  a  eu  vol  avec  effraclion.  PaC 
l'article  IX.  du  Titre  premier  de  l'Ordonnance  cri- 
minelle de  1670.  concernant  les  compétences,  le 
fdcrilége  avec  effraclion  eft  mis  au  rang  des  cas 
Royaux.  Par  l'article  XII.  du  même  titre ,  les  vols 

£  e  c  e  ij 


j88  E  F  F 

faits  avec  -cffraclion  font  déchirés  tie  la  compétence 
du  Prevot. 

EFFRAYANT  ,  ante.  adj.  Qui  cnufe  de  la  frayeur  , 
ou  qui  fait  naine  dans  lame  une  aguation  violence 
caulée  par  l'image  d'un  mal  véritable  ou  apparent, 
*  Ce  mot  dit  moins  qii  effroyable  6c  épouvantable. 
Foyci  ces  mors.  Il  femble  que  ce  mot  ne  peut  s'ap- 
pliquer qu'aux  objets  piélens.  TerribiUs.  Sommeil 
cjjrczyaru.  Boil.  La  mot:  honceufe  eft  le  plus 
efrayant  de  tous  les  objets.  On  devroit  avoir  tou- 
jours préfent  cet  objet  (  la  mort  )  tout  hideux ,  & 
tout  effrayant  qu'il  elt.  IvIorale  de  P. 

EFFRAYE,  f.  f  Eli  un  vieux  mot,  qui  lignifie  Frcfuye. 
yoye^  ce  mot. 

EFFRAYER.' V.  a.  Donner  de  la  frayeur.  Foyei  ce 
mot.  Epouvanter,  faire  peur  j  donner  de  la  crainte, 
effrayer.  Foye^  ces  mots  à  leurs  articles  particuliers. 
Foye^  auffi  Alarme  &  Crainte.  Terrere.  Un  vrai 
Philofophe  ne  s  effraie  derien.Cefontles  jugemens 
de  Dieu  qui  nous  doivent  effrayer.  Les  vilions  noc- 
turnes ejfraier.t  les  plus  hardis.  Pour  peu  que  les 
hommes  fe  choquent  de  notre  dévotion,  nous  nous 
effrayons  commj  s'ils  étoient  nos  fouverains  Juges. 
Flech. 

JJfei  d'autres  fans  moi ,  d'un  Jlyle  moins  rapide. 
Iront  de  ta  valeur e&zy et  l'Univers.  Boil. 

L'homme  feul 

S'QSi-ayeJjttement  defes  propres  chimères.  Id. 

Quelques-uns  font  venir  ce  mot  du  Latin  effera- 
re.  Mais  c'eft  Effarer  qui  vient  à'effcrare  j  comm; 
il  eft  ci-delfus  remarqué  :  effrayer  y'\.i::ni  plutôt  à'ej- 
frigorare.  On  dit  de  ceux  qui  ont  peur.j.  qu'ils  ont 
la  tièvre  3  qu'ils  frilfonnent.  Or  le  hoid  des  lièvres 
eft  appelé  en  Latin  par  divers  Auteurs /r/Vor  ,  d'où 
eft  venuJe  François  frayeur  ,  qu'on  a  depuis  pro- 
noncé frayeur  ,  5c  de  -  là  effrigorare  j  eftroyet  j 
effrayer. 

Effrayer  j  fe  dit  quelquefois  en  plaifantanr.  Préfen- 
tez  des  bouteilles  de  vin  à  cet  ivrogne  ,  cela  ne 
l'effrayera  point ,  il  les  boira. 

Effrayé  j  ée.  part.  &  adj.  Ce  terme  s'applique  à  ce- 
lui qui  témoigne  par  des  fignes  extérieurs  la  trayeur 
d'un  mal  réel  ou  apparent.  Il  paroît  fuppofer  un 
danger  paffe. 

Entérines  de  Blafon,  on  appelle  un  cheval  effraye', 
quand  il  eft  peint  dans  une  aélion  rampance. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  A'effraÛus ,  qu'on  a 
dit  en  ce  fens  dans  la  balTe  Latinité.  Mais  la  cita- 
tion de  Du  Cange  en  cet  endroit  femble  induire 
C[Viefracius,  dans  le  paffage  qu'il  produit ,  eft  em- 
ployé pour  expliquer  en  Latin  ce  que  le  mot  Fran- 
çois effrayé  lignifie  en  termes  de  Blafon.  Mais  que 
l'on  confulte  le  paffage  ,  on  ne  trouvera  rien  moins 
quecela. 

EFFRÉNÉ  ,  ÉE.  adj.  Qui  n'eft  retenu  par  aucun  frein. 
Ce  mot  ne  fe  dit  guère  qu'au  figuré.  Effrxnus.  Le 
defir  de  régner  eft  une  palîion  effrénée.  Le  peuple 
dans  les  fcditions  agit  avec  une  licence  effrénée.  La 
tempérance  eft  une  vertu  qui  régie  les  defirs  effrénés 
des  hommes-  Rien  n'eft  fi  puKfant  que  la  Religion 
pour  tenir  en  bride  une  populace  effrénée.  Vaùg. 

On  vit  avec  horreur  une  Mufe  effrénée  , 
Dormir  chej  un  Greffier  la  graffe  matinée.  Boil. 

Effréné  j  ée.  En  termes  de  Blafon ,  fe  dit  d'un  cheval 
qui  n'a  ni  bride  ni  felle ,  &  qu'on  appelle  autre- 
ment Gai. 

Ce  mot  vient  de /ri£;2a/72  ,  bride. 

Eefrenément.  adv.  Vieux  mot.  D'une  manière  effré- 
née. Effnenatè. 

A  ce  que  par  quelque  manière  lâche 
De  fus  autrui  fes  aiguillons  ne  lâche, 
Effrénément  l'affaiilant  le  premier.  Marot. 


E  F  F 

EFFRÉOUR.  f.  m.  Vieux  mot.  Effroi,  frayeur.    ' 

EFFRIQUE.  1.  m.  Nom  propre  d'homme.  Ajricanus. 
S.  Africain,  vulgairement  S.  Effnque  ,  6c  par  cor- 
ruption S.  Frique  ,  &:  San-  Fric  ,  étoit  Evèque  de 
h  ville  de  Cominges  en  Gafcogne  ,  &  non  de  celle 
de  Lyon  ,  au  quatrième  fiècle.  Baillet.  Foye\  fur 
ce  Saint  le  P.  pAPEERocH,dans  les  Acla  San'ct,  Mail, 
T.  I.  p.  6^.  i^  Juiv. 

EFFRITER,  v.  a.  Terme  de  Jardinier.  Rendre  fté- 
rile  ,  épuifer ,  uÇtï.  Exhaurire  ^  fcrilem  ,  effœtum 
reddcre.  Il  faut  mettre  de  nouvelles  terres  à  la  place 
de  celles  que  les  mauvais  arbres  auront  effritées.  L/V 
Quint.  Cette  terre  s'effrite  trop.  Ce  champ  eif  tout 
effrité  :^  c'eft-à-dire,  tout  épuilé  de  fels.  Liger. 

Il  fe  dit  avec  le  pronom  perfonnel  :  s'effriter , 
s'ufer ,  s'épuifer ,  perdre  fa  fettiiué.  Il  fe  dit  de  la 
terre.  Sterilefcere.  Il  faut  beaucoup  de  fumier  pour 
produire  des  herbes  potagères,  qui  viennent  en  peu 
de  temps  en  abondance ,  &  fe  fuccèdent  prompte- 
ment  les  unes  aux  autres  dans  un  petit  efpace  de 
terrein  ,  qui  fans  cela  fe  pourroit  effriter. 

Effriter,  v.  a.  Effrayer  ,  donner  des  affres.  Elle  ne 
s'effrite  pas  de  ce  qu'on  lui  dit.  Terme  populaire. 

Effrité  ,  ee.  part.  Terme  de  Jardinage.  C/fé ,  épuifé. 
Effœtus.  La  terre  d'un  jardin  n'eft  jamais  f\  ufée  , 
c'eft-à-dire  ,  li  épuifée  ,  Se  ii  effritée  ,  qu'elle  doive 
demeurer  entièrement  inutile.  La  Quint. 

Effrité  ,  ée.  Surpris  avec  frémllfemenr.  Oh  !  vous  ( 
m'avez  toute  effritée.  Ces  deux  mots,  effriter,  effrité, 
font  dans  Cotgrave,  &  le  dernier  ,  avec  l'explica- 
tion &c  les  exemples  ,  dans  l'examen  des  Préjugés 
vulgaires  ,p.  180.  1 8 1 .  Le  P.  Buffier  dit  qui^'eft  un 
mot  Normand.  Effriter  Se  effriténe{oni  plus  a'ufage. 

EFFROI,  f.  m.  Terreur  foudaine  ,  qui  caufe  une 
grande  émotion  ,  à  la  vue  ou  au  récit  de  quelque 
événement.  Terror.  On  écrivoit  autrefois  ejfray, 
gn  écrit  encore  e_ff rayer.  Un  grand  effroi  a  fait  moi:- 
rir  ou  pâmer  des  hommes  ,  accoucher  des  femmes. 
Sec.  Ce  Prince  eft  fipu'ilant,  qu'il  porte  par-tout  la 
terreur  &  l'effroi.  Un  médifant  eft  ïcffroi  du  Pu- 
blic. M.  ScuD.  Il  faut  porter  un  falutaire  effroi  par- 
mi les  mcchans  Ecrivains  ,  afin  de  les  tenir  dans  le 
refpcél  &  dans  le  repos.  S.  EvR. 

Rien  nappaife  un  lecteur  toujours  tremblant  d'e^coi. 
Qui  voitpeindre  en  autrui  ce  qu'il  remarque  en  foi. 

BoiL. 

EFFRONTE  J  ée.  adj.  Souvent  employé  fubftanti- 
vement.  Impudent ,  qui  n'a  point  de  pudeur.  Ce 
terme  ne  fe  dit  que  des  perfonnes.  Il  n'eft  point  fy- 
nonymc  à  hardi  ,  qui  déligne  feulement  celui  qui 
ne  craint  point  ce  que  les  autres  craignent.  Une  per- 
fonne  effrontée  q^  celle  qui  parle  d'un  air  infolenc, 
&  dont  le  peu  d'éducation  fait  qu'elle  n'obferve  ni 
les  ufages  de  la  politelfe  ,  ni  les  devoirs  de  l'honnê- 
teté, ni  les  règles  delà  bienféance-  Un  effronté ïi'e\i 
bon  qu'à  faire  rougir  ceux  qui  l'emploient.  Impu- 
dens  J  procax  jprotervus.  Cette  harangète  eft  bien 
effrontée.  Ils  étoient  fervis  par  de  jeunes  filles  qui 
étoient  habillées  peu  modeftement  j.  &  qui  avoient 
un  air  affez  effronté.  Bouh.  Xav.  L.  III.  Ce  parafite 
eft  un  effronté ,  qui  fe  fourre  par  tout.  Il  a  été  alfez 
effronté  pour  foutenir  cette  impudente  menterie. 

Le  front  étant  le  fiége  de  la  pudeur,  on  a  dit  que 
les  impudens  fembloient  n'avoir  point  de  front.  Ef- 
frons  fe  trouve  dans  Vopifcus  \  &  l'on  a  fait  enfuite 
effrontatus ,  d'où  viennent  l'Italien  Sfrontato  ,  &  le 
François  effronté. 

EFFRONTÉ,  f  m.  Nom  que  quelques-uns -ont  donné 
à  de  certains  Fiérétiques  qui  fe  difoient  Chrétiens , 
prétendant  que  s'être  raclé  le  front  avec  un  fer  juf- 
qu'à  l'efflilion  du  fang ,  &  y  avoir  enfuite  appliqué 
de  l'huile,  c'étoit  avoir  reçu  le  baptême.  Cela  les  fie 
nommer  effrontés.  Ils  difoient  que  le  Saint  Efpric 
n'étoit  autre  chofe  qu'une  infpiration  qu'on  fentoit 
dans  l'ame,  &  qu'il  y  avoit  de  l'idolâtrie  à  l'adorer. 
Us  s'élevèrent  vers  l'an  1554-  M-  D-  C. 

On  dit,  proverbialement,  d'une perfonne  qu'on 


E  F  F 

veut  taxer  d'impudence  ,  qu'elle  eft  effrc.-ttee  cotn- 
nie  un  Page  de  Cour. 

EFFRONTEMENT,  adv.  D'une  manière  elîlontée. 
Impudcntcr.  P.irier  ,  regarder  effroiucmenc. 

EFFRONTERIE,  f.  h  Impudence.  Audacia  perdita  , 
protervitds.  Il  faut  avoir  bien  de  \effronunc  pour 
vouloir  défendre  ces  paradoxes.  La  véritable  ejfron- 
lerieell  la  fuite  naturelle  de  l'ignorance,  quoiqa'elle 
nes'apperçoive  pas  de  l'on  oni^ine.  C'eit  un-^  fen- 
tence  du  Spectateur  Angbis. 


Non  ,  non  ,  un  Orateur  nejl  point  une  furie  : 
Prêcke^  donc  fans  Jurcur  ly  fans  efflonterie. 

Sanlec. 
1^  Effronterie,  hardielTe,  audace,  dans   tins  li- 
gnitication  fynonyme.  Il  y  a  dans  {'effronterie  quel- 
que choie  d'incivil  ^  elle  mart^ue  de  l'impudence. 
6yn.  Fr.  L'effronterie  fait  qu'on  dcplak  à  tout  le 
monde ,  &c  qu'on  palle  chez  les  honnêtes  gens  pour 
être  d'une  vile  naillance. 
0Cr  L'Effronterie  n'agir  point  du  tout  fur  les  gran- 
des qualités,  parce  qu'elles  ne  le  trouvent  jamais  en- 
femble.   Son  influence  ne  regarde  que  ce  qu'il  y  a 
de  mauvais  ;  elle  répand  lur  les  défauts  de  1  ame  un 
coloris  qui  les  rend  encore  plus  laids  qu  ils  ne  font 
eux-mêmes.  Foy.  les  autres  mots. 
EFFROUF-R,  v.  a.  Vieux  mot  qu'on  trouve  dans  Ni- 
cot  j  pour  dire  émier.  Friare  ,  fujjriare.  On  dit  en- 
core froilfer.M.  Ménage  en  donne  cette  étymologie, 
Exjricare  ,  exjriare  ,  cxfraare ,  effruere. 
EFFROYABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  infpire  de  l'horreur , 
foit  par  la  crainte ,  loit  par  tout  autre  motif.  P"oy. 
EFFRAYANT,  ÉPOUVANTABLE,  TERRIBLE. 
Horrendus,terrifiUs.Uhydte(:ioït  un  monftre  effroya- 
'ble.  Les  peines  de  l'enfer  lont  ejfroyables.  Le  parri- 
cide elt  un  crime  effroyable^  qui  fait  horreur.  Tous 
les  momens  de  notre  vie  nous  avancent  vers  la  mort , 
&  toutes  nos  démarches  nous  approchent  de  ce  ter- 
me Il  effroyab/e.  Nie. 

ffj"  On  le  dit ,  par  exagération  ,  de  ce  qui  eft  ex- 
trêmement difforme.  Cette  femme  eft  effroyable  j 
d'une  laideur  ejfroyabk. 

(fT  On  le  dir  auHi  de  ce  qui  eft  prodigieux,  fur- 
prenant  j  excellif  j  démefuré.  Ce  Seigneur  fait  une 
dépenfe  effroyable ,  il  fe  ruine.  Nimius.  C'eft  une 
chofe  effroyable ,  combien  il  m'en  coûte.  L'étendue 
des  cieux  eft  effroyable.  Mirus  j  incredibilis.  Voy. 
HORRIBLE. 
EFFROYABLEMENT.  ad%'. D'une  manièreeffroyable. 
Suprâ  wodum  ,  ultra  quàm  dici  poteji.  Beaucoup  , 
extraordinairement.  Il  ei\  effroyablement  ziche.  Elle 
eft  effroyablement  laide. 
EFFUMER.  V.  a.  Terme  de  Peinture.  C'eft  peindre 
une  chofe  légèrement,  rendre  des  objets  moins  fen- 
fibles.  PoMEY.  Adumbrare  yjummus  lineas  ducere. 
EFFUSION,  f.  f.  Action  de  verfer  d'un  vaiftèau  le  li- 
quide qui  y  eft  contenu.  Effufio.  On  faifoit  autre- 
fois des  effufîons  de  vinj,  ou  d'autres  liqueurs ,  dans 
les  facrifices  des  Payens. Z,/^i^f/o/v«.  /^.LIBATION. 
?fT  Effusion  ,  fe  dir  aufli  de  l'épanchement  des  li- 
quides ou  des  humeurs  du  corps  humain  ,  qui  for- 
tent  de  leurs  corps  blelFés  ou  rompus.  Cette  place 
a  été  prlfe  fans  effuflon  de  fang.  Il  faut  craindre  dans 
une  plaie  que  la  trop  grande  effufion  de  fang  necau- 
fe  la  mort. 
|K?  Effusion  ,  fe  dit  quelquefois ,  en  Phyfique,  pour 
diftufion ,  aétion  par  laquelle  une  choie  s'étend, 
ou  l'effet  de  cette  attion.  h'effufion  de  la  lumière 
vient  des  corps  lumineux.  VeffuHon  de  la  bile  ciu- 
fe  la  jaunilLe.  L'effusion  des  efprirs  fe  fait  quand  les 
efprirs  fe  répandent  dans  les  différentes  parties  du 
corps,  comme  il  arrive  dans  un  mouvement  de 
joie. 

I^TDans  ce  fens,  on  dit,figurémenr,une  effusion 
de  cœur  ,  pour  dire  une  vive  &  fincère  démonftra- 
tion  de  confiance  &  d'amitié.  Il  y  a  peu  de  gens  qui 
puiftcnt  recevoir  l'effusion  de  cœur  des  autres ,  fans 


E  F  F     EGA  6^c; 

par  unt  effusion  naturelle  à  l'homme  j  on  en  parie 
témérairement.  Id. 
Effusion,  fe  dit  aulîi  en   matière  de  dévotion.  La 
vraie  contritron  fe  doit  faire  avec  effusion  de  cœur. 
I oto  animo  ,  totà  mente. 

gC?  Le  P.  Bouliours,dans  fesàoutes,reprend  cette 
façon  de  parler  ,  efusion  de  colère  j  employée  par 
M.  de  Sacy  dans  lllikoire  de  l'Ancien  &  du  Nou- 
veau Teftamenc.  Il  veut  bien  le  contenter  d'une 
plaie  plus  douce  ,  afin  que  les  hommes  tremblans 
aux  premiers  coups  qu'il  leur  fera  fentir^  jugent  de 
ce  qu'il  fera,  quand  il  les  punira  dans  toute  l'efju' 
sion  de  fa  colère.  Je  ne  fais  ,  du  le  P.  Bouhours  ce 
que  c'eft  qu'effusion  de  colère.  Cependant  cette  fa- 
çon de  parler  j  dans  toute  l'effusion  de  fa  colère  , 
eft  très-belle  &  très  noble.  M.  d'Andilly  a  dit  de  mê- 
me j  effusion  de  miféricorde  ,  &  M.  Nicole  ,  elfu- 
sions  de  malignité.  C'eft  d'ailleurs  comme  parlel'E- 
criture  ;  tffunde  iram  tuam,  à3.ns  pluheurs  endroits. 
Les  Latiiis  ont  dit  de  même  iram  effundere  ,  &c  ira 
effundi. 

.     .     .     Irarumquc  omn^s  effandit  habenas. 

ViRG. 


Effusion  ,  de 
Aftronomie 


5«  l'aquariuSy  ou  du  verfeau,  eft  en 
1  partie  de  ce  ligne,  qui  eft  repréfen- 
tée  dans  les  globes  &  dans  les  plamfphères  céleftes 
par  l'eau  t|ui  fort  de  l'urne  du  verfeau.  On  marque 
dans  les  Ephémérides  aftronomiques  le  palfage  des 
Planètes  dans  l'e^J/ow  du  «s. 
Effusion  j  en  termes  de  Philofophie  Hermétique  , 
lignifie  la  purification  de  la  pierre  philofophale.  Il 
y  a  autant  de  diftérentes  effusions ^  que  de  digeftions. 

E  F  O. 

ÊFOlfRCEAU.  f.  m.  C'eft  une  machine  dontles  prin- 
cipales parties  font  un  timon  j  deux  roues  éc  un 
elHeu  commun  ,  comme  les  chariots  &  les  char- 
rettes ordinaires  ;  mais  le  tout  eft  plus  maflif,  & 
d'une  plus  grande  force.  On  s'en  lert  pour  traîner  Se 
conduire  les  plus  pefans  fardeaux ,  lur-tout  les  gros 
corps  ci'arbres  ,   les  grolFes  poutres ,  tkc. 

EGA. 


EGA.  Petite  rivière  d'Efpagne.  Ega.  Elle  naît  dans  la 
Bifcaye  j  &;  f  e  jette  dans  l'Ebre  ,  un  peu  au-delfous 
deCalahorra  ,  du  coté  du  levant. 
ÉGAGROPILE  ,  ou  AGROPILE.  f.  f.  Pelote  de 
poils  J  de  crins  J  ou  de  foies ,  qui  fe  forme  dans 
l'crtomac  des  animaux  quadrupèdes  ,  &  fur-tout  de 
ceux  qui  ruminent.  Acad.  Fr.  Ces  animaux  _,  en  fe 
léchant,  avalent  des  poils  qui,  ne  le  digérant  point, 
forment  une  pelote  dans  la  panfe^  qui  fe  couvre 
d'une  croûte  dure  &  luifaïue.  On  a  atcribué  pen- 
dant long-temps  des  propriétés  merveilieufcs  à  ce 
mélange  épaifli ,  avant  qu'on  en  connut  la  nature. 
EGAIL.  f^oye-^  Aiguail. 

EGAL,  ALE.  Terme  relatif.  Qui  eft  le  même ,  foit  en 
nature  ,  foit  en  qualité,  foit  en  c]uanticé.  Par ,  aqua- 
lis.  C'eft  un  axiome  de  Géométrie  j  que  deux  cho- 
fe s  eVij/f  jaune  troifième  font tr'j^a/e^entr'elies.  Com- 
battre à  armes  c/fiî/c'j  j  c'eft-à-dire  ,  fans  avantage. 
Un  mariage  égal,  eft  celui  qui  fe  fait  entre  des  gens 
de  pareille  condition^  en  biens ,  en  nailTance.  Nous 
fommes  tous  égaux  ,   étant  fils  d'Apollon.  God. 

On  dit  aulli ,  Faire  égal ,  pour  dire  j  n'avoir  pas 
plus  de  conhdération  pour  l'un  que  pour  l'autre,  en. 
donner  autant  .à  l'un  qu'à  l'autre.  On  dit,dansle  mê- 
me fenSjtenir  la  balance  e'gale. 
Egal  ,  fignifie  aulli  ,  uni  ,  non  raboteux.  u¥,quus  y 
Uvis  ,pldnus.(l\:iic  plaine  efl  bien  e'gale:  ce  plan- 
cher n'eft  pas  égal  :  cette  allée  eft  égale  ,  de  niveau. 
E'.al  ,  fignifie  aulli ,  indiiférent.  Qu'on  lui  donne  du 
bon  ,  ou  du  mauvais  vin  ,  tout  lui  eft  ^g'^^j  Jl  boit 
participer  à  leur  corruption.  Ntc.  On  commence!      au(îl-tôt  l'un  que  l'autre, 
par  juger  témérairement  du  prochain  ,  Se  enfuite  ,   ^^'  Égal  ,  fe  ait  auili  pour  ur.iformej  ce  qui  con- 


rpo  EGA 

ferve  toujours  le  mcins  ctac.  MouvelVient  égal,  qui' 
n'eft  ni  accéléic  ,  ni  retardé  j  tempérament  egùl  , 
qui  eft  le  même  j  qui  n'ell  point  fujet  à  des  altéra- 
tions ^  pouls  cg<T-l-  ■)  doot  les  battemens  ie  tout  de  la 
même  manière  &  dans  le  même  temps. 
Égal  ,  fe  dit  de  même  au  figuré  ,  &  lignifie  ,  qui  eft 
dans  le  même  état.  jEquus  ,  conjians  Jcbi  ,  idem  , 
éiquabiUs.  Un  efprit  eft  tgd,c^\  a  toujours  une  mê- 
me conduite ,  qui  eft  toujours  dans  la  même  fi- 
tuation  ,  ou  qui  ne  s'abat  point  par  la  mauvaife 
fortune  ,  ni  ne  s'enorgueillit  par  la  bonne.  Une 
■humeur  e^a/f,  qui  n  eft  jamais  ni  trop  tnfte  ,  ni 
trop  enjouée.  Il  en  eft  d'une  humeur  égale ,  ou 
inégale  ,  comme  des  eaux  :  les  plus  tranquilles  ne 
font  pas  toujours  les  plus  divertillantes.  M.  Scud. 
La  complailance  de  tempérament  &  d'inclinanon 
eft  la  plus  sure  ^  la  plus  egaU.  M.  Esp.  Un  ftyle 
égal,  qui  n'a  point  de  haut  ni  de  bas.  Une  Monar- 
chie (  d'Angleterre  )  aufti  fujette  au  changement, 
que  votre  conduite  eft  uniforme,  &  le  cours  de  vos 
viétoires  égal.  P.  D'Orléans. 

On  dit ,  en  ce  fens  ,  marcher  d'un  pas  égal ,  tant 
«u  propre  qu'au  figuré  ,  pour  dire  ,  Aller  toujours 
Je  même  train,  foit  en  marchant  ,  fou  dans  les 
4ifFaires. 

En  Géométrie,  les  cercles  égaux  font  ceux  dont 
Jes  diatnètres  font  égaux.  Les  angles  égaux  font 
ceux  dont  les  lignes  font  fembiablement  inclinées 
entre  elles  ,  ou  dont  les  mefures  font  de  femblables 
jjarties  de  leurs  cercles.  Les  figures  équiangles  lont 
celles  dont  touî  les  angles  font  e^j^/.v  les  uns  aux 
autres  \  &  les  figures  égales  font  celles  dont  les  ai- 
res font  égales  ,  foit  que  les  figures  ioient  fembla- 
bles entre  elleSj  foit  qu'elles  ne  le  foient  pas.  Les 
fegmens  de  fphère  &  de  cercle  font  d'une  convexi- 
té ou  d'une  concavité  égale ,  quand  ils  ont  la  même 
proportion  ,  raison  ou  rapport  aux  diamètres  des 
iphères  &  des  cercles  dont  ils  ont  été  retranchés.  Les 
folides  égaux  font  ceux  qui  comprennent  autant  , 
qui  tiennent  autant  les  uns  que  les  autres ,  dont  les 
iolidités  &  les  capacités  font  égales.  Les  folides 
■  égaux  &c  femblables  font  ceux  qui  font  terminés  par 
des  plans  femblables  Se  égaux.  Les  hyperboles  éga- 
ies font  celles  dont  toutes  les  ordonnées  à  leurs 
4ixes  indéterminés  font  égales  les  unes  aux  autres , 
en  les  prenant  en  diftances  égales ,  depuis  les  poin- 
tes où  les  hyperboles  fe  trouvent  coupées  par  leurs 
axes  indéterminés  j  c'eft-à-dire,  depuis  leurs  fom 
mets  j  &c.  OzAN. 

On  dit  encore,  en  Arithmétique,  Nombre  égal , 
nombre  également  c^<.?/,  &c.  f-^oyc^  Nombre;  & 
en  Gnomonique  &  Aftionomie  ,  Heures  égales. 
Foyei  Heure. 

Les  raifons  Géométriques  égales  ,  font  celles 
dont  les  plus  petits  termes  font  de  femblables  par- 
ties aliquotes  ou  aliquantes  des  plus  grands.  Les  rai- 
fons Arithmétiques  égales  ,  font  celles  dans  lefquel- 
les  la  différence  des  deux  plus  petits  termes  eft  égale 
à  la  différence  des  deux  plus  grands.  Ozak. 
Egal,  en  termes  de  jeux  de  cartes  ,  fe  du  des  mains 
qu'on  fait,  qu'on  ptend  ,  qu'on  lève.  Les  cartes  font 
égales  ;  il  y  a  cartes  égales  ,  lorfque  les  joueurs 
font  autant  de  mains  les  uns  que  les  autres  :  en  eftet 
le  nombre  des  cartes  que  les  joueurs  ont  levé  ,  & 
qu'ils  ont  entre  les  mains ,  eft  alors  égal. 
Égal  ,  eft  aufti  quelquefois  fubft.  Par.  Il  ne  fe  faut 
battre  que  contre  fon  e^a/,  ou  fonpareil.il  traite 
tels  &  tels  d'égal  à  égal:,  c'eft-à-dire  ,  il  vit  avec 
eux  de  même  manière  que  s'il  étoit  leur  pareil.  Il 
faut  vivre  civilement  avec  fes  égaux.  Mille  gens 
ont  la  manie  d'aimer  mieux  fe  faire  fupporter  par 
les  Grands,  que  de  vivre  familièrement  avec  leurs 
égaux.  La  Br.  Profitons  des  momens  où  il  prend 
envie  aux  Princes  de  fe  rendre  nos  égaux ,  ôc  n'ou- 
blions pas  qu'ils  font  nos  maîtres  ,  lotfqu'ils  l'ou- 
blient. S.  Evr. 

Bref  dans  cette  fierté  que  leur  gloire  fait  naître  , 

Hun  ne  veutpointd'égA ,  &  l'autre  point  de  maître. 

BaÉBEtJF. 


Vj 


A 


A  Végal.  Façon  de  parler  adverbiale  &  compara- 
tive. Prs..  Philippe  n'étoit  rien  à  l't^^j/ d'Alexandre; 
pour  dire  ,  étant  comparé  à  Alex mdre.  Cette  vi-e 
eft  peu  de  choie  à  \'egal  de  celle  que  nous  attendons 
après  la  morr.  Il  n'aimcrien  à  l'f^.j/de  ion  fils. Cette 
manière  de  parler  n'eft  pas  du  beau  ftyle  \  Se  on  ne 
l'emploie  qu'avec  la  négative. 
ÉGALEMENI.  adv.  D'une  manière  égale.  ^^WizA- 
ter  j  i&què  j  aquabiliter.  Il  fe  du  dans  un  fens  phy- 
fique  ,  &  dans  un  fens  moral.  Un  père  doit  parta- 
ger également  fes  enfans-  Ces  deux  phrafes  font  éga- 
lement bonnes.  Il  y  a  bien  des  gens  en  qui  l'égalité 
d'humeur  ne  fert  qu'à  les  rendre  également  en- 
nuyeux. M.  Scud.  Les  carelTes  &  les  mépris  de  la 
fortune  font  également  à  craindre.  Voix.  On  ne  parle 
point  de  marier  ceux  qui  s'aiment  également:,  mais 
ceux  qui  font  e^.2/e/72e«raimésde  la  fortune.  S.  Evr. 
Il  faut  qu'un  Prince  foit  également  délicat  &c  dans  les 
chofes,  &  dans  les  manières.  Nie. 

Deux  chemins  diejffrens  ,& prefquaujji  battus. 
Au  temple  de  mémoire  également  conduifent. 

Des-Houl. 

En  Géométrie  ,  on  dit  que  deux  lignes  font  éga- 
lement éloignées  d'un  point,  lorfque  1rs  perpendi- 
cuLiires  tirées  de  ce  point  aux  deux  lignes  font 
égales. 

EGALEMENT,  f.  m.  Terme  de  Jurifprudence.  Ac- 
tion par  laquelle  on  égale  des  lots  de  partage  ,  ou 
toute  autre  chofe.  Lorfqu'un  cohéritier  avancé  ,  au 
lieu  de  rapporter  en  efpéce  ,  retient  les  choies  don- 
nées, &i  offre  de  moins  prendre,  les  autres  cohéri- 
tiers J  procédans  à  leurs  egalemens  ^  ont  le  choix  fur 
tous  les  biens  de  la  fucceftion.  Règles  du  Droit 
François  J  p. -220.  Ce  mot  a  été  fubftitué  par  M. 
Pocquet  de  Livonniére  à  celui  d'égal fation  que  nos 
nouveaux  Dictionnaires  qualifient  de  vieux  &  de 
terme  de  Pratique.  On  trouve  égalation  dans  Mo- 
net ,  &  égalifement  dans  Cotgrave.  Après  tout  ,  on 
auroit  mieux  tait  de  confetver  égalifation,  quiétoic 
tout  établi ,  &c  qui  valoit  peut-être  mieux  i.\v\  égale- 
ment ,  que  l'on  pourroit  confondre  avec  également 
adverbe. 

ÉGALER,  v.  a.  Rendre  égal,  ôter  du  plus  grand  ,  oa 
ajouter  au  plus  petit ,  pout  les  rendre  femblables. 
Â.quare.LxcMïg'i  voulut  e^^/er les  conditions  de  fes 
citoyens.  La  mort  nous  égale  tous  ,  &c  c'eft  où  nous 
attendons  les  gens  heureux.  M.  Scud.  Le  palfé  ab- 
forbe  tout  ,&  égale  tout.  Nie.  Ce  pète  a  égalé  les 
parts  de  fes  enfans. 

En  quelque  rang  divers  que  deux  cxurs  foient  placés  ^ 
Quand  l'amour  les  unit ,  il  les  égale  «//eç.    Qui. 

En  Algèbre  on  égale  les  grandeurs  par  les  équa- 
tions ,  les  fignes  de  +  &  de— &c. 

Egaler  ,  fignifie  aulîi,  Aplanir ,  rendre  uni.  Planum 
Jacere  ,Jiernere  ,  co square  ,  complanare.  Egaler  une 
allée  ,  un  chemin. 

Egaler,  avec  le  pronom  perfonnelv  fignifie  ,  fe  com^ 
parer ,  fe  mettre  en  jparallèle.  j^.quare  fe.  S'égaler 
aux  plus  grands  Seigneurs. 

Egaler,  fignifie  aulli ,  Devenir  pareil ,  rendre  pareil. 
Les  Philofophes  modernes  ont  non-feulement  éga- 
lé,  mais  furpalfé  les  anciens  par  leurs  expériences. 
Les  mauvais  Anges  furent  précipités  du  Ciel ,  à  cau- 
fe  qu'ils  fe  vouloient  égaler  à  Dieu.  Corneille  ne 
peut  être  égalé  dans  les  endroits  où  il  excelle.  La 
Bruy.  Alexandtes'étoit  propofé  à'égaleren  tout  la 
gloire  de  Bacchus.  Vaug.  Nul  ne  vous  égale  dans 
mon  cœur.  M.  SeuD.  Son  orgueil  (  du  pécheur  en-, 
durci  )  égale  fa  misère.  L'Ab.  Têtu. 

Egalé  ,  ée.  part.  &  adj.  ^quatus.  On  appelle  ,  en  ter- 
me de  Fauconnerie,  Oifeau  <?^«//,  un  oifeau  qui 
porte  fur  le  dos  des  mouchetures  blanches  j  qu'on 
nomme  égalures. 

ÉGALEUR.  f.  m.  Nom  de  fadion.  ^quator  ,  cxt- 
quator.    Eu    i<J47-    pendant   les  troubles  qui  té-; 


EGA 

jnolent  en  Angleterre  ,  oiure  les  Indépendans  ,  ili 
ïe  leva  certains  faâieux  ,  qui  vouloient  égaler  tou- 
tes les  conditions  de  l'Etat.  Ce  deffein  fanatique  les 
a  fait  appeler  Égalcurs.  Fairfax  délit  \cs  Ega/eurs 
l'an  164c;.  proche  de  Dumbury  dans  le  Comté 
d'Oxforr.  ^«jc^Salmonet,  HÀ'/o/rc  des  Trouves 
de  la  Grande-Bretagne. 

Ip-  EGALISATION,  f.  f.  Vieux  terme  de  Pratique. 
Aélion  par  laquelle  on  égale  le  partage  des  lots. 
Ex&quatio.  On  s'en  fert  encore  en  ftyle  de  prati- 
que. Egalifdtion  des  lots. 

ÉGALISER.  V.  a.  Vieux  mot  qui  fe  dit  encore  au  Pa- 
lais ;  pour  dire ,  Rendre  des  partages  égaux.  i:',T<e- 
quarc.  On  a  égalifé  tous  les  lots. 

ÉGALITÉ,  f.  f.  Rapport  des  choies  égales.  J^qualï- 
tas.  Il  y  a  entre  ces  deux  lignes  de  ïégaL'ue.  Entre 
ces  deux  perlonnes,  il  y  a  égalité  d'âge  ,  de  condi- 
tion. L'amitié  a  befoin  de  quelque  égalité  \  mais 
c'efl:  plurôt  d'une  e^ij/Zfe  qu'elle  fe  tait  elle-même  j 
que  d'une  égalité  qu'elle  y  trouve.  M.  Scud.  L'ê- 
galité  el\  de  Telfence  des  foibles  amitiés  humaines. 
Éléch.  En  Aftronomieon  appelle  cercle  de^dZ/Vc;., 
ou  Equant ,  le  cercle  dont  on  fe  fert  dans  plufieurs 
hypothcfes  ,  pour  expliquer  les  excentricités  des 
Planètes ,  &  les  réduire  plus  aifément  au  calcul. 
G'eit  fur  ce  cercle  que  l'on  règle  le  mouvement 
égal  :  on  le  fuppofe  égal  à  l'excentrique ,  &  dans 
ie  plan  du  déférent. 

En  Géométrie  la  proportion  par  égalité  bien  ran- 
gée ,  ou  e.v  (C^ao  ordonnée  ,  elt  celle  dans  laquelle 
plus  de  deux  termes  d'un  rang  font  proportionnels 
à  autant  de  termes  d'un  autre  rang  ,  comparés  l'un 
à  l'autre  dans  le  m:me  ordre ,  enforre  que  le  premier 
d'un  rang  foit  au  premier  de  l'autre  ,  comme  le  fé- 
cond terme  au  fécond  j  &  ainh  de  fuite.  La  propor- 
tion \)Zï  égalité  mû  rangée  ,  qu'on  appelle  encore 
ex  aquo  troublée  ,  eft  celle  dans  laquelle  plus  de 
deux  termes  d'un  rang  font  proportionnels  à  autant 
de  termes  d'un  autre  rang,  comparés  l'un  à  l'autre 
dans  un  ordre  différent  &  non  fuivi ,  enforte  que 
le  premier  d'un  rang  foit  au  fécond  du  même 
rang  comme  le  fécond  de  l'autre  rang  au  troifième, 
&c.  Dans  l'une  Sz  dans  l'autre  proportion  ,  en  re- 
jetant les  termes  moyens  ,  la  proportion  refte  en- 
tre les  extrêmes.  La  raifon  iXégalitc  ell  celle  qui  fe 
trouve  €ntre  deux  nombres  égaux. 

En  termes  d'Algèbre  ,  l'égalité  fe  marque  avec 
deux  petites  lignes  parallèles.  14-2=4.  Ou  bien 
par  cet  autre  (igne  =0.2-1-2  ©o  4.  c'eft-à-dire^deux 
plus  deux  font  égaux  à  quatre.  +  x—  y=-^  -f-c 
lignihe  ^  moinsj'  eft  égal  à  à  plus  c.  Dans  l'Algèbre 
fpécieufe  re.'^^//fe  eft  la  comparaifon  de  deux  gran- 
deurs égales  en  effet  &  en  lettres  ;  &  l'équation  eft 
la  comparaifondedeuxgrandeurs  inégales  en  lettres 
pour  les  rendre  égales.  De  l'équation  on  vient  à 
l'égalité  en  changeant  une  lettre  en  une  autre  qui 
rende  égaux  les  deux  membres  de  l'équation ,  c'eft- 
à-dire,  les  deux  grandeurs  qu'on  compare,  &  qui 
font  jointes  par  le  figne  d'égalité.  Ainii  dans  cette 
équation  hcd  bcd 

aax  :o  ^c^jfuppofant.v  "^  —  on  change  Aren  ~  & 

aa  a  a 

par  cette  fubftitution  on  vient  à  Ye'galité  b  c  d  >=  bcd. 
Dans  la  folution  d'un  problème  en  nombres  qu'on 
veut  rendre  rationnelle ,  fi  on  n'a  qu'une  puiffance 
à  égaler  au  carré  ^  ou  à  quelque  autre  puiffance 
plus  élevée, cela  fe  nomme  fimple  égalité  :  quand 
on  a  deux  puiffances  à  égaler  chacune  au  carré ,  cela 
s'appelle  triple  égalité.  Diophante  nous  a  donné 
une  méthode  pour  les  doubles  égalités  ,  &  le  Père 
de  Billy  nous  en  a  donné  une  très- belle  pour  les  tri- 
ples égalités  dans  fon  Diophamus  Redivivus.  Or  ,  en 
Arithmétique  ,  on  appelle  règle  d'alliage  on  égalité, 
celle  dans  laquelle  les  chofes  qu'on  veiat  allier  font 
ég.ales  en  nombre. 

fer  Egalité,  fe  dit  auffide  l'efprit,  de  l'humeurj&c. 
pour  dire  ,  uniformité,  une  même  affietre,  un  mê- 
me état.  JEçiualicas.  Un  Stoïqueauns  é^aliti d'uvni 


EGA 


S  91 


que  rien  n'altère.  Ce  Pocte  n'a  point  d'égalité  de 
Ityle  :  tantôt  il  s'élève  Jufqu'au  ciel  :  tantôt  il  rampe 
fur  la  rerre.  Il  y  a  des  gens  en  qui  l'égalité  d  humeur 
eft  ftupidité  ,  ou  médiocrité  d'efprit.  M.  Scud.  L'e- 
ganted:ins  l'humeur  vient  plus  de  la  raifon  que  du 
tempérament.  1d. 

Quejl-ce  que  la  fageffc  ?  Une  égalité  d'ame  , 
Que  rten  ne  peut  troubler ^qu  aucun  dejîr  n  enflamme., 

BoiLEAUî. 

Mais  cette  égalité  ,  dont  fe  forme  le  Sage , 
Qui  jamais  moins  que  l'homme  en  a  connu  l'ufage  ? 

Id. 

EGALURES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Fauconnerie,  qui  fe 
dit  des  mouchetures  blanches  qui  font  fur  le  dos  de 
l'oifeau.  On  appelle  auiîi  un  oifeau  fo^û/t?',  Maculis 
alhis  diflinclus  ,  ou  bicolor  ,    celui  qui  porte  ces 

,   mouchetures. 

EGANDILLER.  v.  a.  Terme  dont  on  fe  fert  en  Bour- 
gogne ,  pout  fignifier  ce  qu'on  entend  ailleurs 
par  étalonner  ;  c'eft-à-dire  ,  marquer  des  poids 
ou  des  mefures  ,  après  les  avoir  vérifiés  lur  les 
étalons. 

IJCT  EGARD,  f.  m.  ou  ÉGARDS.  Ohfervantia.  Atten- 
tion réfléchie  &  n>efurée  fur  la  façon  d'agir  &  de  fe 
conduire  par  rapport  à  l'état  ou  à  la  lîtuation  des  au- 
tres, pour  ne  manquer  à  rien  de  ce  que  la  bien- 
féance  &  la  politelle  exige.  Les  égards  font  le  fruit 
d'une  belle  éducation.  L'on  ne  peut  avoir  trop  Re- 
gards pour  les  Dames.  M.  L'Ab.  Girard. 

Ip"  La  fcience  des  égards ,  eft  la  fcience  de  la 
politefle.  M.  Scud.  La  fcience  des  egcrds,  eft  l'ame 
de  la  fociétc  ^  c'eft  ce  qui  fait  qu'on  rend  à  chacun 
ce  qui  lui  appartient.  Bell.  Les  hommes  ,  en  s'af- 
femblant  en  lociété  ,  fe  font  en  quelque  forte  obli- 
gés à  des  igards  réciproques  ,  pour  fe  rendre  plus 
agréables  les  uns  aux  autres.  L'on  ne  fauroit  avoir 
l'coç  d'égards  pour  les  Dames  ;  ils  leur  font  dus  j  & 
ce  feroit  les  piquer  que  d'y  manquer  ,  d'autant 
qu'elles  obfervent  plus  les  moindres  chofes  que  les 
grandes.  Foyei  les  fynonymes  ,  Considération, 
Circonspection,  Menagemens. 

Égard,  prefque  en  ce  fens,  fe  dit  du  cas,  de  l'eftime 
qu'on  fait  de  quelque  chofe  ;  de  l'attention  qu'on 
y  tait ,  du  prix  ,  &:  de  la  valeur  qu'on  y  donne,  ^f- 
timaiio^,  ratio.  Ainfi  on  dit  au  l^alais  ,  fans  avoir 
eV<zri  à  fa  demande,  à  fa  requête,  nous  l'en  avons 
débouté.  Nullâ  habita  ratione.  On  n'a  point  d'égard 
aux  lettres  de  grâce  qui  ne  font  point  conformes 
aiix  informations.  On  doit  avoir  égard  au  temps ,  à 
l'âge  ,  à  la  qualité  des  Parties.  C'eft  une  raifon  ^  une 
circonftance  à  laquelle  on  n'a  poinr  eu  d'égardydont 
on  n'a  point  fait  d'état.  On  joint  une  requête  au 
procès  ,  pour  ,  en  jugeant ,  y  avoir  tel  e^ar^  que  de 
raifon.  Il  taut  avoir  égard  principalement  à  ce  qui 
regarde  les  mœurs  j  les  mœurs  font  ce  qu'il  y  a  de 
plus  important  ,  de  plus  effentiel.  Ratio  morunt 
prior  eji.  Il  faut  avon égard ,  veiller  au  bien  de  fes 
affaires.  Ratio  reifamiliaris  habenda  eft. 
^  iCr  On  dit,  t\x  égard ,  pour  dire  ^  ayant  égard  ; 
:A' égard ^  pour  dire,  par  comparaifon  ,  par  pro- 
portion. La  terre  n'eft  qu'un  point  à  V égard  d\x  ciel. 
Prx.,  habita  ratione. 

IP"  Cette  façon  de  parler  tient  encore  lieu  de 
prépolîtion  ,  &  hgnihe  ,  pour  ce  qui  regarde  j  con- 
cerne. A  mon  égard ,  à  notre  égard,  cela  eft  indif- 
férent. Quod  ad  me  y  ad  nos  attiut ,  fpeciat ,  8cc. 

|p°  On  dit  auftî  à  différens  égards  ,  fous  divers 
égards  ,  fous  différentes  vues ,  fous  différens  rap- 
ports. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  efgardium  ,   ou  de 
fcardmm  ,  qu'on  a  dit  dans  la  baffe  Latinité,  pour  fi- 
gnifier  la  fentence  d'un  Juge  rendue  en  connoiffance 
de  caufe. 

Egard  ,  s'cft  pris  auftlpour  le  premier  jugemenr,com- 
me  on  l'apprend  des  Statuts  de  l'Ordre  de  Malte. 
Eft  antiquij/imum  &primum  judicium  Hofpitalis,  L^ 


59^ 


EGA 


EGA 


Roman  du  Renard  dit,  de  faire  efgard  ne  juge  •  i  Ég  ardise,  fe  prend  auffi  pour  le  temps  que  les  Egards 
ment.  Les  Juges  l'ont  appelés  t/oardours  dans  une       font  l;urs  viiites. 


ippeles  tj_ 
chartre  donnée  par  le  l\  Vignier  ,  Origin.  de  /a 
Muifun  d'Alface  ,  p.  140.  Ce  ftyle  eft  encore  con- 
fervc  dans  les  Arrêts.  La  Cour  ayant  égard  ,  ayant 
aucunement  t-'^fari/,  &c. 
Égard  ,  figniiie  un  Tribunal  ,  une  Commillîon  , 
une  manière  de  Jugement  ,  pour  terminer  les 
procès  entre  les  Chevalieis.  Voici  ce  qu'en  di- 
fent  les  Statues  de  l'Oidre.  De  peur  que  les  ei- 
prirs  de  nos  hères  j  emb.ura(Tes  dans  de  longs  pro 
ces,  ne  fulfent  détoLirnés  des  devoirs  de  leur  pro- 
fellion ,  nos  prédécelîeurs  trouvèrent  une  manière 
de  jugement  i^cAi  &  abrégée,  qu'ils  nommèrent 
V Egard  ,  qui  fe  pratique  ainù.  On  choiàt  huit  Frè- 
res j  un  de  chaque  langue  y  on  y  en  joint  un  autre 
de  quelque  langue  que  ce  loit ,  pour  être  le  chet  ou 
le  Préfident  de  l'Egard ,  lequel  eft  nommé  par  le 
Maître ,  ou  par  le  Maréchal ,  quand  les  Frères  fe 
trouvent  de  la  Jurifdiction;  les  autres  font  nommés 
par  les  Baillis,  &  publiés  par  le  Maître  Ecuyer ,  en 
forte  néanmoins  que  les  Baillis  n'en  nommept  au-j 
cun  des  langues  des  Parties  plaidantes  ,  fi  elles  ne 
l'ont  approuvé. 

On  va  de  l'Egard  au  Renford  de  l'Egard,  en 
doublant  le  nombre  des  Frères ,  enforte  qu'il  y  en 
ait  deux  de  chaque  langue  ,  &  delà  au  Renlortdu 
Renfort ,  où  il  s'en  trouve  trois ,  fans  en  changer 
le  Chef  ou  Préfident  j  qui  a  d'abord  été  nommé.  Si 
les  Parties  ne  s'en  tiennent  point  au  jugement  de 
ces  trois  Egards  ,  l'on  y  joint  l'Egard  des  Baillis  , 
compofé  de  huit  BaïUis  conventuels,  ou  de  leurs 
Lieucenans.  Le  Maître  leur  donne  pour  Préfidcnr 
un  autre  Bailli  ou  Prieur  de  f Eglife  j  mais,  s'il 
nomme  un  Bailli  conventuel  ,  on  prend  à  la  place 
un  Frère  ancien  de  la  même  langue.  Chacun  d'eux 
n'a  qu'une  voix  ,  le  Préfident  leul  en  a  deux  ,  ou  la 
pondérative  en  cas  de  partage.  Si  dans  une  langueil 
ne  fe  trouve  perfonne  propre  à  cette  fontlion  ,  on 
en  prend  dans  les  autres  pour  remplir  le  nombre  , 
de  forte  que  chaque  Egard  foit  compofé  de  neuf 
perfonnes.  Si  l'une  des  Parties  ou  toutes  les  deux 
font  Baillis  ou  Prieurs ,  le  Préfident  de  tous  les 
Epardskva.  Bailli  ou  Prieur.  On  dit  comparoîtrede 
vaut  l'Egard.  Les  Frères  de  l'Egard  [onz  les  Cheva- 
liers ,  qui  le  compofent  comme  Juges. 

On  alfemble  quelquefois  les  Egards  ,  pour  con- 
noître  des  plaintes  que  veulent  faire  le  Maître  ,  fon 
Lieutenant,  le  Maréchal,  ou  quelque  ancre  Supé- 
rieur. Si  le  Maître  ou  autre  Supérieur  demande  à  un 
Frère  quelque  chofe  qui  foit  contre  les  ftatuts  &  les 
coutumes  de  l'Ordre,  le  Frère  poura  demander  l'Z:'- 
gard.  L'Egard  ne  prononce  point  des  Sentences  in- 
terlocutoires ,  &c.  f^ovei  les  Statuts  de  l'Ordre  de 
Malte  ,  imprimés  par  M.  l'Abbé  de  Vertot  dans  le 
IV^  Tome  de  fon  Hifloire  de  Malte  ,  Titre  VIIF. 

Ce  Tribunal  eft  très  ancien  :  c'eft  le  premier  qui 
ait  été  formé  dans  l'hôpital. 

On  appeloit  à  Paris  Maigres-égards ,  ceux  de  cha- 
que mérier  qui  fontchoifis  de  temps  en  temps  pour 
avoir  infpedion  fur  les  autres.  Infpeclores.  (  On  dit 
à  préfent  Gardes.  )  Ce  nom  s'eftconfervé  à  Amiens. 
f^oy.  Égardise. 

Marot  a  dit ,  Prendre  égard  à  quelque  chofe  j 
pour  j  prendre  garde  ,  y  faire  attention.  Advercere. 

Prends  y  égard  &  entends  leurs  propos  , 
Tu  ne  vis  cnqji  dijférensfuppô  es.  Marot. 

ÉGARDÉ  ,  ÉE.  adj.  m.  &  f.  Terme  de  Manufadure. 
Une  pièce  égardée  eft  celle  qui  a  été  vifuée  &  mar- 
quée par  les  Egards. 

ÉGARDER.  V.  a.  Vieux  mot.  Regarder  ,  confidérer. 

ÉGARDISE.  f.  f.  Ce  terme  n'eft  guère  en  ufage  que 
dans  la  fayetterie  d'Amiens  ,  où  les  Jurés  des 
Communautés  font  appelés  Egards  :  ainfi ,  en  ce 
fens  ,  égardife  fignifie  la  même  chofe  que  Ju- 
rande. 


EGAPvEiMENT.f  m.  Aûion  j  méprife  par  laquelle  on 
s'écarte  de  Ion  chemin.  Error  j  deviaao.  Ce  mot  ne 
s'emploie  guère  au  propre. 

§Cr  Egarement  ,  fe  dit,  plus  ordinairement,  de  touc 
ce  qui  éloigne  de  la  règle  à  laquelle  on  doit  fecon- 
tormer  j  des  principes  reçus  ,  de  la  fainte  dodri- 
ne.  Les  Hérétiques  lonr  tombés  dans  de  grands  ega- 
remens.  La  vue  des  egareniens  desautres  nous  devroit 
guéru  de  la  prévention  que  nous  avons  pour  nous- 
mêmes.  Nie  Les  tfjar£7/:c7.'j  des  hommes  font  pref- 
que  infinis  j  le  cceut  a  fes  eg.-jemens  ,  &  l'elprit  a 
les  liens. 

%fT  On  le  dit  à-peu-près  dans  le  même  fens  pour 
dérèglement.  Il  eft  revenu  des  égaremens  de  fa 
jeuneifc. 


Pourfauver  ma  vertu  de  tant  t^'égaremens , 
Je  ne  veux  point  d'amis  oui  puijjent  cCie  Amans. 

Des-H. 

Egarement  d'Esprit,  fignlfie  quelquefois  la  même 
choie  qu'aliénation  d'efprit.  Koye^  Aliénation. 
Quelquefois  il  fe  dit  aulii  de  l'inattention  de  l'el- 
prit &  de  fes  diftraétions.  Mentis  aberratio  ,  ou  avo-' 
catio.  Quelques  uns  citent  mal-à-propos  DiJlracUo 
de  Ciccron  en  ce  fens.  Gaudin.  Attention  qui  re- 
cueille l'efprit ,  qui  en  bannilfe  toutes  les  idées  & 
toutes  les  afïliires  du  monde  ,  qui  le  rappelle  de  fes 
égaremens  Se  de  (es  évagations.  Bourd.  Exh.  IL 
p.  ^97- 

EGARER.  V.  a.  Faire  perdre  la  route  ,  détourner, 
écarter  du  chemin.  Avertere  ,  à  via  deducere.  Le 
guide  nous  a  égarés  ,  il  s'eft  eVare  lui-même  dans  la 
lorêt.  S'égarer,  deviare  jdivertere  3  digredij  aberrare^ 
c'eft  perdre  la  roure  ,  s'écarrer,  s'éloigner  du  che- 
min. Il  lignifie  aulîi  j  ne  favoir  où  l'on  va  ,  aller  à 
l'aventure  J  v^j^ur/ ,  errare. 

Eqarer  ,  fe  dit,  dans  le  fens  figuré,  pour  dire,  je- 
ter dans  l'erreur  ,  écarter  des  lois ,  des  règles  j  des 
principes ,  qui  font  autant  de  directions  qu'on  doit 
luivre.  On  le  dit  également  avec  le  pronom  perfon* 
nel.  Voilà  une  matière  bien  délicate  ,  &  fur  la- 
quelle il  eft  ailé  de  %' égarer.  S.  Evr.  Les  perfonnes 
vaines  j  q^uand  elles  fe  lont  égarées  j  ont  honte  de 
le  redreller ,  &  de  rentrer  dans  le  bon  chemin. 
Bell.  Ne  fuivez  pas  les  avis  de  cet  Auteur ,  il  vous 
pourroit  égarer.  Les  gtandes  profpérités  nous  aveu- 
glent ,  nous  tranfportent  &  nous  égarent.  Boss. 
Montagne  eft  un  guide  qui  égare  \  mais  qui  mène 
en  des  pays  plus  agréables  qu'il  n'avoir  promis.  Bal. 
La  prudence  humaine  %  égare  tous  les  jours  dans 
l'avenir.  Boss.  Où  font  les  hommes  qui  font  touchés 
férieufement  de  la  crainte  de  %  égarer  ,  &  de  pren- 
dre une  mauvaife  route  pour  arriver  à  l'éternité  ? 
Nie.  L'imagination  ne  chicane  point,  pourvu  qu'on 
ne  Xégare  pas  trop  fenfiblement.  De  la  Motte. 

§CF  II  fignifie  aufii ,  s'éloigner  du  fujet  que  l'on 
traite,  pour  parler  de  toute  autre  chofe.  Cet  hom- 
me s'cVjr^  fouvent  dans  fes  difcours  ,  dans  fes  rai- 
fonneinens.  A  pioposito  egredi  j  vagaridicendo.  Va- 
gatur  animas  ,  vagatur  oratio. 

Ce  mot ,  félon  Ménage  ,  vient  du  Latin  varare, 
qui  fignifie,  pajfer,  traverfer.  D'autres  difent  qu'il 
vient  à'aguirer  ,  vieux  mot  François  ,  qui  s'eft  dit 
proprement  des  beftiaux  qui  s'éloignent  des  lieux  où 
ils  doivent  paître ,  &  qui  vont  dans  les  terres  la- 
bourées qu'on  appelle  ^aeVew  ,  &  autrefois  guarets. 

Égarer  ,  fe  dit  des  yeux  qui  fe  portent  çà  &  là  fur 
différens  objets.  Hàc  illùc  oculos  conjicere  ;  conji.ere 
temerè  in  omnem  pOrtem  oculos. 

Que  dire  de  ces  payfages 

Ou  l'œil  fe  plaît  à  /égarer  ? 

Non  les  Peintres  ,  dans  leurs  ouvrages  , 

AV  nous  préfentent  point  d'images 

Qu'on  puijje  bien  leur  comparer. 

On 


EGA 

on  dir ,  Egarer  la  bouche  d'un  cheval ,  pour  di- 
re ,  hii  gâcer  la  bouche  en  le  menant  mal. 

C^T  On  dit  qu'une  maladie  a  égare  l'efprit  à  quel- 
qu'un ,  pour  due  qu'il  en  a  refpiit  troublé.  L'ame 
d'un  ho.iime  que  la  tlueur  tianlpjite,  eft  efFedive- 
ment  égarée  ,  &;  hors  de  ion  alliette  naturelle. 
M.  Esp. 

Egarer,  fe  dit  auiîî  en  parlant  d'une  chofe  qui  eft 
comme  perdue  ,  qu'on  ne  peut  trouver  quand  on 
la  cherche.  Am'nccre.  J'ai  égaré  (iQX.\.<i  clef,  ce  livre. 

Égaré  ,  ée.  part.  &  adj.  Son  aire^^zr^  marque  le  dérè- 
glement de  Ion  eiprit.  Vill.  On  dit  aulii  Des  yeux 
égares,  pour  dire  ,  des  yeux  dont  le  regard  n'elt  pas 
ferme  ni  arrête.  Une  vue  egarje ,  des  yeux  égares  , 
lignitîe  fouvent  un  détaut  de  modeftie  ,  peu  de  re- 
tenue dans  les  yeux  ,  des  yeux  qu'on  jette  indirFé- 
remment  çà  &  là  fur  tout  ce  qui  fe  préfente.  Quel- 
quefois il  hgnilie  quelque  chofe  de  hirouche  dans 
les  yeux.  Je  le  trouvai  tort  ému  ,  un  vifage  enflam- 
mé ,  des  yeux  égarés ,  tel  qu'un  homme  qui  vient 
de  faire  un  mauvais  coup.  L'alfemblée  ne  fâchant 
ce  que  vouloir  dire  le  Prédicateur  j  le  crut  un  peu 
égaré.  BouHouRS. 

On  appelle,  figurément.  Brebis  égarées  ,ceiix  qui 
font  foftis  du  fein  de  1  Eglile  pour  embralfer  l'hé- 
réfie. 

ÉGAilOTF.  adj.  m.  En  termes  de  Manège  ,  on  appel- 
le cheval  jgarocé,  un  cheval  qui  ell  bLlIé  au  g-arot. 
Ces  fortes  de  blelfures  fe  guérillènt  difficilement. 

ÔKGAUDIR.  Ce  vieux  mot,  originairement,  neligni- 
fioit  pas  Se  réjouir,  comme  quelques-uns  l'ont  cru. 
Il  vitntde  o-ji^r,  qui  fignitioit  un  bois.  Les  Picards 
difent  encore  aujourd'hui  s'égaudir, pom  dire  j  chaf 
ifer  dans  un  bois  ,  ou  aller  dans  un  bois.  Gaut  ,  ou 
Efgaudée  fîgnifioient  bois  &  forer.  On  difoit  dedans 
un  gauc  plenier,  pour  dire  ,  en  plein  bois  ,  au  fond 
d'une  forêt. 

Mais,  parce  qu'on  alloit  dans  les  bois  pourfe  ré- 
jouir ,  fe  divertir,  segaudirsQ^  dit  dans  la  fuite 
dans  cette  lignification,  &  on  lui  a  trouvé  une  éty- 
jnologie  Latine  j  de  gaudcre  ,  fe  réjouir  ,  ou  le 

■_   gaudir ,    qu'on  a  confondu  avec  s'eVt7:/i/ir. 

EGAYER.  V.  a.  Réjouir,  rendre  gai.  f'^oye^  ce  mot. 
Hi/arare,  obleclare.  Il  ne  faut  qu'un  homme  de  bon 
ne  humeur  pour  égayer  toute  une  compagnie.  Un 
Satyrique  s'egaye  aux  dépens  de  fon  prochain. 


EGA       EGÊ  JCJ3 

On  die  qu'un  liâtiment  eft  bien  égayé,   quand  ,il 
eft  bien  clair  ,  bien  percé  ,  &  en  belle  vue. 
Egayer  ,  eft  aulii  un  terme  de  Jardinier  ,  qui  fîgni- 
ôcer  les  branches  qui  rendent  un  arbre  confus 


he 


Ce  neft  plus  d'un  vin  pcuUant  j 
Aimable  au  goût,  aux  yeux  brillant  3 
Qu'on  cherche  à  j'égayer  à  table. 

Egayer  ,  fe  dit  figurément  de  plufieurs  chofes.  Mef- 
fîeurs  les  Médecins  s'égayent  bien  fur  notre  corps. 
Mol.  Il  faut  ,  pour  faire  un  Ouvrage  agréable , 
qu'il  foit  un  peu  égayé ,  que  le  ftyle  en  foit  égayé , 
agréable. 

tfT  Egayer,  dans  ce  fens ,  lin  ouvrage  ,  une 
matière  ,  c'eft  la  rendre  plus  agréable  j  plus  libre  , 
plus  intérelTante  ,  la  trairer  d'une  manière  plus 
riante,  plus  fleurie,  en  y  faifant  quelquefois  en- 
trer des  sgrémens  qni  ne  font  pas  tout-à-fait  du  fu- 
jet.  Il  ne  faut  point  fe  fervir  d'expreflions  fleuries 
dans  un  fujet  trifte  :  ce  n'eft  point  là  qu'il  faut 
égayer  l'auditeur. S.EvR.Pournous  èix'^tnxx  égayons 
un  peu  notre  veine.  Sar.  Il  n'y  a  rien  de  li  fombre 
qu'on  ne  puilfe  égayer  par  l'adrelfe  de  l'efprit.' 
Ch.  de  Mer.  On  ne  fauroir  trop  égayer  les  fcien- 
ces  néceflaires  qui  ont  l'air  ennuyeux.  Tour.  Le 
Prédicateur  ne  doit  pas,  trop  égayer  l'auditeur  par 
une  fouie  de  penfées  &  de  traits  :  cela  relfent  trop 
l'éloquence  mondaine.  Ci.. 

Ces  propos ,  diras-tu  ^  font  bons  dans  lafatyre  , 
Pour  égayer  d'abord  un  Iccleur  qui  veut  rire. 


qui 


veut  rire. 
BoiL. 


On  dit ,  Egayer  fon  deuil  ;  pour  dire  ,  Com- 
mencer à  porter  un  deuil  moins  grand,  moins  exaâ: 
moins  régulier. 

Tome  m. 


&  étouffé  dans  le   milieu.  Attundere  ^  interradere^ 
interlegcn  ,  intcrpurgare ,  &c.  Egayer  un  buiifon  3 
&  même  un  arbre  de  tige  ^  c'eft  Je  railler  de  ma- 
nière que  d'un  coup-d'œil  on  puilfe  juger  de   fa 
beauté.  On  le  dit  aulli  des  el'pahers  \  Se  c'eft  les  pa- 
liffer  h  proprement  que  les  branches  foient  égale- 
ment parragées  des  deux  côtés  ,  Se  qu'il  n'y  en  ait 
pas  plulieurs  enfemble  j   mais  que  chacune  foit  at- 
tachée féparément  j    &  à  des  intervalles  é"aux. 
^g^y^^  u"  arbre  qui  eft  en  efpalier.  La  Quini.  Li- 
ger  veut  qu'on  dife  en  Latin  ,    ExhiLarare  arbores  • 
mais  le  vrai  mot  ci\  purgare ,  mundare  ,  collocare  ^ 
interlucare. 
§3"  Égayer  du  linge.  Voyei  Aiguayer.  L'Académie 

écrit  Egayer. 
Egayé  ,  ée.  part.  &  adj.  Hilaris  j  fefllvus. 
EGAZ.  f.  m.  'Vieux  mot.  Décifion ,  jugement. 

EGE. 

EGÉE.  .adj.  Qui  ne  fe  dit  qu'en  cette  phrale  ,  la  Mer 
Egée  ,  en  Latin  Egcum  mare.  C'eft  la  même  chofe 
que  l'Archipel.  Ftiyei  ce  mot.  Cette  mer  fut  ap- 
pelée Egée ,  du  nom  à!tgée ,  Roi  d'Athènes.  'Voici 
pourquoi.  Sous  le  règne  de  ce  Prince  ,  Minos, 
Roi  de  Crète ,  déclara  la  guerre  aux  Athériiens  j 
&  ayant  eu  l'av.ant.age  ,  ceux-ci  ne  purent  obtenir 
la  paix  qu'à  des  conditions  très-dures ,  dont  l'une 
fut  que,  chaque  annéej  Athènes  enverroit  fept  jeu- 
nes hommes  des  plus  confidérables  familles  de  la 
ville  pour  être  livrés  au  Minoraure.  On  tiroir  au 
forr  les  vicbmes  infortunées  qui  dévoient  être  fa- 
crifiées  au  monftre  j  &  il  y  avoir  déjà  rrois  ans  que 
l'on  payoit  ce  cruel  tribut.  La  quatrième  annéej 
Thelée  j  fils  aîné  du  Roi  Egée ,  fut  un  de  ceux  fuc 
lefquels  le  fort  tomba.  Son  père  en  conçut  un  cha- 
grin mortel  ,  Si  fa  douleur  le  déclara  jufques  dans 
l'attirail  du  vaiifeau  j  qui  devoir  porter  fon  fils  ,  &c 
qu'il  fit  faire  tout  en  noir,  voile  noire  ,  cord.ages 
noirs ,  &c.  Il  ne  perdir  pourtant  pas  toute  efpé- 
rance  ,  &  ordonna  à  fon  fils  que ,  s'il  revtnoit  vain- 
queur _,  il  eût  foin  de  faire  changer  la  voile  ,  &  d'ea 
mettre  une  blanche  à  fon  vaiifeau,  au  lieu  de  la  noi- 
re, pour  annoncer  de  loin  fa  viéfoire.  Ihéfée  vain- 
quit en  effet  ,  en  fuivant  les  conieils  d  Ariane; 
mais  fes  tranfporrs  de  joie  lui  firent  oublier  ce  que 
le  Roi  Ion  père  lui  avoir  recommandé  en  partant. 
Ainfi  £'^<?V,appercev.antdu  haut  d'une  tour  le  vaif- 
feau  revenir  j  comme  il  éroit  parti  j  avec  fes  voiles 
noires ,  ne  douta  point  que  fon  fils  n'eiit  péri ,  Se 
de  douleur  il  fe  précipita  dans  la  mer.  Les  Athé- 
niens ,  pourconfoler  leur  libérateur  de  la  perte  dé 
fon  père  _,  firent  l'apothéofe  de  celui-ci ,  l'érigè- 
renr  en  Dieu  de  la  mer  &  en  fils  de  Neptune ,  &c 
donnèrent  fon  nom  à  toute  la  mer  voifine.  f^oye^ 
les  autres  érymologies  au  mur  .^gee.  Car  on  écrie 
run&rautie&  dans  nos  Cartes  ,  &  dans  nos  Li- 
vres ;  témoin  M.  Toutreil  de  l'Académie  Françoi- 
ie  ,  qui  dans  fa  Tr.adudion  Se  fes  Notes  fur  les  Phi- 
lippiques  écrit  toujours  y£gée. 

EGEMOIN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Hegemnnius.  Voy. 
Hégfmoin  ,  Se  Chaftelain  au  8^  de  Janvier ,  p. 

lis- 

EGÉON.  C'eft  le  nom  que  les  hommes  donnent  au 
Géant  que  les  Dieux  appellent  Briarée  ,  dit  Homè- 
re. Il  étoit  fils  du  Ciel  Se  de  la  Terre ,  &  fut  un  de 
ceux  qui  firent  la  guerre  au::  Dieux. 

EGER.  Voyc-:;  Egra. 

EGERIE.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 
Dcefle  des  Romains.  Egcrta.  L'opinion  commune 
eft  ç\\.\Eg:rie  étoit  une  Nvmphe  ,  ou  Déelfe  des 
fontaines.  Denis  d'Halicarnafle  rapporrc  ce  fenti- 
menr,  L.  I.  p.  91.  de  l'édition  de  Robert  Eftienne  ^ 
in-jcl.  1  ^yC.  S.  Auguftin  le  fuit  dans  le  5*^  Livre  dei 
la  Cité  de  Dieu  ,C.  3<.  auÛi  bien  que  le  Scholiaft* 

Ffff 


594 


EG  E     EGI 


de  Juvénal  fur  le  17'  vers  de  la  III'  Satyre.  D'au- 
tres j  dir  Denis  d'Halicarnalfe  au  même  endroit, 
prétendent  qu^gene  n'étoit  point  une  Nymphe  , 
mais  Ttine  des  Miifes.  Vives ,  lut  l'endroit  de  S.  Au- 
guftin  que  j'ai  cité ,  confirme  ce  fentiraent ,  parce 
que  le  bois  où  étoit  la  DéelFe  tgene  le  nommoit 
le  bois  des  Mules  j  Lucus  Camxnarum.  Voy.  aulli 
Vigenère  fur  Tite  Live,  T.  I.  p.  1 314.  Quoi  qu'il 
en'foit ,  Egéric  étoit  une  des  Déciles  protectrices 
des  femmes  enceintes  ,  &  qui  prélidoit  aux  cou- 
ches. Delà  venoit  le  nom  A.t,gtne  ,  tiré  du  verbe 
Latin  eoero  ,  &  qui  marquoit  qu  elle  aidoit  les  fem- 
mes à  le  délivrer  heureulement  de  leur  fruit.  Aulfi 
lui  faifoient-elles  des  facrihces  pendant  le  temps  de 
leur  grolfeire  ,  comme  Fellus  nous  l'apprend  j  en 
rapportant  cette  érymologie.  Numa  Pompilius  j  fé- 
cond Roi  des  Romains  ,  pour  donner  plus  d'auto- 
rité aux  Réglemens  qu'il  fit  pour  la  Religion  ,  ré- 
pandu le  bruit  qntgérie  lui  revéloit  la  nuit  les 
chofes  qu'il  ordonnoit  :  de-  là  vient  l'opinion  qu'il 
étoit  mari  A'tgéne  ,  ainfi  que  quelques  Auteurs 
l'appellent.  Ovide  a  feint  dans  fes  Métamoiphofes, 
L.  XV.  V.  547-  (\\xEgéne  ,  de  douleur  de  la  mort  de 
Numa  j  fut  changée  eu  fontaine.  Egeric  fut  aulli 
nommée  h'iuonia  ,  parce  qu'elle  arrêtoit  le  flux  de 
fani;  ,  dit  Vigenère  fur  Tite-Live  ,  T.  I.  p.  1066. 
^0}  Cl  cet  Aineuv, 

Il  a  plu  depuis  peu  à  quelques  Auteurs  de  diftin- 
guerdeux  tg^na  ;  l'une  Nymphe,  qui  i:uc  l'amie 
ou  la  femme  prétendue  de  Numa  j  Ôc  l'autre  Déef- 
fe  ,  qui  préfidoit  à  renfantement.  Leur  raifon  eft 
que  le  nom  de  la  Nymphe  elt  écrit  par-tout  par  un 
/£  J  jE'^eria  ,  &c  que  celui  de  la  Déelîe  ne  peut  être 
écrit  qu'avec  un  Efimple,  à  caufe  de  l'écymologie 
d'etrereje.  Mais  cette  raifou  eft  faulfe  j  car  1°.  la 
Nymphe  eft  appelée  par  Denis  d'^lalicarnalfe  ,  L. 
t.  p.  91.  par  Plutarque  dans  Numa  j  &  par  d'autres 
Grecs  ,  liv'-f".  Hortman  dit  qu'on  trouve  aulli 
|vf!«  ,  mais  je  n'ai  vu  nulle  part  «'yec**,  2". 
Daus  les  Auteurs  Latins ,  on  trouve  à  la  vérité  j 
tantôt  Egena  ,  ôc  za.n'.ot  ^gerla  ,  mais  Egena  dans 
les  meilleurs  exemplaires.  Juvénal  j  édition  de  P. 
Pithou  chez  Morel  160}.  in-^°.  Egcr/a  ;  le  vieux 
Scholialledç ce  Poète,  tué  de  la  Bibliothèque  du 
même  M.  Pithou  j  &  imprimé  par  ce  favant  hom- 
me dans  l'édition  que  je  viens  de  citer,  Egtna  •  dans 
Ovide  à  l'endroit  cité  ,  dans  Florus  ,  Liv.  I.  Ch.  2. 
Egena,  &ZC.  3°.  H  faut  avoir  peu  de  connoillance 
des  manufcrits  pour  ne  favoir  pas  que  l'.s  fe  met 
foulent  par  les  Copiftes  pour  un  e  ^  que  ceux  qui  en 
doutent  J  concilient  ceux  qui  en  ont  quelque  ufa- 
ge  ,  &C  qu'ils  voient  Palferat  ,  De  liueraruni  inter 
fe  coanatione  ac permutaûone.  4".  Enfin  ,  on  trouve 
plufieurs  mots ,  dont  l'étymologie  demanderoit  un 
e,écrits  par  un  <t.j&:d'autresau  contraire,écrits  par  un 
quand  il  faudroïc  un  £.  Voyei  le  même  Palferat , 
p.  6.  &47.  édition  de  Paris  iOqG. 

Il  y  avoir  proche  de  Rome  la  Vallée  A'Egirie  , 
ValLis  EgerÏA  ,  hors  de  la  porte  Capène  ;  &  dans 
cette  Vallée  le  bois  à'Egsrk  ,  Lucus  Egeria,  qm  , 
comme  dit  Vives,  s'appeloit  auHi  le  bois  des  Mu- 
fes  ;  de  plus  ,  la  fontaine  d'Égjne,  Fons  Egeris.. 
C'eft  en  ce  lieu  que  Numa  confultair  Egivie.  P. 
Tart.  Trai.  de  Juven.  Nous  defcendîmes  dans  la 
Vallée  à'ÉgIrie  ,  &  dans  ces  antres  defquels  la 
beauté  naturelle  a  été  bien  changée.  De  Marolles. 
ÉGESTE.  f  f.  Fille  d'Hippotas,  noble  Troyen  ,  fut 
"  mère  du  fameux  Acefte  qui  règnoit  en  Sicile ,  lotf- 
qu'Énée  y  palfa  après  la  ruine  de  Troye. 

EGI. 

ÉGIALE.f.  f.  C'eft,  félon  quelques-uns,  le  nom  d'une 
■  des  trois  Grâces,  foy.  l'art.  Grâces. 

ÉGIBOLE  ,  ou  ÉGOBOLE,  f.  m.  Sacrifice  qu'on  fal- 
foit  à  la  grande-mère  Cybèle  ,  en  immolant  une 
chèvre.  C'efl:  auflî  un  furnom  de  Bacchus.  Du  mot 
Grec,  «jç,«<y'<jfj  chèvre. 

ÉGIDE,  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Bouclier  de  Jupi- 


E  G  I 

ter  &  de  Pallas.  .^gis.  La  Chèvre  Amalthée  ,  qui 
avoit  nourri  Jupiter ,  étant  morte,  ce  Dieu  couvrit 
Ion  bouchci  de  la  peau.  Ceft  ce  bouclier  qui  fut 
appelé  VEgiiieà'i  Jupiter ,  du  mot  Grec  «4,  aiyi,  , 
cliivre.  Jupiter  rendit  enfuite  la  vie  à  cet  animal, 
le  couvrit  d'une  nouvelle  peau  ,  &  le  plaça  parmi 
les  altres.  Pour  fon  bouclie/ ,  l  on  fit  prélent  à  Mi- 
nerve, d'où  vient  que  le  boucher  de  Mincive  s'ap- 
pelle auili  Egide  àins  Virgile  ,  Enéide  ,  L.  VIII.  v. 
354.  &  455.  &  dans  d'autres  Auteurs.  Minerve 
ayant  tué  Médufe  enclava  fa  tête  au  milieu  de  VÉ- 
guie  ,  qui  pai  1  i  eut  la  foicede  changer  en  pierre 
tous  ceux  qui  la  rcgardoient  ,  comme  avoit  fait 
Médufe  penda::t  la  vie.  Aoyej  Homère,  Iliade, 
L.  V. 

D'autres  difent  que  V Egide  étoit  non  pas  un  bou- 
clier ,  mais  une_  cuiralTe  ,  ou  plutôt  un  plaftron. 
Certainement  ï Egide  de  Pallas  que  décrit  Virgile, 
Enéide  ,  L.  VIII.  v.  455.  étoit  unecuiralfe,  ou  un 
plaftron,  puifque  le  Pocte  dit  que  la  tête  de  Mé- 
dufe étoit  îur  la  poitrine  de  la  DeelIe.  Mais  l'Egide 
de  Jupiter  j  dont  il  parle  plus  haut,  v.  354.  femble 
être  un  bouclier.  Ce  mot 

Cum  fipè  n'igrantem 

Egida  concuteret  dextrâ, 

ne  convient  point  à  une  cuirafîe  j  &  convient  fort 
à  un  bouclier.  On  trouve  Iur  les  médailles  &  autres 
monumens  antiques  des  boucliers  chargés  d'une  tê- 
te de  Médufe.  Servius  fait  la  même  diftinôlion  que 
nous  fur  CQS  deux  endroits  de  Virgile  \  car,  au  vers 
5  54,  il  prend  V  Egide  pour  le  bouclier  de  Jupiter  , 
fait ,  comme  nous  avons  dit ,  de  la  peau  de  la  chè- 
vre Amalthée  ,  &fur  le  v.43  5.  il  dit  que  l'Egide  eft 
la  piècede  l'armure  qui  couvre  la  poitrine;  qu'on 
l'appelle  cairalle  en  parlant  des  hommes  ,  &c  Egide 
en  parlant  des  Dieux.  Bien  des  Auteurs  n'ont  point 
fait  fcntir  ces  diftindtions  j  pour  n'avoir  point  con- 
fulté  les  fources. 

Quelques  Auteurs  furannés ,  comme  Vigenère  , 
difent  Egis,  au  lieu  d'Egide  ;  mais  l'analogie  & 
l'ufage  font  contraires  ,  Se  veulent  qu'on  dife 
Egide. 
EGIOIENS.C  m.  f\.  Egidiani.  Monnoie  frappée  par 
les  Comtes  de  Touloufe  ,  à  Saint  Gilles  en  Langue- 
doc. On  les  appeloit  ordinairement  Comtes  de  S. 
Gilles.  De-là  en  a  dit  les  deniers  Egidiens  ,  parce 
que  Gilles  s'appelle  en  Latin  Egidius. 
D^  ÉGÏLOPS.  £  m.  Plufieurs  écrivent  /Egilops  en 
François  comme  en  Latin.  Ulcère  au  grand  angle 
de  l'œil.  Quand  cet  ulcère  efi:  devenu  calleux  &c  fi- 
nueux,  il  prend  le  nom  de  fiftule  lacrymale. 
ÉGINE  ,  ou  ENGIA.  lue  de  l'Archipel  dans  le  Golfe 
d'Egir.e,  entre  les  côtes  de  la  Grèce  &  celles  de  la 
Morée.£'^//2e  a  peut-être  douze  lieues  de  circuit, 
mais  aucun  port.  Egine  eft  fameufe  dans  l'Anti- 
quité par  l'invention  de  la  monnoie.  Il  eft  fouvent 
parlé  dans  l'Antiquité  du  talent  d'Egine.  Il  étoit  i 
celui  d'Athènes,  comme  10  eft  à  <>.  Il  ne  contenoit 
cependant  que  6000  drachrnes  ,  comme  celui  d'A- 
thènes ;  mais  la  drachme  d'Egine  étoit  à  celle  d'A- 
thènes comme  10  eft  à  6.  Le  talent  d'Egine  étoic 
comme  celui  de  Cocinthe. 

Il  y  avoit  dans  cette  Ule  une  ville  de  même  nom , 
fiège  d'un  Evêquefuftragant  d'Athènes  :  cen'eftplus 
qu'un  village.  Etienne  de  Byzance  parle  encore  de 
deux  autres  Egines. 

Le  Golfe  d'Egine  j  Egina  Jlnus  ,  anciennement 
Sinus  Saronicus  ,  Salominicus  ,  Eleufinus.  Ceft  une 
pairie  de  l'Archipel  renfermée  entre  les  côtes  de 
l'Achaïe  au  nord  ,  celles  de  la  Morée  au  midi,  & 
l'IfthmedeCorinthe  au  couchant,  de  l'autre  côté 
que  celui  de  Lépanre. 
EGINÈTE.  f.  m.  &  f.  Qui  eft  d'Egine.  Egineta.  Si 
l'on  en  croit  Elien ,  Var.Eift.  1.  XII.  C.  ,0.  les 
Eginètes  font  les  inventeurs  de  la  monnoie  ,  &r  les 
premiers  qui  en  aient  frappé.  Les  Eginètcs  pafloieru 


EGI     EG  L 

pojjr  bons  Athlères  ,  &  furent  pendant  quelque 
temps  puilHins  fur  mei-.//c'/-t)^.  £.  ^i. 

ÉGIP.  f.  m.  Grand  Officier  Tartare.  Le  14  de  Mai 
1147.  Fièce  Afcelin  ,  envoyé  par  le  Pape  (Innocent 
IV.  )  arriva  avec  fes  compagnons  à  l'armée  des Tar- 
tares  en  Perfe ,  commandée  par  baiothnoi  ,  qui 
l'ayant  appris  leur  envoya  quelques-  uns  de  les 
grands  OHiciers  avec  fon  Egip  ou  print;ipal  Con- 
ïéiller  j  «Se  des  Interprètes. /'/e^/y,  tiiju  Li;d. 

ÉGIPAN.  Foyei  ^gipan. 

HGIRE.  l^oyei  Hégire. 

liGIS.  f'oye^  Egide. 

iîGISTHE.  f.  m.  naquit  de  l'inceftede  Thyefte  avec 
■fa  fille  Pélopée.  On  donna  en  1711.  une  Tragédie 
<l'Egt(the. 

ÉGISTENIA.  ^gijlenia.  C'e(i  une  ancienne  ville  de 
Grèce,  réduite  aujourd  hui  en  un  village,  iitué 
4ians  la  Livadie^  entre  la  ville  de  Delphes  ôc  la  ri- 
vière de  Cephifo. 

E  G  L. 

EGLANTIER,  f.  m.  Efpèce  de  rofier  fauvage  qui 
vient  dans  les  haies  le  long  des  chj  nins  ,  &  dans 
les  bois.  Son  f.uit  s'appelle  gratcecu  :  on  en  fait 
une  conlerve  qui  d\  alfez  connue  fous  le  nom  de 
conferve  de  cynjrrhodon.  Les  Arabes  &c  les  l'erliens 
appellent  cet  arbre  Nefrin  ôc  Nijriu.  Leurs  Poètes  en 
font  grand  état  ;  car  ils  en  tirent  fouvent  des  compa 
raifons  :  ce  qui  peut  faire  croire  que  ce  builfon  a 
dans  l'Orient  des  qualités  plus  exquilesque  celles  de 
notre  Eglantier  commun,  f^oye:^  Cynorrhodjn  , 
en  Latin  rofafUveJîris  ^  flore  odorato  ,  incarnaco  j  &c 
Rosier. 

ÉGLANTINE.  f.  f.  Fleur  de  l'églantier.  On  donne  une 
églancine  d'argent  pour  le  prix  de  Poclîe  aux  Jeux 
Floraux. 

EGLE.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  j¥.gle.  C'eft  l'une 
des  trois  Hefpérides  ,  c'eft-à-dire,  des  trois  filles 
d'Hefpérus  ,  Roi  d'Italie.  VoycT^  Hespérides. 

£glÉ  ,  eft  auUi  le  nom  d'une  Nymphe  ,   fille  du  So 
leil  &  de  Nééra.  Virgile  l'appelle  la  plus  belle  de', 
Naïades  _,  Eelog.  VL  v.  20. 

Ce  nom  eft  Grec  j  «ly^Ji  ^  &  fignifie.  Lumière  , 
fplendeur. 

EGLIS  ,  oQ  EGLISE.  Ifle  de  i'Océan  ,  l'une  des  Or- 
cadcs ,  au  nord  de  l'Ecolfe ,  &  au  couchant  de  l'Ifle 
deSiapins. 

EGLISAW  ,  ou  EGLISOW.  Petite  ville  de  SuiOb , 
Eglifovia.  Elle  eft  dans  le  Canton  de  Zurich  , 
fur  le  Rhin  ,  à  quatre  lieues  au-delfous  de  Scha- 
foufe. 

EGLISE,  f.  f.  Ecdejia.  C'eft  l'afTemblée  des  perfonnes 
unies  par  la  prol-elîlon  de  la  même  foi  Chrétienne  , 
&  par  la  participation  des  mêmes  Sacremens ,  fous 
la  conduite  des  Pafteurs  légitimes,   &  fur-tout  du 
Pape  ,  le  feul  fouverain  Pontife,  Vicaire  de  Jesus- 
Christ  en  terre.  C'eft   la  définition  qu'en    donne 
Bellarmin  ,  De  Ecdef.  Miluame  ,  L  II.  C.  2.  6c 
le  commun  des  Théologiens  Catholiques  avec  lui  .• 
les  autres  n'en  diffèrent  que  pour  les  termes.  Ainfi 
les  Hérétiques  ,    les  Apoftats  y  les  Schifmatiques , 
les  Excommuniés  ne  font  point  de  VEglifc  ,  comme 
le  même  Bellarmin   le  prouve  dans  les  Chapitres 
fuivans  du  même  Livre.  Le  P.  Amelotte,  dans  foM 
Abrégé  de  Théologie  j  dit  que  \Eglife  eft  l'atfem 
blée  des  hommes  appelés  au  falut  par  la  profelfion 
de  la  vraie  foi  qu'elle  conferve  inviolable  ,  &  par 
l'adminiftration  légitime  des  Sacremens  fous  lacon- 
duite  d'un  feul  fouverain  Pontife  ,  qui  eft  le  Vicaire 
Général  du  Sauveur  du  monde.  Il  ajoute  que  le  chef 
vifible,  qui  eft  le  Pape,   n'eft  pas  moins  nécellaire 
â  XEglife^-^xz  le  fondement  à  un  édifice,  où  la  têcc 
à  un  corps  vivant.  Comme  il  n'y  a  qu'une  foi ,  i!  n'y 
a  qu'une  Egllfe.,  époufe  de  Jesus-Christ  ,  &  qu'il 
a  acquife  par  fon  fang.  C'eft  de  cette  EgDfe  y  que  fe 
doit  entendre  tout  ce  qu'on  dit  de  VEglifc  àxn'i  le 
fens  propre  &  abfolu, comme  quan  1  on  dit  les  Con- 
fiés de  X'EgHfî  j\Qi  cérémonies,  les  comm.inde- 


E^ 


nieiîs  A^XEglife.  Le  Roi  trcsChréticH  eft  Je  fils 
aîné  de  Vi^g.ije.,  ikc.  L'izgLj'e  elt  la  colonne  &  le 
foiitien  de  la  vérité.  S.  P.\ul.  L'unité  de  \:Egliji  ren- 
ferme néceiranement  l'unitc  de  communion.  Nio. 
Les  portes  de  l'Enfer  ne  prévaudront  point  contre 
l'Eglife.  Hors  de  \'Egl>je  il  n'y  a  point  de  falur. 
^'^g^'J^  eft  un  corps  unique  ,  dont  tous  les  niem- 
bies  lOnt  liés  enlemble  ,  enlorte  que  tout  ce  qui 
n'appartient  point  à  ce  corps  unu|ue  n'eft  point 
ït^life.  Nic.L  univerlalité  eft  l'un  des  catactjies  les 
plus  ctiatans  qui  appartiennent  à  lEglife.lD.  Les  Hé- 
rétiques loin  des  membres  gâtés  ,  Se  retranchés  le 
ytglije.  Id.  Ujzg/iJ'e  eft  l'cpoufe  de  Jesus-Christ. 
Les  caractères  de  VEglife  font  marqués  dans  le  fvm- 
bole.  Elle  elt  ««£  par  l'union  de  les  membiesfouâ 
la  conduite  des  Pafteurs  légitimes  ,  &  par  l'unité 
de  la  dodrine.  Elle  eliyTi/z/rc- par  la  fainteté  de  fa 
dodnnej  qu'elle  tient  de  Jesus-Christ  ,  par  la 
fainteté  des  Sacremens  qu'il  a  inftitucs  j  &  paice 
qu'il  ne  peut  y  avoir  de  Saints  hors  de  fon  fein. 
Elis  eft  Catholique, ,  patce  qu'elle  embtalle  tous  les 
temps  &  tous  les  lieux  j  6«:  parce  qu'elle  eft  plus 
étendue  que  toutes  les  Seèles  particulières  qui  fe 
font  léparées  d'elle.  Elle  eft  Apoftoiique  ,  parce 
qu'elle  enleigne  la  dodrine  des  Apôtres,  éc  parce 
que  fes  Pafteurs  font  ,  fans  aucune  interruption  j 
les  fuccelfeurs  des  Apôtres.  Ajoutez  à  ces  caradères 
diftindifs  fa  vifibilité,  {3. perpétuité S>C  fon  infaillibi- 
lité. Voye:^  tous  ces  mots. 

VEgliJe  militante ,  c'eft  l'alfemblée  des  Fidèles 
qui  font  lut  la  terre.  VEgiife  triomphante ,  eft  celle 
des  Fidèles  qui  font  dé)à  dans  la  gloire.  VEgiife 
fouffrante ,  eft  celle  des  Fidèles  qui  font  dans  le 
Purgatoire. 

On  appelle  la  primitive  Fglije  ,  les  premiers 
Chrétiens  qui  vivoient  à  la  nailfance  de  ï'Eglife. 

Il  eft  certain  que  le  mot  d'Eglife  vient  originai- 
rement du  Grec  t»xA;)<r/« ,  qui  fe  prend  dans  les 
Auteurs  prof^ines.  Grecs  &  Latins  ,  pour  toutes  for- 
tes d'allemblées  publiques  ,  &  même  pour  le  lieu 
où  fe  tiennent  les  alfemblées.  Les  Ecrivains  facrés 
&  les  Auteurs  Eccléfiaftiques  s'en  font  quelquefois 
iervis  dans  le  même  fens  ;  mais  plus  ordinairement 
ils  ont  atfedé  le  terme  à' Eglise  pour  les  Chrétiens , 
comme  le  terme  de  Synagogue  j  qui  originairement 
fignifie  à  peu-près  la  même  chofe  quelemor  à'E- 
giife,  eft  demeuré  afFedé  aux  Juifs.  Ainfi  dans  le 
Nouveau  Teftament  le  mot  Grec  («xAus-ia  fignifie 
prefque  toujours  ou  le  licudeftiné  à  la  prière,  com- 
me I.  Cor.  XI.  14.  ou  l'aftemblce  des  Fidèles  qui 
font  répandus  par  toute  la  terre,  &  n'ont  qu'une 
mêmj  foi  ,  comme  Ephef.  V.  ou  les  Fidèles  d'une 
ville,  dune  province  en  particulier,  comme  i. 
Cor.  I.  1.  Cor.  FUI.  Gai.  \.  &  même  d'une  famil- 
le, Rom.  XVI,  ou  les  Pafteurs  qui  font  les  premiers 
Adminiftrateurs  de  VEgiife  ,  qui  y  ont  autorité  ^ 
comme  Matth.  XFIII.  17.  En  François  le  mot  d'E- 
glife ne  fe  prend  jamais  que  dans  quelques-uns  de 
ces  fens  employés  dans  le  Nouveau  Teftament  Sc 
dans  les  Auteurs  Eccléfiaftiques.  Eglife  ne  fignifie 
point  en  François  toutes  fortes  d'allemblées  ,  mais 
une  alfemblée  fainte  j  uneaffemblée  des  Fidèles  , 
ou  quelque  chofe  qui  y  ait  rapport.  C'eft  par  cette 
raifon  que  toutes  les  alfemblces  n'ont  pas  droit  ds 
prendre  le  nom  d'Eglife,q[.\oiqne  le  mot  Grec  ne  figni- 
fie qu'aftemblée.  Les  mots  qui  paftentd'une  langue  à 
une  autre,  n'y  paffent  pas  avec  toutes  leurs  fignifica- 
tions  :  cela  eft  encore  dus  vrai  dans  les  termes  con- 
ficrcs  par  la  religion,que  dans  les  autres.  Il  faut  ex- 
pliquer un  peu  plus  en  détail  les  ufages  de  ce  mot. 
Eglise,  fe  dit  aufli  des  alfemblées  particulières  des 
Fidèles  en  diverfcs  Provinces  ,  ou  Diocèfes.  Le 
Schiline  de  r£if/(/c  d'Orient  d'avec  celle  d'Occident 
acaufé  de  grands  défordres.  ï'Eglife  Grecque.  On 
comprend  fous  ce  nom  toutes  les  Eglifes  des  pays 
qui  avoient  été  fournis  à  l'Empire  des  Grecs ,  &  ou 
ils  avoient  porté  leur  langue  i  c'eft-à-dire,  tout  ce 
qui  s'étend  depuis  la  Grèce  jufqu'en  Méfopotamie 
C>c  en  Perfe  ,    &c  de-U  jufq  i>n  Egypte.  VEglifc 

ï  f  r  f  ij 


f  cj{5  E  G  L 

Grecque  eft  Schifinatique  depuis  Photius.  L'Eglise 
Latine.  On  comprend  ions  ce  nom  toutes  les  EoLifcs 
d'Italie  ,  de  France  ,  d'Eipagne  ,  d'Allemagne  , 
d'Angleterre,  de  tout  le  Nord,  d'Alfriciue ,  &  de 
tous  les  pays  où  les  Romanis  avoient  établi  leur 
langue.  L'i^glife  d'Onemj,  ou  Onc/icaU^  c'ell  la  mc- 
jne'chole  que  ÏEgUfe  Grecque  i  &  VEglife  d'Ocd- 
dznt ,  ou  Ocddentdie  ,  la  mcme  chofe  que  Vtglije 
Latine.  On  ne  dilhngue  point  ces  àsaxEgliJcs, 
comme  deux  Ibcictcs  qui  aient  un  chef,  des  dog- 
mes ,  une  croyance  diii'érente  l'une  de  l'autre  ,  li 
ce  n'eft  depuis  le  Ichifme  des  Grecs  ;  mais  feule- 
ment comme  deux  grandes  parties  de  la  même 
Egiile  Catholique  ,  Apoftolique  &C  Romaine.  On 
dit  de  même  V^g"fi  d'Afrique  ,  VEglifc  d'Angle- 
terre, &c.  VEgiife  Anglicane  ne  s'entend  que  de 
Yi^gllfe  Hérétique  &  bchifmatique  d'Angleterre, 
depuis  Henri  VIIL  Voy.  Anglican.  Les  privilèges 
de  \'E°i.:se  Gallicane  l'ont  garantie  de  plulieurs  en- 
trepriks  qu'on  vouloit  fane  fur  elle.  Dès  le  premier 
■établiilementdu  Chnlbanifme  on  déligna  ['Église 
de  France  par  le  nom  de  VEguse  Gallicane  j  pour 
diit,n,i'uer  le  Diocèfe  des  Gaules  par  cette  déno- 
mination. 

On  dn  fouvent  au  pluriel,  les  Eglifes  Grecques, 
ouïes  tglijes  d'Orient.  Les  Lglijes  Latines,  les 
halifes  a  Occident.  Les  Eglifes  des  Gaules  ,  ^  les' 
Lglijes  d'Efpagnej  d'Afrique,  dedans  le  même 
icns  que  \:EgliJ'e  Grecque ,  l'Egiijè  Latine,  &c. 

Église,  fignifie  aulîi  un  Temple  bâti  &  deftinè  à  l'hon- 
neur de  Dieu  ,  tk  ordinairement  fous   l'invocation 
de  quelque  Saint.  On  dit  bénir  une  Eglij'e  ,  conla- 
crer  une  Eglrfe  ^    fonder  une  Eglije  j  bâtir  une 
Eal'ife.  Combien  voit  on  de  gens  courir  à  ['Eglij'e 
moins  par  dévotion  6c  par  devoir  ,  que  par  coutu- 
me &  par  bienféance  ?  FlÉch.  Eglije  Primadale  , 
Métropolitaine  ,  ou  Epijcopale  &  Cathédrale  ,  c'eft 
celle  qui  eft  fous  la  direction  d'un  Primat  ,  d'un 
Métropolitain  ,  d'un  Evêque  :   Eglije   Collégiale  , 
c'ell:  celle  qui  eft  delfervie  par  des  Chanoines  fans 
Siège  Epifcopal  :  EgiiJ'e  Paroijfiale  ,  qu'on  a  appe- 
lée autrefois  Eglije  Cardinale  ,  eft  celle  où  il  y  a  des 
Prêtres  &c  un  Curé  qui  adminiftre  les  Sacremens  au 
peuple.  La  >;,rande  Eglife ,  eft  ['Eglije  principale  j  la 
plus  confidérable  d'une  ville.  L'Evêque  peut  ériger 
une  Eglife  ow  Bénéfice  fimple  en  Eglife  Paroifliale. 
Eglij'e  Siùcurfdle ,  eft  celle  qui  fert  d'aide  à  une  Pa- 
roifiiale  ,  quand  elle  eit  trop  étendue:  Eglij'e  d'Ab- 
baye, de  Prieuré  ;  celle  où  les  Religieux  font  le  fer- 
vice  :  Eglife  de  Notre-Dame,  de  Saint  Laurent, 
Eglije  dédiée  à  la  Vierge  ,  à  S.  Laurent  ;  c'eft-à- 
dire  ,  àDieufeul,  fous  l'invocation  de   la  Sainte 
Vierge ,   de  S.  Laurent ,  &c.  ÉgiiJ'e  Mère ,  ou  Ma- 
trice j  à  la  différence  de  fes  tilles  j  qui  lui  obéil- 
fent.  La  première  Egli/e  qui  a  été  bâtie  publique- 
ment par  les  Chrétiens  a  été  ,  à  ce  qu'on  prétend  , 
celle  de  S.  Sauveur  à  Rome ,  fondée  par  Conftan- 
tin,  comme  on  voit  dans  les  Epures  du  Pape  Ni- 
colas VIL  Quelques  Auteurs  ont  écrit  que  S.  Pierre 
&c  S.  Jean  en  bâtirent  une  à  dix-huit  nulle  de  Jéru- 
falem  ,  à  l'honneur  de  la  Vierge  j  &  de  fon  vivant 
où  l'on  mit  fon  portrait  peint  par  Saint  Luc.  D'autres 
ont  cru  que  plufieurs  Eglijes  qui  portent  le  nom  de 
S.  Pierre  le  Vif,  ont  été  bâties  à  l'honneur  de  cet 
Apôtre  avant  fa  mort. 

On  dit,  en  ce  fews ,  Livres  A' Eglife,  ceux  où  font 
contenus  les  chants  ou  les  prières  de  \' Eglife.  Hom 
me  àî Eglife  ,  un  Eccléfiaftique  j  celui  qui  eft  def- 
tinè au  fervice  de  quelque  Eglife.  Les  gens  à'EgliJi. 
Habit  d'EgliJ'e. 

Grande  Egljse,  fe  dit  en  plufieurs  endroits  de  la 
principale  Eglife  de  quelque  lieu.  Dans  l'Hirtoire 
&  la  Liturgie  Grecque,  on  appelle  grande  Eglife  , 
['Ealife  de  Sainte  Sophie  ,  où  eft  le  Siè<ze  du  Pa- 
triarche de  Conftantinople  :  elle  a  été  fondée  par 
Conflantin  ,  &  confacrée  fous  l'Empire  de  Jufti- 
nien  :  elle  étoit  alors  fi  magnifique  j  par  la  grandeur 
&  la  beauté  de  fes  bâiinicns,  par  la-  multitude  & 


E  GL 

la  richefle  de  fes  ornemens  &  de  fes  vafes ,  que  Juf- 
tinien  ,  à  la  cérémonie  de  la  confécration,  s  écria  : 
hixisirx  a-i  u  XctMfim.  Je  t'ai  J'urpaJjé  ,  Saiomonf 
L' Eglij'e  de  Sainte  Sophie  a  mérité  le  nom  de  Gran- 
de Eglife  ,  par  la  grandeur  de  fon  dôme  ,  un  des 
plus  grands  &  des  premiers  qui  aient  été  bâtis  :  il  a 
lî!  toiles  de  diamètre,  /'^oj.  Procope  ,  ÊvagriuSj 
CoDiNus,  Gyllius,  le  p.  Goar  jfurl'Euchologe 
des  Grecs,  &c. 

Onjappellejencoreimproprementj&parabuSjf^/i- 
fes  ,  des  allemblées  qui  fe  font  féparées  de  ['Eglije 
Univerfelle.  Les  Eglifes  Proteftantes  d'Allemagne. 
Les  EgUJ'es  prétendues  Réformées  de  France,  tglife. 
Anglicane,  l-'oyei  Anglican.  Le  Roi  d'Angleterre 
fe  du  le  chef  de  V Eglij'e  Anglicane. 

GLisE,  par  rapport  à  l'Architedure  ,  eft  un  grand 
vailfeau  en  longueur ,  avec  net ,  chœur  ,  bas  cô- 
tés, chapelles ,  clocher ,  tJic.  Machurin  Joulle,  dans 
fon  Art  de  Charpenterie  ,  réimprimé  en  1702.  avec 
les  additions  de  M.  de  la  Hire  le  fils,  a  traité  de  la 
charpenterie  d'une  Eglij'e.  La  nef  eft  fépaiée  du 
chœur  ,  Ik.  des  côtés  qui  environnent  le  chœur.  Le 
peuple  fe  met  ordinairement  dans  la  neh  Les  ailes 
d'une  Eglij'e  ,  ou  les  bas  côtés  ,  font  les  deux  voû- 
tes qui  font  à  côté  de  la  grande  voûte.  Une  Eglife 
fimple  ,  eft  celle  qui  n'a  que  la  net  &  Le  chœur. 
Eglij'e  à  bas  cotés  ,  eft  celle  qui  a  un  rang  de  porti- 
ques en  manière  de  galerie  voûtée ,  avec  cha- 
pelles en  fon  pourtour.  EgUJ'es  à  doubles  côtés  , 
eft  celle  qui  a  en  fon  pourtour  deux  rangs  de  gale- 
ries avec  chapelles.  Eglije  en  Croix  Grecque  ,  eft 
celle  dont  la  longueur  de  la  croifée  eft  égale  à  celle 
de  la  nef:  elle  eft  ainfi  nommée  ,  tant  parce  qu'elle 
a  la  figure  de  la  Croix  des  Grecs  ,  que  parce  que 
la  plupart  de  leurs  Eglijes  font  bâties  de  cette  ma- 
nière. Eglij'e  en  Croix  Latine  ,  eft  celle  dont  la  nef 
eft  plus  longue  que  la  croifée.  Églifc  en  rotonde  ,  eft 
celle  dont  le  plan  eft  un  cercle  parfait.  Eglife  Jou' 
terreine  j  eft  celle  qui  eft  au-delfous  d'une  autre  ,  & 
beaucoup  plus  balle  que  le  raiz-de  chauiTée.  M.  Fré- 
zier  Ingénieur  ,  &:  le  R.  P.  Cordemoy  ,  Chanoine 
Régulier ,  ont  long-temps  &  favamment  difputé 
dans  les  Journaux  de  Trévoux  fur  la  forme  ancienne 
&  moderne  des  Eglifes  Hc  fur  la  meilleure  manière 
de  les  bâtir. 

Les  Eglifes  ,  chez  les  Grecs  3  lorfqu'elles  avoient 
toutes  leurs  parties ,  étoient  bâties  de  la  manière 
qui  fuit.  D'abord  il  y  avoir  un  portique  appelé 
Avant-nef,  Ts^inaa  :  ce  portique  étoit  orné  de  co- 
lonnes du  côté  extérieur.  Se  borné  du  côté  intérieur 
par  un  mur,  au  milieu  duquel  étoit  la  porte  par  où 
l'on  entroit  dans  un  iecond  portique.  Le  premier  de 
ces  portiques  étoit  deftiné  pour  les  Energumènes,  &c 
pour  les  Pénitens  qui  étoient  au  premier  degré  de 
pénitence.  Le  fécond  portique  fuivoit  le  premier  ea 
avançant  vers  l'autel  ;  il  étoit  beaucoup  plus  grand 
que  le  premier  ,  &  étoit  deltiné  pour  les  Pénitens 
du  fécond  ordre  ,  &  pour  les  Cathccumènes  \  c'eft 
pour  cela  qu'on  l'appeloit  vâ(^i%  ,  Jerula,  parce  que 
ceux  qui  y  éroient  commençoient  à  être  foumis  à  la 
difciplinf^  de  ÏEgliJe  :  ces  deux  portiques  occu- 
poient  à-peu-près  le  tiers  de  l'efpace  que  toute  \E- 
glife  comprenoit.  Du  fécond  portique  on  entroit 
dans  la  nef,  "«r  :  elle  étoit  aufli  grande  que  les 
deux  portiques ,  &  occupoit  le  tiers  de  ['Eglife.  Au 
milieu,  ou  à  un  des  côtés  de  la  nef ,  étoit  l'ambon^ 
où  les  Diacres  &:  les  Prêtres  montoient  pour  lire 
l'Evangile  &  pour  prêcher.  Après  la  nef  étoit  le 
chœur,  orné  de  fièges  rout  autour  :  le  premier  fiège 
à  droite,  vers  le  fandtuaire,  étoit  occupé  par  celui 
qui  préfidoit  au  chœur.  Au  milieu  il  y  avoir  une 
place  pour  les  Chantres  j  &  derrière  un  analoge  ; 
&  quelquefois  il  yen  avoir  deux,  un  de  chaque 
côté.  Du  chœur  on  montoit  au  fanétuaire  par  des 
degrés  ,  &  on  y  pouvoir  entrer  par  deux  portes  pra- 
tiquées dans  un  mur  droit,  ou  un  plancher  qui  fé- 
paroit  le  fanduaire  du  chœur.  Le  fanétuaire  avoit 
trois  abhdes  dans  fa  longueur ,  une  grajide  au  mi- 


E  G  L 

lieu,  fous  laquelle  ctoit  l'autel  couvert  d'un  bal- 
daquin ,  ou  d'un  dais,  qui  éroic  foucenu  par  qua- 
rre  colonnes ,  placées  chacune  à  quelque  diftance 
d'un  des  quatie  coins  de  l'aurel.  bous  chacune  des 
deux  petites  ablîdes  qui  étoient  à  côté  de  la  grande, 
il  y  avoit  un  autel  ,  ou  une  table  en  torme  de  cié- 
dence  :  la  net  étoïc  deftinée  pour  le  peuple  qui  y 
faifoit  fes  prières  ,  &  y  allilloit  au  facrihce  :  le  bap- 
tillère  étoit  au  bas  de  cette  partie  de  VEglife,  parce 
que  c'ert  le  Baptême  qui  nous  met  au  nombre  des 
1-idèles  j  qui  nous  donne  droit  d'entrer  dans  VEgli. 
fc  ,  d'y  alîilter  au  i'acrihce,  d'y  faue  nos  prières  ,  &: 
de  participer  à  celles  des  autres. 

Il  y  a  peu  d'EgliJts  aujourd'hui  chez  les  Grecs  , 
qui  aient  toutes  les  parties  qu'on  vient  de  décri- 
re :  la  plupart  ont  été  ruinées,  ou  converties  en 
mofquées  ;  on  ne  laiire  pas  d'en  voir  de  belles  dans 
quelques  Monaftères.  f^oye^  les  Notei>  du  P.  Goar 
fur  l'Huchologe,  où  il  a  ramalFé  ce  que  les  Pères 
&c  les  Auteurs  Grecs  ont  dit  des  tglijcs  &  de  leurs 
parties. 

Dans  \'Eglife  Latine  j  quoique  les  Temples  bâtis 
pour  honorer  le  vrai  Dieu  aient  plulieurs  tormes 
différentes ,  on  peut  réduire  ces  formes  à  deux  prin- 
cipales ,  qui  (ont  la  tonne  d'un  navire,  &  la  forme 
d'une  croix.  La  torme  d'un  navire  le  trouve  dans 
les  Egiifcs  qui  n'ont  point  de  croilce  \  iSi  celles 
qui  en  ont  une,  ont  la  forme  d'une  croix  ;  car  la 
nef  &  le  rhœur  repréfententle  montant  de  la  croix  , 
&  la  croiîée  en  repréfente  la  traverse.  Quelquefois 
la  croitée  divife  Xtglifc  en  deux  parties  égales ,  ou 
prefque  égales  :  Quelquetois  au  contraire  elle  tait 
une  nef  beaucoup  plus  longue  que  le  chœur  \  mais 
d'ordinaire  la  nef  ell  plus  longue  de  quelque  chofc 
que  le  chœur.  Il  y  a  quelques  Eglifes  dont  la  torme 
elt  particulière;  mais  elle  le  rapporte  à  celle  d'une 
croix  ;  par  exemple  ,  VEgli/è  du  Vatican  j  &  celle 
des  Dominicains  de  Sienne,  ont  la  tigured'unT, 
&  celle  de  Cluni  a  deux  croifées  ,  dont  la  plus  pro- 
che de  l'Autel  eft  plus  petite  que  l'autre  ,  de  même 
à  peu-près  que  dans  les  croix  qui  ont  deux  traver- 
feSj  la  plus  haute  eft  plus  petite  que  celle  denbas. 
f^oye:^  les  dilfertations  du  P.  E.  Chamillard  j  Jé- 
fuite ,  Lettre  XVIII. 
§3°  Eglise  ,  Temple.Ccs  deux  mots  fignihentiTn  édi- 
fice deltiné  à  l'exercice  publicde  la  Religion;  mais, 
dit  M.  l'Abbé  Girard  ,  Ecmple  eft  du  ftyle  pom- 
peux -^Eglife^  du  ftyle  ordinaire  ,  du  moins  à  lé- 
gard  de  la  Religion  Romaine  ;  carjà  1  égard  du 
Paganifme  &  de  la  Religion  Proteftante  ,  on  le  fect 
du  mot  de  i  emple ,  même  dans  le  ftyle  ordinaire  j 
au  lieu  de  celui  aEgiife.  Ain  fi  l'on  dit  le  Temple  de 
Janus ,  le  Temple  de  Charenton  j  XEgl/fe  de  S. 
Sulpice. 

ïfT  Temple  ,  paroît  avoir  quelque  chofe  d'aii- 
gufte ,  &  lignifier  proprement  un  édifice  confacré 
à  la  Divinité.  Egl/Jc  paroît  marquer  quelque  chofe 
de  plus  commun  J  ëc  lignifier  particulièrement  un 
édifice  fait  pour  l'alTemblée  des  Fidèles.  Rien  de 
profane  ne  doit  entrer  dans  le  Temple  du  Seigneur. 
On  ne  devroit  permettre  dans  nos  Eglifes  que  ce 
qui  peut  contribuer  à  l'édification  des  Ciirétiens. 
L'efprit  &  le  cœur  de  l'homme  font  les  Temples  du 
vrai  Dieu  ;  c'eft  là  qu'il  veut  être  adoré.  En  vain 
l'on  fréquente  les  Eglifes ,  il  n'écoute  que  ceux  qui 
lui  parlent  dans  leur  intérieur. 

Cour  ^Eglife  ,  eft  la  Jurifdiétion  Eccléfiaftique 
de  l'Evêque  ,  qui  eft  exercée  par  un  Officiai  ,  un 
Vice- gèrent  &  un  Promoteur.  Biens  à'Egl'tfe  ,  ceux 
qui  appartiennent  à  l'Eglife,  quelle  qu'elle  foit. 
Confeiller  d'Eglife  j  un  Conieiller  en  Cour  Laie 
qui  a  des  Ordres.  Les  honneurs  de  \Eglife ,  ceux  qui 
font  réfervés  aux  Patrons  &  aux  Fondateurs.  La 
Mufique  à'EgliJe  ;  c'eft-à-dire  ,  qu'on  emploie  dans 
les  Eglifes  ,  doir  être  plus  grave,  plus  férieufe  que 
la  Mufique  féculière,  afin  d'infpirer  de  la  dévotion 
au  peuple. 

On  appelle  aufll  Eglife  tout  l'Etat  du  Clergé. 
L'Eglife  en  corps.  Quand  on  affemble  les  Etats , 


E  G  L  J  ^j 

^'^g^'fi  ^  îe  premier  rang.  Dénoncer  une  héréfie  à 
Ytglife,  c'elt  la  dénoncer  aux  Pafteurs  de  VEgli fe  , 
aux  Evêques ,  au  Pape.  Ecouter  VEglife ,  c'eft  Ecou- 
ter Se  fuivre  les  avis  &:  les  remontrances  de  ceux  qui 
ont  autorité  dans  VEglife.  Mariage  en  face  de  VE- 
glife ,  c'eft  celui  qui  eft  fait  en  préfence  du  Minif- 
tre  de  \'EgliJe. 

Église  ,  fe  dir  d'une  efpèce  de  girouette  que  les  Fer- 
blantiers mettent  lur  les  cheminées ,  pour  empêchée 
la  fumée.  Merc.  Decemb.  173  3. 

Eglise  ,  fedit  proverbialement  en  ces  phrafes ,  Il  eft 
gueux  comme  un  rat  iS!Eglife  ,  c'eft-à-dire ,  Il  eft 
il  pauvre  qu'il  n'a  pas  de  quoi  manger.  Aftamé 
comme  un  rat  d'£^/i/è.  Mascorat.  On  dit  ,  près 
de  i'EgliJe  ,  &  loin  de  Dieu  ,  de  celui  qui  loge 
Y)rcs  àe  VEglife  ,  Se  qui  n'y  va  guère.  On  appelle 
un  pilier  à'EgUfe ,  un  dévot  qui  ne  bouge  de  VE- 
glife. On  dit  aulll ,  Balayer  VEglife  ,  pour  dire ,  en 
fortir  le  dernier. 

L'Etat  ,  ou  les  Terres  de  l'Eglise.  Terme  de  Géo- 
graphie. Nom  que  l'on  donne  aux  terres  que  le  Pa- 
pe polFède  en  Italie  ,  en  qualité  de  Souverain  tem- 
porel Se  immédiat.  On  dit  aulli ,  Terre  de  VEgli- 
fe ,  Ecclefidi.  [{omariA  ,  ou  Summi  Pourificis  ditiones. 
L'Etat  de  VEglife  eft  borné  au  nord  par  celui  des 
Vérdtiens ,  &  par  le  golfe  de  Venife  ;  au  levanr  pac 
le  Royaume  de  Naples  ;  au  midi  par  la  mer  de  Tof- 
cane  ;  &  il  a  au  couchant  la  Tofcane&  les  Duchés 
de  Modène,de  la  Mirandole  ficde  Mantoue.  Maty, 
Rome  eft  la  capitale  de  l'Etat  de  Vtgiife  ,  qui  com- 
prend douze  petites  Provinces  j  qui  font  la  Cam- 
pagne de  Rome  ,  la  Sabine  ,  le  patrimoine  de  S. 
Pierre  ^  le  Duché  de  Caltro  ,  l'Ôrvietan  ,  le  Pé- 
rugin  J  le  Duché  de  Spolète  ,  celui  d'Urbin  ,  la 
Marche  d'Ancône  ,  la  Romagne  ,  le  Boulonnois , 
&  le  ferrarois.  Quelques  Géographes  ajoutent  le 
Comté  de  Citta-di-Caftello  ,  les  autres  le  renfer- 
ment dans  le  Duché  d'Urbin.  Le  Pape  eft  encore 
Maître  du  Duché  de  Bénévent  dans  le  Royaume  de 
Naples ,  d'Avignon  ,  &  du  Comté  Vénaillin  en 
Provence  j  outre  plufieurs  fiefs  en  Iralie  qui  re- 
lèvent de  lui  ]  mais  tout  cela  n'eft  point  compris 
dans  l'Etat  de  Vhglije  ,  ou  dans  les  Terres  de  !'£- 
gl'fe. 

EGLISH.  EgUfium.  Bourg  d'Irlande  dans  le  Comté  de 
Kings  en  Lagénie.  EgUsij.  a  féance  Se  voix  au  Parle- 
menr  d'Irlande. 

ÉGLISOW.  Foy^e-^  Eglisaw. 

EGLOGUE.  f  î.  Ecloga.  Quelques-uns  écrivent  en 
François  Eclogue  \  mais  il  eft  certain  que  l'on  pro- 
nonce Eglogue.  Efpèce  dePoëfie  Paftorale,  où  l'on 
introduit  des  Bergers  qui  s'entretiennent.  L'Egluguc 
n'eft  qu'une  image  de  la  vie  des  Bergers.  Le  P.  R. 
Ainfi  je  ne  fais  quelle  finelfe  Sannazar  a  entendue  , 
à  mettre  des  Pêcheurs  au  lieu  des  Bergers  ,  qui 
étoient  en  polfelfion  de  V Eglogue.  Font.  Dans  1'^- 
glogue  on  fait  dialoguer  des  Bergers.  Ils  racontent 
leurs  aventures  ^  leurs  peines  Se  leurs  plaifirs ,  ils 
comparent  l'innocence  Se  la  douceur  de  leur  vie  avec 
les  pallions  Se  les  foucis  dont  la  nôtre  eft  traverfée. 
Dans  V Idylle  y  c'eft  nous  qui  comparons  le  trouble 
Se  les  travaux  de  notre  vie  avec  la  tranquillité  des 
Bergers,  &  la  tyrannie  de  nos  pallions  avec  la  lim- 
plicité  de  leurs  mœurs.  Principes  pour  la  lecture  des 
Poètes.  L'agrément  de  YEglogue  n'eft  pas  attaché 
aux  chofes  ruftiques  i  mais  à  ce  qu'il  y  a  de  tran- 
quille dans  la  vie  de  la  campagne.  Parce  que  des 
Bergers  font  des  perfonnages  agréables  ,  on  en 
abufe.  &  pourvu  qu'on  ait  parlé  de  tougère  &  de 
chalumeauxj  on  croit  avoir  fait  une  Eglogue.  Les 
Modernes  ont  eu  tort  de  mettre  en  Eglogues  des 
matières  élevées ,  &  de  faire  chanter  aux  Beigers 
les  louanges  des  Rois.  Ronfard  s'eft  rendu  ridicule 
en  faifant  faire  dans  fa  première  Eglogue  l'éloge  de 
Budce  Se  de  Vatable  ,  par  la  Bergère  NLirgot  :  ces 
Savans-làne  doivent  point  être  de  la  connoillance 
de  Margot.  A  la  vérité  il  faut  que  les  fentunens  dont 
on  fait^la  matière  des  Eglogues  foient  plus  fins  Se 
plus  délicats  que  ceux  des  vrais  Bergers;  mais  il  tauc 


5^8  E  G  L 

leur  denner  la  fùrmo  la  plus  lîmple  ,  &  la  plus 
champêcie  qu'il  ell:  pollible.  Cependant  cecie 
fîmplicité  &  cette  naïveté  n'excluent  que  les 
raftinemens  excellifs  j  tels  que  font  ceux  des  gens 
du  grand  monde.  Font.  L'emploi  de  ÏEglogue 
eil  de 

Chanter  Flore,  Us  champs  ,  Pomone  j  les  vergers  ; 
Au  combat  de  la  flûte  animer  deux  Bergers  ; 
Des  plaïfirs  de  L'amour  vanter  la  douce  amorce  \ 
Chanter  Narcijfc  en  fleur,  couvrir  Daphnéd'ecorce. 

BoiL. 

Z'Eglogtie  quelquefois 
Rend  dignes  d'un  Conflul  la  campagne  &  les  bois. 
"  Id. 

Il  y  a  des  Eglogues  de  Thcocrite  d'un  caradcre 
«levé  j  6c  Virgile  en  a  Fait  aulH  d'un  haut  ftyle.  Ain- 
fi  r£p-/o^ttd  élève  queiquetois  la  VOIX.  Me  m.  L'éta- 
blllFement  de  l'Académie  ou  Allemblée  des  Arca- 
diens  à  Rome  ,  dont  les  premiers  commencemens 
ne  font  que  de  l'an  1690.  a  beaucoup  renouvelle 
en  Italie  le  goût  des  Eglogues.  Ces  MelFieurs ,  qui 
font  l'élite  de  tout  ce  qu'il  v  a  de  beaux  elprirs  en 
Italie,  prennent  le  nom  de  Bergers  d'Arcadie  ,  &  ne 
veulent  point  qu'on  traite  leur  alfemblée  d'Acadé- 
mie :  ils  ont  chacun  comme  un  nom  de  guerre  ,  qui 
eft  toujours  un  nom  de  Berger ,  &  s'attachent  parti- 
culièrement aux  Eglogues  .,  comme  à  des  pièces 
plus  propres  à  leur  profelVion.  Le  favant  M.  Cref- 
centini,  un  des  Fondateurs  de  cette  ailemblée  ,  qui 
en  a  été  long- temps  Cuftode -,  c'eft-à-dire  ,  Préli- 
dent  j  &c  qm  y  porte  le  nom  de  Alphéfibeo  Cario  , 
a  écrit  les  loix  i<c  l'établitremenr  des  Arcadiens  avec 
les  noms  de  tous  csux  qui  y  ont  été  reçus  jufqu'à 
préfent,  à  la  fin  de  fon  livre  i«- 4°.  intitulé  j  La 
£elle:;ia  deila  volgar poefla  ,  imprimé  à  Rome  en 
1700.  Les  François  ne  font  pas  heureux  à  réuiîîr  en 
Eglogues.  Cependant  il  y  a  des  Connollfeurs  qui 
prétendent  que  Foncenelle  a  mieux  fuivi  les  vérita- 
bles règles  de  ['E^logue  ,  que  les  Anciens.  Les  Ita- 
liens veulent  avoir  trop  d'efprit  ,  dire  les  chofes 
trop  finement  :  le  caradère  de  VEglogue  elt  d'être 
limple.  Le  P.  Rap.  VEglogue  n'eft  ni  fière  ,  ni  vio- 
lente. Si  elle  ell  pallionnée  ,  elle  n'a  que  de  petits 
emportemens  ,  &  do  petits  défefpoirs  j  qui  n'ont 
rien  de  fâcheux.  Dans  i'Eglogue  Françoife  il  faut 
ranger  les  rimes  féminines  Se  mafculines  do  fuite  , 
deux  à  deux,  fans  les  entrelacer.  P.  Mourgues.  M. 
l'Abbé  Fraguier  a  fait  une  fort  belle  Diflertation  fur 
VEglogue. 

Ce  mot  vient  du  Grec  'ty-^'V'"  ,  qui  fignifie  choix. 


déterminée  à  fignifier  une  pièce  de  Poëfie  courte 
&c  d'unllyle  fimple  &c  naturel.  Idylk  ScEglogue  font 
la  même  chofe  félon  leur  première  fignihcation. 
Les  Eglogues  de  Théocrite  portent  le  titre  d'Idilles, 
f.^ÛAAi»  •  mais  l'ufage  a  voulu  que  le  nom  d'Eglo- 
gue  fe  donnât  aux  pièces  dans  lefquelles  on  fait 
parler  des  Bergers  ^  &  le  nom  d'Idylle  ,  aux  autres 
pièces  de  vers  qui  font  d'un  ftyle  doux  &  naturel  , 
comme  VEglogue ,  mais  dans  lefquelles  on  ne  fait 
point  parler  de  Bergers. 

Quelques-uns  croient  qu'on  a  appelé  Eglogue  un 
poëme  imité  d'après  un  autre  ,  telles  qu'étoient  les 
£ff/o^Ke^ de  Virgile,  qui  n'étoient  que  des  imita 
tions  de  Théocrite.  D'autres  s'imaginent  que  ce  nom 
vient  de  «'? .  «'-/'■^,  chèvre  ,  &  de  ^^'ys ,  difcours  , 
comme  qui  diroit  Difcours  fur  les  chèvres  j  ou 
difcours  de  Pafleurs  de  chèvres.  Mais  le  P.  de  la 
Rue  ,  dans  fon  Commentaire  fur  Virgile  ,  prétend 
que  l'on  eût  dit  AlyaXoyla ,  JEgologie ,  &c  non  pas 
E'«;ny» ,  Eglogue  \  ce  qui  eft  vrai  ,  fi  ce  mot  eût 
eu  le  premier  fens  ^  mais  quelque  fens  qu'on  lui  eût 
donné  ^  il  eût  été  écrit  par  un  à,  en  Grec  ,  Se  en 
Latin  par  un  <«.  Gafpard  Barthius  prétend  qu'où  ap- 


E  G  L     E  G  M     E  G  N 

peloit  Egfogue  toutes  les  pièces  de  vers  d'une  "ran- 
dîur  médiocre  ,  mais  trop  petites  pour  qu'on  leur 
donnât  le  nom  de  livre.  C'elt  ainli  que  Stace  ,  dans 
l'Epître  qui  ell  à  la  tète  du  HT  livre  de  fes  Silva , 
&  dans  la  préface  du  Livre  IV,  appelle  fas  pièces 
Eglogues,  quoiqu'il  ne  leur  ait  point  donné  ce  ti- 
tre. Aufone ,  dans  la  prélace  de  Ion  Cupidon  cruci- 
fié ,  appelle  aulll  Eglogues  fes  Idylles  ;  &  Crucé  , 
dans  fon  Commentaire  fur  Horace,  témoigne  avoir 
vu  des  Manufcrits  très  anciens  ,  qui  donnoienc  aux 
Satyres  de  ce  Poctc  le  nom  à' Eglogues.  Voye:^  Bar- 
THius  dans  fes  Notes  fur  Stace  y  L.  IV.  Sylvarum 
1.  &  Jacques  Ciucé  dans  fes  Remarques  fur  le  ti- 
tre des  Satyres  d'Horace  ,  à  la  tète  de  Ion  Commen- 
taire. 

Eglogue  ,  s'eft  dit  aulîî  d'autres  ouvr.ages  que  de  piè- 
ces de  Pociie  ;  car  on  a  dit  les  Eglogues  de  Diodore, 
de  Polybe ,  de  Ctéfias ,  de  Théophrafte  ,  de  Stra- 
bon  \  6c  en  ce  fens  il  ne  veut  dire  autre  chofe  que 
des  Extraits,  des  Collections  ;  d'où  vient  que  l'on 
appeloit  Eclogaire  ,  un  Savant  qui  avoit  fait  beau- 
coup de  collections  des  Auteurs  qu'il  avoit  lus. 

ÉGLOGAIRE  ,  ou  ECLOGAIRE.  f  m.  Faifeur  de 
Colledions,  Savant  qui  bit  des  Eclogues  j  c'eft-à- 
dire,  des  choix,  des  coUeélions ,  des  extraits  des 
Auteurs  qu'il  lit  pour  s'en  fervir  dans  l'occafion. 
Eojjgarius.  Julle-Lipfe  ,  le  P.  Pétau,  Voilius ,  Sel- 
den ,  Grotius ,  ont  dû  être  de  grands  Eglogaires.  Ce 
mot  ne  fe  dit  point  en  notre  langue.  On  pourroit 
pourtant  s'en  fervir ,  en  parlant  de  l'Antiquité,  & 
d'un  Auteur  à  qui  elle  auroit  donné  le  nom  d'Eglo' 
g  aire. 

EGLON.  C'étoit  la  capitale  d'un  Royaume  de  la  terre 
deChanaaUj  &  la  réfidence  du  Roi.  Elle  fut  prile 
par  Jofué,  &  allignée  à  la  Tribu  de  Juda.  Jofl.  X.  ^. 
5.  34.  35.  &  XK.  39.  Les  Septante  la  nomment 
Odollan  :  c'eft  ce  qui  a  fait  qu'Eusèbe  j  dans  for» 
livre  des  lieux  Hébraïques  ,  la  confond  avec  Odol- 
la  ,  &  de  ces  deux  villes  n'en  fair  qu'une.  Mais  le 
Texte  Hébreu  les  dillingue  manifeftement.  De  plus, 
quoique  les  Septante  dilent  toujours  Odollan  dans 
Joiué  X,  3,|.  36'.  Nobilius  remarque  dans  fes  Scho- 
lies  que,  dans  quelques  exemplaires,  il  y  a  AV^à.,  ou 
E'yAo»,  c'eft-à-dire ,  Aiglon ,  ou  Eglon  ,  au  même 
Chapitre  de  Jofué  ,  v.  5.  &:  2.5.  Au  Chapitre  XII. 
du  même  livre  ,  v.  11.  quelques  exemplaires  l'ap- 
pellent A'(Ai;^_,  &  d'autres  fi'^î.«  ;  mais  elle  eft  ma-^ 
nifellement  dillinguée  d'OdoUa  qui  fuit.  Au  temps 
de  S.  Jérôme  c'étoit  un  grand  bourg  à  li  ftades 
d  Eleuthéropolis. 

EGLY.  Rivière  de  France.  Eglis  ,  Thelis  ,  ou  Telis. 
VEgly  a  la  fource  dans  le  haut  Languedoc  ,  près  de 
Mallac  \  traverfe  une  partie  du  Rouilillon,  &  fe  dé- 
charge dans  la  Méditerranée  ,  entre  le  lac  de  Leu- 
catCj  (3*.  l'embouchure  du  Tet  j  ou  de  la  Tet. 

E  G  M. 

EGMONT.  Bourg  des  Provinces-Unies.  Egmomium. 
Il  eft  dans  la  Nort-HoUande ,  environ  à  une  lieue 
d'Alkmar,  du  côté  du  couchant.  £V/«o«r  eft  féparé 
par  lesdur.es  en  deux  parties ,  dont  l'une  eft  fur  la 
mer ,  &  l'autre  dans  les  terres.  Il  y  a  dans  celle  ci  un 
vieux  château.  Quelques-uns  écrivent  Eghmont  : 
cet  h  n'eft  point  nécelHiire  en  François.  La  Maifon 
à'Egmont  ,  Egmontanafamilia  ,  les  Comtes  ^Eg- 
mont ,  Egmoiitani  Comités  ,  Maifon  illuftre  dans  les 
Pays-Bas  depuis  plufieurs  fiècles  ,  mais  éteinte  en 
1707.  par  la  mort  de  François  Procope,  dernier 
Comte  à'Egmont.  Les  Comtes  A'Egmont  ,  fidèles  à 
leur  religion  &  à  leur  Prince  légitime  j  ne  fuivi- 
rent  point  la  révolte  des  Provinces-Unies. 

E  G  N. 

EGNATIA.  f.  f.  Nom  d'une  famille  de  l'ancienn» 
Rome.  Egnatiagens.  La  famille  Egnatia  étoit  Plé- 
béienne. 

EGNATULEIA.  f.  f.  Nom  d'une  famille    Romaine. 


EGO 

Egnatuleïa.  On  ne  connoîc  la  famille  Egnatulcï.i 
que  par  Cicéion  ,  qui  parle  d  un  Egnatiileïus 
dans  fa  troiiième  &  fa  cinquième  Philippiqiie  ,  & 
par  quelques  vidonacs  j   ou   médailles    qui  font 

rares. 

EGO. 

EGOBILLE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Scuhkulus  ,  Scu- 
vicilus  j  Scuoi/ius.  Saint  Scubicule  ,  ou  Scuvicule  , 
que  nous  appelons  S.  tgolnlle  ,  étou  Diacre  de  l'£- 
vêque  S.  Nicaife  j  Apôtre  du  Vexin  François  j  & 
il  fut  martyrifé  avec  lui  ,  Saint  Cerin  Hc  Sainte 
Planche. 

De  Scuhkulus  on  a  fait  Efcubkule  j  Efcuhïde  j 
Efcobiele  ,  Efcobille ,  Ecobille  ,  EgoblUe. 

ÉGOGER.  V.  a.  Terme  de  Tanneur.  C'ell  ôter  avec 
le  couteau  tranchant  les  extrémités  fuperfiues  du 
veau  du  côté  de  la  chair ,  comme  les  oreilles  &  le 
bout  de  la  queue,  iiejandere  ,  pr^Jandere.  Egogcr 
un  veau. 

ÉGOHINE.f.f.  Terme  d'Artifan.  C'eft  ce  qu'on  ap- 
pelle autrement  une/cjc  à  main.  Serrula  manualis  , 
ou  manuaria. 

^fT  On  fe  fert  de  cet  inftrumenc  en  Jardinage  , 
pour  fcier  les  branches  des  arbres  fruitiers  j  trop 
groiles  ou  trop  dures  pour  être  coupées  avec  la  fer- 


ËGO 


S99 


pette. 

ÉGOISER.  V.  n.  Se  dit  de  ces  perfonnes  pleines  d'elles- 
mêmes  ,  qui  rapportent  tout  à  elles  ,  qui  ne  par- 
lent que  d'elles ,  &  qui  fe  citent  à  tous  momens. 
Perlbnne  n'a  jamais  rant  e'goijd  que  les  deux  Scali- 
gers  dans  toutes  les  alfemblées  où  ils  le  trouvoient  : 
ils  ont  même  extrêmement  eg c'i/'d  d.\ns  leurs  ouvra- 
ges. Les  gens  de  métier  egoïjcnc  beaucoup  ,  comme 
on  dit ,  &c  font ,  à  tous  momens,  pleins  de  retours  fur 
eux-mêmes.  Mémoires  de  Trévoux. 

^CTEGOISME.  f  m.  Mot  inventé  par  MeiTieurs  de 
Port-Royal,  &  adopté  dans  notre  laHgue  pour  ex- 
primer le  ridicule  amour-propre  j  qui  confifte  à  par- 
ler trop  de  foi ,  d  fe  citer  fans  ceife  ,  ou  <jui  rapporte 
rout  à  loi.  Uegoijhie  provient  nécelfairemenc  d'un 
grand  fonds  d'amour-propre  &  de  fuffilance.  Il  va 
très-bien  avec  la  petitelfe  d'efprir ,  &  luppofe  prel- 
que  toujours  une  mauvaife  éducation. 

§Cr  EjOisme  ,  fe  dit  aulH  de  l'opinion  de  certains 
Philofophes  qui  prétendent  qu'on  ne  peut  être  sûr 
que  de  fa  propre  exiftence.  /•'oye^  Egomet. 

^fT  EGOÏSTES,  f.  m.  La  même  chofe  qu'Egomets. 
Egoiïe  eft  plus  dans  l'analogie  de  la  langue. 

ÉGOMET  ,  &  mieux  EGOÏSTE,  f.  m.  Nom  que  l'on 
donne  à  certains  l'hilolophes  outrés  &  ridicules , 
qui  prétendent  qu'il  n'ell  point  prouvé  qu'il  y  ait 
dans  l'Univers  d'autres  êtres  qu'eux  ,  que  rien  n'e- 
xirte  hors  d'eux.  Le  ciel,  la  terre  ,  la  mer  &  tous 
les  objets  qu'ils  renferment ,  ou  paroilfent  renfer- 
mer \  le  foleil  &  les  aftres  qui  brillent  à  leurs  yeux; 
les  animaux  qu'ils  s'imaginent  voir  \  les  aliinens  j 
donr  il  leur  femble  fe  nourrir,  tous  les  corps  en  un 
mot  n'exi!l:ent  point  :  il  n'y  a  hors  de  nous  rien  de 
réel,  &  nos  fenfations  ne  fuppofent  point  nécelfii- 
rement  qu'il  y  air  quelque  choie  hors  de  nous  j  par 
ce  que  Dieu  peut  les  produire  dans  notre  ame  par 
lui-même  j  &  fans  le  fecours  d'aucun  objet  çxillant 
hors  de  nouî.  Telle  eft  la  Philolophie  des  Egomcts  , 
Philofophie  la  plus  abfurde  &  la  plus  infenfée  qui 
fût  jamais,  même  dans  les  principes  des  Egomets  ; 
car  enfin  ces  Philofophes  reconnoilTent  un  Dieu 
avec  Defcartes'leur  maître  :  c'eft  même  Dieu  ,  qui, 
félon  eux,  fait  en  moi  toutes  les  impreffions  des 
êtres  que  je  m'imagine  voir  ,  entendre,  toucher  , 
fentir  \  ik  Dieu  eft  un  être  infiniment  parfait  j  felisn 
Defcartes  encore ,  qui  prouve  métaphyfiquement 
l'exi'iljnce  de  Dieu  par  l'exiftence  de  l'air^mblage 
de  routes  les  pcitjétions  poilîbles.  Il  ed  donc  méta- 
phyfiquement  certain  qu'il  y  a  un  Dieu  ,  &  que 
Dieu  eil  infiniment  parfait  :  or,  il  n'eft  pas  moins 
méraphyfiqaement  certain  qu'un  être  infiniment 
parfait  ne  peut  être  un  fourbe  ,  ni  un  trompeur  j 
qui  pendant  50,  60 &  oo  ans,  à  tous  les  momens 


de  ma  vie  ,  me  i.iHe  illufion  ,  &  m'engage  à  pren- 
dre pour  des  réalités  cent  chimères  qui  n'exiftèrent 
janiais;  &  cela,  fans  qu'il  puiife  y  -.-voir  aucun 
dellein  raifonnable  ,  aucun  bien  ,  aucune  fin  loua- 
ble, honnête  ou  utile.  Ueftdonc  méraphyhquement 
sur  qu'il  eft  des  êtres  hors  de  moi.Berkley  a  fait  tous 
{i%  eftons  pour  établir  une  opinion  auili  extrava- 
gante. 

Egomct  eft  un  pronom  latin  ,  qui  fignifie  mcl- 
mSnte.  On  en  a  fait  le  nom  de  ces  Philofophes,  par- 
ce que  chacun  d'eux  croit  que  lui  feul  eft  tout  l'U- 
,   nivers  y  '6c  qu'il  n'y  a  rien  hors  de  lui. 

EGOPHORE.  adj.  f.  Surnom  de  Junon.  Hercule 
après  s'être  vengé  de  fes  ennemis  ,  bâtit  un  temple 
a  Junon  dans  Lacédémone ,  parce  qu'il  ne  l'avoit 
pas  trouvée  contraire  à  la  vengeance  qu'il  avoir  tirée 
de  fes  ennemis  ,  &  lui  immola  une  chèvre  ,  d'où 
elle  prir  le  furnom  d'Egopkore  j  c'nik-à-dke  ,pcr[/;- 
chèvre. 

EGORGER,  v.  a.  Couper  la  gorge.  Jugubre  ,  macla- 
re.  Egorger  des  bœufs  &  des  moutons  dans  un  fa- 
crifice.  Lgorgcr  une  viélime.  Ablanc. 

Egorger  ,  lignifie  aulli ,  allaftiner  ,  tuer  des  hommes 
qu'on  furprend ,  de  quelque  manière  qu'on  les 
tue.  Occidere ,  mactare  ^  trucidare.  Aux  Vêpres  Si- 
ciliennes J  tous  les  François  furent  égorcrés. 

De  peur  de  perdre  un  llard ,  fouffre\  qu'on  vous  égorge. 

BoiL. 

L'homme  feul ,  l'homme  feul  en  fa  fureur  extrême  j 
Met  un  brutal  honneur  à  s' é^ovg^ï  foi-même.  Id. 

Egorger  J  fignifie,  figurément ,  Rançonner  les  gens  , 
les  faire  payer  plus  qu'ils  ne  doivent ,  plus  qu'ils  ne 
peuvent  payer.  Opprimerc.  On  égorge  les  pallàns 
dans  cette  hôtellerie.  Lhi  Receveur  des  tailles  peut 
bien  fe  taire  payer ,  mais  il  ne  faut  pas  qu'il  éaorae 
es  gens. 
^fT  .Il  fignifie  à-peu-près  dans  le  même  fens  , 
porter  un  préjudice  conlidérable  à  la  fortune  de 
quelqu'un.  Il  étoir  en  nain  de  faire  fortune  à  laCour; 
on  l'a  égorgé.  Ce  Tuteur  a  égorge  (on  pupille.  Ac. 
Fr. 

Egorgé  ,  ée.  part. 

EGOSILLER.  Qui  ne  fe  dit  qu'avec  le  pronom  per- 
fonnel.  S'egojiucr.  v.  récip.  Crier  de  toute  fa  force  , 
jufqu'à  fe  faire  mal  à  la  gorge.  Eaucibus  contendere 
jauces  elidere.  Je  megojille  à  force  de  vous  parler 
&  vous  ne  me  répondez  pas.  Scar.  La  Comteffe 
s'egoflle  ,  le  Comte  prend  fon  fauifet.  Jwad.  di 
Sev.  Ilfe  dit  aulli  d'un  oileau  qui  chante  beaucoup, 
&  fort  haur.  Cette  fovette  ségjflle.  Ség.filer  n'eft 
que  du  ftyle  familier. 

On  l'a  dit  autrefois  au  propre  ,  &  il  fignifioir , 
Egorger ,  couper  le  golier. 

ÉGÔSPOTAMOS  ,  ou  EGOPOTAMOS.  Nom  de 
lieu.  JEgofpotamos  y  Elumcn  ,'tEgvs  ,  &  non  pas 
Hegonis promoncoriuin  ;  comme  a  ditMaty.  Egojho- 
tamos  eft  un  Cap  de  Macédoine  ,  près  de  lembou- 
chure  de  la  rivière  de  Châbro  j  &  qui  s'avance  dans 
le  golfe  de  Saloniki  ,  entre  la  ville  de  ce  nom  ,  & 
celle  de  CaCandria.  Mat  y. 

On  trouve  aulli  un  £^cy/'Ofi2/77o.î  dans  l'Antiquité. 
j4imilius  Probus  le  nomme  ^gos  fumen  ,  dans 
Lyfandre,  dans  Alcibiade  &  dans  Conon.  Mêla  , 
qui  en  parle,  L.  II.  c.  1.  met  ce  lieu  dans  la  Thrace, 
dit  qu'il  eft  célèbre  par  le  naufrage  d'une  flotte 
Athénienne,  &  l'appelle  Flumen  ^gos\V\'\r\Q  qui , 
L.  II.  c.  5  8.  le  nomme  de  même  que  Probus ,  le  met 
aulli  dans  la  Thrace,  &  conte  qu'on  y  voyoit  de  fou 
temps  J  une  pierre  de  la  grandeur  d'un  char ,  &i: 
d'une  couleur  noirâtre,  comme  fi  elle  avoir  été  au 
fuu  ,  laquelle  étoit  tombée  du  Soleil ,  au  temps  &c 
au  jour  que  l'avoir  prédir  Anaxngoras  de  Clazomè- 
ne. Strabon  ,  L.  VI. donne  à  ce  lieu  un  nom  pluriel, 
^gopotami.  Plutarqne  c/ans  Alcibiade,  le  place 
fur  les  bords  de  rHellefponr.  Ainfi  VFgopotamos 
des  anciens  étoit  bien  éloi^'ut-  de  celui  de  Maty , 


6oo 


EGO 


s'il  y  en  a  un  à  l'endroit  qu'il  indique.  Il  paroît  par 
tous  ces  Auteurs  j  &  lur-tout  par  Emilius  Probus 
ëc  par  Plutarque  dans  Alcibiade  &  dans  Lyfandre  , 
que  c'ctoit  une  ville  &  un  beau  porc  de  mer.  Tze:- 
zès  dit  expreirémenc  quec'ctoïc  une  ville  j  &  le  P. 
Chamillard ,  Jcfuite  ,  a  depuis  peu  une  médaille 
qui  le  montre.  Elle  eft  de  petit  bronze.  D'un  côté 
c'eft  une  belle  tète  de  femme  j  cocftée  d'une  maniè- 
re fort  particulière,  c'ert-à-dirc,  d'un  bonnet,  ce 
iemble,  en  fotme  de  corbeille  ,  &  autour  duquel  il 
y  a  une  couronne  de  laurier.  Elle  a  des  boucles  d'o- 
reilles à  trois  pendants.  Au  revers  c'eft  une  chèvre, 
avec  ces  lettres  Airono,  c'eft  à-dire,  AironoTAMox, 
ou  AironoTAMON,  ou  AironoTAJviiaN. 

Ce  nom  eft  compofé  de  «'I ,  «<"/W  ^  Chèvre  j  Se  de 
^^■fufic; fleuv c ;  &:  lignifie  ^Lc fleuve  delà  Chèvre.  Ce 
n'elt  pourtant  pas  un  fleuve,  mais  une  ville,  corn 
me  nous  venons  de  le  montrer.  Peut  -  être  étoit- 
elle  ficuée  à  l'embouchure  d'un  fleuve,  dont  elle 
avoit  pris  le  nom  comme  beaucoup  d'autres  villes. 
ÉGOUSSER.  V.  a.  Egoujjcr  des  pois  &c  des  fèves.  Di- 
tes &  vo)  ei  ECOSbER. 
EGOUT.  i'.  m.  L'écoulement  des  eaux  qui  viennent 
de  quelque  endroit.  Sc'dilddium.  L'e'gout  des  terres 
eft  ce  qui  groliit  les  lources  ,  les  fontaines.  Il  a  re- 
cueilli ïègoui  de  plusieurs  fources  &  fontaines  j  ï'e- 
gouuies  eaux  de  tous  les  environs,  pour  les  con- 
duire dans  un  réfervoir. 
Égoot,  ie  dit  aulli  des  canaux  par  oii  fe  déchargent 
les  immondices  des  villes.  Lacrina  ,  cloaca.   Les 
égouts  de  Paris  font  encombrés  :  En  hiver ,  les  eaux 
de  la  rivière  entrent  par  les  égouts. 
CGOUT  ,  fedit,  parreflemblance,  des  plaies ,  lorfqu'on 
lailfe  un  creux  ,   un  conduit  pour  faire  écouler  la 
fanie ,  le  pus ,  le  fang  extravafé  ,  &;c.  On  fe  fert 
d'une  tente  à  la  gaftroraphie  ,  &  on  l'applique  à  la 
partie  inférieure  de  la  plaie  pour  y  conferver  un 


EGO     E  G  R 

forme  de  bois  ,  afin  de  les  drelîer  &  de  les  en^ 
former.  Encyc. 

EcouTTÉ ,  ÉE.  part. 

EGOUTTOIRjf.m.  Terme  de  Cartonnier.Ais  affem- 
blés  l'un  contre  1  autre  fans  être  joints ,  fur  lefquels 

,    on  fait  égoutter  les  formes.  StillatorU  tabuU. 

EcouTToiR.  Morceau  de  bois  long  d'environ  trois 
pieds  J  gros  comme  le  bras  j  avec  des  rangs  de  che- 
villes de  parc  &  d'autre,  fur  lequel  on  met  égout- 
ter la  vaillelle.  Les  Menuifiers  appellent  cette  for- 
te de  machine,  un  hen{jon-^  mais  la  plupart  des 
gens  du  monde,  qui  ne  favenc  pas  les  mots  pro- 
pres des  Arcs ,  la  nomment  un  egouttoir.  On  peut 
dire  l'un  |&  l'autre. 

ifT  On  donne  encore  le  nom  ^egouttoir ^  en  ma- 
nne ,  au  treillis  fur  lequel  on  met  égoutter  les  cor- 
dages qui  viennent  d'être  goudronnés. 

E  G  R. 

EGRA.  Rivière  d'Allemagne  ;  qu'on  appelle  autre- 
ment Eger  3  ou  Egre.  Vtg--a  prend  fa  fource  dans 
les  montagnes  du  Marquifat  de  Culembach  ,  aux 
extrémités  de  la  Franconie ,  du  côté  de  l'Eft  ,  entre 
peu  après  dans  la  Bohême  par  la  ville  &Egra  j  & 
fe  jette  dans  l'Elbe  à  quelques  lieues  au-defliis  de 
Leitoméritz.  Egra. 

Egra.  "Ville  de  Bohême  ,  que  l'on  appelle  auflî  Eger ^ 
ou  Egre  ,  &  Heh  _,  ou  Cheb ,  en  Latin  Egra.  Cette 
ville  eft  devenue  célèbre ,  par  le  long  fiége  que  fou- 
tint  M.  le  Marquis  d'Herou  ville,  Lieutenant -Gé- 
néral des  armées  du  Roi  ,  avec  une  poignée  de 
monde,  contre  uii  corps  confidérable  de  croupes. 


egout.  DioNis. 


Ce  mot  vient  du  primitif,  goutte  ,  gutta. 

Êgout,  fignifie  aufti  une  fervitude  acquife  à  un  héri- 
Mge,  qui  lui  donne  le  droit  de  faire  palfer  fes  eaux 
pluviales  fur  un  héritage  voifin  :  ce  qui  s'appelleen 
Dton,flilliddhan. 

Egout  j  en  termes  de  Couvreur  ,  fe  dit  aufli  des  tui- 
les 6c  de3ardoifes,qui  avancent  en  faillie  au-delà  de 
l'entablement,  par  où  s'égouctent  les  eaux  pluvia- 
les ,  pour  les  jetet  loin  du  mur  de  face  :  ce  qu'en 
Latin  on  ?i.^^t\\Q  fuhgrundia. 

On  dit,  figurément,  qu'une  ville  ,  qu'un  lieu  eft 
ïégout  du  pays  ;  pour  dire  ,  le  lieu  où  fe  rendent  les 
gens  de  mauvaife  vie,  les  vagabonds,  &c. 

Egout,  f.  m.  Terme  de  Miroitier.  Les  Ouvriers  qui 
mettent  les  glaces  au  teint ,  appellent  de  la  forte 
une  grande  table  de  bois  fans  chaflis ,  fur  laquelle 
ils  mettent  la  glace,  24  heures  après  qu'elle  a  été 
étamée,  pour  en  faire  égoutter  le  vif  argent. 

^Cr  EGOUTTER.  v.  récip.  Se  dit  de  certaines  chofes 
dont  on  fait  peu-à-peu  écouler  l'humidité.  Faites 
égoutter  ce  morceau  de  morue.  On  lailfe  égoutter 
les  cardes  avant  que  de  verfer  la  fauce  deflus.  Ce 
fromage  dégouttera  en  peu  de  temps.  L'Auteur  de 
l'inftrudion  pour  les  confitures ,  donne  à  ce  verbe 
égoutcerX^  fignification  &  le  régime  d'un  verbe  aftif, 
quand  il  dit ,  vous  les  laiirez  dans  le  fucre  jufqu'au 
lendemain  ,  que  vous  les  égouttei.  La  Quintinie  dit 
aulli ,  J'ai  mis  une  partie  de  mes  terres  en  ados 
pour  les  égoutter.  Exjkcare  j  exhaurire  guttatlm. 

Égoutter  une  glace.  C'eft  en  faire  écouler  le  vif-ar- 
gent ,  qu'on  a  mis  de  trop  fur  la  feuille  d'étain , 
avec  laquelle  on  l'étame. 

Égoutter  la  chandelle.  C'eft  la  mettre  fur  l'établi , 
après  chaque  plaingeure  qu'on  lui  donne  ,  afin 
qu'elle  s'y  féche ,  &  que  le  fuif  fe  prenne  &;  fe  dur- 
ci ife. 

fC7  Égoutter  ,  terme  de  Chapelier,  qui  exprime  la 
façon  qu'on  donne  aux  chapeaux  avec  la  pièce  de 
cuivre  J  lorfqu'encore  tous  chauds  &  tous  mouil- 
lés ,  après  être  fortis  de  la  foule ,  on  les  met  fur  la 


î' oye-^  MoNNoiE  obsidionale. 

EGR  AFIGNER.  v.  a.  Vieux  mot ,  qui  fignifioit  autre- 
fois ,  écrire  mal  &  peu  lifiblement.  Scribiilare. 

Ce  mot  vient  de  graphium  ,  qui  étoit  un  ftylede 
fer  ,  dont  les  anciens  fe  fervoient  à  écrire  5  ou  plu- 
tôt de  griffe.  Il  n'eft  plus  en  ufage  qu'en  cette  phra- 
fe ,  les  chats  lui  avoient  tout  égrafgné  le  vifage. 

|Cf  EGRAINER,  v.  a.  Terme  d'agriculture  &  de  jar- 
dinage. Faire  Tomber  les  graines  ou  les  grains.  Oa 
egraine  les  épis  en  les  froilEint  dans  les  mains ,  èC 
l'on  égraine  (  plus  communément  )  on  égrappe  les 
raifins,  afin  que  le  vin  foit  plus  délicat.  Grana  ex- 
cutere.  L'Acad.  écrit  égrener. 

|C?  EGRAINE  ,  ÉE.  parr.  Blé  égrainé.  Fenouil ,  anis 
égrainé.  Il  eft  aulli  réciproque.  Quand  le  blé  eft 
trop  mûr ,  il  s  égraine.  La  féchereife  fait  égrainet 
les  raifins. 

ÉGRAINOIRE.  f.  f.  Terme  d'Oifelier.  C'eft  une  pe- 
tite cage  de  bois  ,  où  quelques  bâtons  qu'on  lève 
fervent  de  porte  \  on  les  nomme  aulli  cages  balfes 
&  muettes.  Les  Oifeliers  &:  autres  qui  font  le  com- 
merce des  oifeaux  de  chant,  font  obligés  de  met- 

,   cre  les  femelles  dans  des  égrainoires. 

EGRAPPER.^v.  a.  Terme  d'Agriculture,  qui  fedit 
du  raifin.  Oter  la  grappe  du  raiiin  pour  en  faire  de 
meilleur  vin ,  ou  de  craince  qu'il  ne  concraéte  le 
goûc  de  la  grappe  :  ce  qui  fe  faic  dans  la  cine  ,  ou 
autre  vaiffeau,  à  mefure  qu'on  y  appotte  le  raiiin 
pour  être  foulé;  ou  quand  on  le  jette  dans  la  cuve. 
Racemi  grana  decutcre  ■,  excutere ,  uvarum  fçapos 
extrahere. 

tfF  ÉgrappÉ  ,  ÉE.  part.  'Vendange  égrappée. 

EGRATIGNER.  v.  a.  Faire  une  déchirure  à  la  peau 
avec  des  ongles,  une  épingle ,  ou  quelque  petit  fer- 
rement pointu.  Vellicare ,  lacerare,  difcerpere  ^  no- 
tare  unguibus.  Quand  deux  harangères  fe  font  bat- 
tues ,  elles  ont  le  vifage  tout  égratigné.  Une  épingle 
cachée  égratigné  fouvenc  la  main ,  un  chat  égratigné. 
Ce  mot  vient  de  ingratignare,  qu'on  a  dit,  dans  la 
balTe  Latinité,  pour  fignifier  déchirer  avec  les  ong'es. 
Mais  il  y  a  plus  d'apparence ,  félon  quelques-uns  , 
qu'il  vient  de  crafinem ,  vieux  mot  Celtique  ,  ou 
Bas-Breton  ,  qui  fignifie  égratignure.  M.  Huet  le  dé- 
rive de  gratter. 
Égratigner,  fe  dit,  figurément  &  comiquemenr,  en 
amour.  C'eft,  Effleurer  tant  foie  peu  le  cœur  par  les 

charmes 


EGR 

cliarmes  de  fa  beauté.  Elle  commence  à  c'grat-gner 
les  cœurs.  ! 

Égratigner  ,  en  termes  de  découpeur ,  c'eft  faire  des 
découpures  fur  une  éio^-i  de  foie  ,  iormer  diverlcs 
figures  en  effleurant  la  fupcrhcie  de  1  écoiîc.  v'/ztvyc-- 1 
re.  Egratigner  du  fati  n . 

|CF  Égratigner  ,  terme  de  Peinture  j  qui  fe  dit 
d'une  manière  de  peindreà  frefque.  MumèiQ  egrati- 
gnic.  Foyc:^  Egratignee. 

On  dit,  proverbialement  :  S'il  nepeut  worafre  il 
égratigne  \  pour  dire  ,  qu'il  lait  tout  le  mal  qu'il 
peut  taire. 

Éjraticnée  ,  ÉE.  part.  Vdlicatus  ^  dlfcerptus ^  dif- 
fii'ius. 

ifT  EgratignÉe  ,  terme  de  Graveur.  On  du  qu  une 
planche  gravée  n'eft  qa  egratignee  ,  lorfque  le  cui- 
vre n'a  pas  été  coupé  avec  hardielFe  &  netteté.  Ac. 
Fr. 

On  die ,  en  termes  de  Peinture ,  DelFein  égrati- 
gne :  &c  cela  fe  dit  d'une  manière  de  peindre  de 
blanc  &  de  noir,  que  les  Italiens  nomment  Jgrajfi 
to  ;  ce  qui  fe  tait  en  détrempant  du  mortier  d; 
chaux  &c  de  fable  à  l'ordinaire  ,  auquel  de  la  paille 
brûlée  qu'on  y  mêle  ,  donne  une  couleur  noirâtre. 
Après  qu'on  a  fait  un  enduit  bien  uni  de  ce  mor- 
tier,  on  le  couvre  d'une  couche  de  blanc  de  chaux, 
ou  d'un  enduit  bien  blanc  &  bien  poli ,  puis  on 
ponce  les  cartons  delFus  pour  delliner  ce  qu'on  veut , 
ôc  pour  le  graver  enluiteavec  un  1er  pointu.  Ce  fer 
découvrant  le  blanc  de  chaux  qui  cache  le  premier 
enduit  j  compofé  de  noir ,  fait  paroitre  l'ouvrage 
comme  li  on  l'avoir  delîiné  à  la  plume  avec  du  noir. 
Lorqu'il  elt  achevé  j  on  palFe  une  teinte  d  eau  un 
peu  obfcure  fur  rout  le  blanc  qui  fert  de  fond  j  ce 
qui  détache  davantage  les  figures  j  Se  fait  qu'elles 
paroilfent  comme  celles  qu'on  lave  fur  du  papier. 
Çuandon  nerepréfente  que  quelques  grotefques  ou 
feuillages,  on  ne  tait  qu'ombrer  le  fond  avec  cette 
eau  auprès  des  contours  qui  doiveiit  porter  ombre. 
Le  Mortuo  d'Altetro  ,  Peintre  Italien  ,  a  travaillé 
de  clair  obkur  de  la  manière  qu'on  appelle  egrati- 
gnee ,  en  haVian Jgrajjito.  De  Piles. 

ÉGRATIGNEUR,EUSE.  f.  m.&f.  Celui  ou  celle  qui 
égratigne.  C'eft  aufli  la  même  chofe  que  Décou- 
peur. Incifor ,  diljeclor. 

#3=  EGRATIGNÔIR.  f  m.  Efpèce  de  canif  ébréché  , 
&  dentelé  comme  une  fcie,  dont  Ijs  Egratigiieurs 
fe  lervent  pour  découper  du  latin. 

ÉGRATIGNURE.  i.  t.  Légère  blelfure  qui  fe  fait  fur 
la  peau  quand  on  l'égratigne.  Inci/io  j  vellicatio  j 
evuljio  cutis.  Cet  homme  a  une  vilaine  égratignure 
au  vifage. 

T aimerais  mieux  fouffrir  la  peine  la  plus  dure  . 
Qu'il  eût  reçu  pour  moi  la  moindre  cgi:a.ù.ga\xïc.  Vîol. 

§CJ"  On  le  dit  quelquefois  d'une  bleiïurc  légère. 
Ce  coup  d'épée  n'eft  pas  profond  ,  ce  n'eft  qu'une 
égratignure. 

On  ditjproverbialementjd'une  perfonne  mal  en- 
durante ou  trop  délicate  :  qu'elle  ne  fauroit  fouf- 
frir la  moindre  égratignure. 

Egratignure.   Ouvrage  que  fait   l'Egratigneur  fur 

,   une  étoffe. 

EGRAVILLONNER.  v.  a.  Terme  de  Jardinage  ,  qui 
fe  dit  des  arbres  qu'on  lève  en  motte.  C'eft  empor- 
ter la  terre  ufée  j  qui  eft  engagée  entre  les  ruines 
d'un  arbre  qu'on  lève  en  motte  j  pour  y  en  fubfti- 
tuer  de  nouvelle.  Il  ne  faut  pas  manquer  d'égravil 
loner  les  mottes  des  arbres  qu'on  dépote  ou  qu'on 
décailTe.  Après  avoirjtout  autour  &:  au-dellous^re- 
tranché  la  motte  environ  des  deux  tiers  ,  pour 
lors  avec  la  pointe  de  la  ferpette  ,  ou  quelque 
autie  morceau  de  fer  pointu  ,  on  retire  d'entre 
les  racines  un  peu  de  la  terre  qui  y  étoit ,  afin 
que  ces  racines  fe  trouvant  enfuite  garnies  d'une 
terre  nouvelle  j  puilfent  profiter  des  fels  qui  y 
font  contenus ,  &  par  ce  moyen  prendre  une  nou- 
telle  vigueur.  Radicibus  arboris  glareolam  excûte- 
Tome  III. 


EGR 


60 


tcrej  aujcrrc.  Loriqu'on  rencailfe  les  orangers     il 
ne  faut  pas  oublier  de  les  égravUloner.  Liger.  Cet 


Auteur  dit  en  Latin  glareare 


a  forgé  ce 


,  mais  1 
niot  qui  n'eft  pas  Latin 

Egravillonner,  eu  compofé  de  la  prépofition  e  ^ 
quij  dans  la  compolltion^fignifiefépaiation,  retran- 
chement ^  &:  du  mot  gravier ,  ou  gravillon  c'eft- 
à-dae  ,  petit  gravier.  Egraviilonner ^  c'eft  oter  le 
gravier. 

^yT  Egravillonné  ,  Ée.  part. 

CkJ-  EGREFIN.  Foyei  AIGREFIN.  PoitTon  de  mer. 

EGPvEAÎONT.  Bourg  ou  petite  ville  du  Comté  de 
Cumberland  en  Angleterre.  Egremontium.  Il  eft 
près  de  la  mer  d  Irlande,  vis-à-vis  de  l'Ifle  de 
Mail. 

ÉGRENER. v.  a.  Faire ton>ber  la  graine  d'une  plante, 
le  grain  d'un  épi  j  d'une  goulFe.  Excutcrc  gfana.  On 
le  dit  des  petits  truits  qu'on  léparc  de  la  queue. 
Egre/ier  des  railins,  des  grofcilles.  Egrener  du  fe- 
nouil ,  du  blé. 

§Cr  L'Académie  écrit  égrener.  J'aimerois  mieux 
dire  égrainer,  puifque  c'eft  faire  forrir  les  grains 
de  l'épi  ,  ou  les  graines  des  plantes  j  ou  détacher 

,   les  grains  de  railiu  de  la  grappe. 

Egrené  jÉe.  part-  Il  fe  du  des  pièces  d'étoffes,  qui 
ne  font  point  emballées.  Je  vous  envoie  dix  piè- 
ces de  ierge  égrenée  ^  c'eft-à-dire  ,  qui  n'ont  point 
d'emballage.  Ce  terme  n'eft  guèie  d'ufage  que 
dans  la  ptovince  de  Berry. 

EGRIBOS.  C'eft  le  nom  que  les  habitans  du  pays 
donnent  à  Tlfle  &  à  la  ville  de  Négrepont.  P'oye^ 
ce  mot. 

ÉGRILLARD,  arde.  adj.  &  f.  Evdilé^  vif,  gail- 
lard ,  alerte.  L&tus  j  aLacer  3  fervidus.  Ne  vous  fiez 
pas  trop  à  cet  homme-là  ,  c'elt  un  égrillard  qui  vous 
trompera.  (Eil  égrillard.  Scar.  lu  Dieu  !  quelle 
égriilardc  !  IvIol.  Je  défie  la  Mufe  égrillarde  d'en 
pouvoir  taire  la  critique.  Mad.  du  Noyer  ,  Lettr. 
gC?  Ce  mot  ne  peut  être  employé  que  dans  le 
difcours  familier. 

ÉGRILLOIR.  f  m.  Grille  faite  de  plufieùrs  pieux  fi- 
chés &  liés  enfemble ,  qu'on  met  à  la  décharge  d'un 
étang  ,  ou  dans  les  petites  rivières ,  pour  en  laiffer 
paffer  les  eaux,  &  empêcher  que  le  poilFon  n'en 
lorte. 

EGRISER.  v.  a.  Les  Lapidaires  appellent  égrifer\oxÇ- 
cju'ils  frottent  deux  d;amans  l'un  contre  l'autre, 
pour  les  ufcr  &  les  polir,  en  ôtant  ce  qu'il  y  a  de 
rude  &  d'imparfait.  ÎDeterere  j  atterere.  C'eft  la  feu- 
le manière  de  les  tailler  ,  parce  que  le  diamant  eft 
il  dur  ,  que  nulle  autre  choie  ne  le  peut  manger  & 
ufer ,  que  le  diamant  iiiême. 

IK?  On  égrife  aulli  le  verre  en  le  frottant  avec 
du  fable,  ou  en  le  palFant  lur  la  meule.  Le  verre 
tjO/vyd  devient  opaque.  Pluche. 

EGRIbOIR.f  m.  Boite  qui  fert  lorfqu'on  égrife  les 
diamans.  Capfula  poliendis  ac  terendis  lapillis.  Pen- 
dant qu'on  frotte  les  deux  diamans  cimentés  cha- 
cun fur  un  bâton  ,  la  poudre  qui  en  fort ,  tombe 
dans  Vegrifoir  j  cette  poudre  fert  enfuite  à  taillej  & 
à  polir  d'autres  diamans. 

ÉGRUGEOIRE.  f  f.  ou  EGRUGLOIR.  f  m.  qui  eft 
feul  udté.  L'ftencilede  cuihnc  lervant  à  égruger.  Il 
eft  fait  de  fer  blanc  ,,  percé  de  trous  fort  petits ,  qui 
rendent  fa  furface  extérieure  rude  Se  rabotcufe. 
liadula.V égrugcoire  fait  tomber  des  menues  parties 
des  corps  qu'on  frotte  contre. 

%fT  On  ledit,plus  ordinaircment,d'un  petit  vaif- 
feau  de  bois  dans  lequel  on  égruge ,  on  brife  le  fel 
par  le  moyen  du  pilon.  Vas  j  vafum  ligneumjrian- 
dofali. 

ÉGRUGEOIR.  f.  m.  Terme  de  Cordier.  Inftruinent 
qui  rellemble  à  un  banc  ,  qui  n'a  que  deux  pieds  à 
\\n  de  fes  bouts  ,  qui  eft  garni  à  cette  exticmité 
d'une  rangée  de  dents  femblables  à  celles  d'un  râ- 
teau ,  l'autre  bout ,  qui  porte  par  terre  j  ell  charge 
de  pierres  :  en  peignant  l'extrémité  du  chanvre  fe- 
melle avec  les  dents  de  Xcgrugcoir ,  on  fait  tomber 
le  chcnevi  avec  fes  enveloppes. 


éoi 


E  G  U     EG Y 


EGRUGER.  V.  a.  Pulvérifer,  mettre  en  parties  me -^ 
nues  quelque  choie  de  dur  avec  la  râpe  ,  le  couteau , 
ou  autre  inftrumenr,  plus  ordinairement  dans  un 
égrugeoir.  Injùare.  £gruger  da  lucre,  de  k  muf- 
cade,  du  poivre  j  du  Tel. 

Égruge  ,  ÉE.  part. 

EGRUGEURE.  1".  f.  Partie  m.enite  qui  fe  fépare  d'un 
corps  dur  par  la  fritlion  ou  rencontre  d'un  autre 
plus  dur.  ParcicuUfriat£.  Il  n'cft  pas  ulité.  i 

E  G  U. 

ÉGUE-LE-CUINGIL.  Ville  d'Afrique  ,  dans  la  pro- 
vince de  Héa  ,  au  Royaume  de  Maroc.  Elle  ell  à 
deux  lieues  d'Eildevet  j  du  côté  du  midi. 

ÉGUEER.  V.  a.  Foye^  AIGUAYER. 

EGUEUILLE  ^  ou  EGUEILLE.  f.  f.  pour  éguille  ,  ou 
aiguille  ,  luivant  l'ancienne  manière  de  prononcer 
ce  mot ,  qui  ell  encore  en  ufage  dans  quelques  Pro- 
vinces. 

S' elle  n  a  mains  belles  &  nettes  y 

Ou  de  cirons  ,  ou  de  hubettes  ; 

Gard  que  lai[jerni  les  y  veuille  j 

Face  les  ojler  à  /'efgueille.  Rom.  de  la  Rose. 

ÉGUEULER.  V.  a.  CafTer  le  haut  du  goulot  d'une 
bouteille,  d'un  pot,  d'une  cruche.  Os Jrangcre. 

On  dit  J  en  ftyle  populaire  &  bas ,  qu'un  liomme 
s'eft  egueulé  à  force  de  crier ,  quand  il  a  crié  lî  fort, 
qu'il  ne  peut  plus  parler. 

JÈgueulé  ,  EE.  part.  Cruche  égucuUe. 

Il  s'emploie  quelquefois  fuhrtantivement,  &  on 
dit,  figurement&balfjmentj  d'une  perfonne  qui  dit 
des  grollieretés ,  C'efi:  un  égueulé ,  c'eft  une  franche 
égueulée.  Acad.  Fr.  Os  durum. 

ÉGUIERE.  Foyei  AIGUIERE. 

EGUILAS.  f.  m.  pi.  Etrennes  chez  les  Percherons  ; 
mot  qui  eft  abrégé  d'Au-guy-l'an-neuf ,  Chaste- 
LAiN,/V/j;rvr(.i/./'-''q)'É'jAu-GUY  -  t'AN-NEUF.Cepen- 
dant ,  puifqu'il  lignifie  Etrennes  au  Perche,  Xenia, 
ftrcna  i  il  y  a  étendu  fa  lignification. 

ÏGCJILLE.r.  f.  Acus.  l'oye^  AIGUILLE. 

On  appelle  en  Marine ,  fond  A' Egaille  ,  le  fol  ou 
furface  de  la  terre  fous  l'eau  j  dans  le<|ael  on  trou- j 
ve ,  par  le  moyen  de  la  fonde  ,  une  infinité  de  pe-l 
tits  coquillages  gros  comme  de  petits  fers  d'aiguil- 
lettes ,  &  terminés  en  pointe. 

fiCF  ÉGUILLAGE,  f.  m.   Terme  de  Marine,  l^oye^^^ 

EsUILLETER. 

Eguilleter  ,  V.  a.  Terme  de  Marine.  Eguilleter  les 
canons.  C'eft  les  amarrer  fortement  dans  un  gtos 
temps.  Fortiiis  alligare  ,  conflringere  ligulis. 

ÉGUILLETTE.  Foy.  AIGUILLETTE. 

if3'  Eguillette.  f.  m.  Nom  qu'on  donne  en  Breta- 
gne à  un  poillon  de  mer,  connu  ailleurs  fous  le 
nom  d'Orphie.  Foy.  ce  mot.  I 

Eguillette.  f.  f.  LiguLt  funiculorum  quoddam  genus. 
Terme  de  Marine.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  .à  del 
menues  cordes  qui  fervent  à  divers  ufages  \  com-| 
me  à  eguilleter  les  canons ,  les  bolTes ,  &  à  tenir  la 
tête  des  grandes  voiles  dans  les  râteaux.  Cet  amar- 
rage  s'appelle  Eguilletage. 

ÊGt;iLLETTES  DB  PoNTON.  Ce  font  des  pièces  de  bois 
qui  font  pofées  fur  le  haut  des  côcés  d'un  ponton , 
où  l'on  amarre  les  attrapes 

EGUILLON.         7  V  AIGUILLON. 

«GUILLONNER.  >  Foyer  \  AIGUILLONNER. 

EGUISER.  3  (aiguiser. 


E  G  Y. 

EGYPTE.  JEgyptus.  C'ctoic  chez  les  anciens  une  par- 
tie de  l'Afie  ,  donr  le  Nil  faifoit  les  bornes  :  depuis 
plufieurs  fiècles ,  V Egypte  eft  cenfée  de  l'Afrique. 
L'Egypte  ei\  bornée  au  levant  par  l'Ifthme  deSuez 
&  par  la  mer  Rouge  ,  qui  la  féparcnt  de  l'Arabie 
heureufcj  &  de  la  Pétrée.  Elle  a  au  nord  la  mer 
Méditerranée  i  au  couchant  le  Royaume  ôc  le  dé- 


E  G  Y 

fert  de  Batca  ;  &  au  midi  la  Nubie  &  la  côte  d'A- 
bex.  Ce  pays  eft  renfermé  entre  le  iz  &  le  3 1  de- 
gré de  latitude  feptentrionale  ,  &  enttele  60  ôc6$ 
d-j  longitude.  Vr.gypte  ne  s'érendoit  point  autre- 
fois au-delà  du  Nil  :  aujourd'hui  elle  va  jufqu'àune 
grande  chaîne  de  montagnes  qui  la  fépare  du  Royau- 
me de  Barca.  Ptolomce  eft  le  premier  que  je  fâ- 
che ,  qui  l'ait  mife  en  Afrique  j  mais  encore  après 
Ion  temps,  on  a  continué  de  la  placer  dans  l'Alie. 
Dans  la  diftribution  qui  fe  fit  du  monde  cent 
ans  après  le  déluge,  Vtgypte  tomba  en  partage  à 
Cham  :  de-là  vient  qu'on  lui  donna  le  nom  de  Ter- 
re de  Cham  ,  S<  de  Chamie  j  ou  Chémie  ,  &c  que 
ce  mot  fe  trouve  encore  dans  plufieurs  noms  Egyp- 
tiens, que  l'Antiquité  nous  a  confervés  ,  comme 
Chemmis ,  Plociiemmis  j  i'fittachemmis.  L'Ecriru- 
le  appelle  l'Egypte  Mitfiaim  ,  &  la  terre  de  Mit- 
fraim.  Foye-^  ce  mot.  Les  Turcs  l'appellent  aujour- 
dhui  Elquilet.  Chez  les  Grecs  6c  les  Romains,  elle 
n'a  point  eu  d'autre  nom  que  celui  d'Egypte  :  les 
Arabes  la  nomment  Bardamejfer. 

Hérodote  ,  L.  II.  c.  5.  Ariftote  ,  Meteor.  L.  I.  C. 
14.  Diodore  de  Sicile  ,  L.  I.  p.  25.  &  L.  III.  p.  lei. 
i^:  d'autres  dilent  expreiîément ,  ou  femblent  dire  j 
que  l'Egypte  n'eft  qu'un  grand  arterriiïement  pro- 
duit par  le  Nil  ;  &  les  Ethiopiens  en  étoient  fi  per- 
luadés,  que,  dans  Diodore,  L.  III.  p.  101,  c'eft  le 
grand  argument  qu'ils  apportent  pour  prouver  qu'ils 
font  plus  anciens  que  les  Egyptiens.  Bochart  réfute 
cefentimentdans  Ion  Phaleg,  L.  VI.  C.  24.  On  fait 
monter  le  nombre  des  villes  de  l'ancienne  Egypte 
julqu'à  vingt-deux  mille. 

L'Egypte  eft  partagée  en  deux  par  une  grande 
chaîne  de  montagnes ,  qui  eft  entre  le  Nil  &  la 
mer  Rouge  ,  &  qui  s'étend  du  nord  au  midi.  Le  pays 
qui  eft  entre  le  Nil  &c  ces  montagnes ,  eft  le  pays  du 
monde  le  plus  fertile  ;  on  eft  obligé  de  jeter  du  lable 
fur  les  rerres ,  pour  qu'elles  ne  portent  point  trop. 
Cette  fertilité  vient  du  Nil  qui  déborde  tous  les 
ans ,  &ferépand  régulièrement  fur  les  terres.  Quand 
il  s'eft  retiré  j  on  fcme  le  froment  qui  en  deux  mois 
pourrit ,  germe ,  fleurit  j  mûrit  &  fe  coape.  Les  an- 
ciens Egyptiens  faifoient  fur  le  mcme  fonds  deux 
récoltes  de  blé.  Aujourd'hui  on  fe  contente  d'une. 
Après  la  moilTon  du  froment,  on  léme  l'orge  dans 
le  même  champ.  L'orge  eft  fuivi  du  ris ,  des  me- 
lons ,  des  concombres  ,  &c.  La  terre  ne  repofe  que 
quand  une  chaleur  exceffive  vient  à  la  delTécher.  De 
forte  que  les  Anciens  ont  eu  raifon  d'appeler  l'if^y/'- 
te  ,  le  grenier  de  l'Univers.  L'Egypte  fournillôic 
vingt  millions  de  boilleaux  de  blé  à  Rome^'  De  la 
Mare,  qui  jultifie  ce  calcul  dans  fon  Traité  de  la 
Police  ,  L.  V.  Tit.  IV.  C.  2.  contre  Conrarini. 

On  dit  la  haute  Egypte  :  la  balFe  Egypte  ;  cette 
divifion  eft  très-ancienne  :  on  la  trouve  dans  le  Li- 
vre de  Tobie,   VIII.  5.  dans  y£thicus  à  la  defcrip- 
tion  de  l'Afie  ,  &  dans  Orofius,  Hijl.  L.  I.  C.  2.  Bo- 
chart remonte  encore  plus  haut ,  &  la  trouve  dans 
le  nom  Mitfrai'm  ,  parce  que,  félon  lui,  c'eft  un 
duel.  La  haute  Egypte ,   ou  l'Egypte  fupérieure  , 
comprenoit  la  Thébaïde   8c  l'Heptanomie  ,  ainll 
nommée ,  parce  qu'elle  étoit  compofée  de  fept  no- 
mes,  ou  petites  contrées.  L'-É'^j/'/e  inférieure  J  ou 
la  balFe  Egypte  ,  n'étoit  autre  chofe  que  le  Delta , 
ou  les  pays  que  fcparoient  Se  qu'arrofoienr  les  fept 
bras,  par  lefquels  le  Nil  le  décharge  dans  la  Médi- 
terranée. Aujourd'hui  on  ajoute  la  moyenne  Egyp- 
te J  qui  fe  nomme  aulli  Béchria,  ou  Demefor ,  de 
qui  comprend  quatre  Cafilifs  ,  ceux  de  Fium  Se  de 
Gifa  au  couchant  du  Nil ,  celui  du  Caire  au  levant 
du  même  fleuve,  Se  celui  de  Suez  le  long  delà  rner 
Rouge.  La  haute  Egypte  ,  qu'on  nomme  aufti  S.iid  , 
eft  l'ancienne  Thébaïde  j  on  y  compre  fix  Cafilifs  , 
qui  font  ceux  de  Girgio  ,  de  Manfelouth  Se  di  Be- 
nifuaif ,  ou  d'Ebsnfuef ,  au  couchant  du  Nil  ;  ceux 
de  Minio  &  de  Cherkefii  au  levant  de  ce  fleuve  ; 
Se  celui  de  Cofiir  le  long  de  la  mer  Rouge.  La  balfe  - 
Egypte  ,  qui  porte  aufti  le  nom  d'Erris  ,   comprend 
quatre  Cafilifs  j  ceux  de  Calioubcch ,  de  Menoulia 


EGY 

d<:  de  Garbia  ,  qui  font  entre  les  bras  du  Nil  qui  | 
forment  le  Delt.i  \  &  celui  de  Manfoura ,  qui  etc  j 
au  levant  de  ce  Heuve.  H  y  a  encore  le  pays  d'Ale- 
xandrie ,  qui  dépend  du  Cafdit  du  Caire. 

La  Capuaie  d'Egypte  étoit  aunetois  Memphis  ^ 
qu'on  a  auilî  appelée  iiabylone,  comme  nous  avons 
eut  fur  ce  mot.  Aujouidhui  c'eit  le  Caire.  L'Lgyp-\ 
te  obéit  au  Turc. 

On  dit ,  les  Pyramides  d'Egypte.  J^oyei  PYRA- 
MIDE. Les  Hiéroglyphes  des  Egyptiens.  Foyei 
LllÉROGLYPHE.Le  Soudan  À'Egypce.  Foy.  SOU- 
DAN. La  fuite  en  Egypte  ,  ell  la  retraite  de  Notre- 
Seigneut  en  Egypte  ,  pour  éviter  la  fureur  d'Héro- 
d'J  ,  Matth.  II.  La  fuite  en  Egypte ,  eft  aulli  iin  ta- 
bleau ,  ou  une  eftampe  qui  repréfente  la  fainte 
Vierge  &:  faine  Jofeph  ,  emmenant  Jf.sus-Christ 
eu  Egypte.  J'ai  une  belle  Juite  en  Egypte ,  d'un  tel 
Peintre.  Les  DynalHes  dEgyptc ,  ce  lont  les  diffé- 
rentes familles'  qui  ont  régné  en  Egypte  ,  Eufebe  , 
Syncelle  ,  le  P.  Riccioli  &  Ulferius ,  ont  donné  des 
fuites  des  Dynalties  d'Egypte. 
Egypte  ,  s'èll:  du  encore  d'une  contrée  particulière  de 
l'Egypte  y  &  du  Nil ,  fleuve  de  l'Afrique  fj  célèbre, 
qu'Homère  appelle  kgypte  dans  l'Odillée  ,  L.  XIV. 
V.  158.  comme  le  pays  où  il  termine  (a  courle.  En- 
fin ce  mot  le  dit  aulli ,  comme  tous  les  autres  noms 
de  pays ,  pour  tout  le  peuple  qui  l'habitoit.  L'Egyp- 
te éc  la  Phénicie  eurent  l'honneur  d'humanifer  les 
Grecs  par  leurs  colonies,  les  inliruilirent  &  les  ci- 
vilifèrent.  Celle-ci  leur  enfeigna  la  navigation  ,  le 
commerce,  l'écriture^  l'autre  les  poliça.  L'une  & 
l'autre ,  par  fes  lois ,  les  mit  dans  le  goût  des  Arts 
&  des  Sciences ,  les  initia  dans  fes  myltères  j  &  pour 
roui  dire  ,  leur  donna  des  Rois  &  des  Dieux.  Tour- 

REIL. 

Coropius  Becanus  croit  que  ce  mot  y^gyptus  , 
j\',y„jjrr«j  peut  être  formé  du  Grec  «'1,  àiys; ^chèvre jôc 
''TiTts  yjupinus  ,  couché,  comme  qui  diroit  couché  , 
iitué  fous  le  ligne  de  la  chèvre.  D'autres  rapportent 
que  les  Grecs  ont  nommé  ce  pays  A<yi/3-r«,  hgypte  -, 
du  nom  d'un  hls  de  Bel  appelé  AiyaTtra;^  Egypte  j  & 
autrement  Armais ,  lequel  commença  à  y  régner 
vers  l'an  i4io.  du  monde  j  1880.  ans  environ  avant 
JefusChrilt.  On  dit  qu'avant  ce  temps-là,  ils  lui 
donnoient  le  nom  d'Acrie. 

Egypte,  en  teçmes  de  fpiricualitc  j  fignifie  le  monde, 
le  monde  corrompu  &  ennemi  de  Jelus- Christ. 
Sortir  de  {'Egypte  ,  c'eft  fortir  du  monde  réellement 
&  eftetlivement,  en  le  taifant  religieux,  ou  feule- 
ment rompre  fes  mauvais  commerces ,  vivre  dans 
la  retraite  &  dans  les  exercices  d'une  vie  dévote. 
Retourner  en  Egypte  ,  c'eIt  reprendre  fes  habitudes 
vicieufes.  Ah  !  qu'il  y  a  peu  de  gens  entre  ceux  qui 
nous  recherchent ,  qui  reviennent  de  Jérufalem  ; 
mais  qu'il  y  en  a  au  contraire  qui  viennent  à!E- 
gypte.  p.  Verj. 

EGYPTEN.  Petite  ville  du  Duché  de  Curlande.  Egyp- 
tus.  Elle  eft  dans  la  Semiga-Ue  j  à  7  lieues  de  BralLiw. 

M  AT  Y. 

EGYPTUS.  f  m.  Frère  de  Danaiis  ,  donna  fon  nom  à 
l'Egypte  où  il  régna.  Il  fut  père  de  cinquante  tils 
qui  époufèrent  les  cinquantes  tilles  de  Danaiis. 

EGYPTIAQUE.  adj.  m.  &  f.  ii'^j/'r/Vw  j  qui  appar- 
tient à  l'Egypte  ,  qui  y  a  du  rapport.  ^gyptL-cus. 
Ce  mot  eft  moins  en  ufage  qu'Egyptien.  On  le  du 
néanmoins.  M.TiUemont  l'a  employé  dans  fon  lEJI. 
des  Empereurs  ,  T.  IV.  p.  3  5.  &  on  le  trouvera  dans 
ce  Didlionnaire-ci  au  mot  Bibliothèque. 

EGYPTIEN  ,  ENNE.  f  m.  &  f  ^gyptius  _,  a.  Nom  du 
peuple  qui  habite  l'Egypte  ,  qui  eft  d'Egypte  ,  ori 
ginaire  d'Egypte.  Les  Egyptiens  prétendoient  ctre 
les  premiers  hommes  du  monde.  Les  Egyptiens 
ont  pallé  pour  les  inventeurs  des  Sciences  ùc  des 
beaux  Arts  :  c'elf  d'eux  au  moins  que  la  Grèce  en 
avoir  eu  connoiflance  ,  fur-tout  de  l'Aftronomie  ; 
mais  il  eft  douteux  s'ils  les  inventèrent ,  ou  s'ils 
n'en  reçurent  point,  au  moins,,  les  premiers  prin- 
cipes des  Chaldéens.  Les  Egyptiens  ont  écc  au- 
ttelois  très  -  fuperftitieux.  Ils  adoroient  jufqu'aux 


Il  G  Y  éo  Z 

animaux  les  plus  vils ,  &  aux  plantes  les  plus  com- 
munes. Les  égyptiens  reçurent  la  foi  du  temps  mê- 
me des  Apôtres,  t'^c  fainclViarc,  Evangéiilie  fut  le 
premier  Evêque  d'Alexandrie.  L'Egypte  produifit 
des  Saints  ,  &  lur-tout  des  Anachorètes  ,  ou'î'.olitai- 
res.  Le  Chriltianifine  y  ell  aujourd'hui  bien  déhgu- 
ré.  Il  y  a  cependant  quelques  Latms  :  tous  les  au- 
tres font  au  moins  Schifniatiques.  Ce  font  les  Cop- 
tes ou  Cophtes.  /^ojxij  cemot.  Mais  depuis  l'mva- 
lion  des  Sarafms ,  &  enfuite  celle  du  Turc  ,  le  Ma- 
hométifme  y  eft  devenu ,  comme  il  left  aujourd'hui^ 
la  Religion  domin;inte.  Les  t^ypciens  padoient  au- 
trefois pour  de  grands  fourbes,  &  nous  avons  quel- 
ques manières  de  parler  fondées  là-delfus.  On  en 
trouve  davantage  dans  les  livres  Grecs  &  Latins. 
Les  Italiens  les  appellent  Ciani  j  &  Cingari  j  les  Al- 
lemans ,  Zigcnner  ;  on  les  nomme  aulli  Gentils  & 
Tartares  j  quelques-uns  les  appellent  Sarafins  ;  les 
Anglois ,  Gypties.  En  Latin  on  ttouve  Aigyptius  , 
&  JEgyptianus.  Munfter,  Geogr.  L.  III.  C.  5.  dit 
qu'ils  parurent  en  Allemagne  en  1417.  noirs ,  brû- 
lés du  Soleil ,  iSc  en  fort  mauvais  arroi  :  que  néan- 
moins ils  taiioient  les  gens  de  qualité  ;  qu'ils  me- 
noient  avec  eux  des  chiens  de  chafîe ,  comme  des 
Nobles  \  qu'ils  avoit:nt  des  palfeports  du  Roi  Sigif- 
mond,  &  d'autres  Princes.  Dix  ans  après  on  les  vit 
en  France.  î^'oye-^  au  mot  Bohémien,  où  vous  ver- 
rez pourquoi  on  les  appela  Egyptiens. 

Aujourd'hui  les  Egyptiens  font  fort  ignorans  j  & 
palTent  pour  être  larrons ,  traîtres  ,  avares  &  grands 
hypocrites.  Maty. 

Le  P.  KirKer  a  tâché  d'expliquer  Aans  fon  (Edl^ 
pus  JEgyptiacus  ^  la  plupart  des  antiquités  ptofa- 
nes  &  facfées  des  Egyptiens.  Voye^  le  Canon 
^^gyptiacus  de  Matsham  j  le  P.  Petau  ,  Riccioli  i 
Uiîerius ,  &c.  Thevenot  dans  fon  Voyage  du  Le- 
vant ,  Coppin  dans  fon  Voyage  dEgypte ,  Bruyn 
dans  ion  Voyage  de  la  Terre  Sainte,  Monconis, 
Pietro  délia  "Valis  ,  parlent  de  l'état  préfent  de  l'E- 
gypte, &  en  rapportent  différentes  particularités. 

M.  Toureil,  de  l'AcadémieFrançoife  j  qui ,  dans 
la  Préface  de  fa  Traduâtiondes  Philippiques  de  Dé. 
mofthene  ,  écrit  Egypte  ,  en  citant  cet  endroit  -  là 
même  dans  fa  Table  ,  il  orthographie  égyptiens  i 
ce  n'eft  point  l'ordinaire  d'écrire  ainfi. 
Egyptien,  enne.  Bohémien  j  vagabond,  difeur  de 
bonne  aventure.  Divinus.  Voye^  BOHEME,  ou 
BOHEMIEN. 

En  Chronologie,  l'année  Egyptienne  eft  de  36c 
jours  règlement  j  &  il  n'y  en  a  aucune  de  366  ,  ou 
bilfextîle  5  comme  dans  les  années  Juliennes.  Ainli 
de  quatre  anS  en  quatre  ans  ,  le  commencement  de 
l'pnnée  Eoyptienne  ,  anticipe  un  jour  for  le  com- 
mencement de  l'année  Juliennej  &  par  conféquentj 
en  1460  années  Juliennes,  il  y  14^1  années  f^y^- 
tiennes  ,  &  pendant  ce  temps-là  le  commencement 
de  l'année  Egyptienne^  ou  le  premier  jour  du  mois 
Thot ,  qui  eft  !e  premier  mois  de  l'année  Egyptien- 
ne,  a  été  liiccellivement  dans  tous  les  ^tîj  jours  de 
l'année  Julienne.  L'Ere  la  plus  fameule  pour  les 
années  Egyptiennes  ,  eft  l'Ere  de  Nabonaiïar  ,  Roi 
des  Chaldéens.  On  s'en  eft  iur-tout  fervi  pour  les 
obfervations  aftronomiques.  L'Ere  de  Nabonaftar 
commence  à  l'an  5  967  de  la  période  Julienne ,  le  i(» 
de  Février  ,  747  avant  la  nailfance  de  pefus-Cluift 
félon  le  P.  Petau  ,  qui  parle  plus  au  long  de  l'année 
Egyptienne  ,  dans  fon  grand  ouvrage  de  Doclnne. 
temporum ,l.-j.c.\i  ,  Sic.  Si  dans  fon  Rationarium 
temporum,  L  1.  e.  ii.  &c.  Cinq  ans  après  que  l'E- 
gypte fut  foumife  à  Augufte,  Vannée  Egyptienne 
devint  en  quelque  forte  année  Julienne  ;  c'eft-i- 
dire  j  que  les  Égyptiens  eurent  de  quatre  ans  en 
quatre  ans  ,  ^66  jours  dans  leur  année.  Ils  reriprent 
toujours  les  noms  particuliers  de  leurs  mois ,  Thot, 
Pœphi  j  Atyr,  Choac  ,  Tybi ,  Méchir ,  l'h.iménoth , 
Pharmuchi ,  Pachon  ,  Payni ,  Epiphi ,  Méfor.  Voy. 
l'Anthologie  Grecque  j  L.  I.  C.  91.  &:  \e  Menoh- 
gium  de  Fabncius ,  p.  iz.  Au  bout  de  ces  douze 
mois,  qui  n'étoient  que  de  50  jouts  chacun,  ils 

G  g  g  S  «i 


€o4         EGY     EHO 

comptoient  cinq  ou  fix  jours  ,  «  ^^''s' >  ''f«'"/',"V''2-,  pouv 
achevei-  le  nombre  de  365 ,  oude  566.  Le  commen- 
cement de  leur  année  demeura  fixé  au  i^  &  au  30 
du  mois  d'Août  de  l'année  Julienne. 

iicYPTiLN.  f^oye:i  Copte. 

HGYPTIENNE.  f.  f.  Etoffe  mélangée  de  poiI,de  fleu- 
ret,ou  de  laine,&c.  que  le  Règlement  de  1667  met 
dunombre  des  fatins  de  Bruges,  des  damas  ca- 
farrs,  des  légatines ,  &c. 

E  Pi. 

EH  j  Exchnmation.  Bcu  !  Interjeûion  d'admiration,  de 
iiuprife.  Eh  !  qui  auroit  pu  croire  que  ,  ôcc 

Eh  !  que  fais- je  aujourd'hui  qu  obéir  à  m  on  fort , 
Et  remplir  mon  deflin  qui  me  doit  à  la  mort  ? 

Mlle  Descartes. 
E  H  A. 

'EHANCHÉ.  Foyei  Déhanché  ,  qui  efl:  plus  en 
ufage. 

E  H  E. 

iÉHENHEIM.  Nom  de  lieu.  Ehenheimia.  Il  y  en  a 
deux  qui  portent  ce  nom.  Le  ptemier  s'appelle  Oher- 
Ehcnheim  ;  c'elt-à-dire  ,  haut-Ehenkeim  :  c  eft  une 
petite  ville  d'Alface  ,  fur  la  rivière, d'Ergers  ,  à 
quatre  lieues  de  Strasbourg  ,  du  côté  de  l'Occident 
méridional.  Ehenheimia  fuperior.  L'autre  qui  le 
nomme  Nidder-Ehenheïm ,  qui  lignifie  has  Ehen- 
heim ,  eft  un  village  voifin  du  haut  Ehenheim.  Ehen- 
heimia injerior.  Ehenheim  ,  ville  autrefois  libre  5i 
Impériale  ,  foumife  enfuite  aux  Eletteurs  Palatins, 
puis  à  la  Maifon  d'Autriche  ,  eft  à  la  France  depuis 
la  paix  de  Munfter  en  1 64S. 

l^HERBER.  v.a..  Herbis  inutiitbus purgare.  Ce  mot  fe 
dit  dans  le  même  fens  que  Sarcler-^  mais  ce  dernier 
eft  plus  ufité.  Il  faut  éherbcr  ce  champ, 

E  H  I. 

ÈHINGEN.  Petite  ville  de  Suabe  en  Allemagne. 
Ehinga.  Ehingen  eft  htué  fur  le  Danube  j  à  qua- 
tre lieues  au-delfus  d'LTlm.  On  prend  Ehingen  pour 
l'ancienne  Dracnina,  ville  de  la  Vindélicie.  Maty. 

Ehingen  ,  eft  auili  un  Bourg  de  Suabe  fitué  fur  le 
Necre,  deux  lieues  audelfus  de  la  ville  de  Tubinge. 
Maty. 

EHO 

ÉHONTÉ  ,  ÉÊ.  f.  Qui  a  perdu  toute  pudeur.  Impu- 
dens ,  os  impurum  y  quem  nihil  pudet.  On  ne  le  dit 
plus.  Cependant  ejfrowr»;',  qu'on  y  a  fubftitué  ,  ne 
lignifie  pas  tout-à-fait  la  .même  chofe. 

Êhonté  ,  ÉE.  Vieux  mot.  Deshonoré  ,  couvert  de 
honte.  Infamis  j  infamatus. 

Voilà  comment ,  pour  le  moins  à  ce  compte  3 
De  votre  fait  n'en  peut  fortir  que  honte , 
Et  déshonneur  3  fi  vous  nêtes  comptés 
Peur  gens  q^ui  font  déjà  tout  éhontés.  Marot. 

Éhonté  ,  paroît  un  très-bon  mot ,  pour  marquer  une 
perionne  qui  a  perdu  toute  honte.  C'eft  un  vieux 
terme  qu'il  feroit  à  fouhaiter  qui  s'introduisît  \  car 
le  mot  ^ effronté  x\Q  fignifie  pas  tout-à-fait  la  même 
chofe  :  il  marque  d'ordinaire  une  hardielfe  trop  li- 
bre à  parler  j  d'où  vient  qu'on  dit  fouvent,  c'eil  un 
effronté  qui  vous  dira  cent  injures;  mais  éhonté 
donne  à  penfer  davant.age  :  le  fens  en  eft  plus  inju- 
rieux. Un  homme  éhonté ,  c'eft  un  homme  qui  a 
perdu  toute  pudeur.  Je  crois  que  ce  mot  marque 
plus  la  corruption  du  cœur;  &  eiffrowre  la  légèreté 
de  l'efprit  &  l'indifcrétion.  Réflexions  fur  l' ufage 
préfent  de  la  Langue  Françoife.  Cette  remarque  n'a 
j)as  fait  faire  beaucoup  de  progrès  à  éhonté ,  qui  eft 
tombé  dans  un  tel  oubli  ,  que  la  plupart  des  Fran- 
çois ignorent  s'il  a  jamais  été  en  ufage. 


EJÂ       EIC 

ÉHOUPER.  V.  a.  Terme  d'Eaux  lie  Forêts.  lEhouvcrun 
arbre,  c'eft-à-dire,  en  couper  la  tête,  le  dcsliono- 
rer.  Decacuminare.  L'Ordonnance  condamne  à  une 
amende  ceux  qui  ont  ehoup:  ^  cbranché  &  déshw< 
noré  les  arbres. 

Ehoupé  ,  ÉE.  part.  Un  aibre  éhoupé, 

EHRESBOUKG.  Ancien  nom  d  un  lieu  d'Allemagne, 
où  étoit  autrefois  l'idole  Irmen feule  ,  adorée  pat 
les  Saxons  ,  &  renverlée  par  Charlemagne.  Ce  heu 
fe  nomme  aujourd'hui  Stadtberg  ,  enWeftphalie, 
dans  l'Evêché  deTadetborne. 

EJA. 

ÉJACULATEUR.  f.  m.  Terme  de  Médecine  &:  d'A- 
natomie.  Nom  que  l'on  donne  à  deux  mufcles  qui 
fervent  à  l'éjaculation  de  lafemc-nce.  Ejaailator.  Les 
deux  éjaculateurs  nailTent  du  fphinéler  de  l'anus , 
&  s'avancent  le  long  de  l'urètre  jufqu'à  fon  milieu  , 
où  ils  s'inlcrent  latéralement.  Dion.  On  appelle 
aulli  éjaculateurs  àQU\  mufcles  du  clitoris  ,  qui  for- 
tent  du  fphincler  de  l'anus,  &  s'avançant  latérale- 
ment le  long  des  lèvres,  s'infèrent  à  côté  du  clito- 
ris. Id. 
ÉJACULATION.  f  f.  Terme  de  Médecine  ,  émif- 
lion  de  la  femence  avec  une  certaine  force.  Ejacu- 
latio  j  jaculatio.  Quand  on  ordonnoit  le  congrès 
dans  les  Officialités  ,  les  matrones  rendoient  té- 
moignage de  réreétion,  de  Tintro million  ,  deVéja- 
culation. 

Ce  mot  vient  du  Latin  ejaculari  j  lancer  en 
haut. 
IJCF  Ejaculation  ,  eft  aufli  un  terme  de  Phyfique. 
Les  Newtoniens  doivent  être  fort  embarralTés  à 
maintenir  l'hypothèfe  d'une  lumière  envoyée  par 
rémillion  ,  par  Xéjaculation  continuelle  des  cor- 
pufcules  du  corps  lumineux.  Mém.  de  Tr.  'L'éjacu- 
lation continuelle  d'une  li  grande  abondance  de 
rayons  ,  qui  fortent  depuis  tant  de  fiècles  du  corps 
du  foleil  ,  auroit  dû  épuifer  il  y  a  long-temps ,  an 
moins  aftoiblirou  diminuer  famalfe.  V.  Emission. 
^fF  Ejaculation  ,  fe  dit  auilî ,  en  matière  de  dévo- 
tion ,  d'une  prière  fervente  j  &  qui  part  du  fen- 
timent. 

^CJ"  Au  refte,  je  crois  que,  dans  ces  occafions,  il 
vaut  mieux  employer  un  terme  fynonyme  ou  équi- 
valent ,  à  caufe  de  l'idée  que  celui  -  ci  réveille  dans 
l'efprit. 
ÉJACULATOIRE.  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  Qui  fe 
dit  de  deux  petits  conduits ,  qui  fortent  des  véficu- 
les  fcminaires.  £'/^c;^/rtrt)r/tf5.  Les  deux  conduits  éja- 
culatoires  n'ont  pas  plus  d'un  pouce  de  longueur  :  ils 
font  larges  proche  des  véficules  ,  &  diminuent 
à  mefure  qu'ils  approchent  de  l'urètre  qu'ils  percent 
enfemble.  Dionis.  On  donne  aulli  ce  nom  aux  vaif- 
feaux  déférens  ,  mais  mal-à-propos ,  dit  le  même 
Auteur. 
ÉJ  AMBER  le  tabac.  C'eft  en  ôter  la  grofte  côte  qui  eft 
au  milieu  de  chaque  feuille. 

E  I  C. 

EICÈTES.  f.  m.  Hérétiques  du  VIF  liècle,  qui  pro- 
felfoient  la  vie  monaftique.  Sur  ce  qu'il  eft  dit  dans 
l'Exode  ,  que  Moyfe  &  les  enlans  d'Ifraël  avoient 
chanté  un  cantique  à  la  louange  du  Seigneur  ,  après 
qu'ils eurenrpairé  la  mer  rouge,  où  leurs  ennemis 
périrent ,  les  Eicètes  étoient  perfuadés  qu'il  falloir 
chanter  &  danfer  pour  bien  louer  Dieu  ;  &,  comme 
Marie  la  Prophételle,  fœur  de  Moyfe  &c  d'Aaron, 
avoir  pris  un  tambour  en  fa  main  dans  la  même  oc- 
calion ,  &  que  toutes  les  femmes  avoient  fait  la 
même  chofe ,  &  témoigné  leur  joie  par  des  danfes , 
les  Eicètes  tâchoient ,  pour  mieux  imiter  cette  con- 
duite ,  d'attirer  chez  eux  des  femmes  qui  failoient 
aufli  publiquement  profellion  de  la  vie  monaftique. 
M.D.C.  , 

On  écrit  auni  HÉICÈTE,ou  HICÈTE  ^  comme 
l'on  prononce. 


j> 


EîC     E  IG 

EICFÊLD.  Pecir  pays  de  la  BalTe-Saxe  en  Allem.if^ne. 
Ekjckfddia.  Les'Mlemans  écrivent  Eijchjddc.  Ce 
pays  eil  borné  par  la  Thuringe,  la  Helle  ,  ..^  le 
Duché  de  Bcunrwicli  ,  dont  il  étoit  autrefois  une 
paaie.  Oihon  de  Bruni wich  le  vendu  l'an  13(^5  à 
1  Archevêque  de  Mayence  ,  dont  les  lucceireuis  le 
polTedent  encore  aujourd'hui.  Les  lieux  princi- 
paux font  Duderftat  ,  capitale  ,  &  Heylinllat. 
Maty.  ,    . 

EICOSAEDRE.  f.  m.  Terme  de  Géométrie.  C  eft  un 
corps  qui  a  vingt  faces  égales  j  un  compofé  de  vingt 
triangles  équilatéraux  &  égaux  entr'eux,  &  qui  ell 
le  dernier  des  cinq  corps  réguliers.  Icojacdrum.  ^ 

Ce  mot  vient  de  '«»"  ,  vingt ,  &  de  'ih"-,  fiège , 
affiette ,  parce  que  VEkofaédre  ,  ou  icojucdre  ,  a 
vingt  furfaces,  fur  lefquelles  il  peut  s'arrêter. 

EID. 

EIDER.  Rivière  d'Allemagne.  Eydera,  Eydora.  L'£>- 
dera.  fa  fource  vers  la  mer  Baltique  ,  à  deux  lieues 
de  Kiel ,  coule  d'Orient  en  Occident  entre  les  Du- 
chés d'Holftein  &  de  Slefwich ,  &:  fe  décharge  dans 
la  mer  d'Allemagne  un  peu  au-delTous  de  Ton- 
ningen. 
^J'  EIDER.  f.  m.  Efpèce  de  canard  de  mer  ,  relTem- 
blant  b-aucoup  au  canard  ,   dont  on  tire  le  duvet 
pour  faire  des  lus.  Anus  plumis  molUJJimis .  Foye-{ 
Edredon. 
EiDERbTÈOE.  Petit  pays  du  Duché  de  Slefwich  en 
Danemarck.  Eyderftadia.  Il  s'étend  le  long  du  bord 
feptentrional  de  l'Eider  ;  &c  Tonningen  on  eft  la  ca- 
pitale. 

Le  Gouvernement  A'EiderJl^de  j  Eid&rftadlenfis 
Préifeclura. ,  elt  une  Prefqu'ille  formée   par  l'Eider 
ërZ  h  mer  d'Allemagne.  II  comprend    \'EyderJièdc 
qui  lui  donne  fon  nom  ,  le  pays  d'Evefchop  au  nord 
de  VE'idajlède  j  &c  celui  d'Qtholm  ,  qui  ell  au  le- 
vant des  defix  autres.  Ce  pays  s'appeloit  autrefoisia 
Frife Mineure,  fn/a  Mirior  ^  la  Frife  Cimbrique  , 
FnfiaCinibrïca-^  la  Frife  Septentrionale,  FnfiaSep- 
tentrlorfalis  \   la  Frife  de  l'Eider  ^  Frijia  Eiderenjis. 
EIDGENOSSEN  ,  EIDGNOTTES,  EIGNOTS.  Le 
premier  eft  allemand  ,  les  autres  en  font  corrom- 
pas.  Ce  mot ,  qui   ne  fignihe  que  Confédérés ,  fe 
prend  en  particulier  pour  les  cantons  &  pays  qui 
font  membres  du  Corps  Helvétique  ;   &,  comme 
une  grande  partie  de  cette  République  profelfe  la 
.•>  Religion  Protellanre ,  il  efl:  alfez  vraifemblable  que 
de-li  vient  le  nom  de  Huguenots,   que  le  peuple 
a  mal  pris  pour  un  nom  de  fe£te  ,  &  non  pas  pour 
un  nom  de  peuple. 

El  F. 


EÎH     El  S 

quet  ,  elle  va  fe  décharger  dans  le  Rhône  à  côté 
d'Orange.  Corn. 

E  I  H. 

EIHAM.  Abbaye  de  Flandres  proche  d'Ouàenardiî. 
Eïhamum.  Elle  fut  bâtie  par  Baudouin  de  Lifle, 
Comte  de  Flandres  j  &  donnée  aux  Bénédidins 
l'an  106}.  Scu'icc-Munhe y  Call.  Chtijî.  Tom.IV, 
p. 364, 

E  I  L. 


EILE.  Voyei  Haly, 


E  I  M. 


EIMBEK.  Petite  ville  du  Duché  de  Bninfwick  dans 
laBalFeSaxe.^^w/î'ecra.  Elle  eft  dans  le  quartier  de 
Grubenhagen  ,  près  de  Leine  ,  entre  les  villes  de 
Gottingen  &  de  Hildeshein.  Euhbck ,  qui  étoit  au- 
trefois ville  Impériale  &:  libre  ,  dépend  aujourd'hui 
de  la  Maifon  de  Bruniwick.  Maty.  Long.  17.  d. 
58'.  lat.  5 1.  d.  46'. 

EIMOUTiER.  Petite  ville  de  France.  Andmon-ajîe- 
rium.  Elle  elt  fur  la  Vienne  ,  dans  le  Diocèfe  de  Li- 
moges 5  à  fept  lieues  au  levant  de  cette  ville. 

El  N. 

EINDOVEN.  Petite  ville  du  Brabant  HoUa^ols ,  fur 
le  Dommel  ,  à  fix  lieues  au-delfus  de  Boifleduc, 
Elndhovia.  Maty. 

EINE.  f.  m.  Inguen.  Foye-[  Aine. 

EINS.  Vieux  mot  j  qui  (îgnific  jamais. 

EINSIDELN  ,  ou  EINSIDLEN  ,  en  François  XErmi^ 
tdge ,  ou  Notre-Dame  des  Ermites  ,  en  Latin  C'œ- 
noblum  D.  Virgiriis  ad  Eremitas.  Bourg  de  SuilFe  , 
dans  le  Canton  de  Suitz  ,  avec  une  ancienne  &  ri- 
che Abbaye  de  Bénédidins  j  dont  l'Abbé  a  titre  de 
Prince. 

EJO. 

ÉJOUIR.  v.  a.  Hilarare  ,  gratular! ,  plaudere.  Ancien 
mot  qui  fignifioit  la  mcine  chofe  que  réjouir  ,  &  fe 
joignoit  avec  le  pronom  perfomiel,  s'éjouir.Gaudi- 
re  ,  Uturi.  Marot  s'en  elt  fervi. 

A  celle  fin  que  ton  dernier  vouloir 
Du  tout  mefajfe  éjouir  ou  douioir. 


E  I  P. 

EIPAN.  Lieu  de  la  Terre-Sainte  ,  dans  Jofeph  ,  An- 
tiq.  FI  IL  3 .  mais  M.  Réland  croit  avec  beaucoup 
de  raifon  que  c'eft  un  nom  corrompu.  Toutes  les 
villes  que  nomme  en  cet  endroit  Jofeph  ,  font  rap- 
portées de  même  ,  &  dans  le  même  ordre  par  l'Au- 
teur du  IF  Livre  des  Paralipomènes  XI.  6.  maisj  au 
lieu  de  Ei;Ta»  ,  Eipan  ,  il  y  a,  /13  ,  Gath.  Ainfi  cet 
Auteur  croit  que  de  njOK,  Jofeph  avoit  fait  etpaa  j 
que  de  là  s'ell  fait  par  la  faute  des  Copiftes  etfan  , 
&  enfuite  E'nAN. 

EIRÈNE.  f.  f.  DéetTe  de  la  paix  chez  les  Grecs.  Foy. 
Paix. 

E  I  S. 

EISACH  ,  ou  EISOCH.  Rivière  d'Allemagne.  Eifa- 
chus  ,  Ifochus.  Elle  baigne  Brixen  darks  le  Tirol,  &C 
Bolfmo  dans  le  Trentin  ,  &  fe  jette  peu  après  dans 
l'Adige. 

EISCHFELDT.  Foy.  Eichfeld. 

EISCHTET  ,  ou  AiSCHTET.  Eifiacum  ,  Eifladium; 
Qwcfrcc/'o/ii'j  Z)ryo;7o//j.  Ville  d'Allemagne  dans  le 
Cercle  de  Franconie  ,  dans  le  Nordgaw ,  fur  les 
confins  du  haut  Palatinat,  de  la  Bavière  &  de  la 
Franconie.  L'Evèché  à'Eifchtet  fut  établi  en  74*^' 
par  S.  Boniface  ,  &  fondé  par  le  Comte  Suigger  de 

^^  ..,„ ., -r -,   .>.....  _.., Hirchsberg. 

çois  i  & ,  après  avoir  palfé  à  Nions  &  à  S.  Tron-l  EISENACH.  Ville  du  Cercle  de  la  Haute-Saxe.  Eift- 


EIFFEL ,  ou  EIFFLE.  Petit  pays  d'Allemagne  ,  qui  eft 
en  partie  dans  l'Archevêché  de  Trêves ,  &  en  partie 
dans  le  Duché  de  Juliers.  Eiffalia.  MATwEJlia, 
Eijiia.  Hadr..  Valois. 

E  I  G. 

EIGNES,  AIGNES  ,  ou  AGNES,  f.  m.  pi.  On  ap- 
pelle ainh  en  Champagne  les  raifinstués  de  delfous 
le  prelfoir ,  h  maïc  des  raiùns.  Eignes  vient  appa- 
remment du  mot  Latin  ign's ,  feu  ;  tant  à  «.auie  de 
la  chaleur  des  ei^/îe^,  que  parce  qu'ordinairement 
on  les  briàle  dans  l'alambic  pour  en  faire  de  l'eau- 
de-vie  ,  ou  au  feu  pour  en  avoir  des  cendres.  Nous 
avoiis  dans  notre  Langue  le  mot  Ignée ,  qui  a  la 
même  origine.  Les  eignes  éparpillées  fur  le  grenier 
détruifent  les^i^rençons.  L'Auteur  du  Spedacle  de 
la  Nature  écrit  aines  ,  Si  dit  qu'on  en  tire  une  eau- 
de-vie  de  mauvais  goût ,  mais  qui  eft  utile  pour  les 
blelFiires  ,  &  pour  bien  d'autres  ufages. 
EIGUEZ.  Rivière  de  France  qu'on  nomme  autrement 
Algue.  Icarus  3  Aigarus  3  Migarus.  Elle  a  fa  fource 
dans  les  montagnes  du  Dnuphinc  ,  vers  le  Gapen- 


6o6 


E  I  S     E  K 


nacum,  Ifcnacum.  Elle  eft  fitiiée  au  confluent  de  la 
rivière  d  Hcriel  dans  celle  de  Nella  ,  à  lîx  lieues  au 
midi  de  Ivlulhaufen.  tij'aiach  ctou  autreiois  ville 
libre  &;  Impéiiale  ,  &  failbit  grand  commerce  de 
fer.  Aujourd'hui  elle  eft  capuale  d'un  Duché.  Long. 
iSJ.  d.  b  .  lac.  50.  d.  59'. 

Le  Duché  iXEiJcnach  j  Fïfenaanfis  ,  ou  Ifcna- 
cenjis  ducatus ,  eft  un  petit  Etat  de  la  Thuruige  dans 
le  Cercle  de  la  Haute-Saxe.  Il  eft  entre  le  Duché  de 
^Gotha  &  la  Helle  j,  &  appartient  à  la  Maifon  de 
Saxe-Weimar.  Marcklal  ,  château  fur  la  Verra,  eft 
la  réhdence  de  fes  Ducs. 

EISENTHORN.  Quifignifie  Porte  de  fer.  Porta  fer- 
rea  j  PyUJ'erreà!..  C'eft  le  nom  d'un  palTage  tort 
difficile  ,  pour  entrer  dans  la  Tranfilvanie.  Il  eft 
aux  confins  de  cette  Principauté ,  de  la  Valaquie 
d<.  de  la  Haute-Hongrie  ,  &  donne  Ion  nom  à  toute 
une  chaîne  de  montagnes  prefque  inacceflîbles  qui 
environnent  la  Tranfilvanie  du  côté  du  midi.  On 
les  appelle  aulfi  Viskapu. 

EISETERIES.  f.  f  pi.  Fêtes  célébrées  à  Athènes  , 
lorfque  les  Magiftrats  encroient  en  charge.  (  Sui- 
das). On  s'aflembloit  dans  le  Temple  de  Jupiter  & 
de  Nlinerve  dd  bon  Confcll ,  (  Confultorum  )  &i  l'on 
y  faifoitdes  prières  &  des  vœux  pour  la  conferva- 
tion  de  h  République.  uTKt'^io,.  (  Anciphon.  Ora;. 
pro  Choreutâ  ). 

EISSIR  ,  ou  plutôt  IJJir ,  vieux  mot  ,  qui  fignifie 
fortir ,  Je  dont  il  nous  eft  demeuré  i£u  ,  qui  eft  un 
terme  oq  généalogie  ,  pour  due ,  forti,  deicendu  j 
&  ijjue  ,  pour  dire ,  fortie. 

EITDEVET.  Ville  ancienne  d'Afrique  ,  dans  la  Pro- 
vince de  Héa  ,  au  Royaume  de  Maroc. 

E  IX. 

ElXSE.  Excifum.  Ce  lieu  étoit  dans  la  Guyenne ,  à  14 
milles  de  Bordeaux  &  à  i  5  dcLskoare.  Hadr.  Fa- 
lois  y  Notit.  G  ail.  p.  i7^. 

E  K  E. 

ÉKÉLENFORD.  Petite  ville  du  Duché  de  Slefwick  , 
en  Jutland  ,  fur  un  petit  g.dfe  de  la  mer  Baltique  , 
entre  Kiel  &  Slefwick.  Ekdenfordia.  Ekcknford  eft 
un  port.  Je  le  trouve  auifi  nommé  EkéUmbourg  dans 
Hoftman.  Long.  z^.  d.  5  ^'.  iat.  54.  d.  40'. 

ÉKÈREN.  Village  des  Pays-Bas,  dans  la  Campine, 
à  2  lieues  au  nord  d'Anvers.  La  journée  à'Ekéren. 
Les  François  &  les  Efp.agnols  battirent  les  Anglois  &; 
les  HoUa'ndois  à  Ekéren  ,  l'an  1703.  le  50^  de  Juin. 

ÉKÉSIO  ,  ou  ÉKÉSIE.  Ville  de  Suède  dans  la  Pro- 
vince de  Sinalande.  Ekesium.  Elle  eft  fur  la  rivière 
d'Arby  ,  environ  à  dix-huit  lieues  de  Calmar  , 
vers  le  Nord-Oueft. 

E  K  M. 

ÊKMIAZIN.  Monaftcre  de  Moines  Arméniens  ,  fitué 
ptoche  de  la  ville  d'Erivan  en  Perfe.  Ekmia^inum. 
Le  Monaftère  â'Ekmia^in  eft  comme  le  centre  &  le 
fanûuaire  de  la  Religion  Arménicnne,&  la  règle  de 
toutes  les  autres  Egliles  pour  la  difcipline.  On  l'ap- 
pelle ordinairement  Trois Eglifes,  à  caufe  qu'outre 
l'Egllfe  du  Couvent  ,  il  y  en  a  deux  autres  alfez 
proche  ,  dont  l'une  fe  nomme  Sainte  Caïane  ,  & 
l'autre  Sainte  Rapdmée.  Il  y  a  dans  ce  Couvent  des 
logemens  pour  les  Etrangers  qui  viennent  le  vifiter, 
&  pour  quatre-vingt  Moines.  Le  Chevalier  Char- 
din dit  qu'il  n'y  en  a  communément  que  douze  ou 
quinze.  Le  P.  D'Avril,  de  la  Compagnie  de  Jefus, 
qui  a  été  dans  ce  même  Monaftère  en  1605  ,  dit 
que  la  Communnuté  étoit  de  50  ou  60  Religieux  ; 
ce  qui  a  été  confirmé  par  l'Evèqne  d'Hifpahan  ,  P. 
HÉlyot  ,  T.  J.  C.  V.  Autrefois  les  Arméniens 
fchifmariques  n'avoient  qu'un  Chef,  qu'ils  nom- 
moient  Seigneur  fpirituel ,  qui  étoit  trcs-puilTant 
pnur  le  temporel  ,  &  qui  faifoit  fa  réfidence  au 
Monaftère  aEkmia^irr^  mais,  depuis  que  les  guer- 


EL     ELA 

res  ont  obligé  ce  Patriarche  de  tranfporter  fon  fiège 
à  Cis ,  dans  l'Arménie  Mineure,  ou  Caramanie  , 
l'Archevêque  de  cette  ville  a  ulurpé  aufti  la  qualité 
Patriarchale ,  qu  il  a  peu  à  peu  établie  &:  afietmie  ; 
de  forte  que  l'on  compte  préfentement  dans  cette 
Eglif;  fchifmatique  deux  Patriarches  univerfels  , 
l'un  au  Monaftère  à^Ekmia^in  ,  &  l'autre  à  Cis  : 
néanmoins  celui  qui  rélide  à  tkmia-^in  a  retenu  fa 
fupériorité  &  l'autorité  fur  tout  le  peuple  Armé- 
nien ,  avec  le  titre  de  Supérieur  fpirituel.  Id. 

EL. 

EL.  Les  Anciens  terfninoient  en  el  tous  les  mots  qui 
ii\-\\\{nx\iQX\eau.  Sup.  auGlojj.  du  Ron  de  la  t\o]e^ 
au  /77if  Carnel.  Foy.  Beau  dans  le  Didtionnaire. 

EL.  f.  f.  Nom  propre  de  Dieu.  El.  hortis  Deus.  Entre 
les  noms  que  l'Ecriture  donne  à  Dieu  ,  le  nom  à' El 
n'eft  pas  celui  qu'il  importe  le  moins  de  connoître 
exaétemeni.  P»Souc.  Les  anciens  interprètes  le  tra- 
duifentDieu  Fort,  très-fort.  Les  Septante  fubfti- 
tuent  quelquei^ois  quelque  autre  nom  au  lieu  de 
traduire  celui d'i/,  P.  CL.  i.  Seigneur  .•  i/i  Xlf. 
15.  Ciel;  Job.  XX.  19.  Surveillant  ,  Intendant  , 
iîTie-rfoîrof.  Reuchlim  lui  donne  aufti  la  fignification 
^aux'diator.  Celui  qui  fecourt  :  mais  elle  eft  fans 
fondement.  Le  fentiment commun  eft  que  £V,  Sx, 
vient  du  verbî  inufité  S'N  ,  II, ou,  SiN  ,  oui,  qui 
a  la  lignification  de  force  Se  de  puiftance.  Dans  les 
Diflertations  du  P.  Souciet,  Jéfuite  j  il  y  en  a  une 
fur  le  nom  de  Dieu  El,  où  l'on  explique  tout  ce 
que  l'on  peut  favoir  de  ce  nom. 

ELA. 

ÉLABORATION,  ff.  Travail,  aétion  par  laquelle 
une  chofe  eft  perfeétionnée.  On  fe  ferc  de  ce  terme 
en  médecine  j  pour  exprimer  les  différens  change- 
mens  que  fubilfent  le  chyle  ,  le  fang  ,  la  lymphe  &C 
les  autres  humeurs  ^  par  lefquelles  elles  acquièrent 
les  qualités  convenables  pour  les  ufages  auxquels 
elles  font  deftinées.  Le  fuc  de  la  terre  dans  ces 
tuyaux  fubit  des  fermentations  &  des  élaboradons 
différentes ,  qui  le  changent  confidérablement.  LÉ- 
MERY.  L'élaboration  du  chyle ,  auquel  les  fels  de 
l'eftomac  travaillent.  Journ.  des  Sav.  1719.  p- 
58J. 

ELABOURER.  v.  a.  Formé  du  mot  Latin  elaborare. 
Travailler  avec  foin  &  application  à  quelque  oiv» 
vrage.  Il  n'eft  plus  en  ufage ,  fi  ce  n'eft  au  participe, 
où  il  ne  fe  dit  qu'en  plaifantant.  Tout  ce  qui  fort 
des  mains  de  cet  Artifan  ,  de  ce  Peintte  ,  eft  artif- 
tement  elabouré. 

On  dit  particulièrement  en  Médecine  ,  que  du 
fang  eft  bien  elabouré  :  fanguïs  verus  ,  faclus,  benh 
tcmperatus  ;  quand  il  eft  bien  conditionné  ,  quand 
la  nature  a  eu  foin  de  le  bien  perfedionner.  M. 
Lémery  dit  toujours  élaboré ,  Se  jamais  élabourS. 
Cette  portion  de  la  liqueur  qui  eft  dans  les  veines 
ne  diftcre  du  chyle  ,  qu'en  ce  qu'ayant  circulé  quel- 
que temps  avec  la  liqueur  fanguine  elle  eft  un  peu 
plus  élaborée  que  lui.  Lemery.SI  le  chyle  alloit  de 
fon  réfervoir  droit  aux  mamelles  ,  il  ne  feroit  point 
encore  affez  perfedionné  &  élaboré  pour  produire 
un  bon  lait.  Id.  Sans  l'eau  j  rien  ne  pourroit  être 
élaboré àxv\%  la  nature.  Id.  M.  Dionis  retient  le  nom 
à' elabouré.  Il  faut  que  le  chyle  par  la  chaleur  qu'il 
trouve  dans  le  cœur  j  Se  par  la  comprefïion  qu'il  y 
fubit ,  foit  elabouré ,  atténué  Si  fermenté  à  plufieurs 
reprifes.  Dionis.  On  ne  dit  plus  ni  l'un  ni  l'autre. 

ÉLA-CALLI.  f  m.  Nom  d'un  arbriffeau  qui  croît 
dans  quelque  contrée  des  Indes  Qrientales  :  il  aime 
les  lieux  fablonneux  j  &  s'élève  à  deux  fois  la  hau- 
teur de  l'homme.  On  broie  l'écorcede  fa  racine  j& 
on  la  fait  prendre  dans  de  l'eau  ,  où  l'on  a  lavé  ou 
fait  bouillir  du  ris ,  dans  les  hydropifies.  Ses  feuilles 
féchées  fur  le  feu  provoquent  les  urines  ,  &c.  Dict. 

DE  jAAir.S. 

ÉLi£-AGNUS.f.  m.  Arbriffeau  donc  il  y  a  plufieurs 


1 


E  L  Â 

•&rpèces ,  une  j  entre  autres,  qu'on  Tiofnmc  Olivier 
de  Bolième.  Son  irait  eft  iemblable  à  celui  de  l'O- 
livier. 
EL/£OMELI.  f.  ni.  Terme  de  Droguifte.  Lohcl  & 
Pena  ont  donné  ce  nom  .à  une  elpèce  de  manne  , 
qu'ils  avoient  obfervce  à  Montpellier  lur  les  Oli- 
viers. M.  Tournefort  ena.iudl  cueilli  en  automne 
fur  les  mêmes  arbres  aux  environs  d'Aix  &  de  Tou- 
lon, ^c.  t/ej' ^«t/zc.  i6^<).  Méin.  p.  101.  EUùmeli. 
Ge  mot  ell:  compofé  de  'ea«iov  ,  huiù  ,  ou  de  Uxit , 
olive  ,  &r  /"■•'^i,  mi^l.  Comme  qui  diroit  miel  d'oli- 
vier. C'eft  le  fuc  elfentiel  de  cette  plante, qui  tranf- 
fude  &  s'cpailli:  fur  les  feuilles  ou  les  branches. 

L'éUomeli ,  qui  eft  une  huile  plus  épailfe  que  le 
miel ,  &:  douce  au  goût ,  coule  du  tronc  d'un  arbre 
À  Palmyre  ,  contrée  de  la  Syrie.  Deux  cuillerées  de 
cette  huile ,  prifes  dans  une  hémine  d'eau  j  éva- 
cuent par  les  îelles  les  humeurs  crues  &  bilieufes  : 
mais  les  malades  qui  ont  recours  à  ce  remède  ,  font 
attaqués  d'engourdilfement  j.  !k  perdent  leurs  for- 
ces ;  cependant  il  ne  faut  pas  fe  lailler  épouvanter 
par  ces  lymptômes.  Koye~  le  Dicl.  de  James, 
ELAGABALE.  f.  m.  Surnom  que  l'on  donnoir  au  fo- 
leil  dans  la  ville  d'Emellë ,  où  il  étoit  honoré.  Ela- 
gahalus  ,  Alagabalus.  Cat  on  ne  peut  douter  que  ce 
ne  fut  le  Soleil  j  puifque  Dion  &  Hcrodien  le  ren- 
dent par  lÎA/îs- j  Soleil ,  &  que  l'on  trouve  d'ancien- 
nes infcriptions  qui  portent  SOL  ALAGABALUS  , 
Se  fur  les  médailles  du  dernier  Anconin  SACER- 
DOS  DEI  ELAGABALI.  Une  autre  médaille  du 
même  porte  au  revers  SANCT.  DEO  SOLI  ELA- 
GABALO.  Hérodien  &  Capitolin  dilent  que  c'ert 
le  nom  que  les  Phéniciens  donnent  au  foleil  ;  mais 
Lampridms  écrit  que  les  uns  le  prennent  pour  le  fo- 
leil ,  &  les  autres  pour  Jupiter. 

Au  refte  ,  ce  nom  fe  trouve  différemment  ex- 
primé dans  les  Auteurs  qui  en  parlent.  Hérodicn 
diz  Heleagjbalus  j  Capitohn  &  Lampridius  Helio- 
gabdlus-^  Xiphilin  Elegabalus  Sc  Heliogabalus  \ 
Photius  Elagabalus  &  Lagabalhs.  Il  eft  clair  que  ce 
nom  eft  ccmpofé  de  deux  mots ,  dont  il  n'y  a  point 
à  douter  que  le  premier  ne  l'oit  n^x  ,  Eloah  ,  ou  , 
comme  les  Syriens  prononçoienr,  alaah  _,  &  allah  , 
félon  la  prononciarion  des  Arabes.  Le  fécond  eft 
plus  difHi.ile  à  trouver.  Il  femble  que  ceux  qui  pré- 
tendoient  que  Elagubale  tiit  Jupiter,  aient  ^iis  gdba\ 
pour  bagal ,  par  métachèle.  En  ce  cas  ,  bagal  ieroit 
-le  Baal  des  Phéniciens  qui  s'écrit  hj}2  ,  par  un  ain, 
,-  lettre  qui  s'exprime  fouvent  par  un  g.  Ce  fécond 
nom  pourroit  aulîi  être  K"îan,  hhabalah  _,  qui  figni- 
'fie  corruption  \  le  hhet  fe  change  quelquefois  en 
i:\  &  ce  nom  convient  fort  à  Apollon  ,  qui  pallôit 
chez  les  Anciens  pour  un  Dieu  qui  amenoit  la  cor- 
luption  &  la  pefte.  Bien  plus  ,  c'eft  de  ih^n , 
hhûlulah  ,  que  les  Syriens  prononçoienr  nSiDu  , 
hhaboulah  j  que  le  nom  d'Apollon  s  elt  formé.  Mais 
quelque  vraifemblable  c\ue  cerre  étymologie  puilfe 
paroîtrej  il  eft  encore  plus  naturel  de  tirer  ce  nom 
de  V^J ,  qui  ,  en  Syriaque  &  en  Phénicien ,  fignitie 
former  ,  jormare  ,  /ingère  ;  de  forte  qii  Elagabalus 
foit  la  même  chofe  que  N2'D3  NnVx  j  Âlaha  gabila, 
c'eft-à-dire  ,  /e  Dieu  j  armateur  ^  Créateur,  Auteur 
de  toutes  choses.  En  effet  ,  Ammien  Marccllin,  L. 
XVII.  &  Porphyre  dans  Eufcbe,  Prsp.  Evang.  L. 
III.  C.  4.  nous  apprennent  que  le  Soleil  étoit  ap- 
pelé par  les  Grecs  xr/frif.  Créateur.  Tel  eft  le  fenti- 
ment  de  FuUerus ,  Mifccll.  L.  I.  C.  14.  Voftius  l'ap- 
prouve aulfi,  &  le  fuir ,  De  Idol.  L.  II.  C.  5.  Foy. 
encore  Scaliger  fur  Eusèbe  ,  &  Cafaubon  fur  Lam- 
pridius. 

Le  Dieuf/iî^a^ff/eetoitreprcfenté  fous  la  figure 
d'une  grande  pierre  en  forme  de  cône  :  c'eft  Héro- 
dien  qui  nous  l'apprend,  &  les  médailles  confir- 
ment ce  (qu'il  en  dir.  Foye-^ç^  Tristan  ,  T.  II.  p. 
X10.  Se  ci-deffus  au  mot  B.€tile  ,  Se  au  mot  Aba- 
DiR,  cequenoi'is  avons  dit  de  ces  fortes  de  pier- 
res. Le  dernier  Antonin  ,  que  nous  nommons  com- 
niUBement  Elagabale  ,  fit  apporter  le  Dieu  Hélio- 
cabale  ,  ou  Elcagabal,  d'Emcfe  à  Rome  ,  où  il  lui 


E  LÀ  Uf 

fît  bàrir  un  temple  fort  magnifique  ;  &  il  l'honoroir 
avec  des  cérémonies  inconnues  jufqu'alors  à  cette 
ville.  Il  vouloit  qu'on  ne  reconnut  point  d'autre 
divinité  dans  toute  la  terre  ,  6c  prctendoit  y  fou- 
metcre  la  Religion  des  Juifs  &  des  Samaritains  ,  & 
la  dévotion  des  Chrétiens  ,  dit  Lampnduis.  Les 
Payens  fentoient  une  extrême  douleur  de  voir  ce 
nouveau  venu  préféré  à  leur  Jupiter.  Elagabale  vou- 
lut tranfporter  dans  fon  temple  le  feu  de  Vefta  ,  la 
Itatue  de  Cybèle  ,  les  boucliers  de  Mars  ,  Se  tout 
ce  que  les  Romains  conlervoient  avec  le  plus  de 
refpeéf  &  de  vénération.  Il  profana  pour  cela  tous 
les  lieux  qu'ils  eftimoient  les  plus  facrés.  Il  tir  ap- 
porter de  Catthage  l'idole  de  Célefte,  qae  toute 
l'Afrique  révéroit  extrêmement.  On  prétenduit  que 
c'éïoit  la  Lune  ;  c'eft  pourquoi  Elagabale  difoit  qu'il 
la  vouloit  marier  avec  fon  Dieu  ,  qu'on  prétendoit 
être  le  Soleil.  Il  en  fît  célébrer  les  noces  à  Rome  Se 
dans  toute  l'Italie,  &:  il  cbligea  tous  les  fujsrs  de 
l'Empire  à  lui  faire  des  préiens  de  noces.  Enfin 
l'Empereur  Alexandre  le  lit  rapporter  à  Emèfe  , 
comme  tous  les  autres  Dieux  que  Elagabale  avoir 
fait  apporter  à  Rome  j  qu'il  renvoya  tous  dans  leur 
pays  Se  dans  leurs  remples ,  ainfi  que  le  rapporte 
Hérodien  ^  Liv.  VI.  Foye:^  Tillemont  dans  f/c- 
^a/?'i?/f,  qu'il  appelle  Héliogabale,  (Se  dans  Alexandre- 
Sur  ce  que  nous  avons  dit  de  ce  mot ,  on  a  oh- 
jeété  que  M.  Fleury  ,  Hijl.  Eccl.  L.  F.  n.  47,  dit  que 
ce  mot  Syrien  (ignilîe  Dieu  des  montagnes.  L^Idole, 
dit-on  ,  du  Dieu  des  Montagnes  n'étoit  qu'un 
gros  caillou  noir  ,  formé  en  cône  ,  que  l'on  di- 
foit être  tombé  du  Ciel.  Elagabale,  mot  Syrien  , 
ne  fauroit  lignifier  Dieu  des  montagnes.  733  ne  li- 
gnifie point  montagne,  ni  rien  d'appiochanr  en  Sy- 
riaque ,  c'eft j?/z.v/r,  jorma\it.\\  ne  le  lignifie  pas 
non  plus  en  Hébreu:  cedterminavit  j  limttavify  ni 
en  Chaldéen  :  c'eft  la  même  fignification  qu'en  Hé- 
breu ,  Se  de  plus  il  veut  dire pirijlt ,  fubegit.  Il  n'y  a 
qu'en  Arabe  qu'il  pourroit  peut-être  fignifîer  mon- 
tagne ;  mais  ce  mot  n'eft  point  Arabe  ,  ni  en  ufage 
chez  les  Arabes.  De  plus  ,  on  confond  apparem- 
ment le  Dieu  Elagabale  avec  les  Abadirs  Se  les  6.1:- 
tyles ,  dont  nous  parlons  en  leur  place  ,  ou  avec  la 
pierre  en  forme  de  cône  ,  qui  n'eft  point  du  tout 
le  Dieu  Elagabale.  Il  faut  s'en  tenir  à  ce  que  nous 
avons  dir. 
Elagabale,  eft  auftl  le  furnom  du  dernier  Empereur 
Romain  de  la  famille  des  Anronins  ,  appelé  M.  Au- 
rêle  Antonin  Vère,&  furnommé  Elagabale  ,  parce 
qu'avant  que  d  être  Empereur ,  il  avoir  été  Prêtre 
du  Dieu  Elagabale.  Le  P.  Valfechi  ,  Bénédiétin  d'I- 
talie ,  a  fait  une  DilTertation  fur  le  commence- 
ment de  la  puilfince  Tribunicienne  de  l'Empeieuc 
Elagabale.  Occo  rapporte  deux  médailles  où  cet  Em- 
pereur lui-même  eft  nommé  Elagabale  ^  l'une,  p. 
400.  Imp.  C^s.  m.  Avr.  ^nto.  Elagab.  Pius 
Auo.  Elagabale  avec  une  couronne  radiée  j  au  re- 
vers p.  M.  TR.  P.  II.  COS.  II.  P.  P.  Efculape  avec  un 
ferpent,  un  glisbe  Se  une  étoile.  Il  y  a  tour  proche 
une  autre  figure  qui  tient  de  la  main  gauche  une 
branche  d^olivier.  C'eft  un  médaillon. 'qu'il  femble 
avoir  vu  ;  car  il  indique  le  cabinet  où  il  eft  ccrir  par 
ces  lettres  M.fug.  L'autre  ,  p.  401.  Imp.  C.cs.  M. 
AvR.  Antonius  Aug.  Elagab.  Pivs  ,  &  au  revers 
Salus  Anlonini  Aog.  La  Déellc  Santé  debout.  Le 
Comte  Mezza'oarba  ,  qui  rapporte  auftî  ces  deux: 
médailles  d'après  Occo  ,  avertit  néanmoins  qu'il 
n'en  a  jamais  vu  où  cet  Empereur  eût  ce  nom.  Foy. 

.   P-  3'^- 

ELAGLTER.  v.  a.  Terme  de  Jardinier.  Retrancher  avec 

la  ferpe  ou  la  coignée  les  grolles  branches  qui  défi- 
gurent les  grands  arbres.  On  élague  les  arbres  qui 
forment  les  avenues  ,  &  les  arbres  de  plein  venc 
des  vergers.  Cela  fe  dit  proprement  des  arbres  de 
tige  ,  dans  lefquels  on  retranche  les  branches  fu- 
perfiues,  qui  pourroient  rendre  la  tigedéfcd>ueufe, 
c?-:  nuire  .à  tout  le  corps  de  l'arbre,  en  confumanc 
inutilemenr  la  fubftance  dont  les  branches  fécon- 
des ont  befoin.  Liglr.  Élaguer  Se  érnonder  font  fy- 


6o8 


EL  A 


iionymes  dans  la  Quintmie  ,  &  ils  fs  difent  des  ar-  ! 
bres  tju'on  vciu  taiie  monter  poiic  devenir  arbres 
de  belle  tige  ;  &  ,  pour  cet  ettec ,  on  leur  ô:e  cou-  ' 
tes  les  grolics  branches  ,  qui,  lortant  de  l'étendue 
de  la  tige,  confuoieroient  une  p  une  de  la  lève ,  au 
ÏKa  qu'elle  doit  monter  à  la  tète  pour  alonj^er  &c 
tortiher  l'arbre.  La  (^uint. 

M.  Ménage  dérive  ce  mot,  ou  bien  de  collucare  j 
e/tt^are  j  ou  biende  e.v/jr^jre,  elargare,  cLuguer  j 
elûguer.  Mais  élaguer  fe  dit  lut-tout ,  lorfqii'on  ôte 
les  branches  balles,  &  qu'on  en  foulage  l'arbre, 
qu'on  l'ftliége. 

Il  fe  dit,tigurémenr,en  parlant  des  ouvrages  d'ef- 
prit.  Il  faudroic  élaguer  cette  fcène.  l\l.  Le  Maître 
dsClaviUe  a  employé  ce  mot  dans  fon  Traité  du 
vrai  méate.  Comment  la  raifon  décermineroit-tUe 
nos  goûts  \  c'ell  tout  ce  que  la  vertu  p=ut  taire  que 
de  X^'iétuguer  f 
Élague,  ée.  part. 

LL^'^H.  f.  m.  Ce!!  le  nom  de  Dieu  en  Arabîj  d'où  (c 
forme  avec  larticle  ALclah  ,  &  par  abréviation  .-v/ 
lah  ,  qui  (ignifie  le  vrai  &  unique  Dieu,   Créateur 
de  l'univers.  D'Herbel.  l^ oye\  Allah. 
ELAHIOUN.  m.  Divins.  Nom  de  Secte.  D'ivlni ,  qu 
Deuni  agnojlunt.  Les  Mululmans  entendent  p.ir  ce 
mot  la  leconde  fede  des  Philofophes  ,  qui  a  admis 
un  premier  moteur  de  toutes  choies,  &  une  fubîtaii 
ce  ipirituti'lle  détachée  de   toute  forte  de  matière^ 
D'Herbf.lot. 
ÉLAÎblîi!..  v.  a.  Terme  de  Monnoie  ,  qui  fe  dit  de  1  ' 
feptième  façon  qu'on  donne  aux  monnoies  ,  quand 
on  les  fabrique  au  marteau.  herirc.Cc^  prelque  la 
ml^me  choie  ^\.\q  fl^itcr,  linon  qu'on  ne  pénétre  p.is 
tant  la  pièce  j  ne  faifanr  que  la  redrelfer  du  ch.uif- 
fa'^e  :  ce  qui  fe  fait  fur   l'enclume  avec  le   flattoir. 
L'Ordonnance  veut  qu'on  répète  certe  façon  deux 
fois. 
ELAM.  f.  m.'.  Nom  propre  d'homme.  Elam.  ,  JElani. 
Les  fils  de  Sem  font  LLirn  ,  de  Allcm,  &  Arphaxad, 
&  Lud  ,  &:  Aram.  Geu.  A.  ii.  tlj.m  lue  le  père  des 
Elamices ,  dont  nous  a  Ions  parler. 
Elam  ,  fe  ditauifi  dans  l'Ecriture  pour  les  defcendans 
du  Patriarche  Elam  dont  nous  venons  de  parler. 
hlam  ,  t^lamita  ,  Elym.tus.  Marche   Elam  ;  Iviède 
alîiège  là  ville.  Enfin  ,  Babylone  ne  fera  plus  foupi- 
rec  les  autres.  Saci,  If.XXI.  z.  Eiam  prend  déjà 
fon  carquois.  Il  prépare  fes  chariots  pour    içs  ca 
valiers ,  il  détache  fes  boucliers  des  murailles.  1d. 
If.  XXII.  6.  Je  briferai  l'arc  d'Elam  ,  qui  fait  leui 
principale  force.  Jerem.  XLÎX.  55.   Je  ferai  trem- 
bler t^lani  à  la  vue  de  fes  ennemis.^  Ib.  ^7.  L'Ecri- 
ture appelle  ailleurs  ce  peuple  le>  hls  ^Elam  ,  Ela- 
mites.  Ce  font  les  Peifes.  Voyc\  Elamite. 
Elam,  fe  prend,  encore  pour  le  pays  qu'habitoieni 
les  Elamues ,   ou  defcendans  ^t-lam ^  Elam  j,  Ely 
maïs.  Alors  le  Seigneur  étendra  encore    fa  main 
pour  polféder  les  relies  de  fon  peuple  ,  qui  leront 
échappés  a  la  violence  des  Allyriens  ,  de  l'Egypte  , 
de  Phétro-; ,  de  l'Ethiopie,  ôîElam  ,  de  Sennaar , 
d'Emath  ,  Si  des  Ill-js  de  la  mer.  Saci.  If.  XI.  1 1. 
Lorfque  j'étois  dans  Sufe  j  qui  eft  une  forterelle  de 
la  Province  à'Elain  ,  je  vis  dans  ma  maiion  ,    ikc 
Daniel  FUI.  x.  Cei  endroit  de  Daniel  nous  mon- 
tre que  la  Province  d'/;'/i2/«  étoit  celle  dans  laquelle 
étoit  Sufe  ^  &  j  par  conféquent ,   que  c'étoit  ce 
qu'on  a   depuis  appelé  la  Sufiane  ,    c'eft- à-dire  , 
(\\.\Elam  étoit  fituée  dans  l'Afie ,  à  l'orient  du  Bcuve 
Éulée  ,  qui  j  félon  Bertius ,  la  féparoit  de  la  Su- 
fianne  ,  qui  éroit  le  lon;^;  de  ce  fieuve  à  l'occident. 
La  Snfianne  ,  du  Strabon  ,    eft  jointe  à  l'ElymaiSj 
&  celle  ■  ci  à  la  Médie  :  c'eft  pour  cela  ,  remarque 
Bochart,  que  l'Ecriture  joint  enfemble  les  Elami- 
tes  &  les  Mèdes  \  par  exemple  ,  If.  XXI.  z.  Jerem. 
XV.  15.  ^cl.  IL  9.  Ainfi  ,  il  paroît  qn'Elam  &  la 
Sufianne  s'étendoient  toutes  deux  le  long  de  l'Eu- 
lée  ,  celle-ci  au  midi ,  celle  là  au   nord  ,  &  que 
Sufe  étoit  aux  confins  de  ces  deux   Provinces.  On 
peut  voir  Bochard,   Phal.  L.  II,  C.  2.  &:  au  mot 
Y  maïde. 


E  L  A 

Quoiqu'il  foit  vrai  que  la  Sufianne  &  £/j/;z  fuf- 
fenrdes  pays  difiérens  ^  habités  par  diftérens  peu- 
ples ,    cependant  on  ell:  obligé  de  due  ,  qu'outre 
qut/tîw,  ou  l'Elymaide  j  le  prend  ,  quelquefois  , 
pour  le  pays  particulier  que  nous   venons  de  dé- 
crire j  elle  comprend  aulîi ,  quelquefoisj  la  Sufiane. 
Car,  Daniel    Viil.   1.    comme    nous    lavons    re- 
marqué j  met  Suie  dans  l'Elymaide.  Benjamin  de 
Tudclle,dans  ion  Itinéraire  ,   page  îi6.  de   l'Edii. 
d'Elzevir  1653.  dit  que  le  Choieùan  ell  la  Province 
^Elam;  tk  ^  riaterpière  Arabe  ,  Ce/<.  a.  zz.  met 
aulIi  Choreltan  ^-au  lieu  dE/un/.  Entîn  ,  Pline  ,  L. 
VI.  Ch.    15.  16.  27.    34.   Ptolomée   &c  Maicien  , 
mettent  des  Elyméensjulquçs  lur  la  Côte  du  détioïc 
Perliqu,?. 
ÉLAMITE.  f.  m.  Nom  de  peuple  dans  l'Ecriture.  Les 
Auteius  profanes  duent  Elymé^n.  yÎLiu.iuta  j  Ely- 
mxus.  Cddorlohcmor  J   Roi  ues  i^-wirej  ,  fut  dé- 
fait ,  avec  trois  auties  i>.ois  ,  pai  Abraham  ,  comme 
il  ell  poité  dans  la  Ocnèfe  j  chap.  XIV.  Comment 
donc   les  enteiKlons-nous  pailer  chacun  la  langue 


de  notre  pays?  l^arthcs  j  Alcdes ,  îi^lamitcs ,  &c. 
PoRi-R.  Acte  li.  ij-  D  Elam  ionr  venus  les  £./^2- 
nihes  y  dont  il  eft  pa-  lé  dans  la  (jenèle  ,  en  Haie  , 
en  Jérémie  ,  &  aux  rtclis  des  Apôtres,  ils  étoient 
fitucs  entre  les  Mèdes  60.  les  Mélopotanuens  j  &c 
les  Prophètes  que  je  viens  de  nommer  en  parlent , 
comme  de  gens  qui  étoient  fort  cruels ,  tiv  fort 
aguerris.  La  ville  cajntale  le  nonnnoit  Elymais ,  où 
croît  ce  temple  célèbre  de  Diane  ,  qu'Antiochus 
voulut  piller.  Gooeau.  L'Ecriture  appelle  plus  fou- 
vent  ce  peuple  Elam  ,  ou  fils  d'Elam.  Voye^  Elam. 
Les  Ela.'Ti'uts  habuoient  le  pays  d'Elam ,  dont  nous 
venons  de  parler.  C  étoit  la  poftérité  d'Elam,  pre- 
mier fils  de  Sem  ,  Gcnèfe  X.  22.  La  verlion  Syria- 
que ,  Acic  IL  5.  les  appelle  Elanites  ;   mais  mal« 


les 


ïLz 


ni:es  font  fort  diftérens  des   Elcm-tes . 

a 


les 

Elanites  font  les  habitans  de  la  ville  d'Elena  ;  &c 
les  Elamitcs  font  un  peuple  qui  habitoit  les  bords 
de  l'Elée.  Les  tlamites  étoient  farouches ,  barba- 
res ,   belliqueux ,  comme  il  paroît  par  If.  XXI.  i. 
&  XXIL  I.  par  plufieuis  endroits  de  Jérémie,  &  par 
Ezéchicl  XXXII.  14.  qui  dit  qu'ils  vivoient  par  la 
t'erreur  de  leur  nom;  c'eft-à-dire  ,  comme  s'expri- 
ment Strabon  j  L.  XL  &  Néarque  ,  qu'ils  vivoient 
de  brig.mdage  &  de  rapine   Ils  eurent  des  Rois  dès 
le  temps   d'  \br.riiam  ,    Gen.  XIV.   i.  &  jufqw'à 
Jiidiih  I.  6.  Jcrémia  &  Strabon  parlent  aulli  deces 
Rois.  Les  principales  armes  des  Elamices  étoient  le 
carquois ,  l'arc  h.  les  fiéches.  Jér.  XLIX.  3  5-  Ils  fe 
fervoient  aulîi  de  boucliers ,  &  avoient  des  chars 
à  la  guerre.  If  XXL  z.  Voye\   encore  Elam,  & 
Bochart  ,  Phal.  L.  IL   C.   2. 
ELAN  jOuESLAN.  Bourg  ou  Village  de  Champagne 
dans  le  Rhételois.  Ellaufium.  Il  efl:  fur  la  Meufe  , 
entre  Mezières    &  Donchery  ,    dans    le    Diocèfe 
de  Rheims.  L'Abbaye  d'Llan  eft  une   Abbaye  de 
l'Ordre  de  Cîteaux  ,    fondée  dans  ce  Bourg  l'an 
1248.  le  premier  d'Août  ,  par  Hugues,  Comte  de 
Nevers  &  de  Rhétel ,  qui  y  eft  enterré  avec  Féli- 
cué  ,  fa  femme,  &  Hugues,  fon  fils  aîné.  Cette 
Abbaye  eft  fille  de  Loc-Roi.  Gallia-Chrijli.  T.  IV. 
p.  /54.  M.  Corneille  écrit  i:/<7/z,  ou  Elaon,  &  les 
Sainte- Marthe  £//cOT. 
ÉLAN.  f.  m.  Alce.  Bête  fauvage    de  la   taille  d'un 
cheval ,  &  delà  figure  de  chèvre ,  ou  de  cerf  j  mais 
plus  grande  &  plus  pleine  ,  qu'on  trouve  dans  les 
Forêts  de  Pru*e  \  mais  bien  plus  communément 
en  Canada.  Les  Auteurs  le  décrivent  fort  diverfe- 
menr.  Celui  donc  on  a  Eiit  l'anatomie  à  l'Académie 
des  Sciences ,  avoir  les  pieds  fendus  3  touc-à-fait 
femblables  à  ceux  du  bœuf.  Il  n  avoic  aucune  ap- 
parence de  barbe.  Son  poil   étoit  par  -  tout  long 
comme  celui  des  chèvres,  Il  avoir  trois  pouces  de 
long  ,  î^'  étoit  gros  comme  du  gros  crin  ,  allant  en 
diminuant  vers  l'extrémité  ,  qui  étoit  lorc  pointue. 
Ilparoiiroit,avec  le  microfcope,  fpongieux comme 
le  jonc.  Ses  oreilles  étoient  de  neuf  pouces  de  long, 
fur  quatre  de  large.  Sa  queue  étoit  petite  ,  &  de 

deux 


EL  A 

tîeux  pouces  feulement.  Son  cou  écoit  court ,  gros 
ëc  large  de  neuf  pouces.  Il  avou  cinq  pieds  &c  demi, 
depuis  le  bout  du  muleau,  jalqu  au  commence- 
ment de  la  queue.  Sa  lèvre  lupéneuieécoit  grande 
6c  détachée  des  gencives.  Sa  glande  pinéale  écoit 
grande  de  trois  lignes ,  &  de  rigure  conique.  Les 
ligamens  de  fes  jointures  étoient  tres-torts  :  ce 
qui  a  fait  dire  à  quelques  Auteurs  ,  que  les  d/uns 
de  Mofcovie  ont  les  jambes  fans  jointures  ,  ce  qui 
leur  donne  la  facilité  de  glider  fur  les  glaces  ,  6c 
ainiî ,  de  fe  fauver  des  loups.  L'élan  efi:  de  couleur 
fauve ,  ou  d'un  jaune  oblcur ,  mêlé  d'un  gris 
cendré.  Il  a  la  jambe  haute  6c  grêle,  6c  la  corne 
fort  dure  j  aulli-bien  que'  la  peau.  Le  mâle  a 
des  cornes  j  comme  di:  Paufanias  ;  &  la  femelle 
n'en  a  point ,  comme  témoigne  Célar  :  & ,  en 
cela  il  relfemble  aux  biches.  Il  vit  dans  des  lapi- 
nières  ,  &  on  le  prend  à  la  faveur  des  neiges  ,  où 
il  enfonce.  On  en  envoie  la  peau  en  France  , 
dont  on  fiit  des  buffles.  Les  plus  grandes  peaux 
s'appellent  chappons.  Son  naturel  elt  comme  celui 
du  cerf,  6c  Ion  rut  de  même.  Il  porte  un  bois  large 
6c  plat  comme  le  daim  j  mais  peu  couvert  de  poil 
par  le  bas.  On  épie  Toccahon  qu'il  tombe  du  mal 
caduc  pour  le  prendre  j  ce  qui  lui  arrive  fort  fou 
vent  :  &  on  s'en  failit  avant  qu'il  puille  prendre 
alfez  de  force  pour  mettre  le  pied  gauche  dans  fon 


oreille  ^  ce  qui  le  guérit  , 


le 


du  -  on  ,  incontinent. 
C'eft  pourquoi  on  veut  que  la  corne  de  ce  pied  , 
toute  feule ,  guérille  l'epilcplie.  Les  Allemands 
l'ont  appelé  éian  ,  qui  iignihe  misère  ,  à  caule  de 
la  misère  où  eft  réduit  cet  animal  ,  de  tomber  du 
mal  caduc  ,  quoiqu'il  porte  toujours  le  remède  à 
ce  mal  :  ce  qui  fait  croire  que  la  propriété  qu'on 
lui  attribue  d'en  guérir  j  eft  une  fable.  .Aulli,  Olaiis 
dit  qu'il  tant  que  ce  foit  l'ongle  du  pied  droit  en- 
dehors  que  Vélan  mette  dans  fon  oreille  pour  gué- 
rir de  l'épilepfie  ;  ce  qui  étant  impolîible,  il  pa- 
roît  qu'il  n'a  parlé  de  cette  propriété  du  pied  à'élan^ 
qu'en  riani.  Âlais  il  ajoute ,  que  fes  coups  font  fi 
rudes,  que  des  pieds  de  derrière  ,  il  briie  les  ar- 
bres comme  des  champignons  j  &  de  ceux  de  de- 
vant ,  il  perce  les  Chalfeurs  d'outre  en  outre. 

ÉLAN  A  Elana,  ou  plutôt -rE/jwj.  Ville  &  port  de 
mer  de  l'Arabie  Pétrée ,  lur  la  mer  rouge.  Le 
Noir  l'appelle  Alla ,  d'autres  Eyian.  Elle  eft  au- 
jourd'hui de  la  domination  du  Turc ,  à  dix  lieues 
du  Nord  de  la  ville  d'Elcor ,  avec  laquelle  quel- 
ques -  uns  la  confondent.  Baudrand  ■,  Hoffman. 
Quelques-uns  la  prennent  pour  rÈlath.  Le  Golfe 
à'Elena  ,  uUlanincus  Sinus  j  aujourd'hui  Golfe 
d'Eltor.  ^'ojeçELTOR. 

^3"  ÉLANCEMENT,  f.  m.  Pour  défigner  un  mou- 
vement violent  6c  fubit  du  corps  ,  ne  fe  dit  point. 
Ce  mot  n''eft  en  ufage  ,  au  propre  ,  que  pour  dé- 
figner l'impredion  que  fait  fur  quelque  partie  du 
corps  une  douleur  aigiie  &  de  peu  de  durée  ,  pro- 
venant de  quelque  caufe  interre  \  telle  que  celle 
que  caufe  la  matière  d'un  apoftème  ,  d'un  abcès 
qui  commence  à  fe  mûrit.  Dolor  pungens  ,  Lan- 
cinans.  Il  fentoit  de  grands  élancemens  dans  la  tête, 
des  élancemens  redoublés. 

Élancement  ,  fe  dit ,  aulîi ,  figurément ,  en  termes 
de  dévotion  ,  6c  lignitie  Tranfport,  mouvement 
afFeélueux  &  fubit.  Suhitaneus  in  divina  mentis  ojCr 
fectus.  Il  ne  fe  dit  guère  qu  en  cette  phrafe.  Les 
élancemens  de  l'ame  vers  Dieu. 

//  faifoit  des  foupirs  j  de  grands  élancemens  j 
Ec  baifoit  humblement  la  terre  à  tous  momens. 

Mol. 

On  appelle  ,  en  termes  de  Marine  ,  élancement, 
ou  autrement  Qucire  ,  la  longueur  d'un  vailfeau  , 
qui  excède  celle  de  la  quille, 
îh?  ELANCER  ,  S'ELANCER,  v.récip.  Se  jeter  en 
avant  avec  impétuodté.  Infiltre,  ruere  ,  trrucrc  , 
irrumpere.  l[  s  qI\  élancé ,  &  s'eft  précipité  par  la 
Tome  III. 


EL  A  €09 

fenêtre.  Il  s  élança  au  travers  des  ennemis.  Medios 
in  hojies.  Les  ferpens  s'élancent. 
lO"  Elancer  eft  ,  aulIi ,  neutre  j  &  fe  dit  d'une  dou- 
leur aigiie  dans  quelque  partie  du  corps  ,  fembla- 
ble  à  celle  que  fait  fouftru-  la  pointe  dune  aiguille- 
Je  fens  quelque  chofe  qui  m  élance.  Le  doigt  mé- 
lancc.  Il  n'a  d'ufage  qu'à  la  troifième  peribnne. 
l'un  oit  3  lancinât. 

IJCF  Quelques  Auteurs  ont  employé  ce  verbe  à 
l'aét if ,  pour  animer  ,  exciter  ,  donner  l'eflbr.  Il  eft 
plus  fouvent  joint  avec  le  pronom  perfonneL  Quand 
notre  ame  eft  éveillée  par  le  difcours  ,  ou  par 
l'exemple  ,  elle  %  élance  au-delà  de  fon  ordinaire. 
Mont.  Plus  les  envieux  veulent  abaifter  mon 
efprit ,  plus  il  croît ,  &  s'élance.  Boil.  La  difpute 
me  pique  \  les  imaginations  de  mon  ennemi  élan- 
cent les  miennes ,  6c  me  rehaulfenc  au-deftus  de 
moi  même.  Mont.  ^ 
Elance  ,  ee.  part. 

Elancé,  en  termes  de  Blafon,  fe  ditj,  du  cerf  cou- 
rant, i/j/^i'/e^j,  irruens. 
Elancé  ,  ée.  fe  dit ,  aufli ,  d'une  perfonne  de  grande 
taille  6c  menue  ,  qui  paroît  avoir  peu  de  vigueur. 
Jujlo  gracilior.  On  le  dit  ,  aulIi ,  de  quelques  che- 
vaux maigres  j  efllanqués  6c  ruinés ,  ou  qui  ont  na- 
turellement le  boyau  étroit. 
Elancé  ,  ee.  Termes  de  Jardinier.  E.xilis  ,  longiùs 
exiliens.  Il  fe  dit ,  des  branches  qui  font  longues  & 
peu  grolles  à  proportion  ,  &  dégarnies  d'autres 
branches,  en  manière  de  gaules.  C'eft  un  défauc 
à  un  arbre  d'avoir  des  branches  élancées.  La 
Quint. 

ifT  On  dit ,  aullî ,  qu'un  arbre  eft  élancé ,  lorf- 
qu'il  a  beaucoup  de  hauteur  6c  peu  de  grolTeur. 
§Cr  ELANS,  f.  m.  Adion  de  celui  qui  s'élance  ; 
mouvement  fubit ,  avec  effort.  Impetus ,  pr&ceps 
corporis  motus.  Ptelfé  de  tous  côtés  ,  il  fît  un  élans  , 
&  fe  fauva.  Le  cerf  n'a  fait  que  deux  ou  itoisé/.ans  , 
&  a  gagné  la  forêt. 
Élans.  Terme  de  Nageur.  Il  fe  dit,  des  mouvemens 
que  fait  un  homme  qui  nage  ,  lorfqu^après  avoir 
raccourci  fes  bras  &  fes  jambes  ,  il  les  alonge  pour 
chaifer  ,  avec  fes  mains,  l'eau  en  arrière  ,  &  la  re- 
poulfe  de  même  avec  les  pieds,  ce  qui  le  fait, 
aller  en  avant.  Corporis  artuumque  projecliones.  Il 
s'y  jeta  à  corps  perdu  ,  6c  gagna  Tautre  bord 
dans  une  trentaine  à'élans  tout-au-plus.  Robinson 
Crusoé. 
ifT  Elans  ,  en  termes  de  Dévotion ,  fe  dit ,  des 
mouvemens  affedueux  de  l'ame.  AnimA  Deum 
anhelantis  affeclus.  Il  lui  vient  quelquefois  des  élans 
de  dévotion  ,  d'amour  de  Dieu.  De  pieux  élans 
vers  le  ciel.  Il  entrecoupoit  fon  difcours  de  fou- 
pirs profonds  j  qu'il  ctoit  aifé  de  diftinguer  des 
élans  de  dévotion. 

0Cr  On  le  dit ,  aulÏÏ  ,  des  mouvemens  doulou- 
reux de  l'ame.  Toutes  les  fois  qu'on  lui  parle  de 
la  mort  de  fon  fils  j  il  lui  prend  des  clans  de 
doukur. 
ÉLANT.  Foyei  ELLEND.  Ce  mot  vient  de  l'Alle- 
mend  Elend  ou  Elent.  Ainfi ,  originairement  en 
François  Ellend  6c  Elend.  Et ,  Vigenère  j  dans  fes 
Notes  fur  les  Commentaires  de  Cgfar ,  parlant 
de  \alce  ,  écrit  toujours  Ellend.  Voye-^^  Feuille  1 57 
&  158. 
ÉLAPE.  Ville  dePerfe,  &  la  patrie  de  S.  Jacques  j 
Marryr,  dont  l'Eglife  célèbre  la  fête  le  17  de  No- 
vembre ,  6c  dont  on  croît  que  les  Reliques  font  à 
Milan  J  félon  le  P.  Ferrarius. 
ÉLAPHEBOLIE.  f.  f.  Terme  de  Mirhologie.  On  don- 
noit  ce  nom  à  Diane  ,  parce  qu'elle  tuoic  les  cerfs. 
De  'i>'«Ç'^,  cerf,  6c  de  fiÛM»,  je  lance. 
ÉLAPHÉBOLION.  f.  f  Terme  de  Calendrier.  Nom 
d'un  des  douze  mois  des  Athéniens.  ElapheboUum  y 
ou  Elophobolium.  Le  mois  Elaphébolion  rcpondoïc 
à  notre  mois  de  Février. 

Ce  mot  vient  d"^^'*'?»?,  un  cerf,  &  de/3«AA*,  ja 
tire  ,  je  chafte  ,  je  bleffe  à  coups  de  flèches  j  on 
bien  ,  je  jette ,  je  dépofe.  De  ces  deux  figmhca- 

H  h  h  h 


EL  A 


EL  A 


tions,  nailTent  deux  fencimens  fur  la  Caufe  dexe^     tnin  l'empêrhe  àe  s  élargir.  Ampliare ,  ampUficctrt. 
nom  \  car  ,  Triltan  ,  T.  I.  p.  745.  fur  fa  21=  Mé-  ^fT  On  dit  aulli,  neutralement ,  le  vifage  liûeft 

daille  de  Commode  ,  croit ,  avec  d'autres  ,  que  ce        élargi. 

mois  fut  aiiifi  appelé,  parce  qu'il  écoit  confacré  s'Elargir,  en  termes  de  Marine,  lignifie,  Donner 
à  Diane  ,  que  l'on  furnommoit  Elapliibolos  \  c'eft-  ou  prendre  la  chasse,  fugare  ,pcrjequi ,  infequi. 
à-dire,  Tireufe  de  cerfs  j  Chairetelfe  de  cerfs  j  Élargir,  en  termes  de  Manège  ,  fe  dit  lorlqu'on 
Tueufe  de  cerfs.  Libanius  j  dans  fa  XXXIIc  Orai- 1  tait  embralfer  un  plus  grand  terrein  à  un  cheval, 
fon  ,  &  Euftathius ,  fur  le  XVIc  Livre  de  l'Iliade  ,  |  que  celui  qu'il  occupou  ,  on  dit  encore  le  faire 
font  les  garans  de  Triltan.  Le  dernier  ,  néanmoins  j  j     marcher  large. 

dit  feulement  qne  l'on  facrifioit  des  cerfs  à  Diane  Élargir  ,  fe  dit ,  en  termes  de  Guerre  ,  pour  faire 
en  ce  mois  là.  D'autres,  comme  Fabricius,  dans  Ion;  occuper  plus  de  terrein.  Ce  Général  élargit  {e$ 
Menelogium  ,  difent  que  ce  mois  fut  ainfi  nomméj  :  quartiers  pour  avoir  du  fourage ,  pour  fubfiftec 
parce  que  c'eft  en  ce  temps,  que  les  cerfs  mettent!  _  plus  commodément. 

bas  leur  bois.  {  Élargir.  Terme  de  Jurifprudence  j  fignifie  encore, 

mettre  hors  de  priion.  t-muten^educere  ex  carcere  ; 


EL  APHITES.  Ifles  ainfi  nommées ,  à  caufe  du  grand 
nombre  de  cerfs  qu'on  y  voyoit ,  du  mot  Grec 
ïA«(fi«f  j  un  cerf.  Ferrarius  dit  que  ce  font  trois  petites 
Mes  de  la  mer  Adriatique  ,  du  côté  de  l'illyrie  : 
que  la  première  eft  notfimée  Calamota,  laleconde 
Ifola  di  Meiio  ,  &  la  troifième  Guipana 


ce  qui  ne  fe  dit  qu'à  l'égard  des  hommes  :  car,  pour 
les  femmes,  on  dit  qu'elles  auront  provifion  ,  ou 
main-levée  de  leur  perfonne  ,  pour  éviter  l'équi- 
voque. Ce  priionnier  a  été  élargi  à  caution  ,  à  la 
garde  d'un  Huillier ,   à  la  charge  de  fe  repréfenter. 


ÊLAPHOBOLIE.  f.  f  Terme  de  Mythologie.  Fête  de  i  IJCJ"  Elargir  les  tailles.  Terme  de  Gravure.  C'eft 
Diane.  Elaphobolia  La  fête  nommée  tlaphobùUeX  rendre  plus  larges  j  non  les  tailles  :  mais  les  efpa- 
fe  célébroit  à  Athènes  j  comme  on  l'apprend  d'A-  j  ^   ces  qui  les  féparent. 

thénée  J  de  Strabon  &  de  Paufinias.  On  y  facrifioit    Élargir,  fignifioit  autrefois,  Donner  largement  , 

du  verbe  Latin  elargiri.  Il  s'eft  retiré  du  monde , 


des  cerfs  à  Diane  ,  &  elle  fe  faifoit  au  mois  Ela 

pliébolien.  Quelques-uns  difent  Elaphebolie. 

ÉLAPHOBOSCUM.   f  m.   C'eft  un  nom    qu'on  a 

donné  au  panais  fauvage  à  grandes  feuilles ,  parce 

3u'on  dit  que  les  certs  fe  guérilFent  de  la  morfure 
es  bêtes  venimeufes ,  en  mangeant  de  cette  herbe. 
NicQt  appelle  la   faloufe     Elaphobofcum  pabulum 
cervi  :  griicia  Dei ,  félon  quelques  Botaniftes ,  &c 
félon  d'autres ,  Opgioclonon ,  parce  que  les  cerfs 
s'en  fervent  contre  les  ferpens  \  runt>  lignifie  tuer  , 
&."°<P"f  eft  un  ferpent.  Le  P.  Plumier  dit  que  VE- 
laphobofcum  eft  \\  pafiinaca  fativa  ^  Sc  la. pajlinaca 
Jllvejîris  de  C.  Bauhin  j  pin.  i<^^.  &  de  Tabern.  icnn. 
77.  Cette  plante  eft  compartie  par  nœuds  ,  &  fem- 
blable  à  celle  du   fenouil ,  ou  du  Romarin.  Ses 
feuilles  font  fort  longues,  déchiquetées  à  l'entour  j 
un  peu  rudes  &  âpres,  &  de  la  largeur  de  deux  doigts. 
Il  fort  plufieurs    branches    de  fa    tije   avec  des 
bouquets  chargés  de  graine  3  elle  relfemble  à  l'a- 
neth  en  toutes  chofes.  Sa  racine  eft  de  la  grolTeur 
d'un  doigt ,  &  longue  de  trois.  Elle  eft  blanche  & 
douce ,  &  bonne  à  manger ,    ainfi  que  fa  tige  , 
quand  elle  eft  encore  tendre  :  fes  fleurs  font  rouf- 
sâtres.  Diofcoride  dit  que  fa  graine  prife  en  breu- 
vage elt  un  bon  remède  contre  les  morfures  des 
ferpens  ,  dont  les  biches  fe  gucrillent  en  mangeant 
de  cette  herbe.  C'eft  ce  qui  l'îv  fût  appeler  elapho- 
bofcum ,  du  GrecfA»'?'»?,  cerf  j  &  ^'o-nti' paure.  Foye:; 
Panais  ,  &c  Panais  Sauvage. 
ELAPS,  ou  ÉLOPS.  {.  a^c.^^  E/aps  ou  Elapis.  Ef- 
fpèce  de  ferpent  long  d'environ  trois  pieds ,  gros 
comme  une  vipère  ,  de  couleur  noirâtre  ,  marqué 
tlans  fa  longueur  de  trois  lignes  noires  ,  depuis  la 
tête  jufqu'a  la  queue-  On  le  trouve  dans  l'Ifle  de 
Lemnos.  Il  n'eft  pas  fort  dangereux  :   fa  morfure 
excite  feulement  des  tranchées  qu'on  guérit  avec 
des  fudorifiques ,  tels  que  les  fels  de  vipère  &  de 
corne  de  cerf.  Sa  chair ,  fa  graiffe  ,  fon  cœur  & 
fon  foie  font  eux-mêmes  fudorifiques  ,  Sc  réfiftent 
au  venin.  Aétius  fait  mention  de  ce  ferpent  ,    Te- 
icrab.    IV.  ferm.   i.  cap.  ti.  Sa   morfure  produit 
quelque  chofe  de  femblable  à  la  paflion  Iliaque. 
Voye--^  le  Dicl.  de  James. 
JeLARGIR.  V.  a.  Donner  à  une  chofe  plus  de  largeur. 
Dilaiare  ,  amplificare  ,  difendere.  On  a  élargi  de- 
puis peu  les  rues  de  Paris  pour  la  commodité  pu- 
blique. Il  faut  ôter  cette  cloifon  pour  élargir  cette 
chambre.  On  met  des  bottes  dans  l'embouchoir 
pour  les  élargir  quand  elles  blelîent.  Elargir  un 
habit. 
§CF  S'ÉLARGIR.    V.  recip.  Devenir  plus  large.  La 
rivière  s  élargit  en  rel  endroit.  Diffundit  fe  latiàs. 
Au  fortir  de  la  montagne  le  cliemin  s'élargit. 

§3"  On  dit  qu'un  homme  s'élargit.,  pour  dire  , 
qu'il  cteud  fa  teire  j  fon  parc,  icc.  Le  gcaud-che- 


il  a  élargi  tout  fon    bien  aux  pauvres.  Il  n'eft  plus 
d'ufage  en  ce  fens. 
Élargir  ,  fignihoit  auiîi  répandre. 

Nul  foleil  encore  au  bas  monde 

iV'élargilîoit  lumière  claire  &  monde,  Marot. 

Elargi  ,  ie.  pattic.  Il  a  les  fignifications  de  fon 
verbe. 

ÉLARGISSEMENT,  f.  m.  Augmentation  de  largeur 
Dilatatio  ,  amplificatio.  Ce  Générai  a  jugé  Vélar- 
giffement  Aqs  quartiers  nécellàire.  VelargijJementàQ» 
lignes  ,  des  travaux  ,  d'un  canaljd'un  chemin. 

Élargissement.  EnJurifprudence,  eft  la  liberté  qu'on 
donne  à  un  prifonnier  de  fortir  de  prifon.  DimiffiOy 
è  carcereeduclio.  Il  a  obtenu  lentence  à'elargiffemenr. 
Les  Dames  de  la  Charité  ont  procuré  ïélargijfemenc 
de  ce  prifonnier. 

ÉLARGISSURE.  f.  f.  Augmentation  de  largeur  qu'ork 
donne  à  des  habits ,  à  des  meubles-  SuppUmentum,  . 
Il  a  Tellement  grolîi  depuis  un  an  ,   qu'il  y  a   une 
élargijjure  de  quatre  doigts  à  fon  pourpoint,  à  fa 
ceinture. 

§3"  Élargissure  Sc  élargilTement  dans  une  fignifi- 
cation  (ynonyme.ElargiJjurc  ne  fe  dit  que  des  habits 
Sc  des  meubles  ;  clargijjement  des  autres  chofes  dont  - 
on  augmente  la  largeur. 

ÉLASAR  ,  ou  ÉLASOR ,  ou  ELLASAR ,  félon  l'Hé* 
breu.  L'Ecriture  (  GeneJ'.c.  14  ,  v.  1  )  fait  mention 
d'Arioch  ou  Arjor h ,  Roi  d'Ellafar.  Saint  Jérôme  &C 
Symmaque  ttaduifent  ce  nom  par  le  Pour.  M.  Le 
Clerc,  dans  fon  Commentaire  fur  la  Genèfe  j  dit 
qu'il  ne  fait  fur  quel  fondemenr.  Il  croit  plutôt  que 
ce  nom  fignifie  un  pays  voilin  du  Tigre  ou  de  l'Eu- 
phrate  5  car  comme  ce  Roi  vint  contre  le  Roi  da 
Sodome  en  qualité  d'allié  du  Roi  d'Elam  j  il  eft 
plus  naturel  d'employer  le  fecours  d'un  Prince  voi- 
fin  ,  que  d'un  Prince  éloigné. 

|p°  ÉLASTICITÉ,  f  f.  ou  force  élaftique.  Terme  de 
Phyfique.  Propriété  par  laquelle  un  corps,  après  le 
choc  ou  la  comprelîîon  reprend  ,  ou  du  moins  tend 
à  reprendre  la  figure  que  le  choc  ou  la  comprelîîon 
lui  avoient  fait  perdre.  Elaterium.  Les  molécules 
dont  ces  fortes  de  corps  font  compofés  doivent  être 
en  même-tems  flexibles  &  roides  :  fans  cette  flexi- 
bilité les  corps  élafiques  ne  fe  comprimeroient  ja- 
maisj  &,  fans  cette  roideur,  ils  ne  reprendroient  ja- 
mais leur  première  figure.  Il  faut  encore  une  cer- 
taine proportion  dans  les  pores  des  corps  élaftiques, 
c'eft-à-dire  ,  il  faut  qu'ils  ne  foient  ni  trop  grands 
ni  trop  petits  ;  mais  ce  ne  font  là  que  des  conditions 
fur  lefquelles  les  Phyficiens  font  alfez  d'accord.  Il 
n'en  eft  pas  de  même  de  la  caufe  phyfique  de  \:claf- 
tkité  fur  laquelle  ils  font  fort  partagés.  On  peut  dire 


EL  A 

en  général  que  toutes  bs  explications  qu'ils  en  don- 
nent font  fort  vagues  I?:  ne  nous  apprennent  nen. 
Celle  qui  paroîc  la  plus  vrailemblable  ,  rait  dépen- 
dre [' cUijliMi  d\mc  matière  beaucoup  plus  déliée 
que  l'air  que  nous  relpirons.  f^oy.  Matière  fnbtile 
Newconienne.  Voici  comment  cette  matière  caiiie 
lelarticité  ou  le  relfort  des  corps. 

ce?  Prenez  un  corps  claftique  ,  par  exemple ,  une 
lame  d'acier  j  courbez-laen  forme  d'arc.  Vous  élar- 
;4iirez  les  pores  de  la  lurface  convex>  ,  &  vous  re- 
'trécllFez  ceux  de  la  furhace  concave.  La  matière  fub- 
tile  Nev/tonicnne  qui  tait  tous  Tes  etîorts  pour  palFer 
par  les  pores  rétrécis  ,  les  rouvre  ,  &  c'ell  en  lôs  ron 
vrant  qu'elle  rend  à  la  lame  la  première  hgure.  On 
poutroit  encore  dire  que  cette  matière  Itibtile  en 
coulant  d'une  extrémité  d  l'autre,  remet  la  lame 
dans  fon  premier  état. 
ÉLASTIQUE,  adj.de  t.  g.  Qui  fait  relfort ,  qui  après 
avoir  été  condenfé,  contraint  &  comprimé  j  tau  un 
effort  6n  fe  remettant  en  liberté  ,i<:  en  repoussant  les 
corps  qui  le  prelFoienc ,  pourieprendre  la  première 
ligure  èc  fon  étendue  naturelle.  Elajikus^  La  force 
elaliique  d'un  arc  bandé  vient  de  la  compreilion  de 
l'ai"  dans  fes  pores.  Les  arquebules  à  vent  prouvent 
la  force  élajlique  de  l'air.  Le  mouvement  de  la  plu- 
part des  macliines  fe  lait  par  une  force  clajiique  , 
par  un  ressort.  On  n'a  découvert  que  depuis  quel- 
ques années  ,  par  plulieurs  expériences,  que  1  air  a 
une  force  élajlique.  La  force  elajhquc  couUite  en  ce 
que  la  matière  lubtile  fait  effort  pour  palfer  par  des 
pores  trop  étroits.  Foye^  ELASTICITE.  L'air  eft 
un  amas  de  petits  relforts  j  ou  de  parties  elaliiqucs  ^ 
qui ,  par  leur  mclange  intime  avec  les  parties  du 
fang  ,  communiquent  à  chacune  de  fes  parties  un 
certain  ressort,  &:c.  Lémery. 

Les  corps  éûifliques  ou  à  reflott ,  font  ou  artifi 
ciels  ou  naturels  ;  les  principaux  font  j  parmi  les 
corps  artificiels  ,  les  atcs  d'acier ,  les  boules  d'ai- 
rain ,  de  bois  ,  d'ivoire  ,  de  marbre  ,  &c.  les  cuirs, 
les  peaux  ,  les  membranes ,  les  cordes  d'airain  ,  d'a- 
cier,.de  fer,  d'.argent  j  de  nerfs  ,  de  boyaux  ,  de 
lin  ic  de  chanvre  :  parmi  les  corps  naturels  ,  ce  fonU 
les  branches  d'arbres  vertes ,  l'éponge  _,  la  laine  j  le 
coton  J  la  pluma  ,  1  air.  On  difpute  (i  l'eau  a  du  ref- 
fort  ou  non  ,  &  les  fentimens  font  pattagés.  L'opi- 
nion la  plus  commune  elt  qu'elle  n'en  a  point  par 
elle-même  J  &:  que,  li  elle  «i  a,  c'eil  à  raifon  de 
l'air  qu'elle  contient. 

^t3'  Un  corps  parfaitement  fluide  ,  s'il  y  en 
avoitdetels,  n'auroit  aucu.ie  élafticité  j  parce  que 
fes  parties  ne  pourroient  être  comprimées. 

Ce  mot  vient  de  ^Aar^s-  formé  de  èA^a'»»»,  qui  ligni- 
fie ,  pouffer  ,  greffer  ,  agice'r. 
ÉLATCHÈS.  f.  L  pi.  Etoffes  des  Indes  ,  foie  &  coton. 

C'el  une  efpèce  de  chuquelas  &:  d'allegeas. 
ELATERIUM.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie.  Prépara-" 
tion  purgative  de  concombre  lauvage.  C'ell  le  nom 
qu'on  donne  au  fuc  des  concombres  lauvages ,  dont 
on  a  fait  évaporer  l'humidité  julqu'à  conliftance 
d'extrait,  ou  de  pilules.  Elaterium.  Ve/acerium  puT'^e 
vigoureufement.  On  s'en  fert  dans  l'apoplexie ,  dans 
la  léthargie  ,  dans  la  paralyfie  de  dans  la  mélancolie 
hypocondriaque,  f^oy.  M.  Lémery  ,  &c. 
Ce  mot  vient  du  Grec  î>^»<»u  ,  je  repoujjc. 
ELATH  ,  ou  ELOTH.  Ancienne  ville  de  l'Arabie 
Petrée  ,  fituée  fur  la  mer  rouge  ,  un  peu  à  l'orient 
d'Edongaber.  Elath.  S.  Jérôme  a  cru  <\\!ÎElath  étoit 
le  port  d'où  partoient  les  Hottes  de  Sa fomon  pour 
Ophir.  Voye^  5  des  Rois  IX.  2(î,  4.  des  Rois  XVI. 
G.  z.  des  Parai.  VIII.  17.  18.  Foy.  Aila. 
ÉLATINE.  f  f  Efpèce  de  linaire ,  dont  les  feuilles 
font  prefque  rondes  ,  rudes,  velue<;  &  quelquefois 
un  peu  découpées.  Ses  fleurs  font  femblables  à  cel- 
les de  la  linaire ,  perites ,  jaunes  &  foutenue s  par  des 
pédicules  longs  &  minces.  Elle  eft  appelée  autrement 
en  François,  velvocc  ,  &  par  C.  Bauhin  eiatinejolio 
fuhrotundo.  Ve'ljtirie  eft  vulnéraire  &  adouciffante; 
elle  purifie  le  fang  ;  on  l'eftime  beaucoup  pour  tes 
tumeurs  fcrophuleufes  S<  pour  la  lèpre.  Voyez  M. 


ELA     E  L  B 


611 


de  Tournefort,  Injiitutionum  rcï  herbarU  i6<).  Il 
l'appelle  l'élaune,  linariafcgaum  ^  nummulariajo- 
iio  vtllofo.  Cette  plante  croit  dans  les  terres  labou- 
rées &  parmi  les  blés:  fes  feuilles  font  femblables 
à  celles  d'helxine  j  excepté  qu'elles  font  plus  peti- 
tes &  plus  rondes.  Elle  produit  cinq  ou  fix  menues 
branches  ,  longyes  d'une  palme,  qui  fortant  direc- 
tement de  la  racine  font  diaraées  de  feuilles  & 
ont  un  gûùt  aftrigent.  Ses  feuilles  piiées  &  appli- 
quées avec  griottes  lèches  font  bonnes  pour  les  (lu- 
xions &  inriammations  des  yeux  ,  6c  la  décoclioa 
ptife  en  bouillon  ariête  la  cyllenterie. 

Le  nom  de  cette  herbe  eft  Grec ,  o^ariv,, ^  peut-être 
à  caufe  de  quelque  rellemblance  avec  le  fapin  , 
qu'on  appelle  en  Grec  îAar;).  Pline  nomme  cette 
plante  Elatine  en  Latin.  Galien  la  tient  médiocre- 
ment téfrigérative  &  aftringente.  /-^oj.  Linaire. 
ELAVE  ,  EE  adj.  Terme  de  Vénerie.  Poil  elavé.  Ceft 
un  poil  mollasse  &  blafîart  en  couleur.  En  fait  de 
bcreà  challer,  6:  de  chiens ,  c'eft  une  marque  de  foi- 
bielle  en  eux. 

E   L  B. 

ELBE.  Fleuve  qui  defcend  des  montagnes  de  Rifen- 
berg  dans  la  forêt  Hercinienne  ,  ou  forêt  noire.  ^7- 
b'is.  Il  étoit  la  borne  de  l'Empire  Romain  de  ce  cô- 
té-là. Il  coule  du  Nord  au  midi ,  arrofela  Bohême^ 
que  cette,forêt  environne  ,  &  faifant  un  coude  qui 
le  rejette  vers  l'occident ,  il  fe  tourne  tout-d'un- 
coup  vers  le  feptentrion.il  reçoit  dans  fon  cours  la 
Molda\v,qui  palfe  à  Prague,  l'Egerqui  paffe  d  Egra, 
la  Sale  ,  le  Havel ,  &c.  &  vient  fe  décharger  dans 
l'Océan,  après  avoir  lavé  la  ville  deHambourg,  dont 
il  fait,  pour  la  commodité  de  fon  port,  une  des 
plus  belles  &  des  plus  riches  ville  de  l'Europe.  Lar- 
rey,  7. 1.p.  595.  L'i:7ie  baigne  la  Haute  Si  la  Baffe- 
Saxe.  Maty. 

Elbe.//vi;,  anciennement  ^r/^iî//a  j  ^tkale.  C'eft 
une  Ile  de  la  mer  de  Tofcanedans  la  Méditerranée. 
L'Ile  d'£/i^d  dépend  de  la  Principauié  de  Piombino  y 
dont  elle  n'eft  iéparée  que  par  un  canal  de  trois  ou 
quatre  lieues  :  elle  en  a  environ  quatorze  de  eircuir. 
Ses  principaux  lieux  font  Portoiongone  6i  Pono-  ' 
Ferraïo.  On  trouve  dans  cette  IIq,  de  fort  bonnes 
mines  de  fer. 

ELBEUF.  Elbovïum  ,  Elbotum.  Gros  Bourg  de  France  j 
dans  la  Normandie.  Elhcuj  eft  fitué  fur  la  rivière 
de  Seine  ,  quatre  lieues  au-deffus  de  Rouer»,  au 
pied  d'une  montagne  couverte  d'un  \)o\%.Elbeufii^ 
riche  ,  très-peuplé  ,  &  fort  renommé  par  les  étof- 
fes de  draperie  qu'on  y  fabrique.  EibeuJ  fut  érigé 
en  Duché- Pairie  l'an  1 58 1  par  Henri  III ,  en  faveur  " 
de  Charles  de  Lorraine.  Latitude  49  d.  20'.  longit. 
i8-  d.  3ù'. 

Elbeuf-en-BraI;  ou  si;r  Andeele.  Elbovium  in Bralo 
ou  in  luto.  Elbovium  lutojum.  Paroiffe  de  Normandie 
en  France  ,  avec  Seigneurie  ,  Château  &  Chapelle 
fondée.  ElbeuJ-en-Brai  eft  fitué  une  lieue  au-deffus 
de  Gournay-en-Brai ,  entre  l'Abbaye  de  Bellofane  , 
le  Prieuré  de  Saint-Aubin  &  la  rivière  d'Epte. 

Le  mot  Elbeuj  s'eft  formé  du  Teutonique  Bu 
ou  beuf,  qui  lignifie  un  village.  Anciennement  on 
diloit  Eariebeuf,   c'eft  d-dire  le  village  du  Comte. 

Elbeuf  ,  fe  dit  aullî  pour  le  dr.ip  qui  fe  fabriqued  El- 
beuf,  ou  qui  l'imite.  Donnez-moi  un  bon  Elbeuf. 
Il  étoit  vêtu  en  Elbeuf.  L'Ordonnance  du  28  Mai 
1735  veut  que  les  habits  uniformes  des  Oiîiciers 
foient  de  drap  d' Elbeuf ,  ou  autre  manufaélure  fem- 
blable ,  au  lieu  que  ceux  des  Cavaliers  font  de  drap 
de  Lodève  ou  de  Berry. 

ELBING.  Ville  anféatiqtie  de  la  Pt»ffe  Royale.  El- 
bingj.  Elle  eft  fituée  dans  le  Palatinat  de  Mariem- 
bourg  ,  à  huit  lieues  de  la  ville  de  ce  nom  ,  d  qua- 
torze de  celle  de  Dantzick  vers  le  levant.  ElbingeÇt 
fitué  fur  une  rivière  de  même  nom  ,  grand  ,  peu- 
plé ,  riche  par  fon  commerce ,  divifé  en  vieille 
&  en  nouvelle  ville  ,  toutes  deux  bien  fortifiées.  £'/- 
^i/?D' fut  bâti  l'an  123  9. Cette  ville  devint  Impériale  5c 

H  h  h  h  ij 


éîL 


E  L  B     ELC 


libre  :  mais  l'Ordre  Teutonnique  fe  la  fournit  l'an 
1452.  Elle  fecoua  le  joug  de  ces  Maîtres  deux  ans 
après ,  auiri-bien  que  Dantzick  &  Se  Thoin ,  & 
fe  donna  aux  Polonois.  L'Univerlité  à'tlbing  fut 
fondée  par  Albert  de  Brandebourg  en  1 5  41.  hlhing 
fut  pris  en  1J29.&  KÎ55  par  les  Suédois  ,  mais  ils 
le  rendirent-  Long.  37  d.  40'  j  lar.  54  d.  12. 

ELBiNG.La  rivière  d'f/îi/.'c  fort  cfulacde  Draufen  ,  6; 
va  fe  décharger  dans  le  Golfe  de  Frifch  Haif.  Elle 
prend  fon  nom  de  la  ville  dont  nous  venons  de 
parler. 

ELBIR.  Ville  d'Afie  dans  la  I^îéfopotamie  \  on  l'appe- 
loir  autrefois  Byrta.  Elle  etl  fituée  au  bord  de  î'Eu- 
phrate,  &  munie  d'une  citadelle.  De  l'Ile  la  nom- 
me Bir.  El  ou  al  ne  font  fouvent  que  des  particules 
féparables  des  noms  Arabes. 

ELBOURG.  Elburgum.  Petite  ville  des  Provinces-U- 
nies. Elle  e(l  dans  le  "Weluve  ,  en  Gueldre  ,  aux 
confins  de  l'Overilfel ,  fur  le  Zuiderzée  ,  à  2  lieues 
deCampen.  Les  François  prirent  Elbourg  en  1672 
&  en  démolirent  les  fortifications.  Longitude  23  d. 
20'  .  latitude  54  d.  12'. 

ELC. 

"ÊLCASAR-FARON.  Ville  d'Afrique  dans  la  Province 
de  Fez  propre. 

ELCATIF.  Ville  de  l'Arabie  Fleureufe  fur  le  Golphe 
de  Balfora  qu'on  appelle  aulli  Golfe  d'EkaaJ.  Caûja 
Georha.  Ekacif  dï  la  capitale  d'une  Principauté  & 
tributaire  du  Turc.  Long.  70  d.  40' ,  lat.  i6  d. 

ELCESAÏTES  ,  ou  Elch'saïens  ,  comme  les  appelle 
Théodoret ,  anciens  Hérétiques  ,  qui  ont  pris  leur 
nom  d'un  faux  Prophète  que  Saint  Epiphane  ap- 
pelle tantôt  Elcefai ,  &  tantôt  Elxaï  enlorre  que 
Elcefaï  &  Elxai  ne  font  point  deux  perfonnes  dii- 
-tinguées.  £/(.-e/I:ïr.e.  Cet  Elxai ,  qui  vivoit  au  temps 
de  Trajan  ,  fuivoit  les  fentimens  des  Ebionites  , 
touchant  Jesus-Christ  :  il  les  réforma  néanmoins 
en  quelque  chofe  ,  pour  être  Auteur  de  fede.  Le 
fond  principal  de  la  dodnne  étoit  queJESUs-CHRisx 
qui  étoit  né  dès  le  coirunencement  du  monde  ,  avoi»- 
paru  de  temps  en  temps  fous  divers  corps  \  qu'il 
étoit  une  vertu  célelle  nommée  le  Chrift  ,  dont  le 
Saint  Efpritçtoit  la  fœur ,  (le  nom  Hébreu  qui  fi- 
gn i fie  iJ/z^me  11  féminin  en  cette  langue  )  &;  que 
l'un  &  l'autre  s'étoit  écoulé  dans  Jelus  hls  deMarie. 
Les  Elcejlïus  ,  fclon  faint  Epiphane,  furent  auiîi 
nommés  Samféens  ,  du  mot  HéhyQU  James  ^  qui  fi- 
gnifie  Soleil.  Scaliger  s'eft  manifelfement  trompé  , 
lorfqa  il  a  prétendu  ç\\\Elxai  n'étoit  autre  chofe 
qa'±.j[jji  ou  EJ]'<;'en  ,  enforte  que,  félon  cette  fuppo- 
iition,  les  Ekefaïces  ne  feroient  autre  clîofe  que  la 
fede  des  £//^'£.w  ;  ce  qui  eft  oppofé  à  toute  l'anti- 
quité. Origène  a  fait  mention  des  Elcéfaitcs  dans 
une  de  fes  Homélies  ,  comme  d'une  héréfie  qui  s'é- 
roit  nouvellement  élevée.  Elle  ne  reçoit  pas  ,  dit- 
il  j  tous  les  livres  qui  font  dans  le  Canon  facré  , 
mais  feulement  quelques-uns.Ellefefertde  quelques 
palfages  tirés  de  l'Ancien  Teftament  &  des  Evangi- 
les ;  mais  elle  rejette  entièrement  les  Epîtres  de  S. 
Paul.  Ces  fedaires  de  plus  produifoienr  un  certain 
livre  qu'ils  difoient  erre  venu  du  Ciel  ;  &  ils  alfu- 
roient  que  ceux  qui  faifoient  ce  qui  étoit  marqué 
dans  ce  livre  obtenoient  le  pardon  de  leurs  péchés. 
Voyei  Eulche,  HiJloireL.  VI  y  C.jS  qui  a  remar- 
qué aulfi  en  cet  endroit ,  que  cette  héréfie  fut  étein- 
te dès  fa  naiffance.  Saint  Epiphane  parle  alfez  au 
long  de  cette  feéte ,  B.s.r  19.  où  il  dit  qu  Elxai 
étoit  juif  de  naiiïance;  que,  ne  pouvant  vivre  félon 
la  loi  de  Moife  ,  il  inventa  de  nouvelles  opinions  , 
&  fe  fit  des  ftoStateurs.  Il  étoit  grand  ennemi  de  la 
virginité  ,  obligeant  au  mariage  ceux  qui  faifoient 
profeflion  de  fa  dotlrine.  Il  leur  apprit  aulli  à  être 
degrands  hypocrites  dans  le  temps  des  perfécutions^ 
car  il  prétendoit  qu'on  pouvoit  alors  adorer  les 
Idoles ,  pourvu  que  le  cœur  n'y  eût  point  de  part , 
&  qu'on  ne  le  fît  qu'extérieurement. 
ELCÈSI.  Village  de  la  Terre-fainte  ;  que  Théodoret 


ELC     E  L  E 

place  au-delà  du  Jourdain ,  &C  Saint  Jérôme  dans 
la  Galilée- 11  fublilloit  encore  au  temps  de  ce  Père. 
Adrichomius  dit  que  ce  lieu  étoit  de  la  Tribu  de 
■Nephtali.  Si  cela  étoit,  il  auroit  été  en  deçà  du 
Jourdain.  Quoiqu'il  en  loit ,  £/ce/F  étoit  la  patrie 
du  Prophète  Nahum.  Sacy  dit  Elkéfaï  ;  mais  mal. 
Saint  Jérôme  écrit  Elce/i.  Livre  des  vifions  divines 
de  Nahum,  qui  étoit  à'ElkéJhï.  Sacy. 

ELCHE.  Petite  ville  d'Efpagne  dans  le  Royaume  de 
Valence.  Ilici ,  Ilicias  ,  Elicona.  Elleeft  lituée  fur  la 
Ségre,  entre  Alicante  &  Origuela.£'/c/^e  fut  autre- 
fois Epifcopale ,  fous  la  Métropole  de  Tolède.  La 
ville  à'Elche  ,  ielon  l'opinion  la  plus  commune  des 
Géographes ,  eO:  flllice  de  Mêla  ,  oulllicias  dePto- 
lomée.  Long.  17  d.  25'  lat-  38  d.  10'. 

ELCHINGEN,  Elchinga.  Bourg  du  Cercle  de  Suabe 
en  Allemagne.  Elchingen  eft  fitué  fur  le  Danube, 
à  une  lieue  en-delîous  d'Ulm.  L'Abbaye  d'£'/cAi«- 
gcn  ,  Ordre  de  S.  Benoît  j  fut  fondée  en  1 1 28.  par 
Conrad  Duc  de  Saxe ,  à  la  place  d'un  Château  que 
les  vols  &  les  meurtres  commis  par  ceux  à  qui  il 
appartenoit,  rendoient  fameux  dans  tout  le  pays.  Elle 
fut  brûlée  quelque  tems  après,  rebâtie  l'an  1 182. 
par  Albert  Comte  de  Ravellein. 

E  L  D. 

ELDAFAGNI  ou  ELDASAGNI.  E/dafagma  ,  an- 
ciennement Daulia  ,  petite  ville  de  Grèce,  fîtuée 
dans  l'Epire  ,  vers  la  fource  de  la  rivière  de  Po- 
lina  ,  &  fur  les  confins  de  la  Macédoine  Si  de  la 
Thelfalie. 

EL  DE.  Petite  rivière  d'Allemagne,  dans  la  Bafle- 
Saxe. 

E  L  E. 

ELE.  Les  mots  François  qui  fe  terminent  en  êle  > 
ont  la  pénultième  longue,  comme  mêle,  grêle, 

.  ftêle. 

ELE.  Aïeul.  Sazele,  Bifaïeule.  Il  eft  toutà-f^it  vieux  ^ 
£c  ne  fe  trouve  que  dans  les  anciens  titres. 

ELEALE.  Eleale.  ville  iituée  au-delà  du  Jourdain  , 
en  tirant  vers  la  Mer  Morte.  La  Tribu  de  Ruben  la 
demanda  J  l'obtint  5c  la  bâtit.  Nomb.  XXI II.  5. 
37.  Eufebe  dit  dans  fon  OnomaJIicon  que  c'étoit  un 
grand  village  à  un  mille  d'Héfebon.  Eleale  étoit  ii- 
tuée  aux  confins  des  Moabites  ,  &  fut  occupée 
par  ces  peuples.  If.  XV.  4.  XVI.  5.  Jérém. 
XLVIII.  34. 

ELÉATER.  f.  m.  Eleaterium.  C'efl:  une  écorce  des 
Indes ,  qui  reiïemble  au  quinquina  ,  mais  qui  n'en 
a  pas  la  qualité.  On  dit  qu'étant  mêlée  avec  da  ta- 
bac &  fumée  dans  une  pipe  j  elle  ôte  à  la  fumée 
du  tabac  fa  mauvaife  odeur. 

ELEATIQUE.  f.  m.  &  f.  Eleaticus  ,  a  _,  um  ,  Qui  ap- 
partient à  la  ville  d'Elea.  S.  Clément  d'Alexandrie, 
Scrom.  I.  I.  paragr.  14.  dit  que  les  trois  plus  an- 
ciennes feéles  de  Philofophie  ont  pris  le  nom  du 
lieu  où  leurs  auteurs  ont  demeuré.  Celle  de  Thaïes 
s'eft  appelée  Ionique  ,  celle  dont  Pythagore  fut  le 
chef.  Italique,  &  celle  qui  eut  pour  chef  Xéno- 
phanc  ,  Eléatique.  La  feéle  Eléatique  ,  la  philofo- 
phie Eléaûque.  Xénophane  de  Colophon  floriifoit 
du  temps  d'Hiéron ,  Roi  de  Sicile.  Le  fond  de  la 
doétrina  de  la  feèfe  Eléatique  venoit  bien  à  la  vé- 
rité de  ce  Philofophe  ;  mais  le  nom  lui  fut  donné 
par  Zenon  &  Parmenidc  cpii  croient  de  Velie  , 
ville  de  la  Lucanie,  que  les  Grecs  appeloient  f'^f. 
Xénophane  prétendoit  que  les  élémens  étoient  au 
nombre  de  quatre  \  qu'il  y  avoit  une  infinité  de 
Mondes  ;  que  IcS  nuages  fe  formoient  de  vapeurs 
attirées  par  Jos  rayons  du  foleil  \  que  l'ame  ctoïc 
une  fubfcance  fpirituelle  ;  que  Dieu  étoit  de  forme 
ronde  \  qu'il  voyoit ,  qu'il  entendoit  tout,  &  que 
cependant  il  ne  refpiroit  point:  enfin,  qu  il  étoit 
en  même-temps  l'efprit;,  la  prudence  &;  l'érernité. 
Parménide  ,  fuccefleur  de  Xénophane  ,  changea 
quelque  chofe  à  cette  philofophie  :  n'admeuans 


E  L  E 

qae  deux  élemens ,  la  terre  &  le  feu.  Il  avança  le 
premier  que  la  terre  étoit  fphérique ,  iSi  placée  au 
centre  de  l'univers. 

ÉLECTEUR,  (.m.  Du  Latin  elioere ,  élire,  choilîr. 
Celui  qui  élit,  qui  a  droit  d'élire,  t'.lcclor.  L'Ordre 
de  Malte  a  nommé  des  Eledeurs  pour  faire  un 
Grand-Maître.  On  ne  le  du  guère  qu'en  parlant 
des  Eleéleurs  d'Allemagne. 

Électeurs  ,  en  général,  fe  dit, par  prééminence  ,  des 
Princes  d'Allemagne  qui  ont  le  droit  d'élire  l'Em- 
pereur j  qui  lont  Princes  fouverains ,  &  les  princi- 
paux membres  de  l'Empire.  On  ne  fait  pas  bien 
l'origine  des  Elecleurs.  Quelques-uns  la  rapportent 
à  Othon  IlL  l'an  997.  d'autres  à  Frédéric  II.  qui 
mourut  l'an  1150.  D'autres  enfin  au  temps  de  Ro- 
dolplie  de  Habfpurg,  chef  de  la  Maiibn  d'Autri- 
che j  l'an  liSo.  Le  nombre  en  a  été  incertain  au 
moins  jufqu'à  Frédéric  II.  dans  le  treizième  fiècle. 
La  Bulle  d'or  publiée  par  Charles  IV.  en  1346  a 
fixé  le  nombre  des  t lecteurs  à  fept  j  favoir  j  trois 
Eccléfiaftiques,  qui  font  les  Archevêques  de  Mayen- 
ce ,  de  Trêves ,  &  de  Cologne  \  Se  quatre  féculiers , 
le  Roi  de  Bohème ,  le  Comte  Palatin  du  Rhin  ,  le 
Duc  de  Saxe  ,  &  le  Marquis  de  Brandebourg.  Par 
la  Paix  de  Munfter  en  1 6^i.  cet  ordre  a  été  changé  : 
le  Duc  de  Bavière  a  été  mis  en  la  place  du  Comte 
Palatin ,  &  on  a  créé  un  huitième  Eleètorat  pour 
le  Comte  Palatin ,  qui  eft  préfcntement  le  hui- 
tième. 

VEieâeur  de  Mayence  efl:  Chancelier  de  Germanie  , 
convoque  les  Etats ,  &  porte  fon  fuftrage  avant  les 
autres.  VEltcieur  de  Cologne  eft  grand  Chancelier 
d'Italie  ,  3c  facre  l'Empereur  :  celui  de  Trêves , 
grand  Chancelier  des  Gaules ,  &  donne  à  l'Empe- 
reur l'impofuion  des  mains.  Le  Comte  Palatin  du 
Rhin  efl:  grand  Maître  du  Palais  Impérial ,  &  pré- 
fenre  un  Monde  à  l'Empereur  dans  Ion  Couronne- 
ment :  le  Marckgrave  de  Brandebourg  ell  grand 
Chambellan  j  c'ell  lui  qui  met  l'anneau  au  doigt 
de  l'Empereur:  le  Duc  de  Saxe  ell  grand  Maré- 
chal, &  donne  l'épée  à  l'Empereur  :  iSc  le  Roi  de 
Bohème  ,  qui  ne  portoit  autrefois  que  le  titre  de 
Duc  _,  ell  grand  Echanfon  de  l'Empereur.  Il  met  la 
Couronne  de  Charlemagne  fur  la  tête  de  l'Empe- 
reur. L'Empereur  Lcopold  y  en  ajouta  en  1692.  un 
neuvième ,  qui  ell  le  Duc  d  Hanovre  ,  ou  l'EIeSeur 
de  Brunfwich  ,  fous  le  titre  de  grand  Enfeigne,  ou 
ou  grand  Porte-enfeigne  de  1  Empire.  Il  y  a  eu  de 
l'oppofition  à  cette  éreélion  ,  &  les  Princes  d'Aile 
magne  ne  l'ont  point  reconnu  d'abord.  Il  l'a  été 
depuis ,  &  même  de  toutes  les  Puilfances  étran- 
gères ;  la  France  l'ayant  fait  par  la  paix  de  Raftad. 
Depuis  164-' ,  le  Roi  de  France  traite  les  Electeurs 
de  Frères. 

ÉLECTIF  J  iVE.  adj.  Qui  fe  fait  par  éleélion.  Electi- 
vus  ,  qi4  per  elecltonem  dari ,  conjerri  folec.  L'Em- 
pire étoit  héréditaire  du  temps  de  Charlemagne  , 
èc  il  ne  devint  e7tfi2{/  qu'après  la  mort  de  Louis  III. 
le  dernier  de  la  race  de  Charlemagne  dans  l'Em- 
pire. Il  ne  devint  même  tout  à- frit  électif  c^uq  du 
temps  de  Frédéric  II.  en  11 10.  Wicq.  Les  Doyen- 
nés font,  la  plupart  J  des  Bénéfices  t'/{;i.7//j-collatif-s- 
îl  y  a  des  Bénéfices  qui  font  electijs  j  &  non  colla- 
tifs.  Les  charges  municipales  font  électives  en 
France  ,  &  vénales  en  Efpagne.  La  Pologne  ell  un 
Royaume  électif.  Depuis  le  Concordat  il  n'y  a  point 
de  Prélatute  qui  foit  élective  en  France. 

ÉLECTION,  f.  f.  Eleclio.  On  fait  ordinairement  ce 
mot  fynonime  de  choix.  L'Académie  même  défi- 
nit l'un  par  l'aurre  ,  en  difant  :  Eleélion  ,  choix 
qui  eft  fait  par  pludeurs  perfonnes  :  ce  qui  n'eft 
nullement  exacl.  Suivant  la  remarque  du  P.  Bou- 
hours ,  il  y  a  cette  différence  entre  élection  âc  choix  ; 
c'ell  que  {'élection  a  rapport  à  un  Corps  ou  à  une 
Communauté  qui  donne  fes  fuftrages  :  au  lieu  que 
le  mot  choix  ne  fe  dit  guère  que  de  la  perfonne 
qui  le  fait  :  ainfi  élection  ne  peut  être  employé  pour 
choix.  Election  d'un  Empereur ,  d'un  Pape  ,  &c. 
fuppofe  pUifieurs  fuftragcs.  C'eft  un  concours  de 


E  L  E  é'i  3 

fuftrages  j  qui  donne  à  un  fujet  une  place  dans  l'E- 
tat ou  dans  lEgliie ,  ou  la  promotion  d'une  per- 
fonne à  quelque  dignité  par  ceux  qui   ont  droit 
d'élire  :  au  lieu  que  le  choix  eft  un  atle  de  difcer- 
nement  qui  fixe  la  volomé  à  ce  qui  paioît  le  meil- 
leur.  Il  peut  tiès-ailénrent  arriver  que  le  choix 
n'ait  nulle  part  dans  l'e/ecZ^w.  Faire,  approuver ^ 
confirmer  une  élection.  Du  temps  de  Charles  VI. 
s'introduifirent  les  élections  des  Confeilleis  &c  Pré- 
lidens ,  lelquelles  appartenoient  au  Parlement.  Le 
Roi  confirmoit  ituX^iwQUtV élection.  Pasq.  En  1405^ 
on   procéda   à   ï élection  d'un   premier   Préfidenc , 
quoique  le  Roi  y  eût  déjà  pourvu.  Mais  on  donna 
bientôt  atteinte  au  privilège  du  Parlement  ^  car  le 
Pailement  lut  obligé  d'en  nommer  trois ,  dont  le 
choix  appartenoit  au  Roi.  Par  une  Ordonnance  de 
Louis  XII.  en  1499,  il  ell  enjoint  aux  Juges  fubal- 
ternes  de  faire  Vclcction  des  Lieutenans ,  des  Bail- 
lils  &  des  Sénéchaux ,  chacun  dans  leur  Siège.  La 
vénalité  des  charges  a  aboli   l'ulage  des  élections. 
In.    Les    élections    fe  faifoient  par  le  Parlement 
en  préfence  du  Chancelier ,  pour  les  charges  du 
Parlement  :  &  celles  des  Comptes,  par  la  Cham- 
bre des  Comptes.  Cela  fe  pratiqua   particulière- 
ment lous  Charles  VI.  &  dura  jufqu'à  l'invafion 
des  Anglois  ,  qui  difposèrent  abfolument  des  char- 
ges ,  pour  y  placer  ceux  dont  ils  étoient  alTurés, 
Après  leur  expullion ,  les  Rois  voulant  continuer 
la  libre  collation  des  Offices ,  &  le  Parlement  re- 
prendre les  élections  ,  on  trouva  un  milieu  ,  qui 
fut  dénommer  trois  perfonnes,  entre  lefquelles 
le   Roi  choifilfoit  celle  qu'il  trouvoit   à   propos. 
La  nomination  a  duré  jufqu'à  la  vénalité  des  Offi- 
ces. LOYSEAU. 

L'Election  la  plus  folennelle  eft  celle  du  Pape  ,  qui  fe 
fait  par  les  Cardinaux  en  quatre  manières  :  lune 
par  la  voie  du  Saint-Efprit  j  quand  le  premier  Car- 
dinal qui  parle  ayant  donné  fa  voix  à  quelqu'un  j 
il  va  à  l'adoration  en  le  proclamant  Pape,  comme 
par  une  infpiration  fubite  du  Saint-Efprit.  Alors  il 
eft  éluj  (i  tous  les  autres  y  applaudillent ,  on  du 
moins  les  deux  tiers  de  l'ÂlTemblée  :  la  féconde , 
par  celle  du  compromis  j  quand  tout  le  Collège 
convient  de  trois  Cardinaux ,  auxquels  il  donne 
pouvoir  dénommer  le  Pape  ;  &  cette  puillance 
celle  à  la  chandelle  éteinte  :  la  troilième  par  la  voie 
de  fcrutin  \  &  celle-là  eft  la  plus  ordinaire  ,  quand 
les  Cardinaux  portent  des  billets  cachetés ,  où  font 
écrits  hnrs  fuftrages  j  dans  un  calice  qui  eft  fur 
l'Autel.  Il  faut  les  deux  tiers  des  voix  pour  Velec- 
tion  par  fcrutin.  La  quarrième  eft  par  la  voix  d'ac- 
cès ,  quand  les  voix  étant  toujours  trop  partagées 
pour  élire  le  Pape,  quelques-uns  des  Cardinaux  fe 
défiftent  de  leur  premier  fuftrage  ,  &  accédant  y 
c'eû-à-dire,  joignent  leur  voix  pour  les  donner  à 
celui  qui  en  a  déjà  plulieurs  par  le  fcrutin.  L'accès 
même  eft  roujours  joint  au  fcrutin  _,  parce  que  les 
Cardinaux  ne  manquent  jamais  de  donner  leur 
voix  après  le  dernier  fcrutin  ,  à  celui  qu'ils  voient 
avoir  déjà  la  pluralité  ,  Se  par  conféquent  être 
reconnu  Pape  indépendamment  de  leurs  fullra- 
ges.  Ainfi  les  élections  des  Papes  fe  font  tou- 
jours du  conlentement  unanime  de  tous  les  Car- 
dinaux; 

Élection  des  Évêques  ,  eft  une  vocation  canoni- 
que qui  a  été  long-tems  en  uiage  dans  toute  l'E- 
glife  J  8c  l'ell  encore  en  bien  des  endroits.  Dans 
l'origine  elle  fe  hiilbit  en  préfence  du  peuple  j  dont 
le  clergé  étoit  bien  aife  d'avoir  le  confentcment  ; 
mais  les  inconvéniens  de  cette  manière  d'élire  ayant 
été  reconnus  ,  le  Concile  de  Latran  en  IZ15.  fous 
le  Pape  Innocent  III.  fit  défenfe  aux  Laïques  d'être 
préfens  aux  élections.  Sous  la  première  race  des 
Rois  de  France,  Vélection  fe  faifoit  par  le  Clergé, 
&  le  Pxoi  la  confirmoit  :  fous  la  deuxième  race  > 
les  Rois  entreprirent  davantage  fur  la  liberté  du 
Clergé ,  &  donnoient  quelquefois  les  Evtchés  à 
des  Laïques  même  de  leur  propre  autorité.  Quel- 
quefois aulfi  ils  avoient  égard  aux  éleciions.  Voyez 


6i4  E  L  E 

i'aïqiiier.  Les  brigues ,  les  divifions  &  le  tumulte 
qni  arrivèrent  dans  plulicurs  allemblees  Hcclclial- 
tiques  ,  furent  quelquefois  un  fujet  aux  Rois  de 
nommer  aux  Prélatures.  Cependant  encore  au 
commencement  de  b.  troifième  race  les  Rois  réta- 
blirent la  liberté  des  eUclions  ,  ne  fe  rélcrvant  que 
le  pouvoir  d'accorder  la  ipermillion  délue ,  &  d'a- 
gréer les  perfonnes  élues.  Saint  Louis  en  1248, 
ordonna  les  élections  avoir  cours  dans  fon  Royaume: 
&c  depuis  il  lit  publier  fon  Ordonnance  appelée  la 
Fragmacique-Sanciion ,  pour  rétablir  plus  loiennel- 
lement  le  droit  des  élections ,  à  condition  que  ceux 
qui  leroient  élus  ,  ne  feroient  point  conlacrés  fans 
h  petmillion  du  Roi.  Charles  VII.  confirma  auili 
La  liberté  des  élections  par  la  Pragmatique-Sandion 
qui  fut  drellée  à  Bourges  en  i43S.Le  Concordat 
fupprima  les  éleciions  j  &  aujourd'hui  h  nomina- 
tion aux  Evêchés,  aux  Abbayes  &:  Prieurés  électifs, 
à  toutes  les  Prélatures  &  Bénélices  Conhitoriaux  j 
appartient  au  Roi.  On  ne  réferve  le  droit  d'elire 
qu'aux  Chapitres  des  Eglifes  Cathédrales  &  Collé- 
giales ,  &  aux  Monaitères  qui  ont  un  privilège  fpé- 
cial  d'élire  5  comme  l'Abbiye  de  Clugny  ,  Cî- 
teaux  ,  iScc.  qui  font  Chefs  d'Ordre  ,  à  qui  l'Ordon- 
nance de  Louis  Xill.  en  1619,  a  confirmé  le  droit 
è,' élection.  Il  y  a  deux  fortes  à'éleclion  ;  l'une  fim- 
ple,  &  celle  qui  a  befoin  de  la  confirmation  du 
Supérieur.  L'autre  coUuive,  &  qui  n'elL  appelée 
élection  qu'improprement ,  parce  que  ceux  qui  éli- 
fent  j  confèrent  en  mcme-temps  j  fins  avoir  be- 
ibin  de  recourir  au  Supérieur. 

Élection  ,  Tribunal  où  les  Elus  rendent  leur  juftice, 
où  l'on  juge  les  différends  lur  les  tailles  1^  impôts , 
eu  premièi-e  inftance  j  à  l'exception  des  Gabelles 
&  Domaines  du  Rcii.  Eleclorum.  ad  crlbuta  defcri- 
benda  jurifdictio  ,  cuna  ^  tribunal.  C'eft  aulîi  le  ter- 
ritoire dans  lequel  ils  exercent  cette  juriidiction. 
Le  Siège  de  VEleclion  eft  en  telle  ville.  La  France 
eft  diviféô  en  vingt- quatre  Généralités  j  &  chaque 
Généralité  ;  en  plufiears  Elections.  Il  y  a  préfente- 
ment  dans  le  Royaume  181.  Elections.  VlElection 
de  Paris  contient  440  Paroi (fes.  VEleclion  de  Pans 
eft  compofée  d'un  Préfident ,  d'un  Lieutenant  , 
d'un  Aîlvlleur  &  de  deux  Confeillers  ou  Elus.  Un 
Pays  d'Election  ,  où  les  Elections  font  établies  ,  elt 
oppofé  au  Pays  à'Er.:[s.  L'Appel  de  l'Election  eft 
relevé  à  la  Cour  des  Aides.  'Voyez  Elu. 

Election  ,  en  termes  d'Ecriture- Sainte  &  de  Théolo- 
gie, Choix  que  Dieu  fut  par  fon  bon  plailir,  des 
Anges  ,  des  hommes ,  pour  des  delfeuis  de  grâce  &.' 
de 'miféruorde.  Electio.  L'Election  du  peuple  Juif 
eft  le  choix  que  Dieu  en  a  fait  pour  l'attacher  par- 
ticulièrement à  fon  culte  fc  à  fon_fi,rvlce  ,  &  pour 
en  faire  naître  le  Mellîe.  Election  lignifie  aufii  quel- 
quefois prédeftination  à  la  grâce  &;  à  la  gloire  , 
quelquefois  prédeftination  à  la  gloire  feulement. 
Il  elt  de  foi  que  la  prédeltination  à  la  giâce  elt  gra- 
tuite ,  purement  &  fimplcment  en  tout  fens  ;  graria 
quia  gratis  data.  Les  Théologiens  difputent  fi  \'é- 
Icûion,  ou  prédeltination  à  la  gloire  elt  gratuite, 
ou  fi  elle  fuppofe  les  mérites  ;  c'eft-à-dire,  fi  elle 
eft  devint  ou  après  la  p'évifion  des  mérites.  Il  y 
en  a  qui  dilent  qu'elle  e(t  en  même-temps  devant 
6:  après:  elle  eft  devant  la  prévifion  de  nos  méri- 
tes ,  parce  que  la  gloire  nous  eft  deftinée  avant  nos 
mérites  :  elle  elt  après ,  parce  que  cette  gloire  , 
que  Diju  nous  deftine  j  ne  nous  elt  deftinée  que 
comme  récompenfe  ,  &  par  conféquent  comme 
une  fuite  de  nos  bonnes  œuvres.  L'élection  de  Dieu 
eft  gratuite  ,  &  dépendante  de  fon  bon  plaihr. 

On  dit  aulti,  figurément,  que  Dieu  a  tait  d'un  pé- 
cheur un  vailfeau  d'élection;  pour  due,  qu'il  en  a 
fair  un  grand  Saint.  C'eft  une  phrafe  de  l'Ecrirure , 
phrafe  confacrée.  Elle  eit  prife  des  Adtes  des  Apô- 
tres IX.  15.  où  Dieu  dit  à  Ananie,  en  parlant  de 
■faint  Paul  ,  C'eft  un  vafe  d'élection  pour  porter 
mo;i  nom  ',  car  1^3  ,  vailfeau  ,  en  Hébreu  &  dans 
le  ftvlc  de  l'Eciiture ,  fignifie  infttument  j  & ,  dans 


E  L  E 

le  même  ftyle ,  iuftrument  d'élection  eft  la  même 
choie  qu'inltrument  choili. 
On  appelle ,  au  Palais  ,  eleciion  de  domicile  .,  le  lieu 
qu  on  déligne  eh  pallant  un  contrat,  ou  en  faifant 
taire  un  exploit  j  lieu  dans  lequel  on  demeure  ac- 
tuellement ,  ou  tel  autre  lieu  qu'on  choilii ,  dans 
lequel  une  paitie  agrée  qu'on  talle  les  lignifications 
que  la'paine  adverle  lera  obligée  de  laire  en  exé- 
cution de  ces  attes.  Les  exploits  de  faiiies  ne  valent 
rien  ,  s'il  n'y  a  une  eleciion  der  donùcile.  Les  contrac- 
tans  tout  louvent  eleciion  de  domicile  en  la  maifon 
de  leurs  Procureurs. 

Elhction  ,  le  du  aulîi  d'une  partie  de  la  Pharma- 
cie ,  qui  enfeigne  la  manière  de  bien-  choifir  les 
m:dicamens  j  &  de  dilhnguer  les  bons  d'avec  les 
mauvais.   Il  y  a  une  eleciion  générale,  qui  donne 
des  préceptes  de  tous  les  médicamens  en  général  j 
6c  une  paniculière  j  qui  en  donne  de  chaque  médi- 
cament en  particulier. 
ÉLECTORAL,  ale.  Qui  concerne  l'Eleiteur,  qui 
fe  1  apporte  ,  qui  convient  a  l'Electeur.  Electoralis. 
Lq,  Prince  Electoral  eit  le  fils  aîné  d'un   Electeur, 
&  l'héritier  préfomptit ,  qui  doit  fuccéder  à  fa  di- 
gnité. On  traite  LEleèteur  d'Altelfe  Electorale.  Le 
Collège  Llectoral ,   qui  eft  compofé  de  tous  les 
Eledteurs  d  Allemagne,  eft  le  plus  illurtre,(Sc  le 
plus  augufte  Corps  de  l'Europe.  Bellarmin  &  Baro- 
nius  attribuent  l'inftltution  du  Collège  Electoral  ii\i 
Pape  Grégoire  V.  &  à  l'Empereur  Othon  III.  dans 
le  X'  fiècle.  Prefque  tous  les  Hiftoriens ,  &  fur- 
tout  les  Canoniftes  j  font  de  ce  fentiment.  M.  de 
Wicquefort  le  contelte  j  &  prétaid  prouver  par 
l'éledtion  des  Empereurs  fuivansj  que  le  nombre 
des  Eleèieurs  n'étoit  point  'n)i<i  ,  &  cjue  la  dignité 
Electorale  n'étoit   point  annexée  à  certaines  Prin- 
cipautés ,  à  l'exclulion  de  tous  les  auttes  Princes 
d'Allemagne.  Il  fonrient  qu'avant  Charles  IV".  il 
n'y  avoir  rien  de  réglé,  &i  qu'il  ne  publia  la  Bulle 
d'or  que  pour  prévenir  les  Ichilmes  &  allurer  le 
repos  de  l'Empire  par  un  règlement  tormel  &  pofi- 
tif.  La  Bulle  d'or  donnée  par  Charles  IV.  en  13  y6. 
forma  le  Collège  Electoral ^  &  réduifit  à  fept  le 
nombre  des  Eledteurs.  Le  Roi  de  Bohème  n'a  féan- 
ce  &  fuflrage  dans  le  Collège  Electoral ,  que  quand 
il  s'agit  de  l'éleètion  de  1  Empereur. 
ÉLECTORAT.  f.  m.  Dignité  d'Eledleur,  &  auflî  le 
territoire  qu'il  polfède  annexé  à  la  qualité.  L'Elec- 
rori;r  de  Saxe  ,  de  Bavière.   En  1692.  l'Empereur  a 
érigé  de  fon  autorité  un  neuvième  Electorat  en  fa- 
veur de  la  Mailon  de  Lunebourg.  Cette  élection- 
eft  conteftée   par   pluheurs   Princes    d'Allemagne 
qu'on  appelle  les  Princes  cppolans  au  neuvième 
Electorat.  Bien  qu'en  Allemagne  les  fils  des  Princes 
partagent  ordmairement   entre  eux  les  terres  de 
leurs  pères,  celles  auxquelles  VElcctorat  ei\  :itzaché 
ne  fe  divifent  point  &pairent  toutes  uniquement  à 
l'aîné _,  ciui  luccède  à.  ÏElei^torat. 
ELECTRE  MINERAL  ,  ou  ELECTRUM  MINE- 
RALE. Car  on  retient  aulîi  le  nom  Latin  dans  notre 
langue.  Terme  de  Médecine  &  deChymie.  Compo- 
fé qui  (e  frit  avec  l'étain  ,  le  cuivre  j  quelques  uns 
y  aioutent  l'ot  &  le  double  régule  d'antimoine  mar- 
tial tondus  enfemble  ;  il  en  réfulte  une  malle  mé- 
tallique ,  à  qui  quelques  Chymiftes  ont   donné  le 
nom  d' cleclrum  mineraLe.  On  prend  cette  malfe  ,  on 
la  met  en  poudre,  on  la  réduit  par  une  longue  dé- 
ronation  ,  en  une  efpèce  de  Icorie  ,  dont  la  couleur 
rire  fur  le  vert  pale  ;  on  la  pulvérife  encore  chaude, 
&on  la  met  en  digeftiondans  une  certaine  quantité 
d'efj)rit  de  vin  ou  de  genièvre  ,  à  qui  elle  donne 
une  teinture  d'un  rouge  admirable.  Burlet.  ^4c.  d. 
Se.  1 700.  Mém.  p.  12-]. 
ELECTRE,  f.  f.  Nom  de  femme.  Terme  de  Mytholo- 
gie &  d'Aftronomie.  f/ecZra.  Plufieurs  femmes  ou 
bceifes  ont  porté  ce  nom.  Electre  ,  fille  d'Atlas  & 
de  Pleione,époufa  Coritge  Roi  d'Italie  :  enfuiteelle 
palTa  dans  la  Samothrace  ,  &  fut  nommée  par  les 
habirans  de  ce  pays  Stategis  &  Eleclrione.  C'eft  una 
des  Pléiades.  Hyginus  ,  Poët.  JJlranomic.  en  par- 


EL  Ë 

îant  du  Taureau  ,  Se  Avienus  in  Aratels  ,  difent 
que  c'ell  la  feptième  des  Pléiades  ,  que  depuis  la 
pnfe  de  Troie  elle  ne  veut  plus  paroître  ,  parce  que 
Dardanus  ,  le  chef  de  la  narion  Troyenne ,  étoïc  Ion 
fils.  Ovide  rapporte  la  même  fable  dans  les  Faites , 
Liv.  IV.  V.  31.&V.  167.  &  luiv.  Quelques  Auteurs 
dillingaent  Electre  ,  mère  de  Dardanus  ,  A' Electre 
fille  d'Atlas,&:  difent  que  celle  qui  fit  Jupiter  père  de 
Dardanus ,  ctoic  une  Nymphe  hlle  de  l'Océan  &  de 
Thétys,  &  la  font  femme  d'Atlas  ,  &  non  pas  fa 
fille  ;  mais  c'eft  une  faute.  La  comparaifon  des  deux 
endroits  d'Ovide  ,  que  j'ai  cités  ,  montre  que  la 
mère  de  Dardanus  elî  la  Pléiade.  Ce  Pocte  ne  la  met 
pas  la  feptième  ,  mais  Mérope  :  il  marque  auUi 
qu'il  étoïc  douteux  cbns  la  fable  li  c'étoit  Mérope 
ou  Electre  y  qui  ne  paroilfoit  plus.  Electre  j  fœur 
d'Orefte  ,  &c  fille  d'Agamemnon  &  de  Clytemnef- 
tre,  eft  le  fujet  d'une  Tragédie  de  Sophocle.  Ho- 
mère ,  en  parlant  des  filles  de  ce  Prince ,  ne  fait 
aucune  mention  d'Electre.  Madame  Dacier  prétend 
c[ii  Electre  n'eft  pas  un  nom  propre  ,  mais  un  fur- 
nom  qui  Fût  donnéà  Laodice,  pour  marquerqu'elle 
n'avoir  été  mariée  que  fort  tard ,  &  qu'elle  étoit 
demeurée  long-temps  vierge.  Ce  furnom  d'Electre 
ne  lui  a  été  donné  que  par  les  Poètes  tragiques.  La 
mort  de  Clytemnellre  fait  le  fujet  de  plufieuts  Tra- 
gédies Grecques  &  Françoifes  qui  font  fous  le  nom 
d'Electre  ;  Sophocle  &  Euripide  pour  les  Grecs  , 
Longepierrc  5c  CrebiUon  pour  les  François  ,  ont 
traité  ce  fujet.  Elchyle  l'a  traité  lous  le  nom  de 
Cocophores.  CEdipe  eut  aufll  une  fille  nommée 
Electre,  &c  fœur  d'Antigone. 

ÉLECTRICE.  f.  f.  Epoufe^d'Eledeur.  Eleclrix  Mada- 
me VElectrice  de  Brandebourg  ,  Madame  l'Electrice 
de  Bavière ,  &c. 

ÉLECTRICITÉ,  f.  f.  Terme  de  Phyfique  &  d'Hiftoire 
Naturelle.  Qualité  des  corps  qui  en  attirent  d'autres 
&  les  repoullenr,  comme  fait  Vambie.  ElectrùidiSj 
virtus  aaracûva.  Il  y  a,  dans  les  Tranfaétions  philo- 
fophiques  de  l'année  173 1,  diverfes  expériences 
très-fingulieres  &  très-curjeufes  fur  Veleclricice.  Il  y 
en  a  de  femblables  dans  les  Mémoires  de  l'Acadé- 
mie des  Sciences  de  l'année  1733.  M.  Du  Fay  a 
trouvé  que  la  corde  la  plus  commune  étoit  ce  qui 
convient  le  mieux  pour  tranlmettre  \  électricité  ;  Se 
d'autant  mieux  qu'elle  n'efl:  point  électrique  par 
elle-même  j  fur-tout  quand  elle  eft  mouillée.  Il  a 
enfuite  remarqué  que  moins  les  matières  dont  font 
faites  les  boules  auxquelles  l'électricité (e  comiMuni- 
que  ,  font  éleâriques,  plus  ces  boules  font  d'etFet  ; 
&  cela  ,  à  proportion  de  leur  volume.  Enfin  il  a  dé- 
couvert que  la  foie  ou^ies  tuyaux  de  verre  ordinai- 
re n'interrompent  point  le  cours  de  la  matière  élec- 
trique le  long  des  cordes  qu'ils  fupportent.  F'oye:^ 
les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  ,  1753. 
Boyle  a  parfaitement  établi  Veleclricice  des  corps 
dans  fon  Traité  De  mechanicâ  eleclricitatis  produclio- 
ne.Si  l'électricité  n'eft  pas  proportionnée  à  la  quan- 
tité de  matière  des  corps,  elle  l'eft  du  moins  à  leur 
volume.  BrÉmond.  M.  Du  Fay  a  porté  l'électricité  à 
une  diftance  beaucoup  plus  grande  que  les  Anglois. 
Il  lui  a  fait  parcaurir  1 25(îpiedsde  Paris  par  un  vent 
de  nord-oueft  très-violent ,  &  par  un  temps  fec  Se 
affez  froid.  Id.  Tranf.  Phil.  17 jr. 

Quoique  la  découverte  de  tous  les  phénomènes  de 
l'électricité  femble  devoir  appartenir  à  ces  derniers 
temps  ,  il  faut  cependant  convenir  que  plufieurs 
Phyliciens  célèbres  du  dernier  fiècle  en  avoient  jeté 
les  premiers  fondemens  ,  &  trouvé  prefque  tour  ce 
que  les  expériences  faires  en  France  &  en  Angleter- 
re en  onr  appris.  Tels  font  Gilbert  De  Magnete  , 
L.  II.  C.  z.  L'Académie  de  Florence  ,  dans  fon  Re- 
cueil d'expériences,  Otton  de  Guerricke.  L'ambre, 
le  jais ,  la  cire  d'Efpagne  font  connus  depuis  long- 
temps pour  avoir  cette  propriété.  M.  Du  Fay,  de 
l'Académie  Royale  des  Sciences ,  a  donné  un  extrait 
de  ce  qu'ont  rapporté  fur  cette  matière  les  Auteurs 
qui  l'ont  traitée  avec  le  plus  de  foin...  Merc.  de  Juin 

^  Jjij.  Le  jais  ne  paroît  autre  chofe  qu'un  bitume 


ÈLÈ  6ij 

noir,  mt-létiepartiesdefer.  Se  durci  comme  une 
pierre.  L'ambre  jaune  n'a  point  d'autre  origine.  On 
y  trouve  même  odeur,  même  électricité,  c'eft- à-di- 
re ,  même  facilité  à  attirer  les  pailles  &  les  mariè- 
res  légères ,  après  avoir  été  échauffé  par  le  frotte- 
ment. Spett.  de  la  Nat, 

Dans  les  expériences  fur  l'électricité,  le  même  du- 
vet J  ou  la  feuille  d'or  eft  quelquefois  dans  un  ac- 
cès de  répullion  j  c'eft-à-due,  d  élafticité  ,  &  quel- 
quefois dans  un  état  d'attraction  qui  tend  à  la 
fixité.  DeBufion. 

Le  mot  François  électricité  vient  du  Latin  electrum 
qui  fignihe  de  l'ambre.  On  nomme  ainli  l'aélion 
d'un  corps  que  l'on  a  mis  en  état  d'attirer  à  lui  ou 
de  repoulfer,  comme  on  le  voit  faire  à  l'ambre,  de 
perites  pailles ,  des  plumes ,  ou  d'autres  corps  légers 
qu'on  lui  prélente  à  une  certaine  diftance. 

V électricité  k  manifefte  principalement  de  deux 
manières  :  1°.  par  des  mouvemens  alternatifs  j  aux- 
quels on  a  donné  les  noms  d'attractions  Se  de  répul- 
sions J  2°.  par  une  efpèce  d'infiammation  qui  prend 
différentes  formes  ,  Se  qui  a  différens  effets,  fuivanc 
les  circonftances.  Ces  deux  fignesne  vont  pas  tou- 
jours enfemble  j  le  premier  s'apperçoit  plus  commu- 
nément que  l'autrejle  dernier  annoace  prefque  tou- 
jours une  forte  électricité. 

Propositions  fondamentales  tirées  de  l'expérience  aujk- 
i et  de  l'Elf^nc'iiè  des  corps.  Elles  fe  trouvent  dans 
l'Ouvrage  de  M.  L'Abbé  Nolkt  Jltr  cette  matière  j  p. 
141.  &Juivantes. 

1.  De  tous  les  corps  qui  ont  affèz  de  confiftance 
pour  être  frottés ,  &:  dont  les  patries  ne  s'amolilfenc 
point  trop  par  le  frottement ,  il  en  eft  peu  qui  ne 
s'éleétrifent  quand  on  les  frotte. 

2.  Les  corps  vivans  ,  les  métaux  parfaits  ou  im- 
parfaits ne  deviennent  point  électriques  par  flot- 
tement. 

J.  Tous  les  corps  qu'on  peut  cleitrifer  en  frot- 
tant, ne  font  pas  capables  d'acquérir  un  égal  degré 
d'électricité  par  cette  opération. 

4.  Les  marières  les  plus  éleétriques  ^  après  avoir 
été  frottées,  font  celles  qui  ont  été  vitrifiées  j  &  en- 
fuite  le  foufre ,  les  gommes  j  certains  bitumes ,  les 
réfines ,  Sec. 

5.  Il  paroît  qu'il  n'y  a  aucune  matière,  en  quelque 
état  qu'elle  foit ,  (fi  l'on  en  excepte  la  flamme  Se  les 
autres  fluides  quifedifîipent  par  un  mouvement  ra- 
pide, parce  qu'on  ne  peut  guère  les  foumettre  à  ces 
fortes  d'épreuves  j  )  il  n'eft  3  djs-je ,  aucune  matière 
qui  ne  reçoive  l'électricité  d'un  autre  corps  aétuel- 
lemenr  éleétrique. 

6.  Il  y  a  des  efpèces  .à  qui  l'on  communique  IV- 
leclricité  bien  plus  aifément  ,  Se  bien  plus  forte- 
ment qu'à  d'autres  \  tels  font  les  corps  vivans  j  les 
métaux  J  &  aflcz  généralemenr  toutes  les  matières 
qu'on  ne  peut  éleètrifer  par  frottement ,  ou  qui  ne 
le  deviennent  que  peu  &  difficilement  par  cette  voie. 

7.  Ec  au  contraire  les  corps  qui  s'éleétrifent  le 
mieux  par  frottement,  le  verre  ,  le  foufre  ,  les 
gommes ,  les  rélines  ,  la  foie ,  Sic.  ne  reçoivent  que 
peu  ou  point  dé  électricité  ^m  communication. 

S.  Les  effets  paroiffent  être  les  mêmes  au  fond  , 
foit  que  l'électricité  naiffe  par  frottement  ,  foie 
qu'elle  s'acquierre  par  communication. 

9.  La  voie  de  communication  eft  un  moyen  plus 
efficace  que  le  frottement  j  pour  forcer  les  effets 
de  l'électricité. 

10.  Un  corps  aéluellement  éleétrique  attire  &re- 
poulfe  toutes  forres  de  marières  indiftinClremcnt  , 
pourvu  qu'elles  ne  foient  pas  retenues  invifiblement 
par  trop  de  poids  ,  ou  par  quelque  autre  obftacle. 

1 1 .  Il  y  a  certaines  matières  fur  lefquelles  l'électri- 
cité :i  plus  de  prife  que  fur  d'autres. 

12.  Cette  difpofition  plus  ou  moins  grande  ,  à 
être  attiré  ou  repoulfé  par  un  corps  éleélriaue  ,  dé- 
pend moins  de  la  nature  des  matières ,  de  leurco»- 


Gi^ 


ELE 


leur ,  &c.  que  d'un  aflemblage  plus  ou  moins  ferre 
de  leuis  parties. 

15.  LV/ecZriaVneft  point  un  état  permanent;  elle 
s'aftaife  &  elle  ceflTe  d'elle-même  après  un  certain 
temps  ,  fuivant  le  degré  de  force  qu'on  lui  fait 
prendre  ,  &  la  nature  des  matières  dans  lefquelles 
on  la  fait  naître. 

14.  Un  corps  éleûrifé  perd  communément  toute 
fa  vertu  par  l'attouchement  de  ceux  qui  ne  le  font  pas. 

15.  Dans  le  cas  d'une  ïoïiq  éleclndcé ,  les  actou- 
chemens  ne  font  que  diminuer  la  vertu  du  corps 
électrifé  ,  &  ne  la  lui  font  perdre  entièrement  qu'a- 
près un  efpace  de  temps  qui  peut  être  alfez  conlidé- 
rable. 

ii5.  Il  efi:  de  toute  évidence  que  les  attrapions, 
répulfions  j  &  autres  phénomènes  électriques,  font 
les  effets  d'un  fluide  fubtil ,  qui  le  meut  autour  du 
corps  que  l'on  a  élettrifé  ,  &  qui  étend  fon  adion 
à  une  dillance  plus  ou  moins  grande, félon  le  degré 
de  force  qu'on  lui  a  fair  prendre. 

17.  Ce  fluide  fubtil  n'elf  point  l'air  de  l'atmo- 
fphère  agité  par  le  corps  éledtrique  ,  mais  une  ma- 
tière diftinguée  de  lui ,  &  plus  fubtile  que  lui. 

I  §7  La  matière  électrique  ne  circule  point  autour 
<lu  corps  clcdrifé  ^  &  fatmofphère  qu'elle  forme 
n'eft  point  un  tourbillon  proprement  dit. 

ly.  La  matière  que  nous  nommons  éle6trique  , 
s'élance  du  corps  clcélrifé  ,  &  fe  porte  progrefli- 
vement  aux  environs  jiifqii'à  une  certaine  diftance. 

zo.  Tant  que  dure  cette  émanation  ,  une  pareille 
matière  vient  de  toutes  parts  au  corps  éleélrique  , 
remplacer  apparemment  celle  qui  en  sort. 

11.  Ces  deux  courans  de  matière  ,  qui  vont  en 
fens  contraires  ,  exercent  leurs  mouvemens  en  mê- 
me temps. 

12.  La  matière  qui  va  au  corps  éledrifé ,  lui  vient 
non-feulement  de  l'air  qui  l'entoure  ,  mais  auffi 
de  tous  les  autres  corps  qui  peuvent  être  dans  fon 
voilinage. 

23.  Les  pores  par  lefquels  la  matière  éledrique 
s'élance  du  corps  éleétrifé  ,  ne  font  pas  en  auilî 
grand  nombre  que  ceux  par  lefquels  elle  y  renrre. 

24.  La  matière  éleéttique  fort  du  corps  éledrifé 
en  forme  de  bouquets  ou  d'aigrettes,  dont  les  rayons 
divergent  beaucoup  entr'eux, 

25.  Elle  s'élance  de  la  même  manière  j  &  avec 
la  même  forme,  des  endroits  où  elle  demeure  invi- 
fible. 

26.  Il  y  a  toute  apparence  que  cette  matière  invifi- 
ble  qui  agit  beaucoup  au-delà  des  aigrettes  lumi- 
neufes  ,  n'eft  autre  chofe  qu'une  prolongation  de 
ces  rayons  eniïammés  ,  &  que  toute  matière  élec- 
trique dont  le  mcifvement  n'eft  point  acompagné 
de  lumière ,  ne  diffère  de  celle  qui  éclaire  ou  qui 
brûle  ,  que  par  un  moindre  degré  d'adtivité. 

27.  La  matière  éledrique  j  tant  celle  qui  émane 
des  corps  éledfrifés ,  que  celle  qui  vient  à  eux  des 
corps  environnans  ,  eft  affez  fubtile  pour  palier  à 
travers  des  matières  les  plus  dures  &  les  plus  com- 
paétes  qu'elle  pénètre  réellement. 

28.  Mais  elle  ne  pénètre  pas  tous  les  corps  indif- 
tindement  ^  avec  la  même  lacilité. 

29.  Les  matières  fulfureufes  ,  grades  ou  réfineu 
fes  y  par  exemple  ,  les  gommes  j  la   cire  j   la  foie 
ihême ,  &c.  ne  la  reçoivent  &  ne  la  tianfmettent 
que  peu  ou  point  du  tout ,  li  elles  ne  font  frottées 
ou  chauffées. 

30.  Elle  pénètre  plus  aifément ,  &  fe  meut  avec 
plus  de  liberté  dans  les  métaux  ,  dans  les  corps 
animés ,  dans  une  corde  de  chanvre  ,  dans  l'eau  , 
&c.  que  dans  l'air  même  de  notre  atmofphère. 

51.  Beaucoup  d'obfervations  &  d'expériences 
nous  portent  à  croire  que  la  matière  éledrique  eft 
partout ,  au-dedans  comme  au-dehors  des  corps  , 
tant  folides  que  liquides  ,  &  fpécialement  dans  l'air 
de  notre  atmofphère. 

3  2.  Il  y  a  toute  apparence  que  la  matière  qui  fait 
Xclecîr'idté  ,  ou  qui  en  opère  les  phénomènes  ,  eft 
la  sncme  que  celle  du  feu  &  de  la  lumière. 


ELE 

3  3.  Il  eft  très-probable  auffi  que  cette  matiète,  U 
même  au  fond  que  le  feu  élémentaire,eft  unie  à  cer- 
taines patties  du  corps éledrifant ,  ou  du  corps  élec- 
trifé ,  ou  du  milieu  par  lequel  il  a  paffé. 
ÉLECTRIDES.  Ifles  fuppofées  par  la  fable  ci  l'embou- 
chure du  Pô,  EUcinacs.  Les  Anciens  diloient  que 
Phacton  ,  frappé  de  la  foudre  de  Jupiter  ,  tomba 
dans  ces  quattiers-là  ;  que  c'étoit  pout  cela  qu'un 
lac  qui  s'y  voyoit ,  avoit  les  eaux  chaudes  ,  &  d'une 
odeur  fi  forte  ,  que  nul  animal  n'en  pouvoir  boire  , 
&  que  les  oifeaux  qui  paffoient  par-delîus  tom- 
boient  morts.  Mêla  3  L.  II.  C.  7.  met  les  Eleclrides 
près  de  Corfou.  Pline  ,  L.  II.  C.  26.  dit  qu'on  n'a 
jamais  fu  quelles  ifles  les  Grecs  avoient  voulu  défi- 
gner  par  ce  nom. 

Ce  nom  fut  donné  à  ces  li^s  du  mot  Grec  '<iMxTfn^ 
Eleclrum ,  parce  qu'on  y  trouvoit  beaucoup  d'am- 
bre ,  que  les  Grecs  appellent  Eledre  ,  Pline  j  L.  II, 
C.16. 
ÉLECTRION.  f.  m.  Fils  de  Perlée  &  d'Andromède  , 
regni  à  Mycènes.  Il  époufa  fa  nièce  Anaxo  j  &  de 
leur  mariage  naquit  Àlcmène.  . 

ÉLECTRIONE.  f  f  Fille  du  Soleil  &  de  la  Nymphe 
de  Rhodes,  eut  pour  fœurs  les  Héliades.  Etant  morte 
pendant  fa  virginité  j  elle  reçut  de  la  part  des  Rho- 
diensdes  honneurs  héroïques. 
ËLECTRIQUE.  adj.  m.  &  f  Qui  a  l'éledricité  ^  qui 
a  la  propriété  d'attirer  &  de  tepouffer  les  corps. 
Eleclrkus  ,  a  ^  um.  Eleclri  vim  habens.  La   mariera 
électrique.   Les  émanations   eleclriques.   Brémont. 
Les  écoulemens  eleclriques.  Id.  Les  Péripatéticiens 
attribuent  cette  qualité  à  une  vertu  fympathique. 
Les  Philofophes  modernes  difent  qu'il  y  a  une  cer- 
taine matière  fott  fubtile,  qui  fe  meut  pour  l'ordi- 
naire dans  les  plus  petits  pores  des  corps  eleclriques^ 
tels  que  l'ambre  ,  le  diamant  j  la  cire  d'Efpagne  , 
&c.  &  qui  J  venant  du  centre  vers  la  fuperficie  j  fe 
réfléchit  en  dedans  à  la  rencontre  de  l'air  qui  lui  ré- 
fifte.  Or  ,  quand  on  frorte  ces  corps  j  l'on  donne  a 
cette  matière,  qu'ils  contiennent,  affez  de  force  pouc 
vaincre  la  réfiftance  de  l'air ,  &  pour  s'étendre  un 
peu  à  la  ronde.  Mais  , «comme  elle  ne  fauroit  allée 
guère  loin  fans  perdre  une  partie  de  fa  force  ,  l'agi- 
tation &  la  circulation  de  l'air  la  repouife,  &  la  con- 
traint de  retourner  en  arrière  ,  pour  rentrer  dans 
quelques-uns  des  pores  d'où  elle  eft  fortie ,  &  oik 
d'autre  matière  ne  fauroit  fi  commodément  entrer  , 
pour  n'être  pas ,   comme  elle  ,  proportionnée  à  la 
grolïeur  &  à  la  figure  de  ces  pores  :  enforte   qu'il 
fort  de  l'ambre ,  par  exemple  ,  un  grand  nombre 
de  petits  filets  imperceptibles  de  cette  matière  j  qui 
s'élancent  dans  l'air  ,  où  ils  pénètrent  les  pores  des 
petits  corps  qui  s'y  rencontr'ent ,   &  de-là  rentrent 
dans  l'ambre.  Enluite,  l'air  repouffant  continuelle- 
ment ces  filets  ,  &  les  contraignant  de  fe  racourcic 
de  plus  en  plus,  pouffe  en  même-temps  les  corps 
légers  dans  lefquels  ces  perits  filets  fe  font  fourrés  , 
qui  rapportent  ainfi  ,  en  retournant  3   les  pailles 
dans  lefquelles  ilss'étoient  engagés.  Roh. 
Electrique  ,  fe  dit  de  tout  ce  qui  reçoit  ou  commu- 
nique l'éledricité.  Corps  électrique.  Tous  les  corps  , 
de  quelque  nature  qu'ils  foient ,  peuvent  devenir 
électriques  ,  excepté  ceux  qui  ne  font  pas  fufcepti- 
bles  de  frottement  j  comme  les  liqueurs  j  &  à  l'ex- 
ception aufli  des  métaux  ;  mais  tous ,   fans  excep- 
tion, peuvent  acquérir  l'éledricité  par  communica- 
tion. .  .  Tous  les  corps  électriques  ,  de  quelque  na- 
ture que  foit  leur  éledricicé  ,  peuvent  devenir  lu- 
mineux ;  il  fort  même  d'un  corps  électrique  ,  soit 
animé  ,  foit  inanimé  ,  des  étincelles  de  feu  qui  font 
accompagnées  d'un  pétillement  fenfible  ,  &c  produi- 
fent  une  fenfation  de  douleur  à  celui'  qui  en  ap- 
proche le  doigt ,  &c.  Obf.fur  les  Ecr.  moi.  tom.  26. 
p.  So.  Si. 
ÉLECTRISER.lv.  a.  Terme  de  Phyfique.  Rendre  clec- 
rrique  j  communiquer  l'éledricité.  Eleclricum  red- 
dere  j  electricitatem  imperùrl.  Si  l'éledricité  n'eft  pas 
proportionnée  à  la  quantité  de  matière  des  corps  , 
elle  l'eft  du  moins  à  leur  volume.  Il  eft  facile  de 

s'en 


ELE 

s'en  apurer  par  une  expérience  toute  fimple.  Il  n'y 
a  qu'à  eUclrlfer  une  boule  ,  un  globe  ,  ou  tout  autre 
corps  d'un  ceriani  volume  iulpendu  à  une  corde  , 
&  en  approcher  un  corps  d'un  plus  petit  volume  \ 
on  ne  lui  enlèvera  qu'une  partie  de  Ion  élecl:ricité  j 
au  lieu  que  ,  fi  l'on  Fait  toucher  à  ce  même  globe  j 
ou  a  cetce  même  boule  un  corps  de  même  volume  , 
ou  d'un  plus  grand  volume  ^  on  lui  lera  perdre  en- 
tièrement fon  élediticité.  AIcm.  de  CAcud.  dts  Se. 
jyi}.  p.  250.  Toutes  les  pierres  précieuks  tranf- 
parent£s  scUclriJenc  facilement ,  ou  deviennenc  fa- 
cilement éledriques  par  le  hmple  frottement. 

M.  Du  Fay  remarque,  dans  un  de  les  Mémoires, 
qu'on  elcclrifcra  de  la  même  manière  que  l'eau  ,  un 
morceau  de  glace  ou  de  neige ,  &c  que  la  taculté 
élednque  en  fera  même  plus  fenlible  que  celle  de 
l'eau.  Além,  ij^z.p.S. 

ÉlkctrtsÉ,  ée.  part.  Il  y  a  aeux  fortes  d'cleiftricités  : 
1  électricité  de  la  nature  lie  celle  du  verre  cieclnfe  ^ 
&  l'élettricité  de  la  nature  de  l'ambre  eUclrifé.  On  a 
nommé  la  première  eUcirkué  viixés  j  &  on  appelle 
la  féconde  eVeâWdftf  réfineufe.  Ces  deux  élechici- 
tés  font  totalement  diftérentes  :  l'une  attire  tous 
les  corps  que  l'autre  repoulfe.  Obf.fur  les  t'.cr.  mod. 
to.  z6.  p.  81.  Quand  on  porte  le  tube  élcclrije  un  di- 
vers endroits  entre  les  contours  de  la  ficelle  ,  avant 
que  de  le  porter  à  fon  extrémité,  l'attraClion  en  ell 
plus  prompte  &  plus  Iracile  ,  que  fi  l'on  le  tient  avec 
le  tube  uniment  à  l'extrémité  de  la  ficelle.  Bré- 
MOND  ,  rranf.Phil.  173  i. 

ELECTllITE.  f.  m.  &:,f.  ou  Eletlrln  ,  ine.  C'eft  dans 
Etienne  de  Ryzance  le  nom  des  habitans  des  Illes 
Electi  ides.  ELeclrïna  ,  Eleclrites ,  Eleclrïaus.  Pline. 

fO-  EL'cCTROMÈTRE.  f.  m.  Inllrument  qui  fert  à 
mefurer  la  force  de  l'électricité,  ji'asxt-jkiv  ,  ambre  ,  <Sc 
/«ÉTfo»  mefure. 

ÉLt>^rUAIRE.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie.  EUc- 
tuarium ,  eteclarium,  C'eft*un  médicament  compofé 
de  poudres  &  d'autres  drogues  incorpotées  avec  du 
miel ,  ou  du  fucre.  Il  ell  ainfi  nommé ,  à  caufe  que 
les  parties  qui  le  compofenf,  doivent  être  bien 
choihes  ,  du  mot  Latin  eligere  ,  choifir ,  elecius  , 
choifi.  D'autres  le  font  venu  de  lac ^  &c  les  Grecs 
l'ont  appelé  dans  le  bas  Empire  A«xT«u«fio».Scaliger  le 
fait  venir  de  A£/;t;'^j  qui  lignifie  ,  lécher ,  ik  le  nom- 
me en  Latin  Elinàum.  M  en. 

Tous  les  remèdes,  dit  Volîius ,  que  l'on  prefcri- 
voit  aux  malades  ,  ou  les  confitures  que  l'on  pre- 
noit  par  délices,  s'appeloient  chez  lesGrecs  éKAsy^aj-a, 
&  ixxAe/Kr«jdu  verbe  i'x,"  1  qui  i\gn\fiiî lécher.  De-là, 
continue-til ,  s'elt  tau  elecîarium  en  Latin ,  &  enfui- 
te  elecl'uarluni.  Il  prouve  cette  opinion  par  les  lois 
de  Sicile  ,  où  il  eft  dit ,  Que  les  clecîuaires  ,  firops 
£c  autres  remèdes  ,  fe  faltent  loyalement.  Les  Bol- 
landiltes  rapportent  cette  étymologie  j  &  femblent 
l'approuver.  Aa.  Sancl.  Marc.  T.  II.  p.  151.  Il  y  en 
a  de  mous  c?c  de  folides,  &  ils  font  les  uns  &  les  au- 
tres ,  ou  altératifs,  ou  corroboratifs ,  ou  purgatifs. 
Les  mous  font  en  conhltance  de  miel  j  &  fe  font  de 
trois  onces  de  poudre  fur  une  livre  de  fucre  ,  ou 
de  miel.  Les  folides  font  en  forme  de  tablettes  ; 
les  purgatifs  fe  font  comme  les  mous  de  trois  onces 
de  poudre  ,  fur  une  livre  de  fucre  ^  mais  les  corro- 
boratifs n'en  reçoivent  qu'une  once  &  demie  ,  ou 
deux  onces.  Sous  les  éiecluaires  mous ,  on  met  la 
thériaque  ,  le  mithridate ,  laconfeétion  d'amech, 
celle  d'alkermes ,  le  catholicon  ,  le  diaprunum ,  le 
diaphœnic  j  &.'c.  qui  font  expliqués  à  leur  ordre. 
Vhiere  pkre  de  Gallien  ,  &  la  benedicle  de  Nicolas , 
font  aufli  des  éiecluaires  mous.  Sous  les  folides , 
on  met  les  éiecluaires  de  carthame  ,  de  fucde  rofes  j 
de  fuc  de  violettes  ,  Sec.  Il  y  en  a  un  de  citron  , 
qu'on  nomme  de  Gui  de  Chauliac ,  fameux  Méde- 
cin de  Montpellier ,  qui  l'a  mis  le  premier  en  vo- 
gue. M.  Lémery  en  compte  de  plus  às  cent-vingt 
fortes. 
ELEE.  Fleuve  de  Bithvnie.  Elœus.  C'eft  aufli  le  nom 
d'un  port  de  l'Epire  dans  Ptolomce  ,  qui  le 
place  proche  de  l'embouchure  de  l'Achcrtm.  Dans 
Jou:e  m. 


ELE  617 

Etienne  de  Byzance ,  c'eft  uns  ville  de  la  Doride  ; 
&  dans  Pline  ,  L.  IV.  c.  1 1.  L.  V.  c.  2<j.  une  autre 
ville  de  l'Epire. 

ÉLEE  ,  ou  Eleen.  EUus.  Terme  de  Mythologie.  Epi- 
thcte  ou  furnom  que  l'Antiquité  donna  à  Jupiter  , 
à  caufede  la  ville  d'Elis ,  ou  Hlide  ,  fituée  fur  le  Pe- 
nce ,  &  qu'on  croit  être  celle  qu'on  nomme  aujour- 
d'hui Belvédère,  où  ce  Dieu  avoir  un  temple  rrès- 
riche  ,  &  rempli  des  dons  qu'on  y  otiroit ,  &c  entre 
autres  une  Itatue  d'or  mafllt  j  &  une  autre  d'ivoire  j 
d'une  grandeur  énorme,  laite  par  le  célèbre  Phi- 
dias. 

Elee.  f^oyei  Èlide. 

ElÉEN.  /^Oje{ELEE. 

ELEF-D'EAU.  f.  f.  Terme  de  Marine.  C'eft  fur  mec 
ce  que  l'on  appelle  fur  tene  le  fiux.  Les  Marins  ap- 
pellent le  flux  élej-d'eau  y  Si  le  reflux  eau -morte. 
Marée  comprend  tous  les  deux  ;  c'eft-à-dire  j  le  flux 
&  le  reflux. 

ELEGAMMENT,  adv.  D'une  manière  éléo'ante.  Ele- 
gj;iter.  Ce  n'eft  pas  aflez  d'écrire  purement,  il  faut 
aulli  écrire  élcgamnier.c. 

ELEGANCE,  f.  f.  Ce  qui  rend  un  difcours  poli  & 
agréable.  Elcgantia.  \Ji\\  certain  choix  d'expreflioiis 
riches  &  heureufes,  fut  ce  qu'on  appelle  \ élégan- 
ce. 1  QR-T-R.  Les  Gallicifmes  enterment  quelque 
élégance.  Les  élégances  Poétiques  fervent  aux  éco- 
liers à  faire  des  vers.  Pour  vouloir  être  trop  régulier 
dans  la  conftruétion  Grammaticale ,  on  perd  de  cer- 
taines licences,  qui  font  l'élégance  de  la  langue.  L'/- 
légance^  quoique  irrcgulière,  vaut  mieux  que  la  rè- 
gle fans  élégance.  Chap. 

Soye:^  riche  ,  &  pompeux  dans  vos  defcriptions  : 
Cejl-là  qu'il  faut  du  vers  étaler  l'élégancs.  B'oiL. 

fC?  Je  crois ,  dit  M.  l'Abbé  Girard,  que  l'elégan- 
ce  confifte  à  donner  à  la  penfée  un  tour  noble  Se  po- 
li, &  à  la  rendre  par  des  exprelîions châtiées,  cou- 
lantes &  gracieufesà  l'oreille  ;  que  ce  qui  fgik  l'é- 
loquence J  eft  un  tour  vif  &  perfun  fit ,  rendu  par  des 
expreflïons  hardies,  brillantes  &  figurées,  fanscef- 
fer  d'être  juftes  &  naturelles. 

ICr  L'Élégance  s'applique  plus  à  la  beauté  des  mots , 
&  à  l'arrangement  de  la  phrafe.  L'éloquence  s'atta-^ 
che  plus  à  la  force  des  termes  &  à  l'ordre  des  idées. 
La  première  ,  contente  de  plaire  j  ne  cherche  que 
les  grâces  de  lélocution.  La  féconde  ,  voulant  per- 
ûiader ,  met  du  véhément  &  du  fublime  dans  le 
difcours.  L'une  fait  les  beaux  parleurs  j  l'autre  les 
grands  orateurs. 

fp"  Un  difcours  peut-être  élégant ^  fans  être  bon  j 
mais  il  ne  peut-être  bon  ,  fans  être  élégant. 

Elégance  ,  fe  prend  aufli  pour  le  bon  air,  la  propre- 
té, les  belles  manières  :  les  Latins  ont  dit ,  dans  le 
même  fens ,  Cultus  ,  elegantia  viix ,  morum,  &c.  L'é- 
légance en  général ,  &  comme  on  la  confidère  ici , 
eft  une  manière  de  dire  ou  de  faire  les  chofes  avec 
choix  ,  avec  politeffe  ,  avec  agrément  :  avec  choix, 
en  s'élevant  au-delTus  des  manières  ordinaires  :  avec 
politelfe  J  en  donnant  à  la  chofe  ,  un  tour  qui  frap- 
pe les  gens  d'un  efprit  délicat  :  avec  agrément,  en 
répandant  un  alfaifonnement  qui  foit  au  goût  &  à 
la  portée  de  tout  le  monde.  M.  l'Abbé  Régnier  s'eft 
fervi  du  mot  à'elégance  en  ce  fens  dans  fon  Virelay. 

Voye\  leur  perruque  étalée  _, 
En  Magdeleine  échevelée. 
Voye\au-dcjfus  de  leur  front, 
La  nouvelle  efpcce  d'allée 
Qui:  deux  rangs  de  cheveux  y  font. 
Quelle  mode  !  quelle  élégance  ! 
On  ne  voit  plus  qu'excès  en  France. 

Élégance  ,  fe  dit  fort  bien,  en  Peinture  U  en  Sculp- 
ture ,  dans  le  fens  qui  vient  d'être  expliqué  ;  &  en 
général  ce  mot  fe  dit  de  tous  les  ouvrages  de  la  Na- 
ture ,  &  des  Aits  qui  ont  ce  goût ,  c^  bon  air  qui 

I  i  i  i 


Si  8 


ELE 


plaît.  Vélégance  n'eft  pas  fondée  fur  la  corredïlon 
du  tlellèin  ,  comme  elle  paroît  dans  l'Antique  & 
dans  llapliacl.Ellefe  fait  fentir  dans  des  ouvrages  peu 
-châties  &  négligés  d'ailleurs  j  comme  dans  le  Cor- 
tège j  ou  malgré  les  fautes  contre  la  jufteile  du  del- 
{mn  ,\'éltgance  {e  iàii  fentir  dans  le  goût  du  def- 
fein  même  j  dans  le  tour  que  ce  Peintre  donne  aux 
aétions  \  en  un  mot ,  le  Cortège  fort  rarement  de 
Vélégance.  De  Piles.  L'eldgance  qui  eft  foutenue  de 
la  corredion  du  detfein,  remplit  toute  notre  atten- 
te ,  attache  toute  notre  attention  ,  &  élève  notre 
efprit  j  après  l'avoir  frappé  d'un  agréable  étonne- 
ment.  Id.  VéUgancti  du  delfein  ell  une  manière  d'ê- 
tre qui  embellit  les  objets  ,  ou  dans  la  forme ,  ou 
dans  la  couleur,  ou  dans  tous  les  deux  ,  fans  en  dé 
truire  le  vrai.  Id.  Vélegancc  qui  regarde  le  deiîeiu  j 
fe  trouve  dans  l'Antique  ,prétérablement  à  tous  les 
grands  Peintres  qui  l'ont  imité.  Id. 

Ce  mot  vient  du  Latin  degantïa  ,  comme  élégant 
vient  à'elegans  :  &  ces  mots  Latins  viennent  d'e/i- 
gere ,  choifir.  U élégance  confifte  dans  le  choix  de 
l'exprellion  ,  dans  des  exprellions  bien  choifies. 
ÉLÉGANT,  ANTE.  adj.  Terme  de  Rhétorique.  Ecrit 
ou  difcours  fait  en  termes  choifis  ,  agréables  &  po- 
lis. Elegans.  Un  Orateur  doit  être  difert  &  élégant. 
Pour  rendre  un  difcours  élégant ,  il  laut  s'exprimer 
4d'une  manière  facile^  naturelle.  Port-R. 

Imhcii  de  Maroî  /'élégant  badinage.  Bon. 

Élégant.  Ce  mot  fe  dit  auffi  ,  en  parlant  de  Peintu- 
re ,  d'Architeélure  &  de  Sculpture  ,  &  pour  mar- 
quer un  certain  goût  fin  6c  délicat  qui  fe  fait  fentir 
dans   un  ouvrage.  Des  contours  étegans.  C'eft  un 

édifice  alfez  grand  j  bâti  de  marbre La  itruc- 

ture  en  eft  élégante.  P.  Catrou, 

§Cr  Élégant  ,  fe  dit  auflli  de  la  parure ,  des  orne- 
mens  bien  placés  &  à  la  mode  ,  qui  donnent  de  la 
grâce.  Sa  parure  étoit  des  p\\.is  élégantes.  Angola. 

ÉLÉGIAQUE.  ad/.  Terme  de  la  Pocfie  Latine  ou 
Grecque.  Qui  appartient  à  l'Elégie.  Elegiacus.  Les 
vers  élégiaques ,  Elegi  ,  font  alternativement  hexa- 
mètres &  pentamètres.  Quintilien  regarde  Tibulle 
comme  le  premier  des  Poètes  Elégiaques  ^  mais  le 
jeune  Pline  donne  l'avantage  à  Properce.  Ils  ont 
raifon  l'un  Se  l'autre  en  un  fens  différent,  &  l'on 
pourroit  trouver  encore  un  troilième  fentiment 
qui  feroit  véritable.  Eligïaque  fe  met  quelquefois 
ieul  au  pluriel ,  &  on  dit  des  Elégiaques  j  pour  des 
vers  élégiaques. 

ÉLÉGIE,  f.  f.  Efpèce  de  Pocfie  qui  s'emploie  dans  les 
fujets  triftes  &  plaintifs.  Elegia ,  Elegeïa.  Horace 
avoue  qu'il  ne  fait  point  quel  eft  l'inventeur  de  ME- 
légie.  On  dit  que  ce  fut  un  certain  Théocles  de 
Naxi ,  ou ,  félon  d'autres ,  d'Eretrie  ,  qui  dans  fes 
fureurs  produifit  le  premier  cette  efpèce  de  vers. 
Voyei  Scaliger  ,  Poct.  L.  I.  c.  50.  Callimaque  , 
Parthenius  ,  Euphorion  chez  les  Grecs  \  &  chez  les 
Latins  J  Ovide,  Catulle,  Tibulle  &  Properce,  font 
les  Princes  de  ['Elégie.  Les  Flamands  fe  font  dif- 
tin?,ués  de  nos  jours  dans  ce  genre  de  vers  Latins  ; 
&c  les  £/e^/fjdeBiderman,  de  Grotius ,  mais  fur- 
tout  de  Sidronius  Se  de  Vallius,  ne  feroient  point 
indignes  de  la  meilleure  antiquité. Nous  avons  aulli 
d'excellentes  Elégies  dans  notre  langue  j  la  Com- 
telfe  de  la  Suze  s'eft  diftinguée  entre  tous  ceux  qui 
ont  travaillé  dans  ce  genre  de  Poclie.  Pafquier  a 
fait  une  Elégie  Françoife  en  vers  hexamètres  Se 
pentamètres.  Les  Elégies  Françoifes  fe  font  en  vers 
Alexandrins ,  6c  on  n'y  foufFre  point  l'entrelace- 
ment des  rimes  ;  c'eft- à-dire ,  qu'il  faut  que  les  ri- 
mes mafculines  Se  féminines  y  (oient  rangées  deux 
à  deux ,  fans  s'entrelacer  les  unes  avec  les  autres. 
L'invention  du  mot  François  d' Elégie  j  eft  due  à 
Lazare  de  Baïf  dans  le  dernier  fiècle.  L'amour  qui 
s'explique  fans  art,  touche  plus  que  les  traits  ingé- 
nieuxd'une  Elégie ,  où  l'efprit  a  fouveut  plus  de  part 
que  le  cœur.  La  Font. 


ELE 

La  plaintive  Elégie,  en  longs  habits  de  deuil ^ 
Sait  J  les  cheveux  epars  ,  gémir  fur  un  cercueil  : 
Elle  peint  des  amans  la  joic  6*  la  trijiejje  ; 
Flatte  i  menace,  irrite,  appaife  uneMaurejJe.  Boit, 

Il  faut  que  le  cceurfeul  parle  dans  l'YélégiQ.  Id. 

ÉLÉGIOGRAPHE.  adj.  Auteur  d'Elégies.  Ce  qui  eft 
mieux  qaelegiaque  J  qui  femble  ne  convenir  qu'à 
la  Pocfie  de  ce  genre-li.  Poëte  Elégiographe.  Vers 
élégiaques.  Tibulle  ,  Chevalier  Romain  ,  Pocte-f/e- 
giographe ,  fut  ami  intime  d'Horace,  &  d'Ovide, 
ce  qui  eft  allez  rare  parmi  les  Poètes.  Ce  dernier  ho- 
nora le  tombeau  de  fon  ami  par  cette  belle  Elégie, 
qui  eft  la  9^  du  Livre  III.  des  Amours.  Sup.  au  GloJJl 
du  Roman  de  la  liofe. 

ELEGIR.  Terme  de  Menuiferie.  C'eft  poulTer  à  la 
main  un  panneau  ,  une  moulure,  un  compartiment, 
&c.  dans  une  pièce  de  bois.  Dolare  j  polire. 

ÉLELEEN.  Terme  de  Mythologie.  Epithète  que  l'an- 
tiquité a  donnée  à  Bacchus.  Ce  mot  vient  du  mot 
(XtXiiiiv  J  qai  lignifie  Crier  beaucoup ,  faire  grand 
bruit  ;  &  il  a  été  donné  à  ce  Dieu,  parce  que  c'eft 
un  effet  du  vin.  Le  même  mot  j  formé  du  verbe 
Grec  ixWto-rxt ,  tourner,  s'eft  donné  au  Soleil ,  parce 
qu'il  tourne  continuellement  autout  de  la  terre. 

ÉLELEIDE.  f.  f.  Bacchante  ,  Prctreffe  de  Bacchus. 
EleUïs.  Les  Bacchantes  ont  été  appelées  Eléléïdes  ^ 
parce  qu'on  nommoit  Bacchus  Eléléen.  Voye^  ce 
mot. 

ÉLEMEDIN.  Ville  du  Royaume  de  Maroc  en  Afri- 
que. Elemedinum.  Elle  elt  dans  la  Province  d'El'cu- 
re,  ou  d'Hafcora  ^  aux  confins  de  celle  de  Ducala, 
ou  Duquelle.  Elémédin  a  été  bâti  par  les  anciens 
Africains.  Les  habitans  font  Bérébères  ,  d'une  des 
branches  de  la  tiibu  de  Muçamoda  ,  qui  font  bra- 
ves, &  fe  piquent  de  fioblelfe.  L'an  1516.  Elémé- 
din fe  rendit  triburaire  du  Roi  de  Fez.  Marmol.  d'A- 
blapc.L.Ul.C.-ji.       \ 

^fj  ÉLÉMENT,  f.  m.  Principe  phyfique  qui  entre  en 
la  compofition  de  tous  les  corps  naturels,  Elemen- 
tum.  Tous  les  Philofophes ,  quoique  fous  des  ter- 
mes différens  ,  ont  admis  un  cahos  de  corpufcules 
indiftérens ,  à  entrer  dans  la  compofition  de  toutes 
foftes  de  corps  J  une  matière  vague  j  indéterminée, 
univerfelle,  dont  toutes  chofes  ont  été  faites  j  oii 
fe  font  pu  faire  par  la  feule  imprellion  du  mouve- 
ment. Les  élémens  font  des  parties  homogènes  ,  Sc 
des  êtres  très  fimples  ,  de  l'alfemblage  &  du  mélan- 
ge defquels  font  compofés  tous  les  êtres  que  nous 
voyons.  Ariftoie  Se  les  anciens  Philofophes  recon- 
noiffent  quatre  élémens ,  le  feu ,  l'eau  ,  l'air  &  la  ter« 
re.  Ces  quatre  élémens  vulgaires  ne  font  pas  tels  que 
ceux  que  nous  connoilfons  ,  qui  font  des  corps  com- 
pofés J  mais  des  corps  fimples  &  fans  mélange.  Les 
Cartéfiens  n'en  admettent  que  trois  ,  qui  naiffent 
de  la  première  divifion  qui  a  pu  arriver  à  la  matiè- 
re :  enlorte  qu'il  doit  y  avoir  autant  d'élémens ,  qu'il 
peut  y  avoir  de  diverlités  notables  dans  les  parties 
infenfibles  de  la  matière.  Roh.  E''oye:(  Descartes  , 
monde  de  Defcartes.  Idem.  Les  Epicuriens  n'admet- 
tent,  à  proprement  parler,  qu'un  feul  élément :ce 
font  les  atomes  de  diverfes  figures  j  qui  font  la  ma- 
tière première  du  monde ,  Se  de  routes  les  chofes 
qu'il  contient.  Le  monde ,  difent-ils  ,  eft  nouveau 
éc  tout  plein  de  preuves  de  fi  nouveauté  ,  mais   la 
matière  dont  il  eft  compofé  eft  éternelle;  il  y  a  tou- 
jours eu  une  quantité  immenfe,  &  réellement  infi- 
nie d'atomes  durs  ,  crochus ,  carrés  j  oblongs  &  de 
toutes  figures  ,  tous  indivifibles  ,  tous  en  mouve- 
ment, &  faifant  eftbrt  pour  avancer,  tous  defcen- 
dans  6c  traverfans  le  vide.  S'ils  avoient  toujours  con- 
tinué leur  route  de  la  forte  ,  il  n'y  auroit  jamais  eu 
d'affemblages  ;  mais  quelques-uns  allant  un  peu  de 
côté,  cette  légère  déclinaifon  en  ferra  &  accrocha 
plufieurs  enfemble  ;  de-l.î  fe  font  formées  diverfes 
malles ,  tous  les  compofés  que  nous  voyons.  Ainfi 
le  tout  s'eft  fait  pat  hasard ,  le  tsu:  fe  continue  j  Sc 


EL  E 

lès  efpèces  fe  perpétuent  les  mêmes  par  haza'rd.  Bien 
des  gens  fenlés  envoient  l'Auteur  du  fyftême  aux 
Petites-Maiions-  Le  fyftême  des  Epicuréiltes  moder- 
nes qui  ont  GalFendi  à  leur  tête  ,  ne  diffère  de  celui 
d'Epicure  ,  qu'en  ce  qu'ils  tout  Dieu  auteur  des 
atomes  !k  de  leurs  mouveinens.  Le  fonds  en  elt  le 
même  :  les  phénomènes  y  font  expliqués  de  la  mê- 
me manière. 

I/CJ"  Thaïes  fontenoitque  c'étoit  l'eau  qni  faifoit 
la  bafe  univerielle  ,  ou  la  matière  commune  dont 
toutes  les  choies  font  formées.  Ce  fentiment  a  été 
tiré  des  ténèbres  depuis  peu  ,  par  Vanhelmont  de 
Bruxelles. 

IP"  Anaxagore  ,  feul  d'entre  les  Grecs  j  s'éloi- 
gna du  fentiment  des  autres  Philofophes  qui  fup- 
pofoient  tous  les  clcmens  formés  d'une  pâte  com- 
mune. Il  prétend  que  chaque  tout  dans  la  nature  eft 
compolé  de  parties  qui ,  avant  leur  union  ,  étoient 
déjà  de  même  nnure  que  le  tour  :  un  os  efl  com- 
pofé  de  petits  os  \  les^  entrailles  font  compofées  de 
petites  entrailles  ;  le  fang  de  petites  gouttelettes  de 
fang  i  l'or  de  petites  parcelles  d'or,  ô^c.  Voye-[  Ho- 

MÉOMERIE. 

_^§CF  Malgré  tout  ce  que  l'on  a  écrit  fur  cette  ma- 
tière ,  on  n'en  ell  pas  plus  inlhuit  fur  la  nature  des 
jîarties  élénientaires  des  corps.  Ces  ^/t/we/w  font-ils 
îemblables  ?  Les  corps  diirérentils  entr'eux  par  la 
différente  nature  At%  éUmens  ^  ou  feulement  par 
leur  différente  difpohtion  ?  Il  s'en  faut  bien  qu'on 
foit  en  état  de  prononcer  fur  cette  quelHon. 

IJCr  On  croit,  communément,  que  la  matière  & 
la  farine ,  font  les  éléinens  ou  les  principes  des 
corps.  Par  la  matière  ,  on  doit  entendre  une  lubC- 
tance  naturellement  impénétrable  ,  capable  de  di- 
vifion  ,  de  iigure  ,  de  mouvement  &  de  repos  \  en 
un  mot  naturellement  étendue  ,  c'eft-a-due  lon- 
gue ,  large  &  profonde.  C'eft  la  configuration  & 
l'arrangement  non-feulement  des  parties  fenfibles , 
mais  fur-tout  des  parties  infenfbles  ,  qui  détermi- 
ne la  matière  à  former  plutôt  tel  corps  que  tel  au- 
rre  :  au(fi  devons  nous  regarder  cette  conhguration 
&  cet  arrangement,  comme  la  forme  par  laquelle 
les  corps  de  différente  efpèce,  font  diftingués  entre 
eux.  Quand  on  fait  cela ,  on  n'en  eff  guère  plus 
avancé.  Le  point  important  feroit  de  favoir  quelle 
eft  la  configuration  des  parties  ,  qui  conftitue  un 
corps  de  telle  ou  telle  èlpèce. 

Les  Chymiftes  ,  dont  l'art  confifte  à  féparer  ,  nar 
le  moyen  du  feu  ^diverfes  parties  dont  les  ditféVens 
êtres  fontcompofési  ont  prétendu  que  cette  réfo- 
lution  étoit  l'unique  moyen  de  connoitre  quels  font 
les  véritables  e7e/«e,';j- ou  principes,  dont  la  nature 
le  lert  dans  la  compohtion  des  cires.  Ainfi  ^  en  tra- 
vaillant fur  certains  corps  ;,  du  vin  ^  par  exemple 
ils  en  ont  tiré  cinq  matières  différentes ,  le  mercu- 
re ,  \q  flegme  ,  \^  foujre  ,  hfd  ,  tic  la  cêce  morte  ;  & 
parce  que  tout  ce  qu'ils  peuvent  tirer  de  tout  autre 
fujet ,  reffemble  à  quelqu'une  de  ces  chofes  ,  ils  en 
concluent  que  ce  font  les  feuls  &  véritables  e'Umens 
de  tous  les  corps  mixtes ,  &  que  'c'eft  de  leur  affem- 
blage  que  vient  toute  la  variété  que  nous  y  remar- 
quons. 

Le  mot  elememum  ,  élément,  eft  tiré  du  Celtique 
hljen.  Pezr. Certainement  le  P.  Pezron  ne  s'eft  pas 
laiflc  prendre  ici ,  par  la  reifemblance  du  mot.  De- 
puis  quand  1/fe  change-t-elle  en  m  ? 

Elément  ^  fe  dit,  figurément^  du  lieu  ou  l'on  fe  plaît, 
ou  de  1  occupation  qu'on  a  conforme  à  l'on  génie 
La  campagne  eft  \ dément  d'un  Chalfeur.  L'étude 
ç.\\\eLement  d'un  Philofophe. 

Élément  eroid.  Terme  du  grand  Art.  C'eft-à-dire 
eau  ;   &  par  ce  terme  les  Chymiftes  entendent  le 

î^^'f^L.'  ^  ,""^^  'l"'''  '^^^'^"^  par  f^  préparation 
lemblable  a  1  eau. 

Elsmens  ,  au  pluriel  ,  fignifie  les  principes  &  les 
tondemens  des  Iciences.  Il  ne  fait  pas  les  premiers 
tUmens  de  la  Grammaire.  Il  faut  bien  favoir  les 
t.lanens  d'Euclide  ,  fi  l'on  veut  apprendre  la  Géo- 
métrie. Les  nouveaux  EUmens  des  fedfions  coni- 


ÈLE  Si^ 

ques  ,  par  M  de  la  Hire  ,  ont  paru  en  1670.  Les 
Uemens  de  Botanique  de  M.  Tournefort  com- 
prennent la  méthode  de  réduire  toutes  les  plantes 
a  certains  genres  à  partager  les  genres  en  certaines 
clailes  :  ce  hvre'eft  excellent,  &  digne  des  ap- 
plaudillemens  qu  il  a  reçus  de  tous  les  connoiffeurs 

tLEMSNS  ,  en  matière  de  Religion  ,  C'eft  le  nom  que 
quelques  Auteurs,  principalement  les  Proteftans 
donnent  aux  matières  que  l'on  confacre  dans  il 
facrifice  de  la  Méfie.  Tant  que  les  élémens  con- 
lacrés  furent  pris  des  offrandes  du  peuple  ,  le  pain 
&  le  vin  de  lEuchariftie  ne  parent  c:re  autre  chôfe 
que  ce  que  l'on  inangeoit  &  buvoitdans  les  repas 
orainaires.  Bingham.  La  confécratron  des  élémens 
fe  faifoit  anciennement  par  une  prière  de  béné- 
diébion  &  d'aéfion  des  grâces.  Id. 

On  dit ,  aufli ,  les  peuples  Elémentnires  ,  ou  des 

,    éémens ,  Sec.  Foye^  Elémentaire. 

ELEMENTAIRE,  adj.  m.  &  f.  Qui  tient  de  l'élément. 
hlementanus  Le  feu  élémentaire  des  Anciens  ell 
une  pure  vifion,  ou  peu  s'en  frut.  Tout  l'efpacequi 
eft  dans  le  concave  de  la  lune  s'appele  la  région 
élémentaire  :,  parce  qu'elle  comprend  les  quatre 
elemcns.  S:  les  corps  corruptibles  ,  &  compofésdes 
quatre  élémens.  L'Auteur  du  Comte  de  Gabalts  ;i^- 
pelle  peuples //tf'/;:tv;rj/Vfj, ou  peuples  des  élémens, 
des  créatures  très-parfaites  ^  qui  habitent  les  élé- 
mens ,  &  qui  ne  font  connues  que  de  ce  qu'il  ap- 
pelle les  Philofophes ,  les  fages  ,  les  enfans  de  la 
lageffe.  Selon  ces  gens-là ,  qui  font  au  moins  de 
gransfols,  l'élément  du  feu  eft  habité  par  les  Sala- 
mandres; l'eau  ,  c'eft-à-dire  ,  la  mer  &  les  fleuves» 
par  les  Ondins ,  ou  Nymphes  ;  la  terre  ^  par  lesr 
Gnomes  &  Ggnomides  ^  l'air ,  par  les  Sylphes  &C 

,    &  les  Sylphides. 

Elémentaire.  Qui  concerne  les  premiers  élémens  ' 
les  premiers  principes  d'un  art  ou  d'une  fcience! 
Quelque  belle  que  foit  la  Poétique  de  Boileau,  on 
conçoit  qu'il  peut  y  en  avoir  une  plus  élémentaire, 
plus  développée  &  plus  à  la  portée  des  jeunes  gens! 
On  a  befoin  de  Livres  élémentaires  dans  rous  les 
arts,  dans  la  Médecine  peut  -  être  plus  que  dans 
tout  autre.  Mém.  de  Trév,  Le  calcul  des  fradfions  y 
qui  eft  une  petite  partie  élémentaire  de  l'Arithméti- 
que &  de  l'Algèbre  j  s'apprend  à-peu-près  allez  bien 

,   en  une  leçon  ou  deux.  Mém.  de  Trev. 

ELEMES.  f  f  Nom  d'homme.  Adeklmus.  Elcmes. 
eft  le  nom  Efpagnol  ;  nous  difons  Aleaume.  Son 
corps  eft  honoré  à  Burgos  dans  une  Eglife  de  fon 
nom  ,  qui  s'y  prononce  Elcmes.  Chastel.  au  ^o 
Janvier.  Cet  Auteur  ne  parle  point  du  nom  de 
Lefmes.  Ce  nom  (  Elémes  )  a  donné  occafion  de 
divifer  ce  Saint  en  deux.  Chastel.  Foyer  en- 
core ALEAUME. 

ELEMI.  f  m.  Terme  de  Pharmacie.  C'eft  une  réfuie 
d'une  fubftance  prefque  uniforme  j  d'une  couleur 
&  d'une  confiftancefemblable  à  la  cire  jaune,  d'un 
goût  qui  n'eft  point  défagréable  ,  un  peu  piquant 
&  amer,  &:  d'une  odeur  approcliante  de  celle  du 
fenouil.  Velémi  eft  appelé  ,  fcnt  improprement , 
gomme  ,  puifqu'il  s'enflamme  fans  peine  ,  &  qu'il 
fe  diffour  dans  les  liqueurs  oléagineufes  ,  ce  qui 
eft  le  caradère  des  refînes.  Celle-là  fort  de  l'olivier 
d'Ethiopie  :  on  en  trouve  aufli  dans  la  Pouille  , 
Province  du  Royaume  de  Naples.  L'élémi  eft  ad-! 
mirable  dans  les  plaies  de  la  tête  ;  il  eft  propre  pour 
digérer,  pour  réfoudre  ^  &  pour  faire  fuppurer. 
M.  Pommer ,  dans  fon  Hijloire générale  des  drogues, 
L.VII.  c.  1,0.  p.  ir,i.  &M.Lémery,  275. de  fon 
Traité  des^  drogues ,  difent  que  Vélémi  eft  une  refîne 
blanche  tirant  fiir  le  verdâtre  ,  odoranre  ,  qu'on 
apporte  d'Ethiopie  en  pains  de  deux  à  trois  livres  j 
enveloppés  dans  des  f.niilles  do  canne  d'Inde.  Elle 
découle,  par  incifion  d'une  efpèce  d'olivier  fanvage 
de  moyenne  haureur  ,  dont  les  feuilles  font  lon- 
gues &  étroites ,  de  couleur  verte  ,  blanchâtre  ,  ar- 
gentée. Sa  fleur  eft  rouge  ,  foutenue  par  un  petit 
calice  de  la  couleur  des  feuilles.  Son  fruit  eft  fem- 
blable  à  l'olive. 

I  i  i  i  ij 


<Sio  ELE 

ÉLENCHTIQUE.  adj.  Terme  Dogmatique  dont  fe 
fervent  les  Théologiens.  On  divile  la  7  héologie  en 
aiaturelle  &c  révélée  j  en  fpéculative  &  pratique  j  en 
pofuive  &  elenchutfuc  ,  ou  de  controverle  ,  &c. 
La  Théologie  e/(;/2c/iri^^e  s'appelle ,  plus  communé- 
ment ,  Théologie  fcholallique.  Il  y  a  Théologie 
pofuive  &  Théologie  élenchtique.  Crousaz.  Ce 
mot  vient  du  Grec  ÈA£y;^;» ,  argua. 

ÉLENGI.  f.  m.  Grand  arbre  qui  croit  au  Malabar.  Les 
habitans  de  cette  contrée  tirent  de  fes  fleurs  , 
par  la  diftillation  ^  une  eau  odoriférante  ,  qui  palfe 
pour  très- falutaire  dans  la  mélancolie  &  dans  les 
fièvres. 

ÉLENOPHORIES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Mythologie. 
Fêtes  Grecques ,  ainfi  appelées  ,  parce  qu'on  y 
portoit  certains  vafes  de  jonc  &  d'ofier ,  qu'on  ap- 
peloit  Elènes. 

ÉLEOCATH,  ou  ELEOCHET,  Eleochetum.  C'eft 
une  habitation  des  Arabes  j  dans  le  défert  de 
Barca,  en  Alrique  j  fur  un  petit  lac  qu'on  trouve 
au  milieu  de  ces  fablonnières  j  vers  les  confins 
d'Egypte.  On  conjecture  que  c'eft  ÏOafis  parva  des 
Anciens. 

ÉLEONOR  ,  ou  ELÉONORE.  f  f.  Nom  propre  de 
femme.  Eleonora.  Eléonor  à^ Autriche  fut  féconde 
femme  de  François  L  Roi  de  France.  Eleonor  de 
Mafcaregnas  avoir  été  Gouvernante  de  Philippe  II. 
BouH. 

ÉLÉOSACCHARUM  ,  que  d'autres  appellent  OUo 
faccharum ,  Eft  un  mélange  de  quelque  elfence  , 
ou  huile  ,  dans   du  fucre  candi  en  poudre.   LÉ 

MERY. 

ÉLEPH.  Ekph.  Ville  de  la  Tribu  de  Benjamin. 
Jof.  XFlil.  z8.  Adrichomius  écrit  Heleph  \  le 
texte  Hébreu  aS^<^ ,  haeleph. 

ÉLÉPHANT,  f  m.  EUphas.  Le  plus  gros ,  le  plus 
grand  j  &  le  plus  fort  des  animaux  terreftres  à 
quatre  pieds.  Il  a  peu  de  poil  ,  femblable  à  celui 
des  bufles  ,  aullî-bien  que  fon  cuir  ,  qui  eft  noir , 
épais  &  dur  à  percer,  quoiqu'on  le  fente  doux  au 
toucher.  Il  a  la  tête  groffe  ,  le  cou  court  ^  les  oreil- 
les larges  de  deux  palmes.  Son  nez  ,  qu'on  appelle 
fa  trompe  ,  Probojlis  j  eft  long  &c  creux  comme 
une  grofte  trompette ,  &  il  lui  fert  de  main  ;  Ci- 
céron  l'appelle  manus.  Il  eft  fait  d'un  gros  cartilage 
qui  lui  pend  entre  les  deux  dents.  Son  pied  eft  rond  j 
large  de  deux  ou  rrois  palmes ,  tout  couvert  de 
durillons ,  &  a  cinq  ongles  femblables  aux  coquil- 
les de  S.  Michel  \  fa  queue  eft  faire  comme  celle 
des  bufles ,  de  trois  palmes  de  long.  De  fon  fimple 
pas ,  il  atteint  les  hommes  qui  courent ,  &  il  fait 
trois  milles  par  heure.  Il  a  le  pied  (\  sûr  ,  qu'il  ne 
fait  jamais  un  faux  pas.  Il  nage  mieux  qu'aucun 
autre  animal ,  &  il  fe  couche  &  fe  lève  avec  la 
même  facilité  que  les  autres  bêtes ,  contre  l'opi- 
nion des  Anciens,  qui  ont  cru  qu'il  n'avoir  point 
de  jointures.  On  l'enchaîne  par  le  pied  de  deritère  , 
&  on  l'attache  à.  un  arbre  ,  ou  à  quelque  chofe  qui 
ne  foir  pas  facile  à  ébranler.  On  fait  combattre 
quelquefois  les  éUphans  ,  qui  fe  heurtent  de  leurs 
dents  ,  comme  les  taureaux  de  leurs  cornes.  D'un 
coup  de  trompe  ,  ils  tuent  un  chameau  j  un  che- 
val. Vélcphant  vit ,  à  la  campagne  ,  de  feuilles  &. 
fruits.  Il  ne  peut  endurer  ni  bride  ,  ni  arrêt  ;  il  ne 
lailfe  pas  d'obéir  à  fes  gouverneurs  ,  dont  il  en- 
tend le  langage.  Il  a  beaucoup  d'inftind  &  de  do- 
cilité. On  les  apprivoife  facilement ,  &  on  les 
foiimet  à  diftérens  exercices.  Cardan  dit  que  les 
dents  à'éléphans  fe  peuvent  amollir  &  étendre 
comme  les  cornes  de  bœufs  ;   mais  ce  fecret  eft  à 

.  préfent  inconnu ,  fuppofé  que  Cardan  Tait  jamais 
fu.  Les  Nomades  en  Afie  ,  les  tMumides  en  Afri- 
que, &  les  Egyptiens  J  mangeoient  autrefois  des 
éléphans.  VoycT,  Agatharchides  dans  Photius  ,  Cod. 
2so.  C.  25.  &  Bruverinus  Campeg.  De  re  dbariâ , 
L.  XIII.  C.  3^. 

On  prend  les  éléphans  en  les  faifant  tomber  dans 
des  pièges ,  ou  creux  couverts  de  claies  &  d'un  peu 
de  terre.  Mais,  s'ils  en  font  échappes  une  fois,  ils 


ELE 

arrachent  une  branche  avec  leur  trompe ,  &  fon- 
dent le  terrein  ,  pour  voir  s'il  eft  ferme.  On  les 
prend ,  aufti ,  avec  des  barricades  faites  dans  des 
lieux  étroits  ,  oiî  il  y  a  une  femelle  en  chaleur  qui 
les  appelle.  Elle  fe  couche  fur  le  dos  pour  les  at- 
tendre,  contre  la  nature  des  autres  animaux  ,  & 
fe  prépare,  pour  cela  ,  un  chevet  de  feuilles  &  de 
branches  d'arbres  ,  élevé  de  quatre  ou  cinq  pieds. 
Les  éléphans  ne  couvrent  jamais  leurs  lemelles,  en 
quelque  chaleur  qu'ils  foient  j  tant  qu'ils  voient 
quelqu'un.  Les  femelles  portent  un  an.  Quand  les 
éléphans  font  pris  une  fois  ,  ils  ne  rouchent  plus 
à  la  femelle.  Ils  entrent  pourtant  quelquefois  en 
chaleur ,  &  alors  ils  deviennent  furieux.  Comme 
ils  craignent  le  feu  j  on  arrête  leur  fureur  en  leur 
jetant  du  feu  d'artihce.  Ils  vivent  quelquefois  cent 
ou  fix  vingts  ans  ,  &  croiftent  jufqu'à  trente.  Leurs 
défenfes  font  l'ivoire- Quelques-uns  les  regardent 
comme  des  dents  j  d'autres,  comme  des  cornes. 
On  en  a  vu  de  la  longueur  d'une  toife  j  &  groilès 
comme  la  cuifle  :  quoique  les  éléphans  foient  fort 
communs  dans  l'Inde  ,  on  ne  laifte  pas  de  vendre 
les  beaux  quatre  ou  cinq  mille  écus.  On  a  vu  des 
éléphans  haut  de  treize  ou  quinze  pieds.  Ceux  de 
Ceylan  font  les  plus  petits  ,  mais  les  plus  eftimés. 
On  dit  qu'il  y  en  a  ,  à  la  Cochinchine  de  h  gros, 
qu'on  en  a  rrouvé  dont  le  pied  avoit  dix  -  huit 
pouces  de  diamètre.  Cet  animal  a  autant  de  honte 
&  de  relfentiment  du  châtiment  j  que  les  hommes. 
Le  Roi  d'Achemieur  fait  faire  bien  des  honneurs, 
leur  fait  porter  des  parafols  ,  que  les  hommes  n'o- 
fent  porter  ;  il  les  marie  en  cérémonie  avec  leurs 
femelles  ;  ^  ,  quand  il  eft  en  colère  contre  eux  , 
il  leur  ôre  tous  ces  honneurs  ,  dont  ils  font  extrê- 
mement fâchés.  Ceux  de  Bengala  adorent  un  élé- 
phant W^nz  ^  qui  eft  fi  rare,  qu'ils  l'eftiment  une 
chofe  fainte.  Les  Rois  Indiens  ont  donné  fou- 
vent  de  fanglantes  batailles  pour  le  pofl^éder.  On 
dit  qu'il  ne  s'en  trouve  qu'au  Royaume  de  Siam  , 
&  que  les  Rois  de  ce  pays- là  les  ont  long  -  temps 
traites  ,  comme  ils  auroient  fait  quelques  Princes 
de  leurs  voifins  qui  feroient  venus  en  leur  Cour. 
M.  de  Choifi  dit ,  dans  fa  Relation  j  qu'il  a  vu  dans 
la  féconde  cour  du  Palais  du  Roi  de  Siam  ce  fa- 
meux éléphant  blanc,  qui  a  coûté  la  vie  à  cinq  ou 
fix  cens  mille  hommes  ,  pendant  les  guerres  de  ce 
Roi  avec  celui  de  Pégu.  Il  dit  qu'il  eft  alfez  grand, 
vieux  &  ridé  ,  &  a  les  yeux  plilfés  ;  qu'il  y  a  tou- 
jours auprès  de  lui  quatre  Mandarins  ave.c  des 
éventails  pour  le  rafraîchir  ,  des  feuillages  pour 
chaiïer  les  mouches  j  &:  des  parafols  pour  le  garan- 
tir du  foleil  ,  quand  il  fe  promène  j  qu'on  ne  le 
fert  qu'en  vaiffelle  d'or ,  &  qu'il  a  vu  devant  lui 
deux  vafes  d'or  ,  l'un  pour  boire  \  l'autre  pour 
manger.  On  lui  donne  de  l'eau  gardée  depuis  ÇiX 
mois ,  la  plus  vieille  étant  la  plus  laine.  On  die 
qu'il  y  a  un  petit  éléphant  tout  prêt  à  fuccéder  au 
vieillard  ,  quand  il  viendra  à  mourir.  On  dit ,  aufti , 
qu'il  y  a  un  éléphant  Prince  ,  qui  eft  le  plus  grand 
&  le  plus  fpirituel  de  tous  les  cUphans  ,  qui  eft 
celui  que  le  Roi  monte.  Il  eft  fier  &  indomptable 
à  tout  autre  \  &  ,  quand  le  Roi  paroît ,  il  fe  met 
à  genoux.  Pyrard  dit  avoir  vu  porter  à  un  e7f^/^û«r, 
avec  fes  dents  ,  deux  canons  de  fonte  attachés  en- 
femble  avec  des  cables  ,  pefant  chacun  trois  mille 
livres,  l'efpace  de  cinq  cens  pas.  Ueléphantkn  à 
la  guerre  J  &  il  porte  une  pièce  d'artillerie  de  fer 
de  fix  pieds  de  long,  avec  fon  aftût ,  qui  porte  un 
boulet  d'une  livre.  Il  faut  bien  cent  livres  de  ris  à 
chaque  éléphant  par  jour  pour  le  nourrir.  On  fait 
des  pelotes  de  ce  ris  avec  du  beurre  &  du  fucre. 
Le  cri  de  V éléphant  s  zp^eWe  barris.  En  1681.  V élé- 
phant de  Verfailles  étant  mort  à  l'âge  de  17  ans, 
M.  du  Verney  en  fit  la  diftedion.  Foye:^  VHiJIoire 
de  l'Académie  par  M.  Duhamel,  pag.  ijiî/de  la 
féconde  édition. 

Sur  les  Eléphans  j  voye^  Voftîus ,   de  Idol.  L. 
III.  C.  (0  ,  jr  ,  Oo  ,6S. 

Philippe  III.  Roi  d'Efpagne  ,  étant  attaqué  par 


# 


E  L  E 

quelques  petits  Princes  ,  Dom  Carlo  BolTo  lui  donna 
pour  devile  un  éléphant,  qui,,  fans  le  feivir  de 
la  trompe  ,  mais  feulement  en  ridant  fa  peau  ,  tue 
dans  les  rides  les  mouches  qui  le  piquent ,  avec 
ce  mot   Efpagnol  Sinpelear  me  vengo. 

L'éternité  elldéfignée  dans  une  médaille  de  l'Em- 
pereur Philippe  ,   par  un  éléphant ,    fur  lequel  elt 
monté  un  petit  garçon  qui  tient  des  Hèches.  Plus 
fouvent  j  néanmoins ,  il  marque  les  jeux  publics , 
où  l'on  prenoit  plaifir  d'en  taire  voir  aux  peuples. 
P.  JoBERT.  Hnetîetj  on  y  faifoit  fouvent  paroître 
des  élépkans ,   &  les  Médailles  ont  fouvent  mar- 
qué cette  magnificence ,  comme  M.  Spanheim   a 
marqué  ,pag.  163  &  164.  On  y  vit  même  quelque- 
fois des  eléphans  drelfés  à  danfer  j  ou  du  moins  à 
marcher  fur  la  corde ,  ou  à  jouer  à  la  paume.  Id. 
pag.  i6c).  Dans  les  Médailles  de  Jules  j  du  tenis 
de  la  République  ,   où   il  n'étoit  pas  permis  de 
mettre  fa  tête  fur  les  monnoies  ,  il  mit  à  la  place 
cet  animal ,   parce  qu'en  langue  Punique  ,   Céfar 
lignifie  un  éléphant.  On  le  mit  enfuite    avec   un 
éléphant  fous  fes  pieds,    pour  marquer  la  vidloire 
qu'il  remporta  en  Afrique  fur  Juba.  P.  Jobert. 
T riftant  prend  autremeat  cette  Médaille  ,    èc  dit 
que  {'éléphant  y  fut  mis  ,    parce  que  cet   animal 
ctoitpris,  en  Italie,  pour  fymbole de  la  puillànce 
Royale ,  ou  fouveraine  ,  ainli  qu'Artemidore  nous 
l'apprend ,  L.  II.  C.  1  i.  Trijlan  I.  pag.  jo.  Berger , 
dans  le  l'hefaurus  Brandehurgicus  ,  F.  I.  pag.  ij^i. 
prétend  que  ['éléphant  étoit  auilî  le  fymbole  de  la 
piété  envers  Dieu,  parce  qu'on  croyoit  qu'il  ado- 
roit  le  foleil,  &  qu'il  étoit  particulièrement  con- 
facré  à  Bacchus.  lè.  pag.  160.  L'éléphant  accompa- 
gne quelquefois  les   myftères  de  ce  Dieuj  pour 
marquer  le  voyage  qu'il  fit  aux  Indes. 

On  dit ,  proverbialement  ,  Faire  d'une  mouche 
un  éléphant:,  pour  dire,  GroOir  ,  exagérer  beau- 
coup quelque  chofe  ,  foit  en  bien  ,  foit  en  mal. 
Éléphant  ,  ell ,  aulli ,  une  forte  de  clairon  ou  trom- 
pette donc  fe  fervoient  nos  pères.  Ces  clairons 
ion:  quelquefois  appelés,  olifants,  ou  élejas , 
dans  nos  vieux  Romans.  On  difoit  fonner  de  Xélé- 
fas,  comme  on  diroit  aujourd'hui  fonner  de  la 
trompette.  L'Auteur  du  Roman  de  Garin  le  Lohe- 
ranes ,  qui  appelle  cet  inftrument  olephan  ,  &  quel- 
quefois olifant,  en  fait  une  defcription. 

Cet  Olephan  en  ma  main  me  baille-^ 
Il  le  regarde  ,  &  en  greille  &  en  chief  3 
De  flx  virolles  d'or  fin  étoit  liés , 
La  guige  étoit  d'un  brun  paille  tntailli. 

Il  y  a  ,  aulîî ,  un  éléphant  de  mer  décrit  par  Boc- 
tius  en  fes  Relations  d'EcolTe  ,  mais  d'une  manière 
tout-à-fait  fabuleufe. 
L'Ordre  de  lELipHAur.  Etjuefiris  Ordo  ^  ou  Militia 
Elephanti.  C'eft  un  des  Ordres  Militaires  des  Rois 
de  Dannemarck.  On  l'appelle  ainli ,  parce  que  fes 
armes  font  un  éléphant.  Il  y  a  bien  des  fentimensfur 
l'origine  de  l'inftitution  de  cet  Ordre.  Le  premier 
ell  de  Menenius  &  Hocpingius,  qui  l'attribuent  à 
Chriftien  IV.  qui  fut  élu  Roi  en  1584.  Le  fécond 
eft  de  Selden  &  Imhof ,  qui  prétendent  que  c'eft 
Fridéric  II.  élu  en  1541  qui  l'inftitua.  3°.  Grégo- 
rio  Léti  remonte  à  Fridéric  I.  qui  régna  vers  15^0. 
4".  Bernard  ReboUedus  foutient  que  Jean  I.  en  eft 
l'Auteur.  Ce  Prince  commença  à  régner  en  147S. 
5°.  Anshelmius ,  Roftàerus  &  Lxfcher ,  difent  qu'il 
commença  fous  Chriftien  premier  ,  père  de  Frédé- 
ric I.  Enfin  ,  Léonard  Voigtius  ,  Bechman  &c  Janus 
Bicherodius  ,  foutiennent  que  Canut  IV.  en  eft  le 
premier  Inftituteur  ,  &  que  c'eft  aux  Croifades 
qu'il  en  faut  rapporter  l'origine.  Ce  Prince  régnoir 
fur  la  fin  du  XII.  Iiècle  ,  depuis  1 160.  jufqu'à  1 191, 
félon  la  Chronologie  de  Swaning.  Il  eft  certain 
qu'en  1494,  l'Ordre  de  ï Eléphant  ÇnhCiÇio'n.  On  a 
un  tableau  du  Comte  Reindem  ,  Chevalier  de  cet 
Ordre,  fait  cette  année-là.  En  1474,  le  Marquis 
de  Mantoue  fut  créé  Chevalier  du  même  Ordre 


E  L  E 


62. 1 


I  par  Chriftian  I.  C'eft  une  erreur ,  néanmoins,  de 
croire  avec  Ov/enus  Bilde  ,  que  ce  Pnnce  en  re- 
venant de  Rome  établit  cet  Ordre  ^  un  diplôme 
de  ce  Prince ,  &  les  Lettres  par  lelquelles  Chrif- 
tien II.  accorde  à  Henri  Vakkendoiph  de  porter 
dans  fes  armes  un  éléphant  chargé  d'une  tour  j  & 
les  Bulles  de  Pie  IL  &c  de  Sixte  IV.  prouvent  que  , 
long  temps  avant  le  Voyage  de  Chriftien  I.  à  Ro- 
me ,  l'Ordre  de  {'Eléphant  étoit  infticué. 

Il  y  a  encore  d'autres  Bulles  de  Sixte  IV  qui  con- 
firment les  Statuts  de  cet  Ordre  ,  qui  autonfent  Li 
tenue  de  fes  alîemblées  ou  chapitre  dans  la  Chapelle 
de  Rolchild,  &  les  privilèges  des  Chevaliers.  Cet 
Ordre  s'appela  d'abord  l'Ordre  deSainteMarie_,0;ï/(j 
S.  Maria  ,  &:  Confrérie  ou^'raternité  ,  en  Danois 
Selshah  j  &  fous  Chriftien  I.  c'étoit  déjà  l'Ordre  de 
l'Eléphant  :  rien  n'eft  plus  commun  que  les  mon- 
noies de  ce  Prince  marquées  d'un  éléphant.  Il  y  a 
de  lui  un  diplôme  de  1461  donné  à  Gottorp,  par  le- 
quel il  confère  au  Marquis  de  Mantoue  le  Collier 
de  l'Ordre  de  {'Eléphant,  &c  un  autre  de  1457  à  Ge- 
minien  Trcvirau  ,  qui  fut  créé  Chevalier  la  même 
année.  Tout  cela  a  perfuadé  les  Auteurs  dont  j'ai 
parlé ,  qu'il  falloit  remonter  plus  haiu  ,  &i  ils  vont, 
comme  j'ai  dit,  jufqu'à  Canut  VI  pour  trouver  le 
commencement  de  cet  Ordre,  ils  difent  que  ce  Prin- 
ce, en  1 185?,  envoya  un  flotte  contre  les  Sarrafins, 
qui  pritSiluma  ôcPtolémaide;  que,dans  cette  guerre, 
quelqu'un  des  Danois  croifés  ayant  tué  un  éléphant, 
cette  aétion  extraordinaire  donna  occafion  à  l'inf- 
titution  de  cet  Ordre:  que  Bechman  ,  PicorevilleôC 
Bernard  Juftiniani  la  rapportent  efteélivement  aux 
Croifades  ;  que  l'on  donne  500  ans  à  l'Ordre  de 
l'Eléphant  ^  ce  qui  revient  au  temps  que  nous  ve- 
nons de  dire  j  qu'il  étoit  très-ordmaire  de  prendre 
pour  fes  armes  les  dépouilles  des  ennemis  qu'on 
vainquoit  ,  &  les  marques  des  belles  actions  qu'on 
faifoit  j  queplufieursde  nos  armoiries  ,  par  exem- 
ple ,  le  Lion  des  Provinces  des  Pays  Bas ,  font  du 
temps  des  Croifades ,  comme  Heuterus  &c  Hocpin» 
gius  l'ont  montré  ;  que  tout  cela  confirme  le  fenti- 
de  ceux  qui  font  Canut  VI  inftituteur  de  l'Ordre  de 
{'Eléphant  ;  que  plufieurs  habiles  gens  l'ont  fuivi  &c 
appuyé  de  leurs  fuftrages.  Tels  font  Oligérus  j  Jacp- 
ba;us  ,  Voigtius ,  Marc-Gibe,  Thomas  Bartholin. 

Belfarion  apporta  d'Orient  à  Rome  une  monnoie 
antique  &  très-rare  fur  laquelle  on  voit  l'image  de 
la  Sainte  Vierge,  &c  un  éléphant.  Caftien  Du  Puis 
croit  que  c'étoit  la  marque  des  Danois  croifés  con- 
tre les  Sarrafins,  Se  qu'il  faut  'a  rapporter  à  l'Ordre 
de  l'Eléphant.  Le  Chancelier  Frufius  avoir  une  mon- 
noie fembl.ible,  fur  laquelle  on  voyoit  l'image  de 
la  Sainte  Vierge  ,  un  éléphant  de  un  croiluint ,  qui  fe 
mettoit  audi  autrefois  dans  les  armes  de  lOrdre 
dont  nous  parlons.  Jean  BoilTeau  rapporte  encore 
une  ancienne  figure  des  armes  de  cet  Ordre,  qui 
porte  l'image  de  la  Sainte  Vierge  avec  quatre  elé- 
phans chargés  de  tours  ;  ù'c  Petra  Sanda  ,  une  au- 
tre où  font  la  Sainte  Vierge  avec  trois  clefs  ,  &  qua- 
tre c7e/)A(7/?j  &  des  éperons .  L'Ordre  de  l'Eléphant 
étoit  fous  la  prote<5tion  de  la  .Sainte  Vierge  ;  6c  cet 
Ordre  s'appelle  encore  à  préfent  l'Ordre  de  Sainte 
Marie,  &c  au-delFousde  l'éléphant  pend  une  image 
de  la  Sainte  Vierj^e  environnée  de  rayons,  f^oje:^ 
l'Abbé  Juftiniani , Hifi.  di  tutti  gl'Ord. Milit. è  Caval. 
T.  II,  C.ji. 

Chriftien  I  fonda  la  Chapelle  de  Rofchild  pour 
y  tenir  les  Alfemblées  ou  Chapitres  de  l'Ordre.  Elle 
fut  appelée  d'abord  la  Chapelle  des  trois  Rois,  Ca- 
pella  trium  Iiegum.En{u\te  Fndéric  I  la  nomma  la 
Chapelle  Royale  ,  Capella  Regia.  Fridéric  H  réta- 
blit cet  Ordre  &  créa  beaucoup  de  Chevaliers  à 
la  cérémonie  de  fon  couronnement.  Chriftien  V 
l'augmenta  &  l'orna  beaucoup.  Il  tint  en  1695  le  5 
Juillet  un  grand  Chapitre  à  Fridéricsbourg  dans  la 
Chapelle  des  Chevaliers ,  dans  lequel  il  reçut  dans 
l'Ordre  fix  Princes  d'Allemifgnc.  De  tons  les  Ouvra- 
ges que  nous  avons  cités  fur  l'Hiftoiiede  cet  Ordre  , 
celui  de  Jajèus  BifcheioJius  peut  tenir  lieu  de  tous 


^à.t 


ELE 


ELE 


les  autres  :  c'eft  le  dernier ,   le  plus  ample  &  le  plus       Ulpien  ,1.  5  2.  j^.  de  Légat.  3  fait  mention  de  Livre 
i  Coppenha.iLiue  fur  la  tin  de  lan-       d' ivoire.  Scaliger  &  Gérard  Vollius  dilent  que  c'ell . 

qu'ils  étoient  taits  des  inteilins  d'c:/cY>/u;«r.  Voliias 
ne  dilconvient  pas  pourtant  qu'ils  n'aient  pu  être 
haits  de  tablettes  d'ivoire  ;  mais  comme  on  faifoic 
beaucoup  d'autres  livres  &c  de  tablettes  de  cette  ma- 
tière 5  comme  il  paroit  par  Martial  ,  L.  XiV  j  cpig. 
3  ,  par  cent  autres  Anciens ,  tk.  par  ce  que  nous 
avons  dît  au  mot  Diptyque,  on  ne  voit  pas  pour- 
quoi l'on  eût  donné  à  ceux-là  fpécialemem  le  nom 
à'élc;  hantins.  Martial  ne  donne  point  le  nom  à'élé- 
phanûn  j  mais  d'ivoire  ,  eboreus ,  aux  tablettes 
dont  il  parle  à  l'endroit  cité  ,  Lhorei  pugUlares.  Ou- 
tre les  Auteurs  cités,  Alexander  ab  Alexandre, 
Génial,  dïer.  L.II  C.  2  parle  des  Livres  é/éphanti/iSy 
&  Saumaife  ,  iur  l'endroit  de  'V^opifcus  dont  nous 
avons  parlé  ,  où  il  réfute  Sc.'iliger,  prétend  que  ces 
livres  étoient  d'ivoire  ,  &  montre  que  les  Anciens 
ont  dhé/éphanc  pour  ivoire  ,  témoin  Virgile  &  Ser- 
vius  L.  III  de  l'Enéide  ,  v.  464  ,  &c  élephamih  ,  pour 
ce  qui  eft  d'ivoire  j  témoin  Kiattianus  Câpella  & 
Ihdore  dans  fes  Gloles  :  qu'il  n'étoit  point  impoflî- 
ble  d'écrire  fur  de  l'ivoire  ,  comme  Scaliger  le  fou- 
tient  ;  qu'ils  ne  fe  fervoient  ni  de  plume  d'oie, 
comme  nous ,  ni  d'une  encre  femblable  à  la  nôtre  , 
mais  de  tuyaux  de  roleàux  qu'ils  taïUôient  autre- 
meiit  que  nous  ne  faifons  nos  plumes  j  que  leur 
encre  pouvoir  être  plus  propre  que  la  nôtre  à  pren- 
dre fur  l'ivoire  ,  en  un  mot  j  que  le  fair  eft  conf- 
tant  par  Martial  &  par  PLuite  dans  le  Moftellaria  , 
&  que  l'on  écrivoit  autrefois   fur  l'ivoire. 

ÉlÉphantin.  f.  m.  Nom  des  Rois  d'Egypte  qui  ont 
régne  à  Eléphantine.  ^oyei  ELEPHANTINE, 

ÉLÉPHANTINE.  Elephancïs  j  F.lephanûna.  C'étoic 
antretois  une  grande  ville  de  l'Egypte  ,  diftante  de 
Thèbes  de  820  ftades ,  c'eft  à-dire  ,  de  34  lieues. 
C'étoit  une  des  plus  célèbres  villes  de  l'Egypte,  ôc 
la  patrie  des  Rois  de  la  cinquième  dynaftie,  qu'oti 
nomme  pour  cela  Eléphantins. 

ÉLEPHANTIQUE.  adj.  Qui  appartient  à  l'élé- 
phant ,qui  y  a  rapport.  Elephandnus .  Un  Poète  a  die 
langage  éléphantlque.  Nouv.  choix  de  vers ^  T,  I  ^ 

,  /7. 181. 

Éléphantique.  En  termes  de  Médecine  ,  eléphantiqut 
fe  dit  des  jambes  d'un  hydropique,  qui  deviennent 
femblables  à  celles  d'un  éléphant  qui  font  grolfes , 
toutes  d'une  venue ,  &  qui  ne  plient  point.  La 
peau  des  jambes  &  des  cuilfes  paroît  dure  ,  rabo- 
teufe  &  éléphantique.  Y^\i  Verney  ,  fi\s,Acad  des 
Se.  lyo^.  Mem.  p.  1 5 1.  Je  fa  vois  que  dans  ceux  ea 
qui  on  trouve  une  pareille  difpofition  ,  (  hydropifie 
de  poitrine  )  les  jambes  ont  de  la  peine  à  fe  réta- 
blit ,  &  qu'elles  leur  reftent  pour  l'ordinaire  gref- 
fes ,  pefantes ,    &■  comme  éléphantiques.  Idem  p. 

174-    , 

%fT  ELEPHAS.  f  m.  Plante  labiée  &  en  mafque , 
ainlî  nommée  parce  que  fa  lèvre  fupérieute  a  quel- 
que rapport  avec  la  trompe  d'un  éléphant.  On  en 
ignore  les  propriétés. 

ÉLÈRENA./-V)'e^  ERESMA  :  c'eft  la  même  chofe. 

ÉLESME.  Foxe-^  ELEME. 

ELETTE.  Voye-  AILETTE. 

ELEU.  Foyei  ELlf. 

ÉLÉVATION,  f  f.  Hauteur  ,  exhaulTement.  Altitude. 
La  voûte  de  S.  Euftache  a  quatre  toifes  lï élévation 
plus  qu'il  ne  faut.  Qùaftd  un  voilm  veut  donner  de 
VéUvation  à  un  mur  mitoyen  ,  attollere,  il  faut  qu'il 
en,  paie  les  charges  de  fix  toiles  Tune. 

lier  Elévation  de  terrein  ,  ou  fimplement  élévation, 
la  même  chofe  qu'émiriencë.  Monter  fur  une  élé- 
vation. 

IfJ-  Élévation^  en  Hydraulique  ,fe  dit  de  la  hauteur 
à  laquelle  montent  les  eaux  jaillisfantes.Elle  dépend 
deceiledes  rcfervoirs,&:  delà  jufte  proportion  de  la 
fortie  des  ajuftages  avec  le  diamètre  des  tuyaux  de 
conduites. 

i^Cr  Élévation  des  fluides.  Foye^  Ascension. 

ifT  Élévation  des  vapeurs,  /^'oye?' Vapeurs  j  Nt;X- 
GES  ou  Nuées. 


favant  j  il  parut  à  Coppeiiliag 

née  1705  ioascc  tuïQ  'y  Breviarium  tquejtre  jjeudc 
illujîrijjimo  &  indy tijjimo  ordine  Elephantino  ,  &c. 
in-Jol.  avec  des  planches.  Les  Chevaliers  de  l'Ordre 
de  l'Eléphant  portent  le  Collier  d'où  pend  un  elt- 
phant  d'or  émaïUé  de.  blanc  ,  le  dos  chargé  d'un 
château  d'argent  maçonné  de  fable.  IJelepnant  elt 
porté  fur  une  terralfe  de  fynople  émaillée  de  fleurs. 
Les  Rois  de  Dannemarck  ne  font  des  Chevaliers  de 
r£/e/'Aiî«r  que  le  jourde  leur  couronnemenr. 

Eléphant^  Elephamus ,  eit  pris  du  Celtique  Elé- 
phant &  Oliphant  ,  qui  dit  la  même  choie.  Pez- 
RON.  De  t^a  ,  eleph  ,  un  bœuf  ,  s'eft  f-ormé  elephas^ 
éléphant,  loit  parce  que  les  noms  des  efpècesont  été 
confondus ,  comme  11  fe  voit  par  tout ,  fou  que 
ce  même  nom  ait  été  dit  de  ces  deux  animaux  pour 
quelque  conformité  ,  ou  degrolfeur  ,  ou  d'autre  qua 
lue  qui  fe  trouve  en  eux.  GuiCHARD.Ludoph  eft  de 
même  fentiment ,  &  U  croit  qu'on  a  donné  à  cet 
animal  le  nom  du  bœuf  à  caufe  de  fa  grandeur  ,  de 
même  que  les  Romains  les  appelèrent  Boves  Luc^ 
dans  la  guerre  de  Pyrrhus.  Peut-être  les  appela-t-on 
{)V^< ,  fuis  rapport  au  bœuf  j  mais  pourla  même  rai- 
Ibn  '&  parce  que ,  Xcléphant  eft  le  chef  des  animaux. 
Il  me  paroît  même  plus  probable  que  zé!iX éléphant 
qui  le  premier  a  été  appelé  ti^^  ,  puis  le  bœut  en- 
fiiite&  comme  par  participation  i^  par  comparaifon. 
Mais  au  refte  ,  quelle  que  foit  la  railon  qui  au  fait 
donner  à  \  éléphant\<inom  t^^,  il  ne  femble  pas  dou- 
teux que  fon  nom  ne  vienne  deU- 
ÉLEPHANTIASIS.  f.  m.  Terme  de  Médecine.  Ele- 
/?/ztî/2rii7/?j.  C'eft  une efpèce  de  lèpre,  qu'on  appelle 
lèpre  des  Arabes  ,  pour  la  diftinguer  de  la  lèpre  des 
Grecs  ,  qui  eft  une  autre  maladie  :  elle  eft  ainli  nom- 
mée à  caufe  que  ceux  qui  en  font  atteints ,  ont  les 
j^  bras  &  les  jambes  groftes'  &:  tubéreufes  ,  &  la  peau 

enflée  J   rude  au  toucher       '  ' 

les  éléphans.  Ce  mor  eft  Grec  lÀEipavr/aj-iî.  Les  Grecs 
.appellent  aulTi  cette  maladie  tAsipà?  5c  \xi(ifa.iria.s-fiùi. 
ÉLÉPHANTIDE.  Elcphantis.  C'eft  dans  Ptolomée  & 
dans  Pline  ,  L.  V.  C.  9  une  grande  Ile  de  l'Egypte 
fupérieure  ,  fituéeà  une  lieue  audelfous  de  la  der- 
nière cararade  ,  &  à  i!Î  milles  J  c'eft-à  dire,  5  lieues 
au-deffus  de  Syène.  On  prétend  qu'elle  a  pris  fon 
nom  des  éléphans  qu'on  y  trouva.  Elle  eft  vers  les 
confins  de  la  Nubie  ,  vis-à-vis  de  la  ville  d'Afna. 
Les  Egyptiens  terminoient  là  autrefois  leur  navi- 
gation fur  le  Nil ,  comme  ils  font  encore  aujour- 
d'hui :  les  Ethiopiens  y  viennent  commercer  avec 
eux.  Les  Romains  y  terminèrent  aufti  leur  Empire. 
On  dit  que  cette  Ile  eft  un  pays  très-beau  &  très- 
fettile. 
ÉLÉPHANTIN  j  ine.  adj.  Qui  appartient  ou  qui  a 
du  rapport  à  l'éléphant.  niephantinus.C.Q  mot  fe  dit 
de  certains  livres  des  anci'ens  Romains ,  où  étoient 
contenus  les  faits  "&  les  aéfions  des  Princes  „  &  les 
adles  da  Sénat ,  ainfi  que  nous  l'apprennent  PoUion 
SiC  Vopifque  en  la  vie  de  l'Empereur  Tacite.  Dans 
quelques-uns  de  ces  livres  croient  enregiftrés  les 
Actes  du  Sénat  &  des  Magiftrats  de  Rome  ^  en  d'au- 
tres tout  ce  quife  palloit  dans  les  Provinces  (i^  dans 
les  armées.  Il  y  avoir  outre  cela  trente  cinq  gros  vo- 
lumes ,  autant  que  de  Tribus ,  où  éroient  marqués 
la  naiftance  ,  &  le  décès  des  Citoyens  j   les  denom- 
bremens ,  &  tout  ce  qui  dépendoit  de  la  cenfure  ^ 
&  ceux-ci  fe  renouvelloient  decinq  ans  en  cinq  ans 
avec  les  Cenfeurs.  Tous  ces  Regiftres  fe  gardoicnt 
anciennement  dans  V^Erarium  ,  ou  Tréfor  public , 
qui  écoit  dans  le  Temple  de  Saturne.  Figcnère  fur 
Tite-l.ive  J  I .  I ,  p.  670,   ^71. 

Vigenète  &  beaucoup  d'autres  ,  croient  que  ces 
livres  étoient  appelés  eléphantins  ,  à  caufe  de  leur 
grandeur  démefutée  ,  comme  on  dit  que  quelque 
chofe  eft  gros  comme  un  éléphant,  du  comme  un 
bœuf,  pour  dire  ,  qii  il  eft  ttès-gros.  Loifel ,  fur  le 
Ch.  17  de  l'onzième  Lj^vre  d'Aulu-Gelle,  dit  qu'on 
les  nommoit  eléphantins  ,  parce  qu'ils  étoient  faits 
de  tablettes  d' ivoire  \  Se  en  effet  le  Jurifconfulte 


E  L  E 

ELEVATION,  fe  dit  d'une  partie  de  k  Mefîe  ,  où  h' 
Prêfre  élève  au-deiïus  de  fa  tête  la  Sainte  Holtie, 
êc  le  Calice  ,  après  les  avoir  coiilacrés ,  pour  faire 
adorer  Jesus-Christ  auPeuple  j  après  l'avoir  adoré 
lui  même.  SubUdo  &  ,  en  Latin  de  Rubriques ,  tic- 
vado.  Ce  ii'cll  point  entendre  la  Messe  que  de  n'y 
venir  qu'à  ïtUvadion.  Celui  qui  lert  la  Messe  fonne 
une  clochette  à  l'élévadon  ,  pour  avertir  le  peuple 
d'adorer  Norre-Seigneur.  Saint  Louis  avoitordonné 
que,  dans  fa  Chapells,  on  fe  prollerneroit  à  \'t:/e- 
vadon  &  à  la  communion  ,  à  l'exemple  de  certains 
Religieux  qu'il  ne  nomme  point.  Les  Chartreux  & 
les  Religieux  de  la  Trappe  gardent  encore  aujour- 
d'hui cette  pieufe  cérémonie ,  de  fe  prolterner  à  l'é- 
lévadon &  durant  la   communion  du  Prêtre.  De 

ViGN.  MaRV. 

En  PerfpetSlive  on  appelle  élévation  la  peinture  ou 
defcription  que  l'on  tait  de  la  face  d'un  bâtirhent. 
On  le  du  par  oppolition  à  plan.  Defcripdio  fecundàm 
menjuras  verdcuUs  &  horizontales  ,  vcl  fcaindum  al- 
tituiinem  6'  ladtudinem.  C'eft  la  repréfentation  d'un 
corps  dedîné  fuivant  fes  mefures  verticales  &  hori- 
zontales extérieurement  apparentes,  lans  égard  à 
Ja  profondeur.  Frézier.  On  l'appelle  aulli  Ortho- 
graphie ,  orthographia.  Ce  n'elt  pas  alfez  de  voir  le  ' 

,-U.-.  J'.,„    JLÀ.C —       ;i  «.-.    C^.,r   «,,|K    f,;,-.-.  ,J  ,/K.,„_  1'  .        ' 


E  L  Ë 

plus  ils  font  touchés  de 


^t\ 


amour  des  louanges  ,  & 
d'un  violenrdehr  d'acquérir  de  la  réputation. 

ICT  En  matières  d'Eloquence  ,  élévation  fîgnifie 
fublimité ,  grandeur.  Dire  qu'un  homme  a  beau- 
coup d'élévation  d'efprit  ou  dans  l'efprit ,  c'ell  dire 
qu'il  a  un  efprit  fublime  ,  capable  des  plus  grandes 
chofes.  On. ne  fauroit  arriver  au  fublime  fans  une 
certaine  élévation  d'efprit  qui  nous  fait  penfer  heu- 
reufement  les  chofes.  Boil.  Altitudo  incenû.  Il  a 
une  élévation  d'efprit  naturelle ,  qui  hù  rend  les 
grandes  chofes  tout-à-fait  familières.  S.  Evr.  L'élé- 
vation d'efprit  eft  une  qualité  nécelllùre  à  l'Ora- 
teur, mais  c'eft  un  don  du  Ciel  ;  on  ne  peut  guère 
l'acquérir.  Il  fe  dit  quelquefois  de  la  noblcïle  &: 
de  la  fublimité  du  ftyle.  Un  difcours  fimple  &:  fans 
élévation. 

Élévation  ,  fignifie  encore  Dignité  ;  pofte  éminenr. 
Fajligium  j  dignitas.  Le  Pontihcat  elt  la  plus  haute 
élévation  où  un  Eccléfiaftique  puilfe  arriver.  Si  ceux 
qui  parviennent  à  une  grande  fortune  s'oublient  _, 
c'eft  que  la  tête  tourne  ,  &  que  le  vertige  prend  dans 
cette  élévation.  Bell.  Un  fage  favori ,  qui  fait  com- 
bien Ion  tf/trVt/r/'o/z  otFenfe  les  autres  ,  doit  éviter  la 
pompe  &:  le  fafte  ,  pour  ne  pas  irriter  l'envie.  M. 
--,,.,.  ,  --  r-  -  Esp.  Concourir  à l'cf'/eVfîràrt  de  quelqu'un, 

plan  d'un  édifice,  il  en  faut  aulh  faire  delîiner  l'i-    ÉTc;u4Tr»TDn    c  ™  „a  .,.,:„  a..  j    r^u- 

*, ,      .       .  n    n.i>'/        •        ■       '    ■  o  ELtiVAlUiRb.  1.  m.  elt  un  inltrument  de  Chirurcie 


/Wario/z.  Le  profil  eft  rt-/^''vûrio/2  géométrique  &  or- 
thographique, qui  fait  voir  le  dedans  du  bâtiment: 
l'orthographie,  ou  élévation  géométrale,  repiéfente 
\ élévation  d'une  des  faces  du  bâtiment.  j 

Élévation,  fe  dit  abfolumenten  ,  Aftronomie  ,  de! 
\ élévation  du  Pôle  fur  l'horizon ,  iatitudo  j  iSi  c'eft  la  | 
même  chofe  que  latitude  L^'latitude  proprement  eft  ' 
la  diftance  d'un  lieu  à  l'cquateur ,  prélumée  fur  le 
cercle  méridien.  Or  cette  diftance  eft  toujours  par- 
faitement la  même  que  {'élévation  du  pôle  au-delfus 
de  l'horizon  ;  c'eft-àdire  ,  que  l'arc  du  méridien 
compris  entre  le  pôle  &  l'horizon  eft  égal  à  l'arc  du 
même  méridien  compris  entre  l'équateur  &  le  zé- 
nith. Ainfi  le  pôle  boréal  ou  feptentrional  eft  élevé 
de  48  degrés  50  minutes  fur  l'horizon  de  Paris.  Il  y 
a  auftî  même  diftance  de  Paris  à  l'équateur ,  Se  par 
conféquent  Paris  a  48  degrés  50  minnus  d'élévation 
de  latitude  boréale.  Cela  s'entend  du  milieu  de  Pa- 
ris j  car,  à  l'Obfervatoire  Rofal  qui  eft  à  l'extré- 
mité de  Paris ,  {élévation  ou  la  latitude  eft  de  48 
tlegrés  5 1  minutes.  On  connoît  l'élévation  d'un  lieu 
en  bien  des  manières ,  fur-tout  par  les  obfervations 
méridiennes  du  foleil  j  des  étoiles  quand  elles  paf- 
fent  au  méridien  ,  quand  on  fait  la  déclinaifon  du 
foleil  &  de  ces  étoiles  j  &j  en  Gnomonique,  l'éléva- 
tion d\x  pôle  hir  le  plan  d'un  cadran  folaire  eft  l'an- 
gle de  l'axe  du  cadran  avec  la  fouftylaire.  En  allant 
du  midi  au  nord,  ou  du  nord  au  midi,  ^élévation 
du  pôle  changea  chaque  pas.  L'élévation  d^  l'Equa- 
seur  eft  l'arc  du  colure  du  lolftice  intetcepté  entre 
le  folftice  &  l'endroit  où  le  colure  coupe  l'écliptique 
On  dit  aufti  Vélévation  d'un  aftre  fur  l'horizon  ,  c'eft  ; 
la  diftance  de  cet  aftre  à  l'horizon  du  lieu  où  l'on  eft. 
L'élévation  d'une  étoile  fous  l'horizon  eft  l'arc  du 
cercle  verrical  qui  fe  trouve  compris    entre  cette 
étoile  &  l'horizon. 

En  Grammaire,  en  Mufique  Sc  Rhétorique  ,  on 
dit  Vélévation  de  la  voix  ,  contentio  vocis  ,  intentio  j 
&c.  C'eft  le  palfage  d'un  ton  à  un  ton  plus  haut.  Il  y 
a  des  élévations  de  voix  néceftaites  dans  la  décla- 
mation. 

En  termes  de  Médecine,  on  dit ,  Vélévation  du 
pouls  ,  pour  dire,  le  mouvement  du  pouls  lorfque 

,  le  battement  eft  plus  fort  qu'à  l'ordinaire. 

Elévation  ,  eft  fouvent  employé  au  figuré.  Il  fignifie 
quelquefois  un  tranfport,un  mouvement  afteélueiix 
de  l'ame  vers  Dieu.  Il  finit  taire  fanscelfc;  une  élé- 
vation à  Dieu  de  fon  cœur  j  de  fon  ame. 

^3"  Elévation  fe  dit  aulli , au  figuré  ,  pour  nobleftc 
de  fentimens.  Animi  altitudo.  Cela  vient  d'une  gran- 
de élévation  d'ame.  Cet  homme  a  de  \ élévation  dans 
fes.  fentimens ,  dans  les  penfées.  Excelsius  fentit. 
Plus  les  hommes  o'o.x.^éUva.tion  de  ccEur^  d'efprir,; 


qui  fert  à  élever  des  os  j  comme  ceux  des  fradures 
de  la  tête  ,  qui  ont  été  enfoncés  par  quelque  coup  , 
ou  par  une  chute.  EUvatorium.  Il  y  a  des  élévatoi- 
rej- dentelés, des  élévatoires  à  trois  pieds  j&c.  qu'on 
api)elle  élévatoires  triploïdes.  L'élévatoire  fait  en  le- 
vier eft  d'une  invention  affez  nouvelle  .•  fon  nfage 
eft  pour  les  dents.  Cet  inftrument  a  une  extrémité 
plate  pour  appuyer  fur  les  gencives  au  bas  de  la 
dent ,  &  l'autre  eft  coudée  comme  une  des  branches 
d'un  pélican  pour  accrocher  la  dent. 
ELEUCADE.  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Eleucha- 
dius.  Saint  Eléucade  ,  Evêque  de  Ravenne  &  Con- 
fefieur  ,  étoir  le  fécond  des  quatre  difciples  de  S. 
Apollinaire.  On  a  un  Sermon  de  Saim  Pierre  Da- 
mien  fur  Saint  Eléucade.  Chast.  au  14  de  Févr. 
ÉLÈVE,  f.  m.  Alumnus.  C'eft  proprement  celui   qui 
prend  des  leçons  de  la  bouche  même  des  Maîtres. 
C'eft  mon  élcvc.  Alumnus  difeiplins,  me«..  Ce  mot  eft 
particulièrement  employé  en  Peinture,  Sculpture, 
Architeétare  ,  &c.  Ce  Peintre  tut  un  élève  de  Ra- 
phaël. On  l'a  tranfporté  aulli  hors  de-là  à  ceux  qui 
ont  étudié  quelque  chofe  que  ce   foit  fous  de  bons 
maîtres.  On  le  dit  aufti  d'un  homme  qui  eft  formé 
de  la  main  d'un  autre  ,  qui  s'attache  à  lui ,  en  pre- 
nant fes  inftrudions,  &  en  fuivant  fes   exemples. 
BouH.  Chaque  enfant  de  Lacédémone  étoit  propre- 
ment un  élevé  de  la  vertu.  La  Goill.  Dans  l'Acadé- 
mie Royaledes  Sciences,  il  y  a  vingt //tvei  ,  dans 
celle  des  Infcriptions  il  y  a  dix  élevés.  Les  élèves 
doivent  travailler  de  concert  avec  les  Penhonnaires. 
Nous  ne  craignons  point  de  comparer  à  un  des  plus 
grands  fujets  qu'ait  eu  l'Académie  un  fimple  élève  , 
tel  qu'étoit  M.  Amontons  ;  le  nom  d'élève  n'em- 
porte parmi  nous  aucune  diftétencc  de  mérite  :  il  fi- 
gnifie feulement  moins  d'ancienneté  ,  &^  une  efpece 
de  furvivance.  Fonten.  Cependant  on  a  fupprimé 
le  nom  d'e/ève  ,  &  on  lui  a  fubftitué  le  nom  diad- 
joint,  parce  que  tout  le  monde  ne  favoi:  pas  la  fi- 
gnification  que  l'Académie  des  Sciences  avoit  atta- 
chée au  nom  d'éieve. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  alUevo ^qm  fignifie  dif- 
ciple  qu'on  a  inftruit  ou  élevé.  Foye^  Disciple  , 
Ecolier. 

Il  y  a  un  œillet  que  les  Fleuriftes  appellent  Elève 
des  Granges  ,  du  nom  de  celui  qui  l'a  élevé  à  Pa- 
ris. C'eft  un  rouge  brun  tirant  fur  le  pourpre  ,  ex- 
trêmement enfoncé  fur  un  blanc  alfez  un.  Ses  pa- 
naches font  fort  gros ,  &  de  pièces  emporrées^mais 
un  peu  confus,  &  accompagnés  de  mouchetures. 
Son  montant  s'élève  fort  haut ,  fes  tanes  font  tore 
vertes ,  &  fa  fleur  hâtive  &  médiocrement  large.  Il 
eft  tout  femblable  .1  l'œillet  qu'on  appelle  le  Sol- 


•62,4  E  L  E 

dat.Il  ne  crève  pas  en  lui  laillant  quatre  à  cinq  bou- 
tons. MoaiN. 
ÉLEVEMENT.  f.  m.  Elévation  j  action  par  laquelle 
■on  s'élève ,  orgueil.  Arrogantia  j  tumor.  Dieu  ne 
jette  les  regards  de  miféricorde  que  fur  les  âmes 
humiliées  j  &  ne  fouftie  point  Xdevement  dans  la 
convetlion  des  pécheurs.  Ab.  de  la  Trap.  Cet  Au- 
teur emploie  fouvent  ce  mot  qui  n'ell  pas  François. 
ÉLEVER,  v.  a.  Bâtir  en  hauter.  Extrueie  ,  ejftrre. 
Nimrod  éleva  une  tour  Fort  haute  pour  fe  garantir 
d'un  nouveau  déluge,  s'il  en  arrivoit.  Cette  Eglife 
n'étoit  f/ei't'e  alors  qu'à  hauteur  d'impofte.  On  dit 
aulli  qu'un  terrein  s  élève  peu-à-peu  ,  quand  il  n'ell 
pas  de  niveau. 
Élever  ,  lîgnihe  fimplement ,  Drefler  ,  ériger.  Sia- 
tuere  j  poutre.  Le  Pape  a  tait  élever  un  obéhlque  à 
Rome.  Les  Anciens  élevaient  des  Itatucs ,  des  tro- 
phées, des  Autels  à  leurs  Capitaines ,  à  leurs  Em- 
pereurs. 

On  dit,  figutément ,  £/ever  autel  contre  autel  j 
pour  dire  ,  Faire  un  fchifme  ,  ou  une  divilion  dans 
J'Eglife  ,  ou  dans  quelque  Communauté.  On  le 
dit  auîidans  d'autres  matières  ;  pour  dire ,  Op- 
pofer  une  nouvelle  puiirance  à  une  puiirance  déjà 
établie. 
Élever  ,  fe  dit  auffi  de  ce  qui  monte  en  l'air  j  de  ce 
qu'on  y  tire  ,  qu'on  y  tient  fufpendu.  E  [ferre  ,  Jàlt- 
levare.  JeSus-Christ  seleva  fur  une  nuée  à  la  vue 
■de  fes  Apôtres ,  lors  de  fon  Afcenfion.  Un  aigle 
s  élève  en  l'air  d'un  vol  rapide  &  fort  haut  On  elèvc 
les  pierres  avec  des  grues  &  des  machines.  Onélève 
des  eaux  avec  des  pompes  &  autres  machines  hy- 
drauliques. Dans  la  diltillation  les  vapeurs  s'élèvent 
parle  moyen  du  feu,  de  la  même  manière  que  le 
loleil  élève  les  vapeurs  qui  forment  les  nues  &  les 
brouillards.  Il  faut  élever  ce  chaudron  d'un  cran. 
Élever  ,  fignifie  aulîî,  HaulTer ,  &:  fe  dit  de  la  voix  , 
de  la  vue  ,  des  mains  qu'on  lève  en  haut.  Tollere. 
Moyfe  éleva  fes  yeux  &  fes  mains  au  Ciel  ,  tandis 
que  fon  peuple  combattoit.  Un  Orateur  élève  la 
voix  j  vocem  contendit , quand  il  veut  faire  quelque 
inveàive,  exciter  quelque  forte  paiîion.  1-1  fautdans 
les  aftliétions  élever  les  yeux  au  ciel.  Vaugelas  con- 
damne &  met  au  nombre  des  barbarifmes  cette 
dernière  façon  de  parler.  Il  prétend  qu'il  faut  dire 
lever  les  yeux  au  ciel ,  tk  non  pas  élever. 

13°  M.  l'Âbbé  Girard  détermine  la  valeur  du  mot 
élever,  en  le  comparant  avec  ceux  qui  ont  quelque 
relfemblance  avec  lui.  On  lève  en  drelfant  ou  en 
mettant  debout.  On  élève  en  plaçant  dans  un  lieu 
ou  dans  un  ordre  éminent.  On  Joulève  en  faifant 
perdre  terre  &  portant  en  l'air.  On  hau[fe  en  ajou- 
tant un  degré  fupéricur ,  foit  de  fituation  ,  foit  de 
force,  (on  à'éienduc.  On  exhaaffè  en  augmentant 
la  dimenfion  perpendiculaire  j  c'eit-à-dire  ,  en 
donnant  plus  de  hauteur  par  une  continuation  de 
la  même  chofe. 

^fT  On  dit  ,  lever  une  échelle  ,  élever  une  ftatue , 
foulever  un  coffre  ,  haujjer  les  épaules  &c  la  voix  , 
exhauffer  un  bâtiment. 
s'Élever  j  v-  récip.  Signifie,  Naître,  commencer. 
Oriri ,  exurgere.  Quand  un  ouragan  s  élève  ,  on  a  de 
ia  peine  à  mettre  à  l'abri  les  vailfeaux.  Le  Sauveur 
a  prédit  qu'il  s'élèverait  de  faux  Prophètes  qui  cau- 
feroient  des  troubles,  des  fcandales  dans  fon  Egli- 
fe ;  que  les  Ninivires  s'élèveraient  au  jour  du  Juge- 
ment contre  les  Juifs  j  c'elt-à-dire  ,  qu'ils  les  accu- 
feront  ,  qu'Us  porteront  témoignage  contre  eux. 
Ici  il  eft  pris  dans  un  fens  figuré  ;  que  leur  péché 
s'élèvera  contre  eux.  Si  la  raifon  foufFre  que  la  co- 
lère s'élève  ,  elle  fe  met  en  danger  de  recevoir  la  loi 
de  cette  padinn  puilfmte  &  impérieufe.  M.  Esp. 
Élever  ,  fe  dit  au  Palais  pour ,  Faire  naître  ,  fonder, 
fournir  une  preuve,  une  fin  de  non-recevoir  ,  ècc. 
Suppcditare.  Il  ne  faudroit  que  la  fin  de  non-rece- 
voir que  cet  aéte  élève  contre  la  critique  que  l'on 
fait  de  cette  quittance.  Brousse.  Tout  le  temps  qui 
s'étoit  écoulé  depuis  cette  quittance  ,  fans  qu'elle 
eût  été  contredite  ,  neformoit-il  pas  une  cfpcce  de 


ELE 

pofTcffion  qui  élevait  une  fin  de  non-recevoir  infur- 
mon table  f  1d. 

Elever  ,  fignifie  auffi  j  Nourrir  un  enfant ,  jufqu'à  ce 
qu'il  loit  en  âge  de  raiion.  Alere  j  colère.  Cette  fem- 
me n.e  peut  élever  d'enfans  j  ils  meurent  tous.  Cet 
enfant  elt  délicat,  il  fera  mal-aifé  à  élever. 

ifT  On  le  dit  auifi  des  animaux.  Elever  despaons, 
des  perdreaux  domeltiques.  On  a  de  la  peine  à  éle- 
ver des  élcphans  en  Europe. 

§C?"  C'elt  auifi  un  terme  de  Jardinage  ,  qui  figni- 
fie, donner  une  culture  convenable  pour  faire  croî- 
tre une  plante.  Cette  plante^  cet  arbre  a  été  eievéde 
femence. 

On  dit ,  en  termes  de  Marine  ,  qu'un  vaiilèau 
s'e/à'e  d'un  côté ,  Progredi^  lorfqu'il  tire  à  la  mer, 
qu'il  alargue  ,  qu'il  court  au  large  ,  &  qu'il  s'éloi- 
gne d'une  rade  ,  ou  d'une  côte.  On  dit  encore  ,  e/e- 
ver  en  longitude  j  quand  on  a  couru  vers  l'Urient , 
ou  vers  l'Occident  \  &c  élever  en  latitude  ,  quand  ou 
a  couru  vers  le  Septentrion  &  le  Midi. 

Elever  ,fedit  figurément.  Les  talens  demeurent  dans 
la  balle ife  des  objets  communs ,  oas'elevent  au  lu- 
blime.  De  Piles.  Un  bon  Chrétien  doit  fouvent  éle- 
ver fon  ameà  Dieu  ,  élever  Ion  efprit  au-delfus  des 
choies  temporelles,  des  vanités  du  monde. 

Elever  ,  fe  prend  quelquefois  pour,  Louer  ,  vanter. 
On  a  toujours  fort  elevéla.  grandeur  d'ame  des  Ro- 
mains. On  nous  élève  fi  tort  le  mérite  des  Anciens  , 
que  les  Modernes  ne  fauroient  fe  foutenir  auprès 
d  eux. 

Élever,  fignifie  aulli ,  Agrandir,  mettre  dans  une 
p]:ice  élevée  ^  accroître  la  fortune.  Dans  ce  fens  on 
dit  que  la  fortune  élève  ceux  qu'il  lui  plaît ,  qu'elle 
les  tire  ,  cju  elle  les  élève  de  la  boue. 

Quales  ex  humili  magna  adfajîigia  rerum 
Extoliit ,  quoties  volait  jartuna  jacari.  Juv. 

On  dit  aulfi  j  qu'il  eft  difficile  de  s'élever  par  la 
voie  du  mérite  \  qu'on  s'eft  élevé  dans  les  charges. 
Les  Princes s'abailfent  plus  qu'ils  ne  s'élèvent,  en 
aftedant  une  grandeur  que  perfonne  ne  fonge  à  leur 
difputer.  Le  Ch.  de  M.  Le  Cardinal  de  Richelieu 
étoit  une  de  ces  grandes  âmes  dont  la  Providence  fe 
fert  pour  abailïer ,  ou  pour  élever  la  tortune  des 
Rois.  Disc.  d'El.  Il  y  a  des  gens  qui  ne  cherchent 
à  s'élever  que  pour  fe  rendre  coxifidérables  par  le 
mal  qu'ils  peuvent  faire.  S.  Real.  Cohfidérez  les 
talens  de  celui  que  vous  wovXqz  élever ,  avant  que 
d'en  prendre  le  foin.  S.  EvR. 

La  faveur  du  Roi 
Fous  élève  en  un  rang  qui  n'était  du  qu'à  moi. 

Corn. 

Le  P.  Bouhours  cenfure  ce  dernier  vers  ,  par  rap- 
port au  langage,  &  dit  que  le  Poète  eût  parlé  plus 
correétement  j  s'il  eût  écrit ,  Vous  élève  à  un  rang  . 
&c.  Cela  elt  certain ,  &  Corneille  en  feroit  tombé 
d'accord  ;  mais  aufii  fon  vers  n'auroit  rien  valu  ,  à 
cauie  de  la  rencontre  des  deux  voyelles  a  &c  u  ,  n'y 
ayant  rien  de  plus  choquant  que  ces  fortes  d'hiatus 
dans  la  poche.  Il  y  a  des  gens  fi  accoutumés  aux  ex- 
cès des  Poètes  modernes  j  qu'ils  ne  penfent  pas 
qu'un  Auteur  fe  foit  élevé ,  s'ils  ne  l'ont  entièrement 
perdu  de  vue.  Boil.  Combien  d'Auteurs,  qui  en 
voulant  s'élever  (e  guindent  &  fortent  du  bon  fens? 
De  peur  de  ramper  par  terre ,  ils  fe  perdent  dans 
les  nues.  Le  P.  le  B.  Un  efprit  bas  &  médiocre  fait 
moins  de  fautes  ,  parce  que  ne  s  élevant  jamais ,  il 
ne  hafarde  rien ,  &  demeure  toujours  en  fureté. 
Boil.  Un  Prédicateur  ne  doit  s'élever  ,  &  devenir 
plus  hardi ,  qu'infenfiblement  ,  &  à  mefure  que 
l'aétion  l'emporte.  Ab.  du  Jarry. 
I s'Elever,  fignifie  encore  j  Paroître avec  éclat,  faire 
connoître  fa  grandeur  ,  &:c.  L'Ecriture  le  dit  de 
Dieu  ,  &  emploie  pour  cela  le  mot  exurgere.  Dieu 
s'élèvera  enfin  ,  défendra  fa  caufe ,  &  vengera  fa 
gloire  oiteufée.  P.  DU  Courb. 

charmes 


'dcva  contre  lui.  liedcmatum  efr  ejus  crationi  ab 


ÊLE 

ÉtEVER,  fignifia  encore  figurément,  Cultiver  l'efprif,       sV/c 
inftruire  les  jeunes  gens  aux  Iciences ,  aux  arts ,  aux  1     pmnmus. 
bonnes  mœurs.  Doccre  ,  iniluucrc ,  erudirc.  Ce  Prin-   s'Elever  ,  fignifie encore,  S'enor-^ueillir    fe  faire  va 
ce  a  été  bien  élevé,  bien  inlhuit.  Toutes  les  villes  j      loir,  ttjarcfc^jachncfe.  Vous^vei  beau  le  louer  , 
de  la  Grèce  biloient  cLever  leurs  entans  a   Lacede-  j      il  ne  s'en  ticvcra  point  davantas/e 
mone,pou^  y  prendre  les  impredions  d'une  exade  '  ^  Elever  ,  ledit  auili ,  au  neutre'^  aO.  rcciprociue  ^ 

en  parlant  de  la  peau  fur  la4uclle  il  fe  fornie'des 
bubes,despuftules.  Z;.vir/.'Z.e/uve.  Là  moindre  chofe 
,   lui  hit  fici-t;/ la  peau  ,  fait  que  fa  peau  s"t./tve. 
Elevé,  ée,  part.  Il  a  les  iigiuhcarions  de  fon  verbe,  ait 
propre  &  .tu  Hguié.  Tour  fort  élevée  de  lituation  & 
de  Itrudure.   Vaug.  Une  fagelle  élevée  offenfe  une 
commune  raifon.  S.  EvR.  Ainii  l'efprit  ell  eVtne'par 
les  fcntimens  du  Héros.  De  la  Motte.  Voix  élevée^ 
ton  de  voix  élevé.  Avoir  le  pouls  élevé ,  c'elt  aVoir 
le  battement  du  pouls  plus  fort,  plus  fréquent  qu'à 
l'ordinaire. 
ÉLEUSE.  Nom  de   divers  lieux.  Eleufa.  Dans  l'Idu- 
mée  EUufc  étoit  autrefois  épifcopale  ,  fous  la  mé- 
tropole de  Pctra.  Elle  eft  aujourd'hui  réduite  à  un 
petit  village.  Ekuj'e,  ville  de  Ciiicie,  félon  Pline  , 
étoit  dans  les  terres.  i;7e«/è  étoit  encore  une  Ille  de 
la  mer  Méditerranée,  vis-à-vis  de  Chypre. i:/e.'//^, 
autre  Ifle  de  la  Méditerranée, 'dans  la  mer  de  Ly- 
ciej  entre  Rhodes  au  midi  ,  &  les  côtes  de  Lycie 
au  nord.  On  l'appeloit  atilli  Syme.  iVcz/yê  ,    locliec 
du  détroit  Saronique  ,   aujourd'hui  golfe  d'Engia. 
Ce  rocher  étoit  autiefois  habiré,  &   faifoit    partie 
de  la  Tribu  qu'on  appela  Hadrianidc,  l'ime  de  cel- 
les qui  compofoient  les  peuples  de  l'Attique.  On  le 
nomme  aujourd'hui  Elilîè,  par  corruption  de  fon 
ancien  nom.  L'Archonte  Philodcme  étoit  à'Eletife. 
Voy.  le  voyage  de  SroN ,  P.  IIL 

Il  faut  prononcer  Éleufe  en  quatre  fyllabes  ,  & 

non  pas  i:/t'wyè  en  trois  ;  car  en  Grec  c'eft  iA£oî™_, 

qui   figniHe  la  Miférkordieufe  ,  &    non  pas  tt^wr», 

ELEUSINE.  f  f.  McredeTriptolcme,  félon  les  Ar- 

giens. 
ÉLEUSINIES.  f.  f  pluriel.  Terme  de  Mythologie. 
Myflèresde  la  Déeilè  Cérès.  Cérémonies  qui  fe  pra- 
tiquoient  en  fon  honneur.  Eleujinia.  Quelques-uns 
àHmi  Eleufiniens  en  notre  langue  :  fion  les  .ippeloic 
en  Latin  &  en  Grec  Eleujîniana ,  comment  feroient- 
ils?  On  fait  ces  fortes  de  noms  féminins,  parce  qu'où 
fous-entend  fêtes,  ou  cérémonies.  Les  Licujuûes 
étoientchez  les  Grecs  les  cérémonies  les  plus  iacrées, 
d'où  vient  qu'on  leur  donna  par  excellence  le  nom 
deMyftères.  On  prétendoit  que  Cérès  elle- nûme  les 
avoir  inftituées  à  EUuJîs  ,cn  mémoire  de  l'atrec- 
tion  avec  laquelle  les  Athéniens  la  reçurent.   C'eft 
ainfi  qu'Ifocrate  en  parle  dans  fon   Panégyrique  ; 
mais  Diodore  de  Sicile  dit  au  contraire  ,  L.  VI  que 
ce  huent  les  Athéniens  qui  inftituèrent  les  tleuji- 
nies  ,  par  reconnoillance  de  ce  que  Cérès  leur  avou 
appris  à  mener  une  vie  moins  ruiHque  &  moins  bar- 
bare. Le  même  Auteur  au  F'  Livre  defr  Bibliothè- 
que raconte  la  chofe  anrremenr.  Il  dit  qu'une  granr 
de  fécherelfo  ayant  caufé  une  d'.fette  atfreufe  dans 
la  Grèce,  l'Fgypte,  qui  avoir  fait  cette  année-fi 
même  une  récolte  très-abond.nr.re ,  fit  parc  de  fes 
richelfes  aux  Athéniens  ;  qu'Ercchthce  leur  apporta 
du  blé  j  qu'en  reconnoifancede  ce  bienfait  il  fut 
créé  Roi  d'Athènes  ,   &  qu'il  apprit  aux  Athéniens 
les  myrtères  &  la  manière    dont  l'Egypte  les  célé- 
broit.  Cela  revient  alfeîà  ce  que  difent  Hérodote  , 
L.  I.  (?:  Paufinù-is ,  que  les  Grecs  avoient  pris  leurs 
Dieux  des  E^ypriens.  Théodoret ,  L.  I.  Cr&canicar. 
j^ffeàîon.  ccni(\\.is  ce  fut  Orphée,  &:nohpas  Erech- 
thèe,  qui  fit  cet  établilfement,  &  qui  inlHtua  pour 
Cérès  ce  que  les  Egyptiens  ptatiquoient  pour  Uh. 
LeScholiade  d'Euripide  fur  l'Alcefte  faitaulli  hon- 
neur de  cette  invention  à  Orphée.  Ces  niyftères /e 
célébroient  à  EUufîs  ,  &  cette   ville  étoit  (î  jalonfe 
de  cette  gloire,  que  réduire  aux  dernières  extrémi- 
tés parles  Athéniens,  elle  fe  renditàcuxà  cette 
feule  condition,  qu'on  ne  leur  ôteroitpas  les  Elcu- 
fin'ies  ,  qui  pafToient  mciTie  pour  n'être  point  une 
feligion  parriculière  de  cetre  ville  ,  mais  cominune 
.1  tous  les  Grecs.  Ces  mvftères  confiftoient  à  imiter 

Kkk  k 


vertu.  La  Guil 
Élever,  en  ternies  de  Chytriie  ,  fignifie  la  même 
chofe  que  Exalter  ;  c'eft-à-dire  ,  atténuer ,  fubtili- 
fer,  rendre  plus  pur,  plus  fin  ,  plus  délié.  L'huile 
que  les  grofeilles  contiennent ,  &  qui  étoit  aupara- 
vant retenue  &  fixée  par  des  principes  pallifs,  fe  dé- 
veloppe ,  s'd/ève  &  s'unit  avec  les  fels  par  le  fecours 
de  la  fermentation.  Lèmery.  La  fermentation  con- 
tinuant de  plus  en  plus  à  atténuer  &  à  élever  les 
principes  du  raifin.  Id.  A  mefure  que  les  nèfles 
meurilfent,  leurs  fels  s'c^/tve/zr ,  &  fe  dégagent  des 
parties  terreftresqui  les  retenoient.  In. 

En  Aftronomie  ,  on  dit  qu'une  Planète  s'élève  j 
ou  Qiiélevée  fur  une  autre  ,  quand  elle  eft  plus  pro 
che  de  l'apogée  de  fon  déférent  que  l'autre  ne  l'eft 
du  fien. 
Élever.  Terme  d'Arithmétique.  C'eft, par  la  multipli- 
cation faire  palfer  une  grandeur  quelconque  à  un 
plus  haut  degré  ,  à  une  puillance  lupérieure  ;  par 
exemple,  multiplier  2  par  1  ,  c'eft  élever  lau  fccond 
degré,  à  la  féconde  puilfauce:  multiplier  de  re- 
chef 4  par  2  ,  c'eft  ï élever  i  la  troifième  piiiffance  j 
ou  au  cube  ,  &c. 

Quand  les  expofans  font  des  gran^'jurs  comple 
xes  ,  le  calcul  fe  fait  de  la  même  manière  ,  par 
exemple,  ^oat  élever  a"'  à.  la  puilHince /7  +  ^,  il  fuit 
écrire  lî—'"/"^™?.  De  même  pour  élever  a'»— «àla 
puilHince/— ^  ,  il  faut  écrire  û"'— "X^— V.  Scierie,  du 
Cal.  L.  /.  /2.  1 5  o. 

Quand  un  des  expofans  eft  un  nombre ,  &  l'autre 
une  grandeur  littérale ,  le  calcul  fe  fait  de  la  même 
manière  :  par  exemple,  pour  élever  a"' 3.  la  puiftan- 
te  2^,3«,  4^, il  faut  écrire  tz^"",  î™,  4'ft,&c,  Id. 

L'Opération  par  laquelle  on  élevé  une  grandeur 
donnée  à  une  puilT-mce  ,  s'appelle  formation  des 
puilIances.Pour  e'/everla  puilfance  d'une  grandeur, 
dontl'expofanteftun  nombre  entier,  pofitif&  néga- 
tif, à  une  puilfance  quelconque  ,  dont  l'expofant  eft 
un  nombre  entier  poh[if&  négatif ,  il  faut  multi- 
plier l'expolant  de  la  puilfance  à  élever ^  par  l'ex- 
pofant donné  ^  &  écrire  la  grandeur,  en  lui  don 
nanc  pour  expol.mt  le  produit  des  deux  expofans  j 
aveclefignede la  puilfance  à  élever,  quand  le  fit;ne 
de  l'expjfint  donné  eft  -*-j  avec  celui  de  l'expofant 
de  la  puilfance  i  élever ,  quand  le  figue  de  l'expo- 
fant donné  eft—,  &  ce  fera  la  puiflance  que  l'on 
cherche. 

i''.  Pour  élèvera^  à  la  puilfance  j^,  dont  l'expo- 
fant eft  5  ,  il  faut  multiplier  2  par  ?  _,  &  écrire 
flM3=/t«  pour  la  puilfance  qu'on  cherche. 

2°.  Pour  élever  a—''  à  la  puilfance  3^,  dont  l'ex- 
pofant donné  eft  -4-  5  j  il  faut  écrire  pour  lapuilEin- 
ce  qu'on  cherche  li— '45=^— «. 

5°.  Pour  élever  a^  à  la  puilfance  dont  l'expofant 
donné  eft—  3  j  il  faut  écrire  a-*— î=a— *, 

4°.  Pour  d/evdr  ^— -à  la  puilTance  dont  l'expofant 
donné  eft  —3  ,  il  faut  écrire  a— 14—;=^«. 

En  général ,  1°.  pour  élever  a."' 3.  la  puilfance/',  il 
faut  écrire  a'^Pi 

2°.  Pour  élever  a"'  à  la  puifîànce  —p  ,  il  faut  écrire 
a— '"P. 

3".  Enfin  pour  élever  a-'^i  la  puilTance —/>,  il 
faut  écrire  a—'^'^—?='a'"p.  Id.  Science  du  Cale.  L.  I. 
n.  150,  &c.  Foye^  cet  Auteur. 

s'Élever  ,  fignifie  aulîi ,  fe  révolter  j  fe  déclarer  con- 
tre quelqu'un.  Infurgere  ,  tumuhuar'i  ,fe  commovere, 
repugnare  ,  ècc.  Il  ne  fiut  jaimis  s'e/erer  contre  fon 
Prince.  C'eft  une  efpèce  de  fédition  dans  une  fo- 
ciété  ,  que  de  selcver  contre  les  fentimens  qui  y 
font  établis.  Nie.  Dès  que  ce  Docfteur  eut  avancé 
çettte  propofition  fcandaleufe  ,  toute  l'alfemblée  j 
Torr.e  II l, 


élé 


E  L  E 


ce  que  les  fables  enfeignoient  de  Cérès ,  ainfî  qu'Ar- 
nobe  ,  Ladlance  ,  &  les  autres  qui  en  parlenc  j  le 
témoignent.  Il  y  avoit  de  grandes  Se  de  petites  h/cu- 
Jinles.  Celles  donc  nous  venons  de  rapporter  l'éta- 
bliirement  font  les  giandes.  Les  petites  turent  infti- 
tuées  en  faveur  d'Hercule  :  car,  ce  Héros  ayant  lou- 
haité  d  être  initié  aux  premières  Eleujhùes  j  de  les 
Athéniens  ne  pouvant  lui  faire  ce  plaihr  ,  parceque 
la  loi  défendoitd'y  recevoir  les  Etrangers,  &  ne  vou 
Jant  pourtant  pas  lui  donner  un  refus,  ils  inllitucient 
de  nouvelles  EUuflnics  j  auxquelles  ils  lui  donnèrent 
parc.  Et  celles  ci  furent  appelées  petites  hlcujinics. 
Les  grandes  fe  célébroient  dans  le  mois  Boédron- 
chion  ,  qui  répondoic  à  peu-près  à  notre  mois 
d'Août ,  &  les  petites  au  mois  Anthefterion  ,  qui 
îomboic  au  temps  du  mois  de  Janvier. 

On  ne  p.uticipoit  à  ces  myltères  que  par  dégrés. 
D'abord  on  fe  puritioit  ,  eniiiite  on  étoit  reçu  aux 
petites  EUufinies  y  &  enfin  l'on  étoit  admis  iic  ini- 
tié aux  grandes.  Ceux  qui  n'étoient  encore  que  des 
petites  s'appeloient  Myftcs ^  &  ceux  qui  avoient 
part  aux  grandes  j  Epopces  ,  ou  Ephores  ,  c'eft-à- 
dire ,  Infpcaeurs.  Il  y  avoir  ordinairement  cinq  ans 
d'épreuves  pourpalfer  des  petits  myftères  aux  grands 
Quelquefois  on  fe  contentoit  d'un  an  ,  après  quoi 
on  écoit  admis  à  voir  ce  qu'il  y  avoir  de  plus  feciet, 
&  tous  les  rits ,  &  les  cérémonies  les  plus  cachées. 
C'éroit  le  Roi  ,  quand  il  y  en  eut  à  Athènes  ,  qui 
avoit  foin  de  faire  célébrer  les  Eleufimes  ,  avec  qua- 
tre adjoints  qu'on  lui  doiinoit.  La  fèce  duroit  plu- 
fieurs  jours.  On  y  couroit  avec  des  torches  ardentes 
en  main  ;  on  y  facrihoïc  plufieurs  victimes ,  non- 
feulement  à  Cétès  ,  mais  aulli  à  Jupiter.  On  tailoit 
des  libations  ,  &c  on  répandoit  d^ux  vafes  ,  l'un 
placéà  rOrient ,  Se  l'autre  du  côté  de  l'Occident: 
on  alloit  en  pompe  ,  Se  j  s'il  eft  permis  de  pailei 
ainfi ,  en  proceilion  à  Eleufis ,  en  iaifant  de  temp^ 
en  temps  des  paufes  ,  où  l'on  chantoit  des  hymnes , 
Se  l'on  immoloit  des  viélimes  :ce  qui  fe  pratiquoit 
tant  en  allant  d'Athènes  à  Eleufis  ,  qu'en  revenant 
d'Eleufis  à  Athènes.  Au  relie  ,  on  étoïc  obligé  à  un 
fecret  inviolable  ,  &  la  loi  condamnoit  à  mort  qui- 
conque auroit  ofé  publier  les  myftères.  TertuUicu 
rapporte  ,  dans  fon  Livre  contre  les  Val.ntimenijl  < 
figure  que  l'on  voyoit,  &  qu'il  étoit  li  exprelléme  -t 
défendu  de  diyulguer.Théodoret,Ainabe,SiCléinen[ 
Alexandrin  en  parlent  aulli. Ceux  ci  diljnt  que  c'étoit 
une  figure  des  parties  d'une  femm^  ;  &  celui-là  de 
•  celles  d'un  homme.  Le  lendemain  de  la  fètej,  le 
Sénat  s'airembloit  à  Eleufis  j  apparemment  pour 
examiner  fi  tout  s'étoit  palfé  dans  l'ordre.  Meurluis 
a  fait  un  Traité  fur  les  Eleufintes  ,  où  l'on  trouveia 
despreuves  de  tout  ceci.  Le  Scholiafte  de  Pindare, 
Olymp.  Od.  9  ,  die  que  les  Eleufin'/es  fe  célébroient 
à  l'honneur  de  Cétès  &  de  Pro-érpine ,  &  que  le  prix 

.  _  étoit  de  l'orge. 

ELEUSIS.  Eleufis.  Ville  maritime  de  l'ancienne  Grè 
ce  ,  encre  Mégare  &  le  Pyrée ,  porc  d'Athènes  ku 
le  golfe  Saronique  ,  qui ,   du  nom  de  ceue  ville  j, 
s'appeloit  aulfi  le  golfe  à'EleuJts  :  c'ell:  aujourd'hui 
le  golfe  d'Egine  j  ou  d'Engia.  Eleufis  étoïc  célèbre 

Îar  un  temple  de  Cérès ,  &  par  les  myftères  que 
on  y  célébroit  tous  les  ans  à  l'honneur  de  cette 
Déerte  j  &  qu'on  nommoit  Ekufinïcs.  Eleufis  n'eft 
plus  aujourd'hui  qu'un  amas  de  ruines  qu'on  nomme 
Leptine,  &  qu'on  trouve  fur  la  côte  de  la  Livadie, 
vis-à-vis  de  l'IIlede  Colouri,  qui  eft  l'ancienne  Sa- 
i;Vnine.  M.  Spon  ,  dans  fon  Voyage  ,  P.  II.  p.  179 
&  fuivantes  ,  donne  une  defcciption  exaébe  des  ref 
tes  de  czvi^  ville  &  de  fon  Temple  ,  &  P.  III  il  rap- 
porte les  infcriptions  qu'il  y  a  trouvées. 

M.  Corneille  appelle  cette  ville  Elcufine  ,  &  non 
pas  Eleufis.  Harpocration  dit  qu'elle  fut  ainfi  nom- 
mée âlEleufmus  ,  fils  de  Mercure.  Paufanias  eft  du 
même  fentiment  dans  fes  Attiques.  D'autres  croient 
que  le  nom  ÈAiûe-fr  ^  avènement ,  lui  fut  donné  ,  par- 
ce que  Cérès  ,  après  avoir  bien  couru  le  monde  pour 
chercher  fille,  arriva  enfin  là,  &  y  termina  fes  cour- 
fes.  Diodore  de  Sicile,  L.  V  jidic  que  ce  nom  fut 


E  L  E 

donné  à  cette  ville  pour  être  un  monument  à  la  pof- 
térité  que  le  blé,  Se  l'art  de  le  cultiver ,  avoient  été 
apportés  d'ailleurs  dans  l'Attique. 

ÉLELFTHÈRE.f.m.  Terme  de  Mythologie  ,quifigni- 
fie  Libérateur  :furnom ,  ou  épithète,  donné  pac 
les  Grecs  à  Jupiter  ,  pour  leur  avoir  fait  gagner  la 
viéloirefur  Mardonius  ,  Général  desPerfes,  &  tué 
300000  hommes  de  fon  armée  ,  &  les  avoir  dé- 
livrés par-là  du  péril  où  lisétoient  de  fubir  le  joug 
Aq%  ^mii'i.Eleutenus.  C'eft  aulli  un  nom  d'homme. 
S.  Eleuthère  ,    Pape  ,    vivoïc  dans  le   deuxième 

,  fiècle. 

Eleuthère.  Ancienne  ville  de  l'Ifle  de  Crète  ,  ficuée 
dans  les  terres ,  Se  voiline  ue  Gortyne.  tleuthera. 

ÉleuthcRE.  Ville  ou  Bourg  de  Béotie.  Eleuchera.  Ce 
lieu  étoit  proche  de  Platée.  Il  y  avoit  encore  une  ville 
de  ce  nom  dans  le  Pont;  une  fur  le  Danube  j  une 
dans  la  Lycie,  qui  avoit  pris  ce  nom  de  je  ne  fais 
quelle  Nymphe  qui  te  portoit  ;  &'une  autre  dans 
la  Mylîe  ,  Appelée  E/euthenum. 

ÉLUviniRE.  Eieutherus.  Fleuve  de  Phénicie  en  Syrie, 
qui  fortoit  du  mont  Liban,  &  fe  jetoit  dans  la  Mé- 
diterranée. Les  Auteurs  ne  s'accordent  point  fur  la 
iource  de  cette  rivière  ,  ni  iur  les  pays  qu'elle  arro- 
foit ,  ni  fur  le  lieu  de  fon  embouchure.  Voye^  le 
DiCl.Géograp.  de  M.  de  la  Martinière  au  mot  Eleu- 

THEROS. 

Le  fleuve  qui  baigne  les  murs  de  Panorme  ,  au 
jourd'hui  Palerme  en  Sicile  ,  s'appeloit  aulli  tleu- 
thert.  Quelques-uns  le  prennent  aujourd'hui  pour 
Ammuati  j  Leander  pour  Ponte  rotto  \  &c  Cluvier 
pour  B.ijaria.  Il  fe  jette  dans  la  mer  de  Tofcane  ,  à 
8  milles  oudeux  lieues  &  demie  de  Palerme  ,  vers 
l'Orient. 

ELEUTHERIDE.  Ville  de  Béotie  dans  le  Géographe 
Enenne.  Eleutheris. 

ËLELTTHERIE.  L  f.  Terme  de  Mythologie.  DéelTe  de 
la  liberté  ,  que  les  Grecs  honoroient  lous  ce  nom. 
Quelquefois  ils  difoient  au  pluriel,  ^esj  'txiv^^ot  ^ 
Dieux  libres ,  ou  Dieux  de  la  hberté. 

ELEUTHERIES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Fê- 
te à  l'honneur  de  Jupiter  Libérateur  \  fêtes  de  la  Li- 
berté, tleutheria.  Ces  fêtes  avoient  pris  leur  nom 
du  lurnom  Eleuthercus  ,  c'eft-à-dire  ,  Libérateur^ 
que  portoit  Jupiter,  &  fous  lequel  il  y  avoit  un  tem- 
ple proche  de  Platée ,  ville  de  Béotie.  Les  Eleuthé~ 
ries  ne  fe  célébroient  que  cous  les  cinq  ans  par  des 
courfes  de  chars  armés.  Quelques-uns  difent  £7«^- 
thériennes  en  notre  langue.  Le  Scholiafte  de  Pin- 
dare  ,  Olymp.  Od.  7,  dit  que  les  Eleuthéries  fe  cé- 
lébroient à  Platée. 

Ce  mot  vienc  d'î-^iia-^tfos- ,  libre. 

ÉLEUTHEROPOLIS.  qvioiLY\' Eleuthéropcli s  Ço'it  une 
ville  delà  Terre  Sainte  ,  il  n'en  eft  point  parlé  dans 
l'Ecrituce  ;  ni  en  aucune  façon  ious  le  premier  Sc 
le  fécond  temple,  c'eft-à-dire  j  jufqu'à  Tite  ,  Ue 
l'an  de  J.  C.  70.  Il  faut  donc  qu'elle  ne  fût  point 
encore  bâtie.  Ce  nom,  qui  iignifie  ville  libre  ^  lui 
vient ,  félon  S.  Jérôme ,  fur  le  Ch.  I  d'Abdias ,  des 
peuples  qui  habitoient  auparavant  dans  le  lieu  où 
elle  hit  bâtie  J  c'eft-à-dire  j  des  Horréens  j  dont  la 
nom  lignifie  libres  ,  francs.  Csp^nAunt  M.  Reland 
a  de  la  peine  à  croire  que  ce  ne  foient  pas  les  Ro- 
mains qui  lui  aient  donné  ce  nom,  comme  c'ell 
eux  qui  onc  donné  à  d'ancres  villes  ceux  de  Nico- 
polis  ,  de  Ncapolis  ,  &c.  De  plus ,  il  remarque 
(^\\Eleuthéropotis  n'écoic  poinc  dans  les  moncagnes 
de  Séir,  où  habitoient  les  Horréens.Ce  qui  a  trompé 
Sainr  Jérôme  ,  c'eftque  l'Idumée  ,dans  Jofeph  ,  & 
dans  quelques  autres,  fe  prend  dans  un  fens  fore 
étendu,  enforte  qu'elle  comprend  une  partie  de  la 
Judée  ,  &  qn'Eleuthéropolis  a  pu  ,  en  ce  fens  ,^être 
placée  dans  l'Idumée  ;  &en  effet  Tue  Se  Vefpaiien  , 
après  la  prife  de  Jérufalem  ,  attribuèrentà l'Idumée 
une  partie  de  la  Judée ,  qui  en  prit  même  le  nom. 
Ainfi  il  croir  que  les  Romains  en  ayant  fait  une  ville 
libre  ,  iU  lui  donnèrenc  ce  nom  ,  &  que  Saint  Jérô- 
ine  a  bien  pu  être  trompé  par  le  Juif  qui  l'inftrui- 
foit  J  parce  que  ce  fentiment  eft  celui  des  anciens 


ELE     E  LH 

Rai/bins  ,  comme  il  paroîc  par  l'Auteuc  du  Livre 
Aruch  ,  au  mot  D'Slîil  Dvhn ,  où  il  eue  le  Berekhit 
Rabba,  fetl.  41   (^  lappoice  la  mcme  choie  que 
Saine  Jciôme.   Quoiqu'il    en    foi: ,    ELcuthcropoLis 
étoir  dans   la  Juàée  ,  à  l'Occidenc  de  Jérulalein  ,  à 
peu-près  à  moitié  chemin  entre  cette  ville  ik  la  mer 
Méditerranée.  Ce  fut  le  iîcge  d'un  Evèque  ,  & ,  cà 
ce  qu'on  dit ,   la  patrie  de  Saine  Epiphane  j  non  pas 
qu'il  fût  né  dans  xi/darAeVojPo/ii  même,    mais  dans 
un  bourg  qui  n^en  étoit  éloigne  que  de  trois  milles. 
Cédrénus  ,  Kijl.  Co/np.  p.  3  3  &   le   P.    Pétau  lur 
Saint    Epiphane  ,  p.  77.  ont  avancé  quE/euchero- 
po/is  étoit  l'ancienne  Hébron  j  mais  il  parot:  par 
VOnomajlicon  d'Eulcbe  que  ces  deux  villes  étoient 
fort  éloignées  ,  ik.  il  marque  mèine  les  chemins  de 
l'uneà  Tautre.  J'^oyci  \3.Pait:Jlaic  de  M.  Reland  ,  T. 
II.  p.  749.  &  fuiv. 
ÉLCUTHO.  f.  f  Terme  de  Mythologie.  Nom  de  Lu- 
cine,  DéelTe  qui  prélidoitaux  accouchemens.  Eleu- 
tho  j  lliuhyla  ,  Lucina.  Ce  nom  ne  fe  trouve  que 
dans  Pindare ,  Olymp.    Od.  VI.  où  le  Scholialle 
de  ce  Poète  lui  donne  pour  fynonyme  £iA£(3-u<«  ,  lUi- 
thyia\zz  qui  montre  <\\x  ELcutho  q'\  la  même  chofe 
que  la  Déelfe  lUithyie  ,  qui  eft  Lucine.  Aulli  Pin- 
dare n'en  parle-t-U  que  pour  marquer  qu'elle  pré- 
luloit  aux  couches.  C'eft  Apollon,  félon  lui,  qui 
l'envoie  à  celles  d'Evane  avec  les  Parques.  Le  Scho- 
lialle remarque  que  ce  ne  fut  pas  feulement  pour 
procurera  la  mèïe  un  heureux  enfantement,  mais 
encore  pour  donner  à  l'enfant  de  nobles  inclina- 
tions ,  de    belles  qualités. 

Ce  mot  vient  d'ê|>z'>,«a( ,  ou  d"'^!"9"<i'  ,  verbe  inu- 
fité  ,  qui  (ignihe  ve«ir,  parce  que  cette  DéelTe étoit 
cenlée  venir  A  propos  pour  fecourir  les  femmes  en 
couche.  C'eft apparemment  lamefure  du  vers  quia 
forcé  le  Poète  à  forger  ce  mot,  &  à  l'employer  au 
\\G\\^îllithya  \  car  je  ne  fâche  point  qu'il  fut  en  ufa- 
,  ge,  ni  qu'il  fe  trouve  ailleurs. 
ÉLE'VURE.  fjf  Petite  bube  ou  bouton  qui  vient  fur 
la  peau.  Tubtrculum.  Les  perfonnes  fanguines  font 
fujettesàavoirdes  élevures  fur  la  peau.  Cet  homme 
a  le  vifagetout  couvert  d'^'/evi^rej. 

E  L  F. 

ELFAGUES.  Asfachus  ,  Esfucho  ou  Eifachus.  Ville  de 
Barbarie  ,  au  Royaume  de  Tunis  ,  fur  la  côte  du 
golfe  de  Capes. 

ELFED:,  ou  ELFELT.  Petite  ville  d'Allemagne.  El- 
feldia.  Elle  eft  du  Cercle  Eledoral  du  Rhin  ,  fituée 
fur  ce  fleuve  dans  les  Etats  de  Maience,  à  trois  lieues 
au-dellous  de  cette  ville.- 

ELESBOURG.  Petite  ville  de  Suède  ,  dans  le  W^eftro- 
gotland. 

E   L  G. 

ÊLGÈMUHA.  Petite  ville  du  Royaume  de  Maroc, 
dans  l'Afrique  ,  llruée  dans  la  Province  d'Efcure  , 
fur  une  montagne  du  Grand  Atlas.  Islarmol  la  dé- 
crit,  T.  II,  L.  3  ,C.  73. 

ELGIEMAHA.  Ville  ancienne  d'Afrique  dans  la  Pro- 
vence de  Maroc  propre.  Marmol  en  a  parlé  .  T.  II  , 
L.  5  ,C.  i^.Elgiemaha  étoit  dans  la  fplendeur  fous 
le  règne  des  Almohades. 

ELGIN.  Ville  Hpifcopale  de  l'Ecoffe  feptentrionale. 
Elgis  y  Elgia  ,  Elgium.  Elle  eft  capitale  du  Comté 
deMurray  ,  &  fituée  fur  le  golfe  auquel  il  donne 
fon  nom.  Elgin  avoit  féance  au  Parlement  d'Ecof- 
fe ,  &fon  Evèque  eft  fuffragant  de  S.  André.  Elle  eft 
fur  le  bord  du  Loflie. 

ELGIUMHA.  Petite  ville  d'Afrique  ,  auRoyaume  de 
Fez ,  dans  la  Province  d'Afgar. 

E  L  H. 

ELHABOR.  f.  m.  Nom  d'une  étoile  fixe.  Voy.  Cani- 
nicule  ,  Chien  y  Sirius  ,  Aihabor  j  icc.  tous  ces  mots 
fignifient  la  même  étoile. 


*E  L  I  617 

ÉLHAMMA.  Ville  d'Afrique  dans  la  Province  de  Tii- 
polipropre.  Long,  28  d.  z6'  ,  lat.  34d.  ' 

ELI. 

ELI.  roye:(  ÉLY. 

ELIANTHEME.  roye^  HÉLIANTHÈME. 

ELIAS.  1.  m.  Nom  propre  d'homme.  Elias.  Quoique 
nous  ayons  fait  Elle  en  notre  langue ,  &  qnE/ius 
foit  une  forme  Grecque  &  Latine,  nous  difons  ce- 
pendant plus  fouvenr  Elias  qu'Elie  ,  en  parlant  des 
Rabbins  qui  ont  porté  ce  nom.  Elias  Lcvita  dans 
fon  E/ias  Ehesbites  ,  P.  Souciet  ,  DiQci:.  p.  115. 
Elias  Levita  parle  plus  formellement  dans  un  Trai- 
té qu'il  intitule  les  Chapitres  d'Elie  lo.  p.  507.  R. 
Elias  après  avoir  expliqué  ,  tkc.  Id.  Elias  Levita  a 
montré  la  nouveauté  des  points  des  accens  Hébreux. 
Ce  mot  eftj  Hébreu  ,  in»"?}* ,  eli/ahou  ,    &    (ignifie 


Alon  Dieu  ejl  Miovah.  Foye\  la  Dilfert.  du  P.  Sou 
&  fuiv 


ciet  ,  Jéfuite  ,^m  le  nom  de  Dieu  Jehovah  j  p.  16 1 


ELICIEN ,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  peuple.  Elicus. 
Judith  i  ,  6  parle  du  Roi  des  Eliciens  :  le  Grec  met 
Elyméens  au  lieu  d'Elicic/is  ,  d'où  le  P.  Lubin  con- 
clut que  les  Eliciens  étoient  voifins  ou  habitans 
d'Elymaide.  Il  faudroit  qu'il  fût  sûr  qu'il  n'y  a  point 
de  fautes  dans  l'un  ou  dans  l'autre  texte. 

3c?  ELICITE.adj.de  t.  g.  Terme  de  Scholaftique.. 
Les  Philolophes  divifent  les  aétes  de  la  volonté  en 
ades  élicites  &  en  aétes  commandés.  Aclus  eliciti  j 
aclus  imperad.  Les  actes  élicites  font  ceux  qui  partent 
immédiatement  de  la  volonté.  Les  aétes  commandés 
de  la  volonté  font  ceux  qui  font  exercés  par  les  autres 
facultés  fous  la  diredion  delà  volonté.  La  volonté  ne 
peut  pas  être  forcée  par  rapport  à  fes  attes  élicites.  Ce 

,   terme  barbare  vient  du  Latin  e/ia>uj  ,  elicere. 

ELIDE.  Ancienne  contrée  du  Péloponèfe.  Elis.  M. 
Corneille  l'appelle  Elee  ,&  ALity  EltdeonElée.  Eli. 
de  eft  mieux.  L'Elide  3.voiz  l'Achaie  propre  au  nord, 
l'Arcadie  au  Levant  ,  &  la  Melî'enie  au  midi  ;  la 
mer  de  Grèce  la  baignoit  au  couchant.  C'eft 
aujourd'hui  la  partie  feptentrionale  du  Belvédère 
en  Morée. 

Elide,  étoit  auflî  la  Capitale  du  pays  dont  nous  ve- 
nons de  pailer.  Elis.On  la  nomme  aujourd'hui  Bel- 
védère. 

ELIDER.  v.  a.  Terme  de  Grammaire,  C'eft  faire 
une  élifion  ,  retrancher  une  lettre  y  la  fupprimer 
dans  l'écriture ,  dans  la  prononciation  j  <Scc.  Eli- 
dere.  Nous  élidons  dans  la  prononciation  \'e  muet , 
quand  il  eft  fuivi  d'une  voyelle  ou  d'une  h  muette  ; 
par  exemple ,  nous  prononçons  uname ,  &  non 
une  amc  :  mais,  nous  n  élidons  dans  l'écriture  j 
c'eft-à-dire  j  nous  ne  marquons  l'apoftrophe  qu'an 
bout  des  monolyllabes,  je  ,  ne  y  te  y  le  ^  ce ,  que  y 
&c  que  l'article  féminin  la.  Nous  écrivons  j'o/e  y 
je  n'ofe  ,  &c  non  pas  je  oje  ,  je  ne  ofe  ,  &c.  Le  P. 
Mourgues  ajoute  que  la  même  chofe  s'obferve  pour 
l'article  féminin  elle,  &  qu'il  faut  écrire  e//'efpère. 
Il  me  permettra  de  n'être  pas  ,  en  cela  y  de  fon  Çqii- 
timent.  On  nélide  point  l'o  ni  Vu.  On  nélide  l'ique 
dans  la  conjontliony/placée  devant  //  &  ils  ;  &  on 
nélide  \a  que  dans  l'article  la.  Dans  la  Pocfîe y  on 
ne  compte  point  les  fyllabes  dont  la  voyelle  eft 
élidée  ,  &  on  évite  ,  avec  foin  ,  le  concours  des 
voyelles  qu'on  nélide  point  :  c'eft  ce  qu'on  appelle 
hiatus. 

s'Elider.  v.  récip.  Elidi.  Terme  de  Grammaire  y  fouf- 
frir  élilion  ,  être  retranché.  L'e  muet  %élide  devant 
Vh  muette  ,  tout  comme  devant  une  voyelle.  On 
difoit  auffi  ,  autrefois  ,élider ,  dajis  le  fens  propre, 
pour  Ecacher  ,  fouftraire,  évanouir,  faire  difpa- 
roîrre.  On  dit  y  en  termes  de  Palais  ,  Eltder  Iss  ef- 
forts de  fa  partie.  Pomey. 

Elidé,  ee.  part. 

ELIE.  f.  m.  Nom  d'homme  E/ias.  L'Hiftoire  à'E/ie 
eft  décrite  au  3"=  Liv.  des  Rois ,  C.  XVII.  Se  fuiv. 
Nous  difons  Elias  en  quelques  rencontres.  yoyei_ 
ce  mot ,  où  vous  trouverez  aulli  l'ctymoloijie. 

K  kkkii 


CiS  E  L  î 

.ÉLIGIBILITÉ,  f.  m.  Terme  de  Droit  Canoniqiîe.* 
Pouvoir  d'être  élu.  Eligibiliias.  On  appelle  uue 
bulle  d'e//^i/^i/ire,  une  bulle  que  le  Pape  accorde  à 
quelques  perfonnes  pour  qu'elles  pullFent  être  élues 
êc  revêtues  de  quelque  dignité  ,  pour  laquelle  elles 
n'ont  pas  les  qualités  &  capacités  réquifes  ;  par 
exemple  ,  l'âge  j  &cc.  Dans  plufieurs  Eghfes  d'Al- 
lemagne j  fi  l'on  n'eft  pas  du  corps  du  Chapitre  j  de 
Greinio,  on  ne  peut  être  élu  Evêque  fans  une  bulle 
i}i  éligibilité. 

.ÉUGIBLE.  adj.  m.  &  f.  Qui  peut  être  élu  ,  qui  a  les 
qualités  réquifes  pour  être  éiévé  à  quelque  dignité. 
Les  Cardinaux  de  Maifon  Souveraine  ,  oupromusà 
la  nomination  de  quelque  Couronne  ,  ceux  qui  font 
originaires  de  France  ,  d'Efpagne  ,  ou  de  la  taétion 
de  ces  Couronnes  ,  ne  font  point  éligibles  pour  la 
Papauté  ,    fuivant  la    politique   de  Rome  &  du 

'  Collège  des  Cardinaux.  M.  Bayle ,  chapitre  14. 
du  2'  tome  de  ks  Réponfes  aux  queftions  d'un 
Provincial ,  en  parlant  de  Glrechard  Truiches  j 
Archevêque  de  Cologne ,  qui  fe  maria  ,  6i  fe  fit 
Proteftant,  afin  de  garder  fon  Archevêché,  dit 
qu'il  ne  pouvoir  plus  le  conferver  ,  parce  qu'il 
n'auroit  pas  été  éligible  ,  s'il  avoir  été  Proteftant , 
ni  s'il  a  voit  été  marié.  Le  Curé  de  S.  Paul  de  Ve- 
nife  J  élu  par  quelques  -  uns  Patriarche  de  Conl- 
rantinople  j  étoit  foutenu  par  Pierre  Zani  ,  Duc 
de  Venife  j  mais  on  lui  reprochoit  qu'il  n'étoit  que 
Soudiacre  ;  encore  s'étoit-il  fait  ordonner  exprès 
pour  être  éligible  ]  &  qu'il  demeuioit,  non-feule- 
ment hors  du  Patriarchat  de  Conftantinople  j  mais 
de  l'Empire.  Fleury.  Hijh  Ecd.  C'eft  un  terme 
dont  on  peut  fe  fervir  fans  fcrupule  j  &  nos  Lexi- 
'cographes  ne  four  pas  excufables  de  l'avoir  omis. 
Il  eft  dans  le  nouveau  Diélionnaire  de  l'Académie. 

•ëLIM.  C'eft  le  nom  de  la  fixieme  dation  ,  ou  du 
fixième  camp  des  Ifraclites  dans  le  défert ,  entre 
Mara  &  Sin.  Ils  trouvèrent  à  Elim  douze  fontaines 
&  foixante palmes.  Exoi.  XF.2^.  Nomb.  XXXI IL 
ç.  Poftel  croyoit  que  c'eft  le  lieu  que  l'on  appelle  à 
préfent  Belba  ,  ou  Balbes.  Ifaie  XV.  8.  fait  men- 
tion d'un  puits,  ou  d'une  fontaine  à' Elim  ;  il  ne 
.paroîc  pas  que  ce  foit  un  autre  lieu  que  celui-ci. 

P.  LUBIN. 

ÉLIMER.  V.  a.  Terme  de  Fauconnerie,  qui  fignifie  , 
Purger ,  &  mettre  un  oifeau  en  état  de  voler  au 
fortir  de  la  mue. 

s'Élimer.  V.  récip.  S'ufer  à  force  d'être  porté.  Cette 
étoffe  s'eft  élimée.  Mes  chemifes  font  toutes  éli- 
mées. 

Élimé  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Le  peuple  dit  linge  élimé\ 
pour  dire  j  linge  ufé  à  demi ,  qui  n'eft  plus  guère 
de  fervice. 

#3=- ELIMINER.  _v.  a.  ChafTer,  éloigner.  Du  Latin 
eliminare  ,  qui  fignifie  la  même  choie  ,  quand  les 
lettres  reprirent  faveur  ,  le  goût  Gothique  fu: 
éliminé.  Mém.  de  TrÉv.  1716.  p.  534.  Pourquoi 
forger  des  mots ,  quand  nous  en  avons  de  tous 
faits  J   qui  rendent  la  même  idée. 

ÉLINGUE.  f.  m.  Terme  de  Marine.  C'eft  une  corde 
avec  un  nœud  coulant  à  chaque  bouc ,  qui  fert  à 
entourer  les  fardeaux  pour  les  mettre  dedans ,  & 
dehors  le  y:i\i[Qs.n.Elingue  à  patte  ,  eft  une  élingue  , 
qui ,  au  lieu  d'avoir  deux  nœuds  coulans  ,  a  deux 
pattes  de  fer  pour  enlever  du  fond  de  cale  les  fu- 
tailles pleines. 

IJCT  ELINGUER.  Terme  de  Marine.  Mettre  un  gros 
cordage  ^  que  l'on  nomme  élingue ,  autour  d'un 
farde.Tu  ,  pour  l'embarquer  ou  le  débarquer.  Man. 

Élingue.  f.  f.  Fronde  fans  bourfe.  MÉn. 

ÉLINGUET.  f.  m.  Terme  de  Marine.  C'eft  un  bois 
de  moyenne  grofTeur,  &  long  d'environ  deux  pieds, 
qui  tourne  horifoncalement  fur  lepont  du  vailfeauj 
dont  l'ufage  eft  d'arrêter  le  cabeftan  ,  ou  l'empê-i 
cher  de  virer.  Elingiut  fe  dit ,  encore ,  d'une  pièce 
de  bois  droite  ,  qui  fert  aux  virevaux  ,  ce  que  les 
premiers  élinguets  fervent  aux  cabeftans.  On  l'ap- 
pelle ,  auffi  ,  languette.  \ 

£LiR£.  V.  a.  J'tUs,  j'élus  j  j'ai  élu  y  j'élirai ^  que^- 


E  L  î 

j'élife,  Piéférer,  cholfir  quelqu'un  pour  lui  donner 
quelque  honneur ,  quelque  chofe ,  quelque  emploi. 
Èligerc.  La  Noblelfe  de  France  élut  pour  Roi ,  du 
confentement  du  Pape  Zacharie ,  en  la  place  de 
Childeric  III.  Pépin  ,  qui  écoit  Maire  du  Palais. 
Mïz. 

§C?  Nous  avons  déjà  fait  remarquer,  au  mot 
Elcélion ,  la  différence  quife  ttouve  entre  choijir&c 
élue.  Ajoutons  ici  les  remarques  de  M.  l'Abbé  Gi- 
rard. Je  ne  mets  ,  dit-il ,  ces  deux  mots  au  rang  des 
fynonymes ,  que  parce  que  notre  Diâionnaire  les 
a  définis  l'un  par  l'autre.  Choifir ,  c'eft  fe  détermi- 
ner par  la  comparaifon  qu'on  fait  des  chofes  en  fa- 
veur de  ce  qu'on  juge  êtte  le  mieux.  Elire  ,  c'eft 
nommer  à  une  dignité  ,  à  un  emploi  j  à  un  béné- 
fice ,  ou  à  quelque  chofe  de  femblable.  Ainfi  ,  le 
choix  eft  un  ad1:e  de  difrernement,  qui  fixe  la  vo- 
lonté à  ce  qu'il  y  a  de  meilleur:  &  Véleclion,  eft 
un  concours  de  fuffrages  j  qui  donne  à  un  Sujet  une 
place  dans  l'Etat  on  dans  l'Eglife.  Il  peut  irès-aifé- 
menr  arriver  que  le  choix  n'ait  nulle  patt  à  l'élec- 
tion, /^oyeç  encore  Choisir  &  Préférer. 

On  dit  3  Elire  fa  fépulture  \  pour  dire ,  Marquée 
le  heu  où  l'on  veut  être  entetré  après  fa  mort. 
Élire,  fe  dit,  en  termes  d'Ecriture-Sainte  &  de 
Théologie,  dans  le  même  fens qu'e/effio/z  &  élu,  à 
l'égard  de  Diea  qui  choifit  des  perfonnes  pour  la 
grâce  &c  pour  la  gloire.  Dieu  a  élu  de  toute  éternité 
ceux  qu'il  a  prédeftinés. 

En  termes  de  Pratique ,  on  dit  Elire  domi- 
cile ;  pour  dire  ,  Marquer  ou  alligner  un  lieu  connu 
tk  certain  ,  où  l'on  puilfe  donner  les  affîgnations 
néceftaires  en  exécution  d  un  contrat  qu'on  paffe. 
On  dit  J  aulli ,  qu'une  Adjudication  a  été  faite 
à  un  tel  Procureur ,  ou  pour  fon  ami  élu ,  ou  à 
élire. 
Élire  ,  fe  dit, en  particulier ,  des ofiers,  Icrfqu'on  fait 
choix  de  ceux  qui  peuvent  fervir  chacun  félon  leur 
ulage.  i^/^re  des  ofiers.  Liger. 

Elu  ,  UE.  part. 

ELISABETH,  f.  Ï.Elifabeth  ,  Elifabetha,  Sainte  £"//- 
fdbeth  étoit  coufine  de  la  Sainte  Vierge.  EUfabeth  , 
Reine  d'Angleterre ,  a  perfécuté  les  Catholiques  de 
ce  Royaume. 

Ce  nom  a  fouffert  diverfes  altérations  en  Fran- 
çois. On  dit ,  non-feulement  Ifabeau  ,  mais  Ifa- 
belle\  Babet,  Babeau  ^  Babon,  Elijjc  ,  Belon,  Sc 
peut-être  d'autres  que  j'ignore Glojfaiie  Bour- 
guignon J  au  mot  1-^aibea. 

Ce  mot  eft  formé  de  deux  mots  Hébreux  j  qui 
veulent  dire ,  Dieu  du  ferment.  Nous  en  avons 
formé  Ifabelle,  Ifabeau,  &c  Babet  diminutif.  On 
ne  dit  pas,  néanmoins,  ces  noms  indiftétemment. 
Babet  ne  fe  donne  qu'à  un  Enfant.  On  ne  dita 
point  Ifabelle ,  ou  Ifabeau,  Reine  d'Angleterre, 
mais  EUfabeth  ;  Sainte  Ifabelle  ,  ou  Sainte  Ifabeau^ 
Reine  de  Portugal ,  mais  fainte  EUfabeth  ,  &c.  Au 
contraire ,  il  y  a  des  Princeffes  qu'il  faut  appeler 
Ifabelle  ;  &  d'autres  Ifabeau  ,  &  non  point  EUfa- 
beth.Cq^  l'ufage.  I^oye-^  ces  noms.  On  écrit ,  aulÏÏ, 
EUfabeth  en  François  ,  parce  qu'on  prononce  ainfi. 
Le  Cap  à' EUfabeth ,  Elfabethéi  Promuntorium.  C'eft 
un  cap  ou  promontoire  dans  les  terres  Arftiques  , 
à  l'encrée  du  détroit  de  Hudfon  ,  du  côté  du  nord  , 
vis-à-vis  de  l'Eftorilande.  C'eft  les  Anglois  qui  lut 
ont  donné  ce  nom  j  à  l'honneur  de  la  Reine  EUfa- 
beth. Maty. 

Religieufes  de  Sainte  ELISABETH.  Quelques 
Religieufes  du  Tiers-Ordre  de  S.  François ,  pren- 
nent ce  nom  ,  parce  que  Sainte  EUfabeth  de  Hon- 
grie ,  veuve  du  Landgrave  de  Thuringe  ,  a  été  la 
•première  Tierciaire  de  cet  Ordre  ,   qui  ait  fait  des 
vœux  folennels.  C'eft  un  efpèce  de  quatrième  Ordre 
de  S-  François,  f^oye^  François. 
•  L'Ifle  à'Élifabeth  ,  que  les  Anglois  .appellent  Eli- 
fabeths  Eyland  ,   Elifabetha.  infula  ,  eft  une  Iffe  dii 
détroit  de  Magellan,  dans  l'Amétique  méridionale. 
On  la  trouve  dans  la  baie  de  S-  Nicolas,  entre  l'iH* 


E  L  î 

<5e  S.  Barthélémy  j  &  la  ville  de  S.  Flillippe.  Elle  eft 
351  deg.de  latuude.  Sud. 

ÉLISANT./,  m.  Qui  élu, qui  a  pouvoir  d'élire.  Lors- 
que le  Conclave  ne  peur  réullir  par  le  fcrucin  ,  à 
l'éleftion  d'un  Pape ,  op.  fe  ferc  de  la  voix  du  Com- 
promis ,  &  louc  le  Collège  donne  pouvoir  à  crois 
Cardinaux  d'en  choidr  un  ;  &  ces  trois  Cardinaux 
s'appellenr  Elifans.  Sous  la  première  Race  de  nos 
Rois,  les  Evcques  fe  faifoient  par  élection  du  Cler- 
gé ,  en  préfence  des  Laïcs.  Les  Rois ,  dans  la  fuue  , 
fe  font  peu-à-peu  atrribué  le  pouvoir  de  nommer 
les  Évêques.  Les  élcdions  fubiiftoient  pourtant  en- 
core au  commencement  de  la  troiiième  Race  , 
pourvu  que  l'Elu  agréât  au  Roi  \  mais ,  il  arrivoit 
fouvent  des  conteftations  entre  les  brigues  des  Eli- 
fdns,  dir  M."zeray  ,  en  la  vie  de  Philippe  Augufte. 
Ameloc  de  la  Houlîaye  dit  ,  dans  fa  Traduction  du 
Traité  des  Bénéfices ,  que  les  Elifuns  manquoient 
fouvent  à  leur  devoir, 

ÉLISANTE,  f.  f.  Terme  en  ufage  dans  l'Ordre  des 
Calvairiennes.  Ellgcns  ,  Elcclrix,  Quand  on  tient 
un  Chapitre  général  dans  cette  Congrégation  , 
chaque  Couvent  fournit  deux  fufïiages,  l'un  donné 
par  la  Prieure  j  &  l'autre  par  une  Religieufe  ,  choi- 
fie  pour  cela  par  la  Communauté,  &i  qu'on  nomme 
Elijlinte. 

ÉLISION.  f  f.  Terme  de  Grammaire  ,  qui  fe  dit  du 
retranchement  d  une  lettre  de  quelque  mot.  Elifio. 
En  François ,  il  ie  fait  des  étifions  de  Vc  féminin  , 
quand  il  ell  fuivi  d'un  mot  qui  commence  par  une 
voyelle,  ou  une  h  non  afpirée  ,  comme  U  homme  j 
cette  t-fpérance  ,  on  prononce  l'homme  ,  cett'efpé- 
rance.  Va  ne  fe  retranche  que  dans  l'article  &  dans 
le  pronom  la,  comme  l'ame ,  je  /'aime.  L'i  ne  fe 
perd ,  ou  ne  fouftre  élifion  que  dans  la  particule^?, 
devant  i/&  ils  ,  j'i/ vient.  XJéitJlon  fe  marque  par 
une  apoftrophe.  Foye:^  ci-delfus  ce  que  nous  avons 
marqué  dans  l'article  Elider.  Les  Pocres  Latins  fai- 
foient élijîon  de  toutes  les  voyelles ,  «Se  de  1'/«  tî- 
nale,  fouvent  même  del'j,  qui  précédoit  une  con 
fonne  ,  parce  que  ces  lettres  leur  paroilfoienr  dures 
dans  la  prononciation.  Les  Italiens  font  aulli  de  fré- 
quentes élifions. 

On  fait ,  aulîi ,  élifion  de  1'^'  dans  la  conjonétion 
7?,  lotfqu'elle  eft  fuivie  d'un  autre  i ,  comme  du 
pronom  il  ou  ils.  On  dit  s'il ,  s'ils,  &  non  pasT?  // , 
Ji  ils  j  mais  on  ne  tait  point  élijîon  de_/î"avant  les  au- 
tre voyelles.  Cette  élijion  fe  faifoic  autrefois.  On 
difoit,  s'elle  ,  pour//e//e,  &is'on,  pour 7? 0/7,  fur 
tout  en  vers. 

Dejfus  un  mot  un  heure  je  m'arrête  , 
S'onparle  à  moi  j  je  réponds  de  la  tête. 

ÉLISSE.  f  f.  Nom  de  femme  &  de  DéelTe.  Eliffa. 
C'écoit  une  Tyrienne  ,  que  quelques-uns  croient 
être  la  même  que  Didon  ,  dit  Velleius  Paterculus 
dans  fon  I.  Livre.  Les  Phéniciens  difoient  que  cette 
E/iJJè  avoir  bâti  Carthage  ,  &  elle  y  fut  honorée 
comme  une  Déelfe. 

Ce  nom  ,  félon  Voflîus .  De  Idol.  L.  I.  C.  31. 
p.  224.  eft  Phénicien  ,  ^■J''7^< ,  &  lignifie  Vigneau 
de monD/eu-^oueA  le  même  que  celui  du  Prophète 
Elifée ,  yTvha ,  qui  veut  dire  ,  Salut  de  Dieu  ,  ou 
Dieu  Sauvant- 

ELISSO.  Petite  Ifle  du  détroit  d'Egine.  Eleufa.  Vûye\ 
Eléuse. 

^fT  ELITE,  f  f.  Ce  qu'il  y  a  de  meilleur  en  chaque 
efpèce  de  chofe ,  de  marchandife  :  ce  qui  mérite 
le  plus  d'être  choifi.  Delcclusflos.  Je  ne  veux  point 
de  fa  marchandife  ,  après  qu'un  autre  en  a  eu  {'élite. 
Soies  ,  draps  à'élite.  Ce  terme  a  palfé  de  la  bouti- 
que des  Marchands  à  d'autres  ufages ,  &  l'on  dit 
très-bien  ,  troupe  à'elite,  V élite à^  la  NoblelTe,  Sec. 
Il  le  vint  trouver  avec  Vélite  des  troupes.  Ablakc. 
Il  fit  une  fortie  avec  \'clite  des  Soldats.  Du  Rier. 
Il  n'y  avoir  que  des  gens  à' élite  en  cette  Aifemblée. 
On  dit ,  Faire  Vélite  i  pour  dire,  Choifir  ce  qu'il 
y  a  de  meilleur. 


E  L  î  êï.9 

ÉLITER.  V.  a.  Prendre  le  meilleur  d'une  chofe.  Il  ne 
fe  du  guère  que   par    les  pentes  Marchandes  Ati 

,    Halles  de  Pans.  Vous  cUtc-:^  ma  Marchandile. 

ELITROIDE.  f  m.  Terme  d'Anatomie  ,  qui  fe  dit  de 
l'une  des  trois  tuniques  propres  des  tefticules.  Eli- 
troides.  La  féconde  des  tuniques  propres  des  tefti- 
cules eft  ï'élitroide  :  elle  relfemble  à  une  gaine ,  ce 
qui  la  fair  nommer  vaginale:  elle  eft  formée  pat 
la  dilatation  de  la  production  du  péritoine  :  elle  a 
la  fuperficie  interne  égale  &  polie  ,  &  l'externe 
rude  &  inégale  j  ce  qui  la  rend  lort  adhérente  à  la 
première  des  propres  qui  eft  l'éritroide.  Dionis. 

Ce  mot  vient  de  tVjrpov ,  Fagina  j  une  gaine;  &: 
de  ùi'oi,  fpecies  j  Jorma  ;  Elitroide ,  qui  a  la  forme 
d'une  gaine.  Il  faudroit  écrire  élytrolde  ^xn^iisnom 

,   imitons  les  Anatomiftes. 

ÉLIUS  ,  ou  plutôt  yELIUS,  ^LIA.  Nom  propre  d'une 
famille  Romaine.  JElius  ,  ^ha  gens.  La  famille 
^lia  éroit  grande  &  partagée  en  fept  ou  huit  bran- 
ch.es.  Elle  étoit  plébéiene  ,  mais  toit  ancienne  ,  & 
illuftrée  par  les  plus  grandes  charges.  Les  Antonins 
étoient  de  la  famille -.^/i^j  d'où  vient  qu'ils  por- 
tent le  nom  d'/Eiius  fur  leur  médailles.  T.  AiaioG 

KAlCAPANTiiNElNOC.EtT.^LIUSCvESAR  ANTONINUS. 
Et  IMP.  T.  AL.  C^S.  HADRIANI  AUG.  F.  HADR.  AnTO- 

NiNus  PONT.  TR.  P.  COS.  &c.  V@ye-[  Mezzabarba  , 
p.  191.  Ceux  qui  difent  E  liens ,  Se  les  Eliens  con- 
tondcnt  j¥.Hus  ik  .Ailianus ,  &  appellent  l'Hifto- 
rien  Elien  ,  les  deux  Tyrans  Elien  &  Elianus  Pom- 
ponius,  &  ceux  de  la  famille  u¥,lia  j  du  même 
nom.  Les  noms  font  néanmoins  fort  diftérens.  Il 
faut  dire  ,  Un  jî.lius  j  Les  ^lius  j  &  non  pas  les 
Eliens.  C'eft  ainli  que  nos  Antiquaires  &  nos  Mé- 
dailliftes  en  ufent.  Un  L.  u^lius  eft  rare  en  or. 

ELIXATION.  Terme  de  Pharmacie.  Co<il:ion  des  mé- 
dicamens  faite  dans  quelque  liqueur.  Opération  par 
laquelle  on  fait  bouillir  un  remède  dans  une  liqueur 
convenable,  &à  petit  feu.  C'eft  à -peu-près  ce  qu'on 
appelle  étuvée  dans  lescuifines.£//.vi7r/ti.0n  emploie 
ordirairement  l'eau  de  fontaine  ou  de  rivière  aux 
élixations  j  mais  on  y  emploie  aulli  quelquefois  le 
lait ,  le  petit  lait,  le  vin  ,  la  bière  ,  ou  quelque  au- 
tre forte  de  liqueur  :  la  décoction  eft  une  éli.xation. 
L'élixation  la  plus  ordinaire  fe  fait  pour  communi- 
quer à  ces  liqueurs  la  qualité  des  médicamens.  On 
la  fait  aulli  pour  ôter  la  crudité  des  parties  des  ani- 
maux, ou  des  plantes ,  &  pour  les  attendrir,  ou 
pour  ôter  aux  médicamens  &  aux  alimens  quelque 
mauvais  goût ,  ou  quelque  mauvaife  qualité  ,  ou, 
pour  en  féparer  les  terreftréités  ,  &  les  parties  grof- 
iières  j  ou  pour  quelque  autre  invention. 

Ce  mot  vient  du  Latin  ,  lixare  ,  cuire  ,  ou  faire 
bouillir  dans  l'eau. 

ÉLIXIR.  f.  m.  Terme  de  Médecine.  C'eft  une  liqueur 
fpiritueufe  deftinée  à  des  ufages  internes  ,  conte- 
nant la  plus  pure  fubftance  ;  c'eft-.\-dire  ,  la  partie 
médicamenteufe  des  mixtes  choifis  ,  qu'on  lui  a 
communiquée  par  infulion  &  macération.  Er.chy- 
loma.  Les  efprits  tirés  des  végétaux,  ou  leurs  eaux 
fpiritueufes  ,  font  d'ordinaire  la  bafe  des  elixirs  j 
ik  les  menftrues  dont  on  fe  fert  pour  dilfoudre  ^ 
retenir  la  vraie  elfence  des  médicamens  qui  entrent 
dans  leur  compofition.  Lefprit  de  vin  eft  i'clixir ,  le 
menftrue  le  plus  commode  de  tous.  L'elixir  appro- 
che beaucoup  de  la  nature  des  teintures.  J'oye^ 
Teinture.  Les  Charlatans  abufent  beaucoup  de  ce 
nom,  &  le  donnent  à  pluheurs  fimples  extraits  , 
pour  vendre  plus  cher  leurs  drogues.  On  l'appelle 
autremenr  quinte- ejjence.  Foyei^  ce  mot. 

Ménage  tient  que  ce  mot  vient  de  l'Arabe  elexir, 
quifignifie  proprement /rjtî^/z, à  caufe  que  Xclixif 
a  la  force  de  rompre  les  maladies  ,  &  les  impuretés 
des  métaux  ,  qui  en  font  comme  les  maladies- 
D'autres  le  dérivent  avec  plus  d'apparence  de  1  Ara- 
be alecfiro  ,  qui  lignifie  une  extraclion  artihcielle  de 
quelque  elfence.  D'autres  veulent  qu'il  vienne  du 
Grec  (>«/.»,  huile  ,  &  cl^fo  ,  tirer ,  comme  une  ex- 
tradion  d'huile ,  qui  eft  la  partie  elTentielle  des 
mixtes.   D'autres  du  verbe  Grec  «^'S^.'*  ,  fecourir. 


6^0  ELI     EL  L 

à  caufc  da  grand  fecours  qu'on  reçoi:  des  elixlrs. 
D'aiiacs  enfin  de  îA;^'»' j  drtr.  Il  y  en  a  qui  appellent 
élixir  ,  une  prétendue  poudre  qui  convertit  les 
métaux  en  or  j  qu'on  appelle  poudre  de projeclion. 

Elixir  de  Propriété.  C'elt  un  remède  inventé  par 
Paracelie,  compoléd'aloc's ,  de  myrrhe  &  de  fafran, 
dont  on  tue  la  teinture  par  le  moyen  de  l'elprit  de 
foutre.  Quelques-uns  y  ajoutent  l'efprit  de  vin. 
Crollius  veut  que  cet  élixir  loit  le  baume  des  An- 
ciens ,  &c  qu'il  contienne  toutes  les  qualités  du  bau- 
me naturel.  Il  fortifie  le  cœur  &  l'eltomac  j  il  aide 
à  la  digellion,  il  punhe  lefuig,  &  il  provoque  les 
fueurs.  Ou  prépare  plufieurs  autres  fortes  à'elixlrs. 
IV'L  Harris  ,  de  la  fociété  des  Médecins  de  Londres , 
dans  fou  Traité  des  maladies  algues  des  entans  , 
dit  que  Vclixir  doux  fe  tait  mieux  par  une  inhilion 
froide ,  qu'au  fourneau. 

Élixir,  en  termes  de  Philofophie  hermétique,  c'eft 
la  pierre  philofophale.  Quelques  Sages  l'appelleni 
la  force  forte  de  toute  torce  ,  &C  d'autres  ,  elixu 
parfiit  au  rouge  ,  quand  l'ouvrage  eft  parfait  :  ces 
noms  lui  ont  été  donnés  à  caufe  de  la  force  furpre 
liante  que  lui  attribuent  les  Sages.  Elixir  parfait  au 
blanc,  c'eft  l'ouvrage  de  la  pierre  projeté  fur  un 
métal  imparfait  fondu  ,  qu'il  convertit  en  argent , 
lui  donnant  le  poids  de  l'or. 

Élixir,  fe  dit,  figurément,  de  ce  qu'il  y  a  de  plus  fub 
tiljou  de  plus  ingénieux  ,  de  meilleur  dans  les 
Arts,  ou  dans  les  ouvrages  d'efprit.  Pars  pritfidntijjl 
ma  ,  fuhciUJfuna  ,flos  ,  lumen  ,  lux.  Cet  homme  a 
beaucoup  de  coUeébions,  qui  font  Velixir  àt  lowi 
les  bons  Auteurs  ,  qu'il  a  lus  tort  exaârement.  L'ex 
périence  a  fait  voir  que  les  Auteurs,  dont  on  a  pré- 
tendu tirer  le  pur  efprit,  comme  un  élixir  ,  ne  plai- 
fent  point  au  goût.  De  Vign.  Marv. 

ÉLIXIVIATION.  f  f.  Élixiviacio.  Opération  par  la- 
quelle on  fait  une  leilive  de  la  cendre  ou  de  la  chaux 
des  mixtes ,  en  les  taifant  bouillir  dans  de  l'eau  ,  ou 
verfintde  l'eau  bouillante  par-delfus  ,  pour  dilïbu- 
dre  &  tirer  le  fel  fixe  qu'elle  contient.  Après  que  l'e- 
lixiviaùon  eft  faite  j  on  filtre  la  dilfoiution  ,  &  on 
l'évaporé  jufqu'à  ficcité.  Ce  .mot  vient  du  Latin 
lixivium  ,  lelîive.  Col.  de  Villars. 

ÉLIZER  une  pièce  de  drap.  C'eft  la  tirer  par  fes  lizlè- 
res  ou  par  fa  largeur  ,  pour  la  mieux  étendre.  On 
dit  plus  ordinairement  Lii^cr. 

E  L  L. 

ELL  i  ou  ELLE.  Ancien  Bourg  de  la  BaflTe  Alface. 
Hélium  j  Helellus  _,  Eiechus.  Il  eft  fur  la  rivière  d  lUe 
qui  lui  a  donné  fon  notn  j  environ  à  un  mille  de 
Benefeld.  Voy.  Cluvier,  &Hadr.Valois  ,  Not. 
G  ail.  p.  24  J. 

ELLE.  Rivière  de  France  qui  arrofe  Quimperlay,  ville 
de  la  Balfe  Bretagne  en  France. 

ELLE.  Pronom  relatif  de  la  troifièuîe  perfonne  au 
féminin  ,  donc  le  mafculin  eft  lui.C'eii  un  différend 
à  juger  entre  lui  &  elle.  Elle  eft  belle ,  elle  a  raifon. 
Qui  e^-elle  ?  Je  ne  veux  point  avoir  à  faire  à 
elle.  Puifque  ces  feules  adions  font  connoître  ce 
que  nous  fommes ,  attendez  donc  au  moins  à  ju- 
ger de  mon  cœur  par  elles.  Il  y  a  de  bons  Auteurs 
qui  écrivent  toujours  e//'a ,  ell'eù. ,  Sec.  avec  une 
apoftrophe.  Ce  n'eft  pas  l'ufage  de  Paris.  On  écrit 
elle  a  ,  elle  eft  ,  &c. 

IJCJ"  Ce  pronom  fe  met  pour  l'ordinaire  immé- 
diatement devant  le  verbe  ,  fans  qu'il  y  ait  rien 
entre  deux,  fi  ce  n'eft  des  particules  &  des  pro- 
noms pjrfonnels.  Elle  nous  a  dit.  Elle  y  va.  Il  faut 
encore  excepter  les  interrogations  ,  où  elle  fe  met 
après  le  verbe.  Que  fait-e//e  ?  Viendra-t-e//e? 

Cependant  on  interpofe  quelquefois  élégamment 
quelques  mots  entre  ce  pronom  &  le  verbe.  Elle  , 
fans  s'embarralTer  des  fuites ,  prend  le  parti  de.  .  . 
Ac.  Fr. 

ELLEROGEN.  Elhoga,  Le^a,  ville  de  Bohême  ,  ca- 
pitale d'un  cercle  qui  porte  fon  nom  ,  &  fituée  fur 
la  rivière  d'Egra  ,  cinq  lieues  au-deftbus  de  b  ville 


ELL 

de  ce  nom.  Cette  ville  eft  fortifiée  &  défendue 
d'une  bonne  citadelle.  Maty.  On  dit  aulîi  Elubo- 
acn  ,  &  Loket ,  mot  corrompu  du  Latin  Lecia.  Lon». 
30.  d.  26'.  lat.  42.d.  30'. 
ELLÉBORE,  f.  m.  Plante  médicinale.  Ellébore  noir  y 
tlkbore  blanc;  diftérence  qui  a  d'abord  été  tirée 
de  la  couleur  des  racines  \  mais  à  prélent  ce  qui  a 
paru  être  efpèce,  lorme  un  genre  ,  &  l'on  n'a  point 
égard  aux  racines  pour  le  caraétérifer.  L'un  & 
l'autre  de  ces  genres  porte  en  Latin  aujourd'hui 
deux  noms  différens  ,  qui  fervent  à  les  mieux  dif- 
tinguer. 

\J Ellébore  noir ,  Hellchorus  j  Elleborus  y  Helle- 
borum  ,  ou  Mel&mpodium  ,  a  fes  racines  compofées 
de  plulieurs  filamens  droits ,  garnis  à  leurs  extré- 
mités de  quelques  fibres.  Elles  font  brunes  d'abord, 
&  noires ,   lorfqu'elles  fe  deftéchent.  De  ces  raci- 
nes naillènt  des  feuilles  découpées  en  main  ouver- 
te ,  alfez  amples,  teintes  d'un  verd  foncé  en  deflus, 
plus  pâles  en  delfous  ,  un  peu  épailfes  &  charnues, 
dentelées  lur  leurs  bords,  &  portées  par  des  queues 
verdâtres  ,  charnues,   &  hautes   de  quatre  à  cinq 
pouces  au  plus.  Ces  racines  pouifent  auffi  de  petites 
tiges  fimples  &  balfes ,  de  même  que  les  queues 
des  teuilles  ;  elles  pottent  à  leur  extrémité  une  ou 
deux  fleurs  J  qui  paroilfent  au  premier  printemps: 
ces  fleurs  font  compofées  de  quelques  cornets  ver- 
dâcres  rangés  autour  d'un  piftil  ,  qui  eft  environné 
d'u;i  corps  coniidérable  d'étamines  courtes  ,  blan- 
châtres ,  à  fommets  jaunâtres.  Le  calice  ,  qu'on   a 
pris  pour  la  fleur,  eft  à  cinq  feuilles  aflez  grandes, 
de  couleur  de  rofe  ,  ou  blanchâtre.  Le  piftil  devient 
un  truit  compofé  de  quelques  gaines  verdâtres^  ter-' 
minées  par  une  corne  ^  &  qui  renferment  plufieurs 
femences  arrondies  &  noires.  Cet  Ellébore  q^  nom- 
mé Helleborus  niger flore  rofeo  ,  G.  B.  Et  on  le  dif- 
tingue  fort  aifément  d'une  autre  efpèce  qui  fe  trou- 
ve dans  les  montagnes ,  &  qu'on  cultive  dans  les 
jardins  :  elle  a  le  calice  de  fes  fleurs  verdâtre  :  d'ail- 
leurs les  tiges  qui  portent  les  fleurs  font  branchues, 
&  chargées  de  feuilles  beaucoup  plus  petites  ,  plus 
minces  j  d'un  verd  plus  gai  que  dans  la  précédente^ 
Celle  ci  eft  connue  fous  le  nom  à' Helleborus  niger  , 
hortcnfis  y  fl.ore  viridi  ^  C.  B.  M.  Tournefort  a  trou- 
véau  pied  du  Mont  Olympe  une  troifième  efpèce 
A' Ellébore  ,  qui  approche  de  cette  dernière  ;"mais 
les  tiges  en  font  beaucoup  plus  hautesj  &  les  feuilles 
bien  plus  grandes.  Pierre  Belon   l'y  avoir  aufli  ob- 
fervée.  Ce  dernier  Ellébore  a  paru  à  M.  Tournefort 
plus  violent  que  celui  que  nous    employons  en 
France;  il  a  jeté  dans  le  délire  ceux  à  qui  il  en  a 
fait  prendre.  Cet  efiet  lui  fit  croire  d'abord  que  ce 
pourroit  être  VEllebore  de  Diofcoride,  Helleborus 
niger  y  Orientalis  ,  amplijfimo  folio  j  caule  praalto  _, 
flore  purpurafcente  Cor.  Irifl.  R.  Heri.  \J Ellébore  noiï 
purge  fortement  ;  il  eft  fébrifuge.  On  ne  le  fait 
prefque  jamais  prendre  feul  ;  on  le  joint  ordinaire- 
ment à  d'autres  purgatifs  ,  &  même  à  quelques  re- 
mèdes altérans,  qu'on  lui  donne  comme  des   cor- 
reéfifs.  On  recommande  fon  ufage  dans  la  folie, 
dans  la  manie  ,  dans  les  vertiges,  &  contre  les  ma- 
ladies de  la  peau. 

Le  pied  de  grifon  ,  Helleborus  niger  ^foeûdus  ,  C. 
B.  eft  encore  une  autre  efpèce  ^Ellébore  noir.  Cette 
plante  eft  très- commune  à  la  campagne  dans  plu- 
fieurs endroits  du  Royaume.  On  la  reconnoîc  aifé- 
ment ,  parce  que  fa  tige  s'élève  à  la  hauteur  d'un 
pied  &  demi ,  qu'elle  eft  garnie  jufque  vers  fon 
milieu  de  beaucoup  de  feuilles  épaifles  ,  fermes  , 
découpées  en  main  ouverte,  à  lobes  étroits  j  teints 
d'un  verd  foncé  j  &  Idvés  quelquefois  d'un  peu  de 
pourpre.  Ses  queues  font  longues  de  demi-pied, 
&  partent  de  la  tige  qui  fe  divife  enfuite  en  une 
infinité  de  branches  d'un  verd  blanchâtre  ,  &  ter- 
minées ordinairement  par  une  fleur  compofée  de 
quatre  à  cinq  petits  cornets  verdâtres.  Son  calice 
eft  à  cinq  feuilles  verdâtres  j  teintes  de  pourpre  fut 
fon  bord  ,  &  fermées  en  partie  tant  que  les  cornets 
&  les  écamines  fubfiftent,  étendues  lorfquele  piftil 


ELL 

groflît  \  5c  il  devient  un  fraie  à  trois  gaines  qui 
contiennent  plulieurs  iemences.  Les  racines  de  cet 
jEV/e'/J-ure  font  employées  à  k  campagne  pour  iaue 
des  fêtons  aux  animaux  domeltiLjues  j  les  teuiiles 
fervent  auHi  à  rélouJie  les  tumeuis  dures  qui  arri- 
vent à  ces  animaux,  loilqu'ils  ont  eu  une  mauvaile 
nourriture. 

LEllébore  blanc ,  autrefois  appelée  Hellcborus  al- 
bus ,  Helleboruni  album  j  ell  maintenant  nommé 
VeiiXtrum  j  pour  le  dilUnguer  de  X'EUcborc  noir , 
plante  avec  laquelle  il  n'a  pas  un  rapport  ellentiel , 
à  moins  qu'on  n'ait  égard  à  la  convenance  de  vertu. 
Ses  racines  font  longues,  tilamenteufes,  blanchâ- 
tres ,  &  fortent  d'un  tubercule  ciaarnu.  Ses  tcuilles 
font  grandes ,  entières ,  de  la  hgure  de  celles  du 
plantin ,  ou  plutôt  de  la  grande  Gentiane  j  mais 
plus  minces  ^  plus  pliilees  j  &c  d'un  verd  plus  gai. 
Ses  tiges  font  hautes  de  deux  à  trois  pieds  ,  arron- 
dies ,  enveloppées  par  la  bafe  des  leuilles  j  &  bran- 
chues  dès  leur  milieu  :  chaque  branche  elt  accom- 


pagnée   d'une  petite  feuiUe  tort   étroite  ,  &  ell:  !  ELLENBOGEN. 
chargée  ,  aulli-bien  que  la  tige  ,  d'un  nombre  con-  i  ELLEND. 
fidérable  de  lleurs,  qui  font  difpofées  en  épi,    &  jELLLENÏSME- 


ELL  631 

ladfolhi   monuna.   Il  y  a  d'autres  efpèces  à'Ellé- 
botinc. 

On  dillingue  cette  plante  de  ^QphiS:,  par  la  lieui-j 
quin'a  point  d'épeiuns ,  ce  par  fa  racine  hbrée  : 
amli  c'elt  la  conformation  de  la  Heur  qui  fait  dif- 
tinguer  cette  plante  de  VOphis  :  plufieurs  efpèces 
d'/://ci;c)/î/if  ont  leurs  feuilles  femblables  en  ciuel- 
que  manière  à  celles  de  {'Ellébore  blanc  j  d'où  vicnc 
le  nom  générique  à'Eiléborine, 

ELLEBORINE ,  eh.  adj.  Terme  de  Médecine.  Mêlé 
d'ellébore  ,  préparé  avec  àc  l'ellébore.  ElUboro  in- 
'Jecius  j,  mixcus.  Une  teinture  d'Hiéra  eUéborinée, 
Ac.  DEsSciENc.  i-joj,.pag.xz.  Le  meilleur  purga- 
tif pour  les  femmes  &c  les  tilles  qui  ne  font  pas  ré- 
glées ,  efl;  l'Hiéra  eUcborzné::^  ou  feule,  ou  mêlée  , 
ou  en  teinture  ,  Ib./?.  23. 

ELLEHOLM  ^  ou  ELCHOLM.  Petite  ville  de  Suéde , 
dans  la  Province  de  Bleking  ,  en  Sudgothie  ,  près 
de  la  cote ,  à  neut  lieues  de  Chriftianftad  vers  le 
levant.  Elcholmia.  Mat  y. 


compofées  chacune  de  iix  petites  pétales  arrondies, 
du  milieu  defquelles  s'élève  un  pilHl  compofé  de 
trois  gaines  qui  lenterment  ordinairement  quelques 
iemences  de  la  grolleur  à-peu-près  t<.  de  la  hgure 


Xvoyci^ 


MALMUYEN. 

ELAN. 

HELLENISME. 


ELLERENA.  Bourg  de  l'tillramadoure  d'Efpagne  , 
vers  les  confins  de  l'Andaloulie ,  à  treize  lieues  de 
Mérida  ,  tirant  vers  Cordoue.  Maty.  Elkrena  y 
Hellercna  ,  anciennement  Cajlravetera. 


'ungrain  de  froment,  mais  bordées  d'un  petit    ELLIPSE,  f.  f.  Ellivfis.   Terme  de  Géométrie.   C'eft 

une  ligne  courbe  j  continuée:  régulière  j  qui  ren- 
ferme un  efpace  plus  long  que  large,  fur  la  longueur 
duquel  il  y  a  deux  points  également  éloignés  des 
deux  extrémités  de  la  longueur,  defquels  tirant,  à 
un  point  pris  à  la  volonté  fut  Xclt/yfc,  deux  lignes 
droites  j  la  fomme  de  ces  deux  lignes  droites  ell 

///(1 


feuillet  membraneux  :  la  couleur  de  ces  fleurs  ell 
verte  dans  l'efpèce  qu'on  nomme  Veratrum  fiorc 
fubvlrlii.  In  fi.  R.  hcrb.  ou  ELlcborus  al  bus  flore 
fub/iriii ,  C.  B.  Pin.  Elle  eft  d'un  rouge  très  brun 
dans  celte  qu'on  appelle  Vcratrum  fiorc  atro  ru- 
bcncs.  Inji.  Li.  Hcrb.oa  Helleborus  alb us  ^  flore  atro 
rubentc.  C.  B.  Pin.  Cette  efpcce  elt  la  plus  rare  :  la 
première  ell;  commune  dans  les  montagnes  &;  dans 
les  Alpes.  Ses  racines  purgent  très-violemment; 
elles  font  aulîi  beaucoup  éternuer.  On  le  fert  de  les 
hlamens  pour  des  fêtons  que  l'on  veut  entretenir 
long-temps;  &c  c'ell  aux  animaux  qui  ont  le  cuir 
dur  auxquels  il  convient  de  les  employer.  U Ellébore 
fe  tiroit  autrefois  de  l'Ille  d'Anticyre  :  un  s'en  fervoit 
dans  la  folie  ,  dans  la  rage  ,  &c  dans  d'autres  mala- 
dies femblables  5  d'où  ell  venu  le  proverbe  des  An- 
ciens ,  naviget  Anùcyras ,  contre  ceux  qui  font  ac- 
cufés  de  folie.  On  ne  le  donne  plus  à  préfent  par  la 
bouche  ,  parce  qu'il  purge  trop  violemment  par 
haut  &  par  bas ,  qu'il  trouble  toutes  les  parties  in- 
térieures J  &:  qu'il  caufe  desconvullions ,  &z  fouvent 
la  mort.  Voyez  les  Elénuns  de  Botanique. 

Ce  mot  vient  des  mots  Grecs  êv"»  ,  tuer ,  &  /î«f " , 
mangeaille  ,  parce  qu'on  a  autrefois  prérendu  que 
cette  plante  étoit  un  poifon  ,  Se  qu'elle  tuoit  tous 
ceux  qui  en  mangeoient.  L'£'//eZiûre  noira.ét6  aulli 
appelé  Melarnpodium,  à  caufe  d'un  pafteur  nommé 
Mdampus ,  qui  le  premier  s'en  fervit  pour  purger 
&c  guérir  les  hlies  de  Prœtis  qui  couroient  iur  lui 
étant  enragées.  'Voffius,  De  Idol.  L.  V.  C.  zi.  &  .?./. 
parle  de  VEllébore  &  de  fes  propriétés  ,  félon  les 
Anciens. 

On  dit,  proverbialement  ,  qu'un  liomme  a  be- 
foin  de  deux  grains  A'Ellébore  ,  pour  dire  ,  qu'il  eft 
fou  ;  parce  qu'on  fe  fervoit  autrefois  dEllebore  çouï 
guérir  de  la  folie. 
ELLÈBORîNE.  f.  f.  Hei/eborine.  Geme  de  plante  dont 
la  fleur  eft  compofée  de  lix  pétales  inégaux  ,  cinq 
defquels  font  difpofés  en  rond,  &c  le  fixième  ,  qui 
eft  plié  en  gouttière,  occupe  à-peu-pcès  le  milieu. 
La  partie  poftérieure  de  cette  fleur  devient  un  fruit 
à  trois  faces  qui  font  en  dedans,  &  qui  ne  repré- 
fentent  pas  mal  une  lanterne  à  trois  côcés  ,  dans  les 
rainures  defquelles  font  enciiaflés  des   panneaux  : 
cliaque  panneau  eft  revêtu  en  dedans  d'une  bande 
veloutée  ,  formée  par  l'amas  de  plufieurs  femences 
femblables  à  de  la  fciure  de  bois.  Voyez  Eltm.  de 
Botan.  344.  Elles  font  quelquefois  de  couleur  d'iier 
be  ,  Se  quelquefois  d'un  pourpre  foncé.  Sa  femence 
eft  fort  petite ,  &  iemuLible  .1  de  la  fciure  de  bois , 
conime  on  visnt  de  le  dire.  En  Latin  ,  Hclleborinc 


égale  à  la  même  longueur.  En  prenant  ïcHipfe  y 
comme  les  Géomètres  le  font  fouvent  ,  pour  l'el- 
pace  même  contenu  &.  renfermé  par  cette  ligne 
courbe  j  Xdlipfc  eft  une  figure  contenue  fous  une 
feule  ligne  ,  qui  eft  oblongue  j  &  qui  a  deux  dia- 
mètres inégaux.  Le  grand  axe  de  Xellipjé  eft  la  ligne 
droite  qui  repréfente  la  longueur  de  l'efpace  que 
Xeliipfe  renferme.  Le  petit  axe  de  Vellipje  eft  une 
ligne  droite  qui  repréfente  la  largeur  de  l'efpace 
que  XelUpfe  renferme  :  ces  deux  axes  fe  coupenc 
toujours  à  angles  droits  ,  &  également.  Le  centre 
de  [ellipfe  est  le  point  où  les  deux  axes  s'entrecou- 
pent. Les  deux  axe;  font  les  deux  plus  grands  dia- 
mètres de  {'ellipfe.  Mais  elle  a  une  infinité  de  diamè- 
tres différens.  Il  faut  ajouter  que  fur  le  grand  axe 
de  Vcl'ipjé  font  marqués  deux  points  ,  tous  deux 
également  éloignés  des  deux  extrémités  de  cet  axe  : 
on  les  appelle  Joycrs.  Or  ,  tirant  de  ces  points 
deux  lignes  droites  à  la  circonférence  de  {'ellipfe  , 
ces  deux  lignes  prifes  enfemble  font  égales  au  grand 
axe.  Les  rayons  qui  partent  de  l'un  des  foyers ,  & 
vont  frapper  la  circonférence  concave  de  la  courbe, 
lous  quelque  angle  que  ce  foit,  fe  réfléchillent  tous 
dans  l'autre  foyer  ,  &  s'y  réunilfcnt  ;  ou  fi  Ton 
veut  avoir  une  propriété  des  foyers  de  {'ellipfe ,  in- 
dépendamment de  la  réunion  des  rayons,  deux  li- 
gnes tirées  des  deux  foyers  à  un  même  point  de  la 
circonférence  de  {'ellipfe ,  font  toujours  égales  ,  pri- 
fes enfemble  ,  au  grand  axe  de  la  courbe.'  Ac.  d.  Se. 
1703.  Hijl.p.  6S.  Kepler  a  changé  en  elUpfes  les 
anciens  cercles  du  mouvement  des  planètes  ;  ^ 
M.  Cailini  a  changé  {'ellipfe  de  Kepler  ,  qui  étoit  la 
commune,  en  une  nouvelle  ellipfe, oix,  nu  lieude 
la  fomme  des  lignes  tirées  des  foyers  ,  c'étoit  leur 
produit  qui  étoit  toujours  égal  à  celui  des  deux  par- 
ties du  grand  axe  ,  déterminées  par  un  foyer.  Cette 
ellipfe  répond  mieux  aux  obfervations  célcftesj  fi 
quelque  courbe  régulière  y  répond  exaélement.  Ib. 
Le  cercle  ,  la  parabole,  l'hvperbole  ne  font  que 
des e//i/^j  différemment  conditionnées^  comme  on 
le  dira  en  leur  place. 

Au  mot  Compas  nous  avons  donné  la  defcriprion 
d'un  compas ,  ou  inftrument  propre  à  tracer  des  el- 
l'pfes  &:  toutes  fortes  d'ovales. 

V ellipfe  fe  nomme  aufîi  ovale  mathématique ,  qui 


632.  E  L  L 

•ell  différente  de  l'ovale  commune.  L'ovale  marhé- 
matique  ne  participe  aucunement  du  cercle.  Elle 
fe  décrit  par  la  fechon  du  cône  ,  lorfqu'on  le  coupe 
par  un  plan  incliné  lur  l'on  axe ,  entre  le  coté  du 
cône  &  la  parabole.  Ainli  ïellipje  elt  une  lecfion 
conique. 

Le  mot  ellipfe  eft  Grec,  î^Aï/^ns,  &  fignifie  retran- 
chement,  dcjatUance  ,  défaut  :  les  premiers  Géomè- 
tres Grecs  l'ont  ainfi  appelée,  parce  qu'elle  a  ,  entre 
autres,  cette  ptopriétc  ,  que  les  rectangles ,  que  l'on 
compare  en  grandeur  au  quatre  des  ordonnées , 
étant  appliqués  au  paramètre  &  ayant  pour  hau- 
teur les  parties  du  diamètre  faites  par  les  ordon- 
nées j  iont  tous  déhiillans  d'un  redangle  l'embla- 
ble. 

Depuis  M.  Defcartes  ,  on  a  beaucoup  travaillé 
fur  les  lections  coniques  ,  la  parabole  ,  ïellipje  j 
&c. 

Le  centre  d'une  eUipfe  j  eft  le  point  ou  fes  deux 
axess'entrecoupent.  Pour  décrire  une  ellipfe  ou  ova- 
le fur  terre ,  ks  ouvriers  plantent  deux  clous  aux 
deux  endroits  qu'ils  prennent  pour  les  deux  foyers, 
&  y  attachent  les  deux  bouts  d'une  corde  de  la  Ion 
gueur  du  plus  grand  axe  de  leur  e///^yè  j  enfuite 
avec  un  clou  ou  cheville  mobile  ,  ils  étendent  cette 
corde  ,  &  la  font  mouvoir  à  l'entout  de  deux  clous 
qui  la  tiennent  aux  deux  foyers  :  ce  mouvement 
décrit  ïellipfe.  On  a  auilî  trouvé  d'autres  méthodes 
bu  inftrumens  pour  décrire  les  elUpf&s  ,  tant  fur  le 
tettein  que  fur  le  papier,  /-^oje^-  le  livre  de  Scho- 
oten  De  organica  J'eclionum  conicarum  in  piano  def- 
criptione  j  p.  8.  &c.  fes  Exercitationes  Mathémati- 
c&  ,  &c.  Le  P.  Hofte,  dans  fa  Théorie  de  la  conft,  ac- 
tion des  FaiJJeaux  ,  a  traité  des  ellipfes  j  &  de  la 
manière  de  les  réduire.  On  a  befoin  dellipfes  dans 
la  pratique  de  la  plupart  des  Arcs. 
IJC?  Ellipse  ,  f  f.  Terme  de  Grammaire.  C'eft  une 
façon  de  parler  figurée ,  par  laquelle  on  retranche 
quelque  terme  du  difcours  ,  qui  eft  fous-enttndu. 
Ce  mot  fignifie  un  vide  dans  l'exprefiion  ,  ou  une 
omiffion.  Quand  on  dit ,  par  exemple ,  à  la  faint 
Jean  j  pour  dire  à  la  fête  de  faint  Jean  c'eft  une 
Ellipfe  :  Quand  viendrez-vous  ?  Demain.  Sous-en- 
tendu, je  viendrai.  Cela  arrive  lorfqu'une  paflion 
violente ,  ne  permet  pas  de  dire  tout  ce  que  l'on 
fent.  La  langue  eft  trop  lente  ,  pour  fuivre  la  rapi- 
dité de  l'ame.  Ainfi  on  ne  profère  que  des  paroles 
interrompues,  qni  marquent  mieux  la  violence  de 
la  paftion  ,  qu'un  difcours  fuivi. 

Quand  on  jetranche  un  ou  plufieurs  mots  ,  qui 
feroient  nécelfaires  pour  la  régularité  de  la  conftruc- 
ïion  ,   il  faut  que  l'ufage  permette  ce  retranche 
ment  j  &  que  refpiit  fupplée  aifément  ce  qui  eft 
omis. 
ELLIPSOÏDE,  f  f.  Terme  de  Géométrie  &  d'Analy- 

fe.  EUipJois.  Quelques  Mathématiciens  donnent  ce 
hom  aux  ellipfes  infinies  ,  dont  la  définition  eft 
l'équation  ay"--^"  bx"'{a-x)n,  quand  m  eft  plus 
grande  que  i  ,  Sk.  n  que  i.  Wotphius.  Vellipfoide 
eft  une  figure  approchante  de  l'ellipfe.  Vellipfoide 
de  la  terre  ne  diffère  pas  beaucoup  du  globe.  Mau- 

PFRTUIS. 

1er  ELLIPTIQUE,  adj.de  t.  g.  Terme  de  Grammai- 
re qui  a  rapport  à  l'ellipfe.  Plirafe  elliptique,  dans 
laquelle  il  y  a  quelque  mot  fous-entendu  .  Langue 
elliptique  ,  qui  fait  un  fréquent  ufage  de  ÏEllïpfe. 
La  langue  latine  eft  plus  elliptique  que  la  langue 
françoile, parce  que  le  rapport  des  mots  étant  niar- 
qué  par  les  différentes  ternnnaifons ,  la  terminai- 
fon  de  l'un  réveille  aifément  dans  l'efprit  celui  qui 
eft  fous-entendu.  Ce  qui  n'arrive  poinr  chez  nous  j 
où  les  mots  ne  changent  point  de  terminaifon  \  mais 
bien  des  circonftances  nous  font  connoicte  ce  rap- 
port. Ainfi  dans  ce  fameux  qu'il  mourût,  ce  noir 
du  plus  grand  fublime.  Que  vouliez- vous  qu'il  fît 
contre  trois  ?  Quil  mourut.  L'efpric  fupplée  aifé- 
ment ce  que  ne  dit  point  le  vieil  Horace. 

EtT.i?TiQUE.  Terme  de  Géométrie  qui  tient  de  l'ellip- 

ff.  Ellipticus,  Kepler  <3c  quelques  autres  ^  ont  a ;raH- 


E  L  L 

ce  que  l'orbite  des  Planètes  n'eft:  pas  circulais 
mais  elliptique.  M.  Bouillaud  a  foutenu  la  même 
hypothèle,  &  M.  Cailini  la  mife  dans  un  nouveau 
jour,  comme  on  le  peut  voir  dans  le  Dictionnaire 
de  M.  Ozanam,pag.  436.  L'kypothèfe  elliptique 
hmple  eft  celle  qui  fait  mouvoit  une  planète  au- 
tour d'une  elhple  ,  dont  les  foyers  font  tels  que  la 
plus  grande  ,  &  la  plus  petite  diftance  de  cette  pla- 
nète au  foyer  où  eft  placé  le  foleil ,  foit  dans  le 
rapport  des  diftancesobfervées  jon  ttouve  que,  fup- 
polant  fon  mouvement  uniforme  autout  de  l'autre 
toyer  J  à  l'égard  duquel  elle  femble  décrire  des  arcs 
égaux  en  temps  égaux ,  l'inégalité  de  fon  mouve- 
ment apparent  à  l'égard  du  foleil  fe  difttibue  en 
deux  patties  à-peu-près  égales ,  proportionnées  à 
leur  diftance  ,  dont  l'une  eft  apparente  ,  &  l'autre 
réelle.  Cette  hypothèfe  s'appelle  e////7r/^z/e  fimple, 
tant  par  la  facilité  qu'il  y  a  de  calculer  par  fon 
moyen  l'équation  des  planètes ,  que  parce  qu'on 
peut  la  déterminer  géométriquement ,  &  elle  re- 
préfente allez eiaélement  leurs  itiouvemens.  Cassi- 
Ni,  ^/.  7.  //.  Pref  VII.  L'hypothèfe  elliptique 
de  Kepler ,  que  la  plupart  des  Aftronomes  moder- 
nes ont  prélérce  ,  fans  s'embarraffer  du  point  autour 
duquel  les  planètes  doivent  avoir  un  mouvement 
uniforme ,  fuppole  qu'elles  fe  meuvent  fur  leurs 
orbes ,  de  manière  que  les  aires  ou  feéteurs  qui  fe 
terminent  au  foyer  de  leur  mouvement  ^  &  qui  font 
compnfes  entre  les  arcs  qu'elles  décrivent ,  foienc 
égales  en  temps  égaux.  1d.  Le  cadran  elliptique  eft  ■ 
celui  dans  lequel  les  cercles  de  latitude  font  repré- 
fentés  par  des  ellipfes.  Le  conoide  elliptique  eft  la 
même  chofe  que  le  fphéroide. 

§C?  Ce  terme  s'applique  en  Botanique  aux  feuil- 
les. Feuille  elliptique  j  ellipticum  folium  j  qui  eft  plus 
longue  que  large.  Les  deux  extrémités  en  font  de 
même  largeur ,  &  font  formées  l'une  &  l'autre  par 
les  mêmes  fegmens  de  cercle. 

ELLO.  f  f.  Dont  un  Diélionnaire  François  fait  le  nom 
d'une  des  Harpies  :  mais  elle  s'appeloit  Aello  ,  &  il 
faut  direainfi,  en  notre  langue,  en  trois  fyllabes;  car 
ce  mot  qui  vient  d'«£AA«,  tempête  ,  fignifie.  Qui  va 
vite  comme  une  tempête.  Quand  il  viendroit  d'«AAi 
îAoS™  _,  qui  prend  ce  qui  efi  aux  autres  ,  comme  quel- 
ques-uns l'ont  cru  fort  mal-à-propos,  iln'enferoit 
pas  moins  de  trois  fyllabes  ,  &  ïa  &  l'e  ne  feroient 
pas  une  diphthongue  ,  comme  il  femble  que  l'a  cru 
faulîement  l'Auteur  dont  nous  parlons,  comme  fi 
«  e  étoient  jamais  diphthonguesen  Grec.  Auftî  Ovi- 
de le  fait- il  de  trois  fyllabes.  Met.  L.  XIILv.  710, 
On  ajoute  qu'Ovide ,  L.  III.  donne  encore  ce  nom 
à  un  des  chiens  d'Adéon.  C'eft  une  chienne  :  ce 
,      mot  eft  féminin  ,  &  ne  peut  être  malculin. 

ELLOC.  En  Autriche,  près  la  ville  de  Vienne.  Celieu 
eft  remarquable  par  le  culte  de  faint  Jean  de  Capif- 
tran  j  dont  le  corps  y  fut  tranfporté ,  lorîque  les 
Turcs  fe  rendirent  maîtres  deWiUeck  en  Hongrie, 
lieu  de  fa  mort  &  de  fa  fépultute. 

ELLOPIA.  Ellopia  ,  Cerinthus.  Petite  ville  fituée  fur 
la  côte  feptentrionale  de  Négrepont  ,  environ  à 
douze  milles ,  ou  à  quatre  lieues  de  la  ville  de  ce 
nom.  Ellopia  n'eft  plus  qu'un  village.  A^aty. 

ELLOTIDE.  adj.  f.  Terme  de  Mythologie.  Surnom 
de  la  Minerve  de  Corinthe.  Ellotis.  Les  Cretois 
ayant  honoté  Europe  comme  une  Déelle  j  lui  don- 
nèrent le  ii|»m  d'Ellotis,  &  célébrèrent  en  fon  hon- 
neur ,  la  fête  que  les  Corinthiens  avoient  confacrée 
à  Minerve. 

ELLOTIES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Fête  à 
l'honneur  dTurope,  fille  d'Agenor.  Ellotia.  Les  El- 
lotics  fe  célébroienren  Crète,'  <3>- s'appeloientainfi, 
parce  que  les  habitans  de  Tlfle  de  Crète,  nommoienc 
Europe  Ellotis.  On  portoit  en  pompe  dans  cette  fê- 
te une  couronne  de  myrte  ,  qui  avoit  vingt  coudées 
détour,  avec_  les  os  d'Europe  ;  &  cette  couronne 
s'appeloir  aiilli  Ellotis.  Foye^  Héfvchiiis  ,  Athénée, 
L.  IX.  L.  XXV.  c.  6.  Se  Saumaife  furSolin  ,  p.  17Z. 
E  L  M. 

ELM.  Village  d'un  Canton  de  Glariz  en  Suiiïe. £//7?^. 

Le 


E  L  M 

Le  villai^e  à'Elm  eft  enfermé  pai"  de  hantes  mofita- 
gnes ,  &  tous  les  ans  pendant  quatre  lemaines  du 
printemps  &  de  l'automne  ,  on  n  y  voit  le  loleil  que 
par  un  trou  ,  qu'on  a  tau  à  une  de  ces  montagnes 
qui  eft  percée  à  jour. 
ELMACHANI.  Elmachanïa  ,  anciennement  PaUf- 
cepfis.  C'étoit  autretois  une  ville  Epilcopale  de  la 
Troade  j  dont  l'Evêque  étoit  fuflragantde  Cyzique. 
Ce  n'eft  maintenant  qu'un  petit  bourg  de  l'Anato- 
lie  propre  ,  fitué  fur  le  golle  d'Adramitti ,  entre  la 
ville  de  ce  nom  j  &  le  bourg  d'Alfo. 
ELMAUIA.  Ville  qu'on  appelle  encore  Mahadia  ,  8c 
Afrique.  Elmadia,  Aphrodijium,  Ajrica.  D'Ablan- 
court ,  dans  fa  traduéiion  de  Marmol  j  L.  VI.  c.  16. 
&  2.8.  la  nomme  Méhédie.  Elle  eft  du  Royaume  de 
Tunis  en  Barbarie  ,  fur  la  côte  du  golfe  de  Capes , 
vis-à-vis  de  l'Ifle  Chercara.  Elmadia  eft  preîque 
toute  environnée  de  la  mer ,  bien  fortitiée  ,  &  elle 
a  un  bon  port,  f^oye^  Afrique. 
ELMADINE ,  ou  ELMEDINE.  Ville  du  Royaume  de 
Maroc  en  Afrique.  Elmadum.  Elle  eft  dans  la  Pro- 
vince d'Afcora  ,  ou  d'Efcure,  dont  elle  eft  la  capita- 
le, &  fur  les  confins  de  celle  de  Ducala.  Matv. 
Marmol  la  décrit, L.  III.c.70.  &d'Ablancourt  l'ap- 
pelle Almédïne.  L'article  Arabe  fe  prononce  aloweL 
Médine  fignifie  Ville,  Cité,  en  Arabe  \  ainfi  ELmc- 
dine  eft  la  même  chofe  que  la  Ville ,  la  Cité.  Elmc- 
dine  eft  fort  ancienne.  Voyc\yizx\x\o\  cité,  &  Delà 
Croix,  Relation d' Ajrique. 
ELMAN  ALEK.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Nom  de 
dignité  dans  le  Royaume  de  Perfe.  L'Elman  Alek 
eft  le  fécond  Sadre  du  Royaume  j  c'eft-à-dire  ,  le 
fécond  Pontife  ,  ou  le  Coadjuteur  du  Sadre  Calfa  , 
qui  eft  le  premier  Pontife.  Secundus  in  impcrïoPcr- 
Jico  Pontifes.  V Elman  Alek ^Çdiiz  dans  tout  le  Royau- 
me ,  ce  que  le  premier  Pontif^e  fait  dans  la  mailon 
du  Roi  j  &  dans  le  diftrid;  d'Ifpahan.  Il  eft  outre 
cela  AllelTeur  du  Divan  Béqui,  ou  Surintendant  de 
la  Juftice  j  pour  la  lui  taire  rendre  fuivantles  règles 
de  l'Alcoran.  Dans  les  cérémonies ,  il  a  place  au  bas 
du  fofa  à  côté  gauche  du  Roi.  On  ajoute  à  fon  nom, 
celui  de  Sadre  ,  qui  eft  le  nom  commun  des  Ponti- 
fes, &  on  l'appelle  Sadre  Elman  Alek.  f^oye^  San- 
fon,  Etatprefentdu  Royaume  de  Perfe. 
ELME.  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Erafmus.  Saint 
Erafme  eft  appelé  vulgairement  faint  Elme  j  ou 
Sant-Elmo  y  fur-tout  en  Italie  ,  en  Sicile,  en  Efpa- 
gne&  en  Portugal.  C'eft  un  nom  corrompu  de  .S'^j/^r- 
Ermo  ,  ou  Sant-Eramo  ,  par  les  Matelots  de  la  Mé- 
diterranée ,  où  ce  Saint  eft  invoqué  contre  les  tem- 
pêtes &  les  autres  dangers  de  mer.  On  a  même 
communiqué  fon  nom  de  Sant  Elmo  ,  à  quelques 
autres  Bienheureux  ,  dont  on  réclame  aulîl  l'aHîftan- 
ce  pour  la  navigation.  Baillet.  Saint  f/we  eft  le 
troifième  des  quinze  proteâeurs  de  l'Occident  j 
c'eft-à-dire  ,  des  Saints  tutélaires ,  que  l'on  invo- 
quoit  dans  toutes  les  grandes  &  périlleufes  occa- 
fions  :  les  autres  font  faint  Georges,  faint  Blaife  , 
faint Pantaléon, faint  Vital,  faint Chriftophe,  faint 
Denys ,  faint  Cyriaque  ,  faint  Acace,  faint  Eufta- 
che  ,  faint  Gilles  ,  faint  Magne,  fainte  Marguerite, 
fainte  Catherine  ,  fainte  Barbe  ,  tous  noms  fameux 
dans  l'Eglife ,  dont  les  amateurs  de  fables  <!?<  de 
prodiges ,  ont  fouvent  abufé  dans  les  (lècles  du  bas 
âge  ,  pour  donner  cours  à  leurs  fictions.  lo. 

Feu  Saint-Elme  ,  fe  dit  d'une  exhalaifon enflam- 
mée, qui  roule  par  l'air  fur  la  mer.  Se  s'attache  aux 
mâts  Se  aux  antennes  des  vailTeaux  ,  fur-tout  après  la 
tempête.Les  Anciens  l'appeloient  Helena  ;  &:,  quand 
ils  en  appercevoient  deux  à  la  fois ,  il  les  nom- 
moient  Cd'lor  &  Pollux  j  quorum  fimul  aima  nautls 
ftella  rcfulfn ,  Sec.  Voye\  Météores. 
ELMELECH.  Ville  de  la  Tribu  d'Afer.  Elmelech.  San- 
fon  a  cru  qu  Elmelech  _,  dont  parle  Jofué  XIX.  16. 
étoit  l'Helba  du  Liv.  des  Juges  I.  51.  mais  il  fe 
trompe:  Helba  eft  l'Abran  de  Jof.  XIX.  18. 
ELMETLKI.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Nom  de  digni- 
té en  Perfe.  C'eft  le  quatrième  Vifir  des  fix  qui  font 
fubordonncs  à  l'Etmadaulet  ou  premier  Vifir,  Se 
Terne  III. 


ELN     ELO         635 

comme  fes  Subftituts ,  fur-tout  en  ce  qui  concerne 
l'adminiftration  des  finances.  On  l'appelle  Vifir  El- 
mulki  m1  tient  le  regiltre  de  la  Seigneurie  d'Ifpa- 
han. /'o}  e^  Sanfon  j  ttat préfent  du  Royaume  de 
Perfe.  ^ 


ELN. 


ELNBOGEN.  Voye-^  ELLEBOGEN. 

ELNE.  Ville  du  Comté  de  Roullillon.  Bclna.  Elle  eft 
fituée  fur  une  colline,  au  pifd  de  laquelle  coule  la 
rivière  de  Tech  ,  à  une  lieue  de  la  mer  Méditerra- 
née, entre  Perpignan  &  Colioure.  Elne  avoir  un 
Evêque  fuftiagant  de  Narbonne,  qui  fut  transféré  à 
Perpignan  par  le  Pape  Clément  VIII.  l'an  1604. 
Maty  ,  Corn.  Long.  20.  d.  40'.  lat.  42.  d.  50'. 

**  ELO. 

ELOCHER.  v.  a.  Ebranler  une  chofe  qui  tient  par  les 
racines ,  comme  fi  on  la  vouloir  arracher.  Commo- 
vere  j  cmcutere.  Elocher  un  arbre.  Defmarêts  a  fait 
dire  au  Poëte  des  Vifionnaires  ,  en  parlant  d'une 
tempête  ,  Elochera  bientôt  la  machine  du  monde. 
On  diloit  autrefois  lâcher  au  même  fens ,  qui  eft 
demeuré  en  ce  proverbe.  Il  y  a  toujours  quelque 
fer  qui  loche.  Ce  mot  n'eft  guère  en  uflige.  On  ne 
le  trouve  pas  même  dans  les  autres  Didtionnaires. 
Il  vient  de  ex  j  Se  locus  j  comme  qui  diroit  moven 
à  loco. 

tfr  ELOCUTION.  f.  f.  Mot  formé  du  latin  loqui , 
parler.'  Ainfi  élocutïon,  dans  le  langage  commun  ,  fi- 
gnifie le  caraétère  du  difcours ,  la  manière  d'expri- 
mer fes  penfées,  Cet  homme  a  une  belle  éiocution ^ 
il  parle  bien. 

^fT  Mais  ce  terme  fignifie  plus  particulièrement 
cette  partie  de  la  Rhétorique ,  qui  a  pour  objet  le 
choix  Se  l'arrangement  des  mots  ,  la  diétion  Se  le 
ftyle  de  l'Orateur.  Voye^  Diction  &  Style.  £"/0- 
cutio ,  verborum  copia  &  delecius.  L'Orateur  doit 
avoir  grand  foin  de  {'élocution,  du  choix  des  paro- 
les. La  beauté  du  ftyle  vient  de  la  beauté  de  Vélo- 
iution.  Elle  confifte  ^dans  les  figures  du  difcours, 
dans  l'élégance  Se  la  netteté  du  ftyle  j  Se  dans  la  pu- 
reté du  langage.  L'clocution  doit  être  facile  &  na- 
turelle. Cet  Auteur  a  une  élocution  barbare  Se  em- 
brouillée. 

ELODE ,  ou  plutôt  HÉT.oDE.  Fièvre  fudorifique.  Voy. 
Hèlode. 

ÉLOGE,  f.  m.  Laudatio  ,  teftimonium  honorificum  _, 
Sec.  Louange  qu'on  donne  d  quelque  perfonne ,  on 
à  quelque  cliofe ,  en  confidération  de  fon  mérite  j 
de  fes  vertus  ,  de  fon  rang  ,  «Sec.  Voye-^  au  mot 
Louange  _,  en  quoi  diffèrent  ces  deux  termes.  On  lui 
a  donné  tous  les  éloges  qu'il  méritoit.  Corubler 
quelqu'un  à' éloges  j  le  louer  beaucoup  Se  avec 
juftice. 

Avaler  fans  dégoût  le  plus  grojficr  éloge.  Bon. 

Ce  mot  vient  du  Greci^«y''«,  qui ,  entre  autres 
chofes ,  fignifie  ,  difcours  avantageux  ,  louange. 
IJCF  Eloge  ,  fe  dit  auiîi  d'un  difcours  que  l'on  pro- 
nonce à  l'honneur  de  quelque  perfonne  illuftre  ,  tels 
que  les  éloges  qu'on  prononce  dans  les  Académies 
à  l'honneur  des  membres  qu'elles  ont  perdus-  Ces 
éloges  font  oratoires  comme  dans  l'Académie  Fran- 
çoife ,  où  l'on  peint  la  perfonne  &  l'auteur ,  ou  hif- 
toriques ,  comme  dans  les  autres  Académies ,  où 
l'on  détaille  toute  la  vie. d'un  Académicien.  On  le 
dit ,  dans  le  même  fens  ,  de  plufieurs  autres  chofes. 
Eloge  hiftorique  d'une  ville  j  d'une  communauté. 
Sainte  Marthe  a  fait  les  éloges  des  hommes  illuf- 
tres  de  fon  temps,  un  abrégé  de  leur  vie.  Les  Orai- 
fons  funèbres  ne  font  que  les  éloges  des  illuftres  dé- 
funts. Quelques  Auteurs  onv  frit  aulli  des  éloges 
de  plufieurs  chofes  mauvaifes  :  comme  Ifocrate  a 
fait  ïéloge  de  Bufiris  ;  Cardan',  de  Néron  ,  &:  delà 
goutte  ;  Synéfins ,  de  la  pauvreté  ;  Favorin  ,  de  la 

^  Lin 


^3  4  EX  O 

laideur ,  &  de  la  fièvre  quarte  ;  Erafnie  ,  de  la  fo- 
lie j  Lucien  ,  de  la  goinfrerie  ;  Heinfius  j  de  l'âne , 
&  (le  la  vermine  ^  PalTerac  ,  de  l'aveuglement ,  & 
Ju  rien. 

§Cr  Les  Latins  donnoient  ,au  motelogium  ,  une 
fynification  beaucoup   plus  étendue  ,    ÔC  fouvent 
bien  différente  de  celle  que  nous  y  avons  attachée  : 
ce  mot  fignifie  quelquefois  caufe  jmotit  d'un  ar- 
rêt j  chef  d'acculation  ,   mention  injurieufe.  C'eft 
ainfi  que  ,  dans  le  droit  écrit ,  la  raifon  que  le  père 
apporte  dans  fonteltament  pour  exhéréder  fon  hls, 
eil  appelée  elogium.  Si  un  tils  fait  dans  fon  Tefta- 
ment  un  éloge  infamant  Se  injurieux  de  fon  père  , 
pour  l'exhéréder ,  le  Teftament  eft  nul  &c  invali- 
de. C.B.  ,  . 
ÉLOGISTE.  f.  m.  Elogiorum  Jcriptor  ,  qui  écrit ,  qui 
compote  des  éloges.    Pomey.  On  trouve  ,  dans  la 
Bibliothèque   des    Bibliothèques    faire  par   le  P. 
Labbe  ,  un  Catalogue  des  tlogiftcs  des  hommes 
illuftres. 
ÉLOL  f  m.  Nom  propre  d'homme.  Eligius.  S.   Eloi 
est  le  patron  des  Académistes  ,  des  Serruriers  &des 
Maréchaux.  Foye^  Eloy. 
ÉLOIGNEMENt.  f  m.  Adion  par  laquelle  on  éloi- 
gne j  ou  l'on  s'éloigne  foi-même,  on  fait  difparoî-j 
tre  de  fa  vue  j  ou  l'on  difparoît  de  la  vue  des  autres  :  ! 
Amotio  J  remotiu.  Le  Prince  a  rétabli  fes  affaires  par  j 
X élûigncment  de  ce  Miniftre.  Ce  Miniftre ,  depuis 
fon  eloignement,   eft  inconfolable.  Ce  mot  fignirie 
aufli  l'effet  qui  réfulte  de  cette  action  ,  qui  eft  la 
diftancequi  fe  trouve  entre  deux  chofes,  ou  d'un 
lieu  à  un  autre.  Dijlantia  .,  fpatium  interjecîum.  L'a- 
pogée d'une  planète  eft  fon  plus  grand  eloignement 
de  la  terre.  L'éloignement  augmente  la  vénération 
qu'on  a  pour  les  Princes  ;  &  on  les  eftime  moins 
quand  on  les  voit  de  trop  près.  Bouh. 

(fS"  Dans  ce  fens  ,  eloignement  eft  quelquefois 
fynonyme  à  retraite ,  adion  par  laquelle  on  quitte 
un  lieu  pour  aller  dans  un  autre.  Secejfus  ^  recelas. 
Didon  fut  au  défefpoir  de   voir  l'éloignement  des 
vaiffeaux  d'Enée.  Les  perfonnes  qui  vivent  dans  la 
folitude ,  &  dans  {'eloignement  du  monde ,  ne  laif- 
fent  pas  de  trouver  de  grandes  difficultés  dans  la 
vie  Chrétienne.  Par  la  mêm^raifon  il  fignifie  quel- 
quefois la  même  chofe  qu'abfence.  Rien  ne  peut  me 
cqnfoler  de  votre  eloignement. 
fer  Eloignement  fe  dit  auflî  de  l'intervalle  du  temps. 
Tcmporis  interv alluni.   \1  eloignement  des  temps  eft 
caufe  de  l'obfcurité  qui   fe  trouve  dans  certaines 
hiftoires. 
Eloignement,  en  termes  de  Peinture ,  eft  la  partie 
du  tableau  qui  fe  trouve  en  lointain  ,  qui  paroît  la 
plus  éloignée  à  la  vue.  Longinquus  recejjus  ,  tjhuU 
pars  fugiens.  On  voit  dans  ïéloignement  une  ville  , 
une  bataille  j  un  camp  j  une  ruine. 
EloignemenTj  fe  dit  aulfi  des  objets  qui  terminent  la 
vue  dans  une  diftance  forr  éloignée.  Profpeclus.  La 
vue  eft  admirable  dans  ce  lieu-là.  On  y  yoit  des  co- 
teaux, des  prairies,  la  rivière  qui  ferpente  ,  &  Paris 
en  eloignement.  L'Acad. 

On  dit,  d'un  homme  qui  n'eft  pas  riche ,  mais  qui 
a  une  grande  fucceffion  à  efpérer  j  qu'il  voit  de 
grands  biens  en  eloignement. 
Eloignement  ,  eft  auffi  un  terme  d'Aftronomie.  On 
l'emploie  fur-tout  pour  marquer  la  diftance  de  Vé- 
nus au  Soleil.  Dans  la  Connoijjance  des  temps  pour 
l'année  lyoz  ,  on  a  marqué  à  tous  les  premiers 
jours  des  mois  &c  à  quelques  autres  jours  Yéloigne- 
ment  de  Vénus  au  Soleil.  La  plus  grande  digreHîon 
ou  eloignement  de  Vénus  eft  de  47  degrés  ou  envi- 
ron j  c'eft- à-dire  ,  qu'elle  ne  s'écarte  jamais  davan- 
tage du  Soleil. 

§3°  On  voit  affez  que  dans  ces  différentes  accep- 
tions le  mot  eloignement  conieive  fon  idée  principale. 
fer  Eloignement  ,  fe  dit  auffi ,  dans  le  fens  méta- 
phorique ,  en  comparant  l'effet  des  moyens  mo- 
raux à  l'effet  des  moyens  phydques.  Alors  il  figni- 
fie la  même  chofe  que  dégoût  ,  averfion.  La  con- 
currence de  la  faveur  &  de  la  beauté  leur  donna 


E  L  O 

de  l'éloignement  l'un  pour  l'autre.  Scud.  Vous  vous 
figurez   que  pour  être  homme  de   bien  j  il  fuffic 
d'avoir  de  X eloignement  pour  les  vices  grofliers.  Cl.     . 
L'homme  a  un  eloignement  naturel  pour  la  connoif- 
fance  de  foi-même  ,  qu'il  ne  peut  lurmonter.  Nie. 
§CJ"  ELOIGNER,  v.  a.  Dans  fa  lignification  générale, 
c'eft  faire  difparoître  une  chofe  ou  une  perfonne  de 
la  vue ,  mettre  une  grande  diftance  entre  deux  cho- 
ies, envoyer    loin  de  foi.   Hemovere ,   amandare  y 
ablegare.  Il  faut  éloigner  ce  jeune  homme  des  mau- 
vaifes  compagnies  qu'il  fréquente.  Le  Roi  a  éloigné 
de  la  Cour ,  d'.auprès  de  lui  ce  Miniftre  dont  il  étoic 
mécontent.  Eloigner  quelqu'un,  de  fes  parens,  de  fes 
amis  ,  de  fa  patrie. 
§CF Eloigner,  dit  plus  a^ écarter ^  &c  marque  une 
diftance  plus  conlidérable.  Un  Prince  éloigne  de  foi 
les  traîtres,  il  erarre  les  flatteurs. 

|C?  On  dit ,  dans  le  même  fens  j  s'éloigner,  re- 
cedere  j  ahfcedere  ,  difcedere.  Cette  flotte  va  s'éloi- 
gner du  port  :  elle  va  dans  les  terres  éloignées  faire 
un  voyage  de  long  cours.  Il  cherche  une  maifon  de 
campagne  ;  mais  il  ne  veut  pas  s'éloignerde  la  ville. 
Il  a  appris  qu'il  y  avoit  un  décret  contre  lui  j  on  lui 
a.  conleûlé  de  s'éloigner. 

On  dit ,  en  termes  de  Peinture  j  qu'une  figure 
s'éloigne  bien  du  tableau  3  pour  dire  ,  qu'elle  paroîc 
bien  éloignée. 

On  ttouve ,  dans  quelques  Auteurs ,  éloigner  dans 
ce  fens  ,  &  employé  atlivement.  Le  Soleil  éloigne 
fa  barrière.  Malh.  pour  dire  j  quitte  j  abandonne. 
Le  Roi  ne  peut  éloigner  fa  douce  amie.  Baïf  ,  pour 
dire  j  s'en  féparer  ,  s'abfenter  d'elle.  Bertaud  a  die 
de  même , 

Je  n'ai  vu  qu'à  regret  la  clarté  du  Soleil , 
Depuis  qu  en Jbupirant  j'éloignai  ce  bel  œil. 

Cette  façon  de  parler  eft  ancienne ,  elle  a  vielllî. 
Ce  mot  vient  du  Latin   elonginarc,  Mén.  ou  de 
elongare. 
Éloigner  j  fe  dit  à  l'égard  «lu  temps,  auffi-bien  que 
du  lieu  ,  &  fignifie ,  Retarder ,  différer,  ProtraherCy 
diffcrre.  Le  mauvais  temps  a  e'/oi^/zc  ,  a  retardé  la 
moiffon ,  les  vendanges.  La  mort  de  mon  Rappor- 
teur a  bien  éloigné  le  jugement   de  mon   procès. 
Toutes  ces  difficultés  ont  éloigné  la  paix. 
fer  Éloigner  j  fe  dit ,  dans  un  ferts  figuré  ,  pour  fi- 
gnifier ,  Aliéner  les  efprits  ,  faire  naître  des   fenti- 
mens  d'averfion.  Il  n'y  a  rien  qui  éloigne  plus  les 
cœurs  ,  les    efprits  ,  que  les  mépris ,  les  mauvais 
traitemens.  La  piété  nous  éloigne  des  plaifirs  des 
fens.  Nie. 
fy  Éloigner  j  en  parlant  de  l'efprit ,  (e  dit  auffi  des 
chofes  dont  on  écarte  l'idée  ,  dont  on  détourne  l'at- 
tention. Il  faut  éloigner  de  votre  efprit  toutes  les 
penfées  chagrinantes.  Il  faut  éloigner  de  nous  tout 
ce  qui  peut  être  une  occafion  de  péché, 
fer  s'Eloigner  de  fon  devoir  j  du  refpecl  qu'on  doit 
à  quelqu'un,  c'eft  y  manquer.  Il  ne  faut  jamais  s'/- 
loigner  du  refpeét  qu'on  doit  à  fes  fupérieurs,  ni  de 
fon  devoir. 

fer  On  dit  qu'une  perfonne  ne  s'éloigne  pas  d'un» 
chofe  ,  pour  dire  qu'elle  ne  témoigne  point  de  ré- 
pugnance pour  cette  chofe ,  ou  même  qu'elle  y  a 
quelque  difpofition.  Il  ne  paroît  pas  qu'il  s'éloigne 
fort  de  la  propohrion  qu'on  lui  fait. 
Eloigné,  ée.  adj.  On  dit,  proverbialement,  des  Juges 
de  Province  j  qu'ils  font  éloignés  du  Soleil ,  c'eft-à- 
dire  j  loin  de  la  Cour  &  des  Parlemens,  qui  peu- 
vent avoir  connoiffance  de  leurs  malverfations ,  ôC 
les  punir. 

feF  On  dit  que  deux  perfonnes  font  bien  éloi- 
gnées de  compte  ,  pour  dire  ,  qu'il  s'en  faut  bien 
qu'elles  s'accordent  eufemble ,  que  leurs  calculs  ne 
s'accordent  pas^  qu'un  homme  eft  éloigné  de  fon 
compte  ,  pour  dire  qu'il  fe  trompe. 

On  appelle ,  en  rennes  didadiques  .,  Caufes  éloi- 
gnées ,  les  caufes  qui  ne  font  pas  immédiates.  Foye^ 
Cause. 


E  L  O' 

Tous  ces  mots  vlenneni:  du  Latin  elorigare  ,  com- 
me on  l'a  tiéja  dit. 
ÉLOiSE.  f.  h  Vieux  mot  qui  fignifie,  écUlr.  On  s'en 
lertencoieen  quelques  Piovinces.  Montagne  l'a  em- 
ployé dans  cette  piitafe  ,  Notre  vie   n'ell  qu'une 
elûije  dans  le  coûts  d'une  nuit  ccernelle. 
ELON.  Nom  de  lieu  dans  l'hcnture.  Elon.  En  Jof. 
XIX.  3  5.  Il  y  a  un  Heu  nommé  iiiori  qui  eltaux  con- 
fins de  la  Tribu  de  Neplicali.  Le  5^  L.  des  Rois  en 
parle  aulîi  IV.  9.  tUon  eit  encori;  une  ville  delà  Tri- 
bu de  Dan  ,  Jof.  XIX.  45. 
ÉLONGATION.  f.  i.  Terme  d'Aftronomie.  Elonga- 
tio  j  diJceU'iis.  La  ditFérence  qui  li;  rencontre  entre 
le  mouvement  de  la  plus  vite  de  deux  planètes ,  &c 
le  mouvement  de  la  plus  tardive  ,  s'appelle  clonga- 
tiori ,  onjuppcration.  Le  mouvement  le  plus  prompt 
de  la  Lune  à  l'égard  du  Soleil  j  s'appelle  ciongauon 
de  la  Lune  au  Soleil.  On  du  élong.iuon  diurne,  f/o/z- 
gatiûii  horaire  de  la  Lune  au  Soleil. 
Élongatiom  ,  fe  dit  encore  en  termes  d'Aftronomie, 
deladiftance  ou  différence  qu'il  y  a  entre  le   lieu 
vrai  du  foleilj  &  le  lieu  géométrique  d'une  planè- 
te j  c'elt  à-dire  ,  le  lieu  du  ciel  où  un  œil  placé  au 
centre  du  foleil  rapporteroit  ou  verrou  la  planète 
qu'il  regarderoit  j  oc  cette  diftance  s'appelle  l'angle 
^élow^atlon  :  on   la  nomme  aulli  angle  à  la  terre  , 
anaultis  ad  terrain  j  parce  que  c'eft  l  angle  que  for- 
ment deux  lignes  tirées  l'une  du  centre  du  foleil  au 
centre  de  la  terre  ,  &  l'autre  du  centre  de  la  planète 
au  même  centre  de  la  terre  où  fe  forme  cet  angle. 
La  plus  glande  clongation  dune  planète  au  foleil 
n'arrive  pas  toujours  lorfquou  apperçoit  la  planète 
dans  la  tangente  ,  tirée  de  la  terre  à  iow  orbite.  Inft. 
,  AJlr.p.  1^9. 

ÉLONGER.  V.  a.  en  termes  de  Marine  ,  fignifie  ,  Se 
mettre  à  côté  de  quelque  choie  de  long  en  long. 
E/o/iger  un  vailleau  ennemi  qui  veut  éviter  lé  com- 
bat. On  le  dit  aulîi  d'une  efcadre  entière.  Dans  les 
évolutions  navales ,  une  efcadre  %,'éionge  fur  la  co- 
lonne ,  fur  la  ligne  qui  lui  ell  marquée.  Une  ef 
cadre  fe  pofe   au  milieu  des  deux  autres  ,  &  les 


(->)$ 


es 


élonae. 

o 


ELOPri.  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Eliphïus.  S. 
Eloph  ,  que  l'on  nomme  en  quelques  endroits 
Aloph  ,  fut  martynfé  en  563.  dans  les  Gaules  fous 
Julien  l'Apoftat.  Foyei  Aloph. 

ÉLOQUEMMENT.  adv.  Avec  éloquence.  EIo.]uen- 
ter.  Ectire  j  pnrlef  ,  prêcher  élaquemmcnt. 

IP"  ELOQUENCE,  i.  f.  L'art ,  le  talent  de  bien  dire, 
de  toucher, d'émouvoir  &  de  perfuader.  Eljquencia. 
Ce  qui  fait  {éloquence  eft  un  tour  vif  &  perluallf  , 
rendu  par  des  exprelfions  hardies  ,  brillantes  &  fi- 
gurées,  fans  celf^r  d'être  juftes  &  naairclL-s.  Com- 
me elle  veut  perfuader ,  elle  met  du  véhément  & 
du  fublime  dans  le  difcours  j  elle  s'attache  plus  à 
l'ordre  des  idées  &  à  la  force  des  termes  qu'à  l'ar- 
rangement de  la  phrafe.  Syn.  Fr.  Mais  elle  elt  fou- 
tenue  par  la  grandeur  des  chofes ,  bienplus  que  par 
la  pompe  des  mots.  Le  Ch.  de  M.  La  fage  ,  &  ,  (i 
j'ofe  le  dire  ,  la  i:\\Oi^i  éloquence  ,  ne  met  point  de 
fiird  &  de  mouches  fur  fon  vifage  j,  pour  paroître 
agréable  ,  c'eft  par  les  traits  de  fa  beauté  naturelle 
qu'elle  charme  ^'  qu'elle  petfuade.  S.  Evr,  Elle  ne 
donne  pas  de  la  grâce  &  de  la  beauté  au  difcours  ; 
mais  de  la  vie  &:  du  mouvement.  Sa  vie  eft  d'une 
Amazone,  &  non  pas  d'une  coquette.  Bal.  Les  dé- 
clamateursont  corrompu  &  avili  cet  art  admirable. 
Les  pédans  ne  diftinguent  pas  Xélonuence  de  l'entaf- 
fement  des  figures, de  l'ufage  des  grands  mots ,  &  de 
la  rondeur  des  périodes.  Le  peuple  appelle  éloquen- 
ce,  la  facilité  de  parler  long-temps ,  jointe  à  l'éclat 
de  la  voix  &  à  la  force  des  poumons-  La  Br. 

^fT  L'éloquence  de  la  chaire  eft  plus  diftîcile  à 
acquérir  que  celle  du  barreau.  L'e/o^yz/e/zce  Chrétien- 
ne eft  mâle  ,  t's:  ne  fe  pare  point  des  beautés  profa- 
nes. Ab.  du  Jarry.  Un  Prédicateur  Chrétien  ne 
doit  point  afîeder  ces  manières  brillantes  &  ingé- 
rieufes  ,  qui  relfenrent  ['éloquence  mondaine.  Cl. 
La  véf  itable  éloquence  ne  règne  que  chez  un  peuple 


ELO 

libre.  Le  P.  Rap.  Cicéron  ,  après  en  avoir  donne  ... 
exemples  dans  fes  Harangues,  donna  les  préceptes 
dans  ion  Livre  de  l'Orateur ,  avec  le  ftyle  de  Platon^ 
qui  ne  s'eft  jamais  montré  plus  éloquent  que  quand 
h  a  parle  contre  ïeloqua.c:.  Le  Cii.  de  M.  On  lepro- 
chou   pourtant  à  Cicéron  que  fon  éloquence  étoit 
Afiatique  ;  c'eft-à-dire,  chatgée  de  paroles  &  de 
penlces  luperllues.Nic.  Les  larmes  font  Yéloquencc 
des  femmes. M.  Esp.  Ce  mot  eft  pris  ici  dans  un  fens 
figuré,  royeiim  I'Eloquencë  les  Réflexions  par  le 
P.  Rapin  ,  les  Dialogues  de  M.  de  Fénélon  ,  les 
Difcours  de  M.  l'Abbé  d'Olivet ,  M.  Rolhn  ,  &:c. 
ELOQUENT,  ente.  adj.   Qui  pollède  l'art  de  bien 
dire  &  de  perfuader.  Eioquens.  Eloquent  fe  dit  auiîi 
du  gefte  &  du  difcours.  Un  'difcours  cloquent ,  un 
gefte  éloquent.  On  a  v  u  beaucoup  de  gens  dilerts,  mais 
peu  à'eloquens.  On  remarque  tjue  les  régies  de  l'élo- 
quence font  obfervées  dans  les  difcours  des  perfon  , 
nés  naturellement  éloquentes ,  quoiqu'elles  n'y  peij» 
fent  pas  en  les  faifant.  Ils  pratiquent  ces  règles , 
parce  qu'ils  font  éloqucns  \  mais  ils  ne  s'en  fervenc 
pas  pour  ctte  eioquens.  Log.  La  paiîion  ieiile  donne 
cle  l'eipiit ,  &  rend  éloquentes  les  perlonneS  les  plus 
limples.  Ch.  de  M.  Car  un  difcours  n'a  de  vrais  or- 
nemens  que  ceux  qu'il  tire  de  la  jultelF;  des  penfées 
qui  le  compofent ,  de  la  foliditc  des  raifons  qui  le 
foutiennent,  î<>:  de  la  manière  naturelle  dont  on  les 
tourne.  De  Call.  Un  Pilote  qui  crie  ,  tout  eft  per- 
du ,  fauve  qui  peut ,  eft  le  plus  t'7oç/a^ffrperfonna- 
ge  qui  fut  jamais.  Cartaud. 

^fs"  Il  paroit  que  par  le  mot  dlfcrtus  les  Latins en- 
tendoienr  celui  qui  a  le  talent  de  la  parole  ,  qui  fait 
toucher  &  perfuader  ,  qui  a  ce  qu'ils  appeloienc 
Eioquentui. D'ifcrtus  cfl ^ut oratione perfuadue pojjit, 
dit  Cicéron  j  &  ,  parle  mot  eioquens  ,  ils  enten- 
doitnt  celui  qui  étoit  non-fealemenr  difertus  ,  mais 
qui  iavoit  encore  la  philofophie  ,  les  lois  &  toutes 
les  chofes  qu'il  fiiut  polFéder  ,  pour  être  parfaite- 
ment éloquent ,  où  plutôt  parfait  Orateur.  Il  fauc 
pollcder  toutes  les  Iciences  pour  être  véritablement 
cloquent.  Le  P.  Rap. 

ffÎTCette  épithète  s'applique  aux  ouvrages  d'efprir. 
Pièce ,  harangue  éloquente  j  &:  même  aux  termes 
donc  on  fe  lert  pouî"  s'exprimer.  S'exprimer  en  ter- 
mes eioquens. 
Eloquent,  fe  dit  aulîî,figurément,  en  chofes  morales, 
&  des  paillons.  Lamour  propre  eft  fort  cloquent  à 
nous  perfuader  ce  que  nous  fouhaiioiis.  hes  paf- 
iions  font  naturellement  élogu^Êks  :  on  fau  par- 
tout des  peintures  éloqu::ntes  de^'amitié.  Le  lan- 
gage du  cœur  eft  le  plus  éloquent.  S.  EvR.  La  vé- 
rité, quand  elle  parle,  eft  toujours  éolquehte  ;  mais 
ce  qu'on  feint  ne  fe  perluade  pas  aifémcnr.  Ch.  de 
M.  Si  je  fouhaitois  d'être  cloquent  ,  ce  feroit'  du 
cœur  &  de  l'elprit.  On  parle  toujours  bien  ,  quand 
on  a  quelque  chofe  à  dire.  Ch.  de  M. 

fjCrOn  dit  auftij  rîgurémenr,  que  les  larmes  font 
éloquentes  ,  pour  dire  qu'elles  perliiadent  mieux 
c]iie  tout  ce  qu'on  pourroit  ^|^.  Silence  cloquent. 

On  dit,  proverbialement,  qu'il  n'y  a  rien  de  plus 
éloquent  que  l'argent  comptant. 
ELOR  A.  Lieu  fameux  par  les  Pagodes ,  où  les  Indiens 
de  la  Provmce  de  Bai.igare  vont  faire   leurs  dévo- 
tions fuperltiiieufes.  f-oje^  le   Dictionnaire  de  la 
M.  r:!/ù}re. 
ELORINE.  Petite  ville  de  Macédoine  ,  appelée  autre- 
ment Dianore.  Alorus.  Elle  eft  fur  la  rivière  de  Var- 
dari ,  à  dix  lieues  au-delFus  de  Sturachi ,  vers  les 
confins  de  l'Albanie. 
ELOXOCHITL.  f.  m.  Nom  d'un  atbre  Indien  ,  dont 

Ray  fait  mention  à  l'article  Banana. 
ELO'V'.  f.  m.  Nom  d'homme.  f//ifi«.r.  S.Eloy,  fils 
(i  Encher^i  de  Térige  ,  na]uit  vers  l'nn  58^.  dans 
le  village  de  Cadaillac  en  Limoufin  ,  à  deux  lieires 
de  Limoges  vers  le  Septentrion.  On  liii  fit  porter  le 
nom  à'ELg'ms  ,  pour  marquer  qu'on  le  tenoit  choifi 
de  Dieu  ,  &  qu'on  le  crovoit  appelé  à  une  grande 
fiinteté.  Baille tj  au  premier  de  Décembre.  Lloy 
vint  à  Paris  en  iîio.  &fuc  conûlété  à  la  Coût  de 

Llllij 


^3^  E  L  O     ELR 

Clotaire  II.  &  de  fon  fils  Dagoberc.  En  C^ç).  il  fut 
choifi  pourêcre  Evcqiiede  iNoyon  (iL'  de  Toutnay  , 
à  Ici  place  de  b.  Achaiie.  h>.  hio}  moiuut  le  premier 
Dimanche  de  Décembre  de  l'an  65^.  après  7oannces 
ik  quelques  mois  de  vie. 

Ce  nom  elt  formé  du  Latin  eligius ,  qui  eft;  dérivé 
du  verbe  etigo ,  je  clioilis. 
S.  ELOY-FoNTAiNh.  Abbaye  de   Picardie  en  France. 
AbbatlaSancu  tlig'njoncis.  Elle  ell  de  l'Ordre  de 
S.  Auguftin,  &■  fuc   autrefois  de  la   Congrégation 
d'Aronaife.EUeell  du  Diocèlede  Noyon.  Elle  fut 
d'abord  établie  dans  l'Eghle  de  Notre-Dame  de 
Chauny  :  aujourd'hui  elle  elt  hors  de  la  ville  du  cô- 
té de  Ham  ,  au  lieu  d'où  elle  a  pris  ion  nom  ,   &. 
où  elle  fut  transférée  l'an  i  liiS.  On  ne  marque  pas 
le  temps  précis  de  fi  fondation  de  cette  Abbaye  jmais 
lien  eil  parlé  dès  l'an  1130.  Sainte-Marthe. 
S.  Éloy   de  Noyon.  Autre  Abbaye  de  Picardie  en 
France.  Elle  ell  de  l'Ordre  de  S.  Benoît  dans  un 
vieux  Monaftère  de  Noyon,  appelé  d'abord  S.  Loup, 
&  enfuite  S.  Eloy.  Le  premier  Abbé  ell  de  l'an 
103(5;  mais  les  Sainte  Marthe   avernllent  que  les 
noms  des  Abbés  de  S.  hioy  de  Noyon  font  dou- 
teux. 
ÊLOY.  Le  mont  S.  Eloy  ,  monsfancii  Eligii  ,    village 
avec  Abbaye  ,  dans  l'Artois ,  à  deux  lieues  au  cou- 
chant d'Arras.  L'Abbaye  du  mont  S.  Eloy  ,  Cha- 
noines Réguliers  du  mont  S.   Eloy.   Quelques-uns 
difent  que  S.  Eloy  ht  bâtir  là  une  Chapelle  ,  &c  qu'il 
s'y  retiroit  de  temps  en  temps,  pour  vaquer  plus 
librement  à  l'Oraifon.  D'autres  croient  que  ce  fut 
S.  Vindicien  ,    Evcque  de  Cambrai ,  qui  fit  bâtir 
cette  Chapelle  ,  par  la  dévotion  qu'il  a.woità.S.Elûy. 
Gazer ,  dans  fon  Hiftoire  Eccleliallique  des  Pays- 
Bas,  ditque^'.  Eloy.  y  fit  drelfer  un  Oratoire:  qu'il 
y  alfembla  dix  ou  douze  perionnes  ,   qui  y  vivoient 
en  Ermites  ;  que  S.   Vindicien  fe  retiroit  fouvent 
parmi  eux.  Cette  Eglife  ayant  été  ravagée  &  brûlée 
parles  Normands  environ  l'an  îsb'o,  elle  fut  rét.i- 


E  L  S       ELT 

rk  Porcher  des  Religieafes  de  Prémontré  à  FulTe- 
nich.  Il  elt  aux  Litanies  de  Cologne  j  écrites  en  ca- 
ractères très-anciens   dans  le  livre  qu  on  nomme  à 
Cologne  le  Cantuel  j  &  au  Calendrier  du  Commen- 
dationel  de  la  même  Eglif'e  ,   &  dans  le  Calendrier 
du   plus  ancien   MiUci  de  FulTenich.  La  tradition 
conltante  dcsReligieufes  de  Fulfenich  eft  qu'il  étoit 
Porcher  de  leur  Monaltère  ;  qu'il  y  mourut  à  vingc 
ans  ,  &i  qu'il  fut  inhumé  au  cimetière.  Un  Obler- 
vantin  ,  Contelfeurdes  Religieules  des  Dix  Vertus 
de  la  ville  de  Duren  ,  a  écrit  la  vie ,  fur  ce  qu'il 
avoir  appris  que  les  plus  anciens  en  racontoient,  &: 
réfute  ce  que  quelques-uns  lui  dirent  que  la  Tradi- 
rion  voulou  qu'il  eût  avoué  à  la  mort  j  qu'il   étoic 
fils  d'un  Roi  de  France.  Cette  erreur  venoit  de  foH 
nom  mal  lu  ,   dont  on  a  fait  Dauphin  ,  comme  le 
raconta  un  jour  un  homme  d'érudition  à  l'Obfer- 
vantinde  Duren  j  &  voici  comment.  Un  Auteurqui 
encendoit  prononcer  Saint  Elric ,  qui  fe  prononce 
comme  li  fon  écuMon S ain-Tclrk,  mit  en  Latin  Tel- 
richus  \  un  autre,  qui  trouva  ce  manufcrit  où  ce  mot 
étoit  mal  formé ,  crut  y  lire  Telvkiius ^^  pour  adoucir, 
mit  Telvi'ius  ;  un  troilième  prit  ce  mot  pour  celui 
àtOtlfinus  nus  à  rAllemandej<5>:  de  là  véritablement 
en  ht  un  Dauphin  de  France  :  ce  que  les  Modernes 
ont  eu  honte  de  mettre  j  fâchant  bien  que  la  dona- 
tion du  Dauphiné  de  Viennois  n'avoit  été  faite  qu« 
plus  d'un  hècle  après  la  mort  de  S.  Elric  ;  mais  ils 
n'ont  pas  lailfé  d'en  prendre    occahon  de  le  faire 
Prince  du  Sang  de  France.  Chas  t.  au  6,  Eevrier. 

E  L  S. 


par 

blie  par  Fulbert  Evêque  de  Cambray  ,  &  par  les  li- 
béralités de  l'Empereur  Othon ,  &c  confacrée  fous 
le  nom  de  S.  Pierre  &  de  S  Paul;  il  y  mit  aulicu 
d'Ermites,  des  Chanoines  Réguliers  1  an  1066  ou 
environ.  S.  Lietbert  les  changea  ,  &  y  mit  des  Cha- 
noines qui  vivoient  en  commun.  Les  Chanoines 
Réguliers  du  mont5.£/(3y  ont  des  conllitutions  par- 
ticulières.Ils  font  habillés  de  violer,  &:  ont  un  rochet 
pardelTus  la  foutanne  y  au  chœur  une  aiimulle  noire 
îiir  le  bras ,  Se  la  chappe  noire  pendant  l'hiver  avec 
lin  grand  camail.  Les  Novices  portent  encore  la  robe 
de  peaux  ,  qui  étoit  commune  à  tous  les  Chanoi- 
nes. P.  Hélyot ,  Ilifi.  des  Ordres  Religieux  T.  II. 
p.  76. 

E  LP. 

ELPHEN,  ou  ELPHIN.  Petite  ville  de  la  ConnacJe  , 
en  Irlande.  Eljen  dai^Cambden  ,  Elphinum,  dans 
Hoffman  ,  Elphinia  Jmlfma  dans  Maty.  Elle  eft  dans 
le  Comté  de  Rofcomon  , entre  Rofcomon  &  Letrim. 
Elphen  a  un  Evêque  fuftragant  de  Tuam.  Maty. 
Camhdcn  ^  Ibernia  ,  /7.760.  Long.  1$  à.  10' ,  lat. 
5  5  4-5(5'. 

ELPHENOR.  f.  m.  Fils  de  Chalcodon,  de  la  race  de 
Mars ,  QIC  Homère  ,  commandoit  les  belliqueux 
Abantes  d'Eubée,  qu'il  avoir  amenés  fur  cjuarante 
vailîcaux  ;  les  fils  de  Théfée  l'y  accompagnèrent 
comme  de  l'mples  particuliers. 

ELPIDE.  f.  f.  Nom  féminin  tiré  du  Grec  ÊATj-lfjqui 
lignifie  ,  efpérance  ,  &  qui  ne  fedit  que  dans  cette 
phrafe  proverbiale  &  populaire,  un  Abbé  de  Sainte 
£^ic/e:c'eft  ainfi  qu'on  appelle  ces  gens  qui  fe  font 
appeler,ou  qui  fe  lailfent  appelet  Abbés ,  fans  avoir 
Abbaye,  n,i  bénéfice,  ou  qui  fe  font  tonfurer  dans 
l'efpérance  d'en  avoir. 

ELR. 

ELRIC.  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Aldericus.  S,  El-, 


ELSÈE.  f.  f.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  de  Tulipe. 
Elle  a  du  pourpre  violet  &  blanc  dès  fon  entrée. 
MoRin. 

ELSENEUR  ,  ou  ELSÉNOR.  Ville  de  Dannemark. 
Elfenora.  On  l'appelle  aulli  Heljingor.  Elfeneur  eft 
fitué  dans  l'Ifie  de  Zélande  ,  fur  ledéttoit  du  Sundj 
près  de  la  forterelfe  de  Cronenbourg  ,  à  fix  lieues 
de  Copenhague  ,  du  côté  du  nord.  Maty. 

ELSIMBOURG  ,  ou  ELSINBOURG.  Vjlle  de  Suéde. 
Eljlngohurgum.  Elle  eft  dans  la  Province  de  Schonen, 
fur  le  Sund  ,  vis-à-vis  d'Elfeneur,  à  fix  lieues  ait 
Nord  deLandskron.Les  Suédois  difent  Helfingborg  j 
mais  nous  adoucilfons  ces  prononciations  en  notre 
langue  j  Helfingoburgurn, 

ELSSE.  Petite  ville  de  Siléfie  qu'on  nomme  auffi  Oljf, 
Oljjha.  Elle  eft  à  quatre  lieues  au  levant  de  Btes- 
law.  ElJJè  ,  ou  OUI  ,  eft  la  Capitale  de  la  Princi- 
pauté dEljf  J  ou  OlJJ  J  qui  eft  à  l'Orient  de  celle  de 
Breflaw. 

ELSTER.  Petite  ville  du  Cercle  de  la  Haute-Saxe  en 
Allemagne.  £'//?en?.  Elle  eft  à  l'embouchure  de  la  ri- 
vière d'^Z/^er  dans  l'Elbe  ,r.entre  Vittemberg  &  Tor- 
gaw.  Long.  3 1  d.  zo' ,  lat.  5 1  d.  28'. 

Elster.  Rivière  d'Allemagne  ,  qui  afafource  dans  le 
Voitland  ,  &  fe  rend  dans  l'Elbe  à  Calb. 

ELT. 

ELTHÉCE ,  ou  ELTHÉCO.  Ville  de  la  Tribu  de 
Dan  ,  Jof  XIX  ,  43  XXI  j  i^.Eàhece.  C'étoit  une 
ville  Lévitique.  Elle  fut  d'abord  donnée  à  la  Tribu 
de  Juda  ,  Jof  XV.  59  j  où  elle  s'appelle  Elthecon  j 
mais  enfuite  elle  fut  prife  avec  d'autres  fur  Juda  j 
pour  être  donnée  à  Dan, 

ELTHOLAD.  Ville  de  la  Terre -Sainte  ,  qui  fut 
d'abord  donnée  à  la  Tribu  de  Juda ,  &.'  qui  en 
fut  démembrée  avec  d'autres  pour  faire  le  par- 
tage de  la  Tribu  de  Siméon  ,  dans  laquelle  elle 
étoit.  Jof  XV,  30  XIX,  4.  Au  i  L.  des  Parali- 
pomenes  IV,  29.  elle  eft  nommée  fimplement  Tho- 

LAD. 

ELTMAN.  Petite  ville  d'Allemagne  dans  l'Evêché  de 
Wirtzbourg  en  Franconie.  Eltmana.  Elle  eft  fur  le 
Mein  ,  à  trois  lieues  plus  bas  que  Bamberg.  Long. 
28  d.  21'.  lar.  49  d.  58. 

ELTOR  ,  ou  TOR.  Ville  de  Turquie  en  Afie.  Eha- 


ELT     ELU 

;j  ,  anciennemenc  Elana  j  A^'ana,  f^ojejEtAVA. 
Le  Golplie  à'hicor  ,  Eian'ukus  Sinus ^  c'ell  la  par- 
tie fepteiunonale  de  la  mer  ronge  ,  qui  prend  ion 
nom  de  la  ville  d'iiVwr.  Ceft  le  Golte  à'L-Uor  que 
les  Ifratlites  passèrent  a  kc  fous  la  conduite  de 
Moylej  la  mer  sécant  ouverte  au  lignai  qu'il  lui 
en  donna  en  la  frappant  de  fa  verge  ,  &  étant  de-  j 
meurée  fufpendue  à  droite  &  à  gauche  juiqu'à  ce  | 
que  tout  le  peuple  eût  palfé.  j 

ELTZE.  Bourg  de  la  Baife-Saxe  en  Allemagne.  Eltia  , 
anciennement  Aulica.  lleftau  conHuent  de  la  l.eyne  j 
dans  î'Evcché  d'Hildesheim  ,  entre  la  ville  de  ce 
nom  &  celle  d'Hamelen.  Dans  les  guerres  que  Char-  | 
lemagne  eut  avec  les  Saxons  il  faiioit  fa  rcddence  à  ) 
Eltie  ,  il  5  fonda  une  Evêché  qui  depuis  a  étécrans^ 
féré  à  Hildesheim. 

ELU. 

ÉLU  ,  UE.  adj.  CholCi.  Ekclus.  Empereur  e/u.  Tuteur 
élu.  Evêque  é^u. 

§Cr  Elu  ,  UE.  f.  m.  &  f.  En  matière  de  Religion  & 
de  Théologie  J  fignifie  prcdelHaé  à  la  vie  éternelle; 
celui  que  Dieu  a  choifi  pour  lui  .accorder  la  gloire 
éternelle,  /"^ojeç  Prédestination.  Dieu  fliit  quel- 
quefois fouffnr  fes  Eius  pour  les  éprouver.  Dieu 
qui  a  prédelliiié  fes  E/us  à  la  gloire  ,  les  a  aulîi  pré- 
dcllinés  à  la  fanclihcation.  Morale  de  P. 

iCT  Dans  une  fignihcation  beaucoup  plus  éten- 
due, les  Apôtres  ont  donné  le  nom  Elus  aux  pre- 
miers Chrétiens.  Dans  ce  fens  Elu  fignifie  celui  qui 
eft  choifi  pour  la  grâce  du  Chriftianifme,  qui  a 
reçu  la  grâce  de  la  vocation  au  Chrillianifme. 

Élu  du  peuple,  hletto  del fcdelijjimo  popolo  j  ell:  une 
très-belle,  &  très-grande  dignité  de  Naples  :  c'eft  à- 
peu-près  comme  le  Lord  Maire  à  Londres ,  uu  le 
Prévôt  des  Marchands  à  Paris. 

|Cr  Elu  ,  ou  Confeiller  d'une  Eleélion  ,  eft  un  des 
Juges  qui  compofent  ces  Tribunaux  ,  qu'on  appelle 
Eledion.  On  donne  quelquefois  le  nom  HÊlus  à 
tous  les  Officiers  de  ces  Tribunaux.  Ils  connoilTent 
en  première  inllancede  l'alliette  des  tailles,  aides  , 
fubtîdes  &  autres  impofitions  ;  des  différends  tjui 
furviennent  en  conféquence,  &  de  ce  qui  concerne 
les  Aides  &  Gabelles.  Leurs  appellations  relTorcif- 
fent  à  la  Cour  des  Aides.  Anciennement  on  appe- 
loit  Llus  ,  ceux  qui  dans  les  Provinces  avoient  la 
direftion  des  Aides ,  ou  deniers  qu'on  levoit  fur  le 
peuple  pour  la  folde  des  gens  de  guerre.  Ils  étoient 
nommés  par  les  Etats  qui  ordonnoient  la  levée  des 
impoluions ,  &  ils  font  aulli  anciens  que  les  Géné- 
raux des  Aides  ,  qui  étoient  commis  à  même  fin  , 
&  qui  en  avoient  la  diredtion  générale  dans  tout  le 
Royaume.  Ils  avoient  foin  d'afleoir  &  de  départir 
les  tailles  ,  pour  dlllàhucr  «S"  égaler  fur  chacun  j  tu  je- 
lon  fis  facultés.  Mais  depuis  que  les  tailles  furent 
mfes  en  ordinaire  j  le  Roi  établit  &  inflitua  en  titre 
d'office  formé  ces  Eleus;  &  demeura  le  nom  t/'Eleu  , 
jacoit  qu'ils  nefuffcntplus  Eleus  &  choifls par  le  peu- 
pie.  C'eft  ainfi  qu'en  parle  Coquille  dans  fon  Hif- 
toire  deNevers.  On  peut  appeler  les  Elus  y  adlecii , 
elecli ,  Sec. 

Elus  du  Confeil.  C'eft  dans  la  Bourfe  de  Bourdeaux  , 
ce  qu'on  appelle  dans  celle  de  Touloufe  ,  Juges 
Confeillers  de  la  retenue  ;  &  à  Paris  fimplement 

,    Confeillers  des  Juges  -  Confuls. 

Elu,  fe  difoit  autrefois  des  Archevêques  &  Evêques 
avant  leur  facre ,  &  on  difoit  tout  de  même  en 
Latin  Eleclus.Ce  qui  a  trompé  celui  qui  a  pris  Elec- 
tus  Meldenfis  pour  un  Officier  de  l'Elcéfion  de 
Meaux  ,  au  lieu  que  c'eft  un  Evêque  de  Meaux  élu, 
ic  non  encore  facré.  Philippe  de  Savoie  fut  cinq  .nns 
"  Archevêque  de  Lyon  fans  prendre  les  Ordres  facrés  ; 
&  après,  ce  temps-là,  il  quitta  fon  Archevêché  pour 
époufer  la  Comteffe  de  Bourgogne.  Il  ne  prenoit 
que  la  qualité  d'Elu  de  Lyon  ,  EleCtus  Lngdunenfs. 
Vovez  \HtJ}.  de  Lyon  du  R.  P.  Meneftrier. 

Élu.  On  donnoitce  nom  cirez  les  Manichéens  aux 
plus  parfaits  de  la  fecte,àceax  qu'on  avoit  choiùs 


ELU  S37 

i     ponr  leur  confier  les  fecrets  de  la  fede  ;  au  lieu  que 

\  les  autres  s'appeluient  Auditeurs  ou  Croyans.  La 
dilhndVion  des  L.ius  ik.  des  Auditeurs,  caractère  par- 
ticulier des  anciens  Manichéens ,  ic  trouve  dans  ces 
feétaires  venus  de  Bulgarie.  Bossuet. 

Élu  On  appeloiti^/w  dans  les  premiers  fîècles  de  l'E- 
glife  ,  ceux  d'entre  les  Cathecumcnes  qu'on  jugeoit 
fuffifamment  initruits ,  Ik  qui  étoient  dus ,  c  elt-à- 
dire  J  choihs  pour  recevoir  ic  b.^ptCnie. 

ÉLUE,  ff  Femme  d'Elu.  Vous  irez  viliter  Madame 
la  Baillive  ,  (S:  Madame  \Liuc.  Mol. 

ELVAS.  Ville  d'Alentejo  ,  Province  de  Portugal. iT/va, 
Alba ,  Elba.  C'tit' une  ville  Epilcopale ,  lous  la 
Métropole  de  Badajos.  Eivas  elt  iuue  à  une  lieue 
de  la  Guadiane  ,  liv  à  quatre  lieues  de  Bad.ijos.Lcs 
CalHllans  la  nomment  Velves.  thas  elt  un  hvL-ché 
dépendant  de  la  Métropole  d'Evora.  Les  Gaulois 
Helviens  ,  qui  font  les  peuples  du  Vivarais  en  hran- 
ce ,  font  regardés  comme  les  premiers  habitans 
à'Elvas.  Cetce  ville  en  tire  fon  nom  ,  ainii  que  loii 
origine.  Le  Quien  de  la  Ntuv.  Long.  11  d.  16'. 
lar.  58  d.  44'. 

ÉLUCIDATION.  f  f.  Ce  mot  qui  fignifie  Eclaircif- 
fement,  explication  ,  n^^  paru  en  François qu  a  loc- 
ralion  d'ua  traité  tait  entre  la  Suéde  &:  les  Provinces 
Unies  en  1650  j  lorfque  ces  Provinces  refusètencde 
ratifier  le  Traité  d'Eibing.  On  donna  le  nom  à'elu- 
cidation  à  ce  traité  ;  parce  qu'il  éclaircilloit  quelques 
endroits  du  Traité  d  Llbing  qui  regardoient  lecon:- 
merce.  Depuis  ce  tems-U  quelques  perlonnes,  prin- 
cipalement les  PhilofopheSj  fefont  lervis  à\Lucidu~ 
tion  pour  Eclaircillertient. 

§3=  ELUCUBR.'ITION.  f  f.  Terme  didaélique.  Il  fe 
dit  d'an  ouvrage  compolé  à  la  lumière  de  la  lampe  > 
c'eft-à-dire  ,  .\  force  de  veilles  &  de  travail.  Acad. 
Fr.  Ce  terine  n'elt  pas  ufité  ;  cependant  il  eft  très- 
propre  j  &  même  nécelfaire,  pour  dillinguer  ces  for» 
tes  d  ouvrages  des  autres. 

ÉLUDER,  v.  a.  Eviter  ,  rendre  vain  &  fans  effet  ;  s'é- 
chaper  adroitement  de  quelque  affaire ,  de  quelque 
difficulté.  Eludere.  Lachicane  éiude  le  plus  louvenc 
la  force  des  arrêts.  Ce  Doclieur  n'a  pas  refolu  cette 
difficulté  J  mais  il  l'a  éludée.  Eluder  une  propofition. 
Ablanc.  Eluder  les  intentions  de  quelqu  un.  Ro- 
CHEF.  f/a^er  la  pourfuice  de  quelqu'un.  Boileau. 
Alexandre ,  coupant  le  nœud  Gordien  ,  éluda  l'Ora- 
cle ,  ou  il  l'accomplit.  Vaug.  Ille  nequicquam  lucla- 
tus  cum  latentibus  nodis,  nihil ,  inquit ,  interejl  quo- 
modo  folvatur  :  gladioque  ruptis  omnibus  loris  j  ora- 
culi  l'urtem  vel  elufit,  vcl  implevit.  Q.  Cure.  1  3 . 

^T  Quoiqu'éluder,  fuir&  éviter  fe  reffemblenc 
beaucoup  par  l'idée  générale  qu'ils  préfententà  l'ef- 
prit ,  cette  refiemblance  n'eft  pas  parfaite  ,  &  cha- 
cun de  ces  mots  diverfifie  cette  idée  principale',  à  fa 
manière,  par  une  idée  accelToire  ,  qui  lui  conltuue 
un  caractère  propre  &  iîngulier.  Voici  j  félon  M. 
l'Abbé  Girard  ,   les    nuances  qui   dillinguent    ces 


mots. 


gCT  On  fuit  les  chofes  &  les  perfonnes  qu'on 
craint  &  celles  qu'on  a  en  horreur.  On  évite  les  cho- 
fes qu'on  ne  veut  pas  rencontrer  J  &  les  perfonnes 
qu'on  ne  veut  pas  voir  on  dont  on  ne  veut  pas  être 
vu.  On  élude  les  queftions  auxquelles  on  ne  veut  ou 
on  ne  peut  pas  répondre.  Voyci^  Fuir  &  Eviter. 
Pour  e'/ùû'fr on  fait  femblant  de  n'avoir  pas  entendu, 
&  l'on  change  adroitement  de  propos  j  afin  ne 
n'être  pas  obligé  à  s'expliquer.  On  cludc  en  donnant 
le  change. 

£C?  La  peur  fait/à/r  devant  l'ennemi  5  la  pru- 
dence fait  quelquefois  éviter  fapréfence  ;  &  l'adref- 
fe  en  fait  éluder  les  attaques. 

ELVERVELT.  Petite  ville  du  Ceicle  de  Weflpha- 
lieen  Allemagne.  Ehcrfeldia.  Elle  eft  dans  le  Duché 
de  Berg  ,  fur  la  rivière  de  Wuper ,  environ  à  deux 
lieues  de  Duifeldorp  vers  l'Orient.  Maty. 

ELVIRE.  Nom  d'une  ville  autrefois  confidérable  ci^ 
Efpagne.  Eliberis  ,  Ilihcris.  C'étoit  autrefois  un  Ar- 
chevêché ,  dont  la  fituation  ne  nous  eft  plus  connue. 
Quelques-uns  croient  quelle    ctoit   près   de   la 


63§  ELU     ELY 

ville  de  Grenade,  qui  à  été  bâtie  des  ruines  de 
l'ancienne  Elviu  ,  &  qui  lui  a  fuccédé  dans  la 
dignité  de  Métropole  j  à  l'endroit  où  elt ,  difent-ils, 
un  bourg  nommé  Elvire  ,  au  pied  de  la  montagne 
d'Elrira.  Ils  confirment  ce  kntiment  ,  parce  qu'il  y 
auneportedeGrenadequi  aconrervclenom  de  porte 
6:Elvire  j  &  qu'elle  cft  de  ce  côté-là.  Mariana  croit 
qa'fMVd  ctoit  entre  les  Heuves  de  Davre  &  de  Xe- 
nil ,  dans  le  lieu  qu'occupe  une  partie  de  la  ville  ce 
Grenade.  Ce  qui  rend  ce  lentiment  allez  vrailem- 
blable ,  c'eft  qu'on  y  trouve  beaucoup  d'infcriptions 
antiques  Latines  ,  qui  femblent  laites  à  i^W.  On 
en  a  trouvé  aulli  en  beaucoup  d'endroits  de  lAlca- 
car  &  de  l'Alhambre.  Le  Concile  à'tlvire  elt  célè- 
bre dans  l'antiquité  Ecclcfiaftique.  Il  tut  tenu  1  an 
505.  lo  ans  avant  le  Concile  I  de  Nicée. 
ÉLUL.  f.  m.  Nom  du  fixième  mois  des  Hébreux. £/i^/ 

II  répondoitenpartieau  mois  d'Août  &  en  paitie 
au  mois  de  Septembre.  Macliab.  XXIV  ,  17.  Ces 
noms  de  mois  ne  font  guère  plus  anciens  chez  les 
Hébreux  que  Salomon.  Avant  ce  tempsla  on  diloit 
le  premier ,  le  fécond  ,  le  tioifième  mois  ,  &c. 

ÉLUSATE,  f.  m.  &  f.  Nom  d'un  ancien  peuple  de 
Gaule  ,  en  Aquitaine.  Elufas.  Les  Elufates  avoient 
les  Vafates  au  nord  ,  les  Aufciens'Sc  les  Nitiobnges 
au  levant,  les  Bénéarniens  ,  ou  Béarnoisau  midi 
&  les  Datiens  Tarbelliens  au  couchant ,  Célar ,   L. 

III  de  Bello  G  ail.  les  met  entre  les  Tarufates  &  les 
Garites.  Leur  capitale  écoit  Elufe  ,aujourd  hui  Eufe, 
ou  Eaufe.  Us  occupoient  une  bonne  partie  de  ce 
que  nous  appelons  la  Gafcogne  propre  ^  &  la  par- 
tie occidentale  de  l'Aimagnac  Voyc\  Hadrien  Va- 
lois j  Not.  G  ail. 

ÉLUSION.  f.  f.  Tromperie.  Ludificado.  Vieux  mot  & 
hors  d'ufage. 

fiCr  .LUTRIATION.  f.  f.Opération  de  Chymie.^oy. 
Lavage. 

ELWAH.  f.  m.Ceft  ainfi  que  les  Africains  appel- 
lent une  contrée  de  l'Afrique ,  arrolée  par  le  Ni- 
ger. 

ELWANGEN.  Petite  ville  de  la  Suabe  en  Allemagne. 
Elvanga ,  Euphanûacum.  Elle  ell  capitale  d'une 
Prévôté  qui  porte  fon  nom.  Elwangen  eft;  fitué  fur 
le  Jaft  ,  à  fix  ou  fept  lieues  de  Norlingue  ,  du  côté 
duSeptentiion.Le  Château  d'-fc.%J/2^e«  eft  fur  une 
colline  qui  eft  auprès  de  la  ville  ;  le  Prévôt  d'£/- 
VJdngen  y  fait  fx  rétîdence  j  il  eft  Prince  de  l'Empi- 
re. La  Prévôté  èiElvjangen  fut  érigée  par  le  Pape 
Pie  II  l'an  1460.  Le  Chapitre  à^ Elwangen  eft  com- 
pofé  de  douze  Chanoines  qui  font  preuve  de  No- 
blelTe.  C'étoit  auparavant  une  Abbaye  de^ Bénédic- 
tins. Maty.  Long.  25  d.  53'  Lac.  ^9  d.  2'. 


ELY. 

ÉLY.  Petite  ville  .d'Angleterre.  Elya  ,  Relia  j  Elia. 
Elle  eft  fur  la  rivière  d'Oufe  dans  le  Comté  de 
Cambridge  ,  à  trois  lieues  de  la  ville  de  ce  nom. 
Ely  a  été  la  réfidence  des  Rois  d'Eaft  -  Angles ,  5c 
elle  a  eu  une  Abbaye  que  le  Pape  Pafchal  II  con- 
vertit en  Evèché  ,  fuffragant  de  Cantorbery  ,  l'an 
1108.  Maty.  On  écrit  auHi  Eli.  Voye-{  ce  mot. 
Elï  étoit  d'abofd  un  Abbaye.  Elle  fut  érigée  en 
Evèché  par  Henri  I.  en  Ti  10.  Long.    lyd.  3/,  lat. 

5  2  d.  20'. 
ÊLYCRISON.  f.  m. Fleur  qui  s'appelle  autrement  fleur 

immortelle.  Elycrifon.  VElycrifon  fleurit  au  mois 
d'Août.  Il  craint  le  froid.  Morin  ,  Traité  de  la  Cuir. 
des  fleurs. 
^ÉLYMAIDE.  Cette  Province  eft  appelée  Elam  dans 

l'Ecriture.  Voye-^  ce  mor. 
ÉLYMAIS,  ouÉLYM\IDE.  Ancienne  \\\\Q.Elymaïs. 
C'étoit  la  Capitale  de  l'Elymaide  ,  &  elle  étoit  dif- 
férente de  Perfépolis  \  car  celle-ci  étoit  fur  l'Araxe, 

6  celle-là  fur  l'Eulce.  Il  y  avoir  \Elymch  un  tem- 
ple, plein  de  richefles  &:  d'armes,  qu'Antiochus 
voulut  piller  ;   mais  il  fut  chalfé  par  les  habitans  , 


ELY     E  M  A 

s.  Jérôme  fur  Daniel ,  C.  2.  où  il  cite  encore  To- 
lybe&  Diodorcj  qui  difenr  que  c'étoit  un  temple 
de  Diane.  Appien  ,  In  6j  riacis  ,  écrit  qu'il  c^oit 
dédié  à  Vénus.  Confultez  Rochart  j  Phaleg.  L.  n. 
C  2.  On  dit  Ely  mais  plutôt  quElymaide.  La 
ville  capitale  (  des  Eiamites  )  le  nommou  El^  maïs. 

GODEAU. 

ELYME.  Ancienne  ville  de  Macédoine  ,  capitale  des 
Elymiots.  Elyma.  On  prétend  que  c'eft  celle  qui  fe 
nomme  aujourd'hui  Canina  en  Albanie. 

ELYMEEN  ,  ENNE.f.  m.  &  f.  Nom  de  peuple.  Ely~ 
m&us.  Voy.  ExAM.  Les  Elyméens  &  les  Suliens 
étoient  deux  dittérens  peuples  ,  qui  fe  laifoient 
même  louvent  la  guerre.  Bociiart.  Phal.  II,  2. 
Les  Auteurs  profanes  ,  fur-tout  les  Grecs  j  appel- 
lent Élymeeiis  ceux  que  l'Ecriture  appelle  Ela/n  & 
Eiamites.  Voy.  ces  mots.  M.  Corneille  diftin^ue 
les  Elyméens  &:  les  Elymiens  ,  &  en  fait  deux  ar- 
ticles, fans  railon^  c'eft  la  même  chofe.  Elyméen  eft 
m\Q\\x(\\.\  Ely  mien  \  car  on  dit  en  Grec  ÉAK^.a/cf  ^  & 
en  Latin  Elymxus ,  Se  non  pas  Elymius. 

ÉLYMIOT  ,  GTE.  f.  m.  &  f.  ou  ELYMIOTE,  pour  les 
deux  genres.  Nom  d'un  peuple  ancien  de  la  Macé- 
doine. Elymioia.  Les  Elymiocs,oa  Elymiotes,ézoïent 
dans  la  partie  occidentale  de  la  Macédoine ,  en  ti- 
rant vers  la  mer  Adriatique,  voifins  des  Taulan- 
tiens.  Leur  Pays  s'appelle  aujourd'hui  Placani.  Ely- 
me  étoit  leur  capitale. 

ELYSÉE,  i.  f.  Si  adj.  VElyfee  ,  ou  plus  communé- 
ment les  Champs  Elyfées  ,  ou  les  Champs  Elyhens. 
Elyfium  ,  Elyfii  _,  Elyjii  Campi.  Terme  de  Mytho- 
logie. C'étoit,  dans  la  Théologie  des  Anciens ,  un 
lieu  dans  les  Enfers  plein  de  campagnes  agréables  y 
de  prairies  charmantes  ,  de  bois  délicieux  où  les 
gens  de  bien  failoient  leur  demeure  après  leur 
mort.  Orphée  ,  Hercule  ,  Enée  ,  eurent  le  bonheur 
de  voir  ces  champs  fortunés  pendant  leur  vie.  Vir- 
gile L.  VI.  V.  658.  &fuiv.  &Tibulle  ,  L.  L  Eleg.  5, 
ont  tait  des  defcriptions  des  champs  Elyfces. 

Les  pures  amitiés  &  Us  chafles  fouhaits 
Pajjént  dans  rElyiée  ,  &  n'y  meurent  jamais  : 
Ces  charmes  innocens ,  où  la  vertu  s'élève  j 
S'ébauchent  dans  la  vie  ,  6*  la  mort  les  achève. 

Brébeuf. 

Quelques  Auteurs  croient  que  cette  fable  vient 
des  Phéniciens  J  parce  qu'ils  prétendent  que  ce  nom 
Elyfee  vient  du  Phénicien  py,  ajay^  ,  ou  j"'y  >  ajatSy 
ou  dl'j,  alas,(\m  lîgniheyé  réjouir,  être  dans  la 
joie  ;  que  \'a  s'eft  changé  en  e  ,  comme  en  beaucoup 
d'autres  noms;  ainh  on  a  dit  Enakim  ^owz  Ana- 
kim.  Ainh  les  champs  Ely  fées  lignifient  la  même 
chofe  que  lieu  de  plaihr  ,  locos  Utos  ,  /edejijue  bea- 
tas  J  comme  Virgile  les  appelle.  D'autres  difenr  que 
ce  mot  vient  du  Grec  >»"«,  folvo  ,  je  délivre  j  je 
dégage  J  parce  que  c'eft  le  lieu  où  vont  les  âmes 
après  qu'elles  font  délivrées,  dégagées  des  liens  du 
corps  après  la  mort.  Beroald  i?>.:  Hornius ,  Hijf.  Phil. 
L.  III.  C.  2.  croient  que  ce  lieu  a  pris  fon  nom 
d'Elizaj  qui  fut  un  des  premiers  qui  vinrent  en 
Grèce  après  le  déluge ,  &  qui  tut  l'Auteur  &  le 
Père  des  Etoliens.  Rudbecks  foutient  que  c'étoit  la 
Suéde,où  étoient  les  c\\3.m^s  Elyfées.  V.  Achérom. 

Voye\  fur  les  champs  Ely  fées  le  Traité   de  Jac- 
ques Windet ,  De  Vitâ  junclorum  ftatu. 

Il  y  avoit  aulîi,  en  Béotie  ,  Province  de  l'ancienne 
Grèce,  un  lieu,  ou  une  campagne  j  qu'on  appeioit 
Champs  Ely  fées  ;  &  il  y  a,  proche  de  Paris ,  à  côté 
du  Cours ,  des  allées  d'arbres ,  qui  font  une  pro- 
menade fort  agréable  ,  qu'on  nomme  les  Champs 
Elyf'esj'p^v  allufion  &  parcomparaifonaux  Champs 
Elyfées  des  Anciens. 
ÉLYSIEN.  adj.  Qui  ne  fe  dit  que  dans  certephrafe. 
Les  Champs  Elyfiens  j  Elyfii  Campi.  Foy.  Elysée. 

E  M  A. 


comme  il  eft  rapoorté  dans  le  i.  Liv.  des  Machab. 

VI.  i.&fuiv.  Jofeph,  Antiq.  L.  XIL  C.  13.  &;  ÉMACURIES.  f.  f.  pi.  C'étoit  une  fête  du  Péloponnc- 


E  M  A 

fe  ,  où  les  jeunes  garçons  fe  fouertoient  au  tombeau 
de  Pclops  j  juiqu'à  ce  que  le  fang  découlât  fur  ce 
même  tombeau. 

EMAGE.  f.  m.  Ancien  droit  qui  fe  lève  fin-  le  fel  en 
quelques  endroits  de  Bretagne  ,  particulièrement 
dans  les  Bureaux  de  la  Prévôté  de  Nantes. 

EMAGIAGEN.  Ville  &  citadelle  d'Afrique,  dans  la 
Province  de  Maroc  propre. 

ÉMAIER  ,  ou  ESMAIER.  v.  n.  &  a.  Vieux  mot.  S'é- 
tonner ,  être  en  émai.  Mirari  j  Jluperc.  Là  lor  vint 
nouvelle  que  nuls  des  Pèlerins  s'en  alloient  par  au- 
tres chemins  à  autres  porzj  &  furent  moul  efmayes. 

ViLLEHARD,  n.  IJ. 

Cet  don  nef}  pas  courtois  qu'on  trop  dilate  , 
Si  s'en  efmaie  &  plaint  al  qui  l'attend. 

Le  Chastelain  de  Coucy. 

Ci  mos  efmaia  les  Flome.ns.  Phil.  Mouskes. 

Quand  li  chiens  aho'ier  dilaie  , 

Lileus  vers  les  brebis  j'efmaie. 

Prélats  ,  veille'^  comme  chien  vfai , 

Quand  vous  dorme^  l'on  a  bon  mai , 

Tant  eftes  meu  que  je  w'efmai , 

Car  ne  truis  chien  dont  Icu  i'efmaie.  Le  Reclus 

DE  Moliens.  f^oye^  Du  Presne  ,  Glojj.  de 

Fillehard. 

ÉMAIL,  f.  m.  Qui  £iit  au  pluriel  Emaux.  Compofi- 
tion  faite  de  verre  calciné  ,  de  fel ,  de  métaux  ,  (Sec. 
que  l'on  applique  avec  le  feu  lur  des  ouvrages  d'or , 
d'argent ,  de  cuivre  ,  de  fer ,  &c.  pour  les  embellir. 
Encauftum.  Sa  matière  fondamentale  elt  de  l'écain 
&  du  plomb  en  parties  égales ,  calcinées  au  feu  de 
réverbère  ,  à  quoi  on  ajoute,  féparément,  des  cou- 
leurs métalliques  telles  qu'on  veut  lui  donner  , 
comme  \&s  ujlum  pour  le  verd  j  le  crocus  de  Mars 
pour  le  jaune.  La  chaux  d'étain  produit  un  blanc 
fort  exquis ,  celle  d'argent  un  très- beau  bleu  ;  avec 
de  la  chaux  de  cuivre  ,  de  la  limuie  de  ter  &  de 
l'ûrpiment ,  un  très-beau  rouge  ;  avec  du  falpêtre  , 
une  couleur  de  perles  ;  avec  du  jai  ,  un  très-beau 
noir. 

On  travaille  \ email  au  feu  de  lampe  avec  un  pe- 
tit tuyau  par  lequel  on  fouftle ,  foit  avec  la  bouche, 
foit  avec  un  foufflet  ;  &  on  le  tire  en  des  filets  auih 
déliés  qu'on  veut,  jufqu'à  les  tourner  fur  un  dévi- 
doir ,  éc  en  faire  des  aiçrrettes.  On  fait  trafic  ^ émail 
en  canon.  Toutes  les  pierres  précieuies  contretaitcS 
fe  font  avec  de  rewtf,:/,  c'eft -à-dire  j  du  verre  & 
des  métaux.  Le  verre  eft  du  plus  beau  criftal ,  &  les 
métaux  font  réduits  en  chaux  lavée  &  filtrée  ,  en- 
forte  qu'ils  fe  réduifent  en  fel  ;  &  après  plulieurs 
cuilfons  Si  lotions  fe  fait  \ émail  blanc  ,  qui  elt 
fufceptible  de  toutes  les  autres  couleurs ,  en  y  mê- 
lant des  matières  métalliques. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  fmalto  &c  f  maltare. Q\.\t\- 
ques  Sçavans  remontent  encore  plus  haut  ,  &  font 
delcendre  le  mot  efmail  de  l'Hébreu  Sovn  ,hhajmal, 
qui  fe  trouve  dans  Ezéchiel ,  I.  4.  zy.  &  VIL  2.  & 
que  Saint  Jérôme  traduit   par    eleclrum  ,    efpèce 
d'émail ,  compofé  d'or  &  d'argent  :  ils  difent  que 
de-là  les  Latins  ont  fait  fmaltum ,    qui  fe  trouve 
dans  Anaftafe  le  Bibliothécaire,   dans  Guillaume 
aullî  Bibliothécaire,  dans  Richard  de  S.  Germain  , 
&  dans  quelc[ues  autres  Auteurs  de  la   balTe  Latini- 
té. Le  premier  étoit  une  efpèce  de  ciment  dont'parle 
Pline  ,  fait  de  chaux  ,  de  poix&  de  grailfe  ,  &  dont 
le  Pontifical  Romain  fait  mention  dans  la  cérémo- 
nie de  la  confécracion  des  Eglifes  \  Se  fmaltum  étoit 
,     un  ouvrage  de  pièces  rapportées  ,  duquel  ont  parlé 
plufieurs  Auteurs  J  &  ,  entre  autres ,  Anaftafe  le  Bi- 
bliothécaire. 
Émail  ,  fe  dit  aufli  de  la  peinture  &  du  travail  qui 
fe  fait  avec  des  couleurs  minérales  qui  fe  cuifent 
avec  le  feu  ;  Pigmcntum  metallicum  ;  ce  qu'on    ap- 
pelle ,  Parfondre  l'fwai/j  Encaujfum   aurj   acaluti- 
nare  ,  inurere.  Un  portrait  fait  en  émail  ne  s'etface 


re 


E  M  A  639 

point.  Un  tableau  d'e/7z^/7.  On  peint  en  minintur. 
i\iïi  email Az  la  même  manière  que  fur  le  velin 
Onaforteftimé  autrefois  les  émaux  de  Limoges 
qui  le  f-ailoient  du  teins  de  François  I.  particulic^re- 
menr  fur  du  cuivre.  Ils  ont  été  fameux  dès  le 
temps  du  XI ,  XII  &  XIIF  fiècles.  Il  elt  défendu 
aux  Ortévres  de  taire  des  doubles  de  voinnes ,  qui 
font  des  émaux  épais  qui  contiennent  plus  de  verre 
que  de  matière, 

La  peinture  en  émail  eft  très-ancienne  :  on  l'a 
employée  dès  les  premiers  temps  fur  les  métaux  & 
lur  la  terre  ,  comme  on  fait  encore  aujourd'hui. 
On  prétend  que  les  briques  dont  les  murs  de  Baby- 
lone  turent  conltruits  étoient  des  briques  émai  liées 
dont  les  émaux  repréfentoient  différentes  figures. 
Du  temps  de  Porfenna  on  falloir  dans  fes  Etats  des 
vafes  émaillés.  La  porcelaine  ,  tant  celle  qui  vient 
de  la  Chine  &  du  Japon  ,  que  celle  qui  fe  fait  en 
France  ,  la  taïance  ,  les  pots  verniflcs  de  terre  , 
toutes  ces  chofcs  font  autant  d'efpcces  d'émaux. 

Mais  on  appelle,  proprement ,  Peinture  en  émail, 
une  peinture  qui  le  fait  avec  des  émaux  broyés  & 
réduits  en  poudre  ,  employés  comme  les  autres 
couleurs ,  &  enfuite  fondus,  recuits  &  vitrifiés  par 
la  torcedu  feu.  Cette  lorte  d  ouvrage  fut  beaucoup 
perfeétionnée  du  temps  de  François  I.  en  France,  i>c 
en  Iralie.  En  France  on  fiifoir  à  Limoges  ces  beaux 
émaux  ,  qu'on  appelle  émaux  de  Limoges  ;  en  Ita- 
lie on  falloir  de  tort  beaux  vafes  à  Fayence  ,  &  à 
Caliel-Durante  du  temps  de  Michel-Ange  &  de 
Raphacl ,  &  apparemment  fur  leurs  delleins  ;  car- 
ie delfein  des  figures  elt  ce  qu'il  y  a  de  plus  conlidé- 
rable  dans  ces  vafes. 

Il  y  a  deux  fortes  d'émaux-^  les  émaux  clairs  Sz 
tranfparens ,  &  les  émaux  épais  Se  mates.  On  em- 
ploie les  émaux  chus  en  les  broyant  avec  de  l'eau 
feulement  :  les  émaux  épais  s'emploient  avec  de 
l'huile  d'afpic  L'invention  des  émaux  épais  eftalfcz 
récente  :  jufques  vers  1630.  on  n'a  connu  que  les;. 
émaux  cl:<AXS\  mais  en  1631.  Jean  Toutin  ,  Orfè- 
vre de  Chàteaudun  ,  qui  travailloit  parfaitement 
bien  les  e/ntzi/.v  ordinaires  ,  chercha  le  fecret  d'em- 
ployer des  e'vziî/^v  mates;  il  le  trouva,  &  le  com- 
muniqua à  d'autres  Orfèvres  qui  l'ont  répandu  par- 
tout. 

Ow  emploie  ordinairement  les  émaux  fur  des 
métaux  ,  or  ,  argent,  cuivre:  l'or  elt  le  meilleur  \ 
il  n'a  poinr  de  mauvaile  qualité  ;  &  les  émaux  pa- 
roilfent  delfus  avec  tout  leur  éclat ,  &  toute  leur 
beaiiCé  -"  i'argcnr  jaiv-vù  les  blancs  ;  le  cuivre  s'écaille 
&  jette  des  vapeurs  :  cependant  le  cuivre  elt  le  fond 
fur  lequel  on  .ipplique  le  pli'sfouvent  les  émaux  _, 
parce  qu'il  eft  le  moins  précieux  ;  &  ,  pour  corri- 
ger fes  mauvaifes  qualités  ,  on  applique  deltas  Sc 
deffous  la  plaque  une  couche  démail ,  quoiqu'on 
ne  doive  travailler  que  d'un  côrc  ,  afin  que  le  ci  ivre 
ne  s'enfle  pas  plus  d'un  côré  que  de  l'autre,  &  ne 
caufe  point  d'inégalités,  f'oyc^  M.  FélibIen  ,  dans 
fon  Traité  des  Principes  de  iArch'ueclure  ,  de  la 
Sculpture ,  de  la  PeincUrU ,  &  des  autres  Ans  qui  en 
dépendent.  "■  ^^^Sii-'C-'  z. -■  : 

Email  ,  elt  auOî  une  foftè  de  minéral  qu'on  purifie, 
&  auquel  on  donne  dans  les  pays  étrangers  toutes 
les  façous  qu'il  doit  avoir  pour  en  faire  un  bleu 
foncé  ,  &  le  réduire  en  manière  de  farine  rrès-dc- 
liée.  Cette  forte  d'émail  (e  vend  à  Paris  par  les  Epi- 
ciers. Il  ferr  aux  Blanchilfeurs  &  aux  Blanchilfeufes 
pour  donner  la  couleur  bleue   à  l'empois.  Se  aux 
Enlumineurs!^  aux  Peintres  pour  faire  une  couleur 
bleue    qu'ils  emploient  dans  leurs  ouvrages.  Le 
mot  émail  en  ce  fens  n'a  point  de    pluriel.    Cet 
€'mt?il  e(t  très  fin  ,  &  le  plus  beau  vient  de  Hol- 
lande. 
Email  ,  fignifie  aufti  un  ouvrage  compofé  d'une  ma- 
nière de  verre  blanc  qu'on  travaille  à  Venife  ,  Sc 
qui  fe  travaille  chez  les  Faïanciers  de  Paris.  On  y 
vend  des  talTes ,  de  petits  pots  ,  de  petites  urnes 
d'email ,  Se  plufieurs  autres  de  ces   fortes  de  petits 
ouvrages  propres  à  orner  les  cabinets  ,  les  chemi- 


EM  A 

nées,  les  armoires  j  Sec.  Il  y  a  aiiffi  une  forte  de 
faiauce  émaïUée ,  que  l'on  appelle  ordinairemenc 
émail  ^  mais  c'eft  un  faux  e/nc7-;V  que  les  Faianciers 
appellenc  turquin ,  &  qui  n'eftpas ,  à  beaucoup  prcs. 
Il  beaiique  l'émail  àt  Venife  ,  qu'on  fait  quel-iue- 
fois  dorer  pour  en  rehaulfer  le  prix  &  la  beauté. 

Émail,  fe  du  aulîi,  au  figuré,  pour  une  forte  de  bague 
marquée  de  quelque  devife  ,  pendante  au  bas  d'un 
Ordre  de  Chevalier  ,  ou  de  quelque  autre  coilier. 
Bullajmû'iilejphalera.PouEY.  -,/11 

Émail  ,  fe  dit,  dans  un  fens  figuré,  de  la  variété, de  la 
diverfité  de  fleurs  &  de  couleurs.  Fiorum  copia ,  va- 
rias color.  L'e/72fl// des  prairies,  des  parterres.  Mais 
il  eft  plus  de  la  Pocfie  que  de  la  Proie. 

Z'émail  riche  &  brillant^que  nos  champs  font  édore, 
Nefc  encorrcfervéquau  triomphe  de  Flore. 

Nouv.  Ch.  de  Vers. 


On  dit  aufli  ^  V émail  des  dents  ,  pour  dire  ^ 
L'éclat  des  dents  fort  blanches,  la  fuperficie  lui 
fante  qui  couvre  k  partie  olfeufe  des  dents  ,  Si  qui 
fort  &  s'élève  au  dellus  del'alvéole  &  des  gencives. 
Ebur  demis.  M.  de  la  Hire  ,  le  fils ,  a  obfeivé  que  , 
dans  les  adultes ,  l'os  de  la.dent  ne  croît  point  j  non 
plus  que  les  autres  os ,  mais  feulement  ['émail.  Ac. 
DES  Se.  i6ç)^.  Hiji.  p.  ^1.  L'émail  deia.  denz  eild'ani: 
matière  tout-à-fait  difterente  de  l'os  :  il  ed  compofe 
d'une  infinité  de  petits  filets,  qui  font  attachés  lut 
l'os  par  leurs  racines,  à-peu-piès  comme  les  ongles 
&  les  cornes.  On  voit  très  facilement  cette  compoli- 
tion  dans  une  dent  rompue  ,  où  l'on  remarque  que 
tous  ces  filets ,  qui  piennent  leur  origine  vers  la 
artie  de  l'os  qui  touche  la  gencive  ,  lont  fort  in 
iinés  à  l'os ,  &  comme  couchés  les  uns  fur  les  au 


très ,  enforte  qu'ils  font  prefque  perpendiculaires 
fur  la  bafe  de  la  dent.  Si  par  quelque  accident  il  I.' 
rompt  une  petite  partie  de  Vema.l ,  enforte  que  l'os 
ait  du  jour ,  c'eft-à-dire,  que  les  racines  des  filets 
de  {'émail  foient  emportées ,  l'os  qui  elt  en  cet  en- 
droit fe  cariera  ,  &  il  faut  que  la  dent  périlfe  ,  fans 
qu'il  foit  polfible  d'y  remédier  i  car  les  os  du  corps 
des  animaux  ne  peuvent  jamais  refter  à  décciuvert 
Ib.  Il  y  a  cependant  des  perfonnes  qui  ont  Vémaii 
des  dents  ufé,  peut-être  à  force  de  les  avoir  frot- 
tées avec  des  pommades  ,  &  en  qui  l'os  paroit  à  dé- 
couvert, fans  périr  :  mais  c'eft  que  l'os  n'eft  pas  ef- 
fedtivement  découvert ,  &  qu'il  y  relte  une  petite 
couche  d'émail  qui  le  conferve.  Cette  couche  eft 
allez  mince  pour  être  tr^nCparente ,  &  elle  laifTepa- 
roître  la  coulctu  jaune  de  l'os.  Ib.  Il  peut  arriverque^ 
daus  quelques  dente,  ces  filets,  qui  lent  \émail,  ne 
foient  que  par  paquets  j  dont  les  extrémités  s'unif- 


ient ,  mais  qui  ne  foient  pas  joints  exadementvers 
los  :  l'extrémité  de  ces  filets  venant  à  s'ufer,  l'os  fe 
découvre  &  fe  carie  ,  &  la  dent  doit  périr.  Ib. 
L'émail  eft  compofé  de  petits  filets  rangés  les  uns 
à  côté  des  autres  ,  &  qui  couvrent  toute  la  partie 
de  la  dent ,  qui  eft  hots  de  la  mâchoire.  Ib. 

Émail  ,  &  plus  fouventau  pluriel  émaux  ,  en  termes 
de  Blafon  ,  fe  dit  des  couleurs  &  métaux  dont  .un 
Ecu  eft  chargé.  Gentilitii  fcutl  colores  &  metalla. 
Lémail  fe  dit  en  général  tant  du  métal  que  de  la 
couleur ,  à  caufe  qu'en  effet  Vémaii  d'Orfèvre  eft  un 
ouvrage  fait  de  métal  &  de  verre  calciné  qu'on  teint 
de  différentes  couleurs.  Le  Blafon  n'a  que  fept  for- 
tes géniaux  ,  Or ,  Argent  ,  Gueule ,  Azur ,  Sable, 
Sinople  ■.'s:  Pourpre.  Les  émaux  du  Blafon  font  venus 
des  anciens  jeux  du  Cirque  ,  qui  ont  palfé  d'abord 
aux  tournois  ^  car  les  Faàions  &  les  Quadrilles  s'y 
diftinguoient  par  le  blanc  ,  le  rouge  ,  le  bleu  &c  le 
verd.  Suétone  dit  que  Domitien  y  en  ajouta  une 
cinquième  vêtue  d'or,&:  unefixième  vêtue  de  pour- 
pre. A  l'égard  du  fable ,  il  eft  venu  des  Chevaliers 
qui  porroient  le  deuil.  P.  Mén. 

ÉMAILLER.  v.  a.  Appliquer  de  l'émail,  peindre  ^ 
orner ,  embellir  avec  de  l'email  ,  avec  des  couleurs 
minérales  ,  ou  provenues  des  minéraux.  Fncaujium 
auro  illinere.  Emailler  une  montre  ,  un  bijou. 


E  M  A 

Emailler,  fe  dit  j  au  figuré,  pour  embellir.'Piw^er^r, 
dijiinguere ,  ornare.  Le  printemps  émadlt  la  terre,  la 
peint  de  divetles  couleurs. 

Déjà  l'or  &  l'azur ,  du  haut  de  ces  montagnes , 
Emailhni  à  longs  traits  ces Jertiles  campagnes. 

La  Suze. 

Émaillf.  ,  LE.  part.  &  adj.  fe  dit  au  ptopre  &  au  figu- 
ré. Ornatus  ,  dijlinctus  ,  vermiculacus.  Une  montre 
émaillée.  Ciel  emaillé  d'étoiles.  Prés  émailléc  de 
fleurs.  Vous  aimez  les  expreflions  qui  donnent  le 
plus  dans  la  vîie  j  &je  vous  avoue  que  votre  langage 
me  paroît  un  peu  trop  émaille.  Ch.  de  Mère  j  c'eft- 
à-dire  ,  trop  brillant. 

Que  vos  bords  enrichis  de  marbre  &  de  verdure  j 

Soient  toujours  émaillés  de  fleurs  : 
Que   Zéphirefur  vous  répande  /es  faveurs. 

P.    BUFFIER. 

EMAILLEUR.  f.  m.  Ouvrier  qui  travaille  en  émail 
qui  manie  le  verre  au  leu  de  lampe  j  &  qui  en  fait 
diverfes  figures.  Encaujles. 

IjCFLe  titre  d'emailleur,zn  général,convient  à  plu- 
fieurs  fortes  de  petfonnes  j  aux  Orfèvres  &  Joail- 
liers ,  qui  montent  les  pierres  précieufes  ;  aux  La- 
pidaires ,  qui  les  contrefont  avec  les  émaux  ^  &  aux 
Peintres  qui  peignent  en  miniature  fur  l'érnail ,  & 
qui  font  cuire  leur  ouvrage  au  feu.  Mais  les  émail- 
/far.j 'proprement  dits ,  font  ceux  qu'on  appelle Pa- 
tenotriers  &  Boutonniers  en  émail. 
EMAILLURE.  1.  f.  Application  d'émail  fur  quelques 
ouvrages.  Induiiio  encaufli ,  pigmenti  mctaUici.  L'é- 
maillure  de  ce  portrait  eft  charmante.  Il  fe  dit  quel- 
quefois pour  l'ouvrage  même  qui  eft  émaillé.  Opus 
encaufiicum.  Voilà  une  belle  emaillure.  Pomey.  Ce 
mot  ne  fe  dit  guère  ;  ou  ne  fe  dit  que  parmi  les  Ar- 
tifans  &  Ouvriers  en  émail. 
Emaillure  j  eft  aufli  un  terme  de  Fauconnerie  ,  qui 
fe  dit  deJ  mailles  ou  taches  roulfes  qui  font  furies 
pennes  de  l'oileau  de  proie.  Pcnnarum  maculofa  va- 
rietas. 
03-  ÉMANATION,  f.  f.  L'adion  d'émaner ,  ou  la 
chofe  même  qui  émane  d'une  autre.  Emanatio.  Le 
pouvoir  qui  eft  communiqué  aux  Juges ,  eft  une 
émanation  de  la  puiflance  Royale.  Vemanation  du 
Verbe.  Les  Théologiens  enfeignent  qu'il  y  a  en  Dieu 
deux  émanations  j  celle  du  fils  qui  fe  fait  par  géné- 
rrrtion  ,  &  celle  du  famt  Efprit  qui  fe  fait  par  fpi- 
ration. 

'^3".  On  appelle  en  Phyfique  émanations  j  des 
particules  très-fines  &  très-déliées  qui  forcent  ou  fè 
détachent  continuellement  des  corps  par  une  efpè- 
ce  de  tranfpiration  j  écoulemens  par  le  moyen  def- 
quels  les  Philofophes  modernes  expliquent  quanti- 
té d'effets  furprenans,&  que  l'on  ne  peut  expliquer 
que  dans  le  fyftême  corputculaire.  Rien  n'eft  plus 
certain  que  l'émanation  continuelle  d'une  infinité  de 
corpiifcuies  qu'exhalent  tous  les  corps ,  même  les 
plus  durs.  Un  peu  de  camphre  écrafé  difparoît  bien- 
tôt. Le  bois  dépérir  continuellement  ;  les  métaux  3 
l'or  même  ,  rout  fe  confume  par  une  efpèce  de  tranf- 
piration infcnfible.Ceux  qui  travaillent  aux  mines, 
&  plufieurs  autres  ouvriers  éprouvent  tous  les  jours 
combien,  font  préjudiciables,  les  particules  quifor- 
tent  des  corps  les  plus  compaéles.  Les  odeurs  ne 
confiftent  que  dans  des  émanations  des  corps  odori- 
férans ,  qui  viennent  faire  imprelfion  fur  l'organe, 
&  exciter  en  nous  la  fenfation  d'odeur.  L'aimant 
feul  eft  line  preuve  convaincante  de  l'exiftence  de 
ces  écoulemens.   F^oye:^  Vapeurs  ,  EXHALArsoNS  j 

ODEUR. 

IJCT  Ces  émanations  fubtiles  &  pénétrantes  ,  & 


Îiui  confervant  les  ptopriérés  des  corps  dont  elles 
ont  détachées  ,  agilfent  différemment  fur  les  corps 
qui  fe  trouvent  dans  la  fphère  de  leur  atlivité  ,  fé- 
lon le  plus  ou  le  moins  de  proportion  qu'elles  ont 
avec  les  p^res  de  ces  corps  \  &  peuvent  conféquem- 

ment 


EMA 

ment  prodairede grands  changemens  dans  Iccono- 
mie  animale.  M.  Altruc  ,  dans  fi  DilFercation  fur 
la  pelle,  dit  que,  par  la  cranfpiration  des  pefhférés, 
il  le  forme  autour  d'eux  une  atmolphèrcj  dont  tous 
les  points  font  remplis  par  les  émanations  peltilen- 
tielîes  ,  &  que  ces  émanations  peuvent  s'infinuer 
dans  les  corps  de  ceux  qui  font  dans  cette  atmolphè- 
le,  &  leur  donner  la  pelle. 

ifT  Les  Newtoniens  prétendent  que  la  lumière 
eft  produite  par  une  émanation  des  corpufules  qui 
s'élancent  du  corps  lumineux,  f^oy.  Emission  et 

LUMIÈRE. 

^3'  EMANCHÉ,  ée.  Terme  de  blafon  qui  fe  dit 
des  partitions  de  l'écu,  où  les  pièces  iont  enclavées 
l'une  dans  l'autre  en  torme  de  pyramide  triangu- 
laire. 

ÉMANCHES.  Voy.  EMMANCHES. 

EMANCIPATION,  f.f.  Liberté  d'agir  en  fes  affaires, 
&  de  gouverner  fon  revenu  fans  l'alfillance  d'un 
Tuteur.  Emancipatio.  Tous  les  parens  alfemblésont 
confcnti  à  ^émancipation  de  ce  jeune  homme.  Il  a 
obtenu  en  Chancellerie  des  lettres  i^ émancipation  , 
qui  ont  été  entérinées  par  l'avis  des  parens.  L'ertet 
de  ces  lettres  d'émancipation  zïi-iliemézinéçs,  ei\  , 
que  le  mi.neur  émancipé  peut  dilpoler  de  fes  meu- 
bles, faire  les  baux  de  fes  immeubles ,  Ôc  en  tou- 
cher les  revenus.  Mais  il  ne  peut  ni  vendre ,  ni  hy- 
pothéquer fes  immeubles  ,  ni  en  traniiger ,  lî  ce  n'eft 
du  confentement  d'un  Curateur  qu'on  lui  donne 
d'ordinaire  en  l'émancipant.  Autrefois  ïémarxipa- 
tion  fe  faifoit  en  jugement  par  les  pèreSj  pourvu 
qu'elle  eût  été  demandée  par  l'enfant  qui  devoit 
être  émancipé  ;  mais ,  h  l'enlant  étoic  mineur  j  le 
père  ne  pouvoir  rémanciper  fans  lettres  du  Roi  : 


E  M  A  641 

nie  les  pères  émanàpoient  leurs  enfans  pour  les 
mettre  hors  de  la  puilfance  paternelle  :  enlorte  que 
le  hls  émancipé ^  quoiqu'au-delfous  de  15  ans,  pou- 
vait fe  marier  lans  le  confentement  de  fon  père. 
Cujas  n'accorde  pas  la  mcme  liberté  à  une  veuve 
mineure  de  15  zns  ,<\\\o\.q;^\  émancipée  par  fon  pre- 
mier mariage.  Un  lils  de  famille  ne  peut  ,  dans 
les  pays  de  Droit  écrit ,  m  contrader ,  ni  acquérir 
pour  lui,  jufqu'i  ce  que  fon  père  l'ait  émancipé. 
Il  fliut  des  lettres  du  Prince  pour  émanciper  un  mi- 
neur dans  les  pays  de  Coutume. 

s'Emanciper  ,f!gnihe  ,figurément  ^  fe  donner  trop  de 
liberté  ,  ne  pas  garder  les  mefures  convenables  à 
l'état  où  l'on  eft.  Audere  j  committere  ^fumerefibi 
prafumere ,  folutè  lihcréque  vivere.  N'ayant  aucune 
nouvelle  des  ennemis  ,  nous  nous  émancipâmes  d'al- 
ler à  Graben.Bussi  Rab.  \ oviswons émancipei  beau- 
coup ,  de  fortir  après  avoir  été  fi  malade.  S'emanci- 
per  un  peu  dans  la  liberté  de  la  débauche ,  libère 
vivere.  Pourquoi ,  à  force  de  vous  émanciper  des 
lois  communes ,  vous  faites-vous  une  conduite  par- 
ticulière ,  qui  renverfe  toutes  nos  vues  fur  vous  ? 

,  BouRD.  £xh.  T.  I.  p.  206'. 

Emancipé  ,  ée.  part. 

Ces  mors  viennent  du  Latin  ex ,  &  de  mancipium^ 
qui  hgnihe  un  ejllave^  un  homme  qui  a  perdu  fa 
liberté. 

EMANER,  v.  n.  Sortir  d'une  certaine  fource  ,  en  ti- 
rer fon  origine  ,  découler.  Manare  ,  fiuere\  oriri. 
Le  fils  émane  du  Père ,  Le  S.  Efprit  émane  du  Père 
&  du  Fils.  La  lumière  des  Planètes  émane  du  foleil. 
Des  influences  qui  émanent  des  Planètes.  Un  Edic 
un  pouvoir,un  privilège  q^và  émanent àe.  lapuill-mce 
Royale.  Des  corpufcules  qui  e/72a/ze«rdes  corn<; 


qui  émanent  des  corps. 


ainli  j  quand  Charles  de  Valois  voulut  émanciper  1  Émané,  Ée  part.  &  adj.  Manans  .,  projeclus.TitQZtx. 
Louis  l'on  hls  y  âgé  de  fept  ans ,  il  obtint  dos  lettres       émané  d'une  telle  Jurifdiclion.   Défenfes  émanées 
du  Roi.  Les  .autres  manières  è^ émancipation  étoienc  |      du  Confeil  àis,  Cardinaux.  Maucroix. 
le  mariage,  l'âge  de  vingt  ans,  éc,  en  quelques  Pro- jÈMANS.  Nom  de  lieu,  dans  le  Diocèfe  de  Sens.  As- 
vinces,  le  décès  de  ja  mère  :  la  raifon  elt  que,dans  ces       mantum ,  Acmantum,  Hadr.  Valois.  Net.  Gai  ' 
Provinces,  les  enfans  étoient  folidairement  fous  la!  ÉMARGEMENT.  Terme  de  Finances.  Ce  qui  eft  mis 

à  la  marge  :  ou  adion  par  laquelle  on  me:  quelque 


puilfance  du  père  &  de  la  mère  conjointement  \  ik 
par  la  mort  de  la  mère  ils  fe  trouvoient  émancipés. 
Voyc^  les  Coutumes  de  Chartres ,  de  Montargis  , 
de  Vitry  ,  de  Dreux ,  &:c.  P>.agueau ,  6z  M.  de  Lau- 
ricre  fur  cet  Auteur. 

Du  Cange  témoigne  qu'on  s'eft  fervi  auftîdu  mot 
^émancipation,  dans  les  Monaftères,  en  parlant  des 
Moines  promus  à  quelque  dignité ,  ou  tirés  hors  de 
l'obéilTance  de  leurs  Supérieurs ,  comme  auili  des 
Monaftères  qui  avoient  été  exemptés  par  le  Pape  de 

,   la  jurifdiétion  de  l'Ordinaire. 

Emancipation  ,  eft  auflî ,  en  termes  du  Droit  Ro- 
main ,  l'ade  par  lequel  un  fils  eft  mis  hors  de  la 
puilEince  paternelle.  L'effet  de  \' émancipation  eft  , 
que  les  biens  meubles  &  immeubles  que  le  fils  ac- 
quiert ,  lui  appartiennent  en  propriété  &  non  point 
au  père,  comme  avant  \ émancipation.  Il  y  a  deux 
fortes  êi  émancipation  j  l'une  tacite  ,  qui  fe  fait  ,  ou 
par  la  dignité  à  laquelle  le  fils  eft  promu ,  ou  par  le 
mariage  ,  ou  par  la  majorité  :  en  tous  ces  cas  le  fils 
devient  maître  de  fes  droits  :  l'autre  eft  une  éman- 
cipation exprejfc  ,  par  laquelle  le  père  déclare  de- 
vant le  juge  de  fon  domicile,  qu'il  émancipe  fon 
fils.  En  France  l'émancipation  par  mariage ,  empor- 
te la  liberté  de  fe  remarier  fans  le  confentement  du 
père  ,  quoique  celui  ou  celle  qui  veut  fe  remarier 
n'ait  pas  atteint  l'âge  de  2.5  ans. 

Émancipation  des  gens  de  main-morte,  eft  la  con- 
celfion  de  la.  même  liberté  ,  des  mêmes  franchifes 
&  prérogatives,  dont  jouiftent  ceux  qui  font  francs. 
Cette  émancipation  fe  fait  par  le  Seigneur ,  quand 
il  met  quelqu'un  de  fes  ferfs  en  liberté ,  &  qu'il  l'af- 
franchit des  droits  auxquels  il  étoit  alfujetti  par  fa 
nailvance.  C'eft  ce  que  nous  appelons  affranchiffe- 
ment. 

ÉMANCIPER,  v.  a.  Mettre  un  fils  hors  de  la  puilfan- 
ce paternelle  ,  &  mettre  un  mineur  en  état  de  jouir 
du  revenu  de  fon  bien  ,  &:  d'agir  en  Juftice,  fous  la 
conduite  d'un  fimple  Cur.iteur.  Emanciparc.  A  Ro- 
Tonie  III. 


,   cliofe  à  la  marge. 

EMARGER,  v.  a.  Termes  de  Finances.  Marglnl  adfirl- 
bere  ,  in  marglne  configncre.  Arrêter  à  la  marge.  Ce 
terme  eft  nouveau ,  mais  il  eft  allez  ufité.  Emarger 
les  états  de  recouvrement,  c'eft-à-dire^  fixer  à  la 
marge  les  états  de  recouvrement ,  ce  qui  doit  reve- 
nir à  chacim. 

#Cr  EMASCULATION.  f.  f.  Opération  par  laquelle 
.  on  ôte  à  un  mâle  les  parties  qui  caradérifent  fon 
fexe. 

ÉMASCULER.  v.  a.  Evlrare.  Ôrer  à  un  mâle  les  par- 
ties qui  font  le  caradère  de  Ion  fexe.  Cette  derniè- 
re opération  par  laquelle  il  émafculolt  tous  ceux  à 

,   qui  il  la  faifoit.  Dionis. 

EMATFi.  C'étoit  une  région  fîtuceau  Septentrion  de 
la  Terre-Sainte.  VEmath  étoit  en  partie  dans  l'Ara- 
bie. Du  moins  l'Auteur  de  la  verfion  Grecque  d'I- 
fiie  XI.  1 1.  traduit  Emath  ,  par  l'Arabie.  Le  P.  Lu- 
bin  diftingue  deux  parties  dans  Emat/i  j  l'une  appe- 
lée hmath  de  Soba,  ouSobal  j  du  nom  de  fa  capita- 
le ^  2.  Parai.  VIII.  3.  Judith.  III.  i.  Et  l'autre  i/rzuV/i 
de  Juda  4.  des  Rois  XIV.  iS.  mais  il  fe  trompedans 
Emath  Judx.  :  il  a  pris  Juda  pour  un  génitif  ;  &  le 
fens  eft  ,  Jéroboam  reftitua  \ Emath  qui  étoit  dans 
le  Royaume  d'Ifrach  s'il  eût  confulré  l'original ,  il 
n'en^eùt  point  douté  :  ainfi  cette  partie  s'appelleroic 
plutôt  \' Emath  d'Ifracl. 

ÉMATH^eft  encore  une  ville  fituée  au  pied  du  monc 
Liban,  aux  confins  de  la  province  de  Damas,  ap- 
pelée Syrie  de  Damas.  Ileftvrai-femblable  qu'elle 
fut  bâtie  par  Emath ,  ou  Amath  ,  Amathce  ,  hls  de 
Chanaan,  Geti.  X.  18.  &  quelle  en  prit  fon  nom. 
Ce  fut  la  Capitale  d'un  Royaume  de  Chananéens. 
Il  fut  enfuite  attribué  à  la  Tribu  de  Nephtali.  Jof. 
XIX.  3  V 

Ce  nom,  foie  qu'il  fe  dife  du  pays,  ou  de  la 
ville  dont  nous  venons  de  parler ,  s'exprime  en  plu- 
fîeurs  manières  j  car  on  trouve  Emath  j  Hcmath  , 

M  m  m  m 


é42,  EMA     EMB 

Amath  j  Hamath  ,  Ammadj  Ammath  j  Hammath  j 
Ainathe  ,  Amatgi  j  Emathin.En  Hébreu  ,  c'eft  "131  j 
Hamath.  qui  iîgnitîe  chaltur. 

Il  eft  fait  mention  d'un  Emath  dans  Amos  VI.  i. 
à  laquelle  le  Prophète  donne  le  furnom  de  grande. 
S.  Jérôme  die  que  c'eft  Ancioche  de  Syrie  :  le  P.  Lu- 
tin croit  que  ce  pourroit  aulîi  être  la  ville  appelée 
Epiphanie  ,  iituée  fur  le  bord  oriental  de  l'Oronte, 
&  que  l'on  nomme  aujourd'hui  Aman. 

ÉMATHION.  f.  m.  Fils  de  Tithone  ,  étoit  un  tyran 
de  l'Arabie ,  donc  Hercule  purgea  la  terre  ,  dit 
Diodore. 

£M  AYOLER.  v.  a.  Donner  le  Mai.  Ce  mot  eft  vieux. 

Pour  ce  vous  veux  3  Madame ,  émayoler  , 

£n  luu  de  mai  3  d'un  loyal  cœur  que  j'ai.  Fro  i  s  s. 

E  M  B. 

EMBABOUINER.  v.  a.  Amufer  quelqu'un  de  belles 
efpérances ,  fe  rendre  maître  de  Ion  elprit  \  l'enga- 
ger à  force  de  careifes  à  faire  ce  qu'on  fouhaite  de 
lui.  AlUcere  jiproleclare.  C'eft  à  faire  aux  fots  à  fe 
lailfer  embabouïner  par  les  femmes.  Il  s'eft  lai.Té 
enibabouiner  par  ce  hâbleur ,  qui  lui  proraettoit  de 
faire  fa  fortune.  Ce  mot  eft  populaire  ,  &  vient  de 
babouin  3  comme  qui  diroit.  Traiter  quelqu'un  en 
fot  j,  en  enfant,  en  babouin. 

EmbabouïnÉ  ;'Ée.  part.  Laclatus  ,  dcceptus  j  illufus. 

EMBÂILLONNER.  v.  a.  Mettre  un  bâillon  à  quel- 
qu'un. Il  a  la  même  fignification  ,  mais  plus  d'é- 
nergie, ce  me  femble  j  que  bùillonney,  il  eft  cepen 
dant  moins  ufité.  On  voit  quelquefois  les  gros  lar- 
rons paffer  le  même  pas  qu'on  fait  palfer  aux  petits: 
mais  ceci  advient  ordinairement  à  ceux  qui  ont  été 
il  mauvais  ménagers ,  qu'ils  n'ont  rien  gardé  de  quoi 
ils  pulfenc  embâillonner  ceux  qui  voudroient  crier 
contr'eux  ,  ou  grailfer  les  mains  de  ceux  qui  les 
voudroient  prendre....  Apol.  pour  Hérodote,  edit.  ùe 
la  Haye  1735,  tome  i  j  partie  2  y  chapitre  1  /  ^ pag. 

203  J  -20t£. 

EMBALLAGE,  f.  m.  Aftion  d'emballer ,  de  mettre  en 
balles  ,  &  chofes  '  qui  fervent  à  emballer  ,  comme 
cordes  ,  ferpillières  ,  papier,  toile  cirée  ,  &c.  Com- 
paclio  3  confarcinatio.  Il  faut  compter  les  frais  de 
l'emballage  fur  les  marchandifes.  \J emballage  appor- 
te toujours  quelque  tare  ou  déchet.  Il  faut  dmii- 
nuer  fur  les  marchandifes  le  poids  de  Vemvallage. 
Dans  le  deuil ,  le  bonnet  des  Chinois  a  une  figure 
tout-à-fait  bizarre  :  il  eft  d'une  toile  de  chanvre 
rouflTe  ,  &  fort  claire ,  &  à  peu-près  comme  notre 
toile  à'embalage.  P.  Le  Comte. 
EMBALLER.,  v.  a.  Empaqueter  des  marchandifes,  des 
meubles  ou  autres  chofes  j  les  mettre  dans  une  bal- 
le. Compingerej  infafcem  redigere  ,  confarcinarc  j 
coUigere.  On  emballe  les  meubles,  les  livres,  Vau- 
tres chofes  qu'on  veut  tranfporter  au  loin. 

Ces  mots  viennent  de  balle  3  qui  fignifie  premiè- 
rement une  balle  à  jouer ,  &  qui  vient  du  verbe 
e«>iAi7»,  jacçre  ,  Sc  enfuite  a  fignifié  un  gros  paquet 
de  marchandifes. 
Emballé,  Ée.  part. 

EMBALLEUR,  f.  m.  Celui  dont  le  métier  eft  d'em- 
baller des  marchandifes.  Compacîor ^œnfircinator  ^ 
farcinaiius  flruclcr.  Les  Emballeun  à  Paris  font  la 
plupart  Crocheteurs.  A  la  Douane  ils  font  en  titre 
d'office ,  ainfi  qu'à  Lyon. 
Emballeur.  jEusE.  Se ditj  figurément,  des  hâbleurs  , 
de  ceux  qui  en  font  accroire.  Faniloquus.  Il  eft  bas 
&  populaire. 
EMBANQUÉ.  adj.  m.  Se  dit  fur  mer  ,  d'un  vaifteau 
qui  eft  arrivé  fur  le  grand  banc  j  pour  la  pêche  de 
la  morue. 
EMBARBÈ.  f.  m.  Qui  a  de  la  barbe.  Il  étoit  fi  copieu- 
fement  embarhé 3  que  fa  barbe  étoit  aftez  ample 
pour  faire  un  bouchon  de  taverne.  Dicl.  Com. 
EMBARCADÈRE,&  EMBARCADOUR.f.m.C'eft  le 
lieu  où  les  Efpagnols  font  leurs  embarquemens  fur 
les  côtes  de  l'Amérique  qui  font  mouillées  de  la  mer 


EMB 

du  Sud.  C'eft  un  lieu  qui  fert  de  port  à  quelque 
viile  confidér.ible  qui  eft  plus  avancée  dans  les  ter- 
res- Aric.i,  eft  ï embarcadère  du  Potofi.  Il  y  a  des  e;n~ 
biircadèrts  dont  la  ville  à  laquelle  ils  fervent  de  porc 
eft  quelquefois  éloignée  de  40  à  50  ,  &  jufqu'à  63 
lieues  de  la  mer. 

^  EMBARCATION.  Terme  de  Marine.  Nom  que 
l'on  donne  a  de  petits  Navires  de  diftérentes  eipè- 
ces  J  par  rapport  à  leur  voilure ,  leur  mâture  ou  leur 
grandeur.  M  an. 

EMBARDER.  v.  n.  Terme  de  Marine.  C'eft  faire  fai- 
re un  mouvement  au  vailfeau,  pour  s'éloigner  de 
l'endroit  où  il  Q^.Digredi^jactarefe.  Embatde  bas- 
bord  ,  embarde  ftribord.  Cela  fe  dit  aufli  d'un  vaif- 
feau  quand  il  eft  à  l'ancre  ,  &  qu'on  lui  fait  fentic 
fon  gouvernail  3  pour  le  faire  jeter  d'un  côté  ou 
d'autre. 

EMBARGO.  Mettre  un  embargo  j  fe  dit  des  défenfes 
qui  fe  font  de  la  part  des  Souverains  ,  pour  empê- 
cher que  les  vailîeaux  Marchands  ne  fortent  des 
ports  de  leur  dépendance  ,  afin  de  pouvoir  s'en  fer- 
vir  ,  aulîi  bien  que  des  équipages ,  dans  les  armé- 
niens qu'ils  ont  rélblu  de  taire.  C'eft  ce  qu'on  ap- 
pelle proprement  en  France  ,  jermer  les  ports.  En 
Hollande  &  en  Angleterre  on  dît  preffer  3  qui  a  la 
Kiême  fignification.  Les  embargos  font  au  Commer- 
ce ,  un  préjudice  qu'il  eft  aifé  de  comprendre.  Dicl. 
de  Commerce. 

EMBARILLÉ  ,  ée.  adj.  Enfermé  dans  un  baril. 

CiCJ-  E-r.IBARQUEMENT.  f.  m.  Adion  par  laquelle 
on  met  des  marchandifes ,  des  troupes  j  des  muni- 
tions &c.  lurun  vaiffeau  ,  pour  les  tranfporter  ail- 
leurs. Importdtio  in  navim.  L'embarquement  des  mur- 
chanùifes ,  des  troupes  fe  fit  tel  jour.  C'eft  auili  l'ac- 
tion par  laquelle  on  entre  foi-même  dans  un  vaif- 
feau pour  taire  route.  Depuis  notre  embarquement  y 
nous  avons  elfuyé  deux  tempêtes.  Afcenfus  3  conf- 
cenjus  in  navim.  \J embarquement  de  S.  Louis  pour 
l'expédition  de  la  Terre-Sainte ,  fe  fit  à  Aiguefmor- 
tes  ,  quoique  cette  ville  loit  maintenant  alfez  éloi- 
gnée de  la  mer. 

fC3'  On  le  dit  aufti  des  frais  qu'il  en  coûte  pour 
embarquer  des  marchandifes.  Cet  embarquement  a 
tant  coûté.  On  a  employé  ce  mot  au  figuré  pour 
engagement.  On  a  dépeint  votre  embarquement  le 
plus  bas  où  fe  foie  jamais  mis  une  perfonne  de  vo- 
tre qualité.  B.  Rab.  On  dit  embarquer  quelqu'un  y 
&  s'embarquer  foi-  même  dans  une  affaire  :  mais 
embarquement  en  ce  fens  ne  vaut  rien. 

EMBARQUER,  v.  a.  Mettre  des  marchandifes  ,  des 
munitions,  &c.  dans  un  vaifteau.  In  navim  impor- 
tare ,  nave  impo/Kre.  S'embarquer,  c'eft  y  entrer  foi- 
mcme  pour  taire  roure.  Navim  confcendere ,  ou  in 
navim  confcendere.  Ce  Capitaine  a  embarqué  deux 
Régimens.  Ce  Voyageur  s'eft  embarqué  à  la  Ro- 
chelle ,  pour  aller  aux  Indes.  Ce  marchand  a  em- 
barqué toutes  fes  marchandifes ,  &  eft  prêt  à  faire 
voile- 

Embarquer  en  gre-nier ,  c'eft.  Embarquer  fans  em- 
baller. Congerere  in  acervum.  Embarquer  du  fel  en 
grenier.  Notre  blé  étoit  embarqué  en  gnemeï.  Ce  qui 
ne  veut  pas  dire  qu'on  met  effeétivement  les  mar- 
chandifes 3  ou  autre  chofe  dans  un  grenier ,  in  hor- 
reo  ;  mais  qu'on  les  meten  tas,  fans  être  embal- 
lées ,  empaquetées.  Ainfi ,  dans  un  vaifteau  ,  le  fel , 
le  blé ,  le  bifcuit ,  le  poilfon  fec  eft  embarqué  en 
grenier  ,  parce  que  ,  dans  le  fond  de  cale,  il  y  a  des 
endroits  particuliers ,  où  toutes  ces  chofes  fe  met- 
tent en  tas ,  &  fans  être  enfermées  dans  des  facs- 

§Cr  Embarquer  ,  fe  dit,  au  figuré ,  pour  engager  à 
quelque  chofe  ,  ou  dans  quelque  chofe,  dans  une 
entreprifejUneaffaire.il  eft  auftî  réciproque://w/'/^«- 
re  aliquem  j  immifcere  fe  ,  implicare  fe.  On  l'a  em- 
barqué dans  une  mauvaife  affaire.  Ne  vous  embar- 
quel  ^  ■'''^'''  '  1"^  vo\i%  n'ayez  prévu  les  obftacles  , 
&  confommé  votre  prudence  à  pénétrer  l'événe- 
ment. S.  EvR.  La  légèreté  qu'elle  témoignoit  3  lui 
faifoit  appréhender  de  s  embarquer  zwec  eWt^.K  Rab. 
Il  s'éioic  embarquez,  aimer ,  plus  par  gloire  que  par 


E  MB 

amour.  Td.  Il  fît  les  pas  nécellâires  pour  embarquer 
la  dupe.  Id.  Cet  Orateur  s'ell  embarqué  en.  un  long 
difcours  j  en  une  grande  queftion.  Il  n'a  pu  quitter 
le  jeu  fur  fa  perte  ,  il  étoit  embarqué  trop  avant. 

On  dit  j  proverbialement,  que  quelqu'un  s'eft 
embarqué  (ans  bifcuit ,  quand  il  s'cft  engage  impru- 
demment en  quelque  aftaire  j  fans  avoir  la  force 
de  la  foutenir. 

Embarqué  ,  ée.  part.  Impofnus  navi. 

EMBARRAS,  f  m.Ce  mot  fe  dit,  au  pliyfique,  de  tout 
ce  qui  empêche  la  facilité  d'un  mouvement  ou 
d'une  aftion.  Impedlmciuum.  Il  y  a  de  grands  em- 
barras dans  les  chemins  ,  à  caufe  que  l'armée  défi- 
le. Les  catrolfes  font  des  embarras  dans  les  rues. 

^fT  Ce  mot  fc  prend ,  au  moral ,  pour  les  dif- 
ficultés qui  fe  trouvent,  fat-tout  dans  les  affaires,  o: 
en  fufpendent  la  décifion  ou  l'exécution,  impedi- 
mentunt ,  imptkatic  II  y  a  biea  de  Rembarras  dans 
cette  fuceeilion.  Implicitus.  On  le  dit  du  doute  de 
l'efprit  fur  ce  qu'on  doit  faire  ,  fur  le  parti  qu'on 
doit  prendre.  Perplexitas,  }q  fuis  dans  un  cruel  t7«- 
ifarras. 

Son  cœur  toujours  flouant  entre  mille  embarras  , 
Ne  fait  ni  ce  qui,,  veut ,  ni  ce   quù  nt  veut  pas. 

BoiLEAU. 


§C?  On  le  dit  encore  de  ce  qui  nnit  à  la  commo- 
dité de  la  vie  j  de  la  peine  que  donne  une  muin 
tude  d'affaires  qui  viennent  toutes  à  la  fois.  SoUi 
citudo.  Je  fuis  dans  un  embarras  d'affaires  qui  m'ac 
cable.  On  vit  plus  en  deux  jours  de  loihr ,  tk  l'on 
y  fent  mieux  la  vie  ,  qu'en  deux  ans  à' embarras.  Ch. 
DE  M. 

^fT  On  le  dit  aulli  du  trouble ,  du  défordre  de 
l'efprjt ,  manifellé  par  les  acf ions  extérieures.  L'em- 
barras avec  lequel  je  lui  parlai  l'obligea  de  me  prel- 
fer.  Bussi.  Le  déclin  de  l'amour  le  reconnoit  par 
\ embarras  ou  l'on  etl  de  fe  trouver  feuls.  LaBruy. 
Embarras  ,  en  parlant  de  maladie  ,  fîgnifîe ,  un  com- 
mencement d'obtlrudion.  Il  y  a  à^V embarras  dans 
le  toie, 
EMBARRASSANT  ,  ante.  adj.  Qui  apporte  de  rem- 
barras. Molcjius.  Il  fe  dit  des  perfonnes  &  des  cho- 
nes.  La  Dame  ell  un  peu  emlsarrajjante.  Mol.  Ce 
procès  qu'on  lui  a  lufcité  elt  fort  emcarrajjant.  Cette 
objection  ett  fort  embarrajjante.  Il  n'y  a  que  le  faux 
refpcct  û'emb.irr.2l]ant  j  ce  refpect  eft  celui  qu'on 
rend  à  la  fortune  :  celui  qu'on   rend  au  mérite  n'a 
rien  d'incommode.  Ch.  de  M.  On  dit  que  la  dignité 
■des  Rois  efl  embarrajjante  ,  parce  qu'elle  les  oblige 
à  avoir  certain  air  ,  certaines  manières  convenables 
à  leur  rang  ,  qu'on  n'a  guère  fans  une  attention  con 
tinuelle  qui  fatigue  &  qui  embarralfe.  La  majefté 
n'étoit  point  embarrajjante  pour  Louis  XIV  ,  elle 
lui  éïoit  naturelle.  La  dignité  d'Ambaffadeur  eft  fort 
embarrajjante. 
XMBARRASSEMENT.  f.  m.  L'intrigue  de  cette  co- 
médie n'eft  qu'en  V  cmbarrajjemenc  da  bonhomme, 
qui  lui  edcaufé  par  tous  les  Gendres  qu'il  a  accep- 
tés... Argumentde  la  Com.des  Fifionnaires.  Embarras 
eft  plus  uiité. 
^C7"  EMBARRASSER,  v.  a.  Caufer  de  Tembarras. 
/^ojcç  Embarras  dans  le  fens  propre.  Impedire', 
implicare.  Lescarrolfes  embarrajJentXssïwes àsVd^ûs 
Les  voitures  embarrajjentles  chemins.  Les  moulins 
embarrajjent  le  cours  de  la  rivière.  Les  ponts  em- 
barrajfent  la  navigation.  Ce  clavecin  embarra(Je  vo 
tre  appartement. 
^^  Embarrasser,  fe  dit  auflTi  de  cequi  nuit  à  la  fa- 
cilité d'une  aélion,  à  la  liberté  d'un  mouvement.  Les 
habits  de  cétémonie  ne  font  c^embarajj^r.  Les  bot- 
tes embarrajfent  à  marcher. 
§Cr  Embarrasser  ,  fedit  auffi  au  figuré.  Foye^  Em- 
barras, tmbarrajjer  une  aflaite  ,  une  queftion,  la 
rendre  mal  aifée  à  démêler  par  les  difficultés  qu'on 
fiit  naître.  Implicare  ,  intricare. 
^3"  Embarrasser  quelqu'un ,  le  mettre  en  peine, 
le  rendre  indécis,  irréfylu  fur  le  parti  qu'il  doit  pren 


E  M  B  ^43 

dre.  Perplexum  reddere ,  dubitationem  injicere.  Ce 
que  vous  dites  membarra[fe  i\  fort ,  que  je  ne  fais 
quel  parti  prendre.  Il  fJt  fort  embarrajfé  à  choifir. 
Combien  de  penfées  diverfes  offulquent  &  embar- 
rajjent l'efpritd'un  homme  que  la  colère  ttanfporte? 
M.  Esp. 

|p°  C'eft  quelquefois  caufer  un  certain  trouble 
dans  l'efprit ,  qui  le  manifefte  par  les  aélions  exté- 
rieures, i'urhare ,  perturbare.  Il  s'appexçut  que  fes 
regards  Vembarrajjoient ,  contre  l'ordinaire  des  jeu- 
nes perfonnes  qui  voient  toujours  avec  plailir  l'effet 
de  leur  beauté.  P.  de  Cl. 

^fT  II  ell:  fouvent  employé  avec  le  ptonom  per- 
fonnel.  Ne  vous  embarrajfé-  point  danscette  atlaire 
là;  ne  vous  mêlez  point  dans  une  affaire  ,  où  vous 
vous  trouverez  embarrajfé.  Jmmijcere  fe  negotii.  Il 
s'eft  embarrajje  dans  fon  difcc  urs  ,  il  en  a  perdu  la 
fuite,  fans  favoir  comment  en  fottir.  Vagari  di- 
cendo.  Il  ne  %  embarraJJ'e  de  rien,il  ne  fe  foucie,  il  ne 
s'inquiète  de  rien.  Nihil  curare.  Ceft  un  homme  qui 
ne  %  embarrajfé  de  rien  ,  à  qui  -ien  ne  fait  de  la 
peine. 

On  dit  que  la  tête  d'un  malade  s  tmbarrajfe  ;  pour 
dire  ,  que  le  tianfport  au  cerveau  commence  à  fe 
former ,  ou  qu'on  craint  qu'il  ne  fe  forme.  Ojb  die 
aufii  que  fa  poitrine  s'embarrajfe  ;  pO;-u  dire ,  qu'elle 
commence  à  s'emplir. 
Embarrassé  ,  Ér.  part.  pafT.  Impeditus.  l\  a  les  fignifi- 
cations  de  fon  verbe.  Chemin  embarrufé.  Affaire 
cmbarrafjée.  Efprit  embarrajje.  Contenance  embar- 
rajjée. 


N\'ttende:^  pas  toujours  que  du  befoin  preffe , 
Votre  ami  vous  apporte  un  air  embarralTé. 

VlLL. 

EMBARRER.v.a.  Vieux  mot.  Enfermer  entre  des  bar- 
res. C-loJJ.  fur  Marot. 

S'EMBARRÈPv.  Impedhefe.  Qui  fe  dit,  au  Manège, 
d'un  chevalquis'embarr-.lfeles  jambes  dans  la  barr» 
qui  le  fépare  des  autre.'^. 

EMBARRURE.  f.  f.  Terme  de  Chirurgie.  Fraéture  à 
quelque  os  ,  fur-tout  au  crâne  ,  dans  laquelle  une 
efquiUe  palfe  Ions  l'os  fain  &  comprime  la  dure- 
mère.  Il  y  a  des  fraétures  qui  ne  paroifFent  que  de 
petites  fentes  ,  &  qui  font  plus  dangeteufesque  de? 
embarrurcs.  Dionis. 

ffT  EMBARRUREjfe  dit  auffi,  en  termes  de  Marécha- 
lerie ,  pour  un  accident  qui  ariive  à  un  cheval  qui 
s'embarre. 

EMBAS.  Il  y  a  des  Auteurs  qui  écrivent  ainfi  ce  que  les 
autres  écrivent  en  bas  ,deorJitm.  Les  premiers  ne  fonc 
qu'un  mot ,  &  mettent  une  m  ,  au  lieu  d'une  n  , 
luivant  l'ufage  &  l'analogie  de  notre  langue  dans 
cescompofitionsde  mots.  Ce  mot ,  en  certaines  oc- 
cafions ,  doit  être  regardé  comme  fubftantif ,  car 
on  lui  donne  une  propolition.  Defcendre  en  embas , 
a  la  même  conftruclion  que  monter  en  haut. 

Lorfque  l'hiver  répand  fa  neige  &fesfrimats. 
Elle  quitte  la  tige ,  &  defcend  en  embas. 

Perrault. 

On  trouve  la  même  conftruftion  quand  on  écrit 

en  deux  mots  en  bas.  Poufter  en  enbas.  Foye^  Bas. 

EMBASE,  f.  f.  Terme  d'Horlogerie.  C'eft  une  alliette 

?[ui  fe  réferve  fur  l'arbre  d'une  grande  roue  en  le 
orgeant.  AJfiette  &  embafe  font  fynony mes. Tou- 
tes les  deux  font  pour  retenir  une   roue  fixe  fur 
fon  arbre  par  le  moyen  d'une  clavette  ou  d'une  rai- 
nure. 
EMBASEMENT.  f.  m.  Ternie  d'Architedrure.  Efpèce 
de  baie  continue  en  manière  de  large  retraite  au  pied 
d'un  édifice.  Piedeftal  continu  fous  la  malfe  d'un 
édifice. 
EMBASMANT.  p.irt.  aft.  Vieux  mot.  Qui  répand 
une  odeur  agréable.   Fragrais.  Cèdre  embafmant. 
Marot. 
EMBASMER.  Vieux  verbe  a.  Embaumer  ,  répandre 

M  m  m  m  ij 


^44  .     E  M  B 

une  odeur  agréable.  Balfamo  condire  ^  ungere,  oui 

bieiî  ùdore  compicre. 
•ILMBATAGE.  f.  m.  Terme  de  Maréchal.  Application 

de  bandes  de  ter  lue  des  loues.  Nicot.  ^\ocurum 

conjixio. 
ILMBÂTER,  V.  a.  Mettre  le  bât  à  une  bête  de  fomme. 

OueUas  imponerc  \  ou  bien  faire  un  bâc  pour  une 

•bète  de  Ibmme.  Cet  ouvrier  elt  fort  adroit  à  bien 

emhàter  les  mulets. 

lUîgnitie,  figuré  ment,  charger  quelqu'un  d'une 

chofe  qui  rmcomnioJe.On  l'a  d/n/^arc d'une  Charge 

qui  lui  pèle  rort.  v^i  ea-çe  qui  m'a  cmbaté^^n  i\ 

lot  homme  ?  Il  eÛ  du  l^yle  familier ,  mais  «ès-tami- 

her. 
V-:,i-Rkxk,  iï..\>xn.CliteUisinfiru£lus.  , 

LiMBÀTONNE  ,  EE,  acij-  Vieux  mot.  Arme  d'un  bâ- 
ton. Al  mucus  Jufte.  L-/ Fontaine  ,  dans  la  table  de  la 
•chatte  métamorphofée  ea  femme,  liv.  2  Jab.  iH  ^ 
dit,  en  patlant  de  U  force  du  naturel: 

Coups  de  fourche  j  ni  d'tcrmères  , 
Ne  lui  J  ont  changer  de  manières  ; 
Et  juffie\yVous  embâtOnnésj 
Jamais  v0us  n'en  Jere:(  les  maîtres  : 
Qu'on  luijerme  la  porte  au  nc\ , 
Il  revienip'a par  les  fenêtres. 

Ce  mot  »*eft,plus  en  ufagc  qu'en  Archiredure , 
ou  Ion  dir,  une  colonne  cannelée  &  embatoancc^ 
pour  dvre  ,  que  fes  cannelures  font  remplies  de  h- 
guLes  de  bâtons  jufqu'à  une  certaine  partie  de  Ion 
fCir. 

EMBÂTONNER.  v.  a.  "Vieux  mot ,  qui  fe  prenoit  au- 
trefois en  deux  fens  d:ftérens  \  pour  garnir  quel- 
qu'un, 1  armer  de  bâtons  ,y/^//V/'.'.'i- df-^i^e  omni  teto- 
ruin  génère  injlruere-^  &  pour  donner  des  coups  de 
bâton  à  quelqu'un.  Fuftibus  caderc.  Nicot. 

EMBATTES.f.  m.On  appeloitainfi  autrefois  les  vents 
réglés  ,  qui  fouftlent  toujours  en  certaines  mers  ,dc 
en  certains  temps.  £fe/?^.  Nicot. 

IP"  EMBATTOIR.  i.  m.  Foire  dans  laquelle  les  Ma- 
réchaux mettent  les  roues  fur  Icfqujiles  ils  appli- 
quent les  bandes  de  fer  ,  afin  que,li  le  feu  prend  à  | 
la  roue  quand  on  applique  la  bande  qui  doit  être 
rougie  à  la  forge  ,  on  puilfe  l'éteindre  ,  en  taifant 
tourner  la  partie  enfiammée  dans  l'eau  qui  elf  au 
fond  de  ïeinbattoir. 

EMBAïTRE.  v.  a.  Ferras  laminis  rotas  munir e ,  rotas 
configere.  Terme  de  Maréchal,  qui  fe  dit  propre- 
ment quand  il  applique  des  bandes  de  fer  fur  les 
roues.  Nicot  dit  que  ce  mot  le  prend  auiîl  quelque- 
fois pour  arriver ,  fourrer  ,  jeter.  Dans  ce  fens  on 
ne  le  dit  plus.  On  dit  abattre  y  combattre  ,  débatuc^^ 
mais  non  pas  embmre.Vomt-^  prend  embattre  en  gé- 
néral pour  appliquera  clouer  à  coups  de  marteau. 
Acri  mallcorum  incu\fufigere  ,  panière,  &cc. 

EMB'\UCHAGE.  f.  m.  L'adion  d'embaucher.  /«- 
ducUo,  •      - 

EMBAUCHER,  v.  a.  Conducere ,  collocare  opéras  ,  &c. 
"Vieux  mot,  qui  n'ert  plus  en  ufage  que  chez  les 
les  Artifans ,  pour  dire  engager  un  compagnon  au 
fervice  d'un  Maître.  'Embaucher  des  compagnons  , 
c'eft  leur  donner  de  l'ouvrage  j  les  taire  travailler. 
'  Il  y  en  a  auffi  qui  difent  embaucher  un  ouvrage  , 
pour  dire  ,  le  commencer.  De-là  eft  dérivé  fon  con- 
traire débaucher. 

Embaucher,  fignifie  auffi,  enrôler  par  adredfe  des 
foldats  J  les  engager  ,  &  les  fournir  aux  Officiers. 
L'un  &  l'autre  peuvent  venir  de  hoge,  ou  àsbau- 
ge ,  vieux  mot  François ,  qui  fignifioit  demeure. 
Chorier ,  dans  fon  Hiji.  duDauphmé ,  T.  1  ,  p.  490 
rire  ce  mot  de  l'ancien  Gaulois,  ou  Celre  ;  car ,  fé- 
lon lui  J  embauche  &  embaucher ,  qu'il  écrit  par 
un  a,  ambauche  ,  l'Alleman  aw/n.'c/irj  œuvre  ,  tra- 
vail,  &  ambachten  J  travailler  ,  &  les  Ambacles  j 
dont  parle  Ccfar  ,  ont  la   même  origine. 

Le  P.  Delbrun  traduit  embaucher  par  incrufîare  , 
albario  opère  ornare  ,  tk.  Pomey  explique  embaucher 
par  enduire  de  plâtre ,  ou  de  mortier ,  truUJfarc. 


E  MB 

Embaucher  de.  mortier  une  muraille  3  embaucl.er  de 
terre  gralfe. 

Embaucher,  dans  le  fens  propre  ,  c'eft  mettre  fur  les 
murs  un  enduit  cju'on  appelle  bauche  ,  &:  c'eft  da-.li 
que  s'eft  toimé  ce  mot  embaucr.er  :  par  métapaore 
on  a  dit  embaucher  ,  pour  engager  c^uelqu'im  ^  mais 
nous  difons  bauge  &  non  pas  baucne.  ..r.-'v-i 

Embauche  ,  ée.  part. 

EMBAUCHhUR.  f  m.  Co«(/«i.7(;r.  Celui  qui  embau-' 
che  les  compagnons  artiians,  ôc  qui  les  tait  ei7trer 
au  fervice  de  quelque  Maure  \  uu  celui  qui  enrûle 
quelqu'un  pour  foldat  par  adrelTe. 

EA4BAUMEMENT.  f.  m.  Adion  d'embaumer  un  corps 
mort.  Les  emhaumemens  communs  le  tont  avec  des 
poudres  aromatiques  &  du  baume  du  Pérou-  Louis 

■  Petricher  ,  ancien  Garde  des  Marchands  Apothi- 
caires de  Pans  ,  a  fait  un  traité  des  embaumemcns  , 
félon  les  Anciens  &  les  Modernes. 

EMBAUMER,  v.  a.  Ouvrir  un  corps  mort ,  en  tirer 
les  inteftins,  &  le  remphr  de  drogues  odorantes  (3i: 
defiicatives  ,  pour  empêcher  qu'il  ne  le  corromje. 
Condire  aromatibus ,  perfundcre.   En  Egypte   on  fô 
fervoir  autrefois  pour  cela  du  baume.  Le  corps  de 
Jofeph  en  Egypte  fut  40  jours  à  embaumer ,  oenèfe 
50  ,  zj  ,  Marie    Magdeleine,  &  Marie  mète   de 
Jacques  J  achetèrent  des  parfums   pour  einùaumer 
Jésus.  Jean,  Roi  de  France  j  mourut  à  Londres  ea 
1 3  64  où  l'on  embauma  fon  corps ,  qu'on  apporta  cii 
France  ^  &  qu'on  enterra  à  S.  Denis.  Du    i  illet. 
f^oy.  au  premier  Tome  du  Recueil  de  Thévgi-,ot  la 
manière  d'embaumer  les  morts  en  Egypte.  Au  i'érou 
onconfervoitaulîi  les  corps  des  Rois  cmb.,umes.  Gar- 
cilallo  de  la  Véga  croit  que  leur  principal  fccret  étoic 
d'enfevelir  ces  corps  dans  de  la  neige  pour  les  y  fai- 
re fécher  ,  après  quoi  on  y  appliquoit  un  certain 
bitume  dont  parle  Acoftaj  qui  les  conlervoit  aufli 
entiers  que  s'ils  euffentété  en  vie.  NehemiasGreWj 
Auteur  du  MufAum  Hegalis  Societatis ,  croit  que  les 
Egyptiens  ,  pour  embaumer  les  corps ,  les  cuifoionc 
dans  une  chaudière  avec  une  certaine  efpèce  de  bau- 
me liquide.  Sa  raifon  eft  que,  dans  la  Momie  du  Ca- 
binet de  la  Société  Royale  de  Londres^  le  baume  a 
tellement    pénétré    non  -  feulement     les    chairs 
&  les  parties  molles  ,  mais  même  les  os  ,  qu  ils  en 
font  tout  noirs,  comme  s'ils  avoient  été  brûlés. M. 
Dionis  décrit  j  dans  fon  Traite'  des  Opérations  de 
Chirurgie  j  la  manière  d'embaumer  aujourd'hui  les 
corps. 

Embaumer  ,  fe  dit  auffi  des  odeurs  qui  parfu- 
ment Tair,  &  répandent  un  odeur  agréable.  Odorc 
grato  perjundere.  Dans  le  temps  que  les  rofes ,  la.  vi- 
gne j  lesorangers  fonten  fleur,  l'air  en  eft  tout  em- 
baumé. On  du  qu'un  vin  embaume  la  bouche  j  pour 
dire  ,  qu'il  a  une  odeur  exquife  &  un  fumet  déli- 
cieux. 

On  le  dit  quelquefois,ironiqUement  &en  contre- 
fens  ,  de  ce  qui  eft  très-puant. 

Embaumé  ,  ée.  part. 

Ces  mots  viennent  de  baume ,  qui  vient  de  Bal- 
famum ,  qui  eft  un  mot  Grec. 

EMBDE  3  ou  LMBDEN.  Ville  du  Cercle  de  Weft- 
phalie  en  Allemagne.  Embda,  Emda,  Amifia,  A  ma- 
fia. Elle  eft  dans  le  Comté  d'Embden ,  à  l'embou- 
chure de  la  rivière  d'Ems  j  Amifia  ,  dans  le  golfe 
de  DoUert,  où  elle  a  un   port  à  huit  lieues  au  le- 
vant de  la  ville  de  Groningue.  Embde  a  un  château 
qui  dépendoit ,  auffi  bien  que  la  ville,  du  Comté 
d'Embde.  Embde  n'étoit  d'abord  qu'un  village  :  elle 
devint  une  petite  ville  &,  fe  trouvant  maltraitée, 
elle  fe  mit  fous  la  protedion  de  la  maifon  de  Gret. 
Ulric,  Seigneur  de  cette  maifon  ,  obtint  en  1454, 
de  l'Empereur  Frédéric  III  ,  qu'il  érigeât  pour  lui 
en  Comté  les  côtes  qui  font  entre  l'Ems  &  le  "Wcicr. 
Embde  a  dépendu  de  ces  Comtes  jufqu'en  1559  que 
l'on  prérend  que  le  Comte  d'Embde  renonça  à  fes 
droits  fur  la  ville  &  le  château.  Depuis  ce  temps- 
là  Embde  fe  gouverne  en  République  fous  la  protec- 
tion des   Hollandois.  Long.  24  d.  38 
S;d.20. 


latitude 


E  M  ^B 

EMBDERLAND.  Conitéd'Euibde, Territoire  d'Emb- 
de.  Embda.'ius   Comuacus  ,  p^^g-ts.  Il  comprend  ce 
qu'il  y  a  de  pays  maritime  de  l£ms  au  Wcfer  ,  ou 
ce  qu'on  appelle  TOofthile ,  ou  la  Fcife  Orien- 
tale. 
EM15EGUACA.  f.  f.  Sorte  d'herbe  du  Brclli ,  qui  a 
quelquefois  les  racines  longues  de  plus  de  trente  cou 
dces.  Comme  leur  écorce  ell  dure  ,  on  en  tord  des 
cercles  de  navire  extrêmement  fort ,   qui  reverdil- 
fent  lous  leau.  Cette  écorce ,  étant  pilée  &  mile 
fur  des  charbons  ardens  j  jette  une  himée  qui  ar- 
rête le  rtux  de  fang  ,  principalement  aux  femmes. 
EMBEGUINER.v.  a.  Mettre  un  béguin  fur    la  tête 
Dans  ce  lens  on  le  du  peu.  Il  eil  plus  fouvent  em- 
ployé pour  dire  j  envelopper  la  tète  d'un  linge  ou 
d'autre  chofe  ,  en  torme  de  béguin  qui  nelaille  vou 
que  le  vilage.  Calantka  _,  calypcru  lïneà  capuc  invoi- 
verc  ,  inducrc.  Cette  homme  a  mal  aux  dents  ,  il  ell 
contraint  de  patoître  embéguiné, 
Embe&uiner.  fe  dit ,  au  figuré,  en  parlant  d'opinions, 
de  pallions  ridicules  ou  toiles  dont  on  s'entête.  On 
le  dit  ordmairemenr  au  palliF,  ou  avec  le  pronom 
perfonnel.  Il  tient  un  peu  du  llyle  populaire  j&:  le 
prend  toujours  en  mauvaife  part.  Embcgubur  quel- 
qu'un d'une  opinion.  Aliquâ.  .opïnionc  anïmiim  im- 
buere.  S'cmheguiner.   Aliquam  opinionan  imbïbcrc. 
On  fe  lailîe  cOTi^cVai/ze/-  aifément  de  nouvelles  opi- 
nions. Un  vieillard  fe  iailTé  coëfler ,  anbéguincr  d'une 
jeune  femme. 
EmbeguinÉjÉe. part. lia  les  fignificationsde  fon verbe 

en  latin  &  en  François. 
'EWiiELLE.  f.  m.  C'eft  la  partie  du  vaiHèau  qui  ell 
comprife  entre  la  herpe  du  grand  mât ,  jufqu'à  la 
lierpe  de  l'avant ,  ou  depuis  le  grand  mat  jufqu'à  la 
dogue  d'amure. 
EMBELLIR,  v.  a.  Rendre  une  chofe  plus  agréable  &: 
plus  belle  pai;  les  nouvelles  formes  ou  accelloires 
qu'on  y  ajoute.  Exornare,  decorare.  L'ajullement 
emhdlk  beaucoup  une  femme.  Ce  curieux  a  embelli 
fon  cabinet  de  plufieurs  tableaux.  La  vie  des  Héros 
a  enrichi  l'Hilloire  ,  &  l'Hiftoirea  embelli  les  ac- 
tions des  Héros.  La.Br.  La  fcience  j  qui  gâte  tant 
d'efprits  ,  n'a  fait  c^vx  embellir  le  fien.  S.  Evr.  La  va- 
nité de  l'homme  eft  lî  grande  qu'il  ne  lui  fulHt  pas 
de  cacher  fes  vices  ,  il  travaille  encore  à  les  cnibd- 
lir ,  &  à  les  faire  palfer  pour  des  vertus.  M.  Esp. 

On  dit ,  Embellir  un  conte ,  embellir  une  hilloire, 
pour  dire  ,  l'orner  aux  dépens  de  la  vérité.  Acad. 
Fr.  La  rendre  plus  agréable  &  plus  intérellante  par 
les  détails  qu'on  y  ajoute  avec  art. 
Ce  mot  vient  de  beau^  bel,  bellus. 
EMnELLiR,  ell  aulTl  un  verbe  neutre,  qui  figniiîe  , 
devenir  plus  beau  &  plus  agréable. /-'/eri  omado- 
rem ,  pulchriorem  ;  enicejiere.  Elis  embellie  tous  les 
jours. 

On  dit,  proverbialement,  de  toutes  leschofes  qui 
augmentent  foit  en  bien  ,  foit  en  mal,  cela  ne  fait 
que  croître  &  embellir. 
Embelli,  ie.  part.  Ornatus  ,  exomatus  ^  decoratus  , 
illufiratus.  Le  conte  eft  un  peu  embelli.  En  termes 
de  Blafon  embelli  fe  met  quelquefois  pour  accom- 
pagné. 
EMBELLISSEMENT,  f.  m.  L'adion  d'embellir.  Or- 
natus j  decoramen  ,  exornacio.  Cet  homme  travaille 
à  \ embelli{fiment  de  fi  maifon.  On  le  dit  aufîî  de 
la  chofe  qui  fait  ï embelli ffemen:.  Décor,  decus ,  or- 
namentum.  Les  perfpeélives  j  les  jets  d'eau  ,  font  de 
grands  embelliffemcns  à  une  maifon  de  campagne. 
La  figure  n'eft  qu'un  ornement ,  qu'un  éclaircifle- 
ment,  &  qu'un  e/<7^e(7({/c;7ze«f  du  difcours.  Pélis- 

SON. 

^3"  EMBENATER,  faire  des  benates.  Voye^  Bena- 

TIER. 

EMBERGUER.  v.  a.  Vieux  mot.  Couvrir.  Borcl  dit 
qu'il  a  été  fait  du  Latin  Apricare  j  d'où  nous  eft 
venu  Abri. 

EMBERIZE  ,  ou  EMBÉRISE.  f.  f  Nom  d'un  oifeau. 
Emberi-^a.  Il  y  a  trois  elpèces-d'e/nAtfVv^eJ  ;  Vembé- 
ri\e  blanche ,  \embéri-{e  de  pré  ,  &  ïcmberi:[e  jaune. 


Vemhériie  blanche  ,  entbefn^a  alba  ,  eft  plus  g  an- 
dc  que  la  jaune.  Le  champ  de  Ion  pennagc  cil  tum- 
me  celui  de  ir.louette  ;  mais^  poui  le  reltc ,  elle  ne 
lui  redemble  poinc.  jion  ventre  eit  blanchâtre-  iic 
c'eft  pour  ce  lujct  qu'elle  eft  appelée  blanche  t'on 
lui  voit  quelque  chole'd'clevé  i  la  partie  fupêiieu- 
i-e  du  bec  ,  qui  eft  court  tic  large  ^  fes  cloigts  font 
noirs  ;  fes  jambes  iout  d'une  couleur  mêlée  de  hoit 
&  de  rouge.  ..  .        • 

§3"  Les  autres  efpèces  ne  ditfèrent'ouère  de  cel- 
le-ci, que  par  la  couleur  des  plumes,  l-'roche  du  lac 
de  Verbanne  ,  on  nomme  cet  oiieau  Ceipa.  Les  oi- 
feaux  qui  font  appelés  Vcroajuu  cii  Italie  aux  en- 
virons de  la  ville  de  Boulogne  ,  l'ont  femblables  à 
ceux-ci. 
EMBERLOQUER.  v.  a.  CocfFer  j  couvrir,fur-tout  la 
tête,  l'envelopper  de  quelque  chofe.  Cpenre,  in~ 
volvcre.  Il  ne  ie  dit  guère  qu'avec  ie  pronom  per-- 
lonnel  ;&  c'eft  la  même  chofe  qu'Embeilucoquec 
cjui  fuit.  Ces  termes  font  populaires.  Il  s'emberlc 
qua  dans  fon  manteau  :  ou  de  Ion  manteau. 
Emberlooué,  ée.  part.  Opcrcus  ,  invOiUtus. 

Ils  s'en  vont  donc  nos  deux  vieillards  mafqués  j 
Sans  nuls  valets  ,  &  bien  emberloqués, 
A  l'Opéra ,  tkc.  N.  ch.  de  vers. 


EMBERLUCOQUER.  Qui  ne  fe  dit  qu'avec  le  pro- 
nom perfonnel.  v.  recip.  Se  coiffer  d  une  opinion  j 
s'en  préoccuper  tellement,  qu'on  n'en  puilfc  faine- 
ment  juger,  comme  ii  on  avoir  la  berlue. 

EMBESAS.  f.  m.  On  écrit  Ambejas. 

EMBESOGNER.  v.  a.  Vieux  mot,  qui  fignifioit  autre- 
fois ,  Occuper  à  quelque  befogne.  Il  n'eft  plus  en 
ufage  qu'au  participe.  Un  \iQ\wv:\QembcJoa.c,  pour 
dire  ,  occupé,  affairé.  Occupatus ,  dijlriclus.  Il  le  die 
tout  au  plus  par  plailanterie. 

EMBICHETAGE.  f.  m.  Terme  d'Horlogerie.  On  s'en 
fert  pour  déterminer  la  grandeur  de  la  platine  de 
delTus  une  montre  ,  afin  qu'elle  ne  touche  pas  à  la 
bocte  ,  quand  on  ouvre  ou  qu'on  fernje  le  mouve- 
ment. 

EMBLAVER,  v.  a.  Semer  une  terre  en  blé.  Sementem 
tcrrs,  commitcerc  ,  agrum  conferere.  On  oblige  les 
Fermiers  à  emblaver  les  terres  dans  les  faifons  con- 
venables. J'ai  emblavé  tant  d'arpens  de  terre  cette 
année.  Cette  terre  eft  emblavée.  Liger.  Emblaver 
eft  la  même  chofe  qii'enfemencer.  lu. 

Emblaver  eft  compofé  de  la  prépofition  en ,  Vn  fe 
change  en  m  devant  le  b.  F'oye^  les  Effais  de  Gram- 
maire de  M.  l'Abbé  Dangeau.  En  j  dans  la  compo- 
lition ,  iignife  être  dedans ,  &  mettre  ded  ins  ,  fi  là 
fignificaZion  eft  adive.  L'autre  partie  eft  hladum, 
bié  :  le  d  s'eft  changé  en  v  \  cmbluver^owt  emblader^ 
mettre  du  blé  dans  une  terre. 

EnblavÉj  ée.  part.  Tetre  femée  en  blé.  Terra  con/ita. 
Un  Fermier  eft  obligé  de  lailfer  à  la  fin  de  fon  bail, 
les  terres  emblavées  ,  quand  on  les  lui  a  données  en 
tel  état.  On  difoit  autrefois  blcer-  Plufieurs  Coutu- 
mes portent ,  qu'il  eft  permis  à  un  bourgeois  de 
bléer^  ou  desbléer  fes  terres  les  fuis  qu'il  veut.  Ni- 
coT  diftingue  une  terre  femée  ,  ou  enfemencée  , 
d'une  terre  fw/Anj;-.  Il  appelle  terre  femée  ,  celle 
dans  laquelle  le  blé  eft  femé  ,  fans  être  levé ,  &  ter- 
re emblavée ,  celle  dms  laquelle  le  blé  eft  déjà  levé. 
Dans  l'ufage  on  confond  ces  deux  termes. 
Ce  mot  vient  du  Latin  Inbladare. 
fCF  EMBLAVES,  f  f.  pi.  La  même  chofe  que  terres 
enfemencées  en  Wl:.  Emblavure  fignifie  encore  la 
même  chofe. 
EMBLE.  {.  m.  Gradus  equitolutim  incedentis. Mettre  un 
clieval  à  Vemble  ,  ou  amble  ,  ad  gradum  tolucarium. 
cogère.  Cheval  qui  va  ïemble  ,iolutarius  eqatis.Voy. 
Amele.  C'eft  aiiifi  qu'il  faut  écrire. 
EMBLEE,  f.  f  Ce  mot  ne  f^  dit  qu'adverbialement; 
avec  la  prépofition  de.  Il  fiynifie  ,  D'abord ,  en  fbrt 
peu  de  temps ,  prefque  d'alfuit ,  dès  le  premier  ef- 
fort- Ce  Capitaine  étoit  heureux  à  prendre  les  vil- 
les à' emblée.  Primo  impctu ,  unâ  imprejjîone.  La  ville;. 


€4ô  E  M  B 

écoittrop  bien  mnnie  ,  poui  l'emporter  à' emblée. 
Vaug.  Le  mot  à  embUc  vienr ,  originairement ,  du 
verbe  embkr  j  &  fignifie  proprement  A  la  dérobée , 
eu  cacliette  ^  par  turprife  ,  dam  ,  jurum  j  claucu 
ium. 

EmMblée,  fe  die  figurément  ;  emporter  une  affaire 
(Semblée  ,  promptement ,  de  premier  effort.  Il  dé 
plore  le  temps  qu'on  fait  perdre  aux  entans ,  à  fe 
remplir  la  tête  d'une  multitude  de  règles  gramma- 
ticales j  au  lieu  de  les  appliquer  prefque  à' emblée  j 
à  l'explication  des  Auteurs  Latins.  Journal  des 
Savans. 

EMBLEER  ,  ou  EMBLAVER,  v.  a.  Il  fignifioit  autre- 
fois, au  propre  j  la  même  chofe  que  emblaver  j  mais 
on  ne  le  dit  plus. 

EMBLEMATIQUE,  adj.  de  t.  g^  Qui  tient  de  l'emblè- 
me. Emblemutkus.  Tableau  ,  figure  emblématique. 

EMBLÈME,  f.  m.  Vemblcme  ell  un  tableau  énigmati- 
que  ,  qui ,  fous  une  ou  plufieurs  figures  ,  renferme 
une  allégorie,  tantôt  morale,  tantôt  galante  j  tantôt 
liiltorique  ,  tantôt  dévote  ,  tantôt  fatynque,  dont  le 
fens  ert  ordinairement  déterminé  pat  des  paroles. 
Emblema.  Dict.  de  Peint.  &  d'Architeclure.  h^stm- 
blêmes  d'Alciat  ont  été  en  grande  réputation. 

Ce  mot  eft;  purement  Grec  ,  'i^fi'Atfti, ^  formé  du 
verbe  j/'^''^^!" ,  jeter  dedans,  inférer.  Suétone  rap- 
porte que  Tibère  le  fit  rayer  d'un  décret  du  fcnat , 
parce  qu'il  étoit  mendié  d'une  autre  langue.  Les 
Grecs  donnent  le  nom  de  «|K/3A^'fiar«^aux  ouvrages  de 
marqueterie,  &  à  tons  les  ornemens  des  vafes ,  des 
meubles ,  des  habits.  Les  Latins  fc  font  fervis  ^em 
hlema  dans  le  même  fens.  Quand  Cicéron  reproche 
à  Verres  les  larcins  des  ftatues ,  &  pièces  bien  tra- 
vaillées qu'il  avoir  volées  aux  Siciliens  ,  il  appelle 
emblcmata  ,  les  ornemens  qui  y  croient  attachés ,  & 
qu'on  en  pouvoir  féparer.  Les  Latins  ont  fouvent 
comparé  les  figures,  les  ornemens  d  un  difcours  à 
ces  emblemata.  Un  ancien  Pocte  Latin,  pour  louer 
un  Orateur ,  dit  que  tous  fes  mots  étoient  arrangés 
comme  des  pièces  de  marqueterie  : 

Quamlepide  >^i%i'icompoJl£,  uttejJeruU  omnes, 
Artepavimcnti ,  atque  emblemate  vermkuiau. 

Nous  ne  nous  fervons  point  du  mot  ^emblème 
en  ce  fens  ;  mais  les  Jurifconfultes  fe  font  toujours 
fervis  du  mot  Latin  emblema ,  pour  exprimer  ces 
fortes  d'ornemens;  parce  que  le  Grec  ^-'^^■«f^aiignihe 
tout  ce  qui  eft  inléré ,  appliqué  j  ajouté  à  une  autre 
chofe ,  pour  lui  fervir  d'ornement.  Nous  ne  nous 
fervons  ordinairement  en  François  du  mot  ^emblè- 
me j  que  pour  fignifier  une  peinture  ,  un  bas  relief, 
ou  autre  repréfentation  deftinée  à  quelque  inftruc- 
lion  morale ,  politique ,  ou  acad -mique.  Le  R.  P. 
Meneftrier,  en  i()84,  fit  imprimer  à  Paris  un  traité 
des  Emblèmes  ,  où  l'on  trouvera  tout  ce  qui  regarde 
l'emblème  ,  fa  définition  ,  fa  matière  ,  fa  forme  j  fes 
efpèces  Se  fes  divers  ufsges. 

Ce  qui  diilingue  \ emblème  de  la  devife  j  c'eftque 
les  paroles  de  Vemklcine  feules  ,  ont  non-feulement 
un  lens  plein  &  acîievc ,  mais  encore  toute  la  figni- 
fication  qu'elles  ont  avec  la  figure.  Comme ,  agers 
& patifortia  Romamim  e/?,  fous  ta  figure  deScévoli 
qui  met  fa  main  dans  le  feu.  Le  mot  explique  tour. 
Il  y  a  encore  cette  ditTérence  entre  Vemblèmc  Ik  la 
devife  ,  c'eft  que  la  devife  ell  un  fymbele  dcrermi 
ne  à  une  petfonne  ,  pour  exprimer  quelque  chofe 
qui  la  touche  en  particulier  :  au  lieu  que  l'emblème 
eft  un  fymbolî  fait  pour  inftruire  ^  &  qui  regarde 
en  général  tout  le  monde.  Bouh.  f^oye^  Devis». 

Emblème  ,  en  termes  de  Philofophie  Hermétique,  fi- 
gnifie , figure,  repréfentation. 

EMBLER.  V.  a.  Rapere  ,  au/erre.  Voler ,  emporter  avec 
violence,  ou  par  furprife.  furari,  dirivere.  C'eft  un 
vieux  mot  &c  hors  d'ufage,  finon  en  ce  commande- 
ment de  Dieu,  L'avoir  d'aurrui  tu  n'embleras,  &c. 
Ce  mot  vient  du  Grecs^;3«AA£i» ,  fignifiant.  Met- 
tre la  main  fur  quelque  chofe.  Nicot.  Ménage  tient 
qu'il  vient  de  invoUre ,  qui  a  été  fait ,  feloii  Scr- 1 


EMB 

vias,  de  vola,  qui  fignifie  la  paume  delà  main. 
Il  y  a  un  ancien  proverbe  maritime  qui  dit ,  li 
n'eft^  larron  qui  larron  embie ,  quand  on  dépouilU 
un  Corfaire. 

Emblé.  ;  0-^ei  Amblé. 

Embler.  V.  n.  Terme  de  chaiTe.  Ce  mot  fe  dit  des 
ceirsj  quand,  à  leurs  allures,  les  pieds  de  derrière 
furpalient  ceux  de  devant  de  quatre  doigts.  Ce  qui 
fe  dit  des  certs ,  fe  du  aulli  des  chevaux  ,  &  de 
toutes  les  bêtes  à  quatre  pieds  qui  vont  Vamble. 
_  Foy  ei  AMBLE. 

EMBUC.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à  la  quatrième 
efpèce  de  Myrabolans.  Les  myrabolans  emblics  font 
relevés  de  fix  côtes,  groffes  comme  des  noix  de  galle, 
&c  fort  rudes.  Ils  font  prefque  ronds ,  &  d  une  cou- 
leur brune&obfcure. 

EMBLIER.  Terme  de  Marine.  C'eft  occuper  beau- 
coup de  place  :  cela  vient  apparemment  cle  amplus  ^ 
grand ,  vafte.  On  difoit  autrefois  amplier. 

EiMBLURE.  f.  f.  Terme  d'Agriculture.  Champ  em- 
blavé. Terre  enfemencée  de  quelque  grain  que  ce 
foit ,  de  froment ,  de  feigle  ,  d'orge,  d'avoine,  &c. 
Arvum.  Voilà  de  belles  emblures.  Liger. 
Ce  mot  vient  à' emblaver. 

EMBOBELINER.  v.  a.  Tromper  ,  enjôler ,  engager 
par  de  belles  paroles ,  à  faire  quelque  chofe  d'in- 
jufte.  Phaleratis  verbis  aliquem  aucere.  Cotgravi. 
Voilà  comme  nous  prenons  les  palTages  de  la  Sain- 
te Ecriture  ,  laquelle  eft  faite  pour  nous ,  &  non 
nous  pour  elle,  afin  dV/Tz^o/S-e/wtr  les  pauvres  gens, 
du  un  Jéfuite  au  Boi  d'Efpagne  ,  pag.  i^^.du  i.t<h 
de  la  Sat.  Mé/iip.  /«-S*.  Ce  mot  n  eft  point  ufité. 

ExMBODINURE:  f.f.  Terme  de  Manne.  C'eft  ainfî 
que  l'on  appelle  plufieurs  menus  bouts  de  corde  qui 
enviionnenc  l'arganeau  de  l'ancre.  Elle  fert  à  em- 
pêcher que  le  caole  ne  s'ufe  contre  le  fer.  On  l'ap- 
pelle  aufii  Boudinure  j  ou  emhoudlnure. 

EMBOËTù,  Pas  de  bourrée  embo'eit.  Foyer  Bour- 
rée. 

EMBOËTEMENT  ,ou  EMBOITEMENT,  f.  m.  L'ac- 
tion d'emboëter.  L'emèoé:ement  des  os.  OJJIum  com- 

mijjura. 

f3"  Ce  terme  exprime  la  fituation  de  deux  corps 
conrigus  ,  dont  l'un  embraire  l'autre ,  comme  une 
bocte  contient  ce  qui  y  eft  renfermé. 

EMBOËTER  ,  ou  EMBOITER,  v.  a.  EnchaiTcr ,  faire 
entrer  une  chofe  dans  une  autre ,  dans  laquelle  on  a 
fait  une  c.ivité  propre  à  la  recevoir.  Çommhtere,  in- 
ferere.  Il  laut  que  les  mortoifes  d'une  charpente 
fuient  fort  juftes,  afin  que  les  pièces  ^  emhoétent\i\tn 
l'une  dans  l'autre.  On  le  du  non- feulement  des 
pièces  de  menuiferie  ,  mais  encore  des  ouvrages  de 
métal,  tmboëter des  tuyaux,  c'eft  mettre  le  bout 
d'un  tuyau  dans  un  autre  tuyau.  Ac.  Fr, 

On  le  du  aufli ,  en  Anatomie  ,  des  os,  quand  l'é- 
minence  des  uns  eft  engagée  dans  les  cavités  des  au- 
tres. L'os  de  la  cuifte  scmboëte  dans  l'os  ifchion. 

0Cr  Emboeter  ,  dans  le  commerce  ,  c'eft  mettre  des 
march.mdiies  dans  une  bocte  pour  les  conferver  j  oa 
les  garantir  de  la  pluie. 

On  dit ,  en  termes  de  Jardinage  ,  Emboeter  des 
cloches  de  melon  l'une  dans  l'autre. 

On  dit  J  aux  Monnoies  ,  emboétzr  des  pièces  d'or 
ou  d'argent,  pour  dire,  les  mettre  dans  une  bocte 
fermante  à  trois  clefs  ^  dont  l'ancien  Garde  ,  l'Ef- 
fayeur  &  le  Maître  doivent  avoir  chacun  une.  Pac 
l'Ordonnance  de  1 5  54  ,  fur  peine  de  faux  aux  uns 
&  aux  autres.  Là  où  ils  auroient  été  de  connivence 
&  de  rnauvaife  foi  j  ces  pièces  doivent  être  ainfi 
e/néoére'ej,  pour  fervir  dans  la  fuite  au  jugementque 
la  Cour  des  Monnoies  doit  faire  des  efpèces  qui  ont 
été  fabriquées  &  délivrées  au  Maître.  Boisard. 

EmboëtÉj  ée.  part.  Infertus ,  cammiffus. 

EMBOËTURE  ,  ou  EMBOITURE.  f  f.  La  cavité 
d'une  chofe  dans  laquelle  s'emboëte  l'éminence  de 
l'autre.  Cavitas.  Il  fe  dit  par  les  Chirurgiens  &  par 
les  Charrons. 

Ces  mots  viennent  dcboëie,  oa  boire. 

EMigETURB ,  en  Menuiferie  j  c'eft  dans  l'alTemblage 


E  M  B 

J'nne  porté  collée  &c  emboërée,  uneefpèce  de  tra- 
vecfe  d'environ  cinq  pouces,  qu'on  met  à  chaque 
bout  pour  tenir  en  mortoife  les  ais  à  tenons  collés 
&  chevillés. 

E.MBOExuRE.  Terme  de  Danfe.  C'eft  la  troifième  des 
cuiq  policions  du  corps/nécelfaires  à  la  danfe.  Cet- 
te poiîcion  cil  pour  les  pas  emboctés  Se  autres  pas. 
On  la  nomme  embuëture  ,  parce  que  cette  polition 
n'eft  parfaite  que  lorfque  les  jambes  font  bien  éten 
dues  l'une  près  de  l'autre  ;  ce  qui  fait  que  les  deux 
jambes  &  les  pieds  étant  bien  lerrés  ^  l'on  ne  peut 
voir  de  jour  entre- deux. -ainh  elles fe  joignent  cam- 
me  une  bocte.  Rameau.  Vemhocture  eft  une  pofi- 
tion  des  plus  nécelHiires  pour  bien  danfer  .•  elle  ap- 
prend à  fe  tenir  ferme  ,  à  tendre  les  genoux  ,  &  af- 
lujcttit  à  cette  réguiaiité,  qui  fait  toute  la  beauté  de 
cet  art. 

ËMBOETURE  ,  OU  BoETE.  Terme  d'Artillerie.  C'eft  cet- 
te bocte  de  fonte  qui  s'encallre  d.ins  un  moyeu,  & 
par  où  palfe  la  fufée  de  l'ellleu.  Il  y  en  a  quatre  à 
un  affùc ,  deux  du  gros  bout  ^  &c  deux  du  menu.  Or- 
dinairement les  emboccurcs  pour  les  aftùts  de  cam- 
pagne font  de  fonte,  &  ceux  de  place  lont  de  fer. 

^fT  Emboeture.  Terme  de  marine.  J^oy.  Enocijre. 

EMBOIRE  ,  S'EMBOIRE.  v.  récip.  Terme  de  Pein- 
ture ,  qui  fe  dit  des  couleurs  à  buile  qui  s'étendent 
fur  la  toile ,  ou  fur  une  autre  maricre  fur  laquelle 
on  peint  ,  ce  qui  les  rends  mates  ;  enforte  que  le 
tableau  perd  Ion  luifant,  &  que  les  figures  ne  fe 
difcernent  pas.  imhïccre  ,Jaturare.  Il  hiut  lailler  fé- 
cher  un  tableau  après  la  première  ébauche ,  parce 
que  la  peinture  demeure  embue  jufqu'à  ce  que  l'on 
vrage  loit  fec.  Quand  i!  y  a  beaucoup  d'huile  dans 
les  couleurs  ,  elles  font  plus  fujettes  à  s'cmbo:r<:. 

Emboire  ,  fe  dit  auili  en  parlant  d  un  moule  de  plâtre 
qu'on  frotte  d'huile ,  ou  de  cire  fondue,  avant  que 
de  s  en  fervir  pour  y  former  des  figures. 

EMBOISER.  V.  a.  Ce  mot  ell  du  plus  petit  peuple.  Il 
lignifie  engager  quelqu'un  par  des  promelfes  ,  par 
des  cajoleries  à  faire  quelque  choie.  Inejc^re ,  ded- 
pere  ,  laclare.  Il  fera  alTez  foc  pour  fe  laififer  em- 
boifer. 

EMBOISEUR,  euse.  f.  m.  &  6.  Celui  ou  celle  qui 
emboife.  Inejcatùr.  C'eft  un  emboifeur  :  c'elt  une 
emboifeufe. 

EMBOLI.  Ville  de  Macédoine  ,  appelée  auttement 
Chifopolis ,  ou  Chrilopolis ,  &  en  Latin  Amphipo- 
lis,  ChrifopoliSy  Neapolis.  C'eft  une  petite  ville  Ar- 
chiépilcopale ,  fur  la  rivière  deStromona,  à  deux 
lieues  de  fon  embouchure  dans  le  golfe  deContelFa. 
Maty.  Long.  41.  d.  38'.  lat.  40.  d.  55'. 

EMBOLISME.  f.  m.  Intercalation.  EmboUfmus.  Com- 
me les  Grecs  fe  fervoient  de  l'année  Lunaire  ,  qui 
eft  de  3  54  jours ,  afin  de  l'approcher  de  l'année  fo- 
laire  qui  eft  de  365  ,  fans  compter  quelques  heures 
de  part  &  d'autre  ,  ils  ajoutoient  j  tous  les  deux  ou 
tous  les  trois  ans,  un  13^  mois  lunaire,  qui  s'ap- 
peloit  emboliméius  ,  parce  qu'il  étoit  inféré  &  inter- 
calé. Embolifme  vient  du  Grec  'iftfitXtTft^t  ^  formé  de 
É^/3«AA£(»,  inférer. 

EMBOLISMIQUE.  adj.de  t.  g.  Intercalaire.  Emboli- 
m£us ,  intcrcalaris.  Il  le  dit  ,  particulièrement,  des 
mois  que  les  Computiftes  infèrent  pour  former  le 
cycle  lunaire  de  19  ans  \  car,  les  19  années  folaires 
étantcompoféesde  (Î039  jours&  18  heures,  &  les 
1 9  années  lunaires ,  ne  faifant  enfemble  que  û-r^G  , 
il  a  fallu  j  pour  égaler  le  nombre  des  années  lunai 
res  aux  19  folaires,  qui  font  le  cycle  lunaire  de  19 
années,  intercaler  &  inférer  fept  mois  lunaires  de 
209  jours  ,  lefquels ,  avec  les  4  bilTextes ,  font  z  1 3  ^ 
le  tout  enfemble  fait  6y3  9  jours  :  par  le  moyen  de 
ces  fept  mois  emholifmiaucs  ,  ou  ajoutés,  les  6939 
jours  &  18  heures  des  19  années  folaires  font  en 
ticrement  employés  dans  le  Calendrier.  llyaziS 
lunes  communes ,  ^  fept  embolifmiqucs  ,  que  l'on 
diftribuedans  les  19  années:  parexempie,  la  troi- 
fième année  &  la  hxième  font  ernbolifmiques  :  la 
neuvième,  l'onzième,  la  quatorzième  ,  la  dix-fep- 
tième  &  la  dix-neuvième ,  font  aulli  embolifmiques  ^  ' 


EM  B 


647 


&:  par  conféquent  de  3  84  jours.  C'eft  ainfi  à  peu 
prcs  que  les  Grecs  ont  réglé  leurs  années ,  quand  ils 
l'i  lont  fervis  de  l'Ennéadecaécéride  j  ou  cycle  de  ly 
ans  ;  mais  ils  ont  beaucoup  varié  dans  leur  hypo- 
thèle.  Les  Juifs  paroilTent  s'y  être  attachés  plus  ré- 
gulièrement. Les  mois  embolifmiques  font,  comme 
les  autres  mois  lunaires  ,  quelquefois  pleins  ,  c'eft- 
à-dire,  de  trente  jours  ,  quelquefois  caves,  c'eft- 
à  dire  ,  de  vingt-neuf  jours  feulement.  Les  Epac- 
Ks  embolifmiques ,  dans  le  Calendrier  j  fonr  celles 
qui  fonr  depuis  XIX  jufqu'à  XXIX,  (L\:  on  les  àç- 
pd\i  embolifmiques ,  parce  qu'en  ajoutant  l'EpaCte 
qui  eft  XL  elles  excèdent  le  nombre  XXX  ,  ou  bien 
parce  que  les  années  qui  ont  ces  Epadles  fonr  embo- 
Ufmiques ,  ayant  treize  lunes  j  dont  la  treizième 
eft  emboUfmique ,  parce  qu'à  l'année  lunaire  de  trois 
cens  cinquanre  -  quatre  jours  Ton  ajoute  un  trei- 
zième mois  de  trente-fix  jouts  dans  ces  années-là  j 
qui ,  par  ce  moyen  fonr  de  rrois  cens  quatre-vingt- 
quatre  jours,  ou  de  383,  file  mois  enibolijm'u^ue 
n'eit  que  de  29  jours. 

EMBONPOINT,  f.  m.  Ce  mot  s'eft  formé  de  trois 
didfions  Françoifes,  de  la  prépofition  e«  j  dont  \n 
fe  change  en  m  devante,  de  l'adjedtif  i^o/z ,  &  du 
fubrtantif  point.  De  forte  (^a  embonpoint  fignihe 
l'ctat  d'un  homme  qui  eft  en  bon  point ,  c'eft-à-dire , 
en  bon  état ,  en  bonne  fanté.  Bona  corporis  habi- 
tude. Ainfi ,  dans  le  langage  de  la  Médecine  ,  cô 
mot  déligne  une  difpofinon  naturelle  bien  propor- 
tionnée de  toutes  les  parties  du  corps ,  pleines  de 
bon  iens,des  membres  charnus ,  m  rrop  ni  trop  peu 
chargés  de  graille.  Le  défaut  ^embonpoint  fait  la 
migreur^  fon  excès,  la  conftîtution  d'un  hommegras 
&  replet  j  mais ,  dans  le  langage  ordinaire  où  l'on 
s'éloigne  fouvent  de  la  lignification  naturelle  des 
mors  j  on  entend ,  communément ,  par  embonpoint 
la  conftitution  d'un  homme  gras  &  replet,  état 
peu  favorable  à  la  fanté ,  s'il  va  jufqu'à  l'excès. 
Obcfitds.  Le  trop  d'e/n^owpoi/zr  de  cette  femme  lui 
gâte  la  taille. 

§3"  Embonpoint  ,  fe  dit  aulîi  des  bêtes ,  d'un  bœuf, 
d'un  cheval ,  lorfqu'ils  ont  le  poil  luifant ,  qu'ils 
font  bien  charnus ,  &  qu'ils  paroifFent  être  vigou- 
reux. 

IJC?  Ce  mot  s'emploie  avec  grâce  au  figuré.  Après 
bien  des  remèdes  violens ,  Law  crut  avoir  rendu  à 
la  France  fon  embonpoint  :  il  ne  la  rendit  que  bouffie. 
MoNTESQ.  Il  ne  faut  pas  prendre  pour  embonpoint , 
pour  vigueur,  ce  qui  n'eft  ,  dans  le  difcours  j  que 
bouffiirure  &  intempérie.  L'Abbé  d'Olivet.  Quoi- 
que le  rtyle  limple  ne  doive  pas  prendre  beaucoup 
de  nourriture  ,  ni  avoir  une  extrême  force ,  il  faut 
néanmoins  qu'il  ait  un  certain  fuc  ,  &  une  forte 
à' embonpoint ,  qui  en  falTe  connoître  la  parfaite 
conftitution.  Colin. 

]fT  EMBORDURER.  v.  a.  Mettre  une  bordure  à 
un  rableau.  Tahellam  limbo  includere  ,  cingere-  Un 
tableau  qui  eft  bien  emborduré  patoit  be.iucoup  plus. 
Les  curieux  ont  grand  foin  as  biQnembordurer  leurs 
tableaux. 

Emborduré  j  ée.  part. 

EMBOSSER.  V.  a.  Terme  de  Marine ,  qui  eft  le  même 
qu'Amarrer.  Un  navire  embojfe ,  eft  un  navire  à 
lancer  fur  fes  amarres. 

EMBOSSURE.  f.  f.  Terme  de  Marine.  Nœud  que 
l'on  fait  fur  une  manœuvre,  &c  auquel  on  ajoute 
un  amarrage. 

03"  Embûssure,  fe  dit ,  en  général ,  des  difpofitions 
que  l'on  fait  des  manœuvres  pour  fixer  quelque 
chofe  que  ce  foit,  quand  l'occafion  s'en  préfenre. 
On  dit  qu'un  vaifteau  fait  fes  embojfures  j  quand  il 
prépare  routes  les  manœuvres  nécelFaires  pour  pré- 
fenter  le  côté  à  un  objet  qu'il  fe  difpofe  à  cannoner 
contre  le  vent  &  la  marée  contraires ,  ou  quand  il 
veut  appareiller  avec  fureté  de  battre.  LTn  vailLean 
mouille  en  faifant  emboffure,  lorqu'il  veut  s'effa- 
cer pour  attaquer  ,  on  fe  défendre. 

EMBOUCHEMENT.  f.  m.  L'action  d'emboucher. 
Infiatus.  Danet.  Pomey. 


é48  E  M  B 

EMBOUCHER,  v.  a.  Appliquer  à  la  bouche  un  inf- 
tiumenc  à  veat ,  ahn  d'en  tirer  des  Ions.  Embou- 
cher la  trompette  _,  un  cor  ,  &c.  Bucclnam  infiare. 
Il  y  a  de  l'art  à  bien  emboucher  un  cor  pour  ména- 
ger fon  haleine.  M.  Dionis  dit  emboucher  le  mame- 
lon ,'pour  prendre  de  la  bouche,  en  parlant  des  en- 
fans  qui  tettent. 

Ce  xnoi  vient  é'imbuccaiT. 

fCF  Emboucher  j  en  Ityle  ligure  &  Poétique  ,  faire 
des  vers.    Emboucher  la  trompette  d'Homère. 

iMBOucHER,  fe  dit,  figurément ,  &  fignifie  inftruire 
quelqu'un  de  tout  ce  qu'il  doit  dire  j  ou  ne  pas  dire. 
Prscjmponere ,  prs,moncre.  Ce  témoin  avoit  été 
bien  embouché  par  la  partie  ,  elle  lui  avoit  fait  le 
bec.    Il   eft  du  Ityle  familier. 

On  dit  ,  en  termes  de  Navigatioij  ,  que  des 
trains  ou  bateaux  montans  font  embouches  {i'grejji^ 
incram'jji  )  dans  les  arches  d'un  pont ,  ou  d'un  per- 

■  ruis  j  loifqu'ils  font  engagés ,  &  qu'ils  commencent 
à  y  pa'.fer. 

^MSJUCHER.  Terme  d'Artillerie.  Emboucher  \'zm\- 
lerie  des  ennemis,  tirer  de  (fus ,  tirera  la  bouche 
du  canon  &  la  ruiner ,  la  mettre  hors  d'état  de 
nuire.  Tormcnta  hojliiia  ruere ,  in  os  tormenû  d'if- 
plûdcre.  Les  coups  tirés  du  niveau  de  l'ame  du  ca- 
non ,  ou  horizontalement ,  font  les  plus  courts,  & 
'fervent  d'ordinaire  d:ins  les  batailles  rangées  à  em- 
boucher l'artillerie  des  ennemis,  &  à  favorifer  les 
tranchées  &  boyaux  d'un  fiège.   De  la  Font. 

fçC?  Emboucher,  avec  le  pronom  perfonnel,  fe  dit 
des  fleuves  &:  des  rivières  qui  fe  déchargent  dans  la 
mer.  Influere  ^fubire.  La  Marne  s  embouche  dans  la 
Seine ,  la  Seine  s'embouche  dans  la  mer.  On  dit 
mieux  fe  jeter ,  fe  décharger. 

I^CF  Cette  expreliion  a  été  tranfporîée  à  l'Anaro- 
mie  j  en  parlant  des  vaiifeaux.  On  voit,  autour  du 
cœur  de  la  tortue,  une  efpèce  de  réfervoir  d'une  fi 
gure  oblongue  &C  allez  femblable  à  celle  d'un  outrt 
eniîé.  L'axillaire  droite  &  la  veine-cave  inférieure 
s  embouchent  au  côté  droit  de  ce  réfervoir  ,  l'une  au 
haut,  &  Tautre  au  bas.  Du  Verney.  Ac.  des  Se. 
46,99.  Mém.  p.  119. 

Les  oreillettes  du  cœur  des  tortues  fe  retrécifTent 
vers  la  bafe  du  cœur  j  6c  forment  chacune  un  canal 
fort  court,  qui  s  embouche  dans  les  cavités.  Du 
Verney.  Acad.  des  Se.  \Gc)^.  Mém. p.  119.  L'axil- 
laire droite  &  la  veine-cave  inférieure  s  embouchent 
au  côté  droit  de  ce  réfervoir  (  du  cœur  de  la  tortue 
Id.  ibid.  pûg.  iiij- 

EmboOghfr,  en'termes  de  Manège,  (îgnihe  mettre  un 
mors  à,un  cheval,  propre  pour  le  bien  manier.  Ecju. 
lupatum  Indere,  'Lin  cheval  qui  eft  bien  embouché tii 
plus  prompt  à  obéir. 

EMBouctfE  ,  ÉE.  part.  -Si  adj.  Il  a  les  fignificaclons  de 
fon  verbe  en  Latin  &  en  François.  Qui  a  la  bouche 
remplie.  Marot  s'eft  fervi  de  ce  mot  en  ce  fens. 

On  dit  qu'un  homme  eft  mal  embouché  ,  qu'une 
femme  elt  mal  embouchée ,  pour  dire  qu'ils  parient 
impertinemment ,  qu'ils  profèrent  des  injures,  ou 
des  paroles  indécentes.  Il  eft  du  ftyle  familier. 

Embouché,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  du  bout  du 
•cotnetj  trompe,  trompette  &  buchet  j  qu'on  met 
dans  la  bouche  pour  en  fonner.  Imhuccatus.  C'eft  ce 
que  les  Ouvriers  appellent  bocal.  On  le  dit ,  lorf- 
que  le  bout  de  ces  inftrumens  eft  d'un  émail  diffé- 
reni  de  leur  corps. 

EMBOUCHOIR.  f.  m.  Terme  de  Formier.  Inftru- 
ment  qui  fert  à  élan^ir  des  bottes.  Il  eft  fait  d'un 
morceau  de  bois  en  forme  de  botte ,  fendu  en  deux. 
On  chalfe  un  coin  dans  la  fente  qui  fait  étendre  le 
cuir.  Ce  coin  s'appelle  clef  de  Vembouchoir. 

Embouchoir.  C'eit  aufTi  le  bout  d'une  trompette  ou 
d'un  cor,  qui  fe  fépare  &  s'applique  lorfqu'on  veut 
fonner.  Il  eft  ordinairement  de  cuivre  ou  d'argent. 
Les  Ouvriers  l'appellent  bocal :^  mais  la  plupart  des 
Piqueurs  '^Trompettes  le  no\-nmsnt embouchoir. 

EMBOUCHURE,  f  f.  L'endroit  où  une  rivière  fe  dé- 
charge dans  la  mer ,  ou  dans  une  autre  rivière.  C'eft 
proprement  fon  entrée  dans  la  mer ,  ou  dans  une 


E  M  B 

rivière.  Ofîium.  \J embouchure  du  Danube  fe  fait  par 
cinq  larges  canaux  dans  le  Pont-Euxin.  Abl.  La 
rivière  de  Saint  Laurent  ^  en  Canada  ,  a  30  lieues 
à  ion  embouchure.  Celle  de  la  Plata  ,  en  Amérique, 
a  plus  de  ttente  lieues  ai  embouchure.  Celle  d'Ore- 
noque  J  au  Pérou  ,  a  54  \\Qwt% à! embouchure.  Quel- 
ques-uns lui  en  donnent  70  en  comptant  des  poin- 
tes ou  des  caps  entre  lefquels  elle  s  embouche  ,  où 
elle  fait  un  golfe  de  plus  de  cent  lieues  j  qui  s'ap- 
pelle la  mer  douce,  ou  la  mer  morte  ,  après  une 
coutle  de  1 500.  La  marée  remonte  dans  fon  embou' 
chure-ç\\xs  de  cent  lieues.  On  l'appelle,  autrement, 
la  iwiere  des  Ama-^ones. 

Embouchure,  fe  dit  auiii  des  ports.  Il  mit  fes  navires 
à  ïembouchure  du  port.   Abl. 

Embouchure.  C'eIt  aullI  la  partie  de  l'inftrument  à 
vent  qu'on  embouche  pour  en  jouer.  Os  ,  cris. 
\J embouchure  d'une  trompette  ,  \' embouchure  d'un 
cor,  d'une  f^ùte  .  d'un  flageolet  ,  &c.  Une  ondu- 
lation d'air  qui  occupe  toute  la  longueur  comprife 
depuis  Y  embouchure  par  où  l'air  entre  jufqu'à  la 
première  ouverture  par  où  l'air  peut  fortir.  Sau- 
veur. 

Embouchure  ,  fe  dit  encore  de  la  manière  d'embou- 
cher certains  inftrumens.  Une  des  grandes  difficul- 
tés de  la  Hùte  traverlière  ,  c'eft  \' embouchure. 

Embouchure  ,  elt  aufli  un  terme  de  Fondeur,  C'eft 
l'ouverture  du  canon  par  où  l'on  met  L  poudre  & 
le  boulet.  Quelques-uns  appellent  cette  embouchure 
bouche  de  canon.  On  ne  le  condamne  pas  \  mais  ce 
n'eft  pas  le  mot  de  l'art ,  félon  Richelet.  S.  Remy  , 
au  contraire  J  foutient  qu'il  faut  dire  \oibouche  du 
canon ,  &  Y  embouchure  d'une  rivière.  L'ufage  le 
yeut  ainfi. 

Embouchure  ,  fe  dit  encore  par  les  Chauderonniers 
&  Potiers,  &  fignifie  entrée.  OJiium.,  os.  Embou^ 
cliure  de  marmite  j  embouchure  de  fourneau. 
On  dit  V embouchure  d'un  verre.  Danet. 

Embouchure  ,  lignifie  aulh  la  partie  du  mors  qui  eft 
reçue  dans  la  bouche  du  cheval.  Os.  C'eft  un  fer 
forgé  en  diverfes  façons  pour  tenir  fa  bouche  fii- 
jeite.  Les  Ecuyers  ont  diverfes  fortes  à'embouchu-' 
res,  à  tanon  (impie  j  à.  canon  montant  j  à  efcache, 
à  olives,  à  melon,  à  bergers  ^  à  pas  d'âne,  &c. 
avec  liberté,  ou  fans  liberté  de  langue.  Toutes  les 
embouchures doivenzèzre  proportionnées  à  la  qualité 
de  la  bouche  d'un  cheval. 

EMBOUCLER.  v.  a.  Attacher  avec  une  boucle.  Alli- 
gare  annula,  Pomey.  On  dit  plus  ordinairement 
Dûucltr. 

EmeouclÉ,  ée.  part.  &  adf.  Fibulatus ,  fibulis  adflricf 
[US,  ornatus.  Terme  de  Blafon ,  qui  fe  dit  des  pièces 
garnies  d'une  boucle ,  comme  le  collier  des  lé- 
vriers ,  &c. 

EMBOUER.  v.  a.  Luto  ohlinere.  Ce  mot  fe  trouve 
dans  Pomey,  &:  ailleurs,  pour  enduire  de  boue. 
Embouer  une  muraille.  Embouer  quelqu'un  pour  le 
faiir  avec  de  la  boue ,  l'enfoncer  dans  la  boue.  Il 
ne  fe  dit  que  par  le  peuple. 

|p"EMBOUFFETÉ.  Terme  de  Marine.  Franc-bord 
emboujfeté ,  c'eft-à-dire,  dont  les  planches  ou  bor- 
dages  entrent  les  unes  dans  les  autres. 

EMBOUQUER.  Terme  de  mer,  ufîté  dans  les  Ides 
de  l'Amérique  ,  pour  lignifier  entrer  dans  un  dé- 
troit, dans  un  canal.  C'eft  le  contraire  de  déboti- 
quer.   Vov.  ce  mot. 

EMBOURBER,  v.  a.  EmbarralTer  dans  un  bourbier^ 
Cceno  immergere.  Ce  Cocher  nous  a  embourbés.  On 
le  dit  communément  avec  le  pronom  perfonnel, pour 
S'engager  dans  un  bourbietjou  y  engager  fa  voiture. 
S'embourber  dans  un  mauvais  chemin.  Ce  cocher 
s'elt  embourbé  .,  a  embourbé  Ça.  vonnxQ, 

s'Embourber  ,  fe  dit,  en  Médecine,  pour  fe  remplir, 
fe  charger  d'humeurs  épailfes,  ou  corrompues,  qui 
empêchent  les  fondrions  libres  des  parties  j  ou  des 
organes,  &  les  embarraffent.  Obruere,  replere.  Le 
cerveau  i embourbe  inégalement  dans  toutes  les  épi- 
lepfîes ,  parce  que  ce  vifcère  a  roujours  quelqu'em- 
barras  conftanr  qui  y  donne  occafion. 

fC?  EMJiOUREERj 


EMB 

^Cf  E\triouRBER ,  fe  die  auffi  au  figuré.  Embour- 
ber quelqu'un  dans  une  méchance  aftaire  ,  l'y  enga- 
ger (i  a^anc,  qu'il  ne  puille  plus  s'en  retirer  que  dirfi- 
cilement.  Impiicare.  On  le  du  de  même  avec  le  pro- 
nom perfonnel.  Ce  Traitant  s'elt  embourbs  dms  une 
ferme  oncrcufe  ,  il  aura  de  la  peine  à  fe  retirer  de 
ce  bourbier.  S'embourber  dans  le  vice.  Boil. 

Embourbé  ,  ée.  parc.  &c  adj.  Cœno  ïmmerfus. 

On  dit  ,  proverbialement ,  qu'un  homme  jure 
comm;  un  Charretier  embourbé  ^  pour  dire  qu'il  jure 
fortement. 

EMBOURllER,  &  mieux  rembourrer.  Garnir  de 
bourre  une  felle  de  cheval,  des  chaifes,  ou  autres 
meubles.  Injarclre  tomento.  Ces  fiéges  me  coûtent 
tant  au  Ménuilier  pour  le  bois,  &  j'ai  donné  tantau 
Tapiilîer  pour  les  couvrir  &  les  embourrer.  Cette 
felle  eft  mal  embourrée  ,  elle  blelfera  le  cheval. 

Embourrer.  Terme  de  Potier  de  terre.  C'eft  parer 
&  cacher  les  défauts  de  quelqu'ouvrage  de  poterie 
avec  une  compohtion  de  chaux  &C  de  terre ,  pétries 
enfemble  .avec  de  l'eau.  Cet  embourremenc  eft  dé- 
fendu par  les  Statuts. 

TÎMBOURRÉ  ,  ÉE.  part.  Tomento /artus, 

1:MB0URR.[JRE.  f.  f.  Terme  de  Tapilîîer.  C'eft  une 
couverture  de  toile  j  qu'on  met  fur  la  bourre  d'une 
chaife.  Tomentum ,  involucrum  ,  tegumentum  ^  to- 
menti  farcum  ,  puLvinata  tomento  farta.  Embourrure 
de  chaife.  Toile  à' embourrure.. 

r.MBOURSEMENT.  f  m.  L'aftion  d'embourfer.  In 

trumenam  injecîio.  Pomey.  Il  n'eft  pas  uhté. 

JiMBOURSER.  Mettre  de  l'argent  en  bourfe  ,  le  faire 
rourjier  à  fon  profit.  Nummot  dimitcere  in  crumenam, 
in  loculos.  Embourfer  l'argent  du  jeu.  Il  embourje 
tous  les  ans  les  trois  quarts  de  fon  revenu  ,  il  ne  le 
dépenfe  pas. 

'Emboursr,  ée.  part. 

.EMBOSSURE.  f  m.  Foy.  Embossure. 

LEMBOUTE  ,  ÉE  adj.  Terme  de  Blafon  ,  qui  fe  dit  des 
pièces  qui  ont  en  leur  extrémité  un  cercle,  ou  vi- 
role d'argenr.  On  les  appelle  aulli  marnées.  On  le 
dit  aulfi  des  manches  de  marteau  dont  les  bouts  font 
garnis  d'émail  diftérent. 

EMBOUTIR,  v.  a.  Terme  d'Orfèvre.  C'eft  tourner  , 
ou  tailler  ,  ou  relever  quelqu'ouvrage  ,  quelque 
pièce  d'Orfèvrerie  en  rond  ,  ou  le  faire  paroître  en 
bolfe  ,  en  frappant  de  l'autre  côté  avec  le  marteau 
ou  la  boutterolle. 

^fT  Ce  terme  eft  auffi  ufité  parmi  les  Ferblan- 
tiers ,  pour  dire  faire  prendre  à  un  morceau  de  fer- 
blanc  la  forme  d'une  demi-boule  ,  comme  un  cou- 
vercle de  cafetière  &  marteau  à  emboutir  en  bau- 
din.  Troifième  marteau  à  emboutir  en  pointe  de 
diamant.  Encyc. 
Embouti,  ie.  part.  &  adj.  Des  plaques  embouties, 
un  peu  creufes  d'un  côté,  relevées  de  l'autre.  Il 
faut  que  les  plaques  du  métal  fur  lequel  on  appli- 
que les  émaux  ,  foient  embouties.  Tête  emboutie. 
C'eft  la  plus  grolfe  forre  de  broquette  qui  fe  débite 
&:  fe  faite  par  les  Cloutiers  \  ainfi  nommée  de  ce 
que  la  tête  en  eft  relevée  &  arrondie. 

i  "^MBRANCHEMENS.  f.  m.  Efpèce  de  petits  entrairs 
dans  la  charpente  des  couverts.  Pomey.  Foye^ 
EMBRUNCHER.  Embranchement  eft  ce  qui  lie 
Tempanon  avec  le  coyer.  Foy.  la  nouvelle  édition 
de  V  Art  de  Charpente  de  Mathuria  Joulfe. 

El  \1BRAQUER.  v.  a.  Terme  de  Marine.  Mettre,  ou 
tirer  à  force  de  bras  une  corde  dans  le  vailfeau.  Con- 
tendcre  ,  diffendere  fummâ  vi. 

Ei  IBRASEMENT.  f  m.  Grand  incendie.  Incendium. 

\  Néron  fit  accufer  les  Chrétiens  de  Xemhrafement  de 

1  lome  qu'il  avoit  fait  faire  lui-même.   Il  faut  re- 

t  narquer  que  ce  mot  emhrafement  ne  fe  dit  que  d'un 

a  mas  de  plufienrs  chofes  allumées ,  quoique  le  mot 

c  mbrafé  fe  dile  d'un  corps  en  particulier ,  petit  ou 

S  rand. 

Emvra'îE'MEMT,  fe  dit  auffi,  figurémenr,  des  troubles , 

dt'S  redirions,  des  guerres ,  &  des  pn,ffions.   Ardor^ 

xfius.  Il  faut  appaifer  les  troubles  le  plutôt  qu'on 

peut ,  car  une  petite  éiincsiUe  peut  caufer  un  grand 

Tome  II L 


EMB 


<^4^ 


emhrafement.  Il  arrêta  cet  emhrafement  nailfanr. 
Feech.  L'amour  divin  caufe  dans  nos  cœurs  un  faint 
embrafement. 

On  l'a  dit  de  la  chaleur  de  la  fièvre  dans  une  Ode 
fur  le  quinquina. 

Quelles  âpres  douleurs  !  quel  mélance  de  peine] 
Quand  U  corps  y  tout  brifc  de  longs  frijfonnemens  , 
Sent  après  ce  grand  froid  d'affreux  enibrafemens^ 
Et  des  ferpens  de  feu  qui  déchirent  fes  veines. 

Les  Ouvriers  appellent  auffi  embrafemens ,\ts  em» 
brafures  ,  ou  les  ouvertures  des  portes  &  des  fenê- 
tres. Foy.  Ebrasement. 

EMBRASER,  v.  a.  Mettre  en  feu.  Incendere ,  combu- 
rere.  Une  bombe ,  tombée  fur  les  magafins  de  l'ar- 
fenal ,  a  embrafé  toute  la  ville.  Il  s'emploie  auffi 
avec  le  pronom  perfonnel.  Cette  matière  %embrafc 
facilement.  Ignefcere,  ignem  concipere. 
Ce  mot  vient  du  Grec  /3?«^*  jcrveo. 

Embraser  ,  fe  dit  j  figurément  ,  en  Morale  ,  des 
pallions  ,  &  fignifie  brûler ,  enflammer.  Succen- 
dere.  L'amour  divin  embrafe  les  cœurs.  Vos  beaux 
yeux  m'emhrafent.  Voit.  Les  Romains  étoient  em~ 
brafes  du  deïîr  immodéré  des  louanges.  M.  Esp, 
Tout  l'Etat  étoit  embrafé  du  feu  de  la  fédition. 

Embrasé  ,  ée.  part.  &  adj.  On  dit  qu'un  corps  eft  em- 
brafé, lorfqu'il  eft  pénétré  de  feu  dans  toute  fa  fubf- 
tance  ,  fans  que  ce  feu  s'élance  au-delà  de  fa  fur- 
face.  Enflammé  ,  confumé  ,  réduit  en  cendres  ,  ne 
font  point  fynonymes  avec  embrafé.  Foyei^  ces 
mots. 

Embraser  j  ou  EBRASER  ,  félon  Vignole.  Ternie 
d'Aichiteélure.  C'eft  élargir  en  dedans  la  baie  d'une 
porte,  ou  d'une  croifée,  depuis  la  feuillure jufqu'au 
parpin  du  mur,  enforte  que  les  angles  de  dedans 
foient  obtus,  ^ilatare.  Les  piédroits  des  fenêtres 
doivent  être  fort  embrafés  ;  c'eft-àdire  j  élargis  en 
dedans  ,  &:  refeuillés  de  deux  à  trois  pouces  ou  en- 
viron. 

EMBRASSADE,  f.  f  Adion  vive  des  bras  qu'on  jette 
au  cou  de  quelqu'un ,  pour  lui  témoigner  de  l'a- 
mour ^  de  lafteclion.  Complexus.  Le  mot  embraf- 
fement  fignifie  fimplementl'adiond'embrairer  fans 
défigner  l'emprelfement  extérieur.  C'eft  en  cela  cjue 
ces  mots  ne  fonr  pas  fynonymes.  Les  Marquis  fai- 
néans  paient  le  monde  en  embraffades  ridicules.  S- 
EvR.  Je  ne  .hais  rien  tant  que  ces  affiibles  donneurs 
d'embraffades  frivoles.  Mol.  Ce  Voyageur  reçut  â 
fon  retour  mille  embrajjades  de  fes  amis. 
gC?  Ondifoit  autrefois  EMBRASSEE,  f.  f. 

Car  quand  je  Jus  de  mon  repos  laffée  , 

Et  te  cuidant  donner  une  embraflée.   Mar. 

EMBRASSEMENT.  f  m.  Adion  d'embraffief.  Am- 
plexus.  Voy.  Embrassade.  Leur  entrevue  com- 
mença par  de  grands  emhraffemens.  Il  eft  vrai  que 
nous  reçûmes  vos  emhrajfemens  avec  alfez  de  fer- 
meté ,  &  nous  vous  parûmes  fans  doure  un  peu 
Philofophes.  La  Chap.  C'eft  avoir  bien  mauvaife 
,  opinion  des  hommes  que  de  croire  leur  impofer 
*  par  des  carelfes  étudiées ,  &c  par  de  longs  &  fté- 
ï'\\<is  embrafemens.  La  Br.  Molière  a  dit  dans  ka 
Fâcheux. 

Dans  les  convulfions  de  leufs  embralTemens. 

Embrassement.  fe  dit  auffi  des  carelîes  amoureufes ,' 

&  de  la  conjonétion  charnelle. Dans  les  régions chau-" 

des,  où  la  paOïon  d'amour  porte  de  fi  bonne  heure  les 

\\o\VLmt%A\xxtmbraffemens.  DioNis.  Il  ne  fedit  en  ce 

fens  qu'au  pluriel. 

'  EMBRASSER,  v.  a.  Environner  ,  ferrer  de  fes  bras. 

j      Amplccli,   circumplecli  3  cingere  ,  circumdare.W  s  a 

j      des  arbres  fi  gros ,  que  dou2e  perfonnes  ne  les  fau- 

I      roient  embrajjer. 

IP^-On  dit,  dans  le  même  fens ,  embraffer  quel- 
qu'un, le  ferrer  entre  fes  bras  en  démonllration  d  zt 

N  n  n  n 


^jo  E  M  B 

micic.  Ces  amis  étoient  brouillés  depuis  long-tems  ;' 
-on  les  a  raccommodés  ,  tic  ils  le  loin  embrd£es.      | 

Lorfquun  homme  vous  vient  embrairei"  avec  joie  , 
lljuut  bien  le  payer  de  la  même  monnaie. 

Molière. 

Ce  mot  vient  de  imhrachiare  j  qu  on  a  fait  de 
brachium.  Men. 

On  dit  figuréraent ,  en  ce  fens ,  que  l'Océan  em- 
brajfe  toute  la  terre  ,  que  le  ciel  embrajje  tout  le 
monde,  pour  dire  j  qu'il  l'entoure  ,  qu'il  l'environ- 
ne de  tous  côtés. 

On  dit  qu'un  homme  embrajfe  bien  un  cheval  j 
pour  dire ,  qu'il  le  Terre  bien  avec  les  cuilFes  ,  pour 
être  plus  ferme  quand  fes  cuilfes  font  exadement 
tournées  ,  en  forte  que  le  tronc  porte  véritablement 
fur  l'enfoarchure. 

tfT  Dans  les  chofes  morales  on  fait  un  ufage  fré- 
quent de  ce  mot  au  Hguré. 
IJCT  Embrasser  un  état  j  la  vie  religieufe,  la  profef- 
fion  des  armes ,  la  robe  j  le  commerce  ;  c'eft  choifir 
un  état  &  le  prétéret  à  un  autre.  La  volonté  nem- 
brajje  rien  qui  ne  lui  foit  préienté  par  l'efprit  fous 
l'apparence  de  quelque  bien.  Nie.  Quelquefois  il  fi- 
gnifie  fe  charger  d'une  affaire  ,   l'entreprendre.   Il 
emhraffe  toutes  les  affaires  qu'on  lui  propofe.  lieci- 
pere  in  fe.   Cette  homme  embrajfe  trop  d'alfiires. 
Sufcipere.  Quelquefois  il  fignifie  la  même  chofe  que 
contenir ,  renfermer.  La  Géométrie  embrafje  beau- 
coup de  fciences  qui  dépendent  d'elle.  Complecîi. 
Cette  queftion  embrafje  bien  des  matières.  Son  efprit 
vif  &  perçant  effzénzj/oif  fans  peine  les  plus  grandes 
affaires.  Boss. 
Embrasser,  le  parti  de  quelqu'un  ,  c'efl  s'y  attacher. 
Les  Suilfes  ont  embraffé  le  parti  de  la  France.  Il  nem- 
braffa  point  de  feéle  particulière  j    mais  il  prit   ce 
qu'il  y  avoit  de  bon  en  chacune.^ABLANc.  f^oye-{ 
Parti. 
Embrasser  ,  fe  dit  encore  de  la  conjondion  charnelle 
d'un  homme  &  d'une  femme.  Coire.  Pour  réengen 
drer  la  membrane  rompue  ,  il  lui  confeilla  A'em 
brafer  [on  mari.  Degori. 
Embrasser  ,  en  termes  de  Manège  j  fe  dit  d'un  che- 
val qui  maniant  fur  les  voltes  fait  de  graj^ids  pas  ,  & 
embrajfe  bien  du  terrein.  C'eft  le  contraire  de  banre 
la  poudre  ,  qui  fe  dit  lorfque  le  cheval  ne  fort  ptef- 
que  point  de  fa  place. 

On  dit ,  en  termes  de  Marine  j  embraffer  le  pavil- 
lon ;  c'eft- à-dire,  le  ralfembler  entre  fes  bras,  &  en 
faire  une  efpèce  de  fagot. 

On  dit ,  proverbialement ,  qui  trop  emlraffe  mal 
étreint;  paur  dire,  que,  quand  on  fe  charge  de  trop 
de  chofes  à  la  fois ,  on  n'en  tait  aucune. 
Embrassé  J  ée.  part.  &  adj.  On  dit,  en;:ermesdeBla- 
fon  ,  d'une  efpèce  de  pointe  qui  eft  en  forme  d'un 
triangle  qui  vient  du  côté  droit  de  l'Ecu  ,  &  tient 
depuis  le  chef  jufqu'à  la  pointe,5>:  qui  aboutit  au  mi- 
lieu du  côîé  gauche  J  qu'elle  eft  embiafjée  des  deux 
côtés  de  l'émail  du  champ  de  l'Ecu. 
EMBRASSEUR.  f.  m.  Terme  de  Fondeur.  Ampleciens. 
Les  Fondeurs  appellent  ainlî  un  certain  morceau  dc| 
ier  qui  embraife  comme  avec  les  deux  mains  leJ 
tourillons  d'une  pièce  de  canon  ^  lorfqu'oii  l'élève 
dans  le  challis  de  l'alezoir  pour  agrandir  fon calibre. 
EMBRASSURE.f  f  Terme  de  Ch.arpenterie.  Comple- 
xto  J  implexio.  C'eft  un  aflemblage  à  queue  d'aron- 
de  de  quatre  chevrons  chevillés  au-de(fous  du  plinte 
&  larmier  d'une  fouchede  cheminée  de  plâtre  ,pour 
empêcher  qu'elle  ne  s'écarte.  On  apoelle  auifi  em- 
brafure  ,  une  baiç^  de  fer  plat ,    coudée  &  boulon- 
née ,  qui  fert  au  mcme  ufige.  L'arbre  de  la  grue 
eft  pofé  fur  huit  embraffures  ,  empatemens,  ou  ra- 
cinaux  ,  ces  emhrafurcs  font  mifes  en  croix,  &C  af- 
femblées  avec  des  entretoifes ,  &c. 
EMBRASURE,  f.  f  f'e;ze/7nz.Terme  de  Guerre.  C'eft 
l'ouverture  par  où  l'on  tire  les  canons  ,  foit  dans  les 
cafemates,  foit  dans  les  batteries  qui  ne  font  cou- 
vertes que  de  gabions ,  foie  dans  les  parapets  des 


E  M  B 

maraîlles.  Les  emhrafures  doivent  être  diftantes  e!:i- 
tre  elles  de  douze  pieds ,  ouvertes  par  dehors  de 
fix  à  neuf  pieds,  &  par  dedans  de  deux  ou  trois.  On 
les  appelleaulîittï«o/2^2it}rej,  lorfque  les  ouvertures 
lont  allez  grandes  pour  y  palfer  la  bouche  du  ca- 
non j  S)C  meurtrières  ou  créneaux,  lorfqu'elles  font 
petites ,  enforte  qu'on  n'y  palle  que  le  fufil.  Afin 
que  le  canon  puifie  tirer  ,  il  faut  que  le  parapet  air 
des  emhrafures  ^  dont  les  merlons  foient  de  bonne 
terre  ,  pour  pouvoir  réfifter  au  canon  de  l'ennemi. 
Lorfque  le  parapet  a  i\  peu  d'élévation  ,  que  le  ca- 
non peut  tirer  fans  e/n^ro/i^rtj,  on  dit  que  le  canoa 
tire  en  barbe,  ou  à  barbette. 

En  Atchiteélute  on  appelle  aulfi  Xembrafure  ou 
embrafement  des  fenêtres  ,  les  ouvertutes  qui  font 
entre  les  trumeaux  des  murs  fort  épais ,  dans  lef- 
quelleson  fait  les  fenêtres.  Et  particulièrement  il  fe 
dit  de  cet  élargilfementqui  fe  fait  en  dedans  j  oWi- 
quatio  J  obliquata  latera  ,  qui  donne  plus  d'ouver- 
ture aux  portes ,  aux  fenêtres  ,  &  aux  abat-jours  , 
foit  pour  y  recevoir  plus  de  lumière,  foit  pour  y 
donner  plus  de  jeu  aux  battans  des  portes  &  aux 
volets.  Quand  le  murs  eft  fort  épais  j  il  fe  fait  quel- 
quefois des  embrajàres  au  dehors.  'Vignole  dit  ebru" 
fement  j  pour  embrafure. 

Embrasure  de  Fourneau.  C'eft  la  partie  du  four- 
neau par  où  palfe  le  trou  de  la  cornue. 

EMBRAU.  Bourg  ou  village  de  France  dans  la  Sain- 
tonge.  Hebromagum  ,  Ebromagus.  Quelques-uns  di* 
fent  audî  que  c'eft  V Hehronianus  des  Anciens  ,  mais 
d'autres,  comme  Baudrand ,  prétendent  que'l'ou 
ignore  aujourd'hui  ce  que  c'étoit  que  ce  Heu.  Em- 
hrau  eft  fitué  fut  la  Garonne ,  à  deux  lieues  au-def- 
fousde  Bl.iye. 

Apparemment  qu'il  y  avoit  là  un  paftàge  fur  la 
rivière  ,  &  que  ce  lieu  en  avoit  pris  fon  nom:  eher , 
comme  nous  l'avons  ditfouvent,  fignifie  pa(fiigs 
en  Celtique  ,  comme  en  Fiébreujce  qui  montre  la 
conformité  de  ces  deux  langues. 

EMBRENEMENT.  L   f  L'adion  d'embrener.  PoM- 

MEY, 

EMBRENER.  v.  a.  Terme  bas.  Peu  ufitc.  Gâter  j 
falir  de  bran,de  matière  fécale.  Concacare,  inquinare 
Jlercore.  Il  a   embrené   fa  chemife. 

On  dit,  figurément,  qu'un  homme  s'eft  embrené ^ 
quand  il  s'elt  engagé  dans  quelque  méchante  af- 
fiire  ,  où  il  y  a  du  rifque  à  courir ,  tant  pour  fon 
bien ,  que  pour  fa  perfonne.  Il  eft  aufli  basque  fale. 

Embreué  ,  ÉE  part.  &  adj. 

EMBREVEMENT.  f.  m.  Efpèce  d'entaille  pratiquée 
dans  une  pièce  de  bois  pour  racevoir  &  retenir  le 
bout  d'une  autre  pièce.  Immiffura.  Les  emhréyemens 
fe  font  enôtant  du  bois  de  l'arbaleftrier  environ  un 
pouce  carrément  par  en  bas ,  pour  placer  les  chan- 
tignoles.  M.  Jousse. 

EMBRE'VER.  v.  a.  C'eft,  félon  Pomey  ,  faite  entrer 
une  pièce  de  bois  dans  une  autre.  Immittere.  Il  faut 
que  les  chantignoles  foient  e;«//c'V£;'t'j  avec  un  talon 
ou  renfort  fur  l'arbaleftrier,  &  bien  arrêtées  avec  des 
chevilles  de  bois.  M.  Jousse. 

EMBRICONER.Ce  mot  eft  tout-.vfait  vieux.  Il  figni- 
fie ,  Tromper,  décevoir;  comme  dans  ces  vers  d'un 
ancien  pocte  ,  Raoul  de  Ferrière  ,  qui  ditpailant  de 
l'amour  : 

Amours  ejl  maie  &  bonne  j 
Le  plus  mif érable  enyvre , 
Etleplusfage  embricone. 

/'\ 

On  dit  aulÏÏ  ahriconer  &  embriconer ,  pour  dire ,' 

'      mettre  en  pièces.  Borel  ,  qui  remarque  qu'on  die 

encore  dans  le  Languedoc  embrica  ,pour  dire  cmier, 

comminnere  in  partes  minutiffimas  ;  ce  qui  vient  de 

hrico  ,  qui  (îgnifiebrin  ou  morceau. 

EMBRION.  Toye^- EMBRYON. 

EMBRO.  Imbrus.  Emdroon  VEmdro  eft  unepetitejfle 
qui  a  Z4  mille  de  tour ,  avec  un  bourg  de  même 
nom ,  6c  un  port  fur  la  côte  orientale.  Cette  Ifle  eft 


E  M  B 

à  douze  mille  des  bouches  des  Dardanelles  ,  en  al- 
lant vers  l'Iflede  Lemnos.  Virtot. 
EMBROCàTION  f.  f.  Terme  de  Chirurgie.  Efpèce 
d'arrofeinint  Se  de  fomentation  qu'on  fait  fur  quel- 
que partie  malade  j  avec  des  huiles,  des  baumes  j 
des  décoctions  ou  autre  liqueurs,  qu'on  applique  ou 
qu'on  fait  tomber  doucement  en  prelïànt  un  linge  j 
une  épon.'jje  ,  £cc.  Embrocadùn  _,  le  dit  aulîi  pour  le 
remède  deiciné  à  cet  eftet.  Fotus  ,fomentum ,  elle  eft 
miintenanc  de  peud'ula;;e  ,  fi  ce  n'eft  pour  les  maux 
de  tête- On  l'appelle  a.uiVi  irrigation.  Si  la  douleur  ne 
celfe  point ,  faites  une  embrocjcion  de  lait  de  vache 
tiède  fur  la  têre.  Degori.  Après  avoir  employé  inu- 
tilement les  fomentations. ...  les  emplâtres  &  les 
einhrocaûons.  Id,  On  tera  une  emhrocution  fur  la 
partie  avec  de  l'huile  de  lis  bien  chaude,  ou  avec 
de  l'onguent  althxa.DioNis.  La  douche  qu'on  prend 
dans  les  bains  naturels  eft  proprement  une  ejubro- 
cation. 

Ce  mot  vient  du  Grec  /Sf"» ,  irrlgo  j  maiefado  j 
maccro. 
EMB;<OCHEMENT.  f.  m.  ImmiJJlo  in  veru.  Pomey. 
Action  d'embrocher.  Ce  mot  n'eft  point  en  ufage. 
EMBROCHER,  v.  a.  Menre  en  broche  ,  paifcr  la 
broche  à  travers  la  viande  pour  la  faire  rôtir,  l^eru 
transfigtre  j  in  veru  inducere  ,  figcre  verubus  carnes. 
Quand  la  viande  tourne  à  la  broche  ,  c'eft  qu'on  l'a 
mal  embrochée. 
Embrocher  ,  fignifie  aufli ,  palfer  une  verge  de  fer  à 
travers  pluiîeurs  chofes  pour  les  tenir  aifembiécs.  Il 
fe  fait  des  carrillons  de  pUifieurs  timbres  inégaux 
percés ,  &  embrpchés  dans  une  verge  de  fer. 

On  dit  auGijde  celui  qui  a  palTé  une  épée  à  travers 
du  corps  d  un  homme  ,  qu'il  l'a  embroché  ,  qu'il  l'a 
lardé.  Il  eil.bas.  Le  P.  Daniel  a  dit  :  Quelques  Huf- 
farts  portent  une  épée  longue  &  mince  j  ils  s'en 
fervent  pour  en.brùcher  les  ennemis.  Je  me  fers  de 
ce  term- ,  pas  ce  que  cette  épée  eft  une  efpèce  de 
broche. 
Embroché  j  ée.  part. 

EM3RONCHIER  ,  &  embrancher  ,  s'eft  dit  autrefois 
pour  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui  Broncher. 
OJfe/idere. 
EMBROLJILLEMENT.  f.  f  ConfaCion.  Confufo  ^, per- 
turbuiio.  Cette  maifon  a  tant  de  procès ,  elle  eft  dans 
un  fi  grand  embrouillement  d^1ftaires ,  qu'elle  n'en 
verra  la  fin  de  long-temps. 
EMBROUILLER,  v.  a.  Embarrafterjmettrede  la  con- 
fuhon  dans  une  aftaire.  Implicare  ,  impedirc  ,  intri- 
care.  Cet  Avocat  a  tellement  embrouillé  cens  caufe 
en  plaidant ,  qu'on  a  été  contraint  de  l'appointer. 
Cet  Auteurn'eft  guère  clair ,  il  a  un  llyle  fort  em- 
brouills.  Les  affaires  de  fa  mailon  font  fort  em- 
brouillées. 
Embrouiller  ,  fedit  aufli  avec  le  pronom  perfonnelj 
&:  fignifie ,  s'embarralfer ,  perdre  le  fil  de  fon  dif- 
cours.  Il  s  embrouille  quelquefois  fi  fort,  qu'il  ne  fait 
où  il  en  eft. 

En  termes  de  Marine  ,  on  ditj  embrouiller  les 
voiles;  pour  dire,  les  ferler  ,  les  joindre  enfemble. 
Jungere. 
Embrouillé  ,  ée.  part.  &  adj.  Impllcitus  j  impeiitus  , 
parum  promptus  j  minus  expeditus.  \Jn  efprit  em- 
brouillé y  eft  un  homme  qui  n'a  pas  le  don  de  fe  bien 
expliquer. 
EMBRUINER.  v.  a.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Pomey  , 
pour  gâter  ,  brûler  par  la  bruine.  Uredinem  injerre. 
Les  vignes  font  embruinées.  faites  pruina   decoxit  j 
adujjît. 
Embruiné  ,  ÉE.  part.  Qui  eft  gâté  par  la  bruine.  Blé 
embruiné ,   corrompu  j   noirci  par  la  bruine.  Cela 
vient  de  certaines  pluies  froides  ,   quand  il  eft  en 
fleur.d'AsL.dans  fon  Lucien. 
EMBRUME,   EE.  Terme  de  Marine,  qui  fe  dit  d'un 
temps  de  brouillards  ,  pendant  lefquels  on  a  de  la 
peine  à  connoîcre  fa  route.  Caliginofus.  On  dit  aulfi 
terre  embrumiez  pour  dire,  terre  couverte  de  brouil- 
lard aftez  épais  pour  empêcher  de  la  bien  reconnoî- 
tre.  Ciel  ou  temps  embrumé,  lorfque  l'horizon  eft 


E  M  B  6j  I 

couvert  de  nuages  ;  ce  qui  eft  oppofé  à  terre  fine  & 
ciel  fin.  L'horizon  étoit  embrume-^  de  forte  qu'on  n'a 
pu  diftinguer  la  mer  d'avec  le  ael. 

Ce  mot  vient  de  bruma  _,  ou  de  pruina 

EMBRUN  ,  EMBRUNOIS.  Foye^  AAlBRUN,  AM- 
BRUNOIS. 

EMBRUNCHER.v.  a.  Terme  de  Charpenterie  ,  qui 
fe  dit  des  chevrons ,  des  louves  ,  &  autres  pièces 
de  bois  qu'on  engage,  6i  qu'on  attache  les  unes  fuc 
les  autres.  Immittere  j  commutere.  Les  devis  de  char- 
pente porteur  qu'il  y  aura  tant  de  chevrons  chevil- 
lés &  embranches  fur  les  faîtes  &  fur  les  pannes  j 
tant  de  lolives  embranchées  fur  les  poutres.  Quel- 
ques Architectes  difent  embrancher  &  embranche- 
ment. 

Ménage  dit  que  c'eft  un  vieux  mot  François,  qui 
fignifie,  couvrir  i  s'ajjubler ,  &  croit  qu'il  vient 
de  imbricare  ,  ou  de  brique.  On  a  dit  autrefois ,  il 
s'embrunchu  dans  fon  chaperon.  On  a  dit  aufii  ,  cm- 
brochier  dans  le  même  fens.  Si  rencontra  un  Cheva- 
lier ô'  Dames  ernbrochiées  en  lor  chapes  ,  (juilor pé- 
nitence faifoienc.  M.  D.  C.  On  a  encore  écrit  em- 
hrunchcr. 

EMBRUNIR.  V.  a.  Terme  de  VtxmwxQ.  Fufco  colore 
injicerc.  On  dit  un  tableau  embruni  j  un  vifage  trop 
embruni. 

EMBRUOTOMIE.ff.  Terme  de  Chirurgie.  C'eft 
ainfi  que  M.Dionis  écrit  ;  mais  il  faut  dire  ,  comme 
les  autres  j  embryotomit  :  car  ,  quoiqu'en  pronon- 
çant les  mots  Grecs  il  y  ait  bien  des  gens  qui  donnent 
a  \v  le  fon  de  notre  u. ,  en  écrivant  on  met  dans  les 
mots  François  dérives  du  Grec  nny  ,  &  non  pas  un 
u  ,  pour  répondre  à  1'"  des  Grecs  :  amfi  on  dit  Ulyf- 
fe,  dyjj'énterie  j  embryon,d\  c.  &  non  pas  Ulij[/e,  dijjen- 
terie,  embryon  ,  dcc.  Ce  dernier  mot  fuffit  feul  pour 
faire  voir  qu'on  doit  dire  embryotomie.  Depuis  un 
temps  on  met  quelquefois  un  i  au  lieu  d'un  y  en 
certains  mots  dérivés  du  Grec  \  mais  on  n'y  met 
point  d'« ,  &: ,  pour  l'ordinaire ,  on  confer ve  l'y  dans 
les  termes  des  Arts  &  des  Sciences,  f^oye:^  Embryo- 
TOMiE  qui  fuit. 

^  EMBRYOLOGIE,  f  f.Terme  deMédecine. Traité 
du  Fœtus  pendant  fon  léjour  dans  la  matrice. 

EMBRYON,  f  m.  Terme  de  Médecine.  Fœtus  ,  com- 
mencem;-nt  de  formation  du  corps  de  l'animal  dans 
le  ventre  defamèrejavantqu'ilait  reçu  tous  les  linéa- 
mens&touteslesdifpolitionsdes  parties, pour  devenir 
animé  :  ce  qu^on  croit  arriver  dans  l'homme  au  ^i* 
jour.Fœrw.LesMédecins  ne  lont  pas  d'accord  entr'eux 
furie  temps  pendant  lequel  on  peut  défigner  le  fœ- 
tus par  le  nom  A'embryon.  Quelques-uns  lui  don- 
nent ce  nom  pendant  tout  le  temps  qu'il  eft  renfermé 
dans  la  matrice  :  d'autres  ne  le  donnent  qu'aux  ru- 
dimens  du  corps  ,  comme  nous  venons  de  le  dire.  Il 
paroît  que ,  iuivant  l'ufage  le  plus  général ,  on  donne 
au  fœtus  le  nom  d'embryon  avant  le  développement 
de  l'animalcule  ,  qui  ne  s'appelle  plus  que  fœtus 
après  fon  développement. 

Ce  mot  vient  du  Grec  'iy."fu'v ,  qui  fignifie  le  mê- 
me ôc  qui  vienr  de  la  prépofition  <" ,  dedans  &  de 
ë'/iuoi ,  qui  Ggnï(\e  /caturio  ,  croître,  pulluler,  parce 
que  l'embryon  eft  renfermé  de  prend  accroilfement 
dans  la  matrice. 

Embryon  j  fe  dit  aufii,  ironiquement,  d'un  très- petit 
homme.  Ce  n'eft  qu'un  petit  t'wAryo/2 ,  un  avorton. 
Homuncio  ,  homunculus  ,  homulus.  Qu'eft-ce  là,  petit 
embryon  ,  vous  parlez  ?  Voit. 

Embryon  de  graine  ,  ou  fimplement  Embryon  ,  fe 
dit,en  Botanique,des  rudimens  des  jeunes  planres  & 
des  jeunes  fruits  qui  exiftent  d'une  façon  confufe 
dans  les  germe';  des  femences  &  dans  les  boutons 
d'arbres.  On  dit  que  l'on  apperçoit  Y  embryon  des 
fleurs  dans  les  oignons ,  Vembryon  des  femences 
dans  les  jeunes  fruits ,  ïcmbryon  des  branches  ou 
des  feuilles  dans  les  boutons. 

03°  On  appelle  auili  embryon  la  partie  des  pistils 
qui  doit  devenir  un  fruit,  /^oye?  Pistil. 

^fT  M.  Amelotde  la  Houftaye  a  employé  ce  mot 
au  figuré  ,  en  parlant  des  ouvrages   d'eiprit.  Que 

N  n  n  n  ij 


roitre. 


^ji  EMB  E  M  B     EME 

tout  lubiîe  maîrre  fe  garde  de  lailfer  voir  fes  ou->      fîngeries  d'Apollonius  &  de  Mahamsi  emhujfflèrent. 
vrages  en  embryon  :  qu'il  apprenne  de  la  nature  à  ne  '      Mont.  Ce  mot  ne  fe  dit  plus, 
les  point  expoler,  qu'ils  ne  ioient  en  état  de  par-;  EMBUSCADE,  f.f.  Troupe  de  gens  .armés  cachés  darls 

un  bois ,  ou  en  quelque  autre  lieu  l'ecret ,  pour 
iurprendre  l'ennemi  quand  il  palfera  ,  ou  pour  l'en- 
fermer j  &c  lui  donner  à  dos.  Injidi&^  excubU.  Em~ 
bufcade  fe  dit  auOi  de  l'endroit  où  l'on  fe  cache  pour 
furprendre  les  ennemis  au  palH^ge.  Les  ennemis 
font  tombés  dans  Xcmbujlade  qu'on  leur  avoir  drel- 
fée.  Se  mettre  en  embujcade  ,  faire  une  embufcade, 
Ablanc.  Sortir  de  ['embufcade.  Il  a  été  tué  dans 
une  embufcade.  Voilà  un  lieu  bien  propre  à  mettra 
une  embufcade.  On  découvrit  ['embujcade. 

Embuscade  ,  fe  dit  au  figuré.  Cet  envieux  eft  toujours 
en  embufcade  j  pour  voir  s'il  n'échappera  poinc 
quelque  parole  à  fon  ennemi  dont  il  puilTe  pren- 
dre avan.age.  Il  eft  bas  en  ce  fens. 

EMBUSQUER.  Qui  s'emploie  avec  le  pronom  pet- 
fonnel.  S'cmbujquer.  v.  récip.  Terme  de  guerre.  Se 
porter ,  fe  mettre  en  embufcade.  In  injidiis  coLlo^ 
care  fe.  Les  ennemis  fe  fonc  embufques  dans  un 
bois. 

Ce  mot  vient  de  celui  d'embûche  ,  comme  em- 
bufcade. 

EMBUT.  f.  m.  On  s'en  fert  dans  le  Languedoc ,  poui 
dire  j  un  entonnoir.  Injundihulum. 

EMBU  VER  ,  en  Maréchalerie.  Foy.  Abreuver. 


EMdRYOTHLASTE.  f.  m.  Inftrument  inventé  pour 
rompre  lesos ,  &c  faciliter  l'extraclion  dutœtus  dans 
les  accouchemens  laborieux  £'^bfuoSA«5-<y.  De  s/i»?"»» 
fcecus ,  ik.  de  S-aku)  ^  je  romps.  Hippocrate  appelle 
cet  inftrument  moya. 

EMBRï'OTOMIE.  1.  f.  Terme  de  Chirurgie.  Embryo- 
tomia.  C'eft  une  opération  qui  coniifte  à  couper  le 
cordon  ombilical  d'un  entant  qui  vient  de  naître  , 
&  à  le  lui  lier  enluite. 

Ce  mot  vient  de  deux  mots  Grecs ,  dont  il  eft 
formé  &  compofé  ;  'w^ov ,  enfant ,  tk  riftm  je  coupe. 
Foyei  M.  Dionis  fur  l'opération  appelée  tmbryo- 
tomie, 

|Cr  Ce  terme ,  fuivant  fa  vraie  valeur  y  fignifie 
la  dilFeétion  anacomique  d'un  embryon.  Cette  ex- 
plication eft  bien  plus  naturelle  que  celle  de  Cham- 
bers  ;  elle  eft  adoptée  par  l'Académie  Françoife  j 
qui  remarque  en  même-temps  que  ce  mot  s'entend 
aulî)  de  l'opération  par  laquelle  on  coupe  en  pic- 
ces  le  fostus  mort  dans  la  matricejafin  de  le  tirer  du 
ventre  de  la  mère. 

EMBRIULKIE.  f  f.  Terme  de  Ch'uvizgxQ.Embriulkia. 
Opération  de  Chirurgie  :  c'eft  l'extraélion  de  l'en- 
fant du  ventre  de  la  mère  dans  un  accouchement 
contre  nature.  Les  Latins  ont  appelé  opération  Cé- 
farienne  ,  ce  que  les  Grecs  appeloient  embryulkle. 
Si  le  nom  d'opération  Céfarienne  eft  demeuré  ,  c'eft 
qu'il  eft  plus  facile  à  prononcer  que  celui  à'embriul- 
kie,  DiONis. 

Ce  mot  eft  formé  d V»?"'"' ,  enfant ,  &  d''^""* , 
tirer. 

EMBRYULQUE.  f.  m.  Terme  de  Chirurgie.  Crochet 
pour  l'extraétion  du  fétus  dans  les  accouchemens 
laborieux  E',«£pu»/i;of.  De  'i/*^fi"»  ,Jœtus  ^  Se  de '•'^»*, 
je  tire. 

EMBS.  Petite  ville  d'Allemagne.  £"/«3/^.  Embs  eft  fi- 
tué  dans  le  Tirol ,  lur  le  Rhin  ,  environ  à  deux 
lieues  de  fon  embouchure  dans  le  lac  de  Conftance. 
Embs  QÙ.  Capitale  d'un  Comté  de  même  nom,  qui 
a  fes  Comtes  particuliers. 

Embs.  Foye^  Ems. 

EMBU,  UE. Terme  de  Peinture.  Imbutus  ,  fatur.  On 
dit  qu'un  tableau  eft  £/«/>« ,  quand  l'huile  étant  en- 
trée dans  la  toile  j  lailfe  les  couleurs  mates.  Voye\ 
Emboire. 

EM3JCHE.  f.  f.  Entreprife  fecrcte  pour  furprendre 
quelqu'un.  lnfidi&  ,  tendicuU.  Drelfer  des  embûches 
aux  ennemis.  Abl.  Le  pécheur  a  bien  du  mal  de  fe 
garantir  des  embûches  de  Satan.  Ce  mot  vient  de 
l'ancien  mot  bofc  ,  qui  fignihe  forêt ,  &:  dont  il  nous 
refte  ^ncox^bocage  ,  &  autres  ter.mes ,  parce  qu'on 
fe  cache  fouvent  dans  les  forêts  pour  drelFer  les  em- 
bûches. Il  a  plus  d'ufage  au  pluriel. 

ÏM8ÛCHEMENT.  f  m.  Vieux  mot.  Abouchement 
pour  parler.  Ce  mot ,  pris  en  ce  fens,  eft  dérivé  de 
hucca.  On.  l'a  employé  aulli  pour  Embûches  j  tra- 
hifon  ,  &  en  ce  fens  Borel  dit  qu'il  vient  de  Bofc  , 
bois  ,  forer  où  fe  cachent  les  foldats ,  comme  qui 
diroir  llmbofche. 

EMBÛCr^E'l.  C'eft  un  terme  de  Vénerie  ,  qui  ne 
s'emploie  qu'avec  le  pronom  perfonnel.  Il  fe  dit  des 
bêtes  poutfuivies  qui  rentrent  ,ou  qu'on  fait  rentrer 
dans  les  bji,.  Relire  infaltus  ,  in  lucum  fe  condere. 
On  dit  p\reii!ement  ;"«/;zi^/2cAer  &yè  rembûcher. 
Embûche  ,  ée.  part,  a  les  fignificationsde  fon  verbe. 

Cefunefeferpentdontj'aifenti  la  rage, 
Embûchéyè/w  des  fleurs  ,  t'attend  dans  tonvillage. 

Recueil  de  Vers. 

EMBÙcMÉ.Vieux  mot.  En  embufcades.  Gloff.  furMarot. 

EMBUFFLER.  v.  a.  Tromper,  embabouiner.  Em- 
buffler  quelqu'un,  c'eft  le  mener  par  le  nez  ^  comme 
un  Bufïle.  Cotgrave,  dans  fon  Diftionnaire  Fran- 
çois £c  Angloii.Jene  m'étonne  plus  de  ceux  que  les 


EME. 

ÊME.  Les  mots  François  qui  finitrent  en  ême  ,  ont  la 
pénultième  longue  ,  comme  carême ,  blême. 

ÊME.  Eftimation.  Foye^  Estimation.  Eflime  eft 
vieux. 

ÊME  ,  ou  AIME.  Ville  autrefois  ,  aujourd'hui  Bourg 
du  Dauphiné  ,  dans  les  Alpes.  Axima.  Had.  Valef. 
Not.  Gall.p.  142.  143. 

Eme,  EDME.  f  m.  Nom  propre  d'honlme.  Eimun- 
dus.  On  écrit  fouvent  Edme  ,  mais  on  né  prononce 
point  le  a.  Edmont,  Anglois  ,  que  nous  appelons 
vulgairement  S.  Eme  ,  étoit  fils  d'Edouard  Riche» 
de  Mabille.  Baillet  ,  au  i  6  </<;  Nov.  Saint  Eme  fut 
élu  Archevêque  de  Cantorbery  ,  &  facré  après  bien 
des  réfiftances  le  1^  jour  d'Avril  de  l'an  1134.  & 
mourut  en  France  le  16"^  de  Novembre  1141.  0\\ 
dit  aufll  Emont  ou  Edmont.  Foy.  ce  mot. 

EMEBERT.  f.  m.  Nom  d'homme.  Ablehertus.  A  Ham 
près  de  Vilvorde  en  Brabant ,  S.  Emelert ,  frère  de 
Sainte  Gudule,  honoré  comme  Evêque  de  Cam- 
brai ,  à  Maubeuge  où  eft  fon  corps.  Chast.  au  i^' 
J^«v.  Quoique  Baudry  deTournay  ,  en  fa  Chroni- 
que ,  mètre  S,  Emcbert  au  rang  des  Evêques  de 
Cambrai ,  Molan  ne  lailfe  pas  de  donner  fujet  de 
douter  de  cet  Epifcopat.  Id. 

EMELEY  ,  EMLEY ,  ou  EMMELEY.  Ville  Epifca- 
pale  de  la  Momonie  en  Irlande  ,  appelée  autremenc 
Awn.  Emelia  ,  Imelaca^  Auna.  Elle  eft  peu  éloignée 
de  Glafon  ,  dans  le  Comté  de  Tipperari ,  entre  Kil- 
malok  &  Cashel  j  dont  fon  Evêque  eft  fuftraganr. 
Emcley  étoit  autrefois  fort  peuplé.  Camden. 

ÉMENDATION.  f  f.  Corredtion.  Il  eft  dans  Cotgr.i- 
ve  &  dans  Nicor. 

ÉMENDE.  f.  f.  Vieux  m.ot  ,  au  lieu  duquel  on  dif 
maintenant  amende.  Muleta ,  emenda.  Emende  de  tofi 
entrée  ,  eft  une  êmcnde  de  fix  fous  pari  fis  ,que  doic 
payer  le  nouveau  Seigneur  d'iîn  héritage  de  franc- 
aleu  ,  ou  roturier  ,  s'ils'cft  mis  dans  l'héritage  fans 
en  avoir  été  enfaifiné  par  la  Juftice  du  lieu  où  eft 
allîs  l'héritage.  Emende  de  gage  ,  elle  eft  de  fepC 
fous  (ix  deniers ,  &c  doit  être  payée  par  le  valfal  , 
pour  n'avoir  fourni  fon  aveu  à  fon  Seigneur  féo- 
dal. Emende  firnple  ,  elle  eft  de  fept  fous  fix  deniers. 
Grofjc  émendc ,  elle  eft  de  foixante  fous.  Emende 
couiumière  ,  ou  accoutumée  ,  ou  flatutaire  ,  eft  une 
emende  taxée  par  la  loi  &  la  coutume  du  pays. 
Emende  arbitraire  ,  eft  celle  qui  eft  taxée  par  le 
Juge. 

On  dit ,  par  mani  ère  de  fentence  ou  de  proverbe, 
A  tout  mesfait  n'efchet  c\u  emende  au  Seigneur.  La 
plus  grande  emende  attire  à  foi  Se  emporte  la  petite. 


E  M  E 

Toutes  les  exprefïîons  qui  fe  trouvent  dans  l'article 
dumot£;//i(;/7i/i.fontpriles  des  diiic  rentes  coutumes 
du  Royaume.  Voye^  Amende. 

Le  mot  ê^émendi  vient  du  Latin  emeiula. 

ÉMENDhiv.  V,  a.  Terme  du  Palais.  Coiriger,   réfor 
mer.  La  Cour  a  mis  &  met  lappcllation  ^  ÎJi  ce  dont 
ell  appel ,  au  néant  ,  émendant  ordonne  ,  &.c.  c'etV 
à-dire,  corrigeant  Sentence  dont  ell  appel ,  ordonne 
que ,  (Sec. 

ÉMEÎIAQDE.  f.  f.  Pierre  prccieufe  verte  ,  la  plus 
dure  après  le  rubis.  Smarugdus.  L'Orientale  elt  la 
plus  ertimée  ,  &  eft  d'un  verd  maie  ,  haute  en  cou- 
leur ,  tirant  fur  le  brun.  L'Occidentale  ,  ou  du  Pé- 
rou ,  eft  d'un  verd  gai,  &  elle  eft  moins  dure  & 
moins  prifée.  On  ne  connoït  plus  que  celles-ci  ^ 
car  pour  les  autres ,  qu'on  appelle  de  lu  vieille  Ro- 
che, la  mine  en  eft  perdue.  Elles  fe  perfeûionnent 
comme  le  rubis  dans  la  mine  ,  &  prennent  peu-à 
I)eu  leur  verdeur ,  comme  le  fruit  îur  l'arbre  prend 
la  maturité.  Pline  fait  mention  de  douze  fortes 
de'meraudes  à  préfent  inconnues.  Il  fe  trouve  des 
émeraudes  aux  environs  de  Bourbon-l'Archambaud. 
En  l'Apocalypfe  Dieu  apparoir  fur  une  iris  de  cou 
leur  à'émeraude.  L'opinion  commune  ell  que  Véme- 
raude  naît  dans  le  jafpe.  Il  y  en  a  de  (i  parraitement 
verd  j  que  plufieurs  Auteurs  l'ont  pris  pour  \éme- 
raude.  Dans  le  Livre  d'Efther  il  eft  dit  que  les  falles 
où  AlFucrus  fit  fon  feftin  ,  étoienc  pavées  à'émcrau- 
des  &  de  marbre. Rodrigue  deTolédedit  que,  quand 
les  Sarrafins  prirent  Tolède,  le  Roi  Tarik  eut  pour 
butin  une  table  de  565  pieds  de  long  d'une  feule 
pièce  ,  qu'il  fait  palTer  pour  émeraude.  Quand  Sul 
tan  Ibraim  fut  mis  fur  le  trône  ,  &C  qu'il  ht  fon  en- 
trée à  Conftantinople  ,  fon  turban  étoit  orné  par- 
devant  d'une  groffe  émeraude  ,  qui  éroit  au  milieuj 
prifée  cinquante  mille  écus.  Du  Loir,  Z.  ly.p. 
I  jo.  Théophrafte  dit  qu'on  en  a  vu  une  de  quatre 
coudées  de  long  fur  trois  de  large  ,  qui  fur  mife  par 
lin  Roi  d'Egypte  dans  un  temple  de  Jupiter.  On  a 
aufti  parlé  d'un  obclifque  ^émeraude  de  quarante 
pieds  de  haut.  A  Gènes  il  y  a  un  plat  bien  grand 
qu'ils  font  pafTer  pout  une  émeraude.  A  Mayence 
il  y  en  avoit  autrefois  une  pendue  à  h  voûte  de  l'E 
glife,  qui  brilloit  fort ,  grolFe  comme  un  demi- 
melon.  Fernand  Cortès  apporta  cinq  émeraudes  de 
l'Amérique  eftimées  cent  mille  écus.  En  la  vallée 
de  Manft  au  Pérou  ,  les  peuples  adoroienrune  émc^ 
raude  ,  qui  écoit  prefqu'aulli  grolfe  qu'un  œuf  d'au- 
truche. On  lui  faifoit  plulîeurs  préfens  &  facrifices  , 
6c  fur-tout  des  moindres  émeraudes  ,  que  les  Prê- 
tres f.iifoient  accroire  être  fes  filles.  On  femt  qu'Her- 
mès Trifmcgifte  avoit  gravé  fur  une  émeraude  le 
remède  univerfel  contre  toutes  les  maladies  ,  & 
qu'il  la  fit  enfermer  dans  fon  tombeau  avec  fon 
corps. 

Ce  mot  vient  àa  fmaracrius  ,  Latin  ,  qui  fignifie 
la  même  chofe.  Quelques-uns  la  dérivent  de  Tlta 
Wcn  fmeraldo  ,  ou  de  l'Arabe  :;omorrad. 

Emeraude  des  Philosophes.  Terme  de  Philofophie 
Hermétique.  C'eft  la  rofée  des  mois  de  Mars  &  de 
Septembre. 

Presme  d'Émeraude.  Voyei  Presme,&:  Prime. 

ÉMÈRE.  f.  m.  Amerius  ,  Emerius.  Faux  nom  d'hom- 
me ^  que  l'on  a  formé  de  Santomere ,  ou  Santa- 
mère.  Saint  Mer.  ^(jye^CHASEELAiN  au  ij  Janvier, 

,  P-42-9- 

EMERGENT,  adj.  Emergens.Lss  Aftronomes&Chro- 
nologues  appellent  l'an  émergent ^  l'époque  ou  la 
racine  dont  ils  commencent  à  compter  le  temps  : 
ainfi  on  a  compté  lesannées,de  la  création  du  mon- 
de, &  les  Juifs  le  lont  encore  du  déluge  ,  de  l'Exo- 
de j  ou  fortie  d'Egypte  ,  &:c.  Les  Grecs  ont  compté 
par  Olympiades  ,  leur  époque.  Leur  an  émergent 
étoit  l'année  do'  l'établillement  ,  ou  du  moins  du 
rétabli (Tement  des  jeux  Olympiques  par  Iphitus.Les 
Romainsont  compté  depuis  la  lonjanon  de  Rome, 
AB.  u.  c.  C'eft-à-dirCjAB  urbe  condita.  Les  Chré- 
tiens comptent  maintenant  depuis  la  nai'fance  de 
Jefus-Chrift.  Les  Mofcovites  n'ont  conformé  leur 


EME 


«f 


calcul  au  refte  des  Chrétiens  que  depuis  le  corn- 

,   mencement  de  ce  iiècle  en  l'an  1701. 

Emergent  ,  eft  auili  un  terme  de  Droit  &  de  Com- 
merce. Le  dommage  émergent  empêche  qu'il  y  ait 
ufure  ,  loifqu'ou  tue  d'un  prêt  autant  qu'on  perd 
en  le  tailant.  Damnum  emergens. 

Émergent  ,  eft  aulli  un  terme  d'Optique,  qui  fedit 
des  rayons  qui  fortent  d'un  milieu  ,  qu'ils  ont  tra- 
verfé.  L'angle  que  les  rayons  emergens  faifoienc 
avec  les  incidens  étoit  de  44  degrés.  Newton. 
Opt.  rr<2(/.  Les  extrémités  de  la  lumière  émejaente 
Id.  ° 

ÉMERI ,  ou  ÉMERIC.  f.  m.  Nom  d'homme.  Emeri^ 
eus.  Emeri  De  la  Garde  ,  ou  de  Chalus  ,  Arche- 
vêque de  Ravenne  j  &  enfuite  Evêque  de  Chartres 
dans  le  XIV^  fiècle  ,  fut  fait  Cardinal  par  Clément 
■VI.  en  1441.  Louis  Emeric ,  Seigneur  dj  RoLhefort 
en  Poitou,  Secréraire  du  Roi  d'Arragon  ,  &  en- 
fuite  de  Philippe  le  Long  ,  a  fait  des  vers  en  Pro- 
vençal. 

EMERIL,  ou  ÉMERI.  f.  m.  Le  dernier  eft  prefque 
feul  en  ufage.  Smyris.  Pierre  mécallique  qui  fe 
trouve  dans  toutes  les  mines ,  particulièrement  en 
celles  de  cuivre  ,  de  fer  &  d'or.  Elle  eft  rouge^  î<c 
quelquefois  grife  ,  fort  pefante  &  très-dure  ,  & 
fert  à  polir  &  brunir  l'or ,  &  auilî  à  caver  &  à  cou- 
per le  verre  ,  à  taillerie  marbre  &  Ls  pierreries  ,  à 
la  réferve  du  diamant.  Quand  \:émeri  eft  fondu  avec 
le  plomb  &  le  fer ,  il  1-s  endurcit ,  &:  il  augmente 
même  le  poids  &  la  couleur  àt  l'or  ,  &  il  ls  taie 
devenir  rouge.  On  en  mêle  un  peu  à  l'or  de  Mada- 
gafcar  j  quieft  pale,  &  qui  le  fond  hicilemenr, 
fans  y  ajouter  du  borax,  comme  oii  fait  à  l'autre. 
L'émerifsn  à  polir  le  fer  &  les  miroirs  d'arier.  Il  fe 
réduit  en  une  poudre  imperceptible  dans  de  l'eaii- 
de-vie  oude  l'efprit  de  vin.  Les  Géograph-s  Orien- 
taux difent  qu'on  trouve  de  l'émeri  (  d'Herbelot 
écrit  ïémeriHe  )  dans  l'Ille  de  Ceilan  i  &.  ils  appel- 
lent cet  émeri  Sundabeg  ,  ou  Sunbadag. 

Il  eft  conftant  que  le  mot  émen  vient  du  Latin 
fmyris  ,  &  le  Latin  du  Grec  ,  qui  eft  aulli  "-/^ift;  ^ 
que  M.  Lémery  tait  venir  de  <^i«a«  ,  qui  fignifie  net- 
toyer j  purger.  M.  Lémery  dit  qu'il  y  a  trois  fortes) 
de  pierre  à' émeri  :,  que  la  première  &  la  plus  efti- 
méeeft  reV^er/'d'Efpagnejqu'on  trouve  fur-toutdans 
les  mines  d'or  &  d'argent  du  Pérou  ,  &  autres  lieux 
de  la  nouvelle  Efpagne.  L'tf/Tztrrid'Efpagneeft  rou- 
gcâtre,  parfeméde  vénules  ou  de  points  d'or  &  d'ar- 
gent :  cette  efpèce  à'émeri  eft  fort  rare  ;  parce  qu'à 
caufede  l'or  qu'elle  contient,  les  Rois  d'Elpagne  en 
ont  défendu  le  tranfporr.  La  féconde  el'pèce  dL  émeri. 
eft  unie ,  rouge  :  elle  naît  dans  les  mines  de  cuivre, 
&  ne  contient  ni  or  ni  argent.  La  troifième  efpèce 
eft  V émeri commnn:  fa  couleur  eft  noirâtre:  elle 
naît  dans  les  mines  de  fer  :  on  la  pul  vérile  en  Angle- 
terre par  le  moyen  de  certains  moulins  faits  exprès, 
ce  qu'on  ne  pourroit  faire  dans  des  mortiers  ,  à 
caule  de  la  grande  dureté  de  cette  pierre  ;  car  elle 
perceroit  ou  calferoit  plutôt  le  mortier  que  de  s'y 
mettre  en  poudre.  On  n'emploie  point  ['émeri  dans 
la  Médecine.  La  matière  qui  tombe  ,  en  boue ,  des 
meules  des  Lapidaires,  contient  delà  piene  à'émeri 
en  poudre  :  on  fair  fécher  cette  poudre,  5.:  on  l'ap- 
pelle potée  à  émeri. 

Émeri,  pris  figurément  en  ftyle  familier  ,  fe  dit  des 
choies  qui  contribuent  à  la  gloire  ,  qui  donnent  de 
l'éclat.  M.  de  Salvoifon  ,  grand  Capiraine ,  difott 
qu'il  n'y  avoit  au  monde  fi  bon  émeri  pour  bien 
faire  luire  les  armes  ,  que  les  lettres;  parole  digne 
des  Céfirs.  De  Vign.  Marv.  d'après  Br  intome. 
C'eft  un  bon  mor  de  ce  Capitaine  ,  qu'il  ne  faut  pas 
prendre  pour  une  expreflîon  ordinaire. 

ÉMERILLON.  f  m.  Le  plus  petit  des  oifeaux  de  Fau- 
connerie ,  le  plus  vif  &:  le  plus  bigarré  de  tous,  &C 
celui  dont  le  mâle  &  la  femelle  ferelTeniblent.  Fal- 
co  mi'iimus  ,  accipiter  varius  ^  fpi^a  ,frangillarius  ^ 
mtrillus.  M.  de  Sainte-Marthe  ,  dans  is^  livres  de 
re  accioitraria ,  l'appelle  pumilus. 

VEmérilhn  eft  de  la  forme  du  faucon  ,  auquel  i^ 


éj4  ^  ^'*'î  ^ 

relfemble  cout-à-fait  j  foie  pour  la  figure  du  corps, 
fou  pour  la  couleur  du  champ  de  Ion  pennage  , 
excepté  qu'il  a  toutes  les  parties  du  corps  plus  pe- 
tites j  enforte  qu'il  iembîe  iiae  ce  foie  un;  jeune 
faucon.  C'eil  pourquoi  Albert  le  Grand  l'a  placé  dans 
le  genre  des  hiucons ,  le  difant  toutefois  de  la  petite 
efpèce ,  &:  le  faifant  égal  au  moucliet  ,  qui  elt  le 
mâle  de  fcpervier ,  &  au  lanier  rouge ,  qui  n'ont 
guère  plus  de  corfage  qu'un  merle-  Il  n'y  a  pas 
grande  difféience  entr'eux  pour  les  façons  défaire^ 
«1  pour  la  couleur.  Ils  ont  des  gouttes  à  la  tête , 
comme  du  Albeit  le  Grand  ,  ainfi  que  les  faucons. 
Il  aie  vol  très  long  a  proportion  du  corps  ;  la  queu^ 
eft  médiocre  ,  ics  jambes  6c  fes  pieds  fout  unis  ëc 
ciuins. 

Prenez  le  plus  goulTaut  que  vous  pourrez  j  large 
demahiueSjle  vol  long,t>iea  aftlé,latête  ronde,lebec 
gros  &C  courr,la  langue  nou-e,k' corps  court,les  piedb 
éc  les  doigts  grands  &  déliés,  fon  pennage  d'une 
pièce  fur  le  derrière;  par  le  devant  qu'il  foit  de 
grolfes  mailles  en  cœurs  ,  &  bordées  de  feu  fui 
les  mailles  de  derrière  ,  de  gros  yeux  à  fleur  de 
tête  ,  le  champ  de  ion  pennage  tirant  fur  le  roux- 
brun. 

Il  tient  du  naturel  du  faucon.  Il  eft  hardi ,  &  d'en- 
treprife  ,  plus  volant  qu'aucun  autre  oifeau,  cou 
rageux  ,  de  longue  haleine  ,  &c  fort  agréable  à  fes 
entreprifes.  Il  elt  quinteux  &  fantafque  comme  le 
Gerlault,  &  a  peine  à  oublier  le  deplailir  qu  il  a 
reçu.  Il  le  faut  entretenir  j  leurrer  Sc  allurer  de  mè 
me  que  le  hiacon  ,  puis  lui  taire  efcape  de  ce  que 
vous  lui  voulez  donner  j  &  le  taire  voler.  Il  e(t  le 
feul  de  tous  les  oifeaux  de  proie  dans  lequel  on  ne 
falle  point  de  ditbnôbion  du  mâle  avec  la  femelle, 
n'ayant  point  de  tiercelet.  Ils  lont  toujours  en  ac- 
tion. On  peut  les  accoutumer  au  poing.  Il  vole  le^ 
perdrix,  les  perdreaux,  la  caille  ,  l'alouette  ,  les 
moineaux  ,  &  autres  petits  oileaux  ,  qu'il  pourfuit 
d'un  merveilleux  courage.  Il  doit  être  oifelé  en 
huit  jours  y  car  ap.ès  il  ne  vaut  rien.  Il  eft  fort  plai- 
fanc  au  voi  de  la  corneille  &  de  l'alouette  hupée. 
On  n'en  voit  que  de  palTagers ,  &  point  de  mais. 
M.  de  Sainte  Matthc  a  décrit  tout  cela  en  fort 
beaux  vers  Latins ,  2>c  nous  apprend  que  d'autres 
ont  appelé  en  Latin  Vémerillon  j  ajalu ,  drcus  &i 
perenus. 

Les  François  des  Antilles  appellent  r^/weVvY/o^  de 
ces  Ifles  Grygry,  Voy.cQ  mot. 

ÉmÉrillon.  ,  eft  auflî  une  efpèce  de  canon  médiocre, 
dont  la  longueur  eft  de  57  calibres  ,  qui  tite  dix  on 
ces  de  fer ,  ou  quinze  onces  de  plomb ,  &  fe  char- 
ge de  quinze  onces  de  poudre  fine.  Le  bâtard  a 
31  calibres,  &  tire  douze  onces.  L'extraordinaire 
a  quarante -cinq  calibres,  &  tire  demi -livre  de 
plomb  avec  autant'de  poudre.  Hanzelet. 

Émérillon  ,  eft  aulli  un  terme  de  Cordier ,  qui  (îgni- 
fie  un  morceau  de  bois  en  forme  de  fillet,  au  bout 
duquel  il  y  a  un  crochet  de  fer ,  fervant  à  câbler  de 
la  ticelle  &  autre  cordage. 

ÉMÉRILLONNÉ  ,  ée.  adj.  Gai ,  vif,  éveillé  comme 
un  émérillon.  Audaadus ,  fervens  ^  exukans.  Cette 
fille  eft  bien  gaie  &  émériUùnnée.  Il  eft  bas.  Cette 
petite  Fanchon  eft  bien  éménllonnce.  Mad.  Du 
Noyer..  CEil  émérillonné.  Il  n'eft  que  du  ftyle  fa- 
milier. 

EMERITE.  f.  &  a.lj.  Qui  a  fervi  fon  temps  dans  quel- 
que emploi.  UEmcricus  «//«.f  des  Latins  (igni fie  un 
homme  de  guerre  qui  a  blanchi  fous  le  harnois.  Au- 
gufte  établit  des  récompenfes  pour  les  foldats  qu'on 
appeloit  f>?2t'mej j c'eft  à- dire,  quiavoient  bien  fer- 
vi  pendant  un  certain  nombre  d'années.  Cette  ré- 
compenfe  s'appeloit  emerïtat ,  emerkum.  On  ne  fe 
fert  du  terme  àHEmérhe  dans  notre  langue ,  que  pour 
défigner  un  profelTeur  qui  a  vingt  ans  d'exercice. 
En  quittant  leur  chaire,  les  Emérnes  ont  une  pen- 
(lon. 

ÉMEROCALLE.  Foyer^  HÉMÉHOCALLE. 

XMERSIpN.  f.  f.  Terme  d'Aftronomie.  Emerfo.  On 


'■'-'■fîon . 


E  ME 

orfque  le  Soleil  recommence  à 


appelle  tvn, 

paroître  après  avoir  été  caché  pari'interpofitionde 
l'ombre  de  la  terre.  On  appelle  encore  éinerfion  , 
lorlqu'unectoile  que  le  Soleil  cachoit,  parce  qu'il  en 
étoit  trop  proche,  commence  à  paroître  ,en  fortanc 
des  rayons  du  Soleil  qui  s'en  eft  éloigné.  On  trou- 
ve les  dittérences  en  longitude  par  l'obfervation  des 
immerlions  ou  des  émcrjions  du  premier  fateliite 
de  Jupiter.  On  obferve  les  immerfions  depuis  la 
conjonction  de  Jupiter  avec  le  Soleil  jufqu'à  fon 
oppohtion  ,  &  les  émer/ions  depuis  l'oppofition  juf- 
qu'à la  conjonétion  :  ces  deux  intervalles  font  ordi- 
nairement de  fix  mois  chacun  ,  &  pattagent  égale- 
ment l'année  ;  mais^lorfque  Jupitereft  dans  fa  con- 
jondfion  ,  &  quinze  jours  avant  &  après,  on  ne  peut 
rieii  oblerver ,  parce  que  cette  planète  avec  fes  fa- 
tellites  ,  eft  cachée  dans  les  rayons  du  Soleil. 
EMERVEILLABLE.  f  m.  &  f.  Digne  d'admiration. 
Admirabïlis ,  paradoxus.  Ce  mot  le  trouvoit  dans  le 
Didionnaire  de  l'Académie  \  mais  il  n'y  eft  plus. 
Il  eft  vieux  &  hors  d'ufage. 
EMERVEILLER,  v.a.  Donner  de  l'admiration,  éton- 
ner. Miratloncin  glgnerc  : fiupejaure.  Cela  a  émer- 
veillé tout  le  monde.  Il  eft  vieux  en  ce  fens ,  &  n'a 
plus  guère  d'ufage  que  dans  le  paflif  J'en  fuis  tout 
émerveillé. 

On  s'en  fert  avec  le  pronom  perfonnel.  S'érner~ 
vei//^r, s'étonner, être  en  admiration.  Admirari.  Ne 
vous  émerveille-^  pas  s'il  eft  riche  ,  il  prend  à  toutes 
mains.  Il  eft  du  llyle  tamilier. 
Emerveillé  ,  ée.  part. 

EMERLTS.  f.  m.  Eft  un  petit  arbrilfeau  qui  croît  aux 
lieux  montagneux ,  fombres ,  dans  les  bois  ,  aux 
pays  chauds,  tmerus.  Il  y  en  a  de  deux  efpèces ,  le 
grand  &  le  petit,  l^oy.  le  Irai^é  des  drogues  lie  M. 
Lémery  ,  M  Tournefort ,  Ray ,  &c.  f^oy.  SENE  &c 
INDIGO. 
EMETÈRE. ,  Foy.  MADIR. 

EMETICITE.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Qualité  émé- 
tique  qui  provoque  le  vomiflement.  La  crème  de 
tartre  cryllallifée  ,  n'eft  point  du  tout  émétique  ,  à 
moins  qu'elle  ne  foit  mêlée  avec  l'antimoine  ^  qui 
donne  toute  l'tfweWard' à  la  préparation  dans  laquel- 
le elle  entre-  Merc.  d^  Nov.  1734.  M.  Géoffroi  j 
dans  un  Mémoire  lu  à  l'Académie  des  Sciences  j 
examine  qu'elle  eft  la  partie  de  l'antimoine  qui 
conftitue  fon  éméticité ,  &  il  conclut  avec  tous  les 
Chymiftes    habiles  ,   que  c'eft  la  terr^vitrifiable 
de  ce  minéral  qui  excite  le  vomilfement  ,  en  itri- 
tant  le  genre  nerveux.  Il  fait  voir  que  plus  le  cryf- 
tal  de  tartie  s'eft  chargé  des  particules  de  cette  ter- 
re vitrifiable  ,  plus  le  tartte  eft  émétique.  Merc.  de 
Dec.  1754. 
EMETIQLJE.  ad.  m.  &  f.  eft  un  remède  qui  excite  le 
vomidemcnt.  Emedcus  j  vomicorius.  On  en  fait  de 
diftétentes  manières.  Le  vin  émétique  n'eft  autre 
choie  que  du  vin  blanc  j  dans  lequel  on  a  fait  infu- 
fer  du  lahan  des  métaux,  ou  du  verre  d'antimoine. 
Le  \'ïn  émétique  eft  aujourd'hui  fort  en  ufage.  La 
poudre  émétique  ,  qu'on  appelle  aullî  poudre  d'Al- 
garoth  ,  du  nom  de  fon  Auteur ,  eft  un  précipité 
d'antimoine  ,  ou  du  beurre  d'antimoine  adouci  par 
pluhcurs   lotions  :  elle  eft  appelée  improprement 
mercure  de  vie. 

Il  eft  audi  fubftantif.  On  lui  a  donné  de  {'éméti- 
que. Vémécique  l'a  fauve.  M.  Chirac ,  célèbre  Pro- 
feileur  à  Montpellier  ,  croit  que  les  émétiques  pro- 
duifent  leur  cfîet  plutôt  par  les  mouvemens  violens 
du  diaphragme ,  &  des  mufcles  de  l'abdomen  ,  que 
par  la  contraélion  des  fibres  du  ventricule  :  M.Tour- 
ncfort  eft  de  fon  avis.  Voye\  -  en  les  raifons  dans 
l'Hiftoirede  M.  du  Hamel,  p.  5(^4. 
Ce  mot  vient  du  Grec  e^e»  ,  je  vomis. 
ÉMÉTOCATHARTIQUE.  adj.  &  f.  m.  On  appelle 
éinétocathartiques  des  remèdes  qui  purgent  par  haut 
&  par  bas.  Ce  font  des  émétiqucs  auxquels  on  joint 
des  purgatifs ,  comme  lacalfe ,  la  manne ,  les  tama- 
rins ,  lescatholicon  ,  le  fénc ,  ou  autres  fcmblables, 
pour  en  adoucir  l'adion  ,  5c  les  précipiter  en  pat- 


E  M  E     Ë  M  I 

tie  par  les  (elles.  Ce  mot  eft  compofé  de  'ffurâ^j  vo-  i 
miliemeiic,  &  de  ««^^f »-'xW ,  purgacit:.  Col.,  de  Vil- 

tARS. 

ÉMETRE.  V.  a.  Terme  de  Palais  ,  qui  fe  dit  des  ap- 
pels ,  ou  appellations.  Emecre  un  appel ,  c'eft  la  mê- 
me choie  qu'interjeter  un  appel.  \Jn  Religieux  de 
l'Ordre  du  Samt-Elprit ,  émcc  appel  comme  d'abus 
de  la  provihon  donnée  pat  rOrdinaire.  Fevke  r.  Ce 
verbe  &c  Ion  participe  ne  font  plus  en  ufage. 

Émis  jisE.part.  &i  adj.  Il  a  les  lignihcationsde  fon  ver 
bc.  Le  Prieur  clauftral  ayant  cmis  appel  comme  d'a- 
bus de  fa  deftitution.  Févret.  Sur  l'appel  d'abus  qui 
fut  émis ,  le  Parlement  de  Paris  dit ,  mal  tk  abulive- 
ment  jugé.  Id. 

ÈMEU.  f.  m.  Eli  un  gtand  oifeau  des  Iles  Moluques. 
Emeu ,  eme^  cafoaris.  f^oye\  M.  Lémery  ,  dans  fon 
Traité  des  drogues. 

ÉMEUT,  f.  m.  Terme  de  Fauconnerie  ,  qui  fe  dit  des 
excrémens  de  l'oifeau.  Exacmentum  ,  fiercus.  L'e- 
vieut  de  l'oifeau  doit  être  blanc  &  clair,  &  le  noir 
qui  eft  parmi ,  doit  être  bien  noir.  Quand  les  émeute 
lont  blancs  &  glutineux  ,  c^ell  ligne  de  bonne  di- 
geftion  &  de  lanté. 

ÉMEUTE,  f.  f.  Tumulte  populaire.  Tumulv.is  j  turba. 
Ce  peuple  eft  mutin ,  il  y  a  à  tous  momcns  quelque 
émeute  en  ce  quartier- là.  Il  y  eut  une  émeute.,  une 
alarme  dans  le  camp.  Appailet  une  émeute.  Abl. 

Emeute,  fe  dit  aulli  des  querelles  particulières  qui 
lont  alfembler  les  voiiinSj  &  qui  caufent  du  trou- 
ble dans  un  quartier.  Tumultus  ,  altercatïo ,  rixa.  Les 
petites  gens  l'ont  fouvent  des  émeutes  qui  alarment 
tout  le  vûilinage. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  e.xmota  j  fait  de  exmo- 
verej  ôc  DuCange,  de  movita^  qu'on  a  dit  au  mê- 
me fens. 

EMELITIR.  v.  n.Tcrme  de  Fauconnerie,  qui  ne  fe  dit 
proprement  que  des  oifeaux  de  proie,  quand  ils  fe 
déchargent  le  ventre.  Exonerare  ventrem ,  alvum  j 
egererejiercus.  On  appelle  les  émeuts  yfimus ,  excre- 
mentum ,  (fercus  ,ce  que  les  oifeaux  vident.  Le  fau- 
con pèlerin  &:  le  lanier  émeutijjent  (oi\s  eux  :  les  au- 
tres'Oifeaux  de  proie  déchargent  leur  ventre  en  ar- 
rière &  un  peu  loin.  Quelques-uns  dérivent  ce  mot 
de  J'maltire  \  parce  que  les  ordures  des  oifeaux  ap- 
prochent du  mélange  de  poix  ,  de  cire,  de  plâtre  &: 
de  grailfe  ,  dont  on  fait  un  ciment  que  les  Anciens 
appeloient  malta. 

Emeutir,  s'eft  dit  autrefois  pour  tou (Ter  j  ou  plutôt 
pour  faire  Teffort ,  le  fon  que  l'on  fait  quand  on 
veut  cracher ,  &:  pour  fe  préparer  à  cracher ,  pour 
tirer  ou  détacher  le  crachat  de  la  gorge,  ôi  dupal-V's. 
Spatum  eniti. 

Émeutir.  V.  a.  Terme  de  l'Ordre  de  Malte ,  quifigni- 
fie  requérir  une  dignité.  Pofulare.  Quand  un  Clie- 
valier  de  Malte  a  dignement  pollédé  une  Comman- 
derie  pendant  cinq  ans ,  &  qu'il  a  f^iit  les  ainéliorif- 
femens  requis ,  s'il  vaque  une  Commanderie  plus 
confidérable  ,  l'Ordre  lui  permet  à  fon  tour,  &  fé- 
lon fon  ancienneté  de  V émeutir ,  c'eft- à-dire,  de  la 
requérir.  L'Abbé  de  Vertot.  Quoique  la  dignité 
de  Bailli  Conventuel  sémeutijje  félon  l'ancienneté 
de  réception ,  cependant  on  n'y  eft  pas  fi  étroitement 
obligé,  qu'il  ne  fou  libre  aux  langues  &  au  Con- 
feil  de  choifir  celui  qui  en  paroît  le  plus  digne.  Id. 
Le  titre  de  Biilli  de  Brandebourg  eft  émeuti  dans  la 
langue  d'Allemagne  ,  comme  beaucoup  d'autres 
Bailn%es  capitulaires  le  font  dans  les  autres  lan- 
gues de  l'Ordre- Idem. 

ÉMEUTITION.  f  f.  Acl:ion  par  laquelle  on  émeutitovL 
l'on  requiert  un;  dignité  dans  l'Ordre  de  Malte. 
On  peut  quitter  le  Bailliage  de  Negrepont  qui  eft 
in  partibus ,  pour  prendre  l'auberge  ,  &  on  en  peut 
fortir  par  Vémeutition  du  même  Bailliage. L'Abbé  de 

VïRTOT. 

E  M  I. 

ÉMIER.  V.  a.  Réduire  du  pain  en  petites  miettes ,  en 
le  froilfant  entre  les  doigts.  Friare  ,  comminuere  in 
micas. 


E  Mi  6s s 

Émier.  ,  Te  dit  des  corps  qui  font  friables  ,  qui  fe  rc- 
duifent  ailémencen  poudre  j  en  pptites  parties,  eh 
les  maniant.  Tous  les  corps  calcinés  ,  qui  ont  palTé 
par  le  teu  ,  s'emient  lacilement. 

Émie  ,  EE.  part.  &  adj.  i  ruuus  ,  cjmminutus  ,  divifus  in 
micas  j  tn  particuLas.  Dans  les  Mdnnoies  on  le  fert 
d'une  drogue  compofée  de  iie  de  vin  emiée  ,  de  fel  j 
&c.  pour  le  blanchiment  des  elpcces. 

ÉMIETTER.  V.  a.  Emier  ,  réduire  en  miettes.  FW^re; 
in  micas  j  in  tenues  paiticuias  comminuere.  Cet  en- 
fant e/w/erre  tout  Ion  paui  ,ôtez-le  lui  j  il  n'a  pas  faim. 
Du  pain  émiettc  dans  de  l'eau  froide  j  que  l'on  pre- 
noit  avec  une  cuiller,  étoit  le  mets  le  plusordinairé 
des  premiers  Religieux  de  S.  Claude  au  munt  Ju- 
ra. P.  Heliot  ,  l.  F:  C.  17. 

IJCF  Emietter,  fe  dit  du  pain  qu'on  réduit  en  miet- 
tes de  quelque  façon  que  ce  foit  \  émier  fe  dit  des 
corps  friables  qu'on  froille  entre  les  doigts. 

EMILE,  f.  m.  Nom  propre  d'une  famille  illuftre  de 
l'ancienne  Rome. -4;/?z/7i;/.s.  Paul  Emile  lut  fuinom- 
mé  le  Macédonique  ,  parce  qu'il  vainquit  Perlée , 
Roi  de  Macédoine  ,  qu'il  prir  captif,  (S^  qu'il  mena 
en  triomphe  ,  l'an  586.  de  Rome,  qui  tut  celle  de 
fon  lecond  Confulat.  Les  Auteurs  du  Moréri  difent 
les  Emile  s  ,  ou  les  Emiliens  :  mais  a-t-on  jamais  dit 
Paul  Emilien  ?  Emilien  eft  un  nom  tout  différenc 
à'Emile.  On  conferve  quelquefois  le  nom  Latin 
j^miims.  Pour  ^milius  il  n'a  qu'à  due  j  quoiqu'il 
prenne  moins  de  peine  que  nous  à  tiavaiUer  fes 
plaidoyers,  il  aura  ce  qu'il  voudra.  P.  Tarter.  Il 
laut  toujours  en  uler  ainfi  ,  quandon  joint  à  ce  nom 
le  prénom  Latin  ,  ou  le  furnom  Latin  de  la  perfon- 
ne  dont  on  parle.  Lucius  ^milius  j  Conful ,  fut 
tué  à  la  bataille  de  Cannes.  T.  .^mil/us  Mamercus. 
M.  ^milius  ,3cc.Màis,  lorfqu'on  donne  une  forme 
Françoife  au  prénom  ôc  au  lurnom  ,  il  f.nn  dire 
Emile ,  &  non  pas  ^'i.milius.  Paul  Emile.  A  quoi 
bon  faire  parade  d'une  ancienne  noblelfe  j  d'arran- 
ger par  ordre  généalogique  autour  de  fon  veftibule 
les  portraits  de  fes  aïeux  ,  des  Emilius  élevés  fur  ua 
char  de  triomphe  ,  i^'c.  P.  Tart.  Les  t  miles  a. ,  ce 
femble  ,  quelque  chofe  de  plus  élégant  &  de  plus 
beau  que  les  Emilius.  Le  fang  des  Emiies  &c  desSci- 
pions  ,  qui  couloit  dans  fes  veines,  5cc. 

Au  lieu  que  ton  dejlin  veut  te  joindre  aux  CamilUs  ^ 
T'unir  aux  Scipions  ^  t' ajouter  aux  Emiies , 
Marius  &  Citaia  ,  l'exemple  des  lyrans  , 
Ontpourtoipius  d'éclat^Cf  des  charmes  plus  grands, 

Brebeuf; 

•  Nos  Antiquaites  difent  la  famille  .^milia. 

EMILIE,  ^milia.  Contrée  de  l'Italie,  fituée  entre  le 
Pô,  l'Apennin,  &  la  Flaminie.  Du  temps  de  Paul 
Diacre,  VEmilie  commençoit  à  la  Ligurie  ^  &  s'é- 
tendoit  entre  l'Apennin  &  le  Pô  du  côté  de  Raven- 
ne.  Ily  comprend  les  villes  de  Plailance,deParme, 
Reggio,  Boulogne  &:  Imola.  L'tmilie  étoit  une  des 
provinces  de  l'Exarchat  de  Ravenne  ,  &c  les  Papes 
en  font  Souverains ,  en  vertu  de  l.i  donation  que  leur 
en  fit  Pépin. 

Emilie.  Nom  propre  de  femme.  Emilia.  Sainte  Emi~ 
lie  eft  celle  que  le  peuple  appelle  en  quelques  en- 
droits Sainte  Meille. 

EMILIEN.  f.  m.  Nom  propre  d'homme,  ./^milianus. 
Saint  Emilion  &  ,  par  corruption  j  S.  Mélion  ,  ou  le 
château  de  S.  Emilien  ,  ou  de  S.  Mélion^  Calfellum. 
Sancli  ^miliani ,  eft  un  château  fitué  proche  de 
Bourdeaux  dans  la  Guienne.  Pendant  que  les  An- 
glois  étoient  maîtres  de  la  Guienne,  on  appeloitles 
chârcaux  de  S.  Emilien  &  de  S.  Macaire  ,  les  fillesde 
la  ville  de  Bourdeaux;  Ôc  c'étoit  les  Maire  &  les 
Jurats  qui ,  en  temps  de  guerre,  y  mettoient  garni- 
fon  bourgeoife.  Hadr.  'Valois ,  Not.  Gai. p.  ^oc. 

Sn'im  Emi/ien  J  o\i  Emilion,  Bourg  de  France, 
Sancli  jT.m>lianifanum.  Il  eft  dans  la  Guienne  pro- 
pre ,  près  de  la  Dordogne,  à  une  lieue  au-delfus  de 
Libourne. 

ÉMIM.  f  m.  &  pi.  Nom  de  peuple.  Emim.  Les  Emim 
habicoien:  à  l'orient  du  Jourdain  ,  dans  le  pays 


ê;^  E  M  î 

qu'occupèrent  depuis  les  Moabites.  M.  de  Saci , 
après  les  Des  Maiéts  &c  les  Traduôteuis  de  Genève  j 
a  traduit  les  Emims.  Les  Emims ,  qui  ont  habité  les 
premiers  cette  terre ,  étoient  un  peuple  grand  & 
puillaut  j  &  d'une  lî  haute  taille  ,  qu'on  les  croyoït 
de  la  race  d'Enac  j  comme  les  Gcans.  Saci.  Dcut. 
II.  lo.  Les  Lovaniftes  difent  Emkns. 

Ce  nom  eft  Hébreu  ,  &c  fignifie  Terribles  :  il  leur 
fut  donné  par  les  Moabites,  ainli  queMoyfe  le  dit, 
Deut.  II.  1  i.On  croit  que  ce  tut  à  caule  de  leur  tail- 
le gigantefque  ,  &  Moyfe  femble  l'inlinuer  à  Ten- 
droîtqus  l'on  vient  de  citer. 
•ÊMIMMUT  PAGL  f.  m.  Officier  de  la  Maifon  du 
Grand-Seigneur.  Rei  CiharU  ,  ou  Impen/îs  menjut  in 
aulâ  Turcicâ  Prdfeclus.  Il  y  quatre  Surintendans  des 
■cuifines  du  Grand-Seigneur  ^  le  premier  eft  l'Argi- 
bafli  j  le  fécond ,  VEmmimutpagi ,  autrement  Mut- 
paienin  _,  qui  eft  prelque  comme  l'Argentier  dans 
\i%  mailons  de  nos  Princes  &  grands  Seigneurs ,  où 
il  n'y  a  point  de  pourvoyeurs  &  marchands  pour 
fournir  les  vivres  :  celui-ci  a  la  charge  de  la  dépenfe 
ides  cuifines  j  &  fournit  jour  par  jour  l'argent  né- 
celfaire  pour  cela  :  il  a  un  ducat  par  jour  d'appointe- 
ment,  avec  une  robe  de  brocador ,  &  une  autre  de 
foie  par  an  ,  à  la  volonté  du  Grand  Seigneur  j  & 
comme  il  lui  plaît  la  donner  à  leur  Bahiram  cSc 
Kibir  ,  ou  grand  Pàqiie.  UEmmimut  pagi  ,  ou 
Eminfir,  a  une  grande  autorité,  parce  qu'il  parle 
au  Grand-Seigneur  à  toute  heure  ,  pour  lavoir  ce 
qu'il  veut  qu'on  lui  ferve.  Vigenêre  ,  fur  Chalcond. 

P-  i)7- 
ÉMINCER.  V.  a.  Rendre  plus  mince,  ôter  à  un  corps 
de  Ion  épaideur.  Attenuarc  j  minuere.  On  émince  les 
ongles  en  les  raclant  avec  du  verre.  Les  vailîeaux 
du  cœur  écoienc  en  bon  état .  . .  mais  le  ven- 
tricule droit  étoit  très-dilatc  ,  &  fes  parois  très- 
émincîes.  Merc.  Sept.  1434.  Cette  membrane  s'e- 
mincc  &  s'ouvre  à  l'endroit  de  la  pointe  de  l'œuh 
DuvERNEY, /^fa^.  û^fj  ^c.  \-]Q>\.  Mém.p.  185. 

ifF  On  dit  amincir  dans  les  Arts  j  pour  rendre 
unechofe  plus  mince.  Dans  le  Diét.  de  l'Acad.  Fr. 
•émincer  ^  fe  dit  de  la  viande  que  l'on  coupe  en 
tranches  fort  minces  ;  &  l'on  remarque  qu  il  ne 
s'emploie  guère  qu'au  participe. 
Émincé  ,  ée.  part.  La  peau  étoit  émincée  &  la  cou- 
leur changée.  Duverney  fils,  Acud.  des  Se.  1701. 
Mém.  p.  175.  Du  mouton  émincé. 

^Zt  On  l'emploie  fubftantivement  au  féminin. 
.  Une  émincée  de  poularde. 
ÉMINEMMENT,  adv.  Parfaitement,  au  fouverain 
dec;ré  cie  perfedlion.  Eminenter,  Il  polfède  éminem- 
in^nt  cette  fcience. 

A  l'égard  des  vertus  j  rarement  on  les  voit 
loutis  en  un  fujct  éminemment  placées. 

LaFont. 

fc5"Dansle  ftyle  Didacftiqitece  itiot  fe  dit  parop- 
pofition  à  formellement.  La  Philofophie  contient 
en  foi  toutes  les  autres  fciences  éminemment. 

ÉMINENCE.  f.  f.  Petit  tertre  ou  colline  qui  eft  élevée 
.  audeiÎLis  de  la  rafe  campagne.  Collicutus  ,  tumultus. 
Ce  Palais  eft  bâti  fur  une  éminence.  Les  ennemis  fe 
font  faifis  de  cette  éminence  j  de  cette  hauteur  j  par 
011  ils  nous  peuvent  battre  à  revers.  Eminence  s&en- 
corelacime,  la  pointe  d'un  lieu  é\c\é,  cacumen  , 
venex. 

Eminence  J  eft  auftl  un  titre  de  dignité  qu'on  donne 
à  un  Cardinal.  f/7z/«e/2ri(7.  C'eft  fon  Eminence.  Le 
décret  du  Pape  par  lequel  il  fut  ordonné  que  les 
Cardinaux  feroient  traites  à' Eminence  ,  eft  du  lô 
de  Janvier  1650.  Mén.  Ils  quittèrent  alors  les  titres 
à'IuuflriJJimes  &  de  RévérendiJJÎmes  cju^on  leur 
donnoit.  Un  Auteur  célèbre  ,  &  d'ailleurs  exad  & 

_  très-poli,  faifmt  parler  S.  François  de  Sales  à  un 
Cardinal,  lui  fit  dire  voue  Eminence.  C'eftune  faute 
de  Chronologie  :,  car  affurément  ce  terme  làn'éroir 
j)ointen  ufage  du  temps  de  Saint  François  de  Sales 
Oïl  traite  à'Éminenceis  Grand- Maître  de  Malte.  Les 


E  M  I 

Papes  Jean  VIII.  &  Grégoire  VII.  ont  donné  aulÏÏ 
ce  titre  aux  Rois  de  France.  Les  Empereurs  l'onc 
aulli  porté.  Voyez  le  Mercure  François,  Tome  16. 
p.  57i.  &c. 

Éminence.  Rehauffement  de  Peinture  ,  de  Sculpture, 
ôcc.  Eminentia  ,  projeclio  j  porreclio. 

Eminence  j  fe  dit  aulil  de  tout  ce  qui  eft  fenfible ,  &: 
paroït  avec  éclat.  Excellcntia  jdignitas.L  Eglife  Ro- 
maine a  cette  eminence  d'autorité  qui  nait  des  mar- 
ques extérieures.  Nicol. 

Eminence.  Terme  d'Anatomie,  qui  fe  dit  d'une  par- 
tie du  cerveau  ,  qu'on  appelle  \' eminence  annulaire 
du  cerveau.  La  cinquième  paire  de  nerfs  commen- 
ce des  côtés  de  ï eminence  annulaire  du  cerveau. 
Dionis.  On  appelle  auili  éminence  toutes  les  tètes 
des  os.  L'os  tibia  reçoit  les  deux  têtes  du  bas  du_//- 
mur  dans  deux  de  les  cavités ,  &  lnjeniur  reçoit  à 
Ion  tour  une  eminence  de  l'os  tibia,  ce  quif  tait  le 
Ginglyme.  Dionis. 

EMINENT,  ENTE.adj.  Haut, élevé  au-deffus  desau- 
tres. Excelfus  y  eminens.  Cette  maifon  eft  bâtie  en 
lieu  éminent.  Les  vertus  dans  une  perfonne  de  qua- 
lité font  apperçues  de  tout  le  monde  j  comme  dans 
un  lieu  éminent.  M.  Esp.  On  dit  aulli ,  quoiqu'abu- 
Iivement,  un  péril  éminent,  periculum  imminens  , 
ingruens  ,  d'un  prelfant  danger ,  d'un  accident  qui 
eft  tout  proche  &c  comme  préfent.  Ceux  qui  eon- 
damnentjPeVi/ c;';«i«e;2r  dilent,  qu'étant  pris  Anha.- 
un  periculum  imminens  ,  pour  lignifier  un  péril  qui 
eft  fur  le  poinr  d'accabler  une  perfonne  ,  il  faudroic 
dire, /'m/  imminent.'D'a.uues  loutiennent  que  cette 
épithète  a  un  bon  fens ,  parce  cheminent  lignifie 
grand ,  élevé ,  &  qu'ainli  on  peut  appeler  ^mV  émi' 
nent ,  un  péril  évident ,  fenfible  ,  &  que  l'on  ap- 
perçoit  aflèz  pour  le  prévoir  il'ufage  eft  pour  e/n;- 
ner.t ,  &c  il  faut  le  fuivre. 

Éminent  ,  fe  dit  aulîî,  au  figuré  j  de  ce  qui  excelle ,  8C 
furpalfe  les  autres.  Eximius  ^prsjlans.  Vertu  émi- 
nente.Ce  Magiftrac  eft  dans  un  pofte  éminent,  il  a 
une  charge  éminente.  Ce  font  des  hommes  émincns 
en  dûétrine  &  en  fagelfe.  Pasc.Sous  certains  règnes 
les  vertus  éminentes  lont  fujettes  à  des  jugemens  fi- 
niftres,  &c  une  grande  réputation  eft  aulli  périlleufe 
qu'une  mauvaile.  Bouh.  Il  faut  rendre  à  une  vertu 
fi  éminente  les  honneurs  qu'elle  mérite.  Voit. 

EMINENTE.  Terme  d'Anatomie.  Epithète  que  l'on 
donne  à  la  première  des  vertèbres  du  dos,  Eminens. 
La  première  des  vertèbres  du  dos  eft  appelée  émi~ 
iier.te ,  parce  qu'en  effet  elle  l'eft  plus  que  les  au- 
tres. 

ÉMINENTISSIME.  adj.  C'eft  le  Caperhnfd' éminent, 
le  titre  d'honneur  qu'ondonnedepuisquelque  temps 
aux  Cardinaux.  EminenàJJlmus.  L'éminentiJJime  Car- 
dinal de  Richelieu.  Il  n'eft  en  ulage  que  dans  cette 
fignification. 

Éminentissime.  f  m.  Terme  de  Fleurifte.  C'eft  un 
très-bel  œillet.  Il  eft  très-bien  piqueté  fur  un  beau 
blanc  alfez  large.  Sa  plante  eft  vigoureufe  j  quatre 
ou  cinq  boutons  lui  fuffisent.  Morin. 

ÉMIONITE.  f  f  Nom  de  plante,  f'^oyei  Hémionitb. 

ÉMIR.  f.  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  un  nom  de  di- 
gnité chez  les  Turcs  &  les  Sarrafins  ,  qu'on  donne 
à  ceux  qui  font  parens  Se  defcendus  de  Mahomet. 
Ils  font  chez  eux  en  grande  vénération  ,  &c  ont  feuls 
le  droit  de  porter  un  turban  vert.  Sur  les  côtes  de  la. 
Terre-Sainte  il  y  a  eu  des  Emirs.  L'Emir  de  Gaza, 
l'£'/72i/-Térabée  :  c'étoient  des  Princes  fouvji^insfur 
Icfquels  le  Grand-Seigneur  n'avoir  guère  d'auto- 
rité. L'Emir  Hâge  j  ou  Prince  conducteur  des  Pèle- 
rins de  la  Mecque  J  eft  Bâcha  de  Jérufalem  &  de 
Naplonfe. 

Ce  titre  d'abord  ne  fe  difoit  que  des  Kalifes  :  en 
Perfeon  les  appeloit  auftl  £^/7z/>^<2^tf/2  ,  fils  du  Prin- 
ce ;  &  par  abréviation  d'Emir  on  fit  Mir,lk  d'Emir 
Zadeh,  Mir^a.  Dans  la  fuire  les  Kalifes  ayant  pris- 
le  titre  de  Sultans  ,  celui  d'Emir  demeura  à  leurs 
enfans,  comme  celui  de  Céfir  chez  les  Romains. 
Ce  titre  d'Emir ,  par  fucceftlon  de  temps ,  .a  été 
donné  à  tous  ceux  qui  font  cenfés  dsfcendre  do  Ma- 
homet 


E  MI 


E  x\î  I 


>iomet  par  fa  fille  Fathimah,  &  qui  portent  le  tur-|^EMîSSAR.IUS.   On  appelait  chez   les  Rom 


b.in  verd./"^oj'e|D'HERBELO 

Ce  titre  d'^OTir,  joint  à  quelqu'^utre  mot  ,  dé- 
figne  fouvent  quelque  charge  ,  £/«/r  al  Ornera ,  le 
Commandant  des  Commandans.  C'étoit  du  temps 
des  Kalifes  le  chef  de  leurs  confcils  oc  de  leurs  ar- 
mées. Ce  nom  fe  donne  maintenant  chez  les  Turcs 
à  tous  les  Vifirs  &  Bâchas  ,  ou  Gouverneurs  géné- 
raux des  Provinces.  Emir  Akhor,  vulgairement  In- 
ralior ,  Grand-Ecuyerdu  Sultan  des  Turcs-  Ce  mot 
iîgnifie  Prince  ,  ou  Chef  des  Ecuries.  Emir  âlem  , 
vulgairement  Mirâlem  ,  Porte-enleigne  de  l'Empi- 
re j  ce  que  nous  dirions  Cornette-blanche,  ou  celui 
qui  portoit  autrefois  l'Oriflamme.  Emir-Baiar  ^  le 
Prévôt  qui  a  l'intendance  lur  les  Marchés  ,   qui  ré- 
gie le  prix  des  denrées.  Emir  al  Mojlimin ,  ou  Emir 
ad  Alonmenin  j  cuil-i-àne,   le  Commandant  des 
Fidèles  ,  ou  des  Croyans  j  titre  qu'ont  pris  les  Al- 
moravides  <"^  les  Almohades  qui  ont  régné  en  Afri- 
que Se  en  Efpagne.  Emir  ai  Mojïcmin  q'X  plus  pré- 
cis que  Emir  al  Monmenirt.  Voyei  D'Herbelot  au 
mot  Emir. 
ÉMIRALEM,  ou  IMRALEMAGA.  f.  m.  Terme  de 
Relation.  Officier  des  armées  Ottomanes.  Gonfa- 
lonnier  général  des  Turcs ,  Garde  de  tous  les  Eten- 
darts.  Vexillorum  cujios.  i.L'Office   à'hmiratem  ert 
une  fott  grande  dignité  ,  &  de  grand  profit.  tUe  fe 
peut  mettre  entre  les  premières ,  après  les  Ballas, 
les  Beglierbeys  ,  les  Cadilefchers  &;  l'Aga  des  Jaml 
faires.  Il  a  la  garde  de  tous  les  étendarts  des  Pro- 
vinces ,  qu'il  met  en  main  ds  tous  ceux  qui  font 
faits  de  nouveau  Sangiacs ,  &c  de  ceux  même  de  la 
Maifon  du  Grand-Seigneur.  Quand  ce  Prince  va  a 
la  guerre  ,  VEmiraUm  marche  immédiatement  de- 
vant lui ,  faifant  porter  une  cornette  mi-partie  de 
blanc  &  de  verd  ,  pour  la   marque  de  fon  office  , 
après  laquelle  marchent  fix  bannières  ou   grands 
étendarts  du  Prince.  L' Emiralem  a  quatre  mille  du- 
cats de  penfion  par  an  ,  fans  (es  prohts  qui  fonttrcs- 
grands,  &  deux  riches  habillemens  de  drap  d'or  , 
ainli  que  les  autres  principaux  Officiers.  Sous  fa 
charge  font  encore  les  trompettes  j  htres,  tambours, 
atabales ,  &  autres  inftrumens  lemblabies,  au  nom- 
bre de  plus  de  deux  cens  ,  dont  le  Chef  fous  VEmi- 
raUm eft  un  Meébherbaiîl.  VigenÈre  ,Jur  Chalcon. 
p.  375.  A  l'armée,  fi  le  Prince  y  eft  en  perfonne , 
Its  Muteferegas  font  aufli  fous  la  charge  de  VEmiya- 
lem  ,  ouGonfalonnier  général  pour  les  Gardes. /ti'. 

/'•379- 

Ce  mot  vient  d'f/n/r,  Prince,  Commandant,  & 

<le  nt:X3y,  alamet ,  mot  Arabe  ,  qui  fignifie  un 
ctendart,  une  bannière  ,  &  qui  a  au  pluriel  CDnS;;, 
ylam,  ou  akm\  d'où  fe  fait  Emiralem  ,  Comman- 
dant, Garde,  Chef  des  Etendarts. 

Ce  mot  Emir  ell:  Arabe:  il  vient  du  verbe  nax, 
amar  ^  amure,  qui  eft  originairement  Hébreu,  & 
qui  dans  ces  deux  laffgues  iigmfie  dire  ôc  com- 
mander. 
JÉMISSAIRE.  f  m.  &  f  Perfonne  de  confiance  & 
adroire  qu'on  envoie  fourdement  fonder  les  fenti- 
mens  d'autruî*,  lui  faire  quelque  propofition  ;  ce- 
lui qui  fait  courir  des  bruits  ,  qui  épie  les  aétions  & 
la  contenance  d'un  ennemi,  d'un  parti  contraire  , 
pour  tirer  avantage  de  tout.  Explorator  ,  Emtjja- 
rius.  Les  Chefs  de  parti^pnt  plufieurs  é m  ijfa  ire  s  qui 
s'emploient  pour  leurs  inrércts ,  qui  leur  rapportent 
tout  ce  qui  fe  pafle  dans  le  me  nde  ,  pour  prendre 
là-delfus  leurs  mefures.  Les  é.-nijjaires  d'Orangz.eb 


6jy 


ains 
maî- 


avoient  foin  d'entretenir  l'Indourtan  de  la  faulle 
créance  de  fa  mort.  P.  Catrou. 

Dans  l'Ancien  Teftament  on  appeloit  Bouc  emif- 
/aire,  un  Bouc  que  l'on  chalfoit  dans  le  défert  j 
après  l'avoir  chargé  des  malédiélions  qu'on  vouloir 
détourner   de   delfus  le  peuple.    Fo)  e~   Bouc  & 

,  Expiation. 

Emissaire  de  Satan  ,  fe  dit ,  figurément ,  de  tous  les 
perfécuteurs  des  Fidèles,  &  de  tous  ceux  qui  ,  de 
quelque  manière  que  ce  foit,  s'oppcfcnt  à  leur  la- 
kit ,  &c  les  travetfent  dans  leur  coutfe. 
Tome  III. 


Emiijaiii  j'ervi ,  des   efclaves  maquignons  de 

tre!îes&  de  chevaux  j  ondes  dmiffliires  qui  cher 
chent  à  nuire  à  quelqu'un  ,  à  découvrir  quelque 
frit  caché. 
ÉMISSION,  f  f.  Adion  qui  poulfequelque  chofehors 
de  foi ,  écoulement  j  mouvement  de  quelque  choie 
qui  ert  envoyée  ,  poulfée  au  dehors  :  c'ell  aulVi  l'ac- 
tion de  celui  qui  poulfe  &:  envoie  au  dehors.  Emiijio, 
Les  Anciens  croyoïcnt  que  l'action  de  la  vue  fe  fal- 
loir par  ï emijjlon  A'is  rayons  vifuels. 

ipirPythagore  &  fes  Sectateurs  prétcndoient  qu'iî 
iort  des  objets  certaines  efpèces  vihbles ,  fort  gran- 
des d'abord  ,  mais  qui ,  à  mefure  qu'elles  s'en  éloi- 
gnent ,  deviennent  li  petites  ,  qu'elles  peuvent  en- 
trer dans  l'œil  &  fe  faire  appercevoir  à  l'ame. 
L'aôlion  par  laquelle  ces  efpèces  fortenr  des  ob- 
jets ,  ell  ce  qu'ils  appeloient  emiffion. 

ï'-?"  De  même  l.-s  Platoniciens prétendolent  qu'il 
fort  de  l'objet  &  de  l'œil  certains  ccoulemens  qui 
fe  rencontrent  &  s'embrallent  les  uns  les  autres  à 
mi-chemin  ,  d'où  ils  retournent  enfuite  dans  l'œil , 
6c  porrent  par-là  dans  notre  amc  l'idée  des  objets. 

ff^  Ces  prétendus  écoulemens,  ces  efpèces  vifi- 
bles ,  dont  on  ne  connoît  ni  la  nature  j  m  la  caufe  , 
ni  les  propriétés,  font  de  pures  chimères.  Comment 
d  ailleurs ,  dans  cette  fuppolîtion  ,  ne  verrions-nous 
pas  les  objers  dans  l'obfcurité  ,  de  la  même  manière 
que  nous  les  voyons  j  quand  ils  font  expofés  à  la 
lumière  ,  puifque  ces  efpèces  &  ces  écoulemens 


nos  yeux  ?  Foye-^ 


feroient   également  reçus  dans 
Espèces. 

ifT  Un  des  paradoxes  de  la  Philofophie  Newto- 
nicnne  ell  que  la  lumière  fe  fait  &  fe  propage  par 
des  emijjîons  ou  émanations  matérielles  de  corpuf- 
cules  du  foleil  jul'qu'à  nous  dans  un  efpace  vide. 
Cela  e(l-il  croyable  ?  La  lumière  fe  propageant  du 
foleil  jufqu'à  nous  en  fix  minutes  &  demie,  félon 
Newton  ,  en  fept ,  fi  vous  voulez  ,  &  même  ea 
huit,  ces  e'mijjions  feroient  en  une  minute  quatre, 
cinq  millions  de  lieues.  Ici  l'efprit  fe  cabre.  Si  une 
étincelle  qui  ell  vue  dans  toute  une  falle  de  50 
pieds  cubes  d'étendue  ,  jette  hors  d'elle  par  des 
emijjlons-j  &  produit ,  de  fi  fubftance,  une  lumière 
qui  remplilfè  toute  la  falle  ,  il  fort  donc,  de  cette 
étincelle  qui  n'ert  qu'un  point,  un  corps  réelle- 
ment étendu  de  50  pieds  cubes.  Qui  poutra  le  per- 
fuader  ?  Si  le  tanal  qu'on  allume  fur  le  phare  de 
Mellîne  cfi  apperçu  dans  un  efpace  feulement  de 
huit  lieues  cubes ,  dont  je  fuppofe  qu'il  occupe  le 
centre  ,  on  ne  peut  placer  l'œd  dans  aucun  point 
de  ces  huit  lieues  cubes  j,  fans  y  voir  la  lumière  : 
elle  remplit  donc  tout  cet  efpace.  Comment  un 
petit  feu  J  de  quelques  pouces  de  large  ,  dirtribuera- 
t-il  à  la  ronde  des  émijjtons  ,  <\qs  écoulemens ,  des 
effluences ,  des  émanations ,  une  fubilance  en  un 
mot,  capable  de  remplir  huit  lieues  cubes  î  Ca- 
che-t-on  ce  final  ?  La  lumière  difpatoît.  Qu'on  le 
remontre  un  inftant  aprcj  \  il  lera  vu  routaulli  loin 
que  la  première  fois.  Il  remplira  donc  d'une  nou- 
velle lumière  les  huit  lieues  cubes.  Qui  pourra nom- 
brer  les  huit  lieues  cubes  de  lubrtance  lumineufe  qui 
s'écouleront  de  moment  en  moment  de  ce  fanal  dans 
la  durée  d'une  feule  nuit  ?  Pluciie. 

ffT  Si  la  lumière  du  foleil  vient  à  nous  par  des 
émissions  continuelles ,  comment  le  corps  du  foleil 
n'eft-il  pas  épiiifé  ,  ou   au    moins  affoibli  par  des 
émijjtons  infinies.  Il  n.age  ,  ainli  que  les  planètes  &: 
les  étoiles,  dans  une  efpace  vide.  D'où  tue-t-il  de 
quoi  réparer  fes  pertes  ? 
§3"   Emission  de  vœux  ,  en   termes  de  Jurifpru- 
dence  Canonique  ,  eft  la  prononciation  folennelle 
des  voeux,  l'engagement  que  contracte  folennelle- 
ment  le  Novice  d'obferver  la  règle  de  l'ordre  dans 
lequel  il  entre.  Fotorum  emiffio.Cc  Novice  n'a  pas 
encore  lait  Xémijfion  de  fes  vœux.   Nondum  emi/ic 
vora.  La  mort  civile  fe  compte  du  jour  de  Xémiffloh 
folennelle  des  vœux.  Par  les  Cipitulaires  de  Char- 
Icmague,  il  étoit  défendu  de  donner  l'Iubitde  Re- 

O  o  o  o 


é)^ 


E  M  M 


ligieux  ;  fans  ie  confentemenc  du  père  ,  leqnd 
croit  une  condition  elfencielle  à-r£;>72////o/z  des  vœux. 
Beau  VAL  BASNAGE.On  a  toujours  confidcrélecon- 
fentement  des  parens  comme  une  des  conditions 
ellentielles  à  YemiJJion  des  vœux.  Blondéau. 

E  M  M. 

^  EMAiAGASINER.  v.  a.  Terme  de  commerce. 
Mettre  en  magalîn.  Emmagajuier  des  marchandiles. 
Voye\  Magasin. 

EMMAIGRIR.  v.  a.  Signifie  la  mcme  chofe  <\\\amai- 
grn  ,  &  l'on  prononce  toujours  amaigrir.  Le  travail 
vous  emmalgr'n.Ws.^zxi'Xx  neutre  &  icciproque.  Il 
emmaigr'it,  il  s'ûWiJ/^rir  tous  les  jours.  Foye\  Amai- 
grir. 

EMMAILLOTTER.  v.  a.  Envelopper  un  enfant  dans 
fon  maillot.  Pannis  involvtre  inj  aman  ,  jajciis  vb- 
■Voivere. 

'ifT  M.  de  Buffon  condamne  l'ufage  aanmallloc- 
^fr  les  enrans  j  parce  que  les  mouvemens  qu'ils  fe 
donnent ,  les  erîorts  qu'ils  font  pour  le  débarralfer 
de  leurs  liens ,  peuvent  être  funelles ,  &  parce  que 
linadion  dans  laquelle  cet  état  les  retient  ,  peut 
au(îi  leur  être  nuifible. 

•EMMAiLLOTTf.R,  fe  dit  auiïï  de  ceux  qui  s'enveloppent 
tellement  dans  leurs  draps  ,  dans  leur  couverture , 
dans  leurs  robes  de  chambre  ,  qu'ils  n'ont  pas  le 
mouvement  des  bras  libre  ,  qu'ils  ont  de  la  peine  à 
s'en  débarraffer.  Il  eft  fi  frilleux,  qu'il  s'emmaUlotte 
en  hiver  dans  fa  couverture. 

Emmailloïte,  ÉE.part.  Pannis  ,fafais  involutus. 

EMMANCHEMENT,  f.  m.  ou  emmanchure.  Pomey. 
L'adion  d'emmancher,  de  mettre  un  manche.  Ma- 
nuhrÏL   induclio  _,   immilfio.  L'ufage  de  ce  mot  eft 

rare.  . 

fC?  Emmanchement  ,  Terme  de  Dellein  ,  fe  dit  des 
jointures  des  membres  au  tronc  d'une  figure,  &de 
la  jonciion  des  parties  d'un  membre  les  unes  aux 
autres. 

EMMANCHER,  v.  a.  Mettre  un  manche.  Addere  , 
aptare,  inducerc  manubrium  ^injlruere manuhno.  Em- 
mancher un  balai,  un  co\.\i<i.^\x.  Emmancher  une  faux. 
Les  cimeterres  s  emmanchent  de  jade  ,  d'agate  & 
d'ivoire.  La  Quintinie  écrit  cmancher.  L'ulage  gé- 
néral eft  pour  emmancher. 

Ce  mot  vient  de  manche  ,  de  manubrium. 
On  dit,prcverbialement,à  celui  qui  fe  prend  mal 
à  exécuter  quelque  chofe  ,  Cette  aftaire   ne  s'tv«- 
manche  pas  ainfi. 

Emmanché  j  ée.  part.  Manubr'io  injlruclus. 

Emmanché,  le  dit, en  termes  de  Blafon  ,  des  haches, 
marteaux, faux,  &  autres  chofes  qui  ont  un  manche. 
On  le  dit  aufii  de  l'écu  chargé  d'emmanchés.  Cuf- 
pidadm  mutub  infercus.  On  dit  aufii  ,  en  termes  de 
Marine  ,  qu'on  efi:  emmanché  ,  lorfqu'on  com- 
mence d'entrer  dans  cette  partie  de  l'Océan  qui  eft 
entre  l'Angleterre  &  la  France,  &c  qu'on  appelle 
la  Manche  Britannique  ,  ou  fimplement  la  Manche. 

EMMANCHES,  f  pi.  Terme  de  Blafon  ,  qui  fe  dit 
des  pointes  qui  font  oppofées  &  qui  entrent  les 
unes  dans  les  autres.  ManicA  ,  manule&  adverf&. 
Elles  doivent  palfer  en  montant  de  la  pointe  de  l'Ê- 
cu  en  haut. Quelques-uns  confondent  l'Ecu  emman- 
ché avec  Xédenté  ,  &  les  Auteurs  varient  fort  fur 
l'application  de  ce  mot.  Ce  mot  emmanché  vient  des 
manches  anciennes ,  qui  étoient  fort  larges  par  un 
côté  j  &•  étroites  par  l'autre.  D'autres  Auteurs  .ap- 
pellent fimplement  emmanché ,  quand  les  partitions 
de  l'Ecu  font  faites  de  longs  triangles  pyramidaux 
qui  s'enclavent  l'un  dans  l'autre.  Il  y  en  a  qui  écri- 
vent émanches  &  emanché  au  lieu  de  emmanches  &C 
emmanché.  T^oye^  Endenté. 

EMMANCHEUR.  f  m.  Celui  qui  emmanche  un  inf- 
trument.  Manubriorum  apcator,  opifex.  Un  Emman- 
cheur  de  coureaux. 
EMMANNEQUINER.  v.  a.  Terme  de  Jardinier.  Ar- 
bufculas  cijlis  deponere  ,  crcderc  ,  commitcere.  C'efi: 
mettre  de  petits  arbres  dans  des  mannequins  ,  & 


E  M  M 

les  remettre  après  en  pleine  terre ,  Jufquà  ceflu'on 
les  en  ôte  _,  pout  les  plantera  demeure. 

tfT  On  plante  un  arbre  précieux  ou  délicat  dans 
un  mannequin  ,  pour  le  tranfporter  en  motte  &c 
lans  rilque.  On  plante  l'arbre  avec  le  mamiequiri 
qui  pourrit  dans  la  terre. 

EMMaNNE.  Vieux  mot  dont  s'efl:ferviRonfard,pout 
dire,  rempli  de  manne.  Nicot, 

EMMANTELE  ,  ÉE.  part.  &adj.  du  VQïh<i  emmante- 
icr  ,  qui  n'eli  point  en  ufage.  Enveloppé  dans  un 
manteau.  PaLlio  involutus  ^penulatus^  chlamidatus. 

On  appelle  une  corneille  emmantelée ,  hicolor  ^ 
celle  cjui  efi,en  partie,  noire,  &,  en  partie,  grife,  qui 
a  le  cou  julqu'à  la  moitié  du  corps  diflïrenc  du  relte. 
f^oye^  Emmentelé. 

EMMANUEL,  f.  m.  Nom  que  le  Prophète  Ifaïe  donne 
au  Mefiie  ,  C.  "VII.  v.  14.  &  qui  dans  le  Chrifiianif- 
me  elt  devenu  un  nom  propre  d'homme.  Emmanuel, 
immanuel.  Les  Grecs  ont  dit  Manuel  pour  Emma- 
nuel :  ainfi  l'EmpereurComnène,  fils  de  Jean  Com- 
nène  ,  qui  le  déclara  fon  fucceireur  l'an  1145.  le 
I.  d'Avril ,  au  préjudice  de  Jean  fon  aine  ,  qui  étoic 
d'un  naturel  farouche  &  emporté  j  cet  Empereur, 
dis-je  ,  s'appelle  Manuel  ou  Emmanuel  Comnène. 
Ils  appellent  de  même  Manuel  Calecas  ,  ce  Reli- 
gieux Grec  de  l'Ordre  de  S.  Dominique  ,  qui  aflifta 
au  IP  Concile  de  Lyon  avec  l'Empereur  Michel 
Paléologue  ,  &  Jofeph  Patriarche  de  Conftantino- 
ple.  Emmanuel  j  Roi  de  Portugal ,  qui  monta  fur 
le  trône  en  1495.  &  mourut  le  13  Décembre  1521. 
aimoit  les  lettres  &  les  gens  de  lettres ,  &c  compofa 
même  cies  Mémoires  pour  l'Hiftoire  des  Indes. 

Ce  nom  qui  efb  Hébreu  ,  f.gmiie  Dieu  avec  nous^ 
étant  compofé  de  la  prépofition  Cny,  im  avec  13,  nu, 
nous  ,  ôcha,  E7 ,  Dieu.  En  Hébreu  il  fe  prononce 
Jmmanuel.^ 

EMMARINE.  adj.  Se  dit  d'un  homme  accoutumé  à 
la  metj  endurci  à  la  mer,  qui  a  fait  philieurs 
voyages  fur  mer,  qui  ne  relient  plus  l'incommo- 
dité du  vomiliement  Se  du  dégoût  qui  prend  ordi- 
nairement à  ceux  qui  vont  en  mer  pour  la  première 
fois. 

EMMARINER.  v.  a.  Emmariner  un  vailfeau.  Navem 
injiruere  nauticis  opcris.  C'efi:  mettre  du  monde  fur 
unvaifieau,  engager  des  ma.te\otSj  nauticas  opéras 
conduccre  ,  &c.  C'efi  le  garnir  de  l'équipage  nécel- 
faire  pour  le  monter. 

S'EMMARQUISER.  Prendre  le  nom  de  Marquis , 
faire  le  Marquis.  Dicl.  com.  Il  paroît  meilleur  de 
cette  façon  que  de  dire  fimplement  fe  marquifer^ 
comme  il  eft  dit  dans  Furetiere.  Aurefte,  on  ne  le 
dit  qu'en  riant. 

EMMAUS.  Emmaus ,  untis.  Nom  de  lieu.  Emmails 
étoit  un  château  ou  bourg,  diftant  de  Jérufalem  de 
6oftades,  ou  de  deux  à  trois  lieues.  On  le  ttouve 
aufii  nommé  Ammaum  cajlellum  ,  Se  Emails.  C'eft 
fur  le  chemin  de  Jérufali^n  à  ce  château  que  J.  C. 
apparut  le  foir  du  jour  delà  Réfurreélion  à  deux  de 
fes  Difciples,  Luc  XXIV.  13.  Dès  le  même  jour 
deux  d'entr'eux  s'en  allèrent  à  un  bourg  nommé 
Emmails  ,  éloigné  de  Jérufalem  d^oixante  fi:ades. 
BouH.  Emmails  étoit  au  couchant  de  Jérufalem.  S. 
Jérôme  dit  que.de  fon  temps,ce  bourg  étoit  une  ville 
célèbre  qui  fe  nonmioit  Nicopolis.  Adrichomius, 
le  P.  Lubin  ,  êc  plufieurs  autres ,  fuivent  ce  fenti- 
ment.  Mais  M.  Reland^  dans  fr  Palefiine  ,  L.  IL 
C.  6.  &  L.  III.  p.  758.  au  mot  Em.maiis  ^  diftingue 
deux  lieuxdece  nom  très-difl^érens.  L'un  eft  le  bourg 
dont  parle  S.  Luc  ,  &:  l'autre  Emmaiis  eft  celui  qui 
fut  depuis  appelé  Nicopolis  ,  &  eut  un  fiège  Epifco- 
pal,  fuffragant  de  Jérufalem,  félon  le  P.  Lubin,  Sc 
de  Céfarée ,   au  fentiment  d'Adrichomius. 

EMME.  Petite  rivière  de  Suiire.  Emma.  Elle  a  fa 
fource  vers  les  lacs  de  Thun  &  de  Briants ,  coule 
prefque  toujours  dans  le  Canton  de  Berne ,  &  fe 
décharge  dans  l'Aar,  à  une  lieue  au  -  defilis  de  Se- 
leurre.   Maty. 

EMMÊLÉ,  ÉE.  part.  Vieux  mot.  Brouillé  ^,^  confus. 
Rien  de  fi  emmêlé  que  la  marche  des  Planètes  dans 


I 


E  MM 

rhypotlicfe  da  Pcolomce.  Rien  de  plus  finiple  que 
toutes  les  directions,  ftarions  &  rétrogradacions  des 
planètes  dans  1  hypotlicfe  de  Copeinic.  Specî.  de  la 
iVac.  t.  4./'.  47i,  47 J.  On  ne  ciouve  le  verbe  em- 
jnêler ,  scmmcier ,  que  dans  Cocgrave. 

EMMELEY,  EMELEY,  EMLEY,  EMLY,  ou  AWN 
Anna,  Emdïa,  &  Imelacj.  Petite  ville  d'Irlande, 
dans  la  Mommonie  ,  au  Csmcé  de  Tipperary. 

EMMELIE.  f.  f.  Nom  propre  de  femme,  Emmdia. 
Sainte  Emméliehaix.  mère  de  faint  Bafile-le-Grand , 
de  famt  Grégoire  de  Nylle  j  de  faint  Pierre ,  «Se  de 
fainte  Macrine. 

Ce  nom  eft  Grec,  &  fignifie  mélodie,  fon  mélo- 
dieux ,  deÊv,  in  &c  f-i>-ii  j  fon.  mélodieux . 

IJCTEmmelie  étoitauili  le  nom  d'une danfe des  Grecs, 
grave  <?c  fcrieufe ,  ainfi  nommé  de  celui  qui  l'in- 
venta. 

EMMÉNAGEMENT,  f.  m.  Achat  de  meubles  nécef- 
faires  pour  fe  mettre  en  ménage.  DomejUcorum  inf- 
trumentorum  comparatio  ,  ou  attion  de  ranger  des 
meubles  dans  une  maifon  où  l'on  va  loger.  Appara- 
tusjuppelleclilisj  ècc. 

EMMENAGER,  fe  dit  avec  le  pronom  perfonnel. 

IJCT S'emménager,  v.  récip.  Mettre  fes  meubles  en 
ordre ,  quand  on  les  .1  tranfportés  d'une  maifon 
dans  une  autre.  SuppelleclUcm  apparare  j  injîrucre. 
Il  faut  être  deux  ou  trois  en  jours  en  dcfordre  avant 
qu'on  foit  emménage'. 

Emménager,  fignihe  auffi  commencer  à  fe  mettre  en 
ménage  ,  acheter  les  meubles  nécefTaires  pour  cela 
Il  coûte  beaucoup ,  quand  ou  fe  matie  j  à  s'cm- 


EMMÉNAGOGUES.  f.  m.  plur.  Emmenagoga  ,  & 
EMMENAGOGUE.  adj.  Emmena  go gus  ,  a  ,  um 
Remèdes  qui  provoquent  les  men(trues  &  lochies , 
ou  vidanges  fupprimées.  Tels  font  la  rue ,  la  fa 
bine ,  l'abiinte ,  &:c.  &  tous  les  médicamens  qui 
donnent  de  la  riuidité  aufang,  augmentent  le  rellort 
des  folides  ,  incifent  &  atténuent  les  humeurs ,  lè- 
vent les  obftrudions  de  la  matrice  ,  &  font  ouvrir 
les  orifices  de  fes  vailleaux  fanguins. 

Ce  mot eft  Grec'ft«')'"'-y'»y«.  Il  vient  atif^^ftto^men-, 
firues,  dont  la  racine  elt  ^i»,  mois  ,  &  de_«7»,  je  con- 
duis,  je  fais  forcir.  Col.de  Villars. 

Ip-  EMMÉNALOGIE.  f.  f.  Terme  de  Médecine , 
Traite  des  menftrues ,  ou  de  l'écoulement  périodi- 
que des  femmes.  Il  y  a  un  ouvrage  du  célèbre 
Freindt  fur  cette  matière ,  &  des  réflexions  criti- 
ques fur  cet  ouvrage,  par  M.  le  Tellier  fils ,  Paris 
1730  ,  in- 11. 

EMAIENER,  v.  a.  Mener  une  perfonns  ^  ou  uns  chofe 
en  un  autre  lieu  que  celui  où  l'on  ell.  Abducere , 
exportare.  Emmene\  cet  enfant  qui  crie.  Ce  valet  a 
quitté  fon  maître,  l'a  volé,  &  lui  a  emmené  fon 
cheval.  Je  ferai  ««/«e/ît^r  mes  meubles  par  les  Rou- 
liers,  par  les  coches  d'eau.  On  a  emmené  prifon- 
nier  cet  homicide.  On  a  permis  à  cette  garnifqn 
d'emmener  deux  pièces  de  canon. 

Emmené,  Ée.  part. 

EMMENOTTER.  v.  a.  Mettre  des  fers  ou  des  me- 
nottes aux  mains  d'un  prifonnier,  d'un  efclave.  Ma 
nids  ferreis  conflringcre.  On  cmmenczzc  les  criminels 
qu'on  conduit  dans  lescnchors. 

EMMENTELE  ,  ée.  adj.  Terme  de  Fauconnerie.  Il 
y  a  une  corneille  qu'on  appelle  corneille  emmentelée, 
Cornix  cinerea,  Panphaga.  La  corneille  emmenceUe 
a  la  tcte,  le  bas  du  cou,  le  bec  j  les  ailes,  la  queue 
&  les  jambes  très  -  noirs  ;  &  cette  noirceur  paroît 
beaucoup  plus  obfcure  au  menton,  au  bec  ,  &à  la 
partie  qui  eft  au-delfus  de  l'eftomac  ,  où  l'on  voit 
comme  des  poils.  Tout  fon  dos ,  le  delTîius  de  fon 
cou,  les  côtés  des  ailes,  le  delfousdu  croupion  ,  &: 
prefque  tout  le  ventre  ,  font  cendrés.  C'eft  de-là 
qu'en  France  on  lui  a  donné  le  nom  à'cmmenteWe. 
Elle  fe  retire  en  été  dans  les  hautes  montagnes  j  & 
c'eftdans  ces  lieux  qu'elle  iait  &  élève  fes  petits.  On 
la  croit  oifeau  de  paflage  ,  parce  que ,  fur  la  fin  de 
raûtomne ,  elle  vient  dans  les  campagnes ,  &:  fait  fa 
demeure  autour  des  villes  5c  des  villages  en  hiver. 


EMM  ^j9 

Ellefe  nourrit  de  tout  ce  qu'elle  rencontre  :  c'eftde-U 
qu  on  la  nommée  Panphaga  ,  qui  mange  de  tour. 
C'eil:  apparemment  ce  qui  fait  que  fa   chair  n'eft 
point  agréable  à  manger.  La  corneille  emmenteléa 
s'en  va  lorfque  les  hirondelles  viennent ,  c'ell:  -  à- 
dire  J  vers  le  zz  Avril. 
EMMERAN.  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Heimeram- 
musj  Emmeramus.  SzunEmmeran  naquit  à  Poitiers 
vers  le  commencement  du  VIF.  fiècle.   Baillet* 
Au  vingt-deuxième  Sept.  S.  Emmeran  fut  Evêque  de 
Poitiers ,  puis  Millionnaire  de  Ratisbonne  en  Ba- 
vière ,  &  Martyr. 
EMMERICK.  Ville  du  Cercle  de  Weftphalie,  en  Alle- 
magne.  Emmericum  _,  Embricum  j  Embrica.  Elle  eft 
dans  le  Duché  de  Clcves  j  fur  le  Rhin  j  à  une  lieue 
.nu-dcirousdu  fort  de  Schenk.  Emmericke^k  fort.  Le 
Prince  de  Condé  le  prit  pour  le  Roi  en  1671  fur  les 
Hollandois,qui  s'en  étoient  emparés  l'an  \6oo  :  &c 
en  1674.  Louis  le  Grand  la  fit  rendre  à  l'Eledeur  de 
Brandebourg  à  qui  elle  apparrenoit.  M.  Corneille 
lair  ce  nom  féminin  j  &  dit  Emnierick  eftaiïez  bien 
bâtie. 
EMMESSÉ,  ÉE.  adj.  Qui  a  oui  la  Méfie.  Qui  facro  in. 
terfuit.  On  dit  aulfi  ameffé.  L'un  &  l'autre  font  bas. 
Richelet. 
EMMEUBLEMENT.   f.   m.   \: emmeublement  eft  un 
meuble  propre  pour  garnir  une  chambre.  Supellex. 
11  ledit,  particulièrement,  dulit^  &desfiègesde 
même  parure.  Un  tmmeublement  de  damas ,  de  ta- 
piiferie ,  de  brocatel. 
EMMEUBLER.  v.  a.  Vendre  ou  louer  des  meubles  à 
quelqu'un ,  l'emménager,  tendre  &  ranger  fes  meu- 
bles. Injhuere  fuppelleclilem ,  domum.  C'cft  un  tel 
Tapilîîer  qui  m'a  emmeublé ,   Se  qui  m'a  loué  tous 
ces  meubles.  Je  lui  ai  donné  tant  pour  memmeubler 
à  mon  dernier  déménageuient.  Ce  Propriétaire  ne 
devoir  pas  attendre  que  je  fulfe  emmeuhié,  qu'on  eue 
rangé  mes  meubles  pour  me  faite  fignifier  un  congé. 
^fJ"  On  dit  ammeuhlement  pour  défigner  la  quan- 
tité de  meubles  nécelîaires  pour  g:rnir  un  apparte- 
ment. 

ÇCT  Et  meubler  une  maifon  ,  pour  dire  le  garnir 
de  meubles.  Meubler  nuQ  ferme,  la  garnir  des  cho- 
fes  &  ufteoliles  nécelfaires  pour  fon  exploitation. 
Emmeublemenc  êc  emmeubler ,  font  des  termes  de 
bourgeoifes  des  Halles  j  &  de  la  Place  Mauberr. 
Emmeublé  ,  ÉE.  part. 

§CF  EMMEULER.  v.  a.  Mettre  en  meules  le  foin 
quand  il  eft  fanné.  f^oy.  Meule  &c  Fanner.  Cette 
opération  s'appelle  emmeulage. 
EMMI.  Foye^  EMMY. 

EMMIELLER,  v.  a.  Enduire  de  miel,  mêler  avec  du 
misl.  Melle  illinere ,  condire,  mcl  infpergere.  Il  faut 
emmieller  les  mors  aux  jeunes  poulains  pour  les  y 
accoutumer.  £";7z/7z/V//er  du  cidre,  du  vind'Efpagne. 
Emmieller,  fc  dit,  figurément,  des  difcours  :  mais 
il  n'a  guère  d'ufage  au  participe,  emmiellé.  Mellitus. 
On  ne  parle  aux  Princes  qu'avec  des  paroles  flatteu- 
fes  &:  emmiellées.  Tel  eft  le  langage  du  dix-huitième 
fiècle;  on  dit  toutes  vérités  poliment,  en  emmiel- 
lant la  coupe  qui  contient  des  remèdes  amers. 
Além.  de   Trev.  1756. 

On  dit,  en  termes  de  Marine  ,  emmieller  un  étai , 
pour  remplir  avec  une  menue  corde  tout  le  vide 
qu'il  y  a  le  long  des  tourr.ons  des  cordes  qui  compo- 
fent  l'étai.  M.  Defroches  remarque  que  ce  terme  n'eft 
pas  ulité  par-tout. 
Emmiellé,  ee.  part.  Melle  conditus ,  mellitus.  Un 
difcours  emmiellé.  Cela  ne  fe  dit  aujourd'hui  que 
dans  le  ftyle  badin  ou  familier. 
EMMIELLURE.  f.  f.  Onguent  dont  fe  fervent  les 
Maréchaux  pour  guérir  les  blelfures  ou  écorchures 
des  chevaux.  Unguentum  mellitum.  Il  eft  fait  d'un 
mélange  de  miel  ,  de  graKfe ,  de  térébentine,  & 
d'autres  drogues ,  &  l'on  en  frotte  les  parties  in- 
commodées,  enflées,  toulées  j  &:c. 
EMMITOUFLER,  v.  a.  Envelopper  quelqu'un  , 
%  emmitoufler ,  s'envelopper,  principalement  la  tète 
&  le  corps  ,  de  fourrures  ou  autres  chofis ,   pour 

O  00  o  ij 


(Sêo 


E  M  M     E  M  O 


être  plus  chaudeineiit  ou  plus  à  l'aife.  Obnubere  y 
invoivere Jcy  amidre.  On  emm'uoufie  ce  vieillard  à 
caufe  du  Froid.  Cette  femme  s  emmitoufle,  elt  em- 
m'nouflie  dans  fes  coëties  j  elle  s'enveloppe,  elle  fe 
cache  dans  fes  coëtfes.  Il  n'ell  d'ulage  que  dans  le 
ftyle  familier. 

Emmiiooflé,  ée.  part.  On  dit,  proverbialement, 
jamais  chat  emmitouflé  ne  prit  lounsj  pour  dire 
que  dans,  les  chofes  qui  demandent  quelque  li- 
berté d'aétion ,  on  doit  écarter  tout  ce  qui  empê- 
che d'agir. 

EMMITRER  un  Evêque.  Mitrare.  NrcoT.  Ce  mot 
n'eft  pas  d'ufage. 

EMMONCELER.  v.  a.  Mettre  en  un  tas  ,  en  un  mon- 
ceau. On  dit  mieux  amonceler. 

EMMORTAISER,  ou  EMMORTOISER.  v.  a.  Terme 
de  Charpentier.  Faire  entrer  dans  une  mortoife  ou 
inortaife  le  bout  d'une  pièce  de  bois  ,  ou  de  fer. 
Indere  j  cummittere.  La  macliine  avec  laquelle  les 
Chinois  taillent  les  pierres  d'aimant  eft  compofée 
de  deux  jambages  de  trois  quatre  pieds  de  haut  , 
arcboutés  par  deux  liens  en  contrefiches,  &i  féparés 
par  une  membrure  qui  les  traverfe,  &  qui  elt  tm- 
mortaifee  dans  leurs  femelles.  P.  LeComif.  J.  T.I. 
pag.  4-77.  , 

IMMOTTÉ,  ou  plutôt  ENMOTTE,  ée.  adj.  Terme 
de  Jardinier  J  qui  fe  dit  des  arbres  que  l'on  tranf- 
porte  en  motte  d'un  lieu  en  un  autre  \  c'eft-à-dire , 
la  racine  entourée  d'une  motte  de  terre  qui  la  tient 
^  la  conferve.  Tcrrà  clrcumdatus  ,  inclufus.  Les 
Alarchands  Génois  amènent  ici,dans  les  mois  de  Fé- 
vrier ,  Mars,  Avril  &  Mai  J  une  grande  quantité 
d'orangers  &  citronniers  z\Xiz  forts,  &  allez  grands , 
&  les  donnent  à  un  prix  tort  raifonnable,  tant  ceux 
qui  viennent  fans  motte  ,  que  ceux  qui  viennent 
bien  emmottés.  La  QuiNx.  Emmotté Q\\i  plus  félon 
l'analogie. 

EMMUREES,  f.  f.  pi.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à 
Rouen  à  un  Couvent  de  filles  de  l'Ordre  de  Saint 
Dominique ,  parce  qu'elles  donnèrent  dans  cette 
ville  le  premier  exemple  d'une  exaéle  clôture.  DcJ- 
cript.  Géographique  &  Hifl.  de  la  Haute-Norm.  T. 
II. p.  64.. 

EMMURER.  Vieux  mot.  Muro  clngere.  Entourer,  en- 
vironner de  murs.   Nicot. 

EMMUSELER.v.  a.  Mettr«une  mufelicreà  un  animal 
pour  Tempêcher  de  manger,  ou  de  mordre.  CapiJ- 
trare ,  fifcellam  eri  appendere.  Les  villageois  eminu- 
felent  leurs  ânes,  leurs  chevaux  ,  avec  une  forme  de 
chapeau,  de  peur  qu'ils  ne  mangent  les  choux  qu'ik 
portent.  Il  étoit  détendu, fous  la  Lo\ ^à'emmuj'eler  les 
bœufs  quand  ils  fouloient  le  grain.  Non  alUgabis  os 
bovi  triturant!.  On  emmufele  les  furets ,  quand  on  les 
fiir  entrer  dans  les  terriers  de  lapins,  de  peur  qu'Us 
ne  les  tuent. 

EmmusEler  ,   fignifioit,  originairement,  cacher   le 
vifagi  fous  le  manteau  \  &  alors  il  étoit  dérivé  du 
■mot  de  mufeau ,  d'où  on  a  fait  aulli  cachemufeau. 
Depuis  on  l'a  tranfporté  à  l'anneau  de  fer  qu'on  met 
aux  cochons ,  &  aux  autres  bêtes. 
Emmuselé  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Capiflratus ^  frenatus. 
En  termes  de  Blafon  ,  on  appelle  un  ours,  un  cha- 
meau, un  mulet,  un  autre  animal  eOTOTz^yè/e,  lorf- 
qu'il  a  la  gueule  liée  d'une  mufelière  ,  pour  l'empê 
,    cher  de  paître,  ou  de  mordre. 
EMMY.  Vieux  mot,  qui  eft  maintenant  hors  d'uf.ige. 
Cette  propcfition  lignifie  entre,  parmi:  &  ceux  qui 
imitent  le  vieux  ftyle  s'en  fervent  en  ce  fens.  Incer. 

Mais  las  !  des  Grands  jufqu'où  va  la  foiblejfle  ! 
Grand  dommage  eft  qu'en  ce  rang  de  Princejfe 
Soye^  toujours  emmy  les  flagorneurs  , 
L'oreille  ouverte  aux  difcours  fuhorneurs. 

De  ViLiiERS. 
Ce  mot  vient  de  in  medio. 

E  M  O. 

ÏMOELLER.  V.  a.  Ôcerla  moelle.  Emedullare.  Inufité. 


E  M  O 

ÉMOI.  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  fignifioit  la  mèmechof* 
qu'aujourd'hui  emoiion.  Furba  ,  commotio.  Il  étoit 
tout  en  ewoi ;  c'eft-à-dire,  fort  ému. 

Emoi  ,  fignifioit  aulli  chagrin  j   inquiétude  ,  fouci, 
triltelfc  ,  comme  en  plufieurs  endroits  de  nos  an- 
ciens Auteurs. 

Or  eflbefoln^ 

Quand  on  eft  loin  _, 

De  s' entrécrire  : 

Cela  j  ait  rire  , 

Fa  chûjfe  émoi. 

Ecrive:^  -  moi 

Donc  J  je  vous  prie  3  &c.  Marot. 

On  a  dit  aulîi  Émoyer  pour  %émoyer ,  pour  fip 
mettre  en  émoi,  en  peine ,  en  fouci. 
On  a  dit  aulîi  émai  pour  émoi.   NicoT. 
EMOLLIENT ,  ente.  adj.    Terme  de  Médecine  &: 
de  Pharmacie.  Ce  qui  amollit  les  duretés  du  bas 
ventre  ,  ou  des  tumeurs  &  enflures.  Emolliens,  Ou 
le  dit  non-feulement  des  remèdes ,  mais  aulîi  des 
autres  chofes.  Un  lavement  laxatif,  anodin  Scémol- 
lient.  Un  emplâtre  émoUient,  fait  d'onguens  réfolu- 
tifs.  Un  cataplafme  émoUient.   Les   remèdes  emol- 
liens font  chauds ,  comme  les  racines  de  lis  j  l'al- 
tha:a  &  les  mauves.  Les  cerifes  féches  relferrenr  au- 
lieu  de  lâcher ,  parce  qu'elles  font  dépourvues  de 
la  quantité  du  flegme  qui  les  rendoit  emOUientes. 
Lemery.  Le  raifin  mûrj,  d'aftringent  qu'il  étoit  au- 
paravant ,  devient  laxatif  &  émoUient.  lu.  Les  pois 
nourrilfent  beaucoup  ,  font   emolliens  ,  &  un  peu 
laxatifs.  Id.  La  grailfe  du  fanglier ,  appliquée  exté- 
rieurement, eft  réfolutive,  émolliente ,  fortifiante  & 
adoucilHinte.  Id.  On  dit,  fubItantivement,lest/no/- 
liens.  Faire  ufage  des  emolliens. 
ÉMOLOGUER.  v.  a.  Comprobare.  On  dit  maintenant 
&  on  écrit  homologuer  \  &  cela  eft  plus  conforme 
à  l'étymologie  :  car  ce  mot  vient  du  Grec  'of*iMytn 
l^oye-^  Homologuer. 
ÉMOLUMENT,  f.  m.  Terme  de  Pratique ,  qui  fe  dit 
des    profits  qu'on  tire  journellement  d'une  charge. 
Eniolumentum.  Ce  terme  eftabfolument  afteélé  aux 
charges  &  aux  emplois  ;  marquant  non-feulement 
la  finance  des  appointemens,  mais  encore  tous  les 
autres  revenant-bons.  Koye:i  Gain  j  Lucre,  Pro- 
fit J  Bénéfice,  Ce  n'eft  pas  toujours  où  il  y  a  le 
plus  iXémolumcns  que  ie  trouve  le  plus  d'honneur. 
Les  provi fions  de  fon  office  lui  donnent  droit  de 
jouir  de  tous  les  droits  ,  honneurs ,  gages  &  émo- 
lumens  y  attribués.   On  dit  aulîi ,  il  ne  lui  revient 
aucun  émolument  de  cette  affaire  :  alors  il  lignifia 
profit,  avantage. 

Ce  mot  vient  du  Latin  emolumentum ,  qui  fignifie 
le  profit  que  tirent  les  Meuniers,  de  mola ,  molere , 
m.rudre. 
ItT  ÉMOLUMENTER.  v.  n.  Qui  fe  dit  toujours  en 
.  mauvaife  part  des  revant-bons  illicites.  Cet  Officier 
cherche  à  émolumenter ^  c'eft-à-dire,  à  multiplier 
fans  nécellité  des  aétes ,  ou  autre  chofe ,  afin  de 
gagner  davantage. 
ÉMONA.  Foyei  HÉ  MON  A. 

EMONCTOIRE.  f.  m.  Terme  de  Médecine  &  d'A- 
natomie.  C'eft  une  partie  deftinée  pour  la  lépara- 
tion  de  quelque  humeur  que  l'on  regarde  comme 
inutile, ou  coinine  nuihble  dans  L;s  animaux^  après 
qu'elle  a  circulé  quelque  temps  avec  leur  fang. 
Emunclorium.  Lçs  reins,  la  vellie  urinaire  ,  les  glan- 
des miliaires  de  la  peau  font' des  çmoncloires  du 
corps  J  parce  qu'il  fe  fait  par  ces  organes ,  une  fe- 
crétion  &  une  excrétion  abondante  des  humeurs 
qui  ne  font  plus  d'aucun  ufage  utile  dans  le  corps 
humain ,  &  mêine  de  celles  qui  font  viciées  dans 
les  maladies.  On  le  dit  des  glandes  qui  fervent  à  la 
décharge  des  humeurs  fuperflues  ,  telles  que  les 
glandes  des  aines,  des  ailî'elles ,  &.'c.  &c  des  ouver- 
tures deftinéesà  laifler  fortir  ces  humeurs  inutiles 
ou  iiuilîblcs.  Les  parotides  ne  font  pas  des  émonc- 
toires,  puifqu'elles  fontdeftinces  à  féparer  la  falive , 
qui  eft  une  humeur  fi  ijécelfâire  à  la  digeftion  des 
silimeus. 


E  M  O 

|p°  ÉMONCTOIRË,  en  Boranique,  fe  dit  de  même 
d'une  piitie  dcftinée  à  porter  dehori  quelque  hu- 
meur qu'on  regarde  comme  mutile,  ou  comme 
nuifible.  Les  plantes  doivent  avoir  des  organes 
émonctoires  j  pour  la  fccrétion  de  la  tranlpirauon 
fcniîble  &  infenlîble.  Je  crois  que  les  Heurs  qui  ne 
font  pas  nouéts  ,  font  des  emondoires  qui  ietvcnt  à 
fcparer  quelques  parties  de  la  maffe  de  la  fève,  qui 
doivent  en  être  féparées  dans  un  certain  temps  j  lui- 
vant  les  lois  de  l'Economie  naturelle.  Dici.  de  Ja- 


E  M  O 


6éx 


mis. 


^fT  Èmonctoire  ,  vient  du  latin  emunclorium  j  emun- 
gere ,  nettoyer  en  tirant  les  ordures. 

ÉMONDE.  f.  f.  Fiente  d'oifeau  de  proie.  Stercus. 
Les  ^mondes  des  oifeaux  font  connoïtie  leur  fanté  , 
ou  leurs  maladies. 

Émondes  ,  au  pluriel  ,  Branches  qu'on  retranche  du 
tronc  des  arbres.  L/eccrpti  rami.  Les  émondes  des 
ormes,  des  chênes  ,  des  aunes,  de  cette  terre,  fur- 
fifent  pour  le  chauffage  du  maître. 

ÊMONDER.  V.  a.  Couper  les  menues  branches  d'un 
arbre,  Ibit  pour  en  ôter  le  bois  nuifible  &  fuperflu, 
foit  pour  faire  des  fagots.  Imercidere  ,  Inuriucare  , 
depucare.  On  émonde  les  arbres  fruitiers  ,  quand  ils 
jettent  trop  de  bois.  On  émonde  les  arbres  pour  fai 
re  des  fagots. 

Émonder  une  Lettre.  Voye:^  Ébarber. 

Ce  mot  vient  de  émundare.  Nicot  dit  aulîî  émon- 
der l'orge  &  femblables  chofcs ,  &  cela  fe  dit  au- 
jourd'hui. Pifere^pifare.  C'efl  en  ôter  la  peau. 

Émonde  ,  ée.  part. 

EAiONlE  ,  ou  EMONIA.  Emonla  eft  le  nom  ancien 
d'une  Ifle  de  l'Ecolfe,  à  l'orient.  Emonïa.  Ortchus 
croit  que  c'eft  l'Ide  de  Maid,  ou  ]si:iy.  Emonia  Fro- 
vincia  ctoit  anciennement  une  ville  de  l'Iltrie.  -<^ 
monta.  Elle  étoit  fur  la  rivièie  d  Abriga,à  deux 
lieues  de  la  mer  &  de  la  petite  ville  de  Cicta-Nuo- 
va  ,  qui  a  été  bâtie  de  fes  ruines. 

ÊMONTS.  Foye^  MONTS. 

EMORCELER.  v-  a.  Réduire  en  divers  morceaux.  In 
frujladividcre.  Ce  bourgeois  a  f/720/ce/e'fa  terre,  il 
l'a  divifée  en  plufieurs  morceaux ,  il  en  a  vendu  plu 
fieurs  parties.  Il  fe  dit  aulfi  avec  le  pronom  perlon- 
nel.  Cette  pierre  n'eft  pas  propre  pour  la  fculpture, 
elle  s^émorcèle  trop  facilement. 

Ip"  Ce  mot  ne  fe  dit  point.  Morceler  eft  feul  en 
ufage. 

^C?  ÉMOTION,  f.  f.  On  entend  par  ce  mot  un  mou- 
vement plus  ou  moins  confidérable  ,  excité  dans  les 
humeurs,  dans  les  efprits,  dans  l'ame  ,  qui  en  al- 
tère le  tempérament  ou  i'alfiette ,  &  fe  manifelte 
par  des  fignes  extérieurs.  Periurhado  ,  commoûo  j 
•motus.  On  connoit  la  fièvre  par  \ émotion  du  pouls. 
Un  exercice  violent  caufe  de  Xémodon.  Un  Amant 
fent  de  Xémodon  à  la  vue  de  fa  Maîtrelle  ^  un  bra- 
ve, à  la  vue  de  fon  ennemi.  Un  Juge  doit  être  cal- 
me ,  &  exempt  des  émodons  de  la  haine  i^n:  de  la 
colère.  M.  Esp.  Nous  regardons  tranquillement  & 
fans  émodon  ,  les  injuftices  qui  ne  nous  regardent 
pas.  Nie.  Ce  n'eft  pas  la  rai  fon  qui  frappe  les  ef 
prits  grolîiers ,  5i  qui  les  fait  agir  j  c'eft  \ émotion  Ik 
l'ardeur  avec  laquelle  on  parle.  Le  P.  R.  L'émodon 
ardente  &  paifagère  de  la  colère,  eft  une  faillie  im 
prévue  de  l'ame  3  qui  ne  lui  lailfe  pas  le  temps  de 
délibérer.  Le  Mai.  La  colère  ne  déshonore  perfon- 
ne  ,  pourvu  que  fes  émotions  foient  proportionnées 
au  lujet  q\i'on  a  de  s'émouvoir.  M.  E^p.  L'émotion 
que  l'Orateur  a  excitée  dans  les  efprits  fe  calme  bien- 
tôt ,  s'il  veut  trop  faire  le  pathétique.  As.  du  Jar- 
RY.  Nous  ne  pouvons  exciter  en  nous  les  émotions 
violentes  que  caufent  les  paftîons  :  elles  dépendent 
des  objets.  Nie. 

Émotion  ,.  fedirauflî  d'un  commencement  de  fédi- 
lion  ,  difpolition  à  fe  foulever.  Il  eft  dangereux  de 
fe  trouver  au  mi  Heu  d'une  émotion  populaire. 

ÉMOTTER.  V.  a.  Oter  les  mottes  d'un  champ  ,  ou  les 
calfer ,  afin  de  les  difpofer  nneux  à  recevoir  la  fe- 
inence.  Occare.  Il  fnut  émM'er  les  terres  ,  quand  il 
y  a  long-remps  qu'il  n'a  plu.  On  fait  cette  opération 


avec  un  brife-motte ,  qui  eft  un  maillet  à  long  man- 
che ,  ou  avec  la  heife  j  ou  avec  le  rouleau  ,  ou  aveé 
la  herfe  tournante  qui  eft  un  rouleau  pefant  garni 
de  chevilles. 

EMOUCHER.  V.  a.  Chafter  les  mouches.  Mufcas  ahi- 
gere.  Il  y  a  des  chevaux  qu'il  faut  émouciur  ,  tandis 
qu'on  les  ferre.  Les  Seigneurs  Indiens  ont  des  valets 
qui  les  émouchent  continuellement  avec  des  plu- 
mes. 

Emoucher  j  dans  le  langage  populaire,  fignifîe  fouer- 
ter.  Cet  écolier  eft  fouvenc  émouché put  foa  Ré- 
gent. 

EmouchÉ  ,  Ée.  part. 

EMOUCHET  ,  ou  MOUCHET.  f.  m.  Oifeau  de 
proie  ,  qui  eft  tiercelet ,  ou  mâle  de  1  epervier ,  qui 
ne  vaut  ri.nen  fauconnerie.  Lertiarius percnos.  On 
l'a  appelé  en  Latin  mujcecus  ou  mafchetus.  Aaipiter 
paluniburius. 

Emouchet.  Terme  de  Tanneur.  Les  Tanneurs  don- 
nent ce  nom  à  la  queue  desbccufs,  des  vaches  j des 
veaux,  qu'ils  pi  épatent  ,  parce  qu'elle  fert  à  ces 
animaux  pour  chalfer  les  mouches  y  pour  s'émoii- 
cher. 

ifj-  EMOUCHETTE.  f.  f.  hiftragulum  redculatum. 
Quelques  uns  appellent  ainfi  une  efpèce  de  couver- 
ture ou  de  caparaçon  fait  de  treillis  ou  de  rofeau  , 
avec  de  petites  cordes  pendantes  ,  qu'on  met  en  été 
fur  les  chevaux  ^  pour  empêcher  qu'ils  ne  foienc 
tourmentés  des  mouches.  On  l'appelle  quelquefois 
émouchoir.  Quelques-uns  l'appellent  chafle- mou- 
ches.^oje:,  Émouchoir. 

EMOUCHETTE.  Efpèce  d'oifeau  de  proie.  Voye:(_ 
Emouchet. 

Emouchette,  eft  encore,  dans  le  fenouil  &  autres 
heibes ,  l'ombelle  qui  en  contient  la  graine.  Umbel- 
la.  NicoT.  ou  Mujé^rium. 

EMOUCHEUR.  f  m.  Qui  chalTe  les  mouches. 

L'ours  alloit  à  la  chajfe ,  apportait  du  gibier, 

Faifoitfon  prin  ctpal  n.  étier 
jyétre  bon  émoucheur ,  écartait  du  vifage 
De  fon  ami  dormant  ce  parajàe  ailé 

Que  nous  avons  mouche  appelé. 

Aujfitotjait  que  ditj  iefidèle  émoucheur 
f^ous  empoigne  un  pavé  j  le  lance  avec  roideur. . ,  l 

Fables  de  la  Font 

ip'  ÉMOUCHOIR.f  m.  Terme  ufité  parmi  les  Maré- 
chaux ,  qui  appellent  ainfi  une  queue  de  cheval  at- 
tachée à  un  manche  ,  &C  dont  on  (e  lert  poui  thafler 
les  mouches  pendant  qu'on  ferre  un  cheval.  ^Vi^ 
carium. 

Q^  C'eft  cette  efpèce  de  chafte-mouches  qu'on 
appelle  proprement  émouchoir.  Le  caparaçon  fut  de 
rcfeau  avec  des  cordes  Bottantes ,  'jui  fert  a  garan- 
tir les  chevaux  des  mouches  ,  s'appelle  emou- 
chette. 

EMOUDRE.  V.  a.  Aiguiferle  taillant  des  inftrumens 
tranchansj  fur  une  meule,  fur  un  grès,  hxacuere. 
Z;wo:^(/re  des  couteaux  ,  fa  coignée,  fa  ferpe  j  fes 
cifeaux.  C'eft  former  le  tranchantdeces inftrumens, 
en  les  appuyant  fur  une  meule  qu'on  tourne  j  ou  fur 
un  grès  j  qu'on  arroié  avec  de  l'eau. 

Émoulu  ,  ue.  part.  Qui  eft  aignifé,  pointu  ,  afHlé. 
Exacutus.  On  dit ,  Combattre  à  fer  émoulu  •  pour 
dire,  tout  de  bon  &  à  outrance ,  tant  au  propre 
qu'au  nguté.  On  dit  aufti ,  qu'un  homme  eft  frais 
émoulu  fur  une  matière  j  pour  dire  ,  qu'il  l'a  étu- 
diée depuis  peu  à  fond. 

EMOLU.  Port  de  la  Chine  ,  dans  la  Province  de  Fo- 
kicn.  Il  eft  fort  célèbre.  Long.  13^.  d.  40'  lat.  i4. 
d.  30'. 

ÉMOULEUR.  i.  m.  Celui  qui  fait  le  métier  d'émou- 
dre  les  cifeaux  ,  les  couteaux  ,  &  autres  ferremens 
tranchans.  Samiator ,  opifex  Jerrei  exacuendi.  Aux 
Indes,  un  Emouleur  fabrique  lui-même  fa  pierre 
avec  de  la  laque  tk  de  l'émcril.  Let.  Édif.  et  cuh. 

tp"  EMOUSSER.  v.  a,  ôcer  la  pointe  ou  k  tranchans 


6St  EMO 

d'un  inftrument ,  ou  le  rendre  inoins  aigu  Se  moins 
tranchant.  Il  eft  aulli  réciproque.  Obtundere  j  hebe- 
tare.  Il  ne  faut  rien  pour  emGcijJer  uns  lancette ,  un 
biftouri.  Quand  on  frappe  fur  quelque  choie  de 
trop  dur,  les  ferremens  s'émoujfenc,  (s  rebouchent. 
L'acier  de  Damas  eft  fi  dur ,  qu'il  coupe  le  fer  fans 
s'émouffer.  Les  cifeaux  ,  ou  autres  outils  de  Sculp- 
teurs ,  sémoujfenttn  travaillant  le  porphire. 

On  dit ,  en  termes  de  Guerre  ,  iîmoulier  les  an- 
gles d'un  bataillon  y  lorfqu'on  retranche  les  quatre 
encoignures,  &  qu'on  change  le  bataillon  carré 
en  odîogone  :  ce  qui  donne  moyen  de  préfenter  les 
piques  ,  ou  faire  feu  de  tous  côtés.  Ces  évolutions 
militaires  étoient  fort  communes  chez  les  Anciens  ; 
mais  elles  ne  font  plus  guère  pratiquées. 
fer  Emousser  ,  feditjdans  un  fens  métaphorique ,  en 
comparant  l'effet  des  moyens  moraux  :  à  celui  des 
effets  phyfiques.  Emoujjer  l'efprit ,  le  courage ,  l'af- 
foiblir,  rabattre  j  luiôter  ce  qu'il  a  de  plus  piquant. 
Hebecare.  La  misère,  l'afflittion  émoujfe  l'efprit. 
L'oifiveté,  les  délices  émoujfent  le  courage.  Il  y  a 
beaucoup  d'art  à  diverhher  les  plaifirs ,  &  à  leur 
rendre  cette  douce  pointe  qui  les  fait  fentir  j  &  qui 
s  émoujfe  fi  aifément.  S.  Real.  Vous  avez  émoujj'é 
toutes  les  pointes  de  mes  épigrammes.  G.  G.  Le  vin 
émoujfe  la  vigueur  de  l'efprit.  Bouh. 

• 

Pour  moi ,  j'ai  la  tête  blejfée  ^ 

Loi/que  je  lui  vois  tortiller 

En  cent  façons  une  penjée  : 

  jorce  de  la  relfajer 

La  pointe  au.  bout  du  temps  /émouffe  , 

Et  l'efprit  vient  à  Je  lajjer,  P.  du  Cerc. 

Èmousser..  Terme  de  Jardinier.  C'eft  ôter  la  mouffe 
des  arbres.  Emufcare  arbores.  Il  faut  avoir  foin  à'é- 
moulfer  les  arbres  ,  &  fur-tout  les  poiriers  ,  parce 
que  la  moulFc  y  fait  un  grand  dcfagrément,  &  nuit 
de  plus  à  leur  accroilTement.  /^Vyt^  Mousse.    Le 
temps  propre  pour  emoujjer  eft  quand  il  a  plu. 
Émoussé  ,  ÉE.  part-  &adj.  En  parlant  des  inftrumensj 
hebes  y   obtufus.  En  parlant  des  aibres  j  emufcatus. 
Ces  arbres  font  bien  taillés  ,   bien  emoujjés.  La 
Quint. 
^  EMOUSTILLER.  Qui  ne  fe  dit  qu'avec  le  pro- 
nom perfonnel.  Terme  populaire  qui  paroîc  figni- 
fier  prendre  un  air  gai ,  folâtre.^ 
Émoustillé  j  ÉE.  part.  &  adj.  l'i  lignifie  dans  le  ftyle 
familier  ,  Gai  ,  vif  j  enjoué  ,  de  bonne  humeur. 
Cette  jeune  fille  eft  bien  émauflillée. 
^  ÉMOUVOIR.  V.  a.  Du  latin  emovere.  Ebranler. 
Pour  la  manière' de  conjuguer,  voyei  Mouvoir. 
Mettre  en  mouvement.  Mais  on  ne  le  dit  pas  in- 
différemmenr  dans  toutes  forres  d'occafions.  On  ne 
diroit  pas ,  par  exemple  ,  émouvoir  une  cloche  , 
émouvoir  un  poteau  ,  un  tronc  d'arbre.  L'ufage  a 
reftreint  ce  mot  aux  feuls  cas  où  il  s'agit  des  parties 
les  plus  fubriles  ,  &  les  plus  déliées  d'un  corps  , 
telles  que  font  les  vapeurs ,  les  exhalaifons,  les  hu- 
meurs, les  efprits.  Ainfi  l'on  du  que  le  foleil  émeut 
les  vapeurs  &:  les  exhalaifons ,  qu'une  drogue ,  une 
médecine  émeut  les  humeurs  :  ii  l'on   dit  qu'un 
homme  elt  iiiffi.c\\e à. émouvoir,  qu'une  médecine  n'a 
tait  que  Vémouvoir  j  fatis  le  purger ,  on  voit  aifez , 
dans  ces  exemples ,  qu'émouvoir  j  eft  relatif  aux  hu- 
meurs des  corps. 
^jH"  Emouvoir  ,  en  parlant  des  flots  de  la  mer,  des 
tempêtes  ,  &c.  fe  dit  dans  le  même  fens  qu'exciter, 
fouleverj  tantà  l'adlif  qu'au  réciproque.  Commu- 
niquer ou  recevoir  du  mouvement.  Le  moindre 
vent  fulTit  pour  émouvoir  les  flots.  Flucius  ciere.  La 
mer  commençolt  à  %  émouvoir.  Turbari.   Il  dément 
une  violente  tempête. 
^3'  Émouvoir,  dans  leschofes  morales,  exciter  quel- 
que mouvement ,  quelque  paillon  dans  le  cœur , 
caufer  du  trouble  ,  toucher ,  exciter ,  remuer.  L'art 
de  l'Orateur  ell  de  favoir  émouvoir  les  pallions.  Si 
les  Prédicateurs  ne  fongeoient  ni.àtoucherleccrnr, 
iii  a  émouvoir  les  pallions  j  ils  feroient  de  médiocres 


E  M  O 

progrès.  Arn.  La  raifon  ne  peut  iV/z.'oavoi;.  Rac. 
C'elt  un  de  ces  beaux  objets  inditférens ,  qui  réjouïf- 
fent  la  vue  fans  émouvoirX^  cœur.  Vill.  Celui  qui 
ne  le  trouve  ému  de  rien,  eft  aulfi  peu  propre  àpar- 
1er  que  celui  qui  ne  penfe  rien.  Le  C.  de  M. 

Emouvoir  ,  avec  le  pronom  perfonnel ,  lignifie.  Erre 
ému  ,  être  touché.  Un  Stoïcien  ne  %  émeut  point  aux 
plus  cruels  accidens  de  la  fortune.  Parle  fans  lemou- 
voir}  Corn.  Il  s'eft  laiflTé  émouvoir  puz  les  cris  &  par 
les  larmes  de  cette  femme.  On  regarde  un  homme 
qui  ne  s'émeut  de  rien,  comme  un  lâche  &  un  in- 
fenfible.  M.  Esp.  La  palîion  s'émeut  par  la  feule  ima- 
ge d'une  oftenfe  vraie,  ou  faulle.  Nie  Dieu  s'émeut 
plus  fenfiblement  pour  les  pécheufs  convertis  j  qui 
lont  fa  nouvelle  conquête.  Boss. 

|]Cr  On  dit  aulfi  que  le  peuple  s'émeut,  commen- 
ce à  s'émouvoir  ,  pour  dire  qu'il  fe  difpofe  à  la  ré- 
volte ,  à  fe  foulever. 

fC?  Emouvoir  une  fédition,  une  conreftation  ,  une 
dilpute,  &c.  fynonyme  de  faire  naître. 

|t;r  Emouvoir  à  ,  fe  dit  dans  la  fignificationdepor- 
,  ter  à  émouvoir  à  compafiion  ,  mauvais  ftyle. 

Emouvoir  ,  fe  dit,  proverbialement,  en  ces  phrafes  ? 
L'objet //72e«r  la  puiftance,  la  préfence  de  l'objet 
fait  naître  le  defir.  On  dit  aulfi  ,  qu'il  ne  faut  pas 
émouvoir  les  frelons  j  pour  dire ,  qu'il  ne  faut  point 
fe  fufcirer  d'ennemis  ,  quelque  petits  qu'ils  foient. 
On  dit  aufli ,  d'un  homme  prompt  &  colère,  que  fa 
bile  eft  aifé  à  émouvoir. 

Ému  ,  UE,  part.  Il  a  les  lignifications  du  verbe. 

E  M  P. 

EMPAILLER,  v.  a.  Garnir  une  métairie  de  pailles  & 
de  fourages  néceiïaires  pour  la  faire  bien  valoir , 
pour  amender  les  rerres.  Infruere paleis.  Dans  ce 
fens  ce  terme  eft  vieux  &  hors  d'ufage  ;  à  moins 
que  ce  ne  foit  un  terme  ufité  dans  quelque  Pro- 
vince. 

^fT  Empailler  des  chaifes,  c'eft  les  garnir  de  paille. 

ifr  Empailler  des  balots;  ,  c'eft  les  envelopper  de 

p.iille. 
t  Empailler  la  peau  de  quelque  animal,  dont  on  veut 
conferver  la  figure  par  curiofité.  C'eft  la  remplir  de 
paille. 

Empailler.  Terme  de  Jardinier  ,  qui  fe.  dit  des  clo- 
ches de  melons,  quond  on  met  un  peu  de  paille 
entre  deux  j  en  les  emboccanr  les  unes  dans  les  au- 
tres ,  pour  les  emportera  les  ferrer  jufqu'à  l'année 
fuivante.  La  Quint. 

Il  fignifie  aulfi  ,  mettre  de  la  paille  autour  de 
quelque  plante.  Liger.  Et  l'on  dit ,  empailler  un 
pied  de  cardons  ,  ou  d'artichauts  ,  pour  les  faire 
blanchir.  La  Quint.  J'ai  déjà  beaucoup  de  car- 
dons d'Efpagne  empaillés.  Liger.  On  empaille  aufli 
la  tige  des  jeunes  arbres ,  principalement  dans  les 
pépinières,  pour  les  garantir  des  lapins,  qui  en 
mangent  l'écorce. 

Empaillé  ,  éf.  part.  Il  a  les  lignifications  du  verbe. 

EMPAILLEUR,euse.  f.  m.&  f.  Celui  ou  celle  qui 
empaille  des  meubles  j  des  chaifes. 
I  EMPALEMENT,  f.  m.  Supplice  affreux  qui  s'exécute 
en  faifant  entrer  un  pieu  par  le  fondement ,  &  le 
faifiint  traverfer  tout  le  corps.  Pâli  traduclio.  L'em- 
paiement  eft  le  plus  cruel  des  fupplices. 

0C7  EMPALER,  v.  a.  Qui  exprime  un  genre  de  fup- 
plice  ufité  chez  les  Turcs.  Faire  palfer  une  broche 
de  bois,  un  pal  aigu  par  le  fondement  d'une  per- 
fonne.  Se  le  frire  fortirpar  les  épaules.  Palum  traji- 
cere  j  tranfadigere.  C'eft  un  fupplice  qu'on  pratiquoic 
du  temps  de  Néron  ,  dont  Juvénal  fait  mention.  Il 
eft  maintenant  fort  en  ufage  en  Turquie. 

Qu'on  l'empale.  A  ces  mots  Fregèfe ejl accroché. 

Par  quatre  impitoyables  ferres  , 
Etfe  voit  prêt  d'être  embroché. 

NOUV.  CH.  DE  VERS. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  impalare.  Mén.  Ou  plu- 


Ë  M  P 

tôt  le  François  &  l'Italien  viennent  également  du 
Latin  palus ,  pal ,  ou  pieu ,  &  de  la  prepo  lition  in  , 
en ,  dans. 

Empalé  ,  ée.  part.  Palo  transflxus. 

EMPALETOCC^CŒ.  adj.  Mot  dont  s'efl  f.n-vi  Rabe- 
lais ,  en  pai'iant  de  l'aumônier  de  Gargantua,  qui 
veut  dire,  Atiublé  d^me  f^a^on  de  petit  manteau, 
au  derrière  duquel  pendoit  un  capuchon  j  car  tel 
croit  l'ancien  paletot,  fait  exprès  de  la  iorte  pour 
parer  du  froid  &  de  la  pluie  ceux  qui  le  portoienc. 
Note  fur  Liabelais. 

EMPAN,  f.  m.  Mefure  de  longueur  j  qui  fe  fait  par 
l'exteniîon  de  la  main  depuis  le  pouce  étendu  d'un 
côté  ,  jufquà  l'extrémité  du  petit  doigt  oppole.  i^i^/- 
vius  major  3  fpithama.  C'elt  prelque  la  mcmechofe 
que  le  palme  Romain.  Un  empan  fait  trois  quarts  de 
pied  ,  oC  c'eil  pourquoi  on  l'appelle  audi  dodrans 
en  Latin.  Deux  empans  font  un  pied  &  demi. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  l'Alleman  elnj'pan  ,  qui 
■fignihela  même  choie. 

EMPANACHER,  anciennement  EMPENNACMER. 
V.  a.  Garnir  de  panaches  ,  de  plumes.  Empanacher 
un  caique.  Plumac'uihus  crijlis  ornare. 

^fT  On  le  dit ,  en  badinant ,  en  parlant  des  ha- 
fards  ou  accidens  du  mariage. 

Empanaché  ,  ée.  adj.  Qui  ell  bien  garni  de  plumes. 
Tous  les  Chevaliers  de  ce  Caroufeîétoientbien  do- 
tés &  empanaches. 

De fuperbes plumets  IcurtUc  empanachée 
Sous  des  coques  de  noix  écok  enharnachée. 

C'eft  l'armure  de  tète  des  rats  dans  la  Batrachomyo- 
Vackie  àQ  M.  Boivin. 

-EMPANÉ  ,  >;e.  adj.  Aigu.  Acutus.  On  a  dit  autrefois 
des  carreaux  cmpanés  pour  des  arbalètes  aiguës.  Les 
arbalétriers  s'appeloient  carreaux  ,  iv  l'on  peut  voir 
dans  ie  Caicr.laire  manufcrit  de  Philippe  Augulfe  , 
fol.  3 1  le  nombre  des  carreaux  (  Quadrelli  )  que  les 
Abbayes,  Vilhs  &  Communes  du  Royaume,  ctoient 
obligées  de  fournir  à  Sa  Majelf  é  pour  les  guerres. 

EMPAN  ÉE  (  feuille.  )  Terme  de  Botanique  ,  ptnna- 
tum  ou  coiijugatumjolium  ,  fe  die  d'une  feuille  com- 
pofée  de  plufieurs  folioles  rangées  des  deux  côtés 
d'un  pédicule  commun. 

EMPANNER,  v.  a.  Terme  de  Marine.  Mettre  un  vaif- 
feau  en  panne  ,  difpofer  tellement  les  voiles  ,  qu'il 
n'a.vd.ncQ  ^^s.  Navem  Jîjlere.  Ica  difponere  vêla  ^  ui 
navis  non  movcatur,  non  progrediatùr.  Si  l'on  veut 
prendre  les  hauteurs  en  mer  avec  une  entière  exac- 
titude ,  on  peut  empanner  le  vailfeau  ,  c'ell-à-dire, 
difpofer  les  voiles  de  manière  qu'il  n'avance  point. 
AcAD.  DES  Se.  1705    Hijl.p.ic). 

EMi'ANON.  f.  m.  Terme  de  Charpenterie.  C'efi;  un 
chevron  de  croupe  ,  ou  de  long  pan  ^  qui  ne  va  pas 
julqu'au  hautdufaîte  ,  mais  qui  s'alleinbie  à  l'arê- 
tier avec  tenons  &  mortoifes  ,  &  qui  pofe  par  en- 
bas  fur  les  fablièresou  plateformes.  Canterlus  mlnor. 
On  le  dit  des  pièces  de  bois  qu'on  met  en  plulieurs 
autres  endroits  pour  en  foutenir  ou  lier  quelque 
autre. 

EMPAQUETER,  v.  a.  Mettre  en  un  paquet.  Colligere, 
confarcinare.  Il  fe  dit,particulièrement,des  marchan- 
difes  qu'on  empaqueté  dans  du  papier,  dans  des 
toilettes.  Les  marchands  font  occu^è'iJLempaqucter^ 
à  dépaqueter  leurs  marchandil'es.  Il  a  empaquecé  (a 
bardes  j  fes  habits ,  pour  partir  ,  pour  déménager. 
Ce  mot  vient  du  primitif  paquet ,  qui  vient  du 
Latin  Paclus  ,  conpaclus  ,  àe  pango  ;  compingo. 

OnditaulTi  j  qu'un  homme  eft  empaqueté  dans 
fa  couverture  ,  dans  fa  robe  de  chambre  ;  pour  dire 
qu'il  s'en  eft  enveloppé  pour  fe  garantir  du  froid. 

Empaqueté  ,  ée.  part.  &:  adj.  Compaclus. 

Il  fe  dit  des  perfonnes  qui  fonr  prelEées  dans  un 
carrolTc' ,  dans  un  coche  ,  &c.  Nous  étions  empa- 
quetés dans  ce  cociie. 

EMPARAGÉ  ,  EE.  adj.  Vieux  mot  ,  qui  fignifie  joint , 
conjointiÇon  pareil. On  dit  une  fille  emparagée  m- 
blement ,  c'efî-à-dire  ^  mariée  à  fon  pareil  en  no- 


E  M  P  ^65 

bk-lTe.  Paritate  feu  paragio  dotât  a  ,  comme  parle 
Philippe  le  Bel  dans  une  lettre  de  ijctJ,  publiée 
par  M.  Baluze  dans  les  preuves  des  vies  des  i^apes 
d'Avignon. 

D'autres  coutumes  difent  apparagé. 

EMPARAGER.  v.  a.  Vieux  mot.  Mettre  dans  un  rang 
égal  à  celui  qu'on  a.  On  difoit  autrefois,  ew/^^nî-jt/- 
unehlle;  pour  dire  la  marier  noblement  &  lans  dé- 
rogeance. 

EAIPARER.  Qui  ne  fe  dit  qu'avec  le  pronom  per- 
fonnel  S'EMPARER,  v.  recip.  Se  failir  par  force 
ou  par  adrelEe  de  quelque  chofe  ,  s'en  rendre 
maîtie.  Vi  capere ,  occupare.  il  ^'empara  d'abord 
de  la  Fortereflé.  On  peut  s'emparer  de  ces  détroits 
avant  qu'on  s'en  apperçoive.  S'empare--  de  l'Empire, 
du  Royaume ,  de  l'Etat.  Les  ennemisfe  font  emparées 
d'une  telle  ville.  Il  s'elf  emparé  de  mon  manteau. 

Ce  mot  vient  du  Latin  amparare  ^  qui  lignifie 
occuper  ,  prendre  la  défenfe  &  la  proteéfion  de 
quelque  chofe,  pour  en  difpofer  comme  à  loi  ap- 
partenant. Chez  les  Efpagnols  le  mot  d'amparar  ne 
lignifie  autre  chofe  que  défendre  ;  &  defamparar  y 
cejjerde  dcjendre.  Covarruvias.  Autrefois  il  a  fi- 
gnifie aulfi  en  Efpagnol  envahir ,  prendre  :  empa- 
rare,  amparare  ,  imparare  ^  le  trouvent  en  ce  lens 
dans  les  lois  Palatines  de  Jacques  II  Roi  de  Major- 
que ,  imprimées  par  le  P.  Papebroch  ,  Acl.  SS. 
Junii,  T.  m.  Foyci  p.  LI  &  LU. 

Emparer  ^  fedit,  figurément,  de  l'efprlt',  &  de  ce  qui 
le  maîtrife ,  le  gouverne.  Ce  Miniftre  s'eft  emparé 
de  l'elprit  du  Roi.  Comme  la  Fortune  ne  s'étoit  pas 
encore  emparée  de  fon  eiprit ,  il  la  porta  modéré- 
ment dans  les  commencemens  ;  mais  à  la  fin  il 
n'eut  pas  la  force  de  la  foutenir.  Port-R.  La  jalou-  ■ 
fie  s  empara  de  toute  mon  ame.  Je  connois  ce  que 
l'amour  prépare  aux  foibles  cœurs  dont  il  s'empare. 
Font.  Corneille  s'eft  emparé  du  Théâtre.  La  Br. 
Il  ne  faut  pat  s'emparer  de  la  convetfation.  M, 
ScuD. 

Le  jour  ne  reviendra  qu'avec  trop  de  vlteffe , 

Et  mille  foins  divers 
^'empareront  del'Univers.  Fontenelle. 

EMPARFUMEPv  de  bonnes  odeurs.  Ce  mot  fe  trouve 
dans  Ronfard.Il  eft  vieux  &  hors  d'ufige. 

EMPARLIER.  Vieux  mot  inufité  ,  qui  lignifie  Ad^ 
vocat plaidant ,  &  qui  fe  trouve  en  cette  fignification 
dansHéliiiand.  Mén.  On  a  dit  aufii  parlier  ^  &  apar- 
lierions  noms  relatifs  à  leur  profefiion  j  &  on  difoic 
encore  e/Tz^cr/e  pour  éloquent.  Ijokel.  Advocatas  ^ 
caufidicus  ,  caujarum  patronus  ,  dicentarii.  On  les  a 
auilî appelés  Conteurs  &  Plaideurs.  Clamatores. 

EMPASME.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie.C'eft  une  pou- 
dre parfumée  qu'on  répand  furie  corps,  pour  en 
corriger  la  mauvaile  odeur ,  &  pour  empêcher  les 
fueurs  inutiles.  LmpaJ'ma. 

Ce  mot  vient  du  Grec  i^r«i^^fi»,  arrofer. 

EMPASTELER.  v.  a.  Terme  de  Teinture.  C'eft  ,  don- 
ner le  bleu  aux  lames  &  aux  étofres  par  le  moyui  du 
pafel,  ou  de  la  guède  ,  qui  eft  la  même  chofe. 
Glaflo  mcdicare  ,  inficere  j  imingere.  Il  faut  gueder 
&  empajlelcr  les  étoffes  pour  leur  donnet  un  pied 
de  bon  teint. 

EMPATEMENT,  f  m.  Terme  d'Architcéfure  ,  fyno- 
nyme  à  patte  ,  à  pied.  EpailEeur  de  maçonnerie  qui 
fert  de  pied  à  un  mur  ;  fes  fondemens  ,  fa  partie  la 
plus  balfe.  Bafs,  pes.  L'empâtement ,  pour  être 
fur  J  doit  être  le  double  du  mur,  félon  Palladio: 
&,  félon  de  Lorme,'^fi  le  mur  eft  de  deux  pieds  d'é- 
pailEeur  ,   V  empâtement  do\i  êtte  de  trois  pieds. 

On  appelle  aulîl  empâtement  ou  racinaux  d'une 
grue  ,  les  pièces  de  bois  fur  lefquelles  elle  eft  conf- 
rruite&  élevée.  Voyex  ci-delfus  Embrassure. 

Empâtement  J  en  termes  de  Fortification,  figniHe  auftî 
le  valus  ,  ou  pied  d'un  rempart ,  ou  d'une  muraille , 
qui  la  foutient  j  &  empêchequ'elle  ne  s'éboule.P«. 

Empâtement.  On  pourroit  fe  fervir  de  ce  mot  ,  en 
termes  de  Peinture ,  dans  le  même  fcns  que  le  verbe 


664  ï^  M  P 

empâter.  Vempâ-iemcnt  d'un  tableau  j  \ empalement 
des  couleurs.  X?/<3.  ,^e  Peine.  &  d'Anh.  Voye\  Em- 
pâter ,  terme  de  Peinture. 
Ce  mot  vient  de  Vàte. 

F.MPATER.  V.  a.  Terme  de  Charron.  Faire  les  pattes 

'  des  raies  des  rouiS.  Pedzs  addeie,  Jingere.  tmpater 
des  rais.  L'a  le  prononce  breir. 

^  Empâter..  Terme  de  Marine  ,  faire  des  empatu- 
res.  Koye'^  ce  mot. 

EMPÂTER.  V.  a.  Kçm'çïuAQ^^ic.Inquinarejgluûnare, 
gypfare.  Il  ne  fe  dit  guère  qu'au  participe.  Il  a  les 
inams  empâtées ,  plemesdc  pâte  ,  Hilies  de  pâte.  On 
le  dit  de  tout  ce  qui  ell  glu.uit ,  comme  des  confitu- 
res. Cela  m'a  empdtc  les  mains. 

|p°  On  le  du  d.rns  les  cuilînes  pour  couvrir  de 
pâte.  On  empâte  des  artichauts  pour  les  faire  frire  j 
c'cft-à-dire  ,  on  les  roule  dans  de  la  farine  délayée 
avec  des  jaunes  d'œufs  &  du  fel.  ^ 

Empâter,  lignifie  aulîi ,  rendre  pâteux  \  &  alors  il  ne 
ledit  guère  que  de  la  bouche  &  de  la  langue.  Cela 
m'a  tout  empâté  la  bouche.  Cela  empâte  la  langue. 

ÏMPÀTER  ,  en  termes  de  Peinture  ,  fignifie  mettre  des 
couleurs  gralfemenr  &  avec  liberté.  Mettre  les  cou- 
leurs avec  abondance  ôc  la  confiftance  nécelfaire 
pour  être  maniées  d'une  façon  moclleufe.  Denfare. 
faturarc  ,  inducere. 

^  On  le  dit  aulîî ,  pour  mettre  des  couleurs 
chacune  à  leur  place,  fans  les  mêler  enfemble. /^o> 
Empâté. 

^Zt  En  Gravure  on  die  que  les  chairs  font  bien 
empâtées  ,  lorfque  le  travail  des  tailles  &  des  points 
rend  le  moelleux  de  la  Peinture. 

Empâter  j  terme  d'Economie  ruftique ,  fe  dit  des 
chapons  j  poulardes  &  autres  volailles  ^  auxquelles 
on  fait  manger  de  la  pâte  d'orge  pour  lesengrailfer. 
N'oubliez  ^olsÔl  empâter  ces  chapons.  Je  hisempater 
une  douzaine  de  chapons  &  autant  de  poulardes 
pour  mon  carême.  Cela  fe  fait  avec  de  la  pâte  cou- 

fiéeen  petits  morceaux  longs  ,  ronds  Se  gros  comme 
epetit  doigt ,  qu'on  met  tremper  dans  du  lait,  que 
Ton  fourre  ds  force  dans  la  gorge  des  volailles  ,  &i 
qu'on  leur  fait  avaler.  Quand  on  eft  piellé  d'en- 
grailfer ,  on  ajoure  du  beurre  dans  la  pâte  ;  C<  Ton  fe 
fert  de  pâte  de  bled-homent. 

Empâter.  En  termes  de  Meunier  on  appelle  empâter 
une  meule  ,  lorfqii'on  met  de  la  pâte  dans  les  trous 
qui  font  à  la  meule.  Mon-feulemenc  cette  pâtejert 
à  remplir  ces  trous ,  mais  elle  fert  encore  à  aftran- 
chir  la  farine  &  à  lui  donner  de  l'amitié. 

Empâté,  ée.  part.  Il  a  les  fignitîcations  de  fon  verbe 
en  Latin  &  en  François.  Tableau  bien  empâté  de 
couleurs ,  bien  nourri  de  couleurs-  On  le  dit  auifi  j 
quand  on  met  des  couleurs  chacune  à  leur  place  , 
fans  les  fondre  ,  lesnoyerenfemble.  Cette  tête  n'eft 
point  peinte  ,  elle  n'elf  qaempâtée.  Voy.  Empâter. 
Ce  mot  vient  as  pâte. 

EMPATION.  Petite  contrée  d'Afrique  ,  dans  l'Abyffi- 
nie,  à l'extrénHté  orientale  du  Royaume  de  Dam- 
bée  ,  &:  à  l'extrémité  occidentale  de  celui  de  Baga- 
medri. 

EMPATRONNER.  Vieux  mot.  On  a  dit  autrefois  , 
s'empatronner  ,  comme  on  dit  maintenant  s'impa- 
tronifer  :  pour  dire  ,  s'ingérer  j  fe  rendre  le  maître 
dans  une  maifon  ,  dans  une  aftaire,  &c.  S'empatron- 
nereil  vieux  ,  &  s'impatronifer  eltdu  ftyle  familier. 

EMPATDRE.f.  f.  Terme  de  Marine.  Jonétion  de  deux 
pièces  de  bois  mifes  dans  un  vailfeau  ,  dont  elles 
font  membres  l'une  à  l'autre.  Juncîura.  On  l'appelle 
ei^/^erve  dans  la  Manche. 

EMPAUMER.  V.  a.  C'eft  proprement,  recevoir  une 
balle  ,  ou  un  éteuf  à  plein  dans  le  milieu  de  la  paume 
de  la  main  ,  de  laraquette  ou  du  battoir ,  &  la  pouf 
fer  fortement.  Palmu  feu  vola  exàpere.  Voilà  un 
éteuf  bien  empaumé.  Empaumer  une  baie. 

Empaomer,  figniheaufli.  Serrer  la  main.  Comprehen- 
dere.  Cet  homme  efl:  fi  fort  que,  quand  il  a  une  fois 
empaumé  <\\\Q\(\n<:  chofe  y  on  ne  la  lui  fauroit  arra- 
cher. Quand  cefergenta  une  fois  empaumé  an  pri- 
fonnier,  il  ne  lui  échappe  pas.  On  dit  aufii  empaumer 


E  M  P 

la  joue  à  quelqu'un  ,  pour  dire  lui  donner  un  fouf^' 
flet.  Alapam  impinacre. 

Ce  mot  vient  de  in  ,  &  dspalma  j  d'où  l'on  feroit 
impaimare. 

|C/"  Ce  mot  a  pafié,des  jeux  de  paume,dans  la  £o- 
ciété  où  l'on  dit,au figuré,  dans  le  Ityle  himilier  feu- 
lement,  empaumer  wnc  A.'àAUQ  ,  pour  due,  la  bie;» 
laihr  J  S<.  la  conduire  avec  chaleur  \  empaumer q\ie.~ 
qu'un,  l'efprit  de  quelqu'un  ,  s  en  rendre  maître  au 
point  de  lui  faire  laire  tout  ce  que  Ion  veut.  Occu- 
pare  Le  traître  a  em,paume  Ion  elprit.  Mol.  Il  s'eft 
laiiré  empaumer  comme  un  fot. 

Quelque  faux' complaifant,  qui  y  par  des  airs  defat. 
Aura  de  votre  père  empaumé  la  cervelle. 

Rousseau. /e  Fiat. 

IJCTOn  ditjdans'lemême  (ens^empaumerlu  parole. 

Empaumer  la  voie,  en  termes  de  Vénerie ,  (ignifie^ 
fuivre  la  pifte  ,  être  dans  la  droite  voie  d'un  gibic. 
En  ce  lens  il  fe  dit  aulîi,  figurément,  d'un  homme  , 
qui,  dans  une  délibération j  dans  une  converfation  , 
laifit  vivement  une  idée ,  une  ouverture  ,  la  foie 
vivement ,  &  tâche  d'y  taire  entrer  les  autres. 

Empaumé  ,  ee.  part. 

EMPAUMURE.  f.  f.  Terme  de  Vénerie  C'eft  le  haut 
de  la  tête  d'un  vieux  cerf ,  ou  chevreuil,  qui  ell 
large  &  renverfée  j  &  où  il  y  a  plufieurs  andouil- 
liers.  Cervinorum  cûrnuumin  digltatam  palmam  deji- 
gnatio. 

Empaumvre  ,  eft  auffi  un  terme  de  Gantier.  C'eft  \x 
partie  du  gant  qui  prend  depuis  la  tente  des  doigts 
jufqu'au  pouce,  &  qui  couvre  toute  la  paume  de  la 
main.  Pu/ma,  vo/a. Voila  une  empaumure  bien  faite. 

EMPEAU.  f.  m.  Ente  en  écorce.  Pomey.  Ce  mot  qui 
fignifie  gretterdansla  peau  ou  dans  l'écorce,  commç 
la  greffe  en  couronne  ou  en  éculïon  j  n'eft  plus  d'u- 
fage.  f^o)  e\  le  mot  Greffe - 

EMPECHE,  vieux  I.  f.  Empêchement.  Impeiïmentum ^ 
Obex. 

Le  veux-tu  vif  tirer  hors  du  cercueil , 

Pour  àjonbien  mettre  empêche  6*  défenfe.  Mar, 

EMPÊCHEMENT,  f.  m.  Oppofition  ,  obftacle.  Im- 
pedimentum.  On  a  formé  un  empcchement  à  la  récep- 
tion d'un  tel  en  la  charge  de  Prélident.  Il  faut  que 
les  Grands  lurmontent  tous  les  empcchemens  exté- 
rieurs pour  connoître  la  vérité.  Nie.  Ce  Capitaine 
a  palfé  les  monts  j  malgré  tous  les  empcchemens  que 
les  ennemis  &  la  nature  y  avoient  oppofés.  Il  faut 
mofurer  la  vertu  par  la  grandeur  des  empcchemens 
qu  il  falloir  vaincre.  Nie. 

fjZT  Nous  avons  déjà  remarqué ,  au  mot  difficulté^ 
les  nuances  particulières  qui  diftinguent  ces  deux 
tej;mes,  obstacle  j  &  empêchement.  L'objlacle  arrête, 
il  fe  rencontre  proprement  fur  nos  pas ,  &  barre 
nos  démarches.  L'empêchement  réfifte,  il  femble  mis 
exprès  pour  s'oppofer  à  l'exécution  de  nos  volontés. 
Il  tait  entendre  quelque  chofe  qui  dépend  d'une  loi 
ou  d'une  force  iupérieure.  La  proche  parenté  eft  un 
empêchement  au  mariage ,  que  les  lois  ont  mis  &c  que 
les  lois  peuvent  ôter. 

Empêchement,  f.  m.  Terme  de  Droit  en  matière  de 
mariage.  Impedinicntum.  Par  le  mot  à' empêchement 
en  matière  de  mariage  ,  on  entend  tout  ce  qui  peut 
rendre  le  mariage  nul,  ou  illicite.  Conf.  i>'Ang.  Il 
y  a  deux  fortes  &empcchemens  \  les  uns  qu'on  ap- 
pelle dirimans  ,  parce  qu'ils  rendent  les  perfonnes 
dans  lefquelles  ils  fe  rencontrent  ,  inhabiles  à  con- 
traéfer  \  les  autres  qu'on  nomme  prohibitifs  ou  em- 
pêchans ,  parce  qu'ils  rendent  feulement  les  per- 
fonnes contraébantes  criminelles  ,  fans  nuire  à  la  va- 
lidité du  mariage.  Id.  On  compte  douze  empêche^ 
wc;?j  dirimans.  i°.  L'erreur  ou  la  furprife  quand  à 
la  perfonne.  x° .  La  furprife  quant  à  l'état  ou  à  la 
condition  des  perfonnes.  5°.  Les  vœux  folennels  de 
chafteté.  4°.  La  parenté  en  certains  degrés.  5".  Le 
crime ,  c'eft- à-dire ,  l'homicide  &  l'adultère  en  cer- 
tains 


EMP 

rains  cis.  6°.  La  différence  de  Religion.  7°.  La  vio-i 
ience.  8°.  L'engagement  dans  ks  Ordres  facrés.  9". 
Un  premier  mariage  fLibiillanr.  lo*.  L  honncteté 
publique-  11°.  L'atiinité  en  certains  dégrés.  ii''. 
L'impuillance.  Id.  Ou  les  comprend  dans  ces  vers 
techniques. 

Error  3  condhio ,  votum ,  cognado  j  crlmcn. 
Cultûs  difparitas  ,  vis  ,  ordo  j  iigamen,  honejlas  , 
^cas  j  ajjines  j  k  dandejlinus  &  impos  j 
Kapuquejît  muiicr ,  nec parti  reddita  tuc£. 
H<zc  Jocianda  vctant  connubïa ,  facla  rctraclant. 


\ 


Quant  à  ceux  que  ces  vers  marquent  de  plus  que 
les  douze  dont  on  vient  de  parler  ,  voici  ce  qu'il 
faut  obferver.  Le  Concile  de  Trente  a  ajouté  deux 
autres  cmpcchemens  dirimans  ,  qui  fubfil1:ent  dans 
les  lieux  où  ces  Décrets  font  en  ufage  ;  favoir  ,  le 
rapt  &laclandertinité.  Quelques  Auteurs  ajoutent  la 
démence.  Conf.  d'Ang.  Les  mariages  contraélés  en- 
tre des  impubères  font  encore  nuls.  L'affinité  qiii  fe 
contraébe  par  l'adoption  n'ell  qu'un  empêchement Aq 
bienféance  pour  le  mariage.  G.  G. 

On  ne  reconnoît  en  France  que  quatre  empcche- 
mens  prohibitifs,  qui  foient  en  ulage:  favoir ,  la 
défenfe  qui  a  été  taite  par  un  fupérieur  légitime  de 
procéder  à  la  célébration  du  mariage ,  le  temps  peu-, 
dant  lequel  les  mariages  font  interdits  j  l'engage- 
ment qu'on  a  contraété  par  des  fiançailles  avec  quel 
que  autre  perfonne  \  le  vœu  fimple  de  charteté  ou  d'.- 
Religion.  Id. 

EMPÊCHEMENT  DE  LUMIERE.  Terme  d'Aftrologie. 
Objlaculuin.  l\  y  a  empêchement  ds  lumière,  lorl- 
qu'une  planète  tardive  fe  trouve  entre  deux  véloces. 

fMPÊCliER.  V.  a.  S'oppofer  à  quelque  chofe  appor- 
ter quelque  empêchement.  Impedire,  oh/Iure.La  pé- 
'iiultième  de  ce  mot  eft  très-longue.  Nos  plaiiirsle 
choquent  Se  empêchent  l'un  l'autre.  Mont.  Si  on  ne 
veut  pas  faire  du  bien,  il  ne-  faut  pas  empêcher  que 
les  autres  n'en  falTenr.Le  ProcureurGénéral  qui  con- 
fent  l'entérinement  d'une  Requête  dit ,  je  ne  ïem- 
p'êche  pour  le  Roi.  Non  ijitercedo ,  nihil  moror.  Une 
faifie  empêche  qu'on  ne  fdit  payé.  Ts.i'empêchere:;-vou'^ 
de  maudire  des  avaricieux  ?  KIoliere. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  impechiare ,  qu'on  a 
dit  dans  la  balFe  Latinité  en  la  même  fignificacion. 
D'autres  le  font  venir  de  »r«"/iV_,  qui  veut  dire  un  la- 
cet, des  filets.  Guichart  trouve  que  le  mot  empê- 
cher approche  du  mot  Hébreu  ppn  ,  retenir,  arrêter. 
La  première  étymologie  eft  la  plus  naturelle  j  &  la 
feule  vraifemblable. 

Empêcher, avec  le  pronom  perfonnel,  fignifie  j  s'ab- 
teinr ,  fe  défendre.  Abjlinere  ,  contincre ,  recufare. 
l!  ne  pouvoir  s  empêcher  Auxiq.  Les  Philofophes  ne 
inépnfoient  point  la  mort  j  ils  alloient  de  bonne 
grâce  où  ils  ne  pouvoient  %  empêcher  d'aller.  Ro- 

CIIEF. 

Empêcher  j  fignifieaulîî,  EmbarrafTer  ,  occuper.  Difti- 
nere  ,  occupare.  C'eft  un  homme  qui  a  de  grands 
emplois  j  qui  l'empêchent  de  vaquer  à  (es  affaires 
propres.  Et ,  au  contraire,  on  dit  d'un  fainéant  qui 
ne  fait  où  aller,  ni  à  quoi  s'occuper  ,  qu'il  efl:  fort 
empêché  Aq  fa  perfonne. 

Empêcher  ,  fe  dit  aulli  à  l'égard  des  chofes  inanimées. 
Le  reffort  de  cette  montre  ne  va  pas  ,  il  y  a  quelque 
chofe  qui  l'empcche  d'agir.  Le  vent  contraire  nous 
empêche  d'entrer  dans  le  port.  Les  digues,  les  levées 
empêchent  les  inondations.  Il  a  une  fluxion  fur  le 
bras  qui  l'empêche  de  s'en  fervir.  On  .appelle  une 
manœuvre  empêchée  ,  une  manœuvre  embarraffée  : 
cela  approche  plus  du  Latin  impeditus ,  qui  figniiîe 
la  même  chofe- 

Empêché  ,  ée.  part. 

Jeunes  cceurs  font  bien  empêchés 
A  tenir  leurs  defirs  cachés.  La  Font. 

Etre  empêché  à  quelque  chofe ,  expreflîon  à  peine 
foufferte  dans  !e  comique. 
Terne  III. 


E  MP  66^ 

On  dit  d'un  homme  qui  s'intrigue  ,  qui  fe  fait 
valoir,  qui  le  mêle  de  bien  des  chofes,  qu'il  fait 
bien  l'empêché. 

On  dit,proverbialement ,  Un  homme  empêché ds 
ùi  perfonne ,  de  la  contenance ,   pour  dire  ,   Un 
homme  qui  eft  dans  un  grand  embarras  d'efprit,  ou 
limplement  j  qui  ne  fait  comment  fe  tenir. 
EMPEIGNE,  f  f.  Terme  de  Cordonnier.  C'eft  le  cuir 
de  dellus  d'un  foulier  ,  qui  s'étend  depuis  le  cou 
jufqu'au  bout  du  pied.  Superius  calcei  corium,  objlra- 
gulum  J  tcgmen. 
EMPELLEMENT.  f.  m.  C'eft  la  même  chofe  que  lan- 
çoir :,  vanne, palle ,  «Sec.  car  on  l'appelle   différem- 
mecc  félon  les  divers  pays.  Foye-  ces  mots.  Il  y  a 
des  empellemens  aux  biez  des  moulins  ,  aux   eclu- 
fcs ,  aux  étangs  j  &c.   \J empellement  d'un  étang  on 
d  un  lac,eft  la  palle  ou  bonae  qui  felève&  fe  baille, 
pour  hure  forcir  ou  retenir  l'eau.  Pai/a.  \Jn  Pécheur 
ayant  abailfé  les  vannes  ou  empellemens  d'an  de  ces 
lacs,  afin  de  mettre  la  rivière  à  fec,  pour  pouvoir 
pêcher  des  truites,  &  n'ayant  pu,  étant  feul  ,  re- 
lever ces  empellemens  ,  le  lac  fe  remplit  tellement  , 
que  l'eau  emporta  les  éclufes.  Gaultier.  Traité  de 
la  conjlruclion  des  chemins. 
EMPELOTE.  adj.  m.  Terme  de  Fauconnerie  ,  qui  fe 
dit  d'un  oifeau  qui  ne  peut  digérer  ce  qu'il  a  avalé  , 
parce  qu'il  a  dans  l'eftomac  un  peloton  de  poils ,  ou 
de  plumes.  Pr&focatus.  On  lui  tire  ce  peloton  avec 
un  ler  qu'on  nomme  defempelotoir.  Quand  la  même 
chofe  eft  arrivée  aux  chiens  ,on  dit  qu'ils  font  crof- 
fés;  (Se  pour  les  poules  on  ditannouées,ouangouées. 
NicoT  ,  fur  le  mot  Annouer. 

§CJ"On  ditauiîi,  iempclotter.  Cet  oifeau  s'empc- 
lotte. 
EMPENNACHER.  Foye^  Empanacher. 
EMPENNE,  f.f.  Vieux  mot.  Ailerons  de  plumes  que 
l'on  met  aux  côtés  d'une  flèche ,  pour  la  faire  aller 
droit.  Penna  ,  pinna  Vo\e\  Empenner. 
EMPENNELLE.  f.  f.  Terme  de  M.-.rine.  Petite  ancre 
que  l'on  mouille  au-devant  d'une  groffe.  Brevior 
anchora.  Il  y  a  un  petir  cable  cjui  la  tient ,  &  ce  ca- 
ble eft  attaché  à  la  grode  ancre ,  afin  que  le  vailFeau 
foit  plus  en  état  de  réfifter  au  vent. 
EMPENNELER.  y^i/ii'e/'e^/vvwrem  anchoram.  Terme 
de  Marine.  C'eft  mettre  une  petite  nncre  au-devnnt 
d'une  gfofle,  pour  empêcher  la  grolle  de  calfer.  On 
empennelle  diftéremment  lorfqu'on  eft  mouillé  ,  & 
lorfqu'on  eft  .à  la  voile.  La  manœuvre  a  été  enfeignée 
par  Â^I.  de  Tourville:  lorfqu'on  eft  mouillé,  il  faut 
que  l'orin  de  l'ancre  ait  tout  au  moins  le  double  de 
brafles  du  fonds  où  l'on  eft  :  la  bouée  étant  défrnpée, 
il  faut  étalinguer  le  bout  de  l'orin  fur  une  petite  an- 
cre à  touer  ;  &  ,  lorfque  la  mer  porte  en  avant  de 
l'ancre  J  il  faut  y  porter  l'ancte  à  touer,  qui,  étant 
mouillée,  foulage  &  empêche  de  calfer.  Mais ,  pour 
empennelerane  ancre  lorfqu'on  eft  à  la  voile  ,  il  faut 
étalinguer  l'orin  qui  eft  fur  la  patte  delà  grofle  an  ■ 
cre,  &  une  ancre  à  touer  ,  où  il  y  aura  une  petite 
manœuvre  en  guile  d'orin  ;  Se  tenir  hors  du  bord 
prêt  à  mouiller  :  lorfque  toutes  les  voihs  feront  cat- 
guées  J  il  faut  venir  au  vent  du  coté  que  l'on  veut 


mouiller,  &  border  l'artimon  ;  &,  quand  le  navire 
eft  amorti,  il  faut  lailTer  l'ancre  à  touer,  &:  ne  mouil- 
ler la  grolFe  ancre  que  lorfque  le  grelin  de  l'ancre  à 
touer  commence  à  faire  force  &  à  roidir.  De  cette 
manière  la  grolTe  ancre  fera  empennelée,Sc  ne  pourra 
cafter. 

EMPENNER.  v.  a.  Les  deux  n  fe  prononcent.  Garnir 
une  flèche  de  plumes  pour  la  conduire  en  l'air,  &:  la 
faire  aller  plus  droit.  Pinnis  infiruere  j  munire.  Em- 
penner une  flcche. 

Empenne  ,  ée.  part.  Pennatus  ,  pinnatus.  Il  eft  aufli  en 
ufage  en  termes  de  Blafon.  Son  compofé  eft  defem- 
penné.  Foye-{  ce  mot. 

Ce  mot  vient  dêimpennare  ■,  de  penna. 

EMPENNON.  f.  m.  'Vieux  mot.  Les  plumes  qui 
éroientà  l'extrémité  d'une  flèche.  Sagitt&pejma,  ou 
pluma. 

EMPEtUDOR.    La  Punta  dd  Empcrador  ,   c'eft-i- 

Pppp 


656 


E  MP 


.dire  ,  la  pointe  ou  le  Cap  de  l'Empeieuf  ;  Cap  du 
E.oyauine  de  Valence  en  Eî'pagne ,   entre  Dénia  & 
le  Cap  Marcin.  Capuc  Impcratoris.   C'elt  le  Dia- 
jùum  Promontorium  des  Anciens.  Promontoire  de 
Diane. 
EMPEREUR,  f.  m.  Imperator.  Ce  mot,  formé  dii  La- 
tin i/Tz/per^îre,  du  .temps  des  anciens  Romains   lîgni- 
.fioit  feulement  un  Général  d'armée  \  mais  depuis  il 
a  lîgnihé  un  Monarque  abfolu ,  un  Chef  qui  com- 
mande à  un  Empire  ,  qui  tient  le  premier  rang  entre 
les  Souverains.  Un  Empere:irKomixu\.  Néron  enten- 
dit raillerie  fur  fes  vers ,  &:  ne  crut  pas  que  l'Empe- 
reur dm  Tpzendta  les  intérêts  duPocte.  Bon.  Si  le  ti- 
tre d'^OT/^^rcw/' n'ajoute  rien  aux  droits  de  la  fouve- 
raineté  ,  c'eft   pourtant  une  prééminence  dans  le 
•monde,  qui  élève  ceux  qui  en  l'ont  revêtus  au  faîte 
des  grandeurs  humaines. 
Empereur.  Titre  qu'on    donne  aux  Souverains   de 
certains  pays.  Empereur  de  la  Chine.  Empereur  du 
Japon.  On  donne  encore  ce  nom  au  Kan  des  Tar- 
tares ,  au  Sultan  des  Turcs  j  au  Czar  des  Mofco- 
vites  ,  &à  d'autres  qui  portedent  beaucoup  plus  de 
terres  j  que  n'en  comprend  l'Empire  d'Allemagne. 
En  Occident  ce  nom  ell  particulièrement  reftreint 
à  celui  qui  a  été  choifi  par  les  Eledeurs  de  l'Empire 
Germanique.  Charlemagne  reçut  du  Pape  Léon  IIL 
le  titre  à'Empereur  ,  dont  il  avoit  déjà   toute  la 
puillance.  L'autorité  de  l'Empereur  lur  tous  les  Etats 
qui  compofent  l'Allemagne,  conlille  à  préiider  aux 
Diètes  Impériales,  comme  Chef  de  l'Empire  :  fa 
voix  feule  peut  empêcher  toutes  les  rélolutions  de 
la  Diète.  Tous  les  Princes  &  Etats  de  l'Empire  font 
obligés  de  lui  faire  foi  &C  hommage  ,  &  ferment 
de  fidélité  :  il  a  le   droit  de  faire  commander  par 
fés  Généraux  les  troupes  des  Souverains  d'Allema- 
gne lorfqu'elles  font  réunies.  Il  reçoit  de   tous  les 
Princes  &  Etats  de  l'Empire  une  efpèce  de  tribut 
nommé  le  Mois  Romain  ;   mais  d'ailleurs  il  n'a  ni 
terres ,  ni  domaine.  Il  n'a  pas  le  droit  d'y  faire  des 
lois  :  le  pouvoir  légiflatif  réiide  dans  tout  l'Empire 
dont  iln'eftque  le  repréfentant.  CommQ E mpereur , 
il  ne  peut  faire  ni  guerre  ,  ni  paix,  ni  coutraéler au- 
cune alliance  ,  fans  le  confentement  de  l'Empire  ; 
mais ,  dans  les  guerres  qui  ont  été  entreprifes  de  l'a- 
veu du  Corps  Germanique  ,  on  lui  accorde  les  fom- 
mes  nécelTaires ,  Se  c'eii  là  ce  qu'on  appelle  Mois 
ïiûmains. 

Les  Empereurs  prétendent  que  la  dignité  Impé- 
ïiale  eft  plus  éminenteque  celle  des  Rois  :  mais  on 
ne  convient  point  de  cette  ptérogative.  Les  abfolus 
Monarques  ,  ceux  de  Babylone ,  de  Perfe  ,  d'Affy- 
rie  ,  ont  eu  le  nom  de  Roi  dans  toutes  les  langues 
anciennes  ou  modernes. 

L'hiftoire  ^  la  première  inftitution  du  titre  d'fw- 
pereur  nows  fontconnoître  combien  il  eft  inférieur  à 
celui  de  Roi,  qui  eft  bien  plus  augulfe.  Le  titre 
^Empereur  ,  tandis  que  la  République  Romaine 
fublîlla ,  étoit  une  qualité  que  les  foldats  Romains 
déféroient  à  leurs  Généraux  ^  à  l'occafion  de  quel- 
que avantage  remporté  fur  l'ennemi.  Cicéron  fut 
falué  Empereur  par  l'armée  qu'il  cominandoit.  après 
qu'il  eut  mis  en  fuite  quelques  Barbares  dans  fon 
Gouvernement  de  Cilicie.  Sous  les  premiers  Empe- 
reurs la  fignification  de  ce  titre  ne  fut  point  changée: 
il  ne  donnoit  aucune  prééminence.  Augufle  &  Ti- 
bère, fuivant  l'ancienne  coutume,  permirent  que^ 
ce  titre  fut  déféré  par  les  légions  à  leurs  Généraux  ; 
ou  ils  l'accordèrent  eux-mêmes  ,  comme  Tacite  le 
remarque  en  particulier  de  Blœfus.  Le  même  Au- 
teur tait  fcntir  la  politique  d'Augulfe  ,  qui  évita  les 
litres  éclarans  de  Roi  &  de  Diétateur ,  s'étant  con- 
tenté du  nom  de  Prince  du  Sénat ,  c'eft-à-dire  ,  de 
premier  Sénateur ,  &  qui  conferva  toutes  les  mê- 
iTies  apparences  &  les  mêmes  Magiftratures. Tibère 
vouloir  que  tout  fe  fît  au  nom  des  Confuls  j  com- 
me du  temps  de  la  République  j  &c  il  n'allèmbloit 
le  Sénat  qu'en  vertu  de  la  puilfance  Tribunicienne, 
qui  lui  avoit  été  conféréepar  Augulle.Tibère  fit  des 
cxcufes  à  Q.  Haterius,  de  ce  qu'en  qualité  de  Se- 


E  MP 

nateur  il  foutenoit  un  fentiment  oppofé  j  &:  il 
poulfa  la  diffimulation  jufquà  appeler  les  Sénateurs 
les  maîtres.  Ayant  été  appelé  Seigneur  par  un  Ci- 
toyen j  il  le  pria  de  ne  lui  plus  donner  un  nom  qu'il 
ne  pouvoir  regarder  que  comme  une  oftenfe.  Suc 
ces  principes  tirés  de  la  véritable  conllitution  de 
l'Empire  Romain  ,  qi^elle  comparaifon  du  titre 
à'Empereur  à  celui  de  Roi ,  porté  par  les  Cyrus  & 
les  Alexandres  î  De  S.  Aubin  ,  Antiq.  de  la  Nat.  & 
de  Li  Mon.  Eranc.p.  spS.  &  Juiv.  Quoi  qu'on  en  di- 
fe  ,  les  médailles  tont  fentir  de  la  difiérence  entre 
le  titre  d'i;/«/'e/'e'^r  donné  aux  Augulles,  aux  Tibè- 
res  &  à  leurs  fuccelfeuis  :  Imp.  Tiberius  Avg.  & 
TisERivs  Imp.  &  jamais  Imp.  Blas.  Le  premier  ti- 
tre s'acquéroit  plulieurs  fois  j  &  l'on  étoit  Imp.  IL 
Imp.  III.  IV.  V.  &c.  quand  on  avoit  remporté 
deux  ,  trois ,  quatre  &  cinq  viétuires  célèbres.  Par 
cette  raifon  Augulte  fut  appelé  Empereur  vingt  fois. 
L'autre  étoit  Imperator  ,  tout  court ,  &  titre  tou- 
jours conllant.  Ce  titre  fequittoir  &  finilfoit  quand 
onn'étoit  plusà  la  tête  des  Armées.  Celui-ci  ne  fe 
prenoit  qu'une  fois ,  &  continuoit  toujours  fans  in- 
terruption. 

IJCT  Je  fais  bien  qu'on  fe  fert  ordinairement  du 
mot  Empereur  j  en  parlant  du  titre  d'honneur  que 
les  foldats  Romains  déféroient  à  leurs  Généraux  pan 
acclamation  ,  après  une  viètoire  fignalée.  Mais  n'eft- 
ce  point  un  abus  d'exprimer  par  un  nom  commun 
le  Chef  de  la  République,  &  le  Chef  d'une  Armée. 
Ne  vaudroit-il  pas  mieux  conferver  le  nom  Latin  j 
comme  nous  le  faifons  dans  bien  des  occafions  ,  & 
dire,  Cicéron  fut  fa.\ué  Imperator ,  après  l'expédi- 
tion de  la  Cilicie  j  ou  fe  fervir  au  moins  d'une  péri- 
phrafe  pour  éviter  l'équivoque. 

fer  La  dignité  d'Empereur,  réunie  dans  une  feula 
perfonne  par  Jules-Céfar  ,  fut  héréditaire  fous  fes 
trois  premiers  SuccelTeurs  ,  Oétave-Augufte  ,  Ti- 
bère &  Caligula:maisjaprèslamort  de  celui-ci,  elle 
devitt  éleébive ,  &  les  armées  ufurpèrent  fouvenc 
fur  le  Sénat  le  droit  d'éleélion. 

Les  Empereurs  ont  quelquefois  érigé  des  Royau- 
mes ,  comme  on  dit  que  ceux  de  Bohême  &  de  Po- 
logne l'ont  été,  L'Empereur  Charles  leChauve  donni 
l'an  877.  la  Provence  à  Bofon  ,  lui  mit  le  Diadème 
fur  la  tête  ,  &  le  fit  appeler  Roi  j  un  more  prifcorurn 
Imperatorum  videretur  dominari.  UEmpereur  Léo- 
pold  érigea  en  1 701.  la  Prufle  Ducale  en  Royaume, 
en  faveur  de  Frédéric ,  Eleéieur  de  Brandebourg. 
D'abord  quelques  Eleéteurs  ,  la  France  ,  l'Efpagne  , 
&  leurs  alliés  ,  s'y  opposèrent  j  mais,  en  1713  ,  à 
la  paix  d'Utrecht  ,  la  difpofuion  que  l'Empereuc 
avoir  faite  fut  ratifiée  &  confirmée. 

Les  Rois  de  France  fe  font  dits  Empereurs  dans 
le  temps  qu'ils  règnoient  avec  leurs  fils  ,  qu'ils 
avoient  alfociés  à  leur  Couronne.  Hugues  Capet  j 
ayant  alfocié  à  la  Couronne  Robert  fon  fils ,  prit  le 
titre  d'Empereur  ,  &  Robert  fe  nommoit  Roi.  ..^ 
L'Hiftoire  du  Concile  de  Reims  de  Gerbert  lui  don-  '^ 
ne  ce  titre.  Le  Roi  Robert  eft  appelé  Empereur  àss 
François  par  Helgau  de  Fleury.  Louis  le  Gros  ayanc 
alfocié  fon  fils  en  ufa  de  même.  Eude  eft  aulli  appelé 
Empereur  dans  un  vieux  document  rapporté  dans 
ÏHifloire  de  la  Marche  d'Efpagne  de  M.  de  Marca  3 
col.  373.  Dans  le  premier  regiftre  des  Chartres  du 
Roi,  fol.  166.  fe  trouvent  des  Lettres  de  Louis  le 
Gros  ,  de  l'an  1116.  en  faveur  de  Raymond ,  Evê- 
que  de  Maguelonne  ,  dans  lefquelles  il  fe  qualifie  ; 
Ludovkus  Del  crdinante  Providentiâ  Francorum  Im- 
perator Augufius. 

Le  Roi  de  France  eft  appelé  préfentemeut ,  fur- 
tout  dans  les  pays  étrangers  ,  Empereur  de  France  , 
ou  des  François  ,  parce  qu'il  eft  Souverain  indé-. 
pendant,  &  eft  le  Prince  de  tout  l'Occident  qui  a  1© 
plus  d'autorité  ,  le  plus  d'empire. 

On  appelle  auflî  dans  les  Collèges,  Empereur  d'O' 
rient  j  Empereur  d'Occident,  les  Écoliers  qui  ont  les 
premières  places  de  la  clalfe. 
Empereur.  Graad  poiflça  de  mer  qui  relTemble  a» 


E  M  P 

Càrcharias.  Il  a ,  au  bout  de  fon  nvjr.-aii,  îtn  corps 
long  &  plat ,  formé  en  peigne ,  olleux ,  dur  oc  allez 
tranchant.  U  s'en  fert  pour  fe  détendre  contre  les 
autres  grands  poillbns,  &  pour  attaquer  ceux  qui 
font  plus  petits.  Quelques-uns  le  mettent  encie  les 
efpèces  de  Xiphias.  On  en  trouve  dans  la  Méditer- 
raaée  ,  &  dans  la  mer  des  Indes  Occidentales.  U  le 
nourrit  de  petits  poufons.  Sa  chair  ell  trop  dure  & 
trop  difficile  à  digérer  pour  en  pouvoir  manger.  On 
appelle  auiîi  ce  pollFon  ^fpadam  &  ejpudo. 
EMPERIÈRE.  Vieux  mot ,  qui  lignifi-  j  Impératrice. 
Imperacrix  ,  lie^'ina.  On  diiou  '■'nipérière  autrefoisj 
non -feulement  au  propre  pour  la  femme  de  l'Em- 
pereur, maisaulli  pour  les  chofes  du  genre  fémi- 
nin, qui  avoient  quelque  autorité,  prééminence  , 
excellence.  La  charité  eft  \'Empérière  de  toutes  les 
vertus  ;  on  a  dit  aufli  Empertris.  Nicot  fe  plaint  de 
ce  que  les  François  de  fon  temps  quittoient  le  mot 
A'hmpérLire  ,  «qui  lui  paroilloit  avoir  une  terminai- 
fon  plus  Françoife  ,  pour  dire  Impératrice  ,  qui  étoit 
plus  Latin  que  François  j  &  qui  avoir  bien  moins 
de  rapport  au  malculin  Empereur.  Cependant  le 
mot  t.mpénère  eft  maintenant  hors  d'ufage  ,  &  on 
ne  dit  plus  qu'Impératrice  .•  mais,  dans  le  ftyle  plai- 
fant  &  burlefque.,  on  dit  encore  Empérière  ,  &  mê- 
me Empérier  j  quoique-  par  une  licence  plus  gran- 
de ,  ce  dernier  mot  n'ayant  point  été  en  ufage:  c'ell 
un  de  cesmotsqueles  Auteurs  forgent  &  emploient, 
quand  ils  croient  que  leur  fujet  le  demande.  Le  très- 
puilTant  £'OT/'eVierde  l'Indouftan  ,  à  la  plus  parfaite 
Princeiïe  ,  Ludovife  Empérière  de  Sceaux.  Divert. 
DE  Sceaux. 

Rime  f/w^jeVière,  dans  les  anciens  Poètes  François, 
«toit  une  efpèce  de  rime  couronnée  ,  dans  laquelle  . 
la  fyllabe  qui  faifoit  la  rime ,  étoit  précédée  immé- 
diatement de  deux  fyllabes  femblables  &  de  même 
terminaifon.  On  l'appeloit  time  couronnée  Empé- 
rière ,  à  caufe  qu'elle  avoir  trois  terminaifons  fem- 
blables de  fuite ,  qui  faifoient  une  efpèce  d'écho  , 
qu'on  appeloit  triple  couronne.  Il  faut  avouer,  à  la 
honte  de  notre  nation  ,  que  les  plus  fameux  de  nos 
anciens  Poètes  avoient  le  front  de  trouver  cela  très  ■ 
beau.  Le  P.  Mourgues  en  rapporte,  àxns  £on  Traite 
de  la  Poéjie  Fruncoije  j  un  exemple  très-propre  à 
nous  faire  méprifer  le  miférable  goût  de  cette  An- 
tiquité, qui  n'auroit  pas  cru  qu'on  pût  plus  merveil- 
leufement  exprimer  que  le  monde  eft  impur  ,  per- 
vers iSc  fujet  au  changement  qu'en  difant , 


Qu'es-tu  qu'une  //Tzmonde ,  monde ,  onde? 


C'étoit  là  la  couronnée  empérière  ,  dont  on  vou 
lut  marquer  le  mérite  avec  ces  deux  mots.  M.  Mé- 
nage rapporte  un  endroit  de  V^rt  poétique  de  Char 
les  Fontaine  ,  qu'il  eft  bon  de  mettre  ici.  Rime 
Empérière  j  dit  fontaine  ,  cejl  une  efpèce  de  cou- 
ronnée ,  &  eft  dite  Empérière, /Jarce  quelle  a  la  triple 
couronne.  Cette  ne  Je  fait  que  d'une  fyllabe  répétée 
deux  fois  f.mple  après  le  mot  quelle  couronne'^  de  cette 
lia  point  ufé  lMarot,ni  les  célèbres  Poètes  de  ce  temps\ 
pour  cela  fuy-je  contraint  de  t  en  donntr  vieil  ^  &  j'ai 
peur  que  lourdtxemple. 

En  grand remorà  mort  mord 
Ceux  qui  parlais  fais  fais. 
Ont  par  e/fort  fort  fort. 
De  Clers  &  frais  rais  rês. 

EMPESAGE,  f.  m.  Manière  de  blanchir  ,  d'apprêter 
le  linge  avec  de  l'empois.  Amyli  dilutio.  Vempefage 
de  ce  linge  eft  trop  fort. 

C'eft  aullî  l'aÛion  d'empefer.   h'empefage  lui  a 
gâté  les  mains.  Acad.  Fr. 

FMPESCHEMENT.  Foye-  Empêchement. 

EMPESCHER.  Foye^  Emi>êcher. 

EMPESEMENT.  f.  m.  Linï  rigor  ex  amylo. 

EMPESER.  V.  a.  Appliquer  de  l'empois  fur  du  linge 
pour  le  rendre  plus  ferme.  Amyli  diluto  linerejinire 
*mylQ  diluere  j  indurare  linteum.  On  doit  empefer 


E  M  P  667 

les  rabats  j  les  manchettes.  On  empéfe  aufli  quel- 
ques toiles  ou  étoft'es  avec  des  gommes ,  toiles  que 
le  treillis ,  le  bougran.  Le  hnge  empefe  le  féchc  fur- 
la  platine. 

On  dit ,  en  termes  de  Marine,  Empefer  la  voile  j 
eu  iilonillcr  la  voile  ,  lotfqu  ou  jette  de  1'ea.a  uef- 
lus  J  afin  de  lui  faire  picndrc  mieux  levant.  Car, 
lorlqu'elle  eft  ufée  ,  ou  qu'il  fait  une  grande  cha- 
leur 6.'  ncherclfe,  la  toile  eft  li  claire  pai  les  cueilles 
du  milieu,  que  le  vent  paie  à  travers,  ik  ne  faiE 
point  d  effet  contre  elle;  mais,  en  la  mouillant,  ou 
empejant  ,  fon  tilfu  fe  reilèrre  ,  l'eau  remplit  les 
pores  J  ou  les  petits  trous ,  &C  léfilte  au  vent ,  arrête 
le  vent  ;  ce  qui  lui  fait  faire  plus  d'impreliion  lue 
la  voile. 

Ce  mot  vient  de  impiciare,  fait  de  la  particule  i/7j 
&  de  pix  ,  d'où  l'on  a  fait  aullî  impicium  ,  empois. 
Mais  il  y  a  plus  d'apparence  qu'il  vient  A'umpis  ^ 
vieux  mot  Celtique  ,  ou  Bas -Breton,  fignilîant 
empois.  Ménage. 

Empesé  J  ÉE.  part.  &  adj.  Rabat  empefe,  manchettes 
empejées.  Amylo  maccratus  ,  dilutusj  incrujiatus  , 
rigens. 

ïjCF  Empesé,  ée,  fedit  au  figuré.  Homme  e/n/'eyè',  qui 
a  un  air  trop  compofé  j  des  manières  aftedtécs ,  peu 
naturelles.  Style  empefé  \  ftyle  guindé  ,  qui  n'eft  pas 
naturel ,  où  il  y  a  une  trop  grande  affeéla&ion  d'ar- 
rangement, de  pureté. 

ffT  Ecartons  la  Mufe  empefée  , 

Qui ,  fe  guindant  fur  de  grands  mots  , 
Préfide  à  la  profe  toifée 
Des  Poètes   Collégiaux. 

|13*  On  le  dit  auflî  fubftantivemenr.  Il  femble 
que  le  goût  des  belles  chofes  s'émouHe  par  l'habi- 
tude y  on  cherche  de  nouveaux  allaifonnemens  pour 
le  réveiller  :  on  ne  vife  qu'à  l'efprit  :  on  le  leme 
par-tout  à  pleines  mains;  on  farde  la  nature  ,  on  la 
pare  au  gré  d'une  faulTe  délicatefte ,  on  y  veut  de 
V empefé ,  de  la  pointe,  du  miftère  :  déptavariou 
de  goût  dont  il  eft  aufli  difficile  de  fe  défaire  que  de 
la  grollièreté  même. 

EMPESEUR  ,  EMPESEUSE.  f.  m.  Celui  ou  celle  qui 
empèfe. 

On  a  appelé  un  Auteur,  en  qui  l'on  prétendoic 
qu'il  y  avoit  plus  d'art  &  de  contrainte  que  de  natu- 
rel ,  XEmpefeur  des  Mufes. 

EMPESTER.  V.  a.  Prononcez  Xs.  Pefte  inficere.  Appor- 
ter la  pefte  en  quelque  lieu.  Infeélerd'un  mal  con- 
tagieux. Un  vailfeau  d'Orient  eft  venu  empefter  le 
Royaume.  On  interdir  le  commerce  avec  les  villes 
empefiées.  On  le  dit  parextenlîon  des  chofes  puantes 
&  corrompues.  Quand  on  cure  cet  égout ,  il  empefte 
lesmaifonsvoifines.  Voilà  une  viande  puante,  qui  eft 
capable  d'empefer  un  corps.  Fi ,  ne  m'approchez 
pas,  votre  haleine  eft  e/7;/7f//ee.  Mol. 

Empester,  fe  dit,  figurément,  en  chofes  morales, 
des  mauvaifes  doctrines.  Les  différentes  Sedes  du 
Chriftianifme  s'accufent  les  unes  les  autres  d'avoic 
empefté  le  inonde  de  leurs  héréfies. 

Empesté  ,  éf.  parr.  Pefte  injeclus. 

EMPÊTRER.  V.  a.  Embarralferles  jambes  par  quelque 
chofe  qui  empêche  de  marcher.  Impedire  crura,  prt- 
pedire  ,  intricare  ,  conjicere  in  tricas.  On  le  dit  au 
propre  des  beftiaux  qu'on  met  dans  les  pâturages  , 
auxquels  on  attache  deur  jambes  cmfemble ,  pour 
empêcher  qu'ils  ne  s'éloignent. 

On  le  dit  auflî  des  chevaux  de  carrofles,  ou  de 
charrette ,  qui  s'embarralTent  les  pieds  dans  leurs 
traits.  Ondépêtre,  on  démêle  un  cheval  c^/'écr<r.  On 
le  difoit  auliijpar  extenfion,des  hommes  qui  s'em- 
barraffoient  les  jambes  par  de  grands  canons.  Les 
François  fe  plaifoient  autrefois  à  avoir  les  jambes 
empêtrées  Se  embarralFcss. 

Empêtrer  ,  fe  dit ,  figurément  j  en  chofes  morales  , 
de  toute  forte  d'embarras  ou  ensagemens.  Cet 
homme  s'eft  empêtré d\xnQ  femme,  d'un  ménage.  Il 
eft  familier. 

P  p  p  p  ij 


66^ 


EMP 


£MPÊTRH  ,    ÉE.  part.  .         /.  I 

^MPÈTRUM.  f.  m.  Empetrum.  Plante  qiu  ,  félon 
Diofcoride,  croît  dans  les  lieux  maritimes,  qui  a 
un  goût  falé,  &  qui  putgcles  humeurs  flegmatiques 
èS:  isiiieafes  :  il  n'en  dit  pas  autre  choie.  Quelques- 
uns  croient  que  c'ell  une  efpèce  de  g^rou,  que  C. 
:Bauhin  appelle  thiemUa  foins  kalï  laimgiao/isfaifis. 
L'^/«/jeOT/«  d'aujourd'hui,  félon  M.deToutnetort, 
hlcmens  de  Botan.  450.  eft  une  plante  qui  reiremble 
par  Ion  feuillage  à  nos  bruyères  communes  \  mais 
les  fleurs  font  des  bouquets  à  éramine  qui  ne  lalifent 
aucun  fruit.  Les  fruits  naillent  féparement  fur  les 
mêmes  pieds  qui' portent  les  fleurs.  Ces  fàuits  font 
des  baies  qui  renferment  deux  ou  trois  oflelers  ,  ou 
quelques  graines  menues.  Il  y  en  a  deux  efpèces  : 
l'une  a  lesYruits  noirs  ,  l'autre  les  a  blancs  ;  &  ce 
dernier  le  trouve  fur-tout  en  Portugal  dans  les  lieux 
fablonneux.  M.  Tournefort  appelle  l'un  empetrum 
montanumfruclu  ntgro  ^  &  l'autre  Speteium  Lujitani- 
cumfruclu  albo. 

IJ empetrum 3  pour  le  déciire  exadement,  eft  une 
plante  que  Ton  rangeoit  autrefois  parmi  les  bruyères. 
Elle  en  diftère  cependant  par  les  fleurs,  qui  lont  des 
bouquets  d'étamine  ,  &  qui  ne  laillent  après  elles 
aucun  fruit.  Ses  tiges  font  ligneufes ,  fes  kuilles  me- 
nues. On  trouve  dans  les  montagnes  d'Auvergne 
une  efpèce  de  ce  genre  :  elle  elf  couchée  par  terre  , 
&c  rampante  ;  fes  baies  font  noirâtres.  Empetrum 
mùiuanum  fructu  nigro  _,  Injl.  R.  herb. 

Ce  mot  vient  du  Grec  '» ,  &  a-ir^of  pierre  ,  parce 
que  cette  pUntecroîc  fur-tout  dans  les  endroits  pier- 
reux. 
EMPHASE,  f.  m.  Terme  de  Rhétorique.  Emphafis. 
Ivianière  pompeufe  de  s'exprimer  &  de  prononcer. 
Ainlî  j  il  y  a  emphafe  dans  l'expreflion  j  dans  le  ton 
de  la  VOIX  &  dans  le  gelle.  Cet  Orateur  parie  avec 
emphafe  ,  tous  fes  mors  font  pleins  d'e.72^/z<{/£f.  Cette 
périocle  doit  être  prononcée  avec  emphafe. 

Ce  mot  fc  prend  ,  ordinairenaent  ,  en  mauvaife 
part.  On  ne  prérend  pas  louer  un  homme  quand  on 
dit  qu'il  y  a  de  Vempkaje  dans  fon  difcours  ^  dans 
fon  gerte,  ou  dans  le  tonde  fa  voix.  Quel  plus  grand 
fupplice  que  d'entendre  prononcer  de  médiocres  vers 
avec  toate  V emphafe  d'un  mauvais  Poifre.  La  Br. 
Ceux  qui  font  accourûmes  aux  langues  Orientales  , 
ne  fe  laiflent  point  éblouir  à  leurs  emphafes  ,  &  à 
leurs  termes  pompeux. 

Reprime\de  vas  mots  V  ambiticufe  emphafe.  Boil. 

IMPHASÉ,  ÉE.  adj.  Plein  d'emphafe.  Tumidus,  tur- 
gidus.  Ce  mot  eft  de  la  façon  de  Roulleau.  Dans  le 
ftyle  badin  &  familier  ,  on  peut  dire  avec  lui , 

Que  les  grands  mots  &  le  ton  emphafe. 
Aufen^  commun  n'ont  jamais  impofé. 

Rousseau.  Ep.  Vil. 

EMPHATIQUE,  adj.de  t.  g.  Qui  ade  l'emphafe.  £",72- 
phaticus  3    vehemens  ,  magnijicus.     Difcours  empha- 
tique. Air  emphatique.  Prononciation  emphatique. 

Si  tout  votre  difcours  n'efobfcur,  emphatique  , 
On  fe  dira  tout  bas  :  cejl  là  ce  bel  efprit  ? 
Tout  comme  une  autre  elle  s'exfl  que. 
On  entend  tout  ce  quelle  dit.  Des  Houl. 

EMPHATIQUEMENT,  adv.  D'une  manière  empha- 
tique. Vehementer,  exaggcratè ,  magnifiée.  Cet  Ora- 
teur parle  toujours  emphatiquement^  a  un  ftyleélevc, 
pompeux  :  d'une  énergie  outrée. 
Ce  mot  vieut  du  Grec  t|«ç«<7-(r. 

EMPHRACTIQUE.  adj,  Terme  de  Pharmacie.  Em- 
phraclicus.  Voyei  EMPLA5TIQUE.  C'eft  la  même 
chofe. 

Ce  mot  vient  du  CKc^fit^^uTru^  je  bouche. 

^  EMPHYSÉMATEUX  ,  euse.  adj.  Qui  a  rapport 
à  îcmphyfême  ,  qui  eft  de  la  nature  de  l'erophylè- 
rne.   J'oy.  l'article  fuivanr.. 


EMP 

EMPfiYSÊME.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Emphyfema. 
M.  Dionis  écrit  emphijcme  ,  quoiqu'il  écrive  em- 
pycmc:  aujourd'hui  on  retranche  allez  fouvent  l'y 
des  mots  qui  doivent  en  avoir  un  fuivant  l'étymolo- 
gie.  L'emphyfème  eft  le  gonflement  de  l'habitude 
extérieure  du  corps ,  produit  par  l'air  qui  eft  ren- 
fermé fous  h  peau  y  ou  par  toute  autre  matière  fla- 
tueule  ramallce  dans  cjuelcjue  partie  du  corps.  Ce- 
pendant,  on  appelle,  particulièrement,  tumeur 
emphyiémateufe  celle  dont  le  hège  n'eft  qu'une  par- 
tie de  la  lurface  du  corps. 

Ce  mot  vient  du  Grec  j/4<?-V);k«^  q^ù  fignifie  la  mê- 
me choie.  d)!/V,,  Jiùtus, 

EMPHYTÉOSE.  1.  f  Terme  de  Jurifprudence.  Bail 
d'héritages  à  perpétuité ,  ou  à  longues  années ,  à 
charge  de  les  cultiver,  dô  les  améliorer,  &  d'en 
faire  un  certain  revenu.  Emphyteufis  ,  fundi fierilis 
in  cultura  gratiam perpétua loca'tio.  Vemphythéofe  eft 
différente  de  la  vente ,  en  ce  qu'elle  ne  transfère 
que  le  domaine  utile,  &  non  pas  la  propriété  :  elle 
elt  auiîi  diiîérente  de  la  location  qui  fe  fait  ad  brève 
tempus,  !k  dans  laquelle  on  n'eft  tenu  que  des  répara- 
tions locatives.  Voy.  Location.  Lemphytéofe  étoit 
d'abord  temporelle  chez  les  Romains ,  &  enfuite 
elle  tut  perpétuelle.  Foy.  Loifeau.  Les  emphytéofes 
font  des  beaux  au-deftus  de  dix  ans  jufqu'à  quatre- 
vingt-dix-neuf  ans.  Les  emphytéofes  font  des  efpè- 
ces d'aliénations  j  &  doivent  des  profits  de  fief. 

Ce  niot  vient  du  Grec  f,"<pu'r£oe-/î  qui  fignifie  ente  , 
greffe ,  &  par  métaphore  amélioration ,  parce  qu'on 
n'ente  les  arbres  que  pour  les  améliorer.  On  n'aliène 
aulfi  fon  bien  pendant  quelques  années  par  emphy- 
téojé ,  qu'à  condition  de  l'améliorer.  Le  vingtième 
Canon  du  huitième  Concile  Général  défend  aux 
Evcques  d'orer  les  emphytéofes  Eccléfiaftiques  aux 
particuliers ,  fi  ce  n'eft  qu'ils  aient  demeuré  trois 
ans  lans  payer  la  rente,   God. 

EMPHYTiiOTE  ,  ou  EMPHYTEUTAIRE.  f.  m. 
Terme  de  Jurifprudence.  Celui  qui  a  pris  une  em- 
phytéofe  ,  &  qui  a  pris  un  héritage  ,  ou  à  longues 
années  j  ou  à  perpétuité.  Emphytcutarius ,  emphy~ 
teuta  ,  emphyteuiicus  colonus.  Le  Droit  François  dé- 
roge au  Droit  Romain  &  Canonique ,  en  ce  que 
l'ernphytéote  ne  peut  être  expulfé  de  l'emphytéofe  , 
faute  de  payer  la  rente  pendant, deux  ou  trois  ans  , 
a  moins  que  cela  ne  tût  ftipulé  par  le  contrar. 

EMPHYTÉOTIQUE  ,  ou  Emphyteutique.  adj.  m. 
ik  f.  Qui  appartient  à  l'emphytéofe.  Emphiteuti- 
eus.  Un  bail  emphytéotique.  Une  redevance  emphy~ 
téotique cl\  une  rente  foncière  d'héritages.  Befoldus, 
dans  fon  Tréfor,  rappor.teceni  Auteurs  qui  ont  tra- 
vaillé fur  le  Droit  emphytéotique. 

Avec  la  Parque  ,  Dame  antique  , 
Qui  de  nos  jours  tient  le  cordon  , 
J'ai  fait  pour  vous  ,  fous  votre  nom  , 
Bail  de  vie  emphytéotique.  P.  du  Cerc. 

Ces  mots  viennent  du  Grec  ift^unUti ,  Inferere. 
EMPIÉGÉ  ,  EE.   adj.  m.  &  f.  Qui  eft  pris  dans  un 

piège.  Unefouris  empiégée,  un  renard  empiégé,  &c. 

L'ufage  du  mot  n'eft  pas  forr  commun  ,  Ik  il  n'y  a 

pas  d'apparence  qu'il  le  devienne. 
EMPIERIER.  V.  n.  'V^ieux  mot.  Empirer. 
EMPIERRER,  v.  a.  Petrificare  ,  lapidis  formam  In^ 

ducere.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Poniey,  ^a\xx.  pétri- 
fier, &c<i  empierrer,  pouvfe  pétrifier. 
S'EMPIERRIR.  v.  récip.  Devenir  pierre  parfaite.  La 

pierre  dans  les  carrières  eft  fouvent  molle  ,  &c  ce! 

n'eft  guère  que  hors  de  la  carrière  qu'elle  fe  durcit,. 

&  s'empierrit  tom-à-ùiz.  M.  Mongin,  Dillertation 

fur  la  pérrification  d'un  Epiploon. 
EMPIÉTANT,  Jpprehendens pedibus ,en  termes  de 

Blafon  ,  fedit  de  l'oifeau  lorfqu'il  eft  fur  fa  proie  , 

&  qu'il  la  rient  avec  fes  ferres. 
EMPIÉTÉ  ,  ÉE.  adj.  Pede  infiruclus,  celeripes.  Terme 

de  Vétierie.  Qui  eft  bien  conditionné  à  l'égard  des 

pieds,  qui  a  les  pieds  bons  &:  beaux.  Un  chjen  bien 

or-jiilc ,  bien  empiété. 


I 


E  M  P 

EMPIÉTER.  V.  a.  Ufuiper,  prendi-e  quoique  chofedu 
bien  d'aucrui.  -yindicare,  tnbuerejibi.  Les  Payians 
qui  labûiuent  font  fiijets  à  e/n/jifrtv quelques  (îllons 
lurlhéïicige  de  leur  voilîn.  Quand  on  a  rebâti  ce 
mur,  on  a.empiecd  fur  mon  héritage  plus  d'une  toi(e. 
On  dit  que  la  mer  empicce  lut  les  côtes ,  qu'une  ri- 
vière empiète ,  pour  dire  qu'elle  prend  lur  le  tcrrein 
voifin.  AcAD  Fr. 

Empiéter.  Terme  d'Aiitourferie,  qui  ledit  des  au- 
tours, lorlqu'ils  enlèvent  îk  e.Tr/'^'tft/if  la  proie.  Pr.t- 
damungu/bus  illi^are  ,  bnpUcare  ,  irrecire,  inuncare. 
A  l'égard  des  faucons,  on  dit  qu'ils  ralfomment , 
&  la  lient. 

Empiéter  une  colonne,  ou  autre  chore,c'erc  lui  donner 
pied,  lui  pofer  i'a  baie  ,  ou  Ion  picdeital.  Pomby. 
Bajvnftatuere^  fupponere,  fciemparare  cui  incumhac. 

Empiéter,  fe  dit ,  ligurément,  en  chofes  morales  j  i?c 
hgnihe  entreprendre  lut  quelqu'un  au-delà  du  droit 
qu'on  a.  Voas  empidce^  tous  les  jours  lur  moi  j  lur 
ma  charge.  Prefque  tous  les  Juges  tâchent  à'empietcr 
fur  la  JurifJidlion  des  autres.  Dès  qu'un  maître 
foutfie  que  des  valets  empiètent  fur  fon  autorité,  ils 
en  abulent. 

Empiété  ,  ée.  part. 

EMP1FRER.  V.  a.  Terme  populaire,  qui  fignilie faire 
manger  excellivement,  &;  rendre  excelllveinent  gras 
à  lorce  de  faire  manger  &  boire.  Ingurgitare  ,Jacri- 
nare.  Vous  empijre^  cet  enfant  à  force  de  lui  donner 
à  manger.  La  bonne  chère  &  la  crapule  l'ont  cmpi- 
fré  à  un  point  qu'il  n'elt  pas  reconnoillable. 

Ilfe  ditaulfiavecle  pronom  perlonnel,  &  fignihe 
fe  remplir  d'alimens,  ou  bien  devenir  excellivement 
gras  à  force  de  boire  l>:  de  manger.  DljUadi ,  i/igur- 
gitarefe.  Il  s'enipijra  tellement  à  ce  repas  j  qu'il  en 
mt  malade.  Ce  goinrre  s'ell  bien  empifre  depuis 
quelque  temps.  Cecte  femme  a  gâté  la  taille  ,  ts; 
s'elt  empijn  par  la  bonne  chère.  Les  entans  sempi- 
Jrent  de  pain  &  de  beurre. 

Empifré  j  ee.  part.  Jngurgitatus,  faginstus. 

EMPILEMENT,  f.  m.  Terme  d'Artillerie.  Empile- 
ment à<i  boulets  J  de  bombes  &  de  carcalfes  ;  c'ell  la 
manière  de  ranger  les  boulets ,  .Sec.  les  uns  fur  les 
autres.   Aggejlus  ,    aggeiatio. 

EMPILER,  v.  a.  Mettre  plulîeurs  chofes  l'une  fur  l'au- 
tre ,  en  faire  une  pile.  Aggerare  ,  cuniulare.  On  em- 
pile du  bois  dans  les  chanriers.  Les  Marchands  de 
bois  flotté  font  obliges  par  l'Ordonnance  de  f;ùte 
triquer  leur  bois,  &  de  le  faire  e/7Z£'//er  dans  lents 
chantiers  féparcmentjfelon  leurs  différentes  qualités. 
Cet  homme  emplie  fes  livres  aulieu  de  les  ranger  fur 
des  tablettes.  Ce  Marchand  a  des  tapilTeries ,  des 
étoffes  empilées  dans   fon   magahn. 

Empiler.  ,  fe  dit  aulîl ,  par  les  Jardiniers  j  du  iun-yer 
dont  ils  font  des  piles.  Empiler  du  fumier. 

Empile  ,   ee.  part.  Aggefius. 

EMPIRAME.  f.  m.  Foye-  EMPIRÊME ,  ou  plutôt 
EMPYRÈME^  car  ce  mot  vient  de  -s^Hjeu.  M.  Hom- 
betg,  Acad.  des  Se.  lyocj.  p.  zoS.  dit  empirame.  Il 
en  eft  venu  d'abord  le  vinaigre  chargé  dune  forte 
odeur  à'empirame  :  mais  on    dit  empyrême. 

EMPIRANCE.  f.  f.  Terme  de  Monnoyeurs.  Défec- 
tuofité  ou  altération  qui  fe  trouve  dans  la  monnoie , 
foit  à  l'égatd  du  titre  ou  de  l'aloi  ,  foit  à  l'égatd  du 
poids  ,  proportion ,  taille,  cours  j  valeur  de  la  ma- 
tière ,  8c c.  Dije'dus ,  detrimencum ,  intertritura  ,  in- 
tertrimentum.  Il  y  a  une  Ordonnance  du  Roi  Jean  _, 
de  l'an  1355.  fur  Vempirance  des  monnoies-  On  fait 
V empirance  en  diminuant  le  poids  ,  ou  la  bonté  de 
la  matière  ,  en  furhaulfant  le  prix  ,  en  changeant 
la  proportion  des  métaux  ,  en  chargeant  les  efpèces 
de  traites  excellives,  &:  en  faifint  fltbriquer  (îgrande 
quantité  de  bas  billon  &  de  cuivre  ,  qu'on  le  reçoit 
poui  de  bonnes  elpècesd'or  &  d'argent. 

Empirance,  en  termes  de  Marine  ,  fe  dit  du  déchet, 

de  la  corruption  ou  diminution  de  valeur  qui  arrive 

nux^  marchand! fes  qu'on  eft  obligé  de   jeter  de  coté 

&  d'autre  pendant  le  tempête.  On  le  dit  aulli  de  la 

.    corruption  ou  diminution  qui  n  eft  point  caufée  par 

•     un  accident. 


E  M  P  66c, 

ffCr  EMPIRE,  f.  m.  Ce  mot  a  chez  nous  plufreurs  ac- 
ceptions différentes  ,  que  nous  allons  expliquer, 
i".  Il  marque  l'efpcce  j  ou  plutôt  le  nom  paiticulier 
de  certains  Etats ,  ce  qui  peut  le  tendre  fynonvme 
avec  ie  motde  Royaume,  i"^.  Ilrenferme  l'idée  ^'un 
pouvoir  de  gouvernement  ou  de  fouveraineté  ;  ce 
qui  le  rendfynonyme  avec  le  mot  de  Règne.  3".  il 
marque  une  forte  d'autorité  qu'on  s'eft  acquife  \  ce 
qui  le  rend  encore  fynonyme  avec  les  mots  d'Au- 
TORiTE  &  de  Pouvoir. 

Empire  ,  Royaume.  Etendue  de  pays  qui  font  fous  la 
dotnination  d'un  Empereur  :  efpèce  de  Gouverne- 
ment ,  ou  nom  particulier  de  certains  États  où  \x 
louveraine  puiilance  eft  réunie  dans  une  feule  per- 
fonne  ,  qu'on  appelle  Empereur.  Imperium.  L'Em- 
pire de  Rome ,  ['Empire  d'Orientj  \  Empire  d'Occi- 
dent ,  l'Empire  de  Trcbifonde,  l Empire  du  Mogol. 
Tandis  que  la  vertu  des  Romains  fut  folide  Ik  iné- 
branlable, leur  Empire  fefoutint  plus  par  fes  mœurs 
que  par  fes  victoires  ;  &  fa  grandeur  fut  la  récom- 
penfe  de  fa  fageffe.  Fléch.  Tacite  a  dit  de  Galba  , 
que  tout  le  monde  l'auroit  cru  di"ne  de  l'Empire, 
Sun  avoit  point  cce  Empereur. 

L'£.7?p/redes  Alfyriensa  été  détruit  par  lamoUelTè 
de  Sard.mapale  j  celui  dus  Perfes ,  par  l.i  trop  grande 
confiance  que  DaruisCodoman  mettoitdans  le  grand 
nombre  de  fes  troupes  mal  aguerries  j  celui  des 
Grecs  par  le  dém.embtement  qu'en  firent  les  Capi- 
taines d'Alexandre;  &  celui  des  Romains  par  la  non- 
chalance de  fes  derniers  Empereurs,  tant  en  Orienc 
qu'en  Occident.  Telle  a  été  la  caufe  de  la  ruine  to- 
tale de  tous  ces  Etats ,  qui  ont  t.int  fut  de  bruit  dans 
le  monde.  Préface  de  l'ancienne  Hijîoire  profane  de 
M.  Brunon  de  Saint  Remy. 

Quiconque  pour  l'Emane  eut  la  gloire  de  naître  , 
EJl  un  lâche  s'il  nofe  uufe  perdre,  ou  régner'  CottiN. 

De  jour,  de  nuit,  faire  la  fentinelle  j 

Pour  le  falut  d' o.utrui  toujours  veiller j 

Pour  le  public ,  fans  nul  gré ,  travailler , 

C'eji  en  un  mot  ce  (qu'Empire  j'appelle.  Pybrac- 

fjT"  Empire  &  Royaume  confidérés  comme  fynony- 
mes  différent  1".  parles  titre-s  d'Empereur  &  de. 
Roi  qu'on  donne  aux  Souverains  qui  l;s  gouver- 
nent, i*-'.  Parce  que  le  mot  d'Empire  fait  naître  l'idée 
d'un  Etat  vafte,  compolc  de  plulîeurs  peuples;  au- 
lieu que  celui  de  Royaume  marque  un  Etat  plus 
borné,  &  fait  fentir  l'unité  de  la  nation  dont  il  elt 
lormé.  Tout  le  monde  connoît  la  divetlîtc  des  peu- 
ples &  des  nations  dont  l'Empire  d'Allemagne  , 
l'Empire  de  Ruilîe  &  ^Empire  Ottoman  font  com- 
pofés.  Dans  les  Etats  qui  portent  le  nom  de  Royau- 
mes, tels  que  la  France,  l'Efpagne  ,  l'Angleterre,  la 
Pologne,  &c.  la  divilîon  en  Provinces  n'empêche 
pas  que  ce  ne  foit  toujours  un  même  peuple ,  tS: 
l'unité  de  la  nation  fublîfte,  quoique  partagée  en 
plulîeurs  Cantons. 

ifT  Dans  les  Royaumes,  il  y  a  uniformité  de 
lois  fondamentales;  les  vari.ctcs  d'ufage  n'y  nuifent 
pointa  Tunité  de  l'adminiftration  politique.  Il  n'y 
a  jamais  qu'un  Prince  ,  ou  du  moins  un  Miniftcre 
fouverain.  Dans  les  Empires,  une  partie  fe  gou- 
verne quelquefois  par  Aa  lois  fondamentales  très- 
diftérentes  de  celles  par  lefqutUesune  autre  partie 
du  même  Empire  eft  gouvernée  :  ainlî point  d'unité 
de  gouvernement.  La  foumillîon  ,  dans  cettains 
cheis ,  au  commandement  d'un  fupérieur  général, 
fait  l'union  de  l'Etat. 

fG"  L'Empire  Romain  fut  un  Royaume  tant  qu'il 
ne  fut  lormé  que  d'un  feul  peuple  ,  foit  originaire  , 
foit  incorporé.  Le  nom  A'Empire  ne  lui  convint,  c*?; 
ne  lui  fut  donné  que  lorfqu'il  eut  fournis  d'autres 
peuples  étrangers,  qui,  en  devenant  membres  c!s 
cet  Etat ,  ne  cefférent  pas  pout  cela  d'être  des  na- 
tions diftérentes  ,  fur  lefquelles  les  Romains  n'ét.i- 
blirent  qu'une  domination  de  co;nmandement,  bc 
non  d'adminiftration. 
Empire  ,  fe  prend  aulli  pour  le  temps  ^u'a  régne  uii 


670 


E  MF 


Trince.  Sou-s  {"Empire  d'Alexandre  ,  d'Augafte.  Pé- 
vard  rapporte  une  chartre  dans  laquelle  la  première 
année  du  rcgne  deCharles-le-Chauve  ,  elt  appelée 
la  première  année  de  fon  Emplrt.  Le  règne  du  Roi 
Lotliaire  cil  appelé  i;/72pi/-<; ,  &  l'an  98^,  le  3 1  de 
fon  Empire.  De  Marca.  HïJL  de  la  Marche  d'EJp. 
col.  37j. 
Empire  j  le  dit  aufli  pour  les  peuples.  Tout  l'Empire 

fe  fouleva. 
^  Empire,  Règne,  confidcrcs  comme  fynonymes. 
Le  mot  à' Empire  a  une  grâce  particulière  lorfqu'on 
parle  des  peuples  ou  des  nations.  Régne  convient 
mieux  à  l'égard  des  Princes.  Amfi,  Ion  à\xV Em- 
pire des  Airyriens  &  ï Empire  des  Turcs  ;  le  règne  des 
Céfars,  &  le  règne  des  Paléologues.  L'époque  glo- 
Ticufe  de  VEmpire  des  Romains  ,  eft  le  règne  d'Au- 
gulle.  Syn.  Fr. 

§3"  Le  mot  d'Empire  s'adapte  au  gouvernement 
domeftique  des  particuliers  ,  aulli  -  bien  qu'au 
gouvernement  public  des  Souverains.  On  dit 
qu'un  père  a  un  empire  defpotique  fur  les  enfans  j 
qu'un  maître  exerce  un  empire  cruel  fur  les  valets , 
que  la  vertu  gémit  fous  l'empire  de  la  Batterie.  Rè- 
gne ne  s'applique  qu'au  gouvernement  public  en 
général.  Une  femme  eft  malheureufe  fous  l'empire , 
i>c  non  pas  fous  le  règne  d'un  jaloux.  De  même  ,  on 
dit,  dans  le  figuré  ,  le  règne  ,  &  non  l'empire^  de  la 
vertu ,  parce  que  règne  annonce  un  pouvoir  général 
fur  tout  le  monde  :  ainfi ,  en  parlant  des  amans  qui 
fefuccèdent  auprès  d'un  même  objets  on  qualifie  du  | 
nom  de  règne  le  temps  palTager  de  leurs  amours  j 
parce  qu'on  fuppofeque  chacun  d'eux  a  dominé  fui 
tous  les  fentimens  deiaperfonne  qui  s'eft  fuccefli- 
vement  rendue.  ^ 

On  diftingae,  entre  les  Antiquaires ,  les  médailles 
du  haut  &  du  bas  Empire.  Les  curieux  n'eltiment 
que  celles  du  haut  Empire  j  qui  commence  à  Célar 
ou  à  Augufte  j  &  finit  à  l'an  160  de  Jésus-Christ. 
Le  bas  Empire  comprend  près  de  1 100  ans,  fi  l'on 
veut  aller  jufqu'à  la  ruine  de  Conftantinople  arrivée 
en  1453.  On  diftingue  deux  âges  du  b.as  Empire  ; 
Le  premier  depuis  Aurélien  juiqu'à  Anaftafe  ,  qui 
eft:  de   100  ans.  Le  fécond  ,  depuis  Anaftafe  jul- 
qu'aux  Paléologues  ,  qui  eft  de  1000  ans. 
Empire.  Ce  nom  dit  a.hio\amQnz,l' Empire ,  de  fans 
rien  ajouter^  fignifie  l'Empire  d'Occident ,  ou  de 
l'Allemagne  que  l'on  appelle  en  sQ'ezl'Empire  d'Al- 
lemagne ,  &  le  S.  Empire  Romain  dans  les  Ades. 
Imoerium  Germanicum,  S.  L  R.  Sacrum  Imperiunt  Ko- 
m.'num.  C'eft  ce  qu'on  appelle  encore  autrement  le 
Corps  Germanique.  Quelques-uns  prennent  ^Em- 
pire pour  un  Etat  Monarchique  j  à  caufe  de  l'obli- 
gation où  font  tous  les  membre  de  {Empire  de  de- 
mander d  l'Empereur  l'inveftiture  de  leurs  Etats  j 
&  de  lui  ptêter  ferment  de  fidélité.  D'autres  pré- 
tendent que  c'eft  une  République,  un  Etat  Arifto- 
cratique  ,  parce  que  l'Empereur  ne  peut  rien  réfou- 
dre fans  le  concours  des  fuftrages  des  Princes  \  qu'on 
ne  lui  dernande  l'inveftiture  j  &  qu'on  ne  lui  prête 
ferment  de  fidélité,  que  comme  au  Chet  de  la  Ré- 
publique ,  &  au  nom  de  la  République  ,  &  nulle- 
ment au  fien  \  que  les  Ades  ie  fontà  'Venife  au  nom 
du  Doge  J  (ans  que  l'État  de  Venife  foit  une  Monar- 
chie. D'autres  veulent  que  l'Empire  foit  un  mélange 
de  Monarchie  &  d'Arirtocratie  ,  parce  que  fi  l'Em- 
pereur agit  fouverainement  en  certains  cas,  fes  Dé- 
crets n'ont  p.int  de  force,  fi  les  Etats  refufent  de 
lesconfirnur  -,  mais  ce  n'eft  pas-là  agir  fouveraine- 
ment. Il  l'en  ble  qu'on  devroit  plutôt  dire  que  c'eft 
un  État  Ariftodémocratique  \  car  la  Diète  ,  en  la- 
quelle feule  réfide  la  fouveraineté ,  eft  compofée 
des  Princes  &  des  Députés  des  villes  j  &  divifée  en 
trois  Corps  qu'on  nomme  Collèges  ,  qui  font ,  le 
Collège  des  Èledeurs,  le  Collège  desPrinces,  &  le 
Collège  des  'Villes. 

On  dit  Diète  de  l'Empire,  Cercles  de  l'Empire , 
Fiefs  de  l'Empire  j  Princes  de  l'Empire ,  Etats  de 
l'Empire. 'Ville  deï Empire.  Ban  de  l'Empire  ,  Mem- 
bres de  l'EmpirC'  Capiiulaçions  de  ï Empire ,  Re- 


E  M  P 

cefflis  dal'Empire.  Foyei  Di^te  ,  Cercle,  Ban, 
Capitulation,  Recessus. 

Les  Etats  de  l'Empire  font  de  deux  fortes,  iin- 
médiats  &  médiats.  Les  Etats  immédiats  font  ceux 
qui  relèvent  immédiatement  de  l'Empire-^  il  y  en  a 
encore  de  deux  efpèces  :  les  premiers  font  ceux  qui 
ont  féance  &  voix  aux  Diètes  de  l'Empire  ,  les  au- 
tres,  ceux  qui  n'ontpoint  ce  droit.  Les  médiats  font 
ceux  qui  relèvent  des  Et.ats  immédiats  ,  &  ne  relè- 
vent parconféquent  que  médiatement  de  l'Empire. 

L'Empire  a  commencé  avec  le  IX'  fiècle ,  &  l'on 
prétend  que  Charlemagne  en  fut  créé  le  premier 
Empereur  par  Léon  III  lorfqu'il  reçut  la  couronne 
à  Rome  j  dans  S.  Pierre  ,  des  mains  de  ce  Souve- 
rain Pontife  ,  l'an  800  le  jour  de  Nocl.  Lymnarus  Se 
Imhoff"  ont  donné  des  Notices  de  l'Empire  ;  HeilT 
en  a  fait  l'Hiftoire. 
Saint-Empire.  C'eft  la  même  choCçqueV Empire  dont 
nous  venons  de  parler.  S.  I.  K.  Sacrum  Imperium  Ro- 
manum. 

Le  Marquifat  du  Saint-£'/72/'ir<; ,  Sacrl  Imperii  Mar- 
chionatus.  Ce  nom  a  eu  anciennement  une  figni- 
cation  différente  de  celle  qu'il  a  aujourd'hui  fur  nos 
Cartes  ,  &  dans  nos  Géographes  \  car  on  appelle 
aujourd'hui  Marquifat  du  Saint-Empire  3  le  terri- 
toire de  la  ville  d'Anvers  i  &  l'on  dit  qu'Anvers  eft 
la  capitale  du  Marquifat  du  S:i\nx.-Empire  ,  &  que 
le  Marquifat  du  Sami-Empire  eft  une  des  dix  fept 
Provinces  des  Pays-Bas.  Mais  autrefois  le  Marqui- 
fat du  Szint-Empire  étoit  une  grande  conrrêe  des 
Pays-Bas  J  qui  comprenoit  non-leulement  Anvers, 
mais  encore  BruxellesjLouvain  &  Nivelle,avec  leurs 
territoires.  L'Empereur  Othon  il  rériijea  en  Mar- 
quifit  l'an  973,  mais  70  ans  après  elle  fut  réunie 
au  Brabanr. 

Les  Etats  qui  compofent  aujourd'hui  l'Empire  » 
font  les  Eleéteursde  \ Empire  j  les  Princes  de  l'Em- 
pire 3  les  Prélats  de  l'Empire  ,  les  Princellès  ou  Ab- 
belfes  de  l'Empire  ,  les  Comtes  del'Empire  ,  les  li- 
bres Barons  de  l'Empire  ,  les  Nobles  immédiats  de 
l'Empire  3  &  les  villes  Impériales.  L'Empire  fe  di- 
vife  en  neuf  Cercles.  Depuis  la  paix  on  a  fait  un 
folfé  en  Hongrie  pour  féparerles  deux  Empires.  Oa 
dit  ,en  termes  de  Blafon,  porter  de  l'Empire  ,  pour-, 
porter  les  armes  de  TE'm/'iAe ,  l'Aigle  éployée  ,  &c. 
Empire  ,  fe  dit ,  figurément  en  Morale  j  de  la  domi- 
nation ,  du  pouvoir  qu'on  a  fur  quelque  chofe  :  de 
l'autorité  qu'on  exerce  fur  foi-même  ou  fur  les  au- 
tres. Il  a  beaucoup  d'empire  fur  foi,  fur  fes  pailiouSi 
fur  l'efprit  de  ce  Prince. 


Je  fuis  vos  dures  lots  3  &  meurs  fous  votre  empire. 

CoRNfciLLE. 

Il  ne  faut  pas  rendre  rempire paternel  hailTàble  par 
trop  de  fé  vérité.  Pourc|uoi  cet  empreilement  d'avan- 
cer dans  les  dignités,  finon  de  l'envie  d'acheter  iV/n- 
/ïjre  fur  les  autres  ,  &  d'avoir  moins  de  maîtres  à  qui 
l'on  foir  obligé  d'obéir  ?  Flech.  L'empire  de  la  beau- 
té eft  palfager  j  mais  celui  de  la  vertu  fubfifte  tou- 
jours. S.  Evr.  Il  fautàcelui  qui  règne  un  air  d'em- 
pire de  d'autorité.  La  Bruy.  Les  charmes  de  votre 
perfonne  vous  ont  acquis  l'ertipire  des  coeurs.  S.  Ev. 
La  coutume,  ou  le  confentement  des  hommes  exer- 
ce un  empire  abfolu  fur  les  mots.  Art  de  Penser. 
Se  ranger  fous  l'empire  de  quelque  belle.  'Voit. 
Qu'eft-ce  en  effet  j  MM,  que  protéger  les  Arts  &  les 
Sciences  ?  C'eft  étendre  l'empire  de  la  raifon  ,  em- 
bellir à  nos  yeux  le  fpedtacle  de  la  nature  ,  difpen- 
fer  l'immorralité  ,fe  l'afiuter  à  foi- même.  MARicn:- 
TE.  Mém.  de  Tr. 

On  ditjttaiter  quelqu'un  avec  empire,  poar di- 
re  le  traiter  avec  orgueil ,  avec  hauteur ,  avec  ra- 
delfe.  Ac.  Fr. 

^Cr  Autorité, pouvoir  ,  empire,  fynonymes , Don 
dans  toute  l'étendue  du  fens  de  ces  mots  ,  relative- 
ment aux  Souverains  J  par  exemple ,  &  aux  Magif- 
trats  ,  mais  dans  ce  fens  qui  marque  en  général  ce 
qu'on  peut  fur  l'efpric  desautres.L'««wrifc  laifleplus 


E  M  P 

de  liberté  dans  le  choix  :  le  pouvoir  pai'oîc  avec  plus 
de  force.  L'empire  efi:  plus  ablblu. 

fCr  L'autoriré  qu'on  a  fur  les  aurres  vient  tou- 
jours de  quelque  mérite  ,  de  la  fupériorité  du  rang 
6:de  la  raifon.Hlle  fait  honneur. 

§CJ"  Lq pouvoir  vient  pour  l'ordinaire  de  quelque 
liaifonde  cœur  ou  d'intérêt,  il  augmente  le  crédit. 
L'attachement  pour  les  perfonnes  contribue  beau- 
coup au  pouvoir  qu'elles  ont  fur  nous. 

ifF  L'empire  vient  d'un  aicendantde  domination, 
arrogé  avec  art,  ou  cédé  par  imbécillité  ;  il  donne 
quelquefois  du  ridicule.  L'art  de  trouver  &  de  faiiir 
le  foible  de  hommes  forme  l'eOT^wVequ^on  prend  lur 
eux.Nous  devons  nous  détendre  de  tout  empire  autre 
que  celui  de  la  raifon.  Les  hommes  cependant ,  font 
fouvent  tout  le  contraire;  ils  regardent  les  avertille- 
vntns  que  l'honneur  &  la  probité  torce  un  véritable 
ami  à  leur  donner  j  comme  une  autorité  odieute 
qu'il  aiïecle  ,  ou  comme  un  pouvoir  qu'il  s'arroge 
mal  à  propos  au  préjudice  de  leur  liberté;  tandis 
qu'il  fe  livrent  à  re/?^/'^>e  d'un  flatteur  étourdi ,  quel- 
quefois d'un  valet ,  &  fouvent  d'une  maitrelfe  em- 
portée ,  qui  leur  fait  embralfer  avec  efironterie  le 
parti  de  l'injuftice,  &(uivre  opiniâtrement  les  rou- 
tes de  l'iniquité.  Syn.  Fr. 
Empire,  fe  dit  généralement  de  toutes  les  chofes  dans 
lesquelles  la  Philofophie  ,  l'expérience  ,  ou  la  table 
monttentou  fuppofent  quelquepuillancc  qui  domi- 


ne. Ain  h  l'on  dit  \ empire  des  cieux  ,  ï empire  di 
l'air  ,  {'empire  de  Pluron  ,  {'empire  fombre  ,  Vem- 
pired^s  vsnxs.L'empirc  d  Apollon ,  {'empire  des  neuf 
Sœurs  ,  ou  des  Mufes  ;  l'empire  de  la  F 
Poche  ,  pour  dire  toutes  les  chofes  j  tous  les  fujets 
fur  lefquels  on  a  fait  des  fables  ,  où  l'on  peut  exer 
cer  la  poche  &  la  ficlion.  L'empire  de  la  fable  ou  de 
la  fiction  ne  s^étend  point  jufqu'aux  faits  lultoriques 
qui  font  trop  connusj  ou  trop  près  du  temps  où  fon 
écrit.  L'empire  de  Neptune,  ou  de  Téthis,  c'elf 
l'Océan  ,  &c.  Ces  exprellions  font  lur-tout  très-or- 
dinsire  aux  Poètes. 

Empire  ,  a  (ignifié  juftice.  On  a  dit  haut  &. mixte  Em 
pire  ,  pour  hiate  &  moyenne  Juftice.  Dans  les  Char- 
tres rien  de  plus  commun  que  ces  mots  ;  mixtum  & 
merum  Imperium. 

^fT  Empire  de  Galilée  ,  haut  «Se  fouverain  empire  de 
Galilée, nom  que  l'on  donne  à  une  jurifdiction  en  der- 

.  nier  relfort  que  lesClercsdesProcurcurs  de  la  Cham- 
bre des  Comptes  ont  pour  juger  les  conteftations  qui 
furviennent  entt'eux.  C'ell  pour  eux  ce  qu'eft  la 
Bafoche  pour  les  Clercs  du  Palais. 

EMPIREE.  Foyei  EMPYREE. 

EMPIRÊME.  Voyei  Empyréme. 

EMPIREMENT.  f.  m.  Depravatio.  Pomey.  Ce  mot  ne 
fe  dit  point. 

EMPIRER.  V.  n.  Devenir  pire,  être  en  plus  mauvais 
état.  In  pejus  ruere ,  fieri  decerius  ,  corrumpi.  Ce  ma- 
lade empire  tous  les  jours  ,  fon  mal  s'augmente.  La 
plupart  des  matchandifes  empirent ,  quand  on  les 
garde  ;  elles  fe  gâtent  &  fe  corrompent.  Le  vui'^aire 
croit  que  le  monde  empire^  mefure  qu'il  vieillit; 
que  le  iiècle  empire.  Il  eft  aufli  aétif  &  lignifie  faire 
devenir  de  pire  état  ou  de  pire  condition.  Empirer 
fon  marché  ,  quand  on  rend  fa  condition  plus  mau- 
vaife.  Condiiionem  fuam  facere  deteriorem.  Ce  con- 
trat i  qu'il  a  produit ,  a  empiré  ix  caufe.  Empirer  un 
mal.  Exacerbare  ,  exulcerare,  gravius  reddere  malum 
aliquod.  Les  remèdes  n'ont  fait  qu'empirer  fon  mal. 
AcAD.  Fr. 

On  a  dit  autrefois  empirier. 

On  dit,  proverbialement,  qu'un  qui  amende  vaut 
mieux  que  deux  qui  empirent. 

Empiré  ,  ee.  part.  palf.  &c  adj.  Deteriorfacius. 

EMPIREUME.  Terme  de  Médecine.   Voye-{  Empy- 

REUME. 

EMPIRIQUE,  f.  m.  Empiricus,  efi:  un  nom  affedéde 
tout  temps  aux  Médecins  qui  fe  font  fait  des  ré- 
gies de  leur  profelîlon  fur  leur  ufage ,  leur  expé- 
rience ,  Se  non  point  fur  la  connoilTancedes  caufes 
naturelles ,  ni  fur  l'ctude  des  livres  Si  des  bons  Au- 


E  M  P  6yi 

tenrs.  Il  eft  aulli  adjedtif.  Médecin  e/tipiriaue ,  qui 
s  attaque  uniquemeiu  à  l'expérience  fans  s'embar- 
railer  de  la  metiiode  ordinaire  de  l'art. 

Ce  mot  eft  Grec  ^^^^E-f'-'^f,  &  vient  de 'A«=rs,;<,;«ui 
fignihe  favant ,  habile  ,  mais  fur-tout  favant  par- 
expérience.  La  racine  ell  ?:£,>«  ,  elfai ,  expérience.. 
Ainfi  on  a  grand  tort  d'écrire  enipyrhjue  par  un  y 
comme  s'il  venoit  de  s-Sji  ^  qui  fi^nifie  le  feu-  ce 
qui  n'elf  pas  vrai.  Pline  &  Celfe  oac  parlé  des  Em- 
piriques ,  &  de  leur  profellion ,  que  les  Latins ,  après! 
les  Grecs  ,  onr  appelé  Empirice  ,  parce  qu'elle  don- 
ne tout  à  l'expérience ,  &  rien  à  l'autoncé  des  maî- 
tres de  l'arr.  /^oye^  l'Iii/loire  de  la  Médecine  de  M. 
le  Clerc ,  favanr_Médecin  de  Genève. 

Pline  dit  que  la  fc>fte  des  Empiriques  a  commence 
en  Sicile.  Les  premiers  Empiriques  furent  Apollo- 
nius ôc  Glaucias.  Les  Empiriques  s'oppofoient  fore 
aux  dilfedions  du  corps  humain  j  fur-tout  à  celles 
que  fiifoient  Hérophile  &  Erafiftrate,  des  corps 
tout  vivans  des  criminels  comdamnés  à  morr. 

§C?  Le  mot  àempirique ,  aujoutd'hui  eft  devenu 
odieux  ,   &:  fynonyme  avec  charlatan.  On  le  donne 
à  tous  ceux  qui,  fans  avoir  aucune  connoilfance  de 
la  Médecine  ,  prétendent  guérir  les  maladies  par 
des  fecrets  particuliers. 
EMPIRISME,  f.  m.  Médecine  pratique ,   fondée  fuC 
l'expérience  ,  Sérapion  &  Philinus  j  pour  éviter  les 
contradidions ,  bannirent  la  fpéculation  &  le  rai- 
fonnement  de  la  Médecine ,  &la  reduifiren:  à  l'e/w- 
pirifme.Obferv.furles  Ecr.  modernes.   L'empirijmc 
conhlteà  donner  des  remèdes  fans  principes  &  fans 
raifonnement  j  mais   feulement  parce  qu'on  a  ex- 
périmenté qu'un  tel  remède  eft  bon  pour  telle  ma- 
ladie ;  en  forte  que  {'empirifme  n'QiiïKin  autre  cho- 
fe  que   médicamenter    par   de  prétendus  fecrets  ,' 
fans  aucune  fcience  de  la  véritable  Médecine.  On 
ne  peut  expliquer  la  nature  ni  l'attion  des  caufes  hu- 
morales ;  {'empirifme  eft  l'unique  reSlource  que  l'oa' 
air  pour  y  remédier.  M.  Quesnay,  Il  n'y  a  que  le 
pur  hazard  ou  Vempirijme  qui  puilïe  découvrit  les 
remèdes  propres  aux  caufes  humorales.  Id. 
CfTEMPLACEMENT.f.   m.  Lieu,  efpace  de  terre 
conhdéré  comme  propre  à  y  faire  un  bâtiment ,   urx 
jardin  ou  autre  chofe  femblable.   Locus ,  fpaxium^ 
Voilà  un  bel  emplacement  pour  une  maifon. 
_  Ce  mot  fe  dit  aullî,en  termes  de  Gabelles,  de  l'ac- 
tion de  décharger  &  de  placer  le  fel  dans  les  gre- 
niers des  Gabelles  ,  dans  les  lieux  de  dépôr.   Collo- 
catio.  L'Ordonnance  veut  que  {<i%  Officiers  des  Ga- 
belles foienr  "^x.iiQo.^kï  emplacement  &  méfurage  du 
fel. 
EMPLACER.  v.  a,  Collocare.  Mettre  quelque  chofe 
en  un  lieu ,  lui  trouver  fa  place.  Ses  livres  font  très- 
bien  emplacés  J  &  rangés  par  ordre  des  matières.. 
On  dit  emplacement  dans  ce  fens  :  mais  emplacec 
ne  fe  dit  qu'en  parlant  du  fel  qu'on  met  dans  les 
greniers  deftinés  à  la  décharge  ,  confervation  &  dif- 
tribution  dufel.  Collocare. 
EMPLAGE.  Vieux  mot ,  qui  a  lignifié  emploi.  Nicot 
prétend  qu'il  ne  vient  pas  àl emplir.  Cependant  bien 
des  artifans  appellent  cmplage  ce  dont  ils  fe  fervent 
pour  emplir  :  par  exemple,  les  Maçons  appellent 
emplage  ,  ou  remplage,  ou  emplijfage,  fartura  ,   com- 
plementum ,  le  blocage,  les  éclats  de   pierres,  les 
pierres  brutes  &  non  taillées  ,  qu'ils  jettent  au  ha- 
zard avec  du  iriortiet  dans  la  maçonnerie ,  dont  les 
bords  ou  paremens  font  faits  de  pierres  taillées.  Les 
Grecs  ont  appelé  cette  efpèce  de  maçonnerie  tfcvxty.r\t 
&  Vitruve  s'eft  aulli  fervi  de  ce  mot  pour  fignifiee 
la  même  chofe. 
EMPL  AIDER,  v.  a.  Agere  in  jus.  Mettre  quelqu'un  en 
procès ,  qu'on  appeloit  autrement  plaid.  Ce  mot  eft 
vieux  ,  &  on  dit  maintenant  plaider  quelqu'un. 
EMPLAIGNER.  v.  a.  Terme  de  Manufadure  de  laina- 
ge, yoye:^  Lainer. 
EMPLAIGNEUR.f.  m.  On  donne  ce  nom  dans  queP 
quesManufadures  à  l'Ouvrier  qu'on  appelle  ailleurs 
Laineur. 

EMPLASTRATiON.f.  f.  Emplajlraùo.  Teime  de  Jar« 


EMP 

dinier ,  qui   figiiifie  ce_  qu'on   appelle  plus   ordi- 


^JZ 


-  nairement  enter  en  écuiron.  /^^(TX-Greffer  &Ecus 

SON. 

IJCF  EMPLA5TRATION  ,  fe  dicauflî,  en  Jardinage  ,  pour 
l'aétion  de  couvrir  une  plaie  d'un  emplâtre. 

EMPLASTIQCJE.  adj.  Terme  de  Pharmacie ,  qui  fe 
dit  des  médicamens  qui  enduifent  &  qui  bouchent 
les  pores  des  parties  fur  lesquelles  ils  font  appliqués, 
comme  font  les  grailFes  ,  les  mucilages  ,  la  cire  ,  le 
blanc  d'oeuf,  &c.  EmplaJIkus.  On  les  appelle  aulh 
emphraciiques.  On  couvre  l'emplâtre  d'un  onguent 
fort  emplaflique ,  afin  qu'il  s'attache  fortement  a 
la  peau.  Dionis.  .         .^  , 

Ce  mot  vient  duGrec'£/«i-A«rr;(y,qui  fignilîe  auflî 
boucher. 

EMPLÂTRE.  Terme  de  Pharmacie.  Quelques  Au- 
teurs j  même  parmi  les  gens  de  l'art,  ont  fait  ce 
mot  du  genre  féminin.  Aujourd'hui  l'ufage  le  plus 
général  te  fait  mafculin.  Médicament  de  fubftance 
folide  &glurineufe,  compofé  de  diverfes  fortes  de 
fimples,  &:fiitpour  être  appliqué  extérieurement. 
Emplafirum  j  cataplafma.  On  lui  a  donné  cette  con- 
fîftance  ,  afin  qu'en  demeurant  long-temps  attaché 
fur  les  parties  du  corps ,  les  remèdes  dont  il  eft  coin 
pofé  ,  euffent  alfez  de  temps  pour  produire  leur 
effet.  Les  drogues  qui  fervent  à  donner  corps  &con- 
filtance  aux  emplâtres  ,  font  ordinairement  la  cire 
la  réhne  ,  les  poix  ,  les  gommes  ,  les  graiiïes ,  la  li 
tharge  ,  Se  les  autres  préparations  de  plomb. 

On  fait  des  emplâtres  iîomachiques  ,céphaliques, 
ftiptiques ,  hépatiques ,  diaphorétiques,  réfolutifsj 
déterfifs,  rémoUitits  j  incarnatifs  ,  aftringens,  con- 
glutinatifs  j  &c.  \J emplâtre  le  plus  commun  eft  ce 
lui  de  dïapalme.  Il  y  aaufli  X emplâtre  de  diachylon, 
\q  polychrejle  ,  le  divin  ,  le  m  anus  Del  ^  le  magne- 
tique  d' Angélus  Sala  y  celui  de  charpi ,  àejajran  j 
de  ranis  ,  &  une  infinité  d'autres.  P'oyei  la  Phar- 
macope'c  de  Lémery.  Onfe  fert  à' emplâtre  pour  gué- 
rir les  chevaux  j  &c. 

Ce  mot  vient  du  Grec  IfiTixâ^^a  ,  on  È^-srAas-ira  ^ 
qui  fignifie  ^mettre  en  majje  ,  enduire  par-de(rus,par 
ce  qwe  l'emplâtre  fefait  de  diverfes  fortes  de  fimples 
amalfés  en  un  corps  épais  Si  gluant ,  ou  bien  parce 
qu'il  fert  à  enduire  le  morceau  de  cuir  ou  de  toile 
qu'oe  applique  fur  la  partie  affligée. 

gCJ"  Emplâtre  ,  en  Chirurgie  ,  eft  un  morceau  de 
peau,  de  linge,  ou  de  taffetas  ,  fuivant  les  diffé- 
rentes vues  qu'on  a  à  remplir ,  fur  lequel  on  étend 
la  compofition  pharmaceutique  dont  on  vient  de 
parler  ,  pour  l'appliquer  enfuira  fur  quelque  partie 
du  corps.  On  donne  différentes  figures  àces  emplâ- 
tres ,  fuivant  les  différentes  parties  du  corps  fur  lef- 
quelles  ils  doivent  être  appliqués. 

Emplâtre  d'ente.  Terme  de  Jardinier.  Emplajlmm 
infiti  J  injîtionis. 

On  dit ,  figurcment ,  Mettre  un  emplâtre  à  une 
affaire ,  quand  on  trouve  quelque  remède  pour 
couvrir  &  ex'cufer  quelque  faute  qu'on  a  faite.  £"w- 
plâtre  ,  dans  le  figuré ,  fe  prend  toujours  en  mauvai- 
fe  part ,  pour  ce  qui  couvre  le  ma!  ,  le  cache  &  ne 
le  guérit  pas  j  ne  remédie  à  rien.  Falfa  remediijpe- 
cies.  Cela  eft  du  ftyle  familier. 

Emplâtre.  Terme  de  Bonneteur.  C'eft  nn  petit  pa- 
quet de  cattes  que  le  filou  tient  dans  fa  main  (  dont 
il  fait  la  féquence  ,  &  qu'il  ajoute  au  jeu  de  cartes 
en  le  coupant.  Le  tour  de  l'emplâtre  ne  fe  peut  fai- 
re qu'au  Pharaon, 

On  dit ,  figurément  Se  proverbialement  j  d'une 
perfonne  qui  n'a  ni  vigueur  ni  fanté,  qui  eft  inca- 
pable d'agir ,  que  c'eft  un  emplâtre ,  un  pauvre  em- 
plâtre.  Caudex  ,ftipes  ,  plumheus  ,  Jlupidus.  Elle  a 
un  emplâtre  de  mari.  Mol.  On  dir  encore,  prover- 
bialement ,  qu'où  il  n'y  a  point  de  mal ,  il  ne  faut 
pas  A'emvlâtre. 

EMPLÂTUIER.  f.  m.  Terme  d'Apothicaire.  C'eft  le 

lieu  de  la  boutique  oàron  met  les  emplâtres.  Iln'eft 

pas  d'ufage. 

EMPLETTE,  f  f.   Achat  de  marchandife.  Emvtio  , 

comparatio,  merùum^  iLfe  dit ,  particulièrement  j 


EMP 

de  celles  quî  concernent  les  habits.  Cette  femme  eH: 
allée  tairo  des  emplettes.  Ce  marchand  a  fait  "ran- 
de  emplette  d'étoffes.  Quand  il  a  acheté  ce  diamant 
il  croyoit  faire  une  bonne  emplette  \  ôc  il  s'eft  trou- 
vé taux. 

Ce  mot  vient  de  impleta ,  qui  a  été  faite  Aeimple- 
re  J  à  caufe  <|ue  les  Ivlaichands  empliffent  de  mar- 
chaiidiics  If  urs  navires  &  leurs  m.agafins.  Men.  ou 
tout  limplement  à'emere  ,  acheter. 

§3"  EMPLI,  f  m.  En  termes  de  raffineries  des  fucres, 
fe  du  d  un  lieu  voihn  des  fourneaux  où  l'on  plante 
des  formes  vides.  0\\  le  fert  encore  de  ce  terme, 
pour  fignificr  la  quantité  de  formes  qu'on  a  remplies. 
Ces  formes,  dir-on  j  font  du  même  empli.  Voilà 
l'empli  d'hier.  Encyc. 

IJCF  EMPLIR.  V.  a.  Rendre  plein.  Implere.  Emplir  un 
tonneau  ,  une  boureillede  vin  ,  d'eau,  de  quelque 
liqueur.  Emplir mw  fac  de  blé,  un  coffre  de  naarchan- 
diies. 

ifT  Emplir  et  Remplir  j  fynonymes  avec  cette  dif- 
férence j  que  remplir  Çq  dit,  ordinairetnenr,des  cho- 
fes  immatérielles  ou  figurées  ,  comme  remplir  tout 
l'univers  de  la  terreur  de  fon  nom  j  rew/'/r  digne- 
ment une  placejSc  q\\  emplir  fe  dit ,  comnuinément, 
des  chofes  matérielles  &:  liquides  j  comme  emplir  un 
tonneau  j  &,  quand  on  dit  remplir  un  tonneau  ,  on 
fuppofe  qu'onen  a  déjà  tiré  j&  que  l'on  remplit  ce  qui 
eft  vide  j  d'où  vient  le  mot  de  remplage.  On  dit 
mieux ,  remplir  fes  coffres  d'argent ,  remplir  fes  gre- 
niers de  bléj  (\\\'emplir  ks  coffres  &  fes  greniers  j 
parce  (\\.i  emplir  Çq  dit  j  particulièrement  j  des  chofes 
liojuides.  Au  refte,  fi  l'on  craint  de  fe  troiTiper  dans 
l'emploi  de  ces  deux  motSj  on  peut  toujours  dire 
remplir  pour  emplir^  au  lieu  qu'on  peut  manquer 
fouvent  en  mettant  emplir  -pont  remplir.  Vaug. 

On  dit,  d'une  femme,  ou  d'une  hlle,  que  fa  gor- 
ge s'emplit  J  pour  dire ,  que  fa  gorge  devient  plus 
forince  j  &  plus  pleine  qu'elle  n'étoit. 

On  dit,  d'un  homme  gtos  &  gras,  qu'il  emplie 
bien  fon  pourpoinr.  C'eft  une  manière  de  proverbe. 

Emplir.  Terme  de  Triéfrac ,  c'eft  faire  un  Jan  ,  faire 
fon  plein.  On  dit  remplir. 

03°  Emplir  j  terme  de  lafîineur  de  fucre,  c'èft  en  gé- 
néral jeter  la  matière  cuite  ,  dans  les  formes  plan- 
tées dans  l'endroit  qu'on  nomme  empli. 

Empli  ,  ie.  part.  &  adj.  Plenus ,  impletus. 

EMPLOCIES.  f.  f.  pi.  C'étoit  une  fête  à  Athènes  oi'ï 
les  femmes  paroiffoient  avec  leurs  cheveux  treifcs, 
ce  que  fignifie  Emplocie,  it<-T^'^'i<^y-li,implicatio. 

EMPLOI,  f.  m.  Bon  ou  mauvais  ufage  qu'on  fait  de 
quelque  chofe.  Ufus  ,  ufura.  Le  meilleur  emploi  du 
temps  J  eft  de  le  paffer  agréablement.  Faire  un  bon 
e?nvloi  de  fes  biens  ,  de  fon  argent,  &:c. 

Emploi  d'une  fomme  j  en  macère  de  compte ,  eft  l'ap- 
plication qu'on  en  fait  dans  la  recette  ou  dans  la  dé- 
penfe  \  l'adion  d'en  faire  mmtion  j  foit  en  mife  , 
foit  en  recette.  Il  n'a  pu  juftifier  Vemploiàes  deniers 
qu'on  lui  a  confiés. 

^fT  Dans  pe  fens  on  dir,  double  emploi ,  faux 
emploi.  Double  emploi ,  lorfqu'un  même  article  eft 
porté  deux  fois  en  recette  j  en  dépenfe  ,  ou  en  re- 
prife.  Faux  emploi ,  fouvent  employé  comme  fyno- 
nyme  à  double  emploi,mais  fignifiant,  proprement, 
la  mention  d'une  fomme  mal  employée  ,  ou  qui  ne 
regarde  pas  l'oyant.  L'erreur  qui  réfulre  d'un  double 
&c  d'un  flux  emploi,  ne  fe  couvre  jamais. 

|K?  Emploi  d'argenr,  collocarion  d'argent.  Il  a  fiic 
un  bon  ,  un  mauvais  emploi  de  fes  deniers.  On  ne 
prête  guère  d'argent  à  rente  fans  emploi,  c'eft-à-dire, 
fans  ftipuler  une  hypothèque  particulière  Se  privi- 
légiée. 

|Cr  Acte  d'emploi ,  eft  un  afte  par  lequel  il  ap- 
paroir que  le  débiteur  a  employé  à  quelque  chofe , 
les  deniers  qu'il  a  empruntés.  Quittance  d'e/w/^/oi. 
Voye-^  QuiTTANCF. 

0C?  Emploi  fe  dit  encore,  en  termes  de  Palais ,  de  la 
mention  qu'on  fiit  d'une  pièce ,  dont  on  tire  quel- 
que indudlion  ,  &  qui  a  été  produire  fous  une  autre 
cote  J  ou  qu'on  n'a  pas  en  U  poffeffion.  La  cote  D 

de 


E  MP 

de  cet  inventaire,  n'efl:  qu'un  emploi  f'^oye^  Em- 
ployer y  en  Jualprudence.  Requête  d'emp/oi.  Foy. 
Requête. 
Emploi  ,  lignifie  aufli  l'occupation  qu'on  donne  à  quel- 
qu'un^ ou  qu  on  prend  ioi-même,  la  tondion  d'une 
perlonne  qu'on  emploie.  Munus  ,  ojjicium,  nego- 
tium.  Il  ell  venu  i  la  Cour  demander  de  Vemploi. 

De  légUr  mes  dejlrsjefais  coût  mon  emploi.  Boil. 

Il  cil  plus  focile  de  paroître  digne  des  emplois 
qu'on  n'a  pas, que  de  ceux  que  l'on  exerce.  Rochef. 
Le  Cardmal  de  Richelieu  fut  toujours  employé  ,  & 
toujours  au-dellus  de  les  emplois.  Disc.  d'El.  Tou- 
tes lortes  à' emplois  ne  conviennent  pas  à  toutes  for- 
tes de  perfonnes.  S.  Evr.  'Votre  amour  vous  a  ré- 
duit à  vous  revêtir  de  l'emploi  de  domelhque  do 
mon  père.  Mol.  J'ai  à'°.mplois  en  emplois  vieilli 
fous  trois  Sultans.  Rac.  On  arrive  d'ordinaire  aux 
emplois  fans  vocation  ,  parce  qu'on  s'y  appelle  foi- 
même  par  une  recherche  ambitieufe.  Nie. 
Ce  mot  vient  du  Latin  implicare. 

Employé,  adj.  pris  lublL  II  fe  prend  quelquefois  pour 
Commis.  Les  Direéleurs  des  fermes  du  Roi,  ont 
infpedion  lur  les  Receveurs,  Contrôleurs  &  autres 
timplo\es. 

EMPLOYER.  V.  a.  Faire  ufage  ,  fe  fervir  de  quelque 
que  choie.  t'Vi,  injiimere ,  impendere.  Il  faut  tv«- 
jjloyer  l'on  rei'enu  à  des  dépenles  honnêtes.  On  a 
bien  employé  àa  marbre  à  ce  bàtimenr.  Il  a  employé 
ce  mot  en  fa  vraie  (igniticarion.  Tenez  un  compte 
exad;  de  votre  vie,&  vous  verrez  que  vous  n'en  avez 
employé  pour  vous,  que  la  moindre  partie.  Nie.  Il 
a  fort  bien  employé  Ion  temps.  Ce  Tuteur  a  bien 
employé  l'argent  de  fon  pupille. 
Ce  mot  vient  de  implicare. 

§3"s  Employer.  Signihe s'occuper  j s'appliquer, agir, 
donner  î^s  foins.  Je  ferai  ce  que  vous  demandez  j 
je  m'y  emploierai  avec  plaiiir,'  je  ne  m'emploierai 
qu'à  cela.  Il  s'emploie  de  toute  fa  force  à  fervir  fes 
amis.  Qmni  opéra  eniti. 

IJC?  Employer  quelqu'un,  lui  donnsr  de  l'occupa- 
«■ion,  quelque  tondtion.  Il  mérite  d'être  employé. 
"Vous  pouvez  \ employer  dans  toutes  les  affaires  que 
vous  voudrez.  Aiicujus  operà  uti.  Il  a  été  employé 
dans  les  Fermes ,  dans  lés  Finances  j  .à  l'armée. 

En  termes  de  Palais ,  Employer  une  pièce  ,  une 
raifon ,  fe  dit  quand  on  fe  lert  d'un  titre ,  d'une  rai- 

»fon  j  d'un  fait,  d'où  l'on  tire  quelques  induétions 
contre  fa  partie.  Adhibere , Sec. On\& (^\t,  encefens, 
non-feulement  des  pièces  qu'on  produit  alors  ,  mais 
aufli  de  cellesqu'ona produites end'autresendroits, 
&c  dont  on  tire  des  inductions  convenables  à  un  fait 
particulier  ;  &  encore  des  pièces  ou  raifons  qu'a  al- 
léguées la  partie  adverfe.  On  emploie  aufli  ce  qui  elt 
de  droit ,  &  que  les  Juges  peuvent  fuppléer  d'eux 
mêmes  par  leur  prudence.  En  ce  fens  encore  on 
commande  aux  Avocats  àl employer,  quand  ils  ont 
un  intérêt  prefque  pareil  à  celui  d'un  autre  Avocat 
qui  a  déjà  plaidé  ,  ahn  qu'ils  neconfomment  pas  le 
temps  en  redites  inutiles. 

On  dit  aufli ,  Employer  une  partie  dans  un  comp- 
te ,  la  tirer  en  ligne  de  compte,  la  porter  en  recette 
ou  en  dépcnfe.  Induccre  in  raûonein  :  employer  une 
perfonne  fur  l'état ,  pour  dire  ,  la  faire  comprendre 
dans  l'article  d'un  compte,  dans  un  des  articles  des 
Etats  du  Roi. 
Employé  ,  ée.  part. 

On  dit,  proverbialement  ,  C'efl:  bien  employé, 
en  parlant  de  celui  .à  qui  il  eft  arrivé  par  ù  faute  , 
ou  par  fon  imprudence  ,  quelque  malheur  ou  châ- 
timent qu'il  méritoit.  On  dit  aufli,  qu'un  homme  a 
employé  le  verd  Se  le  (ec  en  une  affaire,  pour  dire  , 
qu'il  a  fait  tous  fes  efforts  pour  la  faire  réuflir ,  nul- 
%      lum  non  movit  lapidem. 

EMPLUMER.  v.a.  Garnir  de  plumes.  Ornareplumis , 
infiruere.  On  emplumoir  -MUrcfois  les  flèches ,  les  gar- 
rots d'arbalètes.  La  mode  a  été  à'emplumcr  les  cha- 
peaux ,  de  les  garnir  &  charger  de  plumes.  Ce  mot 
Tome  m. 


EMP  67^ 

nefe  dit  plus ,  qu'en  parlant  des  petits  morceaux 
de  plume  donr  on  garnir  un  clavecin.  Emplumer  un 
clavecin.  On  dit  aulli,  au  figuré,  qu'un  homme  s'ell 
h\tw  emplume  àvL\s  xmo.  maifon  j  lorfqu'ily  a  bien 
fait  les  aflatres,  qu'il  s'y  ell  enrichi  ;  comme  on  dit 
au  réduplicatif,  qu'il  se  11  bien  remplumé ,  quand  il 
a  répare  les  pertes  qu'il  avoir  faites,  tout  cela  ell  très- 
familier. 

Emplume  ,  ÉE.part. 

Emplumé  a  une  lignification  particulière  dans  la  Chi- 
rurgie. On  appelle  une  future  êkplumée ,  celle  où 
l'on  pafle  des  tuyaux  de  plume  dans  les  anfes  du  fil, 
à  chaque  point  qu'on  fait ,  afin  de  tenir  les  lèvres  de 
la  plaie  ferrées  par  le  moyen  de  ces  plumes.  La  fu- 
tiue  eniplumee  ne  11  plus  en  ufage. 

53^  EMPLURE.  f.  f.  Terme  de  Batteur  d'or.  C'ell  une 
feuille  qui  fe  met  au  commencement  des  outils  , 
pour  garantir  l'or  delà  trop  grande  force  des  coups 
qu'elle  amortit.  Lqs  deux  premières  font  du  double 
plus  épaiiles  que  les  autres.  Encyc. 

EMPOCHER,  v.  a.  Mettre  dans  un  (ac.Condere  infac- 
cum.  Il  n'ell  guère  en  ufage  en  ce  fens.  Ce  blé  eft 
vendu  ,  il  ne  relie  qu'à  Vempocher ,  à  le  mettre  dans 
les  lacs ,  ou  poches ,  pour  l'enlever. 

Empocher.  Se  dit,  particulièrement,  de  l'argent, ou 
de  quelqu'autre  chofe  qu'on  ferre  dans  fa  poche  , 
avec  quelque  forte  d'emprelFement  &  d'avidité.  On 
a  joué  tout  le  jourjmais  ce  n'étoit  pas  pour  empochtr 
l'argent.  Empocher  tout  ce  qu'on  gagne ,  tout  ce 
qu'on  trouve ,  des  fruits ,  des  bonbons  j  ôic.  Il  n'eft 
que  du  llyle  familier. 

Empocks  ,  ÉE.  part. 

EMPOIGNER.  V,  a.  Prendre  &  ferrer  avec  le  poing, 
avec  la  main.  Compreliendcre.  Empoigner  wnz  épée, 
une  coignée.  Si  ce  grand  corps  vous  empoigne  ,  il 
vous  étranglera.  Empoigner  par  les  cheveux.  Abl. 
Il  empoigne  un  bâton,  î<>:  lui  en  donne  fur  la  tête. 
Idem. 

Empoigné,  ée.  patt. 

Ces  mots  viennent  depugnus ,  comme  qui  diroic 
impugnare  ,  impugnacus. 

Empoigné  ,  fe  dit ,  en  termes  de  Blafon ,  des  flèches  , 
javelots  &  autres  choies  femblables  ,  quand  il  y  en 
a  trois,  ou  plus ,  au  milieu  de  l'Ecu ,  aifemblées  & 
croilées ,  l'une  en  pal ,  &les  auttes  en  iautoir, com- 
me celles  des  Etats  des  Provir.ces-Unies. 

EMPOINTÉE.  adj.  f.  Terme  de  Manuf.idure  &  de 
Commerce.  Etotfe  empointée,  eft  celle  dont  les  plis 
font  arrêtés  par  quelques  points  d'aiguille,  avec  de 
la  foie ,  du  fil ,  ou  de  la  ficelle. 

EMPOINTER  ,  Appointer  ,  ou  pointer  une  pièce  d'é- 
toffe. C'ell  y  Laite  quelques  points  d'aiguille  ^  avec 
de  la  foie  ,  du  fil,  ou  de  la  ficelle  ,  pour  la  contenir 
dans  la  forme  où  elle  a  été  pliée ,  &  l'empèchet  de 
prendre  de  mauvais  plis. 

EMPOIS.  L  m.  Colle  légère  ,  faite  d'amidon  ,  dont  on 
fe  fert  pour  rendre  le  linge  plus  terme  <^  plus  clair. 
Amylum  dilutum ,  maceratum.  De  l'eau  à' empois. 
Coller  avec  de  V  empois.  Empois  blanc ,  empois  bleu. 
Lémery,  dans  fon  Traité  des  drogues ,  apprend  la 
compofition  de  l'un  &  de  l'autre. 

Ce  mot  vient  d'^z^pc.?,  qui,  en  langage  Celtique 
ou  bas-Breton  ,  fignifie  la  même  chofe. 

EMPOISONNEMENT.  L  m.  Aélion  par  laquelle  on 
tâche  de  faire  mourir  quelqu'un  ,  en  lui  faifant  pren- 
dre du  poifon.  Veneni  prahitio  ,  veneficium.  C'eft 
une  efpèce  d'homicide  clandeftin.  L'empoi/onne- 
ment  eft  un  crime  capital ,  &  qu'on  punit  du  feu. 

EMPOISONNER,  v.  a.  Faire  prendre  du  poifon  à 
quelqu'un,  à  deflcin  de  le  faire  mourir.  Necarc  ve- 
neno ,  venenum  pr&bere.  Ainfi  on  dit,  empoifonner 
un  homme  ,  empoifonner  un  chien.  Mcdee  ctoit  cé- 
lèbre dans  l'art  à' empoifonner.  Empoifonner  lignifie 
aulTi  infedler  de  poifon.  Veneno  infîcerc.  Empoi- 
fonner une  fontaine  ,  des  armes.  On  avoir  empot- 
fonné  les  viandes  ,  le  vin  de  ce  fcftin.  On  empoifon- 
/2a  avec  des  gants  parfumés,  Jeanne d'Albret,  Reine 
de  Navarre,  mère  de  Henri  IV. 

gCT  Empoisonner  des  terras ,  c'eft  y  jeter  des  chofes 

Qqq  q 


674  E  M  P 

pour  faire  mourir  les  chiens ,  afin  d'empccher  la 
chaire. 

^fT  Empoisonmcr  ,  fe  di:  encore  des  chofes  qui  font 
mourirpardes  qualités  vénéneules.  il  y  a  des  cham- 
pignons qui  einpoij'ûf'.nent.  Kenenacus ,  veneriijer. 

Empoisonner  j  fe  du  aulîi,  par  exteniion ,  de  tout  ce 
qui  altère  la  lanté,  ou  cjui  bleile  lesfens  ,  de  toutes 
les  vapeurs  infectes.  On  nous  a  donné  de  la  viande 
puante,  qui  nous  a  empoijonnés.  Il  s'exhale  de  ce 
cloaque  une  ii  mauvaife  odeur  j  qu'elle  ett  capable 
•de  nous  empoiféllker. 

Je  fors  de  che^  un  fat ,  qui,pour  w'empci  Tonner , 
Jepenfe,  exprès  chei/ui  m' a  prié  de  diner.  BoiL. 

On  le  dit  encore  d'un  mauvais  Cuifinier ,  qui  ap- 
prête mal  les  viandes ,  qui  fait  de  mauvaif es  fauces , 
dél'agréables  ,  de  mauvais  ragoûts  >  &c.  tel  que  ce- 
lui que  Boileau  appelle  un  empoifonneur. 
Empoisonner,  fe  du,  figurément ,  en  Morale,  des 
faulîèsdodltineSjdes  mauvaifes  maximes, des  mau- 
vaifes  intentions  ,  &  généralement  de  tout  ce  qui 
corrompt  l'efprit  <3c  le  ccrur ,  qui  anéantit  le  mérite 
des  acfions.  Jamais  hcrélie  n'a  tant  cmpofonnc  de 
genSjque  l'Arianihiie.  Les  libertins  empofonnent 
les  jeunes  efprits  de  leurs  m.échantes  maximes.  Cet- 
te négligence  qui  tue  les  âmes,  qui  empofonne  les 
attions  les  meiileur-es.  Abbé  de  laTrape. 

On  dit  audi ,  qu'on  empoifonne  un  difcours  j  une 
Jîilloire,  quand  on  donneun mauvais  tour  aux  cho- 
fes ,  ou  quand  on  ajoute  malignement  à  un  récit 
quelques  circonftances  qui  rendent  criminelle  une 
chofe,  qui  d'ellenîême  étoit  innocente.  Les  mé- 
dif.ins  enipoifinnenc  lom.  Il  avoit  un  fond  de  mau 
vaife  humeur  ,  capable  à'empoifonner  toutes  les 
joies  du  monde.  S.  Evr.  Le  monde  empoifonne  à' ot- 
dinaire  les  chofes  qu'il  ne  comprend  pas.  Boi;h.  Les 
interpiète  maL 

Cet  ennui ,  que  la  joie  avoïîfu  nous  Couvrir  , 
Revient  empoifonner  la  douceur  la  plus  pare , 

Etj  ait  payer  avec  ufure 
Le  temps  qu  il  a  paffe fans  nous  faire fouffrir.  De  V. 

Empoisonné  ,  ne,  part.  palT.  &  adj.  Veneno  cnccïus.  Il 
mourut  empoifonne  ^^x  fa  femme.  J'ai  le  cœur  em- 
poifonne A\me  iTnprellîon  de  mélancolie,  que  ma 
mau  vaife  fortune  y  a  faite-  M.  Scod.  Des  louanges, 
des  railleries  malignes  &  empoijonnees  ,  données  à 
delfein  de  nuire. 

§Cr  EMPOISONNEUR ,  euse.  f.  Celui  ou  celle  qui 
empoifonne.  Fencnarius ,  ou  veneficus  ^  vcnefca.  Il 
a  été  condamné  comme  empoifonneur. 

^fT  On  le  dit ,  figurément,  d'un  maiwais  Pâtif- 
fier ,  d'un  Cuiiinier  dételfable  ,  tel  que  Mignot , 
dont  Boileau  du  : 

-    Dans  le  monde  entier, 
/û/tzéz/j  empoifonneur  ne  fut  mieux  fon  mener. 

On  le  dit  auffi  j  figurément,  d'un  homme  qui  dé 
bite  une  mauvaife,  une  faulle  doctrine.  \]n  hérc- 
liarque  eft  un  empoifonneur  public.  Acad.  Fr. 

Ces  mots  viennent  du  primitif /'t){/o/7 ,  qui  vient 
du  Latin  potio  ,  boifj'on, 

EMPOISSER.  v.  a.  Enduire  de  poix.  Pice  ohlinere , 
inducere  ,  pici.re.  Il  faut  empoijfer  les  cordages  &;  les 
navires  pour  les  conferver  dans  l'eau.  Poiifcr  efl 
plus  enufaqe.  /'oy.  Loisser. 

EMPOISSONNEMENT,  f  m.  Adionpar  laquelle  on 
met  du  peuple  dans  un  érang  ,  après  qu'il  a  été  pé- 
ché. Stagni  reparacio.  Les  Fermiers  font  obligés  par 
leur  bail  j  de  faire  appeler  le  maître  ,  pour  voir  fai- 
re ['empoisonnement  de  fes  étangs  à  la  fin  du  bail. 

EMPOISSONNER,  v.  a.  Mettre  du  peuple  dans  un 
étang  pcché.  Stagnum  reparare  ,  ou  renovare  p'fci- 
bus.  Ce  F-jrmier  eft  obligé  de  mettre  un  millier  ou 
deux  de  peuple  ou  de  nourrain  ,  pour  empoijjonner 
les  étangs ,  quand  il  les  quitte.  Il  y  a  un  étang  qui 


E  M  P 

i'empoiffonnede  deux  cens  milliers. Bussi  Rae.  Polir 
empoisonner  les  étangs ,  il  faut  un  millier  de  petits 
poillons  par  chaque  aipenr. 

Empoissone  ,  EE.  part.  «S:  adj.  Pifculentus  ,  pifcofus, 
Nicot  le  dit  d'une  nvièrt;t;/?2/Jo///o/i«t;e, qui efl abon- 
dante en  polluons ,  de  tf  une  table  bien  empoifonnée , 
qui  elf  bien  lervie,  bien  garnie  de  poilTons  j  menfa 
ptjcibus  laucè  injtrucia.  Il  dit  la  même  chofe  fur  le 
mot  appoijjonncr.  Perfonne  ne  le  dit  avec  lui. 

EMPOLI.  Petite  ville  Epifcopale  de  la  Tofcane,eÇ 
Italie.  EmpoiiA,  Emponum.  Elle  elt  dans  le  Floren- 
tin fur  l'Arno,  entre  Pife  &  Florence  ,  dont  l'Evê- 
que  d'£'/npo<!ielt  fufiraganr. Long.  28.  d.  4o',lat.  43. 
d.  41'. 

Ce  mot  s'eft  formé  à' E-mporium  ,  par  le  change- 
ment de  l'r  en  /. 

Eaipoli.  Foye^  EMBOLI. 

ifT  EMPOK.ETIQUE.  adj.Termede  Pharmacie  j  qui 
fe  dit  du  papier  brouillard  ,  qui  boit ,  dont  on  fe 
fetr  pour  hltret  les  liqueurs,  hmporetica  charta  y 
papier  gris ,  papier  brouillard  ,  papier  à  filtrer. 

ffc?  h.MPORTÉ,  ÉE.  adj.  Èpithète  Cjui  s'applique  aux 
perfonnes  qui  fe  fâchent  aifément ,  &  font  promp* 
tes  à  dire  des  mju-res.  Iracundus.  Il  ne  faut  louvenc 
que  de  la  patience  avec  les  gens  emportéi  \  ils  s'ar- 
rêtent ordinairement  aux  diicouis ,  &  n'ont  quel- 
quefois que  le  premier  feu  de  mauvais.  On  dit, 
fublfantivement ,  c'eft  un  emporté. 

ffT  On  ne  confondra  pas  l'homme  v/o/ew,  avec 
l'homme  emporté,  comme  le  font  nos  Diélionnarif- 
tes,  L  homme  violent  elf  plus  dangeieux  ^  il  faut  fe 
tenir  fur  fes  gardes  avec  lui  :  il  va  à  l'aétion  ;  il  eft 
prompt  à  lever  la  main  ,  manu  promtior,  &  frappe 
auilitôt  qu'il  menace,  i^oy.  les  Svn.  Fr. 

IfJ-  EMPORTEMENT,  f.  m.  Jnimi  impetus ,  sjlus  ^ 
e^ervefcentia.  Ce  n'eft  pioprement  qu'un  mouve- 
ment extérieur  qui  éclate  ,  &  c]ui  fait  beaucoup  de 
bruit,  mais  qui  palle  promptement.  Il  arrive  ordi- 
nairement que  la  chaleur  du  fang,  &  la  pétulance 
de  l'imagination  occaiionnent  l'e/n/'orrewe/^r ,  fans 
que  le  cœur ,  ni  l'efprit  y  aient  part  ;  il  efl:  alors  tout 
mécanique  ;  c'eft  pourquoi  la  raifon  n'eft  point  de 
mife  à  (on  égard  :  il  n'y  a  donc  qu'à  céder ,  julqu'à 
ce  qu'il  ait  eu  fon  cours.  \^ emportement  marque 
beaucoup  d'aigreur  &  d'impatience  :  celui  de  nos 
amis  elt  le  plus  défagréable  iSc  le  plus  dur  à  fou- 
tenir. 

f3"  D'j  près  cela  ,  il  eft  aifé  de  diftinguer  \em~ 
portement^  delà  colère  t<  du  courroux.  Une  agita- 
tion impatiente  ,  dit  M.l'AbbéGirard  ,  contre  quel- 
qu'un cpii  nous  obllinej  qui  nous  offenfe,  ou  qui 
nous  manque  dans  l'occafion ,  fait  le  caracitère  com- 
mun que  ces  trois  mots  expriment  :  mais  chacun  de 
ces  mots  diverlihe  à  fa  manière  cette  idée  principa- 
le ,  par  une  idée  accelfoire  qui  lui  conft itue  un  ca- 
ractère propre  &  lingulier.  Voy.  Colère  et  Cour- 
roux. 

Amli  emportement  T\z  fe  dit  plus  que  dans  le  fens 
figuré  :  on  ne  dit  plus  emportement  ,  pour  lignifier 
le  tranfport  de  quelque  chofe  ,  exportatio  ,  depor- 
tatio.  Il  y  a  des  gens  qui  ont  l'aigreur  de  la  mali- 
gnité de  la  colère  ,  quoiqu'ils  n'en  aient  pas  les  em- 
poftemens.  M.  Esp.  On  fe  fcrt  fouvent  de  ce  mot 
pour  exprimer  un  amour  aveugle  &z  outré  ,  qui  ne 
garde  nulles  mefures  :  (i  une  femme  ,  oubliant  la 
modeftie  de  fon  fexe  ,  s'abandonne  à  fa  paiîion  , 
fans   même  avoir  égard  aux   bienféances  ,  on  di: 

3u'elle  a  des  cmportemens  mal  féans  à  fon  fexe.  Il  fe 
it  des  pallions  agréables,  aulîi-bien  que  de  celles 
qui  font  accompagnées  de  trouble  &  de  violence.  Il 
a  des  cmportemens  de  joie  ridicules.  Augufte  étoic 
dans  r.ige  où  les  adions  de  ju:^ement  &:  deconduite 
donnent  plus  d'admiration  ,  que  ces  boutades  &  ces 
cmportemens  j  qui  font  li  agréables  à  la  jcui.eire. 
Seg.  On  le  dit  encore  pour  caprice  ,  &  dcréglemenqf 
d'imagination.  Les  livres  des  Italiens  modernes  font 
pleins  de  je  ne  fais  c^wds  emponemens  qui  ne  nous 
conviennent  pas.  Enfin ,  C\  le  mot  ii'elt  pas  détermi- 
né par  une  épithète  ,  ou  par  la  matière  ,  il  retient  fa 


E  M  P 

première  figniiîcation  ,  &c  fe  prend  pour  un  mou- 
vement impérueiix  de  colère.  Mais ,  il  l'on  die  un 
noble  cmporrsmcm  ,  l'épitiiète  corrige  ce  que  la  ter- 
me a  de  vicieux,  quand  il  e(l  feul.  Bouh.  Bien  des 
geîis  préfèrent  Jes  ûges  emponemens  de  Malherbe 
aux  faillies  &  aux  excès  pmdariques.  Boil.  Il  ré- 
pondit avec  tout  ïemponcment  d'un  homme  de 
bien  ,  dont  on  attaque  rhoimeur  injuftement. 
S.  Real. 

Eh  !  ne  voyols-tu pas  dans  mes  emportemens , 
Que  mon  cœur  ddmcntou  ma  bouche  à  tous  momens? 

Rac. 

EMPORTE- PIÈCE,  f.  m  Terme  de  Cordonnier,  & 
de  quelques  autres  ouvriers.  Fer  aigu.ïc  tranchant , 
donc  les  Cordonniers  fe  fervent  pour  découper  & 
emporter  le  cuir  ^  lorfqu'ils  coupent  des  fouliers.  Les 
dccoupeurs,  les  hiifeurs  de  mouches  &  de  cartes  à 
jouer,  &c  autres  artilans  j  ont  auîli  des  emporte-piè- 
ces. C'eft  encore  le  nom  que  les  Pâtilîiers  donnent 
au  fer  dont  ils  fe  fervent  pour  façonner  le  pain  des 
MelFes.  On  dit  quelquefois  emporte-pica  dans  un 
fens  figuré,  pour  ligjiiher  une  raifon  efficace,  &: 
contre  laquelle  on  n'a  rien  à  dire,  une  autorité  puif- 
fante  ,  une  interceffion  à  laquelle  on  ne  peut  rcfif- 
ter.  En  ce  fens  il  eft;  bas ,  &  tout  au  plus  du  (ïyle  fa- 
milier. Il  fe  ditaullî  d'une  mcihfance  fanglante  ,  & 
même  de  la  langue  médilante,  &  des  perlonnes 
dont  les  difcours  lont  véhémens ,  farts,  &  font  leur 
effet,  foit  en  bien,  foit  en  mal.  Ce  Prédicateur  ,c'eft 
un  cmoorte-pïcci.  Cela  elt  bas ,  &  ne  le  du  que  par 
•des  gens  peu  polis. 

Il  y  a  ,  en  termes  de  Jardinier  ,  une  efpèce  de 
grefie,qu'on  appelle  la  greffe  à  ernoorte-pièce.  Quand 
on  ente  à  emporte-pièce  fur  de  gros  arbres  ,  on  fait 
les  entailles  dans  le  bois  &:  dans  l'écorce.  Liger. 
Grt&sï  À  emtiorte-pièce.  Voy.  Greffe  &  Greffer. 

fer  EMPORTER,  v.  a.  Prendre  une  choie  ^  &  la  por- 
ter avec  foi  d'un  lieu  dans  un  autre. -Gl/erre  ,  expor- 
tare.  Emporte^  ce  livre,  vous  le  lirez  à  loillr. 

^fT  Porter ,  dit  M.  l'-\bbé  Girard  ,  n'a  précifé- 
ment  rapport  qu'à  la  charge  du  fardeau.  Apporter , 
renferme  l'idée  du  fardeau  &  celle  du  lieu  où  on 
le  porte.  Tranfporter  a  non-leulement  rapport  au 
fardeau  &:  au  lieu  où  on  le  doit  porter  ,  mais  nn- 
me  à  l'endroit  d'où  on  le  prend.  £/77^o/-;cr  enchérit 
par-delTus  toutes  ces  idées  ,  en  y  ajoutant  une  idée 
de  propriété  à  l'égard  de  la  chofe  dont  on  fe  charge. 
Nous  permettons  d'tvCjytir^er  ce  que  nous  lailTons  aux 
autres  ,  ou  ce  que  nous  leur  donnons.  Les  voleurs 
emportent  ce  qu'ils  ont  pris. 

1^  Si  un  de  nos  Traducteurs  avoir  fait  attention 
aux  idées  accelToires  qui  caraclerifent  les  fynony- 
mes  ,  il  n'auroit  pas  dit  que  le  malin  elprit  emporta, 
au  lieu  de  dire  ,  tranfpona  Jefus-Chrifl:. 

^fT  Emporter  ,  fe  dit  au  limple  &  au  ligure  ,  au  mo- 
ral &  au  phylique. 

Emporter  j  figmne  aulli ,  Enlever  ,  ravir  avec  vio- 
lence. Auferre.  Les  foldats  ont  emporté  le  plus  beau 
&  le  meilleur  de  cette  maifon.  Les  Sergens  ont  e/n- 
/'orfe  tous  fes  meubles  pour  les  vendre.  Ne  ment- 
portes-ia  rien  .''  Que  vous  emporterois-]e  ?  Mol. 

Emporter  ,  fianifie  aulli ,  Entraîner  avec  foi  ^  5c  dans 
le  fens  moral  Se  figuré,  rirer  l'ame  de  fa  lituation 
ordinaire,  la  jeter  dans  un  excès  blâmable.  Rapere  j 
auferre.  Un  torrent  emporte  tout  ce  qu'il  trouve  en 
fon  chemin.  On  dit  aulll  que  la  pefte  emporte  les 
hommes  eu  vingt-quatre  heures.  Vos  fens  trop  dé- 
ciÇ\Çs  emportent  facilement  votre  rnifon  incertaine 
&  irréfolue.  Boss.  Les  mouvemens  iinpétueux  de 
Sénèque  l'emportent  fouvent  dans  des  p.iys  qui  lui 
font  inconnus.  Maleb. 

IJ3"  Un  bon  Orateur  emporte  ,  entraîne  leseTprirs 
a  fon  opinion.  Le  génie  duTaile  Vemrnrtc  qmL\ai- 
fois  trop  loin  j  &  il  eft  trop  fleuri  en  quelques  en- 
droits. BouH.  Le  fublime  &  le  pathétique  par  leur 
violence  &■  leur  impétuodté  entraînent  &  empor- 
tent tout.  Boil.  Les  hommes  n'ont  aucun  but  certain 


EM  P  675 

dans  leur  vie  ,  ils  fe  laillènt  emporter  par  une  légè- 
reté continuelle.  Nie. 
Emporter,  fignifie auffi ,  Obtenir ,  avoir  le  deifus , 
avoir  l'avantage  fur  un  ^mze.Superare  ^  prdceliere  ^ 
vinccre,  obtinere.  Quand  il  lignifie  avoir  le  dellus  , 
on  le  joint  avec  le  pronom.  L'emporter  fur  les  autres. 
Il  a  enchéri  cette  terre  ,  &  l'a  emportée.  Cet  hom- 
me veut  tout  emporterai  haute  lute.  On  ne  dit  point 
emporter  la  victoire  j  mais  remporter.  Boun.  Mais 
l'on  dit  emporter  ,  &  non  remporter  le  butin.  Les 
Platoniciens  Vem.portèrentiÇnx:  tous  les  autres  Phi- 
lofophes.  Port-R.  Il  a  emporté  fa  caufe  tout  d'une 
voix. 

Eh  bien  !  vous  l'emportez  ,  &  la  faveur  du  Roi 
Fous  élève  en  un  rang  qui  n'était  dû  qu'à  moi. 

Corn. 

On  dit  audî ,  Cela  emporte  la  balance  ,  tant  au 
propre  qu'au  figuré  ,  lojfqu'il  y  a  un  poids  j  ou  un 
mérite  plus  grand  que  l'autre. 

Ne  délibérons  plus  j  cette  pitié  l'emporte.  Corn. 

Emporter  ,  fe  dit  aufli  pour ,  Prendre  de  force.  Oc- 
cupare.  Emporter  une  place  d'alfaur.  Ablanc.  On 
eût  emporté  la  ville ,  li  toute  l'armée  eût  donné. 
Id. 

C'eft ,  je  crois  ,  dans  ce  fens  ,  que  M.  PclilTon  a 
dit  figurément  emporter  une  objeétion  ,  pour  ligni- 
fier, la  réfoudre  ,  y  répondre  pleinement  ,  y  fatis- 
faire  ,  deforte  qu'il  n'y  ait  plus  de  difficulté.  Ainfi 
cette  objedion  ctain emportée  .t'A  faut  lailler  à  tout 
cet  entretien  de  N.  S.  avec  les  Capharnaites  & 
avec  fesdilciples,  le  fens  naturel  qu'il  doit  avoir. 
Pei.isson. 

Emporter,  fe  dit  des  conféquences  qui  fuivent  d'un 
principe.  Sequi ,  confcqui  ex.  Il  fliudroit  confidérer 
les  forces  mouvantes ,  c'eft-à  dire  ,  les  colonnes  des 
liqueurs  comme  afioiblies  par  une  plus  grande  den- 
lîté  ,  au  lieu  qu'elles  étoienc  loititiées  par  une  plus 
grande  hauteur  j  &:  pat  une  plus  grande  pefanteuc 
Ipécn'ique  j  ce  qui  emporte  que,  dans  la  proportion 
des  forces  &  des  etlets ,  le  produit  de  la  plus  grande 
hauteur  par  la  plus  grande  pefanteur  fpècihque  foie 
encore  multiplié  par  la  moindre  denlité  ,  &  que  la 
même  racine  du  produit  de  ces  trois  grandeurs  ré- 
ponde à  la  plus  grande  vîtelFe.  Acad.  des  Se.  1705. 
p.  ii-j. 

Emporter,  v.  a.  On  dit  que  la  forme  emporte  le  fondj 
<k  que  le  fond  emporte  la  forme  ;  pour  dire  ,  que 
dans  le  jugement  d'un  procès  ,  la  forme  prévaut  fur 
le  tond  J  ou  le  fond  fur  la  forme.  Acad.  Fr. 

Emporter. Ôter,  couper.  Cxdere  ,  tollcre  ,  abrumpere  , 
abfcindere.  En  le  jouant  ils  emportoicnt  un  bras ,  ou 
une  jambe.  'Voit. 

Emporter  J  fedit  de  toutes  les  cnufes  qui  donnent  la 
mort.  Le  Vicomte  de  Turenne  fut  emporté  d'un 
coup  de  canon.  La  petite  vérole  a  emporté  ce  Bis 
unique  en  trois  jours.  Lfiie  fièvre  maligne  l'a  emporté 
au  cinquième  jour.  H  prédit  la  mort  prochaine  d'une 
de  fes  fœurs,  quoiqu'elle  le  poitât  bien  alors,  & 
qu'il  ne  parut  aucun  ligne  qu'elle  duc  être  emportée 
fitôr.  P.  d'Orlians  j  /-le  Je  C. p.  5 1 1.  Il  y  a  dans 
certe  Province  une  maladie  épidémique  qui  em- 
porte bien  du  monde.  Ce  (iège  ,  cette  bataille  ,  cette 
campagne  a  emporte  bien  du  monde. 

Emporter  J  fignifie  aufli ,  ôter  j  effacer.  Delere.  Le 
favon  ,  la  lellive  ,  emportent  toute  la  crafle  ^'  l'or- 
dure du  linge.  Le  jus  de  citron  ,  le  verjus  ,  empor- 
tent les  taches  d'encre,  leselïacenr,  Scgénéralement 
les  acides  emportent  tous  les  alcalis ,  parce  qu'ils  s'en 
imbibent. 

f/fy  On  dit  de  même  d'un  remède  ,  qu'il  empcrti 
une  maladie  ^  pour  dire  ,  guérir.  Une  fiignce,  une 
médecine  emportera  la  fièvre. 

Emporter,  fe  dit,  figurément,  pourdire.  Attirer, 
amener  par  une  fuite  nécelHiire.  A^erre,  inducere  , 
trahere  ,  inferre.  La  perte  d'une  barnille  emporte  la 

Q  q  q  q  ij 


é7< 


E  M  P 

dclolation  du  pays.  Voilà  une  pièce  décifive  ,  qui ^ 
emporte  gain  de  caufe.  On  diraiilli  au  Palais,  Défaut 
emporcanc'p'io'ài. 
i'EMPOP.TER,  Te  dit  auiïî  j  en  parlant  des  violentes  agi- 
tations de  l'ame  ,  &  lignifie  ,  S'abandonnet  à  la  co- 
lère. Ejj'crri  iraaindiâ.  Les  gens  prompts  &  co- 
lériques s'evzponenc dès  qu'on  les  contredit.  Je  fuis 
violent ,  &  je  me  ferois  empùité.  Mol.  Ah  !  vous 
êtes  dévot ,  &  vous  vous  emporte^  ?  Id.  Alexandre, 
qui  sVm^Dorruiirtort  aifément,  ne  put  retenir  la  co- 
lère. Vaug.  Il  eft  difficile  à  un  milérable  de  parler 
avec  modération  ,  (S:  de  ne  fe  pas  emporter.  Id. 

s'Emporter. Termî  de  Jardinier.  Il  fe  dit  des  arbres 
qni  ne  poullent  que  de  grolFes  branches  avec  trop  de 
vigueur,  enlorte  qu'il  ell  à  craindre  que  le  trop  de 
vivacité  ne  foitnuilible  &  ne  les  hiiîe  avorter.  Luxu- 
riare  ylafclvire.On  le  dit  fur-tout  des  arbres  qui, 
par  de  grands  jets,  font  ou  des  buiitcnis  trop  grands, 
ou  des  efpaliers  qui  excédent  la  hauteur  des  mu- 
jailles.  Si  bien  que  s'emporter  ,  à  l'égard  des  arbres, 
c'ertpoufler  plus  fortement  qu'il  n'elibefoin.  Liger. 
C'eft  une  métaphore  titée  de  la  fignification  précé- 
dente ,  quoique  morale  ;  d'où  vient  qu'on  appelle 
aulîi  ces  a.ïhiesfurieux. 

^3'  s'Emporter  ,  Terme  de  Manège,  fe  dit  d'un  che- 
val que  les  efforts  du  cavalier  ne  peuvent  retenir. 

Emporter  j  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes , 
Autant  en  emporte  le  vent  ;  pour  dire ,  ces  pro- 


E  M  P 

dit  aiiiîi  des  autres  efpèces  d'horloges,  dans  lefque!- 
les  le  fable,  le  plomb ,  ëcc.  s'écoulent  à-peu-prèi 
comme  l'eau  failoit  autrefois  dans  les  clepfydres 
proprement  dites  ,  &  qui  font  maintenant  moins  eu 
ufage  :  c'eft  ainfi  que  nous  appelons  /ahle  ce  for- 
tes d'horloges  ,  quoiqu'il  n'y  ait  pas  toujours  du 
lable  ,  mais  du  plomb  ,  de  la  coque  d'œuf  pi- 
lée  ,  &c.  L'Empouiete  eft  ordinairement  d'une  de- 
mi-heure. 

EMPOUPER.  V.  a..Fertre  bipuppim.  On  difoit  autre- 
fois ,  que  le  vent  empoupe  le  navire  j  &  Ronfard 
s'eft  fervide  cette  exprelfion,  pour  dire  que  le  na- 
vire a  le  vent  en  poupe. 

EMPOURPRER,  v.  a.  Purpura  tingere  ,  purpurare. 
Colorer  de  rouge ,  ou  de  pourpre.  Il  ne  fe  du  guère 
qu'en  Poclie  ,  &  même  en  vers  il  vieillit  &  fe  die 
rarement. 

Tout  fleuve ,  tout  rutffèàu  j  defang  teignit  fan  onde: 
Chaque  arbre  en  empourpra  fon  écorce  &  fon  cœur. 

Chap. 


meffes  ne  font  pas  sûres.  Mademoifelle  de  la 'Vigne 
a  dit  des  ombres. 

Il  en  ejl  à  mines  difcrètes  , 
Et  d'un  entretien  décevant  j 
Mais  fi.e\  vous  à  leurs  fleurettes. 
Autant  en  emporte  le  vent. 

On  dit  auflî  j  qu'un  homme  emporte  la  pièce;  pour 
dire ,  qu'il  fait  des  railleries  fanglantes  &  cruelles. 
.On  dit  aulîi ,  Le  plus  fort  Remporte  \  pour  dire,  que 
les  plus  puilfans  ont  toujours  l'avantage.  On  dit 
aulîi  j  Emporter  une  chofe  à  la  pointe  de  l'épée  ; 
pour  dire ,  après  une  longue  conteftation. 
Emporté  j  ée.   part.  Il  a  les  lignifications  de  fon 

verbe. 
EMPOTER.  V.  a.  Terme  de  Fleuriftes.  Il  fe  dit  des 
œillets  &  autres  fleurs  ,  &  fignifie.  Mettre  dans  un 
pot  avec  du  terreau  ,  pour  les  y  cultiver  comme  en 
pleine  terre.  Seponere  in  vas.  Empoter  des  marcotes. 
Il  faut  empoter  cet  œillet  ",  il  eft  temps  d'empoter  ce 
pied  de  giroflée.  Liger.  Ce  terme  eft  de  tous  les  Jat- 
diniers,  &  fignifie.  Mettre  une  plante  avec  de  la 
terre  dans  un  pot,  pour  l'y  faire  vivre  comme  en 
pleine  terre.  La  Quint 
Empoter.,  fe  dit  aufii  des  confitures,  des  firops  & 
chofes  femblables  ,  qu'on  met  dans  des  pots  pour 
les  conferver  .•  ceux  qui  ont  écrit  fur  ces  matières 
fe  fervent  de  ce  mot.  Vous  empote^  vos  fruits  com- 
me la  première  fois.lNSTPvUCT.  pour  les  Confit. 
EMPOUILLES.  f.  f.  Ternie  ufité  dans  quelques  Pro 
vinces  pour  défigner  les  grains  pendans  par  les  ra- 
cines. FraSaj.  Ils  atteftent  qu'ils  n'ont  jamais  pro-l 
(i:é  des  empouilles  qui  étoient  fur  pied  à  la  Saint 
Jean-Baptifte.  Factum.  Ce  mot  ne  fe  dit  qu'au  Pa- 
lais, 8c  ne  fe  dit  que  des  fruits  de  la  terre  tandis 
qu'ils  font  fur  pied  :  quand  ils  font  coupés ,  moif- 
fonnés,  fauchés,  c'eft  dépouille. 
EMPOULÉ  ,  ÉE.  adj.  f^oye^  Ampoulé.  Madame  Da- 
cier  écrit  empoulé.  Quelle  phrafe  empoulée  &  pathé- 
tique !  Ne  diroit-on  pas  que  le  R.  P.  leBoffu&  moi 
avons  voulu  relever  les  autels  de  ces  Dieux,  &  être 
tilus  Païens  que  les  Païens  mêmes. 
EMPOULE TTE  ,  ou  AMPOULETTE.  f  f.  AmvuUa\ 


Empourpré  ,  ée.  part.  &  adj.  Tinclus.  Ce  mot  eft  poé- 
tique ,  &  fignifie ,  qui  eft  coloré  de  rouge  tirant  fuE 
le  noir.  Railin  empourpré.  God. 

Ce  mot  vient  du  h^ùn purpurare  j  imvurpurare. 
|EMPREIGNER.  v.  a.  Terme  de  Phyfique.  Quelques 
Philofophes  &  quelques  Chymiftes  fe  fervent  de  ce 
mot  pour  imprégner ,  qui  doit  être  préféré  ,  & 
qui  eft  feul  employé  par  les  bons  Ecrivains,  f^oye^^ 
Imprégner. 

EMPREINDRE,  v.  a.  Imprimer  quelque  figure  fut 
quelque  chofe.  Graver ,  imprimer  une  chofe  fur  une 
autf  e  J  pour  lui  en  donner  la  figure.  Empreindre  une 
figure  ,  des  caraâères  ,  &c  ,  Imprimere.  Voilà 
de  la  monnoie  préparée ,  il  ne  refte  plus  qu'à  {'em- 
preindre. 

Ce  mot  vient  du  Latin  imvrimere  ^  marquer. 

Empreindre  ,  fe  dit  aulH  figurément  en  Morale  ,  des: 
imprellions  que  la  nature  ou  les  habitudes  font  dans 
notre  efprit.  Le  fentiment  de  la  vertu  eft  empreint 
naturellement  dans  nos  âmes.  Nous  nous  préoccu- 
pons aifément  des  premières  opinions  qui  font  em-' 
freintes  dans  notre  efprit. 

Empreint  ,  einte.  part. 

EMPREINTE,  f.  LNota,imprefllo  ^fignum,  characier. 
Marque  ,  ou  imprellion  que  fait  une  chofe  dure  fur 
une  chofe  plus  molle  .•  figure  tirée  fur  une  autre  .• 
image  qu'un  corps  lailfe  de  lui-même  fur  un  autre  , 
auquel  il  eft  appliqué.  L'empreinte  d'un  cachet  fur  la 
cire.  On  voyoit  encore  les  empreintes  de  fes  pieds  fur 
la  terre,  qui  marquoient  fa  fuite.  On  tire  des  em- 
preintes des  médailles  ,  avec  de  la  pâte  j  de  la  cire, 
&  autres  chofes  molles. 

Empreinte  ,  fe  dit  aullî  de  la  pièce  gravée  avec  la-" 
quelle  on  fait  les  empreintes  ,  tant  des  cachets  que 
des  poinçons ,  en  copiant  la  figure  qui  eft  gravée 
delTus. 

Empreinte,  fe  dit  au  figuré  dans  le  moral.  L'empreinte 
de  la  Divinité.  L'empreinte  du  doigt  de  Dieu  fe  re- 
connoît  dans  tous  les  ouvrages  de  la  nature.  Nous 
avons  un  fonds  de  corruption  qui  nous  révolte  con- 
tre tout  ce  qui  porte  ['empreinte  de  la  loi  éternelle  ; 
c'eft-à-dire,  de  l'ordre  immuable  dont  Dieu  eft  la 
fource.  BuRLAMAQui.  Ses  périls  porteront  toujours 
l'empreinte  de  fon  cœur.  Gresset  ,  en  parlant  de 
M.  Douchet.  Cet  amour  du  vrai  ,  ces  femences 
d'équité  qui  réfident  dans  notre  cœur  ,  font  les  ti- 
tres précieux  de  notre  origine  :  c'eft  l'empreinte  de 
la  main  qui  nous  a  tirés  du  néant.  Bougain^ 

|EMPRENDRE.  Vieux  mot,  pour  dire  entreprendre. 
Incipere  j  fufcipere. 


genus  clep/ydra.  Terme  de  Marine.  Aftemblage  de~EMPRÉS.  adv.  Vieux  mot  qui  a  été  dit  pour  enfuite. 
deux  phioles  faites  en  poires  ,  jointes  runeàl'au-]  On  a  dit  aulîi  empre///,  pour  en  bref, 
treparun  cou  étroit,  par  lequel  s'écoule  un  fable. EMPRESSÉ ^  Ée.  adj.  Qui  eft  ardent,  aftif,  qui  fe 
fort  délié  de  la  phiole  de  deffus  dans  celle  d'enbas:'i  donne  du  mouvement  pour  le  fuccès  de  quelque 
une  certaine  quantité  de  ce  f^ble  fert  à  déterminer]  chofe.  On  a  bien  plus  fouvent  à  fe  plaindre  des  fots 
un  certain  efpace  de  temps.  Clepfydra  proprement]  emprejjes ,  que  de  ces  miférables  oififs  qui  ne  cher- 
ue  doit  fe  dire  que  des  horloges  d'eau  j  mais  on  le  i    chenc  que  le  repos.  M.  Scud.  L'air  imprejfée^  une 


K  M  P 

recherche  importune  ,  ou  une  affedation  ridicule 
<le  marquer  de  la  bienveillanceà  quelqu'un.  Un 
homme  qui  taie  Vemprejfc ^  eft  nn  homme  qui  fau 
le  néceiraire  ;  qui  s'incngue  par-touc.  Phèdre  les  a 
décrits  dans  la  Fable  EJi  arddionum  quidam  Romm, 
natio  j  &'c. 
EMPRESSEMENT,  f.  m.  Mouvement  que  fe  donne 
celui  qui  recherche  une  chofe  avec  ardeur.  Il  fliut 
fervir  l'es  amis  avec  emprefjemem.  On  travaille  à  cet 
armement  avec  grand  emprejfement.  Velleius  Pa- 
terculusdit,  en  parlant  de  SejaUj  agiiranc  fanse/7z- 
pre(Jement ,  (SCj  dans  l'adtion  même  ,  femblable  à 
ceux  qui  font  oilîfs  ;  c'eft-à-dire,  fans  précipitation 
&  fans  fe  donner  trop  d'agitation  &  de  mouvement. 
Bou.  Le  Roi  ébranlé  par  le  moindre  revers  s'abaif- 
foit  à  des  emprejjcmens  qui  le  faifoient  mépriler  de 
fes  ennemis.  Var.  En  vérité  ,  le  monde  0?c  la  for- 
tune, àquiles  connoîtbien,  ne  valent  pas  tant  dVw- 
prejfement.  Ch.  de  M.  Il  faut  que  notre  empreJJ'c 
ment,  à  bien  ufer  du  temps  j  égale  la  vîtelfe  avec 
laquelle  il  s'écoule.  Nie. 

L'avenir  remplit  notre  lice , 
//  efi  l'unique  but  de  nos  emprelFemens.  Des-H. 

EMPRESSER,  S'EMPRESSER,  v.  récip.  Se  donner 
beaucoup  de  riiouvement  pour  le  fuccès  d'une  af- 
faire i  agir  avec  une  ardeur  inquiète.  Conniti  ,fedu- 
lam  operam  navare  ,  curam  ponere  ,  &c.  Quand  un 
homme  eft  en  faveur  tout  le  monde  sempre£c  à  lui 
rendre  fervice,  à  lui  plaire.  Il  y  a  des  gens  qui  s'em- 
prejfent  beaucoup  &  leur  emprelfement  fe  termine  à 
rien.  Nicol.  Emprcfjer,  dans  le  fenspropre ,  mettre 
en  preiïè  j  eft  vieux  ,  &  ne  fe  du  plus. 

Empressé,  ée.  part. 

EMPREUT  ,  ou  comme  écrit  Pontus  de  Thyard  j 
EMPREUX.  Vieux  mot  qui  fignifie  un  ,  le  premier 
lorfqu'on  commence  à  faire  un  dénombrement. 

Il  eft  formé  du  Grec  i»  Ttfini ,  ou  plutôt  "  «rporsfs- 
comme  fi  on  difoit  ifis-froç. 

EMPRlMERIE.f.  f.  LesTanneurs  nomment  ainfi  une 
forte  de  grande  cuve  de  bois ,  dans  laquelle  ils 
mettent  rougir  leurs  cuirs  ;  ce  qui  s'appelle  les  met- 
tre en  coudrement- 

EMPRINSSE,  ou  EMPRISE,  f.  £  Vieux  mot.  Entre- 
prife.  Conjîlium, 

Non  que  par  moifoit  arrogance  prinfe  _, 
Non  que  ce  fait  par  curieufe  emprinfe  , 
D'écrire  au  Roi,  Marot. 

Il  fe  difoit  fur-tout  des  aétions  héroïques  des  vail- 
lans  &  preux  Chevaliers.  Il  y  avoir  des  emprifesà'zr- 
mes,  &  des  emprifes  de  lettres.  Emprifes  fe  prenoit 
auffi  pour  une  danfe  ,  emblème ,  &c.  Les  Italiens 
difent  encore  imprefe  ,  &  les  Efpagnols  emprejas. 

EMPRION.  f.  m.  Efpèce  de  pouls  dont  Galien  fait 
mention.  Dans  ce  pouls  l'artère  eft  plus  diftendue 
dans  un  endroit  que  dans  un  autre.  On  dit  qu'il  eft 
tel  dans  toutes  les  inflammations  légères,  'it^^slm 
dentelé ,  ou  en  fcie ,  de  ■niif,  fcier. 

EMPRIS ,  isE.  part.  palf.  Vieux  mot.  Entrepris.  Suf- 
ceptus  3  a  3  um. 

EMPRISE,  f  f.  Vieux  mot.  Entreprife.  Confdium. 
Voy.  Emprinse. 

EMPRISONNEMENT,  f  m.  Adion  par  laquelle  on 
met  quelqu'un  en  prifon  ,  capture  d'une  perfonne, 
qui  eft  fuivie  de  l'ecrou  &  enregiftrement.  Voyer 
Capture.  Incarcération  comprehenjio.  lia  tant  coûte 
pour  la  capture  ,  Vemprifonmment  de  ce  criminel. 

Emprisonnement,  fe  dit  aufti  de  la  détention  d'un 
prif  junier.  Dctentio.  Son  emprifonnement  a  duré 
trois  ans.  Il  faut  lever  l'écrou  de  fon  emprifonne^ 
ment.  Il  a  eu  décharge  &  réparation  de  fon  empri- 
fonnement.  ffCJ"  Emprifonnement  tortionnaire  &  dé- 
raifonnable ,  donne  lieu  à  des  dommages  &  inté- 
rêts contre  celui  qui  l'a  fait  faire.   Emprifonnement 


E  M  P  C.JJ 

d'Indicateur,  &  contre  la  Partie,  fi  elle  en  a  admi- 
nirtié  un  qui  fe  ioit  trompé. 

EMPRISONNER,  v.  a.  Mettre  quelqu'un  en  prifon. 
Conjicere  incarcerem-,  incarcerare  ,  conclud&re  ,  dure 
in  cujtodiam,  Lestlecords,  le  Poulfe-culs,  aident  aux 
Huillier  à  emprifonner,  à  mettre  en  prifon. 

Emprisonné,  ee.  part.  Cet  Oiiicier  a  été  c;/7;;>ri/t}ri«c 
par  ordre  du  Roi. 

Emprisonna,  fedit,  figurénient ,  des  chofes  inani- 
mées, pour  renfermé  j  relferré,  retenu.  Inclufus^a , 
um.  Les  parties  de  fel  marin  étant  comme  emprifon- 
nées  entre  les  parties  du  fel  de  l'urine.  Geoffroy. 
Acad.  1700.  Mém.  p.  1 16.  La  matière  du  premier 
élément  retenue  &  comme  emprifoanée  dans  les  po- 
rofités  de  la  chaux.  Burlet.  Academ.dcs  Se.  1600. 


Mé> 


m.pag.  133. 


EMPROSl  HOTONOS.  f  m.  Terme  de  Médecine. 
C'eft  une  efpèce  de  convuKion  tonique,  dans  la- 
quelle la  tête  fe  retire  fi  fort  en  devant  ^  que  le  men- 
ton va  toucher  à  la  poitrine.  Il  arrive  aulh  que  tout 
le. corps  fe  courbe  en  devant,  &  qu'd  fait  un  arc, 
&  même  quelquefois  une  elpèce  de  cercle  j  jutques- 
là  que  les  genoux  le  joignent  à  la  tète.  Cette  mala- 
die vient  de  la  contraétion  des  mufcles  antérieurs  j 
principalement  de  ceux  de  la  tète  qu'on  appelle 
maftoidiens. 
Emprosthotonos  eft  un  mot  Grec  j  compofé  de 
é^wp<j5-fî«  devant ,  &  dc^'w,  roideur  ,  tenfion  ;  du 
veroe  rdva  ^  étendre. 
EMPRUNT,  f  m.  Adion  d'emprunter ,  ou  la  chofe 
même  empruntée ,  c'cft-cà-dire  ,  prife  à  crédit  j  en 
prêt  pour  la  rendre  ou  la  payei  dans  un  autre  temps. 
Faire  un  emprunt  ^  wivre  à^ emprunt.  Mutuatio  ^  mu- 
tuum.  Cet  homme  va  fouvent   à  l'emprunt ,  ne  vit 
que  (X emprunt.   C'eft  toi  qui  te  veux  ruiner  par  des 
emprunts  Çi  condamnables.  Mol. 
Emprunt,  fe  dit  aufti  des  taxes  que  le  Roi  fait  fur  les 
Villes  &  Communautés ,  lotfqu'il  leur  fait  payer 
quelques  deniers ,  &;  qu^il  leur  donne  rembourfe- 
ment  à  prendre  fur  quelques  droits  qu'il  établit  en 
même-temps.    Cette  Province  eft  exempte  de  tous 
impôts ,  emprunts  dc  contributions. 
Emprunt  ,  fe  dit,  figurément ,  de  ce  qui  eft  étranger 
par  oppofition  à  naturel.  Elle  étoir  moins  brillants 
d'emprunt;   mais  plus  brillante  d'elle  même.    Cii. 
d'H.  Une  femme  qui  n'eft  belle  que  parce  qu'elle 
eft  parée  ,   eft  une  faufte  belle  :  elle  n'eft  belle  que 
par  emprunt.   Bae.  On  ne  fauroit  vivre  fans  enten- 
dement. Il  faut  en  avoir  ou  par  nature,  ou  par  em- 
prunt. Gracien.    Peu  de  femmes  ont  aujourd'hui 
des  vifages  naturels  ;  elles  n'en  ont  plus  que  d'em- 
prunt. Vertus  ,    beauté  d'emprunt.    Fucatus  j  afci- 
titius. 
Emprunt.  Terme  de  Mufique.  C'eft  un  terme  nou- 
veau dans  la  pratique  ,  par  lequel  on  diftingue    un 
certain  genre  d'accords  ,  qui   ne  peut  fe  pratiquer 
que  dans  les  tons  mineurs.  Rameau.  Accords  par 
emprunt.  Id.  Koye^  Emprunté. 
|iCr  Emprunt  3  terme  de  rivière  ,  fe  dir  d'un  paftage 

qui  mène  à  la  travure  d'un  bateau  foncet. 
Emprunt.  Jeu  de  cartes  qui  a  quelque  rapport  aujeix 
du  hoc ,  mais  qui  eft  moins  embarraffanr.  Il  fe  joue 
avec  le  jeu  complet  de  cinquante-deux  cartes,  &  juf- 
qu'à  fix  perfonnes. 
EMPRUNTER,  v.  a.  Prendre  quelque  chofe  à  crédit, 
en  prêt ,  pour  la  rendre  ,  ou  la  payer  dans  up.  autre 
temps.  Sumere,  petere  mutuum.  Emprunter  d^s  étof- 
fes. Emprunter  da  l'argent  à  les  amis.  Je  fournis  des 
expédiens  à  ceux  qui  empruntent  pour  ne  rendre  ja- 
mais. P.  CoM.  Emprunter  d'un  ufurier. 

Ce  mot  vient  dîimpreflare  j  mot  de  la  bafte  La- 
tinité, qu'on  a  dit  dans  le  même  fens.  Du  Cange. 
Le  P.  Labbe  le  dérive  de  promptum  Jlve  in  promptu. 
dare  vel  accipere.  D'autres  le  font  venir  do promp- 
tare ,  qui  fe  rrouve  dans  la  fignification  de  promere, 
promo  ,  prompjî,  promptum  ,  promptare  j  impromp- 

j___  _.         ^     ,  tare  j  emprunter.  Ménage. 

d'une  perfonne  pour  une  autre  ,  donne  lieu  à  des.  Emprunter  ,  fe  dit,  figurément j  en  Morale,  descho- 
dommages- intérêts  contre  rHuilfier ,  s'il  n'a  pointl     fes  quine  nous  font  pas  propres,  qui  nous  font  étrao- 


57  s 


EM  P 


i;cies,  qne  nous  tirons  d'ailleurs.  Mutuarl.  Les  Ma- 
giibars  empruntent  toute  leur  autorité  du  Roi.  La 
lune  emprunte  fa  lumière  du  foleiL  Dieu,  fou  en 
communiquant  fa  puiirance  aux  Rois,  foit  en  la  re- 
tirant à  lui-même  ,  leur  fait  voir  que  leur  majelU 
ell  empruntée  j  &  dépendante  de  ion  autorité  lu- 
prême.  Boss.  Si  l'on  eWjOr^wfislemafque  de  la  vertu, 
elle  nous  l'arrache  bientôt  du  vifage.  ÀIont.  Les 
fâmmes  n'ont  rien  de  naturel  :  tout  y  eft  emprunté. 
Corn. 

Chacun  cherche  pour  plaire  un  vifage  emprunté. 

BoiL. 

Il  ne  faut  point  emprunter  des  manières  folâtres 
&  enjouées,  quand  on  ell:  né  trifte  &  pefant.  Bell. 
L'iiéréiie  prend  toujours  foin  de  conferver  quelques 
rapports  avec  la  vérité,  &c  d'en  emprunter  les  appa- 
rences. Font.  . 

L'innocente  amitié,  de  la  terre  exilée  , 
Retourna  dans  le  Ciel  :  lefpoir^  L'ambition  , 
Ix  plaijirj  r intérêt,  empruntèrent  /ô«  nom. 

S.  EvR. 

Sa  beauté  mal  ornée 
N'a  pas  encor  de  l'art  emprunté  fes  appas. 

Corn. 

L! amour  na  rien  de  beau  j  d' attrayant  &  de  dou.x  , 
Point  de  traits  ni  de /eux,  ^a;'-!/ «'emprunte  de  vous. 

Voiture. 

Les  defirs  empruntent  leur  nbblefTe  de  la  nobleire 
de  leurs  fujets.  Un  débauche  fe  plaignant  qu'il  n'a- 
voit  pas  d'argent  ,  Socrate  lui  confeilla  d'en  em- 
prunter de  lui-même ,  en  retranchant  fa  dépenfe. 

On  dit  auilî  emprunter  une  penfée  d'un  Auteur, 
pour  dire  s'en  fervir,  l'employer.  Emprunter  \e  nom 
de  quelqu'un  ,  pour  dire  ,  mettre  quelque  affaire  j 
quelque  livre  lous  (on  nom  ;  demander  quelque 
glace  fous  le  nomd'aurrui.  Etoit-il  jufte  d'emprunter 
mou  nom  j  pour  abuierde  ma  maîtrelFe  ?  Ablan. 
On  dit  aulli  em.pruncer  fa  main^  fon  braSj  pour  dire, 
lui  demander  fecours  de  l'un  ou  de  l'autre,  fe  fervir 
de  fon  écriture  ,   de  fon  cpée. 

Ne  choifit  pas  qmempruntc,[e  dir  non -feulement 
de  l'emprunt  j  mais  encore  de  ce  qu'on  nous  donne, 
&  des  plailirs  qu'on  nous  fait ,  qu'il  faut  prendre 
tels  qu'on  nous  les  préfente. 

On  dit ,  en  matière  d'orguïs  ,  qu'un  tuyau  em- 
prunte ,  lorfque  le  fommier  n'eft  pas  ii  bien  fermé, 
que  le  vent  qui  doit  aller  dans  un  tuyau  n'entre  dans 
l'autre. 

Emprunter,  fedit  aulfi ,  en  Arithmétique,  lorfqu'il 
faut  fouiiraire  un  grand  nombre  d'un  plus  petit  ; 
car ,  en  ce  feus ,  on  emprunte  une  dizaine  d'un  carac- 
tère voidn,  dont  la  valeur  eft  diminuée  d'autant. 

Emprunté,  ée,  part.  &  adj.  AUenus^  mutuusj  tranjla- 
titius.  Les  Rois  perdent  prefque  tout  le  mérite  de 
leurs  bienfaits,  en  les  diftribuant  par  des  mains  em- 
pruntées. Cail.  Il  tombadans  une  imprudence  a(Te7, 
ordinaire  ,  qui  eft  de  parler  en  termes  ;.;cnéraux  de 
les  fentimens  particuliers,  &  de  conter  l'es  propres 
aventures  fous  des  noms  emprunter  ,  faux,  dégui 
fés.  P.  DE  Cl.  Je  l'ai  furprife  avant  qu'elle  eut  fa- 
briqué fon  teinr,&  défarmée de  fes charmes  emprun- 
tas. S.  EvR.  L'éclat  que  donnent  les  richelFes  n'eft 

.  qu'un  éclat  emprunté.  Fl.  La  lumière  de  la  lune  ,  & 
des  autres  planètes,  eft  une  lumière  ew/'/v/^fjV  du 
foleil.  C'eft  pour  cela  qu'on  l'appelle  aulîi  lumière 
féconde ,  lumière  dérivée. 

fa°  Emprunté,  en  parlant  de  la  contenance,  de  l'air, 
fignifie  quelquefois  la  même  chofe  que  ^èné,  em- 
barralfé.  Que  dites- vous  de  ma  fiÙe  ,  Marquis  ? 
elle^a  l'air  un  peu  empruntée  :  mais  avec  de  l'édaca- 
tion  ,  ne  tiendroit  elle  pas  fa  place  dans  le  monde  ? 
Je  m'apperçus  de  fa  contenance  empruntée.  La 
Pays.  Parv. 


EMP 

Emprunté.  Terme  de  Muiique.  On  appelle  accords 
empruntés ,  ou  accords  par  emprunt,  des  accords  qui 
empruntent  leur  perfcclion  d'un  fon  qui  ne  paroic 
point.  Rameau. 

EAiPRUNTELTR.  f.  m.  Qui  emprunte.  Mutuatarius. 
C'efi  un  perfonnagefort  mauvais  que  celui  d'un  em- 
prunteur, l^anurge  a  fait  l'éloge  des  Detteurs  Ôc  des 
Emprunteurs.  Il  faut  que  ['emprunteur  foie  majeur. 
Mol. 

Emprunteur.  Qui  mutuum  accipit.  U emprunteur ,  en 
termes  de  Palais ,  s'appelle  mutuataire  ,  &  même 
en  Latin  d'école  mutuatarius  j  mais  ce  mot  ne  fe 
trouve  dans  aucun  bon  Aureur  Latin. 

Emprunteur  j  le  dit  fouvent  de  celui  qui  eft  accou- 
tumé à  emprunter.  Mutuitans. 

EMPRUNTEUSE,  f.  f.  Celle  qui  emprunte. 

Que  faijie-{-vous  au  temps  chaud  3 
Dit-elle  à  cette  emprunteufe.     La  Font. 

EMPTAT.  Ville  d'Afie ,  fur  la  route  d'Aleth ,  à  la  Pa- 
hide,  i  quatre  journées  de  Caravane  de  la  première. 

EMPTICN.  f.  f.  tmptio.  Ce  mot  eft  dans  Nicot  ^  mais 
il  n'eft  plus  en  ufage  :  nous  difons  Achat, 

EMPUANTIR,  v.  a.  Rendre  puant,  répandre  une 
mauvaife  odeur.  Odore  tetro  injzcere  ;  corrumpere. 
Voilà  un  cloaque  qui  a  empuanti  tout  le  voilinage. 
Il  empuantit  tout  le  monde  de  fon  haleine. 

Empuanti  ,  ie.  part.  Tetrum  odorem   anhelans. 

EMPUANTISSEMENT,  f.  m.  Fœtor.  Il  n'eft  guère 
en  ufage  3  il  eft  pourtant  dans  le  Diélionnaire  de 
l'Académie  Françoife.  L'état  d'une  chofe  qui  s'em- 
puantit. Il  faut  craindre  ïempuant/ffement  des  eaux. 

EMPURIAS.  Ville  de  Catalogne,  en  Efpagne.  Em- 
puria  j  Emporix.  C'eft  la  capitale  d'un  petit  pays 
nommé  Ampourdan ,  ou  Lampourdan.  C'étoit  au- 
tierois  une  ville  des  Indigétans.  Elle  eif  fur  la  côte, 
à  lix  lieues  de  Gironne ,  ôc  à  vingt  de  Barcelonne. 
Empurias  a  été  ville  Epifcopale  ;  mais,  ayant  été 
fouvent  ruinée  pendant  les  guerres  des  Maures,  fon 
liège  tut  transféré  à  Gironne. 

EMPURIES.  C'étoit  autrefois  une  ville  Epifcopale  de 
Sardaigne.  Empori£,Ampuri:£.  On  trouve  encore  les 
ruines  d'Empurics  fur  la  rivière  de  Coquinas ,  auprès 
du  bourg  de  Sédina  ;  à  deux  lieues  de  Caftel  Arra- 
gonèfe  ,    où  fon  Evêché  fut  transféré  l'an  1 50J. 

EMPUSE.  f  m.  Efpèce  de  Lutin  ou  Phantôme  efïroya- 
ble  dédié  à  Hécate,  ou  qu'Hécate  faifoit  paroîrre  , 
dc>nt  parlent  Suidas  ,  Ariftophane  ,  Euftathe  &c  plu- 
fieurs  autres.  Ce  Phantôme  changeoit  fouvent  de 
figure.  Tantôt  il  prenoit  celle  d'une  belle  femme  , 
tantôt  celle  d'un  boeuf ,  d'un  chien  ou  de  quelque 
autre  animal  ;  ce  qui  donna  cours  au  proverbe  :  plus 
changeant  qii  Empufe.  Ce  nom  lui  fut  donné  parce 
qu'il  fembloit  qu'il  n'eût  qu'un  pied,  du  Grec'è/rï»»* 
un  ,  &:  «-îf ,  pied,  parce  qu'on  ne  voyoitdc  diftinâ: 
que  les  parties  fupcrieures  de  l'EmpuIe  ,  le  refte  d- 
nilfoit  parun  pied  ,  comme  quek^ues  ftatues  qu'on 
voit  dans  nos'  jardins. 

Quelques-uns  difent  qii'EmpuJe  étoit  Hécate  elle- 
même,  ou  une  des  Lamies.  Vincent  CartarIj  dans 
fon  Iconologie. 
EMPUTER.  V.  a.Faclitare  delationes.  Ce  mot  eft  dans 
Nicot  i  mais  il  ne  fe  dit  plus  ,  non  plus  que  Empw- 
TEUR.  Delator. 
EMPYÈME.  f.  m.  Terme  de  Médecine.  C'eft  propre- 
ment un  amas  de  pus  dans  quelque  cavité  du  corps, 
mais  plus  particulièrement  dans  la  capacité  de  la 
poitrine  ,  provenant  d'une  caufe  externe  ,  à  la  fuite 
d'une  plaie  ou  d'un  coup  ;  ou  d'une  caufe  interne  , 
à  la  fuite  d'une  maladie.  Empyema.  Il  fuccède  quel- 
c]uefois  à  l'efquinancie ,  à  la  péripneumonie  ^  & 
!:■  plus  fouvent  à  la  pleuréfie  ;  ou  bien  il  s'engendre 
là  d'un  fang  épanché  de  quelque  veine  ouverte  y 
rompue  ik.  corrodée  ,  qui  vient  à  fe  pourrir.  Il  y  a 
aulli    un   empycme  Kâtard  ,   qui  procède  d'une  hu- 
meur piruireufe  &'  féreufc,qui, par  quelque  conduit, 
fe  rend  à  la   poitrine  ,  s'y  pourrit,  &  dégénère  en 
une  matière  fjmblable  au  pus.  L'fwnj'i'Vne  par  fuc- 


E  M  P     E  M  R 

ce:tion  de  temps  caufe  la  phthihe.  U  y  a  cîes  Aiue«rs  \ 
qui  écrive  nt  cmpiême ,  Ik  otenc  1  ce  mot  le  caractère 
de  (on  origine. 
Empyeme  ,  fe  dir  auflî  de  l'opération  de  Chirurgie  par 
laquelle  on  guérit  Vempyéme.  Si  la  plaie  eft  à  la 
^    partie  fupérieure  de  la  poitrine ,  &:  qu'on  foie  cer- 
tain qu'il  y  a  du  fang  épanché,  il  faut  de  néceliité 
faire  une  contre-ouverrure  ,  qui  fera  ce  qu'on  ap- 
pelle empyème.  Cette  opération  fe  fait ,  ou  parde- 
vaut,  ou  à  la  partie  poftérieute  de  la  poitrine,  en 
l'ouvrant  entre  les  côtes  avec  un  biftouri ,  pour  faire 
fortir  le  fang  &:  le  pus.  Foyt^i  M.  Dionis  fur  cette 
maladie ,  &  fur  la  manière  de  la  guérir  ,  dans  fon 
Traité  des  Opérations. 

Ce  mot  3  qui  dans  fon  origine  fignifie  change- 
ment e/z/jaj,  ert  formé  de  deux  mots  Grecs,  i»  , 
^n  j  &  -aioy  pus  .-le  *  fe  change  en  f-  dans  la  conipo- 
fition  j  ce  qui  arrive  auiîi  dans  les  autres  langues  à 
r«j  quand  elle  fe  trouve  dans  la  compofition  des 
mots  devant  les  labiales  ^  ,p,  en  Latin  embamma  , 
emblema  j  emporium  ,  &c.  en  François  embaumer  , 
emblème  ,  emporter  ,  &c. 
EMPYREE.  adj.  &  f.  m.  C'efl  le  plus  haut  des  cieux  , 
qu'on  nomme  autrement  le  Paradis  ,  où  les  Bien- 
heureux jouilfent  de  la  vilîon  de  Dieu.  Empyreum. 
Le  ciel  empyrée yOW  abfolument  Vtmpyrée.  Quel- 
ques Pères  veulent  que  \Empyrée  ait  été  créé  avant 
le  ciel  que  nous  voyons.  Cet  Empyrée ,  la  demeure 
<ie  Dieu  ,  Se  deftiné  à  être  celle  des  Saints  ,  éclatant 
de  la  lumière  la  plus  vive  &  la  plus  pure  ,  ne  pou 
voie  manquer  de  la  répandre  jufqu'aux  lieux  les 
plus  fombrcs  Se  les  plus  protonds  de  ce  bas  monde. 
Maisqu'arriva-t-il  quand  Dieu  créa  le  ciel  que  nous 
voyons  &  la  terre  ?  Ce  ciel  ht  par  rapport  à  la  terre 
Se  aux  eaux  ,  qu'il  renferma  dans  fon  enceinte  j  ce 
que  fait  une  tente ,  que  l'on  drellè  en  plein  midi 
dans  un  lieu  découvert ,  par  rapport  aux  chofes  qui 
ïe  trouvent  renfermées  dellous.  Elle  leut  dérobe  la 
lumière  du  foleil ,  &  les  met  dans  l'ombre-  Le  ciel 
que  nous  voyons  déroba  de  même  à  la  terre  &  aux 
eaux  la  lumière  du  ciel  fupérieur,  ou  de  XEmpyne, 
-&  les  mit  dans  l'ombre  qu'il  fit ,  empêchant  par 
l'interpofuion  de  fon  corps  que  cette  lumière  ne  pé- 
nétrât. C'ell  à- peu-prés  ainfi  que  s'en  expliquent 
Eulbthuis  d'Antioche&:  S.  Bafile.quiont  parlé  plus 
net  (ai  ctb.  P.  Souciet  ,  Differt.p.  171.  172. 

Cie  mot  eit  dérivé  du  Grec  -f'^f ,   qui  fignifae/êtf, 
à  caulc  de  la  fplendeur  &  de  fa  lumière. 
EMPYRÊME,  ou  EMPYREUME.  f.   m.  Terme  de 
Médecine  Se  de  Chymie.  Qualité  qui  demeure  aux 
corps  qui  ont  été  préparés  avec  le  feu ,  qui  fe  con- 
noît  au  goût,  à  l'odorat.  Empyreurru.  Ou  c'eft  la  cha- 
leur étrangère  que  le  teu  imprime  ,  &  qui  demeure 
fur  la  partie  brûlée.  Cette  chofe  mife  dans  l'alambic 
jette  une  odeur  àempyreume  j  c'eft-à-dire,  de  brCdé. 
ifT  II  faut  pourtant  remarquer  quempyreume  ne 
•fe  dit  que  de  l'odeur  défagréable  que  le  teu  donne: 
ce  qui  fent  le  brûlé ,  fans  être  défagréable  ,  le  café , 
le  fucre  brûlé  j  &c.  ne  peut  être  appelé  empyreu- 
matique. 

On  ledit  auflî  de  la  chaleur  qui  refte  fur  le  déclin 
delà  fièvre. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ifi-atfvjw ,  allumer  j  en- 
flammer. 
0-  EMPIREUMATIQUE.  adj.  de  t.  g.  fe  dit  des 
huiles  J  des  liqueurs  diftillées ,  qui  ont  une  odeur 
défagréable ,  que  le  teu  donne.  Huile  empyreumati- 
que  ,  odeur  empyreum atique  ,  ou  d'empyreume.  La 
plupart  des  liqueurs  diftillées  ont  une  odeur  empy- 
reumatique  ,  quand  elles  font  récentes.  Elles  per- 
dent cette  odeur  de  feu  en  communiquant  avec 
l'air.  Il  n'en  eft  pas  de  même  des  huiles  empyrcu- 
matiques  ,  auxquelles  cette  odeur  ell  bien  plus  in- 
hérente. 

E  M  R. 

EMRAKHOR.  f.    m.   Terme^de    Relation.   Grand 

Ecuyer  en  Turquie.  Stabuli  Magifler  ,  ftabulo  Pr.z- 

feclus.  Trois  grands  Ecuyets  nommés  Emrakhen 


E  M  S     EMU         679 

commandent  les  Ecuries  du  Grand  Seigneur.  Du 
E  M  S. 

EMS  ,  OU  EE.ViS  ,  OU  EMBS.  Rivière  de  Wertphalie 
en  Allemagne.  Amidus  ,  -4maJius,AmifIa  ,  Amafia. 
Elle  a  fa  lource  dans  l'Evêché  de  Paderbornj  pro- 
che de  la  ville  de  ce  nom  Se  de  la  fource  de  la  Lippe. 
Elle  fe  décharge  dans  leDollert  j  à  demi-lieue  delà 
ville  d'Embden.  Voyc\  Monumenta  Paderbo^ 
NENSîA  ,p.  51.  52.  5J. 

EMSALMISTE.  f  Se  adj.  Nom  que  l'on  donne  à  ceux 
qui  guérilfent  des  plaies  avec  les  paroles.  Naudé 
dit ,  Ch.  14.  de  fon  Apologie  pour  les  grands  hom- 
mes accufés  de  magie  j  que  Wier  Se  Delrio  préten- 
dent qu'ils  ont  ce  nom  d'Anfclme  de  Parme  ,  com- 
me qui  diroit  Anfclmilhs.  Mais  d'autres ,  comme 
Bravus  Se  Carvalho,  difent  que  c'ell  parce  qu'ils  fe 
fervent  ordinairement  de  quelques  verfets  des 
Pfeaumes  ,  Se  qu'ils  fe  doivent  plutôt  nommer 
Empfalmilus. 

E  M  U. 


ÉMUCHIEZ.  Vieux  mot  de  quelques  CoutuifleSj  qui 
fignifie  évincé.  Eyiclus, 

ÉMULATEUR  ,  ou  EMULE,  f.  hi.  Celui  qui  tâche 
d'imiter ,  ou  même  de  furpafler  les  belles  chofes 
qu'il  admire,  j^mulus.  Ce  mot  eft  plus  du  Ityle  no- 
ble Se  foutenu  que  celui  d'émulé  ,  (î'c  on  ne  l'appli- 
que qu'aux  grands  hommes ,  aux  Capitaines ,  aux 
gens  de  lettres.  On  eft  émulateur  de  ceux  à  qui  l'on 
voudroit  reirembler.  Il  a  eu  plus  6!envieux  de  fà 
gloire  que  à' émulateurs  de  fa  vertu. 

Ce  mot  vient  du  Grec«.«'^A«^  difpute,  débats  d'où 
le  mot  Latin  ^mulus  a  été  formé. 

ÉMULATION,  f.  f.  Sentiment  noble  qui  nous  porte 
à  imiter.  Si.  même  à  furpafler ,  par  des  efforrs  loua- 
bles Se  généreux  ,  ce  que  nous  admirons  dans  les 
autres,  ^mulatio.  ^émulation  eft  fouvent  caufe  de 
grandes  aétions.  \J émulation  eft  un  aiguillon  à  la 
vertu.  Fel.  Platon  dit  que  l'envie  eft  la  fille  de  l'e- 
mulation.  S.  EvR.  Il  y  a  de  la  différence  entre  Xemu- 
lation  Se  l'envie  ;  l'une  eft  une  vertu  ,  l'autre  un 
vice:  l'e/na/^riofi  admire  les  grandes  aétionsj  Se  tâ- 
che de  les  imiter  \  mais  l'envie  leur  refufe  les  louan- 
ges qui  leur  lont  dues.  M.  de  Scud.  \é! émulation  eft 
généreule  ,  elle  ne  longe  qu'à  furmonter  fon  rival  : 
mais  l'envie  eft  balFe  ,  &  ne  tend  qu'à  abaifter  un 
concurrent.  S.  EvR.  L'e;««/^rio;z  fied  mal  aux  Hé- 
ros; ils  doivent  être  braves  par  les  mouvemens  de 
leur  cœur,  fans  penfer  aux  aétions  des  autres.  Le  C. 
DE  M. /^cyei' encore  Jalousie. 
ÉMLrLATRICE,  féminin  d'eW/af^ar.  M.  Richer  s'en 
eft  fervi  dans  fes  fables  en  parlant  des  finies. 

Leur  efpecefut  de  tout  temps  ^ 
Comme  l' on  fait  ^  plus  qu'aucune  autre  , 
Emulatrice  de  la  nôtre. 

EMULE.,  f.  m.  Concurrent  ,  antagonifte.  ^mulus. 

Voy.   E.MULATEL'R. 

Il  fe  dit  aufli  de  deux  hommes  qui  font  regardés 
comme  étant  d'un  mérite  égal ,  en  cjnelque  art ,  en 
quelque    profeflion.    Ces   deux   Peintres    étoienc- 
émules. 

Il  fe  dit  quelquefois  au  féminin.  Cartilage  éroic 
\ émule  de  Rome. 
ÉMULGENT,  ente.  C'eft  une  épithète  qu'on  donne 
aux  artères  qui  portent  le  fang  dans  les  reins ,  Se 
aux  veines  qui  en  rapportent  ce  même  fang.  Emul- 
gens.  Les  artères  émulgentes  viennent  du  tronc  def- 
cendant  de  l'aorte  ,  Se  les  veines  émulgentes  ,  emul- 
g::ntesvent,  vont  aboutir  au  tronc  montant  de  la 
veine  cave. 
EMULSION.  f  f. Terme  de  Médecine,  eft  un  remè- 
de liquide  &  agréable,  dont  la  couleur  Si  la  con- 
fiftance  approchent  fort  de  celle  du  lait.  Il  eft  com- 
pofé  de  femences  ou  de  fruits  oléagineux  piles  dans 
uii  mortier,  S:  dilfous  dans  des  eaux  diftillées,  oa 


•6So 


EMU     EN 


dans  des  çiécoclions  légères  qu'on  exprime ,  Se  qu'on 
édulcore  avec  du  fucre,  ou  du  lîrop.  Les  cnruijLons 
ont  grande  affiniré  avec  tes  amandes, &  ont  la  mcine 
-couleur ,  la  même  confiftance  &  la  même  propriété. 
Elles  fervent  à  adoucir  la  poitrine  ,  pour  éremcire 
l'ardeur  des  reins  ,  pour  tempérer  lacrimonie  de 
l'urine,  &  donner  du  repos  au  malade.  Lafemence 
tle  melon  ell  une  des  quatre  grandes  lemences  froi- 
des ,  très-employée  en  Médecine  dans  les  cmuljions. 
LÉMERY.  On  emploie  la  femence  de  citrouille  dans 
4es  émulfions ,  dans  les  bouillons ,  &  dans  les  dé- 
coctions. 

Ce  mot  vient  du  L:Lnn  emulgere  ,  qui  fignificj 
tirer  du  lait. 

ÉMULSIONNER.  v.  a.  Mettre  les  quatre  femences 
froides  dans  une  liqueur ,  dans  une  potion.  On  ap- 
pelle de  l'eau  de  poulet  émulfionnéc  ,  quand  on  fait 
cuire  un  poulet  dans  lequel  on  a  mis  des  quatre  fe- 
mences froides.  Cette  eau  fert  à  rafraîchir  le  ma- 
lade. La  tunique  commune  des  inteltins  borne  leur 
dilatation.  Les  contrarions  ondoyantes  ,  luccelii 
ves  &  périodiques  des  fibres  charnues ,  fur-tout  des 
orbiculaires  ,  de  la  tunique  mufculeufe,  expriment 
la  lymphe  inteftinale  ,  \ émulfionnent  avec  la  pâte 
alimentaire ,  en  pallent  Xémulfion  par  les  orifices  des 
veines  ladées ,  &  en  poulfent  le  marc.  Anat.  de 
M.  W^tnjlow. 

fO^EMUNCTOIRE.  Fcyei  Emonctoire. 

E  N. 

EN.  Prépofition  qui  marque  le  temps ,  ou  le  lieu.  In 
On  s'en  fert  toujours,  &  jamais  de  la  prépofition 
dans  , devant  lîs  noms  qui  font  lans  article  :  en  paix, 
en  guerre  ,   en  hiut  ,  en  bas  j   en  plein    midi  j   er. 
été,  e/afaifon ,  en  temps  &  lieu.  Depuis  quelques 
jours  en  ça.  En  peu  d'heures.  En  dedans  ,  e/z dehors. 
.t'«  plein  Confeil.  En  Grèce  ,  en  Italie.  Il  efl:  en  ca 
ge.  f'^oy.  Dans. 
En.  Quand  cette  prépofition  fe  trouve  devant  l'adver 
bey?,  accompagnée  d'un' adjectif ,  elle  ne  fe  met 
point  d'ordinaire  en  profe  qu'on  ne  mette  le  mot 
un  ou  une  entre  en  &  /7,  On  fe  plaît  en  un  Ji  beau 
lieu  que  celui-ci,  f-i  ««.'7?  belle  campagne  que  celle 
ci.  Vaug.  Rem.  Nouv. 
En.  Cette  prépofition  fe   mec  fins  article  devant  les 
noms  de  Royaume  ou  de  Province,connus  de  temps 
immémorial.  Aller  en  Allemagne  ,  en  Pologne ,  er? 
France,  e/i Champagne,  en  Picardie,  en  Afrique. 
On  excepte  de  cette  règle  ces  mots ,  le  Péloponèfe  , 
le  Perche  ,  le  Maine  ;  car  on  dit ,  Aller  au  Pélopo- 
nèfe, au  Perche,  Sic.  Tout  de  même  qu'on  dit  à 
avec   les  noms  des  villes ,    à  Pans  ,  à  Rouen  ^  à 
Amfterdam  ,  à  Rome ,  à  Florence  ;  &  on  en  excepte 
le  Mans  ,    &   le  Caire.  Aller  au  Mans  ,  aller  au 
Caire  ,  parce  que  ces  deux   villes  ont  l'article  /e 
dans  leur  nominatif.  On  diroit  mieux  aulfi  ,  Aller 
dans  l'Ifle  de  France  que  en  l'Ifle  de  France  j  car 
pour  à  rifle  de  France  ,  quoique  ce  nom  ait  l'article 
au  nominatif,  il  ne  le  laut  jamais  dire. 
En  ,  ne  fe  met  pas  devant  les  noms  de  Royanme  ,  ou 
de  Province  du  nouveau  Monde  j  car  on  dit.  Aller 
au  Japon  ,  au  Pérou ,  à  la  "Virginie  ,  &c.  Il  en  faut 
excepter  le  Canada  ;  car  on  dit ,  Aller  en  Canada, 
&  même  aller  en  Chine  :  car  c'eft  ainfi  que  parlent 
les  Fr-inçois  qui  font  dans  ces  pays  là  j  &  leur  ufage 
a  femblé  à  quelques  perfonnes  devoir  faire  la  rè- 
gle des  autres.  Cependant  aller  e/z  Chine  n'elt  point 
établi  à  Paris ,  ni  aucune  part  en  France  •,  &  bien 
des  gens  font  étonnés  d'entendre  parler  ainfi.  L'ufa- 
ge  ert:  de  dire  ,  Aller  à  h  Chine. 
En  ,  fert  aulfi  à  montrer  ies  diverfes  circonftances  des 
chofes  ,  l'état,  &  les  diverfes  manières  d'agir.  Cet 
homme  étoit  e/z  pourpoint ,    e/z  chemife.  Ce  Prélat 
a  officié  en  mitre  îk  en  chape  ,  en  habirs  Pontifi- 
caux. Il  a  agi  en  brave  homme.  Je  l'ai  vu  en  befogne 
f/z  dépit  de  vous,  f/2  contre-échange.  Il  a  vécu  en 
paix  &  en  joie.  En  quoi  que  ce  foit.  En  quelque  ta- 
çoji.  Il  a.  été  rraniporté  en  corps  &  en  ame.  Cet 


E  N 

homme  écrit  bien  en  profe  &  en  vers.  Il  a  achevé 
une  pièce  en  dix  jours. 

En  ,  marque  auiii  l'imitation,  la  relTemblance.  LTne 
temme  habillée  en  homme,  c'eft-à-dire  ,  comme  un 
homme.  Un  vailleau  maté  en  galère,  elt  un  vailTcau 
qui  n'a  que  deux  mâts  ,  fans  mât  de  hune  :  maté  en 
frégate  ,  elt  celui  dont  ies  mâts  lont  plies  ou  arquéî 
en  avant  j  maté  en  chandelier  j  elt  celui  dont  les 
mâts  font  lorr  droits;  maté  en  caravelle,  elt  celui 
qui  elt  maté  de  quatre  mâts ,  fans  mât  de  hunCj  ma- 
té en  heu,  qui  n'a  qu'un  mât  au  milieu.  La  prépo- 
lition  en  fe  prend  à-peu-près  de  même  dans  tous  les 
arts.  Une  voûte  en  berceau.  Un  homme  peint  en 
Hercule,  habillé  e/z  grand  Seigneur,  Sic.  Mouiller 
f/z  pare  d'oie  ,  c'elt  mouiller  crois  ancres  à  la  foisj 
ce  qu'on  tait  en  un  gros  temps.  On  diipofe  les  an- 
cres en  triangle  ,  une  à  bas  bord ,  une  à  Itribord ,  ôc 
une  au  vent ,  ce  qui  a  paru  rellembler  à  une  pâte 
d'oie.  Une  terre  eu  friche ,  elt  une  terre  qui  n  eft 
point  labourée.  On  dit  que  le  Royaume  de  France 
ne  tombe  point  (?/z  quenouille  ,  c'elt-à-dire,  que  les 
femmes  n'ont  poinc  de  droic  à  la  fuccellioi»  de  la 
couronne.  On  dit  encore.  Ouvrier  e/z  loie  ,  Tour- 
neur en  bois,  e/z  ivoire,  &c.  Marchand  c«  gros  Sc 
en  détail.  Un  homme  armé  de  pied  en  cap  ,  c'eft-à- 
dire,  depuis  les  pieds  jufqu'i  la  tête.  Cataphraclus, 
On  dit  un  vailleau  armé  en  courfe, armé  t'/z  guerre, 
&c.  On  dit  aufii  Manger  fon  blé  en  verd. 

Voye\  au  mot  Dans  les  différences  établies  par 
M.  l'Abbé  Girard  entre  ces  deux  mors  dans  ôc  en. 

En,  elt  aulîi  une  parricule  qui  marque  le  gérondif. 
Tout  en  riant.  Il  s'elt  blefie  en  marchant.  On  eft  heu- 
reux e«  aimant. 

En  j  comme  dans  cette  phrafe,  Je  m'en  vais  j  elt  Yinde 
des  Latins  ,3cle  ne  des  Italiens  ,  io  me  ne  vo.  Cette 
particule  fe  mec  fouvenc  avec  le  verbe  aller.  Alle:^- 
vûus  en.  Je  m'enfuis  allé.  La  même  parricule  fe  joint 
aulli  à  d'autres  verbes  qu'à  ceux  qui  fignifient  du 
mouvement ,  &  elle  fignifie  en  ces  occafions  autre 
chofe  que  le  lieu  :  c'elt  une  particule  relative  en  gé- 
néral ,  qui  fignifie  la  même  chofe  dont  on  a  parlé. 
Il  m  en  a  parlé,  il  m  en  a  écrit,  il  vouse/z  expliquera 
les  raifons ,  il  m'tvz  a  entretenu  j  &c.  On  dit  âulli ,  il 
m'en  a  coûté  bon, pour  dire, il  m'en  a  coûté  beaucoup 
d'argent,  depeincs,de  fatigues,  &c.  Dans  ces  phrafes 
en  fe  rapporte  quelquefois  à  ce  qui  précède  ,  comme 
dans  cette  phraie,  Vous  avez  donc  acheté  une  mai- 
fon  :  ouijmais  il  in'e/z  acoûté  bon.  Quelquefois  e/zfe 
rapporte  à  ce  qui  fuit ,  comme  dans  cette  autre 
phcafe  ,  il  menz  coûté  bon  pour  être  bien  logé. 

Ah  !  Seigneur  j  c'en  ejitrop  ,  &ma  rcconnoijjance 
Ne  peut  jamais  égaler  votre  amour.KE  c.  de  Vers. 

Ces  hras  ouvens  ,  ces  mains  j  ces  pieds  percés  , 
Qui  fembleni.  demander^  Pécheurs,  en  êjl-ce  ajfe^? 

Ieid. 

En  j  dans  la  compofition  ,  fignifie  être  dedans  ,  fi  la 
fignification  eft  neutre  ,  ou  paflîve.  Engouffrer  ^  en- 
raciner :  &  mettre  dedans ,  fi  la  fignification  eft  aéti- 
ve  ,  EnÇemenccr  ,  enjourner  ,  enfiler,  enj errer. 

En,  Terminaifon  de  plufieurs  noms.  Nous  terminons 
en  en  les  noms  Latins  terminés  en  anus  ,  quand  la 
voyelle  i  précède  la  lettre  e  ;  &  l'on  dit  Tertulien  , 
Juftinien  ,  Vefpafien  ,  Cyprien  ,  &c.  &cet  e  terienc 
alors  le  fon  qui  lui  eft  propre,  &  ne  prend  point  ce- 
lui de  l'tZjComme  quand  il  y  a  quelque  lettreaprcs  l'/z 
qui  fuit.  Quand  Ve  n'eft  point  précédé  d'une  voyellcj 
on  rermine  ces  noms  en  an  ,  Trajan  ,  Séjan  ^  &c. 

En,  fert  auifi  aux  adverbes  &  aux  conjonétions.  En  tout 
&  par-tout.  En  grand  &  e/z  petit.  ZT/z  tout  cas.  hn 
après.  En  outre.  En  ce  que-  On  s'en  ferr  j  p.ir  exem- 
ple ,  pour  expliquer  une  comparaifon-  Il  en  elt  des 
hommes,  comme  des  animaux.  M.  de  Vaugelasveut 
qu'on  retranche  ici  la  particule  en.  Mais  cela  feroic 
un  double  feus  ;  &  ,  pour  ôrer  tout  équivoque  ,  les 
Ecrivains  exaéts  la  laiflent  dans  cette  phrafe.  Ce 
n'eft  pas  même  une  faute  de  s'en  fervir,  lorfqu'elle 

n'eft 


E  N     EN-A  ■ 

n  efl  point  nccefUiire  pour  éviter  l'ambiguité.  Il  en 
eft  àis  difcours  de  mime  que  des  corpSj  qui  doivent 
leur  principale  cxiftence  à  l'alFemblage  ik  à  la  pro- 
portion de  leurs  membres,  Boil.  Cette  particule  en- 
tre av€c  grâce  dans  beaucoup  de  manières  de  par- 
ler j  quoiqu'elle  n'y  Ibit  p.is  relative.  Il  en  ufe  mai  : 
ils  e/i  lont  venus  aux  grolles  paroles.  Bouh.  Corn. 
En  ,  le  met  après  quelques  verbes ,  pour  lignifier  la 
manière.  M.ris  il  tant  remarquer  qu'on  ne  du  point 
en  François  commencer  en-^  il  taut  dire,  commen- 
cer par  j  mais  on  dit  tort  bien  finir  en.  Les  mots  qui 
commencent  par  in  ,  les  mots  qui  finiflent  en  ment. 
Cette  faute  eii  d'autant  plus  à  remarquer  j  que  le  P. 
Bouhours  lui-même  reconnoît  qu'il  y  e(t  tombé. 
En ,  a  encore  d'autres  lignifications  &  régimes  ,  qu'il 
faut  apprendre  des  Grammairiens.  Anciennement 
en  fe  diloit  pour  on  :  Yen  à\x. ,  au  lieu  de  ïon  du  ,  & 
Je  peuple  le  dit  encore  en  bien  des  endroits.  Mais 
avant  que  rien  en  commence.  En  ell  aulîi  un  mot 
employé  devant  les  noms  ptoptes  d'hommes  ,  com- 
me pour  dire ,  Monfieur  y  ou  Madame.  Cela  fe  voit 
en  la  difpute  de  Sordel  &  de  Guillem  ,  Pactes  Pro 
vençaux ,  que  Vigenère  rapporte.  Elle  commence 
ainfi  : 

En  Sordel  que  vous  es  femblan    » 

De  la  pros  ComceU'a  prifan  ? 

C'eft-à-dire ,  Sordel ,  que  vous  femble  de  la  vail- 
lante Comtelfe  tant  prifée  ?  On  parle  encore  ainfi 
aux  villages  de  Puilaurens  ,  Revel  ,  Sorcle  j  &  en 
l'Aurageots  ,  où  on  du  en  Pierre,  en  Jean  j  &  pour 
les  femmes  ils  mettent  na  ,  &c  difent  nu  Jeanne  , 
na  Catherine.  De-là  vient  que  j  lortque  nous  ne  fa- 
vons  pas  le  nom  d'une  perfone  au  vrai ,  nous  met- 
tons uns  A^  capitale  au  lieu  d'icelui.  Tout  ceci  eft 
pris  deBorel. 

£n  ,  quand  il  veut  dire  dans ,  ou  dedans  ,  il  vient  d'/«j 
ou  à'inrrà  :  en  terre  ,  en  cave. 

EN,  ^EN  j  EIN,  AINj  H  AIN  ou  IN.  Ce  norn  fignifie 
une  fontaine  en  Hébreu  ;  de-là  vient  qu'il  le  trouve 
dans  lacompoliciondetantdenoms  de  vil  les, comme 
EN-DOR  ,  EN-GADDI  ,    EN-GALLIM  ,    EN- 


471. 
G 


SEMESCH. 


E  N  A. 


ÉNACIM.  f  m.  pi.  ou  ÉNACIN  &  ÉNAKIM.  Nom' 
de  peuple  dans  l'Ecriture.  Enac'un.  Les  Enaàm  ,  ou 
comme  dit  M.  de  Saci ,  les  Enacins  ,  ou  les  Ena- 
kifts.  comme  parlent  les  DesMarets,  &  \^s  Hana- 
kins ,  félon  la  tradudlion  de  Genève,  croient  àts 
Chananésns,  qui  étoient  U  poftérité  d'EnaCj  qui 
leur  avoir  donne  fon  nom.  ils  habitoient  dans  la 
partie  méridionale  de  la  terre  de  Chanaan  ,  dans 
le  territoire  de  la  ville  d'Hébron  ,  qui  étoit  leur 
capitale.  Enac  étoit  fils  d'Arba.  Les  Enac'un  éroient 
d'une  taille  gigantefque;  &  les  Hébreux  que  Moyfe 
envoya  à  la  découverte  de  la  Terre  promife  en  fu- 
ient fi  épouvantés ,  qu'ils  jettèrent  la  terreur  fîarmi 
tour  le  peuple  ,  qui  ne  voulut  point  marcher  contre 
cesgéans.  Nomb.  XIII  ,  z^  ,  54.  Deut.  I.  iS.  II,  10 
11  j  21.  IX,  2.  Jofué  cependant  &  Caleb  les  défi- 
rent Se  les  chassèrent ,  de  forte  qu'il  n'en  refta  que 
peu  à  Gaza,  à  Geth.  &.  à  Azoth.  Jofué  XI ,  21.  22. 


XV. 


XXI.  II. 


Énac  y  pijj,  à  ce  que  l'on  croit ,  vient  de  p3yy»qui 
fignifie  un  collier  ,  un  carcan  d'honneur  ,  comme 
Il  ce  nom  venoit  de  ce  qu'Enac  ik  les  Enaàm  fes 
defcendans  portoient  des  colliers  pour  ornement , 
comme.on  en  donne  aujourd'hui  aux  valets  Mau- 
res qu  :  l'on  prend  à  fon  fervice. 

ÈNAGALLI\!.  Fby.ENGAlLIM. 

ENAGDOWNE.  Petite  ville  Epifcopale  ,  réduite  en 
village  ,  Anadugmim ,  Enaclduum.  Elle  eft  dans  la 
Connacie  en  Irlande  ,  entre  la  ville  de  Galloway  & 
celle  de  Tuani ,  à  l'Archevêché  de  laquelle  fon  Evè- 
chéaété  uni  j  aulfi-bien  que  deux  autres. 

ÉNAIM.  Enaia;.  Quelques-uns  croient  c^rCEnaim  elt 
nom  propre   de  lieu.    Plulon.    De  Profugis,  p.[ 
Tome  III. 


EN  A  681 

.71.  Eulcba  Onom.  an  mot  a',v«,  ,  5c:  Procope  de 
iaze  fur  le  Ch.  XXXVI  de  la  Genèfe  ,  font  de  ce 
fentimentj  &  penfent  que  c'étoit  un  village  ainh 
nommé  d'une  lontaine  qui  étoit  là  ;  car  fj;?  ,  ^in  , 
lignifie  jontaine  en  Hébreu.  Il  feroit  mieux  de  dire 
qu'il  y  avoitdeux  fontaines  ,  parce (\y\Enaim  eft  le 
duel,  qui  lignifie  une  double  fontaine.  D'autres, 
comme  S.  Jérôme  ,  prétendent  que  ce  nom  fignifie 
bivium,  un  endroit  où  un  chemin  se  fépare  en  deux, 
où  il  fourche.  Ce  lieu  étoit  fur  le  chemin  de  Thim- 
na.  C'eft  appatemment  le  bourg  qu'Eufèbe  appelle 
Berthemin  J  &  qu'il  dit  erre  propre  de  Mambré. 
Le  P.  Lubin  le  confond  mal-à-propos  avec  Enam  , 
en  fuivanc  Zieglérus ,  qui  eft  tombé  dans  la  même 
faute. 
ÉNALLAGE.  f  f.  Terme  de  Grammaire.  C'eft  une 
figure  Grammaticale  ,  par  laquelle  on  change  &  on 
lenverle  le  difcours  \  qui  change  les  temps  ,  les 
modes  d'un  verbe  ,  qui  met  un  genre  pour  un  genre 
diftcrent.  Quand  Térence  fait  dire  par  Thrafon  au 
parahte  qui  venoit  de  porter  fon  préfent  à  Thaïs: 

Magnas  vero  agere  grattas  Thais  mïhï  ? 

Thaïs  me  fau  de  grands  remercimens  fans  doute  ? 
Agere  ,  Axitwi  les  Grammairiens ,  eft  mis  là  pour 
fl^^r  J  &c'ell  ce  qu'on  appelle  énallage.  Maisn'eft-il 
pas  plus  lailonnablt  d'expliquer  cela  par  ce  qu'on 
appelle  ellipfe,  en  fuppléant  un  verbe  fous-enten- 
du ,  que  de  fuppofer  une  figure  qui  ne  peut  avoir 
aucun  londement,  iSc  qui  renverfe  toutes  les  règles? 
Cette  hiçon  de  parler  eft  fort  ordinaire  aux  Poètes  &: 
auxHiftoriens,ô:l'on  doit  direjdanstousies  exemples, 
qu'il  y  a  un  verbe  fous  entendu  ,  comme  cxph  ,fo- 
Ut  J  7ion  uffatou  autres  j  qui  eft  la  raifon  de  Tinfi- 
nitifj  qui  ne  peut  être  pris  pour  un  remps  fini  &: 
déterminé. 

Ce  mot  vient  du  Grec  b«AA«y;)^  formé  du  verbe 
b«AA<irT£;v ,  qui  fignifie  changer,  aulfi-bien  que  le 
verbe  h  m  pie  «A>.«rr£i». 

ENAM.  C'éroit  une  ville  fituée  dans  la  plaine  de  la 
Tribu  de  Juda.  Jof  XV,  34.  Quelques-uns  croient 
qu'elle  s'.ippelle  Haenani ,  parce  que  le  texte  Hé- 
breu l'écrit  CDJyn  :  mais  d'autres  veulent  que  le  ^ 
foit  l'article. 

ENAMERER.  v.  a.  Inamarare.  Ce  mot  eft  dans  Ron- 
fard  ,  pour  dire,  rendre  une  chofe  amère.  Nicoc 
croir  que  Ronfard  a  formé  ce  mor  fur  l'Italien  inaf- 
/»nr.  Quoiqu'il  en  foit,  énamcrerncù.  point  d'ufa- 
ge  ,  quoique  nous  n'ayons  point  d'autre  mot  pour 
exprimer  la  même  chofe.  On  dit  rendre  amer  ,  don- 
ner de  l'amertume. 

ENAMOURE  ,  ée.  adj.  Vieux  mot,  qui  fignifie. 
Amoureux.  Il  eft  énamouré  d'une  dpnzelle. 

ENAN.fwrtw.  C'étoit  un  village  aux  limites  de  la 
terre  de  Chanaan  ,  promife  aux  Juitsj  Nom. XXXIV 
9.  Ezéchiel ,  XLVIII.  i,  dir  que  c'étoit  letermedii 
territoire  de  Damas,  &:  il  l'appelle  ,  Enon  ou  Hha~ 
ferEnan ,  que  la  Vulgate  traduir  Atrium  Enan.  Ce 
lieu  fut  donné  à  la  Tribu  de  Nepluali  j  &  il  étoic 
une  de  fes  bornes  du  côté  du  feptentrion. 

ENARRHEMENT  .f  m.  Arrhement.  Convention  d'a- 
cheter une  marchandife  à  un  certain  prix  ,  en  don- 
nanrpar  avance^une  partie  du  prix  convenu. Il  y  a  des 
enharremens  qui  ne  font  pas  permis.  L'Ordonnance 
de  Police  du  5 1  Août  1  (5(J9  ,  art.  XI.  porte ,  &  quant 
aux  enarrhemens  de  grains  qui  peuvent  avoir  été 
faits  (w  mois  avant  la  date  des  Préfentes  ,  nous  les 
avons  caftes  i?n:  révoqués.  De  la  Mare  ,  Traité  de 
Police,   T.  II,  p.  708. 

ENARRHER.  V.  a.  Arrher,  donner  des  arrhes  pour 
une  marchandife  ,  convenir  du  prix  d'une  marchan- 
dife ,  en  donnant  quelque  chofe  du  prix  convenu  , 
pour  la  fureté  de  l'exécution  du  marché.  Il  n'eft  pas 
permis  A'enharrerune  efpèce  de  marchandifespour 
y  mettre  la  cherté.  Arrham  ,  ou  arrhahoncm  dare. 
Une  Ordonnance  de  Police  du  ji  Août  169';.  porte 
à  l'art.  1 1.  Faifons  défenfes  auxdirs  Marchands ,  Se 
a  tous  autres  de  quelque  qualité  &:  condition  qu'ils 

R  r  r  r 


éSi       E  N  A     ENC 

fuient ,  à'eriarrherm  acheter  les  blés  &  autres  grains 
en  verd,  fur  pied  &  avant  la  récolte.  De  la  Mare. 
T.  IL  p.  708. 

Dans  une  Ordonnance  de  Police  du  Châteletde 
Paris  du  25  Novembre  i54f'j  rapportée  dans  le 
nicme  ouvrage,  T.  II.  p.  730.  on  écrit  enerrer j  au 
lieu  d'e/wr^Aer.  Ou  Blayers ,  Pâtilîiers  ,  Meuniers, 
&  Boulangers  de  ladite  Ville  &Fauxbourgs  de  Paris , 
tenant  ouvroir  j  n'aillent  au-devant  desdits  grains  , 
iceux-  marchandent ,  barguignent ,  ou  enerrc/u ,  ne 
falTent  marchander  ,  barguigner  &  enerrer. 

ENARTHRÔSE.  f.  £  Terme  de  Médecine.  Foye^ 
D1ARTHK.ÔSE. 

ÉNASER.  V.  a.  Oter  le  nez,  couper  le  nez.  Il  eft 
vieux  ,  &  abfolument  hors  d'ulage.  Enafcr  vient 
de  enafare  j  comme  dit  Ménage. 

EN  AVANT,  adv.  Ulceriùs  ,  a/ùe  j  ou  inante.  On  ne 
hut  quelquefois  qu'un  m  it  de  ces  deux  prépoli- 
tions  e:i  &iavanc.  On  die  auHi,  tout  en  un  mot,  dore:, 
en  avant  t  ou  uorejhavanc. 

^  ÉNAUCHER  j  chez  les  Epingliers ,  c'eft  former 
fur  l'enclume  avec  une  lime ,  la  place  de  Ix  branche 
de  l'épingle  ,  avant  celle  de  la  cète. 

E  NB. 

EN  BAIE.  f.  f.  Vieux  mot  qui  a  été  dit  pour  une  ef- 

pèce  de  jo'ue. 
EN3UVER.  V.  a.  Vieux    mot.   Abreuver  j  donnera 

boire  à  des  chevaux  ,  à  du  bétail.  Adaquare. 

ENC. 

ENÇA.   adv.  Ahhïnc.  Depuis  mille  ans  enca.  Bf.nser. 

Plufieurs  habiles  hommes  qui  ont  fleuri  depuis  cent 

ans  cnca  ont  mis  la  main  .i  la  plume.  Dh  Meziriac. 

Cette  exprellion  enca  n'ell  ni  du  grand  Ityie  j  ni 

du  bel  ulage. 

ENCASAINIÉMENT.  f.  m.  On  appelle  en  termes 
de  Mirine  encihancinent  du  vaiireau,  la  partie  de 
fo)i  côté  qui  rentre  ,  ou  qui  fe  rétrécit  depuis  la  li- 
gne du  tort  juf.ju'au  plat-bord. 

EiSiCADDIRES.  f  m.  pi.  Prêtres  des  Carthaginois  ^ 
dont  parle  faint  Augultiu  ,  au  fervicedes  Abaddires. 

|p°  ENCADREMEiMT.  f.  m.  Adion  d'encadrer , ou 

■     l'efîet  qui  réfultede  cette  aciion.  Infcrcucio. 

ENCA'ORHR.  v.  a.  Mettre  dans  un  cadre.  Renfermer 
un  tableau  ,  une  eftampe  dans  un  cadre,  Tabdlam 
quadrato  indudirc  ,  quadro  Infertare  j  incajîrare. 
Ilfiut  encadrer  ce  portrait  j  il  en  paroîtra  plus  beau. 

Encadre  ,  EE.part.  Quadrato  indujus.  Une  ellamps 
encadrée  avec  un  verre  fe  conferve  mieux  &  plus 
long- temps. 

ENC/€NiES. /-''(lye^  EncÉnies.  Ce  n'efl;  point  rufrge 
démettre  des  «e ,  cette  dipKchongue  n'étant  point 
Françoife.  Onécrivoit  autrefois  aer ,  comme  en  La- 
tin ;  maintenant  on  écrit  air  :  &  même  dans  les 
mots  étrangers  ,  comme  Csfar  y  Encitnia  ,  on  écrit 
Céfir,  Encenies  J  &c. 

ENCAFATRAHÉ.  f.  m.  Bois  plein  de  veines,  d'une 
couleur  verte ,  qui  fe  trouve  dans  l'Irte  de  Mada- 
gafcar.  lia  l'odeur  des  rofes  ,  &  ell  bon  pour  les 
maux  de  cœur  &  défaillances  ,  fi  on  l'applique  def- 
fus ,  ou  au  creux  de  l'eftomac,  après  l'avoir  broyé 
avec  de  l'eau  fur  une  pierre. 

ENGAGER,  v.  a.  Mettre  en  cage  ,  enfermer  dans  une 
cage.  Caveâ  indudere.  Les  vieux  oifeaux  qu'on  cn- 
cage  ne  vivent  oas  long-temps.  Encagcr  fe  dit  pro- 
prement des  oifeaux  \  mais  on  le  dit  aufli  des  ar- 
bres. Encagcr  de  jeunes  arbres.  Plantas  arborumfe- 
vire  3  circummunire  cave/s.  C'eft  les  entourer  d'épi- 
nes ou  d'autre  chofes ,  pour  empêcher  les  animaux 
de  venir  les  ronger  quand  ils  font  encore  jeunes  &: 
tendres. 

ffT  Engager  ,  en  parlant  des  arbres  ,  paroît  une  ex- 
prellion très  impropre,  &  j'ignore  fi  elle  ell  uficéi. 
Lé  mot  Latin  cavea  défigne  un  creux,  une  pciice 
folle  qu'on  fait  autour  d  une  jeune  plante  pour  em- 
.pccher  les  bêtes  d'en  approcher.  Il  fignifie  auQi   les 


ENC 

épines  dont  on  les  entoure  pour  la  même  raifon. 
Mais  cela  paroît  allez  mal  rendu  par  encager. 

On  s'en  fert  ^  hgurément  is:  par  plaifanterie  , 

pour  dire  j   mettte  en  prifon.  On  l'a  cncagé. 

Engagé,  eh.  ^■xn.Cavcàinclufus.\\iQ  die  auiii   figu- 

rémentjde  cequi  eft  enfermé  dans  quelque  clôture. 

Conclujus.  Ainli  on  a  dit  des  Ecoliers  d'un  Collège. 

Que  ce  petit  peuple  encagé 
Criait  vivat  pour  un  congé'. 

ENCAISSEMENT,  f.  m.  L'acllon  d'encailfer.  L'en- 
caijUementdeies  inarchandifes  lui  coûtera  beaucoup. 

§Cr  Encaissement,  fignihe  aulli  un  ouvrage  de  char- 
pente ,  un  bâti  drelîé  pour  parvenir  à  fonder  dans 
l'eau  ,  dans  un  marais,  &c.  M.  Tardif  donna  en 
1757.  une  nouvelle  méthode  d'encailfement  pour 
fonder  facilement  &  folidement ,  à  telle  profon- 
deur qu'il  fera  nécelfaire,  dans  les  marais,  dans  la 
mer  ,  <S:c.  Imaginez  vous  un  cailTon  conipofé  de 
pièces  de  bois  montées  &  alfemblées  à,e  manière 
que  le  tout  forme  une  efpèce  de  bâtardeau  entier  , 
Ce  comme  une  feule  pièce-Cette  machine  fans  fond 
&:  termirfée  en  forme  de  plan  incliné  par  la  réunion 
des  principales  pièces  qui  compofent  fon  pourrour  j 
peut  entrer  dans  un  tenein  vafeux  ,  lablonneiix  , 
ou  même  mêlé  de  pierrailles.  Il  n'eft  pas  néceflaire 
pour  cela  d'employer  les  etlorts  du  mouton  ^  il  fuf- 
fit  de  charger  de  maçonnerie  ou  de  terre  glaife  le 
pourtour  du  caillou  :  car  au  moyen  de  cette  char- 
ge ,  les  extrémités  des  pièces  faites  à  peu-près  com- 
me des  pieux  ,  pénétrent  daus  le  fol ,  &  parviennent 
julqu'au  tut  ou   fond  folide. 

IPJ"  On  dit  auiîi  taire  un  grand  chemin  par  en- 
caijjenienty  pour  dire  j  y  faire  des  tranchées  qu'on 
remplit  de  cailloux. 

0CF  On  die  encore  ,  en  termes  de  Jardinage  j 
faire  un  jardin  par  encaijjement ,  pour  dire  ,  y  plan- 
ter des  arbres  dans  les  trous  qu'on  a  remplis  de. 
bonne  terre.  On  le  dit  aulfi  des  arbres  à  fleurs  qu'on 
met  dans  des  caiffes  nouvelles  ,  remplies  de  l'elpèce 
de  terre  convenable.  Il  eft  temps  de  donner  un  en- 
caijemcnt  à  cet  oranger.  Ce  grenadier  a  befoin  d'un 
encdijfement.  Liger.  Le  défordre  des  orangets  peut 
venir  du  côté  de  Vencaijjemcnt,  qui  peut  être  aura 
été  mal  fait ,  &  en  de  méchante  terre  ,  ou  qui  n'au- 
ra pas  été  renouvelle-  au  befoin.  La  Quint. 

ENCAISSER.  V.  a.  Mettre  dans  une  cailfe  des  mar- 
chandifes.  Capfâ  concludere.  Il  faut  encaijjer  ces 
drogues. 

Encaisser,  eft  aufli  un  terme  de  Jardinier,  qui  fi- 
gnihe  ,  mettre  un  arbre  ou  un  arbufte  dans  une 
caille  remplie  de  terre  préparée.  £'/2Ci2///êr  des  oran- 
gers ,  des  grenadiers. 

Encaissé,  ée.  part.  &  adj.  Capsa  conclufus.  Quoique 
les  arbres  nouvellement  encaiffes  foient  quelquefois 
alfez  long-tenpps  fans  rien  faire  ,  comme  s'ils  éroienc 
engourdis ,  cependant  il  n'en  faut  point  défefpérer, 
tandis  qu'on  y  remarquera  quekiue  apparence  de 
verd.  La  Quint. 

Ces  mots  viennent  d'en ,  Se  caijfe.  Koye\  ces 
deux  mots. 

1^  ENCAN,  f.  m.  C'eft  proprement  le  cri  public  ciuî 
fe/ait  par  un  Sergent ,  un  Huillier  pour  vendre  les 
rfteubles  à  l'enchère  ,  &  la  vente  publique  qui  s'en 
fait  par  l'Huillier  qui  les  adjuge  au  plus  offrant  6c 
dernier  enchérilfeur.  Auclio.  Mettre  à  ïencan.  Auc- 
tionein  facerc-  Vendre  publiquement  au  plus  of- 
franr ,  Si  la  vente  eft  forcée  ,  auclio  hafls,.  Être  ven- 
du .à  \encan.  Suh  hajla  fubire.  Ne  point  recevoir 
quelqu'un  à  enchérir  à  un  encan  ,  à  mettre  enchère. 
Ab  hafia  fummovere. 

Ces  venres  s'appeloient  autrefois  inquans  \  &  il 
y  a  apparence  ,  à  ce  que  quelques-uns  difent ,  que 
ce  mot  vient  de  in  quantum  ,  combien.  Ménage  & 
Du  Cange  tiennent  qu'il  vient  de  incantum  ,  &  de 
incantare  ^  quilfignifie  entonner-,  crier  haut,  pro- 
clamer. Cufcneuve  le  fait  \cv\'n  à' in  quantum  ,  qui 


E  NC 

combien.  Cette  écymolot^ie  paroît  plus  n.a- 


fii^nihe 
tutelle. 

On  dit,  figurément  j  Mettte  la  fagelT;  IV encan. 
î^enaiem  exponere.  Ablanc. 
ENCANAILLlill.  v.  a.  Contbndte  ,  miler  quelqu'un 
avec  la  canaille  ,  le  bas  peuple.  Les  alliances  fi- 
nancières  ont  encanaulé  la   plus   illulke   noblelle. 
De  la  Houss.  Mcmoircs,  Votre  loupé  écoit  bon  , 
mais  la  compagnie  étoit  mal  choihe  j  vous  nous 
aviez  encanailUs.  Agad.  Fr. 
Encanailler  fe  dit  aulli  avec  le  pronom  pcrfonnel 
&ligniiie  hanter  lacanailie  avoir  commerce  avec  la 
canaille.  Cumplebccula  vcrfarl  ^jamiLiarcni  ejjc.  Pre- 
nez gard',;  de  vous  encanailler.  Molière    fait  dire  à 
unoprccieufe;  le  goût  des  gens  eft  étrangement  gâ- 
té j  &  le  iiè-'le  s  encanaille  turieufement. 
Encanaillé  ,   ée.  part.  &  adj.  Ignobilis  ,  Jordidus. 
ENCANTIS.  f.  m.  Terme  de  Médecine.  Ceft  une  tu- 
meur de  la  caronciiUe  lacrymale,  lunée  au  grand 
coin  de  l'oeil  :  Il  elt  oppofé  au  rhias  ,  qui  elt  une 
diminution  ou  confomption  de  cette  même  caron- 
cule. Encantnis.VEncanchis  eftcaufé  par  une  Huxion 
qui  fe  fait  fur  cette  partie  ,  ou  par  un  ulcère  de  cette 
partie  ,  qui  n'a  pas  été  delféchée  allez-tôt. 

Ce  mot  ell  Grec  'ivy-*v^iç  :  il  vient  de  la  prcpofi- 
tion  h  ,  Hc  de  x-a-id-U  ,  le  coin  de  l'œil. 
ENCAPELH.  adj   Arrêté.  A  la  tige  du  même  grapin 
croit  encapele  o\i  arrêté  le  pli  d  un  cordage  dont  les 
deux  moitiés  ou  branches  couloient  à  côté  &  le  long 
de  l'aiguille.  Hijl.de  l'Ac.  des  Se.  174-? ,  p.  1  su. 
ENCAPPÊ.  adj.  m.  Terme  de  mer.  Etre  entre  les  caps. 
Incerpromoncjria  pcjlcus.  Cela  fe  dit  lorlqu'on  ell 
avancé  entre  les  caps  en  certains  parages  j  parexem.- 
ple  entre  les  caps  île  Finiltère  6:.  d  Ouclfant.  Dans 
un  fens  contraire  on  dit  décapé.  Je  crois  qu'il  fau- 
droit  écî\xzer:Cape'. 
ENCAPUCHONNE,  le.  part.  &  adj.  Qui  porte  un 
capuchon.  Cucdlacus.  Jamais  tête  encapuchonnée  ne 
tut  propre  à  notre  métier.  Gui-Patin.  C'ell-à-direj 
que  les  Moines  ne  devroient  jamais  fe  mêler  de  la 
Médecine.  Sur  quoi  l'on  peut  voir  le  con;e  intitulé  : 
la   Gaasure  ,  p.  115  des  poclies  de  Baraton. 
ENCApL/CHONNE,  ée.  f.  m.  &  f.  Nom  de  fecTre. 
Capuciatus  ,  a.  Les  Encapuchonnés  font  des   héréti- 
ques qui  s'élevèrent  en  Angleterre  l'an  1587.  Ilsfui- 
voient  les  erreurs  de  Wiclel ,  &  foutenoient  l'apof- 
tafie  de  Pierre  Pareshul ,  Moine  Auguftin,  qui  quitta 
fon  Ordre  ,  Sc  l'accufa  de  plulieurs  crimes.  On  leur 
donna  le  nom  d'Sncapuchonne's  ,  parce  qu'ils  ne  fe 
découvroient  point  devant  le  Saint  Sacrement. 
S  ENCAPUCHONNER.  V.  récip.  Se  couvrir  la  tête 
d'une  forte    de  capuchon.    Cucullo  caput  involvere. 
Vous  vous  êtes  plaifamment  encapuchonné.  Il  eft 
du  ftyle  familier. 
§3°  s'Encapuchonner  ,  terme   de  manège,    fyno- 

nyme  av;c  s'armer,  t^oye'^cc  mot. 
ENCAQUER.  v.  a.  Mettre  dans  une  caque.  Cado  in- 
cluJere  ,  fupcringerere.  Encacjuer  des  harengs.  Il  fe 
dit,  figurément,  en  parlant  de  gens  qui  font  prelles  & 
entalfés  les  uns  fur  les  autres  dans  un  carrolfe  ou 
dans  quelqu'autre  voiture.  Ils  lont  cncaqués  là  com- 
me des  harengs.  Expreflion  familière. 
Encaqué  j  Ée.  part.  Cado  inclufus. 
icy  ENCASSURE.  f.  f.  Les  Charrons  appellent  ainfi 
une  entaille  qu'ils  fontauliloir  de  derrière  &  à  la 
leilette  de  devant ,  pour  y  placer  les  eflieux  des  roues. 
ENCASTELER  ,  S'ENCASTELER.   v.  récip.   Il  fc 
dit,  pioprement,d'un  cheval  qui  a  le  talon  trop  ferré. 
Ce  cheval  commence  à  s'encaj/eler. 
Encastelé,  le.  part.  &  adj.  qui  fe  dit  d'un  cheval  ou 
jument   don:  le  talon  eft  trop  étroit  ,  Se  dont   la 
fourchette  eft  trop  ferrée,  enforte  que  les  deux  cô- 
tés s'approchent  de  trop  près,  &  quelquefois  juf- 
qu'à  fe  joindre.  On  le  dit  aulll  de  toutes  les  bctes 
de  pied  rond.  Pour  remédier  à  ce  mal  ,  il  faut   leur 
faire  ouvrir  le  talon  avec  le  boutoir  jufqu'au  vif. 

Nicot  dit  que  le  mot  encaftelé  vient  par  méta- 
phore ,  de  ce  que  la  bête  encaftclée  a  le  pied  enfer- 
mé par  le  talon  comme  d'un  château  ,  càjlcllum. 


ENC  é%^ 

On  appelle,  figurément,  un  \\omm(i  encaftelé,  qui 
a  le  crâne  étroit,  i<c  qu'on  accufe  d'un  peu  de  folie- 
Ce  terme  n'eft  m  noble  ni  ufité. 
ENCASTELURE  ,  ou  ENCASTELLEMENT.  f  m. 
Maladie  ou  douleur  qui  vient  au  pies  de  devant  dz% 
chevaux.  Jumencarii  taliobduciio  ex  coéunte'ungula. 
L'encj/ielure  eft  caufée  par  une  fccherelfe  &  par  l'é- 
trécillemcnt  de  la  corne  des  pies ,  qui,  reireriant  les 
deux  côtés  du  talon,  fiit  boiter  le  cheval.  Lespiés 
de  derrière  ne  lont  pas  fujets  à  Vencajlelure  ,  parce 
qu'ils  font  toujours  expofés  à  l'humidité  de  la  fiente 
&  de  lutine  de  l'animal. 
ENCASTlLLAGE.  f  m.  Ceft  la  patrie  du  vailfeau 

qui  le  voit  depuis  l'eau  julqu'au  haut  bois. 
ENCASTILLEMENT-  f.  m.  Mot  d'Artifan.  Enchâf- 

fement.  Incajbatura. 
ENCASTILLER.    v.  a.  Incaflrare  y  aptare ,  commit- 
tire.  Mot  d'Artifan.    Enchâlfer.    Pomey  ,  Danet, 
On  dit,  en  particulier,  qu'un  vailleau  liii  encajlitld  ^ 
lorlqu'il  eft  tort  élevé  par  fes  hauts  ,  c'eft-à-dire  , 
par  les  parties  qui  font  fur  le  ponr ,  telles  que  foi'C 
les  deux  gaillards  ou  châteaux  ,  ik.  la  mâture  :  & 
on  dit  qu'il  eft  accacillé ,  lorqu'il  eft  accompagné 
d'un  château  d'avant  &  d'un  château  d'arrière.  Oz. 
Cela  me  fait  croire  que  le  mot  A'encaJtilléQn  ce  fens 
pourroit  bien  venir  de  cajlellum. 
ENCASTREMENT,  f  m.  Action  d'encaftrer  ,  ou  l'ef- 
fet de  cette  aétion.  CommiJJura  j  incajlratura.  Faire 
un  encajtrement ,  c'eft  encaftrer. 
ENCASTRER,  v.  a.  Terme  de  Charpenterie.  Enchâf- 
1er  ,  joindre  enfemble.  Inferere  ,  infertare  _,  commit- 
tere ijunaere  ,  incajlrarc.  C'eft  enchâlfer,  par  entail- 
le ou  par  feuillure  ,  une  pierre  dans  une  autre  ,  ou 
un  crampon  ,  de  Ion  épailfeur ,  dans  deux  pierres , 
pour  les  joindre. 
E:4CASTRER,   enchâller  avec  entaille ,  par  le  moyen 
d'une  entaillure. /.^^{/^/ur^.  Encaftrer  des  tableaux 
dans  un  lambris. 
ICT  ENCAVEMENT.  f.  m.  Adion  d'encaver  ,  de 
mettre  en  cave.  Encavement  du  vm  ,  de  la  bière  & 
autres  liqueurs. 
IJO"  ENCAVER.  V.  a.  Mettre  en  cave  quelque  boif- 
iow  que  ce  foit.  Demittere  in  ccllam  vinariam,  de- 
volvere  in  hypogcum.  Il  eft  temps  d'encaver  ces  vins, 
ces  eaux-de-vie. 

Nicot  a  pris  aulfi  encaver  pour  creufer ,  Cavare  ^ 
excavare.  Il  ne  fe  dit  point  en  ce  fens  là. 
EncavÉ  ,  EE.  patt.  Demil/'us  in  cellain  vinariam. 
ENCAVEUR.  f.  m.  Celui  qui  encave.  Çlui  devolvitin 

hypogeum ,  doliarius. 
ENCALf  ME.  f  m.  Puftuie  caufce  par  une  brûlure ,  la 
marque  que  lailfe  une  brûlure.  On  appelle  encore 
de  ce  nom,  une  efpèce  d'ulcère  qui  le  forme  dans 
l'œil  iyx.tiufiii ^  de  "«'a,  je  bruie.  Voyez  le  Ûiciion.  dé 
James. 
tfJ-  ENCAUSTIQUE,  f  f.  Encaujîica,  ou  encaujlice. 
Sorte  de  peinture  pratiquée  par  les  Anciens ,  donc 
l'ufage  s'étoit  perdu, (Si  qu'on  a  renouvellée  dans  ces 
derniers  temps.  Peindre  à  XEncauflique  ,  c'eft  pein- 
dre avec  de  la  cire  ,  des  couleurs  &  le  feu.  Ars  en 


eau 


tflo  ping 


ars  pingendi ,  ù  piciuram  inurendi. 


M.  le  Comte  deCaylus  &  M.  Mignot ,  Docteur  en 
Médecine,  travaillèrent  de  concert  dès  l'an  1753  ou 
même  1752  ,  à  relfufciter  rf/zw^/^/Zii^z/e.  En  1754  j 
ils  firent  voir  à  l'Académie  des  Belles-Lettres  ^  uil 
tableaude  Minerve  travaillédanscegenre.  En  175  5 , 
ilspublièrentdeux  Mémoires  très-inftruétifs  fur  cet- 
te matière.  Cependant  M.  Bachelier  ^  Peintre  de 
l'Académie ,  a  formé  des  prétentions  fur  cette 
découverte. 
1)3"  Encaustique,  .adj.  de  t.  g.  Peinture  Encaujlique. 
Piclura  encaujlica.  L'objet  de  M.  le  Comte  de  Cay- 
lus,  a  été  de  prouver  que  la  peinture  encaufiique  ^ 
autrefois  pratiquée  par  les  Grecs ,  S<.  dont  Pline  par- 
le ,  n'eft  point  la  peinture  en  émail,  comme  on  fe 
rétoit  iiTiaginé  ,  mais  la  peinture  en  cire  fur  le  bois. 
%T  Foye.-:;  les  différentes  manières  de  peindre  en 
cire ,  propofées  pat  M.  le  Comte  de  Caylus ,  &  pat 

M.  Bachelier. 

R  r  r  r  ij 


6S4  E  N  C 

.fcr  ENC A VURE.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Nom  que 
i  on  a  donné  à  une  maladie  pùiticulièie  des  yeux  , 
qui  n'elT:  autre  choie  qu'un  ulcère  alFcz  profond  à  la 
cornée.  Cavhas, 

JINCEINDRE.  v.a.  Entourer  ,  environner,  enfermer 
une  ville,  un  bois,  unchamp,de  murailles,  de  haies, 
de  fûlfcs ,  de  hlets,  d'hommes  armés ,  pour  en  bou- 
cher les  avenues.  Cingcre.  Il  coûtera  beaucoup  à  e/2- 
ce/'rti/re  cette  ville  de  murailles.  L'Ordonnance  des 
Eaux  &c  Forêts  oblige  ceux  qui  ont  des  bois  auprès 
de  ceux  du  Roi ,  de  les  enceh/drede  tolFés.  Dans  une 
chaife  générale  du  loup,  on  encehn  un  bois  de  pay- 
fans  armés.  On  ne  dit  guère  cnctindrt  d'hommes  , 
de  foldats. 

Enceint  ,  EiNTE.  part.  Cinclus.  On  évite  de  fe  fervir 
du  féminin  ,  qui  clt  comme  déterminé  &  confacré  à 
une   autre  lignirication  j  qui  va  fuivre. 

ENCEINTE,  adj.  f.  Femme  enceince  j  femme  grolTe 
d'enfant.  Gravida  ,  pr^gnans  j  Jœta.  On  furfeoit 
l'exécution  des  femmes  condamnées ,  quand  elles 
fe  trouvent  enceintes. 

§3"  M.  Perrault,  par  une  métaphore  un  peu  trop 
hardie,  a  appliqué  ce  mot  aux  branches  d'arbres 
qui  contiennent  les  embryons  des  fruits  ,  qui  font 
développés  par  les  lues  nourriciers. 

Cefuc,des  qùonla  coupe,{hhi':inche)auffttôtraùanu 
Aux  branches  d'alentour  partage  fa  vertu  ; 
Répare  abondamment  uursfor:es  prefque  éteintes  ^ 
Et  grojjlttûus  lesjruits  dont  elles  font  enceintes. 

Perrault. 

Ce  mot  vient  de  incincia,  comme  qui  àiroii  fans 
ceinture  ,  parce  que  les  femmes  grofles  ne  doivent 
point  être  gênées  dans  leurs  habits ,  ni  porter  de 
ceintures.  C'ell-là  l'érymologie  ordinaire.  On  peut 
aulli  faire  venir  enceinte  du  Latin  inciens  ,  félon  M. 
Ménage.  Je  m'étonne  que  ce  favant  homme  dife 
que  nos  Anciens  appellent  ainfi  une  femme  grolfe , 
&  qu'il  remarque  que  ce  mot  eft  encore  en  ufage  en 
plufieurs  Provinces  de  France  ,  &  que  d'Ablancourt 
&c  M.  Patru  s'en  font  fervis.  Il  veut  faire  entendre 
par-là  que  ce  mot  n'efi;  plus  en  ufage.  Il  l'ell:  cepen- 
dant autant  qu'il  ait  jamais  été.  On  difoit  autrefois 
&  on  écrivoit  enchtinte. 

ENCEINTE,  f.  f .  Clôture  qui  ferme  une  ville,  une 
maifon.un  champ  5  quelquefois  circuit,  rour,  éten- 
due. Ambitus ,  circuitus.  Uenceinte  de  la  ville  de 
Nanquin  eft  de  vingt  milles  d'Italie.  Il  ell:  fait  dans 
l'enceinte  de  la  maifon.  Pat.  L'enceinte  des  tranchées 
pouvoir  tenir  dix  mille  hommes.  Abl  ANC.  Il  fe  trou- 
va renfermé  dans  l'enceinte  d'une  famille  pailible  & 
pieufe.  Fléch. 

Enceinte  j  en  termes  de  fortification  ,  eft  le  contour , 
la  circonférence  du  rempart  d'une  place  fortifiée, 
foit  qu'elle  foit  compofée  de  baftions  ou  non.  C'eft 
aufifi  le  compofé  des  ouvrages  qui  l'environnent , 
lels  que  font  les  remparts ,  les  folfés,  les  demi -lu- 
nes ,  les  ravelins ,  les  ouvrages  à  corne,  les  couron- 
nes ,  &c.  La  fimple  enceinte  renferme  un  rempart , 
un  folfé,  une  efplanade.  La  i'^  comprendle  chemin 
des  rondes  couvert  d'un  parapet.  La  5^  enceinte  ,  ou 
balFe  enceinte,  ell:  ce  qu'on  appelle  autrement  fauf- 
fe  braie.  Ozan. 

ENCEiNTEjfedit  audi  j  en  termes  de  Chalfe,  lorfqu'on 
tend  des  toiles ,  ou  qu'on  pofte  des  chiens  ou  des 
chalfeurs  autour  d'un  bois,  ou  d'un  lieu  où  l'on  veut 
chalFer.  On  dit  auffi.  Faire  fes  enceintes  ,faltus  inda- 
gine  cingere  ,  prendre  fes  cernes ,  quand  on  fait  di- 
vers ronds  autour  des  plus  fraîches  voies  &  allures 
de  la  bête  ,  pour  s'alTurer  où  elles  aboutilfent ,  & 
delà  conclure  l'endroit  où  elle  eft  embûchée. 

ENCEINTURER.  Vieux  mot ,  qui  fignifioit,  Engrof- 
fer,  rendre  enceinte.  Mehun  ,  au  Codicille. 

Vierge  qui,  du  corps.  Dieu  ton  fils  encein'turas.  Borel. 

Les  Italiens  difent  dans  la  même  fignification  in- 
cingere  y  ■pom  ingravcdare. 


ENC 

ENCELADE.  f.  m.  LTn  des  Géants  qui  firent  la  guerre 
à  Jupiter. 

ENCENIES.  f.  f.  pi.  Mot  Grec,  qui  fignifie  Reftaur.-- 
non,  rénovation.  Lncunia.  C'étoit  une  ihiQ  que 
célèbroient  les  Juifs  lea5du|j^  mois,pour  la  Dédica- 
ce,ou  plutôt  en  mémoiredelaPurificaiion  duTempie 
faite  par  Judas  Machabée  j  apiès  qu'il  eut  été  pillé 
&  pollué  par  Antiochus  Epiph.uie.  On  célébroit  en- 
core deux  autres  hncenies  :  la  Dédicace  faite  par  Sa- 
lomon  ,  ôc  celle  qui  fut  faite  par  Zorobabcl  au  ia~ 
tour  de  la  captivité.  Ce  mot  eft,  dans  le  Grec  &  le 
Latin,  du  pluriel^  &  c'eft  pourquoi  je  crois  qu'il  faut 
aufli  le  faire  du  pluriel  en  François,  &c  mettre  une  s 
au  bout ,  encenies  ,  les  encénies.  Ce  mot  n'eft  pas 
alFez  ufiic  dans  notre  langue,  pourconfuker  là-def- 
fus  l'ulage  ,  qui  pounoit  être  contraire  à  la  règle  , 
comme  en  bien  d'autres  chofes.  Mais  jufqu'à  ceque 
l'ufage  le  détermine  ,  ii  faut  fiuvre  la  règle  &  l'a- 
nalogie. 

Ce  mot  vient  du  Grec  £'/««(««,  formé  de  la  prc- 
politioni.j  &  de  ««'"■«;,  qui  fignihe  nouveau.  On 
trouve  aulli  dans  les  Pères ,  dans  THiftoire  Ecclé- 
fiaftique  ,  enc&nia  ,  pour  la  Dédicace  des  Eghfes 
Chrétiennes.S.Auguftin  témoigne  que,defon  temps, 
ce  mot-là  étoit  même  palfé  aux  chofes  profanes,  ^ 
qu'on  difoit  enc&niare  ,  lorfqu'on  prenoit  un  habit 
neufj&c. 

Nos  derniers  Tradudeurs  de  la  Bible,  ne  fe  font 
point  fervis  du  mot  Encénies  en  S.- Jean  X.  11.  où  il 
en  eft  parlé.  Ceux  de  Port  Royal  ont  mis  la  fête  de 
la  Dédicace.  M.  Simon  les  a  fuivis.  Le  P.  Bouhours 
a  dit  ,  Onfolennifoit  à  Jérufalem  le  renouvellement 
du  Temple.  Il  eft  certain  que  ce  n'étoit  point  la  Dé- 
dicace du  temple  ,  &:  que  le  mot  encénie  fignifie  re- 
nouvellement, &  non  point  Dédicace.  Mais  aufii  le 
renouvellement  du  temple  peut  fe  prendre  pour  le  ré- 
tabliiFement  du  temple,  rebâti  ou  réparé  par  les 
Juifs  après  le  retour  de  la  captivité  j  &  ce  n'cft  point 
cela:  c'eft  l'expiation  ,  la  purification  du  temple 
profané  j  une  féconde  confécration  du  temple,  is^e- 
nouvellement  eft  cependant  mieux  encore  que  Dé- 
dicace. 

ENCENQUETA.  f.  f.  Vieux  mot.  Aveuglement.  Il 
vient  de  cdcitas  ,  aveuglement  j ou  de  «a^ri/ïj  avoir 
les  yeux  éblouis ,  ne  voir  pas  bien. 

ENCENS,  f.  m.  Thus^  incenjum.  Réfine  aromatique  &: 
odoriférante.  Elle  fort  d'un  arbre  qui  a  les  feuilles 
femblables  au  poirier ,  félon  Théophrafte  :  il  croît 
en  la  région  de  Saba  en  l'Arabie  Fieureide,  furnom- 
mée  par  les  anciens  j  Thurijère.  On  l'incife  aux  jours 
caniculaires  ,  pour  en  faire  fortir  la  réfine.  L'encens 
mâle,  qui  eft  le  meilleur ,  eft  rond  j  blanc  &  gras 
au-dedans.  On  lui  a  donné  le  nom  de  mâle  ,  pour 
diftinguer  les  grolFes  &c  belles  larmes  d'avec  les 
communes  :  il  eft  aulFi  appelé  oliban.  L'encens  fe- 
melle eft  mou  J  plus  réfineux  &  moins  bon  que  le 
précédent.  L'encens  eft  d'un  grand  ufage  dans  la  Mé- 
decine ;  il  échauffe,  delféche  &  refferre.  On  s'en 
fert  dans  diverfes  maladies  de  la  tête  &  de  la  poi- 
ninejdans  le  vomilFement ,  la  diarrhée  &  la  dyf- 
feiiterie.  On  l'emploie  aulli  extérieurement  ,  pour 
fortifier  le  cerveau.  Il  eft  bon  pour  les  plaies. 

L'écorce  d'encens  eft  l'écorce  de  l'arbre  d'où  l'en- 
cens découle  :  elle  a  les  mêmes  qualités  que  Vencens. 
Il  y  a  une  autre  écorcc  qu'on  apporte  des  Indes  j  Se 
qui  eft  aulli  appelée  écorce  d'eicens ^  thymiama,  ou 
encens  des  Juifs  ,  parce  que  les  Juifs  s'en  fervent 
fouvent  dans  leurs  parfums. 

La  manne  d'e«a-A'j-_,  font  les  miettes  ou  petites 
parties  qu'on  ramafte  dans  les  facs  ou  Vencens  a  été 
mis  &  porté  ,  &  qui  vient  des  grains  quifefroilfenc 
les  uns  contre  les  autres.  Il  y  a  aulîi  la  fuie  d'encens , 


qui  en  e 


ft  un 


e  préparation. 


On  a  brûlé  de  Vencens  dans  les  temples  de  toutes 
les  Religions  _,  pour  faire  honneur  aux  Divinités 
qui  y  ont  été  adorées.  Les  premiers  Chrétiens  onc 
été  martyrilés  j  parce  qu'ils  n'ont  point  voulu  don- 
ner de  Vencens  aux  Idoles-  On  donne  aulli  de  \'en~ 
cens  dans  les  cérémonies  Ecdéfiaftiquesj  aux  per- 


Ë  N  C 

fonnes  que  1  on  veut  honorer.  On  donne  de  Yen- 
cens  aux  Prélats ,  aux  Officians ,  au  Clergé ,  &  mê- 
me au  peuple  ôc  aux  corps  mores.  L'encens  ell  un 
droit  hononhque  dû  aux  Patrons  ,  Fondateurs  & 
Hauts-Jufticiers  d'une  Eglife.  Cet  encens  qae  vous 
avez  vu  fumer  fur  vos  autels ,  &  monter  vers  le  ciel , 
en  odeur  de  fuavité ,  ell  le  fymbole  de  vos  prières. 

Fl. 

Ce  mot  vient  de  incenfum  j  c'eft-à-dire,  brûlé  j 
en  prenant  l'eftet  pour  la  chofe. 

Encens  de  Thuringe.  La  Thuringe,  &  fur-tout  le 
territoire  de  Saxe ,  abonde  en  forêts  de  pins ,  qui 
donnent  beaucoup  de  poix.  Les  fourmis  fauvages 
en  recueillent  de  petits  grumeaux  qu'elles  enfouif- 
fentd.ins  la  terre  ,  quelquefois  jufqu'à  quatre  pieds 
de  profondeur.  Là  cette  poix  par  la  chaleur  fouter- 
reine  ,  reçoit  un  nouveau  degré  de  cottion  ,  &  fe 
réduit  en  malfe.  On  la  tire  enfuitede  terre  par  gros 
morceaux.  C'ell  ce  qu'on  appelle  encens  de  Lhurin- 
ae.  On  la  vend  pour  de  l'encens  fous  fonnom.  Voy. 
rOryctographie  de  M.  Schur. 

Encens,  fedit,  Hgurémentjen  Morale,  des  flatteries, 
&  des  louanges.  Vendre  au  plus  oftiant  fon  encens , 
&  fes  louanges.  Boil.  Ce  Seigneur  aime  \encens. 
Un  Auteur  donne  de  Xencens  à  fon  Mécénas  tout 
fon  faoul.  Votre  encens  ne  me  fera  pomt  to'urner 
la  tête.  B.  Rab.  Dieu  n'a  pas  établi  nos  Rois  feule- 
ment pour  recevoir  ,  comme  des  Idoles ,  \ encens 
Se  les  vœux  de  leurs  fujets  dans  une  fuperbe  oifi- 
veté.  Fl.  Les  hommes  qui  aiment  la  liberté  en  tou- 
tes chofes  j  veulent  donner  leur  encens  librement. 
Le  fenfuel  brûle  avec  plailîr  dans  fon  cœur,  Xencens 
qu'il  offre  à  fon  idole.  Fl. 

Je  ne  puis  en  efclave ,  à  la  fuite  des  Grands, 

A  des  Dieux  fans  venuprodiguer  monenccns.BoiL. 

Lui-même  applaud/JJantàfon  maigre  génie 

Se  donne  par  fes  mains  /'encens  qu'on  lui  dénie.  Id. 

Four  moi  ,je  ne  vois  rien  déplus  foc,  à  monfens , 
Qu'un  Auteurquipar-tûucva  gueufer  d^l'encens. 

Molière. 

IJCT  Corneille  a  employé  ce  mot  au  pluriel  dans 
Pompée. 

Mais  quoique  vos  encens  le  traitent  d'immortel. 

'^fT  Encens  j  dit  Voltaire,  ne  fouffre  point  de  plu- 
riel j  de  plusj  on  otFre  de  Vencens  aux  immortels , 
mais  ïencens  ne  traite  point  d'immortel. 
%  §3"  On  peut  obferver  ici  qu'en  aucune  langue 

^  les  métaux,  les  minéraux,  les  aromates,  n'ont  ja- 

mais de  pluriel.  Ainli,  chez  toutes  les'nations,  on  of- 
fre de  l'or,  de  Vencens,  delà  mirrhe^  &  non  pas 
des  encens i  des  ors ,  des  mirrhes.  Quand  nous  don- 
nons un  pluriel  au  mot  or ,  en  difant ,  par  exemple , 
un    bijou  de  ditférens    ors,  une    tabatière  j  une 
montre   de  phifieurs  ors.  C'eft  fimplement  pour 
marquer  les  différentes  couleurs  de  ce  métal  dans 
les  ouvrages  où  il  ell  employé. 
ENCENSEMENT,  f.  m.  Action  d'encenfer.  Suffimen- 
tum ,  thurisfuffltus.  On  fait  des  encenfemens  pendant 
l'Office  divin  à  l'Autel ,  au  Clergé  &  au  peuple. 
^       ENCENSER,  v.  a.  Donner  de  l'encens.  Incendere  thus, 
»  thureum  odorcm  Jpargere.  Encenfer  les  offertes  ,  le 

Célébrant ,  l  Evêque  ,  le  peuple. 

Qui  voudra  déformais  encenfer  vos  Autels  ?  Boil. 

Encenser  j  fe  dit  .iu(îî ,  figurémenr,  en  Morale  ;  pour 
dire.  Louer  quelqu'un,  le  flatter.  Les  Auteurs  %en- 
cenfent  les  uns  les  autres.  On  ne  fait  pas  mainte- 
nant grande  fortune  à  encenfer  les  Puillances.  Pour 
être  de  fes  amis,  il  faut  continuellement  ['encenfer. 
Cosr.  Pour  gagner  les  hommes  jil  faut  donner  dans 
leurs  maximes.  Se  encenfer  leurs  défauts.  Mol. 


E  N  C 


€8/ 


Autre  part  que  chei-moi  chercheiqul  vous  encenfe. 

MoLliRE» 

Et  parmi  les  pauvres  mortels  j 

Quelquefois  ceux  que  l'on  encenfé 

Nejont  que  de  grands  criminels  , 

A  qui  notre  feule  ignorance 

Au  lieu  de  châcimens  décerne  des  Autels. 

NOUV.  CH.  DE  Versï- 

Encensé  ,  ée.  part. 

ENCENSEUR,  f.  m.  Qui  donne  de  l'encens.  Les  fai- 
feurs  de  Dédicaces  lont  de  grands  encenfcurs  ,  des 
encenfeurs  éternels. 

ENCENSIÈRE.  f.  f.  Cunilago.  C'eft  une  herbe  donc 
Pline  a  patlé.  C'eft,  dit-on  ,  la  farriette  fauvage. 

ENCENSOIR,  f  m.  Vailleau  dont  on  fe  fert  dans  les 
Eglifes  pour  brûler  l'encens ,  (^  encenfer.  Thuribu- 
ium^acerra.  Ileft  fait  en  lotme  de  petit  réchaud  cou- 
vert de  fon  dôme ,  &  fufpendu  avec  des  chaînes. 
Jofeph  dit  que  Salomon  fît  faire  vingt  mille  encen- 
foirs  d'or  pour  le  Temple.de  Jerufalem  ,  qui  fer- 
voient  à  otîrir  les  parfums  ;  &  cinquante  mille  au- 
tres ,  qui  fervoient  à  porter  le  feu. 

1^  Donner  de  Xencenfoir  par  le  ne;z,  phrafe 
proverbiale  &  figurée-  C'eft  accabler  quelqu'un  de 
louanges  plus  capables  de  le  blelfer  ,  que  de  flatter 
fon  amour  propre,  ouïe  louer  avec  maladrelfe. 

Mais  un  Auteur,  novice  à  répandre  l'encens , 
Souvent  à  fon  Héros  y  dans  un  bi-:[^arre  Ouvragi  ^ 
Donne  c/^/'encenfoir  au  travers  du  vfage.  Boil. 

On  dit  aufîî ,  figurémenr ,  mettre  la  main  à  Xen- 
cenfoir ,  pour  dire  ,  vouloir  entreprendre  fur  la  Ju- 
rifdiiltion  ,  ou  fur  l'autorité  de  l'Eglife. 

Enchnsoir.  Terme  d'Aftronomie.  C'eft  un  nom  que 
les  Aftronomes  donnent  à  la  XIII  des  15  conftella- 
tions  méridionales.  Elle  a  cinq  étoiles  de  la  qua- 
trième grandeur,  &  deux  delà  cinquième  :  on  l'ap- 
pelle aulli  \  autel. 

ENCENTRER.  V,  a.  Vieux  mot,  qui  veut  dire  enter 
un  arbre  ,  du  Grec  évxsvTfxs-ei» ,  enter. 

ENCEPHALE,  adj.  m.  i-c  f.  Qui  eft  dans'la  tête.  Ter- 
me de  Médecine  que  l'ufage  a  particulièrement  ap- 
plique à  délîgner  certains  vers  qui  naiffent  dans  les 
diflcientes  parties  de  la  tête.  Encephalus.  Les  vers 
encéphales  naiffent  dans  la  tête ,  où  ils  font  fentic 
de  fl  violentes  douleurs ,  qu'ils  caufent  quelquefois 
la  fureur;  ce  qui  les  a  fait  nommer  furieux  par  quel- 
quesMédecins.  Il  y  a  quatre  fortes  êlencéphales.  Les 
encéphales  propiement  dits  ,  qui  viennent  dans  le 
cerveau  \  les  rinaires ,  qui  viennent  dans  le  nez  j  les 
auriculaires,  qui  viennent  dans  les  oreilles  ;  &  les 
dentaires  ,  qui  viennent  aux  dents.  Les  encéphales 
proprement  dits  font  rares  jmais  il  va  certaines  mala- 
dies où  ils  règnentj&l'ona  vu  desfièvres  peftilentiel- 
les  ne  venir  que  de- là.  Dans  une  de  ces  maladiesjles 
Médecins  ayant  ouvert  le  corps  d'un  malade  qu'elle 
avoir  enlevé,  ils  lui  ttouvcrent  dans  la  tête  un  petit 
ver  vivant ,  tout  rouge  &  fort  court.  Ils  effayèrent 
divers  remèdes  fur  ce  ver  ,  pour  découvrir  ce  qui  le 
pourroit  tuer:  tout  fut  inutile,  excepté  le  vin  de 
malvoifîe  dans  quoi  l'on  fit  bouillit  des  raiforts.  On 
n'en  eut  pas  plurôt  jeté  dessus ,  que  le  ver  mourut. 
On  éprouva  enfûite  le  même  remède  fur  les  mala- 
des ,  &  on  les  fauva  prefque  tous ,  au  lieu  qu'au- 
paravant ils  mouroient  prefque  tous.  On  en  a  tiré  de 
femblables  pat  le  trépan  ,  &  le  malade  fut  guéri. 
Voyex  fur  ces  vers  f/îc^-^^tî/fj  plulîeurs  chofes  très- 
fingulicres  &  très- utiles  dans  le  Traité  de  la  gênera^ 
don  des  vers  dans  le  corps  humain  ,  par  M-  Andn. 
Ce  mot  eft  Grec,  compofé  de  £»,  en,  dans,  Sc 
de  >'!+ia>>'i ,  tête. 

ENCEPHALITE,  f  f.  Pierre  fîgurée ,  graveleufe  ,  ti- 
rant fur  le  blanc,  &  imitant  le  cerveau  humain. 

ENCERCHEUR.  f.  m.  Vieux  mot.  Celui  qui  épie. 

ENCERNER.  y.  a.  Vieux  mot  qui  eft  encore  dan» 


6^6 


E  N  C 


Dclbrun  ,  Pomey,  &c  ,  &  qui  fignifie,  entourer 
ceindre  d'un  cercle  ,  environner  de  rous  côtés.  Ci«- 
jgefCj  drcumire.  On  du  encore, cerner  des  noix,  & 
en  fane  des  cerneaux. 

ENCHAÎNEMENT,  f.  m.Ce  mot  n'efl:  guère  ufité 
qu'au  figuré.  Il  lignifie,  fuite,  liaifon  &  dépen- 
dance des  cliofes  les  unes  des  autres.  Concatenado  , 
fer'ies  j  mutua  connexio.  Il  y  a  certain  enchaînement 
des  caufes  fécondes  que  la  providence  y  a  établi  de 
^out  temps.  Les  Philofophes  l'appellent  la  concaté- 
nation des  caufes  fécondes.  On  du  aulîi ,  un  enchaî- 
nement as  malheurs,  pour  dire,  une  luite de  mal- 
Jieurs.  Par  un  enchaînement  de  caufes  inconnues  , 
mais  déterminées  de  tout  temps ,  chaque chofe  mar- 
che en  fon  rang  ,  &  achevé  le  cours  de  fa  deftinée. 
Vaug.  Nous  appelons  Opéra  ,  un  certain  enchaîne- 
ment At  danfes  &  de  mufique  ;  qui  n'ont  pas  un 
rapport  bien  jufte.  S.  Evr.  ^oy.  EnchaÎnure. 

ÏNCHAÎNER.  V,  a.  Attacher  avec  une  chaîne.  Cate- 
nâ  conjlringere.  Enchaîner  un  prifonnier ,  un  galé- 
rien ,  un  efclave ,  un  furieux  ,  un  dogue.  Un  Or- 
fèvre Hollandois  enchaîna  une  puce  en  vie  avec 
une  chaîne  d'or  de  cinquante  chaînons,  qui  tous 
enfemble  ne  péfoient  pas  trois  grains.  Cim.  Lit. 

Enchaîner  ,  fe  dit,  figurément,  en  chofes morales  & 
fpirituelles,  pour  assujettir  ,  captiver.  Jésus  Christ 
a  enchaîne  le  démon  &  les  Puilfances  infernales.  Les 
pécheurs  font  enchaînés  à3.ns  le  vjce  j  lorfqu'ils  font 
engagés  dans  de  mauvaifes  habitudes.  Un  Amant  fe 
plaint  d'être  enchaîné  par  des  liens  invifibles.  En- 
chaîner  la  viéloire  à  fon  char ,  la  fixer ,  la  rendre 
conftante  ,  f/2cAi2//2e/ la  difcorde ,  luiôterla  liberté 
d'agir  ,  &  rendre  rout  paifible. 

fer  Enchaîner  ,  fe  dit  auiU  des  proportions,  des  rai- 
fonnemens  qu'on  lie  les  uns  aux  autres  ,  de  manière 
qu'ils  dépendent  les  uns  des  autres.  Conneclae.  Les 
caufes  naturelles  font  enchaînées  les  unes  avec  les 
autres  ,  les  unes  aux  autres.  Les  Sciences  font  enchaî- 
nés les  unes  aux  autres  j  &  fe  tiennent,  pour  ainfi 
dire,  parla  main.  Il  a  e/zcAai/Vs  toutes  ces  propofi- 
rions,  tous  ces  raifonnemens.  Ilracontoit  (M.  Pélil- 
fon  )  avec  un  tel  choix  de  circonftances ,  avec  une  fi 
agréable  variété  ja  vec  un  tour  li  propre  &  i\  nouveau, 
jufques  dans  les  chofesles  plus  communes  ,avec  rant 
ii'induftrie'pour  enchaînerla  faits  les  uns  dans  les  au- 
tres j  &c.  De  Fenel.  Arch.  de  Camb. 

Je  ne  veux  point  d'un  trône  ou  jefuis  çnchciwé. 

Corn. 

Moi-même  à  votre  char  je  me  fuis  enchaîné.  Rac. 

Maudit  fait  le  premier  dont  la  verve  infenfée  j 
Voulut  avec  la  rime  enchaîner  la  raifon.  Bon.. 

Enchaîné,  ée.  part.  Il  a  toutes  les  fignifîcacions  de 
fon  verbe.  Des  vents  enchaînés.  Rac. 

Quoi\  toujours  endiûné  par  ma  gloire  paffce.  la. 

Lefuc  de  l'orange  douce  contient  moins  de  fel 
que  le  fuc  de  l'orange  amère  ;  &  ce  fcl  eft  lié  8c  en- 
chaîné par  une  plus  grande  quantité  de  parties  hui- 
leufcs.  LÉM.  Le  raifin  ,  lorfqu'tl  commence  à  mûrir, 
eft  âpre  &  ftiptique ,  parce  que  fes  principes  adlifs , 
&  principalement  fes  fels,  fontenga'jés ,  &  comme 
enchaînée  par  des  parties  terreftres.  Id. 
Enchaîné  ,  fignifie,  figurément ,  dépendant  d'une  au 
rre  chofe  ,  qui  a  des  liaifons  avec  elle.  La  plupart 
des  .Sciences  font  enchaînéesSc  dépendantes  l'une  de 
l'autre.  D'où  eft  venu  le  mot  à' Encyclopédie ,  ou  de 
fcienceuniverfelle.  La  ûmQ  enchaînée ,  la  rimecon- 
catéaée ,  ne  font  plus  du  tout  en  ufage  dans  la  ver- 
fification Françoile.  Les  Italiens  &; les  Efpagiiols em- 
ploient la  rime  enchaînée.  On  en  a  parlé  au  mol  dé- 
lié,  parce  que  les  Italiens  appellent  ces  fortesdevers 
fàolti ,  déliés.  Il  y  a  bien  plus  de  raifon  de  les  :\^^q- 
{^t  enchaînés  ,  puifque  les  rimes  font  tellement  en- 
chaînées j  que  chaque  vers  .rime  avec  le  milieu  du 


ENC 

vers  fuivant.  Garcillaifo  a  introduit  le  premier  les 
rimes  enchaînées  dans  lapoëfie  Efpagnole  ,  à  l'exem- 
ple de  Sannazar  ,  qui  s'en  étoJt  fervi  en  Italien. 

Paflores  que  dormis  en  la  Majada 

En  la  cerradanoche  afueno  fuclto.  Garbil. 

ENCHAINURE.  f  m.  Liaifon  ,  dépendance.  Ils  s'î- 
maginenr  qu'il  y  a  une  enchaînure  d^rs  caufes  avec 
leurs  etrcts.  Acl.  C'elt  la  même  chofe  o^ enchaîne- 
ment,  &il  n'ell:  pas  tout-à-tait  tant  en  ufage.  Sui- 
vant l'Académie  ,  il  ne  fe  dit  que  des  ouvrages  de 
l'art.  Il  elt  même  nécellaire  ,  puilque  nous  n'avons 
point  d'autre  mot,  au  propre,  que  l'on  puille  appli- 
quer à  ces  lortes  d'ouvrages. 

ENCHAIR.  V.  n.  'Vieux  mot,  qui  fignifie  ,  tomber, 
feprollerner ,  &  qui  ell  un  compofé  de  chair  ,  ou 
cheoir  ,  choir.W  \itnx.  At  in  &C  de  cado.  Borel  rap- 
porte cet  exeir.ple  de  Villehardouin.  Que  nous  en~ 
cha:JJions  à  fes  pieds  ,  &c. 

ENCHAN3ADER.  'Vieux  mot ,  qui  fignifie  enjamber 
P'oyei   Borel.  Il  eft  tout-à-fait  hors  d'ufage. 

ENCHANTELER.  v.  a.  Mettre  fur  des  chantiers. /^oy. 
Chantier.  Il  fe  dit,  parriculièrement,  du  vin  ,  foit 
pour  l'expofer  en  vente  lur  l'étape  ,  foit  pour  le 
garder  dans  une  cave. 

Encii^nteler  du  bois ,  c'etft  le  ranger  dans  les  chan- 
rieis,  Ligruiia  cogère  in  lirucm  ,  in  moUm  ordina- 
tam  1  onjirucre. 

Ce  mot  vient  du  Litln  incanterire ,  fignifiant  la 
même  chofe- 

§0"  ENCHANTEMENT,  f.  m.  C'eft  proprement 
l'effet  d'une  opcranoa  prétendue  magique  ,  qui 
fait  ilhnion  aux  lens.  Incantatio  ,  carmen  magicum^ 
Du  temps  d'Homère  on  évoquoit  les  morts  par  des 
enchamemens.  Autrefois ,  quand  on  mettoitles  accu- 
lés à  l'épreuve  du  l'eu  iS<:  de  l'eau  ,  on  prioir  Dieu  de 
faire  agir  le  leulur  eux  malgré  leurs  enchamemens. 
On  regarde  ordinairement  ce  mot  comme  fyno- 
nyme  de  charmes  &  de  fort.  Ils  marquent  tous  les 
trois  j  dans  le  fens  littéral ,  l'effet  d'une  opération 
magique  j  que  la  Religion  condamne  ,  que  la  po- 
litique fuppofe  ,  &  dont  la  Philofophie  le  moque. 
Mais  chacun  de  ces  mots  a  la  nuance  propre.  L'idée 
que  préfente  celui-ci  eft  renfermée  dans  la  définition 
que  nous  en  donnons.  On  lit,  dans  les  anciens  Ro- 
mans,que  lapuilï;incedcse«c/;t2«rf/««/2j-  faifoit  chan- 
ger fubitement  de  mœurs ,  de  conduite  &  de  for- 
tune. Les  honnêtes  gens  ne  connoiffent  point  ^^\x.~ 
tve  enchantement  que  la  féduélionqui  naîr  d'un  goût 
dépravé  &  d'une  imagination  déréglée.  Le  propre 
de  l'Opéra  c'eft  de  tenir  les  elprits  ,  les  yeux  &  les 
oreilles  dans  un  égal  enchantement.  La  Broy.  A  la 
honte  de  norre  raifon  &  de  nos  réflexions  nous  aban- 
donnons notre  cœur  à  la  feduélion  du  monde  tou- 
jours vainqueur  par  fes  enchantemens. 

Enchantemens  au  pluriel ,  fignifie  quelquefois  l'ac- 
tion de  l'enchanteur.  Les  enchamemens  de  Médée. 

03°  Enchantement,  fe  dit,  dans  un  fens  figuré,  de  ce 
qui  paroîr  furprenanr ,  merveilleux.  Ce  fpeétacle 
eft  bien  galant ,  tout  y  furprend ,  c'eft  un  enchan- 
tement. 

§CT  Enchantement  vient  des  mots  latins /'/z  Ikcanto  , 
je  chante  ,  parce  que  les  formules  des  enchantemens 
étoient  conçues  en  vers  qui  fonr  fairs  pour  être 
chantés. 

ENCHANTER,  v.  a.  Dans  le  fens  littéral ,  faire  illa- 
fionaux  fens  par  une  opération  prétendue  magique. , 
incantare,  magicis  artibus  fcnfus  avcrtere.  Les  Cheva- 
lierserrans  étoient  louvent  enchantés  dans  les  Ro- 
mans. Les  Sirènes  enchajitoient  par  leurs  chants.  Le 
peuple  croir  encore  qu'il  y  a  des  magiciens  qui  en- 
chantent les  hommes  &  les  animaux. 

Je  fléchirais  Caron  ,  /enchanterois  Cerbère, 
.  Et  j' irais  des  dejlins  forçant  la  dure  loi , 
Te  rendre  à  la  lumière  j  ou  la  perdre  pour  toi. 

Nouv.  choix  de  vers. 


ENC 

ffT  Enchanter  ,  pris  dans  un  fens  figuré  ,  lîjniîîe 
furprcndre  ,  attirer ,  engager  par  des  paroles  ,  des 
promcll'es.des  attraits. Le  monde  noiiscickariccTonz 
ce  qui  s'appelle  grandeur  ôc  fortune  ne  menchance 
point  j  j  en  dénicle  partaitenient  les  pLufirs  i^  les 

pcuies.  ■  _ 

|fj="  C'eft  encore  ravir  en  admiration.  In  fui  <id- 
mïrationcm  raptre.  Cet  Orateur  nous  enchante  par 
1.1  beauté  de  fon  difcouis.  Cette  Mudque  e!l  fi  belle 
qu'elle  cnchanu. 

.  . .  Souvent  ce  qui  nous  enchante 

N'a  rien  d'aimable  que  le  nom.  Valinc. 

Enchanté  ,  ée.  part.  &  adj.  Des  a.m\ss  enchantées.  Un 
Palais  enchante ,  fait  par  enchantement.  Lieux  en- 
chantés. 

Il  faut  des  coups  de  furprife  à  nos  cœurs  enchantés 
de  l'amour  du  monde  ,  pour  les  en  détacher.  Boss. 
Notre  imagination  drw/zj/irc^f  des  taux  biens  fe  repait 
de  fes  chimères  avecplaifir.  S.  Evr.  Elle  a  des  m3.- 
n'ihis enchantées .(ZciomÀs  cesexpreflionsdoncil  ne 
faut  pas  fefervir  trop  louventjde  peurde  donner  dans 
l'afFeétation ,  &:de  parler  un  langage  précieux.BouH. 
On  appelle  en  Aftronoir.ie  la  femme  enchantée  j 
OVL  enchaînée:,  Andromède  ,  conltellation  du  Ciel , 
qui  efl;  la  vingtième  des  ii  conrtellations  fepten- 
trionales. 

ENCHANTERIE.  (.  f.  Si  ce  mot  s'eft  dit ,  il  ne  fe 
dit  plus.  Enchantement  elt  feul  en  ufage. 

ENCHANTEUfl,  eresse.  f.  Celui  ou  celle  qui  en- 
chante ,  qui  fait  illulion  aux  fens ,  par  des  paroles^ 
par  des  opérations  piccenducs  magiques.  L'enchan- 
teur  Merlin.  Circé  étditune  grande  enchanterejfe.ln- 
cantator  ^  magus  ,  m.iga. 

Le  fameux  Ara:[el ,  réputé  defon  temps 

Le  liot  des  Enchanteurs  &  des  enchantemens. 

p.  LE  Moine. 

§3"  On  le  dit  au  figuré  ,  dans  un  fens  odieux  , 
de  celui  qui  iurprend  ,  qui  trompe  par  fesdifcours, 
par  fes  artifices.  Défiez-vous  de  cet  homme  ,  c'elt 
un  Enchanteur.  Ne  vous  fiez  pas  à  cette  femme  j 
c'eft  une  Enchantereffe. 

^ZT  Ce  mot  fe  prend  aulTi  en  bonne  part ,  pour 
fignitier,  qui  plaît  beaucoup,  qui  furprend  par  fes 
attraits.  Platon  eft  un  homme  admirable  j  c'eft  un 
grand  Enchanteur  \  &  quelquefois  il  eft  employé 
comme  adjeélif.  On  ftyle  enchanteur \  un  regard  en- 
chanteur ^  un  difcours  e';cAiî«rc'ttr.  Mais  en  général 
on  le  dit  de  ce  qui  fait  une  imprelfion  trop  torte , 
&  furprend  les  fens. 

D'un  regard  enchanteur  connols-tu  le poifon  ? 

Racine. 

fC?  Enchanteur,  en  terme  d'Opéra.  On  donne  com- 
munément ce  nom  aux  Magiciens  bienfaifans  :  les 
autres  s'appellent  Magiciens. 
ENCHAPELER.  v.  a.  Donner  un  chapeau,  mettre  un 
chapeau  fur  la  tête.  Nicot.  Il  eft  vieux.  Galericu- 
lum  addere. 
ENCHAPER.  V.  a.  Enchapernn  baril.  Terme  de  fa- 
brique &  marchandifes   de  poudre  à  canon.  C'eft 
enfermer  un  baril  de  poudre  dans  une  féconde  fi'i- 
taille.  L'on  nenchapec^wQ  les  poudres  deftinéespour 
l'artillerie  de  mer. 
ENCHAPERONNER.  v.  a.  Terme  de  Fauconnerie. 
Mettre  un  chaperon  fur  la  tcte  d'un  oifeau  de  proie. 
Amicire  cay-itio  ,  capicium  inducere. 

Il  eft  aulli  en  ufage  en  parlant  des  cérémonies  fu- 
nèbres. Le  Grand-Maître  &  les  Maîtres  de  cérémo- 
nies &c  les  Hérauts  d'armes  feront  enchaperonnés. 
Bnchaperonnf,  ,  i.i..'ç:ixx.Calerico  ornatus. 
ENCHARBOTE,  ée.  adj.  Embarraiïé  ,  brouillé,fans 
ordre.  Tabourot,  qui  étoit  de  Dijon  ,  s'eft  iervi , 
chap.  II  de  fes  bigarrures  ,  d'ew/îijr/^o/f  ,  comme 
d'uo  mot  François,  en  ces  termes  :  mais  cela  me 


ENC  687 

femble  trop  encharhoté  &  confus.  Gloff.  Bourg,  au 
mot  dccharbotai  _,  dcharrajjér, 

ENCHARGER.v.  a.Recommander  fortement,donner 
charge ,  ordre  exprès  de  faire  quelque  chofe.  Yv- 
i\ET.  Mandare  ,  darc  in  mandjtii  ^jubere.  On  lui  a 
bien  cnchargéds  traiter  cette  aftaire  d'une  telle  fa- 
çon ,  de  mettre  une  telle  claufe  dans  ce  contrat.  Il 
n'eft  pas  du  bel  ufage:  U  n'y  a  que  le  peuple  qui  s'en 
fcrve.  Dom  Quichotte ,  en  donnant  de  fages  con- 
leils  à  Sancho  Pança  ,  touchant  le  Goin'ernemenc 
de  fon  Ifte  ,  porte  l'exaélitude  jufques  dans  les 
moindres  choies.  Pour  ce  qui  eft  j  dit-il,  de  la  ma- 
nière dont  tu  te  dois  gouverner  dans  ta  maifon  ôc 
pour  ta  perfonne ,  la  première  chofe  que  je  t'en- 
charge  ,  Sancho  ,  c'elt  d'être  propre  j  &  que  tu  te 
falles  les  ongles,  fans  les  lailfer  croître,  comme 
tout  beaucoup  de  gens....  Hijioire  de  Dom  Quichot- 
te ,  to.  4.  c'/z.  45 ,  p.  115.  f'^oye:^  Charger. 

|p°  HiNCHARNEK.  v.  a.Termeufité  parmi  les  Laye- 
tiers  j  pour  dire  attacher  le  couvercle  d'une  boîte 
au  derrière  ,  avec  des  crochets  de  fil  de  fer  ,  en  for- 
me de  charnière. 

ENCHARTE.  adj.  Prifonnier.  Incarceratus.  Encharté 

à  perpétuité,  c'eft  à-dire  ,  prifonnier  pour  toujours. 

Ce  mot  vient  de  chartre  ,  prifon  ;  &  ce  mot  s'eft 

encore  confervé.    S.    Denis  de  la   chartre.  Cent. 

nouv.^  6c). 

ENCHASSER,  v.  a.  \Ja  de  ce  mot  eft  long  &  ouvert , 
&doit  être  marqué  d'un  circonflexe.  Mettre  dans 
une  challe.  Thecs.  imponere  ,  thecà  condere.  On  a 
enchâfjé  les  reliques  d'un  tel  Saint  dans  une  châllê 
d'argent. 

Enchâsser,  fignifie  aulîi  mettre  dans  un  chaftis  j  dans 
un  chaton  ,  dans  quelque  chofe  qui  retienne  la  chofe 
enchdjjée.  Includere  j  claudere..  Cette  bague  eft  en- 
chàffee  proprement  dans  ce  chaton.  Cette  porte  joint 
bien  ,  elle  eft  proprement  enchdjjée  dans  fon  cliallis. 
Cela  eft  enchSjJc  en  or  &  en  argent.  Ce  tableau  eft 
bien  enchâjfe  dans  fa  bordure. 

Ce  mot  vient  de  incapfare  j  ou  incaffare  ,  intrà 
capfam  includere.  Du  Cange. 

Enchâsser,  fe  dit  figurément  en  chofes  morales. //?- 
ferere  ^intercalare.  Cet  Avocat  a  bien  enchaffé  cq  paf- 
fage  delà  Bible  dans  fon  difcours.  On  ne  peut  voir 
clairement  l'ufage d'un  mot,  à  moins  qu'on  ne  fâ- 
che ce  qui  fuit  &  ce  qui  précède  ,  iSc  comment  le 
mot  eft  enchâ[fé  dans  le  diicours.  Bouh.  La  nature 
enchdjj'e  les  efprits  les  plus  brillans  dans  les  plus  pe- 
tits corps.  Voir. 

Enchâsser.  Vieux  V.  a.  Chalfer ,   axWer.  Ejicere. 

s'Enchâsser  dans  un  tauteuil ,  fe  dit  burlafquement 
pour,  s'afteoir  dans  un  tauteuil. 

Enchâssé  ,  ée.  part. 

Enchâssé  j  ée.  part.  'Vieux  mot.  Chalfé  ,  exilé.  Ejec- 
tus ,  exul. 

ENCH ASSURE,  f.  f.  Aftion  par  laquelle  on  ench.ilfe  ; 
ou  ,  plus  ordinairement ,  ce  qui  réfulte  de  cette  ac- 
tion. L'enchâff'ure  de  cet  ém.iil  ,  dans  ce  cerclcd'or  , 
eft  faite  fort  proprement.  Cette  enchdfjure  eft  fort 
riche. 

ENCHAUCER.v.a.  Vieux  mot.  Il  fignifie  dans  Ville- 
hardouin,  Monftrelet ,  Fauchct ,  chalfer  ,  donner 
la  chalTe.  Fugare  ,  perfequt. 

ENCHAUSSÉ  ,  adj.  Terme  de  Blafon  ,  qui  ne  fe  dit 
que  de  l'Ecu  ,  lorfqu'il  eft  taillé  depuis  le  milieu 
de  l'un  de  fes  côtés  en  tirant  vers  la  pointe  du  côté 
oppofé.  Incifus.  If  y  a  des  E«us  enchauffés  à  dextre  » 
d'autres  à  féneftre  ,  fuivant  le  côté  où  la  taille  com- 
mence. C'eft  le  contraire  de  chape. 

ENCHAUSSER.  v.  a.  Terme  de  Jardinier.  On  dit 
EnchauQer  le  céleri ,  les  cardons  ,  pour  les  faire 
blanchir  j  les  artichautSj  pour  les  garantir  de  la  ge- 
lée. C'eft  les  garnir  de  paille  ou  de  fumier. 

C'eft  auOi  un  terme  de  Charron.  Enchauffer  une 

roue  ,  c'eft  y  mettre  des  rayons. 

ENCHE.  f.  f.  Borel  dit  que  c'eft  un  canal  de  prelfoir , 

&  le  fait  venir  de   uy^u  ,  fundo.  Il  fignifie  aulli  la 

languette  dont  on  fe  feft  pour  donner  du  vent  aux 


688  ENC  ,  ENC 

hautbois,    à  certains  jeux  d'orgues ,   &c.  rayer  ENCHÉRiSSEMENT.f.  m.  Hauffementdepris. 


ALigiUrats 


C'eft 

à  empccher    Vcncherljjcrmnt   des 


Anche.  |     ^"'^ 

ENCHEOIR.  V.  11.  Vieux  mot  tiré  des  Coutumes  :  il  '      vivres. 

ûgmtiQ  cheolr,  tomber  y  oadticheoiri  félon  les  mots  ENCHERISSEUR,  f.  m.  Qui  fait  des  enchères  ei\ 
auxquels  il  ett  joint.  Cudere  j  incidere  ,  dijid 


detur- 


harï.  Enchcoir  de  fon  appel  ,  de  fa  demande  ,  de  fes 
défeufes  ,  de  fa  requête  ,  ikc. 

ENCHEPER.  V.  a.  Mettre  aux  fers  ,  aux  ceps.  Il  efl: 
vieux.  Impinaere  compedes.  Nicot. 

ENCHÈRE,  f.  f.  Mlle  à  pnx  qu'on  fait  d'un  immeu- 
ble faifi  en  Jullice.  Un  pouriuivant  ccices  ert  obligé 
de  mettre  à  piix  les  héritages  qu'il  fait  décréter  ,  6c 
cela  s'appelle  [x première  enchère  ,  preùumappoiuum, 
qui  eft  contenue  dans  les  affiches  &  publications. 

Enchère  ,  fe  dit,  plus  ordinairement,  de  ces  augmen- 
tations de  prix  qu'on  fait  à  l'envi  j  tant  fur  les  meu- 
bles que  fur  les  immeubles  qui  (e  vendent ,  ou  qui 
s'afïerinent  par  autorité  de  Jullice.  Otlre  que  l'on  fait 
au-delfus  du  prix  qu'un  autre  a  offert.  Auclio  ^  Uci- 
tatlo.  On  fixe  chique  enchère  à  certaine  lomme, 
lorfqu'on  adjuge  les  fermes  du  Roi,  &  cela  s'appelle 
enchère  courante. 

Folle  Enchère  ,  c'eft  une  mife  ou  offre  qu'on  fait  en 
Juftice,  qui  excède  la  juile  v.ileur  de  la  chofe  ven- 
due, ou  qu'on  ne  peut  pas  payer.  Stulta  y  temerarïa 
iicïtatio.  Cette  terre  a  été  revendue  à  \.\  folle  enchère 
d'un  tel ,  c'ell;-.à-dire  ,  à  la  charge  que  celui  qui  a  en 
chéri  témérairement ,  paieroit  ce  qui  manquera  au 
prix  de  la  féconde  adjudication,  pour  remplir  le 
prix  de  la  première. 

Enchère  de  quarantaine  ,  eft  un  aéte  cjui  fe  fait  par  le 
Procureur  du  pourfuivant  criées  ,  après  le  congé 
d'adjuger  j  pour  indiquer  que  l'on  procédera  à  h 
vente  &  adjudication  des  biens  faifis  réellement, 
(qu'il  faut  énoncer  tout  au  long)  moyennant  la 
fomme  de  tant ,  pour  être  lur  la  fufdite  enchère  pro- 
cédé en  la  Cour  à  la  vente  &  adjudication  par  dé- 
cret defdirs  biens  au  quarantième  jour,  au  plus  of- 
frant &  dernier  enchérilLur,  en  la  manière  accou- 
tumée,où  toutes  perfonnes  feront  reçues  à  enchérir. 
Enchère,  fe  dit,  figurén-.entj  des  choies  dont  on  tire 
de  l'argent  fans  droit  &  fans  jiiftice,  que  l'on  donne 
contre  la  juftice  à  celui  qui  offre  davanrage. 

La  brime  de  l'emploi  ,  la  faveur  populaire , 
Les  filtrages  vendus^  l'honneur  mis  à  /'enclière. 

Bréb. 

On  dit  j  proverbialement ,  qu'un  homme  a  payé 
la  folle  enchère  de  fa  faute  ,  quand  il  en  a  porté  l.i 
peine  ,  quand  on  s'eft  vengé  de  lui.  Pœnas  dare  , 
luere.  * 

fp"  ENCHÉRIR.  V.  a.  Faire  une  offre  au-deffus  de 
quelqu'un  j  mettre  enchère  j  couvrir  fon  enchère  , 
offrir  plus  que  lui.  Auclionemfacere  ,  liceri  j  licitari. 
Enchérir  une  terre.  Un  tel  offroit  tant  de  cette  mai- 
fon  ;  on  a  fait  venir  des  gens  pour  enchérir  fur  lui , 
au-delfus ,  par-delfus  lui. 

^  Dans  un  fens  figuré  ,  l'emporter  fur  quel- 
qu'un ,  le  furpaffer,  ajouter  à  ce  c]u'il  a  dir  ^  à  ce 
qu'il  a  fait.  Superare  ,  pnejlare  ,  pracellere.  On  le 
dit  également  en  bien  &:  en  ma!.  Les  Anciens  ont 
fait  pluheurs  découvertes  j  mais  nous  avons  bien 
enchéri  far  eux  ,  fur  leurs  ouvrages.  Néron  a  bien 
enchéri  fur  la  cruauté  de  Tibère.  Tiberium  crudelitate 
V/cir.  Un  tel  nous  traita  magnifiquement  ;  mais  fon 
iimi  enchérit  fur  lai.  Un  mot  enchérit  fur  un  autre  , 
ajoute  quelque  chofe'à  l'idée  qu'il  exprime. 

^3"  Enchérir,  hgnifie  encore  ,  Augmenter  le  prix 
d'une  chofe ,  la  rendre  plus  chère.  Augere pretiurji  j 
carius  rendere.  Enchérir  les  denrées.  Annonam  in- 
cendere.  Ce  Marchand  a  enchéri  fes  denrées,  fes  mar- 
chandifes.  » 

|kF  II  eft  auffi  neutre ,  &  (îgnifîe  ,  Devenir  cher , 
augmenter  de  prix.  Cariù';  vendi.  Les  vivres  enché- 
r///è/2r  tous  les  jours ,  hauffenr  de  prix.  Ingravefcit , 
crefcit  annona.  Toutes  les  marchandifes  enché- 
rirent. 
Enchéri  ,  ie.  part. 


JuUice.  Lickator.  Les  biens  qui  fe  vendent,  ou  s'af- 
ferment judiciairement,  ne  s'adjugent  qu'au  plus 
offrant  &  dernier  encherifjcur.  Summa  Ikitaton  ,  ei 
qui  licitatione  viccnt.  Les  encans  le  font  en  place  pu- 
blique ,  &  à  l'heure  du  marché  ,  afin   qu'il  s'y 
trouve  plus  à'enchcrijjeurs. 
ENCHER^ER.  V.  a.  Vieux  mot.  Rechercher. 
ENCHEVAUCHURE.   f.  f.    Commifuia   ,    infitio  , 
junàura.  Terme  d'Arts.  Jonction  de  quelque  partie 
ou  pièce  de  bois  ou  de  pierre  avec  une  autre  ,  foit 
qu'elle  le  falfe  par  recouvrement  ,  ou  par  feuillure. 
Ainfi  l'on  dit  Venchevauchuie  d'une  plateforme  ^  ou 
d'une  dalefur  une  autre ,  &  l'on  a  coutume  de  la  taire 
par  feuillure  de  la  demi-épailfeur  du  bois  ou  de  la 
pierre.  C'eft  par  enchevauchure^c\\\^  les  ardoifes  Se 
les  tuiles  le  pofent  les  unes  fur  les  autres.  M,  D.  C. 
ENCHEVÊTRER.  V.  a.  Mettft  un  chevètre,  le  licou 
à  une  bête  de  fomme.  Capiflrare  ,  inducere  capijlrum. 
Il  a  peu  d'ufage  au  propre. 
Ce  mot  vient  àîincapiilrare. 
§3° s'Enchevêtrer,  fe.dit,  proprement,  d'un  cheval 
qui  engage  ouembarralTe  un  des  pieds  de  derrière 
dans  la  longe  de  fon  hcou.  Impcduc  Je  j  implicare 
pedem.  Ce  cheval  s'eft  enchevêtre. 
Enchevêtrer  ,  fe  dit,  figurément  &  populairement, 
pour   dire  ,  S'embarralfer  eu  quelque  affaire  ,  fe 
Trouver  engagé  dans  certaines  chofes  dont  on  a  de 
la  peine  à  fe  tirer.  Impedirefe  ,  implicare  fe.  Cet 
homme  s'eft  allé  engager  dans  des  procès  ,  dans  des 
cautionnemens ,  où  il  eft  tellement  enchevêtre,  qu'il 
n'en  forti-:a  do  fa  vie.  Il  s'eft  enchevêtré  àa.ns  des  rai- 
fonnemens  .i  perte  de  vue. 
Enchevêtré  ,  ee.  part,  l^  adj.  Capifiratus  ,  impcditus. 
ENCHEVÊTRURE,  f  f  Terme  de  Manège  ,  qui  fe 
dit  d'une  excoriation  dans  le  pâcuron  du  cheval, eau- 
fée  parle  frottement  de  cette  partie  (ur  les  longes 
du  licou  ,  dans  lefquelles  l'animal   s'eft  engagé. 
Excoriatio. 
Enchevêtrure.  Terme  de  Cliarpenterie.  Afïèmblage 
de  deux  fortes  folives,  &c  d'un  chevètre  j  qui  laifte 
un  vide  carré  contre  un  mur  pour  porter  un  âne,  ou 
pour  faire  paiTer  un  tuyau  de  fouche  de  cheminée, 
afin  que  l'àtre  ne  pofe  point  fur  ie  plancher  ,  pour 
éviter  le  danger  du  feu.  ligUlorum  commi£}ira,7iexus 
caminum  vinciens.  La  Police  enjoint  de  faire  des  en- 
chevêtrures fous  les  ârres.  Les  folives  d'enchevêtrure 
font  plus  courtes  que  les  autres. 
ENCHEVILLE,  ee.  Terme  de  Chirurgie.  Suture  en^ 
chevillée.  La  future  enchevillée  fe  fait  en  paftant  des 
chevilles  dans  les  anfesdu  fil  à  chaque  point  qu'on 
fait,  afin  que  ces  chevilles  tiennent  les  lèvres  de  la 
plaie  approchées  l'une  contre  l'autre.  La  future  en- 
chevillée n'eft  plus  en  ufage. 
ENCHIFRENEMENT.  f.m.  Maladie  connue  fous  le 
nom  vulgaire  de  rhume  de  cerveau.  C'eft  une  efpèce 
de  fiuxion  catharreufe,  qui  a  fon  fiège  dans  la  mem- 
brane pituitaire  :  il  eft  accompagné  d'un   embarras 
dans  le  nez  plus  ou  moins  grand  ,   parce  qu'il  con- 
fifte  proprement  dans  l'obftruttion  des  vailfeaux  & 
des  glandes  qui  fervent  à  lafecrétion  de  la  mucofité 
des  narines.  Epiphofa  .,  gravedo.  J'ai  un  cnchifre- 
nement  qui   m'incommode  fort.    Les  maladies  de 
l'hiver  de  1709.  commencèrent  à  Rome  par  des  en- 
chifrenemens  ,  des  rhumes  ,  &  des  toux,  Jouju  des 
Se.  lyicf.p.  0S. 
ENCHIFRENER.  v.  a.  Enrhumer  du  cerveau.  C'eft- 
à-dire  ,  obftruer ,  engorger  les  vaifteaux  &:  les  glan- 
des qui  fonr  deftinées  à  Ta    fecrétion  de  l'humeur 
muqueufe.  L'air  froid  m'a  tout  enchifrené. 
Enchifrené,  ee.  parr.  &  ndj.  Qui  a  le  cerveau  engagé 
&  charge  de  pituite  ,  dont  il  a  de  la  peine  à  fe  dé- 
charger ^  Tarda  pttuitâ  impeditus.  Le  tabac  en  pou- 
dre eft  bon  pour  ceux  qui  font  enchifrenés. 

Ce  mot  vient  vraifemblablemcnt  du  langage  Cel- 
tique 


EN 


C 


I 


tique  eu  Bas-Breton  ,  oiijifem  figiiifie  rhume  -,  <!' 
Jijcrna ,  enrhuiTjer. 
ÈNCHISTE ,  ÉE.  adj.  Terme  de  Médecine.  Accompa- 
gné d'un  chifte  ,  renfermé  dans  un  tlude.  Les  pier 
res  enchiftées  ,  dont  parlent  quelques  Auteurs  j  iv: 
peuvent  être  autre  choie  que  des  pierres  renrermées 
dans  quelques  parties  de  la  vellie.  Littre,  Acad 
1702.  Mém.p.  29.  M.  Dionis  écrit  erikijh.  On  doit 
écrire  erikyjh.  Voy.  ce  mor. 
ENCHOIS.  Voyci  Anchois. 

ENCHUSE  j  ou  ENCHUISIEN.  M.  Corneille  écrit 
aulli  Enkufe  j  Enchufa  ,  Eiichiijia.  C'eft  une  ville 
des  Provinces-Unies ,  licuée  dans  la  Nort-HoUan- 
de  j  à  huit  lieues  d'Amllerdam  j  du  côté  du  Nord. 
Euchujc  a  léance  dans  les  Etats  d'Hollande.  C'eft 
une  ville  alTez  grande  ,  belle ,  fort  propre  &  forti- 
fiée. Son  port  ell  allez  bon.  C'eft  la  première  ville 
qui  le  révolta  contre  les  Efpagnols  après  la  prife  de 
ia  Brille.  Ses  habuans  s'attach..nt  beaucoup  à  la 
pèche  du  hareng  j  où  ils  tour  de  grands  protits. 
ÂIaty. 

L'Ifle  iVEnchufe  ,  que  les  Hollandois  appellent 
en  leur  langage  Ênchuiler  Eiland  ,  Enchufla  Inj'ula^ 
elt  une  Iflede  l'Océan  feptentrional.Elle  eftà  trente 
lieues  de  celle  d'Iilande ,  du  côté  du  Levant.  Les 
Hollandois  ,  qui  l'ont  découverte  ,  lui  ont  donné 
le  nom  qu'elle  porte. 

ENCHYMOME.plus  ordinairement  ENCHYMOSE, 
f.f.  EtFufion  fond  aine  de  fang  dan»;  les  vaiirdaux 
cutanés,  comme  il  arrive  dans  la  joie  j  la  colère 
ou  la  honte.  0\\  l'appellj  routeur  dans  le  dernier 
exemple.  Elle  eft  très -différente  as  Xccchymn/îs  , 
ainfi  qu'on  peut  le  voir.  Enchymomc  vient  S'iy/}<i  , 
j'inhil'e. 

ENCICLOPÉDIE.  Foye-  ENcvcLOPÉDin. 

ENCIllER.  v.  a.  Inc^rure.  Vieux  mot.  Mettre  en  cire. 
NicoT.  Enclrer  une  roile,  l'abreuver  de  cire  fondue. 
Tclam  caà  imhuere  ,  perjundere.  Pc  me  y. 

ENCIS.  r.  m.  Vieux  terme  de  Coutumes,  qui  fignifie, 
Meurtre  de  la  femme  enceinte  ,  ou  de  fon  truit , 
quand  il  eft  dans  fon  ventre,  f^oye:^  Memage. 

Ce  mot  vient  de  mulier  inciens  :  ces  mots  veulent 
dire  ,  femme  enceinte  ,  mulïcr  qut  uterum  gerit. 

ENCISER..  V.  a.  InciJere  ,  s'eft  dit  autrefois  pour  ind- 
Jer,  couper.  Eiicifcr  des  arbres.  Circumddere  arbores. 

NiCOT. 

ENCLAVE,  f.  f.  Rcs  indufa  ,  Inferta.  Chofe  qui  eft 
enfevLiiée  ou  enclavée  dans  une  autre.  On  a  uni  à  ce 
Prélidial  un  tel  Bailliage  avec  toutes  i>ts  cndaves  ^ 
c"eft-à-direj  toutes  les  terres  &  Juftices  qui  font  en- 
fermées dans  fon  relfort  &  fa  dépendance.  VIcndavc 
s'eft  dit,  originairement,  des  bornes  &  limites  d'un 
territoire,  yf/^cj  ,  l'unîtes  :  &  il  fe  prend  ,  plus  ordi- 
nairement, pour  une  portion  ou  dépendance  de  Jii- 
rifdiclion  ,  dont  le  territoire  eft  entièrement  dét:i« 
ché  ,  &  enfermé  dans  un  autre  ,  qm  incurrh.  Ainli 
Danviiliers  en  Lorraine  eft  une  endavc  de  Luxem- 
bourg. L'Allemagne  eft  pleine  d'e«c/tr,'cj.  Les  e«c/a- 
vcj  du  Cercle  de  Suabe  font  du  Cercle  d'Autriche, 
&C  M.  De  rifle  a  fort  bien  diftingué  ces  enclaves 
dans  fa  carte  d'Allemagne. 

On  dit  les  endaves  de  la  France.  La  ville  d'Avi- 
gnon ,  le  Comtat  Vénaillin  &  les  Principautés 
d'Orange  &  de  Dombes ,  font  des  endaves  de  la 
France.  Enclaves  font  des  terres  ou  pays  qui  font 
enfermés  dans  un  autre  ,  fans  en  dépendre.  La  Prin- 
cipauté de  Bénevent  eft  une  enclave  •,  eft  enclavée 
dans  le  Royaume  de  Naples.  La  Principauté  de  Mo- 
naco eft  enclavée  dans  le  pays  de  Gènes ,  ou  eft  une 
enclave  àc  Gènes.  La  Principauté  deMalFeran  eft  une 
enclave  delà  Principauté  de  Piémont. 

Enclave.  Pays  enclavé  ,  renfermé  dans  un  autre. 
Regio  in  alla  regione  indufa.  Coutume  du  Duché  Se 
Bailliage  de  Touraine  ,  anciens  relforts  &  enclaves 
d'icelui.  Baret.  Coutumes  du  Comté  &  pays  de 
Poitou  ,  anciens  reirorcs  Se  endaves  d'icelui. 

On  dit  aufli  qu'un  Prieuré,  une  Paroilfe  eft  une 
enclave  d'un  tel  Evêchéjpour  fignifier  ,  Une  Pa- 
Tome  III, 


EN  G  68c? 

roifte  d'un  Diocèfe  qui  eft  enclavée  dans  une  autre. 
AcAD.  Fr. 
Enclave,  en  ArchitecT:ure,  fe  dit  d'une  portion  de 
place  qui  forme  un  angle,  ou  un  pan  ,  &  qui  anti- 
cipe fur  une  autre  par  une  pollélîion  antérieure  ,ou 
paj;  un  accommodement,  enforte  qu'elle  en  diminue 
lafuperricie,&en  ôte  la  régularité.  Interpô/hus ,  car- 
dinatus,procurrens.  Oh  du  qu'un  efcalier  dérobé, 
qu'un  petit  cabinet  font  e/;a'avf  dans  une  chambre 
quand,  par  leur  avance,  ils  en  diminuent  la  «ran- 
deur. 
ENCLAVEMENT,  f.  m.  fe  dit  des  chofes  qui  font  en- 
clavées &  enfermées  les  unes  dans  les  autres.  Inter- 
pojaura.  V enclavement  ào.  plufieurs  grolTes  poutres 
les  unes  dans  les  autres.  L'enclavement  d'une  terre 
dans  celle  d'au;riii. 
ENCLAVER,  v.  a.  Terme  d'Architeélure  ,  de  Chau- 
penterie  &  de  Menuil'erie  j  qui  ligniiie ,  Engager , 
enfermer  une  choie  dans  une  autre  ,  enforte  qu'elle 
l'environne  (1  bien  ,  qu'elle  ne  s'en  puilfe  détacher 
qu'avec  fraéture.  Inférer e.  Cette  pièce  de  bois  eft 
bien  enclavée  dans  le  mur.  Une  voûte  fe  foutient,  à 
caufe  qu'on  enclave  les  pierres  les  unes  dans  les  au- 
tres. £«f/(jver,  c'eft  j  Encaftrer  les  bouts  des  folives 
d'un  plancher  dans  les  entailles  d'une  poutre  :  c'eft 
auili ,  Arrêter  une  pièce  de  bois  avec  des  clefs ,  ou 
boulons  de  fer.  Enclaver  ut\s  pierre,  c'eft  la  mettre 
en  liaifon  après  coup  avec  d'autres. 
I1NCLAVER  ,  Entourer  ,  renfermer.  EnclaverV(^nnQm.i 
entre  deux  rivières.  Mezerav. 

fO"  On  ne  le  dit  guère  des  perfonnes  ;  mais  on 
s'en  fert  en  parlant  d'une  pièce  déterre,  d'un  héri- 
tage j,  d'une  Jurildiction  ,  pour  dire.  Enclore  cas 
chofes  dans  une  autre.  Il  a  e/^c/uve  cette  pièce  déter- 
re dans  fon  parc. 

Ce  mot  vient  de  clavus  ,  dcu  ,  ou  plutôt  de  in  3c 
de  daudo. 
Enclavé  ,  ée.  part.  &  adj.  Indufus  ,  in  medio  pojitus  , 
interpojttus.  Il  fe  dit  d'une  Province  ,  d'un  territoire, 
d'un  héritage  ,  qui  font  entourés  des  terres  qui  ap- 
partiennent â  d'autres  maîtres.  La  ville  de  Strasbourg 
étoit  enclavée  dans  les  terres  de  France ,  elle  eft 
maintenant   unie  du  domaine  du  Royaume.  Cette 
Jurifdiélion  eft  enclavée  dans  le  relTort  de  ce  Parle- 
msnt.  Ce  pré  eft  enclavé  dans  les  héritages  du  Sei- 
gneur du  lieu. 
Enclavé  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  lorfqu'il  y  a 
une  poruondel'Ecu  qui  entre  &  qui  s'ertclave  dans 
l'autre  en  forme  quarrée  ,  comme  un  tenon  de  Me- 
nuiferie.  Il  y  ades  Ecus  coupés,  tranchés,  partis, 
taillés  J  qui  font  e//c/ave'j  d'une, de  deux  j  de  trois, 
ou  de  plulieurs  autres  pièces. 
=X?°ENCLICTAGE.  f^oye^  Encliquetage. 
ENCLIN  y  INE.  adj.  Qui  eft  naturellement  porté  à 
quelque  chofe.  On  obferve  dans  le  Diélionnaire  de 
l'Académie  Françoife  que  ce  mot  fe  dit  plutôt  du 
mal  que  du  bien.   Ce  jeune  homme  eft  enclin  au 
mal ,   à  mal  faire  ,  à  mal  dire  ,  à  l'ivrognerie  ,  &c. 
Propenfus  ,  prodivis. 
ENCLINER.  v.  n.  Pencher  d'un  certain  côté,  être  vo- 
lontiers d'un  avis.  Propendere.  Il  y  avoir  plufieurs 
Juges  qui  enclinoient  à  me  faire  gagner  ma  caufe  j 
mais  la  faveur  l'a  emporté.  Il  eft  vieux  &  hors  d'u- 
fage.  On  dit  incliner. 
Encliger  ,  fignilîoit  autrefois  Saluer  j  &  étoit  verbe 
aétif  Je  les  enclins  très- toutes. 
Ce  mot  vient  du  Latin  inclinare. 
gO' ENCLIQUETAGE.  f.  m.  Terme  d'Horlogerie^ 
qui  déligne  la  mécanique  qu'on  emploie  ,  quand 
on  veut  qu'une  roue  puilTe  tourner  dans  un  fens,  & 
qu'elle  ne  le  puilTe  pas  dans  le  fens  contraire.  Uen- 
cliquetagc  eft  compofé  de  trois  pièces  ,  d'un  rocher, 
d'un  cliquet  &   de  fon  reftbrt   qui    agilfent  en- 
femble. 
•^fr  ENCLIQUETER.  v.  n.  Terme  d'Horlogerie,  qui 
fe  dit  de  la  manière  dont  un  cliquet  s'engage  dans 
les  roues  d'un  rochet.  Ce  cliquet  encliquete  bien ,  en- 
diquete  mal. 
ENCLITIQUE,  f.  f.  Terme  de  la  Grammaire  Grec- 

S  s  s  s 


6^o 


E  N 


C 


que.  Encllticd.  On  appelle  cndkiqucs  certaines  par- 
ticules qui  s'inclinenc  &  s'appuient  lî  bien  fuc  le 
mo:  précédent ,  qu'elles  femblent  s'y  unir  j  &  ne 
faire  qu'un  avec  lui.  D'où  vient  que  ce  mot  qui  les 
foutient  porte  toujours  l'accent  qui  les  gouvernei  & 
fur-tout  lorfque  ïenditique  eft  monofyllabe.  Dans 
la  langue  Latine  les  conjonétioris  que  û'  ve  qui  fe  met- 
tent à  la  fin  de  deux  mots  conjoints ,  font  des  efpè- 
ces  A' enclitiques, 

Ip- Quand  on  dit,  par  exemple,  Recl"^  heaù- 
que  vivere,  que  ell  une  enclitique.  Quand  nous  difons 
en  François  j  aimé-je  ^  fans  féparer /e  de  aime  ^  je 
efl:  Aozs  enclitique  ,  c'eft-à-dire  ,  qu'il  s'appuie  tel- 
lement fur  le  mot  précédent,  qu'il  ne  fait  plus  que 
comme  un  feul  mot  avec  lui.  in-xMTiyJ;  ,  incliné  , 
appuyé. 

ENCLOÎTRE.  Nom  de  lieu  en  Poitou.  Enclauftrum., 
Indaujlrum.  On  convia  le  P.  Robert  d'Arbrilfel  d'é- 
tablir deux  Monaftères  dans  le  Diocèfe  de  Poitiers^ 
l'un  dans  la  foret  de  Gironde  ,  qui  s'appelle  aujour- 
d'hui \EncloLtre ,  &  qui  fut  fondé  par  le  Vicomte 
de  Chaflelleraud  ,  &  l'autre  dans  une  folitude  écar- 
tée ,  qu'on  nomme  Gaifne.  P.  Hél.  T.  FI.  C.  iz. 

HNCLOITRER.  v.  a.  Enfermer  dans  un  Cloître. 
Claujiro  cocrcere.  Cette  Dame  ,  pour  avancer  fon 
aînée  ,  a  enclouréks  deux  cadettes.  Il  fe  dit  propre- 
ment de  ce  qu'on  met  dans  un  cloître;  &,  dans  le 
fens  figuré  j  de  tout  ce  qu'on  enferme,  d'un  hom- 
me qu'on  met  en  prifon  ,  &c. 

§6°  Ce  mot  n'eft  pas  d'ufage.  On  dit ,  ordinai- 
rement. Cloîtrer  j  renfermer  dans  un  Cloître. 

ENCLORRE.  v.  a.  Vtnclos  ^,  j'ai  enclos.  Enfermer, 
faire  une  enceinte  de  murs  autour  d'un  efpace  de 
terre.  Includere,  cingere  ,  intcrcludcre.  On  a  fait  en- 
dorre  les  faubourgs  de  la  ville. Ce  lieu  n'étoit  qu'un 
village,  on  l'a  fait  encloire  de  murs  ,  &  c'eft  main- 
tenant un  bon  bourg.  Il  a  fait  endorre  fes  vignes  dans 
ion  jardin  ;  c'eft-à-dire  ,  il  a  donné  une  plus  grande 
enceinte  à  fon  jardin  ,  enforte  que  fes  vignes  en 
font  partie. 

Enclorre  ,  fe  dit  auflî  des  clôtures  de  haies  ou  de 
folfés.  Le  Roi  a  ordonné  que  ceux  qui  auroient  des 
bois  près  des  fiens  les  feroienc  endorre  de  folfés  , 
pour  les  féparer.  Tous  les  héritages  du  Maine  ,  de 
Berri ,  font  endos  de  haies  ,  de  folfés  Se  d'échaliers. 
Sepire. 

Enclorre,  fe  dit,  figurément,  en  chofes  fpirituel- 
les  3  &  fignifie  enfermer.  Comprehendere  ,^  ahfol- 
yere.  Le  delfein de  cet  ouvrage  eft  trop  grand,  vous 
ne  le  fauriez  endorre  en  fi  peu  d'efpace  ;  expreffion 
barbare  ,  &  qui  n'eft  pas  Françoife. 

Enclos,  ose.  part. 

On  dit  auifi  qu'une  chofe  eft  endofc  dans  une  au- 
tre, de  quelque  façon  qu'elle  y  foit  entermée.  Le 
pouilîn  eft  enclos  dans  la  coque  de  l'œuf  L'Iliade 
d'Homère  fut  écrite  fi  menu  ,  qu'elle  étoit  endoft: 
dans  une  coque  de  noix.  Toute  la  plante  eft  endofe 
dans  la  femeace ,  quelque  petite  que  foit  la  fe- 
mence. 

Enclos  ,  fe  dit  aufiî ,  figurément ,  des  chofes  fpiri- 
tuelles.  Le  fens  myftique  de  la  Bible  eft  enclos  dans 
le  fens  littéral.  Continetur.  Toute  la  doélcine  de  cec 
Auteur  eft  endofe  dans  cet  Abrégé.  On  ne  parle  ainfi 
ni  au  propre,  ni  au  figuré. 

Enclos,  adj.  m.  Se  dit,  en  termes  de  Blafon,^  du  Lion 
d'Ecolfe  enfermé  dans  un  double  trécheur,  fleuré  & 
contrefleuré  de  même. 

ENCLOS,  f.  m.  Efpace  de  terre  enfermé  de  haies  ou  de 


E  N  C 

fion  de  Paris ,  faite  en  lyoi  par  Louis  le-Grandj  en. 
vingt  quartiers ,  \'cndos  du  faubourg  S.  Germain 
contient  près  de  trois  de  ces  quartiers  ,  &  fait  la 
cinquième  partie  de  la  ville. 

Ce  mot  vient  du  Latin  indauftrum. 
Enclos,  fignifie  aiilli  l'enceinte  feule.  L'endos  j  ou  la 
muraille  de  ce  parc  ,  lui  a  tant  coûté  .à  bâtir  ,  à  ré- 
parer. Pofons  que  ce  crime  fe  foie  fait  hors  de  l'en- 
dos du  Couvent.    P  a  t  r  u.  Faire  augmenter  un 
enclos. 
ENCLÔTURE.  f  f  Terme  de  Brodeur.  C'eft  le  bord 
qui  eft  tout  autour  de  la  broderie  j  foit  qu'il  loic 
compofé  de  Irifons,  de  cartifanes J  d'or  trait ,  de 
chaînes  faites  de  bouillons  j  &c.,  ou  autrement  ou- 
vragé. Limbus. 
ENCLOTIR.  v.  a.  Terme  de  chafiè,  qui  fe  dit  lorf- 
qu'un  lapin,  ou  autre  gibier  entre  en  terre.  Fugere 
in  latibulum  ,  penetrare  fe  in  cavum  ,  irrepere  in  ca^ 
vernam.  Les  chiens  ont  fait  endotir  ce  renard.  Ce  la- 
pin eft  endoti. 
ENCLOUER.  V.  a.  Endouer  un  canon.  Terme  d'Ar- 
tillerie. Ficher  un  clou  à  force ,  ou  un  morceau  de 
fer  dans  la  lumière  d'un  canon,  de  manière  qu'il  la 
lemplilfe  exactement.  Clavum  figer  e  ,  davo   obtu- 
rare ,  obJlruere.On  a  pris  le  canon  des  ennemis  j  & 
on  l'a  encloué,  afin  qu'il  leur  foie  inutile.    Dans  les 
lorries  que  font  les  Atliégés  ,  leur  principal  but  eft 
d'infulter  les  batteries  des  Alfiégeans  &  à'endoucr 
leur  canon.   Les  clou'x  dont  on  fe  fertpour  endouer 
le  canon  font  triangulaires,  ce  qui  fait  qu'en  entrant 
à  force  dans  la  lumière  d'un  canon ,  ils  y  font  trois 
angles ,  &  l'élargiftent  j  de  force  que  le  canon  ne 
peu  plus  fervir  lors  même  que  le  clou  eft  retiré. 
Enclouer  fur  l'enclume.  On  dit  qu'un  Maréchal  en- 
doue  les  chevaux  fur  l'enclume  ,  lorfqu'il  perce  les 
fers  trop  gras ,  c'eft-à-  dire  ,  trop  avant  dans  le  fer  , 
&  trop  près  du  bord  intérieur. 
Enclouer  ,  fe  dit  aulli  d'un  cheval  qui  a  pris  un  clou 
de  rue  ,  ou  qui  a  été  piqué  d'un  clou  par  un  Maré- 
chal ignorant  qui  le  vouloit  ferrer.  Il  y  a  un  mois 
que  ce  cheval  boite ,  parce  qu'il  a  été  endoué ,  qu'il 
s'ed  endoue'.   Clavo  vulneratus  ejl ,  davopedem  in- 
duit.  Sic. 

Ce  mot  vient  du  Latin  indaudere,  félon  Du 
Cange,  ou  â'indavare. 
EnclouÉ  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Clavo  confixus  j   davatus. 
Ce  mot  a  les  hgnifications  de  fon  verbe.  Il  fe  dit  en- 
core d'un  ouvrage  interrompu  ,  qu'on  a  quitté  ,  qui 
eft  comme  oublié.    Mes  origines  de  la  langue  Ita- 
lienne ont  été  long-temps  endouées.  Ménage. 
ENCLOUURE.  f  f    Objhuclio  ,  obturatio  ,  vulnus  , 
clavatio  ,  davi  fi.vio.  Etat  &  difpofition  d'une  chofe 
enclouée.  Le  canon  cjuiafouffertune  fois  Vendouure 
n'eft  propre  que  pour  la  fonte.  L'endouure  de  ce  che- 
val vient  de  ce  qu'il  a  été  piqué  jufqu'au  vif  en  le 
"  ferrant ,  ou  de  ce  qu'il  a  pris  un  clou  de  rue  qui  lui 
eft  entré  dans  la  fourchette  ,  ou  de  ce  qu'en  char- 
royant  dans  des  bois  nouvellement  coupés  ,  quel- 
que petit  clou  de  bois  lui  eft  entré  dans  le  pied  ^  & 
lui  a  percé  la  foie.  Vendouure  oblige  quelquefois  à 
delTolcr  un  cheval.  Les  bœufs  font  auilî  fujets  à  Ven- 
douure :  pour  y  remédier,  il  faut ,  le  plutôt  qu'il  eft 
poffible  ,  leur  tirer  du  pied  le  clou  ou  le  chicot  qui 
les  bleiïe  ,  &  enfuite  jeter  fur  la  plaie  de  l'huile 
toute  chaude ,  fur  laquelle  on  met  des  étoupes  qu'on 
enveloppe  avec  un  linge  :  ce  remède  ,  avec  un  peu 
de  repos  ,  les  guérit  à  la  deuxième  ou  troifième  fois 
qu'on  le  réitère. 


mutailles.  Conccptum  ,  ccptum.  Il  a  enfermé  la  terre  jEnclouure  ,  fignifie,  figurément,  tout  obftacle  qui 


de  ce  payfan  dans  fon  endos.  V endos  des  Chartreux 
de  Paris  eft  de  cent  arpens.  On  le  dit  aulîî  d'un  al- 
femblage  de  plufieurs  terres,  ou  maifons ,  dont  nous 
faifons  en  notre  imagination  un  tout  léparé  des  au- 
tres chofes,  quoiqu'il  n'y  ait  aucune  clôture.  V en- 
dos du  faubourg  S.  Germain  faifoit,  avant  la  der- 
nière divifion  ,  un  dix-feptième  quartier  de  la  ville 


empêche  la  réuftite  d'une  affaire.  Impedimentum  y 
opus  &  labor,  mora ,  nodus.  Si  vous  n'avez  pas  eu 
prompte  expédition  de  ce  Confeiller ,  c'eft  que  vous 
n'avez  pas  bien  payé  fon  Secrétaire  :  voilà  Vendouure. 
'Vous  avez  une  partie  fecrete  :  j'ai  découvert  Ven- 
douure. Ces  manières  de  parler  ne  font  bonnes  que 
dans  le  ftyle  familier. 


de  Paris ,  &  il  avoir  plus  d'étendue  que  quatre  des  •  ENCLUME,  f  f  Grolîe  mafle  de  fer  que  l'on  pofe  fuc 
feize  autres  quartiers  joints  enfemble.  Foye:^  de  la  j  un  gros  billot  de  bois  j  &  qui  ferr  aux  Maréchaux, 
Mare ,  Tr.  de  la  Police  j  T.'J.p.  <?/.  Depuis  la  diYi-[     aux  Serruriers ,  Se  aux  Ouvriers  qui  travaillent  les 


E  N  C 

liiéMUX.  Incus.  Le  defTus  à'nnQ  enclume  doit  être 
d'acier  foudé.  Les  enclumes  forgées  fo:u  uv^illciires 
que  les  tondues.  Il  y  a  de  petites  er.ciumcs  d'établi , 
des  enclumes  bigornes  qui  ie  terminent  en  puuue. 
Les  petites  enclumes  des  Orfèvres  s'appellent  le  tas. 
On  appelle  aullî  enclume  ,  un  oucil  dont  fe  fervent 
les  Couvreurs  pour  couper  l'ardoiie.  M.  D.  C. 

On  appelle  e/zc/z^OT^j  en  termes  d'Anatoniie,  un 
petit  os  fait  en  forme  àl  enclume,  qui  e  11  dans  l'o- 
reille intérieure,  qui  reçoit  les  coups  &:  les  iinprel- 
iions  d'un  autre  qu'on  appelle  maneau  qui  fervent 
au  fentimentde  l'ouie.  /^ciy.  Oreille  ,  Son. 

On  ditj  proverbialement,  il  vaut  mieux  être 
marteau  c^Vi enclume,  pour  due  qu'il  vaut  mieux 
battre  que  d'être  battu.  Onditaulii,  figurémentj 
être  entre  M  enclume  &  le  marteau  ,  pour  dire  avoir 
à  Ibuifrir  de  quelque  côté  qu'on  le  tourne  ,  quand 
on  ell  au  milieu  de  deux  Puilfances  qui  ont  des  in- 
létêts  contraires.  On  dit  encore  qu'un  homme  eft 
dur  comme  une  enclume  ,  lorfqu'on  n'en  peut  rien 
obtenir. 

On  die,  figurémenr,  remettre  un  ouvrage  fur 
l'enclume,  pour  dire  lui  donner  une  autre  forme, 
une  meilleure  forme.  Malè  tornacos  incudi.  reddere 
verjus. 
ENCLUMEAU,  ou  ENCLUMOT.  f.  m.  Petite  en- 
clume à  main  j  dont   les  ,Cliaudctonniers   fe  fer- 
vent pour  redrelferles  chauderons,  &  autres  uften- 
files  de  cuifine  de  cuivre ,  ou  pour  river  leurs  clous. 
Venclumot  eft  encore  à  l'ufage  de  plufieurs  autres] 
Ouvriers  dans  les  arts  mécaniques.  Il  eft  ordinaire- 
ment pofé  fur  un  pied  de  bois ,  ou  de  plomb  qu'on 
met  fur  l'établi ,  à  portée  de  l'Ouvrier. 
ffT  ENCLUMETTE.  f.   f.  Morceau  de  fer  court  & 
gros ,  fervant  aux  Boiflelliers  à  foutenir  les  planches 
qu'ils  clouent  enfemble  ,  &  à  river  leurs  clous. 
ENCOCHEMENT.  f.  m.  L'auTiion  d'encorlier  ,  de 
remettre  dans  une  coche.  Encochement  de  flèche.  Ja- 
culï  in  rieryum  ïnduclio. 
BNCOCHER.  V.  a.  Mettre  dans  une  coche.    Cren& 
imponere,  infcrere.  Il  fe  dit  des  arbalètes ,  des  arcs  , 
quand  on  met  la  cnrde  d'un  arc  dans  la  coche  d'une 
lîèche  pour  la  tirer.  Indere  ncrvo  fag'aum ,   aptare. 
Il  fignifie  aufli  faire  des  coches ,  ou  hoches  ,  pour 
faire  des  marques  fur  un  morceau  de  bois.  Crenis 
inciderc  baculum.  En  termes  de  Marine  j  on  appelle 
une  raque  encochée  j  ou  raque  gougée  ,  qui  a  une 
coche  tout  autour ,  dans  laquelle  on  pofe  le  bitord 
pour  r.amarrer.    Porter  les  huniers  ewtoc/je,  ou  en 
coche,  eft  les  avoir  au  plus  haut  du  mât.  On  a  appelé 
autrefois  hofche  ou  ofche,  ce  qu'on  appelle  main- 
tenant coche ,  crcna  j  &  on  difoit  ofcher  ,  pour  faire 
des  ofches  en  une  taille ,  taleam   crenis  incidcre. 
Vcye\  Nicot,  ofche  &c  ofcher. 
Encoche,  ée.  part.   CrenA  impofîtus. 
Encoche  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  du  trait  qui 
eft  fur  un  arc  ,  foit  que  l'arc  foit  bandé  ou  non. 
Crenatus. 
ENCOCHURE.  f.  f.  Terme  de  Marine.  Endroit  au 
bout  de  chaque  vergue ,  où  l'on  amarre  les  beuts  des 
voiles  par  enhaut. 
ENCOCOQUEM  ATARI.  Rivière  d'Afrique,  dans  la 
BalTe  Ethiopie  :  elle  eft  à  peu-près  à  fix  dégrés  de  la- 
titude méridionale. 
|a-  ENCOCURE ,  ou  ENCOQUURE.  f.  f.  Terme 

de  Marine.  Voye^  Encoquer. 
ENCŒUVRIR.  'Vieux,  v.  a.  Renfermer  j  couvrir.  In- 

cludere ,  condnere. 
ENCOFFRER.  v.  a.  Mettre  ,  ferrer  d.ins  un  coffie. 
.Arcâ  includere.  Il  ne  fe  dit,  ordinairement,  que  des 
chofes  que  l'on  fert  avec  avidité  ,  &  même  avec 
quelque  forte  d'injuftice.  Ce  Général  a  encoff'ré  \iv\q 
partie  de  l'argent  qu'il  devoir  diftribuer  aux  foldars 
qui  s'étoient  lignalés.  C'eft  un  avare  qui  a  encjffré 
l'argent  que  le  Roi  lui  avoit  donné  pour  paroître  en 
cette  Ambaflade  j  pour  tenir  table- 
Encoffrer,  fe  dit  aufli,  fif^urément&burlefquement, 
pour  emprilonner.  Il  eft  encqffré,  il  eft  pris ,  com- 
prehcnfus. 


ENC  ^9î 

EncoffrÉ,  ée.  part.  &  adj.  Arcji  credltus^fub  cujîodiâ 
pojitus. 

ENCOG0ER.  v.  a.  Terme  de  Marine.  C'eft  faire 
couler  un  anneau  de  ter  ,  ou  la  bouche  de  quelque 
cordage  le-  long  de  la  vergue ,  pour  l'y  attacher. 
L'etrope  des  peudours  de  chaque  bras  eft  enc>jgué 
dans  le  bout  de  la  vergue.  Le  ter  d'un  boute -hors 
eft  aulll  cncogue  dans  la  vergue. 

ENCOIGNURE.  (  On  ne  piononce point  l'/  )  f.  f.  An- 
gulus ,  ancon  ,  anjraclus  j  verfura  :  concurrenâum  _, 
co'èundum  laterum  arûculata  commiffio.  L'angle  fail- 
lant ,  le  coin  où  aboutilfent  deux  rues ,  deux  furf;i- 
ces  de  muraille  ou  d'autres  corps.  Les  Voyers  font 
obligés  d'appeler  les  Officiers  de  Police,  quand  ils 
donnent  les  alignemens  pour  les  encoignures  des  rues. 
Il  s'eft  blelfé  contre  ïcncoignureàd  la  cheminée,  d* 
buffet,  &c. 

Encoignure,  fe  dit  aufli  d'un  retour  d'angle  dans  un 
parterre  &  de  l'angle  intérieur  que  forment  deux  ir.u- 
raïUes  à  leur  union.  La  plus  belle  figure  qu'on  puilfe 
fouliairer  pour  un  fruitier ,  ou  pour  un  potager.  Se 
même  la  plus  commode  pour  la  cultute,  eft  fans 
doute  celle  qui  fait  un  beau  carré,  &  fur- tout  quand 
elle  eft  fi  parfaite  &  fi  bien  proportionnée  dans  fon 
étendue  ,  que  non-feulement  les  encoignures  font  à 
angles  droits,  &c.  La  Quint.  Ayant  donc  planté 
les  arbres  des  encoignures  j  je  mets  un  homme  a 
celle  de  la  rangée  que  je  veux  planter  j  afin  qu'il 
aligne  les  arbres  pour  qu'ils  le  trouvent  toujours 
bien  plantés  en  ligne  droite.  La  Quint. 

ENCOLER.  V.  a.  Collare,  glunnare.  Terme  de  Doreur. 
On  dit  encoler  le  bois ,  dont  on  fe  veut  fervir  pouc 
dorer  \  ce  qui  fe  fait  en  y  appliquant  une  ou  plu- 
fieurs couches  de  la  colle  qu'on  a  préparée  pour  cet 
ufage.  On  la  prend  toute  bouillante  j  parce  qu'elle 
pénètre  mieux  :  fi  elle  eft  trop  forte  ,  on  y  met  un 
peu  d'eau  pour  l'atToiblir,  &  avec  une  brolTedepoil 
de  fanglier,  on  couche  b  colle  en  adouciiTant ,  fi 
c'eft  un  ouvrage.  S'il  y  a  de  la  fculpture  ,  on  met  la 
colle  en  tappant  avec  la  brofle  j  ce  qui  s'appelle  e/2- 
coler.  M.  D.  C. 

§0"  Les  Manufaéluriers  en  foie  j  en  laine,  en  fil, 
&c.  fe  fervent  aufli  du  mot  encoter,^om  dire  donner 
un  apprêt  de  colle  ,  ou  de  gomme.  Les  TilFerands 
encollent  le  fil  de  leurs  chaînes  pour  rendre  la  toile 
plus  ferme. 

Encolé  ,  ÉE.  part.  M.  le  Noble  dit  d'une  ftatue  mal 
conftruite  : 

Tête  ,  bras  j  jambe ,  pied , 
Toutfemble  taillé  pour  déplaire  y 
Tout  y  paroii  eflropié , 
Et  rien  ne  fait  ce  qu'il  doit  J  aire. 
Les  membres  peu  corecls,  trop  gros  ou  trop  petits  ^ 
Une  attitude  dércglée  , 
Une  tête  mal  encolée  , 
Ettous  les  traits  mal  i^jfortis.  Ecole  du  Monde. 

Une  fête  mal  encolée  ,  eft  une  tête  avec  un  cou 
qui  n'y  eft  pas  proportionné.  Au  refte,  on  ne  s'avife 
pas  de  prendre  M.  le  Noble  pour  modèle. 

ENCOLURE,  f.  f.  &  non  pas  ENCOULURE.^Terme 
de  Manège.  Partie  du  cheval  depuis  la  tête  juf- 
qu'aux  épaules  j,  &  au  poitrail.  ColUfpecies.  On  die 
qu'un  cheval  eft  chargé  ^encolure,  qu'il  l'a  faufle, 
qu'il  l'a  trop  épailfe,  pour  le  méprifer  ;  &  au  con- 
traire, qu'il  l'a  fine  ,  bien  tournée  &  bien  relevée, 
pour  le  louer.  On  appelle  encolure  de  jument,  celle 
qui  eft  trop  éfilée ,  où  il  y  a  peu  de  chair.  On  die 
aulfi,  déchargé  d'e/7co/«re.  On  cherche  fur- tour  une 
encolure  fine  dans  les  chevaux  de  parade,  rien  n'é- 
tant plus  eirenriel  à  un  beau  cheval  qu'une  heile  en- 
colure :  mais  un  cheval  de  harnois  n'en  vaut  pas 
moins  pour  avoir  l'encolure  un  peu  cpaille  &:  char- 
nue ,  il  rend  même  plus  de  fervice  &  de  profit. 

Encolure,  ledit ,  figurémenr,  des  hommes.  Se  fi- 
gnifie mine  ,  apparence  j  Se  Ce  prend  le  plus  fou- 
vent  en  mauvaife  part.  Specles.  Ce  jeune  homme  a 

S  ss  s  ij 


é^i  E  N  G     _  _     ^ 

X encolure  ^xxniot.    Cet  homme  qui  croit  près  de 
vous ,  a  toute  ïe/icolure  d'un  tripon. 

Je  dis  qu'il  en  a  { cTunfot)  /"encolure  j 
Et  quefon  afcendant,  Monjieur^   remportera. 
Sur  toute  la  vertu  que  votre  fille  aura.  Mol. 

■  Ip"  Ce  mot  n'efl:  que  du  ftyle  familier. 

Encolure.  Ce  mot  fe  trouve  aulli  dans  Pomey  pour 
fignifier  un  détroit  de  tcrreentredeux  mers.//;/:  ma  Jj 
auoufiis  cherfonefï. 

ENCOMBOMATÈ.  f.  m.  Ternie  d'Antiquaire.  Sorte 
d'habit  de  iille  dans  l'ylntiquicé.  Encomboma.  Les 
Pamandes  &  Encombomates  étoient  certaine  forte 
de  chamarre  pour  les  jeunes  filles.  Vigenère^  fur 
Tite-Live,  T.  I.  p.  957.  Julius  PoUuxdit  que  c'étoit 
un  habit  blanc.  Il  femble  que  c'étoit  la  mcme  chofe 
que  ce  :  que  l 'on  appeloit  Etole ,  Stola  ;  car ,  félon 
queloues  Auteurs^  s""',''/2à5-«5-.9'«i  &  (rTaXia-àn-àat  font  fy- 
nonymes.PolUix  femble  dire  aulfi  que  c'étoit  un  ha- 
bit Jefdave. 

ENCOMBRE,  f  m.  Vieux  mot  qui  fignifioit  empê- 
chement, embarras.  Tas  de  pierres,  de  gravois  , 
&c.  En  génétal ,  ruines  entaffées  les  unes  fur  les  au- 
tres &  qui  embarralfent  un  palTage,  une  rue.  Rudera. 
Dans  l'Auteur  qui  écrivoit  les  Gefia  Francorum 
fous  Théodoric  ,  on  trouve  combii ,  pour  fignifier 
concèdes  y  ou  ,  comme  dit  Grégoire  de  Tours ,  con- 
cides  arhorum  in  filvis ,  (\<i^  abattis  de  bois,  des 
abattis  d'arbres. 

ENCOMBREMENT.  Aélion  d'encombrer,  c'eft-à- 
dire,  d'embatraifer  unerue,  unpalfage,  ou  quel- 
qu'autre  lieu;  &  l'effet  qui  reluire  de  cette  .aétion. 
Impedimentum.  V encombrement  à'wns  iv\Q,  occa- 
lionnc  par  des  gravois. 

tfj"  C'elt  aulli  un  terme  de  Marine ,  qui  fe  dit  de 
l'embarras  que  caufe  dans  les  vailfeaux  la  cargaifon 
des  marchan  Jifes ,  qui  les  rend  plus  pefans  &  moins 
propres  au  combat.  Impedimentum.  Par  une  Ordon- 
nance de  i(î(j9  ,  il  eîl  défendu  aux  Officiers  d'em- 
barquer des  marchandées,  parce  que  la  charge  rend 
les  vailfeaux  moins  propres  aux  combats ,  &  que 
cet  attachement  teroit  négliger  le  fervice  aux  Olh 
ciers.  Quand  il  y  a  trop  à' encombrement,  le  vailfeau 
ne  fauroit  conferver  l'ellive  ,  ni  l'arrimage ,  c'eft 
à-dire,  le  contre- poids  &  le  bon  arrangement. 

ENCONIBRER..  v.  a.  Embarralfer  une  rue ,  un  pafTage , 
ou  quelqn'autre  lieu  j  de  gravois ,  d'arbres  coupés , 
de  pierres  ,  ou  autres  chofes.  Impedire  ruderihus. 
Ces  fo.Tés  j  ces  puits  font  encombrés. 

Ce  mot  vient  de  incombrare ,  &a  été  fait  de  com- 
hru  ,  qui  fignifie  un  abattis  de  bois.  Guyet  croir  que 
incumbrare  vient  de  incumulare  ,  &  cambre  de  cumu 
lus  ,  comme  nombre  de  numc'us.   Mén. 

Mariage  emcombré,  fe  dit  en  Normandie,  lorfque 
le  mari  a  aliéné  quelque  choGî  des  héritages  de  fa 
femme  ,  Se  l'en  a  deilaihe,  quoique  de  fonconfen- 
tement.  Et  on  appelle  bref  de  mariage  encombré  , 
l'action  ou  la  plainte  qui  fe  fait  fur  ce  fujet.  Le  bref 
de  mariage  encombré  équipoUe  à  une  réintégrande 
pour  remettre  les   femmes  en  polïelfion  de  leurs 
biens  moins  que  dûement  aliénés  durant  leur  ma- 
riage. 
ENCOMBRIER.  f  m.  Detrimentum.  Ce  vieux  mot  fe 
trouve  dans  le  Roman  de  Guarin  le  Loheranes ,  pour 
dommage. 


Par  celés  chofes  lor  fut  grand  encombrier. 

On  difoit  aufli,  mais  rarement,  encombrer,  pour 
endommager  ;  &  les  Maçons  appellent  encore  au- 
jourd'hui décombremens  y  les  démolitions  d'un  bâ- 
timent. 
ENCOMÉDIENNER.  V.  a.  Admettre,  recevoir  quel- 
qu'un dans  une  troupe  de  Comédiens.  Angélique 
cria  à  Ragotin  :  Monfieur_,  prenez  garde  à  vous , 
&  fongez  à  bien  conduire  votre  voiture.  Ce  qui  dé- 
monta un  peu  le  petit  Avocat  encomédienné ,  lequel 
fit  auffi-tôc  cefTation  d'armes ,  ou  plutôt  de  verres 


E  N  C 

avec  la  Rancune.  Roman  comique.  Ce  mot  eft  de 
la  façon  de  Scarron  ,   tk  n'ell  tolerable  que  dans  le 
comique. 
ENCOMIASTE.  f  m.  Vieux  mot.  Panégyrifte  ,  celui 
qui  fait  l'éloge  de  quelqu'un.  Approbateur.  Lauda- 
tor.  NoviTius.   P  erbo  Encomiajles.  Ce  mot  ,  qui 
vient  du  Grec ,  a  été  employé  par  l'Archevcque  de 
Lyon  ,  parlant  de  Jacques  Clément  ,  rallallin  du 
Roi  Henri  IIL  p.  71  de  la  Satyre  Ménippée  ,  i-v-S". 
<'  O  bien -heureux  Conieireut  &;  Martyr  de  Dieu  , 
»  s^écrie-t-il ,  que  je  ferois  volontiers  le  Paranym- 
»  phe  6c  \ Encomiafie  de  tes  louanges ,  fi  mon  élo- 
«  quence  pouvoit  atteindre  à  tes  mérites  !  ...  »  Tel 
étûit  l'affreux  langage  de  la  plupart  des  Ligueurs. 
ENCûi\L\IENCER.  v.  a.  Incipere  j  inchoare.  Qui  n'a 
guère  d'ufage  qu'au  participe  ,   &  qui  fe  du  d'une 
chofe  dont  on  a  déjà  fait  quelque  partie.  Un  traité 
encommencé.  MÉz.  On  ne  peut  plus  fe  fervir  de  ce 
mot ,  fi  ce  n'eft  au  Palais  en  de  certaines  procédures. 
La  Cour  a  ordonné  ,  qu'à  faute  de  paiement  l'exé- 
cution e^tro/Tz/Tzc/rceis  fera  parachevée  &  les  meubles 
vendus.  La  Cour  a  levé   les  défenies  ,   te  ordonne 
que  le  procès  criminel  encommencé  fera  fait  &  par- 
fait. 
ENCONTRE,  f  m.  Mot  bas  ^  vieux  &  burlefque  , 
qui  ne  s'emploie  guère  feul.  Il  figniiie  ,  ce  qui  ar- 
rive fortuitement ,  fort  en  bien,  foit  en  mal.  fors  , 
fortuna  yCafus.  Un  cas  avantageux  s'appelle  bonne 
encontre  ;  un  défavantageux  mal-encontre.  Il  arriva 
de  bonne  encontre,  c'elt-à-dire  ,  par  bonheur.  Soa 
ennemi   vint   par  mû- encontre  ,  c'eft-à-dire  j  pac 
malheur. 
A  l'Encontre,  adv.ou  prép.  D'une  manière  contraire» 
dans  un  parti  contraire.  Contra  ,  adverfus.  Perfonne 
ne  va  à  l' encontre  ,  n'j  contredit  cette  propofirion. 
Il  ne  répartit  rien  il  l'encontre.  Mez.  Les  Avocats  di- 
fent  qu'ils  plaident  pour  un  tel ,  à  Rencontre  d'un  tel, 
pour  dire  ,  contre  leur  partie  advcrfe.  Mais  il  n'y  3. 
plus  que  les  vieux  Avocats  qui  aiment  les  vieilles 
phrafcs  ;  quidifent  ^  il  a  fon  recours  à  l'encontre  .• 
les  autres  difent ,   il  a  fon  recours  ciJA.'fre.  Bouh.  Je 
plaide  pour  un  tel  contre  un  tel. 
ENCON TREMONT.  adv.  En  remontant.  Surfum.  Le 

flux  fait  aller  la  rivière  encontremont.W  eft  vieux. 
ENCONTRER.  v.  a.  Vieux  mot,  rencontrer,  trou- 
ver à  Vencontrer ,  au  commencement ,  à  l'abord. 
ENCONVENANCER.  V.  a.  Pour  dire,  promettre, 

convenir.  Il  eft  vieux  &  hors  d'ufage.  Facijci. 
SN:_;OPIA.   Voyei  ENKOPING. 
ENCOQUER.  v.  a.  Terme  de  Marine.  C'eft  ,   faire 
couler  une  boucle  ,  ou  un  anneau  de  ter  le  long  de 
la  vergue,  pour  y  attacher  un  cordage,  ou  autre 
chofe.  Stringere.   Et  on  appelle  encocure  j  ou  enco- 
quure  cet  enfilement,  quand  on  veut  prendre  ou  at- 
tacher à  la  vergue  quelques  poulies ,  boute-hors, 
cordages  ,  &.'c. 
ENCORBELLEMENT,  f.  m.  Terme  d'Architeélure. 
Projeclura.  Il  fe  dit  de  toute  forte  de  faillie  portant 
à  faux  au-delà  du  nud  du  mut  ,  comme  une  eon- 
fole.  Ainfi  les  pierres  qui  font  en  fiillie  les  unes  fur 
les  autres  ,  pour  fouienirdes  avances,  des  ponts, des 
entablemens ,  s'appellent  encorbellement.  Ce    mot: 
vient  de  corbeau. 
ENCORDELER.  v.  a.  Engager  dans  une  corde ,  ^ttc- 

IQX.  Irretire.  Il  eft  vieux. 
Encorder  un  arc,  c'eft  le  garnir  de  corde.  Nrcox. 
ENCORE,  ou  ENCOR.adv.  de  temps Jufqu'à  préfent 
Adhuc  i  etiam,  du.n.  Je  n'eu  ai  encore  rien  appris.  Il 
vivra  encore  quelque  temps.  Vous  n'êtes  pas  encore 
où  vous  penfez.  Il  lignifie auffî,  déplus  ,  une  autre 
fois.  Cela  eft  encore  vrai.  C'eft  encore  pis.  Encore 
palfe.  Encore  ne  frit-on.  Il  veut  y  aller  encore  une 
fois.  Il  faut  non-feulement  être  homme  de  bien  , 
mais  encore  il  faut  exciter  les  autres  à  le  devenir. 
Les  Poètes  peuvent  cho'ifu  encor  j  ou  encore  ,  félon 
le  befoin.  Il  eft  vrai  qu'encore  eft  b<en  languillant 
dans  un  vers  quand  il  ne  fait  point  d'élinon. 

]€  yeux  encore  voir  fi  fon  cœur  efifenfiblfi^ 


ENC 

Mais  encor  à  la  fin  d'uii  vers  eft  dur ,  &  il  a  meil- 
leure grâce  à  la  céfure  d'un  grand  vers. 

Après  cinq  ans  i'amuur  ,  &  d' efpoir  fuperjlus  j 
Je  pars  fidèle  encor,  quand  je  ncfpcre  plus. 

Racine. 

En  vous  ocrant  mon  bras ,  puïs-je  efperer  encore  j 
Que  vous  accepterez  mon  cceurqui  vous  adore  ? 

Racine. 

Encor ,  fi  pour  rimer  ,  dans  [a  verve  indifcrete  j 
Ma  Mujè  au  moins  fuujfroic  une  froide  épithcte. 

BoiLEAU. 

On  di:  auffi ,  encore  que  ,  pour  dire ,  bien  que  , 
quoique. 

Aufii-  tôt  qu'un  fuj et  s'ejl  rendu  trop  puijfant  j 
Encor  qu'il  foit  fans  crime  j  il  nef  pas  innocent. 

Corneille. 

On  dit,en  François ,  encore  que ,  pour  fignifier , 
quoique,  bien  que:  mais  on  ne  du  pas  encore  bien 
quej  ôc  cela  fenc  le  Provincial.  Le  1'.  Bonheurs  a 
reconnu  qu'il  avoir  fait  une  tauce  ,  lorfqu'il  s'cft 
fervi  de  cette  dernière  exprellion. 

Nicot  croie  que  ce  mot  vient  de  in  &  coram  j 
donc  s'eft  fervi  Apulée,  Ménage  dit  qu'il  vient  de  in 
hanc  horam  j  in  hàc  liorà  :  &  que  nous  l'avons  pris 
àel'ancora  des  Italiens. 
ENCORNAIL.  f.  m.  Terme  de  Marine  :c'efl:un  trou, 
ou  mortoife  ,  qui  fe  pratique  dans  le  haut  des  mâts, 

Î[uiel1:  garni  d'une  poulie  poury  pailer  1  itacle  j  qui 
aifit  la  vergue  pour  la  faire  courir  le  long  du  mat. 
La  manœuvre  qui  fert  à  hauiFer  ou  bailler  les  mâts 
de  hune ,  palle  aulli  par-li.  Ozanani  dit  que  l'cn- 
cornaile^c  une  demi-poulie  entaillée  d.^.ns  l'épailleur 
du  fommer  de  queUpe  mât ,  dans  laquelle  palfe 
l'iracle  qui  faidt  le  milieu  de  la  vergue  pour  la  taire 
courir  le  long  du  mlz.L' encornail  eil  garni  d'un  rouet 
de  poulie.  Nicot  dit  encornai. 
ENCORNAiLLEll.  v.  a.  Terme  burlefque  &  bas, 
qui  ne  fe  dit  qu'en  cette  phrafe  ,  Il  s'eft  encor naitU , 
en  pariant  d'un  homme  qui  s'eft  marié  à  une  femme 
dont  la  conduite  n'annonce  pas  beaucoup  de  vertu. 
ENCORNE,  adj.  m.  Terme  de  Manège,  qui  ne  fe 
dit  qu'en  cette  phrafe.  Javarte/îû'jrae,  qui  vient  fous 
la  corne  du  cheval ,  à  la  différence  de  javart  nerveux 
qui  vient  fur  le  nerf. 

On  ttouve  en  poëlie  encorné ,  en  parlant  des  ani- 
maux qui  ont  des  cornes.  Haut-encorné  _,  qui  a  les 
cornes  élevées. 

Capitaine  Renard  alloit  de  compagnie 
Avec  fon  ami  Bouc  des  plus  hauts  encornés. 
Celui-ci  ne  voyoit  pas  plus  loin  que  fon  ne^  : 
L'autre  était  pajfé  maître  en  fait  de  tromperie. 

La  Fontaine. 

ENCORNETER.  v.  a.  Encorner  un  arc ,  c'eft  le  revêtir 
de  corne  aux  deux  bouts.  Extremis  cufpidibus  ar- 
cum  cornu  commanire.  Nicot. 

ENCORNETER.  v.  a.  C'eft  mettre  dans  un  cornet 
fait  de  papier  ,in  cornu  papy  raceum  indere  j  condere. 
Ces  fortes  de  cornets  fervent  aux  Epiciers  qui  met- 
tent dans  des  cornets  les  marchandifes  qu'ils  ven- 
dent. Thus  &  odores  i  &  piper ,  à  quidquid  cartis 
amicitur  ineptis.  Ainfi  encorneter  fe  diroir  fort  bien  , 
amicire  cartâ.  Encorneter  eft  dans  Nicot  \  &;  peut- 
être  que  les  gens  de  boutique  s'en  fervent  encore  , 
du  moins  ils  n'ont  point  d'autre  verbe. 

ENCORNETER ,  fignifie  aulli ,  prendre  une  cornet- 
te de  femme. 

Le  temps  venu  d'attraper  le  galant  j 
Mejfire  Bonfe  couvrit  d'une  jupe  ; 
5'encorneta  ,  courut  incontinent 


Dans  le  Jardin . 


L.Al  Font. 


ENC  693 

|K?  ENCORNURE.  f  f.En  Archiceélure ,  on  appelle 
ainli  l'éclar  qui  fe  fait  à  l'arrête  de  la  pierre  lorf- 
qu'on  la  taille  ,  qu'on  la  conduit,   ouqu'on  la  pofe. 

ENCOSTE.  Terme  de  Coutumes.  On  appeloit  au- 
trefois en  quelques  endroits  des  Jugemens  qui  vien- 
nent par  e/icojie ,  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui 
lugQmtns  interlocutoires.  /-'ciyejdeBeaumanoir ,  ch. 
67. 

ENCOULPER.  V.  a.  Vieux  mot  qui  fe  trouve  dans 
Beaumanoir  :  il  fignifie  rendre  coupable  ,  Reum 
Jacerc. 

ENCOURAGEMENT,  f.m.  Ce  qui  encourage.  Inci- 
tatio.Les  Arts,  les  Manutactures  ont  befoind'tvucpa- 
rqgcment. 

ENCOURAGER. v.  z-Excitare,  animas  addcrc ,men- 
ttm  addere  -,  dare  j  faccre  animas.  Donner  du  cou- 
rage, exciter,  animer.  L'efpérance  du  gain  encoura- 
ge les  foldats  à  la  guerre,  encourage  les  mercenai- 
res au  travail.  L'honneur  ell  ce  qui  encouragc\i:sl^o- 
bles.Chacun  encourageoit\Qsii<ius  à  fe  hâter. Ablanc. 

Encourage  ,  ée.  part. 

ENCOUREMENT.  f.  m.  Terme  de  Coutumes  ,  c'eft 
la  peine  que  nous  encourons  par  notre  faute.  Pcena. 
cuira  débita. 

ENCOURIR.  V.  n.  Incurrere  ,  fubire  ,  fufciperc.  J'en- 
cours ^  j'encourus  J  fai  encouru^  f  encourrai  j  que 
f  encoure  ,  que  j' encouruffe  ^  f  encourrais.  Subir  ,  mé- 
riter ,  s'attirer.  Il  ne  fe  dît  que  des  maux  &  des  pei- 
nes qui  viennent  des  puilfances  fupérieures.  La  cié- 
fobeilfance  d'Adam  lui  lit  encourir  la  colère  de  Dieu. 
Les  rebelles  aux  commandemens  de  l'Eglife  encou- 
rent les  cenfures  Ecclédaftiques.  Les  Magiftrats  dé- 
clarent les  peines  portées  par  les  lois  encowues  , 
quand  on  les  atranfgreirées.  On  dit  que  l'excommu- 
nication ell  encourue  de  plein  droit ,  ipfojaclo ,  lorl- 
qu'il  n'ell  point  néceffaire  que  le  Juge  prononce 
fur  l'aélion ,  &:  que  l'on  tombe  dans  la  peine  en  la 
commettant.  Encourir  la  peine  d'une  Bulle.  Pasc. 

Dans  une  Qdefublime 
J'aurais  fi  bien  du  Grec  le  beaufiyle  imité ^ 
Que  l'aurais  enco'.na  l'efiime  , 
Des  amis  de  l'Antiquité.  .N.  ch.  de  vers. 

|3"  Encourir  ne  fe  prend  jamais  qu'en  mauvaife 
part.  Ainfi  l'Auteur  de  ces  vers  n'a  pas  fait  attention 
aucaradlère  propre  de  ce  verbe  quand  il  :i  dit  encourir 
l'ellime.  On  encoure  la  haine ,  le  mépris  des  gens 
fenfés,  &  non  pas  leur  eltime. 

Encouru  ,  ue.  part. 

ENCOURONNER,ouENCORONNER.v.a.N'eft 
pas  un  mot  François  :  Ronfard  l'a  tormé  de  l'Italieii 
incoronar.  On  dit  en  François  hmplementcouronncr 
coronare.  On  dit  auffi  cotonner ,  &:  non  p,\s  enco- 
tonner ,  pour  dire ,  garnir  de  coton  ,  gojjlp^o  inf- 
truere.  NicoT. 

ENCOURTINER.  V.  3..  Fafciis  ornare  ^  cingere  finf- 
truere  velis.  Fermer  de  rideaux  ,  de  courtines.  En- 
courtiner  un  lit. 

Encourtiner.  Vieux  v.  a.  Environner.  G'/rz^wc^^r^, 
cingere.  Ce  mot  s'eiT:  dit  hgurcment  par  allulion  aux 
courtines  dont  un  lit  ell  entouré. 

Encourtihé  ,  ÉE.  part.  Qui  a  le  même  fens  que  le 
verbe. 

ENCOURUE,  f.  f.  Terme  de  Palais.  Le  courant  d'une 
dette.  Ces  intérêts  font  dûs  pour  cinq  années  ,  fans 
préjudice  de  Vencourue  qui  recommence  chaque  an- 
née au  i  Juillet.  Factum. 

ENCOUTURE.  f.  f.  Terme  de  Marine.  Situatior» 
des  bordages  d'un  vailleauqui  pallent  l'un  fur  l'au- 
tre ,    aulieu  de  fe  joindre  carrément. 

ENCRAINE.  Vieux  terme  de  Manège.  On  a  dit  autre- 
fois,  cheval  encrainé ,  pour  cheval  égarotté. 

ENCRASSER,  v.a.  Rendre cralteux  ,  remplirdecraf- 
fe.  Squalorem  inducere  ,maculare.  La  po\iàtçencra(Je 
les  habirs.  Il  eft  auffi  neutre.  Laillèr  encrafèr  un  h.i- 
bit.  Il  eft  auffi  recip.  La  peau  s'encrajjc  quand  on  n'a 
pas  foin  de  la  laver- 

s'Encrasser,  fe  dit  auffi,  figurément,  de  ceux  qui  s'a- 


^94  EMC, 

viliUenten  fe  aiénilliant ,  ou  en  fréquentant  mau- 
vaile  compagnie.  Il  s'ell  bien  enuajji  par  ce  ma- 
riage.  Il    scficrajjc  tiint-ukinent  par  ics  mauvais 
commerces.  Style  familier. 
ANCRASSE  ,  EE.  part.  .        ,  ,   ,  . 

»^NCRATITES,i:  m.  EncratM.  Anciens  hérétiques 
"  qui  ont  été  ainli  appelés  , parcequils  tailoient  pro- 
ieilion  de  continence  ,   rejetant  entièrement  le  ma- 
riage \  '<"  (y-f^r^if  en  Grec  hgnirie  les  conunens.  Ta- 
tien  ,  difciple  de  Saint  Julbn  ,  qui  a  été  un  des  plus 
jlavans  hommes  de  route  l'Antiquité  ,  eft  Auteur  de 
«etce  feéte  ,  s 'étant  Icparé  de  l'Eglile  après  la  mort 
de  ce  fainc  Martyr.  Ces  hérétiques  ont  aulli  pris 
beaucoupde  choies  de  Saturnin  «^  Marcion  ,  .ïc  ils 
ont  plufieurs  erreurs  communes  avec  les  Gnoiti- 
ques  &les  Valentiniens.Uss'abilenoientde  manger 
lie  quoique  ce  Ion  qui  fut  anime  ,  i<c  nioienc  qu'A- 
dam fût  lauv-é.  Ils  regardoient  ceux  qui  buvoient  du 
vin  comme  de  très-grands  pécheurs.  C'elt-pourquoi 
ils  nefe  fervoient  qued'eau  dans  la  célébration  du 
myftcrederEucharillie,croyanc  quele  vm  venoit  du 
Diable,  &  non  pas  de   Dieu.  Pour  appuyer  leur 
lentiment  ils  produiioient  les  palfagesde  l'Ecriture 
où  il  elf  parlé  de  ce  qui  arriva  à  Noé  &:.  à  Loth,  après 
s'être  enivrés.  Quoiqu'ils  condamnairent  ablolu- 
ment  le  mariage  ,  ils  ne  lallFoient  pas  d'avoir  com- 
rnerce  avec  des  femmes  ,  ils  démentoient  leur  doc- 
trine par  leurs  actions.  Ils  ne  recevoient,  des  Livres 
de  l'ancienTeftament,  que  ce  qui  leur  plaifoit.  Mais 
ils  reconnoilîoient  ,   pour  Livres  divins  &  canoni- 
quesjplufieurs  ouvrages  faux  &  fuppolés  ;  entre  au- 
tres les   aétes  d'André  ,  de  Jean  !k  de  Thomas , 
qui  étoienc  des  pièces  apocryphes.  Saint  Irenée  ,  S. 
Epiphane  &  Eufèbe  de  Céfarée  ,  ont  parlé  allez  au 
long  de  ces  anciens  Hérétiques. 
ENCRE,  f.  f.  Liqueur  noire  faite  avec  du  vitriol  ,  de 
la  noix  de  galle  j  &:  de  la  gomme  ,  qui  fert  à  écri 
re.  Atramentum.  L'encre  d'imprimerie,  qui  lert  à 
imprimer  ,  fe  fait  avec  de  l'huile  de  noix  ou  de  lin 
£c  de  la  thérébentine  ,  &:  avec  du  noir  ,  le  tout  cuit 
enfemble.  Il  y  a  aulli  de  r<;/2tr£   rouge,   qu'on  ap 
pelle  rofetce.  On  ne  peut  appeler  celle-là  acnimen- 
lum  en  latin ,  car  ce  mot  ne  convient  qu'aux  liqueurs 
noires,  telle  qu'cft  le  noir  qui  fert  dans  les  teintures, 
atramentum  tinclorium  ,  celui  des  cordonniers,  atra- 
merdumfutorium  ,  &cc.  dont  les  Anciens  ontparlé.  Ils 
appeloient  en  particulier  l'encre  à  écn:e,atrùmentum 
fcriptorium  ,  iibrarlum  y  iaterarium.ie.  creverois  plu- 
tôt que  d'avouer  ce  que  tu  dis ,   &  je  foutiendrai 
mon  opinion  jufqu "à  la  dernière  goutte  de  mon  en- 
cre. Mol. 
Encre  vitriolique.  J'ai  verfé  de  la  teinture  de  noix  de 
galle  fur  de  Telprit  de  vitriol  j  qui  n'en  a  reçu  au 
cun  changement.  J'ai  enfuite  verlé  de  cette  teinture 
fur  de  là   limaille  de  fer  ,   qui ,  dans   un  efpacc 
de  temps  alTez  médiocre,  a  fait  \.\x\q  encre  fort  noire; 
d'où  il  me  paroît  que  j'ai  tout  lieu  de  conclure  que 
c'eft  le  fer  contenu  dans  le  vitriol  ,  qui  en  fe  revi- 
vifianr  donne  la  noirceur  aux  encres.  Lémery.  Mém. 
de  r Acad.  des  Se.  i-joj.p.  341. 

Ce  mot  félon  Ménage  ,  vient  dentalien  inchiof- 
tro  ,  qui  a  été  fait  du  Latin  encaujhum  ,  dont  les  Po- 
lonois  ont  fait  iwai/?,  les  Flamans /«X:r ,  les  Anglois 
inke.  Il  y  a  bien  des  gens  qui  écrivent  encre  par  un 
a  ,  d'autres  par  un  e.  Petrus  Maria  Caneparius , 
originaire  Je  Crème  ,  &  Médecin  à  Venife  ,  a  fait 
un  Traité  L^tin  àesencres  de  toutes  les  cfpèces.  De 
Atramentïs  c-  jufcumque  generis.  Il  fur  imprimé //2-4". 
à  Londres  en  1660. 

On  dit  de  \' encre  double,  de  )^ encre  luifante. 
On  dit  audi ,  au  fii;uré  ,  écrire  de  bonne  encre  , 
pour  dire  ,  faire  une  forte  recommandation. 

On  dit,  en  proverbe  ,  il  n'y  a  plus  à'encre  au  cor- 
net ,  pour  dire  j  qu'on  eft  épuifé.  Cela  eft  clair  com- 
me une  bouteille  à  encre  j  ce  qui  fe  dit,  au  figuré 
d'une  explication  obfcure. 

L'fwre  de  la  Chine  eft  admirable,  &jufqu'icion 
a  tâché  inutilement  de  la  contrefaire  en  France:  celle 
de  Nankin  eft  la  plits  eftimée ,  ôi  il  s'en  fait  des 


ENC 

baions  fi  propres  ts:  de  fi  bonne  odeur  qu'on  rairoic 
la  curioiitc  d'en  conierver  ,  quand  ils  ne  feroient 
d'aucun  autre  uiage.  Je  dis  des  bâtons  A'encre-^  car 
cen'elt  pas  une  liqueur  comme  la  nôtre.  Elle  ell  fo- 
lide ,  tic  lemblabie  à  nos  couleurs  minérales ,  quoi- 
que beaucoup  plus  légère.  On  en  lait  de  toutes  lot- 
tes de  tigures  :  les  plus  ordinaires  font  carrées  ,  mais 
plus  longuesque  larges, épaiiles  leulement  de  deuxou 
trois  lignes,  il  y  en  a  de  dorées  avec  des  figures  de 
dragons, d'oifeaux,&  des  fleurs. On  lorme  pourcela  de 
petits  moules  de  bois  li  bien  travaillés, que  nous  au- 
rions de  la  peine  de  laire  rien  de  plus  fini  fur  le  mé- 
tal. Quand  on  veut  écrire  j  on  a  fur  la  table  un  petit 
marbre  bien  poli ,  creuféà  l'extrémité  ,   &  propre  à 
contenir  de  l'eau.  On  y  trempe  dedans  par  un  bouc 
le  bâton  à'encre  ,  qu'on  hotte  doucement  fur  la  par- 
tie du  marbre  qui  eft  unie  ;  &  dans  un  moment , 
félon  qu'on   frotte,  il  fe  tait  une  liqueur  plus  ou 
moins  noire,  dans  laquelle  on  tre:;ipe  la  pointe  du 
pinceau  qui  fert  à  écrire.  Cette  encre  eft  luifante  , 
extrêmement  noire j&  quoiqu'elle  -perce,  quand 
le  papier  eft  trop  fin  ,  jamais  néanmoins    elle  ne 
s'étend  plus  que  le  pinceau  ;  de  manière  que  les  let- 
tres font  exaètemenr  terminées,  quelque  gros  qu'en 
foient  les  traits.  Elle  a  encore  une  autre  qualité,  qui 
la  rend  merveilleufe  pour  le  dellcin  ;  c'cft  qu'elle 
prend  toutes  les  diminutions  qu'on  lui  veut  don- 
ner ,  il  y  a  beaucoup  de  choies  qu'on  ne  fauroit  re- 
préfenter  au  naturel  fins  Tufage  de  cette  couleur. 
Au  refte  ,  elle  n'eft  pas  fi  difficile  à  fiire  qu'on  s'ima- 
gine: quoique  les  Chinois  y  emploient  du  noir  de 
fumée  tiré  de  diverfes  matières  ,  la  meilleure  néan- 
moins fe  fait  avec  la  fumée  de  grailfe  de  cochon 
qu'on  brûle  à  la  lampe.  On  y  mêle  une  efpèce  d'hui- 
le ,  pour  la  rendre  plus  douce  \  &  des  odeurs  agréa- 
bles, pour  empêcher  la  mauvaife  odeur  de  fhuile 
&  de  la  graille.  Après  l'avoir  niife  en  confiftance, 
on  fait  de  cette  pâte  de  petites  tablettes  que  Ton  jette 
dans  un  moule.  Elle  eft  au  commencement  fott  pé- 
firnte  ;  mais  des  qu'elle  eft  féche  &  dure ,  le  poids 
en  diminue  de  la  moitié  ,   &  ce  qu'on  donne  pour 
une  livre  ne  pèfe  ordinairement  que  huit  ou  dix  on- 
ces. P.L.  Comte  ,  Nouv.  Mém.  fur  Ictat  préf.  de  lu 
Chine  ,  T.  I.p.  3Ç2  &Juiv. 
^fT  Encre  Sympathique.  On  appelle  ainfi  toute  li- 
queur avec  laquelle  on  forme  une  écriture  invifi- 
ble ,   enforte  pourtant  qu'il  y  ait  un  moyen  de  la 
faire  paroître  quand  on  veut.  On  en  connoifloitdéjà 
de  quatre  fortes  j  mais  l'écriture  formée  avec  ces 
encres  ayant  été  une  fois  rendue  vifible,  ne  difpa- 
roiifoit  plus.  M.  Hellot  a  donné ,  dans  les  Mémoi- 
res de  l'Académie  des  Sciences ,  pour  l'an  1737,  un 
Mémoire  fur  une  nouvelle  encre  fympathique ,  q-ui 
a  les  propriétés  des  quatre  efpèces  déjà  connues ,  & 
elle  a,  par-dclïus  les  autres,  la  propriété  lingulière 
de  paroître  &  dilparoître  à  volonté ,  lans  aucune 
addition,  fans  altération  de  couleur.  On  la  tait  pa- 
roître en  l'expofant  au  feu  ,   &  en  lui  donnant  un 
certain  degré  de  chaleur  :  refroidie  ,  elledifparoît , 
tk  ainfi  de  fuite  ,  pourvu  qu'on  ne  lui  donne  qu'un 
certain  degré  de  chaleur.  Si  on  la  tient  trop  long- 
temps expofée  au  feu ,  elle  ne  difparoît  plus  en  fe 
lefroidilfant. 
ENCRE.  Bourg,  ou  village  de  Picardie,  dans  l'Amien- 
nois ,  entre  Péroné  &  Corbie.    I/icra  ,    Ancora.   Il 
eft  fur  une  petite  rivière  du  même  nom,  qui  fe  jette 
dans  la  Somme  à  Corbie.  Encre  appartenoit  autre- 
fois à  l'Abbaye  de  Saint  Riquier  :  elle  eft  aujour- 
d'hui à  celle  de  Cluny.  En  1 138  ,  l'Evêque  d'Amiens 
donna  Saint  Gervais  à'Encre  au  Monaftère  de  Saine 
Martin  -  des  -  Champs.   Hadr.  Valef.  Notlc  Gall, 
page  2s-2. 
ENCRÊPER.  (  S'  )  Prendre  un  crêpe ,  porter  le  deuil. 

Alle:^  vous  enczcpsv,  fans  perdre  unfeul  Inflant. 
Menechmes  de  Renard. 

IP"  ENCRER.  V.  a.  Teime  d'Imprimerie  en   taille 
douce.  C'eft  faire  entrer  le  noir  avec  le  tampon,  fur 


f 


EN  C 

la  plancha  qui  eft  gravée.  £'/zcr<;/' une  planche.  Aaa- 
menco  inibucre, 

fCF  Encrer,  v.  a.  Terme  d'Imprimeur  en  lettres. 
C'eft  prendre  de  l'encre  iur  les  balles,  &  en  toucher 
la  forme.  Enacr  une  forme.  Il  a  vieilli  en  ce  fens. 
On  dit  mieux  roucher  la  i-orme. 

fer  Encrer,  v.  n.  Terme  d'Imprimeur  en  lettres.  Ce 
mot  fe  die  aulh  des  lettres ,  &(.  fi^^nihe  prendre  bien 
l'encre.  Certe  lettre  n'encre  pas  comme  il  faut. 

ENCRIER,  f.  m.  Petit  vailFeau  ou  cornet  où  l'on  met 
de  l'encre  fur  une  table  pour  écrire ,  &  qui  fait  fou- 
vent  partie  d'une  écritoire.  Acrdmeruarium,  Encrier 
de  plomb  ,  de  cuivre  j  d'argent. 

Encrier.  Terme  d'Imprimeur.  Tabula  atramcntaria. 
Les  Imprimeurs  appellent  encrier^  une  efpcce  de 
table,  ou  de  planche  carrée,  quia  des  bords  de 
trois  côrés  j  fur  laquelle  ils  broient  le  vernis  & 
le  noir  de  fumée ,  dont  ils  fout  leur  encre.  C'eft 
aufli  fur  Kencrier  qu'ils  prennent  avec  leurs  balles 
l'encre  dont  ils  noirciifent  leurs  formes. 

§Cr  ENCROISER.  v.  a.  Terme  ufité  dans  différentes 
Manufiétures.  C'ell  la  façon  de  donner  de  l'ordre 
aux  brins  de  foie,  de  fil,  de  laine  ^  ôic.  quicom- 
pofent  la  chaîne. 

^NCROUÉ.  adj.  Terme  des  Eaux  &  Forêts  ,  qui  fe 
dit  d'un  arbre  qui,  en  s'abattant,  ert  tombé  fur  un 
autre  ,  qu'il  a  endommagé ,  &  dans  lequel  il  a  en- 
gagé its  branches.  Implexus  j  immijjus  pcr  ramos. 
Il  n'eft  pas  permis  d'abattre  un  arbre  fur  lequel  un 
autre  fe  trouve  e/uro«e,    fans  ordre  des  Officiers. 

EncrouÉ  ,  ou  encroét  fignifioit  aufîi  autrefois  crucifié. 

ENCROÛTEMENT,  f.  m.  Terme  de  Litholooie 
Voye\  Incrustation. 

§3"  Encroûtement.  Terme  de  la  Philofophie  Carté- 
iîenne.  On  a  expliqué  au  mot  Canejlamfme  (monde 
de  Defcartes)  la  formation  des  trois  élémens  prove- 
nais de  la  raclure  des  angles  des  parcelles  primor- 
diales de  la  matière  :  la  matière  fubtile  ramallée 
vers  le  centre  du  tourbillon  j  eft  ce  qu'il  appelle  un 
folcil.  Cette  matière  fubtile  qui  eft  dans  une  agita- 
tion étonnante  ,  communique  fon  mouvement  aux 
globules  voiiins  \  ces  globules  le  communiquent  à 
d'autres  julqu'à  nous.  . .  C'eft  en  cela  que  conhfte  la 
lumière.  Enhn  ,  la  grofTe  poullière ,  les  éclats  les 
plus  malnfs  &  les  plus  anguleux  ,  font  ce  qu'il  ap- 
pelle letroifième  élément  :  cette  pouilière  étant  irré- 
gulière j  anguleufe,  peut  tormerdes pelotons  épais: 
plulieurs  parties  s'accrochent  par  leurs  angles,  s'em 
boitent  les  unes  dans  les  autres,  encroûtent  peu-à-peu 
le  tourbillon  ,  &  de  ces  croûtes  épailîîes  fur  tout  le 
dehors ,  il  fe  forme  un  corps  opaque  ^  une  planète  , 
une  terre  habitable.  P^oye^,  dans  l'Auteur  même,  le 
refte  de  ces  fublimes  rêveries. 

ENCROÛTER,  v.  a.  Incrufiare.  Terme  de  Maçon. 
C'eft  faire  une  croûte  ou  un  enduit  fur  une  muraille. 
Voye\  Incruster. 

^CJ"  Encroûter  ,  dans  la  Phyfique  de  Defcartes ,  fo- 
leil  qui  s'encroûte.   Voye-[  Encroûtement. 

ENCU13IERTA.  Ifle  de  l'Océan  Atlantique.  Aprofi- 
tos  3  Infuia  Sancii  Blandani.  Q\\  la  place  à  quarante 
lieues  de  celle  des  Palmes,  une  des  Canaries,  du 
côté  du  couchant.  Encuhiertd  eft  un  nom  Efpagnol, 
participe  féminin  j  du  verbe  cncubrir^  couvrir ,  ca- 
cher,  qui  fignifie  couverte,  cachée.  On  a  ainfi 
nommé  cette  Ifle,  parce  qu'on  ne  peut  y  être  porté, 
dit-on,  que  parhafard  ,  &  qu'on  ne  la  trouve  ja- 
mais quand  on  la  cherche.  Maty  ajoute  qu'elle 
pouroit  bien  n'être  qu'en  imagination.  Quoi  qu'il 
en  foit,  on  la  nomme  aulli  l'Iflede  S.  Borondon  , 
&  la  non  trovada  ,  c'eft-à-dire,  la  non  trouvée. 

ENCUIRASSER  ,  S'ENCUIRASSER.  v.  récip.  De- 
venir fale,  crafteux;  contr.aéler  des  taches  difficiles 
à  emporter.  On  le  dit  des  habits ,  des  étoffes  j  du 
linge  j  de  la  peau  ,  des  métaux ,  &c.  lorfque  la 
cralie  ,  la  graifTe  ,  l'ordure,  la  poudre,  &c.  s'y 
amallent  &  s'y  épaillilfent.  Sordidari ,  maculari , 
Sec.  La  poullière  s'eft  encuirajfée  dans  cet  habit. 
Mains  encuirajjees  d'ordures. 


E  N  C     END        ^9j 

Ce  mot  vient  de  iricoriatus ,  comme  qui  diroïc, 
rendu  dur  comme  du  cuir.  Nicot. 

Encuirasser  ,  fe  dit,  ligurément ,  "des  chofes  mora- 
les ,  des  méchantes  habitudes  que  Tame  contraéte  , 
&  dont  elle  ne  le  défait  qu'avec  peine.  Laconlcience 
d  un  hbertin  ne  le  nettoie  pas  facilement ,  quand 
elle  eft  trop  encuirajjec.  Mauvais  ftyle. 

Encuirasse,  ée.  part.  &c  ad].  Loricatu's.  Il  y  a  des 
Saints  qui  ont  porté  le  nom  <SEncuiraJfé,  parce  que 
par  efprit  de  pénitence  ,  ils  portoient  une  cuiralEe 
Iur  la  chair  nue.  Dans  le  lixième  liècle  des  Aétes  de 
rOrdre  de  S.  Benoît ,  il  eQ:  parlé  de  S.  Dominique 
Yhncuirajfé. 

ENCUIT.  part.  Incoclus.  Ce  mot  eft  dans  Nicot.  Il 
n'eft  plus  d'ufage. 

ENCULASSER.  v.  a.  Dorfum  addere  ,Jingere.  Terme 

d'Arquebuher.  C'eft  mettre  la  culalTe  du  canon  d'une 
arme  d  feu.  EnculajJ'er  un  canon. 

ENCUSER.  V.  a.  Incufare.  Il  eft  vieux.  Nicot. 

ENCUVEMENT.  f.  m.  hmnijfio  in  cupam,  inlabrum. 
Terme  de  Tanneur.  C'eft  l'aéfion  d'encuver. 

ENCU'V'EJl.  V.  a.  Demittere  in  labium^  incupam.  Ter- 
me de  ianneur  S>c  de  Blanchilfeur.  Mettre  dans  la 
cuve,  ranger  dans  le  cuvier.  Encuver  les  veaux.  En- 
c^ver  le  linge  de  lelîive.  On  dit  aufli  e/zca ver  la  ven- 
dange. 

tfT  EncuvÉ  j  ÉE.  part. 

0Cr  ENCYCLOPEDIE,  f.  f.  Mot  formé  de  la  propofi- 
tion  'il ,  e/;,  de  «■JxAof  ,  cercle  ,  &  de  îr««^i(« ,  fcience^ 
connoijjance.  Ainfi  ,  l'encyclopédie  eft  propreuient  la 
fcience  univerfelle ,  ou  l'enchaînement  de  toutes 
nos  connoilfances.  Otbis  illc  doclrin&  quem  Gr&ci 
;y«u»Ao;i«,Ai«»  vi;cj/2rjditQuintilien.'Vitruve  l'appelle 
hncycUos  difcipUna, 

%fT  Plufieurs  ouvrages  portent  le  titre  à'Encyclo' 
^i-'i//^,  pour  marquer  l'univerfalité  des  matières  donc 
ils  traitent.  La  plupart  ne  font  que  des  colleclions 
informes  :qaelques-uns  ne  furent  pas  tout- à- fait  mé- 
prifés;  mais  il  s'en  faut  bien  que  ces  Encyclopédies 
répondent  aujourd'hui  à  leur  titre-  Quels  progrès 
n'a-t-  on  pas  fait  depuis  dans  les  arts  tk  dans  les 
fciences  ?  Combien  de  découvertes  &  d'inventions? 
L'ouvrage  qui,  jufqu'à  ces  derniers  temps,  a  le 
mieux  mérité  le  titre  aEncyclopédie  ,  ou  enchaîne- 
ment des  fciences  j  eft  le  Didionnaire  univerfel  de 
Chambert ,  Savant  Anglois. 

ffTUnQ  Société  de  gens  de  Lettres  propofa  à 
Paris  J  par  foufcription  en  175 1,  une  nouvelle 
Encyclopédie  ^nn'i  toute  autre  étendue  ,  dont  tous 
les  volumes  ont  paru  fucceflivement  :  le  public  a 
jugé  cet  ouvrage. 

=p;  ENCYCLOPEDIQUE,  adj.  Qui  appartient  ï 
l'Encyclopédie.  Diélionnaice,  ouvrage,  ordre  ency- 
clopédique. 

iCr  ENCYCLOPÉDISTE,  f.  m.  Celui  qui  a  fait  l'En- 
cyclopédie ,  ou  qui  y  travaille. 

END. 

ENDA.  Sorte  d'exclamation  populaire  j  qui  fe  trouve 
dans  Marot ,  &  qui  fe  dit  encore  en  quelques  pro- 
vinces. 

ENDANTE  ,  ouENDENTE.  U.  Commijfura  ,  dens, 
eft,  en  termes  de  Charpentiers,  Menuiliers,  Conf- 
truéfeurs  de  navire,  &c.  la  liaifon  de  deux  pièces  de 
bois  J  qui  J  de  diftance  en  diftance,  &  par  certains 
endroits ,  entrent  l'une  dans  l'autre. 

Ip-  ENDARO.   f^oye^  Endero. 

ENDECAGONE.  f.  m.  Hendecagonus.  Terme  de  Géo- 
métrie. Figure  qui  a  onze  angles,  &parconféquent 
onze  côtés. 

Ce  mot  eft  Grec,  iniKâyans  vient  de  î'^f"*  onze 
&  de  ytàn'ct,  angle. 

ENDÉCASYLLABE.f.  m.  Uendecafyllabus.  Verscom- 
pofé  d'onze  fyllabes  j  dont  il  y  a  pluheurs  exemples 
chez  les  Auteurs  Grecs  &  Latins ,  &  encore  plus  chez 
les  Italiens.  Le  vers  endécafyllahe  Grec  &  Latin  eft 
aufli  appelé  Phalcuque  ,  du  nom  de  fon  inventeur. 
On  trouve  cependant  dans  Catulle  des  vers  Phaleu- 


'^pé 


E  N  D 


ENO 


ques  qui  n'ont  que  ûix  {yllabes.  /'-^oyeç  dans  les  A/c'-' ^  ENDENTE  ,  É£.  Terme  de  Blafon.  Fbjq  En 


■moires  de  i'revuux  lyoi  février,  p.  1 5  5.  de  l'édition  ^ 
de  Trévoux.  Pour  les  vers  italiens  de  onze  fyllabes,  ; 
•il  y  auroit  bien  des  chufesà  due  qui  ne  ionc  pas  de 
ce  lieu-ci 
EN  DEDANS,  adv.  Interius  ,  introrsùm.  Tournez  le 

poignet  en  dedans.  Mol.   Foy.  Dedans. 
£N  DEHORS,  adv.  Exteriàs ,  extrorsum.  Tournez  la 

pointe  du  pied  en  dehors.  Foye\  Dehors. 
ENDEIDE.  r.  f.  Fille  de  Scyron  &:  de  la  Nymphe 
Charicloj  époufa  Eaquc  ,  dont  elle  eut  Pelée  & 
Télamon.  Endeis. 
ENDEMENE.  adj.  Lafdvus ,  pctulans.  Nicot.  Qui 
femble  être  pollédé  du  démon.  C'ert;  un  vieux  mot 
équivalent  à  enduiUe  ,  ôc  qui  lignifie,  ordinaire- 
ment, lafcif, impudique,  Foye^lQ  petit Diétionnaire 
de  Morel  au  mot  lajclvus.  Les  mains  d'Angélique 
■ctoient  quelquefois  ferrées ,  ou  baifées  ;  caries  Pro- 
vinciaux font  fort  endénienes  &C  patineurs  :  mais  un 
coup  de  pied  dans  l'os  des  jambes  ,  un  loufflct  ^  ou 
un  coup  de  dent,  félon  qu'il  étoit  à  propos  ,  la  dé- 
livroient  bien-tôt  de  ces  galans  à  toute  outrance.... 
ScARRON  ,  Bcrnan  Comique. 
ENDEMENTIERES.  adv.  Incereà.  Vieux  mot  qui  a 
été  en  ufage  jufqu'au  temps  de  Jean  le  Maire,  &c 
qui  ii'^nifie  cependant.  On  le  trouve  fouvent  em- 
ployé dans  les  vieux  Romans.  Se  il  avient  endemen- 
tieres  que  chaux  qui  combattent  entrefemble.  De 
Beauman. 

André  Duchefne  le  dérive  àzintereadum-^  Mé- 
nage &:  Borel  de  inde  &  Aq  intérim-^  Pafquier  de  l'Ita- 
lien wtf/zrrt.  On  a  ditauiîi  endremente.  On  dit  encore 
en  Languedoc  dementrcque ,  &c  entretan  en  Picardie, 
en  Flandre  &  l'Efpagnol  dit  Emmentias. 
ENDÉMIQUE,  adj.  m.  &  f.  Terme  de  Médecine.  Qui 
naît,  qui  fe  produit  au  milieu  d  un  peuple,  dans 
un  certain  pays  j  atFedé  à  un  certain  pays.  Popula- 
ris  j  gendlis  ,  endemicus  ,  a ,  um.  Vernaculus.  La 
pefte  doit  être  regardée  comme  une  maladie  parti- 
culière ,  ou  endémique  à  l'Egypte ,  à  l'Ethiopie,  &c. 
AsTRUc.  La  maladie  appelée ^/ictzeft  e/26^t;/wi£/tte  par 
rapport  à  la  Pologne  j  le  fcorbut  par  rapport  aux 
peuples  du  Nord;  la  lèpre  par  rapport  à  l'Egypte  & 
à  la  Syrie.  Id.  En  Arabie  la  pelte  eli  un  mal  en  quel- 
que forte  endémique.  Je  ne  voudrois  pas  aifément 
tranfporter  ce  mot  à  d'autres  matières ,  ni  dire  , 
par  exemple,  une  evtenr:  endémique  ,  pour  fignifier 
une  erreur  enracinée  dans  tout  un  peuple. 

Ce  mot  ell  Grec  tv^>tfi"<-U ,  compofé  de  é»  dans,  & 
^^f.i;  peuple. 

On  dit  que  les  écrouelles  font  ordinaires  ou  en- 
démiques en  Efpagne  j  la  plithifie  en  Angleterre;  le 
goitre  dans  les  Alpes  j  le  Icorbut  dans  les  lieux  ma- 
ritimes &:  feptentnonaux.  Les  maladies  endémiques 
diffèrent  des  épidemiques  j  en  ce  que  celles-ci  ne  ré- 
gnent qu'en  certains  temps  par  un  vice  de  l'air;  au- 
lieu  que  les  endémiques  font  ordinaires  en  tout  tems 
à  certains  peuples.  Col  de  Villars. 
ENDENCHE,  Endenté.   Terme  de  Blafon.    Foye^ 
Denché  &  Denté.  Dentatus.  Il  fe  dit  d'une  fafcej 
d'un  pal ,  &  autres  pièces  triangulaires  j  alternées  de 
divers  émaux.  Tranché,  e/2t/c«fe  d'or  &  d'azur.  On 
appelle  croix  endentée  ,  celle  dont  les  branches  font 
terminées  en  fliçon  de  croix  ancrée  ,  &  qui  a  une 
pointe  en  fer  de  lance  entre  les  deux  crochets.  Vau- 
tier  de  Hérinfta ,  Chancelier  de  France  ,  portoit 
d'argent  parti,  Se  endenié àz  gueules  de  quatre  piè- 
ces.  On  dirtingue  émanché  j    endenté^  &  dentelé. 
Emanché  le  du  des  dents  plus  malîives,  courtes  & 
claires ,  coupant  le  champ  en  deux  moitiés.    En- 
denté  it  dit  lorfqu'il  y  a  dans  l'écu  des  dents  longues 
&;  algues;   &  dentelé  lorfqu'elles  font  plus  min- 
ces &  plus  courtes. 
ENDENTE.  P'oye-:^  Andante. 
ENDENTÉ.  adj.  Qui  a  des  dents.  Dentatus.  La  Fon- 
taines s'eft  fervi  de  ce  terme. 


//  déjeûne  très-bien  :  aujfi  fait  fa  famille  , 


Chiens  J  chevaux  &  valets ,  tous  gens  bien  endentés.  ENDIABLER.  v 


DENCHE. 

ENDENTER.  V.  a.  Dentare  ,  dentés. figere.  Mettre  des 
dents  à  une  roue  de  moulin  ,  ou  autre  femblable 
machine. 
Endente.  Per  dentés  immifjus  j  denticulatim  infertus  , 
fe  dit  de  deux  pièces  de  bois  qui  j  de  dillance  en 
dirtance ,  entrent  l'une  dans  1  autre  pour  plus  de 
liaifon. 
ENDENTLTRE.  i.   f.  Henri  VI,  Roi  d'Angleterre, 
charge  ,  par  une  efpèce  de  Lettre  ou  Commillion  , 
Meiîire  Thomas  Hoo,  Chevalier ,  Bailli  de  Mante, 
de  commander  dans  cette  ville.    Le  titre  de  cette 
Lettre  ell  Endenture  faite  entre  Henri  VI.  Roi  d'An- 
gleterre J   &  Thomas  Hoo ,   ikc.  Ces  Enae/uures 
étoient  des  contrats  en  parchemin  j  appelés  en  La- 
tin ,   charte  indentata.  On  les  faifoit  doubles  pour 
les  deux  contraétans,  mais  fur  une  même  feuille  de 
parchemin  pliée  ,  l'un  fur  un  feuillet,  &  l'autre  fur 
l'autre  :  enfuite  on  les  féparoit  par  une  découpure 
en  forme  de  dents  j  afin  qu'on  ne  pût  les  falfifier. 
Celuiqui  vouloit  fe  fervirde  fon double  étoit  obligé 
de  faire  voir  que  les  endentures  fe  rapportoient  à 
l'autre  original,  en  les  approchant  l'un  de  l'autre, 
ôc  les  joignant  par  les  dents  :  on  les  appeloit  aulli 
Charttz  panits,.  Le  Père  Daniel ,  Bifl.  de  la  Milice 
FrancQife. 
EN  DÉPIT.  Sorte  de  propofltion  qui  régit  le  génitif. 

Foye:(  Dépit. 
ENDERAB.  Ville  de  Perfe.  Les  Géographes  du  pays, 
au  rapport  de  Tavernier ,  la  mettent  395  deg.  15'. 
de  longitude,  &  à  37  deg.  1 5'.  de  latitude. 
ENDÉRO.  Petite  ville  de  la  Dalmatie ,  que  M.  Cor- 
neille appelle  aufll  Endaro  ,   en  Latin  Enderum. 
Elle  eft  dans  l'Albanie  j  en  Grèce,  aux  confins  de  la 
Servie ,  à  quinze  lieues  au  Nord  d'Aleffio.  Endéro 
eft  très-ancien,  iiiais  fort  déchu  de  ce  qu'il  étoit 
autrefois. 
ENDETTER,    v.  a.  u^realieno  obflringere.  Engager 
dans  des  dettes.  Les  emprunts  continuels  l'ont  fore 
endetté 
^fT  Endetter  une  Compagnie  ,  c'eft  contraéler  des 
dettes  confidérables  en  fon  nom. 

^fT  II  s'emploie  ordinairement  avec  le  pronom 
perfonnel.  S'endetter,  c'eft  contraéter  des  dettes  en 
fon  propre  &  privé  nom.  Il  s'eft  endetté  à  donner 
des  charges  à  fes  enfans ,  à  pourvoir  fes  filles,  ^s 
alienum  contraxit ,  conflavit. 

Ce  mot  vient  du  Latin  debitum. 
Endetté,  ée  part,  ^re  alieno  objlriclus.  Un  homme 

endetté^  trouve  difficilement  à  fe  marier. 
ENDÊVÉ  J  ÉE.  adj.  Mutin,  emporté.  On  ne  peut  ve- 
nir à  bout  de  cet  homme-  là  ,  tant  il  eft  endèvé  8c 
difficile  à  gouverner.  On  dit  ,  fubftantivement  , 
c'eft  un  endèvé.  Ce  mot  eft  populaire. 
ENDÊVER.v.  n.  Furere ,  infanire.  Avoir  du  dépit  de 
quelque  chofe.  Tout  me  réuffit  ;  cela  le  fait  endê- 
ver ,  il  en  endêve.  Terme  populaire  &  trivial. 

Ménage  tient  qu'il  vient  du  Latin  iW/i'^re,  qui 
fignifie  à  Deo  vel  à  D&monc  corripi ,  comme  il  arri- 
voit  aux  Sibylles  &  autres  qui  rendoientdes  oracles. 
Quelques-uns  le  dérivent  de  indiviare^  c'eft-à-dire, 
s'égarer  de  fa  voie.    Borel  le  dérive  de  hcndeux  , 
vieux  mot,  qu'on  trouve  dans  le  Roman  de  laRofe, 
qui  fignifioit  autrefois  enragé.  DuCange  dit  que  le 
mot  defver  fignifioit  autrefois  être  en  délire  ,    avoir 
l'efprit  égaré  &  hors  de  la  voie  &  de  la  raifon. 
ENDIABLÉ,   ÉE.  adj.  Furiofus  capitalis  ,  fanaticus  y 
furiatus.  Furieux  ,  qui  femble  être  poiïcdé  du  Dia- 
ble. On  le  dit  J  familièrement  J  de  ce  qui  eft  très- 
méchant  dans  fon  genre.  Il  faut  qu'un  homme  foit 
bien  endiablé,  pour  faire  un  parricide.  Il  y  a  un  che- 
min endiablé  pom  monter  au  haut  de  cette  monta- 
gne.   Luther ,  par  un  ftyle  qui  ne  donne  pas  un 
grand  fujet  d'eftime  pour  lui ,  ne  craint  pas  d'appe- 
ler tous  ceux  qui  croient  moins  que  lui  (  fur  l'Eu- 
chm(iie)  endiablés ,  pe:diMés ,  tranfdiablés.  PÉ- 
LissoN.  Subftantivement,  c'eft  un  endiablé. 


n.  Elle  endi.abloii  de  fe  voir  aban- 
donnée 


<3-onnée,  ceft-à-dire  ,  elle  enrageoic  j  elle  ctok  dé- 
folée.  Terme  populaire. 

ENDIMANCHER  ,  S'ENDIMANCHER.  v.  récip. 
Metuefcs  habicsda  Diiîianche.On  le  dic,  en  badi- 
nant, de  celai  qui  a  mis  fes  plus  beaux  habits.  Les 
Gafcons  difenc  s'endimenja. 

Endimanché  ,  ée.  parc. 

£NDING.  Fort  petite  ville  d'Allemagne,  dans  le  Brif- 
gaWjCn  Soiiciho.  Efidùiga.  Elle  elt  près  du  Rhin, 
environ  à  quatre  lieues  au-delïous  de  Brilach.  En- 
i//«j croie  autretois  ville  Impériale  &  libre,  il  eil 
maintenant  Ibumis  aux  Archiducs  d'Autriche. 

ENDIVE,  f.  f.  Plante  potagère  qui  elt  du  nombre  des 
chicorées.  Intuhus  j  ïnvubmn  ,  cndivia  j  chkorej. ,  Ja- 
tivj.  L'endive  efi:  une  efpèce  de  chicorée  qu'pn  cul- 
rive  dan'i  les  jardins ,  donc  les  racines  iont  hbrées , 
S>c  les  teuilles  longues  ,  larges  ,  lemblables  à  celles 
de  la  laitue ,  &  un  peu  amères.  Sa  tige  eft  d'une 
coudée  ,  ou  d'une  coudée  &  demie  ,  lilie  ,  creule  j 
branchue,  torcueufe  t5c  laiceufe,de  même  que  les 
racines.  Ses  fleurs  fonc  bleues,  lemblables  aux  fleurs 
de  la  chicorée  lauvage.  Ce  font  des  bouquets  à  de- 
mi-fleurons, pofés  chacun  lue  un  embryon,  &  fou- 
tenus  par  le  calice.  Lorlque  ces  fleurs  font  palFces  , 
les  feuilles  du  calice  fe  rapprochent,  tormenc  une 
capfule  qui  renterme  plulieurs  femences  anguleu- 
ies,  femblables,  pour  l'ordinaire,  à  un  petit  coin, 
ôc  garnies  dans  le  haut  d'un  rebord  membraneux. 
J^oyei\zs>Eiémens  de  Botan.  301.  M.  Tournefort 
l'appelle  Chicoriuni  lavjolhan  ,  d'autres  Intubus  Uu- 
JoUa,fivc  endlvLi  vulgans.  Il  y  a  une  endive  fauvage 
qui  ne  diffère  de  la  précédente  qu'en  ce  qu'elle  n'elt 
point  cultivée,  &  quefes  teuilles  foncplusétroites, 
i^  d'un  goât  plus  amer,  &  fa  tige  plus  rameuie. 

ENDIZELER.  V.  a.  C'ell  mettre  par  dizaine.  Nicot. 
Ce  mot »11  vieux,  &on  ditdizainepourdizeau,  Ôcc. 

ENDOCTRINER,  v.  a.  'Vieux  mot  qui  flgnihoit  inf- 
truire,  &  rendre  favant  quelqu'un.  Docerc  ,  erudirc. 
(  On  ledit  encore,  par  plaifanrerie,  en  ce  iensli.) 
Il  avoir  été  bien  endoctrine  dans  fa  jeuneire;  mais 

■  faute  de  continuer,  il  a  tout  oublié.  JÉsus-Cîirist 
commandai  fes  Difciples  d'(^/7£/c)c5ri//er  les  nations  j 
&:  de  baptifer  au  nom  du  Père  ,  du  Fils  t<.  du  Saint 
,£fprir. 

Au  figuré,  il  fignifie  inllruire  de  quelque  chofe  , 
donner  les  lumières  nécelFaires  fur  quclqu'affaire  , 
il  s'acquitera  biende  fa  commiflioa,  on  l'a  bien  cn- 
doclriné. 

Endoctriné,  ée.  part. 

ENDOCUS.  f.  m.  bifciple  de  Dédale,  fut  prcfqu'aufli 
habile  que  fon  maître.  Il  y  avoir ,  dans  la  Citadelle 
d'Athènes ,  une  Minerve  aflife  ,  fort  eftimée  ,  qui 
croit  fon  ouvrage.  La  reconnoillance  le  porta  à  ac- 
compagner par-tout  fon  maître  durant  fa  difgrace. 

ENDOLOMER.  v.  a.  'Vieux  mot.  Aifommer.  On  s'en 
lerr  encore  à  Touloufe. 

ENDOMMAGEMENT.  f  m.  Ce  mot  fe  trouve  dans 
Cotgrave  &  dans  Pomey,  pour  fignifier  ledomma- 
ge ,  le  dépériiremenc ,  iSc  la  détérioration  des  héri- 
tages, desmaifons,  &  des  meubles.  Vendommage- 
menc  de  ce  tableau  fera  caufe  qu'il  ne  fera  plus 
vendu.  On  ne  s'en  ferc  plus. 

'Endommager,  v.  a.  Dctrlmemum  affcrre ,  noccn. 
Porter  ou  caufer  du  dommage  à  quelque  choie.  Ce 
mur  a  été  lorc  endommagé  par  l'égoiit  des  eaux  du 
voifin.  Le  canon  a  forr  endommagé  cette  place.  Il 
avoit  appréhendé  qu'il  ne  fût  e/2io//2/72i7^e  d'enhauc. 
'Vaug. 

Endommagé,  ée.  part.  Damnum  paffus. 

Ce  mot  vient  du  Latin  in  damnum  a^ere  &  ne  fe 
dic  que  des  chofes. 

ENDOR.  Nom  de  lieu,  f/z-t/or.  Les  Interprètes  Grecs 
difent  Aendor,  ce  qui  revient  au  même.  Endor  ctoit 
une  ville  de  la  Terre-Sainte  ,  qui  tomba  à  la  partie 
de  la  Tribu  de  Manalfé,  qui  demeuroit  en  de-çà  du 
Jourdain.  £'«afo/- étoic  proche  de  la  moncagne'd'E- 
phraim.  Jof.  XFII.  1 1.  C'eft  à  Endor  qac  demeu- 
roit la  Pythonilfe  que  Saiil  confulca.  L.  des  Roi 
Tome  III. 


OiS 


END  (Î97 

XXFIII.  7.  Ced-là  aufli  que  l'armée  deSifarafuc 
détaite.  Pj:  LXXFII.  11. 

Ce  mot  eft  Hébreu  ,  compofé  de  deux  noms , 
fV,  ain,  qui  (ignihe  ced  &c  fontaine  5  6i  de  l,,^,  dor  ^ 
qui  iigniîiQ  génération,  mais  qui  femble  être  là  nom 
propre  :  de  lorte  que  Endor^  c'cft  la  fontaine  de 
Dor.  Plufieurs  noms  dehcu  de  la  Paleftinefontcom- 
polcs  de  ce  nomp;;,  ain,  ou  en ,  parce  que ,  dans  ce 
pays  lec  &  aride  ,  les  peuplades,  les  habitations , 
fe  faifoient  aux  lieux  oii  il  y  avoir  des  fontaines , 
pour  la  comr.iodité  de  l'eau. 

ENDORxMEUR  f  m.  Qui  endorr.  Il  ne  feditqu'aufi- 
guté  j  pour  dire  enjôleur.  Il  e(l  d'ufage ,  dans  cette 
phrafe  proverbiale  ,  un  endormeur  Ac  mulots ,  pour' 
dire  un  conteur  de  fariboles,  un  difeur  de  paroles 
riatteulcs,  à  delFein  d'endormir ,  &i  de  tromper  plus 
hnement. 

ENDORMIE,  f.  f.  Hyofcyamus.  Il  yen  a  qui  appellenc 
ainli  la  plante  que  l'on  nomme,  ordinairement, 
jufquuime,  (?cdont  il  y  a  deux  efpèces.  On  l'appelle 
endormie,  parce  qu'elle  eft  narcotique,  afl'oupillante, 
&  fouventmême  mortelle  aux  animaux  qui  en  man- 
gent. Le  PèreRapin  l'appelle  ufciamus.  Foye^Jus- 

QUIAME. 

On  dit,  populairernenr ,  qu'un  homme  a  mangé 
de  l'endormie ,  lorfqu'il  dort  rrop  long-temps,  £c 
qu'on  a  de  la  peine  à  le  réveiller. 
ENDORMIR,  v.  a.  Sopire,  foporare.  Exciter  le  fom- 
meil,  faire  dormir.  On  endort  les  enians  à  force  de 
les  bercer.  Le  vin ,  la  longue  Mufique,  le  bruit  des 
fontaines  endorment. 

Les  grâces  prenaient  foin  de  fa  première  enfance. 

Un  ejj'ain  voltigeant,  de  miel  le  uourrijjoit ^ 

Des  Cignes  /  endormoient ,  un  amour  le  bercoi:. 

Endormir,  fignifie,  au  figuré,  tromper  quelqu'un 
par  de  grandes  efpcrances,  l'amufcr  par  de  belles 
paroles.  Endormons  avec  art  nos  plus  fiers  ennemis. 
S.  EvR.  Il  ne  faut  pas  endormir  le  pécheur  par  de 
faufles  efpérances  ,  ni  l'efiaroucher  par  àts,  craintes 
mal  fondées.  Flech.  L'amour  propre  fait  que  nous 
fommes  ailément  la  dupe  des  faulfes  louanges  dont 
on  nous  endort.  Bell.  Les  perfonncs  habiles  endor- 
ment la  prudence  de  ceux  qu'ils  n'aiment  point,  par 
des  avances  d'amitié.  S.  Evr. 

1^  On  dit  aufli  qu'une  chofe  qui  ennuie  beau- 
coup endort,  qu'un  méchant  Orateur  endort  fon 
auditoire.  Cette  pièce  eft  h  ennuyeufe  qu'elle  eWorr, 

Allci  de  vos  fermons  endormir  V  Auditoire. 

ffT  S'Endormir,  dans  le  fcns  propre,  c'eft  commen- 
cer à  dormir ,  s'alloupir.  Oùdormifcere  ,  connivere. 
Je  ne  faurois  m  endormir.  Cet  homme  ne  lépondoic 
pas  jufte  j  il  s  endormait. 

Endormir,  fignihe  aufli  engourdir.  Torporem afferre  j 
torporare.  On  lui  a  endormi  L-  bras  avant  que  de  le 
couper.  Endormir  le  mal  de  dents. 

S'Endormir,  fignifie,  figurément,  négliger  le  foin  de 
fes  affaires  ,  ou  fon  devoir,  manquer  à  l'attention 
nécelfaire.  Indormirc ,  torpcfcere ,  torpere. 

Le  plus  fage  s'anàonfur  la  foi  des  Zéphirs. 

ViLL, 

Le  mérite  en  repos  /endor:  dans  lapareffe.  Boit. 

On  dic  qu'un  pécheur  eft  endormi  dans  ion  pé- 
ché \  pour  dire  qu'il  ne  fongc  pas  à  s'en  retirer ,  & 
à  s'en  repentir.  S'endormir  dans  une  lâche  &  molle 
oilîveté.  BoiL.  Ons'eftime,  &  on  s'admire  foi-mê- 
me adèz  injuftemenr,  &:,  s' endormant  far  cette  ef- 
time,  on  courr  toujours  pour  connoître  les  autres, 
&  l'on  ignore  profondément  ce  que  Fuji  eft.  M. 

ScUD. 

îfT  S'Endormir  dans  le  Seigneur,  expreflîon  prife 
dans  l'Écriture,  qui  fignifie  mourir.  Hélas  !  à  pro- 
pos de  dormir  j  le  pauvre  M.  de  Saintes  s  sil  endormi 

Ttt  c 


698  E  N  D 

cetrenuit  au  Seigneur  d'un  fommell  éternel,  M.  De 
Sev.  ObdormLvic in  Domino.  Cette  manière  de  par- 
ler s'applique  principalement  à  la  mort  des  Saines. 

Endormi,  ie.  part.  Il  a  les  ligniHcationsde  fon  verbe. 
J'ai  la  jambe  endormie.  Un  homme  endormi.  Un 
efprit  endormi,  c'eft-à  dire  j  un  ftupide.  Acad-  Fr. 
Il  y  a  des  pallions  h  vives  j  qu'il  faut  que  la  raifon 
les  retienne,  &  d'autres  li  endormies ,  qu'il  faut  que 
cette  même  laifon  les  réveille.  M.  Scud.  Les  afflic- 
tions réveillent  les  confcieiices  endormies ,  &  les  ap- 
pliquent à  la  pratique  des  devoirs  de  la  vie  Chré- 
tienne. Fléch.  La  variété  des  matières  ik.  des  ftyles 
efc  toute  propre  à  réveiller  tk.  à  réjouir  les  ledeurs 
les  plus  endormis.  Bouh. 

La  rage  endormie  eil  une  maladie  des  chiens,  qui 
les  abat  eniorte  qu'ils  font  toujours  couchés,  & 
iemblent  vouloir  toujours  dormir.  Cet  ailoupille- 
ir.ent  vient  d'une  humeur  maligne  qui  occupe  le 
cerveau  des  chiens  ,  &c  les  engourdit.  0\\  les  guérit 
en  les  purgeant  avec  du  vin  blanc ,  du  jus  d'abiyn- 
the ,  chacun  dans  la  pefanteur  de  hx  écus ,  le  poids 
de  deux  écus  de  poudre  d'alocs ,  autant  de  corne  de 
cerf  brûlée  ,  &  deux  drachmes  d'amaric ,  le  tout 
mêlé  enfemble.  Liger.  On  dit,  en  termes  de  Ma- 
rine j  qu'un  vailfeau  eft  endormi  j  quand  ,  après 
avoir  été  arrêté,  il  n'a  pas  encore  repris  fou  erre. 

ENi^ORÀilSSEMENT.  f  m.  Airoupiifemenr.  Sopor^, 
Torpèr.  Il  ne  s'emploie  guère  qu'au  figuré.  L'habi- 
tude du  péché  caufe  un  certain  endormijjement  q\x\ 
empêche  les  hommes  de  fonger  à  leur  faiut.  Acad. 
Franc. 

La  harangue  de  M.  d'Aubray  achevée  j  qui  fut 
ouye  avec  un  ii  grand  iilence  &  attention  j  beaucoup 
de  gens  demeurèrent  bien  camus  &  çlfonnés ,  &  ne 
fut  de  longtemps' après  toulfy  ny  craché  juyfaic  au- 
cun bruit,  comme  fi  les  auditeurs  eulTent  eifé  fra- 
pés  d'un  coup  du  ciel ,  ou  alFoupis  en  un  profond 

endormijjemenc  d'efptit Sat.  Mén.  tome  premier 

j>age  IÇ2. 

ce?  Ce  mot  ne  fe  trouve  plus  dans  l'édition  du 
Didionnaire  de  l'Académie  de  1762.  Il  eft  vieux, 
&  hors  d'ufagc. 

ENDORMiSSON.  f.  m.  Torpor _,  torpédo  ,  Jlupor. 
C'elf  un  vieux  mot,  qui  (ignifioitla  diipoîiiion  des 
membres  endormis  ,  engourdis  *,  on  ne  die  plus 
endormijjon,  ni  même  endormlffement ,  l'un  &  l'au- 
tre eft  dans  Nicot. 

ENDOSSE,  f  f.  Prononcez  la  pénultième  longue  , 
comme  dans  folfe  ,  grolle.  La  charge,  l'incom- 
modité de  quelqu'aftaire.  Onus ,  iahor.  Cette  com- 
pagnie ne  vous  a  pas  trouvé  en  votre  maifon  de 
campagne  ,  '  j'ai  eu  ïendojj'e  de  la  recevoir.  Il  eft  un 
peu  bas. 

ENDOSSEMENT,  f.  m.  L'écriture  qui  eft  au  dos  d'un 
a£te.  Referiptioj  infcriptio.  C'eftainii  qu'on  appelle 
endojjement ,  la  quittance  qu'un  créancier  met  au 
dos  de  l'obligation  de  fon  débiteur  ,  de  ce  qu'il  a 
reçu  en  l'acquit  &c  en  déduction  de  fon  dû. 

§3"  La  quittance  que  le  Seigneur  ou  fon  rece- 
veur donne  au  dos  du  contrat  d'acquifition  d'un 
héritage  dépendant  de  fa  Seigneurie  s'appelle  auiîi 
endoffement.  Ferr. 

|]C?  Mais  ce  terme  fe  dit,  plus  particulièrement , 
de  l'ordre  que  quelqu'un  palïe  au  profit  d'un  autre, 
au  dos  d'une  lettre  de  change  tirée  au  profit  de  l'en- 
dolfeur.  Ces  lettres  peuvent  palier  de  main  en  main 
à  plufieurs  Endofleurs  3  4'^nt  chacun  ,  en  la  Eiifant 
paffer  au  profit  d'un  autre ,  met  fon  endoffement. 

ENDOSSER.  V.  a.  Mettre  fur  fon  dos.  Dorfo  imponere, 
induere ,  c'ircumdare  humeris.  Voici  la  guerre  qui 
vient,  il  faut  e.^c/o/Zer le  harnois.  Cette  expre(Tion 
eft  d'un  ufage  alfez  fréquent  j  dans  le  ftyle  badin  & 
dms  la  converfatinn,  en  parlant  de  ceux  qui  pren- 
nent le  parti  de  la  robe. 

Y  voit-on  des  favans  en  Droit  ^  en  Médecine  , 
EndofTer  l' écarlate  ^  &  fe  fourrer  d'hermine  ?  3oil. 

Jl  s'habille  en  Berger^  endofTe  un  hoqueton.Yom. 


E  N  D 

Endosser,  figni  fie  aiuTi  écrire  fur  le  dos  d'une  obli- 
gation ,  d'une  lettre  de  change  ,  d'un  mandement, 
d'une  refcription ,  quelqu'ordre  ou  quittance.  ReJ~ 
cribere ,  injcribcre.  Cette  lettre  ne  fublifte  plus  que 
pour  mille  trancs,  elle  eft  endoffee à\iiu.ï^\\xs.  Toute 
quittance  de  finance  doit  être  endofj'ee  par  le  Con- 
trôleur Général.  Ce  mot,  en  ce  fens,  vient  de  i/z- 
dorfare i  qu'on  a  dit  dans  la  bafie  Latinité,  parce 
qu'on  mettoit  autrefois  les  allignations  au  dos  des 
commillîons  des  Juges.  On  met  encore  plufieurs 
lignifications  au  dos  des  a6tes  &  des  pièces. 

Endosser  un  livre.  Terme  de  Relieur.  C'eft  en  for- 
mer le  dos  ,  en  le  fortifiant  entre  les  nerfs  avec  de 
bon  parchemin  &  de  la  colle  forte.  Libri  dorjuni 
munire.  Pour  endoffer  un  livre  ,  on  en  gratte  le  dos 
avec  le  grattoir  ,  afin  d'y  faire  entrer  la  colle  de  fa- 
rine ,  dont  d'abord  on  l'encolle. 

liNDossÉ  ,  ÉE.  part. 

ENDOSSEUR,  f  m.  Terme  de  Banquier.  C'eft  celui 
qui  endoife  &  écrit  fon  ordre  fur  le  dos  d'une  let- 
tre de  change  J  pour  la  faire  payer  à  quelqu'un.  Inj- 
criptor. 

ENDOVELLIQUE.  f  m.  Terme  deMytliologie.  Nom 
d'un  faux  Dieu  de  l'Antiquité  payenne.  hndovcUi- 
cus  3  Endovelicus  3  EndovoUlcus.  Nous  ne  connoif- 
fons  ce  Dieu  que  par  douze  infcriptions  que  Gruter 
a  mifes  dans  fon  P<.ecueil  ,  page  LXXXVII  Se 
LXXXVIII.  Ces  infciiptions  ont  toutes  été  trou- 
vées à  Villa-viciofa,  bourg  de  l'Alentejo  ,  où  les 
Pvois  de  Portugal  ont  un  château  :  ce  qui  montre 
que  c'étoit  un  Dieu  particulier  de  ce  pays.  Ce  font 
des  vœux  faits  à  ce  Dieu  ,  lequel  j  outre  les  trois 
noms  que  j'ai  écrits  en  Latin  ,  eft  nommé  dans  la 

I  dixième  infcription  Enobolicus  ;  mais  apparem- 
ment qu'il  manque  un  d  ,  ou  dans  Gruter,  ou  dans 
l'Inlcription.  Les  épithètes  qu'on  lui  donne  font  , 
Deo' Endoveli.ico  ,  Deo  Sancto  Endovellico. 
La  première  le  qualifie  de  Dieu  d'une  Puifiance  j 
ou  d'une  Divinité  très-excellente  ,  &  très-efficace  j 
Deo  Endovelico  pr^stantissimi  et  pr^esentis- 
siMi  NBMiNis.  C'eft  tout  ce  qu'elles  nous  appren- 
nent. 

EN  DOUILLE.  Foye^  ANDOUILLE. 

ENDOUILLERS.  Foye:{  ANDOUILLERS. 

ENDOYER.  v.  a.  Vieux  mot.  Montrer  au  doigt.  Il  eft 
fait  à'Indigitare  j  parce  qu'autrefois  on  difoit  le  doi^ 
pour  le  doigt, 

ENDRACHENDRACH.  f.  m.  C'eft  un  arbre  granJ 
&  gros  qui  croît  dans  l'Ille  de  Madagafcar.  Son  bois 
eft  pefant ,  jaune ^  dur  comme  le  fer,  &  qui  a  l'o- 
deur du  fantal  citrin  :  il  eft  aufli  incorruptible,  &: 
ne  reçoit  pas  plus  d'altération  fous  tetre  que  le  mar- 
bre. C'eft  pour  cette  raifon  que  les  habitans  du  pays 
lui  ont  donné  cenomj  qui  fignifie  dans  leur  langue, 

S     perpétuel  &  fans  fin. 
ENDRENOS.  Petite   ville  autrefois   Epifcopale. 
Adranc.  Elle  eft  dans  l'Anatolie  propre  ,  proche  la 
ville  de  Bourfe.  Maty. 

ENDROIT,  f.  m.  On  demande  comment  il  faut  pro- 
noncer ce  mot.  Le  mieux  eft  de  prononcer  endrouet, 
8c  endrouêts  au  pluriel  :  mais,  dans  le  difcours  ordi- 
naire &  même  généralement  j  on  prononce  en- 
dret,  &  au  pluriel  endrêts.  Cet  ufage  eft  fi  untver- 
fel ,  qu'on  ne  peut  condamner  cette  prononciation. 
1^  Ce  mot  eft,  ordinairement  j  employé  comme 
fynonyme  de  lieu  &  place  :  mais  il  faut  obferver, 
avec  M.  l'Abbé  Girard  j  qu'il  n'indique  proprement 
que  la  partie  d'un  efpace  plus  étendu.  Lieu  marque 
un  total  d'efpace  j  un  efpace  plus  étendu  3  moins 
limité.  On  eft  dans  le  lieu ,  on  cherche  Vendrait. 
Paris  eft  le  lieu  du  monde  le  plus  agréable  ;  mais  il 
faut  courir  dans  tous  les  endroits  de  la  ville  pour 
trouver  quelqu'un  à  qui  l'on  a  affaire. 

^fT  Quant  au  mot  place ,  il  infiniie  une  idée 
d'ordre  &  d'arrangement.  On  occupe  une  place  à 
table  dans  une  aflemblée.  Voilà  un  bel  endroit  pour 
bâtir.  Cette  nouvelle  lui  eft  venue  de  plufieurs  en- 
droits.  Locus  ,  fpatium. 

Endroit.  Ce  mot  fe  dit  aufli  fort  fouveut  en  parlant 


b 


END 

<3es  chofes  qne  l'on  mange  &  qu'on  coupe  ,  &  iî- 
gmfie  partie,  côté.  Pijr^  j  locus.  Voilà  le  meilleur 
c/toVd/'r  du  lapereau.  Vous  ne  me  donnez  pas  du  bon 
endroic.  Donnez-moi  de  cet  endro'u-Vx.  On  ledit, 
dans  le  môme  fens,en  parlant  d'une  partie  détermi- 
née du  corps  humain.  Voilà  ï'endroic  où  il  a  été 
blelfé. 
^Cr  Endroit,  fe  die,  dans  le  figuré,  pour  fignifier 
le  côté ,  la  qualité  des  chofes  ou  des  perl'onnes.  Dans 
un  panégyrique,  on  voit  les  hommes  du  beau  côté, 
par  le  bel  endroit  j  c'ellà-dire ,  par  les  chofes  qui 
leur  lont  les  plus  avantageufes.  Les  plus  beaux  ef- 
prits  ont  des  endroits  lombres  &:  ténébreux.  Nie. 
Vous  connollFez  cet  homme  par  [on  mauvais ,  par 
fon  vilain  endroit  j  par  fes  mauvaifes  qualités. 

i^Iais  voyons  l'homme  enjin  par  /es  plus  beaux  endroits. 

BoiL. 

IJCr  On 'dit  aufîî  prendre  quelqu'un  par  fon  en- 
droit fenhble  ,  par  ce  qui  le  touche  &  l'intérelîe  le 
plus. 

|iCr  On  le  dit  de  même  d'un  morceau  d'un  dif- 
cours  ,  d'une  partie  d'un  Poëme  ,  d'un  traité. 
Les  plus  beaux  endroits  d'Homère,  de  Virgile.  Il  y 
a  un  bel  endroit  dans  cette  tragédie. 
ENDROIT.  Le  côté  le  plus  beau  j  le  plus  doux  ,  le 
plus  uni,  le  plus  brillant  d'une  étoffe,  d'une  toile, 
Ôcc.  /Jdverjd  pars  ,  Jades  extinia  ,  exteriarfuperjî- 
desj  recla  frons.  Il  efl:  oppofé  à  l'e/iverj.  \J endroit 
d'un  velours,  d'un  fatiuj  d'un  brocard.  La  plupart 
des  étoffes ,  des  tapilferies ,  ne  fe  travaillent  pas 
par  l'endroit  j  mais  pa.ï  l'envers.  Les  colihchets  de 
Bourges  font  à  deux  endroits  j  c'ell  à  dire  ,  aulli 
beaux  ,  aulH  travaillés  d'un  côté  que  de  l'autre.  Il  y 
a  auOl  des  éroites  à  deux  endroits^  que  Budée  appelle 
Vejlcs  gemin.t ,  verjatiies  ,  rccia  utrin^ue  jrontls  j 
aquâ  utrinque  fuperjlcie. 

Ce  mot  vient  de  indirecîum.  NicoT. 
Xndroit  J  fe  met  quelquefois  adverbialement  ,  &:  (î- 
gnihe  j  envers.  Je  n'ai  point  de  fujet  de  me  plain- 
dre de  lui ,  il  en  a  toujours  bien  agi  en  mon  endroit. 
11  ell:  toujours  égal  à  l'endroit  de  les  amis.  On  dit, 
en  termes  de  Palais,  il  eft  enjoint  à  tous  les  Juges  fu- 
balternes  de  faire  exécuter  ce  règlement  chacun  en- 
droit foi.  Mais,  hors  de  là,  ces  laçons  de  parler,  en 
mon  endroit 3  à  l'endroit dQ  fes  amis,  ne  font  plus 
du  beau  langage  j  &  font  même  tout-à-fai:  popu- 
laires. On  dit  envers. 
ÊNDROMIT.  Petite  ville  de  la  Turquie  en  Afie  j 
que  l'on  appelle  autrement  Andrimitti ,  Landrimit- 
ti  ,  &  S.  Drimitti.  Adrainittum.  Elle  eft  dans  la  par- 
tie occidentale  de  rAnatolie,fur  le  Golfe  qui  porte 
fon  nom,  où  elle  a  un  petit  port  vis-à-vis  de  l'ille  de 
Mételin  ,  un  peu  cependant  plus  au  Nord.  Quelques 
Cartes  l'appellent  encore  Landrimetri. 

Le  Golfed'fw^rowif  ,oude  Landimerri.^ou  d'An- 

dramitti ,    Andramittenus  y  ou  Adramitticus  finus. 

Golfe  de  l'Archipel  ,  fitué  entre  l'ifle  de  Mételin  & 

la  côte  de  la  Natolie.  Il  prend  fon  nom  de  la   ville 

dont  nous  venons  de  ])arler.  Quelquefois  "on  donne 

moinsdétendue  à  ce  Golte ,  &  l'on  y  comprend  que 

ce  qui  eft  le  long  delà  côte  de  Natolie.  AÎaty. 

ENDUIRE,  v.  a.  Etendre  fur  la  furfacc  d'un  corps  une 

lubftance  molle  ;  couvrir   d'une  couche  de  plâtre, 

de  chaux  ou  d'autre  matière  détrempée.  Inducere  , 

illinere.On  le  dit,  premièrement, des  murailles  qu'on 

enduit  de  plâtre ,  de  chaux.  Il  fe  dit  aulli  des  vaif- 

feaux  ,  quand  on  les  enduit  de  poix ,  ou  de  goudron. 

Ou  quand  on  leur  donne  le  luif.  Enfin  ,  il  fe  dit  de 

pluheurs  menues  chofes    :  on  enduit  de  beurre  , 

d'huile  ,  de  colle  ,  de  vernis ,  &c.  Enduire  luie  mu- 

ïailie  avec  la  truelle.  Trul/iJJare: 

Ce  mot  vient  du  Latin  inducere. 

Enduire,  fe  dit  en  termes  de  Fauconnerie,  quand 

l'oifeau  digère  bien  fa  chair.  L'oifeau  n'enduit  pas 

bien,  ou  parce  qu'on  lui  donne  fi  groffe  goige, 

qu'il  ne  lapent  enduire.,  ni  rendre,  ou  parce  qu'il 

s'engorge  nop  fort  de  fa  proie  ,  ou  parce  qu'il  eft 


END  '<S99 

refroidi  :  alors  donnez-lui  ,  pàt  vif  baigné  en  fun 
fang  ,  lequel  le  remettra.  Au  foir  donnez-lui  qua- 
tre ou  cinq  clous  de  giroHe  froilfés  ,  &  mis  en  coton 
trempé  en  vin  vieux  :  cela  lui  échauffera  l'eftomac 
&  la  tète,  &  facilitera  fa  digeftion.  Pour  lui  faire 
rendre  fa  gorge  quand  il  ne  la  peut  enduire  ,  prenez 
un  peu  de  poudre  de  poivre  trempée  en  bon  .Se  fore 
vinaigre  que  vous  laillerez  infufer  quelque  temps. 
Puis  de  ce  vinaigre  vous  lui  laverez  la  bouche  ,  &c 
lui  en  mettrez  trois  ou  quatre  gouttes  dans  les  n.àril- 
les;  s'il  jette  fa  gorge  ,  arrofez-hii  les  mêmes  par- 
ties d'un  peu  de  vin  ,  puis  mettez  votre  oifeau  au 
foleil ,  ou  au  feu  \  &  il  jettera  fa  gorge. 

Quand  l'oifeau  e/îf/^i-r  fa  gorge  ,  &  qu'il  l'a  rend 
incontinent  après,  cela  vient  de  quelque  accident 
ou  par  corruption  d'eftomac  :  fi  c'eft  par  accident 
ce  qu'il  aura    jeté  ne  puera  point,  vous  lui  don- 
nerez un  peu  d'alocs ,  &  ne  le  paîtrez  de  fix  heures , 
&  lui  donnerez  un  bon  pât&:  peu.  S'il  jette  i\  gor- 
ge par  corruption  d'eftomac  ,  ce  qu'il  jetera  fentira 
mauvais  :  cela  vient  de  ce  qu'il  eft  pu  de  grolfes 
chairs  mal  nettes  ou  puantes.  Il  faut  prendre  garde 
que  la  chair  qu'on  lui  donne  foit  nette.  Vous  le 
mettrez  aufoleil,  &  l'eau  devant  lui  j  pour  boire, 
s'il  veut  j  &  ne  le  paîtrez  qu'au  loir  ,  à  petite  gorge , 
de  pat  vif,  arrofé  de  vin  :  pour  faire  retenir  le  pâc 
à  l'oifeau,  donnez-lui  de  petits  oifeaux  ,  desfouris  , 
ou  des  rats ,  jufqu'à  ce  qu'il  foit  guéri. 
E>ÎDuiT,  iTE.  part. 
ENDUISSON.  f.  f.  L'adion  d'enduire.  Illhus  ,  induc- 

tio.  Mot  inuiité. 
ENDUIT,  f.  m.  C'eft  une  légère  couche  qu'on  mec 
fut  les  chofes  qu'on  enduit.  Litura,iliitus  ,  teàorium: 
truUiJjatio.  Compohtion  faite  de  plâtre,  ou  de  chaux 
&  de  ciment ,  pour  revêtir  les  murs.  La  peinture  à 
trefque  le  fait  fur  un  enduit  de  plâtre.   Peindre  à 
frelque.  Teclorio  udc  colores  inducere.  l-^oyez  la-def- 
fus,  &  fur  les  enduits  qui  fervent  à  la  peinture  ,  ce 
qu'en  adit  M.  Félibien.  Les  Anciens  battoient  les 
enduits  après  les  avoir  appliqués.  Vitru.  La  chaux 
faite  avec  les  pierres  les  plus  dures  eft  la  meilleure 
pour  la  maçonnerie,  &  celle  qui  eft  faite  de  pierre 
fpongieufe  eft  plus  propre  pour  les  enduits. 
Enduit,  f.  m.  En  termes  de  peinture  fe  dit ,    i°.  des 
couleurs  de  chaux  qu'on  applique  fur  les  murailles 
que  l'on  peint  à  frefque  ;  z".  des  couches  de  cou- 
leurs. Un  enduit  de  fl:uc ,  un  enduit  de  couleurs.  On 
dit  mieux  couche. 
ENDURANT,  ante.  adj.  Patient,  qui  fouffre  plu- 
fleurs  chofes  fans   murmurer.  Patiens  ,  ohj'cquens. 
Cet  homme  eft  altier  &;  peu  endurant.  Les  plus  igno- 
rans  en  matière  de  Religion  font   d'ordinaire  les 
^las  mû  endurans.  S.  EvR.  Bourfaut  qui  n'étoitpas 
né  endurant ,  fit  la  petite  Comédie  intitulée  La  Sa- 
tyre des  Satyres, ol\,  mettant  Defpréaux  fur  la  fcène, 
il  joua  publiquement  celui  qui  fe  croyoit  feul  eu 
droit  de  jouer  les  autres.  Journ.  des  Sav.  On  l'em- 
ploie le  plus  fouvent  avec  la  négative, 
ENDURCIR.  V.  a.  Rendre  dur.  Durare ,  indurare , 
obdurare.  La  trempe  du  jus  de  raifort  endurcit  le  fer; 
mais  elle  le    rend  caffant.  Durcir  en  ce  fens  vauc 
mieux  qu'e/Ji/uraV.  La  gelée  endurcit  la  viande. 
>,fT  Endurcir,  fignifie  aulli  rendre  robufte  ;  le  tra- 
vail ,  la  chalfe  endurcit  le  corps. 

CCT  On  le  dit  aufli  pour  accoutumer  quelqu'un  à 
quelque  chofe  de  pénible.  Endurcir  les  jeunes  gens 
au  travail. f/zc/araV quelqu'un  au  froid  ,  au, chaud. 
S'Endurcir.  V.  récip.  Devenir  dur.  Durefccre.  Le  co- 
rail s'endurcit  à  l'air.  La  plante  des  pieds  s  endurcit  à 
force  de  marcher. 
s'Endurcir,  fignifie  aulTi  s'rccoutumer  ,  réfifter.^/- 
fuefcere  ,  obcallefcere  j  obdurefcere  ^  percallere.  Les 
écoliers  sendurcijjent  au  fouet.  Les  corps  des  fol- 
dats  s'endurci£ent3.  la  fatigue.  Les  chevaux  de  pof- 
te  s' endurci]] ent  à  l'éperon.  S'endurcir  au  travail. 
Ablanc.  « 

Endurcir  j  fe  dit,  figurément,  en  chofes  fpirituellcs , 
&:  fignifie  rendre  infenfible.  Si  j'avois  appris  fon 
changement  avant  fa  mort ,  la  colère  &  la  jaloufie 

T  1 1  1 1  j 


yoo  END 

m'auroient  rempli ,  &  m  àmoieni  endurci  conx^ela. 
douleur  de  fa  perte.  P.  de  Cl.  Oùdurare.  Un  Ambal- 
fadeur  s&ndurc'u  contre  les  lenteurs  ,  contre  les  re- 
proches j  &  contre  les  difficultés  ,  pour  amener  les 
choies  au  point  où  il  les  fouhaite.  La  Bruy.  S'e/i- 
durclr  à  la  douleur.  Callum  obducere  dolon.  Il  a  l'ef- 
prit  endurci  contre  les  remontrances.  Une  ame  qui 
ell  endurùe  dans  le  péché  ell  capable  de  tous  les  cri- 
mes. Le  cœur  de  Pharaon  s  éioiz  endura  contre  les 
Juifs,  &  nef«  rendit  point  aux  miracles  qu'il  voyoit. 
Lapauvretéprépare  à  mieux  écouter  les  exhortations 
à  la  repentance  ;  au  lieu  que  la  profpérué  endurcie 
■les  impénitens.  Il  fignihe  aulli  rendre  impitoyable. 
Cet  homme  s'eit  endurci  contre  les  misères  d'au 
trui.  S.  EvR.  EnduràJJe:^  vous  fibiep  li-deirus  qu'on 
ne  remarque  en  vous  aucune  fenfibilité  naturelle. 
£ouH.  Xav.  Liv.  VI. 

Endurcis-w/  le  cœur ,  fois  Arabe ,  Corfaire , 
JS'e  va  point  fottemenc  faire  le  généreux.  Bo il. 

Crois  que  dansfon  dépit  mon  ca:«r  e/?  endurci , 
Cléone ;  &s'il  fe  peut  jfais  le  moi  croire  aujjl. 

Endurci  ,  ie.  part.  Il  a  les  fignifications  du  verbe. 
On  dit  un  cœur  endurci ,  qui  eft  fans  tendrelfe  ,  fans 
pitic ,  fans  charité.  En  termes  d'Ecriture  Sainte  &  de 
Théologie,  un  pécheur  endurci  ^  eft  celui  qui ,  par 
fes  infidélités  aux  grâces  de  Dieu ,  &  fon  obltinatiftn 
dans  le  péché,  s'elt  attiré  les  plus  terribles  eftets  de 
la  colèrede  Dieu  ,  dont  les  Jugeniens  font  toujours 
julles ,  quoiqu'ils  foient  fouvent  impénétrables.  Les 
UniverfitésLuthériennes  d'Allemagne  font  lort  par- 
tagées fur  l'état  àas  endurcis  :  plufieurs  de  leurs  Doc- 
teurs ont  fait,  depuis  quelques  années,bien  des  livres 
là-delRis  &  ont  été  fouvent  à  des  extrémités  toutes 
oppofées ,  &c  également  dangereufes  ,  fuivant  le  gé- 
nie de  l'héréfie,  qui  n'évite  guère  une  erreur  que 
pour  tomber  dans  une  autre.  Pour  développer  cette 
matière  fuivant  les  principes  c!e  S.  Augullin  &  delà 
plus  faine  Théologie  ,  il  faut  fivoir  qu'il  n'y  a  point 
d'endurci  qui  ne  fe  foit  attiré  fon  malheur  par  les 
péchés  j  Dieu  n'abandonnant  jamais  que  ceux  qui 
l'ont  abandonné;  qu'on  a  raifonde  dire  en  ce  fens, 
que  les  endurcis  foulfrent  la  punition  de  leurs  péchés 
cédens  \  qu'il  y  a  des  enduras  auxquels  Dieu  rél^ule 
certaines  grâces  fpcciales  ,  d'autres  auxquels  il  ne 
donne  point  certaines  grâces  plus  communes.  Ceux 
qui  difent  qu'il  y  a  des  endurcis  ,  auxquels  Dieu 
ne  donne  abfolument  aucune  grâce  ,  quelle  qu'elle 
foie ,  font  obligés  de  reconnoître ,  ou  que  les  pé- 
chés qu'ils  commettent  dans  la  fuite  ne  leur  font 
plus  imputés ,  ce  qui  paroît  dur  &  contraire  à  quel- 
ques expreffions  de  l'Ecriture  \  ou  que  Dieu  leur  im- 
pute les  péchés  aétuels  qu'ils  n'ont  pu  abfolument 
éviter ,  ce  qui  eft  contre  la  dodtrine  de  S.  Auguftin  , 
&  les  décifions  de  l'Eglife  ;  ou  que  Dieu  ne  leur 
impute  de  nouveaux  péchés,  que  ceux  qu'ils  ont 
pu  éviter  par  les  feules  forces  de  leur  libre  arbi- 
tre ,  comme  l'ont  cru  Toilat ,  &  quelques  anciens 
Théologiens.  Voy. Bellarmin ,  Controverf.Tom.  IV. 
L.  II,  c.  6.  Il  vaut  donc  mieux  dite  que  les  endurcis 
même  ont  toujours  les  fecoursfuffifans  «Sinéceifai- 
res  pour  éviter  le  péché ,  &  garder  les  comman- 
demens. 

ENDURCISSEMENT,  f.  m.  Dureté  de  cœur  &  de 
confcience.  Induratïo  ,  callum  j  contracla  duritics. 
Il  ne  fe  dit  qu'au  figuré,  pour  marquer  une  grande 
accoutumance  au  vice  ,  &une  réfiftanceà  toutes  les 
bonnes  remontrances  ;  l'état  d'une  ame  qui  n'a  plus 
de  fentiment  pour  la  vertu ,  ni  pour  les  chofes  de 
Dieu.  On  défefpcre  du  falut  d'une  ame,  quand  elle 
eft  tombée  dans  rendurcilfemenr.  La  timide  inno- 
cence n'arrive  pas  tout-d'un-coup  à  YendurciJJement 
tranquille  des  fcélérats,  D.  G.  P.  Elle  pleure  au  pied 
de  la  croix  ['endurciffement  de  fes  hlles.  Patru.  L't-w- 
durciffementdapéchein  eilh  plas  terrible  de  tous 
les  châtimens  de  cette  vie. 

ENDUREiR.  V.  a. Supporter ,  ioiifftk.Sufferre  ,durare. 


END     E  N  E 

Un  Philofophe  endure  conftamment  les  adveriicési 
Un  Chrétien  doit  endurer  les  injures  ,  les  oppio- 
bres ,  les  perfécunoiis  pour  l'amour  de  fon  ^laitre. 
Dans  les  tourmcns  où  je  fuis,  il  me  feroit  plus  aiic 
d'endurer  \a.  mon  ,  que  de  foufirirla  vie.  Voit. 

§3"  Souflrir ,  endurer  ,  fupporter ,  fynonymes 
par  l'idée  générale  qu'ils  prélcntent ,  mais  diftm- 
gués  par  des  nuances  particulières.  Souffrir  ,d'n  M. 
l'Abbé  Girard  j  fe  dit  d'une  manière  abfolue.  Ou 
foujfre  le  mal  dont  on  ne  le  vange  point.  Support 
ter  regarde  proprement  les  défauts  perfonnels.  f^'oy. 
ces  mots,  hndurcr  a  rapport  au  temps.  On  endure  le 
mal  dont  on  diticre  à  fe  vanger. 

^fj  On  endure  avec  dilfimulation.  La  politique 
fait  endurer  le  joug  qu'on  n'clt  pas  en  état  de  fe-. 
couer. 
Endurer,  fîgnifîe  aufli ,  permettre,  fouffrir  qu'on 
falfe.  Dare  veniam ,  pati.  il  ne  faut  pas  cju'un  Ma- 
gifcrat  <;«(/^rd  qu'on  blasphème  le  nom  de  Dieu; 
qu'il  endure  le  vice  ,  le  Icandale. 

Té.ndmei.  feulement  que  je  vous  trouve  belle  : 

C'ejltoutce  que  je  demande  de  vous.  La  S.*bi:.s 

Ce  mot  s'emploie  quelquefois  abfolument.  C'eft 
trop  endurer  de  fes  infolences.  Je  n'endurerai  pas 
davantage  de  fa  mauv.iife  humeur.  J'en  ai  déjà  trop 
endure'. 

ffT  Ce  mot  endurer ,  dit  Voltaire  ,  eft  du  ftyle  ds 
Comédie.  On  ne  dit  que  dans  ledifcours  le  plus  fa- 
milier ,  )  endure  que  ,  je  n'endure  pas  que  ,  &Cc.  Le 
terme  e^u'^^er  ne  s'admet  dans  le  Ityle  noble  qu'a- 
vec un  accufatif,  les  peines  que  ']' endure. 

Enduré  ,  ée.  part. 

ENDYMION.  f.  m.  Fils  d'^thilius  &  de  Chalice 
félon  Apollodore  ,  régna  dans  l'Elide. 

E  N  E. 

ENE.  Les  mots  François  terminés  en  êne  ont  tous 
la  pénultième  longue  ,  &  riment  avec  ceux  qui 
fe  terminent  en  aine  ,  g'^ne  j  chêne  ^  quercus ^  chaî- 
ne J  catena  _,  &c. 

ÊNE.  Efna.  Ville  de  la  Tribu  de  Juda.  Jof.  XV,  43. 
S.  Jérôme  l'appelle  Afna  ,  &  d'autres  Afchna.  Il  y 
en  avoir  encore  une  autre  de  même  nom  dans  la 
même  Tribu  ,  fituée  dans  la  plaine,  loi.  XV.  3  5.  Il 
ne  faut  point  confondre  ces  deux  vil'es. 

ENE,  uu  EN  A.  Ancien  titre  que  les  Dames  Aquitai- 
nes mettoient  à  la  tête  de  leurs  noms.  Il  fignitioit  la 
niême  chofe  que  Dame  ,  &  ne  fe  portoit  que  par 
les  femmes  dont  les  maris  écoient  d'un  rang  diflin- 
gué.  M.  de  Marca  dit  qu'en  Catalogne  les  Grands 
Seigneur  fe  nommoient  en. 

ÉNHÂNGILER.  Foye^  TALISMAN. 

ENÉCOPING.  Voyei  ENKOPING. 

ENEE.  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  JEneas.  L'un 
des  principaux  Chefs  des  Troyens  étoit  Enée^  fils 
d'Anchife  &  de  Vénus.  Enée  ,  étoit  Dardanien  ,  &: 
commandoit  au  Siège  de  Troie  les  Dardaniens. 
Après  la  prife  de  Troye  ,  il  erra  long-temps  ,ic  ar- 
riva enfin  en  Italie  ,  où  il  fonda  le  Royaume  d'Albe, 
qui  dans  la  fuite  fut  joint  à  celui  de  Rome.  Dg  lui 
defcendoir  Romulus  par  fa  mère  Rhéa  Syivia  \  Sc 
les  Jules  de  l'ancienne  Rome  ,  ou  la  famille  de  Ju- 
lia  prétendoit  defcendie  du  hls  d'Enée  nommé  Af- 
canius  8c  lulus.  Nous  confervons  ce  nom  dans  Cx 
forme  latine,  quand  il  a  un  furnom  latin  ajouté. 
Ainli  nous  difons  ^neas  Silvius  IV'  Roi  des  La- 
tins régna  41  ans.  Il  y  a  des  Savansqni  révoquent  en 
doute  le  pain-iged'^'/^^^  en  Italie.  Ils  prétendent  qu'a- 
près la  deftruèlion  de  Troye  fi  poftérité  régna  en 
Phrygie,  t'v'  ils  fe  fondent  fur  un  vers  d'Hotnère qui 
femble  le  dire.  f^oy.  fur  cela  la  diflertation  de  Sa- 
muel Bochart. 

EN  ENHAUT,  EN  ENBAS,  EN  EMBAS. 
Vers  le  haut ,  vers  le  bas.  En  haut ,  en  bas.^  Sur- 
sum ,  deorsiim.  Les  plantes  poulfent  routes  uniformé- 
ment leurs  tiges  e/2  enhaut ,  Se  leurs  racines  en  enkis. 


ENE 

Les  grains  amoncelés  c!iez  les  Bi'aiïeurs  pour  gar- 
mer  j  ont  tous  leurs  germes  en  enbas.  Dodard  , 
Acad.  des  Se.  1700  AJem.p.  49.  Soit  que  les  grai- 
nes foient  ainoncelées  à  I'ait  ,  oa  lemées  en  terre 
il  eft  rare  &  comme  impollible  que  la  graine  retrou- 
ve lîtuée  de  manière  que  la  radicule  loit  en  enbas  j 
&  fa  plantule  en  cnhauc.  iD.ibid. 

|}3°  Voilà  un  en  qui  paroît  inutile  à  bien  des  gens 
qui  veulent  qu'on  dife  en  haut  is:  en  bas.  Pouller 
enkaut  j  félon  eux,  dit  autant  que  poulTer  e/2 e/z- 
hauc;  &  piquer  ,  ponlTer,  tendre  en  bas,  tout  au- 
tant que  piquer,  poulFer  j  tendre  en  enbas.  Sans  aous 
arrêtera  cette  remarque,  dont  nous  parlerons  ail- 
leurs ,  nous  obferverons  qu'on  auroit  tort  de  con- 
damner une  façon  de  parler  qui  fe  trouve  dans  la 
plupart  de  nos  meilleurs  écrivains. 

On  voit  de  plus  que  ces  Auteurs  écrivent  en  em- 
bas  par  une  m  j  parce  que  cette  lettre  fe  met  ordi- 
nairement au  lieu  de  \n  devant  le  ^^.     _ 
ÉNÊIDE.  f  f.  Pûëme  Héroïque  de  Virgile.  Énée  en 
ell  le  Héros,  .^neis. 

On  le  dit,  figurément  j  pour  un  Pocme  en  géné- 
ral ,  comme  on  dit  aiiffi  une  Iliade. 

Ne  fe  fouvient-'d  plus  quà  notre  grand  Alclde 
IL  sétoit  engagé  de  faire  une  Enéide  ? 

ÉNÉORÊMË.  f  m.  En&orema  ,  nubecula.  Terme  de 
Médecine  Efpèce  de  nuage  ou  de  fubftance  légère 
qui  nage  au  milieu  de  l'urine.  Ce  mot  etl  Grec  , 
£v«i*^«,  ce  qui  fe  tient  élevé  &  nage  dans  l'urine 
comme  une  toile  d'araignée  ,  du  verbe  «<«pÉ« ,  bi 
fuMime  attollo  ,  j'élève  en  haut ,  je  fufpens,  d'où 
l'on  a  compofé  iumpifun  ,  attollor  j  efferor ,  je  fuis 

fufpendu.    COLDË  ViLLARS. 

ÉNERAT,  ou  ÉNESAT.  Ville  de  France  dans  la 
Balfe  Auvergne  J  aux  environs  de  Riom ,  Se  qui  ap 
partient  au  Marquis  d'Eftiat. 

§3°  ENERGIE,  f  f. Terme  qui  s'applique  principale- 
ment au  caradlère  du  difcours  qui  peint  j  au  carac- 
tère du  ftyle  ,  aux  mots  qui  rendent  avec  autant 
d'exaétitude  que  de  précifion  la  vraie  valeur  des 
idées.  C'eft  en  cela  que  ce  terme  dit  quelque  ch9fe 
de  plus  que  celui  de  força  ,  appliqué  de  même  au 
difcours.  Energluj  vis  ,  vlrtus  verbi.  Il  y  a  dans  l'E- 
criture Sainte  des  exprefiions  d'une  grande  énergie. 
Difcours  plein  à  énergie. 

Toutefois  il  eft  vrai  qu  un  ton  plein  a''énergie 
Doit  des  cœurs  ajjoupis  guérir  la  léthargie. 

Sanleque. 


mue 


être  gouverne . 


C'eft  auffî  un  terme  dogmatique ,  qui  fignifie  opé 
ration.  Energia  ,  operatio.  Photin  nioit  la  Trinité  , 
ne  reconnoilfant  qu'une  feule  opération  ou  énergie 
dans  le  Père  ,  le  Verbe  ,  (Se  le  Sainr  Efprit. 

C'eft  un  mot  Grec,  !«§-/£'«,  qui  fignifie  force, 
efficace,  impredîon.  Il  eft  formé  de  la  prépolition  Iv 
&  de  'çv"  5  œuvre  ,  travail  ,  ouvrage. 
ÉNERGIQUE,  adj.  m.  &  f  Qui  a  de  l'énergie.  Dif- 
cours, ftyle  énergique.  Vous  pouviez  vous  fervir 
de  termes  plus  choihs ,  plus  propres  &  plus  énergi- 
ques. BoiL. 

On  a  donné  le  nom  d'Energiques  à  quelques  Hé- 
rétiques du  feizième  (lècle  ^  parce  qu'ils  difoient 
que  l'Euchariftieétoit  l'énergie  ôc  la  vertu  de  Jesus- 
ôiRisT,  &  ne  contenoit  pas  réellement  fon  corps 
&  fon  fang. 
ENERGIQUEMENT  J  adv.  D'une  manière  énergi- 
que. Foniter,  ejjicaciter.  Parler  énergiquement.  S'ex- 
primer énergiquement. 
ÉNERGUMÈNE,  f  m.  &  f.  Terme  dogmatique  dont 
,    on  fe  fort  pour  figniher  un  homme  poirérlé  du  Dia- 
ble f^oye^  Possession.  Energurr.cnus.  Papias  dit  que 


ENE  70Î 

5  >.L,^  Quuy<.i,Le ,  être  mis  en  œuvre  :  às  tf  2>i.  à^ 
i^'/n  ouvrage. 
EN  ERRER.  Voyez  ENARRHER. 

ENERVA  i  ION  ,f  f.  Ancien  terme d'Anatomie.  Nom 
que  l'on  donnoit  autrefois  aux  tendons  des  mufcles 
droits  de  l'abdomen.  Encrvatio.  Les  mufcles  droits 
de  l'abdomen  n'ont  pas  des  fibres  qui  aillent  dune 
extrémité  .i  l'autre  \  mais  ils  font  entrecoupés  pac 
des  endroits  nerveux,  que  les  Anciens  ont  appelés 
énervations  ,  quoiqu'ils  (oient  de  véritables  tendons. 
Leur  nombre  n'eft  pas  toujours  le  même  ;  puifque 
les  uns  en  ont  trois,  d'autres  quatre  ,  Se  quelquefois 

plus.    DlONlS. 

Enervation,  Terme  d'Hiftoire.  Sorte  de  fupplice 
fous  la  première  &  la  féconde  race  de  nos  Rois ,  le- 
quel confiftoit  à  appliquer  le  feu  fur  les  jarrets  & 
les  genoux  du  coup.ible.  Cela  s'appeloit  cuuteriare. 
Louis  d'Outremer  menaça  un  jour  Richard  I,  Duc 
de  Normandie,  qui  étoit  en  la  puillance  de  l'éner- 
ver. Cauteriatis  genibus  omni  illum  honore privari  mi~ 
natus  efl ,  dit  Guillaume  de  Jumiége  ,  liv.  4.  ch.  j. 

Enervation.  fe  dit  aufti,  en  médecine,  pour  abatte- 
ment de  i^orcesj  fur-tout  celui  qui  provient  de  la 
débauche.   Viriuni  proflatio. 

ÉNERVER,  V.  a.  Faire  perdre  aux  nerfs  leur  force, 
leur  ufage  ,  leur  fondtion  ,  foit  en  les  coupant,  ou 
en  les  aftoiblilfant  par  les  débauches  ,  ou  par  quel- 
que autre  caule.  Enervare.  La  jeunelfe  s'énerve  pac 
la  débauche.  Le  trop  grand  ufrge  du  vin  énerve. 

Enerver,  fe  dit,  figurément,  en  Morale,  &  figni- 
fie Amollir  j  affoiblir.  Dcbilitare,  emollire.  L'oifi- 
veté  &  les  plailirs  énervent  le  courage.  L'aftlitbion , 
la  nécellité  énervent  \'e{ç\\t,  émoullent  toute  fa  vi- 
gueur. On  énerve  la  Religion  quand  on  la  chan- 
ge. Fl.  Ce  n'eft  pas  un  petit  artihce  dans  la  difpute 
de  favoir  énerver  ik  atténuer  les  allégations  de  fon 
adverfaire.  Perroniana.  Trois  obftacles  qui  éner- 
vent toute  la  force  de  la  parole  de  Dieu.  Bourdae, 
Exhort.  I .  I ,  p.  51. 

Énerver,  en  termes  de  Manège,  feditaufiî  lorfqu'oii 
coupe  à  un  cheval  deux  tendons  qu'il  a  au  côté  de  la 
tête au-delfous  des  yeux,  &  quis'a'femblent  au  bouc 
du  nez.  On  énerve  un  cheval  pour  lui  delfécher  la 
tête  ,  &  la  rendre  plus  menue. 

Enervé  J  ée.  part.  Enervatus ^  enervis,  donc  le  fens 
propre  défigne  en  général  un  homme  dont  les  for- 
ces font  aftoiblies,  de  quelque  caule  que  provienne 
cet  aftoiblilîement.  Mais,  dans  l'ufage  ordinaire  ,  il 
femble  qu'il  défigneplusparticuliérementceux  dans 
qui  raftoiblilîemenc  eft  l'effet  de  la  débauche  du  vin 
6c  des  femmes. 

On  le  dit,  au  figuré,  du  ftyle  qui  n'a  ni  force,  ni 


noblelfe.  Cet  auteur  a  un  ftyle  énervé ^  rampant, 
fans  figures,  fne  nervis ,  altéra  j  quidquid  compofui ^ 
pars  ejje  putdt.   Horat. 

D'autres  trouvent  mon  ftyle  inégal,  énervé , 
£"  tiennent  qu'il  n'eft  point  de  Ji  chetive  plume 
.   Qui  de  tels  vers  ne  fît  chaque  jour  un  volume. 

Ces  mots  viennent  de  Nervus ,  nerf,  &  de  e  pri- 
vatif. Dans  l'ufage  ordinaire  on  confond  nerf,  os, 
mufcle  ,  &  on  dit,  d'un  homme  mufculeux,  qu'il 
eft  nerveux  ,  qu'il  eft  fort  i  &,  d'un  homme  atFoi- 
bli,  qu'il  eft  énervé. 
Enerve  ,  Terme  d'Hiftoire.  Il  y  a  dans  le  fécond  tome 
de  la  Defcription  de  la  Haute-Normandie,  une  Dif- 
fertation  curieufe  fur  le  tombeau  des  énervés.  C'eft 
le  tombeau  de  deux  Princes  âgés  de  feize  à  dixfepc 
ans,  de  la  race  de  Clovis ,  &  inconteftablcment  du 
fang  Royal  de  France,  comme  il  paroît  par  les  H.hus 
de  lis  qui  ornent  leur  tombeau.  ...  Il  eft  dans  l'E- 
glife  de  l'Abbaye  de  Jumiége.  ObJ.fur  les  Ecr.  mod. 
10.  24.pag.j7.  ^%. 


ce  font  des  furieux  qui  contrefont  les  aélions  du  ÉNETIQUE,  adj.  Mot  forgé  par  allufion  an  vin  cme- 

.r^.       11«/-  11/*  s  -^/'  t^  \-       •     •  -IX  I      -    \i  L.}^^\.^f    rym 


Di  able,  &  font  des  chofes  qu'on  croit  être  furnatu 
relies.  Le  Concile  d'Orange  prive  les  Energumèncs 
des  fonctions  du  Sacerdoce.  Du  Pin. 

Ce  mot  vient  du  Grec  içr^e-S-ei qui  fignifie  Itre  rc- 


tique.  On  dit  ici,  en  railLant,  que  les  Médecins  ne 
fe  fervent  plus  d'antimoine  que  pour  leurs  femmes, 
lorfqu'ils  s'en  veulent  défaire.  Quelques  uns  appel- 
lent ce  vin  ftibial,  vin  énéiique ,  ah  enccando ;  or 


701  E  N  F 

hérétique  j  pour  le  fchifme  qu'il  a  caufé  dans  la 
Médecine.  Gui-Patin. 

E  N  F. 

ENFAITEAU,  f.  m.  ou  FAITIERE.  Tiiiîe  en  den-si- 
canal  qu'on  mit  fur  les  faîtes  des  mailons.  Imhrex. 
Ces  fortes  de  tuiles  font  creufes ,  ou  en  demi-rond. 

ENFAITEMENT,  f.  m.  Table  ou  morceau  de  plomb 
qui  îe  met  fur  les  faîtes  des  maifons  couvertes  d'ar- 
doifes.  Tegulum  plumbcutn.  Il  y  a  des  enfauemens 
•de  plomb  avec  bourfeaux  ,  bavettes  &  membrons  ; 
&,au  bas  du  toîtjon  met  des  chêneaux  de  gouttières, 
ou  à  godet ,  pour  jeter  les  eaux  \  ou  bien  des  chê- 
neaux avec  des  couttes  carrées ,  ou  à  entonnoir,  & 
des  defcentes ,  le  tout  de  plomb.  Des  crochets  de 
fer  foutiennent  &:  arrêtent  les  enfaiuinens  &  les 
■chêneaux,  &C  le  nombre  des  crochets  égale  toujours 
celui  des  chevrons.  On  appelle  enfaîtemmt  à  jour , 
im  enfj.uemcntc{M  a  des  ornemens  de  plomb  évidés, 
dont  la  continuité  fur  le  faîte  du  comble  forme  luie 
manière  de  balullrade. 

ÊNFAITER ,  V.  a.  Couvrir  le  faîte  d'une  maifon  avec 
de  la  tuile,  ou  du  plomb,  y  mettre  des  faîtières. 
Imbricare  j  imbrldhus  tcgere. 

EnfaitÉj  Ée.  part.  Imbricatus  ,  imhrkihus  teclus. 

ENFANCE,  f.  f.  Intanûa.  C'ell  proprement  le  bas 
âge  de  l'homme ,  jufqu'à  ce  qu'il  ait  l'ufage  de  la 
raifon  i  mais  on  étend  la  lignification  de  ce  mot  en 
•core  plus  loin,  comme  julqu'à  douze  &  quatorze 
ans.  Montagne  parloir  Latin  dès  fa  plus  tendre  en- 
fance. Ce  vieillard  décrépit  rentre  en  enjance  \  c'eft- 
à-dire,  il  éprouve  un  affolblilfemi-nc  de  raifon  & 
<le  jugement  qui  le  réduit  à  un  état  approchant  de 
celui  des  enfans.  Il  ne  faut  pas  prendre  un  vifage 
fcvère  fur  toutes  les  fantaifies  de  {'enfance.  L'imbé 
•cillité  accompagne  \enfance  ,  &  la  décrépitude. 
Mont. 

La  vieillejje  &  ^enfance 
^        En  vaihfur  leur foibUJfe  appuyaient  leur  défenfe. 

Rac. 

D'un  fils  déjà  trop  vieux  on  voit  fimpatience 
Reprocher  àfon  perc  une  féconde  enfance. 

Enfance,  fignifie  aulîl  Puérilité  ,  quelque  chofe  qui 
convient  à  un  entant.  Puerilitas.  C'ell  une  vraie 
enjance  :  &  en  ce  fens  il  a  un  pluriel.  Ce  lont-là  des 
■enfances, 

Enfance  ,  fe  dit,  figurément,  pour  défigner  le  com- 
mencement ,  le  premier  âge.  Les  Etats ,  comme 
l'homme,  ont  leurs  âges  :  enjance,  jeunelTe,  matu- 
curité ,  vieillelfe,  décrépitude.  Les  arts  n'ont  pas 
acquis  tout  d'un  coup  le  degré  de  perfedtion  où 
nous  les  voyons  ;  ils  ont  eu  leur  enfance  ,  leurs  ac- 
croilfemens ,  leurs  progrès  &  leurs  diftérens  âges. 
U enjance  du  monde.  Prima  mundi  &tas ,  prima  munii 
najcentis  origo.  C'eil- à-dire,  lanaiiTIince  du  monde. 
C'eft  avec  raifon  que  les  Hiftoriens  ont  nommé 
ï enfance  de  Rome,  le  règne  de  fes  Rois  :  car  elle 
n'a  eu  fous  eux  qu'un  trèstoible  mauvement.  S. 
EvR.  Il  ne  faut  pas  s'étonner  que  cela  foit  arrivé 
dans  Xenfance  de  la  Philofophie.  Ablanc. 

Filles  de  I'Enfance  de  Notre  Seigneur  Jéfus- 
Chrift.  Voye\  au  mot  Jésus. 

ENFANÇON  ,  f.  m.  Vieux  mot,  qui  fignifioit  autre- 
fois un  petit  enfant,  Infantulus  ,  pufio  ,  puerulus. 

Quand  on  va  voir  ces  petits  enfançons.  Rous. 

ENFANT  ,  f  m.  Fils  ou  fille,  terme  relatif  à  père  & 
mère.  Infans ,  puer.  Voilà  le  père  &  voilà  les  enfans. 
Dans  la  Guienne  &  dans  le  Languedoc ,  on  n\ap 
pelle  enfans  que  \e^  enfans  mâles.  Scaliger  fe  moque 
d'un  Gafcon  qui  difoit  d'une  femme,  elle  a  trois 
enfans  ôc  deux  filles.  Les  Enfans  de  France  font  les 
fils  du  Roi  régnant.  Enfans  de  Paris ,  de  Troyes , 
d'Orléans ,  ceux  qui  font  nés  en  l'une  de  ces  ville. 


E  N  F 

AVz/i2«f  adoptif ,  enfant  putatif,  enfant  de  famille, 
un  enjant  fous  la  tutelle  du  père  ou  de  la  mère.  En- 
Jant  naturel ,  ou  enjant  bâtard.  Enjant  atlultérin. 
Enjant  mort  né,  qui  eit  venu  mort  au  monde.  En- 
fant potlhuine ,  qui  ell  né  après  la  mort  du  père. 
Les  enfans  des  deux  fœurs  font  confins  germains. 
Une  femme  qui  mourut  âgée  de  8 S  ans  avoit  pu 
voir  188  enjans  iflus  d'elle,  comme  témoigne  fou 
épitaphe  au  cimetière  des  Saints  Innocens.Il  eft  dit, 
dans  V Hijioire  Généalogique  de  Tofcane,  de  Gamu- 
rini ,  qu'un  Noble  de  Sienne  ,  nommé  Pichi,  a  eu 
de  trois  de  fes  femmes  150  enfans  légitimes  &:  na- 
turels, &  qu'il  en  amena  4S  à  la  fuite  ,  étant  Am- 
balfadeur  vers  le  Pape  ik.  l'Empereur.  Les  enfans 
font  des  liens  qui  retiennent  les  maris  &  les  fem- 
mes dans  leur  devoir  :  ce  font  les  fruits  &  les  gages 
de  leur  tendrelle  j  c'elf  un  intérêr  commun  qui  les 
lie.  S.  EvR.  Les  erjans  ne  penient  ni  à  l'avenir ,  ni 
au  pallé  j  mais,  ce  qui  ne  nous  arrive  guère  ,  ils 
jouilTént  du  préfent.  La  Br.  M.  Baillet  a  publié  en 
1688  un  Traité  Hilforique  des  enjans  devenus  cé^ 
lèbres  par  leurs  études  &  par  leurs  écrits. 

Tûutcharme  en  un  enfant ,  dont  la  langue  fans  fard  ^ 

A  peine  du  filet  encor  débarrajfée  j 

Sait  d'un  air  innocent  bégayer  J'a  penfce.  BoiL. 

Ce  mot  vient  de  mfans ,  dont  les  Latins  fe  font 
fervis  en  la  même  lignification ,  &  ce  mot  infans 
eft  compofé  dsjans ,  participe  âefari  parler ,  &  de 
la  particule  in  qui  équivaut  à  une  négation.  Jnfans 
non  J  ans  J  qui  ne  parle  pas  encore-  On  a  depuis 
étendu  la  fignification  de  ce  mot. 

M.  Marris ,  Médecin  de  Londres,  a  fait  un  Traité 
des  maladies  aiguës  des  Enfans  ■,  De  Morbis  acutis 
Injantum.  Il  croit  qu'elles  viennent  toutes  de  ce  que 
les  humeurs  dont  Us  abondent ,  s'aigrilTent  &  dé- 
génèrent en  un  acide  qui  fe  manifelle  par  les  rots 
6c  les  déjeéfions  d'une  odeur  acide.  Pour  les  guérir, 
il  ne  s'agit  que  de  combattre  cet  acide ,  ce  qui  fe 
fait  en  deux  manières  j  en  les  préparant  à  l'évacua- 
tion ,  &  en  évacuant  par  la  purgation.  Pour  le  pré- 
parer à  l'évacuation  ,  il  ne  faut  point  aux  enfans  de 
ludorifiques ,  ni  de  cordiaux  :  ces  remèdes  font  trop 
violens;  mais  des  yeux  &  des  pattes  d'ccreviiles, 
des  écailles  d'huître,  des  os  deféches,  des  coques 
d'œufs ,  de  la  craie  ,  du  corail ,  des  perles ,  de  la 
nacre  de  perles,  du  bezoard ,  de  l'ivoire  brûlé,  de 
la  raclure  de  licorne,  du  bol  d'Arménie,  de  la  terre 
figillée,  de  la  pierre  h.rmatites.  Et,  pour  remèdes 
compofés ,  de  la  poudre  de  pattes  d'écrevilfes,  de  la 
pierre  de  Goa,  &  d'une  efpèce  de  confedion  d'hya- 
cinthe. De  tout  cela  il  préfère  les  vieilles  écailles 
qui  ont  été  long-tems  fur  le  bord  de  la  mer  expofées 
au  foleil  qui  vaut  mieux  que  le  fourneau  des  Chj'- 
milfes. 

On  appeloit  autrefois  enfans  les  nouveaux  bapti- 
fés ,  de  quelque  âge  qu'ils  falfent ,  pour  marquer 
le  premier  état  de  leur  renailfance  fpiruueile.  Baro- 
nius  s'eft  trompé  fur  le  Martyrologe  au  5'  de  Jan- 
vier, quand  il  a  cru  que  ces  mots ,  De  die  Ociava- 
rum  hîjantium  ,  De  Oclavio  infantium ,  regardent  la 
fête  des  Innocens.  Il  s'agit  là  des  Nouveaux  baptifés; 
&  S.  Auguftin  parle  fouvent  de  ces  odaves  qui  fe 
célébroienr  en  habit  blanc. 

On  appelle,  fisurément,  les  enfans  de  Dieu ,  les 
enfans  de  l'EgliJé ,  les  bons  Chrétiens  j  les  enfans 
du  Diable  ,  les  méchans.  Enfans  d'adoption  ,  ce 
font  les  Chrétiens,  qui,  par  le  baptême,  devien- 
nent comme  par  adoption  enfans  de  Dieu ,  8c  ac- 
quièrent un  droit  à  l'héritage  du  Père  célefte. 

On  dit,  en  ftvie  de  l'Ecriture  Sainte,  que  tous 
les  hommes  naiirent  enfans  de  colère ,  parce  qu'ils 
naiffent  dans  le  péché  originel. 

Ceux  qui  ont  la  folie  de  s'attacher  .à  ce  qu'ils  ap- 
pellent les  fciences  fecrettes  ,  fe  diTent  préférable- 
ment  à  tous  les  autres  hommes,  enfarsds  lafagelTe. 
On  appelle  les  Alchymiftes ,  les  fouffleurs  qui  cher- 
chent la  pierre  philofophale;  on  les  appelle,  dis-je. 


r 


E  N  F 

les  enjam  da  Très- haut.  Les  Apôtres  appellent  leiirs^ 
enfans  ceux  qu'ils  ont  couveitis  par  leurs  prédica- 
tions.  Les  l'occes  ont  .ippellc  les  Géans ,  cnjans  de 
la  terre. 

On  appelle  au(Iî,_figurément,  e/7/';;.Yj  ce  qui  eil 
produit  par  nos  pallions,  ou  les  effets  de  quelques  i 
autres  caufes.  Ces  e/z/tz/zj  de  l'eflroi,  ces  meurtres , 
ces  pillages ,  font  les  enjans  de  fa  colère  &  de  fon 
ambition.  L'amour  eil  Tc^yrt/ar du  loilir.  Corn.  La 
difette  oc  ki  chagrins  dévorans  iont  les  en/ans  des 
procès. 
IJCT  Enfant  fe  dit  aulîi  des  piodnJtions  de  l'efprit. 
M.  Tschirnaus  avoit  pris  la  relolution  de  ne  rien 
imprimer  qu'à  l'âge  de  30  ans,  &  de  facrifier  tous 
les  tnjans  de  fa  jeunelTè  ;  lacritice  d  autant  plus  rare 
qu'il  font  nés  dans  un  tems  oii  l'on  aune  avec  plus 
d'ardeur  &  moins  de  connoilïance.  Font. 

Qu£  ces  vers  que  tu  crois  enfans  de  la  parère  j 
Moins  beaux  , plus  négligés ,  Jonc Jouveiu  une  adrcjje. 

Enfant,  fe  dit ,  auffi,  de  celui  qui  eftenbas  âge,  & 
qui  n'a  pas  encore  l'uiage  de  la  raiion  ,  fans  aucune 
relation  au  père  &:  à  la  mère.  Quand  on  veut  par- 
ler d'un  jeune  garçon ,  ce  mot  à'enjam  ell  mafculin  j 
mais ,  quand  on  veut  parler  d'une  jeune  fille  ,  il  elt 
féminin.  C'eil  un  eajant  à  la  mamelle.  Il  badine 
comme  an  enjant.  Ce  n'eft  pas  un  jeu  àlenjanc.  Un 
marché  à'enJancAJntGowssniznt  àenJancVoiix  une 
belle  enjant.  C'ell:  une  extrême  méchanceté  de  fe 
nwquer  d'une  pauve  enfant  ,  qui  ,  &c.  Voit.  Bon 
jour  ,  adieu,  ma  chère  enjant.  Un  enjant  gâté ,  e(t 
un  enjant  un  peu  libertin  ,  Se  qu'on  n'élévepas  avec 
alfez  de  févérité.  L'amour  ell  un  enjant  gâte.  Bens. 

Enfant,  fe  dit,  des  inférieurs  à  l'égard  d'un  fupé- 
iieur  ,  des  particuliers  d'un  Ordre  Religieux  i  l'é- 
gard du  Supérieur ,  &  fur-tout  du  Fondateur  de 
l'Ordre.  Ses  enfans,  (de  S.  Ignace.)  le  prièrent  à 
diveiles  reprifes  &c  avec  inftance  ,  de  leurLiilfer  des 
mémoires  de  fi  vie  pour  leur  inllrutlion.  Bouh.  Un 
digne  enfant  de  Saint  François. 

Les  Poètes  repréfentent  l'amour  comme  un  en- 
fant. Foye^  l'amour  fugitif  de  Mofchus,  &  le  pro- 
logue de  l.Aminte  du  TalFe,  &c.  Mademoifelle  de 
la  Vigne  a  dit  : 

Jufquau  bord  de  Ponde  infernale  ^ 
L'amour  étend  bien  fon  pouvoir  j 
Mais  ,  pajjé  la  rive  fatale  _, 
Le  pauvre  entant  n'a  plus  que  voir, 

Enfans  trouvés  j  expofituii ,  font  les  enfans  expo- 
fés ,  dont  les  père  &C  mère  ioi\t\nconnns.ErtJans 
bleus  j  Enjans  gris  ,  Enjans  rouges  ,  Enjans  de  la 
Trinité  ,  font  des  Orphelins  qu'on  élève  dans  les 
Hôpitaux  ,  diverfement  habillés  ,  pour  les  faire 
dillinguer. 

On  fe  fert  encore  de  ce  terme ,  au  figuré  ,  pour 
fignifier  des  anciens  Auteurs  j  ou  des  fragmens 
d'Auteurs  qu'on  a  nouvellement  recouvrés.  Ceux 
de  la  compagnie  qui  fe  connoilfent  le  mieux  en 
Latin  ,  croient  que  ces  enfans  trouvés  peuvent  être 
légitimés.  Beaumont.  Enfin  ,  M.  la  Compagnie  ell 
très-fatisfaitede  vos  enjans  trouvés.  Id. 

Enfans  de  Chccurjfont  \i%enjans  qui  fervent  à  l'Eglife 
pour  porter  les  chandeliers  j  &  à  tenir  leur  partie 
dans  le  Chœur  de  Mufique.  £''2y^«J  d'honneur,  font 
les  jeunes  Gentilshommes  qu'on  donnoit  aux  Princes 
pour  leur  fervir  de  Pages,  qui  étoient  nourris  au- 
près d'eux  dans  leur  bas  âge.  Epheli.  Enjans  de  cui- 
fine  ,  les  marmitons  ou  galopins  chez  le  Roi  &c  les 
l'rinces.  Bons  enfans  ,  par  antip!irafe,fe  dit  de  ceux 
qui  s'appellent  autrement  enjans  fans  fouci  ,  qui 
.  ne  cherchent  qu'à  i<i  Awaun.  Enjans  de  labalie,! 
les  enjans  d'un  maître  de  jeu  de  paume  \  & ,  figu-  ' 
rément ,  ceux  qui  exercent  la  profellion  de  leurs 
pères  y  Se  qui  font  cer.lés  la  faire  mieux  que  les  au- 
tres. Et,  généralement ,  tous  les  hommes  font  appe- 
lés les  enfans  d'Adam. 


E    K  F  ^0  J 

Oiidit,  amli,  qu'un  jeune  homme  ell  bon  en- 

Jant ,    lorlqu  il  e(t  lans  malice  ,  qu'il  ell  facile  C<C 

dupolc  a  croire  &  à  faire  tout  ce  qu'on  veut.  On  le 

auili  ,  à  j'égard  des  filles.  C'clt  une  bonne  e:i- 


ïit 


Jant ,  qui  ell  innocente  &  fans  malice.  On  dit  ,  Te- 
nir un  enjant  fur  les  fonts  ;  pour  due ,  lui  (ervir 
de  parrain  ou  de  marraine  ,  quand  on  le  "baptife  ^  Se 
Tenir  un  enjant  avec  quelqu'un  ^  pour  dire  ,  ètr  I0 
compère,  ou  la  commère  de  cette  perfonne-là  \  Etre 
parrain  ou  marraine  avec  elle. 

Enfant  ,  ell ,  auffi  ,  un  terme  d'amitié  dont  on  fe 
fert  pour  faluer  ou  carelfer  quelqu'un  ,  ou  l'excitec 
à  faire  quelque  choie.  Ainfi  ,  quand  on  dit  à  quel- 
que perlbnne  d'âge  ,  Adieu  ma  bonne  mère  ;  elle 
répond j  Adieu  mon^njant  j  ou  elle  dira  à  un  La- 
quais ,  Mon  enjant,  mon  cher  enjant  y  allez  me 
quérir  telle  chofe.  Un  Maître  dira  à  des  Ouvriers 
qu'il  mer  en  befogne,  Allons  j  erjans  ,  travaillez  ; 
\\\\  Capitaine  à  fes  Soldats ,  Courage  j  enjans  ,  te- 
nez ferme. 

Enfant  ,  fe  dit ,  dans  un  fens  moral  &  figuré  ,  Se 
(ignifie  foible  ,  peu  inllruit ,  peu  verfé  ,  i:<:c.  On  eft 
enjant  à^u%  fa  langue  ,  quand  on  ne  Ut  que  les  Au- 
teurs de  fon  temps.  Men.  Cicéron  dit,  que  ne  pas 
favoir  ce  qui  s'ell  palfé  avant  qu'on  fut  au  monde  j 
ne  pas  s'mltrairede  l'Hilloire  des  temps  précédens  j 
c'ell  être  toujours  enjant. 

I/CF  On  applique  la  qualification  d'ew/iTwr  aux  per- 
fonnes,  &  celle  àt puérile  à  leurs  difcours  ou  à  leurs 
adions.  Ainfi  ^  l'on  dit  d'un  homme  qu'il  ell  e/?- 
fant.  Se  que  tout  ce  qu'il  dit  ell  pucrile.  Enfant  dé- 
fignedans  Tefprit  un  défaut  de  maturité,  Sr/'ien/e  j 
un  défaut  d'élévation.  Un  difcours  a  enjant  ell  un 
difcours  qui  n'a  point  de  raifon  :  un  difcours /'/^t-r/Ye 
ell  un  difcours  qui  n'a  point  de  noblelfe.  Une  con- 
duite À'enjant  ell  une  conduite  fans  réflexion  ,  qui 
fait  qu'on  s'amufe  à  des  bagatelles  j  faute  de  con- 
no'ùre  le  folide.  Uue  conduite /'«eVi/t'  ell  une  con- 
duite fans  goût ,  qui  fait  qu'on  donne  dans  le  petit, 
faute  d'avoir  des  fentimens. 

Enfans  perdus.  Ces  mots  ,  en  termes  de  Guerre  , 
lignifient  des  Soldats  qui  marchent  à  la  tête  des 
troupes  commandées  pour  les  foutenir.  Les  erjans 
perdus  font  tirés  de  pluheurs  Compagnies  ;  &  on 
les  emploie  pour  forcer  quelque  polie  ,  pour  faire 
quelque  attaque  ,  ou  pour  donner  quelque  alTaur. 
Commander  les  enfans  perdus.  Autrefois  il  y  avoic 
d'autres  enfans  perdus  ,  à  l'égard  del'quels  ce  moc 
n'ell  plus  en  ufage.  Ce  font  aujourd'hui  communé- 
ment les  Grenadiers  qui  commencent  ces  fottes 
d'attaques. 

Enfans /7ert/aj.  Une  fédition  s'étant  élevée  à  Bour- 
deaux  en  1675  j  les  féditieux  prirent  le  nom  d'e/2- 
fans  perdus. 

'îfT  Enfans  fans  fouci.  Nom  d'une  Société  de  Gens 
d'efprit.  Des  Phllolophes  firent  naître  Fidée  badine, 
mais  morale  ,  d'une  Principauté  établie  fur  les  dé- 
fauts du  genre  humain  ,  que  ces  Meilleurs  appelè- 
rent fottifes.  L'un  d'eur  portoit  la  qualité  de  Prince 
des  fots.  Les  enjans  Jizns  J'ouciétoicm  ion  en  wogwQ 
fous  Louis  XII.   yoye^  Sottises. 

On  appelle  petiisenfans ,  non-feulement  ceux 
qui  font  en  bas  âge,  mais  encore  les  enfans  àii% 
enjans  de  quelqu'un.  Cet  aieul  a  fubllituc  fon  bien 
à  fes  petits-cnjans.  L'Apôtre  S.  Jean  appelle  j  par 
un  effet  de  fa  tendrelfc',  les  Fidèles ,  (i^s  petits-en- 
fans  ,  FiUoli  mei. 

Mal  ^enjant ,  travail  à' enfant ,  fe  dit  des  dou- 
leurs d'une  femme  qui  accouche. 

En  termes  de  i'hilofophie  hermétique  ,  on  ap- 
pelle les  quatre  élémens ,  les  quatre  e.fans  de  \^ 
nature  ;  &  le  mercure  hermétique  ,  \' enfant  des 
Philofophes. 

En  Aîlronomie ,  on  appelé  enfans  de  Dercette , 
enfans  d'Atergatis  ,  la  conllellarion  du  Zodiaque,, 
connue  plusordinairement  lous  le  nom  de  PoilTons, 
Pifces  :  c'cfl  la  dernière  des  dou7e  en  commençant 
p.ar  .-/r/Vr.  Dans  l'Allrologie  judicinire,  la  cinquième- 
maifon  s'appelle  la  maifon  des  enjans. 


yo4  E  N  F 

Enfant.  En  termes  de  Jardinage  j  on  appelle  enfant^ 
un  petit  articiiaut  propre  à  manger  à  la  poivrade. 

On  dit,  proverbialemenr ,  Je  le  traiterai  en  c/z - 
/tz«r  de  bonne  mailbn  ;  pour  dire  ,  je  le  châtierai 
bien.  C'clt  un  enjant  gàtc  i  pour  due  j  qu'on  l'a 
lailfé  vivre  d'une  manière  libertine  ,  Tans  le  cor- 
riger. Cell  \ enfant  de  la  mère  ^  pour  dire  ,  qu'il 
lellemble  à  la  mère  ,  qu'il  a  toutes  fes  manières. 
-Il  n'y  a  plus  d"enfani:  ;  pour  dire ,  on  commence  à 
avoir  de  la  raifon  &  delà  malice  de  bonne  heure.  Il 
ne  fait  rien  de  cette  aftaire  ,  il  en  ell  innocent 
comme  X enfant  (\\x\  vient  de  naître.  On  dit,  auili , 
Il  eft  heureux  comme  un  enfant  Xz^mm^.  Enfant 
de  gogo,  nourri  de  lait  de  poule  j  pour  dire  ,  un 
enjant  élevé  délicatement.  Ce  proverbe  eft  bas  \  les 
latins  ont  :  Gallina  filius  âlbs.  ,  \ enjant  de  la  poule 
blanche.  Faire  l'iJ^i/'^"^  i  pour  dire.  Badiner  comme 
un  enjant ,  s'amufer  à  des  chofcs  puériles.  Acad.  Fr. 
Tu  veux  apprendre  à  ton  père  à  faire  des  enfans. 
Proverbe  bas,  qui  revient  à  Ne  Jus  Mlnervam  ,  ou 
bien  :  Gros  Jean  qui  remontre  à  fon  Curé. 

£nfans  d£  Languh.  On  nomme  ainfi,  dans  les  Echelles 
du  Levant ,  particulièremen:  à  Conftantinople  & 
à  Smirne  ,  de  jeunes  François  que  S.  M.  très-Chré- 
tien entretient  dans  le  Levant ,  pour  y  apprendre 
les  langues  Turque  j  Arabe  &  Grecque  ,  pour  en- 
fuite  fervir  de  Drogmans  à  la  Nation,  particu- 
lièrement aux  Confuls  &  aux  Négocians.  Ce  font 
les  Capucins  François  qui  ont  le  foin  de  leur  édu- 
cation. 

ENFANTE  AU.  f-  m.  Jeune  enfant.  Vieux  mot. /«- 
fantulus. 

Me  fut  avis  au  en  ce  grand,  chemin  fec 
Un  jeune  enfant  fe  combattait  avec 
■Un.  grand  Jerpcnt  &  dansercux  afpic. 
Mais  /'eafanceau  en  moins  de  dire  pic ,  &c. 

Marot. 

ENFANTEMENT,  f.  m.  Ceft  la  produdion  &  la 
fortie  d'un  fétus  parfait,  &  entièrement  accompli, 
hors  du  ventre  de  la  mère  ,  fait  qu'il  forte  more  ou 
vif.  Voye:^  Accouchement.  Partus ,  puerperium. 
1^ enfantement  naturel  j  félon  les  Médecins ,  doit 
avoir  trois  conditions  :  la  première  ,  que  l'entant 
&  la  mère  s'efforcent  autant  l'un  que  l'autre  à  fortitj 
ou  à  le  faire  fortir  :  la  féconde  ,  qu'il  vienne  au 
inonde  j  la  tcte  la  première,  çiui  eft  la  pofture na- 
turelle :  la  troificme  ,  qu'il  foit  prompt  &  ailé  ,  & 
fans  accidens. Car,  quand  un  enfant  fe  préfente  les 
jpieds  devant,  ou  à  travers  ,  ou  en  double  ,  ce  n'eft 
plus  un  enfantement  na.:uTe]  ;  ?<  les  Latins  appellent 
ces  enfans ,  agrippa  ,  comme  qui  diroit  agrè  parti. 
On  appelle  enfantement  légitime ,  celui  qui  vient 
juftement  .à  fon  terme,  c'eft-à-dire,  dans  le  dixième 
mois  lunaire  ;  &  enjantcment  illégitime,  celui  qui 
vient  ou  plutôt ,  ou  plus  tard  j  comme  celui  de  huit 
mois.  Y.' enfantement  des  temnies  fe  fait  à  7,  à  8  ,  à 
9  ,  à  10  &  à  II  mois  j  &  non  plus  tard.  Il  y  a  ce- 
pendant des  Médecins  qui  ont  prétendu  que  \en- 
fantement  pourroit  être  légitiine  j  même  au  14^. 
mois.  M.  Planque  j  dans  fa  Bibliothèque  Choifie  de 
Médecine,  parle  d'un  enfantement  après  cinq  ans 
de  groftelTe ,  &  d'un  autre  bien  plus  furprenant 
encote,  qui  n'arriva  qu'après  z6  ans  de  grotrelfe.  On 
a  remarqué  que  Xenjantement  étoit  plus  heureux  le 
feptième  mois  que  le  huitième  \  que  les  enfans  qui 
viennent  au  feptième  mois  vivent  &  fe  confervenr 
plus  aifément  que  ceux  qui  viennent  au  huitième. 

JpNFANTEMENT,  s'emploie  aulli,  figurément.  Ceft  le 
ridicule  enfanument  des  montagnes.  Patru.  On  dit 
d'un  Auteur  qui  compofe  avec  beaucoup  de  diffi- 
culté j  que  lorfqu'il  travaille  ,  il  eft  dans  les  douleurs 
de  Xenjantement. 

Enfantement.  Terme  de  Joaillier.  Il  fe  dit,  quand 
on  incrufte  un  pierre  dans  une  autre. 

ENFANTER.  V.  a.  Mettre  au  monde  un  ou  plufieurs 
çafans.  Parère ,  parcurire.  Cette  femme  a  enfanté 


E  N  F 

deux  jumeaux;  elle  a  bien  eu  de  la  peine  à  f/7/i«- 
ter.  Elle  eujanttra  un  hls  j  qui  fera  appelé  Jefus. 
PoRT-R.  En  16S6,  le  11  Jum  j  à  Leckercketck,  à 
8  ou  10  lieues  de  la  Haye  ,  la  femme  d'un  nommé 
Chreftîen  Clafc  enfanta  cinq  fils  :  d'abord  elle  ac- 
coucha d'un  fils  J  qui  vécut  près  de  deux  mois  ; 
dix-lept  heures  après ,  elle  accoucha  d'un  fécond 
fils  qui  étoit  mort  \  24  heures  après ,  elle  mit  encore 
au  monde  un  fils  qui  vécut  près  de  deux  heures.  Au 
bout  de  24  heures  ,  elle  en  eut  un  quatrième  qui 
étoit  morr.  Enfin  ,  elle  mourut  en  accouchant  d'un 
cinquième  ,   qui  mourut  en  nailFant. 

Ip*  On  fe  fert ,  ordinairement ,  de  ce  verbe  ab- 
folument  &  fans  régime  j  cnjanter  avec  douleur. 

ff3°On  voit  des  tommes  j  dans  le  Royaume  d'Al- 
ger ,  cnjanter  à  11.  10.  6»:  9.  ans. 

Ip"  Dans  le  pays  chaud  d'Arabie ,  les  filles  font 
nubiles  à  huit  ans  ,  6z  enjantent  l'année  d'après. 
Prideaux.  Voye^  Accoucher. 
Enfanter,  fe  dit,  figurément,  des  produdions  d'ef- 
prit.  Ce  Poète  enjante  fcs  vers  avec  grand  travail. 
il  nenjante  pas  de  génie.  Vill. 

Bienheureux  Scuderi ,  dont  la  fertile  plume. 
Peut  tous  les  moisjans  peine  enfanter  un  volume. 

B01LEAU. 

Le  monde  de  qui  l'âge  avance  les  ruines. 
Ne  peut  plus  enfanter  de  ces  âmes  divines.  Id. 

On  le  dit ,  auflî  ,  de  plufieurs  caufes  qui  produî- 
fent  de  bons,  ou  de  mauvais  effets.  Enfanter  un 
procès.  Patru.  La  dodiiinede  Luther  a  enfanté ^\\x~ 
lieurs  autres  héréhcs,  plufieurs  feétes.Je  fuisexempc 
du  defir  d'amaller  qu  enjante  l'avarice.  S.  Evr.  La 
guerre  civile  a  enfanté  ions  les  maux  que  la  Répu- 
blique a  foufterts. 

Arracher  ce  levain  de  fureurs  parricides 

Q.V 'enfantent  les  efprits  de  nouveautés  avides. 

Genest. 

On  dit ,  en  proverbe ,  qu'une  montagne  a  enfanté 
une  fouris ,  lorfqu'un  grand  deffein  a  échoué  ,  Sc 
qu'on  a  vu  peu  d'effet  d'une  chofe  long-temps  at- 
tendue. C'elt  le  vers  d'Horace. 

Parturienc  montes ,  nafcetur  ridiculus  mus. 

La  montagne  en  travail  enfante  une  fouris.  Boil. 

Eneanté  ,  ÉE.  part. 

ENFANTILLAGE,  f.  m.  Difcours  ,  conduite  digne 
d'un  enfant.  Injantia.  Il  ne  fe  dit  que  des  perfonnes 
qui  ont  paffé  l'enfance.  Pour  un  homme  de  votre 
âge,  de  votre  caraéfère  ,  voilà  bien  àcY enfantillage. 
AcAD.  Fr.  Q^aû  enfantillage  !  Ne  vous  déférez- vous 
jamais  de  cette  timidité  outrée.  Angola. 

ENFANTIN  ,  ine.  adj.Qui  appartient ,  qui  convient 
aux  enfans  \  quia  l'air  j  les  manières ,  le  caraélère 
des  enfans.  Puerilis ,  injantilis.  Des  jeux  enjantins  , 
descns enfantins.  Mine  enjantine.  Bens.  Le  plus  fra- 
gile bijoux ,  le  colifichet  le  plus  enfantin  lui  faifoient 
envie.  Mademoifelle  L'Hérit. 

ENFANTISE.  f.  f.  Aéfion  ,  conduite  digne  d'un  en-' 
faut.  Ce  mot  n'eft  pas  du  bel  ufage. 

ENFANTURE.  f.  f.  Vieux  mot  que  Co^uillard  a  em- 
ployé dans  la  fignification  de  GrolTèlic. 

Ip-  ENFARINER.  v.  a.  Poudrer  de  firine.  Farina 
confpergere.  Il  s'emploie  ordinairement  avec  le  pro- 
nom perfonnel ,  &  fe  dit  des  Bouffons  ,  des  Far- 
ceurs qui  senfarinent  le  vifage  pour  faire  rire  le 
Peuple, 

IP"  On  le  dit ,  quelquefois,  en  badinant  j  pouç 

poudrer  beaucoup  fes  cheveux 


Si  vous  ri  êtes  enfarinés  3 

^iieu  l'amour  de  la  coquette. 


Enparinerj 


EN  F       . 

Infariner,  fe  dit  aiifiij  dans  un  fens  rigiiré ,  de 
ceux  qui  s'entècsnc  d'une  opinion  ,  d'un  lentiment 
paiciculier  , extraordinaire  ,  fur-roue  s'il  eft  fuiped, 
ou  condamné.  Un  tel  ell:  cnjariné ai  i'Allrologie  ju- 
diciaire ,  delà  Pierre  philofopliale,  &c.  On  dit, 
même  abfoiument ,  Il  s'eft  enjarme  ,  pour  dire  , 
qu'il  a  eu  commerce  avec  des  gens  fufpeds,  &c 
qu'il  eft  entré  dans  leurs  mauvaifes  idées.  Il  y  a  des 
gens  qui  difenc,  dans  le  Pcyleburlefque,  scnjanncr 
d'une  fcience  ,  comme  de  la  Théologie,  de  la  Mé- 
decine j  de  la  Jurifprudence  ,  &c.  pour  dire  ,  en 
prendre  une  légère  teinture  y  une  connoillance  fu- 
periicielle  ,  autant  qu'il  en  faut  pour  en  difcourir 
dans  la  converfation,  pour  paroître  habile  devant 
les  ignorans. 

Ce  mot  eft  venu  de  l'Italien  ,  qui  dit ,  lufarinarfi 
dl  ScolaJîiCd  ^  far  un  griind  Jondo  di  polnica  ,   Sic. 

Enfaiune  j  ee.  adj.  &  part.  C'eft  ,  dans  le  fens  pro- 
pre ,  celui  qui  eft  poudré  de  farine  ,jdiinà  consper- 
y7ij.  Il  fe  dit ,  aullî ,  dans  le  figuré,  pourun  homme 
fufpeét  de  fentimens  particuliers  ,  hétérodoxes  , 
dangereux.  Nous  avons  divers  ouvrages  d'un  Aca- 
démicien de  la  Crulca  ,  lequel  a  pris  le  nom  à'In- 
farinato, 

^fT  On  dit ,  proverbialement  j  qu'un  homme 
eft  venu  ,  la  gueule  enjarinee  ,  dire  ou  faire  quel- 
que chofc  ;  pour  dire  ,  qu'il  eft  venu  inconfidére- 
ment  &  avec  une  fotte  confiance. 

ENrEIR.  v.  a.  Vieux  mot.  Enchanter.  Il  eft  compofé. 
de  Fée  ,  &  de  la  particule  en. 

ENFER,  f.  m.  &  fing.  ou  ENFERS,  f.  m.  plur.  par 
oppofition  à  Ciel  ou  à  Paradis.  Lieu  deftiné  dans 
l'autre  vie  ,  pour  la  punition  éternelle  des  damnés. 
Injernus  ,  infcrna  ,  carcer  citernus  damnaCùrum.Ceil 
le  féjour ,  la  demeure  des  Diables  &  des  damnés. 
Dieu  veut  retirer  les  hommes  de  cette  témérité 
brutale  avec  laquelle  ils  fe  précipitent  dans  les  en- 
fers.  Nie.  On  croit  V enfer ,  &c  cependant  on  va  bru- 
talement à  la  mort ,  comme  s'il  n'y  avoir  plus  rien 
après  elle.  Id.  La  témérité  des  libertins,  qui  traitent 
de  chimères  les  menaces  de  IV/z/èr,  eft  inconcevable. 
Morale  de  P. 


Enfer  que  la  foi  m'attefle , 
Séjour   où  l'ire   tclejlc , 
Exerce  un  jujie  pouvoir  : 
Ma  raifon  qui  te  médite  , 
D'e^roi  glacée  j  interdite  _, 
Te  croit  fans  te  concevoir. 


Anonyme , 
Ode  fur  l'Enfer. 


Pécheur,  la  fièvre  t'annonce 
L' infant  fatal  du  trépas  j 
Ta  fentenceje  prononce , 
Z'Enfer  s'ouvre  fous  tes  pas.    Id. 

De  mille  ans  le  cours  s^ achève  j 
//  ri ef  point  encore  de  trêve 
Pour  fes  maux  renouvelles  , 
Etfon  Enfer  recommence 
Au  bout  de  l'efpace  immenfe  , 
Des  fiècles  accumulés,  Id, 

Un  Anglois ,  nommé  Swindin ,  a  fait  une  Difler- 
tation  {ur  la  nature  &  fur  le  lieu  de  \'enfer.  Il  le 
place  dans  le  Soleil,  parce  que  le  Soleil  eft  un  feu 
qui  brûle  toujours ,  qui  fe  trouve  au  centre  de  notre 
tourbillon  ,  &  dans  le  lieu  le  plus  éloigné  du  féjour 
des  Bienheureux.  Il  ajoute  que  le  Diable  ,  qui  vou 
loit  fe  faire  adorer  dans  fon  trône  ,  a  fait  adorer  le 
Soleil  par  plufieurs  nations..  Il  a  trouvé  des  traces 
de  ce  fyftème  dans  ces  paroles  de  l'Apocalypfe  ,  ch. 
XVI.  V.  8.  &  9.  Et  quartus  Angélus  effudit phialam 
fuam  in  folem  ,  &  datum  efl  illi  affligere  homines  & 
igni  j  &  sfluaverunt  homines  afu  magno. 
Tome  IIL 


E  N  F  705- 

ifT  Whlfton  regarde  les  comètes  comme  autant 
ùi  enfers  ,  deftinés  à  tranfporter  alternativement  les 
damnés  dans  le  voifinage  du  Soleil  ,  pour  y  ène 
biùlés ,  puis  dans  les  régions  froides  au-delà  de 
Saturne. 

ifT  Drexelius  nous  a  donné  aufli  fes  rêveries  fin- 
ie lieu  propre  de  Menjer.  On  trouve  par-tout  dans 
l'Ecriture  des  preuves  de  fon  exiftence.  Mais  elle 
garde  le  filence  lur  le  lieu  fixe  où  les  reprouves 
louftrent  les  tourmens  du  feu  :  on  le  place  commu- 
nément vers  le  centre  de  la  terre  j  mais  ce  n'eft-là 
qu'une  expreflîon  vague  qui  ne  détermine  pas  le 
lieu  propre.  V  enfer  eft  au  centre  de  la  terre,  comme 
le  cœur  dans  le  corps  de  l'animal  j  dit  S.  Auguftin. 

On  appelle  un  méchant  homme  ,  un  tifon  ,  un 
Diable  <^enfer.Ox\  appelle  les  Volcans ,  des  bouches 
Cl  enfer ,  des  gouffres  de  \ enfer. 

Les  Pavens  avoient  aufti  leur  enfer.  Rudbecks 
prétend  que  Venjer  desPayensétoit  en  Suéde.  Voyc^ 
Acheron. 

On  dit  que  les  CafFres  admettent  27  Paradis ,  & 
15  enfers  ,  dans  lefquels  chacun  eft  lécompenfé  , 
ou  puni ,  fuivant  le  bien  ou  le  mal  qu'il  a  fait:  tant 
il  eft  vrai  que  les  peuples  même  les  plus  barbares, 
&  les  plus  ftupides  ,  ont  une  idée  d'une  autre  vicj 
&  d'un  Dieu  rémunérateur  du  bien  ,  &  vengeur  du 
mal. 
Fnfer  j  dans  le  ftylede  l'Ecriture  j  fe  prend  ,  quelque- 
fois ,  pour  la  mort ,  le  fépulchre  ,  parce  que  le  mot 
Hébreu  Se  le  mot  Grec  fignifi^rut  tantôt  le  lieu  des 
damnés,  tantôt  le  fépulchre.  Qand,  dans  le  Sym- 
bole des  Apôtres,  il  eft  dit  que  Jésus-Christ, 
notre  Seigneur  ,  a  été  crucifié  ,  mort  &  enfeveli ,  iSc 
qu'il  eft  defcendu  aux  enfers  ,  il  faut  entendre  par 
cette  defcente  aux  e/{/ê/j-,  autre  chofe  que  la  def- 
cente  dans  le  tombeau ,  ou  la  fépulture.  Le  Caté- 
chifme  du  Concile  de  Trente  ,  dit  qu'il  y  a  autant 
d'ignorance  que  d'impiété  à  expliquer  la  dcfcente 
aux  enfers  par  la  fépulture  ,  puifque  la  fépulture 
éroit  déjà  exprimée  dans  le  Synibole  d'une  manière 
plus  claire.  L'Eglife  nous  enfeigne  que  latrès-fainte 
ame  de  Jesus-Christ  defcendit  effedlivement  dans 
les  lieux  fouterreins  à^VenJer ,  qu'il  triompha  des 
Démons  ;  qu'il  confola  les  âmes  du  purgatoire  ;  &C 
qu'il  tira  de  ces  ténèbres  les  âmes  des  faints  Pa- 
triarches «."^  des  autres  Juftes  qu'il  mena  dans  le 
Paradis.  On  appelle  les  Limbes  cette  partie  de  l'en- 
fer où  étoient  ceux  qui  étoient  morts  dans  la  giâce 
de  Dieu  avant  la  paftion  de  Jesus-Christ. 
Enfer.  Ce  mot  fe  dit  aufli  des  Démons  mêmes ,  qui 
ont  leur  domicile  dans  Verfer.  Les  Démons  font 
vaincus,  l'e/z/tv eft  défarmé.  Arn.  On  le  dit  auiîi 
de  l'erreur,  de  l'héréhe,  dont  le  Diable,  qui  eft  le 
père  du  menfonge  ,  eft  regardé  comme  l'auteur  : 
cette  expreflîon  eft  prife  de  la  Sainte  Ecriture  ; 
Tu  es  Pierre,  &  fur  cette  pierre  j'établirai  mon 
Eglife;  &  les  portes  de  l'e/j/tr  ne  prévaudront  point 
contre  elle. 

Les  temps  ont  confirmé  fon  empire  alfolu  3 

Et  les  Enfers  armés  n  ont  jamais  prévalu.  Genest. 

Enfer  Poétique.  C'eft  dans  la  Théologie  du  Paga- 
nifme  j  un  lieu  fouterrein  ,  où  alloient  les  âmes  des 
hommes ,  pour  y  être  jugées  par  Minos  ,  Eaque  ^ 
Rhadamanthe  ,  Pluton  en  ctoit  le  Dieu  &  le  Roi. 
Voye-^  dans  Virgile  les  magnifiques  defcri prions 
qu'il  en  fait.  Pindare  ,  cité  p.ir  Plutarque  {de  cor' 
fol.  )  dit  que  les  âmes  pieufes  demeurent  fous  la 
terre  dans  un  lieu  où  le  foleil  les  éclaire,  tandis 
qu'il  fait  nuit  fur  la  terre  ;  qu'ils  ont  pour  avenues 
de  belles  prairies  ornées  de  rofiets  j  des  arbres  qui 
donnent  l'encens ,  &  de  ceux  qui  portent  des  pom- 
mes d'or  \  que  les  uns  s'y  divertiflenr  à  manier  des 
chevaux  ,  d'autres  à  jouer  des  inftrumens  ;  qu'il  v 
règne  une  abondance  continuelle,  &  quon  y  ref- 
pirefansceffeles  plus  agréables  odeurs  des  parfums 
qui  brûlent  fur  les  aurels. 

Le  même  Poïte  ,  cité  au  même  endroit ,  dit  que 

V  v  V  V 


7 


oG 


F 


la  mor.t  cft  un  bonheur  pour  tous  les  hommes  , 
parce  qu'elle  les  délivre  des   calamités  auxquelles 


.       E  N  F 

loi  veut  que  les  femmes  adultères  foient  enfermées 
entre  quatre  murailles.' 


als  font  expofés  j  qu'elle  détruit  le  corps  :  mais  que  Enfermer,  fignihe  aulîi  ferrer  quelque  chofe  dansun 
ridole  sJaAs',  qui  feul  vient  des  Dieux,  vit  ton-       lieu  qui  ferme.  Ji'e/70/2er£,ycrvûre,  J'ai  e/^/tr/Tzemoa 
fcparé  du  corps,  il  eft  dans  un  foni-       manteau  dans  un  coffre. 

Enfermer,   lignihe  aulli  environner  de  toutes  parts. 


jours  ^  que  ,  icpare  du  corps,  il  eft  dans  un  foni- 
ineil,  &  qu'il  voit  en  Lri\'j:!,ii  le  bonheur  des  bons . 
&  les  cliâtimens  des  méchans. 

C!3°  Les  Furies  à'enjer  étoient  des  efpèces  de 
Divinités  infernales ,  vengerelfes  des  crimes ,  qui 
lourmeutoientles  coupables.  Voy  Eumenidus. 

fiCF"  On  dit,  proverbialement,  d'une  méchante 
femme  ,  &c  quelquefois  d'un  méchant  homme  , 
c'eft  une  fiîrie  d'en/cri 
Enfer,  fe  dit ,  figurément ,  de  tout  lieu  où  l'on  eft 
gêné  ,  où  l'on  foutrVe  ,  où  l'on  le  déplaît.  Le  Palais 
eft  un  enfer  pour  les  gens  pacifiques.  Quand  on  eft 
en  mauvais  ménage  avec  fa  femme  ,  c'eft  un  vrai 
tnfer.  Un  homme  qui  a  des  remords  porte  toujours 
{on  enfer  avec  lui.  Elle  ne  peut  quitter  ce  lieu  défi- 
rable  pour  entrer  dans  Xenjer,  où  le  ciel  a  voulu 
qu'elle  ait  tant  enduré.  Voit.  Elle  m'a  fait  voir  le 
Paradis  dans  cet  enfer  où  je  fuis.   Id. 

Ou  Calife  n  efi  point  y  c'efilà  qu  eft  mon  enfer.  Malh. 

Mais ,  lorfque  tous  les  deux  jaloux 
ly  amertume  &  de  fiel  fe  nourrirent  fans  cejfe^ 

Quel  fupplice  !  quel  enter  efi-ce  l 
L'Hymen  à  ce  prix-là  mcrite-t-il  la  prejfe  ? 

Nouv.  cil.  DE  Vers. 

Le  Père  Le  Moine  dit  de  la  jaloufie  : 

Qui  pafje  en  cruauté  fes  trois  barbares  fœurs , 
Et  qui  peut  faire  feule  un  enter  dans  les  cœurs. 

Enfer.  ,  fe  dit  aulîi ,  dans  le  ftyle  burlefque  &  fatyri- 
que ,  pour  bruit ,  vacarme  ,  tintamaire. 

Je  penfe  qiiavec  eux  tout  /'enfer  efi  che:ç  moi, 

BoiL. 


Enfer,  fe  dit  de  tout  grand  feu  ,  d'un  grand  embrâ-' 
fement.On  dit,d'une  fournaife  ardente,  que  c'eft  un 
enjery  que  les  brafiers  des  forges  font  un  enjer. 
Enfer,  en  termes  de  Chymie ,  eft  un  vailfeau  de 
verre  double  ,  dont  le  cou  etf  long  j  difpofé  en 
forme  d'entonnoir,  &  dont  la  pointe  a  une  ouver- 
ture fort  étroite  ,  qui  entre  bien  avant  dans  le  corps 
«i'un  aurre  vailleau,  dont  le  fond  doit  être  fort  large 
êc  fort  plat.  Il  eft  ainli  nommé ,  parce  que  ce  qu'on 
y  a  fait  une  fois  entrer  n'en  fort  plus. 

En  termes  du  Grand  Art ,  le  mot  d'enfer  fignifie 
la  couleur  noire  qu'on  voit  au  temps  de  la  putréfic- 
lion  de  la  matière  hermétique. 

Terre  d'cnjer.  C'eft  une  petite  cavité  prés  de  Por- 
tico  dans  la  Romagne.  On  lui  a  donné  ce  nom  , 
parce  que  j  fi  l'on  y  jette  quelqu'allumette  ,  elle  y 
allume  un  feu  qui  dure  huit  à  dix  jours ,  &  elle 
jette  des  matières  fulfureufes.  Raccolta  d'Opufc. 
F'III.  page  47. 
ENFERM ,  ou  Enferme.  S'eft  dit  autrefois  pour  in- 
firme, malade,  ^ger.  On  a  dit  autrefois  Enferme- 
rie  &  Enfermier^  pour  Infirmerie ,  &  Infirmier , 
qui  font  des.  termes  dont  on  fe  fert  dans  les  Com- 
munautés, pour  marquer  le  lieu  deftiné  au  loge- 
ment des  malades,  &  le  Médecin  qui  a  foin  d'eux. 
■     On  a  dit  encore  ^nfermeté  pour  infirmité ,  &  fur-tout 

pour  la  ladrerie. 
ENFERMER,  v.  a.  Mettre  dans  un  lieu  d'où  l'on  ne 
puilfe  fortir.  Includere  y  claudere.  Enfermer  dans 
une  prifon  ,  dans  un  cachot,  dans  une  chambre. 
Les  Religieux  qui  font  erfermés  dans  un  Cloître 
n'en  fortent  point  fans  congé  du  Supérieur.  On 
a  fait  clorre  ce  parc ,  afin  d'y  enfermer  des  bêtes 
fauves. 

Enfermep.  ,  fe  dit ,  abfolument ,  pour  mettre 
dans  un  lieu  de  correéiion.  Ce  jeune  homme  mérite 
d'ccre  cnjermé.  Un  tel  a  faic  enfermer  fa  femme.  La 


Enjcrmcr  un  parc  de  murailles.  Les  ennemis  le  font 
laillés  enfermer  twii'i  deux  montagnes  dans  des  lieux 
difîiciles. 

On  le  dit  aufti  avec  le  pronom  perfonnel.  Abdere 
fe.  Il  s'efl;  enjermé  lui-même  dans  fa  chambre.  Il 
s'eft  enferme  dans  ce  château  ,  où  il  tiendra  bon 
quelque  temps.    Elle  s'eft  enfermée ^sqc  fon  mari, 
qui  a  la  petite  vérole. 
Enfermer,  figurément,  contenir,  comprendre.  Com- 
plccil  y  continere.  Les  paroles  de  l'Ecriture  enferment 
plufieurs  fens.  La  charité  cv?/er,'«^  une  civilité  inté- 
rieure envers  tous  les  hommes.  Nie.  Cette  attioii 
enferme  ,  attire  après  elle  de  grandes  conféquences. 
Cette  penfée  enferme  une  double  erreur.  Id. 
Enfermé  ,   ée.  part. 

fjCx"  On  dit  qu'une  chambre  fent  Venfermé ,  (  ok 
dit  mieux  le  renfermé  )  pour  dire  qu'elle  fent  mau- 
vais, parce  qu'il  y  a  long-temps  que  l'air  n'y  a  été 
renouvelle. 

^f3'  On  dit  fentir  Renfermé ,  des  chofes  qui  fen- 
tent  mauvais  pour  n'avoir  pas  été  à  l'air  depuis  long- 
temps. 

On  dit ,  proverbialement ,  qu'il  ne  faut  pas  e/2- 
fermer  le  loup  dans  la  bergerie  \  pour  dire  qu'il  ne 
faut  pas  guérir  une  plaie  par  dehors ,  &c  lailfer  de- 
dans les  fernencesde  corruption. 
ENFERMETE.  f.  m.  Infirmitas.  Vieux  mot.  Ladrerie. 
Se  plus  généralement  maladie ,  du  mot  Latin  infir- 
mitasj 
ENFERRER,  v.  a.  Percer  fon  ennemi  avec  une  épée  , 
une  lance.  Transfigere  j  tranfadigere.  lia  enferré  fou 
ennemi;  il  s'eft  enferré  lui-même. 
Enferrer  ,  fignifiou  autrefois,  dans  le  fens  propre, 
enchaîner,  attacher  avec  des  menottes,  des  liens  de 
fer.  Ferreis  vinculis  pr&pedire.  Nicot.  Il  n'eft  plus 
d'ufage  en  ce  fens. 

On  dit  j  figurément,  qu'un  homme  st^  enferré 
lui-même  ,  lorfque  dans  un  difcours  ,  dans  un  in- 
terrogatoire ,  il  a  dit  quelque  chofe  qui  fait  contt* 
lui ,  qui  ruine  fi  caufe  ,  qui  le  rend  coupable. 
Enferre,  ÉE.part. 

ENFEU.  f.  m.  Cave  ,  caveau  j  pour  enterrer  les  morts. 
Ce  mot  n'eH;  d'ufage  que  dans  l'Anjou.   Maurice  de 
Craon  fit  bâtir  dans  l'Eglife  des  Cordeliers  d'Angers 
la  Chapelle  Saint  Jean-Baptifte,  &  un  enfeu  pourla 
fcpulture  de  ceux  de  fa  maifon.  C'eft  ainli  que  les 
Angevins  appellent  une  cave  pour  la  fépulture  des 
corps  morts  \  du  Latin  Infodicum.  Mén.  Hifioire  di. 
Sablé.  L.  IX.  c.  3. 
ENrlCELER.  v.  a.  Terme  de  Chapelier.  Serrer  avec 
une  ficelle.  Refiiculum  aptare  ,  funiculo  conftringere. 
Il  faut  enficeler  ces  chapeaux.   Serrer  le  bas  de  la 
forme  avec  une  ficelle  ou  un  cordon. 
Enficeler  le  tabac.   C'eft  paffer  une  ficelle  à  la  tête 
de  chaque  feuille,  à  mefure  qu'elles  mûriffent,  pour 
les  pouvoir  faire  fécher  ,  fufpendues  à  des  perches  : 
les  paquets  font  ordinairement  de  deux  à  trois  dou- 
zaines de  feuilles.  Ce  terme  eft  en  ufage  dans  les 
lieux  de  la  Province  de  Guienne  ,  où  l'on  travaille^ 
à  la  culture  &  à  la  fabrique  du  tabac. 
ENFIELLER.  v.  a.   Felle  tingere ,  amaricare.  Ce  moc  • 
eft  vieux.  C'eft  Ronfard  qui  s'en  ell  fervi  ;  mais 
notre  langue  eft  devenue  plus  févère  ,  &  la  Pocfie 
ne  donne  plus  droit  de  faire  des  mots  nouveaux. 
S'ENFIERIR..   Ronfard  a  dit  s'£'///?c;'r/>j  pour  devenir 
fier  \    Enflcurir  les  plaines,  pour   les  remplir  de 
fleurs;  s'Enfeuiller,  pour  fe  cacher  dans  les  feuilles  ; 
sEnglacerj  pour  fe  morfondre ,  &c.  Tout  cela  eft 
vieux  ,  Se  n'eft  plus  d'ufage. 
ENFILADE,  f.  f.  Difpofition  de  plufieurs  chofes^qui 
vont  de  fuite,  ou  fur  une  même  file  ,  fut  la  même 
ligne.  Ordo  ,filum  :  comme  enfilade  de  chambres , 
déportes,  debâticnens;  Se,  fisuréraent,  une  Ion- 


I 


E  NF 

■    gue  erijclade  d'IùHokes ,  d'exemples,  de  difcours. 
On  a  dic  quelquefois  enfilurc  de  diicours  ;  &  il  iem- 
ble  que  ce  cei-me  loi:  ncceiraire  poui  ligiuluf  j  d.ins 
le  fcns  figuré ,  une  luire  de  dilcoacs  liés  &  railbn- 
n.ibles.  Car  e/2/zVu A-,  quand  il  le  du  d'un  difcours, 
renferme  quelque  choie  d'odieux  ,   d'ennuyeux  , 
de  hors  de  propos.  Cependant  «/'2,'?/^ro  n'eft  point  du 
tour  d'ufage  ,  &  il  faut  chercher  un  autre  tour,  ou 
dire  ,  fimplement ,  la  iuice  du  dilcours ,  la  liaifon 
du  difcours.  Scrïts^  cjnànuaùo  ,  jHurn  ^,  Jcr/njrus. 
£NFitADE  j  fe  dit  aulîî ,   en  termes  de  guerre  ,  des 
tranchées  ,  &  autres  lignes  qui  lont  enfilées ,  dans 
klliuellcs  ont  peut  tirer  en  droite  ligne.  Les  dcrn  iers 
boyaux    des   tranchées  font  lujeis  à  Vcnjùade^i 
caufe  de  leur  proximité  du  chemin  couvert.    La 
batterie  A'enfdadc  cÙ.  celle  dont  les  coups  raient  une 
ligne  droite.    Commandement  àcnfiUdc ,  clt  un; 
hauteur  d'où  l'on  peut  nettoyer  &  battre  d'un  feul 
coup  toute  une  ligne  droite.  Le  canon  bat  le  folié 
par  enfilade.  Il  faut  poulfer  les  tranchées  hors  d'e« 
filade  ,   les  conduite  en  ferpcntant. 
Enfilade.  Terme  de  tridiac.  L'e/T/ZW^r  eft  l'obUacle 
qu'on  trouve  à  faire  palFer  les  dames  d'un  côté  du 
tablier  à  l'autre  \  ce  qui  fait  perdre  ordinairement 
la  partie.  On  appelle  aulii  enJiLj.de  ^  lorique  le  mal- 
heur vous  pourfuir  tellement  que  vous  ne  pouvez 
pas  faire  votre  plein  ,   &  que  vous  faites  des  coups 
contraires  en  fi  grande  quantité ,  que    vous   êtes 
obligé  de  charger  le  bidec ,  v5i  de  mettre  vos  dames 
l'une  fur  l'autre  ,  fans  pouvoir  câfer  j  en  forte  que 
votre  homme  qui  a  le  "^twt  en  poupe ,  ayant  fait  Ion 
j;rand  jan,  le  conlerve  &:  palle  fes  dames  par  les 
pillages  qu'il  trouve  dans  votre  grand  jan,  &  les 
place  dans  votre  petit  jan.  Traité  du  Trict.  \J en- 
filade arrive  encore  quand  on  a  ten.i  mal-à-propos 
un  grand  jin ,  dans  l'efpérancede  recevoir  des  points 
qu'on  n'a  point  reçus,  ou  bien  même  lorfqu'on  n'a 
pas  pu  s'en  aller ,  &  qu'enfin  on  a  été  obligé  de 
rompre  fon  plein ,  en  telle  forte  que  celui  contre  qui 
l'on  joue  trouve  des  pallageq  ouverts,  &  conferve  le 
fien.  Id.  C'eft  ordinairement  par  les  enfilades  que 
l'on  perd  ,  ou  que  l'on  gagne.  Id.  On.  dit  courir  à 
\enfilade.  Id. 
Enfiler,  v.  a.  PalTer  quelque  chofede  déliée  dans 
un  trou  étroit  ;   comme  fil ,  loie  ,  ruban  ,  corde  à 
boyau.  Trafiare  ,  fdum  umniitere  ^infirere.  Enfiler 
une  aiguille  ,  un  chapelet ,  des  perles. 

Le  Cardinal  de  Richelieu  ne  difoit-il  pas,  que 
fix  pieds  de  terre,  voulant  parler  des  intrigues  du 
Cabinet,  lui  donnoientplus  de  peine  que  tout  le 
refte  de  l'Europe  ?  Pourquoi  cela,  finon  à  caufe  des 
chapelets  quel'on  y  enfile  tk  défile  continuellement? 
-  Mascur.  c'eft-à-dirc,  des  intrigues  que  l'on  y  fait , 
&  de  celles  que  l'on  y  lompt  continuellement.  C'eft 
une  métaphore,  &  une  efpèce  d'expreiîion  pro- 
verbiale. 
Enfiler,  fe  dit  audî  en  parlant  de  ce  qui  eft  de  droit- 
fil  &en  droite  ligne,  foit  pour  y  palFer ,  foit  pour 
y  tirer.  Il  faut  prendre  garde  qu'une  tranchée,  que 
des  lignes  ne  foient  cnflUes;  pour  dire  que  l'ennemi 
ne  puilFe  tirer  tout  le  long  de  la  ligne ,  de  la  tran- 
chée. Il  faut  au  contraire  que  le  chemin  couvert 
foie  vu  &  enfilé  par  le  flanc  ,  afin  qu'on  en  puilfe 
ailément  challer  l'ennemi ,  s'il  vient  à  s'en  empa- 
rer. Il  faut  enfiler  QQ  chemin-là^  pour  dire  entrer 
dans  un  chemin  qui  elt  le  plus  court ,  (?c  par  conié- 
quent  le  plus  droit.  Reclum  iter  fequi..  Enfiler  \xnQ 
porte.  ScAR.  Le  vent  cnfiJe  les  rues.  Ablanc. 
Enfiler,  l'aller  fon  épée  au  travers  du  corps  d'une 
perfonne.  Transfi^ere ,  cranfadigere.  \\V:i  enfilé  àhs 
le  fécond  coup  d'cpée  qu'il  lui  a  porté. 


Enfiler.  Terme  de  Guerre.  C'eft  battre  &  nettoyer 
toute  l'étendue  d'une  ligne  droite.  On  dit  enfJcr  la 
courtine  ,  f-îA/Zcr  le  rempart. 

^3*  Enfiler.  Terme  de  Marine.  On  dit  que  le  ca- 
beftan  enfile  les  cables  en  viranr ,  lorfque  le  cable 
tourne  en  rond  autour  du  cabeftan. 

Enfiler.  Terme  de  Chandelier.  C'eft  pa'Ter  au  tra- 
vers d'un  petit  bâton ,  qu'on  appelle  brocin ,  la  mè- 


E  N  F  707 

che  des  chandelles.  Enfiler  des  chandelles.  Cande- 
las  J'ufpendere. 

Enfiler,  avec  le  pronom  perfonnel ,  eft  un  terme  de 
Maître  d'Armes,  qui  fignifie  fe  jeter  foi-même  dans 
l'cpée  de  Ion  ennemi,  induerefie  j  incurrere.  En  fe 
battant ,  ils  fe  font  enfidésXviW  l'autre.  C'eft  la  même 
chofe  qu'enterrer. 

Enfiler.  Terme  du  jeudeTriélrac.  Èiïq  enfilé ,  c'eft 
rompre  &  découvrir  une  flèche  entière  dans  fon 
grand  jan ,  par  où  l'adverfaire,  qui  conferve  encore, 
peut  palFer  dans  votre  jan  ,  &  confeiver  par-là  plus 
long-temps.  Enfiler  fon  adverfaire ,  c'eft  confer- 
ver  Ion  plein  ,  en  faifant  paifer  les  dames  furnu- 
niéraires  dans  le  jan  de  fon  adverfaire.  Traité  du 
Trictrac. 

On  dit ,  figutement,  qu'un  homme  s'eft  e/T^fZ/^ 
pour  due  qu'il  s'eft  cmbanallé  dans  quelqu'aftaire 
dont  il  aura  de  la  peine  à  iortir  fans  perte  ou  défa- 
vantage.  On  dit  aullî  enfiler  un  difcours,  pour  dire 
commencer  ,  entteprendre  un  difcours  ,  dont  on  ne 
le  peut  tirer  fans  peine,  ou  fans  longueur.  Téience 
^<lii,  Jabulam  uicepcat ,  i\  enfile  une  hiftoire.  £'«- 
filer  [c  dit  encore  pour  mettre  de  fuite.  Amyox  en- 
file plufieurs  mots,  qui  ont  une  même  lignification, 
6c  dont  un  feul  fuftiioitpour  exprimer  paifaitement 
le  Grec.  De  Méziriac.  Le  peuple  dit  enfiler  Iziue 
pour  dire  entrer  dans  une  rue  j  &  y  marcher.  Enfiler 
un  chemin.  Il  enfila  à  droite  ,  aulieu  de  prendre  à 
gauche  ,  &  s'égara. 

On  dit,  proverbialement,  qu'on  n'eft  pas  venu 
pour  enfiler  des  perles^  pourdirequ'on  n'eft  pas  venu 
pour  ne  rien  faire  j  pour  s'amufer  à  des  bagatelles. 
On  dit  auiîi  qu'un  homme  a  enfilé  la  venelle,  pour 
dire  qu'il  s'eft  enfui,  de  peur  d'être  pris  pour  quel- 
que mauvaile  aftion  j  ou  d'être  battu  par  un  plus 
fort  que  lui.  Ce  mot  eft  bas. 
Enfilé  ,  ée.  part.  En  termes  de  Blafon ,  on  dit  que  des 
couronnes ,  annelets ,  &  autres  chofes  rondes  Se 
ouvertes  font  enfilées  ,  confierez  ^  connexa  ^  quand 
elles  font  palfées  dans  des  paux,  fafces ,  lances ,  Se 
autres  chofes  femblables.  On  dit ,  en  Géométrie  Se 

le 


en  Méchanique,  que  deux  corps  font  enfilés  par  une 
ligne  droite,  qui  palîe  d'un  corps  à  l'autre.  Pour 
trouver  le  centre  commun  de  pefanteur  de  deux 
corps  enfilés  par  une  ligne  droite  qui  palle  par  leurs 
centres  de  pefanteur ,  il  faut  divifer  cette  ligne  eu 
laifon  réciproque  du  poids  de  ces  deux  corps.  Le 
point  de  divilion  fera  le  centre  commun  de  pefan- 
teur. En  termes  de  Chirurgie,  on  appelle  future  en- 
filée ,  une  future,  où,  après  avoir  palfé  l'aiguille 
dans  les  chairs ,  ou  dans  les  lèvres  de  la  plaie  ,  on 
entoure  le  fil  autour  de  l'aiguille  ,  comme  font  les 
Tailleurs  aux  aiguilles  qu'ils  gardent  fur  leurs  man- 
ches. 

{G'  ENFILEUR.  f.  m.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle,  chez 
les  Epingliers ,  celui  qui  palfe  les  têtes  d'épingles 
dans  les  branches,  pour  être  prelTées  entre  les  deux 
têtoirs. 

ENFIN,  adv.  ou  conjonél.  Terme  qui  fert  à  la  con- 
clulion  ,  par  lequel  on  finit  fon  difcours ,  ou  du 
moins  une  de  fes  parties,  ou  un  raifonnen'.ent.  De- 
nique,  tandem,  aliquando.  On  dit  autrement  i^rç,^^ 
ou  pour  conclufion.  Je  vous  dis  enfin,  c'eft-à-dire  , 
en  dernier  lieu.  On  le  dit  des  affaires,  aufii-bien 
que  du  difcours.  Voilà  une  alïaire  qui  eft  enfin  tet- 
minée.  Enfin  ma  patience  eft  à  bout.  Il  y  a  des 
endroits  où  quelques-uns  préfèrent  à  la  fin  à  enfin 
Mais  enfin  a  meilleure  grâce  au  commencement 
d'un  Pocme  ,  ou  d'une  période  :  enfin  vous  l'em- 
portez. ^  la  fin  eft  mieux  au  milieu  d'une  période  , 
ou  d'un  vers. 

Mon  courage  à  la  Çmfiuccombc  à  mes  douleurs. 

GOMB. 

Autrefois  on  difoit  enfin  final  ■ponv  enfin  s  ^  ceux 
qui  imitent  aujourd'hui  le  vieux  ftyle  le  difent  en- 
core dans  le  même  fens. 

V  v  V  v  ij 


7 


oB  E  N  F 

Enfin  final  approuvâtes  mon  dire  j 

Il  vous  parut J'ermon  j  non  pas  fatyre.DE  Vill. 


ENFISCH  ,  Vallée  de  Suiiïe  dans  le  haut  Valais.  Elle 
eft  longue  de  deux  milles  ,  abonde  en  pâturages  , 
&  l'on  y  tiouve  des  mines  d'argent  :  elle  eft  peuplée 
de  quelques  villages. 

ENFLAMMER,  v.  a.  Mettre  en  feu  ,  appliquer  la  feu 
à  un  corps  ,  de  manière  que  le  feu  s'élance  ,  Se  de- 
vienne iénfible  au-delà  de  la  furface  de  ce  corps. 
F'oyei  Ardent  &  ^v.-ëkasï.  InfiammarcUn  grain 
de  poudre  allumé  enjiamme  toute  une  mine.  On  le 
dit  aulfi  avec  le  pronom  perfonnel.  Les  matières 
gralfes  &c  fulfureufes  ^enflamment  aifément ,  facile 
flammam  concip'mnt. 

Enflammer  ,  fignifie  au  figuré  ,  Donner  de  la  chaleur, 
qui  fe  manifelte  par  des  fymptômes.  La  bile  ^en- 
flamme aifément ,  &  caufe  la  fièvre.  Il  fe  dit  auffi 
à^s  plaies  ,  des  humeurs.  Le  vin  pris  par  excès  en- 
flamme les  yeux-  Le  rhume  enflamme  la  poitrine. 

Enflammer,  fe  dit  aulîî  au-moral,  dans  le  même  fens, 
en  parlant  des  paifions ,  &  fur-tout  de  l'amour  & 
de  la  colère.  A  cette  nouvelle  il  s'e/{/?i2/72/;zfl  de  colère. 
Confidérez  l'état  effroyable  d'un  homme  que  la  co- 
lère enflamme  ,  &:.  la  violence  qui  le  tranfporte. 
M.  Esp.  Enflammer  le  courage  des  Soldats.  Vaug. 

Non  j  ce  neft  ni  par  choix  j  ni  par  raifon  d'aimer. 
Qu'en  voyant  ce  qui  plait ,  on  fe  lai^([e  enflammer. 

Corn. 

ENFLAMMERjfe  dit  aufll  en  matière  de  piété.  LeSaint- 
Efprit  enflamme  les  cœurs  d'un  amour  célefte. 

J^près  t  avoir  été  rébelle  , 
De  ton  divin  amour  je  me  fens  enflammer. 

L'Ab.  Tétu. 

Enflammé,  ÉE.  part. //y^^OT/WizrMj  accenfus.  On  ap- 
pelle boulets  enflammés,  ou  boulets  rouges  j  ceux 
qu'on  fait  rougir  &  enflammer  dans  une  forge  qui 
eft  auprès  de  la  batterie ,  &  où  on  les  prend  avec 
une  lanterne ,  c'eft-à-dire  ,  avec  une  grofle  cuillier 
de  fer ,  pour  charger  les  canons ,  &  embrafer  les 
toits  des  maifons  j  &  toutes  les  autres  chofes  com- 
buftibles  auxquelles  ils  s'attachent,  f^oye^  au  mot 
Ardent. 

ENFLECHURES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Marine.  Ce  font 
des  cordes  qui  traverfent  les  haubans  en  forme  d'é- 
chelons pour  monter  aux  hunes.  ScaU  nauticm.  On 
les  appelle  auflî  figures  ,  ou  flgules  ■,  ou  pas  de 
haubans. 

ENFLEMENT.  f  m.  Enflure,  élévation  ,  gonflement. 
Tumor.M.  Frézier  le  dit  fouvent  de  la  mer  ,  de  l'é- 
lévation de  la  mer  caufée  par  les  tempêtesj  les  vents, 
ou  le  flux  &  reflux.  Apparemment  qu'il  eft  en  ufage 
parmi  les  Marins  en  ce  fens.  En  toute  autre  matière 
on  dit  enflure  j  ou  quelque  mot  femblable  ;  &  l'on 
ns  croit  p.is  qn'enflement  foit  en  ufage.  On  n'y  eft 
pas  à  r.abri  (  dans  la  rade  d'Arica  )  dans  les  vents  de 
Sud  &  deSud-oueft  ;  mais  Tlfle  de  Guano  rompt  un 
peu  Venflement  de  la  mer.  Frez.  Et,  en  parlant  :de  la 
rade  du  Callao,  l'Ifle  de  S.  Laurent  rompt  l'e/z/^e- 
mencqm  vient  depuis  le  Sud-oueft  au  Sud-eft. 

IJC?  ENFLER.  V.  a.  C'eft,  en  général, augmenter  le  vo- 
lume d'un  corps ,  remplir  un  corps  de  vent ,  d'eau  , 
&c.  qui  donne  une  plus  grande  extenfion  que  l'or- 
dinaire. Infl'.zrc  ^  difiendcrc.  Enfler  unt  cornemufe  , 
un  ballon.  Le  vent  enfleles  voiles. L'hydropilîe  enfle 
le  ventre.  Ce  mot  s'emploie  au  phyfique  &  au  mo- 
ral ,  au  fimple  8c  au  figuré. 

Enfler  j  fe  dit ,  figurcment ,  en  Morale  ,  &  fignifiej 
Rendre  plus  vain.  Enfler  le  courage,  rendre  plus 
hardi  ,  plus  courageux,  animas  ,  w.entcm  addere. 
La  bonne  fortune  l'a  ê/t/?/ d'orgueil.  Il  eft  e'7/?e  com- 
me un  ballon.  Lafcience  enfle  ,  dit  l'Apôtre.  L'ap- 
plaudifl"ement  enfle  les  Auteurs.  Une  fi  puiifante 
proteétion  lui  eiifla  le  cœur.  Herman.  Il  faut  nour- 
rir notre  efpvit  au  grand  ,  &  le  tenir  toujours  plein 


ENF 

&  enflé ,  pour  ainfi  dire  ,d'ane  certaine  fierté  noble 
&  généreule.  Boil. 

On  dit  aufli  Enfler  fon  ftyle  j  lorfqu'on  fort  de 
la  manière  naturelle  d'écrire  ,  &  qu'on  afFeéte  de 
grands  mots  pour  le  rendre  plus  élevé,plus  pompeux. 
Marot  finit  une  épître  à  François  Premier  par  ces 
beaux  vers. 

Voilà  le  point  principal  de  ma  lettre. 
Vous  fave\  tout ,  il  n'y  faut  plus  rien  mettre^ 
Rien  mettre  las  !  Cènes  j  &fe ferai  j 
Et  cefaifant ,  mon  ftyle  /enflerai  j 
Difant ,  ô  Roy  y  amoureux  des  neuf  Mufes  ^, 
Roi  en  qui  font  leurs  fciences  iufufes  , 
Roi  plus  que  Mars  d'honneur  environné  ^ 
Roi  le  plus  Roi  quijut  onc  couronné  j 
Dieu  tout-puijfant  te  dointpour  t'étrenner^ 
Les  quatre  coins  du  monde  à  gouverner  j 
Tant  pour  le  bien  de  la  ronde  machine  , 
Qiie  pour  autant  que  fur-tout  en  es  digne. 

Enfler  la  dépenfe  d'un  compte  j  c'eft-à-dire  j  la  ren- 
dre plus  grolfe  qu'elle  ne  doit  être  par  l'emploi  de 
plulieurs  faulfes  parties.  On  dit  auflî  j  iJ/z/^er  la  do- 
fe.  Augere. 

$3°  Enfler  le  cahier  ,  les  écritures ,  c'eft  y  mettre  des 
chofes  inutiles  j  pour  les  rendre  plus  volumineu- 
fes ,  &  en  augmenter  le  prix. 

|iCT  On  le  dit  auflî  en  ce  fens  :  cet  Auteur  a  enflé 
fon  livre  de  citations  &  d'épifodes  inutiles. 

Tu  verras  les  Auteurs 
De  tes  titres  pompeux  enfler  leurs  dédicaces. 

Boit.' 

^3"  Enfler.  ,  eft  auflî  neutre  &  réciproque  &  dans 
le  propre  Se  dans  le  figuré.  Cette  loupe  enfle  beau- 
coup. Les  venins  font  enfler  le  corps.  La  rivière 
enfle  tous  les  jours.  La  rivière  s'enfle  lorfqu'elle  grot 
fit  par  les  pluies  uu  les  neiges  fondues.  La  mer  s'en~ 
fie  quand  la  tempête  commence.  Les  jambes  de  ce 
malade  commencent  à  s'enfler.  Il  ne  faut  pas  s'e«- 
fler  des  bons  fuccès. 

fC?  On  dit ,  en  ftyle  populaire  j  qu'une  fille  s'eft 
fait  enfler  le  ventre  ,  pour  dire  j  qu'elle  s'eft  faic 
engrolfer. 

Enflé  ,  ée.  part.  &  adj.  Inflatus  ,  tumefaclus. On.  dit,' 
abfolument  ,  un  homme  enffé ,  pour  dire ,  hy- 
dropique. Un  ftyle  enflé.  Le  ftyle  enflé  fe  prend  or- 
dinairement en  mauvaife  part.  Le  défaut  du  ftyle 
enflé ,  c'eft  de  vouloir  aller  au-delà  du  grand.  Bon.. 
Il  ne  faut  pas  confondre  des  phrafes  enflées  ôc  ex- 
travagantes ,  avec  des  phrafes  nobles  &  élevées, 
Id.  Les  Orientaux  fe  plaifent  à  un  flyle  enflé  Se  hy- 
perbolique. Le  Cl. 

IJC?  Enflé  _,  fe  dit  dans  les  Arts,  par  oppofition  ,  à 
amaigri  j  &  fignifie ,  qui  a  plus  de  grofleur.  Les 
vailfeaux  de  guerre  des  Anciens  étoient  fort  longs, 
diminués  Se  amaigris  de  l'avant  &  de  l'arrière ,  Se 
plus  enflés  par  le  milieu. 

Enflé. On  parle,enPhilofophie,de  points  enflés.  Quel- 
ques Philofophes,  croyant  éviter  les  difficultés  dans 
le  fentiment  de  la  divifibilité  de  la  matière  à  l'in- 
fini, &  dans  l'opinion  des  points  phyfiques  ,  onc 
inventé  des  points  enflés  ,  dont  ils  s'imaginent  que 
le  continu  eft  compofé.  Ces  points  enflés  font  des 
points  qui  n'ont  point  d'extenfion  réelle  ,  mais  feu- 
lement une  extenfion  virtuelle  ,  c'eft-à-dire  ,  qu'ils 
équivalent  à  des  points  qui  auroient  une  extenfion 
réelle.  Phyfiquement  parlant  j  on  ne  conçoit. pas 
cela.  Pour  fe  moquer  de  ces  Philofophes  ,  on  les 
appelle  les  Inflateursj  Inflatores ,  qui  enflenr. 

ENFLEUME  ,  &  ENFLUME.  f.  f.  Vieux  mots.  En- 
flure. 

IfT  ENFLURE,  f  f  Ce  mot  fe  dit,en  général,  de  tou- 
tes les  tumeurs  qui  fe  forment  fur  la  furface  ou  fur 
une  partie  de  la  furface  du  corps  ,  fans  avoir  égard 
à  la  caufe  qui  l'a  produite  ,  ni  à  la  matière  dont  elle 
eft  formée.  Mais  ces  fortes  de  rumeurs  reçoivent  dif-. 


ENF 


E  N  F 


709 

coûte 


férens  noms  Suivant  les  parties  du  corps  qu'elles  ?      fo"tes  fes  façons  :  lV«yô«ça^e  de  chaque  baril 

aifedent,  &c  les  caufes  d'où  elles  proviennent.  Celui  j      deux  fous  fix  deniers. 

éi  enflure  eft  particulièrement  aftetlé  aux   tumeurs  j  ENFONCEMENT,  f.  m.  Lieu  creux  &  enfoncé.  Re- 


ou  gonlîemens  qui  furviennent  extraordinairement 
en  quelque  endroit  du  corps, &  qui  font  formées  par 
lui  amas  de  matières  fluides,  par  le  fang  ou  les  hu- 
meurs. Infiano  ,  tumor.  L'enflure  vient  fouvent  après 
les  grandes  maladies.  Le  mal  de  dents  lui  a  caufé 
une  enflure  de  joue.  Enflure  provenant  d'une  pi- 
quure  ,  d'un  coup  reçu  ,  &c. 

On  dit ,  proverbialement  j  qu'une  grolfelTe  cft 
une  enflure  ds  neuf  mois. 
Enflure  de  jambes,  enflure  de  flanc  ,  enflure  de  col , 
&c.  font  des  maladies  auxquelles  les  chevaux  font 
fujets  ,  auiïï-bien  que  les  bœufs  &:  autres  animaux. 
Voyez  {'(Economie  de  la  campagne  de  M.  Liger.  L'e«- 
Jïa/v  eft  encore  une  maladie  de  brebis,  de  chèvres, 
de  cochons ,  iScc. 
EnflurEj  en  termes  de  Vénerie,  fe  dit  des  chevreuils, 
^fi^nilîe  ce  qu'on  appelle  dans  les  ceth  ,  la  meule, 
ou  bolfe.  C'eft  la  première  pouflTée  du  bois  d'un 
chevreuil  :  on  la  nomme  aulU  bode  du  chevreuil  , 
comme  bofle  du  cerf  :  mais  ce  n'eft  qu'en  parlant 
du  chevreuil  qu'on  l'appelle  enflure.  Subula. 
Enflure.  Terme  de  Manufadure  du  lainage.  Il  fe  dit 
de  la  trame  d'une  étoffe.  Le  mot  A' enflure  eft  parti- 
culièrement en  ufage  du  côté  d'Aumale.  Les  Ou- 
vriers de  la  fayetterie  d'Amiens  l'appellent  Anchue. 
|CF  Enflure  ,  en  matière  d'éloquence.  Vice  du  dil- 
cours  &  de  fes  penfées  j  ennemi  du  bon  lens  &  de- 
là vérité,  fuivant  l'exprellion de  Pavillon.  Ellecon- 
fifte  à  vouloir  donner  de  lanobleiVe,  de  la  gran- 
deur j  à  des  penfées  qui  n'ont  rien  d'élevé  ,  princi- 
palement par  la  pompe  des  mots  dont  on  les  accom- 
pagne ,  où  à  prendre  le  gigantefque  ,   c'eft- cà-dire  , 
ce  qui  eft  au-delà  du  ton  delà  nature,  pour  le  grand. 
Le  défaut  du  ftyle  enflé  ,  dit  Boileau  ,^  c'eft  de  vou- 
loir aller  au-delà  du  grand.  L'enflure  n'eft  pas  moins 
vicieufe  dans  le  difcours  que  dans  les  corps  :  elle  n'a 
que  de  faux  dehors  ,  &:  une  apparence  trompeufe  ; 
au-dedans  elle  eft  creufe  &:  vide.  Mais ,  en  matière 
d'Eloquence  ,  il  n'y  a  tien  de  fi  difficile  à  éviter  que 
l'enflure  ;  parce  qu'on  cherche  le  grand  &  le  fubli- 
me-  BoiL. 

^L'enflure,  dit  le  P.  Bouhouts,eft  vicieufej&  ne 
(îed  pas  bien  dans  les  penfées.  Elle  ne  convient  pas 
même  aux  fujets  pompeux  ;  enfin  elle  eft  une  mar- 
que de  foiblefle,  plus  que  de  torce. 

fCF  C'eft  principalement  dans  la  Comédie  qu'il 
faut  éviter  V enflure.  L'enflure  des  maximes  du  Porti- 
que fied  mal  dans  la  Comédie  ,  où  il  ne  s'agit  que 
de  repréfenter  le  train  ordinaire  de  la  vie.  Dac. 

Fuyci  dans  vos  difcours  /'enflure  &  la  ba(fejje  : 
Quainfi  qu'en  vos  habits  rien  n'y  fait  affecié  : 

Qiiune  noble fimplicité 
Enfajfe  l'ornement ,  la  grâce  &  la  richejje.  Pav. 

53*  Enflure  ,  en  Morale.  Enflure  du  cœur,  fynony- 
meà  orgueil.  L'orgueilleux  uniquement  occupé  de 
fa  perfonne  ,  eft  plein  &  bouffi  de  lui-même.  P^oy. 
Orgueil  &  Vanité.  L'orgueil,  dit  M.  Nicole,  eft 
une  enflure  du  cœur  qui  fe  groflit  lui-même  ;  c'eft 
pourquoi  il  faut  piquer  cette  en  ure  ,  pour  en  faire 
lortir  le  vent  qui  la  caufe. 

IJCr  Ce  mot  déplaifoit  à  Madame  de  Sevigné  & 
à  Madame  de  Grignan.  J'ai  été  bleflce  comme  vous  , 
difoit-elle  ,  de  ['enflure  du  cœur.  Ce  mot  d'enflae 
me  déplaît.  Elle  fe  familiarifa  enfuite  avec  lui.  Je 
foutiens ,  difoit-elle  j  qu'il  n'y  a  point  d'autre  mot 
pour  exprimer  la  vanité  &  l'orgueil. 

ENFONÇAGE.  f  m.  Terme  de  Marine.  Les  avaries 
ordinaires  font  les  emballages ,  les  enfonçages  ,  les 
charges  ,  &c. 

Enfonçage.  Terme  de  Tonnelier  ,  qui  eft  d'uf.ige  en 
Normandie  &  en  Picardie  ^  dans  la  préparation  & 


cejjus.  Dans  Venjoncement  de  cette  chambre  on  i 
pratiqué  une  alcôve  ,  une  garderobe.  Il  y  avoir  un 
enfoncement  par  lequel  on  pouvoic  entrer  dans  le 
camp.  Enfoncement  fe  dit,plus  ordinairement,de  ce 
qui  paroît  de  plus  éloigné  j  de  plus  reculé  dans   un 
heu  enfoncé.  Dans  Venjoncement  de  ce  tableau.  Dans 
Venjoncement  du   théâtre,  on  voit  un  magnifique 
Palais. 
Enfoncement  ,  fe  dit  encore  de  la  profondeur  des 
fondemens  d'un  bâtiment  •,  attitudo  j  deprcjjio  ^  prc 
Junditas  :  c'eft  pourquoi  on  a  coutume  de  marquée 
dans  un  devis ,  que  les  fondations  auront  tant  d'en- 
foncement. On  le  dit  aufli  de   la   profondeur  des 
puits,  dont  la  fouille  fe  doit  taire  jufqu'â  plus  de 
deux  pieds  au-dellous  de  la  fuperhcie   des    plus 
balfes  eaux. 
Enfoncement,  fignifie  aufli  l'adion  d'enfoncer,  de 
brifer.  Effraclio.  Les  vols  qui  fe  font  par  bris  Si  en- 
foncement de  portes  font  punillables  de  mort.  L'en- 
Joncemcnt  des  premiers  elcadrons  fut  caufe  de  la 
viéloire. 
Enfoncement.  Terme  de  Joaillier.  Il  fe  dit  d'une 

pierre  épailfe. 
r]a"  ENFONCER,  v.  a.  Poufler  vers  le  fond,  faire  en- 
trer bien  avant  ,  ficher  une  ciiole  pointue.  Adigere. 
Enfoncer  un  clou  dans  une  muraille.  Il  faut  enfoncer 
des  pilotis  jufqu'à  refus  de  mouton.  Lnjoncer  en 
terre  le  foc  de  la  charrue ,  fuicum  injodere. 

§Cr  On  le  dit  de  même  pour  preller  ime  chofe, 
pour  la  rapprocher  du  fond  II  fuit  bien  enjoncer 
ces  paquets  ,  &  tout  tiendra  dans  la  caiife.  Compri- 
mere  ,  cogère.  Enjoncer  fon  chapeau  dans  fa  tête  , 
c'eft  faire  que  la  tête  entre  plus  avant  dans  le 
chapeau. 
0CF  Enfoncer,  fignifie  aufli  j  Détruire  une  portion 
de  la  furface  d'un  corps  ,  de  manière  que  les  par- 
ties de  fa  furtace  ne  foient  plus  de  niveau  ,  ni  dans 
le  même  otdte  après  le  déplacement.  Enjoncer  une 
porte  ,  une  prifon.  Perfringere, 

IfT  On  dit,  dans  ce  fens ,  enfoncer  un  batailloiij 
enfoncer  les  rangs ,  les  rompre ,   les  renverfer  en 
donnant  dedans.  Ce  Régiment  a  enjoncé  les  batail- 
lons ennemis.  Il  enjonce  les  rangs  j  &   taille  touc 
en  pièce.  Vaug. 
IJCF  ENFONCEK.,Terme  de  Tonnelier.  Mettre  des  fonds 
à  des  tonneaux  ,  à  des  cuves.  Fundum  munire  y  ta- 
bulare.   On  a  fait  marché  avec  ce  Tonnelier  pour 
enjoncer  ces  tonneaux  par  lesdcux  bouts. 
§3°  Enfoncer  ,  Terme  de  Fauconnerie  ,  fe  dit  de 
l'oifeau  qui  fond  lut  la  perdrix,  en  la  pouflant  juf- 
qu'â la  remife.  Perfequi. 
§3°  Enfoncer  les  éperons  à  un  cheval,  terme  de  Ma- 
nège, les  lui  faire  fentir  avec  violence. 
|]CJ"Enfoncer  un  arbre  ,  en  Jardinage  j  c'eft  le  plan- 
ter un  peu  avant  en  terre. 
Enfoncer  J   fignifie  aulfi  ,  Couler  vers  le  fond.  Im- 
mergere.  On  a  enjoncé  de  vieux  navires  pour  faire 
des  digues.  Il  fe  prend  aufli  dans  une  lignification 
neutre  ,  decidere  ,  mergi.  Les  bateaux  enjoncent  da.ns 
l'eau  à  proportion  du  poids  dont  ils  font  chargés.  Il 
y  a  eu  un  temps ,  auquel ,  pour  s'alfùrer  li  les  gens , 
fufpeds  de  m.igie  ,  ou  forcellerie  ,  étoicnt  efleéti- 
vement  coupables  ,  on   leur  lioit  les  mains  S-c  les 
pieds ,  &c  on  les  plongeoir  dans  l'eau.  Ceux  qui 
enJonçoienCy  étoient  déclarés  innocens  :   ceux  qui 
ncnfoncoient  point  étoient  reconnus  coupables  j  ^ 
on   les  punifloit  comme  tels.  On  faifoit  la  même 
épreuve  pour  d'autres  crimes  ;  &  il  arrivoit  fou- 
vent  ,  à  ce  qu'alfurent  plufieurs  Auteurs ,    qu'un 
homme  ,  dans  cet  état,  interrogé  fur  diffcrens  ar- 
ticles ,  enjoncoit  à  certaines  interrogations ,  i^cn  en- 
fo'icoit  point  à  d'autres.  Foye^  le  Traité  du  R.  P.  le 
Brun  fur  les  pratiques  fuperftitieufes  ,  &  cidclfous 
au  mot  Épreuve. 

avant  en 


le  commerce  du  hareng  caqué.  Il  fignifie  mcrtre  le  j  Enfoncer,  v.  n.  fignifie  aufli.  Entrer  bien 

fond  à  un  baril  rempli  de  harengs ,  après  qu'il  a  eu  i     quelque  lieu.  Penetrare.  Ce  Capitaine  n'ofa  pas  en 


yio 


E  NF 


E  N 


r 


foncer  bien  avant  dans  le  bois  ,  de  peur  d'une  em-  i  ENFONDRER  ,  ou  EFFONDRER,  y.  a.  Brifer ,  rom- 
biilcade.  On  n'a  pas  alFez  enfoncé  dans  cette  mine       pre  avec  efiort  &:  violence,  i'cnumptre. ,  effringirs. 

Le  moc  à'enjondr^r  eft  vieux  ,  &  celui  d'efj-uniirer  a 
pris  la  place,  ^oj  q  EFFONDRER. 

On  dit ,    populairement ,  une  grofTe  effondrée  , 
enfondrée,  pour  dire  une  grolFe  femme. 
ENFORCIR.  V.  a.  Qui  le  du  louvent  avec  le  pronom 
perlonnel.  Rendre  ou  devenir  plus  Irorc.  Corroborare^ 


pour  trouver  la  veine  du  métal. 

IP"  Il  eft  aulli  réciproque.  S'enfoncer  dans  un 
bois ,  dans  une  caverne. 

|p°  Enfoncer  &  s'Enfoncer,  fe  difent  également 
dans  le  lens  moral  &c  figuré.  L'application  conti- 
nuelle à  la  ledlure  rend  les  gens  diltraits ,  &  les  en- 
fonce en  eux-mêmes.  Bell,  lln'étoit  pas  de  ces  hom- 
mes enfoncés  6c  impénétrables  ,  qui  s'attirent  en  le 
cachant  le  refpeét  des  peuples.  Mass.  La  foluude  &: 
les  bois  infpirent  une  certaine  tendrelTe  qui  ne  fert 
qu'à  enfoncer  le  trait  qu'on  voudroit  arracher.  S. 
EvR.  Ce  jeune  homme  s'ert/owcc^,  eil  enfoncé  da.ns 
la  débauche  ,  dans  l'étude.  Il  le  donne,  il  le  livre 
tout  entier.  Deditus  ^  immerfus.  Il  ne  faut  pas  trop 
s  enfoncer  dans  cette  queltion ,  Tapprotondir.  Mon 
delîein  n'ell  pas  de  m  enfoncer  dans  une  difpute  ré- 
gulière. S.  EvR. 

Enfoncer  ,  fe  dit  auffi  pour  ,  Pénétrer.  Il  y  a  des  gens 
qui  ne  paient  que  de  mine  ;  ils  n'ont  pas ,  fi  je  l'olc 
dire,  deux  pouces  de  profondeur^  il  vous  les  enjon^ 
cei3  vous  rencontrerez  le  tuf.  La  Bruy.  Si  paulo 
prefilàs  tentaveris. 

Enfoncé,  ée.  part.  &  adj.  Depreffus.  Ccne  vieille  a 
les  yeux  rouges  &  enjoncés.  Les  gens  toujours  enjon- 
cés  dans  des  méditations  férieules  patient  peu ,  par 
<:e  qu'ils  font  trop  d'attention  à  ce  qu'ils  penient. 
Bell.  On  n'aborde  que  par  contrainte  &  par  né- 
ceflité  une  mine  fombre  ik.  enfoncée.  Ch.  de  Ivi. 
Avoir  l'efprit  erfoncé da.ns  la  matière,  ceft  ,  Avoir 
l'efprit  épais  &  groilier.  Cela  ne  fe  dit  qu'en  riant  j 
êc  dans  le  ftyle  burlefque. 

On  dit,bairement,qu\in  homme  eft  enjoncé dans 
une  affaire  jufqu'aux  fangtes  j  bien  engagé.  Impli 
chus. 

ENFONCEUR.  f.  m.  Qui  enfonce  ,  qui  brife  ,  qui 
rcimpt  avec  violence.  Au  lujet  de  la  cenfure  du  taux 
Ilîdore  &  de  Turrien  ,  le  i^ère  :iirmond  appelait 
M.  Blondelun  enfonceur  as  portes  ouvertes  ,  à  caufe 

■  de  la  chaleur  iSc  des  efforts  avec  lelquels  il  a  pour- 
fuivi  ces  deux  Auteurs  ,  dont  la  défaite  n  étoit  m 
difficile  ,  ni  fort  confidérable  ,  apiès  que  tant  de 
Critiques  Catholiques  avoient  déjà  découvert  les 
impoftures  d'Ifidore  ,  &  que  le  procédé  de  Turiien 
avoir  été  lifflé  &c  cenluré  par  les  plus  judicieux  d'en- 
tre nos  Ecrivains  avant  lui.  Baillet,  Jug.desSav. 
Au  refte  ,  enfonceur  n'ell  que  dans  le  Diétionnaire 
de  l'Académie  ,  qui  obferve qu'il  nell  d'ulage  que 
dans  l'exemple  précédent. 

fO"  ENFONCER,  f.  f.  Terme  de  Tonnelier.  Se  dit 
de  toutes  les  pièces  qui  font  le  fonds  des  tonneaux. 
Pars  iina.  Le  merrain  le  plus  court  eft  deltiné  pour 
les  enfoncures  des  tonneaux. Dans  quelques  endroits, 
on  èéiifôncure  de  tonneau  ,  lie  foncer  un  tonneau  , 
pour  enfoncure  &  enfoncer. 

IJC?  On  le  dit  ,  auflî  ,  de  l'affemblage  des  ais 
placés  dans  un  bois  de  lit  pour  foutenir  lapaillaffe, 
les  matelats.  Tabdatum  ,  tabulado.  Une  enfoncure 
de  lit. 

Loret  a  dit ,  dans  fes  vers  burlefques ,  enfoncu- 
res ^  pour  e/z/o«t'e/72<?/zr  ;  c'eft  apparemment  la  rime 
qui  l'a  déterminé  à  faire  cette  faute. 

Un  vajle  jardin  d'efpaliers  j 
Bien  alignés ,  bien  réguliers , 
Où  l'on  voyait  dans  /'enfoncure  , 
Par  un  grand  art  d' Architeclure  j  S<.c. 

Enfoncure,  fedit,  anlîî,  pour  creux,  cavité.  Lu- 
cana  ,  cavum.  V enfoncure  de  la  bouche  j  X enfon- 
cure Aw  pavé.  Danet.  On  le  dit,  auffij  d'une  dé- 
preffion  violente ,  d'un  écachement  fans  aucune  tente 
à  la  fuperficie  de  quelque  chofe  ,  comme  des  pots 
d'étain  ,  du  crâne  ,  &C.  Depreffio.  Si  on  trouve  une 
enfoncure ,  (  au  crâne  )  il  faut  la  relever  \  h  c'efl:  une 
/impie  fente,  il  faut  la  ruginer.  Dionis.  Quand  le 
«•lâne  ne  fe  rétablivoit  pas ,  fi  Yenfoncure  eft  petite  ôc 
fans  accidens,  il  faut  la  laiffer.  Id. 


corroborari.  Ce  jeune  homme  s'eit  bien  enjora  depuis 
deux  ans.  Le  rellort  de  cette  horloge  ell  trop  foi- 
ble  j  il  le  faut  enjorcïr ,  ou  y  en  mettre  un  plus  fort. 
Il  eit  de  peu  d'ulage  en  parlant  des  perfonues. 
En  FORCIR  eft  aulli  neutre.  Ce  cheval  enjorcit  tous  les 

jours.  Il  a  cnjorci  de  moitié,  &  enjorcira  encore. 
Enforci,  ie.  part.  Corroborants. 
ENFORESTE.  adj.  Vieux  mot,  qui  lignifie  enfoncé. 

dans  une  forêt.  Abditus  infyivam. 
§cr  ENFORESTER.  v.  a.  Mettre  des  terres  en  forêt 

royale  ,  luivant  l'ufage  d'Angleterre. 
ENFORMER.  v.  a.  Terme  de  Bonnetier  &  de  Chape- 
lier. Mettre  un  bas  dans  la  forme  ,  mettre  un  cha- 
peau fur  la  forme.  Forma  indere  _,  adjonnam  ap- 
tarc.  Enjonner  un  bas  j  enjormer  un  chapeau. 
'îfT  Enformer  ,  chez  les  Chaudronniers  j  C'cil  ébau- 
cher une  pièce,  pour  la  finir  enfuite. 
ENFOUIR.  V.  a.  Enfoncer  dans  la  terre.  Infoderc  y 
dejodere.  Ce  Jardinier  n'a  pas   enjoui  allez  avant 
ces  arbres  dans  terre  ,  ils   ne  pourront  pas  profiter. 
On  le  dit ,  de  même  ,  du  fumier  c^u'oa   met  en 
terre  pour  les  couches  lourdes. 
Enfouir,  fignihe,  aulîl ,  Cacher  en  terre.  Terra  oc~ 
culere.  Les  avares  ont  coutume  à'enjouir  leurs  tré- 
fors ,  de  peur  qu'on  ne  les  vole. 
Ce  mot  vient  du  Latin  infodcre. 
Enfouir  ,  fe  dit  ,  aulli  ,  figurément,  des  chofes  fpi- 
riiuelles.  Abdere  j  perdere.  Un  Prédicateur  ne  doit 
pas  erfouir  le  talent  que  Dieu  lui  a  donné  j   il   ne 
doit  pas  le  tenir  caché  ,  le  rendre  inutile. 
Enfoui  j    ie.  part.  pall.  &  adj.    Defofus  ,    abditus 

humo. 
fO^  ENFOUISSEMENT,  f.  f.  Dcfojfio.  L'adion  d'en- 
fouir. Il  n'ell  point  en  ufage.  Cependant  l'Auteur 
de  l'Hiftoire  du  Panthéon  n'a  pas  fait  didicuhé  de 
s'en  fervir ,  &  je  ne  lais  li  nous  avons  d'autre  moc 
qui  rende  la  même  idée.  Le  fol  du  Panthéon  , dit-il, 
n'a  pas  toujours  eu  la  même  élévation  qu'il  a  au- 
jourd'hui. Celafe  voit  par  les  plinthes  des  colonnes, 
qui  font  enfouies  de  plus  des  deux  tiers  de  leur 
épaiffeur.Il  y  en  a  même  quatre  qui  font  abfolument: 
au  niveau  du  pavé.  Ver^ouifjement  d'une  partie  li 
elîentielle  de  la  colonne  ne  peut  dater  que  des  fiè- 
cles  de  la  barbarie.  Mém.  de  Trév.  Nov.  1758. 
ENFOURCHEMENT.  f.  m.  Terme  d'Architeélure. 
Augulus  injurcufimduudinemjormatus.  C'eft  Tangle 
formé  par  la  rencontre  des  deux  douelles  de  voûtes 
qui  fe  rencontrent  :  les  voulToirs  qui  les  lient  ont 
deux  branches    comme  une  fourche  j  dont   l'une 
elt  dans  une   voûte  ,  &  l'autre   dans   la  contiguc. 
Fkézier.  C'eft  ,  aulli ,  un  terme  de  Jardinage ,  qui 
fe  dit  d'une  forte  de  Greiie.  Voye-{  Greffe. 
ENFOURCHER,  v.  a.  Terme  deMirine.  Enfourcher 
un  vaiffeau  ,  c'eft  Jeter  l'ancre  d'affourche.  On  dit  j 
auilî ,  affourcher.  C'eft  ,  Mouiller  une  féconde  an- 
cre en  un  lieu  éloigné  de  la  première  j  enforte  que 
leurs  cables  fiilfent  une  efpèce  de  fourche.  Ajicho- 
ram  alteram  altero  in  loco  jacerc.  On  enfourche  un 
navire  pour  l'empêcher  de  s'éloigner  j  de  fe  tour- 
menter ,  de  chaffer  fur  fon  ancre.  Foy.  AFFOUR- 
CHER. 
Enfourcher  J  fedlt,  encore  de  l'ancre,  lorfqu'elle 
s'attache  au  tcrrein  ,  qu'elle  mord  le  fond-  Foyei 
Ancre  ,   &  Enjauler. 
Enfourcher,    fignifie  ,    auffi ,  Monter    achevai, 
jambe  deçà ,  jambe    delà.  Cette  femme  enfourche 
un  cheval ,  comme  feroit  un  Cavalier.  Il  n'eft  que 
du  ftvle  familier. 
ENFOURCHURE.  f.  f.  Terme  de  Vénerie  ^  qui  fe 
dit  de  la  tête  d'un  cerf  dont  l'extrêmué  du  bois  fe 
termine  en  fourche  ,  ou  en  deux  pointes  i  &  une 


E  N  F 

tète  faits  alnfi  ,  s'appelle  enfourchie.  Cornu  b'ifiàum. 

Enfourciiure.  Terme  d'Eciiyer.  C'eft  la  partie  du 
corps  qui  eft  entre  les  cuilFes.  Four  fe  bien  tenir  à 
cheval ,  il  faut  s'y  tenir  aills  droit  fur  ï enfourciiure 
oa  h  fourchure ,  &  non  fur  les  felfes,  &  avancer 
!e  corps ,  le  plus  qu'il  eft  poflible  ,  vers  le  pommeau 
de  la  lelle,  fans  cependant  plier  le  dos,  &:c.  Ecuyeb. 
François. 

ENFOURNER,  v.  a.  Mettre  le  pain  ou  la  pâtiflèrie 
dans  le  four  pour  la  cuire.  Induccre  infurnum  •  mu- 
rer«.  La  pelle  à  enfourner.  Infurrùbulum  ,  pala  Jur- 
naria.  Il  faut  commencer  par  enfourner  les  plus  gros 
pains  ,  dont  on  "arnit  le  fond  &  les  rives  du 
four ,  gardant  le  milieu  pour  y  placer  le  petit  pain , 
le  plus  blanc  j  le  plus  délicat ,  qu'on  enjourne  le 
dernier.  Liger. 

Enfourner  ,  Métaphoriquement. 

D'autre  côcépoar  mon  épitre  orner ^ 

Je  ncfaurois  quel  propos  enfourner.  Marot. 

Enfoitrner  ,  fe  dit ,  figurément  &  balTement ,  pour 
dire,  commencer  une  aftaire.  Incipere ^  auj'picari. 
Quand  on  entre  en  quelque  profeflion  ,  il  n'eft  rien 
tel  que  de  bien  e«/o/^r/?er.  Ce  procès  eft  en  danger  de 
fe  p^irdrej  parce  qu'on  a  mal  cnjourné  d'abord. 

On  dit ,  proverbialement ,  A  mal  enjourncr  ,  on 
fait  les  pains  cornus  ;  pour  dire ,  qu'on  fait  mal , 
ou  qu'on  ne  finit  point  une  aftaire  mal  commencée. 

Enfourné,   ÉE.part. 

ENFREINDRE,  v.  a,  Tranfgreffer  ,  contrevenir  à  une 
loij  un  traité,  une  Ordonnance  ,  un  privilège.  Il 
ne  fe  dit  qu'en  parlant  de  chofes  femblables.  Injrïa- 
gere  ,  imminuere.  On  ne  peut  enjreïndre  un  traité 
lolennel ,  fans  être  acculé  de  mauvaiie  foi  j  de 
parjure.  Adam  fe  rendit  coupable  pour  avoir  en- 
jreint  la  Loi  de  Dieu.  Enfreindre  les  ordres  du  Ciel. 
Patru.  Enfreindre  les  privilèges  du  Royaume. 
Mauc.  LeSupérieurd'une  Communauté  Religieufe 
doit  s'oppofer  à  l'injufte  pollellion  où  je  voudrois 
m'établir  ^enfreindre  impunément  la  règle.  Bour- 
EAt.  Exhort.  T.  I.  pag.  217.  Le  nom  verbal  elf 
Infraclion. 

Ce  mot  vient  du  Latin  ïnfringere.  Du  Cange  le 
dérive  du  Latin  anfraclura  ,  qui  lignifioit  rupture. 

Enfreint  j  einte.  part.  Injracius  _,   violatus. 

ENFROQUER.  v.  a.  Faire  Moine.  Scapulari  induere, 
monamum  fdccre ,  ad  monachalem  habïcum  inducere. 
Ce  jeune  homme  s'eft  enfroqué  fins  le  confente- 
ment  de  fes  parens.  C'eft  un  tel  Diredeur  qui  l'a 
enjrnqué ,  qui  l'a  exciré  à  fe  faire  Moine.  Ce  beau- 
père  a  enfroqué  trois  enfans  du  premier  lit  j  malgré 
eux.  Il  n'eftbon  à  rien  ,  il  faut  Venjroquer.  Ce  mot 
fe  ditj  ou  en  pkifantant ,  ou  par  mépris,  dans 
le  ftyle  familier. 

Ïnfroqué  ,  ÉE.part. 

ENFUIR.  Qui  ne  fe  dit  qu'avec  le  pronom  perfonnel , 
&  hgnihe  S'éloigner  avec  vicelTe  de  quelque  lieu 
dangereux.  Fugere  j  fejugâ  prorlpere  j  dure  infugam. 
Les  voleurs  ont  voulu  attaquer  ce  Cavalier,  mais 
il  s'eft  enfui.  On  a  mal  garde  ce  prifonnier  ,  il  s'en 
eft  enfui.  J-^oyexï'ViK. 

Enfuir  ,  fe  dit ,  figurément  ,  des  vailTeaux  qui  font 
trop  petits  pour  contenir  une  liqueur ,  ou  qui  la 
laiilent  écouler  pat  quelque  ouverture  ,  ce  qui  fe 
dit,  aufti  ,  des  liqueurs  qui  y  font  contenues.  Le 
vin  qui  bout  dans  le  tonneau  senjuic  par  le  bon- 
don.  Exifluat  y  fuperfluit.  Ce  tonneau  s  enfuie  par 
la  canule.  Le  pot  s  enfuit ,  effundirur. 

Ekfuir  ,  fe  dit ,  figurément  ^  en  chofes  morales.  Le 
temps  s'enfuit^  céleri  pede  lahitur  ;  c'cft-à-direj 
coule  bien  vite.  L'occanon  senjuit  •  pour  dire  ,  elle 
s'échappe.  On  dit ,  poétiquement ,  Les  vents  s'en- 
fuient j  venti pofuere  .,  &  le  ciel  devient  ferein. 

On  dit ,  proverbialement ,  c'eft  un  chien  de  Jean 
de  Nivelle  j  qui  s'en////r  quand  on  l'appelle  j  en  fo 
moquant  de  ceux  qui  font  le  contraire  de  ce  qu'on 
dcfire  d'eux. /^oy  l'origine  de  ce  proverbe  .à  Jean. 
©n  dit,  encore  j  Ce  u'eft  pas- là  que  le  pot  %cnjuii  j 


E  N  F     E  N  G  71  î 

pour  dire ,  Ce  n'eft  pas-ià  que  l'affaire  manquera  ^ 
ce  n'eft  pas-là  le  défaut  de  cet  homme. 

ENFUMER,  v.  a.  Expofer  quelque  chofe  à  la  fumée  > 
foitpour  la  noircir,  foit  pour  lui  en  faire  fouftrir 
les  autres  mauvaiies  qualités-  Infumare  ,  fumigare. 
Lesfaullaires  enjumenths  parchemins  pour  les  faire 
paroître  vieux.  On  enjume  les  renards ,  les  abeilles, 
pour  les  faire  fortir  de  leurs  terriers,  de  leurs  ru- 
ches. Alexandre  Sévère  enjuma  ,  &  fît  mourir  un 
homme  par  la  fumée  j  parce  que  c'étoit  un  vendeur 
de  fumée. 

1^  Enfumer,  v.  a.  expofer  à  la  fumée.  C'eft  ,  quel- 
quefois ,  noircir  par  la  fumée.  Injuniare.  On  erfumc 
des  verres  de  lunettes.  La  grande  quantité  de  bou- 
gies, de  chandelles  e«///w2<;  les  meubles.  Quelquefois 
incommoder  par  la  fumée.  Vousm't'/z/wwe-en  tifon- 
nant.  On  enjume  les  renards  ,  les  blaireaux  ,  les 
abeilles  ;  pour  dire ,  qu'on  oblige  les  uns  à  fortir 
de  leurs  terriers  ,  les  autres  de  leurs  ruches. 

03"  Enfumer  j  en  peinture.  Voyei  Enfumé. 

Enfumer  ,  fc  dit  j  aufli ,  pour  Èngrailfer  de  fumier. 
Stercorare.  Si  ce  terme  eft  en  ufage ,  ce  ne  peut  être 
que  dans  quelques  Provinces.  Ori  doit  dire  Fumer 
'  un  champ.  J^oye\.  Fumer. 

Enfumée,  ée.  part,  &  adj.  Fumofus.  kV^ovaz ,  ceux 
qui  fe  prétendoient  des  anciennes  familles ,  mon- 
troient  les  ftatues  tronquées  &  enfumées  de  leurs 
AncctreSj'parce  que  c'étoit  une  marque  d'antiquité. 
|Cr  On  dit ,  dans  le  même  fens ,  tableau  enjume ^ 
en  parlant  d'un  vieux  tableau  que  le  temps  a  noirci. 
Les  brocanteurs  enfument  fouvent  leurs  tableaux  , 
pourles  faire  paroître  plus  vieux,  &  les  vendre  plus 
cher. 

On  dit ,  proverbialement,  nous  étions  erfumés 
conmie  de  vieux  renards  ;  pour  dire  3  nous  étions 
incommodés  delà  fumée. 

ENFUTAILLER.  v.  a.  A^lettre  de  la  marchandife  dans 
une  futaille.  Le  P.  Labat,  dans  fes  curicufes  Rela- 
tions des  Ifles  Antilles  ,  dit  qu'il  faut  prendre 
garde  A'enfutailler  le  gingembre  ,  qu'il  ne  foie 
paifaitement  fec. 

E  N  G. 

ENGADDI.  Quelques-uns  écrivent  Engeddi  ^  8c  d'au- 
tres Hengiiedi.  Ville  de  la  Terre-Sainte ,  apparte- 
nant à  la  Tribu  de  Juda  ,  &  fituée  dans  le  déiert  ou 
la  folitude  de  cette  Tribu.  Jofeph  la  nomme  Ln- 
jOi7</(/t7.Elleéroit ,  dit  Eufebe  ,  fur  le  bord  occiden- 
tal de  la  Mer  Morte.  Etienne  de  Byzance  dit  qu'elle 
éfoit  près  de  Sodome.  M.  Reland  dit  que  cela  eft 
faux  ,  parce  que  Sodome  étoit  voifine  de  Ségor ,  ou 
Tfoar,  &c  que  Tfoar  étoit  à  l'extrémité  méridionale 
de  la  Mer  Morte:  mais  il  prend  lui-même  les  cho- 
fes trop  à  la  lettre  d'un  côté  ,  &  de  l'autre,  il  place 
Engdddï  trop  au  nord  ,  en  le  mettant  vers  le  com- 
mencement de  la  Mer  Morte  ,  peu  loin  de  l'endroit 
où  le  Jourdain  s'y  décharge.  S.  Jciôme  ,  qui  ne 
pouvoi-  l'ignorer,  dit  pofitivement  c[\xEngaddi  eft 
à  l'autre  extrémité  de  la  Mer  Morte  ;  &  il  ne  peut 
y  avoir  là  de  faute  de  Copifte  ;  au  lieu  que ,  dans  Jo- 
feph ,  il  y  a  très-vraifemblablementunefaute. 

La  folitude  â'Engaddicton  la  partie  de  la  folitude 
de  la  Tribu  de  Juda  j  qui  étoit  aux  environs  d'En- 
gaddi ,  &  qui  en  faifoit  le  territoire.  C'étoit  un  pays 
de  fable  ,  qui  ne  produifoit  prefque  rien  :  on  allure 
même  qu'il  y  a  des  campagnes  de  fel  dans  cette  par- 
tie méridionale  de  la  Tribu  de  Juda.  Il  y  avoir  ce- 
pendant des  vignes  aux  environs  à'Engaddi ,  comme 
il  paroît  par  le  Cantique  des  Cantiques  I.  1 3.  Plins 
dit ,  L.  V.  C.  17.  qu'après  Jérufalem  ,  Ens,addi  étoit 
la  plus  fertile  ,  &  où  il  venoit  les  plus  beaux 
palmiers.  LesThalmudiftes,  dansla  Gémare  Scîiab- 
batJi,  XXVL  i.&r  Jofeph,  à  l'endroit  cité ,  difent 
que  c'étoit  à  Engaddi  que  venoit  le  baume.  Eufebe 
dit  qu'il  croiftoit  à  Engaddi  &c  à  Ségor ,  ce  qui  mon- 
tre encore  la  proximité  de  ces  deux  lieux,  tngaddc 
n'étoit  plus  qu'un  bourg  au  temps  de  S.  Jérôme. 

Ce  nom  qui  eft  Hébreu^  compofé  depy,  «i/i. 


7 1 1  E  N  G 

fontaine,  &:  3J>,  gcdi ,  chevreau,  boac,  fignlfiî  Z^z 
Fomalnedu  bouc, 

ENGADINE.  Contrée  du  pays  des  Criions.  Engadbui , 
(Eni  VaLlis  ,  autrefois  i'^allis  venujla.  Elle  etl  dans 
la  Ligue  de  b  Maifon  de  Dieu  ,  &c  s'étend  le  lonj^ 
<]e  rinn  ,  depuis  la  fource  de  cette  rivière  j  )ufqu'au 
Tirol.  On  la  divife  en  haute  Hc  en  b.ilïe  Engaduie. 
La  haute  En^aiint:  eft  la  partie  de  cette  contrée  qui 
elt  le  long  de  l'Inn  du  côté  de  fa  fource.  La  balfo 
Engadlne  ell  celle  qui  ell  le  long  de  l'Inn  du  côté 
qu'il  defcend  ,  &  qu'il  entre  dans  le  Tirol.  Il  n'y  a 
aucun  lieu  conlidécable  ni  en  l'une  ni  en  l'autre  En- 
gaduie.  C'a  été  autrefois  la  demeure  des  Fennones  , 
ou  {■^innones. 

Ce  nom  ell:  SullFe,  S{  fignilîe  la  vallée  de  l'Ihn  , 
ou  de  l'Inn;  &  il  a  été  donné  à  ce  pays,  parce 
que  c'eft  la  vallée  où  la  rivière  d'Inn  a  la  louicc  ,  ik 
dans  laquelle  elle  coule. 

ENGAGÉ,  f.  m.  Terme  de  Marine.  Nom  qu'on  a 
donné  à  celui,  qui,  voulanr  s'aller  établir  aux  Indes , 
sengagsoit  .1  fervir  trois  ans  celui  qui  le  déftayoit 
pendant  le  voyage.  Obligatus  j  mancipruus.  On  les 
appelle  les  trencc-Jîx  mois.  En  Hollande  j  on  exige 
fept  ans  d'engagement.  Ce  marché  ne  ie  fait  plus 
aujourd'hui;  mais  on  donne  encore  le  noin  d'cw 
gagés  ,  ou  de  trcnte-Jix  mois  à  ceux  qui  s'engagent 
avec  les  Habitans  des  Illes  ,  pour  les  iorvir  pendant 
trois  ans. 

ENGAGEANT  J  ente.  adj.  Qui  attire,  qui  porte  à 
quelque  cliofe  par  de  bonnes  manières ,  en  général , 
par  quelque  chofe  de  gracieux. /«i^c^wj  ,  aUidens. 
Manières  e:is,dgcantes  ,  efprit  doux  &  engageant. 
Le  moyen  qu'une  jeune  perlonne  rélifte  à  l'amour , 
lorfque  ,  n'en  ayant  jamais  entendu  parler  ,  elle 
commence  à  leconnoîtte  par  ce  qu'il  a  Rengageant. 
Prin.  de  Cl.  Son  cœur  eft  fenlible  a  ce  qu'il  y  a  de 
plus  tendreî&:  de  plus  e«^<2^et?«£  dans  les  inclinations 
humaines.  Var.  Elle  a  une  douceur  pleine  d'at- 
traits ,  une  bonté  toute  engageante  ,  une  honnêteté 
adorable.  Mol. 

ENGAGEANT,  f.  m.  Nœud  de  ruban  de  couleur ,  que 
les  jeunes  Demoifelles  portent  (ur  le  fein.  [^itta  , 
tenta,  nodus.  Elle  change  tous  les  jours  à' engageant 
&  delontange. 

ENGAGEANTE,  f.  f.  C'efl:  une  forte  de  manches  de 
toile ,  ou  de  dentelle  ,  qui  pendent  au  bout  du  bras  : 
elles  font  partie  de  l'habillement  des  femmes. 

Un  difcours  ennuyeux  de  modes  ^ 
i>'engageantes ,  &  de  commodes  , 
D'habits  ou  commandés  ,   ou  faits , 
iVff  vous  importune  jamais.  S.  EvR. 

IP"  ENGAGEMENT,  f.  f  Contrat ,  obligation  que 
l'on  contracte  envers  quelqu'un.  Dehitum  ,  promif- 
fum  ^  obligatio.  Il  faut  exécuter  les  conditions  de 
ï engagement.  Une  Société  ,  entre  divers  intérelTés  , 
emporte  un  engagement  à  toutes  les  dettes  de  la 
Société. 

Engagement.  Aliénation  pour  un  certain  temps.  Pi 
gnoratio.  Les  biens  du  Domaine  ne  le  poifèdent 
point  en  pleine  propriété  ,  ce  ne  font  que  des  en- 
gagemens.  Les  baux  emphytéotiques  ne  font  que  de 
fimples  engagemcns. 

On  appelle  j  aufïî  ,  Engagement ,  une  Seigneu- 
rie engagée  ,  un  Domaine  engagé.  Cette  Terre  ell 
un  engagement. 

Engagement  ,  fienifie  ,  auffî  ,  l'action  d'engager. 
Quand  on  fait  Rengagement  Rm\h\Qi\  d'Eglife  ,  il 
faut  y  obferver  les  mêmes  folennités  que  dans  une 
vente.  Il  a  fallu  ^pour  fubfifter ,  qu'il  ait  eu  recours 
à  ['engagement  de  fes  meubles. 

Il  feprend ,  aulH ,  pour  l'Enrôlement  d'un  Soldat, 
&  même  pour  l'argent  qu'il  reçoit  en  s'cnrôlant. 
h'enoaoement  de  ce  loldat  n'eft  que  pour  quatre  ans. 
Il  a  reçu  trois  louis  Rengagement. 

Chez  les  Maîtresen  fait  d'arme jon  appelle  \enga- 
gcmentào.  répée,un  attaque  dejeu  compofé,lorfqu'on 
alTujettit  avec  fon  épée  le  demi-Iort  ou  le  foible  de 


EN  G 

celle  de  l'ennemi  ,  afin  d'être  maître  de  la  ligne 
droite  ,  &  qu'il  ne  puilfe  agir  qu  en  deux,  ou  plu- 
lieurs  temps.  Tous  engagemensÇc  doivent  commen- 
cer du  demi-fort  del'cpée,  au  foible  de  celle  de 
l'ennemi  j  glilfant  inlendblement  le  fort  en  avant. 
Il  y  a  quatre  engagemcns  principaux  qui  le  peuvent 
appliquer  aux  quatre   parades  générales  :   lavoir  j 
l'une  de  quarte  haute  ,  &  l'autre  de  quarte  balfe  en 
dedans  ;  êc   les  deux  autres  ,  de  féconde  haute  & 
balfe  en  dehors.  Il  s'en  tait  aulli  par  le  cercle  en- 
tier, par  le  demi  &  par  le  quart  ,  contre  toutes  for- 
tes de  gardes  ,  hautes  &  balles  ,  pour  palier ,  parer , 
délarmer  ,  ikc. 
Engagement  J  dans  le  fens  figuré,  fignifie  attache- 
ment ,  liaifon  ,  ou   l'effet  cjui  réfulte  des  liaifons 
particulières  ;  obligation  qui  eft   caide   qu'on  n'eft 
pins  maître  de  faire  ce  qu'on  veut.  Un  tendre  en- 
gagement va  plus  loin  qu'on  ne  penfe.  Le  mariage 
ell  le  plus  grand  des  engagemcns.  Les  hommes  ju- 
gent de  toutes  chofes  fuivant  leurs  palfions  &  leurs 
engagemcns.  Maleb.  Une  femme  galante  palFe  fuc- 
celiivement  d'un  engagement^,  un  autre;  la  coquettd 
apiulieurs  amufemens  tout  à  la  fois.  La  Br.  Il  faut 
fouvenr  examiner  [engagement  ôc  la  profellion  des 
Auteurs  ,  pour  bien  juger  de  leurs  Ouvrages.  Bail. 
fCF  En  morale  ,  engagement   fignifie  "es  devoirs 
réciproques  qui  obligent  les  membres  de  la  fociété 
les  uns  enveis  les  autres.  Us   font  fondés  ,  les  uns 
fur  la  nature  ,  fur    les  fentimens   d'humanité  ré- 
fuhant  des  liaifons  particulières  que  nous  formons 
dans  la  fociété;  les  autres  fur  la  Religion  ,  les  autres 
enfin  fur  la   loi  civile.  Engagementde  fa  foi  .,  de  fa 
parole.  Prendre,  ïomp\e  un  enga clément.  Mànc^uài: 
à   un  engjgement. 
Engagement  ,  fe  dit  quelquefois  d'un  combat,  d'une 
bataille.  Le  Maréchal  de  Galîion  ,û  aventurier  pour 
les  partis  J  craignoir  un  engagement  entier.  S,    ÊvR. 
ENGAGER.  V.  a.  Mettre  en  gage.  Oppigncrure  j  oèli- 
gare ,  dare  pignori.  Engager  [es  meubles  ,  fa    vaif- 
lelle  ,   fes  habits. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  invadiare  ,  qui  fe  trou- 
ve dans  les  lois  des  Lombards. 
Engager,  en  matière  d'immeubles,  fignifie  les  hy- 
pothéquer pour  des  dettes ,  les  obliger  envers  une 
autte  perfonne  comme  à  titre  de  gages  ou  d'hypo- 
thèque. On  ne  peut  acheter  sûrement  des  biens  qui 
font  hypothéqués  &  engagée  à  des  créanciers. 
Engager,  lignifie  aufii ,   vendre  par  un  contrat  pi- 
gnoratif,  &  à  faculté  de  réméré.  Quand  le  Roi 
vend  &  engage  fon  domaine,  c'eft    à  la  charge  de 
rachat  perpétuel. 
Engager  ,  en  termes  de  guerre,  fignifie  contraindre  , 
ou  mettre  dans  la  necellité  de  faire  quelque  chofe- 
Ce  Général  commença  l'efcarmouche ,  &  engagea 
le  combat  que  fon  ennemi  vouloir  éviter,  il  le  con- 
traignit à  donner  bataille. 
Engager.  Enrôler  des  foldats.  Milites  confcrihere.  Ce 
Capitaine  a  engage  aswA.  fils  de  famille  ,  dont  il  ef- 
père  tirer  bien  de  l'argent. 
Engager.  Terme  d'efcrime.  Engager  l'épée  ,  c'eft  la 
croiler  contre  celle   de   l'adverfaire.    Engager  de 
quarte  ,   c'eft  la  croifer  en  dedans  ,  engager  de  tier- 
ce ,  c'eft  la  croifer  en  dehors. 

ifT  Quelquefois  ce  mot  lignifie  faifir  avec  le  fore 
de  fon  èpée  le  foible  de  celle  de  l'ennemi ,  en  forte 
qu'il  ne  puiffe  plus  détourner  le  fer  de  fa  direélion. 
AcAD.  Fr. 
Engager,  feditfigurément  en  chofes  morales. Quand 
on  :i  engagé  (a.  parole,  il  [a.  i^ntienyx.  Engager  ion 
honneur.  Nulles  perfonnes  n'engagent  leur  foi  avec 
plus  d'ortentation  que  celles  qui  la  violent  davan- 
tage. La  loi  naturelle  prefcrit  de  faire.d'efïeâuer  ce 
à  quoi  on  s  qH  engagé  ^rix:  une  promelTe  ou  par  une 
convention  verbale.Je  ne  puis  aller  dîner  chez  vous; 
je  fuis  engagé  ailleurs. 
0Cr  Engager  fon  cœur  ,  le  donner.  Les  Jeunes  gens 

engagent  facilement  leur  cœur. 
^  Engager  ,  confideré  comme  fynonyme  d'obliger. 
Inducere  ,  compellere.  Mais  il  dit  quelque  chofe  de 

plus 


I 


ENG 

plus  gracieux.  C'eft  poicer  à  hiiro  quelque  chofe 
par  des  promelfes  ou  par  de  bonnes  manières,  en 
général,  fans  en  impoler  le  devoir  ou  la  nécellicé. 
Nous  donnons  du  iecours  aux  autres  pour  les  enga- 
ger  à  nous  en  donner.  Rockef.  On  participe  aux  pé- 
chés des  autres  ,  quand  on  les  y  engage  par  de 
mauvais  exemples.  Nie.  La  complailance  eng.igc 
quelquefois  dans  de  mauvailes  affaires  ceux  qui  ne 
choiiliirent  pas  alfez  bien  leurs  compagnies,  linpii- 
cure. 

Sur  les  pas  dcsTyrans  veux-tu  que  je  772'engage? 

Racine. 

Engager,  avec  le  pronom  perfonnel  ,  fignifie  ,  s'en- 
detter ,  ou  s'obliger  a  faire  quelque  choie  ,  ou  eau 
tionner  quelqu'un  j  s'embamlfcr.  Seimplicare  ,  in- 
neclere  ,  mvolvere  ,  imp>:dlre  ,  obugare  ,  llligare. 
Un  prodigue  s  engage  tous  les  jours  de  plus  en  plus. 
Ce  NIarchand  s'ell  engage  à  me  fournir  telles  mac- 
chandifes  pour  tel  prix.  Il  eif  bon  de  s'engager  \)0[\ï 
fes  âinis  ,  de  les  cautionner  j  mais  il  hiut  prendre 
garde  comment. S'c^^cjo-er  dans  uneatlaire-  Ablanc. 
Le  Pape  s'éroit  engagé  as  parole,  envers  le  Cardinal 
(l'Arragon  &  l'AmbalIadeur  de  Venile,  de  fatistairc 
le  Roi  fur  ce  point.  L'Ab-  Regn.  Cette  perdrix  s'eft 
engagée  dans  les  fAnK.W engager  dans  un  lieu  étroit, 
dans  des  montagnes ,  dans  i\n  déiilé.  Ce  brave 
étoic  fort  engagj^ms  la  mêlée  j  mais  ia  valeur  l'en 
dégagea.  La  clef  ell  engagée  dans  la  ferrure  \  le  na- 
vire eif  engage  entre  des  rochers.  Adjaxa  adliArefcit. 

s'Engager  ,  fignitîe  aulli ,  s'obliger  à  fervir  quelqu'un 
pour  un  certain  temps-  Il  s'eft  engagé ^q\xx.  trois  ans, 
moyennant  une  telle  fomme. 

s'Engager.  S'enrôler.  Nomen  dare. 

Engager  ,  fignifie  encore  ,  enfermer,  retenir.  Impe- 
dire^  cohlbere  j  tenere.  Il  s'eft  lailfé  engager  les  doigts 
entre  le  bois  &  l'écorcc  On  dit ,  qu'une  chofe  en- 
gage la  poitrine  ;  pour  dire  ,  qu'elle  lui  caufe  de 
l'opprellion  :   qu'un  homme  a  le  cerveau  f/zD^j^c;_, 

i  pour  dire ,  chargé  de  fluxion  :  &  d'une,  malade,  que 
fa  poitrine  s  engage  ,  pour  dire,  qu'elle  s'embar- 
ralfe ,  qu'elle  s'emplit. 

Engage  ,  ee.  parc.  Il  a  les  fignifications  de  fon  verbe  , 
au  propre  Se  au  figuré.  Parole  engagée.  Ces  com- 
merces criminels  j  engagés  j  foutenus  ,  récompeii- 
fés,  &c.  RoY. 

ENGAGISTE.  f.  m.  &  f.  Celui  qui  tient  par  engage- 
ment quelque  domaine  ou  droits ,  foit  du  Roi ,  foit 
des  particuheis.  Quelques  engagiftes  jouilfent  d'un 
bien  par  forme  d'antichrèle  pour  siàreté  de  leur 
créance,  f^oy.  Antichrèse.  D'autres  jouilfenc  d'un 
domaine  de  la  couronne  à  titre  d'engagement.  Foy. 
Engagement  &  Domaine.  Les  engagijles  jouillent 
des  droits  honorifiques  du  patronage-  La  raifon  eft 
que  XHngag'tlh  eft  cenfé  propriétaire  tant  que  la 
vente  dure,  &  qu'il  polFède  à  titre  onéreux.  Un  En- 
gagi fie  des  Aides,  des  Greffes.  Tant  que  dure  une 
faculté  de  réméré  ,  l'acheteur  n'eft  (\\iEngagifle.CQ 
lui  qui  a  un  bail  à  longues  années  ^  n'eft  qu'un  En- 
gagille. 

ENGAGNE.  f.  f.  Vieux  mot.  Tromperie  :  de  l'Efpa- 
^■noXenganno  ,  qui  veut  dire  la  même  chofe. 

ENGAINER.  v.  a.  Mettre  dans  une  gaîne.  Condereïn 
vaginam  ^induere.  Cette  gaînc  eft  rrop  petite  pour  y 
engainer  ces  couteaux.  Dans  cet  étui  il  y  a  fix  cou- 
reaux  engaînés. 

ENGALLAGE.  f.  m.  Termede  Teinturier.  C'eft  l'ac- 
tion de  teindre  ou  préparer  une  étoffe  avec  la  noix 
de  galle.  On  peut  aulli  engaller  avec  le  rodoul  & 
fouie  ,  qui  font  auili  compris  foos  le  mot  galle  & 
A'engallage. 

ENGALLER.  v.  a.  Terme  de  Teinturier.  Teindre  ou 
préparer  une  étoffe  avec  la  noix  de  galle.  Gallâ  in- 
nngere  ,  gallâ  perfundere  _,  faturare.  On  peut  aulli 
engaller  avec  le  rodoul  &  fouie  ,  qui  font  compris 
fous  les  mots  de  galle  &  d'engallage  ;  parce  que  ce 
font  trois  ingrédiens  qui  fervent  à  engaller.  Le  noir 
sengallezsec  de  la  galle  d'Alep  ,  ou  avec  du  fumac. 
Tome  m. 


ENG  713 

du  rodoul  ou  fouie.  On  éprouve  par  le  débouilli  ,  li 
l'etofte  a  été  trop  engaliee. 
EN-G ALLIAI.  Lngalii,!:.  C'eft  un  bourg  fitué  dans  la 
Tribu  de  Juda  ,  fur  le  bord  du  lac  Afphaltite  ,  non 
loin  de  l'embouchure  du  Jourdain,  au  rapport  île 
S.  Jérôme  fur  Ezéch.  XlVII.  10.  où  il  en  eft  parlé. 

ENGANNER.  v.  a.  Vieux  mot  François  ,  qui  fignifie  , 
tromper  ,  de  même  que  l'Italien  ingamiare.  il  eft 
encore  aujourd'hui  en  ufagedans  la  Baffe-Norman- 
die  parmi  le  petit  peuple.  Ménage  ,Z3à7.  Etym,  On 
dit  en  Champagne  engammer. 

EN-GANNI^L  v^'ctoit  une  ville  de  la  Terre-Sainte 
dans  la  portion  de  la  Tribu  de  Juda  ^  &  fituéedans 
la  plaine  Jol.  XV.  34.  Le  P.  Lubin  n'a  point  connu 
celle-ci,  &  blâme  même  Adrichomi us  d'avoir  dif- 
tingué  deux  t.n-gann:ni  ;  mais  il  s'eft  trompé  lui- 
même. 

Il  y  avoit  encore  une  ville  de  même  nom  dans  la 
Tribu  diffachar.  JoJ'ué  XIX  ,  21.  &  XXI.  19.  Le 
P.  Lubin  prétend  que  c'eft  la  même  que  l'Auteur  du 
I  L.  des  Paralip.  VI, -3  nomme  Anem  ,  îic  les  huer- 
pièces  Grecs  Aitk^^.  Quoiqu'il  en  foit ,  ce  fut  une  vil- 
le Lévicique  &  fiacerdotaie.  Jc^.'XIX.  11. 

Eulèbe  ,  De  loch  llebr.  dit  qu'il  y  avoit  encore  un 
bourg  de  ce  nom  au-delà  du  Jourdain  près  de  Gérare. 

En-gannim  ,  compofé  de  «ly  ,  ain  ,  i-ontaine,  &  a':a 
gannim  ,  pluriel  de  [j  ,  gan  ,  un  jardin,  un  clos, 
lignifie  la  lontaine  des  jardins  ,  ou  des  clos  ,  appa- 
remment parce  qu'il  y  avoit  là  beaucoup  de  jardins 
autour  d'une  fontaine  qui  les  arrofou. 

ENGANO.  Capo  d'Engano.  Promont.alum  fallax  ^ 
Proniontorium  fraudis.  Ce  nom  ,  qui  eft  Efpagnol  , 
qui  fignifie  Cap  de  tromperie  ,  ou  de  fraude  ,  a  été 
donné  à  trois  caps  diftérens.  Le  premier  eft  un  cap 
de  l'Ifle  de  Luçon ,  l'une  des  Philippines  :  c'eft  la 
pointe  qui  joint  la  côte  feptenttionale  de  cette  Ile 
avec  l'orientale.  Le  fécond  elt  le  cap  oriental  de 
l'Ifle  Saint  Domingue, autre  Ifle  des  Philippines.  Le 
rroifième  eft  le  cap  d'une  des  Illes  Marianes ,  oa 
des  Larrons. 

ENGARANT.  Terme  de  Marine.  On  appelle  enga- 
rnnt  ^  lorlqu'on  retient  une  corde  qui  eft  chargée 
d'un  pesant  fardeau  ,  &  à  laquelle  on  fait  faire  un 
ou  plulieurs  tours  à  l'entour  d'un  mât  j  ou  de  quel- 
que aatre  pièce  de  bois ,  pour  empêcher  la  force 
de  la  charge. 

ENGARDER.  vieux  v.  a.  Empêcher  ,  mettre  obf- 
cade.  Impedire  j  prohihere. 

Le  blond  Phéhus  qui   ne  voit  &  regarde 
Sil'épai[fcurde  ce  bois  ne  /'engarde.        Marot. 

Engardf.  ,  ÉE.part.  &  adj.  Vieux  mot.  Souillé,  con- 
taminé. 

s'Engaruer.  v.  récip.  S'empêcher ,  fe  défendre  de 
faire  quelque  chofe.  Cavere  j  Je  dejcndere  ,  prohi- 
Ae/v.Vous  voulez  cjue  je  m'oblige  pour  cet  infolvable 
je  m'en  engarderois  bien.  Il  le  taut  bien  engarder  da 
faire  des  chofes  contre  fon  honneur  &  fa  confcience. 
Ce  mot  eft  vieux  :  il  but  fe  fervir  de  garder.  Je  me 
garderai  bien  ,  il  iaut  fe  garder. 

On  dit,  proverbialement,  que,  peut-être  wo'aria 
les  gens  de  mentir. 

CCTENGASTRILOQUE,  ENGASTROMINE  ,EN- 
GASTRIMANDRE,  ENGASTRIMYTHE.  f.  111. 
Celui  qui  parle  du  ventre  ,  qui  parle  fans  ouvrir  la 
bouche  ,  deforte  que  fa  parole  femble  fortir  du 
ventre  ,  des  mots  Grecs  h  ,  dans ,  yà<rrt:f ,  le  ven- 
tre j  &  ,«"''«  ,  parole.  Chez  les  Latins  ventriloquus. 
Koye-}^  Ventriloque. 

IjiCrOn  a  vu  des  gens  dont  le  ventre  parle  effecii-' 
vement,  lorfque  leur  bouche  eft  fermée  j  ou  bien 
la  bouche  étant  ouverte  ,  mais  fans  la  remuer  en  au- 
cune façon.  Ce  que  rapporte  Etienne  Pafquier, 
dans  fes  recherches  eft  aflez  fingulier.  H  n'y  a  pas , 
dit-il,  douze  ou  treize  ans  qu'il  eft  mort  un  bouf- 
fon j  nommé  Conftantin  ,  qui  repréfentoit  toutes 
fortes  de  voix  ,  tantôt  le  chmr  des  Roftignols ,  qui 
n'eulfenc  pas  mieux  feu  defgoifer  leurs  ramages  que 

X  X  X  X 


714  ENG       ^ 

luy  ,  tantôt  la  Muiîque  d'un  âne  ,  tantôt  les  voix  de 
trois  ou  quatre  chiens  qui  fe  battent ,  Se  enfin  le  cri 
de  celui  qui ,  pont  êtte  mords  par  les  autres ,  le  va 
plaignant.  Avecques  un  peigne  mis  dans  fa  bouche , 
il  reptéfentoit  le  Ion  d'un  cornet  à  bouquin  :  tou- 
tes ces  choies  Ci  àpropos,  que  ni  l'âne,  ni  les  chiens 
en  leur  naïf,  ni  un  homme  jouant  du  co.net  à 
bouquin,  n'eulFent  eu  l'avantage  lur  lui.  J'en  parle 
comme  celui  qui  l'a  vu  fbuventefois  en  mamailon  ; 
mais  fur-tout  eftoit  admirable  qu'il  parloic  quel- 
quefois d'une  voix  qu'il  tenoit  tellement  enclofe 
dedans  fon  eftomac  ,  fans  ouvrir  que  bien  peu  les 
balèvreSj  à  manière  qu'étant  piès  de  vous,  s.l  vous 
appeloit ,  vous  eulliezcrû  que  c'eût  été  une  voix  qui 
venoit  de  bien  loin  ,  &  ainfî  ai-je  vu  quelques 
miens    amis  trompés  par  lui...... 

§3"  Léo  Allatius  a  fait  un  traité  des  Engajlrimy- 
thes  ,  qui  a  pour  titre  De  Engajîrimycho  Jyncagma. 
Hippocrate  regarde  l'état  àtiEngjJinmythcs  comme 
une  maladie.  Quelques  uns  croient  que  c'eft  une 
opération  du  malin  efpiit  :  d'autres  l'effet  de  l'art 
&  dumécanifme. 

^fT  Quelques  uns  prétendent  que  c'eft  une  ef- 
pèce  de  divination  dont  ils  attribuent  l'inven- 
tion à  un  certain  Encyclus  ,  qui  n'eft  connu  de  per- 
fonne. 

§3*  S.  Chryfoftome  &  (Ecuménius  font  men- 
tion deces  hommes  divins  ,  que  les  Grecs  nomment 
Engaftrimandres  ,  de  qui  le  ventre  prophétique  ar- 
ticuloit  des  Oracles  fi  fameux. 

§C?M.  Schott,  Bibliothécaire  du  Roi  de  PruflTe, 
foutient  dans  une  DilFertation  fur  l'apothéole  d'Ho- 
mère \  que  les  Engajîrirnythes  des  anciens  n'étoient 
autre  chofe  que  des  Poètes ,  qui ,  lorfquè  la  Prè- 
treliTe  ne  pouvoir  parler  en  vers,  expliquoient  à  fbn 
défaut  j  ce  qu'Apollon  difoit  dans  ta  cavité  du  baf- 
fin  qui  étoit  placé  fur  le  facré  trépied. 
ENGAZZE.  Nomde  villc^rt^ûçia.  Foye\  Dungo. 
ENGEANCE,  f.  f.  Efpèce  particulière  qui  vient  d'une 
même  race.  On  le  dit  proprement  des  animaux  do- 
meftiques.  Gens  j  genus.  Voilà  une  belle  engeance 
de  pigeons  ,  de  poules. 

De  tous  les  animaux  onv'it  poindre  l'engeance.BENS. 

Engeance  ,fe  prend  fouvent  en  manvaife  part,  &  fe 
dit  de  la  multiplication  trop  grande  des  infeéles  & 
chofes  nuifibles.  C'eft  une  maudite  engeance  que 
les  charençons. 

Engeance,  fe  dit,  figurément,  des.hommes  médians. 
Jesus-Christ  appeloit  les  Pharifiens  engeance  de 
vipères  ,  Genimina  vïperarum  ,  en  S.  Mathieu.  C'eft 
une  méchante  engeance  que  les  Laquais.  On  ne  le 
dit  jamais  des  hommes  qu'en  mauvaife  part. 

Mais  tout  niroit  que  mieux 
Quand  de  ces  médifans  ^'engeance  toute  entière 
Irait  la  tête  en  bas  rimer  dans  la  rivière.     Boil. 


Ce  mot  vient  de  gens  ,  genus. 

ENGÉDIN  ,  ou  ENGÉTIN.  Bou'-g  ou  petite  ville  de 
la  Tï3.a(^\^a.nïe.Engedinun:. Ce  lieu  eil f^le  Maros, 
à  cinq  lieues  de  Villembourg  j  du  côix  ■i»  nord. 

ENGEIGNER,  ouENGiNER.  v.  a.  Tromper ^  at- 
traper. Il  eft  vieux.  Fallere  j  decipere. 

Tel ,  comme  dit  Merlin  ,  cuide  engeigner  autrui , 

Qui  fouvent  i'engeigne  foi-même. 
Toi  regret  que  ce  mot  fait  trop  vieux  aujourd'hui  : 
Il  m'a  toujours  paru  d'une  énergie  extrême.  La  F. 

Voy.  engaines  dans  le  Supplément  au  GlofTaiie 

du  Roman  de  la  Rofe. 
EN'^EL.  f.  m.  C'eft  une   des   divifions  de  la  livre 

poids  de  marc  en  Hollande.  Dix  engels  font  le  toot , 

&  trente  loots  la  livre. 
ENGELHOLM.  Petite  ville  de  Suède,  fituée  dans  la 

Province  de  Schonen ,  à  l'embouchure  d'une  grande 


EN  G 

rivière  dans  le  Catégat,  à  fix  lieues  au  nord  d'Ellîn- 
borg.  EngeLhomia. 

ENGÈLMER.  f.  m.  Nom  d'homme.  Engelmarus.  En 
Bavière  S.  Lnganicr^  Laboureurj  puis  Hermite , 
tué  par  fon  affocié.  Chast.  au  14  ^e  Janv.  L'on  a 
la  vie  dans  le  quatiicme  tome  de  Henti  Canilius. 
L'auteur  d'une  autre  vie  écrite  dès  le  Xll'^fiècle, 
dont  on  a  des  fragmens  en  quelques  Bibliothèques 
de  Bavière ,  appelle  le  lieu  de  fa  demeure  la  Ce//e- 
Saint'Engdmer  j  dlla  Sancli  tngcimari.  lo. 

ENGELURE,  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Endure  aux 
pieds  ou  aux  mains ,  accompagnée  d'inllammacion, 
de  douleur  ,  &  quelquetois  de  lolucion  de  conti- 
nuité. Les  engelures  font  caufées  par  un  froid  ex- 
ceilif  qui  arrête  le  mouvement  du  fang  dans  les 
vaiîfeaux  capillaires. 

Ce  mot  vient  de  gelu  ,  parce  que  c'eft  dans  le 
froid  &  en  temps  de  gelées  que  fe  forment  ces  fortes 
de  tumeurs.  On  les  appelle  en  Latin  perniones  3  à 
pernicie  _,  ruine  ,  dommage  ,  à  caufe  dès  vives  dou- 
leurs &  démangeaifons  qu'elles  excitent  j  ou  ,  félon 
quelques-uns,  a  perone  j  le  péroné  ,  fécond  os  de  la 
jambe  ,  parceque  c'^ft  à  fon  extrémité ,  c'eft-à-dire, 
au  talon  ,  qu'elles  viennent  le  plus  fouvent.  Quand 
cette  enflure  inflammatoire  affedle  le  talon  ,  nous 
lui  donnons  le  nom  de  mule. 

ENGEN.  Petirc  ville  de  Suabe  ,  en  Allemagne.  En~ 
gêna.  Elle  eft  dans  le  Comté  de  Furftemberg  ,  fur 
une  petite  rivière,  près  de  Schafoufe  ,  vers  le  nord. 
Engen  eft  la  capitale  de  la  Seigneurie  d'Heuvan , 
qui  appartient  à  la  Maifon  de  f  urftemberg-Blom- 

ENGENDREPv.  v.  a.  Qui  fedit,  premièrement  en 
Théologie,  du  myftère ineffable  de  la  Trinité.  Ge- 
nerare ,  gignere.  Le  Père  a  engendré  fon  Verbe  de 
toute  éternité.  Foyei  Génération,  ProceS:; 

SION, 

Engendrer  ,  humainement  parlant ,  fe  dit  de  la  pro- 
duction des  animaux  par  voie  de  génération.  On 
ne  s'en  fert  guère  j  au  propre,  qu'en  matière  de 
Religion.  Ce  qu'il  y  a  de  fpiricuel  &  de  divin 
efface  en  quelque  façon  ce  que  le  niot  a  de  maté- 
riel &  de  groiîier.  Il  y  a  même  trop  d'exaftitude  a 
traduire  ,  Abraham  genuic  Ifuac,  par  Abraham  en- 
gcndra  Ifaac  :  c'eft  s'éloigner  un  peu  de  l'honnêteté 
de  notre  langue,  qui  évite  avec  foin  tout  ce  qui  falic 
l'imagination,  Bou.  Certaines  gens  fe  font  fort  ré- 
criés contre  cette  remarque  du  R.  P.  Bouhours  ; 
mais  le  public  s'eft  rendu  à  fes  raifons ,  &  on  a 
mieux  aimé  voir,  dans  une  traduction  du  Nouveau 
Teftament ,  Abraham  fut  père  d'Ifiac  ,  qu'Abra- 
ham engendra  Ifaac.  Voye\  Génération. 

Engendrer,  fe  dit  aullî  des  autres  produdions  de  la 
nature.  Les  météores  s'e/z^e«t/re/zr  dans  la  moyenne 
région  de  l'air  par  les  vapeurs  &  exhalaifons.  Les 
fruits  crus  engendrent  les  vers.  Les  infedles  s'engen- 
drent àc  la  pourriture,  à  ce  quecroioient  les  anciens. 
Les  inéraux  &  minéraux  s'engendrent  daas  les  en- 
trailles de  la  terre.  Les  fouliers  étroits  engendrent 
des  corps  aux  pieds.  La  débauche  engendre  plufieurs 
maladies. 

Engendrer  ,  fe  dit  j  figurément,  en  chofes  morales  , 
&  lignifie  produire,  exciter  ,  être  caufe.  On  ne  le 
dit  guère  qu'en  mauvaife  part.  Les  procès  engen- 
(/re/ir  les  grandes  haines  dans  les  familles.  Un  pro-v 
ces  engendre  un  autre  procès.  La  brièveté  engendre 
l'obfcurité  dans  les  difcours.  La  contrariété  des  iitxv- 
timens  enpendrc  l'avetfion.  Bell.  L'oifiveté  enten- 
dre le  vice. 

On  dit,  proverbialement,  que  la  familiariré  en- 
gendre le  mépris.  On  dit  qu'un  homme  de  bon-ie 
humeur,  ou  qui  aime  la  débauche  ,  n'engendre 
point  de  mélancolie. 

§3*  Engendrer  ,  en  termes  de  Géométrie  ,  fe  dit 
d'une  ligne  produire  par  le  mouvemenrd  un  point , 
d'une  furface  produite  p.ir  li  mouvement  d'une  li- 
gne ,  &  d'un  folide  produit  par  I.'  mouvement 
d'une  furface.  Generare  ,  producere.  Un  triangle , 
pat  la  révolution  de  fabafe  autour  d'un  de  fes  côtés, 


E  N  G 

engendre  uii  côiic.    On  dit  former  dans  le  même 
fens. 

^fj"  On  dit  .luin  qu'une  courbe  eft  engendrée  par 
le  développemeac  d'une  autre,  f^oy.  Développe- 
ment &  Développée. 
Engendrer.  (S')  Donner  un  mari  à  fa  filb,  prendi'c 
un  gendre.  Dans  la  Comédie  du  Malade  Imajji- 
naire ,  Toinetre  dit  par  dérifion  à  Argan ,  en  lui  an- 
nonçant une  vifite  que  Thomas  Diatorus  vcnoit  lui 
rendre  :  Que  vous  ferez  bien  engendre  !  \o\xs  allez 
voir  le  garçon  le  mieux  fiic  du  monde,  &  le  plus 
fpirituel. 

Et  qu  aurie^-vous  donc  fait  fur  mai  j  chc'tlf  beau-père  ? 
Ma  fol  je  OT'engendrois  d'une  belle  manière  ! 

Molière,  l'Etourdi. 

Ty  foufcris  du  meilleur  de  mon  ame  , 
ly  autant  plus  que  par-là  je  contredis  m.ijenimc 
Qui  voudroit  /n'engendrer  d'un  grand  complimenteur^ 
Qui  ne  dit  pas  un  mot  fans  dire  une  jadeur. 

M.  Dertouches. 
fc.  J4  du  2'^.  acte  du   Glorieux. 

IJCJ"  Ce  terme  ne  peut  palTer  que  dans  le  ftyle 
comique. 
Engendre  ,  ée.  part.  &  adj. 

ENGEOLLER.   Foye^  ENJQLLER. 

ENGEOLLEUR.   Voye\  ENJOLLEUR. 

ENGEPv.  V.  a.  V^ieux  mot  qui  fignifie  remplir  ,  em- 
barraller,  charger.  Inficere^  affiiaere,  onerare.  Ce  lit 
elt  tout  engé  ds  punaifes.  Ces  vieux  meubles  nous 
érigeront  de  vermine. 

Enger,  fe  dit  aulli  desperfonnes,  dans  la  (Iguitîcation 
d'embarralfer.  Je  ne  fai  qui  nous  a  érigé  de  ces  mé- 
chans  laquais.  Votre  père  fe  moque-t-il  de  vouloir 
vous  f/zj^er  de  votre  Avocat  de  Limoges  ?  Mol.  C'eft- 
à-dire  ,  de  vouloir  vous  marier  avec  ,  &cc.  Ce  mot 
ne  fe  dit  plus. 

Engé  ,  ÉE.  part. 

ENGEKBER.  v.  a.  Terme  d'Agriculture.  Lier  le  blé  , 
mettre  les  javelles  en  gerbe.  Ligare  j  Jlruere  fpica- 
rumf^ces.  Ce  blé  a  été  long- temps  en  javelles,  il 
eft  temps  de  Vengerber.  Il  faut  engerher  ces  ja- 
velles. 

Il  lignifie  aulîî  mettre  des  gerbes  fur  le  tas,  les 
ranger  dans  une  grange.  V^oilà  une  grange  dîme- 
relTe  qui  eft  commune  ,  le  Curé  engerbe  d'un  côté  , 
&  le  Seigneur  gros    Décimateur  engerbe  de  l'autre. 

Engerber  ,  fe  dit  aulli  des  muids  de  vin  qu'on  met 
les  uns  fut  les  autres,  fou  fur  l'étape  ,  fou  dans  les 
caves  des  Marchands.  Congerere.  Ce  Marchand  a 
trois  rangs  de  tonneaux  engerbés,  placés  les  uns  fur 
les  autres  ,  comme  on  voit  les  gerbes  dans  une 
grange. 

Engerbé,  ée.  part. 

ENGERN  ,  ou  ENGERHEN.  Petite  ville  du  Cercle 
de  Weftphalie,,  en  Allemagne.  Angna.  Elle  eft  dans 
le  Com'té  de  R.ivenfperg,  à  trois  ou  quatre  lieues 
de  Bilefeld  du  côté  du  notd.  Engern  a  confervé  le 
nom  des  Agrivariens  ,  fes  anciens  habitans,  &  il 
eft  le  lieu  de  la  fépulture  du  célèbre  Vicikind,  Duc 
des  Saxons ,  qui  foutint  fort  long-temps  la  guerre 
contre  Charlemagne.  A-Iatv.  Corneille  écrit  aulîi 
Engernhem.- 

ENGHIEN.  Petite  ville  du  Pays-bas,  en  Hainaut:  on 
l'écrit  plus  communément.  Anguien.  Long.  21.  d. 
40'.  Lat.  jo.  d.  40' . 

ENGIA.  FoycT^  ENGINA. 

ENGIEN.  Voye-^  ENGIN. 

ENGIGNEMENT.  f  m.  Vieux  mot.  I-ine{re.  On  a  dit 
aufti  engignety  pour  tromper ,  duper.  On  difoit  en- 
core enginer  àzvi^  le  même  fens. 

ENGIGNIER.  v.  a.  Tromper,  amufer.  Thibault, 
Roi  de  Navarre. 

ENGIGNOUR.  f.  m.  Vieux  mot.  Engingnier.  Ingé- 
nieur. Machinarum  bellicarum  artijex  _,  moderator. 
Philippe  Mouskes  dit  : 


ENG  71J 

Quand  li  boins  Maures  Jmaaris 
Le  Sire  des  Hngignours 

Commandite  des  Minours  ^ 

Ce  Sire  des  Engignours  ,  ou  des  Ingénieurs  ,  eft 
celui  que  nous  appelons  aujourd'hui  le  Grand-Maî- 
tre de  1  Artillerie.  Du  Freine.  Glojjaire  Jur  /-  zlle- 
Hardouin, 

Les  Auteurs  Latins  fe  fervent  pareillement  du 
mot  à'ingenium  en  la  même  lignification.  Foy.  les 
Glollaires  de  Spelman ,  Watfins  j  &  autres.  Du 
l'RESNE,  Gl(iJJ'.Ji/r  Fille-Hard. 
ENGIN.  1.  m.  Machine  pour  élever  ou  foutenir  de  "ros 
fardeaux,  comme  grue,  vindas ,  moufics ,  verrins, 
&:c.  Organum^machinatio.  On  le  dit,  parriculière- 
ment,  de  cette  machine  qui  fert  dans  les  bâtimens 
ordinaires  à  élever  les  pierres,  &  les  poutres,  qui 
eft  compoiée  de  iole  ,  poinçon,  rancher  j  faucon- 
neau, treuil,  poulies,  Hcc.  Foye^-Qn  larigurcj^ 
la  defcription  particulière  de  toutes  fes  pièces ,  dans 
le  Dictionnaire  de  M.  Ozanam.  p.  512.  &  dans  la 
nouvelle  édition  de  la  Charpente  de  Jouffe ^  par  M. 
de  la  Hire,  p.  3. 

Les  Meuniers  appellent  aufiî  engin  une  efpèce  de 
machine  lur  deux  roues,  pour  tiret  le  moulin  au 
vent.  C'eft  aulli  une  forte  de  tourniquet  au  haut  du 
moulin  pour  tirer  les  facs  de  blé.  M.  de  la  Hire  a 
décrit  ces  deux  engins  au  bouc  de  la  Charpente  de 
Joujfe  ,  p.  105  &  206. 

Ce  mot  vient  de  ingenium,  qui  fignifie  fimple- 
ment  efprit ,  induftrie,  &  parce  qu'il  faut  de  l'ef- 
prit  pour  inventer  les  machines  qui  augmentent  les 
fotces  mouvantes ,  on  les  a  aulli  appelées  engins. 

Ce  mot  eft  ancien  dans  notre  langue.  Le  Roman 
de  Garin  ,  ou  des  Loherans, 

Lievent  en;jins  ,  font périéres  dreffées  : 
A  mongonidux  le  feu  Grégois  l'y  jettent. 

Et  Philippes  Mousk  , 

Si  v  allant  hi  portoit  baniére  , 
S'enfu  alle-^  droit  as  engiens, 
Etjaifoit  la  douleur  matciens. 

Foye^  Engingnier. 

Engins  de  guerre  j  font  toutes  les  machines  pour 
battre  &  prendre  les  places,  comnae  béliers,  balif- 
tes ,  &  autres  qui  lont  décrites  dans  Végèce ,  Jufte- 
Lipfe  J  &  autres  Auteurs. 

Le  plus  fameux  engin  ^  ou  machine  de  guerre  des 
François  ,  était  le  beftroi ,  ou  tour  de  bois  rou- 
lante ,  fur  laquelle  on  mettoit  des  hommes  pour 
donner  les  alTauts  aux  places.  Il  faut  entendre  nos 
vieux  Romanciers  décrire  cet  engin. 

Un  Engin yèfj  de  [el parler  n'o'iy 
Qui  ot  de  haut  cent  pies  tos  enterins. 
Près  de  la  porte  f  fi  venir  tels  engins. 
A  fet  étages  tôt  droit  de  fufl  chenin. 
Arbalefiriers  i  a  mis  juj'qu'à  vint. 
Biinfit  cloés  j  couver  de  cuir  bouli. 

Les  pierriers  étoient  d'autres  engins  à  jeter  des 
pierres.   Les  mangoneaux  ,  &iz. 

dw  appelle  aulli  ,  dans  les  fucreries ,  engins , 
les  moulins,  &  autres  chofes  qui  fervent  à  faire 
le  fucre. 

Le  mot  à'engin  fe  trouve  dans  les  Ordonnances 
de  la  Marine  J  &  dans  celles  qui  regardent  les  Eaux 
&  Forêts.  Dans  ces  endroits-là  engin  fignifie  fim- 
plemeht  inflrument.  Infrumentum.  Les  engms  dé- 
fendus, font  les  inftrnmens  pour  prendre  le  gi- 
bier &  le  poiiïbn  ,  defquels  il  n'eft  pas  permis  de 
fe  fervir. 
Engin.  Vieux  mot.  Efprit,  du  Latin  ingenium. 

Matot  n'emploie  ce  terme,   en  ce  fens ,  qu'en 
X  X  X  X  ij 


j\6  ENG 

deux  encîroits  de  fcs  Ouvrages  :  dans  la  Ballade  qui 
commence  par  ..  Un  jour  fccnvis  à  tnamye  j  iSc  au 
commencement  àsla.  Métuinorpliofe.  Ce  renne  avoir 
déjà  vieilli  en  ce  fens. 

On  appelle  aulli ,  par  raillerie  ,  engin,  les  oudls 
qui.nefonr  pas  propres ,  ou  alFez  forrs  pour  faire 
quelque  dure.  Vous  me  donnez-là  un  bel  engin, 
un  engin  à  mouches.  Voilà  un  bel  outil,  un  for  en- 
gin. Les  Marins  ,  &  fur  tout  les  Officiers  du  Roi , 
qui  fervent  dans  les  vailleaux  du  Roi,  appellent  en- 
gins les  petits  vailleaux  qui  ne  font  pas  vailfeaux 
de  ligne,  c^n  ne  peuvent  tenir  rang  dans  une  Hotte. 
lJi\  vaifteau  de  vingt  ,  de  trente  pièces  de  canon  , 
n'eft  qu'un  engin. 
Engin,  ledit,  li'^uicment,  pour  fignifier  finede,  in- 
duftrie.  Autrefois,  on  juioit  fur  les  traités  &  con- 
trats avec  cette  formule,  qu'il  n'y  avoir  eu  dol , 
fraude j  ni  mdi\enginj  pour  fignifier, qu'ils n'étoient 
pas  faits  par  furprife  ,  ni  mauvais  artifice.  Il  n'ell 
plus  d'ufage  en  ce  fens  que  dans  le  vieux  proverbe 
qui  fuir. 

On  dit,  proverbialement  J  mieux  vaut  engin  que 
force;  pour  dire  que  l'adrclfe  &  l'efpritj  la  dou- 
ceur ,  la  complaifa!)ce ,  font  réuffir  en  des  chofes 
dont  on  ne  vieudroit  pas  .i  bout  par  la  violence. 
M.  Voiture  les  a  joints  enfemble , 

Force   &  engin  en  ce  cas  f  emploierais. 

ENGINGNIER.  f  m.  Vieux  mot.  Ingénieur.  Celui 
qui  faifoit  &  qui  fervoit  autrefois  les  machines  de 
guerre.  Machinarum  bcllicariun  arc/fex  j  inoderator. 
On  lit,  dans  le  Roman  de  Gatin,  ou  des  Lohcrans  j 

Li  Engingniers  qui  ont  Vengia  bâti, 

C'eft  de  là  qu'eft  venu  le  mot  êC Ingénieur. 

ENGISSOMA.  f  m.  Terme  de  Chirurgie.  EngrQ^oma. 
Fratlure  du  crâne  où  la  partie  rompue  elt  enfoncée, 
&  hiit  le  pont-levis,  comme  dit  Dionis.  Pour  un  en- 
^{//cJOTfl  il  faut  trépaner  fur  la  parrie  voiiine.  Dionis. 
Ce  mot  eft  GreCj  l'/yumuct.  eit  le  premier  mot  écrit 
en  caractères  Grecs. 

ENGLANTÉ.  adj.  Terme  de  Blafon.  Qui  fe  dit  d'un 
écu  chargé  d'un  chêne,  dont  le  gland  ell:  d'un  autre 
émail  que  l'arbre  &  les  feuilles.  Glande  onujlus  j 
glandibus  opinas. 

ENGLESQUEVILLE.  Bourg  de  Normandie  ,  dans  le 
pays  de  Caux.  Il  ell  luné  lur  la  rivière  de  Sanne  ,  a 
îept  lieues  de  Rouen  ,  entre  Pavilly  (Se  Bafqueville, 
&  immédiatement  au-dellous  de  Varannes,  où 
font  les  fourcesde  la  petite  rivière  de  Sanne. 

ENGLINCELER.  v.  a.  Vieux  mot.  Mettre  en  peloton. 

ENGLOBER,  v.  a.  Mettre  enfemble,  réunir  plufiéurs 
chofes  pour  n'en  former  qu'un  tout.  Jungere.  &c. 
Je  n'ai  englobé  la  Taille  de  ivL  Foubert  avec  les  au- 
tres ,  que  comme  dcuX  Tailles  de  l'efpèce  qu'on 
nomme  en  général  latérales,  relativement  au  grand 
appareil....  M.  Morand.  Mercure  de  Novembre.  Ce 
mot  J  étant  félon  les  règles  de  l'analogie  ,  mérite 
quelque  conhdération.  Corgrave  l'a  mis  dans  fon 
Didionnaire.  Englober.,  fignifie,  proprement,  com- 
prendre dans  l'arrondilfement.  On  le  dit ,  particu- 
lièrement, des  Domaines  détachés  qu'on  réunit  pour 
former  une  terre  co'nfidérable.  Il  a  englobé Tp\\\Ç\'tms 
terras  dins  la  (lenne,  plufiéurs  .fiefs  pour  fe  former 
une  grand-'  Seigneurie.  Il  mefemble  que  ce  mot  en 
ce  fens  dJUgne  quelque  chofe  d'odieux. 

Englobé  ,   ée.  part. 

ENGLOUTIR,  v.  a.  Avaler  tout  d'un  coup  &  glou- 
tonnement. Ahforhere  ,  dcghnire.  La  baleine  en- 
gloutit'So-\^%.  Un  crocodile  engloutit  un  homme.  Ce 
goulti  engloutit  un  pâté  tout  d'un  coup. 

Engloutir,  fe  dit  auOl,  figurément,  pour  abforber, 
dillîper,  confumer.  Les  Ilots  ont  englouti  toute  cette 
fuccedion.  La  mer  englout'ffoit  tous  les  matériaux. 
"Vaug.  Qui  n'eût  cru  que  cette  tempête  alloit  e/2- 
^/oj^fir  tout  le  Royaume  ?  Patru.  Il  vient  la  bou- 
che béante  engloutir toas  mes  ticfors.  Abl.  Il  faut, 


ENG 

feulement  demander  à  Dieu  que  fa  volonté  foit 
laite  ;  cette  demande  engloutit  toute  les  autres. 
Boss.  C'ell-à-dire,  les  renferme.  Le  Spedlateur  An- 
gloisfe  plaint  que,  dans  les  Opéra,  la  Mufique  Ita- 
lienne prédomine  à  l'Angloife  jufqu'à  {'engloutir. 

Il  fignifie  aufii  infecter  d'une  mauvaife  odeur  qui 
faifit  le  cœur  ,  &:c.  Cette  puanteur  nous  a  tous  en- 
gloutis. Son  haleine  nous  engloutit.  Acad.  Fr. 
Englouti,  ie.  part. 

ENGLUER.  V.  a.  Enduire  de  petites  branches  de  glu  , 
pour  prendre  de  petits  oifeaux,  Fijlo  oblintre ^  tin- 
gcre.  Avec  le  pronom  perfonnel,  il  fignifie  fe  lailfer 
prendre  à  la  glu.  Ce  petit  oifeau  s'eft  fi  bien  englué 
les  ailes,  qu'il  n'a  pu  s'envoler. 
Ce  mot  vient  de  gluten  ,  glu. 
CO*  On  a  fait  un  alfez  mauvais  ufage  de  ce  verbe 
au  figuré. 

Il  prête  à  notre  entendement ^ 
Pour  voler  au  Ciel  ^  Je  s  deux  ailes. 
Nous  les  engluons  follement 
Parmi  les  vanités  mortelles.  Eertaud. 

Englué  ,  ée.  parc. 

ENCOMBRER.  On  a  dit^  autrefois,  sengomlrer;  pour 
dire,  fuccomber ,  s'embarraller.  Il  vient  de  l'Italien 
Ingombrare t  caufer  de  l'empêchement. 

ENGONASIS.  Qu'on  appelle  plus  ordinairement  Her- 
cule ou  Prométhée.  Conitellation  feptentrionale. 

ENGONATE.  f.  m.  Eic  und  efpèce  de  cadran  dont  les 
Anciens  fe  font  fervis ,  &  dont  Vitruve  parle  fans 
l'expliquer ,  L.  IX.  C.  9.  Engonate.  Il  peut  venir  , 
ou  de  yxHx,  qui  fignifie  angle^  ou  de  y'*",  qui  fignifie 
genou. 

ENGONCER,  v.  a.  Qui  ne  fe  dit  que  des  habits  qui 
montent  trop  haut,  qui  rendent  la  taille  contrainte  , 
gcnée.  Compingere  3  Jlringcre.Wi:^^  faire  retailler 
votre  habit ,  car  il  vous  engonce  trop. 

Engoncé,  ée.  part.  &  adj.  Qui  a  peu  de  cou  ,  &  dont 
la  tête  touche  prefque  aux  épaules  :  gêné ,  contraint 
dans  fes  habits.  CompaHius. 

Ce  mot ,  engoncé ,  eft  formé,  par  corruption  du 
mot  ejconcé  ,  qu'on  trouve  dans  de  vieux  Auteurs 
François  ^  &  qui  vient  à'abfconJus.Hncr:. 

|p=-  ENGORGEMENT.  En  Hydraulique.  Embarras 
formé  dans  un  tuyau,  dans  une  conduite  ,  par  les 
ordures  qui  s'y  font  amalfées.  Tabuli  interclufi'o. 
L'c;/;o'c)rgt'W4;/;f  fait  quelquefois  crever  les  tuyaux,  fi 
on  n'a  loin  de  lâcher  toute  l'eau  pour  les  déboucher 
&  entraîner  les  ordures. 

'JIF  Engorgement  ,  En  Médecine  ,  fe  dit,  dans  le 
même  fens ,  des  embarras  qui  fe  formenr  dans  les 
vallfeaux  du  corps  humain  par  des  fluides  rrop 
abondans  ou  trop  épais,  pour  y  couler  avec  faci- 
lité. Voye\  Obstruction.  C'eft  toujours  V engorge- 
ment des  veines ,  qui  fait  le  varicocèle  &  le  cirib- 
cèle.  J'appréhendai  même  la  mortification  par  \en~ 
gorgement  oyx\.  croit  dans  toute  la  jambe.  Dionis. 

%fF  Engorgement  J  fcdit ,  aulli ,  en  Jardinage^  dans 
le  même  fens,  des  embarras  qui  fe  forment  dans 
les  vailFeaux  des  plantes,  deftinés  à  la  circulation 
du  fuc  nourricier ,  par  la  furabondance  ou  l'épall- 
filFement  de  ce  fuc.  Foye^  Maladies  des,  arbres,  au 
mot  Arbre. 

ENGORGER,  v.  a.  Fermer  un  palTIige  defl.lné  à  faire 
écouler  des  eaux,  ou  les  humeurs.  Ohducere  ^  ini' 
pedire  ,  intcrcludcre,  percludere.  Les  immondices  ont 
engorgées  tuyau,  cet  égout.         ;•  ~;    .i,;;-. 

Engorger.  Terme  d'Arçificier.  C'cft  re^inf)]!^  q^  com- 
pofition  le  trou  vide  ou  l'ame ,  qu'on  a  laiffe  à  l'ori- 
fice d'un  jet  ou  autre  artifice.  Gpplerc.  , 

s'Engorger,  v.  récip.  On  dit  qu'un  port,  qu'un  havre 
s  engorge ;,  quand  il  fe  remplir  de  fable  ,'ou  de  galet. 
On  doit  prendre  garde  que  les,égoats  ncs  engorgent. 
Les  veines  s' tv/^^jr^e.'zrj  qùelqucfois,'f);ar#opde plé- 
nitude. On  a  dit  \  s'engorger  de  viari^ÇS;.!!  eft  ba? 
danscette  dernière  acception. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Ingurgitare.    ^  ,     ^ 

Engorgé  ,  ée.  part.  &  iidj.  Des  fuyaiix.  eHgàrgés  ,  des 
veines-  engorgées.  Ce  cheval  a  les  jambes  engorgies. 


ENG 

pleines  de  mauvaifes  luimïïuis.  Des  moulins  font 
c/igorgcs  ,  quand  l'eau  eit  li  haute  ,  qu'elle  empê- 
che les  roues  de  tournei:.  On  connolc  un  cancer  au 
iem  par  la  mineur  de  la  pairie  ,  qui  paroi cinégale  , 
;l  caul'e  du  gouHemenc  des  glandes  ,  qui  font  dures 
ex  engorgées.  Dionis.  On  appelle  un  drap  engorge  ., 
un  drap  qui  n'eft  pas  bien  iiec  de  gralde ,  que  le 
foulon  n'a  pas  bien  dégraiiré. 

ENGOUEMENT.!",  ra.  Etat  de  celui  qui  eft  engoué. 
Prafo.-ano. 

Il  lignifie  ,  figurément  &  en  ftyle  familier,  Préoc- 
cupation en  faveur  de  quelque  choie,  entêtement. 
On  ne  le  fauroit  faire  revenir  de  Ion  engouement. 

ENGOUER.  V.  a.  EmbarralFer  le  palfage  du  gofier. 
Prâ-focdre.  Il  s'eft  engoué  à  force  de  crier.  Il  buvoit , 
il  mangeoitavec  tan:  d'avidité,  qu'il  s  engoua.  Fau- 
cespn-.pedire.  On  difoit ,  autrefois ,  ennouer. 

s'Ensouer  ,  fe  dit  j  figurément ,  pour  dire ,  Se  préoc- 
cuper, s'entêter  en  faveur  de  quelque  perfonne  ,  ou 
de  quelque  ouvrage.  Elle  s'elf  engouée  de  ce  frelu- 
quet. Le  pauvre  homme  étoit  tout  engouéàiion  ou- 
vrage. Ménage.  Il  elldu  ftyle  familier. 
Ce  mot  engouer  vient  d'angere.  Huet. 

Engoue,  ee.  part.  Engou:.  de  la  Cour. 

lO^ENGOUFFRER^S'ENGOUFFRER.  v.récip.Qui 
ne  fe  dit  que  des  vents  ,  des  rivières  ^  des  ravines. 
Des  vents ,  lorfqu'un  tourbillon  entre  &  s'enferme 
en  quelque  endroit;  comme,  quand  on  dit,  le 
vent  s'eft  engoaffré  àxns  la  cheminée.  Les  vents  qui 
s'engouffrent  entre  deux  Montagnes  ,  caufent  de 
grands  ravages.  Des  rivières  &  des  ravines ,  lorf- 
qu'elles  fe  perdent  par  quelques  ouvertures  de  la 
terre,  il  y  a  des  rivières  qui  s  engouffrent  dans  ur 
endroit ,  &  relfortent  par  un  autre. 

Engouffrer,  fe  dit,  aulli ,  quand  on  entre  en  quel- 
que golfe  ou  lieu  ferré  de  la  mer.  Quand  on  s'ell 
engoujfré  dans  le  détroit  de  Magellan ,  on  a  bien  de 
La  peine  à  en  fortir. 

Engouffré,  ée.  part.  &'adi.  Vortice  abreptus. 

ENGOULER.  v.  a.  Avaler  tout-d'un  coup.  Vorare  , 
abjorbcre.  Ce  mot  eft  vieux  ,  &  ne  fe  du  plus  qiie 
parmi  le  peuple.  Il  engoule  tout-d'un-coup  les  alouet- 
tes toutes  rôties.  Engoulevent  étoii ,  autrefois  ,  un 
perfonnage  ridicule  qu'on  promenoit  à  Paris,  qu'on 
appeloit  le  Prince  des  fots. 

Emgoulé  ,  ée.  part.  palf. /^orarwj  ,  abforptus;. 

Ensoule  ,  eft  ,  aulli  ,  un  vieux  mot  qui  (ignifioitune 
chofe  dans  laquelle  on  avoit  pallé  la  tête.  On  difoit 
une  robe  engoulée  ,  une  chape  engoulée  ,  une  her- 
mine engoulée  j  un  manteau  engoule.  Quelques-uns 
ont  cru  que  Ton  nommoit  ainfi  les  robes  ou  man- 
teaux teints  en  gueules:  c'écoit  ainli  que  le  rouge 
s'appeloit  autrefois ,  &c  qu'il  s'appelle  encore  au- 
jourd'hui dans  le  Blafon.  Mais  il  eft  fur  que  c'étou 
Lr  partie  d'une  robe  j  ou  vêtement ,  la  plus  proche 
de  la  tète  ,  de  quelque  écotfe  iSc  de  quelque  couleur 
qu'elle  fût. 

Engoulé  ,  en  termes  de  Blafon ,  fe  dit ,  d'une  pièce  , 
ou  figure  ,  qui  eft  dévorée  par  quelque  animal ,  le- 
quel alors  s'appelle  c/2^c)a/a;2f.  Les  Armes  de  Milr.n 
font  un  enfant  engoule  ,  que  la  givre  tient  en  la 
gueule  j  à  Tllfant  de  gueules.  Il  y  a  des  Armes  j  oii 
des  bandes  &:  des  fautoirs  font  engoulcs  de  léopards , 
ou  des  muftlesde  lions  mouvansdes  angles.  Sautoir 
engoulé  àt  cinq  têtes  de  léopards.  DecuJJi<!  ^  quem 
quina  Pardorum   capita   ore  patulo    arripiunt.  Po- 

MEY. 

ENGOULÊME.     ")  fANGOULEME. 

ENGOUMOIS.       \Voye-{\  ANGOUMOIS. 

ENGOUMOISIN.3  (.ANGOUJvIOISIN. 

ENGOURDIR,  v.  ^.  Oter  >  ou  diminuer  le  fenti- 
ment  j  le  mouvement  dans  quelque  partie  du  corps. 
Stupejaccre  j  torporare.  La  torpille  engourdit  la  main 
de  celui  qui  la  touche.  La  jambe  eft  eigourdie  , 
quand  on  s'eft  couché  delfus  quelque  tems.  La  gelée 
engourdit  les  mains,  l'oye-^  Engourdissement. 

Ce  mot  eft  compofé  de  gourd,  àénvéA^  gurdus  , 
qui  fignifioit  Mnfaten  vieux  Gaulois.  Men. 

Engourdir  ,  fe  die  de  mcme  ,  au  figuré.  Les  peuples 


ENG  JlJ 

qui  vivent  dans  les  délices  ^  dans  l'oifiveté  ,  s'e«- 
gyurdijjent  l'eiprit  &  le  courage.  Un  efprit  paref- 
feux  ,  &:  qui  n'eft  point  cultivé  j  s'engourdit  aifé- 
ment.  Les  forces  du  corps  &  de  l'efpnr  ,  sen~our- 
dijjent ,   ù.  elles  ne  font  exercées  ,  facile  marcejcunt. 

Engourdi  ,  ie.  part.  &c  adj.  Torpidus  ,  tofpens  ,  tor- 
poratus ,  conftnclus.  Main  engourdie  par  le  froid» 
Un  efprit  engourdi;  c'eft-à-dire,  pefant ,  lourd. 
Hcbcs. 

(ÇT  ENGOURDISSEMENT,  f.  m.  Défaut  ou  dimi- 
nution de  fentiment  &c  de  mouvement  dans  quel- 
que partie  du  corps.  Stupor ,  torpor.  L'engourdi ff'e- 
n:ent  vient  de  ce  que  les  efprits  ou  le  fluide  qui 
coulent  dans  les  nerfs  ,  n^ont  pas  un  mouvement 
aulli  libre  qu'à  l'ordinaire.  Lorfque  le  froid  ,  par 
exemple  ,  a  tellement  relFerré  la  peau  &  les  houpes 
nervcules  ,  que  le  fluide  qui  abreuve  les  nerfs  ^ne 
peut  plus  parvenir  jufqu'à  l'extrémité  des  parties 
afteélées  j  il  y  a  engourdi ffément  dans  ces  parties  ; 
c"eft-à-dire  ,  que  le  fentiment  Si  le  mouvement  y 
font  diminués.  On  voit  alfez  que  la  comprelfion 
des  nerts  occafionnée  par  une  fituation  gênée  de 
quelque  partie  du  corps ,  de  la  jambe  ou  du  br.is  , 
lur  lelquelles  on  eft  couché  ou  appuyé  pendant  quel- 
que temps  J  doit  produire  le  même  eftet ,  &  géné- 
ralement tout  ce  qui  peut  empêcher  le  libre  cours  du 
fluide  dans  les  nerfs.  ^ 

Engourdissement  ,  fe  dit ,  aufiî ,  figurément ,  d'une 
léthargie  d'efprit.  La  grande  afllidfion  caufe  un  tel 
engourdijjement  dans  les  eiprits ,  qu'ils  ne  font  pas 
capables  d'agir. 

ENGOURI ,  ou  ENGURI  ,  que  l'on  écrit:  aulîî  An- 
t;uuri,  Anguii ,  An<:ori ,  /^oy.  Ancyre. 

ENGRACE  ,  ou  ENGRATIE.  f.  f.  Nom  de  femme. 
Encratis  ,  Engratia.  Prudence  ,  P erifiephanon.  j 
hymne  4,  parle  de  Sainte  Engrace  ,  ou  Engracia  y 
Vierge  &  Martyre  à  Saragolfe. 

ENGRAIGNER.  v.  a.  Vieux  mot  qui  fe  trouve  dans 
le  Roman  de  Rofe.  Si  l'ire  jaloujic  en  engraigne  j 
pour  dire  ,  fi  elle  entre  dans  la  fureur  que  caufe 
la  jalouhe. 

ENGRAINER  un  bateau  ^  fedit,  de  certaines  mar- 
chandiles  de  gros  volume, dont  le  propriétaire  n'eft 
pas  pielfé  J  qu'on  met  dans  un  bateau  qui  n'elt 
pas  en  état  de  partir  fitôt  ;  pour  raifon  de^  quoi 
on  obtient  meilleur  marché  de  la  voiture'^  que 
n'obtiendront  ceux  qui  y  mettront  huit  ou  dix  jours 
plus  tard. 

'îfT  Engrainer  un  cheval ,  Terme  de  Manège.  C'eft: 
ajouter  à  fa  nourriture  ordinaire  j  desalimens  con- 
fiftansdans  l'es  grains  des  végétaux  qui  lui  font  pro- 
pres :  le  nourrir  de  bon  grain  pour  le  rétablir  , 
'  lorfqu'il  eft  maigre ,  ouqu'daété  malade.  Opimare. 
Quelques-uns  écrivent  engrener. 

ÇCTEncratner  J  mettre  du  blé  dans  la  trémie.  C'eft 
ainfi  qu'on  devroit  écrire.  Foy.  Engrener. 

ENGRAIS,  f.  m.  Pâturages  où  l'on  met  des  bœufs  &c 
autres  animaux  pour  les  engrailler.  Pafcuum  ,  paj- 
cua.  Ce  Marchand  a  cinquante  bœufs  à  Yengraîs. 

Engrais  ,  fignihe  ,  aulli ,  la  nourriture  j  &  l'adtion 
d'engrailfer  les  animaux.  Le  CommllFaire  de  la 
Mare  traite  de  la  nourriture  Se  de  Vengrais  des 
beftiaux  dans  fon  Traite  de  la  Police ,  L.  V.  Tir. 
XVII.  Ci. 

I/CT  On  le  dit ,  de  même  ,  d(rla  pâture  qu'on 
donne  aux  volailles  pour  les  engrailfer-  Mettre  des 
chappons  à  l'engrais.  Saginatio  ,faginaiium  ,fagina, 
ou  faguicimentum.  Le  premier ,  pour  exprimer  l'ac- 
tion d'engrailfer  ;  le  fécond  j  pour  exprimer  le  lieu 
où  l'on  met  à  l'eff^raw ,  la  mue,  par  exemple;  les 
deux  autres,  pourexprimer  \ engrais  même,  ce  qu'on 
donne  pour  cngrailfer. 
Engrais  ,'  fignine  ,  encore,  l'amendement  des  terres 
labourables  j  vignes  &  prés  j  coilime  fumiers , 
marne  ,  cendres  de  chaume  ,  &  généralement  toutes 
les  chofes  ,  qui ,  répandues  fur  la  terre  ,  fervent  à 
la  Icconder  ,  fertilifer.  Stercoratlo  ,  fercus. 

Ce  mot  eft  fur-tout  d'ufage ,  quand  on  parle   de 
bœufs  ,  ou  de  moutons ,  ou  de  volaille.  Nous  l'a- 


yiS  ENG 

vous  rilqué  quelquefois  en  parlant  des  terre';,  au 
Jicu  d'eiiiployâr  lus  termes  de  fumier  ,  iX  d'oidures. 
On  en  voit  bien  la  raifon.  Speci.  de  la  Nac.  Vengruis 
tait  recueillir  du  vin  plus  abondamment  j  mais  le 
vin  n'clt  pas  fi  bon.  Si  lei  engrais  augmentent  la 
quantité  du  vin,  conllamment  ils  en  dmnnuenc  ie 
iuérice.  La  Quint.  Les  plantes  que  la  terre  avoir 
produites  j  remiles  au- dedous  de  la  l'uperiàcie  de 
cette  terre  ,  y  pournill-nt ,  &  y  font  un  engrais  de 
la  même  quantué  Se  de  la  même  valeur  ,  à-peu- 

f»rès  ,  que  ce  qu'il  en  avoir  coûté  à  cette  terre  pour 
a  produire.  Id.  ^oj.  Fumier. 

£NGRAISS£MENIT.  f.  m.  Terme  de  Jardinier  &  de 
Laboureur.  L'acbion  d'engrailler  ^  tout  ce  qui  peut 
rendre  un  fonds  plus  gras  ik  plus  l^e;  tile.  Sarcurdcio. 
Mettre  de  Venorai(fement  aux  terres.  Cult.  de  la 
TuL.  Il  ne  faut  que  de  légers  engrai[jemens.  La 
Quint.  Il  elt  moins  ufité  qu'engrais. 

-EnijRaissement.  Terme  de  Charpenterie.  Alfembler 
par  engraijjement ,  c'eft  joindre  (i  julledei  pièces  de 
bois  ,  que  pour  ne  lailfer  aucun  vide  dans  les  mor- 
toifes  ,  les  tenons  y  entrent  à  force  ,  afin  de  mieux 
contreventer ,   &  d'empccher  le  hiemenr. 

ENGRAISSER,  v.  a.  R.cndre  gras.  Opimare  ,  ffginare , 
pinguefacere.  On  engraijjc  les  bœufs  pour  les  vindre, 
quand  ils  ne  font  plus  propres  au  labour.  On  en- 
graijje  les  chapons  avec  de  l.i  pâte.  AI.  Liger  a  traité 
jde  la  manière  à'engraijjer  la  volaille  j  les  cailles, 
4»,  les  chèvres  ,  iScc.  dans  la  Mai/on  liujlique,  pag.  6^. 
98.  164.  /^oy.  aulli  le  Dictionnaire  (Economique  de 
Chomel  ,  au  mot  engmijjer ,  &c.  Il  eft ,  aulli  j 
réciproque  ,  Se  lïgnifîe  devenir  gras  ,  en  bon  point. 
Pinguejieri , pinguefcere.  Ce  cheval  s'engraijjera  avec 
ie  temps. 

Les  Chanoines  vermeils  ,  &  brillans  de  famé  , 
^''engraiirent    d'une  molle  &  faince  oif.veté. 

BOILEAU. 

On  dit ,  abfolument ,  que  le  dormir  engraiffe. 

Engraisser  J  lignifie  j  aulli,  Salir  avec  de  la  grailFe. 
Inquinare  ,  injicere  adipe.  Un  Cuihnier  engraijje  fes 
habits.  Les  cheveux  engraijjenc  un  cs.'Hoï. 

Engraisser,  fe  dit,  aulli,  des  terres  ^  comme  fy- 
fionyme  àefumer ,  amender.  Stercorare.  La  marne  , 
les  amendemens  engraijjent  les  champs.  Cette  terre 
a  befoin  d'être  engraijjee.  Engraijfer ,  c'elt  fumer 
une  terre.  Liger. 

On  dit,  aulli,  que  le  vin  s' engraijje ^  pinguefit\ 
pour  dire  ,  qu'il  s'épaillit ,  qu'il  fe  corrompt  \  Se  de 
même  de  quelques  autres  liqueurs ,  Scc. 

Engraisser,  fignifie  ,  figurénient  j  enrichir.  Ditare. 
Ce  traitant  s'ell  bien  engraijjd  dans  la  ferme  des  Ai- 
des. C'eft  un  fou  qui  engraijje  la  Julfice  de  fes  re- 
venus. BoiL.  S'e^^/tz/Z/èr  du fang  des  Citoyens,  Se 
des  mifères  publiques. 

Ne  vas  point  fonement  faire  le  généreux  , 
£ngtai(le-foi  ,   mon  fils  ,  du  fuc  des  malheureux. 

B01LEAU. 

N'imite  point  ces  fous  donthi  fotte  avarice 
Va  de  fes  revenus  engrailTèr  la  Jufice.  Id. 

Engraisser  i  efl  ,  aulïi,  une  verbe  neutre  ,  qui  fig- 
nirie  ,  Devenir  gras.  Pinguefcere  ,faginari.  Elle  en- 
graijje tous  les  jours-  On  a  beau  nourrir  ce  cheval , 
il  n'engraife  point. 

Les  Architecles  &:  Tailleurs  de  pierre  difent 
qu'une  pierre  engrai[Je  ,  ou  qu'elle  efl:  graife  ,  lorf- 
que  d'un  côté  elle  fait  un  angle  bien  ouvert  •,  comme 
ils  difent  qu'une  pierre  eft  maigre  ,  lorfqu'elle  fait 
un  angle  bien  aigu. 

On  dit ,  proverbialement ,  qu\in  homme  en- 
graiffe  de  malcdidions, qu'il  engraijje  de  mal  avoir; 
pour  dire  ^  qu'un  homme  ne  Liide  pas  de  profiter , 
quoiqu'on  le  haïfiTe  ,  &  qu'il  fouftre  beaiwroup.  On 
dit,  aufll  ,  que  l'œil  du  maître  engraiffe  le  cheval  ; 
pour  dire  ^  qu'il  faut  que  le  maître  prenne  garde  (i 


ENG 

l'on  ne  fruftre  point  les  chevaux  de  leur  avoine  ;  & 
l'on^traniporte  ce  proverbe  à  toutes  lescliofesoù  l'on 
veut  marquer  que  la  vigdance  de  la  perfonne  inté- 
relFée  eft  nécellaire  ,  is:  qu'il  ne  faut  point  s'en  rap- 
porter aux  autres  ,  On  dit ,  aulli  ,  cjn'on  ne  fauroit 
manier  du  beurre,  qu'on  ne  sengra/jji  les  doigts  ; 
pour  dire,  qu'on  ne  lauroit  manier  beaucoup  d'ar- 
gent ,  fans  qu'il  en  demeure  un  peu  dans  les  mains. 

Engraisse  ,  EE.part.  Se  !Ld].Saginatus  ,pinguejaaus  ^ 
jartus. 

ENGRANGER,  v.  a.  Serrer  les  blés  dans  la  grange. 
Seponerein  horreum.  On  laitle  fécher  les  gerbes  dans 
les  champs ,  avant  que  de  les  engranger,  hngranger 
la  moilïon.  i''oye-:^  Grange. 

Engrange,  ée.  part. 

ENGRAVER.  v.  a.  Engager  un  bateau  dans  le  fable, 
de  fotte  qu'il  ne  fiotte  plus.  Impingere  cymbam  in 
fdbulum.  Un  batelier  mal  adroit  engrava  fon  ba- 
teau. Le  vailfeau  fuf  lequel  il  s'embarqua  fur  battu 
par  la  tempête  Se  engravé  fur  un  banc  de  lable.. 
Journ.  des  s.  ï-jzo.p.  ^04. 

On  dit ,  fur  la  Loire  ,  Aggraver,  mais  mal. 

Engraver  ,  lignifie  ,  aulli  ,  Graver  profondément. 
Incidere  j  injigcre.  Graver  ,  imprimer  une  figure  fur 
quelque  choie.  Sculpere ,  impriniere.  Vieux  mot 
dont  on  ne  le  fert  plus. 

s'Engraver.  v.  récip,  Erre  arrêté  fur  le  fable  ,  fur  le 
gravier ,  en  navigeanr.  H&rere  in  j'abulo  y  ai  aren» 
cumulas  adhArejccre.  Notre  bateau  s'efl:  engravé. 

Engravé  ,  EE.  part.  On  dit,  proverbialement,  qu'un 
homme  jure  comme  un  Marinier  qui  eft  engravé. 

Engravé.  ée.  Vieux  mot.  Gravé,  imprime.  Sculptus  , 
imprejjus  j  a  ,  um. 

Vous  y  verre^  votre  nom  engravé 

Avec  le  deuil  qui  me  tient  aggravé.  Marot. 

ENGRÉGER.  v.  a.  Rendre  plus  grief.  Il  eft  vieux. 
exacerbare. 

ENGRÊLE  ,  ÉE.  adj.  Terme  de  Blafon  ,  qui  fe  ditdes 
pièces  honorables  de  l'Ecu  ,  qui  font  bordées  de 
petites  pointes  minces  Se  délicates.  Striatus  ,  den- 
ticulatim  incifus,  Vengrèlé  eft  oppofé  au  cannelé  :  le 
cannelé  ed  fait  en  fêlions  qui  forment  ce  qu'on  ap- 
pelle une  campane ,  SeXengrêlé ,  au  contraire  ,  eft 
découpé  en  dedans  ,  enforte  que  ce  font  des  pièces 
emportées  de  proche  en  proche  en  forme  de  demi- 
cercle  ;  ce  qui  lailfe  uns  petite  languette  entre  cha- 
cune ,  arrondie  des  deux  côtés  par  le  dedans  d'une 
manière  concave. 

Cemot  vient  de^ri7a/i.f ,  à  caufe  que  les  engrê- 
lures  font  minces  &  délicates. 

ENGRELER,  v.  a.  Faire  de  petits  ornemens  fur  les 
broderies ,  ou  dentelles ,  qui  repréfentent  de  petits 
grains  ou  picots.  Denticulis  diftingucre  ,  contexere  , 
variare.  Il  avoit  fiir  engreler  la  broderie  de  fon  ha- 
bit de  perles ,  pour  la  rendre  plus  riche.  On  le  dit, 
plus  ordinairement  ,  en  termes  de  Blalon. 

ENGR.ÊLURE.  f.  f.  Petits  picots ,  pointes,  ou  avan- 
ces, qu'on  fait  par  ornement  aux  dentelles,  tant 
de  fil  que  de  foie.  Cependant,  à  parler  proprement, 
ïengrelure  dans  la  dentelle  eft  différente  des  picots. 
L'engrélurc  eft  la  patrie  d'en*liaut  qui  règne  tout  du 
long  de  la  dentelle  ,  par  l'endroit  qui  joint  la  den- 
telle à  la  toile.  Les  picots  font  la  partie  d'en-bas. 
L'engrêlure  eft  limbusfupericr ,  &  intimus  ;  les  picots 
limhus  inferior  &  extimus.  On  le  dit ,  par  exrenfîon  j 
de  femblables  ornemens  qui  fe  font  en  plufieurs  au- 
tres ouvrages. 

ICr  Engrêlure.  f.  f.  En  termes  de  Blafon  j  eft  une 
bordure  engrêléej  qui  n'a  que  le  quart  de  la  bordure 
ordinaire, 

ffT  ENGRENAGE,  f.  m.  fedit ,  en  Mécanique,  des 
dents  qui  entrent  les  unes  dans  les  autres  ,  pour  la 
communication  du  mouvement.  Si  nous  voyons 
quelque  mouvement  fe  communiquer,  c  eft  parim- 
pulfiouj  par  contad,  par  tendon,  pat  tiraille- 
ment ,  par  engrenage  ,  par  des  poids ,  Sec.  Pluche. 

ENGRENER,  v.  a.  Commencer  à  mettre  fon  blé  dans 


I 


EN  G 

îa  trémie  du  moulin  j  pour  le  moudre.  Moletr'mu 
injunders.  Les  premiers  venus  au  moulm  ont  droit 
^engrener  les  premiers.  Engrener  la  trémie. 

fer  Engrener  un  cheval.  Terme  de  manège.  Voye\ 
Engrainer. 

ifT  ENGRENER  j  Mettre  du  grain  dans  la  trémie , 
&  engrener  un  cheval ,  le  mettre  au  giain  ,  venant 
évidemment  de  grain  j  granum  y  on  devroit  écrire 
engrainer,  &  non  pas  engrener  ,  comme  le  terme 
de  Mécanique.  Un  ul'age  bizarre  a  introduit  cette 
ortographedans  tousnos  Diélionnaires. 

Engrener,  v.  n.  S'inférer  l'un  dans  l'autre  ,  vient  de 
crena ,  une  coche  y  un  cran  j  parce  que  les  chofes 
qui  sengrennent ,  ou  qui  engrennenc  j  entrent  dans 
des  efpèces  de  coches  ,  &  ont  comme  des  crans.  Les 
dents  d'une  roue,  d'une  machine  j  font  comme  des 
crans,&  ont  des  coches  à  droite  &  à  gauche ,  &  leurs 
crans  ou  dents  entrent  nuuuellemenr  dans  les  co- 
ches l'une  de  l'autre.  D'abord  on  a  dit  &  écrit  encre- 
ner y  puis  cliangeant  le  c  en  ^ ,  comme  on  a  fait  fou- 
vent  ,  l'ufage  a  introduit  engrener. 

^CTEnûrener,  dans  cette  acception  j  fe  dit  d'une 
roue  dont  les  dents  entrent  dans  celles  d'une  autre 
roue,  de  manière  que  l'une  fait  tourner  l'autre.  Une 
petite  roue  engrène  dans  une  grande ,  inférieur.  Ces 
deux  roues  cn^re/zc/zr  bien,  &  au  réciproque  s'en- 
grènent bien. 

En  mécanique  ,  fi  le  mouvement  horizontal 
d'une  demi-fphère  lupérieure  eft  tel  qu'elle  ne 
falTe  en  une  féconde  qu'un  intervalle  de  deux  demi- 
fphères  intérieures ,  il  ell  certain  qu'à  chaque  l"e- 
conde  elle  s'enfoncera  toute  entière  dans  un  de  ces 
intervalles ,  c'eft-à-dire  ,  qu'elle  engrènera  autant 
qu'ileft  pollible.  Acad.des  SciEN.1700.  Hijl.p.i  50. 
Plus  le  mouvement  horizontal  fera  grand,  par  rap- 
port au  mouvement  vertical  du  poids  qui  ne  peut 
changer,  moins  la  demi-fphère  fupérieure  enton- 
cera  ,  &:  engrènera  dans  les  intérieures.  Ib. 

Engrener  ,  fe  dit  de  même  en  termes  d'Horlogerie^ 
quand  les  dents  d'une  roue  entrent  dans  les  ailes 
d  un  pignon  ,  ou  dans  les  dents  d'une  autre  roue. 
Quelquefois  la  roue  engrène  le  pignon,  &  quelque- 
fois le  pignon  engrcneX-xzoxxi.  La  roue  engrené  le  pi- 
gnon ,  lorf-iue  les  dents  enrrent  dans  les  ailes  du 
pignon  ,  &  le  font  tourner  \  Se  le  pignon  engrené  la 
roue  ,  lorf4ue  fes  ailes  entrent  dans  les  dents  de  la 
roue  ,  &c  lai  donnent  le  mouvement.  Toutes  les 
roues  vilibles  d'une  montre  engrènent  [es  pignons , 
èc  avancent  le  mouvement  ;  mais  le  pignon  de  la 


ENG 


719 


les  honnêtes  gens  ne  s'en  fervent  guère  dans  le  dif- 
cours  ordinaire. 

Engrossée  ,  part.  &  adj,  fém.  Gravidata. 

ENGROSSEUR.  f.  m.  Qui  engroffe  ,  qui  rend  en- 
ceinte une  tille  ou  une  femme.  M.  de  Sénecé  ,  dans 
fes  Triolets ,  dit  à  Madame  la  Baronne  d'Icé,  a'ccou- 
chée  nouvellement  : 

De  votre  Engrofleur  enragé 
N'ûbtiendre\-  vous  point  quelques paufes  ? 
j4ure^-vous  un  mois  de  congé 
De  votre  Engrolfeur  enragé  ? 

Mercure  d'Août  172;;^ 

ENGROSSIR.  v._  a.  Craffum  reddere  ,  facere.  Rendre 
gros.  Il  ell  aufli  verbe  neutre  ,  &  fignifie  ,  Devenir 
gros.  Craffejcere.  On  ne  le  dit  plus.  On  dit ,  Gtoflir, 

ENGROUTER.  v.  a.  Vieux  mot.  Enfoncer. 

S'ENGRUMELER.  v.  récip.  Se  mettre  en  grumeaux. 
Concrejcere.  Le  fang  sengrumèle.  Cela  fait  engrume- 
ler  le  fang.  Le  lait  de  cette  nourrice  s'eil  engrumelé. 

EngrumelÉjÉe.  part. 

ÉNGUAMBA.  f.  f.  Arbre  des  Indes  Occidentales  qui 
croît  dans  la  Province  de  Mechoacin  dans  des  ter- 
reins  pierreux.  Ses  feuilles  font  larges  &  concaves , 
dillinguces  par  de  petits  nerfs ,  en  partie  jaunes , 
&en  parrie  rouges.  Ses  Beurs  pendent  par  bouquets, 
&  font  de  couleur  verdâtre.  Le  fruit  en  eft  noir  &: 
plein  de  grains.  On  en  rire  une  huile  jaune  ,  fort 
bonne  pour  réfoudre  les  tumeurs  ,  &  utile  pour  les 
plaies. 

ENGUELEGUINGUIL.  Ville  du  Royaume  de  Ma- 
roc ,  dans  la  Province  de  Hea. 

ENGUENILLER.  v.  a.  Vêtir  déguenillés,  couvrir  de 
haillons.  Sordidare. 

Enguenillé,  ÉË.  part.  &adj.  Sordidatus ,  lacernatus y 
a ,  um.  Couvert  de  guenilles  j  vctu  de  haillons. 

Ces  vers  bouffis  où  fa  Mufe  hydropique 
Nous  développe  enjiyle  magnifique 
Tout  le  Phebus  qu'on  reproche  à  Brébxuf^ 
Enguenillé  des  rimes  du  Font-neuf. 

Rousseau  j  Epifl.  VII, 

ENGUENNER.  v.  a.  Vieux  mot.  Tromper.  On  a  die 
aulîi  enguigner  ,  dans  le  même  fens  j  ce  qui  vient 
de  l'Italien  Ingannare  ,  ou  de  l'Efpagnol  Engannar^ 
qui  fignihent  la  même  choie- 


grande  roue  engrem  la  roue  du  cadran  j  ce  qui  di- 
minue le  mouvement. 
Engrener,  fe  dit,figurément,des  affaires  qu'on  a  com- 
mencées. Inchoare  ,  aufpicari.  On   a  commencé  à 
mettie  mon  procès  fur  le  bureau  ,  il  eft  engrené.  Ce- 
la n'eft  que  du  ftyle  familier. 
Engrener  la  pomi'e  ,  ledit  fur  mer  j  pour  dire, 
Attirerdans  la  pompece  qui  refte  d'eau  dans  le  fond 
du  vaiflfeaUj  pour  l'en  challèr  par  le  moyen  de  la 
pompe. 
Engrené,  ÉE.  part. 

ENGRI,  f.  m.  Sorte  de  Tigre  de  la  BafiTe-Ethiopie  , 
qui  a  cela  de  particulier ,  qu'il  n'attaque  jamais  les 
hommes  blancs.  Pour  dépeupler  le  pays  de  ces  ani- 
maux féroces ,  le  Roi  de  Congo  met  leut  vie  à  prix, 
&  fait  récompenfcr  celui  qui  en  apportant  la  peau 
d'un  Engri ,  donne  par-là  une  preuve  qu'il  l'a  tue  ; 
mais  il  faut  que  les  poils  de  fa  mouftache  y  foient 
encore  attachés.  C'eft  un  poifon  fi  fubtil ,  à  ce  que 
difent  les  Ethiopiens  ,  que  qui  en  mangeroit ,  tom- 
beroit  aufli  tôt  en  phrénéfîe. 
ENGRI^TÉ.  f.  f.  Vieux  mot.  Jaloufie,  envie. 
ENGROSSER,  v.  a.  Rendre   une  femme  enceinte. 
Gravidarc.  Quand  on  cngroffie  une  fille  d'honnête 
famille  ,  on  eft  tenu  de  l'époufer  ,  ou  de  la  dotet. 
Les  caufes  des  tilles  qui  font  engrojfées  fous  la  pro- 
meffe  de  maringe  fc  plaident  à  l'Omcialité.  Ce  terme 
n'eft  que  du  ftyle  familier  .•  on  le  rrouve  pourtant 
dans  le  Journ.  des  Sav.  d'Avril  1695.  '^^^^  ^"'  1^^ 
c'eft  dans  un  Traité  qui  concerne  l'Anatomie  ;  mais 


ENGUICHE  ,  ÉE.  En  termes  de  Blafon  ,    on  .appelle 


enguiché,  le  cor,  corner ,  trompe,  ou  huchet,donc 
l'embouchute  eft  de  différent  émail. 

ENGUICHURE.f.f.  Terme  de  Chaffe.  Ce  font  les 
cordons  attachés  par  trois  anneaux  aux  corps  de 
challe  ,  qui  fervent  à  les  potter  ,  qui  s'étrécilfent  &z 
s'élargilfent  à  proportion  de  la  corpulence  du  pi- 
queur.  C'eft  aulh  l'entrée  de  la  trompe. 

ENGUIEN.  Foy.  ANGUIEN.  Nous  écrivons  cepen 


dant  plus  communément  Enguien.  La  valeur  du 
à'Eno 

BoURD. 


Duc  A  Enguien  apporta  remèdt;  à  tous  ces  maux.  P. 


ENGURI.  Rivière  de  la  Géorgie  ,  en  Afie.  Engurius. 
Anciennement  Afteljus.  Elle  coule  dans  la  Min- 
grélie,  baigne  Anargie  ,  &  fe  décharge  dans  la  Mer 
Noire. 

ENGYRONNER.  v.  a.  Vieux  mot.  Environner.  Il 
vient  de  gyrare ,  fe  tourner. 

ENGYSCOPE.  f  m.  Terme  d'Optique.  C'eft  propre- 
menr  l'inftrument  qui  fait  voir  les  chofes  de  près  , 
qui  fair  regarder  de  près,  Engyfcopium.  On  donne 
fpécialement  ce  nom  à  une  efpèce  de  microfcope 
fait  de  petits  vetres  longs,  de  petits  globules  de 
verre,  que  l'on  forme  en  mettant  fondre  à  una 
lampe  ,  ou  à  une  chandelle  de  petits  morceaux  de 
verre  foutenus  par  la  poinre  d'une  aiguille  mouil- 
lée. On  prend  deux  lames  de  plomb  percées  ,  &.'  oti 
place  le  petit  globe  de  verre  encre  les  deux  trous 
qui  fe  répondent  :  cela  fait  un  engyfcope.  Vengyjco- 
pe  groflît  beaucoup  les  objers  ;  mais  fon  foyer  eft 
très-court  :  il  faut  approcher  Vengyfcope  tout  prsî 


710  E  N  H 

de  l'œil,  &  c'eft  de- là  que  lui  vient  fon  nom. 

Car  ce  mo:  eft  Grec  ,  &  compofé  de  la  prépofi- 
tion  iy-yiii  ,  près ,  8c  r»tm«  ,  je  regarde  ,  /e  conji- 
dere  avec  attencion. 

E  N  H. 

EN-HADDA,  ou  EN-ADDA.  Ville  de  laTerre-Sainre 
dans  la  Tribu  d'IlFachar.  Jof  XIX.  21. 

ENHARDIR,  v.  a.  Uh  de  ce  mot  eft  afpirée.  \\  figni- 
fie  ,  Rendre  hardi  ,  donner  de  la  hardiefle  ,^  de 
l'aliurance.  Animas  erigere^  audadamJacere.Vl  stn- 
hard'it  beaucoup.  Les  déclamations  que  tont  les 
Écoliers  dans  les  Collèges  les  enhardirent  à  parler 
en  public.  Un  efprit  abattu  ,  &  comme  dompté  par 
laccoutumanceanjoug,  n'oferoit  plus  s'enhardir  à 
rien.  Boil.  Autant  de  témoins ,  autant  de  féduc- 
teurs  pour  juftiher  fa  préfomption ,  &  enhardir  (a. 
témérité.  Roy. 

Enhardi  ,  ie.  part  &  adj.  Animofus  j  aiidacior facius. 

ENHARMONIQUE,  adj.  de  t.  g.  Enharmonicus.  Mu- 
fique  enharmonique  ,  qui  procède  par  quarts  de 
tons.  C'eft  le  troifième  genre  de  la  Mufique  ,  qui 
abonde  en  dièfes ,  qui  font  les  moindres  divifions 
fenfibles  du  ton.  Elles  fe  marquent  fur  la  tablature 
en  forme  de  croix  de  S.  André  ,  ou  de  fauroir.  Le 
dièfe  enharmonique  eft  la  différence  du  demi-ton 
majeur  &  du  mineur.  Le  fyftême  enharmonique.  Les 
cordes  enharmoniques.  Les  Grecs  donnèrent  à  ce 
genre  le  nom  de  genre  épais  ù"  condenfe  ,  qui  veut 
dire  ,  Mulique  complète  ,  tel  qu'il  eft  expliqué  dans 
les  Traités  de  Mufique  de  Meibomius  y  de  Kuker 
&  de  Merfenne.  Bourdelot.  Les  Anciens  avoient 
trouvé  une  Mulique  enharmonique  j  qui  partageoit 
les  tons  en  moins  de  moitié  ,  &  ufoit  de  quarts  de 
tons.  Ent.  sur  la  Musique.  Les  Italiens  ont  in- 
venté l'abus  de  la  Chromatique  ,&  je  prévois  qu'un 
de  ces  jours  ils  en  viendront  j  s'ils  peuvent  \  à  \ en- 
harmonique tout  pur  j  &  en  caSj  que  ce  genre-ci  foit 
praticable  dans  la  Mufique  moderne,  de  quoi  je 
doute,  dès  qu'ils  en  aurontune  fois  tâté  ,  vous  ver- 
rez qu'ils  enteront  leurs  délices  ordinaires  :  car  il 
aura  encore  un  point  de  difficulté  par-detfus  le 
chromatique.  Id. 

IÇ?  Les  trois  fameux  fyftcmes  de  Mufique  des 
Anciens  que  nous  fuivons  encore  ,  font  le  Diato- 
nique ,  le  Chromatique  &  V  enharmonique.  Le  pre- 
mier ,  qui  procède  par  des  moitiés  j  le  fécond,  par 
des  tiers  \  le  troifième  ,  par  des  quarts  de  ton. 

gCT  Le  premier,  qui  eft  le  plus  naturel,  plaît  à 
tout  le  monde  :  le  fécond  ,  qui  ajoute  beaucoup 
d'art  à  la  nature  ,  plaît ,  far-tout  aux  favans  Mufi- 
ciens  :  le  troifième  ,  qui  eft  le  plus  exaét  &  le  plus 
fin,  ne  plaît  guère  qu'aux  plus  habiles  &  aux  plus 
profonds  d'entre  les  habiles. 

ENHARNACHEMENT.  f.m.  Harnois.  Stratum  ^or- 
nacus.  Cet  enharnachement-W  ne  iiéroit  point  mal  à 
un  homme  de  ta  profeflion.  Mascur.  Ce  pourroit 
être  aulli  Tadion  d'enharnacher. 

ENHARNACHER.  v.  a. Terme  de  Manège.  Equum 
integcrc.  Voye^  Harnacher  ,  c'eft  la  même  chofe. 
L'A  de  l'un  &  de  l'autre  s'afpire. 

Enharnacher,  fc  dit  auflî,  figurément,  des  hommes, 
&  fignifie.  Vêtir  J  habiller  d'une  manière  extraor- 
dinaire j  fouvent  ridicule.  Injlruere  ^  impedirevefii- 
bus.  Vous  moquez-vous  du  monde  ,  de  vous  être 
fait  enharnacher  At  la  forte  ?  Mol.  J'étois  enharna- 
ché  en  fameux  chafteur.  Id. 

Enharnaché  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Ornatus  ^  inflruclus  , 
vcjluus.  Un  cheval  magnifiquement  enharnaché.  La 
Traduction  de  la  Batrachomyomachie  décrit  ainfi 
l'armure  de  tête  qu'avoient  les  rats. 

De  fuperbes  plumets  leur  tête  empanachée 
Sous  des  coques  de  noix  eVoif  enharnachée. 

EN-HASOR  ,  ou  EN-ASOR.  Ville  qui  s'appelle 
auffi  Hafor ,  &  Nafor ,  par  corruption  &  retran- 
chement. Enhafor.  C'étoit  une  place  forte  de  la; 


E  N  H     E  N   J 

Tribu  de  Nephthali  au  nord  de  la  Terre-Sainte. 

ENHaTIR.  v.  a.  Vieux  mot.  Percer  d'une  lance.  Du 
Latin  hajta  ,  lance  ,  javelot.  On  a  dit  aulli  être  en- 
hati ,  pour  dire ,  avoir  h.âte. 

EN-HAUT.  Sorte  d'adverbe.  Dans  un  lieu  haut.  Su- 
pra. Il  eft  en-haut. 

d'En-haut.  Autre  forte  d'adv.  D'un  feu  haut.  Sur- 
sàm  „defurfùm.  Cela  vïcm  d'en- haut.  Cela  eft  tombé 
d' en-haut. 

d'En-haut.  Du  Ciel ,  de  Dieu  ,  de  la  part  de  Dieu. 
DivinitiiS  ,  è  Cœlo ,  à  Deo.  Les  grâces  qui  nous 
viennent  d'en-haut  font  les  feules  nécelfaires. 

Mes  prières  n'ont  pas  le  mérite  qu'il  faut , 
Pour  avoir  attire  cette  grâce  d'en-haut.  Mol. 

En-haut.  Ce  terme  fignifie  quelquefois  la  Cour,  le 
Confeil.  Un  ordre  d'en-haut.  Avoir  du  crédit  en- 
haut ,  le  Confeil  û'c'«-/îj//r. 

ENHAZE ,  ÉE.  adj.  Embarralfé  d'affaires  j  qui  fe  tour- 
mente ,  ôc  s'emprelfe  à  faire  quelque  chofe  avec 
trop  d'ardeur  ,  ou  d'inquiétude  j  qui  veut  fe  ren- 
dre officieux  en  choies  de  peu  d'importance.  Faire 
\'enha:^é ,  c'eft  ,  faire  Ihomme  affairé.  Ce  mot  eft 
bas  &  vieux. 

ENHENDÈ  ,  ÉE.  adj.  Terme  de  Blafon  ,  qui  a  été  ex- 
pliqué à  Cb.oix  enhendée. 

ENHERBER.  v.  a.  Vieux  mot  François ,  qui  figni.6oic 
autrefois  empoifonner,  Mifcere  herbus  &  non  innoxia 
verha  ,  parce  qu'ordinairement  les  venins  fe  tirent 
des  herbes  ,  comme  plus  faciles  à  trouver. 

En/ans  ,  qui  cueille\  Icsflorettes , 
Et  les  jraifes  jrcfches  à>'  nettes  , 
Souhi  gyjl  lejrès  Jerpent  en  l'herbe  j 
Fuye^ ,  en/ans  j  car  il  enherbe , 
Et  empoijonne  6"  envenyme 
Tout  homme  qui  de  lui  s'aprime. 

Roman  de  la  Rose. 

Le  Roman  de  Pépin  dit  auffi  enherber ,  pour  em- 
poifonner. Recherches  de  Pafquicr. 

ENHERDURE.  f  f  Vieux  mot.  Poignée  d'épée. 

ENHEUDÈ  ,  É£.  adj.  Qui  eft  attache  par  des  heudes. 
Pedicis  implicatus.  Ce  mot  eft  un  vieux  terme  de 
Coutumes.  Bêtes  enheudées  ,  font  des  bêtes  rete- 
nues par  des  heudes  ,  qui  font  des  liens  qu'elles 
ont  aux  pieds  de  devant. 

ENHORTER.  vieux  v.  a.  Exhorter.  Hortari. 

La  grand'  amour  que  mon  cxur  vous  porte 

Incejjamment  me  conjèille  t>'  enhorte 

f^ûus  confoler  en  votre  ennui  extrême.  Marot. 

ENHUILE.  ad),  m.  On  appeloit  autrefois  enhuilé,  ce- 
lui qui  avoir  reçu  l'Extrême-Ondion.  Oleo  fupre- 
mo  tinclus. 

ENHYDROS.  f.  m.  C'eft  une  pierre  ferrugineufe  du 
genre  des  Pierres  d'Aigle  ,  de  forme  ronde  ,  légère, 
de  couleur  blanchâtre  ,  creufe  &  remplie  d'eau.  Elle 
paroît  quelquefois  fuer.  î» ,  &  "«^«f ,  aqua  j  eau. 

E  N  J. 

ENJABLER.  v.  a.  Terme  de  Tonnelier.  Mettre  les 
fonds  des  tonneaux  ,  des  cuves  &  autres  vailTeaux 
ronds  dans  leurs  jables  ,  dans  les  rainures  faites  aux 
douves  pour  les  arrêter ,  pour  les  retenir.  Indere , 
compingere. 

ENJACHAM.  Fortereftedes  Anglois  j  conftrulte  de- 
puis peu  fur  la  côte  d'or  ,   en  Guinée. 

ENJALER.  Voye-^  ENJAULER. 

ENJALOUSER.  v.  a.  Donner  de  la  jaloufie  ,  rendre 
jaloux.  Scarron  s'en  eft  fervi  dans  Jodelet  Duellifte. 

Enfin  ,7?  cet  Amant  que  vous  enjaloufez , 

EJl  un  gladiateur,  un  homme  acariâtre  j 

Qui  vienne  un  beau  matin  vous  battre  comme  plâtre  : 

Le  jeu  vous  plalra-t-il  ? 

s'Enjalouser, 


E  N  J 

is  EnjAlou3ER.  Devenir  jaloux.  Dicî.  Corn.  Cot'îrave 
a  mis  ce  mot  dans  Ion  Dictionnaire.  Ils  ne  font  en 
uiage  ni  l'un  ni  l'autre 

ENJAMBAGE.  f.  f.  M.  l'Abbé  de  ViUiers  s'eft  fervi 
de  ce  mon  à  l'occafion  des  vers  qui  n'ont  pas  un  fens 
fini,  mais  dont  le  fens  ne  fe  termine  qu'au  coip.men- 
ceinent,  ou  vers  le  milieu  du  vers  fuivant.  f-'oye^ 
Enjambement. 

ENJAMBEE,  f.  m.  Efpace  entre  les  deux  jambes  éten- 
dues. C'elt  à-peu-près  quantum  fpatu  dijunui  aura 
compleclu/nur.  Eiijambcc  ell  le  pas  le  plus  forcé 
qu'on  puille  faire  ,  &  de  toute  la  plus  grande  éten- 
due des  jambes.  Cet  homme  fait  de  grandes  en- 
jambées. 

Enjambée  ,  fe  dit  au  figuré.  De  Conftantinople  ,  il  va 
à  Paris  d'une  feule  enjambée  ,  pour  dire  qu'ayant 
parlé  de  Conllantinople ,  il  parle  de  Pany ,  l'ans 
avoir  préparé  le  Ledteur  à  ce  trajet.  On  peut  le  dire 
d'un  homme  qui  d'une  matière  (e  jette  lur  une  au- 
tre difparate,  &  qui  va,  comme  on  dit,  du  pré 
dans  les  vi^jnes. 

ENJAMBEMENT,  f.  m.  Terme  de  Poche  Françoife. 
Qui  fe  dit  lorfqu  un  vers  enjambe  fur  un  autre , 
c'eft-à-dire,  lorfque  le  fens,  qui  commence  dans 
un  vers  ,  ne  finit  que  dans  une  partie  d'un  autre 
vers.  C'eft  un  enjambement  vicieux  dans  la  Pocfie 
Françoife,  que  de  poulfer  le  fens^qu'on  aura  com 
mencé  dans  un  vers,  jufques  dans  le  vers  fuivant , 
&  de  reprendre- là  quelque  lens  nouveau  avant, la 
fin  du  vers.  P.  Moukgues.    'foye^  Enjamber. 

ENJAMBER,  v.  n.  Etendre  la  jambe  plus  qu'à  l'ordi- 
naire pour  franchir  quelque  chofe  j  pour  palTer  par 
dellus,  ou  au  delà  de  quelque  chofe.  Protcnfo  pede 
prstergredi.  Il  faut  enjamber  pour  palier  le  ruilteau. 
Il  a  «/zyiz/7z/-e'par-deirus. 

^^  On  le  dit  quelquefois  adivement.  Il  a  en- 
jambé le  ruilFeau.  Enjamber  deux  marches  à  la  fois- 
Tranfilire. 

^fT  Enjamber,  fe  dit  quelquefois  dans  le  ftyle  fami- 
lier pour  aller  à  grands  pas.  Baud  dejide  pajfu  ire. 
Voyez  comme  ce  jeune  homme  enjam.be. 

^CT  Enjamber,  fe  dit,  dans  un  fens  figuré,  pour 
avancer  fur  quelque  chofe  plus  qu'il  ne  faut.  Su- 
pergredi,  projerre  fe.  Ces  folives  n'enjambent  pas 
alfez  avant  fur  la  poutre.  Cette  poutre  enjambe  fur 
le  mur  du  voifin. 

ENJAMBER.  ,  fignine  quelquefois  empiéter,  ufurper 
dans  l'héritage  d'autrui  ;  pour  agrandir  fon  jardin  , 
il  a  enjambe  hn  moi. 

gCF  On  dit  quelquefois  adivement ,  il  a  en- 
jambé  cela  fur  moi. 

Enjamber,  fe  dit  figurément  en  Pocfie,  des  vers  dont 
le  fens  n'eft  point  achevé  ,  &:  ne  finit  qu'au  milieu 
ou  au  commencement  d'un  autre.  Ce  n'eft  point  un 
défaut  dans  la  Pocfie  Latine  :  mais  c'en  eft  un  très- 
grand  dans  la  Pocfie  Françoife.  Cependant  les  Poè- 
tes du  ficelé  palféne  taifoient  point  de  fcrupule  de 
lailler  enjamber  les  vers  les  uns  lur  les  autres.  Les 
exemples  n'en  font  pas  rares.  Dans  les  vers  qui  fui- 
vent  ,  le  fens  du  premier  demeure  imparfait ,  & 
ne  finit  qu'avec  le  demi  vers  qui  fuit. 

Les  feux  de  fts  regards  ,  fa  haute  Majeflé 
Le  Jonc  bientôt  connaître. 

Craignons  quun  Dieu  vengeur  ns  lance  furnos  têtes 
La  foudre  inévitable. 

Il  faut  même  éviter  d'enjamber  du  premier  hémif- 
tiche  au  fécond  ,  c'eft-à-dire  que  ,  fi  l'on  porte  un 
fens  au-delà  de  la  moitié  du  vers  ,  il  ne  faut  pas 
l'interrompre  avant  la  fin  ,  parcequ'alors  le  vers  pa- 
joît  avoir  deux  repos  &  deux  céfures ,  ce  qui  eft 
dclagréable.  Il  ell  encore  bien  moins  permis  d'en- 
jamber d'une  ftance  à  l'autre  j  comme  font  les  Grecs 
&  les  Latins  dans  leuts  ftrophes.  De  plus ,  nos  fi- 
xains  comprennent  ou  un  quatrain  fuivi  de  deux 
vers  de  rime  différente  en  efpèce  de  celle  qui  a  ter- 
miné le  quatrain,  ou  dedeux  tercets.  Mais  le  qua- 
Tome  ///, 


.    .     ^  N  î  yzt 

train  ne  doit  point  enjamber  fur  les  deux  vers ,  ni 
le  premier  tercet  fur  le  fécond.  Il  faut  que  le  fixaia 
ait  un  repos  au  troifième  ou  au  quatrième  vers.  Le 
Pays  prétend  que  les  vers  d'un  fonnct  ne  doivent 
jamais  enjamber  l'un  fur  l'autre ,  cjuand  même  on 
ne  commenceroit  pas  un  nouveau  (ens  :  c'eil- à-dire , 
qu'il  ne  faut  point  que  dun  vers  on  rejette  rien  du 
tout  dans  l'autre  ;  qu'il  faut  que  chaque  vers  aie 
en  quelque  façon  un  fens  parfait.  Cela  elt  bien  dif- 
ficile à  garder  ,  &  il  n'en  faut  pas  faire  une  règle  j 
puifque  les  maîtres  j  &  même  Malherbe  ,  fe  per- 
mettent de  femblables  enjambemens  dans  leurs  fon- 
nets.  P.  Mourgues. 

ffC?  Enjambé  ,  ée.  part. 

fer  On  dit  qu'un  homme  efi  haut  enjambé  ^  pont 
dire  qu'il  a  les  jambes  extraordinairement  longues. 

ENJAULER  j  ou  ENJALER.  v.  a.  Terme  de  Marine. 
Ancoram  injiruere  tigillis.Enjaler  une  ancre  jc'ei\  y 
attacher  deux  pièces  de  bois  femblables  ,  qu'on- 
appelle  jas ,  pourcontre-balancer  la  patte  de  l'ancre 
dans  l'eau  ,  &;  la  faire  tomber  enforte  que  l'une  ou 
l'autre  des  pattes  de  l'ancre  s'enfourche  dans  le  ter- 
rein,  &  morde  le  fond  pour  arrêter  le  vaifleau.  Ces 
deux  pièces  de  bois  s'appellent  jas  j  ejjîeu  j  jouen  ^ 
Se  font  étroitement  empattées  enfcmble  vers  l'arga- 
neau  de  l'ancre,  pour  la  foutenir  &  faciliter  le 
mouillage.  On  appelle  furjaulé  j  lorfque  le  cable  a 
fait  un  tour  du  jas  de  l'ancre  qui  eft  mouillée. 

ENJAVELER.  v.  a.  Mettre  en  javelle.  Enjaveler  la 
moilfon.  Defeclam  fegetem  componere  in  manipulas, 
Enjaveler,  c'eft  lier  les  bleds,  les  avoines  qui  étoienc 
en  javelle  pour  en  faire  des  gerbes. 

Enjavelle  ,   ée.  part. 

ENJEU,  f  m.  L'argent  que  l'on  met  au  jeu.  Prsmlum 
luforii  certaminis  j  dépofita  pccunia  ,  pignus ,  £S  ina- 
nuarium.  Il  a  été  bien  heureux  de  retirer  fon  enjeu. 

ENIGMATIQUE.  adj.  m.  &  f.  Qui  ell  obfcur  ,  qui 
tient  de  l'énigme,  qui  renferme  une  cnign-\e.--Ènig~ 
maticus.  Donner  à  un  pafFage  un  fens  tropologique 
&  énigmatique.  Jargon  énigmatique.  Mait.  Pein- 
ture énigmatique  ,  paroles  éntgmatiques. 

ENIGMATIQUEMENT.  ads.^nigmatké.Xyxxne  ma- 
nière obfcurc  &  énigmatique.  Les  Prophètes  par- 
lent toujours  enigmatiqucment  3  &  par  figures. 

'ifT  ENIGME,  fubftantif  quelquefois  mafculinj  mais 
plus  ordinairement  féminin.  C'eft  l'expofition  d'une 
chofe  naturelle  en  termes  obfcurs  &  métaphori- 
ques ,  qui  la  déguilent  &  la  rendent  difficile  à  de- 
viner. Dans  les  Collèges  on  donne  ce  nom  à  certains 
tableaux  qu'on  expofe  pour  exercer  l'efprit  des  éco- 
liers à  deviner  le  fens  cachéjfous  les  ligures.  J^nig- 
ma.  Le  P.  Meneftrier  a  donné  un  favant  Traité  des 
énigmes  Sc  figures  énigmatiques.  Les  Arabes  onc 
plufieurs  livres  d'énigmes.  Voy.  d'Herbelot  au  mot 
Aloas. 

L'ame  en  proie  à  t  incertitude , 
AutrejoLS  malgré  fon  étude  j 
Vivait  dans  un  corps  ignoré. 
Mais  le  fang  qu  enferment  nos  veines 
N'a  plus  de  routes  incertaines  j 
Et  cet  énigme  ejl  pénétré.       M.  de  la  Motte  , 

Ode  de  l'Emulation, 

La  nature  à  tes  yeux  fe  montre  toute  nue  ^ 
T'apprend  defes  fecrets  lafcience  inconnue j 
Découvre  à  ton  efprit  les  énigmes  divins. 
Et  fait  faire  à  ton  art  obéir  les  Deflins. 

Epître  du  Duc  de  Nevers  à  l'Abbé  Bourde^ 
lot.   Médecin  de   Chrifiine  Reine  du  Suéde  ,& en- 
fuite  du  Prince  de  Condé  j  Tome  IV.  des  Œuvres  de 
S.  Evremond. 

Voilà  deux  exemples  d'tnigme  au  mafculin.  Les  au- 
tres ne  font  pas  rares.  L'Académie  ne  le  fait  que 
féminin. 

Ce  mot  vient  du  Grec  «/»/y/««  qui  fignifie  un  dif- 
cours  obfcur,  qui  couvre  une  chofe  fort  connue 
d'ellemcme  ,  «(«Tj-îrCai  ,  fignifie /"îr/er  obfcurémcnt. 

C'eft  auffi  quelquefois  '  une  efpèce  d'emblème , 

Yy  yy 


'2.1  ENJ 

quand  ,  fous  les  figures  d'un  tableau,  il  y  a  quelque 

lens ,  ou  qusiquo  myilèie  caché.  Le  P.  Bouhours  , 

<lai'is  les  Mauoires  de  Ir^voux  des  mois  de  Sepr. 

Odob.  lyoï.a  délir.i  \'cnig;ne  ;  un  tableau  ou  un 

difcuurs    qui  renferme  quelque  lens  caché  qu'on 

plopole  à  deviner.  L'c:i/g;ne  peinte,  ou  en  pem-   Enjolive  j  ee.  part. 

ture  ,  etl  une  repréfentation  des  ouvrages  de  la  na-   ENJOLIVEUR.  Qui  enjolive.  Artifex  elegandarum. 


E  N  J 

Gne  chofe  pour  la  rendre  plus  agréable.  On  ne  le 
dit  point  des  perfonnes.  Ornare  ,  decorare  ,  addere 
cUgaraïam.  On  ie  plaie  à  erijvlivdries  niaifonsdant 
on  ell  propriétaire.  Enjoliver  fon  cabinet,  l'a  bi- 
bliothèque ,  un  habit  avec  des  rubans. 


tuie,  ou  de  l'art,  que  l'on  cache  fous  des  iigures 
humaines  tirées  del'Hiftoirc,  de  la  Fable.  Par  exem- 
ple, Jfisos-CHRiSTau  miheu  des  Docteurs  repré 


Le  n-iOt  à'tnjohveur  ell  commun  à  plulieurs  Arti- 
fms.  Les  Patenotriers  «Se  les  Boutonniers  s'appel- 
lent enjoliveurs. 


fente  le  Livre.  L'énigme  en  paroles  ell  une  defcrip-^ENJOLIVURE.  f.  f.  Ceft  la  même  chofe  qnenjoli- 


rion  fpirituelle  &  myftérieufe  de  quelque  choie.  P. 

BoUIiOURS. 

CoUetêt  a  fait  un  livre  d'énigmes  en  paroles. 

JÈnigme  ,  fe  dit,iigurément,  d'un  difcours  pea  intelli- 
gible ,  dont  on  ne  peut  pénétrer  le  lens.  Cet  hom- 
me parle  par  cnigma  j  ce  qu'il  dit  elt  une  énigme. 
Rien  n'ell:  plus  beau  que  d'écudier  à  développer  les 
énigmes  de  la  nature.  Font.  La  plupart  àt%  femmes 
font  incompréhenfibles  :  leur  cara6tère  n'ell  point 
net ,  ni  développé  :  c'eft  une  énigme,  Bell.  Vous 
aurez  de  la  peine  à  entendre  cette  énigme.  Voit. 
C'elt  une  énigme  pour  moi.  Scar.  Nous  ne  nous 
connoiiTbns  point ,  nous  fommes  à  nous-même  une 
véritable  énigme.  S.  EvR. 

ENJOINDRE.  V.  a.  J'enjoins  ,  j'enjoignis,  j'ai  en- 
joint ,  j'enjoindrai ,  que  j'enjoigne  j  que  j'enjoign-JJe, 
ou  j'enjoindrois'.  Ordonner  ,  commander.  Mand-Me  -, 
pr&cipcre.  Dieu  nous  enjoint  d'obier  ver  fes  loix  , 
fes  commandemens.  Le  Roi  a  enjoint  à  tous  les  Of- 
ficiers de  retourner  à  leurs  quartiers.  Notre  devoir, 
notre  honneur,  notre  amour  nous  £/2/0/^/2«;«^^  nous 
obligent  défaire  bien  des  chofes. On  lui  enjoint  de 
répondre.  Pat.  Il  leur  enjoignit  iX en  ufer  avec  ref- 
peél.  Mauc.  Le  ciel  a  fait  ceux  dont  nous  tenons  le 
jour  les  maîtres  de  nos  vœux  j  &  il  nous  eft  enjoint 
de  n'en  dispoler  que  par  leur  conduite.  Mol. 

ffT  Ce  terme  déligne  plus  proprement  le  pou- 
voir dans  le  gouvernement  :  on  s'en  fert  lorfqu'il 
eft  queftion  de  ftatuer  j  à  l'égard  de  quelque  objet 
particulier,  une  règle  indipenfable  de  conduite. 
C'eft  particulièrement  un  terme  de  Jurifprudence 
.&  de  Chancellerie,  t'oy.  Commander  &  Ordon- 
ner.. 

On  dit,  au  Palais  ,  on  a  enjoint  ds  par  le  Roi  à 
tous  les  Officiers  de  tenir  la  main  à  l'exécution  de 
tel  arrêt. Ce  terme  efl:  employé  clans  les  lettres  de  pri- 
vilège que  le  Roi  accorde.  Du  contenu  dcfquelles 
(lettres)  vous  mandons  &  enjoignons  de  faire  jouir 
l'expofant ,  &c.  On  dit  auili  à  laitif,  enjoindre  une 
pénitence  j  un  jeûne. 

Ce  mot  vient  d'injungere. 

Enjoint  ,  ointe,  parr. 

ENJOINTE  ,  ÉE.  adj.  Terme  de  Fauconnerie ,  qui  fe 
dit  des  jambes  de  l'oifeau.  Court-enjointé  ■  c'elt-à- 
dire  ,  q^^i  a  les  jambes  courtes.  L'épervier  doit  être 
court-eujointé.  On  ne  dit  point  enjointe  feul. 

^fT  ENJÔLER.  V.  a.  Surprendre  ,  attr.aper  quelqu'un 
par  des  promeiTes  ou  par  des  paroles  flatteufes  \  l'a- 
mufcr  par  de  belles  efpérances.  Inefcare  ,  illicere  , 
inducere  infraudcm.  Il  ell  aifé  di  enjôler  les  enfans. 
Enjôler  une  femme  ,  une  jeune  fille.  Il  n'eft:  que  du 
ftyle  très-familier ,  même  populaire. 

§3°  Ce  mot  vient  de  ^la  jalle  des  Oifeleurs  j  & 
jauge  vient  de  gabia  ,  cage. 

§Cr  Enjôlé  ,  ée.  part. 

^fT  ENJÔLEUR  ,  EusE.  f  Celui  ou  celle  qui  furprend 
par  des  paroles ,  par  des  promeffes  flatteufes ,  par 
de  vaines  efpérances.  C'eft  un  enjôleur. 
ENJOLIVEMENT,  f  m.  Petit  ornement  qui 
rend  une  chofe  plus  jolie,  qui  en  relève  la  fim- 
plicité.  Ornamentum  ,  elegantia.  On  n'eft  pas  obligé 
de  rembourfer  à  un  locataire  tous  les  enjolivemens 
qu'il  a  faits  dans  une  maifon.  Cet  habit  eft  fort  fim- 
ple  pour  l'étorfe,  il  n'y  a  que  les  enjolivemens  qui  le 
rendent  agréable.  Eft-il  polîlble  que  cette  philofo- 
phique  amitié  ait  toutes  les  couleurs ,  toutes  les  grâ- 
ces ,  &  tous  les  enjolivemens  de  la  Cour  ?  Bal. 

ENJOLIVER.  Y.  a,  Répandre  de  petits  Qrnemens  fur 


veulent,  linon  que  celui-ci  le  dit  plus  ordinairement 
des  petites  choies.  Décor ^  ornatus.  L'enjolivure  d'un 
livre  par  des  termoirs  d'argent ,  par  une  reliure  en 
Compartimens.  Enjolivures  d'un  étui. 
Enjoué  j  ée.  adj.  Qui  elt  de  bonne  compagnie  ,  qui 
fitislait  ceux  avec  qui  il  le  trouve  par  le  caraClcre 
&  la  tournure  d'un  elprit  agréable,  tejlivus  ^  ad  hi- 
laritatem  compojitus.  C'eft  par  l'humeur  qu'on  eft 
gai,  dit  M.  l'Abbé  Girard  ^  par  le  caraétère  d'efpric 
qu'on  eft  enjoué:,  &  par  les  façons  d'agir  qu'on  eft 
rejouifjant.  Un  homme  gai  veut  rire.  Un  homme 
rtyc»ai//a/2f  fait  rire.  Un  \\on^\n^e  enjoué e^s.  de  bonne 
compagnie.  On  ne  lauroit  avoir  trop  d'efprit  dans 
une  converfation  enjouée.  Ch.  de  AL  Une  humeur 
douce  &  enjouée  donne  des  entrées  que  l'air  grave 
&  ferieux  ne  donne  pas.  L'étude  a  je  ne  fai  quoida 
fombre  qui  gâte  l'air  e/zyoae  qu'il  tant  avoir  en  con- 
verfation. S.  EvR.Les  gens  de  cabinet  ,  accoutumés 
à  rêver  profondément,  gardent  un  lilence  morns' 
dans  une  converfation  enjouée.  Bouh. 

On  dit  aulîi  qu'un  ftyle  eft  fort  enjoué ,  quand  il 
eft  rempli  de  plufieurspenfées  agréables  &  plaifan- 
tes.  Le  llyle  du  Roman  comique  de  Scarron  eft  fort 
enjoué.  La  Métam.orphofe  des  yeux,  de  Pliilis- eft  une 
Poche  fort  enjouée. 
ENJOUEMENT,  f.  m.  (  On  prononce  enjoument.  ) 
Caraétère  d'efprit  qui  lait  qu'on  eft  de  bonne  com- 
pagnie ,  &  qu'on  fatislait  autant  ceux  avec  qui  Ton 
le  trouve  ,  que  foi-même.  C'eft  l'oppofé de  férieux. 
Fefuvitas  y  hilaritas.  L'enjouement  tient  fouvent  lieu 
de  beauté  à  une  fille.  L'enjouement  fubfifte  feul  j  ôc 
part  d'un  tempérament  qui  fe  divertit  de  tout.  Cet 
homme, avec  fon  e^yo/^ewcAY  artificiel,  eft  regardé 
de  tout  le  monde  comme  un  perfonnage  fort  en- 
nuyeux. Bell.  Les  plus  mélancoliques  font  capables 
de  joie  pour  quelque  événement  heureux;  mais  peu 
de  perfonnes  font  capables  d'enjouement.  M.  Scud. 
Elle  étoit  dénuée  de  cette  liberté,  &  de  cet  enjoue- 
ment (\\iï  ont  tant  de  charmes.  Vill.  L'air  galant  pen- 
che plus  vers  h.  douceur  &  Xenjouement,  que  vers 
le  férieux.  M. Scud. Il  faur  donnerquelques  momens 
à  l'enjouement ,  ôc  le  refte  au  férieux.  Amelot.  L'en- 
jouement  de  M.  Pafcal  a  plus  fervi  à  votre  parti ,  que 
tout  le  férieux  de  M.  Arnaud  :  mais  cet  enjouement 
n'eft  point  du  tout  votre  caraélère.  Racine  ,  Lettre 
à  Nicole. 

Et  malgré  la  froide  vieille  [Je , 

Son  ejprit  léger  &  charmant 

Eut  de  la  brillante  jeuneQ'e 

Tout  l'éclat  &  tout  /'enjouement. 

Enjouement  ,  fe  dit  anfii  des  pen fées  gaies,  des  def- 
criptions  fleuries  qui  fe  rencontrent  dans  quelque 
Ouvrage  de  proie  ou  de  vers.  Cette  pièce  eft  trop 
férieufe  ,  il  n'y  a  pas  aifez  d'enjouement.  On  le  dit 
aufti ,  en  Peinture  &en  Mufiqiie  ,  des  manières  de 
peindre  ou  de  chanter  qui  font  égayées. 

ÉNIS,  Le  Cap  d'Enisj  Enifum  ,  anciennement  Borxum 
promontorium.  Le  Cap  d'Enis  eft  dans  l'Ultonie  en 
Irlande.  C'eft  la  pointe  la  plus  occidentale  du 
Comté  de  Donnegal.  Il  eft  à  Tentrée  fepten  - 
trionale  de  la  baie  de  ce  nom.  Cambden  dit  qu'on 
appelle  S.  Helcn  Head,  ou  le  Cap  de  Sainte  Hélène, 
celui  que  les  Anciens  appeloient>ff(jr.caOT ,  &  il  le 
fait  le  plus  occidental  du  Comté  de  Dong.all  ,  ou 
de  Tirconel  ;  m.iis  il  s'eft  trompé  ,  &  n'avoit  pas  le 
vrai  plan  de  l'Irbinde.  Le  Cap  Enis  eft  plus  occi- 
dental que  celui  de  Ste  Hélène.  M.  De  Lille  marqua 


ENI 

farfa  Carte  Cap  Enlfon  Je  Tillin  j  S:  Speed  Tclin.^ 
ÉNISCORT,  ou  INiSCORTHY.  Boiir;;  d'irbndi;.  j 
En'-j'conum.  Il  ell;  d.ins le  Comcé  de  V/exturd ,  en  La-  - 
génie  j  fur  la  rivière  de  Slone  j  à  quatre  lieues  au- 
dessus  de  la  ville  de  Vextord.    Hn/Jcorc  a  léance  & 
voix,  par  les  députés, au  Pairlemenc  d'Irlande.  Maty. 
ÉNiSKlLLING.  Pence  ville  ou  Ibrcereffe  de  l'ultonie 
en  Irlande.  -Arx   Keilina.  Cambden  Tcippelle  Juisj 


ENI     EN  L 


72-5 


I\'c  vous  emwï!cz  point  des  éloges  flatteurs  , 

Que  vous  donne  un  amas  de  vains  admirateurs.  Id. 

Qn  (lit ,  proverbialement,  qu'un  liomme  s  enivre 
de  fon  vni ,  tant  au  propre  ,  quand  il  boit  tout  feul 
&  avec  excès ,  qu'au  figuré ,  quand  il  a  trop  bonne 
opinion  de  lui-même. 


Kellin  j  ou  Inis  Kellin.  Elle  ell  capitale  du  Comté 'Enivre,  ée.  parc.  &:  adj.  Quand  un  homme  e/z/vrt;' de 

la  lecture  tait  un  premier  pas  dans  le  raonde  ,  c'ell 
piefque  toujours  un  faux  pas.  S.  Evr.  Un  pédant 
enivré  de  fa  vaine  fcience.  Boil.  Un  cœur  emvre  de 
la  volupté  n'a  des  termes  que  pour  la  faire  fcncir. 


de  Fermanach  ,  fitute  fur  une  petite  Ifle  que  tonne  i 

le  lacd'Earne  j  dans  l'endroit  oti  il  fe  rétrécit  pour 

fe  jeter  dans  celui  de  Broad.  C'eft  ,  dit  Cambden , 

le   meilleure  fortercilc  qui  foit  en  ces  quartiers-là. 

Long.  9.  deg.   5  5'.  latitude  5^^- d.  18'. 
ÉNISTOVVN.    Bourg  de  la  Âlommonie  en  Irlande. 

Enijlonfum.  C'eft  le  nom  principal  du  Comté  de 

Clara  j  &  le  feul  qui  ait  féance  au  Pailsmenc.  Il  eft 

à  une  lieue  au  Nord  de  la  ville  de  Clare.  S 'ifT  ENKIRIDION.  f  m.  C'eft  ainfi  qu'en  appelle  utj 

§C?  ENIVKANT  ,  ante.  part.  &  adj.  Qui  enivre.  Le       petit  livre  portatif,  contenant  des  remarques ,  des 


E  N    K. 
ENKI.  ad.  Vieux  mot.    Ainfi. 


vin  eft  une  liqueur  enivrante.  Qu'on  ne  s'imagine 
pas  que  ces  repa-  fulfent  des  écoles  de  libertinage  , 
où  l'on  raffinât  fur  les  mets  &  lur  les  boissons  eni- 
vrantes,  oii  l'on  cherchâcà  étourdir  la  fevère  raifon. 

HiST.  DE  LA  PhiL. 

§C7  On  ledit  de  même  au  figuré.  Les  joies  eni- 
vrantes des    fens.  Ibid. 

ENIVREMENT,  f.  m.  Etat  d'une  perfonne  iv:e.Ebrie- 
tas.  A  Sparte  V enivrement  des  efclaves  étoit  une  le- 
çon de  tempétance  que  les  pères  donnoicnt  à  leurs 
enfans.   Il  n'a  guère  d'ufage  qu'au  figuré. 

Enivrement  ,  fignihe  ,  au  figuré  ,  l'entêtement  d'une 
perfonne  infatuée  de  quelque  chofe.  Cxcus  amor,  li- 
bido ,  iinpotcntia.  V enivrement  de  l'amour  &  des  di- 
vertiiremens  du  monde.  L'aveuglement  &  Venivre- 
ment  où  ils  fe  trouvent ,  ne  leur  permettent  pas  de 
difcerner  ce  qu'ils  font.  l^oye\  Ivresse. 

ENIVRER.  V.  a.  Rendre  ivre  j  troubler  le  cerveau  \ 
en  empêcher  les  fondions. //ze-Vi^rc.  Le  cidre,  la 
\>\hiz , enivrent  plus  fortement  que  le  viuj  &  pour 
plus  long  temps. Le  pain  où  il  y  a  de  l'ivroye  enivre. 
Le  vin  qu'on  foule  dans  la  cuve  e.^n'/'e.  La  coque  de 
Levant  enivre  les  poillons  j  &  il  eft  défendu  par  les 
Ordonnances  de  s'en  fecvir  pour  pêcher.  Enivrer  fe 
dit  fur-tout  de  ce  qui  a  r.apport  au  vin  ,  lorfque  la 
quantité  qu'on  en  boit  fait  perdre  la  raifon.  Les 
vieillards  font  faciles  à  enivrer  ,  un  verre  de  vin  les 
enivre.  Le  Cavalier  trouvais  moyen  d'e-^ivrc;/  le  mari 
de  la  belle.  Colom. 

]e  mené  une  agréable  vie  , 

Dieu  veuille  en  prolonger  le  cours  ; 

Je  vois  Cloris  ,  je  vois  Silvie  , 

Et  je  /n'enivre  tous  les  jours.  Liniére. 


préceptes ,  des  principes  fecrets.  VhnhirUun  des 
Alchymiftes. 

ENKOPING,  ou  ÉNÉCOPING.  Petite  ville  de 
Suéde  dans  l'UpIande.  Encopia.  Elle  ell  aux  confins 
de  Vy'ertmanie  ,  près  du  lac  Mêler.   Maty. 

ENKUSE,  Voyei  ENCHUSE. 

ENKYSTE  ,  ÉE.  adj.  Terme  de  Médecine  &  de  Chi- 
rurgie. Qui  a  un  kifte ,  qui  eft  accompagné  d'un 
kifte.  Un  ulcère  enhyflé.  Les  tumeurs  enhyftêes 
fonc  celles  donc  la  matière  eft  enfermée  dans  une 
petite  vefiie  j  ou  membrane,  qu'on  nomme  kyfte. 
DioNis.  La  fixité  de  la  pierre  fembloic  indiquer 
qu'elle  éroic  C72^-vy?c;'<;.  Merc.  Juin  17^  j.  Les  hydro- 
pifies  enky fiées  font  une  maladie  jufqu'à  préfent 
alfez  ignorée.  Duverney  3  fils ^  Académ.  des  Se. 
1705.  Mém.p.  i6i.  Cette  femme  eft  morte  à  l'occa- 
fion  d'une  hydropilie  enkyjnc.  lu.  p.  166.  Suivant 
l'étymologie  il  faut  écnie  enkyjié  :ivec  un  y. 

Ce  mot  eft  formé  de  deux  mois  Grecs,  t>,  en  y 
x-j'-rif  ^  Jac  J  ve{/le, 

ENL. 

ENLACEMENT,  f.  m.  L'adion  d'enlacer.  Illigatlo, 
implicatio,  implexus.  Pomey  écrit  enlaffement ,  Si 
e/ilaffer, 

ENLACER.  V.  a.  Faire  un  lacs ,  un  lacis,  mêler  plu- 
ficurs  cordes  de  filets,  ou  rubans ,  &  les  palfet  l'un 
dans  l'autre.  Involvere,  illigare ,  implicare ,  imptec- 
tere.  Les  Indiens  fiifoient  des  ouvrages  merveilleux 
avec  des  plumes  d'oifeaux  <:\\x\\s  e'ilacoient  enfem- 
ble,  &  repréfentoienr  toutes  fortes  de  figures.  Les 
pièces  du  nœud  gordien  étoienr  cellemenc  enlacées 
enfemble,  qu'il  éroit  impolîible  de  les  dénouer. 
Enlacer  des  papiers ,  pour  dire  les  palfer  tous  dans 
le  même  lacet. 

Ce  mot  vient  du  Latin  illaqueare. 

Enlacer  ,  fe  dit  aulii  des  br.anches  d'arbres ,  de  vi- 
gne ,  &c  d'autres  chofes  pliantes ,  qu'on  palfe  l'une 
dans  l'autre  J  ou  à  travers  des  perches,  pour  faire 
des  efpaliers ,  des  clôtures ,  &  autres  chofes  fem- 
blables. 


Ce  mot  vient  du  Latin  inebriare. 

§CrOn  dit,  par  extenlion,quede  certaines  odeurs 
enivrent.  On  dit  la  même  chofe  du  tabac  j  des  va- 
peurs d'un  prelfoir  &  d'autres  chofes  femblables 
qui  portent  à  la  tête. 

On  appelle  Bois  à  enivrer  ,  une  forte  de  bois  qui 
croît  aux  Ifles  Antilles  ,  &  qui  a  la  même   qualité  °(C/"  Enlacer.  Terme  de  Charpenterie.  Faireuneen- 


d'érourdir  les  poilFons  ,  que  cette  drogue  qu'on  ap 
pelle  Coque  de  Levant. 
Enivrer,  fe  dit ,  figurcment ,  en  Morale  ,  &  fignifie 
infacuer,  troubler ,  étourdir  la  raifon.  Dementare  j 
ad  infaniam  redigere.  La  bonne  fortune  enivre  les 
fots,  leur  fait  perdre  la  raifon.  Séjan  étoit  enivré 
de   fa  bonne  fortune ,  &  des  carelTes  de  Livia. 


laçure.   Voye-^  ce  ir.ot. 
Enlacer,  fe   dit  aulii    figurcment,  &   fignifie  fur- 

prendre,  embarrafter.  Ne  vous  engagez  point  dans 

une  difpute  \  on  ne  cherche  qu'à  vous  enlacer. 
Enlace,  Ée.  part.  &  adj.  Implexus  ^  implicatus. 
ENLAÇURE.   f.   f   Terme  de  Charpenterie,  qui  fe 

dit  quand  on  petce  une  mortoife  &  un  tenon  pour 


Ablanc.  L'abondance  enivre  l'homme  d'un  orgueil       y  faire  palfer  une  cheville,  &  faire  tenir  ferme  les 
infuportable  à  la  fociété,  le  plonge  dans  les  délices; 
de  Babylone.    Roy.  S'enivrer  d'efpcrance  j    de  la 
bonne  opinion  de  foi-même. 


Evitons  ces  erreurs  dont  l'aimable  poijon  y 

Par  fes  charmes  trompeurs  enivre  la  raifon.  S.  EvR. 

Qu  heureux  eft  le  mortel  j 
Que  l'amour  de  ce  rien  quon  nomme  renommée  j 
N'ajamais  enïwté  d'une  vaine  fumée.  BoiL. 


pièces  alfemblées.  Faire  une  e/2/jc//re  ,  c'eft  percer 
avec  les  lacerets  les  mortoifes  &  les  tenons. 
ENLAIDIR,  v.a.  Rendre  laid.  Deformare ,  deturpare. 
L'âge,  les  maladies  enlaidilfent  bien  une  perfonrie. 
Le  fard  embellit  quelque  temps  ^  &  d.ins  la  fuite 
il  enlaidit.  Ce  verbe  eft  aufti  neutre.  Si  fignifie  de- 
venir laid.  Deformemfieri.  Cette  fille  enlaidit  toas 
hs  jours.  L'Eglife  imite  l'exemple  de  Sara,  qui  en 
vieillilTant  n'enlaidiffoit  point.  Phrr. 
[Enlaidi^  ie.  patt. 

Y  y  y  y  ij 


yi4  E  N  L 

ENLAIDISSEMENT,  f.  m.  L'adioii  denliidir.  De 
jormjuo.   Danet.  Il  n'elt  pas  ufué. 

ENLANGAGE  ,  ee.  adj.  Vieux  mot.  Éloiiaent ,  qui 
parle  bien. 

ENLANGOURÉ,  ée.  Vieux,  adj.  Langoureux  ,  laa- 
guillant.    Languens. 

ENLARME.  f.  m.  Terme  de  Pêcheur.  Il  fe  dit  des 
petites  branches  de  i'aibriireau  qu^on  nomme 
Trocne  ,  que  les  Pécheurs  plient  en  rond  ,  &  dil- 
polenc  le  long  de  leur  verveux  ,  en  les  patîant  à 
travers  des  mailles  de  fa  circonférence. 

Enlarme  ,  fignifie  encore ,  parmi  les  Maîtres  Oife- 
liers  ,  les  mailles  plus  grandes  que  celles  du  h!et  or- 
dinaire ,  qu'on  y  ajoute  pour  prendre  plus  aifé- 
ment  les  oifeaux. 

ENLARMER.  v.  a.  Terme  d'Artifan.  Enlarmer  un 
filet ,  c'ell:  faire  de  grandes  mailles  à  côté  du  filet 
avec  de  la  ficelle.  Pour  prendre  des  oifeaux  au  filet, 
on  ciûarnic  les  filets  qui  le  doivent  mouvoir  comme 
.les  rets  faillans.  Voyci^  les  Rufcs  innocences  du  So- 
litaire inventif ,   P'i''S  4  &    11  ,   &c. 

CtT  ENLASSER  &  ÈNLASSURE.  Foy.  Enlacer. 

^jO-ENLAÏER,  ou  ENLOYER.  v.  a.  Dans  l'an- 
cienne coutume  de  Bretagne  j  c'eft  déférer  le  fer- 
ment j  du  mot  lai,  ou  loi ,  qui  fij;nitàoit  ferment. 

ENLEVEMENT,  f.  m.  Aclion  violence  &:  fubite  par 
laquelle  on  ravit  une  perfonne,  ou  l'on  s'empare 
d'une  q\ïoÇq.  Rapius.  Enlèvement  as  S-ihints.  t'n- 
Icvement  de  Ganymède  ,  de  Proferpine.  L'Ordon 
nance  veut  qu'on  punilfe  de  mort  les  enlcvemens 
des  filles,  quand  même  ils  feroient  volontaires.  Il 
y  a  une  petite  Comédie  Françoifc  qui  s'appelle  les 
Enlevcmens  ,  parce  que  pludeurs  filles  enlevées  en 
font  le  fujet.  L'enlèvement  des  perfonnes  s'appelle 
communément  rapt.  Ce  terme  ert  confacré  en  Ju- 
rifprudence. 

'Enl"evement,  en  termes  de  guerre  ,  fe  dit  d'un  quar- 
tier, dtin  corps-de-garde,  lorfqu'on  furprend  quel- 
que corps  qui  fait  mauvaile  garde  ,  &  qu'on  em- 
mené les  foldats  prifonniers.  ImpreJJîo ,  occtipatio 
fubita. 

^fr  Enlèvement  ,    fignifie  quelquefois  un    fimple 
tranfport.   A/ponatio.    Enlèvement  deshoiscoapés 
dans  les  forêts  dans  les  temps  marqués  par  le  mar 
ché  ,  ou  fixé  par  les  Ordonnances.   Enlevementde 
meubles  d'une  partie  faifie. 

En  Pratique  ,  on  dit  s'oppofer  à  l'enlèvement  de 
fes  meubles,  lorfqu'on  ofirc  de  donner  un  gardien 
folvable  pour  répondre  ,  &  qu'on  a  des  moyens 
pour  empêcher  la  vente  qu'un  Sergent  en  voudroit 
faiTe. 

§£F  Enlèvement  j  en  fait  de  fepulture  Eccléfiafti- 
que  ,  c'eli  l'adion  de  lever  procelîlonnellement  le 
cotps  pour  le  porter  à  l'Eglife.  Il  y  a  des  prières 
propres  pour   l'enleverient  du  corps. 

ENLEVER.  V.  a.  Lever  en  haut,  foit  par  adrelFe,  foit 
avec  rapidité  ,  avec  violence.  Extollere,  aitollere. 
Il  n'y  a  point  de  corps  (i  pefant  qu'on  n  enlevé  avec 
des  machines ,  avec  des  mouftles.  Quelques  Hillo- 
riens  difent  que  les  machines  d'Archimède  enle- 
vaient les  vaifleaux  des  Romains,  La  ir.ine  a  enlevé 
ce  ravelin  ,  ce  baftion, 

fJ3"  Enlever  j  fignifie  quelquefois  foudraire  ,  enlever 
quelqu'un  à  fa  triftelfe,  à  fes  plaihrs.  Enlever  un 
criminel  .1  lafévérité  des  Lois.  Suhtrahere. 

Enlever,  fignifie  aulîi  ravir j  emporter  par  torce  les 
chofes  J  ou  les  perfonnes.  Aujerre  y  rapere.  Les 
%GK\%  de  guerre  lui  ont  enlevé  tous  fes  meubles. 
Paris  enleva  la  belle  Hélène  femme  de  Ménélas. 
Les  coureurs  d';  l'armée  viennent  e«/t;i'er  nos  bour- 
geois julques  dans  nos  podes.  On  a  condamné  ce 
Curé  à  reftituer  les  gerbes  qu'il  avoir  enlevées ,  qui 
ne  lui  appartenoient  pas.  Il  ai?'7/£ve  rargcnt  du  tré- 
for  public.  Il  enlevoït\(i%  filles  pour  les  violer.  On 
dit  que  la  mort  a  enlevé  un  jeune  homme  à  la  fleur 
de  ^on  âge  :que  la  pefte  a  enlevé  la  plus  grande  partie 
des  habitans.  Ils  fe  plaignoient  que  celui  qui  étoic 
leur  Roi ,  leur  fut  fi  cruellement  enlevé.  Vaug. 
Enlever  ,  fe  dit  aufli  des  effets  ptoduits  par  descho- 


E  N  L 

fes  inanimées.  Un  ouragan  a  e/2/ev/tous  les  toits  ds 
la  Beauce ,  a  enlevé  des  arbres  y  des  moulins.  Le 
vent  lui  a  enlevé  fon  chapeau. 
Enlever,  le  dit  aulli  des  choies  qu'on  emporte  fans 
violence.  Lfn  Marchand  de  bois  elt  obligé  ,  dans  un 
certain  temps ,  ^enlever  tout  le  bois  qu'il  a  abattu 
dans  une  foret  ;  ce  qu'on  appelle  vider  les  ventes. 
Xes  Munitionnaires  ont  enlevé  tout  le  blé  qu'ils  ont 
trouvé   à  acheter  dans  cette  Province. 

On  du  enlever  un  corps ,  pour  dire  prendre  un 
corps  mort  pour  le  porter  en  terre,  ou  pour  le  met- 
tre en  dépôt  dans  quelque  Eglife.  On  dit  aulli 
qu'un  Commiifaire  elt  venu  enlever  le  corps  d'un 
homme  trouvé  mort,  pour  dire  que  la  Juilice  s'en 
elt  lai  fie. 

Enlever  ,  fignifie  aulli ,  fimplement ,  ôter ,  de  façon 
qu'il  ne  relie  aucun  veftige.  Aujerre ,  abolere.  Cette 
lavonette  enlevé  toutes  les  taches  d  un  habit,  il  n'y 
paroit  plus.  L'eau-forte  enlevé  toute  l'écriture  d'un 
parchemin.  Le  verjus,  le  citron  ,  enlèvent  les  ta- 
ches d'encre  qui  font  fur  le  linge. 

Enlever,  en  termes  de  guerre  ,  fe  dit  audi  des  villes 
ou  des  poltes  qu'on  force,  qu'on  furprend.  Occu- 
pare.  Le  Roi  enleva  plus  de  quarante  villes  en  un 
mois  aux  HoUandois  en  idji.  Cette  ville  a  été 
prife,  enlevée  d'affaut.  Cet  Officier  eft  bon  Parti- 
laii ,  eft  fort  habile  à  enlever  des  quartiers. 

§CFEnlever,  chez  les  Serruriers ,  c'eit,  d'une  barre 
de  fer  en  faire  la  pièce  commandée.  Enlever  une 
coignce  ,  &c.  pour  dire  forger. 

^CFEnlever  la  Meute.  Terme  de  chafle  ;  c'eft  en- 
traîner les  chiens  par  le  plus  court  chemin  au  lieu 
où  l'on  a  vu  le  cerf,  Hc  où  l'on  retrouve  la  voie. 
Ac.  Fr. 

IJCTEnlever  des  marchandifes ,  en  terme  de  com- 
merce j  c'ed  fe  hâter  de  les  acheter  avant  que  les 
autres  en  loient  fournis.  L'n  tel  a  enlevé  le  plus 
beau  poiiïon  de  la  Halle.  A  peine  ce  livre  a-t-ii 
paru ,  que  l'édirion  a  été  enlevée. 

ffT  Une  marchandife  qui  s'enlève  eft  celle  qui 
eft  d'un  prompt  débit. 

Enlever,  fe  dit  aulli  en  parlant  des  ébullitions,  des 
écorchures  de  la  peau ,  foit  qu'elles  arrivent  par 
caufe  violente ,  ou  par  quelc^ue  chaleur  ou  humeur 
maligne  intérieure.  On  l'a  tant  fouetté ,  on  lui  a 
tant  donné  de  coups  d'étrivières  ,  qu'on  lui  a  en- 
levé la  peau.  Les  éréfipèles  font  enlever  toute  la 
peau.  Ceux  qui  ont  le  teint  délicat  font  fujets  à 
avoir  fouvent  le  vifage  enlevé.  On  le  dit  fouvent 
avec  le  pronom  perfonnel.  Quand  on  boit  après 
un  homme  qui  a  Ihaleine  forte,  la  peau  s'enlève. 

Enlever  ,  fe  dit  auflî  en  chofes  fpirituelles  &  mora- 
les,  ôc  fignifie,  Tranfporter ,  foit  d'admiration, 
foit  de  colère.  Ce  Prédicateur  eft  éloquent,  il  dit 
de  il  belles  chofes ,  qu'il  enlève  fes  auditeurs.  Ra- 
pitin  adnûrdtïonem.  Voilà  un  trait  délicat  qui  enlève. 
Il  y  a  plufieurs  Sainrs  qui  ont  été  enlevés  en  efprit 
jufques  dans  le  ciel,  ravti ,  fublati ^  enlevés  en  ex- 
tp.fe,  en  contemplation.  La  colère  enlève  l'ame,  8c 
la  poulie  impétueufement.  M.  Esp.  Les  pallions  à- 
demi  touchées  ne  favent  ni  lailfer  les  âmes  dans 
leur  afliette  ,  ni  les  enlever  hors  d'elles  -  mêmes. 
S.  EvR. 

On  dit ,  proverbialement ,  qu'un  homme  a  été  en- 
levé comms  un  corps  fainr.  Voyez  l'origine  de  ce 
proverbe  au  mot  de  Banquier.  On  dit  aulfi ,  cela 
enlève  la  paille;  pour  dire,  cela  eft  au-delFus  de 
tout ,  cela  eft  décifif. 

Enlevé  ,  ée.  part. 

Enlevé,  fe  dit,  en  Blafon ,  de  certaines  pièces  qui 
paroiffent  enlevées. 

ENLEVEURS  DE  QUARTIERS,  f.  m.  C'eft  ainfi 
qu'on  appelle  des  foldats  qui  forcent ,  qui  pren- 
nent &  enlèvent  d'autres  foldats  qui  font  à  l'armée 
logés  dans  leurs  quirciers.  Dieu  vous  garde,  lorfque 
vous  dormirez  ,  de  tous  Enleveurs  de  quartiers. 
Voit. 

ENLEVURH.  f.  f.  Petite  tumeur  ou  bube  qui  en- 
lève la  peau.  PuJtuLtj  veficula.  Quand  le  fang  eft 


ENL 

trop  échauffé  ,  on  a  le  vifage  plein  d'cnlevurcs. 
Cette  Dame  a  mis  une  mouche  pour  couvrir  une 
petite  enlevure.  Aujourd'hui  on  dit  élevun  3  Ôc  cet 
ufage  eft  prefque  général. 

Enlkvure  ,  le  prend  aulli  pour  le  relief  en  fculpture. 
Eminentïa  ,  pars  cxjlans ,  cmincns  ;  exprejci. 

^J3°Les  Serruriers  ,  les  Taillandiers ,  ikc.  appel- 
lent généralement  enlevure  une  pièce  foegée  ,  lorf- 
qu'elie  eft  féparée  de  la  barre  de  ter  don:  elle  a 
été  tirée. 

ENLIER.  V.  a.  Ill'ig.ve.  Terme  de  Maçonnerie.  Join- 
dre &  engager  des  pierres  enrcmble ,  en  élevant 
des  murs.  Pour  bien  '■nuer  des  pierres  &  des  bri- 
ques ,  on  en  aflied  lune  fur  fa  longueur,  &:  celle 
de  delFus  fur  fa  largeur ,  &  ainli  en  continuant, 
Ce  mot  vient  à'illigare. 

ÉNLIGNER,  V.  a.  Ad  eandem  lïneam  componere,Jld- 
tuere.  Terme  d'Architeélure  &  de  Charpenterie. 
Enligner  le  bois  avec  une  règle,  ou  un  cordeau  , 
c'eft.  Mettre  les  pièces  fur  une  même  ligne  ,  ou 
réduire  la  furface  de  plulîeurs  pièces  mifes  bout  à 
bout  à  une  même  ligne. 

Enligner  ,  eft  aulli  un  terme  d^Imprimeur.  On  ap- 
pelle livre  bien  e aligné ^  un  livre  dont  les  lignes  de 
chaque  page  répondent  exactement  l'une  à  l'autre. 

ENLUMINER,  v,  a.  lUuminare ,  illujirare  ;  colorum 
luminihus  exornare.  Rehauiïer  de  couleurs  un  def- 
fein  qui  eft  hmplemeiu  tracé.  Ce  Peintre  n'a  fait 
que  delliner  ,  que  tracer  les  delFeins  des  tableaux 
<le  ce  cabinet,  il  a  lailfé  à  un  autre  le  foin  de  les 
enluminer  i  d'y  appliquer  des  couleurs.  C'eft  plus 
particulièrement  colorier,  mettre  des  couleurs  à  la 
gomme  avec  le  pinceau  iur  les  Eftampes  &  papiers 
de  tapllferie  ,  fur  les  caites ,  fur  un  éventail,  fur 
un  écran ,  &c.  Enluminer  des  Cartes  de  Géographie 
Image  enluminée. 

Ce  mot  vient  à'illuminare. 

Enluminer,  fe  du  auflî  pour.  Rendre  rouge  &  en- 
flammé. Et  en  ce  fens ,  il  ne  fe  dit  que  du  teint. 
La  pudeur  enlumine  agréablement  un  vifage.  L'ar- 
deur de  la  fièvre  l'avoir  mis  tout  en  feu  j  &  fon 
vilage  en  étoit  tout  enluminé.  Les  femmes  ne  pren- 
droient  pas  tant  de  foin  de  fe  farder  &  de  s'enlumi- 
ner 3  li  elles  fa  voient  que  toute  cette  peinture  les 
rend  afFreufes  &  dégoûtantes.  La  Br. 

Enluminer,  feditaulîi.figurément  ic  familièrement, 
de  ceux  qui,  à  force  de  boire,  fe  rougiflTent  le  vi- 
fage. S  enluminer  la  trogne. 

Je  /72 'enlumine  le  mufeau 

De  ce  trait  que  ]e  bois  fans  eau.  S.  Amant. 

Enluminé  ,  ée.  part.  5c  adj.  Picius  j  coloribus  ïllujlratus. 

La  venu  du  vieux  Caton, 
Che"^  les  Romains  tant  prônée  j 
Etait  fouvent ,  nous  dit-on  , 
De  Falerne  enluminée.  R. 

Tout  paraîtra  jufqu  aux  /omettes 
Enluminé  de  nobles  épithetes, 

ENLUMINEUR,  f.  m.  Peintre  en  détrempe,  qui  ap- 
plique des  couleurs  fur  des  images,  des  delfeins, 
ou  des  cartes  pour  les  rehaulTer.  Piàor.  Il  eft  dé- 
fendu aux  Enlumineurs  de  s'ériger  en  maîtrife  par 
fentence  du  z8  Mats  1608. 

A  vas  Enlumineurs  fantafques  y 
Mauvais  Peintres  de  mauvais  mafques. 

On  appelle  ironiquement  un  méchant  Peintre, 
un  Enlumineur  Aq  jeu  de  paume,  un  Barbouilleur. 

^CT  On  nppelle  aufti  Enlumintules^  les  Ouvrières 

qui  travaillent  à  mettre  ces  fortes  de  couleurs  ,  & 

qui  appliquent  aulïï  quelquefois  l'or  &   l'argent 

moulu. 

ENLUMINURE,  f.  f.  VEnlumlnure  eft  l'arc  d'enlu- 


E  N  L     ENN  715 

miner,  d'appliquer  des  couleurs  fur  des  cartes  ,  des 
eftampes  ,  &c.  Il  entend  bien  l'Enluminure. 

On  appelle  encore  Enluminure  ,  l'Image  &C  l'Ef- 
tampe  même  enluminée.  Imago  picla.  Ce  mot  eft 
ancien  dans  notre  langue  .•  on  âppeloit  ainli  les 
Peintures  dont  on  ornoit  les  MbS.  &  Dante,  qui 
avûit habité  Patis ,  dit  quelque  part,  dans  fon  Poè- 
me l'une  quilluminarji  dice  m  Farigi.  On  lui  a  fait 
préfent  d'une  belle  enluminure.  Cette  eftampe  eft 
belle  ,  mais  l'Enluminure  eft  mauvaife. 

On  le  dit  aulli,  aufiguré,dequelques  defcriptions 
qui  le  font  dans  un  ouvrage  d'elprit.  La  condam- 
nation des  cinq  propolitions  ayant  été  repréfentées 
dans  un  Almanach,  les  Janféniftes ,  pour  le  ven- 
ger ,  publièrent  le  Poème  fameux  qui  a  pour  titre 
les  Enluminures  de  l' Almanach.  Vous  croyez  qu'il 
eft  plus  honorable  de  faire  des  Enluminures.  Rac. 
A  l'Aut.  des  Herm.  Imag. 

CJ'Enluminure  fe  ditdes  ornemens  dudifcours.  La 
conduite  6c  1  ordonnance  du  poème  doivent  précé- 
der l'enluminure  :  c'eft  dans  le  delfein  que  paroît  le 
génie  j  l'Ordonnance  ne  demande  que  de  l'efprir. 
Mais  ordinairement  ce  mot  fe  prend  en  mauvaile 
part  pour  vains  ornemens  ,  peu  naturels  &C  re- 
cherchés. 

N'eus  nous  mettons  à  la  torture 
Pour  alemblqucr  un  écrit  : 
Nous  voulons  partout  de  l'efprit  y 
Du  brillant  de  /'ealuminure. 

Du  Cerg. 

Parmi  1:7  foule  trop  habile 

Des  beaux  difeurs  du  nouveau  f  y  le  ^ 

Qui ,  par  de  bi:^arres  détours  j 

Quittant  le  ton  de  la  Nature  , 

Répandent  fur  tous  Leurs  difcours 

L'académique  enluminure 

Et  le  vernis  des  nouveaux  tours. 


Rovs. 


E  N  M. 


ENMANCHÉ.  Voyez  EMMANCHÉ. 
ENMARINE.  Voyez  EMMARlNE. 
ENMISPHAT.  Nom  de  lieu  ,  qui  fignifie  fontaine 

du  jugement ,  Gen.  XIV.  7.  C'eft  la  même  chofe 

que  Cadès.  Voyez  ce  mot. 
ENA'IOTTÉ.  Voyez  EMMOTTÉ. 
ENMUSELER.  v.  a.  Voyez  EMMUSELER. 

ENN. 

ENNA.  Ville  ancienne  de  Sicile.  Enna.  Cette  ville  , 
fameufe  dans  l'Antiquité,  eft  au  milieu  de  l'ifle, 
dans  la  vallée  de  Noto  ,  près  de  la  rivière  de  Da- 
taino ,  c^:  des  confins  de  la  vallée  de  Mazara.  Les 
Anciens  croyoient  que  c'étoit  en  ce  lieu  que  Piofer- 
pine  fut  enlevée  par  Pluton.  C'eft  un  lieu  fore 
agréable  ,  où  demeuroit  Cerès.  Voyez  Ovide  , 
Fajl.  L.IV.  V.  419.  &  Diodore  de  Sicile,  L.  V.  On. 
voit  environ  à  deux  lieues  de  cette  ville,  du  côté 
du  .midi ,  le  Lac  d'Enna  ou  de  Coridan  que  les 
Anciens  nommoient  Pergufe.  Vigenère  dit  Enne 
dans  fa  Tradudlion  de  T.  Live,  &  non  Enna. 

Bochart  j  dans  fon  Chanaan  ,  L.  I.  C.  lo  croit 
que  cette  ville  tut  nommée  d'abord  Ennaam,  Se 
que  ce  nom  lui  fut  donné  par  des  Phéniciens  ,  à 
caufe  qu'il  y  avoir  là  plufieurs  fontaines  ;  car  il  pré- 
tend que  ce  nom  eft  compofé  de  î'y  ,  Ain  ^  &c  Dj;j 
beau  ,  agréable  j  Se  qu'il  fignifie  ,fons  amœnitans  , 
Belle  fontaine  ,  comme  quelques  lieux  que  nous 
avons  ainfi  nommés  en  France  pour  la  même  raifon. 

ENNE.  Petite  rivière  de  France  ,  en  Normandie  ,  au 
pays  de  Caux. 

ENNÉADÉCATÉRIDE  ,  ou  ENNÉADECAETE- 
RIDE.  f.  f,  Enneadccaëteris.  Eft  l'efpace  de  dix-neuf 
ans.  Ce  mot  eft  Grec  'iniii.è^ixuîT>:fif ,  i^t: ,  formé  de 
«►yU,neuf,  i'ix.'i,  dix  ,  Se  tmc ,  année.  On  appelle 


7 


i6  E  N  N  _ 

enniadicikéride  ,  la  période  ou  révolution  de  dix-î 
neuFannées ,  relie  qa'eii:  celle  du  nombie  d'or,  donc 
Ivlédion  fut  i'inventeLir  ,  &  qu'où  appelle  aulli  cy- 
cle lunaire  ,  parce  qu'au  bout  de  dix-n-'uf  ans  fo- 
laues  la  lune  revient  à  peu-près  au  même  point  \ 
d'où  vient  que  les  Athéniens  y  les  Juiis  ,  ^  autres 
peuples  qui  ont  voulu  accommoder  les  nuis  lunai- 
res avec  l'année  folairc-,  le  font  fervis  de  Xenncadé- 
^aéténde ,  en  faifant  pendant  19  ans  ,  fepc  ans  de 
treize  mois  lunaires  &  les  autres  de  douze,  i^oye^ 
Période  j  &  Methon  j  Cycle. 

tNNËAGONE.f.  m.  tnncagonus.  Terme  de  Géomé- 
trie. Figure  qui  a  neuf  angles  &  neuf  côtes.  "£«  , 
fignifte  ne  ij  ,  y*»»  ,  anole. 

iLW  matière  de  Foitirication  ,  c'eft  une  place  qui  a 
neuf  baflions.  .      ^ 

ENNEAPHARMAQUE.  f.  m.  C'eft  une  compofition 
dans  laquelle  il  entre  neuf  ingrédiens  fim^les.  C'elt 
le  nom  d'un  pessaire  quj  Galien  ,  Llb.  Li  de  CM. 
S.  L.  c.ip.  6  prefcrit  contre  les  inHammations  de  f  u- 
terus  &  de  l'anus.  Eginéte  j  Llb.  FUI ,  cip.  lj^  in. 
fin  Ce  mot  vient  d'i'»£«  ,  neuf,  &  çàfrc-ix.»  ^  reiiede. 

ENNEAPHYLLE.  C'eft  le  nom  que  Ray  donne  à  \hel- 
leborajhr  ,\  caufe  que  fes  feiulles  font  ordinaire- 
ment divifées  en  neuf  autres  petites.  D'i»«£«,  neuf, 
l<c  (pj^y^'i ,  feuille. 

EMNEMENT.  adv.  'Vieux  mot,  auHl-bien.  On  a  dit 
auflî  Ennement  que  ,  pour  ,   quoique. 

ENNEMI  j  lE.  f.  m.  Hc  (■  6c  adj.  Ini/nicus  ,  infenfus. 
Qui  a  de  la  haine  contre  quelqu'un:  qui  veut  du  mal 
à  quelqu'un.  L'Evangile  veut  qu'on  pardonne  à  les 
ennemis.  Il  faut  marcher  dans  le  monde  conuiie  en 
'piys  ennemi. S. 'EwK.  C  e'A.ioïi  e-inemi  mortel,  fou 
ennemi  juré  ,  capital.  C'eft  un  dangereux  ,  un  re- 
doutable ,  un  •ç\iûXxni  ennemi.  l\  hiut  toujours  fe 
défier  d'un  ennemi  réconcilié.  N'ayons  pas  trop 
d'horreur  pour  les  vicieux  ,  afin  de  ne  nous  pas 
rendre  tous  les  hommes  pour  ennemis  S.  Evk.  Le 
moindre  mépris  eft  capable  de  taire  d'un  ami  très- 
inutile  ,  un  e/2/2ewi  très  dangereux.  S.  Evr.  On  re- 
garde toujours  un  ennemi  réconcilié  d'un  autre 
œil,  qu'un  ami  avec  lequel  on  ne  s'eft  jamais  brouil- 
lé. Il  faut  être  bien  dupe  pour  être  trompé  par  fes 
ennemis  ,  parce  qu'on  doit  s'en  défier  toujours. 
Bêle.  Ce  n'eft  pas  affez  d'être  jufte  &  légitime 
ennemi ,  Il  faut  être  civil  &  généreux  ennemi.  Bal. 

Elle  ignore  à  quel  point  je  fuis  fon  ennemi.  Rac. 

Moi  qu'une  humeur  trop  libre,  un  efprit  peu  fournis 
De  bonne  heure  a  pourvu  d'ut  ilcs  nnnsnih.  Boil. 

Fuye:(  d'un  froid  ami  la faujje  politique , 
Qui  donne  aux  ennemis  avec  foin  ménagés  , 
Les  égards  qu'il  dérobe  anx  amis  négliges.  'Vill. 

La  plus  sûre  louange ,  &  la  mieux  affermie  , 

Eft  celle  que  nous  donne  une  bouche  ennemie. 

Enmemi  ,  fe  dit  abfolunient  pour  celui  qui  nous  fait 
la  guerre ,  ou  à  qui  nous  la  faifons ,  en  conféquence 
d'un  ordre  du  Souverain.  Hofis.  Dans  ce  fens  on  le 
dit  quelquefois  pour  une  armée  entière ,  pour  un 
parti  contraire  qui  vient  nous  attaquer.  Voilà  Yen 
nemi  qui  eft  anx  portes.  L'ennemi  tient  la  campagne 
Cette  ville  s'eft  rendue  à  ['ennemi,  ce  traître  l'a  li- 
vrée à  re««c//i/.  On  dit  aulli ,  une  ville  ,  une  terre 
ennemie  ,  de  celle  qui  eft  dans  un  parti  différent.  Il 
fe  dit  auill  au  pluriel  dans  le  même  fens.  Tomber 
entre  les  mains  des  ennemis.  Il  fut  pris  par  les  en- 
nemis. Il  repoufta  ,  il  chalTlr  les  ennemis.  On  y  peut 
joindre  aulli  le  pronom  polfeliif. 

Pour  conferver  l'état  que  Dieu  vous  a  commis. 
Combatte'^  juflemenr  contre  vos  ennemis  ; 
Mais  fuye\  comme  un  crime  une  injufle  vicîoire. 

L'Abbé  Têtu. 

Ennemi, feditauffi  des  chofes  contraires  qui  fe  détrui- 


E  N  N 

fent  j  qui  fe  nuifeiu.  Le  feu  &  l'eau  font  ennemis  , 
le  cliaud  &c  le  troid  ,  le  fec  &  l'humide.  Le  vin  elt 
ennemi  Aq  la  fièvre ,  de  la  goutte.  Les  venins  ,  les 
poilons  font  ennemis  des  corps.  La  débauche  ett  {'en- 
nemie uc  la  ianté.  En  Poche  ,  on  dit  la  fortune  enne- 
mie j  les  dcftins  ennemis  ,  pour  dire,  contraires. 

ÈwNEMi  ,  le  dit  aulîi  de  ce  qui  a  une  certaine  anti- 
pathie contre  quelque  autre  chofe  ,  foit  qu'elle  vien- 
ne par  nature ,  foie  par  caprice.  Il  y  a  des  gens 
qui  lont  cm, émis  des  rc:es  j  qui  ne  les  peuvent  lout- 
frir.  Les  autres  font  er.nsmis  des  douceurs ,  des  fu- 
cceries.  On  le  dit  aulli  des  animaux  ,  pour  marquer 
l'averfion  qu'ils  ourles  uns  pour  les  autres  ,  ou  pour 
certaines  chofes.  Le  chat  eft  l'ennemi  delà  fouris.  Le 
hibou  eft  ennemi  de  la  lumière.  Le  choueif  ennemi 
de  la  vigne. 

Ennemi  ,  en  peinture.  On  appelle  couleurs  ennemies, 
celles  qui  s'accordent  mal ,  tk  qui  ne  peuvent  fub- 
Iifter  enlemble  fans  otrenler  la  vue.  Le  bleu  &  le 
vernuUon  lont  des  couleurs  ennemies  ,  leur  mélange 
produit  une  couleur  aigre  ,  rude  &  desagréable. 

fjCF   Comme  il  y  a  dans  la  Muhque  des  fons  ac- 
cordans  &  des  fons  difcordans  ,  il  y  a  aulli ,  dans 

I  Optique  &  dans  la  Peinture,  des  couleurs  amies 
&  des  couleurs  ennemies.  Des  couleurs  amies  ,  qui 
femblent  fe  rechercher  pour  s'embellir  mutuelle- 
ment; &:  des  couleurs  ennemies  qm  femblent  fe  fuir. 

II  n'y  a  point  de  couleurs  h  amies  ,  qui, étant  alfem- 
blées  lut  le  même  londs  ,  n'aient  befoin  de  quel- 
qu'autre  couleur  moyenne  qui  les  fépare  un  peu  ^ 
P'jur  empêcher  que  leur  union  ne  parollfe  trop 
brulque  ;  ni  de  con\eii:s  h  ennemies  ,  que  l'on  ne 
paille  les  réconcilier  enlemble  par  la  médiation  de 
quelqu'autre ,  comme  par  une  amie  conmuine. 
Dans  ces  deux  points  conlifte  la  perfection  de  la 
Peinture. 

§Cr  On  veut ,  dir  Felibien  ,  que  parmi  les  lumiè- 
i  res  &c  les  ombres  bien  ménagées  ,  on  voie  dans  un 
tableau  les  vraies  teintes  du  naturel  :  qu'on  apper- 
!  çoive  des  malles  de  couleurs  ,  où  l'on  obferve  loi- 
gneufemeni  cette  amitié ,  ou  cet  accord  qui  fe  doit 
trouver  entre  elles  :  qu'on  alfortille  habilement  les 
chairs  avec  les  draperies ,  les  draperies  les  unes  avec 
les  autres ,  les  perfonnages  entre  eux ,  les  payfages , 
les  lointains ,  enforte  cjue  tout  y  paroi  lie  à  Toeil  H 
artiftement  lié  ,  que  le  tableau  femble  avoir  été 
peint  tout  d\ine  fuite  i  &:  ,  pour  ainfi  dire,  d'une 
même  palette  de  couleurs. 
Ennemi,  fe  dir,  en  chofes  morales,  pour  marquer 
Taverlion  qu'on  a  pour  certaines  choies  bonnes  ou 
mauvaifesj  juftes  ou  injuftes.  Il  faut  être  ennemi  du 
vice.  La  Reine  ne  connollfoit  d'autres  ennemis  que 
fes  péchés.  Boss.  Il  eft  ennemi  de  fon  repos.  Il  eft  en- 
nemi de  la  joie.  Il  eft  ennemi  du  bon  fens.  Il  eft  en- 
nemi de  nature  ,  c'eft-à-dire  ,  il  hait  ce  que  les  au- 
tres aiment ,  tout  ce  qui  eft  commode  ,  tout  ce  qui 
flatte  les  fens.  Souvent  le  plus  grand  ennemi  que 
nous  ayons ,  c'eft  nous-mêmes. 

Mes  défauts  déformais  font  mes  feuh  ennemis. 

BOILEAU. 

Ma's  de  tout  temps  ennemi  d'Apollon 

Me  foi  ce  à  quitter  mon  empire.  De  la  Font. 

Ennemi  ,  fe  dit  quelquefois  en  galanterie  par  anti- 
phrafc.  Un  Amant  appelle  fa  MaîtrelTe ,  fa  douce 
ennem.ie  ;  &  fes  yeux  ,  fes  doux  ennemis.  Cela  eft 
bien  du  vieux  ftyle.  Le  goût  de  ce  fiècle  eft  ennemi 
de  ces  fortes  d'exprellions  ,  qui  feroient  intoléra- 
bles dans  la  bouche  même  des  précieufes  ridicules. 
On  dit  proverbialement ,  d'un  homme  qui  a  fait 
quelque  méchante  aftion  ,  qu'il  a  bien  été  tenté  de 
l'ennemi,  c'ertà-dire,  du  Diable,  (\m  ék  Xennemi 
du  genre  humain.  Koye\  au  mot  Diable  les  rcmi;- 
ques  fur  cette  exprelHon.  On  dif^  aulli  ,  Amis  au 
prêter  ,  ennemis  au  rendre.  On  dit  aulîi  ,  c'eft  au- 
tant de  pris  fur  l'ennemi  ,  quand  on  a  attrapé  quel- 
que chofe  à  un  homme  dont  on  ne  peu:  rien  tirer, 


EN  N 

On  dit  auffi  ,  Plus  de  morts  j  moins  à'infi'ei'n'is. 
Dans  l'Altrologie  jiidiciaiie  la  douzième  maifon 
céleite  ell  la  m.ulon  des  ennemis. 

ENNENSOIS ,  OISE.  f.  m.  Habitant ,  Citoyen  de  la 
ville  d'Enne ,  ou  d'Enna  en  Sicile,  linucnjes.  Les 
Ennenfois  ,  enclos  dans  le  fond  du  théâtre  ,  étoient 
mairacrcs  (par  les  Romains)  contre  qui  ils  avoient 
conjuré.  Vigenère. 

ENNEQUE-TENQUE.  Place  forte  d'Alie,  dans  l'In- 
doullan,  fur  la  route  de  Surace  à  Golconde. 

ENNION.  f.  m.  Vieux  mot  cjui  fe  trouve  quelque- 
fois écrit  avec  un  a  ,  annion:  il  lignihe  délai  d'un 
an  accordé  à  un  débiteur  par  Lettres  de  Chancelle- 
rie. Privilège  dV/2/2io«,  benélice  à'ennion. 

ENNOBLIR.  Rendre  plus  noble,  plus  illuftre,  plus 
confidérable.  NobUkare  ,  illufirare.  Cette  Univer- 
fitc  s'eil  fort  ennoblie  j  depu!<;  qu'il  y  a  eu  tant  de 
gtands  hommes  qui  font  eiirres  dans  fon  corps.  Les 
Iciences  ,  les  beaux  Arts  ,  ennoblirent  nn^  Langue. 
Ennoblir  fon  Ityle.  Abl.  Pour  ennoblir  l'art  du  Poc- 
me dramatique,  on  lui  donne  pour  objet  j  d'inf- 
truire  ,  aulli-bien  que  de  plaire-  Corn. 

Ennobli  ,  ie.  part.  NobiUcaais. 

Mais  enfin  par  le  tems  ,  le  mérite  avili 

Vit l honneur  en  roture  y  (S' /e  iv'ce  ennobli.  Boil. 

ENNOM.  f.  m.  Norn  de  peuple.  Ennom.  C'etoient 
apparemment  des  Chananéens.  Ce  qile  l'on  en  lait, 
c'ell  qu'ils  avoient  habité  la  vallée  qui  étoit  à  l'O- 
rient de  Jérufalem  ,  qui  en  avoir  pris  fon  nom  ,  «Is: 
s'appeloit  Gehennom  ,  c'eft-à-dire  ,  Vallée  à' En- 
nom  ,  Qw  Ghe  hcn  Ennom  ,  vallée  des  entans  à  En- 
nom.  Dq  Gehennom  s'étoit  ù'n  gehenna ,  &  de  -  là 
notre  mot  François  ,  gcne.  Voyei;  Jojl  XV.  8. 
XVlII.xG.  ^.  XXIII.  lo. 

ENNON.  Ennon.  Lieu  près  de  Salim  ,  &  peu  loin 
du  Jourdain  ,  où  S.Jean  baptifoit.  Jean  III.  15. 
Jean  baprifoit  aufli  de  fon  côté  à  Ennon  auprès  de 
Salimj  parce  qu'il  y  avoir  là  quantité  d'eaux.  Boun 
Ces  deux  endroits,  Ennon  cc  Salim  ,  croient  fur 
les  confins  de  la  Samarie  Se  de  la  Galilée  en-deçà 
du  Jourdain. 

Quelques  Auteurs  prennent  ce  nom  pour  un  di 
minucif  de  VJ  j  En  ,  fontaine  j  &  difent  qu'il  li- 
gnifie petite  fontaine  :  mais  il  y  a  plus  d'apparence 
que  c'efl:  un  dérivé  de  ce  nom  ,  &  qu'il  lignifie  lieu 
plein  de  fontaines ,  abondant  encfources ,  où  il  y  a 
beaucoup  de  fources  :  cela  convient  mieux  à  ce  que 
dit  S.  Jean  ,  qu'il  y  avoit  là  quantité  d'eaux. 
ENNOR.TEMENT.  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  fe  trouve 
dans  Beaumanoit  :  il  fignifie  exhortation.  Adlior- 
tdtio. 

ENNOSSER.  V.  a.  Vieux  mot.  Tuer. 

Celui  voijlc  reconfonter , 

Et  fi  la  maie  «orr /'onnoiïe  , 

Je  le  conduis  j  ufqu  à  lafojje, 

ENNOYE ,  ou  ENNY.  Petit  ferpent  fans  yeux.  En 
Latin  cœcilia  &  amphisbena  ,  qui  vient  de  amphi  , 
ôc  ds  baino  ,]q  marche,  comme  ferpent  marchant 
des  deux  côtés  :  car  on  lui  attribue  deux  tctes  j  &  ce 
qui  a  donné  occafion  à  cela  ,  c'ell:  que  fa  fi^^ure  cil: 
toute  femblable  à  celle  des  vers  de  tatre  j  dans  lef- 
quels  il  eft  fort  difficile  dé  diflinguer  la  tcte  d'avec 
la  queue.  Voye^  Emphisbene.  Ce  rcprile  eft  fort 
commun  en  Champagne ,  où  on  l'appelle  Invau. 
Il  n'eftpas  fi  venimeux  qu'on  le  croit.  Fureticre  dit 
que  fa  piquure  n'eft  pas  mortelle  ,  mais  feulem'jnt 
comme  celle  des  guêpes.  DuPinet,  L.  VII,  Chap. 
2}.  defaTraQU(Sbion  de  Pline  ,  le  nomme  Envoyé^ 
de  même  que  Nicot  &  Monet.  Corgrave  lui  a  don- 
né deux  articles ,  l'un  faus  le  nom  àlEnnoyc  ,  & 
l'autre  fous  celui d'£'/2V£iyc.  Maison  croit  f\v\Ennoye 
a  été  corrompu  à'Envoye  ,  par  la  faute  de  quelque 
Imprimeur  ,  qui,  en  renverfint  1'«  en  aura  fait  une 
n  j  car  en  ce  temps- là  on  ne  diftingujit  point  enco- 
re Vu  voyelle  d'avec  l'v  confonne.  Ce  petit  ferpeni 


E  N  N  717 

eft  .-îppelè  Orvef  dans  le  Didionnaire  des  Drogues 
de  Lémery  de  l'édition  de  M.  de  Jullieu  ,  au  moc 
Cœcilia.  Orvet,  félon  les  apparences,  vient  d'orbus, 
aveugle.  Orbus  ,  orée  _,  Orve  ,  orvet. 

ENNUBLI  ,  JE.  adj.  Vieux  mot.  Obfcurci.  Temps 
ennubli ,  pour  dire  ,  plein  de  nuages  j  du  mot  La- 
tin nebula  _,  nuée.  Il  veut  due  aulli ,  fâché  ,  con- 
trite. 

ilC?  ENNUI,  f.  m.  Mal  aife,  langueur  de  l'efpritj  qui 
n'ell;  ni  le  chagtin  j  ni  la  triltelle ,  ni  la  mélancoliei 
Voye^  ces  mors.  T^dium.  L'ennui  j  dit  M.  Scuderi , 
n'ell  autre  chofe  qu'une  privation  de  tout  plaifir, 
caufée  par  je  ne  fais  cjuoi  de  dehors  qui  nous  impor- 
tune. L'ennui  vient  de  ce  que  l'ame  n'eft  ni  alFcz 
agitée,  ni  alFcz  remuée.  Nie.  L'ennui  eft  un  fi  grand 
mal  ,  qu'on  ne  peut  s'y  accoutumer  j  &  ficiuel, 
qu'on  entreprend  tout,  les  chofes  même  les  plus 
pénibles,  pour  s'en  délivrer.  L'homme  abandonné 
à  lui-même,  à  fes  propres  penfées  ,  ne  peut  fe  dé- 
fendre de  \ ennui  qui  l'accable,  dès  qu'il  eft  fans 
adion.  Val.  Aufii  la  rell'ource  de  la  plupart  des 
hommes  courre  re«/2//i_,  c'eft  de  fe  livrer  aux  iin- 
preflions  des  objets  extérieurs  qui  occupent  l'ame  , 
&  la  font  fortirde  l'érat  de  langueur  où  elle  étoit. 
Les  plaifirs ,  la  bonne  compagnie ,  charment  j  dif- 
fipent  les  ennuis. 

Hélas  !  m'cnvic^-vous  j  dans  l'état  où  je  fuis  , 
La  trific  liberté  de  pleurer  mes  ennuis  ?  Rac. 

.  .  .  Malheureux  ,  reconnais  ton  erreur , 
Cet  ennui  que  tu  Juis  efi  au  Jond  de  ton  cœur. 

De  Valincourt. 

|tcr  Dans  une  fignification  plus  générale  ,  ennui 
fe  prend  pour  chagiin  ,  déplaifir.  Les  ennuis  de  la 
vie.  Cette  affaire  m'a  caufc  beaucoup  d'ennuis.  Fa~ 
fiidium.  Si  cette  femme  fe  couchoit  fans  être  afinrée 
d'un  divertillement  pour  le  lendemain  ,  elle  mour- 
roir  d'ennui ,  de  la  feule  peur  de  s'ennuyer. 

|icr  En  amour,  e/2/:ai,  fignifie  une  tendre  dou- 
leur. Je  vois  l'ennui  peint  dans  vos  yeux. 

Ce  mot  vient  de  innoia,  &  de  innoiare  ,  qui  a  été 
fait  de  noxia.  Mén. 

ENNUICT.  Ancien  adverbe  ,  qui  fignifioit  Aujour- 
d'hui./foc/iè.  Favyn  ,  dans  fon  Hifi.  de  Na\arrCy 
L.  V^.  p.  iGÎ.  &  i6i^.  croit  que  ce  mot  vient  de  ce 
que  les  Gaulois  comptoient  les  jours  par  les  nuits; 
èc  annuicl  fe  difoic  encore  à  Paris  au  commencement 
du  dernier  fiècle  ,  qu'il  écrivoit.  A  la  façon  des  Hé- 
breux, dit-il  j  les  Allemans  &  les  Gaulois  avoient 
leurs  ans  &  mois  lunaires  ,  &  comptoient  leurs 
jours  par  les  nuits.  Nous  en  gardons  &  retenons  en- 
core l'antiquité  ,  nous  autres  PanfienSj  en  p.irlanc 
notre  vulgaire  :  Je  ferai  ennuicl  cela  ;  j  ai  fait  ennuici 
cette  affaire,  au  lieu  de  dire  aujourd'hui.  Les  Al- 
lemands parlent  de  même,  Sant  Johansvacht^Sant 
Martins.  La  nuit  S.  Jean  ,  ou  S.  Martin  ,  pour  dire, 
le  jour  ;  iS:  Vordrcy  nechten  ,  Je  ferai  cela  avant 
trois  nuits ,  au  lieu  de  dire  ,  avant  qu'il  foit  trois 
jours.  Favyn.  Il  n'y  a  plus  que  le  payfan  dans  les 
Provinces  ,  qui  dit  ennuicl ,  qu'il  prononce  anui. 

ENNUITER  ,  v.  n.  Se  mettre  en  danger  de  voyager  la. 
nuit.  Iter  Jaccre per  noclcm.  Quand  on  a  une  longue 
route  à  faire  ,  il  faut  partir  de  bonne  heure  ,  de 
peur  de  s'ennuitcr.  Quelques-uns  difent  anuiter.  Il 
eft  vieux. 

ENNU5URE  ,  ou  ANNUSURE.  f.  f.  Termed'ArcIn'- 
teéfure.  Morce.iu  de  plomb  en  forme  de  b-i'que 
fous  le  berceau  ,  &  au  pied  des  poinçoiis  &-'  amor- 
ti(Temens  d'un  comble. 

ENNUYANT  ,  anfe.  adj.  Qui  ennuie.  Moleflus,im^ 
portunus,odiofus.  Le  bal  eft  Çqxx.  ennuyant.  Quand 
Dio^.ène  voyoit  qu'un  dif.onrs  e-"^.uyant cto\i^<îi% 
la  fin,  il  crioiten  fe  réjouilîant  :  Je  vois  terre.  Men. 

ENNUYAITMENT.  adv.Vieux  mot.  Ennuyeufcment. 

ENNUYER,  v.  a.  Cauferde  l'ennui.  Tsdnm  yfiatieta- 
tem  aijerrc.   La  meilleure  Mudque  à  la  hn  ennuie. 

i     Un  fade  Panc'^vrique  ennuie  les  auditeurs.   Nou« 


-^2;:8         E  N  N     E  N  O 

pardonnons  plus  ailcment  a  ceux  qui  nous  cnnuunt 
ciu'a  ceux  que  nous  ennuyons.  Rochf.f.  Je  ne  puis  i 
Supporter  ces  froids  Ecrivains  ,  qui  vont  ennuyer\ 
Jeur  Hérosde  i^i  propres  expions.  Ce  qui  plaie  rend 
attentif  j  &  ce  qui  ennuie  alloupit. 

Quand  on  ne  f aurait  divertir , 
IL  jaut  au  moins  n'ennuyer  guère, 

^fT  s'Ennuyer  ,  Eprouver  de  l'ennui.  T&dcre.  Lorf- 
qu'on  n'eft  touché  de  rien  ,  on  i ennuie  beaucoup. 
Le  Ch.  de  m.  On  choiiic  plutôt  de  %  ennuyer  avec 
les  autres  ,  que  de  s'e/z/zayer  avec  foi-même.  S.  Evr. 
-Je  ne  fais  quoi  de  délicat  que  j'ai  dans  l'efprit  j  fait 
qu'il  m'arrive  fouventde  m  ennuyer.  M.  Scud.  Il 
£iut  apprendre  à  ne  le  point  ennuyer  :  c'eft  un  grand 
art.  S.  EvR.  On  s'ennuie  prefque  toujours  avec  ceux 
avec  qui  il  n'eft  pas  permis  de  s'ennuyer.  Rochef. 
Il  vaut  mieux  s'ennuyer  comme  une  perfonne  d'ef- 
prit ,  que  de  le  divertir  d'une  manière  impertinen- 
te. Le  Ch.  de  M.  On  doit  bien  fouhaiter  d'être 
d'agréable converfation, quand  ce  neferoitque  pour 
s'entretenir  foi-même  :  car  on  ell  quelquefois  feul  ^ 
&  quand  on  s'ennuie  de  fes  penfées  ,  on  ne  s'en  dé- 
fait pas  comme  on  veut. 

s'Emnuver.  Trouver  le  tems  long.  C'eft  un  homme 
'mqinez,quïs  ennuie  par-tout.  On  s'en  fert  imperfon- 
nellement.  Il  m'ennuie  ici.  Il  m  ennuyait  do  ne  vous 
point  voir. 

On  dit ,  proverbialement ,  qu'il  ennuie  à  qui  at- 
tend ;  pour  dire ,  qu'un  homme  s'impatiente  d'at- 
tendre ceux  qui  ne  viennent  pas  à  l'heure. 

£NNUYEUSEMENT.  adv.  D'une  manière  ennuyeu- 
fe.  Molejlè  j  jd(lidiofè  j  tddioje.  Il  m'a  raconté  fon 
affaire  fort  ennuyeujement ,  &  avec  de  longs  détails. 
Combien  de  malheureux  à  qui  il  ne  relte  d'autre 
confolation  ,  que  de  redite  ennuyeufement  leur  mi- 
sère ?  Fl.  Dans  une  vieille  habitude  le  temps  fe 
confume  ennuyeufement  à  aimer  moins  ,  ou  à  n'ai- 
mer plus.  S.  EvR. 

ENNUYEUX ,  EusE.  adj.  Qui  ennuie  ,  Tadiofus ,  ma- 
lejlus.  La  vie  eft  ennuyeufe,  quand  l'amour  ne  la 
ranime  pas.  S.  Evr.  Quand  on  a  l'efprit  libre  j  tout 
ce  qui  contraint,  &  tout  ce  qui  eft  cérémonie  ,  eft 
ennuyeux.  M,  Scud.  Cette  complaifance  qui  cède 
&c  qui  applaudit  à  tout ,  eft  une  qualité  fort  t/z- 
/zayez/ye  en  converfation.MoNT.il  ne  faut  pas  que  le 
Prédicateur  s'abaille  à  une  /Implicite  ennuyeufe  ,  & 
&  qu'il  en  demeure  à  une  modeftie  languiiÏÏinte. 
Ab.  Du  Jarry.  Corneille  ,  plein  de  grands  fenti- 
timens  J  ne  s'araufe  point  à  de  petits  foupirs  en- 
nuyeux. S.  Evr. 

E  N  O. 

ÉNO,  ou  ÉNIO.  Petite  ville  de  Turquie  en  Europe. 
^nos  J  ^nus.  Elle  eft  dans  la  Romanie  ,  à  l'em- 
bouchure de  la  Marifa  dans  l'Archipel.  Long.  45  d. 
50'.  lat.  40.  d.  46'. 

Le  Golfe  ^Eno  ,  ^nijînus  ,  ^nenjls  finus .  C'eft 
un  golfe  de  l'Archipel ,  qui  prend  fon  nom  de 
la  ville  ^Eno  :  c'eft  la  partie  occidentale  du  Golfe 
de  Marife. 

ENOBARBE.  f.  m.  Surnom  de  plufieurs  anciens  Ro- 
mains de  la  famille  Domitia.  AhenoharbuS ,  ^no- 
barbus.  Ce  mot  eft  compofé  de  aheneus  j  mneus , 
qui_  eft  d'airain  ,  &  de  harha  y  barbe  ;  &  fignifie  , 
Qui  a  une  barbe  d'airain,  c'eft-à-dire ,  Barberouffe. 
Il  fe  trouve,  fur  les  médailles  de  la  famille  Domitia, 

.  une  tête  d'homme  nue  &  fans  barbe ,  AHENO- 
BAR.  au  revers  une  poupe  de  navire ,  fur  laquelle 

.     eft  érigé  un  trophée.  Imp. 

HNOCH.  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Enoch  , 
Enochus ,  Henncus  y  Hanochus.   C'eft  le  nom^  du 


ENO 

appelé  par  Caïn  fon  père  ,  parce  quil  naquit  dans 
le  tems  qu'il  dédia  la  ville  qu'il  a\oit  bâtie  \  car 
Henoc  y  ou  Henoch,  3T:n  lîgnihe  dédié,  ou  dédi- 
cace ,  de  3Jn  hhnach  >  dédier.  C'ell  encore  le  nom 
d'un  faint  Patriarche  père  de  Matiiulalem  :  c'eft  cet 
Enoch  ,  qui ,  félon  l'exprellion  de  Moyfe ,  Gen.  J^. 
23.  Z4.  marcha  devant  le  Seigneur ,  &  qui  difparut, 
parce  que  le  Seigneur  l'enleva.  Les  Payens  l'ont 
connu,  &  l'ont  appelé  ^/7/zflC//^  &  Cannachus  ,  & 
par  corruption  Nannacus.  C'eft  lui,  dit  Bochart, 
qui  fut  l'inventeur  de  l'Aftrologie.  C'eft  lui  que 
les  Arabes  nomment  Idris  j  &  les  Carthaginois  , 
Atlas.  Voyez  cet  Auteur,  Phal.L.ll.C  15.  C'eft 
encore  cet  Enoch  dont  faint  Jude  rapporte  une  pro- 
phétie dans  fon  Epître  canonique,  v.  14.  foit  que 
ce  faint  homme  l'eût  écrite  ,  comme  quelques-uns 
ont  cru ,  ce  qui  donna  occafion  de  faire  ce  faux 
livre  d'Enoch  dont  les  premiers  Pères  ont  tant 
parlé  j  foit  qu'on  fût  feulement  cette  prophétie  par 
tradition ,  comme  il  eft  plus  probable.  L'Ecriture 
écrit  Henoch  ,  dans  la  Genèfe  ,  &  Enoch  dans  faint 
Jude  :  nous  fuivons  ordinairement  cette  dernière 
orthographe. 

ENOCHIE.  Enochia ,  Henochia ^  Hhanochia^  Caïn, 
après  avoir  couru  long-tems  en  divers  endroits , 
s'arrêta  en  un  lieu  où  il  bâtit  une  ville ,  qu'il  nom- 
ma du  nom  de  fon  fils  Enoch  ,  Enochïe.  C'a  été  la 
première  conftruite  dans  le  monde.  Elle  fut  peu- 
plée de  fes  defcendans ,  qui  s'étoient  fort  multi- 
pliés. GoD.  La  ville  d'Enochie  étoit  dans  le  pays 
de  Nod ,  à  l'orient  du  pays  d'Eden  \  car  c'eft  là  que 
Caïn  s'arrêta.  Ccn.  If^.  16.  Ainfi ,  félon  ce  que 
nous  avons  dit  au  mot  Eden,  le  pays  de  Nod,  où 
étoit  Enochie 3  devoit  être  une  partie  de  ce  que 
l'on  appela  depuis  la  Suluane.  Au  refte  ,  l'Ecriture 
dans  tous  les  textes,  appelle  cette  ville  Enoch,  Hé- 

,   noc ,  &  non  Enochie. 

ÉNOINDRE.  v.  a.  On  s'eft  autrefois  fervi  de  ce  mot 
pour  Oindre;  tk.  on  a  dit,  Enordir  3  pour.  Ren- 
dre fale  ;  falir. 

ENOISELER.  v.  a.  Terme  de  Fauconnerie ,  qui  fe 
dit  de  l'oifeau,  que  l'on  fait,  que  l'on  accoutume 
au  gibier ,  que  l'on  inftruit.  Injîituere,  docere.  Il 
faut  conduire  fagement  un  oifeau  ,  jufqu'à  ce  qu'il 
foit  bien  énoifelé,  &  faupoudrcr  fa  gorge  de  can- 
nelle &  de  fucte  candi ,  le  mettant  fur  la  chaic 
de  l'oifeau  qu'il  a  pris  \  car  cela  lui  fera  aimer  fon 

,  gibier. 

ENON.  Voyez  ENAN.  C'eft  la  même  chofe. 

ÉNONCÉ,  f.  m.  Ce  qui  eft  exprimé  dans  quelque 
aéfe  ou  écrit.  Cela  n'eft  qu'un  fimple  énoncé  qui 
ne  détruit  point  les  claufes  ftipulées.  Un  faux 
énoncé  rend  la  demande  nulle.  Mauc. 

IJCF  En  Logique  &  en  Géométrie  ,  énoncé  s^-ç- 
plique  aux  propofitions  &  aux  termes  dans  lef- 
quels  elles  font  préfentées.  Cette  propofition  eft 
obfcure  dans  fon  énoncé.  \1  énoncé  de  cette  propo- 
fition. 

tNONCER.  V.  a.  S'exprimer  \  parler  pour  faire  en- 
tendre fa  penfée.  Efferre  ,  eloqui ,  cxplicaie.  Ap- 
prenez à  vous  mieux  énoncer.  Mol.  Cet  homme 
parle  bien ,  il  s  énonce  en  bons  termes.  Cet  autre 
eft  obfcur  ;  il  n'a  pas  le  don  de  s'énoncer.  On  dit, 
au  figuré  ,  les  Rois  ne  s'énoncent  que  par  la  bou- 
che des  canons. 

Enoncer  ,  fe  dit  auflî  de  ce  qui  eft  compris  dans 
quelque  écrit ,  &  fignifie  ,  Déclarer.  Toutes  les 
claufes  font  énoncées  expreftl'ment  dans  ce  contrat. 
Une  claufe  eftentielle  qui  n'eft  point  énoncée  ne 
fe  fupplée  point.  L'aéle  contient  huit  articles  ,  où 
tous  fes  menfonges  font  énoncés. 

On  dit  aufiî,  en  termes  de  Pratique,  Enoncer 
faux  ;  pour  dire ,  Avancer  quelque  chofe  contre  la 
Vérité. 


premier  des  enfans  de  Caïn  ,  dont  l'Ecriture  parle.  Énoncé  ,  Ée.  part.  &  ad).  Declaratus. 
Gen.  IF.  17.  Ceft  auilî  au  même  endroit  le  nom  ÉNONCIATIF  ,  adj.  Qui  fait  mention  de  quelque 
d'une  ville  bâtie  par  Caïn,  que  nous  appelons  chofe.  f/z^^/zm/m'aj.  C'eft  une  maxime  de  Droit  que 
auflî  Enochie.  |      les  termes  énonciatifs  ne  prouvent  rien  j  excepte 

JÏNocH,  dit  Bochart,  Pkal.  L.  I.  C.  XV.  fut  ainfi       dans  les  antiques.  ^"y^T  Énonciation. 

ENONCIATION. 


E  N  O 

LNONCIATION.  f.  f.  Exprefîîon.  Eiiundatio.  Cette 
pièce  ne  prouve  rien  ,  elle  ne  contieur  qu'une  !nn- 
plsénonaation.  Une  fimple  nunciadon  dans  les  cho- 
ies anciennes  eîl  un  titre.  Patru.  In  antiquis  cnun- 
ciatio  valet  j  ciunclativa  plané  probanc. 
Énonciation  ,  fo  ditauili  de  la  manière  de  s'énoncer. 
Avoir  Vénor.ci.iclon  belle.  lia  Vénonciacion  hcuroule. 

Énonciation  ,  ell:  aulli  un  terme  de  Logique  ,  qui  fi- 
gnifie  une  propofirion  qui  nie  ,  ou  qui  aSirme. 
£nunciatïo.  Il  y  a  trois  opérations  dans  l'entende- 
ment :  1.1  (impie  appréhenlion  ,  Vinoncïadon  j  &  le 
raifonnement. 

ÉNOPTROMANCIE.  f.  f.  Sorte  de  divination  qui  fe 
pratiquoit  par  le  moyen  dun  miroir  qui  montroit 
lesévénemensà  celui  même  qui  avoir  les  yeux  ban- 
dés. L'Enoptromante  ctoit  un  jeune  garçon  ou  une 
femme.  Les  Magiciennes  de  Thelîalie  fc  fervoient, 
pour  deviner ,  d'un  miroir  ,  où  elles  écrivoient  avec 
du  f^ing  ce  qu'elles  vouloient  répondre.  Ceux  qui 
•les  avoientconfultéslifoient  leurs  téponles ,  non  pas 
dans  le  miroir,  mais  dans  la  lune  ,  à  ce  qu'elles  pré- 
tendoient ,  car  leurs  enchantemens  avoient  la  force 
de  faire  defcendre  la  lune.  Du  Grec  "ejrrpoii  ^miroir  j 
(Se  /.■.nntx  j  divinacion.  , 

ENORCHIS.  f.  m.  Termede  Lithologie.  Pierre  figu- 
rée. Elpèce  de  Gtodts  ou  à'^dccs  de  forme  ronde, 
polie  èc  pefante  ,  qui  renferme  une  autre  pierre 
londe,  laquelle  reprélente  les  tefticules ,  &  change 
de  nom  fuivantleur  nombre.  Orchis  ou  Orchices  n'a 
qu'un  feul  tefticule ,  Diorchues  en  a  deux  ,  Trior- 
chices  trois. 

ENORGUEILLIR,  v.  a.  Donner  de  l'orgueil.  Inflare 
animum.  La  laveur  l'a  enorgueilli.  Les  bons  fuccès 
enorgueillijj'cnc  ks  Tyrans.  Il  s'emploie  plus  com- 
munément avec  le  pronom  perfonnel.  l'oye^  Or- 
gueil. Je  menorgueillirois  de  louanges  j  fî  ceux  qui 
me  les  donnent  ofoient  me  dire  le  contraire  ,difoit 

-  l'Empereur  Julien.  Un  Sage  ne  s'enorgueillit  ja- 
mais ,  quelque  bonne  fortune  qui  lui  arrive.  La 
nature  n'apprend  point  à  s  enorgueillir  de  la  vertu 
de  ceux  qui  ne  font  plus.  S.  Real.  Il  ne  faut  point 
fe  fixer  à  une  chofe  fi  frêle  que  la  fortune  ,  ni  %en- 
orgueillir  d'un  bien  qui  eft  fouvent  le  partage  des 
focs.  Ablanc. 

De  ^Ko:.î'enorgueillit  un  Souverain  de  Rome, 
Si  par-refpccl  pour  allé  iljaut  cejfer  d'être  homme  ? 

Corneille. 

Pour  avoir  fecoué  le  jouet  de  quelque  vice  y 
■  Qu  avec  peu  de  raifon  /'/^ci/«/«e  ^'enorgueillir. 

Nouv.  Ch.  de  Vers. 

Enorgueilli  ,  ie.  part.  &  adj.  Superbior  facius. 

ENORME,  adj.  m.  &  f.  Excelfif ,  d'une  grandeur 
ou  d'une  grolfeur  démefurée.  Immanis  j  enjrmis. 
Le  cololle  de  Rhodes  étoit d'une  grandeur  énorme. 
Ce  mot  vient  de  norma  ,  comme  fi  on  difoit  con- 
tra normam.  On  a  dit,  dans  la  balTe  Latinité,  binor- 
mis  Se  inormis  ,  pour  dif'i, immenfus  ,  énorme ^ fans 
règle.  Borel  témoigne  qu'on  difoit  aurefois ,  anorme 
Se  anormal ,  pour  dire  ,  contre  la  règle  commune. 

Énorme  j  fe  dit,  fi^urément,  en  morale  ,  des  vices. 
Atrox  y  immanis.  W'^  3.  d^s  gens  dont  la  vertu  ne 
confiitequ'à  s'abftenir  des  crimîs  les  plus  t'/zor/Tzej. 
L'Ab.  Têtu.  Une  avarice  ,  une  ambition  énorme  , 
un  crime  énorme. 

Là  y  dans  ramas  confus  de  chicanes  énormes  , 
Ce  qui  fut  blanc  au  fond  rendu  noir  par  les  formes. 

BoiL. 

En  Jurifprudence  y  on  appelle  léfon  énorme, celle 
qui  excède  le  double  de  la  valeur  d'une  chofe  ven- 
due. Enormis.  Elle  donne  lieu  à  la  refcifion  d'un 
contrat  fait  même  par  un  majeur.  La  lef  on  énorme, 
&  d'outre  moitié  du  julte  prix,  n'efl:  pas  reçue  dans 
les  adjudications  par  décrer. 
ÉNORMÉMENT,  adv.  D'une  manière  énorme.  Enor- 
Tome  III, 


miter  ,  fùnii^cm  y  incredihiliier.  l\  a  été  léfé  ér.ormé- 
ment  dans  la  vente  de  fa  maifon. 

ENORMITE.  f.  f.  Excès.  Lnormicas  ,  exce{Jus.  Il  fe 
dit  quelquefois  de  l'excès  de  la  grandeur  de  la 
taille.  On  eft  iurpus  de  i'énormité  de  la  taille  de  ce 
géant. 

Il  s'emploie  plus  ordinairement  dans  le  figuré  , 
&  fignifie  ,  Atrocité,  ^trociths.  Vénormité  de  fon 
•crime,  de  fon  ambition  ,  de  cette  Icfion  ,  de  cette 
ufuie  ,  &c.  On  a  horreur  de  Vénormice  de  fon  cri- 

,   me.  Ael.  L'énormité  du  fait  le  confond.  Le  MaÎt. 

ENOSSE.  adj.  Se  dit  de  ceux  qui  ont  un  os  qui  leur 
demeure  au  milieu  de  la  gorge.  OJJè  prafocatus.  Le 
loup  énojfé ,  qui  refufa  le  falaire  de  la  grue  qui  lui 
avoir  retiré  l'os  de  la  gorge  ,  eft  le  fymbole  de  l'in- 
gratitude. Ce  mot  ne  fe  trouve  point  dans  le  Dic- 
tionnaire de  l'Académie ,  ni  dans  aucun  de  ceux 
que  nous  avons  contultés,  excepté  celui  de  Nicot. 

,    Ilell:  abfolumenr  hors  d'ulage. 

ENOUER.  V.  a.  Terme  de  Manutadure  de  Draperie. 
Eplucher  un  drap ,  en  ôter  les  nœuds. 

ENOUEUSES.  f.  f.  pi.  Ouvrières  qui  travaillent  à 
énouer  les  draps,  &  autres  ctotfes  de  laine» 

E  N  P. 

ENPESER.  V.  iT.  ■\''ieux  mot.  Caufer  de  la  fâcherie.  Et 

cela  lui  enoefa. 
ffr  ENPOINTER.  V.  a.  Chei  les  Épingliers  y  fe  die 

de  l'aébion  de  faire  la  pointe  d'une  épingle.  Acuere-^ 

acuminare. 

E  N  Q. 

ENQUADRUPÊDER.  V.  a.  Métamorphofer  en  bête  à 
quatre  pieds.  Aliqucm  induerc  in  quadrupedumvul- 
tus.  Mot  forgé  par  Scarron. 

Tel  homme  bien  fait  par  nature  y 

Prenoit  une  horrible  figure , 

Sefentam  enquadrupéder , 

Sans  ofe  feulement  gronder.  Scarr  .  Virg.  trav. 

ENQUÉRANT  ,  ante.  adj.  Curieux  y  qui  s'enquierc 
des  aftaires  d'autrui.  Inquirens  y  inquijuor  ,quxfîtor. 
Il  fe  prend  d'ordinaire  en  mauvaife  part.  Cet  hom- 
me eft  importun  y  parce  qu'il  eft  tiop  enquéranc.  Il 
n'eft  pas  du  ftyle  ordinaire. 

S'ENQUERIR,  v.  lecip.  Je  m 'enquiers  y  tu  t'enquiers , 
il  s'enquierc  y  nous  nous  enquerons  y  vous  vous  en- 
quére\ ,  ils  s' enquiérent ,  je  m'cnquérois  y  je  m'enquisy 
je  mefuisenquis,  je  m'enquerrai,  enquiers-coi ,  qu'il 
s'enquiére  ,  que  je  m'enquiére  ,  que  je  m'enquijje ,  ovL 
je  m'enquerrois.  S'informer  y  faire  une  recherche. 
Quizrere  ,  inquirere.  On  le  dit  également  des  chofes 
&des  perfonnes.  Enquére^-vous  décela.  Je  me  fuis 
enquis  de  lui  ,  &  perfonne  n'a  pu  m'en  donner  des 
nouvelles.  Il  faut  s'enquérir  de  la  \'éiité  du  fait  ;  en- 
quére:[-voiis  à  ceux  qui  le  fivent. 

IKTCe  mot  n'eft  pas  noble.  Il  paroît  profcrit  du 
difcours  ordinaire  J  admis  tout  au  plus  dans  le  jar- 
gon du  Palais. 

Enquérir  J  en  termes  de  Palais,  fignifie.  Interro- 
ger, faire  enquête.  Quxfioncm  cxercere.  J'ai  fait  in- 
terroger ma  partie,  il  a  été  enquis  fur  plufieurs  faits. 
On  dit,  proverbialement.  Trop  enquérir  n'eft  pas 
bon,  pour  dire  ,  qu'on  s'enquierc  fouvent  de  cho- 
fes dont  on  eft  fathé  d'apprendre  la  vérité. 

Enquis  ,  ise.  part,  du  verbe  Enquérir  actif.  Terme  de 
Palais ,  dont  on  fe  fertdans  les  interrogatoires.  In- 
terrogatus ,  inquificus  ya  ,  um.  Enquis  de  fon  nom, 
de  fon  âge,  qualité  ,  demeure. Cela  ne  fe  dit  que 
des  témoins.  On  dit  des  accufés ,  ou  des  criminels  i 
Un  tel  interrogé ,  &c. 

$3°  Enquis.  f.  m.  Terme  ufité  au  Parlement  de  Pro- 
vence ,  fynonyme  à  information.  Vu  l'Arrct  de  la 
Cour  ,  qui  ordonne  VEnquis  ,  l'information  faite 

en  conféquence Les  Gens  du  Roi  requérent  ce 

qu'on  appelle  dans  ce  Parlemeiit  un  Enquis  ^  c'eft- 

à-dire  ,  une  information. 

Z  z  z  2 


730  ENQ 

ENQUERRE.  v.  n.  Terme  de  Blafon  ,  fynonyme  de 
s'enquérir.  Demander  la  raifon  pourquoi  il  y  a  quel- 
que chose  dans  un  écu  qui  eft  contre  les  règles  ordi- 
naires du  Blafon.  Jnquuere.  Des  Armes  à  enquerre  , 
font  celles  qui  font  irrégulières  j  &  qui  ayant  cou- 
leur fur  couleur  ,  ou  métal  fur  métal  ,  donnent 
lieu  de  demander  pourquoi  elles  font  contre  les  rè- 
gles. Ce  verbe  autrefois  n'étoit  pas  feulement  un 
terme  de  Blafon  ,  il  fe  difoit  communément  pour 
enquérir ,  chercher.  Inquirere.  C'eft  de  ce  verbe  La- 
lin  qu'il  s'eft  formé. 

|Ç?On  le  dit,  par  forme  de  fubftantif,  pour  fi- 
gnifierla  recherche  de  l'étymologie,  de  l'acception 
d'un  mot  j  reclaircilfement  d'un  fait  de  Littérature. 
Faire  enquerre  d'un  terme  d'art.  Meilleurs  de  l'Aca- 
démie ,  dans  leurs  délibérations,  mettoient  fur  les 
'mots  douteux  ,  mots  à  enquerre.  Ménage. 
^  ENQUÊTE,  f.  f.  Recherche  qu'on  fait  pour  s'af- 
furer  de  quelque  chofe.  On  ne  le  dit  plus  que  des 
recherches  faites  par  ordre  de  Juftice.  Inqu'i/uioju- 
diciaria;  dans  la  barbare  Latinité,  Inquejia,  L'en- 
quête ,  en  cq  fens  j  eft  une  preuve  ordonnée  en  Juf- 
tice j  qui  fe  tait  par  audition  de  témoins  ,   dont  la 
dcpohtion  eft  rédigée  par  écrite  fur  des  faits  dont  on 
veut  être  inftruit.  On  permet  aux  parties  de  faire 
enquàe ,  quand  elles  font  contraires  en  faits.  On  ne 
pouvoit  faire  autrefois  une  enquête  fans  un  adjoint. 
L'enquête  fe  fait  en  matière  civile  ,  &c  l'information 
■en  matière  criminelle.    On  ne  peut  faire  enquête 
pour  argent  prêté  ,  quand  la  fomme  excède  loo  1. 
On  a  abrégé  la  formalité  de  l'ouverture  &  publica- 
tion des  ^«.y.'/eVfj.  L'Ordonnance  de  1667.  a  abrogé 
les  enquêtes  par  tourbes  :  c'étoient  des  enquêtes  qui 
fe  faifoient  fur  des  points  douteux  de  Coutume  ,  & 
fur  un  ufage  qui  n'étoit  pas  rédigé  par  écrit.  On  n'y 
entendoit  que  des  Praticiens ,  &  dix  témoins  n'é- 
toient  comptés  que  pour  un  feul  j  parce  que  chaque 
tourbe  devoir  être  compofée  de  dix  perfonnes  non 
recufées  de  part  ou  d'autre.  Ces  dix  perfonnes  for- 
moient  leurs  avis  enfemble  3  &  l'un  d'eux  portoic 
leur  réfolution  au  CommilTaire  pour  toute  la  tour- 
be. Une  enquête  devoir    être  compofée  de    deux 
tourbes  .,  tout  au  moins.  Il  y  avoir  aaffi  enquêtes 
d'examen  à  futur.  Quand  quelqu\m  prévoyoit  qu'il 
pouvoit  avoir  un  procès  en  demandant ,  ou  en  dé- 
fendant ,  &  qu'il  appréhendoit  que  la  preuve  des 
faits  ne  vînt  à  périr ,  ou  par  l'abfence  ,  ou  par  la 
mort  des  témoins,  ilobtenoitdes  lettres  de  Chan- 
cellerie, par  lefquelles   il  étoit  mandé    au  Juge 
d'ouïr  les  témoins  qui  lui  feroient  préfentés.C'étoit 
une  information  par  précaution  :  ces  fortes  d'enquê- 
tes ne  fe  pouvoient faire  ,  ni  en  matière  criminelle, 
ni  en  matière bénéiïciale.  Elles  ont  été  abrogées  par 
l'Ordonnance  de  i66-j.  Ce  qu'on  appelle j  Enquête, 
en  matière  civile  ,  fe  nomme  Information  en  ma- 
tière criminelle.  On  dit ,  que  les  informations  ont 
été  converties  en  enquête],  lorfqu'on  a  civilifé  un 
procès  criminel. 
On  appelle  les  Chambres  des  Enquêtes,  celles  où  l'on 
juge  les  procès  par  écrit ,  qui  ont  été  appointés  en  pre- 
mière inftancc ,  où  d'ordinaire  il  y  a  des  enquêtes. 
Inquifitionum  difceptatorcs ,  ou  Inquijitores ,  Inquifi- 
torum  Colleoium.   Aduellement  au  Parlement  de 
Paris  il  y  a  trois  Chambres  des  Enquêtes  ;  à  Rouen , 
deux  \  aux  autres ,  deux  ou  trois.  A  Paris  ,  les 
charges  de  Préfident  aux  Enquêtes  ne  font  que  de 
iîmples  commiffions.  Pafquier  a  remarqué  qu'en 
1588.  fut  érigée  la  cinquième  Chambre  des  En- 
quêtes.  Dans   l'inftitution    du  Parlement  j  il   n'y 
avoit  qu'une  Chambre  des  Enquêtes  ,  dont   les 
Confeillers    ctoient   appelés   Rapporteurs  ,    parce 
qu'ils  ne  faifoient  que  rapporter  les  procès  par  écrit, 
comme  le  dit  Pafquier ,  lequel  ajoute  que  la  Grand- 
Chambre  réforma  un  Arrêt  des  Enquêtes  le  7  Jan- 
vier 1409.  &  qu'elles  n'avoient  point  droit  de  met- 
tre les  appellations  au  'néant  ;   ce  qui  ne  leur  fut 
permis  que  le  8  Janvier  1411, 
S'ENQUÊTER,  v.  récip.  fynonyme,  de  s'enquérir.  Il 
s'enquête  de  tout. 


E  NQ     ENR 

Ce  verbe  étant  joint  avec  une  négative  ,  fans  laquelle 
il  n'a  point  ici  d'ufage,  lignihe,  ne  fe  foucier,  ne 
craindre  point  ^  fe  moquer  de  tout  ce  qu'on  peut 
faire  &  dire.  Cet  homme  ne  s'enquête  de  rien.  Il 
ne  s'enquête  point  de  cela.  Moi.  Ce  font  des  en- 
cans fans  fouci  qui  ne  s'enquêtent  de  rien.  Il  eft  bas 
dans  tous  ces  fens. 

ENQUÊTEUR,  f.  m.  Officier  établi  pour  faire  les 
enquêtes  &  informations.  Inquifitor ,  quafitor.  Les 
Commilfaires  du  Châtelet  fe  qualifient  Com- 
milTaires-Examinateurs  &  Enquêteurs.  Les  Lieute- 
nans-Généraux  ont  traité  des  Offices  d'Enquêteurs  ^ 
&  les  ont  unis  à  leurs  charges.  Ils  ont  été  nommés 
d'abord  Enquêteur s-^on  y  ajouta  enfuite  le  nom  d'Au- 
diteurs ,  &  on  les  appela  Auditeurs  &  Enquêteurs  ; 
ôc  quelques-uns  même  difoient  Auditeurs  feule- 
ment ,  eftimant  que  ce  nom  renfermoit  dans  foa 
énergie  leur  ancien  titre  d'Enquêteur.  De  la  Mare 
dit  Auditeurs  -  Enquêteurs ,  &  traite  de  ces  Offi- 
ciers :,  &  de  leur  antiquité ,  leurs  fonôtions ,  leur 
Bombre ,  leur  éredion  ,  &c.  dans  fon  Traité  ds 
la  Pol.  L.  I.  Tir.  XI.  c.  3.4.  Les  anciens  aâes  les 
appellent  Inquijitores.  Il  montre  que  les  Enquêteurs 
Confeillers  au  Parlement ,  que  les  Intendans  des 
Provinces  ,  les  Commillaires  pour  les  réformes ,  ou 
pour  affaires  extraordinaires  ^  &  les  Confeillers  de 
la  Cour  en  commiflion  prennent  ce  titre.  Il  appelle 
Enquêteurs  de  la  foi ,  ceux  que  nous  nommons  In- 
quihteurs.  Il  dit  que  les  Airelfeurs,  ou  Confeillers 
des  Magiftrats  ,  étoient  divifés  en  deux  clalfes  ,  les 
uns  nommés  Enquêteurs  ou  Rapporteurs  ;  &  les 
autres  Regardeurs  des  Enquêtes  ,  ou  Jugeurs. 
Ceux  qui  étoient  autrefois  envoyés  pour  connoître 
des  abus  qui  fe  commettoient  dans  l'ufage  ou  l'ex- 
ploitation des  bois  ,  turent  nommés  Enquêteurs 
des  Forêis  ,  Inquijitores  forejiarum.  Du  Tillet  ap- 
pelle le  Grand-Maître  des  Eaux  &  Forêts  ,  Grand- 
Maître  Enquêteur  ,  &  Général  Réformateur  des 
Eaux  &  Forêts.  Voyez  P.  I.  p.  421  où  il  traite  de 
cette  Charge ,  qui  ne  fut  créée  que  vers  le  com- 
mencement du  XV^  fiècle. 

Enquêteur ,  eft  aulli  l'Officier  qui  tient  le  regiftre  des 
Enquêtes.  Inquijitorum  tabellarius  ,  tahelli.  Pomey. 

ENQUINAUDER.  v.  a.  inventé  par  M.  de  la  Fon- 
taine. 

//  me  perjuada.  ; 
A  tort ,  à  droit  me  demanda 
Du  doux,  du  tendre ,  &  femhlables  fornettes  ^ 
Petits  mots ,  jargon  d' amourettes , 
Confits  au  miel:  bref  il  W2'enquinauda. 

Enquînauder  ,  ne  fignifie  point  tromper ,  comme 
on  l'a  dit  dans  la  précédente  édition  de  ce  Didiion- 
naire,  &  n'a  jamais  pu  lignifier  cela.  Molière  a  die 
Enquinauder  comme  il  a  dit  Tartufier.  Vous  ferez 
tartufiée,  vous  ferez  mariée  à  Tartuffe.  Enquinau- 
der ,  s'enquinauder ,  faire  prendre  à  quelqu'un  o\x 
prendre  le  goût  &  le  ftyle  du  Pocte  Quinaut, 

Jean  de  la  Fontaine  a  afpiré  jufqu'.i  faire  un  opéra, 
&  il  s'eft  plaint  dans  le  conte  du  Florentin,  que  le 
fieur  Lulli  l'avoir  enquinaudé.  Mais  cet  efîorr  n'a 
fervi  qu'à  donner  au  fieur  Quinaut  le  plaifir  de 
voir  qu'il  y  avoit  en  France  un  Auteur  qui  lui 
étoit  inférieur  en  capacité.  Second  Faclum  de  Eu-' 
retière. 

ENQUIS.  Foyei  ^"  ^°^  Enquérir. 

ENR. 

ENRACINER.  S'enraciner ,  v.  récip.  prendre  racine , 
poulfer  des  racines.  Radiées  agere  ^  radicefcere ,  m- 
dicari.  Il  n'a  prefque  point  d'ufage  au  propre,  fi  ce 
n'eft  au  participe. 

Enraciner  ,  fe  dit ,  plus  ordinairement ,  en  morale 
des  chofes  qui  ont  fait  une  imprellîon  fi  profonde 
fur  l'efprit,  par  une  longue  habitude,  qu'il  efl: 
difficile  de  s'en  corriger.  Accrcfcere  ,  augefcere,  in~ 
veterafcere.  Il  ne  faut  pas  lailTer  enraciner 'c&  mal. 
On  n'irrache  pas  aifément  les  vieilles  opinions  qui 
font  enracinées  dans  l'efprit  des  peuples.  Il  faut 


ENR 

tous  les  joars  réfifter  à  fes  amiriés ,  &  à  Tes  aver- 
lions  naturelles  ;  garder  fon  cceur  des  pallions  naif- 
laiices ,  &  en  arracher  celles  qui  loiit  enrac'imes. 
Fl.  Tant  ce  penchant  eft  erirLicim  chez  certaines 
perfonnes  du  fexe.  Mlle.  l^Héritier. 

Enraciné  ,  ée.  part.  &  adj.  Au  propre  »  radicatus. 
Arbre  enracine.  Au  figuré  ,  inveceratus ,  êcc.  Porter 
une  haine  enracinée  à  quelqu'un.  Vaug. 
Ces  mots  viennent  d'inruaidire. 

Le  Cap  ENRAGE.  C'eft  un  Cap  de  la  côte  orientale 
de  i'Acadie ,  à  une  lieue  du  Cap  d'Erpoir ,  &  à 
trois  lieues  de  l'Ille  Percée.  Promontorium  j uriofum. 
En  cet  endroit,  il  fe  trouve  bien  fouvent  deux 
vents  contraires.  Un  navire ,  par  exemple  ,  viendra 
de  Mifcou  ,  ou  baie  des  Chaleurs,  portant  beau 
trais  le  vent  arrière  ;  l'autre  navire  viendra  de  la 
baie  des  Morues  j  ou  l'Iile  Percée  ,  avec  aulli  vent 
arrière ,  qui  eft  à  l'oppoiite  l'un  de  l'autre  :  lorf- 
ciu'ils  approchent  de  ce  Cnp,  ils  trouvent  le  vent 
tout  calme  tous  deux  ,  ou  ^len  il  faut  que  l'un  des 
deux  vents  l'emporte  fur  l'autre  &  le  repoulfe. 
Cela  arrive  fouvent  en  cet  endroit.  Denis,  P.  I. 
C.  cj.  C'eft  apparemment  pour  cela  que  ce  Cap  a 
été  appelé  le  Cap  En, âgé. 

ENRAGEANT,  ante.  adj.  Qui  donne  bien  de  la 
peine  ,  du  dcplaifir.  On  le  met  abfolument.  Cela 
eft  enrageant.  Permolefium  ejî.  Il  eft  du  ftyle 
familier. 

ENRAGÉMENT.  adv.  formé  à:Enragé.  Nicot  & 
Monet,  qui  l'ont  mis  dans  leurs  Didtionnaires ,  le 
traduifent  en  Latin  par  rakiosè.  Je  définis  enrage- 
menc ,  peut-être  bien  ,  peut-êrre  mal  :  mais  enfin  je 
veux  fixer  mes  idées . .  .  Corlnnelli  T.  I.  des  Let- 
tres de  Bujfy.  Ce  mot  y  eft  en  italique.  On  ne  le 
dit  point. 

ENRAGER,  v.  n.  Etre  faifi  de  la  rage.  Rable  furere. 
Les  chiens  font  fujets  à  enrager  dans  la  Canicule, 
quand  ils  manquent  d'eau.  La  morfure  d'une  bcce 
enragée  en  fait  enrager  i\nz  autrej  lui  communique 
fon  venin. 

Les  chiens  font  plus  fujets  à  la  rage  que  bien  d'autres 
animaux ,  parce  qu'ils  ne  fuent  prefque  jamais. 
Leur  fang  ,  faute  de  lueur ,  fe  charge  de  particules 
grolîîcres  '6c  hétérogènes ,  qui  infettent  leur  lalive 
&i  leur  caufent  la  rage.  Lorfqu'on  eft  mordu  par 
un  chien  enragé ,  la  lalive  empoiionnée  de  l'ani- 
mal ,  compofée  de  parties  folides ,  ignées,  faunes , 
tranchantes  &  corrolives,  coule  dans  le  fang,  & 
lui  communique  fon  venin. 

Enrager,  fe  dit  figurément,  mais  dans  le  ftyle  fa- 
milier feulement,  de  celui  qui  louftre  une  douleur 
exceflive.  J'enrage  du  mal  de  dents.  Enrager  de 
douleur.  Cruciari ,  excruciari. 

Enrager,  fe  dit  encore  d'un  befoin  vif  &  preflantj 
des  grandes  difficultés ,  d'un  defir  violent ,  d'une 
grande  colère,  il  car.igc  de  taim  j  de  foif.  Voilà  un 
chemin  qui  feroit  enrager  le  diable.  Il  enrage  de 
fe  battre.  Il  enrage  de  tout  fon  coeur.  Il  eft  enragé 
contre  lui. 

Enfin  ,  ilfe  dit  d'un  dépit ,  d'un  dcplaifir  fenfible.  Il 
enrage  de  voir  fon  ennemi  dans  la  profpérité.  Le 
mariage  aftemble  fouvent  des  perfonnes  qui  fe 
font  enrager  toute  leur  vie.  Bell. 

Voyant  la  fplendeur  non  commune 
Dont  ce  maraut  ejl  revêtu , 
Ditok-on  pas  que  la  foi  tune 
Veut  faire  smagQZ  la  vertu}   Gom. 

©n  dit  proverbialement  qu'un  homme  W enrage  point 
pour  mentir  j  pour  dire  ,  que  c'eft  un  grand  men- 
teur. On  dit  qu'il  a  mangé  de  la  vache  enragée:^ 
pour  dire  ,  qu'il  a  Ijien  fouftert  de  la  difette  &  de 
la  fatigue.  On  dit  aulli ,  prendre  patience  en  cnra- 
.geant  ;  pour  dire  ,  malgré  foi.  On  dit  aulli  j  il  en- 
rage comme  un  l'octe  qui  entend  mal  réciter  fes 
vers.  On  dit  encore ,  d'un  homme  qui  ne  fait  que 
tracaflèr,  &■  qu'on  ne  fruroit  fatisfaire  fur  rien, 
qu'il  feroit  enrager  la  bête  tSc  le  marchand. 


ENR  73  i 

EnrAgÉ  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Rahiofus.  L'homme  qui  a 
été  mordu  d'un  chien  c-/zrjo^-,  a  un  vifage  altéré, 
des  yeux  triftes ,  le  regard  aiFreux  ;  il  écume  quel- 
quefois ,  &  paroK  toujours  tranfi  de  chagrin-  &  de 
colère,  ayant  perdu  la  rai  fon -,  il  fe  jette  fur  tous 
ceux  qu'il  rencontre ,  pour  les  dévorer ,  &,  quoi- 
que fon  altération  foit  extrême,  il  aimeroit  mieux 
mourir  que  de  boire.  Mem.  di:  Trévoux. 

Cette  grande  averfion  que  ceux  qui  ont  été  mordus 
d'un  chien  enragé  j  ont  pour  l'eau  j  vient  fans  doute 
de  ce  que  l'eau  agite  les  fels  venimeux  ,  dont  la 
gorge  ,  l'œfophage  &  l'eftomac  du  malade  font 
imprégnés. 

On  appelle  une  mufique  enragée,  celle  qui  ne  vaut 
rien  :  un  travail  enragé ,  qui  eft  grand  &  difficile. 
On  appelle  un  chien  enragé ,  tout  méchant  hom- 
me qui  s'attache  à  nuire  aux  autres ,  à  faire  des 
cruautés. 

Enragé,  fe  prend  auffi  quelquefois  fubftanrivement; 
comme  lorfqu'on  dit  d'un  homme  fougueux  &  em- 
porté ,  que  c'eft  un  enragé.  Il  le  bat  comme  un  en- 
ragé. Elle  crie  comme  une  enragée. 

Ce  terme  étoit  admis  autrefois-  dans  le  ftyle  noble. 
Corneille  s'en  eft  fervi  dans  Pompée.  Il  faifoit  le 
même  eftetque  Varrabiato  des  Italiens.  Aujourd  hui 
il  n'eft  plus  que  du  bas  comique.  L'ufage  fait  tout. 

ENRAGERIE.  f.  f.  Tout  ce  que  le  dépit,  la  jaloufie, 
la  rage  en  un  mot ,  infpirent  à  un  homme  en  co- 
lère. Simié  fit  contre  fa  femme  tontes  les  enrageries 
dont  il  fe  pur  avifer ....  Hijh  des  Amours  de*  *, 
On  ne  le  dit  point. 

ENRASER.  v.  a.  Terme  de  Menuiferie,  Mettre  plu- 
fieurs  pièces  d'une  égale  hauteur.  On  appelle  Pan- 
neau <r/2ria/i  ,  un  panneau  égal  en  epailïèur  .à  i'af- 
femblage.  On  dit  plus  communément  Arrafer. 
Voy.  ce  mot. 

ENRAYER,  v.  a.  Paflet  une  pièce  de  bois  entre  deux 
roues  d'un  carolïe ,  ou  d'une  charctte  ,  ou  les  lier 
avec  une  corde,  pour  empêcher  qu'elles  ne  rou- 
lent ,  &c  retarder  leur  mouvement  à  la  defcente 
d'une  montagne.  Rotas  conjîringere  , prapedire.'En- 
rayer  une  roue  ,  &  abfolument ,  il  faut  enrayer. 

Enrayer  J  terme  d'Art  ôc  de  Charron;  c'eft  garnir 
ùpe  roue  de  rais.  Il  faut  d«?v7)'e/' cette  roue. 

Enrayer  ,  fe  dit,  figurément  &:  familièrementj  pour 
dire ,  arrêter  la  trop  grande  vivacité.  Il  faut  faire 
à  CCS  grands  parleurs  ce  que  l'on  fair  aux  roues  des 
carrolles  à  la  defcente  d'une  montagne,  il  faut  les 
enrayer.  Ménage. 

Enrayer  ,  en  teitaes  d'Agricultute  ,  c'eft  tracer  la 
premier  fillon.  Voy.  fillon  ,  raie. 

Enrayé  ,  ée.  part. 

ENRAYURE.  f  f.  Terme  de  Charpenterie ,  qui  fe 
dit  des  pièces  de  bois  qui  aboutllfent  à  une  efpèce 
décentre,  &  s'éloignent  en  forme  de  rayons,  foit 
dans  les  planchers  plats ,  ou  dans  les  combles  &C 
dômes.  Alfemblage  de  toutes  les  pièces  qui  compo- 
fent  une  ferme.  Les  enrayures  carrées  fervent  aux 
croupes  des  pavillons  j  5c  les  rondes  aux  dômes. 
Les  goulfets  fe  mettent  dans  les  enrayures  d'un  en- 
trair  à  l'autre.  Les  enrayures  6c  doubles  enrayures 
font  tous  les  entraits  des  fermes  d'alfemblage. 

ENRAYtiRE  j  fe  dit  3ulîi  d'une  corde  ,  d'une  perche. 
Se  en  général  de  tout  ce  que  l'on  emploie  pour  en- 
rayer une  voirnre  ;  c'eft-à-dire,  pour  empêcher  la 
roue  de  tourner ,  quoique  la  voiture  foit  en  mou- 
vement j  en  forte  qu'elle  ne  falfe  que  gliffer  fur  le 
terrein  ,  au  lieu  de  rouler. 

ENRÉGIMENTER,  v.  a.  De  plufieurs  compagnies 
féparées,  en  former  un  régiment.  Legioni  adfcrl- 
hcre ,  in  legiones  diflrihuere.  Enrégimenter  des  Com- 
pagnies franches  enrégimenter  les  milices.  Les  Ca- 
rabins dans  la  fuite  furent  enrégimentés.  M~m.  de 

I      Trév.  Avril  1722. /7.- 5  91 . 

'Enrégimenté,  ée.  part.  Les  troupes  SuilTes  qui  font 

I      en   France  confiftent  en  plufieurs  régimens  ,  &  eii 

'      quelques   compagnies    non   enrégimentées  ,  qii  on 

I      appelle   pour  cette  taifon  Compagnies  francliçs. 

i     P.  Dan.  Mil.  Fr. 

Z  z  z  z  11 


732-  ENR. 

.ENREGISTREMENT.  T.  m.  Pluficurs  n'écrivent ,  ni 
ne  prononcein  l'j.  L'Académie  la  conferve  comme 
■dans  le  mot  fuivant.  Adion  par  lac]iielle  on  enre- 
giftre,  on  tranfcrit  fur  les  regiftres  un  Ade^  un 
Edit  j  une  Ordonnance,  une  Déclaration  &  autres 
Lettres  Patentes.  Cette  tranfcription  fur  les  regif- 
tres du  Tribunal  eft  précédée  de  la  vériiîcatioa  ou 
examen  de  la  Uouvelle  Ordonnance  fait  par  la 
Cour  ,  Se  de  l'Arrct  d'enregiftrement ,  qui  ordon- 
ne l'exécution  de  la  loi  ,  iSC  qu'elle  fera  mfcrite 
dans  les  regiftres.  Relado  in  aiia.  On  s'ell  oppofé 
à  Venregijlremeni  &  à  la  vérification  de  telles  Pa- 
tentes, il  lignifie  aufli  j  L'Aéte  qui  s'écrit  fur  la 
pièce  enregiftrée  ,  pour  faire  foi  qu'elle  l'a  été. 
Lifez  Xenregiftiemau  de  cette  Déclaration ,  &c. 

ENREGISTRER,  v.  a.  Décrire  dans  un  regiftre,  y 
inférer  quelque  chofe  pour  en  conferver  la  teneur, 
&  lui  donner  une  efpèce  d'approbation.  Rejerre  in 
acta,  in  aclis  perfcrlhere.  Les  Edits,  les  Lettres  Pa- 
tentes &  plufieurs  Bulles  senregijîrenc  au  Parle- 
ment. Tous  les  arrêts  &  fentences  ,  &  les  délibé- 
rations publiques,  senregijlrenc ,  fe  gardent  dans 
<les  regiftres.  Les  Privilèges  senregijlrenc  par  le  Syn 
die  des  Libraires  fur  le  livre  de  la  Communauté. 

Le  mot  à'enregijirer  fe  trouve  dans  l'Auteur  de 
la  vie  de  faint  Louis,  C'eft  la  première  fois  qu'il 
en  eft  fait  mention  dans  nos  Archives  ,  ou  ai! 
leurs;  &  il  étoit  alors  très-nouveau.  Avant  le 
règne  de  ce  Prince,  l'on  écrivoit  fur  des  peaux 
«nrières  ,  &  fouvent  même  fur  plufieurs  de  ces 
peaux  coufues  les  unes  avec  les  autres.  On  les  rou- 
ioic  enfiiite,  comme  autrefois  les  livres;  &  au- 
jourd'hui les  cartes  de  Géographie  ;  &c  lorfque , 
pour  rendre  un  ade  authentique ,  on  étoit  obligé 
de  le  faire  infinuer  dans  le  dépôt  public  de  la  Ju- 
rifdidion  ,  comme  cela  arrivoit  très-fouvent  ^  l'on 
ne  fe  fervoit  point  du  mot  à'cnregifirement ,  qui 
n'étoit  point  encore  en  ufage  ;  mais  on  difoit  que 
l'aéle  avoir  été  mis  ou  dépofé  au  nombre  des  ades 
publiées  ;  depojîtus  inter  acla.  Etienne  Boileau , 
Prévôt  de  Paris  fous  S.  Louis  ,  fut  le  premier  qui 
fit  écrire  en  cahiers  les  Ades  de  fa  Jurifdiétion  :  il 
commença  p-ar  une  compilation  de  tous  les  anciens 
Réglemens  de  Police.  D'autres  firent  aufti  de  fem- 
blables  compilations  ,  ou  recueils ,  lefquels ,  parce 
que  ce  n'étoientque  des  pièces  tirées  d'ailleurs  j 
donnèrent  commencement  au  lïom  de  Regiftre , 
du  Latin  RegeJIum  j  quafi  itcrîim  gefliim ,  d'où  vien- 
nent les  mots  à'enregijîrer ,  &  ktnregiflrement-^ 
pour  dire  ,  Mettre  dans  ces  Regiftres ,  mettre  au 
nombre  des  Aétes  publics  ,  dont  les  compilations 
s'appeloient  Regiftres.  De  la  Mare ,  Traité  de  la 
Police  ,  L.  I.  Tic.  XF.  c.  2. 

Enregistré  ,  r,E.  part.  &  adj.  Relatas  in  acla. 

ENRENER.  v.  a.  Terme  de  manège,  qui  fe  dit  de 
l'aét^on  d'arrêter  &  de  nouer  les  rênes  d'un  cheval. 
Enrêner  trop  court. 

ENRHUMER,  v.  a.  Caufer  j  donner  le  rhume.  In- 
ducere  gravedinem.  Le  pallage  du  froid  au  cluud 
eft  ce  qui  enrhume.  Il  eft  auili  réciproque.  Quanci 
on  fe  dégarnit  trop  tôt ,  on  eft  en  danger  de  %en 
rhumer.  Ce  Prédicateur  s'eft  enrhumé  à  force  de 
crier  contre  les  vices. 

Enrhumé  ,^  ée.  part.  On  eft  enrhumé  tantôt  de  la  gor- 
ge y  tantôt  du  cerveau  ,  tantôt  de  la  poitrine.  Voy. 
Rhume. 

Ces  mots  viennent  du  Çrec  ft«ft« ,  fluxion. 

ENRICHEMONT.  Bourg,  ou  petite  ville  de  France 
dans  le  Berry.  On  la  nomme  autrement  Boisbelle  : 
mais  ce  nom  neft  point  dans  l'ufage  ordinaire  ,  & 
ne  fe  dit  jamais  ^  quoiqu'il  fe  trouve  dans  quelques 
Auteurs.  Il  eft  fitué  à  cinq  lieues  deBourges ,  du  côté 
du  nord.  Ce  Bourg  a  le  titre  &  les  droits  de  Prin- 
cipauté ;  &  l'on  dit  la  Principauté  à^Enrichemont. 
Elle  appartient  à  la  Maifon  de  Béthune-SuUy. 

ENRICHIR,  v.  a.  Rendre  riche.  Ditare  ,  locupletare. 
Le  trafic  des  Indes  a  enrichi  la  Hollande.  L'avidité 
des  avares  eft  ingénieufe  à  inventer  les  moyens  de 
ienrichir.  Les  grandes  rivières  enrichirent  les  Pro- 


ENR 

vinces  qu'elles  traverfent.  Les  Fermiers  du  Roi  sV/i- 
richijl'encen  peu  de  temps.  Il  eft  impoilible  à'enn- 
chirce  prodigue. 

Enrichir  ,  fignifie  aufli ,  Rendre  de  plus  grande  va- 
leur, ajouter  des  oinemens  riches  ik  précieux.  Or- 
nare  ^infignire.  Il  lui  a  donné  fon  portrait  ,  qu'il  a. 
fjit  e/2TC./2i:>de  diamans.  Ce  livre  eft  enrichi  de  fi- 
gures. 

Enrichir  j  fe  dit  figurément  en  chofes  morales,  & 
lignifie  ,  Embellir ,  orner  ,  rendre  plus  abondant, 
Amplificare  ,  cxcoiert  ,decorars.\\:!i  enrichi  fon  ef- 
prit  de  toutes  fortes  de  belles  connoillances.  Elle  n'a 
travaillé  qu'à  enrichir  Ion  ame.  Patuu.  Cet  Ouvra- 
ge eft  e«;/c7?^  de  pkificurs  nouveaux  traités,  palFa- 
gcs,  hiftoires,  &c.  On  ditaulîi ,  Enrichir  une  langue. 
fer  L'ibondance  ,  la  pluralité  des  mots  fait  In  ri- 
chelFe  d'une  langue  :  mais  ce  n'eft  pas  la  pluralité 
purement  numérale  ,  dit  M.  l'Abbé  Girard  ;  elle 
n'eft  bonne  qu'à  remplir  les  cotïres  d'un  avare  :  c'eft 
celle  qui  vient  de  la.diverlité  ,  telle  qu'elle  brille 
dans  les  produirions  de  la  nature. 

ifT  On  ne  doit  faire  cas  de  la  quantité  des  mots 
que  par  celles  de  leurs  valeurs.  S'ils  ne  font  variés 
que  par  les  fons  ,  &  non  par  le  plus  ou  le  moins 
d'énergie  ,  d'étendue  &  de  prccifion  ,  de  comi^fi- 
tion  ou  de  fimplicité  que  les  idées  peuvent  avoir, 
ils  me  paroilfent  plus  propres  à  fatiguer  la  mémoire 
qu'à  enrichir  &  faciliter  l'art  de  la  parole.  Protégée 
le  nombre  des  mots  j  fans  égard  au  fens,'  c'eft  j  ce 
me  femble  ,  confondre  l'abondance  avec  la  fuper- 
fluité.  On  ne  peut  nneux  comparer  un  tel  goût  qu'à 
celui  d'un  Maître-d'hôtel  qui  feroit  confifter  la  rr.a- 
gnificence  d'un  feftin  dans  le  nombre  des  plats  , 
plutôt  que  dans  celui  des  mets.  Qu'importe  d'avoir 
plufieurs  termes  pour  une  feule  idée  ?  N'eft-il  pas 
plus  avantageux  d'en  avoir  pour  toutes  celles  qu'on, 
fouhaite  d'e;;p''imer. 

On  dit,  proverbialement,  qui  s'acquitte  s  enrichir. 
Ce  verbe  eft  auflî  réciproque  tant  au  propre  qu'au 
figuré.  Le  cabinet  de  ce  curieux  s'enrichit  tous  les 
jours  de  nouvelles  raretés,  &  figurément,  La  mé- 
moire s'enrichit  par  la  lefture.  Âcajd.  Fr.  On  die 
qu'une  langue  s  enrichit,  quand  on  met  de  nouvel- 
les expreilions  en  ufago.  Horace  a  dit  :  Cùm  lingua. 
Cac^nis  &  Enni  fermonem  patrium  ditaverit ,  &c. 

Enrichi  ,  ie.  part.  Ditatus. 

ENRICHISSEMENT,  f.  m.  Se  dit ,  tant  au  propre 
qu'au  figuré  ,  des  embelliffemens  ,  âss  ornemens 
qu'on  ajoute  à  quelque  chofe.  Illujlratio  j  ornamcn- 
tum.  Les  dorures  ,  les  broderies  j  font  les  enrichif- 
femens  qu'on  métaux  meubles,  aux  habits.  Il  y  a 
des  fujets  (\  bas ,  fi  ftériles  ,  qu'ils  ne  peuvent  rece- 
voir aucuns  enrichiffemens.  Cette  pièce  peut  fervira 
l'enrichllfement  de  notre  Hiftoire.  Abl. 

ENRIMANT.  part.  a.  pour  Enrhumant.  GloQ'.  fur 
Marot. 

ENRIMER.  V.  a.  Enrhumer. 

En  m'esbatantjefais  rondeaux  en  rime  , 

Et  en  rimant  bien Jouvent  je  /n'enrime.  IvIarot. 

EN-RÎMMON.  C'étoit  une  ville  de  la  Tribu  de  Ju- 
da  j  2.  L.  à'EfJr.  XI.  29.  Jofué  fjmble  en  faire 
deux  villes  ,  En  Se  Rimmon  ,  Ch.  XV ,  v.  3  z.  mais 
ioÇ.  XIX.  7.  &  I.  des  Parai,  r/.  52.  on  lie  en  un  mot 
p31('y  ,  Enrimrnon. 

Ce  nom  lignifie  fontaine  de  la  grenade  ,  ou  du 
gi'enadier,  py  ,£«  ,  fontaine,  \\•y^ ,  Rimmon  ,  gre- 
nade j  ou  grenadier  ;  apparemment  qu'il  y  en  avoir 
eu  là  quelques  -  uns ,  auprès  de  la  fontaine  qui  y 
étoit. 

ENROCHEMENT.  ;^(7vr?  Pifrre  perdue. 

EN-ROGEL.  Nom  de  lieu  de  "la  Tribu  de  Juda  ,  Jof. 
XV.  7  La  Vulgate  traduit  la  fontaine  Rogel.  LaPa- 
raphrafe  Chaldaique  ,  la  fontaine  du  Foulon.  Car 
Sjn  ,  Rhogel ,  vient  de  hxi  ,  reghel ,  pied  ,  &  Vj:i  , 
raghal^îowXax.  aux  pieds;  &  de  l.i,difent  les  Rabbins 
^chelomoh  ,  Jarkhi  &  David  Kimhi ,  le  participe 


l 


E  N  R 

*7JT,  Roghel ,  fignlfie  un  foulon  ,  parce  qu'on  foule 
les  draps  avec  les  pieds. 
ENRÔLEMENT,  f.  m.  Aftion  par  laquelle  on  enrô- 
le. Conjcripclo  ,  adjcriptio  ,  icUitio  in  album  j,  in  indi- 
am.  Il  s'ell  fait  un  grand  cwJ/e/7îd«r  de  loldats  en 
telle  Province.  Tous  ces  enroUmens  firent  une  ar- 
mée de  cent  mille  hommes.  FlÉch.  Il  fignihe  aufli  , 
L'atfle,  la  feuille  où  V enroUmenc  t[\  éizin.  J'ai  Ion 
enroiancnt  dans  ma  poche. 
ENRÔLER.  V.  a.  Mettre  lur  un  rôle  ,  fur  un  crat ,  ou 
une  lille  de  plulieurs  perlonnes  de  même  condition, 
&  qui  font  dans  le  même  engagement.  Conjcribcrc  j 
rejerre  in  iniium.  On  le  dit,  particulièrement ,  des 
foldats  qui  s'engagent  à  fervir  le  Roi.  Ce  Capitaine 
lève  des  foldats,  il  en  a  Éj/i/ti/e' dix  aujourd'hui.  Il 
faut  qu'un  foldat  marche  quand  il  ell  enrôlé.  S'en- 
rôler, fe  faire  foldat.  Militidt.  nomen  dare.   Les  Ro- 
mains ne  s'enrôloienc,  8c  n'entroient  dans  la  milice 
qu'à  l'âge  de  dix-fept  ans. 
Enrôler  ,  le  dit  par  extenfion  des  autres  engageniens 
que  l'on  prend.  Vous  êtes  donc  enrôlé  au  fer  vice  de 
cette  belle.  Souvenez-vous  que  vous  êtes  enrôlé  par 
Jebaptême  dans  la  milice  de  Jefus-Chrift.  Du  Pin. 
Onditaulli,  qu'un  homme  s'ell  t/2rc)// dans  une 
Confrérie ,  nomen  dédit ,  pour  dire  ,    qu'il  ell  écrit 
fur  les  regiftres.  Gufnan  d'Aifarache  parle  d'un  re- 
giftre  où  l'on  enrôle  les  fors  qui  ont  fait  quelque 
chofe  conforme  à  l'Editdes  fottifes  qui  y  elt  men- 
tionné. Ce  mot  ell  compofé  de  rôle ,  tk  vient  du  La- 
tin inroculare.  Men. 
Enrôlé,  ée.  part.  &  adj.  Confcripcus  ,  adfcriptus. 
ENRO.MANCER.  v.  n.  Vieux  mot.  Faire  un  Roman 
ou  une  ElUloire  j  ou  plutôt  écrire  une  Hiftoire  en 
Langue  Romance. 
ENROUEMENT,  f  m.  Accidentproduit  dans  la  voix 
par  une  fluxion  cathareufe  ,  qui  aftecte  principale- 
ment les  parties  qui  conlHtuent  l'organe  de  la  voix  , 
d'oùréfulte  la  voix  rauque, moins  nette  &  moins  li- 
bre qu'.i  l'ordinaire,  ii'^^«,  raucitas  ,  raucedo.  Une 
humeur  épaifUe  qui  rend  les  collihons  de  l'air  ru- 
des ,  qui  empêche  les  vibrations  de  la  glotte  ,  & 
les  rend  moins  fonores ,  produit  V enrouements  Koy. 
Voix. 
ENROUER.  V.  a.  Rendre  la  voix  plus  rauque  &  moins 
nette.  Ravim    afferre  j    voce/n   raucam  Jdcere-,   Le 
brouillard  ,  le  (erein  la  enroué.  La  contenfion  avec 
laqu'.Ue  il  a  difputé  l'a  fi  fort  enroué,  qu'on  nel'en- 
tend  plus.  Il  fedit  aulu  avec  le  pronom  perfonnel. 
Il  s'eft  enrouez,  force  de  crier.  Ravihi  comraxit. 

Jamais  Docteur  ^  armé  d'un  argument  frivole  , 
Ne  j'enroua  che'^  eux  fur  les  bancs  de  l'Eccle. 

BoiLEAU. 

Enroué  ,  ée.  part.  Ce  mot  vient  du  Latin  raucus ,  d'où 
vient  le  verbe  raucire.  On  dit.  Parler  enroué.  Se  en- 
roué fc  prend  adverbialement  dans  cette  phrafe. 

Onditj  proverbialement,  d'un  homme  enroué  , 
qu'il  a  vu  le  loup,  f^ox  quocjueAtdtrim  \amfuaiti;fa: 
lupi  M.s.rim  videre  priores.  Virgile.  C'étoit  une  er- 
reurdes  Anciens. 

On  dit  audî  ,  enroué,  du  cri  de  certains  animaux, 
par  exemple  ,  de  celui  des  grenouilles.  Dans  la  Ba- 
tracliomyomachie,  Pallas  dit  : 

Un  jour,je  m^enfouviensfortant  d'un  grand  carnage, 
Teus  befoin  de  repos  ;  mais  ce  peuple  maudit ^ 
Parfis  cris  enroués  tellement  m'étourdit , 
Que  lûjfe  que  f  étais  j  pendant  la  nuit  entière 
Je  ne  pus  repofer  ,  nijermer  la  paupière. 

Nouv.  CH.  DE  Vers. 

ENROUILLER.  v.  a.  S'ENROUILLER.  v.  recip. 
Faire  venir  la  rouille  ,  fe  charger  de  rouille.  Rubi- 
gine  vitiare  ,  ou  vitiari.  Le  fer  &  le  cuivre  s'enrouil- 
lent  à.  VGZW^ferrugintm  ^  druginem  contrahunt.  L'air 
humide  cnrouille  les  armes. 

Ce  mot  vient  du  Latin  rubigo  ,  rubiginnfus. 

Eî-.'rouiller.  ,  fe  dit,figureinint,  en  Morale,  du  cou- 


•     ENR     ENS  7n 

rage  3  de  l'efprit,  qui  s'enrouillent  àins  h  p:i\x  ôc. 
dans  la  hinéantile  ,  taute  de  leur  donner  de  l'exer- 
c^ice  ,  c  elt-à-dire  ,  le  relâchent  &  s  abâtardillent. 
Hchejcunt ,  marcejcunt.  Je  viens  d'un  pays  où  mort 
elpnt  s'clT:  fort  enroudlc.  Voit.  L'imagination  s'e/J- 
rouille  faute  d'exercice. 

Enrouille  ,  ée.  p3.xx..Rubiginemjeclus  ,  exefus^  rubl^ 
giiiojus. 

ENROULEMENT,  f  m.  Terme  d'Architeâure.  Ih- 
lix  ,  fptra.  Il  fe  dit  de  tout  ce  qui  ell  contourné  ert 
ligne  Ipirale  ^  comme  l'enroulement  d'un  pilier  bu- 
tant en  confole. 

Enroulemensde  Parterre.  Ce  font  des  plate-ban- 
des de  buis  ,  ou  de  gazon  ,  contournées  en  ligne 
fpirale.  Les  Jardiniers  les  appellent  rouleaux. 

ENROULER,  v.  a. //77r//Vjrej  involven.  Rouler  uns 
choie  dans  une  autre.  On  ne  le  dit  point. 

ENROUSSI.  adj.  Vieux  mot.  Endurci. 

ENROYER.  v.  a.  On  s'eft  fervi  de  ce  mot  dans  le 
vieux  langage  ,  pour  dire  ,  entteprendre  ,  com- 
mencer. 

ENRUE.  f  f  Terme  d'Agriculture  &  de  labourage. 
Une  d//rae  eft  un  liUon  fort  large,  &  compofé  de 
plufieurs  raies  de  terres  relevées  par  la  charrue. 
Sulcus  altior  &  latior.  On  dit  j  Labourer  en  enrue. 
Cette  terre  eft  toute  en  enrues.  Liger. 

ENRUMER.  Foyei  Enrhumer. 

EN  S. 

ENS  ,  Ans.  Vieux  mot  François  ,  pour  dans  j  dedans:. 
MoNET.  C'eft  un  adverbe  de  lieu,  dont  Nicot  &  le 
Dicfionnaire  des  Arts  ont  fait  mention. 

Fiji  Néron  ung  bain  g  apprcflcr  ^ 
htfiflQns  le prcud' homme  mettre^ 
ht  puis  feigner ,  ce  dit  lalccire  ^ 
Et  tant  Lui  fade  fana  efpandre  , 
Qu'il  lui  convint  fon  ame  rendre, 

Borel  prétend  qu'il  falloir  écrire  ents ,  qui  vienÊ 
du  Latin  intus  ,  &  que  le  changement  d'orthogra- 
phe fait  perdre  les  étymologies  des  mots.  Il  rapporte 
pour  exemples  j  les  anciennes  manières  d'écrire  , 
dotbt,foubs y  efcripture  ,  qu'on  ne  reconnoît  plus  par 
doit  f  fous  ,  écriture.  Il  ell  vrai  que  l'orihographe 
moderne  ell  plus  facile  L^plus  commode  \  mais  elle 
a  moins  d'analogie  avec  notre  langue.  En  vain  s'é- 
carte-t-on  de  l'ancienne  façon  d'écrire  ,  on  ne  fera 
point  de  la  Langue  Françoife  une  Mère-  Langue  :  il 
lera  toujours  vrai  de  dire  que  c  ell  un  compofé  de 
Gaulois,  de  Grec  &  d'Anglois-Saxon  ,  où  le  Latin 
a  la  meilleure  part.  Snp,  au  Glc(juirc  du  Rom.an  di 
la  Rofe. 

ENS.  Petite  Ville  de  la  haute  Autriche  en  Allemagne* 
Enfa  ,  j4najfus,  Anifus.  Elle  ell  fut  la  rivière  d'£'^j, 
environ  à  une  lieue  du  Danube,  &  à  cinq  de  là 
ville  de  Lintz  ,du  côté  du  Levant.  Matv.  Long,  32» 
d.  11  .  lat.  48.  d.  iz'. 

Ens.  Rivière  d'Allemagne.  Anajfus ,  Anifus.  Elle  prend 
fa  fource  près  de  Saint  Weit ,  dans  l  Archevêché  de 
Salrzbourgj  traverfe  une  partie  de  la  Stirie  ,  baigne 
Steisj&  /i'wjdans  l'Autriche,  &  peu  après  le  dé- 
charge dans  le  Danube.  M aty. 

Ens.  Petite  ville  du  Zuiderzce.  Enfa.  Quelques  Géo- 
graphes elliment  que  l'Ified'Ê'rtjj  &  celles  d'Urk, 
font  les  Ifles  des  anciens  Frifons  ,  que  l'on  appeloic 
Flevo  Se  Flctio  ,  Se  qui  étoientdes  Illes ,  non  pas  de 
la  mer ,  mais  d'un  grand  Lac  nommé  i/tio  ,  qui 
éroir  où  e(l  aujourd'hui  le  Zuiderzée. 

Ens  Veneris.  J^oye^  Venus. 

ENSABATÉ  ,  ée.  (.  m.  &f  Nom  de  Seéle.  Sahatalusi 
In-:^abbatus ,  dans  le  Concile  de  Tarragone  tenu  l'an 
ii4i.  Infabbatatus  dans  Gropper  ,  cité  par  Du 
Cange.  Les  Enfabc.tis  étoient  une  fetle  d'hérétiques 
Vaudois  ,  qui  s'éleva  dans  le  XIIT  liècle ,  ou  un 
nom  qui  fut  donné  à  ceux  des  Vaudois  qui  préten-- 
doient  être  dans  une  plus  grande  pcrfedion  ,  coirt^ 
mePratcolel'infinueen  parlant  de  cis  hétctiq,u3ï. 


754 


E  M  S 


Le  Concile  de  Tarragone  j  clone  nous  avons  parle  , 
lembie  nioncrei-  que  cette  led-  a  eti  plus  de  cours  en 
Eipagne  qu'ailleurs.  Ces  xHérétiques  euleignoieut 
qu'il  n'étoit  jamais  permis  de  jurer  j  qu'on  n'éroit 
point  obligé  d'obéir  aux  puillancesj  ni  ecclélialh- 
ques,  ni  iéculieres  i  qu'on  ne  devoir  jamais  con- 
damner perfonne  à  des  peines  corporelles. 

Ce  nom  ,  félon  Piaréole  ,  vient  de  ce  que  les 
plus   parfaits  des  Vaudois  portoient  une  marque 
fur  le  haut  de  leurs  fouliers ,  qu'Us  appeloient  Sab- 
idtes.  Cctoir  aDparemment  ce  que  nous  appelons 
encore  aujourd'hui  Savates-^  ctii-i-div^,  mechans 
fouliers ,  vieux  &  ufes  ;  ou  bien  de  l'Elpagnol  p- 
pato,  foulier  :  car  ce  que  dit  DuCange ,  que  ce  nom 
\-\entdeSal.-o:^  parce  qu'ils  ne  portoienc  que  des 
Sabots ,  eCi  moins  probable. 
fp^ENSABLEMEN T.  f-  m.  Amas  de  fable  forme  par 
un  courant  d'eau,  ou  par  le  vent,  ^irc.i^  cumuius. 
Les  enfatUmcns  gênent ,  embarralfent  la  naviga- 
tion. 
ENSABLER,  v.  a.  Faire  échouer  fur  le  fable.  Implicarc 
aifabuUtcL  j  ad  arenx.  cumuios  ;  iiUdere  navïm  are- 
nis.  Comme  la  rivière  étoit  balle  ,  la  Batelier  nous 
enfdbloh  à  tous  momens.  Notre  bateau  s  étoir  enfa- 
blé.  Ad  arenx  cumulas  adkdftrut.  On  ne  le  dit  que 
fur  les  rivières. 
Ensablé  ,  ée.  part. 

ENSACA.  Province  d'Afrique  ,  au  Royaume  d'An- 
gola ,  entre  les  rivières  de  Coanza  &  de  Bengo  ,  à 
neuf  ou  dix  lieues  de  Lovando  San-Paulo  ,  vers  le 
Levant. 
'  ENSACHER,  v.  a.  Mettre  dans  un  fliCj  emplir  un  fie. 
Siiccoindudcre,  concluderc. Chez  les  grands  Ttcfo- 
riers  on  voit  des  écus  en  monceaux  qui  ne  lont 
point  enfac'-iés.  Il  faut  cnfachcr  ce  blé  ,  ces  pois , 
pour  les  porter  au  marché. 
EnsachÉjÉe.  part. 

ENSADE.  f.  m.  Arbre  qui  fe  trouve  en  l'Ifle  de  Lo- 
vando dans  la  balfe  Ediiopie  ,  &  qui  eft  une  efpèce 
de  hguier  d'Inde  ,  que  les  Portugais  appellent  ïar- 
vore  de  raix ,  c'clt  à-dire  ,  l'arbre  de  racine.  Son 
tronc  ,  qui  e!t  forr  haut  j  6c  ordinairement  de  trois 
bralTes  d'épailTeur  ,  poulie  des  rameaux  de  tous  cô 
tés ,  qui  étant  encore  jeunes  le  diviient  en  plufieurs 
branches.  Quelques-unes  de  ces  branches  tombant 
jufqu'à  terre  j  y  prennent  racine  ,  &   poulFent  un 
autre  tronc  j  d'autres  branches,  d'autres  filamens, 
ceux  ci  d'autres  j  &ainfi  de  fuite  ^  en  forte  qu'un  de 
ces  arbres  occupe  quelquefois  une  étendue  de  mille 
pas  de  circuit.  Les  plus  hautes  bianches ,  de  même 
que  les  plus  balfes ,  tiennent  à  la  terre  par  ces  for- 
tes de  filamens ,  &  cela  fait  une  touffe  de  bois  &  de 
feuilles  que  le  Soleil  ne  fauroit  percer  j  &  qui  re 
pouffe  la  voix  comme  un  écho.  Les  feuilles  reffem- 
blent  à  celles  du  coignaffier  j  &  font  vertes  au  de- 
hors ,  blanches  &  lanugineufes  au-dedans.  Le  fruit 
paroît  lorfque  la  fleur  eff  tombée,  &  fort  d'entre 
les  feuilles  des  jeunes  rameaux  ,    comme  font  les 
figues.  Il  ell  gros  comme  le  pouce  ,  &  rouge   par 
dedans  &:  par  dehors.  Les  Payians  taillent  la  pre- 
mière écorce  de  cet  arbre  ,    8c  en  tirent  une  efpèce 
de  chanvre ,  dont  ils  font  des  étoffes  groffières.  V  en- 
fade  croît  aulîî  fort  bien  aux  environs  de  Goa  ,  &  en 
d'autres  endroits  des  Indes.  On  en  fait  des  pavillons 
pour  prendre  le  frais,  en  coupant  les  rejetons  ,  & 
les  pentes  branches  qui  embarraffent  la  terre.  Quel- 
ques-uns appellent  cet  arbre  enxenda  ,o\x  enfandra. 
Se  les  Siamois  ^  co-pai. 
ENSAFRANER.  v.  a.  Teindre  en  fifran.  Crocoinfice- 
re  ,  tingere.  Pomey.  Il  efc  effacé  dans  lesaddirionsdu'. 
Dictionnaire  de  l'Académie.  Effedtivement  on  ne 
s'en  fert  guère ,  peut-être  parce  qu'on  n'en  a  pas 
beaucoup  d'occafions. 
|!CT  ENSAISINEMENT.  f.  f.  Terme  de  Jurifpruden- 
ce.  Mife  en  poffeilîon  civile  j  inveftiture  que  donne 
le  Seigneur  Féodal  d'un  héritage  mouvant  de  lui , 
fur  la  notification  &  exhibition  du  contrat  d'acqui- 
fition. Autrefois  on  ne  devcnoit  propriétaire  d'un  hé- 
ùtage  que  par  la  formalité  du  Devejî  &c  du  p'ejl. 


EN  S 

l''oyei(  ces  mots.  C'eil-à-dire  ,  qu'il  filloit  que  le 
vendeur  le  tût  deffaifi  entre  les  mains  du  Seigneur, 
qui  inveliiUoit  l'acquéreur  ,  c'elt-à  dire  ,  lui  don- 
noit  la  polk-iiion  ou  failine  :  d'oùeft  vanixenful/irie- 
menc  Se  enjuiji/ier. 

ifT  Y!enjaij\nement  fe  met  à  la  marge  du  contrat. 
Se  le  donne  fous  feing  privé ,  par  le  Seigneur ,  ou 
autre,  ayant  charge  de  lui.  Le  droit  eft  de  douze 
deniers. 

CK?  \J enfaïjjnement  ne  concerne  que  les  biens  eu 
rorure.  Cette  formalité  pour  les  fiels  s'appelle  inféû  ■ 
dadon.  f-'oye-  ce  mot. 
§CF  Ensaisinement  des  rentes  conftituées.  Formai' té 
qui  fe  pratique  dans  quelques  coutumes,  à  l'effet  dfc 
donner  la  préléience  à  celles  qui  lont  enfaifinées  fur 
celles  qui  ne  le  font  pas,  ou  qui  ne  l'ont  été  qu'ap  es 
quoique  conibtuées  antérieurement.  On  enfaifine 
les  contrats  de  rentes ,  comme  les  contrats  d'acqui-. 
lition  parce  cju'anciennement  elles  étoient  regar- 
dées comme  emportant  aliénation  des  fonds  ,  pouc 
lefquels  il  lalloit  Deveft  &  Veff  ,  dellaifine  &  fai- 
fine.  Ferr. 
ENSAISINER.  v.  a.  Recevoir  l'exhibition  d'un  fon- 
tr.at  d'acquifition  d'un  héritage  dépendant  de  fa  Sei- 
gneurie. Un  Seigneur  ne  peut  plus  prétendre  ds 
droits  Seigneuriaux  du  pallé  ,  depuis  qu'il  a  enjai~ 
Jinean  contrat.  On  lait  ordinairement  erifaifiner  uh 
contrat ,  en  payant  les  Droits  Seigneuriaux.  Il  ell: 
même  avantageux  à  l'acquéreur  de  le  faire,  quoi- 
que le  Seigneur  ne  puiffe  pas  Fy  contraindre  ;  parce 
que  l'an  Se  jour  pour  le  retrait  lignager  ne  coure 
que  du  jour  de  l'enfaifinement;  mais,  depuis  l'Edic 
des  Infinuations,  l'an  Se  jour  ne  court  que  du  jour 
de  l'infinuation.  Autrefois  Enfaifincment  fignifioit 
feulement  Meure  en  pojfcjjion. 
EnsaisinÉ  ,  ÉE.  part. 

ENSANGLANTER,  v.  a.  Rendre  fanglant  ;  couvrir  , 
tacher  de  fang.  Cruentare  ,  oblinire J'anguine ,  cruore 
tingere.  Il  lui  eff  venu  un  faignement  de  nez  qui  a 
enJl;ngLinté  fon  linge ,  fes  habits. 
Ensanglanter,  fe  dit  figurément ,  en  parlant  des 
meurtres,  des  carnages.  Hérode  a  enjanglantc' {qs 
mains  du  fang  des  Innocens.  Ce  Prince  fut  débon- 
naire, il  ne  voulut  point  cnfanglanter  fon  règne.  On 
dit  qu'un  Prince  a  enfanglante  ion  règne  ,  pour  dire 
qu'il  a  été  cruel ,  &  qu'il  a  fait  mourir  beaucoup  de 
monde.  Ac.  Fr. 


Oui  j  fans  frémir  ,  j'irai  dans  fon  perfide  cxur^ 
Moi-même  cnfanglanter  L'image  de  ma  fœur. 

Corn. 

Ensanglanter.  Ce  motj  quand  il  eft  queftion  de 
Tragédie  ,  veut  dire  ,  Reprélenter  un  meurtre  fur 
le  tliéâtre,  y  tuer  ,  faire  mourir  quelqu'un.  C'eft 
une  règle  du  Pocme  Dramatique,  qu'il  ne  faut  point 
cnfanglanter  la  fcène. 

Nec  pueras  coram popula  MedsLa  irucidei. Hor, 

Ensanglanté  ,  ée.  part. 

Ensanglanté  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  du  pé- 
lican ,  Se  autres  animaux  finglans. 

Ip-  ENSEIGNANT,  ante.  part.&  .idj.  L'Eglife  e«- 
feignante  y  Hcclef  a  docens.  Tevm&  Dogmatique.  Or» 
entend  par-là  dans  l'Eghfe  Romaine  le  Corps  des 
premiers  Pafteurs,àqui  Jesus-Christ  a  dit:^//t;j, 
enfei^ne^  toutes  les  Nations  ^  voici  que  je  fuis  avec 
vous  jufquà  la  confommation  des  fiècles.  Il  a  été  de 
la  Providence  de  Dieu  qu'il  y  eût  dans  l'Eglife  un 
Tribunal  vifible  ,  pour  donner  le  vrai  fens  de  l'E- 
cricure;  &  la  même  Providence  doit  veiller  iur  ce 
Tribunal  ,  afin  qu'il  ne  s'égare  poinr.  Mais  quel 
eft-il  ce  Tribunal  ,  finon  l'Eglife  enfeignanre  ,  finort 
le  Corps  despremiersPafteurs,  héritiers  Se  luccef- 
feurs  des  Apôtres? 

ENSEIGNE,  f.  f.  Tableau  ,  marque  publique  &  évi- 
dente qu'on  met  en  quelque  endroit  pour  trouver 
quelque  perfonne ,  ou  quelque  choie.  Sigaum ,  ia- 


ENS        ■      ^  ENS  73  j 

figne.  Les  Marchands  metrenc  une  enfelgne  à  leurs  ^     entendre  qu'elle  contient  quarante- cinq  aunes, 
boutiques,  afin  qu'on  les  reconnoille.  Ils  envelop-  !  Enseigne  de  pierreries  j  le  dit  d'un  ornement  où  plu 


peut  leurs  marchandifes  dans  une  image  de  leur  en 
J Signe.  Ils  payent  un  droit  au  Voyer  pour  pofer  leur 


fieurs  pierreries  font  enchàllees.  Monde  jiiuclUe  ex 
adamanubus  j  ex  gcmnns  adamamcs  umoilicati  corn- 


enjeigne-,  pour  changer  d'cnjeigne.  Les  armoiries  des  1     pacliles.  C'étoit  autrefois  uneefpèce  d'aigrette  qu'on 

nouvelles  inailons  font ,  la  plus  grande  partie,   les!      porroit  au  chapeau. 

c/2/£/^«ejde  leurs  anciennes  bouriques.  Men.  truand  (Enseignes  ,  au  pluriel  j  fe  dit  des  preuves  ,  d 


c 


on  vend  une  maifou ,  pour  la  déiigner ,  on  du  ,  ou 
pend  pour  e/z/tv^'^i.',  &c.  Il  elt  détendu  aux   Mar- 
chands &c  aux  Artiians  de  changer  ou  d'ufurper  les 
enfeignes  ou  les  marques  les  uns  des  autres. 
Ce  mot  vient  de  injigne.  Nicot. 
Enseigne,  eft  aulÏÏ  un  figne  militaire  fous  lequel  fe 
-rangent  les  foldats  ,  félon  les  diftcrens  corps  dont 
ils  font ,  ou  les  ditiérens  partis  qu'ils  luivent.  isïdi- 
tarefignum,  vexdlum.  Les  enfeignes  des  Chinois  fon 
des  quelles  de  cheval.  Celles  des  Européens  font 
des  drapeaux  de  tatetasdediverfes  figures,  couleurs, 
armes  &;  devifes.  Xénophon  dit  que  les  Perles  por- 
-toient  pour  enfeigne  un  aigle  d'or  dans  un  drapeau 
blanc.  Les  Corinthiens  portoienc  le  cheval  ailé  , 
ou  Pégafe  j  dans  les   leurs  j   les   Athéniens,  une 
chouette  ;  les  MelFéniens,  la  lettre  Grecque  M; 
\q%  Lacédémoniens  le  ^.  Les   Romains  ont  eudiver- 
iQ%  enfeignes  ,  de  la  louve  ,  du  minotaure  j  d'un  che- 
val ,  d'un  fanglier ,  jufqu'i  ce  qu'ils  s'arrêtèrent  d 
l'aigle  ,  la  féconde  année  du  Confulat  de  Marins. 
En  ce  lens  on  dit ,  qu'un  homme  combat  fous  les 
.    enfeignes  d'un  autre  \   pour  dire  ,  qu'il  elt  de  fon 
parti  3  qu'il  marche  fous  iés  enfeignes.  Certe  garni- 
ion  elT:  fortie  tambour  battant,    èc  enjeignes   dé- 
ployées. Quand  on  remarque  des  enfeignes  vriXm^xix.^s 
lur  les  médailles  des  Colonies  Romaines,  cela  mar- 
que une  Colonie  peuplée  de  vieux  foldats.  Enfeigne 
a  fignihé  autrefois  un  cri  de  guerre  qui  fervoit  à 
rallembler  les  troupes  dans  la  mêlée  j  &  à  leur  en- 
feigner  le  drapeau  fous  lequel  elles  dévoient  fe  ran- 
ger. On  difoit,  crier  fon  enfeigne  \  pour  dire  j  faire 
fon  cri. 
%fT  Enseigne  ,  eft  un  terme  générique  ,  dont  les  ef- 
pèces  lont,  chez  nous ,  le  drapeau  pour  l'Infanterie  , 
&  r étendard  pour  la  Cavalerie. 
JEnseigne.  f  m.  Signifie  aufli  un  Officier  d'Infanterie 
qui  porte  \ enfeigne  ,  le  drapeau  \  &  dans  la  Cava- 
lerie, celui  qui  porte  l'étendard  s'appelle  cornette. 
Signifer ,  vexillijer.  Dans  les  Compagnies  Suides  il 
y  a  un  Enfeigne  &  un  Porte  enfeigne  qui  eft  fous  lui. 
Dans  les  autres  Corps  j  il  n'y  a  que  deux  enfeignes 
par  Régiment.  Un  enfeigne  Colonel.  Dans  le  Régi- 
ment des  Gardes  il  y  a  un  Enfeigne  pa.v  Compagnie.  : 
Il  y  a  auih  des  enfeignes  dans  la  Cavalerie.  Dans  les 
Gardes  du  Corpsily  en  a  trois  par  Compagnie  j  dans 
les  Gendarmes  j   un  Enfeigne  Se  un  Guidon  ;  dans 
les  Moufquetaires,un  Enjeigne  &c  un  Cornette. Il  y  a 
aulli  des  Enfeignes  fur  les  yailfeaux.  En  général ,   &  \ 


es  ti- 


tres de  quelque chofe,  du  mérite  d'une  affaire.  Jr- 
gumcmuin  ,^docMncnium.  Cet  homme  eft  noble  à 
hom\t%  enfeignes  ,  il  a  bien  des  titres  pour  cela.  Si 
on  l'a  fait  Maréchal  de  France  ,  c'eft  à  bonnes  enfei- 
gnes ,  il  l'a  bien  mérité  ,  il  a  bien  fervi.  Non  in- 
juria !  jure  ac  merito. 
Enseignes,  fe  dit  aulli  des  marques ,  des  indices  qui 
fervent  à  jfaire   reconnoître  quelque  chofe  ,  pouc 


n  être  point  trompé.  Je  vous  ai  vu  en  telle  occalion, 
aux  enfeignes  que  vous  y  fûtes  blelTé  ;  &  quidem  _, 
6  eo  quidem  argumento  ,  &c.  Ne  donnez  ce 
dépôt  qu'à  ceux  qui  le  viendront  demander  à  telles 
&  telles  enfeignes.  Je  crains  qu'on  ne  le  vienne 
prendre  à  faulfes  enfeignes.  FalJ'o  nomine.  Vous  ne 
in'avez  pas  donné  de  bonnes  enfeignes.  Un  homme 
inconnu  vient  me  demander  .à  taulfes  enfeignes. 
Bussî.  J'ai  vu  M.  qui  fe  portoit  fort  bien  ,  aux  e/i- 
feignes  qu'il  me  demanda  un  jugement  pour  un  ca- 
valier qu'il  répétoit.  Id.  h\QC  ces  enfeignes  je  don- 
nerai alïèz  à  entendre  qui  elle  eft.  Voit-  Toutes  ces 
fiiçons  de  parler  ne  font  pas  du  ftyle  noble. 

Ce  mot ,  au  pluriel  ,  fe  dit  encore  pour  les  armes 
d'un  peuple,  d'une  nation. Il  porta  nos e/z/Ivo/iej  au- 
delà  de  l'Elbe.  Signa  _,  arma.iKhL. 
Enseigne  ,  s'emploie  auflî,  hgurément,  pour  marquer 
la  profeilion  ,  ou  l'occupation  de  quelqu'un.  On  ne 
palfe  point  dans  le  monde  pour  fe  connoître  en  vers. 
Il  l'on  n'a  mis  ï enfeigne  de  Poète,  ni  pour  habile  en 
Mathématique  j,  n  Ion  n'a  mis  V  enfeigne  de  Mathé- 
maticien. Mais  les  honnêtes  gens  n'ont  point  à' en- 
feignes :  ils  font  de  tout.  Le  Ch.  de  M. 
Enseigne,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On 
dit  qu'un  homme  eft  logé  à  V enfeigne  de  la  lune^ 
qu'il  a  couché  à  {'enfeigne  de  la  belle  étoile  ,  pour 
dire,  qu'il  n'avoir  point  de  logis  ,  qu'il  a  couché 
dehors.  Sub  dio.  On  dit  aufti  d'un  méchant  portrait, 
d  un  méchant  tableau  j  qu'il  eft  bon  à  faire  une  en- 
feigne à  bière  ,   parce  que  ces  fortes  A' enfeignes  font 
toujours  très- mal  faites. 
ENSEIGNEMENT,  f  m.  Ce  qu'on  montre  ,  ce  qu'on 
apprend  aux  autres  ,  infttuétion  que  l'on  donne, 
précepte.  OoeumentunijinJ^itutio.  Cet  enfanta  bien 
profité  des  enfeignemens  de  fon  maître  ,  il  a  bien  re- 
iex\\x{e%  enfeigne!fiens..   Il  eft  un  peu  vieux  ,  &  ne 
laiife  pourtant  pas  d'être  bon  dans  le  ftyle  élevé  & 
oratoire,   fur  tout  dans  les  chofes  morales.  Ils  y 
puifent  de  filutaires  enfeignemens.  Bourd.  Exh.  T. 

l.  p.  \ÇjO. 

tant  fur  mer  que  fur  terre,   XEnfeigne  eft  un  Offi- ;  Enseignement  ,   fe  dit  auflî  des  preuves  que  l'on 


cier  major  qui  obéit  au  Lieutenant,  &  qui  a  par 
fubordination  ,  &  en  fon  abfence ,  les  mêmes  fonc- 
tions que  lui. 

Enseigne  ,  en  termes  de  guerre,  fe  prend  quelquefois 
pour  toute  une  Compagnie.  Cohors,  turma.Qn  leva 
dix  Enfeignes  d'Infanterie.  P.  Daniel.  Hijl.  de  la 
Mil.  Franc. 

Enseigne  ,  chez  les  Turcs  s'appelle  Baietaolar.  Il 
porte,  dans  les  JanilTaires,  un  drapeau  moitié  rouge 
&  moitié  jaune,  avec  deuxépées  en  fautoir. 

Enseigne,  fe  dit  aufli  de  la  charge  ,  aulli  bien  que  de 
l'Officier.  Il  a  vendu  fon  enfeigne. 


donne  de  quelque  chofe  j  par  titres  ,  pièces  ou  au- 
tres indications.  Dans  ce  fens,  il  eft  fouvent  joiric 
avec  le  mot  titre.  Cette  partie  a  jullifié  fon  droit  par 
de  bons  titres  &  enfeignemens.  On  a  fait  un  vol  i\~ 
gnalé  ,  &.'ona  publié  monitoire  pour  en  avoir  quel- 
ques preuves  ou  enfeignemens. 
ENSEIGNER.  V.  a.  Indiquer ,  montrer  une  chofe  a 
quelqu'un  ,  lui  en  donner  connoiflance.  Docere ^ 
commonflrare.  S.m\  alla  chercher  Samuel ,  afin  qu'il 
lui  enfeignât  où  il  pourroit  trouver  les  ânelfes  de 
fon  père.  L'étoile  enfigna  aux  Mages  le  chemin  de 
Bethléem.  Quand  elle  eut  difparu  à  leur  vue  j   ils 


Enseigne,  f  f.  En  termes  de  Marine ,  fe  dit  du  pavil-       s'adrefsêrent  à  Hérode  ,  afin  qu'il  leur  enfeianucoh 
I  „  V      ,,i         r.._  I T  '...r.  -.^-  J.  ^j.q:j.  jg  fi^QJ  ^^j  Juifs.  Les  Anciens  nous  ont  enfei- 

gne \e  chemin  pour  pénétrer  dans  les  fciences. 

Ce  mot  vient ,  félon  Saumaife,  de  infinuare,  dont 
les  Latins  fe  font  fervis  en  cette  lignification.  Mé- 
na'^e  croit  qu'il  vient  de  infignare  ,  qu'on  a  fait  de 
fignum. 
Enseigner,  Relativement  à  la  culture  d'efprit ,  c'eft: 
uniquement  donner  des  leçons.  Apprendre  ,  c'eft 
donner  des  leçons  dont  on  profite.  On  fe  fert  prin- 
cipalement de  ces  deux  verbesj  lorfqu'il  eft  queftion 


Ion  que  l'on  arbore  fur  la  poupe.  \J enfeigne  de  pou 
pe  eft  un  drapeau  qu'on  met  à  l'arrière  du  vailfeau , 
pour  marquer  qu'il  eft  d'une  relie  nation.  En  France 
\ enfeigne  de  poupe  des  vailTeaux  de  guerre  eft  blan- 
che j  &  celle  des  vailleaux  marchands  eft  bleue.  Le 
bâton  à' enfeigne. 
Enseigne.  Terme  de  Manufacture  de  draperie  ,  qui 
fignifie  unfe  certaine  mefure  de  drap  ,  qui  revient  à 
trois  aunes  de  France;  enforte  que,  quand  on  dit 
qu'une  pièce  de  drap  eft  de  quinze  enJeignes,on  doit 


^^G  EN  S 

des  Arts  &  des  Sciences.  Voye\  encore  iNSTRurRE. 
Il  taiu  lavoir  à  tond  pour  êcre  en  état  à^enjeigner.  Il 
faut  de  la  méthode  &  de  la  clarté  pour  apprendre 
aux  autres.  Voyei  IcsSyn.  Fr.  Les  Maîtres  d'école 
enfcignenc  à  lire  èc  à  écrire  aux  enfans.  Les  Prêtres 
leur  enfeignent  le  Catéchifme.  Les  Régens,  les  Pro- 
felleurs  ,  leur  cnfeigneniXts  Humanités,  laPhilolb- 
phie.  11  y  a  de?  Maîtres  qui  cnjagnenc  le  Droit ,  les 
Mathématiques,  les  Arts,  à  daufer ,  à  voltiger,  à 
peindre  ,  à  chanter  ,  &c.  C'ell  une  bonne  œuvre 
d'enfàgner  les  ignorans.  On  dit  aulîî .,  les  Stoiques 
enfeignent,  c'eft- à-dire  j  font  profelîion  d'une  telle 
tloctnne.  Enfeignei  la  vertu  fans  la  pratiquer  ,  c'ell: 
une  v.anité  de  Philosophe  :  la  pratiquer  ians  Vcnfei- 
gner  ,  c'eft  une  dévotion  louable  ,  mais  ftérile.  Fl. 

On  dit ,  proverbialement ,  que  les  animaux  nous 
enfeignent i  vivre,  pour  dire  ,  que  les  Savans  peu- 
vent apprendre  des  ignorans.  On  dit  auiii ,  que  la 
nature  nous  irifeignc  notre  devoir. 

Enseigné  ,  ée.  part. 

ENSEIGNEUR.  f.  m.  Vieux  mot.  Qui  enfeigne  ,  qui 
fait  connoître,  qui  déclare  quelque  chofe.  Index  , 
monjlrdtor. 

Si  la  /'■'•^vei  jfoyei  m'en  enfeigneurs.  Marot. 

ENSEL.  Terme  de  Chirurgie.  On  appelle  cautère  en- 
Je/ ,  un  cautère  qui  a  la  pointe  faite  comme  celle 
d'une  épée. 

Le  nom  d'^/?/e/ vient  du  Latin  enjîs  ^,  cpée. 

ENSELLE,ÉE.  adj.  ou  plutôt  participe  du  vieux  verbe 
Enfeller  ,  qui  n'eft  plus  en  uiage.  Terme  de  Manè 
ge  ,  qui  fe  dit  d'un  cheval  dont  le  dos  creufe  ,  dont 
Je  dos  ell:  enfoncé  comme  le  liège  d'une  felle  j  & 
iur  lequel  il  ell  par  cette  raifon  très-difticile  d'ajuf- 
terla  felle.  Les  chevaux  e«y£;//t.j-  lont  relevés  de  cou 
&  de  tète  3  &  ont  les  reins  bas  :  c'ell  pourquoi  ils 
couvrent  bien  leur  homrnre. 

Enseli.é  ,  eft  aufli  _,  par  métaphore  ,  un  terme  de  Ma- 
rine. On  .appelle  un  vailfeau  enfetlé ,  celui  dont  le 
milieu  eft  bas ,  &:  les  deux  extrémités  relevées  j 
comme  font  les  gondoles  de  Venife  ,  qui  font  rele- 
vées de  l'avant  &  de  l'arrière ,  en  .forte  que  leurs 
précintes  paroillent  plus  arquées  ou  courbées  que 
celles  d'un  autre  vailfeau.  C'eit  de-là  qu'un  vailleau 
e^^//e  s'appelle  auili  vailfeau  gondolé. 

ENSEMBLE,  adv.  L'un  avecl'aurre.  Unà ^Jimul ^pa- 
riter.  Aller  tous  eujemkk  ,  c'eft-à-dire  ,  Aller  de 
compagnie.  0\\  difoit  autrefois  enfemblement.  Mê- 
ler tout  enfemble,  c'eltà-dire.  Mêler  l'un  avec  l'au- 
tre. Ce  font  des  perfonnes  difcrétes  ,  &  vous  pou- 
vez ici  vous  expliquer  cnfeinble.  Mol.  Ils  font  for- 
ris  enfemhle.  Corn.  Acheter  tout  enfemble  ,  c'elt-à- 
dire  ,  en  tâche  &C  en  bloc.  Cicéron  ell  tout  enfemhle 
bon  Orateur  &  bon  Philofophe  ,  juxcà  ,  aquè.  Il 
eft  difficile  d'allier  enfemble  le  monde  &  la  vertu. 
Nie.  Ces  deux  pièces  vont  enfemble  ,  c'eft-à-dire  , 
ne  fe  féparent  pas. 

Ce  mot  vient  de  in  Scfmul.  Mén. 

Ensemble  ,  en  termes  de  Manège  ,  fe  dit  d'un  cheval 
qui ,  en  marchant  j  approche  fes  pieds  de  derrière 
de  ceux  de  devant,  en  forte  que  le  devant  eft  léger, 
&c  que  les  hanches  foutiennent ,  en  quelque  ma- 
nière ,  fes  épaules.  On  dit ,  Mettre  bien  enfemble 
un  cheval ,  le  mettre  bien  fous  lui ,  quand  on  le 
inet  fur  les  hanches  j  l'obliger  à  ralTembler  les  par- 
ties de  fon  corps  &  fes  forces  ,  en  les  diftribuant 
également  fur  les  quatre  jambes. 

IJCT  Ensemble,  f.  m.  Terme  ullté  dansplufieurs  Arts. 
Il  fe  dit,  généralement,  de  l'union  des  parties  d'un 
tout.  Ainfi  il  ne  défigne  pas  proprement  la  perfec- 
tion ,  mais  feulement  l'alfemblage.  L'enfemble  peut 
être  bon  ou  mauvais. 

On  dit  ,  en  Architeéture  j  l'enfemble  d'un  bâti- 
ment, pour  en  fignifier  la  malle  j  &  quelquefois 
pouf  marquer  la  proportion  relative  des  p.irties. 
Tous  ces  corps  de  logis  font  un  très-bel  enfemble. 

En  Sculpture  ,  on  dit ,  Pour  juger  bien  d'u^n  ou- 
vrage ,  d'une  ftatue  ,  il  faut  d'abord  examiner  fi 


EN  S 

\enfcnible  en  efi:  bon  ,  par  une  jufte  proportion  des 
parties. 

On  dit  tout  de  même  ,  en  Peinture  ,  Tout  enfem- 
ble. Le  tout  enjemble  d'un  tableau  ell  l'harmonie 
qui  rélultede  la  diluibution  des  objets  qui  le  com- 
pofent.  Cette  peinture  ,;ce  tableau  ell  beau  partie  à 
partie  \  mais  le  tout  enfembU  y  ell  mal  entendu.  P. 

Mf  NESTRIER. 

ifT  Ce  mot ,  afïe6lé  d'abord  aux  ouvrages  de 
l'art ,  a  palfé  par  analogie  aux  ouvrages  d'elpnt ,  & 
fe  du  d'un  fyltème  ,  d'un  pocmej&c.  pour  deligner 
l'union  des  parties  du  tout ,  &c  leur  correfpondance 
réciproque.  Dès  que  Racine  s'annonça,  on  entrevit 
ces  beautés  de  \enfcmble  ,  cim  lorment  le  caractère 
dilhnttif  de  ce  célèbre  Poète.  Dans  le  Pocme  Epi- 
que j  les  épifodes  ne  font  pas  elïentiellement  liés  à 
l'adlion  principale  ,  le  Pocme  n'aura  plus  cette 
unité,  cet  enjenihle  qui  enchante  &C  qui  ravit. 

ENSEMBLEMENT.  adv.  Vieux  mot.  Pareillement  , 
tout  d'un  temps.  Onadit  aulfi  iînjèmcnt  dans  le  mê- 
me fens.  On  dit^  préfenrement,  Enfemble,  conjoin- 
tement. Simul ,  conjunclim, 

ENSEMENCEMENT,  f  m.  Adion  d'enfemencer. 
Sementis.  L'abondance  des  pluies  dans  le  Royaume 
de  Portugal  ayant  empêché  les  Paylans  de  travail- 
l:-rà  len/'emencement  îk  X  la  cahiUQ  des  terres  j  Sc 
ayant  rendu  la  plupart  des  chemins  impraticables  , 
prefque  toutes  les  denrées  néceiraires  à  la  vie  y  font 
d'un  prix  exceilif...  Merc.  de  Mai  ly^S, 

ENSEMENCER,  v.  a.  Jetet  de  la  femence  fur  des 
terres  la'bourées  ,  &  en  faifon  convenable  ,  pour 
les  laite  rapporter.  Sementemjacere  ^  confrère.  La 
récolte  appartient  à  ceux  qui  ont  enfemencé  les  ter- 
res. Quelques  Fermiers  les  reçoivent  toutes  erfc- 
mencées.  Koye\  Semence. 

Ensemencé  y  ee.  part. 

On  dit  aulfi  ,  au  figuré  ,  de  l'efprit  d'un  jeune 
homme  à  qui  on  donne  de  bpnnes  inllruèlions,  que 
c'cll  une  terre  qui  a  été  bien  enfemencée. 

?]3'  Ensemencer  ,  Semer  ,  conddérés  dans  une  figni- 
fication  fynonyme.  f/J^ewertcf:  arapportà  la  terre, 
fenur  au  grain.  On  enfemencé  un  champ.  Onfeme  le 
grain.  Enjcmencer ,  ne  fe  dit  que  des  grandes  pièces 
de  terre  préparées  par  le  labourage.  L'on  enfemencé 
ks  terres  &:  non  fes  jardins.  Une  autre  différence  , 
c'eft  qnenfemencer  ne  fe  dit  que  dans  le  fens  pro- 
pre ;  femer ,  dans  le  fens  propre  &  dans  le  fens  fi- 
guré. 

ENSEMENT.  Vieux  adv.  Sûrement ,  enfemble. 

EN-SEMÈS.  Nom  de  lieu.  En-femes ,  ou  En-Sche- 
mefch  ,  c'ell-à-dire  ,1a  Fontaine  du  Soleil  :  c'étoient 
des  eaux  qui  étoient  fur  les  confins  des  Tribus  de 
Juda  ^  de  Benjamin.  Jof  XV.  7. 

ENSEPULTURE  ,  ee.  adj.  Qui  eft  mort ,  qui  eft  au 
tombeau.  Sepeiitns  ,  terrji  mandatas.  Ce  mot  eft  à 
fa  place  ,  quand  il  fe  trouve  en  la  compagnie  de 
plulicurs  autres  qui  ne  font  pas  moins  vieux  , 
comme  dans  ces  exemples  : 

A  tantfe  tut  le  Normand  Philofophe ^[S.  Evremond) 
De  fon  temps  gentil  Clerc  ,  ains  gaudifjeur  juré , 
Etquepieca,  dit- on  ,  avie:[  pour  tout  Cure  , 
Mais  dont  prônes  meshuy  pas  ne  font  de  l'étoffe 
D'un  Pafeur  enfépulturé .... 

Le  Comte  d'Hamilton  , 
Epitre  au  Chevalier  de  Grammonti  Qiuvres  de  l'^ibbé 
de  Chaulieu. 

ENSEPULTURER.  Vieux  v.  a.Enfevelir,  mettre  au 
fépulcre.  Sepelire  ,  tumularc.  Madame  de  Seélej  qui 
étoit  confine  germaine  dudiél  Meiîire  Gautier  de 
Briennej  print  les  os  dudiél  feu,  &  les  fit  enfépulturer 
en  l'Eglifede  l'Hôpital  d'Acre.  Joinville. 

ENSERRER,  v.  a.  Ce  mot  vieillit.  Il  fignifie,  enfer- 
mer dans  quelque  enceinte.  Claudere  ,  condere  ,  ab- 
dere ,  recludere.  La  mer  enferre  tout  le  globe  terref- 
tre.  La  terre  enferre  dans  fon  fein  bien  des  tréfors, 
c'eft-à-dire  ,  ils  y  font  enfermés.  Ce  divin  Efprit  , 

que 


E  N  s 

t}'ae  rien  r\  enferre  3  vole  par  rout.  Voit.  De  ce  qnc 
le  ciel  enferre,  il  n'eft  rien  qui  loir  fans  amour.  ïn. 

i^  E.MSERRtR.  Terme  de  j.irdui.ige.  Renfermer  dans 
une  ferre,  i^.r.firrer  des  orangers  ,  ou  des  plantes dé- 
hcares  quand  le  hoid  approche;. 

Enserre  ,  ee.  parr.  Autret-ois  on  diloic  erfcrrc  pour 
empcché ,  qui  eft  en  peine. 

ENSEVELIR,  v.  a.  Envelopper  un  corps  mort  dans  un 
drap,  dans  un  fuaire,  pour  lui  donner  enluite  la  fé- 
pulc.ire  dans  la  terre.  Sepelire.  Ceft  un  adbe  d'hu- 
manité à'enjevelir  les  morts.  Tobie  &  quelques  au- 
tres Hébreux  ont  montre  un  grand  zèle  pour  enfe- 
vef/rlcs  morts.  Lailfez  aux  morts  le  ioui  d'enfvelir 
leurs  morts.  Port-R. 

Ensevelir,  lignifie  aulfi  j  Enterrer  un  mort.  Inhu- 
ri.irj  j  inf erre  ,mandare  terra.  Les  Chrétiens  erfevc- 
liffent  leurs  morts  ,  les  enterrent.  Les  Romains  &  les 
Orientaux  les  briiloient ,  au  lieu  de  les  enfevelir.  On 
a  dit  autrefois  en  ce  lens  j  enfépulturer. 

Ensevelir  ,  fe  dit  figurément,  en  parlant  des  corps 
abymcs  ,  abforbés  ,  ou  péris.  Ahforhere  ,  kaunre. 
Tout  cet  équipage  a  été  enjeveli  dans  les  ondes  avec 
le  vailFeau  &c  les  marchandifes.  Cette  ville  a  enfe- 
veli  tous  fes  habitans  fous  fes  ruines ,  par  un  trem- 
blement de  terre.  L'Infidelle  tremble  à  l'approche 
de  vos  flottes,  &  croit  fe  voir  enfevelir  fous  les  rui- 
nes de  fes  Mofcjuces.  Bourdal. 

Ensevelir  ,  fe  dit  auiiien  Morale,  Se  fignifie  ,  Abo- 
lir ,  perdre  j  plonger.  Abolere  ,  iinmergere ,  opprime- 
re,  obruere.  Les  plus  grandes  aétions  font  avec  le 
temps  cnfevelies  dans  un  protond  oubli-  Sa  gloire  a 
été  enftvelie  avec  lui.  Il  faut  enfevelir  la  mémoire 
des  grands  crimes.  La  piété  efl  comme  étouffée  & 
erfevelie  fous  la  pompe  des  cérémonies.  Cl.  Sa  rai- 
fon  étoit  étouffée  &:  enfevelie  dans  le  vin.  Combien 
y  a-t-il  de  vérités  cjui  lont  cachées  ,  &  comme  en- 
fevelies  dans  l'Ecriture  ?  Nic, 

Ces  tréfors  dont  le  Ciel  voulut  vous  embellir , 
Les  ave\-vous  reçus  pour  les  enfevelir  ?  Racine. 

On  dit  auiïi  qu'un  homme  eft  enfeveli  dans  un  pro- 
fond fommeil ,  quand  il  dortprotondément.  Somno 
fepultus. On  ledit  aullî  dans  une  grande  léthargie.On 
dit  au!li  de  celui  quis'enierme  dans  un  Hermitage  , 
ou  qui  fe  retire  du  monde  ,  qu'il  fe  va  enfevelir  àxns 
la  folitude.  Abl.  Il  ne  huit  pas  enfevelir  nn  beau  fe- 
cret  j  le  cacher  fi  bien  ,  qu'on  le  laide  perdre. 
Enseveli  ,  i£.  part.  &  adj.  Sepultus  j  immerfus. 

Alors  dans  le  plaifir  fon  cxur  enfeveli 
Ne  prétoit  à  fes  yeux  quun  regard  affoibli, 

vENSEVELISSEMENT.  f.  m.  L'adion  d'enfevelir.  Se- 
pultura.  h'enfevelijjement  des  morts  eft  au  nombre 
des  œuvres  de  miféricorde. 

ENSEUILLEMENT.  f.  m.  Terme  d'Architedure.  Ce 
mot  fe  prend  pour  l'appui  d'une  lenccre  au-deiïlis 
de  trois  pieds  :c'eft  pourquoi  on  dit  qu'une  fenêtte 
eft  à  5  ,  7  J  ou  S»  pieds  à'enfeuillement. 

ENSI ,  INSING.  Vieux  mots.  Ainfi  ,  auflî. 

ENSIMAGE.  f.  m.  Terme  de  ALinut-aclure  de  lainage, 
qui  fignifie  l'aétion  de  mettre  légèrement  avec  la 
main  du  Laindoux  fur  la  fuperficie  des  étoffes ,  du 
côté  de  leur  endroit,  afin  de  les  pouvoir  tondre  plus 
facilement ,  le  famdoux  aidant  à  faire  couler  les 
forces.  Voye-[  Ensimer. 

ENSIMER.  v.a.  C'eft  humederavecles  mains  d'huile 
oude  graiffe,  une  pièce  de  drap  ou  autte  étoffe, 
gour  la  pouvoir  tondte  de  plus  près  &  avec  plus  de 
facilité.  Il  eft  défendu  aux  Tondeurs  d'ufer  de  cette 
manœuvre.  Il  leur  eft  feulement  permis  d'adoucir  , 
avec  de  l'huile  d'olive  j  le  tranchant  des  forces  dont 
ils  fe  fervent  pour  leurs  apprêts.  Les  Tondeurs  fe 
fervent  quelquefois  pour  e/2,'î>72£r  d'une  compofition 
appelée  Flambart:  cetenfimage  leur  eft  encore  trcs- 
cxpreffément  défendu,  parce  que  les  ctoftes  ainfi 
Tome  m 


E  N  S 


737 


engraillées  perdent  de  leur  qualité.  Rcglcment  con- 
cernant les  Mantijùcîures 


a  dit  enfirfors  > 


ENSINC.  adv.  Vieux  mot.  Ainfi. 
ENSÎR.  V.  n.  Vieux  mot.  Sortir.  On 

pour  ,  fortir  dehors. 
ENSISHEIM  ,  que  nous  prononçons  Inci:{in.  Ville  de 
la  Haute-Alface,  dont  elle  étoit  autrefois  capitale. 
Enfiskemum.  Elle  eft   fur  la  rivière  d'Ill  j  à  quatre 
lieues  deBriiach  ,  du  côté  du  midi.MAXY.  M.  Cor- 
neille diz  L'nshe/m  ou  tnfsheim  •  mais  je  ne  trouve 
point  Ensheim  ailleurs.  Long.  15  d.   1'  55".  Latit. 
47  d.  51'  1". 
ENSOIGMANTES.  Ancien  terme  qui  fignifioit  conçu-, 
bines,  Chron.de  fland.  chap.  15    Cet  Empereur 
(  Frédéric  II  )  tint  plulîeurs  femmes  enfoignantes  ; 
en  Grec  «^'Oj^a? ,  >-iz'-t  àmoilix;. 
ENSORCELERENT,  f.  m.  Aélion  d'cnforcelcr ,  ou 
l'effet  qui  en  réiulte.  Maléfice  jeté   iur  quelqu'un 
par  un  art  prétendu  magique  qui  nuit  à  Ion  corps 
ou  trouble  i\  raifouj  ou  l'effet   prétendu  de  cette 
aétion.  l''oye-{  Sort,  h afcinatio ,venefcium.  Lespay- 
fans  appellent  enforcelemens  ,  les  maladies  de  lan- 
gueur que  les  Médecins  ne  peuvent  guérir. 
Ce  mot  fe  dit  aulfifigurémentpourim  entêtement  opim  a-- 
tre  ,  féduélion  d'efprir.  L'on  ne  peut  faire  aucun  cas 
de  ce  quidifpatoît  avec  tant  de  promptitude,fans  un 
véritable  enjbrcclement.   Ac.  de  la  Tr. 
ENSORCELER,  v.  a.  Jeter  un  fort  ou  maléfice  fur 
quelqu'un.  Fafcinare  ,  incantc.rc.    Quand  il  arrive 
quelque  maladie  aux  payfans  j  ou  .à  leurs  beftiaux, 
dont  on  ne  peut  découvrir  la  caufe,  ils  difent  cju'ils 
ont  été  enjorcelés.  Je  vous  prie  ,  Madame  ,  de  ne 
point  accabler  un  miférable  de  reproches:  affuré- 
ment  je  fuis  en  for  celé.  B.  Rab. 

^fj  Le  peuple  a  cuij  &  croit  encore  que  par  le 
moyen  d'un  fort  on  peut  altérer  le  tempérament  & 
la  fanté  ,  rendre  même  extravagant  &  turieux.  Mais 
les  gens  de  bon  fens  favent  que  tout  ce  qu'on  attri- 
bue à  un  fort  malicieufement  jeté  ,  n'eft  que  l'effet 
ou  d'une  mauvaife  conftitution,ou  d'une  application 
phyfique  de  certaines  chofes  capables  de  déranger 
l'économie  de  la  circulation  du  lang  ,  &  par  con- 
féquent  propres  à  nuire  à  la  fanté  &;  à  bouleverfer 
les  fonclions  de  l'ame. 

On  dit,  par  exagération,  d'un  homme  qui  eft 
fort  amoureux  d'une  femme  ,  qui  en  eft  teljemenc 
cocfté  qu'elle  le  gouverne  abfolument ,  qu'il  eft  c«- 
yùrtf/dj  qu'elle  Ta  enforcele. 


Un  foir  que  f  attendois  la  belle  , 
Qui  depuis  deux  ans  /«'enforcele 


Voit. 


E:4SorcelÉ  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Fafinatus. 

ENSORCELEUR,  f.  m.  Qui  enforcele.  Incantator ^ 
magus ,  vencficus.  Les  doux  appas  enforceleurs.  Voit, 
Cependant  l'Académie  efface  ce  mot  dans  fes  addi- 
tions, après  l'avoir  mis  dans  fa  Table. 

ENSOUFREK.  v.  a.  Enduire  de  foufre  quelque  vaif- 
feau.  Sulphure  illinere.  On  enfoufre  les  tonneaux  » 
quand  on  veut  tranfporter  du  vin  par  mer,  &  ea 
des  lieux  éloignés.  On  dit  plus  communémentyoa- 
frcr. 

ffy  Ensoufrer.  Expofer  les  laines  au  foufre.  Foye)^ 
Ensoufr.oir. 

Ensoufrf.,ee.  part.Ce  mot  wlanxàe fulphur^infulphurare. 

ENSOUFROIR.  f.  m.  Lieu  bien  fermé  ,  en  manière 
d'étuve ,  où  l'on  expofe  à  la  vapeur  du  foutre  les 
étoffes  de  laine  j  pour  leur  donner  le  blanc. 

ENSOUPLE.  f  £  On  dit  auffi  enfuble ,  &  plus_  com- 
munément e«/i^^/e.  Men.  D'autres  veulent  qu'ils  ne 
foient  tous  deux  en  ufagequepar  rapport.!  deuxdit- 
férentes  fortes  d'Ouvriers  :  enforre  que  les  Tiffe- 
rands  difent  enfouple  ,  &  les  Ferrandiniers  c^"/^/'/*. 
Quoi  qu'il  en  foit ,  c'eft  une  partie  du  métier  du 
Tifferand  ,  ou  d'autre  Artifanqui  travaille  en  tiffu. 
C'eft  le  cylindre  ou  le  rouleau  autour  duquel  on 
roule  le  filet  qui  doit  fervirde  cliainc  ou  de  lilfei 
la  toiie  ,  ou  à  l'étoffe  qu'il  rravaille.L'Ecriuue-fainte 
nous  a  dit  que  la  hampe  de  la  halebarde  de  GoUatU 

A  a  a  a  a 


T 


738  E  N  S     E  N    _ 

èioh  groiïe  comme  ïenfuplc  d'un  Tiileiand.  Ven-' 
jouuc.iu  elt  un  rouleau  oppofé  ,  fur  lequel  roule 
i'écofïe  à  meluie  qu'elle  le  ùu.  Il  but  que  l'ecorte 
demeure  quelque  temps  liir  Vcnfii  l:  pour  la  rendre 
plus  unie  ,  i3<:  empêcher  qu'elle  ne  le  gnppe  ^  qu'elle 
«e  fe  fronce. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Infuhida  ,  fignifiant  la  mê- 
me chofe^  comme  dit  Ménage  ,  après  Cujas. 

Ensouple  ,  elt  auili  un  terme  de  Brodeur.  On  appelle 
ainfi  ces  colonnes  de  bois  percées  ,  au  travers  des- 
quelles pailent  des  lattes  ,  &c  fur  quoi  travaille  le 
Brodeur. 

ENSOYER.  V.  a.  Terme  de  Cordonnier.  C'efl ,  atta- 
cher la  foie  au  bout  du  hl  pour  le  palier  plus  faci- 
lement dans  le  trou  qu'on  a  fait  avec  i'alène.  Setù^, 
afpero  pHo  munue  ,  armure.  Enjoyer  le  ril.  Du  hl 
azfoyé. 

ENbUÎiLE.  /-"oyc:;;  Ensouple. 

ENSUITE.  Prépohtion  ou  adv.  Dans  le  premier fens, 
il  ell  toujours  fuivi  de  la  particule  de  ,  &c  veut  dire 
.après  ,  enj'uiu  de  cela  ,  enfu'ue  de  quoi.  Quand  il 
eil  adverbe  ,  il  s'emploie  abfolument.  Enjuue  nous 
ferons  le  relte.  Vous  irez-là  enfuicc. 

ENSUIVANT.  Ce  mot  fe  trouve  dans  les  livres  de 
Palais  &  dans  les  procédures  de  Juftice  :  il  eft  ad- 
jedif&  participe  ,  &  veut  ^nsfuivanc  ,  qui  fuit. 
Secjuens  ,  jubjcquais.  Le  premier  Novembre  enfui 
vaut.  Primo  Juhj'equenùs  proxnnc  Novcmbris  dit. 
Cela  marque  le  mois  de  Novembre  de  l'année  dont 
on  parle-  Le  fécond  de  Juin  enfulvant  elle  tut  cou- 
ronnée. Maug.  On  dit  dans  les  procédures,  qu'on 
produit  en  enfulvcLnc  l'appointement  d'un  tel  jour. 
Ce  mot  eft  ici  un  géiondii:. 

ENSUIVRE.  (  S'  )  V.  récip.  Ce  verbe  n'eft  ufité  qu'en 
quelques  temps.  Il  fignihe  ,  êrreenfuite  j  venir  im-  \ 
médiatement  après  j  ou  bien  procéder ,  dériver  de. 
Seqià.  Il  a  appelé  de  cette  fentence  ,  de  ce  décret ,  \ 
Se  de  tout  ce  qui  s'en  eft  enfuivi.  Ce  Prince  a  pro- 
teilé  n'être  point  refponfable  de  tous  les  malheurs! 
<]ms(:::fuivroiem:  de  la  rupture.  La  belle  lui  lit  la  rc- 
ponfe  qiii  s'enfuit.  B.  Rab.  Lesaccidensqui  s't.vi/'l'i- 
virenc  fortifioient  l'acculation.  Vaug.  Le  comptede 
tutelle  eft  rendu  en  vertu  de  la  fentence  d'un  tel  jour 
dont  la  teneur  serfuit.  Après  avoir  reconnu  nos  iccl- 
lés  nous  avons  procédé  à  l'inventaire  ainfi  qu'il  s  en- 
fuie. La  mort  du  mari  peu  de  temps  après  s'en  enjuivic. 
MÉNAGE.  Un  urandbien  s'i^^yaii-vf  detousces  maux. 

Ensuivre  j  (  S' j  fe  dit  aulVi  dans  l'Ecole,  des  confé- 
quences  qu'on  pourroit  tirer  d'une  propohtion  ,  des 
eîFets  qui  pourroient  arriver  d'une  caufe  qu'on. au- 
roit  fuppofée.  Quand  on  pofe  une  chofe  abfurde  , 
mille  abfurdités  s'en  enfuiyent.  Woyiz  c  e  qu'il  s't/z- 
yà.vro.f  delà. 

On  s'en  fert  fouvent  à  l'iinperfonnel.  Il   s  enfui: 

de  là  que  ,  &c.  De  là  il   %erifuivoit  que  ,  &c.  Si 

vous  admettez  ce  principe  j  il  s'en  enfuivra  que  ^ 

&c.  De  ce  principe  il  s'enfuivroinw-i  contradiction. 

Ce  mot  vient  du  Latin  infequi. 

ifT  ENSUPLE.  Foye:^  Ensouple. 

E  N  T. 

ENTABLEMENT,  f.  m.  Terme  d"Architec1:ure.  C'eft 
le  dernier  r.rng  de  pierres  qui  eft  au  haut  d'un  bâti- 
ment fur  lequel  pofe  la  charpente  ou  la  couverture. 
Parieds  cjrona  ^  fuperdlium  j  crepido  j  lorici  if^g- 
grunii. 

Ce  mit  vient  de  tabulatum  ,  inuihulamentum. 
Quelques-uns  appellent  cette  force  ^entablement 
l'échappée  de  la  pluie  ,  &:  le  nomment  en  Latin//-'/- 

•  liddiiim.  On  dit  donc  j  cet  eitablcmentns.  pas  alfez 
de  portée,car  l'eau  tombe  fur  le  pied  de  la  muraille. 

Entablement,  fe  dit  aufll  à  Tégarddes  colonnes  ,  de 
la  partie  qui  eftau-dellusduchapiceau  ,  &:  quicom- 
prend  l'architrave  ^  la  frile  &c  la  corniche.  Le  mot 
â.' entablement  pris  en  ce  fens  s'appelle  en  Latin  tr.i- 
beatio  ,  &  quelques-uns  le  nomment  en  François 
travaifon.  \d entablement  eft  différent  félon  les  divers 
ordres  d'Archiceduie.  On  appelle  cntabUmsnt  re- 


E  N  T 

coupé  J  celui  qui  fait  retour  par  avant  corps  fur  une 
colonne  ou  pilaftre.  Voye^  Gueule  ou  Doucine» 

ENTABLER  ,  s'ENTABLER.  v.  récip.  Terme  deMa- 
nège  ,  qui  fe  dit  d  un  cheval ,  lorfque  fa  crouoe 
va  avant  les  épaules  j  lorfqu'il  manie  de  deux  pif- 
tes  ,  tant  fut  les  volces  que  fur  les  changemens  de 
main,  cheval   entablé ,   (\\û.  rentable. 

ENTACHER,  v.  a.  Intecter  ,  gâter  de  quelque  vice  , 
moral  ou  nacutel.  Inquinare  j  inficere  ,  Contaminare. 
Il  n'eft  guère  en  ufage  qu'au  participe.  Ils  ctoient 
er.taches  de  lèpre.  Cet  homme  eft  fort  entaché  d'hc- 
relie  ,  d'avance.  Il  étoit  entaché  àlnn  vilain  mal  dès 
le  venue  de  la  mère.  La  Vierge  n'a  point  été  enta- 
chée du  péché  originel.  Ce  mot  ne  doit  guère  fortic 
de  la  conveilation.  Corn.  Il  vaut  encore  mieux  ne 
l'y  pomc  taue  entrer. 

Entache,  EE.part.  pall.  &  adj.  Inquinatus  ,injeâu^. 
Souillé,  marqué.  Glojjairejur  Marot.  Au  Hgmé  en- 
taché d'avarice. 

ENTAILLE,  f.  f.  Ouverture  qu'on  fait  dans  un  corps, 
qu'on  taille  en  un  certain  endroit ,  pour  y  en  em- 
Doitcr  Se  y  en  faire  entrer  un  autre  qu'on  y  veut 
joindre,  huifo  ,  incfura.  Les  entaules  fe  font  carré- 
ment ,  &  de  la  demi-épaiffcur  du  bois.  On  place 
dei  folives  dans  les  entailles  des  poutres.  Les  entail- 
les à  queue  d'arondes  lonc  les  plus  fortes.  Il  lignifie 
quelqueioîs  une  limplc  hoche  ,  ou  coche  qu'on  fait 
dans  le  bois  pour  y  taire  quelques  marques. 

ENTAILLE  carrée.  C'eft  lorlqueles  morceaux  de  bois 
fe  joignent  carrément  dans  leurs  entailles. 

Entailles  ,  ou  dents  d'alîi^^ic  de  bord.  Ce  font  des  ho- 
ches ou  coches  qu'on  fait  au  derrière  de  l'aflùc  dans 
les  llafques  j  pour  y  mettre  le  traveihn  fur  lequel  fe 
met  le  coin  de  mire. 

Entaille  chez  les  Menuifiers.  C'eft  un  billot  de  bois 
fendu,  dans  lequel  les  Menuiliers  font  entrer  le  fer 
de  leurs  fcies  quand  ils  veulent  en  limer  les  dents. 

fCF  Entailles  en  Lutherie.  Ce  font  dans  lefommiec 
de  l'orgue  les  mortoilesque  l'on  fait  aux  longs  côtés 
du  chaftis ,  pour  recevoir  les  barres  qui  forment  les 
gravures. 

ENTAILLER,  v.  a.  Faire  une  entaille,  un  trou  ,  une 
ouveicure  dans  un  corps ,  pour  y  faire  entrer  un  au- 
tre coprs.  Incidere.  Il  faut  entailler  les  pierres  pour 
y  mettre  les  incruftations. 

Entaillé  j  ée.  part. 

ENTAILLLJRE.  f.  f.  petite  entaille.  Inc'fîo  3  incifura. 
PoMEY.  On  s'eft  audi  fervi  de  ce  mot  pour  dire  ci- 
felure  ouvrage  d'Orfèvrerie.  Dicl.  des  Arts. 

ENTALANTER.v.  a.  Vieux  mot.  Faire  naître  un  fort 
defir  de  faire  quelque  chofe. 

f'ûire  qui  m'as  encornagucre  entalanté  , 
Déchanter  un  faj  et  par  autre  non  chanté. 

Borel  dit  que  ce  mot  vient  de  Talen,  qui  e* 
Languedoc  veut  dire  fliim  j  appétit  j  ou.à'Ethélontéf 
autre  vieux  mot ,  qui  lignifie  délireux  de  quelque 
chofe.  du  Grec  ii^mms ,  volontaire,  qui  agit  de  Ion 
bon    gré. 

ENTALINGUER.  v.  a.  Terme  de  Marine.  C'eft  amar- 
rer un  cable  à  l'arganeau  de  l'ancre,  liudentem  alli- 
gare  adancoram.  On  dit  aufli  talinguer  ôc  étalinguer^ 
amarrer  un  cable  ,  c'eft  le  lier  ,  l'atracher. 

ENTALIUM.  i.  m.  C'eft  un  coquillage  plus  long  & 
plus  gros  que  le  dentalium  ;  mais  qui  lui  reftemble 
d'ailleurs  en  tout:  fes  cannelures  font  feulement  plus 
profondes,  &  vertes  pour  la  plupart.  On  nous  l'ap- 
porte des  Indes  Orientales.  Ces  deux  coquillages, 
font  de  peu  d'ufrge  en  Médecine.  Dicr.  de  James. 

ENTAME,  f  f.  Proprement  le  premier  morceau  qui 
fe  coupe  ,  ou  fe  fépare  de  quelque  chofe  ,  de 
même  qu'entamure.  Ce  mot  n'eft  ufitc  queparmi 
le  peuple. 

ENTAMER,  v.  a.  Au  phyfique.  C'eft  retrancher ,  fcpa- 
rer  d'un  tout,  ou  d'un  corps  conlldérc  comme  un 
tout,  une  partie  qui  eft  regardée  comme  la  première. 
Decidere.  Entamer  une  pièce  d'étoffe  :  entaw.tr  le 
pain  ,  entamer  un  bateau  de  bois  de  charbon.  Dans 


b 


ENT 

trette  acception  i!  lignifie aulll  faire  une  légère  inci- 
fion  ,  une  petite  déchirure.  Entamer  la  peau.  Strln- 
■  gère  ,pcrjlnngire.ÇIt^\x\\zow^  de    hache    qui  n'a 
tait  i^' eW-ivner  l'armet.  Ablanc. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  entamare  ^  Latin  ,  qui 
a  été  fait  du  Grec  hrinnn ,  ligniiîant  la  même  choie. 
Bord  dit  qu'il  vient  du  vieux  mot  François  ra/Tzer  j 
qui  vient  du  Grec  î-i,"»"» ,  raimt  ^  fignifiant  àiffi- 
quer. 

On  dit ,  en  terme  de  Manège  ,  entamer  le  che- 
min ,  pour  dire ,  commencer  à  galoper.  Entamer  du 
pied  droit ,  du  pied  gauche  ,  en  parlant  de  la  jambe 
qui  précède  ou  qui  embrallè  la  première  le  terrein. 
IJCT  On  dit  aulfi ,  entamer  un  cheval ,  pout  dire , 
lui  donner  les  premières  leçons  du  Manège.  Ina- 
pers  ,  inchoare. 

Entamer,  fe  ditauflî  au  figuré  pour  commencer.  Auf- 
picari  j  inchoare  ,  aggrcdi.  Entamer  un  difcours,,  en- 
tamer ant  quertion,  entamer  une  négociation.  Ce 
Rapporteur  3.  entamé  ce  matin  mon  procès.  Le  Duc 
s'étoitptopofé  de  ne  faire  qu'écouter  j  fans  rien  en- 
tamer de  (on  côté.  L'Ab.  Regn. 

CET  On  dit  aulfi ,  au  figuté  ,  entamer  un  corps  de 
troupes,  pour  dire,  commencer  à  l'ouvrir  j  d  le 
rompre.  Dès  que  la  première  ligne  Em  entamée  ^  le 
refte  prit  la  fuite. 

(Ç3~  Il  a  encore  d'autres  acceptions  au  figuré  qui 
feront  expliquées  dans  les  exemples  fuivans.  Ma  ré 
putation  ell entière, &  vous  V entame^.^onKX).  Vous 
y  donnez  atteinte.  Ce  n'elt  pas  allez  qu'une  femme 
n'ait  rien  à  fe  reprocher  j  il  tant  que  le  public  ne 
puilfe  entamer  fa  conduite  par  aucun  endroit.  Blll. 
On  du  également  ^  il  s'ell  liillé  entamer,  pour  dire  , 
qu'on  a  découvert  fes  fentimens ,  &  qu'on  en  a  tiré 
av.ancage.  Dès  qu'un  Amballadeur  s'ell  lailîé  enta- 
mer, il  eft  perdu  •,  c'eft-à-dire  ,  dès  qu'il  s'efb  lailfé 
pénétrer ,  ou  qu'il  a  fouffert  qu'on  retranche  les  hon- 
neurs qui  lui  (ont  dûs.  Bouh.  Un  homme  qui  parie 
peu  ,  &c  qui  fe  ménage  ,  ne  donne  point  de  prife 
aux  plaifans,  qui  ne  faventpar  où  V entamer.  ^tLh. 
Lesaccidens  du  monde  ne  peuvent  e«wmerrame  du 
vrai  Philofopho.  Bal.  L'unique  foin  des  enbns  eft 
de  trouver  l'endroit  foible  de  leurs  A'Iaîtres ,  comme 
de  tous  ceux  à  qui  il  font  loumis:dès  qu'ils  ont  pules 
entamer  ,  ils  gagnent  le  delfus.LA  BauY.C'étoitavec 
un  ridicule  appareil  de  danfeurs ,  de  joueurs  de  fiûte 
&c  de  courtiianes  ,  que  Caligula  marchoit  à  la  con- 
quête do  llfle  Britannique  ,  dont  toute  la  valeur  de 
Jules- Céfar  &  de  les  Légions  n'avoir  pu  entamer 
que  les  bords.  Larrey. 

Entamé  ,  ée.  part. 

ENT  AMURE,  f.  £  Le  premier  morceau  qu'on  coupe 
de  certaines  chofes ,  particulièrement  du  pain,  Pri:- 
mumfruflum  ,  primitif.  Donnez-moi  l'entamureàa 
de  la  pain. 

§CF  En tamure  ,  fe  dit  aulîi  pour  légère  déchirure.  Ce 
coup  ne  m'a  lait  qu'une  pente  en  tamure.  Ventamure 
peau. 

En  TAMURE  de  carrière.  Ce  font  les  premières  pierres 
qu'on  tire  descatnères. 

On  dit  aulli ,  Ventamure  d'un  jambon  ,  pour 
l'Ouverture  d'un  jambon. 

EN  TANDIS.  Voy.  TANDIS. 

ENTANT-QUE.  Conjonction  ,  qui  fert  à  fpccifier 
ou  à  reftreindre  quelque  idée  ,  quelque  propoli- 
tion.  Quantum  j  ut.  Jésus -Christ  eft  confidéré 
diverfement,  entant  que  Dieu  j  Se  entant  (/«'hom- 
me. En  Philofophie ,  on  confidère  les  fubftancos 
félon  leurs  accidens ,  entdnt  que  longues ,  entant 
qui  chaudes ,  entant  ^a'animées  j  &c.  En  Jaftice  on 
dit,  le  Procureur  du  Roi  joint,  entani>  queïe  fait 
•    le  touche,  ou  le  peut  toucher. 

EN-TAPPUCH  ,  ou  TAPPUAH.  Nom  de  lieu  en 
Jof  XVIII.  7.  Il  fignine  Fontaine  de  pommier, 
ou  de  la  pomme.  C'étoit  une  ville  fur  les  confins 
de  la  demi  -  Tribu  de  ManalTé  d'en  -  deçà  du 
Jo'irdain. 
ENTASSEMENT,  f.  m.  Aitlon  par"  laquelle  on  met 
plirfiitirs  chofes ,  en  un  tas  -les  unes  fat  les  autres. 


ENT  ■  739 

CongeJIIa.  VentaJJement  des  gerbes  dans  une  grange. 
Il  fe  dit  figurément  des  atfaires.  Il  y  a  dans  cette 
famille  un  entajjement  à'âAVues  qu'il  fera  difficile 
de  débrouiller. 

ENTASSER,  v.  a.  Mettre  plufieurs  chofes  les  unes 
fur  les  autres.  Congerere ,  compingere.  Prononcez 
b  pénultième  longue.  Entajfer  des  meubles  l'un 
fur  l'autre  ,  papiers  fur  papiers.  Ce  terme  eft  fore 
ulué  parmi  les  Laboureurs.  Entjffer  des  gerbes  j 
la  grange  eft  trop  embarralfée  ,  il  faut  entajfer  ces 
gerbes  coacervare.  On  dit  par  exagération  que  des 
hommes  font  entajjes  les  uns  fur  les  autres  ,  quand 
ils  font  fort  preflcs.  Ce  terme  eft  d'un  fréquent 
ufage  au  figuré  ,  &  hgnilie  accumuler  j  mettre  l'un 
fur  l'autre  en  grande  quantité.  Voilà  un  fcélcrat 
qui  entajfe  crime  fur  crime.  Il  faut  avcrrir  les 
hommes  que  tous  ces  biens  qu'ils  entaient  n'ont 
pour  baie  qu'une  vie  périlfable.  Nie.  Entafftr  cri- 
me fur  crime.  Enta{jcr  penfée  fur  penfée.  Les 
Ariens  entamèrent  un  grand  nombre  d'accufations 
contte  S.  Athanafe.  Herman.  La  plupart  des  Com- 
mentateurs entaffent  une  érudition  qui  ne  fert  qu'à 
fatiguer  les  Leéteurs.  Dac.  S'il  y  a  quelque  défaut 
dans  cet  Ouvrage  ,  c'eft  que  les  beautés  y  font  trop 
entajjées.  Ablanc.  Le  perfide  entajjoit  fermens  fur 
lermens ,  &c  trouvoit  l'éternité  trop  courte  pour 
mefurer  la  paflion.  P.  CoM.  Entajjer  victoire  fut 
viéloire.  Bouh. 


Lui  que  de  mille  Auteurs  retenus  mot  à  mot  3 
Dans  fa  te  te  entalfésj  n'afouventfaitquunfot.  BoiL. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  intajfare ,  qui  eft  fdit 
du  Grec  £i'-«î--iî>',  iignihant  la  même  chofe. 

Entassé  ,  ée.  part. 

Entassé  ,  fe  dit  aufti  des  perfonnes  malfaites  de 
taille  ,  qui  ont  la  tête  enfoncée  dans  les  épaules  , 
compacli ,  ftipat:, 

ENTE.  f.  t.  Petite  portion  d'un  arbre  qu'on  insère 
dans  un  autte  par  une  incifion  qu'on  y  fait ,  afin  de 
corriger  le  goût  de  Ion  fruit ,  ou  même  pour  lui 
faire  porter  un  fruit  différent.  Inftum,  Infitio.  On 
appelle  auiîi  cela  une  greffe.  La  Quintinie  remar- 
que qu'en  certaines  Provinces  on  le  fcit  plus  ordi- 
nairement des  termes  d'ente  ,  &  d'enter  ,  mais 
qu'aux  environs  de  Paris  on  dit  plus  communé- 
ment greffe  &  greffer.  Il  ajoute  qu'il  y  a  aufli  des 
Provinces  où  l'on  le  lert  du  terme  d'enture,  pout 
dire  greffe,  f^oyey^  Enture.  Ainfi  fuivant  La 
Quintinie  ente  &  greffe  font  lynonymes  :  mais  Li- 
ger ,  dans  fon  Diclionnaire  des  termes  propres  à  l'A- 
griculture ,  foutient  qu'on  fe  trompe,  que  greffe  & 
ente  ne  font  point  fynonymes  quoiqu'entet  &  gref- 
fer lignifient  la  même  chofe  &  s'emploient  indiffé- 
remment l'un  pout  l'autre.  Le  mot  ente  ,  félon  lui  j 
ne  s'entend  que  de  la  greffe  &  du  fujet  mis  enfem- 
ble,  c'eftà-dire  ,  de  l'arbre  fur  lequel  on  a  inféré 
une  branche  étrangère  ,  ou  du  compofé  qu'ils  font 
enfemble  ;au  lieuque  greffe  ne  doir  lignifier  que 
les  petites  btanches  feulement  qu'on  a  appliquées 
fur  le  fujet ,  fans  y  comprendre  ce  fujet  :  il  ne  figiii- 
fie  que  la  petite  partie  d'un  arbre  étranger  appli- 
quée fur  un  autre  arbre  ,  &  non  cet  atbre  fur  le- 
quel on  l'applique,  ni  le  compofé  de  ces  deux  cho- 
fes. Il  prouve  fon  fentiment -par  l'ufage.  Car,  dit- 
il,  on  ne  dit  point  couper  des  entes  fur  un  arbre, 
ainfi  qu'on  dir  couper  des  greffes  ;  ni  appliquer  une 
ente  J  Comme  on  dit  appliquer  une  greffe-  Ainfi  ente 
n'eft  point  la  même  chofe  que  greffe  ,  quoiqu'entet 
foit  la  même  chofe  que  greffer  J  &  c'eft  mai  parler 
que  de  confondre  ces  deux  mots.  Nous  examinerons 
ces  raifons  au  mot  greffe. 

Ente  en  fetire,  ente  en  éculfon  ,  emplajlrat'o  ^  fcutu- 
lata  infitio.  Ente  en  écorce ,  en  flute ,  en  bouton  , 
ou  en  oeil  dormant,  inoculatio.  |y«(f).9-«//4i»-^'îï-  Ente  en 
germe  ,  en  tronc ,  en  couronne  ,  ert  morcel ,  en 
pied  de  chèvre  ,  en  fcion.  Ente  en  perche,  &c.  Voy. 
Greffe  &  Greffer. 

Ce  mot  vient  du  Latin  inCia.  Mén.  Du  Cange  dit 
A  a  a  a  a  ij 


*7^0 


74 


ENT 


qu'il  vient  du  Fiamaml  ou  Allemand  i«/e  ,  qui!  dé-^ 
rive  du  Latin  iii/àum.  On  ditaullien  L-Anncalamus,] 
d'où  vient  que  les  Italiens  ditent  encore  i/tcalmare ,  ! 
ce  que  nous  dilôns  enur.  Les  anciens  n'avoient  pas  j 
l'ait  des  e/iccs  li  partait  &  Il  étendu  que  nos  Jardi- 
niers l'ont  miimenant.  Ils  en  ont  cependant  parlé 
allez  bien,  t^oye:^  les  Auteurs  des  Géoponiques ,  les 
Gcorgiques  de  Vugile,  le  z^  vers  le  conimencenient. 
Columelle,  L. 'V.  C.  n.  Pline  le  Nacuralilte,  &c. 
On  appelle  aulli  entes  ,  les  jeunes  arbres  nouvelle- 
ment entév 

Il  y  en  a  qui  appellent  ainfi  des  arbres  à  enter ,  & 
qui  font  encore  lauvageons.  Il  y  a  dans  ce  jardin 
deux  enres  de  pommiers  qu'il  faudra  grefter. 

On  appelle  aulli  le  manche  d'un  pinceau  ,  ente  ^ 
mais  il  faut  écrire  hunu.  F'oye^  Hampe. 
Ente  de  moulin  j  fe  dit  de  la  patrie  du  volant  où  eft 
entée  une  autre  pièce  de  bois  pour  lui  fcivir  d'a- 
longe. 
Ente  j  eft  aufli  un  terme  d'Architeétare.Pilaftre  carré 
que  les  Anciens  mettoient  aux  coins  des  Temples. 
Et  en  général   le  mot  à'ente  fignifie  les  jambes  de 
force  ,  qui  fortent  un  peu  hors  du  mur. 
BONNE  ENTE. /''oyq  Doyenné. 
ENTE  , .  ÉE.  adj.  Terme  de  Blafon  ,  qui  fe  dit  lorfque 
les  deux  parties  de  l'Ecu  entrent  l'une  dans  l'autre  par 
des  entures  rondes  ,  qui  pourroienc  être  dites  enbùc- 
tures.  Infertus  _,  cornmijjus  ,  injitus.  On  appelle  enic 
en  pointe ,  lorfqu'il  y  a  une  pointe  ou  une  entaille 
qui  fe  fait  à  la  pointe  ou  au  bas  de  l'Ecu  par  deux 
rraits  arrondis  qui  aboutillent  au  point  du  nombril. 
La  Maifon  de  Maillé  porte  d'or  à  trois  falces  entccs 
de  gueules.  Les  cadets  partiirent ,  flanquent,  ouew- 
tentQïy  pointe. 
ENTÉLÉCHIE.  f.  f.  Perfedion  d'une  chofe.  Ce  mot 
eft  Grec,  £»r£At;i;£i« ,    5c  les   Philofophes  s'en  font 
fervis  pour  exprimer  l'ame.  Il  vient  de  'tniM; ,  par- 
iait ^  te  du  verbe  '%"' ,  avoir.  Dict.  des  Arts. 

^3'  Les  Philofophes  font  peu  d'accord  fur  la  figni- 
ficationdece  terme  employé  par  Ariftote  ,  qui  en- 
tend par  là  la  forme  elTentielle  qui  conftitue  un  in- 
dividu dans  fonefpèce,  &  qui  le  meut  fans  celTe 
vers  les  fins  convenables  à  fon  organifation.  Telle 
eft  l'ame  végétative  dans  les  plantes ,  fuivant  la  Plii- 
lofophie  ancienne  ,  &  l'ame  fen  fit  ive  dans  les  ani- 
maux. Ronfard,  parlant  à  fa  niaîtrelfe,  difoit ,  êtes 
vous  pas  ma  feule  entéléchie  ?  Je  ne  fais  fi  cela  croit 
beau  du  temps  de  Ronfard.  L'attradion  toute-puif- 
fante  eft  trop  femblable  aux  entzléchies  mervcilleu- 
fes  de  la  vieille  école.  Les  qualités  occultes,  \t%enté- 
léchies ,  les  petits  êtres  métaphydques  reviennent  au 
monde  fous  d'autres  noms. 
ENTELLE.  Ancienne  viUs  de  Sicile.  Entc'.la.  L'Empe- 
reur Fridéric  II  ruina  Entdle  &  fa  citadelle ,  &  l'on 
n'en  voit  plus  que  les  ruines  dans  la  vallée  de  Ma- 
zara  ,  fur  le  bellice  dextro,  à  demi-lieue  au  dellous 
de  C.ilatrifi.  Maty. 
ENTEMENT.  f.  m.  Aâion  par  laquelle  on  ente  les 

aibres ,  ou  les  vignes.  Infitio.  Voy.  Enture. 
ENTENAL.  f.  m.  Terme  d'Agriculture.  Marcote  de' 
vignes  entée  pour  transplanter.  Infuuni  malleoli.  j 
ENTENDE-?,IENT.  f.  m.  Terme  de  Logique  &  de, 
Métaphyfique.  C'eft  la  principale  faculté  de  l'ame,! 
celle  qui  conftitue  le  fonds  de  fon  elTence  ,  &  qui 
en  eft  comme  la  lumière.  C'eft. une  faculté  ou  une 
puillance  de  l'ame  ,  par  laquelle  elle  apperçoit  les 
chofes  ,  6r  s'en  forme  des  idées,  pour  parvenir  à 
la  connoiuance  de  la  vérité.  Intelleclus.  On  diftin- 
giie  deux  facultés  dans  l'ame  :  entant  qu'elle  difcer- 
■ne,  on  l'appelle  entenderner^t  -^  &C  volonté,  entant 
qu'elle  juge ,  &  confe.nt  :  ainfi  la  convidion  de  Ven- 
tendemsnt  dirige  ^c  détermine  la  volonté.  Maleb. 
L'entendement  eÛ  une  faculté  diftinde  de  l'imagina- 
tion. Il  n'y  a  nulle  proportion  entre  les  propriérés 
descorps,&  l'excellence  des  opérations  de  Ventende- 
menc  :  les  mouvemens  dont  ils  font  capables  n'ont 
nul  rapport  avec  ce  que  nous  appelons  penfer  ,  mé 
diter  ,  réfléchir,  raifonner.  Dernier. 

V entendement ,  qu'on  appelle  aulli  puifTance  in- 


ENT 

telleduelle,  eft  la  faculté  de  l'air.e  ,  qui  conno't , 
qui  raifonne.  Les  Philolophes  la  définilient  une  fa- 
culté de  l'ame  qui  a  pour  objet  le  vrai  &:  le  faux  , 
lavérirétN:  la  faulieté.  Ondiftingue  dans  l'ame  d.ux 
puilfances  ou  facultés  diftcrentes.   L'ame  en  ranc 
qu'elle  s'occupe  de  la  vérité  ou  de  la  faulieté  par  la 
connoilFance  &  le  jugement  ,  on  l'appelle  entende- 
ment ;  &  volonté  ,  loifqu'elle  a  pour  objet  le  bien 
ouïe  mal.  Amfi  X  entendement  &l  la  volonté  font  la 
mcmeame  ,  connoiliant  diflérens  objets  &:  agillanc 
diftéteminent.  Les  opérations  de  \ entendement  ionx. 
l'objet  de  la  Logique.  Ces  opérations  font  l'idée  ou 
l'appréhenfion  ^  le  jugement ,  le  taifonnement  &  la 
méthode  ,  qui  proprement  le  réduifent  à  deux  :  l'i- 
dée &C  le  jugement.    V entendement  n'eft  point  une 
faculté  palîlve,  comme  fe  le  font  imaginé  les  Car- 
téliens.  L'entendement  eft  adif  ,  auffi-bien   que  la 
volonté  ;  &  li   X entendement  ne  l'eft  point ,  on   ne 
fauroit  ûllurer  que  la  volonté  le  foit.  De-là  plus  de 
liberté  ,  plus  de  mérite  ,  ni  de  démérite.  L'enien- 
dcment  s'exerce,  opère  fur  le  vrai  &  le  faux  ,  auffi- 
bien  que  la  volonté  fur  le  bon   &  fur  le  mauvais. 
L'entendement  éton  de  tout  temps  en  polleilion  de 
juger.  Il  a  plu  à  Descartes  de  le  dégrader  ,  &  de  lui 
enlever  cetce  prérogarive  j  mais  certainement  il  a 
toit.Qu'eft-ceque  jugei?  C'eft  aiHrmer  qu'une  chofe 
eft  vraie  j  ou  àne  qu'elle  eft  faufie.  Or,  à  qui  ap- 
partient la  faculté  d  affirmet  ce  qui  eft  vrai ,  ou  de 
nier  ce  qui  eft  faux  ?  Elt-ce  .à  celle  qui  n'a  pour  ob- 
jet que  le  bien  ou  le  mal,  ou  à  celle  qui  a  pour  ob- 
jet le  vrai  ou  le  faux  ?  Juger  qu'une  propofinon  eft 
véritable ,  eft-ce  vouloit  qu'elle  le  fou  ?  Affirmer 
que  deux  èN:  deux  font  quatre  ,  que  le  tout  eft  plus 
grand  que  fa  pattie,  eft-ce  vouloir  que  deux  &deux 
foient  quatre,   que  le  tout  foit  plus  grand  que  la 
partie  ?  Ce  n'eft  pas  non  plus  ne  le  vouloir  pas.  Le 
jugement  donc  ,  quoiqu'en  difent  les   Cartéhens, 
n'el'c  pas  un  ade  de  volonté  ,  mais  d'entendement. 
Or,  le  jugement  eft  une  action  ,  aufti-bica  que   la 
volition.  L'entendement  n'eft  donc  pas  une  tacultc 
purement  paftlve-  L' entendement  elt  une  tacultédil- 
tinde  de  l'imagination  &  de  la  puillance  lentitive.  Il 
n'y  a  nulle  proportion  entre  les  propriétés  uu  corps 
&  l'excellence  des  o^èiMionsàiï entendement.  Lts 
mouvemens  dont  ils  font  capables  n'ont  nul  rapport 
avec  ce  que  nous  appelons  penler,  méditer ,  reflé- 
chir,  raifonner.  Dernier.  /  t)ye.{  Idée. 

f:3°L'<;'/r^/2ij't'Wc'/2r  humain  eft  naturellement  droit, 
&  il  a  en  lui  même  la  force néceliaue  pour  p.avenir 
à  la  connoiftance  de  la  vérité  &  pour  la  diicemer  de 
l'erreur ,  principalement  dans  les  cbofes  cjui  inté- 
relfent  nos  devoirs ,  &  qui  doivent  former  les  hom- 
mes à  une  vie  heureufe  ,  honnête  &  tranquille  ; 
pourvu  que  d'ailleurs  l'homme  y  apporte  les  foins  ôc 
l'attention  qui  dépendent  de  lui.  Le  ientimcnt  inté- 
rieur tk  l'expérience  concourent  à  nous  convaincre 
de  la  vérité  de  ce  principe  ,  fur  lequel  roule  tout  le 
fyftcme  de  l'humanité.  On  ne  fauioit  le  révoquer 
en  doute  fans  fapper  par  le  fondement,  Se  lans  rcn-^ 
verfer  de  fond  en  comble,  tout  l'édifice  de  la  locie- 
té;  puifque  ce  feroit  anéantir  toute  diftindion  en- 
tre la  vérité  <ïc  l'erreur,  entre  le  bien  &:  le  mal  j  & 
par  une  fuite  nécelfaire  ,  on  fe  trouveroit  enfin  ré- 
duit à  la  néceilité  de  douter  de  tout ,  ce  qui  eft  le 
con\ble  de  l'extravagance. 

§Cr  II  eft  vrai  qu'une  mauvaife  éducation  ,  des 
habitudes  vicieufes ,  des  panions  déréglées  peuvent 
obfcurcir  les  lumières  de  l'efprit ,  «Se  que  l'inatten- 
tion J  la  légèreté  &  les  préjugés  jettent  fouventles 
hommes  dans  les  erreurs  les  plus  groftières  en  ma- 
tière mêine  de  Religion  &  de  Morale  :  mais  cela 
prouve  feulement  que  les  hommes  peuvent  abuiec 
de  leur  raifon,  &  non  que  fes  facultés  foient  telle- 
ment dépravées  qu'elles  ne  peuvent  plus  feryir  a 
l'homme  de  guide  fur  &  fidèle  ,  &  que  la  reditudc 
naturelle, des  facultés  de  l'ame  foit  abfolument  dé- 
truite. 
IJCr  Entendement,  dans  le  langage  ordinaire  feprend 
pour  difcernement ,  habileté  dans  les  affaires.  Il  fe 


EN 


T 


forme  des  idées  précilcs  deschofeSj&empcciie  qu'on 
ne  fe  trompe  en  donaaiic  dans  le  faux.  L'imbéciUité 
ell  roppofc  de  Xcntcniement.'L'ibonfcns  convient 
avec  tout  le  monde.  Le  jugement  eîi  nccelFaire  pour 
fe  maintenir  dans  la  lociété  des  grands.  L'e/itenJc- 
mau  eft  de  mile  avec  les  politiques  &  les  Courti- 
fans.  /^j>'S{' Bon  sens,  JuGEMtNr,  Intelligence. 

ENTENDEUR,  f.  m.  Qui  entend  j  qui  conçoit.  Intd- 
l'i^cns.  Il  n'efl  en  ulage  que  dans  ces  phraies  prover- 
biale?;.  A  howcnundcur  lalut;  ce  qui  le  dit  quand  on 
reproclie  en  paroles  couvertes  à  un  homme  fes  dé- 
fauts. On  ditauiîî ,  à  un  bon  cntmicur ,  peu  de  pa- 
roles. Intdli^cnû  paucd. 

ENTENDIS,  adv.  Vieux  mot.  Cependant. 

EN  FEN  DilE.  v.  a.  J'entends ,  j'entendis  ,  j'ai  entendu. 
Ouïr ,  écouter.  C'cft  la  notion  qu'on  donne  ordinai- 
rement de  ce  mot.  Mais  fi  l'on  veut  parler  exacte- 
ment,  on  ne  coiifond  point  ces  trois  mots,  enten- 
dre, écouter  &  ouïr.  Quelquefois  on  n  entend  pouic 
quoiqu'on  écoute  j  ôc  louvent  on  entend  fans  écouter. 
Entendre  ,  audire  ,  C'eil  proprement  être  Irappé  des 
{on'i.  Il  eir  fouvent  à-propos  de  femdte  de  ne  pas 
entendre,  t^oye-^  [ico\JiE:<.,Ov'iR.  Entendre  dur,  en- 
tendre de  loin. 

Hc'.ds  on  /z'entend  rien  furies  bords  du  Cocyte  ! 

Des-H. 

Je  n'ai  jamais  c,7r£«iv cet  homme-là  ;  pour  dire, 
je  ne  l'ai  jamais  oui  prêcher,  plaider ,  ni  haranL;uer. 
Plus  nous  fommes  élevés ,  plus  la  vérité  a  de  peine 
à  le  faire  entendrez  nous.  Nie.  Le  monde  nous  parle 
en  mille  manières:  il  nous  tait  entendre  fa  voix 
trompeufe  par  toutes  les  créatures  qui  nous  fervent 
de  picjes.  Id. 

Hagetup  ,  Médecin  Danois ,  a  foutenu  que  l'on 
peut  entendre  par  les  dents,  parceque  h  Ion  met 
dans  un  clavecin  un  couteau  j  que  l'on  ferre  encre 
les  dénis  ,  on  ««.'e/ii  l'harmouie  du  clavecin  ,  quoi- 
qu'on ait  les  oreilles  bouchées.  Il  y  avoit  en  Hollan- 
de un  Médecin  Suiife  qui  apprenoit  à  entendre  Se  à 
patler  aux  fourds  muets ,  feulement  en  leur  faifant 
remarquer  &  imiter  enfuite  le  mouvement  de  la 
bouche  &  des  organes  de  la  parole.  Ce  Médecin 
s'appeloit  Jean  Conrad  Amman.  Il  a  expli  juéfa  mé- 
thode dans  un  pem  in-dou~e  ,  imprimé  à  Amlter- 
dam  l'an  1700  Se  intitulé  De  Loquelâ.  Il  commence 
par  des  remarques  fur  la  nature  de  toutes  les  lettres 
tant  voyelles  que  confonnes.  Ces  remarques  font 
très-judicieufes  ,  lavantes  &  très-lemblables  à  celles 
que  M.  l'Abbé  Dan^eau  a  faites  dans  fes  Ejjdis  de 
Grammaire. 

Ce  mot  vient  du  Latin  intcndere. 

On  fefertd'e.'i.'.'.'za^re  par-tout  où  l'onfefert  ê^ouir: 
mais  on  ne  fe  fert  pis  à'ouir  par-rout  où  on  fe  fert 
iïentendre.  Il  femblcqu'on  nedoitlefervird'07/rque 
quand  il  s'a':;it  d'une  chofe  qu'on  entend  par  hafard  , 
&  fins  delfein  ;  &  qu'il  faut  toujours  fe  fervir  d'cr'7- 
tendre  ,  quand  la  chofe  attire  notre  curiolité  &:  notre 
attention.  Bouh. 

|t3'M.  l'Abbé  Girard  dit  aufnqu'cia'Vmarque  une 
fenfation  plus  conhife.  On  a  quelquefois  oui  parler 
fans  favoirce  qui  a  été  dit.  Racine  ,  dans  la  Tragé- 
die de  Bérénice  a  ^\x.entendre  des  pleurs. 

Elle  «entend  ni  pleurs,   ni  confcil ,  ni  raifon. 

fier  Le  mot  pleurs,  joint  avecconfeil  &  raifon 
fauve  l'irréqularité  du  terme  entendre.  On  n'entend 
point  de  pleurs  j  mais  ici,  n  entend,  fignifie ne  don- 
ne point  attention.  Volt. 

On  dit  aullî',  Entendre  Xs.  MefTe,  adejfe  facro  , 
i/:ferf//f,-pourdire,a(lifterà  la  MelTe,  encore  qu'on 
uenterde  pas  les  paroles  du  Prêtre. 

On  le  dit  au'li  de  celui  qui  veut  bien  prendre  la 
patience;  d'écouter.  Ce  Juge  eft  févère  ;  mais  du 
moins  il  entend  les  parties. 

On  dit  j  au  Palais,  à  un  Avocat ,  qui  vous  en^ 


E  N  T  74t 

rc.'2j'.''C'efi:-à-direjqueI  eft  l'Avocat  qui  défend  con- 
tre vous  ? 
gC?  Entendre  ,  fe  dit  au  figuré  comme  fynonynle  à 
concevoir  &  comprendre  ,  c'cft-à-dire  ,  fe  faire  des 
idées  conformes  aux  objets  préfcntés  ;  mais  avec 
cette  différence  qu'entendre  marque  une  conformité 
qui  a  précifément  rapport  à  la  valeur  des  termes 
dont  on  fe  fert.  ^oy.  les  autres  mots.  Ainli  ce  verbe 
s'applique  très -bien  aux  circonllances  du  di  (cours, 
au  ton  dont  on  parle  ,  au  tour  de  la  phrafe  à  la  dé- 
licatelfe  des  expreilions  ;  tout  cela  s'entend.  On  en- 
tend les  langues.  Il  eft  ditiicile  d'entendre  ce  qui  eft 
cnigmatique.  La  Licilité  d'entendre  déligne  un  efpric 
fin.  Lé  Courtilan  entend  le  langage  des  pafliuns. 
Tout  le  monde  n'entend  pas  ce  qui  eft  délicat,  il  eft 
impoiîiblede  bien  faire  entendre  aux  autres  ce  que 
l'on  n'entend  pas  bien  foi-mème.  S.  EvR. 

Que  de  raifons pour  moi, /l vous pouvie\  .72 'entendre. 

Rac. 

Mais  comme  il  m'en  dit  plus  qu'il  neji  aifé  d'ex\- 

tendre  , 
//  m'apprit  aujjiplus  qu'il  ne  voulait  m' apprendre  j 
Car  dés  le  premier  jour  j'ai  Jù  que  c  eji  unjot. 

Entendre  ,  fe  dit  aclli  de  celui  qui  excelle  ,  qui  eft 
habile  ,  qui  fait  tout  ce  qu'on  doit  favoir  fur  quel- 
que chofe.  Intellioentcm  ejje  ,peritum  ,  àc.  Il  entend 
bien  fa  charge  ,  ion  métier  ,  la  guerre  ,  les  affai- 
res ,  les  finances ,  la  Philofophie ,  la  Théologie  , 
le  Grec,  le  Latin  ,  l'union  des  coideurs  ,  le  deifein  ^ 
la  perfpeétive ,  &:c.  b,' entendre  bien  en  galanterie. 
Wi'entendhiQn  aux  Armes,  au  Manège.  On  dit  au 
Contraire  à  un  ignorant  j  vous  n'y  entende-:^  rien ,  vous 
nentende:^  pas  cela  ,  vous  ne  l'entende:^  pas.  Nilul 
vides.  Vous  vous  y  entende^  ?  Rem  caues  ?  Pulchrè 
peritus  es. 

On  dit  auiïi  ,  s'Entendre  K  quelque  chofe  ;  pour 
cire,  lafavoiriortbien.il  s'entend  £0x^1  bien  aux 
affaires ,  à  l'Agriculture ,  &:c.  En  ce  fens ,  on  dit 
proverbialement  j  'û  s'entend  à.  cela  comme  à  faire 
un  coffre  ,  comme  à  ramer  des  choux  ;  c'eft-à-dire, 
nullement. 
Entendre  ,  fignifie  encore  ,  prêter  l'oreille  ,  confen- 
tir  à  quelque  propofition.On  luiaoft'ertcet  emploi, 
il  y  veut  bien  entendre.  Il  ne  veut  entendre  à  aucun 
accommodement.  Non  acqulefc'it ,  conduiones  om- 
nés  refpu'u. 
s'Entendre  avec  l'ennemi ,  c'eft-à-dire  j  avoir  iritelli- 
gence  avec  lui.  Confent'ire  ,  colludere  _,  convenue.  Ces 
parties  s  entendent-.,  pour  dire  ,  colludent   enfemble. 

Donner  à  entendre  ,  fignifie  faire  croire.  Signifi- 
care ,  exponere.  Il  a  obtenu  cette  faveur  fous  un  faux 
donné  à  entendre  ,  fous  une  faulTe  allégation.  S'il  a 
manqué  ,  ce  n'eft  pas  faute  de  lui  avoir  bien  donné 
à  entendre.  Il  m'a  donné  à  entendre  que  fon  fuffrage 
ne  feroit  pas  pour  vous.  Ne  comptez  plus  fur  lui. 
Entendre,  fignifie  aulfi ,  avoir  intention,  préten- 
dre. Juhere  ,  velle.  Je  vous  donne  cela  ,  mais  ')  en- 
tends que  vous  faftiez  telle  chofe  ;  quand  on  veut 
impofer  une  condition  à  quelqu'un.  Vous  entende';^ 
cela,  (Se  moi  je  ne  \ entends  pas  ;  c'eft-à-dire  ,  Vous 
voulez  que  je  fa'fe  une  chofe,  &  moi  je  he  le  veux 
pas.  Ç^\\  enteade\-vons  par  là  ?  Que  prétendez  vous  ? 
On  dit  encore ,  Je  n'y  entends  point  de  fineffe  ;  pour 
dire  ,  je  ne  prétends  point  vous  tromper. 

On  dit  encore  abfolument,Celas'e/îre/2£f,  quand 
on  fuppofe  une  chofe  qui  fe  fait  ordinairemenr. 
Quand  on  envoie  quérir  un  Médecin  ,  il  le  faut 
payer;  cq.\3.  s'entend ,  oU  eft  fous-entendu. 
s'Entend,  fe  dit  imperfonnellement  &  abfolu- 
ment  fans  nominatif,  dans  le  difcours  populaire 
&:  familier,  pour  cela  s'entend ,  Se  il  fignifie,  Jo 
veux  dire  ,  on  doit  entendre  par-là.  Sec. 

J'en  ai  promis  ,  le  fait  ejl  tout  conjlant, 

De  te  n'tcrjeferois  grand fcrupule  ; 

Promis  des  vers  j  bons  ou  mauvais  .r'entenaj 

Tout  de  nouveau  vous  Us  promets  d'autant. 

P»  Db  CiR<J. 


742-  E  N  T 

On  dit  eiî  proverbe ,  Ils  %  entendant  comme  lar- 
rons en  foire  ;  pour  dire ,  Ils  font  en  grande  m-  ■ 
telligence  ;  mais  toujours  en  mauvaile  parc.   Il  en-  j 
tend  de  corne  \  pour  dire ,  Il  entend  autre  choie  j 
que  ce  q[u'on  lui  dit.  Il  n'y  a  point  de  pire  fourd  I 
que  celui  qui  ne  veut  point  entendre.   On  fait  tant 
de  bruit  qu'on  n  entendrait  pas  Dieu  tonner.  Cha- 
cun fait  comme  il  l'entend,  c'elVà-dire  ,  à  fa  fan- 
taifie.  On  dit  d'un  homme  qu'on  entend  criez ,   Se 
qui  y  ell  accoutume  :  li  on  ne  le  voit,  on  Ve/uend. 
Entendre  le  numéro,  fe  du  des  gens  fort  inceili- 
gens  eu  affiiires.  C'eft  un  proverbe  tiré  des  Mar- 
chands qui  ont  le  prix  de  leurs  marchandifes  mar- 
qué fous  certains  numéros  ,  qu'il  n'y  a  qu'eux  qui 
■entendent. 

On  dit  auflî  d'un  brutal  qu'il  n'entend  ni  rime  , 
ni  raifon  ,  qu'il  n'entend  ni  à  dia  ,  ni  à  hurhau  \ 
pour  dire  ,  qu'il  fe  refufe  à  ce  qu'on  lui  propofe 
de  plus  raifonnable.  On  dit  aulli.  Qui  n'entend 
qu'une  partie  n'entend  rien. 
Entendre  ,  vieux  v.  a.  Efpérer ,  demeurer  attaché. 
ENTENDU,  UE.  part.  Il  ell:  auili  adj.  P eritus ,  fcïens  , 
gndrus )  doclus  exijiimator  3  artijex.  Une  perfonne 
ent6J2du2\  pour  dire,  intelligente  &  habile.  Il  elt 
entendu  aux  finances.  En  Aichitedure  on  dit  aulli , 
Ce  logis  efl:  bien  entendu.  Doinus  eleganter ,  peritè  , 
furnmo  artifîcio  Jirucla ,  venujlè  ^  ex  arte  j  è'c.  Ce 
tableau  efl  bien  entendu ,  pour  dire  difpofé  avec 
beaucoup  d'art ,  avec  ordre  ,  &  félon  les  règles 
de  l'art.  L'exadicude  bien  entendue  efl  dans  les  ou- 
vrages d'efprit,  comme  dans  les  bàcimens,  ou  dans 
les  tableaux  ,  je  ne  fai  quoi  de  propre  &  de  régu- 
lier ,  qui  s'accorde  bien  avec  quelque  chofe  de 
grand  &  d'augu'le.  Bouh.  Le  naturel  fiuvage  des 
anciens  Romains  produidt  long-tems  des  vertus 
mal  entendues.  S.  EvR.  La  vertu  mal  entendue  n'ell 
guère  moins  incommode  que  le  vice  mal  ménagé. 
Ch.  de  m.  Il  faut  que  la  complaifance  même  foie 
bien  ménagée ,  &  bien  entendue.  Bell.  Cette  gar- 
niture ,  cette  broderie  font  bien  entendues  ^  pour 
dire ,  elles  font  bien  faites  &  de  bon  goût.  Cet 
habit  efl  bien  entendu,  de  bon  goût,  bien  afforci- 
On  dit  aulli  qu'un  homme  fait  V entendu  j  lorf- 
que  mal-à-propus  il  fait  le  capable,  l'important, 
le  fuffifrnt. 

Bien  Entendu  ,  s'emploie  comme  conjonction  , 
quand  on  ajoute  une  condition  à  quelque  chofe 
qu'on  avoic  propofée  ,  ou  promife  auparavant.  Je 
vous  accorde  cette  permilîion ,  bien  entendu  que 
vous  n'en  abuferez  pas. 

Mal  Entendu  ,  excufer  fa  faute  fur  un  malen- 
tendu, c'eft  dire,  qu'on  a  entendu  les  choies  au- 
trement \  qu'on  ne  croyoit  pas  que  telle  chofe  fût 
néceiraire ,  fût  commandée  ,   fût  défendue ,  &c. 
Caufan  fe  rem  intellexijje  fechs  ,  parum  percepiffe 
qus.  juhe'-entur.    Mal  entendu  fe  prend  auffi  pour 
mauvaife    intelligence ,  efpèce  de  dilcorde  entre 
perfonnes  qui  devroienc  s'accorder,  &  qui  ne  s'ac- 
cordent pas,  parce  qu'ils  ne  fe  parlent  pas,  ne  fe 
difent  point  leurs  raifons  l'un  à  l'autre  :  un  petit 
éclaircilTeraent   les  rat-ommoderoit.    La  plupart 
des  querelles   des  Savans  ne  viennent  que  d'un 
mal  entendu  ;  ils  ne  veulent  pas   s'entendre ,  ils 
prennent  parti  fur  le  champ  ,   &  ne  veulent  pas 
être  détrompés.  Les  difFérens  fentimens  des  Philo- 
fopiiei  font  très-fouvent  un  mal  entendu.   S'ils  fe 
donnoient  la  peine  de  s'entendre  les  uns  les  autres , 
il  fe  trouveioit  qu'ils  font  à-peu-près  de  même 
avis  ;  mais  ils  difputent  pour  difputer ,   &  fans 
convenir  des  termes.  Ce  n'eft  qu'un  mal  .entendu. 
ENTENNE.  f.  f.  Antenna.  Voyez  ANTENNE." 
ENTENTE,  f.  f.    Interprétation  d'un  mot  qui  peut 
avoir  plufieurs  fens.  Interpretatio.  Dans  ce  fens  on 
dit  que  Ventcnte  efl  au  difeur  :  celui  qui  parle  fait 
le  véritable  fens  qu'il  a  voulu  donner  à  un  mot. 
Mot   à    double    entente  ,  à   deux  ententes.    Voyez 
équivoque,  ambigu,  double  fens. 
Entente,  s'efl  aulli  pris  auttefois  pour  l'entende- 
^  ment ,  l'efprit. 


EN  T 

J^ous  perde':^  temps  de  me  dire  mal  d'elle  j 

Gens  qui  voulc^  divertlr  mon  entente. 

Plus  lu  blame:^  ^plus  ]e  la  trouve  telle  ,  &c.  Ma'r. 

Entente  ,  fignifie  aufii ,  un  certain  ordre  &  difpo- 
luion  qui  donne  de  l'agrément  aux  chofes.  Elegans 
ordo  J  ordinis  -v'r.tus  ,  décor  j,  gratta.  On  dit  l'en- 
tente àe  ce  tableau  eft  merveilleufe  ^  c'ell-à-dire, 
que  l'ordonnance  en  eft  bien  entendue  ,  qu'il  eil 
conduit  avec  beaucoup  à' entente  j  fou  pour  la  dif- 
pofition  du  fujet ,  fou  pour  les  expreHions ,  foit 
pour  les  jours  ik.  les  ombres.  L'entente  d'un  bâti-, 
ment ,  d'un  habit ,  d'un  ballet  ;  c'eft-à-dite  ,  La 
belle  difpoiition  ,  là  conduite ,  1  agrément  tjui  s'y 
trouvent. 
ENTENTIF,  ive.  vieux  adj.  Attentif.  Attentus  ,  Cj 

um. 
ENTENTION.  f  f.   Efpérance.   GlojJ'.  des  Po'êf.  du 

Roi  de  Nav. 
ENTER.  V.  a.    Greffer ,  faire   des  entes.    Inferere. 
Enter  un  pommier  iur  un  prunier.  Enter  fur  franc, 
enter  Ç\\i  un  fruvageon.  On  ente  en  plufieurs  ma- 
nières. La  première  ,  enjente,  fe  fait  en  pied  de 
biche  ,  lorl'qu'on  coupe  horifonralement  &  égale- 
ment un  fujer,  ou  lauvageon  ,  fur  lequel  on  met 
une  ou  pluheurs  greffes  ,  l'ayant  auparavant  fendu 
&  paré  pour  emporter  le  trait  de  la  fcie.    On  ente 
en  m.oélle ,  quand  on  place  une  greffe  au  milieu 
d'un  fujet  moelleux  ,  comme  la  vigne,  ou  jafmin 
d'Efpagne.   On  ente  en  couronne  les  gros  arbres  au 
printemps,  lorfque  la  fève  eft  un  peu  montée.  L'on 
place  plufieurs  grefles  taillées  d'un  feul  côté ,  l'é- 
corce  en  dehors  entre  la  peau  &  le  bois ,  après  avoir 
un  peu  incifé  Ion  écorce.    On  ente  en  approche^ 
quand  on  perce  un  arbre ,  &  que  dans  le  trou  on 
palle  une  branche  d'un  autre  arbre ,  comme  de 
vigne  dans  le  noyer  ;  ou  bien  en  approchant  deux 
branches  de  divers  arbres  d'égale  grcireur ,  dont 
l'une  eft  fendue  par  fon  extrémité ,  &  que  dans 
cette  fente   on  infère   l'autre  qui    eft    taillée  de 
deux  côtés  de  figute   plate.    Uente  en  flûte  ou  en 
flûte  au  3  ou  en  canon  ^  ou   en   cornuchet  ,   fe  fait 
au  mois  de  Mai ,  lois  de  la  fève  ,  en  enlevant  du 
fujet  qu'on  veut  enter  un  anneau  de  la  peau  ,  com- 
me une  efpèce  de  chalumeau,  au  lieu  de  laquelle 
on   en  place  autant  d'une  autre  d'égale  groffeur. 
Cela  fe  pratique  particulièrement  fur  le  châtaignier 
&  le  noyer.  On  ente  enfcion  _,  quand  on  met  un 
fcion  ou  rejetton  d'atbre  dans  l'entamure  de  l'é- 
corce  de  l'arbre  qui  en  fait  le  fujet ,  comme  s'il  y 
étoit  crû  de  foi-même.  Pour  enter  en  bouton,  ou 
en  germe ,  il  fiut  mettre  un  bouton  eu  la  place  d'un 
autre  bouton  fraîchement  arraché.  Enter  en  perche , 
c'eft  garnir  de  grefies  tous  les  trous  d'une  longue 
perche  d'arbre,  &  enterrer  cette  perche  ,  la  pointe 
des  greffes  en  dehors.    Pline  s'eft  emporté  contre 
l'adrefTe  de  ceux  qui  fe  font  avifés  d'enter  les  arbres 
pour  en  rendre  les  fruits  plus  délicieux.  Cette  nou- 
veauté de  marier  enfemble  des  efpèces  différentes 
lui  paroilloit  un  raffinement  de  la  volupté ,  &  il 
l'appelle  un  adultère  :  arborum  quoque j  dit-il,  adul- 
teria  excogitata  funt.    Voyez   aux  mots  greffée  de 
greffer,  où  nous  parlerons  un  peu  plus  au  long  des 
différentes  manières  de  greffer,  de  l'avantage  &  de 
l'utilité  de  cette  opération,  &c. 
Enter  ,   fe  dit  encore  en  termes  de  Charpenterie. 
Inferere  ,-immittcre.  Il  faut  enter  cette  pièce  de  bois 
dans  celle-là  ;  pour  dire ,  Les  joindre  ,  les  alfem- 
bler  l'une  avec  l'autre,  ou  par  tenon  &  par  mor- 
toife  ,  ou  pat  entaille. 
Enter,  fc  dit  aufii  figurément  dans  ces  phrafes ,  & 
femblables.    Une  telle  maifon  a  été  entée  fur  celle- 
là  j  pour  dire,  que  le  bien,  le  nom  &  les  Armes 
d'une  maifon  ,  ont  pafTé  dans  une  autre  par  quel- 
que alliance.    Ce  ne  feroit  qu'une  comparaifon 
entée  fur  une  autre  comparaifon.    Pelisson.   C'eft 
un  Financier  enté (nr  un  praticien.  Un  Gafcon  enté 
fur  un  Normand.  Ce  qui  fe  dit  d'un  homme  qui 


ENT 

réunit  diiFéremes  qualiccs.  La  vrtu  eft  entée  fur 
la  Nature.  La  Religion  taie  quel..,  icto.s  Ais  con- 
verilons  furprenaines  ^n:  des  chaiigcineiîi  iniiacu- 
leux  i  mais  elle  ne  fait  guère  toute  une  vie  cgale , 
li  elle  n'eft  entcc  fur  un  natu:  el  puii.jl^'piic.  Fonten. 
Je  trouve  clans  le  peupl--  chi^nen  ,  compolé  de 
tous  les  peuples  du  monde  connu,  le  peuple  héri- 
tier des  promedes,  le  peuple  entt:  lur  l'ancienne 
tige  de  la  race  d  Abrnham.    Fenelon. 

Enter,  en  termes  de  Fauconnerie,  lignihe,  Rejoin- 
dre une  penne  gardée  à  celle  d'un  oileau  qui  elt 
rompue  ,  hoilFee ,  ou  alhrenée  ,  ou  la  raccommo- 
der à  l'aiguille  ,  ou  au  tuyau  ,  6ic. 

Enîe  ,  ÉE.  part.  Il  a  les  lignihcations  de  fon  verbe  au 
propre  &  au  figuré. 

§CF  Enté  ,  en  termes  de  blazon ,  fe  dit  des  partitions , 
des  bandes,  des  peaux  ,  «Sec.  qui  entrent  les  uns 
dans  les  autres  en  ondes. 

ENTERIN  ,  iNE.  adj.  m.  &  f.  C'eft  un  vieux  mot, 
qui  veut  dire  entier.  întegcr^  totus ,  univcrfus.  On 
trouve  entérine  relHtution  au  ch.  68.  des  Allifes  : 
c'eit  ce  que  nous  appelons  rertitutioii  en  entier. 

Car  cil  qui  par  regard plaifant , 

Ou  par  douce  chère  Jaifant  j 

Ou  par  aucun  beau  ris  jerain 

Donne  fon  cuer  tout  entéiin.  R.  de  la  Roze. 

ENTÉRINEMENT,  f.  m.  Jugement  par  lequel  le 
Juge ,  après  avoir  examiné  la  forme  &  la  teneur 
d'un  aéle  ou  d'une  pièce,  ou  de  lettres  de  relcilion, 
ou  autres,  ou  faifant  droit  lur  la  Requête  qui  lui 
a  été  préfentée ,  conhrme  &  approuve  l'acîe ,  & 
en  ordonne  la  pleine  (Se  entière  exécution.  Voy.  au 
mot  homologation  en  quoi  ces  termes  diffèrent. 
ConceJJio ,  rati  habitio  ,  approbatio.  \Jcnt^!:!:emcnt 
d'une  rémilîion  des  lettres  de  reftitution. 

Entérinement  ,  s'ell  dit  autretois  pour  entièrement. 
Vovez  de  Seaumanoir,  ch.  6. 

ENTÉRINER,  v.  a.  Terme  de  Ealais.  Approuver  ju- 
ridiquement, confirmer ,  &c  ,  pour  ainh  dire  ,  ren- 
<lre  entier  un  aile,  en  ordonner  la  pleine  6c  en- 
tière exécution,  liatem  habere  _,  approbare.  Sa  grâce 
a  été  entérinée.  Sa  requête  a  été  entérinée.  Sa  re- 
tquêre  civile  a  été  entérinée.  Entériner  des  lettres  de 
rémillion.  Patru. 

Ce  mot,  félon  Ménage  ,  vient  de  entérin  j  vieux 
mot  François  qu'on  a  dit  pour  entier  j  qui  vient 
du  Latin  integer  ;  ou  île  integrinare  j  qu'on  a  fait  de 
integrinus  ,  diminuât  de  inceger.  Ce  mot  s'eft  dit 
apparemment  d'abord  des  lettres  de  reuuution  en 
entier,  Se  depuis  s'eft  étendu  à  toutes  fortes  de 
requêtes. 

Entériner,  autrefois  fe  prenoit  pour  Accomplir, 
rendre  entier ,  pariait. 

Entériné  ,  ee.  part. 

ENTEROCÈLE.  f.  h  Terme  de  Médecine.  Dafcente 
des  inteftins  dans  le  pli  de  l'aîne.  La  caule  pro- 
chaine de  Ventéroccle  eli  la  relaxation  ,  ou  l'exten- 
iion  de  la  partie  infciieure  du  péritoine  dans  le- 
quel font  contenus  les  inteftins.  Les  caufes  éloi- 
gnées font  les  grands  efforts,  les  cris;  d'où  vient 
que  les  enfans  y  font  fort  fujets  \  les  exercices  trop 
rudes,  la  toux  violente,  le  fréquent  vomillement, 
&c.  Il  y  a  deux  fortes  èé entérocèles  \  Xentérocète 
complète  ,  qui  arrive  lorfque  l'inteftin  tombe  dans 
le  fciotum  ;  &  Ventérocèle  incomplète,  qui  arrive 
lorfque  l'inteilin  ne  tombe  que  dans  l'aîne. 

Ce  mot  vient  du  Grec  "TEfoy  ,  intellin,  &  de 
xïPiî)  qui  fignifie  tumeur  en  général ,  &  en  parti- 
culier,  tumeur  du  fcrotum. 

ENTEROÈPIPLOCÈLE.  f.  f.  Efpèce  d'hernie  dans 
laquelle  les  inteftins  &  l'épi ploon  defcendent  en- 
femble  dans  le  fcrotum  ,  d'où  vient  qu'en  lui  a 
donné  le  nom  à'Fntéroépiplocèle.  Les  caufes  font 
les  mêmes  que  celles  de  l'entérocèle. 

ENTÉRO-EPIPLOMi'HALE.  f.  f  Terme  de  Mé- 
decine. Entero-cpiplomphalus.  C'eft  une  des  efpè- 
ces  d'exomphalcs,  de  celles  qui  fe  font  de  parties. 


ENT  741 

&  non  pas  d'humeurs.  L'inteflin  &  l'épiploon  con- 
courent enieaible  pour  former  YEntéro-èpipluin- 
pluùe. 

Le  nom  ^ Enter o-cpiplompimle-e^  tiré  de  la  Lan- 
gue Grecque,,  &  compofé  de  trois  mots ,  "i-ff»» 
iineftin  j  tKi'wAoav   epiploon  ;   ôwipaAôj  ombilic. 

ENTÉROHYDROMPHALE.  f.  f.  Terme  de  Méde- 
cine. Entcrohyiromphalus.  Sorte  d'exomphale  de 
l'efpèce  de  celles  qui  fe  formenrde  parties  &:  d'hu- 
meurs. L'inteftin  qui  fort  de  fa  place,  &  des  eaux 
qui  s'amallant,  forment  X Entérohydromphale. 

Ce  moteft  formé  &:  compofé  de  trois  mots  Grecs, 
VtTff»;-  intcftir.  ,  lêaf  eau  ,  cff.(paX'.!  ombilic. 

fCFENTEROLOGlE.  f.  f.  Terme  d'Anatomie.  Traité 
lur  les  Vifcères.  t'-îp"»  intejlin  ;  Ao'yo;  dijcours, 
l^oy.  Viscère. 

ENTÉROMPHALE.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  En- 
tcromphalus.  C'eft  une  efpèce  d'exomphale,  de  cel- 
les qui  fe  font  par  l'enflure  des  parties.  UEntérom- 
phale  vient  de  ce  que  l'inteftin  fort  de  fa  place,  & 
caufe  une  tumeur  dans  le  nombril. 

Ce  mot  vient  d^rspo»  intejlin^  &  iuifaXc;  om- 
bilic. 

ENTEROPHYTON  VULGAIRE,  f.  m.  C'eft  une 
plante  de  mer,  à  laquelle  l'on  a  donné  ce  nom, 
parce  qu'elle  a  la  figure  d'un  inteftin.  Elle  croie 
dans  les  f-ollés ,  fur- tout  dans  ceux  qui  font  fur  Itî 
bord  de  la  mer.  Elle  n'eft  d'aucun  ufage  en  Mé- 
decine. 

ENTERORAPHE.  f.  f.  Suture  des  inteftins. 

ENTEROSARCOCÈLE.  Efpèce  d'hernie. 

ENTEROSCHÉOCÈLE.  f.  f.  Hernie  dans  laquelle 
les  inteftins  defcendent  dans  le  fcrotum.  DÉn-sfo» 
inteftin,   'ca-y-wi  le  fcrotum ,  &t.  x.'î^ii  hernie. 

|t:?ENTERRAGE.  f.  m.  Terme  de  fonderie.  On  ap- 
pelle ainli  le  maftit  de  terre  qu'on  met  autour  du 
moule  dans  la  fofTe,  pour  le  contenir  de  tous  côtes. 

ENTERREMENT,  f.  m.  Aéte  de  Religion  ,  céré- 
monie qu'on  fait  quand  on  met  un  corps  mort  daiis 
la  (épnhme. flumatio.Oix  envoie  aux  parens  &  amis 
des  billets  d'enterrement  j  qui  portent,  Vous  êtes 
priés  d'allifter  aux  convoi ,  fetvice  &c  enterrement. 
La  pompe  des  emerremens  regarde  plus  la  vanité 
des  vivans,  que  l'honneur  des  morts.  Rochef.  Du 
Tillet,  dans  fon  F.ccueil ^  P.  L  p.  533.  5c  fuiv. 
traite  des  derniers  jours,  exéques  &  enterrement! 
des  Rois  &  Reines  de  France. 

On  dit  proverbialement  :  Venterrement  fur  la 
folEe  •■,  pour  dire,  qu'il  faut  confommer  une  chofe 
fur  le  champ. 

ENTERRER,  v.  a.  Mettre  en  terre,  donner  la  fépul- 
ture  à  quelqu'un.  Humare ,  condere  tertâ.  On  en- 
terre les  Rois  de  France  à  Saint-Denis.  On  n  enterre 
pas  les  excommuniés  en  tetre-fainte.  On  a  fait  une 
trêve  pour  enterrer  les  morts.  Les  Anciens  n'enter- 
roieriî  pas  leurs  morts ,  ils  les  brûloient ,  comme 
font  encore  les  Indiens.  La  coutume  de  brûler  les 
corps  morts  cefTa  parmi  les  Romains  fous  l'empire 
des  Antonins ,  long-tems  avant  qu'on  permît  aux 
fidelles  ^enterrer  les  corps  dans  les  Eglifes  ;  car 
autrefois  on  ne  le  fouflroit  pas  même  pour  les  Rois 
&  les  Empereurs.  Les  Abaflès ,  au  lieu  ^enterrer 
les  morts ,  les  enferment  dans  un  tronc  d'arbre 
crcufé  ,  qui  leur  fert  de  bière  ,  &  qu'ils  attachent 
aux  plus  hautes  branches  d'un  grand  arbre. 

On  n'a  point  vu  d'homme  s'enterrer  tout  vit 
après  la  mort  de  fa  femme.  S.  EvR.  Je  fuis  more 
de  votre  abfence  ,  Se  il  n'y  manque  plus  rien  ,  finon 
que  je  ne  luis  pas  encore  enterré.  Voit.  Molière 
repréfente  fon  Avare  difant,  après  avoir  perdu 
(on  argent ,  C'en  eft  fait ,  je  n'en  puis  plus ,  je 
me  meurs,  je  fuis  mort,  je  (ms  enterré. 

Enterrer,  (Ignifie  aufli ,  Enfouir,  iTietrre ,  cacher 
foui  terre.  Terra  tegere.  On  a  airalliné  cet  homme  , 
&  on  l'a  enterré  à^ns  un  bois.  Les  avares  enterrent 
leurs  tréfors.  Je  ne  fai  fi  j'aurai  bien  fait  d'avoir 
enterré  dans  mon  jardin  dix  mille  écus  quon  me 
rendit  hier.  Mol.  Pendant  la  auerre  on  enterre  ce 
qu'on  a  de  meilleur ,  pour  le  dérober  à  la  violence 


744 


ENT 


des  foldats,  Les  Vignerons  enterrent  des  fcions  de 
viiJK'r  peur  les  faire  provigner.  Les  Jardiniers  en- 
terrent la  chicorée ,  pour  la  faire  blanchir  &  la 
rendre  plus  tendre.  Enterrer  les  fauvageons  dans 
des  toires  ,  c'ell  ce  que  Columelle  appelle  deponere 
feminafcrobibus.  Il  y  a  des  arbres ,  comme  les  fau- 
tes &  les  oliviers,  qui  viennent  fort  bien  quand 
on  en  enterre  les  tronçons,  ce  que  l'on  appeloit  au- 
trefois aftier  par  tronçons.  On  coupe  un  tronçon  , 
C/avoiam  ,  plantale  .,  taleam  ,  également  de  part  Se 
d'autre ,  &  on  le  hche  en  terre.  C'elt  ce  que  les 
Latins  appellent  Inhumare  talens ^ferere ,  piquer  ou 
ficher  j  &  Virgil?, 

NU  radias  e^ort  alis.  ,  fummumque  putator 
Haud  dubitat  tcrrs,  rejerens  tnandarc  cacuinen  ,  &c. 

EfiTERRER  ,  fe  dit ,  figurcment,  en  Morale  ,  &  figni- 
fie,  Cacher  une  chofe  ;  n'en  faire  aucun  ulage.  Il 
ne  faut  pas  enterrer  les  beaux  talens  que  Dieu  nous 
a  donnés.  Quand  on  a  abufé  d'un  talent  j,  fouvent 
La  volonté  de  Dieu  eft  qu'on  \ enterre^  ou  du  moins, 
qu'on  en  inteirompe  l'ufige  ,  julqu'à  ce  qu'on  ait 
fait  pénitence  des  excès  qu'on  y  a  commis.  Ab.  de 
lA  Trap.  Ce  dévot  s'ell  mis  en  retraite  ,  a  renoncé 
au  commerce  du  monde,  il  s'eft  allé  ewrerrer  tout 
vif  dans  un  défert ,  dans  un  Monaltère.  Enterrer 
Ton  fecret.  Abl.  c'elf  ne  le  point  déclarer ,  le  tenu 
caché. 
Enterrer,  fe  dit  aufïï,  de  ce  qui  périt,  qui  ell 
accablé  fous  quelque  ruine.  La  ville  de  Ragule  a 
été  toute  enterrée  par  un  tremblement  de  terre.  On 
fit  jouer  un  fourneau  fous  ce  ravelin  ,  où  plulîeurs 
foldats  furent  enterres.  Et ,  figurément ,  on  ^\\i 
qu'un  homme  s'eft  voulu  enterrer  fous  les  ruines 
de  fa  patrie  5  pour  dire j  qu'il  la  détendue  jufqu'n 
l'extrémité  ,  jufqu'à  la  mort. 

On  dit ,  en  termes  de  guerre,  une  batterie  de 
pièces  enterrées ,  quand  fa  platetorme  ell  au  dellous 
du  rez-de-chaulfée  ,  enforte  qu'il  huit  couper  pour 
faire  les  embrafures  du  canon.  Ces  batteries  fe  font 
pour  ruiner  les  défenles  de  la  place.  D'oii  vient 
qu'une  batterie  enterrée  s'appelle  aulli  batterie 
minante. 

On  dit  d'un  homme  fort  fiin  qui  promet  une 
longue   vie  :   cet  homme-là    nous    enterrera  tous. 
Ac.'Fr. 
Enterrer  les  futailles  ;   c'efl:- à-dire  j  les  mettre  en 
partie  dans  le  lelt  du  vailleau. 

On  dit ,  proverbi.ilement ,  d'une  miifon  qui  a 
bien  coûté  pour  bâtir ,  Il  y  a  bien  des  écus  enterrés 
eu  ce  lieu.  Enterrer  la  lynagogue  avec  honneur  ; 
pour  dire.  Terminer  une  affaire,  fortir  d'un  en- 
gagement ^  d'une  liaifon  ,  avecbienféance  ,  &  d'une 
manière  irréprochable. 
Enterre  ,  ée.  part.  Humatus  ,  terr£  créditas.  On 
appelle  une  maifon  enterrée,  un  jrrdin  enterre, 
une  maifon ,  un  jardin  dont  la  iuuation  ell  trop 
balfe  ,  qui  font  entourés ,  dominés  par  des  lieux 
élevés. 
ENTES,  f.  f.  pi.  Terme  ufité  dans  la  chalTe  des  oi- 
feaux.  Ce  font  des  peaux  remplies  de  paille  ou  de 
foin  j  auxquelles  on  fiche  un  piquet  par  deifous  le 
ventre  pour  les  hiire  tenir  à  rerre  ,  comme  lur 
leurs  pieds  j  afin  de  tromper  les  autres  oifeaux , 
qui  les  voyant  j  fe  jettent  dans  les  filets  avec  eux  , 
croyant  qu  ils  font  en  vie  :  on  les  nomme  aullî  quel- 
quefois moquettes. 
ENTESER.  V.  a.  Vieux  mot.  On  difoit ,  autrefois  , 
entifer  un  arc  \  pour  dire  j  Bander  un  arc  ,  l'ajuller 
pour  le  rirer. 
lô"  ENTÊTEMENT,  f.  m.  Ce  mot  ne  feditpoint,  au 
propre  ,  pour  étourdiŒementjCere^ri  tentatio  ,  dolor, 
quoiqu'on  dife  cntcter.  On  trouve  fouventdes  exem- 
ples de  cette  bizarrerie  dans  notre  lingue.  Si  l'on  dit 
que  le  mufc  entête  ,  que  lo  charbon  entête,  pourquoi 
ne  dit-on  pas  l'entêtement  caufé  par  l'odeur  du 
mufc ,  par  la  vapeur  du  charbon ,  fur-tout  fi  nous 
n'avons  point  de  mot  fynonyme ,  ni  d'équivalent  ? 


ENT 

Une  langue  ne  doit-elle  pas  avoir  des  termes  pont 
toutes  les  idées  qu'on  veut  exprimer ,  fans  qu'on 
foit  obligé  de  le  lervirde  périphrale. 
ff3°  Entêtement  ,  au  figuré  ,  déligne  un  défaut  qui 
conlilfe  dans  un  trop  giand  attachement  à  Ion  iens, 
lequel  vient  d  un  excès  de  prévention  qui  léduit , 
6«:  qui ,  nous  tailant  regarder  les  opinions  que  nous 
avons  embrallées  comme  les  meilleures,  nous  em- 
pêche d'en  approuver  &  d'en  goûter  d'autres,  f^oye^ 
aux  articles  Opiniâtre  i^  Obstination  j  en  quoi 
ces  mots  dirtcrent.  Pertinacia.  Le  plus  grand 
oblàacle  à  la  connoilFance  de  la  vérité  eft  \'en- 
tacinent.  Cet  homme  a  un  grand  entêtement 
pour  cette  femme  ,  elle  le  gouverne  ablolumenc. 
Rien  ne  rellcmble  plus  à  une  vive  perluafion  que 
Ventctewent.  La  Br.  Dès  qu'on  eft  médiocremenc 
fage  ,  on  ne  s'avife  guère  de  faire  le  décifif ,  dans 
un  hécle  oii  rien  ne  règne  tant  que  \ entêtement.  Le 
P.  R.  Ce  qui  me  fâche  le  plus  de  Y  entêtement:  oi 
l'on  eft  pour  l'Opéra ,  c'eft  qu'il  va  ruiner  la  Tra- 
gédie. S.  EvR. 

Et  les  entêtemens  les  moins  deraifonnables  ^ 
Bien  loin  d'être  approuvés  ^  ne  font  pas  e.xcufables. 

^llle  DE  LA  Vigne. 

ENTÊTER.  V.  a.  Etourdir  ,  blelfer ,  &  offenfer  le 
cerveau  par  des  vapeurs  fâcheulcs.  Tentare  caput  , 
cijJJigerc  ,  cerebrum  turbare.  Le  mufc  qui  n'eft  point 
failifié  entête  fi  fort ,  qu'on  ne  le  peut  IbufFrir.  Le 
vin,  pris  avec  excès,  entcte.Lz.  mocle  du  palmicc 
entêtoit  les  loldats.  Abl.  Le  charbon  allumé  dans 
un  lieu  clos  entête  ,  &  fa  vapeur  eft  fouvent  mor- 
telle. 

\fF  Entêter,  fe  dit,  au  figuré  ,  pour  donner  de 
l'orgueil  ,  troubler  l'efprit.  Les  louanges  fonc 
le  parfum  qui  entête  le  pins.  Quelquefois  il 
lignifie  prévenir  l'eiprit  de  quelqu'un  i\  fortement, 
cjLi'il  ne  peut  plus  goûter  ni  approuver  d'autres 
opinions  que  celles  qu'il  a  embralîees.  Qu'eft-ce 
qui  vous  a  entêté  de  cet  homme  ,  de  ce  fyftême  ? 
Il  s'emploie  plus  fouvent  dans  ce  feus,  au  récipro- 
que ,  oi  fe  prend  toujours  en  mauvaife  part.  Cet 
homme  eft  tort  entcté  de  la  bonne  opinion  qu'il  a 
de  lui-même;  il  elt  fort  entêté ds  fa  grandeur,  de 
la  noblelle  de  fa  maifon  ,  de  ton  procès  j  de  fa 
femme  ,  il  en  parle  continuellement.  Cette  fille 
eft  entêtée  d'un  for.  Les  ignorans  s'entêtent  facile- 
ment de  leurs  opinions.  Nous  croyons  aifémenc 
que  les  louanges  les  plus  outrées  qu'on  nous  donne 
font  lincères  ,  parce  cjue  nous  fouîmes  tort  entêtés 
de  nous-mêmes. 

L'homme  a  peu  de  bonfens  quand  il  va  j'entcter  , 
De  la  vanité  de  porter 
Sa  gloire  au-delà  de  lui-même.  Des-Houl. 

Entêté  ,  ée.  part.  &  adj.  Il  n'eft  guère  d'ufige  que 
pour  fignifier.  Trop  prévenu,  fortement  préoc- 
cupé. Prdtoccupatus.  Il  eft  aulîi  fubftantif.  C'eft  un 
entêté. 

IP"  L'homme  entêté ,  d'après  M.  l'Abbé  Girard  , 
eft  celui  qui  a  un  ttop  grand  attachement  à  fon 
fens  ,  lequel  vient  d'un  excès  de  prévention  qui 
le  féduit  ,  &c  qui  lui  faifant  regarder  les  opinions 
qu'il  a  embrallées  comme  les  meilleures  j  l'em- 
pcche  d'en  approuver  &  d'en  goûter  d'autres,  f^'oy. 
Opiniâtre  &  Obstiné. 

IKT  Entêté  Se  Têtu  ,  défignent  un  défaut  plus  fondé 
fur  un  efprit  trop  fortement  perfuadé  ,  que  fur 
une  volonté  trop  ditlicile  à  réduire.  Mais  Ventete 
croit  &  fe  perfuadé  également  les  fentimens  des 
autres  comme  les  fiens  ,  &  même  après  quelque 
forte  d'examen  &c  de  raifonnement  :  au  lieu  que  le 
têtu  ne  SQn  tient  qu'aux  fiens  propres  j  &  le  plus 
fouvent  du  premier  afpc-él  fans  aucune  réllexion. 

ENTEURE.  Prononcé  Se  Foye^  ENTURE. 

ENTHIQUITES.  f.  m.  pi.  Nom  que  l'on  donna  dans 
le  premier  fiède  à  certains  Sedtateurs  de  Simon 

ïi 


ENT 

iû  Magicien.  Il  n'y  avoic  rien  de  p!as  déreflable 
que  leurs  lacririces  ,  pour  les  ialeccs  quis'yconi- 
mertoienc- 

ENIHLASE  ENTHLASIS.  f.  h  Terme  de  Chirur- 
gie. Efpèces  de  fi.idure  du  crâne  taice  par  inl- 
trumenc  contundanc,  dans  laquelle  l'os  ell  bril'é 
en  piufieurs  pièces  ,  avec  dépcedion  ,  Se  plulieurs 
fentes  qui  fe  croilent.  Ce  mot  eft  Grec  i'B-^as-n , 
cûi/I/îo ,  injrdclio ,  fradture  à  plulieurs  pièces,  du 
verbe   hâ-xâu,  i/iJnngo,\cbnii.  Col  de  Villars. 

fO^ENTHOUSIASME.  f.  m.  Mouvement  extraordi- 
naire de  lame  ,  caufé  par  une  mlpiration  ,  qui  eit 
ou  qui  paroît  divine.  Saiil  le  trouvant  parmi  les 
Prophètes ,  fe  trouva  faili  du  même  cnthoujlafnic 
qu'eux.  Mais  nous  appliquons  particulièrement  ce 
mot  aux  prêtres  du  Paganilme  ,  aux  Sybilles  j  &i 
généralement  à  tous  ceux  qui  ,  faihs  d'une  fureur 
prophétique  ,  feinte  ou  viaie  j  prononçoient  les 
oracles  du  Paganilme.  jincnoujiajrnos ,  i.  Cicéron 
n'écrit  ce  mot  qu'en  Grec. 

V3°  Enthousiasme  ,  en  matière  de  Belles-Lettres  & 
dans  les  Beaux  Arts ,  ell  une  émotion  vive  de  i'ame 
par  laquelle  un  honnne  qui  travaille  de  génie  ,  un 
Orateur  j  un  Pocte  ,  un  Peintre  j  ccc.  à  la  vue  de 
quelque  nouvelle  image  qui  le  préfente  à  lui ,  s'é 
lève  en  quelque  lorte  ,  au-dellus  de  lui-même, 
crée  ,  produit  des  choies  furprenantes  tk.  extraordi- 
naires. \Jc:uhjufiaJ}ne  ell  un  tranfport  de  l'efprit 
qui  fait  penler  les  chofes  d'une  manière  fublime  j 
iutprenante  &  vrailemblable.  De  Piles.  J'ai  fait  en- 
trer du  fublime  dans  la  déhnition  de  ïenchoujiajme , 
parce  que  le  lublime  ell  un  effet  &c  une  produtlion 
de  Ïcnchou/Lijhid.  Venchouflafme  contient  le  fublime, 
comme  un  tronc  contient  Ïqs  branches.  L'enchou- 
Jîafme  eft  un  foleil  dont  la  chaleur  &  les  influences 
font  naître  les  hautes  penfées.  V cmhoufiafme  Se  le 
fublime  tendent  tous  deux  à  élever  notre  el'pric  ^ 
mais  Venthoufîjfme  porte  notre  ame  encore  plus 
haut  que  le  fublime.  Ver.thoujiafme  a  un  effet  plus 
prompt  que  le  fublime.  V enchoujiafme  nous  enlève 
ïans  que  nous  le  fentions.  Venchoufiafme  nous  failit , 
&  nous  faillirons  le  lublime.  Pour  difpofer  l'efprit 
à  ïenthoufiafme  ,  rien  n'elt  meilleur  que  la  vue  des 
ouvrages  des  grands  Maîtres,  &  ialeduredes  bons 
Auteurs,  à  caufe  de  l'élévation  de  leurs  penfées,  de 
la  noblelfe  de  leurs  exprellions.  Id.  L'enthoujlaj'me 
fe  trouve  dans  la  Pocfie,  la  Mulique  ,  l'Art  Ora- 
toire ,  Il  Peinture,  la  Sculpture,  &c.  mais  \en- 
thoujiafme  qui  convient  aux  ouvrages  des  Arts  eft 
bien  diftcrenc  de  celui  qu'on  attribue  aux  Sybilles , 
aux  Prêtres  Se  aux  Prètreiles  des  faux  Dieux  :  celui- 
ci  tenoit  du  FanatifmCj  &c  ne  confiftoit  que  dans 
des  grimaces  &  des  contorlions  femblables  à  celles 
que  font  les  Fanatiques.  Quand  la  Sybille  j  ou  la 
Prêtrelfe  rendoit  fes  oracles  ,  elle  étoit  faifie  d'un 
certain  enchoujiafme.  Les  Poètes  ne  font  bien  des 
vers ,  que  lorfqu'un  enchoujiafme  les  tranfporte. 
Get  Auteurs'imaginantèrte  cçn%  A' an  enchoujiafme  ^ 
&  d'une  fureur  divine  J  n'a  que  du  vent  &  de  l'é- 
corce.  BoiL.  Il  ne  faut  pas  prendre  une  extra- 
vagance ,  ou  un  emportement  déréglé  pour  un 
enthoujiaj'me  &c  une  tureur  poétique.  S.  Evr.  La 
vraie  éloquence  ne  s'échape  jamais  jufqu'à  ces  en- 
thoujiajmes  qm  tranfporrent  un  auditeur,  comme 
par  magie  ,  dans  des  pays  perdus. 

fîO"  ENTHOUSIASMER.'  v.  a.  Ravir  en  admiration. 
Cet  ouvrage  l'a  emhouJiafmé.W  eft  enchoujiafme  de 
la  Mufique.  Je  fuis  enthoufiafmé  de  l'air  &  des  pa- 
roles. Mol. 

Il  eft  aulfi  réciproque.  Cet  homme  senchoufiafme 
aifément.  Il  fe  prend  plus  fouvenc  en  mauvaife 
part. 

Enthousiasmé,  Ée.  part, 

ENTHOUSIASTE,  i.  m.  Synonyme  de  fanatique, 
vifionnaire.  Enchoufiajies.  Prononcez  \s\  nom  d'an- 
ciens Sedlaires  ,  qui  étoient  les  mêmes  que  ceux  qui 
ont  été  appelés  Mcfjalïens  ;  Euchites.  On  leur  avoir 
donné  ce  nom  ,  a  ce  que  dit  Théodoret ,  parce 
qu'étant  agités  du  démon  ,  ils  croyoient  avoir  de 
Tomt  III. 


ENT 


74; 


véritables  infpirations.  S.  Jean  Damafcène  parle  au 
long  de  ces  hérétiques  dans  ion  Traité  des  I  léiélies, 
11.  So.  Se  fait  une  Iule  fort  détaillée  de  leurs  erreurs, 
qui  ne  font  que  des  rêveries  extravagantes ,  &  plei- 
nes d  impiétés. /oye-cc  Pcre,  &c  les  Notes  du  P.  Le 
Quien  dans  l'édiuon  qu'il  a  faite  de  fes  ouvrages. 
yoy-d-  aulli  Mallalien. 

On  donne  encore  aujourd'hui  le  nom  à'Enthou- 
fiajïes  aux  Anabaptiltes ,  aux  guakers  ou  Trem- 
bleurs ,  à  quelques  autres  Fanatiques.  Les  Enchou- 
Jiajles  J  les  Quakers  ou  les  Trembleurs,  dit  M. 
Stoupe  ,  qui  croient  qu'ils  font  tombés  d'une  inf- 
piration  divine  ,  foutiennent  que  la  Sainte  Ecriture 
doit  être  expliquée  par  les  lumières  de  cette  inf- 
piration  divine,  fans  laquelle  ce  n'eft  que  lettre 
morte  j  Se  que  ce  n'eft  point  la  vraie ,  unique  Se  par- 
faite parole  de  Dieu.  Ils  Ibutiennent  que  leurclpric 
eft  plutôt  cette  parole  qu'il  faut  écouter  &;  fuivre, 
cet  efprit  que  l'homme  a  en  foi-même ,  Se  qui  lui 
Icrt  comme  de  Doéleur  j  pour  lui  apprendre  tout 
ce  qu'il  faut  croire.  Dans  leurs  alfeinblées,  ils  de- 
meurent allîs  long-temps  ,  fans  parler  Se  fans  re- 
muer. L'on  entend  feulement  quelques  gémilfe- 
mens  ,  jufqu'à  ce  que  quelqu'un  d'entt'eux ,  fen- 
tant  l'agitation  Se  le  mouvement  de  l'efprit  ^  fe 
lève  &  dit  les  chofes  que  l'efprit  lui  commande  de 
dire.^  Les  femmes  mêmes  fentent  ces  mouvemens 
de  l'efprit  j  qui  les  font  parler  aulfi-bicn  que  les 
hommes  dans  les  aftemblées.  Dans  leurs  entretiens 
ils  parlent  fouvent  de  leurs  ravilTemens  Se  de  leurs 
révélations.  Gafpard  SwenkeFeldius ,  Gentilhomme 
de  Siléfie ,  a  été  un  des  premiers  chefs  des  En- 
ckoujiajles  en  1 5 17.  Il  avoir  une  grande  piété  en 
apparence ,  &  ceux  de  fa  feéle  le  regardèrent 
comme  un  autre  Enoch.  L'Auteur  des  Lettres  Phi- 
lofophiques ,  en  parlant  du  Quaker  ,  ou  Trem- 
bleur  qu'il  alla  voir.dit  qu'il  fe  garda  bien  de  lui  rien 
contefter  ;  qu'il  n'y  a  rien  à  gagner  avec  un  enthow 
fiajie  ;  qu'il  ne  faut  point  s'avifet  de  dire  à  un 
homme  les  défauts  de  fa  Maîtrellè ,  ni  à  un  Plai- 
deur le  foible  de  fa  caufe ,  ni  des  raifons  à  un  Illu- 
miné. Première  Leccre  j  pag.  7.  de  la  première  édi- 
CLon  ,  &  pag.  4  £•  5  É^t  (.elle  ou  il  y  a  vingt-Jix 
Leccres, 

Enthousiaste,  fedit,  aulîî ,  de  ceux  qui  pailenn 
&  qui  agillent  comme  s'ils  étoient  agités,  polfédés 
du  démon  ,  laiiîs  de  quelque  enthoufiafmé.  Au 
reftej  ce  qu'il  y  a  de  vif  &  d'animé  dans  cette 
fcène  ,  ce  font  des  impiétés  dîEnchouJiaJIes.  P.  de 
Courbeville. 

Ces  mots  ai  enchoujiafme ,  enthoufiafmer  y  en- 
choufiajies ,  nous  font  venus  du  Grec  ,  Se  nous  n'y 
avons  changé  que  la  terminaifon  :  'eVSsaf  ou  "-S-.»,-,  lig- 
nifie un  homme  animé  de  f  efprit  de  Dieu  d'une 
manière  extraordinaire,  dans  lequel  Dieu  eft  ,  que 
Dieuanime,"  »  ©"f.De-làon  a  fait  le  verbe  "S^as-iâ^^, 
ou  f^naa ,  &  le  uom  è»Sîs»v«o-^W,  enchoujiaj'me 
i'fus-iaç'tii  ,^  qui  eft  fujet  à  Xenchoufiafme. 

ENTHYMÈME.  f.  m.  Argument  qui  n'a  que  deux 
propofitions  ,  l'antécédent  &  le  conféquent.  inr/^y- 
/7/e/7Zij.  Ariftote  le  nomme  \ argument  de  la  Rhétori- 
que ,  ou  Xargumenc probable.  En  cela  il  eft  oppofé  au 
fyllogifme,  qui  a  trois  propofitions,  qu'il  appelle 
ï'argumcnc  de  la  Dialectique.  Ou  plutôt,  c'eft  un 
fyllogifme  parfait  dans  l'efprit  ,  mais  imparfait 
dans  l'expreOlon  ;  parce  que  l'on  y  fupprime  l'une 
des  trois  propofitions ,  comme  trop  claire  &  trop 
connue ,  &  comme  étant  facilement  fuppléée  par 
l'efprit  de  ceux  à  qui  on  parle.  Cette  manière  d'ar- 
gumenter eft  iî  commune  j  qu'il  eft  rare  qu'on  ex- 
prime les  trois  propohtions  du  fyllogifme,  parce 
qu'il  y  en  a  d'ordinaire  une  aflez  claire  pour  être 
fuppofée.  Par  exemple  ,  ce  vers  qui  nous  eft  refté 
d'une  tragédie  d'Ovide,  intitulée  la  Médée  j  con- 
tient un  enthymème  très-élégant. 

Servare  potui ,  perdere  an  poffim  rogas  ? 

Je  t'ai  pu  conferver ,  donc  je  t'ai  pu  perdre  ? 
^        ■^  Bbbbb 


746  E  N  T 

Toute  la  grâce  en  feroit  ôtée  ,  Ci  l'argiimerit  con- 
tenon  les  trois  propoluions  du  lyllogiline.  Car  Tel- 
prit  allant  plus  vite  que  la  langue  ,  ians  y  faire  ré- 
flexion ,  il  s'éloigne  de  ce  qui  ennuie ,  &  le  réduit  à 
ce  qui  eft  précifémenc  nécelfaire  pour  le  taire  en- 
tendre. Il  arrive  même  quelquefois  que  l'on  ren- 
ferme les  deux  propofitions  de  Verithvms,77i'.  dans 
une  feuie  propofition  qu'Anftote  appelle  ,  jenunce 
tnthymématïque.  Il  en  apporte  cet  exemple. 

Mortel 3  ne  garde  pas  une  haine  immortelle. 

\Jenthymême  entier  feroit  , 

Vous  êtss  mortel ,  que  votre  haine  ne  foit  donc  pas 
immortelle. 

Ce  mot  eft  Grec,  lyf^Mf"'  :  le  verbe  Grec  bSvfcilB-çn  , 
ïîgnilie  penfer  &  concevoir:  %fioî  fignifie  la  penlée , 
Tentendement ,  Vefprit. 

ENTICHER.  V.  a.  Commencer  à  gâter  ,  à  corrompre. 
Il  ne  s'emploie  guère  an  propre  qu'au  participe 
paffif.  Ces  fruits  Ibnt  un  ^enentichts.  Aliquantulum 
corrupti ,  Ufi.  Mais  ,  au  figuré ,  en  parlant  d'opi- 
nion ou  de  doélrine  ,  on  dit ,  Qui  vous  a  entiche  de 
cette  opinion,  de  cette  doélrine  ?  /w^^ert?. 

Entiche  ;  ée.  part.  &adj.  Qui  commence  à  fe  pourrir, 
Il  ne  fe  dit  au  propre  que  des  fruits.  Les  fruits  enti- 
chés ne  font  pas  de  garde. 

Entiché  ,  fe  dit  ,  figurément  &  batfement ,  des  per- 
fonnes,  pour  marquer  quelque  défaut  qu'on  com- 
mence d'appercevoir  en  elles.  Cet  homme  eftun  peu 
e/jric/ze  d'héréfie  ,  d'avarice,  entiché  à^Xz^it.  Con- 
taclus  ,  imhutus. 

Mon  frère  y  ce  difcours  fent  le  libertinage. 

Vous  en  êtes  un  peu  dans  votre  ame  entiche.  Mol. 

ENTICHITE.  Voyei  ENTYCHITE. 

ENTIENGIE.  f.  m.  Oifeau  qui  a  la  peau  toute  mou- 
chetée de  différentes  couleurs  j  &  que  l'on  trouve 
au  Royaume  de  Congo.  Il  a  cela  d'admirable  j  qu'il 
ne  met  jamais  le  pied  à  terre  j  parce  qu'il  meurt  , 
dit-on  ,  fitôt  qu'il  la  touche.  Ainfi  ,  il  eft  obligé  de 
fe  tenir  toujours  fur  les  arbres.  Sa  peaU  elt  une 
chofe  fi  rare  ,  qu'il  n'y  a  que  le  feul  Ro:  de  Congo 
qui  en  porte  ,  ou  les  Princes  &  les  Grands  Seigneurs 
auxquels  il  en  donne  le  pouvoir. 

gCF  ENTIER  J  1ÈRE.  adj.  Qui  a  toutes  fes  parties. 
Integer,  totus.  Ce  mot  délîgne  particulièrement  la 
totalité  des  portions  qui  fervent  à  conftituer  la  choie 
dans  fon  intégrité  elfentielle.  Ainfi  ,  une  chofe 
eft  entière  ,  iorfqu'elie  n'eft  ni  mutilée  ,  ni  brifée, 
ni  partagée ,  &  que  toutes  fes  parties  font  jointes 
ou  affemblées  de  la  façon  dont  elles  doivent  l'être. 
Complet  a  plus  de  rapporr  à  la  totalité  des  ponions 
qui  contribuent  à  la  perfeélion  accidentelle  de  la 
chofe.  Voye^i  ce  mot-  Occuper  une  maifon  entière. 
Avoir  un  apparrement  complet.  Un  jour  entier.  Un 
pain  entier.  Une  Province  entière.  Alexandre  j  maître 
du  monde  entier ,  s'y  trouvoit  rrop  ferré-  Boil. 

|iCF  On  ajoute  quelquefois  le  mot  de  tout  pour 
appuyer  davantage.  J'ai  lu  ce  livre  tout  entier.  Une 
matinée  toute  entière. 

Ce  mot  vient  du  Latin  integer. 
En  ce  fens ,  on  dit  d'un  cheval  qui  n'eft  point 
châtre  ,  que  c'eft  un  cheval  entier ,  parce  qu'on  ne 
lui  a  rien  retranché,  ni  coupé.  On  dit  au(îi ,  qu'un 
cheval  eft  enéi^er  ,  lorfqu'il  eft  rétif,  qu'il  n'obéit  pas 
à  la  main,  qu'il  y  rcfift-e  ^  &  qu'il  ne  tourne,  pas 
aifément.  On  dit  auftij  qu'un  mords  tient  de  Te//- 
tier  ,  quand  il  ne  plie  point  dans  le  milieu  de  la 

■   liberté  de  la  langue,  tel  que  celui  qu'on  donne  aux 

-  chevaux  qui  ont  les  barres  rondes  &  peu  fenfibles. 

Entier.,  fe  dit  en  chofes  Morales.  Il  s'cft  donné  rout 
entier  à  Dieu.  On'  fait  bien  de  fe  "montrer  ai nli  fon 
ame  toute  entière.  Cet  emploi  demande  un  homme 
tout  entier ,  ■ipoav  dire  ■  que  cela  le  doit  occuper  ab- 
folument ,  Se  qu'il  y  doit  donner  tous  fes  foins.  Il 
me  femble  que  ma  vengeance  feroit  plus  enùèrc  j  fi 


ENT 

mes  yeux  &  ines  actions  vous  confirmoient  mon 
innocence.  Que  perfonne  n'ait  fur  un  habile  homme 
l'avantage  de  trouver  des  bornes  à  fa  capacité  j  3c 
qu'il  fe  ménage  (i  bien ,  que  perfonne  ne  le  voie 
tout  entier.  Amelot. 

Voudrois-je,  de  la  gloire  évitant  le  /entier  , 
Ne  laijjer aucun  nom ,  6'  mourir  tout  entier  ?  Rac. 

|^3"Cette  expreflîon  fublime  ,  mourir  tout  entier^ 
eft  prife  du  Latin  d'Horace  j  non  omnis  moriar. 
Avant  Racine,  Corneille  avoir  dit  dans  Cinna  , 

Et  font-ils  morts  entiers  avec  leurs  grands  dejfeins? 

^^3"  Enfuite  il  mit ,  font-ils  morts  tous  entiers  ? 
Tout  entier  çd  plus  énergique. 
Entier,  fignifie  encore  j  Entêté,  qui  eft  fortement 
attaché  à  Ion  fens.  /Jjper  jtenax.  On  dit  qu'un  hom- 
me eft  <;/2rier,  pour  dire,  qu'il  eft  ferme  dans  fes 
rélolutions,  qu'il  n'en  veut  j.imais  démordre.  Cet 
homme  eft  e/?^ie/' dans  fes  opinions  ,  il  ne  revient 
jamais.  Il  faut  bien  remarquer  la  différence  que 
nous  mettons  entre  entier  &C  intégre.  L'un  fe  prend 
toujours  en  bonne  part  :  un  homme  intégre ,  un 
Juge  intégre  j  c'eft-à-dire  ,  défintéreffé  ,  tjui  ne 
donne  rien  à  la  faveur  ,  qui  ne  fait  rien  contre  la 
juftice,  contre  la  vérité  ,  qu'aucune  confidcration 
ne  fait  écarter  de  fon  devoir ,  &c.  Un  homme  en- 
tier,  un  Juge  entier,  fe  prend  ordinairement  en 
mauvaife  part ,  pour  un  homme  qui  ne  veut  pas 
entendre  raifon  ,  qui  eft  entêté  ,  qui  ne  veut  point 
démordre ,  &c. 

On  dit  au  Palais ,  que  les  chofes  ne  font  plus  en- 
tières ,  lorfqu'on  a  changé  la  nature  &  la  difpofi- 
tion  d'une  afiaire.  On  ne  peut  renoncer  à  une 
fuccelfion  ,  lorfque  les  chofes  ne  font  plus  en- 
tières. Lorfqu'on  a  fait  quelque  adte  d'héritier ,  qui 
ne  peut  être  fait  fans  la  qualité  Se  le  caradère  d'hé- 
ritier. Voye^ces  mors.  Pour  évoquer  une  affaire  en 
vertu  d'un  committimus ,  il  faut  que  la  caufe  foit 
entière ,  qu'on  n'ait  fait  aucun  aéte  par  lequel  on 
reconnoifîe  la  Jurifdiftion  où  l'on  a  éré  afiigné. 
Entier  ,  fe  joint  fouvent  avec  difFérens  fubftantifs 
propres  de  certains  arts  ;  par  exemple  ,  on  dit ,  en 
termes  de  Marine  j  rumb  entier ,  la  huitième  par- 
tie, ou  4/  degrés  de  la  bouffole  de  la  rofe  du  com- 
pas. Nord  J  Nordeft ,  Eft  ,  Sudeft ,  Sud  ,  Sudouelt , 
Oueft ,  Nordoueft ,  font  des  rumbs  entiers.  I^oxà- 
nordeft,  &  les  autres  divifions  femblables,  fonr  des 
demi  rambs.  Nord-quart-Nordeft:,&les  autresfem- 
blables ,  font  des  quarts  de  rumb. 
Entier,  eft  aufli  fubftantif ,  &  fignifie  ,  Un  tout  con- 
fidéré  à  l'égard  de  fes  parties  ,  &  fur-tout  en  Arith- 
métique ,  où  on  l'oppofe  aux  fractions.  Il  f^qc , 
quand  on  a  additionné  les  fraétions  ,  les  réduire  en 
entiers ,  en  extraire  les  entiers.  L'entier  eft  le  nom- 
bre qui  fignifie  une  ou  plufieurs  chofes  de  mê^ne 
genre,  fans  fous-divifion  d'aucune.  Le  nombre  (t2~ 
ticr  eft  oppofé  aux  nombres  rompus  j  ou.  frayions. 
Voye\^  ces  mots. 

On  dit  aufli ,  Remettre  les  chofes  en  leur  cn/ig/'  \ 
pour  dire ,  les  remettre   en  l'état  où  elles  étoi.enc 
avant  qu'elles  fulTent  changées.  Ce  Mineur  a  obtenu 
des  lettres  de  reftitution  çnentier,  &  on  l'a  refais 
au  même  état  qu'il  étoitaupatavant.  Les.Hérétiqyçs 
ont  ruiné  cette  ville  ,  mais  la  grande  Eglife  e^jen- 
core  dans  fon  e;;r/er. 
ENTIERCEMENT.  f  m.  Vieux  mot.  Terme  deÇpu-  . 
tûmes.  C'eli-l-'aâbion  par  laquelle  on  met  une  chofe 
mobiliaire  en.  main  tierce. 
ENTIERCER.  v.  a.  Terme  de  Coutumes.  C'eft  met- 
tre une  chofe  mobiliaire  en  main  tierce. 
ENTIERCHIER.  Vieux  morde  la  Coutume  d'Amiorti; 
&  de  celle  de  Normandie  ,  qui  fignifie  j  xMettre  en 
main  tierce ,  féqueftrer.  Sequeftrare  ,  deponere  apui 
/t-^'ae^'fri/ra. On difoit  aufli  ,  emiercheur  ,  pour  dire, 
equcftrei  ■  :     : 

ENTIÈREMENT,  adv.  Toift-à-fiit,  d'une  maniàrg 


E  N   T 

entière  &  complette.  Omninb  ,prorfus.  Cet  homme 
eft  entièrement  perdu  de  réputation.  Les  mouve- 
mens  des  pallions  ne  font  p.is  encièremenc  volontai- 
res. Nie. 

JENTITATULE.  f.  f.  Terme  de  Philofophie^'cholafti- 
que.  Petite  entité.  Enûtatula.  On  le  du  en  Latin 
dans  l'école  ;  mais  en  François  il  faut  dire  ,  petite 
entité  j  ik  jamais  entitatuU^  ïi  ce  n'elt  en  badinant  , 
en  fe  moquant  de  certains  Philofophes  ,  qui  admet- 
tent de  petites  entités  pour  ce  qui  n'ell  que  forma- 
lité j  ou  virtualité.  On  joint  quelquefois  encore  le 
mot  de  petite  avec  entitatule.  Ces  petites  entita- 
tules. 

ENTITÉ,  f.  f.  Tetme  de  Didactique.  Entitas.  Ce  qui 
conrtitue  1  être  ou  l'elFence  d'une  chofe.  Entité  j 
dans  la  plus  pure  fcholaftique  ,  fignifie  auiîi  un  petit 
être  ,  une  forte  d'ctre  qui  n'exilte  point  à  part ,  qui 
n'eft  pomt  fubllance,  corps,  efprit ,  mais  qui  elt  ce 
pendant  quelque  choie  ,  &  regardé  comme  réel. 
C'eft  ce  qu'on  appelle  autrement  formalité,  f^oj  e:; 
ce  mot. 

fer  ENTOILAGE,  f.  m.  Toile,  monlTeline  à  laquelle 
on  coud  de  la  dentelle.  On  le  dit  même  de  la  dentelle 
qui  foutient  une  autre  dentelle  plus  belle. 

ENTOILER.  V.  a.  Remettre  de  la  toile  à  la  dentelle 
d'une  garniture  ,  d'une  cravate  ,  d'un  mouchoir  de 
cou,  &c.  Entoiler  une  garniture  ,  une  cravate. 

§C?  Entoiler  ,  fignilîe  aulli  j  Coller  fur  une  toile. 
grap  ier  uneeftampe  j  un  tableau  j  une  carte  géo- 
hique. 

Entoré,  ée.  part. 

ENTOiR.  f.  m.  Terme  de  Jardinier.  On  dit  ordinaire- 
ment Greffoir.  F'oyc^  ce  mot. 

ENTOISER.  V.  a.  Terme  de  Jardinier.  Il  fe  dit  des 
choies  qui  s^achettent  &  fe  vendent  à  la  toife  :  fi 
bien  qu'on  les  peut  mettre  en  des  tas  de  figure 
carrée  ,  afin  qu'on  les  puiffe  toifer.  In  kexapedas 
componere,  ad  hexapedas  metiri.  Entoifer  àe  la  ter- 
re, entoifer  à\i  fumier.  La  Q\i int.  Entoifer  j  fedit 
auffi  des  autres  chofes  dont  on  mefure  le  cube  avec 
le  pied  &  la  toife. 

CiCF  En  Maçonnerie  ,  on  entoife  les  moellons ,  les 
matériaux  ,  on  les  arrange  carrément  pour  en  me- 
furer  le  cube. 

Entoiser  un  arc,  le  couïhcc.Lunare. 

Entoiser  une  épée,  c'eit  la  haulfer  pour  frapper.  Ces 
deux  fignifications  du  mot  entoifer  font  dans  Nicot. 
Entoifer  ,  dans  ce  fens ,  ne  fe  dit  plus 


747 


E  N  T 

dere.  Il  a  entonné  [on  vin  au  fortir  de  la  tuve ,  d« 
prelfoir. 

Ce  mot  vient  de  tonne ,  tonneau. 
On  du,  hyperboliquemi-nt  ,  d'un  ivrogne  qui 
boit  beaucoup,  qa  A  entonne  bien.  Ce  goinfre  en 
trois  coups  a.  entonné  deux  bouteilles  de  vin. 

S'Entonner,  v.  recip.  Se  du  du  vent ,  lorfqu'il  entre 
avec  impétuofité  dans  un  lieu  étroit.  Le  vent  s'en- 
tonnait dans  cette  vallée.  L'Acad.  Cette  exprellion 
neparoît  pas  d'un  trop  bon  ufage,  ni  bien  com- 
mune. 

Entonné  ,  ée.  part.  Il  a  les  fignifications  de  fon  veibe. 

D'un  Benedicamus  entonné  foit^ement , 

L'inutile  Chanoine  ejl payé grajjement.  Sanlecquh. 

IfT  ENTONNERIE.  f.  f.  Dans  les  BtaiTeries,  c'eft  un 
endroit  au-dtlfous  des  cuves ,  oii  lont  placés  les 
tonneaux  qu'on  remplit  de  bière. 

ENTONNOiR.  1.  m,  Vailleau  plus  ou  moins  grand, 
fait  en  forme  de  cône  ,  avec  un  cou  j  qui  fert  à 
verfer  les  liqueurs  dans  unmuid,  dans  une  bou- 
teille. Injundibulum. 

On  appelle  entonnoir  ,  dans  un  fens  métaphori- 
que J  le  golier  de  ceux  qiu  aiment  à  boire.  Cette  ex- 
prellion n'ell  que  du  Ifyle  burleique. 

Ce  bon  Seigneur ,  que  la  foif  pique  , 
Dès  le  matin  jufques  aufoir  j 
De  r  organe  de  fa  muf.que 
N'a  plus  fait  qu'un  entonnoir. 

De  Chaulieu. 

^C?  Entonnoir  J  en  Anatoinie.  On  donne  ce  nom  à 
une  cavité  ou  folfette,  qu'on  trouve  dans  le  cerveau 
au-dellous  de  fon  troifième  ventricule  ,  entre  la 
bafe  du  pilier  antérieur  de  la  voûte  du  cerveau  ,  &C 
la  partie  antérieure  du  point  de  réunion  des  nerfs 
optiques. 

IJCr  Entonnoir.  Inftrument  de  Chirurgie  ,  dont  on 
fe  fert  pour  conduire  le  cautère  actuel  fur  l'os  un- 
guis  J  dans  l'opération  de  la  fiftule  lacrymale  ,  afin 
d'en  détruire  la  carie  ,  &  procurer  une  nouvelle 
route  aux  larmes.  Infundibulum,  On  ne  le  fert  plus 
du  cautère  aétuel  à  caufe  des  accidens  fâcheux  qui 
en  rélultoient. 

Entonnoir.  En  termes  d'Artillerie,  eft  ce  qui  fert  à 
couler  la  poudre  dans  la  lumière  des  pièces. 
ENTONNEMENT.  f.  m.  Action  d'entonner.  i/2/î{/?o.  Entonnoir.  En  termes  d'Ingénieur  ou  d'Artillerie, on 

appelle  entonnoir ,  l'ouverture  que  lailfe  à  la  tetre 
une  mine  ,  lorfqu'elle  a  joué.  Hiatus  ,  chafma.  L'en- 
tonnoir dç  la  mine,  du  M.  d'AUeinan,  eft  le  trou 
que  lailfe  une  mine  ou  un  fourneau  après  avoir  joué. 
M.  de  Saint-Remy  s'eft  trompé  dans  fon  calcul 
pour  la  charge  des  mines  ,  parce  qu'il  n'y  fait  en- 
trer que  le  poids  de  la  terre  contenue  dans  l'enton- 
noir  J  8c  nullement  la  réfiftance  qu'elle  fait  à  fe 
détacher.  D'Alleman.  f^oye^  aulli  Bélidor  &: 
les  autres  Ingénieurs  qui  ont  travaillé  fur  les 
mines. 

^C?  On  donne  le  nom  d'eww/jwir  à  cette  ouver- 
ture ,  parce  qu'elle  a  la  figure  d'un  entonnoir  renver- 
fé,  allant  toujours  en  s'élargilfantde  bas  en  haut. 
On  s'eft  logé  dans  l'entonnoir ,  on  a  couronné  l'en- 
tonnoir. Couronner  l'entonnoir  ,  c'eft  le  garnir  d'un 
parapet. 


L'entonnement  du  vin  ne  fe  fait  qu'après   qu'il  a  étéj 
cuvé  quelque  temps.  Entonnement  d'un  motet ,  d'un 
cantique  ^pr&centio. 

§Cr  Je  crois  que  ce  mot  n'eft  d'ufage  nulle  part , 
ni  comme  terme  de  Mulique ,  ni  comme  tetme  de 
Marchand  de  vin.  Dans  le  premier  cas ,  on  dit ,  in- 
tonation :  dans  le  fécond  ,  je  préférerois  entonnage, 
dont  fe  font  fervis  ceux  qui  ont  donné  des  traités 
fur  la  manière  de  faire  le  vin.  La  cueillette  des  rai- 
fins  -,  le  choix  de  ces  fruits  pour  les  difFérens  vins , 
les  attentions  pour  le  tranfport  de  la  vendange,  pour 
leprelfurage  &  l'entonnage  ,  &c.  voilà  ce  qui  rem- 
plit la  moitié  du  Traité  de  M...  fur  la  Vigne.  Mém. 
de  Tr.  1759. 
ENTONNER,  v.  a.  Commencer  le  chant ,  chanter 
les  premières  paroles  pour  donner  le  ton  au  choeur. 
Incinère  3  pritirefono.  Le  Chœur  a  entonné  l'Introir, 


rHymne  ,  le  Magnificat    La  Mufique  a  e/zw/2/2d  un  ^CTENroNNoiR  ,    en  Bot:inique.  In/undihulum.  On 

fe  fert  de  ce  terme  pour  déligner  la  figure  de  certai- 
nes rieurs  tk  de  certains  calices.  Elos  injundihuli 
jormis.  Fleur  en  entonnoir ,  ou  qui  a  la  forme  d'un 
entonnoir  ,  étant  formée  par  un  tuyau  &;  un  difque 
ou  évafement.  Voyci^  Pétale. 
ENTOR.  Prcpofirion.  Vieux  mot.  Autour  ,  à  l'en-, 
tour. 


motet. 
Entonner  ,  fignifie  auffi  ,  Mettre  fur  un  certain  ton , 
fur  un  certain  chant.  Ce  Muficien  entonne  jufte  , 
forme  jufte  avec  la  voix  les  fons  &  les  intervalles 
qu'il  s'eft  propofé. 

Ce  mot  vient  du  Latin  intonare. 

On  dit  ,  hgurément  ,  Entonner ,  pour  Chanter. 


Entonner  les  lou.anges  de  Dieu.  Boil.  On  dit  aulli ,  '\  ENTORDRE.  v.  a.  Lier,  ou  plutôt  preffer  fortement. 


Entonner  la  trompette 
ftvle. 


pour  dire  ,    Enfler  fon! 


Vincire.  Il  me  ferre ,  entord.  Marot.  Il  ne  fe  dîc 
plus. 


Entonner,  fignifie  encore  ,  Verfer  une  liqueur  dans  ENTORNER.  v.  a.  Vieux  mot.  Etourdir  par  quelqu« 


un  tonneau ,  dans  un  muid  ,  dins  un  bariL  Infun- 1      coup, 


13  b  b  b  b  ij 


748  E  N  T        _ 

gcr  ENTORSE,  f.  f.  Terme  de  Chirurgie.  Moxtve- 
meiK  dans  lequel  une  articulation  oft  forcée  ,  fans 
que  les  os  fouttrent  de  déplacement  fenfible.  Dif- 
tortio.  Les  entorfes  du  pied  font  ordinairement  la 
fuite  d'un  faux  pas.  Pour  prévenir  les  accidens  qui 
peuvent  arriver  d'une  entorfe  ,  il  faut  dans  le  mo- 
ment même  ,  s'ileft  pollible ,  plonger  la  partie  dans 
i'eau  froide.  Il  fe  dit  au  Manège,  d'un  effort 
-violent  que  le  cheval  s'eft  fait  au  boulet,  qu'on  ap- 
.pelle  autrement  mcmarchure.  Quand  un  cheval  s'elt 
donné  une  encorfe  ,  il  court  grand  rifque  d'être  ef- 
tropié  dans  la  fuite  j  à  moins  qu'on  n'y  remédie 
promptement.  Les  entorjes  aux  jambes  de  derrière  j 
font  plus  difficiles  à  guérir  ^  que  celles  qui  arrivent 
aux  pieds  de  devant.  Les  bœufs  &  autres  animaux 
font  aulii  fujets  3.uii  entorjes  ,  quand  on  les  fait  mar- 
cher par  des  chemins  trop  rudes  ,  raboteux  j  pleins 
d'ornières. 

Ménage  dérive  ce  mot  du  LAt'm  intonus.  On  a  dit 
autrefois  entordre  ,  contorquere ,  intorquere  ,  dijtor- 
querc  :  il  ne  fe  dit  plus. 
"Entorse  ,  fe  dit  figuiémenr ,  &  dans  un  fens  moral , 
de  quelque  violence  ,  obftacle  ou  empêchement 
qu'on  apporte  à  la  fortune  ,  ou  aux  affaires  de  quel 
qu'un.  Impedimentum  ,  noius.  Cet  homme  étoitprct 
d'obtenir  une  telle  dignité  ,  mais  fes  ennemis  lui 
ont  donné  une  entorfe  qui  l'en  a  fort  éloigné.  Cette 
exprellion  efl:  de  la  converfation  familière. 

On  dit  audi ,  donner  une  entorfe  à  un  palTage  , 
pour  dire  ,  le  détourner  de  fon  vrai  fens  ,  de  fon 
fens  naturel ,  pour  lui  faire  fignitier  autre  chofeque 
•■ce  qu'il  fignifie. 
Entorse  ,  fe  dit  aufTi ,  dans  le  ftyle  didadique,  en 
parlant  des  Écrivains  qu'on  explique  à  contrefens , 
auxquels  on  fait  violence.  Ce  n'eif  pas  expliquera 
pafïlige  ,  c'eft  lui  donner  une  entorfe.  On  ne  peut 
donner  ce  fens  à  Saint  Auguflin,  que  par  une  fu- 
rieufe  entorfe. 
ENTORTILLEMENT,  f  m.  Adlion  d'entortiller;  ou 
les  divers  tours  que  fait  une  chofe  qui  entortille  une 
autre,  t'^erfatio  infpiram ^  ingyruminfiexio^  'L'entor- 
tillement du  liere  autour  d'un  arbre.  L'entortillement 
des  tiges  qui  font  autour  de  la  colonne. 
Entortillement  ,  fe  dit  aulfi  au  ligure ,  embarras , 
confufion  du  ftyle.  Perplexitas.  Cet  homme  efl  ob(- 
cur  \  Se  cet  entortillement  d'efprit  me  déplaît.   M. 
ScuD.  Il  faut  corriger  ['entortillement  de  cette  pé- 
riode. 
ENTORTILLER,  v.  a.  Envelopper  dans  quelque  cho- 
fe qui  fait  un  ou  plufieurs  tours  fur  une  autre.  Con- 
volvere  ,  impUcare.  Quand  on  a  froid  ,  on  s  entortille 
dans  fon  manteau  ,  dans  fa  robe  de  chambre ,  dans 
fes  draps.  Les  Marchands  entortillent  d3.ns  du  papier 
les  marchandifes  qu'ils  livrent  à  leurs  chalands. 
Entortiller,  fe  dit  auili ,  des  chofes  qui  font  plu- 
fieurs tours  en  s'attachant  à  d'autres.  Amplecli  j  cir- 
cumdare.   Le  lierre  ,  la  vigne   s  entortillent  autour 
des  arbres  ,  des  colonnes.  Laocoon  fe  vit  entortillé 
par  des  ferpens. 
Entortiller,  fe  dit  aufTi  figuréineut  en  Morale,  de 
ceux  qui  embarralîent  leurs  penfées,  leurs  difcours, 
enforte  que  l'intelligence  n'en  efl  pas  facile.  Entor- 
tiller fes  penfées.  Ariftote  s  entortille  dans  des  argu- 
mens ,  dont  il  ne  peut  fe  démêler.  S.  Évr.  Ménage 
appelle  exprejfion  entortillée  ,  une  exprellion  obfcu- 
re  Se  tranfpolée. 
Entortillé  ,  ée.  part.  Impeditus  ,  implicatus.  Il  a  les 
fignilications  de  fon  verbe  au  propre  &  au  figuré. 
Serpent  entortillé  autour  d'un  arbre.  Des  conffruc- 
tions  entortillées.  Mén.  J'ai  quelquefois  l'efprit  en- 
tortillé., Se  l'excès  de  ma  mauvaife  fortune  m'occu- 
pe malgré  moi.  M.  Scud. 

En  rermes  de  Chirurgie  ,  on  die  une  future  en- 
tortillée :  c'ell  la  même  chofe  que  future  enflée. 
Voye:^  ce  mot. 
ENTÔUILLER,  ou  Andouilkr.  Ç.  m.  Terme  deChaf 
fe.  C'eft  le  premier  cor  le  plus  près  des  meules  de 
la  tête  d'un  cerf.  Cervini  cornu  primarius  pollex  , 
imusfurculus.  Le  fécond  s'appelle  yira/z(/o«i//er,  & 


ENT 

tes  autres  plus  hauts ,  chevillures  ou  cors  ;  mais  ceux 
du  taîte  s  appellent  efpoirs  ,  lefquels  n'étant  qu'au 
nombre  de  deux ,  s'appellentyo.vrc/zcj;  ;  mais  étanc 
trois  ou  quatre ,  ils  s'appellent  trochures ,  par  méta- 
phor9*d'une  trochée  de  poires  ou  de  pommes.  S'ils 
font  cinq  ou  fix,  &  plus,  ils  s'appellent /'iî.v/Tî^re  , 
à  caufe  de  la  reffemblance  des  doigts  fortans  de  la 
paume  de  la  main.  Et  s'ils  font  ranges  en  cerne  ,  ils 
s'appellent  couronnure ,  parce  qu'ils  refTembleiu  à 
une  couronne. 

ENTOUR.  f.  m.  Circuitus ^  ambitus.  Ce  mot  efl  vieux  y 
au  fingulier,  pour  fignifier  le  circuit.  L'entour  des 
murailles.  Ventour  de  la  ville  ,  de  la  maiion  ;  mais 
il  cil  ufité  au  pluriel  pour  fignifier  les  environs.  Il 
s'eft  affuré  des  cntours  de  la  place.  On  dit  encore  , 
k\entour ,  &  on  l'écrit  même  fans  apollrophe  , 
alentour. 

On  dit  fîgurément,  qu'un  homme  fait  bien  pren- 
dre les  entours  ,  pour  dire  j  qu'il  fait  mettre  dans 
fes  intérêts  ceux  qui  ont  du  crédit  fur  l'efprit  des 
perfonnes  dont  il  a  befoin. 

Entour.  Prépolition.  Auprès  de  quelqu'un.  Circa  y 
circum.  Les  femmes  font  ii  difficiles  à  habiller  j  qu'il 
y  a  toujours  à  faire  entour  d'elles.  Ce  mot  vieillit, 
&  on  fe  fert  plus  communément  de  alentour ,  eu 
autour.  Les  Princes  ont  toujours  beaucoup  deCour- 
nf^ns  alentour ,  on  autour  d'eux.  Le  parapet  règne 
tout  alcr.tour  de  la  muraille.  Les  Princes  emploient 
les  efprits  médiocres  à  faite  les  chemins ,  &  à  ôter 
les  difficultés  qui  font  à  Ventour  des  chofes.  Bal. 

La  difitte  j  au  teint  blême  .,&  la  trife  famine , 
Troublent  l'air  d'zlcmoiw  de  leurs  geniijjemens. 

BoiL. 

Le  P.  Mourgues  prétend  qu'en  profe  il  faut  dire 
autour  de  ,  &  que  c'eft  comme  une  licence  poéti- 
que de  dire  à  l' entour  de.  Ainfi  alentour  e^  toujours 
adverbe  en  profe. 

En  vieux  ftyle  on  peut  employer  entour. 

A  peine  fut  ma  morale  finie  , 

Et  de  ma  main  votre  Altejje  bénie  , 

Que  Satan  vint  entour  de  vous  jaj'er. 

Dl  Villiers. 

ENTOURER,  v.  a.  Cingere  ,  circumvlecli.  Enceindre. 
L'Océan  entoure  la  terre.  Cette  maifon  efl  entourée 
d'eau  ,  de  bois ,  de  foffés ,  de  prairies. 

Et  pour  fermer  che^  vous  Ventrée  à  la  douleur  y 
De  vingt  verres  de  vin  entourez  votre  cœur.  Mol. 

Ce  mot  vient  de  tornus  y  tornare. 

Entourer  J  fignitie  auffi  j  Environner,  ctre  alen- 
tour. 

Les  gens  charitables  font  toujours  entourés  de 
gueux. 

Les  bonnes  tables  font  entourées  d'écornifleurs. 
Cette  ville  efl  entourée  d'ennemis.  Les  Rois  sen- 
touroient  autrefois  la  tête  d'un  diadème.  Il  vau- 
droit  mieux  dire  fe  ceignoient.  Entourer  les  plan- 
tes ,  efl  la  même  chofe  que  Encager.  Foye^ 
ENCAGER. 

E'NTOVV.à,  ÉE.  p:m.  Circumdatus  ,   cinclus. 

ENTOURNER  ,  v.  a.  Vieux  mot,  qui  fîgnifioit. 
Mettre  autour ,  être  autour,  Gyrare,  flcciere  in  fpi- 
ram  ,  in  gyrum  ;  &  entourer  ,  Sc  environner ,  Cir- 
cumdare  ,  cingere.  Il  faut  entourner  ce  cable  autour 
de  ces  poulies  j  de  ces  moufles ,  lui  faire  faire  deux 
ou  trois  tours. 

ENTOURNURE,  f  f.  Terme  de  Tailleur  d'habits, 
qui  fe  dit  du  jour  ou  de  l'échancrure  qu'ils  donnent 
à  des  manches  dans  la  partie  qui  touche  l'épaule. 
Gyrus.  Cet  habit  feroic  bien  fans  {entournure  des 
manches  qui  va  mal. 

ENTOUSIASME.  Foyer  ENTHOUSIASME. 

S'ENTR" ACCUSER,  v.  récip.  S'accufer  l'un  l'autre. 
Ils  %  cntr  accufoient  de  crimes  énormes.  Ac.  Fr. 


£NT 

ENTR'ACTE.  f.  m.  Terme  de  Poclle.  Ballet,  nuifi- 
que  ,  ou  autre ^divercillement  que  l'on  donne  entre 
les  Actis  d'une  Comédie  ,  ou  d'une  Tragédie,  pour 
réjouir  Ijs  Spectateurs  par  la  diverùte  ,  ou  donner 
le  loiiir  aux  Acteurs  de  changer  d  habits  j  ou  de 
décorations.  Diiuiium  ,  inunnediuin.  Les  Anciens 
mettoienc  des  Chœurs  dans  les  Entr'a'des. 

ENTRAGli.  f.  m.  Tenue  de  Coutumes.  Ce  mot 
veut  dire  entrée  ,  commencemenc  de  jouillànce. 
Dans  quelques  Provinces  celui  auquel  a  été  fait  un 
b.id  doit  payer  pour  fon  e/ifrao-c  quelques  deniers 
au  bailleur. 

EN  IRAGUES.  Petite  ville  de  Guienne  dans  le  Rouer- 
gue  ,  en  France.  Irueraqus.  M.  Corneille ,  &  quel- 
ques autres  écrivent  hntraigues  :  peut-être  elt  ce 
l'ufage  d'écrire  &  de  prononcer  ainlî  en  Guienne  , 
&  dans  les  pays  voilms,  comme  Ton  dit  Aigues- 
mortes  y  Aigue-Perle  ,  &c.  mais  d'autres  Auteurs  , 
&  d'autres  Cartes  de  Géographie  ,  écrivent  Entra- 
gnes  ;  &  l'on  dit  à  la  Cour  c^:  à  Paris ,  La  Mai  fon 
diEntrugues  ,  Le  Marquis  d'Entragucs  ',  L'Hôtel 
d'Encmgues.  Entragues  ell  lur  le  Lot ,  à  1  endroit 
où  il  reçoit  la  Trueyre  ;  &  c'ell  de-là  que  cette  vilie 
a  pris  Ion  nom ,  parce  qu'elle  eft  entve  ces  deux 
rivières ,  à  la  pointe  que  tonne  leur  conHuent.  En- 
cragues  ell;  à  cinq  lieues  d'AuriUac  ,  fur  les  confins 
de  la  haute  Auvergne. 

S'ENTR' AIDER,  v.  récip.  S'aider  l'un  l'autre.  Les 
hommes  doivent  %'entr  aider.  Ac.  Fr. 

ENTRAILLES,  f.  f.  pi.  Les  boyaux  ,  les  intelllns.i 
f^ifcera,  inccjlina  ,  cxt.z.  Le  poilon  lailTe  principa- 
lement fes  marques  dans  les  cntrailits.  Ils  vidèrent 
les  entrailles ,  ^-c  embaumèrent  le  corps.  A''aug. 

Ménage  dérive  ce  mot  du  Latin  entcralLi  qui  a 
été  fait  du  Grec  'iiT^ov^  qui  fignihe  le  ventre. 

Entrailles  ,  fe  dit  auiîl  plus  généralement  de  toutes 
les  parties  eiifarmées  dans  les  corps  des  animaux. 
L'Arufpicine  des  Anciens  s'cxerçoit  en  coniidérant 

^  les  entrailles  des  animaux  lacrihés,  le  cœur,  le 
poumon  ,  le  foie.   Us  prétendoient  deviner  1  ave- 

■  nir  ,  ou  les  chofes  cachées  ,  par  l'inTpedlion  des 
entrailles  des  vidimes  qu'ils  immoloient  aux  faux 

■  Dieux. 
Entrailles  ,  fe  dit  en  morale  pour  affedion  ,  ten- 

drelfe,  fenfibilité  pour  les  malheureux.  Cet  hom- 
]iie  a  des  entrailles  :  il  a  le  cœur  tendre  &  fenhble. 
L'on  dit  au  contraire  d'un  homme  dur  &  impitoya 
ble  qu'il  n'a  point  d'entrailles.  Un  père  a  beau  me- 
nacer fes  enfans  de  fermer  les  yeux  lur  leur  mau- 
vaife  conduite,  les  entrailles  paternelles  ne  fout- 
frent  pas  qu'il  exécute  cette  menace.  Mauc.  Cor- 
neille a  du  dans  le  Cinna 

Je  leur  fais  des  tableaux  de  ces  triées  batailles  , 
Où  Rome  par  fes  mains  déchirait  fes  entrailles. 

On  dit  à  peu  près  dans  le  même  fens ,  un  hom- 
me dur  &  impitoyable ,  armé  contre  fes  propres 
entrailles.  Pat.  Un  père  armé  contre  fes  enfans- 

Avoir  des  entrailles.  Bien  fentir  ce  qu'on  dit , 
prendre  le  vrai  ton  de  la  paillon  dont  on  doit  être 
cmu.  N'avoir  point  d'entrailles.  Réciter ,  déclamer 
mal ,  fans  goût  ,  fins  intelligence.  Nous  voyons 
des  Acteurs  qui  femblent  tranquilles ,  quand  ils 
conrePcent  -,  en  colère  ,  quand  ils  exhortent  ;  indif- 
férens,  quand  ils  remontrent  \  ik  froids,  quand  ils 
invedivent.  C'eft  là  ce  qu'on  appelle  communé- 
ment ne  pas  favoir  ^  ne  p:is  fentir  ce  que  l'on  dit  ; 
n'avoir  point  d'entrailles.  Grimaret  ,  p.  }6.  de  fa 
Réponfe  à  la  critique  de  la  vie  de  Molière. 

On  ditaufll  en  termes  de  Dévotion  les  entrailles 
de  la  miféricorde  de  Dieu  ,  expreflion  tirée  de 
l'Ecriture  ,  per  vifcera  mifericordiA  Dei  noflri  , 
dans  le  Cantique  de  Zacharie,  dans  l'Epître  aux 
Phllippiens  IL  i.&aux  CololT.  III.  iz.  Entrailles 
fe  dit  fouvent  dans  l'Ecriture  pour  charité ,  amour  , 
bonté  ,  tendrelfe. 
Entrailles  ,  fe  prend  audî  pour  le  cœutj  pour  fin- 


/     ENT  74i, 

tériein-  de  Thomme.  Seigneur,  votre  loi  ell  gravée 
dans  le  tond  de  mes  entrailles. 

Entrailles,  fe  du  auiîi  hgurément  de  l'intérieur  de 
la  terre.  L'avarice  des  hommes  a  fouillé  jufqu'aii 
fond  des  entrailles  de  la  terre  pour  en  tuer  1  or  . . . 
Itum  cji  in  vijcera  terra  j 
Ejjcdiuntur  opes  ,  irritamenta  malorum. 
La  terre  ouvrit  fes  entrailles.  God. 

ENTRAIN.  Interamma  j  Interamna  ,  Interamnus 
Intcramnia  ,  Interamnium.  Robert  d'Auxerre  dit  In- 
terannus,  mais  c'eft  une  faute,  ^wiriz/w  ell  un  Mo- 
nallèrede  France  fitué  fur  les  confins  de  la  Bretagne 
&  du  Maine  ,  entre  Fougère  &  Pontorfon.  Entrain 
a  pris  fon  nom  de  fa  fituation  ;  car  Entrain  s'eft 
tormé  du  Latin  Interamnus ,  qui  fignifie,  Qui  ell 
entre-deux  rivières,  comme  elt  QW&Û'etEntrain,  qui 
elt  entre  le  Coëfnon  S.<  un  autre  ruilTeau  fans  nom. 

Entrain  elt  encore  une  petite  ville  du  Donziois  , 
dans  le  Nivernois  3  Province  de  France  ,  à  cinq  ou 
'■■-   'ieues  à  l'orient  de  la  rivière  de  Loire  dans  le 


lix 


Diocèfe  d'Auxerre.  On  écrit  auflî  Antrain. 
r^  ENTRAINEMENT,  f.  m.  Adion  d'entraîner. 
Quelques  Auteurs  ont  employé  ce  mot  dans  ce  fens, 
faute  d'un  autre  autorifé  par  l'ufage.  Les  Stoïciens 
cioyoient  que  tout  arrive  par  un  entraînement  né- 
celïïure ,  que  les  événemens  fe  fuccédent  les  uns 
aux^  autres ,  fans  que  rien  puilTe  changer  l'étroite 
ch.iîne  qu'ils  forment  enrr'eux.  Hift.  de  la  Phil.  les 
Tourbillons  inventés  pour  l'explication  de  l'ai- 
mant ,  de  la  péfanteur  &  de  \' entraînement  des  pla- 
nètes j  font  aujourd'hui  reconnus  inutiles  pour  cela 
p.ar  les  Cartéfiens  mêmes.  Sicorne.  Expliquer  la 
loi  de  \' entraînement  des  couches  d'un  tourbillon. 
Castel. 

On  criera  tant  qu'on   voudra  contre  les  mots 
nouveaux  que  l'ufage  n'a  pas  adoptés.  Nous  ne 
nous  lallerons  point  de  répéter  qu'il  ell  à  defirer 
que  nous  ayons  des  mots  pour  toutes  les  idées  que 
nous  avons  à  exprimer  j  &  que  s'il  n'y  en  a  point, 
il  efl  avantageux  d'en  faire. 
ENTR.AINER.  v.  a.  Emporter  avec  violence,  traîner 
avec  foi.  Trahere ,  repère.  Les  Sergens  ont  entraîne 
ce  pauvre  homme  en  prifon.  Cetre  inondation  a 
entraîné  lont  ce  qu'elle  a  trouvé  dans  la  campagne. 
Une  forte  purgation  entraîne  toutes  les  mauvaifes 
humeurs  du  corps.  La  charrette  entraîne  quelque- 
fois les  chevaux  dans  les  pays  de  montagnes.  On 
{'entraîna   au  fupplice.    Ablanc.   Le  Stoïcien    fe 
vante  que  le  ciel  &  la  terre  ne  fauroient  ^entraîner 
dans  leur  chute,  &  qu'il  demeureroit  ferme  fur  les 
ruines  de  l'Univers.  La  Br. 
Ce  mot  vient  de  trahere. 
Entraîner  ,  fe  dit  fouvent  en  morale ,  pour  fîgni- 
fier,  produire,  être  caufe  ;  en  parl.mt  des  effets, 
des  accidens  qui  font ,  pour  l'ordinaire ,  infépara- 
blés  de  la  choie  dont  on  parle.  La  perte  d'une  ba- 
taille pouvant  entraîner  la  ruine  entière  de  la  Flan- 
dre ,  Les  Efpagnols  ne  Jugeoient  pas  à  propos  de  la 
hafarder.  Sar.  Une  guerre  civile  entraîne  après  foi 
bien  des  malheurs.  Ce  principe  ,  cet  argument,  en- 
traînent après  eux  de  grandes  abfurdités.  On  le  die 
aulTi  très-fouvent  de  tout  ce  qui  nous  porte  à  quel- 
que chofe  avec  force  j  &  fouvent  aux  dépens  de  la 
liberté.  Rapere.  Citéron  entraînait  {qs  Auditeurs 
par  la  force  de  fon  éloquence.  Un  habile  Rappor- 
teur entraîne  tous  les  ignorans  dans  fon  opinion. 
Je  me  fens  entraîner  ^3.1  une  trop  douce  violence, 
pour  fouhaiter  que  les  chofes  ne  fullent  pas.  Mol. 
Un  ami  qui  n'agit  que  par  vanité ,  va  feulement 
au  bien ,  à  mefure  que  le  foin  de  fa  réputation 
Ventraîne.  S.  Evr.  Les  défauts  extérieurs  frappent 
les  fens,  &  entraînent  l'imagination.  Nie.  Le  pré- 
fent  nous  entraîne.  Boss.  Toutes  nos  pallions  nous 
entraînent  avec  violence  :  nous  fommes  ou  touchés 
de  pitié  ,  ou  enflammés  de  courroux  ,  félon  les  di- 
vers objets  qû;  nous  emportent.  Vaug.  On  a  com- 
paré à  l'harmo.-ie  ,  &  à  la  voix  mclodieufe  des  Si- 
rènes ,  tout  ce  qui  flatte ,  &:  tout  ce  qui  entraint 
inévitablement  les  coeurs.  Ab.  Nicaise.  Cette  per- 


7JO  E  N   T 

fuafion  ,  qui  étoic  un  effet  de  fa  raifon  &  de  fa 
veit'-i,  n'entrainou  pas  fon  cœur.  P.  de  Cl. 

De  nos  propres  malheurs  auteurs  infortunés. 
Nous  fommes,  loin  de  nous,  à  toute  heure  entraînés. 

BOIL. 

Quoi  !  l'ame  ejl  toute  cfclave  ?  Une  loi  fouveraine 
V^rs  le  bien  &  le  mal  incejjamcnt  /entraîne  ? 

Corn, 

Entraîné  ,  ée  ,  parc. 

ENTRAIT,  f.  f.  Terme  de  Charpenterie ,  qui  fe  dit 
des  maîtrelles  pièces  de  bois  qui  traverfent  &  qui 
lient  les  deux  parties  oppofces  dans  les  couvertures 
des  bâtimens.  On  les  appelle  aulll  tir  ans  y  quand 
ils  tiennent  aux  jambes  de  force  avec  le  poinçon  au 
milieu  ;  c  eft  ce  qu'on  appelle  b  ^rand  entrait.  Le 
petit  entrait  elt  celui  qui  eft  au-delfus.  Outre  les 
entraits  des  maîtrclfes  termes ,  il  y  a  des  entraits 
de  croupe;  qu'on  appelle  demi-  entraits  des  en- 
traits  de  remplage  ;  i^  on  s'en  fert  en  plulîeurs  au- 
tres occafîons. 
-ENTRANT,  ante.  adj.  Qui  entre  en  quelque  lieu. 
Inarediens  ,  intrans.  Tous  les  vins  entrans  à^n%  la 
ville  doivent  payer  le  droit  d'entrée. 

Entrant,  fignihe  encore  un  intriguant,  infinuant, 
qui  fait  facilement  connoilfance.  Les  Gafcons  font 
des  gens  entrans  y  qui  s'iniinuent  aifément  parmi  le 
grand  monde ,  <Sc  qui  tont  fortune.  Il  eil  peu  ufité. 

Entrant,  en  termes  de  Philofophie  hermétique, 
lignifie  pénétrant.  On  dit  que  le  Magiftère  ell  fon- 
dant ,  entrant ,  &  tingent. 

S'ENTRAPPELER.  V.  récip.  S'appeler  l'un  l'autre. 
Dans  ce  défordre  &  dans  l'obfcurité  ils  ^'entr'ap- 
pelaient. Ac.  Franc. 

ENTRAPETÉ.  adj.  En  ArchiteAure  on  dit  un  pi- 
gnon entrapeté ,  pour  dire  ^  un  bout  de  mur  à  la 
tête  d'un  comble,  dont  le  profil  a  quatre  ou  cinq 
pans. 

ENTRASMES  ou  ENTRAMES.  Lieu  de  France  avec 
le  titre  de  Baronnie ,  au  Diocèfe  du  Mans ,  Doyen- 
né de  Sablé ,  fur  la  Jouanne ,  un  peu  au-delfus  de 
fon  embouchure  dans  la  Mayenne. 

ENTRAVAILLE.  adj.  Terme  de  Blafon  ,  qui  fe  dit 
des  oifeaux  qui  ayant  le  vol  éployé  ,  ont  un  bâton  , 
ou  quelque  autre  chofe  palfée  entre  les  aîles  &  les 
pattes.  Impeditus, 

ENTRAVER,  v.  a.  Terme  de  Fauconnerie  j  qui  fe  dit 
lorfqu'on  accommode  les  jets  de  l'oifeau  de  telle 
forte ,  qu'il  ne  fe  peut  ôter  le  chaperon  ,  ni  fe  dé 
couvrir.  On  dit  aulli  entraver  un  cheval ,  pour  lui 
mettre  des  entraves.  Equo  indere  compedes.  Il  fe  dit 
aulîi  quelquefois  dans  le  fens  figuré.  Entraver  quel 
qu'un ,  c  eft  l'embarralfer.  Telle  eft  la  misère  de 
l'homme,  quand  l'efprit  de  contradiélion  &  l'hu 
meur  de  penfer  autrement  que  les  autres,  le  polTé 
dent  :  bien  loin  de  parvenir  à  les  fins ,  il  s'enveloppe 
&  s  entrave.  De  Villars.  Les  doutes  affectés  de 
M.  Bayle  femblent  partir  du  cœur  y  d'un  cœur  ma 
lin  &  critique,  qui  aime  à  tendre  des  pièges,  à 
femer  des  difficultés,  à  entraver  les  confciences,  à 
embarrafter  les  efprits.  Mém.  de  Trév.  Peu  ufité. 
Entravé^  "n.  part.  palT. 

S'ENTR' AVERTIR,  v.  récip.  S'avertir  l'un  l'autre. 
Ils  firent  des  feux  fur  les  montagnes  pour  s'entra- 
vertir.  Ac  Franc. 
ENTR'AVERTISSEMENT.  f.  m.  Terme  de  Coutu- 
mes. Entraveniffement  de  fang  fe  dit ,  lorfque  l'un 
des  conjoints  par  mariage  eft  fait  Seigneur  des 
biens  du  prédécéJé.  Unius  conjugis  in  alterius  de- 
funcli  honafuccejjlo. 
ENTRAVES,  f.  f.  pi.  Compedes  ferreA.  Fers  ou  liens 
qu'on  met  aux  pieds  des  chevaux,  pour  empêcher 
qu'ils  ne  s'enfuient.  L'entrave  eft  compofée  d'une 
petite  chaîne  de  fer ,  longue  de  fept  pouces  ,  qui 
tient  à  deux  entravons ,  ou  pièces  de  cuir  tournées 
çn  rond ,  &  rembourrées ,  qu'on  met  aux  pieds  du 


E  N  T 

cheval.  Leurs  chevaux  repallfent  avec  des  entraves 
aux  jambes ,  de  crainte  qu'ils  ne  tuient.  Abl.- 
Entraves  y  fe  dit  figurément  des  empêchemens 
qu'on  trouve  à  faire  quelque  chofe  ,  lir.pciuntn- 
tum  ,  vincula,  compedes.  Dieu  nous  laille  des  entra- 
ves qui  nous  retiennent ,  &  qui  font  les  effets  &  les 
fuites  de  nos  péchés.  Ab.  de  la  Trape. 

De  ces  amples  canons  y  où  comme  en  des  entraves 
On  met  tous  les  matins  J  es  deux  jambes  efclaves. 

Mol. 

Mais  nous  autres  faifeurs  de  livres  &  d'écrits  j 
Du  lecîeur  dédaigneux  honorables  ejliaves , 
Nous  nefcaurions  bnfer  nos  Jers  6"  nos  entraves. 

BoiL. 

Le  peuple  aux  lois  d'un  feul  affèrvijfantfafoi  , 
Crut  Je  donner  un  perc  ,  en  fe  donnant  un  Roi  : 
Il  n'a  point  prétendu  ,  par  d'indignes  entraves  , 
Dégrader  la  nature ,  &  faire  des  efclaves.  GresseT. 

On  le  met  aulli  cjnelquefois  au  fingulier  en  ce 
fens.  La  jeunelle  eft  naturellement  emportée,  elle 
a  befoin  de  quelque  entrave  qui  la  retienne. 
ENTRA  VON.  f.  m.  Pièce  de  cuir  dont  on  entoure 
le  paturon  d'un  cheval.  Il  tant  deux  entravons  pour 
faire  une  entrave.  Pedica.  Une  petite  chaîne  de  fer 
les  alTèmble  l'un  avec  l'autre. 
ENTRE.  Prépofition  de  temps  &  lieu,  qui  marque 
la  diftance  &  la  féparation  de  l'un  à  l'autre.  Inter. 
Il  y  a  bien  du  chemin  entre  ci  5c  l.i.  Entre  le  ciel 
&  la  taire  il  y  a  un  grand  efpace.  Il  eft  entre  onze 
heures  &  midi ,  entre  cinq  &  fix.  Entre  le  Déluge 
&  l'Incarnation  il  y  a  tant  d'années.  Gouvernez- 
vous  bien  entre  ci  &  là.  Mad.  de  Sevigné. 

Il  y  a  des  Auteurs  c]ui  donnent  .1  la  prépofition 
entre  la  fignification  à'intra.  Entre  le  feptième  jour 
de  la  Conception.  Degori.  Intra  feptimum  à  Con- 
ceptione  diem.  Cet  ufage  n'eft  pas  bon  :  il  falloit 
mettre  dans  les  fept  jours  qui  fuivent  la  Con- 
ception. 
Entre  j  fe  dit  auffi  pour  marquer  un  lieu  précis.  Je 
lui  ai  livré  cet  homme  entreX^s  mains.  Cela  loir  die 
entre  nous.  Regardez-moi  entre  deux  yeux  ,  fixe- 
ment. Cela  a  été  fait  entre  quatre  yeux,  il  n'y  avoir 
que  deux  perfonnes.  O  !  que  voilà  bien  là  entre  vos 
deux  yeux  un  ligne  de  longue  vie  !  Mol. 

On  le  fert  aulli  de  certe  prépofition  pour  expri- 
mer ce  qui  tient  de  deux  chofes,  comme  quand  on 
dit,  le  gris  eft  enfe  le  blanc  &  le  noir  :  entre  chien 
&  loup  ,  pour  dire  cette  partie  du  foir  qui  tient  du 
jour  &  de  la  nuit;  traherent  cum  fera  crepufcula. 
noclem  :  de  même  que  pour  exprimer  ce  qui  eft 
dans  l'efpace  renfermé  entre  les  deux  extrémités 
dont  on  paile  :  comme  quand  on  dit  entre  les  deux 
pôles  ;  entre  Paris  &c  Rome ,  le  vert  eft  la  couleur 
mitoyenne  entre  le  jaune  &  le  bleu.  La  rivière  cou  le 
entre  les  deux  rives.  Il  a  été  volé  entre  deux  folciis, 
c'eft-à-dire  J  pendant  le  jour.  Un  vaiffeau  bâti  entre 
le  tiers  &  le  quart ,  eft  celui  dont  la  largeur  eft  en- 
tre le  tiers  &  le  quart  de  la  longueur  de  la  quille. 
Ce  détroir  eft  entre  deux  mers.  Nager  enrre  deux 
eaux.  L'hydropifie  fe  forme  des  eaux  qui  font  en- 
tre cuir  &  chair.  Il  ne  boit  point  entre  fes  repas. 
On  dit  auftî  dans  les  querelles ,  il  s'eft  mis  entre 
deux  ;  pour  dire,  il  les  a  féparés. 
Entre,  fert  aulli  à  marquer  la  différence.  Entre  un 
bon  &  un  mauvais  ami  il  y  a  bien  dqla  différence, 
comme  entre  le  jour  &  la  nuit. 
Entre,  fignifie  quelquefois.  Parmi,  au  nombre. 
On  l'a  laiffé  entre  les  morts.  Il  eft  des  premiers 
enire  les  gens  de  bien.  Entre  amis  tour  eft  com- 
mun. Entre  les  petites  planètes  Vénus  eft  celle  qui 
brille  le  plus. 
Entre  ,  en  termes  de  Palais ,  fe  met  à  la  tête  de  tous 
les  jugemens  contradidoires.  Entre  un  tel  deman- 
deur &C  un  tel  défendeur.  Il  y  a  procès  entre  ces  par- 
ties. Ce  partage  fe  doit  faire  entre  quatre  affociés. 


E  N  T 

En   Arithmétique  on    die  que  deux  nombres    font 
égaux  entre  eux,  lont  premiers  ew/'/t;  eux,  ou  qu'ils 
n'ont  aucune  mefuce  commune  cncrs  eux.    On  dit 
en  Géométrie  que  deux  cliofcs  égales  à  une  troi- 
lième  5  lont  égales  entre  elles. 
Entre,  fe  dit  proverbialement  en  plulieurs  phrafes. 
Entre  deux  lelles  le  cul  à  terre.    Il  l'a  pris  entre 
bond  &  volée.  Entre  deux  vertes  une  miire. 
Entiie  ,  (e  joint  avec  quantité  de  verbes  réciproques, 
en  y  ajoutant  le  pronom  perlonnel  :  comme  j '(.'«- 
tr  accoler,  s' entr  accompagner  ,  sentfaccujer^  s'en- 
tr avertir ,  s'entr aider j  s'entr'aimer j  s'entr'appeler, 
s' eniT approcher  ,    s'entr appuyer  j   s' entr' arracher  , 
s' encr attendre,  s  entre-baifer ^  s' entre-baijfer , s' entre- 
battre,   s'entre  carrejj'er,  s'entre  -  chercher ,    s  entre- 
chérir, s'cntrc-déchircr-,  s'entre-corinoitre  ^  s'entre-dé- 
f aire 3  s' entre-dire  y  sentre-donnei  y  s'entr'embra(]'er  j 
s' entr' entendre  ,  s'cntre-e'gorger^  s'entre-fâcher^s'en- 
tre  -  flatter  3  s'entre  -fouetter  j  s'entre- jraper  ,  s'en- 
s'entre-grondcr y  s'entrc-heurter  ^  s'enrre-lajjer ^  s'en- 
tre-louer  ^  s' entre-mander 3  s' entre-manger ^  s'entre- 
mêler, s'entre-moquer 3  s'entre-mordre,  s  entre-nuire  j 
s'entre-parler  ,  s' entre-percer-ys' entre-piquer  ,  s' entre- 
plaider j  s'entre-pouffer ,  s' entre-quereilcr ,  s'entre-re- 
garder  j  s'entre  regretter ,  s'ent'e-rencontrer ,  s'entre- 
répondrc  3  s'cntre-reQembler ,  s'entre-faluer ,  s'entre- 
fecourir,  s' encre-faijir ,  s'entre-fuivie  ,  s'entrc-tailUr, 
s' entre-toucher ,  s'entre-trouver,  s'entre-tuer  j  s'entre~ 
voir.  Sec.  Souvent  on  ajoute  le  mot,  entre,  avant  les 
verbes  réciproques,  immédiatement  après  les  pro- 
noms perionnels ,  pour  marquer  qu'une  partie  de 
l'objet  agit  fur  l'autre:  comme,  nous  nous  entre- 
louons ,  vous  vous  entre-dJcrie^,   ils   sentre-tuent. 
Le  p.  Buffier  dans  fa  Grammaire  Francoife.  On  en 
forme  aulîi  quelquefois ,  fur-tout  dans  le  ftyle  fa- 
milier &  burlefque.   Un  Poëte  a  die. 

Tandis  que  fraternellement 

Les  deux  pieds  j''enrre-déchauiïerent. 

Entre  ,  fe  joint  auflî  à  quelques  verbes  pour  dimi- 
nuer leur  lignihcation ,  comme  les  Grecs ,  le  1er 
vent  de  la  prépofition  ùto'  &  les  Latins  de /i^ii».  Tels 
font  les  verbes  entreluire ,  entr'ouir ,  entrevoirjScc. 
que  l'on  trouvera  chacun  à  fa  place. 

Entre,  fe  met  aulli  en  compolltion  avec  plufieurs 
noms  &  verbes  qui  n'ont  point  de  réciprocation  , 
ôc  qui  ont  divers  fens.  Tels  font  entr'acie,  entre- 
bataille ,  entre-colonnement ,  entre-couper  ,  entre- 
faites ,  entre-gent ,  entre-lardcr ,  entre-lacs  ,  entre-la- 
cer ,  entre-ligne,  entre-mêler ,  entre-mets  ,  entre-met- 
teur,  entre-mettre ,  entre-mife ,  entremodillon  ,  entre- 
parleur  ,  entre  -pas  ,  entreprendre  ,  entrepreneur  , 
^ntreprife  ,  entre- fol,  entre-fuivre  ,  entre-fuite  ,  entre- 
taille, entre-tailler ,  entre-taillure  ,  entre-tcms ,  entre- 
tenir, &  autres  encore  qu'on  expliqueraen  leurrang. 

ENTRE-BAILLE,  ée.  adj.  On  doit  écrire  ce  mot 
avec  un  circonflexe  fur  la  pénultième  ,  pour  faire 
voir  qu'il  la  faut  prononcer  longue  ,  l'A  demi- 
ouvert  :  il  ne  fe  dit  que  d'une  porte  ou  fenêtre , 
qui  n'elt  pas  termée  tout-à-fair.  Hians ,  hiulcus  , 
hifcens.  On  laiffe  une  porte  entre-badlée  dans  une 
chambre  qui  fume.  Il  croyoit  avoir  bien  feimé  fa 
porte  en  la  tirant  ;  mais  elle  eft  demeurée  entre- 
bâillée. 

s'ENTREBAISER.  v.  rédp.  Se  baifer  l'un  l'autre.  Ils 
sentre-bafent  les  uns  les  autres.  Ac.  Fr. 

ENTREBAS  ,  ouJlNTREBAT  ,  qu'on  nomme  aulfi 

-  dairvoie.  f.  m.  1  erme  de  Manufactures  de  lainage. 
C'efl:  le  trop  grand  éloignemenc ,  ou  la  diftance  iné- 
gale des  f.Ls  de  la  chaîne  d'une  étoffe ,  qui  arrive  par 
la  faute  du  Tillerand  ,  ou  parce  que  la   chaîne  eft 

.  mal  diftribuée ,  ou  parce  qu'il  y  manque  un  fil,  ou 
parce  que  le  fi!  eft  trop  toible. 

ENTREBATTES  ,  ou  ENTREBAMDES.  f  f.  pi.  Ter- 
me de  Mariufaiiure ,  particulièrement  en  ufage  dans 
la  Sayerterie  d'Amiens.  Ce  font  pronrement  le 
commencement  &  la  fin  d'une  pièce  d'éto.^;  de 


Ê 


7i.T 


laine 
queue 


f  t 


,  ceqaon  nomme  vulgairement  le  chefi:c  la 


IJO"  On  le  dit  aulîl  de  la  marque  du  Maître  ,  qu'il 
ck  obligé  de  mettre  aux  pièces  d'étoffes  qu'il  fa- 
brique. 
ENTRECHAT,  f  m.  En  termes  de  Danfe  ,  fe  dit  d'un 
laut  léger  pendant  lequel  les  deux  pieds  fe  croiient , 
pour  retomber  à  la  troihème  polltion.  L'entrechat  fe 
palle  à  (ix  ,  à  huit  ,    à  dix,  Imvant  que  le  danleiir 
eit  plus  ou  moins  adroit  &:  vigoureux.  Ce  mot  cil 
coriompude  l'Italien  capriola  intrcciata ,  qui  lignifie 
miQCjpriole  croifee.  Il  y  a  un  entrechat  en  tournanr  , 
un  entrechat  Qi\  arant ,  i5c  un  e/zr^aVia^  de  côté.  Le 
P.  Méneftrier  ,  prétend  qu'il  faudroit  dire  entredtas 
àc  non  pas  entrechat.  Voici  les  preuves.  L'origine  de 
cette  exprelîlon  eft  chas  ,  pièce  de  bois  un  peu  lon- 
gue &  carrée  qui  fert  de  châlfe  à  quelques  inllru- 
mens  de  fer ,  de  plomb  ,  ou  de  quelque  autre  métal. 
Ainh  on  dit  jeter  un  chas  aux  jambes  ,   ÔC  ce  n'elt 
que  par  corruption  qu'on  dit  un  chat  aux  jambes  , 
pour  dire,  faire  naître  quelque  obftacle  ,  comme 
lorfqu'on  jette  un  bâton  entre  les  jambes  d'un  hom- 
me qui  marche,  ou  qui  court  pour  le  faire  tomber. 
C'eft  de  chas  qu'on  a  fait  challisj&:  comme  on  a  dit 
entrelas  des  fils  j  cotdons  ou  cordes  palfées  les  unes 
dans  les  autres  ,  on  a  dit  aullî  entrechas  des  cloifons 
de  pièces  de  bois  ,  qu'on  appelle  en  Latin  cancelii  ; 
d'où  vient  le  mot  chancel  pour  la  clôture  du  Chœur 
d'une  Eghfe:  ainfi  les  entrechas  en  la  danfe  font  des 
entrelacemens  de  jambes  &  de  pieds, comme  fi  l'on 
lautoic  entre  les  vides  d'une  cloifon. 
S'ENTRE-CHOQUER.  v.  récip.  Se  heurter  ,  fe  cho- 
quer l'un   l'autre.   Incurfare  fe  uivicem  ,  fe  vicijfun 
mutuo  impetere.  Ces  deux  vailfeaux  fe  iont  entrecho- 
qués ,  il  y  en  a  un  qui  s'eft  entr'ouverr,  C'eft  ce 
qu'on  appelle  aborder  en  termes  de  Marine. 

On  leditaulîi  ,  figurément  ,  enchofes  morales» 
pour  figniher,  fe  nuire  les  uns  aux  autres ,  fe  con- 
tredire avec  aigreur.  Ces  deux  kmsms  s  entre-cho- 
qtenten  toutes  rencontres. Ces  deux  ennemis  s'entre- 
choquent à  tout  propos  ,  ne  lailî'enr  palier  aucune 
occafion  de  fe  nuire. 
ENTRE -COLONNE,  ou  ENTRE -COLONNE - 
MENT.  f.  m.  Efpace  qui  eft  entre  deux  colonnes.  Il 
eft  ordinairement  employé  au  pluriel.  Les  entre-co- 
lonnes doivenr  être  proportionnées  à  la  hauteur  & 
grolleur  des  cônes.  Vitruve  l'appelle  inteF-  colom- 
nium  :  &  lelon  le  même  Auteur ,  V entre-coionnemenc 
eft  de  cinq  efpèces  \pycnoftyle  ,fiftyle  ,  enflyle  ,  dia- 
Jlyle  &  arxqftyle.  Ces  cinq  mots  font  Grecs  ,  &:  font 
expliqués  en  leur  lieu. 
S'ENTRE-COMMUNIQUER.  v.  réciproque.  Qui  n 
fe  dit  qu'avec  le  pronom  perfonnel.  Il  lignifie  ,   f 
communiquer  mutuellement ,  fe  faire  part  les  uns 
aux  autres  de  ce  que  l'on  a.  Vocare  fe  vicijfim  inpar- 
tem  omnium.  Les  hommes  s' entre-communiquent  leurs 
penfées,  par  le  moyen  du  langage.  Port-R. 
ENTRECOUPE.  C'eft  le  dégagement  qui  fe  fait  dans 
un  carrefour  étroit  par  deux  pans  coupés  &  oppo- 
iés  ,   pour  faciliter  le  tournant  des  chariots. 
Entrecoupe.  Terme  d'architeélure.  Intervalle  vide 
dans  deux  voûtes  qui  font  l'une  fur  l'autre,  enforte 
que  la  docle  de  la  fupérîeure  prend  naifïànce  fur 
l'entre-dos  de  l'inférieure,  qui  y  eft  quelquefois  ou- 
verte ,  comme  au  dôme  des  Invalides  à  Paris ,  où  la 
calotte  fe  détache  des  côtés  de  la  tour  du  dôme.  On. 
fait  fouvent  des  entrecoupes  pour  fuppléerà  la  char- 
pente d'un  dôme ,  en  élevant  une  voûte ,  pour  ladé- 
coration  extérieure,  au-delfus  de  la  première  qui  p,i- 
roîtroit  trop  écrafée  au-dehors,  comme  à  S.  Pierre 
de  Rome  j  &  en  plufieurs  Eglifes  d'Italie.  Frezier. 
ENTRECOUPER,  v.  a.  Dans  le  fens  propre,  c'eft 
couper  en  plufieurs  endroits.  Les  canaux  qui  entre- 
coupent les  jardins ,  les  rendent  plus  agréables.  Pays 
entre  coupé Aq  monrac;nes. 

Au  figuré,  il  lignifie  lamêmechofe  qu'interrom- 
pre. Interrumpere.  On  dit  que  les  loupirs  ,  les  fan- 
ç}oi<i  entre  coupent  la  voix  ,  pour  dire  ,  qu'ils  inter- 
rornpent,  qu'ils  retardent  la  refpiraùon,  tJ:  eu  ef.- 


e 
fe 


/ 


;x 


E  N  T 


pèchent  le  libre  ufage.  Diiloius  entreum}'.'  ds  cita- 
tions,  f^'oy.  le  participe. 

Il  le  dit  fouvencavec  le  pronotp  perfonnel ,  &  li- 
giiihe  ,  couper,  traverler  j  >^'  alors  ilelt  icciproque. 
Sccareje  muuo.  Les  méridiens  lont  des  cercles  c^ui 
%  entrecoupent  ^wi.  Pôles  du  monde.  Les  deux  diago- 
nales d'un  carré  %  entrecoupait  dans  le  centre.  On  dit 
de  mcnie  j  que  des  rues  dans  une  ville  ,  des  canaux 
dans  un  pays,  s'entrecoupera ,  quand  ils  tbnt  la  mê- 
me chofe  que  ces  lignes. 

Entrecouper  ,  eft  encore  un  autre  réciproque  ,  qui 
lignihe,  fe  couper  l'un  l'autre.  A  quoi  bon  s'entre- 
^.j-VjPtr  la  gorge.  Vauc. 

On  du  aulli  d'un  cheval ,  qu'il  s  entrecoupe  j  quand 
le  côté  de  l'un  de  Tes  fers  choque  t^  entame  un  de 
fes  boulets.  On  dit  plus  ordinairement  le  couper. 

Entrecoupé  ,  éh-  paît.  Il  a  les  fignitications  du  verbe 
au  propre  &  au  hguré.  Un  ^xys  entrecoupe  à'i  mon- 
tagnes, de  rivières.  Une  VOIX  CA-rr^cj/z'/'cf.  CJn  llyle, 
un  difcours  entrecoupé àc  difgreliions  ,  de  cit.itions  , 
de  parenthèfes,  c'eft-à-dire,  où  le  til  du  dilcours 
ell  interrompu  par  des  dilgreflion';  inutiles  j  par  des- 
citations  longues  &  fréquentes.  Entérines  de  Chi-' 
rurgie,  on  .appelle  Çinixïi  entrecoupée  ,  une  luture 
oii  l'on  coupe  le  ni ,  en  l'arrêtant  par  un  noeud  à 
chaquepoint  que  l'on  hiit. 

ENTRE-COURS.  1.  m.  Terme  de  Coutumes.  Traité 
entre  deux  Seigneurs  ,  en  vertu  duquel  les  fujets  de 
chacun  d'eux  peuvent  aller  s'étabhr  fur  les  terres 
de  l'autre  fans  danger  de  perdre  leur  franchife  j 
c'elt-à  dire  ,  en  devenant  fiijet  ,  mais  non  leil  du 
nouveau  Seigneur.  Le  droit  qui  réfukoit  de  cette 
convention  en  faveur  des  lujets  s'appeloit  droit  à' en- 
tre-cours. Il  y  avoic  autrefois  entre-cours  entre  les 
Comtes  de  Champagne  &  les  Seigneurs  de  Bar. 

S'ENTRE-CROISER.v.  récip.  Il  feditdeschofes  éten- 
dues en  long  ,  &  qui  palfent  les  unes  fur  les  autres 
en  formant  quelque  lorte  de  croix  que  ce  loic.  In- 
terfecare.  On  le  dit  des  rils  des  étoffes  &  des  toiles  , 
des  fibres  du  corps  des  animaux  &c  des  plantes ,  des 
chemins ,  des  allées  ,  des  rues  ,  &:c.  En  taifint  l'o- 
pération de  biais  on  coupe  toujours  les  fibres  de 
l'une  des  deux  obliques  ,  parce  qu'elles  sentre-croi- 
fcnt.  DioNis. 

ENTRE-DEUX.  f.  m.  Partie  qui  ell  au  milieu  de  deux 
chofes  avec  lelquelles  elle  a  relation  ou  contiguïté. 
Inter'rerium  ,  fpatium  ïnter médium  ,  interger'tnum. 
On  a  ôté  l'entre- deux  qui  féparoit  ces  deux  cham- 
bres ,  foif  mur ,  foie  cloifon.  Ventre-deux  des  épau- 
les. Interjcjpuiium  j  ou  interfcapilium.  Dans  Ventre- 
deux  de  ces  pilotis.  Les  médailles  depuis  Charlema- 
"ne  jufqu'au  quatorzième  liècle  torment  un  vilam 
enire-deux  A'^  l'antiquité  &  du  moderne.  Le  P.  Jo- 

BERT. 

fer  On  appelle  entre-deux  de  morue  ,  la  partie 
qui  cft  entre  la  tête  &  la  queue. 

^  Entre- DEUX.  Terme  de  Gravure.  Voye-^  Entre- 
taille. 

Entre-deux.  Les  Tondeurs  de  draps  .appellent  ainfi 
certains  endrois  de  l'étoffe,  que  l'Ouvriern'a  pas 
affez  tondus ,  pour  avoir  négligé  d'ouvrir  fuftifam- 
ment  la  force  ,  ou  pour  avoir  un  peu  trop  tiré  l'é- 
toffe fur  la  table  à  tondre  ;  ce  qu'ils  appellent  trop 
tabler. 

Entre  deux  fers.  ,  ou  Entrefers.  Terme  de  Ba- 
lancier. C'elt  lorfque  pelant  de  la  marchandife 
dans  une  balance  ,  ou  des  efpèces  de  monnoie  dans 
un  rrébuchec  ,  la  lance  ou  iicau  eft  d'équilibre  , 
&  directement  placée  dans  le  milieu  de  la  chape, 
fans  tomber  plus  d'un  côté  que  de  l'autre.  Inter- 
pendium.  Cette  piftole  eft  entre  deux  fers.  Il  faut 
toujours  que  le  trait  foit  du  côté  de  la  marchan- 
dife. 

Entre  deux  mers.  L'Entre  deux  mers  j  le  pays  à'En- 
tre  deux  mers.  Bimans ,  Bimaris  regio-  Petit  pays  de 
France  dansla  Guienne.  Il  eft  entre  la  Garonne  & 
la  Dordogne  ,  depuis  leur  confluent  jufqu'à  Cadil- 
lac ,  qui  en  eft  le  lieu  principal  ;  &  parce  que  ces 
deux  rivières  font  très-grandes  en  .ce  lieu-lâ, qu'elles 


EN  T 

y  portent  de  grands  vailleaux  ,  &  qu'elles  y  ont  flux 
&reriux,  on  lui  a  donnélenoindi;V;rre  ^ea.v  wt-n-. 
DuCheine,  Antiq.ù'  iiech.  des  villes  de  France  3 
L.   il.  c.  7.  iVLity  ,    Corn. 

Entre-Dûuroet  MinhOjûu  Entre-Minho  &Dou- 
Ro.  Province  de  Portugal ,  qui  a  tiré  fon  nom  de 
i"a  ûtuanon  entre  la  rivière  du  Minho  au  nord  ,  & 
celle  du  Douro  au  lud.  luteramnenjis  j  Lujitania  y 
ou  Portug.dlia.  Elle  a  l'Océan  Atlantique  à  l'oueft  , 
&  la  Province  de  Tralos- montes  à  l'eft.  Cette  Pro- 
vince eft  une  des  plus  plus  fertiles  de  Portugal.  Elle 
fe  divife  en  quatie  territoires  ,  qui  prennent  le 
nom  de  quatre  villes  j  Porto,  Viana  de  i-'oz  de  Li- 
ma ,  Ponte  de  Lima  i^:  Guimaracns.  La  ville  de 
Biague  eft  capitale  de  toute  la  Province.  M.  de  la 
Neuville  écrit  Entre-Douro  &  Minio  ,  &  dit  que 
les  Places  les  plus  conhdcrables  de  cette  Province 
font  Viana,  Caminha  ,  Villa-Nova  de  Cerveira  , 
VaLnça,  Monçaon  ,  Melgaço,  Lindofo,  Villa  de 
Coude  Hc  Porto. 

ENTREDIRE.  V.  a.  Vieux  mot.  Interdire.  On  die  de 
même  Entreprêter ,  pour  mrerpréter. 

S'ENTRE-DONNER.  v.  récip.  Se  donner  mutuelle- 
ment quelque  choie.  S'entre-donner  la  main.  Inter 
jungcrc  dextras. 

ENTRFE.  1.  f.  Porte  ,  chemin  ,  ou  paffage  qui  con- 
duit du  dehors  d'un  lieu  au  dedans.  îngtejjus  j  adi- 
tus.  L'entrée  ds  la  ville,  de  la  forêt,  du  port.  Les 
entrées  &  les  ilîues  de  ce  pays  font  libres.  L'entrée  de 
cette  maifon  eft  belle  &  magnifique.  LailTer  re/2fr/c 
libre  d'une  ville.  Abi..  Défendre  Ventrée  du  port  aux 
ennemis.  L'entrée  d'une  maifon.  Entrée  eft  oppofée 
à  ijjue. 

Entrée  ,  fe  dit  aullî  des  ouvertures  qui  font  à  pla- 
ceurs choies.  OJllurn,  os.  Ces  bottes  font  trop  larges 
d't;/7r/cV. Elles  ne  font  pas  juftes.  Entrée  d'un  chapeau. 
L'entrée  d'une  ferrure. 

Entrée  J  eft  aullî  l'adtion  par  laquelle  on  entre.  A 
fon  entrée  en  prifon  il  paya  fa  bienvenue.  A  l'entrée 
du  jeu  on  paie  rant  dans  les  Académies.  Deniers 
d'entrée  ,  c'eft  l'argent  qu'on  paie  en  entrant  en  quel- 
que affaire. 

Entrée  de  choeur  ,  c'eft  en  Architedure  la  décora- 
tion de  tonte  la  façade  du  Chœur  d'une  Eglife  cjui 
le  fépare  de  la  Nef.  En  Serrurerie  ,  &  en  Ménuife- 
rie,  c'eft  la  décoration  de  la  porte  du  Chœur,  plus 
exhauilée  j  &  plus  riche  que  le  refte  de  la  clôture  a 
jour. 

Entrée  de  Serrure.  C'eft  une  plaque  de  fer  chan- 
tournée félon  un  profil  ,  cifelée  &  gravée  de  divers 
ornemens ,  qui  fert  de  paffage  au  panneton  d'une 
clef.  _  ^  . 

Entrée  ,  fe  dit  aulli  pour  féance  dans  un  Tribunal  j 
aux  Etats ,  dans  une  Diète  ,  &c.  Le  Gouverneur  de 
Paris ,  &  l'Abbé  de  Cluni  ont  entrée  au  Parlement. 
Ce  Prince  a  entrée  à  la  Diète.  Ce  Baron  n'a  point 
d'entrée  aux  Etats.  Il  a  entrée  au  Confeil. 

Entrée  ,  eft  auffi  le  droit  d'entrer  en  queLpe  endroit. 
On  dit  de  celui  qui  entre  fans  payer  à  l'Opéra, 
à  la  Comédie ,  qu'il  a  fon  entrée  à  l'Opéra ,  à  la  Co- 
médie. 

C'eft  prefcjue  dans  le  même  fens  qu'il  fignifie  la 
facilité  ,  lapermiftion  qu'on  a  d'entrer  chez  quel- 
qu'un. Son  favoir  lui  donne  entrée  en  toutes  les 
comp.ignies.  C'eft  un  tel  qui  lui  a  donné  l'entrée 
chez  cette  Dame  ,  qui  lui  en  a  donné  la  connoif- 
lance. 

Entrées,  aupluriel,  fe  dit  aufti  du  privilège  attaché 
à  certaines  charges  d'entrer  à  certaines  heures  dans 
la  Chambre  du  Roi  ,  quand  les  autres  n'y  entrent 
pas.  Cette  charge  donne  toutes  les  entrées.  Cet  Offi- 
cier a  vendu  fa  charge  ,  «Se  le  Roi  lui  a  conferyé 
les  entrées.  Un  brevet  d'affiires  donne  les  entrées 
chez  le  Roi.  Il  y  a  les  grandes  &  les  petites  entrées. 

Entrée  ,  eft  encore  une  réception  folennelle  qu'on  fait 
aux  Rois,  Princes,  Légats,  Ambaffadeurs  ou  aii- 
tres  Seigneurs  ,  lorfqu'ils  entrent  la  première  fois 
dans  les  villes  ,  ou  qu'ils  viennent  triomphans  de 
quelque  grande  expédition.  In$re£ïo  ,  folemnis  çum, 

pompa, 


ËNT 

pompa.  Lqs  e/i^rd'es  des  Aiiib.iiradeiirs  font  des  fpec- 
caclcs  qui  ne  font  que  pour  le  vulgaire  ,  &non  pas 
pour  les  Philofophcs.  S.  EvR.  C'etoit  la  coutume 
jufques  fous-  CImrles  VII  ,  de  donner  aux  cr.crces 
des  Rois  d'efpaceen  efp.icc  ,  des  Ipectacles  ,  qui  ne 
feroient  ni  du  goût ,  m  de  la  politelle  de  ce  temps- 
ci  ,  mais  qui  ne  marquoient  pas  moins  fenliblement 
l'affediion  &  la  joie  du  peuple.  Cetoient  des  efpèces 
de  mafcarades  de  dévotion  ,  des  entans  habillés  en 
Anges  comme  defcendans  du  Ciel,  ^oye:;  celle  de 
Charles  VII,  décrire  par  le  P.  Daniel,  .«//^.  de  Fr. 
T.  II,  p.  1 1 16  ,  1 1 17. 

ENTRÉE  ,  ed  aulli  un  impôt  qu'on  levé  furies  maichan- 
difes  qui  entrent  dans  une  ville  ,  dans  un  Royaume. 
InvecluiA  meràs  vccligjl.  On  a  propolé  autrefois  .à 
Sienne  de  doubler  les  portes  de  la  ville,  pour  dou- 
bler fes  revenus  ,  qui  confiiloient  aux  entrées.  La 
traite-foraine  etl  le  droit  qu'on  tait  payer  aux  mar- 
chandifes  à  ['entrée  &  à  la  lorrie  du  Royaume.  Uen- 
trcc  du  vin  fe  paie  aux  portes. 

Entrée,  lignifie  encore  figurément  ,  commencement. 
Prunordlum  ,  iiiuium  ,  exordiuin.  Ce  Magillrat  ,  à 
fon  encrée  dans  fa  charge  ,  a  fait  de  beaux  régie - 
mens.  Dès  Ventrée  de  fon  difcours.  Il  taut  fe  trou- 
ver à  Ventrée  du  Conleil ,  à  1  entrée  de  l'Audience. 
A  Ventrée  de  t.ible  ,  au  commencement  du  repas. 

IJCF  On  appelle  entrées  de  table  ^  quelques  mets 
qui  1er  vent  au  commencem.Mir  AntQ^is.Pri-namen- 
Ja,  ou  cxna.  Les  Romains  appeloient /'/'ûot^//m 
l'entrée  de  table  qu'ils  mangeoient  avant  que  de 
boire  le  premier  coup  j  &  Promuljîdatlum  le  vafe 
où  l'on  fervoit  cette  entrée. 

^CT  Entrée.  Terme  dedanfe.  C'efl:  l'air  de  violon  fur 
lequel  les  divertiiremens  d'un  ade  d'Opéra  entrent 
-  fur  le  théâtre. 

On  appelle  audî  entrées  de  ballet ,  chaque  Scène 
que  font  les  Danfeurs  dans  un  ballet.  Sccnafaltato- 
ria.  Le  ballet  n'ell  qu'une  fuite  d'iî/zrwjj  comme 

•  une  pièce  de  Théâtre  efl:  une  fuite  de  Scènes.  Dan- 
fer  une  entrée  de  Satyres.  Saltantes  fatyros  imitari. 

Entrée.  Terme  dï  Teneurs  de  Livres  en  parties  dou- 
bles. L'entrée  du  grand  livre  ,  c'eft  l'état  des  Débi- 
reur;:  Z<.  Créditeurs ,  portés  par  la  balance  ou  le  bi- 
lan du  livre  précédent. 

Entrée.  Terme  de  forêts.  On  nomme  bois  Centrée  , 
ceux  qui  commencent  à  donner  quelque  marque 
de  dépérillement.  Duh. 

Entrée,  fe  dit  figurément,  pour  occafion  ,  ouvertu- 
re. Le  mépris  des  lois  a  donné  entrée  à  tous  les 
vices.  Patefech jenejîram  ad,  Ikc.  L'héréfie  de  Lu- 
ther a  donné  entrée  à  une  infinité  d'autres  erreurs. 
Il  n'y  a  que  notre  volonté  qui  puilfe  donner  entrée 
dans  nos  âmes  aux  maladies  de  l'efprir.  Nie. 

On  appelle  er.  Aftronomie  re.7rrce  du  foleildans 
un  figne ,  le  temps  auquel  le  foleil  commence  à 
parcourir  ce  ligne.  Dans  les  Ephémérides  on  mar- 
que exaétement  Ventrée  du  foleil  dans  les  douze 
fignes  du  Zodiaque.  L'Equinoxe  du  Printemps  ell 
l'entrée  du  foleil  dans  Aries.  L'Equinoxe  de  l'Au- 
tomne ell  Ventrée  du  foleil  dans  Libra. 

Entrée  ,  en  termes  de  Marine ,  eft  l'embouchure  d'une 
rivière,  l'endroit  où  une  rivière  fort  de  fon  litpour 
entrer  dans  une  autre  rivière ,  ou  dans  un  lac  ,  ou 
dans  la  mer.  Le  havre  d'entrée  efl: ,  en  termes  de 
Marine  ,  celui  dans  lequel  on  peut  entrer  en  tout 
temps,  parce  qu'il  y  a  toujours  de  leau  futïïfam- 
ment  pour  porter  les  navires. 

On  dit  en  proverbe  ,  qu'un  homme  a  fait  une 
entrée  de  ballet  dans  une  compagnie  ,  quand  il  v 
eft  entré  ,  ou  en  eft  forti  brufqueinenr  fans  garder 
les  bienféances ,  &  faire  les  civilités  ordinaires- 

On  dit  adverbialement  ,  D'entrée  ,  pour  dire  , 
D'abord.  Il  nous  dit  d'entrée  trois  ou  quatre  faulfes 
nouvelles.  Il  vieillir.  On  dit  aufli ,  Y)' entrée  de  jeu  , 
pour  dire  ,  dès  le  commencement  du  jeu.  Il  fe  mit 
à  jouer  j  &  d'entrée  de  jeu  il  petdit  la  moitié  de  ion 
argent.  On  dit  figurément  j  D'entrée  de  jeu  il  fe  mit 
en  colère  :  D'entrée  de  jeu  il  fit  paroître  fon  extra- 
vagance :  c'eft-à-dire,  D'abord.  Les  ennemis  nous 
Tome  in. 


E  N 


T 


75} 


j  enlevèrent  nos  lignes  d'entrée  de  jeu  :  pour  dire. 
Dès  Ventrée  de  la  campagne.  Il  lui  lâcha  un  foufflet 
d'entrée  de  jeu,  c'eft-a-due.  Il  débuta  par  lui  lâcher 
!      un  foufflet. 

ENTREESER.  Vieux  mot.  On  dii  S' entreefer  ^  ^oaz 
dire  j  fe  récréer  j  fe  divertir  enfemble. 

ENTREFAITES,  f.  f.  pi.  qui  fe  dit  du  temps  où  l'on 
fait ,  où  l'on  négocie  quelque  choie.  Imereù  ,  ime- 
Ww.  Il  ne  fe  dit  qu'avec  la  puépofition  dans  oafur. 
On  étoit  prêt  de  donner  bataille  j  mais  fur  ces  en- 
trefaites ,  il  vint  un  courier  qui  apporta  la  nouvel- 
le de  la  paix  ,  c'eft-à-dire  ,  pendant  que  les  chofes 
étoient  en  cet  érar.  On  alloit  faire  ce  mariage,  mais 
fur  ces  entrejaïtes  le  père  mourut ,  &  tout  fut  rompu. 

Entrefaites.  On  ne  lui  donne  que  le  pluriel.  La  Fon- 
taine s'en  eft  fervi  au  fingulier. 

•V ennemi  \ientfur  /'entrefaite. 

ENTREFERIR.  On  a  dit  dans  le  vieux  langage, S 'e,7- 
trejérir  ;  pour  dire  ,  Se  bleller  l'un  l'autre. 

S'ENTRE-FRAPPER.  v.  récip.  Se  fr.apper  l'un  l'autre. 
Ac.  Fr. 

ENTREGENT,  f.  m.  Manière  adroite  de  fe  conduire 
dans  le  monde.  Dexteritas.  Cet  homme  ne  fera 
point  de  fortune ,  il  n'a  ni  adrelfe  ,  ni  entregent. 
C'eft  une  très  utile  fcience,  que  la  Icience  de  Ven- 
trcgent.  Elle  eft  ,  comme  la  beauté  ,  conciliatrice 
des  premiers  abords  de  la  fociété.  2v1ont.  Pourréuf- 
fir  dans  le  monde,  il  faut  avoir  de  Ventregent,dz  l'in- 
trigue. Il  eft  vieux  ,  iSc  du  ftyle  familier. 

S'ENTR'EGORGER.  v.  récip.  S'égorger  l'un  l'autre. 
Ac.  Fr. 

ip-  ENTRE-HIVERNER.Terme  d'Agriculture,  c'eft 
donner  un  labour  pendant  l'hiver.  Comme  on  don- 
ne ce  labour  entre  les  temps  de  gelée  qui  fe  fuccé- 
dent  dans  cette  faifou  ,  je  crois,  dit  M.  Duhamel , 
qu'on  dit  entre-hiverncr ^  pour  exprimer  qu'on  la- 
boure entre  les  ditîerens  hivers  qui  fe  fuccédent 

ENTREJOINTE.  f.  f.  Vieux  mot.  Jointure. 

ENTREJOU.  f.  m.  Ce  mot  fe  trouve  dans  quelques 
Coutumes ,  &  fignifie  Efpace  pour  donner  cours  à 
l'eau.  On  permet  aux  particuliers  de  faire  des  mou- 
lins fur  les  rivières  non  navigables  ,  pourvu  qu'il  y 
.nit  fault  &  entrejou. 

ENTRELACEMENT,  f.  m.  Mélange  de  plufieurs 
chofes  mifes  &  entrelacées  les  unes  dans  les  autres. 
Complicatio  ,  connexio.  Il  y  a  dans  l'arrière-faix  des 
femmes ,  un  entrelacement  d'une  infinité  de  vaif- 
feaux.  Mauriceau. 

ENTRELACER,  v.a.  Mêler  ,  enlacer  plufîeurs  chofes 
les  unes  dans  les  autres.  Imexere ,  impUcare^  irner- 
Jerere  ,  intcrjlccre  ,  intercingere  ,  interplicare.  On  ne 
fauroit  percer  le  fort  de  ce  bois ,  à  caufe  des  bran- 
ches qui  font  entrelacées  l'une  dans  l'autre.  Il  y  a 
bien  de  l'art  à  faire  les  chiffres ,  à  entrelacer  les  let- 
tres les  unes  dans  les  autres. 

Entrelacer,  fe  dit  figurément,  en  chofes  morales; 
LTn  Orateur  doit  entrelacer  fon  thlcours  de  plufic^urs 
peiifées ,  ou  d'hiftoires  agréables  ,  qui  réveillent 
l'attention ,  &  qui  le  varient ,  c'eft-à-dire ,  y  mêler, 
y  faire  entrer. 

Entrelacé,  Ée.  part.  Connexiis  ,  intertextus.  On  le 
dit ,  en  termes  de  blafon  ,  de  trois  crnllfans  ,  de 
trois  anneaux  ,  &  autres  chofes  femblables  paffées 
les  unes  dans  les  autres. 

Suppofé  qu'on  fît  un  verbe  de  la  prépofitioii  en- 
tre ,  du  verbe  la(]~er ,  fatiguer  ^  rendre  las ,  caufer  de 
la  laflîtude  ,  comme  on  le  pourroit ,  fclon  la  tL-mar- 
que  faite  ci-delfus  à  la  prépohtion  entre  ,  1°.  il  ne 
feroit  que  réciproque  ,  s'tvifre/û^r,  fe  làifer  mii- 
tuellement.i".  L'd  de  la  pénultième  feroit  lon^,s'en- 
tre-ldffer ,  au  lieu  qu'il  eft  bref  aux  mots  dont  on 
vient  de  parler. 

ENTRELACS,  f  m.  Cordons  ou  filets  joints ,  ou  mê- 
lés enfemble ,  Nodus  ,  lUigatio  ,  implexus  ,  inter- 
jeSus.  L'entrelacs  du  nœud  Gordien  étoit  tel,  qu'on 
ne  le  pouvoit  dénouer.  On  le  dit  aufli  des  filets  niê- 
lés  artiftcment ,  qui  font  le  delTein  d'une  broderie, 

C  c  c  ce 


/■• 


754  E  N  T 

Enr£-lacs  ,  en  Atcliicecture  ,  c'eft  un  ornement  de 
iirtels ,  &  de  fleurons  lies  Se  croifcs  les  uns  avec 
les  autres  j  qui  fe  taille  fur  les  moulures,  ou  dans 
les  Irifes.  En  Latin  Implexus.  1 

Entrelacs  ,  en  Sculpture  ,  c'eft  un  orneinent  à  jour , 
de  pierre  ,  ou  de  marbre  ,  qui  fert  quelquefois  au 
•lieu  de  baludres ,  pour  remplir  les  appuis  évidés 
des  tribunes ,  b.ilcons  &  rampes  d'elcalier. 

Entrelacs  de  Serrurerie.  Ornemens  compofés  de 
rouleaux  &:  joncs  coudés ,  qui  forment  divers  com- 
partimens  pour  garnir  les  frifes,  pilaftres,  mon- 
tans  &  bordures  de  ter. 

Entrelacs  ,  eft  aufli  un  terme  de  Vitrier.  Il  fignifie, 
les  embelliiremens  &  les  traits  figurés  des  vitres. 
Faire  des  entrelacs. 

ENTRELAIDIR.  v.  a.  On  a  dit  autrefois  S'entrelaidir-^ 
pour  Se  dire  des  injures  l'un  à  l'autre. 

ENTRELARDER,  v.  a.  Mettre  du  lard  entre  les 
chairs.  Voye-^  Lardf.r.  Carnem  iariio  pcr  inter- 
vada  configure.  Le  bœuf  à  la  mode  n'ell  boa  que 
quand  on  l'a  encrelardé  àe  bon  lard. 

^3"  On  le  dit  j  aulli,  hgurément ,  des  ingrédiens 
que  l'on  met  dans  certains  mets.  Entrelarder  de 
clous  de  girofle ,  d'écorce  de  citron  ,  &c. 

Entrelarder  ,  fignifie  j  auiîî ,  Mettre  au  milieu  de 
quelque  chofe.  Diftinguere  _,  interpungere.  Il  faut 
entrelarder  ces  fleurs  ,  ces  arbres ,  pour  donner  à 
ce  jardin  l'agrément  de  la  variété.  Il  ne  faut  pas 
que  tous  les  hommes  foient  à  table  du  même  côté ., 
il  les  faut  un  peu  entrelarder. 

Entrelarder  ,  fe  die ,  figtirément,  des  chofes  mo- 
rales. Cet  Orateur  fait  li  bien  entrelarder  Ton  dil- 
cours  de  penfées,  d'hiiloires  agréables,  qu'il  n'en- 
nuie jamais.  Le  fétieux  dégoûte  à  la  fin  ,  fi  on  n'y 
entrelarde  un  peu  de  comique.  Tout  cela  eft  du  ftyle 
fainilier  &  populaire 

Ç:T  ENTRE-LIGNE,  f.  f.  ordinairement  inrerligne. 
Efpace  entre  deux  lignes.  InterJUtium  •  ou  écriture 
qui  fe  met  entre  deux  lignes.  Interpojitio  _,  ïnterpo- 
Jitus.  Il  eft  défendu  aux  Notaires  d'écrire  en  entre- 
lignes  :i\  faut  qu'ils  falFent  des  renvois  &  des  apof- 
tdles  paraphés  des  parties. 

ENTRE- LARDÉ,  ee.  part.  &  adj.  On  dit,  au  propre  , 
qu'une  viande  eft  entre-lardée  ,  lorfqu'il  y  a  naturel- 
lement quelques  filets  ou  tranches  de  graille  entre  les 
chairs. 

ENTRE- LUIRE,  v.  n.  Luire  à  demi  :  ce  qui  fe  dit 
d'une  foible  lumière  qui  palfe  entre  quelques  ou- 
vertures. Interlucere  J  fublucere.  J'ai  vu  entre-luirc 
quelque  chofe  par  les  fentes  de  cette  cloifon.  Dans 
l'obfcurité  de  la  nuit  on  vit  entre-lu'ire  quelques  feux 
des  ennemis.  Peu  ou  point  ulité. 

ENTREMAIN  ,  ou  Jeu  d'Entremaik,  ou  Le  Cinq. 
Terme  de  Mufique.  C'eft  le  cinquième  diapafon  dc 
la  niufette.  Le  5.  eft  communément  nommé  le  Jeu 
de  V  Entremain.  On  l'appelle  le  Cinq ,  parce  que  tous 
les  airs  qui  fe  jouent  lut  ce  diapafon  doivent  hnir 
pat  le  cinquième  trou.  Il  fe  joue  parc  ,JoL ,Ja  ,  ut , 
quoiqu'il  commence  par  le  Jbl  de  g  re  3  fol ,  eu 
égard  au  ton  le  plus  bas  du  chalumeau,  qui  eft  Vut 
de  cjbl  ,  ut ,  Ja,  Le  4  j  le  ^  j  le  7  &  le  9  font  des 
diapafons  fort  agréables,  mais  ils  ne  font  point  fi 
naturels  au  chalumeau  que  le  5 ,  nommé  î'ii/zzTf- 
/nj/«.  Anonyme.  Traité  de  la  Mufette  jP.  I.C.6. 

S'ENTRE-MANGER,  v.  récip.  Se  manger  l'un  l'au- 
tre. Ac.  Fr. 

ENTRE-MÊLER.  v.  n.  Inférer," mêler  une  chofe  avec 
d'autres.  Intermifcere  ,  immifcere  ,  inferere.  On  le 
dit  quelquefois,  au  figuré.  Entre-meler  des  queftions 
différentes.  La  Comédie ,  parmi  fes  plaif-nteries  , 
doit  entre-mêler  quelques  inftrudliions.  Y entre-méle- 
rai  dans  cette  hiftoire  plufieurs  chofes  prifes 
d'ailleurs,  Abl.  On  entre-mile  les  lettres  pour  faire 
des  chiffres  ,  &  les  fils  d'or  ou  de  foie  pour  faire  des 
broderies.  On  ^«rre-/72£?/c' les  orangers  &  les  citron- 
niers. On  entre-mêle  les  fleurs  rouges  parmi  les 
fleurs  blanches. 

gCT"  On  dit ,  quelquefois  ,  mais  dans  le  ftyle  fa- 
milier feulement  ,  s  entre-mcUr  ,  v.  récip.  dans  la 


ENT 

même  fignification  ques'entre-mettre./^j'e?cemot. 
ENTREMELLEMENT.  ndv.  Vieux  mot.  Pêle-mêle. 
EN  i  REMETS.  1'.  m.  Plats  de  ragoiit  qu'on  met  fur  la 
table  entre  les  fervices,   Se  particulièrement  entre 
le  rôt  &  le  fruit.  Medii  convivu  jercula.  Ces  Mei- 
fieuis  ne  font  encore  qu'à  ^entremets.    Du  Cange 
l'appelle  en  Latin  intronuljum-^  les  Itdiens  tramejjo. 
if5"  On  appeloit ,  autrefois  ,  entremets  dans  les 
Pièces  de  théâtre  ,  ce  que  nous  appelons  aujour- 
d'hui intermède. 
ENTREMETTEUR,  EusE.f.  m.&  f.  Médiateur  entre 
deux  ou  plufieurs  perlonnes  qui  ont  quelque  diffé- 
rend à  vider,  quelque  mirchéou  négociation  à  faire. 
Mediator  J  feauefier  ,  conciiïator.  Ce  qui  facilite  les 
rraniaétions  ,  c'eft  l'adrelfe  &  l'habileté  des  entre- 
metteurs. Il  faut    faire  un   préfcnt  à  Ventremetteur 
qui  a  facilité  l'achat  de  cette  charge.  Voici  les  ar- 
ricles  qu'il  a  diétés   lui-même  à  notre  entremetteur  , 
pour  vous  être  montrés  avant  que  de  rien  faire. 
Mol.    Entremetteufe   fe  prend    ordinairement   en 
mauvaife  part ,  en  parlant  d'une  femme  qui   fe 
mêle  de  quelque  commerce  illicite  ,   d'une  négo- 
ciaaon  d'amour.  Lena-.   Quelquefois  il  le  prend  , 
dans  un  fens  général ,  pour  des  femmes  c}ui  travail- 
lent à  airortir  des  partis  pour  le   mariage.  Par  le 
moyen  des   entremetceufes  ,    un  fait   un   mariage 
comme  une  emplette.  On  marchande  ,  on  furfait , 
on   meloffre.  Conciliatrix ,   conciliatricula. 
iCt  S'ENTREMETTRE,  v.  récip.   S'employer  pour 
une  choie  qui  regarde  l'intérêt  d'un  autre;  ou  bien 
fe  mêler  d'une  affaire,  &   entrer  en  négociation 
avec  ceux  qu'elle  regarde  principalement.  Interce- 
dere  J  Interpûnere  fe.  il  s'eft  entremis  pour  les  ^c- 
corder.s'e«fre/72t'rrr£  des  affilies  publiques.  Je  viens 
faire  ici  ce  que  je  fais  par- tout  ailleurs  ;  m  entre- 
mettre d'aflaires  J  me  rendre   ferviable  aux  gens, 
profiter  du  mieux  qu'il  m'eft  poflible  des  petits  ta- 
lens  que  je  puis  avoir.  Mol.  Comment  un  homme 
peut-il  %  entremettre  dî \xï\Q  réconciliation  aufli  faintc 
que  celle  des  pécheurs  avec  Dieu,  s'il  eft  lui-même 
ennemi  de  Dieu  ?  Boui<.dal.  Exh.  I.p.  j6^. 
§a- ENTREMISE,  i.  f.  Ceft,  quelquefois,  Taétion 
de  celui  qui  interpofe  fes  offices  ,   fon  crédit ,  fon 
autorité  ,  ikc.  Quelquefois  iimplement ,  miniftère  , 
médiation  par  laquelle  une  chofe  Ce  fa.'n.  Intercejfus, 
opéra  j   minijîerium ,   mediatio.    Cela   s'eft  fait  pac 
Xentremife  du  Miniftre.  Ce  mariage  n'auroit  jamais 
été  fait  fans  Xentremife  de  quelques  parens.  On  prit 
des  mefures  pour  empêcher  que  le  Roi  d'Efpagne 
ne  voulût  offrir  fon  entremife.  I'Ab.  Régn.  La  mifé- 
ricorde  de  Dieu  s'eft  fervie  du  miniftère  des  hom- 
mes &  de  y  entremife  de  fes  Saints  pour  nous  décla- 
rer fes  volontés.  Ab.  de  la  Tr. 

Qui  croiroic  en  effet  qu'une  telle  entreprife 

Du  fils  d' Agamennon  méritât  l'entremife.  Rac. 

Entremise.  Terme  de  Marine,  fe  dit  aulîï,de  certaines 
pièces  de  bois  qui  font  pofées  dans  un  vailfeau  entre 
deux  autres  J  pour  les  tenir  fujettes  j  &  pour  les 
renforcer  ;  ou  entre  les  taquets  ,  ou  fufeaux  du 
cabeftaa ,  Interpofta. 

ENTRE-  MODILLON.  Terme  d'Architedure. Efpace 
entre  deux  modillons.   f^oye-^  Modillon. 

ENIREMONT  ,  dit  Chefery.  Intermontium. ,  autre- 
fois Cheferiacum.  Nom  de  lieu  ,  où  il  y  a  une  Ab- 
baye de  l'Ordre  de  S.  Auguftin.  Il  eft  du  Diocèfe 
de  Genève  ,  mais  dans  le  Bugey  ,  alTez  près  de 
Nantua.  De  Sainte  Marthe  ,page  /24.  du  IV.  Tome. 

ifT  ENTRE-NERFS,  f.  m.  pi.  Terme  de  Relieur.  Ce 
font  les  efpacesqui  font  marquées  fur  le  dos  d'un  li- 
vre, aux  endroits  où  les  livres  font  coufusaux  ficelles. 

S'ENTRE-NUIRE.  v.  récip.  Se  nuire  l'un  à  l'autre. 
Ac.  Fr. 

ENTRE-OUIR.  Foye^  ENTR'OUIR. 

ENTRE- OUVERTURE,  ou  ENTR'OUVERTURE. 
f.  f.  Demi-ouverture  ,  petite  ouverture.  Jpertura. 
La  double  membrane  dont  Ventr'ouverture  conftitue 
la  glotte.  Dodart.  Ac.  des  Se.  170Q.  Mém.pag.  zj2. 


ENT 


ENT 


KNTREPÂRLER.  Parlera  quelqu'un    qui  vous  i<'>  ;  ^       Ce  mot  vimtcomms  à'imerprendn 

pond.  Cclioqui.  Ce  verbe  ne  le  dit  qu'iivec  le  pro-|  %fT  ENTREPRENDRE,  v.  a.  qui  le  conjugue  comme 


nom  perfonnel  j  sencreparler.  Je  les  ai  vus  qui  s  en- 
treparloienc  avec  grande  vivacité. 
ENTREPARLEUR,  f.  m.  Perfonuage  qui  joue  dans 
un  Pûcme   Dramatique.  Perjona  ,  aciov.  Dans  les 
anciennes  Comédies ,  on  nommoit  toujouis  Encrc- 
pardeurs  ,  ceux  qui  compofoient  la  lille  des  per- 
fonnages  qui  dévoient  jouer  la  pièce.  On  l'a  dit , 
auOi  des  perfonnages  introduits  dans  un  Dialogue, 
Ibic  qu'ils  fuirent  deux  ou  plufieurs.  On  dit  aujour- 
d'hui Interlocuteur. 
ENTRÉPAS.  f.  m.  Eft  un  train  ou  amble  rompu,  qui 
ne  tient  ni  du  pas  ni  du  trot^  c'elt  le  train  que  vont 
les  clrevaux  qui  ont  les  jambes  ruinées ,  ou  les  reins 
foibles.  On  l'appelle  autremenr  le  Traquenard. 
ENTREPASSER,  v.  a.  Incerpujjare.  Terme  de  Méde- 
cine. C'eft   mêler  les  diftérens  ingrédiens  dont  on 
remplit  un  flichet,  afin  qu'ils  foienc  tous  également 
dillnbués  dans  toute  fa  capacité. 
S'ENTRE-PERCER.  v.  récip.  Se  percer   les  uns  les 
autres.  Ces  deux  hommes  sencrepercerent.  Ac.  Fr. 
^  ENTRE-PILASTPvE.  f.  m.Terme  d'Architecture. 
Efpace  qui  eftentredeux  pilaftre.s. /'qy.  Pilastre. 
ENTREPOINTÉ  ,   ée.  adj.  Terme    de  Chirurgie. 
On  appelle  future  entrepointée ,  une  future  où  l'on 
coupe   le  fil ,  &  que  l'on  arrête   par  un  nœud  à 
chaque  point  qu'on  fait. 
ENTREPOSER,  v.  a.  Mettre  des  marchandifes  dans 
un  magafin  d'entrepôt  ^  c'eft-à-dire  ,  dans  un  lieu 
de  réferve ,   où  on  les  garde ,  pour  les  en  tirer  & 
les  envoyer  ailleurs.  Dict.  de  Com. 
ENTREPOSEUR,  f  m.  Celui  qui  eft  commis  à  la 
garde  des  marchandifes  entrepofées.  Les  Entrepo- 
fcurs  du  tabac  dans  les  villes  le  diftribuent  en  gros 
aux  Habitans,  dans  les  villes  mêmes,  &  aux  endroits 
de  leur  Eledion  où  il  y  a  des  Bureaux  particuliers 
ctablis.  Encrepofcur  fe  trouve  dans  la   Déclaration 
du  Roi  du  lo  Odobre  1723.  qui  règle  la  manière 
dont  la  Compagnie  des  Indes  étoit  obligée  de  faire 
l'exploitation  de  la  vente  exclufive  du  calé. 
ENTREPÔT,  f.  m.  Lieu  de  réferve  où  l'on  fait  maga- 
fin de  quelques  marchandifes  pour  les  venir  repren- 
dre au  befoin.  5Mrio,  manfio.  Il  y  en  a  qui  écrivent 
entrepoitylocuslnterpojkus.  L'Ordonnance  des  Aides 
défend  aux  Marchands  de  vin  d'avoir  des  entrepots, 
des  magahns  ou  étapes    de  vin   en-deçà  de  trois 
lieues  d"e  Paris.  Les  Marchands  qui   amènent  des 
beftiaux  de  lieux  éloignés  font  obliges  d'avoir  des 
é-«frepo«,  pour  les  laiirerrepofer&  reprendre  graille. 
La  ville  de  Niccmédie  ,  iituée   dans  la  Bithynie  , 
alfez  près  du  Bofphore  ,  devint  fous^  Antonin  un 
e-rrepot.  fort  célèbre.  Huet.  Il  y  a  an  Callao  un  Ma- 
gafin pour  V entrepôt  àss  Marchandifes  de  l'Europe  , 
qu'on  appelle  Adminiftration.  Frezier. 

On  appelle  aulli ,  fur  la  mer,  entrepôts^  des 
ports  où  l'on  établit  des  magafins  de  marchandifes 
deilinécs  à  tranfporter  au  loin. 

On  appelle,  aulfi ,  des  villes  ^'entrepôt,  celles 
où  il  y  a  d'ordinaire  des  CommKîîonnaires  qui  re- 
çoivent des  marchandifes  d'un  lieu  élcsigné  pour 
les  envoyer  en  un  autte.  Lyon  &  Orléans  j  Paris  & 
Rouen  , 'font  des  villes  d'e/zf.'ï/'of.  Batavia  eft  \en- 
trep6t  des  Hollandois  pour  leur  commerce  de  la 
Chine  &  de  l'Europe. 
Entrepôt  ,  fe  dit   auili ,  pour  Pcrfonne  interpofée. 

Ecrire  par  entrepôt. 
ENTREPRENANT  ,  ante  ,  adj.  Qui  entreprend  de 
grands  delfeins ,  des  chofes  hardies.  Confidens  , 
audax  in  fufdpiendo.W  fe  dit  particulièrement  des 
gens  de  guerre.  Alexandre  étoit  un  Prince  fort  en- 
treprenant. 

Il  fe  prend  ,  ordinairement ,  en  mauvaife  part , 
&  fignihe  ,  Téméraire  j  &  qui  entreprend  fur  le 
droit  d'autrui.  Un  Juge  é^  entreprenant ,  quand  il 
empiète  fouvent  fur  la  jurifdidrion  d'autrui.  En 
amourj  les  plus  entreprenant  réullilfent  mieux  que  les 
autres ,  quoiqu'ils  ne  foient  pas  les  plus  aimables. 

ROCHEÏ. 


prendre.  Prendre  la  réfolution  de  taire  quelque 
chofe.  Sufcipere.  Entreprendre  un  voyage ,  un  procès, 
m\  bâtiment,  &c.Nembrod(?«frif/);vf un  ouvrage  au- 
deiuis  de  fes  forces ,  quand  il  voulut  faire  bâtir  \x 
tour  de  Babel.  Saint  Louis  entrepritla.  guerre  contre 
les  Infidèles  ,  pour  délivrer  les  Lieux  Saints  de  leur 
tyrannie.  Cette  Compagnie  a  entrepris  la  manu- 
facture des  draps.  On  n'a  voit  ofé  jufqu'ici  entre- 
prendre la  jonétion  des  mers.  Le  Roi  a  entrepris  la 
défenfe  de  ce  Prince  fon  allié  ,  il  le  protège,  i'en^ 
treprends  d'écrire  la  guerre  du  Péloponéie.  Abl. 
|J3°  Entreprendre  j  hgnifie,  aufli  j,  fe  charger  de 
faire  quelque  chofe  à  certaines  conditions  ,  moyen- 
nant un  certain  pnx.  Opus  faciendum  rediniere.  Cec 
Archirede  a  entrepris  ce  bâtiment ,  &  moyennanc 
dix  mille  écus,  il  doit  le  rendre  la  clef  à  la  main. 

1)3"  Remarquez  qu'on  trouve  dans  de  très-bons: 
^cmM\s,  entreprendre  contre  quelqu'un,  fans  aucua 
régime.  Corneille  a  fait  cette  Faure  dans  Héraclius. 

Et  lorfque  contre  vous  ilm'afaitemvepTenàte. 

Ce  verbe  ,  dit  Voltaire  ,  efl:  adif  ,  &  veut 
ici  abfolument  un  régime.  On  ne  dit  point  entre- 
prendre pour  confpirer. 

fCJ"  On  dit  j  très-bien  ,  Je  fais  méditer  ,  entre- 
prendre ,  &  agir  ,  parce  qu'alors  ces  verbes  ont  un 
fens  indéfini.  Il  en  eft  de  même  de  plufieurs  verbes 
aébifs  qu'on  laille  alors  fans  régime.  Il  avoir  une 
tête  capable  d'imaginer  ,  un  cœur  fait  pour  fentir  y 
un  bras  pour  exécuter  \  mais  j'exécute  contre  vous, 
]  entreprends  contre  vous ,  j'imagine  contre  vous  , 
n'eft  pas  François  ;  parce  que  ce  défini  contre  vous  , 
fait  attendre  la  chofe  qu'on  imagine  ,  qu'on  exé- 
cute &  qu'on  entreprend.  Tout  ce  qui  eft  régie  efl 
fondé  fur  la  nature. 

IJC? Entreprendre  quelqu'un;  pour  dire  ^  le 
pourfuivre,  l'embarralfer  ,  le  perfecuter ,  le  railler. 
Perfequi ,  exagitare.  Si  (\wz\i\uc  ennemi  l'entreprend^ 
il  eft  perdu.  Vous  courez  rifque  d'être  malmené^ 
s'il  vous  entreprend.  Ac.  Fr. 

CjC?"  Entreprendre  ,  pris  dans  ce  fens ,  ne  peut 
fe  dire  à  toute  force  que  dans  le  Comique. 

%fT  II  fe  dit,  auffi,  en  termes  de  Morale,  Sc 
fîgnifie  attaquer.  Adoriri.  Quoiqu'il  y  ait  des  aver- 
lions  naturelles  très-mal  aiféesà  vaincre,  on  en  peuc 
pourtant  venir  à  bout,  fion  les  entreprend àt  bonne 
heure.  Vaug. 

§CF  II  fignifie  ,  encore  ,  Embatrafter  ,  rendre 
perclus.  Il  a  un  rhurnatifmequilui  entreprend  toute- 
la  jambe.  Ac.  Fr. 
Entreprendre j  avec  la  propofition  y7/r ,  fignifie, 
Ufurper.  Ujurpare.  Il  eft  défendu  aux  Officiers  d"e.7- 
treprendre  fur  les  charges^les  uns  des  autres.  Entre- 
prendre fur  l'autorité  de  quelqu'un.  Il  fignihe,  aulTî, 
Attenter  à.  Adoriri.  Entreprendre  fur  la  vie  d'une 
perfonne.  Ablanc.  On  dit  que  des  Artifans  ewrre- 
prennent  fur  le  métier  des  autres  ,  quand  ils  fonc 
quelque  ouvrage  qui  apparrient  à  quelqu'autre 
métier  que  le  leur ,  ou  quand  ils  ne  font  pas  reçus 
dans  la  Ma'itrife.  Fatceni  in  alienam  mejje/n  injicere. 
Entrepris  ,  ise.  part. 

^  ENTREPRENEUR,  f.  m.  C'eft,  en  général ,  celui 
qui  entreprend  à  forfait  un  ouvrage  confidérable. 
liedemptor.  On  ledit,  particulièrement,  d'un  Ar- 
chitede  qui  entreprend  un  bâtiment.  C'eft  un  ha- 
bile Entrepreneur. 

ipT  Mais,  on  le  dit  aullî  ,  en  parlant  de  ceux 
qui  entreprennent  d'autres  ouvrages  à  prix  fait. 
Entrepreneurs  à'an  c:i.n:A.E?itrepreneur an  pavé. On  a. 
traité  avec  un  Entrepreneur  ^onz  fournir  l'armée  de 
vivres,  de  munitions.  L'EtapierjOu  Entrepreneur 
des  étapes  ,  eft  commis  pour  la  fourniture  des  vivres 
&  du  fourrage  dcftinésaux  gensdeguerre. 
Entrepreneur,  en  Marine  ,  Eft  celui  qui  le  chargs 
de  fournir  un  vaiffeau  conftruit ,  conformément  au 
marché  fait  avec  l'Acheteur. 

C  c  c  c  c  ij 


-j^G  ENT 

IINTREPPvENEUSE.  f.  f.  Celle  qui  entreprend  quel-' 
que  befogne  ,  &  qui  a  plusieurs  ouvrières  fous  elle. 

EJ>]TREPRIS  jisE.adj.  Perclus,  qui  ne  le  peut  aider  de 
tous  fes  membres ,  ou  d'une  partie.  Caprus  ,  mur- 
i:(;/;^a.y.  Cette  longue  maladie  l'a  rendu  tout  encx- 
frïs  ,  tout  perclus.  Ileil  entrepris  d'un  bras.  Il  a  la 
tcre  entrepri'e ,  enibarrairée.  On  dit  auiîi ,  dans  le 
fens  hguré  j  qu'un  homme  eft  tout  entrepris  ,  lorl- 
iju'il  paroît  inquiet  ,  embari.iiré  de  fii  contenance  , 
parce  que  cet  embarras  ku  ôte  j  en  quelque  façon  j 
Jufage de  (es  membres  j  «?<:  le  rend  comme  perclus. 
On  le  dit  auîli ,  d'un  jeune  homme  qui  n'a  point 
encore  vu  le  monde  ,  &  qui  ne  lait  que  dire  ni  que 
faire  les  premières  fois  qu'il  paroît  en  compagnie. 
Tout  cela  ne  peut  palier  que  dans  le  Ityle  familier. 

Quelle  pillé  de  voir /'Or^rewr  entrepris 
Relire  dans  la  vcùte  un  Sermcn  mut  appris  ? 

Sanlecque- 

Entreprise,  f.  f.  DelTein  formé  d'exécuter  quelque 
chofe  ,  ou   l'exécution  même  de  ce  dellèin.   Conji- 
imm  J  fufccptio.  C'ctoit  une  entreprije  hardie  que 
celle    du    bâtiment   de   S.    Pierre    de  Rome.   La 
traduétion  de  la  Bible  eil  une  entreprije  bien  difti- 
irile.  Les  entreprijcs  d'Alexandre  ont  quelque  chofe 
de  plus  étonnàr.c  que  celles   de    Céfar  j    mais  la 
conduite  &  la  capacité  ne  paroiilent  pas  y  avoir  la 
même  part.  S.  Evr.  De  toutes  les  erureprijks   des 
hommes,   il  n'en  eft  point  de   fi  grandes  que  les 
conjurations.  S.  Real.  Un  homme  prudent  mefare 
fes  entreprifes  à  fes  forces.  Nicolk. 
Entreprise  ,  fe  dit  j  au  Palais  ,  des  attentats  que  font 
les  Juges  fur  la  jurifdiction  les  uns  des  autres,  & 
lur  l'autorité  de  leurs  charges.  FinLitio  ^  ufurpacio. 
Il  y  a  tous  les  jours  des  procès  en  règlement  pour 
les  entreprifes  des  Juges  les  uns  fur  les  autres. 
Entreprise.  En  terme   de  Barreau,  on  appelle  en 
Normandie  entreprife  ,   la  pourfuite  ou  la  conti- 
nuation de  quelque  ouvrage ,   au    préjudice  d'un 
haro  crié  ;    ce    qui  s'appelle  enfreindre    le  haro. 
Celui  qui  entreprend  au  préjudice  du  haro  ,  doit 
être  condamne  à  l'amende  ;  ik  par  l'article  59!!  de 
ia  Coutuiv.c  de  cette  Province  ,   le   Juge  ne  peut 
vider  le  haro  fans  prononcer  une  amende. 
Entreprise  j  fe  dit  encore  ,  en  fait  de  Police  ,  quand 
des  Compagnons  d'un  métier  font  des  ouvrages 
qu'il  n'appartient  qu'aux  Maîtres  de  faire  ;  ou  quand 
des  Maîtres  d'un  métier  en  font  qui  appartiennent 
à  un  autre  métier.  Il  y  a  tous  les  jours  à  la  Police 
des  affaires  pour  les  entreprifes  des  Artifans. 
Entreprise,  en  termes  de  Guerre  ,   fe    dit,    d'un 
delFein  qu'on  forme  ,  de  la  réfolution  qu'on  prend 
d'exécuter  quelque  grande  opération  ,  de  donner 
bataille  ,  d'enlever  un  quartier  ,  faire  un  liège,  &:c. 
Entreprise  ,  fe  dit    aufli ,  des  delTeins  qu'on  a  fur 
la  vie  de  quelqu'un.  Les  méchans  font  des  entrepri- 
fes fur  la  vie  des  gens  de  bien. 

On  dit,  en  terme  de  ChalFe  ,  qu'un  chien  ou 
qu'un  oifeau  eft  de  grande  entrepr'ife  ;  pour  dire  , 
qu'il  attaque  hardiment  le  gibier.  On  difoit  autre- 
fois emprife  pour  cntrcprifi  ,  &  emprendre  pour 
entreprendre.  Il  y  avoir  des  emprifes  de  lettres  ,  & 
des  emprifes  de  Chevalerie.  Charles ,  Duc  de  Bour- 
gogne ,  avoir  pour  devife  :  Je  l'ai  empris  ,  bien  en 
aviegne.  On  trouve  encore  cette  devife  fur  fes 
médailles. 
Entreprise  ,  fe  dit  fort  fouvent  aujourd'hui  ,  en  ma- 
tière de  commerce  ,  de  finances ,  de  traites  ,  de 
contrats  &  d'achats ,  &c.  Une  grolFe  entreprifc. 
Faire  de  grolFes  entreprifes.  Avoir  partà  une  entreprife. 

S'ENTRE-QUERELLER.  v.  récip.  Se  quereller  l'un 
l'autre.  Ils  ne  font  que  %  entrequereller.  Ac.  Fr. 

ENTRER.  V.  n.  Palfer  du  dehors  au  dedans.  In^redi , 
introire.  Entrer  dans  fa  maifon.  Entrer  en  un  pays 
étranger.  On  entrelàe  plain-pied  dans  ces  apparte- 
mens.  Il  fe  conjugue  avec  le  verbe  auxiliaire  être  : 
&  point  avec  avoir  :  il  faut  dire ,  il  ejî  entré-^  ôc 


î^ 


T 


non  ,   il  a  entre.  Vaug.  Ainh  ,  Péliiïon  Se  Scudéri 
ont  fait  une  faute ,  quand  ils  ont  dit ,  J'ai  entré 
en  ce  lieu. 
Entrer  ,  fignifie  aufli ,  Commencer  à  faire  quelque 
choie.  Entrer  dans  le  monde,  Entrer  i  la  Cour, 
pour  dire  ,  Commencer  à  y  paroître.  Entrer  ix^àAt  ^ 
pour  dire  commencera  fe  mettre  à  table  j  foit  pour 
dînerjfoit  pour  louper.  Entrer  en  Religion^pour  dire, 
y    commencer  Ion  Noviciat.  Entrer  en  poircllîon. 
Entrer  en  charge.  Entrer ^n  difcours,  en  matière, 
en  procès  J    en    furie  ,    en  chaleur,  en  foupçon. 
Entrer  en  fa  majorité.  Entrer  en  danfe.  Entrer  en 
lice.  Vous  entrei  maintenant  dans  la  belle  faifon  de 
l'homme.  Mql. 
Entrer,  fe  dit  aufli,  des  Compagnies  qui  s'alTem- 
blcnt ,  en  parlant  du  temps  où  elles    reprennent 
féance.   Confilium  ^   conce[lum  habere  ;    convenire  _, 
confldere.  Le  Parlement  entre  tous  les  jours  à  huit 
heures.   On  n'entrera  point  aujourd'hui  au  Cou- 
feil. 
Entrer  j  fe  dit ,  aufiî ,  de  toutes  les  chofes  qui  peu- 
vent fe   mettre  les  unes  dans  les  autres.  Interferi , 
immergi^  penstrarc  ,  fukirc.  Ce  couteau  n  entre  pas 
bien  dans  fa  gaîne.  Ce  pied  entre  avec  peine  dans  le 
foulier.  L'épée  eft  entrée  bien  avant  dans  fon  corps , 
a  pénétré.  Les  pilotis  ewrtwr  facilement  dans  cette 
terre.  On  dit  qu'un  chapeau  ne  peut  entrer^  n'entre 
pvis  bien  dans  la  tète  ;  pour  dire,  que  la  tête  ne  peut 
entrer ,  n'entre  pas  bien  dans  le  chapeau. 
Entrer  ,  fe  dit  aulîi  j  des  chofes  qui  compofent  un 
tout,   qui   en  lont   les  parties ,  ou  les  ingiédiens. 
Conf.ure  ,  conficere.  Il  entre  dix  aunes  d'étoffe  dans 
ce  manteau.  Il  y  a  cinq  ou  fix  fortes  de  drogues  qui 
entrent  dans  la  compolition  de  cette  médecirie.  Il  eft 
bien  entré  de  la  pierre  dans  cette  malTe  de  bâtiment. 
Ce  font  des  médicamens  où  il  entre  de  l'or  &  des 
pierreries. 
Entrer  en  prifon  ;  pour  dire.  Etre  mis  en  prifon. 
Entrer  en  condition.  i:;2f/er  au  fervice  de  quelqu'un; 

pour  dire  ,  Devenir  domeftique  de  quelqu'un. 
En  rRER  en  jeu  ,  fe  dit  de  certains  jeux  de  cartes  ,  de 
celui  t]ui  ayant  levé  une  main  ,  eft  en  état  de  jouec 
comme  il  lui  plaît.  Il  fe  dit ,  figurément,  pour  dire. 
Entrer  à?M%  une  affaire,  dans  un  difcours,  avoit 
fon  tour,  foit  pour  agir,  foit  pour  parler,  &c. 
Entrer  en  compofition  j  pour  dire.  Ecouter  les  pro- 
poiitions  d'un  accommodement. 

On  dit ,  en  parlant  d'une  affaire  d'intérêts,  qu'un 
homme  y  entre  pour  tant  \  pour  dire ,  qu'il  y  eft  in- 
téreilépour  un  tel  denier. 

On  dit ,  Entrer  en  goût;  pour  dire  ,  Commen- 
cer à  prendre  goût.  Ac.  Fr.  Entrer  en  colère  ,  fe 
mettre  en  colère. 
Entrer  dans  le  Confeil ,  dans  les  affaires  ,  dans  le 
fecret ,  dans  les  plaifirs  de  quelqu'un  \  c'eft-à  dire  , 
Participer  à  fes  réfolutions ,  à  fes  plaifirs.  Il  eft 
entré  dans  cette  ferme  pour  un  tiers ,  pour  un 
quart  ;  c'eft-à-dire  ,  il  y  eft  engagé  pour  une  telle 
portion.  » 
Entrer  ,  eft  auftî  quelquefois  verbe  aéllf ,  pour  dire, 
faire  entrer  ,  comme  on  dit  fortir  ,  pour  faire  fortir. 
Ainfi  J  on  dit ,  en  termes  de  A^arine ,  entrer  & 
fortir  un  Yaifte.iu  ;  pour  dire,  le  taire  entrer .,  le 
faire  fortir.  Cela  fe  dit  du  Pilote  qui  conduit  le 
vaideau  à  l'entrée  ou  à  la  fortie  d'un  port ,  d'une 
rade  ,  Sic. 

On  le  dit  aullî ,  figurément,  de  l'efprir.  Tentrehien 
dans  votre  fens  ;  pour  dire  ,  Je  fuis  bien  de  votre 
avis.  Vous  n'entre:^  pas  dans  ma  penfée  ;  pour  dire  , 
Vous  ne  concevez  pas  ce  que  je  veux  vous  dire.  Cela 
n'eft  jamais  ewrAï  dans  l'imagination  de  perfonne. 
Ce  Comédien  entre  bien  dans  le  caracbère  des  per- 
fonnes  qu'il  repvéfcnte.  Il  pnroîr  reffenrir  la  pailion, 
enforte, qu'on  le  prendroit  pour  la  perfonne  même 
qu'il  repréfente.  Cet  Auteur,  ce  Peintre  e/:tre  bien 
dans  les  pallions ,  il  les  exprime  ,  il  les  repréfente 
bien-  Il  enfe  un  pen  de  vanité  dans  fes  aélions; 
pour  dire ,  qu'elle  s'y  mêle  ,  qu'elle  y  a  part.  Entrer 
dans  la  défcnfe  de  quelqu'un.  Abl,  Entrer  dans  les 


ENT 


EN 


T 


7J7 


t 


intérêts,  dans  les  bafoins  d'une  pcrfoniie  Sc.ar.  '  ENTRESOL,  f.  m.  Etage  ménagé  entfe  deux  plan- 
chers un  peu  ck-vés ,  qui  (ont  parcages  par  un  antre 
pLincIier.  Jntcn^6uld[u;n.  Coucher  dans  un  entrefol. 
Les  aitrejols^  font  rarement  bien  éclairés.  On  le 
faifoit  autreiois  du  féminin ,  &  on  écrivoit  encre^ 
foie.  Mais  l'Académie  a  décide  pour  entrefol  maf- 
cuUn. 


i::'«:rer  dans  le  ridicule  des  hommes.  1.\ol.  Encrer  ^ 

dans  tous  les  devoirs  de  l'amitié.  Il  entre  du  niais  & 

de  rimbécile  dans   leur  procédé.  La  dillimulation  | 

t/;rre  fubtilemencdans  l'elpric  de  l'homme,  i/zr/'^rj 

dans  des  engagemens  témetaires.   Nu-.   La  vérité  \ 

trouve  toujours  de  la  rchilance  dans  notre  cœur, 
.&  n'y  entre  jamais  Hins  violence  &  Lins  ctioct.  Id. 
On  dit  ,   encore  ,    Je  ne   veux  point  entrer  en 

cette  difcullîon  j  en  ce  détail ,  examiner  ces  chofes 

en  détail. 

On  dit ,  aulTi ,  Je  ne  veux  point  entrer  en  paral- 
lèle ,  en  comparaifon,  être  mis  en  compaiaiTon , 

en  parallèle.  Il  eft  entré  en   ordre  avec  les  autres 

créanciers  j   il  a  été  mis  dans  le   rang  de  ceux  qui 

doivent  être  payés.  Entrer  pleige ,  lignifie  ,   dans 
.  quelque  Coutume  ,  Se  rendre  caution. 

fjCF  On  dit ,  figurément ,  qu'il  ne  faut  pas  entrer 
.  dans  le  fanduaire  ;  pour  dire^  qu'il   ne  faut  pas  |  ENTRESOURCIL,  f.  m.  Efpace  qui  cft  entre  les  deux 

vouloir  pénétrer  dans  les  Myltères  que  Dieu  n'a  !      fourcils 

point  révélés ,  ni  dans  les  fecrets  que  Us  Princes  îENTRESLFITE.  f.  f.  Séries  ,  ordo  ,  nexus,  Difpofitioti 


Puijfe-t-elle  pour  Pen  punir  ^ 
PaJJer  une  Jemaine  entiers 
Sans  cdfé ,  fans  ehocolatière  ; 

Et  phffant  ainfi  tous  fes  jours  , 

^fin  que  rien  ne  l'en  confole , 

Trouver  par- tout  une  ennciole.  De  Malezïeu^ 

§$?■  On  ne  le  dit  guère  que  d'un  logement  prati- 
qué dans  la  hauteur  du  rez-de-chaulfée. 


veulent  cacher 

On  dit,  proverbialement ,  entrer  en  danfe  ,  dans 
le  fens  propre,  commencer  à  danfer  ;  dans   le  ri- 


des chofes  qui  s'entrefuivent.  Il  ell:  vieux.  On  dit, 
fuite ,  la  fuite  des  jours ,  la  fuite  du  difcours ,  la 
luite  du  livre,  la  fuite  du  bâtiment  ,  dcc. 


giiré  ,  s'engager,  ou  fe  trouver  engagé  dans  une  IS'ENTRESl'IVRE.v.  a.  Aller  de  fuite  l'un  après  l'au- 
affliircj  dans  une  guerre  donc  on  n'a  été  long-temps  j  tre.  Continenterfequi.  Tous  les  jours  s'entrefuivent  ^ 
que  fpeébateur.  I      truditur  dies  die  ,   mais  ils  ne  fe   relFemblent  pas. 

Entre  ,  ée.  parc.  j      Voilà  un  difcours  mal  arrangé  ,  des  paroles  qui  na 

ENTREREGNE.  f.  m.  Efpace  de  temps  pendant  le-j     sentrefuivent  -ç-xsh'izn. 

quel  il  n'y  a  point  de  Roi  dans  un  Etat  j  efpace  vide  S  ENTRETAILLE,  f.  f.  Terme  de  Danfe.  C'ert:  un  mou- 


entre  la  fin  d'un  règne  ,  &  le  commencement  du 
règne  fuivant.  Interregnum.  Le  mot  erurerevne  fe 
trouve  dans  quelques  Auteurs  du  commencement 
du  dernier  fiècle  j  mais  aujourd'hui  nous  difons 
interrègne.  T~oye\  ce  mot. 

S'ENTRE-RÉPÔNDRE.  v.  récip.  Se  répondre  l'un  à 
l'autre.  Ces  deux  chœurs  de  mufique  sentre-répon- 
doienc.  Ac.  Fr. 

ENTREROI.  f.  m.  Magiftrat  qui  a  l'autorité  ou  les 
marques  de  l'autorité  pendant  un  interrègne.  Régent 
d'un  Etat  dans  un  incerregne.  Interrex  M.  l'Abbé  de 


vemenc  de  danfe  ,  lorfqu'un  Danfeur  jette  &  met 
un  de  fes  pieds  en  la  place  de  l'autre  pied  ,  tandis 
que  cet  autre  pied  eft  élevé  en  l'air  pardevant. 
Quand  ce  même  pied  eft  élevé  en  arrière,  ce  mou- 
vement s'appelle  ruade:  &  quand  ce  mouvement 
fe  tau  de  coté  ,  on  l'appelle  ru  de  vache. 
îfT  ENTRETAILLE,  f.  f.  Terme  de  Gravure.  Taille 
légère  b^  fine  que  les  Graveurs  glilTent  &  ménagent 
entre  Aqs  tailles  plus  fortes  ,  pour  repréfenter  cer- 
tains corps  qui  ont  du  luftre  5i  du  brillant,  comme 
les  étoffes ,  les  métaux.  On  dit  aulîi  e/:rre-rf'ea.v. 
Veitot  fe  ferc  dd"  ce  terme  dans  plufieurs  endroits  fS'ENTRETAILLER.  v.  recip.Terme  de  Manège.  C'eft 


de  fon  Hiftoire.  L'autorité  royale  par  la  mort  de 
Romulus  fe  trouva  confondue  dans  celle  du  Sénat, 
Les  Sénateurs  convinrent  de  la  partager;  &:  chacun, 
fous  le  nom  d!Entre-Roi ,  gouvernoic  à  fon  tour 
pendanc  cinq  jours ,  &  jouilfoic  de  tous  les  hou- 


le même  que  S'entrecouper,  l^oye^  ce  mot. 
ENTRETAILLURE.  f.  f.  Bleffure  que  fe  fait  lui-mê- 
me un  cheval  qui  s'entretaille. /«rerrrzffo.  Cette  e/2- 
trctdillure  eft  fàcheule.  Pomey  dit  entretaillement  j 

calcium  ilLijus  ad  caices. 


neurs  de  la  Souveraineté.  Cette  nouvelle  forme  de  :  ENTRE-TEJO  ET  GUADIANA,  autrement  ALEN 
gouvernement  dura  un  an  entier....^  Quelques  Se-        TEJO.  Province  de  Portugal.  Provincia  Tranfta 


nateurs  vouloient  que  le  premier  Conful  nommât 
xra  Dictateur.  On  fe  contenta  de  créer  un  Entre-Roi. 
Ces  Entre-Rois,  étoient  créés  pour  préfider  aux  Co- 
mices des  élections,  ainfi  que  die  Denys  d'Hali- 
carnaffe,  Liv.  IX.  &  T.  Live,  Liv.  VI.  non  par  la 
voix  &  fuffiages  du  peuple ,  mais  par  le  Sénat.  Id. 
fur  T.  Live  T.  I.  p.  1050.  Cetce  Magiftrature  ne  du- 
roit  que  cinq  jours. Car,  fi  l'onneconvenoit  pas  de 
l'éledion  du  fouverain  Magiftrat ,  c'eft- à-dire  ,  du 
Roi  ,   ou  des  Confuls  ,   durant  ces  cinq  jours ,    le 
Sénat  choifilToit  un  autre  Entre  Roi  à  la  place  du 
premier  ,  &  enfuite  un  ttoifième  au  bout  de  cinq 
autres  jours ,  &  ainfi  du  refte  ,  jufqu'à  ce  que  l'clec- 
tiou  fut  faite.  T.  Live,  L.  FL  &  L.  IX.  Vigenére  à 
l'endroit  cité. 
ENTRE-SABORDS,  f.  m.  pi.  Terme  de  Marine.  Bor- 
dagesqui  font  entre  les  ouvertures  des  fabords  d^un 
bâtiment,  ou  dans  ladiftancedes  fabords. 
ENTRE-S AMBRE  ET  MEUSE.  Contrée  du  Pays  Bas. 
Interamnen/ïs  Hannonix.  plaga.  Traclus  inter  Sahim 
&  Mofain.  Elle  eft  renfermée  entre  la  Sambre  &  la 
Meufe ,  depuis  le  confluent  de  ces  rivières  ,   où 
eft  Namur  ,    jufqù'aux  confins  de  Picardie  &  de 
Champagne.  L'Entre  -  Samhre  &  Meufe  comprend 
une  partie  des  Comtés  de  Hainaut  &  de  Namur  , 
&  une  partie  du  pays  de  Liège.  Les  François  polFé- 
dent  la  plus  grande  partie  de  ce  pavs. 
S'ENTRE-SECOURIR.  v.  récip.  fe  fecourir  l'un  l'au- 
tre. Les  troupes  font  bien  poftces  pour  s  entre  fe- 
courir. Ac.  Fr. 


gana ,  Provincia  inter  Tagum  &  Anam.  Elle  eft  pref- 
que  toute  renfermée  entre  le  Tage  «Se  la  Gi.adiane  : 
c'eft  à  cette  lituation  qu'elle  doit  fon  nom.  Elle  a  au 
Nord  l'Eftramadure  de  Portugal  ,  au  couchant  celle 
d'Efpagnej&:  une  partie  de  l'Àndaloufie  :  le  Royau- 
me des  Algarvesla  borne  au  Midi  ,  &c  l'Océan  At- 
lantique au  Couchant.  Ses  villes  principales  font 
Ebora,  Ecja,  Elvas ,  Portalegre  &  Eftremos.MATv. 

ENTRETEMl'S.  f.  m.  Efpace  de  temps  qui  fe  trouve 
entre  deuxévénemens  ou  deux  termes  qui  ne  font 
point  trop  éloignés.  Tempus  intercurrens  ,  interpofl- 
tum.  Prévoyant  que  dans  cet  entre-temps  il  fe  feroic 
des  mouvemens  en  fa  faveur.  Le  Gendre.  Dans  cet 
entre-temps ,  d'Amboile  ,  toujours  attentif  à  pouflTec 
vivement  la  guerre  ,  avoit  recruté  fes  troupes.  Id. 
Je  n'ai  fait  qu'aller  &  venir ,  dans  cet  entre-temps 
vous  êtes  venu.  Ce  filou  a  pris  Ventre-tempt  qu'on 
déllervoit  la  table  pour  faire  fon  coup. 

ENTRETENEMENT.  f.  m.  Ce  qu'on  donne  à  quel- 
qu'un pour  vivre  ,  pour  s'habiller  ,  pour  les  chofes 
nécelFaires  à  la  vie.  Ftclûs,  vejUtûs  aiiarumque  rerum 
fuppeditatio.  Il  en  a  tant  coûté  pour  Xentretenement 
de  cet  Hôpital.  Cela  fervoit  à  Ventretenement  des 
Soldats.  Abl.  Fournit  de  l'argent  pour  Ventretent- 
ment  d'une  armée. 

%fT  II  eft  vieux  ,  &  ne  fe  dit  guère  qu'en  ftyle 
de  Finance  &"  de  Palais.  Par-tout  ailleurs  on  dit 
entretien. 

ENTRETENIR,  v.  a.  T  entretiens ,]  entretins ,  j'ai  en- 
tretenu J  j'entretiendrai ,  que  j'entretienne  >  que  j'en- 


7;S  ENT 

tretJnffc  ,  on  J'entrecicfulrois.  Tenir  une  chofe  liée  , 
afl'emblée.  Connedac.  Voilà  une  pièce  de  bois  ,  un 
liran:  qui  çntrcticntxo\M<i  cette  cliarpente.  La  clef 
-d'une  voûcc  ell  ce  qui  entretient  la  voûte  en  état , 
qui  fiiit  que  les  pierres  le  tiennent  en  l'air.  Il  elt 
'  aufli  réciproque.  Quand  on  danic  un  branle,  on 
s  entretient ,  on  le  donne  la  main  l'un  à  l'autre.-  Les 
chaînons  d'une  chaîne  %  entretiennent ,  font  engagés 
l'un  dans  l'autre.'     '  '•       ' 

Entretenir,   lignifie  encore  , -Conferver,   mainte- 
nir en  bon  état.  Sartum  ,  tcaumque  Jervare.  Un   lo- 
cataire eft  obligé   ^'entretenir  les  lieux  de  inenues 
réparations.  Les  péages  &  barrages  font  établis  pour 
entretenir  le  pavé,  les  grands  chemins. 
Entretenir j  iîgnihe  au(îi,  Fournira  la  dépenfe  j 
fournir  les  choil-s  nécelïaires  h.  lafubfillance.  Sujhn- 
tare,  alere  ,  omnia.  qaà.  ad viclum pertinent  fuppedi- 
icire.  Le  Roi  entretient  de  grandes  armées ,  de  giolTes 
■garni fons.  Il  entretient  des  ProfelFeuts  Royauîf ,  des 
Aciîdeinies  pour  l'avancement  des  lettres.  Ce  Prélat 
Entretient,  fait  fublilter  plulieurs  pauvres  familles. 
Cet  Oncle  entretient  fes  neveux  au  Collège-  Il  y  a 
bien  des  gens  qui  s  entretiennent 3  qui  lublilfent  du 
jeu.  Un  Tuteur  doit  entretenir  les  pupilles  j  félon 
leur  condition  &  leur  bien.  Ce  mari  entretient  un 
carroife  &  trois  laquais  à  fa  femme.  Où  pouvez- 
vous  prendre  de  (^\\o\  entretenir  l'état  que  vous  por- 
tez ?  Mol.  Cet  entant  eft:  bien  ,  ell  mal  entretenu. 
On  y   joint  audi  les   adverbes  magniiiquement  , 
proprement,  pauvrement, meiquinement ,  &  lem- 
blables. 
Entretenir,   dit  abfolument ,  fignifie ,  Faire  fim- 
plement  la  dépenle  des  habits.  On  donne  tant  de 
gages  à  un  laquais ,  fur  quoi  il  faut  qu'il  s'entretienne 
de  tout.  Ce  mari  donne  tant  .r  la  femme  pour  i'en- 
tretenir. 
Entretenir  ,   fe  dit  fouvenr  odieufcment.  Entretenir 
une  femme.  Fournir  à  la  dépenle  d'une  femme  avec 
laquelle  on  ell  en  commerce. 
Entretenir  j  lignifie  auili,Conferver  des  habitudes, 
des  liaifons ,  pour  négocier.  Les  Princes  entretiennent 
<!cs  Ambalfadeurs  ,  des  Penfionnaires ,  des  Efpions, 
dans  les  Cours  étrangères.  Les  Banquiers  emrcùen- 
«e«rdes  correlpondances  par  toutes  les  villes,  les 
places  du  change,  les  échelles  d'Orient. 
Entretenir  ,  lignihe  auiH  ,  Maintenir  en  même  état. 
Cette  fenime  ne  vieillit  points  elle  s'e/;f;-jf/t'«f  tou 
"    jours  belle  &  fraîche.  Il  n'y  a  rien   qui   entretienne 
mieux  les  chevaux ,  qui  conierve  leur  embonpoint , 
que  le  foin  &  la  paille.  Ce  Marchand  ne  gagne  pas 
beaucoup,  mais  \\%  entretient  io\\]o\\x.'i  en  même  état, 
il  roule  tout  doucement. 
Entretenir,,  fe  dit  dans  les  Arts  mécaniques  pour  , 
tenir  unechofe  ferme  dans  le  lieu  j  dans  Létac  &  la 
fituation  où  elle  eft ,  afin  qu'elle  n'en  forte  pas.  Con- 
tinere.  Un  Charpentier ,  après  avoir  placé  une  pièce 
de  bois ,   un  foliveau  ,  par  exemple ,  par  un  bout 
dans  le  lieu  où  il  doit  être,  pour  pl.icer  l'autre  bout, 
dit  à  fon  compagnon  :  Entretenez  ce  bout-là  pendant 
que  je  place  l'autre,  c'eft:  à-dire,  Tenez  ce  bout-là 
ferme  dans  le  lieu  &  la  fituation  où  il  eft.  Un  Me- 
nuifier  qui  aftemble  pluiieurs  pièces  ,  dit  de  même  : 
-£«frertf^c'^  cette  pièce  ,  entretenez  les  tenons  de  ce 
montant  ,  de  cette  traverfe  dans  leurs  mortoifes. 
Entretenir,  lignifie  auili  ,  Difcourir  avec  nue  ou 
pluiieurs  perfonnes.  Colioqui,IiahereJernionem,  En- 
tretenir une  Compagnie.  Les    plaideurs  ne  s  entre- 
tiennent que  de  leurs  procès  ,  les  braves  que  de  leurs 
combats,  les  femmes  que  de  jupes  &:  de  b.agatalles. 
Je  pourrois  dans  ma  folitude  m  entretenir  avec   les 
Anciens  ;  mais  on  ne  s'entretient  avec  eux  qu'avec 
les  yeux,  &  mes  yeux  me  manquent.  Nlcot.  J'ai 
c;z?^er6'n«  votre  Rapporteur  de  votre  affaire,  je  l'en 
ai  bien  instruit.  Les  Amans  ,  les  mélancoliques , 
vont  dans  les  bois  entretenir  leurs  pSnfées,  entrete- 
nir hmsKWQÙQS ,  penfer,  méditer  j  rêver.  Les  Sa- 
vans  s'entretiennent  par  lettres  ,  s'entretiennent  tous 
feulsj,  ou  avec  les  livres ,  avec   les  Mufes.  J'aime- 
rois  mieus  avoir  à  entretenir  çgs  gens  qui  ne  four- 


E  N  T 

niffent  rien  à  la  converlation,  &  qui  ne  difent  ja- 
mais que  ouï  iSc  non.  M.  ScuD.  Je  v.\  entretenais  en 
moi-même  de  la  peine  qu'il  y  a  aujourd'hui  à  trou- 
ver de  l'argent.  Mol.  C'eft  de  mariage  que  je  veux 
vous  entretenir.  Id.  Je  m  entretiens  de  mes  propres 
penlées.  Nie. 
|C?  s'Entretenir  de  Dieu, c'eft  parler  de  Dieu.S'f/z- 
tretenir  avec  Dieu,  c'eft  y  penfer,  méditer  fa  pa- 
role. • 

Entretenir  d'efpérances  ,  de  promelïès  ,  fignifie  > 
Amufer ,  Dueere  ,  producere  ^  /aiî^r^.  Les  hâbleurs, 
les  CX\7i.ÛM:ins  entretiennent\<i  peuple  de- belles pro- 
melTes,  de  belles  efpérances.  Vous  m'entretenez  ici 
de  ladaifcs ,  tandis  qu'on  m'attend  ailleuts.  H  lui 
tailoit  propoler  des  établifïemens, dont  ûXéntrete- 
«o^'r  quelque  temps.  RocKEF. 
Entretenir,  fe  dit  en  chofes  morales  pour  ,  Con- 
ter ver  dans  le  même  état.  Les  offices  réciproques 
entretiennentVdimmi.Alunt. L'zmmè  ne  s  entretient 
&  ne  s'augmente  que  par  la  communication  des  fe- 
crersj  &  ce  leroit  la  détruire  que  de  n'avoir  point  de 
confiance  en  fes  amis.  Bouh.  La  bonne  foi  entretient 
lafociété  entre  Marchands.  Les  Juges  font  établis 
pour  entretenir  les  lois  ,  la  Police  j  pour  faire  entre- 
tenir les  con:v3.:s ,  lespromeifesj  les  traités,  fwrc- 
tenir  les  défiances.  Ablanc.  Toute  cette  cabale  s'en- 
tretient ioït  bien  :  qui  choque  l'un  ,  choque  l'autre. 
Entretenir  un  marché,  une  convention  ,  un  traité, 
c'eft  l'exécuter. 

On  dit,  proverbialement  &  baiïement.  Ce  dif- 
cours  s'entretient  comme  crottes  de  ehëvré ,  pouc 
dire ,  Il  n'a  point  de  fuit«.  Nihii  eo/neret. 
Entretenu  ,  ue  j  part.  Un  Régiment  entretenu  pouc 
le  fervice  de  Sa  Majefté.  Une  femme  entretenue. 
Une  maifon  bien  entretenue.  Un  enfant  entretenu 
proprement,  magnifiquement,  pauvrement. 

ifc/"  Dans  les  Troupes,  on  dit  quelquefois.  Un 
Ca.pnàine  en tretenuj  en  parlant  de  celui  qui  eft  payé 
par  le  Roi  ,  quoiqu'il  n'ait  plus  de  compagnie  fur 
pied.  On  dit  plus  communément  ,  Capitaine  ré- 
formé. 
Entretenu,  en  termes  de  B!afon,'fe  dit  des  clefs,  Sc 
autres  choies  femblables,quifetiennentliéesenfem- 
ble  par  leurs  anneaux.  Aptus ,  nexus ,  coh^rens  ^ 
coUigatus  J  confequens. 
ifT  ENTRETIEN,  f.  m.  Ce  qu'on  donne  à  quelqu'un 
pour  vivre  &  pour  s'habiller.  Sumptus  invictum  y 
yejlitum  ,  cultum  j  &c.  Il  n'y  a  qu'un  Roi  qui  puifle 
fournir  à  \ entretien  d'une  armée.  Ce  particulier  dé- 
penfe beaucoup  pour  \ entretien  de  fa  maifon.  En- 
tretien d'une  garnifon. 
)fT  Entretien  ,  fe  dit  aufli  de  la  dépenfe  qu'on  fait 
pour  conferver  &:  maintenir  une  chofe  en  bon  état. 
Ce  bâtiment  eft  d'un  grand  entretien. 
tfî"  Entretien,  fe  dit  limplement  de  ce  qu'on  donne 
à  quelqu'un  pour  fubhfter  &  pour  s'habiller  ,  8c 
quelquefois  pour  les  menus  plailirs.  Un  rel  donn® 
tant  à  fi  femme  J  à  fon  fils  pour  fon  entretien.  Ce 
Maître  ne  donne  point  de  gages  à  fon  domeftique.  Il 
le  fert  pour  fon  entretien. 
Entretien  ,  fe  dit  aufli  de  la  converfation  des  propos 
dont  on  s'entretient  dans  la  converfation.  Sermo  y 
colloquium ,  conarejjus.  Ces  deux  Meftieurs  ont  eu 
enfemble  un  Ion'!,  entretien  ([.iz  votre  chapitre.  Une 
fimplicicé  facile  &  délicate  rend  le  tour  de  vos  entre' 
tiens  agréable  &  inlinuant.  Let.  d'Eloïse  a.  Ab.  Il 
ûutdetout  r^nyi  entretiens.  LkVoht.  Les  mauvais 
entretiens  gâtent  les  bonnes  mœurs.  Il  faut  abréger 
la  longueur  du  temps  par  des  entretiens  ■  agréables. 
M.  Esp.C'eftmoi  qui  vous  ai  f;icilitéde  Ci  dowyi  entre- 
tiens. Kxc.'DM^sles entretiens  on  a  plus  foin  de  faire 
paroître  la  fcience ,  que  de  s'inftruire.  S.  EvR. 

Mais  hélas  !  combien  d'impoftures 
A  produit  le  defir  d'être  après  Is  trépas , 
Z'entretien  des  races  futures  ?  Des  Houl. 

T  évite  ,  mais  trop  tard  , 
Ces  cruels  entretiens  oà  je  n'ai  point  de  part.  Rac, 


E  N  T 

|t?  On  die  d'une  perfonne,  ou  d'une  chofe  dont 
K)ut  le  inond'e  parle,,  qu'elle  taie  Vawctiôn  de  rou- 
ies ks  compagnies,  hi  ore  omnium  vcrfatur.  Cette 
aventure  voub  rendra  Yintnàen  de  toutes  les  com- 
patibles. Fabula  Jzes. 

'   VOnd'it  auliij  Cet  homme  là  n'a  point  à' entretien-^ 
pour  dire  ,  qu'il  ne  laie  pas  parler  ,  ni  entretenir  une 
coinpajMiie. 
Emireiien, ledit  (purement  en  cliofes  morales.  Ven- 
trcncn  des  lois  ,  de  la  difeiphne  militaire  ,  ioniXcn- 
aecien  des  Etats  ,  des  Armées.  La  fidélité  conjugale 
elt  VenCrecU.i  d'e  la  paix  dans  le  Mari.:ge  ,  &c. 
IpT  Dans  ce  lens  ,  entretien  ne  fe  dir  plus. 
^3"  Oadit,  d'un  comemplatit,  qu'il  a  des  e/zrre- 
r/e.-Ji  fpirituels  avec  Dieu  ,  qu'il  elt  occupé  de  l'idée 
de  Dieu  j  qu  il  médite  ia  parole. 

§C?  On  appelle  aulli  j  Encretkns  fpiri.tuels ,  des 
difcoursde  piété,  des  intlruitions ,  des  exhortations 
l'piruuelles  ,  que  t-oiit  des  EccléTialHques  dans  les 
airemblées  convoquées  pour  cet  ettec 

EN TIIETOILE.  t.  m.  Ornement  ,  elpèce  de  réfeau  , 
qu'on  met  entre  deux  bandes  de  toile  au,x  lieux  où 
l'on  a  coutume  de  hiire  des  coutures.  Il  eil  tau  de 
quelque  ouvrage  de  iil  ou  pallement. 

ENTRE  rOISE.  1.  f.  Terme  de  Charpenterie  ,  qui  fe 
dit  des  pièwes  de  bols  qui  le  mettent  de  travers  dans 
un  pan  de  charpente,  lis:  qui  s'airemblenc  par  de^ 
mortoifes  i^  tenons  avec  les  poteaux  pour  les  tenir 
fermes.  Entrecolfe  croijle  ell  un  alFemblage  en  for- 
me de  croix  de  S.  André,  pofé  de  niveau  entre  les 
entraitsdel'enrayured'un  dôme.  On  le  dit  auiil  en 
plulieurs  autres  occalions:  comme  {'entrecoije  d'un 
carroire  a'à  la  pièce  de  travers  quialfemble  &  entre- 
tient les  moutons. 

Entretoise,  fe  dit  autïï  dune  pièce  de  bois  qui efl 
mife  entre  les  flalques  d'un  altùt  de  canon  de  ma- 
rine. 

ENTREVAL.  f  m.Terme  de  Coutumes.  Efpace  qui-eft 
entre  deu-x  mai-tons- 

ENTREVAUX.  Petite  ville  de  FraïKe  dan?  la  Pro- 
vence. Intervalles  ,  IntervaU'ium.  Encrevaux  clV  iî- 
tué  fur  le  Var ,  aux  confins  du  Comté  de  Beuil ,  & 
à  dix  lieues  au  nord  d'Annbe.  C'ert  la  réfidence  or- 
dinaire de  TEvèque  de  Glandève  ,  qui  eft  une  ville 
prefque  ruinée  ,  à  an  quart  de  lieue  à^ Entrevaux. 

ENTREVÈCHER  ,  qui  ne  fe  dit  qu'avec  le  pronom 
poirellîf ,  (Si  ùgnifie  ^  S'embarralîer  les  pieds  l'un 
dans  l'autre,  ou  dans  fes  vètemens.  Impedire  fe.  Il 
n'elt  poinr  uficé. 

ENTREVENIR.  Ce  verbe  neutre  s'eft  dit  autrefois 
pour ,  Survenir  ,  venir  pendant  que  quelque  chofe 
fe  fait,  ou  qu'elle  arrive.  Il  cft  pris  du  Latin  Inter- 
venire  ,  qui  lignifie  la  même  chofe. 

ENTREVOIR,  v.  a.  J'entrevois  ,  j'entrevis  ^  j'ai  en- 
trevu ,  j'entreverrai  J  que  j'entrevoie  J  que  j'entrevi[j'e. 
Voir  un  peu  ,  découvrir  un  peu  ;  voir  imparfaite- 
ment ,  ou  en  palfant.  Le  témoin  n'a  pu  reconnoître 
ce  meurtrier  ,  parce  qu'il  ne  l'a  tait  (^n'entrevoir, 
y  entrevois  quelque  chofe  qui  brille  à  travers  l'épaif- 
feurde  ce  bois.  Cet  homme  elt  prefque  aveugle, 
il  ne  fait  qu' t^fevûir ,  il  ne  dilcerne  pas  bien  les 
objets. 

Il  fe  dit  aufïï  Jes  vues  de  l'efprit.  Nous  ne  faifons 
(\\i  entrevoir  \:i.  vérité  à  travers  les  nuages  épais  qui 
nous  la  cachent.  Milla  gens  laillent  trop  entrevoir 
leur  diftraction  &  leur  inquiétude.  Bell.  Les  liber- 
tins ne  difent  pas  tous  leurs  doutes  ^  leurs  palTions 
les  entraînent  :  mais,  malgré  tour  cela  ,  il  y  a  des 
momeiis  où  ils  entrevoient  la  vérité.  M.  Scud.  Il  efl: 
bien  dotdoureux  êîcntrevoir  qu'on  n'a  pas  tout  le 
mérite  qu'on  penfe  avoir.  Bell.  Entrevoir  l'intention 
de  quelqu'un.  Pat.  Un  amour  qu'on  ne  fait  qu't/?- 
frevo^r  plaît  davantage  que  celui  qui  fe  montre  fans 
façon.  M.  Scud.  ]' entrevois  àxns  vos  refus  moins  de 
refpe£t  pour  votre  père  ,  que  de  haine  pour  moi. 
Rac.  Une  femme  attaquée  j  qui  ne  prend  pas  le 
parti  de  la  févérité ,  efl;  à  demi  vaincue,  &  laifle 
entrevoir  qu'elle  fonge  à  capituler.  Bell.  Homère 


ENT  y^^ 

j  nous  lailTe  encore  entrevoir  c^ns  fcs  Dieux  ne  fout 
pus  immortels.  De  la  Motte. 

Entrevoir.  ,  s'Entkevoir.  Avoir  une  entrevue.  Coh? 

■  grcdi.  Pour  accommoder  cette  affaire  ,  il  faudroit 
les  faire  entrevoir.  Ils  s  entrevirent  dans  une  telle  mai- 
ion.  Il  hgniheauHi,  Se  rendre  vilite.  Se  mutuh  in- 
vijerc.  Ils  lont  fi  voihns,  qu'ils  s'entrevoient  ioawcnz 
les  uns  chez  les  autres- 

lENTREVOLfX.  f.  m.  Terme  de  Maçonnerie.  C'ell: 
l'intervalle  qui  ell  entre  deux  folives  dans  un  plan- 
cher. Intertignium.  Les  ais  à'entrevcmx  ont  dix  pou- 
ces de  large  ,  &  un  d'épailfeur.  Les  entrevoux  de 
plâtre  font  fujets  à  fe  détacher  &  à  tomber.  On  le 
dit  aulîi  des  interv.alles  remplis  de  plâtre  ,  qm  font 
entre  les  poteaux  d'une  cloifon. 

ENTREVUE,  f  f.  Vifite,  rencontre  concertée  de  deux 
perfonnes  pour  fe  voir ,  pour  fe  parler.  Cona,ejfus^ 
Demander  une  entrevue.  Convenir  d'une  entrevue. 
Il  s'eit  tait  une  entrevue  des  Rois  de  France  &  d'Ef- 
pagne  (ur  la  trontière.  Les  Rois  de  France&  de  Ger- 
manie faifoient  leurs  entrevues  fur  des  rivières  qui 
fervoient  Ai  bornes  à  leurs  Etats  ;  &  l'on  trouve  de 
ces  fortes  à^entrevues  fur  le  Rhin  ,  fur  la  Meufe , 
fur  le  Cher ,  fur  la  Saône ,  &:c.  On  attachoit  un  ba- 
teau magnifique  au  milieu  de  la  rivière ,  &  les  deux 
Princes  s'y  rendoientpour  conférer.  Le  P.  Bouhouis. 
dans  fes  Remarques  nouvelles  ,  p.  440.obferve  qiî en- 
trevue ne  fe  dit  proprement  que  pour  la  première 
rencontre  ,  &  qu'on  ne  doit  point  appeler  un  lieu 
à' entrevue  l'endroit  où  des  gens  fe  trouvent  de  temps 
en  temps  pour  fe  voir  _,  pour  converfer  enfemble. 
Ce  n'eft  plus  un  lieu  d'entrevue  ,  c'eft  un  rendez- 
vous. 

ENTRICHOME.  f  m  C'eft  le  nom  que  quelques- 
uns  donnent  aux  extrémités  des  paupières  d'où  for- 

tent     les     poils     i»Tçi';(;a//<a.      D'i»  ,      dans  ,    &C    r^ix^fiJ. 

le  poil. 
ENTRIGUET.  f  m.  A  la  première  entrée  du  Ballet 
qui  fuit  la  Comédie  du  Bourgeois  Gentilhomme 
un  vieux  Bourgeois  b.abiHard  n'ayant  point  eu  de 
Livre  du  Baller,  dans   la  diltribution  qui  s'en  ht 
exhale  ainfi  fon  chagrin. 

Qwe  notre  fille 
Si  bien-faite  &  (i  gentille  , 
Z)e  tant  d' Amoureux  l'objtt  j 

ISI'ait  pas  à  fan  fouhait 

Un  livre  de  Ballet  ^ 

Pour  lire  le  fujet 
Du  divertijfement  qu'on  fait. 
Et  que  toute  notre  famille 

Si  proprement  s'habille  , 
Pour  être  placée  au  fommet 

De  la  f  aile  où  Ion  met 

Les  gens  de  /'entriguet  : 
De  tout  ceci  franc  &  net  y 

Je  fuis  mal fdtisfait , 

Et  cela  fans  doute  efl  laid. 

ENTROQUE.  f  m.  Sorte  de  pétrification  en  forme 
d'étoile.  On  croit  qu'elle  a  été  tormée  dans  un  co- 
quillage appelé  l'étoile  de  mer.  D'autres  croient 
que  ce  font  les  vertèbres  de  quelque  poilFon  ,  dont 
la  partie  la  plus  dure  fe  fera  pétrifiée  &:  confervée. 
Ce  pourroit  bien  être  un  jeu  de  la  nature. 

L'Auteur  de  l'hift.  de  la  Phil. ,  dit  Entrochus , 
comme  en  latin.  Là  on  ne  rencontre  que  à<i%  ma- 
tières moulées.  Ce  font  les  pierres  figurées,  les 
cornes  d'Ammon  ,  \' entrochus  ,  l'adroite. 

ENTROUBLER.  v.  a.  Vieux  mot.  Troubler. 

ENFR'OUIR.  V.  a.  Ouir  imparfaitement  quelque 
chofe.  J'ai  entroui  une  voix  qui  relTemblc  tort  à 
celle  de  mon  frère.  J'ai  entr  oui  quelque  chofe  de 
ce  Sermon. 

ENTR'OUVRIR.  v.  a.  Tentr'ouvre  ,  /entrouvris  , 
j'ai  entrouvert.  Ouvrir  à  demi.  Hiulcare.  Il  faut 
entrouvrir  la  fenêtre  pour  empêcher  la  fumée.  Cet 
agonifarït  n\hn (\\i'entr' ouvrir  les  yeux,  &  puis  il 


^6< 


ENT 


les  a  refermés.  Les  huîtres  s  entr' ouvrent  pour  rece- 
voir la  rofée. 

s'Entrouvrir,  en  manège.  Foye\  Entr'ouvert. 

s'Entrouvrir  ,  f^i  àii  aulîi  des  murs  qui  le  crevaf- 
fenc.  Ce  mur  menace  ruine,  il  ell  entrouvert.  Hiat, 
hifck.  Les  goulfes  des  graines  s  entr' ouvrent  quand 
elles  font  trop  mûres. 

-Entr'ouvert  ,  ERTE.  part.  &  adj.  A  demi  ouvert. 
Hians ,  tantifper  apertus.  La  fenêtre  eft  encr'ou- 
verte ,  je  fens  beaucoup  de  vent.  Quand  il  fume 
dans  une  chambte  on  lailfe  une  fenêtre  entrou- 
verte pendant  quelque  temps.  Je  les  .apperçus  par 
la  porte ,  qui  étoit  entr  ouverte. 

Entr'ouvert,  adj.  m.  Terme  de  Manège.  Cheval 
entr'ouvert  eft  un  cheval  qui  a  fait  un  effort  à  l'é- 
paule avec  tant  de  violence  que  l'os  de  l'épaule  a 
été  disjoint  du  corps. 

ENTRUIL.  f.  m.  Vieux  mot.  L'entre-deux  des  yeux. 

ENTRYON.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  Foyei  EN- 
TR EJOU.  C'eli  la  même  chofe. 

ENTULE.  adj.  Vieux  mot.  Extravagant,  ridieule, 
privé  du  bon  fens. 

ENTURE.  f.  f.  Il  y  a  des  Provinces  où  l'on  fe  fert  du 
terme  d'enture  pour  dire  grefte.  La  Quint.  Liger 
prétend  avec  raifon  que  c'eft  une  bévue  de  faire 
enture  fynonyme  d'ente.  Enture ^  félon  lui,  ne  li- 
gnifie que  l'endroit  du  fujet  fut  lequel  on  ente , 
avant  que  l'ente  foit  pariaite  j  &  non  pas  l'ente 
achevée».  C'eft  pourquoi  ceux,  continue-t-il ,  qui 
ne  confondent  point  ces  termes ,  difent ,  Prenez 
garde  que  votre  enture  foit  faite  de  telle  manière, 
qu'il  n'arrive  aucun  inconvénient  à  l'ente ,  quand 
elle  fera  achevée.  Lorfqu'on  greffe  il  faut  toujours 
avoir  foin  que  Venture  foit  proprement  faite.  Il 
veut  aufli  qu'on  exprime  enture  en  Latin  ,  par  aba- 
cus  ,  parce  que  l'endroit  oii  l'on  ente  eft  une  efpèce 
de  table  prête  à  recevoir  les  greffes  qu'on  lui 
deftine. 

ENTURES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Carrier.  On  appelle 
ainfi  les  diverfes  pièces  de  bois ,  dont  l'échelle  des 
Carriers  eft  compofée.  Ce  font  de  petites  pièces  de 

■    bois  qui  en  traverfenr  une  grofle. 

ENTYCHITE.  f.  m.  &c  f.  Nom  de  fefte.  Entkhyta , 
Entychites.  Les  Entychites  étoient  une  branche  des 
Simoniens.  Clément  d'Alexandrie  &  Théodoret 
font  les  feuls  Auteurs  que  je  fçache ,  qui  en  parlent. 
Celui-ci  j  Hsret.  Fab.  I.  C.  t.  de  Simone,  à  la  fin , 
&  celui-là  dans  fes  Stromates  ,  L.  VIL  paragr.  17. 
Ils  ne  nous  apprennent  rien  en  détail  de  ces  héréti- 
ques. Théodoret  dit  feulement  qu'ils  étoient  du 
nombre  de  ceux  j  qui  ayant  peu  changé  aux  er- 
reurs de  Simon,  n'ont  pas  fubfifté  long -temps. 
Dans  Clément  Alexandrin  ils  font  appelés  Enty- 
chites \  mais  dans  Théodoret  on  dit  Entychetes , 
&  le  P.  Garnier  l'a  ainfi  imprimé  ;  d'autres  citant 
Théodoret  ,  difent  Entychetes.  Quelques  demi- 
Savans  àikniEntychiJies  ,  qui  ne  fe  trouve  nulle 
part.  S.  Epiphane  parle  des  Entychites  dans  fon 
Pûnarium ,  héréfie  21.  Ils  furent  nommés  Enty- 
chites ,  à  caufe  des  abominations  qu'ils  commet- 
toient  j  comme  Clément  d'Alexandrie  nous  l'ap- 
prend dans  le  VIF  Liv.  de  fes  Stromates.  Sponde 
femble  dire  que  l'on  donna  ce  nom  à  tous  les  dif- 
ciples  de  Simon  ;  mais  Clément  marque  qu'il  n'y 
en  eut  que  quelques-uns  qui  le  portèrent.  S.  Epi- 
phane rapporte  ,  qu'ils  célébroient  leurs  prétendus 
facrifices  avec  des  abominations  affreufes,  &  leur 
nom  en  eft  une  preuve.  Il  vient  de  crv^x'"''  , 
coëo.  Voyei  Baronius ,  à  l'an  35.  de  J.  C.  & 
les  Auteurs  cités. 

EN  V. 

ENVAHIE,  f.  f.  Vieux  mot.  Attaque.  On  trouve  aufli 
Envûhyffement,  pour  Eronnement, 

ENVAHIR,  v.  a.  Prendre  tout  d'un  coup  par  voie  de 
fait ,  quelque  pays  ou  quelque  canton  ,  fans  préve- 
nir par  aucun  ade  d'hoftilité.  Invadere.  Ce  Prince 
a  envahi  les  terres  de  fes  voifins.  Prendre  des  Pro- 


EN  V 

vjncej.  Après  que  la   guerre  eft  déclarée,  c'eft  etl 
faire  la  conquête,  &  non  les  envahir.  Syn.  Fr. 

Le  mot  d'ufurper  paroît  renfermer  quelquefois 
une  idée  de  trahifon  j  celui  de  s'emparer  une  idée 
d'adrelfe  &  de  diligence.  Foye^  ces  mots.  Celui 
d'envahir  fait  entendre  qu'il  y  a  du  mauvais  pro- 
cédé. Souvent  dans  le  langage  ordinaire  on  dit  e/2- 
vrtAir  à-peu- près  dans  le  même  fens  que  s'emparer  ^ 
prendre  par  force  &  injuftemenr.  Envahir  nn  héri- 
tage, une  fuccellîon.  Envahir  la  puilfance  fouviî- 
raine ,  l'autorité. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Inyadere. 

Envahi  ,  ie.  part.  Occupatus, 

ENVAIN.  Foyei  VAIN. 

ENVAIR.  vieux  v.  a.  Envahir  le  bien  de  quelqu'un  5 
le  prendre  ,  le  ravir. 

ENVALER.  v.  a.  Terme  de  Pêcheur.  C'eft  tenir  ou- 
vert cette  efpèce  de  filet  qu'on  nomme  un  ver- 
veux  j  ce  qui  fe  fait  avec  une  médiocre  baguette 
de  laule  pliée  en  rond,  qu'on  appelle  un  archelet, 
qu'on  lie  autour  de  l'ouverture  avec  de  la  lignptte. 

ENVELLIOTER.  v.  a.  Terme  de  Faucheur.  C'eft  »• 
.Mettre  en  véiiores  j  c'eft- à-dire  j  en  petits  tas  Con- 
' gerere  j  aggerere  Enveiioter  le  foin. 

ENVELOPE.  Plus  communément  Enveloppe,  f.  f. 
Tout  ce  qui  fert  de  couverture  artificielle  à  quel- 
que chofe.  La  couverture  qui  fert  à  envelopper. 
Involucrum,  integumemum.  On  lui  envoie  fes  lettres 
fous  une  double  enveloppe.  Papier  d'envchppe  , 
emporetica  charta.  Toiles  d'enveloppe  pour  les  mar- 
chandifes.  Segejlria. 

On  dit  Ecrire  fous  Venveloppe  de  quelqu'un  ; 
pour  dire ,  Mettre  fous  l'adrellë  de  quelqu'un  des 
lettres  qui  font  pour  un  autre.  Acad.  Fr. 

Enveloppe  j  en  termes  de  Botanique  &  de  Jardina- 

,  ge,  fignifie  les  peaux,  ou  les  membranes  ,  les  tuni- 

;:  ques  qui  couvrent  les  bulbes  d'un  oignon.  Tunica, 
'  involucrum.  Les  enveloppes  de  ces  oignons  font  gâ- 
tées j  il  les  faut  ôter.  Liger. 

Enveloppe  ,  en  termes  de  Fortifications  j  eft  une  ef- 
pèce de  conferve  ou  de  contregarde  qu'on  fait  dans 
le  foffé  d'une  Place  &  quelquefois  au-delà.  Amhi- 
tus  ,  munimentum  ambiens ,  feptum  ,  vallum.  C'eft: 
un  ouvrage  qui  en  couvre ,  qui  en  défend  un  autre. 
Première  j  féconde  enveloppe.  C'eft  tantôt  un  fim- 
ple  parapet ,  tantôt  un  remparr  couvert  d'un  para- 
pet ,  qui  fert  à  couvrir  les  endroits  foibles  de  la 
Place ,  &c  non  à  g.agner  du  tertein.  Il  y  a  de  belles 
enveloppes  à  Maftrichtj  à  Douai.  La  citadelle  da 
Befançon  a  trois  enveloppes  l'une  fur  l'autre.  Oa 
les  appelle  quelquefois  filons  quand  elles  ne  fer- 
vent qu'à  fortifier  un  folié  qui  eft  trop  large.  Oii 
les  appelle  aufli  lunettes  ^  quand  elles  font  dans  un 
foffe  au-devant  de  la  courtine. 

Ce  mot  au  figuré  fignifie  des  termes  qu'on  em- 
ploie adroitement  ,  pour  dire  ce  qu'on  n'ofe  ou 
qu'on  ne  veut  pas  dire  en  termes  propres  &  grof- 
fiers.  Circuitlo.  Les  ordures  y  font  à  vifage  décou- 
vert, elles  n'ont  pas  la  moindre  enveloppe.  Mol. 
Vous  m'avez  parlé  fans  enveloppe.  Nullà  circuitione 
ufus  es.  TÉRENCE.  Cette  expreflion  n'eft  que  du 
ftyle  ordinaire. 

ENVELOPPEMENT  ,  f.  m.  Adion  d'envelopper. 
YJ enveloppement  eft  néceffaire  pour  la  confervation 
de  plufieurs  marchandifes.  CompUcatio.  Terme  peu 
ufité. 

ENVELOPËR  ,  &  plus  communément  envelopper, 
v.  a.  Dans  la  fignihcation  générale,  c'eft  couvrir 
une  chofe  par  le  moyen  d'une  autre  qu'on  applique 
delTus. 

Envelopper  ,  couvrir  une  chofe  d'une  enveloppe  de 
papier,  de  linge,  d'étoffe.,  &:c.  pour  la  conferver 
ou  pour  la  mettre  en  paquet.  Mettre  une  chofe  au- 
tour d'une  aurre  ,  qui  l'environne  de  roures  parrs, 
Complicare  ,  obtegere  involvere.  Envelopper  des 
marchandifes  dans  du  papier.  Envelopper  des  ha- 
bits dans  une  toilette.  Il  vient  d'involvere ,  dont  la 
racine  eft  vélum. 

Enveiopper  ,  fe  dit  auflî  au  figuré  dans  la  même  fi- 

gnification 


I 


E  N  V 

gnificatîon.  Il  ramalfe^  pour  ainfi  dire,  toutes  Ces 
pièces ,  &  s'en  enveloppe  pour  fe  faire  valoir.  La 
Bruy.  La  vérité  n'ell  point  enveloppée  de  ténèbres 
inaccellibies.  S.  Evr.  Dans  mes  plus  cruelles  difgra- 
ces  je  m'enveloppe  de  ina  vertu.  B.  Rab.  Mea  vircu- 
te  me  invoivo.  Horace. 

Tel  quun  Poète  morfondu  , 
Qui  dans  fon  chagrin  j'enveloppe  j 
Tandis  que  Jon  tfpric  galope 
Après  un  vers  qu'il  a  perdu. 

Envelopper,  fignifie  aufli,  Deguifer  ;  ne  pas  expli- 
quer à  découvert  fa  penfée.  Envelopper  un  conte 
laie  fous  des  paroles  honnêtes.  Les  Poètes  ont  en- 
veloppé bien  des  vérités  fous  leurs  fables.  Elle  re- 
çoit avec  joie  ce  qu'on  lui  veut  dire  de  fale ,  pour- 
vîi  qu'il  fou  enveloppe.  Bussi. 

Envelopper. j  lignifie  encore  figurément,  Entourer, 
enfermer.  Circumvenire  ^  intercludcre.  Ce  Général  a 
enveloppé  les  ennemis ,  il  les  a  enfermés  de  tous 
côtés.  Envelopper  les  ennemis  par-devant  &  par- 
derrière.  Vaug. 

Envelopper,  fignifie  encore  au  figuré  ,  Embarralfer, 
comprendre  quelqu'un  dans  une  affaire  ,  l'y  entraî- 
ner. Impedire  ,  impUcare.  Ce  Gentilhomme  a  été 
■enveloppé  dans  une  accufation  fàcheufe.  Un  Mar- 
chand ett  enveloppé  àloiàmxiïQ  dans  la  banquerou- 
te de  fon  alTocié. 

Dans  fa  ruine  même  il  peut  r'envelopper.  Corn. 

La  colère  ,  uniquement  attentive  à  fatisfaire  fa  ra- 
ge j  s'enveloppe  fouvenc  elle-même  dans  la  ruine 
de  ceux  qu'elle  veut  perdre.  M.  Esp.  Voulant  per- 
dre Popea ,  il  enveloppa  dans  fa  ruine  Valerius. 
Ablanc 

Enveloppé  ,  ée.  part,  il  a  les  hgnificationsde  fon  ver- 
be au  propre  &  au  figuré.  Implicatus  ,  impeditus  , 
vallacus.  Tant  qu'un  objet  demeure  dans  notre  ef- 
prit  enveloppé  Aq  nuages  j  nous  ne  le  préfenterons 
jamais  aux  autres  que  d'une  manière  contufe. 
S.  Evr.  Il  avoir  attendu  des  douceurs  moins  enve- 
loppées. Bussi.  J'ai  bien  des  chofes  à  vous  dire  en- 
veloppées dans  ce  mot,  j'aime.  Voit.  Il  faut  fiatter 
d'une  manière  un  peu  enveloppée.  Bell.  On  dit , 
Difcours  ,  raifonnement  enveloppé ,  pour  due, 
Obfcur  ,  embarralfé.  On  dit  d'un  homme  qui  ne 
s'explique  pas  clairement ,  que  c'eft  un  efprit  enve- 
loppé ,  quil  a  Y eÇçxM  enveloppé.  Et  d'un  homme 
grollier,  qu'il  a  l'efprit  enveloppé  A^ns  la  matière. 

ENVELOPPEUR.  f.  m.  Oktector.  Celui  qui  enve- 
loppe. Il  ne  fe  die  qu'au  figuré  ,  &  c'eft  même 
une  expreflion  hafardée.  M.  de  la  Fontaine  eft  le 
plus  agréable  Faifeur  de  Contes  qu'il  y  ait  jamais 
eu  en  France.  Il  eft  vrai  qu'il  en  a  fait  quelques- 
uns  où  il  y  a  des  endroits  un  peu  trop  gaillards  ;  &c 
quelque  bon  enveloppeur  ç\\i'\\  foit ,  j'avoue  que 
'ces  endroits-là  font  trop  marqués  :  mais  quand  il 
voudra  les  rendre  moins  intelligibles  tout  y  fera 
achevé ....  Letc.  de  BuJJï.  Ce  terme  n'eft  pas  en 
ufage. 

ENVENIMER,  v.  a.  Infeder  de  venin  ,  ou  de  quel- 
que qualité  nuifible  au  corps.  Fenenare  ^  vencno 
imhuere.  Le  ferpent  envenime  les  corps  par  fa  mor- 
fure.  On  dit  qu'une  herbe  a  envenimé  la  bouche  ; 
pouf  dire  qu'elle  y  a  caufé  des  élevùres. 

Envenimer  une  plaie,  c'eft  la  rendre  plus  doulou- 
reufe  &  plus  difficile  ï  guérir.  Acerhare.  Une  plaie 
s'envenime,  quand  elle  eft  mal  panfée,  quand  on 
l'elTuie  avec  du  linge  mal  propre ,  quand  on  la 
gratte.  Crudefcit ,  ingravefcit. 

Envenimer  ,  fe  dit  figurément  en  chofes  morales 
Exulcerare  ,  exacerbarc  ,  exafperare.  Les  Satyiiques 
ont  toujours  quelques  tiaits  envenimés  à  lancer 
contre  tout  le  monde.  Les  mauvais  rapports  enve- 
niment, aigrilTent  l'efprit  des  gens  à  qui  on  les  fait. 
Les  plaies  de  i'ame  peuvent  devenir  mortelles ,  {\ 
on  les  envenime.  Nie.  Plus  une  querelle  dure ,  plus 
Tome  III. 


E  N  V  761 

notre  chagrin  s'envenime,  &  moins  fommes-nous 
en  érat  de  revenir.  Bell. 

Envenime  ,  ee.  part.  ï'enenatus ,  exafperatus,  exacer- 
bacus.  On  du  une  langue  envenimée  ^  difcours  enve- 
nima, efprit  envenime  ,  plaie  envenimée. 

ENVERGER.  v.  a.  Terme  de  Vanier.  Garnir  de  ver- 
ges ,  de  petites  branches  d^'ofier  j  enlacer  des  verges, 
Kirgis  ,  ou  vimine  impleclere  ,  ou  virgas  ,  vimina 
implecle.re  ,  inneciere.  Pour  bien  enverger  les  hottes, 
les  vans ,  &c.  les  Vaniers  fe  lervent  d'un  inftru- 
mcnt  de  fer  qu'ils  nomment  Bécalle,  &  dont  nous 
parlerons  en  fon  lieu. 

§3'  Enverger  une  corde.  Terme  de  rivière.  C'eft  la 
porter  au-dellus  du  pont ,  pour  le  palfa^e  d'un 
bateau. 

ENVERGUER.  v.  a.  Terme  de  Marine.  C'eft  Atta- 
cher les  voiles  aux  vergues,  ou  antennes.  Vêla  ad 
antennas  aptare  ,  componere.  Nous  fîmes  enverguer 
un  jet  de  voiles  neuf.  Mém.  de  irév.  ly^o.p.  15^. 
On  fe  lert  du  même  terme ,  pour  dire  mettre  les 
fochs  &  les  voiles  d'étai,|quoique  ces  voiles  n'aient 
point  de  vergues. 

ENVERGURE,  f  i.  Terme  de  Marine.  Antennarum 
Jîtus.  C'eft  la  manière  d  enverguer  les  voiles  j  leur 
poluion  lur  les  mâts ,  &  l'allortillement  des  voi- 
les nécclTaires  :  c'eft  aulli  la  largeur  des  voiles.  Àinfi 
l'on  du  qu'un  navire  a  trop  d'envergure  ,  lorfque  les 
vergues  font  trop  longues ,  &  les  vodes  trop  lar- 
ges j  &c  qu'il  a  trop  peu  d'envergure  j  quand  fes  ver- 
gues font  trop  courtes. 

M.  Frézier ,  dans  fon  Voyage  à  la  Mer  du  Sud  y 
p.  iti.  le  dit  métaphoriquement  de  l'étendue  des 
ailes  d'un  oileau.  C'eft  en  parlant  du  Condor ,  oi- 
feau  du  Pérou.  Garcilaflb  du  qu'il  s'en  eft  trouvé 
au  Pérou  qui  avoienr  16  pieds  d'envergure  ,  de  que 
certaine  nation  d'Indiens  les  adoroit.  Frez. 

Ainfi  l'envergure  eft  l'étendue  qu'il  y  a  entre  les 
deux  extrémités  des  aîles  déplo)ées. 

ENVERMEU.Gios Bourg  de  Normandie  dans  le  pays 
de  Caux.  Anvermodmm.  Envermeu  eft  fitué  à  trois 
lieues  de  Dieppe. 

ENVERS.  Prépolition  relative  à  certaines  perfonnes 
dont  on  parle.  Erga  ,  in  ,  adverfus.  LTn  méchant 
eft  ingrat  envers  Dieu  &  envers  les  hommes.  Un 
riche  doit  exercer  l'hofpitalitc  envers  les  pauvres. 
Seigneur,  vous  êtes  bon  &:  doux,  &  plein  de  mi- 
féricorde  envers  tous  ceux  qui  vous  invoquent. 
PoRT-R.  L'amour  des  auttes  envers  nous  ell  la 
nourriture  de  l'amour  propre.  Nie. 

On  dit  en  termes  de  civilité.  Je  vous  fervirai  & 
protégerai  envers  tous  &  contre  tous ,  envers  ôc  con- 
tre tous.  C'eft  un  homme  afteélionné  envers  lui. 

Au  lieu  d'envers,  les  Poètes  difent  quelquefois 
vers.  Mais  c'eft  une  licence  propre  des  Poètes,  5c 
qu'il  ne  faut  pas  imiter  en  proie.  P.  Mourgues. 

En  eftet,  vers  fignifie  le  verfus  des  Latins,  vers 
l'orient  J  vers  l'occident;  &  envers  fignifie  Verga. 
La  piété  e/2verj  Dieu,  envers  les  parens.  Vers  eft 
pour  le  lieu  ,  envers  pour  les  perfonnes.  Si  l'on  dit, 
il  s'eft  tourné  vers  moi  ;  dans  cjt  exemple  même, 
la  prépofition  vers  regarde  le  heu  plutôt  que  la  per- 
fonne ,  comme  le  mot  de  tourner  le  fait  voir. 

Envers  ,  autrefoiss'eft  dit  pour  A  l'envers ,  renverfé* 
Supinè. 

ENVERS,  f.  m.  Le  côté  le  moins  beau  d'une  étoffe. 
Frons  averfa  ,  faciès  intima  ,  latus  intimum.  Les  la- 
pilferies  de  haute  lice  fe  travaillent  par  ['envers. 
Les  étoffes  à  deux  envers  font  celles  qui  font  auffi 
belles  d'un  côté  que  d'autre.  Il  vaut  mieux  dire 
étoffe  à  deux  endroits ,  qu'étoffe  à  deux  envers.  On 
diroit  plutôt  étoffe  fans  envers,  qu'étoffe  à  doux 
envers,  pour  marquer  une  étoffe  qui  eft  auilî  belle, 
aulTi  travaillée  d'un  côté  que  de  l'autre.  L'envers 
dans  les  ouvrages  de  toile  eft  le  côté  de  la  couture. 

Envers  ,  f.  m.  fe  dit  d'autres  chofes  que  des  étoffes. 
On  dit ,  par  exemple  :  Les  Banquiers  certifient  les 
flgnatures  de  Cour  de  Rome  fur  V  envers. 

Ce  mot  fe  prend  quelquefois  dans  unfens  figu- 
ré. La  Lettre  à  M.  Perraut,  &  la  verhfication  de 
Ddddd 


7Ô2.  ENV 

l'Epître  fur  ramoiu  de  Dieu,  font j  fi  j'ofe  me' 
feivir  de  ce  terme  nouveau ,  Icivers  de  l'ouvrage 
du  grand  Boileau.  Entrer,  fur  la  Muf.  Le  Prince 
d'Orange  n'a  pas  voulu  taire  périr  Ion  beau-père  ;  ' 
il  elt  dans  Londres  à  la  place  du  Roi ,  ians  en  pren- 
dre le  nom ,  ne  voulant  que  rétablir  une  religion 
qu'il  croit  bonne  j  &c  maintenir  les  loix  du  pays. 
Voilà  ['envers  tout  jufte  de  ce  que  nous  penlor.s  de 
lui.  M.  DE  Sev. 

Ce  mot  vient  de  inverfus  ,  Nicot. 
A  l'Envers.  Façon  de  parler  adverbiale,  qui  a  diffé- 
rentes lignifications  ,  félon  les  différentes  chofes 
où  on  l'applique.  Ainfi ,  Mettre  un  manteau  à  Ven- 
vers  3  c'elt  le  mettre  du  mauvais  coté  de  l'étofte. 
On  dit  que  les  deifeins ,  les  affaires  d'un  homme 
vont  à  l'envers  j  quand  elles  lui  fuccèdent  mal ,  au 
trement  qu'il  n'avoit  penfé.  On  dit  qu'il  a  l'efprit  à 
l'envers  j  quand  il  railonne  mal ,  quand  il  a  l'efprit 
mal  tourné  :  qu'un  homme  eft  tombé  à  l'envers , 
pour  dire  fur  le  dos.  Marot  a  dit  d'une  maladie 
dangereufe  dont  il  étoit  attaqué. 

Me  menaçant  de  me  donner  le  faut  j 
Et  de  ce  faut  m' envoyer  à  l'envers  , 
Rimer  fous  terre  ^  &  y  faire  des  vers. 

Tout  cela  eft  familier. 

ENVERSE.  adv.  Vieux  mor.  A  l'envers. 

ENVERSIN.  f  m.  Petite  étoffe  de  laine,  qui  fe  fa- 
brique à  Châlons  fur  Marr.e. 

ENVERZER.  v.  a.  Terme  de  Manufacture  de  lainage, 
qui  lignifie  une  façon  qui  fe  donne  aux  étoffes  en  les 
tirant.  Il  y  a  des  étoffes  qu'il  eft  défendu  de  laver 
ni  enver:^er  ;  comme  les  ferges  blanches  cSc  grifes 
de  Beauvais  :  d'autres ,  qui  doivent  être  lavées  & 
enver^ees ,  comme  les  ferges  façon  de  tricot. 

ENVL  Vieux  f  m.  Qui  n'eft  plus  d'ufage  que  dans 
cette  phrafe  adverbiale ,  à  Cenvi,  pour  dire,  avec 
émulation  j  à  qui  mieux  mieux.  Ccrtatim.  Ils  fe 
font  ruinés  pour  taire  de  la  dépenfe  à /'e/zvi  l'un  de 
l'autre j  Se  non  àl'envie  j  c'eft  un  barbarifme.CoRN. 
On  s'efforce  à  Vcnvi  de  tromper  les  grands.  Nie. 
On  a  obfervé  qu'tz  Venvi  n'eft  guère  propre  que  dans 
le  ftyle  férieux  \  &  ^z  qui  mieux  mieux  dans  le  ftyle 
familier.  Ils  burent  à  qui  mieux  mieux. 

Et  chacun  à  V&r\vif gnalant  fes  fureurs  , 
Plus  loin  quefes  rivaux  veut  porter  fe  s  erreurs. 

Genest. 

ENVI,  ENVIS.  On  prononce  ^/zv/.  adj.  Vieux  mot. 
Du  Latin  invitus.  A  contre-cœur.  Auparavant  j'en- 
gagcois  mes  hardes ,  &  vendois  un  cheval  ,  avec 
bien  moins  de  contrainte  &  moins  envis ,  que  lors 
jenefaifois  brefcheà  cette  bourfe  favorie  ,  que  je 
îenois  à  part.  Montaigne.  M.  Cofte  ,  en  expliquant 
ce  mot  J  dans  fa  note  ,  y  joint  ce  fécond  exemple  : 
Froiffarr,  parlant  d'un  fameux  Tournoy  qu'Edouard 
III.  fit  faire  à  Londres,  pour  y  attirer  la  Comtelfe 
de  Salisbury  j  dit  qu'elle  y  vint  moult  envis  :  car  elle 
penfoit  bien  pourquoi  c'eftoit  :  &  fi  ne  i'ofoit  dé- 
couvrir à  fon  mari, 
Envis.  adv.  vient  d'i/2virè  adverbe  Latin.  Avec  répu- 
gnance. Les  Payfans  ,  en  Bourgogne,  difent  enco- 
re, il  paie  envis  ,   c'eft-à-dire  ,  malgré  lui.  Envis 
qui  eft  au  vers  66S  du  Roman  de  la  Rofe , 

Ne  Jugent  de  chanter  envis. 

Signifie ,  Envieux  de  bien  chanter.  On  lit  dans 
les  Maniifcrits  aux  envis  ,  ce  qui  veut  dire  ,  A  qui 
mieux  mieux  ^  &c  au  chapitre  .'5.  du  premier  Livre 
de  Rabelais  ,  on  trouve  à  tous  envis  dans  le  même 
fens.  Sup.  au  Gloff.  du  Roman  de  la  Rofe, 

ENVIAL.  C  m.  Vieux  mot.  Voyage. 

§3°  ENVIE,  f  f.  Chagrin  que  caufe  en  nous  la  vue 
d'un  bien  dont  un  autre  jouit ,  accompagné  du  defir 
de  jouir  de  ce  même  bien.  Invidia.  l'envie  eft  un 
cenfeur  trifte  &  févère  des  bonnes  qualités  d'autrui. 


ENV 

Cette  fombre  rivale  du  mérite ,  dit  Boileau  ,  ne 
cherche  qu'à  le  rabailfer  ,  quand  elle  ne  peut  pas 
s'élever  julqu'à  lui.  Sa  malignité  s'attache  d'ordi- 
naire à  la  vertu  ,  &  la  vertu  eft  fécueil  de  Venvie. 
C'eft  une  pallion  baife,  qui  ne  tend  qu'à  fupplanter 
Ion  rival  j  mais  l'émulation ,  qui  eft  plus  noble  & 
plus  généreufe ,  ne  fonge  qu'à  furpalfer  fon  con- 
current. L'envie  eft  une  humeur  chagrine  qui  ref- 
femble  tort  à  la  haine.  Fel.  La  haine  &  Venvie,  dit 
la  Bruyère ,  font  deux  palfions  qui  le  contondenr. 
S'il  y  a  quelque  différence,  c'eft  que  l'une  s'attache 
à  la  perfonne  ,&  l'autre  à  l'état  ôc  à  la  condition. 
Elle  regarde  avec  dédain  &  avec  chagrin  les  avan- 
tages d'autrui ,  foit  par  rapport  aux  qualités  de  l'ef- 
prit ,  foit  par  rapport  à  la  fortune.  Il  n'y  a  point  de 
vengeance  plus  héroïque  que  celle  qui  tourmente 
l'envie  à  force  de  bien  faire.  Amelot. 

Cejfe  de  t'etonner  f  l'enw'ie  anime' e  3 

Attachant  à  ton  nom  fa  rouille  envenimée, 

La  calomnie  en  main  quelquefois  te  pourjiiit.  BoiL« 

Z'envie  a  toujours  fait  la  guerre 
Aux  vtrtus  que Jts yeux  ont  vu  trop  éclater. 

§3"  Envie  ,  fe  prend  quelquefois  dans  un  fens  qui 
n'a  rien  d'odieux.  C'eft  ainfi  qu'on  dit.  Porter  en- 
vie à  quelqu'un  ,  fouhaiter  un  bonheur  pareil  au 
fien,fans  en  relfentir  aucun  chagrin.  Alexandre  por- 
toit  envie  à  Achille  ,  d'avoir  eu  un  Homère  pour 
chanter  (es  adlions.  Son  fort  eft  digne  A'envie. 

Envie.  Divinité  Poétique.  ,  que  les  Anciens  hono- 
roient  de  peur  d'être  expofés  à  fes  fureurs.  Les  Poè- 
tes la  reprefentent  ordinairement  fous  la  figure 
d'une  femme  extrêmement  laide  ,  les  yeux  égarés 
&  enfoncés  dans  la  tête  j  coëffee  d«  couleuvres  , 
portant  trois  ferpens  d'une  main  ,  &  une  hydre  à 
fept  têtes  de  l'autre.  Un  ferpenr  lui  ronge  le  lein. 
Attributs  qui  forment  une  expreflion  aflez  jufte  de 
l'envie  J  qui  porte  renfermé  en  elle-même  le  fup- 
plice  de  fa  malignité.  Les  Grecs  en  font  un  Dieu  , 
parce  que  le  mot  <i>eoN02,  qui  en  leur  langue  fi- 
gnifie  l'e«v/e,  eft  mafculin.  L'anguille  ,  félon  quel- 
ques-uns ,  &  ,  félon  d'autres  ,  le  ferpent  ,  étoic 
chez  les  Anciens  le  fymbole  de  l'envie.  Voy.  Gasp. 
Barthius  ,  dans  fes  Ânimadv.  in  Statium.  Héfiode 
ne  parle  point  du  Dieu  <p3^o"f  dans  fa  Théogonie. 

Envie,  fignifie  auffi  le  defir  qu'on  a  d'avoir  ou  de 
faire  quelque  chofe.  Cupiditas ,  libido.  Avoir  envie 
de  dormir  ,  envie  d'acheter  quelcjue  meuble.  Il  lui 
a  pris  envie  de  fe  retirer  du  monde.  La  colère  efl 
une  envie  qui  impatiente  de  fe  venger.  M.  Esp.  On 
dit ,  palier  fon  envie  de  quelque  chofe  ,  pour  dire  , 
Satisfaire  le  defir  que  l'on  a  d'une  chofe.  Et ,  l'envie 
lui  en  eft  paffée  ;  pour  dire  ,  Il  ne  la  defire  plus. 
Faire  paffer  l'envie  de  quelque  chofe  à  quelqu'un  ; 
pour  dire  ,  ou  l'en  ralfafier  ,  ou  l'en  dégoûter.  Nous 
avons  e/2vie  pour  nous  j  dit  M.  l'Abbé  Girard ,  de  ce 
qui  n'eftpas  en  notre  pofteflion  ,  nous  voudrions  l'-a- 
voir.  C'eft  un  mouvement  de  cupidité  ou  de  vo- 
lupté. Les  enfans  ont  envie  de  tout  ce  qu'ils  voient. 
J^oy.  Envier. 

(fT  On  appelle  envie  de  femme-grofiè  ,  un  de- 
fir prelfant  &  lubit ,  fouvent  défordonné  de  pren- 
dre desalimens  d'une  efpèce  particulière  ,  quelque- 
fois d'une  mauvaife  qualité  ,  très-nuifi  ble ,  &  d'une 
nature  contraire  à  celle  des  alimens. 

Envie.  Terme  de  Médecine.  Nnvus.  On  appelle  en- 
vies ,  certaines  marques  ou  taches  que  les  enfans 
apportent  en  naiffant.  On  prétend  qu'elles  reffem- 
blent  toujours  à  ce  que  la  mère  a  defire  avec  ardeur 
pendant  fa  groflefle  ,  ou  à  ce  qui  a  frappé  vivement 
fon  imagination.  Elles  reprefentent  des  poiffons  , 
des  taches  de  vin ,  des  cerifes ,  des  mûres  ,  &c. 
&c  l'on  dit  qu'elles  font  ordinairement  imprimées 
fur  l'enfant  au  même  endroit  que  la  mère  s'eft  tou- 
chée dans  le  temps  de  {on  envie.  La  caufe  des  envies 
ne  peut  s'attribuer  qu'aux  flexions  ,  contradtions  , 
extenfions  ou  divulfions  particulières  que  les  fibres 


EN  V 

•utaiiées  du  fécas  fouirent  j  en  confcqueiice  des 
dilïercns  moiivemens  que  la  mère  leur  communi- 
que, conformément  aux  idées  qu'elle  a  conçues. 
Plulîeurs  Médecins  croient  qu'elles  ne  font  que 
l'eifec  de  la  bizarrerie  de  la  nature  &  du  hafard 
Col.  de  Villars. 

On  appelle  aulli  envies  ,  de  petits  morceaux  ,  ou 
plutôt  filets  de  peau  qui.  fe  détachent  vers  l'extré- 
mité des  doigiis  ,  à  la  racine  des  ongles. 
M.  Huet  dérive  ce  mot  de  invia. 
^CT  ENVIEILLIR.  v.  a.  &  n.  Rendre  vieux  ,  ou  pa- 
roître  vieux.  Ce  verbe  ell  vieux  lui-même  ,  &  hors 
d'ufage.  On  s'en  fert  quelquefois  au  participe ,  dans 
le  figuré  feulement.  Pécheur  envie'dU  :  habitude  tel- 
lement enracinée  &  e/zviei///ej  qu'on  ne  fauroit  la 
corriger  que  difficilement.  Inyeteratus.  Il  vaut  mieux 
employer  un  autre  terme. 

La  dureté  de  cœur  &  /'errearenvieillie  , 
Monfires  dont  les  projets  fc  font  évanouis. 
On  voit  l'œuvre  d'unjlècle  en  un  mois  accomplie 
Par  lafage(fe  de  Louis.  La  Font. 

ENVIER.  V.  a.  Porter  envie.  Lnvidere.  Il  ne  fe  dit  pro- 
prement que  des  chofes  j  Reporter  envie, âes  perion- 
nes.  Je  n'envie  point  la  réputation  d'autrui  :  je  ne 
^orre  point  envie  aux  Grands.  Voiture  aexadtement 
obfervé  cette  diftinélion.  Moi  qui ,  en  toute  occa- 
iion,  me  réjouis  de  vos  avantages ,  &  qui  ne  vous 
envie  pas  votre  efprit ,  ni  votre  fcience  ,  je  vous 
porte  envie  d'avoir  été  huit  jours  à  Balzac. Voiture, 
au  commencement  de  fa  CXXV^  Lettre  ,  adrelfée 
à.  Coftar. 

Pourquoi  m'eawiez-vous  l'ulr  que  vous  refpire^  ? 

Racine 

Non  j  il  nejl  point  de  Roi  j  qui  fur  le  trône  afjis 
Ne  voulût  enviez  mon  illujlrc  naufrage.  Corn. 

§C?  Au  Paflîf ,  on  le  dit  quelquefois  des  perfon- 
nes,  comme  dans  cette  phrafe.  Les  favoris  lont  d'or- 
dinaire enviés. 

Ce  mot  vient  du  Latin  invidere. 
On  dit  auflî  ,  Envier  ,  pour  dire  fimplement , 
Souhaiter  pour  foi-même  un  bonheur  pareil  à  celui 
qu'un  autre  polTéde  ,  fans  être  fâché  qu'il  l'ait.  Je 
voudrois  bien  être  auffi  indépendant  que  vous  f)  en- 
vie votre  bonheur. 

Il  fe  prend  quelquefois  pour  Defirer.  Voilà  le 
porte  du  monde  que  \  envierais  le  plus ,  que  j^aurois 
le  plus  d'envie  d'avoir. 
I^Envier,  AvoirEnvie,  confidérés  comme  fynony- 
mes.  Nous  envions  aux  autres  ce  qu'ils  pollédent  j 
nous  voudrions  bien  le  leur  ravir.  C'efl;  un  mouve- 
ment de  jaloufie  ou  de  vanité  ,  dit  M.  l'Abbé  Gi- 
rard. Les  fubalternes  envient  l'autorité  des  fupé- 
rieurs.  Voye-[  Avoir  Envie  au  mot  Envie. 

§Cr  II  paroît  qu'on  fe  fert  plus  à  propos  ^envier 
pour  les  avantages  perfonnels  &  généraux  \  mais 
qu'avoir  e/2vie  va  mieux  pour  les  choies  particuliè- 
res &  détachées  de  la  perfonne.  Ainfi  l'on  dit  ^  En- 
vier le  bonheur  de  quelqu'un ,  &  avoir  envie  d'un 
mets. 
§Cr  Envier,  qu'on  avoit  mis  dans  les  éditions  pré- 
cédentes y  comme  terme  du  jeu  du  Berlan  ,  du  Ho- 
ca ,  pour  dire  j  Mettre  une  certaine  fomme  par- 
•  delfus  le  vade ,  ne  fe  dit  point.  On  dit  renvier  tk 

renvi ,  &C  non  envi  &  envier. 
Envier,  fignifie  auflî  en  plufieurs  fortes  de  jeux,  Faite 
des  envis,  enchérir  fur  quelqu'un  ,  mettre  fur  une 
cnrte  une  plus  grolfe  fomme  qu'on  n'y  avoir  mis 
d'abord ,  pour  la  bonne  opinion  qu'on  a  de  fon  jeu. 
Liceri  ^  augere pignus  ludl ,  majori  pignore  certare.  Il 
eft  permis  ^ envier 'xw  Berlan  ,  au  Hoca. 
Envi?.  ,  ée.  part.  &  adj.  Il  hgnlfie  encore  Recherché, 
defiré.  jE.vpiefirav  muhis  votis ,  fummo  (îudio  pctitus. 
Ce  Bénéfice  ell  fort  envié.  Cette  Charge  ell  fort 
enviée. 


ENV  7^3 

ENVIEUX  ,  EUSE.  adj.  fouvent  employé  fubftantive- 
inent.  Qui  porte  envie,  qui  s'afflige  du  bonheur 
d'autrui.  InviJus.  Les  hommes  font  trop  envieux 
pour  p.ardonner  un  mérite  qui  les  blellè.  Bell.  La 
bonne  fortune  tait  bien  des  envieux.  Le  mérite  at- 
tire d'ordinaire  moins  d'amis  que  d'envieux.  Bouk, 
Les  envieux  groirilFent  les  profpérités  des  autres  j 
pours'en  affliger.  Le  Vayer.  Un  envieux  n'a  jamais 
de  momens  agréables  :  la  bonne  fortune  des  autres 
ell  un  poifon  mortel  pour  lui.  Id.  Quand  on  n'a 
qu'un  mérite  ordinaire,  on  a  des  envieux-  mais 
cjuand  on  ell  lans  comparaifon  ,  il  n'y  a  plus  d'envie. 
B.  Rab.  L'envieux  eft  froid  Si.  fec  fur  les  vertus  d'au 
trui  j  il  les  nie  ,  ou  leur  refufe  les  louanges  qui  leur 
font  dues.  La  Bruy.  B.  Rab.  Les  envieux,  au  lieu  de 
cherchera  devenir  plus  parfaits  j  ne  fon,':;ent  qu'I 
ternir  les  bonnes  qualités  des  autres.  M.  Scud. 

La  fureur  des  audacieux 
Tôt  ou  tard  de  honte  efl  fuivie  ; 
Et  la  même  vertu  qui  j ait  naître  l'envie 

Confond  enfin  les  envieux.  N.  Ch.  de  Vers. 

On  dit  j  en  proverbe, que  les  envieux  mourront , 
mais  que  l'envie  ne  mourra  jamais. 

ifT  Envieux  ,  Jaloux.  On  eft  envieux  de  ce  que  les 
autres  poifédent ,  on  voudroit  le  leur  ravir.  On  ell 
jaloux  de  ce  qu'on  polFéde  foi-même  :  on  veut  le 
conferver.On  qÙ.  jaloux  de  fa  mairre!re,de  farépura- 
tion  ,  de  fon  autorité ,  de  la  liberré.  On  ell  envieux 
de  la  gloire  d'autrui ,  &c  jaloux  de  la  fienne. 

^fT  Dans  les  occafions  où  ces  mots  fe  relTemblenc 
davantage  ,  &  font  relatifs  à  ce  que  les  autres  pof- 
fédentj  ils  font  encore  dillingués  par  des  nuances 
particulières.  Jtî/oùx  dit  beaucoup  moins,  /^.cemoi. 

ENVILASSE.  f.  f.  Efpéce.  d'ébéne  qu'on  trouve  dans 
l'Ille  de  Madagafcar.  Elle  a  peu  de  nœuds ,  &  ell 
femblable  au  bois  de  Sandraha. 

EN VINÉ ,  ÉE.  adj.  m.  &  f.  Il  fe  dit  des  Marchands  de 
vin,  ou  Cabaretiers  qui  font  tournis  de  bons  vins. 
l^ini  copia  ahundans.  Ce  Marchand  ell  le  mieux  en- 
viné  de  toute  la  ville.  Quelques-uns  dilènt  aviné  \ 
mais  envine  ell  pUis  propre  en  ce  Cens.  On  peut  dire 
également  enviné,  ou  aviné ,  en  parlantd'un  vailîeau 
imbu  &  humeélé  de  vin. 

|Cr  Au  relie,  ce  terme  n'eft  ufité  que  parmi  les 
ALarchands  de  vin. 

ENVIRON.  Prépofition  qui  régit  l'accufatif ,  &  qui 
fignifie ,  Autour,  à-peu-près.  Circum  j  circa  ,  circiter. 
Il  ell  environ  fix  heures.  Il  ell  dCi  de  cette  rente  envi- 
ron 500  liv.  d'arrérages.  Environ  cinq  ou  fix  cens 
hommes ,  ell  un  pléonafme  j  car  cinq  ou  i\:i  tont 
un  nombre  incertain  qui  ne  fouffre  point  qu'on 
mette  environ.  Il  faut  dire  fimplement  j  environ  fix 
cens  hommes, ou  feulement,  cinq ou7/.v  cens  hom- 
mes. Corn.  Il  y  a  50  lieues  de  Paris  à  Rheims  ,  ou 
environ.  Il  y  demeura  fur  le  champ  de  batailledeux 
mille  hommes  ou  environ. 

ENVIRONS,  f.  m.  pi.  Lieux  circonvoifins  j  qui  font 
alentour.  Vicinia  ,  vicina  loca.  Cette  armée  s'ell 
portée  dans  tous  les  environs  ^\xne  telle  place  ,  pour 
la  bloquer.  Il  fe  fallu  des  montagnes  qui  étoient  aux 
environs.  Abl.  Les  environs  de  Paris  font  fore 
beaux.  Scar. 

ENVIRONNER,  v.  a.  Entourer  ,  enfermer  tout  au- 
tour. Cingere  ,  claudere  ,  amhire  ,  circumdarc:  Cette 
ville  ert  environnée  de  murailles.  Ce  pays  ert  envi- 
ronnéds  monragnes ,  de  précipices.  Cette  maifon 
eA  environnée  de  folfés.  De  peur  qu'il  ne  fe  fauvât , 
ils  environnèrent  la  maifon.  Les  Princes  în.uchent 
environnés  d'une  foule  de  Courrifans.  La  tctc  d'un 
image  d'un  Saint  est  environnée  de  rayons.  Tous  ceux 
qui  environnent  les  Princes  ne  fongent  prefque  qu  i 
les  tromper.  Nic. 

Environner  ,  fe  dit  figurément  en  chofes  morales. 
Les  Saints  font  environnés  de  'gloire  dans  le  ciel,  il 
est  difficile  que  l'homme  pulfTe  percer  les  ténèbres 
qui  ['environnent.  Nie.  L'homme  fur  la  terre  est  £/;- 
vironnéân  toutes  fortes  de  mifcres;  il  est  environna 

D  d  d  d  d  ij 


7^4  ENV 

d'ennemis.  Cette  affaire  est  environnée  de  mille  dif- 
ficultés. Le  moyen  d'être  environne  de  biens  & 
d'honneurs,  &  de  ne  s'en  rien  attribuer?  Nie. 

O  Dieu  que  la  gloire  environne  !  Rac. 

La  plus  belle  couronne 
N'a  que  de  faux  briUans  dontredatrenw'uonne. 

Corn. 

Environné  ,  ée.  part.  Cinclus  ,  drcumdatus.  Province 
environnée  à'^ZM.^  A.VG. 

Tous  ces  mots  viennent  du  verbe  virer,  qui  pour- 
roit  bien  venir  du  Liùagyrare. 

ENVISAGER,  v.  a.  Regarder  quelqu'un  au  vifage. 
Jnfpeclarej  incueri.  Ce  témoin  n'a  pu  reconnoitre 
î'accufé  ,  parce  qu'il  a  dit  qu'il  ne  Tavoit  pas  bien 
envifagé.  Dès  qu'il  eut  envifagé  cette  femme ,  il  en 
devint  amoureux. 

Envisager  ,  fe  dit  figurément  en  chofes  morales ,  & 
lignifie  j  Conlidérer,  voir  attentivement  ,  &  avec 
réflexion.  J'ai  envifagé  cette  affaire  de  tous  les  cô- 
tés ,  je  doute  qu'elle  puitTe  réufiir.  Les  Sages  ont 
toujours  envifagéh  mort  avec  indifférence.  Pouvez- 
vous  e/zv//l7^er  ma  perte  fans  frayeur.  L'amour-pro- 
pre envifagé  avec  chagrin  tout  ce  qui  peut  relever 
les  autres  au-delfus  de  nous.  Bell.  On  ne  peut  envi- 
fager,  fans  frémir ,  toutes  les  difficultés  qui  rendent 
la  religion  prefqu'inaccelîible.  Nie.  Nous  devrions 
envfager  tomes  les  grandeurs  de  ce  monde  comme 
des  chimères.  S.  EvR.  Nous  envifageons  la  nature 
tout  autrement  que  les  Anciens.  Id.  Pour  former  un 
fystème  régulier,  il  faut  une  certaine  étendue  d'el- 
prit  capable  dUenvifager  plufieurs  chofes  à  la  fois. 
Malherb.  Il  faut  envifagerXa.  mort  fans  émotion, Se 
la  recevoir  fans  trouble.  Boss.  Homère  donne  à  cha- 
cun de  fes  Héros  des  qualités  propres  &  dominan- 
tes qui  le  diftinguent  j  mais ,  malgré  ces  différen- 
ces j  il  leur  lailfe  encore  en  commun  des  qualités 
générales  ;  &  c'eft  par  ce  côté  de  relfemblance  que 
je  les  envifagé  d'.abord.  De  la  Motte. 

Envisagé,   ée.  part. 

ENVITAILLER.  v.  a.  Avitailler.  L'un  &  l'autre  fe  dit 
fur  mer  ,  pour  fournir  de  viduailles  un  vaiireau. 
Munire  conimeatu ,  inflruere  rehus  ad  viclum  neceffa- 
riis.  Plufieurs  prétendent  que  le  premier  ne  fe  dit 
pas  ;  mais  Des  Roches  ,  fur  le  mot  de  viduailles , 
dit  envitaUler  un  vallfeau.  Pomey  le  ditaulli,  avec 
envitaillement.  D'autres  difent  envitaillé.  Un  navire 
envicaillé^  eft  celui  qui  a  fes  vivres  à  bord  j  c'eft-à- 
dire,  ernbarqués. 

ENULE.  f.  f.  Henelium  ,  enula  ,  enula  campana  j 
eft  une  plante  que  d'autres  appellent  année ,  ou 
énule  campane.  C'eft  une  efpèce  d'after.  M.  Tour- 
nefort  la  nomme  Jfter  omnium  maximus.  Le  P. 
Rapin ,  dans  le  premier  livre  de  fes  jardins  ,  l'ap- 
pelle flos  Helendi.  On  prétend  qu'Hélène  fut  la 
première  qui  s'en  fervit  contre  la  morfure  des 
ferpens  Quelques  Poètes  ont  dit  que  cette  plante 
avoit  pris  naiffance  des  larmes  d'Hélène  ,  lorf 
qu'elle  fut  enlevée  d'avec  (on  mari.  Foye\  le 
Traité  des  Drogues  de  M.  Lémery  ,  p.  546.  f^oye-{ 

AuNÉfi. 

ÉNUMÉRATION.  f.  f.  Compte  de  plufieurs  chofes 
dont  on  fait  mention  par  le  menu.  Enumeratio , 
calculas jy  inJuclio.  Je  vous  fais  cette  hiftoire  en 
gros  :  car  il  feroit  trop  long  de  laite  Vénuméradon 
de  toutes  fes  particularités.  Dans  ce  Panégyrique  j 
il  a  fait  une  longue  énumération  de  toutes  les  vertus 
de  fon  Héros,  énumération  n'eft  pas  fi  ufitc  que 
dénombrement,  f^oye-^  Dénombrement. 

§CF  ÉNtJMÉRATioN  eft  aulfi  une  figure  de  Rhéto- 
rique ,  dans  laquelle  l'Orateur  ralfemble  tout  ce 
qu'il  y  a  dans  un  objet  de  plus  capable  d'émou- 
voir &  de  perfuader.  C'eft  ce  qu'on  appelle  Enume- 
ratio partium. 

ENVŒRI.  f.  m.  Animal  qui  approche  du  cerf.  Il 
a  deux  cornes,  ?<  fe  trouve  au  Royaume  de  Congo. 

ENVOI,  f.  m.  Aétion  par  laquelle  on  fait  tranfporter 


£N  V 

une  perfonne  ou  une  chofe  d'un  lieu  à  un  autre. 
Mijjio.  L'envoi  des  Apôtres  par  toute  la  terre  pour 
prêcher  l'Evangile  j  a  été  tait  par  Jesus-Christ 
même.  J'ai  fait  ïenvoi  de  mes  lettres ,  de  mes  pa- 
quets ,  de  mes  bardes  par  la  Pofte  ,  par  les  Melfa- 
gers ,  les  Routiers.  Cette  affaire  eft  prelfée  j  &: 
mérite  bien  ïenvoi  d'un  courrier  extraordinaire. 

IJC?  Envoi,  fe  dit ,  particulièrement  j  des  marchan- 

difes.  Je  vous  ait  fait  deux  envois  de Par  ['envoi 

d'un  tel  jour ,  on  dit  avoir  reçu.... 

Ce  mot  vient  d'inviare  j    d'inviaao ,  qu'il  faut 
tirer  de  in  &  via. 

Envoi,  fe  dit,  auffi,  en  Pocfie  ,  du  dernier  couplet 
d'une  Ballade  ,  ou  d'un  chant  Royal ,  qui  fert  d'a- 
dreife  pour  la  faire  tenir  à  celui  auquel  elle  eft  dé- 
diée j  qui  contient  un  petit  éloge  ou  compliment. 
L'envoi  don  être  délicat  &  ingénieux.  Dans  le  chant 
Royal ,  l'e/zvoidevoit  ordinairement  commencer  par 
Prince  j  parce  que  le  chant  Royal  étant  regardé 
comme  ce  qu'il  y  avoit  de  plus  majeftueux  parmi 
les  petits  pocmes  j  on  vouloit  qu'on  n'en  pût  faire 
l'adreffe  qu'aux  Rois  ;  d'où  vient  qu'on  l'appeloit 
chant  Rtiyal.  Dans  les  vers  que  l'on  fait  encore 
maintenant  pour  le  prix  des  Jeux  floraux  de  Toii- 
loufe ,  du  Puy  ,  de  Rouen  ,  de  Cacn  j  &c.  le  fujec 
du  Chant  Royal  fe  prend  ordinairement  de  la  Fa- 
ble ,  ou  de  quelque  trait  éclatant  de  l'Hiftoire  des 
Héros  ;  &  ['envoi  doit  contenir  l'explication  de  l'al- 
légorie.   P.  MOURGUES. 

Envoi.  Terme  Eccléfiaftique  ,  de  Rubriques  &  de 
Bréviaire.  Leçon  de  Matines  dans  la  Règle  de  S. 
Célaire  :  ailleurs  ,  fin  d'Office  ,  ou  d'Airemblce. 
Chastelain.  Leclio  Officii  matutini  ;  finis  Officii 
EcclefialUci  ;  Cœtûs  j  ou  Conventûs. 

ENVOIE ,  impér.  du  v.  Envoyer.  Terme  de  Marine. 
C'eft  ainfi  que  fur  Mer  on  commande  au  Timonier 
de  poulfer  la  barre  du  gouvernail  pour  mettre  le 
vailfeau  vent  devant. 

ENVOILER.  Terme  de  Serrurerie.  Il  ne  fedit  qu'a- 
vec le  pronom  perfonnel ,  en  parlant  du  fer  à  la 
trempe ,  &  fignifie  fe  courber.  Inflecli ,  curvari. 
On  dit  qu'un  morceau  d'acier  s'envoile  à  la  trempe  ; 
pour  dire  ,  qu'il  fe  courbe.  Les  limes  i'envoilenc 
quelquefois  à  la  trempe. 

EN  VOISERIE.  f.  f.  Vieux  mot.  Gentilleffe. 

On  a  dit ,  auffi  ,  Envoifure  \  pour  dire  ,  Joie  ," 
ébat  ,  divertiirement. 

ENVOISÉ  ,  ÉE.  adj.  Qui  fe  dit  d'un  homme  gai  j  re- 
joui ,  enjoué.  Thibault  ,  Roi  deNav. 

ENVÔISIER.  Vieux  v.  n.  Se  réjouir,  fe  défen- 
nuyer. 

ENVOISINE  ,  ÉE.  adj.  Qui  a  des  voifins.  Vicinis 
infiruclus.  Il  fe  dit  en  bonne  ,  ou  en  mauvaife  part, 
félon  la  qualité  des  voifins.  Cet  homme  eft  bien  , 
eft  mal  envoi/îné.  Il  n'eft  que  du  Style  familier. 

ENVOLER  J  S'ENVOLER,  v.  récip.  S'enfuir  à  tire 
d'ailes.  Les  canards  fentent  la  poudre  de  loin  ,  &C 
renvoient.  Avolant,  aufugiunt.  Les  oifeaux  ne  s'e/2- 
V oient c^ne  parce  qu'ils  font  effarouchés.  Les  oifeaux 
qu'on  trouva  d'abord  en  Amérique  ne  s'envoloient 
point. 

Ce  mot  vient  du  Latin  involare ,  ou  plutôt  de 
avolare  ,  avoler  ^  &  par  euphonie,  anvoUr  ^  en- 
voler. 

Envoler,  fe  dit,  figurément ,°  en  chofes  morales'j 
de  ce  qui  fait  &  difparoît  rapidement.  Il  avoit  de 
belles  efpérances  ;  mais  tout  cela  s'eft  envolé.  Quand 
il  étoit  dans  la  claile ,  fon  efpiit  s  envolait  au  ciel. 

BOUHOURS. 

Avec  rapidité  le  temps  fuit  &  j-'envole. 

Des-Houl. 

Sur  les  ailes  du  temps  la  trifejfe  j'envole. 

La  Fontaine. 

On  dit  ,  proverbialement,  Il  n'y  a  plus  que  le 
nid  ,  les  oifeaux  s'en  font  envolés  ,  quand  on  va 
chercher  des  gens  qu'on  ne  trouve  pas ,  &  fur-tout 


EN  V 

des  banqueroutiers.  On  ditauni  ,  ironiquement,  à 
ceux  qui  ont  manqué  une  capture  j  Ils  font  pris  , 
s'ils  ne  s  envolent. 
ENVOÛTEMENT,  f.. m.  Adion  par  laquelle  on  en- 
voûte, manière  d'en voiiterj  forte  de  maléfice  par 
lequel  on  envoûte.  Le  Praticien  François  appelle 
cela  dtvouement. 
ENVOUTER.  V.  a.  Faire  mourir  quelqu'un  par  le 
moyen  d'une  image  de  cire,  i-^oye-^  Mézerai  dans  la 
Vie  de   Louis  X.  le  Diét.  de  Rochetorc ,  p.  385. 
Thiers  ,  Hijtoire  des  Superjluions  ,  &:  d'Argentré  , 
Eiftoire  de  Bretagne. 
ENVOYÉ,  ÉE.adj.  Mot  qui  fe  trouve  dans  le  vieux 

langage  j  pour  dire  ,  Mis  en  voie. 
ENVOYE,  f.  m.  ou  plutôt  adj.  pris  fubftantivement. 
Homme  député  exprès ,  pour  négocier  quelque  af- 
faire avec  quelque  Prince,  ou  quelque  République. 
Legdtus  ^orator.QQwyiqvii  vont  delà  Gourde  France  à 
Gênes,  vers  les  Princes  d'Allemagne,  &  autres  petits 
Princes ,  ou  Républiques  ,  n'ont  point  la  qualité 
d'Ambalfadeurs ,  mais  de  (impies  Envoyéi.  Il  y 
a  ici  un  Envoyé  de  Colagne  ,  de  Genève  ,  &c.  Les 
f/ivoyw  ordinaires  ,  ou  extraordinaires  ,  jouilfent 
de  la  protedion  du  droit  des  gens  j  &  de  tous  les 
privilèges  des  AmbalFadeurs  ,  excepté  qu'on  ne  leur 
fait  pas  les  mêmes  honneurs.  Wicq.  La  qualité 
à'tnvoyé  extraordinaire  eft  encore  plus  moderne 
que  celle  de  Réhdent.  Id.  Les  Miniftres  qui  ont  été 
revêtus  de  la  qualité  ^'Envoyés  extraordinaires  , 
ont  voulu fefai'feconfidérerprefque comme  desAm- 
balfadeurs.  Autrefois  on  faifoit  honneur  aux  En- 
voyés en  France  ,  &  on  leur  donnoit  les  carrolFes 
du  Roi  &  de  la  Reine  pour  les  conduire  à  l'au- 
dience ;  mais  en  1639,  on  déclara  qu'on  ne  feroit 
plus  honneur  à  cette  forte  de  Miniftres ,  &  on  ne  l'a 
point  fait  depuis.  Le  M.  Juftiniani  eft  le  premier 
qui  ait  eu  la  qualité  à'Envoyé  extraordinire  à  la 
Cour  de  France  depuis  que  les  honneurs  y  ont  été 
réglés.  Il  prétendit  fe  couvrir  en  parlant  au  Roi  , 
ce  qui  lui  fut  refufé.  Le  Roi  déclara  lui-même  j  à 
cette  occafion  ,  qu'il  n'entendoit  point  que  {'Envoyé 
extraordinaire  qui  eft  de  fa  part  à  Vienne  ,  fût  au- 
trement regardé  qu'un  Réiidenc  ordinaire  \  c'eft 
pourquoi  on  traite  de  la  même  manière  ces  deux 
efpèces  de  Miniftres  depuis  ce  temps-là. 

On  appelle  la  femme  d'un  Envoyé  j  Envoyée. 
U Envoyée  de  Gênes. 
ENVOYER.  V.  a.  Dépêcher  quelqu'un  vers  quelque 
lieu  pour  y  faire  un  meftagCj  ou  pour  quelque  au- 
tre objet  :  donner  ordre  qu'une  perfonne  aille  en 
un  certain  lieu.  Mktere  j  /égare.  Dieu  a  enyoyé 
l'Ange  Gabriel  à  la  Vierge ,  pour  lui  annoncer  le 
Myftère  de  l'Incarnation.  Dieu  a  envoyé  [on  Fils  en 
terre  ,  pour  racheter  le  genre  humain  ;  il  a  envoyé 
annoncer  fa  parole  aux  Gentils.  On  dit,  au  futur  de 
l'indicatif,  ]  enverrai ,  &  à  l'imparfait  du  fubjonc- 
tif ,  ïenverrois.  Il  n'y  a  pas  long  -  temps  qu'on  écri- 
voit ,  ]envoyerai  &c  ]envoyerois.  Je  ne  fai ,  dit 
Corneille  dans  fes  Remarques ,  Ci  la  prononciation 
as  ]  enverrai  eft  reçue  de  tout  le  monde;  mais  je 
voudrois  toujours  écrire  )'envoyerai.  Ce  n'eft  plus 
une  queftion  aujourd'hui.  L'on  écrit  &  l'on  prononce 
]  enverrai  &  Renverrais,  i' enverrai  eft  plus  en  ufage. 
Refl.  Maintenant  tout  le  monde  prononce  ]'enver- 
rai ,  &  la  plupart  de  ceux  qui  écrivent  bien^i'écri- 
vent  point  autrement.  L'ufage  général  veut  que 
l'on  prononce  le  futur  &  le  conditionnel  préfent 
à' envoyer^  comme  j'enverrai ,  ]  enverrais  -^  Se  nous 
l'avons  écrit  de  même  ,  quoiqu'on  life  encore  dans 
plufieurs  bons  Auteurs  ,  ]'envoyerai  ,'fenvnyerois. 
M.  Reftaut  dans  fa  Gram.  Eranç.  Le  P.  Buffier  eft 
du  même  fentiment  dans  la  fieiine. 

Ce  mot ,  félon  Ménage  ,  vient  de  inviare  ;  c'eft- 
à-dite  ,  in  viam  mittere  ,  qui  fe  trouve  dans  Solin. 
On  dit ,  en  ce  fens ,  qu'un  Prince  a  envoyé  un 
courtier,  un  Amballadeur  extraordinaire  ,  pour  féli- 
citât un  Prince  étranger.  Cet  homme  m'a  envoyé 
faite  un  étrange  compliment.  Le  Grand  Seigr 
envoie  à  un  Bafta  luidemanderfa  tête. 


£  N  Y    E  o  L 


-/éj 


Envoyer,  fignifie,  aulîî  ^  Faire  tranfporter  des  mar 
chandifes  ou  autre  chofe  d'un  Heu  à  un  autre.  Ce 
Marchand  a  envoyé  un  vaifleau  aux  Indes.  Il  a 
mieux  aimé  envoyer  par  terre  que  par  mer.  Il  lui  a 
envoyé  fon  argent  par  lettres  de  change.  Il  lui  a  en- 
voyé_  un  beau  préfent  pour  étrennes.  En  Termes  de 
Marine  ,  on  dit ,  on  a  f/2voye  deux  volées  de  canon 
à  ce  vailfeau  pour  le  faire  venir  à  bord.  Envoyer  , 
ou  donner  une  bordée  \  c'eft  ,  Tirer  tout  le  canon 
qui  eft  à  un  côté  du  vailfeau. 

Envoyer,  fe  dit  aufli  des  vapeurs  qui  s'élèvent. 
Le  bas  ventre  envoie  des  vapeurs  au  cerveau. 

Envoyer,  fe  dit  en  choies  Morales.  Dieu  nous 
envoie  des  grâces  &  des  infpirations.  On  le  dit  de 
toutes  les  chofes  qui  nous  viennent  de  Dieu.  Dieu 
nous  e«vo/e  la  pluie  j  le  beau  temps,  une  bonne 
année...  Les  aftliétions  que  le  Ciel  nous  envoie , 
c'eft  pour  éprouver  notre  patience. 

On  dit  ,  proverbialement  ,  Envoyer  en  l'autre 
monde  \  pour  dire  ,  Faire  mourir.  Ac.  Fr. 

Envoyé  ,  ee.  part.  MiJJ'us  ,  immi^us  j  mandatas ,  le- 
gatus. 

E  N  Y. 

ENYALIUS.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom  de 
faux  Dieux.  Enyalius.  Hiftixus  de  Milet  j  ancien 
Auteur  Grec  j  qui  avoir  écrit  l'Hiftoire  de  la  Phc- 
nicie  ,  difoit,  au  rapport  de  Jofephe  ,  que  certains 
Prêtres  avoient  porté  les  facrifices  de  Jupiter  Enya- 
lius dans  la  campagne  de  Sennaar  ;  c'eft-à-dire  , 
dans  la  partie  de  la  Nléfopotamie  qui  eft  la  plus  pro- 
che'du  conriuentdel'Eiiphrate  Se  du  Tigre.  Vollius, 
De  Idol.  arig.  &  prog.L.  I.  C.  16  ,  croit  que  Ju- 
piter f/iy^j/zi/j  eft  Mars,  &  que  ce  Mars  des  Alfy- 
riens  ,  ou  Babyloniens,  n'eft  autre  que  Nemrod.  On 
convient,en  eftet,  alFez  communémentjqu'£'«jd//aj- 
eft  un  furnom  deMars.Macrobeledit  pofitivemenr, 
3c  les  Poètes  ,  à  l'exemple  d'Homère,  lui  donnent 
cette  épithète.  D'autres  difent  a^\x  Enyalius  eft  le 
hls  d'Ènyo ,  ou  de  Bellone  ,  £»»5?  ùiof.  Cependant 
Denis  d'HalicarnalFe,  qui  dans  fon  fécond  Livre, 
dit  (\\xEnyaUus  chez  les  Sabins  ,  étoit  le  même  que 
Quirin ,  ajoute  ,  qu'on  ne  fait  pas  bien  au  vrai  fi 
Enyalius  eft  M.ars  ,  ou  quelque  autre  Divinité  égale 
à  Mars  en  puiftance  &  en  honneur  ;  qu'à  la  vérité 
il  en  eft  qui  difent  qviEnyalius  eft  le  Dieu  qui  pré- 
fide  à  la  guerre  Se  aux  armes  ;  mais  que  d'autres 
les  (liftinguent.  Faye-{  Enyo  ,  d'où  ce  mot  vient. 

ENYO.  f.  f.  Bellone,  Déeife  de  la  guerre,  chez  les 
anciens  Gtecs  &  Romains.  Enyo.  Héfychius  die 
c{\\Enyo  eft  une  Déelle  guerrière ,  &  qu'il  fignihe 
aulli  combat.  Les  Poètes  varient  fort  fur  l'état  &  la 
condition  A'Enya.  Les  uns  la  font  mère  de  A-lars. 
D'autres  difent  qu'elle  fut  fa  nourrice  ;  d'autrcq 
veulent  qu'elle  fût  fa  fœur  ,  &  d'autres,  fa  femme  « 
quelques-uns ,  fa  cochère.  Quoi  qu'il  en  foit ,  c'eft 
d'elle  ,  à  ce  qu'on  prétend  ,  qu'il  portoit  le  furnom 
à' Enyalius.  Héfychius  dit  qu'on  repréfentoit  le  vi- 
faged'£/2>'0,  comme  celui  de  l'Eftroi,  delà  Conten- 
tion,&c.  c'eft-à-dire,  agitée  de  ces  pallions  différen- 
tes. Faye:[  Bellone  ,  &  V'igenèze /ur  Tite  -  Live  , 
T.I.pag.74,S.      _  _        _ 

Cet  Auteur  croit  que  ce  mot  t»"*  vient  de  hi'v-rtc 
S-vficv  Ku)  à>ix.liy  Ttiç  ^xx.i>fii"iç.  Celle  qui  infpire  du  cou- 
rage &  de  la  force  dans  les  combats. 

ENYVREMENT.  Foye^  ENIVREMENT. 

ENYVRER.  Foye^ENlVRER. 

E  O  L. 

EOES.  f.  m.  pi.  On  difoit ,  autrefois  ,  Eoes  ,  pour 
Œufs. 

g:T  ÉOLE.  f  m.  Terme  de  Mythologïs.  ^olus.  Éole  ^ 
Dieu  des  vents,  fils  d'Hippotas,  ou,  félon  d'autres, 
de  Jupiter ,  étoit  Roi  des  îles/de  Vulcain  ,  qui  furent 
depuis  appelées  de  fon  nom  Èoliennes,  aujourd'hui 
les  îles  de  Lipari.  Ce  fut  lui,  dit  Diodore,  qui  in- 
venta l'art  de  fefcrvir  des  voiles  dans  la  navigation. 
Str.ibon  dit  que  par  le  Hux  S<  le  réflux  des  eaux  ,  il 


E  O  L 


it  «Je  la  nature  du  vent  qui  devoit  régner  bien-|  _  jàlapénulcicme,  £'o///7)/e,  comme  f:iic  l'Académie, 
près  j  Se  qu'ainlî  ,  il  prelidoitles  tempêtes  :  ce   EON.  1.  m.  Nom  propre  d'homme  ,  qui  etl  le  même 


76g 
jugeoit 

loz  après  j  Cic  q 

-qui  fît  croire  au  vulgaire  ignorant  qu  ilétoit  le  Dieu 
-     des  vents  ,  qu'il   tenoit  enchaînes  dans  un  antre 
profond. 

^f3'  ÈoLE ,  Etoit  Aftronome ,  &  avoitquelque  connoif- 
fance  des  vents ,  qu'il  prédifoit  en  obrervant  le 
cours  des  nuées  &:  de  la  tumie  qui  lortoit  de  IMle 
de  Vulcain.  Ses  avis  ne  lurent  point  inutiles  à 
Ulilîe,  qui  le  conlulta  en  pailanc,  &  qui  apprit 
<le  lui  les  vents  qui  dévoient  régner  pendant  Ion 

■  voyage.  Homère  a  donné  à  cette  vérité  un  tour 
fabuleux  ,  mais  fort  ingénieux.  Il  feint  que  cet  Eole 
étoit  le  Roi  des  lUcs  Eoliennes ,  qu'il  tenoit  les  vents 
dans  des  cachots,  &qu\m  jour  il  les  enferma  tous 
dans  une  outre,  dont  il  ht  prélent  à  UlilTe. 

ÉOLIE,  ou  EOLIDE.  f-^oye^  ^OLIE.  Néanmoins, 
tant  de  gens  écrivent  aujourd'hui  Eolie ,  qu'on  peut 
dire  que  c'elt  l'ufage. 

ÉOLIEN  ,  ENN£.  f.  m.  Se  f.  Nom  de  peuple.  Foye^ 
Julien. 

ÉoLiEN.  adj.  m.  Terme  de  Grammaire.  Dialedle  de  la 
langue  Grecque,  ^olkus.  Il  a  été  d'abord  en  uiage 
dans  la  Béotie  ,  d'où  il  a  palFé  dans  l'Eolie,  Pro- 
vince de  l'Afie  Mineure.  Sapho  &  Alcée  ont  écrit 
dans  ce  dialeéle.  On.  le  trouve  mêlé  dans  quelques 
pièces  de  Théocrite  j  &  fur-tout  dans  Pindare.  Le 
Du\QC.Eolien  rejette  fur-tout  l'accent  rude  &  âpre. 
Il  convient  en  tant  de  chofes  avec  le  Dorique ,  que 
l'on  n'en  fait  qu'un  feul  Dialeéle. 

EoLiEN.  Terme  de  Muhque.  Ceft  le  nom  qu  on  donne 
à  un  des  modes  de  la  Mufique.  Le  mode  Eolicri  elt 
propre  pour  les  vers  Lyriques ,  il  a  de  la  douceur 
&  de  la  gravité  :  ceft  le  fol  de  G  re  fol  ut.  Le  mode 
fous  -Eoiien  ,  fub  -  ^olius  ,  fub  -  jjEolkus  ,  hypo- 
^ol'ms  ,  a  les  mêmes  effets  que  le  mode  Eoiien  j 
c  ell  le  re  De  fol  re.  Il  commence  un  diateifaron 
plus  bas  que  fon  mode  naturel  authentique.  Bros- 
SARD.  Dicl.  de  Alufique. 

EOLIENNES.  Ifles.  Foye^  EOLIENNES. 

liCJ"  EOLIPILE.  f.  m.  Terme  de  Phyiique.  Machine  de 
cuivre  faite  en  forme  de  poire  creufe  ,  &  terminée 
par  un  tuyau  fort  étroit  qui  lui  tient  lieu  de  queue. 
Lotfqu\in  veut  le  remplir  de  quelque  liqueur ,  on 
le  met  fur  des  charbons  ardens  j  &  on  le  retire 
avant  qu'il  foit  rouge.  On  met  enfuite  l'extrémité 
de  fa  queue  dans  la  liqueur  que  l'on  veut  y  faire 
entrer  ;  on  jette  en  même  temps  de  l'eau  froide  fur 
le  corps  de  Vcolipile ,  Se  on  en  remplit ,  fans  peine , 
moins  les  deux  tiers  de  fa  capacité. 

$C7  Les  corpufcules  de  feu  qui  le  font  infinués 

"  dans  le  corps  de  cette  boule  ,  ont  divifé  l'air  inté- 
rieur ik  chalfé  ,  en  partie  ,  par  le  petit  tuyau  de  la 
queue.  Le  peu  d'air  qui  refte  a  été  condenfé  par 
l'eau  froide  que  l'on  a  jetée  fur  le  corps  de  la  ma 
chine.  La  liqueur  prefTée  par  l'air  extérieur  trouvant 
peu  d'obftacle  dans  la  capacité  de  Xéolipiie  ,  doit! 

rem 

rempli  d'efprit  de  vin  ,  la  liqueur  fera  chaflee  en 
forme  de  jet  j  parce  que  Véûtipile  continuant  tou- 
jours à  s'échauffer  ,  la  liqueur  fe  dilate  :  dilatée  , 
elle  cherche  à  s'étendre.  Elle  eft  donc  forcée  de 
fortir  par  le  petit  tuyau  en  forme  de  jet  j  &  de  s'é- 
lever .quelquefois  ,  jufqu'à  25  pieds.  On  rend  le 
fpedtacle  plus  amufant ,  fi  l'on  préfente  au-delTous 
de  la  naiffance  du  jet ,  une  bougie  allumée.  Car 
alors  la  liqueur  s'enflammera ,  &  formera  un  Jet 
de  feu. 

Ceft  par  la  comparaifon  de  ces  éolipiles ,  que 
Defcartes  explique  la  caufe  naturelle  des  vents.  Ce 
nom  lui  a  été  donné  à  caufe  du  Dieu  JEolus  ,  que 
les  Poètes  ont  regardé  comme  le  Dieu  des  vents. 
^oli  pila  ,  eft  une  boule  du  Dieu  Eole  ,  ime  boule 
de  vent  j  qui  eft  pleine  de  venr,  qui  fert  a  expli- 
quer la  nature  &  les  effets  du  vent. 

Ce  mot  vient  plutôt  du  Grec  f^' icxc^xlxai ,  qui  /îg- 
nifîe ,  portes  d'Eole  ,  ou  du  vent  ;  d"A'UM;Eole,  &c  de 
niAi,  j  porte  ■  ^  en  ce  cas  j  il  faut  l'écrire  avec  un 


EON     E  P  A 


que  Eudes ,  ou  Odon.  Eudo ,  Ouo.  Rarement 
néanmoins ,  on  a  dit  Eon  pour  Eudes ,  &  pour 
Odon.  Eon  ,  ou  Eudes  de  l'Etoile  ,  Gentilhomme 
Breton  J  qui  vivoit  dans  le  Xlle  fiècle  ;  il  étoit  It 
ignotant  j  qu'ayant  entendu  chanter  à  l'Eglife  ces 
paroles  qui  fe  dilent  dans  les  Exorcifmes,  J-^er  eum^ 
qulventurus  ejt  judicure  vivos  ùf  mortuos  y  il  s'ima- 
gina qu'il  étoit  cet  Eon  ,  fie  le  Prophète  ,  *<:  fe  mit 
à  dûgmatiier.  Le  Concile  de  Rheims  de  l'an  11 48. 
le  fie  mettre  en  prifon  comme  un  fou  j  &  il  mourut 
peu  après.  P^oye^  Baronius  &c  Ion  Abtcviateur,  à 
l'an  1 14S. 

ÉON ,  ou  EONE.  f.  m.  Nom  Grec  j  qui  fignifie  fiècle, 
&  que  Valentin ,  Héréfiarque  du  fécond  fiècle ,  don- 
noit  à  fon  Dieuj  &:  à  toutes  les  produétions  de  fosi 
Diêu.  yEon.  Valentin ,  raffinant  fur  ceux  qui  l'a- 
voient  précédé,  déduifoit  une  longue  généalogie 
de  plulieurs  Eones ,  ou  ^onesj  car  il  les  nommoit 
ainh ,  abufant  d'un  nom  qui  fe  trouve  fouvent  dans 
l'Ecriture,  &  ne  fignifie  que  le  fiècle  :  mais  il  en 
failoit  des  peifonnes.  Fleury.  Valentin  admettoit 
trente  Eones.  Il  nommoit  le  premier  &  le  plus  p3.v- 
i'j.ït  ,nftii»  Proonj  c'eft-à-dire,  Préexifiant.  Il  lui 
donnoir  encore  plufieurs  noms,  mais  plus  ordinai- 
rement celui  de  Bythosj  iv%;^  profondeur.  Il  étoit 
feul  avec  E"v»a;i» ,  Ennoea ,  Penfée  ,  que  Valcntia 
nommoit  auffi  Charis ,  x«f(j  ^  grâce j  ou  Sige,  2;<y»  , 
Silence.  Bythos  avec  Sige  produific  Nous  ^^t ,  l'En- 
tendement, ScAletherie,  a'a^tsi*  ,  la  Vérité  fa  lœur. 
Nous ,  engendra  deux  Eones ^  Logos ,  Aiya; ,  le  Fér- 
ié j  ik  Zoéj  z«i,  la  Fie;  &c  ces  deux  en  produifi- 
rent  deux  autres  Anthropos jA"tTfUTTiis,YHomme,  ÔC 
EVKAijs-i'«,  XEgiife.  Ces  huit  Eor.s  étoient  les  princi- 
paux de  tous.  Le  Verbe,  AoV«î,  &:  la  Vie,  Zoe ^ 
avoient  produits  dix  autres  Eons.  L'Homme  &  l'E- 
glife en  avoient  produit  douze ,  entre  lefquels 
ccoientle  Parader,  la  Foij  l'Efpérance,  la  Charité, 
le  Parfait,  Tî/et-,;?,  ^-  b  Sagefie,  20?/«.  Voil.iles  rrente 
Eons  qui,  tous  enfemblcj  taifoient  le  Pieromny 
Tix^(ii:u.a  ,  ou  Plénitude  invifible  &  fpirituelle.  Ces 
trente  Eons  croient  figurés,  difoient  les  Valenti- 
niens,  par  les  trente  années  de  la  vie  cachée  du 
Sauveur.  M.  l'Abbé  FleUry  écrit  Eone^  Se  au  plu- 
riel, Eones.  Nous  croyons  qu'il  faut  dire  Eon  Sc 
Eons. 

EON.  Foye^  JEON. 

EORDÉE.  Ancienne  ville  de  Macédoine ,  dans  la 
Migdonie.  Eord&a.  Elle  étoit  proche  du  deuve  nom- 
mé alors  Axius,  à  préfent  Vardari;  Si.  elle  donnoit 
fo'n  nom  à  la  région  qui  l'environnoit,  qui  s'appe- 
loit  aulli  Eordée.,  Eordxii.  Il  y  avoir  deux  contrées 
du  même  nom  dans  la  Migdonie,  une  troifième  en 
Ibérie  ,  &  une  quatrième  en  Thrace,  qui  avoir  pris 
fon  nom  d'un  certain  Eordtis ,  dont  l'Hiftoire  ne 
nous  apprend  rien  autre  chofe. 


c  y  entrer  par  l'extrémité  de  la  queue.  Si  l'on  •  ÉO't^îES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Fête  établie 
let  {'corcpile  fur  le  brafier  ardent,   lorfqn'il  ell,,      à  Athènes  en  l'Iuinneur  d'Erigone,  fille  d'Icare,  fur 


ce  que  cette  fille  j  qui  fe  pendit  de  défefpoir,  avoit 
prié  les  Dieux  de  faire  périr  de  la  même  forte  les 
filles  des  Athéniens,  s'ils  ne  vengeoient  pas  la  mort 
de  fon  Père.  Pliheurs  filles  en  effet  fe  pendirent, 
dit-on  ,  dr.ns  le  défe.'poir  d'un  amour  m.-.!h,'ureux. 
Apollon  confulté  là  de/lus  ordonna  rétablilfement 
de  c -tte  fête,  pour  apnaifer  les  mânes  d'Erigone. 

ÉORTOLOGIE.  rojeTHÉORTOIOGIE. 

ÉOUS.  f  m.  Terme  de  Mythologie.  Eoils.  Ceft  le 
nom  qu'Ovide  j  dans  le  II.  Livre  de  fes  Métamorp. 
V.  153.  donne  à  l'un  des  chevaux  du  Soleil.  Ce 
nom,  qui  eft  Grec,  &  qui  vient  d'H»,  AuroteS: 
Orient,  fignifie  oriental. 

É  P  A. 

ÉPACTAL.  adj.  De  l'épate.  On_  trouve  deux  fois 
nomhxe  épaâal.  Se  une  fois  nomhzes  épaclaux,  dans 
le  V^  Tome  du  ''^our  &  Contre. 

ÉPACTE.  f.  f.    Terme  de  Compuc  Eccléfiaftique. 


EP  A 

Ep&cîa„  C'eft  !a  différence  de  l'année  commune 
lunaiie,  qui  n'ell  que  de  554  jours,  d'avec  l'année 
commune  l'olaire  qui  elt  de  565  jours.  Cette  dirié- 
rence  fait  que  les  nouvelles  lunes  reculent  tous  les 
ans  d'onze  jours ,  ce  qui  hut  que  ['hfade  augmente 
de  1 1  chaque  année  j  ôc  quand  le  nombre  palle 
30,  le  furplus  elt  Vt pacte.  On  trouve  1  âge  de  la 
lune,  à  un,  &:  quelqueiois  à  deux  jours  près,  en 
ajoutant  {'Hpacic  de  l'année  au  nombre  des  jouis 
du  mois  où  l'on  elt,  &  au  nombre  des  mois  écoulés 
depuis  celui  de  Mars,  en  obfervant  auili  de  retran- 
cher 50  jours,  quand  ces  trois  lommes  ajoutées 
enfemble  vont  au-delà.  Ainii  au  18  de  Juillet  de, 
i'année  1701  on  compta  le  23  de  la  Lune,  parceque 
nous  avons  eu  i  à'Epacie  qui ,  joint  aux  li,  jours  du 
mois  &  aux  4  mois,  depuis  le  mois  de  Mars,  font 
25  jours.  UEpacic  augmente  tous  les  ans  de  1 1  jourç. 
Par  conféquent  nous  avons  eu  iz  A'Epacte  en  1703 
puilque  nous  avons  eu  1  en  I70z:mais  li  nous 
avions  eu  \<j  à'Epacie  ^  l'année  lui  vante  on  n'auroit 
pas  compté  38  ,  en  y  ajoutant  1 1  ÏEpacle  feroit  *  j 
c'ell  à-dire,  qu'on  prendroit  cette  année-là  l'altéril- 
que,  que  ïtpacle  feroit  nulle  j  qui!  n'y  en  auroit 
pas  cette  année-là,  &  que  la  Lune  tomberoit  au  1  de 
Janvier.  Remarquez  que  les  Epacies  n'augmentent 
cliaque  année  que  de  1  z  ,  à  la  réferve  de  l'année  qui 
fuit  celle  où  finit  le  nombre  d'or,  où  l'on  ajoute  iz 
à  la  vieille  tpacle  j  pour  taire  celle  de  ladite  année  : 
te  qui  n'arrive  que  de  19  ans  en  19  ans,  &  que  l'on 
a  vu  aux  années  lyij/j  174^  &  1767  :  S>c  que  l'on 
verra  aux  années  1786,  l'^o^,  &c.  En  1700  on 
auroit  dû  compter  11  à'Epacte^  en  joignant  iz  à 
%}  ■  mais  parce  que  cette  annèe-là  n'a  point  été 
bilîextile,  on  n'a  compté  que  10  à! Epacle,  zi  en  1701 
&  î  en  I70Z.  Le  Cycle  des  Epacies  eft  de  30  années; 
c'eft-à-dire ,  qu'après  30  ans  écoulés,  à  la  3 1"^  année 
les  Epacies  reviennent  telles  qu'elles  étoient  à  la 
première  de  ces  30  années  palTées ,  &  que  leurs 
cours  recommence  pour  30  ans,  le  même  que  dans 
les  30  années  précédentes. 

Dans  tout  le  cours  de  ce  Cycle  ,  poUr  avoir  l'épo- 
que d'une  année  donnée,  tant  billëxtile  que  com- 
mune ,  il  ne  faut  jamais  ajouter  que  1 1  à  ÏEpacle 
de  l'année  précédente.  Les  Epacies  commencent 
l'onzième  des  Calendes  d'Avril ,  ouïe  11  de  Mars. 
Denis  le  Petit,  Ifidore,  Clavius,  Scaliger  &  Gaf- 
fendi  ont  écrit  amplement  des  Epacies.  f^oyei 
aulTî  les  Traités  du  Calendrier  Romain  par  M.  Blon- 
de! &  M.  Ozanam ,  &c. 

Au  VIIF  liècle  la  coutume  s'indroduifit  de  mar- 
quer VEpacle  dans  les  dates.  D'abord  il  n'y  eut  que 
des  particuliers  qui  le  firent,  pour  marquer  plus 
particulièrement  &  plusfctupuleufement  les  temps; 
enfuite  cet  ufage  palTa  dans  les  aétes  publics  j  & 
enfin  dans  les  bulles  des  Papes.  Le  premier  exemple 
que  le  P.  Mabillon  en  ait  ciré  ,  eft  de  l'an  855.  Le  P. 
Labbe,  &  après  lui  le  P.  Pa:pbroch,  en  rapportent 
un  de  l'an  737.  l^oye\  les  Acla  SS.  du  mois  de 
Mai ,  T.  Fil.  Parai,  ad  Conac.  in  Catai.  PontiJ. 
Diff.XXr.p.èo. 

Ce  mot  vient  du  Grec  l^âyv  ,  induco ,  intercala. 
ÉPAGNEUL,  EULE.  f.  m.  &  f.  Canis  Hifpanicus  cirra- 
tus ,  benè  auritus.  Sorte  de  chien  de  chalTe  &  de 
chambre,  qui  a  du  poil  un  peu  long,  tantôt  blanc 
varié  de  noir,  tantôt  de  roux  &  de  tané,  &  qui 
a  la  queue  épailTe  &  touffue.  Les  ChalTeurs  s'en 
fervent  pour  la  caille  &  la  perdrix.  Dans  Fouilloux 
&  Rabelais  on  trouve  ces  chiens  nommés  efpa^nols, 
parce  qu'ils  viennent  d'Efpagne;  comme  en  revan- 
che les  Efpagnols  ont  nommé  Galgo  un  lévrier , 
parce  que  la  race  leur  en  eft  venue  de  France.  Men. 
Nicot  l'appelle  aulTi  efpagnol.  Petit  épagneul.  Belle 
épagneule. 
ÉPAGOMÉNES.  adj.  pi.  Terme  de  Chronologie. 
Epagomenus  Les  Egyptiens ,  les  Chaldéens,  qui  fui- 
voient  l'année  de  Nabonalfarj  la  partageoient  en 
11  mois  égaux ,  de  30  jours  chacun  :  mais  parce  que 
iz  fois  30  ne  font  que  560,  &  que  le  Soleil  em 
ploie  365  jours  à  parcourir  fon  orbite^  après  leur 


.    EP  A  j6j 

douzième  mois,  ils  ajoutoient  5  jours  qu'ils  appe- 
loient  epagomenes. 

Ce  mot  nous  eft  venu  des  Aftronomes  Grecs  , 
qui  ont  appelé  ces  5  jours  cpagomcncs ;  c'eft-à-dire  ■   ' 

,   ajoutés  ,jur-ajûutes  ,àQi-^>  Juper ,  &c«y»,  duco. 

EPAGON.  f.  m.  En  termes  de  Mécanique,  eft  la 
troihème    mouHe  de    Polyfpafte.   Les  Grecs  l'ont 

,    appelé  iw«y*» ,  iSc  les  Latins  ^  artemon. 

EPAGRIS.  C'eft  le  nom  d'une  des  Cyclades  qu'Ariftote 
appelle  Hydrullè  ;  c'eft-à-dire,  aqueufe  ,  à  caufede 
1  abondance  des  eaux  qui  s'y  trouvent.  Epaaris. 
HydruJJa.  Pline,  L.  IF.  C.  11.  /  a,      . 

fC?  EP  AILLER.  V.  a.  Terme  ufité  dans  quelques  Arts. 
C'eft  enlever  avec  l'échoppe  toutes  les  faletés  quî. 
fe  trouvent  dans  l'otj  pour  lui  donner  plus  facile- 
ment le  poli. 

ÉPAIS  ,  AissE.  adj.  On  ccrivoit  &  on  prononcoit 
autrelois  épais.  Terme  relatif  à  la  dimenlion  ,  fe'dit 
d'un  corps  folide  confidéré  par  rapport  à  fa  profon- 
deur. Une  chofe  eft  grojje  par  la  quantité  de  fa 
circonférence  :  elle  eft  épailjé  par  une  de  fes  dimen- 
fions.  Un  arbre  eft  gros.  Une  planche  eft  épaijjé.  Un 
rempart  doit  être  épais,  de  zo  toifes,  pour  réfifter 
au  canon.  Le  verre  trop  épais  n'eft  pas  bon  pour 
certains  ulages.  Un  livre  eft  épais,  quand  il  eft 
compofé  d'un  grand  nombre  de  feuillets,  eu  égard 
à  Ion  format.  On  a  de  la  peine  à  percer  ce  qui  eft 
épais.  Crajjus.  Son  oppolé  eft  nûnce. 

Il  eft  quelquefois  lubftantif,  &  fignifie  épaijjeur,- 
Une  pierre  qui  a  deux  piedi  à'ipais.  Il  a  bien  neigé, 
il  y  a  de  la  neige  deux  pieds  à'cpais.  On  dit  hyper- 
boliquement ,  qu'une  femme  a  du  rouge  deux 
doigts  d'épais  j  pour  dire  ,  qu'elle  a  beaucoup  de 
rouge. 

IJC?  Epais,  fe  dit  encore  relativement  à  la  confif- 
tance ,  en  parlant  d'une  chofe  liquide  qui  prend 
une  conliftance  moins  claire.  DenJ'us.  Dans  ce  fens 
on  dit  :  voilà  un  vin  trop  épais.  Ce  firop  eft  trop 
épais.  Concretum.  On  dit  dans  le  même  fens  brouil- 
lard épais  ,  nuée  épaijfe  j  ténèbres  épaijjes. 

On  le  dit  au  propre  &  au  figuré.  On  dit  au  pro- 
pre un  homme  épais ,  par  oppofition  à  délié.  Une 
taille  épaijj'e.  On  dit  dans  le  même  fens  un  cheval 
épais  ,  par  oppolition  à  fin. 

On  dit  au  figuré  un  homme  épais,  un  efprit  épais ^ 
hcbes 3  ohtufus ,  efprit  grolîier,  qui  a  de  la  peine  à 
comprendre  :  une  mâchoire  épai{je ,  un  homme  qui 
s'exprime  fans  finelTe  &  fans  délicatelfe.  Le  monde 
étoit  plongé  dans  les  épaijjes  ténèbres  de  l'idolâtrie 
avant  l'incarnation. 

0CF  Epais  ,  fe  dit  encore  relativement  au  nombre  8c 
à  la  pofition  des  chofes  placées  les  unes  auprès  des 
autres.  SpiJJus,  denfus.  Dans  ce  fens  on  dit  à  la 
guerre  bataillons  épais,  gros  &  ferrés.  Conjertus.  On 
dit  encore  que  les  bêtes  farouches  fe  retirent  dans 
le  plus  épais  des  forets  ,  dcnfjjlma  fylvarurn  :  l'en- 
droit le  plus  garni ,  le  pk's  touffu.  On  dit  dans 
le  même  fens  que  l'herbe  eft  épaijfe  ,  que  les  bleds 
font  épais  ,  qu'un  bois  eft  éra:s. 

Dans  ce  fens  il  eft  quelquefois  adverbe-  Il  ne 
faut  pas  femer  ces  graines  fi  épais.  Ces  blés  font  fe- 
més  trop  épais. 

§3°  Âlaroc  a  dit  ejpès  ,  efpejje  ,  pour  épais  j, 
épaijfe. 

De  l'encre  efpeffe  &  fore  ohfcure.. 

UCTEPAISSEUR.  f  f  Profondeur  d'un  corps  folide, 
h'épaijfeur  d'un  mur.  Cette  poutre  n'a  pas  alfcz  d'/- 
paiff'eur.  Crajjitudo. 

ifT  On  dit  en  jardinage ,  Couper  une  branche 
à  YépaiJJeur  d'un  écu. 

0C7"  Epaisseur  ,  fe  dit  auiïi  relativement  à  la  confif- 
tance.  L'épaiff'eur  de  l'air ,  des  brouillards.  Denfncis. 
On  le  dit  aufli  des  ténèbres  j  Xépaijféur  des  ténè- 
bres. 

fp"On  dit  auffi  Xépaiffeur  d'une  foret,  l'endroit 
où  les  arbres  font  plus  ferrés,  plus  près  à  près. 

ÉPAISSIR,  v.  a.  Rendre  épais ,  donner  de  la  confif- 


-68  E  P  A 

tance.  Ccndenfare  y  confiringere  j  cogère.  Il  faMt 
cpaijfv  ce  fuop ,  Is  laiirer  cuire  davantage.  Les  va- 
peurs épaiUllJi'ic  l'air. 
^Épaissir.  Il  ell  encore  neutre  &  fignilie,  Devenir 
épais.  Lqs  (zailes  épaiffiJh'U  en  refioidilTanc.  Con- 
crefcere.  Il  ell  aulli  réciproque.  L'air  s'apaijjîr.  On 
dit  aulli  que  la  taille  d'une  femme  s'cpaij/ù ,  pour 
dire  ,  qu'elle  grollit.  Ac.  Fr. 

Épaissir,  le  prend  aulîi  hgurcment  par  rapport  à 
i'efpnr.  La  nature,  qui  fe  joue  par-tout,  forme 
quelquefois  des  hommes  à  fa  fantaifie  j  elle  les 
epailju  ou  les  raffine  indépendamment  du  climat. 
Son  efprit  sépaijfu. 

Epaissi  ,  ie.  part. 

EPAISSISSEMENT.  f.  m.  Condenfation.  Concreûo ^ 
condenfado  ,  fpijjdmcntum.  Ce  mot  ne  fe  dit  p.as 
des  chofes  fermes  6c  folides ,  mais  feulement  de 
celles  qui  peuvent  fe  ferrer  &  fe  condenfer.  L'e- 
paijjijfement  du  fang  fait  redoubler  l'effort  &  les 
vibrations  des  arrêtes.  • 

Ip"  On  le  dit  particulièrement  en  Médecine  des 
humeurs  du  corps  humain  qui  ont  trop  de  confif- 
tance. 

Il  fignifie  auflî ,  L'état  de  ce  qui  eft  épaiflî.  Vé- 
pai(Jï[Jemcnt  de  la  langue. 

ÊPAMPREMENT.  f.  m.  L'adion  d'épamprer  la  vi- 
gne. 

ÉPAMPRER.  V.  a.  Il  ne  fe  dit  que  de  la  vigne.  C'eft 
retrancher  les  pampres  inutiles  qui  empêchent  l'ac- 
tion du  foleil  fur  les  grappes ,  &  retardent  par  là 
la  maturité  du  raifin.  Pamplnare. 
EPANADIPLOSE  ,  ou  ÉPANALEPSE  ,  efpèce  de 
figure,  qui  confille  à  placer  à  la  fin  d'une  propofi- 
tion  le  même  mot  par  lequel  elle  commence. 

^,72^0  jlorentes  dtatibus  ^  Arcades  ambo. 

ÉPANCHEMENT.  f.  f.  EfFufion  de  quelque  liqueur. 

Effujlo  y  Les  libations  anciennes  le  faifoient  par 

Yépanchenient  du  vin  &  de  l'huile.   La  Chamb. 
(fT  En  médecine  ce  mot  eft  fynonyme  à  efïu- 

fion  ,  extravafacion.   Epanchemcnt  de  la  bile  par 

tout  le  corps. 
Épanchement  ,  fe  dit  auflî  au  figuré.   Le  plus  doux 

plaifir  de  l'amitié  ,   c'eft  Vépanchement  du  cœur. 

S-  "Ey  s..  Épanchement  en  amitié  eft  une  ouverture 

de  cœur  pleine  de  confiance,  de  tendreire  &  de 

vérité. 

De  doux  épanchemens,  de  nouv elles. tendrejf es. 

S.  EvR. 

Si  les  hommes  connoifToient  le  plaifir  des  épan- 
chemens de  l'amitié  ,  ils  le  préféreroient  à  tous  les 
autres.  Id. 

IJ3"  En  Morale,  épanchement  fe  dit  auflî  de  l'ame 
qui  fe  livre  toute  entière  aux  objets  extérieurs  qui 
la  flattent  ou  qui  l'amufent.  Il  n'y  a  rien  de  plus 
oppofé  à  la  prière  que  ^épanchement  de  l'ame  dans 
les  fens  :  c'eft  la  fource  ordinaire  de  nos  dillipa- 
tions.  Nic.  Leur  cœur  eft  dans  un  perpétuel  épan- 
chement ,  il  s'attache  à  tout  ce  qui  leur  frappe  les 
yeux.  BouRDAL.  Exh.  T.  I ^  p.  41.  Ne  foufFrez 
pas,  ô  mon  Dieu,  que  le  premier  ufage  de  cette 
vie  &  de  cette  fanté  que  vous  venez  de  me  rendre, 
ne  foit  qu'an  épanchement  de  mon  cœur  vers  le 
monde  ^.c  la  créature.  Madame  de  la  Val. 
ÉPANCHER,  v.  a.  Verfer  doucement,  ou  laifTer 
tomber  quelque  liqueur.  Effundere  ,  fpargere.  En 
cette  bataille  il  y  eut  bien  du  fang  épanché.  J.  (H. 
a  épanché  fon  fang  pour  nous.  Arn.  Epancher  du 
vin. 
Épancher  ,  fe  dit  figurémenr  en  Morale.  Profun- 
dere  ,  dlvidcre  ,  largiri.  Dieu  épanche  fes  grâces  fur 
lesjuftes  &■  fur  les  pécheurs.  Le  Roi  a  épanché  ks 
bienfaits  d'une  main  libérale  fur  cette  maifon.  Dans 
ce  fens  on  ne  le  dit  plus.  Mais  on  dit  épancher 
fon  cœur ,  l'ouvrir  avec  fincérité  ,  avec  tendrelTe, 


EP  A 

en  épanchant  le  cœur ,  en  fait  échapper  le  fecret. 

BoSSUET. 

C'eJI  ce  qui  doit  rajjeoir  votre  ame  effarouchée  , 
Puifque  ma  compLaïfancc  eji  fur-tout  épanchée. 

Mol. 

Epanché  ,  ée.  part. 

EPANCHOIR.  f.  m.  Quelques-uns  kcnv&Tuépenckoïr. 
IlTue  par  ou  l'eau  d'un  canal  s'épanche  ,  quand  il  eft 
befoin.  Effluvium  Les  éclules ,  les  acquéducs ,  les 
ponts ,  les  rigoles  de  conduite ,  les  épancholrs  ou 
pertuis.  Gaultier. 

ÉPANDRE.  v.  a.  J'épands  ,  j'épandis  ,  j'ai  épandu  ^ 
j'épandrai  ,  que  fépande.  ^Jeter  çà  &  là.  Difpergere. 
Il  faut  épandre  le  fumier  ,  après  qu'on  l'a  porté  fur 
les  terres.  On  épand  le  grain  quand  on  le  feme.  On 
épand\&  foin  pour  lefanner. 

Épandre  ,  fe  dit  aullî  pour  éparpiller.  Le  Soleil  épand 
{qs  rayons  par  tout  le  monde.  Après  le  Déluge  les 
peuples  fe  font  épandus  en  diverfes  régions.  Le  Nil 
s  épand  ^zï  les  campagnes  d'Egypte,  quand  il  s'en- 
fle. Le  fleuve  h'épand  dans  la  plaine-  Vaug.  Le  bruit 
de  cette  nouvelle  s'eft  épandu  en  moins  de  rien.  Le 
venin  s'épand  par  tout  le  corps. 

Epandre  ,  fedit  auflî  au  figuré.  Un  Prince  épand  ks 
faveurs  fur  ceux  qu'il  lui  plaît.  Ce  Conquérant  épand 
la  terreur  par  tout  l'Univers.  Les  Barbares  sepandi- 
renten  Italie. 

J'ai  vu  j  j'ai  vu  déjà  lesfieres  Euménides 
Epandre  leur  poijon  dans  vos  âmes  perfides. 

Brébeuf. 

Dans  toutes  ces  acception  ce  mot  eft  vieux.  On  dit 
aujourd'hui  répandre. 
Épandu  ,  ue.  part.  &  adj.  Profufus  ,  difperfus. 

De  toute  la  vertu  fur  la  terre  épandue  , 
Tout  le  prix  à  ces  Dieux  j  toute  la  gloire  eft  due  : 
Us  apijfent  en  nous  j  quand  nous  penfons  agir. 

Corn. 

Tous  ces  mots  viennent  du  Latin  expandere , 
étendre. 

ÉPANITÉ.  Foye:{  ÉpavitÉ 

§Cr  EPANNELER.  v.  a.  Terme  de  Sculpteur.  Couper 
à  pans  un  bloc  de  marbre  j  fuivant  le  delTein 
tracé. 

ÉPANORTHOSE.  f.  f.  Epanorthofs  ,  correclio ,  emen- 
datio.  Terme  de  Rhétorique.  C'eft  une  figure  par 
laquelle  on  corrige  j  ou  on  révoque  ingénieufement 
ce  qu'on  avoir  auparavant  allégué ,  en  condamnant 
fes  exprellîons  comme  trop  foibles ,  pour  en  ajouter 
de  plus  fortes  ,  &  de  plus  conformes  à  la  paflion 
dont  on  eft  agité.  Par  exemple  ,  on  fait  dire  par 
Didon  à  Enée. 

Non  ,  cruel ,  tu  ries  pas  le  fils  d'une  Déeffe, 
Tu  fucas  en  naiffant  le  lait  d'une  tigreffe  j  ôcc. 

Ce  mot  eft  Grec  f^uvifTcirt; ,  &  vient  de  h'^" , 
droit  ,  «fTÔa  je  dreffe  «yof&c'a ,  IvaufS-tu^  je  redreffe  ,  je 
corrige  ,  IvatifruFiç^  correciion. 
#Cr  EPANOUIR  ,  S'ÉPANOUIR,  v.  récip.  Terme  de 
Botanique.  Qui  fedit  des  fleurs  qui  commencent  à 
déployer  leurs  feuilles  ,  ^  à  fortir  du  bouton.  Ex- 
plicare  fe.  Mn  bouton  de  rofe  qui  s'épanouit.,  qui 
commence  à  développer  fes  feuilles.  Le  foleil  fait 
épanouir  les  fleurs. 

On  le  dit  ,  auflî ,  de  la  fleur  qui  a  pris  toute  fon 
étendue.  Cette  rofe  eft  entièrement  épanouie.  Les 
tulipes  fe  ferment  tous  les  foirs  ,  &  s'épanouijjent 
tous  les  matins.  C'eft  une  fotife  de  croire  que  la 
rofe  de  Jerico  ne  s'épanouiffe  que  pendant  la  Mefle 
de  minuit.  Cela  lui  arrive  toutes  les  fois  que  fa 
queue  trempe  dans  l'eau  ,  parce  qu'elle  eft  fort 
fpongieufe. 


avec  confiance.  Souvent  une  douce  converfation ,  ^CTS'épanouir  fe  dit ,  auflî ,  en  Anatomie  ,  pour 

s'Etendre 


» 


EP  A 

s'étendre  j  fe  développer.  Extcndl ,  porrigl.  Les  fi- 
bres de  l'un  de  ces  mulcles  vont  fe  rencontrer  avec 
les  fibres  de  l'autre  ,  Se  s'épdnouijjd/u  réciproque- 
ment de  côté  ne  d'autre.  WiNbLow.  Koye^  Epa- 
nouissement.  Il  ert  aétif  au   rigaré  ,    épanouir  le 
cœur ,  épanouir  la  rate.  Ce  conte  lui  a  bien  épanoui 
la  rate. 
^fT  On  dit  audî  j  vous  vous  épanoui ff}^. 
gCFOn  dit  encore  ,  fon  hont  sepanouu ,  fon  vi- 
fage  s'épanouLt ,  fon  front  fe  déride  ,  devient  fetein. 
Frontem  explicare. 

Ce  mot  vient  du  Lann  Explanefcere ,  ou  expan- 

dere  ,  ou  du  vieux  mot  François    esbanoyer ,  qui 

fignifie  s'élargir.  Je  dilater  ,  Je  mettre  à  jbn  aijé. 

Épanouï,  ïe  ,  part,  èc  3.à].  Explicatus  ^  aperçus.  On 

dit,  en  termes deBlaion,unefl-"ar-de  lis  épanouie  , 

loriqu'elle  ell  ouverte  avec  fes  teuiUes  ,  6i  dont  il 

fort  des  boutons  entre  les  Heurons  ;  telle   qu'eft  la 

fleui-d;  lis  qui  coinpoie  les    Armes  de  la  ville  de 

Florence,  qui  porte  d  argent  à  une  Beur-de-lis  s/^tj- 

/2(;;/^d  de  gueules  j  ce  qu'on  appelle   Heur-de-lis  de 

Florence. 

ÉPANOUISSEMENT,  f.  m.  Action  par  laquelle  une 

chofe  s'épanouit.   Explicatio,  evolutio  ^  diffujîo.  Il 

fe  dit,  au  propre,  des   Heurs,  &  au    tigaré ,  du 

cœur,d3  la  rate,  3cc.  Ai-jedonc  compofé  un  Foëme 

Epique  pour  procurer  plutôt  des  épanoiéiyémens  de 

rate  j  que  des  tranfports  d'admiration  ?  G.  G. 

|iC?  On  le  dit ,  en  Anatomie  ,  de  l'expanfion  des 
nerfs  ,  qui  fe  partagent  en   plulieurs  rameaux  ,  ou 
filamens.  La  rétine  clt  formée  par  l'expanlîon  ou 
Vépanoiîje-nent  du  nert  auditif,  des    plus  délices 
fibres ,  duquel  elle  eft  compofée. 
ÉPANTER.  v.  a.  Molinet,    dans  plus   d'un  endroit 
de  fes  Poefies,  a  dit  Epanter  pou:  Epouvanter.  Les 
EfpaL^nols  difent  Efpentar.   GlojJ.  Bourg,  au  mot 
Epoiite.  Le  verbe  epanter  ell:  fort  connu  du  petit 
peuple   Champenois  j  aullî-bien  qiîEpantau  pour 
Ejouvantail. 
EPA?HE,ou  ÉPAPHUS.  f.  m. Terme  de  Mythologie. 
N  in  d'un  faux  Dieu  de  la  Gentilité.   Hérodote, 
L.  L  '.Se  L.  IL  dit  (\\xEpaphus  ell  l'Apis  des  Egyp- 
tiens ;  que  c'ell:  le  nom  que  les  Grecs  donnoient  à 
Apis.  Elien  dit  la  mèine  chofe,  L.  XL  Des  Ani- 
maux ,   C.   10.  mais  d  ajoute   que    les  Egyptiens 
s'infcrivoient  en  faux  contre  cette  opinion  ,  ik  qu'ils 
afluroient  qii  ^pa.T^e  n'avoir  été  que  plufieurs  fiè- 
cle?  après  Apis.  Vollius ,  De  Idol.  L.  I.  C.  29.  croit 
que  l.s  Egyptiens  avoientraifon  :  car  Epaphus  étoit 
aïeul  d'Agenor  ^  &  bifaieul  de  Cadmus  ;  mais  les 
Grecs  avoient  l'ambition  de  palFer  pour  avoir  donné 
les  Dieux  à  1  Egypte.  Epaphus  étoit  fils  de  Jupiter 
&  d'Io  ,  &  par  conféquent  petit-fils  d'Inachus ,  qui 


avoir  jeté  les  fondemens  du  Royaume  d'Argos.  Voy. 
les  Métamorphofes  d'Ovide  ,  L.  I.  v.  749.  Eufébe  , 
dans  fa  Chronique,  Servius,  fur  le  j^  L.  de  l'E- 
néïde  ,  Macrobe ,  L.  III.  des  Saturnales,  C.  6. 
&  Voirius  ,  De  Hijl.  Gr.  L.  III.  &  à  l'endroit  cité 
ci-deffus 

^C?  EPARCET.  f.  m.  Efpècede  foin  fort  commun  en 
Dauphiné,  fur-tout  auprès  de  Die.  Sa  graine  tient 
lieu  d'avoine  &  d'orge.  Véparcet  elt  fucculent  & 
très-nourriiranr.  Acad.  Fr. 

EPARER  ,  S'ÉPARER.  v.  récip.  Terme  de  Manège^ 
qui  fe  dit  d'un  cheval  qui  détache  des  ruades  &  qui 
noue  l'aiguillette.^oy.AiGUiLLETTE  en  Manège.  Un 
Cheval  doit  séparer  de  toute  fa  force  à  l'air  des 
cabrioles.  Il  ne  sépare  qu'à  demi  aux  balottades , 
&  point-du  tout  auxcroupades.  Un  cheval  qui  sé- 
pare tft  rude. 

ÉPARGNANT  ,  ante.  adj.  Qui  va  à  l'épargne  ,  qui 
ménage  ce  qu'il  a  en  fon  pouvoir.  Parcus.  La  jeu- 
nelTe  eft  trop  prodigue ,  &  la  vieillelTe  trop  épar- 
gnante. Humeur  épargnante. 

ÉPARGNE,  f.  f  Parfimonie,  ménage  dans  la  dé- 
penf«?  -,  branche  de  l'économie  qui  confifte  à  éviter 
les  dépenfes  fuperflues,  &  à  faire  à  peu  de  frais 
celles  qui  font  nécelTaires.  Parcimonia ,  partiras.  Il  y 
a  anehonnhe  épargne  qui  fait  partie  de  la  prudence, 
Tome  m. 


EPA  7^^ 

&   une  épargne  outrée,  fordide  ,  qui  eft  une  vraie 
avarice.  11  a  voulu  aller  à  l'épargne  ,  fane  une  épar- 
gne de  dix  mille  francs  ,  &  il  a  gâté  un  bitunent 
de  cent  mille  écus.  Quelques-uns   appelent  écono- 
mie ce  qui^  n'eft  qu'une  épargne  hcnteufe.   Bhlu 
C'eft   une  fille  nourrie  &c  élevée  dans   une  grande 
épargne.  Id.  Prendre  ma  fille  fans  dot  eil  pour  moi 
une  épargne  conlidérable- 
Epargne  j  fedit   aulli ,  de  la  chofe  même  qu'on  a 
épargnée  j  qu'on   a  ménagée.  lies  JumptiùUs   de- 
traclu  ,  parcunoniA  fruclus ,  reditus.  Faire  une  épar- 
gne de  dix  mille  francs.  Cette  femme  regrette  tout 
ce  qui  fort   de  fes   mains  j  elle  feroit  charmée  de 
l'y  retenir ,  &  d'en  grolfir  ^&s  épargnes.  ^c,\^^q^^^ 
Exh.  T.  I.p.  s 4.  Son  épargne  monte  cette  année  à 
1000  écus. 
fJCr  Epargne  ,  Ménage  ,    Ménagement  ,  fynony- 
mes.  On  fe  fert  du  mot  de  ménage ,  en  fait  de  dé- 
penfe  ordinaire  ;  de  celui  de  ménagement ,  dans  la 
conduite  des  affaires  j  ôc  de  celui  d'épargne ,  à  1  é- 
gard  des  revenus.  Syn.  Fr.  Le  ménage  eft  le  talent 
des  femmes  :  il  empêche  de  fe  trouver  court  dans 
le  beioin.  Le  ménagement  eft  du  relfort  des  maiis  ^ 
il  fait  qu'on  n'eft  jamais  dérangé.  L't/;i?r^/2e convient 
aux    pères.  Elle  fert  à  amaller  pour  rétabliiremens 
de  leurs  entans. 
0C?  Epargne  lignifioit  autrefois,  Tréfor- Royal ,    Se 
la  calfette  du  Roi  s'appeloit  chatouille.  L'épargne 
étoit  le  lieu  où  l'on  portoit  toutes  les  finances  du 
Royaume,  ^rarium  regium.  Après  la  mort  de  Phi- 
lippe ,  on    ne  trouva  dans  fon  Epargne  que  cinq 
cens    talens    d'argent  monnoyé.  Ce  Prince  avoit 
épuifé  fon  Epargne  autant  par  fes  libéralités,  que 
par  fes  guerres  continuelles.  Du  Riir.  Il  y  avoit 
trois  Tréforiers  de  \' Epargne  ,  &c  on  difoit  :  Cela 
eft  du  fonds  de  l'Epargne  :  des  billets,  quittances 
&    relcriptions  de  l'Epargne.   Aujourd'hui  on  dit 
encore  dans  tous  les  comptes  particuliers  ,  la  pre- 
mière partie  de  l'Epargne,   la  première  moitié  des 
deniers  que  les  Comptables  font  obligés  de  porter  au 
Tréior- Royal.  La  féconde  partie  de  l'Epargne  j  celle 
qui  porte  les  charges  6c  les  gages  des  Officiers.  Cela 
eft  porté  en  première  ,  en  féconde  partie  de  l'E- 
pargne. 
Epargne,  fe  dit  aufti   du    ménagement  du  temps 
&  autres  chofes.  C'eft  une  épargne  nécelTaire  que 
celle  du  temps  ,  on  ne  la  iauroit  trop  ménager.  La 
Loi  de  l'Epargne  ,  dans  le  langage  de  quelques  Phy- 
ficiens  modernes  ,  c'eft  le  décret  par  lequel  Dieu 
règle  de  la  manière  la  plus  fimple  tous  les  chance- 
mens  qui  arrivent  dans  la  nature.  • 

Tailler  en  épargne  ,  eft   une  manière  de  graver 
ou  entailler  les  bois ,  les  pierres  ,  le  métaux  _,  &c. 
qui  fe  dit  lorfqu'on  taille  &  qu'on  enlève  le  fond 
de  la  matière  ,  &  qu''on  épargne ,  &  qu'on  ne  laille 
en  relief  que  les  parties  qu'on  veut  faire  paroître  à 
la   vue.  Anaglyphum  Jcalpere  ,   incidere.  Ainfi ,   les 
gravures  des  planches  en  tailles  de  bois,  font  taillées 
en  épargne  ^  car  au  lieu  que  dans  la  taille-douce  les 
traits  ou  lignes  qui  doivent  paroîtte  font  gravés  & 
enfoncés  j  hc  que  les  blancs  demeurent  relevés  fut 
la  planche  ;  au  contraire  ,  dans  les  tailles  de  bois , 
les  blancs  font  enfoncés ,  &:  les  traits  qui  paroiirent 
font  élevés  &  épargnés. 
Epargne,  f.  f.  Nom  d'une  efpèce  de  poires,  qu'on  ap- 
pelle auilî  Saint  Samlon.  L'Epargne  eft  une  poire 
rouge  alfcz   grolfe  ,  &  fort  longue  j  &  pour  ainfi 
dire ,  un  peu  voûtée  en  fa  taille  ;  elle  a  la  chair 
tendre,  &  un  peu  aigrelette;  elle  mûrit  vers  la  fin 
de  Juillet;  elle  a  plus  de  beauté  que  de   bonté-  La 
Quintinie  ne  change  point  ce  nom  au  plurier. 
ÉPARGNER.  V.  a.  Ufer  d'épargne  dans  la  dépenfe. 
f'^'oyey  Épargne.    Parcere  fumptibus ,  parce  facere 
fumptum ,  comparcere.  Un  prodigue  n'épargne  rieu 
pour  fes  plaifirs ,  rien  ne  lui  coûte.  L!n  avare  fe  cou- 
che de  bonne  heure  pour  e£7j/-û'«er  fa  chandelle.  Dans 
les  grandes  affaires  il  ne  faut  point  c'/'flr^«eT  l'argent. 
Épargner  ,  eft  aufti  un  terme  d'Art  ;    pour  dire  , 
Ménager  quelque  chofe  dans  la  matière  que  l'on 

E  e  e  e  e 


^jo  E  P  A 

travaille,  &  faire  en  forre  qu'on  en  tire  qudqnei 
embellillemenr  qui  n'en  foit  pas  détaché ,  ou  qui  ' 
failTe  même  une  pièce  utile.  Cette  table  a  été  e/izro^«e'e . 
dans  l'épaifleur  du  roc. 

Épargner  j  fe  dit  auffi  ,  avec  le  pronom  perfonnel  ,j 
dans  tous  les  fens  qu'on  vient  de  marquer.  Cetj 
homme  eft  fi  avare  ,  qu'il  s'e)''?rj°«t;  tout.  L'ambi- 
tion &  l'envie  font  des  vices  dont  on  fe  doit  déten- 
dre avec  d'autant  plus  de  foin  ,  que  la  corruption 
du  grand  monde  s'en  eft  fait  des  vertus ,  comme 
pour  %  épargner  la  honte  de  fes  raifères  &  de  fes 
foibleiïes.  P.  Veri. 

Epargné  ,  ée.  part. 

•  |C?  On  dit  au  figuré,  épargner  quelqu'un. 
Parcere  aiicui ,  pour  dire  ,  ne  lui  faites  pas  tout 
le  mauvais  traitement  qu'on  pourroir.  H  commanda 
d'épargner  les  troupes.  Dans  le  fac  des  villes  ,  les 
Turcs  n'épargnent  perfonne.  On  palfa  tout  au  fil  de 
répée ,  fans  épargner  ni  âge  ni  fexe.  Ael.  Ce  crimi- 
minel  n'a  pas  été  traité  à  la  rigueur ,  on  l'a  un  peu 
épargné. 

^fT  En  Morale  ,  épargner  défigne  encore  une 
forte  de  Ménagement  qu'on  a  pour  les  perfonnes 
qu'on  ne  veut  pas  chagriner  ou  mortifier.  Epargner 
à  quelqu'un  le  chagrin,  la  douleur,  la  honte  de 
voir,  &c.  Vous  voulez  m  épargner  {?.  éonlein  de 
voir  toute  votre  indifférence,  &  vous  nediliimulez 
vos  fentimens  que  par  pitié  pour  ma  foiblelfe.  Un 

•  ami  doit  prévenir  fon  ami ,  &  lui  épargner\?L  honte 
de  demander. 

^T  On  dit  d'un  médifanr  j  qu'il  népargne  per- 
fonne. 

Les  ihjujliccs  des  pervers 
Servent  fouvent  i'excufe  aux  nôtres  : 

Telle  ejl  la  loi  de  l'univers  j 
Situ  veux  qu'on  f  épargne , épargne  au{files  autres. 

La  Font. 

On  nen  peut  trop  avoir  (de  bien)  &  pour  en  amajfer. 
Il  ne  faut  épargnez  ni  crime  3  ni  parjure.  Bon. 

IJCT  Épargner  ,  en  termes  de  Delîin  &  de  Miniature 
fur  ivoire  ,  fe  dit ,  quand  le  papier  ou  l'ivoire  pro- 
-duifent ,  fans  crayon  ni  peinture  ,  les  lumières  des 
chairs. 

On  dit  auflî  j  qu'un  Tailleur,  qu'une  Cou- 
turière épargne  de  l'étoffe  ,  pour  dire  ,  qu'en  la 
taillant  j  ils  font  enforte  qu'il  en  refte  pour  faire 
quelque  autre  chofe  que  ce  qu'ils  ont  entrepris.  Ce 
Tailleur  a  épargné  une  culotte  dans  le  drap  de  ce 
manteau. 

Ce  mot  vient  du  Latin  parco.  Ménage  ,  après  Sau- 
maife  ,  le  dérive  du  Latin  exparcinare  ;  d'autres  j 
de  l'Allemand 7/Ji2rf /2. 

Épargner,  fe  dit,  par  extenfion  de  Morale  ,  de 
toutes  les  chofes  qu'on  peut  retrancher  &  ménager. 
Les  machines  qu'on  a  trouvées  pour  faciliter  les 
arts  épargnent  bien  du  temps  j  de  la  peine  &  des 
pas. 

ÉPARPILLER.  V.  a.  Jeter  ou  laiiTer  tomber  quelques 
corps  çà  &  là.  DiJJlpare  ,  difpergere.  Son  chapelet 
s'eft  défilé ,   tous  les  grains  fe  font  éparpillés.  Il 

■  fignifie  aufli ,  Etendre  ,  féparer.  Cette  femme  étoit 
décocfrée  ,  &  avoir  tous  les  cheveux  éparpillés  fur 
les  épaules.  PaJJls  capilUs  ,  [parfis ,  proUxis  ,  circum 
humeras  rejecîis.  Le  vent  éparpille  leurs  cheveux.  S. 
Am.  Il  faut  éparpiller  la  braife  pour  faire  cette  gril- 
lade. Il  faut  éparpiller  le  fumier  fur  les  terres  qu'on 
fume.  Ces  deuxefpècesde  vailfeaux  font  unis  dans 
les  tiges ,  &  éparpillés  dans  les  racines  &  dans  les 
branches.  Lémery. 

lie?  Éparph-ler  ,  ne  fe  dit  que  des  petits  corps  min 
ces  &  légers.  Les  épandre  çà  &  là,  dru  &  menu. 

i3°  Éparpiller.  Terme  de  Peinture.    Voye'^  Dis 
perser 

On  dit ,  figurcment  &  familièrement ,  d'un  dif- 
fipateur  ,  qu'il  a  bien  éparpille  de  l'argent  ,  pour 


EP  A 

fignifier  ,  qu'il  a  beaucoup  employé  d'argent  en 
folles  dépenles. 

Éparpille,  ée.  part- &  adj.  Pi7//ij  ,  difperfus  ,  dif- 
Jipatus. 

IJCF  EPARS  3  ARSE.  adj.  Se  dit  des  chofes  de  même 
nature  difperfées  ,  dillribuées  çà  &  là.  Sparfus. 
Corps  morts  épars  fur  le  champ  de  bataille.  Les 
Juifs  font  épars  dans  tous  les  pays  du  monde.  Son 
bien  conlifte  en  plulieurs  morceaux  d'héritages 
epars  çà  &là.  Il  a  ramallé  toutes  les  particularités 
de  notre  hiftoire  qui  étoient  éparjes  dans  les  livres  , 
dans  les  chartres  ,  &c. 

Rajfembla  les  humains  dans  les  forêts  épars. 

BoiLEAU.' 

La  plaintive  Elégie 
Sait  J  les  cheveux  épars ,  gémir  fur  un  cercueil.  Id. 

Ces  mots  viennent  du  La.nn  fpargere. 

EPARS.  1.  m.  Terme  de  Marine.  C  elt  le  bâton  qui 
foucient  le  pavillon.  Le  P.  Pomey  dit  aufii  ejpurs  , 
ou  cpjrre  de  fenêtre ,  ou  de  porte.  FerreafuUes  in~ 
nexa  cardini 

Épars  J  eft  aufli  un  terme  de  Charron,  qui  fignifie 
une  pièce  de  bois  j  large  de  trois  doigts ,  ou  envi- 
ron ,  qui  entre  dans  les  brancards ,  &  dans  les  ri- 
delles des  charriots:  ou  j  comme  dit  Liger  j  ce  font 
des  morceaux  de  bois  plats ,  larges  de  quatre  bons 
doigts,  &  longs  d'environ  un  pied  &  demi  :  ces 
épars  font  enclavés  dans  des  morroifes  le  long  des 
timons  d'une  charrette.  Les  Laboureurs  difent,  il 
manque  un  épars  à  ma  charrette.  Voilà  une  char- 
rette dont  les  épars  ioni  bons.  Liger. 

EPART.  f.  m.Efpèce  de  jonc,  dont  les  Marfeillois  font 
des  paniers  &  des  cabats  ,  pour  mettre  &  emballer 
plufieurs  de  leurs  fruits  fecs,  &  diverfes  autres  mar- 
chandifes.  Ce  jonc  croît  en  Efpagne 

EPARTS.  f.  m.  pi.  Terme  de  Carrier.  Ce  font  les  qua- 
tre plus  petits  morceaux  de  bois  deiixdont  eftcom- 
polé  le  baquet  ou  civière  dont  les  Carriers  fe  fer- 
vent pour  tirer  le  moillon  hors  de  la  carrière. 

ÉPARVIN,  ou  EPERVIN.  f.  m.  Maladie  de  cheval. 
Tumorfuffragini  equi  innafcens.  Il  y  en  a  deux  for- 
tes. Un  éparvin  de  bœuf,  eft  une  grolfeur  qui  vienc 
au  bas  du  jarret  en  dedans  ,  qui  fait  boiter  le 
cheval.  Un  éparvin  fec,  eft  un  roidillement  du  jarret 
qui  l'empêche  de  fe  plier.  On  nomme  auiîi  Eparvin 
l'endroit  où  vient  cette  maladie.  Soleisel. 

Epater,  v. 'a.  Rompre  le  pied  d'un  veïie.Pedem 
Jrangere.  Qui  eft-ce  qui  a  e)îûre  ce  verre  ?  Il  n''eft 
guère  d'ufage  qu'au  participe.  Verre  épaté ,  dont  le 
pied  eft  cafîé. 

Epater,  fignifie  auflî.  Etendre  le  pied,  l'afiiette 
d'un  verre,  d'un  vaiffeau.  Pi^dem  diflendere.  En  gé- 
néral J  donner  à  quelque  partie  d'un  corps  moins 
de  faillie  qu'elle  n'en  doit  avoir  ,  enforte  qu'elle  ait 
peu  de  hauteur ,  eu  égard  à  fa  bafe.  Les  verres  de 
fougères  ne  font  pas  11  épatés  ,  non  tam  lato  pedc 
fnt,  que  les  verres  de  criftal  j  c'eft  pourquoi  ils  font 
plus  fujets  à  fe  renverfer  &  à  fe  calfer.  C'eft  en  ce 
fens  qu'on  dit  ,figurément&  burlefquement,  qu'un 
nez  eft  épaté ,  patulus  ,  lorfqu'il  eft  écrafé  ,  applati, 
qu'il  eft  trop  large  par  en  bas. 

ÉPAVE,  f.  f.  Droit  d'un  Seigneur  haut-Jufticier  ,  par 
lequel  les  chofes  mobiliaires  égarées  qui  fe  trou- 
vent dans  fa  Seigneurie  ,  &  qui  ne  font  réclamées 
de  perlonne  ,  lui  appartiennent.  Caducum  ^  caducum 
jus  ,  jus  caducarium ,  caducaria  lex. 

On  appelle  au(îi  épave  ,  la  chofe  non  réclamée  & 
perdue.  Res  juris  caduci.  On  appelle  cela  en  l>^oc- 
m3.ndïe  chofes  gayves.  Epave  s'eft  dit  proprement 
des  bêtes  égarées  j  effrayées  &  errantes  ,  qui  ne 
font  réclamées  de  perfonne  ;  Se  ce  mot  eft  venu  de 
metu  feu  pavore  animalium. 

CCrÔn  a  depuis  compris,fous  le  nom  Sépaves,x.o\xiQ% 
les  cirofes  mobiliaires  perdues  j  donron  neconnoît 
point  le  propriétaire.  Il  y  a  même  des  perfonnes 
qu'on  appelle  épavées  y  &  on  le  dit  de  ceux  qui 


E  P  A 

font  nés  fi  loin  hors  le  Royaume  j  qu'on  ni  peut 
lavoir  le  lieu  où  ils  ont  pris  iiaillance.  Ba'^l'et. 
Traire  du  Droit  d'Aubaine.  CeDroir  s'appelle  Ca- 
ducarialex 

§3"  EPAVES  Maritimes,  font  tous  les  effets  que  la 
fi        Mer  poulie  &  jette  à  terre ,  &  qui  ne  iont  point 
réclames  par  un  propriétaire  légitime. 

§cr  Epaves  de  Rivière,  font  tous  les  effets  qui  fe 
trouvent  abandonnés  fur  les  rivières ,  fuit  par 
naufrage,  inondation,  chute  de  ponts  j  ou  autres 
accidens.  Traité  de  la  Police. 

>3Cr  Epaves  Foncières  &  Immobilières  ,  héritages 
abandonnés ,  de  manière  qu'on  en  ignore  le  pro- 
priétaire. C'eft  improprement  qu'on  appelle  épaves 
les  biens  vacans. 

Il  elt  aulli  adjeélif.  Un  cheval  épave.  Les  bctes 
épaves.  Biens  épaves. 

ÉPAUFRURE.  f.  f.  Terme  de  Maçon.  Eclat  du  bord 
du  parement  d'une  pierre ,  qu'un  coup  de  têtu  mal 
donné  a  emporté,  h'ragmcntum. 

ÉPAVITÉ.  f  f.  Terme  de  Coutumes.  C'efl:  la  même 
choie  i\^auhaine.  En  quelques  endroits  c'eft  une 
maxime  de  Droit  coutumier ,  <\\xcpdv'uc  wt  gît  en 
roblelfe  ;  c'eft-à-dire,  que  la  nobielfe  n'ell  point 
fujetre  au  droit  à'epavite  ou  d'aubaine. 

ÉPAULARD.  f.  m.  Orcu.  Grand  poilfon  de  mer, 
dont  le  corps  cft  fait  comme  celui  du  dauphin  , 
mais  vingt  fois  plus  gtos ,  principalement  par  le 
ventre.  11  n'a  point  d'écailies.  Sa  peau  eft  lilfe 
&i  polie ,  noire  fur  le  dos,  rougeâtre  fous  le  ventre  , 
&  bleuâtre  aux  côtés.  Son  nez  ell  camard.  Sa  lèvre 
inférieure  elt  fort  grolfe.  Il  a  quarante  dents  gran- 
des &  tranchantes.  Ses  yeux  font  petits.  Sa  queue 
elt  longue  de  plus  dune  aune ,  Se  elt  en  figure  de 
crollfant.  Le  mâle  a  la  partie  génitale  longue  de 
deux  pieds.  Ce  poifTon  pefe  jufqu'à  mille  livres. 
n  eft  ennemi  de  la  baleine. 

ÉPAULE,  f.  f.  Partie  double  du  corps  humain,  fituée 
à  l'extrémité  fupérieure ,  au-delfous  du  chignon 
du  cou ,  &c  qui  fe  joint  au  br.is  dans  l'homme.  Hu- 
mérus. L'épaule  eft  compoiée  de  deux  os  parti- 
culiers j  un  grand  &  poltérieur ,  qu^on  nomme 
omoplate  ;  un  petit  &  antérieur  qu'on  appelle  cla- 
vicule. WiNSLOW.  L'os  de  l'épaule ,  fcupu/a  _,  elt 
celui  qui  couvre  le  derrière  des  côtes  ,  qu'on  nom- 
me aulli  [q  palleron ,  ôc  furtout  aux  animaux.  La 
figure  da  pa/Ieron  elt  prefque  triangulaire.  Sa  par- 
tie large  ik.  plate  fe  nomme  par  les  Médecins  omo- 
plate.  Le  bras  eft  attaché  à  Xcpaule.  Aux  animaux  à 
quatre  pieds  j  c'eit  le  membre  où  elt  attachée  la 
jambe  de  devant.  Les  Pocres  ont  feint  qu'Atlas  & 
,■  Hercule  portoient  le  ciel  fur  leurs  e/'au/e^.  Jbsus- 

CiiRisT  porta  fa  croix  fur  fes  épaules. 

Ce  mot  vient  àe  fpalla  j  qui  a  été  fait  àsfpatula 
ç\n  fp adula.  Ménage. 

On  dit  d'une  perfonne  qui  commence  à  être  bof- 
fue  J  que  l'épaule  lui  poulie  ,  qu'elle  a  une  épaule 
plus  haute  que  l'autre,  qu'elle  a  l'épaule  ronde  ;  & 
de  celle  qui  eft  engoncée  ,  qu'elle  a  la  tête  entre  les 
deux  épaules. 

On  dit  aulîî ,  qu'on  a  le  manteau  fur  les  épaules , 
quand  on  eft  prêt  à  fortir.  On  dit  d'un  cadet ,  qu'on 
lui  a  mis  le  moufquet  fur  l'épaule  ;  pour  dire ,  qu'on 
l'a  envoyé  à  la  guerre.  On  dit  de  celui  qu'on  a  challé 
honteufemènt  J  qu'on  l'a  mis  dehors  par  les  épau- 
les \  &c  d'un  orgueilleux  J  qu'il  regarde  les  gens  par-  ' 
detTus  l'épaule.  Dans  cette  detnière  phrafe  ce  mot 
eft  pris  au  figuré. 

Épaule  ,  fe  dit  auflî  à  la  Boucherie,  des  animaux  , 
des  bœufs  ,  des  moutons.  Sec.  Armus.  Ce  font  les 
gros  os  du  quartier  de  devant  qui  eft  appuyé  fur  les 
jambes  de  devant.  V  épaule  de  bœuf  contient  le  paf 
leton  ,  le  collier. 

Epaui-e  de  mouton.  Les  Charpentiers  appellent  ainfi 
les  plus  grandes  coignées ,  dont  ils  fe  fervent  pour 
équarrir  &  dreffer  leurs  bois. 
Epaule  ,  en  termes  de  Manège  ,  fe  dit  de  la  partie  du 
train  de  devant  d'un  cheval ,  comprife  entre  le  ga- 
rot,  le  poitrail  &  les  côtes.  Un  bgn  cheval  doit  être 


E  P  A 


'yyv 


léger  ^cpauus  ,^{^]^r  ,\^^  hanches.  Le  coup  de 
lance  elt  une  marque  à  i'.>^./.  qu'ont  quelques 
Barbes  &  chevaux  d'Efpagne  &  de  Turquie  :  c'eft 
un  f.gne  de  bonté.  On  dit  auHi  ,  qu'un  cheval  a  le« 
épaule,  chevillées ,  fquand  elles  font  engourdies  & 
lans  mouvement.  On  dit  qu'il  a  fait  un  effort  à'é- 
paulcs- ,  quand  il  s'eft  entr'ouvert. 
Epaule   en  dedans.  Terme  de  Manège  ,  A/errre  T/- 
paule  en  dedans  à  un  cheval -^  faire  lller  un  cheval 
l  épaule  en  dedans.  Cette  leçon  fert  à  affouplir  les 
épaules  d'un  cheval ,  en  le  mettant  dans  une  poltute 
où  il  foit  obligé,  à  chaque  mouvement ,  de  paffet 
les  jambes  de  devant  l'une  par-deffus  l'autre.  Pour 
cela  on  mena  un  cheval  au  pas  le  long  des  mu- 
railles ou  barrières  d'un  Manège,  en  lui  plaçant 
la  tête  &  les  épaules  vers  le  dedans  du  Manège',  Se 
lui  lailTiint  la  croupe  fur  la  ligne  de  la  muraille. 
Lorfque  le  cheval  marche  dans  cette  attitude  ,  il 
décrit  deux  lignes  droites  j  celle  des  épaules ,  S>c 
celle  des  hanches.  La  ligne  des  épaules  ou  des  jam- 
bes de  devant  doit  être  en  dedans  du  Manège  à  la. 
diffance  d'environ  un  pied  &  demi  du  mur  ;  ôc 
celle  des  hanches,  c'eft-à-dire ,  des  jambes  de 
derrière  ,  doit  toujours  êtte  fur  la  ligne  de  la  mu-,' 
raille,  roye^  l'Ecole  de  Cavalerie  de  M.  de  la  Gué-, 
rinicre  j  p.  1 04. 
Epaule,  en  termes  de  Guerre,  eft  la  partie  du  baf- 
tion  où  la  face  fe  joint  au  flanc  ;  l^ius propugnaculiy 
&c  l'angle  que  forment  ces  lignes  s'appelle  angle  de: 
l'épaule,  ou  fimplement  épaule.  On  fait  aulli  des: 
épaules  au-devant  des  batteries  des  afliégeans.  On  eit 
fait  avec  des  facs  de  laine  qui  ont  17  pieds  de  long . 
fur /d'épailfeur,  &  on  en  met  jufqu'à  trois  rangs. 
Epaule,  en  termes  de  Marine,  fe  dit  des  parties  da 
bordage  du  Vailleau  qui  viennent  de  l'éperon  vers 
les  haubans  du  mât  de  mifaine. 
Épaule,  fe  dit  figurément  en  chofes  morales,  &  fur- 
tout  du  fecours  qu'on  prête  à  quelqu'un.  Ce  Traitant 
auroit  fuccombé,  fl  quelqu'un  ne  lui  eût  prêté  l'épau- 
le ,  ne  lui  eût  aidé  :  ce  fardeau  étoit  trop  lourd  pour 
fes  épaules.  Un  homme  foible ,  opprimé  par  un 
homme  puilTant,  n'a  qu'à  plier  les  épaules  ,  fouffrir 
&  fe  taire.  Vous  avez  un  ridicule  orgueil  qui  fait 
haulfer  les  épaules  à  tout  le  monde.  Mol.  c'eft-  à-dire, 
qui  vous  rend  infupportable. 
Lever ,  haulfer  les  épaules  eft  fouvent  un  mouvement 
&  une  exprellîon  de  mépris  :  quelquefois  c'efl  un 
mouvement  de  compaffion.  Auxfoupirsque  je  pouf- 
fois  ,  la  bonne  Sœur  Convers,  tout  en  continuant 
fon  chapelet  j  &:  fans  parler ,  levoit  quelquefois  les. 
épaules  de  cet  air  qui  lignifie  qu'on  plaint  les  gens^' 
&  qu'ils  nous  font  compalllon.  Marivaux. 
Toutes  ces  exprelîîons  figurées ,  plier,  bailfer  les  épau-' 
les  ,  porter  quelqu'un  fur  les  épaules,  prêter  l'épaule^ 
ne  font  que  du  Ityle  familier. 
Epaule  ,   fe  dit  proverbialement  en   ces  phrafes  ,■ 
Quand  on  parle  d'un  avare,  on  dit  qu'il  eft  bien  lar- 
ge ,  mais  que  c'eft  par  les  épaules.  On  dit  d'un  pro- 
digue,'qu'il  jette  les  épaules  de  mouton  toutes  rôties 
p.ar  les  fenêtres.  On  dit  d'un  puant ,  qu'il  fent  l'é- 
paule de  mouton.  On  dit  que  quand  le  Diable  trai- 
te fes  amis,  il  leur  donne  une  épaule  de  veau.  On 
dit  d'un  homme  qui  elt  à  charge  j  qui  importune, 
qu'on  le  porte  fur  fes  épaules  ;  qu'il  femble  qu'on 
l'a  toujours  fut  fes  épaules.  On  dit  ironiquement , 
Par-delfus  l'épaule , on  comme  lesSuilfes  portent  la 
hallebatde  ;  pour  dire  j  qu'il  n'y  a  rien  de  vrai  en 
ce  qu'on  allègue.  Pafquier  remarque  que  ce  prover- 
be vient  d'un  joueur  de  flûte,  qui  s'étant  vanté  d'a- 
voir en  fon  jeu  un  as ,  qui  eft  la  principale  carte, 
montra,  la  découvrant,  qu'il  n'avoit  qu'un  valet ,  &: 
pour  s'excufer ,  "il  dit  que  un  c'étoit  as  par-dellùs  l'é~ 
paulc.  On  dit  aulfi,  poulferle  tems  zveciépaule ,  pour 
dire  ,  Dilayer,  différer  fa  condamnation  ;  vivre  pe- 
titement ,  en  attendant  un  meilleur  temps.  Tant  y  a 
que  ce  grand  Prince,  tout  informé  qu'il  étoit  de  la 
malvetfation  de  fes  financiers,  réfolut  de  diilimu- 
Icr,  de  les  foufîrir  encore  quelque  temps,   &  d» 

E  e  e  e  e  ij 


7- 


EFA 


poudrer  ainfi  ic  temps ,  comme  Ton  die  nvtcVepau- 
.,     /cjMascur.  ;, 

jÉPAULEE.  f.  f.  Effort  qu'on  fait  de  l'épaule  pour  pouf- 
fer quelque  chofe.  On  à  remué  cette  poutre  par 
é'jaul-Jes.  On  dit,  Faire  une  chofe  par  épaulées ,  c'ell- 
à-dire,  à  diverfes  repiifes  &:  wégiigemment ,  fans 
foins  d'avancer  le  travail.  P-crlnurvaLlà  ,  nlfu  inier- 
■rupto  ,op_6rrâjnferfupcâ:  On.lc  dit  fur-tout  des-"murs 
t<.  de;  fondemens  qu'on  n'cleve  pas  pau-touc  en  me 
me  temps  à  même  liauceiu.;ni  tout  de  fuite  au  ni- 
,     veau  ;  mais  à  diverfrs  reprifes. 
On  appelle  aufli  à  la.  Boucherie,  Epaulée  ,  le  quar- 
tier de  devant  du  mouton  d'où  l'on  a  retranché 
l'épaule.  .-   ■>'  ■'■  •"--■' 

ÉPAULEMENT.  f.;  ma-.  Terme  de  fortification. 
C'ett  une  efpèce  de  rempart  tait  à  la  hâte  pour  fe 
couvrir  décote,  foit  qu'on  le  falfe  déterres  remuées , 
foit  de-  gabions  j'fafcines  j,  ou  de  facs  de  terre 
pour  couvrir  le  canon  ,  ou  pour  fe  mettre  à  l'a 
bri.  Alunkio  extcniporar.iea.  On  fait  des  épaule- 
meas  aux  places  d'armes  qui.font  à  la  queue  de  la 
tranchée.  On  leur  faifoit  quehjue  épâulemait  à 
î'épreuve  du  canon  ,  s'il  n'y  en  avoir  point  de  na- 
'\  turel.  Bussi  Rabuïin. 

Épaulement  ,  fe  dir  a.uiiidesDrillons carres  qu'on  fai- 
foit autrefois  aux  baftions  fur  le  flanc, auprès  de 
l'épaule  ,  pour  couvrir  la  câfemate.: 
JÈpaulement,  elt  pris  quelquefois  pour  demi  -  baf- 
rion  compofé  d'une  face  Se  d'un  flanc  j  qui  fe  met 
à  la  pointe  d'un  ouvrage  à  corne  ou  .à  couronne. 
On  le  dit  aulli  d'un. petit  flanc  qu'on  ajoute  aux 
côtés  d'un  ouvrage  à  corne  ,  pour  lesvdé&ndre 
quand  ils  font  trop  longs.  ■".;.'■  "'.  . 

'Épauleme'it,  fe  dit  auiu  des  redens  qu'on  fait  fur 
\   une  ligne  droite,  pour  la  fortifier. 
Épaulement.  Terme  de  Charpenteric.  On  appelle 
ép^u!c:nsnt  d'un  tenon,  une  partie  &  un  des  côtés 
du  tenon,  qu'on  diminue  moins  que  l'autre, afin 
que  la  pièce  de  bois  en  ait  plus  de  force. 
ÉPAULER,  V  ad.   Démettre ,  difloquer  une  épaule 
Humerum  frangere.  On  le  dir  particulièrement  du 
cheval  ,,&  quelquefois  des  autres  bètes  à  quatre 
pieds.  £'/'iia?c7' un  cheval.  Il  eft  âuffi  réciproque  j  ce 
cheval  s'ëft  épaulé. 
Epauler,  fignifie  aulfi  à  la  Guerre,  Faire  un  épaule- 
ment, mettre  à  couvert.  Munire  ,  tucri.  Epauler  des 
troupes  exp.ifées  au  canon.  On  dit  aulli ,  Epauler 
fou  camp  d'une  colline-,  d'un  rideau  ,  d'un  bois , 
d  un  marais  •,   pour   dire  ,  S'en  couvrir  ,  enforte 
qu'on  ne  puiffe  être  attaqué  de  ce  côté-là. 
Epaule[<.  ,  iignifie  encore  Appuyer.  Sujccntare.   Les 
,-    efpaliers  fonr  toujouis  épaulés  d'un  mur.  Morin  , 

Traicj  -des  Fleurs. 
Épauler,  fignifie  figurément,  Aflifter,  fecourir.  Ju- 
vare ,  ade{j'e ,  auxUlari.  Cet  homme  n'a  pas  fait 
une  (\  hardie  encrepnfe  -fans  être  bien  épaule  , 
bien;  foutenu  des  Puilï^irices.  Il  eit  bas  en  ce  feus. 
Épaule  ,  ée,  part.  Munkus  ^  tutus  ,Mdjutus.  Cheval 

épjulé,  Humeris  fraclus.  ■ 
On  appelle  une  fille  qui  s'eftxjeshonorée.  Une  bête 
épaulée  ,  dont  on  ne  fait  plus  grand  cas.  Espreiiion 
populaire. 
ÉPAULETTE.  f.  f.  La  partie  d'un  corps  de  jupe 
qui  palle  par-deffus  l'épaule  ,  &  où  l'on  attache 
des  manches.  Humerale.  C'eft  aulîl  la  petite  bande 
de  toile  qui  e(l  fur  l'épaule  de  la  chemile.  C'ell 
encore  li  ruban  que  les  Religieufes  attachent 
fur  l'épiule,  &  qui  eft  attaché  au  fcapulaite. 
ÉPAULIERE.  f.  f.  La  partie  de  l'armure  d'un  Cavalier 
qui  couvre  &  défend  l'épaule.  Nicot  appelle 
auffi  épaulière,  a  que  les  Italiens  appellent y^^/- 
liera  j  pour  une  efpèce  de  tapilïerie  d'une  ou  de 
deux  aunes  de  haut  au  plus ,  qu'on  tend  en  Italie 
dans  les  falles  &  chambres  où  l'on  a  coutume  de 
s'a'Teoir.  On  l'appelle  épaulière^  parce  qu'elle  ne  va 
guère  que  jufquà  la  haureur  des  épaules  :  fon  ufagc 
eft  d'empê.-her  que  les  habits  de  ceux  qui  font  af- 
fis  ne  fe  gâtent  contre  la  muraille.  On  l'appelle  en 
Latin  pojîergale  ;  mais  ce  mot  n'elt  pas  bon  La- 


E  P  E 

tin.  Stragulurn  aulli  cft  trop  général.  Nicot  l'ap- 

^tWiJiragulum  humerale. 
ÉPAUNE.   Nom  d'une  ancienne  ville  de  France  , 

qui  n'eft  connue  que  par  un  Concile  qui  y  fut  tenu 

en  5  17.  fous  Sigilmond  Roide  iSourgogne.  Â-'oye^. 

Epone.  ,     .    :   . 

Quelques  Auteurs  s'imaginent  que  ce  nom  Epa- 

«a  hit  donné  à  ce  lieu  parce  qu'il  étoit.  confacré 

à  la  Déefie  Epone  ,    &  quelle  y    étoit   adorée. 

P^oye^  fur  ce  lieu  le  P.  Labbe,  DiJJ.phllol.  de  Cvnc. 

Epaun.   Chiftlet  ,  Diffcn.  De  Lqco..  Ugh.   Condl. 

Epaun.  Chorier  ,  Hijt.  de  Dauph'iné,  J.  I.p.  5 Si. 
ÉPAUPs.E.  f.  f.  Terme   de  Charpenteiie.  On  appelle 

épaures  _,  certaines  folives  qui  fervent  à  faire  la 

levée  d'un  bateau  foncet ,  Hc  autres. 
EPAUTIER.  v.  a.  Vieux  mot.  On  a  dit  Epautier  les 

arbres  ;  pour  dire  ,  En  ôter  le  bois  inutile. 

E  P  E. 

ÉPE AUTRE,  ou  É.PEAUTE,  f.  m.  Le  premier  eft 
plus  v.ûié.  Arinea,:iea.  Qn  nomme  épcautre  dans 
quelques  provinces  du  Royaume,  une  efpèce  d'or- 
ge dont  l'épi  n'a  que  deux  rangs  de  femences  , 
ce  qui  l'a  fait  appeler  en  Latin  hordeum  dijlkhum. 
Vépeautre  eft  une  plante  qui  eft  fort  femblable 
au  from.ent ,  mais  qui  a  fon  tuyau  plus  mii-i'ce  ,  plus 
ferme  de  plus  courr.  Son  épi  j  qui  fleurit  environ 
à  la  fête  de  S.  Jean-Baptifte  ,  eft  applati  :  il  n'eft 
point  barbu  le  plus  fouvenc  j  &  quelquefois  il 
l'eft.  Ses  grains  font  difpofés  feulement  de  deux 
côtés,  deçà  &  delà  :  ils  font  joints  deux  à  deux,  8c 
enfermés  dans  leur  bafe  ,  d'où  l'on  ne  peut  les  fé- 
parer  que  difficilement.  En  Latin ,  :(ea  dkoccos , 
vel-{ea  major.  Il  y  a  une  autre  efpèce  à'épeautre  qui 
a  le  tuyau  &  l'épi  plus  petit ,  &  les  grains  rangés 
un  à  un.  En  Latin  :^<;v2  hr'i-pi  dlcla  ,  feu  monoloccos 
Gcrmanka.  M.  de  Tournefort  l'a  rangé  fous  le 
genre  des  orges,  &  il  l'appelle  hordeum  dijlkhum , 
fpka  nk'ida  ,Jeu  bri^a  nuncupatum.  Injlk.  rei  Herb. 
515.  Vépeautre^  été  autrefois  fort  eftimé  en  Italie. 
Les  Anciens  en  faifoient  la  fromentéê  ,  qui  étoit 
une  bouillie  fort  vantée.  Les  Allemands  en  font 
à  préfent  du  pain  qui  n'eft  pas  moins  blanc  que 
celui  du  froment  \  mais  il  n'eit  pas  fi  nourrilHint,  il 
eft  difficile  à  digérer,  il  n'a  pas  le  goût  &  les 
qualités  du  pain  ordinaire.  Théophrafte  dit  que 
Xépeautre  étant  femé  fe  change  en  f-roment ,  non 
pas  la  première  année,  mais  la  troi'ieme.  Quelques- 
u'.is  appellent  l'épeautre  blé  loculuar ,  ou  locar. 

EPEE.  f.  I  Arme  oiT^nfive  qu'on  porte  au  côté,  qui 
perce,  pique  &  coupe,  &  qui  eft  en  ufage  chez  pref- 
que  toutes  les  nations.  £'«/;j  j  gladïus.  Elle  eft  com- 
pofée  d'une  lame  de  fer  tranchante  &  pointue , 
avec  une  garde  j  une  poignée  &  un  pomn-ieau.  Les 
fujets  n'ont  point  droit  de  titet  Xcpée  contre  le 
Souverain  :  ils  ne  peuvent  s'en  fervir  que  par 
l'ordre  de  celui  qui  la  porte  par  l'ordre  de  Dieu. 
Nie.  Les  Sauvages  du  Mexique  avoient  des  épées 
de  bois  garnies  de  pierres  qui  n'étoient  pas  moins 
dangereufes  que  les  nôtres.  En  Efpagne  il  n'y  a 
des  épées  que  d'une  certaine  longueur  :  elles 
fonr  marquées  pour  cela-  Les  Scythes  adoroien; 
Mars;  mais  ils  n'avoienr  point  de  ftatijs  de  ce  Dieu: 
une  épée  leur  en  fervoir. 

Ce  mot  vient,  félon  Nicot,  du  "Linn  fpata  ,  qui 
eft  un  vieux  mot  Gaulois,  que  Bochart  dérive  de 
l'Hébreu  sbatim ,  qui  l;gnifie  un  bâton. 

Les  Maîtres  en  fait  d'armes  divifentl'<?/'eV  en  trois 
parties ,  en  haure,  moyenne  &  b.iiîe  ;  en  fort,  mi- 
iort  Se  foible.  Le  fort  de  Yépée  eft  la  partie  la  plus 
proche  de  la  garde.  Le  mi-fort  gît  au  milieu  Se  aux 
environs  de  la  lame ,  &  le  foible  eft  le  reftequi  va 
jufqu'à  la  pointe.  Ils  divifent  de  même  le  corps  en 
troiS  ,  dont  la  partie  haute  comprend  la  tête,  la 
gorge  Se  les  épaules  ;  la  moyenne  eft  la  poitrine, 
l'eftomac  &  le  ventre  fupérieur,  &  la  baiFe  eft  le 
ventre  inférieur.  Se  au-delTouSjjufques  vers  le  mi- 
lieu des  cuifies. 


EPE 

(i^  On  dirabfolument  ïcp/e  ,  pour  dire,  la  pro- 
felîioii  des  gens  dV^et'.  L'epce  par  oppoiuion  à  la 
lobi.  Cédant  arma  tog£.  Aind  l'on  dit,  pren.Jie  l'f- 
pce  ,  piendie  le  para  de  Vepée.  Quiccer  la  robe  pour 
ïcpée.  . 

A  la  fin  j'ai  quitté  la  robe  pour  l'éfés, 

dit  le  Menteur  de  Corneille. 

On  appelle  ,  par  mépris,  tratneur  d'épée,  un  bret- 
teur ,  un  batteur  de  pavé  j  qui  porte  une  longue  épéc 
fans  aller  à  la  guerre.  MacnArophorus. 

On  dit,  en  Ityle  familier ,  il  s'elt  laifTé  dire  cela 
Vépce  au  côté  j  pour  dire  ,  qu'il  n'a  pas  voulu  con- 
telter  fur  cela ,  fur  telle  chofe  qui  lui  a  été  dite. 
Agad.  Fr. 

On  dit  aulîî  qu'il  v.ant  mieux  être  percé  d'une 
épée  bien  luil'anre ,  que  d'une  ê^oc^'^  rouiUéej  pour 
dire  ,  que  de  deux  maux  il  faut  choifir  le  moindre. 

On  dir,  fe  battre  à  Vépée  blanche  ,  c'ell-à-dire  , 
tout  de  bon  ,  ïépée  nue  à  la  main.  Il  eft  déiendu  en 
Angleterre  de  tirer  \'ép:e.  Il  lui  adonné  du  tranchant 
A<i\'épée  ,  des  coups  de  plat  à'épée,  il  lui  a  fait 
rendre  \'épée.  On  dit  dans  un  fac  de  ville  ,  qn'on  a 
tout  palfé  au  fil  de  ïépée  ;  pour  dire  ,  qu'on  a  fait 
main-balTe  ,  qu'on  a  tué  tous  les  habitans.  On  dit , 
fe  faire  un  palfage  X'cpéc  à  la  main.  Abl.  Lbnitem 
agkjerro  ,  fa  via  vi.  Fondre  fut  l'ennemi  Vépée  à  la 
main.  Id.  Se  voir  Tc'^'ec  à  la  gorge.  Patru.  On  ditî 
indifféremment ,  mettre  Vépce  1  la  main  ,  ou  mettre 
la  mainàre;^.-!.'  j  poardire,  tirer l'^y-t'.  Quelques-uns 
y  trouvent  de  la  différence,  &  prétendent  que  mettre 
ïépée  à  la  main  ,  c'eft  la  tirer  tout-à-fait  hors  du 
fourreau,  &  que  mettre  la  main  à  l'e/'^^e  ,  c'eft  feu- 
lement porter  la  main  fur  la  poignée  ,  pour  être  prêt 
à  la  tirer.  Evaginare  ,  enjcm  Jtrir.^ere  j  difiringere 
gladiuni.  E  vagina  gladium  educere. 
£pÉe  à  deux  mains ,  ou  EJpadon  ,  efl  une  large  épée 
qu'on  tient  à  deux  mains ,  Se  qu'on  tourne  li  vite  oc 
fi  adroitement  qu'on  en  demeure  toujours  couvert. 

Il  y  a  des  épées  carrées  ,  il  y  en  a  de  plates  ,  de 
longues  ,  de  courtes.  Un  Lacédémonicn  difoit  que 
ceux  de  fon  pays  povtoient  des  cpées  fort  courtes , 
pour  en  frapper  de  plus  près  leurs  ennemis.  LesFran 
çois  font  terribles  dans  les  combats  ïép-je  à  la  main  : 
rien  ne  leur  rélilfe.  C'eft  ce  que  les  Italiens  appellent 
l'armi  bianchc  ,  à  caufe  que  les  cpécs  brillent  quand 
on  s'en  fert.  Les  parties  de  ïépée  font  le  pommeau  , 
ia  poignée  ,  la  garde  ,   la  lame. 

Les  anciens  Chevaliers  donnoient  des  noms  à 
leurs  épées.  Joyeufe  étoit  le  nom  de  celle  de  Char- 
lemagne.  Celle  de  Roland  s'appeloit  Duranial  ; 
celle  d'Olivier  ,  Hautec'ère;  celle  d'Ogier ,  Cowdn-^ 
celle  de  Renaut ,  Flamberge  ,  comme  on  voit  dans 
le  Roman  des  Quatre  Fils  Aymond. 

En  Allemagne  les  Princes  Eccléhaftiques  qui  ont 
des  Fiefs  &  des  Terres  de  Hau^e- Juftice  ,  accolent  à 
leuts  armoiries  \é','éc  &:  la  croî^e  j  leurs  Maréchaux 
la  portent  nue  devant  eux.  Le  Connétable  ,  aux  en- 
trées de  nos  Rois ,  portoit  Xépée  nue  devant  eux  ^  le 
Grand  Ecuyer  la  porte  en  fourreau  avec  la  ceinture 
fleurdelifée. 

Quand  l'Evêque  de  Wirtsbourg  officie  folennel- 
lement ,  on  met  à  l'un  des  côtés  de  TAutel  la  crolTe, 
&  à  l'autre  Vépée  nue.  L'on  dit  Hcrbipolenfis  fola 
enfejudicat  &  Jlola.  Il  eft  Duc  de  Franconie.  Nos 
Rois  en  la  cérémonie  de  leur  facre  vont  prendre  Xé- 
pée fur  l'Autel  j  pour  marquer  que  c'eft  de  Dieu 
qu'ils  tiennent  leur  fouveraineté. 

On  dit , emporter  une  chofe  à  la  pointe  di  Vcpéc  \ 
pour  dire,  l'emporter  après  de  •grands  efforts. 
i>;';E  ,  fe  dit  aufli  pour  la  perfonne  qui  la  porte  \  &! 
c'eft  eti  ce  fens  qu'on   dit  d'un  homme  brave  & 
adroit ,  que  c'eft  une  bonne  épée  ,  que  c'eft  une  rude 
épée.  Il  n'y  a  point  à^  meilleure  épée  que  lui.  j 

On  dit  d'un  homme  en  qui  la  vivacité  d'espritl 
nuit  à  fa  fanté  ,  que  Xépée  ufe  le  fourreau  ;  &  d'un 
foldcit  qui  a  vendu  fon  épce  pour  avoir  de  quoi] 


EPE  y-j^ 

boire  &:  manger  ^  on  dit  qu'il  s'eft  palfc  îoiiépée  au 
travers  du  corps. 

Au  Manège  on  appelle  la  main  àtXépéeoaàz  la* 
lance,  la  main  droite.  On  zççeYiQ  zviffi  épé-e  iiomai- 
«e  J  une  marqué  ou  fuite  en  forme  d'épi  qui  vienn 
à  fcncclure  du  cheval  vers  la  crinière  ,  qui  eff  faite 
de  poils  relevés  &  tèdreifcs ,  repréfentant  une  lam<s'- 
àiCpée.  '■,,■■  •■■.-,- 

Plais  de  l'c^Ve^  J/écoit  autrefois  la  Haufé-Jiiftice, 
qui  a  droit  de  rt^)»c;à,oa  de  contraindre -pair  armes 
à  l'exécution  de  la  Juftice.  Philippe,  Comte  de  Boix- 
logne  ,  dans  une  chartre  de  l'an  1115.  Habebimus 
magnam  jujUtiam  j  (ju«  vocatur  Placitum  enfis.  Le 
Roi  Philippe  le  Bel  accorda,  en  1196,  à  l'Évêque 
d'Evreux  toute  Hautc-Juftice  appelée,  dit-il, en 
Normandie,  Plais  dsXepéc.  Dans  un  Regiftre  du 
Parlement  de  l'an  ix^çf.  le  Plais  de  Vépée  eft  appelle 
Haute-Juftice  :  cette  exprelllon  a  été  fort  uhtce  en 
Normandie,  &  elle  y  eft  encore  en  ufage  en  certains 
endroits. 

Épéh  ,  eft  aulTi  un  terme  de  Cordier  ;  &  c'eft  un  mor- 
ceau de  buis  en  forme  de  coutelas  ,  large  d'envi- 
ron trois  doigts  ,  &  long  d'un  bon  pied  ,  dont  onfe 
fert  pour  battre  la  fangle. 

hpée  ,  en  termes  de  l'hdolophie  hermétique,  fe  die 
du  feu,  qu'on  appelle  épée  des  Philofophes.  On  ap- 
pelle aulli  la  pierre  au  blanc  parfait ,  épée  des  Phi- 
lofophes. 

Épée  ,  fe  dit  proverbialement  en  plufieurs  phrafes.  On 
dit  qu'un  homme  eft  vaillant  comme  fon   épée  y 
comme  l'e/'S"  qu'il  portejpourdire,qu'il  eft  fort  brave. 
On  dit  pareillement  J  à  vaillant  homme  courte  épée. 
Il  fe  fait  tout  blanc  de  fon  épce  j  pour  dire  ,  il  fe  fie 
en   fa  force  ,  en  fon  crédit ,   pour  venir  à  bout  de 
quelque  chofe.  On  dit  d'un  homme  toujours  prêt  à 
fe  battre  ,  que  fon  épée  ne  tient  point  dans  fon  four- 
reau. On  dit  qu'on  fe  bat  de  Vepée  qui  eft  chez  le 
Fourbiifeur ,  quand  on  contefte  fur  une  chofe  c[ui 
n'eft  pas  en  notre  puilîance.On  dit  qu'un  homme  n'a 
que  la  cappe  &  Xépée  \  pour  dire  ,  qu'il    eft  fort 
gueux.  On  le  dit  aulli  des  chofes  qui  font  minces  &: 
légères.  On  dit  que  des  gens  en  font  aux  ty  ées  &  aux 
couteaux  ,  pour  dire  ,  qu'ils  ont  rompu  enfemble  y 
qu'ils  font  prêts  à  fe  battre.  On  dit  encore  de  celui 
qui  a  un  ami  brave  ,que  c'eft  fon  épée  de  chevet.  On 
ledit  aufti  des  chofes  donton  fefert  continuellement. 
On  dit  de  celui  qui  ne  s'eft  p^oint  déshabillé  la  nuit  , 
qu'il  a  couché  comme  Xépée  du  Roi  ,  dans  fon  four- 
reau. On  dit  aulli  de  celui  qui  n'a  jamais  tiré  Vépée , 
qui  ne  s'eft  jamais  battu  ,  que  fon  épée  eft  pucelle  , 
ou  qu'il  n'a  vit  à'épée  nue  que  chez  le  Fourbilfeur. 
On  dit  d'une  viande  fort  dure  ,  que  c'eft  Durandal 
Xépée  de  Roland.  On  dit  d'un  homme  qui  demande 
les  chofes  avec  empreirement ,  qu'il  pourfuit  Vépée. 
dans  les  reins  :  &  de  celui  qui  fait  les  plus  grands 
efforts  pour  les  obtenir ,  qu'il  les  veut  avoir  à  la 
pointe  lie  Vépée  •  &  de  celui  qui  ne  peut  obrenir  c© 
qu'il  prérend  ,  que  fon  épée  eft  trop  courte.  On  di: 
auîli ,  mettre  quelque  chofe  du  côté  de  Vépée  ,  pour 
dire,  s'en  failir,  fe  l'approprier.  On  dit,  mourir 
d'une  belle  épée  \  pOTir  dire  ,  fuccomber  fous  un  en- 
nemi auquel  il  eft  glorieux  de  céder  :  Se  figurément, 
recevoir  du  dommage  par  une  chofe  qui  eft  belle  , 
agréable ,  &  qui  fait  plailir.  On  dit  aulli  j  qu'un 
homme  joue  de  rcjptV  à  deux  talons _,  quand  il  s'en- 
fuit. On  dit ,  d'i'n   homme  qui  ne  rcullit  pas  ,  qui 
manque  fon  coup, que  c'eft  un  coup  à^épée  dans  I'cmu. 
On  peint  Saint  Michel  &:  Elle  avec  une  f/'/f  flam- 
boyante. On  donne  aux  Chevaliers  l'accolée  avec 
Xépée  dont  on  les  frappe  fur  l'épaule.  On  montre  a 
Saint  Denisj  ou  du  moins  on  montroic  il  n  y  a  pas 
encore  long-temps ,   Vépée  de  la  Pucelie  d 'Orlc.ans. 
On  fe  battoir  autrefois  à  Xérée  &  au  poignard. 

S.  Jacques  DE  l'éphe.  ^o)é'r  Jâcoues. 

Epée,  s'entend  encore  quelquefois  d'une  efpcce  de 
règle  de  bois  très-plare  ,  longue  d'environ  trois 
pieds ,  &  large  de  deux  pouces  &  denr  ,  dont  on 
fe  fert  chez  les  Marchands  Drapiers  &  Merciers  , 
pour  replier  plus  facilement  &  plus  proprement  l«s 


774  ,EP,E 

ctofes  qui  ont  été  dépliées ,  pour  faire  voir  aax 
chalands. 
Épée  d'Etat.  Ceft  vineépee  qui  fe  porte   devant  le 

Roi  d'Angleterre  dans  les  cérémonies. 
Épée.  Poillon.  Foyei  ESPADON  :  c'eft  la  même 

chofe. 
É^'ÉE.  Ordre  de  Chîvalerie  du  Royaume  de  Chypre  , 
qui  fut  établi  par  Gui  de  Lulignan  j  après  qu'il  eut 
acheté  l'Ule  qui  porte  ce  nom  ,  de  Richard  I-  Roi 
d'Angleterre  ,  ce  qui  arriva  lur  la  tin  du   douzième 
iiècle.  Le  collier  de  cet  Ordre  étoitcompofé  de  cor- 
dions ronds  de  foie  blanche ,  c^  liés  en  lacs  d'amour 
«entrelacés  de  lettres  S,  fermées  d'or.  LFne  ovale  où 
étoit  une  epée  ,  peiidoit  au  bout  du  collier ,  &:  cette 
épe'e  avoir  la  lame  émaïUée  d'argent ,  la  garde  croi- 
fettée  &  fleurdelifée  d'or  ,  avec  ces  mots  pour  de- 
vife  jjecurims  re^ni.  Le  Roi  Gui  de  Lulignan  donna 
cet  ®idre  à  fon  ftère  Amauri,  Hc  à  trois  cens  Barons 
qu'il  établit.  La  première  cérémonie  s'en  fit  l'an 
1195  dans  l'Eglife  Cathédrale  de  Sainte  Sophie  de 
Nicofie  le  jour  de  l'Afcenlion. 
L'Ordre  DES  DEUX  Epées  DE  Jesus-Christ.  Ou  les! 
Chevaliers  du  Chrift  des  deux  npées  j  car  Juftiniani 
nomme  cet  Ordre  de  ces  deux  manières.  C'eft  un 
Ordre  militaire  en  Livonie&  en  Pologne.  Cet  Au 
teur  rapporte  que  Berrhold ,  fécond  Evcque  de  Riga, 
vers  l'an  1195  j   pour  avancer  la  propagation  du 
Chriftianifme  dans  la  Livonie  ,  perfuada  à.  quelques 
Gentilshommes  qui  revenoient  des  Croifades  ,  de 
palTer  en  Livonie  j  mais  qu'étant  mort,  il  ne  put 
exécuter  ce  projet:  qu'AIbett,  Chanoine  de  Brème, 
ion  fuccelfeur  ,  ie  lit  l'an  1103  ou  12.04,  que  ces 
Gentilshommes  formèrent  une  compagnie  ,  qui  fut 
•érigée  en  Ordre  militaire  ^  que  les  hilloriens  mar- 
quent Vinnus  pour  premier  Grand-Maître   de  cet 
Ordre  en   iioj  ,  qu'ils  s'appelèrent  Chevaliers  de 
J.  C.  des  deux  épees  j  parce  qu'ils  portoient  dans 
leurs  bannières  deuxe^e't'-îpalfées  en  fautoir  ;  qu'ils 
s'opposèrent  aux  entreprifes  des  Idolâtres  contre  les 
Chrétiens ,  &  les  arrêtèrent.  I^oyei    le   Chapitre 
35.  de  fon  Hiftoire  des  Ordres  de  Chevalerie  ,  T.  IL 
■  p.  5  65.  Il  cite ,  p.  570  les  Auteurs  qui  ont  écrit  de 
cet  Ordre-, 
Ordre  des  Epées  en  Suéde ,  autrement  Ordre  des  Sé- 
raphins. Voye:^  Séraphin. 
JÈPEICHE.  f  f.  Nom  d'un  oifeau  qu'on   appelle  aufli 
Cul  rouge  ,  ou  Pic  rouge.  Pkus  ruber  major.  C'eft 
uneefpècede  Piverr,  bu  Pic- vert.  Je croirois  volon- 
tiers que  ce  mot  auroit  été  hait  c\s  Jpic.ire  ,  qui  li- 
gnifie piquer  \  Se  que  àQjpicare  on  aura  dit  avis fp'i- 
ca ,  pour  dire  ,  avis  quis,  pungit  ;  &  que  de  Jpica 
nous  aurons  fait  épcichc  3   à  caule  que  cet  oifeau 
pique  fanscelTe  les  arbres...  Les  Payfans  d'Anjou  di- 
fent  épcicre.  Dicl.  Etyni.  de  Minage. 

On  prononce  ,  &  on  devroic  même  écrire  Epé- 
que  ,  ou  Épec  ,  comme  l'a  mis  Adrien  Junius  ,  p. 
15  de  fon  Nomenclator ,  au  mot  Picus.  On  le  nom- 
me Cul  rouge  ,  parce  que  les  plumes  de  delfus  & 
de  delfous  fa  queue,  &  celles  qui  font  entre  fes 
jambes ,  font  rouges.  Sa  langue  n'eft  pas  fi  longue 
quecell;  des  autres  pics  ^  mals'felle  eft  ronde  ,  four- 
chue ,  rouge  ,  pointue  par  le  bout  j  &  dure  à  l'ex- 
trcmicé.  Son  pannageeft  divcrfifié  de  plufieurscou- 
leurs ,  donc  trois  (ont  plus  remarquables  que  les 
autres  :  il  a  le  delfous  de  la  gorge  tout  blanc  \  le  def- 
fus  de  fon  cou  eft  noir,  &  entremêlé  de  blanc  :  ces 
deux  couleurs  font  difpofées  comme  des  lignes  ,fa- 
voir ,  une  noire  entre  deux  blanches ,  &  une  blan- 
che entre  deux  noires.  Les  plumes  de  delFus  fa  tête  , 
&  celles  qu'il  a  aux  deux  côtés  des  tempes,  font  rou- 
ges ,  mêlées  de  cendré.  Le  deffus  du  dos  eft  brun  , 
ayant  une  rache  blanche  large  à  chaque  côté  fur  les 
ailes ,  qui  font  toutes  mouchetées  de  blanc  &  de 
noir ,  le  delfous  couvert  de  plumes  roulTes.  Sa  queue 
n'a  que  dix  plumes ,  non  plus  que  celle  du  Pic  vert 
jaune.  Elle  paroîtroit  toute  noire  par-delfous,  s'il 
n'y  avoir  deux  plumes  à  chaque  c">té  qui  tirent  fur 
le  blanc  ,  &  onr  des  taches  noires.  Elles  font  noires 
à  la  racirue ,  roides  Se  dures  par  le  bout.  VEpeiche 


EP  E 

s'en  fert  pour  s'appuyer.  Toutes  fes  façons  de  faire 
font  femblables  aux  autres  elpèces  de  Pics.  On  du 
que  VEpeiche  m:inge  les  œuh  du  Pic  jaune.  Ces  01- 
feaux  peuvent  changer  de  couleur  fuivant  les  difié- 
rences  dis  pays  j  mais  il  taut  oblcrver  que  tous  gé- 
néralement ont  le  delfous  de  la  queue  rouge,  &  les 
ailes  madrées  &c  tachées  de  blanc.  Aldrovand  dic 
que  cet  oifeau  a  les  plumes  du  lommet  de  la  tète 
d'un  rouge  ardent  ,  Î5c  très-éclatant ,  ce  qui  ne  fe 
voit  point  à  la  temelle  quoiqu'elle  loic  en  tout  fem  • 
biable  au  mâle.  Belon ,  qui  a  décrit  cet  oifeau  le  plus 
exaétement ,  ne  parle  point  de  cela ,  ce  qui  iai: 
croire  qu'il  n'a  déctit  que  la  femelle. 

ÉPELER.  V.  a.  Nommer  fes  lettres  l'une  après  l'autre 
pour  en  compofer  des  fyllabes.  C'eft  le  fécond  pas 
dans  l'art  de  la  leéture.  Le  troilième  eft  d'alfem- 
bler  les  fyllabes  ôc  de  lire.  Appellare  licceras.  U  n» 
fe  dit  que  des  enfans,  ou  de  ceux  qui  appren- 
nent à  lire.  C'eft  pourquoi ,  dans  les  règles  de  l'éty- 
niologie  ,  il  faudroit  dire  j  appeler:  aulli  l'Auteur 
de  Marc  de  parler  s'en  eft  fervi.  Il  ne  faifoit  qpCappe- 
/drles  lettres  fans  pouvoir  lier  leurs  fons.  Epelercd 
le  plus  ulité.  MÉN.Il  commence  à  épelcr.  Lpelerua 
mot. 

Ce  mot  eft  corrompu  du  Latin  appellare  litzc- 
ras.  Bochart  le  dérive  de  l'Allemand ^^e/ ,  ou  dia 
Flamand  fpellen  ,  fignifiant  la  même  chofe.  Les  La- 
tins ont  dn/yllabi^are  dans  la  balfe  Latinité. 

$Zr  EpelÉ  ,  ÉE.  part. 

EPENTHÈSE.  f.  f.  Terme  de  Grammaire.  Interpofi- 
tion  J  lorfqu'on  infère  une  lettre  ,  ou  une  fyllabe  , 
au  milieu  d'un  mot,  comme  Kelligio ,  pour  iîe/i- 
gio  ,  alittuim  ,  pour  alitum.  Xm^ii-iç  elt  Grec.  Il  vient 
de  '?!•' ,  ê»  ,  &  T('3-x/:( ,  iTriirlS-nfii  ,   injero  ,  immitto. 

ÉPERDU  ,  UE.  adj.  Qui  a  l'efprit  troublé,  ou  égaré 
par  quelque  violente  pallion  ,  ou  furprife.  Perdicusy 
perculfus  ,  exanimacus  j  Jlupejaclus.  Ce  jeune  hom- 
me eft  éperdu  d'amour.  Cette  femme  a  couru  dans 
la  rue  toute  éperdue  ,  fâchant  qu'on  allailinoit  foa 
mari.  Il  les  étonna  tellement  par  la  fermeté  de  fou 
courage  ,  qu'Us  prirent  la  fuite  tout  éperdus.  Vaug. 

Tous  ces  gens  i  éperdus  aufeul  nom  de  Satyre  , 
Font  d'abord  U  procès  à  quiconque  ofe  rire. 

BoiL. 

Ce  mor  vient  duLatin/Jcr^Z/rw. 

ÉPERDLIMENT.  adv.  D'une  manière  éperdue.  Pef' 
dkè.  Ces  deux  perfonnes  s'aiment  épsrdumenc.  Il 
étoit  épcrdumenc  amoureux.  Oa  le  dit  des  deiirs  vio- 
lens ,  particulièrement  de  l'amour. 

ÉPÉR.IES.  Éperii.  Ville  de  la  haute  Hongrie  ,  (\- 
tuée  dans  le  Comté  de  Saros  ,  ou  Scharos  ,  à 
une  petite  lieue  de  la  ville  de  ce  nom  ,  &  à  fepc  ds 
CalTovie.  Epéries  eft  fur  la  rivière  de  Tarifa  &  très- 
bien  fortifiée.  Mat  y.  A  deux  mille  à' Epéries  il  y  a 
une  mine  de  fel  qui  a  cent  quatre-vingts  bralfes  de 
profondeur.  Corn.  Les  mcconcens  prirent  Epéries 
en  i^Si.  En  1684  ils  faifoient  travailler  à  la  forti- 
fier :  le  Général  Schultz  les  défit,  mais  il  forma  inu- 
tilement le  iiége  A' Epéries  au  mois  de  Novembre 
de  la  même  année.  Il  l'alfiégca  une  féconde  fois 
l'année  fuivante  ,  &c  la  prit  par  compofîtion  le 
Il  Septembre.  Longitude  38.  deg.  36'.  Latitude 
48.  d.    50'. 

EPERLAN.  f.  m.  Eperlanus  j  viola  marina.  Petit  poif- 
fon.  Il  y  en  a  de  deux  fortes  :  l'un  de  mer  &  l'au- 
tre de  rivière.  Uéperlan  de  rivière  fe  pêche  à  la  fin 
de  l'été ,  &  au  commencement  de  l'automne.  On 
le  prend  à  l'embouchure  des  rivières  qui  tombent 
dans  l'Océan.  Ce  poiiron  a  le  corps  menu  &  long  , 
avec  une  grande  bouche.  Il  eft  long  comme  le  doigr , 
&  gros  comme  le  pouce  :  il  vit  de  mouches  j  de 
moucherons  &  d'infeéles:  il  relfemble  beaucoup  au 
goujon  par  fr  figure  &  par  fes  qualités.  Sa  chair  eft 
tranfparente  &  fent  la  violette.  Il  eft  forr  bon  à 
mander.  Uéperlan  de  mer  eft  un  poilfon  blanc,  fein- 
blablc  aux  petits  merlans  ,  &  de  la  grandeur  d'un 
pied  ou  environ,  Quelques-uns  prétendent  qu'il  eft 


k 


E  P  E 

grand  pour  l'ordinaire  comme  un  moyen  hareng. 
Denis. 

Nicot  dérive  ce  mot  de  eperlanus  ,  à  caiife  de  fa 
blancheur ,  qui  imite  celle  de  la  pcile. 

ÉPERNAY.  Ville  de  France,  en  Champagne,  dans  le 
Rhemois.  AJ'preniiacum  j  Spernacum.  Il  y  a  à  tper- 
riay  une  célèbre  Abbaye  de  l'Ordre  de  S,  Augulhn. 
Epcrnay  ell:  ficué  fur  la  Marne  entre  Châlons  & 
Château -Thierry,  à  quatre  ou  cinq  lieues  de  Rhemis. 
Quand  on  creule  la  terre  dans  cette  ville  ,  on  y 
trouve  des  vertiges  d'antiquité  qui  tout  voir  qu'elle 
eft  plus  ancienne  qu'on  ne  croit  communément  \ 
c'eft-à-dire,  que  le  Vie  i\hz\z.  Foye\  les  Sainre- 
Marthe. 

S.  Martin  d'Épernay.  Voye-{  MARTIN. 

£PERNON.  Bourg  ou  petite  Ville  de  France  avec 
titre  de  Duché-  Sparno  ,  Sparnonum  ,  Efperlio, 
Foyei  Adrien  de  Valois,  Not.  Gai. p.  jjo.  Epernon 
eft  dans  la  Beauce  j  fur  la  petite  rivière  de  Gucile  , 
environ  à  deux  lieues  de  Chartres  &  de  Nogenr-le- 
Roi  ,  du  côté  de  l'Orient.  Louis  XîV.  a  rendu 
à  Epernon  le  titre  de  Duché  en  laveur  de  M.  le  Duc 
d'An  tin. 

§3"  Il  y  a  dans  le  bourg  de  S.  Thomas  ,  qui  n'eft 
féparé  de  la  petite  ville  à'Epernon  que  par  les  mu- 
railles &  une  petite  rivière  ,  un  Prieuré  alfez  con- 
lidérahle  ,  dépendant  de  Marmouticr  ,  aujourd'hui 
à  la  nomination  du  Roi.  On  l'appelle  Prieuré  de 
S.  Thomas-lez-Epernon. 

ÉPERON,  f.  m.  Quelques-uns  difent  Epron  j  &:  pré- 
tendent que  c'elt  ainli  qu'il  laut  parler  dans  la  con- 
verfation.  Rich.  C'eft  une  pièce  de  fer  dont  eft  armé 
le  talon  d'un  Cavalier  qui  veut  monter  à  cheval. 
Calcar.  Il  eft  compofé  de  deux  branches  qui  em- 
bralfent  le  talon  du  Cavalier  ,  &  d'une  pointe  , 
rofe  ,  ou  molette  f^aite  en  forme  d'étoile ,  qui  avance 
par  derrière  pour  piquer  le  cheval.  Il  eft  attache  à  la 
botte  par  deux  pièces  de  cuir  qu'on  appelle  le  delfus 
&C  le  deiîbus  de  Xéperon.  Il  faut  donner  un  coup 
^'éperon  jufques-li  \  pour  dire ,  y  aller  en  diligence. 
En  8 16.  fous  Louis  le  Débonnaire  ,  une  alfemblé; 
des  Seigneurs  &  des  Evèques  défendit  aux  Evèques 
&  aux  Eccléfiaftiques  la  mode  protane  de  porter 
des  éperons  ,  qui  étoit  alors  celle  des  gens  de  la 
Cour.  P.  Dan.  HiJÎ:  Franc.  T.  I.  p.  /ôS.  Autrefois 
la  différence  entre  le  Chevalier  &  l'Ecuyer  ,  étoit 
que  le  Chevalier  porroit  les  éperons  dorés  ,  &  l'E 
cuyer  les  pori:oit  blancs.  Du  Tillet.  Calcaria  ar- 
gent a  ta. 

Ce  mot  vient  defph£rula,  félon  Nicot,  à  caufe  de 
fa  relT^mblance  avec  la  moLtte.  Ménage  le  dérive 
de  l'Italien  fperone ,  qui  a  été  fait  de  l'Allemand 
fporen  ,  oufporn.  Les  Anglois  difent  à  Spur-^  &  en 
balfe  Latinité  on  a  dkfporones  &C  J'perones.Voyex  les 
Acla  SS.  Junii ,  T.  IF.  p.  12^.  ou  l'Eloge  hiftori- 
quedeS.  Rodolphe,  Archevêque  de  Bourges,  fait 
par  Dom  Mabillon. 

On  dit  au  Manège  ,  qu'un  cheval  n'a  ni  bouche 
ni  éperon  ,  pour  dire,  qu'il  n'y  eft  pas  tort  fenlible  , 
&  qu'il  a  la  bouche  forte  :  &c  au  contraire  j  qu'il  a 
l'éperon  délicat  &  lin  ,  quand  il  le  fent  bien.  On  du 
qu'il  fuit  Yeperon  ,  pour  dire  ,  qu'il  y  obéit  5  (?C 
qu'il  connoît  Vcperon  ,  qu'il  s'attache  à  Yeperon  _, 
qu'il  fe  manie  aifément  avec  l'éperon.  C'étoit  une 
^des  cérémonies  ,  en  faifant  les  Chevaliers  j  de  leur 
chaulfer  les  éperons.  Quand  on  rend  la  foi  Se  hom- 
mage, il  faut  quitter  les  éperons. 

JÈfERON  en  Architecture.  On  appelle  éperons  ,  1°.  Les 
avant-corps  terminés  en  pointe  qu'on  met  au-devant 
des  piles  d'un  pont  pour  rompre  l'eau  ;  1°.  Les 
piliers  ^  arc-bourans  ,  ou  contre-murs  dont  on  ap- 
puie une  terraflTe  ,  &  généralemenr  tout  ouvrage  de 
maçonnerie  terminé  en  pointe  ,  fait  en-dehors  d'un 
bâtiment  ou  d'une  muraille  pour  les  foutenir.  C'eft 
ce  que  Vitruve  appelle  anteris  &  crifma. 
Eperon  ,  parmi  les  Botaniftes .  fe  prend  pour  la  pointe 
qui  eft  derrière  certaines  fleurs.  Apex  j  cacumen. 
Une  fleur  épeionnée ,  eft  celle  qui  a  des  éperons,  La 


77s 


E  P  E 

fleur  de  la  linaire  eft  éperonnée,  ou  terminée  pax 
derrière  en  éperon  _,  en  pointe. 

§3"  On  appelle  encore  éperons ,  en  Botanique  , 
des  branches  qui  font  courtes  ,  droites  ,  regardant 
1  horifon,&  qui  lont  pl.rcées  en  forme  à! éperon.  Les 
,   ambrettes  font  lujcttes  à  porter  des  éperons. 
Eperon  ,  fe  du  autli  d'une  eipèce  d'ergor  qui  vient 
en  pointe  aux  jambes  des  coqs  Se  des  chiens.  Les 
coqs  l'ont  au  derrière  de  la  jambe  ,  vers  le  bas ,  S>C 
les  chiens  au  derrière  des  jambes  de  devant.  Calcar. 
Eperon  ,  en  termes  de  Guerre  ,  le  du  d'une  fortifica- 
tion en  angle  faïUant ,  qui   fe  fait  au  milieu  des 
courtines  J  ou  au-devant  des  portes,   ou  fur  le 
bord  des  rivières  ,  pour  empêcher  qu'on    n'entre 
dans  la   place  par  -  l.i.   Rojlrum  ,    rojlratum  munï~ 
mcnium. 
Eperon.  Terme  de  Marine.  Se  dit  aulli  de  la  proue  , 
(!k  de  la  pointe  des  vaiffeaux  tk  galères,  qui  fait  une 
grande  faillie  ,  &  avance  en  mer.  On  l'appelle  auflî 
cap  J  avantage  &  poulaïne.  C'eft  ce  que   les  Latins 
appeloient  ry/?r;/m ,  ou  calcar  galets.. 
Éperon  ,  eft  aufti  une  matquc  de  vieillelfe.  Ce  font 
certaines  rides  qu'on  voit  au  coin  de  l'œil,  &  qui 
reprélentent  une  molette  d'd^tvow. 

On  dit  figurémenr ,  qu'un  homme  a  befoin 
à' éperon,  qu'il  lui  faut  donner  de  l'éperon  y  pour 
dire  ,  qu'il  le  faut  prelfer ,  l'exciter.  Et  qu'il  a  plus 
befoin  de  bride  que  à' éperon  ,  pour  dire  j  qu'il  a 
plus  befoin  d'être  retenu  que  d'être  excité-  Ac.  Fr. 
On  dit  proverbialement ,  Chaufler  les  éperons 
à  quelqu'un  ,  pour  dire  j  le  mettre  en  fuite  ,  &  le 
pourliiivre  :  la  Journée  des  Eperons.  On  donna  ce 
nom  à  une  bataille  donnée  au  mois  d'Août  15 13. 
près  de  Guincgafte,  fous  Louis  XII.  Les  François 
prirent  tout-diin  coup  l'épouvante  ,  &  ne  fe  fervi- 
rent  que  de  leurs  éperons  pour  fe  fauver.  Il  y  en  a 
eu  une  autre  fous  le  règne  de  Philippe  le-Bel  j  Tan 
1314  ,  à  Courtrai.  La  déroute  fur  générale.  On  y 
perdit  1100  Chevaliers,  &  la  quantité  A'éperons 
dorés  que  remportèrent  les  Flamands ,  fit  donner 
à  CL-tte  journée  le  nom  de  la  Journée  des  Eperons. 
Couper  ,  ou  trancher  les  éperons  ,  étoit  autrefois 
une  des  cérémonies  de  la  dégradation  desChevaliers, 
ou  des  Ecuyers  y  à  qui  on  tranchoir  les  éperons  fut 
un  fumier.  Foye^  Du  Cange  fur  les  Etabliftemens 
de  S.  Louis  ,  pag.  iS(J. 

On  dit  auflld'un  homme  ftupide  &  lentj qu'il  n'a 
ni  bouche  ,  ni  éperon  j  qu'il  n'eft  bon  à  rien.  Cette 
métaphore  eft  prife  du  cheval.  On  dit  d'un  homme 
ambitieux,  jaloux  de  la  gloire,  qu'il  a  plus  befoin 
de  bride  que  à'éperon.  Boileau  le  dit  aufti  de  l'ef- 
pnt  :  Notre  efprir  allez  fouvent  n'a  pas  moins  be- 
foin de  bride  que  à' éperon.  Ifocrate  ,  au  rapporr  de 
Cicéron  ,  difoit  de  deux  de  fes  difciples  ,  Ephore 
&  Théopompe  j  qu'il  fe  fervoit  de  bride  pour  l'un  , 
&  A'éperons  pour  l'autre. 

Ordre  de  l  Eperon  j  ou  de  |'Eperon  d'or.  Ordre 
de  Chevalerie  ,  donr  l'Abbé  Juftiniani  parle  ,  T.  II. 
C.  XXXV.  p.  S)l '■>  ™^'s  dont  il  ne  rapporte  rien 
de  certain.  Quelques  Auteurs  prétendent  qu'ils  fu- 
reur inftitués  par  Conftantin  pour  être  la  g.irde  ,  &C 
qu'ils  prirenr  leur  nom  d'une  de  leurs  principales 
fonctions ,  qui  étoit  de  chauifer  les  éperons  à  l'Em- 
pereur ;  qu'ils  portoient  au  cou  une  croix  fembla- 
ble  à  celle  de  Malte,  de  laquelle  pendoit  un  petit 
éperon  d'or  ;  mais  tout  cela  fe  dit  fans  fondement. 
Il  ajoute,  après  Menenio,  Michieli  &:  d'autres, 
que  Pie  IV'  réforma  cette  milice  ,  &  leur  donna  le 
nom  de  PU  Participanti.  Foy.  Participant.  D'au- 
tres difent  que  c'eft  un  Ordre  de  Chevalerie  inftitué 
à  Rome  par  le  Pape  Pie  IVe  ,  en  1 560.  Les  Cheva- 
liers s'appeloient  Pies  ,  PU  j  du  nom  de  ce  Pon- 
tife. Foy e^PiE.  Les  Chevaliers  de  l'iT^ercJ/z  portent 
une  Croix  riftue  de  filets  d'or. 

Ordre  de  I'Eperon.  Il  y  a  eu  à  Naples  un  Ordre 
de  l'Eperon  inftitué  par  Charles  d'Anjou,  Roi  de 
Naples  &  de  Sicile.  Ce  Prince  ayant  été  couronné  1 
Rome  en  1 166.  &  ayant  gagné  la  batailla  fur  Main- 
froy,  Se  en  conféquence  de  certe  vidoire  ,  tout  le 


77^^  E  P  E 

Royaume  s'étant  fournis  à  Charles  ,  pour  récom- 
penfer  la  NûblelFe  qui  l'avoit  fuivi ,    inftitua  cet 
Ordre.  LeP.  Hélyoc,  dans  fon  Ville  Tom.  C.  6j. 
décrit  la  manière  dont  ces  Chevaliers  étoienc  re- 
çus. On  ne  fait  point  quelle  étoit  la  marque  de  cet 
Ordre. 
ÉPERONNER.  v.  a.  Mettre  des  éperons.  Induere  , 
calcaria  addere.  Ce  verbe  n'eft  plus  ufué  en  ce  fens. 
Il  n'y  a  que  fon  participe  qui  le  foie  II  ell  botré  &c 
eperonm  ;  c  e(t-à-dire  ,  il  y  a  des  éperons  aux  bottes 
qu'il  vient  de  mettre. 
ÉperonneRj  fe    dit    balTement  ,    pour  Donner  de 
l'éperon.  Calcaria  adhibere ,   admovere.  Eperonner 
VM  cheval.  Ces  Nobles  eperonnen   pour  être  des  pre- 
miers. Sar. 
fC?  Eperonné  j  ée.  adj.  Qui  a  des  éperons  aux  talons. 
inflruàus  cakaribus.  11  elt  botté  &  épcronnél,ioiK  prêt 
à  monter  .r  cheval. 

Des  yeux  eperonnés  j  ce  font  des  yeux  qui  ont  à 
l'angle  extérieur,  ou  au  petit  angle,  pluiisurs  ri- 
des ,  qui  partent  de  cet  angle  comme  d'un  centre  , 
&  repréfentent  quelque  chofe  de  femblable  .à  une 
partie  de  la  molette  d'un  éperon.  B.u^ofi  ocul'i.  Les 
vieilles  gens  ont  toujours  les  yeux  eperonnés.  Les 
Tartares  de  Crimée  ont  le  vifage  large  &  piac,  de 
petits  yeux  eperonnés.  Mem.  de  Tr.  Il  fe  dit  auili 
des  coqs  &  des  chiens  qui  ont  un  ergot.  Un  coq 
eperonné.  On  dit  que  les  chiens  eperonnés  ne  font 
pas  fujets  à  la  rage  Ac.  Fr.  Voy  e^  Eperon. 

Ce  mot  étoit  en  ulage  dans  le  XV^  liècle.  Antoine 
de  la  Salle ,  Secrétaire  de  Jean  d'Anjou  j  Duc  de 
Calabre  &  de  Lorraine,  s'en  fert  quand  il  dit ,  Il 
fut  jadis  un  Seigneur  touthouffé  &  eperonné  i  toute 
fa  gent  va  en  une  Abbaye. 
ÉPERONNIER.  f.  m.  Arcifan  qui  forge  &  qui  vend 
des  éperons  6c  des  mors  de  bride  ,  &c.  Calcarium 
artljex  j  opijex  -,  propola. 

On  appelle  aulli ,  en  Anatomie  j  éperonnier  j  ou 
plutôt  péronier  j  quelques  mufcles  de  pied.  Foye\ 

PÉRONIER. 

ÉPERVIER.  f.  m.  Oifeau  de  Fauconnerie,  de  grolTeur 
médiocre,  à  peu-près  comme  un  pigeon,  mais  très- 
fort  &  très  -  courageux.  FrmgULarius.  Acdpiter 
Jrinp'dlarius.  L'Epervier  s'appelle  fringillarius  j  à 
caule  qu'il  aime  extrêmement  les  pinçons.  \]n  bon 
épervier  a  la  tête  ronde  ,  le  bec  gros  ,  les  yeux  ca 
ves  ,  avec  un  cercle  entre  vert  &  blanc  autour  de  la 
prunelle  de  l'œil ,  le  fourcil  blanc ,  le  cou  Ion 
guet ,  les  épaules  bollues.  Il  doit  être  affilé  vers  la 
queueavecdes pennes  pointues commele boutd'une 
épée,quifoient  de  travers, grolfes  &  vermeilles jou 
rouffes.  Il  eftbon  aulli ,  quand  il  a  la  couverte  noire, 
&  la  maille  ou  tache  noire  &  blanche  ,  quand  il  a 
les  pieds  déliés ,  les  ongles  noirs  &  petits  ,  quand  il 
n'eft  pas  trop  haut  affis  ,  &  fur-tout  quand  il  eft 
familleux.  On  lui  fait  voler  les  faifans  ,  les  perdrix, 
les  cailles,  &  en  quelques  lieux ,  le  merle  ,  l'étour- 
neau  ,  la  grive  ,  la  pie  &  le  geai.  Les  meilleurs 
viennent  de  l'Efclavonie. 

L'Epervier  diffère  de  l'Autour  ,  en  ce  qu'il  eft 
plus  petit ,  moins  fort  &  plus  délicat.  Il  y  en  a  de 
deux  fortes  ;  les  uns  font  appelés  niais ,  à  caufe  qu'ils 
font  pris  dans  le  nid,  ou  qu'ils  en  font  nouvelle- 
ment fortis.  Ceux-là  font  faciles  à  former  ,  de 
même  que  les  branches  ,  qui  ne  font  pas  encore 
mués  ,  i?c  qui  n'ont  point  fait  d'aire  ,  ni  nourri 
de  petits.  Les  autres  font  nommés  Ramages ,  qui 
font  mués  de  bois. 

Le  temps  de  la  mue  des  éperviers  efl.  à  la  fin  de 
Février,  ou  au  commencement  de  Mats:  on  les 
mec  dans  des  chambres  en  liberté  en  leur  particu- 
lier ;  il  faut  qu'il  y  ait  des  cages  ,  l'une  au  levant, 
l'autre  au  couchant ,  avec  un  banc  haut  élevé  ,  ou 
chofes  femblables ,  à  laquelle  il  y  ait  des  attaches 
de  cuir  pour  y  attacher  leur  viande  \  qu'il  y  ait  aulli 
plufieurs  perches,  de  l'eau  fraiche  dans  un  badin  de 
terre  plombé  de  vert,&  du  fable  en  bas. Leur  meilleure 
nourriture  eft  le  mouton  ck  les  oifeaux  ,  principa- 
lement la  poule  J  mais  il  en  faut  cacher  la  tête.  Si 


EPE 

on  leur  donne  du  vieux  pigeon  ,  il  faut  qu'il  ait  la 
tête  arrachée ,  qu'il  air  bien  laigné  ,  Ôc  qu'il  {q^^ 
bien  habillé.  Il  faut  leur  donner  à  manger  deux  fois 
le  jour  ,  (k.  une  fou  feulement  lotlqu'onles  voudra 
faire  voler  le  lendemain  j  car  Vépervier  doit  être 
atîamé ,  afin  qu'il  fuive  &  prenne  mieux  fa  pioie. 
Il  cjuitte  facilement  ion  maître,  s'il  ne  lui  a  la 
mam  douce ,  &  s'il  contredit ,  parce  qu'il  eft  dé- 
daigneux j  &  quelquefois  lorfqu'il  n'a  pu  prendre 
l'oifeauj  il  vole  J  de  colère  de  l'avoir  manqué,  il 
s'en  va ,  &  fe  perche  fur  un  arbre  ,  fans  vouloir 
revenir. 

On  dit  Ç\\\q\.  V épervier ,  aiTurer  l'e^cmer  j  faire 
Vépervier  ^  faire  voler  Xépervicr.  Le  plus  beau  vol  <Sc 
le  plus  agréable  ,  c'eil  la  volerie  des  eperviers  aux 
allouettes.  Qui  fait  faire  un  épervier  ,  fait  duire  ua 
autour. 

Quelques-uns  eftiment  <\wq  ï épervier ,  pour  être 
bon ,  doit  être  choifi  grand  &  large  deflus  &: 
délions  ,  bien  élevé  de  mahutes  ,  &  qu'elles  foient 
bien  déliées ,  le  vol  long ,  la  queue  grolfe  &  courte  , 
de  grolfes  mailles  barres  &  courtes ,  les  pieds  grands 
&  les  doigts  déliés  ,  court  enjoinré  ,  le  pennage 
à  grolTes  mailles  par  le  devant  j  faites  en  cœur, 
tirant  fur  le  roux ,  bordées  de  feu  fur  les  mailles  de 
derrière  ,  &  des  gros  yeux  à  fleur  de  tête. 

Eufébe  dit ,  L.III.  C.  i  z.  que  l'£pervier  étoit  dédié 
au  foleil.  Les  Egyptiens  1  honoroient  avec  Ibis  : 
enforte  qu'il  y  avoir  une  ville  appelée  l'efÛKm  jriAij , 
c'eft-à-dire  ,  la  ville  des  Eperviers ,  où  cet  oifeau 
d'Apollon  étoit  révéré  dans  un  Temple  qui  lui 
étoit  dédié.  Aulli  VEpervier  étoit-il  qualifié  ,  le 
prompc  &C  fidèle  Mellager  d'Apollon  ,  comme  l'ai- 
gle l'étoit  de  Jupiter  :  témoin  Arillophane  dans  fa 
Comédie  des  oileaux,  &  Origènc  ,  dans  fon  IV "^ 
Livre  ,  courre  Celfus ,  après  Homère  ,  L.  XV.  de 
fon  OdylTée.  Apollon  s'en  fervoit  pour  les  préfa- 
ges  (5^:  pour  les  avertilTemens  de  ce  qui  étoit  à  faire  , 
ou  à  éviter.  Tristan,  T.  II.p.  6^^. 

Il  y  a  vers  les  Antilles  des  eperviers  marins,  qui , 
lorfqu  ils  font  trop  éloignés  du  rivage  ,  palTenc  la 
nuit  fur  le  dos  des  tortues  ,  qui  dormenr  dans  la 
mer  ,  s'y  épluchent ,  s'y  divertiffenc  ,  &  y  font 
toutes  les  adions  naturelles  ,  y  en  ayant  de  fi  gran- 
des ,  qu'elles  ont  bien  trois  pieds  de  large.  Mais 
ces  oiieaux ,  qu'on  nomme  éperviers  marins,  ne 
font  pas  proprement  des  éperviers  \  ils  font  à -peu- 
près  de  la  figure  de  nos  goilands  :  ils  ont  le  bec 
fort  long  ,  pointu,  un  peu  crochu  &  dentelé.  Ils  onc 
les  pieds  fort  courts ,  &  des  pares  d'oie.  Ils  font  en- 
viron de  la  grolfeur  d'un  chapon  ;  leur  plumage  eft 
fauve  ,  ranné.  On  les  appelle  des  fous,  parce  qu'ils 
fe  lallfent  prendre  aifément  pendant  la  nuit.  Le  Père 
Plumier  appelle  cette  efpèce  d'oifeau  Fiber  marinas 
rojiro  fert ato  iongiori  j  à  caufe  que  fa  forme  appro- 
che afTez  de  celle  du  bièvre  ,  ou  Fiber  &  cajior 
Bellonii.  P^oye:^  Aldrovand.  Ornith.  l.  15.  chap.  (Sz. 
p.  284. 

Ce  mot  vient  àefparvarius,  qui  fe  trouve  dans  la 
Loi  Salique  ,  &  de  l'Allemand //Jtznver,  owfperber. 
MÉN.  Il  vient  plutôt  dey/i^A/è// ,  vieux  mot  Celti- 
que ou  Bas  Sreton  ,  fignifiant  épervier.  Quelques 
Auteurs  ,  &  entr'autres ,  M.  de  Sainte  -  Marthe  , 
l'appellent /ri/wV/a/wj- ,  parce  qu'ils  mangent  des 
friquets  ,  ab  eju  fringillarum. 

On  appelle  un  épervier  ramage  ,  celui  qui  a  vo4é 
par  les  forêts  ,  &  qui  a  été  à  foi.  Un  épervier  royal , 
qui  a  été  pris  au  nid,  nourri  &  façonné  pour  gi- 
boyer  à  plaihr. 

On  ditj  proverbialement.  Mariage  êî épervier, 
où  la  femelle  vaut  mieux  que  le  mâle. 
ÎPERViER  J  eft  aulÏÏ  un  filet  de  pêcheur.  C'eft  un 
grand  fie  dont  la  forme  eft  conique  ,  rerenu  par  une 
corde  attachée  au  bout  du  cône.  Quand  on  le  jeté 
à  l'eau  il  fe  développe  &  s'étend  ;  les  plombs  donc 
le  bord  inférieur  eft  garni,  le  font  defrendre  en 
forme  de  voûte ,  fous  laquelle  le  poilfon  fe  trouve 
pris.  On  retire  le  filet  par  le  moyen  de  la  corde  donc 
nous  avons  parlé  i  les  bords  garnis  de  plomb  fe 

réunillènj 


EPH 

,  réunilTl'nCj  &  empêchent  le  poillôn  de  s'cch.ipper. 

Epervier. Terme  de  Chirurgie. Sorce  de  b.ind.i'^e  donc 
on  fe  ferc  pour  les  plaies  &  les  fraiftures  du  nez.  Ac- 
cipicer  ,  tns.  Il  ell  ain(i  appelé  ,  parce  qu'il  imite  par 
les  circonvolutions  de  {ss  bandes,  Iss  cours  que 
font  les  attaches  du  bonnet  de  l'épervier ,  oifeau  de 
chafFe. 

ÉPERVIN  ,  ou  éparvin.  f.  m.  Tumor  uiccrcfus  equi- 
n&  fuQrao'inis.  (.It^iiQ  maladie  vient  au  bas  du  jar- 
ret ,  lequel  ell  embarrafTé  de  matières  cralFes  &:  vif- 
queul'es ,  qui  s'arrêccnt  à  l'endroic  où  fe  fait  le  mou- 
vement, /-'oje^  encore  Eparvin. 

EPETER.  Terme  de  Coutume.  C^eft  empiéter  fur  le 
grand  chemin  avec  la  charrue  ,  en  la  faifant  tour- 
ner au  bouc  du  liUon.  i'"iam  puhlkam  aratro  aum- 
gerc ,  profcinderc, 

El-'EUS.  f  m.  Fils  d'Endymion  &  d'Hypéripné,  ayanc 
remporté  le  prix  de  la  courfe  fur  les  deux  frères  j 
régna  ,  après  la  mort  de  Ion  père  ,  fur  les  Eléens  , 
qui  furent  appelés  de  fon  nom  Ephccns, 

EPH. 

EPHA.  f.  m.  Epha.  C'étoit  une  mefure  ordinaire  des 
Hébreux.  On  s'en  fervoit  pour  mefurer  les  chofes 
ieches  j  c'eft  pourquoi  1  Ecriture  parle  fi  fouvent 
épha  de  jarinc.  Cettemefure  étoit  laplus  commune 
chez  les  anciens  Juih  ,  &  fervoitde  règlepourcon- 
noitre  les  autres.  C'ell  pourquoi,  lorique  Dieu  or- 
donne aux  Marchands  d'avoir  des  mefures  julles , 
&  de  ne  point  frauder  dans  le  commerce  ,  il  fe  con- 
cente  de  commander  qu'on  ait  wwcpha  entier  is'  jujle. 
On  croit  ordinairement  que  cecce  mefure,  réduite 
à  celle  des  Romains ,  concenoit  quatre  boilfeaux  Ik 
demi.  Chaque  boilleau  des  Romains  pefoit  vingt- 
livres  ;  ainh  Xéphd  pefoic  ouacre-vingcdix  livres 
de  blé  ou  de  farine.  L  hofpi  talicé  de  Gédéon  eft  louée, 
parce  qu'il  fie  cuire  un  épha  de  farine  pour  un  Ange 
îeul.  Cela  auroir  pu  fuffire  à  la  nourriture  de  qua- 
rante cinq  hommes  pendant  l'efpace  d'un  jour  en- 
tier, car  la  portion  de  chaque  ouvrier  n'éioic  que 
de  deux  livres  de  pain  par  jour. 
ÉPHA.  Nom  Hébreu  ,  qui  diffère  du  précédent ,  s'é- 
crivanc  par  un  ]}  ,  ain  ^  aulieu  que  celui-là  s'écrit 
par  un  K  ,  aleph ,  d'où  vientque  quelques-uns  écri- 
vent le  précédent  par  un  e  (implemenc,  comme 
nous faifons;&  d'autres  par  un  h&c\xne,Hepha.  C'eft 
un  nom  propre  d'homme  &  de  lieu  j  car,  i".  c'ell  le 
nom  d'un  des  petits  fils  d'Abraham  &  de  Cetura  , 
6:  fils  .liné  de  Madian.  Gen.  XXV. 4.  i.  Parai.  I.  55. 
2°.  Et  parce  que  les  pays  prenoient  le  nom  de  ceux 
qui  les  habuoientj  celui  que  les  habitans  A' Epha 
occupèrent  s'appela  Epha,  Quelques  Auteurs  difent 
que  c'étoit  feulement  une  ville  ,  mais  il  y  faut  join- 
dre fon  territoire.  Cette  ville  &  fon  territoire  étoient 
de  la  terre  de  Madian  ,  &  fitués  furie  bord  orien- 
tal de  la  mer  morte  ,  oudu  lac  Afphaltite.  Il  y  avoit 
beaucoup  de  chameaux  &  de  dromadaires  dans 
VEphd ,  iSc  dans  tous  le  pays  des  Madianites ,  comme 
il  paroît  par  le  Livre  des  Juges  'VI.  5.  &  par  If.  LX. 
6.  Vous  ferez  inondée  par  une  foule  de  chameaux  , 
par  les  dromadaires  de  Madian  &  à'Epha.  Sacy. 
Les  Arabes  appellent  encore  cette  ville  Gaipha , 
d'où  les  Grecs  avoient  fait  r«i'^»  ,  qui  fe  trouve 
dans  les  Sepcance  ,  &  par  corruption  rai<p«p,  f^o- 
yei  Bocharc  j  Hiero^ ,  P.  /.  L.  II.  C  j.  Cet  Au- 
teur croit  que  parce  que  VEpha  ,  ou  Hipha  ,  étoit 
pleine  de  chameaux,  c'eft  de  ce  mot  que  les  Grecs 
avoient  fait  le  i-arwo; ,  hippos  ,  qui  en  leur  langue 
lignifie  cheval.  S.  Jérôme  met  cette  ville  ou  ce  pays 
d'Epha  dans  l'Arabie  heureufe  ,  apparemment  par- 
ce qu'en  If  LX.  (S.  après  Epha  ,  il  eft  parlé  de  Saba  : 
mais  au  même  endroit  Epha  eft  joint  à  Madian.  De 
plus ,  Gen  XXF.  4-  &  i-  Parai.  I.  35.  Epha  eft  fils 
aîné  de  Niadian.  Enfin  ,  Ptolomée  place  un  bourg 
nommé  îans-ar,  furie  bord  oriental  du  lac  Afphal- 
tite ,  un  peu  au-delïbus  de  Modian  ,  c'eft-à-dire , 
Madian, 

ÉPHEBE.  f  m.  Mot  dont  on  s'eft  fervi  autrefois.  Jeu- 
Tome  III, 


E  P  H  y-^y 

ne  homme  arrivé  à  l'âge  de  puberté  ;  qui  a  quatorze 
ans.  Il  vient  de  la  prépofition  is-i ,  &  de  «£■>)  pu- 
bercé. 

JfJ-  On  appeloic  Ephcbeia  les  fêtes  qui  fe  fai- 
foientà  la  puberté  des  enfans. 

IP"  ÉPHEBEUxM.  f  m.  Endroit  particulier  du  gym- 
nale  où  s'alFembloient  les  Ephèbes  pour  leurs  exer- 
cices. 

EPMEDRE.  f  m.Ephedra.  AtbrilFeau  qui  redembla 
à  la  Prèle,  mais  qui  eft  plus  grand  &c  plus  haut- 
Son  tronc  eft  gros  comme  le  bras ,  fus  branches  mon- 
tent 6c  s'étendent  dans  celles  des  arbres  voifins.  Ses 
fleurs  font  petKcs,mouireufes,pâles.Il  leur  fuccédedes 
fruits  qui  relfemblenc  à  de  petites  mûres ,  decouleuc 
rouge  &  d'un  goût  aigre.  Cet  arbrifteau  croît  parti- 
culièrement le  long  des  vallées  du  mont  Olympe  &: 
dans  l'Illyrie.Il  y  en  a  de  plufieurs  autres  fortes. L'une 
qui  croît  vers  Frontignan  ,  qui  n'a  pas  plus  d'un  pied 
&:  demi  de  haut ,  dont  le  fruit  relFemble  aux  mûres 
de  renard  j  &  eft  d'un  goût  doux.  Une  autre  efpèce 
croît  en  Elpagne  ,  &  diifère  des  autres  en  ce  qu'elle 
a  des  leuillesen  quantité  (.^  très -menues.  On  mec 
encore  le  raifin  de  mer  au  nombre  des  éphcdres. 

,   f^oy.  Raisin  de  mer. 

Ephedre.  Nom  que  l'on  donne  à  un  Athlète.  Ephe- 
drus.  Les  Athlètes  tiroient  au  fort  à  qui  combatroic 
enfemble.  On  apparioit  ceux  qui  avoient  des  lettres 
femblables.  Si  le  nombre  des  Athlètes  étoit  impair 
celui  qui  reftoit  fins  anragonifte  étoit  mis  en  réferve 


pour  le  battre  contre  le  vamqueur 


iic  cet 


Athlè 


cte 


impair  s'appeloit  (Çe^fn^  Ephedre.  Plutarque  fait  uno 
application  heureufe  de  ce  mot  à  Crallus  ;  il  die 
qu'il  étoit  V Ephedre  du  combat,  &  comme  un 
Athlète  de  réferve  qui  tenoic  en  refped  Céfar  Se 
Pompée. 

ÉPHELIDES.  f.  f  pi.  Ephelides  ,  dum.  Taches  larges, 
rudes  ,  noirâtres,  qui  viennent  au  vifage  par  l'ar- 
deur dufoleil,  par  Fapplication  d'un  air  chaud  ou 
par  la  réverbération  des  rayons.  On  donne  aufli  ce 
nom  à  certaines  taches  du  vifage  qui  naillent  aux 
femmes  grofles  ,  Ik.  qui  leur  rendent  la  peau  noire  &C 
ridée.  L'accouchement  les  fait  difparoître.  Les  filles 
qui  font  fur  le  point  d'avoir  leurs  règles  y  font  aulîi 
fujettes.  Elles  s'effacent  lorfqueles  règles  paroiffent; 
elles  renaifteut  lorfqu'elles  font  fupprimées.  Ephe- 
lide  eft  un  mot  Grec,  l^iMi ,  compol^  de  <=r<',  &  da 
i'A;ef ,  folcil.  Auffi  Liuden  traduit- il  ce  mot  par  Ta- 
che  folaire. 

EPHEMERE,  adj.  de  t.  g.  Terme  de  Médecine.  Ce  qui 
ne  dure  qu'un  jour.  Dïalis  ,  dlurnus.  On  appelle 
fièvre  éphémcre  un  accès  de  fièvre  qui  n'a  point  de 
fuite,  qui  ne  revient  plus. 

M.  l  Abbé  Régnier  a  employé  le  mot  ^éphémère 
en  parlant  de  chofes  ordinaires,  lorfqu'il  dit,  les 
parens  &  les  Miniihes  du  Pape  eurent  recours  à 
l'expédient  de  cette  Légation  éphémère  ,  pour  di- 
re ,  une  Légatiojî  qui  ne  dura  que  vingt- quatre 
heures. 

Ce  mot  &  le  fuivant ,  éphémérides  ,  viennent  de 
la  prépofition  '«^'  ,  de  ^fuper,  apud  ,  ob ,  in  ,  pru- 
ter  j  6c  en  François  fous  j  de  j  fur  ,  dans  j  parmi  , 
pour  ,  en  ,  à  ,  che^  ,  par  ,  auprès  ,  &  de  ^r«É(i«  ^ 
dies ,  jour  i  t(p>!uifcc  -is-ufiTis  dans  Galien  ,  fièvre  éphé- 
mère. 

Les  Relations  d'Arabie  parlent  de  certains  arbres 
éphémères  qui  croiffent  tous  les  jours  depuis  l'aurore 
jufqu'à  midi,  &quialors  difparoiffent ,  fans  qu'on 
puiffe  connoître  s'ils  s'évanouiffent  entiétement,  où 
s'ils  rentrent  dans  lesfablonsde  F  Arabie,  parmi  lef- 
queis  ils  croilTent. 

Éphémère  J  fe  dit  en  Botanique  de  plufieurs  fleurs  qui 
s'épanouiffent  au  lever  du  foleil  j  &  qui  fe  flétrif- 
fent  entièrement  à  fon  coucher.  Les  fleurs  de  la  Denc 
de  Lion  font  éphémères. 

ÉpHÉMâRE. ,  eft  aulTi  un  animal  qui  ne  vie  que  cinq 
heures,  pendant  lefquelies  il  naît,  croît,  étend  fcs 
membres,  changedeux  fois  de  peau,  faitdesœufs» 
jette  des  femences  ,  vieillit  &  meurt.  Ariftote  en  .i 
fait  la  defcription  ,  &  l'a  ainfi  nomme  ,  parce  qu'il 
^  fffff 


778  EPH 

ni  dmc  qu'un  jour.  Il  paroît  vers  la  Saint  Jean,  c  efl; 
un  infecti  volant  qui  naît  à  lix  heures  après  midi , 
&  meurt  à  onze  heures.  Il  eft  vrai  qu'avant  d'avoir 
pris  cette  figure  ,  il  a  vécu   trois  ans  fous    celle 
d'un  ver  j  au  bord  de  l'eau  dans  la  vafe  j  ou  dans 
des  trous  qu'il  a  creufés  lui-même.  Il  s'en  trouve  de 
deux  ou  trois  pouces.  Les  Pêcheurs  s'en  fervent  pour 
appâter  leurs  hameçons.  On  a   obfervé  dans  quel- 
ques-uns de  ces  infedes  jufqu'à  7000  yeux  fem.-s 
par-tout  le  corps.  Us  ne  s'accouplent  point.  La  temelle 
jette  fes  œufs ,  &  le  mâle  les  rend  féconds  en  les  cou- 
vrant de  fa  femence.  Il  ne  prend  aucun  aliment  de- 
puis qu'il  efl:  changé  ,  Se  il  ne  change  que  pour  fe 
multiplier.  Aldrovand  ,  Jonfton  &  Chihus  en  ont 
écrit ,  mai3  avec  bien  moins  d'exa£l;itudeque  Swam- 
merdara,  qui  en  a  fait  les  dilTedions  &  les  obferva- 
tionsavecle  microfcope.  Il  l'appelle  ephemera,   ou 
hemerobios  j  &  en  Latin  diaria.  Il  dit  qu'il  fe  {-orme 
d'abord  en  ver ,  puis  en  nymphe  j  &  qu'il  a  des  ai- 
les difpofées  d'une  manière  particulière,  &  qu'on 
diftingue  aifément  le  mâle  d'avec  la  femelle.  Il  en 
efl:  aullî  parlé  dans  le  Recueil  de  Thévenot ,  in  S°. 
Éphémère,  f  f  Mouche  dont  le  nom  n'exprime  pas 
même  allez  la  courte  durée  de  fa  vie.  Les  éphémères 
font  de  très-jolies  mouches  qui  doivent  être  rangées 
parmi  celles  qu'on  nomme  papïllonacées.  Hijioire  de 
l'Acad.  des  Se.  1741.  i  ;. 
ÉPHÉMÉREUTE.  f  m.  C'eft  ainfi  que  Philon  appelle 
les  Prêtres  des  Thérapeute ,    qui  étoient  chels  de 
l'alTemblée  j  chacun  à  leur  tour.  Le  nom  d'Ephé- 
méreutea.  perfuadé  que  lesThérapeutes  étoient  Chré- 
tiens ,  parce  que  ce  terme  ell  connu  dans  l'Eglife  , 
Se  qu'il  en  efl:  parlé  dans  un  fermon  qu'on  trouve 
parmi  les  œuvres  de  S.  Athanafe.  Cela  a  fait  une 
grande  queftion  dont  on  trouvera  les  divers  fenti 
mens  au  mot  Thérapeutes. 
ÉPHÈMERIDES.  f.m.  pi.  Terme d'Aftronomie.^f/'A/- 
mérides.Ce  font  des  tables  calculées  pardesAftrono- 
mes,qui  marquent  l'état  du  ciel  tous  les  jours  à  midi, 
c'efl:-àdire  j  le  lieu  où  à  midi  fe  trouvent  toutes  les 
Planètes:  &:ce  font  ces  tables  qui  fervent  à  drelTer 
les  horofcopes  ,  ou  thèmes  célelles,  à  marquer  les 
éclipfej,  les  conjonétions  &  afpeds  des  Planètes  , 
&c.  Les  Ephémérides  d'Origan  ,  de  Kepler  ,  d'Ar- 
goli  }  de  Jean  Heckerus ,  de  Mezzaracchis ,  de  M. 
de  la  Hire ,  de  Beaulieu  ,  de  M.  Desplaces  ,  &c.  M. 
Jean-Dominique  Caflini  afaitdes  Ephémérides  àos 
afl:res  de  Médicis  j  ou  des  Satellites  de  Jupiter  ,  qui 
fervent  à  la  découverte  deslongitudes. 

On  donne  ordinairement  quatre  tables  ,  ou  Ephé- 
mérides ,  pour  marquer  le  lieu  du  foleil  dans  l'E- 
cliptique  \  l'une  pour  l'année  biffextile,  &  les  trois 
autres  pour  les  années  communes. 

Quelques  anciens  Auteurs  font  ce  nom  fingulier 
&  féminin.  Une  Ephemeride ,  ou  papier  journal, 
dit  Vigenère  fur  Tire^Live  j  L.  I.  p.  671. 
UC?  ABEPHEMERIDE  SERVUS.  £fclave  qui  avoit 
foin  de  confulter  le  Calendrier  Romain  ,  &  d'aver- 
tir fon  maître  du  jour  des  Calendes ,  des  Nones  ik 
des  Ides. 
ÉPHÉMÉRUM.  f.  m.  Ephemerum.Teume  de  Botani- 
que qu'on  donne  i  diverfes  plantes.  On  croit  que 
l'épkémérum  de  Diofcoride  efl:  une  efpècede  colchi- 
que, qui  efl:  un  puiffant  poifon  croilfant  au  pays  de 
Colchos.  Il  efl:  fi  dangereux  qu'il  fait  mourir  en 
moins  d'un  jour  ceux  qui  en  mangent  ;  ce  qui  lui  a 
fait  donner  ce  nom.  Véphémérum  de  Mathiole  , 
ainfi  appelé  ^  parce  qu'il  l'a  découvert  le  premier 
en  Italie  ,  efl:  une  efpece  de  corneille  ou  lyfimachia. 
Ses  feuilles  font  oblongues,  larges,  femblables  à 
celles  du  paftel ,  mais  plus  petites.  Il  a  plufieurs 
petites  tiges  ronde? ,  hautes  d'une  coudée  &  demie. 
Ses  fleurs  font  blanches ,  compofées  de  cinq  feuil- 
les *,  fa  femence  efl;  petite ,  &  fa  racine  garnie  de 
beaucoup  de  fibres.  Il  y  a  auflî  quelques  plantes  qui 
croilfent  dans  la  Virginie,  &  qu'on  appelle  e/^Ae- 
merum  V irginianum  y  ou  phalangium  Kirginlanum , 
dont  la  racine  efl:  fibreufe  &  traçante.  Aujourd'hui 
le  nom  à'éphémérum  eftconfacré  à  un  genre  de  plan- 


EPH 

te  qui  poulfe  plufieurs  feuilles  larges  à  leur  baCe , 
longues  &:  étroites  ,  pomtues  par  leur  bout ,  pref- 
que  de  la  même  façon  que  celles  du  chiendent.  Il 
fort  parmi  ces  touilles  une  tige  haute  environ  d'un 
pied  &  demi  ,  roide  &  noueufe  :  à  chaque  nœud  il 
y  a  une  teuille  femblable  aux  précédentes  j  il  y 
en  a  aulli  quelques-unes  à  l'extrémité  ,  entre  lef- 
quelles  on  voit  un  bouquet  de  plufieurs  fleurs ,  fou- 
tenues  de  trois  pétales,  ou  trois  teuilles  pourprées 
foutenues  par  un  calice  qui  efl:  aulli  à  trois  Veuilles 
vettes  :  au  milieu  de  chaque  fleur  il  y  a  quelques 
étamines  avec  leurs  fommecs  jaunes  qui  enrourenc 
lepilHl  ;  &  ,  lorfque  la  fleur  efl  palfée,  ce  piftil  de- 
vient un  huit  oblongjdiviféen  trois  loges  remplies 
de  quelques  femences  qui  ont  le  plus  louvent  lalj;- 
gure  du  grain  de  koment,  étant  iillonnéesde  mê- 
me dans  leur  longueur,  yoyei  le  P.  Plumier. 
ÉPHER. /^oje-OPHER. 

EPHÈSE.  Ephefus.  C'ell  le  nom  d'une  des  plus  fameu- 
fes  villes  du  monde  :  elle  efl  célèbre  dans  l'antiqui- 
té profane  &Z  dans  l'antiquité  ficrée ,  illuflre  chez 
les  Chrétiens  &  chez  les  Payens  :  Ion  ancienne  iplen- 
deur  a  diminué  peu-à-peu  fous  les  Empereurs  Giecs, 
&  s'eft  entièrement  évanouie  fous  les  Empereurs 
Mahométans.  Ephèfe  ell  une  ville  de  l'Ionie,  dans 
l'Afie  Mineure  j  fituée  proche  de  la  mer  ,  (ur  une 
rivière  appelée  aujourd'hui  Chiais ,  vis-à-vis  l'Ifle 
deSamoSj  entre  letrente  huitième  &  le  trente-neu- 
vième degré  de  latitude  ,  &  à  plus  de  cent  degrés 
de  longitude.  L'origine  de  cette  ville  efl  incertaine: 
Jurtin,L.  U.C.  4.  &  Pline  ,  L.XXV.  C.  29.  di- 
fent  qu'elle  fut  bâtie  par  les  Amazones  :  d'autres  , 
comme  Eusèbe ,  rapportent  qu'Androcus  ,  un  des 
fils  de  Codrus  ,  Roi  d'Athènes,  la  bâtit  autrelois 
du  temps  de  David  ,  &  y  établit  le  fiége  de  fon  Em- 
pire. Syncelle  appelle  Andronic  le  Fondateur  d'i?- 
phèfe.  Quoi  qu'il  en  foit ,  fa  fituation  agréable  Sc 
avantageufe  en  firent  bientôt  une  ville  conlidérable: 
à  la  vérité  fon  port  n'eft  proprement  qu'une  rade  ; 
mais  elle  étoit  meilleure  autrefois  qu'elle  n'eft:  au- 
jourd'hui ,  &  les  vailfeaux  entroient  dans  la  rivière; 
ce  qu'ils  ne  peuvent  faire  parce  que  la  barre  eft 
comblée  de  fable  j  ainfi  tout  le  commerce  êC Ephèfe 
a  été  peu  à  peu  tranfporté  à  Smyrne.  Dans  les  pre- 
miers temps  Ephèfe  jouilfoit  de  fa  liberté  ,  Hi  elle 
eut  grand  foin  de  la  conferver  durant  les  guerres  des 
Athéniens  &  des  Lacédémoniens ,  en  vivant  en 
bonne  intelligence  avec  le  plus  fort.  Alexandre  vint 
à  Ephèfe  après  le  palfage  du  Granique ,  &  il  y  ré- 
tablit la  Démocratie.  Annibal ,  dans  la  déroute  de 
fes  aflaires ,  fe  retira  en  Afie ,  &c  choifit  Ephèfe  pour 
s'aboucher  avec  Antiochus ,  &  prendre  de  concert 
des  mefures  contre  les  Romains.  Mithridatefit  faire 
dans  cette  ville  un  horrible  malfacre  des  Romains, 
&  par  cette  barbare  perfidie  il  attira  contre  lui  leurs 
armes  &  toute  leur  puilfance.  Lucullus  qui  fut  en- 
voyé pour  commander  leur  armée  j  fit  de  grandes 
fêtes  à  Ephèfe  j  &  elle  fe  vante  ,  dans  fes  médailles, 
d'avoir  été  trois  fois  néocore.  Pompée ,  qui  lui 
fuccéda  dans  le  commandement ,  vint  rin'Xi  à  Ephèfe: 
&  Cicéron  ,  qui  avoit  tant  de  goût  pour  les  arts,  ne 
manqua  pas  devoir  Ep h èfe.Scïpion  fit  piller  les  tré- 
fors  immenfes  de  fon  Temple.  Augufle  l'honora 
d'une  de  fes  vifites  ;  &  l'on  y  drelfa  des  temples  i 
Jules  Céfar  &  à  la  ville  de  Rome.  Tibère^  fit  rebâtie  ^ 
Ephèfe  :  car  il  efl  impollible  qu'elle  n'eût  fouffert 
de  la  préfence  de  tant  d'armées  durant  tant  de  guer- 
res &  de  révolutions.  Ici  Ephèfe  ,  fi  attachée!  fes 
fuperftitions  ,  commence  à  devenir  Chrétienne.  S. 
Paul  y  trouva  quelques  Difciples  ,  quand  il  y  arriva 
avec  Prifcille  &  Aquila  (  Aét.  XVIIL  18.  XIX.  i. 
21.)  &  il  en  forma  de  nouveaux  durant  trois  ans 
qu'il  y  féjourna  •,  mais  ce  ne  fut  pas  fans  peine.  (  Act. 
XIX.  10.  XXL  31.  )  S.  Paul  dit  quil  combattit  à 
Ephèfe  contre  les  bêtes.  (  i.  Cor.  XV.  12.  XVI.  .-^cli 
XIX.  )  Ephèfe  ,  célèbre  en  Afie  &  en  Europe  par  fon 
fameux  Temple  de  Diane  ,  ne  pur,  fans  s'éniou- 
voir  ,  fe  voir  tomber  dans  le  mépris  par  l'établiire- 
ment  de  la  Religion  Chrétienne.  S.  Paul ,  obligé  de 


E  P   H 

de  quitter  Ephèfe,  y  envoya Timotlice  pour  achever 
lie  la  convertir  :  il  en  fut  le  premier  Evêque,  &:  on 
croit  qu'il  l'étoit  encore  lorlque  S.  Jean  eut  dans 
l'Iile  de  Patlimos  ces  himeules  viiions  ,  rapportées 
dans  TApocalypfe  ,  &  dont  une  regarde  l'Ange  de 
l'Eglife  à'Ephcfe.  Mais  ce  qui  relevé  infiniment  la 
gloire  de  cette  ville  ,  c'eft  que  S.  Jean  ,  le  dilciple 
bien  aimé  ,  y  établit  fon  (iège  :  elle  devint  par-la  la 
métropole  de  l'Alie.  La  Samte  Vierge  y  luivit  S. 
Jean  ,que  Jefus-Chiill  en  mourant  lui  avoit  recom- 
mandée i  comme  à  un  hls ,  &  elle  y  finit  la  plus 
fainte  vie  qui  fut  jamais ,  après  celle  de  J.  C.  Elle  y 
fut  houotée  après  fa  mor{  comme  Mère  de  Dieu, 
dans  ces  remps  où  la  foi  étoit  pure  au  lentiment  mê- 
me des  Hérétiques,  &c  la  providence  lemble  avoir 
ménagé  cette  circonllance  ,  pour  donnera  la  piété 
deceux  d'BphèJl  un  objet  fi  touchant ,  pouretîaccr 
de  leurs  efpiits&  de  leurs  cœurs  les  luneltes  impref- 
(ions  que  le  culte  qu'ils  rendoient  à  Diane  avoit 
faites  ,  &  pour  confondre  les  Hérétiques  des  liécles 
fuivans. 

La  fituation  avantagcufe  â'Epkcfc  ,  placée  entre 
l'Afie  ,  l'Europe  &  l'Atrique  ,  en  fit  l'objet  de  l'am- 
bition des  conquérans.  Les  Perfes  la  pillèrent  dans 
le  troifieme  fiècle  :  les  Scythes  ne  l'épargnèrent  pas 
queLfue  temps  après ,  &:  frayèrent  dès-lots  le  clie- 
min  aux  Turcs  leurs  defcendans.  Elle  étoit  encore 
conliiérable  dans  le  quatrième  fiècle  ,  car  elle  fur 
choifie  pour  y  célébrer  un  Concile  ,  qui  eft  le  IIF 
Concile  Œ;uménique  l'an  43 1  ,  où  l'Egliie  con- 
damna l'impie  Neitorius  ,  qui  nioit  que  la  Sainte 
Vierge  eût  été  vraie  mère  de  Dieu.  C'elt  vers  ce 
temps-là  qu'on  croit  avec  alfez  de  vraifemblance 
que  le  fameux  Temple  de  Diane  hit  détruit ,  en- 
fuite  de  l'Edit  par,  L-  ^uel  Conilantin  ordonna  de 
renverfer  tous  les  Temples  d;'s  Payens. 

Dans  les  fiècles  fuivans  l'Empire  fut  expofé  aux 
incurfions  des  Barbares  :  ils  le  rendirent  maîtres 
à! Ephèfe  fous  l'empire  d'Alexis  Comnène,  qui  en- 
voya contr'eux  Jean  Duras  fon  beau-pere.  Il  défit 
les  Généraux  Mahométans  :  la  bataille  fut  donnée 
dans  la  plaine  qui  e(l  au-delîous  de  la  Citadelle, 
par  où  l'on  voit  que  la  plus  belle  partie  de  la  ville 
étoit  déjà  détruite.  Il  y  a  apparence  que  la  Cita- 
delle dont  parle  Ducas,  qui  rapporte  cette  hiftoire  , 
elt  l'ancien  château  de  matbre  abandonné.  Théo- 
dore Lafcans  fe  rendit  maître d'f/jAtf/tf  en  1106.  Les 
Mahométans  y  revinrent  fous  Andronic  Palsologue. 
Tamerlan,  après  la  bataille  d'Angora ,  établit  fon 
quartier  à  Ephèfe ,  &  ordonna  à  tous  les  Princes 
d'Anatolie  de  l'y  venir  joindre.  Ce  B  irbare  s'occupa 
pendant  un  mois  à  faire  piller  la  ville  &  les  envi- 
rons. Si  tout  fut  enlevé.  Dans  la  iuite  diftérens 
Princes  Turcs  fe  rendirent  maîtres  d'Ephèfe  tour  à 
tour,  &  fe  l'enlevèrent  fuccellivement  les  uns  aux 
autres.  La  conquête  étoit  toujours  fuivie  du  pillage 
de  la  ville ,  &  fouvent  du  malfacre  des  habitans. 
Enfin  cette  ville  malheureufe  ,  tant  de  fois  afiiégée , 
prife  &  défolée,  tomba  entre  les  mains  de  Maho- 
met premier  qui  regnoit  au  commencement  du 
quinzième  fiècle ,  &  depuis  elle  eil  reftée  aux 
Turcs ,  mais  fi  ruinée  que  ce  n'eft  plus  aujourd'hui 
qu'un  méchant  village  habité  par  trente  ou  quarante 
familles  Grecques ,  qui  font  parmi  de  vieux  mar- 
bres,  &  auprès  d'un  bel  aqueduc.  Aujourd'hui  la 
citadelle  où  les  Turcs  fe  fjnt  retirés  eft  fur  un  tertre 
qui  s'étend  du  nord  au  fud ,  &  domine  toute  la 
plaine  :  l'enceinte  de  cette  citadelle,  qui  eft  fortifiée 
par  plufieurs  tours ,  n'a  rien  de  magnifique  :  mai9  à 
quelques  pas  de  là  on  voit  les  reftes  d'une  citadelle 
plus  ancienne,  beaucoup  plus  belle  (^  dont  les  ou- 
vrages étoient  revêtus  des  plus  beaux  marbres  d'E- 
phèfe. 

[]m  des  portes  d'Ephèfe  s'appelle  la  Porte  de 
•  Perfécnrion.  Elle  fubfifte  encore  aujourd'hui.  L'ou- 
vrage eft  de  fort  bon  goût  :  on  y  voit  trois  bas  reliefs 
qui  font  fort  beaux.  Cette  porte  étoit  défendue  par 
des  ouvrages  a'.fjz  irréguliers,  qu'on  avoit  agran- 
dis en  difFérens  temps ,  félon  le  befoin.  Au  iud  Se 


E  i^  H  7^9 

au  nord  de  la  colline?  où  le  château  eft  bâti ,  on  voie 
une  mofquée  qui  étoit  autrefois  l  Eglife  de  S.  Jean  : 
le  dehors  de  cette  Eglife  n'a  rien  d'e.xtraordinaire  ; 
mais  il  y  a  de  belles  colonnes  en  dedans.  L'aquéduc 
qui  eft  à  moitié  ruiné  ,  &  l'ancienne  citadelle  qui 
i'eft  entièrement,  font  l'ouvrage  des  Empereurs 
Grecs  :  on  y  voit  de  grandes  pièces  de  marbres ,  avec 
des  infcriptions  qui  p.ulent  des  premiers  Célars. 
On  voit  aulli  de  tous  côtés  aux  environs  d'Ephèfe  , 
des  ruines  de  vieux  châteaux  qui  ne  nous  feroient 
pas  connoître  la  grandeur  &c  la  magnificence  de 
cette  ville  ,  ni  la  richelfe  de  fes  habuans  fi  nous 
ne  lavions  par  Ihiftoire  ce  qu'elle  a  été.  Les  Turcs 
ont  emporte  les  plus  beaux  marbres  &  les  plus 
belles  colonnes  d'Ephèfe  ,  pour  en  orner  les  mof- 
quées  Royales  de  Conltantinople. 
Ephhse  eft  à  une  journée  &  demie  de  Smyrne.  Du- 
LoiR,  pag.  2z.  Du  Cayltre  à  Ephèfe  il  n'y  a  qu'un 
marécage  d'une  demi  lieue  ,  que  nous  limes  fur 
une  chaulfée,  dont  le  pavé  me  donnoit  du  refpeél; 
la  plus  grande  partie  n'étant  hute  que  de  morceaux 
de  colonnes ,  de  corniches  brifces ,  &  de  diverfes 
pièces  de  figures  qui  pourroient  bien  enrichir  les 
cabinets  de  nos  Curieux.  Au  bour  de  ce  précieux 
pavé  on  palfe  un  pont  à  trois  arches,  qui  eft  bâti 
lur  le  Méandre.  La  première  choie  que  l'on  trouve 
eft  le  château  bâti  fur  une  petite  montagne  qui  n'é- 
toit  pas  autrefois  dans  la  ville  j  car  pour  y  aller  j 
il  faut  fortir  une  porte  faite  de  brique  au- 
delfus  de  laquelle  on  voit  une  plate- bande  de 
marbre  blanc,  enrichie  de  figures  de  balfe- taille, 
qui  font  juger  qu'elle  fervoit  autretois  à  un  tombeau. 
L'Egliie  ,  autrefois  dédiée  à  S.  Jean  ,  eft  bâtie  fur  une 
petite  éminence.  Les  muts,  aulli- bien  que  les  bafes 
des  colonnes,  qui  font  encore  en  leur  entier,  ont 
beaucoup  de  mrrques  duChriftianifme,  comme  des 
croix  taillées  fur  des  tombes,  &  font  connoître  que 
tout  l'édifice  étoit  de  marbre  blanc.  Sa  largeur  pou- 
voir être  de  60  pieds  ,  &  fa  longueur  de  1  îo.  Les 
ouvertures  des  Portes  y  font  encore  aujourd'hui  fa- 
çonnées à  la  ruftique  ,  dont  l'une  regarde  le  midi  Se 
l'autre  le  feptentrion.  Les  Turcs  en  ont  retranché  la 
partie  qui  eft  au  couchant ,  pour  en  faire  une  mof- 
quée :  on  y  voit  quatte  merveilleufes  colonnes  de 
porphyre,  ou  de  ces  pâtes  que  faifoient  les  Anciens, 
lefquellesavoient  bien  50  pieds  de  haut. 

Vers  l'orient  de  la  ville  font  des  montagnes  ftériles 
&  des  rochers  détachés ,  entre  lefquels  le  Méandre 
prend  fon  cours.  Du  côté  du  feptentrion  fe  voit  le 
marais  que  nous  avions  traverfé  entre  le  Cayftre  &  le 
Méandre  \  &  la  forêt  qui  eft  au  bout ,  fur  le  penchant 
de  la  montagne  j  repréfenie  un  agréable  amphithéâ- 
tre de  verdure.  Au  midi  il  y  a  des  aqueducs  &  une 
contmuationde  petites  collines  jufqu'à  la  mer,  où  je 
juge  par  les  apparences  que  les  plus  belles  maifons 
de  la  ville  étoient  bâties.  Entre  ces  collines  &  le  ma- 
raisj  la  plaine  qui  eft  vers  le  couchanr  eft  fi  agréable 
&  (1  belle  jufqu'à  la  mer ,  que  je  ne  m'étonne  pas  (î 
le  Méandre  l'embraifant  par  nulle  dcrours  ,  a  tant  de 
peine  à  la  quitter.  Tous  les  édifices  étoient  bâtis  dans 
cette  plaine.  On  y  voit  encore  les  ruines  de  certaines 
caves  voûtées,  qui  ne  font  pas  plus  élevées  au-delFus 
de  la  terre  qu'elles  font  profondes  dedans ,  &  qui, 
Lion  mon  opinion  ,  étoient  des  bains.  Près  de  -là  eft 
l'amphithéâtre,  dont  il  ne  refte  plus  que  la  figure, 
qui  eft  plus  longue  que  large.  Il  y  a  aufti  une  porre 
entière  de  marbie  bl  me  ,  dont  je  nepuis  deviner  l'u- 
fage,parcequ'ellceft  détachée  de  tou  t  autre  bâti  ment. 
Encore  moins  puis-je  expliquer  une  figure  en  bas- 
relief  d'environ  un  pi.-d  (.S:  ilemi  Se  qui  n'cft  pas  des 
mieux  faites,  repréfentant  un  jeune  Cavalier  armé 
à  la  Romaine,  avec  cette  foufcription  :  Ascensorem- 

SIS  ET  AsiyE. 

Proche  de  cette  porte  il  y  a  quantité  de  colonnes 
de  matbre  blanc,  brifées  &r couchées  par  terre,  mais 
qui  ne  font  ni  d'une  matière,  ni  d'une  grandeur  ex- 
traordinaire. Deux  feulement  font  pareilles  à  celles 
de  laMofquce,  avecun  ballinrondd'une  feule  pierre 
defemblable  niaticre,  qui  a  bien  ù^i  pieds  de  diamè- 
Fffffij 


^8ô 


E  P   H 


{lu,  Se  qui  parmi  toutes  ces  ruines  eft  entier ,  dansj 
•ieque-llesChrâiens  du  pays  tiennent  que  S.Jean  l'E- 
vaiigéiiîle  baptifa  503operfonnesen  unleuljour.  La 
crotte  des  fept  Dorinans  eft  derrière  l'amphithéâtre. 
Au  lieu  que  nous  jugeâmes  par  la  htuation  être  cefui 
•où  le  Temple  de  Diane  avoit  été  bâti ,  il  n'y  a  pour 
toutes  ruines  que  peu  de  colonnes  rompues ,  une  fon- 
taine revêtue  de  marbre  ,  i^  une  efpèce  de  réiervoir 
•qui  étoit  à  l'ombre  d'un  platane- 

Si  l'on  en  veut  croire  quelques-uns,  Lyfimachui 
■voyant  que  la  plus  grande  partie  à'EphèJc  avoit  péri 
par  un  déluge,  latraniporta  ailleurs,  qui  doit  être, 
félon  l'aufanias  ,  au  rivage  de  la  mer ,  où  elle  étoit 
de  ion  temps  j  mais  comme  on  n'y  voit  aujourd'hui 
aucunes  ruines,  &  que  celles  que  je  viens  de  décrire 
en  font  bien  éloignées,  je  ne  fais  fi  elles  (ont  de  la 
première  ou  de  la  dernière  fituation.  Ils  ajoutent  que 
Lyfimachus  lui  donna  le  nom  de  la  lemme  ,  ou  ,  le- 
lon  Euftachius ,  celui  de  la  fille  Arfinoci  &  qu'après 
la  mort  de  ce  Prince  elle  reprit  fon  premier  nom 
^Ephefe ,  qu'on  lui  donna  d'abord ,  du  mot  Grec 
îVis-(ir  pour  "?"'■'?  permiffion  j  fi  l'on  en  croit  Héra- 
•dides  de  Polh/cis  j  parce  que  les  Amazones  ,  fuyant 
Hercule  qui  les  pourfuivoit,  fe  réfugièrent  vers 
l'autel  de  Diane  qui  étoit  là  ;  &  qu'Hercule  leur 
permit  de  jouir  de  ce  territoire-  Voyez  Callimaque 
dans  l'Hymne  de  Diane  ;  Strabon  ,  L.  XtV.  Paufi- 
iiias,  L.  IV.  Mêla,  L.  I.  C.  17.  Pline,  L.  XXXVI. 
C.  14.  Solin,  C.  53.  Denis  leGéographe.  Quoiqu'il 
en  fi)it ,  il  eft  certain  qu'elle  fut  une  des  plus  célè- 
bres villes  de  toute  l'Antiquité.  La  commodité  de 
fon  porc  commença  Ton  établilfemenc  5c  fa  grandeur. 
Elle  fut  après  augmentée  par  la  dévotion  folennelle 
que  tout  le  Paganifme  avoit  pour  la  Déelle  qu'on  y 
adoroit  ;  Hc  le  féjour  du  Roi  Agélilaiis  l'acheva,  en 
la  rendant  un  arfenal  aulfi  fameux  pour  la  guerre  , 
qu'elle  étoit  déjà  renommée  pour  le  commerce  & 
pour  la  religion  de  Ion  temple.  Il  n'y  a  guère  que 
-deux  ou  trois  iiécles  qu'elle  étoit  encore  florilfante, 
&  en  l'an  1+59  un  Evêque  de  ce  lieu  donna  des  preu- 
ves de  la  vivacité  de  ion  efprit,  aulli-bien  que  de 
fon  oblHnation  en  fon  héréfie  contre  tous  les  Evc- 
ques  q'.ii  aflifterent  au  Concile  de  Florence  ,  fous  le 
Pape  Eugène  ;  nuis  maintenant  elle  n'a  pas  alFez 
de  maifons  pour  pouvoir  être  nommée  village.  Du 
Loir, /7.  2.3-30.  Le  Temple  d'f'/^/jt'/è ,  la  Diane d'i^- 
phèfi  ,  font  célèbres  dans  l'antiquité.  Pline  appelle 
le  Temple  à' Eplicfe  3  le  miracle  de  la  magnificence 
Grecque,  &  le  met  au  nombre  des  merveilles  du 
-inonde,  L  V  C.  19.  L.  XXXVI.  C.  14.  Voyez  au 
mot  DIANE  ce  que  nous  avons  dit  de  ce  Temple  ii 
de  la  Diane  A'Ephtfi. 

Toute  l'Afie,  fur  le  delTein  de  l'Architeéle  Cher- 
fiphon,  employa  durant  l'efpace  de  lio  années  tout 
ce  qu'elle  put  trouver  de  plus  rare  ,  rant  pour  la  ma- 
tière que  pour  la  ftrudure  du  Temple  d'fpAè/è,  afin 
de  rendre  l'ouvrage  merveilleux ,  choifilfant  pour  le 
bâtir  un  endroit  fort  marécageux,  qui  fut  alfurc 
contre  le  tremblement  de  terre.  Toute  la  charpente 
étoit  de  bois  de  cèdre ,  &  on  montoit,  à  ce  que  dit 
Pline,  par  un  degré  qui  étoit  fait  d'un  feul  lep  de 
vigne,  apporté  de  l'île  de  Chypre.  Le  temple  avoit 
de  longueur  42  5  pieds ,  &  de  largeur  z  10.  Six  vingt 
Rois  à  l'envi  l'un  de  l'autre ,  pour  marque  de  leur 
magnificence  &  de  leur  dévotion  envers  Diane,  y 
avoient  donné  autant  de  colonnes  d'une  matière  fi 
rare  Se  fi  belle,  qu'on  pouvoit  la  dire  précieule  : 
elles  étoient  hautes  de  60  pieds.  Entre  les  autres , 
il  y  en  avoitcrente-fix  admirables  pour  l'artifice  dont 
elles  étoient  taillées ,  avec  des  corniches  &  chapi- 
teaux dont  l'ouvrage  n'éroir  pas  moins  merveilleux.! 
Par  la  richelfe  du  corps  du  bâtiment  l'on  peut  juger  J 


de  la  beauté  des  peintures  &  des  ftatues  qui  fervoient  !  ,   un  corps  humide. 


E  P  H 

cléte  avoit  faite ,  &  qui  étoit  fi  recommandable, 
qu'Augufte  la  renvoya  aux  Ephéfiens.  De  tout  cela 
il  ne  refte  pas  alfez  de  ruines  pour  faire  croire  qu'il 
y  ait  jamais  eude  temple  en  ce  lieu.  Du  Loir,  p.  jt* 

Mais  il  eft  inutile  de  rapporter,  pour  caufe  de  la 
deftru£lion  de  tant  de  belles  choies,  ce  qu'avancent 
quelques-unsquidil'ent  que  l'an  58  5  de  la  fondation 
de  Rome  ,  le  jour  qu'Alexandre  le  Gtand  vint  au 
monde ,  ce  Temple  fut  brûlé  par  Héioftrate ,  qui 
voulut  faire  parler  de  lui  dans  la  poftérité.  Il  eft 
certain  que  les  Ephéfiens  fe  fervirent  des  pierres  (ïc 
des  colonnes  que  le  leu  n'avoir  point  gâtées  pour 
relaiie  le  temple,  &  que  les  femmes,  afin  de  le 
rendre  encore  plus  magnifique,  donnèrent  leurs  ba- 
gues &  tous  leurs  joyaux.  C'eft  pourquoi  il  ne  faut 
poinr  chercher  d'autre  laifon  de  la  ruine,  ou  plutùc 
de  l'anéantilTement  de  ce  merveilleux  édifice,  que 
la  colère  &  la  vengeance  de  ce  Dieu  jaloux  de  fa 
gloire  ,  qui  voulut  tellement  ruiner  les  trophées  de 
l'idolâtrie,  qu'il  n'en  refta  pas  même  de  veftiges. 
Du  Loir,  p.  j/ ,  jS. 

Il  nous  refte  beaucoup  de  médailles  SEphèfc  ^ 
E<iEzIi2N  fur  la  plupart  on  voit  l'image  de  la  Diane 
d  Lphèfc,  Ephéje  étoit  alliée  avec  Smyrne,  avec  Sar- 
des,  avec  Jéropolis ,  Cyzique,  Traites,  Pergame, 
Iviilec,  Alexandrie,  Laodicée  ;  &  routes  cqs  allian- 
ces font  marquées  fur  les  médailles  àEphèfe ,  ou  de 
fes  Alliés.  E<i)Ezii^:N  AAEEANAPEnN  dans  Antonin 
Pie  ;  EOEZiriN  AAESANArEON  oMONiA  dans  M.-.crin  ; 
KoiNON  E<»ECif2N  KAi  aaehanapeïjn  dans  Antoniii 
Caracalle  ;  E-JEZiaN  tixh  AAEHANAi'£i2N  dans  Gor- 
dien Pie  ;  E<i>EziiiM  KAi  lEPAnoAEiTiîN  QUOA  dans 
Marc  Aurèle  EcECoC  kYzikoC  omonoia  dans  An- 
tonin Pie ,  &c.  Voyez  les  médailles  Grecques  des 
Empereurs  par  Vaillant,  pag.  125 ,  224,  225  ,  ii6. 
Les  Dieux  à'Ephcfe  fur  les  médailles  font ,  TO 
hAh'aOn  Ed-ECinN  dins  Salonine;  c'eft ,  félon  Vail- 
lant, le  Bon  Evénement,  ou  peut-être  le  Génie 
à'Ephèfe:^nOAAQ.ii  EMBACiOCE<i)ECii2N  dans  Anto- 
nin Pie  ;  c'eft  Apollon  Pie  ;  c'eft  Apollon  préfidanr 
aux  embarquemens  :  zEYC  E*ECiOC  Jupiter  Ephé- 
fien ,  dans  Sévère  -,  nEiOC  E<î>ECii2N  dans  Antoniii 
Pie  ;  c'eft-à-dire,  nEiOC  zEYC  comme  il  eft  fur 
une  médaille  de  irajan  irapèe  à  Pergame;  c'eft-à- 
dire  ,  Jupiter  le  débonnaire  :  aptEmic  E<î'ECIa  ou 
E*ECli2N  la  Diane  à'Ephèfe,  dans  Néron,  dans  Do- 
mitien  ,  dans  Trajan  ,  &c.  jufqu'i  Valérien  &  Ga- 
lien. 

Les  Ifies  d'Epkèfe,  Ephefia.  InfuU  ^  font  trois  pe- 
tites Illes  qui  font  près  de  la  ville  à'Ephèfe^  &  que- 
les  Anciens  appeloient  les  illes  de  Pifiltrate,  P'Jif- 
traù  infuls.. 

Le  port  à'Ephèfe  étoit  peut-être  à  l'embouchure 
du  Cayftre,  ou  plutôt  c'étoit  celui  d'une  petite  ville 
qui  étoit  peut-être  Myus  chez  les  Anciens,  &  qui 
n'eft  éloignée  que  d'une  demi-lieue  du  Méandre , 
appelé  par  les  Turcs  Couch-Adujî ^  c'eft-à-dire,  l'ifle 
des  Oifeaux  ,  &  par  les  Marchands  étrangers  ScaLz 
Nuùva.  Du  Loir j/'.  33. 

Quelques-uns  croient  que  ce  mot  fignifie  dejira- 
hU  j  &  qu'il  vient  du  verbe  Iç^ifuii  je  defire.  D'au- 
tres veulent  qu'elle  ait  été  nommée  du  mot  '£i?£«* 
qui  fignifie  appellation  j  parce  (fue  c'étoit  la  capi- 
tale de  la  Province  d'Ionie  &  le  fiége  de  la  Cour 
Souveraine  ,  où  l'on  appeloit  des  autres  villes.  Les 
Desmar.  Etienne  de  Byzance  à^\if\\xEphèfe  s'appela 
auparavant  Smyrne  ,  Samorne  ,  Trichie  ,  Orcygie 
&  Ptélée.  Aujourd'hui  on  la  nomme  Ephefo  ,  ou 
Fiena. 
ÉrHÈsE.  Terme  de  Philofophie  Hermétique.  C'eft  i.i 
féconde  digeftion  de  la  pierre  des  Sages ,  faite  par 


d'ornement  à  ce  fuperbe  édifice.  Pline  rapporte  que 
celle  de  Diane,  qui  étoit  la  principale  ,  avoit  été 
faite  par  Canétias;  &  plufieurs  croyoient  que  la  ma- 
tière étoit  d'ébène ,  quoique  ce  ne  foit  pourtant  pas 
celle  qu'on  emploie  ordinairement  en  de  femblables 
ouvrages.   Il  y  en  avoit  une  d'Apollon  ,  que  Poly- 


ÉPHESIEN  ,  ENNE,  f  m.  &  f.  Çui  eft  d'Ephèfe,  Ci- 
toyen d'Ephèfe,  habitant  d'Ephèfe,£/'/!eÂ'«-f.  LePhi- 
lofophe  Heraclite ,  furnommc  le  Ténébreux,  qui  vi- 
voir  environ  500  ans  avant  Jéfus-Chrift,  &  qui 
pleuroit  de  tout ,  &  le  fameux  Parrhafius  ^  excel- 
lentPeintre, contemporain  de  Socrate,  émirat Ephé- 


EPH 

Jlcns.  Quclqu-s-uiis  doLiccvu  ncamnoiiis  liP.i;;li."àius 
n  cioit  pas  Achciueii.  L'Epîcie  de  S.  Paul  aux  tphc- 
Jiens  tut  cctite  de  Rome  ,  ou  le  S.  Apôtrt:  ctoic  dans 
les  fers  ,  vers  la  6i"^  aiuiee  de  Jelus-Cluif:,  iy  ans 
après  la  paiiioii.  Port-R. 

Les  hphe/icns  [oni  les  habitans  d'Ephèfe.  Les 
Grecs  d'Âlie  Se  en  particulier  ceux  de  l'Ionie ,  où  ell 
Ephcfe  ,  avoient  un  grand  yoât  pour  les  arts ,  <ïc 
beaucoup  de  déhcatelie  dans  leur  goûc  :  on  en  peut 
juger  par  le  caratlère  du  mode  Ionien  dans  la  Muii- 
que,  i5>:  de  l'ordre  lonuiue  dans  l'ArchiteCxure,  lïc 
par  les  ouvrages  en  proie  «S:  en  vers  qui  nous  relient 
des  Auteurs  de  ce  pays  ou  des  ifles  voifînes. 
^Cr  E'.'HEsiEN  eft  aulli  un  furnoni  de  Jupiter,  ainli 
nommé  du  culte  qu'on  lui  rendoic  dans  cette  ville. 
Diane,  par  la  même  railon,  avoit  été  furnommée 
Epkjjcci.'w. 

Lettres  Ephcficnnes.  Litterx  Epkejîx.  Lettres  magi- 
ques auxquelles  on  attribuoit  cette  propriété  ,  que 
quiconque  les  prononçoic  avoitaulli-tôttoutce  qu'il 
deiîroit.  Elles  étoient  écrites  fur  la  couronne,  la 
ceinturée  les  pieds  delallatue,  de  Diane  d'Eplicfe  ; 
&  c'elt  pour  cela  qu'on  lesappeIoiti-c-r<rrc'j'  d'isphèjtj 
ou  Lettres  Ephificnnes.  Elles  avoient  aulli  la  vertu 
de  chalfer  les  mauvais  e(prits  des  corps  des  poIIeJés 
à  qui  on  les  faifoit  prononcer.   (,Plut.  Sympof.  l.  j . 

|tr  Ephésies  ,  f.  f.  pi.  ou  auj.  pris  fubif.  Fêtes  qu'on 
célcbroit  à  Ephèfe  en  i'honncur  de  Diane.  Lphcfia. 

EPHESTIA  ou  EPMESTIE.  Viib  autrefois  de  l'Ille 
de  Lemnos.  EphejUa.  Elle  ctoit  (ituée  au  pied  d'une 
montagne  célèbre  par  la  chute  de  Vidcain..  Les  ha- 
bitans l'appellent  aujourd'hui  Cochyno.  C'ell  de  la 
iivjntagne  donc  on  vient  de  parler  ,  cjue  l'on  tiroii 
autrefois,  comme  on  fait  encore  aujourd'hui,  la 
lerre  lîgillée  avec  beaucoup  de  cérémonie.  Du  Loir. 

P'  -9'''- 

Ce  mots'ed  bit  à^ii^x'^^f  Ephtjîos  ,  Vulcain. 

EPHESTIES,  f.  f.  pi.  ou  adj.  pris  fubft.  Fêtes  en  Fhon- 
neur  de Vulçaln , dans  lelquelles  trois  jeunes garçjns, 
portant  d;s  torches  allumées ,  couroient  de  toutes 
leurs  forces  j  &i  celui  qui  avoit  atteint  le  but  le  pre- 
mier 5  fans  avoir  éteint  fa  torche ,  gagnoic  le  prix 
deftiné  à  cette  coùrfe. 

ÉPHESTRIES.  f.  f.pl.ou  plutôt  adj.  pris  fubft.  Terme 
de  Mythologie.  Lyhcfiria.  tctcs  établies  à  Thèbes  ^ 
dans  lefquelles  on  habilloit  en  femme  la  flatue  du 
Devin  Tirélîas ,  6i  on  la  promenoir  ainll  par  la 
ville.  Au  retour  de  la  promenade  ,  on  la  déshabil- 
loit ,  pour  lui  remettre  un  habit  d'homme.  On  pré- 
tendoit  déiigner  par-là  le  chan^îcmen:  de  fexe  que 
la  fable  lui  attribue.  Le  mot  Ephejïric  lignifie  une 
forte  d'habit ,   un  furtout  ufitéen  Grec. 

§CT  On  a  nommé  Ephejhies  ,  quelques   mafca- 


rades 
mens. 


modernes  ou  lou  a  vu  les   mêmes 


ÉPHETE.  f.  m.  Nom  d'un  Magillrat  chez  les  Athé- 
niens. Epheta  y  Ephéies.  Les  Ephétes  furent  inftitués 
par  le  Roi  Démophon  ,  pour  connoître des  meurtres 
commis  par  accident.  Us  étoient  cent ,  cinquante 
Athéniens ,  &  cinquante  Argiens.  Dracon  étendit 
enfuite  leur  jurisdiction.  Ils  n'étoient  mis  dans  ce 
polie  qu'à  50  ans ,  Hc  dévoient  erre  d'une  réputation 
bien  faine,  f^oye^  Suidas  ,  Pollux  ,  Samuel  Petit  , 
Comment,  in.  Leg.  L.  T'^III.  t'.t.  I.  Franc.  RclÏÏcus  , 
ArchiLol.  Ait.  E.  m.  C.  3.  Ubo  Emmius  ,  De 
Rep.  Athen.  où  il  dit ,  page  10.  que  Draco  tranf- 
porta  aux  Ephétes  une  partie  de  l'autorité  de 
l'Aréopage. 

ÊPHIALTE.  Koye^  Incube  oc  Cauchemar. 

EPHIALTE.  f.  m.  Nom  d'un  des  Géants  qui  firent  la 
guerre  aux  Dieux.  Ephialthes.  Ephialtc  ao\t  llls  de 
Neptune  ;  il  ctoit  d'une  force  &  d'une  grandeur 
prodigieufe  ;  &:,  félon  les  tables  ^  il  croiiroit  cha- 
que mois  de  neuf  doigts.  Fier  de  fa  force  &  de  (.\ 
taille  ,  il  déclara  la  guerre  aux  Dieux  avec  fon  frère 
Crus ,  &  fur  précipité  aux  enfers  par  Jupiter  d'un 
coup  de  foudre. 

ÉPHIPPIUM.  f.  m.  Mo:  Grec  &  Larin  ,  qui  ligni.fie 


EPH  7St 

une  fellc  à  feller  un  cheval.  On  le  donne  à  une  deî 
elpèces  de  coquillages  marins  ,  appelé  autrement 
felle  Polûnoile  ,  ou  pelure  d'oignon.  Voyez  ce  der- 
nier moL. 
HPHOD.  f.  m.  Eft  un  h.abic  facerdotal  qui  étoit  en 
ufage  cirez    lis   Juirs.    liuiiu-rde  .,  fupcrhuir.er.ile , 
Omophorium.  C'étoïc  une  elpèce  d'aube  ,  ou  de  fur- 
piis  de  toile  ,  que  les  Latins  ont  appelé  fuperhuine^ 
raie.  Il  eil  bien  dilHcile  de  lavoir  au  julle  ce  que 
c'ctoit  que  VEphod  :  au  moins  eit-il  certain  que  les 
Interprètes  font  fort  partagés  là-delfus.   Ils  ne  con- 
viennent que  d'une  choie  j  c'ell  que  c'étoi:  une  ma- 
nière d'habillement  qui  fe  mettoit  fous  tous  les  au- 
tres, Ik.  immédiatement  fous  le  pectoral.    Les  uns 
prétendent  qu^il  avoit  des  manches  ,  &  les  autres 
prétendent  qu'il  n'en  avoit  point.  La  plupart  d;feuc 
qu'il  étoit  fort  court  \,  Se  cjnelques  -  uns  ajoureivï 
qu'il  vtnoit^jufqu'aux  pieds  par  la  partie  de  derrière. 
Il  y  avoit  deux  iortes  d'dphod.  L'un  écoutommun  à 
tous  ceux  qui  fervoientau  temple,  ôc  étoit  fait  feu- 
lement de  lin  :  i5c  l'autre  étoit  particulier  au  Souve- 
rain Sacrihcateur ,  &  étoit  fait  d'or,  de  pourpre, 
d'écarlate,  de  cramoih,  &  de  lin  Im  retors.  Il  ell 
parlé  du  premier  au  I.  Livre  de  Samuel  ,  chapitre  2. 
verfer  18.  Si  il  eft  parlé  du  fécond  au  ty.  de  l'Exode 
verf.  4.  &  15.  Il  e!f  dit  encore  au  fécond  Liv.  des 
Rois'VI ,  14.  quedanslarranllation  de  l'Arche  d'Al- 
liance ,  de  la  mailon  d'Obédedom  dans  la  ville  de 
David  ,  lorfque  ce  Prince  danfoit  devant  l'Arche  , 
il  éroit  revêtu  d'un  éphod  de  toile  \  d'où  e]uelques 
Auteurs  concluentqu'4  Véphod  étoit  aulli  un  habille- 
nrent  des  Rois  dans  les  cérémonies  de  Religion. 

Ce  met  "tiiiV  ,  ephod ,  vient  Q'^2^J  aphad  ,  verbe 
Hébreu,  qui  lignifie  Rcvctlr ,  hatuicr ,  comme 
il  paroît  par  l'Ecriture,  Exod.  XXIX.  5.  &  Lcvit. 
VilL  7. 
ÉPHÛDDEBUTS.  Terme  du  Grand  Art.  C'ellle  nom. 
qu'on  donne  à  la  pierre  des  Sages ,  lorfou'elle  efl: 
parvenue  au  rouge  parfait. 
ÉPHORE.  f.  m.Ephorus.  Magilfrars  qui  étoient  établis  à 
Sparte  pour  balancer  &  réprimer  l'autorité  des 
Rois  ,  &  pour  en  être  les  infpetleurs  ;  comme  les 
Romains  avoient  établi  à  Rome  les  Tribuns  du 
peuple  pour  brider  &  contrôler  la  puiirince  Ats 
Confuls.  Les  Ephores  ont  quelquefois  challc  &  fait 
mourir  les  Rois.  Ils  abolilfoient  la  puillance  des 
autres  Magiftrats,  &  faifoient  rendre  compte  à  qui 
bon  leur  fembloit  de  fa  conduite.  Licurgue  avoic 
bien  compris  ,  que  l'intelligence  parfaite  entre  le 
Peuple  &:  le  Souverain  eil  la  bafe  &  le  fondement 
de  leur  félicité  réciproque.  Pour  maintenir  cette 
inrelligence  ,  il  avoic  établi  les  Ephcres ,  ou  Inf- 
pecteurs  ,  qui  n'obfervoient  pas  moins  la  conduite 


du  Roi  que  celle  du  Peuple,  &  tenoient  li  biea 
dans  l'équilibre  l'un  &  l'autre^que  l'autorité  Royale 
ne  penchoit  jamais  vers  la  dureté  &  la  tyrannie  ,  ni 
la  liberté  populaire  vers  la  licence  Hc  la  révolte. 
TouRREiL.  Les  Ephores  ,  dans  les  conjonéirurcs  im- 
portantes ,  faifoient  agréer  au  peuple  tout  ce  qu'on 
avoit  rélolu.  Id.  Ag/lilas,  au  milieu  de  les  conquê- 
tes ,  qui  faifoient  déjà  trembler  le  Grand  Roi ,  s'arr- 
iére ,  Se  retourne  fur  fes  pas.  Et  cela  par  détérence 
pour  les  Ephores  ,  qui  le  rappellent  ;  tant  la  modé- 
ration avoit  pour  lui  de  charmes,  &  lui  paroilToit 
plus  glorieufe  que  les  conquêtes.  Tous  les  Auteurs 
ne  conviennent  pas  qu'ils  aient  été  établis  par  Ly- 
cufgue. 

Ce  mot  vient  du  Grectfo^àv,  intuerl ,  formé  de 
la  prépofitioni— ' ,  &  du  vetbeèçSi',  voir;  'if'^'t  eft  ua 
Infpedleur  :  les  Ephores  étoient  les  Infpeéteurs  de 
toute  la  République. 
EPHRA.  Lieu  que  les  Interprètes  Grecs  appellent 
Ephrata.  C'cft  une  ville  de  la  Terre  Sainte.  Ephra. 
La  ville  d'Ephra  étoit  dans  la  Demi-Tribu  de  Ma- 
naffé  d'en-deçàdu  Jourdain,  &:  à  l'orient  de  cette 
Tribu  ^  fi  l'on  en  croit  le  P.  Lubin.  C'étoit  la  patrie 
de  Gédéon  j  dit  Jofephe,  Antig.  L.  K.  C  S.  L'Au- 
teur du  L.  des  Juges,  VIII.  27.  dit  quec'étoit  la  ville 
de  Gédéon. 


ySi  EPH 

Il  y  avoir  encore  une  Ephrci  de  la  Tribu  de  Ben- 
jamin ,  dans  la  rerre  de  Suai ,  ou  dans  Ion  voili- 
nage  ,  &  aux  environs  de  Machmas.  i.  Liv.  de 
Jlois  Xin.  i6  ,  17.  Quelquefois  elle  eft  appelée 
Opheraj  Jol".  XVIII.  15.  Le  Grec  appelle  A'<p«j;«  , 
ro;p£j«  &  r*(pEç«.  Le  P.  Lubin  l'a  confondue  avec  la 
précédente. 
ÈPHRAIM.  f.  m.  Le  fécond  fils  que  Jofeph  eut  en 
Egypte  d'Aféphet,  fille  de  Putiphar ,  Prêtre  d'Hé- 
liopolis  ,  fut  nommé  par  l'on  père  j  Ephr\:ïm  j  parce 
que  Dieu  ,  en  le  lui  donnant  j  multiplioit  &  faifoit 
croître  ou  fruûifier  fa  frmille  ,  Genele  XLL  5 1.  par 
où  il  eft  manifefte  que  onSit,  EphrJ/n  ,  vient  de 
ma,  qui  ûgn'iûe /ruci  i/z^r  ,  de  qniï  veut  dus  devenu 
fruclueux  ,  ou  frudihcation  ,  li  l'on  peut  ainfi  par- 
ler ,  multiplication.  Jacob  en  mourant,  béniiïant 
Manalfé  &  Ephruïm  ,  préféra  le  cadet  à  l'aîné  ,  & 
transféra  à  Ephrcïm  le  droit  d'aînefle  ;  mais  il  les 
adopta  tous  deux  ,  afin  que  dans  la  diftribution  de 
la  terre  que  Dieu  lui  avoir  promife  ,  ils  fulFent 
cenfés  fils,  &  non  pas  feulement  petits-fils  de  Jacob, 
&  qu'ils  n'eulfent  pas  une  feule  portion  de  cette 
terre  à  partager  entr'eux  deivx  ,  du  chef  de  leur 
père  ;  mais  que  de  leur  propre  chef  ils  eulTent  cha- 
cun la  leur ,  comme  en  effet  cela  hit  exécuté.  Delà 
vient  que  la  poftérité  de  chacun  de  ces  deux  fils  de 
Jofeph  fit  chacune  une  Tribu,  Gen.XLVIlI.  16. 

La  Tribu  d'Epkrùïm  ,  ou  Innplement  Ephraïm  , 
font  les  defcendans  de  ce  fils  de  Jofeph  ,  qui  dans 
•le  dénombrement  fait  par  Moyie ,  fe  Trouvèrent 
40500  hommes  en  état  déporter  les  armes  j  qui 
moururent  tous  dans  le  défert  ,  à  la  réferve  de  Jo 
fué,  qui  fit  la  conquête  de  la  terre  promife  :  de  forte 
que  dans  le  dénombrement  qui  fut  fait  par  Moyfe 
3  8  ans  après  le  premier ,  &  à  la  veille  d'entrer  dans  la 
Terre  de  Chanaan,  il  ne  le  trouva  plus  dans  la  Tribu 
d'Ephmïm  que  3 1500  hommes  en  âge  de  porter  les 
armes  j  Nomh.  XXVI.  3  7.  Les  chefs  des  familles  de 
cette  Tribu  font  indiqués  au  même  endroit ,  v.  25 
&  3  (j.  La  Tribu  d'Epraïm  étoitune  des  plus  nombreu- 
fes  &  des  plus  puilfantes,  Gen.  XLVIII.  19.  Deut. 
XXXIII.  17.  Pfeaum.  LIX.  9.  &  C VIL  9.  comme 
une  des  plus  vaillantes ,  des  plus  belliqueufes  ,  Pf. 
LXXVII.  9.  La  Tribu  d'Ephraîm  eft  quelquefois 
appelée  du  nom  de  Jofeph,  comme  Apoc.  VIL  8. 

Parce  que  Jéroboam  j  premier  Roi  d'Ifraclj  ou 
des  dix  Tribus  j  qui  fe  féparèrent  de  Juda  après  la 
mort  de  Salomon  ,  &  firent  un  Royaume  à  parr  ^ 
parce  que  Jéroboam  ,  dis- je  ,  étoit  de  la  Tribu 
d'Ephraïm  j  louvent  par  Ephr^iïn  ,  l'Ecriture  entend 
ces  dix  Tribus  J  ou  le  Royaume  d'Ifracl,  à  la  dif- 
férence de  celui  de  Juda.  par  exemple.  1.  Parai. 
XXV.  7,  10.  Pf.  LXXVII.  9  ,  66.  If  VIL  2  ;,  5.  c\'c. 
Jérem.  VIL  1 5.  Of.  IV.  17.  V.  8.  &c. 

Quelquefois  même  toutes  les  douze  Tribus  font 
comprifes  fous  le  nom  d'Ephravn  ,  parce  quE- 
phraïm  étoit  une  Tribu  des  plus  peuplées  &des  plus 
puilTantes,  ainfi  que  nous  avons  dit.  C'eft  en  ce 
fens  qu  Ephro'in  eft  pris  en  Jércm.  XXXI.  9,18, 
20.  &  en  Zachar.  X.  7. 
Èphraïm  ,  ou  la  Tribu  d'Ephraïm,  eft  encore  le  pays 
qui  échut  aux  defcendans  du  Patriarche  Ephraïm 
danslaTerre  promife.  C'étoit  une  des  XIII.  Provin- 
ces,  ou  des  XIII.  parties  de  cette  terre  j  fituée  d- 
peu-près  à  fon  milieu.  Elle  s'étendoit  depuis  la  Mer 
Méditerranée, qui  la  baignoit  à  l'occident,  jufqu'au 
Jourdain  ,  qui  la  bornoità  l'orient  ^  &elle  avoit  au 
nord  la  demi-Tribu  de  Manalfé  d'en-deça  du  Jour- 
dain ,  &  au  midi  les  Tribus  de  Dan  &  de  Ben- 
jamin. Elle  entermoit  ce  qu'on  appela  depuis  la 
Samarie. 

La  montagne  d'Ephraïm.  Quelques  Auteurs  ont 
cru  que  toute  la  Tribu  d'£'/'^'''^''^  étoit  ainfi  appelée^ 
parce  qu'elle  étoit  pleine  de  montagnes;  mais  ils  fe 
trompent  :  on  n'appcloit  ainfi  qu'une  partie  de  cette 
Tribu  qui  étoit  montagneufe  ,  comme  on  n'appe- 
loir  montagne  de  Juda  ,  que  la  partie  de  la  Tribu 
de  Juda  J  où  paftoit  la  chaîne  des  montagnes  qui 
coupe  la  Terre-Sainte  en  deux  en  montant  du  midi 


E  P  H 

au  feptentrion,  C'eft  donc  proprement  le  milieu  de 
la  Tribu  d'Ephraï-m  j  que  l'Ecriture  appelle  Mon- 
tagne d'i/j/znriTZ  ,  parce  qu'en  effet  ce  font  des  mon- 
tagnes ;  au  lieu  que  vers  le  Jourdain  &  du  côté  de 
la  Mer  le  pays  eft  plus  plar.  /^ojejjofué  j  XVII.  iç^ 
\6  ,  iS.XiX.  50.  L.  des  Jug.  IL  9.  IIL  17.  XIX.  i', 
16.  X.  des  Rois.  I.  i.  IX.  4.  &c. 

Il  y  avoir  auili  une  forêt  dans  cette  Tribu  appelée 
la  lorêt  d'Epkrùi  a.  Elle  étoit  à  l'orient  de  la  mon- 
tagne d'Ephrdïm  ,  entre  le  Jourdain  &  cetre  mon- 
tagne. C'eft  dans  cetre  forêt  d'Ephrc:ï;n  qu'Abfalon 
fut  défait ,  &  que  ies  cheveux  s'étanr  embarralfés 
dans  les  branches  d'un  arbre  ,  il  fut  tué  par  Joab  , 
z.  Reg.  XVIII.  6.  Le  P.  Lubin  la  place  ,  mais  mal , 
dans  la  Tribu  de  Gad  :  car  l'armée  de  David  avoit 
palfé  le  Jourdain  le  matin  du  combat. 

La  Porte  d'Ep/iraï  72  j  étoit  une  Porte  de  Jérufa- 
lem  du  côté  du  nord  ,  ainfi  appelée  ,  parce  qu'on 
fortoit  par  cetre  porte  pour  aller  de  Jérufalem  dans 
la  Ttïbud' Ephruïn. 

On  dit  Se  écrit  quelquefois  Ephrem  ,  au  lieu  d'f- 
phraïm.  Ainfi  l'on  dit  S. Ephrem  ,  Diacre  de  l'Eglife 
d'Edelfe  ;  &  la  ville  d'EpIirem  appelée  Ephrcï:n 
au  IL  Liv.  des  Rois  XIII.  23.  f^oye^  E'.'hrem. 
ÉPHRAIMITE.  f.  m.  &  f.  Qui  eft  de  la  Tribu  d'E- 
phraim.  Ephràinûta.  S.  Jérôme  d\z  Evhrath.tus  j  aa 
Liv.  des  Juges  XII.  5.  mais  Ephrath&us  fignifie  plu- 
tôt, qui  eft  d'Eplirata. 
ÉPHRATH,  ouÉPHRATA.  C'eft  Bethléem.  Voye^i 

ce  mot. 
EPHREM.  f.  m.  Nom  d  homme  ,  qui  eft  la  même 
chofe  qu'Ephraïm.  Ephrem,  EphrA/n.  Sai'nt  Ephrem , 
Diacre  de  l'Eglife  d'Edelfe  ,  florilfoit  vers  l'an  370. 
de  J.  C.  Gérard  Volîius  a  ramalfé  &:  traduit  les  Ou- 
vrages de  S.  Ephrem  ,  qui  furent  imprimés  la  pre- 
mière fois  à  Rome  en  1593.  puisa  Cologne  en  1603. 
&  après  à  Anvers  en  161^.  in-fol.  Depuis  le  com- 
mencement de  ce  fiècle  on  en  a  fait  une  btlle  édi- 
tion Grecque  &  Latine  à  Oxiord  fur  les  manufcnts 
de  Bodley.  Cave  alFure  qu'il  y  a  beaucoup  d'Ouvra- 
ges de  ce  Père  en  Syriaque  dans  la  Bibliothèque  de 
Bodley  &  dans  celle  de  la  Haye  :  car  S.  tphrem 
écrivoit  en  Syriaque  ,  &  le  Grec  n  eft  qu'une  tra- 
duârion  ancienne. 

S.  Ephrem  ,  Diacre  d'Edelfe  ,  &  Père  de  l'Eglife, 
étoit  originaire  de  cette  partie  de  la  Méfopotamie 
que  l'on  comprenoit  fouvent  fous  le  nom  de  Syrie 
de  de-là  l'Euphrate.  Il  vint  au  monde  vers  le  com- 
mencemenr  du  IV.  fiècle  de  l'Eglife  ,  &  mourut 
vers  l'an  381.  V^oye\  BoUandus  &  Baillst  au  fécond 
jour  de  Février  j  Godeau ,  Elijl.  de  l'Egl.  L.  IV. 
p.  6^10. 

Ce  nom  eft  Syriaque  &  Hébreu  ,  £.<  le  même 
qu'Ephraïm,  qui  fignifie  cro'ijjance  ,  accroiffernerit. 
Ephrem.  Jefus  ne  paroiftoit  plus  parmi  les  Juifs;  mais 
il  s'en  alla  dans  le  pays  voifin  du  défert,  à  une 
ville  nommée  Ephrem.  Bovu.  en  S.  Jean  XI,  54. 
Cette  ville  eft  appelée  Epi h;-!m  au  2.  L.  des  Rois 
XIII.  25.  On  la  place  comir.uiic.-nent  fur  les -confins 
d'Ephraim  &  de  Benjamin.  Elle  n'étoit  pas  éloignée 
de  Jéricho. 
EPHRON.  C'étoit  une  ville  de  la  Tribu  d'Ephra'im, 
félon  le  P.  Lubin  ,  &  de  la  Tribu  de  Benjamin  ,  fé- 
lon M.  Reland  ,  dans  fa  Paleftine  ,  T.  IL  p.  765. 
Ephron  ,  dit  Euiebe,  étoit  à  8  milles  es  Jérofaleni 
du  côté  du   nord. 

Il  y  avoit  encore  une  ville  de  ce  nom  à  l'orient 
du  Jourdain  J  vis-à-vis  de  Scyrhopolis.  i.  Mackab. 
/^.45,  51.  Elle  étoit  dans  la  demi-Tribu  de  Ma- 
nalle. 

Le  mont  Ephron  étoit  dins  la  Tribu  de  Juda,  du 
côté  de  l'occident ,  dans  fa  partie  Septentrionrde. 

jor.xr.o^. 

ÉPHYDRIADE.  f.  f.Termede  Mvrhplogie./^r/:;.  .       . 
Les Ephydriadcs ,  appelées  nulfi  iimplemenr  M^  '1,1- 
des,  font  des  Nymphes  des  eaux;  qui  prélidènt  , 
aux  eaux. 

Ce  nom  vient  d'i'-^j?,  àiiùa  ,•  de  l'em,  &:  its-V^Ju- 
pcr,  fur  ;  de  fignifie  une  Déelfe  qui  eft  i\r  '■-■  4";lx  , 


l 


EPI 

prcpofée  fur  les  eaux  ,qui  a  l'intendance  des  eaux.l 
f'^o)ci  VolÎRis  :,  De  Mol.  II.  C.  jS.  à  la  hn.  Par-' 
ihenius  dans  fes  Erodca.  j   C  14.  fait  mention  des 
Ephydriades. 

ÉPHYRÉ.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 
Nymphe.  Ephyrci  ,  Ephyrc.  Hérodote  en  parle  fur 
Je  témoignage  d'Eumelus  j  hls  d'Emphylice,  qui, 
dans  une  hiltoire  de  Corinthe  qu'il  avoir  écrite, 
difoir  (\\xEphyré  avoit  la  première  habité  le  terri- 
toire de  Corinthe. 

La  Nymphe  Ephyré  n'c^  connue  que  pour  avoir 
donné  fon  nom  à  Corinthe.  Elle  étoit  hile  de  l'O- 
céan &  de  Thétys.  Car  Ephy  re  ell  aulli  un  nom  de 
-  cette  ville  du  Peloponefe  ,  comme  on  le  voit  dans 
Ovide  ,  Met.  L.  II.  v.  259.  dans  la  Pharfale  de  Lu- 
cain,  L.  VI.  v.  57.  De-là  vient  que  le  même  Lucain 
appelle  les  murs  de  Durazzo  ,  les  murs  Hphyriens 
au  même  L.  v.  17.  Ephyreaque  mxnia  fcrvat ^  parce 
Durazzo  avoit  été  tonde  par  un  Corinthien  nommé 
Phahus.  Et  Virgile  ,  Georg.  II.  v.  4<Î4.  dit  de  l'ai- 
rain Ephyréen  ,  pour  de  l'airain  de  Corinthe  :  «.'s: 
Claudien  ,  d&^cllo ,  Cet.  v.  ôit).  les  filles  Ephy- 
réennes  ,  pour  Corinthiennes.  Plufieurs  autres 
villes  ont  encore  porté  ce  nom.  Foye^  Etienne  de 
Byzance. 

EPHYREEN  ,  ENNE.  f.  m.  &  f.  &  adj.  Qui  ell:  d'E- 
phyre  ;  c'eft-à-dire ,  de  Corinthe  j  Corinthien. 
Ephyr£us.  /'ojc^EphyrÉ. 

EPI. 

^fT  ÉPI.  f.  m.  Spici.  Terme  de  Botanique  ,  défigne 
proprement  l'amas  de  fleurs  &  de  grains  de  blé. 
Un  épiàe  froment,  de  feigle  ,  d'orge  ,  &c.  Et  par 
comparaifon ,  on  dit  que  les  fleurs  de  la  lavande ,  de 
l'amorpha  ,  &c.  font  rallemblées  en  épis  j  parce 
qu'elles  forment  un  cône  allongé  qui  termine  les 
branches. 

On  dit  la  tige  de  l'épi ,  ou  le  tuyau  ,  ou  chaîne; 
le  nœud  de  Yépi  ;  l'arête  ou  rangée  des  grains  de 
Vépi-^  la  bourfe  ou  la  balle  qui  renferme  chaque  grain 
de  lepi'i  la  barbe  de  l'e/^/.Cérès  eft  couronnée  d'e/7ij 
mûrs ,  iXépis  dorés.  On  a  vu  fortir  d'une  même  ra- 
cine 80  épis  de  froment. 

On  dit ,  communément ,  que  jamais  Avril  ne  fe 
pafla  fans  épi.  Ac.  Fr. 
Épi.  Terme  de  Chirurgie.  Spica.  Efpèce  de  bandage  , 
ainfi  appelé,  parce  qu'elle  repréfente  j  par  fes  tours 
de  bande  &  dedoloires,  les  rangs  d'un  épi  de  blé  j 
qui  fe  nomme  en  Lmnfpica. 
Épi.  de  la  Vierge.  Terme  d'Aftronomie.  C'ed:  le  nom 
d'une  étoile  Royale  &  de  la  première  grandeur , 
qui  s'appelle  autrement  Arifta  ,  Afimech  &  Vinde- 
miarrix.  Cette  étoile  en  l'année  1722.  étoit  jufte- 
menr  à  200  d.  o'de  longitude  ;  c'eft'à-dire  ,  à  vingt 
degrés  du  ligne  de  la  balance. 

Ce  mot  vient  du  hMin  fpica. 
Épi  J  en  terme  de  manège  j  efl:  une  efpèce  de  frifure 
naturelle  du  poil  du  cheval ,  qui  fe  relève  fur  un 
poil  couché  J  (Si  qui  forme  une  marque  approchante 
de  la  figure  d'un  épi  de  blé.  Le  cheval  doit  avoir  un 
épiz\x  front.  SoLEisEL.  On  l'appelle  autrement /wo- 
leue  ,  &  il  fe  trouve  plus  fouvent  entre  les  yeux.  Si 
VépitÇi  haut  au  deflTus  des  deux  yeux  ^  le  cheval  a 
ordinairement  la  vue  bonne  \  fi  l'epieft  frontal  au- 
detfous  des  yeux  ,  fouvent  le  cheval  a  la  tête  grofle, 
&  la  vue  n'eft  guère  aflurée.  Beaugrand. 
Épi  ,  en  Architedure ,  eft  l'alfemblage  des  chevrons 
qui  fe  fait  dans  un  comble  circulaire  avec  des  liens 
autour  du  poinçon.  On  appelle  épi  de  faîte  le  bout 
du  poinçon  qui  paroît  au-delfus  du  faîte  d'un  com- 
ble. C'eftoù  s'attachent  les  amortilTemens  ,  loit  de 
poterie,  foit  de  plomb.  Soudure  en  épi,  efl:  une 
grolTe  foudure  avec  batures  en  forme  d'arête  de 
poiflon.  Briques  en  éni  font  des  briques  pofées  dia- 
gonalement  fur  le  côté  en  façon  de  point  de  Hon- 
grie. 
Épis  ,  font  encore  des  crochets  de  fer  qu'on  met  fur 


EPI  783 

k  s  baluftrades  ,  &  autres  endroits,  pour  empêcher 
qu'on  n'y  palîe. 

L'Ordre  de  l'Epi.  Ordre  militaire  des  Ducs  de  Bre- 
tagne. EqucJIris  Gido  Spic<e.  Il  paroît  que  c'eft  le 
même  que  l'Ordre  de  l'Hermine,  auquel  on  ajoute 
un  leccnd  collier  compofé  d'épis  de  blé  ,  &  termi- 
né par  une  hermine  pendante  ,  attachée  au  collier 
avec  deux  chaînes.  Ce  collier  étoit  ordinairement 
d'argent.  Ceux  qui  ont  traité  des  Ordres  militaires 
rapportent  l'inftitution  de  celui-ci  au  Duc  François  I. 
qui,  difent-ils,  l'inftitua  vers  Tan  1450.  félon  d'au- 
tres 1448  i  mais  le  P.  Lobineau  dit  qu'en  1447.  Le 
Duc  donna  cet  ordre  à  des  Anglois  ,  &  que  c'efl:  la 
première  lois  qu'il  en  efl:  parlé.  Ce  Père  dit  que  ca 
collier  fut  inventé  pour  être  donné  aux  Gentilshom- 
mes moins  diflingués.  Sur  l'hermine  étoient  ces 
mots  ,  A  MA  VIE  ,  Poaus  mori  ,  qui  faifoient  la 
devife  de  cet  Ordre.  Jufliniani  en  parle,  T.  Il, 
C  17. 

Epi  d'eau  y  f  m.  Fontalis.  Genre  de  plante  à  fleur  en 
lorn^.e  de  croix ,  compolée  de  quatre  pétales  fans 
calice. 

Epi  ,  Ce  mot  entre  dans  la  compofirion  de  plufieurs 
mots  François  qui  viennent  de  la  langue  Grecque  , 
&  qui  dans  cette  langue  commencent  par  la  prépo- 
fition  tîs^î.  Ces  mots  François  ne  prennent  jamais 
d'j  après  l'e.  Tels  font  Epibatére ^  Epicarpe,  Epi- 
ploon  ,  Epiphane  ,  Epicéde  ,  Epicéne  _,  Epicérani- 
qiie  ,  Epicherême  ,  Epiphonême  ,  Epidcrme ,  &:c. 

ÉPI  A  LE.  .adj.  On  appelle  fièvre  épia/e  ,  une  efpèce  de 
fièvre  quotidienne  continue  ,  dans  laquelle  on  lent 
une  chaleur  répandue  par  tout  le  corps  ^  &  en  mê- 
me tems  des  trifl'ons  vagues  &  irréguliers.  hpialus. 
Selon  P.  ^ginet,  il  eii  formé  par  métaphore  de 
«Af,  àxxos  mcr-^  parce  que  la  mer  paroît  d'abord 
tranquille  :  mais  elle  ell  très-orageufe  quand  elle 
s'agite.  Col  de  Villars. 

ÉPIAN,  Vulgairement  Pian,  f  m.  C'efl  une  mala- 
die fort  commune  dans  l'Amérique,  qui  efl  la  mê- 
me que  nous  appelons  en  France  Alal  de  Naples 
ou  vérole  ;  mais  qui  fe  guérit  avec  bien  plus  de  fa- 
cilité qu'en  Europe,  principalement  à  l'égard  des 
enfans.  VEpian  eft  fort  contagieux  :  il  n'eft  pas  be- 
foin  d'avoir  commerce  avec  une  femme  débauchée 
pour  le  gagner  \  il  fuffit  de  coucher  dans  le  hamac 
d'un  Epianijh ,  ou  peut-être  de  boire  après  lui. 
Ceux  qui  mangent  du  carrer,  qui  eft  une  des  ef- 
péces  de  tortues,  en  font  infailliblement  guéris; 
car  cette  nourriture  chalTe  tout  le  venin  du  corps 
en  dehors  par  de  gros  doux  ou  puflules  qui  gué- 
riflent  généralement  de  toutes  fortes  de  mala- 
dies. Il  y  a  d'autres  fauvages  vers  le  Canada  qui 
s'en  guériflènt  en  fe  purgeant  violemment  deux  ou 
trois  fois  j  &  fe  couchant  cnfuite  tout  nuds  fur  le 
fable  ,  expofés  au  foleil  pendant  toute  la  journée  ; 
mais  la  méthode  la  plus  ailée  eft  de  boire  de  la  ti- 
fane  de  Gayac  &  de  Squine  pendant  quelques 
jours ,  &:  faire  quelque  exercice  violent  qui  puilTe 
provoquer  la  fueur.  Foye-{  le  P.  Labat.  Le  P.  Plu- 
mier dit  que  le  fruit  de  Xagua ,  autrement  Gempa , 
eft  excellent  contre  YEpian.  M.  Aftruc  dit  que  la 
vérole  chez  les  Américains  s'appelle  Epian  ,  êc  que 
c'eft  le  nom  que  lui  ont  donné  les  naturels  de  l'Ile 
de  S.  Domingue. 

ÉPIBATERE.  f.  m.  Sorte  de  pièce  de  vers  chez  lei- 
anciens  Grecs.  Epibacerium.  Quand  quelqu'un  après 
une  longue  abfence ,  ou  un  long  voyage ,  retour- 
noit  dans  fa  patrie ,  il  aflembloit  fes  concitoyens 
un  certain  jour ,  &  leur  faifoit  un  difcours ,  ou 
leur  récitoit  une  pièce  de  vers ,  dans  laquelle  d'a- 
bord il  louoit  le  Prince  ou  le  Magiftrat ,  enfuite  il 
rendoit  grâces  aux  Dieux  de  fon  heureux  retour, 
puis  finilloit  par  un  compliment  à  (es  compatrio- 
tes. C'eft  cette  pièce  de  pocfie  que  les  Grecs  appe- 
loient  'E'-zri/iar^fut ,  Epibatère  ,  mot  qui  vient  d  'w(- 
f<ï(»»,  je  reviens.  L'Apobatère  ,  Apobacerium  ,éio\t  la 
pièce  que  l'on  faifoit  en  partant.  Il  n'y  avoit  que 
les  Notables  des  villes  qui  fiifent  l'Apobatère  ôc 
ÏEpibatere. 


784  EPI 

ÉPIBATÉRIEN.  adj.  ni. Terme  de  Mythologie",  fur- 
nom  d'Apollon,  comme  qui  diroic  j  Apollon  de 
bon  recour.  Eplhatcnus.  Ce  Dieu  étou  honoré  en 
cette  qualité  à  Trœzene  ,  dans  un  temple  que  lui 
bâtit  Dioméde ,  parce  qu'en  revenant  de  Troye  il  ne 
fouth.it  point  de  la  tempête,,  qui  réduiht  tous  les 
autres  Grecs  à  l'extrémité. L'étymologie  ell  la  même 
que  celle  d'épibatèce. 

ÉPICAIE.  f.  f.  Vieux  mot.  Equité  ,  adoiicidement  de 
la  rigueur  du  droit.  Ce  mot  ell  Grec  ,  èî^»^»-"*  ,  & 
fe  trouve  dans  \i  Dictionnaire  de  Nicot ,  aulli-bien 
que  epicaifer,  pour  dire ,  ftatuer  félon  le  droit  ^  la 
raifon. 

ÉPICARE.  Montajzne  des  Alpes.  Epïcarus  mons.  Le 
mont  Epicarc  ell  éloigné  de  Suze  de  quatre  lieues. 
C'eft  fur  le  mont  Epk.ire  que  fe  retira  d'abord  Hu- 
gues Fondateur  de  l'Abbaye  de  Clufe.  P.  Hélyot, 
T.  V.  C.  20.  Le  mont  Epicarc  eic  vis-à-vis  le 
mont  Carpâze.  Mabillon ,  Ann.  Eéncd.h. XLFII. 

EpiCARPE.  f.  m.  Terme  de  pharmacie.  Epicarpiurn. 
C'ell  une  efpèce  de  cataplatme  compofé  d'ingré- 
diens  acres  &  pénétrans ,  comme  d'ail ,  ou  d'oi- 
gnon ,  de  toile  d'araignée  ,  d'ellébore  j  de  camphre, 
de  thériaque  j  &c.  lequel  on  applique  autour  du 
poignet  à  l'entrée  d'un  accès  de  iîèvre  ,  pour  chaf- 
îer  la  fièvre.  Il  y  a  aufll  des  Epicarpes  confortatifs. 

Ce  mot  eft  Grec,  il  vient  d'éra-» ,  &  de  x-afi-'^s ,  car- 
pe j  poignet.  On  dit  auffi  péricarpe  dans  le  même 
lens. 

ÉPICASTE.  f.  f.  Fille  d'Egée  j  fut  une  des  femmes 
d'Hercule ,  qui  la  rendit  mère  de  Tlieifala. 

Épicaste  ,  c'ell  la  même  que  Jocafte  j  mère  d'CEdipe. 

ÉPICAUME.  f  m.  Terme  de  chirurgie,  elpèce  d'ul- 
cère qui  fe  forme  fur  le  noirderœil.  i=ri'x«u^«,  de 
Kcila  ,  brûler,  Voye:^  le  Dictionnaire  de  James. 

ÉPICE.  f.  f.  Aromata.  Sorte  de  drogue  Orientale ,  & 
aromatique  ,  qui  a  des  qualités  chaudes  &  piquan- 
tes ;  tels  que  font  le  poivre  j  lamufcade,  le  gin- 
gembre, le  macis,  la  cannelle,  le  clou  de  girofle  j  la 
maniguerte  ,  &c.  donc  on  fe  fert  pour  alfaifonner 
les  viandes.  Il  n'eft  pas  fain  de  mettre  trop  êîépices 
dans  les  fau  (Tes. 

EpicE  BLANCHE ,  ou  jPffzVs  épicc.  C'eft  le  gingembre 
battu  iSf  réduit  en  poudre. 

On  dit  d'un  Auteur  dont  le  ftyle  eft  mordant  &: 
cauftique  ,  qu'il  n'épargne  pas  les  e'pices  :  d'un  Li- 
vre ,  d'un  difcours  écrit  dans  ce  gouc  j  qu'il  eft 
plein  d'épices,  que  les  épiceries  n'y  manquent  pas , 
qu'il  eft  falé  &  e'picé. 

Pain  d'epice  j  eft  un  pain  qu'on  aftaifonne  avec 
des  épices ,  qu'on  paîtrit  avec  de  l'écume  du  fucre , 
ou  du  miel ,  qu'on  donne  aux  enhans-  Le  pain  d'e- 
pice de  Rheims  fe  fait  .avec  de  la  farine  de  feigle, 
du  miel  &  un  peu  de  poivre  &  de  cannelle 


E  P  I 

gent  qui  appartiennent  au  Rapporteur  &  aux  Ju- 
ges pour  i'éxamen  &  le  jugement  d'un  procès 
par  écrit.  Au  commencement  il  n'y  avoir  que  les 
Juges  pcdanées  à  qui  on  donnoic  des  f/'icvjr  ^  par- 
ce qu'ils  n'avoienc  poinc  de  gages  :  les  épices  n'en- 
croient  poinc  en  taxe.  Celui  qui  gagne  fon  pro- 
cès avance  les  épices ,  ma.\s  ii  a  droit  de  les  répé- 
ter ,  faiianc  partie  du  coût  de  la  Sentence  ou  de 
l'Arrêt  ;  &c  l'on  donne  au  Secrétaire  pour  le  rem- 
bourfement  des  Epices. 

Les  Epices  fe  partagent  entre  les  Juges.  Le  Rap- 
porteur a  une  part  plus  force  ,  comme  ayant  eu 
plus  de  peine. 

Les  droits  qui  fe  p.ayent  aux  Juges  dans  les 
procès  qui  fe  jugent  de  grands  ou  de  petits  Com- 
milfaires ,  s'appellent  vacations. 

On  dit  proverbialement  d'un  homme  fort  ru- 
fé,  que  c'elt  une  fine  épice-.ww'i  fine  mouche.  On 
dit  qu'un  Juge  aime  bien  le  pain  d't'/^ice  j  quand 
il  fe  taxe  de  grolies  épices.  Dans  les  petits  fats 
font  les  bonnes  épices  j  pour  dire  que  les  petites 
perfonnes  font  ordinairement  les^his  fpirituelles. 

Le  mot  d'épice  vient  du  LRÛnjfpec:es  :  ce  mot 
fpecies  a  été  d'abord  employé  par  les  Jurifcon- 
fultes  pour  exprimer  ce  que  dans  l'ufage  ordinaire 
on  appeloit/z-v/oej-j  Biens  de  la  terre.  Dans  la  fui- 
te on  reftceignit  le  mot  dtjpecies  aux  aromates  , 
&  on  leur  donna  le  nom  d'épices  Se  d'épiceries. 
EPICEDE.  f.  m.  Terme  de  Poêfie  Grecque  îk  Latine. 
Pièce  de  vers  iurla  mort  de  quelqu'un.  Epicedium.il 
y  avoir  aux  obiéqnes  d'un  homme  de  marque  trois 
fortes  de  difcours.  Ce  qui  fe  difoic  proche  du 
bûcher ,  s'appeloit  Nanix  \  ce  qui  fe  gravoit  fur  le 
tombeau  ,  épitaphe  ,  &  ce  qui  fe  faifoic  dans 
la  cérémonie  des  funérailles  ,  s'appeloit  épicéde  : 
c'eft  notre  oraifon  funèbre.  Voye\  Scaliger,  Poéc. 
L.  I.  C  50.  Il  y  a  dans  Virgile  deux  exemples  d'i- 
picédes,  deux  beaux  épicédes ;  celui  d'Euryalus,  & 
celui  de  Pallas. 

Ce  mot  eft  Grec  j  &  vient  d'fari  ,fur ,  Se  x^'ê'iB-ai  , 
qui  fignifie,  faire  les  funérailles,  rendre  à  quel- 
qu'un les  derniers  devoirs,  de  xî<^«  ,  cura. 
EPICENE.  adj.  Terme  de  Grammaire.  Promijcuus  y 
communis.  Il  fe  dit  de  tous  les  noms  qui  fous  un 
même  genre,  &  une  même  terminaifon  ,  mar- 
quent les  deux  efpèces ,  comme  aigle  ,  fouris  ,  &c. 
On  diftingue  épicène  &  commun.  Commun  ,  eft  un 
nom  qui  peut  fe  joindre  à  l'article  mafculin  &  au 
féminin  ;  épicène  eft  celui  qui  eft  toujours  joint  à 
un  feul  des  deux  articles,  &  cependant  fignifie  les 
deux  genres.  Il  vient  du  Grec  (nrlxeitc;  ^  qui  fignifie 
la  même  chofe. 
EPICER.  V.  a.  Afl^ifonner  quelque  chofe  avec  des 
épices.  Condire  aromatibus ,  imbuere.  Les  gens  du 
Nord  épicent  beaucoup  coût  ce  qu'ils  mangent. 
On  dit  figurémenc  &  familièremenc  qu'un  Ju- 


ÉPICES ,  s'eft  dit  particulièrement  autrefois,  des  dra-  !      §^  'Pf  be.iucoup  ,  qu  il  epice  rudement ,  quand  il 
gées  &  des  confitures  qu'on  donnoit  en  préfent  aux  '  a  ^^^^  ^^'  epices^  trop  fortes  pour  fes  jugemens. 
Juges ,  quand  ils  avoienc  faic  gagner  un  procès,  &    Epicer  ,  ou  plutôt  e;.#r ,  en  termes  de  Marine  ,  fi- 
cela par  pure  gratification.  Depuis ,  ce  préfent  a        ^nihe  ,   alfemoler  un  bouc  de  corde  avec  un  ancre  , 


été  converti  en  taxe  pécuniaire.  Opers.  judiciarid, 
pretium  ,    merces  j  JporcuU  judiciaria  j  fpecies 


erum. 


entrelaçant  leurs  fils  ou  cordons  l'un  dans  l'autre: 
ce  qui  fe  faic  par  une  broche  de  fer  appelée  cor- 
net d'épice,  &a  lieu  de  cornet  d'épijje. 
ÈpicÉ  ,  Ée.  parc.  Imhutus  ,conditus  miilto  aromate. 

s'apeloient  épices\  parce  qu'avant    la  découve'rte   ÉPICÉRASTIQUE.  f  m.  Terme  de  Médecine.  Epl- 
''  --..  -        -  ^.„..  ceraflicum.    Ce    font   des   remèdes ,  qui    par   leuc 

qualicé  emplaftique  ,  ou  par  leur   humidité  tem- 
pérée, émouftenc  l'acrimonie  de  Ihumeur ,  &  le 
fentiment  irrité  de  la  partie  affligée  :  tels  font  les 
racines  d'alchéa ,   de    mauve   &  de  réglilfe  \   Iss 
feuilles  de  laitue,  de  mauve  ,  de  nénuphar,  de 
pourpier,  les  femences  de  lin  ,  de  pavot,  &c. 
mène  J  que  le  Sire  de  Tournon,  par  la  licence  de    ^fT  II  eft  aulîi  adjedtif.  Remède  épicéraftique.  Les 
la  Cour,  bailla  20  francs  d'or  pour  \qs  épices.  On  :      racines  de  mauve  ,  guimauve,  &c.  font  des  remè- 
demande  encore  le  vin  &:  les  épices  à  la  fin  des  re-  '      des  cpicérajliques. 

pas  qui  fe  font  dans  les  écoles  de  Théologie  &   ÉPICERIE,  f  £  Eft  le  Corps  des  Marchands  Epiciers, 

de  Médecine,  de  quelques  Univerfités.  1      qui  eft  le  fécond  des  fix  Corps  de  Marchands  de 

EpicEs  J  aujourd'hui  fe  dit  au  Palais  des  droics  en  ar- 1     Paris.  Foy.  épicier  L'Epicerie  a  quacte  ^tats  difrc- 

r€ns 


Ces  forces  de  préfens  qu'on  faifoic  aux  Juges 
s'apeloient  épices ,  parce  qu'avant  la  découverte 
des  Indes  on  confifoic  les  fi-uics ,  &  on  faifoic  les 
dragées  avec  des  épiceries,  &  non  pas  avec  du  fu- 
cre, qui  écoit  fore  rare  en  ce  temps-là.  Foye^  Paf- 
quier.  La  libéralité  volontaire  des  dragées  &  con- 
fitures fut  tournée  en  nécelfité,  &  changée  en  ar- 
gent. On  trouve  l'origine 'de  ces  ^'pices  en  argent 
dès  l'an   15(39.  On  voit  fur  le  Regiftre  du  Parle- 


EPI 

retîs,qui  l'ont  les  Epiciers,  Ciergiers,  Apothicai- 
res &  Confifeurs. 

C'clt  aulli  un  nom  coUedif  qui  comprend  non 
feulement  les  épices,  comme  la  cannelle  ,  la  muf- 
catle,&c.  mais  encore  le  fucre,  le  miel  &c  les  dro- 
gues médicinales  qui  viennent  des  pays  éloignés  ; 
en  un  mot  tout  ce  que  vendent  les  Epiciers,  --^/o- 
mata ,  merx  aromacana.  Les  Hollandois,  fe  font 
enrichis  au  trafic  des  épiceries.  Il  en  eft  des  pro 
verbes  comme  de  épiceries:  elles  rélevenc  le  goût 
d'une  faulfe ,  fi  l'on  en  met  un  peu  j  &  elles  la 
gâtent  j  (\  l'on  y  en  met  trop.  Gail. 

ÉPICHEL,  Le  Cap  £Epichet.  Barbarium  promonto- 
rium.  Il  eft  fur  la  côte  de  l'Eftramadoure  Pcjrtugai- 
fe ,  à  quatre  ou  cinq  lieues  au  fud  de  l'embou- 
chure du  Tage. 

EPICHERÊME.  f  m.  Terme  de  Logique.  Epichere 
ma.  Syllogifme  dans   lequel  chaque  prémiffe    eft 
accompagnée  de  fa  preuve.  VEpichérème  eft  d'un 
grand  ufage   dans  l'éloquence,  furtout  quand   la 
propolicion  pourroit  révolter  ceux  à  qui  on  par- 
le. Il  faut  donc  alors  joindra  à  la  majeure  la  preu 
ve ,  &  de  même  à  la  mineure  j  s'il  eft  nécelfaire 
Le  chef-d'œuvre  des  Oraifons  de  Cicéron  ,  la  Mi- 
Ionienne  ,  eft  un  épicherème  perpétuel  :  ce  mot 

,  vient  du  grec  ïTupif.fi». 

EPICIER  ,  1ÈRE.  i.m.  Se  f.  Qui  fait  trafic  d'épicerie  j 
droguerie  &  grofterie.  Aromatarius.  Les  Apothi- 
caires font  partie  du  Corps  des  Marchands  Epi- 
ciers &  Droguiftes.  Les  Epiciers  prennent  pour 
leur  Patron  Saint  Nicolas ,  à  caufe  que  la  plupart 
de  leurs  marchandifes  viennent  par  eau  ,  &  que 
Saint  Nicolas  eft  le  Patron  de  ceux  qui  trafi- 
quent fur  l'eau.  Les  Epiciers  ont  des  Maîtres  & 
Gardes,  qui  ont  droit  de  vifite  &  de  rétormation 
des  poids  ,  balances  &  mefures  ,  fur  tous  les 
Marchands  &  métiers  de  la  Ville,  faubourgs  & 
banlieue  de  Paris,  qui  vendent  leurs  marchan- 
difes au  poids  ,  &  ont  eu  de  tout  temps  la  garde  & 
l'étalon  des  poids  &  mefures.  Les  méchans  Auteurs 
font  fujets  a  allet  chez  ['Epicier.  Deferar  ii\  vi- 
cum  vendenùm  thus  &  odores  ,  &  piper  j  &  quid- 
quid  charcis  amicitur  ineptis.  Ainfi  il  y  a  long-tems 
que  la  coutume  en  eft  établie,  f^oye^  les  Régle- 
mens  fur  les  Epiciers  &  les  Epiceries  dans  le 
Traité  de  Police  du  Commifiaire  De  la  Mare  , 
Titre  X.  T.  I.  p.  5 85.  &  p.  530.  l'Article  VI.  & 
VII.  de  l'Edit  du  Roi  donné  en  Juillet  i68i  tou- 
chant la  vente  ou  garde  des  poifons. 

ÉPICLIDIES.  f  f.  Pi.  Fêtes  en  l'honneur  de  Cèrès  à 
Athènes ,  félon   Héfychius. 

ÉPICRASE  .  f.  f.  Amélioration  d'humeurs.  Epicrajis, 
Une  cure  faite  avec  des  alcérans ,  par  degrés  &  avec 
des  remèdes  tempérans ,  eft  appelée  une  cure /7er 
epicrajîn.  Ce  mot  vient  de  K£ç«vyi/|«( ,  mêler  ^tempérer. 

ÉPICRÉNE.  f.  f.  Fête  des  Fontaines  a  Lacédémone. 

EPICURIEN,  f.  m.  Epicureus  ,  de  grege  Epicuri.  Ce- 
lui qui  foutient  les  opinions ,  ou  qui  fuit  les  maxi- 
mes du  Philofophe  Epicure.  Quelques-uns  mettent 
de  la  différence  entre  Epicurien  &  Epicuréijie.  Les 
Epicuréiftes  font  les  Atomiftes  modernes  j  qui  ont 
Gaflendi  à  leur  tête  ,  &  qui  en  faifant  Dieu  auteur 
des  atomes,  &  de  leurs  mouvemens  ,  ont  cru  pou- 
voir expliquer  par  l'union  &  ladéfunion  de  ces  cor- 
pufcules  primitifs,  les  perpétuels  changemens  du 
monde.  Les  Epicuriens  ont  été  de  tout  temps  dé- 
criés pour  leur  morale  &  leur  attachement  au  plai- 
lîr  fenfuel.  Bien  des  gens  ont  voulu  les  juftifier, 
en  prouvant  que  le  plaifir ,  dans  lequel  Epicure 
metioit  le  fouverain  bien  de  cette  vie  ,  n'étoit 
pas  le  plaifir  brutal  ,  mais  le  contentement  de 
i'efprit  ,  la  tranquillité  de  l'ame  exemte  du 
trouble  des  paffions  ,  &c.  Il  y  a  bien  de  l'ap- 
parence que  cela  eft  vrai,  mais  fans  entrer  dan? 
cette  queftion ,  que  M.  Galfendi,  M.  du  Rondel 
&  autres  bons  écrivains  ont  traitée  à  fond,  il  eft 
certain  que  dans  notre  brigue  ,  félon  l'ufage  le  plus 
reçUj  Epicurien  {q  prend  eri  mauvaife  part  j  pour 
un  homme  débauché  ,  ou  du  moins  pour  un 
Tome  III. 


EPI  y'^s 

hornme  indolent,  mou  ,  efféminé ,  qui  ne  cherche 
qu'à^  vivre  doucement  ,  qui  ne  fonge  qu'à  foti 
plaiiir  ,^  &  ne  s'occupe  que  peu  ou  point  d'af- 
faires fcrieufes ,  qui  n'aime  que  foi-même  ,  &c. 
C'eft  un  franc  Epicurien.  Epicuri  de  grege  porcus. 

Il  y  avoir  de  deux  fortes  d'Epicuriens  ;  les  ri- 
gides, &  les  relâchés.  Les  Epicuriens  rigides, 
attachés  aux  fentimens  d'Epicure  ,  mettoient 
la  félicité  dans  le  plaifir  honnête  de  Tefprit  , 
caufé  par  la  pratique  de  la  vertu.  Les  Epicu- 
riens relâchés  ,  prenant  grolfièrement  les  termes 
de  ce  Philofophe,  la  mettoient  dans  les  plaifirs  du 
corps  &  dans  la  débauche.  Les  premiers  ,  qui 
écoient  les  véritables  Epicuriens  ,  appeloient  les 
autres  les  Sophiftes  de  leur  doifrine.  Les  Epicuriens 
reconnoilToient  un  Dieu  ,  mais  ils  ne  croyoient  pas 
qu'il  fe  mît  fort  en  peine  des  chofes  de  ce  bas 
monde ,  ni  de  fon  gouvernement  ;  &c  nioicnt  la 
providence. 

Les  Epicuriens  ont  été  ainfi  nommés  du  Chef 
de  leur  fedte  Epicure  ,  qu'on  accufe  pourtant  de 
n'être  pas  auteur,  mais  de  n'avoir  fait  que  débi- 
ter fur  la  Phyfique  la  doctrine  de  Démocrite ,  Sc 
fur  la  Morale  ,  celle  d'Ariftippe.  Quoi  qu'il  en 
foit,  Epicure  étoit  Athénien,  de  la  famille  des 
Phelaides.  Il  naquit  la  troifiéme  année  de  la  cent 
neuvième  Olimpiade  ,  &  conféquemment  541  ans 
avant  Jefus-Chrift  j  le  20*  du  mois  Gamelion  , 
qui  repondoit  à  peu-près  à  notre  mois  de  Décem- 
bre, Il  commença  fon  Ecole  à  l'âge  àt  ^C  ans. 
Il  mourut  de  la  pierre  ,  la  féconde  année  de  la 
cent  vingt-feptième  Olympiade  j  la  72,'  de  fon 
âge,  &  la  17 1*^  avant  Jefus-Chrift.  Voye^  Dio- 
géne  Lacrce  ,  dans  la  vie  de  ce  Philofophe. 
ÉPICURISME  ou  EPICUREISME.  f  m.  Epicurifmus. 
Nom  de  feéte.  Doctrine  d'Epicure  ,  fyftême  ,  mo- 
rale ,  manière  de  vivre  d'Epicure  &c  des  Epicuriens. 
On  a  formé  ce  mot  fuivant  l'analogie  des  autres 
noms  de  fedles  ,  Mahometifme  ,  Arianifme ,  Plato~ 
.  nifme  3  Luthéranifme  ^  &c.  Lucrèce  a  mis  VEpicu- 
rifme  en  vers.  IJEpicurifme  étoit  regardé  par  les 
Payens  même  comme  une  fette  abominable.  L'Epi~ 
curifme  embralfoit  &  la  Phyfique  &  la  Morale.  Dans 
la  nature  le  premier  principe,  félon  les  Epicuriens, 
ce  font  les  atomes.  Par  rapport  aux  mœurs,  le  pre- 
mier principe  ,  c'eft  le  plaifir ,  qui  eft  la  fin  Se  le 
bonheur  de  l'homme.  Cicéron  a  prérendu  qu'Epi- 
cure  entcndoit  parler  du  plaifir  raifonnable  Si  fpi- 
rituel  de  l'ame,  &  non  du  plaifir  des  fens  &  du 
corps.  On  peut  comparer  le  Janfénifme  à  \Epicurif~ 
me.  FÉNF.L.  Combien  VEpicurifme  étoit-il  plus  fage, 
plus  mefuré  ,  plus  favorable  au  libre  arbitre  ,  plus 
accommodé  à  la  règle  des  mœurs ,  plus  propre  à 
réprimer  le  vice.  Se  à  foutenir  la  vertu  \  en  un  mot , 
plus  digne  de  l'homme,  que  votre  honteux  fyftême, 
qui  ne  lailTe  rien  de  réel  au  libre  arbitre  ,  &  qui 
abandonne  tout  au  feul  plaifir  pour  le  vice  contre  la 
vertu.  Id. 

ICTSur  l'Epicuréifme,  voyez  atomes  &  Elémens. 
Il  ne  fiut  pourtant  pas  confondre  l'Epicuréifme 
dont  nous  parlons  avec  celui  qu'embraffi  le  fameux 
Galfendi ,  Prévôt  de  Digne,  Se  Profefieur  en  Aftro- 
nomie  au  Collège  Royal.  Celui-ci  ne  donne  rien  au 
hafard ,  &  admet  des  atomes  ctées  par  le  Tout-puif- 
fant.  Il  ôte  toutes  les  impiétés  qui  infeéfoient  l'an- 
cien fyftême  d'Epicure,  &  le  préfente  avec  des  beau- 
tés qui  le  rendent  plus  fupportable  Se  moins  con- 
traire aux  loix  de  la  faine  phyfique. 

§3*  Les  atomes  d'Epicure,  dit  M.  Pluche  ,  ne 
font  dignes  que  de  rifée.  Ceux  de  Gaffendi ,  ou  nous 
mènent  à  l'irréligion.  Se  déshonorent  la  raifon,  Cl 
l'on  prétend  en  tirer  quelque  chofe  d'organifé  fans 
un  ordre  exprès  de  Dieu  ,  ou  ne  nous  apprennent 
rien ,  Ci  Dieu  en  fixe  Se  la  nature  Se  Tufige  p^r  des 
volontés  fpéciales. 
ÉPICYCLE.  f  m.  Terme  d'Aftronomie.  Epkyclus,  or- 
biculus.  Comme  les  Aftronomes  ont  inventé  un  cer- 
cle excentrique  pour  expliquer  l'irrégularité  appa- 
rente dss  Planètes ,  Se  leurs  diverfes  diftancgs  à  l'é- 


/ 


»tS  6 


EPI 


E  PI 


'  gard  de  la  terre  ,  ils  ont  de  même  im.iginé  un  petit*  les  étangs  &  dans  les  marais.  L'cpi- d'eau  efl:  aftrin- 
cercle  pour  expliLjaer  les  lUci^ns  «Se  i^s  réctograda-  gent  ik  rétngeiant.  On  i'ernploïc  pour  loulager  les 
rions  des  Planètes.  Ce  petit  cercle,  qu'ils  ont  appelé 


epicyde  ,  a  pour  centre  un  point  pris  fur  la  circon- 
férence d'un  autre  plus  grand  iSi  excentrique  ,  lur  le- 
quel il  ie  meut,  emportant  avec  foi  la  Planète  dont 
Te  centre  fe  meut  aulîi  régulièrement  lur  la  circon- 
férence de  l'e'pkydey  en  delfous  félon  l'ordre  des 
figues ,  &  en  delTus  contre  la  fuite  des  lignes.  Le  plus 
haut  point  de  ['epicydc  s'appelle  Vapogct ,  &  le  plus 
hxs pcrigée.  Le  grand  cercle  fur  la  circontèronce  du- 
quel ïépicyde  3.  ion  centre,  s'appelle  le  déjàcnt  de 
répkydey  parce  qu'il  porte  Vépkydc^^  en  le  traver- 
fant  par  le  milieu.  La  Lune  fe  meut  iur  un  épkyde 
dont  le  centre  eil  fur  l'oibite  de  la  terre,  félon  1  hy 
pothèfe  de  Copernic.  Mais  dans  celle  de  Ptoiomée , 


gr.mdes  douleurs  de  la  goutte.  Acad.  Fa. 
ÉPIDÉMIE,  ou  EP1L)L\11E,  f.  h  Mal  contagieux 
qui  atlecte  en  même  tems  dans  un  même  heu  un 
grand  nombre  de  perfonnes ,  &  qui  dépend  d'une 
caule  commune  &  accidentelle,  comme  l'altération 
de  l'air  ou  des  alimens.  Epidemia ,  morbus  epidtml- 
ciis  ,  popular'is.  Ce  nom  vient  de  ce  que  ces  maladies 
font  communes  à  toutes  lortes  de  perfonnes,  de 
quelque  lexe  ,  âge  &c  qualité  qu'elles  foient ,  pro- 
venant d'une  caufe  générale.  Les  Latins  les  appel- 
lent populaires.  Elles  lont  oppolécs  à  celles  que  les 
Méc^ecms  t^^^<i\\i^u\.  fporadiques  ,  qui  font  épatfes 
çà  &  là,  iic  qui  ont  des  cauies  particulières.  Elles- 
lont  de  mcme  diftinguées  des  Endémies  qui  atta- 


qui  fuppofoit  les  cieux  folides ,  X épkyde  étoit  un        quent  particulièrement  les  habuans  d'une  contrée, 
globe  qui  tournoit  avec   la  Lune  dans  TépailTeur        '' 


/-''oye^  ces  mots, 
qu'on  donnoit  à  Ion  ciel,  &  qui  la  faifoit  voir  tan-',  EPIDEMIE.  1.  f.   Nom  d'une  fête  d'Apollon  à  Delos 

"^       -A^_i..i_,T\     ,1  __  _  I <      2^- à  Milet ,  &  de  Diane  à^rgos.  ii/;ia'tfw/<«. 

Ce  mot  vient  d'^^-Zdans,  &  ^^^«s-  peuple;  «Se 
on  l'avoit  donné  à  cette  tête,  parce  qu'on  s'imagi- 
noit  qu'en  ces  jours  ces  Dieux  étoient  parmi  le  peu- 
ple. D'où  vient  que  le  dernier  jour  de  {'Epidémie  , 
on  chantoit  des  hymnes  qu'on  nommoit  àzrtiz^efi7rTix.éi 
pour  leur  dire  adieu  &  les  conduire  à  leur  départ. 
Comme  ces  Dieux  ne  pouvoieiit  être  par-tout ,  ÔC 
qu'ils  ètoienr  honorés  &c  invoqués  en  pluhcurs  en- 
droits dirtérens ,  ils  avoient  des  tems  marqués  pouc 
aller  en  chaque  lieu  recevoir  les  vœux  de  leuts  ado- 
rateurs. Voyez  Scaliger  ,  Poët.  L.  j  C.  114. 
ÉPIDEMIQUE.  adj.  m.  &c  f.  Terme  de  Médecine.  Qui 
tient  de  l'épidémie.  Maladie  cpidémique.  Epidcmicus. 
Les  efprits  font  fujets  aux  maladies  épidémiques 
comme  les  corps  :  un  feul  homme  infatué  tout. un 
pays  en  peu  de  temps.  Bay.  Le  vice  eft  dans  le  mon- 
de comme  une  maladie  épidémique  à  laquelle  peu 
de  perfonnes  échappent. 

On  appelle  médicamens  épidémiques  j  àts  re- 
mèdes alexipharmaques  propres  à  guérir  les  mala- 
dies épidémiques  malignes.  Tels  font  l'eau  épidémi- 
que 3  l'eau  antidotale  ou  alexiphatmaque,  la  théria- 
que,  ikc. 
ÉPI  DERME,  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  Cuticula  yjum- 
nia  curis.  C'ell  cette  membrane  très-déliée  qui  fert 
d'enveloppe  générale  à  la  peau  à  laquelle  elle  eft 
fortement  attachée.  On  l'appelle  aulli  la  cuticule ,  la 
première  peau  i  ou  X^xfurpeau.  Quelques-uns  croient 
qu'elle  eft  née  de  l'excrément  de  la  peau.  Hippo- 
crate  croit  qu'elle  s'engendre  par  le  hoid  ,  comme 
fur  de  la  bouillie  il  fe  fait  une  petite  peau  ,  &  fur 
du  fang  hgé  ;  mais  il  eft  certain  qu'elle  eft  produite 
dans  le  même  tems  &  de  la  même  manière  que  les 
autres  parties ,  &  qu'on  la  trouve  aux  enfans  qui 
font  encore  dans  la  matrice  ,  quelque  âge  qu'ils 
aient.  \Jépideraie  n'a  ni  veines,  ni  artères,  ni  nerfs; 
c'eft  pourquoi  il  eftinfenfible.  Les  parties  aqueufes, 
qui  lont  les  velîies,  palfent  aifément  au  travers  de 
la  peau  ,  &  s'arrêtent  fous  Vépiderme. 


tôt  plus  haute  &  tantôt  plus  balfe.  Il  y  a  long-tems 
qu'on  eft  revenu  de  cette  erreur. 
Épicycle.  C'eft  aufli  un  terme  d'Horlogerie.  C'eft  un 
petit  cercle  qui  fe  meut  dans  un  autre  cercle  excen- 
trique qui  le  fait  mouvoir. 
ÉPICYCLOIDE.  f.  f.  Terme  de  Géométrie.  Ligne  dé- 
ctite  par  le  mouvement'rl'un  cercle  fur  la  circonté- 
rence  d'un  autre  cercle.  Epicydoïs.  Tout  le  monde 
fait  qu'une  Cycloïde  fe  forme  par  le  mouvement 
d'un  cercle  fur  une  ligne  droite,  qui  devient  la  baie 
de  la  Cycloïde  ;  mais  fi  le  mouvement  du  cercle,  au 
lieu  de  fe  faire  fur  une  ligne  droire ,  fe  faifoit  fur  la 
circonférence  d'un  autre  cercle  prife  pourbafe,  alors 
la  courbe  qui  fe  formeroit ,  ne  feroit  plus  une  Cy- 
cloïde ,  mais  ans  Epicydoïde.  M.  de  la  Hire  a  donné 
au  public  en  1694  un  Traité  des  Epicydo'des  ,  où 
il  examine  leur  nature  &  découvre  particulièrement 
plufieurs  ufages  quelles  peuvent  avoir  dans  la  Mé- 
canique- Font.  Acad.  des  Se.  \-joi.  Hift.  pag.  57. 
La  courbe  formée  par  la  réfraétion  doit  être  une 
Epicydoide.  Id. /J.  58. 

Ces  mots  vienent  du  Grec  £=•<  &  x-Uxt;  cercle ,  cir- 
culas. Comme  qui  diroit  cercle  fur  un  autre  cet  de. 
EPICYÊME.  f.  m.  Terme  de  Médecine.  EVixu'^i^*  de 
«ua>  concevoir.  Ce  mot   ftgnifie  dans  Hippocrate  , 
un  fétus  conçu  dans  l'utérus,  après  qu'un  autre  l'eft 
déjà,  Se  quelquefois  une  mole. 
ÉPICYÈSE ,  f.  f.  Ce  mot ,  qui  a  la  même  dérivation 
que  le  précédent,  Cigm^^  fuperfetation ,  c'eft-à-dire, 
conception  d'un  nouvecvu  fétus  après  qu'un  autre  eft 
déjà  conçu.   Epiciejis.    Hippoctate  a  compofé  un 
Traité  fur  ce  fujet. 
ÉPIDAMNE.  C'eft  un  ancien  nom  de  Dyrrhachium  , 
ou  Durazzo.  Voyez  ces  noms.  On  écrit  Epidamme 
dans  le  Moréri  ;   mais  pourquoi ,  dira-t-on  Epi- 
damme ,  &  non  pas  Epidamne  comme  en  Latin  Epi- 
damnus  ,  Ear/i^a^Kif  en  Grec,  &  comme  font  Maty , 
Cotneille  &  tous  les  autres  ? 
ÉPIDAURE.  Epidaurus.    C'étoît  anciennement  une 
ville  de  l'Atgie ,  dans  le  Péloponèfe.  Il  y  avoit  à 


Epidaure  un  temple  fameux  d'Efculape-    L'an  deFgCJ"L'EpiDERME  fert  principalement  à  amortir  les  im 


Rome  461  dans  un  tems  depefte,  les  Romains ,  par 
ordre  de  l'Oracle  ,  envoyèrent  à  Epidaure  un  vail- 
feau  &:  des  AmbalTadeurs  ,  pour  amener  Efculape  à 
Rome.  Les  Epidauriens  ayant  de  la  peine  à  donner 
leur  Dieu  tutélaire  ,  on  dit  que  pendant  qu'ils  ter- 
giverfûient,  il  vint  un  grand  ferpent  au  navire  des 
Romains,  qui  s'entortilla  à  la  poupe  du  navire; 
qu'ils  s'ima'j/merent  que  c'étoit  Efculape,  &  l'em- 
menèrent à  Rome  avec  de  grands  honneurs.  Scali 
ger ,  dans  fes  Notes  fur  la  Chronique  d'Eufebe  , 
diftingue  trois  Epidaures.  Ragufe  a  été  nommée 
autrefois  Evidaure. 


preftions  des  objets  qui  pourroient  afteéter  trop  vi- 
vement les  houpes  ou  papilles  nerveufesde  la  peau. 
Foyez  tait. 

^fy  11  contribue  beaucoup  à  la  beauté  du  teint, 
parce  qu'il  rend  la  furfice  de  la  peau  égale  &  polie- 
Quelques  auteurs  ont  fait  ce  mot  féminin. 

La  beauté  du  vifa^e  efi  un  frêle  ornement  y 
Et  qui  neft  attaché  quà  la  fimple  épiderme  .* 
Mais  celle  de  l'cfprit  eji  inhérente  b  ferme. 

L'ufage  le  plus  général  le  fait  mafculin. 


ÉPIDAURIEN.  ENNE.Oui  eft  d'Epidaure.  £"p.'Vi7«r/ttJ.i  Épiderme.  Terme  de  Cunchyliologie,  en  Latin  Cor- 


EPIDAURIES.  f  m.  Terme  de  Mythologie.  Fêtes  quij 
fe  célébroient  à  Epidaure  &  à  Athènes  en  l'honneur 
d'Efculape,  Dieu  turélaire  de  cette  ville.  Epidauria. 
Paufanias,  L.  IL  parle  des  Epidauries  ,  &  dit  qu'ils 
étoienr  magnifiques. 

^  EPI-D'EÀU.  f.  m.  Plante  aquatique  qui  croît  dans 


tex.  Quelques  coquilles  font  couvertes  d'un  épider- 
me 3  qui  eft  une  première  pellicule,  ou  un  certain 
drap  marin,  velouté,  ou  à  poil,  tel  qu'on  le  re- 
marque fur  les  tellinés,  les  moules ,  les  limaçons 
&  fur  certains  corne'ts.  On  ôte  ordinairement  Vépi- 
derme  aux  coquilles  pour  jouit  de  leur  beauté  na- 


I 


EPI 

tUreîle  :  cette  peau  leur  eft  entiéreinent  étrangère. 

Épiderme  fe  dit  aulli  eu  Botanique  de  l'enveloppe  gé- 
nérale des  plantes,   f^oye^  Ecorce. 

Ce  mot  eft  Grec,  &  fignihe,  qui  couvre  la  peau , 
que   les  Grecs  appellent  êif^a. 

ÉPiûIDYME.  f.  m.  Termed'Anatomie.  Epididymus , 
parafiata.  Petit  corps  rond  qui  eft  couché  far  le  dos 
de  chaque  teftcule,  &  qui  eft  tormé  de  plulieurs 
plis  &  replis  que  font  quelques  vailfeaux  qui  en 
fortent.  On  l'appelle  aufti  parajlatc.  L'ufage  des 
tpididymes  eft  de  perfeétionner  la  femence ,  &  de 
la  porter  des  tefticules  dans  les  vallfeaux  détérens 
auxquels  ils  font  contigus. 

Ce  mot  vient  d'ïi^'  fur,  &  de  ^«''i-fof  jumeau, 
tefticule. 

ÉPIDOTES.  f  m.  pi.  Terme  de  Mythologie.  C'étoient 
les  Dieux  qui  prélidoient  à  la  croillance  des  enfms , 
comme  le  mot  le  fignific.  Du  verbe  EV/J'iiTa^i  j'u- 
peraddo  j  j'aJgtrtente. 

ÉPÏE.  f.  m.  Qui  eft  payé  pour  obferver  les  aétions 
d'autrui ,  &c  furtout  ce  qui  fe  palfe  dans  une  armée. 
Exploracor.  Il  n'y  a  point  de  camp  où  il  n'y  ait  quel- 
que épie.  Il  eft  vieux.  On  fe  ferr  plutôt  aujourd'hui 
du  mot  à'efp'ton. 

Ce  mot  vient  à  fpicis  fervandis ,  comme  on  difoit 
fycophanta ,  à  Athènes  à  l'égard  des  figues  :  d'autres 
difent  de  fpecula  _,  ou  de  l'Italieny/'ia. 

ÉPIEMENT.  f  m.  Indagaùo  ,  aucupatïo.  Il  eft  vieux  : 
ce  mot  fe  trouve  dans  Pomey. 

ÉPIER.  V.  a.  Obferver  fecrètement  &  adroitement 
quelqu'un  &  fes  aélions  Specularï  ^  explorare,  agere 
exploratorem.  Les  Sergens  ont  long-tems  épié  cet 
homme  pour  le  prendre  ,  ils  ont  épié  l'occafion  fa- 
vorable pour  le  faifir  à  leur  avantage.  Les  Grands 
doivent  bien  prendre  garde  à  leurs  aélions ,  car  il 
y  a  toujours  quelqu'un  qui  les  épie.  Cet  efcadron 
s'eft  mis  en  embufcade ,  pour  épier  quand  le  con- 
voi paderoit.  Epier  la  contenance  des  ennemis.  Abl. 
f/j/e/  l'occafion ,  capture  ^  aucupari. 

Épie,  Ée.  part. 

JËPIER.  V.  n.  Terme  d'Agriculture.  Monter  eri  épi. 
Spicari.  Voici  le  temps  que  le  blé  commence  à  épier., 
Les  Laboureurs  difent,  nos  h\és  épiem dé]i ,  les  blés 
font  déjà  épiés  j  c'eft-à-dire ,  ont  formé  leur  épi. 

LiGER. 

Ontitt  en  terme  de  Chafte ,  que  la  queue  d'un  chien 
eft  épiée  jfpicjca  ;pour  dire  ,  qu'elle  eft  rerminée  au 
bout  en  forme  d'épi,  qu'elle  eft  éparpillée  en  barbe 
d'épi.  On  appelle  encore  chien  épié ,  celui  qui  a 
tIu  poil  au  milieu  du  front  plus  grand  qu'ailleurs  j 
enforte  que  les  pointes  de  ce  grand  poil  fe  rencon- 
trent &  viennent  à  l'oppofite.  C'eft  une  marque  de 
vigueur. 

ÉPIER,  f.  m.  On  donne  ce  nom  à  un  droit  domanial 
qiii  fe  levé  dans  la  Province  de  Flandre,  confiftant 
ordinairement  en  grain. 

ÉPIERRER.  V.  a.  Oter  les  pierres  de  quelque  terrein  , 
d'un  champ  ,  d'un  jardin.  Purgare  lapidibus  _,  ela- 
pidare.  Il  faut  épicrrer  les  carreaux  où  l'on  veut 
planter  des  ficurs.  On  épierre  ou  avec  une  claie ,  ou 
fimplement  avec  un  râteau,  f^oye^  Claie. 

Épierré^  ée.  part.  , 

ÉPIÉS,  f.  m.  Terme  de  Mythologie  Egyptienne.  C'é- 
toitchezlesEgyptiens  le  grand  Interprètedes  Dieux. 
Epies,  Ces  peuples  lui  donnoient  une  tète  d'éper- 
vier ,  &  en  racontoient  beaucoup  de  chofes  très- 
fuperftuieufes. 

ÉPIEU.  f  m.  Arme  faite  en  forme  de  hallebarde , 
garnie  par  un  bout  d'un  fer  large  &  pointu  ,  Pilum, 
hajlile ,  fpiculum  ,  lato  venabulaferro.  On  s'en  fer- 
voit  principalement  pour  la  challe  du  fanglier.  Le 
bois  s'appeloir  la  hampe.  Cette  arme  n'eft  plus  en 
ufage.  Théodebert  attendoit ,  Vépieu  à  la  main,  un 
taureau  fauvajje.  Méz.  Pafadin  dit  efpieu  de  guerre. 
Ce  mot  vient  de  l'Allemand y^^c^Jj  qui  fignifie  la 
même  chofe.  Mén. 

ÉPIGASTRE.  f.  m.  Prononcez  l'j.  Epigafler.  Terme 
d'Anatomie ,  qui  fe  dit  de  la  partie  moyenne  de  la 


EPI  787 

région  épigaftrique  ,  ou,  félon  quelques-uns,  de 
la  partie  antérieure  du  bas  ventre  que  les  Latins 
appellent  abdomen. 

Ce  mot  vient  à'f^\  &c  de  y«5-/f  ventre. 

EPIGASTRIQUE.adj.  Prononcez  l'^£;^;^tf7?r/f«5.Nom 
qu'on  donne  .à  la  partie  la  plus  haute  du  ventre,  qui 
va  depuis  le  cartilage  xyphoide  prefque  jufquaa 
nombril.  On  appelle  cette  partie  la  région  epigaf- 
trique  j  &  on  la  divife  en  trois ,  deux  latér.ales  ^ 
qu'on  nomme  les  hypocondres,  &:  celle  du  milieu 
qu'on  appelle  Vépigajlre.  Il  y  a  aulli  deux  artères  de 
deux  veines  épigajtriques.  Les  artères  font  des  ra- 
meaux des  artères  iliaques  externes ,  &  fe  répan- 
dent dans  quelques  mulcles  du  bas-ventre  :  les  vei- 
nes vont  fe  rendre  aux  veines  iliaques  externes. 

EPIGEE.  f.  m.  Fils  d'Hypfiftus ,  fut  dans  la  luite  ap- 
pelé Uranus ,  &  fa  fœur  Gé.  C'eft  le  nom  de  ces 
deux  entans ,  dit  Sanchoniaton  ,  que  les  Grecs  ont 
donné  au  Ciel  &:  à  la  terre- 

ÉPIGENÊME.  f.  m.  Du  grec  f-snyeûo^aj  Supervenio. 
La  même  chofe  que  Epiphénom'.-ne.  V'oye^  ce 
mot. 

ÉPIGEONNER,  y.  a.  Terme  de  Maçonnerie.  C'eft 
Employer  le  plâtre  un  peu  ferré  ,  fans  le  plaquer  , 
ni  le  jeter ,  mais  le  lever  doucement  avec  la  main  , 
&  la  truelle ,  'ps.ï pigeons ,  c'eft- à-dire,  par  poignées, 
comme  pour  les  tuyaux  &c  languettes  de  cheminée 

,   qui  font  de  plâtre  pur. 

Epigeonné,  ée.  part. 

EPIGIES.  f.  f.  pi.  Nymphes  de  la  terre ,  pat  oppofi- 
fition  aux  Nymphes  Uranies,ou  Nymphes  du  Ciel. 
Epigies  o\x  terrejh-cs  ,  c'eft  la  même  chofe,  d'îf' , 
fuper  ^  &  r?j  terra  ,  fur  la  terre. 

ÉPIGLOTTE.  f.  f.  Terme  d'Anatomie*  Epiglottis ,  Un- 
gula.  C'eft  le  couvercle  du  larinx ,  qui  eft  fait  comme 
une  petite  langue  qui  porte  fur  la  fente  du  larinx, 
que  Galien  appelle  glotiis  ,  ou  languette  j  &  ce  mot 
veut  dire  une  Jurlanguecte ,  ou  petite  langue ,  du  mot 
Grec  j  y^-àiTTu  ou  'y'^'ûrra  ,  langue.  On  la  nomme  au- 
trement luette.  Elle  eft  faite  d'un  cartilage  mobile  en 
forme  de  feuille  de  lierre.  Sa  bafe  eft  un  peu  large  , 
&  elle  aboutit  peu-à-peu  en  pointe  moulTe.  Galien 
croit  que  c'eft  le  principal  organe  de  la  voix  ,  qui 
fert  à  la  rendre  harmonieufe.  Sa  bafe  eft  en  la  partie 
fupérieure  du  cartilage  fcutiforme  ,  &:  fa  pointe  fe 
tourne  vers  le  palais.  Elle  ne  fe  ferme  que  par  la 
pefanteur  du  morceau  qu'on  avale  \  mais  ce  n'eft 
pas  fi  exadement  que  quelque  goutte  de  la  boillon 
ne  fe  fourvoie  quelquefois  ,  6c  n'entre  dans  la  tra- 
chée -  artère.  Les  Anatomiftes  accufent  André  Vé- 
fale  d'être  tombé  dans  le  même  défaut  qu'il  reproche 
à  Galien  j  c'eft-à-dire ,  de  nous  avoir  donné  plu- 
fieurs  defcriptions  des  parties  d  animaux  pour  des 
parties  du  corps  humain  j  par  exemple  ,  d'avoir  at- 
tribué à  Vépiglotte  de  1  homme  des  mufcles  qui  ne 
fe  trouvent  qu'à  l'épiglotre  des  bêtes,  f^oyei  Voix. 

ÉPIGONES.  f.  m.  pi.  Nom  qui  fut  donné  pat  les  Grecs 
aux  enfans  de  ces  vaillans  Capitaines  qui  alliégè- 
rent  inutilement  la  ville  de  Thèbes.  Cette  malheu- 
reufe  expédition  fe  fit  l'an  du  monde  2845.  &c  dix 
ans  après  ces  fils  généreux  vengèrent  la  honte  que 
leurs  pères  avoient  reçue.  Ils  firent  un  grand  butin, 
ayant  Alcméon  pour  Chef,  &  emmenèrent  l'aveu- 
gle Tiréfias ,  dont  la  fille  nommée  Manto  j  fut  en- 
voyée par  eux  à  Delphes ,  où  elle  fervit  dans  le 
Temple  d'Apollon.  Ce  mot  EpigoneetiGtec  ,  isriy»»»?, 
&  veut  dire  ,  Né  après. 

ÉPIGRAMMATIQUE.  adj.  Qui  appartient  à  l'épi  •• 
gramme  ,  qui  eft  de  l'épigramme.  Epigrammaticusi 
L'Art  épigrammatique.  Le  ftyle  épigrammatique-  La 
Voé(\Q  épigrammatique.  M.  Le  BruUj  dans  la  Pré- 
face de  fes  Epigrammes  j  Madrigaux  &  Chanfons, 
traite  de  l'Art  épigrammatique.  Le  P.  Vavallèur  en 
a  traité  avant  lui  dans  fon  Livre  Latin  De  epigram- 
mate. 
ÉPIGRAMMATISTE.  f.  m.  Qui  fait  des  Epigram- 
mes. Epigrammatarhis  ,  fcripior  epigrammatum.  Mar- 
tial eft  le'premier  des  Epigrammai^es  ,  au  goût  de 

G  g  g  g  g  ij 


7SS  EPI 

ceitaine  gens.  André  Naii^ier,  Se  plufîcius  ,  préfé- 
renc  Lifimplicité  de  Catulle  aux  pointes  de  Martial 
Les  bons  Lp/grammaùJIes  François  font  Clément 
Marot ,  Mainard  ,  Gombaut  >  le  Chevalier  d'AciUy  j 
ou  de  Cailly ,  Le  Brun ,  &c. 
ÉPIGRAMME.  f.  f.  Epi^ramma.  Quelques-uns  veu- 
lent qu'il  l'oit  mafculin  ,  ou  féminin,  félon  ladiver- 
fe  iîtuation  de  l'adjectif.  Ils  difent  une  belle  epigram- 
me,Sc  un  épigramme  aigu.  Cei:e  diiWnctlon  ed  con- 
damnée. M.  de  Balzac  a  pourtant  dit  ,  pour  une 
épigraruTie  de  haut  goût ,  combien  y  en  a-t-il  d'in 
hpides  &deyÂoi./^.^  Car  je  vous  apprends  qu't/'i- 
gramme  efl:  mâle  &  femelle.  Le  P.  Moargues  le  fait 
féminin.  Maroc  l'a  fait  mafculin. 

Anne  3  mafxur  ,fur  ces  miens  cpigrammes 

Jette  les  yeux  doucement  regardanc. 

Aujourd'hui  l'ufige  général  fait  ce  mot  féminin 
C'ell  une  efpèce  de  Poclie  courte  ,  qui  finit  par 
quelque  pointe  ,  ou  penfée  fubtile.  Les  Epigrammes 
de  Catulle  ,  de  ^Lartial ,  de  Marot ,  de  Mainard  , 
de  Gombaut  j  ont  beaucoup  de  fel.  Ménage  a  fait 
aulîi  un  livre  ^epigrammes  Latines  ,  plufieurs Grec- 
ques ,  &  quelques-unes  en  François.  Le  P.  Vavaifeur 
a  fait  un  Traité  De  Epigrum'matc  ,  De  l'Epigramme, 
imprimé  au  commencement  de  fe?  trois  livres 
d'd'pigrammes.  C'eft  Lazare  Baït ,  qui ,  dans  le  der- 
nier fiècle ,  enrichit  la  langue  du  mot  épigram,ne. 
Épigrammk  ,  fignihe  proprement  Inlcripcion  ,  &  tire 
fon  origine  des  Lifcriptions  que  les  Anciens  nut- 
toien:  aux  tombeaux  ,  aux  (tacues  ,  aux  temples ,  aux 
Palais ,  aux  Arcs  de  triomphe.  Ce  n'écoit  d'abord 
que  de  fimples  Monogrammes  :  on  fit  d.ins  la  fuite 
de  petites  pièces  en  vers  pour  les  rendre  plus  faciles 
à  retenir.  Hérodote  j  &  d'autres  nous  en  ont  con- 
fervé  plufieurs.  Ces  petits  Poëmes  gardèrent  le  nom 
à^épigramme  :  outre  l'ufage  de  l'inftitution  l'on  s'en 
fervic  pour  raconter  un  fait  ,  ou  pour  caraélérifer 
une  perfonne.  Les  Grecs  les  renferment  dans  unef- 
pace  alfez  étroit  ;  car  quoique  l'Anthologie  nous 
en  fournilfe  quelques-unes  alfez  longues  ,  commu 
nément  elles  ne  palfent  pas  \\yi ,  ou  tout  au  plus  huit 
vers.  Les  Latins  ne  furent  pas  toujours  fi  fcrupu- 
leux  ,  !k  les  Modernes  le  font  encore  moins  fur  ces 
bornes. 

M.  Le  Brun  définit  Ve'pigramme,  un  petit  Poc- 
me  fufceptible  de  toutes  fortes  de  fujets  ,  qui  doit 
finir  par  une  penfée  vive,  nette  &:  julle.  Ce  font 
trois  qualités  elfentielles  à  l'epigramme  ,  &  fur-tout 
à  la  dernière  penfée ,  que  l'on  appelle  la  pointe  ,  ou 
la  chute  de  l'epigramme.  On  nomme  Madrigaux 
les  epigrammes  dont  la  chute  n'ell  pas  vive  &  bril 
lante. 

Le  but  de  l'epigramme  doit  être  de  corriger  les 
'mœurs,  &c  d'inlhuire  en  divertilEint.  Il  faut  qu'un 
élégant  badinage ,  un  ingénieux  enjouement  alfai- 
fonne  les  leçons  qu'elle  renferme. 

i'Epigramme  plus  libre  ,  en  fon  tour  plus  borné  j 
N'ejl  fouventquunbon  mot  de  deux  rimes  orné. 

BoiLEAU. 

L'epigramme  efl:  de  tous  les  ouvrages  de  vers 
que  l'antiquité  ait  produit ,  le  moins  confidérable  : 
c'elt  plutôt  un  coup  de  bonheur ,  qu'un  effet  de 
l'art ,  d'y  réulfir.  Le  P.  R.  Le  fens  de  l'epigramme 
doit  être  fin  ,  &  lailfer  quelque  chofe  à  deviner;  car 
rien  ne  plaît  tant  à  l'efprit  que  de  trouver  quelque 
choie  de  lui-mcme  dans  les  objets  qu'on  lui  préfen- 
te; &  au  contraire  rien  ne  le  choque  davantage  que 
de  lui  donner  fujet  de  croire  qu'on  fe  défie  de  fa  ca- 
pacité &  de  fa  pénétration, en  lui  montrant  tout.SEG. 
L'équivoque  eft  d'ordinaire  ce  qui  brille  davantage 
dans  une  épigramme.  Bouh.  Il  faut  que  la  finelfe  iS: 
la  fubtilité  de  l'epigramme  roule  fur  les  mots  ,  & 
non  pasfurlapenfée.BoiL.  CependantM.  Defpréaux 
dit  tout  le  coi^traire  dans  le  IL  Chant  de  fon  Art 
Poétique.  Après  y  avoir  déclamé  contre  la  pointe  , 


EPI 

il  dit  que  par  grâce  on  lui  a  lailTé  l'enttce  dans 
\!épigramme. 

Pourvu  que  lafinejfe ,  éclatant  à  propos  j 
Roule  fur  la  penfée  ,  &  non  pas  fur  les  mots. 

L'epigramme  eft  peu  de  chofe ,  quand  elle  n'eft 
pas  admirable.  Le  P.  R. 

L'un  peut  tracer  en  vers  une  amoureuf  flamme  , 
L autre  d'un  trait  plaifant  aiguifer  /'épigramme. 

BoiL. 

Ve'pigramme,  toute  férieufe  &  toute  trifte  qu'elle 
eft  dans  le  fond  ,  a  un  air  plaifant  ,  &  je  ne  fais 
quoi  de  comique  ,  qui  fouftre  le  proverbe  Scie  quo-« 
libet.  BouH.  Les  exprellions  licencieufes  j  &:un  peu 
hardies ,  font  le  vrai  langage  des  epigrammes.  G.  G. 
Dans  notre  verfihcatiou  l'epigramme-Sc  le  Madrigal 
différent  entre  eux  ,  i°.  par  le  nombre  de  vers,  qui 
ne  va  poinr  au-delfus  de  huit  pour  V épigramme  mo- 
derne j  comme  il  ne  defcend  point  au-delfous  de 
fix  pour  le  Madrigal  ;  1°.  parce  que  la  chute  de  l'e- 
pigramme doit  avoir  quelque  chofe  de  plus  piquant 
&  de  plus  étudié  ,  qui  en  falfe  ce  qu'on  nomme  la 
pointe.  Il  eft  vrai  que  comme  le  goût  préfent  de 
notre  nation  eft  extrêmement  oppolé  à  tout  jeu  de 
paroles  ,  &  à  toute  mauvaife  plaifanterie  ,  &  qu'on 
a  peine  à  pardonner  les  pointes  à  nos  plus  vieux  Au- 
teurs ,  on  ne  tait  plus  à' epigrammes ,  &  on  n'en  a 
plus  goûté  depuis  celles  de  l'inimitable  Mainard: 
**  ceux  qui  favent  taire  des  vers,  &:  qui  ne  veulent 
point  être  Poètes,  ne  travaillent  qu'en  Madrigaux. 

P.  MOURCUES. 

La  plupart  des  epigrammes  de  l'Anthologie  ont 
un  caradère  de  naïveté  ^  qui  confifte  en  je  ne  fais 
quel  air  fimple  &  ingénu  ,  mais  fpirituel  &  rai- 
fonnable  ,  tel  qu'eft  celui  d'un  villageois  de 
bon  fens  ,  ou  d'un  enfant  qui  a  de  l'efprit.  S'il  n'y 
trouve  rien  qui  pique  le  goûcj  il  s'y  trouve  pour- 
tant quelque  chofe  qui  le  chatouille  ;  &  on  peut 
dire  que  fans  avoir  le  fel  de  Martial ,  elles  ne  font 
point  iniîpides.  Il  y  en  a  cependant  de  bien  fades  ; 
&  quelques-unes  que  l'on  traduifit  à  Racan  lui  pa- 
rurent (i  mauvaifes  ,  &  d'un  goût  fi  plat ,  que  dî- 
nant à  la  table  d'un  Prince  ,  où  l'on  fervoit  devant 
lui  un  potage  qui  ne  fentoicque  l'eau  j  Voilà,  dit- 
il  tout  bas  à  un  de  fes  amis,  qui  avoit  vu  les  épi- 
grammes  avec  lui ,  un  potage  à  la  Grecque  ,  s'il  en 
fut  jamais.  Bouh.  Cette  hiftoire  eft  tout-à-fait  dif- 
férente dans  les  obfervations  de  Ménage  fur  les  poc- 
fies  de  Malherbe.  Il  n'eft  pas  croyable  combien  les 
Auteurs  de  l'Anthologie  ,  fi  naïfs  &  fi  fimples  en 
pluiieurs  fujets  j  ont  raffiné  fur  les  Médecins  &  fur 
les  Avares,  ni  jufqu'où  va  là-delfus  leur  fubtilité. 
Idem. 

On  a  appelé  pendant  quelque  temps  épigramme  à 
la  Grecque,  une  épigramme  qui  n'eft  pas  bonne,  qui 
n'a  point  de  fel. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ÉCTi'yp«^,««  ^"  Infcription, 
'f7tiyfà<^ut  Jaire  une  Infcription. 
ÉPIGRAPtiE.  f  f.  Infcription  qu'on  met  fur  les  bâti- 
mens  particuliers  pour  en  marquer  l'ufagejle  temps 
de  leur  conftrudion  ,  &  le  nom  de  ceux  qui  les 
ont  fait  conftruire.  Epigraphe.  Ces  épigraphes  font 
gravées  fur  le  marbre  ou  fur  la  pierre. 

Ipr"  On  donne  au(fi  le  nom  à' épigraphe  à  unefen- 
tence  ou  maxime  tirée  d'un  Ecrivain  connu  ,  que 
quelques  Auteurs  mettent  au  frontifpicâ  de  leurs 
ouvrages,  &  qui  en  indiquent  l'objet. 

^fT  Enfin ,  épigraphe  fe  dit  d'une  infcriprtion  gra- 
vée fur  une  eftampe  j  &  qui  fert  pour  l'intelligence 
de  l'eftampe. 

Ce  mot  eft  fait  du  Grec  far/yftfipi ,  qui  fignifie 
fufcription, 
ÉPIKIE.  f  f.  uEquitas.  Tempérament  qui ,  fans  être 
injufte,  modère  la  févérité  de  la  loi.  Epikit  fe  dit 
en  François  ,  au  lieu  de  Epieikie  j  qui  eft  un  mot 
Grec  ^  6c  a  la  même  fignification  :   i=f«<x:<'t  vient 


EPI 

du  veibe  Vix«  ,  je  reJJ'embU  ,  dont  les  compofcs  ont 
des  fignihcations  bien  diticientes.  11  faut  un  peu  d'c- 
pikic  àans  le  gouvernement ,  &  rien  n' elt  plus  in- 
jure qu'une  jullice  trop  exacte  &  trop  lévère.  Sum- 
mum jus  ,  junima  injuria. 

Ce  mot  n'a  pas  fait  fortune  ,  &  ne  fe  dit  point 
du  tout.  Equité  a  dans  notre  langue  le  même  iens 
que  Epikie,  P'oye^  Equité. 

ÉPILA.  Village  d'Arragon  ,  litué  fur  le  Xalon  ,  .à  cinq 
lieues  de  Saragolle  j  vers  le  coucliant  Jean  I.  Roi 
deCalblle  naquit  à  t'pila  ,  l'an  13^8.  Matv. 

EPILANCE.  f.  f.  Terme  de  Fauconnerie.  Haut  mal , 
épileplie  des  oifeaux.  EpiUpJia.  On  s'apperçoit  que 
l'oiieau  en  ell:  attaque ,  quand  il  tombe  iubitement 
du  poing  ou  de  la  perche.  Il  demeure  quelque  temps 
comme  mort.  Les  accès  le  prennent  le  matin  &  le 
foir.  Il  a  les  yeux  clos  ,  les  paupières  enflées  ,  l'ha- 
leine puante,  &  s'eftorce  démentir.  Vcpilance  eft 
contagieule  :  il  ne  laut  pas  mettre  un  oifeau  qui  l'a 
parmi  les  autres. 

IKJ"  ÈPILATOÎRE.  adj.de  t.  g.  Quiôte  le  poil,  qm 
fait  tomber  le  poil.  Il  y  a  des  pommades ,  des  cires 
épilatoircs  ,  pour  dégarnir  les  lourcils  qui  font  trop 
épais  ,  &  le  front  ,  quand  il  ell  trop  garni  de  che- 

^   veux,&c.  /oy.  Dépilatoire. 

EPILEPSIE.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Ep'depfu.  ,  mor- 
bus  fondc'is  j  comitialis.  C'ell  proprement  une  con- 
vulfun  de  tout  le  corps  ,  ou  de  quelques-unes  de 
fes  parties  ,  avec  léfion  de  l'entendement  &  des 
fens,  qui  vient  par  accès  de  temps  en  tem})S.  Le 
patient  tombe  tout-à-coup ,  &  jette  force  écume 
par  la  bouche  ;  &  comme  toutes  les  parties  font 
dans  une  violente  contraétion  j  il  en  provient  un 
écoulement  involontaire  d'urine  ,  de  femence  &  de 
iTiatière  técale.  Uépiiepjie  procède  d'une  abondan- 
ce d'humeurs  actes  qui  fe  mêlant  avec  les  efprits 
animaux ,  leur  donnent  un  mouvement  extraordi- 
naire &  déréglé  ;  ce  qui  fait  que  le  malade  tombe 
foudainement  ;  &  en  cela  elle  ditïére  de  la  fyncope 
&  de  l'apoplexie ,  qui  ôtent  le  mouvement  aulli- 
bien  que  le  fcntiment.  h'épilepjie  ell  idiopathiqiie  , 
ou  fympathique.  Elle  eft  idiopatique  j  lorfqu'elle 
furvient  par  le  féal  vice  du  cerveau  :  on  la  nomme 
fympatique,  lorfqu'elle  eft  précédée  de  quelque  au- 
tre maladie.  Il  y  a  des  gens  qui  difent  que  c'eft  un 
remède  contre  ïépdcptic  que  de  boire  tout  chaud  le 
fang  qui  coule  du  corps  d'un  homme  décollé.  L'at- 
on  jamais  éprouvé  ;  Et  li  on  ne  l'a  pas  fait ,  qu'en 
peut-on  favoir  ? 

Ce  mot  vient  du  Grec  Ê3r(A««?«»c9-!4i  ^  qui  fignifie 
furprendre  S<.  empoigner ,  à  caufe  que  ce  mal  faidt 
tout  d'un  coup  ceux  qui  y  font  fujers.  Les  Latins 
Vont  a.'()ps:\é  comuidUs  morbus  ,  parce  que  dans  les 
Alfemblées  du  peuple  Romain  ^  qui  s'appeloient 
Comitia  ,  fi  quelqu'un  étoit  furpris  de  quelque  ac- 
cès d'épiiep/îe  ,  on  rompoit  rAlfemblee  ,  à  cauie 
que  cet  accident  étoit  regardé  comme  de  mauvais 
augure.  Quelques  uns  l'ont  appelée  maladie  d'^'i'ie 
OJacrée  ,  parce  qu'ils  la  regardoient  comme  une 
punition  fpéciale  de  Dieu.  On  l'appelle  aulfi  m^tl 
caduc  ,  à  cadendo ,  ou  haut-mal ,  que  le  peuple  ap- 
pelle ma/  de  Saint  Jean ,  ou  abfolument  mal  de 
Saint,  parce  que  la  tête  de  S.  Jean  tomba  à  terre 

,  lorfqu'il  fut  décapité. 

EPILEPTIQUE.  adj.  Qui  appartient  à  l'épilepfie  j  qui 
eft  lujet  à  l'épilepfie  ,  qui  en  eft  attaqué.  Epilepticus, 
morbo  fontico  3  comitiali  captas  ,  ajjeclus.  Symptô- 
me epilepti(jue  ,  appliqué  aux  perfonnes.  Il  eft  aulli 
employé  fubftantivement.  Les  épileptiques  perdent 
roiite  connoilFance  en  un  moment. 

fCTÉPILER.  v.  a.  Foyei  Depiler.  C'eft  la  même 
chofe. 

EPILOGUE,  f.  f.  La  dernière  partie  d'un  difcours , 
d'un  traité  ,  où  l'on  fait  d'ordinaire  une  courte  ré- 
capitulation de  ce  qu'on  y  a  dit  de  plus  fort.  Epilo- 
gus  ,  peroratio  ,  orationis  claufula.  L'Orateur  y  doit 
réveiller  les  mouvemens  qu'il  a  excités ,  y  ramalfer 
avec  adrefte  ,  &  y  répéter  d'une  manière  animée 
ce  qui  eft  répandu  dans  tout  le  difcours.  Cicéion 


£  P I       *         7S9 

excelle  principalement  dans  fes  épilogues.  Le  grand 
art  des  Orateurs  paroit  dans  les  épilogues. 

Ce  mot  vient  du  Grec  'i-ntMycç^  du  verbe  ItsiXiy^^ 
je  dis  après.  L'épilogue  eft  la  hn  du  difcouts. 

Epilogue,  étoit  dans  l'ancienne  Tragédie,  ce  que  l'on 
diloit  aux  fpedateurs  pour  les  remercier  &:  les  con- 
gédier, après  que  le  chœur  avoit  celfé  de  chanter 
pour  ne  plus  reprendre.  On  l'.ippeloit  aufti  exode  j 
exûdium  ,  de  ;i ,  &  â^i  _,  ctianjon.  On  devroir  ra- 
mener l'ancien  ufage  ,  î<:  chanter  une  épilogue  après 
la  repréfentation  tinie.  S.  Evr. 

|J3°  /^'oye^au  mot  Exode  combien  l'on  abufedu 
paftage  d'Anftote  ,  pour  contondre  l'ipilogue  avec 
l'Exode  de  l'ancienne  Poche  Dramatique  ,  qui  font 
deux  choies  totalement  diftérentes.  Uépilogue  étoit 
proprement  ce  qu'un  des  Acleurs  adrelfou  aux  Spec- 
tateurs ,  après  la  pièce,  de  relatif  à  la  pièce  même 
ou  à  Ion  rôle. 

;03°  EPILOGUER.  v.  a.  Qui  n'eft  point  d'ufage  au 
propre.  Il  lignifie  au  figuré  trouver  à  redire,  recher- 
cher curieulement  ce  qu'il  y  a  de  mal  dans  les  ac- 
tions d  autrui.  Aîordere  ,  dente  livido  carpere.  Cet 
envieux  épilogue  toniQs  les  aélions  de  fes  voifins.  Il 
ell  auili  neutre.  Il  épilogue  fur  tour.  Pourquoi  lui 
donner  un  Savant  qui  lans  celfe  épilogue.  Mol.  Il 
eft  du  llyle  lamilier. 

EPILOGUEUR.  f.  m.  Qui  eft  accoutume  à  épiloguer 
iur  les  aclions  des  autres.  Cenfor.  Ce  mot  n'entre 
guère  que  dans  le  ilyle  lamilier. 

EPliMEDiUM.f  m.  Plante  dont  parlent  Diofcoride 
&C.  Pline.  Les  Botaniftes  rie  conviennent  ponit  quelle 
elle  eft.  Celle  à  laquelle  Dodon  donne  ce  nom,  a 
beaucoup  de  feuilles  grandes,  qui  font  le  plus  fou- 
vent  au  nombre  de  neut ,  &  rarement  davantage  , 
attachées  à  une  queue  ronde  &  menue,  femblables 
à  celles  de lière,  larges,  aiguës,  alfez  dures  j  &c  lé- 
gèrement dentelées  :  leur  couleur  eft  d'un  vert  alfez 
gai.  Il  fort  d'entre  ces  feuilles  de  petites  tiges  ten- 
dres, rondes,  longues  de  fept  à  huit  pouces,  qui 
fervent  de  pédicule  à  de  petites  fleurs  fort  belles  , 
dont  le  bord  eft  rouge  ,  le  dedans  jaune  ,  des  filets 
verts  au  milieu.  La  fleur  eft  aufti  rouge  par  dehors  , 
avec  de  petites  lignes  blanches  &  droites  :  elle  eft  d 
quatre  pétales  jaunes  ,  taillés  en  cornet  ,  &  foute- 
nus  d'un  calice  à  quatre  feuilles  rouges.  Sa  racine 
eft  menue  j  traçante  ,  tic  pouife  plufieurs  queues 
liantes  d'un  pied  au  plus,  branchues ,  &  divilées 
ordinairement  par  trois.  En  Latin  Epimedium  Do- 
don,ii.  Le  P.  Plumier  a  remarqué  que  ces  petites 
fleurs  de  V Epimedium  font  compofées  de  quatre  piè- 
ces difpofées  en  croix  :  chacune  de  ces  pièces  eft  en- 
core coinpoféc  de  deux  autres  ;  favoir ,  d'un  corner, 
&  d'une  feuille  en  cueiUeron  qui  fuutient  le  cornet. 
Le  piftil ,  qui  s'élève  du  milieu  de  la  fleur  j  devient 
enfuite  une  goulfe  qui  s'ouvre  en  deux  parties , 
longues  &  étroites,  &  renterme  quelques  fcmences 
prefque  rondes,  un  peu  aplaties  &  rouges.  Cette 
plante  vient  dans  les  hautes  montagnes  d'Italie  ; 
mais  on  l'élève  aifément  dans  les  jatdins  j  parce 

Ju'elle  est  vivace ,  &  qu'elle  ne  craint  point  le 
roid. 

Epimedium.  Efpèce  de  trèfle.  f^oye\-Qn  les  caraétères 
dans  le  DiClionnairedeJames. 

ÉPIMELÉTES.  f  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  C'é- 
toientles  Ministres  du  culte  de  Cérès,  qui  fervoient 
principalement  le  Roi  des  facrifices  dans  fes  fonc- 
tions. 

ÉPIMENIDE.  f.  m.  Grand  Prophète  des  Cretois.  Les 
Lacédémoniens  lui  élevèrent  dans  leur  ville  des 
monumens  héroïques- 

ËPIMETHËE.  f  m.  Nom  célèbre  dans  la  fable.  Epi- 
metheus.  Les  Poètes  difent  qn'Epiméthee  croit  fils 
de  Japhet ,  &  frère  de  Prométhée  j  que  Jupiter  , 
pour  punir  Prométhée  d'avoir  formé  l'homme,  ôi 
de  l'avoir  animé  du  feu  céleste  qu'il  avoit  dérobé , 
fit  faire  Pandore  par  'Vulcain  ;  qu'étant  faite  il 
l'en  voya,non  pas  à  Prométhée,qui  étoit  trop  prudent, 
mais  à  Epiméthée  j  que  quoique  fon  frère  lui  eîit  fort 
recommandé  de  ne  point  recevoir  de  préfent  de  Ju- 


? 


y^ù  E  P  ï 

,piccr,  mais  de  le  lui  envoyer,  celui-ci  néanmoins  le 
reçur,  &  que  de-U  vinrent  tous  les  maux,  dontl'im- 
■prudent  hpimechce  ne  s'apperçut  que  lorlqu'il  les  fen- 
tit.  F.  Hésiode, O^'er.  v.  S4.  ùjuivans.  Les  Mytho- 
-logisces  difentque  Proméchée  est  l'cfprit  del  hom- 
me éclairé,  fage ,  prévoyant  ,  félon  la  fignihca- 
tion  de  l'on  nom  nftf»i^il, ,  &  que  par  Epiméchée  , 
■f-iB-ift>,B-ilf  ^  qui  veut  dire  celui  qui  ne  s'appélçoic 
que  tard  des  chofes ,  les  Poctes  ont  défignc  l'appé- 
tit ,  la  partie  inférieure  de  lame  ,  qui  est  aveugle  , 
ignorante  ,  précipitée  ,  téméraire,  &  fou  vent  re- 
belle à  la  raifon. 
iPlNAL.  Petite  ville  de  Lorraine  dans  la  Seigneurie 
ik  Prévôté  de  même  nom.  Spinal  j  Spinalium  ^ 
Caftrum  Spinaienfc.  Elle  est  placée  fur  la  Mofelle  j 
vers  le  mont  Vauge.  Nos  Cartes  écrivent  aulfi  Ef 
pinal. 

La  Seigneurie  &  Prévôté  à'Epinal  j  ancienne  dé- 
pendance de  l'Evèché  de  Mets,  est  enclavée  dans 
le  Bailliage  de  Mirecourt. 

Les  L^hanoineires  A'Ëpinal  croient  originaire- 
ment Rèligieufes  Bénéditlines.  Elles   eurent  pour 
Fondateur  Thierry  I.   Evêque  de  Mets  ,  vers  l'an 
f)Sj.  Sur  la  tin  du  XV^  fièc le  elles  fc  fécularifèrenc, 
èc  prirent  le  nom.  de  Clianoineifes.   Elles  font  au 
nombre  de  vingt.   L'^ur  habillement  de  L^hceur  est 
femblable  à  celui  desChanoinelles  deRemiremont. 
L'Abbelfe,  la  Doyenne  >ic  la  Secrète  ,  au  lieu  de 
couvre-chef,  ont  une  efpèce  de  guimpe,  &  l'Ab- 
belfe  ,  àulli-bien  que  les  autres  CTianoinclTes  ,  por- 
te en  tout   temps  &  en  tout  lieu  un  luban  bleu  de 
la  largeur  de  quatre  doi-gts  pardelfus  l'épaule  droite 
jufqu'à  la  hanche  gauche  avec  un  nœud  au  bout.  P. 
HÉLYor,  r.  A'.  C.  5 1. 
ÉPINARD.  f.  m.  Qui  ne  s'emplsie  qu'au  pluriel.  Her- 
be bonne  à  manger ,  dont  on  ufe  particulièrement 
en  Çjd^xhmi.Spinacia  ,fpinachia ,  fpinachlum  ^Jpina- 
r'mm.  Les  épïnards  font  une  plante  potagère  qui  fe 
feme  en  plufieurs  temps  de  Tannée.  Sa  racine  est 
inenue  ,  blanchâtre  j  &  garnie  de  quelques  fibres 
chevelues  :  elle  poulfe  une  tige  haute  d'un  pied, 
creufe  ,  branchue  ,  cannelée  ,  &  chargée  de  feuil- 
les vertes  taillées  en  fer  de  pique,  alfez  grandes  vers 
.  le  bas  de  la  plante  ,    foutenues  par  des  queues  lon- 
gues de  quelques  pouces.  Celles  qui  occupent   le 
haut  font  au  contraire  plus  petites  j  plus  étroites  j 
&  font  feulement  anguleufes  à  leur  bafe.  L'extrémi- 
té des  tiges  &  des   branches  est  garnie  de  petites 
fleurs  lavées  de  pourpre ,  &  ramalTées  en  épi.  Cha- 
que fleur  est  compofée  de  quatre  étamines  foute- 
nues pat  Un  calice  à  quatre  quartiers.  Cette  fleur  est 
stérile  :  les  pieis  qui  la  portent  (ont  appelés  mâles , 
à  la  différence  de  ceux  qui  ne  donnent  que  des  fe- 
mences ,  qu'on  nomme  femelles.  Ces  femences  font 
par  petits  tas  dans  les  aifelles  des  feuilles  ,  &  font 
renfermées  dans  des  capfules  anguleufes  &  piquan- 
tes;  &  c'est  apparemment  d'où  vient  i'étymologie 
de  toute  la  plante  ,  Ipinacia  ,  quafi  olus  fpïnofum. 
*  On  mange  les  feuilles  d'épinards  cuites  dans  leur 
propre  jus ,  &  apprêtées  au  beurre  ,  à  la  crème  j  en 
pàtéj  en  tourte,  au  jus  de  viande.  Elles  tiennent 
le  ventre  libre.  Le  Bon-henri  ,  Chenopodium  folio 
triangulo  ,  feroit  mis  au  nombre  des  épinards  ,  fi 
l'on  n'avoir  égard  qu'à  la  figure  de  fes  feuilles  &  à 
fes  ufages. 

En  vieux  François  on  les  appeloitcp/wocAe^f.  Quel- 
ques-uns croient  que  ce  nom  leur  aéré  donné,  parce 
qu'ils  font  venus  d'Efpagne  ,  &.  qu'il  les  f;uit  plutôt 
lïommev épanars.  Mais  il  y  a  plus  d'apparence  qu'on 
les  a  nommés  ainfi  ,  parce  que  les  femences  des  épi- 
nards commims  font  épineufes.  Nicot  le  fait  dériver 
du  Latin  Spinachia. 

On  dit  qu'une  frange  eft  à  graine  d'édinards,  lorf- 
qne  fes  qrains  font  en  forme  de  graine  d'épinards. 
ÉPINCELER,  ou  EPINCER.  v.  a  Terme  de  Manu- 
facture de  Draperie.  C'eft  ôter  les  nœuds  du  drap 
avec  de  petites  pinces  de  fer.  On  dit  plus  commu- 
nément époutier. 
ÉPINCELEUSES.  f.  f.  pi.  Ouvrières  qui  épincélent  le 


EP  î 


drap.  On  les  appelle  autrement  Mo«e//y£j,épineufeî, 
ou  épincheleules. 
ÉPINCETER.  V.  a.  Terme  de  Fauconnerie ,  qui  fe  dit 
du  bec  &  des  ferres  de  l'oifeau.   hpinuttr  le  bec  &: 
les  lerres  de  l'oifeau ,  c'eft  lui  faire  le  bec  &  les 
ferres. 
EPINÇOIR.  f.  m.  Gros  marteau  court  &  pefant  donc 
fe  fervent  les  Paveurs,  pour  couper   ou  tailler  le 
pavé  de  grés  ,  foit  lur  la  carrière  ,  lorfqu'ils  débi- 
tent ces  fortes  de  pierres ,  foit  lorfqu'ils  mettent  le 
pavé  en  place. 
ÉPINE,  f.  h  Sorte  d'arbre  ,  qui  outre  les  feuilles  porte 
des  pointes  fort  aiguës.  Spina  ,  fencts.  Véptne  eft 
une  des  neuf  efpèces  du  mort-bois  contenues  dans 
l'Ordonnance.  Dans  les  lieux  qui  ne  font  pas  culti- 
vés ,  il  y  croît  toujours  force  épines.  Les  haies  vives 
A' épines  font  les  meilleures  pour  fermer  un  champ.  Il 
y  a  plufieurs  arbres  &  arbrilleaux  qui  portent  des 
évines.  Il  y  a  deux  fortes  d'épines  j  les  unes  ligneu- 
fe<: ,  comme  celles  de  l'épine  -  vinette  \  les  autres 
corticales  ,  comme  celles  des  framboifiers.  Celles-ci 
ont  leurs  pointes  tournées  en  bas  ,  &  les  autres  un 
peu  élevées  en  haut. 
Épine  Arabique  ,  eft  une  plante  dont  Diofcoride  ne 
dit  autre  chofe ,   linon  qu'elle  eft  de  même  nature 
que  l  épine  blanche  ,  &c  que  fa  racine  eft  aflringente 
&  propre  au  flux  des  femmes  ,  ou  crachement  de 
fang  J  &c  aux  autres  fluxions.  Quelques-uns  croient 
quec'eft  une  efpèce  de  chardon  que  C.  Bauhin  ap- 
pelé  cardiius  tomentofus  capitula  majore. 
Epine  blanche,  ou  aubépine  ,   oxyachanta  ^  eft  un 
arbrilfeau  des  plus  communs  qui  foient  dans  les  haies 
&  dans  les  bois.  C'eft  une  efpèce  de  néflier.  Il  eft 
armé  de  piquans  roides  &  aigus.  Son  tronc  eft  d'une 
grolfeur  médiocre  ,  fes   feuilles  font  larges  ,  pro- 
fondément intifées  par  les  bords  :  fes  fleurs  lonc 
blanches  J  odoriférantes,  femblables  aux  fleurs  de 
cénfier  ou  de  prunier  ,    après  lefquelles  vient  le 
fruit ,  qui  eft  rond  &  rouge  quand  il  eft  mûr.  L'e- 
pine  blanche  eft  fort  propre  pour  faire  des  haies  ,  à 
caufe  qu'elle  jette  quantité  de  branches  j  &  que  fes 
pointes  font  fort  aiguës.  L'eau  diftiUée  de  fes  fleurs, 
ou  l'efprit  que  l'on  en  tire  ,  en  les   diftillant  avec 
le  vin  ,  foulage  beaucoup  les  pleurétit^ues ,  &  ceux 
qui  ont  la  colique.  En  Latin  mefpilus  apii folio  ,  fil^ 
vejlris  ^fpinofa  ,flve  oxyacantha.  C.  Bauhin  ,  Pi- 
nac.^^4.  f^oyei  Aubépin. 
Epine  de  Bouc,  eft  une  plante  qu'on  appelle  anflî 

Barbe-renard,  f^oye-^  Barbe-Renard. 
Épine  jaune.  Scolymus.  Eft  une  plante  qui  croît  dans 
les  lieux  maritimes.  Elle  eft  fort  épineufe  ,  &  a 
quelque  rapport  avec  le  chardon.  Sa  racine  eft  vi- 
vace,  de  la  grolfeur  du  pouce  s  jaunâtre,  &  rem- 
plie d'un  fuc  laiteux  ,  &  bonne  à  manger  :  elle 
pouiïe  quelques  feuilles  longues,  étroites,  épineu- 
fes fur  leurs  bords  &  ondées.  Ses  tiges  ont  la  hau- 
teur d'une  coudée  :  elles  font  droites ,  en  partie 
inclinées ,  ailées  ,  épineufes  ,  &  garnies  de  feuilles 
plus  étroites  &  plus  épineufes  vers  le  bas  que  vers 
le  haut  :  l'extrémité  de  fa  tige  &  de  fes  branches  eft 
garnie  de  tètes  écailleufes,  environnées  de  feuilles 
très  -  piquantes  ,  d'un  vert  brun  avec  des  taches 
blanches:  ces  têtes  renferment  des  demi- fleurons 
d'un  beau  jaune  doré,  &  rangés  conime  dans  la 
fleur  de  la  dent  de  lion.  Ils  font  portés  par  des  fe- 
mences plates  qui  font  étroitement  unifs  à  une  pe- 
tite écaille  ,  &  qui  font  par  ce  moyen  adhérentes 
à  la  couche.  On  mange  les  racines  de  V épine  jaune  : 
elle  croît  communément  en  Languedoc.  La  couleur 
de  fleurs  lui  a  f^iit  donner  le  furnom  de  Chryfan- 
themos.  Il  y  a  en  Sicile  une  autre  efpèce  d'f/'/'2« 
jaune  dont  on  mange  les  jeunes  tiges  toutes  crues  &: 
en  falade.  Toute  cette  plante  eft  fi  pleine  d'aiguil- 
lons fort  durs  ,  qu'il  eft  bien  difficile  de  la  pouvoir 
manier  fans  fe  piquer. 
Épine  vinette. 5er^m.î,oxyffc^«Atf.  Arbrilfeau  qu'on 
voit  raremenr  s'élever  à  la  hauteur  des  arbres.  Sa 
racine  eft  jaune,  ligneufe  ^  rraçante  ,  &  peu  en- 
foncée en  terre.  Elle  poufle  plufieurs  jets  longs. 


EPI 


EPI 


791 


affez  droits  ,  branchus  d'efpace  en  efpace,  !^  ar-1     &  Uanc.  Elle  mûrit  à-peu-près  dans  le  même  temps 


;i 


mes  d'épines  aftilcus ,  jaunâtres ,  au  nombre  de  deux  j 
à  trois  j  6c  placées  à  la  naiirance  des  feuilles  qui 
viennent  par  paquets  &  alternativement  le  long  des 
tiges  &  des  branches.  Les  pointes  font  prefque  ova- 
les ,  dentelées  dans  leurs  contours  ,  ik  comme  épi- 
neufes  :  les  queues  qui  les  ibutiennent  ont  environ 
demi  pouce  de  longueur.  Ses  pointes  font  longues 
menues  j  blanchâtres  ,  aifées  à  rompre  &c  à  plier  : 
elles  fortent  trois  à  trois  d'un  même  lieu.  L'écorce 
eft  blanche  j  polie ,  lice  &  mince.  Son  bois  eft  jaune, 
frêle  &:fpongieux.  Il  a  beaucoup  de  racines  jaunes  & 
rampantes  prelque  .à  fleur  de  terre.  Il  poulfe  dès  le 
pied  plufieurs  jetons  comme  le  coudrier.  Ses  feuilles 
font  prefque  femblables  au  grenadier ,  fi  ce  n'elt  ! 
qu'elles  font  plus  déliées  ,  &  plus  larges.  Au  com- 
mencement de  Mai  il  poulTe  une  fleur  jaune  faite 
en  grappe  ,  aulTi-bien  que  fon  fruit ,  dont  l'odeur 
elf  forte  ,  mais  peu  agréable.  Cette  fleur  ell  petite , 
a  fix  pétales  jaunâtres  ,  &  ramalfés  en  épis  courts  j 
Se  qui  lortenr  des  paquets  de  feuilles  à  l'extrémité 
"des  branches.  Le  piltil  de  ch.acune  de  ces  fleurs  de- 
vient un  fruit  oblong ,  verdâtre  d'abord  ,  rouge 
dans  fa  parfaite  maturité,  aigre  au  goût,  ôc  qui 
renferme  une  ou  deux  femences  oblongues  j  blan- 
châtres &  acerbes.   L'écorce  de  fa  racine  eft  apéri 


que  l'Ambretts  ik  la  Lefchaflerie.  Elle  e(l  tendre  & 
beurrée  ayant  d'ordinaire  la  chair  très- tendra. d: 
très-délicate  ,  le  goût  agréable  ,  l'eau  douce  &  ffer- 
fumée.  Elle  fait  de  beaux  buiflbns ,  &  réuHit ,  foie 
fur  franc,  foit  fur    coignallier  ,  quand  le   pica  ell 
bon  j  &  le  fond    bien  conditionné  |ic'eft-à  dire  j 
plutôt  fec  qu'humide.  La  Quint.  P.  j'Jl.  C.  2.f\a. 
205.  Il  faut  un  foin  particulier  pour  le  builfon  d'/*?- 
rine  iX hiver  ,  pour  le  tenir  bien  ouvert ,  .Se  même 
dépouillé  de  fes  feuilles  dès  la  fin  du  mois  d'Août  , 
enforte  que  la  poire,  dont  le  coloris  ell  naturelle- 
ment fort  vert ,   y  reçoive  une   cuiOon  extraordi- 
naire, &  qu'enfin  dans  la  ferre  elle  vienne  à  jaunie 
un  peu  pour  marquer  la  première  apparence  de  fa 
maturité.  Id./'.  301,  Cette  poire  à'tpine  \Qx\\\e  en 
pays  alfez  chaud  dans  un  terrein  {ne,  en  bonne  ex- 
podtion ,  pendant  des   années  médiocrement  plu- 
vieufes  ,  &  venue  fur  -  tout  en  arbre  de  tige  ,  ou 
demi-tige,  bien  placée,  ell  fi  parfaite  en  toutes  fes 
parties,  qu'elle  égale  la  délicatefle    de  chair  des 
bonnes  pêches,  &  que  le  nom  de  Merveilles  lui  en 
a  été  donné  dans  les  l^rovinces  de  Saintonge  ,  d'An- 
goumois  &  de  Poitou.  Id.  p.  300. 

La  Quintinie  ne  change  point  ce  mot  au  pluriel , 
&  n'y  ajoute  point  à's  à  la  fin. 


tive  ,    &  teint  en  jaune.  V épine -vineae  vient  dans;  Epine  du  dos.  Spina  dorji ,  fediten  termes d'Anato» 


les  bois  &  dans  des  endroits  humides  :  on  en  forme 
des  haies  vives  en  plufieurs  endroits.  U^arrive  quel- 
quefois à  certains  pieds  de  cet  arbrilfeau  que  fes 
fruits  n'ont  point  de  femen'ce  ,  ce  qui  n'eft  qu'ac- 
cidjntel.  Berheris  Jinenucleo.  Le  nom  à'Oxyacdniha 
qu'on  a  attribué  à  cette  plante  ,  eft  tiré  du  Grec  ,  & 
ngnifie  une  plante  épineufe  &c  acide  :  à  l'égard  de 
Berberis  on  croit  ce  mot  Arabe. 
Épine-vinette  ,  eft  aulli  le  fuit  de  la  plante  dont  on 
vient  de  parler.  Ce  fruit  eft  un  petit  grain  longuet, 
qui  devient  rouge  quand  il  eft  mûr  :  il  eft  alfez  fem- 
blable  au  pépin  de  la  grenade  -,  mais  il  eft  plus  long, 
&  enferme  un  périt  noyau  :  fon  goût  eft  âpre.  Ce 
fruit  eft  beaucoup  plus  en  ufage  dans  la  Médecine  ,  ^ 
que  parmi  les  alimens.  Il  a  un  petit  goût  acide  ,  vif 
«ji  piquant  j  qui  réjouit  j  mais  à  caufe  de  cela  il  ne 
convient  point  à  ceux  qui  ont  l'eftomac  &  la  poi- 
trine foibles.  On  fait  avec  ce  fruit  un  firop  acide  & 
artringent  On  met  les  mêmes  fruits  dans  des  tifanes 
♦  propres  pour  tempérer  l'ardeur  de  certaines  fièvres^ 
&  pour  arrêter  des  dévoiemens.  Les  Confifeurs  en 
font  des  dragées.  On  fait  autli  avec  ce  fruit  du  vin  , 
que  les  Apothicaires  appellent  improprement  vin  de 
berberis  ,  qui  eft  beaucoup  plus  acide  que  le  jus  de 
grenaHe.  On  en  confit ,  &  on  en  fait  du  cotignac. 
Èpine  ,  fe  dit  aalfi  de  chaque  petite  pointe  d'un  arbre 
épineux.  C'ell  une  produdion  pointue  qui  eft  tel- 
lement adhérente  à  différenres  parties  des  plantes , 
«^u'on  ne  fauroit  l'arracher  fans  faire  une  plaie. 
Spina ,  aculeus.  Il  a  été  piqué  d'une  épine.  Sainte 
JBrigide  a  eu  révélation  du  nombre  des  évines  qui 
ctoient  en  la  couronne  de  Notre-Seigneur.  Il  y  a 
à  Port-Royal  une  relique  qu'on  appelle  la  Sainte- 
Epine. 

Gaichard  dérive  ce  mot  de  l'Hébreu  ttnâ  ,  pa- 
rach  J  piquer.  Il  vient  de  fpina  ,  en  ajoutant  une  e 
devant  [s ,  efpine  ;  comme  efcadron  vient  de  Jijua- 
drone  ,  mot  Italien  ,  &  efpérerAw  L:inn  Jperare. 
Epine.  Nom  d'une  efpèce  de  poirier  j  &c  des  poires 
que  ce  poirier  produit. 

La  QuintinieTaplielleaufllE/J/w  i' hiver.  L'Epine 
à.'hivern  la  chair  tendre  &  délicate  j  avec  une  eau 
douce  ,  fucrée  &  de  bon  goût ,  &  un  peu  de  par- 
fum. La  Quint.  III.  P.p.  151. 

L'Epine  d'hiver  eft  une  fort  belle  poire  ,  qui  ap- 
proche un  peu  plus  de  la  figure  pyramidale  que  de 
la  ronde  ;  car  elle  finit  un  peu  en  pointe  grollière 
vers  la  queue  :  cette  queue  eft  aflcz  courre  &  menue, 
excepté  à  l'endrou  cle  fa  fortie  ,  où  elle  eft  un  peu  i 


mie  des  os  ou  vertèbres  qui  foutiennent  les  reftes  du 
corps, &  auxquels  font  attachées  les  côtes-  L'épine  fe 
divife  en  quatre  parties.  Le  cou  a  fept  vertèbres ,  le 
dos  douze ,  le  rable  cinq  ,  &  l'os  facré  quatre.  Cette 
épine  eft  ce  qui  renferme  la  moelle.  Les  Anato- 
miftes  nous  font  remarquer  qu'il  fort  de  la  moelle 
de  l'épine  50  paires  de  nerfs  j  &  que  cette  moelle 
n'eft  qu'une  produdion  de  la  fubftance  du  cerveau. 
Quelques- uns  l'ont  appelée  le  canal ,  le  conduit ,  ou 
le  tuyau  facré.  On  la  nomme  épine  ,  parce  qu'elle 
eft  munie  à  fa  partie  poftérieure  de  plufieurs  apo- 
phyfes  pointues  en  forme  d'e)Di/zej.  On  appeloit  an- 
ciennement en  France  le  crime  de  Sodomie ,  le  délit 
de  Yépine  du  dos. 

Epine  du  nez.  La  partie  du  nez  qui  eft  pointue  j  & 
plus  bas  que  la  partie  ofleufe ,  s'appele  aufli  l'épine 
du  ne^.  A^af  fpina. 

Epine  ,  fe  dit  figurément  en  chofes  morales  ,  des  cha- 
grins &  des  peines  ,  des  embarras  j  des  difficultés. 
Les  commencemens  des  études  font  pleins  d'épines 
&c  de  difficultés.  Pourquoi  êtes-vous  fi  iriaceflible  , 
&  toujours  hérilTé  d'épines  ?  Bell.  Le  Journal  du 
Palais  eft  écrit  avec  tant  de  politeffê  j  que  les  épines 
du  Barreau  s'y  font  rarement  fentir.  S.  Evr.  Elle  eft 
née  parmi  les  épines  d'à  mariage.  Le  Mai.  Les  com- 
mencemens des  règnes  ne  font  jamais  fans  quelques 
épines.  Patru.  Le  chemin  delà  vertu  eft  traverfé  de 
ronces  &  d'épines.  S.  Evr. 

Que  t/'épines  ,  Amour  j  acompagnent  tes  rofes  I 

Malh. 

Je  fais  que  l'Evangile  enfts  leçons  divines 
N'offre  pour  le  Salut  qu'un  chemin  plein  <f 'épines  ; 
Et  que  loin  d'approuver  les  jeux  &  les  plaijlrs , 
Il  nous  en  interdit  j ufqu  aux  moindres  dejîrs. 

Épine,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes  ,  Il  n'y 
a  poinr  de  rofes  fans  épines ,  pour  dire  ,  de  plaifirs 
fans  douleurs.  On  dit  qu'un  homme  eft  gracieux 
comme  un  fagot  d'épines  ,  pour  dire,  rude  ,  rébar- 
batif, d'une  humeur  bourrue.  On  dit  qu'un  homme 
s'cft  tiré  une  grande  épine  du  pied  ,  lorfqu'ila  fur- 
monté   quelque    difficulté  ,    qu'il  s'cft  défait  d'un 
ennemi  qui  lui  nuifoit.  On  dit  aufli  qu'un  homme 
eft  fur   les   épines  :,   qu'il   marche   fur   des  épines  ^ 
quand  il  a  impatience  de  fe  dégager  de  quelques 
affaires  difficiles  ,   ou   de  quelques  lieux  incom- 
mode':, 
charnue  :  du   refte  ^  la  poire  eft  grolTe  par  tour,   {C?  EPINES,  f.  f.  plur.  Terme  de  Chimie.  C'eft  le 
&  cala  d'environ  doux  à  rtois  pouces  du  côté  de  la  j     cuivre  hérilfé  de  pointes  ,  qui  refte  après  l'opération 
tcte.  Elle  a  la  peau  farinée,  &  le  coloris  encre  vert  i     du  relfuage  Se  de  la  liquation. 


79i  EPÏ  E  P  ï 

ÉPINETTE.  f.  f .  Infiniment  de  Mufique  à  clavier  &  bizarres  &  épineux  ,  qui  mettent  la  patience  à  des 

à  cordes  de  fil  d'archal  ,  à-peu-près  comme  un  petir  épreuves  bien  délicates.  Bell. 

clavecin.  Organum  ^dkulare.  Elle  ellcompoCée  d'an  Epineux,   fe  dit  en  termes  d'Anatomie  j  d'une  des 

dbffie  de  bois  le  plus  poreux  iSc  le  plus  rélineux  apophyfesdes  vertèbres  ,&  d'un  mufcle du  cou.5i'i- 

qu'on  peut  trouver  j  d'une  table  de  fapin  qui  cft  /zo/«j.  Les  vertèbres  ont  toutes  trois  fortes  d'apophy. 


trouver 
collée  éc  appuyée  fur  des  tringles  qu'on  appelle/o/Tz 
miers  j  qujujofent  fur  les  côtés  qu'on  appelle  les  pa. 
rois.  Les  Ouvriers  appellenr  manche,  une  petite  pro- 
minence  qui  s'élève  au-delFus  de  la  table ,  &  qui 
fembie  en  continuer  le  corps  ,  parce  qu'on  y  mec 
autant  de  chevilles  qu'il  y  a  de  cordes  ,  qui  font 
ie  même  eftet  que  la  queue  du  manche  fait  à 
l'égard  du  luth  &  des  autres  inftrumens.  Vapinccte 
joue  par  le  moyen  d'un  clavier  compofé  de  quarante- 


i&s  y  f  avoir ,  quarre  obliques  ,  deux  tranlverfes  ,  6c 
une  épineufe.  Le  troifième  des  mufcles  du  cou  ,  qui 
elHe  premier  des  extenfeurs,  eft  V épineux  ,  ainli 
nommé  parce  qu'il  prend  fon  origine  des  apophyfes 
épineufes  des  quatre  &  cinq  vertèbres  fupérieures 
du  dos  ,  &  qu'il  va  s'inférer  à  toutes  les  apophyfes 
epmeufes  des  iix  vertèbres  inférieures  du  cou  qu'il 
étend.  Dionis. 


,,..^ ^--  .  ,  EPINGARE.  f  m.  C'eft  une  petite  pièce  de  canon  qui 

neuf  touches,  qui  fontautant  de  morceaux  de  bois!      ne  p^fe  pas  une  livre  de  balle. 
longs  &  plats,   arrangés  félon   l'ordre  des  rons  &  (ÉPINGLE,  f.  f. Petit  brin  de  fer  ,  ou  de 


1     ^        ^        . 

<les  demi-tons  de  Mufique,  qui,  tandis  qu'on  les 
touche  par  un  bout ,  font  de  l'autre  élever  un  faute- 
reau ,  lequel  fait  fonner  les  cordes  par  le  moyen 
■d'une  pointe  de  plume  de  corbeau  dont  il  ell  armé 
•Les  trente  premières  cordes  font  de  laiton.  Les  au- 
tres plus  déliées  font  d'acier  ,  ou  de  fil  de  fer.  Elles 
font  tendues  fur  deux  chevalets  collés  fur  la  table. 
La  figure  de  Vépinetce  eft  un  cavré  long,  ou  parallélo- 
gramme large  d'un  pied  &c  demi.  Quelques-uns 
ont  appelé  Vépinette  une  harpe  couchée  ,  &  la  harpe 
une  épinette  renverjée.  L'épinens  a  cela  de  bon , 
qu'un  feul  homme  fait  routes  les  parties  d'un  con- 
cert :  ce  qu'elle  a  de  commun  avec  l'orgue  &  le 
luth. 

On  ajoute  quelquefois  au  jeu  fondamental  de 
Vépinette  ,  qu'on  appelle  fon  jeu  commun,  un  fem- 
blable  jeu  à  l'unilTon  ,  &  un  autre  à  l'odave  ,  pour 
en  tirer  plus  d'harmonie.  On  les  joue  féparément  j 
ou  tous  enfemble:  ce  qu'on  appelle  double,  ou 
triple  épinette.  On  y  joint  un  jeu  de  violes  par  le 
moyen  d'un  archet  ,  ou  de  quelques  roues  parallèles 
aux  touches  ,  qui  ptelfent  les  cordes  j  &  font  durer 
les  fons  tant  qu'on  veut.  On  les  renforce  ,  ou 
on  les  afloiblit  félon  qu'on  les  prelFe  plus  ou 
moins.  L'pinette  a  fon  tempérament ,  aulli  -  bien 
■que  le  luth  &  l'orgue  ,  dont  le  fecrec  confifte  à  favoir 
quelles confonnances  ondoit  tenir  fortes  ou  foibles 
pour  les  rendre  juftes ,  &  tempérer  tout  le  fyftème 
da  clavier.  Le  clavecin  eft  une  efpèce  d'epinette  dans 
une  autre  difpofition  de  clavier.  Ce  nom  lui  a  été 
donné  j  à  caufe  de  ces  petites  pointes  de  plumes 
qui  tirent  le  fon  des  cordes ,  Se  qui  reffemblent  à 
des  épines. 

-Epinette.  Terme  de  Fauconnerie.  C'eft  l'épine,  ou 
l'échiné  du  dos  de  Toifeau.  Spina  dorfi. 

ÉPINEUSE.  Foye? HUITRE  ÉPINEUSE. 

ÉPINEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  eft  plein  d'épines.  Spino- 
fus  ,J'pineus  ,  hirfutus  aculeis.  Les  chardons  ,  les  ro- 
iiers  j  font  des  plantes  épineufes.  La  branche  aînée 
de  la  famille  des  Caraftes  brife  fes  armes  d'un  bâ- 
ton épineux  de  finople.  La  rofe  étale  fa  pompe  incar- 
nate au  milieu  d'un  trône  épineux. 

Épineux,  fe  dit  figurément  en  Morale  ,  des  affliires 
pleines  de  difficultés ,  &  des  perfonnes  difficiles  à 
manier  &  à  ménager.  Les  affaires  d'État  font  délica- 
tes &  épineufes.  Les  hautes  fpéculations  des  fcien- 
ces  font  trop  épineufes  pour  des  efprits  fi  délicats. 
GoD.  Les  hommes  font  fi  épineux  fur  leurs  moin- 
dres intérêts  ,  &  fi  hérilFés  de  difficultés  ,  que  je  ne 
fai  comment  ils  peuvent  s'accorder  fur  quelque  cho- 
fe.  La  3r.  Il  ne  faut  être  ni  formalifte  ,  ni  épineux. 
Bell.  Tel  qui  eft  né  avec  des  mœurs  faciles  change 
de  complexion  ,  &  il  eft  tout  étonné  de  fe  trouver 
dur»5c  éoineux.  La  Br.  Les  queftions  de  la  grâce  font 
fort  embrouillées ,  &  lort  épineufes  ,  lorfqu'on  ne 


laiton  pointu 
par  un  bout ,  ayant  une  petite  tête  à  l'autre  qui  ferc 
à  arracher  des  habits  j  du  linge ,  à  cocffer  ,  &c  à  au- 
tres ufages.  Acicula.  Il  y  a  des  épingles  qui  ont  deux 
têtes  J  &  ce  font  celles  dont  les  femmes  fe  fervenc 
pour  pafferdans  leurs  cheveux  ,  afin  que  les  pointes 
ne  leur  blefient  pas  la  tête  j  mais  les  communes  ont 
une  tête  &  une  pointe.  Quand  on  veut  parler  d'une 
partie  très-petite  de  quelque  chofe,  on  dit,  gros 
comme  une  tête  d'épingle.  Les  épingles  fe  vendent 
au  cent ,  au  millier.  On  appelle  épingles  de  diamans, 
celles  qui  ont  de  petits  diamans  au  lieu  de  tête. 

On  dit  figurément  d'un  difcours  affe(^é  :  ce  dif- 
cours  eft  tué  à  quatre  épingles,  Acad.  Fr. 

Ce  mot,  félon  Nicot  ,  vient  de  fpinula  ;  Sc  ^ 
félon  Ménage,  dejpitula,  qu'on  a  dit  pour  Jpiculum. 
D'autres  le  dérivent  de  JpHren ,  mot  Celtique,  ou 
Bas-Breton ,  lignifiant  épingle. 

Épingles  ,  fcdit  aulli  du  préfent  qu'on  fait  aux  filles,' 
ou  aux  femmes,  lorfqu'elles  ont  rendu  quelque  fer- 
vice  ,  ou  qu'on  .achette  quelque  chofe  où  elles  ont 
part  ,  pour  leur  tenir  lieu  de  ce  qu'on  appelle  entre 
les  hommes /Jorûfe  v//2.  On  donne  les  épingles  aux 
fervantes  de  ceux  chez  qui  on  loge. Quand  on  achet- 
te quelque  chofe  du  mari  j  on  ftipule  que  la  femme 
aura  rant  pour  fes  épingles.  Le  mot  d'épingle  en  cç 
fens  n'a  point  de  fingulier. 

Épingle  ,  fe  ditptoverbialement  en  ces  phrafes ,  tiret 
fon  épingle  du  jeu,  pour  dire ,  retirer  les  l:rais&  les 
avances  qu'on  avoir  faits  dans  une  affaire  ruineufe 
où  on  s'étoit  engagé. 

En  ce  cas  là  ,  Chêne ,  vous  dis  adieu  j 
En  retirant  mon  épingle  du  jeu. 

P.  Du  Cerc. 

On  dit  auffi  ,  pour  exprimer  une  fort  pe  Aie  fom- 
me  ,  je  n'en  donnerois  pas  une  épingle  davantage». 
On  dir  aulli  d'une  femme  qui  eft  foitajuftée,  qu'elle 
eft  tirée  à  quatre  épingles.  On  dit  aulli  d'un  chat  , 
qu'il  a  des  épingles  au  bout  de  fes  manches ,  en  par- 
lant de  fes  griffes.On  dit  aulFi ,  mettre  une  épingle 
fur  fa  manche ,  afin  de  fc  faire  fouvenir  de  quelque 
chofe, 

^  EPINGLETTE.  f.  f.  Terme  d'artillerie.  Efpèce  de 
petite  aiguille  ,  fervant  à  percer  les  gargOulFes  , 
lorfqu'elles  font  introduites  dans  les  pièces  ,  avant 
que  de  les  amotcer. 

ÉPINGLIER,  1ERE.  f.  m.  &  f.  Ouvrier  qui  fait  des 
épingles,  ou  le  Marchand  qui  les  vend.  Acicularius , 
acicularum  opifex  ,  propola. 

Épinglier  ,  eft  auiîi  un  terme  de  Fileufe  au  rouet, 
qui  fignifie  un  inftrument  de  bois  ^  auquel  font  at- 
tachés de  petits  crochets  de  fil  de  fer  ou  de  laiton 
gtos  comme  des  épingles,  à  travers  de  l'un  defquels 
palFe  le  fil  quand  on  tourne  le  rouet. 


mDrouiiiees , , _ 

veut  pas  s'en  tenir  avec  fimplicité  aux  décifions  de   ÉPINGUER.  v.  n.  Vieux  mot  Trépigner, 
l'Eglife.  _ 

Et  épiague  ,  fautéle  ,  &  balle 
Ecfierc  de  pié parmi  lafalle. 

EPINICE.  f.  m.  Terme  de  Poëfie  Grecque  &  Latine. 
Epinicion.  Ce  mot  fignifie  deux  chofes  dans    'anti- 
bien épineux  J  remplis  de  difficultés.  Il  y  a  des  gens  j     quité.  i°.  Une  fête  ,  une  célébrité  ,  des  réjouilFan- 

ces 


Courir  du  bel  efprit  la  carrière  épineufe. 

BoiLEAW. 

On  dit  auflî  des  principes  des  fciences ,  qu'ils  font 


EPI 

ces  pour  une  victoire  gagnée  ;  Se  i^'.  Une  pièce  de 
vers ,  un  poëme  fur  le  même  lujet.  Scahijer  eu  traite 
dans  la  Poétique  ,  L.  I.  C.  44. 

ÉPINICION.  f.  m.  Terme  d'Hilloire  Eccléliaftique  & 
de  Liturgie.  Il  lignifie  l'Hymne  Sancîus  ,  Sanclus  , 
Sancius  Donnnus  Dcus  Sahaoth  j  par  où  finit  la 
Préface  de  la  Melle  j  tan:  chez  les  Grecs  que  chez 
les  Latins. 

ÉPINIERE.  adj.  f.  Terme  d'Anatomie  j  ce  qui  ap- 
partient à  l'épine  du  dos.  Artères  cpiniéres  ,  moelle 
épiniére.  C'ell  la  moelle  de  l'épine  du  dos  ,  qui  ell: 
dans  l'épine  du  dos.  MedulLi  fpiriA  dorfi.  L'Hilloire 
de  l'Académie  des  Sciences  de  1714.  marque  qu'on 
y  avoir  vu  un  fétus  fans  cervelle,  ni  cervellet,  ni 
moelle  épiniére  ,  quoique  très-bien  conformé  d'ail- 
leurs. Il  étoit  venu  à  terme,  avoir  vécu  deux  heures' 
&  donné  quelque  ligne  de  lentiment,  quand  on  lui 
verfa  l'eau  du  baptême  fur  la  tête.  Ce  n'elf  pas  la 
première  fois  que  l'on  a  vu'  ce  fiit ,  dont  on  rire 
une  rerribie  objection  conrre  les  efprirs  animaux  , 
qui  doivent  s'engendrer  dans  le  cerveau  ,  ou  tour 
au  moins  dans  la  moelle  de  l'épine  ,  &  que  Ton 
croir  communément  li  nécelfaires  à  toute  l'écono- 
mie de  l'animal. 

Les  Médecins  appellent  au(Ti  moelle  épiniére  ,  me- 
dulla  fpinarïa  ,  celle  qui  eft  renfermée  dans  les 
vertèbres  du  dos. 

EPINIERS.  f.  m.  pi.  Terme  dechalTe.  Ce  font  des  bois 
d'épines  où  les  bêtes  noires  fe  retirent.  Sentes.  On 
le  dit  aulli  des  lieux  bits  exprès  pour  garantir  les 
lapreaux  des  oifeaux  de  proie. 

ÉPINOCHE.  f.  f  Petit  poilfon  qui  a  fu:  le  dos  des 
épines  ou  aiguillons  dont  il  fe  défend.  En  Latin 
acuieatus  piJ'cis.Ce^  un  poilïon  d'eau  douce  très- 
petit.  Il  drelfe  &C  abailfe  à  Ion  gré  fes  piquans. 

Les  épinards  en  vieux  François  s'appeloient  épi- 
noches. 

Épinoche.  f.  m.  C'eft  aulîî  le  nom  que  l'on  donne 
chez  les  Marchands  Epiciers  &  Droguilles ,  au  café 
de  la  meilleure  qualité. 

ÉPINOI.  Bourg  de  la  Flandre  Wallonne  ,  entre  Douay 
&  Lille  ,  avec  titre  de  Principauté.  Spinctum. 

ÉPINYCTIDE.  f  f.  Epinyclis  ,  idis.  D'esr'  ,  fur.  vers  , 
3c  »'"1,  nuir.  C'eft,  dit  Celfe,  le  nom  que  l'on 
donne  à  des  puftules  livides,  noirâtres,  rouges  ou 
blanchâtres  ,  accompagnées  d'inflammation  &  de 
douleur  ,  qui  fe  changent  en  un  ulcère  muqueux  , 
qui  rend  une  grande  quantité  de  fanie.  Elles  fe  for- 
ment fur  les  extrémités  fupérieures  ,  &  paroilTen: 
ordinairement  la  nuit  ^  ce  qui  leur  a  fair  donner  le 
nom  à'épinyclides.  Dicl.  de  James.  M.  Col  de  Villars 
écrit   epinycliques.  Il   faut_  mieux  dire  épinyctide  , 

EPIONE.  f.  f.  Femme  d'Efculape. 

EPIPHANE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Epiphanius. 
Saint  Epipkane  ,  Evêque  de  Salamine,  ou  de  Conf- 
iance ,  a  écrit  un  excellent  ouvrage  des  Héréfies.  Le 
P.  Pétau  a  donné  une  belle  édirion  de  S.  Epipkane. 

ÉPIPHANÈS.  f.  m.  Nom  d'homme  ,  que  nous  pro- 
nonçons comme  en  Grec  &'en  Latin.  Epiphanès. 
C'eft  un  titre  ,  &  une  épithète  que  l'on  a  donné  à 
quelques  Princes  Grecs ,  fuccelfeurs  d'Alexandre 
dans  rOrienr.  Antiochus  Epiphanès.  Pr«fque  tous 
les  Anthiociis,  Rois  de  Syrie,   ont  porté  le   titre 

,  à' Epiphanès  y  excepré  les  trois  premiers. 

Epiphanès.  adj.  m.  Terme  de  Mythologie.  Surnom 
donné  à  Jupiter.  Il  lignifie  qui  eft  prélent ,  qui  ap- 
paroir ;  pour  marquer  que  ce  Dieu  faifoit  fouvent 
lentir  fa  préfence  fur  la  terre  ,  ou  par  le  bruit  du 
tonnerre  &:  des  éclairs  ,  ou  par  de  véritables  appa- 
xitions  pour  y  voir  fes  m.iîtrefles. 

Ce  nom  eft  Grec  ,  E'snipavif ,  ?^  fignifie  Illuflre.  On 
le  retient  fouvent  en  notre  langue  ,  fur-tout  dans 
des  Ouvrages  d'érudirion ,  &  en  parlant  de  mé- 
dailles. On  écrit  aulli  Anriochus  l'illuftre. 

EPIPHANIE.  Epiphania.  Ville  ancienne  de  Syrie  fur 

l'Oronte.  Epiphanie  étoit  entre  Antioche,  qu'elle 

avoit  au  nord  ,  &  Damas  au  midi ,  à  80  milles  de 

l'une  &  de  l'autre ,  à  18  de  LarilTe  ,  &  à  70  de  Sé- 

Tome  ///. 


73 


EPI 

leucie.  Il  y  avoir  encore  une  mue  Ephiphanie  en 
Cilicie  j  une  tioiiîème  en  Bithynie  j  6c  une  qti.i- 
trième  proche  du  Tigre. 
Epiphanie,  f.  f.  Ou  Fcte  des  Rois.  Epiphania.  Pète 
double  de  la  première  cbHe  ,  &  qu'on  célcbre  avec 
Oôtavele  6=  de  Janvier,en  l'honneur  de  l'apparition 
de  Jesus-Christ  aux  trois  Rois  qui  le  vinrent  ado- 
rer, &  qui  lui  apportèrent  des  préfères.  La  Fête  que 
l'Eglile  célèbre  aujourd'hui  en  l'honneur  de  l'Ado- 
ration des  Mages ,  en  fa  première  inlluution  parmi 
les  Grecs  j  avoir  pour  objet  la  naillanco  de  Jesus- 
Christ  ,  qu'ils  nommoient  Théophanie  ,  &  jEoi- 
/i/^awe  ,  c'eft -.i-dire  ,  Apparition  &  manifeftatioii 
de  Dieu;  &:ils  la  folennifoient  le  6e  jour  de  Jan- 
vier, auquel  ils  croyoient  que  le  fils  de  Dieu  étoit 
né.  Gou.  Le  Pape  Jule,  qui  fut  fur  le  trône  de  S. 
Pierre  depuis  537.  jufq n'en  552.  eft  le  premier  qui 
air  appris  à  diliinguer  les  Fêtes  de  la  Nativité  &  de 
{'Epiphanie  ,  &  qui  en  ait  réglé  le  jour.  Pape- 
broch  ,  Parai,  ad  Conat.p.  23.  J^cZ.  SS.  Mati  ^  T. 

Cette  Fête  s'appelle  aufli  chez  les  Grecs  Tht'o- 
phanie,  &  la  Fête  des  lumièies  j  foit  à  caufe  du 
baptême  qu'on  nommoit  illumination,  foit  parce 
que  les  Chrétiens  portoient  ce  jour-là  des  cierges 
allumés  ,  comme  nous  faifons  aujourd'hui  le  jour 
de  la  Chandeleur.  Voye^  Gretferus  dans  fes  Notes 
fur  Cedrenus  j  C.  3.  &  Baronius  à  l'année  31^  de 
J.  C. 

Les  Ethiopiens  &  les  Copres  célèbrent  aufli  XEpi- 
phanie  avec  beaucoup  de  folennité  l'onzième  de 
Janvier  j  qui  eft  le  ô'^  chez  nous ,  auquel  ils  croient 
par  une  ancienne  Tradition  ,  que  J.  C.  fut  baptifé. 
Confukez  Ludolf dans  fon  Hijtoire d' Ethiopie ^\^.\\\. 
C.  G.  n.  54.  &  dans  ion  Commentaire  fur  cet  en- 
droir.  Ammien  Marcellin  parle  de  cette  fête  dans 
fon  XXXF  Liv.  C.  2.  &  marque  qu'elle  fe  célé- 
broic  au  mois  de  Janvier.  Henri  Valois  ,  dans  fes 
Notes  lur  cet  endroit  d'Ammieiij  prétend  que  ce 
que  cet  Hiftorien  appelle  Epiphanie ,  eft  la  Fête  de 
la  Nativité.  Voy.  fur  le  mot  Epiphanie ^,  Cafaubon  , 
Exerdt.  Il.in  Baron.  Seci.  XI.  &c\q  Ihefaurus  Ec- 
clefiaftic.  de  Suicerus  au  mot  E'=r(fi«»£i«. 

Ce  mor  fignihe  en  Grec  apparition  ;  &  à  caufe  de 
l'étoile  qui  apparut  aux  Mages ,  ce  nom  a  été  donné 
à  cette  Fête.  S.  Jérôme  &  S.  Chryfoftôme  difenc 
que  ce  fut  le  jour  du  baptême  de  Jesus-Christ  , 
auquel  remps  il  a  été  connu  des  hommes  par  cette 
voix  célefte  ,  Hic  ejifilius  meus  dtleclus  in  quo  mihi 
complacui.  C'eft  aulli  le  jour  que  Jesus-Christ  fie 
fon  premier  miracle.  Plufieurs  Auteurs  diftnt  qu'il 
y  a  eu  diverfes  Eglifes  qui  célébroient  ce  jour- là  la 
Fête  de  Noël,   qui   étoit  nommée  Epiphanie  ,   ou 
apparition  du  Seigneur  ,  parce    que  c'eft  le  jour 
auquel  Notre  Seigneur  a  commencé  à  paroître  lue 
la  terre.  En  efl^et ,  le  mot  Gipc  Epiphanienç.  fignifie 
pas  dans  les  anciens  Pères  Grecs  l'apparition  de  l'é- 
toile aux  Mages ,  mais  l'apparition  de  Notre  Sei- 
gneur dans  le  monde,  C'eft  en   ce  fens-là  que  S. 
Paul  s'eftfervide  ce  mot  Epiphania  dans  fa  II.  Epi- 
tre  à   Thimothée  J  chap.   i.  v.  10.  Les  Arméniens 
célèbrent  encore  aujourd'hui  en   un  même  jour  la 
Fête  de  la  Nailfance  de  Notre  Seigneur ,  &  celle 
de  l'Epiphanie  ,    félon  l'ancien  ufige  de  l'Eglife. 
Quelques  Miflîonnaires  Latins ,  qui  n'ont  confidéré 
que  les  coutumes  reçues  dans  leurs  Eglifes  ,  ont 
fait  là-delTiis  un  procès  mal-fjndé  aux  Arméniens, 
parce  qu'ils  n'ont  pas  fu  que  XEpiphanie   dans  fa 
première  origine  ,  eft  propremenr  la  naiflance  de 
Notre  Seigneur.  Les  Ecrivains  Payens  fe  font  fervis 
de  ce  même  mot  Epiphania  ,   pour  exprimer  l'ap- 
parition de  leurs  Dieux  en  terre  \   &  les  Chrétiens 
onr  aufli  employé  cette  cxpreilion  pour  marquer  en 
général  l'apparition  de  Dieu. 
I/O-  EPIPHENOMENE  ,    ou  '  ÉPIGÉMÈME.  f.  m. 
Terme  de  Médecine  ,  formé  d'£=^'',  fur- (Se  ^««««/es'»^, 
qui  paroît.  Symptôme  qui  fufviènt  dans  le  cours 
d'une  maladie,  &  qui  procède  d'une  caufe  diff^é- 
rente  de  celle  des  fymptomec  propres  de  la  maladie 
Hhhhh 


794  EPI 

EPIPHÎ.  f.  m.  Onzième  mois  Copte  3  qui  répond  à 
Juillet ,  en  commençant  cinq  jours  plutôt.  Chas- 
TELAiN.  Penultimus  anni  Copcki  Alenjîs  ,  Julïus 
Coptorum  ,  EVipi ,  EV>i?i  j  dans  le  Menologïum 
de  Fabricius ,  p.i^  Voy.  TAnthoIogie  Grecque, 
L.  I.  Ep.  71.  Fabricius  j  p.  i6.  montre  que  ce 
n'eft  qu'une  corruption  du  nom  que  ce  mois  avoir 
chez  les  Egyptiens ,  qui  l'appeloient  Abii  j  Abib  , 
d'où  elt  venu  E'sriia-j  &  de-li  E'=^"?i. 

ÉPIPHONÈME.  Terme  de  Rhétorique.  Epiphonema. 
C'eft  une  figure  &  une  efpèce  d'exclamation  qu'on 
ajoute  louvent  à  la  tin  de  la  narration  de  quelque 
cliofe  ,  à  la  fin  du  difcours ,  ou  une  réfiexion  vive 
&  prelUmte  fur  le  fujet  dont  on  parle.  Telle  eft  la 
réflexion  fenteiitieule  de  S.  Paul,  quand,  après 
avoir  difcouru  de  !a  réjedion  des  Juifs  ,  &  de  la 
vocation  des  Gentils,  il  s  écrie  :  O  protondeur  de 
la  (agelFe  &  de  la  connoi(T[ance  de  Dieu  !  Telle  eft 
la  réflexion  de  Boileau  dans  fon  Pocme,  quand  il 
dit,  à  l'imitation  de   Virgile: 

Tantàe  fiel  entre-t-H  dans  l'ame  des  dévots  ! 

EPIPHORE.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  EpIpkora.CeA 
un  continuel  écoulement  de  larmes  j  accompagné 
quelquefois  d'ardeur ,  de  rougeur ,  &  de  picote- 
ment. Les  caufes  internes  de  cette  maladie  font  le 
relâchement  des  glandes  des  yeux  ,  Ck  la  trop  grande 
acrimonie  de  la  lérofité  qui  s'y  fépare  ,  laquelle  en 
rongeant  &  en  picotant  les  yeux  ,  y  attire  une  plus 
grande  quantité  de  fang  &  de  lymphe.  Les  entans 
font  fort  lujets  à  ce  mal.  L'e'piphore  invétérée  dé- 
génère fouvent  en  fittule  lacrymale.  Les  caufes  ex- 
ternes de  ïépiphora  font  les  vapeurs  acres  ,  ou  les 
poudres  qui  entrent  dans  les  yeux  ,  &  qui  les  pi- 
qu.:nt.  L'air  trop  froid  ou  trop  âpre  produit  aufli  le 
même  effet.  M.  Huet,  ancien  Evêque  d^Avranches, 
a  fait  autrefois  un  petit  poëme  Latin  ,  intitulé 
Epiphora  ,  en  ftyle  de  Lucrèce  ,  &  d'une  grande 
beauté. 

Ce  mot  eft  Grec,  il  vient  de  fwdpéço^wa» ,  je  fuis 
entraîné. 

ÊPIPHYSE.  f.  f.  Terme  d'AnatomV  Ejjiphyfis.Ced 
un  os  adhérent  à  un  autre  par  une  (impie  contiguïté. 
Sa  fubftance  eft  rare  &  lâche  :  elle  eft  aux  enfans 
nouveaux  nés ,  ou  peu  âgés ,  cartilagineufe  ;  mais 
elle  s'endurcit  à  meiure  que  l'on  avance  en  âge  ,  & 
enfin  elle  devient  tout  -  à  -  fait  ofleufe.  La  con- 
nexion de  \  épiphyfc  avec  l'os  fe  fait  par  une  réci- 
proque entrée  des  tètes  ou  extrémités  de  l'un  dans 
les  cavités  de  Tautre.  Il  y  a  des  os  qui  n'ont  point 
A'épiphyfe,  comme  la  mâchoire  inférieure.  Il  yen 
a  qui  en  ont  jufqu'à  cinq  ,  comme  les  vertèbres. 
Les  épiphyfes  font  ajoutées  aux  os ,  comme  pour 
fuppléer  à  leur  défaut  j  afin  de  les  rendre  plus  longs 
&  plus  gros  en  leurs^xtrèmités.  En  dilatant  le  troi- 
fième  ventricule  du  cerveau  ,  l'on  apperçoit  quatre 
éminences ,  deux  fupérieufes  &  plus  grandes ,  qu'on 
appelle  protubérances  orbiculaires  \  &  deux  aurres 
inférieures  ,  &  plus  petites  ,  nommées  épiphij'es  des 
protubérances  orbiculaires.  DiONis.  Cet  Auteur  écrit 
toujours  épiphife  j  ce  qui  eft  contraire  à  l'origine  de 
ce  mot. 

Ce  mot  vient  de  '»r' ,  delTus ,  &  ç»"'"» ,  naître, 
s'attacher. 

On  appelle  e'piphyfes  verm'iformes,  deux  éminen- 
ces du  cervelet  en  forme  de  vers ,  qui  tiennent 
ouvert  le  patTage  du  troifième  au  quatrième  ventri- 
cule. 

ÉPIPLÉROSE.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Sur-réplc- 
tion.  f/ji/'/erci/w.  Elle  fe  fair  dans  les  artères,  lorf- 
qu'elles  fe  rempliiTent  dans  le  temps  de  leur  dilata- 
tion de  l'efprit  que  le  cœur  leur  envoie  ,  &c  qui  oc- 
cafionne  leur  distenfion.  Galien  j  de  diff.  pulfuum  , 
Lib.  IF.  cap.  6.  27. 

ÈPIPLOCÈLE.  f.  f.  Terme  de  Chirurgie.  Efpèce  de 
hernie  caufèe  par  la  chute  de  l'épiploon  dans  l'aîne 
ou  dans  le  fcrotum.  Ce  mot  est  Grec ,  \7n-K\miM  ^ 


EP  I 

compofc  de  èjriVAoo» ,  épiploon ,   &;  xba»  ,  ramex , 
hernie. 

ÉPIPLOÏQUE.  adj.  Epithète  qu'on  donne  enAnatomie 
aux  artères  &  aux  veines  qui  le  diftribuentdans  l'épi- 
ploon. hpiploicus.W  ya  une  artère  épiploiqueqin  vient 
de  la  branche  hépatique  de  l'artère  cceluque.  Il  y  a 
aulli  deux  veines  epiploïques  ,  la  droite  &  la  polie- 
rieure.  Vépiploïque  droite  vient  du  côté  droit  de  l'é- 
piploon j  &  va  fe  rendre  au  rameau  fplénique  de  la 
veine  porte.  Vépiptoïque  pojUncurc  vient  du  der- 
rière de  l'épiploon  ,  &  fe  termine  au  même  rameau 
fplénique. 

ÉPIPLOMPHALE.  f.  f.  Terme  de  Chirurgie.  £>i- 
piomphalus.  C'eft  une  maladie  du  genre  des  exom- 
phales.  ISépiplompliale  eft  de  l'efpèce  des  rumeurs 
qui  fe  font  de  parties  ,  &  non  d'humeurs.  Celle-ci 
eft  caufée  par  l'épiploon. 

Le  nom  à'epiplomphale  vient  de  èan'srAM»  ^  &  de 

ÉPIPLOON.  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  Epiploum  , 
adeps^  omentum.  C'eft  une  membrane  grailfeufe  qui 
couvre  les  boyaux  ,&  qui  va  même  dans  leurs  fi- 
nuodtés  :  elle  s'étend  depuis  le  fond  du  ventricule 
auquel  elle  eft  attachée,  jufqu'au  nombril ,  où  elle 
finir  pour  l'ordinaire.  Elle  a  la  figure  d  une  gibe- 
cière j  ou  d'une  poche.  Sa  fubftance  eft  membra- 
neuie  ,  tiflue  de  deux  tuniques  ,  de  plulieurs  veines 
&  artères  ,  de  petits  nerfs  ,  &  de  force  graifte.Tous 
les  animaux  n'ont  qu'un  e/'ip/oo'z  j  à  la  réierve  des 
marmottes ,  qui  en  ont  trois  ou  quatre  l'un  fur  l'au- 
tre. On  adécouvert  par  le  moyen  du  microfcope, 
que  Vepiploon  eft  comme  un  grand  fac  plein  de 
quantité  d'autres  petits  facs  ,  qui  renferment  des 
amas  degrailfe  ;  &  quelques-uns  prétendent  qu'il  y 
a  pluheurs  vaillcaux  qu'on  nomme  adipeux ,  qui 
fortent  de  cette  membrane, &:  fe  répandant  par  roue 
le  corps ,  y  portent  de  la  graifle ,  de  même  que  les 
artères  y  porrent  du  fang. 

Les  Anatomiftes  étoient  fort  embarraftés  à  dé- 
montrer la  conformation  totale,  faute  de  connoître 
lendroit  par  où  on  peut  y  introduire  l'air  ,  fans 
qu'il  s'en  échappe  \  mais  enfin  M.  Winflow  ,  de  l'A- 
cadémie des  Sciences  ,  a  trouvé  cette  ouverture  na,- 
turelle.  Elle  eft  rrès-confidérable,  &  fituée  fous  le 
grand  lobe  du  foie,  enrre  un  ligament  membra- 
neux >  qui  lie  le  commencement  du  duodénum 
conjointement  avec  le  cul  de  la  védcule  du  fiel  au 
foie  ,  à  côté  d'une  éminence  ,  qui  eft  comme  la 
racine  du  petit  lobe  de  Spi^^elius ,  &  un  autre  qui 
attache  le  colon  avec  le  pancréas.  Foye^  les  Mé- 
moires de  l'Académie  des  Sciences  pour  l'an  171 5. 
Ce  mot  eft  purement  Grec  ,  &  vient  du  verbe, 
(5njrAfs<y ,  qui  i\gn\^t  furnager ,  parce  qu'elle  fem- 
ble  nager  fur  les  inteftins  ;  &  on  l'appelle  s.affifu~ 
gène  ,  ou  Jilet ,  parce  qu'elle  eft  entrelacée  d'une 
mi lliallè  de  petites  veines  &  autres  nerfs,  comme 
un  rets. 

ÉPIPLOSARCOMPHALE.  f.  f.  Terme  de  Chirurgie. 
Epiplofarcomphalus.  Sorte  de  tumeur  qui  fe  rap- 
porte au  genre  des  exomphales  :  elle  eft  de  l'efpèce 
de  celles  qui  fe  forment  de  parties  &  d'humeurs. 
L'épiploon  &  de  la  chair  forment  \épiplojarcom~ 
phale.    « 

Ce  mot  eft  formé  de  trois  mors  Grecs,  îan'arAo»)! ^ 
épiploon,  ™pl,   chair,  ifi^a^^'s ,  ombilic. 

ÉPIPLOSCHEOCÉLE.  f.  f.  Terme  de  Chirurgie. 
Hernie  accompagnée  de  la  chute  de  l'épiploon  dans 
le  Scrotum.  De  «anVAoo»  ^  l'épiploon,  oox""  j  \q  fcro- 
tum, &  xi/a;;,  hernie. 

ÉPIPYRGIDE.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Statue  que 
les  Athéniens  avoient  confacrée  à  Hécate  ;  ou  plu- 
tôt c'étoit  une  triple  ftatue  ,  ou  à  trois  corps,  d'une 
hauteur  extraordinaire,  femblable  à  une  rour  ;  ce 
que  fignifie  le  mot  de  wc/'çyor ,  une  tour. 

ÉPIQUE,  adj.  Qfii  appartient  à  la  Poëlîe  héroïque, 
ou  Pocme  qui  décrit  quelque  adion  fignalée  d'un 
Héros  ,  embellie  d'épifodes  &  d'événemens  mer- 
veilleux. Epicus.  Le  Poëme  épique  eft  un  difcours 
inventé  avec  art  pour  former  les  mœurs  pat  des  inf- 


E  P  I 

trudtlons  dcgûifées  fous  les  allégories  d'une  adion 
importante,  racontée  d'une  manière  vraiiemblable 
&  merveilleufe.  La  dirtcrence  qu'il  y  a  entr^  le  Poc- 
me  épique  &C  la  Tragédie  ,  c'eft  que  dans  le  Poëme 
eptcjueÂts  perfonnes  n'y  lont  point  incioduites  aux 
yeux  des  fpeCtaceuus  ,  agilFant  par  elles-mêmes  , 
comme  dans  la  Tra'^édie  ;  mais  l'adrion  eft  racontée 
par  le  Poëte-  Les  comparaiions  conviennent  beau- 
coup plus  au  Poëme  épique  qu'à  la  Tragédie.  S.  Ev. 
L'Enéide  ell:  le  plus  beau  de  tous  les  Poèmes  épi- 
ques. Le  Poëme  epicjue  ne  doitpointlaiirer  les  Héros 
malheureux  :  les  fins  triltes  ne  font  bonnes  que 
pour  la  Tragédie.  Le  P.  le  B.  La  table  ,  ou  la  hclion, 
maiche  toujours  avec  la  vérité  dans  le  Poëme  épi- 
que. Le  Poëme  épique  doit  embralïer  un  certain  nom- 
bre d'mcidens  ,  afin  de  fufpendre  l'adion  ,  qui  lans 
cela  iroit  trop  vite  à  fa  fin.  Men.  Il  haut  obférver 
i'unicc  d'aétion  dans  le  Poëme  t^.tVi^^ve  j  enforte  que 
l'accion  que  le  Poëce  a  pnie  talfe  un  tout  achevé.  Le 
P.  LE  B.  Le  fondement  &  i'ame  du  Poëme  épique  j 
c'ell  la  fable.  M.  Daci£R. 

La  Poéjîe  épique 
Se  foudent  par  lafable  j  &  vit  de  ficlion. 

AL  De  la  Motte  ,  qui  a  fait  tant  de  réflexions  iu- 
dicieufis  dans  les  ouvrages  qu'il  a  compolés  à  l'oc- 
caliou  du  différend  qu'il  a  eu  avec  Madame  Dacier 
au  fujec' d'Homère  ,  a  prétendu  que  la  vie  entière 
d'un  Héros  pouvoir  être  le   fujec  d'un  feul  Poëme 
épique  y  Sc  que  le  Lutrin  de  Bodeau  pouvoir  pader 
pour  un  Poëme  épique  ;  mais  il  a  paru  dans  la  luite 
vouloir  revenir  au  fcntimenr  commun.  En  efiet ,  il 
n'elVpas  quellion  du  fens  qu'on  peut  donner  aux 
mots  de  Poëme  épique  ,  mais  de  la  lignification  que 
l'ufage  leur  a  attribuée.  Si  l'on  n'avoir  égard  qu'à 
l'étymjlogie  du  mot  épique  j  tous  les  Poëmes  où  le 
Poëte  parle  lui-mime  ,  raconte  les  chofes  ,  &  ne 
fait  parler  les  perfonnages  de  fon  Poëme  qu'en  rap- 
portant ce  qu'ils   ont  pu  dire  dans  les  occafions  où 
il  les  l'iippole  i  &  dans  les  lituations  où  il  les  met , 
feroient  des  Poëmes  épiques  ,  &  il  n'y  a  point  d'E- 
pigtamme  ,  de  Sonnet ,  de  Madrigal,  qu'on  ne  pût 
appeler  un  Poëme    épique,  ce  qui  ell;  contre  l'ufa- 
ge. Ce  nom  de  Poërne  épique  n'a  été  donné  qu'à 
un  Poëme  dont  le  fujet  ell  grand  ,  inltructif ,  gra- 
ve J  férieux  ,  qui  ne  renterme  qu'un  feul  événe- 
ment principal  j  auquel  tous  les  autres  doivent  fe 
rapporter  ;  &  cette  aélion  principale  doit  s  ctrepaf- 
fée  dans  un  cerrain  efpace  de  temps,  qui  eft  à-peu- 
près  d'une  année.  Toiitcela  ell:  arbitraire  ,  il  eft  vraij 
mais  la  fignihcarion  des  mots  ell  quelque  chofe  d'ar- 
bitraire ,  &dans  les  langues  il  faut  s  en  tenir  à  l'u- 
iage.  Si  AL  De  la  Motte  avoit  feulement  prétendu 
qu'on  peut  taire  un  Poème  fort  beau  ^^c  fort  inllruc- 
tir  fur  toute  li  vie  d'un  Héros ,  ou  un  Poëme  agréa- 
ble &c  divertilfant  fur  quelque  aventure  bizarre  & 
ridicule,  tout  le  monde  eût  été  de  fon  fentiment  ; 
mais  l'ufage  n'a  point  voulu  qu'on  appelât  du  nom 
de  Poëme  épique  ,  ni  les  fujets  qui  ont  trop  d'éten- 
due ,  ou  qui  font  chargés  de  trop  d'événemens  que 
rien  ne  lie  enfemble  ,  ni  les  Poëmes  burlefques  ^ 
comme  la  Batrachomyomichie  d'Homère  ,   la  Sec- 
chia  rapica  du  Talfoni  ,  la  Défaite  de  Dulot  ou  des 
Bouts-rimés  ,  le  Lutrin  de  Boileau.  Au  refte  ,  il  ell 
,  fi  vrai  qu'il  faut  s'en  tenir  à  l'ufage  dans  la  hgnifica- 
lion  des  mots ,  que  l'on  doit  dire,  la  rue  de  la  Co- 
médie J  aller  à  la  Comédie ,  l'hôtel  des  Comédiens  , 
quoiqu'on  repréfente  fouventdes  tragédies  à  l'hôrcl 
des  Comédiens,  qui  eft  fitué  dans  la  rue  de  la  Co- 
médie j  3«:  dans  les  Arrêts  du  Confeild'Etatj  quand 
on  lit  ces  paroles  ,  Le  Roi  en  fon  Confeil ,  on  doit 
entendre  que  le  Roi  n'y  étoit  pas ,  parce  que  l'ufage 
â  établi,  que  pour  marquer  que  le   Roi  étoit  en 
perfonns  au  Confeil ,  on  ajouteroic  ces  mots ,  Sa 
Ma]eflé  y  ét.mt ,  ou  Sa  Pdajejié préfente. 

Ce  mot  vient  du  Grecï^-ar,  qui  fignifie,  vers,  poë- 
fc  ,  de  "Va ,  dico.  Voye\  le  Traité  du  P.  Le  Boffu 
fur  le  Poëme  épique. 


E  P  I 


79S 


Cette  épithète  s'applique  aufTi  aux  perfonnesî 
Vn^oiiiQ  épique  ,  Auteur  d  un  Poëme  qu'on  appelle 
épique. 

ÉPlRE.  Epirus.  L'Epire  eft  une  Province  de  la  Grèce, 
qui  avoir  autrefois  pour  bornes  au  levant  l'Ache- 
loiis  ;  au  couchant ,  les  montagnes  appelées  Acro- 
céraunes ,  ou  Acrocérauniennes ,  du  côté  qu'elles 
touchent  la  mer  Adriatique  j  aufeptenirion  ,  la  Ma- 
cédoine ;  &  la  mer  Ionienne  ,  au  midi.  L't-pire  fuc 
nommé  d'abord  Molofiie  j  ihoujfiu  ,  puis  Chaonie^ 
Chaonia  ,  de  Chaon  frère  d'Helénus.  Les  Anciens 
eftimoient  fort  les  chevaux  à'Epire  ,  comme  on  le 
voit  dans  Virgile  ,  Georg.  L.  /.  v  jç.  Liv.  111.  v. 
121 .  &  dans  Végece  ,  L.  III.  h'Epire  produifoic 
aulîl  des  taureaux  &c  des  bœufs  vigoureux  &  fore 
grands,  Ovide  ,  Métam.  L.  FUI.  v.  jpi.  Ariilote, 
Hift.  Anim.  L.  lll.  C.  21.  Homère  témoigne  dans 
l'Odylfée  ,  L.  I.  &  L.  XIV.  que  ce  pays  étoic  encore 
très  fertile  en  blés.-L'f^J/fhitautrclois  un  Royaume 
puilfant  \  eni'uite  il  fut  ioumis  aux  Rois  de  Macédoi- 
ne ,  &  enfin  aux  Romains.  Il  eut  enfuice  fes  Prin- 
ces particuliers  ,  dont  Croie  étoit  la  Capitale.  Les 
Turcs  en  dépouillèrent  le  fils  du  fimeux  Scander- 
berg  ,  &  l'ont  toujours  polfédé  depuis. 

Le  P.  Briet  dit  que  les  patties  ou  provinces  de 
\Epire  étoient  la  Chaonie  ,  la  Thefprotie  y  l'Acar- 
nanie  ,  la  Calîiopée  ,  l'Amphilochie  ,  l'Athmanie  , 
la  Dolopie,  la  Alololfie. 

Aujourd  hui  VEpire  a  l'Albanie  au  nord  j  la 
Thellalie  à  l'eft^  l'Achaie  au  fud  j  &  la  mer  de 
Grèce  à  i'ouell.  On  divife  ce  pays  en  deux  contrées, 
celle  de  Chimera ,  ou  Canina ,  qui  eft  au  nord  ,  Sc 
celle  de  l'Arta  j  ou  de  Larra  ,  qui  eft  au  midi.  Ses 
villes  principales  font  Larta  ,  Preveza,  Joanina  , 
ouJanina,  capitale;  Butrinto  j  Chimera  ,  Canina 
&  Perga.  Cette  dernière  appartient  aux  Vénitiens. 
Les  Turcs  font  maîtres  de  tout  le  refte. 

ÉPIROTE.  f.  m.  &  f  Qui  eft  de  l'Epire.  Epirota.  Les 
Epiroces  étoient  un  peuple  très-nombreux  ;  ayant 
été  foumis  par  les  Romains  j  &■  s'étant  fcuvent  ré- 
voltés, leurs  vainqueurs  défolèrent  tellement  leur 
pays,  qu'ils  le  réduifirent  prefque  en  folitude.  Pyr- 
rhus ,  fils  d'Achille  »  fuc  Roi  des  Epirotes.  Paul 
Emile  ayant  vaincu  Perfée  ,  dernier  Roi  de  Macé- 
doine ,  ruina  foixante  &  dix  villes  des  Epirotes  ,  &C 
emmena  cent  cinquante  mille  efclaves.  Aujourd'hui 
les  Epiroces  ,  épais  par  les  villages  &  par  les  villes 
ruinées,  s'occupent  à  cultiver  la  terre  &  à  garder 
le  bétail.  Les  Epirotes  font  Chrétiens  Grecs  ,  &  par- 
lent Albanais.  CoRN. 

ÉPISCAPHIES.  f  f  pi.  La  Fête  des  barques  à  Rhodes, 
de  i^x-^ipi ,  une  barque. 

ÉPISCËNES.  f.  f  pi.  La  Fête  des  tentes  à  Sparte  ,  de 
c-i^m  ,  une  tente. 

ÉPISCOPAL  J  ALE.  Qui  appartient  à  l'Evêque.  Epif- 
copalis.  Le  gouvernement  Epifcopaltitczlmà^nn. 
Diocèfe  ,  où  un  feul  homme  légitimement  confa- 
cré  préfide  fur  tout  un  Clergé ,  &  fur  toute  une 
Eglife,en  qualité  de  Pasteur  &  d'Infpedeur,cini  con- 
fère les  Ordres  ,  &  exerce  une  cerraine  jurildiclion. 
Les  Presbytériens  d'Angleterre  rejettent  le  gouverne- 
ment £';7//co;7a/.Le  Siégef/Jz/cti/Jû/ est  élevé  à  la  droite 
du  Chœur.  Enrre  les  fonéiions  Epifcopalesls.  princi- 
pale est  de  faire  fouvent  des  vifites  dans  le  Diocèfe. 
Le  Roi  fut  reçu  par  cet  Evêque  revêtu  de  f>îs  orne- 
mens  Epijcopaux.  Le  Pape  ne  peut  ériger,  ni  tranf- 
férer  les  Sièges  Epifcopaux  fans  le  confentement 
du  Roi.  Fevret.  Les  Calvinistes  condamnent  l'Or- 
dre Epifcop.il  comme  un  établjlfemenf  humam  , 
que  l'ambition  a  produir.  Nie.  Et  ils  font  en  cela 
démentis  par  les  traditions  de  toutes  les  Eglijes , 
par  les  écrits  de  S.  Ignace  le  Martyr  ,  8cc.  La  fé vé- 
rité des  reptéhenfions  doit  être  modérée  par  la  cha- 
rité ,  fans  affoiblir  la  vigueur  ^  la  puilfance  Lpif 
copales.  Herman. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ta-icrr.Éa-r!.?-*' ,  infoicere  ,  d'où 
est  formé  iw/rr.oTrw,  Infpeéleur ,  Evêque,  parce  que 
les  Evcques  font  les  infpeéleurs  du  troupeau  que 

'     Dieu  leur  a  confié. 

H  h  h  h  h  ij 


-jc^^  EPI 

EPISCOPAT.  f.  m.  Dignité  d'Evêque  ;  fouveralii  de- 1 
gré  ,  plcnicude  du  Sacerdoce  de  la  nouvelle  Loi. 
£pïfcopatus  ^  Epïfcopale  munus.  Sa  demeure  esc  dé- 
ferce ,  qu'un  autre  prenne  fa  place  dans  Vtpijcjpat. 
PoRT-R.  Cet  homme  ess  parvenu  à  VEplJcopai:  put 
les  bonnes  voies  ,  par  la  prédication  ,  par  la  fam  • 
teté  de  vie.  Quidefire  ÏEpifcjfmt ,  délire  une  bonne 
chofe  ,  dit  S.  Paul. 

Épiscopat  des  enfans.  Par  le  Concile  de  Salsbourg 
de  l'année  1174.  c.  17.  il  est  détendu  de  faire  dans 
les  Egliles  le  jeu  nommé  VEpiJ'œpac  des  cnjans  ,  fi 
ce  n'est  qu'il  fe  falFe  par  des  jeunes  gens  de  feize 
ans  &  au-deiïbus.  Fleury  ,  UlJI.  EccL 

ÊPISCOPAUX.  On  nomme  Epifcopaux  ,  les  Protef- 
tans  d'Angleterre  qui  ont  confervé  la  Hiérarchie 
Eccléliastique,  telle  qu'elle  étoit  dans  l'Eglife  Ro- 
maine, lorfqu'ils  s'en  font  fcparés.  Rdij'ionis  An- 
gticiriA  feclatores.  Us  ont  des  Evêques  ,  des  Prêtres , 
des  Chanoines ,  des  Curés  ,  un  office  qu'ils  appel- 
lent la  ^liturgie  Anglicane.   Ils  ont  aulfi  confervé 
une  partie  du  Droit  Canon  qui  est  dans  les  Décré- 
tais des  Papes;  enforte  que  ces  Anglicans  ,  qui  re- 
prochent aux  Catholiques  Romains  d'être  Papijhs, 
£onz  en  plufieurs  chofes ,   pour  ce  qui  regarde  le 
droit  nouveau   des  Décrécales,  plus  Papistes,  s'il 
est  permis   de  fe   fervir  de  ce  terme ,   que  quel- 
ques Etats  Catholiiaes^  lefquels  ne  fiuveiic  point 
ces  Décrétales  (1  littéralement  que  les  Evêques  d'An 
gleterre.  Si  l'on  ne  confidére  que  l'extérieur  de  la 
Religion  des  Epifcopaux   ,    elle  ne   paroît  guère 
éloignée  de  la  Religion  Romaine  ,  dont  elle  a  tous 
les  dehors.  La  Reine  Elifabeth  ayant  demandé  à  un 
Ambairadeuf  d'Efpagne  ce  qu'il croyoit  delà  Reli- 
gion Anglicane  ,  il  lui  fit  réponfe  j  que  le  cheval 
étoit  fellé  &  bridé  ,  &  qu'il  ne   restoic  plus  qu'à 
faire  monter  le  Pape  fur  la  bête.  Mais  ,   dans  le 
fond,  pour  ce  qui  est  du  dogme,  ils  ne  diftérent 
guère  des  Calvinistes  ,  ennemis  de  la  Hiérarchie 
Eccléhastique.  Voye\  Presbytériens.  Ils  ont  ce- 
pendant avec  eux  de  grandes  controverfes  fur  l'inf- 
titution  de  \Epifcopat\  &  quelques  Do6l;eurs  Angli- 
cans, ow  Epifcopaux ,  font  Ç\  attachés  à  ce  point  , 
qu'ils  regardent  comme  ca[  ic  d  ,  qu'on  leur  a  oui 
dire  ,  que  fi  VEpifcopac  étoïc  aboli  en  Angleterre , 
comme  on  le  craint  depuis  quelques  années  ,  ils 
embralTeroienc  auflî-tôt  la  Religion  Catholique  , 
parce  qu'ils  font  perfuadés  qu'il  ne  peut  y  avoir  de 
vraie  Religion  Chrétienne  Apostolique  ,  que  là  où 
est  la  fucceffion  des  Evêques.  Le  principe  est  vrai  ; 
mais  il  devoir  les  mener  plus  loin  ,  &c  leur  faire  re- 
connoître  leur  erreur. 
ÉPISCOPIA.  l^oyei  PiscopiA. 
ÉPISCOPISANT.f.  m.  Qui  afplre  à  l'Epifcopat.  Am- 
biens  Epifcopatum.  La  Cour  est  toujours  remplie  de 
plufieurs  Abbés  épiJcopifans.CQ  terme  est  bis,  & 
peu  en  ufage.  On  pourroit  dire  de  même  Epijlo 
pifer. 

tPISCOPISER.v.n.  Terme  qui  ne  fe  peut  fouffrir 
que  dans  une  converfation  familière.  On  Ty  pr.Mid 
de  deux  fens.  \°.  Pour  afpirer  à  l'Epilcopat,  npifcj- 
patum  affeclare-^  2°.  Pour  imiter  un  Evêque,  prendre 
àts  airs  &  des  manières  d'Evêque.  On  dit  dans  le 
premier  fens  que  les  Abbés  de  Cour  épifcopifcnt.  On 
die  au  fécond  fens  que  certains  Curés  épifcopifent  \ 
c'est-à-dire  ,  qu'ils  imitent  les  Evêques  ,  qu'ils 
prennent,  foie  dans  leur  extérieur,  foit  dans  leur 
conduite  ,  des  airs  &  des  manières  d'Evêques. 

ÈPISCYRE.  f.  m.  Sorte  de  jeu  des  Grecs  où  l'on  em- 
ployoit  une  bille.  E'wiV^iugof.  Les  joueurs  tiroient  au 
milieu  du  jeu  une  ligne  appelée  fcyms  ,  fe  fépa- 
roient  en  deux  bandes  ,  &  traçoient  encore  chacun 
une  ligne  derrière  eux  ;  enfuite  on  pofoit  la  balle 
fur  la  iKjne  du  milieu  ,  &  les  joueurs  faifoient  tous 
leurs  efforts  en  courant  pour  l'attraper ,  &  la  jetrer 
au-delà  de  la  ligne  tracée  au  bout  du  jeu  de  leurs 
adverfaires.  Ce  jeu  étoit  auflî  appelé  i^Uoivcs ,  pro- 
mijlua,  &  tipi^ix-k  (  Pollux  ,  /.  9.  c.  -r.  )  Le  Jé- 
fuite  Bulengerus ,  (  de  Lud,  vet,  c.  1 4.  (  dit  que  ce 


EPI 

jeu    étoit    de   fon   temps  fort  à  la  mode  à  Flo- 


rence. 


ÉPISODE.  Ce  mot  eft  mafculin  ou  féminin  ,  mais 
plus  fouvenc  mafculin.  Meilleurs  de  l'Académie  le 
font  mafculin.  Il  fignifie  ,  Incident ,  hiftoire ,  ou  ac- 
tion détachée,  qu'un  Pûcte  j  ouun^Hiftonen  in- 
fère &  lie  à  fon  aélion  principale  ,  pour  remplir 
fon  Ouvrage  d'une  plus  grande  diverfité  d'événe- 
mens.  Epijodium.  L'Hiftoire  de  Didon  elt  un  agréa- 
ble épifode  dans  l'Enéide.  Les  digrellions  ne  font  pas 
des  cpifodes.  Les  épi/odes  ne  font  guère  bien  reçus 
dans  le  Dramatique.  Il  faut  que  cous  les  épifodcs 
foient  liés  à  l'action  principale  ,  enlorte  qu'ils  eu 
foient  comme  des  dépendances  &  des  parties  né- 
celfaires.  Le  P.  le  B.  Les  épifodes  doivent  être  au- 
tant de  membres  du  corps  auquel  ils  font  arrachés , 
&  autant  d'incidens  qui  n'empêchent  point  l'unité 
d'action.  Id.  Les  cpifodes  ne  doivent  être  ni  con- 
trainrs  J  ni  forcés  j  ni  amenés  de  trop  loin  ,  pour  ne 
paroître  pas  étrangers  \  ni  trop  fréquens  ,  pour  ne 
point  faire  de  confufion.  Id. 

Ce  mot  vient  d't=r'  &  de  ^^'1  ,  cantus. 
Épisode.  Seconde  partie  de  l'ancienne  Tragédie.  Les 
épifodes  n'étoient  d'abord  que  des  récits  qui  fe  fai- 
foient entre  les  chants  du  chœur  dans  l'ancienne 
Tragédie ,  pour  délalfer  le  chœur  ,  &  défennuyer 
les  fpectateuis.  Ainfi  c'étoient  des  pièces  ajoutées  à 
la  pièce  principale  ,  dont  ils  ne  faifoient^point  une 
partie  nécelfaire.  C'eft  pourquoi  on  les  appela  épi- 
fodes. Ces  divers  épifodes  pouvoient  être  tués  d'au- 
tant de  fujets  diftérens ,  ou  être  cous  pris  d'un  mê- 
me fujet  divifé  en  autant  de  parties ,  ou  dincidens, 
que  l'on  vouloic  mettre  d'intervalles  pour  lailfer  re- 
pofer  le  chœur.  Mais  ces  pièces  hors  d'œuvre,  cjui 
d'ordinaire  n'étoient  point  liées  enfemble  ,  &c 
n'avoient  aucun  rapport  entre  elles  ,  devinrent  en- 
fin le  principal  de  la  Tragédie.  Les  meilleurs  Poètes 
les  tirèrent  d'une  feule  aél:ion,enforteque  ces  récits, 
partagés  par  les  chants  du  chœur,  étoient  des  mem- 
bres dépendans  les""uns  des  autres.  On  regarda  même 
comme  une  irrégularité  ,  &  une  pluralité  vicieufe, 
quand  les  épifodes  croient  compofés  de  divers  inci- 
dens.  Les  pièces  les  plus  fimples  &  les  moins  intri- 
guées étoient  les  plus  fujetces  à  cette  irrégularité  , 
parce  qu'ayant  moins  d'incidens  j  la  matière  étoit 
épuilée  dès  le  premier  récit.  Il  s'enfuit  de-là  que  les 
épifodes  devinrent  des  membres  naturels  &  nécef- 
faires  de  la  Tragédie  ,   &  que  ce  n'étoient  plus  des 

fiièces  étrangères  ,  &  inférées  ,  comme  le  fignifie 
e  terme  à'epifode.  C'eft  pourquoi  Ariflote  ,  en  re- 
tenant ce  terme  trompeur ,  confond  \ épifode  avec 
la  Tragédie  ,  &  donne  des  règles  pour  la  Tragédie 
fous  le  nom  ^épifode.  Les  épifodes  font  donc  ,  fé- 
lon la  définition  d'Ariftote  j  les  parties  néceQ'aires  de 
l'action  ,  étendues  avec  des  circonflances  vraifemhla- 
blés  :  c'eft-à-dire  ,  que  les  épifodes  ne  font  point 
des  adions  particulières  ;  ce  font  des  parties  d'une 
a£tion.  Ils  ne  font  point  ajoutés  à  l'aétion  &  à  la  ma- 
tière du  Pocme.  Ils  font  eux-mêmes  cette  aélion  , 
comme  les  membres  font  la  matière  du  corps.  Ils 
ne  font  point  tirés  d'ailleurs  ;  ils  font  pris  du  fonds 
même  de  l'adtion  :  ils  ne  font  point  joints  &  unis 
à  l'aélion  ;  ils  font  joints  &  unis  les  uns  aux  autres. 
Enfin  cette  union  des  uns  avec  les  autres  eft  nécef- 
faire  dans  le  fonds  de  V épifode  ^  &  vraifemblable 
dans  les  circonftances  :  ainli  ce  n'eft  pas  là  ce  qu'ct\ 
entend  aujourd'hui  par  épifode.  La  chofe  a  retenu 
le  nom  de  fa  naiflance  &  de  fon  origine  ,  quoique 
dans  la  fuite  elle  en  ait  perdu  la  nature,  /''oye^  le  P. 
Le  Bolfu  ,  la  Pratique  du  Théâtre  ded'Aubicnac,& 
les  Commentaires  de  Caftelvetro,  de  M.  Dacicr  , 
&c.  fur  la  Poétique  d'Ariftote. 
Épisode  ,  en  Peinture.  En  matière  de  Peinture  comme 
en  matière  de  Pocfie  j  on  appelle  épifode,  toute  ac- 
tion accelfoire  qu'on  ajoute  à  l'aélion  principale  , 
pour  l'étendre  ,  ou  pour  l'embellir. 
ÉPISODIER.  V.  a.  Etendre  par  les  épifodes.  P.pifo- 
dier  une  adion.  Quand  le  Pocte  a  compofé  fa  fable, 
fon  fujet,  L^:  qu'il  a  impofé  le  nom  à  fes  p  jtfonaa- 


EPI 

ges  ,  il  do?t  Xépifoihr  par  fes  circonftane»s.  Ac.  Fr. 
1718.  Ce  mot  n'eft  guère  uficé. 

E?isoDiÉ,  ÉE.  part.  Epifodits  ornatus  j  a  ,  um.  Quelle 
fable  ridiculement  epifoiiée  !  Houtteville. 

ÊPISODIQUE.  adj.  m.  &  h  Epifodkas.  ArUtote  ap- 
pelle Fable  épijodique,  une  action  chargce  d'incidens 
fupetilus ,  &  donc  les  épifodss  ne  iont  pomt  né- 
celîairemenr  ni  vraifemblablemenc  liés  les  uns  avec 
les  autres.  Il  les  condamne  comme  défedtueuies.  Le 
P.  LE  B.  Nos  premiers  Poètes  François  compoioienc 
des  pièces  éplfodiqucs.  Pour  remplir  chaque  Acte  , 
ils  prenoient  des  adtions différences  d'un  Héros, qui 
n'avoienc  aucune  liaifon  entre  elles.  1d.  Comment 
a-t-il  pu  croire  que  les  Dieux  n'étoienc  que  des  per- 
fonnages  tp'fodiques  dans  le  Poëme  Epique  ?  M.  Da- 
ciER.  Il  ne  faut  jamais  noyer  l'objet  principal  dans 
des  détails  épijodiques.  W.  de  Ramsay. 

ÉPISPASTIQ  JE.  adj.  de  t.  g.  fouvent  employé  fubf- 
tantivement.  Terme  de  Pharmacie.  Médicament 
qui  étant  appliqué  attire  les  humeurs.  Kemedium 
epifpaflicum  ,  attrahens.  On  appelle  aullî  ces  fortes 
de  remèdes  du  nom  à'atcrdi^:/s.  Il  y  en  a  qui  agif- 
fent  modérément  j  &  d'autres  avec  beaucoup  de 
violence.  Ceux-ci  enHeit  le  cuir  ,  le  rendent  rou 
ge,  &  y  excitent  même  dis  vellîes.  Les  tpijpjjiiques 
font  le  pyréthre ,  l'ail ,  la  moutarde ,  les  oignons ,  le 
levain  ,  la  hence  d'oie ,  &  celle  de  pigeon  ;  les 
cantharides  ,  &c.  l'ail,  la  moutarde,  \Ôcc.  font  d-s 
médicamens  epifpajiiqnes. 

Ce  mot  eft  Grec  „  il  vient  de  Èsi-i ,  &  de  '■tcù.'j,  at 
traho  j  je  tire. 

Ei'ISSER.  V.  a.  Terme  de  Marine.  Eprjfer  une  corde  , 
c'eft  l'entrelacer  avec  une  autre  en  mêlant  enlem- 
ble  leurs  fils  ou  cordons  j  par  le  moyen  d'une  bro- 
che de  fer ,  ou  de  bois,  ou  de  corne,  qu'on  appelle 
épijjhir. 

Episse  ,  ÉE.  part. 

EPISSOIR.  f.  m.  Terme  de  Marine.  Inftrument  pointu 
de  fer ,  ou  de  bois ,  qui  fert  à  taire  l'épillure. 

ÉPISSURE,  f.  f.  Terme  de  Marine.  C'elt  l'entrelace 
ment  de  deux  bouts  de  corde  que  l'on  fait  au  lieu 
d'un  nœud  pour  plus  grande  commodité.  Ep/Jjurc 
courte  ,  c^eft  lorfque  les  deux  bouts  de  corde  que 
l'on  veut  épiiïer  ^  font  coupes  d'une  même  lon- 
;;ueur  :  épijjure  longue  ,ell  celle  qui  le  fait  avec  des 
bouts  de  cordes  inégaux  ,&  mis  enforte  qu'ils  puif- 
fenc  pader  fur  une  poulie.  Voyez  le  Lîi'diûnn.ûrc 
d'Ozanam  ,  p.  304.  où  vous  trouverez  la  manière 
d'épilfer  deux  cables  enfemble. 

ÉPISTAPHYLIN.  VoyeiSxKvmi.m. 

EPISTATE.  f.  m.  Commandant  ,  celui  qui  com- 
mande ,  qui  a  le  gouvernemenr.  Epijîates.  Ce  mot 
eft  en  uGige  quand  on  parle  de  l'ancien  gouverne- 
ment d'Athènes.  h'EpiJïate  étoic  le  Sénateur  d'A- 
rhènes  en  jour  de  prélider.  Tourreil.  Les  dix 
Tribus  d'Athènes  éliloient  par  an  chacune  au  fort , 
cinquante  Sénateurs  ,qai  compofoient  le  Sénat  des 
cinq  cens.  Chaque  Tribu  tour-à-tour  avoit  la  pré- 
iéance  ,  &  la  cédoit  fucceffivement  aux  autres. 
Les  cinquante  Sénateurs  en  fonctions  fe  nommoient 
Prytanes  ;  le  lieu  particulier  où  ils  s'alfembloient , 
Piytanée ,"  &  le  temps  de  leur  exercice ,  ou  de  la 
Prytanie,duroit  trente  cinq  jours.  Pendant  les  tren- 
te-cinq jours,dix  des  cinquante  Prytanes  prélldoient 
par  femaine  lous  le  nom  de  Procdres  5  &  celui  des 
Proëdres  qui  dans  le  cours  de  la  femaine  étoit  en 
jour  de  prélider  ,s'aopeloit  Epiftate.  On  nepouvoit 
l'être  qu'une  fois  en  fa  vie ,  de  peur  qu'on  ne  prît 
trop  de  goût  à  commander.  Les  Sénateurs  des  autres 
Tnbus  ne  lailfoient  pas  d'opiner  _,  félon  le  rang  que 
lelorcleur  avoit  donné;  mais  les  Prytanes  convo- 

Îjuoient  l'alfernblée ,  les  Proëdres  en  expofoienc  le 
ujet ,  XEpiJîace  demandoit  les  avis.  Tourreil.  Il 
faut  remarquer  que  de  dix  Proëdres  de  chaque  fe- 
maine il  n'y  en  avoit  que  fept  qui  préfidoient  cha- 
cun fon  jour ,  &:  trois  qui  ne  le  faifoienc  point ,  & 
31'écoient  point  Epijîates.  Les  dix  Proëdres  élifoient 
les  fept  Epifldtcs.  Voye\  Prytane. 
Ce  nom ,  qui  cil  Grec ,  vient  A"fs\^fupci\  Si  •'^'if'-i, 


EPI  797 

J?o.  Un  Epïflau  ctoit  celui  qui  étoit  fur  les  autre  s, 
le  chef  des  autres. 
ÉPISTÉMONARQUE  ,  ou  ÉPISTOMONARQUE  : 
le  premier  elt  mieux,  f  m.  Nom  de  dignité  dans 
l'Eghfe  Grecque.  C'étoit  celui  qui  étoic  prépofé 
pour  veiller  fur  la  dodtrine  de  l'Eglife.  Le  Cenfeur 
de  la  dodrinc.  Epijlemonarcha  _,  Epijlomonarcha. 
VEpiJiémonarque  avoit  foin  de  tout  ce  qui  concer- 
ne la  foi.  Son  office  répondoir ,  à-peu-près  ,  à  celui 
du  Maître  du  facré  Palais  à  Rome. 

Ce  nom  vient  d'isr'V?^' ,  fcio  ,  ist91iu.it  fcience 
\zn74f<.!>!i  ^  Javant  y  Se  «f;ei ,  commandement .,  préfi- 
dence  j  intendance. 
ÉPiSTOLAIRE.adj.  de  t.  g.  Qui  appartient  .à  l'épître, 
qui  concerne  la  manière  d'écrire  des  lettres,  h.pijlo- 
laris  ,  epijiolicus.  Il  ne  fe  dit  qu'en  ces  phrafes ,  Style 
épiftoUire  ,  Genre  épiflolaire.  On  dit ,  fubltantive- 
ment ,  les  Epi(lolaires  ,  pour  les  Auteurs  qui  ont 
écrit  des  lettres ,  dont  les  lettres  ont  été  recueillieSj 
comme  Sidonms  Apollinaris  ,  Sénéque ,  Pline  le 
Jeune  ,  Pétrarque  ,  Busbecq  ,  Erafme  ,  Jufte- 
Lipfe  ,  Muret  ,  le  P.  Petau  ,  M.  Sarau  j  M.  de 
Bulfy  Rabutin  ,  &c.  On  trouve  dans  les  EpiJIolaires 
des  faits  parriculiers  qui  peuvent  fervir  à  éclaircir 
des  points  d'Hiltoire,  qui  feroient  obfcurs  fans  leur 
fecours.  P.  Menestrier.  J'ai  toujours  été  de  l'avis 
du  P.  Petau  ,  que  dans  les  nouvelles  éditions  qu'on 
fait  des  Ameats  e'pifioLiires ,  il  ne  faut  pas  changer 
l'ordre  des  épîtres,  fous  prétexte  d'en  donner  un 
meilleur,  BaluzEj  duns  les  Mém.  de  Trév.  1714. 
p.  1 547.  Balzac  &  Voiture  ont  réu(îi  dans  le  genre 
épi(iolaire ,  De  Vign.  Marv.  Il  faut  ajouter  auffi 
Rabutin  Se  Madame  de  Sevigné. 

f3"  Ce  jugement  ne  s'accorde  point  avec  celui 
que  des  gens  plus  capables  d'apprécier  le  mérite  , 
ont  porté  des  lettres  de  Balzac.  L'art  où  cet  Ecrivain 
s'elt  employé  toute  fa  vie  ,  eft  celui  qu'il  favoit  le 
moins ,  je  veux  dire  l'art  de  faire  une  lettre  .•  car  , 
quoique  les  fiennes  foient  toutes  pleines  d'efprit  Se 
de  chofes  admirablement  dites  ,  on  y  remarqua 
partout  les  deux  vices  les  plus  oppofés  au  genr» 
épiflolaire  ,  l'atfedtition  &  l'enflure.  Boa. 

ce?  Je  ne  crois  pas  non  plus  que  celles  de  Voiture 
trouvent  aujourd'hui  desadmirareurs.  Quoiqu'elles 
pétillent  d'efprit ,  on  eft  choqué  du  ton  finguliet 
qu'il  affedte  ,  &  de  l'inexaétitude  de  fon  ftyle. 

03"  Pour  celles  de  Madame  de  Sevigné  ,  i!  y  a 
apparence  qu'elles  palïèront  à  la  poftérité  comme 
un  modèle  du  ftyle  épiflolaire^  c'eft-à-dire  ,  du  ton 
fimple,  aifé  &  naïf  de  la  converfation  ,  qui  en  fait 
tout  le  mérite.  Je  voudrois  pourtant  qu'on  en  re- 
tranchât quantité  de  petits  riens  doucereux  adrefles 
à  fa  fille  ,  qui  m'affadilfent  le  cœur. 
ÉPISTOLIER.  f.  m.  Ce  mot  ne  fe  dit  qu'en  badinant, 
de  ceux  qui  font  célèbres  par  le  grand  nombre  de 
lettres  qu'ils  ont  compofées.  Voiture  ,  Coftar,  &c. 
font  au  nombre  des  EpifioUers. 
Epistolier.  Auteur  de  Lettres.  C'eft  le  titre  que  Mé- 
nage ,  dans  fa  Requête  des  Diétionnaires,  p.  2(îi. 
du  4.  to.  du  Ménagiana  j  a  donné  à  Balzac. 

Au  politique  Prie\ac  j 

Au  grand  Epiftolier  i5û/^ac. 

On  appelle  Balzac  le  grand  EpiJloUer  de  France. 
Epistolier  ,  (e  dir  dans  quelques  Chapitres  pour 
celui  qui  à  la  Mefte  chante  l'Epître.  Cantor  EpiJloU. 
Ce  Chapitre  a  plulîeurs  Chapelains  à  fon  fervice , 
en  qualité  de  Chantres  j  de  Vicaires,  à'EpiJloUers^ 
d'Evangéliftes.  Dicl.  étym.  de  Men. 

iÇT  Ab  epiftoUs  fervus .  C'étoit  chez  les  Roinains 
Tefclave  qui  écrivoit  fous  fon  'maître  les  lettres 
,  qu'il  lui  didoit ,  &  fervoit  de  fecrétaire. 
EPISTYLE.  f  f  Terme  d'Architedure.  Epiflylium. 
C'eft  ainfi  que  les  Grecs  nommoient  ce  qu'on  ap- 
pelle maintenant  <7r<:A/fr(2ve  ;  c'eft-à-dire  ,  la  pierre 
ou  la  pièce  de  bois  qui  pofe  fur  le  chapiteau  des 
colonnes. 

Ce  vnot  vient  de  i^^ ,  &  de  f»^W ,  colonne ,  parce 


7^8 


EPî 


que  Xe'pifîyle  j  ou  l'architrave  eft  au-deffus  de  la  co- 
lonne. 

ÉPITAPHE.  f.  f.  Monument  qu'on  drefle  à  l'honneur 
d'un  déhint  pour  en  conferver  la  mémoire  j  inl- 
cription  pour  marquer  le  temps  de  fa  mort ,  &  qui 
contient  quelque  éloge  de  les  vertus  ,  &  de  ies  bon- 
nes qualités.  ib/'iw/'/^/i^OT  ,  ùtulus  fepulcri.  Epkaphe 
gravée  fur  le  cuivre.  Le  P.  Labbe  a  lait  un  Recueil 
qu'il  appelle  le  Tréjbr  des  Epuaphes.  Ronfard  a 
fait  ce  mot  mafculin.  Quelques-uns  l'ont  cru  des 
deux  genres.  Aujourd'hui  on  ne  peut  l'employer 
qu'au  téniinin. 

Madame  de  Crécy  fit  ces  quatre  vers  fur  Mada- 
me de  Montbafon  ,  qu'elle  n'aimoit  pas,  qui  tomba 
fous  un  pont ,  &  qu'on  crut  ftoyée. 

Cy  gijl  Olympe  ,  à  ce  qu'on  dit  : 
S'il  n'ejl p-is  vrai,  comme  onfouhaite^ 
6'(j/2  épitaphe  ejl  toujours  Jaice  : 
On  ne  fait  qui  meurt ,  ni  qui  vit. 

fCT  On  donnoit  anciennement  le  nom  à'Epitaphe 
aux  vers  que  l'on  chantoit  en  l'honneur  des  morts  le 
jour  dî  leurs  obféques ,  &  que  l'on  rcpétoit  tous 
les  ans  à  pareil  jour.  Il  s'ell  pris  depuis  pour  l'inf- 
cription  qu'on  met  fur  les  tombeaux  ,  tantôt  en 
vers  ,  tantôt  en  profcj  pour  couler  ver  la  mémoire 
des  déhints, 

êfT  Les  Grecs  mettoient  fimplement  le  nom  de 
celui  qui  étoit  mort,  avec  l'épithète  de  bon  homme, 
bonne  femme;  d'où  vint  {'cx^ïtiïxon  xf^n  TsaCw, 
faire  bon  ,  pour  dire  ,  faire  mourir.  Les  Athéniens 
mettoient  feulement  le  nom  du  mort  ,  celui  de  fon 
père  \  &  celui  de  fa  Tribu.  Les  Romains  ajoutoient 
au  haut  de  leurs  Epuaphes  ,  Diis  manibus.  Quel- 
quefois les  Epitaphes  ctoieut  remplies  de  morali- 
tés ,  accompagnées  de  pièces  de  Sculpture  &  d'v\r- 
chitecture  ,  qui  ne  fervoient  pas  feulement  d'orne- 
ment aux  tombeaux  ,  mais  encore  d'inftruélion  à  la 
pollécicé  ,  par  les  aitions  illuftres  qu'elles  repré- 
fentoient  ,  &  par  les  penfées  morales  qu'elles 
exprimoienr. 

A  Lacédémone  on  n'accordoit  des  epitaphes  qu'à 
ceux  qui  étoient  morts  à  la  guerre.  Abl.  Un  Pocte 
préfentant  à  un  grand  Prince  Xépitaphc  de  Molière  , 
qu'il  avoit  faite  :  Plût  à  Dieu  ,  dit  le  Prince  en  la 
recevant ,  que  Molière  me  préfentàt  la  vôtre.  Bons 
MOTS.  Boxhornius  a  fait  un  recueil  ^epitaphes  peu 
étendu  ,  mais  de  fort  bon  goût.  De  Vign.  Marv 

Ce  mot  vient  d'È^^ri ,  &  de  T^ipor,  fepulcrum. 

On  dit  proverbialement ,  Menteur  comme  une 
épitaphe  ,  parce  que  les  éloges  qu'on  fait  des  morts 
dans  leurs  epitaphes  ne  font  pas  toujours  mérités. 
Epitaphe  ,  fe  dit  aulll  de  certains  éloges  en  profe,  ou 
envers,  qui  demeurent  fur  le  papier,  fans  aucun 
delfein  de  les  faire  graver  fur  les  tombeaux.  Dans 
les  Recueils  d'Epigrammes  on  trouve  plulîeurs  epi- 
taphes :  il  y  en  a  même  de  fatyriques. 

ffT  De  toutes  les  epitaphes  faites  pour  Molière  j 
celle  qui  fuit  eft  une  des  plus  eftimées. 

Rofclus  hic  Jîtus  eft  parvâMolierus  in  urnâ  , 
Cuigenus  humanum  liidere  Indus  erat. 

Dum  ludit  mortem  ^  Mors  indignata  jocantem 
Corripit ,  &  Mimum  fingerefâ,va  negat. 

C'eft  Etienne  Bachot ,  Médecin  du  Roi  ,  qui  en 
eft  l'Auteur  ;  du  moins  elle  fe  trouve  à  la  page  40. 
de  îonParerga  ^  feu  horA  fubcifivA  ,  imprimé  à  Pa- 
ris en  i(>8(î.  Elle  y  eft  intitulée,  Molieri  Comoedi 
Tumulus.  Merc.  de  Janvier  i y ^6.  Elle  futainli  tra- 
duite en  vers  François. 

Cette  urne  eft  le  dépôt  des  cendres  de  Molière. 
Ilfefaifoitunjeu  de  jouer  les  Humains: 
Mais  en  jouant  la  mort ,  ilpaffa  par  fes  mains  : 
La  cruelle  à  l'inftant  lui  ravit  la  lumière. 

Épitaphe  ,  eft  auffi  un  morceau  d'Archicedture  ,  ou 


EPI 

de  Sculpture  ,  avec  bufte  &  figures  fymboliques  -, 
qui  fe  met  dans  un  cimetière  ,  ou  contre  les  murs 
d'une  Egiife. 

EPITASE.  f.  f.  Epitafis.  Terme  de  l'ancienne  poëfie. 
C'étoit  fa  féconde  partie  du  pocme  dramatique ,  celle 
qui  fuivoit  la  protafe  j  &  dans  laquelle  fe  faifoit  le 
progrès  de  l'action  avec  tous  les  mcidens  qui  fai- 
îoientlc  nœud  de  la  pièce.  C'eft  proprement  ce  que 
nous  appelons  nœud  &  intrigue. 

Ce  mot  vient  du  Grec  i-^iTà(ns  ^  d'i^inUa  ^  Imendcx. 

Epitase  j  fe  ditaufill  en  Médecine,  de  l'augmentation 
&  du  commencement  de  l'accès  de  quelque  mala- 
die, particulièrement  des  fièvres. 

ÉPITÉ.  f.  f.  Terme  de  Marine.  Petit  coin  ou  cheville 
de  bois  carrée  &  pointue ,  que  l'on  met  dans  le  bout 
d'une  autre  cheville  pour  lagrollir,  ou  à  quelques 
autres  endroits  néceiïaires.  Subfeus,  fibula  lignea. 

ÉPITHALAME.  f.  m.  Terme  de  Poéfie.  Ce  font  des 
vers  faits  à  l'occafion  d'un  mariage  de  quelques  per- 
fonnes  illuftres  ,  un  chant  de  noces  ,  pour  féliciter 
les  époux.  Epithalamium  3  carmen  nuptiale.  Les  épi- 
thalames  du  Cavalier  Marin  ne  font  pas  compara- 
bles à  ceux  de  Catulle  qui  n'ont  rien  de  bien  mer- 
veilleux. Il  eft  apparemment  bien  difficile  de  réulîic 
dans  ce  genre  de  poëfie,  puifque  les  meilleurs  poè- 
tes n'ont  rien  fait  qui  vaille.  Quelquefois  ce  mot  eft 
écrit  fans  h  ,  épitalame.  f^oye^  les  fables  de  Madame 
de  Villedieu. 

Epithalame.  Les  Graveurs  de  Hollande  appellent 
ainli  certaines  eftampes ,  laites  en  l'honneur  de  quel- 
ques nouveaux  mariés,  dans  lefquelles  on  les  repré- 
iente  avec  des  attributs  allégoriques  ,  convenables  à 
leur  état  &   à  leur  qualité.    Perfonne  n'a  mieux 

-  réufii  dans  ce  genre  que  Bernard  Picart.  Diciion~ 
naire  de  Peinture  &  d'ArchiteBure.  Avant  Picart  per- 
fonne n'avoit  encore  fait  de  ces'  fortes  d'eftampes 
allégoriques  :  la  mode  s'en  eft  établie  en  Hollande 
de  fon  temps.  Ces  eftampes  ne  paroiiloient  jamais 
qu'accompagnées  de  vers  Hollandois  ;  &  c'est  ce  qui 
les  a  fait  appeler  Epithalames. 

Ce  mot  vient  d'sîs-< ,  &  de  ^â>^»fio?  j  cubile  nup-^^ 
tiale. 

ÉPITHÈME.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie.  C'est  une 
efpèce  de  fomentation  fpiritueufe  ,  un  remède  ex- 
terne qu'on  n'applique  que  fur  les  régions  du  cœuc 
ou  du  foie,  pour  les  fortifier,  ou  pour  les  corriger  de 
quelque  intempérie.  Epithema.  Il  y  en  a  de  deux  for- 
tes ,  le  liquide  &  le  folide.  h'épitheme  liquide  est 
une  efpèce  de  fomentation  plus  fpiritueufe  que  les 
autres,  h'épitheme  folide  est  un  mélange  deconferves 
de  thériaque ,  de  confeélion  ,  de  poudres  cordiales  , 
qu'on  étend  ordinairement  fur  un  morceau  d'écar- 
late  ,  ou  fur  du  cuir. 

Ce  mot  eft  Grec  :  il  vient  d''«r< ,  &  de  rlâ-i}f*i , 
pono,  impono. 

ÉPITHÈTE.  f.  m.  Epitethum.  Les  Anciens  l'ont  tou- 
jours fait  mafculin.  M.  de  Vaugelas  veut  qu'il  foit 
plutôt  féminin  que  mafculin.  Je  crois  qu'on  Je  peut 
faire  indifféremment  l'un  &  l'autre.  Mén.  M.  de 
Balzac  a  dit  épithètes  oijijs.  Meffieurs  de  l'Académie 
fur  le  Cid  l'ont  fait  du  même  genre  ,  dans  la  der- 
nière édition  de  leur  Diélionnaire  (1740.)  ils  le 
font  féminin.  Cet  ufage  a  prévalu  ,  &  tout  le  monde 
fait  ce  mot  du  féminin.  C'eft  un  nom  adjeétif ,  qui 
défigne  quelques  qualités  d'un  nom  fubftantif  qui  1  ui 
eft  joint.  Je  voudrois  qu'on  lou.ât  les  Héros  par  les 
chofes  ,  &  point  par  les  épithètes.  M.  Scud.  Homère 
enclave  trop  fouvent  des  épithètes  vagues  pour  la 
commodité  du  Pocte.  Perr.  Homère  équipe  chaque 
Hèios  à'm\Qépithète  ,  non  pas  félon  l'exigence  des 
cas ,  mais  félon  la  mefure  des  vers.  Id. 

Encor ,  fi  pour  rimer ,  dans  fa  verve  indifcrete  j 
Ma  Mufe  au  moins  fou  ffroit  une  froide  épithète, 

ÉpiTHâTE  ,  eft  auffi  un  furnom  ,  ou  une  féconde  ap- 
pellation. Anciennement  les  François  donnoient  des 
épithètes 3.ax  perfonnes  avec  adez  de  liberté  ,  fou 
par  rapport  aux  défauts  de  l'efprit ,  foit  par  rap- 


E  P  I 

port  à  ceux  àa  corps.  Les  Rois  eux  -  mêmes  n'en 
étoienc  pas  exempts.  De-là  viennent  ces  épichèces  fi 
fréquentes  dans  l'Hiftoire.  Charles  le  Simple,  Louis 
le  hainéant  j  Luiovicus  nihiljaciens ,  Pepin  le  BreJ , 
Louis  le  Bègue.   Pasq. 

fC7  On  peut  établir  delà  la  différence  qui  fe 
trouve  entre  adjeciif&c  epichèce.  Tous  les  adjeéliis 
qui  fervent  à  marquer  les  qualités  particulières 
des  perfonnes  ou  des  chofes ,  s'appellent  proprement 
épichetes  •  ceux  qui  expriment  les  qualités  communes 
gardent  le  nom  à'adjeclijs. 

Le  mot  e'phhète  vient  du  Grec  sï3-i'.9-£T«fr,  adjcclicius, 
ajouté. 

ÉPITHYME.  f  m.  Terme  de  Botanique.  Ce  font  des 
fîlamens  roulfâtres  qui  viennent  fur  le  Thim  ,  d'où 
vient  qu'on  leur  a  donne  ce  nom.  Epithymum.  VE- 
pickyme  n'a  point  de  feuilles-  Ses  racines  font  lon- 
gues ,  de  couleur  brune.  Ses  Ûevfts  lont  de  petits 
godets  ,  dans  le  fond  def^uels  il  y  a  un  trou  :  elles 
font  évafées  en  haut ,  &  découpées  en  quatre  ou 
cinq  pointes.  Leur  calice  poulfe  un  piftil,  tjui  s'em- 
boîte dans  le  trou  de  la  fleur  ;  Ik  lorfqu'elle  efi:  paf- 
fée ,  ce  piftil  devient  un  fruit  membraneux ,  pref- 
que  rond  ,  élevé  de  trois  ou  quatre  c'^tes  arrondies. 
Ce  fruit  eft  percé  dans  Ig  tond  ,  &c  il  s'applique  lur 
une  petite  capfule  qui  eft  au  fond  du  calice  ,  lequel 
envelope  le  bas  de  ce  truit.  Il  renferme  quelques 
femences  alTcz  menues.  Vepichymc  purge  doucement 
les  humeurs  féreufes  &  mélancoliques  :  on  s'en 
fert  dans  la  galle  ,  dans  les  aftecf  ions  hypochon- 
driaques ,  &  dans  les  obftrudions.  C'eft  une  elpèce 
de  culcute  que  G.  Bauhin  appelle  epithymum ,  Jïve 
^  cufcuta  /Tziwor.  PiNAC.  119. 

EPITIE.  f.  m.  Terme  de  Mer.  Petit  retranchement  de 
planches  fait  le  long  du  côté  d'un  vailfeau  ,  ou  à 
quelque  autre  lieu  pour  mettre  les  boulets.  Imniuni- 
tio  ,  detraciio. 

EPITOGE.  f.  f.  Epitogium.  C'étoit  une  efpèce  de 
manteau  que  les  Romains  mettoientfur  la  toge,  qui 
étoir  leur  habillement  diftin6tif.  Le  mot  épicoge  eft 
encore  préfentement  en  ufage  ,  &  fe  ditd  une  forte 
d'habir  que  les  Eccléiîalliques  mettent  par-delfus 
leurs  autres  habits.  > 

C'eft  aulîî  une  efpèce  de  chaperon  ou  de  capuce 
que  les  Préfidens  à  Âlortier ,  &  le  Greffier  en  chef 
du  Parlement ,  portoient  autrefois  fur  la  tête  dans 
les  grandes  cérémonies  ,  de  qu'ils  ne  portent  plus 

,  que  fur  l'épaule.  Ac.  Fr, 

EPITOIR.  f.  m.  Inftrument  de  fer  pointu  &  quatre  , 
pour   couvrir  le   bout  d'une  cheville  de  bois ,  & 
y   mettre    un   coin  ,    qui  eft    une  autre   cheville 
quarrée  de  bois  ,  qu'on  appelle  épice ,  afin  de   la, , 
renfler. 

ÉPITOME.  f.  m.  L'abrégé,  le  précis,  le  principal 
d'un  livre  qui  traite  amplemenr  d'une  matière  , 
Epicome  ,  compendium.  \J Epitome  de  Baronius  a  été 
fait  par  M.  de  Sponde.  Bernier  a  tait  XEpitome  ou 
X  Abrégé  de  la  P  hdofophie  de  Gaffendi. 

ÉPITRAGIE.  Terme  de  Mythologie.  Surnom  donné  à 
Vénus ,  parce  qu'elle  fe  changea  en  Chèvre.  Théfée 
étant  prêt  d'aller  en  Crète  pour  tuer  le  Minotaure  , 
fit  des  facrifices  à  Apollon  &c  à  Vénus  j  &  l'Oracle 
de  Delphes  lui  ordonna  de  prendre  Vénus  pouri 
guide  ,  &  de  lui  immoler  une  chèvre  fur  le  bord  de 
la  Mer,  laquelle  fut'changée  en  bouc,  d'où  vient 
le  furnom  Epigragia  ,  de  rfâyn ,  hircus  :  AulII-tôt  la 
Déelfe  lui  apparut  fous  la  figure  d'une  Chèvre.  Hof- 
MAN  ,  Gyraldi.  (  Hijl.  Deor.  Sync.i^.) 

ÉPITRE.  f.  f.  Lettre  milfive.  Epijlota.  Il  ne  fedlt  main- 
tenant que  de  petites  lettres  en  vers  qu'on  écrit  à  fes 
amis,  ou  des  £)'^Vej  préliminaires  ou  dédicatoires 
qu'on  met  à  la  tête  des  livres.  La  Serre  ne  vivoit  que 
d'£/'/frejdédicatoires.  G.  G.  Quand  il  s'agit  des  let 


EPI  7^9 

Pierre.  Les  Epures  As  S.  Paul  aux  Corinthiens,  &c. 
11  taur  ajouter  qu'on  dit  aujourd'hui  lenres  aulli- 
bien  (\\\epLtres ,  en  parlant  de  celles  des  Anciens. 
Lettres  de  Cicéron  à  Atticus ,  lettres  de  S.  Auguftin , 
de  S.  Bernard  ,  &c.  Mais  on  dit  toujours  epi'ins  , 
en  parlant  des  parties  de  la  Sainte  -  Ecriture  qui 
font  en  forme  de  lettres.  Epures  de  S.  Paul ,  de 
S.  Jean ,  &c. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ïsrjs-ÉAAa  ^  micto. 

ÊpÎtre  ,  fignifie  aulli  cette  partie  de  la  Meffe  chantée 
par  le  Soudiacre  un  peu  avanr  l'Evangile  ,  &  qui 
eft  un  texte  de  l'Ecriture-Sainte.  Cette  partie  de  la 
Sainte-Ecriture  n'eft  jamais  prife  de»  quatre  Evan- 
giles ,  mais  de  quelque  autre  endroit  de  la  Bible ,  Se 
fouvent  des  Epures  de  S.  Paul ,  ou  des  Epures  des 
autres  Apôtres  j  ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom 
d'Epiùe.  Chanter  fur  le  ton  de  VEpirrc.  Il  y  a  à 
l'Autel  le  côté  de  l'/:/'/rrt? ,  qui  eft  le  côté  droit  du 
célébrant. 

On  dit  en  proverbe  ,  qu'un  homme  eft  familier 
CQmme  les  Epures  de  Cicéron ,  parce  qu'on  a  appelé 
les  Lettres  de  Cicéron  à  fes  amis ,  les  lettres  ou 
épures  familières.  Mais  c'eft  un  abus ,  &  il  y  a  long- 
temps que  les  Savans  ont  remarqué  que  le  titre  des 
t pures  de  Cicéron  ii'étoit  pas  LpijloU  Jamiliares  , 
mais  epifioU  ad  jamiliares.  Il  y  a  dans  les  épures  de 
Cicéron  des  chofes  qui  ne  font  rien  moins  que  ce  que 
nous  appelons  yaOT//.'er  en  François.  Les  épures  de 
Cicéron  à  Atticus  font  en  quelques  endroits  plus  fa- 
milières que  les  autres  ,  parce  qu'il  y  écrit  fans  dé- 
guifement  &  en  confidence  ,  tout  ce  qu'il  lui  auroïc 
dit  dans  un  entretien  familier. 

EpÎtre  Dedicatoire.  C'eft  VEpùre  qu'un  Auienr 
met  à  la  tête  de  Ion  livre,  &  par  laquelle  il  l'otirc, 
il  le  dédie  à  la  perfonne  à  qui  cette  izpure  eft  adref- 
fée.  Epijîola  dedicatoria  ,  nuncupatoria.  Que  dites- 
vous  de  ces  perfonnages  qu'on  introduit  dans  les 
Epures  dédicatoires  ?  L'Auteur  d'un  ouvrage  qui 
traite  des  conquêtes  de  Céfar,  ou  des  aventures 
d'Hippolyte  ,  ne  fait  point  de  difficulté  de  dire  à 
un  Prince,  en  lui  dédiant  fon  Livre  :  P'oici  le  Vain- 
queur des  Gaules  qui  vient  vous  rendre  fes  homma- 
ges. Hippolyte  fort  du  jond  des  bois  dans  le  deffein 
de  vous  Jaire  fa  cour.  Il  n'y  a  rien  de  plus  faux  que 
cela  ,  &  c'eft  fe  mocquer  que  de  confondre  le  livre 
qu'on  dédie  avec  le  Fléros  qui  tait  le  fujet  du  livre  ; 
à  moins  que  l'Auteur,  par  une  efpèce  de  fiction  , 
ne  falfe  parler  fon  Héros ,  ou  fon  Héro'ine  ,  au  lieu 
de  parler  lui-même  :  comme  l'a  tait  fpirituelliment 
un  de  nos  Poètes,  en  taifant  imprij|ier  une  pièce 
de  Théâtre.  Cependant  Voiture  confond  le  Fléros 
avec  le  Roman,  &  prend  l'un  pour  l'autre  dans  deux 
de  fes  lettres.  Si  j'olois  condamner  Voiture  ,  je  di- 
rois  qu'en  ces  rencontres  il  s'oublie  un  peu  ,  bc  fore 
du  caradère  de  véritable  Bel-efprit  \  mais  j'aime 
mieux  dire  qu'il  fe  joue  agréablemenr  de  fon  fujet, 
&  que  des  lettres  galantes  ne  demandent  pas  une  vé- 
rité \\  auftère  ,  que  des  Epures  dédicacoires ,  qui  font 
d'elles-mêmes  graves  &  férieufes.  Bouh.  f^oye^  en- 
core DEDICATOIRE. 

ÉPITRITE.  f  m.  TermedePocfie  Latine  &  de  Pro- 
fodie.  Les  Anciens  avoient  quatre  pieds  compolés 
qui  s'appeloient  Epitrites  ,  fous  le  titre  à'Epitrite 
premier  j  fécond  rroiiième  &  quatrième.  VEpitrice 
premier  eft  compofé  d'une  brè/e  &  de  trois  lon- 
gues ,  comme  Salutantes  \  \Epitrite  fécond  eft  com- 
pofé d'une  longue ,  d'une  brève  ,  &:  de  deux  lon- 
gues ,  comme  concitati  \  le  troifième  eft  compofé  de 
deux  longues ,  une  brève  &  une  longue ,  comme 
communicant;  enfin,  r/^'/'/Vri/t;  quatrième  eft  com- 
pofé de  trois  longues  &  une  brève,comme  expeclare. 
Les  Epitrites  font  oppofés  aux  Péons. 


très  des  Modernes  ,  l'on  ne  fe  fert  point  du  nom  '  ÉPITROPE.  f.  f.  ou  confentement.  Concejfio.  Figure  de 
èiépure.  On  dit  les  Lettres  du  Cardinal  d'Offit  :  les       Rhétorique ,  par  laquelle  on  accorde  ce  qu'on  poui- 


,  épure. 

Lettres  de  Voiture  :  Epure  feroit  mal  placé.  Mais 
quand  il  s'agit  des  Letttes  Latines  des  Anciens  ,  on 
dit  Epures.  Les  Epîtres  de  S.  Auguftin  ,  de  S.  Jé- 
rôme. Les  Epures  Catholiques  de  S.  Jean  ,  de  S. 


roit  nier  ,  afin  de  difpofer  les  efprits  par  cette  ef- 
pèce d'impartialité  à  nous  accorder  de  même  ce 
que  nous  demandons.  Par  exemple  ,  Qu'on  vante 
la  probité  ,  j'y  foufccis ,  &:  je  f"is  ptêt  à  me  taire  : 


Soo  E  P  L 

mais  qu'on  le  propofi  pour  le  modèle  Hes  beaux  ef-| 
prits  j  ma  bile  alors  s'échaufte,  &c. 
EPITROPE.  1.  m.  Juge  ,  Arbitre  ,  que  les  Chrétiens 
Grecs  qui  font  lous  la  domination  du  Turc  élifent 
dans  leurs  villes  ,  pour  décider  les  procès  qui  fur- 
viennent  entre  les  Chrétiens ,  &  pour  éviter  de  plai- 
der devant  les  MagiHrats  Turcs.  Epicropus.  On  élu 
pluheurs  Ephropes  en  chaque  ville.  M.  Spon  dit , 
dans  Tes  Voyages  ,  P.  II.  p.  247.  qu'il  y  en  a  huit 
à  Athènes,  pris  de  différentes  paroitTes,  &  qu'on 
•îes  appelle  aulli  VecchUrdï  \  c'eft-à-dire  ,  Vieil- 
lards. Mais  Athènes  n'eft  pas  le  feui  endroit  où  il  y 
ait  de  ces  Ephropes.  L'on  en  crée  dans  les  Illes  de 
l'Archipel  ,  comme  il  paroît  par  les  Lettres  édifian- 
tes &  curieufes  que  les  Jéfuites  ont  imprimées  fur 
leurs  Miifions.  L'on  y  dit  j  Recueil  X.  p.  3  47.  en  par- 
lant de  Serphoj  Les  Epitropes ,  ou  Primats,  &  le 
Vaivode  Turc,  nous  iirent  beaucoup  de  careffes. 

'Dqs  Auteurs  Latins  du  V^  fiècle  appellent  Epitro- 
pes  J  ceux  que  l'on  appeloit  plus  anciennement  T^U- 
i'ici  ,  &  qu'on  a  appelles  dans  la  fuite  Vidâmes.  Dans 
une  antiquité  plus  reculée ,  les  Grecs  appelcnent 
Epitrope  ,  ce  que  les  Romains  ont  appelé  Procura- 
ror ,  c'eft-à-dire,  un  Commillàire,  un  Intendant 
commis  à  quelque  fonélion,  im  Provéditeuv.  Ainh 
les  Commillaires  des  vivres  dans  les  armées  des 
Perfes  font  appelés  Epitropes  par  Hérodote  &  par 
Xénophon.  Et  le  nouveau  Teftament  Grec  nomme 
■Epitrope  ,  IwÎTfiTToi^  l'Intendant  d'une  [maifon  , 
l'hommô  d'affaires,  que  la  Vulgate  appelle  Pra- 
curcttor.  Mais  il  ne  faut  dire  Epitrope  en  notre  lan- 
gue aujourd'hui  que  pour  défigner  les  Juges  ou  Ar- 
bitres des  Grecs  Modernes  ,  dont  nous  avons  parlé 
d'abord. 

E  P  L. 

ÉPLAIGNER  y  ou  EMPLAIGNER.  v.  a.  Terme  de 
Drapier ,  C'ell  Garnir  le  drap  ,  &  y  faire  venir  le 
poil  par  le  moyen  des  chardons.  Villuni  inducere.  Il 
faut  éplaigner  CQtx.&  pièce  de  drap. 

ÉPLAIGNEUR,  ou  EMPLAIGNEUR.  f  m.  Ouvrier 
qui  avec  les  inftrumens  qu'on  nomme  croix ,  & 
qui  font  montés  fur  des  chardons ,  répare  le  drap  ^ 
c'eft-cà  dire  ,  y  fait  venir  le  poil ,  en  faifant  aller 
ces  croix  depuis  le  haut  jufqu'au  bas  du  drap  qui 
ell:  étendu  fur  une  perche,  failli  iaduSor.  Il  faut 
trois  ans  d'apprentiffage  pour  être  reçu  Eplaigneur. 

EPLORER.  /re  i/z /cîcrywrtj.  Fondre  en  pleurs ,  avoir 
les  larmes  aux  yeux.  Il  n'a  d'ufage  qu'au  participe. 
J'ai  trouvé  ^tte  femme  toute  épLoree  \  on  ne  pou- 


;  ^tl 
nTol 


voit  la  conToler.  On  dit  aulii  épleuré.    Il  furent  au 
Palais  tout  épleurés.  Vaug. 

ÉPLOYER  ,  qui  n'eft  en  ufage  qu'au  participe.  Aigle 
éployé.  Terme  de  Blafon  ,  qui  fe  dit  de  l'aigle  de 
l'Empire  J  qui  a  les  aîles  étendues ,  ^  deux  têtes, 
Biceps  ,  atque  a/is  exp/icatis  ;  ce  qui  fe  dit  particu- 
lièrement à  caufe  de  la  tête  &  du  cou  _,  qui  étant 
ouverts  &  féparés ,  repréfentent  deux  cous  tk  deux 
têtes.  On  appelle  en  général  éployés  ,  tous  les  oi- 
feaux  qui  ont  les  aîles  étendues.  P.  Mén. 
Ce  mot  vient  du  Latin  eAr/'//Ciîre. 

EPLUCHEMENT.  f.  m.  L'aétion  d'éplucher.  Purga- 
tio  ,  ddigentior  invefiigatio  rerum  minimarum.Q'e^ 
un  terme  dont  les  Jardiniers  ,  les  Rubaniers,  & 
autres  ,  fe  fervent.  Les  Jatdiniers  s'en  fervent  j 
quand  il  s'.agit  d'ôter  les  petits  fruits  d'un  arbre  j 
lorfqu'il  y  en  a  rrop  de  noués  :  &  les  Rubaniers , 
quand  ils  ôteiit  les  bouts  de  fil  ou  de  foie  inutiles  de 
leurs  ouvrages.  Vépluchement  des  arbres  ne  doit 
fe  faire  que  lorfque  les  fruits  commencent  à  être 
gros  comme  des  noifettes  ,  enforte  qu'on  foie  af- 
fûté qu'ils  tiennent  bien  ,  &  qu'apparemment  ils 
gtolîiront  jufqu'à  parfaite  maturité.  La  Quint,  qui 
écrit  épeluchcment. 

UC?  La  plûpattdesOuviersdifentfyac^iî^e.  Eplu- 
chage  des  laines ,  des  étoffes. 

EPLUCHER,  v.  a.  Nettoyer  avec  attention  ,  ôterles 
ordures  d'anechofe,  en  retrancher  tout  ce  qu'il  y  a  de 


EPL       EPO 

mauvais,  degâté  ,  d'inutile.  Purgare  y  muniare.  On 
epLuchc  les  herbes  qu'on  met  au  pot ,  la  falade.  On 
épluche  àes  pois,  6:  tout  autre  grain  qu'on  veut  man- 
ger. On  dit  aulli  éplucher ,  pour  ôter  la  vermine. 
Les  gueux  s'épluchent  au  foleil. 

Ce  mot  vient  de  explicare ,  félon  Nicot  ;  &  fé- 
lon Ménage ,  de  expellicare. 

Eplucher  ,  fe  dit  aufli  chez  plufieurs  Artifans  de  ce 
qu'on  ôte  ou  retranche  de  plufieurs  ouvrages  qu'on  a 
faits  ou  défaits.  Les  Ouvriers  en  foie  épluchent  les 
rubans  j  les  étoffes  où  il  demeure  quelques  fils  ou 
bouts  de  foie  inutiles.  Les  Tailleurs  qui  ont  découfii 
un  habit ,  ont  foin  d'en  éplucher  les  points.  Les  Va- 
niers  épluchent  leur  ou''rage  ,  en  ôtant,  en  coupant 
les  brins  d'ofier  qui  font  deflus. 

Éplucher  ,  fe  dit  aulli  des  fruits  dont  il  faut  ôter  une 
partie  quand  il  y  en  a  trop  de  noués.  Eplucher ,  fe 
dit  encore  du  bois  mort ,  ou  du  menu  bois  qu'il  faut 

,   ôter  aux  arbres  fruitiers. 

Eplucher  J  fe  ditfigurément  ,  mais  dans  le  ftyle  fa- 
milier feulement ,  pour  dire  ,  examiner  avec  une 
artention  fcrupuleufe  ,  rechercher  ce  qu'il  peut  y 
avoir  de  mauvais  dans  une  chofe.  Perjcrutû ri. Les  cri- 
tiques ont  épluché  \ss  ouvrages  de  l'antiquité.  Eplu- 
cher quelqu'un  ,  fes  ouvrages  j  fa  conduite  ,  fa 
généalogie ,  &:c. 

Epluché  ,  ée.  part. 

EPLUCHEUR.  f.  m.  Celui  qui  épluche.  Il  fe  dit  au 
propre  &  au  figuré.  Purgator  ,  mundator ^  Jcrutator. 
Il  faut  parler  comme  les  autres  ,  fans  daigner  écou- 
ter ces  éplucheurs  de  phrafes.  Vaug.  Les  La- 
tins difoient  aucupes  fylîabarum  ,  fotmularum  j  cau- 
tionum  ,  &c. 

Éplucheuse.  f  f.  C'eft  ainfi  que  les  Chapeliers  appel- 
lent celle  qui  ôte  la  jarre  de  la  vigogne.  Mundatrix  , 
Purgatrix. 

Eplucheuses.  f.  f.  pi.  Femmes  ou  filles  qu'on  em- 
ploie dans  les  manufiidures  de  draperies  à  manioc 
&  éplucher  les  laines  avant  que  de  les  carder  ou  de 
les  filer. 

EPLUCHOIR.  f.  m.  Terme  de  Vanier.  Sorte  de  petit 
couteau  qui  fert  à  éplucher,  à  parer  l'ouvrage, 
c'etf-à-dire,  à  couper  tous  les  bouts  d'ofier  qui  excè- 
dent l'aire  de  la  pièce. 

|p"EPLUCHURES.  f.  f.  pi.  Sont  en  général  les  ordures 
qu'on  ôte  d'une  chofe  qu'on  épluche  ,  toutes  les  fa- 
letés ,  tout  ce  qu'il  y  a  de  mauvais  j  de  gâté  ou 
d'inutile.  Exuvia  ,  quifquili<t  ^  purgamenta. 

EPO. 

ÉPODE.  f.  f.  Epode.  Efpèce  de  Poëfie.  Dans  la  Pocfie 
Lyrique  des  Grecs  ,  l'épode  eft  la  troifième  partie  , 
ou  la  fin  de  l'Ode;  c'eft-à  dire,  du  chant  divifé  en 
ftrophe  ,  antiftrophe  &  épode.  Ainfi  ce  mot  figni- 
fioit  proprement  la  fin  du  chant  ;  Se  comme  dans 
les  Odes  ce  qu'on  appeloit  épode  renfermoit  tout  le 
chant ,  &c  le  finilfoit ,  on  appela  épode  ,  nn  petit 
vers  qui  étant  mis  après  un  grand,  fermoir  la  pé- 
riode, &  renfermoir  tout  le  fens  qui  étoit  fufpendu 
dans  le  premier  vers.  C'eft  de-là  que  le  V^  livre  des 
Odes  d'Horace  eft  intitulé  ,  Livre  des  vers  épodes , 
ou  livre  où  chaque  grand  vers  eft  fuivi  d'un  petit 
qui  finit  le  fens.  On  a  étendu  encore  plus  loin  la 
fignification  de  ce  mot  ;  car  on  appelle  en  général 
épode  toutes  fortes  de  petits  vers  qui  font  après  un, 
ou  plufieurs  grands  ,  de  quelque  nature  qu'ils 
foient.  Dac.  En  ce  fens  le  Pentamètre  eft  ï'époae 
'  après  l'Hexamètte  ,  qui  eft  le  proodique.  Les  petits 
vers  ne  finilfent  p^s  toujours  le  fens  dans  les  épodes 
d'Horace. 

ÉPOIGNER.  V.  a.  Vieux  mot.  Expofer. 

ÈPOINÇONNER.  v.  a.  Vieux  mot ,  qui  fignifioit 
autrefois  exciter ,  aiguillonner  quelqu'un  par  un 
defir  de  gloire.  Excltare  ,  Jlimulos  addere  ,  Jlimu- 
lare. 

ÉPOINDRE.V.  a.  Piquer  ,  élancer.  iîriOTa/are  j/^ere 

aculeos.  Il  eft  vieux,  , 

ÉPOINTER. 


EPO 

ÉPOINTER.  V.  a.  Ôter  la  pointe  à  quelque  cliofe. 
Acumine  minuere,  Efoïntcr  une  cpée,  une  aiguille, 
un  canif ,  &C. 
EpointeRj  chez  les  Relieurs  ,  c'efl;  racler  avec  un 
couteau  les  bouts  des  ficelles  avec  lelquelles  un 
livre  eft  coufu  ,  afin  de  pouvoir  les  coller  &  les 
palFer  en  carton. 
HpointÉ  ,   É£.  part.  &  adj.  Acumine  diminutus.  On 
appelle  en  termes  de  nianége ,  un  cheval  ép ointe , 
coxà  iiixatus ^Q^\  elt  éhanché,  qui  a  fait  un  tel 
effort  de  hanches ,  que  fes  ligamens  font  relàdiés. 
En  rermes  de  chalfe^un  chien  épointc  ell  ce- 
lui qui  s'eft  calfé  les  os  des  cuilfes. 

ÉPOINTURE.  f.  f.  Eft  un  mal  qui  arrive  aux  chiens, 
quand  l'os  de  la  hanche  qui  fort  au-delFus  du  râ- 
ble a  reçu  quelque  eftort  ou  quelque  heurt ,  en- 
forte  qu'il  eft  plus  bas  que  l'autre  \  Se  alors  le  chien 
ne  peut  plus  fervir.  Coxa  vubms. 

ÉPOIS.  f.  m.  Terme  de  Vénerie ,  qui  fe  dit  de  cha- 
que cor  ou  fommec  de  |la  tête  d'un  cerf.  Surculus, 
digitus.  Il  y  a  des  épois  de  coronure,de  paumu- 
re,de  trochurej&  enfourchure  dans  le  bois  de 
la  tête  d'un  cert. 

ÉPOISSE.  Spinfia ,  ou  Spi^^ffî^t.  C'étoic  autrefois  une 
Maifon  Royale  entre  Avjlon  &  Semur  en  Au- 
xois.  HaJr.  rai.  Not.  Call.p.  loi. 

ÉPOMIDE.  f.  f.  Ce  mot  fignifie  Chaperon-^  vmzc\nQ 
de  dignité.  Quod  idem  fignïficat  quod  fuperhume- 
rale ,  dit  Menochius ,  Exod.  XXVIII.  6.  Sur  le 
pocle  croit  l'Epomide  &  la  ceinture  Re6torale. 
Alcrc.  d'Avril  lyiîJ,  ou  Scwulaire  ,(\.\\w2ini  l'ex- 
plication de  JM.  Fleuri  en  Ion  Hijl.  Ecd.  L'Em- 
pereur Conftantin  fit  ,  dic-il  ,  dépouiller  George 
Syncléte  ,  fon  confident,  premièrement  de  l'Epo- 
mide ou  Scapulaire ,  puis  de  la  cuculle ,  &  on 
les  jetta  parmi  le  peuple  qui  les  foula  aux  pieds. 

ÉPOMIS ,  ou  EPOMIDE.  i.  f.  Terme  d'Anatomie. 
Epomis.  Partie  fupérieure  de  l'épaule  qui  va  ju(- 
qu'au  cou.  Quelques-uns  appellent  épomis,  une 
partie  de  l'os  humérus.  Les  anciens  Médecins  Grecs 
ne  donnoient  ce  nom  qu'à  un  mufcle  placé  où  l'on 
vient  de  dire. 

Ce  mot  eft  Grec ,  &  vient  de  £!»■<  ,  defilis ,  & 
Z/ios ,  l'épaule.  ThÉvenin,  Dicl.  des  macs  Grecs 
de  Médecine,  in.-^°.  166^. p.  jpS. 

ÉPONCE.  f.  f.  Vieux  mot  qui  fe  trouve  dans  de 
certaines  Coutumes  ^  &  qui  veut  dire  ,  Déguerpif- 
fement.  On  y  trouve  aulîi  e/^o/zcer  ;  pour  j  Tenir 
quitte  j  &  exponclion  ,  pour  j  Quittance. 

ÉPONE,  &  EPAUNE.  Nom  d'un  ancien  bourg  ou 
Village  où ,  au  commencement  du  VF  fiècle  ,  fe 
tint  un  Concile  convoqué  par  Avitus ,  Archevê- 
que devienne,  fous  le  règne  de  Sigifmond  ,  Roi 
de  Bourgogne.  Epaonenjls  Ficus.  On  ne  convient 
pas  de  ce  que  c'eft  que  cette  Epone  ,  ni  de  fa  li- 
tuation.  Chifflet  dans  fon  Hifl.  de  Befançon  ,  croit 
qu'il  étoit  dans  l'Evêché  de  Lauzane,  proche  de 
Soleure  ,  parce  qu'on  y  a  trouvé  une  Infcription 
conlacrée  à  la  Déelfe  Epône ,  ainfi  appelée  ,  dit-il , 
du  nom  de  la  ville  ou  du  lieu  à'Epône  j  com- 
me la  Deelfe  Avantica  de  celui  à\4venncum  \  cit 
il  remarque  que  les  peuples  ont  fouvent  donné  à 
leurs  divinités  le  nom  des  villes  où  elles  étoient 
adorées.  D'autres  ont  cru  qa  Epône  étoit  PamierSj 
trompés  par  la  conformité  des  mots  Apamien- 
fe  ,  &  Epaonenfe.  La  même  rai  fon  a  fait  pré- 
férer à  d'autres  Mandeuvre  fur  le  Doux ,  parce- 
quS  cette  ville  eft  appelée  dans  l'ancienne  Géo- 
graphie Epamanduo-Durum  ,  ou  Epamantadurunt 
civitas.  Quelques-uns  ont  dit  que  c'étoit  Beau- 
ne.  Belna.  Plufieurs  l'ont  placé  à  S.  Maurice  dans 
le  Chablais  ,  appelé  anciennement  Agaunum  ,  & 
veulent  qu'au  lieu  à'Eponenfe  ^  on  iife  Agaunenfe 
Conciliuni.  Il  s'en  trouve  même  qui  le  mettent  dans 
la  Tarantaife,  parce  qu'elle  étoit  firuceau  milieu  du 
Royaume  de  Bourgogne.  Chifïlet ,  dans  une  Dif- 
fertation  poftérieure  à  fon  Hijloire  de  Besancon, 
.  s'eft  déterminé  pour  Nions  fur  le  lac  de  Genève  , 
Necuidunum  ,  parce ,  dit-il ,  qu'elle  étoit  la  capitale 
Tome  ni. 


EPO  Eot 

de  la  Province  appelée  Equejlris,  où  la  Déeffe  £>c-- 
ne  etoit  reverce  \  cette  Province  ayant  depuis  été 
nommée  le  Ch.blais,  par  corruption  du  mot  Ca- 
baUica  au  lieu  à^tciuejins.  Chorier  réfute  tous  ces 
ientimens  ^  de  veut  que  Epôna  fou  un  petit  vil- 
lage ou  une  Paroilfe  fituée  entre  Lavier  &  Co- 
lombier,, nommé  à  préfent  Ponas,  à  quatre  lieues 
de  Vienne  ,  &  à  la  même  diftance  de  Lyon.  On 
y  voir  encore  quelques  mafares  qui  font  con- 
noitre  que  ce  lieu  a  été  plus  confidérable.  Cette 
opinion  j  qui  fembloit  avoir  quelque  fondement , 
le  trouve  ablolument  détruite  par  un  ade  tiré  du 
Cartulaire  de  l'Eglife  de  Vienne ,  &  rapporté  dans 
\-x  Diplomatique  du  P.  MabiUon  ,  p.  566.  Il  y  eft 
fait  mention  d'un  lieu  dit  Tortilianum  :  fa  fitua- 
tion  y  eft  marquée  aux  portes  de  Vienne,  &  dans 
un  territoire  voifin  j  «S:  ce  lieu  eft  appelé  indiffé- 
remment Tortilianum  &  Epona.  Il  ne  faut  donc 
point  s'écarter  des  environs  de  Vienne  pour  trou- 
ver le  lieu  à'Epone.  Il  eft  encore  moins  nécelfaire 
de  recourir  à  des  conformités  de  nom ,  ou  à  des 
conjectures  forcées.  \Jïiq  ordonnance  de  Louis  le 
Débonnaire ,  qui  fe  trouve  dans  fes  Capitulaires  , 
rétablit  l'Archevêque  dans  la  potTcllîon  de  fes  an- 
ciens droits,  &  remet  en  fon  pouvoir  le  village 
à'Epone  avec  deux  Eglifes  prefque  ruinées ,  qui 
étoient  dans  l'étendue  de  Ion  territoire  :  l'une  étoit 
dédiée  à  S.  Romain  le  Martyr,  &  l'autre  à  S.An- 
dré. Or  un  Terrier  de  l'Archevêché  marque  que  ces 
deux  Eglifes  étoient  du  côté  de  la  porte  de  S.  Mar- 
tin y  en  tirant  vers  le  Pont  l'Evêque  &  le  Mont 
Salomon.  On  trouve  encore  en  effet  quelques  ma- 
fures  qui  paroilfent  près  de  là  fur  une  petite  hau- 
teur. Tout  ceci  eft  tiré  d'une  Differtation  de  M. 
le  Préhdent  de  Valbonnet,  inférée  dans  les  Mé- 
moires de  l'révoux  171 5.  p.  251.  5c  fuiv. 

ÉPONE.  f.  f.  Nom  d'une  fauffe  Divini:é  du  Paga- 
nifme,Déeffe  tutelaire  des  Muletiers ,  qu'on  ap- 
peloit  autrement  Hippone.  Foye^^  ce  mot  &  le 
précédent. 

ÉPONGE,  f.  f.  Spongia.  Plante  marine  que  l'on  em- 
ploie à  différens  ufages.  Les  Naturahftes  ont  été  de 
tout   temps  fort  embarrallés  pour  la  ranger  dans 
une  des  trois  familles:  plulieurs  la  faifoient  parti- 
ciper du  végétal  Se  do  l'animal  j  ce  qu'ils  appefoienc 
Zoophytes.  On  dit  que  c'eft  une  concrétion  qui  fe 
forme  du  limon  de  la  mer  :  c'eft  n'avoir  pas  égard 
à  faftrutture  organique  qui  lui  eft  propre.  Se  qui 
convient  avec  plulieurs  efpèces  de  ce  même  genre  ; 
d'ailleurs,  fa  végétation  n'eft  point  ordinaire  aux 
pierres.  On  dit  aulîi  qu'elle  tient  de  l'animal ,  parce 
qu'elle  a  un  mouvement  de  relferremens ,  ôc  qu'elle 
renferme  dans  fes  porofités  plufieurs  coquillages  : 
c'eft  ne  pas  connoître  les  eifets  de  lélafticité  j  c'eft 
donner   de  l'intelligence  à  ce  qui  n'en  a  pas.  En 
effet,  il  en  eft  du  mouvement  de  l'éponge  comme 
d'un  paquet  de  laine ,  ou  de   coton ,  qui  j  après 
avoir  été  comprimé  ,  revient  infenfiblenient  à  fon 
premier  état.  Veponge  ordinaire  eft  toute  criblée 
de  trous  plus  ou  moins  grands.  Elle  eft  ordinaire- 
ment jaunâtre,  légère,  arrondie,  d'une  odeur  de 
mer ,  &c  d'un  riffu  fi  ferré ,  qu'on  peut  la  comparer 
aux  étoffes  de  laine.  Elle  boit  l'humidité,  Se  la 
rend  lorfqu'elle  eft  comprimée.  Ve'ponge  eft  d'une 
grande  utilité  dans  les  Arts ,  elle  fert  en  Médecine 
pour  fomenter  des  parties  enfl.immées.  Dans  l'ana- 
ly fe  elle  donne  beaucoup  de  fels  volatils ,  acres ,  de 
même  que  les  aurres  plantes  marines.  L'cponge 
prife  intérieurement  étouffe  :  on  la  donne  coupée 
menu  ,  fricadée,  ou  paffée  dans  du  miel ,  aux  ani- 
maux à  quatre  pieds  j  ce  qui  ne  manque  guère  de 
de  les  tuer  \  car  Ve'ponge  en  fe  renflant  empcche  le 
cours  des  allmcns  dans  les  boyaux.  On  ne  connoit 
guère  l'éponge  que  comme  un  corps  léger,  aride j 
&  forr  poreux,  facile  à  s'imbiber  de  liqueur  com- 
me une  efpèce  de  moulfe.  On  la  trouve  attachée 
fur  des  rochers  de  la  mer. 

Il  y  a  plufieurs  efpèces  d'épongés,  qui  fe  diftin- 

guent  par  leur  figure  j  «C  P»"". '.'^"^  ' ''^"  '  P^"*  ^* 

I  i  i  i  i 


Sol 


EPO 

moins  ferré.  Elles  croiirenc  au  bord  &  au  fond  de 
ia  mer',  fur  des  lochers  &  des  coquillages.  Les 
plantes  qu'on  rapporte  aux  éponges  ,  i^  qui  nailTent 
dans  les  eaux  douces ,  font  friables  lorlqu'elles  font 
féches.  Diofcoride  dit  qu'il  y  a  îles  cponges  mâles 
&  femelles.  Les  mâles  font  épailles ,  &:  ont  des 
trous  petits  &  ferrés  :  les  plus  dures  font  ap- 
pelées par  les  anciens  r^âyi ,  ou  boucs.  Ariftote  du 
■qu'il  y  en  a  de  trois  fortes  j  de  claires,  d'épailfes , 
éc  d'autres  qu'il  nomme  iu/4i//ee«t'^.  Cette  troiliè 
me  efpèce  ell  la  plus  fine,  la  plus  épailfe  6c  la  plus 
forte.  Toutes  les  tponges  s'engendrent  contre  les 
pierres  fur  le  bord  de  la  mer  j  &  lont  nourries  du 
limon.  Les  meilicures  font  celles  qui  croiflent  où 
l'e.TU  eft  la  plus  protonde.  Les  Imprimeurs  fe  fet- 
venc  d'épongés  pour  mouiller  leurs  lettres,  quand 
ils  font  la  diltribution. 

Depuis  les  découvertes  de  M.  Peiïbnel,  on  ne 
doute  plus  que  les  éponges  ne  foient  formées  par 
des  infcdlies  de  mer  j  ainli  que  plulîeurs  autres  pré- 
tendues plantes  marines. 

On  appelle  éponges  pyrotechniques,  celles  qui  (<: 
font  avec  de  grands  champignons  qui  viennent  fur 
les  vieux  trcnes ,  chênes  ou  lapms  ,  qu'on  hait 
bouillir  après  qu'ils  ont  été  féchés  j  Ik  bien  battus 
dans  une  forte  leîlive  de  falpêtre  ,  &  derechef  fé- 
chés au  four.  Ce  font  les  mèches  noires  d'Allema- 
gne propres  à  prendre  feu  lous  une  pierre  à  fulil 
qu'on  bat ,  c'eli  ce  qu'on  appelle  amadou. 

Eponge  ,  en  termes  de  Manège  j  fe  dit  de  l'extrémité 
du  fer  d'un  cheval  qui  répond  à  fon  talon  j  tk.  qui 
ell  l'endroit  oii  l'on  fait  les  crampons. 

Eponges  ,  terme  de  Plombier  ,  ce  font  les  extrémités 
du  chaOis  de  la  table ,  ou  moule  qui  fert  aux  Plom- 
biers d  jeter  les  tables  de  plomb. 

ifT  Ce  mot  eft  quelquefois  employé  dans  un  fens  fi- 
guré. Les  femmes  fervent  d'épongé  aux  jeunes 
gens:  elles  en  ôrent  la  cralfe.  La  Bruy.  II  n'y  a 
rien  qui  relfemble  mieux  à  une  éponge  qu'un  ava- 
re :  comme  il  ne  vife  qu'à  fe  remplir  ,  il  lailFc  à 
fes  héritiets  le  plaifir  de  la  preller.  Le  C.  d'O- 

XENSTIRN. 

On  le  dit  aufli  des  partifans,  des  gens  en  place: 
qui  abufent  de  leur  autorité  pour  s'ernplir  du  fuc  j 
de  la  fubftance  des  peuples.  Les  Bnchas  pilloient 
impunément  le  peuple ,  &  le  Prince  .à  fon  tour 
preiïoit  ces  éponges ,  &  pour  s'enrichir  faifoit  fou- 
vent  mourir  les  plus  puilîans.  Vertot.  Quand  la 
fngefTe  divine  dit  au  peuple  Juif:  je  vous  ai  donné 
dis  préceptes  qui  ne  font  pas  bons  j  cela  fignifie 
qu'ils  n'avoient  qu'une  bonté  relative  ;  ce  qui  ell 
Vépvnge  de  toutes  les  difTiculrés  que  l'on  peut  faire 
fur  toutes  les  lois  de  Moyle.  Montesq. 

On  dit  proverbialement,  qu'on  palTe  l'éponge 
fur  une  chofej  pour  dircj  qu'on  l'efl-ace;  parce 
que  les  Peintres  s'en  fervent  pour  effacer  ce  qu'ils 
ne  trouvent  pas  bien  :  delà  on  l'emploie  au  figuré , 
■&  cette  expreiïion  n'cft  point  baiïe  \  de  bons  Au- 
teurs s'en  fervent.  Le  parti  le  plus  alfuré  pour  un 
Chrétien  ,  eft  de  perdre  toute  mémoire  des  fujets 
qu'il  pouvoit  avoir  de  fe  plaindre  des  hommes. 


■Quand  il  aura  palfé 


tpon 


ge    fur  les  chofes  dont 


le  fouvenir  pourroit  lui  déplaire,  il  aura  plus  de 
liberté  pour  recourir  aux  miféricordes  de  Dieu. 
Abb.  de  la  Trap. 

Déto-nnc  tes  regards  de  ma  faute  effroyable  \ 
Pa£ejur  mes  forfaits  fcponge  favorable.  God. 

^S?  Il  faut  pourtant  remarquer  que  ces  expreflîons  , 
pader  Véponge  ,  tirer  /e  rideau  ^  font  un  peu  trivia- 
les ,  admifes  dans  le  flyle  familier,  mais  peu  di- 
gnes du  ftyle  nohle  ,  &  bannies  du  ftyle  tragique  , 
quoique  Corneille  s'en  foit  fervi  dans  Rodogune. 

On  dit  audi  d'un  homme  qui  boit  beaucoup , 
qu'il  boit  comme  une  éponge.  On  dit  aufli ,  qu'on 
prelfe  Véponge ,  quand  on  fait  rendre  gorge  à  ce- 
lui qui  s'eft  enrichi  par  des  voleries.  On  dit  aufli. 


EPO 

pour  fe  moquer  d'une  entreptife  iinpo(fible  j    c'eft 

vouloir  fécher  la  mer  avec  des  éponges. 

Ce  mot  vient  du  \.7ii\\-\jpongia,  du  Grec  •;Ts-.y\iç. 
ICr  EPONGER.  V.  a.  Palfer  une  éponge  imbibée  fur 

quelque  chofe.  Eponger  un  cheval,  c'ell  le  nettoyer 

avec  une  éponge.  Spongià  dctergere. 
%T  Epomger  le  pain  d'épice ,  c'eft  palfer  une  éponge 

imbibée  de  j.iunes  d'œufs  battus  j  pour  lui  donner 

de  la  couleur. 
fCT"  Epongé,  ée.  part. 
EPONGIER.  f  m.  M.  de  la  Fontaine  s'eft  fervi  de  ce 

mot  j  pour  dire  ,  chargé  d'cponges. 

Camarade  Epongier  prit  exemple  fur  lui , 

Comme  un  Mouton  qui  va  deijus  lajci  d'autru':. 

EPONTILLES.  f.  m.  Terme  de  Warine.  Pièces  de  bois 
longues  de  trois  pieds  que  l'on  met  le  long  des  cô- 
tés d'un  vailfeau,  pour  y  palfer  de  menues  cordes 
propres  à  tenir  les  pavois.  Eponcilles  d'entre  les 
ponts,  font  des  étances  pofées  fur  un  des  ponts  du 
vailf;aii,  pour  foutenir  celui  qui  eft  au-delfus.  On 
dit  :ii\'Xipontilles. 

ÉPOPÉE,  f  f.  Terme  de  Poëfie.  C'eft  i'hiftoire  ,  la 
fable ,  ou  le  fujet  qu'on  traite  dans  un  Pocme  Epi- 
que. Epopea  J  epos.  Il  fe  prend  auiîi  quelquefois 
pour  la  Poclie  Héroïque.  En  ce  cas  V épopée  eft  une 
imitation  en  récir,  d'une  aétion  intérelïante  &:  mé- 
morable. Un  dilcours  inventé  avec  art ,  ou  une  fa- 
ble agréablement  imitée  fur  une  aétion  importan- 
te, qui  eft  racontée  en  vers  d'une  manière  vrai- 
femblable  ,  divertilfrnte  ,  &  merveilleufe.  Le  P. 
LE  B.  Vépopée  eft  le  chef-d'œuvre  de  la  Pocfie. 
U épopée  ne  doit  jamais  finir  par  l'infortune  de  ce- 
lui qui  a  joué  le  premier  rôle.  Le  P.  le  B.  Il  y  a  des 
fables,  des  épîtres ,  des  idylles ,  &  d'autres  poè- 
mes, qui  ont,  en  petit,  l'invention  &  les  agrémens 
de  l'épopée  ,  fans  que  la  leéfure  en  foit  ennuyeufe  ,  ' 
comme  l'eft  celle  de  quelques-uns  de  nos  pcënies 
éépiques.  Ls  P.  Bouh.  f^oye^  épique. 

Ce  mot  vient  du  Grec  iVoj,  carmen  ^  &  «n».'», 
fùcio. 

ÉPOQUE ,  f  f.  Terme  de^  Chronologie.  C'eft  ua 
temps  certain  &  fixe  ,  d'où  l'on  commence  à  comp- 
ter les  années;  c'eft  dans  I'hiftoire  un  poinr,  ou 
un  terme  fixe  de  temps,  ordinairement  marqué 
par  un  événement  coniidérable,  depuis  lequel  on 
compte  les  années  vEn?.  Vépoque  des  Chrétiens  elt 
la   Naifl'ànce   ou   l'Incarnation  de  Jesus-Christ. 
On   fuppofe  ordinairement  qu'elle  commença   à 
l'an  47:4.  de  la  période  Julienne  ;  des  Olympia- 
des le  770.  &  de  la  fondation  de  Rome  le  731. 
Celle  des  Turcs  eft  l'Hégire  ,  ou  la  fuite  de  Maho- 
met j   celle  des  Romains  là  fondation  de  Rome; 
celle  des  Grecs  le  commencement  ou  le  rétablilfe- 
ment  des  Olympiades  ;  celle  des  anciens  Perlans  tic 
des  anciens  Aftronomes ,  celle  de  NabonaflTar.  Les 
Chronologiftes  les  appellent  iTr^j.  Denis  le  Petit, 
vers  le  commencement  du  VI^  ficelé  ,  pour  paci- 
fier les  troubles  qui  divifoient  les  Eglifes  d'Orient 
&  d'Occident ,  propofa  une  forme  commune  de 
Calendrier ,  laquelle  peu  d'années  après  fut  nni- 
verfellement  approuvée  par   tous   les  Chrétiens  : 
c'eft  le  vieux  Calendrier  dont  l'Hglife  s'eft  fervie 
jufqu'à  la  fin  du  dernier  fiècle ,  &C  qui  eft  encore  en 
ufage  parmi  ceux  qui  n'onr  point  reçu  la  correc- 
tion Grégorienne.  Jufqu'à  Denis  le  Petit,  la  plu- 
part des  Chrétiens  avoient  compté  leurs  années  , 
ou  de  la  fondation  de  Rome ,  ou  fuivant  l'ordre 
des  Confuls ,  ou  des  Empereurs,  &  félon  la  m.a- 
nière  des  peuples  au  milieu  defquels  ils  vivoienr. 
Denis  le  Petit  commença  donc  à  compter  par  l'In- 
carnation ;  &  cette  époque  eft  encore  en  ufage  à  la 
Cour  de  Rome  pour  les  dates  des  Bulles  &  des 
Btefs  :  au  lieu  que  nous  comptons  du  premier  de 
Janvier  ,  immédiatement  après  la  Nailfmce  de 
Jesus-Christ.  Blond.  Voici  les  époques  qui  font 
f:ns  contredit ,  rapportées  par  le  Père  Pétau  en  fon 
Rationnrium  2  emporum.  Les  Olympiades  ont  corn- 


E  P   O   . 

mencé  l'an  776.  avant  Jesus-Christ,  Se  dans  l'an 
35jj8.(Je  la  Péciode  Julienne,  fur  laquelle  comp- 
tent tous  les  Chronolo3,iftes. 

L'année  Varroniennc  ,  ou  de  la  fondation  de 
Rome,  elt  de  7^5  ans  avant  Jesus-Christ,  dans 
Ja  troifième  année  de  la  fixième  Olympiade  j  &  l'an 
3 1^5 1.  de  la  Période  Julienne. 

L'Ere  de  Nabonallar ,  Roi  de  Babylone,  dont  fe 
font  fervis  Piolomée  ,  Cenforin  &  autres  Auteurs , 
a  commencé  en  l'an  747.  avant  J.  C.  &  l'an  35567. 
de  la  Période  Julienne  j  le  26  Février. 

Vépoijue  ou  l'Ere  des  Séleucidesj  dont  fe  fer- 

voient    les   Macédoniens  ,  &  qu'on   appeloit  en 

Orient  les  années  des  Grecs ,  dont  il  ell  parlé  dans 

les  Livres  des  KLichabées  ^  a  commencé  l'an  312. 

*      avant  J.  C.  &  de  la  Période  Julienne  5.J01. 

La  première  année  Julienne  a  commencé  45  ans 
avant  J.  C.  &c  l'an  4(j6</  de  la  Période  Julienne. 

Les  ans  de  Grâce,  ou  l'Ere  Chrétienne  commu- 
ne, a  commencé  en  Janvier  de  l'an  4714.  de  la 
Période  Julienne  ,  &  la  quatrième  année  de  la  cent 
nonanre-quatrième  Olympiade.  C'ell  Denis  le  Pe- 
tit j  qui  vivoit  vers  l'an  517.  du  temps  de  Jufti- 
nien  ,  qui  a  introduit  l'ufage  de  compter  les  années 
par  la  Naiffance  de  Jefus-Chnlh  Alais  pluiieurs 
Savans  prétendent  que  Bédé,  qui  vivoit  lan  710 , 
n'ayant  pas  fuivi  exadtement  fon  calcul,  ell  cauie 
d'une  erreur  de  deux  ans  qu'il  y  a  en  cette  époque 
fur  le  pied  que  nous  la  comptons  à  préfent.  Avant 
lui,  les   Auteurs,  &  fur-tout  ceux  d'Alexandrie  j 
fe  fervoient  de  \epoque  de  Dioclétien.  Les  Grecs 
ont  compté  de  trois  manières  les  années  julqu'à  la 
NailTlince  de  J.  C.  La  première  fupputation ,  qu'on 
nomme  à' Amioche ,  compte  5495.  ans.  La  féconde, 
qu'on   appelle  Ethïopique ,  en  compte   550  t.  La 
troilième ,  qu'on  nomme  ^ Alexandrie ,  &  que  le 
Père  Pétau  appelle  Romaine ,  compte  5509.  ans. 
\S époque  ou  l'Ere  de  Dioclétien  ,  ou  des  Martyrs, 
a  comniencé  en  l'an  184.  de  J.  C.  d'autres  difent  en 
301.  Onl'appelle  l'Ere  des  Martyrs,  à  caufe  du  grand 
nombre  de  Chrétiens  qui  fouftrirent  le  martyre  fous 
le  règne  de  Dioclétien. 

\J époque  des  Arabes ,  qu'ils  appellent  \' Hégire  j 
ou  la  fuite  de  Mahomet,  a  commencé  l'an  de  grâce 
621.  le  16  de  Juillet. 

On  met  aulîi  entre  les  époques  les  plus  remar- 
quables, le  Déluge  de  Noé  l'an  du  monde  \G'^G.  la 
naiiruice  d'Abraham,  l'an  2059.  la  fortie  des  Ifrac- 
lites  l'an  2544.  la  fondation  du  Temple  de  Jérufa- 
lem  en  5013.  la  ruine  de  Jérufalem  l'an  de  grâce 
70,lecommencement  de  l'Empire  des  François  l'an 
420,  la  prife  de  Conftanrinople  par  les  Turcs  l'an 
145  3. Il  y  en  a  d'autres  d'événemens  fameux  qu'on 
trouve  dans  le  livre  du  Père  Pétau.  Voy.  Du  Cange, 
qui  a  fait  des  Tables  de  toutes  ces  époques  ou  pé- 
riodes ,  &  des  cycles  folaires  &  lunaires,  des  in- 
dictions ,  Lettres  Dominicales  &  Fêtes  de  Pâques , 
même  des  époques  des  Arabes  &  des  Perfes ,  Ca- 
tayens  &  autres  Orientaux  ,  qu'il  a  réduites  à  notre 
fupputation  commune. 
%fT  Epoque,  fe  dit  aulIl,  en  termes  de  Scepticifme, 
pour  fufpenfion  de  jugemenr  \  c'eft-à-direj  cet  état 
où  l'efprit  balancé  par  des  raifons  oppolées ,  d'un 
poids  égal,  demeure  en  équilibre,  fans  pouvoir 
affirmer  ni  nier  quoi  que  ce  foit.  Voye\  Scep- 
tique. 

Ce  mot  ^époque  vient  du  Grec  ««■«a;^  ,  qui  figni- 
fie  inhibitio  ,  reprejlo.  L'époque  définit  8c  détermine 
'   un  certain  efpace  de  temps  :  iîn^"»,  fignihe,  foute- 
nir,  arrêter. 

ÉPORE,  ou  ÉPORA.  Ancienne  ville  d'Efpagne.  On 
croit  communémentquec'eft  Montauro,  àdix  lieues 
de  Cordoue.  Quelques-uns  néaniTioins  veulent  que 
ce  foit  Aidea  del-liio  ,  petite  ville  de  l'Andaloulie, 

'  à  dix  lieues  de  Cordoue.  HoFFMAN. 

ÉPOUDRER.  v.  a.  ôter  la  poudre  de  deffus  quelque 


ÉPO  Sdj 

des  habits  j  en  les  fecouant.  On  époudre  des  tapis  eii 
les  battant  avec  des  houllines. 

Ce  mot  vient  du  Latin  expulverare. 

Epoudré  4  EE.  part.  &  adj.  Pulvere pureatus. 

ifT  EPOUFFER  ,  S'EPOUFFER.  v.  'récip.  S'efqul- 
ve|,  s'enfuir  fecrétement ,  fans  qu'on  s'en  apper- 
çoive.  Aujuaere  ,  dam  evadere.  Cet  efcroc  ,  qui 
avoir  petdu  la  collation  ,  s'eH:  epouffé,  quand  il  a 
fallu  payer  l'écocCe  coupeur  de  bourfes  se  II  epouffé 


dans 
bas. 


un    embarras.   Ce   terme  ell 


:  epoL 
populaire 


ôc 


Ce  mot  vient  du  bas  Languedoc,  où  il  rignifie> 
s'en  aller fubicemenc.  Il  eft  dérivé  de  bouffer ,  qui  (i- 
,   gnifioit  chajjér.  Borel. 

EPOUILLER.  v.  a.  Oter  les  poux  j  la  vermine.  Pedi- 
culos  eximere.  Hérode  mourut  ,  parce  qu'il  fut  im- 
poiliblede  l'c/'Oi/zY/cr,  il  avoir  une  maladie  appelée 
phthiriafe.  Les  gueux  s'epouillent  au  foleil.  Les  lin- 
ges fe  plaifentàepowV/eries  hommes  &:  les  animaux, 
,  Ce  verbe  préfente  une  idée  dégoûtante. 
Epouillé  ,  ÉE.  part.  Pediailis  pur^atus. 
EPOULLE.  f.  h  Terme  de  ManufaAure  ,  qui  fignifie 
une  partie  du  fil  de  la  trame  d'une  étoffe  ,  lequel  fil 
de  trame  ell  dévidé  fur  un  petit  tuyau  de  rofeau  ou 
e/pèce  de  bobine  fans  queue  ni  tête  ,  &  fans  bords , 
que  quelques-uns  appellent /-«Aow.  L'epou/le  fe  mec 
dans  la  partie  creule  de  la  navette ,  que  l'on  nomme 
botte  ou  poche.  Ce  mot  femble  venir  du  Latin  ex- 
pellere  j  chalfer  ,  parce  que  l'on  challe  la  navette 
avec  fon  époulle  entre  les  deux  aîles  de  la  corde. 
ÉPOULLEUR.  f.  m.  Ouvrier  qui  a  foin  de  charger  les 

époullms. 
HPOULLIN.  f.  m.  VépouUin  ou  épolet  eft  un  petit  ro- 
feau fut  lequel  on  a  dévidé  une  jufte  quantité  de 
trame  ,  qui  roule  fur  la  fuferolle. 
Epùullin  ,  ou  EspoLiN.  Cell  une  efpèce  de  perite 
navette  dont  les  Gaziers  fe  fervent  pour  faire  le 
brocher  de  leurs  gazes.  Il  y  a  cetre  différence  entre 
Vépoullin  Se  la  véritable  navette  ,  que  XépoulUn  eft 
plus  long  j  mais  il  n'eft  pas  fi  large.  En  termes 
d'ourdiirage,c'eft  aulîi  une  petite  navette  qui  con- 
tient l'or  &  la  foie  propres  à  brocher. 
Ip-ÉPOUMONNER.  v.  a.  &  r.  Fatiguer  les  pou- 
mons.   Vous   va  époumonne\  a  force  de    me   faire 
crier.  On  sepoumonne  dans  les  difputes.  Ce  mot  eft 
du  difcours  familier. 

Ceux  qui  jouent  fouvent  du  cor  de  challe  ou  de 
la  trompette  font  fujets  à  sépoumonner.  Sa  Gouver- 
nanre  qui  éroit  à  côté  d'elle,  regardoit  fa  pupille 
qui  s  époumonnou  de  redoubloit  de  plus  en  plus  fes 
oraifons.  Andri.  Tandis  que  les  Philofophes  de 
l'Ecole  s'époumonnoient  en  public  fur  des  queftions 
de  néant,  ou  fe  tourmentoient  dans  la  retraite  à 
diftribuer  leurs  idées  par  feélions  &c  par  paragra- 
phes J  fans  fe  mettre  en  peine  fi  ces  idées  étoienc 
d'accord  avec  la  Nature  tk  le  monde  qu'ils  évitoienc 
de  voir  ,  il  fe  forma  des  Savans  d'une  aurre  efpèce, 
des  Philofophes  réels ,  dont  le  favoir  éroit  fondé 
fur  l'expérience, &  fe  rapportoitanosbefoins.  Speci. 
de  la  Nat.  tom.  ^.  p.  ^j\6.  447. 
îK?  Epoumonné  ,  EE.  part.  Prédicateur  époumonné. 
ÉPOUSAILLES,  f  f.  ph  Cérémonie  qui  fe  fait  à  l'E- 
glife  pour  la  célébration  d'un  mariage.  Sponfalia  y 
nupÛA.  On  invite  les  parens  t<.  amis  d'affifter  aux 
époufailles. 
ÉPOUSE. /^oye^  ÉPOUX. 

^3"  ÉPOUSÉE,  f.  f.  Celle  qu'un  homme  va  époufer, 
ou  vient  d'époufer.  Nupca.  Mener  Yépoufce  à  l'E- 
glife.  On  dit  proverbialement  tl'une  femme  ridicu- 
lement ajuftée  ,  qu'elle  eft  parée  comme  untépou- 
fec  Aq  village. 
03"  EPOLTSER.  v.  a.  Prendre  en  mariage.  Kubere.  Ce 
jeune  homme  a  époufé  une  belle  fille.  Certe  fille  a 
époufé  un  riche  parti.  Ils  fe  fonr  époufcs  ,  après 
avoir  fait  l'amour  long  remps. Il  elt permis  auxBra- 
mines  è^ époufer  autant  de  femmes  qu'ils  veulent. 
Ce  mot  vient  de  fponfare  Latin. 


chofe.  Pulverem  excutere.  On  ey^o^c/re  les  tableaux  Épouser  ,  fe  dit  abfokiment  &  fans  régime,  comme 
avec  des  balais  de  plumes.  On  époudre  des  livres  j'     un  verbe  neutre.  Il  y  a  des  temps  auxquels  l'Eglife 

I  i  i  i  i  ij 


So4  E  P   O 

détend  à'époufer  ,commQ  l'Avent ,  le  Caiême  ,  &c. 

De  Paris  la  veille  des  Rois  , 

Van  milfix  cens  quatre-vingt-dou-^e  j 

Temps  où  ,  par  defévères  lois , 

L'Eglife  dejend  qu'on  époule.  ||. 

Épouser  ,  fe  dit  figurément  en  chofes  morales,  pour 
s'actaclier  par  choix  à  quelque  choie  ,  à  quelque 
parti.  Addicere  fe  j  adh&refcere  ,  amplecli.  Il  faut 
ccre  indifférent  ,  népoufer  aucune  opinion  dou- 
teufe.  Un  Juge  ne  doit  époufer  les  intérêts  de  per- 
ibnne.  Les  Hiftoriens  époufent  d'ordinaire  les  paf- 
fions  de  ceux  qui  les  récompenfent,  &  déguitent  les 
évcnemens  comme  il  leur  plaît.  M.  Scud,  Epoufer 
le  parti  de  quelqu'un.  Abl. 

Non  j  je  ne  prétends  point 
De  -vos  averfions  époufer  le  caprice.  Vill. 

Mariez-vous  ,  cejlchofe  honnête  : 
Mais  ne  foye^  jamais  fi  bête . 
Que  t^'époufer  votre  mari.  Motin. 

L'Orateur  y  vendant  fa  colère  y 

Epoule  une  haine  étrangère.  P.  Cleric.  J. 

V.  Le  Recueil  de  vers  choifis. 

ftT  Épouser  la  mer.  Cérémonie  qui  fe  pratique 
tous  les  ans  à  Venife.  Tous  les  ans ,  le  jour  de  l' Al- 
ceniion  ,  le  Doge  ,  fuivi  des  principaux  du  Sénat  , 
monte  fur  le  Bucentaure,  &  s'écant  avancé  hors  du 
port ,  il  jette  dans  l'eau  un  anneau  d'or  j  en  dilanc 
ces  paroles  :  "  Mer  ,  nous  lépoufons  en  ligne  de 
»  l'empire  véritable  &  perpétuel  que  nous  avons  ac- 
>■>  quis  fur  toi!>. 

Voici  l'origine  de  cette  cérémonie  fingulière  :  le 
Pape  Alexandre  III ,  pour  fe  fouftraire  aux  pourlui- 
tes  de  l'Empereur  Frédéric  ,  fe  réfugia  à  Venile. 
Le  Doge  lui  promit ,  au  nom  de  la  République , 
de  le  remettre  fur  le  trône  Pontifical.  Frédéric  ,  de 
fon  côté,  arma  contre  les  Vénitiens  foixante-quinze 
Galères  ,  dont  il  donna  le  commandement  à  fon 
fils  Othon.  Les  Vénitiens  préparèrent  en  diligence 
un  armement  capable  de  réfifter.  Les  flottes  fe  ren- 
contrèrent &  s'attaquèrent  avec  fureur  ;  la  vidoire 
fe  déclara  pour  les  Vénitiens.  Le  Doge  Ziani  ren- 
tra triomphant  à  Venife  ,  conduifant  le  Prince 
Othon  qu'il  avoir  fait  prifonnier.  Le  Pape  fe  rendit 
fur  le  rivage  à  la  tète  du  Sénat  &  du  Clergé  ,  il  em- 
braffa  le  Doge  ,  &  lui  préfenta  un  anneau  ,  en  lui 
difant  :  "  Recevez  cet  anneau  ,  fervez-vous-en  com- 
»  me  d'une  chaîne  j  pour  tenit  la  mer  alFujettie  à 
»  l'Empire  Vénitien.  Epoufc^  la  Mer  avec  cet  an- 
»  neau  ;  que  déformais ,  à  pareil  jour ,  tous  les  ans 
»  la  célébration  de  ce  mariage  foit  renouvellée  par 
»  vous  &  par  vos  fucccireurs  ,  afin  que  toute 
»  la  poftérité  fâche  que  les  armes  Vénitiennes  ont 
»  acquis  l'empire  des  flots  ,  &  que  la  Mer  vous  eft 
"  foumife  ,  comme  l'époufe  l'eft  à  fon  époux». 
Telle  eft  l'origine  de  l'ufage  d'e'pouferh  Mer.  Con- 
fultez  l'Hitl.  de  la  Répub.  de  Ven.  par  M.  l'Ab. 
Laugier. 
Épouser  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes  ,  Qui 
époufe  la  femme,  c'poufe  les  dettes  j  pour  dire, 
qu'il  faut  qu'il  défende  fes  intérêts  ,  &  qu'il 
paie  les  dettes  mobiliaires.  On  dit  auili ,  que  tel 
fiance  qui  n  époufe  pas  ;  ce  qui  fignifie  figurément 
que  les  affaires ,  qu'on  regardoit  comme  les  plus  af- 
fûtées ,  manquent  quelquefois. 
Épousé  j  ée.  part. 

ÉPOUSEUR.  f.  m.  Qui  veut  époufer  ,  qui  eft  dans  la 
difpofition  d'époufer.  Sponfus,  Il  ne  fe  dit  que  dans 
le  ftyle  comique.  Ce  jeune  homme  eft  bon  pour 
galant ,  mais  il  n'a  pas  la  mine  à'éponfeur.  Il  y  a 
desjpoufeurs  prêts  à  époufer  toutes  celles  qui  ont 
de  l'argent-  Toutes  les  femmes  veulent  avoir  Thé- 
raméne  pour  Galant  ,  &  toutes  les  filles  pour  épou- 
feur.  La  Brov.  Voyez-vous  une  grande  preffe  à'é- 


E.PO 

poufeurs  autour  de  cette  fille  avec  fon  bel  efprit  ?  P. 

CoM. 
ÉPOUSSETER.  V.  a.  Ôter   la  poudre  des  meubles 

\ic  des  habits  avec  des  époulîettes.  Ex'.utere ,   de- 

tergere  fcopulà.  On  dit  plus    communément  ver- 

gettr. 
^CFEpousseteb..  Terme  de  Manège,  /^ojr^  Épous- 

SETTE. 

Epousseter,  fignifie  auifi  ,  Battre  quelqu'un.  On  a 

>■  bien  époujjeté  cet  inlolent ,  on  lui  a  donné  vingc 
coups  de  canne.  Il  fignifie  auiîi  j  fouetter.  Le  Ré- 
gent l'a  lait  époufjccer  en  enlant  de  bonne  maifon. 
Cette  exprelîion  figurée  n'cft  que  populaire. 

Epousseté  ,  EE.  part. 

ifT  EPOUSSETOIR.  f.  m.  Petit  pinceau  de  poils 
fort  doux,  dont  les  Metteurs-en-œuvre  fe  fervent 
pour  ôter  ce  qui  peut  refter  de  poufflère  fur  le  dia- 
mant ,  quand  on  l'a  nettoyé. 

EPOUSSETTE.  f  f.  Pente  brolfe  ou  vergette  ,  qui  fert 
à  nettoyer  les  habits  &  les  meubles.  Il  fe  dit  plus 
fouvent  au  pluriel  ;  mais  il  vaut  mieux  fe  fervir 
d'un  autre  mot.  Celui-ci  vieillit.  Foye^  Vergette. 

IJCF  Epoussette  pour  les  chevaux.  C'eft  un  morceau 
d'étoffe  dont  fe  fervent  les  Palefreniiers  ,  pour  faire 
voler  la  pouflière  que  l'étrille  n'a  pas  pu  em- 
porter. 

Ce  mot  vient  àe poudre  ,  félon  Nicot ,  qui  écrit 
époulcette, 

ÉPOUTI.  f.  m.  Petite  paille,  ou  ordure  qui  fe  trouve 
dans  les  ouvrages  de  laineries  ,  particulièrement 
daiis  les  draps. 

ÉPOUTIER.  V.  a.  Terme  de  Manufaâiure  de  Drape- 
rie. C'eft  ôter  &  tirer  avec  de  petites  pincettes  de 
fer  les  époutis  ,  ou  menues  pailles  &  ordures  ,  qui 
fe  rencontrent  dans  les  draps  j  après  qu'ils  ont  été 
dégraiirés  &  dégorgés  à  la  foulerie.  On  dit  dans  le 
même  fens  épinceler. 

ÉPOUTIEUSE.  f.  f.  Ouvrière  qui  époutit,  qui  net- 
toyé les  draps.  Koye:^  Enoueuse. 

EPOUVANTABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  caufe  de  l'épou- 
vante. Ce  terme,  ainfi  qu'effrayant,  fuppofe  un 
objet  préfent ,  qui  infpire  une  crainte  vive  &  fii- 
bite.  Il  dit  plus  qu'eff^Layant,& moins  qu'effroyable. 
Il  fe  prend  toujours  en  mauvaife  part.  Ainfi  il  n'eft 
point  fynonyme  de  terrible  ,  qui  ie  prend  quelque- 
fois en  bonne  part.  Un  Dieu  terrible.  Foye:^  aulli  ce 
mot.  Monftre  ,  fpeétre  épouvantable.  Terrihdis ^hor- 
rificus.  Menaces  épouvantables. 

%f3'  Dans  le  langage  ordinaire  ,  épouvantable 
s'applique  à  tout  ce  qui  eft  étonnant ,  étrange  ,  in- 
croyable ,  exceffif,  &  fe  prend  toujours  en  mau- 
vaife part.  Une  dépenfe  épouvantable  ,  un  bruit 
épouvantable.  Il  a  dilfipé  tout  fon  bien  au  jeu , 
cela  eft  épouvantable.  Les  Martyrs  ont  fouffert  des 
{a^^WcQs  épouvantables.  Laideur  épouvantable.  J'ai 
une  faim  épouvantable. 

ÉPOUV  ANTABLEMENT.  ad v.  D'une  manière  épou- 
vantable. Terribiliter\  terrifiée,  miré,  miris  modis. 
Les  damnés  fouffriront  épauvantablement.  Cette 
femme  eft  épouvantahlement  laide  ,  excelfivement. 

ÉPOU  VANTAIL,  f.  f.  Haillons  qu'on  met  aulîout 
d'une  perche,  dans  un  jardin  ,  dans  un  champ  , 
dans  une  chenevière  ,  pour  faire  peur  aux  oifeaux, 
&  les  empêcher  d'en  approcher.  Terriculum ,  terricu- 
lamentum  ,  fimulacrum.  On  appelle  généralement 
épouvantail  tout  ce  que  l'on  met  dans  un  champ  ou 
dans  un  jardin  ,  pour  faire  peur  aux  oifeaux  &  aux 
bêtes  noires ,  qui  viennent  manger  les  graines  &  les 
fruits. 

On  le  dit  figurément  de  ce  qui  épouvante  ,  de 
ce  qui  empêche  qu'on  ne  falFe  quelque  chofe.  Voi- 
là la  chimère  d'un  petit  nombre  d'agreffeurs  témé- 
raires des  Pères  de  l'Eglife  ,  &  {'épouvantail  de 
quelques-uns  des  juftes  admirateurs  de  ces  grands 
hommes. 

On  dit  proverbialement  d'une  chofe  qui  fait 
peur  J  mais  qui  ne  fauroit  faire  du  mal,  que  c'eft 
un  épouvantail  à    ou   de    chenevière.^  Efope    fut 

1     acketé  pour  fetvir  âîépouvantail  pat  la   mauvaife 


EPO 

mine,  &  par«.fes  effroyables  grimaces.  La  Font,  i 
Un  vieillard  qui  veut  fe  faire  craindre  eft  un  vrai  j 
épouvaniaïl  de  clienevière.  Mont. 

^  EPOUVANTE,  i.  F.  Mouvement  fubit  de  craince, 
caufc  dans  lame  par  la  vue  des  difficultcs qu'un  ob- 
jet imprévu  préfenteà  furmonter,  &  par  la  vue  des 
iiutes  fâcheufes  qui  doivent  rcfulter  du  mauvais 
fuccès.  Tremor.  L'approche  de  l'année  a  jeté  ïcpou 
varice  dans  le  pays  ennemi.  Il  a  été  faili  d'épouvunce 
à  la  vue  du  danger  qu'il  falloit  courir.  Foyc-^ 
Crainte  j  Peur  j  Frayeur  ,  Terreur,  Effroi 
Foye^  aulïï  Alarme,  ou  les  nuances  qui  dilhn- 
guent  ces  mots ,  font  marquées  ,  ainll  que  fous  les 
articles  particuliers. 

fer  HPOUVANTEMENT.  f.  m.  Ce  mot  s'eft  dit  au 
trefois  pour  épouvante,  &  ne  fe  dit  plus. 

fer  EPOUVANTER,  v.  a.  Infpirer  à  l'ame  un  mou- 
vement fubit  d'une  crainte  violente.  Pavorcin  mcu 
tere,  tcrrere.  Il  eft  aulH  réciproque.  Il  n'y  a  perionne 
de  (i  hardi  que  le  tonnerre  n  épouvante.  La  menace 
d'un  Prince  irrité  eft  capable  ^épouvanter.  Il  faut 
que  le  Prédicateur  épouvante  les  libertins ,  ôc  qu'il 
faircj  gronder  le  tonnerre  lur  leur  tête.  Ab.  du 
Jarry.  Le  peuple  s'épouvante  de  peu  de  chwfe.  La 
raifon  ne  fert  qu'à  augmenter  la  créance  du  péril 
lorfqu'on  eft  épouvanté.  S.  Evr. 

Epouvante  ,  ée.  part.  palf.  6c  adj.  P erterrefactus  , 
rerricus. 

Tous  ces  mots  viennent  du  Latin  expavefcere. 

ÉPOUX ,  OUSE.  f.  Qui  fe  marie  ,  ou  qui  eft  joint 
par  mariage.  Conjux.  On  dit  en  fe  mariant  qu'on 
prend  une  telle  pour  fa  légitime  époufc  ,  Ik.  un  tel 
pour  fon  e/»t):^.v.  Le  fuiaz. époux  j  h  fainie  époufe. 

Jufquau  moment  oh  l'on  s'engage  , 
Les  cnjlans  font  charmans  &  doux  ; 
Mais  J  des  quon  a  le  nom  rf' époux. 
Adieu  le  tendre  badinage , 
Les  Grâces  prennent  un  air  fage , 
Les  Jeux  deviennent férieux  ; 
Les  Ris  compofent  leur  vifage , 
Et  la  complaifance  en  ménage 
A  des  tons  trop  impérieux. 

La  perte  d'un  époux  ne  va  point  fans  foupirs  : 
On  fait  beaucoup  de  bruit  ^  &  puis  on  Je  confole. 

La  Font. 

Époux  ,  au  pL  fignilîe  quelquefois  le  mari  &  la  femme 
tout  enfemble. 

Aimables  jeux  ,  vene:^ 
Combler  de  vos  douceurs  nos  éponK  fortunés. 

Quiîi. 

Cke:^  les  Amans  tout  plaît ,  tout  eft  parfait  • 

Che\  les  époux  tout  ennuie  ,  6"  toutlaffe  : 

Le  devoir  nuit  j  chacun  eft  ainfi  fait.  La  Font. 

Epoux  ,  fe  dit  auffi  en  chofes  fpirituelles.  L'Eglife  a 
Jesus -Christ  pour  {owEpoux.  Le  Saint-Efprit  eft 
X Epoux  des  Vierges.  Tous  les  Chrétiens  font  invites 
aux  noces  de  V Epoux ,  à  la  béatitude  éternelle.  Le 
Cantique  des  Cantiques  ,  en  parlant  à'époux  ik 
à'époufe  ,  eft  une  allégorie  de  l'union  de  Jesus- 
Christ  avec  l'Eglife.  C'eft ,  à  proprement  parler, 
méprifer  Jesus-Christ  ,  que  de  lui  donner  des 
epoufes  qu'il  ne  connott  point  _,  qu'il  n'a  point  ap- 
pelées, &  qui  ne  font  pas  dignes  de  lui.  Abb.  ve  la 
Trap.  On  appelle  époufcs  de  Jesus-Christ  les 
âmes  faintes  ,  véritablement  Chrétiennes,  les  per- 
fonnes  vertueufes,  &c  les  Religieufcs,  les  Vierges 
confacrées  à  Dieu. 

Ce  mot  vient  du  Latin  fponfus, 

E  P  P. 

EPPIA.  Nom  d'une  .ancienne  famille  de  Rome.  Eppia 
gens.  La  famille  Eppia  étoit  Plébéienne  ,  répandue 


EPR  805 

dans  la  Tribu  Cornelia,  &  dans  la  Tribu  Fabia  , 
comme  il  paroîc  par  des  infcriptions  antiques,  ik' 
quelques  médailles  coniulaires  ,  qui  ne  font  pas  i'orc 
communes. 
EPPINGEN.  Petite  ville  duCcrcle  Eledoral  du  Rhin, 
en  Allemagne.  Eppinga.  Elle  eft  dans  la  partie  orien- 
tale du  Palatinat  du  Rhin  ,  fur  la  rivière  d'Eliats  , 
entre  Helbron  &  Philisbourg.  Maty.  Longii.  27. 
d.  34'.  lat.  49.  d.  li  . 

EPR. 

ÉPREINDRE.  v.  a.  Prelfer  une  chofe  qui  a  du  fuc  , 
ou  du  jus,  pour  le  faire  fortir.  Exprimere.  Il  faut 
cpreindre  des  citrons  dans  de  l'eau  &c  du  fucre  pour 
faire  de  la  limonade.  On  épréint  le  verjus  fur  le 
preftoir  avec  la  poire  qu'on  rourne  dellus.  Ce  mot 
vient  du  Latin  exprimere.  Nicot. 

Épreint  j  linte.  part. 

EPREINTE.  f.  f.  Maladie  du  fondement  qui  caufe  de 
fréquentes  Se  inutiles  envies  d'aller  à  la  felle.  Do- 
lor  inteftinoium ,  tormina.  Ce  mot  ne  fe  dit  d'ordi- 
naire qu'au  pluriel.  On  fait  venir  àesépreintes  à  la 
femme  dont  l'enfant  eft  mort  dans  le  ventre.  Mau- 
riceau.  Les  lavemens  forts  &C  acres  ,  picotant  les 
boyaux  ,  excitent  des  épreintes  qui  peuvent  facili- 
ter la  fortie  de  l'enfant.  Dionis.  Les  épreintes  eau- 
fées  par  la  dylfenterie  ,  font  fouvent  fortir  le  rec- 
tum, lu. 

Epreintes  ,  en  termes  de  ChalTe  :  c'eft  ainfi  qu'on  ap- 
pelle les  fientes  des  loutres  &  de  quelques  autres 
bêtes.  Stcrcora  ,  firnus. 

^  EPRENDRE ,  s'EPRENDRE.  Vieux  mot.  Foy. 
Épris. 

tfJ'  EPREUVE,  f.  f.  Manière  de  s'afturer  fi  une  chofe 
a  les  qualités  que  nous  lui  attribuons.  Probatio  ,  ten- 
tamen  ,  tentamcntum.  Ce  mor  s'emploie  également 
au  propre  &  au  figuré.  Faire  l'épreuve  d'une  machine 
nouvelle.  Faire  V épreuve  à'xin  canon.  Donner  quel- 
que chofe  à  Vépreuve.  On  dit  qu'une  cuirafte  eft  à 
Xépreuve  du  moufquet ,  pour  dire  que  le  moufquet 
ne  la  perce  point  ;  qu'un  chapeau ,  qu'un  manteau 
est  à  répreuve  de  la  pluie  ,  pour  dire  que  la  pluie 
ne  le  perce  point  :  qu'un  homme  n'est  point  .à  Vé- 
preuve de  l'atgent ,  pour  dire  ,  qu'il  est  capable  de 
fe  lailfer  corrompre  par  l'argent.  Quand  l'amour 
réfisteà  l'abfence,  ilestà  l'e/^/tuvede  tout.  LaSuze. 
Caton  avoit  une  force  d'ame  à  l'épreuve  de  la  more 
&  de  la  douleur.  S.  Evr.  Il  n'y  a  guère  de  vertu  à 
l'e/jreave  de  la  néceflité.  S.  Evr.  Ce  nouveau  Ma- 
gistrat crut  que  pour  première  épreuve  de  fon  inté- 
grité ,  il  devoit  renoncer  à  toutes  fes  amitiés.  Bal. 
J'aime  mieux  douter  de  ma  vertu  ,  que  d'avoir  la 
témérité  de  la  mettre  à  une  épreuve  fi  délicate.  S. 
Evr.  Les  grands  revers  font  la  feule  épreuve  de  la 
force  de  l'ame.  S.  Real. 

1^  Nous  confondons  tous  les  jours  ces  trois 
mots  ,  épreuve  ,  ejfai ,  expérience  ,  &  dans  tous  nos 
Dictionnaires  on  les  définit  l'un  par  l'autre  ,  quoi- 
qu'ils aient  chacun  leur  idée  propre  ,  &  qu'ils  ex- 
priment trois  manières  différentes  dont  nous  acqué- 
rons la  conuoilfince  des  objets.  Vépreuve  est  propre- 
ment la  manière  de  s'alfiifer  fi  une  chofe  a  les  qua- 
lités qu'on  luiatttibue.  L'épreuve,  dit  M.  l'Abbé  Gi- 
rard ,  a  plus  de  rapport  à  la  qualité  des  chofes  : 
elle  inftruit  de  ce  qui  eft  bon  ou  mauvais  ,  diftin- 
gue  le  meilleur.  Elle  eft  le  remède  contre  l'erreur 
&  contre  la  fourberie.  L'expérience  regarde  propre- 
ment la  vérité  des  chofes  ,  &  \'effai  ,  leur  ufage. 
On  fait  des  expériences  pour  favoir  ,  des  ejfais  pour 
choifir  ,  des  épreuves  pour  connoître. 

On  a  donné  le  nom  à' épreuves  à  differenres  ma- 
nières de  décider  de  la  vérité  ou  de  la  fauflete  des 
accufations  en  Matière  Criminelle  ,  reçues  &  pra- 
tiquées dans  des  fiècles  d'ignorance.  Ces  épreuves 
s'appeloient  le  Jugement  de  Dieu,  parce  quoû 
s'étoit  ridiculement  perfuadé  que  par  l'événement 
de  ces  épreuves  ,  effet  du  pur  hafard  ,  Dieu  i^^o\i 
connoître  la  vérité,  en  punilîant  le  coupable.  Telles 


to6  EPR 

étoient  l'épreuve  du  fer  chaud ,  de  l'eau  bouillante  j 
de  l'eau  froide  ,  du  duel ,  &c. 

Le  P.  Daniel  die  preuve  au  lieu  à'épreuve.  Voyez 
ci-  delfus  au  mor  Eau  ,  la  preuve  de  l'eau  bouillante  ; 
mais  l'ufage  eltde  dire  épreuve.  C'elt  ainfi  que  par- 
ient Mczeray  ,  Cordemoy,  T.  I.  p.  318.T.  li.p.  li. 
3i<î.  317.  L'kmQmdesi.'^ïQawQsJiiperJinieufes  ap- 
pelées U  Jugement  de  Dieu  ,  &c.  dans  les  Mém.  de 
Trévoux  171 1.  p.  1015.  &  fuiv.  &  p.  1407-  &  fuiv. 
&  généralement  tout  le  monde  ,  excepté  Vk\i- 
teur  que  nous  avons  marqué.  Foye:^  le  livre  du 
P.  Le  Brun.  Hijioire  critique  des  Pratiques  fupcrfii- 
ûeufes. 

V épreuve  de  la  Croix  confiftoit  en  ce  que  quand 
deux  perîbnnes  s'y  foumettoient  pour  la  décifionde 
quelque  différend  ,  l'une  &  l'autre  fe  tepoient  de- 
bout j  ayant  les  bras  étendus  en  forme  d'une  croix, 
pendant  qu'on  faifoit  TOffico  Divin  ,  &:  celui  qui 
remuoit  le  premier  les  bras  ou  le  corps ,  perdoit  fa 
caufe.  CoRDEM. 

Il  y  avoit  un  Office  ,  c'eft-à-dire  ,  des  prières  & 
une  Meiïe  pour  ces  fortes  ^épreuves.  On  en  trouve 
encore  dans  les  anciens  livres  de  l'Eglife  ,  tels  que 
le  Mandatum  de  l'Eglife  de  Soilfons  ,  où  la  céré- 
monie de  \épreuve&  l'eau  froide  fe  trouve.  Voye\ 
les  Mémoires  de  Trévoux  aux  endroits  cités  ,  Cor- 
demoy  dans  Charles  le  Chauve ,  p.  316.  D.  Ma- 
billon  Analecta  ,  T.  I.  &  M.  Baluze  Mifie/.  Fride- 
ric  Heiniiis  ,  &  Chriftien  Ebelingius  ont  aulîi  fait 
des  Traités  Latins  fur  ces  épreuves. 

Les  Myftiques  appellent  épreuves  extrêmes  ^  les 
tentations  par  lefquelles  Dieu  jaloux  veut  purifier 
l'amour  ,  en  ne  lui  faifant  voir  aucune  efpérance 
pourfon  intérêt  propre  j  même  éternel.  Ces  d/^re/^vdi 
purifiantes  font  repréfentées  par  les  Comtemplatifs 
comme  un  Purgatoire  terrible  ,  qui  peut  exempter 
du  Purgatoire  de  l'autre  vie  les  âmes  qui  les  foaf- 
frent  avec  une  entière  fidélité.  Ces  épreuves ,   qui 
purifient  l'amour  de  tout  intérêt  propre  ,  ne  reffem- 
blent  point  aux  autres  tentations  communes  de  ceux 
qui  commencent.  Il  ne  faut  fuppofer  ces  épreuves 
extrêmes  que  dans   ces  âmes   très-pures ,   &  très- 
mortifiées,  qui  ont  folidement  pratiqué  les  vertus 
Evangeliques.  C'eft  la  dernière  purification  de  l'a- 
mour intérelîé.  Les  Myftiques  le  nomment  auiîî , 
abandon  ,  fécherejje ,  ténèbres  divines.  Les  faux  Myf- 
tiques ont  abufé  de  ce  mot ,  comme  de  tous  les  ter- 
mes des  faints  Auteurs   Contemplatifs  ;    &  c'eft 
une  erreur  de  croire  qu'on  puilfe  renoncer   à  fon 
falut  éternel  pour  aimer  Dieu  plus  purement  &  plus 
parfaitement ,  ou  qu'on  ne  puifte  point  faire  d'ades 
d'efpèrance.    Ne  point  faire  d'aéles  d'efpérance  , 
c'eft    défobéir  à  Dieu  qui   le  commande ,  &  par 
conféquent ,  c'eft  ne  le  point  aimer  véritablement. 
Épreuve  ,  fe  dit  des  premières  feuilles  qu'on  tire  des 
formes  d'Imprimerie  pour  les  corriger.  C'eft  fur 
'\ épreuve  que  le  Corredeur  marque  les  fautes  que 
le   Compofireur  a  faites  dans    l'arrangement    des 
caradères.  Periculum  prdi ,    lypici  periculi  pagina. 
Cet  Auteur  veut  toujours  voir  deux  épreuves  pour 
rendre  fon  livte  plus  correét.  On  le  dit  auflî  des 
feuilles  des  eftampes  que  Ton  tire  d'une  planche  j 
&c  fur  lefquelles  on  tire  auftî  des  contr  épreuves.  On 
dit  de  mêmejla  première  épreuve,  d'an  portrait. 
Ép  reu VF. ,  dans  l'Artillerie  ,  fe  dit  des  moyens  qu'on 
emploie  pour  connoître  la  bonté  des  pièces  de  ca- 
non J  des  mortiers  ,  de  la  poudre,  &c. Cette  épreuve 
fe  fait  de  la  manière  fuivanre.  On  appuie  les  pièces 
feulement  fous  la  volée  ,  près  des  tourillons  ,  fous 
un  morceau  de  bois  ou  chantier  :  elles  font  tirées 
trois  fois  de  fuite  avec  des  boulets  de  leur  calibre; 
la  première  fois  chargées  de  poudre  à  la  pefanteur 
du  boulet ,  la  féconde  aux  trois  quarts  ,  &  la  troi- 
fième  aux  deux  tiers.  Si  la  pièce  foutient  cette  e/rra- 
ye  ,  on  y  brûle  de  la  poudre  pour  la  flamber ,  & 
aulfi  tôt ,  en  bouchant  la  lumière  ,  on  la  remplit 
d'eau  que  l'on  prefte  avec  un  bon  écouvillon  ,  pour 
connoître  fi  elle   ne  fait  point  eau  par  quelqu'en- 
droit.  Après  ces  deux  épreuves ,  on  examine  avec 


E  PR 

le  chat  &  une  bougie  allumée  ,  Satie  miroir  lorf- 
qu'il  fait  foleil,  s'il  n'y  a  point  de  chambres  danS 
lame  de  la  pièce ,  fi  les  métaux  font  bien  exadtement 
partagés  ,  &  fi  l'ame  de  la  pièce  qui  doit  être  droite 
&  concentrique  ,  n'eft  point  égarée  &  ondée. 

l'Epreuve  des  mortiers  fe  fait  de  la  même  manière  , 
excepté  qu'on  les  examine  d'abord  en  grattant,  avec 
un  inrtrument  bien  acéré,  les  endroits  où  l'on  foup- 
çonne  qu'il  y  a  quelque  défaut. 

l'Epreuve  des  fufils  :  Les  canons  de  fufils  &  de  mouf- 
quet  s'éprouvent  en  y  mettant  de  la  poudre ,  le 
poids  d'une  balle  de  plomb  de  dix-huit  à  la  livre  , 
&  une  balle  de  vingt  à  la  livre  par-dellus.  Ils  font 
plantés  en  terre  ,  &c  appuyés  contre  une  perche 
qui  les  tient  en  étar. 

Épreuve  de  la  poudre  :  elle  fe  fait  en  mettant  une 
pincée  de  poudre  fur  du  papier  blanc.  On  l'appro- 
che doucement  fur  un  charbon  de  feu.  La  poudre 
qui  eft  bonne  prend  fubitement  la  fumée ,  &  s'élève 
en  colonne  en  lair.  Elle  ne  lailfe  fur  le  papier  ni 
rayons ,  ni  noirceur ,  ni  flammèches  qui  puilTenc 
brûler  le  papier.  La  méchante  poudre  fait  tout  le 
contraire ,  &  même  le  falpêtre  &  le  foutre  s'atta- 
chent fur  le  papier ,  &  on  peut  l'écrafer  avec  le 
doigt.  Il  y  a  plulieurs  manières  d'éprouver  la  pou- 
dre :  celle  qu'on  vient  de  rapporter  eft  la  meilleure 
&  la  plus  fùre- 

fCF  ÉPRIS ,  ise.  adj.  ou  plutôt  participe  du  vieux 
verbe  réciproque  éprendre  ,  s'éprendre  ,  qui  n'eft 
plus  d'ufage  qu'au  participe  j  qui  fignifie  celui  qui 
s'eft  lailfé  furprendre  par  quelque  paflion.  On  le  dit 
particulièrement  de  l'amour.  Correptus  ,  cap  tus.  Ce 
jeune  homme  eft:  furieufement  épris  de  cette  fille. 
Les  fpirituels  font  épris  des  beautés  céleftes  j  de 
l'amour  divin.  Rien  n'eft  indifi^érent  à  des  cœurs 
bien  épris.  La  Font.  Il  y  a  des  âmes  paîtries  de 
boue  éc  d'ordure  ,  qui  ne  font  éprijes  que  du  gaia 
&c  de  l'intérêt ,  comme  les  belles  âmes  le  font  de  la 
gloire  &  de  la  vertu.  La  Bruy. 


Tu  vis  de  quel  courroux  mon  cœur  alors  épris 
f^ûulut  J  en  l'oubliant  j  punir  tousjes  mépris.  Rac. 

EPROUVER,  v.  a.  Terme  relatif  à  la  manière  de  s'af- 
fûrer  des  qualités  d'une  chofe.  Probare  ^  experirî. 
Eprouver  un  cheval.  Eprouver  un  canon,  un  filfil. 
^ojej  Epreuve.  On  n'eft  point  fur  de  la  bonté  d'un 
remède ,  qu'on  ne  Tait  plufieurs  fois  éprouvé.  On 
pourroit  douter  de  la  chafteté  de  Pénélope ,  fi  elle 
n'avoit  poimété éprouvée.  S.  Evr.  Eft-ce  pour  éprou' 
ver  ma  docilité,  que  vous  m'écrivez  comme  vous 
faites.  Je  fentois  des  élans  fecrets  qui  ne  peuvent 
être  compris  que  par  ceux  qui  les  ont  éprouvés.  Mon 
cœur  s'eft  éprouvé  contre  leurs  appas  ,  &  j'en  fuis 
forti  plus  alfuré  de  mon  indifférence.  Font. 

f^a  contre  un  arrogant  éprouver  ton  courage. 

Corneille, 

Dieu  commanda  à  Abraham  d'égorger  fon  fils  1 
trois  journées  de  chez  lui ,  afin  que  fa  tendrelfe  Se 
fa  foi  eulFent  letempsdele  déchirer  &  de  l'éprouver. 
Le  Mai.  Vous  avez  alfez  éprouvé  ma  conftance. 

ViLL. 

Ce  mot  vient  du  L^n  probare.  Nicot. 

Éprouver,  fignifie  auftij  reffentir  les  effets,  con- 
noître par  l'ufage ,  par  expérience.  Experirî.  J'ai 
éprouve  plufieurs  fois  la  fidélité  de  ce  valet.  On  ne 
connoît  point  la  douleur  de  la  goutte  ,  qu'on  ne 
l'ait  éprouvée  ,  pour  dire  j  qu'on  ne  l'ait  fentie. 
Ceux  qui  ont  toujours  été  heureux  font  bien  plus 
fenfibles  à  la  mauvaife  fortune  quand  ils  viennent 
à  l'éprouver.  Bouh.  Vous  auriez  épiouvé  qu'on  eft 
beaucoup  plus  heureux,  &  qu'on  fent  quelque 
chofe  de  bien  plus  touchant ,  quand  on  aime  vio- 
lemment ,  que  lorfqu'on  eft  aimé. 

Éprouvé  ,  ée.  part.  palf.  &  adj.  Probatus ,  fpeclatus. 
J'ai  des  amis  d'une  fidélité  éprouvée.  Il  y  a  des  mo- 
mens  délicat  où  la  vertu  la  plus  éprouvée  ,  ne  peut 


EPS     EPT 

tenir.  Bell.  Une  arme  eft  éprouvée^  îorfqu'on  lui 
a  fait  fiibir  certaines  ch.uges  de  y^owà^^  prdcrues. 

ÉPROUVETTE.  f.  f-  Sonde  de  Chuurgie'"'-//^^'-'''^'^'"- 

Eprouvette  ,  eft  auffi  ""5  madime  pour  éprouver  la 
poudre.  Il  y  en  a  de  plu'i^urs  fortes. C'eft^"'"  parmi 
les  Potiers  d'étain  une  petite  cuiller  de  fer ,  dans 
laquelle  ils  tondent  de  l'étain  fin  ,  pour  en  connoi- 
tre  la  qualité. 

Hprouvette  ,  eft  encore  une  petite  verge  de  fer  que 
l'on  met  dans  un  canon  de  fer  avec  les  limes ,  Iorf- 
qu'on les  chauffe  pour  leur  donner  la  trempe  :  on 
rire  cette  verge  pour  voir  quand  les  limes  font  alfez 
rouges. 

Eprouvette  ,  Terme  des  Aides.  Petite  chaîne,  au 
hout  de  laquelle  il  y  a  un  morceau  de  plomb,  dont 
fe  fervent  les  Commis  aux  Aides.  Pour  connaître  la 
hauteur  de  la  liqueur,  il  lailFent  ton^ber  V eprou- 
vette dans  le  vailfeau  par  le  bondon  ,  &  évaluent  la 
quantité  de  liqueur  lur  la  partie  de  la  chaîne  qui 
ell  marquée  par  la  liqueur. 

EPS. 

EPS.  f.  m.  Termes  de  Coutumes.  Abeilles ,  mouches  à 
miel. /^/"/j.  Si  aucuns  tW  ,  ou  mouches  à  miel  s'en- 
volent hors  leurs  vaiueaux.  Coutume  d'Amiens, 
art.  \iji. 

Ce  mot  vient  du  Latin  avis  ,  ou  apes ,  au  pluriel. 

EPSTEIN.  Gros  bourg  ,  défendu  par  un  château,  (î^c 
fitué  dans  le  Comté  de  NalTàw  Dietz  j  en  Wctera- 
vie  ,  parmi  les  montagnes  qu'on  nomme  Diehole. 
Epjlelmum.  Epftein  eft  chef  d'une  Seigneurie  qui 
appartient  au  Landgrave  de  HelFe-Darraftat.  Maty. 

E  P  T. 

Ip-  EPTACORDE.  f.  m.  Foyex  Heptacorde. 

EPTAGÔNE.  f.  m.  Terme  de  Géométrie.  C'eft  une 
figure  qui  a  fept  angles  &  fept  côtés. 

C^e  mot  vient  d'^a-ray*»»!- ^  formé  de  f^^^"-  fept ,  .Se 
y^'*/'»,  angle.  Il  faudroit  écrire  heptagone  par  une  h  , 
puifque  dans  le  Grec  I'e  eft  afpiré.  /'.  Heptagone. 

EPTAMERIDE.  Voye:{  Heptaméride. 

EPTE.  Rivière  de  France,  dans  la  Haute-Norman- 
die, tpta.  Elle  prend  fa  lource  au  Diocèfe  de 
Rouen  ,  dans  le  pays  de  Brai  j  une  lieue  environ 
au-dellus  du  Bourg  de  Forges ,  &  fe  tend  dans  la 
Seine  ,  au  delFus  du  village  de  Limets.  L'Epte  fcpare 
au.x  environs  de  Gournai  le  Diocèfe  de  Rouen  de  ce hii 
de  Beauvais ,  &  depuis  Neuhnarché  ,  elle  divife 
le  Vexin  Normand  du  Vcxin  François.  Dejcrïpt. 
Géograp.  &  Hijloriq.  de  la  Haute-lSorman.  /'.  //. 

ÉPLTCER.  V.  a.  Orer,  chafter  les  puces,  Pulkes  cx- 
cutere.  Epucer  une  chienne. 

ÉrUCE  ,  EE.  part. 

EPUISABLE.  adj.  m.  &  f.  Qui  fe  peut  épuifer.  Ex- 
haufilbills  ,  qui  potefi  cxhauriri.  l!  n'y  a  point  de 
tréfor  qui  ne  fût  épuijahlc  par  tant  de  folles  dépen- 
{is.  Ce  mot  fe  dit  peu,  quoiqu'i«ty-v///à/^/e  fou  fort 
uhté. 

ÉPUISEMENT,  f.  m.  Adion  par  laquelle  on  tarit , 
on  épuife.  Exhaujïio.  Uépuijement  de  ce  bâtardeau 
a  été  difficile  ,  à  caufe  des  lources  qui  s'y  font  trou- 
vées. Ce  mot  &c  les  fuivans  fon  dérivés  du  Latin 
puteus.  Nicot.  Djns  ce  fens  ,  ce  mot  n'eft  guère 
d'ufage. 

Épuisement,  fe  dit  des  Finances ,  lorfqu'elles  ont  été 
épuifées  par  des  dépenfes  eT.ceiîives.  \J epuifement 
des  Finances  fut  caufe  qu'il  fallut  avoir  recours  à 
mille  voies  inouies ,  pour  avoir  de  Targenr. 

fer  Epuisement  ,  fe  dit  plus  fouvent  en  Médecine  j 
pour  déligner  la  perte  des  forces ,  la  dillipation  des 
efprits  J  de  quelque  caufe  qu'elle  provienne.  /:'.v- 
haujiio  dijfipatio  virium.  Voy.  Enerve  5:  Enerva- 
TioN.  L'épuifement  eft  fouvent  la  fuite  d'un  exercice 
violent,  continué  pendant  quelque  temps,  d'une 
maladie  aigiie  j  de  quelque  durée  ,  d'une  longue 
&  pénible  contention  d'efprit  j  &  plus   fouvent 


E  P  U  S07 

encore  de  la  débauche  habituelle  des  femmes  &c  du 


vin. 


CCT  Epuisement,  fe  dit  quelquefois  au  figuré.  L'e- 
puifcnient  de  cette  matière  eft  difficile.  Un  Auteur 
bien  entendu  dans  les  pallions  n'épuifera  jamais  la 
douleur  d'une  afiligée  :  cet  epuifement  qMw\  d'une 
indolence  languillante.  S.  Evr. 

ÉPUISER.  V.  a.  Ôier  toute  l'eau  d'un  endroit  ;  tarie 
une  fource.  Exhaurire  On  épuife  les  puits  ,  on  en 
vide  l'eau  pour  les  curer.  On  a  bien  de  la  peine  à 
épufer  les  lources^  vives.  Ce  mot  s'emploie  au 
propre  &  au  figuré. 

|fcF  On  le  du  dans  le  même  fens  en  parlant  de 
tout  ce  qui  contribue  à  la  dillipation  des  forces  na- 
turelles J  du  fang  ,  des  efprits.  Une  maladie  aulîî 
longue  que  dangercufe  ,  a  épuife  fes  forces.  Les 
débauches  continuelles  des  femmes  Oc  du  vm  l'ont 
épuife.   f^oyei   Epuisement. 

i^?  On  dit  encore  au  figuré  ,  épuifer  le  tréfor 
public ,  épuifer  les  Finances ,  les  vider  j  les  con- 
lumer,  épuifer  nn  Province  d'hommes  &  d'argenr  , 
en  tirer  une  fi  grande  quantité  ,  c^u'elle  en  foie 
confidciablement  affoiblie.  Ce  prodigieux  nombre 
d  hommes  dont  vous  avez  épuife  tout  l'Orienr , 
pourroit  être  formidable  à  vos  voifins.  Vaug. 

IP"  Epuiser  une  matière  ,  un  fujet,  c'eft  ne  rien 
oublier  de  tout  ce  qu'on  peut  dire  lur  le  fujet  donc 
on  parle.  Après  avoir  épuife  toutes  les  idées ,  Sc 
tous  les  fentimens  de  triftelTe.  Bouh.  Le  chapitre 
de  votre  efpnt  épuijé  toutes  les  louanges.  Sar.  Sa 
médifanc^  ne  s'ir/'i/z/è  point.  Scar.  Les  efprits  les 
plus  fertiles  à  la  fin  viennent  à  %  épuifer ,  &c  nous 
font  tomber  avec  eux  dans  la  langueur.  S.  Evr.  Il 
n'y  a  fi  bel  efprit  en  amour  qui  ne  s'epuife.  Id.  L'O- 
rateur ne  doit  pas  épuifer  toute  la  fenfibilité  des 
auditeurs.  Ac.  du  Jarry.  Enfin  vous  ères  épuife  à& 
chicanes  tk  de  fubtihtés.  Ne  peut-on  pas  dire  que 
la  nature  j  après  avoir  fait  des  efforts  pour  pro- 
duire des  effets  extraordinaires  ,  demeure  ftérile  du- 
rant quelques  fiècles  J  comme  h  fes  dernières  pro- 

,   duélions  l'avoient  epuifee  ?  Per. 

Epuisé  ,  ee.  part.  &  adj.  Exhaufius  j  effœtus.  On  die 
qu'un  efprit  eft  f/3/^//}  J  effœtus  ^  quand  il  eft  ufé  , 

,   qu'il  ne  peut  plus  rien  produire  de  nouveau. 

ËPUISETTE.  i.  f.  Elpèce  de  petit  rets ,  ou  filet  pour 
prendre  les  ferins  dans  une  volière,  licticulum. 
Lorfqu'on  veut  prendre  un  ferin  dans  un  volière, 
on  peut  fe  fervir  d'une  épuifette  ;  c'eft  une  efpèce 
de  petit  filet  que  l'on  fait  faiie  exprès  pour  les 
prendre.  Hervieux.  Il  dit  enfuite  qu'un  trébuchec 
vaut  mieux  qu'une  épuifette. 

ÉPULIE ,  ou  EPULIDE.  f  f.  Terme  de  Chirurgie,  f/^tf- 
lis.  Maladie  des  Gencives  :  c'eft  un  tubercule  qui  y 
vient  accompagné  de  douleur  j  &  qui  empêche 
fouvent  le  malade  d'ouvrir  la  bouche.  On  l'appelle 
au.9î\  pcrulis.  Vcyei^^  ce  mot. 

Ce  mot  eft  Grec  :  î^ra^lf  ^  fignifie  la  maladie  dont 
on  vient  de  parler. 

EPULON.  f.  m.  Terme  d'Hiftoire  Romaine.  Miniftre 
des  facrifices  chez  les  Romains.   Epulo.  Les  An- 
ciens appeloient  épuions  certains  Prêtres  inftitués 
premièrement  au  nonîbre  de  trois  ^  puis  au  nombre 
de  fept  J   enfin  au  nombre  de  dix.  Ils  avoient  la 
charge  des  banquets  facrcs  ,  que  l'on  faifoit  ordi- 
nairem.-nt  à  Rome  aux  lacrifices  &  cérémonies  de 
Jupiter  &  des  autres  Dieux  \  &  s'il  y  avoir  quelqJe 
chofe  omife  ,  ils  en  ordonnoient  avec  les  Pontifes. 
Paul  Boyer  ,  p.  618.  de  fa  Bihliot.  univ .  Voye^  les 
Antiquités  Romaines  de   Rofin  j  Liv.  ;.  chap.  18. 
£■:  l'Antiquité  expliquée  du  Père  de  Montfaucon  , 
T.  II.  p.  44  &  z^ç.  Les  Epuions  ctoient  exempts 
de  donner  leurs  filles  pour  être  Veftales ,  dit  Aulu- 
Gelle  J  Liv.  I.  c.  ii.  Ce  fut  l'an  558.  de  la  fondation 
de  Rome  y  fous  le  Confulat  de  L.  Furius  Furpureo  j 
&  de  .M.  ClaudiusMarccllus  J  qu'ils  firent  établis. 
Voye\  Vigenère  fur  T.  Live ,  L.  I.  p.  Su. 

La  Vierges  de  Vefla  j  les  Savans  Ticiens , 

Les  Epuions  joyeux ,  &  Us  fies  Saliens.  Brébevf. 


to^  E  P  U 

^Toutes  les  viandes  que  l'on  off.oit  aux  Dieux 
dans  les  banquets  faciès  qu'on  leur  préparoit ,  aux- 
quels on  donnoic  le  nom  d'Epu/um  ,  appartenoienc 
aux  Miniltres  des  facriiices,  appelés  pour  cecte  rai- 
fon  Epulons.  , 
IP"  Épulon  ,  fe  die  dans  le  ftyle  plaifanc  pour  Con- 
vive. 

Mais  aurois-tu  pour  agréable , 
Toi  qui  fais  ce  que  nous  valons  ^ 
Que  je  tapprtjfe  auJJI  les  noms 
Et  Us  rangs  que  tenoicnt  à  table 
Ces  neuf  modernes  Epulons  ? 

Chapelle  au  Marquis  de  Jonfac. 


ÉPULOTIQUE.  ad).  Souvent  employé  fubftanrive- 
ment.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie.  Epulotlcus.CQ'A. 
un  remède  aftringenc  &  iic  ,  qui  ell  propre  pour 
cicatrifer  les  plaies  &c  les  ulcères  :  tels  font  les  em- 
plâtres de  cérufe  &c  de  diapalme  ,  l'onguent  pom- 
pholix  ,  t*:c.  La  cerufe  ,  la  colophone  font  épuloti- 
ques  j  de  bons  épulotiques. 

Ce  mot  elt  Grec  :  il  vient  d'f^',  &  de  ka^,  ci- 
catrice. 
0Cr  EPULUM.  f.  m.  Dans  l'Hiftoire  ancienne  y  mets 
préparés  pour  les   Dieux ,  comme  s'ils  eufTent  dû 
manger  ,  dans  les  fêtes  qu'on  célébroit  à  leur  hon- 
neur. F'cyeT^  Epulon. 
ÉPURE,  f.'  f.Terme  d'Archiredlure  &  de  DefTein.Ceft 
le  delleiiî  d'une  voûte  tracé  fur  une    muraille  ou 
fur  un  plancher  ,  de  la  grandeur  dont  elle  doit 
être  exécutée  j  pour  y  prendre  les  mefures  nécetFai- 
res  à  la  conftrudion  des  voulfoirs.  Frézier.  Forni- 
cis  deformatio  ,   adumbratio  ,  vediglum  ,  imago.  On 
le  dit   généralement  d'un  delfein  en  grand   ,    de 
quelque  édifice.  Il  faut  faire  une  épure  du  profil  de 
la  colonne  pour  la  bien  conftruire  ,  quand  elle  eft 
liante.  Quand  l'ouvrage  eft  fort  grand  ,  on  fait  des 
apures  particulières  de  chaque  partie  féparée.  Lorf- 
qu'on  veut  tracer  des  épures ,  on  a  beaucoup  de 
peine  à  trouver  fur  les  lieux  des  fuperficies  ,  ou  des 
plans  allez  unis  &  alfez  grands  ,  pour  recevoir  ces 
patrons.  Il  y  a  encore  beaucoup  de  difficulté,  foit  du 
côté  des  inllrumens,    qui  le  plus  fouvent  font  j  ou  ,  EQUANT,  f. 
rrop  petits  ,  ou  difficiles  à  manier  ,  ou  de  trop  peu 
de  juftefle  ,  comme  les  cordes  qu'on  prend  pour 
faire  des  cercles  j  foit  enfin  du  côté  de  la  fituation 
de  ces  fuperficies ,  qui  eft  trop  haute  le  plus  fou- 
vent  pour  porter  la  main  avec  juftelfe  à  tous  les  en- 
droits requis  ;  ce  qui  oblige  à  des  échafaudages  em- 
barralfans  ,  &  à  beaucoup  de  précautions.  Du  Ry. 
|PT  Dans  la  Charpenterie  ,  on  appelle  crelon  ce 
qu'on  appelle  Epure  en  Architecture. 

Ce  mot  vient  apparemment  d'épurer,  mettre  au 
net.  Frézier. 
ÉPURER.  V.  a.  Rendre  une  chofe  pure  &  nette,  en 
féparer  les  ordures  &  les  corps  étrangers.  Purgare  , 
expurgare.  Epurer  \ss  liqueurs  par  la  filrration  &  la 
diftillîtion.  Epurer  le  mercure  en  le  palfant  par  le 
chamois  ^  &  en  le  fublimant.  Epurer  les  métaux 
par  les  fufions  réitérées. 
Épurer  ,  fe  dit  figurément  en  chofes  morales ,  fur- 
tout  au  participe  ,  &  fignifie ,  Purifier  ,  purger. 
Une  foi  fort  épurée.  Il  n'entrera  dans  le  ciel  que  des 
âmes  nettes  &  fort  épurées.  Je  fuis  fâché  que  vous 
m'ayez  dit  que  cet  Auteur  étoit  de  vos  amis  :  mon 
jugement  eût  été  plus  libre  ,  &  plus  épuré  de 
complaifance.  Bal.  Les  malheurs  épurent  no»!  de- 
iîrs  ,  &  nous  font  perdre  le  goût  du  monde.  Boss. 
La  fatyre 

Sait  feule  ajfaifonner  le  plaifant  &  V  utile , 

Et  d'un  vers  quelle  épure  aux  rayons  du  bonfens. 

Détrompe  les  efprits  des  erreurs  de  leur  temps. 

Boileau. 

M.  Perrault  a  dit  épurer,  en  parlant  de  l'homme  , 
dans  fon  Epître  à  M.  de  Fontenelle. 


EPU       E  Q  U 

L'homme  ^fans  ce  beau  feu  qui  l'éclairé  &  /'épure 
N'eji  que  l'ombre  de  l'homme  à  fa  y  aine  figure. 

On  dit  auffi  ,  Epurer  la  Langue  j  pour  dire  ,  Ren- 
dre la  Langue  plus  pure  &  plus  polie.  Epurer  un 
Auteur  \  pour  dire  ,  Rerrancher  d'un  Auteur  ce 
qu'il  peut  y  avoir  d'obfcène  &  de  trop  libre.  Epu' 
rer  le  Théâtre  ,  fe  dit  des  Poètes  qui  tout  des  pièces 
de  Théâtre,  où  il  n'y  a  rien  qui  bielle  la  pudeur. 
Epurer  le  goût  j  pour  dire  ,  Le  rendre  plus  sûr  èc 
plus  délicat. 
§3°  s'Epurer,  v.  récip.  Devenir  plus  pur.  L'or  %  épure 
par  la  coupelle  ,  par  l'inquart  &  la  cémentation. 
Le  mercure  ,  les  métaux  ,  les  liqueurs  Repurent  de 
diftcrentes  manières. 

IJCJ"  On  ledit  de  même  au  figuré  ,  pour  dire, 
fe/'ÊA/tcIio/zwer.  La  langue  ,  le  Ityle  ,  le  goût  s  épu- 
rent tous  les  jours.  Le  cœur  des  juftes  %  épure  dans 
les  fouftrances  comme  l'or  dans  le  creufet. 
Épuré  ,  ée.  part.  &  adj.  P ur gâtas ,  purus  ,  liber.  Il  fe 
du  au  propre  Se  au  figuré.  Or  épuré ,  mercure  épuré. 
Il  faut  avoir  l'ame  épurée  de  flatterie  &  d'intérêt  S. 
EvR.  La  vraie  chafteté  de  l'ame  confilte  à  tenir  les 
fens  toujours  épurés  de  lacorruption  du  ficcle.  Boss. 
On  ne  trouve  plus  de  véritable  ami, ni  d'amitié  bien 
épurée.  Bell.  Vous  faites  profeffion  d'une  dévotion 
trop  fublime  &  trop  épurée.  Boss.  Des  fentimens 
épurés,  c'eft-à-dire,  nobles,  détachés  de  tout  in- 
térêt. Ab.  de  la  Tr.  Une  vertu  commune  réfifte 
aux  calomnies  ;  mais  il  en  faut  une  bien  épurée 
pour  rélifter  aux  louanges.  Id. 
EPURGE.  f.  f.  Herbe  médicinale,  qui  purge  avec  vio- 
lence par  haut  &  par  bas  ,  d'où  elle  a  tiré  fon  nom. 
Lathyris.  C'eft  une  efpéce  de  tithymale  ,  qu'on  ap- 
pelle autrement  petite  catapuce  ,  &  en  Latin  tithy- 
malus  latijoha  cataputia   dicla.  Voye-[  Catapuce 
&  TiTHiMALE.    On   difoit  autrefois  épurgir  pour 
purger. 
ÉPURGEMENT.  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  fignifie  Ex- 
cufe.  Excufatio ,  purgatio. 


E  Q  U. 

m.  Terme  d'Aftronomie.  Cercle  que  les 
Aftronomes  ont  imaginé  dans  le  plan  du  déférent, 
ou  excentrique ,  pour  régler  certains  mouvemens 
des  Planètes.  Circulus  izquans.  Ces  cercles  ont  eu  le 
même  fott  que  les  excentriques.  Ils  font  aujour- 
d'hui bannis  de  l'Aftronomie. 
ÉQUARRIR.  V.  a.  Ceux  qui  difent  équarrer  parlent 
mal.  Tailler  un  corps  folide  à  angles  droits.  Qua- 
drare  ,  efformare  in  quadrum.  Equarrir  une  pierre  , 
la  metire  d'équerre  en  tout  fens.  Il  faut  equarrir  le 
bois  à  vive  arête  ,  n'y  lailîer  aucun  aubier. 

ÉquarrIj  ie.  part.  &  adj.  Quadratus  j  in  quadrum 
efformatus. 

ÉQUARRISSAGE.  f.  m.  Etat  d'une  chofe  équarrie. 
Opération  par  laquelle  les  bois  en  grume  fe  rédui- 
fent  avec  la  coignée  en  bois  carrés  ,  qui  doivent 
avoir  au  moins  fix  pouces  A'équarriffage.  Le  bois 
d'un  équarrijjage  inférieur  fe  nomme  chevron.  Duh. 
Quadratura.  Cette  folive  a  fix  pouces  fur  neuf  d'e- 
quarrijfage.  Il  fe  dit  aulli  de  la  façon  ,  de  la  peine 
&  de  la  dcpenfe  d'équarrir.  L'équarrifage  de  ces 
poutres  me  coûte  tant. 

É(^UARRISSEMENT.  f.  m.  Ce  qu'il  faut  faire  pour 
equarrir  un  corps  ,  ou  rédudtion  d'une  pièce  de 
bois  en  grumes  à  la  forme  carvée.Quadratio.  Il  faut 
retrancher  la  moitié  du  bois  de  l'arbre  pour  l'équar- 
rijfement  d'une  poutre  ,  d'une  folive. 

Equarrissement.  Terme  d'Architeéluredans  la  cou- 
pe des  pierres- Tailler  en  équarrijfement  :  c'efl:  une 
manière  de  tailler  les  pierres  fans  le  fecours  des  pan- 
neaux ,  les  ayant  feulement  préparées  ,  en  les  équar- 
rilTant,  pour  y  appliquer  les  mefures  des  haureurs 
&  des  profondeurs  qu'on  a  trouvées  dans  ledef- 
fein  de  l'épure  pour  chaque  voufToir.  On  l'appelle 

auffi 


EQU         . 

âuffi  dérobement  ,  tailler  par  dérobemsnt.   Fré- 


ZIER. 

ÉQUARRISSOIR.  f.  m.  Quadracor.  Vez'nz  broche 
d'acier ,  un  peu  pointue  ,  qui  a  pludeurs  taces  éga- 
les ,  donc  on  fe  lert  pour  au;^mencer  les  rrous  dans 
le  cuivre  ou  l'acier.  Elle  ell  taillée  en  dépouille; 
c'ert  à-dire  ,  qu'elle  va  un  peu  en  augmentant  vers 
le  talon  ou  le  manche.  Il  y  a  des  equarrijjoirs  de 
diverfesgroireurs.  Les  Horlogers  fe  fervent  fouvent 
A'équ.urijj'jirs  &  d'arrondilloiis. 

EQUATEUR,  f.  m.  Terme  d'Alhonomie  &  de  Géo- 
graphie. Prononcez  écouatcur.  ^juator,  C'eft  un 
des  grands  Cercles  de  la  Sphère,  également  éloigne 
des  deux  Pôles  du  monde  ,  qui  ellamli  appelé  ,  par- 
ce qu'il  fait  les  jours  égaux  aux  nuits ,  quand  le 
foleil  efl;  arrivé  au  point  oîi  il  coupe  \tcliptique. 
C'ell:  le  terme  d'où  l'on  commence  à  cciinpcer  la  dé- 
clinaifon  des  aftres.  On  l'appelle  autrement i:^ai- 
noclial  ;  &  quand  il  e!t  décrit  lurles  Cartes  on  l'ap- 
pelle l^igie  équinocl'uiU ,  ou  (iinplemenc  la  Ligne. 
^fT  Ce  cercle  également  éloigné  des  deux  pôles 
^1  monde  ,  divile  la  fphère  eu  deux  parties  égales , 
l'une  boréale  ,  où  le  trouve  le  pôle  arétique ,  & 
l'autre  méridionale  ,  où  fe  trouve  le  pôle  antaréti- 
que.  On  le  nomme  Equateur  ^  parce  c]u'envuon  le 
20  Mars  £c  le  12  Septembre  ,  temps  auquel  le  foleil 
paroît  le  parcourir ,  le  jour  ell  parfaitement  égal  à 
la  nuit  ,  c'ell-à-dire  ,  que  le  foleil  paroît  auOi long- 
temps fur  notre  horifon  que  Ibus  notre  horifon. 

On  divile  ce  cercle  j  de  même  que  tous  les  autres 
de  la  iphère  ,  en  360  parties  égales  ,  qu'on  nomme 
degrés.  Chacun  de  ces  degrés  fe  lubdivife  en  60  mi- 
nuceSj  ciiaque  minute  en  (îofecondes  j  &  chaque 
féconde  en  autant  de  tierces  j  &c.  Cassini.  L't'qua- 
teur  tait  fa  révolution  en  14  heures.  Ainfi  1 5  de  k$ 
degrés  palfent  au  méridien  en  une  heure  ;  1 5  de  fes 
minutes  en  une  minute  d  heure  ,  S<.  1 5  de  fes  fécon- 
des en  une  féconde  d'heure ,  &:c. 

ÉQUATION  f  f.  yEquado  ,  projlaphîrcfis.  Terme 
d'Aftronomie  ,  qui  fe  dit  de  la  manière  de  réduire 
le  temps  ,  ou  les  mouvemens  inégaux  du  foleil ,  à 
un  temps  ,  ou  à  un  mouvement  égal  &  moyen.  Les 
mouvemens  des  altres  font  tellement  inégaux  à  no- 
tre égard  ,  que  nous  les  voyons  quelquefois  s'a- 
vancer avec  beaucoup  de  vîteflTe  y  &  quelquefois 
marcher  avec  beaucoup  de  lenteur  \  enforce  qu'il  elt 
uès-difticile  ,  ou  même  impodible  de  faire  des  fup 
putations  certaines  de  ces  mouvemens  irréguliers. 
C'eft  pourquoi  il  a  fallu  que  les  Aftronomes  en  aient 
imaginé  d'autres  pour  s'en  fervir  dans  leurs  calculs  : 
ils  ont  donc  fuppofé  ces  mouvemens  égaux  &  uni- 
formes ,  &  moyens  entre  les  plus  vîtes  &  les  plus 
lents  ,  les  difpofant  de  telle  forte  ,  que  donnant  au 
plus  lent  ce  qu'ils  ôtenc  au  précipité ,  ils  achèvent , 
par  une  compenfation  bien  mefurée,la  période  en- 
tière de  toutes  ces  inégalités ,  au  même  moment  de 
temps  que  les  aftres  achèvent  leurs  cours  dans  le 
ciel  par  leurs  mouvemens  réels  &  véritables.  Par 
exemple  ,  le  jour  Aftronomique  fe  compte  depuis  le 
départ  du  foleil  d'un  méridien,  jufqu'à  ce  qu'il  y 
retourne  le  jour  fuivant  :  c'eft  ce  qu'on  appelle  le 
jour  o\x\q  mouvement  égal.  Mais  cependant  le  fo- 
leil avance  dans  l'écliptique,  tantôt  plus  ,  tantôt 
moins  à  notre  égard  ,  félon  qu'il  eft  apogée  ,  ou 
périgée  ;  &  c'eft  ce  qui  rend  les  jours  inégaux.  lia 
donc  fallu  que  les  Aftronomes ,  qui  ont  befoin  d'un 
iour  égal  pour  faire  leurs  fupputations  ,  trouvaf- 
fent  ce  mouvement  ou  temps  moyen  ;  &  c'eft  ce 
qu'on  appelle  équation ,  c'eft-à-dire  ,  ce  qu'il  y  a 
de  trop  ou  de  trop  peu  ,  ce  qu'il  faut  ôter  ou  ajou- 
ter pour  rendre  le  mouvement  égal.  L'addition  que 
Ton  fait  de  trente  jours  à  la  troifième  année  lunaire 
s'appelle  équation  lunaire  ,  parce  que  cette  addition 
égale  l'année  lunaire  à  l]année  folaire.  Jean-Baptiste 
Morin  a  fait  un  beau  Traité  des  équations  en  fon 
livre  des  Longitudes.  M.  Huyghens  a  doHué  une 
table  exaéte  de  ïéquation  des  jours  pour  régler 
les  mouvemens  des  horloges  à  pendules  ^  ou  l'on 
coit  combien  ces  horloges  doivent  avanc&r  ou  re- 
lomi  II J, 


EQU  $09 

culer  en  chaque  jour  de  l'année  à  caufe  de  l'irrégu- 
larité  du  mouvement  du  foleil.  On  a  fait  depuis 
d'autres  tables  d'équations  pour  le  même  ufage  ,  de 
encore  plus  exaétes  ,  parce  qu'elles  font  fondées  fur 
un  plus  grand  nombre  d'obfervations.  Dans  la  table 
de  M.  de  la  Hire  la  plus  grande  équation  eft  le  10* 
de  Février  de  31  minutes  dix  fécondes  j  &  va  en- 
fuite  diminuant  jufqu'au  i4de  Mai  j  quelle  eft  de 
onze  minutes  59  fécondes.  Enfuite  elle  augmente 
tous  les  jours  jufqu'au  17  de  Juillet ,  qu'elle  eft  de 
21  minutes  5 6 fécondes.  Après  elle  diminue  jufqu'au 
premier  Novembre ,  auquel  jour  il  ne  marque  point 
d'équation  dans  fa  table  ,  parce  qu'il  fuppofe  que 
ce  jour-là  l'horloge  fut  mife  ou  réglée  fut  le  foleil. 
Il  y  a  aufti  des  tables  d'équations  pour  les  planètes. 
Ces  tables  fervent  à  réduire  le  heu  moyen  de  la 
planète  au  vrai  lieu  ,  la  conjonélion  moyenne  à  la 
conjondion  vraie  J  &c.  On  appelle  l'équation  j  prof- 
taphérèfe  j  qui  eft  un  mot  Grec  ,  compoft  ée  ^p", 
ou  a-fiVCsv  ^  devant,  &  «ipaiçé»  ,  j'ôte  ,  je  fouftrais , 
parce  que  l'equation  eft  tantôt  additive,  &:  tantôt 
fouftradtive  j  c'eft-à-dire  ,  que  pour  avoir  le  mou- 
Yement  vrai  ,  il  faut  quelquefois  ajouter  l'équation 
au  mouvement  moyen,  &  quelquelois  la  fouftraire. 
Dans  leî  anciennes  tables  astronomiques  on  fe  fert 
plus  fouvent  du  mot  de  prostaphérèfe  ;  dans  les  nou- 
velles on  fe  iert  du  mot  d'équation. 

Équation,  en  termes  d'Algèbre  ,  estlarédudbion  de 
deux  non^^res  hétérogènes ,  ou  de  diverfe  nature 
à  une  même  nature  en  valeur,  pour  les  rendre  égaux. 
L'équation  fe  dit  aulli  de  la  connoillance  juste  de  la 
partie  qu'il  faut  ajouter  à  deux  nombres  différens , 
pour  les  mettre  dans  l'égalité.  La  fcience  des  Equa- 
tions eft  la  principale  partie  de  l'Algèbre.  L'équation 
fe  marque  ainfi  -^ ,  ou  oc.  M.  de  la  Hite  a  fait  un 
Traité  de  la  conftrudiun  ou  cft'eétion  des  équations 
géométriques. 

(CF  On  appelle  membres  d'une  équation  ,  les 
quantités  qui  font  féparées  par  le  ligne  =  ou  os  . 

ffT  Les  termes  d'une  équation  font  les  différentes 
quantités  ou  parties  dont  chaque  membre  gft  cotn- 
pofé,  &  qui  font  jointes  par  les  lignes  -f.  &  — , 
Dans  cette  équation  ,  par  exemple  j  b  ^c-^d.  l^c 
eft  un  membre  :  d  eft  l'autre  membre  ;  ôcb ,  c  ,  d 
font  les  termes ,  &  l'équation  lignifie  que  la  feule 
quantité  dei\  égale  aux  deux  quantités  è  &c  c  prifes 
enfemble.  La  racine  d'une  équation  eft  la  valeur  de 
la  quantité  inconnue  àtV équation. 

ÉQUE,  f.  m.  &  f.  ^quus.  Les  EqucsizoïQntvLn  ancien 
peuple  de  l'Italie,  dans  le  Latiuin  ,  ou  pays  des  La- 
tins. Ils  occupoient  les  montagnes  de  Tivoli. 

EQUEA.  Province  d'Alrique  au  dedans  du  Pays  des 
Nègres.  Cette  Province  eft  un  fort  petit  Canton  dont 
nous  n'avons  guère  deconnoiffance. 

ÉQUERRE.  f.  f.  Quadra.  C'eft  un  lien  de  fer  plat  à 
angles  droits,  qu'on  cloue  fur  les  angles  delà  char- 
penterie  pour  faire  tenir  les  fablicres  aux  poteaux 
corniers ,  ou  dans  les  efcaliers  ,  ou  autres  aftem- 
blages  de  pièces  de  bois.  On  en  met  d'étage  en 
étage. 

Equerre  ,  eft  auflî  un  inftrument  de  Géométrie  qui 
fert  à  conftruire  &  à  mefurer  un  angle  droit ,  ou  de 
90  degrés.  Norma  ,  gnomon.  Il  eft  compofé  de  deux 
règles  ou  jambes  jointes  ou  atcachcesperpendiculai- 
rement  fur  l'extrémité  l'une  de  l'autre;  &  quand 
ces  deux  règles  font  mobiles  par  une  charnière  ,  on 
dit  que  c'eft  une  faufte  équerre  ou  biveau  qui  fert  à 
mefurer  &  à  conftruire  toutes  fortes  d'angles  aigus 
&  obtus.  Ainû  ,  quand  on  dit  qu'un  bâtiment  est 
bâti  à  fauffe  équerre  ;  c'est-à-dire ,  qu'il  n'est  pas  à 
angles  droits. 

Faufte  équerre  s'entend  ordinairement  du  compas 
d'appafeilleur  ,  quoiqu'il  lignifie  en  général  un  ré- 
cipiangle  ,  c'est-à-dire,  un  instrument  propre  à  me- 
furer l'ouverture  d'un  angle.  Ceux  de  bois  s'appel- 
lent Sauterelle.  Frézier. 

ÉQUERUE.  f.  f.  Termede  Marine.  Nom  qu'on  donne 
dans  la  Manche  l  la  jondion  de  deux  pièces  de  bois 
mifesdans  un  vailfeau  ,  qui  en  font  les  msmbces 
Kkkkk 


^ïo  EQU 

l'une  à  l'autre.  C'est  ce  qu'on  appelle  ailleurs  empà- 
tae.  f^oye\  ce  mot. 
ÉQUESTRE,  adj.  de  t.  g.  Equejîris  ,  qui  n'est  d'ufage 
que  dans  les  phrales  luivantes.  StzivLQequeJire\  c'est- 
à-dire  ,  qui  repréfente  un  homme  monté  iur  an 
cheval.  Fortune  équcjlre  ;  c'étoit  une  statue  de  la 
Fortune  à  cheval.  Ablanc.  Figure  equejlre.  Dans  ce 
mot  la  deuxième  fyllabe  fe  prononce  comme  la  der- 
nière d'e^/^e^  en  Latin,  c'est-à-dire  j  qu'on  prononce 
Vu  &  \'s. 

La  Reine  des  à  ces  dans /a  vajïe  étendue 
N'aura  rien  qui  ne  cède  à  ce  double  ornement. 
X'équestre,  (statue)  ejl  encore  à  fon  commencement. 

De  la  Font. 

Le  mot  équeftre  a  quatre  fyllabes  dans  ce  vers  , 
quoinu'en  le  prononçant  dans  les  difcoursen  profeon 
ne  lui  en  donne  que  trois.  C'est  une  dilfolution  & 
une  licence  poétique  qu'il  faut  rarement  imiter. 

gCT  L'Ordre  Equejtre  chez  les  Romains  ,  l'Ordre 
<ies  Chevaliers  Romains.  Equités,  equeJlris  Ordo. 
P^oyei  Chevalier. 
^ZF  Et  encore  aujourd'hui  en  Pologne  dn  fe  fert 

'  de  ce  mot  pour  déligner  la  noblelLe  du  fécond 
rang. 

ÉQUIAN.  Petite  ville  d'Egypte  j  bâtie  par  les  fuccef- 
feurs  de  Mahomet.  Elle  est  peuplée  d^Jacobites, 
qui  s'occupent  au  labourage. 

ÉQUI ANGLE,  zdj.  ^quiangulus.Tevms  de  Géomé- 
trie j  qui  fe  dit  des  iigares  qui  ont  des  angles  égaux. 
Tous  les  triangles  équilatéraux  font  équiangles.  Le 
carré  est  une  figure  équiangle.  Quand  les  trois  angles 
d'un  triangle  font  égaux  aux  trois  angles  d'un  autre 
triangle,  ces  triangles  font  appelés  équiangles.  Bou- 

GUER. 

ÉQUIDISTANT,  ante.  adj.  Terme  de  Géométrie. 
Qui  eft  également  diftant  d'une  chofe  à  laquelle  il 
a  relation,  ^quidiftans  j  aquè  dijîans.  Les  lignes 
parallèles  font  équidiflantes.  Deux  murs  parallèles 
entre  eux  font  équidifians. 

Cependant  le  mot  de  parallèle  s'.applique  parti- 
culièrement à  une  étendue  continue.  Des  lignes 
font  parallèles  ,  des  allées  (ont parallèles  :  &  celui 
à!équidijlant,2.  des  patries  ou  points  de  ces  étendues 
que  l'on  compare  l'un  avec  l'autre.  Deux  points 
qui  fe  correfpondent  dans  deux  parallèles  font 
équidifians. 

ÉQUIGNETTE.  f  f.  Terme  de  Marine.  On  appelle 
équignettes  ,  ou  équllles  de  girouettes,  certains  petits 
bois  qui  fervent  à  tenir  le  haut  &  le  bas  des  gi- 
rouettes. 

ÉQUILATER/\L  ,  ale.  adj.  Terme  de  Géométrie. 
Qui  a  les  côtés  égaux.  JEquilaterus.  Triangle  équi- 
latéral ,  eft  un  triangle  dont  les  côtés  font  égaux. 
Tous  les  polygones  réguliers ,  &  tous  les  corps 
réguliers  font  équilatéraux.  On  dit  aalli  équilatère 
en  ce  fens.  Une  figure  eft  équilatère  &  équiangle. 

PORT-R. 

£QUILB0QUET.  f.  m.  Petit  inftrument  de  bois  , 
efpèce  de  calibre  pour  vérifier  les  mortoifes  :  il 
eft  fait  de  deux  morceaux  de  bois  alfemblés  à 
l'équerre. 

ÉQUILIBRE,  f  f.  Egale  pefanteur  de  deux  corps 
comparés  l'un  à  l'autre.  Egalité  de  force  exade 
entre  deux  corps  qui  agilTent  l'un  contre  l'autre. 
Une  balance  eft  en  équilibre  ,  quand  les  deux  par- 
ties fe  foutiennent  fi  parfaitement ,  qu'elles  con- 
fervent  toutes  deux  leur  pofition  parallèle  à  l'ho- 
rifon.  D'où  vient  le  mot  équilibre  formé  de  aquus 
égal ,  &  libra  ,  balance,  u^quilibrium.  Pafcal  a  fait 
un  beau  Traité  AzV Equilibre  à^s  liqueurs.  Quand 
un  corps  eft  pofé  hors  de  fon  centre  de  gravité,  ih 
n'eft   plus  dans   Véquilihre.   Les   Peintres  doivent  ï 
avoir  grand  foin  d'obferver  cet  équilibre  ,  &  de| 
bien  pofer  leurs  figures  fur  leur  centre  de  gravité , 
afin  qu'elles  ne  femblent  point  tomber,,  ou  poner 
à  faux,  ^'b)  tfj  centre  de  gravité.  Eft-ce  par  hafard 


EQU 

que  le  monde  s'eft  trouvé  dans  cet  équilibre  fi  juftè  ? 
Nie. 


Équilibre,  ce  mot  fe  dit  en  matière  dogmatique 

-''une  certaine  lituation  de  la  volonté  mue  par  la 

race  d'un  côtéj  &  de  l'autre  par  la  concupif- 


d'i 

grâce 

cence. 


Èquilibp.e  ,  fe  dit  auflî  figurément  en  Morale  ,  &  li- 
gnifie ,  Egalité  j  même  proportion.  La  paix  eft 
plus  alfuree  ,  quand  les  puillances  voifines  font 
dans  l'équilibre.  Quand  la  balance  penchoit  d'un 
coté  ,  la  Reine  la  chargeoic  de  l'autre ,  pour  la  re-  * 
mettre  dans  Vequiiibre.  Mez.  Les  biens  &  les  maux 
de  ce  monde  font  dans  une  efptce  d'équilibre,  &c  fe 
balancent  tellement  qu'on  les  trouve  prefquc  dans 
une  égale  proportion.  Nic. 

De  la  droite  raifon  je  fens  mieux  /'équilibre.  Bon. 

On  dit  encore  figurément  :  Faire  l'équilibre  5  pour 

dire  ,  rendre  les  chofes  égales.  Ac.  Fr. 

|1CJ"  On  dit  en  ce  fens ,  le  fyftcme  de  l'équilibre  ,  c'eft- 

à-dire,  qui  tient  les  Puillances  dans   l'équiiib^, 

dans  i.ne  e(pèce  d'égalité. 

EQUILLE.  1.  f.  Wa/5  ,  Acicula.  Sorte  de  poilfon  qui  a 

pris  fon  nom  du  Latin. 
ÉQUIMULTIPLE.  adj.  m.  &:  f.  Terme  de  Géomé- 
trie. ^quimuUiplus.  Il  fe  dit  des  grandeurs  lira- 
pies  également  multipliées.  Ainfi  en  prenant  A  au- 
tant de  fois  que  B ,  &  en  le«  multipliant  également, 
il  y  aura  toujours  même  raifon  entre  ces  grandeurs 
multipliées,  qu'entre  ces  grandeurs  fimples.  Or  ces 
grandeurs    ainfi  également  multipliées  s'appelent 
équimultiples  des  fimples  j  A  &  B  ,  &  l'on  dit  que 
les  équimultiples  font  entr'elles  comme  les  limples. 
En  Arithmétique  les  équimultiples  font  des  nom- 
bres qui  contiennent  également,  &  autant  de  fois 
les  uns  que  les  autres  ^  leurs  fous  multiples.  Ainfi 
les  deux  nombres   li  &  6.  font  équimultiples  de 
leurs  fousmultiples  4  &  2. ,  parce  que  chacun  con- 
,   tient  fon  fousmuhiple  trois  rois. 
ÉQUINOCTIAL  ,  ale.  &  plus  régulièrement  équi- 
noxial.  adj.  ^quinoclialis.  Quia  rapport  à  l'équi- 
noxe.  Ainfi  le  cercle  équinoxial  e(l  celui  que  le  So- 
leil décrit,  ou  nous  patoît  décrire  ,  lorfque  Téqui- 
noxe  eft  par  toute  la  terre ,  c'eft-à-dire ,  lorfque  la 
longueur  du  jour  eft  par- tout  égale  à  la  longueur 
de  la  nuit,  ce  qui  arrive  deux  fois  l'an,  au  com- 
mencement du  prinremps  vers  le  21  de  Mars,  &: 
au  commencement  de  l'automne  vers  le  25  de  Sep- 
tembre. Ce  cercle  équinoxial  s'appelle  quelquefois 
fimplement   l'équinoxial ,  comme  on  dit  fimple- 
ment  le  méridien  ,  l'horifon ,  &:c.  en  fous-enten- 
dant  le  mot  de  cercle.  V Equinoxial ,  en  ce  fens  ,  eft 
fubftantif ,  &  la  même  ehofe  que  l'Equateur  3  quia 
aquat  diem  nocli  :  quand  il  eft  repréfente  fur  les 
Cartes  de  Géographie  ,  on  l'appelle  plutôt  Equino- 
xial,  ou  la  ligne  équinoxiale ,  ou  iimplement  la 
Ligne ,  parce  que  les  grands  cercles  de  la  fphère 
font  repréfentés  comme  des  lignes  fuivant  les  rè- 
gles de  la  projeébion.  Il  coupe  en  deux  également 
la  fphère  droite  ;  &  les  peuples  qui  habitent  def- 
fous  ont  toujours  les  jours  égaux  aux  nuits  ,  ou  un 
perpétuel  équinoxe  :  au  lieu  que  les  peuples  qui 
font  fous  la  fphère  oblique  n'ont  cette  égalité  que 
quand  le  foleil  eft  dans  cette  Ligne,  à  f^avoir,  en- 
viron le  2 1  de  Mars  &  le  2  3  de  Septembre-Un  Cadran 
équinoxial,  eft  celui  qili  eft  fair  fut  un  plan  incliné 
qui  regarde  l'Equateur.  La  France  équinoxiale,  c'eft 
rétablilfement  des  François  en  Guyane  dans  l'Amé- 
rique méridionale.  La  capitale  de  la  France  équi- 
noxiale eft  la  Cayenne.  C'eft  un  établilfement  des 
François  dans  une  Ile  formée  par  la  mer,  &  par 
une  rivière  appelée  la  Cayenne. 
Équinoxial.  Il  eft  quelquefois  fubftantif  mafc.  &: 
alors  c'eft  la  même  chofe  que  MEquateur.  Voye\  ce 
mot.  Aoad.  Fr. 
ÉQUINOKE.  f  m.  Le  temps  où  les  jours  font  égaux 
aux  nuits  par  tout  le  monde   Aiqumoclium.  C'eft 
quand  le  foleil  eft  dans  le  Cercle  équinoxial  vers 


EQU 

le  îi  de  Mars  &  le  25  de  Septembr?.  Comme  le 
f  jleil  nous  paroît  marcher  d "un  pas  inégal ,  c'ell- 
à-dire  j  tantôr  plus  vîte^  &  tantôt  plus  lentement, 
à  caufe  de  fon  excentricité,  il  y  a  maintenant  huit 
jours  de  plus  depuis  Véquuioxe  du  piintems  juf- 
qu'à  Véquinjxe  de  l'automne  ,  que  depuis  Véqui- 
noxe   de    l'automne   jufqu'à   ïéquinoxe  du   prin- 
tems  ;  le  foleil  employant  plus  de  rems  à  parcou- 
rir les  lignes  feptentrionaux  ,  que   les   méridio- 
naux. Comme  l'apogée  du  Soleil  avance  tous  les 
ans  ,  quoiqu'infenfiblement ,   cette  inégalité  des 
faifons  changera ,  &  aura  fa  vicilîitude.  Les  plus 
hautes  marées  font  dans  Vcquinoxe.  f^oye^  Précef- 
fion  des  équinoxes. 
ÉQUIPAGE,  f.  m.  Se  dit  en  général  de  la  provifion 
de  tour  fe  qui  eft  nécelfaye  pour  faire  une  chofe 
avec  facHité  &  fuccès.  Ainfi  1  on  dit  équipage  de 
guerre  ,  équipage  de  chalTe ,  de  pèche ,  &c.  Cc.ii- 
meatus  ^  ornatus  j  apparatus  j,  injlrumentum. 
Équipage  ,  fe  dit  particulièrement  de  la  provifion  de 
toutes  les  chofes  deftinées  au  fervice  de  quelqu'un, 
&  paroît  en  quelque  façon  fynonyme  à  train  ,  avec 
cette  différence  que  le  train  regarde  la  fuite  &  l'f- 
quipage  le  fervice.  Il  n'appartient  qu'aux  Princes 
d'avoir  des  trains  nombreux,  &:  de  luperbes  équi- 
pages. Le  peuple  ne  diftingue  les  hommes  que  par 
leur  train,  &  ne  falue  que  les  équipages  &  les  che 
vaux.  CoM.  Combien  de  jeunes  gens  qui  n'ont 
d'autre  mérite,    que  d'être  fui  vis  d'un  nombreux 
cortège ,  &  de  traîner  en  tous  lieux  un  équipage 
magnifique?  Bell.  Eft-il  rien  de  plus  fcandalcux, 
que  ce  fomptueux  équipage  que  vous  promenez  par 
la  ville  ?  S.  Evr.  Tous  ces  ajurtemens ,  &  tout  cet 
équipage  mondain ,  ne  font  propres  qu'à  irriter  la 
cupidité.  Nie. 

Quand  on  dit  abfolument  qu'un  homme  a  équi- 
page y  on  entend  qu'il  a  un  carrolfe  &z  des  che- 
vaux. Il  elt  venu  avec  fon  équipage. 

On  dit.  Etre  en  bon  ou  en  mauvais  équipage  ; 
pour  dire ,  Etre  bien  ou  mal  vctu  :  &;  figutément, 
qu'un  homme  eft  en  pauvre  j  en  trifte  équipage 
pour  dire  que  fa  fanté  ou  fa  fortune  eft  en  mau- 
vais état. 
Équipage  en  termes  de  chalTe^fe  dit  de  tout  ce  qui  eft 
néceffaire  pour  la  challe ,  chiens  ,  chevaux ,  valets , 
&c.  VenatLCus  comitatus  ,  apparatus. 
Équipage  de  guerre.  On  entend  par  ce  mot ,  la  pro- 
vifion de  toutes  les  chofes  utiles  à  la  guerre,  com- 
me chevaux,  harnois ,  tentes,  &  généralement  tous 
les  uftenfiles  que  les  Officiers  poitent  avec  eux  j  ce 
qui  forme  le  bagage. 

Les  Equipages  de  l'Artillerie  font  le  canon ,  les 
mortiers  &  généralement  toutes  les  armes  i^  mu- 
nitions, nécelTaires. 

Les  Equipages-pour  les  vivres,  font  les  charriots 
pourvoiturerle  pain,  la  farine,  6:  deftinés  à  l'ulagc 
des  troupes. 

Les  gros  équipages,  font  les  charriots  &  les  char- 
rettes ;  les  petits,  font  chevaux  &  mulets. 
Équipage  ,  en  termes  de  Marine  ^  eft  un  mot  collec- 
tif, qui  comprend  les  foldats,  matelots  &  moulfes, 
ou  garçons  qui  fervent  dar^  le  vaifleau.  Il  n'a  plus 
que  pour  quinze  jours  de  vivres  pour  fon  équipa- 
ge. L'équipage  n'eft  pas  la  provifion  des  chofes  qui 
fervent  à  équiper  le  vaifteau.  Il  ne  faut  pas  con- 
fondre l'équipage  avec  l'équipement  j  &  les  Tra- 
ducteurs de  Mons  fe  font  rendus  ridicules  ,  lorf- 
qu'en  traduifant  un  paftage  des  Acfes ,  &  le  mot 
A' armcmcnta ,  ils  ont  dit  que  les  Mariniers  jette- 
rent  dans  la  mer  de  leurs  propres  mains  V équipage 
du  vaifleau.  Voye'^  la  fuite  des  Remarques  du  P. 
Bouhours ,  pag.  355.  Les  mâts  du  vaifleau  ,  fes  voi- 
les, fes  cordages,  &  tout  ce  qui  a  rapport  à  ces 
trois  chofes ,  font  compris  fous  le  nom  d'.-igrès. 
Agréer  un  vaifleau,  c'eft  le  fournir,  l'équiper  de 
tout  cela.  Mais  l'équipage  du  vailfeau  font  les  gens 


S:i 


EQU 

vice  d  un  vaifTeau.  Les  Officiers  ne  font  point  com- 
pris dans  l.quipage,  ce  mot  ne  les  déligne  pas.  Il 
s'eft  bien  défendu,  on  n'a  pu  le  prendre ,  quoiqu'il 
eût  perdu  cinq  Officiers,  &  cent  cinquante  hom- 
mes de  fon  équipage.  Le  mot  d'équipage  eft  un 
écueil  contre  lequel  plufieurs  Ecrivains  ont  échoué. 
l'Equipage  ,^  fur  les  galères ,  comprend  les  bas  Offi- 
ciers j,  lesloldats,  les  matelots,  les  mariniers,  les 
Pertaifaniers  &  les  Proyers  j  mais  il  ne  comprend 
pas  la  chiourme  :  elle  fait  un  corps  à  part  compofé 
d'efclavcs  5c  de  forçats. 
Equipage  de  Pompe.  On  comprend  fous  ce  nom  la 
roue  ,  le  balancier  ou  manivelle,  le  corps  de  Pom- 
pe ,  le  pirton  cn:  toutes  les  autres  pièces  d'une 
Pompe. 
Équipage,  en  Architeélure ,  fe  dit  dans  un  atelier, 
tant  des  grues,  chèvres,  vindas  ,  charriots ,  que  des 
échelles,  cordages,  &:  de  tout  ce  qui  fert  à  la  conf- 
tru6lion  ,  ou  au  tranfport  des  matériaux. 

De  même  en  niafitte ,  Equipage  d'aieVier  fe  dit 
dans  le  port  des  machines  &  outils  qui  fervent  à  la 
conftruélion. 

Les  voituriers  parterre  appellent  auflî  Equipage  j 
tout  ce  qui  fert  à  conduire  les  voitures  par  terre , 
chevaux  _,  rraits  ,  arelages ,  &c. 
ÉQUIPARER.  v.  a.  "V^ieux  mot.  Comparer ,  du  Latin 

icquiparare. 
ÉQUIPE.  {.  f.  Nombre  de  bateaux  appartenans  à  un 
même  Voiturier.  Une  équipe  de  douze  bateaux.  On 
dit  aufli  Train. 
ÉQUIPÉE,  f.  f.  Adion  téméraire,  indifcrete  &  ex- 
travagante ,  &  qui  attire  toujours  le  blâme  public. 
Facinus  audax  &  temerarium ,  protervia.  Cette  fem- 
me a  quitté  fon  mari  fans  dire  mot-,  elle  a  fait  là 
une  belle  équipée.  Ce  petit  Noble  vouloit  aller  à 
l'armée;  mais  il  eft  revenu  dès  l'entrée  de  la  cam- 
pagne :  il  a  fait  une  plaifante  équipée. 
ÉQUIPEMENT,  f  m.  Injhuciio  3  aiornatio  nav'is  , 
comparatio  armamentorum  ,  commeatus  ,  ^.  Il  fe 
dit  en  termes  de  Marine,  de  la  provifion  &  de 
l'airortiment  qui  eft  nécelfaire  à  la  fubhftance  ,  à  la 
manœuvre  &  à  la  fureté  d'un  vaifTeau  qu'on  met 
en  mer. 
ÉQUIPER.  V.  a.  Fournir  à  quelqu'un  toutes  les  cho- 
fes dont  il  a  befoin  ,  foit  en  chevaux  ,  habits,  ar- 
mes,  &c.  Injlruere ,  adornare ,  fuppcditare.  Il  eft 
bien  équipé  pour  faire  fon  voyage.  Equiper  ua 
foidat.  il  eft  aufli  réciproque-  Il  lui  faut  tant  pouc 
s'équiper. 

Ce    mot  vient  A'efquif ,  qui  fignifîe   vaijfeau. 

MÉN.  Du  Cange  le  dérivé  d'ejchipare,  mot  de  la 

balfe  Latinité  lignifiant  la  même  chofe. 

Équiper,  fe  dit  auflî  d'un  navire  que  l'on  met  en 

état  de  faire  de  longs  voyages ,  avec  fes  agreils_,  ou 

^grès,  apparaux,  viduailles  &  autres  provifions 

*néce(Tàirei  On  équipe  diverfement  les  vaifleaux  , 

les  uns  en  guerre,  les  auttes  en  marchandife.  Equi- 

per  un  navire  d'éperon  ,  de  voiles  &  de  cordages. 

Vaug.  Equiper  une  flotte.  Abl.  Equiper  une  frégate. 

Voit. 

On  dit  fîgurément  &  familièrement  d'un  hom- 
me qui  a  été  bleflé  grièvement ,  ou  battu  ,  ou 
maltraité  en  quelque  rencontre  ,  qu'il  a  été  mai 
équipé. 
Équipé  ,  ée.  parr.  Injlruclus,  ornatus ,  munitus. 
Equipé  ,  en  termes  de  Biafon  ,  fe  dit  d'un  vaifleau  qui 
a  fes  voiles,  cordages  &  autres  chofes.  P.  Men. 

Les  mots  d' équipement  &  d'équiper  fe  trouvent 
dans  les  Ordonnances  pour  la  Marine  \  les  Mar- 
chands y  les  ouvriers ,  les  matelots  s'en  fervent  : 
il  y  a  cependant  des  gens  qui  veulent  qu'on  due 
agréer  &  agr'es  y  &  non  pas  équiper  Sc  équipement ^ 
apparemment  parce  qu'ils  croient  qu'équiper  re- 
pond à  équipage  ,  comme  \gréer  à  tf^''"  -"triais 
leur  exaditude  eft  trop  grande ,  &  il  f^ut  fuivre 
l'ufage. 


du  vaiffeau,  tous  ceux  qui  ont  quelque  emploi.  La'ÉQUÏPOLLE,  Ée.  Terme  de  Biafon  ,  qui  fe  dit^  de 
moitié  J  le  quart  de  l'équipage  ,  c'eft  la  moitié  ,  le  plufieurs  pièces  &  parties  de  l'Ecu  mifes  en  mc-me 
quart  des  hommes  qui  font  néceflaires  pour  le  fer- 1     nng.^ Alternus ,  alternatim  vanus.  Quand  un  bcu 

K  k  k  k  k  ij 


«Il  E  QU  E  Q  U 

eft  rempli  jie  neuf  cartel  en  forme  d'échiquier    Équitable,  feduaulîî  de  ce  qui  eft  conforme  à  la 

railbn,  aux  règles  de  1  équité.  Un  fencimenc  eç^a 


qu'on  àppdle pomcs ,   tàc  que  ceux  c   i  quatre  coins  i 
Hc  du  milieu  font  d'un  émail,  &  les  autres  quatre] 
points  d'un  autre  émail  ,  on    blaloniie   les  pie-  | 
mieis  par  le  mot  d  cquipoilé.  U  purcoit  cinq  points  i 
d'azur  équipoLés  à  quatre  d'argent.  Les  neut  points 
équïpoUes  fs   dillinguent    toujours  à   l'échiquier. 
P.  Men. 
ÉQUIPOLLENCE.  f.  f.  Egalité  Je  valeur,  ^quï- 
poUenûa.   LéquipotUncc  des  proportions.    On    ap- 


table  j  un  partage  équitable  j  une  équitable  dilhibu- 
tion  de  grâces ,  de  faveurs.  Rien  ne  contribue  tant 
à  nous  rendre  équitables  envers  les  autres  que  la 
connoilïance  de  nous-mêmes.  Nie.  Suivre  la  nature, 
c'elt  luivre  la  raifon  :  il  n'y  a  rien  en  elle  que  d'<;- 
qukable  &  d'égal.  S.  EvR.  J'aune  mieux  lailler  mon 
nom  dans  l'obkurité,  afin  que  les  jugemens  des  Lec- 
teurs loient  plus  libres  &:  plus  équitables.  P.  le  Cl. 


pelle  en  logique  EquipolUnce  des  propofitions  ,  la   ÉQUITABLEMENT.  adv.  D'une  manière   équitable. 

propriété  qu'elles  ont  d'exprimer  la  même  choie  i      tx  &quu  à  bono.  Cette  fentence  a  été  rendue  eoui- 

de  différentes  f.açons.   C'etl  la  réduthon  des  pro- 1      tablement. 

pofitions  oppofées  .1  un  même  lens  par  le  moyen    ÉQUITATION.  f.  f.  L'Arrdemonter  à  Cheval.  Equi- 

d'une  ou  de  plulieurs  néguions.  C'eit  un  terme  de        tatio.  M.  l'Abbé  Sallier  a  fair  une  Dillértation  de 

f-J.??r^.^^T*TT-vT-T^  ,•  ^         •'     I  I  l'origine  de  lV^;/irj:i(î«  dans  la  Gréce**L'extrait  fe 

Ev^UIPOLVENT ,  EN!..  a>lj.  Ce  qui  égale  en  valeur       trouve  dans  le  VII<=.  vol.  des  Mémoires  de  l'Acadé- 
une  autre  thole^à  la  quelle  il  eft  L^wvpxiz. ^quipol-l      i-,^ie  ^ies  Belles-Lettres. 

Uns  ,  Aqualls  i}^' ,  ^quivalens.  Les  belles  Traduc-  \  ÉQUITÉ,  f.  f.  Juftice  mitigée ,  &  adoucie  par  la  con- 
tions ne  fe  font  pas  mot  à  mot,  mais  en  termes        lidération  des  circonftances  particulières  :  tempéra- 


parncuiicres  :  tempêra- 
menr  qui  modère  la  fé vérité  de  la  loi.  Jt quitus. 
C'eft  ce  que  les  Grecs  appellent  épikie,  i-auUim,  La 
rigueur  du  Droit  ell  fouvent  contraire  à  la  juftice  : 
il  faut  que  X équité  lui  ferve  de  règle.  Ce  partage 
a  été  Hiit  dans  XéoMté.  Les  arbitres  penchent  tou- 
jours plutôt  vers  \ équité 3  que  vers  la  rigueur.  P'oy, 
Epikie. 
Equité  ,  fe  prend  auffi  pour  Juftice  ,  droiture.  Jus  ^ 
jas  ,  jujîitia.  U  a  fait  cela  contre  toute  équité.  Cet 
homme  eft  plein  Séquité,  Violer  ïéquité. 

Qu'une  faintc    équité  règle   tous  vos  projets. 

L'Ab.  Têtu. 

La  timide  équité  détruit  l'art  de  régner.  Corn. 

La  force  tenant  lieu  de  droit  &  <^  équité , 
Le  meurtre  s  exerçait  avec  impunité. 

|IC?  Si  l'on  entend  par  le  mot  droit ,  la  loi  prifô 
dans  fil  plus  grande  rigueur,  ['équité  lui  eft  oppo- 
fée.  V équité ,  fupérieure  à  toutes  les  lois,  s'en 
écarte   loifque  cela  paroît  plus  convenable. 

|Cr  La  juftice  décerne  des  peines  ou  des  récom- 
penfe  conformément  aux  lois  établies  •.r<?^i/ire  pro- 
nonce contoimément  aux  circonftances  variables 
d'une  aélion.  Elle  eft  puifée  dans  la  loi  narurelle. 
Elle  eft  la  règle  &  le  fondement  des  devoirs  des 
hommes  les  uns  envers  les  autres.  Vûye-2[_  encore 
Droit  ,  Justice. 
Equité,  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une  Di- 
vinité. JÏLquitas.  Aiarnanus  Capella  ,  L,  IL  n'en 
fait  qu'une  de  Thémisi^  de  l'-t^/ft/fe,  Confeillère 
&  Miniftie  de  Jupiter ,  &  lui  donne  nne  balance 
en  main ,  &  des  épis  de  blé  en  raurre.,Pindare  , 
Ode  13  des  Olympioniques  ,  dit  que  Eunomie, 
Dicé  &  la  Paix  ,  font  filles  de  l'Equité.  Et  Germa- 
nicusCéfar,  fur  fon  Pocme  Aratéen ,  dit  qu'Hé- 
liode  la  fait  fille  de  Jupiter  Se  de  Thémis  ;  qu'elle 
s'appeloit  premièrement  Jujla  ,  puis  Jujliiia  ,  8c 
que  Nigidius  l'appelle  Virginem  Jujlairt ,  Jlve  Ai- 
quitatem  j  qui  n'eft  futre  j  dit-il,  que  cette  Erigone 
qui  eft  placée  dans  le  Zodiaque  entre  le  Lion  &  la 
-  .  ,    .  -  .  ;      balance.  Tristan  ,  T.  I.  p.  zyj. 

d  autres  Equiries  qui  fe  célébroient  quinze  jours  ÊQUIVALEMMENT.  adv.  D'une  manière  équÎTa- 
plus  tard  ,  la  veille  des  Ides  de  Mars,  c'eft-à-dire ,  |  lente.  On  prononce  éki.  Il  y  a  dans  tout  difcoars  un 
le  14  de  ce  mois ,  &  fur  le  bord  du  Tibre  ,  à  l'en-  nom  &  un  verbe  énoncé ,  foitexprelFément ,  comme 
droit  ou  eft  aujourd'hui  la  place  Navone  ,  &  non  dans  les  termes  ordinaires  j  ou  équivalemment , 
point  dans  un  cirque  particulier ,  comme  quelques  comme  dans  les  termes  d'abréviation  &  de  fup- 
Auteurs  le  le  font  imaginé.  Voye\  ^  outre  les  Au-;'  plément.  Gr^^w.  Fwwc.  û'a  P.  5zi^er.  Il  eft  peu  ufité. 
teurs  cites  J   le  CalendriepRom.iin  qu'a  donné  Stru-'      Je  n'en  fai  pas  la  raifon. 

vins  dans  fon  Amiqnitatum  Rom.  Syntagma,  &far-:  ÉQUIVALENCE,  f.  f.  Egalité  de  valeur,  valeur  égale, 
tour  Pitifcus  qui  ^e  tous  ceux  qui  ont  parlé  des  j  ^quivalentia.  On  définit  dans  l'école  la  diftinftion 
Equines  ,  &  Vigeftie  fur  Tite-Live  ,  T.  I.p.  <^3i  j|  virtuelle,  {'équivalence  à'nnQ  k\\\e  &  mênie  chofe 
1169,    1605.  I      à  phifieurs  chofes.  Il  peut  tout  au  plus  paiFer  dans 

EQUITABLE,  adj.  m.  &  f.  Juçre  modéré  &  fage  ,  qui  ^     le  didactique. 

fait  tempérer  la  rigueur  des  loix  par  les  circonftan-  :  ÉQUIVALENT  ,  ente.  adj.  Qui  vaut  autant  qu'un 
ces  particulières  du  fait,  ^quus  ,  verus.  yn  Prince I  autre,  qui  a  la  même  valeur,  la  même  force  ,  les 
équitable.  U;î  jugement  équitable.  \     mêmes  effets  qu'une  autre  chofe.  jS^quivalens.  L'au- 


équipollens.   Une  raifon  équipoUente  à  une  autre 
Profit  equipollent  à  la  perte  :  il  n'eft  pas  fort  ulité. 

Equipollent  ,  te.  Terme  de  Logique.  Propodtions 
equrpoilemes  :  ce  font  celles  dont  le  fens  eft  le 
même. 
■  Equipollent.  f.  m.  Je  lui  ai  rendu  V equipollent  de  ce 
qu'il  m'a  piètc.  Aurretois  on  a  appelé  equipollent 
un  droit  qui  le  levoit  fur  des  choies  mobiliaires 
par  ordre  de  Charles  VI.  pour  les  frais  de  la  guerre, 
au  heu  de  douze  deniers  pour  livre  qui  fe  levoient 
ailleurs,  &  c'cft  delà  que  ce  droit  a  eu" les  noms 
èé equipollent,  ou  a  équivalent. 

A  l'Equipolleni.  adv.  A  proportion.  Proportione, 
pro  ratione,'pariter.  Un  Marchand  a  mis  cent  écus 
pour  cette  affaire ,  &  fes  affociés  à  ['equipollent. 
Ce  créancier  a  touché  mille  francs  en  cette  con- 
tribution ,  &c  les  autres  à  C equipollent  fur  le  même 
pied.  En  ce  fens  il  lignifie  quelquefois  proportion  , 
auftl%ien  qu'égalité. 

EQUIPOLLER.  v.a.&n.  Etre  de  même  valeur  qu'une 
autre  chofe  à  quoi  on  la  rapporte,  j^quivalere  ,  par, 
Jimile 3  &quale  ejfe.  Sa  dépenfe  équipoUe  fon  gain,  il 
faut  que  dans  les  échanges  une  terre  donnée  équi- 
pai le  3.  celle  qu'on  leçoir.  Une  laifon  equipolle  une 
aufe ,  équipallei  une  autre. 

^3'  Équipollé,  ée.  part.  Compenfé  ,  compaffé.  La 
perre  équipolUe  au  gain. 

|CJ  Au  refte  ce  verbe  &  fes  dérives  font  plus  de 
ftyle  de  pratique  &  de  commerce  que  du  langage 
ordinaire.  « 

)UiPkOQUO.  f.  m.  On  dit  ordinairement  (/wpo- 
ç/io;  cependant  on  trouve  dans  quelques  ouvrages 
allez  récens  équiproquo.  f^oye^  Quiproquo. 
OUIRIES.  f.  m.  pi.  Nom  d'uiTe  tête  de  l'ancienne 
Rome.  Equiria.  Les  Equiries  étoient  la  fête  des  Qa- 
valiers.  Elle  fecélébroit  par  des  courlel  de  chevaux. 
Varron  Se  Ovide  en  parlent ,  celui-ci  dans  fes  faf- 
les  ^  L.  IL  V.  8^7.  &  celui-là  d.ans  fon  V«  L.  De 
Ling.  L.  Il  dir  qu'ils  fe  célébroient  dans  le  champ  de 
Mars  ,&  Ovide  marque  que  c'étoit  le  viigt-fepticme 
jour  de  Février.  Feftus  ajoute  qu'ils  furent  inftitués 
par  Romulus  à  l'honneur  de  Mars.  Les  equiries  s'ap- 
peloient  autremenr  Jeux  Curules  3  Ludi  curules. 
Ovide ,  dans  fes  Faftes ,  L.  III.  v.  517,  parle  encore 


ÉQ( 
qi 
al 

ÉQl 


EQU 

toritc  d'un  Auteur  grave  eil  équivalente  à  une  taifoïi. 
Il  y  a  dans  la  Logique  des  propoluions  équivalentes. 
Les  ^zo^oiitiom  <-qMvaieiUes  lonx.  celles  qui  dileiu 
piécileiiienc  la  même  chofe  en  termes  diftérens. 

|iCr  Les  termes  equivalens  font  ceux  qui ,  quoi- 
que ditfcrens  pour  le  (on  j  rendent  prccilément  \x 
même  idée.  Il  n'y  a  pas  autant  de  termes  equivalens 
qu'on  le  croit  communément.  Quand  on  fait  des 
échanges  but-à-but  j  ou  lans  recour  j  il  faut  que 
les  chofes  folent  équivalentes. 
Éijui  VALENT,  f.  m.  Qui  eft  d'égale  valeur  qu'une  autre 
choie  à  laquelle  on  le  rapporte.  Le  Roi  a  demandé 
les  terres  de  la  Flandre  qui  appartiennent  à  la  Reine, 
ou  du  moins  {'équivalent. 

On  a  appelé  autrefois  équivalent  un  droit  que  le 
Roi  levoit  pour  les  frais  de  la  guerre.  Foyei  Équi- 

POLLENT. 

§CF  On  le  dit  dans  le  même  fens  eu  Grammaire. 
Nulle  langue  n'a  dans  fon  propre  fonds  des  equi- 
valens futHlans  pour  exprimer  parfaitement  ce  qu'il 
y  a  d'heureufement  du  dans  une  autre  langue. 
Gedoyn. 

|tCT  On  le  dit  de  tout  ce  qui  a  la  même  va- 
leur ,  la  même  force  ,  les  mêmes  effets  qu'une  au- 
tre chofe-  Un  homme  qui  a  la  même  force  que 
deux  hommes ,  équivaut  a  deux.  Le  ciime  de  celui 
qui  confeille  un  meurtre  équivaut  au  crime  de  celui 
qui  le  commet.  Un  poids  d'une  livre  équivaut  à  un 
poids  beaucoup  plus  grand  en  l'éloignant  du  centre. 
Une  once  d'or  équivaut  à  quinze  onces  d  argent. 
ÉQUIVALOIR.  V.  n.  Valoir  autant,  yt! quivalere. 
Quelquefois  une  feule  voyelle  ,  comme  a  ,  o  ,  y  , 
tient  autant  de  place  que  les  fyllabes  qui  font  com- 
^ofces  d'un  plus  grand  nombte  de  lettres ,  par 
exemple  dans  ce  vers  : 

O  Ciel  !  il  a  pâli  :  fon  cœur  y  tient  encore. 

L'o  j  ïa  ,  \'y  ,  chacun  en  particulier  j  équivalent 
à  la  fyllabe  tient  qui  ell:  compolée  de  cinq  lettres. 
,       PrÉpetit  de  Grammont,  Tr.  de  la  l'erfij.  Franc. 
Toute  expreflîon  qui  n'ell  pas  nom  ,  verbe  ,  ou  mo- 
dihcatif ,  eft  terme  de   fupplément,  il  équivaut  à 
plufieurs  des  parties  d'orailon.  Le  P.  Buff.  Gram. 
Franc.  Il  eft  de  peu  d'ufage  à  l'inhnitih 
ÉQUIVOQUE,  adj.  m.  &  fv  En  Grammaire,  fe  dit 
de  ce  qui  a  un  double  fens  provenant  ordinaire- 
ment d'une  mauvaife  conftruclion  j  i<:  peut  rece- 
voir plufieurs    interprécations   qui    conviennent  à 
différentes  chofes.  Difcours  j  ie\:me  équivoque  ,  ex- 
preffion  équivoque.  .Aiquivocus  ,  dubius  ,  anceps.  Un 
habile  Négociateur  fait  parler  ambiguement  ,  &  fe 
iervir  de  tours  &  de  mots-  équivoques  ,    pour  les 
interpréter  enfuite  félon   les  occafions.  La  Bruy. 
sj3°  Equivoque  ,  fe   dit    en  Morale  des  chofes  fur 
lefquelles  on  peut   porter  des  jugemens  oppofés , 
en   les   interprétant  en  bien    ou  en  niai.  Vertu  , 
réputation  j  louange  équivoque.  La  vertu  ,  qufnd 
elle  n'eft   point  équivoque  ,  ne  fe  dément   jamais. 
Bell.  Il  y  a  des  louanges  équivoques ,  qui  font  de 
fines  railleries  j  &  des    manières  détournées  pour 
nous  rendre  ridicules.  Id.  La  tînedè  eft  une  qua- 
lité e^z^ivo^we  entre  le  vii^  &  la  vertu.  Les  expref- 
iions  qui  échappent  à  la  colère  font  d'ordinaire  des 
lignes  peu  équivoques  des  fentimensducoeur.  Mal. 
C'eft  un  homme  diftimulé  &  toujours  équivoque. 
Equivoque,  en  termes  de   Médecine,  fe  dit    des 
lignes  des  maladies.  Un  figne  équivoque  eft  un  figne 
qui  peut  convenir  à  plulieurs    maladies  j  Se   qui 
n'eft  pas  effentiellement    caraftère   d'une  maladie 
en  particuHer.  Equivoque  en  ce  fens  eft  oppofé  à 
univoque ,    épithète    des    fignes  qui   conviennent 
uniquement  à  une  maladie. 
Équivoque,  en  termes  de  Dialedique  onde  Logi- 
que ,  fe  dit  d'un  mot  qui  convient  à  deux  ou  plu- 
fieurs chofes  félon  le  même  nom  ,   mais  félon  une 
fignification  diftértnte  ;    &  il   eft  oppofé  à  uni- 
roque.  Taureau  eft  équivoque  ,  parce  qu'il  convient 
&  a  un  animal  j  &  à  un  ligne  célefte  \  &c  en  Latin 


EQU  8î3 

taunis  convient  encore  à  une  montagne  d'Afie.  Le 
mot  eft  le  même  j  mais  la  lignification  eft  diffé- 
rente en  ces  trois  choies. 

En  Phylique  on  app^elle  génération  équivoque  y 
celle  qui  ne  fe  lait  pas  par  les  voies  ordinaires, 
par  la  conjondion  du  mâle  avec  la  femelle.  Les 
infeéles ,  les  aninaux  imparfaits  j  fe  font  par  une 
génération  équivoque  ;  comme  les  mouches  j  les 
araignées,  les  grenouilles  j  c'eft-à-dire,  par  la 
chaleur  du  Soleil  qui  échauffe  la  pouflière  ,  la  terre 
corrompue.  C'eft  une  erreur  de  l'ancienn î  Philofo- 
phie.  f^oye:[  Génération. 

Nos  anciens  Poètes  François  fe  fervoient  quel- 
fois  d'une  manière  de  rime  qu'on  appelle  rime 
équivoque  j  dans  laquelle  la  dernière  fyllabe  de 
chaque  vers  eft  reprife  en  une  autre  fignification 
au  commencement  ou  à  la  fin  du  vers  qui  luit. 
M.  Richelet ,  ckns  fa  l' erfification  Francoijc  de  l'an 
1671.  p.  1S5.  apporte  cet  exemple  tire  de  Maroc 
de  ces  fortes  de  puériUtés  ou  inepties  ,  aujourd'hui 
décriées. 

En  m  ébattant  je  fais  rondeaux  en  rime. 

Et  en  rimant  bien  fouventje  m'enrime. 

Brej  c'eji pitié  entre  nous  rimailleurs, 

Car  vous  trouve'^  ajje^  de  rime  ailleurs  ; 

Etqua-id  vous plaijl ,  mieux  que  moi  rimallez  , 

Des  biens  avei  j  &  de  la  rime  alfez  ,  ôcc. 

Equivoque,  f.  f.  f^ox  anceps  j  dubla.  La  diverfité  des 
lentimens  fur  le  genre  de  ce  mot  j  a  déterminé 
Boileau  à  le  qualifier  d'hermaphrodite.  Les  fenti- 
mens  étoient  alors  partagés  fur  ce  mot.  Aujourd'hui 
l'ufage  général  le  fait  féminin.  Les  équivoques  dans 
le  difcours  font  des  exprellions  louches ,  qui  le  ren- 
dent oblcur ,  8c  embarraffenr  l'efprit  du  Leèfeuc 
pour  découvrir  le  véritable  fens.  La  Langue  Fran- 
i,oife  eft  ennemie  de  ces  fortes  d'ambiguités.  M. 
Ménage  a  remarqué  que  celui  qui  dit  autre  chofe 
que  ce  qu'il  veut  dire  ,  ne  dit  pas  ce  qu'il  dit  j 
parce  qu'il  ne  le  veut  pas  dire  ;  &  il  ne  dit  pas  non 
plus  ce  qu'il  veut  dire  j  parce  qu'il  ne  le  du  pas  en 
effet.  On  ne  peut  rien  penfer  de  plus  jufte ,  ni  de 
plus  joli  fur  les  équivoques.  Bouh.  Il  eft  vrai  que  la 
leéture  de  toute  la  période  lait  d'ordinaire  entendre 
le  fens  dès  que  l'on  y  prête  un  peu  d'attention.  Mais 
il  vaudroit  mieux  que  cela  n'arrivât  point  ;  car 
c'eft  aux  paroles  à  faire  entendre  le  fens ,  &  non 
pas  au  fens  à  faire  entendre  les  paroles.  Si  l'on 
vous  relu  deux  lois  j  que  ce  foit  pour  vous  admi- 
rer ,  &  non  pas  pour  chercher  ce  que  vous  avez 
voulu  dire.  Vaug.  Il  eft  bon  d'ajouter,  qu'il  ne  laut 
pas  fe  gêner  trop,  ni  prendre  l'ombre  d'une  équi- 
voque pour  une  équivoque  réelle.  La  fuite  du  dif- 
cours dillipe  quelquefois  ces  petits  nuages  qu'un 
mot  détaché  j  ou  pris  à  part ,  pourroit  faire  naître. 

?)cr  Equivoque  ,  fe  dit  aulli  fouvent  parmi  nous  des 
termes  à  double  fens ,  des  allufions ,  des  pointes 
ordinairement  fort  mauvaifes ,  qui  ne  roulent  que 
lur  des  jeux  de  mots  ."  ludus  in  verhis.  V.  Pointe. 
&  Jeux  de  Mots.  Autrefois  les  pointes  ^  les  jeux 
de  mots  ,  les  équivoques  ,  étoient  les  ornemens  de 
la  converfation  :  c'étoit  l'efprit  à  la  mode.  Mais 
l'ambiguité  en  quoi  confifte  le  caraétère  de  l'équivo- 
que ,  eft  moins  un  ornement  qu'un  défaut  :  c'eft  ce 
qui  la  rend  infipide.  L'apparence  myftérieufe  que 
donne  fon  double  fens ,  fait  qu'on  ne  va  pas  facile- 
ment au  véritable;  &  quand  on  l'a  trouvé  on  a 
regret  à  fa  peine. 

0C7  Equivoque  en  Morale  ,  ambiguïté,  double  fens. 
Ces  trois  façons  de  parler  font  dans  l'occalion  des 
fubterfuges  adroits  pour  cacher  fa  véritable  penfée; 
mais  ces  trois  mots  font  diftingués  par  des  nuances 
particulières.  On  fe  fert  de  l'équivoque  pour  trom- 
per ,  de  l'ambiguité  pour  ne  pas  trop  inftruire  ;  6c 
du  double  fens  pour  inftruire  avec  précaution.  Syn. 
Fr.  /'ov.  Ambicoité  &■  Double  sens. 

I/C?  l'Équivoque  a  deux  fens  ;  l'un  naturel  qui  paroît 
être  celui  qu'on  veut  faire  entendre  ,  &  qui  eft  efj 
fedivemem  entendu  de  ceux  qui  écoutent  ;  l'autra 


8i4  EQU 

détourne  ,  qui  n'eft  entendu  que  de  la  perfonne  quî 
parle  ,  ôc  qu'on  ne  loupi^onne  pas  même  pouvoir 
être  celui  qu'elle  a  intention  de  taiie  entendre.  Il  eft 
bas  ôc  indigne  d'un  honnête  homme  d'uler  à'équi- 
yoque.  Il    n'y  a  que    la   fubtilité  d'une   éducation 
fcholaftiquc  qui  puilFe   perluader  qu'elle  foit  un 
moyen  de   fauver  fa  fincérité  du  naufrage  \   car 
dans  le  monde  elle  n'empêche  pas  de  palFer  pour 
menteur  ou  pour  mal-honnête  homme  :elley  donne 
de  plus  un  ridiculed'efprit  méprifable. 
§3°  L'E<iuivoQUE  ,  en  terme  de  Théologie  Morale  j 
préfente  la  même  idée.  C'eft  un  mot  qui  a  deux  lig- 
nifications différentes ,  dont  l'une  efl:  commune  &c 
ordinaire ,  l'autre  moins  ordinaire  &  moins  ufitée  , 
de  forte  que  celui  qui  parle,  fe  fervancde  ce  mot 
dans  la  fignification  la  moins  ordinaire ,  il  arrive 
aifémentque  ceux  à  qui  il  parle  j  prenant  ce  mot 
dans  la  fignification    la  plus    ulitée ,    conçoivent 
quelque  chofe  de  différent  de  ce  que  l'autre  a  voulu 
dire.  Nous  en  avons  un  exemple  en  S.  Jean ,  ch.  1 1. 
où  il  eft  marqué  que  Jesus-Christ  dit  à  fes  Apô- 
tres ,  que  le  Lazare  dormoit  :  i^s  Apôtres  prenant 
ce  mot  dormir  dans  fa  fignification  la   plus  com- 
mune,  crurent  que  le    Lazare  j  qu'on  leur  avoic 
dit  être  malade  ,  commençoit  à  repofer  j  &   qu'il 
î?.e  tarderoit  point  à  guérir  ;  &  cependant  Jesus- 
Christ  ,    ayant  pris  ce  mot   dans  fa  lignification 
moins  ordinaire  ,  avoir  voulu  dire  que  Lazare  écoit 
motuÇ^mnàV équivoque  confifte  en  plulieurs  mots  , 
on  l'appelle    proprement  amphibologie  :  nous  en 
avons  un  exemple  en  Saint  Jean  ,  ch.  i.  Abattez  ce 
temple  J  dit  Jesus-Christ  ,  en  parlant  aux  Juifs, 
&  je  le  relèverai  dans  trois  jours.  On  a  fort  dif- 
puté  dans  ce  dernier  temps  de  l'ufage  des  équivo- 
ques :  l'Auteur  de  la  Théologie  morale  de  Greno- 
ble a  prétendu  avec  quelques  Auteurs  récens ,  qu'il 
n'étoit  jamais  permis  de  s'en  fervir,  dans  quelque 
rencontre  que  ce  fût  :  leur  raifon  e't  que  {'équivo- 
que ne  diffère  point  du  menfonge.  D'autres  au  con- 
traire iCommeCabalFut  J  Théologien  célèbre  parmi 
les  Pères  de  l'Oratoire ,  foutiennent  qu'il  y  a  une 
grande  différence  entre  {équivoque  &c  le  menfonge  ; 
qu'il  n'eft    jamais   permis   de    mentir  ,    mais  que 
dans  de  certaines  rencontres  on  peut  quelquefois  fe 
fervir  d'équivoque  :  que  c'eft  le  fentim.'nt  de  Saint 
Thomas  ,  de  S.  Antonin  ,  de  S.  Raymond  ,  &  fur- 
tout  de  S.  Auguftin  ,  comme  Cabalfut  prétend  l'a- 
voir démontré ,  L,  4.  Theor.  de   Prax.  Jur.   Can. 
Edit.  Lug.  16S5.  c.  4.  Le  terme  A' équivoque  eft  dé- 
licat ,  fur-tout  en  ce  temps  ci.  On  ne  fauroit  appor- 
ter trop  de  réferve  à  l'approbation  qu'on  peut  don- 
ner aux  équivoques  &r\  certaines  circonftances  ,  parce 
que  mlagré  toutes  les  fages  précautions  dont  un  bon 
Théologien  fe  fervira  en  difant  fon  fentiment  fur  une 
matière  li  délicate  j  il  fe  pourra  toujours  trouver 
des  gens  qui  abuferont  de  fa  dodtrine  ,  faute  de 
la  bien  entendre;  &  d'autres  qui  la  déguiferont, 
pour  en  faire  plus  aifément  des  calomnies ,  &c  la 
rendre  odieufe. 

Ud?  On  peut  établir  comme  une  règle  de  conduite 
dont  il  n'eft  pas  permis  de  s'écarter,  qu'on  ne  doit 
jamais  ufer  d'équivoques  ,  quand  on  parle  à  quel- 
qu'un à  qui  l'on  eft  obligé  de  découvrir  fa  penfée. 
Dans  ce  cas ,  ce  n'eft  pas  un  moindre  mal  de  le 
tromper  pai-  une  équivoque  que  par  un'  menfonge. 
_  f^oy.  encore  Restriction  mentale. 
Equivoque,  eft  quelquefois  une  bévue,  une  inad- 
vertence  qui  nous  fait  prendre  une  chofe  pour  une 
aurre.  Error.  Plulieuts  intrigues  des  Romans  font 
fondées  fur  des  équivoques  de  billets  rendus  à  ceux 
à  qui  ils  ne  s'adreffbient  pas.  Une  fâcheufe  équi- 
voque. 
EQUIVOQUER.  V.  n.  Faire  des  équivoques.  Ludere 
in  amhiguo.  Cet  homme  eft  heureux  à  équivoquer ,  à 
trouver  des  équivoques.  Employé  avec  le  pronom 
perfonnel ,  il  fignifie  ,  Se  tromper  ,  fe  méprendre  , 
dire  un  mot  pour  un  autre.  Aherrare  ,  alludnari. 
Il  s'eft  équivoque  en  prenant  un  fac  pour  un  autre  j 
en    pailant    à   une    perfonne    pour    une   autre. 


E  R     E  R  A 

Ceux  qui  citent  de  mémoire  font  fujets  à  s^ équivo- 
quer. MÉN.  Il  ne  peut  palfct  que  dans_le  ftyle  fa- 
milier. 

E  R. 

ER.  Denicre  fyllabe  deplufîeurs  mots.  On  ne  la  met 
ici  que  pour  obferverà  l'égard  de  la  Pocfie ,  que 
tous  les  mots  terminés  en  cr  ne  fe  doivent  pas  em- 
ployer indifféremment  pour  la  rime.  Vanter  _,  & 
Jupiter ,  par  exemple  ,  ne  riment  pas  :  \'er  eft  fermé 
en  vanter  ,  &  eft  ouvert  en  Jupiter.  On  appelle  ces 
rimes  vicieufes  ,  des  rimes  Normandes  ,  parce  que 
les  Normands  prononcent  Ter  ouvert,  comme  Ver 
fermé.  Ils  prononcent  du/erj  comme_/Ê  oujai ,  au 
lieu  de  prononcer  du/a^A.  On  trouve  beaucoup  de  cqs 
rimes  dans  Malherbe  ,  qui  fait  rimer  clair  avec 
aveugler.  On  ne  les  excufe  que  quand  on  ne  peut 
pas  taire  aucremenr  fans  perdre  une  belle  'penfée. 
Il  faut  cependant  avouer  qu'il  y  a  peu  de  Poètes  qui 
s'allujettilfent  à  ces  règles.  Ce  qu'il  y  a  de  certain  , 
c'eft  que  les  mots  en  er  riment  avec  ceux  en  air^  Se 
que  pour  les  infinitifs  en  eril  ne  faut  appuyer  fur  l'r 
que  lorfqu'clle  eft  fuivie  d'une  voyelle  ,  ou  lorf- 
tjue  l'oreille  le  demande  à  caufe  de  la  rime  ;  car 
on  juge  de  la  bonté  de  la  rime  plutôt  par  le  foa 
que  par  l'écriture. 

E  R  A. 

ERABLE,  f.  f.  Jcer.  Aibre  de  haute  futaie  ,  qui  à 
pris  fon  nom  Latin  de  fa  dureté  ,  comme  le  rap- 
porte Voftius  J  quia  acris  feu  duri  admodùm  eji  ligni. 
Il  y  a  plulieuts  efpèces  d'Erable  ,  &  la  plupart  ont 
leur  bois  veiné;  c'eft  pourquoi  on  l'emploie  da|is 
les  ouvrages  de  Marqueterie. 

Le  grand  Erable ,  ou  le  faux  Platane,  Acer  majus^- 
pfeudo  Platanus ,  s'élève  fort  haut  :  fon  bois  eft  fort 
uni  ;  Ç,\  partie  blanchâtre  eft  fort  recherchée  par  les 
ouvriers.  Ses  feuilles  font  oppofées ,  grandes,  à 
cinq  pointes  ,  cS:  reftemblanres  en  quelque  manière' 
à  ctlles  du  vrai  Platane  du  Levant.  Ses  fleurs  font 
petites  ,  à  cinq  pétales ,  verdâcres  :  le  piftil ,  qui 
en  occupe  le  centre,  eft  compofé  de  deux  capfules 
ou  noyaux  gros  comme  de  petits  poids  j  terminés 
par  un  aileron  :  chaque  noyau  renferme  une  fe- 
mence  arrondie  &  blanchâtre. 

Ce  qu'on  nomme  Sycomore  à  Paris  eft  une  fé- 
conde efpèce  de  grand  Erable  ,  qu'on  élève  dans  les 
jardins.  Les  feuilles  de  celui-ci  font  d'un  vert  plus 
clair  que  dans  les  précédentes  :   elles  font  aufîi  plus 
tendres,  plus  aiguës  &  plus  refîemblantes  .à  celler 
du  vrai  Platane.  Ses  Heurs  font  par   bouquet ,  au 
lieu  que  dans  la  première  efpèce  elles  ^iennenr  par 
grappes  ou  épis.  Ces  deux  arbres  croilfent  naturel- 
lement en  plulieurs  endroits  du  Rovaume  :  le  dernier 
eft  très-commun  en  Canada  ,  où  l'on  a  trouvé  le 
moyen  de  tirer  de  fa  fève  un  fucre  ,  qui  étant  pu- 
rifie ,  &  préparé  comme  celui  des  cannes  d'Améri- 
que, en  a  prefque  toutes   les  mêmes  qualités.  La 
faifon  la  plus  propre  pour  ce  travail,  eft  le  prin- 
temps: il  faut  obferver  encore,   que  pour  que  la 
fève  de  cet  atbre  foit  fucrée  3  il  eft  néceffaire  qu'il 
gcle  les  nuits ,  qu'il  flilîè  du  foleil  pendant  la  jour- 
née ,  &  que  le  pied  d'Erable  ,  auquel  ow  doit  faire 
des   incifions  pour  l'écoulement   de  la  fève,  foie 
couvert  de  neige  à  Çon  pied  ,  autrement  la  fève  ne 
fentiroit  que  le  bois.  Le  refte  du  rravail  confifte 
dans  la  purification ,  clatification  &  coâion  de  cette 
fève  ;  ce  qui  n'a  rien  de  parriculier.  On  alTure  que 
cet  Erable  fournit  une  alFcz  grande  quantité  de  fève 
{ans  s'altérer  ;  &  ordinoirement  un  arbre  de  deux 
ou  trois  pieds  de  circonférence  en  rendra  jufqu'à 
quatre-vingts  livres,  qui  donneronr  par  la  coârion 
quatre  livres  de  bon  fucre.  ' 

Le  petit  Erable ,  Acer  campeflre  minus  G.  B.  eft 
alTez  commun  dans  les  bois ,  &  on  l'emploie  dans 
les  palilfades  &  dans  les  charmilles.  Il  eft  ordinai- 
rement arbufte  :  on  le  trouve   quelquefois  arbre,  ' 
&  fes  feuilles  ne  font  guère  plus  grandes  que  celles 


ER  A 


du  Lierre  :  cilesfonc  à  cinq  pointes  d'un  vert  foncé: 
leurs  nervures  deviennen:  iouvenc  roiigeârres  ,  aiilli- 
bieij  que  leurs qi;eues.  Ces  espèces  J'^/ui'itdonnfcnc 
un  lue  laiteux  ,  iorlqu'on  coupe  leurs  jeunes  bran- 
ches ,  ou  leurs  feuilles.  Elles  viennent  bien  dans 
les  difFtrences  terres  ,  même  à  l'ombre  ,  6:  lous  les 
autres  arbres,  croilfcnt  vite  ,  ôc  demandent  peu  de 
culture. 

On  peut  ajouter  à  ces  trois  Erables  un  quarrième, 
qui  vient  aux  environs  de  Grenoble  (^  de  Mont- 
pellier :  fes  îeuilles  font  petites  ,  &  à  trois  pointes 
égales  &  arrondies.  Acer  zrijoiiu:n  ,  C.  B. 
ÉRAC,  ouIRAC,  IRAQUE. /^ujc^  YEIUC. 
CKACLEE.  /'ojeiHCRACLEE. 
E.IADICATIF,    iVE.  adj.  Terme   de  Médecine  qui 
s'applique  à  ce  qui  emporte  la  maladie  &  toutes  les 
cauies.  Uradicuuvus  ,  cradicdndi  vim  hahens.  On  ne 
trouve  point  que  ce  mor  Toit  en  ufage  au  malculin  : 
au  féminin  on  dit  guérifon  éradkjùve  :  c'ell   une 
guérifoa  qui  emporte ,  qui  ôte  la  caufe  de  la  ma- 
ladie :  la  guénfon  c'rudicacive  ell  oppoléeà  \d. palttu^ 
tive.  La  guérifon   éradicddve  ell  celle   qui  non-feu- 
lemeût  remédie  au  préfent ,  mais  qui  en  otant  les 
racines  du  mal,  §v  allant  à  la  caufe ,  empêclie  qu'il 
ne  revienne.  Dionis. 
■gO-ERADICATION.f  f  Aétion  d'arracher  une  chofe 
par  la  racine.  Erddtcado.  Ce  mot  n'ell  pas  d'ulage. 
LeDiclionnaire  del'Ac.  Fr.  le  donne  comme  terme 
de  Phyfique.  Dans  ce  fens  il  peut  être  admis  dans 
notre  Langue  ,  où  nous  avons  déjà  Déracinement , 
mais  qui  n'ed  pas  fort  uhté.  Au  relie ,  ce  font  des 
termes  d'Agriculture  &  de  Jardinage. 
VCF  ER.AFLER..  v.  a.  quiparoît  du  llyle  familier  ,  & 
fignifie ,    Ecorcher  légèrement ,    effleurer  la  peau. 
Perjlririgcre.  Uns  épingle  lui  a  érafii  le  vifage.  Le 
char  m'a  érjfié  la  peau. 
ÉRAFLE  ,  ÉE.  part. 

ÉRAFLURE.  f.  f.  Plaie  qui  fe  fait  fur  la  peau  ,  par 
quelque  chofe  de.pouitu  ^  &  qui  ne  pénétre  pas. 
Les  épingles  ,  les  griffes  d'un  chat ,  font  des  crjfiurcs 
aux  mains ,  au  vilage.  Ce  coup  d'épée  n'a  pas  pé- 
nétre ,  il  n'a  fait  qu'une  éraflure  fur  la  peau  ^  une 
écorchure  légère.  P'oye^  Ecorchure. 
ÉRAGNAC.  ViUagt  de  Provence  j  qui  ell  pris  par 
quelques  Géographes  pour  l'ancienne  Enarg'mum  , 
Ênjrgi/ia.li  eil  fitué  entre  Cavaiilon  Se  Ailes,  fu- 
ie chemin  lie  Milan  à  Arles  par  les  Alpes  Cottien- 
nes.  Il  ell  entre  Cavaiilon  &  Tarafcon.  f^oye:^ 
.(£thicus  ,  la  Table  de  Peutinger ,  &  Hadrien  de 
Valois.  Noc.  Gall.p.  l'i-j. 
ÈRAILLEMENT.  f  m.  Renverfement  de  la  paupière 

intérieure.  /^oyejEcTROPioM. 
ERAILLER.    v.  a.  Tirer  avec  effort    une  toile,    ou 
une  étOiTe  j  en  telle  forte  que  les  fils  s'entr'ouvrent  j 
fe  féparent ,  ou  fe  relâchent.  Dijiendere.  Le  crêpe  j 
lagize,  la  moulFeline  ,  font  fujets  is'érailler.  On 
le  dit  aulÏÏ  des  chairs ,  lorfque  les  fibres  s'en  fépa- 
rent par  quelque  effort.  Une  épingle  lui  a  eVai//^ la 
peau.  EraïUer  les  yeiïx  ,  divaricare  oculos. 
Ce  mot  vient  de  irradiare ,  félon  Nicot. 
ERAiLLÉ,  ÉE.  part.  On  appelle  un  œil  eVai///,  divari- 
catus  ,   un  œil  rouge,   i?c  dont  la  paupière  ell  trop 
ouverte  par  la  violence  de  quelque  lluxion. 
hRAILLURE.   f    f.   Endroit   d'une  étoffe  qui   a  été 
éraillé  ,  qui  a  fouffert  quelque  violence ,  laquelle  a 
féparé  fon  tilfu   en  long  ,  ou  en  large.  Dijienth  , 
divaricaùo.    L'ufure    d'une   étoffe  commence    par 
VéraiHure. 
ÉRAN ARQUE,  f.  m.  Nom  d'office  chez  les  Grecs.  Ce- 
lui qui  préfidoit  aux  aumônes  des  pauvres.  L'Admi- 
niflrateur    des    aumônes    des  pauvres.   Eranjrcha. 
Quand  quelqu'un  chez  les  Grecs  étoit  réduit  à  l'in- 
digence ,  qu'il  étoit  captif,   ou  qu'il  avoit  une  fille 
nubile,  à  laquelle  il  ne  pouvo't  trouver  d'établif- 
fement ,  faute  de  bien,  il  y  avqit  un  Magillrat  ou 
Officier  public  qui  faifoit  une  Affemblée  d'amis, 
&  les  taxoit   chacun  félon  fes  facultés  ,  peur  fub- 


E  R  A  Sij 

auinone  ,•  contrihucion  ■  &  «çvj  ,  commandement  j, 
intendance.  C'ell  ce  que  nous  apprend  Cornélius 
.    Nepos  j  dans  la  vie  d'Epaminondas  ,  c.  ç. 

ERAiiNO.  Rivière  de  la  Morée.  trafinus.  Hoffmaa 
dit  qu'on  l'appelle  aujourd'hui  Hajuio.  L'hrajino  a. 
la  iource  dans  la  Zaconie,  d  la  monragnede  Stym- 
phald  ,  dont  elle  porta  d'abord  le  nom.  Enfuitc  en- 
trant dans  la  Sacanie  elle  ie  cache  quelque  temps 
lous  terre  j  d'où  iort  uit  lous  le  nom  d'^^rci/ïno  ,  elle 
traverfe  le  Lac  de  Pétrina,  ou  de  Lerna  ,  &  fe  va 
décharger  dans  l'ancien  Inaque  ,  qu'on  nomme 
maintenant  Planiza.  Matv.  L'izrjjuto  e!l  dans  ce 
qu'on  appelou  autrefois  l'Argie.  Foye^  iur  ce  fleuve 
Pline  j  L.  IV.  C.  5 .  Ovide ,  triétum.  L.  XV.  v.  zy  5. 
11  y  a  encore  dans  l'Antiquité  d'autres  lieuves  dé 
ce  nom,  mais  moins  connus.  }  oye-z  birabon  t 
L.  VI.  p.  zr,,  • 

ÉRASTIEN  j  ENNE.  f  m.  &  f  Nom  de  Seéle.  Eraf^ 
tianui.  Les  Erajiicns  font  une  ledte  de  faélieux  & 
d'Hereciques  en  Angleterie  ,  difciples  d'un  certain 
Thomas  Eralte,  dont  ou  leur  donna  le  nom  ,  qui 
nioit  que  1  Eglife  eiit  le  pouvoir  d'excommunier. 
Salmonet  parle  de  ces  ilérétiques  dans  fon  jriijfoire 
des  troubles  d'Angleterre.  Les.  LraJ:iens  formèrent 
une  fadlioa  pendant  les  troubles  de  l'Angleterre  en 

ERATE  f.  f  Nymphe  marine  ,  fille  de  l'Océ.an  &  de 
Téthys,  dit  Hoilman.  Ne  l'auroir  il  point  con- 
fondue avec  Erato  :  Erate.  Ce  nom  lignifie  aimable 
en  Grec. 

ERATER.  V.  a.  Liencm  adimere.  Orer  la  rate.  On  érate 
les  chiens ,  &  ils  ne  lailfent  pas  de  vivre. 

Eraté  ,  tt.^vsX.dciià).  Lienis  cxpers. 

ERATO.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  de  l'une 
des  Mu  fes.  £'.7^.  La  Mule  Eratj  préiidoit  aux  Poc- 
hes Amoureufes ,  comme  ion  nom  le  marque.  C'eft 
au  moins  le  fentiment  de  quel  4  les  Auteurs.  0:\  la 
repiéfente  fous  la  figure  d'une  jeune  niie  enjouée, 
couronnée  de  inyrthe  &c  de  rôles  ,  ten.mt  une  lyre 
d'une  main  ,  &  de  l'aune  un  archet.  On  met  aallî 
auprès  d'elle  un  petit  Amour  ailéj  armé  de  Ion  arc 
&  de  fes  flèches.  Nat.  Comes  ,  cité  par.  Môr.  Elle 
prélidoir  encore  ,  félon  d'autres,  aux  chants  de  ceux 
qui  celébroienr  les  grandes  atlioni  des  Héros.  Ce- 
pendant cela  ne  nie  paroît  pas  bien  lùr.  Il  ell  vrai 
que  Virgile  ^  L.  VIII.  v.  57.  en  commençant  à  chan- 
ter   les  guerres   d'Enée  en   Italie-j  les  Rois  ,  les 
Princes,  les  peuples  qui  les  foutinrent,  les  armées, 
les   combats  ,  les  meurtres  ,    6cc.  invoque  Erato  ; 
mais  fouvent  les  Poètes  invoquent  une  Mufe  pour 
l'autre,  ou  plurôt  une  certaine  Mufe  en  particulier; 
pour  leur  Mufe  en  général.  C'efl  ainfi  qu'Horace 
dans  fes  Odes  invoque  comme  la  Mufe  qui  prélide 
aux  vers  Lyriques,  tantôt  fa  Mufe  en  général ,  L.  II. 
Od.  1.  tantôt  Euterpe  tk  Polyhymnie  ,  L.  1.  Od.  i. 
tantôt  Clio,  L.  I.  Od.  12.  tantôt  Calliope  ,  L.  lll. 
Od.  4.  tantôt  Melponiène  ,  L.IV.  Od.  ;.  tkc. 

Erato.  f  f  Nom  d  une  Nymphe.  Erato.  Héfiode  ,  qui 
en  parie  dans  fr  Théogonie  ,  v.  247.  la  tau  fille  dç 
Nérée  &  de  Doris. 

Ce  nom  Grec  vient  ^Ifân  J'airre  ,  fi>«»-à ,  aimable , 
d'où  1  on  a  dit  Eparà  ,  qui  a  le  même  fens. 
ERATOSTHÊNES.  C'ell  le  nom    d'un  ancien    Au- 
teur, grand  Philofophe,  Poète  &  Ailronorae.  On 
a  donné  fon  nom  à  une  des  taches  de  la  Lune , 
qui   eft   au  numéro    15.  de  la    Sélénographie    du 
P.  Riccioli. 
ERAULT.    Rivière    de  France   dans  le  Languedoc. 
y^rauris  3  Erarns ,  dans  les  Auteurs  Modernes.  A- 
drien  de  Valois  écrit  Erhau  j  &  Erau,  ou  .4irau. 
Corneille,  Erault,  Maiy  Eraad ,  on  Lcrraul.  Ccue 
Rivière   prend   fî    fource  au  pied  du  mont  Aignal 
auxCevenneSj  &  fe  rend  dans  la  Méditerranée  i 
Agde.  On  lui  a  aulli  donné  le  nom  Grec  Cyrta,  à 
caufe  de  fes  fréquens  détours.  J^oyeikàt.  de  Valois* 
Not.  Gall.  au  mot  Arauris. 


E  R  B. 


Venir  à  la  nécefiité  de  celui  qu'on  en  vouloir  tirer. 

Cet  Officier  s'appeloit£'ri:/2ar^i^<r,du  mot  Grec  :?«.;f,'ERBICAR  A.   Cap.    de  l'iHe  de  Corfe.  Il  eft  fur  là 


8iô 


E  R  B     ERE 


côte  orientale  ,  vers  le  midi  ,  près  de  Porto-iiovo. 
Quelques  Géographes  le  prennent  pour  le  Grania- 
cum  ,  ou  Granïanum  Promontorium  des  Anciens. 
ERBLAND.  f.  m.  Nom  d'homme. //erwt^Ajw:///^.  Saint 
Hermeland  ,  que  nous  appelons  communément 
S.  Erbland,  étoit  de  la  ville  de  Noyon  ,  forn  d'une 
famille  très-noble.  Il  fut  Religieux  au  Mon.rllère 
de  Fontenelle  ,  dit  S.  VandiiUe,  au  pays  de  Caux  , 
€n  66 j.  S.  Ouen ,  Archevêque  de  Rouen,  l'ordonn.! 
Prêtre  en  675.  &  en  6-i.  il  fut  fait  premier  Abbé 
d'Antrein  en  BrétagnCj  &  mourut  vers  l'an  710.  ou 
715.  Bollandiftes  ,  Mars  j  L.  IL  p.  574,  ô-  fuiv- 
Baillet,  Z).  Mars. 

E  R  C. 

ERCEUS.  Terme  de  Mythologie.  Le  Jupiter  Erceus 

:«  étoit  invoque  pour  la  garde  des  murailles.  D'Vf «of , 
Jeptum  ,  Muraille. 

ERCHIE.  f.  f.  Vieux  mot.  Trait  d'.irc.  On  a  dit  aufli 
Archiée. 

ERCOLE.  Foyei  PORTO-ERCOLE. 

ERCONWALD.  1".  m.  Nom  d'homme.  Erconw.ddus , 
Erkenwaldus  ,  Erkcriwoldcs  ,  Earconwaldus.  Saint 
Erconvfald  eft  un  Evêque  de  Londres  de  la  tîn  du 
VII'^  (iècle.  Voyci  les  BolLmdiltes,  April.  T.  IIL 
p.  -jS'o.  &  fuiv.  Baillet ,  30.  d'Avril. 

ERCTZEYDORFF.  Ville  d'Allemagne,  dans  l'Au- 
triche ,  fur  la  W^ifche.  ' 

E  R  D. 

ERDEWDL  Village  de  Hongrie,  dans  lequel  il  y  a 

'  un  Monaftère.  Hcrcaturrts.  Il  eft  dans  une  Ifle  du 
Danube ,  vis-à-  vis  de  l'embouchure  de  la  Drave.  On 
y  vuyoit  des  ruines  de  l'ancien  Teucoburgium  ,  ville 
de  la  Pannonie ,  que  d'autres  placent  à  Dr.izat  j 
village  du  voilinage,  &  d'autres  à  Cinq-Egliies, 
Maty  ,  Corn. 

ERDHOLM.Ecueilsde  la  Mer  deDannemarck.On  les 
trouve  dans  l'Ille  de  Bornholm. 

ERDINAGA.  Villas^e  du  Cercle  de  Bavière,  dans  l'Ar- 
chevêché de  Saltzbourg  ,  à  cinq  lieues  delà  ville  de 
ce  nom ,  du  côté  du  nord.  Erdinga.  Il  paroît  par  une 
ancienne  infcnption  qu'on  a  trouvée  à  Erdinga , 
que  c'eft-là  qu'étoit  la  petite  ville  du  Norique  , 
nommée  anciennement  Ariodunum, 

ERE. 

ERE.  Cette  terminaifon  dans  notre  Poëfie  rime  fort 
bien  avec  aire,  comme  fingulière ,  vulgaire  j  &c. 
mais  les  mots  en  cre  ne  riment  point  avec  ceux  en 
erre. 
Ère.  f.  f.  Terme  de  Chronologie.  C'eft  un  mot  dont 
les  Modernes  fe  font  fervis  pour  lignifier  ce  qu'on 
appelle  autrement  Epoque,  ^ra.  Certain  temps 
arrêté  &  déterminé  à  volonté  ,  d'où  l'on  commence 
à  compter  les  années  qui  ont  fuivi.  On  ne  fait  pas 
trop  bien  l'origine  de  ce  mot.  La  plupart  des  Auteurs 
ont  prétendu  que  XEre  étoit  une  façon  de  compter 
les  années  ,  fuivant  les  Efpagnols  ,  dont  XEre  eft 
de  58  ans  plus  ancienne  que  celle  de  XEre  Chré- 
rtenne  ,  ou  de  nos  ans  de  grâce.  Pierre  IV.  Roi  d'Ar- 
ragon  ,  a  été  le  premier  Prince  ,  qui  dès  l'an  i  j  50 
abolit  XEre  d'Efpagne  dans  fes  Etats.  On  en  ufa  ainfi 
dans  ceux  de  Valence  en  1558.  aulii-bien  qu'en  Caf- 
tilleen  1383.  Le  Roi  Jean  I.  fit  de  même  en  Portu- 
gal en  141 5.  Le  Quien  de  la  Neuville. 

LTredes  Mahométans  eft  l'hégire,  ou  la  fuite 
de  Mahomet.  On  dit  auffi  XEre  de  Diodétien  j  XEre 
de  NahonafJ'ar,&Cc.  /^oyej  Époque. 

Ce  mot  fe  trouve  auffî  employé  dans  de  vieux 
titres,  pour  fignifier  ircOT.  Favyn  ,  dans  (onHifl. 
de  Navarre  ,  L.  I.  p.  8.  prétend qu'^era  fe  trouve  dans 
Ciceron  &  dans  Lucilius  ,  qui  le  font  pluriel  j  qu'il 
fignifie  la  même  chofe  que  commentaria  ,  les  feuil- 
lets d'un  livre  décompte  &pipier  journal  d'un  Mar- 
chand  où  il  écrit  ce  qu'il  achette  £c  débite  tous  les 


ERE 

'  jours  tant  en  gros  qu'en  détail.  Selon  le  même  Au- 
teur, d  autres  difent  qu'il  s'eft  dit  pour  hera  ,  de 
herus  ,  Maître  j  Seigneur  j  &  on  l'a  pris  pour  fi- 
gnifisr  la  domination  d'un  Prince.  D'autres  ,  comme 
Ilidure  ,  de  £s  ^,  itris  ,  à  caufe  de  la  pièce  d'argent 
que  l'Empereur  Augufte  impofa  par  tête  fur  tous 
les  iujetsde  lEmpire.  De  là  les  Efpagnols  introdui- 
lîrenccé  mot  dans  la  chronologie,  pour  marquer  !e 
commencement  de  quelque  changement  ertraordi- 
naire.  D'autres  que  ce  font  les  lettres  initiales  des 
trois  premiers  mots  que  l'on  mettoit  dans  les  Atles 
publics  J   Annus  erdc  Augujh. 

ERÈBc.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Erebus.  Les 
Poi.'ces  donnent  ce  nom  aux  Euicrs  ,  &  à  Pluton 
Dieu  des  Enfers  ,  félon  Vollius  j  De  Idolol.  L.  II. 
C.  60.  vers  la  fin.  D'autres  difent  feulement  que 
c'eft  un  Dieu  des  Enfers.  Dans  Hélîode ,  Theog. 
V.  1 Z3  ,  Xtrèbe  eft  produit  par  le  chaos ,  &  eft  frère 
de  la  nuit  ,  qui  fut  aufti  fon  époufe  ,  (^  dont  il  eut 
XALttz  &C  le  Jour.  Cicéron  fuit  f^éfiode  ,  L.  III.  De 
A^ac.  Deor.  n.  44,  Hygin  ,  Eabul.  Po'ét.  C.  i  dit  que 
XErehe  eft  ,  à  la  vérité  ,  fils  du  chaos  &  de  l'obfcu- 
ritc  ,  mais  qu'il  tft  père  de  la  nuit,  &  non  pas 
ion  frère.  Héliode  &  Cicéron  font  préférables  à 
Hygin.  * 

Les  liabiles  gens  conviennent  aujourd'hui  4ue  ce 
nom  eft  formé  de  l'Hébreu  ■2-\y  ,  ereb  ,  mot  répété 
plufieurs  tois  au  I.  Chap.  de  la  Genèfe,  &  qui  li- 
gnifie ,  l'obfcurité ,  les  ténèbres,  le  foir ,  la  nuit. 
Ils  conviennent  encore  de  ce  qu'Héfiode  dit ,  que 
YErcbe  n'cft  autre  chofe  que  l'ancienne  tradition  de 
la  création  du  monde  obfcurcie  par  le  temps  ,  & 
mêlée  de  fables  ,  ou  traveftie  en  fable.  /  oye\  Steu- 
cus  fur  le  I.  Chap  de  la  Genèfe  ,  &:  Grotius ,  De 
Vtrit.  Relig.  Ckriji.  L.  I.  Anriùt. 

^REC.  Province  d'Afie,  qui  s'étendoit  le  long  du  lit 
commun  du  Tigre  &  de  l'Euphrate  ,  à  droite  &  à 
gauche,  depuis  leur  jonélion  jufqu'à la  mer.  Cette 
Province  a  été  enfuite  nommée  Iraque  ,  qui  eft  le 
mêm^  nOrin  un  peudéguifé  :  mais  l'/ra^^^  d'aujour- 
d'hui n'eft  pas  le  même  pays  que  l'ancienne  Pro- 
vinced'£Vt'f  ,  car  avec  le  temps  l'/ra^^e  a  empiété 
fur  la  Babylonie ,  qui  étoit  anciennement  au-delfus 
de  la  jondion  des  deux  fteuves  :  elle  a  aulli  empiété 
fur  l'Alfyrie  &  fur  la  Médie  ,  auxquelles  elle  a  fait 
porter  ion  nom.  La  Babylonie  de  fon  côté  s'eft  mife 
en  pofTeffion  de  toute  l'ancienne  Province  à'Erec  ou 
Slraqus, 

ÉRECHTHÉE.  f  m.  Nom  d'homme  qui  fut  déifié. 
Erechtheus.  Il  étoit  Egyptien  d'origine  ,  &  fut  le 
fixierae  des  Rois  d'Athènes.  Ercchthée  fut  mis  au 
nombre  des  Dieux  pour  avoir  immolé  une  de  it^ 
filles,  en  obéilfrnt  à  l'Oracle  ,  qui  lui  prédit  que 
s'il  le  faifoit,  il  vaincroit  EumolpusRoi  des  Thra- 
ces. 

£RECTELTR.adj.prisau(fifubftantivement.Termed'A- 
natomie,  qui  fe  dit  des  deux  mulcles  de  la  verge  , 
qui  fervent  à  fon  éreftion.  Ereclor.  Ils  prennent  leur 
origine  de  la  partie  interne  de  la  tubérofité  de  l'if- 
chion  ,  &  vont  s'inférer  latéralement  aux  corps  ca- 
verneux. Le  clitoris  dans  les  femmes  a  aulTi  deux 
mufcles  érecleurs  :  ils  prenr\ent  leur  origine  de  l'é- 
minence  de  l'ifchion  ,  &"  vont  s'inférer  aux  parties 
latérales  du  clitoris  ,  dont  ils  produifent  l'éredion 
dans  le  coït.  Les  ére3.euPi  du  clitoris. 

ÉRECTION,  f.  f  Elévation  d'une  chofe  en  droite  li- 
gne. Aélion  par  laquelle  une  chofe  est  mife  dans 
une  fituation  perpendiculaire  à  l'horifon.  Ereclio. 
L'éreclion  d'une  ligne  perpendiculaire  fur  une  autre 
est  un  problême  enfeigné  dans  les  Elémens  d'Eu- 
clide.  Ce  mot  n'est  pas  d'ufage  dans  le  fens  propre. 

Erection  ,  fedit  figurément  pour  institution,  établif- 
fement.  L'éreclion  d'une  Baronie  en  Comté.  Ve'rec- 
tion  d'un  Préfidial.  L'éreclion  en  titre  d'Office  d'une 
charge  de  Mouleur  de  bois. 

0C?  Erection  .  fe  dit  aufti  des  statues  &  des  monu- 
mens  qu'on  élevé  &  qu'on  confacre  en  l'honneur  de 
quelque  perfonnage  illustre.  L'érecliou  d'une  statue. 

On 


ERE 

On  le  dit  auffi  des  maifons  destinées  aux  exercices 
de    piété. 

Le  Concile  de  Trente  est  celui  de  tous  les  Con- 
ciles qui  s'est  appliqué  avec  plus  de  foin  à  la  rétor- 
mation  du  Clergé  ,  qui  nous  a  donné  làdeirus  de 
plus  folides  Ik  de  plus  faintes  règles ,  Se  en  particu- 
lier celle  qui  regarde  ïireciion  des  Séminaires. 3our- 
dal.  Exh.  -l.  I.p,  ii'i\ 

Érection  ,  est  aulli  un  terme  de  Médecine  j  par  le- 
quel on  déhgne  l'état  de  gonflement  &  de  tcnlion  du 
membre  viril ,  relativement  à  la  tonclion  à  laquelle 
cet  organe  est  destiné  dans  l'ouvrage  de  la  généra- 
tion. On  le  du  encore  en  Médecine  ,  mais  dans  un 
fens  moins  propre  ,  de  l'état  de  quelques  autres  par- 
ties du  corps  dans  lesquelles  ce  gonflement  est  af- 
fez  fenlible. 

ÉREIE.   Foyc:;  YRIEZ. 

EREINBREISTEIN.  ^oye^  HERMANSTEIN. 

EREINTER,  ou  EKENERj  ou  ERRENER.  v.  a.  Mais 
éreincer  est  aujourd'hui  leul  en  ulage.  Rompre  les 
reins.  Renés  Jrangere  ,  ou  diff^rmgere  j  delumbare  , 
opprimcre  ,  iuxarc.  Voilà  un  poids  qui  est  capabl. 
^éreinur  ce  Crocheteur  ,  ce  cheval.  On  a  donn. 
tant  de  coups  de  bâton  à  ce  pauvre  homme  ,  qu'un 
l'a  ércïnté. 

Ce  mot  vient  du  LatinT^^e  renibus.  Ménage  après 
Nicot  b  dérive  de  erenare  ,  comme  qui  diroit/tw^j 
luxure. 

Éreinté  ,  ÉE.  paît.  Qui  a  les  reins  rompus  j  ou  fou 
lés  :  qui  efl  extrcnu-mcnt  fatigué,  pour  avoir  porté 
une    grolfe  charge,  ou  pour  avoir    marché  Ion.; 
temps.  Dans   le    Diftrait   de  Regnard ,  Scène  der- 
nière. Carlin  tout  eiroufïlé  ,  dit  d'une  voix  entre- 
coLTjjée  : 

Ouf.  je  fuis  éteinte. 

On  trouve  dans  Borel-f^r/ze.C'eft  un  mot  de  pro- 
vince., 

;^-3'  EilÉMITIQUE.  adj.  de  t.  g.  Qui  concerne  les 
Ermites.  Il  n'a  d'ufag'e  que  dans  cette  "phrafe  :  vie 
ère' -liùque  ,  vica  erémedca,  pour  dire  ,  la  vie  que 
mènent  1-s  folitaires  dans  le  defert ,  par  oppohtion 
à  la  vie  cé/iob'ulque  ,  qui  eft  celle  des  Religieux  qui 
vivent  en  commun.  l^oye\  Ermite. 

ÉREMODICIE.  i.  m.  "Vieux  mot.  Défert  j  d»  Grec 
Èç>r/Ka9i'xn» ,  fait  de  t^yi^ùa  ^  folitude  ,  défert. 

ÉRiu,N  r.  T.rme  du  vieux  langage  j  qui  a  été  employé 
pour  la  troifiéme  perfonne  du  pluriel  de  l'imparfut 
du  verbeètre  j  étoient,  du  Latin  eranc.  On  a  dit  aufiî 
ère  pour ,  étoit  ,  &  en  ,  pour  fera  ,  du  Latin  erh. 
Miroér  erc  à  toutes  gens  J  ^owz ,  ce  fera  un  miroir. 
Ce  n'en  pas  Bible  iofangere  ,  pour,  ce  ne  fera  pas  un 
livre  flatteur  &  pleiQ  dé  louanges. 

ÉRÉSIPÉLATEUX  ,  ou  ERYblPELATEUX,  euse. 
adj.  Qui  tient  de  Téréhpèle.  Ereftpelat^tus  .,  a,  uni. 
C'eft  un  terme  de  Médecine.  Petites  bubes  inflam- 
matoires &  ércfipé'idteufis.  Brigandage  de  la  Méde- 
cine. Le  fang  dans  une  difpolîtion  inflammatoire 
peut  former  un  dépôt  flegmoneux  ou  eréjipélateux 
dans  la  cavité  de  la  dent ,  ou  dans  ion  voifinage. 
Chirurgien  Dentiste.  Une  fluxion  éréfipélateuje. 
La  fluxion  erefipélateufe  augmenta.  Duvermey  , 
Acad.  des  Se.  170  ^-  Mem.p.  iS. 

ÉRÉSIPÈLE,ouERYSIPELE.f.m.Ê'ry/;7c/.-i-.  Tumeur 
fuperficielie,  inflammatoire,  caufée  par  des  humeurs 
piquantes,  d'oùnair  une  chaleur  acre  accompagnée 
jde  douleur  avec  démangeaifon.  Quelquefois  cette 
tumeur  occupe  une  partie  de  la  chair  qui  eft  fous 
la  peau  relie  provient  d'un  fang  bilieux  &  bouil- 
lant J  qui,  pour  fa  fubtilité  ne  canfe  point  de  tu- 
meur apparente  ,  mais  s'étend  de  proche  en  proche 
aux  parties  voihups.  Sa  couleur  eft  d'un  rouge  peu 
foncé  ,  tirant  fur  le  jaune  ,&:plus  la  bile  y  ell  pure, 
&  plus  Véréfipele  eft  danaereuv.  Sous  Xérefipéie  font 
0  comptifes  les  puftules  bilieufes ,  comme  les  dar- 

tres ,  les  vellies  &  les  bubes,  que.  le  Vulgaire  ap- 
pelle feu  fauvage.  Quelques-uns  donnent  à  Vérefi- 
péle  les  noms  de  rofe  ,  à  caufe  de  fa  couleur  ,  feu 
Tome  III. 


E  R  E  817 

facié  ,  feu  S.  Antoine  j  à  caufe  de  la  chaleur  vive 
qu'il  caufe. 

Ce  mot  vient  du  Grec  (fuiT» ,  trahere  j  &  dewÉAsf  , 
prope  ,  parce  qu'elle  fe  retiré  proche  du  cuir  i  ce  qui  ' 
lait  que  Galien  rappeile/'i?//Yj/2  du  cuir ,  ou  bien  du 
mot  Grec  Èprfoî  ,  ruber ,  Si  %'ihu,  ^  prope  ;  preique 
rouge  J  ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de  rofa  par 
les  Latins.  Il  y  a  un  er^riipcic  limple ,  &  l'autre  avec 
ulcération.  ^ 

ERESMA  ,  ou  Elcréna.  Rivière  d'Efpagne.  Areva, 
Ellea  fafourceaux  montagnes  qu'on  appelle  Sierra 
Tabladaj  fur  les  conlîns  des  deux  Caltillcs.  Maty  , 
après  lui  Corneille,  diient  (jue  de  la  vieille  Caf- 
tille  elle  entre  dans  le  Royaume  de  Léon,  où  elle 
le  décharge  dans  le  Douro  environ  à  une  lieue  au- 
delfus  de  Tordelillas  j  mais  dans  la  Carte  de  M.  De 
Lille  de  1701.  elle  n'entre  point  dans  le  Royaume 
lie  Léon  ,  elle  le  décharge  dans  le  Duraton  un  peu 
au-delFus  de  Penatiel ,  dans  la  vieille  Caftille  ,  &  à 
dix  lieues  de  Tordelillas. 

ERETHISME.  f  m.  Terme  de  Médecine.  Irritation  ic 
tcnlion  violente  des  fibres ,  qui  lurmonte  le  mou- 
vement naturel  de  leurs  olciUations.  Erethifmus.  M, 
Geohoi,  Dodeur  de  la  faculté  de  Pans,  fiifoic 
conlifter  les  maladies  &  leurs  caufes  elfentielles  dans 
Xéruhifine  des  fibres  qui  trouble  leurs  olcillations , 
ou  qui  les  éteint ,  S<.  qui  par  ce  moyen  arrête  dans 
leurs  petits  tuyaux  les  liqueurs  qui  les  arrofent  j  ce 
cjui  s'oppofe  à  leur  circulation  ,  à  leur  trituration  j 
&  à  la  féparation  de  leurs  parties  inutile? ,  d'où  re- 
luire une  altciation  datîs  les  londtions  du  corps  ,  ÔC 
un  nombre  infini  dé  fymptomes.  Eritlnfme  eft  un 
mot  Grec ,  Ifilurfia;  J  irritation  j  du  verbe  IfJ'i'i' , 
i'irrite. 

On  peut  en  général  donner  le  nom  à'ércthifme  à 
tout  ce  qui  s'oppole  au  cours  de  la  nature  ,  ou  re- 
tarde Ion  mouvement  vers  la  crife  j  foit  aliment, 
remède  ,  faignée  ,  topique  ,  ou  affedion  de  lefpric 
&  du  corps.  Dicl.  de  James. 

ÉRETIA.  Bourg  ou  petite  ville  de  Livadie  ,  en  Grèce. 
Ereti.  Elle  eft  aupics  du  golfe  de  Négrepont ,  vis- 
à-vis  du  cap  Litar ,  qui  eft  à  la  pointe  occidentale 
de  rifle  de  Négrepont.  Quelques  Géographes  met- 
tent à  Eretia  l'ancienne  Cnemls. 

ÉRETRIAQUE,  ou  ERÊTRIQUE  ,  qui  a  rapport  1 
Erétrie.  tretricus  ^  Eretri.xus,  Il  y  avoir  à  Erétrie 
une  Ecole  de  philofophes  que  Strabon  nomme  Ere'' 
triaques  8<  Eretriques.  Elle  avoir  été  établie  par  Mé- 
nedemus  l'Eiétrien. 

ERETRIE.  Ancienne  ville  de  l'Eubée  ,  ou  du  Négre- 
pont. Eretria.  Elle  eft  fur  une  côte  qui  regarde  la 
Grèce ,  à  8  lieues  de  la  ville  de  Négrepont,  du  côté 
du  levant.  Quelques  Géographes  la  nomment  au- 
jourd'hui Kocho.  Strabon  ,  L.  X.  nous  apprend 
qu'après  Cha<tis,  c'étoit  la  plus  grande  des  villes 
de  I  Eubée  ,  que  l'une  &  l'autre  avoient  été  bâties 
par  les  Athéniens  avant  la  guerre  de  Troye  j  qu'a- 
près cette  guerre  un  Athénien  j  nommé  .(tclus,  y 
avoit  conduituneColonie  j  que  ces  vdles  devenues 
puilfantes  avoient  ét.ibli  des  Colonies  dans  la  Ma- 
cédoine; que  quelques-uns  dif.iientqu'z.'er/-/eétoic 
une  Colonie  de  Macifte  de  Tnphylie  ;  (.yxEretrie 
s'appela  d'abord  Mélaneis  ,  ou  Ménaleide  ,  c'eft-à- 
dire*,  la  Noire  ,  &  enluite  Aiotric  ,  c'eft-à  dire  , 
cultivée,  labourée  ;  qu'/ire'rr/'e  commandoit  à  An- 
dro  ,  à  Teno  ,  aux  Ceiens  &:  à  d'autres  Ifles  ;  que 
les  Perfes,  comme  dit  Hérodote  ,  la  dérniilnenr, 
qu'on  en  voyoit  encore  de  fon  temps  les  runies  en 
un  heu  appelé  la  vieille  Erétrie  ;  qu'on  avoit  rebâti 
une  nouvelle  Erétrie  j  qui  fut  célèbre  en  paix  &  en 
guerre  :  &  au  L.  IX.  il,dit  que  l'ancienne  Erttrie 
étoit  vis-à  vis  Delphinium  dans  la  Béotie,  féparée 
(le  ce  port  par  un  trajet  de  60  ftades ,  qui  font  7 
lieues  &  demie.  L'£r£;^/-/e  nouvelle  ctoir  plus  an  mi- 
di. Fcjf?  les  Tables  du  P.  Lubin  &  M  Tourreil  fur 
Dem.  p.  z8  5 .  Cet  Académicien ,  dans  fes  Notes  fut 
la  harangue  de  Démofthcne  touchant  la  paix  ,  écrie 
Entrhye  5c  Erétrhyens  ,  mais  mn\.  Tous  \cs  An- 
ciens ,  Démofthcne ,  Strabon  ,  Mêla ,  Pline  écri- 

LlUl 


^iS 


ERE     ERG 


vent  E retrie  y  &c  [tniCquQ  ce  moc  vient  d'Arotrîe  , 
comme  il  paroi:  pai'  Strabon  ,  &  qu'Arotne  elt 
manifeftemenc  dérivé  d  «forfo»  ,  charrue  j  il  faut 
écrire ,  comme  nous  faifons ,  Erétne  fans  A  Se  fans  j. 

ÉRÉTRIEN  ,  ENNE,  f  m.  Se  f .  &  adj.  Qui  eft:  d'Eié- 
trie.  Eretrleus  ,  Eretrienfis.  Ménédéme  Y Eretnen. 
Après  le  déparc  de  Plutaïqiie  &  de  la  gainifon étran- 
gère j  ks  Eréchryens  ,  devenus  maîtres  de  leur  ville 
&  de  Porthmus ,  embralFerent  les  uns  notre  parti , 
les  autres  celui  de  Philippe.  Tourreil-Cc  n'elt  pas 
là  le  feul  fervice  qu'ait  rendu  aux  Eréchryens  a  bon 
ami,&:ce  fidèle  allié.  lo.il  faut  écrire  i:'wr/e/2.  ^'oy. 
Eretrie. 

M.  Corneille  a  dit,  les  Philofophes  Erétrïens : 
mais  il  faut  due  Erétriques,  ou  Erétriaques ,  avec 
Strabon  ,  qui  met  de  la  diitérence  encre  le  nom  de 
cette  Ecole  de  Philofophes,  &  celui  des  Citoyens 
d'Erétrie, appelant  ceux  ciErécriens ,  &  diiant qu'on 
nommoit  ceux  là  Erétriques  &  Erétriaques  ^  loit 
qu'en  effet  ils  portalfent  ces  deux  noms ,  fou  qu'il 

,    y  ait  une  faute  au  premier  moc ,  &  que  les  Copilles 

•    y  aient  oublié  un  a. 

ÉRETRIENNE.  adj.  f.  Terre  Erétrlennc.  C'eft  le  nom 
d'une  terre  argilleufe  approchante  de  la  terre  figU- 
lée  ,  qu'on  ciroit  autrefois  d'un  champ  voilin  de  la 
ville  Eretrla.  dans  l'Ule  d'Eubée,  d'où  eft  venu  Ion 
nom.  Il  y  en  a  de  deux  efpcces ,  l'une  très-blanche, 
&  l'autre  cendrée.  On  le  fert  de  la  dernière  pour  ar- 
rêter le  fang, étant  prife  intérieurement,  &  la  blan- 
che eft  employée  pour  la  Peinture. 

ÉREUX  ,  tusE.  adj.  Vieux  moc.  Qui  eftfujet  à  être 
en  colère  j  à  quereller. 

E    R    F. 

ERFORT  ,  ou  ERFURT.  Ville  du  Cercle  de  la  haute 
Saxe,  en  Allemagne.  Erjordia  ,  ErphorJia  j  Erjur- 
tum.  C'elt  la  principale  ville  de  Turinge.  Erjorc  eft 
fitué  fur  la  rivière  de  Géra,  entre  Weimar  &  Gotha. 
Son  château  s'appelle  Cyriaxbourg  ,  ou  Château  de 
S.Cyriaque.  Erjorc  étoit  autrefois  ville  Impériale. 
■  Elle  a  uneUnivérfité.f:A/orrdcpendoit  autrefois  des 
Archevêques  de  Mayence  :  ellecroyoit  s'en  être  ra- 
chetée, mais  en  1654.  le  Prélat  fit  revivre  fes  droits, 
&  foutenu  par  l'Empereur  ,  qui  mit  Erjorc  z\i  ban 
de  l'Empire  ,  &  par  le  Roi  de  France  ,  qui  donna 
des  croupes  pour  la  foumeccrê  ,  elle  tue  obligée  de 
reconnoître  l'autorité  de  l'Archevêque.  Le  terri- 
toire à'Erforc  comprenoic  autrefois  80  à  90  bourgs 
ou  villages;  maiîl'an  i6(î^  l'Archevêquede  Mayen- 
ce en  céda  17  àl'EledleurdeSaxe  pour  tous  les  droits 
qu'il  pouvoir  prétendre  fur  la  ville.  Merouée  ,  Roi 
de  France  ,  donna  autrefois  (on  nom  à  Erjorc  ,  & 
le  fit  appeller  Mervigisbourg,  Quel-iues  Géographes 
le  prennent  pour  l'ancienne  Btcurgium ,  que  d'autres 
placent  à  Swichaw  en  Mifnie.  ''Audifret,  Maty  , 
Corneille.  Long.  28  d.  5  5'.  Lac.  5 1  d.  4'. 

ERG. 

ERGANE.  f.  f.  Epithète  ou  furnom  que  les  anciens 
Grecs  donnoientà  Minerve  du  mot  fcvi' ,  art.  Er- 
^(z;2e.Palias  étoit  appelée  £>^a/2e,  parce  qu'elle  pré- 
fidoit  aux  Arts ,  &  que  les  ouvrages  des  Arts  paf- 
foienr  pour  lesoiivr-ages  de  la  fagelfe  ,  qui  eft  Pallas 
ou  Minerve.  P^oy.  Volfius ,  de  Idolol.  L.  II.  C.  66. 

ERGATIES.  f.  f.  pi.  Fête  d'Hercule  à  Sparre. 

ERGERS.  Rivière  d'Allemagne.  Elle  a  fa  fource  aux 
montagnes  qu'on  voicau-delàde  faint  Léonard.  Elle 
pafle  par  la  hauce  &  parla  balfe  Ehenheim. 

ÊRGO.  Terme  dogmatique  tiré  du  Larin  ,  qui  fignifie 
la  conclufion  d'un  argument.  Il  eft  pris  fouvenr  pour 
l'argument  même.  C'eft  un  homme  qui  nous  impor- 
tune par  fes  ergo  ,   qui  eft  bien  fort  f  ir  Vergo. 

Ergo  ,  s'emploie  auftï  dans  le  ftyle  familier  pour  donc, 
c'eft-à-dire  ,  dans  la  fignlfication  propre  qu'il  a  en 
Latin. 

J<1  croit  que  fa  Jîlle  aime  :  ergo  les  rende:;-vous  ,  &c. 

Mlle  L'HÉRITIER. 


ERG 

Or  ma  planeîe  Menfaifante 

Promet  a  ma  vie  un  ions  cours  : 

brgo  ,  y  aurai Jur  mes  vieux  jours 

(^um^e  ou  vingc  mille  écus  de  rente.  Pavillon. 

On  dit  proverbialement,  ergo  glu  j  à  ceux  qui 
font  de  grands  railonnemens  dont  on  ne  conclut 
rien. 
ERGOT,  f.  m.  C'eft  un  éperon  ou  pointe  dure  qui 
vient  au  derrière  de  la  jambe  des  coqs  &  de  quel- 
ques autres  animaux.  Unguïs poflicus. 

On  du  figurément ,  qu'un  homme  monte  fur  les 
ergots  ;  pour  dire,  qu'il  menace  ,  qu'il  eft  en  colère, 
qu'il  parle  d'un  ton  fier  &  élevé. 
Ergot,  fe  dit  en  parlant  du  cheval.  C'eft  une  corne 
molle  de  la  grolFeur  d'une  châraigne ,  qui  eft  au  der- 
rière &:  au  bas  du  boulet,  &  cachée  fouvenc  par  le 
fanon. 
Ergot,  fe  ditauflî  de  plufieurs  autres  bêtes  qui  ont  de 
femblables  partiesunaisaux  fanglierson  les  nomme 
les  gardes  ,  &  aux  cerfs  ,  les  os. 
Ergot  ,  fe  dit  audi  en  Botanique  ,  pour  fignifier  l'ex- 
trêmité  dune  branche  qui  a  été  taillée,  &  qui  efi: 
«  morte  dans  le  bout ,  comme  il  arrive  fouvenr  aux 
branches  qu'on  éculTonne.  On  coupe  ce  bois  mort 
jufqu'au  vif ,  ou  julqu'à  l'écullon  \  Ôc  c'eft  ce  qu'on 
appelle  tailler  l'ergoc.  Cette  coupe  donne  lieu  à  l'é- 
corcede  couvrir  inienfiblement  ce  qui  refte  du  bois 
taillé. 
Ergot,  maladie  des  feigles.  On  appelleainfi  lesgrains 
de  feigle  ,  qui  deviennent  ,  dans    certaines  années 
longs  ;  noirâtres  &:  cornus.  La  farine  de  ce  grain  eft 
blanchâtre    &  très-pernicieule.  Lorfqu'il  eft  arrivé 
que  les  épies  du  feigle  étoient  chargés  de  i.e  mau- 
vais grain  ,  tk  qu'on  n'a  pas  eu  foin  de  le  rejeter  , 
on  a  vu  régner  à  la  cainpagne  des  maladies  qu'on 
appelle  feu  faint  Antoine.  Voyez  les  Journaux  des 
Savans ,  &  les  Mémoires  de  l'Académie.  M.  Do- 
dart  a  donné  plufieurs obfer varions  fur  le  mauvais 
effet  de  ce  blé  cornu. 

IJCJ"  On  donne  auflî  le"  nom  âïergot  à  cette  ma- 
ladie iingulière  dont  le  feigle  eft  attaqué.  Quelques- 
uns  ont  attribué  cette  maladie  aux  brouillards  qui 
gâtent  les  épis.  Mais  pourquoi  les  brouillards  n'a- 
giroient-ils  que  fur  les  graine  du  feigle  j  &  n'atta- 
qtltroient-ils  pas  également  le  froment  ^  l'avoine, 
&c.  De  plus  une  caufe  générale  devroit  produire  un 
effet  générai.  Cependant  tous  les  feigles  ne  font  pas^ 
ergotes  dans  tous  les  endroits  où  les  mêmes  brouil- 
lards ont  régné  :  dans  le  même  champ  tous  les  épis 
voifins  les  uns  des  autres  ,  &  fouvenr  dans  le  même 
épi ,  tous  lesgrains  ne  font  pas  ergotes.  Il  eft  plus 
raifonnable  d'attribuer  cette  maladie  à  la  piqûre  de 
quelqae  infedfe  qui  depofe  fes  œufs  dans  le  grain  du 
feigle  ;  &  cela  s'accorde  avec  les  obfervationsde  M. 
Tiller  qui  a  découvert  de  petits  vers  dans  les  grains 
de  feigle  ergotes. 
ERGOTE  ,  ÉE.  adj.  Qui  a  des  ergots.  Voilà  un  coq 
bien  ergoté.  Unguibus  talariis  ,  calcaribus  inJIruclus, 
Ergoté  ,  ée.  Armé  d'éperons  en  forme  d'ergots.  Cal- 
carlbus  armatus  j  a  3  um, 

Sefent  encor  diffamer  les  côtés 
Par  deux  talons  de  pointes  ergotes. 

Rousseau j  Ep.  Vil. 

Ergoté.  Terme  de  Chaffe.  Chien  ergoté  :  c'eft  ua 
chien  qui  a  un  ongle  de  furcroîc  au-dedans  &  au- 
deffiis  du  pied. 

^fT  Ergoté.  Terme  d'Agriculture.  Seigle  ergoté ,  at- 
taqué de  la  maladie  que  l'on  appelle  l'ergot.  Voye\ 
ce  mot. 

^ERGOTER.  V.  n.  Signifie,  au  propre  procéder 
dans  fes  raifonnemens  fuivant  la  forme  Scholafti- 
que.  Par  atqui  &  ergo.  Argutari  ,  difieptare.  Ils  ont 
long  -  remps  ergoté  fur  cette  propofition  en  Sor-  < 

bone.  ,  -Il 

|Cr  Et  comme  l'efpric  de  chicanne  &  de  vetillç 


E  U  I 

ell  un  vice  aiftz  ordinaire  dans  les  Ecoles  ,  on  a  dit 
au  figuré  ergoter  j  pour  cunteller  nnl-à-propos  & 
avec  iiiiporcuniré,  cliicauer  lur  roue,  trouver  à  re- 
dire à  tout.  Ces  deux  hommes  ne  peuvent  s'accor- 
der. Us  font  toujours  à  ergoterïnu  contre  l'autre. 
C'eft  un  importun  ,  il  ne  tait  (\\.\  ergoter.  Ce  mot 
n'eft  admis  que  dans  le  fljle  hrmilier. 

ERGOTERlii.  f.  f.  Chicane  &:  mauvaife  conteftation 
fur  des  Bagatelles.  Tries.  M.  Amelotd;;  la  HouHaye, 
dans  fa  lettre  à  M.  Bayle  au  lujet  de  la  critique  de 
fa  verlion  de  Fra-Paolo,  dit  que  la  quatrième  ob- 
jection n'ell  encore  qu'une  ergoteric. 

ERGOTEUR,  f  m.  Celui  qui  difpute  ,  cjui  pointillé 
fans  celle  ,  qui  contelte  tout  lans  railon.  Ineptus 
difceptator.  C'eft  un  terme  de  mépris ,  bon  dans  le 
ftyle  familier. 

ERGOTIS.  f.  m.  pi.  'Vieux  mot.  Chicanes  Théologi- 
ques. GlolJ.  fur  Marot. 

ERGOULE.'  ycryei  Goule. 

E  R  I. 

ÉRI.  Petite  rivière  de  l'ancienne  Tofcane^  &  main- 
tenant du  Patrimoine  de  S.  Pierre  en  Italie.  C£.res  , 
Cdretanus.  Elle  coule  dans  le  Duché  de  Bracciano  , 
^  fe  décharge  dans  la  Mer  de  Tofcane  ,  à  deux  ou 
trois  lieues  au  levant  de  Civita-Vecchia. 

ÉRIBEE.  f.  f.  Belle-mère  des  Aloïdes. 

ERIC  ,  ou  ERRIC.  f.  m.  nom  d'homme  Errlcus  , 
Ericus ,  Henrieus.  SdJim Eric ,  que  d'autres  appellent 
Saint  Henri  ^  étoit  de  la  première  Noblelfe  de 
Suéde,  &  d'une  famille  alliée .i  la  Maifondes  Rois 
du  pays.  L'an  1 141.  il  fut  choili  par  la  Nobleife  (Je 
le  peuple  d'un  commun  ccnfentement  pour  être 
Roi  de  Suéde,  au  préjudice  de  Charles ^  fils  du 
Roi  Smercher  ,  qui  ne  régna  qu'après  lui.  Il  fubju- 
gua  la  Finlande  ,  &  la  fit  inflruire  des  vérités  de  la 
foi.  Il  fut  tué  après  dix  ans  de  règne ,  par  un  parti 
rebelle  qui  vouloic  mettre  fur  le  trône  MagnuSj 
fils  d'Henri  Scateler,  Roi  de  Dannemarck  ,  qui 
prétendoit  à  la  Couronne  de  Suéde  par  fa  Mère  , 
quoique  ce  fut  contre  les  Lois  du  Royaume  j  qui 
n'admettoient  pas  les  Etrangers  ;  &  Saint  Eric  eft 
honoré  comme  Martyr.  Il  y  a  neuf  Rois  de  Danne- 
mark  &  quatorze  Rois  de  Suéde  qui  ont  porté  le 
nom  d'Eric. 

Eric  ,  fe  dit  aufîi  pour  Evaric^  nom  propre  d'un 
Roi  des  Gots  en  Efpagne  ,  fils  de  Théodoric  I.  & 
frère  de  Thorifmond ,  &  de  Théodoric  II.  auquel 
il  fuccéda  en  j.66. 

Ce  mot  Eric ,  ou  Erric,  eft  le  même  qu'Henri , 
qui  en  a  été  fait.  Eric  vient  de  deux  mots  de  la 
langue  Allemande,  ehr,honneur^icreich  ,  riche  :  ainfi 
fr/c  veut  dire  ,  quia  beaucoup  d'honneur. 

Eric.  Bourg  &  port  de  l'Etat  de  Gènes  en  Italie.  Eri- 
cis  portas.  Il  eft  fur  le  golfe  d'Efpezzia ,  vis-à-vis 
de  Porto-Venére.  Maty. 

ÉRICHTHON.  f.  m.  Ce  fut  un  Roi  d'Athènes ,  fuc- 
celfeurd'Amphidyon  ,  qui  fut  placé  parmi  les  aftres 
pour  avoir  trouvé  l'ufage  des  quadriges.  FoJJlus  , 
de  Idolol.  L.  I.  C.  i}-p.  /4. 

ERICHTHON.  f.  m.  Terme  d'Aftronomie.  C'eft  le  nom 
de  la  II',  conftellation  des  zi  feptentrionales.  On 
l'appelle  aufiile  charertier.  Erichthonius,  Ileniochus, 
ce  dernier  mot  eft  Grec 'ii"";^-Tf ,  auriga  ,  de  >!"'«  , 
habena  ,  Sc  h'-"}    habeo  ,  teneo. 

ERIDAN.  f.  m.  Ancien  nom  du  Pô ,  fleuve  d'Italie. 

r.ridanus.  Koyc:^  Pô.  '^/irgile  appelle  VEridan  le  Roi 
des  fleuves  j  Georg.  L.  I.'^Zi.  Fluviorum  Rex  Eri- 
darius.  Voy.  Pô. 

l'^RiDAM ,  EridamiSj  eft  aufti  le  nom  d'un  fleuve  de 
Pologne  nommé  en  Polonois  ,  Rodoun.  foyer^ 
ce  mot. 

Êridan.  f.  m.  Terme  d'Aftronomie.  Eridanus.  Eft  le 
nom  que  les  Aftronomes  ont  donné  à  la  troifième 
conftellation  des  quinze  méridionales. 

L^nonx  à' ETtdan  pris  pour  une  conftellation,  fe 
dit  en  profe  &  en  vers^  mais  il  ne  fe  dit  qu'en  vers 


E  R  ï 


§19 


quand  il  eft  pris  pour  le  fleuve  que  nous  appclc 
communément  Pô. 

ÉRIE.  Le  Lac  d'/;>^e ,  ou  du  Chat.  Lacus  Erius  ,  Lacus 

Jclis.  Lac  de  la  Nouvelle  France  en  l'Amérique  fep- 

tentnonale.  Il  eft  au  midi  de  celui  de  Karegnondi  , 

&  au  couchant  de  celui  d'Ontario  ou  Je  Fronrenac. 

,    Le  Baron  de  la  Hontan  1,;  nomme  Errié  ,  mais  mal! 

EKILNS.  1.  m.  pi.  Hérétiques  qui  foutenoient  qu'il  n'y 
avoit  point  de  difl-érence  entre  un  Evèque  &  un 
Ancien;  que  les  Evèques  n'avoicm  point  le  pouvoir 
de  conteier  l'Oidre  ;  qu'il  ne  falloir  pas  prier  pour 
les  morts,  &  qu'on  ne  devoir  point  ctabhr  de  jci'i- 
nes.  Us  fuivoient  les  Encratites  en  ce  qu'ils  ne  pei- 
mettoient  à  perfonne  de  venir  à  la  Cène  ,  s'il  n'avoic 
quitté  le  monde,  pour  mener  une  vie  très-  régu- 
lière. On  les  nomma  i;>/f/7j  ,  d'Erius  l'ancien  ,  qui 
vivoit  lous  Valentinien  I.  trois  cens  quarante  -  neuf 
ans  après  J.  C- 

ERIEU.  Rivière  de  France  dans  le  'Vivarais.  Elle  a  fa 
fource  près  de  S.  Agréve,  fépare  le  haut  "V^ivarais 
d'avec  le  bas ,  &  va  ie  décharger  dans  le  Rhône,  à 
Beçiuchaftel.  Davity  ,  Corneille. 

§cr  ERIGER  V.  du  Latin  trigere.  Drefler  ,  on  mettre 
de  bout.  On  ne  dit  point  au  propre  ériger  une 
échelle  ,  mais  lever  j  ni  ériger  une  perpendiculaire, 
mais  élever  une  perpendiculaire. 

ICT  Mais  on  dit  abufivement ,  ériger  une  ftatue  , 
ériger  un  autel.  Eriger  un  trophée  ,  un  monument  à 
la  gloire  de  quelqu'un.  Ac.  Fr.  On  érigeait  autre- 
fois des  ftatues  aux  grands  perfonnages,  aux  Em- 
pereurs. Quelqu'un  demandoit  à  Caton  le  Cenfeur 
pourquoi  on  ne  lui  avoit  point  érigé  de  (tatuc  : 
J'aime  beaucoup  mieux  ,  dit-il  ,  qu'on  falfe  cette 
demande  ,  que  fi  on  demandoit  pourquoi  on  m'en 
a  érigé 'Qons  Mots. 

Ijsyj'ai  dit  abufivement ,  malgré  l'autorité  de 
l'Académie  qui  adopte  cette  figmfication  ,  parce 
que  pour  parler  exactement ,  il  faut  dire  élever ^  Se 
non  pas  ériger  une  ftatue.  ^oye^  Elever.  Eriger 
ne  fe  dit  bien  que  pour  les  Fiefs  ôc  les  dignités. 
C'eft  changer  en  mieux  la  valeur  des  ehofes.  P^oye:^^ 
plus  bas  les  Synonymes. 

Ainfi /r/|rt?r  fignifie  ,  figurémenr  j  attacher  à  une 
chofe  ,  à  une  Terre  ,  à  un  Fief,  &c.  qu.lque  titre , 
quelque  degré  d'honneur.  Evehc-e  ad.  Enaer  un 
Marquifat  en  Duché,  ir/ffer  une  fondtion  ,  ou 
fimple  commiflion  en  titre  d'office  ,  faire  d'une 
commilïïon  amovible  une  charge  dont  le  Roi 
donne  des  provifions.  Eriger  un  Bailliage  en  Pré- 
fuhaU  en  Cour  Souveraine.  C'eft  au  P.i'pe  à  ériger 
des  Evêchés;  mais  il  lui  faut  pour  cela  le  confen- 
tement  du  Roi.  Le  Pape  ne  peut  ériger  une  Eglife 
en  Cathédrale,  ou  Métropolitaine,  ians  le  confen- 
remenr  du  Prince.  Fevret. 

IJCT  S'ÉRIGER,  Verbe  récip.  S'ériger  eh  Cenfeur,  en 
Auteur,  en  Critique,  en  Bel- Esprit,  en  Réforma- 
teur, &c.  fe  dit  défavorablement ,  pour  s'attribuer 
un  droit,  une  qualité  qu'on  n'a  pas,  ou  qui  ne  con- 
vient pas.  ^rrc^jrf,  yindicare  fibi. 

Quand  des  Cojlards  &  des  Ménages. 
S'érigent  en  grands  perfonnages  ^ 
On  s'en  rit.     BoiL; 

Il  eft  aflcz  ordinaire  aux  maris  de  s'ériger  en  ty- 
rans. Ib.  Je  ne  puis  foufl^rir  que  vous  vous  érigiez 
en  dévot  de  profeflion  ,  pour  vous  animer  d'un  es- 

,   prit  chagrin  contre  les  vices.  S.  Evr. 

Eriger,  confidéré  comme  fynonyme  à  fonder,  éta- 
>  blir,  inftitiier^a  fon  idée  particulière.  C'eft  pro- 
prement changer  en  mieux  la  valeur  des  ehofes, 
Syn.fr.  il  ne  s'emploie  bien  que  pour  les  lîefs  &  les 
dignités.  Paris  a  iLi!t  éri gé çx\  Archevêché  en  i6ii, 
fous  Louis  XIII.  Cette  terre  a  écc  érigée  eu  Duché. 

,    Voye^  les  autres  mots. 

Erigé  J  ée  ,  part, 

ERIGNE,ou  ÉRINE.f.  f.  Terme  de  Chirurgie.  C'eft 
un  petir  inftrument  qui  ferr,  comme  un  crochetj  1 
élever,  à  fqytenir  des  parties  fur  lesquelles  on  veut 

Lllllij 


Sio 


ERI 


tiavailler, qu'on  veut  dilicquer,  découper,  ?cc. 

ÉRIGONE.  l.  f.  Terme  de  Niychologie  6c  d'Altrono- 
mie.  trlgone.  C'ell  le  nom  d'une  temme  &  d'un 
a(tre.  Erigonc  ,  hlle  d  icare,  le  pendu  de  délespoir, 
lorsqu'elle  fu:  la  mort  de  Ion  père.  On  dit  que  ikc- 
chus  enleigna  à  Icaiius  l'art  de  taire  du  vin ,  tk.  que 
même  il  lui  ht  prélent  d'un  outre  du  plus  excel- 
lent. Quelques  bergers  de  i  Actique  j  amis  d'Ica- 
rius,  en  ayant  un  peu  trop  bu  s'enivrèrent,  &  fi- 
rent mille  extravagances  :  &  d'autres  les  voyant 
dans  cet  état ,  crurent  qu'ils  étoient  empoifonnés. 
Dans  cette  penfée,  ils  allatîinèrcnt  Icarius,  &  mi- 
rent ion  corps  dans  une  tolFe  qu'ils  couvrirent  de 
terre.  La  chienne  d'Icarius  appelée  Moera,  fit  con- 
noître  par'  l'es  hurlemens  l'endroit  où  fon  maître 
croit  enterré  ;  fa  hlle  Erigone  l'ayant  trouvé  le 
pendit  à  un  arbre.  Quelque  temps  après  les  filles 
&  les  temnies  Athéniennes  turent  transportées 
d'une  fureur  lî  violente  ,  qu'elles  s'alloienc  pen- 
dre elles-mêmes.  L'oracle  confulté  répondit  que  ce 
malheur  venoit  de  ce  qu'on  avoit  négligé  de  ven- 
ger la  mort  d'Ic.irius  &  d'Erigone  ;  &"  que  pour  le 
taire  celler,  il  falloir  inftituer  des  jeux  en  leur  hon- 
neur. On  inventa  ceux  où  les  fil  les  fe  balançoienr  fur 
une  corde  attachée  à  des  arbres  par  les  deux  bouts. 
Les  filles  &  les  femmes  ne  fe  pendirent  plus.  Jupi- 
ter, pour  recompenfer  la  piété  de  cette  fille,  &  la 
fidélité  de  cette  chienne,  métamorphofa  Erigone, 
&  la  plaça  dans  la  conftellation  nommée  la  Vierge, 
^'îo^ra  dans  celle  qu'on  appelle  la  Canicule  j  ts: 
Icarius  dans  celle  qu'on  nomme  le  Bouvier. 

ÉRIMANTE.  Foyei  Erymante. 

Primante,  f.  f.  Nom  de  Tulipe  parmi  les  Fleuri- 
Ites.  L'tri/na/2fe  eit  rouge  ,  feuille-morte  6c  jaune, 

MORIN. 

ÉRINACEE.  f.  f  Erinacea.  Petit  atbrilTeau  d'un 
très-bel  afpeét ,  &  dont  les  branches  fe  difpofenc 
en  rond ,  garnies  d'éphies  vertes  &c  piquantes  j  ce 
qui  lui  a  fait  donnet  le  nom  àilérinacée ,  à'érlnaàs ^ 
hériiron  ,  parce  que  les  épines  de  cette  plante  font 
dispofées  en  h^r/jjDn  ,  Hc  ramalfées  à  peu  près 
comme  les  aiguillons  du  Porc-épi.  Ses  fleurs  ioiit 
léguinineules ,  plus  petites  que  celles  du  genêt ,  de 
couleur  bleue  tirant  fut  le  purpurin.  Après  ces 
fleurs  naifient  des  goufies  plates.  Cette  plante  ell 
ordinairement  fans  feuilles  :  elle  en  poulie  rare- 
ment quelques  unes  quand  elle  fleurit.  Elles  font 
femblablcs  à  celles  du  lenticule  ,  &  durent  peu  de 
temps  fans  tomber.  Cet  atbrilTeau  croît  au  Royau- 
me de  Valence  aux  lieux  rudes  &  le  long  des  che- 
mins. Toutes  fes  parties  font  allringentes. 

ÉRINGDRANE.  Province  de  l'île  de  iVlad.'gascar.  On 
divife  ce  pays  en  grande  &c  petite  Eringdrani. 

ÉRINNYS.  f  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  propre 
d'une  des  trois  Furies.  Erinnys.  On  ne  fçait  rien  de 
patticulier  de  cette  Furie.  Les  Anciens, Grecs  ik  La- 
tins, difent  au  plurieUes  Erinnyes,  pour  les  Furies. 

•..  Héfiodc,  dans  fi  Théogonie,  v.  185.  écrit  que  les 
Erinnyes  étoient  nées  dans  la  fuite  des  temps  des 
gouttes  de  fang  qui  coulèrent  de  la  plaie  que  Sa- 
turne fit  à  fon  père  Uranus  ,  ou  Cœlus  ^  c'ell:-à- 
dire^  le  Ciel,  &  qui  tombèrent  fur  la  terre.  Il  ap- 
pelle les  Erinnyes  rortes ,  puiifmtes  ;  &  dans  fon 
premier  Poëme  Oper.  &  Dier.  v.  80.  il  dit  qu'elles 
iont  les  vengerelfes  du  parjure;  &  que  c'eft  le  cin- 
quième jour  qu'elles  rodent  pour  exercer  leur  ven- 
geance. 

Paufanias  dit  qu'il  y  avoit  à  Athènes  proche  de 
l'Aréopage  un  Temple  de  Déefles  qu'on  appelle 
Sévères ,  &c  qu'Héfiode  a  nommées  Erinnyes.  Êf- 
chyle  leur  a  donné  des  ferpens  pour  cheveux  ,  & 
rous  les  Poètes  l'ont  fuivi.  On  les  arme  aulTi  de 
fouets  8c  de  flambeaux  ardens ,  témoin  Lucain  , 
L.  VL  .v.  747- &  Ovide,  Ep.  XL  v.  lo^On  appelle 
aufll  Erinnys  une  mauvaife  femme  qui  a  canfé 
beaucoup  de  maux.  Ainfi  Virgile  dit  qu'Hélène  fut 
VErinnys  de  fa  patrie  ;  &  Lucain  ,  que  Cléopatre 
fut  VErinnys  de  l'Italie. 
ÇCTÉp.innys.  f.  ou  adj.  Cérès  Erinnys  ou  C/rès  fu- 


ERI     E  R  L 

rieufe.  Les  Siciliens  donnèrent  ce  nom  à  Céres  , 
lorsque  1  injure  que  lui  fit  Neptune  tandis  qu'elle 
parcouroit  le  monde  pour  retrouver  Proierpuie , 
lui  eut  ahéné  l'esprit. 

ÉRIPHYLE.  f  f.  Sœur  d'Adrafte ^  Roi  d'Argos ,  M.  de 
Voltaire  a  donné  en  1732  une  Tragédie  qui  a  pour 
'  .   fujet  la  mort  d'Ejipkyle. 

ERISICTHON  f.  m.  Un  des  aïeux  maternels  d'U- 
;  .  lylfe. 

ERISSE,  ou  RISSO.  Ville  ancienne  &  Episcopale  de 
l'Anatolie.  Ri:[us  j  lii:(£às.  Elle  ell  fituée  lut  ia  côte 
de  la  mer  Noire  ,  environ  à  trente  lieues  au  le- 
vant de  Trébizonde  ,  dont  fon  Evèché  étoit  fuffra- 
gant. 

ERISSI.  Ville  ancienne  de  l'île  de  Mctélin  ,  qu'on  a 
aufli  appelée  Cedonia.  Erijjus.  Elle  ell  fur  la  côte 
méridionale  de  l'île.  C'étoir  autrefois  un  Evêché 
furtiagant  de  Mctélin  :  ce  n'eil  plus  qu'un  village. 
Maty. 

ÉRîSSO.  Ancienne  ville  de  la  Macédoine  en  Grèce. 
Achantus.  C'ell  un  Evêché  fiiffiagant  de  Saloniki. 

,   Erijjo  ell  fitué  au  for.d  du  Golfe  de  Monte  Sanclo. 

ERISSON.  f.  m.  Terme  de  Marine.  Ancre  à  quatre 
bras  dont  on  fe  lert  dans  les  Bânmens  de  bas  bord  , 
ou  dans  les  Galères.  Erinaaus.  On  l'appelle  autre- 
ment grapin  de  jer ^  ou  rijjon.  Voyez  herijjon.  U  y 
a  bien  de  l'apparence  que  le  terme  de  Marine  vient 
de  la  re lie ir.b lance  que  les  grapins  de  fer  ont  avec 
l'animal  qu'on  appelle  hcriffon  ,  en  ce  que  le  gra- 
pin de  1er  ell  pointu  &:  comme  armé  de  quatre  cô- 
tes ,  comme  un  hérlifon  efl  tout  couvert  de  pointes 
piquantes. 

ERISTIE.  f.  f.  Terme  de  Fleurifte.  Tulipe  pourpre  & 
blanc.  MoRiN. 

ÉRITHROIDE.  f  f.  Terme  à' Anatomle.  Erythroïdes. 
C'efl  la  première  des  membranes  propres  cjui  en- 
velopent  les  tellicules  :  elle  ell  parfemée  de  fi- 
bres charnues  du  muscle  cremafter  ,  qui  la  font 
paroître  rougeâtre  ;  d'où  vient  qu'on  lui  a  donné 
ce  nom. 

Ce  mot  ell  Grec ,  il  vient  d'^fV'* »  rouge ,  Se  i'^'t ,  fi- 
gure, rellemblance. 

ÉRIVaN.  Ville  de  Perfe,  qu'on  appelle  aniîi /rivartj 
Irvan ,  &  Revan.  Erivanum  j  Bxvanum.  Elle  eft  dans 
la  Province  aErivan,  fur  la  rivière  de  Sanguica. 
Erivan  ell  grand  ,  &  détendu  par  une  grande  for- 
terefle  5  où  ell  le  Palais  du  Gouverneur  de  la  Pro- 
vince ,  &  par  un  château  fitué  à  quelque  diflance 
de  la  ville.  A  trois  lieues  d'Eriran  ^  où  les  Armé- 
niens ont  un  Evêché ,  on  trouve  les  ruines  de  l'an- 
cienne Anaxaca,  que  les  Arméniens  appellent  Ar- 
dachat.  Sa  latitude  eft  de  40°.  19',  j  \" ,  Gouye. 

ERIVAN.  Province  de  la  Perfe.  Erivania  ,  Irvania. 
C'elt  une  partie  de  la  grande  Arménie  às.%  Anciens. 
Ses  bornes  font,  au  couchant ,  la  Turcomanie  ;  au 
nord,  la  Géorgie  ;  au  levant,  le  Scirvan  \  Se  au  mi- 
di ,  l'Adirbnïtzan.  VErivan  eft  fort  froid ,  à  caufe 
des  montagnes  qui  s'y  trouvent,  dont  la  plus  cé- 
lèbre eft  le  mont  Ararat.  Il  eft  pourtant  fort  fer- 
tile, même  en  vin.  Ses  principales  villes  font  Eri- 
Viin  _,  Karasba  ,  Bilagan  ,  Chiurcar,  Si  Naschanan. 
P^oye^  Tavernier  dans  fes  Voyages  de  Perfe  j  T.  I. 

E  R  K. 

ERKÈLENS.  Ancienne  ville  des  Ubiens  ,  &  aujour- 
d'hui de  la  Gueldre  Impériale.  Hcrculeum  j  HercuUs 
caftra.  Elle  eft  enclavée  dans  le  Duché  de  Juliers  , 
Se  fituée  à  une  lieue  du  Roer,  entre  la  ville  de  Ju- 
liers ,  &  celle  de  Ruremonde.  Erkélens  étoit  for- 
tifié \  mais  les  François  en  ruinèrent  les  fortifica- 
tions en  i(î74.  Maty.  Long.  24.  d.  S',  lat.  5 1.  d.  t>' . 

E  R  L. 

ERLACH.  Petite  ville  ou  bourg  de  Suiflè.  Les  Fran- 
çois le  nomment  Serlier  :  il  appartient  au  Canton 
de  B=;rne ,  Se  eft  fitué  au  bord  du  lac  de  Bienne,  C'eft 
un  Baillia<ie. 


E  R  L     E  R  M 

ÊRLANG.  Pecice  ville  du  Cercle  de  Franconie ,  en 
Ailemagne.  ErLanga.  Elle  etl  fur  la  rivière  de  Red- 
niiz  j  dans  le  Marquifar  de  Ciilembach ,  aux  con- 
h.iç  de  l'Evcché  de  ûamberg  &  du  terriroire  de  Nu- 
remberg. Loni;.  28.  d.  41  .  la:.  41;.  d.  38'. 

ERLAPH.  Rivière  d'Allemagne.  Arlapa  ,  Arlape. 
Elle  a  fa  fource  vers  les  contins  de  Stirie  j  traverfe 
une  partie  de  la  balfe  Autriche ,  &  fe  décharge 
dans  le  Danube,  un  peu  au-delFous  de  Pechlarn  , 
qu'elle  arrole. 

E  R  M. 


les  Suilles  donnent  à 
la  fabrique  d-'s  tro- 
de    Gruyère    &    de 


ERMA.  Voye-{  Germaste. 

ERMAILLY.  f  m.  Nom  que 
celui  qui  travaille  en  clief  .1 
mages    dans    les    montagnes 
Berne. 

ERMELAND,  autrement  WARMIE  ,  ou  WERME 
LANOr.  Contrée  de  la  Prulfe  Royale,  'iy'.irmia 
L'irmehind  ett:  enclavé  entre  le  Golfe  de  Frisch- 
Matf  &  la  Prulîe  Ducale,  &  dépend  du  Palatinat 
de  Mariembourg.  Ses  villes  font  Heilsperg,  qui  en 
eft  la  capitale,  VVartemberg ,  Gurtad  6c  Braunsberg. 
Si  l'on  écrit  LWmelLtnJe  ,  il  hiudra  le  faire  léminin  , 
fuivant  ce  que  nous  dirons  au  mot  Land. 

ERMENSUL  ,  ERMINSUL  ,  ERMINSIL.  Foye- 
Irminsul,  ou  Irmensul. 

ERMES.  Vieux  terme  de  Coutumes ,  qui  fe  dit  des 
terres  non  labourées,  ni  cultivées  j  qui  font  vacan- 
tes ,-  en  hiche  &  en  défert.  On  les  appelle  aulîi  ter- 
res brehaines.  Dans  les  Coutumes  de  la  Marche  & 
du  Bourbinnois  on  appelle  terres  hermcs ,  ou  hc- 
rc:nps  ,  das  terres  en  triche. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ifif*'^,  en  Latin  ercmus  , 
défert  :  d'où  vient  qu'on  a  nommé  l'Abbaye  de  Saint 
Michel  en  l'herm  ,  Sancli  Mlc'iaelis  in  eremo. 

ERMIN.  f  m.C'ell  ainli  qu'on  nomme  dans  les  Echel- 
les du  Levant,  6i    particulièrement  à  Sniyrne  ,  le 
'  droit  de  Douane  ,  que  l'on  paie  pour  l'entrée  oc  L; 
fortie  des  marchandiies. 

ERMINE.  V'oye:^  Hermine.  C'eft  ainfi  qu'il  faut 
écrire. 

ERMINETTE.  f  f.  Outil  de  Charpentier  fait  en  for- 
me de  hache  recourbée  ,  ou  d'ailTette ,  qui  lui  fett  à 
aplanir  ,  à  unir  le  bois-  Affia  incurvci. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  l'Arabe  alermin  ,  qui  i\- 
gn'iûs  fcu/prum. 

ERMITÀ  DE  LOS  PALACIOS.  Village  de  l'Andalou- 
iie  ,  en  Efpagne.  PaLitiorum  Eremus  yfoUtudo.  Il  eft 
fur  la  rivière  d'Almudiel  ,  à  fept  ou  huit  lieuas  au 
nord  de  Baëza.  On  y  voit  les  ruinfes  dellavium  Vi- 
vitanum  ,  qui  étoit  anciennement  une  petite  ville 
delaBétique^  Province  d'Elpagne. 

Ce  mot  eft  Efpagnol  ,  &  (ignifie  Ermitage  des 
Palais. 

^CTERMITAGE.  f  m.  C'eft  un  ufige  prefque  général 
d'écrire  h&rmïcjgz  &  herm'ne.  Cependant  on  doit 
écrire  ces  mots  fans  h  ,  parce  qu'ils  viennent  du 
Grec  'if>if"i ,  dont  l'efprit  eft  doux.  Les  Centuria- 
teurs  de  Magdebourg  ont  eu  plus  grand  tort  encore 
d'écrire  Heremita  en  Latin. 

§3"  On  appelle  iVwiwc-e  ,  l'habitation  d'un  Er- 
mite 5  une  petite  maifon  en  lieu  défert,  où  un  Er- 
mite fait  fa  demeure.  .-^«iJcAordre  Cella  ,  Eremus.  Ce 
folitaire  ne  fort  jamais  de  fon  Erm't.Tge. 

fer  On  le  dit  figurément  d'un  lieu  folitaire  &: 
écarté  j  tel  que  ceux  que  les  Ermites  choiiilfoient 
pour  leur  retraite.  Solïcudo  ,  fecejfus.  Ce  lieu  eft  un 
vrai  ermitage. 

ERMITAGE,  eft  auffi  un  lieu,  ou  une  maifon  de 
campagne  folitaire  &  écartée  ,  que  quelqu'un  a  fait 
bâtir  pour  y  vivre  en  retraite  ,  &c  hors  du  com- 
merce du  grand  monde.  Si  vous  venez  chez  moi , 
vous  ne  trouverez  pas  un  château  ,  mais  un  joli  pe- 
tit ermitage. 

Défert  où  faî  vécu  dans  un  calme  (l  doux  , 

Pins  y  qui  d\m  fl  heau  verd  couvre.-;  mon  ermin^ej 

La  Cour  detuis  un  an  me  fépare  de  vous.  Main 


ERM  82.1 

Malgré  l'injujlice  des  Cours  j 

Dans  cet  agréable  ermitage  , 

Il  coule  doucement  jes  jours  j 

Et  vit  en  véritable  Sage.  Chapelle. 

ERMITAGE.  Villag^  de  l'Ecolfc méridionale.  £>ewi/j. 
Il  eft  le  lieu  principal  de  la  Province  de  Lidefdàle  , 
&  défendu  par  un  château  bien  fortihc.  Maty. 

ERMITE,  l.  m.  Homme  dévot  qui  s'eft  retiré  dans 
la  lolitude  ,  pour  mieux  vaquer  à  la  contemplation, 
Se  fe  débarraller  des  affaires  du  monde.  Eremita  , 
Jinachoreta.  \5n  Ermite  n'eft  point  cenfé  Religieux  , 
s  il  n'a  point  fait  de  vœux.  \^ Ermite  reclus  du  mont 
Valérien.   L'Ermite  de  k  forêt  de  Compiegne.  S. 
Paul  V Ermite  eft  un  de  ces  anciens  folitaires ,  &c  le 
père  ou  le  premier  des  Ermites.  S.  Jérôme  a  écrie 
.  la  vie.  Le  P.  Héliot  dans  fon  hiftoire  des  Ordres  Re- 
lig.P.l.C.i.  l'a  aulîî  donnée.  S.  Jérôme  au  commen- 
cement de  la  vie  de  S.  Paul  premier  Ermite  .  du  que 
l'on  ne  favoit  pas  quel  étoit  celuiqui  avoit  été  lepre- 
mier  Ermite.  Que  quelques-uns  remontoient  à  Elle 
&  à  S.  Jean-Bapcifte  ;   que  l'opinion  la  plus  com- 
mune parmi  le  peuple  étoit  que  S.  Antoine  étoit 
1  inftituteur  de  la  vie  érémitique  ^  mais  qu'il  avoit 
plutôt  augmenté  l'ardeur  pour  cet  état  :  que  des 
difciples  de  ce  Saint  difoient  que  c'étoit  Paul  de 
Thébes  qui  l'avoit  le  premier  pratiquée.  Saint  Jé- 
rôme eft  de  ce  fentimant.  Ce  fut  à  l'occafion  de   la 
perfécution  de  Déce  &  de  Valérien.  Les  Centuria- 
teurs  de  Magdebourg  traitent  des  Ermites  ,  Cent. 
II'.  C.  6.  Cent.  V.  C.  10.  Ils  reprennent  fur-tout  en 
eux  la  folitude  &  l'auftérité  de  la  vie.  Le  Cardinal 
Bellarmin  les  a  folidement  Se  favammer.t   rctutés 
dans  fes  Controverfes ,    Tome  II,  Contr.  II.  L.  Il, 
C.  3  9.  où  il  montre  que  cet  état  eft  louable  j  agréa- 
ble à  Dieu  ,  faint.  Les  anciens  Ermites.,  comme  laint 
Antoine  ,  vivoient  dans  les  déferts  j  &  ne  laiftoienc 
pas  d'avoir  plufieurs  Religieux  avec  eux.  Arnaud 
d'Andillia  fait  la  vie  des  ï'cyqs  Ermites. 

Tout  homme  ejl  homme  ,  les  lE.:m\x.ss  fur-tout. 

La  Font. 

En  France  ,  les  Ermites  ,  quoiqu'ils  ne  foient  pas 
Religieux  ,  font  incapables  de  fuccédec.  Arrêt  du  17 
Février  1653. 

Plufieurs  Religieux  fe  qualifient  A'Ermites.  Les 
Ermites  de  S.  Auguftin.  Les  Ermites  de  Camaldoli. 
Les  Ermites  de  S.  Jérôme^  d'autresque  l'on  va  trou- 
ver parordrealphabétique. 
Ermite  de  S.  Augustin.  Nom  d'un  Ordre  de  Reli- 
gieux qu'on  appelle  communément  Augaftins.  Ere- 
mita fancli  Augujlini ,  Augujiinianus.  Cet  Ordre  fut 
formé  un  peu  après  le  milieu  du  XIII'  fiècle  par  la 
réunion  de  plufieurs  Congrégations  6'Ermites  qui 
n'avoient  point  de  règle  ,  ou  qui  n'avoient  point 
celle  de  S.  Auguftin  ,  fi  l'on  en  excepte  celle  de 
Sainte  Marie  de  Murcette.  Ces  Congrégations  font 
celles  des  Jean-Bonites ,  la  plus  ancienne  de  toutes , 
celle  des  Ermites  de  Tofcane  ,  celle  des  Sachets ,  ou 
Frères  du  fac  ,  ou  de  la  Pénitence  de  J.  C.  celle  des 
Ermites  de  S.  Auguftin  ,  celles  de  Vallerfura  ,  de  S. 
Blaife  de  Fano  ,  de  S.  Benoit  de  Monte  Fabalo  ,  de 
la  Tour  des  Palmes ,  de  Sainte  Marie  de  Murcette, 
de  S.  Jacques  de  Molinio  &  de  Loupcavo  proche  de 
■Luques.  Ce  n'eft  point  Innocent  IV.  qui  fit  cette 
union  ,  comme  la  plupart  des  Histotiens  de  cet 
Ordre  le  prétendent  ;  il  avoit  feulement  uni  enfem- 
ble  quelques  Ermites  en  Tofcane  ,  auxquels  il  avoit 
donné  la  règle  de  S.  Augustin  ,  qui  faifoient  une 
Congrégation  féparée  des  Jean-Bonires ,  des  Britti- 
niens  j  des  Sachets  &  des  autres  j  qui  entrèrent  dans 
l'union  générale.  Ce  fut  Alexandre  IV  qui  fit  cett« 
union  ,  comme  il  paroît  par  fa  Bulle  rapportée  dans 
le  Mare  Magnum  des  Augusrins.  Ce  Pontife  travailla 
à  cette  union  dès  la  première  année  de  fon  Pontifi- 
cat,  c'est-à-dire,  l'an  11^4.  f  es  Supérieurs  de  rou- 
tes les  Congtégations  nommées  ci-delfus,  ne  purcnc 


li  E  R  M 

s'afTembler  qu'en  ii^6.  Dans  ce  Chapitre  Généial 
l'union  fe  fit.  Lanciranc  Seprala,  Milanois,  fut  élu 
Général ,  &  l'Ordre  futdiviféen  quatre  Provinces  , 
favoir,  de  France,  d'Allemagne  ,  d'Efpagne  & 
d'Italie.  Le  tout  fut  confirmé  par  une  Bulle  d'Alexan- 
dre IV.  du  13  Avril  de  la  même  année.  L'habille- 
ment des  Ermites  de  faint  Augustin  ,  coufiste  en 
«ne  robe  &  un  fcapulaire  blanc,  quand  ils  font 
dans  la  maifon.  Au  Chœur,  &  quand  ils  fortent , 
ils  mettent  une  efpèce  de  coule  noire ,  &  par-delFus 
un  grand  capuce  qui  fe  termine  en  rond  par-de- 
vant ,  ëc  en  pointe  par  -  derrièrre  ,  où  il  defcend 
iufqu'à  la  ceinture  ,  qui  est  de  cuir  noir,  /''oye^ 
Je  Père  Hélyot  ,  T.  lll.  C.  3.  Dans  la  fuite  on 
a  encore  uni  d'autres  Ordres  à  celui  de  Saint  Au- 
gustin ,  comme  des  pauvres  Catholiques.  Et  main- 
tenant cet  Ordre  comprend  quarante- deux  Pro- 
vinces. 

Après  toutes  ces  réunions  cet  Ordre  s'est  divifé 
en  plufieurs  Congrégations  ,\  auxquelles  les  relâche- 
mens  qui  s'y  introduifirent  donnèrent  lieu. 

La  Réforme  qu'on  appelle  Ermites  de  S.  Au- 
gustin DÉCHAUSSÉS  ,  6c  en  France  ordinairement 
Augustins  déch.iuirés ,  fut  faite  ,  félon  quelques  Au- 
teurs, par  le  P.  Louis  de  Léon,  mais  cette  gloire 
est  due  au  P.  Thomas  de  Jésus  ,  né  à  Lisbonne  l'an 
15  20  de  l'illustre  famille  d'Andrada  ,  originaire  de 
Castille  ,  mais  dont  une  branche  s'établit  en  Por- 
tugal dès  l'an  1301.  Ce  faint  homme  commença 
cette  réforme  ,  mais  il  ne  l'acheva  point.  Dom  Sé- 
bastien ,  Roi  de  Portugal ,  lui  ayant  ordonné  de  le 
fui'^re  dans  fa  malheureufe  expédition  d'Afrique; 
après  la  défaite  de  ce  Prince,  le  P.  Thomas  demeura 
captif  chez  les  Barbares,  &  fut  d'abord  efclave  d'un 
Morabite,  efpèce  d'Ermite  Mahométan  ,  qui  lui  ht 
foufFrir  les  plus  mauvais  traitemens  ;  enfuite  il  le 
fut  du  Roi  de  Maroc.  La  Comtelfe  de  Linatès  fa 
fœur,  &  fes  païens,  voulurent  le  délivrer  j  &  en- 
voyèrent fa  rançon ,  mais  il  les  remercia  &  écrivit  à 
la  Comteilb  qu'il  vouloit  rester  au  fervice  des  efcla- 
ves  Chrétiens  de  Maroc.  Il  y  demeura  en  effet ,  &  y 
mourut  le  dix-fept  d'Avril  1531  âgé  de  cinquante- 
trois  ans. 

Après  fa  mort  on  continua  le  projet  de  la  réfor- 
me, &  l'an  1 5S8  fous  le  Pontificat  de  Sixte  V.  &le 
règne  de  Philippe  II  elle  commença  en  Efpagne 
fous  le  nom  ^Ermites  de  faint  Augustin  Déchauf- 
fés. Le  P.  Louis  de  Léon  travailla  aux  constitutions 
fuivant  les  vues  du  P.  Thomas ,  qu'il  avoit  vu  en 
Portugal.  Le  premier  Couvent  qui  la  prit ,  fut  celui 
de  Talavéra  en  Castille  ,  la  même  année  1588. 
L'ao,,.!  590  le  Comte  de  Pimentel  fonda  celui  de  Por- 
tilo.  L'année  fuivante  ces  Religieux  obtinrent  celui 
de  la  Nava.  L''an  1591  cette  réforme  fut  portée  par 
le  P.  André  Diaz  en  Italie,  où  l'an  1(514  Urbain 
VII  ladivifa  en  quatre  Provinces.  En  Kî^^ellepalla 
en  Allemagne  ,  où  l'on  bâtit  un  couvent  à  Prague. 
De -là  Ferdinand  III.  les  appela  à  Vienne.  Enfuite 
la  Province  de  Gênes  fut  divifée  en  deux  ,  celle  de 
Gênes  &  celle  de  Piémont.  Celle  de  Naples  le  fut 
en  quatre,  cjui  portent  les  noms  de  Naples  ,  de  Ca- 
labre,de  Sicile,  de  Palerme  &  de  Melline.  Il  y 
a  eu  des  changemens  dans  ces  Provinces ,  qui  ne 
font  plus  que  huit,  Rome,  Naples,  Gênes,  Pa- 
lerme, Allemagne,  Piémont ,  Melfine  &  Milan  , 
foumifes  à  un  Vicaire  Général  que  le  Général  lui 
accorda  en  Kîiz.Ces  Provinces  comprennent  fqji- 
xante  &  treize  couvens. 

En  1596.  Cette  réforme  fut  apportée  en  France 
par  les  Pères  François  Amet  &  Matthieu  de  Samte- 
Françoife.  Ils  furent  d'abord  introduits  par  Guil- 
laiime  d'Avanfon  ,  Archevêque  d'Embrun  ,  Se 
Prieur  commendataire  de  Saint  Martin  de  Miferé 
dans  la  vallée  de  Givaudan  en  Dauphiné;  ils  fu- 
rent ,dis-je,  introduits.dans  le  Prieuré  de  Villar- 
Benoît  dépendant  de  celui  de  Miféré  ,  &  qui  avoit 
été  ruiné  par  les  Huguenots.  L'année  fuivante  Mar- 
feille  les  reçut ,  Avignon  l'an  1610;  Henri  IV. 


ERM 

leur  avoit  accordé  des  lettres-patentes,  Louis  XHI. 
les  confirma  en  161^  ,  &  l'an  16 ic).  tout  fut  rec-i- 
ftré  au  Parlement  de  Pans.  Ils  ont  trois  Provinces 
en  France;  lavoir,  de  Paris,  de  Dauphiné  ,  de 
Provence.  Louis  le  Grand  leur  donna  des  Armes 
qui  font  d'azur  femé  de  fleur  de  lis  d'or,  char- 
gées en  cœur  d'un  écullon  d'or  à  trois  cœurs  de 
gueules  ,  furchargées  de  rrois  fleurs  de  lis  d'or  , 
l'écu  lurmonté  d'une  couronne  de  Prince  du  fang, 
&  entouré  d'un  chapelet  ,  avec  une  ceinture  de 
Saint  Auguftin  ,  Se  timbré  d'un  chapeau  d'Evêqiie. 
Ce  Prince  donna  encore  des  armes  particulières  à 
chacune  des  trois  Provinces  de  France.  En  1603. 
ceux  d'Efpagne  entrèrent  au  Japon;  en  1606.  aux 
Philippines  ;  en  i6ii.  Grégoire  XV.  érigea  la  Ré- 
forme d'Efpagne  en  Congrégation  particulière. 
Elle  eft  plus  auftère  que  ceux  de  France  &  d'Ita- 
lie ,  qui  ont  des  Conftitutions  particulières.  Ils 
diffèrent  aufîi  dans  leurs  habits. 

Ceux  de  France  ne  font  diîîérens  desCapucins  que 
par  la  couleur,  qui  eft  noire.  De-là  vient  qu'on  les 
appelle  en  France  Capucins  noirs ,  &  même  quel- 
quefois en  raillant  Capucins  d'ébéne.  Les  Italiens 
font  de  même  j  mais  ils  fe  rafent  la  barbe,  que  les 
François  portent  longue.  Les  Efpagnols  ont  aufïi 
la  barbe  rafe  ,  mais  ils  n'ont  point  de  capuces 
pointus,  comme  les  autres  ,  &  ils  portent  un  man- 
teau plus  long  ,  avec  des  fandales  de  cordes  ap- 
pelées Alpergatas ,  à  la  manière  des  autres  Dé- 
chaulfés  d'Efpagne.  Tous  ont  deux  fortes  de  frères 
lais,  les  uns  appelés  Convers,&les  antres  com- 
mis. Les  Convers  portenr  le  capuce  ,  Se  les  frères 
Commis  ont  un  chapeau  &  point  de  capuce.  P. 
HÉLioT,  T.  III.  C.  6.  On  les  nomme  en  France 
Augultins  Déchaullés ,  Capucins  noirs  ou  Capu- 
cins d'ébéne  ;  mais  feulement  en  iiyls  populaire 
&  familier  pour  la  raifon  qu'on  a  dite ,  Se  com- 
munément à  Paris  ,  Petits-Peres.  Ils  font  à  préfenc 
comme  les  Efpagnols.  ' 

Avant  la  réunion  des  Congrégations  d'^rm/Vej  quî 
formèrent  l'Ordre  des  Auguftins,  il  y  avoit  une  de 
ces  Congrégations  qui  fe  nommoit  les  Ermites  de 
S.  Auguhin.  Foyei  le  P.  Hélyot  ,  T.  III.  C.  2, 
p.  12.  Cette  Congrégation  avoit  eu  pour  Supérieur 
le  B.  Jean  de  la  Caverne ,  qui  eut  pour  fuccefîèuc 
le  B.  Jean  de  la  Celle. 

Il  y  a  aufîi  desReligieufes^derOrdredese^^wircjde 
S.  Auguftin  ,  que  l'on  appelle  Auguflines.  Les  pre- 
mières, celles  que  S.  Augulfin  établir  à  Hippone, 
Se  auxquelles  il  adreiFa  la  lettre  qui  eft  la  i  1 1^  dans 
la  dernière  édition  des  Ouvrages  de  ce  Père  ,  &  la 
109*^  dans  tes  précédentes.  Et  quelques  uns  croienc 
que  Félicité,  à  laquelle  ce  Père  écrivit  fa  77*  let- 
tre ,  ou  la  210^  félonies  derniers  Editeurs,  étoic 
Supérieure  de  ces  premières  AuguHines.  On  ne 
fait  combien  ces  Religieufesont  fubiifté. 

Dans  ces  derniers  fiècles  il  s'eil;  formé  plufieurs 
Monaftcres  de  filles ,  vivant  fous  la  Règle  de  S.  Augu- 
flin  ,  les  unes  en  congrégation ,  &  les  autres  fans  être 
d'aucune  Congrégation.  Du  nombre  de  ces  dernières 
font  les  Religieufes  des  Vierges  à  Venife.  V~<^y&'{_ 
au  mot  VIERGE.  Les  Religieufes  de  Sainte  Agnès 
de  Dordrecht  ,  ainfi  appelées  parce  qu'elles  de- 
meuroienr  proche  d'une  Églife  dédiée  à  cette  Sainte, 
furent  fondées  en  1 3215  par  une  Dame  de  Norvège, 
qui  avec  quelques  autres  s'y  confiera  à  Dieu  pac 
des  vœux  folennels  ,  fous  la  Règle  de  S.  Auguflin. 
Ce  monaftére  fut  détruit  par  les  Hérétiques  dans 
le  XVP  fiècle.  Foye\  Bonani ,  P.  //.  Schronebeck, 
Se  le  P.  Hélyot  .  P.  III  C.  7.  Telles  étoienc 
encere  les  Auguftines  de  Champeau  ,  fondées  à 
Tournai  par  Pierre  de  Champeau,  ou  deChampion  , 
l'an  1414.  &  réformées  en  KÎ52.  par  François  de 
WanderBurch,  Archevêque  de  Cambrai. 

Il  y  a  encore  à  Rome  deux  Monaftères  de  Religieu- 
fes Auguftines,dont  l'inftitut  eft  d'élever  Se  d'inftruire 
les  jeunes  filles.  Le  premier  eft  fîtué  fur  les  rui- 
nes du  Cirque  de  Flaminii^s  ,  qui  auparavant  fec- 


E  R  M 

voit  de  place  aux  Cordiers  pour  travailler.  Leur 
Eglife,  dédiée  aucretois  à  Sainte  Rôle,  l'elt  main- 
tenant à  Sainte  Catherine  ,  ce  qui  fait  qu'on  les 
appelle  les  Aiigullines  de  Sainte  Catherine  des  Cor- 
diers.  Saint  l;^nice  de  Loyola  l'an  1556  obtint  cette 
place  de  Paul  ilL  Se  le  Cardinal  Douai  Céli  y  ht 
bâtir  le  Monallère ,  où  l'on  transféra  Tan  15^.4  les 
filles  que  S.  Ignace  avoir  alfemblées  dans  un  autre 
lieu  ,  pour  les  retirer  des  occalions  de  fe  perdre. 
Cetétablillementfut  approuvé  par  Pie  IV^l'ani  5  59. 
&  favoriié  de_beaucoup  de  grâces  &c  de  privilèges 
par  Pie  V.  Se  Clément  VIIL  les  Religieul'es  font 
vingt  j  leur  habillement  conliite  en  une  robe  de 
ferge  blanche,  ferrée  d'une  ceinture  de  cuir,  un 
fcapulaire  de  même  étoff;  que  la  robe  j  Se  un  voile 
noir  doublé  de  roile  blanche.  L'habiUemenr  des 
filles  qu'elles  élèvent  ell  unitorme.  Le  Mon.iltère 
eft  gouverné  pour  le  fpirituel  A;  pour  le  temporel 
par  une  Congrégation  ,de  perfonnes  pieufes ,  qui 
a  pour  protecteur  unCardinal./^jjej  le  P.  Bouhours, 
f^ie  de  Saine  Ignace  ,  L.  III.  &  le  P.  Hélyot , 
T.  IF.  C.  41. 

L'autre  Monaftère  eft  celui  des  quatre  Couronnés, 
déftiné  à  élever  les  jeunes  filles  orphelines  de  per;; 
&  de  mère  ,  qui  ont  vécu  honorablement.  C  eft 
encore  un  établillement  de  S.  Ignace  fondateur  des 
Jéfuites.  Ces  filles  turent  mifes  d'abord  dans  l'île  du 
Tibre  ,  à  l'endroit  où  étoit  autrefois  le  temple  _dcs 
Veftales  ,  Se  elles  furent  gouvernées  par  des  Béné- 
did:ins.  Eni  560.  Pie  IV.  les  transféra  fur  le  mont  Cœ 
lius,  dans  un  Palais  que  Pafcal  II  avoir  fait  bâtir. 
Les  Orphelines ,  dont  le  nombre  eft  limité  à  cent, 
font  habillées  de  ferge  blanche,  avec  une  ceinture 
blanche,  à  laquelle  eft  attaché  un  chapelet  ;  ell'js 
ont  un  voile  blanc.  Les  Religieufes  qui  ont  cjuitté 
la  Règle  de  S.  Benoît  pour  prendre  celle  de  S.  Au- 
guftin,  font  45,  habillées  comme  celles  de  Ste. 
"Catherine  des  Cordiers.  Voye^  le  P.  Hélyot  , 
T.  IV.  C.  41.  Celles  qui  font  en  Congrégation  ,  font 
les  Auguftines  Déchaulfées ,  i«ftituées  par  le  P.  Al- 
phonfed'Orozéo  de  l'Ordre  des  hrfnitcs  de  S.  Augu- 
ftin,  dont  le  premier  Monaftère  fut  achevé  l'an 
1589.  Elles  furent  d'abord  fous  la  jurifdidon  des 
Augurtins  Déchaulfés ,  qui  y  renoncèrent  l'an  1600. 

D'autres  Auguftines  Dèchaulfées  j  fondées  par 
D.  Jean  de  Ribéra  Patriarche  d'Antioche ,  &  Ar- 
chevêque de  Valence  ,  en  un  lieu  appelé  Alcoy, 
portent  l'habit  de  Religieufes  Erm'nts  de  S.  Au- 
guftin  ,  &  ont  les  Conftitutions  des  Carmélites 
DéchaulTèes.    Cet   ctablitrement   commença    l'an 

1557- 

Les  Auguftines  Dèchauffées  de  Portugal  ^  éta- 
blies en  1663.  par  la  Reine  Louife  femme  de  Jean 
IV.  dans  la  vallée  de  Xabégras ,  hors  les  murs  de 
Lisbonne ,  portent  tous  les  jours  un  habit  blanc  , 
confiftant  en  une  robe  ferrée  d'une  ceinture  de  cuir, 
&  un  fcapalaire  \  Se  les  fêtes  feulement  elles  ont  un 
habit  noir  ,  avec  uft  manteau  auftl  long  que  la  robe, 
&  vont  nuds  pieds ,  avec  des  fandales  de  corde 
Elles  couvrent  leur  tête  d'un  voile  blanc  qui  leur 
pend  jufques  fur  les  yeux  ,  Se  par-delïus  ce  voile 
blanc, elles  en  mettent  un  grand  qui  eft  noir ,  Se  qui 
defcend  par  derrière  de  la  longueur  d'environ  cinq 
palmes.  Elles  font  un  quatrième  vœu,  de  ne  parler 

i'amais  aux  perfonnes  du  dehors  ,  non  pas  même  à 
eurs  parens  ;  &  lî  pour  raifon  de  maladies  les  Mé- 
decins ,  ou  Chirurgiens  font  appelés  dans  le  Mo- 
naftère j  elles  fe  revêtenr  d'une  grande  mante  , 
qui  leur  couvre  tout  le  vifage  ,  &  qui  traîne  jufqu'à 
terre. 

Les  Religieufes  Auguftines  de  la  Récollaftion 
furent  fondées  par  la  Mère  Mariane  Mançanedo  de 
S.  Jofeph  ,  au  commencement  du  dernier  hècle- 
Le  P.  Antonilez  ,  Auguftin  ,  leur  donna  des  Conf- 
titutions ,  qui  furent  approuvées  par  deux  Nonces, 
&  confirmées  par  Paul  V.  Foye-^  le  P.  Hélyot  ,  P. 
III.  C.  S  &  Q. 

Il  y  a  aufti  un  Tiers  Ordre  des  Ermites  de  S.  Au- 
guftin. Le  P.  Bruno  Sauvé  ,  Auguftin  de  la  Com 


E  R  M  815 

munauté  de  Bourges ,  a  compofé  un  Livre  qui  trai- 
te de  l'établilfement  de  ce  Tiers  Ordre.  Le  P.  Hé- 
,  lyot  en  traite  aulîi ,  p.  ilL  C.  10.  Le  P.  Sauvé  croit 
qu'il  en  eft  parlé  depuis  l'an  1 199.  mais  il  prétend 
qu'il  eftplus  ancien  ^  que  le  B.  Gérard  ,  Inllitu- 
teur  de  l'Ordre  de  S.  Jean  de  Jérufalem,  ètoit  de  ce 
Tiers  Ordre  ,  Se  que  ce  fut  pour  cela  qu'il  donna  à 
fes  Hofpitaliers  la  règle  de  S.  Augultin.  Il  croit  en- 
core que  les  fcEurs  Pénirentes ,  dont  il  eft  parlé  dans 
les  Bulles  de  Grégoire  IX.  de  l'an  my  étoientdece 
Tiers  Ordre  ;  mais  au  vrai  ce  Tiers  Ordre  ne  com- 
mença que  fous  Bonitace  IX.  l'an  1401.  par  quel- 
ques lemmes  dévotes  j  auxquelles,  pat  permiilion 
de  ce  Pape,  les'Auguftins  commencèrent  à  donner 
leur  habit.  En  France  il  y  à  de  ce  Tiers  Ordre  des 
Hofpitalières ,  dites  de  la  Société  de  Saint  Thomas 
de  Villeneuve,  dont  nous  parlerons  au  mot  So- 
ciété. • 

Ermite  Brixtinien.  Religieux  Ermites  d'uneCongré- 
gation  qui  commença  lous  Grégoire  IX  ,  qui  doiuia 
à  ces  Ermites  la  Règle  de  S.  Auguftin.  Ils  avoienc 
établi  leur  première  demeure  dans  un  lieulolitaire, 
appelé  Brittini ,  dans  la  Marche  d'Ancône  ,  d'où  on 
les  appela  Btittiniens.  Ils  étoient  très-auftères  ,  ne 
mangeoient  jamais  de  viande  j  jeiinoient  depuis  la 
fête  de  l'Exaltation  de  la  Sainte  Croix  jufqu'à  Pâ- 
ques ,  &  dans  les  autres  temps  tous  les  merctedis  , 
vendredis  Se  famedis  ,  outre  les  jeûnes  ordonnés 
par  l'Eghfe.  Ils  ne  mangeoient  du  fromageai|  des 
œufs  que  trois  fois  la  lemaine  ,  s'en  ablflBiient 
pendant  l'Avent  j  qu'ils  commençoient  à  la  Saint 
Martin  ,  Se  pendant  le  Carême ,  auquel  temps  il 
n'étoit  pas  même  permis  aux  Voyageurs  d'en  man- 
ger dans  les  lieux  où  la  coutume  étoit  de  le  faire. 
Herréra,&  quelques  autres  Ecrivains,  croient  qu'ils 
n'étoient  pas  diftérens  d'abord  des  Jean-Bonites. 
P.  Helyot,  r. ///.  C.  z.p.  11.^ 

Ermite  de  Camaldoli.  Foye:^  Camaldule. 

Ermite  de  Saint  Jean-Baitiste  de  la  Pénitence. 
Ordre  Religieux  en  Navarre,  dont  le  principalCou- 
vent  J  ^  Ermitage  ,  étoit  à  fept  lieues  de  Pampe- 
lune.  Jufqu'à  Grégoire  XIII.  ils  vécurent  fous  l'o- 
béilTance  de  l'Evêque  de  cette  Ville.  Ce  Pape  con- 
firma cet  Ordre ,  approuva  leurs  conftitutions  j  & 
leur  permit  de  faire  des  vœux  folennels.  Ces  Ermi- 
tes étoient  très-auftères  ,  marchoient  nuds  pieds 
fans  fandales  :  ils  étoient  vêtus  de  bure ,  ne  por- 
toient  point  de  linge  ,  couchoient  fuf  des  plan- 
ches, ay.xnt  pour  chevet  une  pierre  ,  Se  portant  jour 
•  Se  nuit  une  grande  croix  de  bois  fur  la  poitrine.  Us 
habitoient  une  efpèce  de  laure  ,  plutôt  qu'un  cou- 
vent ,  demeurant  feuls  dans  des  cellules  féparées 
au  milieu  d'un  bois.  Ils  mangeoient  feuls  ,  ne  vi- 
vant que  de  légumes  ,  buvoient  rarement  du  vin  j 
Se  ne  mangeoient  de  la  viande  que  dans  les  mala- 
dies, avec  la  permiilion  du  Supérieur  ,  ou  Prévôt. 
Ils  avoient  quelques  Prêtres  parmi  eux  ,  mais  ils  ne 
prêchoient  ni  ne  confelToient.  Foye^  Sylvestre 
Maurolic  ,  Mare  Océan,  di  tutt.  gli.  Re/ig.  L.  III. p. 
zo6.  Se  le  P.  Hélyot  ,  T.  IF.  C.  40.  ^ 

Il  paroîr  par  un  titre  qui  eft  au  Tréfor  des  Char- 
tres du  Roi  ,  Sac.  4.  n.  49.  qu'il  y  avoir  en  France  au 
XIII*  ficelé  un  Ordre  qui  portoit  le  nom  d'Ermite 
de  Saint  Jean.  Ce  font  des  Lettres  par  lefquelles  le 
Prince  Général  de  cer  Ordre  s'oblige  de  faire  dire 
tous  les  jours  trois  Melfes  pour  Alphonfe  Comte  de 
Poitiers  &  de  Touloufe  ,  pour  la  Comtefte  Jeanne 
fa  femme  ,  Se  pour  leurs  pères  Se  mères.  Ces  Let- 
tres font  fans  date  ;  mais  Alphonfe  mourut  l'an 
1 170.  P.  Hélyot  ,  T.  IF.  C.  40. 

Ermite  DE  Saint  JÉRÔME,  ^oye^'^^'''-^'*'^'^^' 
Ermite  ne  Notre-Dame  de  Gonzague.  François  de 
Gonzague ,  dernier  Marquis  de  MantouCj  allant 
un  jour  fe  promener  à  une  Maifon  de  plaifance 
appelée  la  Gonzague  ,  aux  environs  de  Mantoue  , 
fon  cheval  fecabra  ,  &  le  jeta  par  terre.  On  le  crut 
morr.  Alors  Jérôme  Raigni  de  CaftelgiofFre  s'etant 
profterné  devant  une  image  de  la  Sainte  Vierge  j 
fit  vœu  de  quitter  le  monde  ,  fi  Dieu  rendait  la  fan- 


8i4  EI^M 

té  à  ce  Prince.  Il   fut  exaucé  fur  le  champ  ;  &  le  | 
Prince  ayant  fu  le  vœu  qu'il  avoir  fait ,  lui  bâtit  un 
monaftère,  où  quelques  autres  fe  joignirent  à  lui. 
L'Evcque  de  Reggio  leur  donna  une  règle ,  qu'Ale- 
xandre VI.  confirma  ;  mais  dans  la  fuite  ils  prirent 
celle  de  Saint  Auguftin.  Faoh  Morigia  ,  hiji.  deii. 
orig.  di  tutt.oLi  Relier.  L.  I.  C.  5  9.  P.  Hélyot,  T.  IF. 
C.  40. 
Ermite  de  PATACH,oudeS.  Jacques  de  Patach.  Nom 
de  certains  Religieux  en  Hongrie.  Barthélemi,  Evê- 
que  deCinq-Eglifes,  en  Hongrie ,  réunit  au  com- 
tnencement  duXIIF  liècle  pluiieurs  Ermites <yxi  vi- 
voient  dans  fon  Diocèfe  en  grande  réputation  de 
fainteté  y  leur  prefcrivit  une  règle  ,  &  leur  fit  bâtir 
en   III 5.  un  Monaftère  fous  le  titre  de  Saint  Jac- 
ques de  Patach  ,  qu'il  dorade  quelques  revenus,  6c 
dont  il  fe  réferva  la  conduite.  Ils  s'unirent  enfuite  à 
d'autres,  dont  nous  allons  parler,  &  parent  en- 
femble  le  nom  de  l'Ordre  de  Saint  Paul ,  premier 
Ermite. 
Ermite  de  S.  Paul  ,  premier  Ermite.  Ordre  de  S. 
Paul,  premier  Ermite.  Eremita  Paulianus  ,  ex  Or- 
dine  Sancîi  PauU,  primi  EremitA.  Les  Ermites  de 
Patach  &  ceux  de  PifiUa  s'étant  réunis  en  iz  $0  ,  ils 
choifirent  pour  patron  &  protedeur  de  leur  Ordre 
S.  Paul,premier  Ermite,&CQa  prirent  le  nom,au  lieu  de 
CQnyià' Ermites  de  Patach  ou  de  Pifilie,qu'ils  avoient 
eu  jiifqu'alors.  Cer  Ordre  fe  multiplia  beaucoup  dans 
la  fuite  en  Hongrie ,  en  Allemagne  ,  en  Pologne  , 
tk  4ai)d'aLicres  Provinces,  &  ils  avoient  autrefois 
foixaiite-dix  Monaftères  en  Hongrie  feulement- , 
félon  les  Annales  de  cet  Ordre.  Ils  parlent  d'un 
Monaftère  qu'ils  nomment  de  S.  Laurent  j  où  il  y 
avoir  cinq  cens  Religieux.  Cet  Ordre  fut  confirmé 
eni  3 17. par  Jean XXII.  Les  révolutions  &  les  guer- 
res de  Hongrie  ont  beaucoup  diminué  cet  Ordre  j 
qui  fuit  la  Régie  de  S.  Auguftin  ,  &  non  pas  celle 
de  S.  Benoît ,  comme  1  ont  voulu  quelques  Ecri- 
vains de  ce  dernier  Ordre.  André  Eggérer  en  a  fait 
les  Annales,  qu'il  a  intitulées  ,  Fragmen  vanis  Cor- 
vi  proto-Eremitici  y  Jive  reliquiA  Annalium  Ordinis 
Fratrutn  Eremitarum  Sancîi  Pauli  primi  Eremita,  , 
&c.  Elles  furent  imprimées  à  Vienne  en  1693.  Foy. 
auffi  le  P.  HÉLYOT ,  Pan.  III.  C.  41. 

Il  y  a  encore  un  Ordre  de  S.  Paul ,  premier  Er- 
mite, en  Portugal  ,  qu'Auguftin  Barbofa  ,  Jurif- 
confulte  Portugais  ,  dit  avoir  été  fondé    par  un 
nommé  Efenoît,  citoyen  Romain ,  qui  fe  retira  dans 
la  folitude  de  Serra  de  OlTa.  Dom  Nicolas  de  Sainte- 
Marie,  Chanoine  Régulier  de  la  Congrégation  dé 
Sainte-Croix  de  Conimbrcj  dit  dans  les  Chroni- 
ques de  fa  Congrégation  ,  que  ce  fut  l'an  1 1 8(J.  fous 
le  Pontificat  d'Urbain  III.  &  fous  lerègnedeSanche 
I.  que  cet  Ordre  fut  fondé  ,  non  par  Benoît,  mais 
par  Ferdinand  Anèz  ou  Yanès  ,   qui   fut  depuis 
Grand-Maître  de  l'Ordre  militaire  d'Avis.  Le  P. 
Hélyot,  Part.  III.   C.  43.  conjedure  qu'il  y  aura 
peut-être  eu  quelques  Ermites  en  ii2>6  3  dont  ce 
Grand-Maître  aura  bâti  l'Ermitage,  ou  à  qui  il  aura 
piefcrit  des  réglemens  ;  ou  enfin  dont   il  aura  été 
fupérieur,  comme  l'Abbé  de  Morimond,  Ordre  de 
Cîteaux  ,  l'eft  en  Portugal  des  Ordres  d'Avis  &  de 
Chrift ,  &  en  Efpagne  de  ceux  d'Alcantara  j  de 
Calatrava  &  de  Montéfa  j  mais  le  véritable  fonda- 
teur de  ces  Ermites  fut  Mendo  Gomez  de  Suubra  , 
l'an  1481.  Il  convient  cependant  qu'il   y  avoit  des 
Ermites  à  Serra  de  Olfa  ,  qui  fe  voyant  fans  Supé- 
rieur par  la  mort  de  Jean  Fernandez  qui  les  avoit 
gouvernés  long-temps,  élutent  Mendo  Gomez,  re- 
tiré dans  une  folitude  proche  de  Sétuval  ,  où  il 
s'étoit  bâti  un  Oratoire  ,  qui  a  depuis  éré  appelé  de 
fon  nom  Mendoliva.   L'an  1482.  dans   le'chapitre 
qui  fut  tenu  après  fa  mort  pour  lui  donner  un  fuc- 
celTeur  ,  on  fit  des  ftatuts  &  des  réglemens  ;  on  y 
fit  quelques  changemens  dans  la  fuite  ,  &C  ils  lu- 
rent approuvés  par  Grégoire  XIII.  qui  confirma 
cette  Congrégation  l'an   1578.  Le  Cardinal  Henri 
étant  Légat  à  latere ,  leur  donna  la  Régie  de  Saint 
Auguftin  j  pour  les  conformer  aux  Ermites  de  Saint 


ERM     ERN 

Paul  en  Hongrie.  Il  fit  aufli  quelques  changemens 
à  leurs  ftatuts  ,  après  quoi  ils  firent  des  vœux  fo- 
lennels ,  &  prirent  l'habit  qu'ils  portent ,  &  qui 
confifte  eu  une  tunique  de  couleur  tannée  ,  un  fca- 
pulaire  ,  un  manteau,  &  un  chapeau  noir.  Voye\^ 
les  Auteurs  cités. 

Il  y  a  aulli  des  Ermites  de  Saint  Paul  en  France  ; 
on  les  appeloit  Frères  de  la  mort.  Foy.  Frère. 
Ermite  de  Pizilia.  Eremita  Pifdianus.  Ordre  Reli- 
gieux fondé  au  treizième  fiècle  par  le  P.  Hufébe  de 
Strigonie  ,  qui  prit  le  nom  de  l'Ordre  de  S.  Paul, 
premier  Ermite  ,  après  qu'il  eut  été  uni  à  celui  des 
Ermites  de  Patach  en  1  250.  M.Baillet  dit  dans  la  vie 
de  S»  Paul  J  premier  ii/w/re  ,  que  la  Congrégation 
des  Ermites  de  Saint   Paul,  premier  Ermite  ,  ne 


commença  que  dans  le  quatorzième  fiècle  ;  mais 
il  fe  trompe  ,  comme  le  montre  le  P.  Hélyot  dans 
fon  Hiftoire  des  Ordres  Religieux  ,  Part.  III.  C 
42.  Ce  fut  en  1246.  qu'Eufcbe  ,  né  à  Strigonie  en 
Hongriej  de  parens  nobles  ,  après  avoir  diftnbué 
tous  les  biens  aux  pauvres,  fe  retira  avec  quelques 
Compagnons  dans  la  folitude  de  Pifilia  ,  forêt  pro- 
che de  Zante ,  dans  le  territoire  de  Strigonie.  Il  y 
bâtit  un  Monaftère  &"  une  Eglife  ,  lous  le  titre  de 
Sainte  Croix  de  Pihlia,  d'où  ils  prirenclenom  d'iV- 
wirej  de  Pifilia,  ou  deSain'tp-Croix  de  Pifilia,&pria 
le  Frère  Antoine  ,  Supérieur  des  Ermites  de  Para  Jie 
de  lui  envoyer  la  Réglequ'ils  avoienrreçue  del'Evê- 
que  de  Cinq-Eglifes,  &  lui  propola  de  faire  union 
enfemble  j  ce  qu'ils  firent  la  même  année  1250. 

Religieux  Ermite  ,  Servite,  ou  Serviteur  de  la 
Sainte  Vierge,  /^oy e:^  Servite. 

Ermite  de  Toscane.  Nom  d'une  Congrégation  à'Er- 
mites  ,  qui  n'avoient  d'abord  aucune  règle  ,  &  à 
qui  le  Pape  Innocent  IV.  donna  celle  de  Saint  Au- 
guftin j  par  une  Bulle  du  17.  Janvier  1244.  Cela 
paroît  encore  par  une  autre  Bulle  de  l'an  1252. 
Cette  Congrégation  fut  une  de  celles  dont  l'union 
forma  l'Ordre  des  Auguftins  ,  ou  des  Ermites  de 
S.  Auguftin.  * 

Ermite.  On  appelle  audi  Ermite  ,  un  homme  retiré 
&  folitaire  ,  qui  fuit  la  converfation  du  monde , 
&  qui  vit  comme  un  Ermite.  On  appeloit  Balzac 
l'Ermite  de  la  Charente  ;  &  c  eft  ainfi  que  j  dans 
fes  pocmes ,  Mainard  parle  de  ce  grand  homme  , 
en  s'adreiïant  à  la  France. 

Sans  une  ingrate  cruauté  , 

Pourrois-tu  cacher  fon  mérite? 
Ton  langage  na  plus  fa  force  ,  &  fa  beauté  , 
Que  du  charmant  défert  de  ce  fameux  Ermite. 

On  dit  proverbialement ,  Quand  le  Diable  fut 
vieux  ,  il  fe  fit  Ermite  ,  pour  dire  ,  que  l'âge  nous 
rend  fages. 

Le  Diable  eut  tort  quand  il fefc  Et  mite. 

Des  Houl. 

On  appelle  auflî ,  populairement,  les  noix  feches 
des  pâtés  d'Ermite. 
Ermite,  f.  m.  Efpèce  d'Ecrevilfe.  Voye^  Bernard 
l'Ermite» 

Ce  mot  vient  du  Grec  ifi/^irii^  j  d'kif^'^ ,  qui  fi- 
gnifie  proprement  une  é.endue  inculte  de  pays  ,  où 
chacun  peut  envoyer  fon  bétail. 

ERN. 

ERNE.  Foye^  Éarne. 

ERNÉE.  Nom  de  ville  &  de  rivière.  Ernée  eft  une 
petite  ville  de  France  dans  le  Maine  ,  qu'on  appelle 
aulli  Errcnée  j  Ereneum.  Elle  eft  (ituée  fur  une  pe- 
tite rivière  de  même  nom  ,  à  quatre  lieues  de  Fou- 
gères, &  à  pareille  diftance  de  Vitré.  La  rivière  àlEr- 
née  va  mêler  {q%  eaux  à  celles  de  Mayenne ,  un  peu 
au-deffus  de  Laval.         1 

ERNELLE,  Voye\  Renelle. 

ERNEMONT. 


ERN     ERP 

ERNEMONT.  Les  Sœurs  à'Ernemont.  Foye^  Écoles 
Chrétiennes. 

ERNEST,  f.  m.  Nom  d'homme.  Erneflus. 

ERNESTINE.  adj.  Qui  ne  fe  dit  qu'au  féminin  ,  & 
en  cette  plirafe.  La  branche  Erneftinc  ,  Stirps  Er- 
nejhna.  C'eft  une  branche  de  la  Maifon  de  Saxe  qui 
a  pris  ce  nom  d'Erneft,  Eledteur  de  Saxe  ,  duquel 
elle  defcend ,  comme  la  branche  Albertine  vient 
d'Albert  fon  frère. 

E  R  O 

ÉROMANCE  ,  ou  ÉROMANTIE.  f.  f.  L'une  des  fix 

manières  que  les  Mages  des  Perfes  avoient  de  devi- 
ner les  choies  future?,  l'art  de  les  connoître  par  le 
moyen  de  l'air.  .^erj/72j«ritz. 

Ce  nom  vient  A'acr ,  ou  «^p^  IW,  &  ^«^vt-»»  , 
divination  ,  de  ^«""'f  ^  dcvïn.  Il  paroît  par-là  que 
puifque  nous  difons  air  ,  &c  non  er  ,  il  faudroit 
peut-être  écrire  Airomunce  ,  Se  mieux  encore  .^ero- 
mance\  car  c'ell  le  mot  Grec  que  nous  confer- 
vons,  en  lui  donnant  feulement  une  terminaifon 
Françoife.  r    i-    j 

ÉROSION,  f.  f.  Terme  de  Médecine  ,  qui  fe  dit  de 
i'adlion  des  humeurs  acres  ou  acides,  qui  rongent , 
mangent,  ou  déchirent  les  chairs  &  autres  lubf- 
tances.  Erofio.  L'arfenic  &  les  autres  poifons  cauf- 
tiquv'sfont  à.Q%érofions  aux  intellins.  Après  la  prile 
de  ce  poifon  ,  il  fentoit  une  érùfion  par  tout.  De- 
GORi.  C'eft  la  même  chofe  que  Corroiion.  Foye-{ 

ce  mot,  &   ÛIABROSE. 

ÊROSTRATE,  ou  ERATOSTRATE.  f.  f  Ephefien. 
C'eft  lui  qui  s'avifa  de  brûler  le  fameux  Temple  de 
Diane  à  Ephéfe  ,  pour  faire  parler  de  lui. 

ÉROTIDIES,ouEROTIDES.f.f.  &:  pi.  ou  plutôt  adj.; 
pris  fubftantivement.  Fêtes  de  Cupidon  ,   ou  de .; 


ERQ     ERR         82.; 

pcchenjîs  Comhatus  ,  eft  un  petit  Etat  du  Cercle  de 
Franconie  en  Allemagne.  Il  eft  entre  les  Etats  duPa- 
latinat  du  Rhin  &  de  Maience,  &  prefque  entre  le 
Rhin  ,  leNécre  &  le  Mein.  Il  peut  avoir  environ 
lept  lieues  de  long  &  trois  de  large ,  &:  il  a  fon 
Comte  particulier.  La  Maifon  à'Erpach  palfe  pouc 
une  des  meilleures  de  Francon'ie.  Il  en  eft  même  qui 
la  font  defcendre  d'Eginhard  ,  gendre  de  Charle- 
magne.  La  branche  qui  polféde  aujourd'hui  cet 
Etat  vient  de  Geocge  Albert  ,  Comte  6!Erpach  , 
qui  mourut  en  1645.  Voye\  Phil.  Jac.  Spener. 
Thcatr.  NobiUt.  Europ.  P.  I.  p.  99-  ^  P.  III.  p.  I. 
£•88. 

ERQ. 

ERQUIVIAS.  Bourg  de  la  Nouvelle  Caftille  ,  peu 
éloigné  de  Tolède.  C'eft  la  patrie  de  Michel  Cer- 
vantes ,  Auteur  de  Don-Quichote de  la  Manche, 
Roman  Efpagnol  très-ingénieux.  Quelques-uns  le 
font  natif  de  Séville. 

ERR. 

ERRAME  ,  (  quelquefois  on  trouve  éramme  y  Se  cra- 
me )  f.  m.  Terme  de  Coutumes,  Les  fentimensfonç 
partagés  fur  la  fignihcation  de  ce  mot.  Bouchel  dit 
que  ï'errume  eft  proprement  le  détaut  que  fait  le 
défendeur  de  comparoir  à  l'^ftlgnation  qui  lui  eft 
donnée  par-devant  le  Juge  à  la  Requête  du  deman- 
deur ,  ou  le  congé  de  Cour  que  le  défendeur  ajour- 
né obtient  contre  le  demandeur.  DuCange  prétend 
que  ['érarris  eft  l'adlion  par  laquelle  quelqu'un  re- 
vendique fi  chofe  ,  &  affirme  avec  ferment  qu'elle 
lui  appartient.  M.  de  Lauriére  veut  que  Xérammc 
foit  le  défaut  de  paiement  pour  lequel  le  débiteuc 
qui  s'eft  obligé  par  ferment  envers  fon  créancier ,  Se 


l'Amour.  Erotidia.  Les  Thefpiens  avoient  inftitué  ^      ^  JQur  certain  ,  doit  payer  l'amende. 

des  jeux  &  une  fête  en  l'honneur  de  Cupidon  :  ils  j  Bouchel  dérive  le  mot  dîerame  du  Grec  '£|>«/««f ,  oiJ 

la  célébroient  avec  beaucoup  de  folennité  ,  &  1  ap-  '      tf.i>/.». 

pelotent  Erotidies ,  ainfi  que  nous  l'apprenons  de  ERRAMENT.  adv.  Vieux  mot.  Incontinent ,  tout-i- 

Plutarque,  de  Paufanias  &  d'Apulée,  L.  XIII.  p.        ^^^^ 


^6.  Plutarquedit  qu'ils  faifoient  les  jeux  de  Cupi 
don  de  cinq  ans  en  cinq  ans  ^  Se  toujours  avec 
beaucoup  de  magnificence  &  de  folennité. 
EROTIQUE,  adj.  Qui  a  rapporta  l'amour  ,  qui  en 
procède.  Erockus.  On  appelle  ,  en  termes  de  Mé- 
decine, dé/ire  erotique  ,  une  efpèce  de  mélancolie, 
qu'un  véritable  amour,  quiva  jufqu'à  l'excès,  fait 
contracter.  Quoiqu'il  n'y  ait  point  de  pouls  amou- 
reux j,  c'eft-à-dire  ,  d'une  efpèce  qui  foit  diftinguée 
des  aurris  ,  on  ne  laifte  pas  de  reconnoître  l'amour 
par  le  battement  du  pouls ,  qui  eft  fort  changeant , 
inégal ,  turbulent  Se  déréglé.  Si  on  parle  au  malade 
de  la  pirfonne  qu'il  aime  ,  fon  pouls  fe  change  d'a- 
bord, devenant  plus  grand  ,  plus  vite  &  plus  vio- 
lent. Skôt  qu'on  a  celle  d'en  parler ,  le  pouls  fe  ca-  j 


Errament^/è_/ô«r  adrécies 
La  ou  il  murs  i  ert  depéciés.  Guit.  Guiart-' 

fous  l'an  120  fi 

Philippes  Mouske  écrit  eframcm. 

Quand  il  foi  que  fes  frères  ert  morts 
Tûf  eframent  en  ijjï  forts. 

Le  Roman  des  Lolierans  dit  erraument. 

Et  paies  efl  revenu  erraument. 

Voytj  le  Glolfaire  de    Du    Frefne    fur  'Ville- 
Hardouin. 


che  ,  fe  trouble  &  fe  dérégie  de  nouveau.  Ce  mal-  ERRANT,   ante.  adj.  Qui  n'eft  point  fixe  ,  ni  atta- 


fe  guérit  à  -  peu  -  près  comme   les  autres  mélan 
colie>;. 

îJCF  Or\  appelle  aufti  Chanfon  erotique ,  une  ef- 
pèce d'Ode  Anacréontique  ,  dont  l'amour  Se  la  ga- 
lanterie fournilfent  la  matière.  Ces  fortes  de  chan- 
fons ,  pour  être  bonnes ,  doivent  êtte  l'ouvrage  du 
cœur ,  l'expreftion  du  fentiment. 

Ce  mot  eft  Grec  ,  il  vient  de  'k"' ,  amour  ^  îf^rf^W, 
qui  vient  de  l'amour  ,  ou  qui  y  a  rapport 
ÉROTOMANIE  f.  f.  Délire  amoureux.  C'eft  la  mê- 
me chofe  que  délire  erotique.  Foye^  ce  mot.  Ce 
mot  eft  Grec  ,  £?«",««<« ,  compofé  de  k'^tg^ti.  'ifara  ^ 
amour  y  i^andy  délire  y  folie. 

ERP. 

ERPACH.  Petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  la  Fran- 
conie. Erpachium.  C'eft  la  Capitale  du  Cointé  à'Er- 
pach. Erpach  eft  fitué  fur  la  rivière  de  Mublin  ,  à  fix 
lieues  d'Heidelberg,  du  côté  du  nord.  MAxv.Long. 
zy.  d.  41'.  lat.  48.  d.  13  . 

Le  Comté  à'Erpach  j  Erpacenfîs  y  ouplutôc  Er- 
Tome  III. 


ché.  Errans  ,  vagus.  Autrefois  mon  imagination 
errante  Se  vagabonde  fe  portoit  à  toutes  chofes  :  au- 
jourd'hui l'âge  me  ramène  à  moi-même.  S.  EvR. 

De  nos  defirs  errans  rien  n'arrête  le  cours  : 
Ce  qui  plaît  aujourd'hui  déplaît  en  peu  de  jours. 

S.  EvR. 

En  ce  fens  ,  on  dit  que  les  Planètes  font  des  étoi- 
les errantes  ,  inerrantes  j  quoiqu'elles  aient  une 
route  certaine  ,  par  oppofition  aux  étoiles  fixes  , 
qui  font  toujours  dans  une  même  diftance  en- 
tr'elles. 
Errant,  Vagabond,  qui  erre  çà  &  là  j  fans  avoir 
de  route  certaine,  ni  de  demeure  affurée.  Nos  vaif- 
feaux  font  errans  fur  la  mer  à  la  merci  des  eaux  , 
ou  des  oncles.  Les  Chevaliers  errans  font  des  per- 
fonnages  fabuleux  qu'on  a  feint  voyager  par  le 
monde,  fans  autre  deftein  que  de  chercher  des 
aventures  ,  Se  redrelTer  les  torts.  Don-Quichote 
s'etoit  mis  en  tête  de  faire  le  Chevalier  en-ant.  Les 
fréquens  voyages  de  Charles-Quint  l'ont  faitnom- 
M  m  m  m  m 


mer  Chevalier  errant  par  les  Efpagnols.  S.  EvR. 
Vous  êtes  toujours  errant  Se  vagabond  ,  expofé  aux 
embûches  de  vos  ennemis.  Abl.  Une  vieille  im- 
prclîion  de  Chevalerie  errante ,  comme  en  Efpa- 
gne ,  tourne  tous  les  efprits  aux  aventures  bilar- 
res.  S.  EvR. 

Je  demeurai  long-temps  errant  en  Céfarée , 
Lieux  iharmaaSy  où  mon  cœur  vous  avoit  adorée- 

Racine. 

Errant,  fignifie  auffi  ,  Qui  fe  promène  négligem- 
ment de  côté  &  d'autre.  ' 

Tantôt  eninz  dans  les  prairies  j 

J'étudie  au  bord  des  luiJfeauXy 

Dans  l'éternel  cours  de  leurs  eaux  _, 

Le  cours  abrégé  de  nos  vies.  De  Villiep.s. 

Le  3m£errant  ,eCian  Juif  que  le  peuple  s'ima- 
gine courir  inceffamment  par  le  monde  ,  depuis  la 
mort  de  Notre-Seigneur ,  &  qui  iera  ainii  errant 
jufqu'à  la  fin  du  monde. 

On  dit  figurément  d'un  homme  qui  change  fou- 
vent  de  demeure  j  qui  voyage  lans  ceiïe  ,  que  c'eft 
un  Chevalier  errant ,  un  iiwi  errant.  Acad.  Fr. 

On  appelle  audî  les  peuples  errans ,  les  peuples 
qui  n'ont  point  d'habitation  fixe  ,  comme  les  Tar. 
tares  ,  les  Arabes  ,  &  plufieurs  peuples  d'Afri- 
que qui  habitent  fur  des  charriots ,  fous  des  tentes, 
&qui  changent  fouvent  leur  camp.  Quorum plaufcra 
vagas  rite  trahunt  domos.  Hor. 
Errant  ,  fe  dit  aufïï  de  celui  qui  eft  dans  l'erreur 
en  matière  de  foi;  Nos  frères  errans. 

^fT  Dans  ce  fens ,  il  eft  quelquefois  pris  fubftan- 
tativement.  Errans  dans  la  foi  :  redreller  les  errans. 
Turenne  ,  devenu  Catholique ,  avoit  ôté  aux  er- 
rans leurs  vains  prétextes  ^  BolTuet  leur  ôta  leurs 
préjugés.  P.  DE  LA  Rue. 
ERRATA,  f.  m.  Table  qu'on  met  au  commencement , 
ou  à  la  fin  d'un  livre ,  qui  contient  les  fautes  fur 
venues  dans  l'impreflion.  Le  livre  du  Père  Hardouin 
fur  les  Médailles  pourroit  être  intitulé  ,  {'Errata  des 
Antiquaires.  Les  Critiques  de  l'Hiftoire  de  Périfo- 
nius  pourroient  être  appelées  VErrata  des  Anciens 
Jîijloriens.  Dans  ce  fens  ,  le  Didtionnaire  de  M 
Bayle  peut  être  appelé  \ Errata  de  Moreri.  On  a 
fait  ï Errata  des  Congrégations  de  Auxiliis.  Linen- 
berg  a  fait  une  Dilfertation  fur  ks  fautes  d'impref- 
fion  ,  De  erroribus  typographicis ,  dans  laquelle  il 
dit  qu'il  n'y  a  aucun  ouvrage  qui  en  foit  exempt , 
pas  même  les  livres  faints  ;  il  en  cherche  toutes 
les  caufes,  &  propofe  les  moyens  de  les  éviter.  Il 
ne  dit  rien  fur  cet  article  qui  ne  foit  commun  ,  ou 
qui  foit  faifable.  Il  faut  que  les  Auteurs  ,  les  Com 
pofiteursj  &  les  Corredteurs  d'Imprimerie  ,  faf- 
fent  leur  devoir  ;  qui  ne  le  fait  ?  Il  faudroit  que 
chaque  Auteur  eût  fon  Imprimerie  chez  lui  ,  com- 
me Calixte  &  Opitius.  Qui  le  peut  ?  D'ailleurs  la 
bonne  Police  le  doit-elle  permettre  ? 

§cr  Ce  mot  eft  purement  Latin.  C'eft  le  pluriel 
^'erratum  _,  faute  ,  méprife  ,  dont  on  a  tait  un 
fubftantif  fingulier  dans  notre  langue. 
ERRATIQUE,  adj.  de  r.  g.  Terme  d'Aftronomie. 
Errat'icus.  C'eft  une  épichète  qu'on  donne  auxPla-. 
nètes  ,  qu'on  appelle  plus  communément  errantes. 
Erratique.  Terme  de  Médecine.  Irrégulier ,  déré- 
glé.//2or«'i/;i«(^j ,  abnormis.  On  appelle  fièvre  erra- 
tiijue  ,  une  fièvre  qui  ne  garde  aucun  ordre  ,  au- 
cun°  règle  dans  le  retour  de  fes  accès.  Ce  mot  vient 
du  Latin  erwre  ,  errer ,  ne  tenir  aucune  règle  cer- 
taine. Col  de  Villars.  D'aujourd'hui  on  commen- 
ce .-i  nommer  double  tierce  la  fièvre  du  Roi ,  qui  pa- 
rollfoit  auparavant  erratique  &c  irrégulière.  M.  PÉ- 
i.issoN  ;  Lettres  Hijloriques. 
ERRAUMENT.  adv.  Vieux  mot.  Promptement  j  à 

pas  prelfés. 
ERRE.  Cette  terminaifon  ne  rime  point  en  François 


E  R  R 

avec  la  terminaifon  ère.  Ainfi  terre  ,  guerre  ,  An- 
gleterre ,  ne  riment  point  avec  l'ère  ,  Mère  ,  écc. 

Erre.  f.  f.  Allure  ,  train.  Qui  nefe  du  qu'en  ces  phra- 
fes  ,  Aller  grande  erre  ,  aller  belle  erre  \  céleri  ^  con- 
citato  gradu -^  ^onv:  àne  ,  Aller  bon  train. 

^fT  La  même  expreiîion  a  heu  au  figuré  ,  pour 
dire ,  Faire  trop  grande  dépenfe.  Ce  jeune  homme 
va  grand'erre ,  il  aura  bientôt  mangé  ion  bien. 

Erre.  Vieux  mot,  qui  fignifioit  force,  vis.  Fairequel- 
que  chofe  à  grande  erre,  c'eft  la  faire  avec  grande 
force, jivec  promptitude, ou  même  avec  beaucoup 
de  courage.  Magno  impetu  ,  magna  virtute. 

Tous  les  humains' qui  êtes  fur  la  terre  , 
D'auprès  de  moi  retire-^  -  vous  grand'erre. 

Marot. 

C'eft-à-dire,  bien  vite,  au  plutôt. 

Erre,  eft  aulh  un  terme  de  Marine  ,  dont  on  fe  fert 
quelquefois  dans  un  fens  figuré.  On  dit  Xerre  d'un 
vailfeau  j  pour  marquer  fa  vîtelle  ,  ou  fa  lenteur. 
Le  vaiifeau  endormi  eft  celui  qui  n'a  pas  encore  pris 
fon  erre,  fon  train  >  la  manière  d'aller. 

Erre,  s'emploie  encore  dans  la  vénerie,  pour  figni- 
fier  les  allures  par  où  une  bête  va'.Ilfedit  auffi  pour 
arrhe  ,  arrhabo  ,  arrha.  Voyc\  Erres  :  car  en  ces 
deux  derniers  fens  il  fe  dit  au  pluriel. 

ERREMENT.  f  m.  Terme  de  Palais.  C'eft  la  dernière 
procédure  d'un  procès  ,  le  dernier  état  d'une  af- 
faire. Les  héritiers  d'un  tel  ont  repris  fon  procès  pour 
y  procéder  fuivant  les  derniers  erremens.  H  a  donné 
copie  de  l'appointement  en  droit ,  comme  étant  le 
dernier  errement.  Il  eft  moins  en  ufige  au  fingu- 
lier qu'au  pluriel.  En  Normandie  on  dit  Erremen- 
ter  \  pour  dire ,  Procéder  en  caufe  avec  fa  partie 
adverfe. 

Autrefois  errement  fignifioit  la  même  chofe  que 
gage  de  bataille  ,  c'eft-à-dire  ,  arrhe  ,  ou  arrement  ; 
on  difoic  adhramire  bellum  ,  jeter  le  gage  de  ba- 
taille. 

Errement  ,  fe  dit  aulîî  par  rapport  à  erre  j  arrha.  Er- 
rement de  blé  &  de  vin.  Erumentaris,  ac  vinarix.  emp- 
tionis  per  arrham  inita  affirmatio.  Pomey. 

ERREMENTER.  v.  n.  Terme  de  Coutumes  ,  c'eft 
prendre  expédition  ,  procéder  en  caufe  avec  fa 
partie  adverfe.  Jus  perfequi. 

ERRENER.  v.  a.  Errené  ,  ée.  part.  f^oy.  Ereinter. 

ERRER,  v.  a.  Donner  des  erres  ,  ou  des  arrhes.  Lorf- 
qu'on  fut  que  cette  grande  affaire  devoir  fe  termi- 
ner en  Grève ,  chacun  fongea  à  errer  des  fenêtres. 
Mad.  du  Noyer.  Let.  Hift.  Errer  une  place  au 
carrolle  ,  errer  une  litière.  Balzac  a  dit ,  Errer  les 
ennemis  j  pour ,  les  dilliper  j  mais  cela  n'eft  pas 
François. 

Errer.  v.n.frrarSjVfl^iir/. Vaguer  j  aller  çà  &  là  à 
l'aventure ,  &  fans  avoir  de  route  certaine.  La  tem- 
pête fut  fi  grande,  que  le  Pilote  abandonna  le  ti- 
mon ,  &  nos  vailfeaux  erroicnt  au  gré  des  vents.  Les 
neiges  avoient  couvert  les  chemins,  &  nous  errions 
à  l'aventure  par  la  campagne.  Par- tout  erre  l'image 
de  la  mort.  Le  Mait. 

Tandis  que  /'errerai  fur  les  fomlres  rivages. 

Des  FiouL. 

Ce  futur  errerai  eft  rare  :  mais  il  doit  fe  former 
ainfi  fuivant  l'analogie  ,  chanter  ,  chanterai  :  le  fé- 
cond e  eft  muet,  comme  il  l'eft  dans  les  autres  ver- 
bes à  la  féconde  fyllabe.  Quoique  l'e  dé  la  première 
fyllabe  foit  fuivi  de  deux  rr,  il  n'eft  point  ouvert 
comme  dans  guerre  ,  terre  y  &c.  On  le  prononce 
comme  l'e  fermé,  ou  à-peu  près  de  même  ,  d'un 
fon  mitoyen  entre  celui  de  Xé  fermé  &  celui  de  l'e 
ouvert. 
Errer  ,  fe  dit  au  figuré  ,  pour  dire  ,  n'être  point  fixe, 
ni  arrêté  fur  aucun  objet.  Fluere ,  divagari.  Com- 
bien voit-on  de  Chrétiens  lailfer  errer  leurs  penfées 
&  leurs  defirs  vers  les  créatures ,  au  lieu  de  les  réunir 
en  Jesus-Christ  ,  qui  s'immole  fur  les  autels  ?  Fi. 


E  R  R 

Mais  fans  errer  en  vain  dans  ces  vagues  propcs. 

BoiLEAU. 

J'errois  de  fleur  en  fleur  j  de  plaiflrs  enplaifirs  , 
Au  grc  de  mes  dcjirs.  Rec.  de  Vers. 

Errer  ,  fignifie  aulH  ,  fe  tromper ,  avoir  une  faufle 
opinion,  hrravi  ,  deapï  ,  JaiLi.  L'Eglile  ne  peut 
errer  dans  la  foi.  Les  plus  habiles  peuvent  errer 
lourdement. 
ERRES,  r.  t.  pi.  Traces ,  veiliges.  Fejîigia.  Les  Chaf- 
feurs  luivent  les  t/zti' du  gibier. 

On  dit  auili ,  en  termes  de  ChalFe  ,  qu'un  cerf  ell: 
de  hautes  erres  ,  lorlqu'il  va  hors  de  fon  enceinte  , 
ou  qu'il  fait  de  trop  longues  fuites  ,  après  avoir  eu 
le  vent  du  trait  en  le  détournant  au  matin.  On  ap- 
pelle aulli  erres  y  les  lieux  par  où  une  bète  s'enhiit 
de  bon  temps  ,  ou  de  mauvais  temps,  ou  de  vieil 
temps  y  c'ell-à-dire  ,  comme  une  jeune  bête ,  ou 
une  vieille  qui  eft  recrue.  On  appelle  auili  erres  j 
les  pieds ,  routes  &c  voies  du  cert  j  &  on  dit  j  Dé- 
mêler ,  redreller  les  encs ,  rompre  les  erres  j  les 
effacer  en  marchant. 

On  appelle  au(îi  en  termes  de  ChaflTe  les  erres,  les 
parties  de  devant  de  toutes  les  bêtes  à  quatre  pieds  j 
c'ell-à-dire ,  les  pieds  Hc  les  épaules. 
Erres  ,  fe  dit  fouvent  au  figuré.  Il  marche  fur  les 
erres  de  fes  Ancêtres ,  de  fes  prcdécelfeurs  ,  pour 
dire  ,  marcher  fur  les  traces ,  être  dans  les  mêmes 
fentimens. 
Erres  ,  ou  Erre  ,  fe  dit  aulfi  du  paiement  qu'on  fait 
d'une  partie  du  prix  d'une  choie  pour  gage  &c  allu- 
rance  du  marché.  Arrha  ,  arriiabo.  11  a  donné  des 
erres  au  coche,  ik  cela  par  corruption  du  mot  d'ar- 
rhes. Du  Cange  témoigne  que  dans  la  balfe  Lati- 
nité on  a  dit  erra  pour  arrha.  f^oye:^  Arrhes. 
ERREUR,  f.  f.  Fauffe  opinion  qu'on  fe  met  dans  Tef- 
pnt,  ioit  par  ignorance  ,  foit  faute  d'examen.  Ega- 
rement de  l'eîpnt  qui  fait  porter  un  faux  Juge- 
ment. Error.  L.  Joubert  a  fait  un  Traité  des  erreurs] 
populaires.  La  vanité  humaine  fe  repaît  de  l'agréa- 1 
ble  erreur ,  de  vivre  ^ien  loin  dans  l'avenir.  Des-H. 
Je  ne  veux  point  d'un  Critique  qui  me  vient  tirer 
d  une  douce  erreur.  Les  Anciens  ont  fait  beaucoup 
êi  erreurs  dans  la  Philofophie  ,  faute  de  s'être  appli- 
qués aux  expériences.  Nous  retenons  nos  erreurs  , 
parce  qu'elles  font  aurorifées  des  autres  j  nous  ai- 
mons mieux  croire  que  juger.  S.  Evr.  Quelle  vérité 
peut  être  aulli  avant.igeule  que  ces   bonnes  erreurs 
qui  forment   en  nous  le  fentiment  des  biens  que 
nous  n'avons  point  ï   Id.  Pourquoi  vouloir  guérir 
les  hommes   d'une   vieille  erreur    qu'ils    aiment  ? 
Des-H.  V erreur  ç\k.  le  partage  de  la  condition  hu- 
maine. Nie    L'impatience  qui  nous  porte  à  nous 
élever  contre  tout  ce  qui  nous  paroit  faux,efl:  fouvent 
un  plus  grand  défaut  que  Verreur  dont  nous  vou- 
drions délivrer  les  autres.  Id.  On  donne  d'ordinaire 
à  Dieu    plus  d'indulgence  pour  les    foiblelfes  du 
cœur ,  que  pour  les  erreurs  de  l'efprit.  Le  Vulgaire 

aui  refpecle  des  erreurs  myllérieufes  ,  mépriferoit 
es  vérités  toutes  nues.  S.  Evr.  Combien  d'erreurs 
par  lefquelles  l'homme  abuié  fe  deshonore  lui-mê- 
me .''  Bos3.  Les  libertins  difent  qu'il  importe  peu 
que  l'homme  fe  trompe  dans  fes  opinions  ,  pourvu 
que  fon  erreur  foit  agréable ,  &C  qu'elle  le  conduife 
a  la  fin  ds  la  vie  par  une  route  femée  de  fleurs.  S. 
Evr.  Ceue  erreur  ell:  encore  plus  capitale  que  toutes 
celles  que  je  viens  de  réfuter.  Mde  Dacier. 

LaiJJûns  les  s^ applaudir  d'une  pieuje  erreur  ; 
Mais  pour  nous  ,  hannijfons  une  vaine  terreur. 

Boileau. 

Erreur,  prife  .-ibfolumenr ,  s'entend  de  {'erreur  en 
la  foi ,  de  l'héréfie.  L'erreur  ne  prefcrir  jamais  con- 
tre la  vérité.  On  dit  qu'Origène  eft  tombé  dan?  X er- 
reur. Verreur  déguifée  ,  &  traveftie  en  vérité  ,  entre 
dans  tous  les  droits  de  la  vérité.  Bayl.  Les  Théolo- 


ERR  S17 

giens  traitent  plus  favorablement  les  erreurs  fur  les 
dogmes  de  Morale  ,  que  les  erreurs  fur  les  do,^mes 
de  fpéculation.  Id.  L'humanité  mêle  aifément  les 
erreurs  dans  ce  qui  regarde  la  créance.  S.  Evr.  C'cll 
le  génie  de  Verreur,  qu'aulli-tôt  qu'elle  fe  fent  pref- 
Ice  j  elle  reprend  ce  qu'elle  avoir  abandonne  :  il 
faut  la  vaincre  de  tous  côtés  ;  où  elle  fe  croira  tou- 
jours vicliorieufe.  Pel.  1  outes  les  grandes  erreurs  ont 
leurs  martyrs.  Miférable  aveugleinent  de  l'efprit 
humain  !  il  s'ignore  lui-même  ,  &  enivré  de  fa  pro- 
pre gloire  ,  il  s'imagine  que  c'eft  celle  de  Dieu.  Id. 
Environnés  comme  nous  fommes  de  ténèbres épaif- 
les  qui  nous  cachent  les  objets ,  &  livrés  aux  doutes 
&  à  1  incertitude ,  devrions-nous  être  refponfabies 
de  nos  erreurs  t  Disc.  d'El. 

Les  Poètes  perlonnihent  \Erreur.  Dans  un  Sonnet 
n\\\\.vXk  le  tùmheau  du  Calvinifme ,  le  P.  Commire 
lui  fait  dire  , 

J'eus  pour  Père  l'Orgueil  j  &  pour  Mère  /Erreur. 

Un  autre  a  dit  : 

Erreur ,  qui  vois  toujours  l'Impie  opiniâtre 
Ojffnrfur  tes  autels  un  encens  idolâtre  _, 
Par  tes  menfonges  vains,  dent  fon  cœur  eji  féduït, 
A  quel  aveuglement  a-t-il  été  réduit? 

Nouy.  Ch.  de  Vers. 

Erreur  j  fignifie  quelquefois  ,  Faute  ,  &  fur  -  tout 
eu  matière  d  Arithmétique,  trreur  ài^  calcul.  L'er- 
reur de  calcul  eft  la  mépnfe  qui  fe  fait  en  comptant 
&  marquant  un  nombre  pour  un  autre.  Les  faux  &C 
doubles  emplois  ,  ni  les  erreurs  de  calcul ,  ne  fe  cou- 
vrent point  par  les  arrêts ,  ni  par  les  tranfadtions. 
CetHiftorienafait  beaucoup  terreurs  dans  la  Chro- 
nologie. 

On  le  ditaulîî  d'une  méprife,  d'un  mal-entendu. 
J'ai  reçu  une  lettre  où  je  n'entends  rien  ,  il  faut  qu'il 
y  ait  en  cela  de  \ erreur ,  qu'elle  s'adrelfe  à  un  autre. 
Une  erreur  de  fait  eft  plus  excufable  qu'une  erreur 
de  droit. 

^fT  L'erreur  àé  droit ,  eft  l'ignorance  de  la  loi  , 
quand  on  ni^  fait  pas  ce  que  la  loi  ou  la  coutume 
ordonne  ou  défend.  On  peut  être  dans  l'erreur  par 
rapport  au  droit  pofitif.  Mais  on  n'eft  jamais  pré- 
fumé ignorer  le  droit  naturel. 

IJcT  ['erreur  de  fait  confifte  à  ne  pas  favoir  une 
chofe. 

IJCT  On  appelle  encore  errear  de  fait ,  lorfqu'un 
fait  eft  avancé  pour  un  autre.  Si  on  fait  que  le  fait 
qu'on  avance  eft  faux ,  c'eft  mauvaife  foi. 
§3"  Erreur  de  nom  ,  lorfque  dans  un  aéle  on  nom- 
me une  perfonne  ou  une  chofe  pour  une  autre. 
UCT  Erreur  de  perfonne  ,  quand  on  prend  une  per- 
fonne pour  une  autre  ,  quand  on  croit  traiter  avec 
une  perfonne ,  &  qu  on  traite  avec  une  autre,  le  con- 
trat eft  nul.. 

On  le  dit  auffi  en  général  des  fautes  que  l'on  com  • 
met  dans  la  conduite  de  la  vie  ,  ou  dans  l'ufage  du 
monde ,  des  égaremens  où  l'on  tombe.  Il  a  grand 
regret  de  fes  erreurs  paifées. 

Je  fais  fur  leurs  avis  corriger  nos  erreurs  , 
Et  je  mets  à  profit  leurs  malignes  jureurs. 

On  appelle,  en  termes  de  Palais,  Propofiiion  ter- 
reur,  une  voie  de  droit  de  fe  pourvoir  contre  un 
arrêt.  La  requête  civile  n'attaque  que  le  fiit  de  la 
partie  j  mais  la  propofition  d'errez/raccufe  celui  des 
Juges.  Cette  procédure  eft  maintenant  abolie. 
Erreurs  ,  au  pluriel ,  fignifie  quelquefois ,  De  longs 
voyages  remplis  de  traverfes.  Il  n'eft  guère  en  ufagc 
que  dans  cette  phrafe  ,  Les  erreurs  d'Ulyfle. 
^3"  Grefiet  a  dit  dans  fon  Verr-vert  : 

Sur  fa  vertu ,  par  le  fort  traverfée , 
Sur  fon  voyage  &  fes  longues  erreurs  j 
On  aurait  pu  faire  une  autre  Odvffec.  • 
M  m  m  m  m  ij 


SiS 


ERR 


Erreur,  ctoit  autrefois  mafculin. 

Mais  vous  de  haut  [avoir  la  voyt 

Saurc\par  trop  mieux  m'excujer 

D'un  gros  erreur  ^fifaïtCavoye.  Marot. 

ERRHINE  ,  ou  ERRINE.  f.  f.  Terme  de  Pharmacie. 
Errhina.  Remède  qu'on  prend  par  le  nez  pour  pur- 
ger les  humidités  du  cerveau.  Il  y  en  a  en  poudre  , 
comme  la  bétoincj  le  tabac  j  la  marjolaine  ,  l'iris, 
le  laurier  rofe  ,  l'ellébore  blanc  &c  l'euphorbe.  D'au- 
tres font  liquides ,  qui  font  faites  de  fuc  de  marjo- 
laine ,  de  fauge  y  de  bettes ,  de  cyclamen  ,  d'iris  , 
&c.  D'autres  en  Uniment ,  incorporées  avec  de  l'on- 
guent rofat  ;  d'autres  en  pyramide  folide  pour  arrê- 
ter le  fang  des  narines  ,  compofées  de  bol  de  Le- 
vant ,  de  terre  fcellée  ,  de  maftic  ,  de  fang  humain, 
ou  de  pourceau  delTéché  ,  &c.  Les  errhines  feches , 
&  faites  feulement  de  poudres,  font  appelées  pro 
prement_/?er/7ttwr£)irej.  Les  Modernes  les  appellent 
caput purgantia.  Le  fuc  de  la  poirée  blanche  afpirée 
par  le  nez  en  errhine  fait  éternuer  ,  &  dilfout  la 
pituite  cralfe-  Lémery.  Le  creiron  ^  &  principale- 
ment 1  alenois,  eft  employé  dans  les  errhines  pour 
faire  éternuer. 

Ce  mot  vient  du  Grec,  "  ,  &  {> ,  ou  p'<V ,  nafus  j  le 
nez- 

ERRIC.  Foyex  Éric 

ERRIF.  Partie  feptentrionale  de  l'Egypte,   ^gypcus 
inferior ,  uSgyptus  Angujiamnica.  On  l'appelle  au 
trement  Baife  Egypte,  f^oye:^  Egypte. 

Errif,  eft  aulH  le  nom  d'une  Province  du  Royaume  de 
Fez  en  Barbarie,  frmij.  Elle  eft  bornée  au  couchant 
par  celle  d'Habat ,  au  midi  par  celle  de  Fez  &:  de 
Chaus ,  &  au  levant  par  celle  de  Garet.  La  Médi- 
terranée la  baigne  au  nord.  L'£rr{/"eft  rempli  de  bois 
&  de  montagnes ,  qui  font  des  branches  du  mont 
Atlas.  Les  Efpagnols  tiennent  dans  Ti^'r/'i/^la  forte- 
refte  de  Pennon  du  Vêlez. 

^T  ERRINS.  adj.  pi.  On  donne  ce  nom  à  tous  les  re 
mèdes  qui  font  deftinés  à  être  introduits  dans  le 
nez.  yoye\  Errhine. 

ERRONÉ ,  ÉE.  adj.  Erroneus  j  implicatus  errore  j  im- 
butus.  Les  fentimens  ont  été  partagés  fur  ce  mot. 
Les  uns  vouloienc  que  l'on  dît  erronée  au  mafculin 
comme  au  féminin  :  les  autres  vouloienc  qu'en  dif- 
tinguant  le  mafculin  du  féminin,  on  dît  erro/ze  pour 
l'un  ,  &  erronée  pour  l'autre.  L'ufage  a  fait  préva- 
loir ce  dernier  fentiment  j  &  l'Académie  l'a  fixé 
dans  la  nouvelle  édition  de  fon  Didionnaire.  Ce 
mot  fignifie  ,  Qui  eft  faux  ,  qui  tient  de  l'erreur. 
Sentiment  erroné.  Maxime  erronée ,  dodrine  erro- 
née ;  propofirion  erronée.  Il  ne  fe  dit  qu'en  matière 
de  foi  ,  en  parlant  d'une  dodbrine  qui  contient  de 
l'erreur. 

En  Théologie  ,  on  appelle  erroné  Se  erronée  ce 
qui  eft  contraire  au  fentiment  commun  des  Fidèlesj 
ce  qui  eft  oppofé  à  des  vérités  univerfellement  re- 
connues comme  inconteftables  ,  mais  non  pas  uni- 
verfellement reconnues  comme  vérités  de  foi,  en 
quoi  erro/2e  diffère  d'hérétique.  On  appelle  héréti- 
que toute  doûrine  direélemenc  &  formellement 
oppofée  aux  vérités  catholiques  :  on  appelle  erroné 
tout  fentiment  qui  approche  de  l'héréfie  par  quel- 
qu'un de  ces  quatre  endroits,  i^'.  Parce  qu'il  eftcon- 
traire  aux  vérités  catholiques  ,  non  diredbement  & 
formellement  ,  mais  par  une  conféquence  aftez 
claire.  1°.  Parce  qu'il  fuie  afTez  vifiblement  une 
doctrine  condamnée  comme  hérétique.  j°.  Parce 
qu'il  eft  oppofé  au  fentiment  unanime  ,  ou  prefque 
unanime  des  Pères  fur  quelques  dogmes  qu'ils  ex- 
pliquent. 4°.  Parce  qu'il  eft  combattu  par  le  torrent 
des  Dodeurs.  Une  doftrine  qui  n'a  point  quelqu'un 
de  ces  quatre  caradtères  ne  peut  être  traitée  à^ er- 
ronée. 

§-"3"  Confcience  erronée.  Voye\  au  mot  Cons- 
cience. 
ERRONÉMENT.  adv.  D'une  manière  erronée.  Erro- 


ERS     ERU  ' 

n^è.  Dans  toute  la  neuvième  queftion  de  la  caufe  3  5*. 
il  n'eft  parlé  que  de  leiuences  où  fur  des  taits  erro- 
nés l'Eglife  &<.  les  Souverains  Pontifes  ont  enoné- 
/we/2r  prononcé.  Pat.  plaid.  1 5*^.  L'autorité  de  Patru 
n'a  pu  faire  palfer  ce  mot. 

ERS. 

ERS.  f.  m.  Plante  dont  il  y  a  deux  efpèces.  Elle  s'ap- 
pelle en  Latin  Ervum.  La  première  efpèce  poulfe  des 
tiges  à  la  hauteur  d'environ  un  pied  ,  foibles ,  an- 
guleufes  ,  rameufes  ,  s'étendant  en  large.  Ses  feuil- 
les font  femblables  à  celles  de  la  lentille  ,  rangées 
par  paires  le  long  d'une  côte.  Ses  Heurs  font  légumi- 
neules  ,  petites ,  purpurines  ,  ou  quelquefois  blan- 
ches ,  portées  par  des  calices  formés  en  cornetden- 
telé.  Il  leur  fuccéde  des  goulfes  ondées  j  pendantes 
de  chaque  côté.  Les  femences  en  foiiç.  prefque  ron- 
des, relfemblant  aux  orobes  ,  d'un  goût  qui  n'eft 
point  défagréable.  La  féconde  efpèce  relfemble 
beaucoup  à  la  première  j  mais  elle  eft  plus  p'>tlte  , 
ainfi  que  fa  femence  ,  qui  d'ailleurs  eft  de  mauvais 
goût.  L'une  &  l'autre  eipèce  eft  apéritive  ,  adou- 
cilfante  ,  purifiant  le  fang,  &c  augmentant  le  lait 
des  nourrices.  On  femerjfc/idansplulieursendio^ts 
du  Royaume  \  &  fa  femence  fert  à  nourrir  les  pi- 
geons. Cette  femence  s'appelle  quelquefois  Orobe, 
Orobus  :  elle  entre  dans  la  compofition  des  trochif- 
ques  de  fquillepour  la  Thériaque. 

Quelques-uns  appellent  aulll  ers  ,  l'épaule  du 
cheval ,  que  d'autres  nomment  ars  ,  du  mo:  Latia 
armus  ,  qui  fignifie  la  même  chofe. 

ERSE  d'une  poulie.  C'eft  une  corde  qui  entoure  le 
moufle  d'une  poulie  ,  &  qui  fert  à  l'amarrer. 

ERSES,  ouETROPES  d'affût  de  mer.  Ce  font  des 
erfes  avec  des  colles  quiUonc  paifées  au  bout  du 
derrière  du  fond  de  l'afrût  du  canon  j  où  l'on  accro- 
che les  palans.  f^oye\  Etrope. 

ERSOIR.  adv.  Vieux  mot  qui  a  été  dit  pour  Hier  au 
foir. 

E  R  T. 

ERTE  ,  dans  cette  expreffion  être  à  Verte,  Foye^ 
Alerte. 

ERTZGEBOIIRG.  Ert^geburgum  ;  Terrïtorium  Monta- 
num  ;  Mi/nia  Montana.  Contrée  de  la  Mifnie  dans 
la  haute  Saxe.  L'Ert^géiourg  eft  prefque  tout  ren- 
fermé entre  les  rivièresdeMulde  &deMuIte.Chem- 
nitz  en  eft  la  capitale.  C'eft  dans  l'Ert:;gébourg  que 
font  les  mines  célèbres  de  la  Saxe ,  d'où  l'on  tire  du 
plomb  ,  de  l'étain,  &  même  de  l'argent. 

ERU. 

ERVAN.  Foye^  Érivan  ;  c'eft  la  même  chofe. 

ÊRUCAGO.  f  f.  L'Académie  dit  Érucague.  Plante 
qui  poufte  plufieurs  tiges  ,  au  commencement  pur- 
purines ,  à  la  hauteur  d'un  pied ,  on  d'un  pied  ÔC 
demi,  rondes  ,  cannelées  ,  rudes j  s'élevant  en  gros 
rameaux.  Ses  feuilles  d'en-bas  font  éparfes  à  terre  , 
oblongues ,  étroites ,  velues.  Celles  des  tiges  font 
jointes  deux  à  deux  ,  ou  trois  à  trois.  Ses  fleurs  font 
petites ,  à  quatre  feuilles  difpofées  en  croix  ,  de 
couleur  jaune.  Il  leur  fuccède  des  fruits  allez  fem- 
blables à  une  mafle  d'armes ,  garnies  de  pointes 
fortes^  contenant  chacun  trois  ou  quatre  niches  qui 
renferment  chacun  une  femence  ronde,  roulTe,  gar- 
nie ordinairement  d'un  périt  bec.  Cette  plante  croît 
aux  pays  chauds  encre  les  blés  ,  comme  vers  Mont- 
pellier en  Languedoc.  Elle  eft  bonne  pour  raréfier 
la  pituite  du  cerveau  ,  &  faire  éternuer.  Elle  rire 
fon  nom  d'Eruca,  parce  qu'elle  approche  en  plu- 
fieurs chofes  de  la  Roquette.  Lémery. 

ÉRUCTATION,  f.  f.  Éruption  des  ventofitésde  l'ef- 
tomac  par  la  bouche  ,  avec  un  bruit  défagtéable. 
Eruclatio.  Ce  mot  vient  A\ruclare ,  faire  des  rots. 
Col  de  Villars. 

0CrÉRUDIT.  adj.  m.  Se  trouve  dans  phifieurs  ouvra- 
ges nouveaux  ,  &  paroîtaffez  accrédité.  On  appelle 


ERU 

ainfi  celui  qui  a  de  1  érudition.  Voye-:^  ce  mot  \ 
c'ell- à-dire  ,  celui  qui  a  acquis  un  genre  de  favoir 
qui  confilte  dans  la  connoillance  des  fairs  ,  &  qui 
ell  le  fruK  d'une  grande  lecture.  Eruditus,  Sauniii- 
le  écoit  un  homme  crès-tr/^t/jr.Ce  mot  fe  prend  aulli 
fubftantivement ,  un  Erudu ^  pour  un  homme  eru- 
dit.  Les  Tragédies  deSénéque  lont-elles  deSénéque* 
le  Rhéteur  j  ou  de  Sénéque  le  Philofophe  ?  C'elt  un 
point  difputé  entre  les  irudits.  Plus  érudu  que  Phi- 
lofophe  ,  les  principes  que  Mr  Dacier  avance  ,  les 
conléquences  qu'il  en  tire ,  ne  font  pas  toujours 
jultes.  GowjET.  Qu'un  eV«(/ir  reftitue  quelque  palla- 
ge  de  Lucrèce  ,  de  Virgile  ,  d'Horace  ;  une  toule  de 
Littérateurs  l'accablent  de  louanges.  ObJav.Jur  les 
Ecrits  iMod.  L'Abbé  Des  Fontaines,  prévenu  comme 
il  étoit  contre  les  mots  nouveaux  ,  ne  fe  fervoit  pas 
férieufement  de  celui-ci. 

ifT  Ce  mot  fe  trouve  quelquefois  employé  au 
féminin.  Par  -  tour  Wrudite  Antiquité  triomphe. 
Alerc.  de  Janv.  1717.  Prohifion  érudice.  Womttl- 
viLLE.  L'Abbé  Des  Fontaines  critiqua  cette  expref- 
fion.  Vos  critiques,  dit-il j  en  parlant  à  l'Auteur , 
trouvent  à  redire  que  vous  vous  ferviez  de  termes 
inconnus.  Qui  vous  a  donr^é  le  droit  de  créer  les  ex- 
prelîions  fuivantes,untait  inéclairci,  uneprofufion 
crudité ,  &c. 

Érudit  ,  fe  prend  fouvent  en  mauvaife  part ,  pour 
un  faux  favant,  un  homme  entêté  de  fon  érudition, 
&  fortement  prévenu  pour  les  Anciens.  On  n'a  lu 
fouvent  qu'un  eifai ,  un  abrégé  ,  tScTon  tranche  de 
Véiudit.  Mém.  de  Trév.  Ne  prenez  point  l'ordre  de 
ces  rtupides  Erudics  qui  ont  prêté  ferment  de  hdé- 
lité  à  Homère  ,  Abbe  de  Pons  ,  Lettre  fur  l'Iliade  de 
M.  de  la  Motte.  La  divine  Iliade  n'étoit  entendue 
que  des  Erudits.  Id.  Les  Eruditsfont  comme  les  Mé- 
decins. Ils  ont  un  idiome  incommunicable  au  vul- 
gaire .•  ce  qu'ils  feroient  ailément  comprendre  en 
ufant  des  exprellîons  reçues  ^  ils  le  rendent  inintel- 
ligible par  l'emploi  de  termes  ignorés,  qui  ont 
eux-mêmes  befoin  d'être  définis,  lo.  Dijferc.  fur  le 
Poème  Epique.  Merc.  de  Janv.  17 17. 

^  ERUDITION,  f.  f.  Ceft  ,  dit-on  ,  une  grande 
étendue  de  favoir ,  une  connoiiïance  fort  étendue 
dans  les  Belles-Lettres  &  dans  toutes  fortes  de  Litté- 
rature. AcAD.  Fr.  L'érudition  y  dit  M.  l'Abbé  Girard,  \ 


ERU     ERY  819 

ginofus  j  a.  Les  Mémoires  de  Trévoux  écrivent 
drugineux  ,  comme  en  Latin.  U  y  a  une  bile  verte  , 
qu'on  peut  appeler  ^rugineufe  &:  porracée.  Mem. 
DE  Tr.  Cependant  comme  dans  l'orthographe  ré- 
cente nous  changeons  fouvent  1'-«  Latin  en  e  fimple  , 
&  que  nous  difons  /Egée  ôc  Egée  ,  ^ole  &  Eole  , 
y£chmalotarque  &:  Echmalorarque  ■,  Equateur,  équa- 
tion ,  équilibre  ,  Se  non  pas  Aquateut ,  œquation  , 
.xquilibre,  &c.  on  peut  due  erugineux  ,  auifi-bien 
■du  moins  qnarugineux. 
ÉRUPTION,  f.  f.  Terme  de  Phyfique.  Sortie  prompte 
&c  avec  effort.  Eruptio.  Une  s'emploie  qu'en  parlant 
des  chofes ,  &  non  des  pQtionxiQS.L! éruption  du  Ve- 
fuve  a  fait  celfer  le  tremblement  de  terre.  Il  n'eft 
point  de  plus  violente  éruption  que  celle  delà  pour 
dre  à  canon  renfermée  ,  &  à  laquelle  on  met  le  feu. 
En  Médecine ,  ce  terme  figniiîe  la  fortie  de  la  ma- 
tière morbitique  fur  la  furface  de  la  peau  ,  qui  for- 
me des  taches  ,  comme  dans  la  fièvre  pourprée,  ou 
de  petites  tumeurs  j  pullules,  boutons,  ou  autres 
exanthèmes ,  comme  dans  la  rougeole ,  la  petite 
vérole.  La  petite  vérole  ,  la  rougeole  ,  la  fièvre 
pourprée  fe  manifeftent  par  des  éruptions  fur  la 
peau,  ^oje^  Exanthème. 

^fT  On  le  dit  aulfi  de  la  fortie  fubite  d'un  liqui- 
de j  du  fang  ,  du  pus,  des  vents ,  &c. 

ERY. 

ÉRYCINE,  ou  ÉRUCINE.  Terme  de  Mythologie. 
Surnom  de  Vénus ,  qu'on  lui  avoir  donné  du  mont 
Ery  en  Sicile ,  fur  le  iommet  duquel  cllo  avoit  un 
Temple  ,  dont  la  figure  fe  voit  au  revers  de  quel- 
ques médailles  de  la  tamille  Conhdia  ,  avec  ces 
lettres  Eruc. 

ÉRYMANTHE  ,  ou  ÉRIMANTE.  Montagne  de 
l'Arcadie,  couverte  de  bois  &  de  forêts,  tryman- 
thus.  La  forêt  d'Erymanrhe  ,  ou  la  montagne  d'i^ry- 
manthe  ,  eft  célèbre  dans  la  Poëiîe  ancienne.  Le  fan- 
gUer  ^Erymanthe  étoit  un  fanglier  énorme  quigif- 
foit  dans  cette  forêt ,  &  qui  ravageoit  tout  le  pays 
d'alentour.  La  prife  du  fanglier  â^Erymanthe , 
qu'Hercule  apporta  vif  à  Euryfthée  ,  eft  un  des 
douze  travaux  de  ce  Héros  j  &  le  troifième  félon 
plufieurs. 


annonce  des  connoifTances  plus  recherchées  quecel-iÉRYNGlUM.  f.  m.  Plante  qu'on  appelle  auffi  pani- 
les  qu'on  acquiert  par  les  études  ordinaires  du  Col-  caut ,  chardon  roland ,  ou  chardon  a  cent  têtes.  Voy. 
\hgQy  mais  dans  l'ordre  leulement  des  Betles-Let-  Panicaut.  Morin  l'appelle  £'''j'/20'iJ/OT^/a/2Z/w.  Ceft 
•très.  Ce  mot  vient  du  Latin  eri^^^Vc ,  enfeigner  ,  &  une  fleur  d'automne  :  elle  fleurit  dès  le  mois  de 
lignifie  proprement  connoiflances  j  mais  il  paroit    ,   Juillet.  Id. 

qu'on  a  particulièrement  appliqué  ce  mot  aux  con-  ÉRYNNYES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Ceft  le 
noiirances  qui  roulent  fur  les  faits,  &  qui  font  le'  nom  que  les  Grecs  donnoientauxFuries.Ellesavoienc 
fruit  de  la  leébure.  Eruditio.  1! érudition  a  pour  objet  1  fous  ce  nom  un  Temple  à  Athènes  ,  proche  de  l'A- 
la  connoiflance  de  l'hiftoire,  la  connoiflance  des'    '  réopage. /^ojeç  ÉRYNNys. 

langues  favantes  ,  &  la  connoilfance  des  livres.  L'd-   ÉRYSIMUM.  f.  m.  Plante  qu'on  appelle  autrement 
rudition  n'eft  point  une  fcience.  Ce  mot  eft  confacré        ve/ar,  ou  tortelle.  F^o).q*VELAR. 
aux  connoillances  qui  font    le  truit  du  raifonne-   ÉRYSIPELE.  f  i.  Ceft  ainfi  qu  il   faudroit  écrire  ce 
jnent  &  de  la  réflexion.   La  fcience   appartient   à  <     mot ,  conformément  à  l'étymologie.  Voye^  Éré- 
l'efprit  :  Xcrudition  eft  du  fait  de  la  mémoire.   Un 
habile  Philofophe  n'eft  pas  nécelTairement  un  hom- 
me d'érudition  :  parce  que  l'érudition   confifte  dans 


les  connoilTances  qui  concernent  les  faits  ,  les  au- 
teurs ,  leur  doctrine  ,  les  langues  ,  les  ufages  de 
l'antiquité.  Les  livres  duDoéteurLaunoy  font  pleins 
d'érudition.  Quand  on  a  l'efpritfauXj  l'ignorance 
vaut  mieux  qu'une  vafte  érudition  ,  qui  ne  produit 
que  de  la  confufion  Se  de  l'obfcurité.  La  connoif 
fance  des  Belles-Lettres  devient  dans  plufieurs  fa- 
vans  une  érudition  fort  ennuyeufe,  &  il  eft  plus  utile, 
comme  dit  Locke  ,  de  fe  remplir  la  tête  de  ré- 
flexions, que  de  remarques  d'e'rac/rfzo/z.  Enfin,  fui- 
vant  la  remarque  de  Bouhours  ,  il  y  a  une  certaine 
érudition  qui  ne  ferr  à  rien  ,  ou  qui  ne  fert  qu'à 
fatiguer  les  lecteurs.  Caelqu'un  a  dit  qu'il  fied  aulfi 
mai  à  une  femme  de  fe  hériiïer  d'érudition  que  de 
porter  des  mouftaches.  ^*y^?  Littérature  ,  Sa- 
voir, Doctrine. 
ERUGINEUX,  EusE.adj.  Qui  tient  de  la  rouille  de 
l'airain ,   qui  relTemble  à  la  rouille  d'airain.  u£ru- 


SIPELE. 


ERYTHRE.  adj.  m.  Terme  de  Mythologie.  Surnom 
donné  à  Hercule  j  d'un  temple  qu'il  avoit  à  Erythrès 
en  Achaïe.  La  ftatue  du  Dieu  étoit  fur  une  cfpèce 
de  radeau  ,  à  caufe  d'une  traditiorr  des  Erythréens  , 
qui  difoient  qu'elle  avoit  été  ainfi  apportée  de  Tyr, 
par  mer.  Les  feules  femmes  Tliraciennes  avoient  la 
liberté  d'entrer  dans  ce  Temple. 

ERYTHRÉE.  Ancien  nom  d'une  ville  d'Ionie  dans 
l'Afie  mineure.  Erythrxa.  Elle  étoit  entre  Clazo- 
mène  &  Téon.  ErythreT^  eu  un  Evêché  fuffragant 
d'Ephèfe.  Quelques  Géographes  croient  qu'elle  croit 
où  eft  aujourd'hui  le  bourg  de  Colyre  ,  ou  Gefmer  , 
&  d'autres  où  eft  celui  de  Palfagio  ,  qui  four  l'un  & 
l'autre  dans  l'Anatolie  propre. 

Erythrée,  adj.  m.  &  f.  Ce  mot  fignifie  deux  chofes. 
I".  Rouge  :  dans  ce  fens  il  fe  dit  de  la  mer  rouge  , 
qui  eft  un  grand  golfe  ,  qui  s'ércnd  du  midi  au 
nord  ,  depuis  Ormus  jufqu'à  Suez  ,  Mare  Ery~ 
thrétum. 

Ce  mot  en  ce  fens  vient  du  Grec ,  ''fo^i-f ,  rouge , 


§30  E  RY     ES 

dérivé  d'k^i^'^ ,  rougeur  ,  &  il  fut  donné  à  cette 
mer  à  caufe  de' fa  couleur,  qui  lui  vient  ,  félon 
quelques-uns,  de  la  réveibération  des  rayons  du 
foleil:  d'autres  difoient  qu'elle  avoit  naturellement 
cette  couleur;  d'autres  que  ce  nom  lui  venoit  de 
fon  fable, ou  de  la  terre  qui  fait  fon  fonds  i  d'autres 
d'^rychret  fils  de  Perfce  &  d'Andromède  j  d'autres, 
enfin  d'Efaii  j  qui  fe  nommoit  Edom  ;  c'elt-à-dire , 
rouge  ,  qui  fe  du  en  Grec  Lrychrde -.ii  demeuroit 
dans  ces  quartiers-là.  Cette  mer  s'appelle  aujqur- 
d'hui  mer  rouge ,  ou  mer  de  la  Mecque,  i^'oye^  en- 
core EusTATHius  fur  Denis  le  Géographe  ,  v.  38. 

2°.  L'adjeclif  ^'o^Ar/t;  fignifie,  qui  elt  de  la  ville 
•d  Erythrée  j  dont  nous  avons  parlé  dans  l'article  pré- 
cédent ;  &  en  ce  fens  on  le  dit  d'une  des  Sybilles 
qui  ctoit  dan5  cette  ville  ,  ik.  que  pour  cela  on  ap- 
pelle la  Sibylle  Eryduce.  La  Sibylle  Erythrée  efl 
la  cinquième  des  Sibylles.  Voyei  Sibylle. 

ÈKYiHKi.^.  (.  m-  Erythr&us.  Ceft  le  nom  d'un  des 
chevaux  du  Soleil  ,  félon  Fulgence  le  Mythologue. 
Erythrée,  ou  le  Rouge,  dit-il  j  donc  le  nom  fe 
prend  du  lever  du  Soleil,  où  les  rayons  font  rou- 
geâtres  ,  de  èçuS-çoî ,  rouge. 

ÉRYX.  f  m.  Fils  de  Butés  &  de  Vénus  ,  ou  de^quel- 
que  belle  Sicilienne  ,  fut  Roi  d'un  canton  de  la 
Sicile  ,  appelé  de  fon  nom  Erycie ,  où  étoit  la  ville 
de  Drépane. 


E  R  Z. 


ERZEGOWINE.  Voye^  Herzegowine. 

ERZERON  ,  ERGERON  ,  ou  ERZERUM  ,&  ERZE- 
RUN.  Ville  de  Tuiquie  en  Aile,  tr-^erum^  Simya. 
On  dit  auifi  Ar\erwn.  Elle  eft  en  Tarcomaiiie, capi- 
tale d'un  Béglierbcghc  qui  prend  fon  nom,  &  li- 
tuée  fur  l'Euphiate,  entre  la  ville  de  Trébizonde  & 
le  lac  de  Van.  cr^tron  eft  grand  environ  comme 
Marfeille.  Quelques  Géographes  le  prennent  pour 
l'ancienne  Arzitis  ,  ou  Aziris.  La  latitude  lepten- 
trionale  d'/ir^ero«  eft  59°  $6'  35"  ,  &:  1 
68°  45' 45".  GouYES. 


E  S  A     ESC 

E  S  A. 

ES  A  AN  ,  ÉSAN  ,  ou  ESCHAN.  Ville  de  la  Tribu  de 
Jada  ,  dans  la  Terre-Sainte.  JoJ'.  XF.  5  2. 

£SA(^UE.  f  m.  Fils  de  Priam  ^  d'Alexirhoc  ,  une  des 
Nymphes  du  mont  Ida ,  fille  du  tleuve  Cédréne. 
D  autres  lui  donnent  pour  mère  Arisba  fille  de  Mé- 

,   rope  ,  première  femme  de  Priam. 

ESARO.  Petite  rivière  du  Royaume  de  Naples.  vE/ir, 
yiifarus.  Elle  coule  dans  la  Calabre  Ultérieure,  &C 
ie  décharge  dans  la  Mer  Ionienne  ,près  de  Cortone. 
Maty. 

ÉSAURILLER.  Foye^  ESSORILLER. 


ESBAHIR. 

ESBAhISSEMENT. 

ESBANicR. 

ÊSBANOl. 

S'ESBANOYER. 

ESBARBER. 

ESBAT. 

ESBATTEMENT, 

S'ESBATIRE. 

ESBAUBI. 

ESBAUCHE. 

ESBAUCHER. 

ESBAUCHOIR. 

ESBAUDI. 

ESBAUDIR. 

ESBALÎDISE. 

ESBAUDISSE- 

M  EN  T. 
ESBLOUIR. 
ESBLOUISSANT. 
ESBLOUISSE- 

MENT. 
a  longitude;  ES  BONN  ER. 

Iesborgner. 


Le  Bégiierbéglic  ,   ou  Gouvernement  d'iBY^era/iiESBOUFFLER. 
eft  dans   la  Turcomanie  ,  traverfé  par  l'Euphrate.  '  ESBOUILLIR. 
Ceft  un  des  Gouvernemens  généraux  ,  qui  en  ren-;ESBOULEMENT 
ferme  douze  particuliers ,  appelés  Sangiacats  \   &c  ESBOULER. 
Er^erum  ,  dont  il  prend  le  nom  ,  en  eft  la  capitale.  ESBOULIS. 


E  S. 

ES.  Tous  les  mots  quicommençolent  autrefois  par  esj 
de  où  Ve  ne  fe  prononçoit  pas ,  comme  esbduchtr  , 
efmotion,ejcnre  ,  ejî're ,  &c.  s'écrivent  aujourd'hui 
fans  aucune  diftitu^iion  par  :  ,  ou  é ,  ou  c.  Ceft  une 
orthographe  généralement  autorifée^  confirmée  par 
le  nouveau  Diétionnairede  l'Académie.  Ainfiil  faut 
écrire  ,  ébaucher,  éniMon  ,  écrire  ,  être  ,  &c.  &  on 
ne  conferve  plus  \'s  que  dans  les  mots  où  elle  fe 
prononce. 

Plufieurs  mots  François  qui  commencent  par  es 
ont  été  pris  des  langues  étrangères  :  ils  commen- 
cent dans  ces  langues  par  une  s  ;  &  les  François  , 
pour  adoucir  la  prononciation  ,  ont  ajouté  un  e  au 
commencemant  du  mot  ;  &  dans  quelques-uns  mê- 
me on  ne  prononce  point  1'^  ;  Efprit,  du  Latiny^i- 
ritus:^  E /cadran  ,  de  \' [z:i\ien  fquadrone  ;  dans  ces 
deux  mots  Vs  fe  prononce  :  Efpaule  ,  du  f  pal  la  :  l'^ 
ne  fe  prononce  pas  dans  le  mot  efpaule  ,  &  mainte- 
nant on  la  retranche,  en  écrivant,  épaule. 

ES.  Ce  mot  s'eft  fait  par  «ftntraôtion  de  la  propofition 
en  ,  &  de  l'article  plurier  les  ,  pour  fignifier  c/ans 
les  ,  ou  du  Grec  U  ou  in  ,  in,  en.  Il  n'a  maintenant 
plus  d'ufage  qu'en  cette  phrafe  ,  Maure  es  Arts. 
&c  en  quelques  autres  qui  font  purement  du  ftyle  da 
Pratique  ;  comme  lorfqu'on  dit  j  II  y  eft  obligé  par 
un  acte  paifé  es  études  dc'i  Notaires  .■  ce  que  l'on 
ne  peut  imiter  qu'en  riant.  On  dit  maintenant  aux, 
à  la  place  de  es  qu'on  difoit  autrefois.  Notre  Père 
qui  êtes  aux  Cieux,  dans  les  Cieux  ;  au  lieu  de  Notre 
père  qui  eftes  es  Cieux.  1 


ESBOURGEONNE- 
MENT. 

ESBOURGEON- 
NER. 

ES  BRANCHE- 
MENT. 

ESBRANCHER. 

ESBRANLEMENT. 

ESBRANLER. 

ESBRASEMENT. 

ESBRECMER. 

ESBRENEll. 

ESBRUITER. 


E  S  B. 

S  ÉBAHIR. 
EBAHISSEMENT. 
EBANIER. 
EBANOL 
S'EBANOYER. 
EBARBER. 
EBAT 

EBATTEMENT. 
S'EBATRE. 
EBAUBI. 
EBAUCHE. 
ÉBAUCHER. 
EBAUCHOIR. 
EBAUDI. 
EBAUDIR. 
EBAUDISE. 
E  BAUD  ISSE-. 

MENT. 
ÉBLOUIR5 
EBLOUISSANT. 
roye^.KE  B  L  O  U  I  S  S  E- 

M  E  N  T. 
EBONNER. 
EBORGNER. 
BBOUFFER. 
EBOUILLIR 
EBOULEMENT. 
EBOULER. 
EBOULIS. 
EBOURGEONNE- 

MENT. 
ÉBOURGEON- 

NER. 
ÉBRANCHE- 

M  E  N  T. 
ÉBRANCHER. 
ÉBRANLEMENT. 
^ÉBRANLER. 

ÎEBR  A  SEMENT. 
ÉBRÊCHER. 
EBRENER. 
ÉBRUITER. 

ESC. 


ESCABEAU,  f.  m.  ou  ESCABELLE.  f  f.  Petit  fiége  de 
bois  qui  eft  carré  ,  dont  on  fe  fervoit  autrefois  pour 
s'affeoir  à  table  ,  qui  n'eft  ni  couvert ,  ni  rembour- 
ré, &  qui  n'a  ni  br.as  ni  dollier.  Scabellum.  Ceft  de- 
là qu'on  appelle  les  écotnifleurs  ,  piqueurs  d'efca- 
belle ,  parce  que  ïefcabelle  ne  fervoit  guère  qu'à  la 
table. 

Sur  une  efcabelle  commode 

Il  place  mon  bœuf  à  la  mode. De  Malezieu. 

On  dit  figurément  &  familièrement ,  Déranger 
les  efcabelles  à  quelqu'un  ,  pour  dire  ,  Rompre 
toutes  fes  mefures,  mettre  du  défordre  dans  £qs 
affaires. 

On  dit  ,  proverbialement ,  Remuer  les  efcabelles. 


r 


1,SC 

pour  dire  ,  Déménager  j  ic  figurément ,  CRanger 
d'état ,  de  fortune,  de  firuarion. 
Escabeau  j  lignihe  aiilli  quelquetois  j  Marche-pied  , 
ou  un  petit  liége  de  bois  fur  lequel  on  peut  monter 
pour  s'élever  plus'  haut.  Ainfi  le  Prophète  Royal  a 
dit,  Julqu'à  ce  que  j'aie  rendu  tes  ennemis l'e/tiZ- 
/^L\7u  de  tes  pieds  ■,  qu'ils  te   fervent    de  marche- 
pied. 
ESCABLON.  t.  m.  Terme  d'Architeéture.  ScamUlus. 
Efpèce  de  piédeltal  fur  lequel  on  metdesbuftes  dans 
les  galeries  &:  cabinets  à<is  curieux.  Il  eil  haut  de 
trois  pieds  j  &  va  en  diminuant  par  le  bas.  Il  eft 
d'ordmaire  de  marbre.    On   en  fait  aulli  de  bois 
marbré. 
ESCACHE.  f.  f.  Terme  d'Eperonnier  &  de  Aianège. 
Nuc'ijrangibuLum.  Pomey.  Ceft  une  eipèce  d'embou- 
chure, ou  de  mords  de  cheval ,  qui  e(t  différente  du 
canon  ,  en  ce  qu'elle  elf  plus  en  ovale  tjue  le  canon 
qui  efi;  rond  \  que  ïejcache  elf  arrêtée  à  la  branche 
parim  chaperon  qui  entoure  le  banquet.  Elle  tient 
aulli  la  bouche  plus  lujette  que  le  canon  ;  &  les  fi- 
lets fe  font  d'ordinaire  à  e/tat/zir.  On  compte  quatre 
iortes  à'ejcdchcs  :  celle  à  pignatelle  ,  celle  à  bavette, 
celle  à  bouton  &  l'e/cache  montante. 
ESCACHEMENT.      ^  rECACHEMENT. 

ESCACHER.  >>'-'<^y^ï<  ECACHER. 

ESCACHEUR.  )  (ECACHEUR. 

ESCADES.  f.  f.  pi.  Sorte  de  marchandifes  dont  il  eft 
parlé  dans  le  chapitre  II.  de  la  Pancarte  de  la  Pré- 
vôté de  Nantes.  Elles  font  du  nombre  de  celles  qui 
ne  paient  pas  le  droit  du  Quarantième  j  mais  dont 
le  droit  ell  fixé  a  2  f.  6.  d.  par  ballot  de  150  liv. 
pefant. 
ESCADRE,  f.   f.   Pdrs  duffis  j  dajjïs  minor.  Partie 
d'une  armée  navale  j  compofée  d'un  nombre    de 
vaiffeaux   de  guerre    commandés   par  un  Officier 
Général,  foit  Lieutenant- Général  ,  foit  Chefd'Ef- 
cadre.  On   le  dit  aulli  -  bien  des  galères  que  des 
vailî'eaux.    On   le  dit    aulli  de   trois  divifions  qui 
compofent  dans  un  ordre  de  bataille  l'avant  garde  j 
le  corps  de  bataille  ,  &  l'arrière-garde.  On  emploie 
plus  communément  dans  ce  fens  le  terme  de  divi- 
îion.  L'Efcadre  blanche  ,  VEfcadrc  bleue.  Un  petit 
nombre  de  vaiireaux  qui  fait  un  corps,  &  a  le  même 
Commandant ,   peut  le   nommer  Efcadre.  S'il  y  a 
un  grand  nombre  de  vaillèaux  ,  on  fait  trois  Efca- 
dres  \  &  fi  les  Efcddres  font  bien  nombreufes ,  on 
divife   encore   chaque  Efcadre  en    trois  divifions. 
Pomey  prend  z\\'\'î\  Efcadre  ,  pour  une  troupe  de  fol- 
dats  ,  militum  globus  j  manipulas.   Efcadre  ne  fe  dit 
point  en  ce  fens. 
ES(^ADRON.  f.  m.  âgmen  equeflre  ,  turma  equejiris. 
Corps  de  Cavalerie  rangé  en  ordre  pour  combat- 
tre ,  foit  dans  une  bataille  ,  foit  dans  une  rencontre. 
Il  eft  compofé  de  trois  rangs ,  &  ell  d'ordinaire  de 
1 10  maîttes  j  quelquefois  de  deux  cens ,  ou  de  150. 
On  les  compte  ordinairement  à  cent  Cavaliers  ef- 
fedifs ,  mais  il  n'y  a  rien  de  bien  déterminé  là 
dellus  ;  &  le  nombre  des  hommes  ,  celui  des  rangs 
&  des  files  varie  fouvent ,  fuivant  les  circonftances. 
Il  y  avoir  tant  d'e/ciZûfra/zj  de  Cavalerie  ,  &tantde 
bataillons  d'Infanterie  pour  compofer  cette  armée. 
On  met  enfemble  plufieurs  compagnies  pour  former 
un  ef cadran.  • 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  fquadrone  ,  qui  vient 
du  L.n\nf(juadro,(\aon  a  dit  pour  quadro.  On  difoit 
au  (lècle  paffé  (au  XVIe  fiècle  )fquadion  pour  efca- 
dron.  MÉN.  Du  Cange  le  dérive  àt  fcara  ,  qu'on  a 
dit  dans  la  baffe  Latinité.  En  vieux  François  on 
difoit  efquière  ,  d'où  les  Italiens  ont  (m  fquierre. 
Dans  la  première  origine  ,  Vefcadron  étoit  toujours 
carré  ,  îc  les  Latins  l'appellent  agmen  quadracum  , 
qui  fe  difoit  de  l'Infanterie  j  auffi-bien  que  de  la 
Cavalerie. 
EscADROi-i ,  fe  dit  figurément  de  plufieurs  perfonnes 
unies  cSc  liées  enfemble  pour  foutenir  un  même 
parti  dans  les  occafions. 
Escadron  volant.  Faétion  de  Cardinaux,  qui  dans 
un  Conclave  font  protelfion  de  n'être  attachés  à 


E  se 


8; 


aucune  Couronne  ,  de  iVembraffer  les  intérêts  d'au- 
cune Cour.  Cette  faction  commença  au  Conclave 
où  le  Cardinal  Chigi,  qm  pat  l,.  ;,o,-^  d'Alexan- 
dre VIL  fut  élu  Pape.  Elle  a  duré  plufieurs  Con- 
claves fuivans.  On  a  aulîi  donné  quelquefois  ce  nom 
à  Malthe  ,  à  quelque  parti ,  dans  l'Allèmblée  pour 
l'éleélion  d'un  Grand- Maître. 
Escadron  ,  fe  dit  auffi  dans  le  ftyle  comique  &  faty- 
rique  ^  pour  plufieurs  perfonnes  jointes  enfemble. 
Ainfi  Boile.iu  a  dit  un  efcadron  de  plaideurs  «Se  il 
appelle  plaifamment  une  troupe  de  femmes,  un 
efcadron  cocfîé. 

//  trouve  de  Pedans  un  eiczàton  fourré.  Id. 

Et  par-tout  des  plaideurs  Us  efcadrons  épars 
Eaire  autour  de  Themls  voler  fes  ctendarts.  Id, 

ESCADRONNER.  v.  n.  Se  ranger  en  efcadron  ,  oiî 
faire  les  différentes  évolutions  militaires  qui  appar- 
tiennent à  la  Cavalerie.  Procedere  turmatim  :  in  ag- 
mcn  équestre ,  in  turmam  equestrem  convenire.  Ceité 
compagnie  efcadronne  avec  celle-là,  c'cft-à-dire , 
qu'elles  fe  joignent  pour  former  un  même  efca- 
dron. 
EscADRONNER,  fignifie  au  figuré  ,  S'accorder ,  être 
d'intelUgence.  Ces  deux  Officiers  font  brouillés  , 
ils  VLefcadronnent  pas  bien  enfemble.  Non  benè  con~ 
veniunt  ,  non  convenu  inter  ipfos.  Cela  ne  fe  dit 
qu'en  badinant. 

ESCADRONNISTE.  f.  m.  Terme  de  Faction.  Nom 
qu'on  a  donné  en  Italie  à  des  Cardinaux  unis ,  lies 
enfemble.  Fœderatus ^  Confentiens  ^  Cun/pirans.  Ls 
peu  d'inrelligence  qu'il  y  avoir  entre  lui'&  les  Car- 
dinaux de  la  création  d'Innocent  X.  qu'on  appeloit 
alors  le  Efcadronnistes.  L'Ab.  RÉg. 

ESCAETE.  Termes  de  Coutumes.  Héritages ,  on 
rente  non  noble  qui  eft  de  la  fuccefi!ion  des  prédé- 
ceffeurs  de  ceux  à  qui  il  appartient. 

ESCAFIGNON.  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  fignifioic  au- 
trefois une  chauirure  légère ,  comme  efcarpin  ,  ou 
chaufFure.  Maintenant  il  ne  fe  dit  qu'en  mauvaife 
part  J  de  la  puanteur  qui  s'exhale  des  pieds  de  ceux 
qui  ont  beaucoup  marché.  Cela  fent  Vejcafianon 
c'efl-à-diie  ,  le  pied  de  Mellager  ,  ou  fent  mauvais! 
Terme  populaire. 

Ce  mot  vient  àtfcafa  ^  parce  que  les  fouliers  de 
ce  remps-li  étoient  faits  en  forme  de  petits  vaif- 
feaux ,  &  avoicnt  une  pointe  qui  s'avançoit  fore 
loin  au-delà  du  pied  ^  qu'on  appeloit /'o/^/tzj«e  ,  à 
l'imitation  de  la /•oaAzi^e  des  navires.  /^c)_>e?  Pou- 
laine. 

ESCAIT.  f.  m.  Mefure  fervant  à  l'arpenrage,  qui  eft 
en  ufage  en  divers  endroits  de  la  Généralité  de 
Bourdeaux.  Elle  eft  plus  ou  moins  grande ,  félon  les 
lieux. 

ESCALADE,  f.  f.  Affaut  qu'on  donne  brufquemenc 
avec  des  échelles  à  une  ville  ou  à  un  ouvrage  qu'on 
veut  f  urprendre.  Admotio  fcalarum  ad  muros  ,  ap- 
plicatio.  Les  villes  ne  fe  prennent  plus  guère  par  ef- 
calade  ,  depuis  qu'elles  font  flanquées.  Les  Géans 
vouloient  prendre  le  Ciel  par  efcalade. 

iP' ESCALADER,  v.  a.  Ceft  dans  l'Art  Militaire, 
attaquer,  emporter  par  efcalade  ,  c'eft-à-dire  j  en 
franchiffant  les  murs  ou  les  remparts  avecdes  échel- 
les. f/tWc^o'e/- une  ville.  La  place  fut  efcaladée  en 
plein  jour.  Les  Géans  voulurent  e/ca/iîû'e/-le  Ciel.  Jd- 
movere  ,  applicare  fcalas  ;  fcalis  admotis  invadere. 
fer  On  dit  auffi  efcalader  une  maifon  ,  monter 
dans  une  maifon  avec  des  échelles.  Ejcalader  une 
muraille  ,  la  franchir  avec  une  échelle.  Les  voleurs 
ont  efcalade  ca  château. 

ESCALADE,  Ée.  part.  SC  adj.  Scalis  admotis  oc- 
cupatus. 

ESCALBORDER.  v.  n.  Vieux  mot.  Monter  ,  par- 
venir. 

ESCALE,  f.  m.  On  nomme  ainfi  fur  l'Océan  ,  les 
ports  où  abordent  les  navires  pendant  leurs  voyages  , 
foit  pour  rafraichiffement  ou  autres  chofes  nécef- 


831  ESC 

faires  ,  foit  pour  y  décharger  partie  de  leur  fret, 
ou  pour  recevoir  des  marcliandifes  dans  leur  bord. 
f^oyti  EcALE. 

Escale.  EÛ  une  machine  dont  on  fe  fert  pour  appli- 
quer le  pétard. 

ESCALEMBERG,  ou  COTON  DE  MONTAGNE. 
C'eft  une  forte  de  coton  qui  vient  de  Smyrne  par  la 
voie  de  Marfeille. 

ESCALER.  roye:i  EGALER. 

^  ESCALIER,  f.  m.  Sca/^  gradus.  Partie  du  bâti- 
ment où  font  pratiques  les  degrés  ou  marches  qui 
fervent  pour  monter  aux  différens  étages  d'une 
maifon  ,  ëc  pour  en  defcendre.  On  le  du  audi  en 
parlant  d'une  terralle  ,  des  degrés  qui  fervent  à 
monter  (Se  à  defcendre.  Le  mot  d'e/cd/ier  comprend 
avec  les  degrés  tout  le  bâtiment  qui  les  contient. 
Caill.  On  fait  des  efcaliers  à  deux ,  quatre  noyaux , 
en  Umace  ,  &:  à  plufieurs  paliers.  Il  y  a  des  efc.i- 
llers  ronds  &  fans  noyau  ,  comme  la  vis  Saint 
Gilles ,  &c.  Il  y  a  un  efcalier  dérobé,  un  efcalierdé- 
gagé  à  côté  du  grand  efcdUer.  Les  rampes  ,  les  pa- 
liers d'un  efcalLer.W  faut,  pour  être  beaux,  que 
les   ejc.iûsrs    foient   bien  éclairés.  Vitruv.  Abr. 

|CJ'  EscALitR  ,  degré  ,  montée  ,  étoient  autrefois  en 
ufage.  Degré  eÙ  aujourd'ui  un  terme  bourgeois  , 
&  montée  un  terme  populaire. 

DuCange  dérive  ce  mot  de  efcalarium  ,  qn'on  a 
du  dans  le  même  fens  dans  la  balfe  Latinité. 

On  appelle  efciutr  à  vis  ,  ceux  des  maifons 
nioyjnnes  qui  participent  de  la  vis  &  de  Xejcalier. 
Ejcaiier  drou  &  fans  contours.  EfcaUer  à  repos  ^  ef- 
calkr  hors  d'œuvre  ,  &c. 

Marm  Lcgeret  a  publié  en  KÎ91.  la  manière  de 
conLhuire  des  ej'calicrs  de  bois  ,  compoiés  de  cour- 
bes rampantes.  En  1711.  un  Gentilhomme  Breton 
donna  une  méthode  générale  pour  tracer  des  cour- 
bes  lampantes  de  bois  ,  propres  à  la  conftrudion 
des  efcaitcrs,  teh  qu'ils  font  piéfentement  àla  mode. 
Ils  ont  pris  l'idée  de  ces  méthodes  fur  le  principe 
du  quartier  de  vis  fufpendu  ,  duquel  le  P.  Dérand  , 
Jéfuite  ,  fait  mention  dans  fon  Livre  de  la  Coupe 
des  pierres  ,  ou  de  l'Architedure  des  voûtes  ,  p.  415. 
Ces  efcaliers  à  rampes  courbes  ,  évidés  par  le  mi- 
lieu ,    s'appellent    par   les  Ouvriers  ,    efcaliers  à 
noyaux  vides  j&  plus  communément  ç/ci?/zerj  à  jour. 
Leur  plan  eft  ou  en  rond  ,  ou  en  ovale  j  ou  en  fer  à 
cheval ,  &c.  Ceux  dont  le  plan  eft  rond  ,  ou  qui 
font  en  rond  ,  évidés  par  le  milieu  j  s'appellent  ef- 
caliers en  puits. 
EscALiFR.  Coquillage.  Fojyeç  CADRAN.  _ 
ESCALIN.  f  m.  Schelinus.  Petite  monnoie  d'argent 
valant  environ  fept  fous  monnoie  de  France  j  qui  a 
cours  aux  Pays-Bas  &  ailleurs. 
ESCALONE,  ouESCALONA,  comme  en  Efpagnol. 
Bourg  avec  un  Château  ,  dans  la  Nouvelle  Caf- 
tille  en  Efpagne.  Efcalona.  Efcalone  eft  fitué  fur  la 
rivière  d'Alberche  ,  à  neuf  lieues  de  Tolède  ,  du 
côté  du  couchant.  Efcalone  a  titre  de  Duché. 
ESCAMITE.  f  f.  Sorte  de  toile  de  coton  qui  fe  tire 
du  Levant  par  la  voie  de  Smyrne.  Elle  fe  fabrique 
àMénémen,  aullî-bien  que  les  Demites. 
ESCAMOTÉ,  f.  f.  C'eft  un  terme  de  Joueurs  de  Go- 
belets ,    qui   fi  Tuifie   une  petite   balle    de  liège , 
qu'on  prend  fubtilement  entre  les  doigts.  Subereus 
globulus. 
ESCAMOTER,  v.  a.  Terme  de  Joueurs  de  Gobelets. 
C'eft  ,  Prendre  fubtilement  entre  les  doigts  l'efca- 
mote  ,  pour  en  faire  quelque  tour.  Faire  difparoî- 
tre  quelque  ch ofe  par  un  tour  de  main  fans  qu'on 
s'en  apperçoive.  Suhereis  globulis  ludere. 
Escamoter  ,    fignifie  aulli  ,   Voler   fubtilement  & 
avec  adrelfe.  Furari ,  Jubducere ,  fuffurari.  Il  eft  en- 
tié  un  filou  qui   m'a  efcamcté  une  montre ,  fans 
que  je   m'en  fois  apperçu.  Ce  Gafcon  fe  vante  de 
favoir  d/ciî/worer  les  filles.  Corn.  On   vous  efcamo- 
tera  l'honneur  Je  ma  conveifion.  S.  Evr.  On  a  dit 
autrefois  corbiner -,  c'eft- à -dire  ,  dérober  en  cor- 
beau ,  au  lieu  d'efcamoter. 


ESC 

Escamoter,  fignifie  aulfi.  Tromper  au  jeu  par  quel- 
que habileté  de  muin  ,  comme  en  dérobant  ik.  chan- 
geant des  dez,  enluppofant  des  cartes  ,  ou  en  les 
mêlant  adroitement. 

^fT  Escamoter  ,  eft  auffi  un  terme  ufité  parmi  les 
Brodeurs  au  métier,  &  fignifie  faire  difparoître 
par  le  moyen  d'une  aiguille  les  bouts  d'or  ou  de 
loie ,  en  les  tirant  de  deifus  l'ouvrage  en  dellous. 

Escamote,   ee.  Clam  ereptus  ^  fubducius. 

gC?  ESCAMOTEUR,  f  m.  Au  propre  celui  qui  efca- 
mote.  Fr&fligiator.  Et  par  extendon ,  celui  qui 
prend  avec  adrelfe  &  fubtilité.  C'eft  un  grand 
Efcamoteur. 

On  dit  efcamoter,  &  efcamoteur ,  en  parlant  en 
général  de  ceux  qui  trompent  adroitement  les  au- 
tres ,  &  leur  emportent ,  leur  enlèvent  quelque 
chofe  ,  foit  au  jeu  ,  foit  ailleurs. 

ESCAMPATIVOS.  adv.  Terme  populaire  j  qu'on  em- 
ploie pour  lignifier  qu'un  homme  s'enfuit ,  fe  dé- 
robe lecrétement.  Ce  banqueroutier  a  fait  efcampa- 
tivos  J  a  pris  de  la  poudre  d'ejiampativos. 

Faire  des  efcampativos.  S'échaper  j  fortir  à  la  dé- 
robée, s'elquiver  en  cachette  ,  fe  couler  douce- 
ment èc  fans  bruit  hors  d'un  lieu.  Ah!  je  vous  y 
prends  donc.  Madame  ma  femme,  &  vous  faites 
des  ejiampativos  pendant  que  je  dots.  Mol.  Geor- 
ges Dandin.  On  lit  ejcamp^:tinus  dans  Furetière  : 
Ta  faute  vient  apparemment  de  l'Imprimeur  ,  qui 
a  pris  \'u  du  Manufcrit  pour  une  n.  Cette  faute  a 
pallé  jufques  dans  le  Diâiohnaire  François  &  Latin 
de  Danet. 

ESCAMPER.  V.  n.  S'enfuir  habilement.  Proripere  fe  , 
aujugere  ,  fubducere  fe  fugù.  Quand  cet  homme  a 
vu  que  les  Sergens  le  cherchoient  ,  il  a  bientôt 
cfcampé.  Ce  mot  eft  bas  ,  &  vient  du  Latin  ex  &C 
campus  ,  comme  qui  diroit yôrrir  du  champ. 

ESCAMPETTE,  f  f.  Il  n'a  d'ufage  qu'en  cette  phrafe. 
populaire  ,  Prendre  de  la  pondît  à' efcampette ,  pour 
dire  ,  S'enfuir. 

ESCANDILLONNAGE.  f.  f.  Terme  de  Coutumes. 
Droit  àa  aux  Seigneurs  pour  la  vifite  ,  l'examen  ôc 
l'étalonage  des  mefures  &  des  poids.  Ce  mot  vient 
d'échantillon  ,  qu'on  difoit  autrefois  pour  étalon. 
Voyei  Echantillon  ,  EcHANTiLLER  ,  Echantil- 
lonner. 

ESCANDOL A.  C'eft  dans  une  galère  la  chambre  de 
TArgoufin.  Ce  mor  vient  à'ejcandula  ;  &  les  marins 
Levantins  appellent  efcandolacQ  que  nous  appelons 
ordinairement  échandole.  Foye\  Echandûle. 

ESCAP.  f.  m.  Terme  de  Fauconnerie.  Faire  efcap  si 
un  oifeau  ,  c'eft  lui  faire  connoîtie  fon  gibier. 
Pr&dam  indicare. 

ESCAPADE,  f  f.  Adbion  d'emportement ,  de  liberti- 
nage ,  échapée.  Cet  écolier  a  pris  de  l'argent  à  fon 
père  ,  &:  eft  allé  voyager  ,  il  a  lait-là  une  jolie  efca- 
pade.  Cette  femme  eft  fujete  à  fe  dérober  d'avec  fon 
mari  ,  elle  a  fait  déjà  deux  ou  trois  efcapades.  C'eft  à- 
peu-près  la  même  chofe  que  équipée ,  excepté  que  Vef- 
capade  femble  marquer  qu'on  s'eft  enfui  qu'on  s'eft 
cchapé  :  cependant  cela  n'eft  pas  nécellàire  ;  Sc 
comme  on  dit  qu'un  homme  s'eft  échapé  à  faire 
ou  à  dire  quelque  chofe  qui  eft  contre  fon  devoir, 
on  peut  dite  aufli  dans  le  même  fens ,  qu'il  a  fait 
une  efcapade.lAûs  séchapei,e[t  du  ftyle  férieux,  Sc 
peut  fe  dite  par-tout;  efcapade  n'eft  que  du  bur- 
lefque  ,  ou  de  la  converfation  familière. 
Escapade,  fe  dit  aullî  en  termes  de  Manège,  de 
l'adlion  fougueufe  &  emportée  d'un  cheval  qui 
n'obéit  point  au  Cavalier. 
ESCAPE,  f.  f.Terme  d'architeéture.  C'eft  la  partie  de 
la  colonne  qui  pofe  fur  la  bafe  ,  &  qui  lait  le  com- 
mencement du  ivLi.Scapus.  Quelque  fois  on  le  prend 
généralement  pour  tout  le  fut  de  la  colonne.  Blon- 
del  appelle  aufti  efcape  ,  ou  nacelle  ,  un  demi-creux 
qui  eft  moitié  moindre  que  la  yZo^/V.  On  l'appelle 
Siu^i  chanfrein. 
ESCARBALLE.  f.  f.  Nom  que  l'on  donne  aux  dents 

'      d'éléphant,  du  poids  de  vingt  livres  &  au-deftous. 

i  ESCARBILLAT .  ate.  adj.   &  fubft.  Terme  popu- 
laire , 


ESC 

laire,  qui  figniiîe  Gai ,  enjoué  ,  &:  fe  prend  quel- 
quefois en  mauvaife  partj  pour  un  homme  un 
peu  eTcroc.  Fejllvus  j  iiilaris.  Entant  EjcarbiUat.  Ne 
vous  liez  pas  trop  à  cet  homme-là  :  c eft  un  efcarh'd- 
lac ,  il  joue  des  tours  de  palFepade.  Plulieurs  di- 
fent  Ejcarbiliard. 

Borel  dit  qu'il  fignifie  gentil,  mignon,  à  qui  on 
a  ajullé  les  cheveux  &  paré  le  vifage  :  car  il  pré- 
tend que  ce  mot  vient  de  hara  ^  qui  lignitioit  vi- 
fage  y  parce  qu'on  difoit  autrefois  j  Jcarabillat. 
ESCARBIT ,  f.  m.  Terme  de  Marine.  Petit  inftrument 
de  bois  creufé  ,  pour  tenir  de  l'étoupe  mouillée  ,  & 
tremper  les  ferremens  du  Caltateur ,  lorfqu'il  tra- 
vaille. 
ESCARBOT,  f.  m.  Efpèce  d'infeite  qu'on  nomme 
en  général  fcharah^ui  Camharus  ,  îk  particulière- 
ment celui  qu'on  appelle  yo«^//e/72er(fd.  Stercorarius. 
L'djcirl'o:  a  les  os  en  dehors  ,  &  les  chairs  en  de- 
dans 5  comme  a  remarqué  Swammerdam  ,  aptes 
l-abricius  ab  Aquapendcnte  ;  &  fes  mufcles  ibnt 
femblables  à  ceux  des  grands  animaux  qui  ont  du 
fang.  Les  différentes  elpèces  d'ejc^rboc  le  jugent 
par  la  différence  de  leurs  cornes.  Il  y  en  a  un  qu'on 
nomme  efcarl'ot-licorne  j  à  caufe  qu'il  a  une  corne 
lur  le  nez  qui  fe  courbe  quelquefois  en  arc  vers 
les  épaules.  On  le  nomme  en  Latin  naficjrnls.  On 
peut  taire  voir  de  petits  poux  qui  s'attachent  à  Ion 
corps  j  &  cet  animal  le  forme  de  la  groffe  forte 
de  ce  ver  qui  s'engendre  dans  le  bois ,  qu'on  nomme 
tojjus.  Hoetnagel  donne  les  ligures  de  vingt  fortes 
dc'/iarl'ots  ordinaires,&  de  lept  extraordinaires.  Gœ- 
dard  en  décrit  dix-neut  loites ,  &c  Swammerdam 
trente  deux  fortes.  Il  y  en  a  de  longs ,  de  courts  , 
de  ronds,  de  découpés,  ou  fendus,  de  colorés, 
de  velus  ,  de  farineux  comme  les  papillons.  Il  y 
en  a  dont  la  furface  du  corps  eft  inégale  Se  parfe- 
méc  d'yeux  &  de  petites  taches.  La  plupart  des 
efcurbots  ne  volent  que  la  nuit.  Il  y  a  auiii  un  ef- 
carhot-mouche  qui  bat  des  ailes  avec  une  vitelîe  in 
croyable.  Il  y  a  des  ejcurbuts  verts  &  dorés  ,  fort 
puans, quilontdesefpecesdecantharides.il  y  a  encore 
des  tjcjrbotsfautereliei,  qui  après  avoir rellerré  ou  ra- 
malfé  enfemble  la  tête  &  la  poitrine  j  tont  un  faut 
en  alongeant  le  corps.  Il  y  en  a  qui  rendent  un  fon 
fi  clair ,  que  quelques-uns  ont  cru  la  nuit  que  c'é- 
toit  la  voix  de  quelques  Lutins  ,  ou  Efprits  folecs. 
On  nomme  cette  efpèce  efcarbot  bruyant.  Swam- 
merdam  l'appelle  yo/z^ctf/'A^^/«J  ,  à  caufe  qu'il  rend 
ce  fon  par  le  mouvement  de  fa  tête^  en  la  frot- 
tant contre  fa  queue,  ou  fon  ventre,  ou  les  écail- 
les dont  fes  ailes  font  revêtues.  Il  y  en  a  un  autre 
qui  relfemble  à  des  tortues ,  qu'on  appelle  tejludi- 
natus  ;  &  un  autre  qui  a  la  queue  faite  en  aiguil- 
lon ,  qu  on  appelle  aculeatui  ,  qui  eft  tort  particu- 
lier. Il  y  a  une  lorte  d't^'2jr/5or  qu'on  trouve  auprès 
des  fours  ,  &  dans  les  ordures  des  cuilines ,  que 
Moufet  appelle  blattd.  Il  y  en  a  encore  fix  fortes  , 
dont  le  nez  reffemble  à  celui  d'un  pourceau,  &  on 
les  noxwmQ pourceaux  volans.  Il  y  en  a  un  autre  qu'on 
appelle  jiaph'dïnus  ,  ou  dévorant ,  qui  fe  rue  fur  les 
vers  de  terre  y  les  tue  ,  &:  en  fuce  la  fubltancc.  Il 
y  a  un  efcarbot  cornu  &  volant  ,  qu'on  appelle 
cer-volant ,  en  'Laixw  fcarahitus-taurus  ,  on  lucanus 
Le  grillon  eft  une  efpèce  à' efcarbot ,  rxowivnh.  fcara- 
bttus  grïllus  ,  qu'on  trouve  dans  les  prez  &:  dans  les 
foyers.  Il  y  en  a  un  autre  marquette  de  taches  blan 
ches  ,  qu'on  r\om\r\z  fcarab£us  fui lo. 

Les  Egyptiens  rendoient  les  honneurs  divins  à 
Xefcarbot.  On  en  trouve  encore  aujourd'hui  en 
Egypte  une  infinité  de  figures  qui  délignent  claire- 
ment ce  culte.  On  en  voit  qui  repréfentent  un  e/^ 
car^of  avec  la  tête  du  foleil  rayonnant.  Dans  la  ta- 
ble Ifiique  on  voit  un  efcarbot  avec  une  tète  d'Ifis. 
LesBafilidiens  qui mettoient dans  leurs  Abraxas,ou 
pierres  magiques  toutes  les  divinités  des  Egyptiens, 
ne  manquoient  pas  d'y  mettte  aulîi  {'efcarbot. 

Ménage  dérive  ce  mot  àt  fcarabutius  j  diminutif 
de  fcarabdus. 
ESCARBOUCLE.  f.  f.  Carbunculus,  Il  faut  prononcer 
Tomi  III» 


ESC  S^5 

Vsy  quoique  bien  des  gens  ne  le  falTent  pas ,  &  que 
Pomey  &  Rochetort  l'écrivent  lans  s  ,  ecarboucie. 
C'eft  une  pierre  précieufe  dont  Pline  &  plufieurs 
autres  ont  dit  beaucoup  de  merveilles.  Ce  n'eft  en 
effet  qu'un  gros  rubis  ou  grenat  rouge  ,  brun  &  en- 
foncé, tirant  lut  le  fang  de  bœuf,  qui  jette  beau- 
coup de  feu.,  fur-tout  quand  il  eft  en  cabochon  & 
chevé.  On  a  voulu  faire  accroire  que  ïeJcarboucU 
venoir  d'un  dragon.  'Varioman  dit  que  le  Roi  du 
Pégu  n'ufoit  point  d'autre  lumière  la  nuit  pour  fe 
faire  voir  que  de  fon  efcarboucie,  qui  rendoit  une 
lumière  auHi  vive  que  celle  du  foleil.  Cela  ne  s'eft 
pas  trouvé  véritable.  Cette  pierre  a  la  dureté  de 
i'émeraude  Orientale  j  &  quelques-uns  l'eftimenc 
le  plus  après  le  diamant. 

Son  nom  lui  vient  du  Latin  carbunculus  ,  comme 
qui  diroit  charbon  ardent  \  &  pour  cela  ks  Grecs 
l'appellent  «►«ç4j  qui  lignifie  charbon.  Pline  parle 
de  Vefcarboucle,  Livre  XXXVII.  chapitre  7.  Hc  en 
diftingue  douze  fortes. 

EscARBoucLE  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  des  Écus 
chargés  d'une  pièce  qui  eft  divifée  en  huit  rais  ^ 
dont  quatre  fe  difperfent  en  forme  d'une  croix  ordi- 
naire, &  quatre  autres  en  forme  d'un  fautoir.  Carbun- 
culus tefjerarius ,  dijlincius  raiiis.  Ces  rais  font  ap- 
pelés par  quelques-uns  bâtons  ■,  à  caufe  qu'ils  font; 
ronds  &  enrichis  de  boutons  ou  pommettes  per- 
lées ,  comme  les  bourdons  des  Pèlerins ,  &  ibnt 
fouvent  bornés  d'une  fleur  de  lis.  Quelques-uns  les 
z^^tiWenc  fceptres  royaux  ^  pofés  en  fautoir,  pal, 
&  tace.  Les  anciennes  armes  de  Navai  re  étoient  de 
gueules  aux  ïùsà'efcarboucle  ^  accollés  &  pommet- 
tes d'or. 

ESCARBOUILLER.  Foye:[  ÉCARBOUILLER. 

ESCARCELLE  ,  f.  f.  Grande  bourl'e  de  cuir  a  l'anti- 
que ,  qui  fe  fermoir  à  relfort  avec  du  fer.  Crumenct 
fcortea. 

Escarcelle,  fe  dit  dans  le  ftyle  familier,  plaidant  j 
burlefque  j  de  la  poche  &  de  la  bourfe  en  généraL 
Fouiller  dans  Ion  efcarcelle.  La  Font. 

Mais  fes  doigts  J  ont  encor  fortlr  ^ 

En  rejoulUant  cette  efcarcelle  , 

Pièce  de  cinq  fous  auj/l  belle.  DiVERT.  DE  ScEAUX. 

Ce  mot  vient  ^q  fcarcella ,  Italien  j  qui  lignifie 
bourfe  ,  qui  a  été  dérive  de  Jcarfo  j  qui  lignifie 
avare. 
ESCARE  ,  &  mieux  ^  Efcarre.  f.  f.  Terme  de  Chirur- 
gie. C'eft  une  croûte  qui  eft  faite  fur  la  chair  par 
le  moyen  d'un  fer  ardent  ,  ou  d'un  médicament 
cauftique ,  ou  par  quelque  humeur  interne  extrê- 
mement acre,  &  généralement  tout  ce  qui  peut  dé- 
truire le  tilFu  des  fibres ,  enforte  que  la  partie  du 
corps  privée  de  nourriture  ,  fe  delléche  Ôc  s'en- 
croûte, c'eft-à-dire,  forme^J'elcare.  Crujia  uicerls y 
vulnerls.  La  pierre  à  cautère  tait  une  efcare  ronde 
au  lieu  qu'elle  a  brûlé.  On  applique  même  le  feu 
avec  des  jfers  chauds,  on  y  produit  des  efcarres. 
JouRN.  de  16^^.  M.  Dionis  fait  le  mot  efcare  du 
genre  mafculin  ,  quand  il  du  dans  fon  Traité  des 
Opérations  de  Chirurgie  ,  on  laille  dans  la  fuite  tom- 
ber les  efcares  d'eux-mêmes. 

Ce  mot  eft  Grec,  '<^;ï«?«j  &  fignifie  croûte  par 
rapporr  aux  plaies ,  aux  ulcères ,  ou  à  l'adion  des 
cauftiques  ;  mais  efchara  fignifie  encore  une  plante 
marine  ,  dont  Bocrhaave  compte  trois  efpèces. 
DicT.  DE  James.  f''^oye:(  Escare.  Quelques  Au- 
teurs difent  que  ce  mot  vient,  de  « ,  &  de  »«''«, 
je  brûle.  Mais  cela  eft  difficile  ,  quand  ce  ne  feroïc 
qu'à  caufe  que  »«'«  s'écrit  par  un  »,  &  'fx,'?"  pac 
un  %.  Il  faudroit  pour  garder  l'étymologie  Grecque 
écrire  en  François  efchare ,  &  non  pas  efcare  :  mais 
l'ufage  en  a  décidé  autrement. 
ffT  EscARE  ,  fe  dit  figutément  pour  une  grande  ou- 
verture faite  avec  violence  &  fracas.  Strages.  Une 
bombe  fait  une  grande  efcare  quand  elle  crevé  : 
elle  tue  bien  du  monde.  Un  coup  de  canon  fait  une 
grande  efcare  dans  une  muraille  j  il  fait  une  gtande 
N  n  n  n  n 


^34  ESC  ESC 

efcarc  dans  un  bataillon  ,  il  éclaircît  les  rangs,  f/^ta- î  ^ojeç  ESCHAROTIQUE.  Ce  mot  eft  auffi  adjeo 

rfi  en  ce  fens  vient  du  verbe  écarter,  &  iignifie  kl  tif.  Médicamens  efcarodques. 

même  chofe  qu'écart.    Faire  grande  efcare  ,  c'eft  j  ^  Ce  mot  ell:  Grec  :  il  vient  de   IrxafK  ,  qui  figni 
obliger  les  gens  de  fe  retirer  j  de  s'écarter,   de  laif- 


fer  bien  de  h  place  vide. 

EscARE  en  Blafon.  f^cy.  Elcare. 

ESCARGOT,  f.  m.  Gros  limaçon  à  coquille  blan- 
che. Cochlea.  Il  y  a  des  gens  qui  mangent  des  efcar- 
gots.  Les  Anciens  avoient  des  garennes  &  des  vi- 
viers pour  nourrir  &  engrailFer  des  ejc:irgots.  Les 
efcargots  ferment  l'entrée  de  leur  coquille  par  une 
€fpèce  de  mur  qui  paroît  être  fait  de  plâtre ,  pour 
-ie  défendre  du  froid. 

-On  dit  proverbialement  d'un  homme  mal  faiîj 
mal  bâti ,  qu'il  eft  fait  comme  un  efcargot. 

ESCARLATE.  Foyei  ÉCARLATE. 

ESCARLATIN.  Fojq  ECARLATIN. 

ESCARLINGUE.  Terme  de  Marine.  Foyei  CAR- 
LINGUE ,  c'eft  la  même  chofe. 

ESCARMIE.  f.  f.  Vieux  mot.  Efcrime. 

ESCARMOUCHE,  f.  f.  En  termes  de  guerre,  efpèce 
de  combat  fins  ordre ,  qui  fe  fait  par  des  gens  déta- 
chés en  petit  nombre  de  deux  armées  qui  font  pro- 
ches l'une  de  l'autre  ,  &  qui  engagent  fouvent  un 
combat  général  &  régulier.  Vditaûo ,  pfolufio  pu- 
gn&^  procurfado,  Icvc  pr&Uum,  On  attacha  ïefcar- 
mouche  long-temps  avant  la  bataille.  Tout  le  jour 
fe  pafïii  en  légères  efcarmouchcs  de  part  &  d'autre. 

Nicot  tient  que  ce  mot  vient  du  Grec  x'-pr-'  , 
qui  fignifie  combat  léger ,  &c  la  joie,  la  promptitude, 
l'ardeur  avec  laquelle  les  foldats  vont  au  combat  ; 
ce  qui  fe  remarque  fur-tout  dans  les  efcarmouche^ . 
Ménage  le  dérive  de  l'Allemand  fchirmen  ou  sker- 
men  J  qui  fignifie  efcrimer.  Borel  le  dérive  du  vieux 
mot  François  efcannie ,  qui  lignifie  efcrime ,  &  fe 
trouve  dans  le  Roman  de  la  Rofe.  Du  Cange  le  dé- 
rive de /caramuccia  J  qui  fignifie  un  combat  Icger, 
ouafiycYzm  &  muccïa,  une  rroupe  de  foldats  cachés , 
parce  que  la  plupart  des  efcarmouchcs  fe  font  par  des 
gens  qui  font  en  embufcade. 

Saint  Amand  a  fait  un  alfez  mauvais  ufage  de  ce 
mot ,  en  difant  des  ortolans , 

Qu'ils  conviaient  la  bouche 
A  leur  donner  des  dents  une  prompte  efcarmouche- 

ESCARMOUCHER.  v.  n.  Se  d:5tacher  d'une  armée 
rangée  en  bataille  ,  ou  d'un  camp  ,  pour  aller  atta- 
quer ,  défier  l'ennemi,  Kelitari,  proludere  ad  pu- 
gnam  j  procurfare  in  hoftem.  On  efcarmouche  long- 
temps J  avant  que  de  livrer  une  bataille.  Ils  ej- 
carmoucherent  quelque  temps  avec  avantage  égal. 
Ablakc.  Les  Miquelets  d'Efpagne  mcfcarmouche- 
rent  !e  plus  incommodément  du  monde.  Bussi  Rab. 
On  fe  fert  de  cavalerie  ou  d'infanterie  pour  efcar- 
moucher  {mva.\M  la  firuation  &  la  nature  du  terrein. 
Il  fe  dit  figurément  des  difputes  de  des  contefta- 
tians.  On  n'a  pas  approfondi  la  queftion  ,  on  n'a 
fait  qa'efcarmoucher.  On  le  joint  ;quelquefois  avec  le  j 
pronom  perfonnel.  Ces  deux  Doéteurs  sefcarmou- 
cherent  long-temps. 

ESCARMOUCHEUR.  f.  m.  Celui  qui  va  efcarmou- 
cher,  Velcs  procurfator.  On  tua  quelques  efcarmou- 
cheurs.  Ils  détachèrent  quelques  efcarmoucheurs  j 
Relat.  de  M.  de  la  Feuillade  j  parmi  les  Lettres  Hiji. 
de  M.  Pélijfon  ,  tom.  3. 

ESCARNELÈ,  ÉE.  adj.  Vieux  mot.  Fait  à  créneaux. 
Les  tourelles  efcaruélées. 

ESCAROTIQUE.  f  m.  Médicament  cauftique,  qui 
étant  appliqué  extérieurement  fait  des  efcares  ,  ou 
croûtes,  en  brillant  la  peau  &  la  chair  :  tels  font 
la  pierre  à  cautère,  la  pierre  infernale j  le  précipité 
rouge.  Medicamenta  efcarotica,  cruftas  inducentia,  in- 
cruflativa.  M.  Allior  veut  qu'on  confumc  la  tumeur 

'  chancreufe  avec  fon  efcarotique  ahforbant.  Dionis. 
S'il  rcftoit  encore  de  ces  petits  filamens  qui  atta- 
choient  le  cancer  aux  cfpaces  intercoftaux  ,  il  fau- 
droit  par  des  efcarodques  les  détruire  peu-à-peu.  Id. 


1      fie  croûte. 

:  ESCARPE,  f.  f.  Terme  de  fortification.  C'eft  le  pied 
de  la  muraille  ,  du  rempart  _,  la  partie  du  lolfé  qui 
f  air  face  à  la  campagne ,  qui  la  regarde.  Lonca  in- 
terior  J  agger  intimas.  On  appelle  aulli  eJ carpe  ,  un 
talus  ou  empâtement  qui  eft  moindre  que  la  per- 
pendiculaire, ou  que  la  hauteur  de  la  muraille  ,  ou 
du  remparr.  Efcarpe  eft  oppofé  à  contrefcaipe,  qui 
eft  l'autre  côté  du  folié.  On  ne  dit  guère  elcarpe 
que  par  rapport  à  la  contrefcarpe. 

Escarpe  ,  terme  de  Maçonnerie.  Inftrument  avec  le- 
quel on  fait  taluter  les  maîtres  ou  règles ,  lorfqu'on 
veut  faire  le  ralur  d'un  rempart  ou  d'une  muraille. 
C'eft  une  pièce  de  bois  coupée  félon  la  grandeur  du 
talut.  De  la  Fontaine. 

ESCARPEMENT,  f.  m.  Terme  de  fortification  ^  qui 
lignifie,  Pente.  Clivus  ^  declivitas  ,  crcpido.  Faire 
l'ej'carpement  d'un  folTé. 

ESCARPER.  V.  a.  Elever  un  mur ,  un  rempart  en  ta- 
lut, ou  même  à  plomb ,  avec  peu  de  pied  ou  d'em- 
pâtement. Munire  aggere  ,  crepidine.  C'eft  auftî 
Couper  &  abatte  les  endroits  par  où  l'on  peut 
monter ,  &  les  rendre  fi  roides  qu'on  n'y  puilfe 
grimper.  Efcarper  un  rocher  j  les  bords  d'une 
rivière. 

Escarpé,  ée»  part.  &  adj.  Qui  eft  coupé  à  plomb j  ou 
avec  peu  de  talut,  roide,  &  de  difficile  accès.  Pr<i- 
ruptus  ,  abruptus.  Une  falaife  efcarpèe ,  une  roche 
efcarpée  j  qu'on  appelle  efcore  en  termes  de  Ma- 
nne. Vous  voyez  dans  ce  défert  des  rochers  efcar- 
pés ,  qui  femblent  menacer  ceux  qui  les  regardent. 
Ménage  dérive  ce  mot  de  rAllemandytvi/^'j  ou 
du  Yl-^mznà  fcherp ,  ou  de  l'Angloisy/iû^y ,  qui  figni- 
fient  aigu. 

ESCARPIN,  f.  m.  Soulier  à  fimple  femelle  \  la  plus 
légère  de  toutes  les  chaufturcs  d'hommes.  On  en 
portoit  autrefois  dans  les  mules.  Socculus ,  calceo~ 
lusjimplarius.  Comme  Xefcarpin  eft  fort  léger ,  les 
Danfeurs  de  corde  s'en  fervent. 

Et  qdil  aurait  hienfu  querellant  ciel  &  terre 
Ufer  en  brouhahas  les  poulmons  du  parterre  , 
Si  prenant  /'efcarpin  Simon  facétieux 
Il  eût  youluparoîire  en  fon  air  gracieux. 

Le  mot  Xefcarpin  fe  prend  ici  figurément  pour 
la  Comédie  \  c'eft  un  fymbole  &  un  caraétère  qui  la 
défigne  J  comme  le  Cothurne  défigne  la  Tragédie. 

Ilfe  dit  auft^iau  pluriel  d'une  efpèce  de  torture  où 
l'on  ferre  les  pieds.  Il  a  eu  les  cfcarpins.  Compedes. 

Ce  mot  vient  de  ritalienyci7r^//?o  ,  qui  a  été  fait 
du  Latin  carpi ,  qui  fignifie  une  efpèce  de  fouliers 
détoiipcs,  félon  Ménage,  après  Saumaife  ik  Cœ- 
lius  Rodiginus.  D'autres  le  dérivent  de  càrpinus  j 
qui  eft  une  efpèce  d'érable ,  dont  on  fait  les  û- 
bots,  &  dont  on  a  tranfporté  le  nom  à  efcarpin  ^ 
par  antiphrafe 

On  difoit  autrefois  efcharpin  au  lieu  à' efcarpin. 
Brantôme ,  dans  les  Eloges  des  grands  Capitaines 
de  fon  temps  ,  rapporte  que  Gafton  de  Foix  au  fié- 
ge  de  Brelle  ,  allant  à  l'affaut ,  pour  marcher  plus 
ferme  fe  fit  ôter  fes  fouliers,  &  fe  mit  en  efcarpins 
déchauffes  ^  5c  que  tous  les  autres  en  firent  de  mê- 
me. Celui  qui  a  eu  foin  de  l'édition  des  Mémoires 
de  Brantôme ,  dit  qu'il  n'entend  pas  bien  ce  mot. 
Il  y  a  un  endroit  dans  la  vie  de  M.  d'Epernon  qui 
peut  fervir  à  fon  érlairciftement  j  car  il  y  eft  remar- 
qué en  parlant  d'Henri  III.  qu'il  n'encroit  perfonne 
dans  fa  chambre  ,  qui  n'eût  \ efcarpin  blanc  j  &  la 
mule  de  velours  noir.  D'où  l'on  peut  conjeârurer 
que  c'étolt  la  mode ,  en  ce  fiècle  ,  de  porter  des 
efcarpins  j  que  Brantôme  appelle  efcharpins  ,  ou 
chauffons  de  cuir  dans  les  fouliers ,  à-peu-près  com- 
me l'on  porte  des  fouliers  légers  dans  des  galoches. 
De  Vign.  Marv. 
ESCARPIN ER.  V.  n.  Courir  vîre  &  légèrement  , 
comme  on  fait  quand  ou  eft  chaufte  avec  des  efcat- 


f 

,  avec 


ESC 


pins ,  avec  une  chiuflure  commode.  Levl pede  cur- 
rtrc.  Cela  ne  fe  peut  dire  qu'en  riant.  Gui-Patin 
écrivant  le  5.  de  Juillet  itS^S.  à  fon  ami  Charles 
Spoii  fur  le  départ  de  M.  Parker  pour  l'Angle- 
terre ,  n'a  pas  lailFé  de  dire  fort  lérieufemeiit  , 
Tous  ces  Etrangers  aiment  trop  à  efcarpiner  &  bat- 
tre la  femelle. 
ESCARPOLETTES,  f.  f.  Jeu  j  exercice  champêtre, 
qui  confifte  à  le  balancer  fur  une  planchette  ou  un 
liège  fufpendu  par  une  corde  attachée  par  fes  deux 
bouts  à  deux  arbres  qui  font  à  une  diftance  conve- 
nable. Celui  qui  eft  aOis  fur  ce  ficge  efl:  balancé , 
poulie  &  repoulfé  en  l'air  par  ceux  qui  tiennent  le 
lié"e  en  volée  j  en  faifant  remonter  la  corde  lorf- 
qu  elle  eft  defcendue  à  fon  point  le  plus  bas.  Pto- 
jeclorium. 

On  dit  ,  en  ftylc  populaire ,  qu'un  homme  a  la 
tète  à  Vt/carpolene  i  pour  dire  j  qu'il  eft  étourdi. 
ESCARQUILLEMENT.  Foye^  ECARQUIL- 

LEMENT. 
ESCARQIJILLER.  Foye^  ÈCARQUILLER. 
ESCARRE,  f.  f.   Foyei  ESCARE. 
EscARUF, ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  abufivement , 
au  lieu  de  dire ,  Equierre ,  quand  on  en  charge  les 
Ecus  àes  Armoiries.  Bara  l'appelle  autrement  po- 
tence ^  quand   l'une  des  branches  eft  plus  lontjue 
que  l'autre ,  Se  lui  fert  de  pied  pour  la  foutenir , 
parce  qu'elle  repréfente  en  efict  une  potence. 
ESCARRIR.  V.  a.  Vieux  root.  Difperfer  de  côté  tk 
d'autre.  On  trouve  auffi  E/cùi n  d.\ns  la  fignifàcation 
de  Perdu. 
ESCART.  Foye^  ÉCART. 
^CT  ESCARTABLE.  Terme  de  Fauconnerie.  Foye:^ 

ÉCARTABLE. 
ESCAlvT-DOL/CE.  Sorte  de  coton  qui  vient  d'Alep 

par  la  voie  de  Marleille. 
ESCARTS  ou  ESCAS.  1.  m.  pi.  Dans  quelques  Cou- 
tumes on  appelle  droits  dcjcurcs  .,  un  droit  qui  ell 
dû  fur  tous  les  bien§- meubles  Hc  à  feux ,  quand  ils 
palFent  des  mains  d'une  p.^rlonne  bourgeoife  à  une 
autre  qui  ne  l'elt  pas.  Quelquefois  on  trouve  droit 
à'e/'cûs,  pour  droit  d'ej'cans. 
EscARTS ,  c'ertainfi  qu'on  appelle  certains  cuirs  qui 
viennent  d'Alexandrie.  On  donne  le  même  nom  en 
quelques  endroits  de  Barbarie  j  aux  cuirs  les  moins 
bons  que  les  Francs  négocient  ayéc  les  Maures.  Les 
meilleurs  s'appellent  Toroux.  Entre  les  deux  il  yen 
a  d'une  efpèce  moyenne. 

ESCARTELER.        -)  Ç  ÉCARTELER. 

ESCARTELURE.      ^FoyeA    ECARTELURE. 
ESCARTER.  3  ^   ECARTER. 

ESCAS.  Foy  ESCARTS.  Terme  de  Coutumes. 

ESCASSA8LE  j  adj.  Terme  de  Coutumes.  Meuble 
efcaffaNe ,  eft  un  meuble  fujet  au  droit  d'ejcans  ou 
d'dfais.  Foye^  Escarts. 

ESCAUDE.  f.  f.  Petite  barque  dont  on  fe  fert  fur  les 
marais  &  fur  les  petites  rivières. 
Ce  mot  vient  d'cxcavaca.  FtIuet. 

ESCAVE.  Efcava.  Fleuve  de  la  Tucumanie ,  dans  l'A- 
mérique méridionale.  La  ville  de  S.  Michel  eft  fur 
YEjcave. 

ESCAVESSADE.  f  f.  Terme  de  Manège.  C'eft  une 
fecoulfe  de  cavefl'on  pour  faire  obéir  un  cheval. 

ESCAI.IPONT.  Village  du  Hainaulr.  Pons  Scaldls  , 
Scaldi pons.  Il  eft  fur  VEJlaut  à  une  lieue  de  Condc 
Se  à  deux  de  Valenciennes.  On  croit  que  c'eft  l'an- 
cien Scaldls  Pons  des  Nerviens,  que  quelques  Géo- 
graphes néanmoins  mettent  à  Condé.  Quoiqu'il  en 
ibit  ,  les  noms  font  les  mêmes  ,  &  fignifient  Pont 
de  VEfcaut ,  Pont  fur  \Efcauc.  Foyei  Hadr.  Valef. 
Nota  Coll. p.  454. 

ESCAUT.  Rivière  des  Pays-Bas. 5cjWm. Elle  a  fa  four- 
ce  dans  la  Picardie  ,  où  elle  b.iigne  le  Catelet  :  en- 
fuite  elle  traverfe  le  Cambrefis,  le  Hainault  ^  la' 
Flandre  ;  &  aux  confins  du  Brabanr  elle  fe  divife  en  ; 
deux  branches  ,  donc  l'une  s'appelle  ÏF.fcaut  occi-  j 
dental  ,  ou  le  Mont ,  &  l'autre  \Efcauc  orienta!.  Ce-  j 
lui-ci  fe  jette  dans  la  mer  Qcéane  entre  l'Ifle  dej 


ESC  8^j 

Walcheren  &  celle  de  Showen.  L'autre  fe  décharge 
dans  la  même  mer  entre  l'Ifle  de  Cadfant  &  celle  de 
Walcheren. 
ESCAYOI.LE.  f .  f .  Drogue  qui  vient  du  Levant  nar  la 
voie  de  Marfeille.  Elle  eft  fujette  au  droit  de  vingt 
pour  cent. 


ESCERVELÉ. 

ESCHAFAUD. 

ESCHAFAUDAGE. 

ESCHAFAUDER. 

ESCHALADER. 

ESCHALANS. 

ESCHALAS. 

ESCHALASSE  - 

MENT. 
ESCHALASSER. 
ESCHALIER. 
ESCHALIS. 
ESCHALOTE. 
ESCHANCRER. 
ESCHANCRURE. 
ESCHANDOLE. 
ESCHANGE. 
ESCHANGER. 
ESCHANSON. 
ESCHANSONNE- 

RIE. 
ESCHANTILLER. 
ESCHANTILLON. 
ESCHANTILLON- 

NER. 


■ÉCERVELÉ. 

ECHAFAUL». 

ECHAFAUDAGE. 

ECHAFAUDER. 

ECHALADER. 

ECHALANS. 

ECHALAS. 
[ECH  ALASSË-* 
,     MENT. 

ÉCHALASSER. 

ÉCHALIER. 
JECHALIS.  ■ 
Foy,  C  ECHALOTE. 

)echancrer. 

échacrure. 

echandole. 
Iechange. 

échanger, 
'echanson. 

echansonne- 

RIE. 

ECHANTILLER. 

ECHANTILLON. 

ECHANTILLON- 
NER. 


ESCI-IAPILLE,ÉE.  adj.Qui  s'elWit  des  cheveux.  Epar 
pillé  ,  épais  çà  &  là  ,  mal  en  ordre.  PaJJus , 


um. 


Car  ce  font  crins  _,  non  point  efcarpiilés  y 
Mais  poliment  fans  art  entortillés.  Marot. 


ESCHAPPATOIRE 

ESCHAPPE. 

ESCHAPPE. 

ESCHAPPEE. 

ESCHAlPER. 

ESCHARBOT. 

ESCHARDE. 

ECHARDER 


ÉCHAPPATOIRE. 
ECHAPPE. 
ÉCHAPPÉ. 
>Foyei  ^ÉCHAPPÉE. 
ECHAPPER. 
ECHARBOT. 
ECHARDE. 
V.  a.  Vieux  mot.  Irriter  ,  fâcher. 


ESCHARDONNER.  ^oyeç  ECHARDCNNER. 

ESCHARDONNOIR.  Foy.  ECHARDONNOIR. 

ESCHARE.  f.  f.  Efchara.  Plante  qui  pouffe  une  lubf- 
tance  pierreufe  ,  groffière  ,  ayant  la  forme  d'une 
l.iitue  crêpée  ,  poreufe  comme  un  crible  ,  blanche  « 
fragile ,  ayant  en  dedans  beaucoup  de  crevafles , 
fans  goût  ni  odeur  manifefte.  Lémeridit  qu'on  don- 
ne le  nom  d'efchare  à  de  certaines  plantes  qui  naif- 
fent  au  fond  de  la  mer,  &  qui  font  d'une  matière 
pierreufe^  aplatie  en  feuille ,  &  d'une  tilfure  ap- 
prochant de  celle  de  la  toile.  C'eft  pour  cela 
qu'on  lui  a  donné  le  nom  de  dentelle  de  mer  ou  de 
manchette  de  Neptune.  M.  PeilFonnel  a  découvert 
que  cette  prétendue  plante  marine  ,  ainfi  que  bien 
d'autres ,  étoit  formée  par  des  infedes  de  mer. 

ESCHARNER.  Foyej  ÉCHARNER. 

ESCHARNlR.v.  a.Vieuxmot.  Offenfer,  médire. 

ESCHARNURE.  Foyex  ÉCHARNURE. 

ESCHAROTIQUE.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Foyei 

EsCAROTiqUE. 

ESCHARPE.  \rr        (ÉCHARPE. 

ESCHARPER.         K  "''''^tECHARPER. 
ESCHARROGNEUX,  euse.  adj.  Vieux  mot.  Que- 
relleur. 


Foy. 


ESCHARS. 
ESCHARSE. 
ESCHARSEMENT 
ESCHARSETE. 
ESCHASSES. 
ESCHAUBOULÉ. 
ESCHAUBOU- 
LURE. 

V.  a.  Vieux  mot.  Chafler, 
H  a  u  n  n  ij 


ÉCHARS. 

ÉCHARSE. 

ECHARSEMENT. 

ECHARSETE. 

ECHASSES. 

FCHAUBOULÉ. 

ECHAUBOULURE. 


ESCHAUCIER. 


ESCHAUDÉ. 

ESCHAUDER. 

ESCHAUDOIR. 

ESCHAUFFAISON 

ESCHAUFFE- 

MENT. 
ESCHAUFFER. 
ESCHAUFFOISON. 

adiion  d  echaufter. 


ESC 

•ÉCHAUDÉ. 
ECHAUDER. 
lECHAUDOIR. 
^0)'.  <ECHAUFFAISON. 
iCHAUFFEMENT. 
tiCHAUFFER. 

f.  f.  Vieux  mot.  EchaiiïFemenc , 

Calejaciio. 


Quand  l'humeur  vieille  alors  des  eaux  laijjee  ^ 
tt  par  l'ardeur  du  clair J'oled prejfee. 
Z)'ef<.haufFoiron  ,  &  que paludi  à' fanges 
Furent  enflés  fous  ces  chaleurs  étranges.  Marot. 


ÉCHAUFFOUR. 
ECHALIGUETTE. 
Foye-^  <^ECHAULER. 
ECHE. 
^.^..v..w,^^.         ^  .ECHEANCE. 

ESCHEBABA.  Petite  ville  ,  aiuretuis  Epifcopale.  Sco- 
/e/uj.  Elle  ell  dans  la  Romanie,près  de  laBilgarie, 
&  de  la  l'ource  de  la  rivière  Capiza  ,  au  nord  d'Aii- 
drinople  ,  dont  elle  é:oit  luffragante.  On  la  nomme 
auHI  Ifchéboli. 


ESCHAUFFOUR. 
ESCHAUJ  (JETTE. 
ESCHAULER. 
ESCHE. 
ESCHEANCE 


I 


ESCHECS. 

ESCHELAGE. 

ESCHELETTE. 

ESCHELLE. 

ESCHELLER. 

ESCHELLIER. 

ESCHELON. 

ESCHEMER. 

ESCHENAL. 


I 


^ECHECS. 

Techelage. 
Iechelette. 
j  echelle, 
-'echeller. 
echellier. 

ECHELON. 
ECHEMER. 
'ECHENAL. 


RSCHENECK.  Bour^  de  la  Balle-Hongrie.  Echene^ 
cuni.  Quelques  Gé  )graphes  le  prennent  pour  l'an- 
cienne Céfaré^  ,  Czfarea  ,  bourg  de  la  iTaute-Pan- 
nonie  ,  que  d'autres  placent  à  Tinta.  Echiueck  eft 
Gtuc  entre  Albe  Royale  &  Komore. 

ESCHENILLER.       -j  , /-ECHENILLER. 

ESCHEOIR.  f  r,         3ECHEOIR. 

ESCHERPILLER.     ('^'^y^l  "\  nCHERPILLER. 

ESCHERPILLERIE.  >  C  ECHERPILLERIE. 

ESCHERPILLEUR.  f.  m.  Vieux  mot.  Voleur.  On  ap- 
peloit  aind  les  voleurs  ,  à  caufe  qu'ils  porcoi.-nt  une 
écharpe  ,  appelée  efcherpe  ou  efcherpéte  j  dans  le 
vieux  langage. 

ESCHET. 

ESCHETE. 

ESCHEVEAU. 

ESCHEVELÉ. 

ESCHEVER..  V.  a,  Vieux  mot. 
ter ,  traiter  durement    un 


.P''oyei 


ECHET. 
'ECHETE. 
ECHEVEAU. 
ECHEVELÉ. 
Efq  dver ,  fuir 
perljnne 


Un 


evi- 
de   nos 


Poëces  anciens  dit  que  pour  bien  vivrejl  y  a  quatre 
points  à  obfetver  : 

Bien  penfer ,  bien  dire  ,  bien  faire  , 
Et  efchever  (  éviter  )  tout  h  contraire. 

Gloss.  des  Poëf.  du  Roi  de  Nav. 


ESCHEVIN. 

ESCHEVINAGE. 

ESCHEUTE. 

ESCHIF. 

ESCHIFFLES.  f. 

ESCHIFFRE. 

ESCHIFFRE. 

ESCHIGNER. 

ESCHILLON. 

ESCHINADES. 

ESCHINE. 

ESCHINÈE., 

ECHIQUETE. 

ESCHIQUIER 


-vECHEVIN. 
j.  fECHEVINAGE. 

'^"^^  >ÉCHUT£. 
3  ÉCHIF. 
f.   Sorte  de  fortification  ancienne. 
ÉCHIFFRE. 
fECHIFFRE. 
\  ÉCHIGNER, 
lÉCHILLON. 
^^oye?  <ÉCHINADES. 
JHCHINE. 
IfiCHINÈE. 
f  ECHIQUETE. 
^ÉCHIQUIER. 
ESCHIS'îf.  m.  Vieux  mot.  Guerrier  ,  foldatj  vient  du 
mot  Efchelle,  qui  fignifie  utre  ligne  ,  une  colonne 
d'armée.  Le  mot  Efchis  eft  employé  au  même  fens 
que  l'on  dit  un  aigrefin,  un  pillard.  Glojf.dss  Poëf. 
du  Roi  de  Nav. 


l 


ESC  ^ 

LSCHOITE.  -x  (  ÉCHOIT^ 

ESCHOPPE.  iFo)  e:^  )  ECxiOPPE. 

ESCHOOER;  3  C'^v.J^OUER. 

ESCHRAKil  E.(.m. Hcf.Pionvuctiz  j-JcneraÀite.  Nom 
de  IcCte  parmi  les  Mahométans.  v,Jrakita  ,  hjchra- 
I  kita  ,  liLuminjiui.  Les  tjcnr^kitts  ,  ou  tfrakues , 
l  font  les  Philylophes  Mahométans  qui  fuivent  les 
î  opinions  de  Platon  j  les  Mai-ométans  Platoniciens. 
A'JahomiLcni  tiatonici.  Les  Ljcnruhues  mènent  le 
fouverain  bien  lî^i  la  bcaiicudc  dans  la  concempla- 
tion  de  la  majcllc  divine  ,  ik  méprilent  les  imagi- 
nations grolîièces  de  l'Alcoran  couchant  le  Paradis. 
Ils  tuient  les  vices  ,  conletvent  une  humeur  égale 
&  toujours  agtcable  j  aiment  la  mufique ,  &  fc  piai- 
ient  à  compoler  de  petites  pièces  de  veis  &  des 
chanfons  Ipimuelles.  LesScheichs  j  ou  Prêtres ,  &C 
les  plus  habiles  Piédicateurs  desMofquéeshupéria- 
lesfont  Efchrakites\  &c  les  Ejchrakites  ne  font  point 
éloignés  duChiillianifme. 

Ce  nom  vient  du  verbe  Arabe  pTi£?  Scharaka  ^ 
qtii  à  la  quatrième  conjugaifon  pntt;N ,  ajchraka , 
lignifie  luire  ,  éclairer  ,  briller,  con.me  tait  le  foleilj 
dcfoite  que  Efchrakue  eft  la  même  chofe  qu'illu- 
miné ,  iiluminatus . 

ESCEiWÉGE.  Petite  ville  de  la  balTè  partie  du  Cercle 
du  haut  Rhin.  Schuvcgia.  Elle  eft  dans  le  Landgra- 
viat  de  Helfe ,  aux  confins  de  la  Turinge  ,  fur  la 
Werra  ,  à  huit   lieues  de  Calfel  du  côté  du  levant, 

ESCIENT,  f.  m.  Pleine  connoiifance  de  ce  qu'on  fait, 
ou  de  ce  qu'on  veut  faire ,  lérieufement  &  tout  de 
bon.  Cor.fcientia.  Ce  mot  ne  s'emploie  qu'avec  la 
particule  à.  Faire  quelque  chofe  Wnonejuent ,  ou 
à  kn  ejcient  y  avec  connoillaiice  ,  fâchant  bien  ce 
qu'on  fiiit.  Scienier,  cum  attentione.  Une  faut  jamais 
mentir  à  fon  efcient. 

ifT  A  hon  efcient  J  façon  de  parler  adverbiale  j 
qui  lignifie  tout  de  bon  ,  féiieufement.  Je  parle  à 
bon  ejcient.  Dites- vous  cela  à  bon  efcient.  Il  vieillit 
dans  les  deux  acceptions.  Il  vient  du  Latin  fciens. 

ESCLACHE.  Nom  d'une  Abbaye  de  filles  de  l'Ordre 
de  Cîteaux  dans  la  Bafte- Auvergne.  Escleajia  ^zm.- 
trefois  Efchalaria.  L'Abbaye  de  XEfclache  eft  dans  le 
Diocèfe  de  Clermont,à  huit  lieues  environ  de  cette 
capitale  de  la  Province  ,  du  côté  du  couchant.  Db 
Sainte-Marthe. 

ESCLAIR. 

ESCLAIRCIR. 

ESCLAIRCISSE-  ^Voye^ 
MENT. 

ESCî  A!RE. 

|}Cr  ESCLAIRE.  f.  m. Terme  de  Fauconnerie.  Oifeau 
d'une  belle  longueur ,  &  qui  n'eft  point  épaulé.  Les 
ejciairesioViX.  beaux  voleurs.  Les  f/c74^irej  iont  plus 
beaux  voleuts  que  les  goulfauts,  ou  ceux  qui  font 
courts  &   bas  alîis. 

E<  CLAIRER.  Vùye-^  ÉCLAIRER. 

ESCLAME.  adj.  Terme  de  Manège  ,  qui  fe  dit  d'un 
cheval  qui  n'a  point  de  boyau.  Gracliis.  Il  eft  vieux. 

EscLAME,  Terme  de  Vénerie,  qui  fignifie,  grêle, 
menu.  On  dir  que  les  cerfs  font  bruns  j  longs, 
grands  &'  efclames. 

ESCLANCHE.roye?  ÉCLANCHF. 

ESCLANDIR.  v.  a.  Vieux  mot.Scandalifer. 

ESCLANDRE,  f.  m.  &  f.  Vieux  mot ,  qui  fignifioit 
autrefois  un  accident  fâcheux  qui  troubloit  &  inter- 
rompoit  lecoursd'une  affaire,  &  qui  fe  dit  encore 
en  ftyle  f imi iier.  Scandalum ,  jaclura  _,  damnum  ,  de- 
trime'itum  ,perturbaào  i  flrc.ges  3  clades.  Il  ne  faut 
pasfouffrir  une  ejclandre  pour  une  bagatelle.il  fe- 
roit  venu  à  bout  de  ce  deifein  ,  fans  un  efclandre qui 
lui  arriva.  Ce  qui  tourne  au  grand  efclandre  de  la 
juftice.  CouT.  d'Anj,  Loret  ,  dans  (es  vers  burlef- 
ques  ,  a  dit  efclandre  ,  pour  déroute  ,  dejaite. 

Car  on  dit  que  dans  cette  efclandre 
Plufîeurs  Hollandais  firent  filandre. 
Ou  ,  pour  parler  plus  nettement. 
I  Se  retirèrent  doucement. 


■ÉCLAIR. 
(ECLAIRCIR. 
ECLAIRCISSE- 

MENT. 
-ECLAIRE. 


ESC 

Ce  mot  vient  du  latin  clades.  Mais  Ménage  &  Du 
Cange  le  dérivent  à^fcanialutn  j  qu'on  trouvedans 
les  vieilles  Coutumes  de  Bourges ,  ou  du  verbe 
Grec  r.A«a ,  Jrango  j  rumpo.  \]\\  trille  accident  n'ar- 
rive jamais  fans  efciandic. 
ESCLAi'I^ES.  de  Languedoc.  Marchandife  employée 

dans  le  Tarif  de  la  Douane  de  Lyon,  de  1652.. 
ESCLARON.  Petite  ville  de  France  en  Champagne. 
C'eft  la  même  i\\xEcUiiron  ,  ou  Lclaron.  AI,  De 
Lifle  &   autres  bons  Auteurs  écrivent  Ejclaron. 
ESCLAT.  \r,         J  ECLAT. 

ESCL ATEx^.        3  ^  ''^'^^  1  ECLATER  ,  &c. 
ESCLAVAGE,  f.  m.  Condition  dun  efclave  :  état  dans 
lequel  ,  à  la  honte  de  l'humanité  ,  un  homme  eii 
allujetti  au  pouvoir  abfohi  d'un  autre  homme  qui  a 
le  droit  de  difpofer  à  fon  gré  de  fes  biens  ii:  de  la 
vie.  Servicus.  Cet  état  choque  également  le  droit  na- 
turel &  le  droit  civil,  &  paroit  direilement  con- 
traire aux' meilleures    formes  du   gouvernement. 
yoye\  Esclave. 
fer  ESCLAVAGE,  fe  dit  dans  un  fens  figuré  de  Ja  trop 
grande  dépendance  dans  laquelle  on  eft  fous  la  do- 
mination d'un  Prince  trop  ablolu.  Ni  les  préceptes 
ni  l'indullrie  ne  fauroient  exciter  cette  fureur  di- 
vine que  h   liberté  infpire  ,    èc   que   Vefdavage 
étourle.  S.  EvR. 
Esclavage  ,  fe  dit  aulîi  d'une  fervitude  &  foumif- 
fion  volontaire.  Cet  emploi  l'occupe    tellement , 
qu'il  n'a  pas«n  moment  à  lui  j  c'eft  un  honnête  ,  un 
pompeux  cjclavdge  i  un  véritable  «î/cAiv^^e. 
Esclavage  ,    fe   dit  encore  en  morale  à  l'égard  de 
cet  empire  que  nous  lailfons  prendre  fur  nous  à 
nos  paillons.  Les  Amans  fe  plaignent  qu'ils  font 
chirgés  de  chaînes ,  qu'ils  languilfent  dans  1  efcla- 
VJge.  Les  ambitieux  ,  qui  fuivent  la  Cour ,    font 
dans  un  vrai  ejclavage.  Quelle  eft  cette  hlle  j  ché- 
rie du  Ciel,  qui  fe  peut  glorifier  de  n'avoir  ja- 
mais été   fous  ['efdavage  du  démon  ?  P.  Chemi- 
nais.  Gémir  fous  Vefdavage  du  péché. 

Mon  cœur  devrait  finir  d'un  fi  rude  efclavage  : 
Mais  ce  faible  capûj  n  en  a  pas  le  courage.  La  Suze. 

Il  y  a  une  dévotion  ou  Confrérie  qu'on  ap- 
pelle l'efdavagc  de  la  Vierge. 

L-s  femmes  ont  aulli  depuis  quelque  temps  don- 
né le  nom  A' efclavage  à  une  efpèce  de  collier  j  ou 
plutôt  à  un  demi  cercle  ,  tantôt  hmple  ,  tantôt  dou- 
ble ,  de  pierreries  ,  attaché  par  fes  deux  exttcmités 
au  collier  ,  qui  pend  en  forme  de  chaîne,  &  le.ur 
couvre  la  gorge. 

Esclavage,  en  termes  de  Négoce  ,  eft  un  dioitqu'une 
Compagnie  de  Marchands  Anglois  a  feule  d  ache- 
ter &  de  vendre  les  m  irchandifes  à  l'égard  des  étran- 
gers ;  ou  un  impôt  qu'elle  a  établi  fur  toutes  les 
marchandifes  qui  entrent  par  mer  en  Angleterre ,  ou 
qui  enfortent.  On  ne  le  tait  payer  qu'aux  François. 

ESCLAVE,  f.  m.  &  f.  Qui  s'emploie  aulli  adjeélive- 
ment.  Celui  qui  eft  privé  de  la  liberré  &qui  eft  ré- 
duit fous  la  puillimce  d'un  maîtte ,  foit  par  fa  naif 
fance  ,  foit  pat  la  guerre  ,  foit  par  achat  ,  foit  au 
tremenc.  Servus.  Les  efdaves  d'Alger  font  des  cap- 
tifs pris  par  des  Corfaires.  On  fait  dans  l'Amérique 
un  grand  trafic  à'cfclaves  Nègres.  Dès  qu'un  efclave 
peut  aborder  en  France  ,  il  eft  libre.  Les  payfans  en 
Pologne  font  naturellement  efdaves  des  Gentils- 
hommes. 

Quelques-uns  ont  dérivé  ce  mot  de  Includo  ^  ou  du 
Grec  i'rxXu'à)  parce  que  les  efdaves  font  enfermés 
en  prifon.  Ménage  le  dérive  Je  ,^/iii«j,  dont  les 
Italiens  ont  fait  fckiava  j  qui  a  été  fait  de  l'Alle- 
mand,^Zj?/,  onjlave^  que  VolTîus  croit  avoir  été 
dit  des  peuples  Efdavons  j  que  Charlemagne  con- 
damna à  une  fervitude  perpétuelle.  Ménage  dit  que 
les  Italiens  &  les  autres  peuples  de  l'Europe  avoient 
coutume  d'acheter  les  Sdaves  ,  ou  Slaves ,  pour 
en  fiire  leurs  f.'rfs  :  ainfi  un  nom  propre  de  nation 
eft  devenu  par  l'ufage  un  nom  d'état  &  de  condi- 
tion. En  François  nous  difons  Efdavons  Se  Scia- 


ESC  837 

vons ,  ou  Sdaves  &  Slaves,  pour  marquer  les  peu- 
ples appelés  en  Latin  ,  Slavi ,  ik  ejclave  ^  pour  duc, 
jer:f ,  ou  capti}  .,fervus,  capnvus. 
Paimi  les  Romains  y  lorlquon  mettoit  un  efdave  en 
liberté,  il  changeoit  fon  nom  en  furnom  ;  il  pre- 
noit  le  nom  &  le  prénom  de  fon  maître,  api  es  ief- 
quels  il  ajoutoit  le  nom  ou  fobriquet  qu  il  avoïc 
étant  efdave.  Par  le  Dtoit  Civil  ,  le  pouvoir  de 
faire  des  ejclaves  eft  du  droit  des  Gens,  comme  une 
fuite  naturelle  de  la  guerre.  On  dit  que  les  Lacédé- 
monicns  ou  les  Alîyriens ,  félon  quelques-uns  ,  en 
ont  les  premiers  introduit  l'uiage.   Non-feulement 
les  Romains  approuvèrent  la  lervimde  \  mais  ils 
inventèrent  de  nouveaux  moyens  de  faire  des  efda- 
ves ;  par  exemple ,  un  homme  né  libre  pouvoir 
vendre  fa  liberté,  &  devenir  e/c/i2ve.  Cette  fervi- 
tude volontaire  lut  introduite  par  un  Décret  du 
Sénat  du  tems  de  l'Empereur  Claude  ,  &  abrogée 
par  Léon  le  Sage  par  fa  Nov.  ^^.    Les  Romains 
avoient  droit  de  vie  &c  de  mort  fur  leurs  ejUaves. 
Prelque  toutes  les  autres  nations  n'en  ufoient  pas 
ainh  j  cette  (évérité  fut  modérée  par  les  lois  des 
Empereurs ,  &  Adrien  décerna  la  peine  de  more 
contre  ceux  qui  tueroient  leurs  ejdaves  fahs  rai- 
fon.  Les  efdaves  étoient  le  domaine  &  le  bien  pro- 
pre de  leur  maître  :  tout  ce  qu'ils  acquéroient  lui 
appartenoit.   Mais   li  le  maître  ufoit  trop  cruelle- 
ment de  la  correction  domeftique  ,  on  l'obligeoit 
de  vendre  fon  ejUave  à  prix  raifonnable.  Comme 
l'efclav.ige  n'a  point  été  aboli  par  l'Evangile  ,  la 
coutume  d'avoir  des  ejdaves  a  duré  long-tems  dans 
le  Chriftianifme.    Du  tems  de  Louis   le  Gros  ils 
étoient  en  fi  grand  nombre  dans  l'Europe ,  qu'on 
eut  bien  de  la  peine  .à  rompre  &  à  dilîiper  ceux 
qui  s'étoient  foulcvés.    Bat thole ,   qui   vivoit   en 
1 300 ,  dit  qu'il  n'y  en  avoit  plus  de  fon  tems.  Voy. 
Bùdin.  ù, 

UCT  II  y  avoir  chez  les  Romains  trois  manières 
d'avoir  des  efclaves.  i".  Quand  on  l.-s  ache 
toit  du  butin  tait  fur  les  ennemis,  &  de  la  parc 
relervée  pour  le  puhlic.  1".  Ou  de  ceux  qui  les 
avoient  pris  en  guerre  les  armes  à  la  main  qu'on 
appeloit  proprement  mancipia^  quafi  manu  cipta  ^ 
pris  avec  la  main  ,  pour  les  diftinguer  de  ceux  qui, 
après  avoir  mis  bas  les  armes  _,  fe  vendoient  au 
peuple  Romain  ,  &  qu'on  appeloit  dedici,  1'^^^  fi 
dederanc.  3°.  Ou  des  marchands  qui  en  faifoient 
trafic  &  les  vendoient  dans  les  marchés.  On  les  ven- 
doit  onfub  hafiâ  ^  on  fib  coronâ  ,  onfuhpileo.  Sub 
haftâ  ,  au  plus  offrant  &c  dernier  enchérilTeur ,  ayant 
planté  une  javeline  -.fub  coronâ  j  quand  on  insttoit 
fur  leurs  têtes  une  guirlande  ou  chapeau  de  fleurs  : 
fub  piieo  ,  quand  ou  leur  mettoit  un  chapeau  fur  la 
tête  ,  afin  de  les  faire  remarquer. 

IJCF  Ils  portoient  à  leur  cou  des  écriteaux  fur  lef-  ' 
quels  on  écrivoit  leurs  bonnes  &  leurs  mauvaifes 
qualités  ,  leuts  talens  &:  leurs  défauts.  C'eft  ce  que 
dit  Aulu-Gelle.  Titulus  firvorumfingulorum  uc  fcrip- 
tusfiet  curato  j  uà  ut  inielligi  reclè  poffic  quld  morbi 
viciique ,  cuique  fiet. 

^fÙ"  Il  y  avoit  auflî  des  hommes  libres  qui  fe 
vendoient  eux-mêmes. 

1^  Les  enfans  nés  d'une  femme  efdave  étoient 
aulli  efdaves  par  la  naiftan'ce ,  fuivant  la  maxime 
du  droit  Romain  parcus  ventremfiquitur. 

IKT  Les  efclaves  étoient  affranchis  &  obtenoient 
la  liberté  par  des  voies  différentes.  Souvent  les  maî- 
tres la  leur  donnoient  &  en  faifoient  leurs  affran- 
chis ,  quand  il  les  fervoient  avec  afTeéfion.  Quel- 
quefois ils  fe  rachetoient  eux-mêmes  de  l'argent 
qu'ils  avoient  amalTé  de  leur  épargne  ou  de  leur 
trav.ail ,  qui  formoit  leur  pécule.  On  leur  donnoit 
quatre  boilfeaux  de  blé  par  mois,  pour  leur  nour- 
riture y  fur  quoi  il  leur  étoit  permis  d'épargner  ce 
qu'ils  vouloient ,  &  d'en  faire  une  bourfe  à  part, 
un  petit  tréfor  qu'on  appeloit  peculium.  Quand  les 
maîtres  avoient  commis  quelque  ctime  puniflable 
félon  la  loi ,  ils  accordoient  la  liberté  à  leurs  Efda- 
ves. Devenus  par  là  Citoyens  Romains  ,  on  ne  pou- 


S3S  ESC 

voit  plus  leur  donner  la  queftion  ,  Se  ils  n'étoient 
plus  témoins  contre  eux.  Sous  les  Empereurs  il  y 
en  avoir  au(lî  qui  affranchiiroient  leurs  efdaves  par 
avance  ,  afin  de  pouvoir  participer  aux  libéralités 
que  le  Prince  faifoit  au  peuple  par  tête. 

Cette  liberté  leur  étoit  ordinairement  accordée  de- 
vant le  Préteur  à  Rome,&  dans  les  Provinces  devant 
le  Proconful ,  avec  certaines  formules  de  paroles, 
&  d'une  baguette  nommée  vindicla,  dont  il  les  frap- 
poit.  La  Vindicla  étoit  une  verge  dont  le  magiftrat 
frappoit  fur  la  tête  de  celui  qu'il  affranchilloit  en 
difant  :  Nous  déclarons  cet  homme  ici  préfent  être 
libre  &  citoyen  Romain.  Feltus  prétend  que  c'étoit 
le  maître ,  qui ,  prenant  fon  efclave  par  la  main , 
prononçoit  ces  paroles  i  hune  homïnem  libcrum  ejje 
volo.  Il  le  frappoit  en  même  tems  de  la  baguette  , 
&  lui  faifoit  faire  un  tour  entier ,  ce  qui  s'appe- 
loit  vertigo.  Faut  una  quiritem  venigo  ,  dit  Perle. 

§3"  On  affranchilfoit  encore  les  ej'dares,  lorf- 
qu'on  manqiioit  de  foldats,  &  qu'il  falloit  les  armer 
dans  des  befoins  prelfans  ;  mais  cette  liberté  ne  leur 
ctoit  acquife ,  qu'après  qu'ils  s'étoient  fignalés  par 
quelque  exploit  confidérable  :  ce  qui  s'appeloityér- 
vos  adpUcum  vocare.  Voy.  Affranchi. 

^3"  On  donnoit  aux  efcUves  divers  noms  ou 
diverfes  épithètes  ,  relativement  aux  difFérens  em- 
plois qu'on  leur  donnoit.  On  trouvera  tous  ces  noms 
à  leurs  articles  particuliers. 

Esclave  ,  fe  dit  auiïl  de  celui  qui  eft  attaché  à  un  em- 
ploi qui  demande  beaucoup  d'afliduité  ,  qui  im- 
pofe  beaucoup  de  contrainte  j  qui  ne  lailfe  point  de 
liberté.  Un  Avocat  employé  ell  un  efclave  dans  fa 
profelïïon.  Les  Rois  Çomefclaves  fur  le  trône.  S.  Evr 
On  dit  qu'un  homme  eft  efclave  de  fa  parole  , 
pour  dire  ,  qu'il  garde  exadement  ce  qu'il  promet. 

Esclave  fe  dit  non-feulement  des  perfonnes  ,  mais 
auffi  des  pays,  des  Royaumes  ,  des  Provinces.  Il 
n'avoir  pas  pu  voir  fans  douleur  cette  terre  où  No- 
tre-Seigneur  a  racheté  le  genre  humain  ,  devenue 
efclave  des  Infidèles.  Bouh.  Fie  de  S.  Ignace. 

Esclave  ,  fedit  figurément  en  Morale  de  ceux  qui , 
par  flatterie  ou  par  intérêt  fe  rendent  tellement 
dépendans  de  quelqu'un  ,  qu'ils  font  aveuglérnent 
tout  ce  qu'ils  croient  devoir  lui  plaire,  foit  bien  , 
foit  mal  ;  de  ceux  qui  font  tellement  attachés  au 
fervice  de  quelqu'un  ,  qu'ils  ne  peuvent  s'en  éloi- 
gner, ni  fxire  autre  chofe  ■■,  &  enfin  j  de  ceux  qui 
font  foumis  &  alfujettis  .1  l'empire  des  pallions , 
qui  font  tout  pour  les  fatisfaire.  C'eft  une  ame  vib  , 
une  ame  à'efclave  j  qui  flatte  les  vices  de  fon  maî- 
tre. Ceux  qui  font  réduits  à  fetvir  font  moins  ef- 
daves de  leur  maître  j  que  de  la  néceflité.  Le  Mai. 
Il  eft  beau  qu'il  fe  trouve  dans  le  Chriftianifmedes 
âmes  fi  détachées  d'elles-mêmes,  qu'elles femblent 
indépendantes  du  corps,  qu'elles  traitent  en  ef 
dave.  Nous  fommes  efdaves  de  toutes  les  choies 
que  nous  craignons  5i  que  nous  defirons.  Dac.  L'in- 
térêt fait  du  plus  fier  &  du  plus  orgueilleux  un  ado- 
rateur &  un  vil  efclave  de  tous  ceux  qui  font  en 
fortune.  M.  Esp.  L'on  eft  efdave  de  fa  Maîtrelfe  , 
efclave  de  fes  pallions.  Il  faut  fe  fetvir  des  chofes , 
en  être  le  maître,  &  non  pas  Vefdave.  S.  Evr.  La 
crainte  de  la  mort  &  des  enfers  ne  convient  qu'à 
des  efdaves.  Fen.  Efdave  des  plus  honreufes  ac- 
tions. BouH.  Efdave  de  la  fortune  ,  de  la  faveur , 
de  fes  intérêts  ,  qui  fait  tout  pour  la  fortune  j  qui 
facfifie  tout  à  fes  intérêts. 

L'ame  eft  donc  toute  efclave  ;  une  loi  fouveraine 
Vers  le  bien  ,  ou  le  mal ,  incejfamment  l'entraîne. 

Corn. 

/^i/ efclave  toujours  fous  le  joug  du  péché.  Boit. 

Mais  nous  autres  faifeurs  de  livres  &  d'écrits  , 
*      Du  Lecleur  dédaigneux  honorables  efclaves.  Id. 

/       Esclaves  de  la  VERTU.  Ordre  de  Chevalerie  pour 
les  Dames,  inftitué  eni<5(îi.  par  l'Impératrice  Eléo-' 


ESC 

nore  de  Gonzague  3  femme  de  l'Empereur  Ferdi- 
nand III.  laquelle  en  fut  Grande  Maîtrelfe.  La  de- 
vile  de  cet  Ordre  étoit  un  Soleil  dans  une  couronne 
de  laurier ,  avec  ce  mot  j  Sol  ubique  triumphat.  Les 
Dames  Efclaves  de  la  vertu  dévoient  porter  cette 
devife  en  forme  de  médaille  attachée  à  une  chaîne 
d'or  en  forme  de  bracelet  au  bras  gauche.  Voye:^ 
Juftiniani ,  T.  IL  c.  90, 

ESCLAVINE.  Vieux  mot.  C'étoit  une  efpcce  d'habit 
long  &  velu.  Penula  ,  chlamys.  Les  Pèlerins  mar- 
choient  avec  efdavine  &  bourdon.  Poiney  écrit  au(li 
efdaméne.  Ce  mot  a  aufli  fignifié  une  grolfe  couver- 
ture de  lit ,  &  il  vient  àEj'davonie. 

ESCLAVON  ,  oNNE.  f. m. &  f.  Nom  dépeuple,  que 
nous  appelons  aullî  Sclavon  ,  onne  y  &c  Sclave  m. 
&  f.  Sdavus  j  Slavus.  Procope  &  Jornandez  dilent 
Sdavinies.  M.  de  Cordemoy  dit  toujours  Sclave  àins 
fon  Hiftoire  de  France  :  il  parle  des  anciens  peu- 
ples qui  portoient  ce  nom.  Le  premier  ,  dit-il, 
Tom.  I.  pag.  3 18.  qui  s'apperçut  de  la  foiblefle  de 
Dagobert ,  fut  Samon ,  Roi  des  Sclaves.  Il  étoic 
natif  de  Sennegaw  ,  &c  par  conféquent  né  fujetdes 
Rois  de  France.  Il  avoir  toute  la  vie  fait  prof  ellion  de 
la  Marchandife  ;  &  comme  il  alloitavec  une  troupe 
d'autres  Marchands  trafiquer  dans  la  Bohême  ëc 
les  pays  voifins  ,  il  trouva  toute  cette  partie  de  la 
Germanie  en  armes  ,  parce  que  les  Sclaves  ,  qui  l'ha- 
bitoient ,  vouloient  s'affranchir  déBa  tyrannie  das 
Arabes.  Il s'oftrit  avec  fes  compagnons  aux  Sclaves, 
comme  ilsétoient  prêts  de  livrer  le  combat  ,  &  fie 
tantd'aârions  de  valeur  en  cette  occafion  ,  qu'ayant 
gagné  la  bataille^  ils  le  firent  leur  Roi.  Et  p.  319. 
Ce  Marchand  né  Chrétien  ,  devenu  Roi  d'un  peu- 
ple idolâtre  ,  vécut  en  homme  qui  n'avoit  jamais 
eu  de  religion.  Il  idolâtra  comme  les  Sdaves  ,  8c 
prit  douze  femmes  ;  dans  tout  le  refte  il  parut  de 
gtand  fens  ,  &  capable  du  gouvernement  ;  il  alfura 
par  divers  combats  la  liberté  des  Sclaves  ,  ôi  mie 
tout  le  pays  en  paix,  &c.  Et  de  même  ,  T.  II.  p.  7. 
11.  23.  32.  47.48.  i4{.  149.  159.  157.  174.  175. 
&  ii)6.  Il  paroît  que  l'on  parloir  autrefois  ainfi  , 
car  c'eft  de  ce  mot  que  s'eft  formé  le  nom  efdave  , 
comme  on  l'a  dit  ;  Se  de  Sdavus  j  on  a  dû  natu- 
rellement dïve  Sclave. 

Mézeray  dit  Sclavon.  Les  Huns  recommencèrent 
bientôt  la  guerre ,  mais  les  Sclavons  en  caulèrenc 
une  auparavant.  Cette  nation ,  Scythique  d'origine  , 
s'étoit  épandue  en  diverfes  contrées.  Mézer.  T.  I. 
p.  180.  Les  Willhes  ne  celfoient  de  courir  fur  les 
terres  des  autres  Sclavons  leurs  voilms  &  fujers  des 
François ,  &  fur  les  Abodrites.  Id.  ibid.  où  il  décric 
leur  défaite  par  Charlemagne  j  &  de  même  dans 
Charles  le  Chauve  ,  p.  x6o.  Moréry  ,  &  fes  Con- 
tinuateurs ,  M.  Corneille  ,  &  plufieurs  autres  ,  di- 
fent  Efdavons.  D'autres  écrivent  indifféremment 
Sclavon  &  Efdavon. 

Les  Efdavons.,  comme  on  le  vient  de  voir, 
étoient  un  peuple  de  la  Scythie  Européenne.  Bi- 
bliander ,  dans  fon  Livre  De  Ratione  commun,  lin- 
guar.  p.  15.  croit  qu'ils  ne  fortirent  de  leur  patrie 
que  vers  l'an  600.  mais  il  eft  fur  qu'ils  l'abandon- 
nèrent fous  l'Empereur  Juftin  ,  qui  monta  lut  le 
trône  en  5 18.  c'eft-à-dire  j  près  d'un    fiècle  plutôt 


que  ne  le  dit  Bibliander.  Sous  l'empire  de  Jufti- 
nien  ils  ravagèrenr  la  Grèce;  ils  établirent  le 
Royaume  de  Pologne  &  celui  de  Moravie  ,  &c  vin- 
rent fe  fixer  dans  l'Illyrie  ,  qui  prit  de-là  le  nom 
d'Efcla^onie.  L^Myfiens,  les  Serviens  ,  les  Bul- 
gares ,  ceux  de  Bofnie  ,  les  Dalmates  ,  les  Croates, 
les  habitans  de  la  Pannonie  ,  ceux  de  Bohême  &  de 
Moravie,  de  Siléfie  ,  les  Polonois ,  tant  de  la  grande 
que  de  la  petite  Polog;ne  ,  ceux  de  Mazovie  ,  de 
Poméranie  ,  de  la  Caffubie  ,  les  Ruinens ,  les  Mof- 
covites ,  font  tous  ou  Efdavons  ,  ou  Vindéliciens , 
dit  Bibliander  à  l'endroit  cité.  Les  Efdavons  em- 
brafterent  la  foi  en  8  17  ,  à  l'exemple  de?  Bulgares  , 
qui  s'étoient  faits  Chrétiens  dix  ans  auparavant. 
Ils  eurent  des  Rois  juqu'au  XIII«  fîècle  i   enfuite 


ESC 

ils  devlni-ent  trib^itaii-es  des,  Hongrois.  Foye^Es- 

CLAVONIE. 

Le  nom  d'cfdavon  ,  ou  Sclavon  ,  Sc'.avus  ,  fclon 
Théodore  Polycarpouvitz  ,  Auteur  d'un  DicStion- 
naire  Grec  ,  Latm  iS:  EfcLivon  ,  impnmé  à  Mofcou 
en  1704.  vieiic  du  mon  tjcldvon,  Sluvu,  qui  daus 
cecte  langue  lignihe  gloire. 

Il  y  a  une  Clironuiue  Latine  des  Efdavons  en 
fept  Livres.  Helmold  ,  Prêtre  de  Buzu  ou  Bouzou  , 
a  tait  les  deux  premiers  Livres  ,  &  Arnoul  ,  Abbé 
de  Lubec  ,  l'a  continuée  ,  &  ajouté  un  fupplcment , 
qui  comprend  la  lia  du  fécond  Livre  (ic  les  cinq 
derniers.  Le  Baron  de  Leibnitz  l'a  corrigée  fur  un 
manufcric  j  &  l'a  imprimée  dans  (csScripcores  lie 
runi  BrunJ'ivkenJium  ,  T.  II.  p.  557.  &  Juiv.  Cette 
Chronique  nous  apprend  que  les  Efdavons  on:  ha 
bité  les  côtes  de  la  mer  Baltique  j  que  les  tjcla 
vons  étoient  divifés  en  Orientaux  &  en  Occiden- 
taux; que  les  Occidentaux  étoient  les  Ruiiîens, 
les  Polonois,  les  Prulîiens,  les  Bohèmes,  les  Ca- 
rinthicns  &  les  Sorabes  ;  que  les  autres ,  qui  habi- 
toient  lElclavonie  propre  ,  étoient  les  peuples 
qu'on  avoit  autrefois  appelés  Vandales ,  &  qu'au 
temps  d'Helmold  on  nommoit  'Vénétes  ;  qu'il  y 
avoit  encore  beaucoup  d'a.utres  Efc' avons  au  midi  ; 
que  ces  ditiérens  peuples  avoient  rei^u  la  foi  en  dif- 
férens  temps.  Helmold  va  jufqu'à  l'an  1 170.  &  Ar- 
noul depuis  1170.  jufqu'à  1109. 

Il  y  a  une  Hiftoiie  Italienne  des  Efdavons  par 
Dom  Maur  Orbini  Ps.aufer  ,  Abbé  de  l'Ordre  de 
Malte,  intitulée  //  regno  de  gli  Slaviy  &  impri- 
'  mée  h-fol.  à  Péfaro  en  1601.  Cet  Auteur  prétend 
que  les  Efclavons  font  originaires  de  Finlande  j 
dans  la  Scandinavie  ;  qu'ils  en  fortirent  pour  la 
première  fois  au  temps  qu'Othoniel  ,  le  premier 
des  Juges,  gouvernoit  le  peuple  d'Ilracl ,  1460. 
ans  avant  Jesus-Ciir.ist  ,  félon  le  calcul  de  cet 
jluteur  J  &  l'an  du  monde  3790.  &  tju'ils  en  for- 
tirent fous  le  nom  de  Goths  ;  qu'ils  conquirent 
toute  la  Sarmatie  ,  &  fe  divifèrent  enfuite  en  plu- 
fîeurs  peuples  ,  qui  font ,  dit-il ,  après  Dubravius, 
Hift.  de  Bohême  ,  L.  I.  les  'Vénèdes,  peuples  qui 
habitèrent  le  territoire  de  Dantzick  ,  lesSclaves, 
les  Antes  J  les  Verlesj  ou  Erules,  les  Alains ,  ou 
Malïagètes ,  les  Hyrtes  ,  les  Scyres ,  les  SirbeSj  les 
Emenclènes ,  les  Daces ,  les  Suèdes  ,  ou  Suédois,  les 
Finnes ,  ou  Finlandois,  les  Pruiîiens ,  les  Vandales, 
les  Bourguignons ,  les  Goths ,  les  Olbogoths ,  les  Vi- 
lîgotlis  ,  les  Gétes ,  les  Gépides  ,  les  Marcomans  , 
les  Quades ,  les  Avares,  les  Peucins ,  les  Baftarues  j 
les  Rudiens,  ou  Mofcovites,  les  Polonois,  les  Bo- 
hèmes, les  Siléfiens  &  les  Bulgares. 
.  Lin  balmate  ,  nomm.é  Laurent  Prlbevo  ,  a  fait 
un  difcours  fut  l'origine  &:  les  conquêtes  des  Efda- 
vons ,  où  il  prétend  que  les  Illyriens  &c  les  Thraces 
ne  font  qu'une  même  nation  ;  que  les  Efdavons 
font  originaires  des  Thraces  ^,  qui  font  la  poftérité 
de  Thiras  ,  feptième  fils  de  Japhet.  E'oye~  ce  dif- 
cours ,  qui  fut  imprimé  en  Italien,  par  Aide  Ma- 
nuce  le  jeune,  à  Vénife  en  1595. //2-4°. 
EscLAvoN.  f.  m.  Langue  Efclavone.  Langage  des  Ef- 
davons. Sdavonica  ,  ow  Ulyrica  lingua.L'Efdavon 

■  €ft  après  l'Arabe ,  la  langue  la  plus  étendue.  Elle 
fe  parle  depuis  la  mer  Adriatique  jufqu'à  l'océan 
feptentrional ,  &  prefque  depuis  la  mer  Cafpienne 
jufqu'en  Saxe  ,  chez  tons  les  peuples  Efdavons  dont 
nous  avonsparlé  dans  l'article  précédent.  Quelques- 
uns   l'appellent    ^indtfch.    L'Efdavon  ell  langue- 

■  mère  du  Bohémien ,  du  Sorabe  ,  du  Bulgare,  du 
Polonois,  du  Lithuanien,  du  Mofcovite^  &  de 
beaucoup  d'autres  langues.  Mem.  de  Ta.  Sur  la  fin 
du  IX'  liècle  ,  fufiige  de  fe  fervir  de  l'Efdavon 
dans  l'Eglife ,  de  dire  la  Melfe ,  de  tr.aduire  l'Ecri- 
ture &  de  la  lire  en  Efdavon,  s'introduifit  dans  la 
MoMvie  &  dans  la  Bulgarie.  Voye^  fur  cela  la  Dif 
fert.  XVII.  du  P.  Papebroch  dans  le  PropyUum  ad 
Acl.  SS.  Mail  ,  />.  1 57.  &fuiv. 

EscLAvoN  ,  ONNE.  adj.  Qui  appartient ,  qui  a  raport 
aux    Efdavons.    Sdavomcus.   M.    Leibnitz    croit 


quelles  Huns  étoient  une  n:iùon  S davo/ine. 'h. -eu-. 
DE  IR.  La  langue  Ejduvonnc  On  compte  au  moms 
vingt  peuples  izfdavons.  Nous  avons  un  Litlion- 
naire  afdavon  compofé  par  le  P.  Jacques  Micalia  , 
Jéluite,  &  imprimé  à  Lorette  en  1649.  i"-^"-  B".- 
bliander",  p.  15.  de  tiac.  Lom.  lar.g.  p.irle  anlîî 
d'un  ouvrage  lur  cette  langue,  dont  l'Auteur  eft 
Jean  Maczuisky.  Chronique  Efdavonne.  Poye^ 
ci  delTus. 

ESCLAVONIE.  Nom  du  pays  que  les  Efdavons  onc 
habité  depuis  que  ,  fortis  du  Nord,  ils  fe  fuient 
fixés  en  Europe  ;  mais  qu'on  ne  donne  point  à 
celui  qu'ils  occupoient  dans  le  ieptentrion  avant 
leur  fortie ,  ni  même  à  toutes  les  contrées  que  les 
diftérens  peuples  Eldavons  ont  pollédées  ,  ou  pof- 
fèdent  encore  j  mais  feulement  aux  terres  des  Ef- 
davons propres  ,  c'eft-à-dire  j  de  ceux  qui  ont  re- 
tenu &  conlervé  le  nom  d'Efclavons.  EJdavonia. 
Comme  ce  pays  a  eu  différentes  bornes  en  difïe- 
rens  terr.ps,  il  faut  diftinguer  \' hjdavonie  ancienne 
&  la  nouvelle.  L'ancienne  EJdayonle  comprenoic 
tout  ce  que  nous  appelons  l'Illyrie.  VEfdavonie 
aujourd'hui  eft  une  Province  du  Royaume  de 
Hongrie  J  renfermée  entre  le  Danube,  la  Save  5c 
la  Drave ,  &  qui  a  au  midi  la  Croatie  &  la  Bof- 
nie  J  au  levant  la»  Servie  &  la  Haute  Hongrie  ,  au 
nord  la  Balle-Hongne  ,  &c  au  couchant  la  Stirie. 
On  la  divife  en  deux  parties  j  l'occidentale,  qui 
retient  le  nom  à'hfdavonie  ,  &  quia  les  villes  de 
Polféga  ,  de  Crentz ,  de  Zagabria  ,  de  Waradin  , 
de  Capranitz  ,  &  quelques  autres.  L'orientale , 
qu'on  nomme  Rafcie  ,  ik  où  il  y  a  Walpo  ,  EfTek  , 
Walcovas  &  Sirmifch.  On  la  divife  auflî  en  Ef- 
clavonic  à  l'Autriche  ,  &  Efdavonie  au  Turc.  VEf- 
davonie efl  un  aifez  bon  pays  ,  mais  ruiné,  pac 
les  guerres. 

ESCLOPE.  \rr        C  ÉCLOPÉ. 

ESCLORRE.  r  "-^^^IeCLORRE. 

bSCLOS.  f.  m.  Vieux  mot  qui  fignifie  des  falots'. 
Calceus  ,  Lgnarius.  Il  eft  encore  en  ufage  en 
quelques  Provinces.  Rabelais  a  fait  une  Ifle  des 
Efdos  ,  où  il  entend  parler  des  Moines  qui  portenc 
des  fandales  ,  que  les  Italiens  appellent  Z occoUmù. 
Ce  mot  ^cfdos  vient  de  ce  que  c'étoit  la  chauf- 
fure  d'eiclavûs  ,  ou  de  gens  miférables. 

ESCLUSE.         -V  r  ECLUSE. 

ESCLUSÉE.        \Fc,yei\  ECLUSEÉ. 

ESCOBILLE.     >  ^  (.  ECOBiLLE. 

ESCOCHER  la  pâte.  Terme  de  Boulanger  ,  particu- 
lièrement en  ulage  parmi  ceux  qui  font  le  bifcuit 
de  mer.  C'eft  battre  la  pâte  du  plat  de  la  main  , 
afin  de  la  ramaflfer  en  une  feide  malTe. 

ESCOFFION.  i.  m.  Terme  populaire,  qui  fe  dit  de^ 
la  coëtTure  des  femmes  du  peuple  ,  ou  des  payfan- 
nes  ,  des  femmes  cocttees  mal- proprement.  Calan- 
tica  ruflica.  Les  harangères  qui  fe  querellent  s'arra- 
chent leur  efcoffion. 

ESCO¥KM.J[oyc^  ÈCOFRAI. 

ESCOGRIFre.  f.  m.  Terme  vieux  &  populaire  ,  qui 
fe  dit  néanmoins  encore  en  raillant ,  ou  par  injure, 
à  des  gens  de  grande  taille  ,  mal-bâtis  &c  de  mau- 
vaife  mine-  C'ell  un  ^rxnàefcogriffe. 

Ce  motfe  prend  aufB  pour  une  manière  d'efcroc 
qui  ne  cherche  qu'à  attraper  quelque  chofe ,  qui 
prend  hardiment  fans  demander.  C'efl:  un  vrai  efio- 
griffe.  Il  eft  venu  un  Sergent  avec  trois  ou  quatre 
efcogriffes  de  Records. 

On  dit  efcogriffe  par  corruption  pour  hypcgryfe, 

HUET. 

ESCOINSON.         \j^        /ÉCOINSON. 
ESCOLAGE.  3     ''■^'^^(.ECOLAGE. 

ESCOLÂTRE.    f.   f.   Les    Chanoinelfes  d'Ardennes 

donnent  ce  nom  à  une  des  dignités  de  leur  Chapitre. 

Les  principales  dignités  de  leur  Chapitre  font  celles 

de  Prévôté  ,  de  Doyenne  ,  à' E folâtre,  de  Chantre. 

P.HÉLioT,  T.  F.  C.   54.  On  prononce  Ecolâtre. 

Foyer  ce  mot. 
ESCOLE.  \rr        f  ÉCOLE. 

ESCOHER.  i^'e>'^n  ECOLIER. 


840  ESC 

ESCOLTÊR.  V.  a.  Vieux  mot  Ecouter. 

ESCOM3RARA.  Ifle  de  la  mer  Méditerranée.  S  corn 
braria.  Elle  eft  fur  la  côte  de  Murcie  ,  à  l'entrée  du 
petit  golte  de  Carthagéne.  Ce  nom  vient  du  Latin  ; 
il  elt  dérivé  de  Scombrus  ,  ou  Scomber,  un  ma- 
quereau ,  &  il  lui  a  été  donné  à  caufe  de  la  quan- 
tité de  maquereaux  qu'on  pêche  autour  de  cette 
Ifle. 

ESCOMPTE,  f.  f.  Terme  de  Négoce.  Ceft  la  remife 
que  fait  le  porteur  d'un  billet  de  change,  quand  il 
en  demande  le  payement  avant  l'échéance.  Pecu- 
nÏA  renùjjio.  h'escompce  eft  fouvent  un  prétexte 
pour  colorer  l'ufure.  L'escjmpte  eft  encore  en  ulage 
dans  le  négoce,  &  fe  dit  lorsqu'un  Marchand  prend 
la  Marchandife  à  crédit  pour  trois,  fix,  neuf,  douze 
ou  quinze  mois,  à  la  charge  den  faire  ïcscomvte.  à 
chaque  payement  ;  c'eft-à-dire ,  rabattre  fur  le  bil- 
let deux  &  demi  pour  cent,  qui  tiennent  lieu  d'in- 
térêt à  proportion  qu'il  paie.  L'escompte  diffère  du 
change,  en  ce  que  le  change  fe  paie  par  avance ,  & 
Vescompre ,  à  mefure  qu'on  s'acquitte.  J-^oye'^  Sa- 
vary  ,  Itfon  ,  Barrême  ,  Gobain ,  &  femblables 
Auteurs. 

fe?"  ESCOMPTER,  v.  a.  Faire  l'escompte.  T^oye^  ce 
mot.  Escompter  un  biliet  ,  autrefois  Excompter. 
Quand  un  Banquier  paie  une  lettre  de  change  avant 
l'échéance  j  il  escompte  l'intérêt  du  temps.  Ufuram 
decrahit. 

§CF  Escompté  ,  ée  part. 

ESCONDIRE.  V.  a.  Ancien  terme  qui  fignifie,  Excu- 
fer.  Excufare.  Leur  offre  à  jurer  encontre  le  ferment 
de  ciaux  qui  escondirent  femonce  ne  peut  ri  .n  faire. 
Des  Fontaines.  On  dit  dans  le  Roman  de  Thibaud 
de  Mailly , 

Tuit  i  fommes  fimon 
Nuns  ne  s'en  escondie. 
Ne  je  ne  voi  nulul , 
Que  ja.  s'en  échonie. 

On  dit  aufïï  Escondlre  ,  pour  défendre  une  chofe  : 
nous  difons  encore  éconduire  à  peu  près  dans  le 
même  fens. 

3ESCONDRE.  V.  a.  'Vieux  mot.  Cacher  ;  du  Latin 
ahscondere.  On  a  dit  auffi  Esconfet  j  &  on  trouve 
Escons,  &c  escondh,  pour  Caché. 

ESCONDUIRE.       -%  rÉCONDUIRE. 

ESCONDUISSE-/  VeCONDUISSE- 

MENT.  >J^oyeiJ      MENT. 

ESCONDUIT.  l  i  ÉCONDUIT. 

Escopi.  J         Cecope. 

ESCOPERCHE.  ^         ECOPERCHE. 

ESCOPETTE.  f.  f.  Arme  à  feu  faite  en  forme  de  pe- 
tite arqiiebufe  ,  qu^on  porte  avec  une  bandoulière. 
Sclopetta ,  catapulta  adunca.  La  Cavalerie  Françoife 
s'en  fervoit  fous  le  règne  d'Henri  IV.  &  de  Louis 
XIIL  Elle  portoitjà  ce  qu'on  dit,  cinq  cens  pas. 
Gaja  écrit  que  Mescopette  étoit  longue  de  trois  pieds 
&  demi ,  ic  qae  c'étoit  une  manière  de  carabine 
que  les  Carabins  portoient  à  l'arçon  de.la  felle.L  es- 
copette  ell  hors  d'ufage  ,  &  à  peine  eft-elle  aujour- 
d'hui connue.Une  barbe  diVescopette  fedit  baffemenc 
d'une  barbe  relevée,  recourbée,  parce  qu'on  pré- 
tend que  l'f.fco/^efrc  étoit  courbée  par  le  bout.DANET. 
Ce  mot  vient  At  fclopetta ^<X\.min\xiïi <\efcloppus, 
qui  fe  trouve  dans  Perfe.  Mén. 

ESCOPETTERIE.  f.  f.  Décharge  de  plufieurs  coups 
d'escopette  ,  de  carabine ,  de  mousquet ,  faite  toute 
à  la  fois.  Sclopettarum  fragor.  On  entendit  un  grand 
bruit  d'escopetterie  qui  annonça  l'arrivée  du  Gou- 
verneur. Une  falve  d'escopetterie.  Escopetterie ,  fe 
dit  aulli  du  bruit  que  font  plufieurs  fufées  ou  pé- 
tards en  l'air.  Des  pots  à  feu  remplirent  l'air  d'une 
escopetterie  merveilleufe.  Merc.  Sept.  1739. 

ESCORCE.  "  " 

ESCORCER. 

ESCORCHER. 

ESCORCHERIE.      >  roye^  < 

ESCORCHEUR. 

ESCORCHURE. 

ESCORCIER. 


-ÉCORCE. 

ÉCORCER. 
icCORCHER. 

ÈCORCHERIE. 
|ÈCORCHEUR. 
'ÉCORCHURE. 
-ÉCORCIER. 


ESC 

|ESCORE.  Foye^  Écore. 

EscoREs.  Terme  de  Marine.  Koye:^  Écorf. 

ESCORNE.  f.  m.  On  fe  fervoit  ue  ce  vien:-;  ir.ot,  pour 
dire  Honte,  dijjamc^  ou  ignominie.  Kemaïq.Jur  la 
Sut-  Ménip.  Voye-^  Écorne. 

ESCORNER.  -^  r  ÉCORNER. 

ESCORNIFLER.       (^         )eCORNIFLER. 

ESCORNIFLERIE.  ("      -^^  )  ECORN1FLERIE. 

ESCOPs-NIFLEUR.    3  C  ECORNIFLEUR. 

ESCORTABLE.  adj.  m.  &  f.  Terme  de  Fauconnerie. 
Il  fe  dit  d'un  oileau  fujet  à  s'écarter ,  tels  que  font 
les  plus  vêtus  J  &  les  plus  coutumiers  de  monter  en 
elfor  quand  le  chaud  les  prefîe. 

ESCORIE.  f.  f.  Troupe  de  gens  armés  qui  accom- 
pagnent quelque  perfonne,  ou  quelque  chofe  dans 
un  voyage,  pour  la  défendre  d'infulte.  Pr^/Zt/iw/H,, 
prsjîdiariorum  cohors,  manus,  agmen.  On  a  mené  un 
convoi  au  camp,  devant  Arras  avec  une  escorte  de 
iiooo  homines.  Les  vaiiïèaux  Marchands  ont  d'or- 
dinaire une  escorte  de  vaifTeaux  de  guerre-  Quand 
on  voyage  en  Turquie,  on  prend  des  Janiliàires 
pour  escorte.  Ce  Maréchal  de  France  elt  allé  vifiter 
les  places  frontières  avec  une  escorte  de  deux  mille 
hommes.  Le  Général ,  après  la  vidoire,  envoya  les 
prifonniers  fous  bonne  escorte  dans  les  villes  voi- 
lines.  La  Garnifon  ayant  capitulé,  &  étant  fortie 
de  la  ville ,  \' escorte  qu'on  lui  avoit  promife  la  con- 
duilit  à  Bruxelles. 

Quelques-uns  dérivent  ce  mot  du  Latin  cohors. 

Escorte  ,  fe  dit  aulîi  de  la  fuite  d'une  perfonne  de 
qualité,  ou  d'une  troupe  de  Courtifans, d'amis,  ou 
d  autres  perfonnes  qui  accompagnent.  Comitatus. 

Errant  dans  le  Palais  ,  fans  fuite  &  fans  escorte  j 
La  mère  de  Ccfar  veille  feule  à  fa  porte.  Rac. 

On  dit  aufîi  par  civilité.  Je  veux  vous  faire  es~ 
corte  jusques  chez  vous  \  pour  dire ,  Je  veux  vous 
accompagner. 

Droit  d'Escorte.  Ceft  un  droit  dont  jouifTent 
plufieurs  Princes  d'Allemagne  d'escorter  les  Mar- 
chands qui  voyagent  avec  leurs  marchandifes  , 
moyennant  une  certaine  fomme.  Jus  conducendi. 

ESCORTER.  V.  a.  Faire  escorte.  Cufiodire ,  agere , 
comitari.  On  fait  escorter  l'argent  du  Roi,  qu'on  eu- 
voie  à  l'armée.  Pour  transférer  ce  prifonnier,  on  l'a- 
fait  escorter  par  cinquante  Archers. 

Escorter  J  fignifie  aulli  fimplemenr.  Accompagner,' 
conduire.  Quand  ce  Seigneur  eft  arrivé  à  la  Cour, 
il  étoit  escorté  dt  cinquante  Gentilshommes. 

D'importuns  créanciers  une  affreufe  cohorte 
En  tout  temps ,  en  tous  lieux  l'importune  &  /'escortée  ' 

Recueil  de  Vers. 

Escorté  J  ée.  part.  &  adj.  Comitatus. 

ESCOSSE.  ->v  f  ECOSSE. 

ESCOSSE.  J  i  ECOSSE. 

ESCOSSER.  f  lECOSSER. 

ESCOSSEUR.  >;^<jye^<ECOSSEUR. 

ESCOSSOIS.  I  JECOSSOIS. 

ESCOT.  \  /ECOT. 

ESCOTARD.  J  LeCOTARD. 

ESCOUADE,  f.  f.  Manipulas ,  globus  i  cohors  ^  ma- 
nus.  Dans  l'art  militaire  ,  c'eft  une  patrie  ^d'une 
compagnie  d'Infanterie  ,  qui  répond  à  ce  qu'on 
appelle  Brigade  dans  la  Cavalerie.  Les  Compagnies 
d'Infanterie  font  ordinairement  divifées  en  trois 
Escouades.  Les  Escouades  fe  relèvent,  &  montent 
la  garde  l'une  après  l'autre  ;  elles  font  comman- 
dées par  un  bas  Officier. 

Former  les  escouades.  Les  escouades  font  plus  ou 
moins  fortes,  fuivant  l'ufage  des  garnifons  où  l'on 
fe  trouve.  Le  moins  qu'elles  puifTent  être  ,  c'eft  de 
fix  hommes  avec  un  Caporal  :  l'ordin.iire  ell  de 
neuf  à  dix ,  &  l'on  ne  palFe  guère  le  nombre  de 
douze  ,  compris  le  Caporal.  Bombelies.  Les  es- 
couades formées  J  le  Caporal  doit  vifiter  les  armes 
de  celle  qu'il  commandera,  Id.  Affembler  fon  cj- 
couade,  Id. 

EscouADB 


ESC 

EscouADS  ERisÉE.  C'cft  Une  escouade  compofée  de 
loldacs  lie  pliiiîeurs  Régimens.  Bombelles.  Il  arri- 
vera quelquefois  qu'après  toutes  les  escouades  for- 
mées ,  il  reftera  quelques  foldats  pour  compofer 
une  escouade  hrifee.  Id. 

On  die  aulli  une  Escouade  du  Guet,  en  parlant 
du  Guet  à  pied  j  il  n'a  même  guère  d'autre  uiage. 

fSCOUER.  •^  /-ÉCOUER. 

nsCOUENE.  /  \  ECOUÉNE. 

ESCOUFLE.  >rojfî<ECOLJFLE. 

ESCOULEMENT.    l  )  ECOULEMENT. 

ESCOULER.  J  CeCOULER. 

ESCODLOUBRE.  Petite  ville  de  France.  Ceft  le 
chef-lieu  du  pays  de  Sault,  au  Diocèfe  d'Aleth ,  fur 
les  trontières  du  Roullillon. 

ESCOULOURABLE.  adj.  Vieux  mot.  Muable,  chan- 
geant. 

ESCOUP.  f.  m.  Terme  de  Marine.  Brin  de  bois  d'une 
très  médiocre  grolFeur ,  dont  on  fe  fert  à  jeter  de 
l'eau  de  la  mer  le  long  du  vailleau ,  pour  le  laver. 
Il  elt  creufé  par  le  bouc ,  &  tient  de  la  ligne  droite 
&  de  la  courbe. 

ESCOUPE.  i.  f.  Sorte  de  pelle,  inftrument  de  Mi- 
neur. Elle  elt  arrondie  du  côté  du  tranchant  j  mais 
en  pointe  dans  le  milieu, 

ESCOURGÉE.  ^r^         jÉCOURGÉE. 

ESCOURGEON.         T    -^^^  tECOURGEON. 

Escourgeon.  Lanière  de  cuir  dont  on  fait  des  cordes 
de  rouit ,  des  liens  pour  les  fléaux  à  battre  le  blé. 

ESCOURRE.  Terme  de- Marine.  Scie  escoune ,  eft 
un  commandement  qu'on  fait  aux  Galères  far  la 
Méditerranée,  lorsqu'on  veut  que  les  rameurs  vo- 
guent à  rebours,  &  reviennent  lur  leur  fillage. 

ïscouRRE,  vieux  v.  n.  Se  dilliper,  Difirahere  anl- 
mum. 

ESCOURTER.  Voyei  Écourter. 

ESCOUSSE.  f.  f.  Quelques  pas  qu'on  fait  en  arrière 
pour  fe  mettre  en  train  de  fauter  quelque  folfé,  & 
s'élancer  avec  plus  de  force  &c  de  légèreté.  Impecus. 
Pluiieurs  blà'nent  ce  mot  comme  populaire  &  cor 
rompu,  &  éLxknt  fecoujje.  Prendre  i'a. J'ecoujfe j  aa 
lieu  d  j  dire  ,  Prendre  fon  escoujje  ,  comme  on  fait 
à  Paris.  Il  n'eft  que  du  ftyle  familier 


ESCOUTANT. 

ESCOUTE. 

ESCOUTER. 

ESCOUTFUX. 

ESCOUTILLE. 

ESCOUTILLON. 


■  Voye'^  ■ 


ECOUTANT. 
lÉCOUTE. 

Iecouter. 
.écouteux. 

fECOUTILLE. 
ECOUTILLON. 


ESCOUVE  ,  ou  ECOUVE.  f.  f  Vieux  mot  qui  figni- 
iie  un  Balai.  Il  vient  du  Latin  Scopa ,  qui  a  la 
même  lignification.  Ce  mot  eft  encore  ufité  dans 
quelques  Provinces.  En  Limoulin  on  dit  escoube  ou 
ecouhe ,  &  pour  les  diminutifs  écoubet  ou  écoubillon. 

ESCOUVETTE.        ;)  rECOUVETTE. 

ESCOUVILLON.      f  , .        JECOUVILLON. 

ESCOUVILLON-r^''->'^îj  ECO U VILLON- 
NE  R.  3  C      NER. 

ESCOYEUX.  Ville  de  France,  dans  la  Saintonge. 

ESCRAN.  ;)  r  ECRAN. 

ESCRASER.  {rr        )  ECRASER. 

ESCREMER.  ^l^ oye^  <  eçréMER. 

ESCRENNES.  3  t  ECRENNES. 

ESCRETEAU.  f.  m.  Terme  de  Tondeurs  de  draps. 
Voye:^  Démarche. 

ESCREVISSE.  ->  „         i  ÉCRÉVISSE. 

ESCRIER.  K^-^^^l  ECRIER. 

ESCRIME,  f.  f.  Exercice  qui  apprend  l'art  de  fe  fer- 
vir  de  Tépée  pour  blélfer  fon  ennemi ,  &  pour  fe 
garantir  de  fes  attaques.  Glad'iatura  rudiaria  ,  um- 
bracUis.  Végue  l'appelle  armatura.  Les  Maîtres  à' es- 
crime s'appellent  aujourd'hui  Maîtres  en  fait  d' ar- 
mes ,  ^  plus  ordinairement,  Maures  d'armes.  On 
apprend  Y  escrime  avec  des  fleurets ,  rudibus.  Fran- 
çois Pyrard  dit  que  cet  art  eft  tellement  eftimé  aux 
Indes  Orientales ,  que  ce  font  les  Princes  &  les  plus 
grands  Seigneurs  qui  l'enfeiiïnent.  Us  portent  aux 
bras  droit  la  marque  de  Maîtres  d'armes ,  qu'en 
leur  langue  on  nomme  esçru  ^  que  les  Rois  eux- 
Tome  III. 


ESC  841 

mêmes  leur  donnent  avec  beaucoup  de  cérémonie. 
L'art  de  Vescnms  fe  divife  en  deux  parties,  le  jeu 
fimple  &  le  jeu  compofé.  Fûyc:i  Jeu.  Il  y  a  des  pa- 
tentes accordées  à  la  Compagnie  des  Maîtres  en 
hiitd  armes  de  la  ville  de  Pans ,  des  itatucs  ,  &  des 
Maîtres-Gardes  de  cette  profellion.  Les  Maîtres  ne 
lunt  reçus  qu'à  15.  ans,  après  avoir  fait  expérience 
ou  all.iut  contre  les  fix  derniers  reçus  en  piéfence 
du  Syndic,  des  Gardes  des  Maîtres^  (k  du  Procureur 
du  Roi. 

Ce  mot  vient,  félon  Du  Cange,  de /crama,  qui 
ctoit  une  espèce  d  épce  large  &  tranchante  ,  d'où 
elt  venu  aulii  ejiramacon.  Guichart  le  dérive  de 
l'Hébreu  LZ:irt,  hharam  ,  tuer  ^  détruire,  perdre. 
Icquez  le  lait  venir  du  mot  Angio  Su-non  fcrimarij 
déjendre.  Selon  d'autres  ce  mot  vient  de  Scherma^ 
Jcnmij  J  mot  Allemand,  formé  du  Grec  «-"laiKaxi'", 
umbratilispug/ia  :  d'où  vient  qu'en  Allemand  S'cbe- 
rani  lignifie  Soldats  ,  &cjckieru  actes ^  une  armée  en 
bataille,  &  yc/!e/-/7zire  ,  faire  des  armes.  Cette  éty- 
mologie  eft  de  Ferrarius  ,  dans  fon  Traité  De 
GLadiùtoribus.  Montagne  dit  dans  fes  ElTais,  liv.  i. 
chap.  x-j.  que  l'art  ^escrime  déroge  à  la  veitu,  «Se 
que  la  NoblelTe  de  fon  temps  évitoit  avec  foin  la 
réputation  de  favoir  faire  des  armes,  comme  une 
chofe  capable  de  corrompre  les  bonnes  mœurs. 
Escrime  ,  fe  prend  figurément  pour  toutes  fortes  de 
coups  d'adrelFe  ,  pour  1  habileté  que  l'on  a  à  faire 
de  certaines  chofes,  &  à  s'en  fervir,  fur-tout  dans 
les  ouvrages  d'esprit.  Mais  il  ne  s'emploie  guère 
que  dans  le  comique  &  le  burles,que.  Vous  leur 
avez  fait  voir  un  coup  d'escrime ,  qui  dans  le  cœur 
leur  donne  un  coup  d'eftoc.  Voit.  Elle  a  obtenu  le 
prix  de  V escrime  d'amour.  Reg. 

Dans  les  combats  d' esprit  fameux  Maître  «"escrime 
Enfeigne-moi,  Molière,  oii  tu  trouves  la  rime.  Boil.  ' 

Moi  donc  qui  fuis  peu  fait  à  ce  genre  d'escnme. 
Je  te  laijje  toutfeul  v  et  fer  rime  fur  rime.  Id. 

On  ditproverbialemenc,  qu'on  eft  hors  à' escri- 
me J  lorsqu'ori  eft  troublé  &  en  défordre  j  qu'on 
n'eft  plus  en  état  de  fe  défendre. 

ESCRIMER.  V.  n.  Faire  des  armes  avec  des  fleurets. 
Rudibus  ludere ,  certare.  Ceft  un  bretteur  qui  es- 
crime J  qui  fait  affaut  tous  les  jours  ,  qui  fré- 
quente les  falles  d'escrime.  Il  eft  un  peu  vieux  dans 
le  propre.  On  dit.  Faire  des  armes. 

Escrimer  ,  fe  dit  auflî  figurément  pour  disputer  l'un 
conrrc  l'autre  fur  quelques  matières  d'érudition , 
de  fcience.  Il  y  avoit  du  plaifir  à  la  dispute  de  ces 
jeunes  Bacheliers,  à  les  voir  escrimer  l'un  contre 
l'autre.  Ces  deux  Joueurs  ont  escrimé  tout  le  jour 
l'un  contre  l'autre,  &  ne  fe  font  rien  fait. 

On  dit  aulli  s  escrimer  ào.  quelque  chofe,  favoir 
s'en  fervir.  Il  fait  des  vers,  il  s'en  escrime  quel- 
quefois. Il  fait  ^escrimer  du  violon. 

Mais  laiffons-les  entre-eux  s'Qscnvnmn  repos.  Boiu 

Pas  ,  il  efl^  vrai ,  je  n'aurais  Vaffurance 

De  ^'escrimer  en  œuvre  d'importance.  Ménage. 

Ce  mot  vient  de  l'Allemand  fcbirmen  ,  ou  de 
fchermen,  hgnifiaiit  la  même  chofe,  ou  qui  fi"ni- 
he  défendre  comme  dit  Coquille.  ° 

On  dit  en  plaifantant  qu'un  homme  escrime 
bien  ,  s'escrime  bien  de  la  mâchoire  ;  pour  dire  , 
qu'il  mange  beaucoup.  Tout  cela  n'eft  bon  que  dans 
le  ftyle  comique,  ou  familier. 
ESCRIMEUR,  f.  m.  Qui  fait  fort  bien  escrimer. 
Lanijla,  rudibus  pugnare  pericus.  S.  Michel  eft  le 
Patron  des  Escrimeurs.  En  mon  enfance  la  No- 
blelfe  fuyoit  la  réputation  de  bon  escrimeur  , 
comme  un  métier  de  fubtilicé  qui  déroge  à  la' 
vraie  vertu.  Mont. 

Ce  mot  eft  vieux.  On  dit  préfentemenc  Maître 
d'armes. 

Oo  o  o  o 


8al 


ESP 


ES^RîN.  Voyei  ÉCRIN. 

EbCRlPûEUR.  f.  m.  Vieux  mot.  Éccivaira. 

ESC.RIRE.  ECRIRE. 

ESCRIT.  ")  ^  ECRIT. 

ESCRITEAU.  f  „         )eCR1T£AU. 

ESCRITUIKE.  y'^'y^l  ^ECRITOIRE. 

ESCRITURE.  \  /ECRITURE. 

ESCRIVAIN.  ^  ^ECRIVAIN. 

ESCROC,  i.  m.  Ceft  ainfi  qu'on  appelle  une  efpèce  de 
fripon  accoutumé  à  tirer  des  autres  foit  de  1  argent , 
foit  autre  chofe ,  par  fourberie  j  par  aitihce.  txtor- 
torfraudulentusj  rapacidis.  Défiez-vous  de  lui.,  c'eft 
un  cfcroc.  A  femme  avare  galant  e/trjc.  La  Font. 
Les  gens  d'épée  font  des  efcrocs  qui  ne  cherchent 
qu'à  filouter  un  cœur.  I'.  CoM.  M.  Ménage,  appelle 
efcrocs  des  écorniHeurs,  des  parafites ,  des  gens  qui 
vont  chercher  à  dîner  chez  les  autres.  Mcnfarnui 
ajjecla. 

Ce  mot  vient  defcroccare^  Italien  ,  qui  hgnifie  , 
Obtenir  quelque  avantage  ,  ou  quelque  plaifi.:  pour 
rien.  Mén. 

On  dit  aulïïd'un  Auteur  qui  tâche  de  fe  mettre 
en  eftime  par  cabaje,.que  cell:  un  efcroc  de  répu- 
tation. On  le  dit  encore  figuréinenc  en  d'autres 
matières. 

Voleur  y  efcroc  de  pénitences  , 

Banqueroutier  de  conjckncei.  N.  Ch.  de  Ver.5. 

ESCROIX.  f.  m.  Vieux  mot.  Sotte  d'inftrumenc  à  fen- 
dre les  pierres. 

ESCROQUER,  Quelques-uns  difent  e x croquer ,  mais 
mal.  V.  a.  Tirer  de  l'argent  par  artifice  ,  attraper  le 
bien  d'autrui  par  furprife,  par  finelfe  ,  en  le  trom- 
pant. Subducere ,  furripere  ;  clam ,  clanculùm  auferre  \ 
per  fruudem  eripere  ,  fuffurari.  Brufquet ,  fameux 
boufon  ,  efcroqua  fubtilement  une  chaîne  d'or  ,  que 
le  Roi  avoir  donnée  à  un  boufon  de  l'Empereur. 
Perroniana. 

Escroquer  ,  fe  dit  aufli  figurément ,  C'eft  un  parafite 
qui  êfcroque  tous  les  jours  un  dîné.  C'eft  un  de  ces 
fiux  honnêtes  gens  qui  ont  efcroqué  mon  amitié. 
Bal. 

Escroqué  ,  ée.  part. 

ESCROQUERIE,  f  f.  Filouterie,  mauvais  artifice 
avec  lequel  on  attrape  le  bien  d'autcui.  MaU  arces. 
^maffer  du  bien  à  force  d'efcroqueries. 

ESCROQUEUR,  euse.  f  C'eft  ainfi  qu'il  faut  écrire 
&  prononcer.  Qui  efcroqué.  C'eft  un  ejaoqueur  de 
Livres.  On  ne  le  dit  jamais  qu'avec  un  régime. 


ESCROU. 

ESCROUE. 

ESCROUELLES. 

ESCROUER. 

ESCROUIR., 

ESCROUISSE- 

MENT. 
ESCROULEMEET. 
ESCROU  LE  R. 
ESCROUTER. 
ESCRU. 
ESCU. 
ESCUAGE. 
ESCUBIERS. 
ESCUEIL. 
ESCUELLE. 
ESCUELLEE. 
ESCUIAGE. 


?^ey«?' 


CECROU. 

lECROUE. 

'  ECROUELLES. 

ECROUER. 

ECROUIR. 

E  C  R  O  U  I  S  SE  - 
MENT. 

ÉCROULEMENT. 

ECROULER. 

ÉC  ROUTER. 
^«E    RU. 

ECU. 

ÈCUAGE. 

ÇCUBIERS. 
\ECUEIL. 

Iecuelle. 
[ecuellee. 

UCUIAGE. 


ESCUISSER.  v.  a.  Terme  d'Exploitation  &  de  com- 
merce de  bois.  Il  fe  dit  des  bois  taillis  que  l'on  écla- 
te en  les  abbatant. 

ESCULAN.  Foye-^  i£SCULAN.  Comme  il  n'y  a 
point  d'ufage  alfez  établi  fur  ces  noms ,  on  peut  les 
écrire  comme  on  te  jugera  plus  à  propos.  L'Analo- 
gie fembleroit  demander  qu'on  écrivît  ^fcuLan; 
car  fi  de  aer  nous  avons  fait  air  ^  de  à.s  ,  airain  _,  &c. 
il  faudra  d'-^/t«/e;2tti  faire  AïfcuUn:  mais  l'analo- 
gie n'eft  pas  toujours  ce  que  l'ufage  fuit  ;  &  c'eft  à 


ESC 

l'ufage  qu'il  s'en  faut  renir ,  quand  il  y  en  a  un  alTez 
établi  :  D'ailleurs  à'^JiuLtipius  nous  failons  Efcu- 
lape  j  à'^jcliylus  ,  Efchyle ,  &c. 
ESCULAPE.  f.  m.  Dieu  des  Payens ,  que  les  Grecs 
appellent  Afclépe,  AV^iAiwiif,  &  les  Latins  yÎLfcu- 
lapius ,  d'où  nous  avons  rait  Efcuiape.  C'étoit  un 
ancien  Médecin  Grec  qui  vivoit  avant  la  guerre  de 
Troye  ,  &  qui  fut  mis  au  nombre  des  Dieux  ,  parce 
qu'il  perlectionna  biaucoup  la  Médecine.  Les  ta- 
bles le  font  fils  d  ApjUon  &  de  la  Nymphe  Coro- 
nis.  Voye^   Homère  j  Hymne  XV.  v.   i.  &  z.  & 
Ovide  apiès  lui  ^  MetJ.m.L.  II. p.  599.  &fuiv.  Il  die 
que  Coronis  ayant  eu  commerce  avec  le  jeune  Iphys, 
Apollon,  outté  de  cet  atfiont  ,  la  perça  d'une  tie- 
che  ■)  qu'il  s'en  repentit  aufTi-tôt  après  ;  que  n'ayant 
pu  lui  rendre  la  vie  ,  comme  on  brûloir  Ion  corps, 
félon  la  coutume,  il  retira  le  fils  qu'elle  portoit 
dans  fon  fianc  ,  des  flammes  &  du  bûcher,  &  le 
donna  à  Chiron  ,  pour  l'élever.  Plutarque,  Conviv. 
L.  IX.  q.  14.  Pindare ,  dans  la  troillème  Ode  des 
Pythie'ines  ,  Paufanias  ,   L.   IL    Laciance  ,   Inllit. 
L.  I.  C.  X.  rapportent  aufli  ces  chofes  à'Efculape, 
D'autres  dilentque  la  mère  à'H.Jculape  fe  nommoit 
Arfinoë.  C'eft  le  Scholiafte  de  Pindare  ciui   nous 
l'apprend.  Ariftide  de  Cnido  concilie  ces  deux  opi- 
nions ,  en  diianr  qu' Arfinoë  s'appela  Coronis  ,  tan- 
dis qu'elle  fut  vierge.  Homère  Hc  Pyndare  ,  aux  en- 
droits que  l'on  a  cités ,  la  lont  fille  de  Phlegyas. 
D'autres  difent  qu'elle  étoit  HUe  de  Leucippe^  fils 
d'Amyclas,  &  pecit-rils  de  Lacédémon, 

On  du  communément  ^acfculape  étoit  Epidau- 
rien  :  quelques  -  uns  néanmoins  prétendent  qu'il 
éroit  de  Melléne  ,  aujourd  hui  Mocénigo  ,  mais 
qu  il  étoit  établi  à  Epidaure.  Dans  un  temps  de 
perte  j  les  Romains  envoyèrent  à  Epidaure  cherchée 
le  Dieu  EjcuL^pe.  Les  Epidauriens  ne  voulant  pas 
donner  leu.  Dieu ,  un  grand  i'erpent  entra  dans  le 
navire  des  Romains  :  ils  le  prirent  pour  la  divinité 
qu'ils  cherchoicnt  ,  &  1  emportèrent  à  Rome. 
Quand  on  y  fut  arrivé  ,  le  Ici  peut  lortant  du  vail- 
feau  s'en  alla  dans  l'Ile  du  Tibre ,  &  ne  parut  point  : 
on  lui  bàtit  un  temple  dans  ce  quartier  de  la  ville, 
&  on  l'y  adoroit  fous  la  figure  dun  ferpent.  Les 
Anciens  lui  facnfioieiu  un  œuf  de  poule  j  &  ceux 
de  Cyrène ,  une  chèvre.  On  le  reprélente  oïdinai- 
rement  avec  un  ferpent.  J'ai  vu  depuis  peu  un  fort 
beau  médaillon  de  P.  Licinius  Valérianus ,  frappé  à 
Metelin  ,  JHHTiAENAinN,  au  revers  duquel  on  voit 
un  Efculape  aflis,  tout  femblable  à  un  Jupiter, 
mais  avec  un  attribut  fingulier  \  car  î\  de  la  main 
droite  il  préfente  à  l'ordinaire  une  patère  à  un  fer- 
pent qui  eft  devant  lui,  de  l'autre  il  eft  appuyé  fur 
une  malfue ,  comme  Hercule.  Efculape  étoit  ho- 
noré dans  l'Ile  de  Cos.  Triftan  l'infère  de  ce  que 
lur  les  Médailles  de  Cosj  kaioNj  on  trouve  un 
bâton  entouré  d'un  ferpent. 

Efculape  profita  beaucoup  dans  l'art  de  la  Mé- 
decine fous  la  conduite  de  Chiron  ,  jufques-là  qu'a 
la  prière  de  Diane  j  il  reifufcita  le  jeune  Hippolyte 
que  fes  chevaux  avoient  tout  brifé  j  plus  habile  en 
cela  qu'Apollon  fon  père  ,  qui  ,  ii  l'on  en  croit 
Ovide ,  fit  tout  ce  qu'il  put  pour  relfufciter  Coro- 
nis. par  le  même  art  ^  &  n'en  put  venir  à  bout.  Au 
refte ,  cette  guétifon  fi  fingulière  fut  la  caule  de  fa 
mort;  car  Jupiter,  qui  en  fut  irrité,  le  tua  d'un 
coup  de  foudre. 

Cicéron  ,  dans  le  IIF  L.  De  naturâ  Deorum  \ 
diftingue  trois  Efculapes.  Le  premier  fut  fils  d'A- 
pollon :  c'eft  celui  que  l'Arcadie  honoroljc,  &  qui 
palfoit  pour  l'inventeur  de  la  fonde,  &  de  la  ma- 
nière de  mettre  l'appareil  à  une  plaie.  Le  fécond 
Efculape  étoit  trere  du  fécond  Mercure.  Il  fur  frappe 
d'un  coup  de  foudre.  Le  troifième  étoit  fils  d'Aru- 
pe  &  d'Arfinoc;  &  on  lui  attiibuoit  l'invention  des 
purgations ,  &  l'art  d'arracher  les  dents.  Il  y  a  en- 
core un  Efculape  Egyptien  nommé  Torostre.  Voy. 
ce  mot. 

Efculape  eut  deux  fils ,  excellens  Médecins  l'un 
&  l'autre  ,  Machaon  &:  Podalirius  \  &  ttois  filles , 


ESC 

ou  vraies ,  ou  fabiileufes ,  Hygiée  j  ou  Santé  j  Eglé , 
c'elt-d-dire,  fplendeuij  Se  Panacée, c'eit  à-dire, qui 
g'iéiit  tout.  Ses  deux  hls  rendirenc  de  grands  fervices 
aux  Grecs  pendant  la  guerre  de  Troye. 

Les  Mythologes  trouvent  des  raiIons  à  toutes  les 
fables  qu'on  a  débitées  fur  ce  Dieu.  Paufanias  ^  .'« 
Ackjids  ,  croit  <\\xtjculape  n'eil  autre  choie  que 
l'air,  parce  que  la  bonté  de  cet  élément  contribue 
beaucoup  à  la  fanté.  On  le  fait  fils  d'Apollon,  parce 
que  c'elt  le  Soleil  qui  purifie  l'air ,  &:  le  rend  fi 
falutaire.  On  a  dit  qu'il  relfufcitoit  les  morts,  parce 
qu  il  avoir  guéri  des  malades  défeipérés,  icc. 

Bochart  Hiero\.  P.  I.  L.  IL  C.  55.  croit  que  le 
nom  à'EJculape  vient  de  l'Hébreu ,  ou  du  Phéni- 
cien Spmrîj  c'eft-à-dire,  l'homme  aux  chiens. 
Au  rapport  de  Feftus  j  il  y  avoir  des  chiens  dans  fon 
temple,  parce  qu'il  avou  été  nourri  de  chiens  j  & 
que  ce  pourroit  bien  être  pour  cela  qu'on  lui  auroit 
donne  ce  nom.  Thomas  Guidot  nous  a  donnç  un 
ouvrage  fut  Efculape.  Alex.  Rofarus  expofe  aulli 
fort  exaftement  toute  fon  hiltoire  dans  !on  Myjta- 
gogus  Poéticus.  Il  y  a  dans  Gruter ,  P.  LXXI.  une 
pierre  qui  fe  voit  à  Rome  j  &  fait  connoître  que 
jufqu'aux  Antonins  il  y  eut  un  Oracle  à'BJ'culape  à 
Rome. 

ESCULER.  ■)  yr^^  S  ÉCULER. 

ESCULON.  i'^'^-lECULON. 

ESCUME.  Ç.  f.  &  efcumer.  Termes  de  Bonneteurs. 
/"oyc?-  ECUME  &  ECUMER. 

ESCÙiVlÉNIER.  V.  a.  Vieux  mot.  Excommunier. 

ESCUMEUR.  -)  C  ECUMEUR. 

ESCUMEUX.  yJ'^oyei^    ECUMEUX. 

ESCUMOIRE.         3  (   ECUMOIRE. 

ESCURE.  f.  f.  Ce  mot  en  quelque  Province  fe  dit 
pour  une  petite  Métairie,  une  petite  ferme j  une 
petite  maifon  à  la  campagne.  V'dlula  j  pradlolum, 
C'eft  ce  qu'on  appelle  ailleurs  Borderie ,  claufe- 
rie  ,  &c. 

EscuRE  J  Province  du  Royaume  de  Maroc.  Plulîeurs 
la  nomment  Hafcore,  Foye\  ce  mot. 

ESCUREE.  ÉCURÉE. 

ESCURE  }  Ç  ÉCURE. 

ESCURER.  Irr        )  ECURER. 

ESCUREUIL.  /^^^■^K    ECUREUIL. 

ESCUREUR.  \  /    ÉCUREUR. 

ESCURELTSÊ.         -^  ^  ECUREUSE. 

ESCURIAL.  Petit  village  d'Efpagne.  Efcuriale  ,  Efco- 
rlale  ^  Scoriale.  Les  Efpagnols  àiient  Efcorial ,  com- 
me il  paroît  par  la  Delcription  Espagnole  qu'a  don- 
née de  i'Efcurial  le  P.  François  des  Saints  j  intitu- 
lée Dejcripùon  brève  del  Monafierio  de  S.  Loren^o 
el  real  del  Efcorial ^  &c.  Se  imprimée  à  Madrid  en 
11^57.  ui-fol.  à  l'Imprimerie  Royale.  Mais  en  Fran- 
çois nous  difons  toujours  Efcurial.  L'Auteur  que 
l'on  vient  de  citer  dit ,  dans  fon  fécond  difcours  que 
VEJcurlal  eft  dans  le  Royaume  de  Tolède ,  à  fept 
lieues  de  Madrid,  du  côté  du  couchant j  à  neuf 
lieues  de  Ségovie  ,  qui  eft  au  nord ,  à  neuf  aulli 
d'AviIa  qui  eft  au  couchant  de  XEfcurial  ,  ôc  a 
quinze  de  Tolède,  qui  eft  du  côté  du  midi;  à  côté 
d'une  chaîne  de  montagnes  que  quelques-uns  nom- 
ment les  Monts  Carpentains,  ou  Carpetanées,  & 
d'autres  ,  Pyrénées  ;  parce  qu'en  efFer  c'eft  une 
branche  des  Pyrénées  qui  fépare  les  deux  Caftil- 
les.  Il  ajoute  que  XEfcurial  eft  au  41^  degré  de 
latitude  ;  mais  M.  de  l'Ifle  le  met  fur  fi  Carte  juf- 
tement  au  milieu  entre  le  40  &  le  41  degré  ,  ou  à 
40  degrés  30  minutes  à  peu  près ,  &  près  du  14^  de 
longitude. 

Philippe  fécond  y  fit  bâtir  un  fuperbe  Monaftère 
de  l'Ordre  de  S.  Jérôme  ,  que  les  Efpagnols  appel- 
lent une  merveille  du  monde.  Le  P.  Francefco  De 
los  Santos,  dit  que  ce  fut  en  mémoire  de  la  bataille 
de  S.  Ouentin  ,  gagnée  le  jour  de  S.  Laurent,  il- 
luftre  Martyr  Efpagnol ,  &  pr.r  l'inrercenion  de  ce 
Saint.  Le  Roi  &  la  Reine  d'Efpagne  y  ont  leurs  .ip- 
partemens  ;  le  refte  eft  occupe  p.ir  les  Moines  Jéro- 
nimites.  Il  y  a  une  fort  belle  Eglife  ,  dans  laquelle 
Philippe  IV.  fit  bâtit  une  Chapelle  appelée  Pan- 


E  S  D     ES  E  845 

tlifon,  dans  laquelle  eft  la  fépulture  des  Rois  & 
des  Reines  d'hlpagne  qui  lailfent  des  enfans;  ceux 
qui  n'en  lailîent  point  font  enterrés  dans  un  ca- 
veau de  la  même  EgUfe  ,  avec  les  Infants  &  les 
autres  Princes.  Il  y  a  aulli  une  belle  Bibliothèque, 
bien  fournie  de  Manufcrits  Aiabes.  Voye^  la  Uef- 
cription  dont  nous  avons  p.arlé,  &c  le  Voyage  d'tf- 
pagne  &  d«  Portugal  par  Joviu  de  Rochefort.  C'eft 
Louis  de  Foix,  Pan  tien  ,  Architeèle  très- h.ibile, 
dont  Philippe  II.  fe  fetvit  pour  bâtir  ce  Monaftère. 

ESCURIE.  Koye:i  ECURIE. 

EiCUROLLES.  Petite  ville  de  France  j  au  Bourbon- 
nois  ,  dans  l'Eleftion  de  Gannat ,  Généralité  de 
Moulins  J  dans  une  plaine  proche  de  la  rivière 
d'Annelot. 

ESCUSSON.  ;)  r  ÉCUSSON. 

ESCUSSONNER.     (  ,^        )   ECUSSONNER. 

ESCUSSONNOIR.  (^''->^?")    ECUSSONNOIR. 

ESCUYER.  3  C    ECUYER. 

ESCUYER.  i.  m.  L'.f  ne  fe  prononce  pas.  Bâton  rond  ^ 
quelquefois  ouvragé  ,  que  l'on  mer  le  long  du  mur 
d'un  efcalier,  &  auquel  on  fe  tient  pour  monter  ou 
pour  defcendre. 

ESCYPOUR.  Petite  ville  d'Afie  ,  fur  la  route  de 
Diarbekir  à  Alep ,  à  une  journée  de  chemin  de  la 
première. 

E  S  D. 

ESDRAS.  f.  m.  Nom  d'homme,  que  nous  difons  en 
deux  manières  J  EJdras ,  ou  E\ra.  Car  quand  il  s'a- 
git d'£/i/raj  j  dont  il  eft  parlé  dans  l'Ectiture,  lur-» 
tout  dans  les  Livres  qui  portent  fon  nom  ,  l'ufige 
eft  de  dire  EJdras ,  con)me  en  Grec  &  en  Latin  .• 
mais  quand  on  parle  des  Rabbins,  ou  Juifs  pofté- 
rieurs,  qui  ont  porté  ce  nom  ,  on  du  E\ra  ,  comme 
en  Hébreu;  EJdras ^  E^ras ,  E\ra.  Efdras,  fils  ou 
defcendant  du  Souverain  Pontife  Séraia  que  Nabu- 
chodonoforfit  mourir,  fut  le  Chef  de  ceux  qui  revin- 
rent dans  la  Terre-promife  la  feptième  année  ce 
l'Empire  d'Artaxerxès ,  furnommé  Longue- main. 
EJdras  ramalîà  les  Livres  faints  qui  fe  trouvèrent 
après  la  captivité  j  les  revit  &c  les  corrigea  j  marqua 
les  Variantes,  Voye:;  la  Préface  de  R.  David  Kimh- 
hi  fur  Jofué  J  celle  d^Abarbanel  fur  Jétémie,  Rabbi 
Elias  Lévita,  MaJJbr,  HammafJ. prdf.  j.  Prideaux, 
HiJI.desJuiJs,&cc.Tom.lI.L.  V. 

Les  Livres  à'Efdras ,  font  deux  Livres  de  l'Ecri- 
ture, dont  l'original  eft  en  Hébreu,  &  dont  le  fé- 
cond eft  appelé  par  les  Hébreux  ,  Néhémias  ou  Li- 
vre de  Néhémias.  Ces  Livres  contiennent  l'Hiftoire 
du  retour  des  Juifs  de  la  captivité  de  Babylone  ,  & 
de  leur  rétablilfement  dans  la  Terre-Sainte  :  ils  font 
canoniques.  &  ont  été  reconnus  pour  tels  ,  tant  par 
la  Synagogue  J  que  par  l'Eglife.  Sanélius  a  fait  d'ex- 
celUns  Commentaires  fur  les  Livres  d'Efdras ,  im- 
primés à  .Anvers  in  fol.  \6ij.  Le  Canon  d'Efdras  eft 
la  CoUeftion  de  lEcriture  faite  par  ce  Prêtre  & 
Doûeur  de  la  Loi.  La  Synagogue  a  ajouté  encore 
après  Efdras  des  Livres  à  fon  Canon  ,  témoin  le  Li- 
vre d'Efdras  lui-même  Se  celui  de  Néhémias  f^oy. 
encore  EZRA. 

Ce  nom  eft  Hébreu  ,  avec  la  forme  Chaldéenne, 
^^;;,  e:^er,  en  Chaldéen ,  NHlV,  ^ira,  fignifie  a:- 
de ,  fecours. 

ESDRÉLON.  Nom  de  lieu  dans  l'Ecriture -Sainte. 
Efdrelon.  C'eft  une  grande  campagne  ,  qui  étpic 
dans  la  Tribu  de  Zabulon.  On  l'appeloir  aurre- 
ment  la  Campagne  de  Mageddo,  la  plaine  de  Ga- 
lilée. Elle  étoit  dans  la  Galilée  inférieure,  &  s'é- 
tendoit  depuis  Betfan  jufqu'à  Mageddo.  Mais  ce 
nétoit  pas  une  ville,  comme  a  dit  Corneille,  qui 
la  met  dans  la  Tiibu  d'Ilfachar. 

E  S  E. 

ÈSE.  Vill:  ge  des  Etats  de  Savoye.  Tfi-  On  croit  que  ce 
lieu  eft  l'ancien  ^iv/zo.  Maty.  tf  eft  dans  le  Comté 
de  Nice  ,  fur  la  côte ,  où  il  y  a  un  petit  port ,  à  une 
lieue  à  l'stieft  ^e  Monaco. 

0  o  0  O  O  Ij 


E  s  F     E  s  G 

ÈSE ,  ou  ÉSIEN.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom 
de  faux  Dieux,  ^fus.  Les  E/es  ^  ou  EJiens  , 
écoienc  des  faux  Dieux  des  Tyrrhéniens.  Hésy- 
cKius.  On  ne  fait  pourquoi  on  a  die  EJi  en  notre 
langue  dans  Moréri ,  &  en  Grec  «""< ,  Deftm.  Il 
falloir  dire  «<»■«,  qui  fignifie  Deftin  ,  Deflinée  , 
Parque ,  &  de  là  «'"W ,  heureux  :  peut-être  eft-ce 
de  là  que  le  nom  de  ces  Dieux  étoit  venu ,  &  qu'ils 
étoient  cenfés  préfider  au  bonheur,  lie  le  procurer 
aux  hommes. 

ÉZEKH.  Foyei  ÉZECH. 

ÉSENS.  Petite  ville  d'Allemagne ,  dans  ie  Cercle  de 
Weftphalie.  Efenit  Elle  eft  dans  la  Frife  orientale 
fur  la  mer  d'Allemagne.  Mat  y. 

ÉSÉRO.  Petite  ville  de  Grèce  dans  laThelTalie.  E-^e- 
rus ,  Bcebe,  Boebos.  Elle  elHur  un  lac  de  même 
nom  ,  entre  les  montagnes  d'Offà,  de  Pelion  &  d'Û- 
Jympe  Maty. 

ÉSERTER ,  ou  Déferrer  a  fignifie  dégarnir  ,  d'oii 
vient  ce  vieux  proverbe  qui  fe  trouve  dans  le  Roman 
d?  Guarin  de  Lohéranes  :  qui  fon  nez  cope  ,  il  dé- 
fenefonvis  \  qui  coupefon  nez.dégarnit  fonvifage. 
Il  y  a  apparence  que  ce  mot  fignifioit  la  mêmechofe 
qu'effarrer.  On  dit  encore  elfarter  un  bois ,  le  dégar- 
nir. Une  vigne  elTanée  :  éferter  &c  elfarter  ne  font 
que  le  même  mot. 

E  S  F. 

ESFAR  AIN.VilIe  d'Afie  dansia  Province  du  Khorafan. 
ESFIGIAL.  Ville  d'Afie ,  dans  la  Tranfoxane. 

E  S  G. 

ESGARD.  Voyez  ÉGARD. 

ESGARDER.   vieux    Regard,   l'adtion  de    Con- 

fidcrer   une  perfonne  :  à  préfent   on  dit  égards  : 

avoir  des  égards  pour  quelqu'un 


ESGAREMENT. 

ESGARER. 

S'ESGAUDIR. 

ESGLANTIER. 

ESGLANTINE. 

ESGORGER. 

ESGOSILLER. 

ESGOUSSER. 

ESGOUT. 

ESGOUTTER. 

ESGOUTTOIR. 

ESGRAFIGNER. 

ESGRAINOIRE. 

ESGRATIGNER. 

ESGRATIGNEUR. 

ESGRATIGNURE. 

ESGRENER. 

ESGRILLARD. 

ESGRILLOIR. 

ESGRUGEOIRE. 

ESGRUGER. 

ESGRUGEURE. 

ESGUÉER. 

ESGUEULER. 


VoycTi 


< 


E  S  H. 


EGAREMENT. 

ÉGARER. 

j'ÉGAUDIR. 

ÉGLANTIER. 

ÉGLANTINE. 

ÉGORGER. 

ÉGOSILLER. 

ÉGOUSSER. 

ÉGOUT. 

ÉGOUTTER. 

ÉGOUTTOIR. 

ÉGRAFIGNER. 

ÉGRAINOIRE. 

EGRATIGNER. 

ÉGRATIGNEUR. 

ÉGRATIGNURE. 

ÉGRENER. 

EGRILLARD. 

ÉGRILLOIR. 

EGRUGEOIRE. 

EGRfJGER. 

ÉGRUGEURE. 

ÉGRUÉER. 

EGUEULER. 


Xjr     iÉHANCHE. 
f^^^lEHONTE. 


ESHANCHE. 
ESHONTE.  Voyez 
ESHOUPPER.  v.  a.  Terme  des  Eaux  &  Forêts.  Foy. 
Ehouper. 


ESI. 

ESIL.  Vinaigre.  Le  feu  Grégeois  s'étoignoit  avec  \'éfd , 
comme  die  l'Auteur  du  Roman  de  Guarin  de  Lo- 
héranes. 

Et li  vins  ,  £'/'éfil , 
L'eu^  éteint  j  Jt  s'en  feujl  entremis. 


E  S  K     E  S  L 

fent  en  effet  qu'il  s'éteignoit  avec  le  vinaigre.  On 
dit  que  ce  mor  èiéfd  eft  corrompu  de  celui  à^Ace- 
tum  ,  qui  fignifie  la  même  chofe  en  Larin. 
E-SI-MI.  Terme  de  Mufique  qui  indique  la  note  de 
la  gamme  que  nous  appelons  mi  )  le  ton  de  mi. 
Car  air  eft  en  e-Jî-mi. 
'ESINO.  -i  ,.  cFIUMESINO. 

ESJOUIR.  ^''<'y^\  \EJOUIR. 

E  S  K. 

ESKDALE.  M.  Corneille  écrit  Eskdail  à  l'Ecofloife. 
Eskia  ,  Efcia  3  Eskedalia.  C'eft  une  petite  contrée 
de  l'Ecofie  méridionale.  Elle  s'étend  le  long  de  la 
rivière  d'Bsk,qui  lui  donne  fon  nom.  Blleeft  bornée 
au  midi  par  le  Comté  de  Northumberland  j  au  cou- 
chant, par  l'Anandale  ;  au  nord  ,  par  la  Tuwedale; 
&  au  couchant  par  la  Tivedale&  par  la  Liddefdale. 
Maty.  Eskdale  fignifie  vallée  d'Esk. 

ESKERDOU.  Ville  d'Afie,  danslepctir  Tibet,  dont 
elle  eft  la  capitale.  M.  de  Lille  ,  dans  fon  Atlas  , 
la  nomme  Elkerdow 

ESKIMAUX  f.  m.  pi.  Peuples  de  l'Amérique  fepten- 
trionale.  Ils  habitent  la  grande  terre  de  Labrador  , 
&  font  fi  féroces  ,  qu'on  n'a  pu  jufqu'à  préfent  les 
humanifer.  Les  Danois  font  les  premiers  qui  ont 
découvert  cette  contrée.  Foye^  le  Dictionnaire  de 
la  Martinière. 

ESKODAR ,  ou  ISKODAR.  Les  Turcs  nomment  ainfi 
la  ville  de  Chalcédoine  en  Afie  ,  vis-à-vis  la  pointe 
du  ferrail  de  Conftantinople.  Nous  l'appelons  Scu^ 
tari  j  ou  Scutaret, 

E  S  L. 

ESLA.  Rivière  d'Efpagne.  EJlola,  Elle  a  fa  fourceaux 
montagnes  des  Afturies ,  baigne  la  ville  de  Léon  , 
&  va  fe  décharger  dans  leDouro,à  quelques  lieues 
au-deflus  de  Miranda  de  Douro.  Maty.  &  au-def-*. 
fous  de  Zamora.  M.  de  Lille  écrit  Ejla. 

ESLA  INDRE,  f .  f .  Vieux  mot.  Sorte  de  machine  à 
jeter  des  pierres. 

ESLAIS  ,  ou  ESLAY.  f.  f«Vieux  mot.  Élans  ,  courfe , 
choc  de  Chevalier  dans  un  tournoi.  On  a  dit  auflî 
ejlejjer,   pour  élancer. 

ESLAIZER.  Voyez  ÉLAIZER. 

ESLAM,  ou  ISLAM,  f.  m.  C'eft  un  nom  que  l'or* 
I  donne  au  Mahométifme.  C'eft  apparemment  une 
corruption  du  nom  (Ijjj^maël ,  parce  qu'on  appelle 
les  Mahométans  Ifmaclites,  par  la  raifon  que  l'on 
croit  que  les  Arabes,  qui  furent  les  premiers  Maho- 
métans ,  étoient  les  defcendans  d'ifmacl  ;  comme 
on  les  appelle  Agaréens  par  la  même  raifon  qu'ils 
venoient  d'Agar,  mère  d'Ifmacl ,  que  quelques Ra- 
bins ,  comme  David  Kimhhi  ,  croient  avoir  été  la 
même  que  Céthura  ,  &c  conféquemment  la  mère  de 
la  plus  grande  partie  des  peuples  de  l'Arabie.  Foy. 
ISLAM,  ISLANISME. 

ESLAMIAT.  f.  m. 'Ce  mot  en  Arabe  lignifie  le  Muful- 
manifme  ;  8c  pa.v  ta.ppott  à  la  Géograplue,il  fe  prend 
dans  le  même  fens  que  le  mot  de  Chrétienté  dans 
cette  phrafe  :  je  ne  crois  pas  que  dans  routé  la 
Chrétienté  on  puifte  trouver ,  &cc-  de  même  les 
Arabes  appellenr  Belad  el  Eflam  j  le  pays  que  pof- 
fedent  les  Mufulmans  ou  Mahométans ,  &  ils  nom- 
ment EJlamiat  ridanifme  &  le  Mufulmanifme. 
Foye^  le  Diclionnaire  de  la  Martinière. 

ESLANCEMENT.    a  f  ÉLANCEMENT. 

ESLANCER.  S-  Foyei  <  ÉLANCER. 

ESLANS.  3     .         ^  ÉLANS. 

ESLARGI.  part.  &  adj.  Vieux  mot.  Donné,  accorde. 
Glojf.fur  Marot. 

ESLE.  f  f.  Vieux  mot.  L'aile  d'un  oifeau.  Ala.  Autre- 
fois on  écrivoit  ainfi ,  au  lieu  d'aile. 


Luitprand ,  liv.  j.  chap.  6.  &  Ditmar ,  liv.  5.  di- 


Mais  toutefois  entende\par  ces  efles , 
Qùà.  un  befoin  pour  vous  avecqucs  elles  , 
J'entreprendrais  voler  jufqu'à  la  lune.  Marot* 


Ê  s  L     ESM 

Si  ne  demeura,  guercs 
Mercure  à  prendre  aux  pieds  efles  légères.  Ib. 

ESLE.  Voyez  ÉLE. 

ESLECTLJRE.  f.  f.  Vieux  mot.  Choir. 

ESLIGIER.  vieux  v.  a.  du  Lacin  eligere  ,  clioifir  , 
prendre. 

ESLIMER.  Voyez  ÉLIMER. 

ESLINGEN.  Ville  du  Cercle  de  Suabe  en  Allemagne. 
EJlinga  ,  E^elinga.  Elle  efl:  dans  le  Duché  de  \Vir- 
temberg  fur  le  Nèkre ,  à  deux  lieues  à  l'ell  de 
Siavg:\t:d.  EJIingen  e(t  Proreftaiic  &  ville  Impériale. 
Long.  17  d.  50'.  lat.  48.  d.  40'. 

ESLOCHER.  V.  a.  Vieux  mot.  Tirer  de  fon  lieu. 

ELOIGNEMENT. 
ELOIGNER. 


ESLOIGNEMENT. 
ESLOIGNtR. 


I^'^J-I 


ESM. 


EMAIER. 

EMAIL. 

r:MAILLER. 

EMAfLLElJR. 

EMAILLLJRE. 

EMANS. 

.Inéanrir.  Jene  l'ai  vu 


ESMAIER. 

ES  M  AIL. 

ESMAILLER. 

ESMAILLEUR.         >  Voyei 

ESMAILLURE 

ESMANS. 

ESMARMELER.  v.  a.  Détruire 

v.^ue  d.msCotgrave.  Venronfes  font  appliquées,  to 
nientations ,  onétions ,  emplâtres ,  lefquels  premiè 
rement  pulleurdilToudre  ,  puis  atfermir  &  aulll  ef- 
marmeler  Se  chalFer  la  vénimeufe  malignité,  y^po/. 
pour  Hcrodoce ,  ck.  /p.  t.  j  p.  4\\.  On  ne  le  dît  plus. 

ESMARRI  ,  RIE.  adj.  Vieux  mot.  Etonné,  taché. 

ESMAY.  i.  m.  Vieux  mot.  Trilbire. 

t 
Ce  fut  au  temps  du  mois  de  May  _, 
Qu'on  doit  chaffer  deuil  &  efrrlay. 

On  a  dit  auflî  émayer  pour  attrifter. 

S'ESMAYER.  vieux  v.  qui  ne  fe  difoit  qu'avec  les 
pronoms  perfonneh.  S'éb-thir  ,  s'étonner  j  être  fur- 
pris.  Mirari  ,  ohftupefure. 

ESME.  Voyez  ÉME.  _  #         ^ 

ESME.  f.  f.  Vieux  mot.  Intention  ,  delîr  ,  volonté. 
A  fon  cfme. 

ESMER.  V.  a.  Vieux  mot.  Du  Latin  &Jlimare  ,  eftimer 
GloÇt'.  des  Po'éf.  du  Roi  de  Navarre. 

ESMERAUDE.   Voyez.  EMÉRAUDE. 

ESMEREj  ÉE.  adj.  Vieux  mot.  Emaillé. 

ESMERI.  Voyez  ÉMERI. 

ESMERILLON.  f.  m.  Oifeau  de  proie  ,  très-vif.  Glojf. 
fur  Marot.  Vovez  ÉMERILLON. 


ESN      ESP         845- 

ledion  &  Généralité  de  Limoges.  Longitude   19, 
d.  ii'.  latitude  45  d.  55' 
IMOUVOIR.  Foyei  EMOUVOIR. 
ESMOY.  Foyei  EMOI. 

E  S  H. 

ESNE.  Voyez  ÉNE. 

ESN£.  f.  f.  Vieux  mot.  Outre  ,  forte  de  vaifleaii. 

ESNEDARBASSI.  f  m.  Terme  de  Relation.  Oificier 
de  la  Porte.  Chef  des  Allaoglandari ,  ou  Garde  dii 
Trélor.  Grand  Ticforier  de  la  Cour  Ottomane  ,  du 
du  ferrai!.  AuU   Turcics.  Qu&ftor  ^  thefuuri  Cujios. 
L'Eunuque  Efnedarhaffl  a  la  clef  du  tréfor.  Il  ne  lui 
eft  pourtant  pas  permis  de  l'ouvrir  fans  la  permif- 
(lon  de  deux  autres  Eunuques  fes  fupérieurs ,   qui 
en  fcellent  les  portes  &   les  armoires  :  l'un  eft  le 
Tefredar ,  &  l'autre  le  Nifangi.  VEfnedarbaJfi  A 
tfois  ducats  de  gages  par  jour ,  &  trois  fois  l'an  de 
fort  riches  vêtemens ,  des  fourrures  ,  Se  de  plus  deux 
pour  cent  de  tout  ce  qui  fe  riredu  tréfor.  Il  en  donne 
un  tiers  au  Teftedar ,  Se  un  autre  tiers  au  Jacutaga, 
ou  premier  Eunuque ,  &  l'autre  tiers  eft  pour  lui. Il 
a  droit  encore  de  prendre  des  chevaux  à  l'écurie  dii 
Prince.  Le  tréfor  s'ouvre  toutes  les  fois  qu'on  tient 
le  Divan.  Il  a  fous  fa  charge  foixaiue  ou  quatre- 
vingt  jeunes  garçons  de  ceux  qui  font  nourris  au 
fcrrail  j  Sc  quind  il  faut   tirer  quelque  chofe  du 
chafna  ,  ou  tréfor  ,  un  Checagui ,  ou  commis  de 
YEfnedarbjffi ,  s'y  en  va  avec  autant  de  ces  garçons 
qu'il  ell  beioin  ,  pour  prendre  &  porter  ce  qu'on 
en   veut  tirer.  Vigencre  j  fur  Chalc.  page   551. 

Ce  mot  eft  compofé  de  chafta  ,  qui  en  Turc  fi- 
gnifie  tréfor.  Se  de  h  ajfa  j  ou  éajcha  ,  Comman- 
dant, Chef  ,&c.  Vigenère  dit  EfnedarbaJfiSe  Chaf-^ 
natarhajfi.  Se  femble  diftinguer  ces  deux  Officiers  } 
mais  il  paioît  par  ce  qu'il  dit  de  l'un  &  de  l'autre  , 
que  ce  n'ert  que  le  même  ,  comme  c'eft  le  même 
nom  différemment  prononcé.  Car  ck  dans  Chafna- 
tarbaJJI n'en  quel'afpiration  retranchée  du  mot  £/^ 
nedarbajfi.  Se  don  rfont  fou  vent  mis  l'un  pour  l'au- 
tre, royei  CHASNATARBASSI. 


ESMERVEILLA 

BLE. 
ESMERVEILLER. 
ESMLTTRE. 
ESMIS. 
ESMEUTE. 
ESMEUTIR. 
ESMIER. 
ESMIETTER 
ESMIGAUX 


\ 


(E  M  E  RV  E I  L  L  A- 
BLE. 
EMERVEILLER. 
ExMETTRE. 


•^EMIS. 


m. 


] EMEUTE 
/  ÉMEUTIR. 
f  EMIER. 
^EMIETTER. 
pi.  Vieux   mot.  Bracelets  &  au 
très  joyaux  de  toutes  fortes. 
ES440NDE. 
ESMONDER. 

ES.VIORCHE.f  f.VieUx  terme  populaire 5:  burlefque. 
Une  aélion  vive,  une  échappée  ,  un  coup  hardi  i^ 
extraordinaire.  Faclum   audax  &  extraordinarium. 


\rr  s  EMONDE. 

]^^«.y«?.tÉMONDER. 


ESMOTION. 

ESMOTTER. 

ESMOUCHER. 

ESMOUCHETTE 

ESMOUCHET. 

ESMOUCHOIR. 

ESMOUDRE. 

ESMOULEUR. 

ESMOUSSER 


.EMOTION. 
(EMOTTER. 
lEMOUCHER. 
JÉMOUCHETTE. 
-^  ÉMOUCHET. 

EMOUCHOIR. 

EMOUDRE. 

EMOULEUR. 

ÉMOl'SSER. 


ESMOUTIER.  (  l'-s  ne  fe  prononce  point)   M.  Cor- 
neille écrit  Eimouftier,  Ville  de  France^  dans  l'E- 


E    S   O. 

ÉSO.  Voye-(  lEÇO. 

ESON.  f  m.  Fils  de  Ctéthée  ,  lloi  d'Iolchos  enThef- 
filie ,  ayant  fuccedé  à  fon  père  ,  il  fut  détrôné  par 
fon  hère  Pclias ,  &  obligé  de  vivre  en  fimple  par- 
ticulier dans  fa  capitale.  Il  fut  le  père  de  Jalon. 

ESOPE,  f  m.  Nom  d'ui^Phrygieh  ,  comtemporain 
de  Solon  ,  Se  fort  connu  par  fes  Fables.  ^Jopus. 
Il  vivoit  en  la  Lie  Olympiade  ,  ptès  de  600  ans 
avant  Jésus  -  Christ  ;  car  la  LI'  Olympiade  com- 
mence 576  ans  avant  l'ère  Chrétienne. 

Nous  difons  proverbialement  d'un  homme  boiïii, 
contrefait ,  d'une  figure  ridicule.  C'eft  un  Efope. 
Voilà  Un  plaifantfyope  /  Que  veut  dire  ce  vilain  £/0- 

,  pe  ;  C'eft  qii  Efope  étoit   bolfu  ,   &  fott  mal  fait. 

ESOPHAGE.  Foye^  ŒSOPHAGE. 

ESORILLER.  Foye:^  ESSORILL^R. 

ESOUCHER.  v.  .a.  Arracher  les  fcvûches.  Foy.  SoucHÊ» 

ESP. 

{ji^ESPACE.f.m.Spatium.LesVhilofophes  tant  ahciens 
que  modernes  ont  donné  de  ce  mot  des  définitions 
fort  différenres  Se  fou  vent  tout  oppofées.  Les  uns 
prétendent  que  Vefpace  n'eft  rien  fans  les  corps ,  ni 
même  rien  de  réel  en  lui-même  ,  en  forte  qu'en  dé- 
triiifant  les  corps  ,  il  ne  refte  plus  d'espace  qui  n'eft 
qu'une  abftradion  d'ofprit.  D'autres  prérendent  que 
Ycfpace  eft  un  être  abfolu  ,  réel  ,  diftingue  des  corps 
qui  y  font  placés  :  enforte  qu'en  fiippofant  les  corps 
détruits  ,  on  conçoit  encore  l'étendue  impalpable  , 
pcnétrable  dans  laquelle  ils  étoienr  placés. 

Quoi  qu'il  en  foit,  ora  peut  dire  que  VelpaCe  en 
générale  eft  une  étendue  indéfinie,  un  fluide im- 
menfe  dans  lequel  on  conçoit  que  les  corps  peuVenï 


84^  ESP 

ène  pl.iccs.  En  termes  de  l'école  la  capnclté  de  re- 
cevou-  &  de  coanenir  les  corps. 

§^  Oïl  appelle  e/^ja'5  laVaginaires,  des  e/paces 
qui  ne  font  remplis  d'aucun  corps  réel,  mais  qui 
peuvenc  recevoir  &:  contenu  tous  les  corps  que  Dieu 
voudra  y  créer ,  &  cju'on  a  luppolc  y  exilter  liors 
de  l'enceinte  du  inonde.  Spacia  iinagïnaria.  tfpaccs 
vraiment  imaginaires. 

Espace  ,  ie  dit  en  particulier  d'un  lieu  déterminé  , 
étendu  depuis  un  point  julqu'à  un  autre  ,  fou  qu'il 
foit  plein  ,  (oit  qu'il  foit  vide.  Lorlqu'on  conlidètt; 
par  abltradion  la  dillance  qui  eit  entre  deux  corps, 
lans  avoir  égard  à  ceux  qui  peuvent  remplir  cet 
intervalle,  on  le  peut  nommer  proprement  ej'pace. 
Et  loffquel'on  conlidére  la  diltance  qui  eil  enrre  les 
extrémités  d'un  corps  lolide ,  on  lui  peut  donner 
le  nom  d'étendue.  Locke.  L'^y/^^JC:.' corporel  elt  celui 
qui  ell  occupé  etîectivement  par  un  corps.  Ej'pace 
purement  local,  ell  l'intervalle  qui  elt  entre  les 
trois dimenfions,  longueur,  largeur <Sc  profondeur-, 
quand  même  le  corps  ,  que  nous  concei'ons  qui 
l'occupe,  feroit  détruit  j&  qu'il  feroit  entièrement 
vide. 

^fT  Espace  ,  dans  le  droit  civil ,  eft  une  étendue  de 
lieu  ,  en  longueur ,  hauteur ,  largeur  &:  profondeur. 
Il  tait  beau  bâtir  dans  cette  place,  il  y  a  bien  di- 
\ ej'pace.  Cette  rue  ell  fort  étroite,  il  n'y  a  que  \ej- 
pacî  d'une  charrette.  Il  n'y  a  pas  dans  cettg  cour  d. 
Vefpace  pour  tourner. 

Espace  ,  fe  dit  aulli  d'un  intervalle  de  temps.  Spa. 
ûum  j  intercapedo.  Dans  ïej'pace  d'un  (iècle.  Dans 
tout  cet  e/paci  de  temps  il  n'a  pu  taire  que  c^i 
Ouvrage.  Si  nous  conhdcrons  la  durée  de  notre  vie 
danî  cet  e/pace  infini ,  &  dans  l'éternité  qui  noui 
fuit,  elle  ne  nous  paroîtra  que  comme  un  atome 
imperceptible.  Nie. 

Espace  ,  fe  dit  à  la  Guerre  ,  des  intervalles  réglés  qui 
doivent  être  entre  les  rangs  &c  les  files  des  foldat 
rangés  en  hitàWle. Interva//um  ,  inarJîhiumAxsS^i 
gens  font  établis  pour  faire  garder  les  efpaces.  Il 
marchent  à  côté  pour  obfeiver  K^s  efpaas.  On  11 
dit  audidans  l'écriture.  Il  faut  qu'il  y  ait  un  efpacc 
c^al  entre  les  lignes. 

|Cr  Espace  ,  en  Muhque ,  fe  dit  aulli  de  l'inrervalltr 
cjui  le  trouve  entre  les  lignes  de  la  portée. 

En  termes  dlmpiimerie  on  appelle  efpacesXz^ 
petits  plombs  qu'on  met  entre  chaque  mot  pour  le 
féparer  des  autres. 

Espace  ,  en  termes  de  Géométrie  ,  elt  l'aire  d'une  fi 
gure  renfermée  par  des  lignes  droites  on  courbes 
qui  terminent  cette  fig^.  L' ej'pace  parabolique  eli 
ce  qui  elt  renfermé  dam  toute  la  parabole  :L'<r//?.ji:£; 
d'un  triangle  elt  {^tw  aire,  fa  dimenfion  ,  arca 
L'ej/Jt^ctfconchoidal ,  \efpace  cilToidal  j  elt  ce  qui  elt 
renfermé  dans  la  courbure  d'une  ligne  conchoiJe  , 
d'une  lignecilToide. Parles  nouvelles  méthodes  dont 
on  s'eft  fervi  pour  appliquer  l'Algèbre  ,  ou  l'Ana- 
lyfe  à  la  Géométrie  ,  on  a  démontré  que  \ ej'pace 
conchoidal ,  aulli-bien  que  X espace  c\\^o\\A,  quoi- 
que infiniment  étendu  ,  elt  cependant  d'une  gran- 
deur finie. 

ESPACEMENT,  f.  m.  Terme  d'Architeflare.  L'es- 
pace ^  l'intervalle  égal  qu'on  lailft  entre  un  corps 
&  un  autre.  Imerftuium. ,  \J espacement  des  foli- 
ves ,  des  poteaux,  d'une  cioifon.  \! espacement  ôit% 

Î)ilafl:res ,  des  colonnes ,  doit  être  proportionné  à 
eur  hauteur  ^:  grolfeur.  Les  Latins  ont  dit  en  par- 
ticulier intercolumnium  ,  &c.  comme  nous  difons 
entrecolonnement 
Espacement.  Les  Chartreux  nomment  leurs  prome- 
nades e//wce/ne;zr ,  ou  efpaciment ,  QultaXisn  fp a f- 
f^g^/o  &  jpajjegiare.  Spatiari.  On  ànfpaciment  du 
Lma/patiar,  &non  ej'pacemenc.  Aurelte  ,  ce  terme 
n'elt  ufitc  que  chez  les  Chartreux. 
ESPACER,  v.  a.  Garder,  obferver  les  efpaces  conve- 
nables ,  lorfqu'on  plante,  qu'on  difpof.^  quelque 
chofe.  Spatiis  dijlinguere  ,  panhus  numeris  dimetin. 
On  dit  d'un  plant  d'arbres  ,  des  murs ,  des  co- 
lonnes d'un  bâtiment ,  des  lignes  dans  l'écriture  j 


ESP 

qu'ils  font  bien  ou  x\\Aefpc,cis  ,  trop  ou  trop  peu 
I  ejpaces  ,  en  parlant  des  intervalles  qui  les  léparcnu 
Les  Imprimeurs  le  dilent  aulli  :  il  faut  mieux  cj- 
j  pacer  le  titre  de  ce  livre.  J'ejfacerai  lesaiUresde 
I  la  première  clalle  de  neuf  à  dix  pieds.  La  Quint. 
I  Si  le  fonds  ell  bon  ,  je  les  e/pace  d'environ  lix 
pieds  l'un  de  l'autre.  1d. 

Un  dit  au/îi,  qu'il  faut  ejpacer  des  folives,  des 
chevrons ,  des  poteaux  ,  pour  dire ,  les  mettre  dans 
un  elpace  ou  une  diltance  convenable.  Il  y  a  des 
gens  qui  prononcent  &  qui  écrivent  ej'paciei.  Ces 
gens  là  prononcent  mal  &  écrivent  mal. 

ESPACE  ,  EE.  part.  &i  adj.  Spatiis  dijtincus. 

ESPADASSIN  j  untraineur  d'épée.  Ondit  Spadallln. 

ESP  A  DE  ,  oii  ESPADON,  f.  m.  Terme  de  Cordier, 
Efpèce  de  labre  de  bois  à  deux  tranchans ,  qui  1ère 
à  affiner  le  chanvre  &  à  iépurger  de  fa  chene- 
votte. 

\fT  ESPADER.  v.  a.  Qui  fe  dit  de  la  façon  qu'on 
donne  a  la  filalfe  après  qu'elle  a  été  broyée.  C'clt 
mettre  le  chanvre  fur  le  chevaletj  &:  le  battre  avec 

'     l'elpade  pour  le   nettoyer  entièrement  ,  en  féparec  • 
les  parties  de  chenevottes  cjui  tiennent  encore  à  la 
filallë  ,  avec  l'étoupe  la  plus  gtoilièie. 

^fT  Dans  quelques  Provinces  au  lieud'^aierle 
chanvre  ,    on  le  pile  avec  des  maillets.  * 

'^fT  L'ej'pade  ne  futfit  pas  pour  donner  au  chan- 
vre le  degré  d'affinage  nécelHiire.  Il  faut  le  peigner 
pour  lui  donner  Li  dernière  perfeétion. 

ESPADEURS.  f.  m.  pi.  Terme  de  Cordier.  Ouvriers 
qui  aftinent  le  chanvre  en  le  frappant  avec  le  tran- 
chant d'une  palette  ou  efpade ,  lur  le  bout  d'une 
planche  pofée  verticalement. 

ESPADILLE.  rojyf^  EPADILLE. 

ESPADON,  f  m.  Grande  &  large  épée,  &  qu'on  ne 
tient  que  d'une  main.  Mach&rapr&vaiida.  Autrefois 
on  le  tenoit  à  deux  mains  \  mais  on  efpadonne  au- 
jourd'hui autrement.  Un  homme  qui  fait  bien  jouer 
de  Vej'padon  elt  un  ennemi  dangereux. 

M.  Corneille  ,  dans  (on  Dictionnaire  Géographi- 
que ,  au  mot  EsTHONiE,  parle  diiin  Ordre  militaire 
qu'il  appelle  l'Ordre  de  VEj'padon.  Je  ne  trouve 
poin«'  qu'il  foit  fait  mention  ailleurs  de  cet  Ordre. 
C'eit  peut-être  l'Ordre  des  épées  en  Suéde  ,  ou 
l'Ordre  des  deux  épées  de  Jesus-Christ  en  Li- 
vonie  &  en  Pologne,  qu'il  appelle  l'Ordre  de 
VEfpadon. 

Espadon.  Sorte  de  poiiron  de  mei ,  aulli  grand  qu'un 
Cétacée  ,  ainfi  nommé  à  caufe  de  fon  long  muleau 
fait  en  façon  d'épée  à  deux  tri»nchans,  ou  tXefpadon. 
Il  y  en  a  de  deux  fortes  :  l'une  fe  trouve  dans  les 
mers  de  Provence  \  on  l'appelle /ti  ejpafo  ,  c'elt-à- 
dire  ,poijjûn  épée.  Il  a  la  figure  d'un  thon  ,  &  il  efl 
même  un  peu  plus  gros.  La  pointe  de  fon  mufeau 
a  quatre  ou  cinq  pieds  de  long  ,  félon  la  grandeur 
du  poiilon  ,  &  près  de  trois  pouces  de  large.  Elle 
efl  offeufe  ,  &  couverte  d'une  petite  peau  :  les  pê- 
cheurs de  Madragues  craignent  tort  ce  poilFon  , 
parce  qu'il  coupe  tous  leurs  filets  avec  (on  mufeau. 
L'autre  forte  à'efpadpn  fe  trouve  particulièrement 
dans  les  mers  des  Iles  de  l'Amérique.  Ils  ont  ie 
corps  à-peu-près  de  la  forme  &  figure  des  requins 
ou  chiens  de  mer,  Canis  carchatias  ,  fon  épée  a 
quelquefois  jufqu'à  feptou  huit  pieds  de  longueur, 
&  quatreou  cinq  pouces  de  largeur.  Elle  ell  oiTeufe, 
&  couverte  d'une  peau  chagrinée.  Elle  elt  fort  plate, 
&  bordée  des  deux  côtés  d'une  rangée  de  dents 
longues  &  larges  prefque  comme  le  doigt ,  à  la 
façon  des  dénis  d'un  peigne.  Rondelet  appelle  la 
première  forte  xiphia,  1.  8.  c.  i^.  &  la  féconde 
prijtis  ,   1.  ii5.  c.  1 5. 

Je  viens  de  mefurer  une  épée  â'efpadon  ,  qui  a 
quatre  pieds  deux  pouces  de  long  ,  dix  poucef  de 
large  vers  fa  racine  entre  les  deux  premières  dents , 
&  biendeux  pouces  d'épallfenr  au  milieu  du  même 
endroit.  Elle  a  dix-feptTÎents  d'un  côté,  &  dix-huit 
de  l'autre  ;  une  plus  petite  en  a  dix-huit  de  chaque 
côté.  Sur  les  bords  elles  font  moins  épailFes  ,  &c 
vers  le  bout  moins  largts,  allant  toujours  en  dimi- 


ESP 

nu.im.  La  pfemicre  &c  la  plus  grande  de  ces  deux  ci 
a  au  bouc  pies  de  quan-;-  pouces  de  large,  ëc  trois 
à  quarre  lignes   dcpais.   Hllss  ont  toutes  deux  les 
dents  affilies  &  un  peu  recourbées  en  dedans  ,  c'eft 
à  dire  j   du  côté  de  la  tète  du  poillon. 

Quelques  uns  appellent  ces  monlhes  ,  PoilTons 
à  icie  j  ou  Empereurs  ,  à  caule  qu'ils  iont  la  guerre  à 
la  baleine  j  (Si  bien  (ouvenc  la  blellent  à  mort.  De 
Poi.NcY  ,  BtjL  Ndt.  des  Ane.  C.  XV IL  An.  I. 

ESPAGNAC.   Village  ou  Bourg  de  Fiance ,  dans  1 
Gevaudan  ,  fur  le  Tarn. 

ESPAGNE.  Nom  d'une  grande  Région  d'Europe. 
HifpaiÏLj.  _,  Hifpanli.  ,  ibciia  ,  Ccltiberia  ,  Hcfptrta 
C'eftune  grande  prefqLi'Iîlejfcparée  de  la  France  au 
nord  par  les  Pyrénées,  &  baignée  au  rerte  du  nord, 
au  couchant  &  à  la  partie  occidentale  du  midi,  par 
l'Océan  \  ailleurs  par  le  détroit  de  Gibraltar,  & 
par  la  mer  iMéditerranée.  Elle  ell  renfeiniée  ,  àw. 
Mary ,  entre  le  9«  degré  de  longitude  &:  le  14'  j  & 
entre  le  36'  de  latitude  &  la  44';  mais  M.  de 
Lille  la  renferme  dans  la  Carte  entre  le  '<iz  degré 
îJc  à- peu  près  30  min.  iSi  le  11^  de  latitude;  & 
pour  la  longitude  il  ne  diftère  point,  ou  pieique 
•point  de  ce  que  dit  Maty.  UEfpagne  ell  un  pays 
çlein  de  montagnes  pierreufes  &  llériks  ,  &  fort 
lablonneux  dans  les  plaines,"  ce  qui  ,  joint  au  petu 
nombre  de  rivières  j  le  rend  peu  lertile.  Les  princi 
pales  \Wih'ceà'Efpagnc^(ont  rEbre,le  Guadalquivir, 
la  Guadiane  j  le  Tage ,  ii  fameux  chez  les  Poètes  an- 
ciens ,  qui  difent  qu'ils  roulent  de  l'or  j  le  Douro  , 
ou  Duero ,  le  Minho  ,  la  Ségure  &  le  Xucar.  L Vy- 
pugi'e  produit  des  chevaux  ^  des  laines  ,  des  huiles 
d'olive,  &  des  vins  excellens.  Entre  les  chevaux 
êiEjp.igne  j  les  Andalous  foncelUmés  pour  la  beauti.; 
les  Portugais  ,  pour  la  légèreté  \  6c  les  Allurcons  ., 
pour  la  torce.  Les  lames  à'Ejpague  font  très  hn.-s 
Les  àïAxisû'tfpjgne  font  très  beaux ,  très-bons  ,  £x 
durent  long- temps.  Les  vins  d'njpagne  font  vins 
de  liqueur  j  &  ne  font  pas  fi  bons  pour  l'ufage  or 
dinaire  ,  que  les  vins  de  France.  On  croit  que  Plu- 
ton  régna  dans  XLfpagnt  fur  la  Bétique ,  aujour- 
d'hui 1  Andaloulie.  Comme  il  y  avoir  alors  en  ce 
pays  la  beaucoup  de  mines  d'or  &  d'argent,  &  qu. 
Pluton  y  falloir  travailler  fous  terre  j  on  dit  qu  n 
étoit  Roi  des  Enfers  j  &  par  la  même  raifon  j  il 
palfe  pour  le  Dieu  des  richeffcs. 

On  dit  non-feulement  VEfpagne  au  fingulier, 
mais  aulîî  les  Efpcg.ies  au  pluriel  \  &c  dès  le  temps 
des  Romains  on  le  difoit,  parce  qu'ils  diviloieni 
cette  grande  région  en  plulîeurs  parties ^  à  chacun^, 
defquelles  ils  donnèrent  le  nom  a'EJpagne .  avec 
quelque  épithète  pour  la  diftinguer  :  c'eft  d'eux 
qu'eli  venu  cet  ufage.  Les  Efpagnols  le  fervent  fou 
vent  de  cet  ufage  dans  leur  langue  ,  &  aimenr  à 
dire  ,  ias  tfpanas  :  nous  en  ufons  plus  rarement 
dans  la  nôtre ,  &  nous  dilons  ordinairement  le  Roi 
à'Efpagne  ,  rarement  le  Roi  des  Lfpagnes 

Les  Romains  divifèrent  VEfpagne  en  Efpagne 
citérieure  j  ou  fupérieure,  &  en  Efpagne  ulréneure, 
ou  inférieure  ,  &  enfuice  en  Efpagne  Tarragonoife, 
Bétique  &  Ludtanique.  Ces  divifions  &  tous  ces 
mots  font  de  l'ufage  de  notre  langue ,  dans  l'Hif- 
toire  de  ces  temps  anciens  tant  Eccléhaftique 
que  Civile  ;  nous  les  expliquerons  ci-dellous 
en  leur  place  :  car  l'Eglife  garda  en  Efpagne , 
comme  ailleurs  ,  Tordre  &  les  divifions  établies  par 
le  Gouvernement  politique  ou  civil.  Aujourd'hui 
VEfpagne  renferme  trois  Etats  ditïèrens  :  la  Cou- 
ronne de  CaftiUe  ,  celle  d'Arragon  &  celle  de  Por- 
tugal. La  dernière  eft  un  Royaume  particulier  :  les 
deux  autres  furent  unies  en  un  feul  Erar  par  le  ma- 
riage de  Ferdinand  d'Arragon  &  d'ifabelle  de  Caf- 
lille  l'an  1474.  &  font  ce  qu'on  appelle  le  Royaume 
à'Efpagne.  Outre  cela  les  diftérens  Royaumes  que 
les  Maures  y  établirent  ,  ont  fait  qu'il  y  a  peu 
de  Provinces  dans  cette  contrée  qui  n'aient  titre  de 
Royaume  \  car  outre  le  Royaume  de  Caftille  & 
celui  d'Arragon  ,  on  dir  encore  le  Royaume  de  Va- 
lence ,  le  Royaume   de  Murcie ,  le  Royaume  de 


E  S'P  847 

Grenade,  le  Royaume  d'Algarve  ,  le  Royaume  de 
Léon  ,  &c.  Foy.  tous  ces  mots  en  leur  place. 

Le  Royaume  d'j^Jpagne  comprend  toute  VEfpa- 
gne dont  nous  venons  de  parler  ,  d  la  réferve  du 
Portugal  &de  l'Algarve.  11  a  huit  Provinces  Ecclé-' 
fialfiques  ,  ou  Archevêchés  ,  qui  font  Tolède  ,  Bur- 
gos  J  Compoftelle  ,  Seville  ,  Grenade  ,  Valence  , 
Saragoce  &  Tarragone  ,  fous  lefqliels  il  y  a  qua- 
rante-cinq Evèques.  Le  Royaume  û'Ej'pagne  eft  un 
Etat  Monarchique  ,  &:  abfolument  héiéditaire  j 
mais  féminin  J  c'eft-à-dire,  que  les  femmes  y  fuc- 
cèdent  au  défaut  des  hoirs  mâles.  C'eft  par-là  que 
ce  Royaume  entra  dans  la  mailon  d'Autriche  au 
commencement  du  XV'  fiècle  en  la  perfonne  de 
Charles  ,  qui  fut  enluite  Empereur  fous  le  nom  de 
Charles-Quint ,  &c  que  ico  ans  après,  la  première 
année  de  ce  fiècle  ,  il  a  palfé  à  la  Maifon  de  France 
en  la  perfonne  de  Philippe  Duc  d'Anjou ,  fils  de 
Louis  Dauphin  de  France,  &  petit-fils  de  Louis  le 
Grand  ti<  de  Marie-Théréfe  Infante  A'EJ'piigne  , 
fille  aînée  de  Philippe  IV.  Roi  d'tjpagr,e  ,  dont 
les  droits  ont  pallé  à  ce  Prince  ,  qui  a  régné  fi  glo- 
rieufement  ;  Louis  Dauphin  fon  père ,  &  Louis 
Duc  de  Bourgogne  fon  frère  aîné  étant  héritiers 
prélomptifs  de  la  Couronne  de  France  ,  &  le  bien 
de  1  Europe  demandant  que  la  France  &  VEfpagne 
ne  fullcnt  point  réunies  en  un  feul  Etat.  Le  Pvoi 
d'i  fp£gne  porte  le  titre  de  Roi  Catholique  &  de 
MajeftéCatholique./^oj  e^  au  mot  Catholique.  Le 
fils  aîné  du  Roi  à' Efpagne,  ou  l'héritier  prcfomptif" 
de  la  Couronne  j  porte  le  titre  de  Prince  des  Aftii- 
ries ,  fans  doute ,  dit  Maty  ,  parce  que  cette  Pro- 
vince eft  la  première  &  la  plus  noble  du  Royaume  , 
n'ayant  jamais  été  conquilt  par  les  Maures,  comme 
les  autres.  Le  Royame  À'kjpagne  fe  divife  aujour- 
d'hui en  général  en  deux  Couronnes,  celle  de 
Caftille  ,  &c  celle  d'Arragon.  Eoye:^  ces  mots  ;  & 
en  particulier ,  en  quatorze  Provinces  ,  qui  ont 
prefque  toutes  titre  de  Royaume  j  pout  La  raifon  que 
nous  avons  dite.  De  ces  quatorze  Provinces ,  trois 
s'étendent  le  long  de  la  côte  leptentrionale  ;  c'eft: 
la  Galice,  les  Afturies  &  la  Bifcaye:  trois  j  qui  font 
la  Navarre  ,  l'Arragon  &  la  Catalogne  j  fe  trouvent 
le  long  des  Pyrénées  :  il  y  en  a  quatre  fur  la  côte 
de  la  Méditerranée  &  le  golfe  de  Cadiz  ,  depuis  la 
Caralogne  jufqu'au  Portugal  ;  favoir  ,  Valence , 
Murcie  j  Grenade  &  Andaloufie  :  trois  dans  les 
terres,  la  nouvel!.'  Caftille  avec  l'Eftramadourej 
la  vieille  Caftille  &  le  Royaume  de  Léon 

Le  Roi  à' Efpagne  pofl;de  encore  en  Afrique  l'Ifle 
Pantalarée  j  la  ville  de  Ceuta  ,  de  Mellille  j  &  le 
Penon  de  Vêlez  ;  en  Amérique ,  les  Grandes  An- 
tilles avec  la  meilleure  partie  de  l'Amérique  fep- 
tenttionale  ,  &  prefque  toute  l'Amérique  méridio- 
nale ,  le  Mexique  j  la  Caftille  d'or ,  la  Guiane  , 
le  Pérou  ,  le  Chili ,  la  Paraguay  j  la  Plara  ,  le  Tu- 
cuman  ,  &c.  En  Afie,  les  Illes  Philippinnes  en 
parrie  ,  &  quelques-unes  des  Ifles  Marianes ,  ou  des 
Larrons  ;  de  forte  que  c'eft  avec  raifon  que  l'on  dit 
que  le  Soleil  ne  fe  couche  jamais  fur  fes  terres.  Un 
Efpagnol  a  dit ,  qu'il  avoir  le  Soleil  pour  chapeau. 
Tolède  a  été  la  capitale  d'EJpagne  :  aujourd'hui  c'eft 
Madrid.  Manana  a  écrir  l'Hiftoire  d'EJpagne  en  La- 
tin &  en  Efpagnol,  l'une  &  l'autre  très-élégam- 
ment. Pacat  fait  en  peu  de  mots  un  bel  éloge  de 
VEfpagne  dans  fon  Panégyrique. 

Ont  dit  proverbialement ,  Bâtir  des  châteaux  en 
Efpagne.  Voye\  Chateai;. 

Poètes  font  ajfe^  fujets 

A  bâtir  Châteaux  en  Efpagne  , 

Et  hâti(fent  à  peu  de  frais.  P.  Du  Cerc. 

Espagne  B/etique.  /"-^oy.  B/Etique. 

Espagne  citérieure.  Hifpania  dterior.  C'eft  la  mcrne 
chofe  que  VEfpagne  Tarragonoife,  appelée  cité- 
rieure ,  du  mot  Latin  citerio'r,  fignihant ,  qui  eft  en 
deçà  ,  &:  venant  de  citrà  ,  en  deçà  \  parce  que  c'c^ 
toit  la  partie  à'Efpagne  que  les  Romains  rencon- 


S4B  ESP 

troient  d'abord  en  venant  de  Rome.  Elle  s'appela 
aullî  extérieure  &  fupéneure.  J^oje^  ces  mots  ci- 
deffous ,  &  Tarragonoise. 

Espagne  extérieure.  Hifpania  exurior.  C'étoit  la 
partie  à'tfpagns  qui  fe  préfentoic  la  première  en 
venant  de  Rome  j  &  la  moins  entoncée  dans  le 
pays  ,  &  que  pour  cela  on  appeloit  cxurieurc.  C'é- 
toit la  Tarragonoife.  Voy.  ce  mot. 

Espagne  iti?EraEUR^.H'ffuriij  injerior.  C'eft  une  par- 
tie à'Efpagne  ainli  nommée  par  les  anciens  Ro- 
mains ,  parce  qu'elle  elt  moins  montagneufe  que 
celle  qu'ils  appcloicnc  fupéneure  ,  &  parce  qu'elle 
paroît  erre  plus  balFe  ,  puifque  tous  les  principaux 
Heures  àEfpagne  coulent  de  ce  côté  -là  ,  &  y  ont 
leur  embouchure.  Ils  l'appeloient  aulTi  inrérieure  j 
parce  que  c'eft  la  partie  lïEfpagnc  la  plus  reculée 
dans  le  pays  ,  la  plus  éloignée  de  Rome  en  y  en 
trant  par  terre  ,  ou  par  la  Gaule  Narbonnoife.  C'ert 
pour  cela  qu'ils  la  nommèrent  encore  Ultérieure  , 
parce  qu'elle  étoit  la  plus  avancée  dans  les  terres,  & 
au-delà  de  la  Tarragonoife.  Elle  comprenoit  tout 
ce  qui  n'étoit  pas  de  ÏEfpagne  Tarragonoife  ;  & 
étoit  renfermés  entre  le  Douro  ,  ou  Duero  depuis 
fon  embouchure  jufqu'à  Zamora ,  &  une  ligne 
que  l'on  tireroit  de  Zamora  à  Calatrava  fur  la  Gua- 
diane,  la  Sierra  d'Alcaraz,  l'Océan  &  la  Méditer- 
ranée. Elle  comprenoit  ce  que  nous  appelons  au- 
jourd'hui le  Royaume  de  Grenade,  l'Ândaloufie  j 
la  Manche  &  une  partie  de  la  nouvelle  CaftiUe  ^ 
TEIlramadoure  ,  la  plus  grande  partie  du  Royaume  1 
de  Léon  j  tout  le  Portugal ,  à  la  réferve  de  ce  qui 
eft  au  nord  du  Douro  j  &  les  Algarves.  Les  Romains 
ladiTifèrent  en  deux  parties  ,  ou  Provinces,  la  Bx- 
tique  &c  la  Lufitanique.  ^oy.  ces  mots. 

Espagne  intérieure.  Hi/pania  interior.  Koye^  Es- 
PASNE  inférieure:  c'elt  la  même  chofe. 

Espagne  lusitanique.  F'o)'.  Lusitanique,  ou  Lu- 

SITANIE. 

Espagne  Tarragonoise.  Voy.  Tarragonoise. 

Espagne  Transfrétane  ^  ou  d'au-delà  dn  détroit. 
Hifpania  iransfrecana.  Les  Anciens  donnoient  ce 
nom  à  la  Mauritanie  Tingitane  ,  qui  n'étoit  féparée 
de  la  véritable  Efpagnc  que  par  le  détroit  de  Gi- 
braltar. C'eft  la  partie  d'Afrique  où  eft  aujourd'hui 
le  Royaume  de  Fez.  On  la  nomma  Efpagnc  d'au- 
delà  le  détroit ,  comme  on  a  autrefois  donné  au 
Royaume  de  Naples  le  nom  de  Sicile  de  deçà  le 
Fare  j  parce  qu'il  n'eft  féparé  de  la  vraie  Sicile  que 
par  le  Fare  de  Melline.  Maty. 

Espagne  ultérieure,  /^oyt-j  ci-delïïis  Espagne  infé- 
rieure :  c'eft  la  même  partie  à'Efpagne. 

Î.ES  FoiiEs  d'Espagne.  Foyei  Folie. 

Mer  d'Espagne.  Mare  Hifpanicum  ,  ou  Iberum  mare  j 
ou  Ihericum ,  Balearicum  mare.  C'eft  la  partie  de  la 
mer  Méditerranée  qui  baigne  les  côtes  à'Efpagne  à 
l'Orient  &  au  Midi.] 

Nouvelle  Espagne.  Partie  de  l'Amérique  fepten- 
trionale  j  grand  pays  que  l'on  nomme  autrement 
Mexique.  Hifpania  Nova.  Comme  on  dit  plus 
communément  Mexique  en  François  que  Nouvelle 
Efpagnc.  Foyc'^  Mexique.  Quelques-uns  entendent 
quelquefois  'ç>az Nouvelle  Efpagnc  loai  ce  c\}xe  les  Ef- 
pagnols  polTcdent  en  Amérique  :  ce  n'eft  pas  parler 
iexactemenc. 

Espagne  ,  fe  met  aulTi  dans  la  nomenclature  de  plu- 
ileurs  fleurs  &  plantes  qui  nous  font  venues  à'Ef- 
pagne ,  &  que  l'on  diftingue  par-là  des  autres  ef- 
pèces  qui  ont  le  même  nom  générique.  Aind  on  dit 
Jonquilles  à'Ejpagne  ,  narcijfus  Iberus  _,  juncifoUus  ; 
fauge  à'Efpagne  _,  jafmin  à'Ejpagne. 

Espagne.  Hifpania.  Nom  d'une  Abbave  de  filles  de 
rOrdi-e  de  Cîteaux  ,  dms  le  Diocèfe  d'Amiens, 
fondée  en  1178.  par  Enguerrand  Des  Fontaines , 
Sénéchal  de  Ponthieu.  L'an  1^45.  elle  fut  réformée, 
&  transférée  du  fauxbourg  d'Abbevilledans  la  ville. 
De  Sainte-Marthe. 

ESPAGNEUL.  Voyez  ÈPAGNËUL. 

ESPAGNOL,  OLE.  f.  m.  Se  f.  Nom  de  peuple.  Natu- 
rel, originaire  d'Efpagne.   Hifpanus  ,  Iberus.  Les 


ESP 

premiers  Efpagnols,  fi  l'on  en  croit  les  Hiftoriens 
de  la  nation  ,  defcendoient  de  Tubal ,  fils  de  Ja- 
phet ,  qui  peupla  ce  pays  ,  &  y  régna.  Koye:^  Ma- 
ri an  a  ,  Hijloire  à'Ejpagne ,  L.  L  C.   i.  Les  Celtes 
s'établirent  auili  dans  la  partie  d'Elpagne  voifine  de 
l'Ebre  :  c'eft  pour  cela  que  les  Anciens  appellent  les 
EJpagnols  Celtiberes.  Les  Ejpagnois  ont  eu  piu- 
fieuts  colonies  Phéniciennes.  Us  ont  été  foumis  aux 
Carthaginois  ,  enluite  aux  Romains  j    puis   aux 
Goths  ,  après  cela  aux  Maures ,  qui  vers  l'an  i4>/i, 
furent  exterminés  par  Ferdinand   ik.   Ifabelle.  Les 
EJpagnols  lont  graves,  circonfpeéts  ,  fecrets,  io- 
bres  ,  lents  à  délibérer  ,  mais  fermes  dans  leurs  ré- 
folutions,  conftans  dans  l'exécution  ,  patiens  dans 
les  travaux  &  dans  les  maux.  Ils  ont  le  corps  faiii , 
l'efprit  pénétrant  &  profond,  de  la  grandeur  &  de 
l'élévation  dans  les  penfées,  de  la  noblede  dans  les 
fentimens;  mais  on  les  accule  de  rendre  prefque 
inutiles  tanr  d'excellentes  qualités  par  leur  parelle  : 
on  leur  reproche  encore  de  i'orgucil  &  de  la  fierté. 
Ils  ont  pris  des  Arabes  &  des  Maures  l'efprit  &  les 
idées  de  Chevalerie  :  ils  avoient  peut-être  auiîi  au- 
trefois quelque  chofe  de  leur   cruauté.  Il  faut  ce- 
pendant  convenir    qu'entre  tous    les    peuples  du 
monde  ,  il  n'en  eft  point  d'un  fi  bon  commerce 
avec  les  étrangers.  Les  Ejpagnoles  font  peu  fécon- 
des j  ce  qui  fait  que  depuis  l'expulfion  des  Maures 
&  des  Juifs  par  Ferdinand  &  Ifabelle  ,  &  les  gran- 
des colonies  que  les  EJpagnols  ont  envoyées ,  & 
qu'ils  entretiennent  aux  Indes  Orientales  ik  Occi- 
dentales ,  l'Efpagne  n'a  pu  fe  bien  repeupler.  Les 
Anciens  mettent  de  la  différence  entre  un  naturel 
d  Efpagne  &  un  homme  qui  eft  né  ailleurs.  Se  de- 
meure en  Efpagne.  Ils  appellent  le  premier  Hifpa- 
nus,  &  le  fécond  HiJ'panienfîs. 
Espagnol  ,  ole.  adj.  Qui  appartient  à  l'Efpagne,  qui 
eft  propre  à  l'Efpagne  ,  ou  des  EJpagnols.  HiJ'panus. 
\J n  Aazeur  Ejpagnol  ^  le  Ûegmc  Ejpagnol ,  la  gra- 
vité Ejpagnole.   Une  penfée  Efpagnole  ,   un   tout 
Efpagnol ,  c'eft  une  penfée  recherchée  ,    outrée  , 
qui  a  de  l'enflure  &  de  l'exagération.  Le  Lope  dit  de 
la  Nation  Efpagnole  j 

Es  una  fiera  gente  la  de  Efpana  , 
Q«e  quando  àpechos  una  empreja  toma  y 
Los  tiembla  elmar  ^la  muer  ce  los'eftraâa  9 
Diga  Numantia  ,  que  le  cuefla  à  Roma. 

Que  c'eft  une  fiére  nation  ,  que  quand  les  Efpa- 
gnols fe  mettent  en  tête  quelque  entreprife  j  la  mer 
tremble  devant  eux  ,  la  mort  les  fuit ,  &c  que  Nu- 
mance  ,  qui  coûta  fi  cher  à  Rome  ,  en  peut  dire  des 
nouvelles.  BouH. 

AVEfpagnol,  à  la  Hongroife,  à  rAllemantle  , 
à  la  Turque;  pour  dire  j  à  la  façon  ,  à  la  manière 
àes  Efpagnols ,  &c.  Dans  ces  expreflions  adverbia- 
les ,  on  foufentend  le  mot  manière. 

Rivière  aux  Efpagnols.  Voye^  dans  l'Ifle  au  Cap 

Breton. 

L'Académie  Royale  Efpagnole  ^  c'eft  une  Acadé- 
mie établie  à  Madrid  par  le  Roi  d'Efpagne  fur  le 
modèle  de  l'Académie  Françoife.  C'eft  le  Duc 
d'Efcalone  qui  en  forma  le  projet ,  que  le  Roi  ap- 
ptouva  le  Z5^  Mai  17 14.  s'en  déclarant  le  Protec- 
teur. Elle  s'étoit  a.Tembléej  fous  le  bon  plaifir  du 
Roi,  pour  la  première  fois ,  le  (ï^  de  Juillet  171  J. 
Elle  eft  de  vingt-quatre  Académiciens,  y  compris  le 
Direéleur  &  le  Secrétaire.  Elle  a  pris  pour  devife  tin 
creufer  fur  le  feu  ,  avec  ces  mots  Efpagnols  ,  Lim- 
pia  y  fija  3  y  da  fplendor^.  Voyez  La  jondation  y^ 
Eftatutos  de  la  Real  Academia  Efpanola  ,  &c.  a 
Madrid  1-715.  Ondifoit  autrefois  Infanterie  Efpa- 
gnole y  &  Cavalerie  Françoife. 
ESPAGNOLE.  Ifle  appelée  autrement  Hifpanolia  & 
Saint  Domingue.  Foye\  Domingite  ,  ou  Saint 
Çomingue  ,  Veft  le  nom  ordinaire  que  nous  lui 
donnons. 
ESPAGNOLETTE,  f.   f.  Sorte  de  ntine   fine.  On 

porte 


^  ÉPAIS. 

\  EPAISSEUR. 

<  Èi'AlSSIR. 

/ÊPAISSISSE- 

^"    MENT. 


ESP 

porto  en  hiver  des  jupons  &  des  camifolcs  A'Efpa- 
gnolcne. 
EsPAiMOLETTE  ,  figiiifis  encore  une  efpèce  de  ferrure 
pour  l'js  tenctres.  Elle  ouvre  &  terme  cour  d  un 
coup  les  deux  battans  de  la  lenétre. 
■ESPx\GNOLlS£R.  v.  a.  Rendre  Efpagnol.  Ilifpanum 

reddcrc ,  ejJLceic. 
EsPAGNOLisE  ,  ɣ.  part.  pair.  &  adj.  Rendu  Efpagnol, 
devenu  Elpagnol.  Hifpduus Jacîus  ,  a,  z//«.  Cette 
Panlïenne  tfpagnoUfe^  conlervoit  toujours  beau- 
coup d'amiticpour  les  François. 
EspAGNoLisÉ  ,  fignitie  aulli  j  Dévoué  aux  Efpagnols  , 
ligué  avec  eux  j  ou  qui  a  pris  leurs  manières.  Les 
Ligueurs  EfpagnoLifis  apprehendoienc  que  Henri  le 
Grand  n'embrallàt  la  Religion  Catholique  ;  ce  qui 
leur  eût  ôré  tout  prétexte...  Perefixe.  Hijloire  de 
Henri  le  Grj.nd.  On  dit  que  la  Reine  de  Suéde  e(l 
toute  Elpag.'ioliJ'cc...  Gut-PAXiN. 

Ces   mots  ne   font  bons  que  dans  le    ftyle  fa 
milier. 
ESPAIS. 
ESPAISSEUR. 
ESP  A  ISSIR.  >f^oye 

ESPAISSISSE- 

M  E  N  T. 

ESPALE.  f.  f.  Terme  de  Marine.  Banc  de  rameurs  le 
plusprochede  la  poupe  dans  lesGalères.  Primusremi- 
gum  ordo ,  Jcdile  ad  puppïm^  thataniium.  M.  Oza- 
nam  dit  que  c'eft  l'efpace  proche  de  la  poupe  qui 
eft  depuis  l'échelle  julqu'au  premier  banc,  &  qui 
ell  fépirée  en  deux  parties  par  le  tabernacle  ,  à  l'op- 
polîte  des  rambades. 
ESPALEMENT.  Voyc^  ESPALLEMENT. 
ESPALIER,  f.  m.  Terme  de  Jardinage.  Rangée  d'Ar-  . 
bres  fruitiers  ,  régulièrement  plantés  contre  des 
murs  ,  &  dont  les  branches  font  étendues  ,  cou- 
chées &  alTajetties  par  un  treillage,  ou  avec  des 
clous  ,  pour  former  une  tapilïerie  de  verdure  na- 
turelle, &  avancer  en  même  temps  la  maturité  des 
fruits.  Arbores palatA  ,  applicit^  mura.  L'ufage  des 
efpaliers  n'eft  pas  lott  ancien.  Us  lont  aujourd'hui  le 
principal  ornement  des  jardins  fruitiers  j  mais  ils 
exigent  une  culture  étendue  :  &  d'autant  plus  d'art 
&  d  habileté  dans  celui  qui  les  conduit  ,  que  la  li- 
gure à  laquelle  on  les  alfujettit ,  ell  moins  natu- 
*  relie.  A  un  bel  ej'palicr  les  branches  doivent  être 
difpofées  de  façon  qu'on  ne  voie  point  la  muraille. 
Il  y  a  des  arbres  délicats  qu'on  ne  peut  élever  qu'en 
elpalicr. 
CoMTREiPALiER,  cft  uu  petit  treillage  à  hauteur  d'ap- 
pui ,  à  quatre  ou  à  lix  pieds  de  Xejpaiier  j  entretenu 
par  des  chevrons  debout  de  fix  pieds  en  lix  pieds  , 
&c  girni  de  feps  de  vigne,  ou  d'arbres  fruitiers 
nains.  Le  P.  Rapm  appelle  les  concrelpaliers  ,  arbo- 
res confcru  rani'ts  ,  confertis  in  fe  ramis.  Autour  des 
carrés  on  plante  des  arbres  en  builTons.  Autrefois 
ort  faifoit  des  contre fp allers  \  mais  lufage  en  eft 
prefque  aboli  :  il  faifoit  alfez  de  peine  à  bien  en- 
tretenir, &  n'éîoit  que  d'un  très-médiocre  r.ipport. 


ESP  §4^ 

fait  dans  les  bralTeries.  Les  droits  fur  la  bière  fe 
paient  lur  le  pied  de  Vejpallement  ,\^s  chaudières  , 
tant  pour  celles  ou  il  y  aura  des  gantés  ,  que  pour 
celles  ou  il  n  y  en  aura  point  ;  &  ne  peuvent  être 
les  gantes  que  de  quarre  pouces  de  hauteur. 

EsPALLEMENT.  Terme  de  Mefuieur.  Il  le  du  aulTi  de 
a  comparaifon  qui  fe  fait  dune  mefure  neuve  avec 
la  melure  originale,  ou  matiice  ,  pour  enfuire  l'é- 
talonner, #  marquer  de  la  lettre  courante  de  l'an- 
née^ Il  elle  lui  ed  trouvée  égale  &  conforme.  .(>f«f/2/«- 
rarurncollatio  cum  archecypis ,  prubuùo.  On  le  fait 
en  verlant  deux  fois  di^grain  de  millet  par  la  tré- 
mie dans  la  mefure  matrice,  qu'on  met  d'abord 
comble,  &:  qu'on  rafe  fans  lailfer  grain  fur  bord* 
&  quand  la  mefure  qu'on  apporte  fe  trouve  de  la 
même  mefure  6c  continence  que  l'étalon  j  on  la 
marque  à  la  lettre  courante  de  l'année. 

ESPALAiER.v.  a.  Terme  de  Marine.  Enduire  le  dcf- 
fotis  d'un  vailfeau  avec  du  fiiif  depuis  la  quille  juf- 
qu'à  la  Hgnede  l'eau  ,  pont  le  faire  voguer  avec  plus 
de  facilité,  lilimre  bitiuninc  ,feho  ,  &c.  On  du  auili 
crt.ier ^  principalement  des  vailleaux  ;  efpalmer ,  fe 
du  particulièrement  des  galères  :  du  moins  cette  dif- 
tinction  a  été  long-temps  en  ufage.  On  du  aulli 
ejpurmer ,  ou  dorer,  ordonner  Le  flore  ,  o\iflorer. 
Ce  mot  ell  corrompu  de  fpaitum  ,  abrégé  à'ajphal- 
tun ,  qui  elf  un  bitume  qui  vient  du  lac  de  So- 
dome  en  Judée  ,  dont  on  enduifoit  autrefois  les 
vailleaux. 

EsPALME.  part,  t^  adj.  Un  navire  efpalmé  de  frais  ell 
meilleur  voilier ,  &  va  beaucoup  mieux  qu'un  au- 
tre à  proportion. 

ESPALOUt^O.  1.  m.  Animal  qui  fe  trouve  au  Royau- 
me de  Siam.  Il  a  une  lace  allez  femblable  à  celle  de 
l'homme.  Il  monte  aux  arbres  ,  &c  jette  de  grands 
cris.  Il  ne  va  que  de  nuit. 

ESPAMPRER.  /^o^ejEPAMPRER. 

ESPAN.  1.  m.  Palmus  j  quantum  expansâ  manu  meti- 
mur.  NicoT.  On  du  maintenant  empan ,  c'ell  la  mê- 
me chofe.  l^oye:{  Empan. 

E  S  P  A  N  C  H  E-  -k  r  É  P  A  N  G  H  E- 


xMENT. 
ESPANCHER 
ESPAN  ORE. 


Voye\ . 


La  Quint. 
Espalier,  en  termes  de  Marine  ,  eft 


MENT. 
EPANt.,HER. 
EPANDRE. 
ESPANITE.  f.  f  Terme  de  Coutume.   /%d^  Épa- 

virÉ. 

ESPANOUIR.  Foye:;  ÉPANOUIR. 
ESPANOUISSEMENT.  ^oy.  EPANOUISSEMENT. 
ESPARDILLES.  f  m.  pi.  Mot  Catalan  ,  qui  lignihe 
desfculieis  de  corde. 

ESPARGNANT.       ^  (ÉPARGNANT. 

ESPARGNE.  Y  Voye-^  \  EPARGNE. 

ESPARGNER.  )  (EPARGNER,. 

ESPARGOUTE  de  Mer.  f  f  Plante.  1  npcuum.  Voyez 

le  Liicl.  de  James ,  &  Turbit. 
ESPARGOUTTE.  f.  f  Nom  qu'on  donnoit  autrefois 

à  la  plante  qu'on   appelle  aujourd'hui    matricaire. 

Foye:^  Matricaire.  Matnçaria. 


le  rameur  qui 


ESPARMER. 
ESPARPILLER. 


\  Foyer  i  ^SPALMER. 
I  ^"J'^r    lEPARPILLER. 


tient  le  bout  de  la  rame  ,  qui  donne  le  mouvement   ESPARRE.  Ville  de  la  Guyenne  ,  en  France^  Au-def- 
aux  autres.  Thalamius,  thalamita.  L'Efpalier  eft  or-        fous  de  Bourdeaux  ,   &  joignant  la  côte  de  la  mer  , 


dinairement  un  homme  fort  &  robufte  ,  parce 
qu'il  a  plus  de  peine  que  l  s  autres,  étant  obligé  à 
chaque  mouvement  de  la  rame  de  fe  lever  de  delfus 


oc  ae  le  ra 


aifeo 


ir. 


ion  b.mc 
ESPALIER.  V.  a.  Mettre  des  arbres  fruitiers  en  efpa- 
lier  ,  en  étendre  ,  coucher ,  drelTer  les  branches 


treillage  de  perches  ,  d'échalas.  Quand  on  efpalie 
des  arbres ,  il  ne  faut  gêner  le  bois  que  le  moins 
qu'on  peut  :  les  branches  gcnéjs  poulfent  de  miu- 
Vais  jets  ,  qu'on  appelle  branches  gourmandes. 
Dicl.  des  Arts. 

Ce  mor  vient  de  l'hiWen  fpaliere.  Aîén. 
ESPALLEMENT.  f.  m.  Terme  en   ufage  parmi  les 
Commis  des  Aides ,  qui  fignifie  la  même  chofe  que 
Jaugeage.  Il  ne  fe  du  guère  que  du  niefurage  qui  le 
Tome  m. 


ft  la  Ville  de  VEfparre  ,  &  le  Cap  de  Sainte- Ma- 
rie. Du  Chesnb  ,  Antiq.  des  Filles  de  Er.  P.  lE  G 
}.  Efparre  a  donné  fon  nom  à  un  Seigneur  de  la 
Maifon  de  Foix.  Moréri. 

espars:  }  a-c^^ï  {  épars. 

contre  un  mur ,  fou  avec  des  clous,  fou  avec  un  i  ESPARTEL.  C'eft  le  cap  le  plus  Septentrional  de  l'A" 

^1  /-    ;  ini^uQ.  Efpartelum  caput.  Je  trouve  aulli  Spartel , 

Sparto  &  Efparto.  Ce  cap  eft  fur  la  cote  du  pays 
o'Habara,  province  du  Royaume  de  Fez,  au  cou- 
chant de  la  ville  de  Tanger,  vis-à  vis  du  détroit  de 
Gibraltar.  Mêla  ,  L.  L  C  5.  dit  que  les  Grecs  l'ap- 
peloient  Ampelufie,  Ampelufia\i\\\t\ç%  Africains 
luidonnoicnr  un  autre  nom  ,  mais  qui  lignifioit  la 
même  chofe  ;  fur  quoi  Vollius  remarque  que  ce 
nom  Africain  étoit  K^tw,  Cotes  ,  que  Pline  dit  Co- 

Ppppp 


8jo  ESP 

ia\  que  c'eft  ain fi  qu'il  faut  lire,  L.  XXXII.  C.  3. 

&  non  pas  LfOtta  :  &:  qu'un  Savant  s'eft  trompé  en 
prenant  ce  promontoire  pour  le  Solois ,  ou  Sylois , 
dont  parle  Hérodote ,  &  qui  ell  fort  éloigné  de  la. 
Pline  du  aulli  qu'il  y  avoit  en  cet  endroit  une  ville 
nommée  Cotes:  L.  V.  C.  1. 
L'ESPARVIÈRE.  lile  de  Fiance ,  dans  le  P.hône.auprès 

de  Valence. 
ESPARVIN.  \r.         ^ÉPARtlN. 

ESPAÏER.  5     °^  "^  \  EPATER. 

ESPATULE.  f.  f.  Plufieurs  écrivent  &c  prononcent 
ainfi.  Le  mot  de<5rar«/t' faroît  plas  généralement 
reçu.  ^o)'.  Spatule. 

Esp/tule.  C'eft  auîli  que  ceux  qui  fabriquent  des 
from.iges  dans  les  mont.agnes  de  Gruyère  &  de  Ber- 
re  en  Suilléj  nomment  un  certain  petit  fapinde  la 
grolftur  d'une  bonne  canne  ,  qu'on  a  pelé  ,  &  dont 
on  a  coupé  les  branches  ou  rameaux  ,  à  deux  ou 
trois  pouces  de  long  jufqu'aa  milieu,  qui  fert  à  tour- 
ner le  lait  caillé  dans  la  ciiaudière  ,  pour  le  délaire 
&  le  rompre. 

ESP4.TULE  ,  Xyris.  Plante  qui  poulie  beaucoup  de 
feuilles,  longues  d'un  pied  ^s:  demi  ou  de  deux  pieds, 
plus  étroites  que  celles  de  l'iris  ordinaire,  pointues, 
ie  couleur  verte-noitàtre  ,  luilante  ,  d'une  vilaine 
odeur  de  punaife.  Il  s'élève  d'entre  (es  feuilles  plu- 
iieurs  tipes  de  grolleur  médiocre  j  droites  ,  portant 
en  leur  fommet  une  fleur  femblable  à  cellede  l'iris , 
mais  plus  petite,  compoléedeneut  feuilles  purpu 
rines,  quelquefois  rouges.  Il  leur  fuccéde  des  goul- 
ies  oblongues  qui  s'ouvrent  en  mârilîant ,  &  dé- 
couvrent des  femences  rondes  comme  de  petits  pois, 
rouges  ,  d'un  goût  acre  ou  brûlant.  Sa  racine,  qui 
de  fibreufe  dans  les  commencemens  groffit  dans  la 
fuite  ,  a  un  goût  acre  comme  celle  de  l'iris.  Cette 
plante  croît  aux  lieux  humides  ,  entre  les  vignes  & 
dans  les  jardins.  Sa  racine  &  fa  lemence  ,  prifes  en 
médecine,  font  purgatives  ,  hydragogues  ,  apéri- 
tives  ,  propres  pour  les  convulhons,  pour  les  rhu- 
matifmes  j  pour  les  obftructions ,  &  pour  l'hydro- 
pilie.  On  s'en  fert  auffi  extérieurement  pour  di- 
gérer ,  pour  incifer  ,  pour  atténuer  &  pour  rc- 
foudre.  Cette  plante  fe  nomme  encore  Glayeul- 
puànr. 

ESPAVE  ÉPAVE. 

ESPAVITÉ.         .     'v  /-EPAVÏTE. 

ESPACEE.  J  l  EPAULE. 

ESPAULEE.  /  I  EPAULEE. 

ESPAULEMENT.     ^^        JePAULEMENT. 

ESPAULER.  /^''•>'^ï'^EPAULER. 

ESPAULETTE.         l  IëPAULETTE. 

ESPAULIÈRE.  1  fEPAUHER. 

ESPAURE.  J  \EPAURE. 

ESPEAUTRE.  ÉPEAUTRE. 

ESPECCE.  Voyez  SPEZZIA. 

ESPÈCE,  f.  f.  Species.  Terme  de  Logique.  On  appelle 
ainfi  ce  qui  eft  fous  le  genre  ,  &i.  contient  fous  foi 
plufieurs  individus.  Développons  cette  idée  ordi- 
nairement fort  embrouillée  parle  jargon  de  l'Ecole. 
Dans  la  comparaifon  des  êtres  ,  nous  appercevons 
des  relfemblances  ik.  des  diffcrences,c'eft-à-dire,des 
qualués  communes  ,  par  lefquelles  ils  fe  rclfem- 
blent  J  &  d'autres  particulières  par  lefquelles  ils 
diftérent.  Ces  qualités  qui  font  les  mêmes  dans  dif- 
férens  individus ,  féparées  par  l'abftraélion  de  celles 
qui  font  propres  ,  forment  la  notion  générale  à'cf- 
pèce  :  ainli  Yefpèce  n'eft  autre  chofe  que  tous  les  in- 
dividus dans  lefquels  fe  trouvent  ces  qualités  par 
lefquelles  ils  fe  relfemblent.  L'animal  eft  une  efpèce 
a  l'égard  du  corps  y  l'homme  eft  une  efpèce  à  l'égard 
de  Tanimal.  Dieu  ,  en  détruifmt  par  le  déluge  tout 
ce  qui  avoit  vie  fur  la  terre ,  voulut  conferver  les 
efpèces  :  il  renferma  dans  l'arche  des  animaux  de 
toutes  les  efpèces.      ^  * 

ffT  Comme  V efpèce  peut  être  genre  par  rapport 
aux  parties  qui  la  compofent ,  &  à  des  idées  parti- 
culières ,  on  diftingue  dans  l'Ecole  trois  différentes 
efpèces,  la  fupérieure  ou  fuprême ,  la  fubaiterne 
ou  moyenne  ,  &  rinférieure  ou  la  plus  baffe.  La 


ESP 

fupérieure ,  fuprema,  eft  celle  qui  n'a  que  le  genre 
au-delfus  d'elle  ,  qui  n'a  point  d'autre  ejpece  au- 
delfus  d'elle;  comme  fubltance  &  accident,  qui 
font  les  ejpeccs  de  l'être,  qui  eft  le  genre  fupiême; 
&  qui  n'ont  point  d't;y/icf(;c"  au- dellus  d'elles,  mais 
qui  en  ont  au-delfous  :  car  la  fubftance  le  divife  en 
eiprit  &c  en  corps.  L'e//)«ce  fubaltcine,  ou  moyen- 
ne jy/ziiiî/^crr/zj  ,  vq\  média  ,  eft  celle  qui  eft  entre 
ààii)!.  ejpe ces  ,  dont  l'une  eft  fon  genre,  &  l'autre 
fon  ejpecc.  Comme  corps,  qui  a  pour  g^mnjuâjàin- 
:e  ,  &  pour  ejpéce  ,  animé  Se  inanimé.  L'efpece  infé- 
rieure ,  ou  la  plus  balfe  ,  infima ,  eft  celle  qui  n'a 
point  À'efpece  audelfous  d'elle  j  qui  ne  peut  être 
genre  par  rappoit  à  aucune  autre  idée  plus  particu- 
lière J  &  qui  n'a  fous  elle  que  des  individus  :  hom- 
me ^,  par  exemple  J  qui  n'a  fous  foi  que  des  indi- 
vidus ,  Pierre  ,  Paul ,  Louis ,  &c.  dans  lelquels  le 
trouvant  les  attributs  qui  fervent  à  caractcrifer 
1  homme. 

IvL  de  BufFon ,  qui  prétend  que  Vefpéce  n'eft  au- 
tre chofe  qu'une  fuc'celîion  conftante  d'individus 
f^mblables  îk.  qui  fe  reproduifent ,  prétend  confé- 
quemment  que  cette  dénomination  ne  doit  s'éten- 
dre qu'aux  animaux  &:  aux  végétaux,  &  que  c'eft 
par  un  abus  des  termes  ou  des  idées  que  les  nomen- 
clateurs  font  employée  pour  défigner  les  différentes 
fortes  de  minéraux  :  qu'ainh  on  ne  doit  pas  regar- 
der le  fer  comme  une  efpèce  ,  &  le  plomb  comme 
une  autre  efpèce  ,  mais  feulement  comme  des  mé- 
taux différens. 

|t3°  Espèce  DE  Plantes.  Species.  En  Botanique  j  on 
appelle  ainfi  les  plantes  ,  qui  j  outre  le  caractère 
générique  ,  ont  quelque  chofe  de  Imgulier  qui  les 
diftingue  de  toutes  les  autres  plantes  de  même  gen- 
re. Le  Buillon  ardeat  eft  une  efpèce  du  genre  des 
Néfliers. 

Espèce  ,  fe  dit  quelquefois  des  individus  de  chaque 
efpèce  à  part-  Voilà  un  homme  fingulier,  d'une  nou- 
velle efpèce.  C'eft  une  pauvre  efpèce.  Un  habit  d'une 
nouvelle  efpèce ,  d'une  nouvelle  mode.  Je  ne  fai 
quelle  efpèce  de  fruit  c'eft-là.  Il  m'amena  une  ef- 
pèce de  Gentilhomme  qui  avoit  l'apparence  d'un 
Noble.  On  ne  fait  quelle  efpèce  d'homme  c'eft-là  , 
s'il  eft  chair  ou  poillon.  Le  mot  à'efpèce  en  ce  fens 
ne  fe  dit  guère  que  par  dérifion  des  perfonnes  j  & 
même  alfez  fouvent  des  chofes.  » 

Espèce  ,  fignifie  auflî  j  Sorte  ,  nature  j  ce  qui  fe  peut 
rapporter  à  quelque  chofe  de  plus  connu  ,  &c  qui 
néanmoins  en  eft- différent.  Modus  ,  fpecies ,  genus, 
Tûtio  J  jnrma.  La  civilité  ,  de  la  manière  c^u'on  la 
pratique  ,  eft  une  efpèce  de  jargon  que  les  hommes 
ont  établi  entr'eux.  Bell.  Un  Ermite  eft  une  efpèce 
de  Religieux  qui  habite  à  part  j  qui  ne  fait  point  de 
communauté. 

fC?  On  dit  figurément  que  Xefpèce  manque  j 
pour  dire  ,  qu'elle  devient  rare  \  ôc  cela  fe  dit  des 
hommes  ,  des  animaux,  de  l'argent,  &c.  Ac.  Fr. 

IJCT  Espèces  visibles.  Dans  l'ancienne  Philofophie , 
où  l'on  ignoroit  la  manière  dont  les  rayons  de 
lumière  viennent  fe  réunir  fur  la  rétine,  &  y  pein- 
dre l'image  des  objets,  on  avoit  imaginé  je  ne  fais 
quels  fimulacres  ou  images  qui  fe  détachoient  per- 
pétuellement des  objets  extérieurs  j  étoient  reçus 
dans  nos  fens  ,  ôc  nous  faifoient  connoître  l'objet 
dont  ils  s'étoient  détachés.  On  avoit  donné  à  ces 
fimulacres  ou  images,  le  nom  à'efpèces. 

Quod  fpeciem ,  aucformamfmilemgerlt  ejus  imago. 

LUCRECB. 

fer  On  diftinguoif  deux  iomsi' efpèces-^  les  mies 
qu'on  nommoit  imprefles ,  6c  d'autres  auxquelles 
on  donnoit  le  nom  d'exprelTes.  Species  impreftc  , 
fpecies  exprefa.  Les  premières  s'appeloient  im- 
preffes ,  parce  que  les  objets  les  impriment  dans  les 
feus  extérieurs ,  par  lefquels  elles  font^  porrées  au 
fens  commun.  Jufque-là  elles  font  fenfibles  &  ma- 
térielles ;  mais  l'intelleét  agent  dans  lequel  elles 
font  reçues,  les  travaille,  leurôte  ce  qu'elles  ont 


ESP 

de  matériel  ^  les  rend  intelligibles  ,  &  propres  à 
ctre  reçues  par  l'intelled  patient.  Ces  efp^ces  ainii 
fpiritiialilées ,  palFent  de  l'intelleift  agent  dans  l'in- 
lelleifl  patient ,  qui  s'eni'ert  pour  conuoitre  les  êtres 
matériels.  C'eft  alors  qu'elles  prennent  le  nom 
à'efpècts  exprejfes  _,  parce  qu'elles  lont ,  pour  ainli 
dite,  exprimées  des  imprelFes. /''oje^  Intellect. 
|ÎCr  Voyez  aux  mors  Emission  ,  Emanation 
lesraifons  qui  combattent  ce  fyftcnie.  On  peut  ajou- 
ter que  les  efpèccs  imprelfes  étant  de  véritables 
corps,  &  par  conféquent  impénétrables  &  rem- 
pli'Tant  tous  les  efpaces ,  elles  devroient  fe  froilTer , 
le  brifet ,  à  caufe  de  leurs  mouvemens  oppofés , 
au  lieu  de  rendre  les  objets  vilibles. 

I/CF  De  plus ,  on   voit  les  objets  plus  grands  ou 
plus  petits ,  félon  le  plus  ou  le   moins  d'éloigne- 
ment.  Comment  ces  efpèces  peuvent-elles  être  plus 
ou  moins  grandes ,  &  que  deviennent  les  parties 
qui  les^ompolent ,  quand  elles  diminuent ,  &  de 
quelles   parties   peuvent-elles  s'accroître  ,    quand 
elles  deviennent  plus  grandes ,  quand  on  regarde  , 
par  exemple  ^  un  objet  avec  un  microfcope  ? 
Esi'ÈcESj  en  termes  d'Optique,  fe  dit  des  rayons  de 
lumière  diverfement  rélléchis  par  l'inégalité  de  la 
fur'ace  des  corps  ^  &C  qui  font  des  imprelîions  fur 
la  rétine  de  l'œil  ,  qui  font  caufe  de  la  vilion.  Spe-' 
des.  Les  Modernes  ont  trouvé  l'invention  de  faire 
des  yeux  artificiels  pour  ramalfer  les  efpi'ccs  des  ob- 
jets fur  delà  toile  ,  ou  fur  du  papier  j  de  la  même 
façon  qu'elles  fe  reçoivent  dans  l'œil ,  &  ont  décidé 
nettement  la  quellion  dont  les  Anciens  étoient  fi 
fort  en  peine  ,  touchant  la  manière  dont  fe  faifoit 
la  vilion.  C'eft  quelque  chofe  de  réel  &de  très  réel, 
&  mêmeforporel  j  que  nos  Philofophes  appellent 
efpèces.  Pelisson.  Les  Pbilofophes  n'ont  pu  déter- 
miner entr'eux  lî  les  efpèces  font  une  elFufion  de  la 
fubftance  àas  corps  ,  ou    une   fimple   imprc-llion 
qu'ils  font  fur  tout  ce  qui  les  environne  ,  &  que 
tous  les  autres  corps  leur  renvoient  ^  quand  ils  fe 
trouvent  à  certaine  diftance  ,  &  en  certaines  difpo- 
fitions  i  ou   enfin  ,  fi  ce  n'efl  point  quelque  autre 
corps  plusfubtil,  comme  feroit  la  lumière,  qui, 
reçoive  toutes  ces  différentes  impreffions   de  tous 
les  corps  ,  &i  qui  font  ainfi  envoyés  &  renvoyés  in- 
celTamment  de   l'un  à  l'autre  avec  ces  empreintes 
différentes  qu'il  a  prifes  de  tous  côtés.  Pelisson. 
M.  Le  Clerc  ,  dans  fon  fyftême  de  la  Vifion ,  par  une 
de    ces   révolutions  très-ordinaires    aux   opinions 
philofophiques ,  ramène  fur  la  fcène  les  efpèces  ex- 
prejfes des  anciens  Philofophes.  Car  ce  n'eft  pas , 
félon  lui  j  par  les  images  imprimées  dans  le  cerveau 
que  l'ame  connoît  les  objets  ;  c'eft  par  des  rayons 
qu'elle  dirige  vers  eux  j  &  dont  elle  fe  fert  comme 
un  aveugle  de  fon  bâton  pour  tâter  les  corps. 
Espèces  ,  fignifie  auflî ,  Idée  ,  image  des  chofes  qui  a 
palfé  autrefois  dans  le  fer.s  ou  dans  l'efpnt.    Ima- 
go ,  idea  ^  forma.  Avec  le  temps  les  efpèces  fe  con- 
fondent, fe  perdent  dans  notre  ame.  Les  fonges 
ne  font  que  des    efpèces  confufes  qui  reftent  dans 
notre  imagination  des  objets  que  nous  avons  vus  en 
veillant. 
EsRÈCES.  f.  f.  pi.  Species  j  erum.  Terme  de  Pharma- 
cie. On  donne   ce  nom  aux  poudres  compofées , 
comme  à  celles  de  la  confedlion  d'hyacinte  ,  de  la 
confedkion  alkermès ,  de  la  thériaque  j  à  la  poudre 
diamargaritum  ,  diarrhodon-abbatis  j  &c.  Col  de 
Villars. 
Espèces  ^  en  termes  de  Monnoie  ,  fe  dit  des  pièces 
de  diverfes  fabriques  Ôc  matières  dont  les  monnoies 
font  faites.  Nummus ,  numifma.  Il  y  a  des  efpèces 
d'or  &  d'argent.  Les  francs  ,  les  teftons  font  des  ef- 
pèces décriées. 
^3"  Espèces  j  fe  dit  de  même  dans  le  Commerce  ,  des 
différentes  pièces  de  monnoie  qui  fervent  à  payer 
le  prix  de  la  valeur  des  chofes.  Payer  en  efpèces 
ayant  cours  ,  en  louis ,  en  écus  de   6  liv.  en  ccus 
de  }  liv.  Les  Notaires  font  obligés  de  faire  mention 
des  efpèces  avec  lefquelles  un  paiement  a  été  fait. 
§C7"  On  dit  payer  en  efpèces  formantes  ,  c'eft-à- 


ESP  8;i 

dire,  en  pièces  d'or ,  ou  d'argent,  5c  non  pas  eu 
papiers  ou  billets. 
Esi'icH  J  en  terme  de  Jurifprudence  ,  fe  dit  de  la 
quellion  ,  de  l'hypothèfe ,  du  cas  particulier  fur 
lequel  fe  fait  une  dccihun  ,  du  fait  &  des  ciiconf- 
tantes  qui  ont  précédé  ou  accompagné  quelque 
chofe.  Species.  Les  Jurifconfultes  appellent  e/pèce 
à  peu-piès  ce  que  les  Logiciens  appellent  l'individu 
d'un  fait,  &c.  Ces  deux  cas  font  de  même  ejpèce. 
Pofer  Vefpèce  d'un  procès  ,  c'eft  pofer  le  fait.  Les 
cuconftances  changent  le  fait. 
Espèces,  fe  dit  au(li  de  toutes  fortes  de  denrées,  &  n'a 
point  de  (ingulier  en  ce  fens.  Il  y  a  des  droits  Sei- 
gneuriaux payables  en  argent,  &  d'autres  en  ef- 
pèces ,  en  blé  ,  en  vin  ,  volaille  ,  &c.  On  a  appelé 
proprement  efpèce ,  les  fruits ,  comme  vin  ,  huile  , 
'froment ,  légumes.  Dans  dans  ce  cas  ,  efpèce  fe  dit 
par  oppohtion  à  argent. 
(G"  Espèce,  fe  dit  auflî  en  Jurifprudence  ,  pour  la 
chofe  même  qu'on  doit  rendre.  Il  faut  rendre  en 
espèce  un  cheval  qui  a  été  prêté,  c'eft-à-dire,  le 
même  ,  &  non  pas  un  femblable. 
Espèces  ,  en  termes  de  Théologie  ,  fe  dit  des  accidens 
qui  demeurent  après  la  confécratiun  dans  le  pain  & 
dans  le  vin  ,  quoique  leur  fubftance  feit  détruite  „ 
qui  les  rendent  encore  fenfibles.  Les  apparences  du 
pain  &■  du  vin.  Le  Prêtre  communie  fous  les  deux 
espèces.  Nous  ne  voyons  que  les  espèces  facramen- 
telies  ,  l'apparence  du  pain  &  du  vin,  fa  quantité, 
fa  blancheur ,  ekc.  félon  le  fentiment  le  plus  com- 
mun des  Théologiens  ,  les  espèces  facramentelles 
font  des  accidens  abfolus.  f^oye^  Accident.  Le 
P.  Magnan  dit  que  ce  ne  font  que  des  apparences , 
des  impreffions  que  Dieu  fait  fur  nos  fens  :  Les 
Cartéfiens  &  autres  nouveaux  Philofophes  ,  qui 
ne  peuvent  fouffrir  le  terme  d'accidens  abfolus  , 
expliquent  le  mot  d'espèces  le  mieux  qu'ils  peu- 
vent fuivant  leur  fyftême.  Ils  n'ont  encore  rien  die 
de  bien  net  là-deftus ,  pour  accorder  la  dodrine  de 
l'Eglife  avec  leurs  principes  dePhilofophie.  J^oye:^ 
Accidens  absolus. 
ESPÉE.  Foyei  ÉPÉE. 

ESPÉJO.  Village  de  l'Andaloufie.  Aspavia.  Il  eft  fitué 
fur  la  rivière  de  Caftro  ,  entre  Cordoue  &  Efcija. 
Espejo  étoit  autrefois  une  ville  de  la  Bétique. 
ESPEONTER.  v.  a.  Vieux  mot.  Epouvanter. 
ESPERABLE.  adj.  de  t.  g.  Qu'on  peut  efpérer.  Il  fe 
trouve  dans  Montagne  ,  Liv.  IL  chap.  j.du  fécond 
Tome.  Toutes  chofes  ,  difoit  un  mot  ancien  ,  font 
espérables  à  un  homme  pendant  qu'il  vit.  Omnia 
homini  ,  dum  vivit ^  speranda  sunt.  Mot  rapporté 
par  Sénéque  ,  epift.  70.  M.  Coste  ,  noce  24.  Mon- 
tagne fe  faifoit  une  affaire  d'enrichir  la  Langue ,  & 
nous  avons  vu  des  Ecrivains  qui  ont  pris  à  tache  de 
l'appauvrir.  C'eft  à  l'Académie  Françoife  à  s'oppofer 
à  ces  faux  Puriftes  qui ,  avant  que  de  fe  mêler  de 
profcrire  des  mots  ,  devroient  examiner  fi  ce  font 
les  chofes  qui  ont  été  faites  pour  les  mots  ,  ou  les 
mots  pour  les  chofes.  Id.  note  88.  sur  le  douzième 
chap.  du  second  Liv.  Il  s'agit  là  du  mot  de  gratitude 
que  Montagne  a  francifé  ,  &  qui  eft  aujourd'hui 
reçu  par-tout.  Il  me  femble  ,  difoit  Montagne  en 
l'employant ,  que  nous  avons  befoin  de  mettre  ce 
mot  en  crédit.  Le  P.  Bouhours  ,  qui,  p.  50.  de  f;s 
Doutes ,  obferve  que  le  Public  accepte  volontiers 
les  mots  dont  les  Auteurs  ne  paroiftent  point  ,  a  eu 
tort  de  compter  gratitude  parmi  ceux-là.  A  l'égard 
àiespe'rable,  il  a  été  oublié  tout  en  naiftant.  C'eft  ainlî 
qu'entre  plufieurs  enfans  d'un  même  père ,  on  en 
voit  quelquefois  qui  s'avancent,tandisque  les  autres 
croupiffent  dans  l'obfcurité. 
ESPERANCE,  f  f.  En  Théologie.  Spes.  Vertu  Théo- 
logale ,  par  laquelle  nous  attendons  de  Dieu  avec 
une  ferme  confiance,  les  biens  que  fa  bonté  infinie 
nous  a  promis,  &  que  Jesus-Christ  nous  a  méri- 
tés. Ces  biens  fontlefalut  éternel ,  les  grâces  &  les 
fecours  dont  nous  avons  befoin  pour  y  arriver. 
Dieu,  après  avoir  menacé  les  hommes,  les  attire 
à  \\x\^AzV espérance  de  fa  gloire.  Nie.  Il  faut  mettre 
p  p  p  p  p  ij 


ts^  ESP 

toure  notre  espérance  en  Dieu  qui  fera  miféricode,. 
^  conferver  la  crainte  de  fes  jugemens. 

L'objet  matériel  de  la  vertu  théologale  à'espé- 
rance  ell  en  premier  lieu  Dieu  ,  en  tant  qu'il  eft 
notre  fouverain  bien  &c  notre  béatitude;  Se  en  fé- 
cond lieu  les  grâces  qui  nous  font  néceflaires  pour 
arriver  à  lui  ,  &  mériter  de  le  poUéder.  L'objet 
formel  de  Xespérance  Chrétienne  eft  la  fidélité  de 
Dieu  à  accomplir  fes  promelfes.  Ceux  qui  n'ont 
point  la  foi ,  n'ont  point ,  à  proprement  parler , 
X'epérance.S.  Paul,  /.  Cor.  XIIL  ij.  dit  que  dans 
l'état  préfent  où  nous  fommes ,  ces  trois  chofes 
fubfiftent ,  la  foi ,  Xespérance  6c  la  charité  :  ïefpé- 
rancc  n'exclut  point  la  charité ,  &  la  charité  ne 
détruit  point  {'espérance y  elles  demeurent  enfem- 
ble.  Le  fondement  de  \ espérance  Chrétienne  eft  la 
mort  de  Jesus-Christ  pour  tous  les  hommes,  6c 
fes  mérites  ;  de  forte  que  l'on  ne  peut  faire  un  ade 
^espérance  ,  ni  avoir  la  vertu  à! espérance  ,  li  l'on 
ne  croit  fermement  que  J.  C.  eft  mort  pour  tous 
les  hommes ,  &  pour  nous  en  particulier  ,  afin  de 
nous  mériter  le  falut  &  les  grâces  néceflaires  pour 
l'acquérir. 

Espérance.  Se  dit  encore  de  la  caufe  de  notre  espé- 
rance ,  des  perfonnes  &  des  chofes  fur  lefquelles 
elle  eft  fondée.  Ainfi  nous  difons  ;  Dieu  eft  notre 
efpérance.  Ne  vous  fondez  point  fur  vos  mérites  \ 
que  J.  C.  foit  toute  votre  espérance.  Et  parce  que  la 
Sainte  Vierge  nous  obtient  de  fon  Fils  les  grâces 
dont  nous  avons  befoin  j  en  intercédant  pour  nous  \ 
nous  appelons  auflî  la  Sainte  Vierge  notre  espérance. 
Nous  le  difons  même  des  hommes  tur  la  terre  ,  & 
des  chofes  humaines.  Je  n'ai  ni  crédit  ni  recom- 
mandation \  mon  bon  droit  eft  mon  espérance.  Mon 
Juge  ,,  mon  Rapporteur  eft  mon  espérance.  Ce  fils 
unique  étoic  l'espérance  de  toute  fa  famille.  Que 
nos  Hérétiques  viennent  après  cela  nous  dire  que 
nous  égalons  la  Sainte  Vierge  à  Dieu,  que  nous  en 
faifons  un  Dieu.  Faifons-nous  aufli  un  Dieu  d'un 
Rapporteur  &  d'un  Juge  ? 

I^EsPÉRANCE,  en  Morale.  C'eft  une  pen fée  douce 
&  flatteufe  qui  occupe  l'ame  ,  une  prétention  qui 
nous  fait  attendre  un  bien  que  nous  defirons  :  c'eft 
une  joie  anticipée  que  l'ame  éprouve  en  penfant  à 
la  jouilfance  d'un  bien  qu'elle  croit  pouvoir  obte- 
nir. Comme  le  fouvenir  du  paiïe  donne  du  plaifir, 
l'espérance  de  l'avenir  en  donne  aulîi  j  &  lorfqu''elle 
n'eft  pas  douteufe  ,  c'eft  un  plaifir  qui  ne  le  cède 
guère  à  la  jouiftance  :  quelquefois ,  dit  Montagne, 
le  défit  &  l'espérance  nous  entraînent  vers  l'avenir  , 
&  nous  dérobent  le  fentiment  du  préfent  ;  mais 
elle  devient  chagrine  &  inquiette  ,  quand  ;elle  fait 
trop  attendre  fes  promeftes.  La  douce  espérance , 
plus  qu'aucune  autre  paffion ,  gouverne  l'efprit 
changeant  des  mortels.  Dac.  C'eft  le  feul  bien  qui 
refte  à  ceux  qui  n'en  ont  plus  ;  c'eft  le  dernier  bien 
des  miférables.  Il  arrive  tant  de  changemens  aux 
chofes  humaines  ,  qu'il  eft  mal  aifé  de  juger  à  quel 
point  nous  fommes  au  bout  de  notre  efpérance. 
Mont.  Il  faut  fur-tout  éviter  les  chimères  &r  les  il- 
lufions  de  l'efpérance.  \J efpérance  eft  une  étourdie 
qui  croit  tout  ce  qu'on  lui  dit  ,  pourvu  qu'il  lui 
plaife  \  des  chimères  la  divertiflent  :  elle  n'a  que 
de  l'imagination  &  point  de  jugement.  Bouh.  Eu- 
ripide lui  donne  des  ailes ,  parce  qu'elle  eft  tou- 
jours errante  ,  incertaine  &  vagabonde  :  fi  elle  a 
été  utile  à  plufieurs  ,  elle  en  a  trompé  un  plus  grand 
nombre.  Ariftote  appeloit  Xefpérance  le  fonge  d'un 
homme  éveillé  :  toute  trompeufe  qu'elle  eft  ,  elle 
fert  du  moins  à  nous  mener  à  la  fin  de  la  vie  par 
un  chemin  agréable.  Mais  la  vie  de  l'homme  ne 
fauroit  être  heureufe,  fi  fes  e//Jt;Va«cej  fe  bornent 
aux  biens  temporels  Voye^i  Espérance  Chré- 
tienne. 

§C?  On  dit  avoir  ,  concevoir  des  efpérances.  Ce 
jeune  homme  eft  bien  né  ,  il  donne  de  grandes 
efpérances.  Tromper  ,  remplit,  paffer ,  furpafterles 
efpérances  de  quelqu'un. 

gC?  Racine  en  parlant  de  Bérénice ,  qui  devoir 


ESP 

cpoufer  Titus ,  fait  dire  ces  vers  par  Arface  à  An- 
tiochus  qui  demandoit  à  la  PrinceflTe  un  entretien 
fecret. 

Quoi  !  déjà  de  Titus  époufe  en  efpérance , 

Ce  rang  entr'elle  &  vous  met-il  tant  de  diftance  ? 


§3r  Epoufe  en  efpérance  j  dit  Voltaire  j  expref- 
fion  heureufe  &  neuve ,  dont  Racine  enrichit  la 
langue ,  &  que  par  conféquent  on  critique  d'abord. 
Remarquez  encore  qn  époufe  fuppofe ,  étant  époufe. 
C'eft  une  ellipfe  heureufe  en  poche.  Ces  fineiîes  font 
le  charme  de  la  diétion. 

Les  Jardiniers  appellent  une  branche  d'e/pé- 
rance,  celle  qui  donne  des  marques  d'une  fécon- 
dité prochaine.  Liger.  On  appelle  les  blés  &  tous 
les  fruits  de  la  terre ,  pendant  qu'ils  font  fur  pied , 
ïefpérance  des  Laboureurs. 

On  appelle  proverbialement  ,  un  Abb4  de  Sainte 
Efpérance,  de  Sainte  Elpide  ,  un  homme  qui  s'ell 
fait  tonfurer  dans  la  croyance  qu'il  lui  pourra  venir 
quelque  Bénéfice  ,  &  qui  cependant  prend  la  qua- 
lité d'Aibbé  :  t^îsrif  ,  en  Grec ,  fignifie  efpérance.  C'eft 
à-peu-près  ce  que  Nicéphore  Grégoras  appelle  d'un 
nom  plus  général,  un  Parafitede  l'efpérance. 

Espérance  ,  en  Mythologie.  Déefte  de  l'Antiquité 
payenne.  Spes.  Elle  étoit  honorée  à  Rome ,  où  elle 
avoir  un  temple  dans  le  marché  aux  herbes.  Tite- 
Live ,  L.  XXI.  Ce  temple  fut  brûlé  avant  !a  guerre 
d'Aétium  par  le  feu  du  Ciel.  C'étoit  Collacinus  qui 
l'avoir  fait  bâtir.  On  en  conftruific  plufieurs  autres 
dans  la  fuite.  Rien  n'eft  plus  commun  que  les  mé- 
dailles ,  au  revers  defquelles  la  Déelfe  Efpérance  eft 
gravée.  Elle  eft  défignée  par  une  femme  ,  qui  pré- 
fente de  la  main  droite  une  poignée  d'herbes  naif- 
limtes  J  ou  un  bouquet  de  fleurs,  &  qui  de  la  gau- 
che relève  fa  robe  par  derrière  ,  avec  les  infcrip- 
tions  J  Spes  publica.  Spes  aug.  Spes  augusta. 
Spes  p.  r.  Spes.  perpétua.  Spes  reipubl.  &  dans 
Philippe  ,  Spes  felicitatis  orbis. 

Sur  une  médaille  de  Galien  ,  frappée  l'année  1 1' 
de  fon  Empire  ,  l'Efpérance  eft  repréfentée  tenant 
d'une  main  un  lis  ,  &  de  l'autre  elle  tient  &  levé 
légèrement  le  bas  de  fa  robe.  Tristan  ,  T.  III, 
p.  114.  C'eft  l'attitude  ordinaire  qu'on  lui  donne 
fur  les  médailles.  Elle  eft  encore  repréfentée  de 
même  fur  une  médaille  de  ValerianusSaloninus  rap- 
portée par  le  même  Auteur.  Ib.  p.  114.  Quelques- 
uns  ,  à  ce  que  l'on  dit ,  ont  repréfenré  l'Efpérance 
vêtue  de  vert,  allife  fur  un  tonneau  ,  ayant  auprès 
d'elle  une  corneille  \  mais  on  ne  la  voir  point  ainfi 
fur  les  médailles.  Fortunatus  Licetus,  De  Lucernis 
antiq.  L.  III.  C.  1 3.  a  donné  la  forme  d'une  lampe 
antique,  qui  repréfenré  une  femme  debout ,  fléchif- 
fant  un  peu  le  genou,  &  étendant  les  deux  mains  , 
comme  fi  elle  vouloit  prendre  la  main  de  la  Fidé- 
lité qui  y  eft  aufli  repréfentée  \  Se  il  prétend  que 
c'eft-là  une  effigie  de  l'Efpérance.  Pindare  donne  à 
cette  Déelfe  l'épithète  de  ruparfiçts ,  c'eft  -  à  -  dire  , 
Nourricière  des  vieillards  ,  ou  de  la  vieillefle. 
Nous  appelons  le  vert  la  couleur  de  l'Efpérance. 
Cap  de  Bonne  Espérance.  f^oye\  Cap. 

ESPERDU.  roye^ EPERDU. 

ESPERDUMENT.  Foyei  ÉPERDUMENT. 

ESPÈRE.  C'eft  un  ancien  mot  qui  fignifie  Efpérance. 
On  dit  encore  en  Dauphiné  ,  Aller  à  l'efpére ,  pour 
dire.  Aller  .à  l'affur. 

ESPÉRER.  V.  a.  Prétendre  à  un  bien  qu'on  prévoit 
pouvoir  obtenir;  vivre  dans  cette  attente.  Sperare, 
confidere.  Il  faut  efpérer  une  vie  meilleure  après 
celle-ci.  Les  chofes  du  monde  font  fi  incertaines  , 
qu'on  ne  fait  s'il  y  a  plus  à  craindre  ,  qu'à  efpérer. 
Celui  qui  nefpére  rien  ,  ne  fait  rien  ,  ou  fait  toutes 
chofes  négligemment.  M.  Scud.  On  peut  efpérer 
avec  un  efprit  tranquille  ce  qu'on  defire  avec  rai- 
fon.  B.  Rab.  Quand  on  nefpére  plus,  on  eft  bien 
proche  du  détefpoir.  Id.  La  perre  d'un  bien  long- 
temps attendu  n'eft  que  la  douleur  d'un  jour;  au 
lieu  que  la  joie  de  l'avoir  efpéré  a  fait  le  bonheur 


ESP 

de  plufieurs  années.  Id.  On  e(l  trop  heureux  de 
pouvoir  efpérer  ,  pourvu  qu'on  ne  loïc  pas  vilîon- 
naire,&  de  s'amufer  par-là.  M.  Scud.  Quand  on 
a  tour  mérité  ,  on  a  dioit  de  tout  efpérer.  Cob.n. 
C'eft  une  faute  de  mettre  un  de  après  efpérer^  quand 
c'ell  un  autre  verbe  qui  fuit.  J  efpere  de  revenir  : 
ôtez  le  de.  Corn.  Il  eft  pourtant  des  occadons  où 
ce  verbe  fe  conltruit  fort  bien  avec  la  prépofition 
de,  particulièrement  quand  il  eft  à  l'infinitif,  & 
que  le  verbe  qui  le  fuit  immédiatement  eft  aa(îi  à 
l'infinitif.  Peut-on  ejpérer  de  vous  revoir  encore  au- 


jou 


rd'hui  ?  Ac.  Fr. 


I/Cr  On  peur  remarquer  ici  <\\x  efpérer  ne  fe  pre- 
nant jamais  en  mauvaife  part,  ne  peut  pas  fervir 
de  fynonyme  à  craindre. 

I^EspÉPvER,  Attendre,  conlîdérés  comme  fynony- 
mes.  hfptrer  a  pour  objet  le  fuccès  en  lui-même  j 
&  il  dcfigne  une  confiance  appuyée  fur  quelque 
motif.  Attendre,  regarde  particulièrement  le  mo- 
menr  heureux  de  l'événement  ,  fans  exclure ,  ni 
déligner  par  fa  propre  énergie  aucun  fondement  de 
confiance.  Onefpére  d'obtemr  les  chofes  ;  on  attend 
qu'elles  viennent.  Il  faut  toujours  efpeteren  labou- 
ré du  Ciel,  &  attendre,  fans  murmurer  ,  l'heure 
de  la  Providence.  Syn.  Fr.  Il  lemble  aulliquece 
qu'on  efpére  foit  plus  une  grâce  ou  une  faveur  ;  & 

que  ce  qu'on  arre/îi foit  plus  une  chofede  devoir  ou        — 

d'obligation.  Nou-;  efperons  des  réponfes   favoru-    ESPINGLE. 
blés  .1  nos  demandes ,  &  nous  en  attendons  de  con- 
venables à  nos  propofitions. 
Ce  mot  vient  du  Latin  fpcrare. 

Espéré  ,  ée.  part. 

ESPÉRIR.  V.  n.  Les  Anciens  fe  fervoient  de  ce  verbe  , 
pour  dire  ,  Reprendre  fes  efprits  ,  revenir  à  foi. 

ESPERIT.  f.  m.  Nos  vieux  Poètes  difoient  quelque- 
fois efpérlt  au  lieu  à'efprit ^  pour  gagner  une  fyl- 
labe. 


ESP  8j3 

miroir,  qui  fert  de  titre  à  un  périt  Roman  où  on 
décrit  plufieurs  tours  de  malice  &  de  fripon- 
nerie. 

ESPIEGLERIE,  f.  f.  Petite  malice  que  fait  un  enfanc 
vit  &  éveillé.  Jocus  malignus.  Cet  enfant  fait  tous 
les  jouts  quelques  nouvelles  efpiégleries.  Ces  deux 
mots  ne  font  que  du  ftyle  familier. 

ESPIEMENT.  -v  (EPIEMENT. 

ESPIER.  (  ^        )ePIER. 

ESPIERRER.  { '^"■^'^MÉPIERRER. 

ESPIEU.  )  (EPIEU. 

ESPINACES.  f.  f.  pi.  Sorte  de  vailFeaux.  Le  Comte  dé 
Dunois  faifant  le  iîége  de  Bayonne  en  1451  ^  avoic 
fur  la  mer  douze  vailTèaux  Bifcains  ,  appelés  Efpi- 
naces.  Le  P.  Daniel. 

ESPINAL.  Voy.  ÉPINAL. 

ESPINARD.  Voy.  ÉPINARD. 

ESPINÇOIR.  f.  m.  C'eft  un  gros  marteau  court  S:  pe- 
fant ,  qui  eft  fendu  en  angle  par  les  deux  côtés  com- 
me un  têtu  ,  qui  fert  particulièrement  à  tailler  du 
pavé.  Malleus  pavimentarius. 

ESPINE.  -)  f  ÉPINE. 

ESPINETTE.  >  Foyer  \  EPINETTE. 

ESPINEUX.  3  (.EPINEUX. 

ESPINGARD.  f  m.  Petite  pièce  d'artillerie  qui  ne 
porte  pas  plus  d'une  livre  de  balle.  Tormentum 
minus 


Cœur  &  raijon  de  prendre  tout  plaifîr 
A  efveiller  mes  efpérits  indignes 
De  vous  fervir 


pour  faire  œuvres  condignes. 
Marot. 


ESPERLUCAT.  f.  m.  Terme  populaire  ,  qui  fignifie, 
Eveillé  ,  finj  adroit,  qui  eft  plus  propre  à  tromper 
qu'à  être  trompé.  Cautus.  Vous  aurez  de  la  peine  à 
furprendre  cet  homme-là  jà  lui  gagner  fon  argent; 
car  c'eft  un  efperlucat. 

Ce  mot  vient  ^expers  lucis  j  par  antiphrafe  ,  car 
il  eft  toujours  en  aékion  au  jour,   éveillé  :  ou  bien 


d'experreSîus    ante   luccm 
jour  J  ou  de  grand  matin, 
lerie. 

ESPERNAY. 

ESPERNON. 

ESPERON. 

ESPERONNER.       y^oyei 

ESPERONNIER. 

ESPERVIER. 

ESPETER. 


éveillé   même  avant  le 
Il  ne  fe  dit  qu'en  rail- 

-ÉPERNAY. 
EPERNON. 
JEPERON. 

'eperonner. 

jei'eronnier. 

'epervier. 

.EPETER. 


ESPINGLIER. 

ESPINIÈRE. 

ESPINIERS. 

ESPINOCHE. 

ESPINOCHER. 


Voye\ 


■ÉPINGLE. 

hpinglier. 
'epinière. 

lEPINŒRS. 
ÉPINOCHE. 
-EPINOCHER. 


ESPHLASE.  Terme  de  Chirurgie.  Efpèce  de  fradure 
du  crâne  ,  dans  laquelle  l'os  eft  brifé  en  plufieurs 
pièces ,  &  enfoncé.  C'eft  la  même  chofe  que  entha- 
iis.  Ce  mot  eft  Grec  ,  'îr^xcms ,  rupture  avec  en- 
foncement. 


ESPI. 

ESPIAN. 

ESPICE. 

ESPICER. 

ESPICERIE. 

ESPICERIES. 

ESPICHEL. 

ESPICIER. 


Foye^ 


■  ÉPI. 
EPIAN. 
EPICE. 
ÉPICER. 
ÉPICERIE. 
EPICERIES. 
EPICHEL. 
•ÉPICIER. 


ESPIE.  f.f.  Vieux  mor.    Efpion.  Marot  s'en  eft  fervi 

dans  ce  fens.  On  a  dit  auftî  Epie. 
ESPIÈGLE,  adj.  di   fubft.  Éveillé  ,  fabtil.  Jocofus  , 

malignus. Ce  garçon  eft  un  petit  ejpitglc,  il  a  fait  un! 

tour  àîefpiegle.  | 

Ce  mot  vient  d'un  mot  Allemand,  qui  fignifie  1 


ESPINOSA.  Bourg  de  Bifcaye  en  Elpagne.  Efpinofai 
Spinoja.  Il  eft  vers  les  confins  des  Afturies  ,  à  trois 
lieues  de  S.  Andero.  Quelques  Géographes  le  pren- 
nent pour  l'ancienne  Oâaviolea  j  ou  Ottaviolea  , 
ville  des  Cantabres  ,  que  d'autres  placent  à  Ordunai 

HOFFMAN  ,    MatY. 

EspiNosA  DE  LOS  MoNTES,ou  de  los  Monteros,  com- 
me a  mis  M.  De  Lifle  dans  fa  Carte  d'Efpagne.  Ef- 
pinofa ,  Spinofa.  Bourg  ou  petite  ville  de  la  vieille 
Caftille,  fur  les  confins  de  la  Bifcaye ,  du  côté  des 
Afturies.  La  plupart  des  Géographes  prennent  ce 
lieu  pour  l'ancienne  Vellica,  ville  Épifcopale  j  que 
quelques  autres  placent  à  Trévino  ,  petite  ville  dd 
l'Alava.  Maty* 
ESPINOY.  /^oje^EPINOY. 

ESPION,  f.  m.  Prononcez  Xs  ,  quoiqu'on  ne  la  pro- 
nonce pas  dans  le  verbe  efpier.  Celui  qui  fait  métier 
d'obferver  les  aétions  d'autrui  ;  ?>i  dans  l'Art  Mili- 
taire ,  celui  que  l'on  paie  pour  obferver  les  mouve- 
mens  de  l'ennemi  j  &  découvrir  ce  qui  fe  palTe  dans 
les  armées.  Speculator  ,  exploratnr  ,  auceps.  Parmi 
les  domertiques  des  Grands  il  y  en  a  toujours  quel- 
qu'un qui  eft  traître,  qui  eft  efpion  de  fon  maître  , 
qui  eft  payé  pour  prendre  garde  à  ce  qu'il  fait.  Un 
AmbalTadeur  eft  un  efpion  honorable,  &  à  couvert 
fous  le  droir  des  gens.  Wicq.  Quand  on  trouve  dans 
un  camp  un  efpion  ,  il  eft  pendu.  Les  efpions  dou- 
bles font  ceux  qui  fervent  les  deux  partis.  Je  ne 
veux  point  avoir  fans  cefTeun  efpion  de  mes  affaires 
dont  les  yeux  maudits  affiégent  toutes  mes  adions. 
Mol. 
Espion  jfe  ditanflî  quelquefois  au  figuré.  Soy&tespion 
de  vous-même  &:  de  vos  propres  aétions. 

Ce  mot  vient  à^efpoine  ,  tait  de  fpia ,  qui  a  été 
fait  de  l'Allemand  fpie.  M  en. 

On  dit  J  proverbialement  d'un  homme  qui  ne 
fait  pas  les  affaires  qu'il  lui  importe  de  favoir ,  qu'il 
ne  dépenfe  <^uèreen  efpions. 
ifT  ESPIONNAGE.^ f.  m.  Métier  d'efpion.  l'espion- 
nage feroit  peut-être  colérable  ,  s'il  pouvoir  être 
exécuté  par  d'honnêtes  gens.  Montesq. 
ESPIONNE,  f.  f.  Celle  qui  obferve  &  épie  les  avions 
de  quelqu'un.  Exploratrix.  Cette  femme  eft  une  es- 
p'onne  que  vous  avez  dans  votre  maifon. 
(ESPIONNER,   v.  a.  Obferver  les    adions    d'autrui 
pour  en  rendre  compte  à  quelqu'un.  Obfervare  ,  ex- 


Sj4  ESP 

plorare.  Ce  mari  jaloux  paie  des  gens  pour  espion- 
ner fa  femme ,  pour  la  fuivre  par  -  tout  où  elle 
va. 
Espionné,  ée.  part. 

ELESPIRITQ  SANTO.  Ville  de  l'Amérique  Septen- 
trionale j  &  fur  la  côte  du  Mexique  ,  veis  les  monts 
de  S.  Martin  j  dans  la  Province  de  Guaxaca. 
ESPLANADE,  f  f.  ou  Glaas  ,  PlanUles.  Terme  de 
fortification.  C'eft  ce  qui  fert  de  parapet  au  corri- 
dor ,  une  pente  de  terre  qui  commence  du  haut  de 
ce  parapet  ,  &c  qui  fe  perd  infenfiblement  jufqu'au 
niveau  de  la  campaj^ne.  Faite  une  e/planade.  Abl. 
Esplanade  ,  fignifie  au(îi  le  terrein  qu'on  a  aplani  de- 
puis le  glacis  de  la  contrefcarpe  juiqu'aux  premières 
maifons,  l'efpace  vide  entre  la  citadelle  j  &  les 
maifons  de  la  ville. 

On  le  dit  encore  de  tout  autre  terrein  qu'on  a 
aplani  ,  quand  il  y  avoir  quelque  éminence  qui 
incommodoic  une  place. 

On  appelle  aufii  efplanade  ,  planchas  S£ plane/or- 
me  ,  les  planches ,  ou  madriers  fur  lefqtieis  on  ^ait 
les  batteries  de  canon. La  première  planche  joiananr 
la  barbe  de  la  trônière  doit  être  de  neuf  pieds  \  la 
féconde  de  neuf  &  demi  j  &  la  troifième  en  aug- 
mentant à  proportion  jufqu'i  vingt.  Elles  doivent 
avoir  un  pied  &c  demi  de  large  ,  &  quatre  doigts 
d'épaiffeur.  L'efilan^de  doit  être  élevée  au  derrière 
d'un  pied  &c  demi ,  «Se  avoir  trente  pieds  pour  le 
recul. 
ifT  Esplanade  ,  en  termes  de  Jardinage  ,  eft  un  lieu 

élevé  Se  découvert  pour  jouir  de  la  belle  vue. 
Esplanades  ,  en  termes  de  Fauconnerie,  fignifie  les 

routes  que  tient  l'oifeau  quand  il  plane  en  l'air. 
ESPLETTE.  f  f.  On  trouve  auiii  efplecle,  &  explecle. 
C'eft  le  nom  que  les  ouvriers  donnent  en  quelques 
endroits  à  leurs  outils.  Injlrumenta. 

-  ÉPLORER. 
JEPLOYER. 
I  EPLQCHEMENT. 
If  ÉPLUCHER. 
rcjye^SrEPLUCHEUR. 
(ÉPLUCHOIR. 
lEPLUCHURES, 
jÉPOI  N  CON- 
*^     NER. 


ESPLORER. 
ESPLOYER. 

ESPLUCHEMENT. 

ESPLUCHER. 

ESPLUCHEUR. 

ESPLUCHOIR. 

ESPLUCHURES. 

ESPOINCON- 
NER. 

ESPOINDRE.  V.  a.  Vieux  mot.  Animer ,  encourager. 
Glo[f.  sur  Maroc. 

ESPOINTER.  Xi-nv.  /EPOINTER. 

ESPOINTURE.     ^     3      -^'^lEPOINTSJRE. 

ESPOIR,  f.  m.  Efpérance.  Spes.  Il  fe  du  particulière- 
ment de  l'amour  ,  Si  eft  plus  propre  dans  la  Pocfie 
que  dans  la  Profe.  Ce  refus  a  étoutfé  dans  mon  ame 
toute  forte  <Xespoir.  Mol.  Alors  je  revis  en  moi 
même  les  doux  espoirs  ,  les  bizarres  penfées.  Voit. 
On  ne  peut  trouver  que  des  charmes  chimériques  à 
loupirer ,  &c  à  être  fans  cefle  agité  de  mille  espoirs 
trompeurs.  M.  Scud. 

Souvent  d'un /aux  efpoir  un  Amant  eft  nourri. 

Molière. 

Si  l'Amour  vit  of'efpoir ,  il  meurt  avecque  lui. 

Corneille. 

Les  Amans  fe  flattent  d'un  doux  espoir  :  ils  fe 
plaignent  d'un  efpoir  trompeur.  On  dit  aulîi  en  dé- 
votion, qu'il  faut  mettre  tout  fon  espoir  en  Dieu  ; 
que  la  forcunenenous  donne  qu'un  espoir àéce\anz. 
Le  pur  amour  n'a  pas  befoin  d'être  excité  par  l'espoir 
de  la  récompenfe.  Ab.  Rég. 

Espoir  ,  en  termes  de  Marine  ,  eft  un  fauconneau  j  ou 
petite  pièce  de  bronze  qui  eft  montée  fur  le  poftt , 
dont  on  fe  fert  pour  les  defcentes.  On  en  a  vu  quel- 
quefois fur  les  hunes  dans  les  grands  vaifteaux,  com- 
me aux  carraques  de  Portugal. 

ESPOIS.  \^  CÉPOIS. 

ESPOISSE.  3  '^''■^'^  tEPOISSE. 

ESPOISSEUR.  f.  f.  M-  Amontons  ^  dans  les  Mémoi- 
res de  l'Académie  des  Sciences,  1701 ,  pag.  i^t  j 


ESP 

a  dit  deux  fois  espjijjeur  pour  EpaiiTèur.  On  dit 
Epais  &C  épailleur  ,  âc  n^n  pas  espois  ik  esvoiljeur  j 
qui  lont  lucannés. 

ESPOLINON  ,  ESPOULIN.  Foye^  ÉPOULLIN. 

ESPONCE.  Foye:^  EXPONCE.  Vieux  terme  de  Cou- 
tumes ,  qui  lignifie  d-guerpijj'ement.  UeccJJlo  j  ex- 
puljio.  On  die  aulli  efponjer,  &c  ejponcion-^  pour  dire, 
quuter  Se  quittance. 

ESPONDRE.  v.  a.  Vieux  mot.  Expliquer,  découvrir  le 
fens  de  quelque  chofe  j  ài'exponere.  On  a  du  aufli 
efpondre  pour  Traduire.  On  trouve  ejpont  pour 
Expliqué. 

ESPONE.  Lieu  fur  la  Maudre  ,  proche  de  l'endroit  où 
elle  fe  jette  dans  la  Seine.  Spedotenum  j  Spedona  _, 
Efpona  ,  Efpedona  j  Spedona  ad  Alaldram.  Il  eft 
fur  les  confins  du  Diocèfe  de  Pans  &  de  celui  de 
Chartres.  Uad.  Val.  Not.  Gall.p.  330.  V.  ÉPONE. 

ESPONGE.  J  ^         f  ÉPONGE. 

ESPONTILLES.       l ''^^''■y^?  IePONTILLES. 

ESPONTON.  f.  m.  Sponto.  Efpèce  d'arme  ,  demi- 
pique  dont  on  fe  fert  particulièrement  fur  les  vaif- 
feaux,  quand  on  vient  à  l'abordage.  C'eft  auili  une 
arme  d'Officier  d'Infanterie.  On  donne  àesefpontons 
à  quelques  Moufquetaires  j  &  autres  de  la  Maifon 
du  Roi ,  en  certaines  occafions.  Aller  aux  ennemis 
Ve/ponton  à  la  main. 

Ce   mot  vient  de  fpontone ,  Italien  ,  parce  que 
c'eft  une  arme  pointue  &  aiguë.  Voye:^  Sponton. 

ESl'ORLE.  i.  f.  Terme  de  Coutumes.  C'eft  la  recon- 
noiifance  des  devoirs  à  l'égard  du  Seigneur.  Servitu- 
tis  ,  ou  clientèle  projeta. 

Ce  mot  d'e;'^'or/e  vient  duLarin  Sporta  ^fportula  , 
fporla  ,  qui  fignifie  ce  que  le  vallal  donne  ou  offre  à 
fon  Seigneur  j  pour  obtenir  de  lui  l'inveftiture  de 
quelque  fief  ^  ou  ce  qu'il  lui  offre  pour  relief  lorf- 
qu'il  y  a  mutation.  Voye^  Du  Cange  dans  fon 
Glolfâire  au  mot  Sporta  ,  &  M.  De  Lauriére  fur 
Ragueau  au  mot  efporle. 

ESPORLER.  Ternie  de  Coutumes.  Reconnoître  fon 
Seigneur  ,  lui  rendre  les  devoirs  en  la  manière 
prefcrite.  Clientelam  profiteri. 

ESPOUDRER.         ■)  C  ÉPOUDRER. 

ESPOUFFER.  >-  Voyer  \  ÉPOUFFER. 

ESPOUILLER.         3  (EPOUILLER. 

ESPOULETTE.  Terme  d'Artillerie.  Canal  de  fer- 
blanc  ,  rempli  d'une  compofition  de  poudre  fort 
vive  ,  que  l'on  emploie  pour  porter  le  feia  plus 
promptement  à  la  charge  du  canon. 


ESPOULLE. 

ESPOULLEUR. 

ESPOULLIN. 

ESPOURES. 

ESPOUSAILLES, 

ESPOUSER. 

ESPOUSEUR. 

ESPOUSSETER. 

ESPOUSSETTES, 

ESPOUVANTA 

BLE. 
ESPOUVANTA. 

ELEMENT. 
ESPOUVANTAIL. 
ESPOUVANTE. 
ESPOUVANTE- 

MENT. 
ESPOUVANTER. 
ESPOUX. 
ESPREINDRE. 
ESPREINTE. 
ESPRELLE.  f  f. 


EPOULLE. 

EPOULLEUR. 

EPOULLIN. 

EPAURE. 

ÉPOUSAILLES. 

EPOUSER. 

EPOUSEUR. 
/-EPOUSSETER. 
\  EPOUSSETTES. 
Voyei  <E  POUVANT A- 
i      BLE. 

Cépouvantable- 

MENT. 
ÉPOUVANTAIL. 
EPOUVANTE. 
EPOU  V  ANTE- 

MENT. 
ÉPOUVANTER. 
ÉPOUX. 
]-^.veriéPREINDRE. 
5  '^  '^^  lEPREINTE. 
Afperella.  Nom    de   Plante.  C'eft 


une  forre  d'herbe  dont  la  tige  eft  fore  rude.  Le  vrai 
nom  eft  Prêle  ,  autrement  queue  de  cheval  y  ou  che- 
valine. _  ^ 
Le  nom  à'afperelle  vient  du  Latin  asper ,  d'où 
Ton  a  fait  asperella  ^  &  en  François  esprelle.  Ce 
nom  a  été  donné  à  cette  herbe  à  caufe  qu«  fa  tige  eft 
rude. 

ESPRENDRE.  v.  a.  Vieux  mot.  Surprendre  ,  preller. 

RSPREUVE.  Voye\  ÉPREUVE 


ESP 

ESPRINGALE  ,  ou  ESPRINGARDE.  Ancien  Indrii-J 
ment  de  guerre   qui  lervoic  à  jetter  des   pierres  , 
comme  les  frondes ,  don:  Froiirarc ,  Fauciiet  (ïc  au- 
tres Auteurs  fonr  mention.  Genus  hatïju. 

Il  vient  d'un  autre  vieux  mot,  espringaler ,  qui 
llgnihoit  sauter. 

ESPRIS.  Foy.  ÉPRIS.  . 

fCJ"  ESPRIT,  f.  m.  Qui  dans  le  fens  propre  fignifie  la 
même  chofe  que  louftli,  vent  fubt;l.  Spiriius.  Dans 
la  Grammaire  Grecque  ,  on  appelle  i'j or. c*,  un  li- 
gne particulier  deftmé  à  marquer  l'aipiiation.  On 
diflingue  deux  esprits ,  le  rude  qu'on  prononce  tou 
jours  ,&  le  doux  qu'on  ne  prononce  jamais.  Ils  font 
marqués  l'un  &  l'autre  par  une  efpèce  de  petit  c  , 
avec  cette  différence  que  \' esprit  tnàQQii  tourne  de 
gauche  à  droite  ,  en  cette  forte  c ,  &c  l'esprit  doux 
de  droite  à  gauche:».  Ces  deux  esprits  des  Grecs  ré- 
pondent à  notre  k  ,  qui  efl  quek]uelbis  afpirée  ,  &: 
quelquefois  ne  l'eft  pas.  /^oy.  Aspiration. 

§3"  Esprit  ,  en  Mctaphyfique,  eil  un  être  penfant  & 
intelligent.  Dans  ce  fens ,  l'esprit  çii  incréé  ,  tel  que 
Dieu  feul  j  ou  il  efl:  créé ,  fans  être  uni  à  un  corpsj 
comme  les  Anges  ,  ou  créé  Se  uni  à  un  corps ,  com- 
me l'esprit  humain. 

Esprit.  Spiritus.  En  termes  de  Théologie ,  le  S.  Esprit 
fe  dit  par  excellence  de  la  troifième  Perfonne  delà 
très-Sainte  Trinité.  Dieu  envoya  Ion  S.  tsprit  à  les 
Apôtres.  Il  topba  fur  eux  en  langues  d^  feu.  On 
baptife  au  nom  du  Père  ,  du  Fils  &  du  S.  tsprit. 
Macédonius  nioit  la  Divinité  du  S.  Esprit.  Le  S.  i'j- 
/m  procède  du  Père  &  du  Fils ,  ou  de  la  voloiué  du 
Père  6c  du  Fils,  comme  le  terme  de  l;ur  amour  & 
le  lien  naturel  de  leur  chanté.  Il  ell  véritablement 
Dieu  confubftantiel  au  Père  &  au  Fils  j  &  tout  égal 
à  eux.  L'adion  par  laquelle  il  procèdedu  Père  &c  du 
Fils  s'appelle  par  les  Théologiens  Spiration.  Le  S. 
Esprit  elt  le  terme  des  productions  Divines ,  &  il 
n'eft  point  fécond  dans  la  Sainte  Trinité  comme 
les  deux  autres  Perfonnes.  Il  ne  peur  pas  produire 
comme  elles ,  parce  que  les  deux  principes  de  pro- 
duction dans  un  pur  Esprit ,  l'entendement  &  la  vo 
lonté  ,  ont  été  épuifcs  par  la  produition  du  Fils  Hc 
du  S.  Esprit.  Les  dons  du  S.  Esprit.  Voyez  Don. 
Quelqu'un  difant  d'un  Prédicateur  qu  il  prêchoit 
comme  les  Apôtres  ,  un  railleur  répondit,  c'eft  com- 
me les  Apôtres,  avant  qu  ils  eulfent  reçu  le  S.  Esprit. 

,  Un  Prédicateur  s'excufant  au  Cardinal  de  Richelieu 
de  ce  qu'il  n'avoir  pas  eu  le  temps  d^  préparer  un 
fermon  qu'il  avoir  prononcé  devant  lui,  ajouta  qu'il 
avoit  été  obligé  de  s'abandonner  au  S.  Esprit ,  mais 
qu'une  autre  fois  il  fe  prépareroit,  iSc  feroit  mieux. 
Foyei  Menagiana  ,  T.  II.  p   3c. 

Ce  mot  vient  du  Latin  spiritus.  Dans  cette  accep 
tion  on  dit  Ch®ioine  Régulier  du  S.  Esprit ,  ou 
Congrégation  du  S.  Esprit ,  ou  Chanoine  Régulie 
de  la  Congrégation  du  S.  Esprit  à  Vcnife.  Cette  Con- 
grégation de  Chanoines  Réguliers  fut  fondée  à  Ve- 
nife  par  quatre  nobles  Vénitiens ,  Dom  André  Bon- 
dimerio  ,  D.  Michel  Maurocini  ,  D.  Philippe  P.i- 
ruta  ,  &  Do:n  François  Contarini.qui  d'abord  fe  ti- 
rent Ermites  de  S.  Auguflin  ^  puis  ayant  eu  le  Mo- 
naftère  du  S.  Esprit  à  trois  milles  de  Venife,  ils 
quittèrent  leur  premier  habit  par  permillion  de 
Martin  -V  ,*&  prirent  celui.de  Chanoines  Régu- 
liers, l'an  1484.  Alexandre  VII.  les  lupprima  en 
1(5  5  5.  Penot  ,  Hi/i.  Tripartita  C.inonic.  Kegular. 
L.  //.  Morigia,  Hifl.  de  toutes  les  Religions  j  L.  I. 
&c  le  P.  Hélyot ,  Tit.  II.  C.  44.,  font  Ihiftoire  de  ces 
Chanoines  Réguliers  du  S.  Esprit. 

Ordre  du  S.  Esprit  de  Montpellier.  Ordo  S.  Spi- 
ritus à  Monte  Peffulano  diclus.  C'elt  un  Ordre  Re- 
ligieux de  Chanoines  Réguliers  &  Flofpitaliers  , 
ainii  nommé  en  Franc^  car  en  Italie  on  l'appelle 
l'Ordre  du  S.  Esprit  i^ajn-r.  Olivier  De  la  Trau  , 
fieur  de  la  Terrade^  qui  fe  qualiii^  Archi-Hofpi- 
talierj  Général  &  Grand  Maître  de  l'Oidre,  Milice 
&  Religion  du  S.  f.îpr/^j  (  c'eft  dans  un  difcours 
adrelTé  à  Marie  de  Medicis  l'an  1619  )  prérend  que 
cet  Ordre  a  écé  fondé  par  Sainte  Marche  ,  &c  qu'il  a 


ESP  8;x 

toujours  fubfillé  depuis  ce  temps-là.  De  Blegny,  qui 
pxend  la  qualité  de  Commandeur  &  d'Admuurtr.a- 
teur-Gcneral  de  cet  Ordre,  eftde  même  fentimenc 
d.ans  un  projet  dhilloire  des  Religions  militaires, 
qu'il  donna  en  1694.  Mais  ces  Chanoines  Réguliers 
n'ont  jamais  reconnu  d'autre  Fondateur  que  Guy 
de  Mohtpelliec  ,  hls  de  Guillaume  ,  Seigneur  de 
Montpellier  &:  de  Sybille.  C'eft  lui  qui  fur  la  tîn  du 
Xil''  liécle  fit  bâtir  à  Montpellier  un  célèbre  Hôpi- 
tal pour  les  pauvres  malades ,  &  qui  y  mit  des  per- 
fonnes pour  en  avoir  foin  j  d'où  font  venus  ces  Flof- 
pitaliers.  En  1 104  le  Pape  leur  donna  l'Hôpital  de 
Ste  Marie  i«6'i.^V.i^ou  en  Saxe, duquel  l'Eglifeavoit 
été  fondée  par  lna,Roidcs  Saxons  Orientaux  fous  le 
titre  de  Ste  Marie  in  S'aJ/iJ  .-  &  en  7  1 8  ce  Ptince  étant 
venu  à  Rome  ,  il  y  ajouta  un  Hôpital  pour  les  réle- 
nnsdefa  nation.  Otta  Roi  des  Merciens  l'amplifia. 
11  lut  brûlé  en  817  lîi  en  :347.  &  rétabli  par  Inno- 
cent III  en  119S  pour  les  pauvres  de  Rome.  En 
1471.  Sixte  IV  le  fit  rebâtir  tel  qu'il  eft  aujourd'hui. 
Cet  Hôpital  eft  Chef  d'Ordre.  Le  Supérieur-Géné- 
ral s'appelle  Précepteur  ,  ou  Commandeur. 

L'Ordre  du  S.  Esprits,  été  d'abord  mixte  ,  com- 
pofé  de  Religieux  ,  faifant  des  vœux  folennels,  Sc 
de  Laïques  faifant  des  vœux  (impies.  On  regarda 
dans  la  fuite  cet  Ordre  comme  militaire.  Les  Supé- 
rieurs-Généraux prirent  le  nom  de  Maître  ,  qui  tut 
changé  enluite  en  celui  de  Précepteur ,  ou  Com- 
mandeur ;  &  le  terme  de  Refponfion  ,  qui  eft  pro- 
pre aux  Ordres  de  Chevalerie  ,  fut  dimné  aux  char- 
ges que  les  Commanderies  dévoient  au  Grand  Maî- 
tre. Il  n'y  a  cependant  aucune  preuve  que  ces  Hof- 
pitaliers  aient  porté  les  armes.  Le  nom  de  Comman- 
deur leur  eft  donné  dans  uneBuUe  d'Alexandre  l-'ape 
de  l'an  1 2  ^(î,&  dans  une  de  Nicolas  IV  de  l'an  i2;;i. 
par  laquelle  il  foumet  l'Hôpital  de  Montpellier  à 
celui  de  Rome.  Honorius  III  fépara  l'Hôpital  de 
Montpellier  de  celui  de  Rome,  &  lailfii  néanmoins 
au  Commandeur  ou  Grand- Maître  de  l'Ordre  du 
Saint  Esprit  de  Montpellier ,  la  Jurifdi(flion  fur 
tous  les  Hôpitaux  qui  étoient  hors  d'Italie.  Grégoire 
X  la  lui  ôta  ,  &  la  donna  à  celui  de  Rome  j  &  en 
1419.  Pie  II  fupprima  entièrement  la  Milice  de  cet 
Ordre. Les  Chevaliers  de  cet  Ordre^fi  véritablement 
il  y  en  eut  jamais, étoient  cesLaiquesdont  nous  avons 
parlé.  Après  leur  fupprelîion  l'Ordre  fut  purement  Ré 
gulicr,&il  n'yeutplusde  Généraux  en  France, depuis 
Sixte  IV  jufqu'en  1619  que  Paul  V  renditcette  qua- 
lité pour  la  France, &  toutes  les  autresProvinces  delà 
Chrétienté,  excepté  l'Italie  ,  laSicde  ,  la  Hongrie  6c 
l'Angleterre  ,  au  Commandeur  de  Montpellier.  Les 
Prêtres  de  cet  Ordre  font  qualifiés  Chanoines 
Réguliers  dans  plufieurs  Bulles.  Ces  Religieux  por- 
tent l'habit  Eccléliaftique  avec  une  croix  de  toile 
blanche  à  douze  pointes  fur  le  côté  gauche  de  leur 
foutane  &  de  leur  manteau  ,  &  au  chœur  le  (urplis 
l'aumulfe,  le  camail  &  la  chappe  ,  félon  les  faifons. 
Il  y  a  eu  encore  des  Chanoines  Réguliers  alfociés 
de  l'Ordre  du  S.  Esprit  \  mais  on  ne  fait  ni  l'année  j 
ni  le  lieu  de  leur  établilfement ,  ni  quand  ou  com- 
ment ils  ont  fini.  f^oye\  fur  cet  Ordre  l'Abbé  Juf- 
tiniani,T.  il.  ch.3  5,&:  le  P.  Hélyot,T.II.ch.30  &  51. 
Ordre  DU  S.  Esprit.  Orc/a  S.  Spiritus.  Ordre  de  Che- 
valerie inftitué  par  Henri  III  en  1^79.  Il  devoir  être 
compofé  de  cent  Chevaliers  feulement.  Pour  y  être 
admis  il  falloit  faire  preuve  de  fon  extraction  noble 
de  trois  races.  Le  Grand-Maître  &  les  Comman- 
deurs ,  aux  jours  de  cérémonies  font  vêtus  de  longs 
manteaux  j  faits  à  la  façon  de  ceux  qui  fe  portent  le 
jour  de  la  S.  Michel ,  de  velours  noir  en  boilt-rie 
tout  autour  d'or  &  d'argent ,  ladite  broderie  faite 
de  fleurs  de  lis  &  nœuds  d'or ,  entre  trois  divers 
chiffres  d'argent  j  &  au-deftiis  des  chiffres  ,  des 
nœuds  &  (leurs  de  lis  ,  il  y  a  des  flammes  d'or  fe- 
mées.  Ce  grand  manteau  eft  garni  d'un  mantelet  de 
toile  d'argent  verte  ,  couvert  de  broderie  faite  de 
même  façon  que  celle  du  grand  manteau  ,  excepté 
qu'au  lieu  de  chiffres  il  y  a  des  colombes  d'argent. 
Ces  manteaux  &  mantelets  font  doublés  de  facia 


8j^  ESP 

jaune  orangé  Ils  fe  portenc  retiouirés  du  côté  gaiî 
thc,&  l'ouverture  eic  ducôcéiiroir.  Le  Gcand-Maj 
tre  6c  Commandeurs  portent  aufll  alors  des  chaudes  | 
6c  des  pourpoints  bLuicSj  avec  façon,  à  la  dilcretion 
du  Commandeur ,  un  bonnet  noir ,  &  une  plume 
blanche.  Sur  leurs  manteaux  ils  portent  à  découvert 
le  grand  collier  de  lOrdre  ^  qui  leur  elt  donné  à  leur 
réception. 

Quant  aux  OlHciers  ,  le  Chancelliet  eft  vêtu  de 
même  que  les  Commandeurs  :  il  n'a  pas  le  grand 
collier,  mais  feulement  la  croix  coufue  au-devant 
de  (o[i  manteau  ,  &  celle  d'or  pendante  au  cou.  Le 
Prévôt ,  le  Grand  Trélbrier ,  &  le  Greffier  ont  aulli 
des  manteaux  de  velours  noir ,  &  le  manteiet  de 
toile  d'argent  verte  ;  mais  ils  l'ont  feulement  bordés 
à  t'entour  de  quelques  flammes  d'or ,  &  ils  portent 
au!ii  la  croix  de  l'Ordre  coufue  ,  &  celle  d'or  pen- 
dante au  cou.  Le  Hérault  &;  l'Huilliet  ont  des  man- 
teaux de  facin  ,  &  le  manteiet  de  velours  vert  bordé 
de  flammes,  comme  ceux  des  autres  Officiers.  Le 
Hérault  porte  la  croix  de  l'Ordre  avec  fon  émad 
pendue  au  cou  ,  &  l'Huiifier  une  croix  de  l'Ordre, 
mais  plus  petite  que  celle  des  autres  Ofliciers.  Sta- 
tuts del'Ordredu  S.  Espric  ,  anicie /r. 

Tous  les  Prélats  ,  Commandeurs  &  Officiers  , 
portent  toujours  la  croix  coufue  fur  le  côté  gauche 
de  leurs  manteaux,  robes  &  autres  habillemens  de 
delTus.  Le  Grand-Maître  ,  qui  eft  le  Roi ,  la  porte 
aux  habillemens  de  deflous ,  au  milieu  de  l'eftomac 
quand  bon  luifemble  ,  5:  en  ceux  de  dellus  au  côté 
gauche ,  de  même  grandeur  qUe  les  Commandeurs. 
Elle  eil  faire  en  la  forme  d'une  croix  de  Malte  en 
broderie  d'argent  :  au  milieu  il  y  a  une  colombe  fi- 
gurée ,  &  aux  angles  des  rais  &  fleurs  de  lis  aullî  en 
broderie  d'argent.  Les  mêmes  (latuts  j  art.  84.  Ce 
llarut  de  porter  toujours  la  croix  aux  habits  ordi- 
naires ,  avec  celle  d'or  au  cou  pendante  à  un  ruban 
de  foie  de  couleur  bleue  célelle,  &c  l'habit  aux  jours 
deilinés ,  ell  un  des  ftatuts  irrévocables  de  cet  Or- 
dre- Ibid.  art.  8.  Les  Cardinaux  ,  Prélats,  Com- 
mandeurs &  Officiers  portent  aullî  une  croix  de 
l'Ordre  pendante  au  cou  à  un  ruban  de  foie  de  cou- 
leur bleue  célefte,  ladite  croix  faite  aullî  en  la  forme 
de  celle  de  Malte,  toute  d'or,  émaillée  de  blanc  par 
les  bords,  tk  le  milieu  frns  émail  :  dans  les  angles 
il  y  a  une  fleur  de  lis  ;  &  fur  le  milieu  ceux  qui 
font  Chevaliers  de  l'Ordre  de  S.  Michel  portent  b 
marque  dudit  Ordre  d'un  côté  ,  &  de  l'autre  une 
colombe,  qui  eft  portée  des  deux  côtés  par  les  Car- 
dinaux &:  Prélats ,  ôc  par  ceux  qui  ne  font  pas  de 
rOrdrede  S.  MicheL  ié,  arr.  85. 

Le  collier  de  cet  Ordre  eft  d'or  fait  à  fleur  de  lis , 
&  trois  divers  chiifres  entrelacés  de  nœuds  ,  de  la 
façon  de  la  broderie  du  manteau.  Ce  collier  eft 
toujours  du  poids  de  deux  cens  écus  ou  environ,  fans 
être  enrichi  de  pierreries,  ni  autres  chofes.Les  Com- 
mandeurs ne  le  peuvent  vendre ,  engager ,  ni  alié- 
ner ,  pour  quelque  nécelîîté  ou  caufe  ,  iic  en  quel- 
que manière  que  ce  foit  ;  mais  il  appartient  à  l'Or- 
dre,.?»: lui  revient  après  la  mort  des  Commandeurs. 
Jf'/J.  Art.  S<j.  C'eft  à  caufe  du  ruban  bleu  célefte 
aon  pend  une  croix  d'or  ,  &  qu'ils  portent  au  cou  , 
qu'on  dit  un  Cordon  bleu;  pour  dire,  un  Cheva 
lier  du  S.  Esprit.  Avant  que  de  recevoir  l'Ordre  du 
Esprit ,  ils  reçoivent  l'Ordre  de  S.  Michel  :  c'eft 
pourquoi  lents  Armes  font  entourées  de  deux  col- 
liers. En  \6f,j^.  ie  Roi  a  fixé  à  cent  le  nombre  des 
Chevaliers  du  S.  Efprit.  Les  Officiers  de  cet  Ordre 
font  le  Chancelier  &  G.irde  des  Sceaux  ,  le  Prévôt 
^  Grand-M  une  des  cérémonies,  le  Grand  Tréfo- 
rier,  le  Greffijr ,  leslntendans ,  le  Généalogifte  de 
l'Ordre,  le  Roi  d'Armes  &  les  Héraults,  &  enfin 
les  Huilliers.  En  1(^75  le  Roi  &  les  Chevaliers  de 
fes  Ordres ,  portèrent  le  Cordon  bleu  par-deffus 
le  jufte-au -corps  :  auparavant  ils  le  portoient  def- 
fous,  comme  plufieurs  le  font  encore  préfentement. 
ils  le  portent  de  la  droite  à  la  gauche.  Les  Pairs  Ec- 
rléhartiques  le  portent  en  forme  de  collier  pendant 
fur  l'eftomac. 


ESP 

Juftiniani  traite  de  cet  Ordre  ,  T.  ïl ,  ch.  S  i .  On 
imprima  en  1643  à  Paris  in-JoL  le.s  Ordonnances  &c 
ftatuts  de  L'Ordre  du  BenoifiS.  Esprit,  avec  les  noms, 
furnoms  j  qualités  &  blafon  de  tous  les  Chevaliers 
qui  avoient  été  faits  juiques-Li.  Et  en  1703.  les 
mêmes  Statuts  &  tous  les  Edits  ,  Déclarations,  Let- 
tres-Kaientes  ,  Arrêts  *iu  Conlcil ,  tenues  de  Cha- 
pitres ,  faits  julqu'à  cette  année-là,  petit  in-jol.  de 
l'imprimerie  Royale. 

il  y  a  aullî  des  Religieufes  Hofpitalières  de  \'Or- 
dre  du  S.  Esprit  en  France  ,  en  Franche-Comté  ,  3 
Rome,  en  Pologne  ,  en  Allemagne  ,  en  Efjugne  , 
&c.  Il  n'y  a  que  celles  de  P>.ome  qui  gardent  la  clô- 
ture. 

Le  s.  Esprit  ,  ou  la  ville  du  S.  Esprit,  en  Efpagnol 
:El  Spiritufanto  ,  oa  Espiritu  Jantn.Penze  ville  de 
la  nouvelle  Efpagne  j  dans  l'Amérique  feptenrrio- 
nale.  Civitjs  Spintus  sancii  j  Fanum  Spiritus  sancli. 
Elle  eft  fur  le  golfe  du  Mexique  ,  dans  la  Province 
deGuazaca,  aux  confins  de  celle  de  Tabafco. 

Il  y  a  encore  dans  le  Biéiîl  une   ville  de  même 

nom  ,  qui  eft  capitale  d'un  Gouvernement  qui  porte 

aulli  fon  nom.  Elle  eft  fur  la  rivière  du  S.  Elpnt , 

_  qui  fe  décharge  dans  la  mer  du  Biéfil ,   vers  le  17^ 

degré  de  latitude  Sud. 

Le  Cap  du  S.  Esprit.Promontorium  Spiritûs  fancît. 
C'eft  un  Cap  des  Philippines  en  Alie.  C'eft  la  pointe 
de  l'Iflede  Tendaya  qui  joint  la  côt^feptentrionale 
avec  Torientale. 

La  rivière  du  S.  Esprit.  Flavius  Spiritûs  fancii. 
Il  y  en  a  deux  de  ce  nom  dans  l'Amérique.  L'une 
eft  dans  l'Amérique  feptentrionale.  Elle  a  fon  em- 
bouchure a  la  côte  feptentrionale  du  golfe  de  Mexi- 
que ,  venant  du  Nord-eft  ,  &  la  partie  de  ce  golfe 
ou  elle  le  décharge  s'appelle  de  fon  nom, le  golfe  du 
S.Esprit.Vznne  eft  dans  ie  Bréfil,&  fe  décharge  dans 
la  mer  du  Bréfil  vers  lei7^  degréde  lat.  méridionale, 
ayant  fon  cours  de  l'Oueft  à  l'Eft ,  félon  nos  Cartes. 
Il  y  en  a  encore  une  autre  de  même  nom,  en 
Afrique.  Elle  a  fa  lource  dans  le  Royaume  de 
Monomotapa  ,  dont  elle  traverfe  une  partie  \  puis 
entrant  dans  la  côte  orientale  des  Cafres ,  elle  fe 
jette  dans  l'Océan  Ethiopien  par  trois  embouchu- 
res entre  la  terre  de  Natals ,  &  le  Chjcanga. 

Esprit  ,  fe  dit  auiTi  de  la  puilTance  &  de  la  vertu  di- 
vin?, &  de  la  manière  dont  elle  fe  communique 
aux  hommes.  V Esprit  de  Dieu  étoit  porté  fur  les 
eaux  ,  Genève  I.  z.  Les  Prophètes  étoient  infpirés 
par  l'/^j^pr/'f  de  Dieu.  La  Providence  eft  cet  Esprit 
univerfel  par  lequel  Dieu  fait  agir  toute  la  nature. 
La  Vierge  a  conçu  du  Saint  Esprit,  S.  Matthieu, 
Ch.I.  V.  18.  Saint  Paul  difoit  qu'il  croyoit  avoir 
Y  Esprit  de  Dieu,  i  Cor.  VIL  40. 

|t3"  Esprit,  fe  dit  encore  en  ftyle'3''écriture  3  1°.  par 
oppofition  à  chair.  Marchez  félon  ïesprit ,  Se  non 
félon  la  chair.  L'esprit  eft  prompt ,  &  la  chair  eft 
foi b  le. 

i°.  Par  oppofition  à  la  lettre.  La  lettre  tue  ,  ôc 
l'esprit  vivifie.  Mes  paroles  lont  esprit  i<c  vie. 

5°.  Pour  les  dons  de  Dieu.  L'esprit  de  conleil  ,de 
force  ,  de  fcience  j  de  fagelfe,  &c. 

Esprit  ,  fe  dit  auflî  des  Êtres  ipirituels  ,  &  des  Intel- 
ligences. Les  Anges  font  des  purs  Es^nits ,  des  In- 
telligences. Les  Démons  font  des  Esprits  d'orgueil  , 
de  menfonge,  de  ténèbres;  &  abfblument  on  appelle 
le  Diable,  le  malin  Esprit.  Remarquez  par  confé- 
quent  ,  qu'il  y  a  une  grande  diftérence  entre  ces 
deux  phrafes  ,  avoir  un  Esprit  malin  ,  &  avoir  un 
malin  Esprit.  Il  faut  mettre  la  même  différence 
entre  double  Esprit  &c  Esprit  double.  Le  Prophète 
Elifée  demandoit  le  double  Esprit  d'Elie  fon  maî- 
tre. Esprit  double  eft  un  Esprit  fourbe. 

Esprit  j  fe  dit  en  ce  fens  de  ces  vifions  ,  ou  appari- 
tions qu'on  voit,  ou  qu'on  croit  voit  fous  diverfes 
figures ,  &  qu'on  tient  être  des  Démons  ,  ou  des 
âmes  des  défunts.  Spiritûs  ,  larva.  Les  Apôtres 
croyoient  que  Jesus-Christ  reffiifcité  étoit  un  es- 
prit :  il  leur  dit  j  Tàtez,  vovez  qu'un  esprit  n'a  point 
de  chair  ni  d'os.  S.  Luc,  XXIV.  3  8.  Cette  maifon  eft 

inhabitable 


ESP 

inhabitable ,  parce  qu'il  y  revient  cîes  Esprits.  La 
Pythoniire  ht  revenu  Vespru  ou  l  ombre  de  Samuel 
devant  Saiil.  Il  s'elt  trouvé  un  honnête  homme  à'cs- 
/7;'if,quij  Tans  battre  &  lans  faire  de  vacarmcj  a  bien 
voulu  entrer  dans  une  converfacion  régide.  Ces  Mef- 
lieurs  les  Esprits  {ont  d'ordinaire  ^ort  brufques ,  &: 
l'on  diroit  qu'ils  ne  reviennent  en  ce  monde  que  pour 
faire  des  tours  de  laquais.  Quelques-uns  dentr'eux 
fe  rangent  volontairement  à  1  ccuiie  ,  (1:^  ne  le,  ju- 
gent dignes  que  de  panier  les  ciievaux.  Le  Ch.  d'H. 
^fT  II  y  a  des  esprits  folets  ,  ou  esprits  familiers. 
Onappell,^  ainli  un  démon,  qu'on  fuppofe  faire  du 
bruit  i3c  dvi  vacarme  dans  une  mailon  :  ces  eipèces 
d'êtres  mitoyens ,  ces  Génies  admis  dans  l'Antiqui- 
té ,  comme  Vefpra  de  Socrate  j  izmon  ,  aemus , 
dimùn  j amiLiaris  ,  ou  cornes.  C'elt ,  dit-on  ,  un  cs- 
pric  avec  lequel  on  cften  comine.ce,  pour  connoî- 
tre  par  Co:\  moyen  des  choies  qu'on  ne  peut  con- 
noitre  naturellement,  &  raire  des  choies  furpre- 
nantes ,  extraordinaires ,  (Se  qui  iurpaifent  les  forces 
de  la  nature  humaine.  On  du  que  Socrate  avoit  un 
démon  familier  ,  m.iis  il  ne  put  le  prélerver  de 
la  mort  qu'on  lui  fit  foutïrir.  D.uis  le  dernier  (lécL 
on  foupçonnoit  facilement  les  grands  hommes 
d'avoir  des  esprics  familiers  j  à  qui  l'on  attribuoit 
leur  fage  conduite  &c  toute  leur  to:  tune. 

Esprit  j  fe  dit  aulîi  de  Tame  raiioniiable  ,  entant 
qu'elle  penfe  ,  &  qu'elle  eft  incurporell^.  Spirnus  , 
m;ns  ,  anima.  L'eilence  de  \ esprit ,  c'eft  la  penlce. 
Desc.  Il  eft  difficile  d'expliquer  ce  qui  peut  formei 
le  commerce  entre  le  corps  &c  V esprit  :  car  li  y'ifpra 
n'a  point  de  parties  inatérielles  ^  il  ne  peut  point 
mouvoir  le  corps.  Maleb.  I 

Esprit  ,  fe  dit  comme  Ame  ,  de  ce  qui  maintientjqui  1 
foutient ,  qui  gouverne  quelque  chofe,  qui  y  donne 
le  mouvement  j  qui  fait  agir.  C'elt  une  métaphore 
tirée  du  fens  qu'a  le  mot  esprit  dans  l'Article  pré- 
cédent. 

Et  que  n  as-tu  point  fait  ?  Tu  nous  as  tons  sauves  , 
-En  conservant  pour  nous  le  plus   or  and  des  Mo- 
narques. 
C  eji  par  lui  que  nous  respirons  ^ 
En  lui  seul  que  nous  espérons, 
C'eJil'ECpth,  le  salue  j  l'Ame  de  son  Empire. 

|fCF  Esprit  ,  en  matière  de  Belles-Lettres  ,  défigne 
une  qualité  de  l'ame  qui  conçoit  j  raifonne  ,  juge , 
imagine,  &c.  Sous  ce  point  de  vue,  le  fcns  litté- 
ral d'tfi'/vir  eft  d'une  valle  étendue  :  c'eft  un  de  ces 
termes  vagues  auxquels  chaque  perfonne  qui  s'en 
fert,  paroît  attacher  une  idée  parriculière  ,  &  fou- 
vent  bien  différente  de  celle  que  les  autres  y  atta- 
chent. Il  renferme  en  effet  tous  les  divers  fens  des 
mors ,  raifon  ,  bon  fens ,  jugement ,  entendement , 
pénétration,  conception,  intelligence  ,  génie  ;  il 
tient  de  tout  cela  ,  &  par  conféquent  il  eft  le  fon- 
dement du  rapporta  de  la  relfemblance  qu'ils  ont 
entr'eux  :  mais  ce  mot  a  aulîi  un  fens  particulier,  & 
d'un  ufage  moins  étendu,  qui  le  diliingue,  &  en 
fait  une  des  différences  comprifds  fous  l'idée  géné- 
rale. 

IJCT  C'eft  félon  cette  idée  particulière  que  Rouf- 
feau  le  définit  raifon  afl"aifonnée. 

Qu'ejl-ce  ç/^'efprit  ?  Raison  cifflùsonnée. 

Qui  dit  efprit ,  die  se!  de  la  raison. 

%fy  Quelques-uns  entendent  par  esprit  l'art  de 
joindre  promptement  les  idées ,  de  les  varier  j  d'en 
faire  des  tableaux  qui  divertitrent  «Se  frappent  l'ima- 
gination. 

fjCFM.  de  Voltaire,  Juge  compétent  en  cette  ma- 
tière ,  dit  qu'on  pourroit  le  définir  une  raifon  in- 
gcnieufe.  Dans  une  lettre  (arïe/hrit,  il  dit  que  ce 
qu'on  appelle  espric  eft  tantôt  une  coinparaifon  nou- 
velle, tantôt  une  allulion  fine  :  ici  l'abus  d'un  mot 
qu'on  préfente  dans  un  fens  ,  &c  qu'on  lailfe  enten  - 
Tome  III, 


ESP  8j7 

«îre  dans  un  autre  j  là  un  rapport  délicat  entre  deux 
idées  peu  communes  :  c'eft  une  métaphore  fingu- 
herc  J  c'est  une  recherche  de  ce  qu'un  objet  ne  pré- 
fente  pas  d'abord  _,  mais  de  ce  qui  est  en  effet  dans 
lui  J  c'est  l'art ,  ou  de  réunir  deux  chofes  éloignées, 
ou  de  divifer  deux  chofes  qui  paroiffent  fe  joindre  , 
ou  de  les  oppofer  l'une  à  l'autre  :  c'est  celui  de  ne 
dire  qu'a  moine  fa  penfée  poui-  la  lailler  deviner. 
Enfin,  ^dit-il,  je  vous  parlerois  de  toutes  les  diffé- 
rentes façons  de  montrer  V espric ,  ùj'enavois  da- 
vantage. 

|^'3^Tout  l'esprit  du  monde  est  inutile  à  celui  qui 
n'en  a  point.  11  n'a  nulles  vues,  &c  il  est  incapable 
de  prohter  de  celles  d  autrui.  Ce  quil  y  auroit  de 
meilleur  en  nous  j  après  ['esprit ,  ce  fcroit  de  con- 
noître  qu'il  nous  manque.  Par- là  on  feroit  l'impolll- 
ble ,  on  fauroit  lans  esprit  n'être  pas  un  fot ,  m  un 
fat,  m  un  impertinent. 

ifT  Tous  ces  brillins  j  (  je  ne  parle  point  des 
faux  brillans  )  auxquels  on  donne  le  nom  d'esprit  ^ 
ne  conviennent  point,  ou  conviennent  forr  rare- 
ment à  un  ouvrage  férieux  &  qui  doit  intéreffer.  La 
railon  en  est ,  qu'alors  c'est  l'auteur  qui  paroît,  & 
que  le  public  ne  veut  voir  que  le  Héros.  Or ,  ce 
Héros  est  toujours ,  ou  dans  la  pallion  j  ou  en  dan- 
ger. Le  danger  ôc  les  pallions  ne  cherchent  point 
[espru.  Prum  iSi  Hécube  ne  font  point  d  cpigram- 
mes ,  quand  leurs  entans  font  égorgés  dans  Troie 
embialé,' :  Didon  ne  foupiie  point  en  madrigaux  , 
en  volant  au  bûcher  fur  lequel  elle  va  s'immoler  : 
Dimosthènes  n'a  point  de  jolies  penfées  ,  quand  il 
anime  les  Athéniens  à  la  guerre.  S'il  en  avoir,  il 
leroit  un  Rhéteur,  &  il  est  un  homme  d'état. 

§CJ"Ces  jeux  de  l'imagination,  ces  finelfcSj  ces 
tours,  ces  traits  faillans  ,  ces  gaietés,  ces  petites 
fentences  coupées  ,  ces  familiarités  ingénieufes  , 
qu'on  prodigue  aujourd'hui  ,  ne  conviennent  qu'aux 
petits  ouvrages  de  pur  agrément.  Lafaçadedu  Lou- 
vre de  Perraulr  est  fimple  &  majestueufe.  Un  cabi- 
net peut  recevoir  avec  grâce  de  petits  ornemens. 
Ayez  autant  d'efprit  que  vous  voudrez ,  ou  que  vous 
pourrez  J  dans  un  Madrigal,  dans  des  vers  légers, 
dans  une  fcène  de  Comédie,  qui  ne  fera  ni  paiiion- 
née  ,  ni  naive  ,  dans  un  petit  compliment,  dans  un 
petit  roman,  dans  une  lettre  où  vous  vous  égayerez 
pour  égayer  vos  amis  j  mais ,  encore  un  coup  ,  ban- 
nilfez  tout  cela  des  grands  ouvrages  ,  faits  pour 
instruire  ou  pour  toucher ,  même  des  Opéra.  La  mu- 
lique  exptime  les  pallions,  les  fentimens,  les  ima- 
ges: mais  oii  font  les  accords  qui  peuvent  rendre 
une  épigramme  ;  Quinaut  étoit  quelquefois  négli- 
gé, mais  il  étoit  toujours  naturel. 

1^  M.  TAbbé  Girard  définit ,  ou  plutôt  caradc- 
rife  ainfi  Vespri:.  L'esprit  esr  fin  &  délicat  ;  mais  il 
n'est  pas  abfoiument  incompatible  avec  un  peu 
de  folie  &  d'écourderie.  Ses  productions  font  bril- 
lantes, vives  &  ornées:  fon  propre  est  de  donner 
du  tour  à  ce  qu'il  dit  ,  &  de  la  grâce  à  ce  qu'il 
fait. 

|fCF  La  bctife  est  l'oppofé  de  l'ejprit;  la  folie  l'est 
de  la  raifon  j  la  lottife  l'eft  du  bon  fens  j  l'étourde- 
rie  l'eft  du /«^ewtvir  5  l'imbécillité  l'eft  de  \enten~ 
dcmeiu  j  la  ftupidité  l'eft  de  la  conception  \  l'incapa- 
cicé  l'eft  de  Xintdligencc  •  &  l'ineptie  l'eft  à\x  génie, 
Koye^  tous  ces  mots.  Un  galant  homme  ne  fe  pique 
point  d'e/^/vr,  mais  dans  le  commerce  des  Dames 
il  faut  de  \ efprit ,  ou  du  jargon  qui  en  ait  l'appa- 
rence. La  nature  donne  une  partie  de  V efprit ,  Se  le 
commetce  du  monde  l'autre.  Les  vrais  agrémens  ne 
viennent  pas  d'une  fimple  fuperficie  ,  mais  d'im 
grand  fonds  d'efprit  qui  fe  répand  fur  tout  ce  qu'on 
dit.  La  Bruv.  Vous  eûtes  la  malice  ingcnieufe  de 
lui  Inllfer  avoir  de  Yefprit  tant  qu'elle  voulut  ,  &:  de 
remporter  ainfi  fur  elle  une  viéloire  qui  ne  l'a  point 
offenfée.  Le  ch.  d'H.  C'eft  un  défaut  que  de  vouloir 
avoir  trop  d'efprit.  S.  Evr.  &  il  y  a  quelquefois  plus 
d'efprit  qu'on  ne  penfe  à  n'en  montrer  guère.  Quand 
l'efprit  commence  à  perdre  fa  force  ,  il  aime  à  dire 
ce  qui  ne  coûte  rien  à  penfer.  S.  Ev.  Il  y  a  des  efprits 
Qqqqq 


Sj8  ESP 

fiiperficiels  qui  n'approfondiirent  jamais  rien.  Il 
faut  nourrir  notre  ejprit  au  grand  ,  .ïc  le  tenir  tou- 
jours plein  &c  endi  ,  pour  ainli  dire  ,  d'une  cer- 
taine fierté  noble  &  généreufe.  Boil.  On  a  plus  be- 
foia  de  raifon  dans  la  vie  que  à'cjprà,ôc  quel  avan- 
tage peut-on  tirer  de  ïefpru ,  quand  on  ne  fait  pas 
fe  faire  aimer ,  Se  que  l'on  ne  s'en  fert  que  pour  le 
faire  rédouter. 

1^  Ce  terme  vague  eft  toujours  déterminé  par 
l'épithèce  qui  l'accompagne.  L'tjprit  protond  ik 
éclairé  d'Ariftote  ;  Vefpnc  railleur  de  Cicéron  ;  Vef- 
pnt  (oWAq  Se  judicieux  de  Virgileircj/r/rfublime  de 
Corneille  \  l'esprit  exaét  de  Boileau  ;  rout  cela  ne 
fignifie  point  la  même  chofe  ,  mais  annonce '.dirté- 
rentes  fortes  à' esprit ,  ou  différentes  qualités  de 
l'aine  qui  conçoit  ^  imagine,  juge.  Ainli  ,  pour 
marquer  la  facilité  de  l'imagination  &  de  la  concep 
tion  ,  on  dit ,  efpntsxî^  ex^w lourd.  Cet  homme  a 
beaucoup  d'esprit  ,  mais  il  n'a  point  de  jugement. 
Quelquefois  par  ce  mot  nous  délignons  l'imagi- 
nation feule  ,  quelquefois  la  conception  feule. 
Dans  le  premier  fens  ,  on  dit  un  esprit  fécond  ,  fté- 
rile  ;  un  esprit  brillant  ^  &cc.  Les  esprits  de  feu  ont 
beaucoup  d'imagination  &  peu  de  jugement.  Dans 
le  fécond  fens  ,  on  dit  qu'un  homme  a  ['esprit  ou 
vert ,  bouché  ,  &c.  Ce  n'eft  p.is  la  raifon  qui  frappe 
les  esprits  greffiers  ,  ils  ne  l'entendent  pas  ;  c'eft  l'ar- 
deur &  l'émotion  avec  laquelle  on  leur  parle.  Le 
P.  Rap. 

§C?  Souvent  par  esprit  nous  entendons  le  juge- 
ment feul.  Cet  homme  a  mille  bonnes  qualités  ; 
mais  il  n'a  pas  l'esprit  de  fe  conduire  ,  de  régler 
fes  affaires.  Quand  I  âge  marche  feul,  &c  que  Ycfprit 
refte  derrière ,  il  n'y  a  point  de  folies  dont  les  hom- 
mes ne  foient  capables.  Il  faut  que  l'âge  &  l'esprit 
marchent  toujours  d'un  pas  égal.  Dac. 

^fT  Ce  mot  s'applique  aulli  à  l'humeur  des  per- 
fonnes ,  au  caraéière  j  à  la  trempe  de  l'ame  :  & 
dans  cette  acception  il  n'a  aucun  rapport  avec  ce 
que  nous  entendons  ordinairement  par  esprit  dans 
la  fociété.  C'eft  ainfi  que  nous  difons  un  esprit  àon\, 
commode  j  fâcheux,  bourru,  remuant,  faétieux  ^ 
&c.  Cromwel  éroit  un  de  ces  esprits  remuans  & 
audacieux  ,  qui  femblent  nés  pour  changer  le  mon- 
de. Fléc.  Son  esprit ,  malgré  le  poids  des  affaires  & 
des  années  ,  conferva  fa  force  &  fa  vigueur,  dans 
les  ruines  même  du  corps.  Dans  le  loifir  de  la  mau- 
vaife  fortune  l'on  acquiert  un  esprit  as  règle  &c  de 
réflexion.  La  Bruy. 
IJCr  Esprit  ,  fe  dit  encore  de  la  facilité  ,  de  la  difpo- 
lîtion  que  l'on  a  à  faire  certainej  chofis.  C'eft  ainfi 
qu'on  dit  qu'un  homme  a  l'esprit  de  feu  j  l'esprit 
d'affaires ,  l'esprit  de  chicane  ,  &c.  L'on  dit  dans 
cette  acception  d'un  homme  qui  a  la  main  adroite , 
qu'il  a  de  l'esprit  au  bout  des  doigts  j  jufqu'au  bout 
des  doigts. 

0C?  Ce  terme  s'emploie  encore  par  oppofirion  à 
cœur.  C'eft  ainli  qu'on  dit  que  le  cœur  eft  plus  in- 
génieux que  l'esprit.  Voiture  eft  peut-être  le  pre- 
mier qui  ait  oppofé  l'un  à  l'autre ,  en  écrivant  à 
la  Marquife  de  Sablé.  Mais  cette  expreflion  devint 
enfuite  fort  à  la  mode.  L'esprit  eft  toujours  la  dupe 
du  cxur.  Chacun  dit  du  bien  de  fon  cœur  ,  & 
perfonne  n'en  ofe  dire  de  fon  esprit.  L'esprit  ne  fau- 
roit  jouer  long-temps  le  perfonnage  ducœur.  De  la 
RocHEF.  L'esprit  ne  paroît  jamais  davantage  que 
lorfqu'il  reçoit  la  loi  du  cœur. 

Z'efprit  n'efl  jamais  las  d'écrire 
Lorsque  le  cœur  ejl  de  moitié. 

§C?  On  a  dit  de  Corneille  &  de  Racine  ,  que  le 
premier  voulut  par  l'esprit  aller  au  cœur  ,  &  le  fé- 
cond par  le  cœur  à  l 'esprit. 
Bel  Espriit  ,  fe  dit  &  de  la  chofe  ,  &  des  perfonnes  ; 
&  autant  en  mauvaife  qu'en  bonne  part.  En  bonne 
part.  Le  bel  efpnt  pns  pour  la  chofe  eft,  félon  le 
P.  Bouhours ,  un  efprit  qui  a  du  folide  &  du  brillant 
dans  un  égal  dégcé  :  c'eft,  à  le  bien  définir,  le  bon 


ESP 

fens  qui  brille  ;  c'eft  un  jufte  tempérament  de  la  vi- 
vacité &  du  bon  fens.  Le  bel  ej'pnt,  pris  pour  la  per- 
fonne ,  eft  un  homme  qui  ne  du  rien  que  d  une 
manière  ingénieuie,  mais  pleine  de  bon  fens.  Un 
vrai  bel  eiprit  fonge  plus  aux  choies  qu'aux  mots  : 
cependant  il  ne  meprife  pas  les  ornemens  du  lan- 
gage J  mais  il  ne  les  recherche  pas  aufii.  En  mau- 
vaife part,  le  bel  efprit  pris  pour  la  chofe,  eft  un 
efprit  qui  a  beaucoup  de  faux  briilans,  mais  peu  de 
vrai  &  de  folide:  un  ejpnt  de  pointes,  qui  a  de 
l'afféterie.  Et  pris  pour  la  perfonne  ,  c  ell  celui  qui 
a  cette  forte  iX efprit ,  qui  en  fait  parade,  avec  affec- 
tation &  vanitéj  ou  qui ,  fans  l'avoir ,  veut  paroître 
en  être  doué.  Ce  n'elt  guère  que  des  difeurs  &  des 
faifeurs  de  jolies  chofes  dont  on  a  coutume  de  dire , 
il  eft  bel  efprit.  Il  y  a  de  beaux  efprits  qui  n'ont  pas 
le  fens  commun.  On  a  ufurpé  ce  titre  dans  notre 
(iècle  avec  autant  de  liberté  &i  d'injuftice,  que  ce- 
lui de  Genulhomme  &  de  Marquis  ;  &  ii  les  Ufur- 
pateurs  étoient  punis  dans  l'Empire  des  Lettres  auili 
févérement  qu'ils  le  font  depuis  quelques  années 
dans  la  France,  il  y  auroit  bien  gens  dégradés  de 
bel  efprit  ^  comme  il  y  en  a  beaucoup  qui  font  dé- 
gradés de  noblelfe.  C'eft  un  caraélère  ridicule  que 
celui  de  bel  ejprit\  &  je  ne  fai  fi  je  n'aimerois  point 
mieux  être  un  peu  bête  ,  que  de  palfer  pour  ce  qu'on 
appelle  communément  bel  efprit.  Id.  Le  bel  efprit  eft 
fi  fort  décrié  depuis  la  profanation  qu'on  en  a  faite 
en  le  rendant  trop  commun  ,  que  les  plus  fpirituels 
s'en  défendent  comme  d'un  crime. 

Saint  Evremont  a  fait  une  pièce  de  vers  fur  le 
btl  efprit. 

Le  bel  efprit  efl  un  titre  fort  beau  ^ 
Quand  on  aime  à  courir  de  ruelle  en  ruelle  : 
Mais  ce  n  efl  point  le  J  ait  d'une  fage  cervelle  ^ 
De  cherchera  briller  fur  un  terme  nouveau. 
Le  bon  fens  de  l' efprit  efl  le  guide  fidelle , 
Lui  feul  peut  le  conduire  ^  &  fait  le  ménager. 
Un  bel  Q^^niyfi  j'en  fai  bien  juger  ^ 
EJi  un  difeur  de  bagatelle.  S.  EvR. 

Un  Auteur  qui  donna  en  169)  un  Traité  du  bel 
efprit,  en  diftingue  quatre  caradtcr«s.  Un  homme 
qui  avec  un  air  dégagé ,  &  certains  mouvemens  li- 
bres ,  émeut  agréablement  ceux  qu'il  rencontre^j 
qui  fur  le  fujec  qui  fe  préfente ,  produit  des  penfées 
nouvelles,  &  qui  les  orne  d'un  tour  animé,  eft  pref- 
que  par  tout  le  monde  un  homme  de  bel  efprit.  Un 
autre  ,  qui  fe  mettant  moins  en  peine  de  la  rareté  des 
penfées ,  fe  fliit  valoir  par  je  ne  fai  quel  difcours 
foutenu  j  qui  attire  l'attention,  qui  eft  vif  &  ani- 
mé dans  fes  récits  ,  &  prompt  dans  fes  reparties  , 
eft  encore  un  bel  efprit.  Un  rroifième  qui  a  moins 
de  foin  de  bien  penfer  que  de  bien  dire,  curieux 
de  beaux  termes  ,  dépourvu  de  bonnes  chofes , 
qui  plaît  par  une  prononciation  aifée  &  par  un 
certain  ton  de  voix  ,  fe  fait  mettre  au  même  rang. 
Un  dernier ,  dont  le  principal  bur  n'eft  pas  tant  de 
fe  faire  eftimer  que  de  faire  rire  j  rencontre  à  pro- 
pos, raille  plaifamment,  &  trouve  fur  les  plus  pe- 
tits fujets  de  quoi  amufer.  Or  dans  tout  cela,  félon 
cet  Auteur,  point  de  bon  efprit:  tout  eft  imagina- 
tion ,  ou  tout  au  plus  mémoire  :  tout  naît  du  tem- 
pérament. 

Un  véritable  (5e/ (f/cT/V a  un  difcernement  jufte:  il 
a  tout  enfemble  de  la  force  &  de  la  délicatefte  :  fes 
penfées  font  fines  ,  fes  imaginations  font  nobles  &: 
agréables;  fes  expreffions  fonr  polies  &  naturelles. 
Il  n'a  rien  de  faux  ,  ni  de  vain  dans  fes  difcours  & 
dans  fes  manières.  Id.  Il  n'eft  point  de  l'eftence  du 
bel  efprit  de  courir  toujours  après  les  briilans,  & 
après  les  jolies  penfées,  &  de  ne  rien  dire  qui  ne 
furprenne  &  qui  n'éblouilFe.  Cette  afFecftation  d'ê- 
tre toujours  fleuri,  &  d'avoir  toujours  de  X efprit ^ 
eft  ridicule,  &  peu  judicieufe.  Id.  Celui  qui  parle 
d'un  air  poli  &  dégagé  ,  qui  penfe  vivement  &: 
hardimenr,  &  qui  relevé  tout  ce  qu'il  dit  par  des 
expreffions  délicates  &  animées,  pafte  d'ordinaire 
pour  bel  efprit.  Val.  Vous  êtes  un  bel  efprit  j  difoic 


ESP 

M'n  Provincial  à  M.  Racine  :  Bel  efprit  vous-mcme  , 
répondit  brafqiiement  M.  Racine  ;  comme  (i  on  lui 
eue  dit  une  injure-  C'e(l,dit  Voltaire,  que  \'i  bel  efprit 
elt  une  atHche  ^  c'eli  une  efpèce  de  protellion  »  & 
qui  par-ld  expoleà  l'envie  &  aa ridicule. 

Esprit,  fe  dit  aulli  des  effets  &  des  inventions  que 
produit  cet  ^'f^f;  des  penlées  ingcnieules  répan- 
dues dans  un  livre  j  ou  dans  quelque  ouvrage  que 
ce  foit.  Voilà  un  difcours  plein  à'efpr'u,  où  ïefpric 
brille  par-tout.  Pour  toucher ,  il  hiat  faire  parler  le 
coîur  autant  tiue  ïefpru.  S.  Evr.  On  ne  fauroit 
avoit  trop  à'ejprit  dans  une  converfation  enjouée. 
Le  ch  de  m.  Voici  une  diftindion  qu'il  eli;  bon 
d'obferver  :  tout  ce  que  les  hommes  inventent  dans 
les  fcicnces  Se  dans  les  arrs  ,  eli:  un  ouvrage  de  i  ef- 
prit. Les  compolitions  ingéni.eufcs  des  geiis  de  let- 
tres font  des  ouvragei  d'efprit.  On  entend  par  un 
ouvrage  de  l'efprity  un  ouvrage  de  la  raifon  &C  de 
l'intelligence  ;  &  par  un  ouvrage  d  efprit ,  un  ou- 
vrage de  la  raifon  poHc.  L'un  eft  un  ouvrage  de 
jugement  &  de  conduite  ,  &  l'autre  n'a  que  de  la 
vivacité  &  du  brillant.  Ainli  ouvrage  de  l  efprit  n'a 
^as  une  (ignification  ni  ù  ample  ,  ni  fi  belle.  On  en- 
tend une  compolition  fpirituelle  &  ingénieule  ,  par 
un  ouvrage  d'eff  rit.  Bouh. 

Esj'RiT  ,  fe  dit  aulli  pour  ,  Perfonne,  gens.  Les  efprits 
brouillons  &violens  font  caufes  des  guerres  ,des  fé- 
ditions.  L'impiété  perd  les  jeunes  ejprits.  Ablanc. 
Aliéner ,  aigrir  les  efprits.  Un  efprit  vain. 

Jefai  qu'un  noble  eCpùt  peut  fans  honte  &  fans  crime 
Tirer  Uefon  travail  un  tribut  légitime.  BoiL. 

Esprit  port.  On  appelle  ainh  celui  qui  par  une  folle 
prélomption  veut  le  mettte  au-dellus  des  opinions 
ik.  des  maximes  reçues  ,  fur-tout  en  matière  de  reli- 
gion. Les  prétendus  efprits  forts  du  monde  vou- 
droient  que  Dieu  les  gouvernât  parla  raifon j  & 
Dieu  leur  répond  :  Je  veux  que  ce  foit  la  foi  qui 
vous  gouverne ,  ou  plutôt  je  veux  moi-même  vous 
jjouverner  par  la  ioi.  Bourd,  Exh.  II. p.  jpo.  La 
plupart  des  beaux  efprits  font  les  ejprits  forts  j  qui 
ne  s'étonnent  de  rien  j  qu'on  ne  perfuade  pas  aifé 
ment.  J'attens  un  efprit  jort  à  l'agonie. 

'L2i  force  de  V efprit  ne  doit  pas  conlifter  à  douter  de 
tout ,  &  à  fc  roidir  contre  les  vérités  établies.  Elle 
conlille  à  bien  raifonner  ,  &  à  découvrir  les  vérités 
les  plus  cachées.  C'ell  le  propre  d'un  efprit  Jort  de  ne 
le  paslailfer  furprendrepar  les  apparences  ,&  d'ap- 
profondir les  fujets  qu'il  traite.  Les  raifons  qui 
contentent  les  ejprits  foibles  ne  font  pas  pour  lui. 
Bouh. 

ESTRiT  PARTICULIER.  On  dcfigne  par-là  le  fentiment 
particulier,  la  connoi'Jance  que  chacun  a  fur  les 
dogmes  de  la  foi  &  fur  le  fens  des  écritures  ,  fui- 
vant  ce  qui  lui  eft  fuggéré  par  fes  propres  penfées 
&  par  la  perfuafion  dans  laquelle  il  eft  par  rapport 
à  ces  matières.  Privatus  fpiritus.  Ce  mot  a  été  îou 
vent  répété  depuis  Tapoilafie  de  Luther ,  qui  lui  a 
donné  vogue.  Cet  héréliarque  &  fes  fucceiTeurs , 
Luthériens  &  Calviniftes  ,  ne  reconnollFant  point 
de  juge  des  controverfes ,  ni  d'interprète  infaillible 
de  lÉcriture  ,  difent  qu'elle  eft  claire  ,  &  que  cha- 
cun ,  par  fes  propres  lumières  aidées  de  la  grâce  , 
doit  l'interpréter,  &  juger  par  elle  feule  des  véri- 
tés révélées  :  c'eft  ce  qu'on  appelle  Vefprit  parti- 
culier. Les  premiers  Réformateurs  n'avoient  pref- 
que  autre  chofe  dans  la  bouche  que  V efprit  particu- 
lier ;  mais  on  Içur  fit  tant  la  guerre  fur  cet  eTprit par- 
ticulier,  que  leurs  fucceireurs  en  ont  eu  honte.  Ce 
n'eft  plus  aujourd'hui  qu'à  l'extrcmité  ;  &  quand 
on  n'a  plus  rien  à  dire  ,  qu'on  y  revient.  Pelisso.m. 
En  effet,  rien  n'eft  plus  infoutenable  qu#cette doc- 
trine ;  car  les  vérités  révélées  étant  unes  ,  &  tou- 
jours les  mêiTies  pour  tous  les  Croy.ms  ,  la  règle  que 
Dieu  nous  donne  pour  en  juger  _,  doit  nous  les  ex- 
pliquer d'une  manière  uniforme  &  toujours  la  mê- 
me ;  mais  Vefprit  particulier  inftruit  Luther  d'une 
façon  .  Zuingle  d'une  autre,  &  Calvin  encore  d'un» 


ÊSP  î^9 

aittre.IldlvifeGïcolampade  ,Buc£r,  Oriander ,  occ^ 
Le  dogme  qu'il  fait  voir  évidemment  dans  1  Ecri- 
ture aux  Confelliuniftes  eft  différent  de  celui  qu'il 
découvre  au  même  endroit  aux  Anabaptistes  &:  aux 
Mennonistes.  Il  en  est  de  même  des  Arminiens  6c 
JesGomanstes,  des  Sociniens  &  dei  autres  Protet- 
tans  ,  &c.  Ln  un  mot  ,  il  fait  autant  de  dogmes  dif- 
férenslurle  même  point,  tk  autant  de  religions  qu'il 
y  a  de  têtes.  Est-ce  donc  là  i'ejpnt  de  Dieu  ,  ou , 
peut-il  être  la  règle  qu'il  nous  donne  pour  nous  réu- 
nir tous  dans  une  même  foi  (S:dans  une  même  Egli- 
fe  ,  comme  nous  le  devons,  &  comme  Dieu  le  veut? 
Ils  ont  lubstitLié  à  l'Eglife  un  esprit  patticulier ,  par 
qui  ils  prétendoient  être  instruits  de  tout ,  &c  fans 
lequel  ils  ne  vouloient  rien  croire.  Bourd  al.  lixh. 
Il  ,  p.  y)i^. 
EsPK.'r  J  fedu  auiïl  du  fens,  du  caradkèrcjde  l'intel- 
ligence d'une  chofe  ,  du  delFein  ,  de  l'mtention,  des 
fcntimens,  du  motif  par  lelquels  on  agit.  Il  faut 
regarder  plutôt  à  Vejpnt  de  la  Loi ,  qu'auï  paroles. 
'V'oici  quel  -st  l'efprit  de  notre  contrat.  Pat.  La  Po- 
litique d'Elpagne  a  toujours  agi  par  un  ejprit  de  do- 
mination univerielle.  Les  tranfadions  le  doivent 
faire  par  un  efprit  de  paix  pour  fuir  le  procès. 
Quand  on  fait  le  procès  à  un  homicide  ,  on  regarde 
s'il  l'a  fait  innocemment ,  ou  par  un  ej'prit  de  ven- 
geance. Il  faut ,  en  traduifant  ,  prendre  bien  \efpr:c 
de  fon  Auteur,  fon  fens,fon  caracière.  Il  règne 
toujours  un  efprit  de  politelfe  dans  la  fociété  des 
honnêtes  gens.  Bell.  Bellegarde  s'est  trompé  ,  dit- 
on  ,  dans  l'emploi  qu'il  a  fait  de  ce  mot.  On  ne  dit 
point  esprit  d<i  politelfe  ,  comme  on  dit  efprit  de 
vengeance ,  de  taélion  ,  de  dilfention  j  Sec'  parce 
que  la  politeife  n'est  point  une  pallion  animée  par 
un  motif  puilTant  qui  la  condui'e  ,  lequel  on  appelle 
ejprit  métaphoriquement.  Cette  remarque  est  de 
M.  de  Voltaire.  M.  de  la  Bruyère  fe  fcrt  pourtant 
delà  même exprellion. L'on  peut  bifn  ,  dit- il,  dé- 
finir Vejprit  de  poiitejfe  j  l'on  ne  peut  en  fixer  la 
pratiqué  .■  elle  fuit  l'ufage  &:  les  maximes  reçues  : 
Elle  est  attachée  aux  temps,  aux  lieux  ,  aux  perfon- 
nes ,  &  n'est  pas  la  même  dans  les  deux  kxQs ,  ni 
dans  lesdifférenies  conditions. 

Pourquoi  en  etfet  ne  duoit-On  pas  efprit  de  poli- 
teflè  ,  de  paix  ,  de  charité  ,  comme  on  dit  efprit  de 
vengeance  ,  de  faétion  ,  de  procès,  Sec.  Le  mot  <^' 
/?r/r  ne  dcfigne  ici  que  le  principe  d'où  partent  le/ 
aéfions  ,  les  procédés  dont  on  parle  ,  le  motif  qui 
les  anime  &:  les  conduit.  Ce  que  vous  appelez  du 
zèle  n'est  qu  un  ejprit  de  facf  ion  &  de  parti  ^  vous 
agilLez  dans  un  ejprit  de  cabale.  S.  EvR.  Vefprii  du 
Christianifine  est  l'humilité  &  la  patience.  Cette 
Monarchie  fe  gouverne  toujours  par  un  même  ef- 
prit Se  par  les  mêmes  maximes.  On  ne  fe  remplit 
point  de  le/put  Eccléfiastique  dans  le  monde.  Her- 

MAN. 

Les  Muficiens  emploient  le  mot  d'efprit  pour 
marquer  le  caïadêre  propre  des  instrumens.  Il  ne 
faut  pas  fortir  de  ['esprit  du  jeu  de  l'instrument. 
Rousseau. 
Esprits  ,  au  pluriel ,  en  tetmes  de  Médecine  ,  fe  dit 
des  parties  les  plus  volatiles  du  corps,  qui  fervent 
à  faire  toutes  les  opérations.  On  distingue  deux  for- 
tes d'efprits  ,  les  vitaux  &  les  animaux.  Les  efprits 
vitaux  ne  font  autre  chofe  que  la  partie  la  plus  fub- 
tile  &  la  plus  agitée  du  fang  ,  de  laquelle  dépendent 
fon  mouvement  &  fi  chaleur.  Les  efprits  animaux 
fontces  corps  três-fubtils  &  très-mobiles ,  contenus 
dans  le  cerveau  Se  dans  les  nerfs  :  ils  ne  font  diifé- 
len'i  ds%  esprits  vitaux  ^c^uqu  ce  que  ceux-ci  font 
confondus  avec  les  parties  grodîerés  du  fang ,  «a 
lieu  que  les  ejprits  animaux  en  ont  été  féparés  dans 
le  cerveau  pav  le  moyen  des  glandes ,  dont  la  fubf- 
tance  corticale  est  compofée  :  ils  font  les  auteurs  du 
fentiment  iS:  du  mouvement  animal  ,  d'où  vient 
qu'ils  ont  été  ainfi  nommés.  Les  Anciens  établif- 
foient  quatre  fortes  d'e/pr/w  j  le  naturel ,  \s  vital ^ 
Vanimal  Se  \o  genit.^/.  Ils  mettoient  le  naturel  dans 
l'estomac  &  dans  le  foie  ;  le  vital  dans  le  cœur  ; 

Q  q  q  q  q  ij 


Séo 


ESP 


Wminuil  (^ans  le  cerveau  j  &C  le  génital  dans  les  tefti- 
cules.  Mais  comme  cetce  divilion  eft  tondée  lur 
une  faulfe  hypothèfe  ,  il  vaut  mieux.s'en  tenir  à  la 
première.  L  étude  continuelle  fait  une  giande  dif- 
iipatioii  d  ejfrus.  La  nature  a  donné  Vi  lommeil 
aux  animaux  pour  réparer  les  tjpr'ns  épuifés  par  le 
travail  :  &  on  dit  qu'un  homme  reprend  les  ejprks  _, 
quand,  par  quelque  furprile  ou  accident,  les  ej- 
prics  qui  tont  agir  la  raifon  éioieiit  émus  &  trou- 
blés. A  la  mort,  on  ramalfe  tout  ce  qui  refte  d'e/- 
prics  &c  de  forces  ,  pour  exprimer  ce  qu'on  fent. 
Boun.  Les  animaux  venimeux  ne  tuent  que  par 
des  e/prics  irrités  qu'ils  poulTenc  au  dehors  ,  qui 
coa,;;ulent  le  fan:^  ,  comme  a  fort  bien  prouvé 
Charras  dans  Ton  Traicé  des  Vipères.  "ViUis  prétend 
que  les  efpr'us  le  font  par  la  diftillaiion  du  plus  fub- 
til  du  fang ,  qui  defcend  des  artères  dans  la  partie 
extérieure  &  corticale  du  cerveau  •,  &  il  enieigne 
que  le  lang  ciui  eft  renfermé  dans  le  (inns  de  la 
dure -mère  fert  à  cette  diilillation ,  de  la  même  ma- 
nière que  le  feu  j  dans  les  difiiilations  chimiques 
qui  fe  font  par  defcente ,  étant  mis  au-delïus  de 
la  matière  ,  fert  à  en  taire  delcendre  ce  qu  il  y  a 
de  phis  fubtil. 

il  n'ell  pas  vraifemblable  que  les  esprits  animaux 
foient  une  liqueur  compofée;  on  la  verroit  couler 
quand  on  coupe  le  nerf  tranfverfalemenc  ;  les  par- 
ties voillnes  en  feroient  inondées  ,  ainfi  qu'il  ar- 
rive dans  les  vaiifeaux  fangnins  ,  &  dans  ceux 
qui  portent  la  lymphe  j  les  nerfs  liés  s'enfleroient 
dans  leur  partie  fuperieure  \  les  ébranlemens  que 
les  objets  font  fur  les  filamens,  feroient  amortis, 
&  l'ame  fe  trouveroit  fruftrée  des  impreiîions  qui 
viennent  du  dehors:  il  n'eft  pas  pollible  qu'une 
liqueur  ait  deux  mouvemens  oppofés  en  même 
temps  dans  un  tuyau.  La  vivacité  des  fenfations  & 
la  rapidité  des  aélions  de  Thomme  prouvent  que 
les  esprits  animaux  font  plutôt  de  la  lumière,qu'une 
liqueur.  Mém  de  Trév. 

Il  y  a  dans  les   Mémoires  de   Trévoux    1711. 
p.    2160.   une   lettre  fur  les  maladies  des  efprits 
animaux  ,  dont  les  principales  font  la  frénéfie  ,  la 
manie,  la   mélancolie,  la   rage,   l'épilepfie  ,  les 
affedions  convulfives  ,  le  vertige  &  le   tremble 
ment.  Le  délire  frénétique  eft  la  fièvre  continue 
des  efpri:s.  La  manie  elt,  dit-on  ,  une  lièvre  lente 
des  efprits  \  Se  ainfi  des  autres. 
Esprit.  Il  y  a  un  e/prit  répandu  par  tout  l'univers , 
premier  principe  de  toutes  les   produdions  dans 
les  trois  regnes.Les  Sages  l'appellent  Mercure.  C'ell 
dans  cet  ej'prit  qu'il  faut  chercher  la  matière  pre- 
mière :  il  donne  aux  animaux  cette  faculté  de  pen- 
fer  que  nous  appelons   iiiftinâ:.  Voyez   /a  Lettre 
d'Eugène  à  Clarice  sur  les  Polypes. 
Esprit,  en    termes  de  Chymie ,  eft  une  fubftance 
aërée,  fubcile  &  pénétrante,  défignée  fous  le  nom 
de  Mercure,  qui   s'élève  d'ordinaire  après  que  le 
flegme  eft  m  in-é.  Le  propre  de  X esprit  eft  de  péné- 
trer &  d'ouvrir  les  corps  folides.  Il  carie  ,  ronge, 
brife,  dilfout   &  btille  même    certains^  mixtes, 
en  coagule  d'autres ,  &  fait  une  infinité  d'autres 
effets ,  &  même  tout  contraires. 
Esprits.  Terme  de  Chymie.  Ce  qu'on  appelle  esprits 
en  Chymie  font  des  liqueurs  dont  toute  la  torce 
confifte  en  certaines  particules  fubtiles  &  adtives , 
qui  nagent  dans  une  eau  ou  flegme  inutile ,  que 
l'art  n'en  a  pu  féparer.  Ces  esp'its  doivent  toute 
leur  force  ',  aux  fels    dont  ils  font  chargés  \    & 
comme  le  mélange  de  ces  fels  avec  le  flegme  eft 
en  différente  proportion  dans  les  difFérens  esprits  , 
•il  feroit  très  -  utile  de  connoîcre  cette  proportion 
toutes  les  fois  que  l'on  veut  faire  quelque  opé- 
ration délicate  j  011  une  exaéle  précifion  eft  nécef- 
faire.  Faute  d'avoir  nn  moven  fur  d'y  parvenir,  la 
même  opération  réulllr  différemment  à  différentes 
performes,  &  quelquefois  à  la  même.  Ils  les  appel- 
lent eCprits  acres,  quand  ils  excitent  fur  la  langue 
quelque  fentiment  de  chaleur  ;  &  acres  corrofifs , 
quand  ils  font  fur  la  langue  quelque  érofionj  e>pmj 


ESP 

salins,  les  liqueurs  qui  tiennent  de  la  faveur  du 
fel  commun  j  c.t^mi"  j^//«/ej  j  les  liqueurs  qui  ont 
une  laveur  ayant  quelque  rapport  avec  celle  des 
Icls  fultutés  :  quand  cette  faveut  eft  trop  forie, 
on  les  appelle  esprits  urineux.  Lsprits  mixtes  ,  font 
les  liqu-uis  où  l'acide  domine,  &  qui  tiennene 
du  fulturé. 

En  ce  lens  on  dit  que  les  Chymiftes  tirent  Ves~ 
prit  de  loutre  6;  de  lel,  &  de  tous  les  autres  corps, 
quand  ils  en  tirent  relfence  ou  le  plus  fubtil  par 
la  dirtillation  ,  ou  autrement.  On  appelle  en- 
cote  esprits,  les  liqueurs  diftillées  qui  ne  font  ni 
eau,  m  huile.  Il  eft  dangereux  de  travailler  aux 
mines,  parce  qu'il  s'en  exhaie  toujours  des  esprits 
arfénicaux  6c   vitrioliciues. 

Esprit  ARCENr.Ternie  de  Chymie.  Spiritus  ardcns. 
L'huile  des  plantes ,  quand  elle  eft  en  alfez  grande 
quantité,  allez  déliée,  &  mêlée  d'affez  peu  de  fleg- 
me, eft  ce  qu'on  appelle  en  général  ej'prit  ardent, 
parce  qu'il  eft  inllamniable  y  îk  en  particulier  c'elt 
l'eau-de-vie,  quand  elle  vient  du  vin.  Ac.  des  Se. 
Hijt.  ijoi.  p.  41.  De  quelque  moyen  que  l'on  fe 
ferve  en  examinant  les  fruits  qui  donnent  de  If  es- 
prit ardent ,  on  ne  le  lauioit  tirer  avant  qu'il  au 
fermenté.  Id.  L'esprit  ardentd'un  fruit  dépend  d'une 
certaine  proportion  de  quantité  &c  de  force  que 
les   acides  doivent  avoir  avec  l'huile  Id. 

Esprit  fugitif.  Terme  de  Philoiophie  hermétique. 
On  appelle  le  mercure  esprit  jugitif,  cjuoique  ce 
foit  un  corps  métallique.  On  l'appelle  auliî  esprit 
de  mercure ,  &  esprit  de  vie. 

Esprit  des  philosophes.  Terme  de  Philofophie  her- 
métique. C'eft  ainli  que  les  Sages,  quand  ils  parlent 
le  langage  de  leur  art,  appellent  leur  magiftère. 

L'Esprit  dt  vin  n'eft  autre  chofe  que  de  l'eau-de- 
vie  plufieurs  fois  reélifiée  ou  diftiUée.  On  lui  donne 
en  Chymie  divers  noms,  ejjence  très-subtile  &  in^ 
cortuptible  ,  soujrc  célejie  j  soujre  hé^oardique ,  ve'gé- 
table  J  clef  des  Philosphes  jcicl  de  Raymond  Lulle, 
corps  éthéré  composé  d'eau  &  de  Jeu  ,  &c. 

L'Esprit  de  vin  double  n'eft  autre  chofe  que  de  l'eail- 
de-vie  redifiée.  Foy.  DOUBLE. 

Esprit  universel.  Terme  du  Grand  Arr.  On  définit 
{'esprit u.iversel ,  une  fubftance  fubtile  &  rare,di- 
ftingi^ée  de  fon  total  premier  créé  ,  qui  diverfe- 
nienc  réuni  à  fon  folide  ,  qu'on  nomme  fel,  con- 
ftitue  avec  lui  toute  la  variété  fpécihque  &  indivi- 
duelle de  la  nature,  la  régit  &c  la  vivifie  ,  moyen- 
nant les  accidens  qui  les  font  paroure  au  dehors. 
On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  a  l'es- 
prit aux  talons,  lotfqu'il  fait  quelque  lourde  faute 
contre  le  jugement,  qu'il  manque  de  conduire. 
On  dit  aulîi,  qu'd  s'alambique  Vesprie  ,  quand  il 
s'applique  trop  fortement  à  quelque  compofition. 
On  dit.  Vive  les  gens  d'esprit,  quelquefois  férieu- 
fementj  quelquefois  en  fe  moquant  des  gens  qui 
s'imaginent  avoir  trouvé  un  bon  expédient. 

ESPRITE,  ÉE.  adj.  Qui  a  de  l'efprit.  Ce  mot  a  eu 
une  grande  vogue  ,  fur-tout  pami  les  Précieufes. 
Il  n'eft  pas  trop  bon  ,  même  dans  le  difcours  fami- 
lier y  quoique  Chapelle  ,  dans  fons  voyage  j  ait  dit 
de  Madame  d'Ofneville: 

Elle  cil  jeune  ,  riche  ,  efpritée  : 
Et  que  l'on  trouve,  Qui  eft  esprité ^  dans  le  petit 
Diélionnaire  Latin-François  de  Boudot,  au  mot 


Ingeniatus. 
ESPROUVER. 
ESPROUVETTE. 
ESPUISABLE. 
ESPUISEMENT. 
ESPLTI^ER. 
ESPURE» 
ESPURER. 
ESPURGE. 
ESPURGEMENT. 


Foy  Cl- 


E  S  Q. 


ÉPROUVER. 

ÉPROUVETTE. 

ÉPUISA  BLE. 

ÉPUISEMENT. 

EPUISER. 

ÉPURE. 

ÉPURER. 

ÉPURGE. 

ÉPURGEMENT. 


ESQUADRILLE.  f.  f.  mouillez  les  dsux  //.  Compagnie 


ESQ 


ESg>l/AilRlSSAGE.j 
ESi^UARRISSE- 

M  £  N  T. 
ESQUAPvRISSOÎR. 


Hecombatcans  dans  un  Tournoi  Turtna^  Ala.  Ce  mot 
eil  vieux  on  dit  qu.idnlle  f'^uy.  ce  nur. 

ESQUARRIR.  ^  /    EgU'ARRlR. 

L(^JARRISSAGE. 
Voyei'{    E(^UARRISS£- 
MENT. 
EOUARRISSOIR. 

ESQUERDE.  f.  h  Vieux  mot.  liuthc  fore  p.ate. 

ESQLTERRE.  P^oyci  E'.^UERRE. 

fKFESQUAlN.Tcraïc  de  Alarma.  P^oyci  QUIEN. 
QLiN". 

ESQULWINE.  f.  f.  PcnuU.  Vêtement  de  payfan,  ou 

-  defclave  dont  on  s'eft  fervi  aurref-ois ,  (^  qui  e!t  en- 
core en  iila^^e  en  Efpagne.  Ce  pourvoit  bien  être  l.i 
même  choie  que  Vcj'cavm^e.  Les  Italiens  appellent 
scliiavo  ce  que  nous  appelons  efclave  ,  t^  changent 
ainfi  notre  /  en  i. 

EsQuiAviNE.en  termes  de  Manège,  s'eft  dit  aufll  d'un 
long  &  ("évcre  châtiment  qu'on  (-aifoit  foufFrir  au 
cheval  pour  le  rendre  Couple  &i  obéiirint. 

ESQUIERMiE.  1".  f.  Vieux  mot.  Alchimye. 

ESQUIERS  ,  ou  ESQLJIERRE.  Terme  de  coutumes  : 
c'ell;  fclon  quelques  Coutumes,  l'endroit  des  clo- 
chers ,  &  lelon  d'autres  la  diftance  d'un  clocher 
à  l'autre.  Interjecluin  incer parxcias  spatium. 

ESQUÎf  f.  m.  Petit  vaiifeau  de  mer:  chaloupe  ,  pour 
mètre  à  terre^  &:  qui  ne  va  guère  qu'avec  les  rames. 
Scapha  j  cymba  açtuariolum.  Vesqu/J ,  ou  le  canot  j 
fe  prend  ordinairement  pouf  le  petit  bateau  qu'on 
embarque  dans  le  navire,  &  qui  fert  aux  oMiciers 
de  la  Marine  pour  allet  d'un  vailleau  à  l'autre , 
ou  de  leur  vaiileau  à  terre. 

Pour  moi  ,fur  cette  mer  qu'ici  bas  nous  courons  , 
Je  songe  à  me  pourvoir  d'e(L\\.nf  &  d'avirons.  Boil. 


1^  Le  noir  ef-iuif ,  en  ft 
barque  à  Caron  ,  de  la 


yie  poétique, 
mort 


fe  dit  de  la 


Mais  Jl  quelque  jour  moi  chctif 

Je  pajjois  sur  le  noireiqniî , 

Je  naurois  qiîunc  vue  hièrre.  Volt. 

Ce  mot  vient  de  l'Allemand  schif  o\i  sch't ,  qui 
fignilàe  n.ivire,  qui  a  été  [ait  du  Grec  5-r.«^«.  AIe.m.' 
Végèce  dit  que  les  Latins  appeloient/'/â'a  ces  vaif- 
lenux ,  d'oii  peut  avoir  été  fait  le  nom  de  patache. 

ES'>^UiL[ES.  f.  f.  pi.  tixquilix. ,  esquilin,.  Quartier  de 
Rome.  Voyei  tSQUILIN.  Nos  Auteurs  difent  , 
le  Mont  Efquilin  ,  &  non  pas  les  Esquiiies. 

C'éîoit  à  Rome  un  lieu  où  l'on  expoloit  les  cada- 
vres des  criminels  :  c'étoit  aulîi  le  lieu  deitiné  pour 
les  fupplices.  Voye-:^  Horace,  1.  i.  fat.VIIL 

ES^UiLIN  ,  iNE.  adj.  Epithète  qui  fe  donnoit  à  une 
des  fept  collines  de  la  ville  de  Rome  ,  &  ce  qui  y 
apparienoit.£y^tti/i«aj.  Le  Mon: Efquilin,  £Jquili£, 
Mons  Efquilinus.  C'eft  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui 
la  montagne  Sainte  Marie  Majeure.  On  écrit  aulli 
en  Latin  Exquilia  ,  &:  l'on  croit  que  ce  nom  s'eft 
formé  par  corruption  d'<î.vci^/'/<  ,  &  qu'il  fur  donné 
à  cette  hauteur  ,  à  catife  des  fentinelies  que  Romu- 
lus  y  mit ,  de  crainte  d'être  furpris  par  Tatius ,  au- 
quel il  ne  fe  fioit  pas.  D'autres  veulent  qu'il  fe  foit 
fait  de  qu:fquiH.t  ,  parce  que  c'îtoit-la  que  ceux  qui 
prenoient  des  oifeaux  tendoicnt  leurs  filets ,  & 
qu'i.s  jetoient  des  ordures  ,  quifquilias  ,  pour  les 
attirer  &  leur  fervir   d'appas.    D'autres  enfin  pré- 


ESQ  S6i 

donnoit  fon  nom  ,  &c  qu'on  nommoit  Région,  j./- 
qudme.  Voyez  Onuphnus ,  Dejctipc.  An-  .  xiegion 
(Jrb.  Koms  j  &  Juan,  liojin.  Anciq.  liom,  L.  i.  c,  6. 

La  porte  Efquiline  étoit  une  porte  de  Rome  qui 
étoit  du  côté  du  mont  hfquUin.  La  Tribu  tfqui- 
iuie  étoit  la  féconde  des  quatre  Tribus  de  la  Cité 
de  Rome. 

Ck?  ESQUILLE,  f  f.  Petite  partie  qui  s'efl:  détachée 
d  un  os  quand  il  s'etl:  rompu.  Sduila  ,  aljuia.  Il  faut 
tirer  avec  foin  toutes  les  efquiiLes  d'un  os  fraduré  , 
qui  picoteroient  le  périofte  ou  les  chairs. 

§C?  Esquille.  Eft  quelquefois  lynonyme  à  Exfolia- 
tion. /^ti)efjce  mot. 

Ce  mot  vient  A<îfquama. 

Esquille.  Rivière  de  l'Amérique  feptentrionale.  Ef- 
quilla  ,  Squilla.  Elle  fe  décharge  à  Port- Royal  dans 
lAcadie. 

ESQULMAN.  f  m.  Terme  de  Mer.  Quartier-Maître. 
yjjjutor  recloris  nautici.  C'elt  un  terme  Flamand.  Il 
ell  comme  l'aide  du  Maître,  ou  du  Contremaître  du 
vaiileau.  f^o)e^  Quartier- Maître. 

ESQUIMAUX",  f  m.  pL  Peuple  de  la  Nouvelle  France, 
dans  l'Amérique  leptentrionale.  Ejquunaxii.  Les 
Efquimaux  font  placés  au  nord  de  la  rivière  de 
S.Laurent,  &:  au  levant  de  celle  de  Sainte  Mar- 
guerite ,  vers  laBaie  d  Hudfon.  Les  tfquimaux  font 
trcs-cruels  :  on  a  peu  de  commerce  avec  eux.  Quoi- 
que dans  un  pays  très-froid,  ils  ont  le  vifage  ba- 
fané  &  aride  ,  la  taille  belle,  le  corps  vigoureux, 
la  peau  du  corps  fort  blanche,  la  jambe  très-bien 
faite  ,les  dents  tort  larges  ts:  mal  propres ,  les  che- 
veux noirs  avec  un  toupet  au-delfis  du  front ,  6c 
une  barbe  de  trois  doigts.  Leur  habillement  efl;  un 
jufte-au-corps  en  domino  de  Chanoine  ,  &  un 
haut  de  chaude  ,  le  tout  fait  de  peaux  d'animaux 
du  pays. 

ESQUINANCIE.  f.  f.  A  n gina.  Ttnx^Q  de  Médecine. 
Maladie  cjui  bouche  les  pafîl^es  de  la  refpiration. 
C'eft  une  inflammation  de  la  gorge  ,  ou  du  larynx, 
qui  empêche  fouvcnt  l'air  d'entrer  &  de  fortir  par- 
la trachée  artère  ,  &  la  viande  d'être  avalée  t^k  con- 
duite dans  l'eftomac.  Il  y  a  deux  efpèces  générales 
à'efquinancie ,  la  fauffe,  ou  bâtarde  j  &  la  vraie. 
La  faulfe  e!l;  un  dépôt  de  férolltés ,  ou  de  pituite  , 
qui  abreuve  les  glandes  de  la  gorge  (ans  fièvre,  fans 
inilammation  ,  i!k  lans  grande  difhculté  d'avaler  &c 
de  refpirer.  La  vraie  elt  une  inilammation  &  un 
gonllement  des  mulclesdu  larynx  avec  fièvjre  ,  cha- 
leur ,  &  ardeur  à  la  gorge  ,  refpiration  difficile  , 
fufFocation  &  douleur  en  cette  partie:  le  malade  ne 
peut  être  couché  ,  i5c  toutes  les  matière  liquides  , 
comme  les  bouillons  &  la  boiilon  qu'il  veut  avaler, 
lui  reviennent  par  le  nez,  La  vraie  efquinancie  eft 
toujouts  accompagnée  de  fièvre  j  la  bâtarde  en  eft 
exemte  :  elles  font  caufées  par  un  fang  bilieux  , 
qui  coule  par  des  rameaux  des  artères  carotides  j  & 
qui  y  produit  un  fiegmon  fimple  ou  érélipèlateux. 
On  divife  aulli  la  vraie  efquinancie  en  interne  &C  en 
externe.  V efquinancie  eft  plus  périlleufe,  &  même 
mortelle,  loifque  la  tumeur  ne  paroît  ni  dedans 
ni  dehors:  celle  où  elle  paroît  dehors,  elt  la  plus 
aifce  à  guérir.    • 

On  prétend  que  l'on  a  trouvé  un  remède  prefque 
alTuré  contre  cette  maladie.  On  prend  de  l'ordLire 
dechien  que  l'on  pulvérile, après  l'avoir  fait  fécher. 
On  remplir  de  cette  poudre  un  tuyau  de  plume  j  & 
on  en  foulTle  dans  la  bouche  d«  malade.  Il  eft  à  re- 
marquer que  11  fiente  d'un  grand  chien  ,  &  la  plus 
blanche  eft  la  meilleure  ;  &  fi  le  temps  le  permet , 
il  faut  donner  à  ronger  des  os  au  chien  :  fon  ordure 
en  fera  plus  efticace. 

Le  mot  à'esquinancie  vient  du  Grec  '■"lâyzut  suf- 
foquer. 


tendent  qu'il  vient  ^excolo  ,  &  qu'il  fe  donna  à  czz 

endroit  lorfqu'il  fut   cultivé,  de  même  que   nous! 

avons  appelé  Couturts ,  des  endroits  nouvellement 

cultivés,   &  que  ce  nom   leur  eft  enfuite    refté  , 

comme  nous  avons  dit  aumot  Couture. Quoi  qu'il 

en  fo!t  J  c'eft  Servius  Tullus   qui  l'enferma  dans 

.Rome,  &  s'y  fit  un  palais  &  des  jardins.  Le  Mont' 

Efquil'n  avoit  à  l'orient  les  murailles  de  la  ville,  ESQUINE.  f  f.  Terme  de  Manège ,  qui  fe  dit  des 

an  midi  la  voie  Lavicane  ,  à  l'occident  la  vallée  qui       reins  du  cheval  ,  au  lieu  à'eschine.  Lumhus  ,  spina. 

éroit  entre  le  mont  Cœlius  &  le  mont  Palatin  ,  &       On  dit  un  cheval  fort  Mesquine  ,  qui  manie  fur  \es- 

an  feptentrion   le  mont  Viminal.    Il  étoit  la  cin-       ^a//2e  ,  quanci  il  eft  fort  de  reins.  Cheval  foible  d'd/^ 

quicme  région  on  quartier  de  Rome ,  à  laquelle  il      quine  ,  qui  eft  fujet  à  broncher ,  fjible  des  reins. 


%6i,  ESQ 

EsQuiNE.  Voyez  Squine. 

ES,,)  Jii^OT.  f.  m.  £it  une  efpèce  de  petir  tronc  ,  ou 
boire  qui  eft  dans  la  boutique  des  i3arbieis  ,  où  les 
garçons  mettent  tout  l'argenc  qu'ils  reçoivent  de 
ceux  qui  fe  tont  râler ,  Hc  qu'ils  partagent  enfuite 
entr'eux.  Pixis  ,  capfula.  On  le  du  encore  en  quel- 
ques autres  protellions. 

ESQ  JISSE.  f.  f. Terme  de  Peinture.  Quelques  Auteurs 
ont  eu  tort  de  Faire  ce  mot  du  genre  malculin.  Pre- 
mière penfée  d'un  fujet  de  l^inture  tracée  fur  le  pa- 
pier ou  fur  la  toile.  Modèle  de  l'ouvrage  qu'on  a 
tracé  légèrement ,  qui  ne  contient  que  l'efprit  de 
l'ouvrage  qu'on  fe  propofe  d'exécuter.  En  général , 
deirein  Fait  à  lahàted'une  chofe  qu'on  veutpeindre, 
graver  ou  tailler.  Adumbrado ,  informatïo.  Légère 
esquiffz  ,  esquïffe  coloriée.  Il  n'a  pas  eu  la  peine  de 
faire  undellein  fini,  arrêté  ,  ou  terminé  ;  il  a  tra- 
vaillé fur  l'^j^a/Z/t.  Il  y  en  a  de  deux  fortes  ,  esquijfe 
au  crayon  ,  ou  à  la  plume  ;  &  esquijji  au  coloris. 
Le  dernier  ed  un  elfai  d'un  plus  grand  ouvrage  que 
le  Peintre  médite. 


ESQ 


rlpere  se.  Les  voleurs  s'esquivent  adroitement  dès 
qu'ils  ont  fait  leur  coup.  Oiï  vouloir  le  retenir  dans 
la  compagnie  :  il  s'cll  esquivé. 

ifT  Dans  toutes  fes  acceptions  il  n'ell  admis 
que  dans  le  llyle  familier. 

Ce  mot  vient  à'esquij, yûi^Qa.w  propre  à  s'enfuir, 
comme  échapper  a  écé  tait  àtscupha.  Borel  le  dérive 
du  mot  clievir\  Paf^mer  du  rtiot  Italien  JC/^-f^îz/-. 
Esquivé  ,  ee.  part. 

E    S     R. 

ESRACHER.  v.a.Ce  mots'eft  die  autrefois  pour  arra- 
cher. i.ve//e/cr.  Se  aucuns  extirpe  owesTuche  mes  ar- 
bres. De  Beauman. 

ESRAFLER. 


ESRAFLURE. 

E-,RAILLER. 

ESRAILLURE. 

ESRATER. 

ESREîNTER. 


*Voyt 


E    S    S 


ERAFLER. 

ERAFLURE. 

ERAILLER. 

ERAILLURE. 

ERATER. 

ÉREINTER. 


Ce  mot  vient  de  l'Italien  schi-{-{0 ,  qui  dans  fon 
fens  naturel  lignifie  éclaboulFure ,  hcschiware  ^  écla- 
boulFer,  parce  que  ['esquive  dans  la  peinture  ne  re-  '  ESSAI. T.  f.  Adionpar  laquelle  on  examine  ,on  cprod- 

prélente  que  comme  des  taches  de  couleurs.  ■■ --L.r.     _    ■:.__  t.  ^     i-  > 

Es  juissE  ,  eft  en  Sculpture  un  petit  modèle  de  terre  , 
ou  de  cire  ,  heurté  d'art  avec  l'ébauchoir.  C'eft  à 
peu  près  dans  ce  fens  qu'on  appelle  esqui{]es  de  pe- 


tits foutiens  de  bois  qui  fervent  aux  delferts  des 
bonnes  tables  :  on  met  fur  ces  esquijfes  des  porce- 
laines ,  ou  des  foucoupes  de  faïence  propre  6c  fine, 
&  fur  ces  porcelaines  on  fert  des  gelées,  des  confi- 
tures féches  j  &c.  Ces  esquives  [evvem  à  accompa- 
gner les  grands  &  les  moyens  plats  de  delferr. 

^pT  Esquisse  ne  fe  dit  que  dans  quelques  arcs  où  l'on 
palTe  du  modèle  à  l'ouvrage  :  ainfi  esqui(j'e  Si  éhjw 
che  ne  font  pas  des  mots  fy-nonymes.  Vesquijfe  eft 
proprement  la  première  penfée  d'un  tableau  que 
l'on  jette  rapidem'ent  fur  un  papier,  fur  un  carton 
féparé.  \Jebauche  eft  le  commencement  du  tableau 
même ,  dont  on  trace  les  premières  lignes  fur  la 
toile.  L'esqu'ffè  eft  féparée  du  tableau.  L'ébauche  fe 
fait  fur  le  tableau  même.  Nous  avons  les  esquijfet 
de  Raphaël  ,  de  Jules  Romain  :  nous  ne  faurions 
avoir  leurs  ébauches.  Dicl.  dr  Peine.  &  d' Arch. 

Esquisse  ,  fe  dit  au  figuré  ,  d'un  ouvrage  de  Littéra- 
ture j  d'un  pncme,  d'un  projet. 

ESQUISSE  l.  V.  a.  C'eft  Faire  une  efquilTe ,  croquer  un 
dellein  à  1 1  hâte.  Informare  ,  adumbrare.  On  dit  es- 
quijfcr  une  penfée.  Il  Faut  qu'un  Peintre  ne  touche 
que  légéreiient  as  (  petites  )  figures ,  comme  s'il 
vouloir  feulement  en  esquijfer  l'idée.  Vinci  ,  trud. 
Il  faut  qu'un  P.nntre  qui  repréfente  des  figures  &c 
d'autres  chofes  éloignées  de  l'œil  ,  en  esquiffe  Çqvx- 
lement  la  fotm?,  par  une  légère  ébauche  des  princi- 
pales ombres,  fins  rien  terminer.  Id. 

§3"  M.  Wateler,  célèbre  amateur,  obferve  que 
par  une  fingularité  dontl'ufige  feul  peut  rendre  rai- 
fon  ,  faire  une  esquijje  ou  esqu'ffer  ne  veut  pas  dire 
précifémept  la  même  chofe.  Chez  nous  esquiffer , 
dit-il,  fignifie  former  des  traits  qui  ne  Fmt  ni  ombrés 
ni  terminés  \  S>c  Faire  une  esquijfe ,  fi'^nifie  tracer 
rapidement  la  panfée  d'un  fujet  de  peinture,  pour 
juger  enfuite  fi  elle  vaudra  la  peine  d'être  mile  en 
ufage. 

|CF  Esquisse,  it.  part. 

ESQUIVER,  v.  a.  Eviter  avec  adt-ilTe  &  promptitude 
un  coup,  un  choc.  Declinare ,  vkare.  Cet  homme 
auroit  été  tué  par  la  chute  de  cette  folive  ,  s'il  n'eût 
heurenfement  esqiuvé  le  coup. 

Ileft  auflî  neutre.  Il  poulFa  fon  cheval  contre  moi: 
^'esquivai  adroitement. 

Les  petits  en  toute  affaire 
\  Efqu  i  ven  t  fort  aisément  ; 

Les  Grands  ne  le  peuvent/aire.  La  Font. 

fer  s'ESQUIVER.v.  réciproque.  S'éahapper  fins  rien 
dire&  fans  être  apperçu  ,  de  quelque  endroit.  Pro- 


ve  une  chofe,  pour  en  coinoître  la  qualité  :  ma- 
nière de  s'aliuier  qaelbs  lont  les  qualités  d'une 
chofe.  Periciitatio  ,  spécimen  _,  periculum.  Les  Mé- 
decins font  ejjai  des  drogues  pour  connoître  leur 
nature  j  fi  elles  font  chaud  is  ,  ou  froides,  douces 
ou  acides.  On  feit  des  ejjuis  des  efpèces  à  la  Mon- 
noie  ,  avant  que  de  Icsexpofer  au  public.  Pour  n'ê- 
tre point  trompé  en  fait  de  chevaux  ,  il  ne  les  faut 
prendre  qu'à  Veffai. 
^CTL'tf// (2 •' concerne  particulièrement  l'ufagedes  chofes. 
Il  juge  de  ce  qui  convient  ou  ne  convient  pas,  il  en 
fixe  l'emploij  &  détermine  la  volonté.  On  fait  Xejfai 
d'un  remède  fur  les  animaux  pour  pouvoir  l'em- 
ployer enfuite  plus  sûrement  fur  l'efpèce  humaine. 
f^ov.  Epreuve  &  Expérience. 

1^  On  dit  dans  le  même  fens  faire  VeJJai  d'une 
m  ichine  ,  du  canon ,  &c.  Il  faut  faire  un  eJJai  des 
machines  en  grand  j  car  ce  n'eft  pas  allez  que  Ces- 
sai réulliire  en  petit.  On  fait  Vejjal  du  canon  avec 
charge  &c  double  charge. 

§CF  On  d\t  faire  Yejjai  des  viandes  &  du  vin 
qu'on  ferr  fur  la  table  du  Roi.  Pr&guftaiio  ,  pr&gus- 
tare.  L'Ecuyer-bouche  les  préfente  au  Maître  d'Hô- 
tel.qui  en  boit  &  en  mange  une  petite  partie  j  pour 
s'assurer  que  le  Roi  peut  en  manger  fans  danger. 
§Cr  Essai  ,  coup  d'ejfai,  c'eft  proprement  le  premier 
^ii  qu'on  fait  en  quelque  chofe.  L'ouvrage  que  font 
les  jeunes  apprentifs  avant  que  de  palier  maîtres  : 
exprellion  qui  a  été  tranfportée  aux  chofes  morales 
pour  fignifier  les  premières  actions  par  lefquelles  on 
donne  a  connoître  ce  qu'on  eft  capable  de  faire.  Spé- 
cimen. 

D'un  courage  naijfant  sont-ce  là  les  eflàis. 

Racine. 

Mes  pareils  à  deux  fois  ne  se  font  pas  connaître  ^ 
Et  pour  leur  coup  c/'eiFai  veulent  des  coups  de  maure. 

CoRN. 

Voyez  au  mot  coup  les  remarques  fur  cette  exptef- 
fion  coup  d'ejjai  ,  coup  de  maure. 
^Cr  Essai  ,  feditaulTî ,  en  Littérature,  des  ouvrages 
d'efpritdans  lefquels  l'Auteur  faite  léi;érement  & 
fuperficiellement  de  plufieurs  fujets.  Levittr  pars- 
trirgere  ,  ou  d'un  feul ,  mais  fans  chercher  à  l'ap- 
profondir ,  &  Fans  le  traiter  avec  toute  l'étendue 
dont  la  matière  eft  fufceptible.  Tenramen.  Plufieurs 
ont  Fait  des  e(fdis  poétiques.  Montaigne  a  Fait  un  li- 
vre qu'il  a  appelé  fes  effais. 

De  fon  pinceau  naïf  les  traits  inimitables 
Montrent  Ik  cxitr  humain  dans  tout  /on  naturel. 
Ce  Mortel  fe  peianant  lui-même  &  fes  Jemblables, 
A  trouvé  leficr'it  defe  rendre  immortel  : 


ESS 

Ëc  s'd  i  efl  rencontré  des  Auteurs  téméraires  ^ 
Q^uL  inuU'is  ou  dévots  Calent  voulu  censurer , 
D'un  m.i}derne  (  M.  Coile  )  tcnvain  Les  savans 

Commentaires. 
Toujours  de  plus  en  plus  nous  le  font  admirer. 

Il  eft  forci  de  Port-Royal  de  beaux  e(]als  de  Mo- 
rale. L't?//jj' des  merveilles  de  nature  du  P.  Binec , 
fous  le  nom  de  René  François,  a  ère  imprimé  vini^:- 
c\n.\  rois.  L'effdi  d'un  Didtionnaire  L/niverfel. 
Essai  ,  fe  dit  encore  des  petits  morceaux  de  verre  qu'on 
mec  dans  le  fourneau ,  iorfi-^u'on  cuu  la  peinture  lur 
le  verre. 
ij^  EiSAi  ,   dans  le  commerce,  fe  dit  d'une  petite 
portion  de  queLjue  choie  qui  ferc  à  juger  du  relte  , 
particulièrement  en  parlant  des  denrées  dellinées  à 
la  nourriture.  Envoyez  des  ejjais  ai  vin  ,  d'huile  , 
de  [rom.ige  ,  S<.c. 
Essai  ,  fe  dit  aalli  du  vailfeau ,   qui  fert  à  faire  Yejfzl. 
Il  a  toujours  dans  fa  poche  un  cjjai  ,une  petite  taife. 
Les   Cabaretiers   appellent   ejjals ,  de  très  petites 
bouteilles  ,  dans  lesquelles  ils  envoient  du  vin  pour 
en  taire  Vejj'ut.  On  appelle  aulli  ejfac  j  le  couvercle 
de  la  calfe  ou  de  la  coupe  dans  lequel  on  tait  i'ejjui 
chez  les  Princes. 
§Cr  Essai  j  en  termes  de  Chimie  ,  eft  une  opération 
par  laquelle  on  cherche  à  s'assurer  de  la  pureté  d'un 
métal ,  ou  de  la  nature  de  celui  qui  eftcontenu  dans 
une  mine,  f^oyt^   Doci.masie    &   Métallurgie. 
C'efl: ,  dans  une  fignihcation  plus  étendue  ,  l'expé 
rience  qu'on  fait  d'une  fubitance  de  l'un  des  trois 
règnes  j  pourconnoître  la  qualité  des  matières  dont 
elle  eftcompofée  ,  ou  la  quantité  de  chacune  de  fes 
matières.  Quelques-uns  dérivent  ce  mot  du  Latin 
examen. 

En  matière  de  nionnoies  on  fait  un  premier  ejfal 
des  matières  qu'on  y  apporte  pour  tondre,  atîn  de 
les  afliner ,  5c  mettre  au  titre  requis.  On  en  fait   un 
autre  ejjal  dans  la  chambre  des  délivrances  par  les 
Juges-Gardes  qui  en  font  elfayer  la  bonté  ,  &  pour 
cet  effet  prennent  une  pièce  de  monnoie  qu'ils  cou- 
pent en  quatre  parties  appelées  peullles  ,  dont  ils 
lailTent  une  partie  au  Maître,  l'autre  au  Juge-Garde. 
Il  en  retient  une  pour  lui ,   &  il  fait  e(fal  de  la 
quatrième.  Un  fourneau  à'e(fal  eft  échautté  par  un 
fourneau  de  réverbère,  où  l'on  clfaye  l'argent  dans 
de  petites  coupelles ,  où  l'on  met  un  demi  gros  avec 
une  balle  de  plomb,  cjuien  s'évaporanten  emporte 
l'impureté.   Mais  VeJJai  dor  fe  fait  fur  quatorze 
grains  d'or,  auquel  on  ajoute  le  même  poids  d'ar- 
gent très-fin  j  &  après  l'avoir  battu  en  lames  tort  dé- 
liées ,  on  les  met  dans  un  matras  avec  l'eau  de  dé- 
part ,  qui  en  (épare  tout  l'argent  \  &c  on  juge  de  la 
bonté  de  l'une  &:  l'autre  de  ces  matières  ,  luivant  la 
différence  du  poids  qu'on  trouve  avant  6c  après  l'o- 
pération. 
Essai.  Dans  la  Congrégation  des  Filles  de  l'Enfance 
de  Jefus  ,on  appelle  e//ii  ce  qu'on  nomme  ordinai- 
rement Noviciat  danslesautres  Congrégations.  L'es 
sal  eft  de  deux  ans. 
IJO"  Essai  ,  fe  prend  aufti  quelquefois  pour  l'épreuve 
que  l'on  fait  de  la  vie  religieufe  ,  en  habit  féculier , 
avant  que  de  prendre  l'habit  religieux.  Cqz  eJfal  n'eft 
point  compté  pour  Noviciat- 
ESSAIE,  f  f.  C'eft  le  nom  d'une  patite  racine  dont  on  fe 
fert  dans  les  Indes  pour  teindre  en  écarlate.  La  meil- 
leure croît  fur  la  côre  deCoromandel.  Pour  en  con- 
noître  la  bonté  ,  il  faut  la  rompre  &  voir  h  elle  eft 
d'un  rouge  obfcur ,  ou  bien  la  mâcher ,  parce  que 
les  meilleures  ont  un  goût  de  nitre.  Pour  éprouver 
il  les  draps  ont  été  teints  avec  la  véritable  ejfale  ,  on 
en  frotte  un  petit  bout  avecciu  jus  de  cèdre  j  puis  on 
le  lailTe  fccher  au  foleil.  Si  la  couleur  diminue  de 
fon  éclat ,  c'eft  une  marque  que  la  teinture  n'a  pas 
été  faite  avec  ['ejffale.  Description  des  Côtes  des  Indes 
Orientales. 
ESSAIM,  ou  JETON,  f.  m.  Prononcez  c/Z^zi//,  ainfi 
que  plufieurs  l'écrivent.  C'eft  une  volée  ,  une  mul- 
titude de  jeunes  abeilles ,  qui  forcent  de  leut  ruche 


ESS  865 

pour  aller  loger  ailleurs.  Examen.  Dès  que  la  Reine 
eft  lortie  de  la  ruche  ,  elle  eft  fuivie  de  toutes  les 
abeilles  qui  doivent  compoCtt  ïeij  ai  m ,  lefquelles 
après  avoir  voltigé  quelque  temps ,  fe  pofenc  ordi- 
nairement les  unes  après  les  autres  fur  une  branche 
d'arbre ,  où  elles  tormenc  une  efpèce  de  groupe  en 
s'accrochant  &  le  cramponnant  les  unes  aux  au- 
tres par  les  jambes.  C'eft  alors  cju'on  met  ïej]ium 
dans  la  nouvelle  ruche. 

IfT  Quand  les  abeilles  ont  pris  leur  vol  trop 
haut  pour  le  repofer  fur  une  branche  &s'y  arracher, 
on  elt  dans  l'ufage  à  la  campagne  de  faire  du  bruic 
avec  des  chaudrons  iSc  des  poêlons  afin  de  les  obli- 
ger à  s'arrêter  en  quelque  endroit.  Je  ne  fai  fi  cette 
méthode  eft  bien  sure,  m  fi  les  abeilles  font  effrayées 
par  ce  bruit.  Il  vaut  mieux  jeter  en  l'air  de  la  pouf- 
lière  ou  du  fable  fin  ,  qui  tombant  fur  les  ailes  Ls 
rend  plus  pelantes  ,  moins  propres  au  mouvement , 
&C  oblige  conlequemment  les  abeilles  à  defcendre  ôc 
à  fe  fixer.  ' 

Pulveris  exigui  jaclu . . .  qulefcenr.     'Virgile. 

§Cr  Les  bons  ejfalms ,  dans  ces  pays-  ci ,  fe  font  au 
mois  de  Mai. 

Ce  mot  vient  du  Latin  examen  apum  ,  ou  du  Grec 
i5;«W ,  qui  tignitie  la  même  choie ,  ou  de  '»■»"')'' ,  le 
hoi  des  abeilles.  Et  fi  l'on  en  croit  le  P.  Pezron , 
Examen  ,  ejjaun  d'abeilles  ,  eft  formé  fur  le  Celti- 
que ejjaim  ;  mais  il  taudroit  prouver  d'abord  qu'cj- 
salm  eft  Celtique. 
■SSAIM ,  fe  dit  figurément  d'une  troupe  de  jeunes 
gens  demêmeprofeliion  ,oude  quelque  chofe  fem- 
blable.  Les  Latins  ont  dit  examen  dans  le  même 
fens.  On  a  vu  au  (îècle  pafte  un  cjjalm  de  Poètes  de 
même  volée.  Au  Palais  on  voit  un  ejfalm  d'Avocats 
qui  fe  font  recevoir  à  la  faint  Martin.  On  a  vu  for- 
tir  du  Nord  plulieurs  ejfalms  de  barbares. 

Ciel  !  que!  nombreux  eftaim  d'Innocentes  beautés 
S'ocre  à  mes  yeux  en  Joule  ,  &  sort  de  tous  côtés. 

Racine. 


ESSAIMER.  V.  n.  Qui  fe  dit  des  ruches  d'où  il  fort  un 
elfaim.  Faire  un  cJfalm  j  jeter  un  eJfalm.Tom&s  nos 
mouches  ont  eJJuimé.  Cette  ruche  n'a  pas  encore 
ejjaimé. 

ESSAMPLE.  f.  m.  Vieux  mot.  Exemple.  Gloff.   des 

Poésies  du  Roi  de  Nav. 

ESSANGER.  v.a.  Dor.ner  la  première  façon  au  linge 
qu'on  mer  à  la  lelfive  pour  le  blanchit  :1e  laver  dans 
l'eau  froide  ,  &  le  décralTer  dans  la  première  e.iu. 
Purgare  ,  cruorem  ahJïergere.L-j.  leflive  a  trois  façons: 
on  ïejjange  le  premier  jour ,  On  la  lave  le  troifième. 
Vonzejjungerli  linge  ,  on  le  tait  tremper  dansl'eau, 
afin  d'en  ôter  la  plus  grofle  ordure. 

EssANGÉ  ,  ÉE.  part. 

ESSART.  f  m.  Vieux  mot.  BroufTailPes.  Foyer  ES- 
SARTER. 

ESSARTER,  v.  a.  Défricher  une  terre ,  en  arracher  les 
bois ,  les  racines ,  le  taillis ,  ou  le  vieux  plant  qu'on 
yavoit  mis,  ou  les  ronces  qui  y  font  venues  faute  de 
culture  ,  pour  y  femer  ou  planter  ce  qu'on  voudra. 
Eruncare  ,  purgare  veprlbus.  Il  y  a   bien  de  vieilles 
fouches  fur  cette  terre  ,  elle  fera  difficile  à  ejjarier. 
On  appeloit  autrefois  e//iirM  des  brouffailles  ;  ce  que 
Du  Cange  dit  venir  d'un  de  ces  mots  qu'on  a  dit  dans 
la  baife  Latinité,  exartus  ,  exartum  ^  exarces  ,  es~ 
sartum  ,  affartum  ,  sartum  &  sartus  ,  qui  fignifioienc 
to  is  Jorèt  coupée  ,  &  déjrichée  :  ce  que  Spelmanus 
dérive  du  Latin  exertum  ,  qui  lignifie  arracké  Se  dé- 
raciné \  d'autres  ,  du  mot  sarrlre ,  qui  veur  dire  sar~ 
cler  ^  purger  de  méchantes  herbes  \  d'autres  enfin  du 
verbe  e.varo  ^  qui  (ignirie  labourer,  d'où  on  a  fait 
exaratum  j  &  par  contraétion  exartum.  Dans  les  lois 
des  Bourguignons  exartum  facere  Injilva  ,  c'eft  es- 
sarter un  endroit  d'une  forêt.  D'autres  enfin ,  comme 
M.  Huer,  dansfes  Orlg.  de  Cacn  ,  du  verbe  exaro. 
Charles  Eftienne  appelle  ^y/^^rcr  ce  qu'on  dit  en  La- 


S64  ES  S 

tiii  collucare  j  uiterlucare ,  retrancher  les  branches 
qui  offufquenc  .1  arbre  ;  ou  même  retrancher  ,  cou- 
per quelques  arbres  dans  un  bois  ,  afin  que  les  au- 
tres arbrjs  voifins  aient  plus  d'air ,  plus  de  jour.  Il 
dit  que  de  l'on  temps  cela  s'i-ppelou  ùailtcr  jour ,  ou 
bailUr  solt'd ,  parce  que  les  branches  ou  les  arbres  qui 
étoufFent  les  autres,  les  empêchent  d'avoir  du  jour, 
du  ibleih  On  appelle  cela  égayer.  EjJ.iner ,  c'elt  dé- 
fricher en  arrachant  les  bois  ,  les  épines. 

ESSAUCEIl.  Vieux  v.  a.  Exalter ,  invoquer  j  parler. 

ESSALJCIER.  V.  a.  Vieux  mot.  Exaucer.  On  a  dit  aulh 
Eff'auUr. 
'  ESSAY.  Exaquïum.  Lieu  de  Normandie  ,  avec  un  Mo- 
naftère.  Adr.   Valef.  Not.  Gall.  pag.    i^o.  Foyei^ 

ESSEY. 

ESSAYER.  V.  a.  Faire  un  elia'.  Voyc\  ce  mot.  Pro- 
bare  j  perïduari ,  experiri.  On  effaye  des  gants  ,  des 
bas,  desfouliers,  pour  en  choilir  qui  conviennenc. 
Les  femmes  fe  lont  effaycr  deux  ou  trois  fois  une 
robe  ,  avant  que  de  la  trouver  à  leur  gré.  Il  faut 
ejjayer,  éprouver  Tes  armes  ,  pourvoir  lion  peut 
s'y  fier.  Il  ne  fait  ce  que  c'elt  que  la  guerre  ,  il  tant 
un  peu  qu'il  en  ejjaye.  Je  ne  lais  fi  cela  efl;  bon  ou 
mauvais ,  je  n'en  ai  jamais  ejjayé.  t'Jjave~  ce  vin  , 
îâtezen.  On  fait  une  année  de  probation  pour  ef- 
Jayer  fes  forces  ,  pour  voir  l\  on  pourra  fupporter 
i'audérité  de  la  Règle.  On  ne  peut  bien  juger  d'une 
chofe  qu'on  n'en  ait  ejfayé.  Ejjayc-^  fur  moi  votre 
main  mal  alFurée.  Rac  Je  veux  eJJayer  le  goût  du 
public.  S.  REAL,  Après  avoir  vu  fon  aiigulte  père 
lui  eJJayer  lui-même  fa  couronne,  &:  avoir  appris 
de  fa  bouche  qu'il  devoit  bientôt  la  porter ,  il  eut  la 
force  d'en  garder  le  fecret,  &c  le  mérite  de  s'en 
affliger.  Mongin. 

|Cr  On  dit  auHi  ejfayer  d'une  perfonne  ou  d'une 
chofe,  faire  un  elfai,  une  épreuve,  pour  voir  h 
elle  eft  bonne  ,  propre  j  convenable.  Cet  homme  a 
ejfayé  de  toac.  Je  veux  ejjjyer  de  ce  domeftique. 

EssAYiR.  v.  n.  Se  du  pour  Tâcher.  Il  faut  ejfayer  de  le 
gagner.  Il  vit  que  ce  leroit  peine  perdue  d'ejffdyeràe 
le  dilfuader.  Ablanc.  On  dit  en  Latin  txpcrïrt  dans 
le  même  feus. 

s'EssAYfcR.  V.  récip.  S'éprouver,  voir  fi  l'on  eft:  capa- 
ble d'une  chofe.  Il  eli  lùr  de  faire  une  telle  chofe  , 
il  s'y  eftf//dy<?'. 

UCT  II  fauttoajo  irs  dire  ejfayer  dejUc s'ejfayer à... 
Ce  mot  vient  du  Latin  Examinare. 

Essayé  ,   ee.  Tencams  ,  probatus. 

ESSAYERIE.  f.  f  C'eft  un  lieu  particulier  dans  les 
Monnoies,  où  l'on  en  fut  l'effai.  Prohacionis  locus. 

ESSAYEUR,  f.  m.  Officier  des  Monnoies ,  qui  en  lait 
l'elfai ,  qui  éprouve  i\  la  monnoie  ell  au  titre  requis 
par  les  Ordonnances.  Probator  ,  inquifitor.  On  le  dit 
de  ceux  qui  éprouvent  la  qualité  de  lot  ou  de  l'ar- 
gent qu'on  emploie  dans  les  ouvrages.  Il  y  a  un 
£//^yeiir  général  pour  toutes  les  monnoies  de  France, 
créé  par  François  I.  en  1559.  Il  y  a  aulH  un  EJJayeur 
particulier  en  chaque  Monnoie.  f-^oyei  Boizard  , 
Tr.de  Mon.  P.  II.  C.  S.  6-  y. 

ESSE.  f.  f.  Terme  de  Charretier ,  Cheville  de  fer  j 
petit  clou  ou  morceau  de  fer ,  tortu  ou  courbé  en 
forme  d'^ ,  qu'on  mot  au  bouc  des  ellîeux  pour  y 
arrêter  les  roues.  Fibula  camerata  j  uifiexa  •  Jîbula 
rou  carrucarU ,  mora  ^  reànaculurn  ,  fubjcus.  Quand 
on  va  en  voyage  ^  il  faut  avoir  des  eQes  dans  fon 
carrolîe  ,  pour  mettre  à  la  place  de  celles  qui  peu- 
vent fe  peuiie  par  les  cahots. 

On  aposile  auffi  XeiJ'e  d'une  louve ,  un  double 
crochet  de  fer  fiit  en  forme  d'une  S  ,  qui  s'accroche 
d'un  côté  au  cable  de  la  grue  ,  &  de  l'autre  dans 
l'œil  de  la  louve  qui  fert  à  enlever  les  pierres  qu'on 
veut  élever  dans  un  bâtiment. 

Les  Carriers  donnent  encore  ce  nom  au  picot  à 
deux  pointes,  dont  il  n'eft  différent  que  parce  qu'il 
efl:  double. 
Esse  de  fléau.  Terme  de  Balancier.  Morceau  de  fer 
tortillé  en  forme  d'5.  Ainfi  on  dit,  Effe  de  fléau  de 
trébuchet.  Ejfe  de  fléau  de  balances. 

ESSEAU  de  bois  à  couvrir  les  toits,  f.  m.  Scandula. 


E 


SS 


l'oye\   EscHANDOLE  :  c'efi:  la  même  chofe,  Effeau 
fe  dit  comme  petit  ais, 

Es'jEau  ,  elt  aulii  une  petite  hache  recourbée  à  Tufige 
des  Charpentiers ,  Méiiuiliers  ëc  autres  Ouvrieis. 
^•ifcia  ,  djiabeila.  Pomey. 

ESSECHIRE.  Ville  d'A.rménie  ,  anciennement  Ar- 
taxate.  Elle  eft  fituée  piès  de  l'Araxe  j  félon  Cior- 
neille. 

ESSECK.  Ville  de  la  Bafle-Hongrie.  EJJechium.  Quel- 
ques-uns écrivent  E^ech  ,  t-^ccliium  j  mais  en  hran- 
çois  nous  prononçons  tJjecK.  Cette  ville  eft  fur  la 
Drave ,  environ  .à  cinq  lieues  de  Ion  embouchure 
dans  le  Danube.  Le  pont  d'EJjeck  eft  fameux  ;  il 
s  étend  lut  la  Drave  iSc  lur  un  marais  voilin ,  depuis 
la  ville  d'EJJeck  jufqu'au  fort  de  Darda  j  &  l'on  allure 
qu'il  a  8565.  pas  géométriques  de  long  j  fur  fix  de 
large. 

UC?  ESSEDUM.  f.  m.  Efpèce  de  Charrio:.  I^oyei 
Char,  ôc  CnARRioT. 

ESSEENS  ,  ou  ESSENIENS.  Nom  d'une  Sede  chez 
les  Jaïfs.EJfei ,  tjfeni.  Jofeph  ,  parlant  des  Seûes 
qui  étoient  de  fon  temps  parmi  ceux  de  fa  nation ,  en 
marque  trois  :  favoir,  les  Phariliens ,  les  Saduceens 
&  les  Elfniens.  Il  préfère  ceux-ci  aux  deux  autres 
pour  ce  qui  etoit  du  genre  de  vie.  Il  allure  de  plus 
qu'ils  étoient  Juifs  d'origine.  Si  cela  eft  j  S.  Epi- 
phane  s'eft  trompé  quand  il  les  a  mis  au  nonsbre 
des  Samaritains.  Il  paroît  que  c'étoit  de  véritables 
Ph'.lofopiies  Pythagoriciens  dans  tout  ce  qui  regar- 
doit  leur  manière  de  vivre  j  aimant  la  retraite  &C 
la  lolitude,  &c  évitant  tout  commerce  avec  les 
femmes  ,  pour  s'appliquer  entièrement  à  la  vie  con- 
templative. Ils  étoient  parmi  les  Juifs  ce  que  les 
Moines  les  plus  retirés  &  les  plus  auftêres  foijc 
parmi  les  Chrétiens;  &c'eft  ce  qui  leur  a  fait  donner 
le  nom  de  is^«(x»(  ào-Kjjraè ,  Afcètes  Juifs.  Plulieurs 
Ecrivains  Catholiques  ont  cru  que  l'origine  des  Moi- 
nes venoit  d'eux ,  &  ils  s'appuient  principalement 
far  ce  que  Philon  en  a  rapporté  ,  qui ,  ielon  eux, 
a  dirtingué  deux  Sedles  à't.Jfcniens.  Les  uns  fe  ma- 
rioient,  S<.  les  autres  vivoient  dans  le  célibat.  Il 
femble  que  Jofeph  ait  diilingné  ces  deux  fortes 
d' Ejjénieris.  Sèi3.ïms ,  qui  a  écrit  fort  au  long  fur 
cette  matière  ,  fait,  après  Philon  ,  deux  clalfes 
d'EJf'nie/is.  La  première  eft  de  ceux  qu'il  nomme 
Praclici ,  &  qui  vivoient  en  commun  ;  la  féconde, 
eft  de  ceux  qu'il  appelle  Theoretici  j  c'eft-à-direj 
qui  menoient  une  vie  purement  contemplative  , 
vivant  dans  la  folitude  ,  &:  éloignés  de  tout  com- 
merce du  monde.  Il  ajoute  que  Jofeph  n'a  fait  men- 
tion que  des  premiers ,  &  qu'il  n'a  point  parlé  des 
contemplatifs,  que  Philon  a  appelés  Thérapeutes  , 
&  qui  étoient  principalement  dans  l'Egypte.  Ils  vi- 
voient d'une  manière  très-faintedans  leurs  cellules, 
imitant  en  toutes  chofes  la  vie  Religieule.  Lifez 
là-delfus  Philon,  dans  fon  Livre  de  la  Vie  Con- 
templative, Se  Sérarius  Trihares  j  Liv.  5.  Eufébea 
prétendu  que  ces  Ejjéniens ,  nommés  Thérapeutes, 
ont  été  de  véritables  Chrétiens  ,  autrement  des 
Juifs  convertis  par  S-  Marc  ,  lefquels  avoient  em- 
bralfé  ce  genre  de  vie.  Scaliger  au  conrraire  alTurs 
que  ces  Thérapeutes  n'ont  point  été  Chrétiens  •,  mais 
de  purs  EJjenieiis  qui  faifoienc  profellion  du  Ju- 
daïfme.  Il  reconnoît  cependant  les  deux  lottes  d'EJ^ 
féniens  ,  donc  on  vient  de  parler.  Mais  Henri  de 
Valois  ,  dans  fes  remarques  fur  THiftoire  Ecclé- 
fiaftique  d'Eufébe ,  rejette  abfoluinent  cette  diftinc- 
rion.  Il  nie  que  les  Thérapeutes  aient  été  de  vérita- 
bles Ejféniens  ,  &  il  fe  fonde  fiîr  l'autorité  même 
de  Philon  ,  qui  ne  les  appelle  jamais  EJJeniens  ,  ôc 
qui  ne  place  les  Ejféniens  que  dans  la  Judée  &dans 
la  Paleftine  ,  au  lieu  que  les  Thérapeutes  étoienc 
répandus  dans  la  Grèce  ,  dans  l'Egypte  &dans  d'au- 
tres pays.  Philon  ,  de  plus  j  attribue  plufieurs  chofes 
aux  Thérapeutes,  qui  ne  conviennenc  nullement  au 
genre  de  vie  des  Ejjéniens  ;  outre  que  Philon  ,  qui 
a  traité  exprès  des  Effeniens  en  deux  endroits  de  fes 
ouvrages  ,  ne  dit  pas  un  mot  des  Thérapeutes  en 
ces  endroits- là.  , 

ESSEKÉBE, 


E  s  s 

ESSEKÈBE  ,  ou  ESSEQUÈBE  ,  ou  ESQUIB.  Rivière 
de  l'Amérique  méridionale.  Eljequebi.i.  Elle  a  L\ 
fource  dans  la  Guiane  ,  &  coulant  du  midi  au  nord, 
elle  traverfe  la  Caribane ,  lix:  le  oécliarge  dans  la 
mer  du  nord  ,  encre  l'embouclHue  de  l'Orenoque 
&  celle  du  Berbice. 

ESSEIN.  f-  m.  Mefure  de  continence  pour  les  j^rains , 
donc  on  fe  fertà  Soiirons.  Le  muid  de  blé  ,  mefure 
de  Soilfons,  eft  compote  de  douze  feciers,  &c  le 
fecier  de  deux  ejfeins. 

ESSELIER.  f.  m.  Terme  de  Charpenterie.  Ce  font  des 
pièces  de  bois  qui  forment  les  cmtres  j  ou  qui  fup- 
portenc  &  foutiennenc  par  jes  bouts  les  encrairs ,  ou 
tirans ,  on  les  appelle  AwiXx  goujjsts.  Il  y  a  de  petits 
ejfeliers  qui  s'allemblenc  dans  les  grands. 

ESSEMAGE.  f.  m.  Vieux  mot.  La  crue  des  bêtes  de 
chaque  année,  comme  on  du  t/fj/f/Tz dans  les  abeil- 
les. On  àhus  ce  mot  dV////V,  fortir  j  &  VeJJemage 
feroit  la  fortie  Se  le  provenu  du  bétail. 

ESSEMER.  V.  n.  Terme  de  Pécheur.  Tirer  une  femeà 
bord  pour  en  dégager  le  poillbn  qu'on  y  a  pris. 
Sa<Tenam  aperirc  i  exonerare,  exponere.W  faut  aller 
ejjemer  entre  ces  deux  faules  j  c'eft-à-dire,  vider  la 

feme. 

ESSEN.  Petite  ville  du  Cercle  de  Weftplialie  ,  en  Al- 
lemagne. EJJendia.  Elle  eft  fituée  dans  le  Comté  Je 
la  Mark  ,  aux  confins  du  Duché  de  Cleves  ,^  près  de 
Duisbourg,  du  côté  de  l'Orient.  EJ]in  a  été  ville 
•Impériale  :  elle  dépend  maintenant  de  l'Abbelle 
à'Effen ,  dont  le  Monaftère  eft  près  des  murailles  de- 
là ville.  L'Abbaye  d'EjJcn  eft  libre,  &  dépend  im 
médiatemenc  de  l'Empire.  On  n'y  reçoit  que  des 
filles  Nobles  ,  qui  ne  font  point  de  vœux ,  &  qui 
peuvent  fe  marier  quand  il  leur  plaît.  Maty.  Cette 
Abbaye  conlifte  en  cinquante-deux  Religieufes ,  ou 
ChanoineiTes ,  &  vingt  Chanoines.  Corn. 

ESSENCE,  f.  f.  Ce  qui  conftitae  ,  ce  qui  détermine 
la  nature  d'une  chofe  :  ce  qui  eft  abfolument  né- 
cefïaire  pour  la  faire  être^  ce  qu'elle  c^.  tjjenc'ui  , 
natura.  Selon  Defcartes ,  l'étendue  Q'Hi  X ejj'cnce  de  la 
matière  \  &c  félon  GafTendi  ^  c'eft  la  folidité  :  car  li 
l'étendue  feule  conftitue  Vejc^cede  la  matière,  rien 
^  ne  diftinguera  les  corps  de  l'efpace  ,  qui  eft  aulli 
une  étendue.  Bernier.  Que  Veffence  des  chofes  dé- 
pende du  libre  arbitre  de  Dieu  ,  c'eft  une  chimère 
Cartéfienne  dont  les  Pères  font  fort  éloignés.  L'infi- 
nité eft  de  VEJJence  Divine.  La  r.aifon  eft  de  ['effl-nce 
de  l'homme.  Les  chofes  ne  font  différentes  que  par 
leurs  cffences ,  &  non  par  leurs  accidens. 

On  dit,  en  ftylede  P.il.iisj  que  les  chofes  ne  font 
plus  en  e//è/2ce  ,  pour  dire  ,  qu'elles  ne  font  plus 
en  nature,  qu'elles  font  détruites  ,&  qu'elles  ne  font 
plus  en  notre  pouvoir  j  qu'on  ne  peut  pas  les  repré- 
fenter  comme  on  les  a  reçues.  Quand  des  meubles 
ne  font  plus  en  ejjence  ,  il  en  faut  payer  la  jufte  va- 
leur &  eftimation. 

En  termes  d'Eaux  &  Forêts  j  on  dit  que  les  bois 
font  de  bonne  ejjence  ,  pour  dire  ,  de  bonne  nature, 
de  bonne  qualité.  Le  bois  de  chêne  eft  le  bois  de  la 
meilleure  ejjence. 

IfCr  Essence  ,  en  Chymie.  On  donne  généralement 
ce  nom  à  différentes  préparations,  auxquelles  on 
attribue  les  mêmes  qualités  &les  mêmes  propi^cés 
qu'aux  fimples  dont  elles  ont  été  extraites.  C'eft-aifin 
ce  qu'il  y  a  de  plus  pur  &  de  plus  fubril  dans  les 
corps  ,  dont  on  fait  les  extraits  par  le  teu.  FIos  ex- 
prejjus  j  cremor  elicicus  ,  dej&caûor  fuhfantu  pars. 
Les  ejjences  font  tirées  des  fleurs  ou  des  fruits. 

ifT  On  donne  encore  ce  nom  aux  huiles  effen- 
îielles,  c'eft-à-dire  ,  aux  huiles  aromatiques  qu'on 
©btient  par  la  diftillation  des  plantes.  Ejjence  de 
cannelle  ,  de  romarin  ,  ^"c. 

Les  huiles  dont  fe  fervent  les  Parfumeurs  ne  font 
pas  proprement  des  elj'enccs  \  mais  ils  fe  fervent 
aulfi  d'ejjences  naturelles.  Ltsefjenccs  naturelles  font 
ïejjence  de  Neroly  ,  autrement  ,  QuintelTence  de 
fleurs  d'oranges  ;  Vejjence  de  Cédra  ,  qu'on  nomme 
de  Bergamcne  i  V ejjence  de  Citron  ,  &  Vejlence  d'o- 
range forte  ,  ou  de  petit  grain.  Celle  de  Nétoly  fe 
Terne  III, 


ESS  865 

nro  fur  l'eau  de  fleurs  d'orange  ,  ^  eft  produite  par 
le  fruit  qui  eft  dans  la  fleur.  Celle  de  Cédra  eft  pro- 
duite par  les  zeft  que  l'on  tire  de  l'écorcede  Citron 
de  Bergamote.  Celle  de  Citron  eft  tirée  du  Citron 
diftillé  &  celle  d'Orange,  des  Oranges  diftillées. 
Voila  la  diftcrence  qu'il  y  a  entre  hs  ejjences  &  les 
huiles.  Barbe. 

L'<?//è«c,?  de  Cédra  ou  de  Bergamote  fe  tire  d'un 
Citron  produit  par  une  branche  de  Citronnier  qui 
eft  entée  dans  le  tronc  d'un  Poirier  de  Bergamote  • 
ainfi  le  Citron  qui  en  provient  tient  de  deux  quali- 
tés J  &  pour  en  tirer  i'e[fence  ,  on  coupe  de  petits 
morceaux  d'écorce  de  ces  Citrons ,  que  l'on  prelfe 
avec  les  doigts  dans  une  bouteille  de  verK- ,  où  l'on 
peut  feulement  faire  entrer  la  main  pour  prefler 
le  zeft  ,  tout  comme  l'on  fait  de  celui  d'Orange 
dans  un  verre  de  vin  j  ainfi  par  la  quantité  on  a  de 
\'e[jence.  Barbe. 

L'effencc  d  Oranges  forte  ,  ou  de  petit  grain  ,  fe 
fait  aind.  Vous  mettrez  une  quantité  ,  telle  que  vous 
voudrez  ,  de  petites  Oranges  point  trop  mûres  dans 
l'alambic  au  réfrigératoiie  avec  de  l'eau  ,  &  vous 
recevrez  la  diftillation  dans  ufl  matras  ou  bouteille 

,  de  verre  à  long  goulot  :  étant  repofé  j  Vejjence  {q 
trouvera  deifus.  Barbe. 

Les  ejfencesqiie  l'on  boit ,  ou  qui  entrent  dans  les 
liqueurs  que  l'on  boit ,  fe  font  avec  de  l'efprit-de 
vin  le  meilleur  &  le  plus  fort ,  &:ducloudegirofl:le» 
de  la  cannelle  ,  de  la  maflie  ,  du  poivre  long ,  de  la 
coriandre.  On  met  le  tout  dans  un  vailTeau  bien 
fermé  qu'on  expofè  au  foleil  pendant  fixfemaines, 
ou  dîux  mois  pendant  le  jour  en  été,  &  qu'on  mec 
fur  le  feu  pendant  la  nuit  :  en  hiver  on  ne  fe  ferc 
que  du  feu.  Comme  cette  ejjence  eft  fort  violente  , 
fouvent  on  ne  s'en  fert  que  pour  donner  de  la  force 
à  quelques  autres  liqueurs  moins  fortes.  On  peut  de 
la  même  manière  faire  de  i'ejfence  d'ambie  ,  de 
mufc  ,  &  de  toute  forte  de  fleurs  odoriférantes  pour 
donner  de  l'odeur  aux  liqueurs.  Quand  on  fait  de 
Vejjence  de  fleurs  ,  on  fait  dans  un  vaifleau  des  cou- 
ches de  fucre  en  poudre,  &  de  fleurs  alternative- 
ment :  on  les  lailfe  infufer  à  la  cave ,  ou  au  frais  , 
pendant  vingt-quatre  heures ,  le  vailfeau  étant  bien 
bouché  ;  &  enfuite  au  foleil  pendant  autant  de 
temps  :  puis  on  pafle  la  liqueur  par  l'étamine 
fans  prelfec  les  fleurs. 

Essence  j  fe  dit  figurément  en  chofes  Morales.  Les 
paroles  facramenrales  font  de  \'e_lience  des  Sacre- 
mens.  Ce  Rapporteur  a  pénétré  jufques  dans  Ve/^ 
fence  de  cette  affaire  ,  dans  le  plus  obfcur  &  le 
plus  difficile  j  il  a  tiré  la  quinte- ç//è;2ce  de  cette 
affaire., 

ESSENCE,  ÉE.  adj.  Qui  eft  rempli  d'elTence  ou  de 
parties  aromatiques.  Les  efprits  ,  qui  font  ejfence's 
eu  aromatiques  dans  bien  des  fleurs  ,  fe  difperfenc 
aifément  dans  un  air  raréfié  par  les  chaleurs  ;  ôc 
alors  ils  affeétent  foiblement  l'odorat:  au  lieu  qu'ils 
ne  percent  qu'avec  peine  l'air  qui  eft  relferré  par 
le  retour  de  la  nuit.  L'aétion  du  Soleil  qui  les  dé- 
tache eft  trop  foible  le  foir  tk  le  matin  pour  les 
écarter  aune  grande  diftance  ,  (ï.:  par  leur  réunion 
ces  efprits  font  fur  nous  une  impreflion  plus  forte 
Specî.  de  la  Nac.  Cet  homme  eft  toujours  frifé, 
e  [fence' ,  pondvéj  Sec. 

ESSENCIFIÉ  J  ÉE.  adj.  Terme  de  Phllofophie  hermé- 
tique. Qui  eft  devenu  eflence  ,  qui  a  été  faitelfence. 
Infiorem,  in  cremorem  verfus,  def&càtus.  Si  dans 
cet  Art  ont  dit  ejfencifié ^  il  femble  qu'on  peut  dire 
aufli  Effenc/fier  ,   v.  a. 

ESSENIEN  ,  ENNE.  Foye^  ESSÊENS.  On  dit  cepen- 
dant toujours  Ejjénien  j  &  ceux  même  qui  mar- 
quent £//ée/z ,  oa  Ejffenien,  fe  fervent  toujours  du 
dernier  en  écrivant.  Foye^  VHiJî.  Ecd.  de  Godeau, 
L.  I.p.  15.  89.  &•  fuiv. 

ESSENS.  Voyc-^   EStNS. 

■ESSENTIEL,  elle.  adj.  Ejfentlalis ,  naâvus ,  wge~ 
niius.  Ce  qui  eft  nécelTaire  pour  conftituer  un  être  , 
qui  appartient  à  fon  eflence.  Il  eft  ejjeni'iel  à  Dieu 
d'être  bon ,  d'être  jufte  j  &c.  Comme  il  eft  eJJcnncL 

R  rr  rr 


Z66 


ESS 


à  la  fainteté  de  Dieu  de  haïr  le  péché  ,  il  t^ejfentkl 
à  fa  jullice  de  le  punir  ,  &c  de  maintenir  le  pouvoir 
de  fes  loix.  Les  bons  efprits  vont  d'abaid  iaifir  dans 
leschofes  je  ne  lai  quoi  d'ejjentiei,  &  qui  e(l  d'or- 
dinaire indépendant  des  circonltances.  La  Font. 
Le  coeur,  le  cerveau,  font  des  parties  (.^/ewr/eZ/cj 
dans  le  corps  des  animaux  ,  lans  lelquelies  ils  ne 
peuvent  vivre. 

Essentiel^  en  parlant  d'affaires  Se  en  chofes  morales  , 
lignifie  la  même  chofe  que  néceir.ure  j  principal. 
GraviJJimus  ,  maxiinus  ,  pr&dpuus.Qo.  contrat  elt  la 
partie  ejj^enuelle  du  procès.  Il  taut  mettre  cette  claufe 
dans  ce  traité  ,  c'ell  le  point  le  plus  e//è«^i^/jleplus 
important.  Avoir  des  obligations  ejjendelles  à  quel- 
qu'un j  rell-à-dire ,  folides  ,  particulières ,  fondées 
fur  des  fervices  très-importans.  On  du  ,  Un  hom- 
me ejffentiei  ,  un  ami  eU'emiei  j  c'ell-à-dire ,  folide  , 
fur  qui  l'on  peut  compter. 

UCT  En  Médecine  ,  on  appelle  maladies  ejjentiel- 
îes ,  celles  qui  blellent  les  tondions  par  elles-mê 
mes  ,  (ans  dépendre  d'aucune  adtion  contre  na 
ture. 

Essentiel,  elle  ,  en*termes  de  Théologie  ,  &  en  par- 
lant de  la  très-fainte  Trinité  ,  ell:  oppofé  à  notionel, 
&  fe  dit  de  ce  qui  eft  commun  aux  trois  perfonnes. 
Le  Saint  Efprit  n'a  point  l'entendement  ni  la  volonté 
notionels  ,  mais  il  a  l'un  &  l'autre  ejjenùcls. 

^3"  Essentiel,  en  Chimie,  fe  dit  de  ce  qui  tient  de 
la  nature  des  elTences  j  c'ellla  portion  d'un  médica- 
ment la  plus  pure  ,  la  plus  fubtile  &  la  plus  effi- 
cace ,  féparée  des  parties  groflières.  L'afperge  cft 
compofée  de  beaucoup  de  fel  ejjentiel.  Lemery. 
L'odeur  agréable  que  les  fraifes  exhalent  dénote 
affez  que  les  fels  volatils,  ou  effentkls  ,  qu'elles 
contiennent ,  ont  atténué  ,  dilTous  &  exalté  leur 
foufre. 

Essentiel  j  s'emploie  quelquefois  fubftantivement. 
Rei  caput.  Pour  conclure  ce  mariage  ,  ce  marché  , 
il  faut  avoir  de  l'argent  comptant  :  c'eft  Vejfendel. 

Nousfavons  en  vertus  transformer  tous  les  vices  : 
De  la  dévotion  cejllà  /'eirenciel.  Des-Houl. 

ESSENTIELLEMENT,  adv.  D'une  manière  nécefTaire 
&  elfentielle.  Ejfentialiter  ,  necejfarib  ,  intime.  Il  n'y 
a  que  Dieu  qui  ion  ejjentiellement  bon.  Dieu,  qui 
e(tejfentiellement']iiù.ey  n'ell  ni  indifférent ,  ni  in- 
fenfible  à  nos  défordres.  Maleb. 

Essentiellement  ,  fignifie  aulîi  quelquefois ,  folide- 
ment  ,  dans  une  matière  importante.  Il  m'a  obligé 
ejjentiellement.  Il  aime  effentiellement  (qs  amis. 

ESSEOI.f.  m.  Vieux  mot.  On  appelle  EJfeois,  les  char 
riots  de  guerre  dont  les  anciens  Gaulois  fe  fervoient. 
Ils  écoient  garnis  de  faucilles. 

ESSERA  ,  ou  Sora  des  Arabes,  f.  m.  Ampoulles  ,  ou 
Porceliines.  EJfera,  Ce  font  de  petites  puftules 
écii'.leufes,  femblables  à  celles  de  la  gale  ,  quis'é 
lèvent  fur  la  peau.  Foreftus  les  met  au  rang  des 
cpinyflides.  On  appelle  encore  f'/Zera  _,  Ampoulles 
ou  Porcelaines  ,  des  puftules  qui  fortent  en  manière 
de  bulles  accompagnées  de  rougeur  ,  de  chaleur  ôc 
de  démangeaifon.  Les  femmes  &  les  enfans  y  font 
fujets.  Il  en  paroît  alfez  fpuvent  dans  le  commence- 
ment des  accès  de  lièvres  intermittentes  ;  mais  elles 
fe  dilTipent  dans  un  quart  d'heure.  EJfera  Se  Sora 
font  des  mots  Arabes.  Col  de 'Villars. 

ÇCT  ESSERET.  {.  m.  Morceau  de  fer  un  peu  long  , 
formant  un  demi-cercle  en  dedans  par  en  bas,  tran- 
chant des  deux  côtés ,  fervant  aux  Charrons  à  faire 
des  trous  dans  des  pièces  de  bois. 

ESSERPILLER.  v.  a  Vieux  mot.  Dérober.  Borel  dit 
qu'il  vient  du  Latin  E.xcerpere  ,Sc  Ménage  le  dérive 
a  ot?r  1  erharpe. 

ESSETTE.f  f.  Outil  de  Tonnelier  ,  de  Charron  ^  & 
d'autres  Artifans  travaillant  en  bois.  Afcicula.  C'eft 
une  efpèce  de  marteau  qui  a  une  tête  ronde  d'un 
côté  ,  &  un  large  tranchant  de  l'autre. 

Ce  mot  vient  du  Latin   aCcia ,  &c  quelques-uns 
pécgndent  qu'il  faut  dire  aijfette. 


ESS 

§3"  ESSEULE  ,  ÉE.  adj.  Appliqué  dans  le  difcours  fa- 
milier à  celui  qui  ell  délaiilé ,  abandonné  par  fes 
connùilfances.  Il  ell;  ejjeule ,  tout  ejjeulé. 

ESSEX.  Le  Comté  àltjjex  j  Province  d'Angleterre. 
EJjtxia.  Ejjexià!,  Comitatus.  Le  Comté  à'LJJex  eft 
fitué  entre  la  mer  d'Allemagne  ,  qui  le  baigne  au 
levant  i  la  rivière  de  Stoure  ,  qui  eff  au  nord  &  le 
fépare  du  Comté  de  Suftolk  ,  &  la  Tamife  qui  le 
fépare  au  midi  du  Comcé  de  Kent.  Il  a  au  couchant 
ceux  de  A'Iidlefex ,  &  d'Hartford.  Le  Comté  A'EjJex 
a  trois  villes ,  qui  ont  iéance  au  Parlement  ;  Clo- 
che Iter  £^  capitale  ,  Harwik  «Si  Maldon.  Maty. 

ESSEX.  Le  Royaume  d'tjjex,  ou  d^taJl-Saxon^  com- 
me écrit  Cainbden  dans  fa  Carte  j  c'eft-à-dire  j  des 
Saxons  orientaux.  EJfexia  ,  ou  hjifexia.  j  ou  Saxo- 
nu, n  oriencdlium  Re°num.  C'eft  un  des  Royaumes 
que  les  Saxons  fondèrent  en  Angleterre  :,  Ik  ceux 
qui  le  compofoient  furent  appelés  Saxons  orien- 
taux ,  parce  qu'ils  habitoient  à  l'orient  de  l'Ifle.  Ce 
Royaume  avoit  au  couchant  le  Royaume  de  Mer- 
cie  ,  au  nord  celui  des  Eaff  Angles;  c'elt- à-dire, 
des  Anglois  orientaux,  au  midi  celui  de  Kent  ,  & 
au  levant  la  mer  d'Allemagne.  Il  renfermoir  ce 
qu'on  nomme  aujourd'hui  le  Comté  d'ElTex,  qui  en 
a  conlervé  le  nom  j  celui  de  Midlefex  ,  &  une 
grande  partie  de  celui  d'Hartfort.  Londres  en  étoic 
la  Capitale  Maty. 

ESSEY.,Bourg  de  France  en  Normandie  ,  dans  le  Dio- 
cèfe  de  Séez,  à  deux  lieues  de  cette  ville.  Exaquium. 
Hadrien  de  Valois ,  Not.  Gall.  p.  1 90.  écrit  Ejfay. 
De  quelque  manière  qu'on  écrive  ,  il  faut  pronon- 
cer EJfj.  VEjJey,  Abbaye  ,  fituée  i  quatre  lieues  au 
nord  de  Coutances.  L'Abbaye  de  l'ii^èy.  Ordre  de 
S.  Benoît,  fut  fondée  en  1064. 

ESSIDEUIL.  royei  EXIDEUIL. 

ESSIEF.  f.  m.  Vieux  mot  j  qui  fignifie  j  Patron  j  oto- 
dèle.  Exemplum  ,  &  dans  les  titres  exemplar. 

Du  mot  Latin  examen  on  a  fait  ejfein  j  &c  peut- 
être  enfuite  ejfzy  ôc  ejjîej,  Voye\  Du  Cang£  dans 
fon  Gloll.  au  mot  exagium. 

ESSiEU  ,  ou  AISSIEU.  f.  m.  Axis  ,  eft  un  bois  qu'on 
débite  en  grume ,  de  fix  pieds  de  long  ,  &  de  fepc 
à  huit  pouces  de  diamètre  par  le  menu  bout.  C'eft: 
la  pièce  des  charrettes  &  carrolfes  qui  entre  dans  le 
moyeu  des  roues  :  il  y  a  aullî  des  ejfieus  de  fer. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  axiculus  ,  d'où  on  a  fait 

premièrement  û/7/?//,  enfuite  ejfeuil,  5c  cuis  ejjieu. 

On  appelle  ejfieu ,   en  Géométrie ,  la  ligne  ou 

broche  qui  ell:  entre  les  deux  pôles  d'un  globe ,  ou 

d'une  fphère. 

En  termes  de  Marine  ,  eJJJeu  fignifie  la  même 
chofe  que  joues  Se  /as.  KoyeT^  Jas. 

On  appelle  dans  les  Iffcs  Antilles  Françoifes 
\ejjieu  d'un  rôle  de  tabac  ,  le  bâton  autour  duquel 
fe  roule  le  tabac  cordé.  On  dit  aulîi  l'ame  d'un 
rôle. 

ESSILLER.  V.  a.  Difliper.  Ce  vieux  mot  étoit  d'ufage 
dès  le  douzième  fiècle.  Il  fignihoit  dès-lors  ravager. 
Pr^dari  ,  latrocinari  ,  vaflare.  La  Chronique  de 
Flandre  en  ufe  es  Chapitres  47.  58.  &  75.  En  ce 
dernier  ;  Puis  alla  veis  Péroné  aidant  &  effilant 
tout  le  pays.  Du  Fresne  ,  Gloff.  de  Ville-Hardouin. 

Le  règne  avons  effîllé  &  gâté. 

Et  maint  monftier  contre  terre  jette. 

Les  Picards  difent  encore  aujourd'hui  effller^^ovit 
Diffiper  fon  bien. 
ESSILLEUR.  f.  m.  Diffîpateur  ,  voleur  ,  qui  gâte  , 
qui  détruit,  qui  ravage.  Prsdator ,  vajlatcr ,  liftro. 
On  a  dit  ejfilleurs  de  biens;  pour  dire  ^  des  mau- 
vais ménagers.  Voye\  Philippe  de  Beaumanoir  , 
Ch.  58.  On  l'a  dit  auifi  pouï  Incendiaires  ,  voleurs. 
Incendiarii  ,   latrones. 

Ces  mots  viennent  6l  exiler. 
ESSILLES.  Foye-;  EXILEES.  •      _ 

ESSIMER.  V.  a.  Terme  de  Fauconnerie  ,  qui  fe  dit 
quand,  pour  ôter  la  graiffe  excelîîve  d'un  faucon, 
èc  l'amaigrir,  on  lui  donne  diverfes  cures ,  comme 


E  s  s 

fi  on  difoit  ejfuymer  ^  c'elt-à-dire  ,  en  ôtec  le  fiùf. 
Emacïare  j  macerarc  ,  doniare.  On  dit  aulîi ,  EJJîmer 
roifeau  ;  pour  dire,  le  mettre  en  état  de  voler, 
ioilqu  on  le  drcire,  ou  au  fortu"  de  la  mue.  Après 
la  mue  il  faut  ejjimcries  oifeaux. 

EssiMER,  ell  aulli  un  terme  d'A.s^ricuhure  ,  qui  veut 
dire  ,  Exténuer  ,  confumer  ,  réduire  à  rien.  Exhau- 
rir£  j  a[]umere  ,  conjiccre  ,  pcrdere.  Il  y  a  des  gens 
qui  ejjimenc  les  vignes  à  force  de  les  faire  porter.  Si 
on  ne  retient  la  vigne,  elle s'<[//2/7ze  d^elle-mcme  à 
force  de  porter  du  fruit.  Fit  effixta  j  injructumfe  co- 
tam  e^undit.  PoMEY. 

ESSIVE  ,  EE.  adj.  Terme  de  Fauconnerie  ,  qui  fe  dit 
des  cures  de  l'oifeau.  Les  cuies  baignées  font  laxati •• 
ves ,  les  ejfivées  font  les  meilleures. 

ESSOGNE.  f.  f.  Terme  de  Coutumes.  C'eft  un  droit 
feigneurial  qu'on  paie  en  pludeurs  lieux  au  Sei- 
gneur ,  lorfque  quelqu'un  de  fes  Tenanciers  meurt 
lur  fa  terre  :  c'eft  d'ordinaire  le  double  du  cens  an- 
nuel que  doit  l'héritage.  On  ccrivoic  autrefois 
t[ion<yr.e. 

ESSOINÉ.  f.  m.  Vieux  mot.  Peine  ,  fatigue  ,  difficul- 
té. Labor  j  difficukas. 

ESSOINE,  ESSOINE.  Foyei  EXOINE  ,  EXOINÉ. 

ESSOME  j  De  E  (J'omis.  Nom  d'uiîe  Abbaye  de  l'Or- 
dre de  S.  Augullin.  De  Sainte-Marthe. 

ESSONE.  Bourg  de  France  ,  fitué  fur  la  petite  rivière 
d'Etampes,  vis-à-vis  de  Corbeil.  £.vo/?a  j  ^V.vu/w  , 
Exona  Parijlorum.  Il  eft  à  lept  lieues  de  Pans  j  & 
à  pareille  diftance  de  Fontainebleau.  Ejjone  eft 
fort  ancien  ,  &  il  en  eft  fouvent  parlé  dans  nos 
Ecrivains. 

ESSONIER  ,  ou  ESSONNIER.  f  m.  Terme  de  Rla- 
fon.  G'eft  un  double  orle  qui  couvre  l'Ecu  dans  le 
fens  de  la  bordure.  Cmgulum ,  ambitus,  Umbus.  Il 
vient  du  Grec  t'imut ,  qui  lignifie  ceinture.  En  ef- 
fet ,  c'étoit  autrefois  une  ceinture ,  ou  enceinte  ,  où 
les  chevaux  des  Chevaliers  étoient placés ,  en  atten 
dant  qu'ils  en  eurent  befoin  pour  le  tournoi  ,  & 
qui  étoient  féparés  par  des  barres  &  traverfes ,  com- 
me ils  font  à  préfent  dans  les  écuries.  On  les  appe- 
loit  aulîi  ejjognies.  EJJonier  eft  prefque  la  même 
chofe  que  trejcheur. 

ESSONIER.  v.  a.  Vieux  mot  ,  qui  veut  dire  excufer. 
Excufafe  ,  Si  dans  les  anciens  titres  ejjoniare  ,  exo- 
niare.  Vqye\  Exoiner. 

ESSONNIERE.  f.  m.  Celui  qui  donne  une  excufe  au 
nom  d'un  autre. 

§CF  ESSOR,  f,  m.  Air  découvert  &  libre  qui  defféche. 
A eï païens  j  liber  j  folutus,  aperçus.  Mettre  du  linge 
à  Ve[for. 

fC?  Ce  terme  n'eft  d'ufage  qu'en  parlant  d'un  oi- 
feau  qui  part  librement  pour  s'élever  fort  haut  dans 
les  airs.  Il  fe  dit  particulièrement  des  oifeaux  de 
proie  qui  s'élèvent  fort  haut.  Son  faucon  a  pris 
Veffor. 

^fT  On  a  tranfporté  ce  mot  au  figuré ,  &  l'on 
dit  d'un  homme  qui  débute  ou  commence  une 
chofe  avec  une  forte  de  hardielfe  ,  qu'il  prend 
l'ejjor  ,  qu'il  prend  fon  ejjor. 

fX?"  On  fait  entendre  dans  le  Diétionnaire  de 
l'Académie  Françoife  ,  que  ce  mot  s'applique  aux 
perfonnes  _,  qui ,  après  avoir  été  quelque  temps  dans 
la  fujétion  &  dans  la  contrainte ,  s'en  tirent  tout 
d'un  coup  ,  &  fe  mettent  en  liberté.  Je  ne  crois  pas 
que  ce  mot  emporte  l'idée  de  contrainte  &  de  fu- 
jétion. Il  défigne  fimplement  la  manière  de  débu- 
ter ,  de  commencer  une  chofe  avec  une  certaine 
hardielfe  &  liberté.  C'eft  ainfi  que  l'on  dit  donner 
Yejfor  à  fon  efprit ,  à  fa  plume,  pour  dire  ,  écrire, 
CHi  parler  avec  une  forte  de  liberté  ou  d'élévation. 
Quelque  eiroi  que  prenne  Voiture  j  il  ne  s'élève  ja- 
mais fi  haut  qu'on  le  perde  de  vue.  Bouh.  Il  ne  faut 
pas  qu'un  eiprit  médiocre  prenne  un  trop  grand 
efforj  ni  qu'il  embrafle  trop  de  chofes.  S.  ÊvR.Dès 
que  le  génie  de  la  Pocfie  eft  retenu  par  les  précep- 
resde  l'art,  &:  qu'on  ne  lui  laiffe  pas  prendre  fon 
f//or,  il  perd  tontes  fes  grâces  naturelles.  Id.  En- 
core un  autre  e£or  d'imagination  au  fujet  de  la 


E  S  S  '    ^ 

mort  d'Œdipe.  P.  De  Courbev,  Vous  n'autet  qu'à 
fiiivre  votre  inclination ,  &  à  lailTer  prendre  l'ejfor 
à  votre  génie  ,  pour  répondre  à  nos  efpérances. 
L'Abbé  dEstrees. 

ESSORANT,  ANTE.  adj.  Terme  de  Blafon.  On  ap- 
pelle un  oifeau  ejjforant  ^  alas  expandens  ,  celui  qui 
eft  repréfenté  n'ouvrant  les  ailes  qu'à  demi  pour 
prendre  le  vent,  &  qui  regarde  le  foleil. 

ESSORE  ,  Et.  Vieux  adj.  Emoulfé.  Hebes  ,  hchetatus y 
a  ,  um. 

Essoré  ,  ée.  adj.  Terme  de  Blafon.  Fariusyvariè  imbrl- 
cuus ,  fe  dit  de  la  couverture  d'une  maifon  ,  d'une 
Eglife  ,  d'une  tour ,  ou  d'un  château  ,   quand  elle 
eft  d'un  émail  diftérent  de  celui  du  corps  du  bâti- , 
ment. 

ESSORER  ,  (  s'  )  V.  récip.  Prendre  l'elfor.  Terme  de 
chalfe  ,  qui  fe  dit  des  oifeaux  de  proie  qui  font  fu- 
jets  à  voler  au  loin  ,  qui  ont  de  la  peine  à  revenir 
fur  le  poing  ,  qui  fe  perdent.  Avolarê ,  digredi  lon- 
gitis.  Ces  fortes  d'eileaux  font  fujets  à  sejjorer. 

Essorer,  eft  aulïï  actif,  &  f  e  dit  en  parlant  du  lin- 
ge qu'on  mec  à  l'air  pour  le  fécher.  Arejaccre  ,  ma- 
dorein  j  hunwrem  adimere  jjiccandum ponere  fub  dio. 
Ejjvrer  du  linge  fur  des  perches. 

ifT  Essorer  ,  fe  dit  auiïi ,  en  termes  de  Jardinage  , 
en  parlant  des  oignons  de  Heurs  &  autres  chofes 
qu'on  étend  fur  un  plancher ,  qu'on  lailfe  s'eftliyer 
&  fe  fécher  avant  que  de  les  ferrer  dans  des  boîtes. 
Il  y  a  des  fimples  j  des  herbes  qu'il  faut  lailfer  e/^ 
yôrcr  à  l'ombre ,  de  peur  que  le  foleil  ne  leur  ôte 
leur  force  &  leur  qualité. 

Essorer  la  laine  ,  ou  la  mettre  à  l'évent ,  c'eft  l'éten- 
dre à  l'air. 

On  dit  auffi  Effarer  un  faucon ,  lorfqu'on  le  lailTe 
fécher  au  feu  ou  au  foleil. 

Essoré  ,  ée.  part. 

ESSORILLER.  v.  a.  La  raifon  voudroit  qu'on  dît  ef- 
foreiller-.,  mais  l'ufage  veut  qu'on  dife  Ejjoriller.  Il 
lignifie  J  Couper  les  oreilles.  Aures  preadere  ,  auri- 
busdecurtare  ,  mutilare  ,  truncare.  Ejjoriller  un  chien. 
Au  commencement  du  règne  de  Charles  VIII.  om 
cQorilla  Dojac  j  qui  avoir  été  l'un  des  Miniftres  de 
Louis  XI.  MÉzERAY.  Naudé,  dans  fon  Mafcurat  , 
écxnéfauriller.  L'on  m'avoit  dit  que  tel  Curé,  tel 
Baillif  de  village  ,  telPayfan  avoient  été  efaurillés  ^ 
bâillonnés  parles  Polaquesj  lefquels  j'ai  fu  depuis 
fe  porter  bien ,  &  n'avoir  rien  fouffert  de  fembla- 
ble.  Mascur.  Ejjoriller  eft  mieux. 

On  le  dit  aufti  figurément  dans  le  ftyle  familier  , 
pour  lignifier  ,  Couper  les  cheveux  fort  courts.  Vous 
voilà  tout  ejjorille. 

EssoRiLLÉ  ,  EE.  part  Si  adj.  Auribus  truncatus ,  mu- 
tilus. 

Ce  mot  vient  de  la  prépofition  es  ,  ou  ex  ,  qui 
dans  la  compolition  fignifie  retranchement,  &  du 
nom  Latin  auris  ,  qui  lignifie  oreille. 

ESSOUAHILA.  Petite  ville  d'Afrique  ,, dans  la  Nu- 
midie  :  on  l'appelle  aulfi  Zuahila.  f'^oye:^  ce  mor. 

ESSOUFLER.  v.  a.  Mettre  hors  d'haleine  par  une 
forte  courfe  ou  agitation.  Anhelumfacere  ,  anhelicu 
privare.  Vous  montez  trop  vite  ,  cela  vous  ejfoufiera. 
Ce  Courier  étoit  tout  effoufié  quand  il  apporta 
cette  nouvelle.  Il  ne  faut  pas  tant  le  faire  travail- 
ler tout  d'une  haleine  ,  il  ne  tarderoit  guère  à  %ef- 
foufler. 

EssouFLÉ  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Anhelus.  Crier  comme 
uneperfbnne  effhuflee. Mot. 

ESSOUR.  Vieux  mot  qui  fignifioit  une  fôurce  ,  une 
fontaine.  Il  y  a  dans  le  Diocèfc  de  Rouen  deux  Pa- 
roilfes  appelées ,  l'une  Ernemont  des  EJfours^  ^  l'au- 
tre S.  Germain  des  Ejfuurs ,  en  Latin  S.  Germanl 
de  {oniihus.  ^ 

ESSOURDER.  v.  a.  Rendre  fourd.  Surditatem  inaucf 
re.  Il  fe  prend  au  fens  figuré  pour  Ennuyer.  PoMEr: 
Ce  mot  eft  hors  d'ufage. 

EssouRDÉ,  ÉE.  part.  &  ndj.  Auditu  hebetatus. 

ESSOURISSER.  v.  a.  Terme  de  Manège.  C'eft  cou- 
per un  cartilage  appelé /omJ  ,  qui  eft  au-dedans  des 
nafeaux  du  cheval ,  &  qui  eft  caufe  qu'il  s  cbroue, 
R  r  r  rrij 


868 


ES  S 


EssouRissÉ  ,  EE.  part. 

ESSUCQUER.  V.  a.  Terme  ufité  dans  rAgiicultiire, 
&  qui  veut  dire,  Exprimer  le  lue  des  railins.  Expri- 
mcre.  On  le  fertde  ce  moCjlorfqu'il  eftquellion  de 
tirer  le  moût  de  la  cuve  ,  &  d'en  preller  pour  cela 
la  vendange.  Ainfi  on  dir,  il  ell  i^mps  à' sljucquer 
cette  vendange.  Ce  vmprendra  trop  decouleurli  l'on 
n'c//ic.yz/t' bientôt  cette  cuve.  LiGUR  II  ya  de  l'ap- 
parence que  c'elt  un  mot  de  l'Auxerrois,  patrie  de 
Licer.  Dans  bien  des  Provinces  on  ne  connoît  point 
le  terme  à'ejjucquer.  Cela  s'appelle  tirer  la  goutte 
d'une  cuve ,  tirer  la  ciwe. 

ESSUL  f.  m.  Ce  mot  iignihe  en  général  un  lieu  où  l'on 

•  met  fecher  quelque  choie:  mais  en  particulier  il  le 
dit  du  lieu  où  les  Tanneurs  mettent  lécher  les  cuirs 
tannés.  Locus  madorl  abjlergcnio.  Ce  Tanneur  a  un 
fort  bon  e[fui.  Tous  les  cuirs  font  à  Xejjui. 

fC7"  Les  Chamoifeurs  ,  les  Papetiers  ,  &  plu- 
fieurs  autres  Ouvriers  ont  leur  cjjui  j  un  lieu  ou  ils 
étendent  leurs  marchandifrs  pour  les  laire  lécher. 

ESSUIE-MAIN.  1".  m.  Lingeà  ellayerlcs  mains.  Mati- 
t'iLe.  Il  y  a  des  ejfuie-malns  da.ns  les  Sacnilies  ,  qui 
fervent  aux  Prêtres  à  elluyer  leurs  mains  après  les 
avoir  lavées  ,  avant  la  célébration  de  la  MelFe. 

ff3'  On  donne  le  même  nom  au  linge  dont  le 
Prècre  le  iert  a  l'autel  pour  eiruyer  l'es  doigts  après 
le  layabo. 

(yT  Dans  les  Communautés,  &:  ailleurs  ,  il  y  a 
un  linge  fur  un  rouleau  de  bois  ,  qui  Iert  à  elFuyer 
les  mains. 

ESSUI  -PIERRE,  f.  m.  Morceaux  de  lin  qu'ont  les  fol- 
dats  pour  elFuyer  la  pierre  de  leur  lulil.  Un  effui- 
pierrc  &  une  pierre  de  rechange.  Bombelles. 

ESSUYER.  V.  a.  Pafler  un  linge  par  dellus  un  corps 
mouillé  ou  fuant ,  pour  en  emporter  l'humidité. 
Abjlergtn  _,  detergere.  Ejjuye:^  cette  table,  cette  af- 
fiette  ,  avec  un  torchon.  Ejfuye^  vous  la  bouche 
avec  votre  lerviette.  Les  joueurs  de  paume  fe  font 
fuer ,  frotter  &  elfuyer. 

Essuyer  les  larmes  ,  fe  dit  figurément  pour  confoler. 
Les  Amans  ejfuj enc  ziiémeni  les  larmes  des  veuves 


EST 

EST. 

EST.  f.  m.  Orkns.  Nom  qu'on  donne  à  !a  partie  du 
monde  qui  eft  à  notre  loleil  levant.  On  appelle  vent 
éCEJi  le  vent  qui  fouftle  du  côté  d'Orient.  En  Italie 
on  l'appelle  Levante  ,  ik  partoute  lamerMéditerra- 
née  ^  en  Grec  «3r;)Aifc7-w,  parce  qu'il  vient  du  foleil, 
àsr ,  iM'n  j  en  Latin  turus.  Le  mot  à'EJl  eft  pur  Al- 
lemand. Nous  navigeâmes  trois  jours  par  un  venc 
àîEJl.  On  marque  louvent  ce  nom  par  un  E  feul. 
C'elc  l'ufage  de  la  mer  ,  quand  on  lait  fur  un  vaif- 
feau  le  journal  du  voy.age  ,  de  marquer  les  vents  pac 
la  première  lettre  de  leur  nom.  Après  avoir  couru 
huit  heures  au  NEj  £  nous  crûmes  voir  des  brifans. 
Frézier.  Le  mouillage  ordinaire  ell  à  l'E  i  NE  de 
la  pointe  de  la  Galère  (  nom  du  lieu  (  Id. 

Est,  lignifie  aulli  lecôtéde  l'Horifonqui  rcgardeTO- 
rient.  Nous  avions  tourné  Cap  à  Vtjî.  Les  Illes  du 
Cap  Verd  font  à  l'-fcyZ  de  l'Amérique.  Nous  allions 
de  VEJl  au  Sud.  Notre  route  étoit  Elt-Ouejl  ^  c'eft- 
à-dire  ,  en  longitude  fur  le  même  cercle  parallèle  , 
&  fans  changer  de  latitude  ,  ou  par  la  même  éléva- 
tion du  pôle. 

EST.  C'eftle  nom  de  la  famille  Souveraine  du  Duché 
de  Modène.  La  Maifon  à'EJl.  Gens  Ejitnjis. 

ESTABLAGE.  -v  rÉTABLAGE. 

ESTABLE.  {y         )  ETABLE. 

ESTABLER.  >       -^ ^  )  ETABLER. 

ESTABLERIES.         3  C  HTABLERIES. 

ESTABLETE.  f.  m.  'Vieux  mot.  Durée. 

-ETABLL 
I  ETABLIE. 
ETABLIR. 
ETABLISSEMENT. 
.ETABLURE. 


■  Foyei . 


Heureux  qui  fît  couler  vos  larmes  j 
Plus  heureux  qui  les  effuyeta.  S.  EvR. 

Essuyer  ^  fe  dit  aufll  des  périls  &  des  difficultés  où 
Ton  s'expofe  ,  &  qu'il  faut  foutîrir  ou  surmonter. 
perferre  i  fuflinere.  Pour  aller  à  cette  attaque  il  a  lallu 
c^/àjer  tout  le  feu  de  la  courtine.  Il  zhitnejjuyé  enix 
vie  des canonades &  des moufquetades.il ejj'uyon  de 
vingt  pas  les  falves  par  rang  d'un  gros  bataillon 
ii'Erpagnols.  BussxRab.  La  quantité  defottes  vifitcs 
qu'il  faut  ej/iy^rePtcaufe  que  je  demeure  feul.  Mol. 
E(fuyer  la  gravité ,  le  ris  amer  &C  le  laconifme  d'un 
Aîiniftre-  La  Bru  y.  Perfonne  n'a  tint  e[juye'  de  cen- 
fure  ,  ni  reçu  tant  de  louanges  que  moi.  Mén.  Je 
ne  fuis  point  d'humeur  à  e/f«yer  des  relus  offenfans. 
MoL.Jenefii  point  e//«ver  les  outrages  d'un  faquin. 
BoîL.  La  plus  brillante  fortune  ne  vaut  pas  les  hu- 
miliations ,  ni  les  hontes  qu'il  tant  essuyer.  La  Br. 
Il  ell  bien  dur  d'essuyer  les  fiertés  d'un  vainqueur 
infolcnt.  S.  EvR.  On  fuit  la  converlation  d'un  Sa- 
vant chagrin  &  févère  ,  on  voudroit  bien  profiterdej 
fes  lumières  ;  mais  on  ne  veut  pas  essuyer  {^  mau- 
vaife  humeur.  S.  Evr.  Avec  un  ami  fidelle  ,  quel- 
que bifarreriedudeftin  que  j'aie  d'ailleurs  à  essuyer, 
Je  défie  la  fortune  de  me  rendre  malheureux.  Id. 
Essuyer  des  injuftices. 

Je  ne  fuis  point  d'humeur 
^vouloir  d'une  belle  elfuyer  la  froideur.  Mol. 

^C?  Essuyer,  en  parlant  du  vent  &  du  foleil,  eft 
fynonyme  à  fécher.  Le  vent ,  le  foleil  a  essuyé  les 
chemins.  La  terre  qui  a  été  trempée  par  la  pluie ,  eft 
bientôt  essuyée  pendant  l'été.  Siccare  j  exficcare. 

Essuyé  ,  ée.  part. 


ESTABLI. 

ESTABLIE. 

ESTABLIR. 

ESTABLISSEMENT 

ESTABLURE. 

ESTAC ADE.  f  f.  PalilTàde  j  pieux  fichés  en  tet te  ,  Se 
particulièrement  dans  des  eaux  ,  pour  empêcher  le 
palTage  ,  ou  fermer  l'enrrée  d'un  port.  Pallatio , 
vallatio.  On  fit  une  eflacadc  fur  lellraii  du  côté  de 
Nieuport.  Bussi  Rab. 
•  ^CT  On  donne  le  même  nom  à  ces  pieux  plantés 

&  alfemblés ,  pour  empêcher  les  glaces  d'entrée 
dans  un  bras  de  rivière  où  les  bateaux  font  à  l'a- 
bri. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  ftecchie  ,  qui  eft  une  ef- 
pècede  paliflade.  Du  Cange  le  dérive  à^flaca  ,  qui 
ngnifieun  pieu  fiché  en  terre.  Les  Anciens,  quand  ils 
faifoient  leurs  duels  en  champ  clos ,  les  appeloieot 
efiache. 

ESTACHES.  f.  m.  pi.  Pieux,  poteaux  ;  on  dit  les  eS' 
taches  d'un  pont.  Le  feu  eft  aux  eltaches  ,  pour  dire  , 
le  feu  eft  aux  poutres.  Guiart,  qui  eft  en  Manufcric 
à  la  Bibliothèque  du  Roi. 

A  doulourcs  &  à  hafches  , 

Vont  defrompant  pieux  &  eftaches. 

Et  c'eft  del  à  que  vient  efîacade. 

L'Épitaphe  de  Pierre  de  Carville  ,  Maire  de 
Rouen  ,  enterré  dans  l'Abbaye  de  Saint  Oucn  ,  fi- 
nit ainfi  : 

Orprie^  que  merchi  li  fâche 
Chil  qui  fui  battu  en  /'eftache. 

C'eft-à-dire  ,  à  la  colonne.  Ce  Pierre  de  Carville 
pourroit  bien  être  celui  qui  a  bâti  la  Chapelle 
qu'on  appelle  du  Dieu  battu  près  des  fourches  pati- 
bulaires. 

ESTACLE.  Terme  de  Marine.  Voye\  Itacle  ,  c'eft 
la  même  chofe.  On  l'appelle  aufli   eflagle  ou  étagle. 

$3-  ESTADON.  f.  m.  Voyei  Étadon. 

ESTAFE.  f  f  Termegrivois.  Certaine  rétribution  que 
les  fûuteneurs  &  autres  gens  de  cette  forte  exigent 
des  femmes  de  débauche,  &  de  ceux  qui  tiennent 
des  jeux  publics. 


Tous  ces  mors  viennent  du  Latin  exfudarc  ,  qui  ESTAFETTE,  f  f.  Terme  de  Pofte.  C'eft  un  courrier 


fignifie  en  cette  occiCion  fudorem  extergere. 


1     qui  court  avec  deux  guides ,  comme  il  arrive  au 


EST 

grand  ordinaire.  Curfor  blnis  ducioribus  comhatus. 
On  s'ea  1ère  beaucoup  en  Italie.  Nous  avons  em- 
prunté ce  mot  des  Elp.agnols  ,  qui  appellent  Ejlafe- 
ta  ,  le  courrier  ordinaire  qui  porte  les  lettres.  Les 
Italiens  àiinnz Jà^/dtca  j  dà/l.i^'a  ,  étrier 

§CT  Estafette  ,  en  pluheurs  p.iys  le  dit  d'un  courier 
qui  ne  porte  ion  paquet  que  d'une  porte  d  l'autre, 
pour  le  remettre  à  un  autre  courier  qui  le  porte  de 
même  à  la  porte  fuivante. 

§3°  ESTAFFIER.  1.  m.  On  donne  ce  nom  en  Italie  à 
des  domertiques  qui  portent  la  livrée  ,  &  qui  mar- 
chent en  manteau  ,  à  la  dirtcrence  des  laquais  qui 
n'en  ont  point.  Par  extenlîon  nous  appelons  ejifaj- 
/lers  de  grands  laquais.  Servus  grandior  ,  Jlapeda- 
rius  ,  Jiipator.  Le  train  des  Italiens  confirte  en  un 
i^rand  nombre  A'ejîajfiers  j  qui  font  gens  mariés  ,^' 
âgés  de  plus  de  trente  ans ,  &c  qui  foncée  que  les 
laquais  font  en  France. 

Un  Chevalier  d'humeur  hautaine  j 
V enu  d'une  rive  lointaine , 
Suivi  de  vinat  Géants  altiers  , 
Quil  avoir  pris  pour  ertafeers. 

Div".  DE  Sceaux. 

Un  de  nos  Poètes  appelle  le  Démon  j  dans  une 
pièce  badine  l'^A/^?erdeS.  Martm. 

Mais  gare  dans  cette  conduite 
Que  /'ertaffier  de  S.  Martin  j 
£)e  tout  temps  cauteleux  &  fin  , 
Quclquejois  ne  marche  à  la  fuite. 

EsTAFFiER,  fignifie  encore  ces  fouteneurs  de  lieux  pu- 
blics j  comme  il  ert  expliqué  fur  le  mot  efiaje. 

Ce  mot  vient  àtfiapes  ^  Latin  ,  ou  def.:ffa.  Ita- 
lien ,  qui  fignifie  étrier  \  ou  de  l'Allemand  &c  Da- 
nois fiah  ,  qui  fignifie  un  hâton  fur  lequel  on  s'ap- 
puie, parce  que  les  étriers  en  font  l'Ofiice  à  l'égard 
du  Cavalier  ;  ou  bien  de  /lœjf ,  Scfiapa  ,  qui  figni- 
fient  pas  ,  passas  j  veflige  ,  le  marcher  j  l'adtion  de 
marcher 3  incessus  :  c'efi  le  fentiment  d'Icquez. 

ESTAFILADE,  f.  f.  Coupure  faite  ,  principalement 
auvifige,  avec  un  razoir  j  une  épée  ,  en  général 
avec  un  inftrument  tranchant.  Plaga  luculenta.  Les 
Barbiers  mal-adroits  foncfouvenc  en  rafanc  de  gran- 
des ejtafïlades  au  vifige. 

Sais-tu  pourquoi ,  cher  camarade , 
Le  heaujexe  n'ejl  point  barbu  ? 
Babillard  comme  ilefi  ,on  nauroit  jamais  pu 
Le  rase' fans  Q^ioLhïzàQ.       Ménage. 

Estafilade  ,  fe  dit  auflî  familièrement  des  coupures , 
des  déchirures  des  habits.  ^Saj^ura. 'Voilà  un  clou 
où  je  me  fuis  accroché  ,  qui  a  fait  une  grande  cjla- 
filade  à  mon  manteau. 

Icquez  dérive  ce  mot  efiafilade  du  mot  fla^ , 
qui  veut  dire  coup  ,  coup  de  bâton  :  ce  met  JtaffeA 
de  la  langue  des  Francs  ,  qu'Icquez  appelle  Franco- 
Teutifca ,  c'eft  à-dire  ,  Franco-Tudefque.  Ceîte  lan- 
gue elt  l'ancienne  langue  Allemande  ,  cju'on  appelle 
Tudefque;  ou  un  dialed:e  de  cette  langue  que  par- 
loient  les  Francs  avant  qu'ils  fe  fulfent  établis  dans 
les  Gaules. 

ESTAFILADER.  v.  a.  Faire  des  eftafilades.  Cadere  j 
difcerpere.  Il  lui  a  efiafilade  le  vifage. 

Estafilade  j  ée.  part. 

ESTAFORT.  Corneille  dit  mal  Efiahort.  Petite  ville 
de  France  dans  le  Condomois. 

ESTAGE. 


EST 


ESTAGER. 

ESTAGIER. 

ESTAI. 

ESTAIE. 

ESTAIEMENT. 

ESTAIM. 


Voyei^ 


ETAGE. 

ETAGER. 
lETAGIER. 

ETAL 
[ETAIE. 

ETAIEMENT. 
-ÉTAIM. 


ESTAIN  ,  ou  ETAIN.  Ville  de  France  ,  au  Duché 
de  Bar ,  ci-devant  dans  les  Etats  du  Duc  de  Lorraine, 


869 

avec  titre  de  Prévôté,  &  fur  les  confins  du  Veidu- 
noi£.  Long.   23.  J.  ,8'.  Latitude  49  d.  1«'. 

ESTA.N.  :)  .^  r  ETAIN 

ESTAINS.  r^''->'^?{ETAINS. 

ESTAiRES.  Petite  ville  de  Flandres.  Stegra.  On  la 
nomme  en  Flamand  Svgers.  Elle  ert  fur  la  Lys,  au- 
dellus  &L  près  d'Armentièies. 

EST  AL.  y  oyei  ESTE  AU.  Ce  mot  ert  encore  demeuré 
dans  Ion  compolé  pied-d'ejlal. 

ESTAL.  f.  m.  Vieux  mot  hors  d'ufage  il  y  a  long- 
temps. Locus  J  habitaiio  j  ftallum  ,  chez  les  Auteurs 
du  moyen  âge  ,  demeure  ,  place  j  d'où  vient  le  mot 
d'inrtaller.  Du  Fresne,  Glof.de  l'illehard  ,  &  peut 
erre  celui  i^etaltr.  Ainfi  furent  longuement  les  ba- 
tailles des  Pèlerins  .Se  des  Griens  vis-à-vis ,  que  li 
Grien  ne  s'osèrent  venir  férir  en  leur  efial.  'Ville- 
hart.  n.  93. 

ESTALAGE.  -v  .ÉTALAGE. 

ESTALER.  )  f  ETALER. 

ESTALEUR.  /  \  ETALEUR. 

hSTALIER.  #  IeTALIER. 

ESTALÎNCUER.     /  \ETALINGUER. 

ESTALON.  l^  JETALON. 

ESTALONNAGE.     ^^oj^-:^  ETALONNAGE. 

ESTALONNE(  ^ETALONNE- 

M  E  N  T.  \  J     M  E  N  T. 

ESTALONNER.       \  /ETALLONNER. 

ESTALONNEUR.     1  /  ETALONNEUR. 

ESTAMBOT.  j  (  ETAMBOT. 

ESTAMBRAIES.       \      _    ^ÉTAMBRAIES. 

ESTAME.  f.  f.  Laine  tricotée  avec  des  aiguilles  \  ou- 
vrage de  fils  de  laine,  pafies,  enlacés  par  mailles 
les  uns  dans  les  autres.  On  fait  des  bas  à'cfiame  , 
des  gants ,  des  chemifettes  ,  des  bonnets,  &:c.  à'ef- 
tame. 

Estâmes.  On  appelle  ainfi  de  petites  étoffes  de  laine 
qui  le  fabriquent  à  Chalons-lur-Marne. 

ESTAiViENE.  1.  m.  Petite  ertame  ,  ou  etamine. 

Ces  deux  mots  viennent  Aq  Jiamen  Latin,  figni- 
fiant  la  même  chofe. 

ESTAMER.  Foye^  ETAMER. 

ESTAMET.  f.  m.  Petite  étofte  de  laine  ,  qui  fe  fait  à 
Châlons-fur-Marne  ,  iic  aux  environs. 

EST  AMINE.  Foye^i  ETAMlNE. 

ESTAMINET,  f.  m.  Us  fe  prononce.  Efpèce  de  caba- 
ret à  bière  où  l'on  va  boire  &  fumer.  On  donne  le 
nom  à'efiaminet  a.  l'alfemblée  de  buveurs  t"s:  de  fu- 
meurs, &  au  lieu  où  elle  fe  tient.  En  Flandres  les  plus 
gros  marchands  vont  à  Vefiaminet;  ils  s'allemblenc 
là  pour  parler  de  leur  négoce  &:  de  leurs  affaires.  On 
appelle  autrement  ces  fortes  de  lieux  tabagies.  Dans 
l'Ecole  des  Amours  grivois ,  Opéra  comique  ,  joué 
pendant  l'été  de  1744,  le  Théâtre  repréfente  un  Ha- 
meau Flamand.  On  voitdans  l'éloignement  une  ville 
dont  les  remparts  font  détruits  par  le  canon  j  de  l'au- 
tre côté  un  camp  ,  à  la  tête  duquel  ert  une  batterie  de 
canon.  Les  ailes  repréfentenc  des  maifons  de  paylans 
&  des  cftaminets. . . 

ESTAMINIER.  Foye:;  ÉTAMINIER. 

ESTAAÎO  ,  ou  ESTEMO.  Foye^  ESTMAMO. 

ESTAMOIS.  f.  m.  Terme  de  Vitrier.  C'eft  un  ais  fut 
lequel  eft  attachée  une  plaque  de  fer  ou  de  tôle,  où 
les  Vitriers  font  fondre ,  avec  le  fer  à  fonder,  l'étain 
&  la  poix  réfine  ,  dont  ils  fe  fervent  pour  leur  fou- 
dure. 

ESTAMPE,  f.  i.  ImprelTion  d'un  cachet,  ou  autre 
chofe  dure  &  gravée,  qui  marque  fafigure  fur  quel- 
que matière  molle,  tctypum.  Les  Graveurs  font  des 
efiampes  fur  la  cire  ,  pour  faire  voir  les  emprein- 
tes de  leurs  cachets. 

Ce  mot  vient  de  l'Iralien /?û;7;^a  ,  qui  fignifie  la 
même  chofe.  Son  origine  primitive  eÂfiamrJ ,  mot 
Allemand,  qui  fignifie  un  marteau  i  &cfi.mffen^ 
piler ,  parce  qu'on  eftampoit  en  frapant  fur  les 
coins  des  monnoies. 
Estampe,  Empreinte  qui  fe  tire  d'une  planche  gravée. 
L'origine  Acs  Efiampes  eft  de  l'année  1460;  elle 
vient  d'un  nommé  Mafo  Finiguerra  ,  Orfèvre  de 
Florence.  Marc-Antoine  eut  la  gloire  de  mettre  la 


>royeT 


ETANCHE. 
E  T  A  N  C  H  E- 

MENT. 
ÉTANCHER. 
ETANÇON, 
ETANÇONNER. 


S70         ,        EST  EST 

dernière  main  à  cette  invention.  Voyez  !e  Diclion-  Estampiiler  j  «ft  un  terme  de  Papetier.  Ceft  mac- 
naire  de  Peau.  &  d'Arclutcc,  \      quer   le    papier    d'une   certaine   marque.    Chaque 

EsTAMPt ,  fe  dit  plus  particulièrement  d'une  image  \      Manutac>ure  de  Papier  eiUimpiUe  diiicreir.ment. 
en  papier ,  tirée  de  quelque  planche  gravée  &  paf-   Estampille  ,  ee.  part 
.féefous  la  prelTe. /wû^ûyc^Z/^^aj  inaja  inn.L^is  Li-  ,''  '"^  ^^'^' 
vres  à'ejtampes  de  Marc-An«oine  j  de  Lucas ,  d'Al- 
bert, lont  extrêmement  chers,  quand  ils  font  en- 
tiers Hi.  bien  conditionnés.  Les  Peintres  nomment 
eftampes  toutes  les  pièces  gravées  à   l'eau-forte  ,  au 
bunn  &  en  bois.  Les  Marchands  &  le  Vulgaire  les 
appellent  images  \  &  celles  qui  ioiit  fur  le  cuivre  -, 
■tailles-douces. 

On  appelle  à  Rome,  des  écus ,  fous,  &  deniers 

d'or  A'efiampc  ,  en  Italien  dijlampa  ,  des  monnoies 

de  compte  ,  dont  les  Banquiers  Hi  Ncgocians  Ro- 

inains  fe  fervent  pour  tenir  leurs  livres. 

Estampe,  f.  f.  Nom  de  Tulipe  chez  les  Fleuriftes. 

ejiampe  eft  colombin  blanc  &c  incarnat.  Morin. 
Estampes  ,  dans  les  arts.  Ce  font  des  outils  qui  fer- 
vent aux  Serruriers  à  river  les  boutons,  &  à  quel- 
ques-autres ouvriers  pour   eftamper.  Foy.  ce  mot. 
Ces  eftampes  ont  diftérentes  figures. 

^3"  Les  Maréchaux  fe  fervent  auili  i^cflampes  , 
c'eft-à-dire  ,  d'un  morceau  de  fer  acéré,  pour  per 
cer  les  trous  des  fers  qu'ils  attachent  aux  pieds  des 
chevaux. 
ESTAMPER.  V.  a.  Faire  une  empreinte  de  quelque 
matière  dure  &  gravée  fur  une  matière  plus  molle. 
Imprimer  e  ,  exprunere.OneJlampe  la  monnoie  avec 
le  balancier.  Voilà  une  image  qui  elt  bien  ejlampée^ 
bien  nette  ,  bien  tirée. 

Les  Orfèvres  appellent  aulîî  eftamper ,  former 
•des  figures  en  bas  relief  de  lames  de  métal:  ce  qu'ils 
font  fur  des  moules  ou  un  modèle  de  bronze. 

On  le  dit  auili  des  figures  que  l'on  forme  fur  le 
cuir,  pour  en  fliire  des  tapilferies ,  des  ornemens^ 
&c.  Il  y  a  à  Guamanga  au  Pérou  une  célèbre  Ma- 
nufacture de  pavillons  qui  fervent  de  rideaux  pour 
les  lits,  &  de  plufieurs  fortes  d'ouvrages  de  cuirs 
eftampes  &  dorés.  Frezier. 
Estamper.  Terme  de  Chapellerie.  Il  veut  dire  ,  paflTer 
à  plat  fur  le  bord  d'un  chapeau  une  forte  d'outil 
appelé  la  pièce,  afin  d'en  ôter  les  plis,  &  en  même- 
temps  l'égoutter. 
fCF  Estamper,  chez  les  Eperonni'ers.  C'ed  avec  un 
poinçon  de  fer,  donner  de  la  profondeur  à  un  mor- 
ceau ^de  fer  dont  on  veut  taire  un  fonceau. 
^3"  Estamper,  en  termes  d'horlogerie.  Ceft  don- 
ner la  figure  requife  à  une  pièce  &  .à  un  trou  par  le 
moyen  de  l'eftampe,  ou  morceau  d'.icier  trempé. 
Ces  Eftampes  ont  différentes  figures ,  fuivant  les 
différens    ufages  auxquels   on    les   deftine.    Ceft 
toujours  faire  prendre  à  une  pièce  la  figure  d'une 
autre.  Ainfi  on  dit  eftamper  une  roue  de  champ  ou 
de  rencontre,  lorfqu'on  relevé  le  champ  avec  un 
tas  d'acier. 
^Cr  Estamper  un  fer,  terme  de  Manège  &  de  Ma- 

réchallerie.  Foy.  ÉTAMPER. 
Estamper  un  Nègre.  Ceft  le  marquer  avec  un  fer 
chaud,  pour  reconnoître  .à  qui  il  appartient.  Les 
habitans  François  de  l'Ile  de  Saint  Domingue  ont 
coutume  è^ estamper  leurs  Négtes  aullitôt  qu'ils  les 
ont  achetés. 
ESTAMPES.  Foy.  ÉTAMPES. 
^  ESTAMPILLE,  f  f.  Marque  dont  on  fe  fert  en 
plufieurs  états ,  &  qui  fe  met  au  lieu  de  fignature  , 
ou  avec  la  fignature  même,  fur  des  breversj  des 
commiflions ,  des  Lettres  ,  &c.  On  en  mer  aUlli  fur 
des  livres.  Il  y  a  une  eftampille  pour  chaque  manu- 
facture de  papier.  Foy.  ESTAMPILLER. 
ESTAMPILLER,  v.  a.  Diminutif  à'estamper.  Faire 
une  empreinte  de  quelque  matière  dure  &  gravée 
fur  une  matière  plus  molle.  Le  premier  livre  Turc, 
forti  de  l'Imprimerie  de  Conftantinople ,  fut  im- 
primé en    I7i8.  fur  du  papier  laifant  ou  gommé  , 
&  Estamvillé  de  trois   croiirins  en  pal  ,  &   d'une 
Couronne  Impériale  particulière  aux  Turcs.  Obfer- 
vations  fur  les  Ecrits  modernes  ,  corn.  z6,  p.  180, 
x8i. 


LSTAMPUIS.  -i  ^         (    ETAMPOIS. 

EbTAMURH.  ^^^°y^i.\   ETAMURE. 

ESTAN.  Ville  de  France  en  Gafcogne.  Laterra,  Stag- 
num  Linguadoci^.  Baudrand  ,  qui   écrit  Estang  j 
ou  tjian.  EJtan  eft  dans  i'Evêché  d'Aire  j  fur  une 
montagne  ,    &  proche  d'une  petite  rivière ,   qui 
porte  auili  le  nom  A'Estaii.  Cette  rivière  fe  dé- 
charge  dans  le  Midour  alfez  près  de  la  ville  de 
Montaigu,  Baud.  Corn. 
ESTANk^.  adj.  Ciaufus ^  obferatus.  Terme  de  Marine, 
qui  le  dit  d'un  vaiileau  bien  clos  où  il  n'y  a  aucunô 
voie  d'eau ,  qui  eft  bien  capable  de  naviger ,  tel 
qu'il  doit  être  quand  on  le  frette. 
ES'l'ANCE.  f.  f.  Terme  de  Marine.  Ce  font  des  pi- 
liers pofés  tout  le  long  des  hiloires ,  pour  foute- 
nir  les  barotins.  Ils  font  de  la  longueur  de  l'entre 
deux  ponts. 
ESTANCHE. 
£  S  T  A  N  C  H  E- 

MENT. 
ESTANCHER. 
ESTANÇON. 
ESTANÇONNER. 

ESTANFORDE.  Bourg  des  Pays-Bas.  Stenfordia,  Il 

eft  dans  la  Flandre,  fur  la  petite  rivière  à'Estan- 

Jorde  ,  environ  à  deux  lieues  de  Caftel  j  du  côté  du 

levant.  Maty. 

ESTANG.  Petite  ville  ou  bourg  de  Fiance,  dans  le  bas 

Armagnac,  aux  confins  de  l'Eaufan. 
ESTANG.  ■)  S    ETANG. 

ESTANGUES.  3  '  "^^^  \  ËTANGUES. 

ESTANT,  part,  préfent ,  du  latin  Stans  ,  en  état  ^^ 

droit ,  debout.  Bois  en  eftanr.  Foy.  ETANT. 
ESTAOL.  ■\  f    ÉTHAOL. 

ESTAPE.  (    .         3    ETAPE 

ESTAPIER.  Çf'^y^lS    ETAPIER. 

ESTAPLES.  3  (.    ETAPLES. 

ESTAPO.  Ville  de  l'Amérique,  dans  la  Nouvelle  Ef- 
pagne  ,  en  remontant  la  rivière  de  Tabafco ,  qui 
tombe  dans  la  Baie  de  Campêche. 
ESTARKE.  Ville  de  Perfe,  dans  le  Farfiftan  ,  ou  la 
Perfe  proprement  dite  ;  &  c'en  eft  une  des  plus  an- 
ciennes villes. 
ffT  ESTASES.  f.  f.  On  donne  ce  nom  à  deux  pièces 
de  bois  qui  fervent  à  fixer  les  quatre  pieds  du  mé- 
tier d'étoffes  de  foie. 
ESTAT.  Foyeç  ETAT. 

ESTATEUR.  Qui  fiùt  cefflon  de  fes  biens  en  Juftice  à 
fes  créanciers.  Il  eft  ainfi  appelé  ,  parce  qu'il  doit 
préfenter  debout  fes  Lettres  de  bénéfice  de  ceilion. 
Cela  peur  venir  auiîi  du  mot  de  efter,  qui  dans  l'an- 
cienne Jurifprudence  fignifioic  comparoître  per- 
fonnellement  en  Juftice 
EST  AU.  Foy.  ET  AU. 

ESTAVAYEK  ,    ou   ESTAVAYEL  ,    en    Allemand 

Stceffis.  Ville  Se  Bailliage  de  Suiife,  dans  la  partie 

orientale  du  Canton  de  Fribourg.  Long.  24.  d.  50  . 

lar.  4(3.  d.  46'. 

gcr  ESTAV ILEON.   Terme    de   Gantier.  Foyei 

ÉTAVILLON. 
EST  AVER.  Foye:(  ÉTAYER. 

ESTE.  Maty  &  Corneille  difent  qu'on  écrit  aufli  Esr  , 
&  Corneille  paroît  préférer  ce  dernier  à  l'autre.^  Il 
femble  néanmoins  que  l'ufage  foit  pour  Este.  Ceft 
tme  ville  de  l'État  des  Vénitiens ,  en  Italie.  Atcste. 
Elle  eft  dans  le  Padouan  ,  fur  la  perite  rivière  de 
Eacchilione  J,  entre  Rovigo  &  Vicenze.  Maty  dit 
que  c'eft  une  bonne  petite  ville.  Corneille,  citant 
de  Seine  ,  Nouveau  Foy  âge  d'Italie  ,  L.  I.  C.  5.  dit 
que  le  Tyran  Erzelio  la  ruina  vers  l'an  i  ^47.  &  que 
ce  n'eft  plus  aujourd'hui  qu'un  bourg  qui  fait  ce- 
pendant encore  dix  mille  âmes.  Ceft  de  cette  ville 
que  1  illuftre  Maifon  à'Este  a  pris  fon  nom.  Le 
premier  de  cette  Maifon  dont  on  ait  quelque  chofe 
de  sûr,  eft  Azon  I.  Seigneur  à' Este,  furnommc 


EST 

Le  Gtand  Marquis,  qui  vivoi:  dans  le  X  &  XI*^ 
fiède. 
ESTE  /^ojq  ÉTÉ. 

ESTECA.  FoLcereire  du  Tucuman  dans  l'Amérique 
méridionale ,  &  bàcie  par  François  Aguire ,  Gou- 
verneur de  cette  Province,  Van  i^6}.  Del  Techo  , 
Hisc.  Paraq.  L.  1.  C.  lo. 
ESTECO.  Petite  ville  du  Tucuman  dans  l'Amérique 
méridionale.  Esucum.  Elle  eft  à  50  lieues  de  Saitx, 
&  à  Go.  de  Saint  lago.  Elle  ell  fur  le  chemin  du 
Pérou  au  Tucuman.  Elle  leroit  devenue  une  des 
plus  grandes  villes  du  Tucuman ,  li  l'air  n'y  étoit 
pas  mauvais.  Elle  a  50  villages  dans  fa  dépendance. 
H-ïst.  Paraq.  L.  I.  C.  24  6'  2c.  Z.  /^.  C.  20. 
ESTEIGNOIR.         Xj^  S    ETEIGNOIR. 

ESTEINDRE.  Ç'^'^y^r\   ETEINDRE. 

ESTEING.  Ancienne  Baronie,  qui  depuis  a  été  érigée 
en  Comté.  Stagnum.  Le  Comté  d'izsieing  eltdans 
le  Rouerque.  t'steing  a  donné  ion  nom  à  l'anci'în- 
ne  &  noble  Mai  Ion  atsceing.  De  Stagna.  Les 
'D'Esteing  portent  les  armes  de  France  ,  avec  un 
chef  d'or  pour  brifure  ;  &  ils  ont  les  mêmes  livrées 
que  nos  Rois ,  par  conceflîon  de  Philippe  Augufte , 
en  faveur  d'un  Seigneur  de  cette  Maifon  qui  le 
remonta  Se  lui  fauva  la  vie  à  la  bataille  de  Bovi- 
nes en  1214- 
ESTEINS.  \„         S   ÉTEINS. 

ESTEINTE.  f  ^  ^J  ^î  I.  ETEINTE ,  &c. 

ESTELAIRE.  adj.  Terme  de  Challeur,  qui  fignifiu 
Apprivoifé:  un  Get(  escéiairc ^  un  Cert  apprivoilé, 
que  l'on  envoie  dans  les  bois  enfuice  j  pour  aider  à 
prendre  les  autres. 
ESTE  LES.  f  f.  pi.  Foye:;  ÉTELES. 
ESTELIN  ou  ESTERLIN.  f.  m.  Poids  d'Orfèvre  qui 
pefe  28  grains  &  demi.  Il  eil:  moindre  que  le  demi 
gros ,  qui  en  péfe  36.  Il  eft  le  double  de  la  maille  , 
qui  n'en  péfe  que  14.  Uesulin  ell  la  20^  partie  du 
ne  once.   Le  marc  contient  1 60  estelins. 

Du  Cange  die  qu'on  trouve  dans  la  Chambre 
des  Comptes,  qu'il  elt  dit  que  chaque  scerlin  ou 
estelin  ,  doit  pefer  trois  oboles  tournois  j  &  le  fou  , 
douze  oboles  pefant. 
ESTELLA.  Ville  de  la  Navarre  Efpagnole.  Stella  , 
Estella.  Elle  eft  fur  la  rivière  d'Ega,  à  huit  lieues 
de  Pampelune ,  vers  l'occident  feptentrional.  Es- 
tella eft  capitale  d'un  Majorât.  Quelques  Géogra- 
phes la  prennent  pour  l'zncïenneCarnonium  ou  Cur- 
iiovium  j  petite  ville  des  Vafcons  ou  Gafco.ns  an- 
ciens, que  d'autres  placent  à  Carnobio,  village  de 
la  Navarre,  aux  confins  de  l'Arragon. 
ESTEMENAIRE.  f.  m.  Terme  de  Marine.  Les  esté- 
ménaircs  font  deux  pièces  de  bois  ajuftées  aux  ex- 
trémités des  madriers.  Il  y  a  bien  de  l'apparence 
que  ce  mot  vient  du  Latin  extrcmus  j  dernier ,  qui 
eft  au  bout. 


EST 


S 


ESTEMOA. 

ESTEN. 

ESTENDARD. 

ESTEN  DEUR. 

ESTENDOIR. 

ESTSNDRE. 

ESTENDUE. 


•Voye\ 


ESTHEMOA. 

ESTONIE. 

ÉTENDARD. 

ETENDEUR. 

ÈTENDOIR. 

ETENDRE. 

ÉTENDUE. 


ESTENSE.  adj.  Estcnfis.  Ce  mot  ne  fe  dit  point  feul. 
Le  mont  Estenfe ,  Morts  Estenjîs  ^  eft  un  mont  de 
trois  cens    mille    écus  de  capital  que  la   Maifon 
d'Efte  avoir  fondé  fur  elle ,  à  en  prendre  la  rente 
fur   les  revenus   des  biens  qu'elle   polTédoit  dans 
l'Etat    Eccléfiaftique.   Il  s'avança   de  dire  que  Sa, 
Sainteté  fe  chargeoit  de  l'extindion  du  Mont  Es 
tenfe.  L'Ab.  Régn.  _ 
ESTEPA.  Astcra.  Petite  ville  ou  bourg  d'Efpagne.  Ce 
lieu  eft  dans  le  Royaume  de  Grenade,,  aux  confins 
de  l'Andaloufie ,  à  Îk  ou  fept  lieues  d'Écija ,  du  côté 
du  midi.  Maty.  Long.  ij.  d.  25'.  lat.  57.  d.  10'. 
ESTEPONA.  Petite  ville  ou  bourg  d;  l'Andaloufie  en 
Efpagne.  Il  eft  fur  la  côte  entre  Marbella  &  Gibtal 
tar.  Quelques-uns  y  placent  l'ancienne  Ostio ,  pe- 
tite ville  de  la  Bétique ,  que  d'autres  mettent  à  Es 
testa.  Maty. 


ES  i  ER.  V.  n.  Stare ,  adejje.  1  erme  de  Jurlfprudence. 
ifr  Ester  en  jugement,  c'eft  comparoitre  eu  juge- 
ment loit  eu  demandant,  fou  en  défendant,  ou  con- 
ftituer  Procureur  pour  intenter  ou  défendre  une  ac- 
tion. Les  mineurs  ne   peuvent  ejhr  en  jugement , 
s'ils  ne  lont  ailiftés  de  leur  tuteur  ou  curateur  j  c'eft 
même  le  tuteur  qui  eft  nommé  dans  les  aftes  ju- 
diciaires. Il  en  eft  de  même  des  Moines  &:  généra- 
lement de  tous  ceux  qui  font  incapables  des  effets 
civils.  En  pays  coutumiers  les  femmes  mariées  ne 
peuvent  ejUr  en  jugement  fans  l'autorifation  de 
leurs  maris. 
^fT  Ester  à  droit,  en  matière  criminelle  c'eft  compa- 
roître,  fepréfenter  devant  le  Juge  pardevant  lequel 
on  a  été  aftigné.  Un  conmmax  qui  a  lailfé  palier  les 
cinq  années  depuis  le  jugement ,  fans  fe  préfenter , 
ne  peut  plus  ester  à  droit ^  c'eft-  à-dire  ,  être  écouté , 
ni  propofer  fes  moyens  de  juftification  ,  à  moins 
qu'il  n'ait  obtenu  en  Chancellerie  des  Lettres  qu'on 
appelle  Lettres  pour  ester  à  droit. 

Ce  mot  vient  de  stare  in  judkio  owjîstere. 
Ester  ,  fe  prenoit  autrefois  anciennement  pour  héfi- 
ter.  C'eft  en  ce  fens  que  Charles  'VI.  fit  une  devife 
en  rébus  d'une  plante  de  genêt  avec  le  mot  jamais  ; 
pour  dire  ,  genelle  jamais  j  je  nestc  jamais  \  c'eft- 
à-direj  je  n'héhte  point  :  il  en  fit  un  Ordre  de 
Chevalerie  ,  compofé  de  deux  gouiïes  de  genêt  ,^ 
l'une  blanche,  &  l'autre  verte  ;  dont  l'une  écoit  le 
fymbole  de  la  viedlefte,  &  l'autre  de  la  jeunefte 
P.  Men.  Art.  des  Dev. 

Ce  mot  vient  du  Latin  harere  ,  &  l'on  difoit  pro- 
verbialement h^ret  aqua  II  cjle  ou  il  hejite. 
Ester.  Vieux  mot.  Du  Latin  cjj'e  oajijlere  ,  demeu- 
rer ,  rcfter.  Po'cjUs  du  Roi  de  Navarre, 
ESTERAC.  Le  Comre  d'Esterac,  Astaracenfis  Comita- 
tus.  Contrée  de  Gafcogne  en  France.  Elle  eft  en- 
tre le   Bigorre ,  le  Comté  de  Comminges  &c  ce- 
lui d'Armagnac,  dont  il  fait  partie.  La  petite  ville 
de  Mirande  en  eft  le  lieu  principal.  Maty.  On  l'ap- 
pelle  plus  communément  Aftarac.  Corn. 
ESTE  RE  i.  f  Natte  de  joncj  qui  vient  d  Italie,  de 

Provence  &  du  Levant. 
ESTERELLE.  f.  h  Faulfe  Divinité  que  l'on  dit  avoir 
été  autrefois  adoré^  en  Provence,  hsterella.  Bouche, 
dans  fon  Hist  de  Prov.  L.  V.  fed.  2.  p.  7 5  8.  du  I,  T' 
tient  pour  fable  tout  ce  que  l'on  en  dit  dans  la  vie  de 
faint  Armentaire.  Je  tiens,  dit-il,  pour  fufpeél  tout 
ce  qui  eft  ajouté  de  la  Fée  Esrerellc ,  <Sc  de  les  Sacri- 
ficateurs j  qui  donnoient  à  boire  quelques  breuva- 
ges enchantés  aux  femmes  ftériles  pour  avoir  des 
enfans  ;  comme  encore  de  cette  pierre  vulgaire- 
ment dite  La  Lau~a  de  la  fada  ,  où  fe  faifoient  les 
facrifices  de  cette  Divinité.  Car  au  temps  où  vivoit 
St.  Armentaire  (fur  la  fin  du  IX^  fiècle  )  la  Religion 
Chrétienne  &  Catholique  étoit  fi  fort  affermie,  &C 
Il  univerfellement  reçue  en  Provence  ,  que  je  ne 
crois  point  qu'il  y  eût  en  fon  temps  aucun  veftige 
du  Paganifme  ;  quoique  toutes  ces  fortes  de  forti- 
léges  peuvent  avoir  été  faites  en  cette  Province  au 
temps  de  la  Gentilité.  Bouche. 
ESTERLET.  f.  m.  Nom  d'une  efpèce  d'oifeau  aqua- 
tiç^ue.  Il  fe  trouve  des  esterlets  fur  la  côte  de 
l'Acadie. 
ESTERLIN.  f  m.  Sorte  de  monnoie  ancienne  d'An- 
gleterre. Dans  l'Inventaire  des  biens  de  Jean  II.  Duc 
de  Bieragne ,  rapporté  par  D.  Lob.  dans  ÏHist.  dc_ 
Bret.  T.  II.  p.  45  5.  on  lit  :  Item  ,  en  un  autre  grant 
fac  de  grolfe  rcille  étoicnt  LXXVIII.  mars  III.  on- 
ces VI.  estrellins  au  marc  de  Tours.  Sur  quoi  D.  Lo- 
bineau  remarque  que  le  marc  de  Tours  pefoic 
douze  folides  11  deniers  i  obole  estcrlin ,  &c  ren- 
voie à  Pelletier,  Traité  de  la  Livre  de  S.  Benoi't,  où 
en  effet  il  en  parle,  p.  ^Gi.  Vesterlin  ou  denier  es- 
tcrlin^ étoit  la  lo'^.  partie  de  l'once. 

Le  Blanc  dans  fon  Traité  des  Monnaies,  \>.  182  & 
183,  montre  qu'en  1158,1200.  &  jufquen  124s. 
le  marc  d'argent  valoir  i  ?  fous  4  deniers  eflerlins 
Saint  Louis  en  i2(Î2.  à  la  ToulTaints,  donna  cours 
aux  f/?e/-/i/2j,  jufqu'-à  la  mi-Août  pour  quitte  de- 


niers  iGurnois;  après  quoi  il  les  décria  entièrement. 
En  12:89  &  ii^p,  fous  Philippe  le  Bel,  le  bon  de- 
nier steriin  n'étoit  évalué  qu'à  quatre  deniers  tour- 
nois. En  1195.  le  marc  de  bons  &  loyaux  sudim 
eft  du  poids  de  1 5  fous  4  denxrs.  Auiii  les  deniers 
esieriins  d'Angleterre  furent  de  même  loi  &  de  mê- 
me poids  pendant  137  ans  ,  &C  ils  valoient  de  notre 
Hionnoie  courante  environ  }i.~  deniers.  Le  Blanc. 
On  uowve  Esteriin,  EscrJIin  jEsierlingj  Sterling, 
ou  Streling.  Foj€{  Steiuin.  _ 
rERLiN ,  f.  m.  Sorte  de  poids  ancien.  Foy.  Pelletier 


EST 

fondé  fur  Jofué  XXI.  14.  où  Jofuc  rapporte  les 
villes  des  Tribus 'de  Juda  ik  de  Siméon  qu'il  donna 
aux  Lévites  &  aux  Prêtres.  Ainfi  l'on  en  conclue 
très-bien  qu  elle  n'eft  pas  la  même  que  VEJIhemo  , 
qui  étoit  de  la  tribu  de  Dan  ;  mais  on  n'en  peut 
pas  conclure  ,  comme  fait  M.  Reland  ,  qu'elle  fût 
de  celle  de  Juda.  Peut-être  étoit-elle  de  celle  de  Si- 
méon. EJlhenwa  s'écrit  en  Hébreu  ,  par  y,  ain,  a 
la  fin  ,  yoriDiS  j  au  lieu  (\\xEjihcmo  s'écrit  par  un  n, 
he.  Ce  qui  a  trompé  le  P.  Lubin  ,  c'eft  qu  en  Latin 
ces  deux  noms  s'expriment  de  la  même  manière  j 
EJlliemo. 


£sT_- 

Traité  dclalhre  de  ScSanolc,&C3.nvnoiSTEKi.iH 

Car  c'ellainfi  que  nous  difons  6c  que  nous  écrivons  ESTHER.  f.  t.  Nom  de  temme.  Efcner ,  Efiera  ,  a. 

oiiîoiif.l'hiii  C'eft  ane  Juive  j  captive  en  Perfe  ,  ou  dans  la  Su- 


ijour 

ISTERNIR.  V.  a.  Donner  un  coup  h  violent,  que  la 
perfonne  paroilfe  morte,  &  tombe  fans  mouve- 
ment fur  la  place  \  1!  eft  tout-à-fait  hors  d'ufage  .•  au 
moins  ne  le  trouve-t-on  que  dans  le  Diétionnaire 
de  Nicot,  qui  le  fait  venir  du  Latin  stemsre. 
ESTERNUER.        \iroveA    I^ERNUER. 
ESTERNUMENT.  Vy^^X   ÉTERNUMENT. 
ESTERP.  Bourg  de  France  avec  Abbaye.  Styrpum.  Il 
eft  dans  le  Limoufinj  à  huit  lieues  à  l'occident  de 
Limoges.  L'Abbaye  à^Escerpàs  l'Ordre  de  S.  Augu- 
ftin,fuc  fondée  Tan  loyo. 
ESTERRE.  f.  m.  On  nomme  ainfî  fur  les  côtes  de 
l'Amérique  ,  des  embouchures  de  rivières  ou  de  pe 
tirs  ports  j  qui  fervent  pour  embarquer  ou  débat-  j 
quer  les  marchandifes  des  villes  qui  font  plus  avant 
dans  les  terres. 
ESTEVANONS.  Monnoie  de  S.  Etienne  de  Dijon.  Il 
eft  parlé  de  ces  Estevanons  dans  quelques  aéles  rap 
portés  par  Penaid  dans  fon  Rec1!eil  de  Pièces  pour 
l'Hiftoire  de  Bourgogne. 
ESTEVAY.Petite  ville  de  Svn'i^Q.Estzvxa.  Elle  eft  capi- 
tale d'un  Bailliage  du  canton  de  Fribourg.  Estevay 
eft  fitiié  furie  bord  oriental  du  lac  de  Neufchaftel. 
ESTE'V'ENANT.  Vieux  mot  ufité  en  Bourgogne.  Sorte 
de  monnoie  décompte.  C'eft  la  même  chofe  <\\xEf. 
tevanon.  Mais  dans  dans  les  titres  de  Franche-Comte 
je  trouve  toujours  Estevenant.  Lefdits  Bourgeois  doi- 
vent chafcun  an  audit  de  Fontenoy ,  au  Seigneur 
ou  Dame  dudit  lieu  à  chafcunes  Pafques  chaînées , 
chafcun  trois  fous  estevcnans...  La  pièce  pour  douze 
deniers  estivenans  par  an...*.  La  pièce  par  an  poui 
quatre  deniers  estevenans.  Chartre  de  Thiibaut  Sei- 
gneur de  Neufchastel  &  de  Fontenoi  en  Foges  ,  &  de 
Marguerite  de  Bourgogne  fa  femme ,  du  i  Octobre 

ESTEUBLE.  ■%  ")  ÉTEUBLE. 

ESTEUF.  (vov^r  (   ETEUF. 

ESTEUFFIER.  V^^'"^  \  ETEUFFIER. 

ESTEULE.  )  3   ETEULE. 

ESTE'VOIR  i  f  m.  "Vieux  mot  ^  qui  fe  lit  dans  les  Cou 
tûmes  &  dans  quelques-uns  de  nos  vieux  Auteurs: 
on  trouve  aulîi  estouvoir ,  &  estouvitr  Ces  mors  li- 
gnifient tous  befoin ,  néceffité ,  CQ  qui  eft  nécefjaire 
dans  un  ménage.     , 
ESTEZ,  f  m.  "Vieux  mot ,  qui  s'eft  die  peut  Ponts  & 

foifés.  Pontes ,  Jof^.  . 

ESTHAMO ,  ESTHEMOj  ville  de  la  Terre-fainte  , 
fuuée  dans  les  montagnes  de  Juda.  Jof.  XF.  50. Eu 
fébe  dit  que  de  fon  temps  c'écoit  un  grand ''bourg 
'au  midi  de  la  Tribu  de  Juda  ,  au  nord  du  village 
nommé  Anem  \  5i  qu'il  étoit  dans  le  territoire  d'E- 
leuthéropolis.  C'étoit  une  ville  de  refuge  &  Lévi- 
tique.  Elle  fe  trouve  auftî  nommée  Isthemo,  &  dans 
Adrichomius  ,   Istimon. 
ESTHAOL,  ou  EST  AOL.  Nom  de  lieu.  EstaoL  Ce 
fut  d'abord  une  ville  de  la  Tribu  de  Juda  Jo/  XF. 
3  5.  Enfuire  elle  fut  donnée  à  celle  de  Dan  ,  comm.e 
il  paroîtpar  Jof.  X/X.41  &  Liv.  des  Juges  XIII.  2 y. 
Eufébe  la  place  entre  Azote  &  Afcalon  ,  à  dix  mil- 
les au  nord  d'Eleuthévopolis ,  fur  le  chemin  de  Ni- 
topolis.  Elle  écoic   fuuée  dans  la  plaine.  Elle  fe 
nomme  aujourd'hui  Afto^  die  le  P.  Lubin. 
ESTHÉMOA.  Ville  delà  Terre-Sainte  ,  que  quelques 
Géographes  confondent  avec  Efthamo.  M.  Reland 
l'en  diftingue  ,  5c  la  place  dans  la  Tribu  de  Juda  , 


fiane  j  Se  que  fa  beauté  rendit  digne  du  lit  d'Alfué- 
rus  &  du  trône  de  Suze.  EJlher  délivra  les  Juifs 
fes  compatriotes ,  de  la  mort  à  laquelle  AlFuérus 
les  avoir  condamnés  par  les  confeiis  d'Aman  fon 
favori. 

Le  Livre  A'Esther  eft  un  Livre  Canonique  de 
l'Ecriture-Sainte,  où  l'hiftoire  de  cette   Rçine  eft 
racontée.    Liber  Esther.  On   l'appelle  quelquefois 
fimplement  Esther.  Il  eft  dit  dans  £jrA<f/-  IX.  29, 
o^nEsther &  Mardochée  inftituèrent  la  fête  appelée 
Phurim  ,  ou  des  forts.  On  ne  fait  pas  fùremenc  quel 
eft  l'Auteur  du  Livre  d'Esther.  S.  Epiphane  ,  S.  Au- 
guftin  &  Ifidore  l'attribuent  à   Efdras.   Eufébe  le 
croit  plus  récent.  D'autres  croient  qu'il  eft  de  Joa- 
chim  ,  Grand-Prêtre  des  Juifs ,  &  petit-fils  de  Jo- 
fedeck.  Quelques-uns  veulent  qu'il  au  été  fait  par 
TAlfemblée  ou  la  Synagogue  des  Juifs,  à  laquelle 
les  Lettres  de  Mardochée  furent  rendues.  Esth.IX. 
^o.  Mais  le  plus  grand  nombre  des  Interprètes  Hé- 
breux ,  Grecs ,  Larins  ,  &c.  le  donnent  à  Mardo- 
chée. C'eft  le  fenciment  d'Elias  Levira  ,  Maff.  ha- 
mum  ,  Pr&f.   3.  qui  le  donne  pour  confiant.  Ces 
Auteurs  croient  que  cela  eft  marqué  dans  le  ch.  IX. 
V.  zo.  où  il  eft  die ,  Mardochée  écrivit  donc  tout  ceci  j 
&  l'euvoya  aux  Juijs  après  l'avoir  écrit.  Ils  penfenc 
encore  c]}à  Esther  y  eut  quelque  part ,    parce  qu'au 
même    chapitre ,    v.   29.    il  eft  dit  que  la  Reme 
Est/ter  Se  le  Juif  Mardochée  écrivirent  encore  une 
féconde  lettre  pour  ordonner  que  l'on  folennisâc 
avec  beaucoup  de  foin  les  jours  des  forts,c'eft-à-dire, 
auxquels  on  avoit  tiré  le  fort  pour  condamner  les 
Juifs  à  mort. 

Quelques-uns. difent  que  ce  livre  n'eft  que  Deu^ 
térocanonique.  D'autres  croient  qu'il  eft  canonique 
jufqu'auX*'  ch.  v-  3.  inclufivement ,  Se  que  le  relie 
n'eft  que  Deutérocanonique.  S.  Jérôme  ,  De  Lyra  , 
Denis  le  Chartreux  ,  Hugues  de  Saint  Cher  Se  Ca- 
jetan  ont  même  regardé  ces  additions  comme  apo- 
cryphes avant  le  Concile  de  Trente  :  depuis  ce  Con- 
cile j  Sixte  de  Sienne  eft  le  feul  parmi  les  Catholi- 
ques j  qui  ait  fuivi  ce  fentiment ,  avec  tous  le  Pro- 
teftans.  Bellarmin  les  a  très-bien  réfutés  dans  fes 
concroverfes  j  L.  I.   De   Ferbo  Dei ,  c.  7.  Foye^ 
aufii  Sanétius  au  commencement  de  fes  Commen- 
taires fur  ce  livre  ,  Serarius ,  Proleg.  C.  FUI.  q.  8. 
Marins,  Proleg.  Q.  III.  fecl.  6. p.  29, 
ESTHUIR.  v.  a.  en  ufage  chez  nos  Anciens,  pour 
dire,  Oter  ou  éviter.  Ce  mot  fe  voit  dans  un  titre  de 
l'Abbaye  de  Saint  Urbain  du  mois  de  Septembre 
1 5  58.  Pour  eflhuir  toute  meue  de  plaitz  qui  eft  hai- 
neufe  j  c'eft-à-dire  ,  pour  ôrer  rout  fujet ,  toute  oc- 
cahon  de  plaider  j  ou  pour  éviter  toute  matière  à 
procès  qui  engendre  des  haines. 
ESTIENNE.  Foy.  ETIENNE. 
ESTIENNETTE.  Foye^  ÉTIENNETTE.  ^      ' 
ESTIEZ,  f.  m.  Nom  d'homme.  C'eft  le  même  que  S. 
Anaftafe  de  Perfe  ,  qui  avant  fon  baptême  s'appe- 
loit  Magundat.  ^/2ûJw7?irj.C'eft  de  ce  nom  ques'eft 
formé  Eftic^.  Voyez  Chaftelain  ,  dans  fes  Noces  lur 
le  12  de  Janvier ,  Se  dans  la  Table  de  fon  Martyro- 
loge ,  T.  I. 
ESTIFLET.f.  m.  Vieux  mot,  que  M.  le  Roux  a  rangé 
dans  fon  Didtionnaire  comique  fous  le  mot  eftiffet , 
qui  a  la  même  fignification.  Cela  veut  dire  une  ba- 
•gacelle,  un  rien,  pas  la  moindre  chofe.  Quand, 

dit 


EST 

dit  Sancho  ,  j'ai  apporté  à  la  fueur  de  mon  corps ,' 
de  bons  écus  d'or  à  la  maifon  ,  ma  femme  s'en  eft 
bien  8c  beau  acheté  de  bonnes  bardes  )  ôc  hormis 
deux  pièces  de  vin  qu'elle  a  fait  venir ,  je  n'ai  pas 
tâté  un  e/iifiet  de  ce  que  j'avois  eu  rant  de  peine  à 
amaffer  ,  &  la  bonne  pièce  en  a  encore  plus  bu  que 
moi.  Hiji.  de  Dom-Quichottc ,  t.  /.  ch.  6. p.  //. 

ESTILET.  f.  m.  Stylus.  C'eftla  même  choie  quejîi- 
/er,  Pugio  ^fica  mïnor.  Quelques  Auteurs  appellent 
elîilctXnJlilet  que  les  Dames  Efpagnoles  portent  or- 
dinairement dans  leurs  bufcs. 

ESTILLE.  Foye:ç  ÉTILLE. 

ESTIMABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  eft  digne  d'eftime  , 
qui  mérite  d'être  eftimé.  ^snmabUis ^dignus  laudc. 
La  veita  edescimah/e.  Ce  livre  eft  estimable  par  la 
doctrine  qu'il  renferme.  Cet  homme  eft  estimable 
par  fa  valeurj  &  cet  autre  par  fa  fincérité.  Othon 
étoit  plutôt  fans  vices  c^estïmable  par  fes  vertus. 
TiLL.  Magis  extra  vitia  quàm  cumviriutibus. 

ESTIMATEUR,  f.  m.  Celui  qui  eft  choifij  nommé 
pour  faire  une  eftimation  ,  pour  déterminer  la  va- 
leur d'une  chofc.  Les  Huilfiers  font  Jurés  Prifeui  s, 
vendeurs  &eftimateurs  des  biens  meubles.  On  nom- 
me des  experts  en  chaque  métier  pour  être  estima- 
teurs des  ouvrages. 

Ce  mot  s'emploie  plus  ordinairement  au  figuré 
pour  fignifier  celui  qui  donne  un  jufteprix  aux  cho- 
fes.  Judex  j  arbiter ,  £stimator,  existimator.  Cet 
homme  fe  connoît  bien  en  ouvrage ,  il  en  eft  un 
jufte  estimateur.  Un  Prince aufll  jufte  estimateur  des 
chofes.  Bussi-Rab.  Un  jufte  estimateur  as  la  gloire. 
Idem. 

Les  biens  les  plus  exquis  doivent  leur  caractère 
A  la  capacité  d'un  juste  eftimateur.  Vilb. 

ESTIMATIF,  adj.  Se  dit  des  procès-verbaux  &  devis , 
où  les  experts  nommés  font ,  article  par  article  , 
l'eftimation  des  réparations  des  bâtimens  dont  les 
Juges  ont  ordonné  la  vifite  ;  après  quoi  l'adjudica- 
tion s'en  fait  au  rabais.  Un  devis  estimatif. 

ESTIMATION,  f.  f.Prifée  ou  évaluation  d'une  cliofe, 
&  quelquefois  fa  jufte  valeur,  ou  la  femme  qui  en 
repréfente  la  valeur,  ^stimatio  ,pretium.  Cette  fen- 
tence  ordonne  que  les  meubles  faifis  feront  rendus  j 
s'ils  font  en  nature  ,  finon  leur  jufte  valeur  &  esti- 
mation.On  nomme  des  Experts  pour  faire  la  vifite  , 
prifée  &  estimation  des  ouvrages  j  des  meubles , 
&c.  On  dit  auffî ,  juger  d'une  chofe  par  estimation  , 
c'eft-à-dire  ,  à  peu-près,  en  fuppofant  quelque  va- 
leur certaine ,  pour  juger  d'une  fomme  incertaine. 

Estimation  ,  ou  estimative  :  en  Lyonnois  le  peuple 
dit  efme  ,  8c  proverbialement ,  tu  n'as  point  à'efme 
tu  n'as  point  d'efprit ,  tu  ne  fais  pas  eftimer  les  cho- 
fes ;  acheter  à  l'efme  ,  pour  acheter  à  la  main  ,  c'eft 
à-dire  ,  à  V estimation  Se  non  au  poids  :  delà  eft  ve- 
nu le  proverbe  commun  en  ce  pays-là  en  forme  de 
rébus.  Tu  n'as  pas  d'e/me ,  vas  en  prendre  à  Tré- 
voux ;  parce  qu'on  y  forgeoit  des  liards  marqués  à 
l'M  ,  pour  la  Maifon  de  Montpenfier  ,  Souveraine 
du  Pays  de  Dombes.  P.  Men. 

ESTIMATIVE,  f.  f.  Connoilfance  ou  faculté  de  l'ame 
qui  nous  apprend  à  juger,  &  eftimer  des  chofes. 
yEftimandi ,  judicandi  facultas ,  peritia.  Il  faut  qu'un 
Iw^ftxiiQxxvaÀiV estimative  bonne,  pour  connoître  de 
loin  la  longueur  d'une  courtine  ,1e  nombre  des  fol- 
dats  rangés  dans  un  camp  ennemi  ;  pour  avoir  ac- 
coutumé long-temps  fon  imagination  à  faire  cette 
eftimation  ,  ce  jugement.  Terme  inufité. 

ESTIME,  f.  f.  Opinion  favorable  que  nous  avons  du 
mérite  &  des  bonnes  qualités  de  quelqu'un  qui  fait 
que  nous  le  diftinguons  des  autres  hommes. -^J^/- 
matio.  L'homme  eft  naturellement  Ç\  malin  ,  que 
s'il  a  de  X'estime  pour  quelqu'un  ,  c'eft  prefque  mal- 
gré lui.  Nie.  Denis  le  Tyran  difoit,  qu'il  favorifoit 
les  gens  de  lettres ,  non  pas  pour  V estime  qu'il  en 
faifoit ,  mais  par  {'estime  qu'on  faifoit  par-là  de  lui. 
K'&L.l^estime  n'égale  pas  toujours  le  refpeél  exté- 
ïjeur  j  parce  que  l'un  fe  règle  fur  la  raifon  ,  &  l'au- 
Tçme  ///, 


EST  873 

tre  fur  l'ufage.  Port-R.  On  fait  moins  ^zi  ejlime 
que  par  inclination  :  la  raifon  eft  que  Yejtime  eft 
comme  étrangère  chez  nous ,  £;  que  c'eft  une  juf- 
tice  que  nous  fommes  obligés  de  rendre.  S.  Evr.  En 
écrivant  à  une  perfonne  au-deiïus  de  nous,  il  n'eft  ni 
alfez  civil,  ni  alfezrefpeclueux,  de  l'airurer  qu'on 
a  de  V estime  pour  elle  :  mais  ce  mot ,  accompagné 
de  quelque  autre  qui  le  relevé  ,  n'a  rien  de  cho- 
quant. L'e/lime  des  gens  qui  favent  juger  eft  la  feifle 
dont  il  faut  fe  réjouir.  C.  de  M.  L'estime  mmaelk  de 
deux  amis  eft  toujours  le  premier  lien  qui  doit  fer- 
rer leurs  nœuds.  S.  Evr. 

Démêle:^ la  vertu  d'avec Jes  apparences  ; 
Ne  hafardei  jamais  votre  eftime  trop  tôt. 

M0LIERE4 

i'eftime  bienfouvent  va  plus  loin  qu'on  nepenfe.Q„ 

Z'eftime  &  le  respect  font  de  jujles  tributs  _, 
Qu'aux  plus  fers  ennemis  arrachent  les  vertus. 

Idem< 

UCT  Corneille ,  dans  la  Tragédie  de  Nicoméde  , 
a  dit  j  faire  efime  de  quelqu'un. 

Et  vous  ojfenferiei  /'eftime  quelle  enfuit. 

Cela  n'a  jamais  été  François  ,  dit  Voltaire  ,  oti  a 
de  l'estime  ,  on  conçoit  de  ['efime ,  on  fent  de  i'ef- 
time ;  &  c'eft  précifément  parce  qu'on  la  fent,  qu'on 
ne  la  fait  pas.Par  la  même  raifon  on  fent  de  l'amour, 
de  l'amitié;  on  ne  fait  ni  de  l'amour,  ni  de  l'amitié. 

§3°  Estime  ,  en  termes  de  Marine  ,  fe  dit  du  calcul 
que  le  pilote  fait  tous  les  jours  du  fiUage  du  vaifleau 
afin  de  juger  à  peu  près  du  lieu  où  il  eft  ,  &  du  che- 
min qu'il  a  fair.  ^stimatio  ,  conjectura  j  judicium. 
La  plus  grande  fcience  du  Pilote  est  de  favoir  faire 
une  bonne  efime.  Le  lendemain  ï'efime  nous  pré- 
céda un  peu  ;  le  jour  fuivant  au  contraire  nous  la 
précédâmes.  Frézier.  Nous  trouvâmes  un  jour  avoir 
fait  25  lieues  ;  lorfque  l'estime  n'en  donnoit  que  16: 
ces  erreurs  venoient  des  courans.  Id.  L'estime  esc 
beaucoup  facilitée  par  les  Tables  loxodromiques. 
Le  P.  Defchales  a  bien  écrit  fur  l'estime  j,  &  furtouc 
ce  qui  regarde  la  théorie  &  la  prarique  du  pilotage. 

ESTIMER,  v.  a.  Prifer  j  déterminer  le  prix  &  la  va- 
leur de  quelque  chofe. -<^^r//;:are, d'où  le  mot  Fran- 
çois est  pris.  Le  Roi  a  fait  estimer  ces  hétitages  en- 
fermés dans  fon  parc  ,  pour  en  payer  la  valeur  aux 
propriétaires.  En  troc  chacun  estime  fes  denrées 
plus  qu'elles  ne  valenr. 

Estimer,  fe  dit  aulîî  en  chofes  Morales,  pour  faire 
cas  ,  avoir  de  l'estime,  f^ov.  ce  mot.  On  ne  fauroic 
noç  estimer  lî  vertu  ,  la  liberté  ,  les  gens  fincères, 
les  vrais  amis.  Cet  Officier  s'est  fait  fort  estimer  par 
fon  Général  ;  il  s'est  fait  estimera,  la  Cour.  On  hait 
naturellement  tout  ce  qu'on  estime  beaucoup  ,  & 
qu'on  ne  fauroit  aimer.  S.  Real.  Quoique  l'estime 
des  hommes  flatte  plus  notre  vanité  que  leur  amour 
il  vaut  mieux  en  être  aimé  que  d'en  hte  estimé. 
Nic. 

Que  vous  fert-il  qu'un  jour  l'avenir  vous  estime. 

BoiL. 

Sur  quelque  préférence  une  estime  fe  fonde  ; 
Et  c'est  «'estimer  rien  j  ^«'estimer  tout  le  monde. 

Mol. 

|/3"On  le  ditavec  le  pronom  perfonnel.  C'esc 
une  injustice  de  vouloir  être  aulfi  estimés  qu'on  %  es- 
time ,  parce  qu'il  faut  toujours  fuppofer  qu'on  s'es- 
time trop. 
Estimer,  fignifie  aufli ,  a"oir  quelque  opinion  ,  quel- 
que croyance  d'une  chofe  j  bien  ou  mal  fondée  ; 
penfer  ,  croire j  préfumer  qu'une  chofe  est,  ou 
n'est  pas  ainfi.  Conjlc.re  ,  judicare  ,  oplnari  ^  per- 
fuadere  fbl.  Il  n'y  a  perfonne  qui  n  estime  qu'il  a  de 

Sffff 


S74  EST 

i'efpnc.  Le  peuple  esdme  que  c'est  le  foleil  qui  tour- 
■  ne,  &  bien  des  Astronomes  fuppofent  que  c'est  k 
terre.  Quand  on  voyage  par  eau  ,  l'œil  estime  que 
c'est  le  rivage  qui  fe  meut ,  qui  s'éloigne.  Dans 
cette  acception  il  est  neutre  ,  &  quclquctois  aârif. 
Ils  repondirent  qu'ils  esdûioiencla. pldCQ  imprenable. 
Vaug.  Au  reste  ce  terme  n'est  pas  du  style  noble. 
Estimé  ^  ée.  part.  jSstimatus  ,  crediciu  ,  prohatui 


ETINCELANT. 

ETINCELLE. 

ETINCELLE- 

M  E  N  T. 
ETINCELER. 
ETINCELETTE. 
oy.  ETIOLER 


ESTINCELANT 

ÏSTINCELLE 

ESTINCELL  l.\ro\ei 
MENT. 

ESTINCELER. 

ESTINCELETTE. 

ESTIOLER,  ous'ESTlOLER 

fO*  ESTIOMÈNE.  adj.  de  tout  genre.  Se  dit  en  Mé 
decine  des   ulcères  qui   rongent ,  qui  corrodent , 
qui  confument  les  chairs. 

P.STIOMENE  ,  ÉE  adj.  ou  part.  Terme  de  Médecine , 
mangé  ,  rongé  ,  delîéché.  Monet.  Estïomenus ,  cor- 
rpfus,  ol-efus.Ls  verbe  estiome'ner  (e  ttouve  dans 
NicoT.  Brantôme  ,  dans  le  premier  tome  de  Ces 
Dames  Galantes,  [p.  m.  x+i.  )  piile  d'une  Dame 
£fpagnole  qui  avoit  une  cuilfe  belle  ,  blanche  ,  po- 

'  lie  &  refaite ,  &:  Tautre  toute  sèche ,  exténuée  &  ef- 
tloménée ,  qui  ne  paroilloit  pas  plus  grode  que  le 
bras  d'un  petit  -enfant.  Il  ajoute  (/j.  248.)  qu'il  fe 
voit  force  Dames ,  qui  ne  font  pas  ainfi  estioménées 
de  catharr^s  ,  mais  qui  font  fi  maigres ,  dénuées , 
afféchées  &  décharnées  ,  qu'elles  n'en  peuvent  rien 
montrer  que  le  bâtiment. 

Ce  mot  est  Grec  ,  il  vient  de  è<5('((»,  manger.  Il 
y  a  des  Auteurs  qui  l'appellent  en  Latin  ignisjacer , 
eryjipelas.  NicOT. 

ESTIRE.  -  \  vS  ÉTIRE. 

ESTIRER.  S  ^  ""y"^  l  ETIREPv. 

§cr  ESTISSEUSES.  f.  f.  &  ESTISSU.  f.  m.  Petites 
tringles  de  fer  lervantdans  les  manufaéturesen  foie 
&  chez  les  Rubanniers  à  retenir  lesRoquetins  &  les 
canons  dans  les  Cantres. 

ESTIVAL,  f.  m.  Nom  d'une  ancienne  chauffure  ufitée 
en  France,  henfe",  homne.  estivale.  Par  les  régle- 
mens  que  fit  le  Dauphin  Humbert  pour  fa  dépenfe, 
&  de  toute  fa  maifon,  il  paroît  que  la  chaulfure 
étoit  en  ce  temps  là  peu  différente  de  celle  d'à-pré 
lent ,  fi  l'on  en  excepte  une  efpèce  de  bottines  qu'on 
appeloit  itfcivalui ,  henfes ,  ou  eftlvaux.  Selon  Du 
Cange,  elles  étoient  alors  fort  en  ufage  parmi  les 
Nobles  &  les  gens  de  guerre  ,  qui  affedoient  d'en 
porter  par  ornement  &  par  diftinétion.  Ces  botti- 
nes étoient  faites  d'un  cuir  fort  mince  &  fort  uni , 
teint  en  pourpre  ,  ou  en  quelqu'autre  couleur.  L'ha- 
bit d'été  qui  laifioit  paroître  la  jambe  àdécouveit , 
donna  lieu  de  rechercher  cette  forte  de  parure  ,  que 
les  longues  robes  d'hiver  faifoient  fupprimer  pen 
dant  cerce  faifon.  Il  femble  que  le  nom  (ïefcivaux 
dont  on  fe  lert  en  quelques  Provinces  de  France  j 
&:  celui  defdvale  ,  parmi  les  Italiens  ,  pour  expri- 
mer ce  qu'on  appelle  botte  en  François,  doivent  leur 
origine  à  l'ancien  mot  eftivalia  ,  qui  n'avoit  point 
une  fignification  fi  étendue  dans  les  temps  dont  nous 
parlons.  De  Valbonnet  j  /.  218. 

ESTI V  AY.  Nom  de  lieu  &  d'un  Monaftère.  Sdvagium. 
Adr.  Valef.  Not.  GalL  p.  330. 

ESTIVE.  f.  m.  Terme  de  Mer ,  qui  fe  dit  de  l'équili- 
bte  &  du  jufte  contrepoids  qu'on  donne  à  chaque 
côté  des  bâtimens ,  pour  balancer  leur  charge  ,  afin 
qu'Us  ne  pefent  pas  plus  d'un  côté  que  de  l'auue  , 
pour  faciliter  leur  mouvementé  leur  cours.  /£qui- 
librium  ,  Aqu'tpondium.  Un  Pilote  doit  avoir  foin  que 
fon  vailTeau  ne  foit  jamais  hors  à'ejuve. 

ESTOC,  f.  m.  Il  fignifie  originairement  un  tronc  d'ar- 
bre, ou  plutôt  une  fouche  morte. C'eft  ainliqu'on  dit 
en  termes  d'eaux  &  forêts  que  les  Marchands  font 
tenus  de  faire  couper  &  ravaler  près  de  terre  toutes 
les  fouches  &  vieux  eftocs  ou  étoc.  Couper  à  blanc 
eftoc  ,  c'eft  abattre  tous  les  arbres ,  &  n'en  réferver 
âucuj.  ! 

^  Ce  mot  fe  dit  auffi  d'un  long  bâton  ferré  par 


EST 

un  bout.  Truncus  ^  hacculus  ferro  munltus.Lespay- 
fans  des  montagnes  &  des  lieux  matécageux  portent 
en  main  des  brins  d'estoc  pour  fauter  par-deffus  les 
canaux  ,  ou  d'un  rocher  fur  Tautre. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  l'Allemand  stock ,  qui 
fignifie  un  6àton  ,  un  tronc  ,  une  fouche  j  tant  pour 
le  propre  que  pour  le  figuré. 
Estoc  ,  lignifie  aulîl  le  fer ,  la  pointe  d'une  arme.  Punc- 
tum  j  actes  ,  cuj'pis.  Ainfi  on  dit  ,  Fraper  à'estoc  &c 
détaille.  Puncitm  &  ajim. 

Y)  estoc ,  c'eft  pointer,  pouffer  le  fabre  pour  le 
faire  entrer  par  la  pointe  ;  de  taille  ,  c'eft  fabrcr , 
donner  dos  coups  avec  le  tranchant. 
Estoc  ,  eioit  autrefois  une  forte  de  groffe  épée  j  nom- 
mée aullî  épée  d'armes.  C'eft  la  notion  qu'en  donne 
Olivier  de  la  Marche  ,  lorlqu'il  parle  des  Tournois 
&  des  joutes  de  fon  temps.  Et  cette  arme  nommée 
aulli  bâton  ,  qui  eft  la  vraie  fignification  à'escoc  ,  ne 
fervoit  que  pour  le  battre  à  pied  j  &  pour  pointer 
&  poufier  ;  Se  quand  elle  étoit  tranchante  ,  elle  fer- 
voit auili  pour  tailler  &  pour  fabrer  :  delà  eft  venue 
Ja  manière  de  parler  à'estoc  &  de  taille  ^  c'eft-à-dire, 
de  la  pointe  &  du  tranchant  d'une  épée.  Notes  fur 
a.  Marot. 
Estoc  eft  encore  une  épée  d'argent  doré  ,  longue  d'en- 
viron cinq  pieds ,  que  le  Pape  bénit  folennelle- 
ment  avec  un  cafque  à  la  lête  de  Noël.  Le  Pape  Be- 
noît XIII.  veut  donner  au  Grand-Maître  de  l'Ordre 
de  Malte  une  marque  éclatante  de  fon  affedion.  Il- 
dépêche  à  Malte  un  de  fes  Camériers  d'honneur  ,  / 
pour  préfenrerà  ce  Prince  Vejloc&c  le  cafque  bénits 
folennellement  à  la  fête  de  Noël.  Vertot. 

Les  Papes  envoient  un  bennet  &  un  ejîoc  bénits 
aux  Capitaines  qui  ont  remporté  furies  Infidèles  & 
les  ennemis  de  la  Religion  quelque  grande  viâoire, 
utile  à  l'Eglife.  Le  Pape  Clément  XI.  vient  d'en- 
voyer au  Prince  Eugène  de  Savoie  le  bonnet  &  Yejloc 
bénits  ,  à  caufe  de  la  viéloire  remportée  fur  les 
Turcs  près  de  Pétri-Waradin  ,  comme  le  Pape 
Alexandre  VIII.  les  avoit  envoyés  au  Doge  de  Ve- 
nife  Francefco  Morofini  \  Innocent  XL  au  Roi  de 
Pologne  Jean  Sobieski,  Galette  du  j.4  Ocl.  1715. 
p.  508. 
Estoc  ,  eft  auflïî  un  inftrument  des  Ouvriers  qui  tra- 
vaillent en  fer  &  en  ouvrages  qui  demandent  quel- 
que poliment.  Il  fert  à  tenir  leur  matière  pour  la 
limer ,  percer  &  façonner.  On  ne  prononce  ni  r.f , 
ni  le  c  de  ce  mot ,  &  c'eft  poui  cela  que  les  Artifans 
l'appellent  étau.  l^oy.  Et  au. 
Estoc  ,  en  termes  de  Jurifprudence  ,  fe  dit  figuré- 
ment  pour  tronc,  ou  fouche  commune  ,  dont  plu- 
fieurs  perfonnes  font  ilFues.  Ainfi  ejloc  fe  dit  figuré- 
mentde  la  liaifon  de  parenté  qui  vient  d'une  com- 
mune fouche  ^  Xefloc  étant  pris  pour  le  chef  dont 
plufieurs  perfonnes  font  defcendues  en  ligne  di- 
rexSe,  &  qui  eft  à  leur  égard  comme  le  tronc  d'un 
arbre ,  dont  plufieurs  branches  font  fotties.  En  La- 
tin on  dit  communis  Jtipes  ,  pour  dire  la  fouche 
commune  dont  plufieurs  defcendans  fonr  ilFus. 

I^CT  Quand  un  père  ou  une  mère  en  mariant  leur 
fille  Itipulent  que  les  deniers  qu'ils  lui  donnent  en 
mariage  ,  lui  feront  propres  à  elle  Se  aux  fiens  de 
fon  ejlûc  &  ligne  ,  cette  claufe  comprend  tous  les 
parens  que  la  fille  peut  avoir  du  côté  de  celui  des 
père  ou  mère  ,  qui  lui  a  tait  le  don, 

|C  Dans  la  Coutume  de  Paris  »  ces  mots  ejloc 
Se  ligne ,  font  fynonymes  ;  mais  ils  ne  le  font  pas 
dans  les  Coutumes  Soucheres. 

|ÏC7"  On  dit  familièrement  ,  Cela  vient-il  de 
votre  eJ?oc  ,  dites-vous  cela  de  votre  ejloc  ,  pour  di» 
rej  de  votre  chef  5  de  vous-même  j  ou  à  l'inftiga- 
tion  d'un  autre  ? 
Estoc  ,  en  termes  de  Joueurs  de  Gibecière.  On  ap- 
pelle faire  l'e/foc,  lorfque  l'on  fait  palfer  la  carte 
de  deffus  delfous ,  fans  que  perfonne  s'en  apper- 
çoive.  Cartam  fup&norem  inferiori  mutare.  Les  Bon- 
neteuts  font  Meftoc  avec  une  adrefTe  merveilleufe  , 
de  forte  que  l'œil  y  eft  trompé,  &  ne  s'en  peut  ?p- 
percevoir. 


EST 

ESTOCADE,  f.  f.  Ce  mot  fignifioit  autrefois  une  lon- 
gue cpce.  l^'ll''s ,  giddius  pr&longi  hafi'dls.  Il  a  été 
un  ti^mps  qu'on  portoit  de  longues  ejlocddes. 

V\.  Végéce  a  appelé  Vejiocade  j, puiicla ,  Scia  tail- 
lade j  cxjà-  C'elt  dans  le  1 1^  chapitre  de  fon  pre- 
mier livre  de  re  miUtan  ,  où  il  loutient  qu'il  faut 
accoutumer  les  foldats  à  happer  d'ell:oc,&  non  point 
frapper  de  taille  \  que  les  Romains  ont  toujours 
frappé  d'ertoc  ,  &  font  venus  aifcment  à  bout  des 
ennemis  qui  ne  frappoient  que  de  taille.  Les  railons 
qu'il  en  apporte  peuvent  être  encore  d'ufage  en  ces 
temps-ci  ,  par  rapport  à  la  manière  dont  fc  battent 
plufieurs  nations  de  l'Europe.  L'<;/?c>a;c/e  j  dit-il  , 
pour  peu  qu'elle  enfonce  ,  eft  mortelle  ,  au  lieu 
que  la  taillade  ne  l'eft  guère  ;  parce  que  les  armes 
&:  les  os  l'empèclient  de  pénétrer  jufqu'aux  parties 
vitales.  De  plus,  la  taillade  découvre  celui  qui  s'en 
fert ,  qui  eft  obligé  de  lever  le  bras  droit ,  &  de  dé- 
garnir tout  fon  côté  droit  j  au  lieu  que  \eJlocadc 
couvre  toujours  fon  homme  ,  &  bielle  l'ennemi  j 
avant  qu'il  puilfe  le  parer ,  ou  même  s'en  apper- 
cevoir. 

Estocade  ,  ne  fe  dit  plus  aujourd'hui  que  d'un  grand 
coup  de  pointe  alongé  ,  &  qu'en  termes  d'Efcrime 
on  appelle  botte.  Ptaga  punclim  inflicla.  Il  a  reçu 
deux  coups  à'cjîocade.  Il  lui  allongeoit  à  tous  coups 
des  ejiocddes  qui  le  faifoient  bien  reculer. 

Estocade  ,  fe  dit  burlefquement  de  la  demande  d'un 
impottun ,  ou  d'un  ekroc  qui  veut  emprunter  quel 
que  chofe.  Dieu  nous  garde  de  tous  préfenteurs 
à'eftocades.  Scar.  Ainli  on  dit  proverbialement  , 
Alonger ,  porter  Xejiocade  à  quelqu'un  ,  pour  dire  , 
lui  emprunter  quelque  lomme  d'argent ,  qu'on  n'ert 
pas  en  état  de  rendre ,  &  que  quelquefois  on  n'a  pas 
intention  de  rendie. 

ESTOCAOER.  v.  n.  Se  battre  avec  une  eftocade.  Di- 
gladiari.  Ces  deux  bretteurs  ont  e/?ûtiZ(fe  long-temps, 
&  ne  fe  font  point  fait  de  mal. 

Estocader,  fe  div  figurément  en  matière  de  difpu- 
tes  ,  de  procès,  pour  dire  ,  fe  prefler  l'un  l'autre 
par  de  fortes  raifons.  Ils  ont  long-temps  ejlocadé  fur 
cette  queftion  ,  &  ils  l'ont  plutôt  embrouillée  que 
réfolue.  Ces  deux  Avocats  ont  ejlocadé  vigoureufe 
ment  tout  le  long  de  l'audience  en  plaidant  une 
telle  caufe  II  n'eft  que  familier. 

Estocader  ,  fe  dit  aulfi  en  ftyle  burlefque  ,  pour  , 
importuner  à  force  de  demander  quelque  chofe.  Les 
Poètes  le  vont  bien  elîocader.  Scar.  On  dit  aulîi  dans 
le  même  ^y\Q^eJfocader  latril^efte  ,  le  chagrin,  pour 
dire,  les  combattre.  Ce  mot  en  ce  fens  ne  peut  for- 
tir  du  ftyle  burlefque. 

ESTOC  AGE.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  C'eft  un  droit 
de  quatre  deniers  qui  eft  dû  au  Seigneur  en  vente 
d'héritages. 

ESTOFFE.  \  j.        f  ÉTOFFE. 

ESTOFFER.  3      "'^'^^t  ETOFFER. 

ESTOI.  Ville  de  Portugal  ,  dans  les  Algarves  ,  fur 
la  côte  méridion  le  ,  à  l'orient  de  Faro.  De  l'Isle  , 
Corn. 

ESTOIER.  V.  a.  Vieux  mot.  Setter  ,  rengainer  l'cpée  , 
comme  qui  auroit  dit  ejluyer,  mettre  en  un  étui.  On 
a  dit  aulîi  ejloyer  j  pour  combatte. 

ESTOILE.  •)  (  ÉTOILE. 

ESTOILÉ.  >  VoyeA  ÉTOILE. 

ESTOILER.  3       "      ^ÉTOILER. 

ESTOIRE.  f.  f.  Vieux  mot  &  inufité  depuis  long- 
temps. Navis  j  clajjîs,  navalis  exerc'uus.  Vos  ptient 
por  dieux  que  vos  aiez  pitié  de  la  tetre  d'olttemer  , 
&  de  la  honte  Jefu-Chrift  vengier ,  comment  ils 
puilTent  avoir  navire  &  e/?o/>e.  Villehard.  n.  i^. 
Mule  fut  belle  celle  ejloire  &c  riche  ,  &  mult  y  avoit 
grant  fiance  li  Cuens  de  Flandre  ,  &  li  Pèlerin  ,  pot- 
ce  que  la  plus  grant  plentez  de  lot  bon  ferians  s'en 
allèrent  en  cette  e/?o/r^.  Id. /i.  15.  En  cel  termine 
mut  uns  efloires  de  Flandres  pat  mer  ,  con  mult 
gtant  plenté  de  bonne  gent  armée.  Id. 

Ce  mot  femble  être  tiré  de  Scolus  j  &  Scolium  , 
dont  les  Auteurs  Latins  du  moyen  â'4e  fe  fervent 
fouvent.  RiGORD.  an.  1 201.  Cejla  Innocenta  Papa  j 


EST  87; 

p.  49.  (5'4.  Tom.  UT.  Hijl.  Francor.  p.  741.  Du 
Fresne  j  Glojf.  de  VUUhart.  Stolus  &  Stolium  vien- 
nent du  Gtec  fôAof  j  qui  a  le  même  fens ,  de  f'M», 
j'envoie. 

ESTOLE.  Voyei  ÉTOLE. 

ESTOLT.  adj.  Vieux  mot.  Rude. 

ESTOMAC,  f.  m.  Tetme  d'Anatomie.  Stomachus  j  os 
ventrkuli.  C'eft  proprement  l'onhce  fupérieur  du 
ventricule  ,  que  quelques-uns  appellent  la  bouche 
du  ventricule.  Il  commence  où  lœlopage  finit  :  il 
eft  d'un  fentiment  très-vif,  à  caufe  de  la  quantité 
de  nerfs  qui  l'environnent  :  il  donne  entrée  aux  ali- 
mens  j  i?c  afin  qu  ils  ne  remontent  pas  dans  la  bou-  ■ 
che,  il  eft  terme  par  une  infinité  de  fibres  charnues 
&  circulaires. 

M.  Lémery  écrit  félon  l'étymologie,  ejlomach  avec 
une  h  à  la  fin  après  le  c,  comme  ftomachale  :  mais 
l'ulage  eft  contraire. 

Ce  mot  eft  Grec,  ^'f*»x't,  &  vient  de  «■«/««  ,  qui 
fignifie  bouche. 

Estomac,  fe  dit  auflîi  du  ventricule  même.  Cette  par- 
tie ,  que  les  Anatomiftes  comparent  à  une  cotne- 
mufe  ,  eft  une  elpèce  de  poche  qui  fe  trouve  fous 
le  diaphragme  entre  le  loie  &  la  rate.  L'on  y  re- 
marque deux  ouvertures,  l'une  fupérieure  à  gauche, 
&  l'autre  inférieure  à  droite.  Par  la  première  ,  que 
l'on  nomme  la  fin  de  l'éfophage  ,  il  reçoit  les  ali- 
mens  dont  nous  nous  nourrillons  :  par  la  féconde , 
que  l'on  appelle  lepilore,  ces  mêtnesalimens  fe  ren- 
dent dans  les  inteltins.  Pour  vivre  long  temps  ,  il 
fiut  avoir  bon  e/lomac.  Le  vomilfenient  eft  unecon- 
vulfion  de  \eJlomac.  Il  ne  faut  rien  donner  aux  ma- 
lades qui  leur  charge  ïejlomuc  ;  c'eft-à-dire  ,  qui  foie 
difficile  à  digérer.  On  dit  aulîi  de  celui  qui  a  la  voix 
forte  ,  qu'il  a  un  bon  ejtomac.  Veftomac  eft  formé  de 
tiois  membranes,  l'intérieure  eft  charnue  ,  celle  du 
milieu  mufculeufe  ,  &i  compofée  de  fibres  ,  partie 
étendues  félon  fa  longueur ,  &  partie  circulaires  : 
l'extérieure  eft  nerveufe.  La  première  eft  ridée  :  c'eft: 
un  tilfu  de  veines ,  d'artères  &  de  neris  ,  femé  de 
glandes  qui  répandent  une  liqueut  qui  a  quel- 
que rapporta  la  lalive.  Les  animaux  qui  ruminent 
ont  quatre  e/?o/7z<7CJ.  Il  parut,  il  y  a  quelque  temps, 
un  Moine  Mofcovite  à  Berlin  ,  qui  propofoit  un 
infttument  pour  nettoyer  Yefiomac.  C'étoit  une  biof- 
fe  toute  femblable  à  celle  dont  on  fe  fert  pour  net- 
toyer les  bouteilles.  Elle  avoit  un  manche  de  fil  de 
fer  couvert  de  foie.  Avec  cette  brolfe  il  prétendoit 
nettoyer  un  ejlomac ,  comm#on  nettoie  une  bouteil- 
le. Mem.  de  Tr.  ^oy.  Ventricule. 

Estomac  ,  fe  dit  abufivement  de  la  patrie  extérieure 
du  corps,  qui  répond  à  la  poitrine  &  à  Veflomac. 
Peclus.  Les  pécheurs  fe  frapent  Vejlomac  en  figne  de 
pénitence.  Quand  on  fe  confelfe^on  fe  frape  trois 
fois  fut  Vejlomac,  endifant  mea  culpa.  Le  creux  de 
V  estomac. 

Estomac,  à  l'égard  des  volailles,  fe  dit  des  chairs 
qu'on  tire  dedelTus  leur  partie  éminente,  quandon 
a  levé  les  ailes  &  les  cullfes.  Un  estomac  de  chapon , 
de  perdrix. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  a  un  ef^ 
tomac  d'Autiuche  ,  qu'il  digéreroit  le  fer  ,  quand, 
il  mange  excelîîvement ,  fans  en  être  incommodé. 

On  appelle ,  en  termes  de  Chimie  ,  Estomacs 
d'Autruches  ,  les  eaux  tortes  qui  digèrent  !k  dilfol- 
vent  tout.  C'eft  particulièrement  une  eau  pliilofo- 
phale  ,  qui  eft  propre  à  diftoudre  tout.  Elle  fe  fait 
avec  de  l'huile  philofophale  ,  le  fublimé  <?c  la  li- 
queur gommeufe. 

lier  ESTOMAQUER  ,  S'ESTOMAQUER,  v.  récip. 
S'oftenferde  ce  que  quelqu'un  dit  ou  fait.  Stoma- 
chari  ,  Juccenfere.  C'eft  un  homme  qui  s'estomaque 
de  tout.  Stomachatur  omniù.  Vous  ne  devez  pas  vous 
estimaquer  de  ce  que  je  n'ai  pas  fait  telle  chofe.  Il 
n'eft  que  du  ftyle  fainiliet. 

§cr Estomaqué  ,  ée.  parc.  Il  me  vint  trouver  un  jour 
fort  estomaqué  d'avoir  été  repris  comme  d'une 
ignorance  ou  d'une  nouveauté  hardie.  Le  voilà  tout 
estomaqué. 

Sffffij 


Îj6  EST 

ESTOMBAR.  Village  de  Portugal.  Estomburum.  Il  eft 
dans  le  petir  Royaume  des  Algarves ,  à  une  lieue 
de  Silves  ,  du  côté  du  midi.  Estombar  ell  un  reftede 
l'ancienne  OQ'onaba  ,  Exonaba  ^  &  Onoba  ^  y'\\\Q 
Epifcopal-e  ,  dont  le  liège  a  été  transféré  à  Silves. 
Mat  Y. 

ESTOMBER.  Voy.  ESTOMPER. 

ESTOMMIR.  V.  a.  Vieux  mot ,  qui  lignifie,  Etonner, 
troubler.  N'y  a  meilleur  remède  de  falut  à  gens  ef- 
tomïs  &c  recrus  que  de  n'efpérer  falut  aucun.  Ra- 
belais, On  a  dit  premièrement  escorber_  à'extur- 
barc  ,  puis  estormer  ^  cstormir  ^  &  enfin  estom- 
.  mir.  Not.  9.  Au  refte  ce  palfage  de  Rabelais  n'eft 
9  qu'une  tradudion  du  vers  354.  du  fécond  livre  de 
l'Enéide. 

Unafalus  viclis ,  nullam  fperare  faliuem  j 

Que  Segrais  a  rendu  par  cet  autre  vers  François. 

Tout  l'efpoir  des  vaincus  est  dans  le  défefpoir. 

ESTOMPER.  V.  n.  Terme  de  DelTinateur.  Ceft  ^  Def- 
finer  avec  des  couleurs  en  poudre  qu'on  applique 
avec  de  petits  rouleaux  de  papier  gris  ,  ou  de  cha- 
mois, dont  le  bout  fert  comme  de  pinceau. 

Ip"  On  appelle  estompe  y  le  papier  ou  le  chamois 
ainfi  roulés  &  barbus  par  le  bout ,  dont  on  fe  fert 
pour  estomper. 

ESTONIE.  Nom  de  la  partie  feptentrionale  de  la  Li- 
vonie.  Estonia  ,  Estlandla.  VEfton'ie  ,  qu'on  nom- 
me autrement  Efien  ,  a  au  midi  la  Lettonie  j  &  la 
Mofcovie  au  levant.  Le  Golfe  de  Finlande  la  baigne 
au  nord,  celui  de  Riga  au  couchant.  Les  principaux 
lieux  de  VEftonie  font,  Nerva  ,  Derpt ,  Félin  ,  Pcr- 
naw  ,  Hapfel  &  Revel  ,  qui  en  eft  la  capitale. 
M.  Corneille  écrit  Efthonie.  Elle  comprend  fept 
^  petites  Provinces  ou  Diftriâs  ,  \E.fthonïe  propre  , 

l'Harrie  ou  l'Harland  ,  le  Wirland  ,  l'Oldempo,  le 
Jervenland  ,  le  WiJcelland  ,  &  l'Aleotaken.  Corn. 

E  S  T  O  N  N  A  M-  ^  ^ETONNAM- 

MENT. /  \     MENT. 

ESTONNANT.        V  Fojeç BÉTONNANT. 

ESTONNEMENT.  Ç  JETONNEMENT. 

ESTONNER.  )  l  ÉTONNER. 

ESTOQUIAU.  f.  m.  Ceft  une  partie  de  la  ferrure  , 
une  petite  cheville  qui  en  tient  le  relFort.  On  'nova- 
tne  midi  efioquiaux  ,  dans  lacloifon  d'une  lerrure  , 
certaines  pièces  de  .'fer  qui  entretiennent  la  cloifon 
avec  le  palaftre. 

ESTOR.  Vieux  mot ,  qui  fignifioit  embarras,  bruit , 
défordre. 

Ce  pourroit  bien  être  la  même  chofe  que  efiour. 
F'oje:^  EsTOUR. 

ESTORCE,  f  f.  Vieux  mot.  Effort.  Conaïus ,   nifus. 

ESTORE  ,  ou  ESTORA.  Ville  ancienne  de  Numi- 
die.  Stora  ,  anciennement  Rujicada.  Elle  eft  au- 
jourd'hui dans  la  Conftantine,  Province  du  Royau- 
me d'Alger.  Sanfon  l'appelle  Stora  dans  fa  Carte 
de  la  Méditerranée.  EJiore  eft  un  grand  &  bon  port 
de  mer  ,  à  douze  lieues  environ  au  levant  de  GoUe 
ou  Collo.  Le  Golfe  à'EJIora  eft  celui  que  les  An- 
ciens nommoient  Laturus  j  ou  Olchachites  (inus. 
Maty. 

ESTORÉE.  f.  f.  Vieux  mot  inufité  depuis  long-temps. 
Armée  navale.  ClaJJls ,  navalts  exercaus.  Le  Roi 
d'Anj^leterre  avoir  fait  appareiller  une  grande  ejlo- 
rée  de  nefs.  Chroniq.  de  Flandres.  Ck.  84.  On  a 
dit  aufti  ejloire.  F'oye^  ce  mot. 

ESTORBR.  V.  a.  On  fe  fert  de  ce  mot  en  Normandie , 
pour  dire  ,  Se  poutvoir  ,  faire  fa  provifion.  Il  vient 
d'auclorare  ,  M.  Huet  ,  tom.  2.  des  V'iff-  rec.  par 
M.  de  Tilladet  ip.  iSç.  iço. 

EsTORBR..  Vieux  mot.  Créer,  ordonner^  arranger. 

ESTORMÎIR.  v.  a.  Vieux  mot.  Alarmer.  On  a  dit  aulli 
eftoumir  ,  pour ,  fe  réveiller. 

ESTORS.  f.  m.  Vieux  &  inufité.  Combat ,  bataille  , 
confliclus.  Voye\  Du  Cange  au  ÇlolTaire  de  ViUe- 
hardoutn. 


EST 

jESTOTILAND,  ou  ESTOTILANDE.  Grand  pays 
de  TAmérique  feptentrionakj  qui  eft  encore  appelé 
la  Terre  de  Laborador,  ou  de  Cortereal ,  ou  la  Nou- 
velle Bretagne.  Eftotdandia  j  Terra  Laboratoits,  ou 
Cortereaiis  ,  Britannia  Nova,  Il  a  au  midi  le  Cana- 
da ,  dans  lequel  on  le  comprend  quelquefois  j  le 
Golte  de  Hudlon  le  baigne  au  couchant  ,  le  dé- 
troit de  Hudlon  au  nord  ,  &  la  mer  de  Canada 
au  levant.  On  ne  connoît  que  les  côres  de  ce 
pays. 

IP"  ESTOU.  f.  m.  Voye^  ÉTOU. 

ESTOUBLAGE.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  Eftoubla- 
gium,  comme  parle  une  chartre  d'Odon  ,  Archevê- 
que de  Rouen  ,  de  l'an  1 1C2..  Ceft  un  droit  qui  fe 
lève  fur  les  blés  j  ou  efteules. 

ESTOUBLE.  f.  m.  Chaume  ,  ce  qui  refte  du  tuyau  de 
blé  fur  la  terre  ,  quand  on  a  fait  la  moilî'on.  Il 
y  a  quelques  endroits  où  l'on  dit  éteule  :  en  Bour- 
gogne on  dit  éteuble  ,  mais  mal.  Liger.  Voye^f^ 
ËTEULE. 

EsTOUBLE  vient  de  Stipula.  Quelques-uns  tirent  fon 
étymologie  de  databis.  Liger. 

ESTOUDEAU.  f,  m.  Un  jeune  coq.  Pomey. 

ESTOUFADE.  /-ETOUFFADE. 

ESTOUFFANT.       ")  \  ETOUFFANT. 

ESTOUFFEMENT.  (  VoyeA  ETOUFFEMENT. 

ESTOUFFER.  (  /  ÉTOUFFER. 

ESTOUFFOIR.        J  ^ÉTOUFFOIR. 

ESTOVOIR.  f.  m.  Vieux  mot  hors  d'ufage  depuis 
trèi-long-temps  ;  Nécelîlité.  Par  eftovoir  ,  par  né- 
celîité.  GloJ]'.  des  Poéfies  du  Roi  de  Navarre.  On  a 
dit  aulii  Estouvier.  f-^oye:^  Du  Fresne  ,  Glolf.  de 
ViUehard. 

ESTOVOIR.  Vieux  verbe  n.  Combattre,  difputer. 

ESTOUPADE.  ■)  C  ETOUPADE. 

ESTOU PE.  S-  Foyei  ^  ETOUPE. 

ESTOUPER.  3  CeTOUPER. 

ESTOUPILLE.  f.  f.  ou  ESTOUPILLON  ,  &  ESTOU- 
PIN.  f.  m.  &  Foy.  ETOUPIN.  Ceft  la  même 
chofe, 

ESTOUR.  f.  m.  Vieux  mot  &  hors  d'ufage ,  qui  figni- 
fioit dans  les  anciens  Romans  combat  j  ayaut  de 
ville.  Difcrimen  ,  certamen  ,  confliclus  j  concurfus. 
L'eftour  des  combattans  fut  rude  &  cruel.  Veftourde 
la  bataille.  On  difoit  aulli  l'eftour  des  vents ,  pour 
dire  ,  une  rencontre  des  vents  contraires  j  d'où  eft 
venu  le  mot  de  tourbillon.  On  a  dit  autrefois  eftour- 
mir  pour  combattre. 

Ce  mot  vient  de  stormo ,  Italien,  qui  fignifie  une 
aftemblée  de  plufieurs  perfonnes  armées  pour  com- 
battre. Ad  ftormium  pulfare  j  c'eft-à-dire  j  fonner 
l'alarme, 

ESTOURDERIE.       ^  r  ÉTOURDERIE. 

ESTOURDL  /  VeTOURDL 

ESTOURDIMENT.V  <^  ÈTOURDIMENT. 

ESTOURDIR.  Ç  j  ÉTOURDIR. 

ESTOURDIS-},^  (ETOURDIS- 
SANT. \''^y^lt     SANT. 

ESTOURDISSE-(  JÉTOURDISSE- 

M  E  N  T.  >  A      M  E  N  T. 

ESTOU  RNE  AU.      \  /ÉTOURNEAU. 

ESTOUTEVILLE,     •'  ^  ÉTOUTEVILLE.   ^ 

ESTRAC.  adj.  Vieux  terme  de  Manège  ,  qui  fe  difoit 
d'un  cheval  qui  a  peu  de  corps  ,  peu  de  ventre  ,  peu 
de  flanc ,  qui  eft  ferré  des  côtes.  Arclus,  On  dit 
aujourd'hui  cheval  étroit. 

ESTRACE.  f.  f.  Vieux  mot.  Extraâion. 

ESTRADE,  f.  f.  Ce  mot  fignifie  proprement  route  pu- 
blique ,  grand  chemin.  Viaftrata,  De-là  vient  cette 
phrafe  militaire,  Battre  l'e/rra^e ,  c'eft-à-dire  ,  en- 
voyer des  coureurs  ,  des  cavaliers  à  la  découverte  , 
pour  avoir  des  nouvelles  des  ennemis ,  &  être  inf- 
truit  de  leurs  difpofitions.  Les  armées  ne  marchen^ 
point  qu'on  n'envoie  de  tous  côtés  des  batteurs  d^/- 
trade.  Il  fut  pris  par  des  foldats  qui  battoient  Xefira- 
</e.  B0UH0UR.S. 

Il  vient  de  l'Italien /rrai/cz ,  qui  fignifie  rue.,  ou 
chemin  ,  qui  eft  dérivé  du  Liùn /irata  ,  qui  fignifie 
rue  pavée.  Quelques-uns  le  dérivent  àEftrudiotSy 


EST 

qui  écoient  des  Cavaliers  qu'on  employoir  à  battre 
Vcjirade. 

On  die  proverbialement ,  Battre  Vefcrade  j  pour 
dire  ,  Aller  en  divers  pays ,  en  diverfes  provinces  : 
le  peuple  fe  ferc  de  cette  exprellion  en  parlant  des 
garçons  de  boutique  qui  vont  travailler  de  ville  en 
ville  ,  avant  que  de  s^établir.  L  infulte  taite  à  Lon- 
dres en  i5(5i.le  dixième  d'Odlobreau  Comte  d  E(- 
trades ,  Ambaiûdeur  de  France  ,  par  le  Baron  de 
Batteville  ,  Ambaindeur  d'Elpagne  ,  ôc  qui  hu 
hautement  réparée,  a  mis  en  vogue  cette  exprellion 
pour  un  temps  ;  mais  ce  n'étoit  qu'une  pointe  ,  & 
une  troide  équivoque  dans  le  fens  qu'on  lui  don- 
noit ,  en  difant.  Que  fait  Batteville  à  Londres?  Il 
bat  Vtftrade. 

Estrade  ,  etl  audi  une  élévation  de  plancher  qui  fc 
fait  dans  une  alcôve  ,  ou  dans  la  moitié  d  une  cham- 
bre ,  avec  des  ais  cloués  fur  des  lambourdes ,  pour 
en  faire  un  réduit  plus  dillingué  &  plus  paré  ,  afin 
d'y  recevoir  les  gens  apparens,  &  que  l'on  conlidé- 
re.  Tabulatum  ^  concignadoy  locus  edkior.  On  con- 
vre  les  efcrades  de  grands  tapis  de  Turquie.  Les  ej- 
trades  des  Divans,  &i  falles  d'audience  chez  les  Le- 
vantins ,  s'appellentyo/i. 

03"  EsTR,ADE   ,    en  Jardinage.  Foye\  Gradins  de 

GASON. 

ESTRADIOT.  f.  m.  Vieux  mot  François  ,  qui  figni- 
fioit  foldac  à  cheval ,  chevau  léger  d'Albanie  ;  &  on 
difoit  autrefois  monter  à  cheval  à  la  Stradiote ,  pour 
dire,  avec  les  étrivières  longues  :  ce  qui  eft  oppofé 
à  la  Ginette  j  ou  à  la  Morefque  ,  c'elVà-dire  ,  avec 
des  étrivières  courtes. 

Ce  mot  vient  du  Grec  «-çaTi'oT-if,  qui  fignifioit  hom- 

'  me  de  guerre.  Nicor.  Les  Vénitiens  ont  eu  fouvent 
de  ces  foldats  à  leur  fer  vice. 

ESTRAGALE.  Aftragalus.  Terme  de  Tourneur.  Petit 
rond  de  bois  noir  qui  fert d'ornementaux  ouvrages 
tournés. 

ESTRASALE  ,    OU  plutôt  AsTRAGALE  ,    COmme    OU    l'c- 

crit,  6c  comme  on  le  prononce  plus  ordinairement, 
eft  aullî  un  terme  d'Architetture.  C'ell  une  petite 
moulure  ronde  ,  qu'on  nomme  ain(i  quand  on 
l'emploie  dans  des  ouvrages  circulaires  j  &  ba- 
guettes ,  quand  on  l'emploie  dans  des  ouvrages 
droits. 

Ce  mot  eft  tout  Grec  :  «r(i«y«AV  fignifie  la  même 
chofe  ,  &C  a  encore  plulieurs  autres  lignifications  j 
qui  ont  quelque  rapport  à  celle-là. 

ESTRAGE.  f.  m.  On  trouve  auili  eftaige  Se  efiage  :  ces 
mots  qui  font  aujourd'hui  hors  d'ufage  ,  lignifient 
enclos  d'une  maifon  de  campagne.  Septum  vilU. 

ESTRAGON,  f.  m.  Dracunculus.  Plante  aromatique 
qu'on  mec  au  rang  des  auronnes.  Cette  herbe  a  les 
feuilles  entières ,  étroites ,  un  peu  longues  ,  &  noi- 
râtres ,  alfez  femblables  à  celles  de  l'hyfope  ,  ou  du 
lin  j  d'un  goùr  très-piquant,  acre  &  aromarique.  Ses 
tiges  font  rondes  ,  d'environ  deux  piedsde  haut,  di- 
vifécs  en  plulieurs  branches  ,  d'où  fortent  de  petites 
fleurs  jaunes ,  aulli-bien  que  fes  fruits.  Ces  Heurs 
font  de  la  même  ftrufture,  &  difpofées  de  la  mê- 
me manière  que  dans  l'auronne  ordinaire  &  dans 
l'abfynthe.  Sa  racine  eft  longue  ,  grêle  ,  &  fort  fi- 
breufe  ;  elle  jette  tous  les  ans  de  nouvelles  tiges.  On 
mange  fouvent  de  cette  herbe  dans  les  falades,  pour 
corriger  la  crudité  &  la  froideur  de  la  laitue  ,  & 
des  autres  Herbes  femblables  ,  &  pour  en  relever! 
en  même  temps  le  goût. 

Les  frians  modernes  ont  rais  en  crédit  le  vinaigre 
d'eftra^m  :  c'eft  celui  où  l'on  fait  tremper  &c  macé 
rer  de  jeunes  branches  à'eftragon ,  jufqu'à  ce  qu'il 
ait  pris  l'odeur  &  le  goût  de  cette  plante.  Veftragon 
fe  nomme  auttement  dragon  ,  ou  targon.  C.Bauhin 
l'appelle  dracunculus  hortenfis.  D'autres  l'appellent 
abrotanum  Uni  folio  acriori  &  odorato.  Vefcragon  for- 
tifie le  cœur  &  l'eftomac  ,  il  aide  à  la  digeftion  ,  & 
eft  eftimé  propre  pour  réfifter  au  venin.  La  plupart 
des  payfans  font  perfuadés  qu'il  peut  préferver  de  la 
pefte  &  de  toute  forte  de  corruption  \  &  en  plufieurs 
endroits  ils  fe  fervent  àïejîragon  ,  comme  on  fe  fem 


EST  877 

ordinairement  de  thériaque  &  d'orviétan. 

On  fait  du  vin  d'ijlragon  en  faifanr  bouillir  des 
branches  de  cette  plante  dans  du  vin  blanc  ,  qu'on 
palle  euluiie.  Ce  vin  ell  propre  à  appaifer  les  dou- 
leurs des  dents  &c  des  gencives  caufccs  par  quelques 
humeurs  vifqueufes  (Se  acides  ;  il  eft  encore  bon 
pour  raifermir  les  dents  8c  les  gencives  des  fcorbu- 
tmies.  On  s'en  ferc  en  le  prenant  dans  la  bouche , 
&  l'y  confervant  quelque  temps.  Foye^  M.  Tour- 
NEFORT,  Elémens  de  Botanique  ^  364.  M.  LÉmery, 
i  raicé  des  alhnens  _,  &c. 
ESTRAIN.  f  m.  Vieux  mot ,  qui  fignifioit  de  la  pail- 
le. Stramen, 
EsTRAiN.On  appelle  ainfi  une  côte  de  la  mer  qui  eft 

plate  &  iablonneufe.  Diction,  de  la  Manïniére. 
ESTRAMAÇON.  Coup  qu'on  donne  du  tranchant 
d'une  forte  épée,  d'un  coutelas ,  d'un  cimeterre. 
Iclus  ci-lim  Hiatus.  On  le  dit  aulîi  de  l'arme  même": 
&  c'eft  la  partie  du  fabre  qui  eft  environ  d'un  demi- 
pied  au-delFus  de  la  pointe.  Acinacis  pars  média. 
Les  Héros  des  Romans  pourfendoient  les  Géans 
d'un  coup  à' efcramaçon. 

Ce  mot  eft  vieux  Gaulois  ,  félon  Ménage  ,  qui 
cite  Grégoire  de  Tours  ,  qui  appelle  ces  armes ycr^z- 
mafaxos  :  ce  que  Borel  dit  être  dérivé  de  l'Alle- 
nxinàfcram ,  qui  fignifie  e/irime.  Il  pourroit  bien 
venir  de  extrema  actes  ^\q  bout  de  la  pointe  du  tran- 
chant. 
EsTRAMAçoN  ,  eft  aufii  la  partie  d'un  bâton  à  deux 
bouts  qui  eft  un  bon  pied  au-delfus  de  la  pointe. 
Avec  le  bâton  à  deux  bouts ,  on  peut  faire  le  demi- 
moulinet  pour  fe  mettre  en  garde  ,  &  aux  ap- 
proches fe  fervir  de  la  pointe  ,  ou  de  \eJlra.macon. 

G  Al  A. 

ESTRAMAÇONNER.  v.  n.  Se  battre  à  coups  d'eftra- 
maçon.  C^dere ,  afim  ferire.  Ils  ont  ejhamaconné  un 
bon  quart  d'heure.  Il  n'a  guère  d  ufage. 

§CF  On  diroit  plutôt  ejlramaçonner  ,  donner  un 
coup  d'eftramaçon.  Il  fut  ejlramaconné  dans  cette 
attaque.  En  ce  lens  même  ,  qui  eft  le  vrai  fens,  il 
eft  peu  ufiré. 

IpT  ESTilAMADURE.  ^oye^  ESTREMADURE. 

ESTRANJE.  l^oyei  ETRANGE. 

ESTRANGEL.  Terme  de  Gramiaaire  Syriaque.  Leca- 
raiilère  Eftrangel ,  EJlrangelus  characler  ,   eit 


„--.„.  .  une 

efpèce  j  une  forme  particulière  des  lettres  Syria- 
ques. Ce  font  comme  les  Lettres  majufcules  de  la 
Langue  Syriaque.  Abraham  Echellenfis  a  cru  que  le 
caradlère  Eftrangel  étoit  l'ancien  &  le  vrai  caraélère 
Clialdaique.  Les  Abyirins,qui  fe  difent  Chaldcens, 
fe  fervent  quelquefois  du  caradère  Eftrangel,  d  l'on 
en  croit  Hottinger  dans  fon  Thefaur.  Philol.  p.  ziG. 
^oyej  fur  ce  caraôl:ère  la  Critica  facra  de  Pfeitferj 
George  Amira ,  dans  fa  Grammaire  Syriaque  ,  & 
Walton ,  dans  fes  Prolégomènes ,  ont  donné  un  Al- 
phabet Eftrangel. 

ESTRANGE-^  ^ETRANGE- 

MENT. XJ^oyeA      MENT. 

ESTRANGER.  j  1  ÉTRANGER. 

ESTRANGER.  v.  a.  Vieux  mot.  Eloigner  ,  écarter. 
Gloif.fui  Marot.  Foye^  ETRANGER. 

ESTRANGETE.  f.  f.  Vieux  mot.  Merveille  ,  nou- 
veauté d'une  chofe  avenue  qui  caufe  un  grand 
étonnemenc. 

ESTRANGLELIEPARD.  f.  m.  Jconitum  pardalian- 
ches.    Voye:^    ACONIT.    C'eft    la    même    chofe. 

NiCOT. 

ESTRANGLELOUP.  tupararia,  lycoclonum  aconitum. 
NrcoT. 

EST  RANG  LE- -y  /"ÉTRANGLE- 

MENT. /  \     MENT. 

ESTRANGLER.        >^oyeç<  ÉTRANGLER. 

ESTRANGUIL-l  iÉTRANGUIL- 

LON.  }  l     LON. 

ESTRAPADE,  f  f  Efpèce  de  punition  militaire  j  dans 
laquelle ,  après  avoir  lié  les  mains  derrière  le  dos  à 
un  foldac ,  on  l'élève  avec  une  corde  au  haur  d'une 
longue  pièce  de  bois  ,  &  puis  on  le  laKIè  tomber 
jufquesprès  déterre,  cnforte  que  le  poids  da  fon 


SyS  EST 

corps  lui  difloque  les  bras.  On  donne  quelquefois , 
julqu'à  crois  d/frdp^c^e^jquelquefois  mêmedavantage. 
1^3°  On  donne  aulîi  le  nom  à'efcrapade  à  l'efpèce 
de  potence  ou  d'arbre  élevé  pour  donner  Yefirapade. 
Trochieucum  paûbulum.  Planter  une  eftrupadc.  Ce 
fupplice  neft  plus  en  ufage  _,  au  moins  en  France. 

|(C?  On  a  donné  le  nom  A'efcrapade  à  quelques 
endroits  où  l'on  faifoic  fubir  ce  fupplice  aux  loldats. 
Il  demeure  à  \efcrapade. 

Ce  mot  vient  du  vieux  mot  François  efcréper ,  qui 
fignitioit  autrefois  b'ifer  ,   extirper  ,  évencrer. 

Estrapade  de  marine.  C'elHe  châtiment  qu'on  fait 
fouffrir  à  un  matelot ,  en  le  guindant  à  la  hauteur 
d'une  vergue  ,  &  le  iailfant  enfuite  tomber  dans  la 
mer,  où  on  le  plonge  une  ou  plulieurs  fois  ,  lelon 
que  le  porte  la  fentence.  C'eft  ce  qu'on  appelle  au- 
trement donner  la  cale. 

Estrapade,  fedit  aulIi  de  ces  tours  de  Bateleurs  qui 
voltigent  fur  la  corde  ,  qui  fe  donnent  la  limpie  ou 
\x  donhlc  efcrapadc,  qui  palfent  une  ou  deux  foisi 
le  corps  entre  leurs  bras  arrachés  à  une  corde  ,  en-' 
forte  qu'ils  paroilfenc  dilloqués  comme  ceux  à  qui! 
l'on  donne  Vejirapade. 

Estrapade  ,  en  termes  de  Manège  j  ell  une  défenfe 
du  ch',-val  qui  ne  veut  pas  obéir,  qui  en  même  temps 
lève  le  devant  ,  &  détache  des  ruades  avec  furie. 
Ce  cheval  donne  fouvent  des  efcrapades  à  fon  ca- 
valier ,  le  fatigue  fort.  Ce  mot  n'eft  plus  d'ufage. 

On  dit  figurément ,  Donns'cX eftrapade ,  la  tortu- 
re à  fon  efprit  ,  quand  on  fe  fatigue  l'efprit  à  quel- 
que chofe  de  difficile. 

ESTRAPADER.  v.  a.  Donner  l'eftrapade  ,  faire  fouf- 
frir le  fupplice  de  l'ellrapade.  PxnariA  trochlcA 
addicere.  Ce  foldat  a  été  condamné  à  être  efirapadé. 

Estrapade,  ÉE.part. 

ESTRAPASSER.  v.  a.  Terme  de  Manège.  Fatiguer  un 
cheval  à  force  de  lui  faire  faire  un  trop  long  ma- 
nège. On  àix.furmener  3  quand  on  lui  a  fait  faire  un 
trop  long  voyage. 

ESTRAPER.  V.  a.  Culmi  reliquias  fecare.  Scier  le  chau- 
me qui  refte  après  le  fciage  des  blés.  L'inftrument 
dont  on  lefert  pour  cela  fe  nomme  eftrapoïre  ,  qui 
ell  un  petit  faucillon  emmanché  d'un  baron  d'envi- 
ron deux  pieds  de  long.  CuLmorum  rcliquiarum  refec- 
torium.  Nicot. 

ESTRAPONTIN.  f.  m.  Petit  fiége  qu'on  met  au  de- 
vant d'un  carrolTe  coupé.  Stratum ,  fedcs  antica. 
On  doit  dire  Strapontin.  Voye\  ce  mot. 

EsTRAPONTiN  ,  ell  auili  une  efpèce  de  lit  fufpendu  en 
l'air  à  deux  arbres ,  dont  ufent  les  Sauvages. 

^ÇT  On  donne  aulH  ce  nom  à  une  efpèce  de  lit 
fufpendu  avec  des  cordes  ,  fur  lequel  on  couche 
dans  \Q%sxi^tz.\x\.  Stratumnauticuin.  Voyc\  Bran- 
le ,  Hamac  &  Strapontin.  Car  c'eft  ainll  qu  il  faut 
dire. 

^  ESTRAQUELLE.  f.  f  Nom  qu'on  a  donné  dans 
les  verreries  à  la  pelle  à  enfourner. 

ESTRASSE.  f  f.  Bourre  de  foie  que  l'on  nomme  au- 
trement Cardaffe.  Le  mot  ellrajje  femble  venir  de 
tric£  :  petits  filets  embarralïans,  d'où  ont  été  for 
mes  intricare  &C  extricare  ,  d'où  l'on  a  fait  intrigue. 
Efcra([e  eft  un  tas  de  filets  embarraflcs  les  uns  dans 
les  autres. 

ESTRAVE.  ^oje^  ÉTRAVE 

ESTRAYER.  adj.  Terme  de  Jutifprudence  ,  qui  n'efl 
plus  en  ufage.  Biens  eftrayers ,  font  biens  étrangers 
dévolus  au  fifc.  Dans  la  fuite  on  a  appelé  de  ce  nom 
toutes  fortes  de  biens  confifqués,  toute  forte  de  con- 
fifcacion. 

ESTRAYERE.  f.  f.  Vieux  mot.  Selon  un  regiftre  de  la 
Chambre  des  Comptes  ,  ce  mot  ell  fynonyme  de 
Confifcation  au  profit  du  Souverain. 


EST 

ESTREE.  On  ne  prononce  pas  \'s.  Vieux  mot  inufité  , 
qui  lignifioic  Chemin.  De  Strata ,  en  fous-enten- 
danc  via.  Etymologique  de  Ménage.  La  Maifon  à'Ef- 
trses  porte  à  fes  armes  fretté  de  fable.  Ces  frerces 
font  des  armes  parlantes  j  repréfentant  des  chemins 
qui  fe  croiient.  M.  Huet. 

ESTREE.  Abbaye  de  France  en  Normandie.  Strata. 
Elle  ell  fuuée  fur  le  bord  de  la  rivière  d'Eure  ,  aux 
confins  des  Diocèfes  d'Évreux  &  de  Chartres  ,  à 
deux  lieues  de  Dreux  vers  l'occident.  L'Abbaye 
à'EJirée  elt  de  l'Ordre  de  Cîteaux  ,  fille  de  Ponti- 
gny  ,  &  ffit  fondée  en  1 144. 

ESTRÈHAM  ,  ou  ESTRÉHAN.  On  ne  prononce  pas 
1'^.  Petit  porc  de  mer  dans  la  Baile-Normandie.  Ef- 
trehanum.  Il  eft  dans  le  Diocèfe  de  Bayeux  à  l'em- 
bouchure de  l'Orne  j  crois  grandes  lieues  au-delfous 
de  Cacn.  Eftrehan  a  titre  de  Baronie  ,  «Se  c'eft  l'Ab- 
belfe  de  S.  Etienne  de  Caën  qui  eft  Baronne  di  Ef- 
trehan. 

C  ÉTREIGNOIRS. 
JETREIN. 


'^-''^  j  ETREINDRE. 


ESTRE,  fiibft 
ESTRE ,  verbe. 
ESTRECHL 
ESTRPCIR. 
ESTRÉCISSE 

MENT. 
ESTRÉCISSURE. 


jETRE. 
'ÊTRE. 
ÉTRECHI. 
*^o>'e^>ETRECIR. 

É  T  R  É  C  I  S  S  E- 

M  E  N  T. 
ETRÉCÏSSURE. 


ESTREIGNOIRS. 

ESTREIN. 

ESTREINDRE. 

EsTREINTE.  3  (  ETREINTE. 

ESTREJURE.  f.  f  Terme  de  Jutifprudence.  Ce  moi 
eft  hors  d'ufage  :  il  veuc  dire  une  chofe  aban- 
donnée. 

ESTRELAGE.  f.  m.  Terme  de  Gabelle.  Sorte  de  droit 
qui  fe  lève  par  quelques  Seigneurs  fur  les  fels ,  lorf- 
que  les  voitures  des  fermiers  palfent  fur  leurs  terres. 
Ce  droit  fe  paie  aujourd'hui  en  argent,  &  il  eft 
défendu  par  l'Ordonnance  iur  les  Gabelles  de  le- 
ver aucun  droit  de  péage  &  ejirelage  en  elfence  fur 
le  fel. 

ESTRELIN.  Foy.  ESTERLIN. 

ESTRÉMADURE  ,  ou  ESTRÈMADOURE.  Nom 
d'une  contrée  d'Efpagne  ,  dont  une  partie  eft  dans 
les  Etats  du  Roi  d'Efpagne  j  &  l'autre  dans  ceux  de 
Portugal  ;  ce  qui  fait  deux  Provinces ,  l'une  d'Ef- 
pagne &c  l'autre  de  Portugal.  La  première  s'appelle 
Ejtremadure  de  Léon  ou  de  CaftiUe  ,  &  la  féconde 
\ Eftremadure  As  Portugal.  Eftremadura.  Ce  nomj.à 
ce  que  quelques  Auteurs  écrivent  ,  s'eft  formé  de 
deux  mots  Latins  Extra  Durum^  au-delà  du  Duéro  ; 

,  &  il  fut  donné  à  ce  pays  par  les  peuples  qui  habi- 
toient  au  nord  de  ce  fleuve  ,  parce  que  c'étoic  à 
leur  égard  le  pays  qui  étoit  au  -  delà  du  même 
fleuve.  D'autres  précendent  que  ce  nom  vient  de  la 
dureté  du  terroir  ,  qui  eft  fort  fec  &  fort  ftérile. 

V Eftrémadure  de  Léon  a  été  ainfi  appelée  ,  par- 
ce qu'elle  étoit  autrefois  du  Royaume  de  Léon^  & 
parce  qu'elle  eft  maintenant  annexée  à  la  CaftiUe, 
on  la  nomme  Eftrémadure  de  CaftiUe.  Eftremadura 
Legionenfis  ,  Eftremadura  Caftcllana  j  ou  Hifpanica. 
Elle  a  le  Royaume  de  Léon  au  nord  ,  l'Andaloufie 
au  midi ,  le  Portugal  au  couchant ,  &  la  nouvelle 
CaftiUe  au  levant.  C'eft  une  grande  partie  de  l'an- 
cienne Bétique.  V  Eftrémadure  Caftillane  fe  divife 
en  trois  parties  \  celle  qui  eft  au  nord  du  Tage ,  où 
l'on  trouve  Cora&  Placenziaj  celle  qui  eft  entre  le 
Tage  &  la  Guadiane,  où  font  les  villes  de  Truxil- 
lo  J  de  Médeiin  ,  &  de  Mérida  :  enfin  ,  celle  qui 
eft  au  midi  de  la  Guadiane  ,  qui  renferme  les 
villes  d'EUéréna  J  de  Badajos,  &  de  Zeres  de  Ba- 
dajos. 

V Eftrémadure  de  Portugal ,  Eftremadura  Lufita' 
nica  ,  eft  une  Province  de  ce  Royaume  ,  bornée  au 
nord  par  la  Province  de  Béira  ,  au  levant  &  au  mi- 
di parcelle  de  l'Alentejo  ,  &  au  couchant  par  l'O- 
céan Atlantique.  Lisbonne  ,  capitale  de  couc  le 
Royaume,  l'eft  aufli  de  cette  Province  ,  qui  fe  di- 
vife en  cinq  territoires  ,  qui  en  montant  du  midi  au 
nord  fe  trouvent  dans  l'ordre  que  voici  ,  Sétuval , 
Aulanger  ,  Santaren  ,  Leiria  &  Tomar  ,  &  qui 
prennent  chacun  le  nom  de  fa  capitale.  C'eft  dans 
XEstrémadure  de  Portugal  j  que  fut  plantée^  la  pre- 
mière tige  d'Oranges  douces  qui  fut  apportée  de  la 
Chine.'&quidehîont  pris  le  nom  d'Oranges  de 
Portugal.   Foyei  iur  cette    Province  M.    os    lA 


EST 

Neuville  ,  au  commencement  de  fon  Histoire  de 
Portugal. 

La  nouvelle  EJîrémadure ,  Eftremadura  nova  ,  eft 
une  Piovmce  de  la  nouvelle  Elpagne  dans  le  Nica- 
ragua ,  fur  la  côte  de  la  mer  du  nord. 

ESTREMOS.  Petite  ville  du  Portugal  dans  l'Alentéjo. 
Quelques-uns  écrivent  Extrenios.  Extrema  Stremo- 
nium.  lille  ell  près  de  lafource  delarivière  du  Tcraj 
entre  les  villes  d'Evora  ,  d'Elvas  &  de  Porcalcgre. 
Maty.  Long.  10  d.  46'.  Jat.  38  d.  44'. 

ESTRENNE.  ")    „  f  ETRENNE. 

ESTRENNER.  /  ^"-^^^  t  ETRENNER. 

ESTREPAGNY.  Bourg  de  France  dans  le  Vexin  Fran 
çois  ,  encre  Gifors  &  les  Andelis.  Valois  dit  Eftrc- 
pigny.  foye^  ce  mor. 

ESTREPER.  v.  a.  Ce  mot ,  qui  eft  hors  d'ufage ,  s'eft 
dit  autrefois  pour  extirper. 

ESTREPIGNY.  Nom  de  lieu.  Sterpiniacum  _,  Stnpi- 
niacam ,  Stripeiineium.  Il  eft  dans  le  Vexin  Nor- 
mand ,  proche  de  Gifors  &  de  Gamaches,  Hadr. 
VaUf.  Noc.  Gall.  pag.  531.  F'oye^  la  Defcrtpt. 
Géograph.  6-  Hijlor.  delà  Haute-Normand.  Toni.  II. 

P-  5  5  9- 
ESTRESILLONNER.  Foye^  ETRESILLONNER. 

ESTRESILLONS.  ,ro>  fi^  ÉTRESILLONS. 

ESTRIBORD.  f.  m.  Terme  de  Marine.  Ceft  le  côté 
droit  du  vailFeau  ,  eu  égard  à  celui  qui  eft  allis  à  la 
pouppe.  Pars  dextra^  dcxtrum  latus.  On  dit  aullî 
dextribord.  &  tiembord ,  pour  dire  la  même  chofe. 
royex  STRIBORD. 

ESTRIER.  l  ^         (  ÉTRIER. 

ESTRIERE.  Ç  ^  '^^^  t  ETRIERE. 

ESTRIF.  f.  m.  Querelle  ou  débat  de  paroles.  Rixa , 
jurg/uin.  Ce  mot  eft  vieux.  Foye-^  Estriver. 

ESTRILLE.       (  -)  ÉTRILLE. 

ESTRILLER.    \  Foye^.  \  ETRILLER. 

ESTRIPPER.     (.  3  ETRIPPER. 

ESTRIVANT ,  ante.  part.  ad.  Vieux  mot.  Difputant. 
Difputans  j  contendens,  Marot  fait  dire  à  la  Mort. 


Maints  autres  faints  pleins  d' efpritvéritable 
N'ont  dejiré  que  moi  en  leur  vivant. 
Or  e(i  ta  chair  contre  moi  eftrivant. 

ESTRIVE.  f.  f.  Vieux  mot.  Difpute.  Glojf.fur  Marot. 

ESTRIVER.  Vieux,  v.  n.  Quereller  ,  fe  choquer  ou  fe 
débattre  de  paroles.  Jurgare  ,  rixa^i.  Ces  plaideurs  j 
après  avoir  long-temps  ejlrivé  y  fe  font  enfin  ac- 
commodés. 

On  ne  peut  s'en  tenir 
Quoiqu'on  eftrive.  Marot. 

Ce  mot  fe  dit  encore  dans  la  Flandre  Wallone  ; 
mais  il  eft  inconnu  en  France. 
EsTRiZER  j  &  Estrif,  félon  Nicot,  viennent d'ejfr/er, 
parce  que  les  gens  qui  le  battent  à  cheval ,  fe  tien- 
nent fermes  far  les  étriers.  Il  dit  auflî  que  estriver 
dans  le  propre  eft  mettre  le  pied  dans  l'étrier ,  fubi- 
cibus  ephippiariis  pedem  indere  \  en  forte  que  l'autre 
fîgnification  à' estriver  ^  pour  dire,  fe  débatt-re,  fe 
quereller  ,  iScc.  n'eft  que  métaphorique 


EST  879 

I     tcre  à  quelqu'un  ,  qu'il  l'a  estropié  ^  parce  qu'il  lui 
a  ôcé  l'ufage  du  bras. 

%fT  On  le  du  de  même  par  extenfion  des  mala- 
dies qui  ôtent  l'ufage  de  quelque  partie  du  corps.  Il 
lui  eft  tombé  un  rhumatiime  fur  le  bras  qui  la  ej- 
tropie  j  il  en  eft  estropie. 

L'ambition  ,  £'  toute  fon  efcorte  , 
L'envoie  enjurieux  au  milieu  des  hafards 
Se  faire  eftropier  yir  Us  pas  des  Céfars.  BoiL. 

En  termes  de  Jardinage ,  Estropier  fe  dit  des  ar- 
bres ,  &c  il  fignifie ,  Taillader  un  arbre  ,  lui  ôter  l'^s 
branches  qu'il  faudroit  lailTer  j  &  qui  font  nécef- 
laires  pour  fa  beauté  ou  pour  la  produdion  des 
fruits.  Ce  pêcher  eft  tout  estropie.  Les  Jard  niers 
mal  habiles  estropient  tous  leurs  Arbres.  Liger. 

|k?  Ce  mot  fe  dit  au  figuré  de  plufieurs  objets 
différens ,  pour  dire,  défigurer  j  ne  pas  obferver 
les  proportions,  retrancher  une  partie  elTeiKielle  , 
«Sec.  Ainfi  on  dit  d'une  penfée  mal  exprimée,  d'un 
fens  imparfait ,  qu'il  eft  eftropié ,  pour  dire  ,  qu'il  y 
manque  quelque  chofe.  Les  périodes  trop  coupées , 
&  comme  mutilées ,  estropient  le  fublime.  Boil. 
Les  Tradudeurs  estropient  les  Auteurs,  quand  ils  ne 
peuvent  les  fuivre.  G.  G.  Ce  valet  estropie  tous  les 
noms  de  ceux  qui  viennent  demander  Ion  maître, 
c'eft-à-dire  ,  il  les  altère  enforte  qu'on  ne  peut  re- 
connoître  les  perfonnes. 

Froids  Inventeurs  fu[fie\-vous  bien  damnés  ^ 
D'avoir  brouillé  du  papier  mainte  rame  j 
Eftropianc  des  noms  de  gloire  ornés , 
Et  de  lauriers  en  tous  lieux  couronnés. 

DivERTiss.  DE  Sceaux, 

Mais  qua-t  il  prétendu  par  fon  Art  Poétique  ^ 
Eftropier  Horace  en  foi  f  méthodique  ? 


ÉTRIVIÈRE. 
(ÉTROIT. 

ETROITEMENT. 
>ETROITESSE. 

ETRON. 

ETRONÇONNER. 
'ETROPE. 


ESTRIVIÈRE 

ESTROIT. 

ESTROITEMENT 

ESTROITESSE.  '^f^oy} 

ESTRON. 

ESTRONÇONNER. 

ESTROPE. 

ESTROPIAT.  Soldat  qui  a  perdu  quelque  membre  à 
la  guerre  ,  &  qui  fe  fert  de  ce  prétexte  pour  men- 
dier. 

CCJ"  Ce  terme  ne  fe  dit  que  parmi  la  populace. 

ESTROPIER,  v.  a.  Priver  quelqu'un  de  l'ufage  d'un 
membre  ,  de  quelque  manière  que  ce  foit  j  par  une 
bledTure,  par  un  coup,  &c.  Mutilare.  Un  coup  de 
canon  lui  a  emporté  une  jambe  ,  &  l'a  estropié.  On 
dit  d'un  Chirurgien  ,  qui  eu  faignant  a  piqué  Tar- 


On  dit  auftî  en  Peinture  ,  qu'une  figure  eft  estro- 
piée,  lorfqu'elle  n'eft  pas  bien  delfinée  j  qu'elle 
n'eft  pas  en  une  belle  attitude  ,  qu'elle  eft  fans  juf- 
tefle  &  fans  proportion.  Les  Chinois  peignent  alFez 
bien  les  fleurs  fur  leur  porcelaine  j  mais  les  figures 
humaines  y  font  estropiées.  Ils  fe  font  tort  dans  Tef- 
piit  des  Etrangers  ,  qui  ne  les  connoiflent  que  par 
cet  endroit  ,  &  qui  s'imaginent  qu'ils  font  en  effet 
auffi  ridicules,  &  aulli  monftrueux  dans  leur  taille  j 
qu'ils  le  paroiflent  dans  ces  peintures.  P.  le  Comte. 
CtT  Estropié,  ée.  part.  &  adj.  Ce  mot  fe  dit  au  pro- 
pre d'un  animal  qui  eft  privé  de  l'ufage  de  quel- 
3u'unde  fes  membres  ,  ou  qui  en  a  quelques-uns  de 
éfigurés,  par  quelque  caufequece  foit ,  foit  natu- 
rellement ,  foit  par  accident  ,  par  bleffure ,  pat 
maladie  ou  autrement.  Soldat  estropié  d'un  coup  de 
moufquet.  Malade  estropié  d'un  rntjmatifme,  d'une 
paralyfie.  Mutilus  ,  mutilatus  j  mancus. 

|t3"  On  l'a  tranfporté  au  figuré  à  une  multitude 
infinie  d'objets  différens.  Figure  estropiée  ,  paffage 
estropié.  Exprellîon  ,  penfée  estropiée .,  &c. 

On  dit  familièrement  d'un  extravagant  qu'il  eft: 
estropié àt  la  cervelle  ,  &  d'un  grand  parleur ,  qu'il 
n'eft  pas  estropié  de  la  langue. 

M.  Broffette  fur  le  vers  16^.  de  la  XII'  Satyre  de 
M.  Defpreaux  j 

Z'eftropié  marcha  j  l'aveugle  ouvrit  les  yeux  j 

a  eu  raifon  de  remarquer  que  le  mot  à'estropiée^  un 
terme  générique  qui  convient  également  à  ceux  qui 
n'ont  pas  l'ufage  de  leurs  bras ,  ou  de  leurs  mains  , 
&  à  ceux  qui  font  perclus  des  jambes.  Il  y  a  lieu 
d'être  furpris  des  vains  efforts  de  M.  Defpreaux  fur 
la  correélion  de  cet  endroit  ;  rien  n'éroit ,  ce  fem- 
ble ,  plus  naturel  que  de  s'exprimer  de  la  manière 
fuivante. 

Le  boiteux  marcha  droit  ^  l'aveugle  ouvrit  les  yeux. 


88o 


ES  T 


ESTROS.  Mot  du  vieux  langage ,  où  l'on  trouve  à 
escros  ,  pour  dire     foudain  j  tout- à-coup. 

ESTROUSSE.         r  ■)  ETROUSSE. 

ESTROUSSER.      >  ^^^^^  (  ÉTROUSSÈR. 

ESTRUBLE.  "i      -^^  (  ESTOUBLE. 

ESTRUN.  C  3  EIRUN 

ESTUC.  f.  m.  Ceft  un  certain  droit  que  les  voleurs 
paient  à  un  autre  fripon  qui  les  prorège  &  leur 
rend  fervice  dans  les  occafions ,  tantôt  en  leur  pro- 
curant des  entrées  dans  certains  lieux  j  Se  tantôt  en 
favorifant  leur  évafion  lorfqu'on  les  prend  fur  le 
fait.  L'Arrêt  rendu  contre  Jean-Baptifte  Cybour  en 
lyzi.  rapporté  dans  le  Mercure  François  de  Juillet 
de  la  même  année  ,  porte  qu'il  étoit  convaincu  d'a- 
voir tiré  l'escuc  des  voleurs. 

ESTUDE.  I^f  ÉTUDE. 

ESTUDI ANT.      j      ^  ^  \  ETUDIANT. 

ESTUDIE.  f.  f.  Vieux  mot.  royei  ÉTUDIE. 

ESTUDIER.  ■>   y„^^^  S  ÉTUDIER.' 

ESTUDIOLE.  f      -^^  \  ETUDIOLE. 

ESTUET.  Elpèce  de  v.  impeifonnel.  Mot  du  vieux 
langage ,  pour  dire,  Il  faut ,  il  convient.  Ou  trouve 
âufli  m'estourra ,  pour  il  mefaudra. 
ESTUI.  roye^  ETUI. 
ESTUIRE.  On  trouve  dans  le  vieux  langage  ,  Fait  à 

estuire ,  pour  dire  j  Fait  exprès. 
ESTUQUE.  Province  d'Afrique  ,  dans  le  Biledulge- 
nd.  Ceft  un  quartier  de  Villes  &  châteaux  où  il  y 
a  plus  de  40.  habitations  de  Bércbéres, 
ESTURENT.  Troifième  perf.  pi.  de  l'Aorifte.  Vieux 
mot,  qui  a  été  dit  pour  ,  Ils  demeurèrent  debout  \ 
ce  qui  femble  venir  du  Latin  jrarc  ,  steurunc, 
ESTURGEON,  f.  m.  Beaucoup  de  gens  prononcent 
écurgeon^  &  l'écrivenr  ainfi^  mais  l'Académie  veut 
que  l'on  prononce  Esturgeon  ,  en  faifant  fentir  \'s. 
C'eft  un  gros  poilFon  de  mer ,  qui  monte  dans  les 
rivières  ,  qui  a  le  mufeau  pointu  ,  le  ventre  plat , 
&  le  dos  bleu.  Acipcnfcr.  Le  cavial  eft  fait  d'œufs 
^'esturgeon.  On  a  vu  un  esturgeon  qui  étoit  une  fois 
aullî  gros  qu'un  buffle.  Aldrovandus  dit  qu'on  ne 
ne  fauroit  prendre  X esturgeon  qu'avec  des  filets , 
car  il  ne  mord  pointa  l'hameçon,  &  vit  de  limon. 
\.' esturgeon  au  lieu  d'arêtes  a  un  cartilLage  tendre 
&  gros  d'un  doigt,  qui  s'étend  depuis  la  tête  juf- 
qu'au  bout  de  la  queue  ,  &  qui  foutient  tout  fon 
corps.  On  levé  ce  cartilage ,  qui  s'étend  comme  un 
boyau  ,  &  qu'on  féche  au  foleil  ;  &  c'eft  la  meil- 
leurechofe  qu'on  puilTe  manger  en  carême.  Du  ven- 
tre de  \euurgeon  on  fait  la  colle  de  poilïbn.  La  chair 
du  ventre  eft  la  partie  la  plus  délicate  de  ce  poilîon. 
"L'esturgeon  étoit  (\  eftimé  à  Rome  ,  qu'on  le  fetvoit 
avec  beaucoup  de  pompe  &  de  cérémonie  ;  non- 
feulemenr  il  éroit  couronné  ,  mais  ceux  qui  le  fer- 
voient  poctoient  eux  -  mêmes  des  couronnes  j  & 
marchoient  au  Ion  des  flûtes.  Dac  En  Latin  acipen- 
fer  y  fuivant  Rondelet  \  ou  turfio  ,  félon  Pline  \  ou 
Jilurus  ,  fuivant  Aufone  ;  en  Italien  porcelleto. 

Ménage  le  dérive  de  sturcio.  Quelques-uns  l'ap- 
pellent/oa/?  de  mer'.  &  en  la  baffe  Latinité  on  l'a 
appelé  i-rur^io ,  ou  strutio.LncWias,  Cicéiouj  Ho- 
race en  ont  parlé  ,  à  ce  qu'on  croit  ordinairement, 
fous  le  nom  à' acipenfer  :  ^^mrts  le  nomment  j-rario, 
&  en  François  esturgeon.  Pomey.  En  1669.  l'Acadé- 
mie de  Caën  fit  la  diffedion  d'un  esturgeon  :  ladef- 
cription  en  fut  envoyée  à  l'Académie  Royale  des 
Sciences ,  &  fut  mife  toute  entière  dans  les  regif- 
tres ,  d'où  M.  du  Hamel  a  tiré  l'extrait  qu'il  a  donné 
dans  fon  hiftoire  ,  p.  67.  L'esturgeon  pefeotdinaire- 
iTient  environ  cent  livres  ;  mais  il  s'en  trouve  quel- 
quefois qui  pefenc  davantage.  Ce  poitTon  a  une 
très-grande  force  ,  &  d'un  coup  de  fa  queue  il  ren- 
verfe  l'homme  l_;^plus  robufte. 

ÉTUVÉ. 


ESTUVE. 

ESTUVÈE. 

ESTUVEMENT. 

ESTUVER. 

ESTUVISTES. 

ESTUY. 


'Foyci. 


RTUVÉE. 
ÉTUVEMENT. 
,  ETUVER. 
ÉTUVISTE. 
ÉTUI. 


ES  V     ET 

ESTUYER.  V.  a.  Vieux  mot.  Foye^  ÉTUYER. 
E  S  V. 

ESVANOUIR.  roye:^  ÉVANOUIR. 

ESVANOUISSEMENT.  Foye^   EVANOUISSE- 
MENT. 

ESVE.  f.  f.  Vieux  mot.  Eau. 

ESVENTRER.      ">  ^         (  ÉVENTRER. 

ESVERTUER.      f '^^>'^î  1  EVERTUER. 

ÉSULE.  f.f.  £yw/fl.  Terme  de  Botanique  j  qui  fe  dic 
de  quelques  plantes.  Il  y  en  a  une  qu'on  appelle  or- 
dinairement petite  éfule  3  efula  minor  ojficinarum. 
C'eft  une  efpècc  de  tithymale.  Sa  racine  eft  plus 
grofle  que  le  doigt ,  fouvent  plus  petite  ,  fibreufe 
&  ligneufe.  Ses  feuilles  font  femblablesà  celles  de 
la  linaire  ;  &  fes  fleurs  difpofées  en  parafol ,  & 
jaunes.  La  petite  éfule  eft  un  bon  hydragogue  .•  on 
la  corrige  en  la  faifant  tremper  dans  du  vinaigre; 
&  on  s'en  fert  dans  l'hydropifie  ,  &  dans  la  cachexie. 
Ses  racines  entrent  aullî  dans  quelques  compofitions. 
C.  Bauhin  appelle  cetteplante  tithy malus cyparijjias, 
Pinac.  zpi.  ^ciyc:f  Tithymale. 

ÉSUS.  f.  m.  Ancien  Dieu  des  Gaulois.  Efus.  Laûance 
dit  que  ces  peuples  offroient  des  hommes  en  facri- 
fices  à  Efus  Se  à  Tentâtes ,  Si.  les  appaifoient ,  fe  les 
rendoient  propices  par  le  fang  humain. 

ESVOLLE  J  ÉE.  adj.  Vieux  mot.  Glojf.JurMarot.  Voy. 
ÉVOLER. 

E  S  Y.        ' 

ÉSYMNITE.  f.  m.  Certain  Magiftrat  chez  les  Grecs. 
LJymnica.Denïs  d'Halycarnaile  nous  apprend  que  les 
Grecs  appeloient  Efymnites  certains  Magiftrats  élus 
par  le  peuple  J  qui  leur  donnoit  une  puiflance  ab- 
folue,  mais  feulement  pour  un  certain  temps  pré- 
fix  &  limité  ,  &  dans  des  occafions  Se  des  néceflités 
preflantes  qui  fe  préfentoient.  Il  leur  compare  les 
Diâateurs  de  Rome ,  &  il  dit  que  c'eft  fur  le  mo- 
dèle des  Efymnites  que  les  Romains  firent  des  Dicta- 
teurs. 

E  T. 

ET  dans  toutes  les  langues  eft  une.  conjonâion  ; 
comme  on  parle  en  tetmes  de  Grammaire  ,  c'eft- 
à-dire ,  un  mot  qui  lie  les  parties  d'oraifon  ,  les 
membres  d'une  période  ,  &  les  périodes  même.  Foy. 
Conjonction.  Et  ^  atque.  La  parricule  &  eft  quel- 
quefois Amplement  énonciative  ,  quelquefois  elle 
eft  pat  les  fens  des  phrafes  abfolument  &  eflentiel- 
lementcopulative;  enfin  quelquefois  elle  eft  même 
disjondlive.  On  doit  fupporrer  ici  tous  ces  termes  : 
ils  repréfentent  différentes  idées  ,  Se  expriment  des 
fens  très-difîérens. 

Elle  eft  énonciative  lorfqu'elle  joint  différentes 
chofes  qui  font  énoncées,  Se  qui  peuvent  être  fé- 
parées  ou  omifes  fans  que  le  fens  de  la  phrafe  foie 
faux.  Tel  eft  l'ufage  qu'elle  a  dans  cette  phrafe.  Au 
commencement  Dieu  créa  le  ciel  Se  la  terre.  Gen.  L  i. 
On  peut  dire  Amplement  :  Au  commencement  Dieu 
créa  le  ciel ,  ou  bien  j  Au  commencement  Dieu  créa 
la  terre:  ces  deux  propofitions  font  vraies  ,  aufîi- 
bieu  que  la  première  3  parce  que  la  particule  & 
n'eft  qu'énonciative ,  &  que  Dieu  ayant  effedive- 
ment  créé  au  commencement  le  ciel  &  la  terre  ,  il 
eft  également  vrai  qu'au  commencement  Dieu  a 
créé  le  ciel ,  &  qu'au  commencement  il  a  créé  la 
terre. 

La  particule  &  eft  eflentiellement  &  abfolument 
copulative  lorfqu'elle  joint  des  cKofes  qu'on  ne  fau- 
roit féparer  fans  détruire  le  fens  de  la  phrafe  Se  le 
rendre  faux.  C'eft  en  ce  fens  qu'on  doit  la  prendre 
dans  la  phrafe  fuivante.  Celui  <jui  croira  Se  qui  fera 
baptifé ,  fera  fauve.  Marc,  XVI.  16.  il  eft  vifible 
que  la  propofirion  feroit  fauffe  ,  fi  l'on  rerranchoic 
l'une  des  deux  chofes  énoncées  :  car  on  ne  fera  jamais 
fauve  fi  l'on  fe  contente  de  croire  fans  vouloir  re- 
cevoir le  baptême  lorfqu'on  peut  le  recevoir  ,  ou 
fi  l'on  fe  contente  de  fe  faire  baptifer  fans  vouloir 
croire  les  myftères  de  la  foi.  Il  y  a  dans  la  Sainte 

Ecriture 


ETA 

Ecriture  pliifieurs  exemples  où  la  particule  (S*  a  la' 
même  force  &  le  mêmelens  que  dans  celui-ci.  Ainfi 
quand  nous  lifons  dans  l'Exode ,  XX,  1 1  Honore:^ 
yotre  père  &  votre  mère  ,  afin  que  vous  vivie^  long- 
temps fur  la  terre  j  &c.  &c  dans  la  première  Epître  de 
S.  Pierre  ,  X.  1 1 .  1 2.  .S/  quelqu'un  aime  la  vie  ,   &C 

dejïre  d'avoir  des  jours  heureux I^'^fe  détourne 

du  mal  &  faffe  le  bien.  Quand,  dis-je  ,  nous  lifons 
ces  palFages  ,  &  quantité  d'autres  femblables  ,  nous 
devons  donner  à  la  particule  (&  un  fens  copulatif. 

Enfin  cette  parricule  eft  disjonélive  qirand  la 
phrafe  s'entend  indiftéremment  de  Tune  ou  l'au- 
•  tre  des  chofes  énoncées  j  fans  qu'il  foit  nccef- 
■  faire  ,  pour  qu'elle  foit  vraie  ,  de  Tentendre  de 
'  toutes  enfemble  :  dans  ces  occadons  on  peut  met- 
tre à  la  place  de  la  parricule  «S*  j  la  particule  ou 
dans  les  propofitions  affirmatives  ,  &  la  particule  ni , 
dans  les  propolitions  négatives.  En  voici  àz%  exem- 
ples :  Celui  qui  maudira  fon  père  &C  fi  mère  ,  fera 
puni  de  mort ,  Exod.  XXI.  17.  Pierre  dit  (à  un  pau- 
vre) je  n'ai  point  d'or  8c  d'argent.  Certainement, 
pour  être  digne  de  mort ,  il  n'étoit  pas  nécelFaire 
d'avoir  maudit  fon  père  &  fa  mère  ;  mais  il 
fuffifoit  d'avoir  maudit  l'un  ou  l'autre.  Et  pour 
faite  l'aumône  ,  il  n'eft  pas  nécetTaire  d'avoir  de 
l'or  &  de  l'argent  .•  il  fuffit  d'avoir  de  l'un  ou  de 
l'autre 

Et  vient  du  Latin  et,  avec  cette  feule  différence 

Îu'en  prononçant  le  mot  François  on  ne  fait  point 
entir  le  t  comme  en  Latin.  £t  en  Hébreu  i ,  en 
Grec  X*'.  Cela  eft  bel  &  bon.  Vous  &  moi.  Remar- 
quez que  cette  particule  &  ne  fe  met  point  en  vers 
devant  une  voyelle,  parce  que  1er  ne  fe  pronon- 
çant point ,  cela  feroit  une  efpèce  d'hiatus  infup- 
portablc.  On  en  peut  fcntir  le  mauvais  effet  dans 
ce  vers. 

Qui  fer  t  &  aime  D'ieu ,  pofféde  toutes  chofes. 

Et.  Conjonction.  On  dit  à  la  fin  d'un  conte,  d'un  récit, 
fr  de  boire ,  &c.  Et  àe  rire  pour  dire  que  l'affaire 
dont  on  parle  fe  termine  par  boire,  par  fairerire, 
&c.  Ac.  Fr. 

Et  C/tTERA.  (leT  de  I'et  fe  prononce  dans  ce  mot , 
parce  qu'il  a  paffé  du  Latin  dans  le  François  )  qu'on 
écrit  fouvent  par  abréviation,  &c.  lignifie c5c  le  refte. 
roy.  CETERA. 

ETA. 

ETA,  ouTTA,  f.  m. Terme  de  Grammaire  Grecque. 
Nom  d'une  voyelle  de  la  langue  Grecque  qui  a  cette 
forme  H,  t.  Eta.   La  prononciation  de  cette  lettre  a 

•  varié.  On  l'a  prononcée  comme  un  e  &  comme  un  /. 
Térencien  marque  la  première;  mais  les  Grecs  de- 
puis plufieurs  fiècles  ne  lui  donnent  plus  que  la  fé- 
conde. Cette  lettre,  aulfi-bien  que  1'»,  fut  ajoutée  à 
l'Alphabet,  &  n'y  étoit  point  dans  le  commence- 
ment. On  en  voit  encore  des  preuves  fur  d'anciens 
monumens ,  tels  que  font  les  colonnes  des  Farnè- 
fes  ,  apportées  à  Rome  de  la  voie  Apple  ,  où  l'on 
voit  I'e  ,  pour  I'h  ,  AEMErros ,  kopes  ,  pour  ahmh- 
TFOS  &  KOPHS.  On  dit  que  c'eft  Simonide  qui 
l'ajouta.  Bibliand.  de  Ratione  communi  linguarum  , 
/».40.  Les  Latins  rendent  cette  lettre  par  un  e.  Car 

pour    tiitfi.ir^i(it ,    BiiTct  ,  H/u'i^a,     Qr,Tiv; ,    QÂrxufo!  ,   &C. 

ils  on  dit  Demetrius  j  Beta  j  Hemera  ,  Thefcus ,  The- 
faurus  j  &c.  Voye-^  la  Nouvelle  Méthode  Grecque  j 
p.  5  &;6.  Ce  fentiment  eft  le  plus  commun  aujour- 
d'hui. Néanmoins  de  très-habiles  gens  conviennent 
que  dans  l'Antiquité  même  on  prononçoit  cette  let- 
tre comme  un  i.  Louis  de  Dieu  ,  l'un  des  plus  fa- 
vans  Grammairiens  de  nos  temps,  l'a  remarqué  dans 
fes  Animadverfious  fur  la  Genéfe  VL  2  4.  &  que  c'eft 
pour  cela  que  les  anciens  Hébreux  ,  comme  le  Para- 
phcsfte  Jonathan,  l'expriment  par  Hhirik\  f-wp; 
nwoa.  Jean  Rodolphe  Wetften  ,  dans  fes  favantes 
Oraifons  fur  la  véritable  prononciation  de  la  lan- 
gue Grecque  ,  le  démontre  par  une  infinité  d'exem- 
ples. Il  cite  un  Pfeautier  manufcrit  d'Ulférius  du 
Tome  III, 


ETA 


88 


commencement  du  VIIF  fiècle,  &  pal:  conféquent 
bien  plus  ancien  que  celui  qu'on  allègue  après  Mé- 
kerque  ,  &c  qui  n'étoit  que  du  douzième  fiécle. 
Dans  ce  Pfeautier  d'Ulférius  tous  les  h  lont  expri- 
més par  un  /.Wetften  prouve  que  les  Latins  l'ont  ex- 
primé &  rendu  par  un  i  y  qu'en  écrivant  il  fc  con- 
fond avec  un  /  ;  qu'on  l'a  rendu  par  <&  &  par  ia , 
qu'on  le  rrouve  mis  pour  Y  &  pour  ei  ;  que  depuis 
Alexandre  le  Grand  on  le  prononça  plus  légère- 
ment qu'on  ne  faifoit  auparavant  ;  que  du  temps 
de  Platon  cette  lettre  avoir  un  fon  mitoyen  entre 
l's ,  &  l'i  ;  que  plufieurs  l'ont  prononcé  comme 
un  i,  &  que  c'eft  ainfi  qu'il  le  faut  prononcer. 
Voye-^  cet  Auteur,  dont  les  Difcours  ou  Oraifons 
font  pleins  d'érudition.  Ainfi  il  y  auroit  de  l'entête- 
ment à  prétendre  que  Tune  de  ces  prononciations 
eft  la  feule  vraie ,  la  feule  ancienne ,  &  que  l'au- 
tre eft  faulfe  &  nouvelle  ;  ce  qui  est  d'ailleurs  une 
question  allez  inutile.  Voftius  y  De  Idolol.  L.  II. 
C.  16.  remarque  que  1'";  s'est  quelquefois  changé 
en  0  ou  en  ». 

ETABLAGE.  f.  m.  Le  louage  d'une  étable;  ce  qu'on 
paye  pour  l'attache ,  pour  la  place  d'un  cheval  ou 
autre  animal  dans  une  écurie.  Lvcatio  stabuli  ^  ta- 
herna  y  stabulatio.  On  dit  proverbialement  d'une 
chofe  qu'on  veut  bien  mépriferj  qu'elle  ne  vaut 
pas  Xétablage. 

Ëtablage,  est  aufti  un  droit  que  les  Seigneurs  lèvent 
en  quelques  lieux  pour  permettre  aux  Marchands 
d'expofer  leurs  marchandifes  en  vente.  Jus  exci- 
tanddi.  tabcrndi  ^  stabulationis.  On  l'appelle  en  d'au- 

,    très  Vieux  plaffhge,  hallage  &:  étalage. 

Ëtablage  j  dans  l'Artillerie,  est  l'entre-deux  des  li- 

,   monierès  d'un  avant-train  ,  ou  d'une  charrette. 

ETABLE.  f  f.  Couvert  où  on  loge ,  où  l'on  retire  les 
bestiaux  J  particulièrement  les  bœufs,  les  vaches 
&c  les  brebis.  On  le  difoit  autrefois  des  chevaux  ;  &C 
la  plupart  des  payfans  le  difent  encore,  au  moins 
en  bien  des  endroits  j  &  ne  font  point  ces  diftinc- 
tions  que  font  les  gens  qui  parlent  bien.  Siabulum , 
prsfepe  ^claufum.  On  dit  étable  pour  des  bœufs, 
bubile  ;  pour  des  brebis ,  ovile  ;  pour  les  chèvres , 
caprile;  pour  des  pourceaux  ,fuile ,  hara.  I^oye-^  les 
noms  particuliers,  Ecurie,  Bouverie  j  Bergerie  ,  &c. 
Notre  Seigneur  voulut  naître  dans  une  étable. 

Ronfard  s'eft  encore  fervi  du  mot  d'étable  pour 
des  chevaux.  C'eft  lorfqu'au  2*^  livre  de  la  Franciade 
le  Géant  Phovére  dit  à  Kilfe  fa  cavale. 

Je  doublerai  pour  telle  récompenfe  , 
En  tes  vieux  ans  ton  foin  &  ta  dépenfe  ^ 
Seule  au  haut  bout  je  te  ferai  loger 
De  mon  étable. 

Ce  mot  vient  de  stahulum, 

Etable  ,  en  termes  de  Marine ,  fe  dit  de  l'avant  ou  de 
la  pointe  du  vaiifeau  j  de  la  continuation  de  la  quille 
du  navire,  laquelle  commence  à  l'endroit  où  la 
quille  celTe  d'être  droite.  Proréc  caput.  Et  on  dit,  s'a- 
border de  franc  étable,  lorfque  deux  vailfeaux  s'ap- 
prochent en  droiture  pour  s'enferrer  par  leurs  épe- 
rons. C'eft  la  même  chofe  c^'étrave ,  ou  estante , 
que  les  Italiens  nomment  rota  diprora  ,  &  les  Mar- 
feillois  capion  de  proue. 

On  dit  proverbialement  :  Fermer  Vétable  quand 
les  chevaux  n'y  font  plus;  pour  dire,  apporter  un 
remède  à  quelque  mal ,  quand  il  n'eft  plus  remps. 
On  dit  aufti  des  gens  hargneux  j  qu'il  leur  faut  une 
étable  à  part, 

ETABLER.  v.a.  Mettre  les  beftiaux  dans  une  étable.  In- 
ducere  in  stahulum,  s  tabulât  e.  Dans  les  pays  de  mon- 
tagnes les  beftiaux  font  établés ,  Htabulantur,  verfan- 
tur  in  stabulis  ,  huit  mois  de  l'année  fous  i^s  neiges. 
On  dit  auffi,  Etabler  les  chevaux,  pour  dire  ,  les 
mettre  à  couvert  en  quelque  lieu  que  ce  foir. 
Il  faut  que  l'écurie  où  l'on  étable  les  chevaux ,  foit 
unie.  SoLEisEl.. 

ifT  On  le  dit  particulièrement  dans  les  hara«  pour 

T  1 1  tt 


88i 


ETA 


défigner  l'asTrion  de  mettre  les  poulains  j  les  )u- 
mens  &  les  étalons  dans  l'écurie. 

Établé,  ée.  par:  &  adj.  Scabulatus 

ETABLERIES.f.  f.Diverfes  érables  en  un  même  corps 
de  \og\s.  Pecuaria  stabula,  Pomey.  Il  y  a  dans  cette 
maifon  des  écabUries  fort  commodes. 

ÉTABLI,  f.  m.  Félibien  en  fait  un  fubft.  f.  &  dit  tou- 
jours établie-^  mais  c'eft  établi  qu'il  faut  dire.  Table 
qui  fert  aux  Ouvriers  à  travailler  à  leurs  ouvrages. 

,  Tabular.um  menfa.  Les  Menuilîers  drelfent  leur  bois 
fur  l'établi.  Les  Tailleurs  travaillent  les  jambes  croi- 
fées  fur  {'établi. 

Ce  mot  vient  de  tabulatum  ,  félon  Nicot. 

ÉTABLIE,  f.  f.  Ancien  terme  de  guerre.  Bataillon. 
Agmcriy  cuneus ,  phalanx.  Le  Regiftre  des  Comptes 
diiant  que  c'eft  au  Connétable  à  ordonner  toutes 
les  établies,  eft  aifez  clair  pour  enfeigner  que  le 
mot  Connétabliesj  écrit  es  Chroniques,  ne  fignifie 
autre  chofe  que  établies  &  bataillons ,  ainli  appelés, 
pour  ce  qu'ils  étoient  établis  en  certains  lieux  & 
formes  :  t^  le  commun  depuis  leur  a  baillé  nom 
de  Connétablies,  peut-être  pour  ce  qu'elles  étoient 
établies  par  le  Connétable.    Du    Tillet  ,    P.  I. 

§5*  ETABLIR.  V.  a.  terme  fouvent  employé  dans  di- 
verfes  lignifications,  qui  ne  font  déterminées  que 
par  les  mots  qu'on  y  ajoute.  Dans  l'acception  géné- 
rale il  exprime  quelque  chofe  de  ftable  &  d'ailuré. 
C'eft  ainli  que  l'on  dit  que  les  fondemens  d'un  édi- 
fice qui  font  établis  &  pofés  fur  le  roc, durent  long- 
temps. Ce  mur  eft  bien  établi  &  arc-bouté.  Stabilité. 

^^3^  ETABLIR,  fignifie  auiîi  mettre  dans  un  état  avan- 
tageux j  dans  une  condition  ftable,  ce  père  a  bien 
établi  fes  enfans  ,  les  uns  dans  la  robe,  les  au- 
tres dans  l'épée  :  pour  s'établir  dans  le  monde  , 
on  fait  tout  ce  qu'on  peut  pour  y  paroître  établi. 
La  Roch.  Cet  homme  eft  bien  établi  à  la  courj  il  y 
a  du  crédit;  il  a  bien  établi  fa  réputation.  On  dit 
dans  ce  lens  établir  une  fille,  la  marier,  collocare 
filiam  fuam  in  matrimonium  ,  nuptui ,  nuptum.  S'éta- 
blir ,  fe  pourvoir  par  mariage.  Uxorem  ducere.  Il 
s'eft  ennuyé  de  vivre  feul ,  il  s'eft  établi ,  marié. 

s'Établir,  fignifie  auflî  j  Se  placer  en  quelque  lieu  ; 
fixer  fa  demeure.  Domicilium  ponere  j  defigere  ,  fe- 
dem  ponere.  Plufieurs  Etrangers  fe  viennent  établir 


ETA 

nés  Fois.  La  paix  &  la  concorde  font  établies  par 
l'obfervation  des  lois  &  de  la  difcipline.  Il  ne 
ne  faut  point  aller  contre  les  ufages  établis.  Bell. 
On  dit  aulIi  ,  Etablir  une  manuladlure,  une  im- 
poluion,  un  droit  j  établir  ou  conftituer  une  pen- 
lion  fur  un  Bénéfice.  On  a  établi  un  nouveau  Pré- 
fidial  ,  un  nouveau  Siège  en  une  telle  ville.  Le  Roi 
a  établi  de  bons  officiers  dans  les  charges.  On  a  éta- 
bli des  Commis  en  tous  les  Bureaux.  On  dit  que 
des  Ouvriers  %  établirent  à^ns  un  atelier,  lorfqu'ils 
en  prennent  polfellion ,  &  qu'ils  y  apportent  tous 
les  outils  nécelfaires  pour  commencer  leur  travail. 
On  dit  aulîi  établir  des  pierres  lorfqu'on  trace  def- 
fus  quelque  marque  ,  ou  lettre  alphabétique ,  pour 
deftiner  fa  place  à  chacune.  Dans  les  grands  ateliers 
chaque  Ouvrier  a  Ja  marque  particulière  pour  les 
pierres  de  fon  canton. 

fCF  Etablir  ,  fe  dit  aulîî  en  matière  de  fciences  & 
de  raifonnemens ,  pour  poferj  avancer,  s'appuyer 
fur  un  fondement.  Il  ne  faut  pas  établir  pour  prin- 
cipe une  chofe  faufte.  Il  y  a  bien  des  erreurs  popu- 
laires établies,  qu'on  croit  fermement,  qui  ne  font 
fondées  que  fur  des  préjugés.  Chacun  confulte 
fon  humeur  pour  établir  les  droits  de  l'amitié^ l'ami 
froid  &  l'ami  ardent  en  établirent  de  contraires* 
S.  EvR.  les  efprits  forts  s'élèvent  contre  les  vérités 
les  mieux  établies.  Bouh.  Ponere  ,  conjirmare. 

%T  On  dit  au  palais  établir  un  fait,  le  déduire,  l'ex- 
pofer.  Etablir  l'état  d'une  queftion ,  établir  fon 
droit ,  une  propofition  ,  c'eft  prouver ,  établir  une 
propofition  par  des  raifonnemens  convaincants,  éta- 
blir fon  droit  fur  des  pièces  aurhentiques. 

Établir,  fe  dit  auflî  des  mots-  Voilà  un  mot  qui  aura 
de  la  peine  à  s'établir.  Vaug.  Rem.  c'eft-à-dire  j  à 
être  reçu  ,  &  à  prévaloir  par  l'ufage.  Non  facile  ob- 
tinebit. 
vEtabli  j  lE.  part.  &  adj.  Conjîitutus y  pojltus.  Il  a  les 
fignifications  de  fon  verbe  ,  tant  au  propre  qu'au  fi- 
guré. Il  eft  dangereux  dlnnover^  de  toucher  aux 
chofes  établies  j  il  faut  s'arrêter  à  ce  qui  eft  établi 
d'ancienneté.  On  dit  en  ftyle  de  Notaires  ,  Etabli 
en  fa  perfonne  un  tel  ;  pour  dire  ,  Fut  prélent  j  &c. 
Sur  les  opinions  établies  en  matière  d'ouvrages  d'ef^ 
prit,  les  hommes  forment  d'ordinaire  deux  fortes 
de  jugemens.  La  Motte. 


en 


France  ,  s'y  font  naturalifer.  Les  Provinciaux  fe  i  ÉTABLISSEMENT,  f.  m.Adion  par  laquelleon  établie 


viennent  établit  à  Paris ,  y  fixer  leur  demeure.  Il 
s'eft  venu  établir  dans  notre  voifinage  une  telle 
Communauté. 

Établir  J  fe  dit  aulîî  des  chofes  qui  ne  doivent  pas 
durer  long-temps.  On  a  établi  garnifon  chez  ce  Fi- 
nancier. On  a  établi  des  étapes  fur  la  route  de 
l'armée.  Etablir  une  Chambre  de  Juftice.  Ménal- 
que  va  rendre  vifite  à  une  Dame  ;  &  fe  perfua- 
dant  que  c'eft  lui  qui  la  reçoit  ,  il  sétablit  dans 
fon  fauteuil ,  &  ne  fonge  nullement  à  Tabandon- 
ncr.  La  Bruy, 

Etablir,  fignifie  aullî,  accorder  une  place  &  un  lieu  de 
réfidence.  Sous  ce  point  de  vue  il  a  un  rapport  parti- 
culier à  l'autorité  &  au  gouvernement.  Louis  XIV.' 
a  établi  les  filles  de  S.  Cyr.  Dans  ce  fens  il  n''eft  point 


une  chofe.  Constitutio  ,  ereclio  j  Janâio.  Ce  mot  fe 
prend  dans  toutes  les  fignifications  du  verbe  éta- 
blir. Voye^  ce  mot.  Les  établijfemens  des  Corps  & 
des  Communautés  ne  fe  font  point  fans  Lettres  Pa- 
tentes, fans  autorité  publique.  V établijfement  d'ua 
Parlement,  d'un  Préfidial. 
Établissement  ,  fignifie  aufli ,  Fortune,  condition 
avantageufe,  pofte  brillant.  Cet  homme  a  un  bon 
établijjement  ï  la  Couronne  belle  charge.  Par  ce 
mariage  avnntageux  il  s'eft  fait  un  bon  établiffe- 
ment.  A  la  Cour  rarement  on  honore  le  mérite  feul 
&  dénué  de  grands  établijfemens.  La  Br.  Il  ne  faut 
pas  chercher  tout  le  bonheur  de  la  vie  dans  ces  éta- 
bliQemens,  qu'on  met  au-deflus  de  tout  5  ce  font  des 
grandeurs  de  théâtre.  Le  Ch.  de  M. 


fynonymede  fonder,  qui  fignifie  donner  le  nécelTaire    Établissement,  fignifie  auftî,  Demeure  ftable,  retraite 
pour  la  fubfiftance  ,  &  n'exprime  proprement  quei      fixe.  Domus,  domicilium.  Depuis  fon  établijjement  ï. 


lès  libéralités  temporelles  ;  ni  du  mot  inftituer  j 
qui  fignifie  créer  &  former  les  chofes,  &  défigne 
l'auteur  ou  celui  qui  les  a  imaginées  &  mifes  au 


Paris,  il  y  a  bien  gagné  du  bien.  Il  s'eft  fait  à  la  Cam- 
pagne un  établijjement  agréable,  pour  vivre  en  re- 

_,- J, ,_  -_  ,      pos  le  refte  de  fa  vie. 

monde,  fonder  uneÉglife,  inftituer  un  Ordre.  Foy.  î  Établissement  ,  fignifie  aufti ,  Commencement ,  în- 

ftitution.  V établi (j'ement  des  Religions ,  des  Sacre- 


ces,  mots. 
§3*  Etablir  fe  dit  auftî  pour  donner  commence- 
ment aune  chofe  qui  a  ou  doit  avoir  cours,  l'af- 
fermir. Iniùum  dure  ,  funiare  :  on  dit  en  ce  fens , 
Etablir  une  Religion  ,  un  Etat ,  un  Empire  ,  pour 
dire  le  fonder ,  lui  donner  un  commencement ,  ou 
quelque  grand  accioiftement.  Jesus-Christ  a  éta- 
bli fon  Eglife  fur  Saint  Pierre  :  il  a  établi  fa  Morale 
Xur  l'humilité ,  la  patience  &  la  charité  \  c'eft  lui 
qui  a  établi  &  inftitué  les  Sacremens.  Les  Turcs  ont 
établi  un  puiftant  Empire.  Ce  Prince  a  bien  établi 
fon  autorité ,  il  eft  bien  abfolu  :  il  a  établi  de  bon- 


mens,  des  cérémonies,  des  lois,  des  Magiftrats  , 
des  impôts,  des  régies,  des  principes  dans  les 
fciences.  Pourquoi  s'ofFenfer  fi  les  hommes  ne  nous 
rendent  pas  certaines  déférences  qu'ils  ne  nous  doi- 
vent que  par  des  établi ffemens  humains  ?  Nie. 

On  appelle  en  termes  de  Guerre,  V  établi  (fement 
des  quartiers,  la  diftribution  des  troupes  dans  les 
lieux  qu'elles  doivent  occuper  durant  quelque  temps. 
On  dit  ,à-peu-près  dafis  le  même  fens.  Cette  adion 
fut  \' établijfement  de  fa  réputation  ;  pour  dire  ,  Sa 
réputation,  commençai  s'établir  par  là.   On  dit 


ETA 

VttabliJJement  A'\xn  droit,  d'une  queftion  ,  d'un  fait  \ 
pour  lignifier ,  leur  expolîtion  ,  accompagnée  quel- 
quefois de  preuves. 

On  dit  aulli ,  Saiiîr  réellement  des  héritages  avec 
écablijj'emsnc  de  CommilFaire. 

|CF  Etablissement  j  en  jurilprudence  j  a  fignihé  au- 
trefois la  mêmechofe  que  Règlement ,  Ordonnan- 
ce. On  a  donné  le  nom  d'établiileinens  .1  d'ancien- 
nes Ordonnances  de  nos  Rois. 

ÉTABLURE.  f.  f.  Terme  de  Marine.  C'eft  la  même 
choie  que  rétrave,ou  l'étable.  f-'^oye-:^  ci-dellus  Eta- 
BLE  en  termes  de  Marine. 

Ces  mots  viennent  du  La.nn  stabilire ,  quifignihe 
établir. 

ÉTAÛOU.  f.  m.  C'eft  le  principal  outil  des  Maîtres 
Tabletiers  faifeurs  de  peignes.  C'ell  une  Icie  à  deux 
lames  dont  ils  fe  fervent  pour  ouvrii:  &  féparer  les 
dents  d'un  peigne 

Ip-  ETAGE,  f.  ni.  Terme  d'Architedure.Ceft  l'efpace 
compris  entre  deux  planchers  dans  un  bâtiment. 
Tabulatum.  Toutes  les  pièces  d'un  appartement  qui 
font  de  plain-pied  ,  de  niveau.  On  dit  en  ce  fens  , 
premier ,  fécond  ,  troilîème  ,  &c.  étage.  Un  ita^e 
bas ,  qui  ell  peu  exhaulfé.  Quand  on  parle  des  étjges 
féparément ,  \q  j^remier  étage  ntiiY>^s  celui  qui  eft 
au  rez-de-chauflée  ,  mais  celui  qui  ell  au-delfus. 
Loger  au  premier  ,  au  iecond  ,  au  troilîème  étage. 
Occuper  le  premier ,  le  fécond  ,  le  troilîème  étage. 
Quelquerois  ce  mot  fe  dit  de  V étage  qui  elb  au 
rez  de-chaulfce.  Voye\  ce  mot.  Dans  quelques  en- 
droits il  y  a  des  bâtimens  qui  ne  font  qu'à  un  etage^ 
que  d'un  étage.  Etage  carré. 

Nicot  dérive  ce  mot  du  Grec  ,  ^iy^  qui  fignifie 
tabulatum  ,  ou  cont/gnatio  j  Du  Cange  de  eftoca  ou 
stagium  j  qu'on  a  dit  dans  la  balïe  Latinité  pour 
fignifier  la  même  chofe. 
Étage,  fignifioit  autrefois  Logement,  demeure. Z)o- 
mus  ,  domtcilium ,  habitatio.  Gautier  de  Mets  en  fa 
Mappemonde  j  ch.  14.  dit  : 

.Après  cette  vive  volage  , 
Où  cafiuns  fait  petit  eflage. 

Les  aflîfes  de  .Terufalem  manufcrits  ,  Ch.  218.  Et 
fe  il  n'a  manoir  eftable  en  la  ville  où  il  doit  fon 
estage  tenir ,  il  le  doit  femondre  en  l'oftel  où  il  fut 
devrainement  manant. 
^CT  Lige-Etage.  Terme  de  Coutume.  Staglum  ,  asta- 
gium.  C'étoit  un  devoir  des  Valfaux  envers  leur 
Seigneur.  Ce  devoir  étoit  une  obligation  pour  les 
Valïàux  de  demeurer,  de  réfider  dans  la  terre  du 
Seigneur ,  pour  garder  fon  Château  en  temps  de 
guerre ,  &  défendre  fa  perfonne  contre  fes  enne- 
mis. Si  le  Valfal  n'avoit  point  de  maifon  dans  le 
lieu  ,  le  Seigneur  étoit  obligé  de  lui  en  fournir. 

^fT  Devoir  étage  en  un  lieu  ,  être  étager  j  c'eft 
être  tenu  à  ce  devoir  par  l'inféodation. 

§C?  De-là  eft  venu  le  stage  y  ou  réfidence  des 
Chanoines ,  pendant  la  première  année  entière ,  ou 
en  partie  ,  félon  les  différentes  coutumes  des  Cha- 
pitres. 
§C?  Étage  ,  eft  aufti  un  terme  ufité  parmi  les  Jardi- 
niers ,  en  parlant  des  arbres.  Ordo.  Il  lignifie  un  rang 
de  branches  placées  fur  la  même  ligne.  Il  faut  laifter 
monter  ces  arbres  par  étages.  On  le  dit  également 
d'un  rang  de  racines  placées  de  même.  Il  fuffit  qu'un 
arbre  ait  un  feul  étage ,  de  bonnes  racines ,  c'eft-à- 
dire  :  placées  horifontalement  fur  la  même  ligne  , 
en  forte  qu'il  n'y  en  ait  point  de  beaucoup  plus 
balTes  les  unes  que  les  autres. 
Étage,  fe  dit  aulïî  au  figuré  de  certaines  chofes  qui 
ont  quelque  marque  de  diftinction  dans  leur  hau- 
teur. Des  fraizesa  neufou  dix  étages.  Masc. 

Son  menton  fur  fon  fein  defcend  à  double  étage. 

BoiLEAU. 

Etace,  fe  die  auffi  au  figuré  ,  pour  marquer  les  divers 


E  TA 


88^ 


degrés  d'élévation.  Genus  ,conditio.  Il  y  a  des  efprits 
de  tous  étages  ^  celui-là  eft  du  plus  bas  étage. 

On  le  dit  aufti  des  conditions.  C'eft  une  Dame 
du  plus  haut  étage.  Scaliger  devient  une  harangètc 
dans  les  emportemens,  <5<:  s'abbailfe  jufqu'au  der- 
nier étage  d\x  menu  peuple,  pour  dire  des  injures  à 
fes  ennemis.  Bal. 

//  tutaie ,  en  parlant  ^  aux  du  plus  haut  étage. 

MoLIbRE. 

|KJ"  Bas  Étage.  C'eft  une  exprelfion  baffe  :  elle  eft  au 
moins  profcrite  du  ftyle  noble. 

Oa  dit  proverbialement  &  figurément ,  qu'un 
homme  eft  fou ,  qu'il  eft  foc  à  triple  étùge ,  pour 
dire,  excellîvement,  au  dernier  point. 

§3°  Ce  mot  eft  aulH  d'ufage  dans  l'Amérique  en 
parlant  des  plantations.  Les  habitations  s'établilfenc 
au  bord  de  la  mer ,  ou  le  plus  près  qu'il  eft  pollîble. 
Celles  qui  font  au  bord  de  la  mer  ,  s'appellent  le 
premier  étage.  Celles  qui  viennent  immédiatemenc 
après ,  le  fécond  étage.  Si  le  quartier  eft  bon  ,  il  s'y 
forme  jufqu'à  quatre  étages. 

ETAGER.  f.  m.  Vieux  terme  de  Coutumes ,  qui  fe  dit 
des  fujets  qui  font  demeurans  &  domiciliés  dans 
une  Seigneurie,  cm  de  celui  qui  eft  obligé  d'y  venir 
rélider  en  temps  de  guerre.  On  les  appelle  aulîi 
manfoniers  en  Bretagne.  Stagerius.  Etre  étager,  ou 
devoir  étage.  Le  Roman  de  Lohérans  dit: 

Ferei  fermer  h  chastel  de  Belin  _, 
Etjaices  dire  vostre  Prévost  Oudin  , 
Les  eftagers/àfe  céans  venir 
Trestost  femongne  &  les  grands  &  petits. 

Jr°y^l  Du  Frefne  Gloff.  de  Villehard. 

CCT  Etager.  v.  a.  Terme  de  l'erruquier.  Metrre  les 
cheveux  par  étages  j  en  forte  que  les  plus  hauts 
foient  les  plus  courts,  &  les  plus  bas  les  plus  longs, 
pour  former  des  boucles  à  différentes  hauteurs, 
quand  on  les  frife.  On  ne  le  dit  guère  qu'en  parlant 
de  la  coupe  des  cheveux.  Les  Barbiers  enlJeignèrent 

,   à  étager  les  cheveux.  Dacier  ,  fur  Bor. 

ETAGIER.  Vieux  verbe  neutre,  qui  n'eft  plus  en 
ufage  il  y  a  long  -  temps.  Habitare  ,  commorari , 
manere.  Une  mêlée  commença  de  Griens  &  des  La- 
tins ,  qui  èrent  en  Conftantinople  estagier.  Vil- 
lehard. n.  107. 

ETAGUE.  f.  f.  Terme  de  Marine.  Manœuvre  qui  fert 
à  hiller  les  vergues  de  hune  au  haut  des  mâts.  On 
dit  aulli  Itaque  y  Etaque,  Itacle  &C  Etagle. 

ETAL  f.  m.  Terme  de  Marine ,  eft  une  groftè  corde 
qui  prend  depuis  le  fommet  d'un  mât  jufqu'au  pied 
de  celui  qui  eft  devant  lui  vers  la  proue ,  &  qui 
fert  à  raffermir.  Rudens  fulciens  ,  funis  nauticus 
crajjlor.  Il  y  a  le  grand  état  ,  X'étai  du  grand  hunier , 
Vetai  du  perroquet,  \'étai  de  mifaine  ,  Métai  d'arti- 
mon. Ces  étais  fervent  encore  pour  y  attacher  d'au- 
tres manœuvres  ,  &  il  y  en  a  qu'on  appelle  àefaux 
étais.  Le  faux  étai  eft  celui  que  l'on  met  pour  ren- 
forcer le  grand  mât ,  ou  pour  le  remplacer  en  cas 
3u'il  foit  coupé  par  quelque  coup  de  canon.  Le  collier 
e  Xétai  eft  comme  une  ganfe  par  laquelle  Vétai  eft 
accolé  au  mât  au-delfus  des  barres.  Les  voiles  à'étai , 
ou  qu'on  attache  à  l'iT^/, font  coupées  à  tiers  points. 
Vétai  eft  la  plus  groftè  corde  de  toutes  les  manœuvres. 

ÈTAIE.  f  f.  Fulcrum.  Il  eft  affez  difficile  de  reprc- 
fenter  par  l'écriture  comme  on  doit  prononcer  ce 
mot.  Richelet  veut  qu'on  prononce  comme  s'il  y  avoic 
étée  J  mais  on  croit  c\uétaie  eft  plus  approchant 
de  la  véritable  prononciation.  Etaie  eft  une  groffe 
pièce  de  bois  ou  de  charpente  pour  foutenir  les 
planchers  d'une  maifon  dont  on  veut  rebâtit  un  gros 
mur ,  ou  pour  en  foutenir  feulement  quelque  partie 
qui  menace  ruine-  On  fait  aulli  des  étaies  avec  de 
la  pierre  par  des  piliers  &  des  arcs-boutans. 

Étaie  ,  a  une  fignification  plus  étendue  quétançon  , 
&  s'entend  généralement  de  toutes  fortes  d'appuis  , 
foit  de  charpente  ,  foit  de  maçonnerie. 

T  c  c  1 1  ij 


SS4  ETA  ^  ETA 

£taie,  en  termes  de  blafon  ,  fe  dir  d'un  petit  che-   l'Ètain de Coinouaille ,  qui  vient  d'Angleterre,  eft 


vron  dont  on  fe  lert  pour  écayer  ou  foutenir  quel 
que  chofe.  Tigillum.  L'etaii  ne  doit  avoir  que  le 
quart  de  la  largeur  du  chevron.  P.  Men.  Il  lemble 
qu'on  devroit  écrire  étaye  j  comme  ccayemenc  &c 
écayer.  On  fe  conforme  ici  à  l'orcographe  du  Dic- 
tionnaire de  l'Ac.  Fr.  mais  je  ne  vois  aucune  laifon 
qui  puifTe  la  faire  préf-érer.  ' 
ÉTAIEMENT.  f.  m.  A6iioa  d'etayer. Ftt/a/72e,7r«/w,  F. 

Etayhment. 
ÉTAIM.ouETAIN.  f.  m.  C'eft  le  plus  fin  de  la  laine, 
qui  n'eft  appelé  écalm  ,  que  quand  il  ell  tiré  de  la 
laine.  Foy.  Laine.  L'Ouvrier  qui  carde  la  laine , 
s'appelle  ûmp\cmenz  Curdeur ,  &  celui  qui  en  tire 
'le  plus  fin  ,  s'appelle  Tueur  iVctaim.  On  le  contente 
de  faire  chauffer  la  laine  ;  après  quoi  on  la  brile 
avec  deux  grands  peignes ,  dont  les  dents  j  appelées 
pics  y  font  longues  d'environ  dix  pouces  ,  un  peu 
recourbées  par  l'extrémité.  Quand  la  laine  fe  trouve 
bien  brifée  ,  le  Tireur  tait  fuivreà  la  main  le  fin  de 
la  laine ,  &c  alors  c'eft  de  ['âuim.  Ecaim  à  filer , 
■étdim  filé ,  bas  A'écaim. 

Si  Vcraim  n'étoit  que  de  la  laine  cardée  propre  à 
filer,  comme  on  l'a  du  dans  les  précédentes  édi- 
tions ,  bas  à'écdim  &c  bas  de  laine  leroient  abfolu- 
ment  la  même  chofe.  La  différence  cependant  eft 
grande.  Des  bas  à'ctaim  font  des  bas  haits  du  fin  de 
la  laine,  Se  des  bas  de  laine  font  des  bas  faits  de 
iimple  laine  cardée  ,  dont  communément  on  n'a  pas 
tiré  le  fin.  On  fait  de  grands  filets  d'frj^/w pour  laire 
des  étoffes ,  des  tapilFeries ,  des  bas ,  &c.  Et  on 
appelle  particulièrement  écaim,  les  filets  de  laine 
étendus  de  long  pour  faire  l'étoffe  ,  par  oppohtion  à 
trame,  qui  font  les  filets  qui  les  traverlent. 

Ce  mot  vient  de  Stamen.  Jean  Biaunius  j  dans 
fon  Livre  des  Ornemens  Sacerdotaux  des  Hébreux, 
dit  que  le  mot  Ai  stamen  vient  àscancibusfilis  ,  parce 
qu'on  faifoit  ces  vêtemens  au  métier,  autour  du- 
quel on  tournoit  pour  y  travailler  debout. 
^CT  ETAIN,  comme  l'écrit  l'Académie  ,  pour  le  dif- 
tinguer  du  mot  ecaim  ,  dont  on  vient  de  parler  ,  e(l 
fubff.  m.  C'eft  un  des  fix  métaux  primitfs.  Efpèce 
de  métal  blanc  ,  flexible  &  moû,  plus  léger  que  tous 
les  autres  métaux,  &  qui  f;iit  un  petit  cri  ou  bruit, 
scridor ,  quand  on  le  plie,  ^w/^^i/m.  Les  Chimiftes 
nous  affûtent  que  fes  parties  élémentaires  font  le 
ibufre  ,  la  tetre  &  le  fel  \  &  ils  affurent  qu'il  a  des 
pores  beaucoup  plus  gtands  que  ceux  de  l'argent. 
C'eft  en  Angleterre  &  en  Allemagne  que  fe  trou- 
vent les  meilleures  mines  à'écain.  Vecain  s'unit 
très-facilement  avec  les  autres  métaux;  mais  il  leur 
ôte  leur  du6lilité ,  les  rend  aigres  &  caffins  :  c'eft 
pour  cela  que  quelques-uns  l'ont  appelé  diabolus 
metallorum.  h'étain  ne  devient  fonote  que  par  l'al- 
liage. Ainfi  J  quoique  Vécain  fonnant  foit  le  meil- 
leur ^  il  n'eft  pas  le  plus  pur. 
Etain  vient  du  Latin  Stannum, 
Ce  mot  a  pludeurs  lignifications  en  termes  de 
Philofophie  hermétique.  Ecain  des  Philofoplies ,  li- 
gnifie ou  bien  l'ouvrage  de  la  pierre  ,  ou  le  mercure 
des  Philofophes  ,  ou  l'œuvre  au  blanc  qu'il  faut 
encore  cuire. 

La  cérufe  à'écain  ,  eft  une  poudre  blanche  dont 
on  fait  un  émail  blanc  qui  colote  les  vaiffeauxde 
•fayence.  On  en  fait  auffi  du  fard  qu'on  appelle  blanc 
à'EJpagne.  Cène  cérnk  ne  fe  fait  pas  avec  du  vi- 
naigre ,  comme  celle  de  plomb  ,  mais  avec  de  l'u- 
rine de  jeune  -  homme ,  parce  qu'il  faut  une  plus 
grande  force  pour  entrer  dans  fes  pores,  qu'en  ceux 
du  plomb.  La  potée  qui  fert  à  polir  les  miroirs  d'a- 
cier ,  eft  de  la  chaux  d'écain ,  ou  de  l'écain  calciné 
&  brûlé.  Les  Chimiftes  appellent  beloard  Jovial ,  la 
chaire  à'écain  ,  &  i'efprit  de  nitre  diftillé  &  évaporé.! 
On  rient  que  c'eft  un  remède  fpccifique  pour  les 
maux  de  matrice.  On  appelle  fleurs  d'écain  ,  ce 
qu'on  tire  de  l'écain,  par  la  lublimation  ,  lorfqu'il 
eft  mêlé  avec  quelques  fels ,  comme  l'ammoniac  & 
auttes.  Les  Chymiftes  appellent  ce  métal  Jupicer , 
croyant  qu'il  a  quelque  rapport  avec  cette  Planète. 


meilleur  que  celui  d'Allemagne  :  car  on  ne  ttanf- 
porte  celui-ci  qu'après  que  le  plus  pur  a  fecvi  à  co- 
lorer du  fer  blanc.  Le  plomb  &  Vecain  perdent  leur 
pétillement,  leur  mollelle  îk  leur  noirceur,  étant 
tondus  &  éteints  dans  du  jus  de  fquille  ,  qui  eft  un 
oignon  marin  qui  a  la  tonne  d'un  navet. 

l'Etain  fin  ,  Xetainfonnanc ,  c'eft  le  meilleur  écain  \  & 
par  les  réglemens  il  doit  être  inatqué  par-deffous 
l'ouvrage.  L'écain  commun  eft  celui  qui  eft  de  moin- 
dre prix  ,  qui  fe  doit  marquer  par-deilus  l'oiwrage, 
&  qui  approche  plus  du  plomb.  L'écain  à'ancimoine, 
eft  celui  oii  l'on  a  mêlé  une  partie  d'antimoine  pouc 
le  blanchir  &  durcir.  L'écain  de  glace  ,  eft  une  iorte 
à'ccain  luifant  j  qu'on  appelle  autrement  bifmuch. 
Un  Potier  à'écain  eft  celui  qui  tait  &  qui  vend  la 
vaiffelle  à'écain. 

ETAINS.  f.  m.  Terme  de  Marine.  Stamina.  Les  écains 
font  deux  pièces  de  bois  d'une  même  figute  ,  lef- 
quclles  étant  mifes  en  œuvre  fur  l'etambord,  font 
portion  de  cercle  ,  &  forment  le  rond  de  l'arrière, 
ou  l'arcalTe  du  vaiffeau. 

ETALAGE,  f.  m.  Expofition  d'une  marchandife  pour 
être  vue  &  vendue.  Expoflcio. 

^fT  Etalage  ,  fe  dit  aufti  des  mauvaifes  marchan- 
difes  qu'on  étale  &  qu'on  déploie  pour  fervir  de 
montre.  Je  ne  veux  point  dem3rchandifesd't;'w/i.?^e. 
M.  De  la  Mare ,  dans  fon  Traicé  de  la  Police  ,  ap- 
pelle aulîi  écalage  les  bans ,  ou  tables ,  &c.  fur  lef- 
quelles  on  étale.  C'étoit  aux  Ediles  à  taire  retirer  les 
écalages.  Les  écalages  feront  retirés  à  fix  pouces  du 
gros  mur. 

Ce  mot  ^ientdu  Latin  Stallagium-  Du  Cange. 

Étalage  ,  fignifie  aulîi  le  droit  que  paient  les  Mar- 
chands pour  la  place  ou  la  boutique  que  leurs  mar- 
chandiles  occupent  ,  pour  la  permillion  d'étaler. 
Jus  propalandi  merces.  Les  Marchands  dans  les  Foires 
paient  ['écalage  y  c'eft-à-dire  ,  pour  la  boutique, 
pour  le  droit  du  Seigneur. 

Etalage  ,  fe  dit  au  figuré  de  l'ajuftement ,  de  la  pa- 
rure affedce  ,  &  fur-tout  de  celle  des  femmes.  Elle 
avoit  employé  bien  du  temps  àfe  parer  pour  le  bal  j 
mais  elle  a  perdu  la  peine  ,  &  fon  étalage.  Bon  dans 
le  rtyleplailant  &  badin. 

Ce  chêne  creux  &  toujours  verCy 

Qu'on  voie  en  fuperbe  étalage 

Dominer  fur  vocre  village  , 

Semble  m' offrir  fon  fianc  ouvert.  P.  Du  Cerc. 

Étalage  ,  fe  dit  encore  fîgurément  de  tout  ce  qa'on 
pi  end  plaifir  à  faire  voir,  de  tout  ce  dont  on  tait 
parade  avec  afteélation.  Ainfi  on  le  dit  toujours  en 
mauvaife  ^ah.  Apparatus ,  ostencacio.  K  (\ao\hon 
ce  pompeux  écalage  de  paroles  étudiées  ?  L'envie  de 
faire  parade  de  ce  que  l'on  fait ,  &  d'éblouir  le 
monde  par  le  pompeux  écalage  d'une  érudition  faf- 
tueufe  J  eft  la  marque  d'une  lotte  vanité.  Bell.  Ce 
grand  écalage  de  fcicnce  ,  par  où  vous  cherchez  à 
éblouir  les  autres  ,  ne  fert  qu'à  vous  faire  regarder 
comme  un  pédant  incommode.  Id.  Elle  croyoit  je- 
ter de  la  poudre  aux  yeux  par  le  dévot  étalage  de  fos 
haires  &  de  fes  difciplines.  S.  Evr. 

ÉTALER.  V.  a.  Expofer  de  la  marchandife  en  vente, 
la  mettre  en  étalage  ,  .à  la  vue  du  public.  Exponere, 
vénales  proponere  ,  propalare.  Ce  Boucher  étale  fa 
viande  ,  ce  Mercier  fa  mercerie.  Il  eft  défendu  d'e- 
ra/er  certains  jours  &  en  certains  lieux.  On  a  dit  au- 
trefois esceller  3c  escaler  ,  pour  écaler. 

Etaler  ,  fe  ditaufti  de  ce  qui  eft  déployé  ,  expofé  aux 
yeux.  Oscencare ,  explicare.  Le  paon  écalefo.  queue. 
^fJ'  On  dit  dans  ce  fens  j  écaler  fon  jeu  ,  mon- 
trer, étendre  fes  cartes  fur  la  table. 

ipr  Étaler,  fe  dit  figurément  ,  pour  déployer, 
montrer  avec  oftentation  ,  faire  parade  de  quelque 
chofe.  Voye:^  Montre  ,  Parade.  J'ai-Jiorreur  de 
leur  infamie  ,  car  ils  écalenc  ici  par-tput  leur  mol- 
leffe  &  leur  lâcheté.  Abl.  Ecaler  fa  folie-  Id.  Ecaler 
fon  zèle.  Racine.  Etaler  fes  charmes.  Chacun  étala 


ETA 

fes  talens.  La  Font.  On  ne  regarde  la  converfation 
que  comme  un  moyen  à'iCaUr  ce  qu'on  croit  favoir. 
S.  EvR.  Dieu  ne  pardonna  pas  à  Lzcchias  la  fecicte 
complaisance  avec  laquelle  il  écala  fes  trélors  aux 
Amballadeursd'Alfyrie.  Roy. 

Trop  aimable  Tirjîs  j  pourquoi  mal- à-propos 
Etaler  tant  d'appas  ,  &   troubler  mon  repos  ? 

La  Suze. 

§3*  On  dit  auJîî  étaler  fes  raifons ,  fes  preuves  , 
fon  éloquence,  fes  talens,  les  étendre,  les  dé- 
ployer. 

ifT  Et  dans  le  ftyle  familier,  étaler  fa  marchandife  , 
faire  parade  de  ce  qu'on  a  de  meilleur ,  de  rare,  de 
lîngulier. 
Etaler  ,  en  termes  de  Marine ,  fignifie  Mouiller  pen- 
dant un  vent ,  ou  une  marée  contraire  à  la  route  , 
pour  attendre  un  temps  plus  favorable.  Ceft  au(lî  fe 
iervir  du  courant  de  la  mer  pour  faire  fa  route  par 
un  vent  contraire  ,  quand  la  maiée  ell  favorable 
Quand  la  tempête  eft  trop  forte  ,  au  lieu  àl étaler  \q% 
marées  ,  il  faut  relâcher  au  premier  port. 

Nicot  avec  Poftel   tient   que  ce  mot  vient  du 
Grec  'eV«>n»  ^  dérivé  de  nAA*  qui  fignifie  ]  arrange  ^ 
je  mets  en  ordre.  Ménage  le  dérive  de  stellare  , 
comme  cstau  àQ  stallum ,  qui  a  été  fait  de  stabulum. 
Étalé  ,  ée.  part.  palT. 

ÊTALEUR.  f.  m. Institor librarius.  Pauvre  Librairequi 
étale  des  livres  pour  les  vendre.  On  trouve  quelque 
fois  d'alfez  bons  livres  chez  les  Etaleurs. 

^y  On  peut  le  dire  de  tout  autre  marchand  qui 
étale  fes  marchandifes  fur  des  pieux  pour  les  ven- 
dre ,  qui  vend  à  un  étalage, /To^û/a.  Mercier  Hta- 
leur. 
ÉTALIER.  adj.  m.  Qui  ne  fe  dit  que  des  Compagnons 
Bouchers  qui  vendent  en  détail ,  &  qui  étalent  en 
public  la  viande  de  boucherie.  Institor  laniarius.  Il 
faut  être  fra/ie/- Boucher  avant  que  dctre  Maître. 

Les  Normands  appellent  ew//Vr^, certaines  fafci- 
nes  qui  ferment  les  terres ,  afin  que  les  chevaux  n'y 
puillent  pas  entrer.  Kom.  Com. 
ÉTALINGUER.  v.  a.  Terme  de  Marine.  Voye\  Ta- 

LiNiiUER  ,  c'eft  la  même  chofe. 
ÉTALON  ,  autrefois  ETELON.  f.  m.  Equus  admif- 
farius.  Cheval  entier  qui  fert  à  couvrir  les  jumens 
poulinières  qu'on  enferme  dans  un  haras  pour  en 
avoir  de  la  race.  Il  faut  laitier  aller  l'étalon  aux  ca- 
vales ,  &  ne  les  point  faire  couvrir  en  main  ,  c'eft- 
à-dire  en  les  tenant  par  le  licol.  Les  meilleurs  éta- 
lons font  les  chevaux  d'Efpagne. 

Ce  mot  vient  de  stallone  ,  qui  a  été  fait  de  stal- 
lum  j  qu'on  a  dit  pour  stabulum.  Mén.  Du  Cange 
dit  qu'il  vient  de  equus  ad  stallum. 
ETA  LON ,  fignifie  auili  la  mcfure  publique  &  certaine 
qu'on  garde  au  Greffe  de  la  Haute-Jullice  ,  ou  au 
Bureau  de  la  ville ,  fur  laquelle  toutes  les  autres  font 
réglées  ;  ce  qui  fe  dit  tant  des  poids  que  des  vaif- 
feaux  ,  &  des  mefures  de  longueurs  ,  comme  li- 
vres ,  marcs  ,  boiHeaux  ,  pintes  ,  aunes ,  minots  , 
-  &c.  Prototype  des  poids  &  des  mefures ,  autorift 
&  confervé  par  le  Magiftrat,  fur  lequel  les  mefures 
&  les  poids  des  Marchands  doivent  être  réglés. 
Modulus  ,  modus  ,  exemplar  ,  archetypum.  Les 
Romains  &  les  Juifs  gardoient  dans  leurs  temples 
l'eM/û/z  des  mefures  &  des  poids.  Le  Roi  Henri  H. 
en  Î557.  ordonna  que  les  ifrj/c>,7j  de  gros  poids  & 
mefures  feroient  gardés  dans  l'Hôtel  de  Ville  de  Pa- 
ris. Ils  étoient  anciennement  gardés  dans  des  lieux 
publics  &  dans  les  Monaftères  ;  &  par  l'Ordonnance 
de  1 5  40.  il  eft  dit  que  ['étalon  du  poids  de  l'or  &  de 
l'argent ,  lequel  étoit  anciennement  gardé  dans  le 
Palais  du  Roi  ,  fera  gardé  à  la  Cour  des  Monnoies. 
Ainfi  la  Cour  des  Monnoies  prétend  qu'elle  a  feule 
le  droit  de  faire  étaloanerces  poids ,  parce  qu'elle 
en  a  feule  l'étalon  général,  le  principal  &  l'arché- 

Etalon  ,  en  ce  fens  ,  u  l'on  en  croit  Ménage ,  eft 
un  compofé  de  ces  deux  roots  Latins  est  talis ,  pour 


HT  A  88; 

faire  entendre,  dit-il ,  que  la  mcfure  qui  a  pafTé 
par  cette  épreuve  eft  telle  qu'elle  doit  ctrej  félon  les 
Lois  du  Royaume  ,  ou  qu'elle  eft  telle  que  la  me- 
fure  originale.  Il  eft  pl^s  probable  qu'il  vient  du 
Saxon  stalone  qui  fignifie  mefure. 

Les  Charpentiers  appellent  auili  étalon  ,  ou  ételon. 
des  ais  qu'ils  pofeiit  à  terre  pour  y  tracer  la  maîtrellè 
ferme  d'un  bâtiment.  C'est  aulli  une  cheville  qui  lie 
deux  bois  enchalfés  dans  des  mortoifes.  Fibula  li- 
gnatia.  PoMEY. 

En  termes  d'Eaux  &  Forêts,  on  appelle  aufîî  éta- 
lon, un  chêne  ou  autre  arbre  de  l'âge  du  bois ,  qu'on 
a  réfervé  à  la  dernière  coupe  ,  qu'on  appelle  autre- 
ment lais  ,  ou  baliveau  ,  quercus  refes. 

Ce  mot  en  ce  fens  vient  de  stare  ,  «Se  de  lonaus 
c'est-à-dire  ,  des  arbres  qu'on  laifie  debout     afin 
qu'ils  deviennent  longs  &  hauts. 

Etalon.  Terme  de  Cartier.  On  nomme  auffi  de  la 
forte  dans  la  Communauté  des  M.iîtres  Carriers  , 
faifeurs  de  cartes  à  jouer  ,  FeuilletiersTarotiers 
les  moules  &  modèles  déposés  à  la  Chambre  du  Pro- 
cureur du  Roi  au  Châtelet  de  Paris ,  fur  lefquelsils 
doivent  fe  régler  pour  la  fabrique  des  carres  à 
jouer. 

ETALONNAGE,  f.  m.  Voye\  Étalonnement  qui 
fuit  :  c'est  la  même  chofe.  Aétion  d'étalonner  les 
poids  &les  mefures.  Menfurarum  ad  archetypum  exa- 
men j  exaclio.  M.  de  la  Mare  traite  de  l'étalonnage 
des  mefures  dans  fon  Traité  de  la  Police,  L.  V.  Tit. 
FUI ,  C.j.  T.  II.  p.  7^6. 

ÉTALONNEMENT,  f.  m.  Adion  d'éralonner.  Proba- 
tio  ad  modulum  archetypum.  U  faur  porter  ce  poids  à 
la  Monnoie  pour  en  faire  \ étalonnement. 

fO"  On  appelle  aulli  étalonnage  j  ou  étalonnement 
le  droit  qui  fe  payoit  à  l'OfHcier  qui  étalonnoit  , 
droit  qui  ne  fubfifteplus.i 

ETALONNER,  v.  a.  Faire  marquer  au  Bureau  public 
les  poids  &  mefures  ,  pour  certifier  qu'ils  font  juftes 
&  qu'ils  ont  été  confrontés  avec  la  mefure  originale. 
Metiri ,  probare  ad  modulum.  Les  poids  de  ce  trébu- 
cher ont  été  marqués  &  étalonnés.  On  condamne 
les  Marchands  à  l'amende  ,  quand  ils  n'ont  pas  fait 
étalonner  leurs  mefures.  Pour  l'étymologie ,  voye:i 
ci-deirus  Étalon  ,  mefure  publique. 

f^  Etalonner  ,  dans  les  haras.  Couvrir  une  jument. 
Voye-[  Etalon. 

Étalonné  j  ée.  part.  Prabatus  ad exemplum ^  ad exerri' 
plar. 

ÉTALONNEUR.  f.  m.  Oflicier  qui  eft  commis  pour 
marquer  &  étalonner  les  poids  &  les  mefures.  PrO' 
bator  j,  inquijltor ,  ex aclor  ad  archetypum. 

ETAMAGE.  f.  m.  L'adion  d'étamer.  Il  y  a  un  Arrêt 
du  Confeil  du  Roi  du  17  Septembre  1745  ,  qui  dé- 
fend aux  Chaudronniers  d'employer  du  plomb 
dans  Vétamage  de  la  vailfelle  de  cuivre ,  fous  peine 
de  confifcation  Aq%  pièces  de  chaudronnerie  dans 
Vétamage  defquelles  il  v  aura  du  plomb  j  6c  de  500 
liv.  d'amende.  Foye:;  Etamer. 

ÉTAMBOT,  ou  ÉTAMBORT.  f.  m.  Caput  ad pup~ 
pim  ,  qu'on  nomme  fur  la  mer  de  Levant ,  Rota 
dipoppa  ,  capion  de  poupe  )  eft  une  grande  pièce  de 
bois  qu'on  ente  fur  le  bout  de  derrière  de  la  quille, 
fur  laquelle  on  bâtit  le  château  de  poupe.  Elle  mon- 
te par  un  angle  obtus  jufqu'au-delfus  du  premier 
pont.  Cette  pièce  avec  l'érable  font  l'élancement  on 
la  quête  du  navire.  Elle  fert  à  foutenirle  château  de 
poupe,  &  le  gouvernail  qui  y  eft  attaché.  L'tr'w/;z- 
hot  doit  être  piété  ,  c'eft-à-dire ,  divifé  par  des  me- 
fures de  pieds  de  Roi ,  afin  qu'on  puilTe  favoir  com- 
bien le  navire  tire  de  pieds  d'eau. 

Le  P.  Le  Comte  ,  dans  fes  Nouveaux  Mémoires' 
de  la  Chine,  écrit  eftambort.  Le  gouvernail  des  vaif- 
feaux  Chinois  j  beaucoup  plus  large  que  les  nôrres, 
eft  fortement  attaché  à  Vefiamborr  par  deux  cables 
qui  paftent  fous  toute  la  longueur  du  vaiffeau  juf- 
qu'à  l'avant  j  où  ils  font  bandés  à  l'aide  d'un  vire- 
veau.  Etambot  eft  feul  ufité. 

Contre-Étambot.  C'eft  une  pièce  de  bois  coutbe  ^ 


U6 


ETA 


qui  lie  par-dedans  l'écambot  du  vailFeau  avec  la 
quille. 
ÉTAMBRAIE.  f.  m.  Terme  de  Marine.  Ce  font  des 
planches  ou  pièces  qui  le  mectenc  audcllus  des 
ponts  ,  aurour  des  mâts ,  pour  foruher  ces  endroits. 
Tibianes  _,  JuLcra,  On  les  appelle  aulli  etarabrcs  ,  ou 
ferres  demucs.  On  appelle  auiii  tcamhraïc  ,  une  toile 
poillée  qu'on  met  autour  des  mâts  lut  le  plus  haut 
tillac  ,  de  peur  que  l'eau  ne  les  poui  ritle. 
ÉTAMER.  V.  a.  Enduire  avec  de  l'étain  tondu  ,  ou  en 
menues  leuilles.  Obducerc  j  incoquere  ftaiino.  On 
étame  les  marmites  de  cuivre  ,  arin  qu'elles  ne  pren- 
nent point  le  goût  de  l'auain.  Previent-on  par-là 
tous  les  inconvéniens  ?  L'ét.image  couvre-t-il  exac- 
tement toutes  les  parties  du  cuivre.''  Ne  peut-il  pas 
fe  fondte  par  la  violence  du  teu  ?  Ne  contient-il  pas 
lui-même  quelque  parties  d'arlenic. 

On  écarne ,  on  blanchit  les  ferrures,  le  fer  blanc, 
les  mords  &  les  éperons. 

§C?  Chez  les  Cloutiers  on  étame  les  clous  de  cui- 
vre en  les  failant  chauffer  dans  un  pot  de  terre  :  En- 
fuite  on  y  jette  de  l'étain  &  du  fel  ammoniac.  L'étain 
fondu  par  la  chaleur  des  clous  s'y  attache  ,  s'y  amal- 
game &  les  rend  blancs. 
Etamer  ,  chez  leî  Miroitiers  ,  c'ell  appliquer  fur  le 
derrière  d'un  miroir  une  compohcion  de  mercure 
&  d'autres  ingtédiens ,  qui  feri  à  réiléchir  l'image 
des  objets. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  stannare  ,  comme  qui 
diroit  stanno  inducere. 
Etamé  j    ée.  part.  &  adj.  stanno  incocîus ,  iUltus. 
ETAMEUR.  f.  m.  Celui  qui  étame.  Les  Maîtres  Clou- 
^   tiers  de  Paris  prennent  la  qualité  à'étameurs. 
EXAMINE,  f  f.  Petite  étoffe  fort  mince ,  qui  n'eft 
point  croifée  &:  travaillée  carrément  comme  la  toile 
Subtile  textum.  Etamïne  de  laine ,  étamine  de  foie  , 
étainine  du  Lude  buratée.  Les  étammes  de  laine  fe 
font  avec  de  la  laine  féche  dégraiflee  avec  du  savon 
noir  auparavant  que  d'être  filée.  Il  y  a  aulll  une  ef- 
pèce  à' étamine  qu'on  appelle  voi/e  ,  qui  ell  toute  de 
foie  crue,  telle  qu'elle  vient  du  cocon. 

Le  Cardinal  Jacques  de  Vitry  ,  dans  la  vie  de  la 
B.  Marie  d'Oignies,  C.  14.  n.  j/.  femble  marquer 
que  de  fon  temps  ,  &  au  commencement  du  XIV^ 
iiècle,  le  moi  étamine  fe  difoit  d'une  étoffe  grof- 
fière  &  rude  ,  car  il  dit  de  cette  Sainte  ,  qu'au  lieu 
d'une  chemife  de  linge  ,  elle  portoit  un  fac  de  cilice 
rude,  qui  en  langue  vulgaire ,  s'appeloit  étamine. 
Lineâ  camtfîâjuxta  carnem  utehatur  ;fedfaccj  cilici- 
no  afpero  ,  qui  linguâ  publtcà  nuncupatur  eltamine. 
Acl.  Sanci.  Junii ,  T.  IF.  p.  6^^:).  mais  il  y  a  de  l'ap- 
parence qu'il  ne  dit  cela  que  par  rapport  au  linge  , 
au  regard  duquel  ïétamine  eft  en  effet  une  elpèce  de 
cilice. 
Etamine,  fe  dit  aufll  d'un  morceau  d'étoffe  claire , 
dont  les  Apothicaires  &  autres  fe  fervent  pour  paf- 
ferou  filtrer  leurs  Médecines  ou  autres  liqueurs.  On 
a  audl  appelé  étamine  les  bluteaux  ,  ou  facs  déliés 
faits  de  crin  ou  d  étoffées.  Cdicium,  textum  cilicinum. 
Quelques  gens  ptopres  portent  aulîi  une  étamine 
dans  leur  poche  pour  nettoyer  leurs  habits  aube- 
foin. 

On  dit  figurément  qu'un  homme  a  pairéparTeM- 
mine  ,  quand  il  a  été  bien  purgé,  bien  nettoyé, 
bien  examiné.  Ce  Traitant  a  été  taxé  à  la  Chambre 
ce  Juftice  ,  il  a  palfé  par  Vétamine.  Cet  homme  a 
été  deux  rnois  entre  les  mains  des  Chirurgiens  j  il  a 
bien  paffe  pat  ïétamine. 

Tout  ce  qui  s  offre  à  moi  paffe  par  Tétamine. 

Bon.. 

Les  Académiciens  de  la  CrufcakV\oxtnct  préten- 
doient  être  en  droit  de  faire  paffer  par  t étamine 
tous  les  ouvrages  de  quelque  réputation  qui  tom- 
boient  entre  leurs  mains  :  c'eft  pour  cela  qu'ils 
ont  pris  le  nom  de  la  Crufca  ,  qui  fignifie  du  fon  , 
&  pour  devife  un  fas.  Ab.  de  Ck.  Sans  la  correc- 
tion de  cette  explication ,  paiïer  par  l'etamine  eft 


ETA 

j     une  exprelTion  populaire  ,  qui  ne  s'emploie  point 

j      dans  un  Ouvrage  léneux  Bouh. 

'  0Cr  Examine.  Terme  de  Meuriltes&deBotaniftes.  Ce 
qu'on  appelle  etammes ,  stamen  j  capiilamentum 
lont  les  parties  mâles  des  plantes.  Elles  font  compo'- 
fées  d'un  iA^\..,jiiamentum ,  &  d'un  lommet ,  antkera. 
Le  hlet  fert  à  foutemr  le  loinmet,  faifant  fondion 
d'un  pédicule.  Le  fommet  elluneou  pluheuis  bour- 
fes  ou  caplules  remplies  de  pouiliere.  On  nomme 
ÛQWïsietamines  o\i  miias  ^  jios  stamineus  ^  cQ\[Qi 
qui  n'ont  point  de  pilbl.  Linnasus  a  défigné  la  diffé- 
rence de  l'une  à  l'autre  partie  des  c;'w/7ï/rt<rj,  ayant 
égard  à  leur  nombre,  leur  figure,  leur  pofition  , 
comme  quand  il  dit  anthera  erecla  ,  un  fommet  qui 
fe  tient  droit  fur  fon  filet ,  anthera  verfatUis  ou  in- 
cumbens  ,  un  fommet  qui  eft  attaché  au  filet  par  le 
coté. 

Selon  la  définition  à'étamine  donnée  par  M.  Tour- 
nefort ,  il  eft  eifentiel  aux  etamines  d'être  chargées 
de  lommets  :  ainfi  les  etamines  font  des  filets  placés 
ordinaitement  au  centre  de  la  fleur  ,  &  qui  foutien- 
nent  des  fommets,  apices.  M.  De  Reaumur  alfure  , 
dans  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  1 7 1 1 . 
p.  iyo.  qu'avec  quelque  foin  qu'il  ait  examiné  les 
hkis  âwjucus  marinus ,  il  n'en  a  pu  trouver  dont 
les  extrémités  fulfent  chargées  de  fommets  :  ce  qui 
l'empêche  de  leur  donner  le  nom  ^etamines.  Mais 
il  ajoute  qu'on  peut  fuppofer  que  les  lommets  de 
ces  filets  tombent  dès-lors  que  ces  filets  commen- 
cent à  fe  développer  ;  que  peut-être  même  tom- 
bent-ils plus  tard ,  quoiqu'il  n'en  ait  point  apperçu  ; 
5f  qu'une  fuppofitionde  plus  ne  coûte  guère  dans  un 
fVftême.  Les  Etamines  &C  les  fommets  font  differens 
dans  certains  genres  déplantes. Foye^  Sommet.  Les 
tulipes  les  plus  eftimées  font  celles  qui  ont  le  fond 
bleu  ,  &  les  etamines  noires. 

Ce  mot  vient  de  stamina  ,  c'eft  à  dire  ,  petits  fi- 
lets.^ Liger  croit  que  ces  parties  des  fleurs  ont  été  ap- 
pelées etamines ,  par  la  relTemblarice  qu'on  a  vu 
qu'il  y  avoir  entre  la  couleur  de  ces  parties  ,  Sc 
celle  qu'on  remarque  fur  les  étoffées  qu'on  nomme 
etamines. 

M.  De  TourneFort  regardoit  les  etamines  comme 
les  canaux  excrétoires ,  qui  déchargeoient  l'em- 
bryon naiffant  des  fucs  inutiles  ;  &  il  croyoit  que 
ces  excrcmens  de  la  nourriture  du  fruit  formoient 
la  poudière  qu'on  remarquoit  dans  ces  etamines. 
M.  Geoffroi  le  cadet ,  qui  explique  la  génération 
des  plantes  d'une  manière  qui  a  de  l'analogie  avec 
celle  des  animaux  ,  prétend  que  cette  pouffière  ,  en 
tombant  fur  le  piftil,  communique  par  ce  canal , 
ou  tuyau  ,  la  fécondité  à  la  graine  ,  ou  au  fruit  que 
ce  piftil  renferme.  Sur  ce  pied- là  on  peut  dire  qu'une 
même  fleur  auroit  les  deux  fexes  j  qui  concourroient 
enfembleà  la  génération  ;  que  \es  etamines  {ero'ient 
la  partie  mafculine  de  la  fleur  ;  que  la  poudière  , 
qui  eft  toujours  d'une  nature  huileufe  &  gluante  , 
répondroit  à  la  liqueur  féminaie  ,  &c  que  le  piftil 
feroit  la  partie  féminine,  qui  conduiroit  aux  em- 
bryons ce  que  cette  poullière  fourniroit  d'utile  pour 
les  féconder.  Foye:[  l'Hiftoire  de  l'Acad.  Royale  des 
Sciencesde  17 11.  p.  110. 

ÉTAMiNiER.  f.  m.  Celui  qui  fabrique  ou  quijvend 
des  etamines. 

ETAMPE.  f,  m.  Certain  outil  donc  les  Serruriers  fe 
fervent  pour  river  les  boutons. 

C'eft  auflî  un  modèle  fur  lequel  on  coupe ,  on 
frappe  de  l'argent,  du  cuivre  j  pour  en  faire  l'em- 
preinte. 

ÊTAMPER.  V.  a.  Terme  de  Maréchal.  Percer  un  fer 
de  cheval  j  y  faire  les  huit  trous.  Fodcre  ,  cavare  , 
forare.  On  dit  étamper  maigre  ,  quand  on  fait  les 
trous  bien  près  du  bord  du  fer  ;  &  étamper  gras , 
quand  on  perce  le  fer  un  peu  plus  en  dedans.  Et  on 
dit  que  le  Maréchal  encloue  les  chevaux  fur  l'en- 
clume, quand  les  clous  font  mal  étampés  j  foitgras, 
foit  maigre  :  car  il  eft  difficile  ,  en  bronchant  les 
clous,  de  ne  pas  enclouer  le  cheval.  En  Dauphinc 


ETA 

on  dit  étAmvcr  pour  ccançonner ,  &  étampc  pour 
écançon. 

Ipf  ETAMPER  un  Nègre.  Voye\  Estamper. 

ÉTAMPES.  Ville  de  Bsauce  j  dans  le  pays  Chartrain  , 
du  côté  du  Q^(vL\o\%.Stamp(t  jScampdt.  castrum.  Cette 
ville  eft  fur  la  rivière  d'Yonne  ,  ou  d'Etampes  ,  fin- 
ie chemin  de  Paris  à  Orléans.  Quelques  Géographes 
croient  que  c'eft  l'ancienne  ^^/^a'/ra  ,  que  d'autres 
conjeéturent  être  Saclé.  Etampes  elt  éloigné  de  qua- 
torze lieues  de  Paris  j  &  de  dix-huit  ou  vingr  d'Or- 
léans. La  rivière  qui  palfe  à  Ecampes  ,  s'appelle  la 
Juines  j  ou  l'Yonne  j  &  plus  communément  la  ri- 
vière à' Etampes.  Ecampes  eft  de  l'ancien  Domaine 
de  nos  Rois.  Le  Roi  Robert  jeta  les  premiers  fon- 
demens  du  Château  6^ Etampes  ,  &  y  fit  bâtir  l'Eglife 
de  Notre-Dame ,  qui  eft  une  Collégiale.  Du  Chefne, 
Antlq.  (S*  Kecherchti  dss  villes  de  France.  Le  Château 
fut  ruiné  en  1651.  pendant  les  guerres  civiles  de 
France.  Charles  IV.  érigea  Etampes  en  Comté  l'an 
1327.  &  François  I.  en  Duché.  Henri  IV,  le  donna 
à  Céfar  ,  Duc  de  Vendôme  ,  fon  fils  naturel.  Il  eft 
revenu  à  la  Couronne  par  la  mort  de  M.  de  Ven- 
dôme. Dans  ce  mot  on  ne  prononce  jamais  ïs  finale, 
pas  même  quand  il  fuit  un  voyelle.  Long.  19.  d'. 
45.  lat.  4S.  d.  14'. 

ÈTAMPOIS.  Territoire  d'Etampes.  Pagus  Stampenjis^ 
dans  Grégoire  de  Tours  ,  Fredegaire  &  Nitard  \ 
Stamphifis  Pagus  ,  dans  les  Capitulaires  de  Char- 
lemagne  j  Stampifus  ,  dans  ceux  de  Charles  le 
Chauve  \  &  Provincia  Stampenfis  -,  dans  la  Chro- 
nique de  Maurigny.  Adr.  Valef  Not.  Gall.  p.  55 1. 

ÉTAMURE.  f.  f.  Terme  de  Chaudronnier.  C'eft  l'é- 
tain  dont  les  Chaudronniers  fe  fervent  pour  étamer. 
Stcinni  illitus.  Etamer  à  funple  étamure  ,  à  double 
étamure.  C'eft  aufti  l'action  d'étamer.  Starmi  in- 
duclio. 

ETANCHE.  f.  f.  On  dit ,  Mettre  à  étanche  un  bâtar- 
deau ,  c'eft-à-dire  ,  le  mettre  à  fec  par  le  moyen  des 
machines  qui  en  tirent  l'eau  pour  pouvoir  fonder, 
Ex/lccare ,  cxhaurlre. 

ÉTANCHEMENT.  f  m.  Adtion  d'ctancher.  Ex^cca- 
tio,  rcprejfio.  Les  plaies  dans  la  veine  cave  font  mor- 
telles ,  à  caufe  qu'on  ne  peut  faire  ï étanchement  du 

fa'ig- 
ETANCHER.  v.  a.  Appalfer  lafoif.  Siccare,reprlmere. 
Les  hydropiques  ont  beau  boire  ,  ils  ne  peuvent 
ccancher  leur  foif.  Sitim  pellere ,  resûnguere.  Dans 
l'âge  d'or  le  gland  étoit  la  nourriture  des  hommes , 
&  les  xW\ixt%  étanchoïent\t\\z  foif.  S.  Evr.  On  dit 
aulîî  au  figuré  ,  Un  avare  ne  peut  étancher  la  foif 
qu'il  a  des  richeffes.  Tous  les  fleuves  qui  roulent 
l'or  avec  leur  fable  ne  fauroient  étancher  \2.{d\i^v\v\ 
nvare.  Cos.  Etancher  fes  larmes ,  ceftèr  de  pleurer. 
Etand.er  les  larmes  de  quelqu'un  ,  faire  celTer  fes 
pleurs. 
Étancher,  fignlfie  auftI ,  Arrêter  une  liqueur  ,  em- 
pêcher fa  fortie ,  boucher  les  petites  ouvertures 
d'un  vaiiïeau  qui  s'enfuit.  OUïnere.  On  ne  peut 
étancher  et  bâtardeau  ,  en  épuifer  l'eau  ,  einpêcher 
qu'elle  ne  coule.  Il  faut  abreuver  cette  cuve  pour 
Xétancher ,  pour  empêcher  qu'elle  ne  coule.  Les 
blelTures  font  mortelles ,  quand  on  ne  peut  étan- 
cher le  fang  j  empêcher  qu'il  ne  coule  en  abon- 
dance. 

^CT  On  le  ditauftîen  Marine,  pour  pomper  l'eau 
d'un  vaifteau,  ou  boucher  les  voies.  On  dit  d'un 
vailfeau  qui  ne  prend  pointeau  ,  qu'il  eft  étanché. 

On  dit  auftî  j  que  les  foufïlets  d'une  orgue  font 
bien  étanché  s  ,  obferati ,  claufî ,  lorfqu'ils  font  fi 
bien  bouchés  ,  que  le  vent  ne  fe  perd  point. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  stancare ,  qu'on  a  dit 
dans  la  bafte  Latinité  ,  au  lieu  de  stagnare.  D'autres 
le  dérivent  de  extinguere. 
ÉTANCHÉ,  ÉE.  part.    Oblitus  j  Jîccatus  ^  restincîus  ^ 

repreffus. 
ÉTANÇON.  f   m.   Terme   de   Maçonnerie.  Grofte 
pièce  de  bois  qu'on  met  pour  foutenir  un  plancher , 
une  muraille  qu'on  fappe  ,  ou  qu'on  reprend  fuus 
œuvre.  Tibicen  ,fulcrum  j  fulcîmentum. 


ETA  .    S87 

Ce  mot  vient  ds  ftançonmm  ,  mot  Celtique  ,  ou 

,   Bas  Breton ,  fignifiant  la  même  chofe. 

ETANÇONNER.  v.  a.  Mettre  des  étançons  fous  uii 
nuir ,  qu'on  reprend  ,  ou  qu'on  veut  détruire.  Fui- 
cire  ,  adminiculart. 

(fT  On  le  dit  auiîi  d'une  prefte  d'Imprimerie,  eit 
parlant  des  pièces  de  bois  qui  fervent  à  la  maintenir 
dans  un  état  ftable  &  inébranlable. 

ETANFICHÉ.f.  f.  Terme  de  Carrière.  C'eft  la  hauteur 
de  plufieurs  bancs  de  pierre  ,  qui  font  maife  enfem- 
bie  dans  Une  carrière. 

03"  ETANG,  f.  m.  On  donne  généralement  ce  nom  a 
un  amas  d'eaux  dormantes,  qui  ont  quelque  profon- 
deur ,  &  qui  font  fournies  foit  par  les  pluies,  loit 
par  quelque  fource  peu  confidérable.  Il  diflcre  du 
lac  ,  en  ce  que  le  lac  eft  plus  grand  ,  plus  profond, 
qu'il  reçoit  &c  forme  quelque  rivière  ou  ruifteau  : 
au  lieu  que  Vctang  n'en  forme,  ni  n'en  reçoit.  Il 
diffère  de  la  mare ,  en  ce  que  la  mare  eft  plus  peti^ 
te  j  moins  profonde  ,  &:  plus  fujetteàie  delfécher 
pendant  l'Eté.  La  Martinièrk. 

§Cr  En  France  ,  nous  entendons  communément 
par  étang ,  un  réfervoir  d'eau  douce  dans  un  lieu 
bas ,  fermé  par  une  digue ,  ou  chauffée  ,  pour  y 
nourrir  du  poilFon  ,Stagnum.  On  pêche  les  étangs  tous 
les  trois  ansjmais  fi  l'on  veut  avoir  une  belle  pêche, 
on  ne  le  fera  que  de  cinq  ans  en  cinq  ans.Cela  fe  fait 
ordinairement  au  mois  de  Mai.  On  les  empoiflon- 
ne  avec  du  nourrain  ,  ou  petit  poilfon.  On  lâche  la 
bonde  d'un  ctang  pour  le  mettre  en  cours  de  en  vider 
l'eau.  La  queue  de  \'etang  eft  l'endroir  par  où  l'eau  y 
entre.  La  grille  ou  la  décharge  eft  le  lieu  par  où  elle 
fe  décharge  ,  quand  il  y  en  a  trop.  Il  y  a  des  étangs 
proche  de  la  mer,  dont  l'eau  eft  falée  ,  parce  que 
la  mer  s'y  décharge  quand  la  marée  eft  haute  ,  Sc 
les  lailfe  remplis  quand  elle  fe  retire.  On  les  appelle 
étangs  falés. 

Du  Cange  le  dérive  àtftannum^  quajlaquaftans. 
Mais  il  vient  du  Latin  Stagnum  ,  ôcftagnum  ,  fui- 
vant  Varron  ,  vient  du  Grec  f£'/>à»  ,  quod  non  haèec 
riniam  ,  parce  qu'il  n'y  a  point  d'ouverture  par  où 
l'eau  puilFe  s'écouler. 

On  dit  familièrement.  Ne  voir  plus  qu'un  étang-^ 
pour  dire  ,  Ne  favoir  plus  ce  qu'on  fait. 

ETANGUES.  f.  f.  C'eft  une  efpèce  de  grande  tenaille, 
dont  fe  fervent  les  ouvriers  des  monnoies  pour  tenir 
leurs  flancs  &  carreaux  ,  quand  ils  les  veulent  flàt- 
tir ,  rehaulTer  &  bouer.  Forceps. 

ETANT.  Terme  des  Eaux  &  Forêts  ,  qui  fe  dit  du 
bois  qui  eft  en  vie, debout ,  fur  pied  ic  fur  racine. 

5  tans.  Il  y  a  dans  ce  bois  tant  d'arbres  en  bois  mortj 

6  tant  en  étant.  Ondifoit  autrefois  ,  qu'un  homme 
étoit  en  fon  fM/zr  j  pour  dire,  debout,  commeon 
dit  encore,  en  ionfeantj  pour  dire,  qu'il  eft  aliis. 
L'Ordonnance  défend  de  faire  des  ventes  d'arbres 
en  étant  avec  les  chablis. 

ETAPE,  f  f  Place  publique  où  les  Marchands  font 
obligés  d'apporter  leurs  marchandifes  pour  être 
achetées  par  le  peuple.  Forum.  Les  Ptolomées , 
&  principalement  Philadelphe,  ouvrirent  une  route 
depuis  Alexandrie  jufqu'aux  Indes  ,  en  difpofant 
des  étapes  commodes  par  les  canaux  du  Nil  jufqu'â 
la  mer  rouge.  Huet.  À  Paris  l'étape  eft  à  la  Grève 
devant  l'Hôtel-de-Ville.  Les  Marchands  de  vin  de 
dehors  font  tenus  de  faire  venir  leurs  vins  ÇnvYétape-y 
&  les  Taverniers  qui  vendent  à  huis  coupés  &  pots 
renverfés ,  font  tenus  d'y  en  faire  venir  un  tiers  par 
l'Ordonnance  des  Aides. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  (laplus  ,  qui  fe  trouve 
dans  les  lois  Ripuaires,  pour  dire  ,  le  lieu  où  on 
exerce  la  Juftice  ,  qui  vient  de  l'Allemand  jlapel  y 
ou  plutôt  de  Jlapula  ,  que  Boxhornius  dérive  de 
l'Allemand  ftapelen  ^  qui  .fignifie  mettre  en  un 
monceau ,  &  fignifie  aufti  le  droit  de  faire  venir 
aux  marchés  les  denrées ,  pour  y  être  vendues  au 
public. 

Étape  ,  en  termes  de  Marine  ,  fignifie  ^  Attache,  car- 
can ,  pilori  j  &  on  le  voit  en  cette  fignification  dans 
l'Art.  XXVI.  des  Jugemens  d'Oléron, 


888 


ET  A 


Étape  ,  Ce  die  auiîî  d'une  ville  de  commerce.  Apo- 
thccd  florens  corninercio  ^mercaturâ.  Le  port  de  Re- 
don en  Bretagne  eft  Vétape  des  vins  pour  Rennes. 
Calais  étoit  ['étape  des  laines  &  draps  d'Angleter- 
re ,  qui  a  été  transférée  à  Bruges.  Gand  eft  Vécape 
des  blés  qui  font  amenés  en  Fiance.  Arras  étoit  au- 
trefois Vécape  des  vins  de  France ,  &c. 
Étape,  en  termes  de  Guerre,  elî  une  fourniture  & 
diftnbution  de  vivres  &  de  fourrages  à  des  troupes 
qui  font  en  marche.  Annona  mditaris.  L'étape  a  été 
établie  pour  empêcher  que  les  foldats  ne  foulent  les 
payfans  qui  les  logent.  L'étape  fe  fournit  pour  tant  de 
places  &  de  rations  pour  chaque  compagnie.  Une 
partie  de  la  taille  étoit  ci-devant  impofée  fous  le 
nom  d'étape, 

C'eftaulfi  le  lieu  où  l'on  diftribue  Vétape  aux  fol- 
dats. On  dit ,  brûler  l'étape ,  pour  dire  ,  ne  s'y  ar- 
rêter  pas ,  palfer  plus  loin. 
ÉTAPIER.  [.  m.  Entrepreneur  qui  fe  charge,  moyen- 
nant un  certain  prix  j  de  fournir  les  étapes  ou  les 
vivres  aux  gens  de  guerre  qui  palfent  dans  une  Pro- 
vince. Redemptor  annons.  militaris  ,  annonarius.  Les 
Etapiers  ne  doivent  point  fournir  aux  foldats  l'étape 
en  argent  :  ils  la  doivent  fournir  aux  Majors  &  aux 
fergens  en  efpèces. 
ÉTAPLES.  Ville  de  France  en  Picardie  ,  dans  le  Bou- 
lonnois.  StapuU  j  Stapula.  Elle  eft  fur  la  rivière  de 
Canches  y  alTez  pioche  de  fon  embouchure  ,  du 
côré  des  montagnes  de  Neufchâtel ,  à  quatre  lieues 
de  Boulogne.  Jacques  le  Fevre  à' E tapies^  Stapulen- 
fis  y  étoit  de  ce  bourg  dont  il  prit  le  nom.  Il  fut 
célèbre  dans  le  XVF  fiècle  par  fes  ouvrages  fur  l'E- 
criture. Il  penchoit  beaucoup  du  côté  des  Calviniftes, 
s'il  n'étoit  pas  tout- à-fait  Calvinifte.  Dans  une  Dilfer- 
.  ration  qui  parut  il  y  a  quelque  temps ,  on  prétend 
que  le  Fevre  d'E  tapies  eft  l'Auteur  de  la  Bible  d'An- 
vers en  1530.  avec  privilège  de  Charles  V.  Cet  ou- 
vrage ne  le  juftifiera  pas  fur  fon  penchant  pour  les 
nouveautés.  Adr.  de  Valois  ,  dans  fa  Notice  des 
Gaules,  p.  249.  croit  q\xE tapies  eft  l'Iccius portus  de 
Céfar,  de  Strabon  &  de  Ptolomée. 
ETAT.  f.  m.  Empire  ,  Royaume  ,  Province  ,  ou  éten- 
due de  pays  qui  font  fous  une  même  domination. 
Status  j  ditio.  Une  main  fi  habile  eût  fauve  l'Etat, 
fî  l'Etat  e\it  pu  être  fauve.  FLEcH.Les^MwduTurc, 
du  Roi  d'Efpagne  font  fort  étendus  :  ceux  du  Roi  de 
France  font  fort  unis  ,  &  peuplés.  Il  y  a  quantité  de 
petits  Etats  en  Italie ,  de  petites  Souverainetés  :  on 
peut  fortir  de  ces  Etats  en  une  heure.  Les  Etats  Con 
fédérés  de  Hollande.  Davili  a  fait  de  gros  Volumes 
des  Etats  &  Empires. 

Son  mérite  plus  grand  que  tout  ce  quon  peut  croire  y 
Au  Ministère  même  ajoute  de  l'éclat  : 
C'était  lefeul  degré  qui  manquait  à  fa  gloire  _, 
Et  lefeul  ornement  qui  manquait  à  /'État.  M.  de  V. 

État  de  l'Église.  Voye^  Église. 

Etat  ,  fe  dit  aulîl  du  Gouvernement  d'un  peuple 
vivant  fous  la  domination  d'un  Souverain  ,  ou  en 
République.  Les  Politiques  ont  fait  plufieurs  (ot- 
vnQ%  d'Etats,  ou  de  Gouvernement  j  le  Monarchi- 
que, comme  celui  de  France  \  le  Démocratique, 
comme  celui  de  Rome  &  d'Athènes  ;  l'Oligarchi- 
que ,  comme  celui  de  Venife  ;  l'Ariftocratique  , 
comme  celui  de  Sparte.  Boëce  étoit  un  grand  homme 
d  Etat.  On  a  tenu  un  grand  Confeil  d'Etat.  Les 
maximes d'ffarfont différentes  félon  les  conjondu- 
res.  L'intérêt  particulier  cède  à  la  raifon  6! Etat.  En 
matière  d'Etat  ,  être  malheureux  ou  imprudent , 
c'eft  prefque  la  même  chofe.  S.  Evr.  La  raifon 
d'Etat  eft  une  raifon  myftérieufe  inventée  par  les 
Politiques,  pour  autorifer  tout  ce  qu'ils  font  fans 
raifon.  Id. 

Mais  la  raifon  rf'État  veutfouvent  quon  préfère 
A  la  vertu  nuïfible  un  crime  néce(falre.  Quint. 

La  Jujliçe  riefipas  une  vertu  d'Éut.  Corn. 


ETA 

C'est  un  crime  t/'État  que  d'en  pouvoir  commettre, 

Id. 

On  nomme  Coup  d'Etat  ,  un  parti  vigoureux  , 
&  quelquefois  violent,  qu'un  Souverain  eft  obligé 
de  prendre  contre  ceux  qui  troublent  l'État.  On  le 
dit  aulli  d'une  adion  qui  décide  de  quelque  chofe 
d'important  pour  le  bien  de  l'Etat.  L'atfaire  de  De- 
nain  fut  un  coup  d'Etat.  On  appelle  encore  ainfi 
tout  ce  qui  eft  important  ôcdécifif  dans  quelque  af- 
faire que  ce  foit.  Ce  mariage  fut  un  coup  d'Etatpoat 
cette  famille. 
État  ,  fe  dit  auffi  des  Officiers  ,  tant  grands  que  pe- 
tits ,  qui  fervent  à  gouverner  l'Etat,  à  y  entretenir 
l'ordre  &  la  police.  Les  premiers  font  les  Miniftres 
d'Etat ,  qui  font  du  Confeil  étroit  du  Roi  ,  les  Se- 
crétaires d'Etat ,  oudescommandemens  ,  les  Con- 
feillers  d'Etat. 

Lettres  d'Etat  y  font  des  lettres  qu'on  odroie  à 
ceux  qui  font  employés  pour  le  fervice  de  l'Etat  ,  à 
la  guerre  ,  ou  dans  les  Ambaffades  ,  afin  que  pen- 
dant ce  temps  perfonne  n'entreprenne  fur  leurs  per- 
fonnes  ,  ni  fur  leurs  biens. 

§3"  On  appelle  Etats  _,  raftemblée  des  Députes 
des  différens  ordres  de  citoyens  qui  compofent  une 
nation. 
1^  États  Provinciaux  j  l'aflemblée  des  Députés 
des  différens  ordres  d  une  Province,  f^oye^  plus  bas 
Pays  d'États. 

^CF  En  France  ,  on  entend  par  Etats  Généraux  y 
l'alfemblée  des  trois  ordres  du  Royaume  ,  qui  fonc 
le  Clergé ,  la  Nobleffe  ,  &  le  Tins-Etat  ,  ou  les 
Bourgeois  notables.  Quelques-uns  prétendent  que 
l'Airemblée  des  Etats  eft  une  conftuution  très-an- 
cienne. Il  eft  vrai  qu'avant  la  conquête  de  Céfar,  il 
y  avoir  des  Affemblées  générales  dans  les  Gaules  : 
mais  le  peuple  n'y  avoir  point  de  part.  On  trouve 
encore ,  fous  la  première  &  la  féconde  race  ,  des 
convocations  folennelles  qu'on  appeloitPar/e/;2e/2j.- 
mais  l'on  n'y  appeloit  que  les  grands  Seigneurs  da 
Royaume.  Le  peuple ,  que  l'on  a  depuis  honoré  du 
nom  de  Tiers  Etat  y  tenius  arda  ,  n'y  entroit  point. 

Ce  changement  n'eft  arrivé  que  bien  avant  fous 
la  troifième  Race.  Le  befoin  que  les  Rois  avoienc 
de  faire  des  levées ,  les  obligea  à  ménager  le  peu- 
ple qui  ne  lesfupportoit  point  fans  murmure.  Ainfi 
on  réfolut  de  le  confulter  ,  d'ordonner  qu'en  cha- 
que Sénéchauffee  &  Bailliage  le  peuple  députât  cer- 
taines petfonnes  à  l'Alfemblée  générale,  pour  dé- 
libérer fur  les  néceffités  de  VEtat  On  ne  donna  donc 
entrée  au  peuple  dans  l'Aflemblée  générale  ,  con- 
tre l'ancien  ordre  ,  que  parce  qu'il  devoir  porter  la 
plus  grande  partie  du  fardeau  ,  &  pour  le  faire  con- 
fentir  à  la  foutenir  avec  moins  de  répugnance  y  à 
caufe  de  l'honneur  qu'on  lui  faifoit  de  le  confulter. 
Le  premier  qui  mit  cette  invention  en  ufage  ,  c'eft 
Philippe-le-Bel.  Pasq.  Les  villes  s'enrichirent  &C 
devinrent  fi  puiffantes  ,  que  pour  les  faire  contri- 
buer avec  moins  de  répugnance  ,  on  les  appela  par 
députés  aux  Affemblées  générales.  Leurs  députés  y 
entrèrent  en  1504.  Ce  ne  fut  cette  première  fois 
que  pour  y  repréfenter  leurs  befoins  &  leurs  facul- 
tés. Les  honneurs  augmentèrent  félon  le  plus  ou  le 
moins  d'argent  que  les  Villes  fournirent  dans  les 
néceffités  publiques  ;  de  forte  qu'infenfiblement 
elles  formèrent  un  Tieis-fwr  ,  qui  eut  dans  ces 
Affemblées  autant  &  plus  de  pouvoir  que  la  No- 
bleffe &  le  Clergé.  Le  Gendre.  Mœurs  &  Coutumes 
des  Franc. p.  193.  Le  P.  Daniel  prétend  dans  fon 
Hlftolre  de  France,  que  ce  fut  l'an  1355.  dans  l'Af- 
femblée  que  le  Roi  Je.an  II.  affèmbla  à  Paris  ,  que 
la  France  fut  repréfentée  la  ptemière  fois  par  les; 
trois  corps  ,  qu'on  a  depuis  apelés  Etats,  Juf- 
qu'alors ,  dit  cet  Auteur ,  nos  Rois  n'avoient  guère 
convoqué  ,  pour  délibérer  fur  les  néceflités  du 
Royaume  ,  que  la  Noblelfe  &  les  Prélats  :  ce  qu'on 
appelle  le  TiQZS-Etat  n'avoir  point  encore  paru  en 
ces  occafîons  J  comme  faifant  un  membre  du  Corps 

de 


ETA 

de  VEtat,  &  comrtie  aurorifé  adonner  (en  raffrage 
dans  les  délibérations  publiques.  On  voir  bien,  con- 
tinue-tMl  ,  par  un  Regiftre  de  la  Chambre  des 
Comptes  de  Paris,  que  Philippe  de  Valois ,  prédé- 
ceffeur  de  Jean  II.  fit  1  an  1532.!  Oricans  une  Or- 
donnance cou;.hant  les  monnoiv-s  ,  «Si  quelques  au- 
tres points  de  Police  ,  par  lavis  des  Prélats  ,  Ba- 
rons &  notables  du  Royaume  :  miixs  il  ne  paroî't  pas 
que  cette  Ailèmblée  fût  générale.  M.  l'Abbé  de 
Choid  fuit  aùlfi  ce  lentiment  dans  le  VIP  Tome  de 
(on  histoire  de  l'EgUfe.  Ces  AlFemblées  n'ont  été 
appelées  Etats  Généraux  que  depuis  que  le  peuple  y 
eut  entrée.  Elles  fe  nommoient  auparavant  Parle- 
mens.LE  Gendre, 

Les  Etats  ont  été  afTemblés  en  France  à  Compie- 
Sne  fous  Pépin  ,  environ  l'an  751.  A  Paris  ,  par 
Blanche  de  Caftille,  mère  du  Roi ,  &  Régenre  du 
Royaume  ,  fous  Louis  IX.  Après  la  mort  de  Char- 
les le  Bel  ,  les  Etats  s'alfemblèrent  en  1318.  pour 
juger  à  qui  devoir  appartenir  le  Royaume  de  Fran- 
ce ,  à  Philippe  de  Valois  fon  coufm,  ou  à  Edouard 
Roi  d'Angleterre.  Le  Roi  Jean  alTembla  les  Etats  à 
P.iris  en  1354.  pour  avoir  des  fecours  d'argent.  Ils 
furent  encoie  alfemblés  pendant  fii  captivité  ,  pour 
fa  délivrance  \  &  depuis  encore  pour  le  règlement 
des  monnoies-  Au  commencement  du  règne  de 
Charles  VI  on  alfembla  les  Etats  généraux  à  caufe 
du  jeune  âge  du  Roi ,  &  depuis  encore  durant  (» 
maladie.  Sous  Louis  XI.  ils  furent  alfemblés  pour 
les  apanages  des  enfans  de  France.  Sous  Char- 
les VIII.  à  caufe  de  fon  bas  âge  ,  ils  furent  airemblés 
à  Tours.  Sous  Charles  IX.  à  Orléans  en  1560.  ils 
avoient  été  délibérés  &  convoqués  dès  le  règne  de 
François  II.  Ils  ont  été  tenus  à  Blois  fous  Henri  III. 
tn  1^79.  &  1538.  fous  Louis  XIII.  en  16 14  Sous 
Louis  XIV.  il  y  a  eu  une  Affemblée  de  la  NoblelTe 
à  Paris  en  1650.  mais  cette  ademblée  ne  repréfen- 
toit  pas  les  Etats  Généraux.  On  n'a  point  convoqué 
rAlfcmblée  des  Etats  depuis  l'année  ifîi4.  Les  Or- 
donnances d'Orléans  &  de  Blois  ont  été  faites  dans 
les  Etats  ,  in  comitiis  ,  ou  affemblées  à' Etats  tenus 
en  ces  villes.  Les  Etats  tenus  pendant  la  Ligue  ont 
été  tournés  en  ridicule  par  le  Cacholicon  d'Ef- 
pagne. 
États  Généraux.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à  l'Af- 
fembléecompofée  des  Députés  des  fept  Provinces- 
Unies.  Les  Députés  de  chaque  Province,  en  quel- 
que nombre  qu'ils  foient ,  ne  font  qu'une  voix  ,  & 
on  opine  par  Province.  Les  Provinces  préfident 
tour-à-tour  à  l'Alfemblée  ,  félon  le  rang  qu'elles 
tiennent  entre  elles.  La  Gueldre  préfidc  la  première; 
enfuite  la  Hollande  j  &c.  Cette  Alfemblée  ell  re- 
prélentative  de  la  Souveraineté  de  l'Union,  laquelle 
rcfide  principalement  dans  l'Aiïemblée  générale  des 
Etats  de  toutes  les  Provinces.  Mais  comme  elle  étoit 
compofée  de  fepr  ou  huit  cens  perfonnes ,  il  fut  ré- 
folu  ,  après  le  départ  du  Comte  de  Leycefter ,  pour 
éviter  les  frais  iSc  les  embarras  d'une  fi  nombreufe 
Alfemblée  j  par  ces  Etats  Généraux  ,  que  les  Etats 
Provinciaux feroient  déformais reprélentés  parleurs 
Députés ,  fous  le  même  nom  àEtats  Généraux  , 
toujours  rcfidens  à  la  Haye, qui  feuls  font  préfenre- 
ment  appelés  Etats  Généraux.La.  dernière  Alfemblée 
générale  des  Etatsde  toutes  les  Provinces  fe  fit  à  Berg 
op-Zoom  ,  pout  confirmer  avec  plus  de  folennité 
la  trêve  conclue  avec  l'Archiduc  Albert  en  1609.  Il 
yen  eut  encore  une  autre  en  16^1. 

États  de  Hollande.  C'eft  une  Alfemblée  compofée 
des  Députés  des  Confeils  de  chaque  ville  ,  &  dans 
laquelle  réilde  la  Souveraineté  de  la  Province.  Ori- 
ginairement il  n'y  avoir  que  la  Noblelfe,  laquelle 
fait  un  corps ,  &  fix  villes  principales,  qui  euffent 
voix  Se  féance  aux  Etats.  Aujourd'hui  il  y  entre 
des  Députés  de  dix-huit  villes.  LaNoblefle  a  la  pre- 
mière voix.  Les  autres  Provinces  de  l'Union  ont 
de  même  des  Etats  qui  repréfentent  la  Souverai- 
neté. 

Etats  ,  Comitia  ,  conventus ,  cxtus  provinciales  ,  fe 
dit  auOi  des  AITemblécs  qui  fe  font  en  quelques 
Tome  ni. 


ETA  U') 

Provinces  qui  fe  font  confervées  en  U  poiïeffion  de 
ce  dioit  ,  afin  d'ordonher  elles-mêmes  des  con- 
tributions qu  elles  doivent  faire  pour  foutenir  les 
charges  de  VEtat ,  &  les  régler  S.C  faire  payer  :  com- 
me iont  les  Provinces  de  Bretagne  ,  de  Languedoc, 
de  Bourgogne  &  de  Franche  -  Comté.  Outre  ces 
pays  AEtats ,  la  Breiïe ,  le  Bugey  ,  Valromey  & 
Gex  ,  la  Navarre  ,  le  Béarn  ,  leBigorre  &  Nebou- 
fan ,  le  Comté  de  Foix^  le  Roulïîllon  ,  l'Artois  , 
la  Flandre  &  le  Haynaut,  font  .lulfi  pays  lï Etats.  En 
ce  lens  on  oppofe  les  pays  àEtats  aux  pays  de  Gé- 
néralités j  ou.d' E/ecIions. 
Etat  ,  fe  ditaulfi  des  rôles  qui  s'expédient  au  Confeil 
tous  les  ans  ,  qui  contiennent  les  ordres  nécef- 
faires  pour  faire  payer  les  dépenfes  Se  les  charges 
de  Vhtat.  On  expédie  des  états  pour  les  dépenfes 
de  l'artillerie,  de  la  marine,  de  l'extraordinaire  de 
la  guerre  j  &  il  y  a  un  état  des  penfions.  Etre  couché 
fur  Vétat.  Un  tel  a  été  couché  fur  Vétat  pour  telle 
fomme.  Le  Pocte  Clément  Marot  demandoit  à  être 
fi  bien  couché  fur  l'état,  qu'il  ne  pût  jamais  s'en  re- 
lever. Il  a  fait  bien  des  jeux  de  mots  femblables  fut 
cet  arricle  qui  lui  tenoit  fort  au  cœur.  Il  y  aaufli  une 
ballade  de  Marot  à  Madame  d'Alençon  pour  être 
couché  fur  fon  état.  Le  refrein  de  cette  ballade  eft. 

//  n'eji  que  d'être  bien  couché» 

État  de  distribution.  Rôle  qui  s'eXpédie  au  Con- 
feil Royal,  à:  qui  contient  les  parties  que  le  Roi 
ordonne  être  payées  à  divers  particuliers  ,  pour  pen- 
fions ,  appointemens ,  gratifications ,  dcc. 

L'État  de  la  Maifon  du  Roi  ,  c'ell-à-dire  ,  des  Offi- 
ciers de  fa  Maifon  &  des  Princes  ,  ell  envoyé  tous 
les  ans  à  la  Cour  des  Aides.  On  ne  jouit  point  des 
privilèges ,  fi  on  n'eft  employé  fur  ïétuc.  On  fait  de 
temps  en  temps  imprimer  des  livres  de  l'i^tat  de 
France  ,  d'Efpagne  ,  d'Italie  ,  d'Allemagne  ,  où  fonc 
compris  les  noms  &  les  qualités  des  Officiers,  &  les 
autres  particularités  préientes  d'unfrt^r. 

Etat  ,  fe  dit  auflî  d'un  compte  ou  d'un  mémoire  fuc- 
cinét  qui  ferra  compter  ,  à  faire  quelque  recette > 
à  payer  quelque  dette  ,  à  régler  quelque  chofe ,  &c. 
Inde.x  j  breviarium  ,  perfcriptio.  Les  Comptables 
comptent  fur  un  état  au  vrai,  qui  eft  dit  par  oppo- 
fition  à  Xétat  par  eftimati-on  ,  qu'on  faifoit  autretois 
au  commencement  de  l'année  des  revenus  &  dépen- 
fes qu'on  prévoyoit  s'y  devoir  frire.  On  appelle  état 
au  vrai ,  en  ftyle  de  la  Chambre  des  Comptes  ,  un 
état  arrêté,  foit  au  Confeil ,  foit  au  Bureau  des 
Finances  ,  de  la  recette  &  de  la  dépenfe  par  le 
comprable.  On  compte  au  Bureau  des  Tréforiers 
de  France  fur  un  bref  état.  V>ïqÎ  état  ell:  un  compte 
par  fimple  mémoire  :  en  quoi  il  eft  diftingué  d'un 
compte  en  forme.  On  appelle  état  final ,  la  clôtura 
&  l'apurement  d'un  compte.  On  a  donné  à  ce  Com- 
mis un  état  de  recouvrement ,  ou  des  taxes  pour  un 
rel  droit.  Le  Juge  a  ordonné  que  les  parties  compte- 
roienr  par  un  bref  état.  Voilà  {'état  des  réparations 
de  cette  maifon,  des  frais  que  j'ai  faits  en  ce  pro- 
cès. Une  caution  eft  tenue  de  donner  un  eWde  fes 
biens  &:  facultés.  Ce  débiteur  a  donné  ïétat ,  le  mé- 
moire de  fes  dettes. 

État  de  fourniture.  Ce  terme  eft  ufité  dans  les 
vivres ,  &  fe  dit  d'une  quantité  de  rations  de  pain 
fournies  aux  troupes  du  Roi. 

État  de  franc-salé.  Celui  qui  contient  la  quantité 
de  minots  de  fel  que  l'adjudicataire  des  Gabelles 
fait  délivrer  aux  particuliers  qui  ont  droit  de  franc- 

,   falé. 

État  de  produit.  Ce  terme  eft  en  ufage  dans  les  Bu- 
reaux, &  principalement  dans  les  Fermes  généra- 
les. Ce  font  des  cartes  qui  renferment  en  plulieurs 
colonnes  le  produit  aâruel  que  rendent  les  Fermes 
générales,  foit  par  mois,  par  quartier  ,  ou  par  an- 
née, il  y  a  un  Bureau  particulier  à  l'Hôtel  des  Fer- 
mes ,  pour  les  états  de  produit. 

En  rermesde  Guerre  ,on  appelle  Etat  major,  de- 
curia.  mnjor ,  primus  ordo ,  un   Etat  particulier  qui 

V  V  V  V  V 


S^o  ETA 

comprend  un  nombre  de  quelques  Oiiiciers  difHn- 
gué'j  du  rerte  du  corps  ,  auxquels  on  aliigue  une 
plus  grande  folde  &  une  plus  grande  foutnuure  de 
l'étape  &:  de  l'ultenlile  j  comme  dans  l'intanterie, 
le  Colonel ,  TAide-Major,  l'Aumônier  j  le  Prévôt , 
le  Chirurgien  &  le  Commiiraire  \  ôc  dans  la  Cava- 
lerie j  le  Colonel ,  Meftre  de  Camp  j  Commiflàire , 
&  Maréchal  des  Logis  ,  le  Prévôt  Général  j  &  dans 
chaque  Régiment,  le  Meltre  de  Camp  ,  le  Major 
&  Aide-Major  j  &c.  Il  y  aaulH  un  Ecac  Major  de 
toute  la  Cavalerie  prile  enfemble  ,  compofé  de 
tous  les  Officiers  Généraux  ,  comme  Colonel , 
Meftre  de  Camp  ,  Commiiraire  ,  Maréchal  des 
Logis,  &du  Prévôt  j  tous  Officiers  Généraux,  les 
Fourriers-Majors  de  quelques  Archers  &c  Carabins 
qui  font  compris  dans  les  Ordonnances  faites  fur 
ce  fujer.  Il  n'y  a  pas  toujours  un  Ecac  Major  pour 
tous  les  Corps  8c  tous  les  Régimens. 

{CF  L't'cjc  Mjjor  d'uns  armée  Françoife  eft  com- 
poié  d'un  Général ,  d'un  nombre  de  Lieutenans  Gé 
néraux  &  de  Maréchaux  de  Camp  ,  proportionné  à 
la  force  de  l'armée  ,  &  des  Officiers  &  autres  per 
fonnes  chargées  en  chef  de  certains  détails.  Le  Ma- 
réchal général  des  Logis  de  l'armée  eft  chargé  des 
marches  j  campemens  j  logemens  j  fourrages  au 
vertj  correfpondances  par  elpions  &  inftrutlions 
pour  les  Officiers  généraux  Sc  particuliers  chargés 
de  quelque  expédition.  Il  a  fous  lui  les  Aides-Maré- 
chaux généraux  des  Logis  de  l'armée,  le  Capitaine 
des  guides  ,  les  Fourriers  ou  Marqueurs  j  dont  les 
fonélions  font  de  marquer  les  logemens  des  Officiers 
de  VEiat  Major  au  quartier  général ,  ceux  des  Offi- 
ciers généraux  dans  les  villages  voifins  du  camp  ,  le 
Vaguemeftre  général  &  les  Vaguemeftres^  particu- 
liers ,  chargés  de  conduire  les  éq^iipages  du  quartier 
général ,  &  ceux  des  troupes  j  à  la  fuite  des  Colon- 
nes ;  &c  les  Ingénieurs  Géographes ,  qui  doivent 
lever  les  plans  de  tous  les  lieux  occupés  par  l'armée. 
(j^Cr  Le  Major  Général  de  l'Infanterie  ,  chargé  du 
détail  du  fervice  ,  de  la  difcipline  de  l'Infanterie 
&  de  la  police  du  camp.  Le  M.ijor  du  Régiment  des 
Gardes  Françoifes  ,  par  une  prérogative  de  fa  char- 
ge ,  eft  de  droit  Major  Général  de  l'Infanterie  de 
l'armée  où  il  fe  trouve  avec  le  régiment.  Dans  les 
autres  le  Roi  nomme  un  Major  Général  de  l'In- 
fanterie. 

§3"  Le  Maréchal  Général  des  Logis  de  la  Cava- 
lerie ,  chargé  des  mêmes  détails  pour  la  Cavalerie. 
Ces  deux  Officiers  ont  auffi  leurs  aides. 

^3"  Le  Major  Général  des  Dragons  chargé  des  mê- 
mes détails  pour  les  Dragons. 

^3"  L'Intendant  de  l'armée ,  chargé  du  tréfor , 
des  vivres  J  du  fourrage  au  fec ,  de  la  viande,  des 
hôpitaux,  des  Commillaires  des  guerres ,  de  la  porte 
&  du  Prévôt  Général. 

(fT  Le  Commandant  de  l'Artillerie  ,  qui  a  fous 
lui  deux  Commandans  ,  un  Major  &  un  Commif- 
faire  du  Parc  ;  le  Commandant  des  Ingénieurs ,  le 
Général  de  la  Cavalerie  Sc  celui  des  Dragons ,  char- 
gés du  détail  de  leurs  corps. 

tO"  Le  Munitionnaire  général ,  le  Tréforier  ,  le 
Médecin  en  chef,  le  Chirurgien  Major ,  &  le  Di- 
i-e6teur  de  la  Pofte  ,  four  encore  membres  de  VEmt 
Major  de  l'armée.  Acaij.  Fr. 

Sur  la  mer ,  on  appelle  un  Capitaine  du  grand 
Etat,  un  Capiraine  de  vaiffeau  avec  commiiTion  du 
Roi.  Les  Capitaines  du/'cr/f  fwr ,  font  les  Capitai- 
nes de  frégates  légères  ,  de  galiottes ,  de  brûlots  Sc  de 
♦lûtes. 
§3°  Etat,  en  Métiphyllque  ,  fignifie  dans  fa  plus 
grande  généralitéjl'airemblage  d'un  nombre  de  qua- 
lités accidentelles  qui  fe  trouvent  dans  les  differens 
êtres.  Pendant  que  ces  qualités  font  les  mêmes,  l'être 
est  dit  conferver  le  mcmeeVar.  Le  changement  de 
ces  modiiications  produit  le  changement  d'état. 
Comme  ces  modiflcations  peuvent  être  intrinfé- 
ques  ou  extriniéques ,  l'/fjr  de  l'être  est  interne  ou 
externe.  Un  corps  qai ,  de  carré  qu'il  étoit  j  devient 
rond  ,  change  d'ctac  externe.  Si  de  froid  il  devient 


ETA 

chaud  ,  fon  état  interne  est  changé.  Un  homme 
qui  change  d'habits  ,  qui  de  bien  vêtu  devient  mai 
vctu  ,  change  d'état  externe  :  Il  de  gai  il  devient 
triste  ,  de  fam  ,  malade  ,  fon  écut  interne  est 
changé. 
État  ,  le  dit  auffi  dans  un  fens  approchant  de  celui- 
ci,  de  la  constitution  préiente  d'une  perfonne ,  d'une 
chofe  ,  d'une  atïaire  ;  diipolition  de  corps  ou  d'ef- 
prir.  Status  ,  ratio  ,  habicudo.  Ce  malade  est  main- 
tenant en  bon  état.,  j'ai  envoyé  favoir  des  nouvelles 
de  \état  de  fa  fanté.  L'armée  a  été  défaite ,  &  esc  en 
lin  mauvais  état:  cela  changera  Vétat  des  affaires.  Ce 
Capitaine  n'est  pas  en  état  d'entteptendre  un  (iége. 
Cette  citadelle  est  élevée  ,  &  est  en  état  de  délcnle. 
Pour  faire  valoir  cette  ferme  ,  il  faut  mettre  les 
lieux  en  ewr,  les  réparer.  On  change  de  réfolution 
fuivant  le  différent  état  des  chofcs,  les  diverfes  cir- 
constances, ouconjonéiures.  Un  arc  bandé  est  en  un 
eVûf  violent.  Rien  n'a  dépéri  en  cette  affaire  ,  tout 
est  encore  en  état,  en  iTiême  état.  La  clef  d'une  voûte 
est  ce  qui  la  tient  en  état.  Il  s'est  mis  en  état  de  bien 
recevoir  cette  compagnie.  On  le  voit  toujours  en  état 
de  fuppliant.  Elle  ne  lui  cachoit  pas  \'etat  de  fon 
efprir.  De  la  Roch.. 

§cr  Dans  ce  fens ,  le  mot  d'état  peut  être  regarde 
comme  fynonyme  avec  le  mot  d^  Jhuatïon  ,  avec 
cette  différence  (\n^  Jituation  dit  quelque  chofe  d'ac  • 
cidentel  &  de  palfager  j  au  lieu  c\\xétat  dit  quelque 
chofe  d'habituel  &  de  permanent.  M.  l'Abbé  Gi- 
rard obferve  qu'on  fe  fert  communément  du  mot  de 
Jituatïon  pour  les  affaires  ,  le  rang  ,  ou  la  fortune  \ 
Sc  de  celui  dé  état  pour  la  fanté.  Le  mauvais  état  de 
la  fanté  j  dit-il ,  eft  un  prérexte  afTez  ordinaire  dans 
le  monde  ,  pour  éviter  des/ttuations  embarraffantes 
ou  défagréables.  Cela  n'empêche  point  au  refte  que 
le  mot  état  ne  fe  dife  des  autres  chofes  \  Sc  l'on 
peut  bien  dire  avec  M.  l'Abbé  Girard  lui-mêmej 
qu'on  peut  être  réduit  dans  un  efjr  déplorable,  après 
avoir  vécu  long-temps  dans  un  e'wr  brillant. 

T abandonne  l'ingrat ,  &  le  laijje  rentrer 
Dans  /'état  malheureux  d'où  je  l'ai  fu  tirer. 

RacJ 

État,  en  termes  de  Théologie  &de  chofes  fpirituel- 
les  &  morales ,  fe  dit  des  différentes  conditions  , 
des  différentes  fituations  ,  où  l'homme,  la-iiature 
humaine  fe  peut  trouver  ,  s'eft  trouvée  j  ou  fe 
trouve.  L'eû7f  de  pure  nature  eft  an  état  où  l'homme 
feroitcrééde  Dieu  fans  dons  furnaturels  ,  &  avec 
les  feules  facultés  naturelles.  Des  différentes  con- 
damnations que  l'Eglife  a  faites  des  héréfîes  de  ces 
derniers  temps ,  il  s'enfuit  que  Vétat  de  pure  nature 
eft  poffible  au  moins  quant  à  la  voie.  Vétat  d'inno- 
cence, ou  de  la  nature  innocente  ,  c'eft  Vétat  où  fe 
trouvoit  Adam  avant  (on  péché.  Etat  de  la  nature 
corrompue,  c'eft  l'/wr  où  l'homme,  la  nature  hu- 
maine fe  trouva  réduite  par  le  péché  d'Adam.  L'état 
de  la  nature  réparée  ,  c'eft  Vétat  où.  Jefus-Chrift  a  ré- 
tabli l'homme  en  fatisfaifanc  à  Dieu  pour  le  péché. 
L'état  de  la  voie ,  c'eft  Vétat  où  l'homme  eft  pen- 
dant cette  vie ,  où  il  travaille  à  parvenir  à  fon  ter- 
me j  Se  à  une  fin  bonne  ou  mauvaife^  félon  fes 
œuvres.  L'état  du.  terme  ,  ou  état  de  jouiirancej  c'eft 
Vétat  où  font  les  hommes  qui  meurent  dans  la  grâce 
de  Diçu.  fr^^r  de  grâce  ,  c'eft  Vétat  d'un  homme  qui 
eft  dans  la  grâce  de  Dieu  ,  qui  eft  bien  avec  Dieu. 
Etat  de  péché  ,  c'eft  Vétat  d'un  homme  qui  eft  cou- 
pable de  péché  ,  qui  en  a  commis  quelqu'un.  Etat 
de  damnation  fe  dit  en  deux  manières.  Il  fignifie 
1°.  Vétat  d'un  homme  qui  eft  encore  dans  cette  vie, 
&qui  a  commis  des  péchés  qui  lui  font  mériter  la 
damnation  ,  qui  l'en  rendent  digne  ,  enforte  que 
s'il  venoic  à  mourir  en  cet  état-Xz.  ,  il  feroit  damne. 
C'eft  la  même  chofe  que  Vétat  de  péché  morteU 
x°.  C'eft  Vétatdt%  hommes  qui  font  morts  en  péché 
mortel  ,  &  que  Dieu  a  condamnés  aux  fupplices 
éternels.  Être  en  bon  état,  dans  Vétat  de  grâce.  Etre 
en  mauvais  état,  c'eft  être  en  état  de  péché  mojteL 


ETA 

Pont  communier ,  il  faut  être  en  bon  état ,  en  erat 
de  grâce.  LVwrpailifdes  contemplatifs  ell  un  écuc 
paifible  &  tranquille.  Fen.  Ce  feroit  un  fentiment 
mauvais  &c  condamné  que  d'entendre  par  ce  mot 
d'eiat pajjï/un  étac  habituel  où  l'ame  n'agiroit  plus  , 
mais  où  elle  ne  feroit  que  recevoir  les  impref- 
fions  que  Dieu  lui  voudroit  donner. 
Etat,  fe  dit  encore  des  ditlérens  degrés  ouconditions 
des  perfonnes  diftinguées  par  leurs  charges  ,  offi- 
ces ,  profelfions  ,  ou  emplois.  Condïdo  j  gradus. 
On  fait  toutce  qu'on  peut  pour  foutenir  fon  ecdc ,  fa 
dignité  j  fort  rang. 

^3*  Le  mot  d'e'wrconfidéré  comme  fynonymeà 
condition,  a  plus  de  rapport  à  l'occupation  ou  au 
genre  de  vie  dont  on  fait  profelTîon.  La  condition  en 
a  davantage  au  rang  qu'on  tient  dans  les  divers  or- 
dres qui  forment  l'économie  de  la  République.  Re- 
marque de  M.  r Abbé  Girard.  Les  richeiles  nous  font 
aifément  oublier  le  degré  de  notre  condition,  &  nous 
détournent  quelquefois  des  devoirs  de  notre  état.  Il 
est  difficile  de  décider  fur  la  différence  des  condi- 
tions ,  ôc  d'accorder  là-delfus  les  prétentions  des  di- 
vers états.  Il  y  a  beaucoup  de  gens  qui  n'en  jugent 
que  par  le  brillant  de  la  dépenfe.  Si  l'on  fiit  ré- 
flexion fur  la  conduite  des  hommes  dans  le  choix  de 
l'emploi  Se  dslétat  où  ils  doivent  palfer  la  vie  ,  on 
trouvera  que  rien  n'est  plus  mal  réglé.  Nie.  Peu  de 
gens  favent  prendre  l'efprit ,  Se  garder  le  caradère 
de  leur  étac.  Bell. 

Heureux  qui  fatisfait  de  fon  humble  fortune  , 
Libre  du  /ougfuperbe  où  Je  fuis  attaché  j 
yic  dans  /'état  ohfcur  où  les  Dieux  l'ont  caché. 

Rac. 

^C?  Etat  ,  fe  dit  encore  du  brillant  de  la  depenfe  ^ 
de  la  manière  magnifique  ,  fomptueufe,  fimpleou 
modeste  dont  on  s'habille.  Les  Bourgeoifes  portent 
aujourd'hui  un  aulîi  grand  e'faf  que  les  femmes  de 
qualité.  Où  pouvez-vous  prendre  de  quoi  entretenir 
X'éiat  que  vous  portez.  Mol. 
U3°  Etat  ,  fe  prend  quelquefois  comme  fynonyme 
à  office  Ainfi  on  dit  un  état  de  Préfident  ,  de  Maî- 
tre des  Requêtes  ,  A(^  Juge.  Munus  ^  dignitas.  Il 
vieillit. 

^3'  On  le  dit  généralement  d'une  place  j  foit  que 
ce  foit  une  dignité  ,  ou  que  ce  foit  une  fimple  fonc- 
tion ou  commillion. 
^fT  Etat  ,  en  Jurifprudence.  Ce  terme  a  plufieurs  fî- 
gnifications. 

U^"  On  le  dit  de  la  condition  d'une  perfonne  ,  en 
tant  qu'elle  est  légitime  ou  bâtarde  ,  noble  ou  ro- 
turière ,  &:c.  &  l'on  appelle  question  dVrjrcelle  où 
il  s'agit  de  favoir  fi  une  perfonne  est  libre  ou  efcla- 
ve  ,  légitime  ou  bâtarde  ,  rtoble  ou  roturière  ,  &:c. 
Difputer  Vétat  à  quelqu'un.  Alfurer  fon  étac.  Cette 
fille  a  manqué  de  bons  partis  ,  parce  qu'on  lui  dif- 
pute  fon  état. 
^fT  Etat  d'ajournement  personnel  ,  est  la  por- 
tion d'un  accufé  qui  est  décrété  d'.ijournement  per- 
.  foryiel.  f^oye^  ce  mot. 

SfT  On  dit  qu'un  homme  a  été  interrogé  en  état 
d'ajournement  perfonnel  j  c'est-à-dire  ,  après  une 
comparution  perfonnelle  au  greffe.  Csjte  notion 
conduit  à  celle  d!étdt  d'afllgné  pour  cj^  ouï  ,  &c. 
On  dit  encore  qu'un  criminel  doit  Te  mettre  en 
écaty  c'est-à-dire  ,  fe  rendre  efFedivement  prifon- 
nier,  afin  de  fe  justifier  ,  ou  de  faire  entériner  fa 
grâce  dans  les  formes. 

^y  On  dit  qu'un  procès  est  en  état ,  lorfqu'il  est 
instruit  contradidoirement ,  &  que  les  deux  parties 
ont  fait  les  procédures  &  les  produdions  nécefTaires 
pour  le  faire  juger.  On  dit  qu'on  l'a  mis  hors  d'<fWj 
lorfqu'on  a  fait  quelque  nouvelle  procédure  qui  en 
recule  le  jugement. 

§3"  Quand  on  entérine  des  lettres  de  Requête 
civile ,  ou  de  refcifion  ,  on  remet  les  parties  en  tel 
&  femblable  eVjf  qu'elles  étoient  avant  l'arrêt,  le 
contrat.  Quand  on  donne  des  défenfes  ,  on  pronon- 


ETA  891 

ce  ,  toutes  chofes  demeurant  cependant  en  état  ^ 
pour  dire  qu'il  n'y  fera  rien  changé. 
IfT  Etat  ,  en  matière  de  Régale"  fignifie  la  même 
chofe  que  ce  qu'on  appelle  récréance  ,  polfeffion 
provifoire  dans  les  autres  matières  bénéfictales.  Un 
Eccléfiastiquepouivû  en  régale  demande  Yetat.  Cn 
adjuge  l'Iïtati  un  Régaliste. 

^  Pour  juger  de  la  qualité  d'un  bénéfice  ,  on 
regarde  fon  dernier  état.  On  appelle  état  denucry 
en  matière  bénéhciale,  cequicaradénfe  la  dernière 
polfellion  ,  foit  par  rapport  à  la  nature  du  béné- 
fice ,  foit  par  rapport  au  CoUateur  &  Patron  ,  foit 
par  rapport  à  la  manière  de  le  polféder. 
Etat  ,  fe  dit  aulîi  de  la  penfée  ,  de  l'estime,  de  l'o- 
pinion qu'on  a  de  quelque  chofe.  ^ftimatio  ,  rutio^ 
exifimatio.  Cette  exprelhon  est  alfez  ulitée  ,  mais 
elle  est  mauvaife  ^  &  les  bons  Ecrivains  ne  s'en  fer- 
vent point.  La  Judiciaire  ,  la  Chiromance  font  des 
choies  vaines,  dont  il  ne  faut  faire  aucun  état.  Je 
fais  état  de  votre  amitié  ,  de  vos  otfres  de  fervice, 
je  compte  làdelfus.  Je  faifois  état  que  ce  bâtiment 
ne  me  reviendroit  qu'à  dix  mille  écus.  Sic  apud  me 
fatuebam  j  mihi  perfuaferam.  On  fait  fouvent  é'at 
de  venir  à  bout  de  pluïieurs  chofes  qu'on  ne  peut 
exécuter.  Les  hommes  ne  doivent  faire  aucun  état, 
nihil pendere  ,  de  toutce  qui  est  appuyé  fur  un  fon- 
dement aulli  branlant  Se  aufli  fragile  que  leur  vie. 
Nie.  Je  fais  plus  d'e'wf  de  votre  cœur  que  de  tout 
ce  que  la  fortune  me  peut  offrir.  Voit.  Faites 
état  que  les  Pères  n'ont  jamais  parlé  de  la  forte. 5ic 
habe  ,  fc  vclim  existimes. 
Etat  j  fe  prend  aulli  pour  le  delTein  qu'on  a  de  faire 
quelque  chofe.  Je  tais  trjr  d'aller  bientôt  en  Italie. 
Cogito  in  Italiam.  Il  faifoit  état  d'attaquer  les  Grecs. 
Ablanc.  Dansce  fens  il  vieillir. 

En  termes  d'Astronomie  ,  on  appelle  état  du 
ciel,  la  difpofition  des  asttes  les  uns  à  l'égard  des 
autres  en  un  certain  moment  ,  qui  est  ce  qu'on 
marque  dans  une  figure  ou  thème  céleste.  Les 
Ephémérides  marquent  tous  les  jours  Xétat  du  ciel 
à  midi.  Ce  mot  vient  du  Latin  Status. 
Terres  des  Etats  ,  que  les  Hollandois  appellent  ^M- 
ten  Eyland.  lile  des  Etats-  Ordinum  terra  ,  ou  Infuia, 
Il  y  a  trois  Ifles  très-éloignées  les  unes  des  aurres  , 
qui  portent  le  nom  des  £ww  des  Provinces-Unies, 
parce  qu'elles  ont  été  découvertes  par  leurs  fujets. 
L'une  est  dans  la  mer  Glaciale  ,  près  de  la  Mofco- 
vie ,  dont  elle  dépend.  Lhie  autre  est  dans  l'Océan 
Oriental  ,  entre  la  terre  de  Jelfo  ,  &  l'Yupi  en 
Tartarie.  Elle  fépare  les  Canaux  de  Urièsj  &  de 
Pieko.  Les  Hollandois  l'appelent  Staten  Land , 
Terre  des  Etats.  La  troifième  est  dans  la  merMagel- 
lanique ,  non  pas  entre  le  détroit  de  le  Maire  &c 
celui  de  Brouvers  ,  comme  dit  Mary  ,  apparemment 
fur  la  foi  des  Cartes  Hollandoifes  ;  mais  vis  à-vis 
la  pointe  la  plus  orientale  de  la  Terre  de  Feu  ,  ayant 
fa  côte  australe  par  les  55  degrés  de  latitude  méri- 
dionale, &  fa  côte  fepcentrionale  par  les  ^4  degrés 
45'  environ.  Le  détroit  de  Brouvers  ,  qu'on  met  à 
l'orient  de  la  Terre  des  Etats  ,  est  une  pure  imagi- 
nation ,  félon  la  remarque  de  nos  derniers  naviga- 
teurs ,  &  en  particulier  de  M.  Frézier  ,  p.  z6z.  de 
fon  Voyage  à  la  Mer  du  Sud.  La  Terre  des  Etats  à 
l'Orient ,  la  pointe  que  j'ai  dit  de  la  Terre  de  Feu  à 
l'Occident,  forment  le  détroit  de  le  Maire.  La  Terre 
des  Etats  du  côté  du  Sud  ne  gît  pas  E.  S.  E.  Se  O.N. 
O.  (c'est-à-dire  ,  est  Sud  Est ,  Se  Ouest  Nord  Ouest) 
comme  les  Cartes  le  marquent.  Elle  ne  couit  que  E. 
Se  O.  du  monde,  &:  prend  même  un  peu  du  Nord  , 
auprès  du  Cap  S.  Barthelemi.  Frezier.  Cet  Auteur 
dit  ,  en  parlant  des  côtes  de  cette  Ifle  ,  La  côte 
des  Etats  ,  &  non  pas  la  côte  de  la  Terre  des  Etats. 
ÉTATER.  V.  a.  Terme  de  Barreau  ,  qui  fignifie  ex- 
hiber &  repréfenter  une  fomme  de  deniers  pour  en 
tenir  état  aux  créanciers  ,  fuivant  leur  ordre  d  hy- 
pothèque ou  autremenr.  On  condamne  un  débiteur 
d'étater  une  fomme.  Un  débiteur  qui  cherche  à  fe 
libérer.obtient  d'errer  des  deniers  jufqu'à  la  fomme 
de  tant.  Peu  ufité. 

V  V  vv  V  ij 


%^% 


T  A 


£TAU,  f.  m.  Quelques-uns  difent  étal  On  ne  trouvî 
xnême  ce  mot  que  dans  le  Didionnaire  de  l'Aca- 
démie Françoile  ;  mais  on  du  plus  généralement 
étau ,  boutiqiie  ,  quelquefois  fixe ,  quelquefois  por- 
tative ,  où  l'on  travaille  ,  où  l'on  étale ,  où  l'on 
vend  différentes  lottes  de  marchandifes  ,  du  poif- 
fon,  des  fruits  fie  autres  menues  denrées.  On  le 
-dit  patticulièrement  des  places  où  les  Bouchers 
étalent  &  vendent  leur  viande  dans  les  Bouche- 
îies  publiques  de  Paris.  Pluceus  operarius ,  venaii- 
tius  ^  menfa.  On  loue  bien  chèrement  les  etaux  de 
Boucher.  Il  n'y  a  que  le  Roi  qui  accorde  la  permif- 
iîon  de  conflruire  des  etaux  de  Boucher.  La  Placerie 
de  la  halle  a  tant  à'écaux  à  louer. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  ftallum  ,  qui  a  été  dit 
ainfi  abrégé  as  Ifabulum ,  d'où  l'on  a  fait  auili  les 
.mots  à'écaler  &  à'injialler.  Ce  mot  de  ftalLum  fe 
trouve  en  plulieurs  Auteurs. 

Les  Artiians  appellent  aulli  étau  ,pluteus  j  la  ma 
chine  qui  leur  k  rt  à  foutenir  &  arrêter  le  fer ,  & 
autres  matières  fur  iefquelles  ils  travaillent ,  pour 
les  limer,  polir  ,  forer,  &c.  Il  y  en  a  de  petits 
chez  les  Ouvriers  qui  travaillent  à  des  ouvrages 
plus  délicats  ,  comme  font  les  Horlogers ,  &  il  y  en 
a  de  très-gros  chez  les  Serruriers,  &:c.  Le  vrai  mot 
étoit  estoc.  Il  eft  fait  de  deux  pièces  de  fer  qui  s'é- 
loignent, &  s'élargilfent  par  le  moyen  d'un  relTort 
qui  eft  entre  deux ,  &  qui  fe  rapprochent ,  &  fe  fer- 
rent par  le  moyen  d'une  vis  qui  entre  dans  des  trous, 
qui  s'appellent  Mœil  de  Yétju.  Les  tètes  ou  parties 
d'enhaut,  qui  ferrent  le  fer  ,  s'appellent  mâchoi- 
res ;  &  fes  deux  pièces  principales  ,  qu'on  appelle 
tiges,  font  affemblées  enfemble  par  une  efpèce  de 
charnière  qu'on  appelle  jumelle.  Ce  qui  en  refte 
au  deffous  de  la  jumelle  fe  nomme  pied,  la  boete 
où  entre  la  vis,  la  manivelle  qui  lert  à  mouvoir  la 
vis ,  \^  patte  qui  attache  ïetau  à  l'établi  :  il  y  a  quel- 
quefois encore  une  vis  par-deflous  pour  tenir  Vétau 
ferme  contre  l'établi.  Il  y  a  des  étaux  dont  les 
mâchoires  font  en  chanfrein.  Il  y  a  une  efpèce  d'fViïw 
fervant  à  la  marqueterie  ,  qu'on  appelle  âne. 

ETA"\^ILLON.  f.  m.  Terme  de  Gantier.  Il  fignifie  un 
morceau  de  cuitj  coupé  &  difpofé  pour  en  former 
un  gant.  Doler  les  étavlllons  ,  c'eft  les  parer  &c  amin- 
cir avec  le  couteau  à  doler  ;  ce  qui  fe  fait  avant  que 
d'en  tailler  les  doigts. 

§C?  ETAYE.  f.  £  C'eft  ainfi  qu'on  devroit  écrire , 
quoiqu'on  écrive  étale  dans  le  Diélionnaire  de  l'Ac. 
Fr.  f^oye-^  ce  mot. 

ETAYEMENT  ,  eft  en  Architeéiare  un  plancher  pour 
foutenir  les  voûtes  en  plafond.  Il  tient  lieu  du 
ceintre  dans  les  voûtes  concave?.  Frézier.  Adlion 
d'étayer,  ou  l'état  de  ce  qui  eft  étayé.  Métaycment 
d'un  mur. 

ETAYER.  V.  a.  Appuyer  avec  des  étaies  un  bâtiment 
qui  menace  ruine  ^  un  mur  ,  une  poutte.  Fulcire. 
Ce  font  les  Charpentiers  qui  étayent  les  maifons. 

Etayhr  ,  fe  dit  figurément  en  chofes  morales.  Il  y  a 
long-temps  que  la  fortune  de  cet  homme  feroit  ren- 
verfée ,  s'il  n'étoit  étayé  par  la  proteélion  de  ce 
Miniflre,  par  l'argent  &  le  crédit  qu'il  trouve  dans 
fa  famille. 

Dijppe  l'ennui  qui  meprejjc  , 

Et  viens  étayer  ma  vieillejfe.  Le  Duc  DE  Nev. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  vou- 
droit  étayer  le  ciel ,  ne  cxUm  ruât  ;  pour  dire ,  qu'il 
voudroit  prendre  des  précautions  inutiles  &  lu- 
perflues  contre  des  accidens  qui  n'arriveront  ja- 
mais. 
Etayé,  ée.  part.  &adj.  Fultus. 

Je  [ai  quel  est  le  prix  d'une  heureufe  opulence  , 
Que  fuit  la  joie  &  l'innocence  , 
Etquun  Philo fophe  étayé 
D'un  peu  de  riche ffe  &  d'aijlince 
Dans  le  chemin  de  fapience 
Marche  plus  vite  de  moitié.K. 


ETE 

ETE 

ÉTÉ.  f.  m.  La  pluschaudedesfaifons  de  l'année,  ceije 
où  l'on  moillonne  ,  celle  qui  eft  entre  le  printemps 
&  l'automne.  L'été  commence  le  jour  même  que  le 
foleil  paroitfous  le  premier  degré  du  Cancer  j  en- 
viron le  zi  de  Juin  ,  &  il  dure  tout  le  temps  que  le 
foleil  paroît  fous  les  fignes  du  Cancer  ,  du  Lion  & 
de  la  Vierge  ,  c'eft-à-dire  ,  trois  mois.  ^stas. 

Des  tréfors  de  Céres  l'été  pare  les  plaines. 

M.  Sgud. 

Notre  été  est  de  huit  jours  plus  long  que  n'est 
l'hiver ,  parce  que  le  foleil  emploie  huit  jours  de 
plus  à  parcourir  les  fix  fignes  feprenttionaux  ,  que 
lesfix  méridionaux  ;  de  manière  que  depuis  l'équi- 
noxe  du  printemps  jufqu'à  celui  d'automne,  il  s'é- 
coule près  de  iti6  jours  &  demi ,  quoique  pen- 
dant ce  temps  le  foleil  paroifte  parcourir  précifc- 
ment  les  180,  ou  la  moitié  de  l'écliptique  :  aulli  de- 
puis l'équinoxe  d'automne  jufqu'à  celui  du  prin- 
temps ,  il  n'emploie  que  1 78  jours  &  demi  à 
parcourir  l'autre  moitié  de  l'écliptique  ,  &  qui  ré- 
pond aux  fignes  méridionaux.  Institut.  Astronom. 
p.  1G4. 

Les  cigales  chantent  tout  Xété.  Les  foutmis  font; 
leur  provifion  rt;'rt;'pout  l'hiver.  On  a  des  habits  d'eVe 
&  d'hiver ,  des  logemens  d'hiver  &  dVrc  Apparte- 
ment d'hivet  &  appartement  à'été.  Cet  homme  va 
palfer  tout  l'ère' à  la  campagne.  En  Portugal  on  met 
les  armées  en  quartiers  àiété  \  car  elles  ne  peuvent 
tenir  la  campagne. 

Z'été  n  a  point  de  feux ,  l'hiver  n'a  point  de  glace  y 
Qui  puijjent  retenir  fa  vigilante  audace. 

BOUEAU.     . 

Les  Héros  de  l'Antiquité 
N'étoient  que  des  Héros  d'été  , 
Ils  fuivoient  le  printemps  comme  les  hirondelles: 

Mlle  ScuD. 

Solstice  d'/re.  ï^oy.  Solstice. 

Ce  mot  vient  du  Latin  astas  ,  qui  vient  ab  astu  , 
la  chaleur. 

§3"  Quelquefois  nous  entendons  par  le  mot  été  y 
la  plus  belle  moitié  de  l'année.  C'est  ainfi  que  nous 
difons  fémestre  d'hiver,  fémestre  à' été. 

On  appelle  aulli  été ,  les  parties  de  l'automne  oii 
il  fait  encore  beau  temps  \  comme  Vété  S.  Denis,  S. 
Michel  &  S.  Martin  ,  &c.  Nous  avons  un  petit  été 
S.  Martin  y  froid  &;  gaillard  ,  que  j'aime  mieux  que 
la  pluie.  Mde  de  Sév. 

On  entend  au(îi  quelquefois  par  ce  mot  la  jeix- 
nelfe. 


Dans  ton  été  ce  n'est  point  un  affront 
D'être  arrivé  fur  le  penchant  du  mont.  R. 


TÉ  ,  petfonnifié  chez  les  Poètes  &  dans  les  aïKÎens 
monumens.  C'est  un  génie  à  demi-nud,  couronne 

eiral 


d'épics  ,^  qui  en  touche  d'autres  qui  font  entaf- 
.corne  d'abondance.  Il  tient  de  plus  une 


main ,  qui  marque  la  faifon  des  moif- 


fés  daa 
faucille 
fons. 

Les  Poètes  défignent  les  années  par  plufieurs  étés 
prenant  la  partie  pour  le  tout.  Un  de  nos  Poê'tes , 
fe  moquant  d'un  autre  Pocte  fort  gueux  ,  a  dit 
qu'il  étoit  comme  les  atbres  ,  nud  l'hiver  y  &  vêtu 
lete. 
ÉTÉCHEMINS.  Nom  de  peuple.  Les  Etéchemins  font 
un  peuple  de  l'Acadie  ,  qui  habitent  tous  le  pays  qui 
eft  depuis  Bofton  jufqu'au  Port-Royal. 

La  riviète  des  Etéchemins.  C'eft  une  rivière  de 
l'Acadie.  Etecheminorum  fluvius.  La  première  rivière 
que  l'on  renconrre  le  long  de  la  côte  en  allant  de  la 
rivière  de  Pentagouet  à'celle  de  S,  Jean,  eft  celle 


ETE 

des  Etéchemîns  qui  porte  le  nom  du  pays  depuis 
Borton  jufquesau  Porc-Royal.  Il  y  a  dans  cette  ri- 
vière grand  nombre  d'Illes,  quelques-unes  de  deux 
lieues  de  tour  ,  les  autres  plus  ou  moins  ,  qui  font 
toutes  dans  une  anfe  de  grand  circuit  j  où  il  fe  peut 
mettre  des  navires  de  cent  cinquante  tonneaux  en 
toute  fureté.  Dans  le  fond  de  cette  anfe  fe  déchar- 
gent de  petits  ruilleaux  ,  dans  lefquels  on  trouve 
du  fiumon  ,  de  la  truite  ,  du  bar ,  du  gafparot  •, 
&c  le  long  de  la  côte  on  pccJie  de  la  morue  &  autres 
pollfons  Denis. 

ETÉFLER.  V.  a.  Dccacuminarc  ,  meure  fummum  ap'i- 
cem.  On  dit  y  Eiefler  un  arbre  j  pour  dire  ,  en  cou- 

^  per  la  cime.  C'eft  apparemment  un  terme  ulité  dans 

^   quelque  Province. 

ÉThlGNOIR.  f.  m.  Petit  morceau  de  fer  blanc  tourné 
en  cône  ,  attaché  au  bout  d'un  bâton  pour  éteindre 
les  cierges  dans  les  Eglifes.  Il  y  a  des  éceignoirs  de 
cuivre,  d'argent ,  de  vermeil ,  ou  d'autre  matière, 
dont  on  fe  fert  pour  éteindre  la  bougie  ,  ou  la  chan- 
delle. 

ÉTEINDRE.  V.  a.  J'éteins  ^  tu  éteins ,  il  éteint,  nous 
éteignons ,  vous  éteigne'^  ,  ils  éteignent  j  j'éteignois , 
j'éteignis ,  j'ai  éteint  ^  j'éteindrai ,  que  j'éteigne ,  que 
féteignijje  \  ou  j'éteindrvis.  Faire  cefler  l'aétion  du 
feu.  Extinguere.  Un  grand  embrafement  eft  difficile 
à  éteindre.  Le  feu  s'éteint  en  verfant  de  l'eau  delfus , 
en  lui  ôtant  l'air  &  l'aliment..  On  éteint  tontes  les 
lumières  j  les  cierges  de  l'Eglife  ,  quand  le  Service 
cftdir. 

^CT  Eteindre  ,  dans  la  lignification  d'amortir.  Etein- 
dre la  chaleur  de  la  fièvre.  Eteindre  la  chaleur  na- 
turelle. 

fer  On  dit  que  des  boutons  fur  le  vifage  font 
éteints  ,  quand  ils  font  moins  rouges,  quand  leur 
feu  eft  amorti. 
Eteindre  la  foif ,  l'étancher.  Sitim  restinguere. 

Éteindre  en Peintute  ,  eft  la  mêmechofe  qu'adoucir, 
affoiblir.  Les  grandes  lumières  doivent  s'éceindre 
infenliblement  vers  leurs  extrémités.  Dicl.  de  Peint. 
&  d'Arch. 

Eteindre  ,  fe  dit  encore  en  chofes  morales  dans  un 
fens  figuré ,  pour  dire  ,  faire  celfer  ,  diminuer  la 
violence.  Sedare  j  coercere ,  inhihere.  Ce  Prince  a 
éteint  les  fcditions  &  les  troubles  de  fon  Royaume. 
Les  mortifications  éteignent  le  feu  &  les  ardeurs  de 
la  concupifcence. 

J'ai  voulu  vous  quitter  pour  éteindre  ma  flamme. 

La  Suze. 

L'âge  «e//2f  toutes  les  partions  tumulcueufes.  Cet 
amour,  qu'on  croyoit  éteint,  s'eft  rallumé:  c'étoit 
un  feu  mal  éteint ,  &  caché  fous  la  cendre.  Cicéron 
a  un  feu  qui  ne  s'éteint  point ,  &:  qui ,  à  mefure 
qu'il  avance  j  prend  de  nouvelles  forces.  S.  Evr. 
La  vertu  s'éteint ,  fi  elle  celfe  d'agir.  Caill.  Dès 
que  la  colère  eft  allumée,  elle  emporte  l'ame  j  & 
éteint  en  elle  la  lumièrede  la  raifon.  M.  Esp.  Comme 
l'homme  ne  peut  pas  éteindre  fes  paffions ,  le  public 
eft  trop  heureux  quand  on  en  fait  un  bon  ufage ,  & 
qu'on  les  rend  utiles.  S.  Evr. 

Cette  foif  de  régner  que  rien  ne  peut  éteindre. 

Racine. 

Si  je  n'ai  pas  affez  de  force  pour  éteindre  la  paf- 
!fion  que  j'ai  pour  vous ,  j'en  aurai  du  moins  alfez 
pour  la  cacher.  Voir.  La  charité  eft  un  feu  qui  a 
befoin  de  matière  pour  ne  s'éteindre  pas.  Nie. 

Eteindre,  le  dit  aulH ,  pour  exterminer  entiè- 
rement. Il  faut  éteindre  cette  malheureufe  race  , 
pour  abolir  ,  faire  qu'on  ne  fe  fouviennc  plus  d'une 
chofe  :  éteindre  un  crime,  un  procès  ,  la  mémoire 
de  quelque  chofe.  Enfin  j  on  le  dit  des  chofes  qui 
finiÔent.  Aholere,  delere.  Il  y  a  bien  des  maifons 
iliuftres  qui  font  éteintes  j  des  nations  donc  le  nom 
même  eft  éteint. 

On  die  auffi,  éteindre  un  penfion,  une  rente,  une 


ETE  8^5 

dette  ;  pour   dire ,  la  racheter ,    l'amortir  ,    l'a- 
néantir. 

En  termes  de  Maçonnerie  on  dit  j  éteindre  de  la 
chaux  J  quand  on  la  délaie  avec  de  l'eau  pour  la 
conferver  jufqu'à  ce  qu'on  l'emploie  ,  fans  quoi  elle 
fe  gâte  ,  &  devient  f  ulce  &  inutile.  Ca/cem  macerare. 
On  dit  aulh  ,  éteindre  le  fer  ,  quand  on  lui  donne 
une  trempe  qui  lui  acquiert  delà  dureté,  ou  quand, 
après  l'avoir  fait  rougir  dans  le  feu,  on  le  plonge 
dans  l'eau  Iroide  ,  pour  lui  faire  perdre  fa  chaleur. 
Temperare.  Alors  le  mot  éteindre  elt  pris  dans  le  fens 
propre;  mais  quand  on  dit  en  Pharmacie  éteindre. 
le  mercure  ,  c'eft  à-dire  ,  l'unir  à  de  certaines  fubf- 
rances  qui  en  détruifent  la  fluidité  ,  ce  mot  fe  prend 
dans  un  fens  figuré. 

Eteint  ,  einte.  part.  &  adj.  Extinclus.  La  mémoire 
des  grands  hommes  eft  bientôt  éteinte  dans  ceux 
même  qui  les  ont  aimés  davantage.  Ab.  de  la 
Trap, 

On  die  qu'un  homme  a  les  yeux  éteints  ,  pour 
dire  ,  qu'ils  font  fans  feu  &  fans  vivacité  :  &  qu'il  a 
la  voix  éteinte,  c'eft-à-dire,  foible  j  qu'on  a  peine  à 
l'entendre  parler. 

#3°"  Le  P.  de  la  Rue  dans  l'oraifon  funèbre  de  M. 
BolFuet,  dit:  il  eft  éteint  celui  qui  répandoit  dans 
,   la  maifon  du  Seigneur  une  '^\  vive  clarcé. 

ETEINS ,  ou  Cornières.  Terme  de  Marine.  Cornua. 
Ce  fondes  pièces  qui  formenr  lesanglesde  l'arcafle 
ou  de  la  poupe  d'un  vailfeau ,  étant  courbées  en  deux 
fens.  Elles  font  aflemblées  par  les  bouts  d'enbas  à 
l'étambord  ,  &  par  les  autres ,  à  deux  alonges  nom- 
mées  moatans,  ou  trépots  ,  qu'on  appelle  autrement 
allonges  de  cornières  j  qui  parachèvent  la  hauteur  &: 
rondeur  de  la  poupe. 

ÉTEINTE  DE  CHANDELLE,  f  f.  Terme  de  Coutu- 
mes. Extinclio  candeU.  Cette  exprelhon  fe  dit  de 
certains  baux  qui  s'appellent  baux  à  éteinte  de  chan- 
delle J  parce  que  l'adjudication  des  héritages ,  &  la 
conclufion  du  bail ,  fe  fait  pendant  qu'un  fort  petit 
bouc  de  chandelle  qu'on  a  allumé  fe  confume.  Les 
Fermes  du  Roi  s'adjugent  à  éteinte  de  chandelle  :  on 
dit  aulli  à  chandelle  éteinte  ;  &  c'eft  delà  qu'eft  venu 
à  éteinte  de  chandelle.  On  a  faic  un  nom  fubftancif 
du  parricipe  éteinte. 

ETELES.  f.  i.  pi.  Vieux  moc.  Copeaux.  Borel  croix  qu'if 
vienr  d'effero  ^  extuli ,  à  caufe  que  ce  font  des  éclats 
qu'on  a  emportés  d'un  gros  bois,  C'eft  un  mot  fore 
ulite  eu  Champagne.  Il  ne  l'eft  pas  moins  en  Bour- 
gogne. 

Borel  dit  qu'on  les  appelle  des  hastillons.  Foyer 
l'article  des  ASTELES  ,  qui  a  beaucoup  d'affinité 
avec  celui  ci. 

ÉTELON.  f.  m.  Terme  de  Charpenterie.  C'eft  dans  la 
Charpenterie  ce  qu'eft  Epure  dans  l'ArchueÛure. 
Foyq  EPURE. 

ETEMPER.  V.  a.  Terme  d'Horlogerie.  Foyez  ES- 
TAMPER 

IfT^  ÉTENDAGE.  f.  m.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  dans 
l'Imprimerie  un  alfemblage  de  cordes  tendues  d'un 
mur  à  l'autre  d'une  chambre  ,  fur  lefquelles  les 
Imprimeurs  font  fécher  les  feuilles  imprimées. 

ifT  l'Etendage,  dans  les  Manufactures  en  Laine  j  eft: 
une  des  opérations  qui  fe  font  fur  les  laines  avant 
que  de  les  employer. 

Ip- ETENDARD,  f.  m.  Dans  l'Arc  Militaire,  c'eft 
proprement  l'enfeigne  de  la  Cavalerie.  Vexillum.  Se 
ranger  fous  l'étendard.  Les  étendards  fonr  aujour- 
d'hui de  fatin  brodé  d'or  ou  d'argent  &  de  foie, 
fixés  fur  une  lance. 

IJCTOn  appelle  figurément  étendards ,  fignum  ^ 
Militare  vexillum ,  toutes  fortes  d'enfeignes  ,  foie 
pour  la  Cavalerie,  foitpour  l'Infanrerie.  Voye-^  En- 
seigne. C'eft  ainfi  que  l'on  dit  planter ,  arborer 
\étendard-\es  étendards  pris  fur  l'ennemi.  U étendard. 
des  Rois  de  France  n'a  pas  toujours  été  le  même. 
Les  Rois  de  la  première  race  fe  fervoienc  de 
la  chappe,ou  du  Manteau  de  Saint  Martin.  Ceux 
de  la  troifième  prirent  la  Bannière  de  Saint  Denis  , 
à  laquelle  on  donnoic  le  nom  d'Orifiamme  ,  parce 


S94  ETE 

qu'apparemment  elle  étoit  femée  de  fleurs  d'or. 
Dans  la  fuite  cet  ufage  a  celTé. 
Étendard  céleste.  C'eft  une  enfeigne  verte  ,  que 
les  Turcs  difent  avoir  été  {étendard  de  Mahomet  : 
ils  le  refpedent  comme  une  chofe  fainte  &  facrée. 
Ils  prétendent  qu'il  fut  apporté  par  l'Ange  Gabriel. 
On  le  garde  dans  le  tréfor  avec  un  refped  extraor- 
dinaire ;  &;  lorfqu'on  le  déploie  ,  tous  ceux  qui 
font  profeffîon  de  la  Religion  de  Mahomet  font 
obligés  de  prendre  les  armes  ;  &on  regarde  comme 
des  Infidelles  ceux  qui  ne  viennent  pas  fe  ranger 
fous  cette  bannière. 

^Zr  En  Termes  de  Marine  j  on  appelle  étendard 
fur  les  galères  ,  ce  qu'on  nomme  pavillon  fur  les 
vaifleaux.  L'étendard ,  c'eft  le  pavillon  de  la  Réale  , 
ou  de  la  principale  galère.  On  difoic  autrefois  sten- 
dard. 

Parmi  les  Tailleurs  on  nomme  étendard ,  ou  ban- 
nière ,  une  pièce  d'étoffe  qui  refte  d'un  habit  qu'on 
a  fait ,  &  qu'ordmairement  les  Tailleurs  ne  rendent 
pas;  &  l'on  dit  que  le  Tailleur  a  levé  ['étendard 
pour  lui. 

Du  Cange  dit  que  ce  mot  vient  de  standarum  , 
stantarum ,  standardum  y  ou  standale  ,  qu'on  a  dit 
dans  la  balte  Latinité  ,  pour  fignifier  la  principale 
enfeigne  d'une  armée.  M.  Ménage  le  fait  venir  de 
l'Allemand  stande  ^  c'eft -à- dire,  stare  ^  qui  eft 
auflî  Flamand  &  Anglois. 

On  a  fait  une  jolie  petite  pièce  de  vers  intitulée 
['Etendard,  fur  la  première  campagne  de  Mon- 
feigneur  le   Duc  de  Bourgogne.    Elle  commence 


ETE 

forte.  Il  ne  crève  pas  en  lui  lailFant  cinq  boutons. 

MORIN. 

Chez  les  Botanifles ,  étendard  fe  prend  pour  le 
étale  fupérieur  large  ,  &  redrelTé  de  fleurs  légu- 


ainfi 

Amour  voulant  lever  un  régiment 
Battait  la  caijfe  autour  de  Jes  domaines. 
Soins  &foupirs  étaient  f es  Capitaines  , 
Flèches  &  dards  jaifoient  fan  armement.; 
Un  étendard  lui  manquait  feulement,  j 

Le  Prince  l'envoie  à  Adélaïde  lui  compter  fes  pre- 
miers exploits.  Le  Dieu  va  la  trouver  : 

En  lui  parlant  j  il  voit  couler Joudain 

Des  pleurs  mêlés  de  tendrejfe  &  de  joie  j 

PriX  du  vainqueur,  qu'une Joigneuje  main 

Va  recueillir  dans  un  drapeau  de  foie. 

Amour fourit  &  le  mettant  à  part  j 

Bon  ,  bon  ,  dit-il ,  voilà  mon  étendard ,  &c. 

IJCJ"  Étendard  ,  dans  un  fens  figuré ,  fignlfie  la  même 
chofe  que  parti.  Suivre  les  étendards ,  fe  ranger  fous 
les  étendards  de  quelqu'un ,  c'eft  embraflèr  fon  parti. 
Les  Chrétiens  combattent  fous  les  étendards  de  la 
Croix. 

On  dit  dans  les  même  fens  ^  lever  j  arborer  l'éten- 
dard de...  pour  dire,  embraflèr  hautement  une  cho- 
fe ,  en  faire  profeflion  ouverte.  Palam  &  apertè pro- 
f-teri.  Thérèfede  Jefua  levé, pour  m'exprimerainfi, 
ïétendard  de  la    plus  févère   auftérité.   Bourdal. 
Exhort.  T.  I.  /7.  305.  Lever  \ étendard  de  la  vertu. 
Ces  impies  levèrent  enfin  l'étendard  ^q\' kûi^iimc 
&  de  la  débauche,  c'eft-à-dire  ,  firent  ouvertement 
profeffion  de  ,    &c.  Ne  parler  par-tout  que   de 
févérité ,  &  en  lever  par-tout  l'étendard ,  dans  les 
difcours  publics ,  dans  les  entretiens  particuliers  3 
dans  les  tribunaux  de  la  pénitence ,  dans  les  ouvra- 
,    ges  de  piété.  1b.  f.vÂ.  //./>.  141. 
Étendards  ,  eft  aufli  un  terme  de  Fleurifte.  Il  fe  dit  en 
parlant  de  certaines  fleurs  qu'on  appelle  iris  j  &  fi- 
gnifie  les  trois  feuilles  fupérieures  qui  s'élèvent  au- 
deflus  des  autres.  Ces  Iris  ont  leurs  étendards  tout 
déployés.  Liger.  On  les  appelle  autrement  voiles. 
On  les  nomme  ainfi  à  caufe  que  ces  feuilles  relfem- 
blent  à  de  petits  étendards.  Liger. 

Les  Fleuriftes  donnent  aufli  le  nom  ^Etendard 
Royal  à  un  œillet.  C'eft  un  cramoifl  blanc  bien 
tranché  de  gros  panaches  détachés  :  fa  fleur  eft  hâ- 
tive ,  fon  feuillage  d'un  beau  vert ,  &  fa  plante 


mineufes.  P  cxillum. 
ÉTENDEUR.  adj.  m.  Terme  d'Anatomie.  C'eft  une 
épithète  qu'on  donne  aux  mufcles  qui  feivent  à 
étendre  les  autres  parties  du  corps  ,  comme  les  pou- 
ces ,  les  bras  ,  les  jambes  ,  &c.  Extentor.  Ce  mot 
n'eft  pas  François  ^  même  en  Anatomie.  On  dit  Ex- 
tenfeur.   Voyei  ce  mot. 
ETENDOIR.  f.  m.  Terme  d'Imprimeur.  C'eft  un  bâ- 
ton long  de  quatre  ou  cinq  pieds  ,  au  haut  duquel 
il  y  a  une  petite  planche  fur  laquelle  ont  met  le» 
eftampes  j  &  les  feuilles  des  livres   qui  viennent 
d'être  imprimées  ,  pour  les  porter  à  l'étendage,  afin 
qu'elles  s'y  puilfent  fécher. 
Étendoir.  Terme  de  Papetier.  On  appelle  ainfi  l'en- 
droit où  l'on  étend  fur  des  cordes  les  feuilles  de 
papier  nouvellement  faites ,  pour  les  faire  fécher. 
Locus  in  quo  jolia  papyracea  recens  facla  extendun- 
tur  fccanda. 

Les  Chamoifeurs  ont  auflî  des  étendoirs. 
^fT  ÉTENDRE,  v.  a.  J'étends  ,  f  étendis  j  j'ai  étendu. 
J'étendrai,  que  j'étende.  Verbe  qui  a  principalement 
rapport  à  l'elpace  ,  &  quelquefois  au  temps.  Dans 
ces  deux  acceptions ,  c'eft  généralement  faire  occu- 
per plus  d'efpace  jjou  faire  embralTer  plus  de  temps. 
Extendere ,  expUcare  j  differre ,  proferre.  Et  il  fe  die 
avec  le  pronom  perfonnel  dans  ces  deux  fignifica- 
tions. 

§3"  Dans  la  première  acception ,  étendre  fignifie 
quelquefois  la  même  chofe  que  déployer  en  long  6i 
en  large.  ExpUcare  ^  evolvere.  Etendre  une  nappe 
fur  une  table  ,  un  tapis  fur  une  eftrade.  Etendre  du 
linge  mouillé,  des  feuilles  d'Imprimerie  fur  des 
cordes  ,  pour  les  faire  fécher. 

fCF  On  dit  dans  ce  fens  qu'un  oifeau  étend  fes 
ailes  pour  voler ,  qu'un  homme  étend  les  bras  ,  qu'il 
s  étend  tout  de  fon  long  fur  fon  îitj  fur  un  gafon. 
On  dit  de  même  que  Notre-Seigneur  a  été  étendu 
fur  l'arbre  de  la  Croix  pour  nos  péchés  j  &  qu'un 
homme  a  été  étendu  fur  le  carreau  d'un  coup  d'épée. 
f^  Quelquefois  étendre  fignifie  la  même  chofe- 
que  faire  occuper  plus  d'efpace  en  longueur  &  en 
largeur.  Expandere.  On  étend  les  métaux  fous  le 
marteau  :  étendre  du  beurre ,  des  confitures  fur  du 
pain.  L'or  s'étend  fous  le  marteau.  C'eft  propre- 
ment donner  une  pins  grande  furtace  ou  une  plus 
grande  longueur. 

§C?  On  dit  dans  ce  fens  étendre  fes  troupes ,  fon 
armée  ,  leur  donner  plus  de  terrein  ,  plus  de  front. 
^fT  Etendre  ,  en  tant  qu'il  eft  relatif  au  temps.  Faire 
embraffer  plus  de  temps  ;  il  n'avoit  qu'un  délai  de 
huitjours  jmais  il  raeVf/zc/i^  jufqu'à  quinze.  L'heure 
du,  rendez-vous  d'ordinaire  s'étend.  Mol. 
^CJ"  Etendre  ,  fignifie   aufli  aggrandir  ,  augmenter. 
Etendre  fon  empire.  Imperium  proferre.  Etendre  ion 
parc  ,  fon  jardin  ,  fa  Seigneurie  ,  en  reculer  les  li- 
mites ,  les  bornes. 
§3°  Étendre  la  lumière.  Terme  de  Peinture.  C'eft 
groupper  enfemble  plufieurs  parties  qui  naturelle- 
ment reçoivent  la  lumière  3  ôc  dont  les  objets  ne 
font  fépatés  que  par  des  demi- teintes  adoucies  Ac. 
Franc. 
^^  Étendre  ,  fe  dit  au  figuré  dans  la  plupart  de  ces 
fignifications.  Etendre  la  claufe  d'un  contrat ,  les 
termes  d'une  loi ,  d'mn  arrêt ,  la  fignification  d'un 
mot ,  c'eft  en   porter  le  fens  au-delà  de  ce  que  les 
termes  fignifient  précifément.  On  étend  la  fignifica* 
tion  d'un  mot  propre  à  plufieurs  chofes  différentes. 
C'eft  une  maxime  de  droit  j  qu'on  peut  étendre  les 
lois  dans  des  cas  favorables.  Les  hypocrites  ou  faux 
dévots  lavent  l'art  de    refferrer    ou    ^'étendre  les 
liens  de  la  confcience ,  félon  leurs  intcrêrs.  Bell. 
On  dit  qu'un  Agent  a  étendu  fon  pouvoir  j  tranf- 
greffus  ,  pr£tergrejjus  efl ,  pour  dire  qu'il  a  pauc 
au-delà  de  ce  qui  lui  avoir  été  prefcrit.  Le  Roi  a 
étendu  fa  gloire  par  -  tout  où  i  étend  le  genre-hu- 


ETE 

main.  Boss.  On  a  die  que  Ciccron  pat  £on  élo- 
quence avoic  eicndu  oc  ag>;i'andi  l'efpiit  des  Ro- 
mains ,  autant  que  Céiac  avoic  augmenté  leur 
Empire. 
EiÊNDiiE  une  ordonnance  fur  une  requête  >  fe  dit 
quand  un  Juge  met  un  mot  au  bas  d'une  requête , 
comme  vienmnc  y  foit  montré,  &:c.  lequel  ell  t;rt//t//^ 
par  le  Secrétaire  j  ou  le  Greffier  ,  &c  mis  au  long 
dans  le  Ityle  ordinaire.  On  dit  qu'un  Notaire  étend 
la  claule  d'un  contrat  ,  lorfqu'il  l'amplihe,  en  fai- 
iant  mention  de  toutes  les  cliofes  particidières  qui 
y  font  fous-entendues  j  lorfquc  des  t^f.  qui  font 
dans  la  minute  après  ces  mots  promettant ,  obL 
gcant ,  renonçant ,  il  en  fait  cinq  ou  fix  rôles  de 
grofïes. 

IJCr  On  dit  proverbialement  j  Etendre   la  cour 
roie  ,  pour  dire  ,  paifer  les  bornes  prefcrites  ,  por 
ter  les  droits ,  les  pouvoirs  plus  loin  qu'ils  ne  de 
vroienc  aller  :  &  étendre  le  parchemin  j  pour  dire  , 
faire  des  procédures  inutiles,  pour  augmenter  les 
frais.  Ces  exprelîions  où  le  mot  étendre  ell  pris  dans 
un  fens  hguré  ,  ne  font  que  du  difcours  familier. 
Etendre.  En  termes  de  Triélrac  étendre  fon  jeu  ,  c'eft 
diftribuer  fes  dames  en  autant  de  Bêches  qu'on  le 
peut  ,  ou  au  commencement  d'une  partie  pour  pou- 
voir facilement  faire  des  cafés  dans  le  grand  jan  , 
ou  dans  un  recour  pour  fe  ménager  plus  d'occadons 
de  remplir  fon  jan  de  retour.  On  ne  fauroic  trop 
étendre  fon  jeu  ,  quand  il  ne  manque  qu'une  dame 
au  plein. 
§C?  s'Etendre,  v.  réciproque  j  qui  fe  prend  dans  dif- 
férentes hgnifications  au  propre  &  au  figuré. 
IJC?  s'Etendre,  occuper,  tenir   un  certain    efpace. 
Cette  campagne  s  étend  fort  loin.  Patet.  La  domi- 
nation d'Efpagne  s'étend  jufque    dans    les  Indes. 
Propagatur ,  extenditur.  Cette  Seigneurie  s  étend  juf- 
qu'à  tel  endroit.  Le  reffort  du  Parlement  de  Paris 
s'c;e/?i/t//rdansplu(ieurs  Provinces.  Une  tache  d'huilè 
s'étend. 

§3"  On  le  dit  figurément  des  perfonnes.  Ce  Sei- 
gneur ne  peut  s'étendre  de  tel  côté  ,  parce  qu'il  elf 
relîerré  par  fon  voifin. 

§Cr  On  le  dit  figurément  de  plufieurs  autres  cho- 
fes.  La  puilfance  de  Dieu  s'étend  par-tout ,  n'eft 
point  bornée.  Son  nom,  fa  réputation  ,  fa  gloire 
s'étendent  jufque  dans  les  pays  les  plus  éloignés.  Mon 
pouvoir  ne  s'étend  pas  jufque-là. 

§3"  On  dit  d'une  voix  forte,  &  qui  s'entend  de 
loin  ,  qu'elle  s'étend  bien  loin.  Tant  que  la  voix  peut 
s'étendre. 

^fT  On  dit  de  même  de  la  vue  ,  qu'elle  s'étend 
plus  ou  moins  loin  ,  fuivant  qu'on  peut  voir  les 
objets  plus  ou  moins  éloignés. 

§3"  On  dit  dans  un  fens  figuré  s'étendre  fur  une 
matière  J  la  traiter  fort  au  long  ;  &  dans  le  même 
fens  ,  s'tteidre  fur  les  bonnes  ou  mauvaifes  qualités 
de  quelqu'un  j  s'étendre  fur  fes  louanges. 
1^  s'Etendre,  fe  dit  aulfi  de  la  durée.  La  vie  de 
l'homme  ne  s'étend  guère  au-delà  de  cent  ans.  La! 
durée  de  notre  vie  s'étend  à  toute  réternité  qui  nous 
fuit.  Nrc. 
ÉTENDU  ,  UE.  part.  &  adj.  Qui  occupe  un  efpace  : 
fpacieux.  Extentus ,  explicatus  j  /ongè  j  latèque  per- 
zinens  ,  patens.  Pour  concevoir  un  folide  étendu  , 
il  faudroir  avoir  une  idée  de  la  cohéfion  des  parties. 
Or  il  n'eft  pas  aifc  de  concevoir  comment  des  par- 
ties folides  demeurent  unies  &  attachées  les  unes 
aux  autres.  Donc  il  efl:  difficile  de  concevoir  un  corps 
étendu.  Locke.  Cette  femme  a  l'efprit  étendu  fans 
l'avoir  vafte.  S.  Evr.  Les  femmes  oni  d'ordinaire 
l'efprit  plus  \i£ (\n' étendu.  Nie.  Ces  deux  vues  font 
belles:  mais  l'une  eft  trop  «f're/ît/ae ,  &  l'autre  trop 
bornée. 
ÉTENDUE,  f.  f.  Efpace  de  lieu,  ou  de  temps.  Ex- 
tenfïo.  Si  l'on  confidère  par  abftraélion  la  diftance 
qui  efl:  entre  deux  corps ,  fans  avoir  égard  à  ceux 
qui  remplilfenr  cet  intervalle  j  on  la  peut  nommer 
proprement  e/î'ace.  Et  lorfqu'on  confidère  la  diftance 
qui  eft  entre  les  exttêmités  d'un  corps  folide  j  on 


ETE  89J 

lui  peut  donner  le  nom  à'étendue.  Locke.  L'étendue 
julce  &;  réglée  fait  le  grand.  La  grandeur  démefutée 
fait  le  valte.  S.  Evr.  Rien  ne  redouble  plus  notre 
adiuiration  pour  le  Créateur  de  l'Univers, que  ctcta 
étendue  valle  &:  immenfe  dans  laquelle  font  fufpen- 
dus  tant  de  globes  qui  roulent  fur  nos  têtes.  Huv- 

GHENS.  • 

IfT  Les  Phyficiens  entendent  par  étendue,  la  di- 
menlion  d'un  corps  en  longueur ,  largeur  &  pro-» 
fondeur.  Quelques-uns  prétendent  que  l'elléncede 
la  maricrc  conlilfe  dans  cette  propriéré  ,  enforta 
que  le  Tout-PuilUrnc  même  ne  peut  lui  ôter  foa 
étendue.  Queftion  peu  importante.  Une  matière  pri- 
vée de  fon  étendue  ne  feroit  plui  l'objet  de  laPhyfi- 
que.  yoye\  Matière. 

^fT  bans  le  langage  ordinaire  ,  éten  'ue  5c  fuper- 
fîciefont termes  fynonymes ,  au  moin,  nuis  ne  le 
difons  guère  que  par  rapport  à  la  fuperfîcie.  Une 
campagne,  une  ville,  un  Royaume  d'une  grande 
étendue.  L'étendue  à!  nne  Seigneurie,  &c. 

Etendue  ,  fe  dit  aufti  du  temps.  Notre  vie  eft  fort 
courte  ,  d'une  petite  étendue.  Dans  l'étendue  de  tous 
les  temps  ,  de  tous  les  fiècles  j  &c. 

Ce  mot  s'applique  à  pluheurs  chofes  dans  un  fens 
figuré.  L'étendue  de  l'efprit ,  du  pouvoir  j  de  Tima- 
ginacion. 

On  dit  d'un  efprit  qu'il  eft  d'une  grande  étendue  ^ 
c'eft- à-dire  J  qu'il  a  de  la  capacité  ,  de  la  pénétra- 
tion :  qu'il  eft  de  petite  étendue  ,  lorfqu'il  eft  fort 
borné.  Nous  ferions  moins  de  fautes  ,  li  nous  com- 
prenions bien  toute  \ étendue  de  nos  devoirs.  Nie. 
Apprenons  à  bien  connoître  toute  {'étendue  &c  la 
grandeur  de  nos  défauts.  Id.  En  di'ant  que  Dieu  ne 
peut  faire  ce  que  nous  ne  pouvons  pas  comprendre, 
c'eft  fe  figurer  que  notre  imagination  a  autant  d'e- 
tendue  que  fa  puillance.  S.  EvR.  Pour  former  uia 
fyftcme  régulier,  il  faut  une  certaine  grandeur,  & 
une  certaine  étendue  d'efprit ,  qui  puilTe  envifagee 
plufieurs  chofes  à  la  fois.  Maleb.  Il  n'y  a  rien  qui 
donne  plus  à.' étendue  à  l'efprit ,  5c  qui  le  fortifie  da- 
vantage i  que  de  l'accoutumer  à  comprendre  ,  &  à 
penfer  plufieurs  chofes  diftérentes.  Id.  Pour  être  un 
excellent  Pocte  ,  il  faut  avoir  un  génie  d'une  grande 
étendue ,  &  d'une  grande  élévation.  S.  Evr.  Plu- 
fieurs fe  trompent  dans  l'idée  qu'ils  ont  de  la  com- 
plaifance  :  ils  n'en  connoiirent  ni  le  degré  ,  ni  IV- 
tendue.  Bell.  On  dit  aulîi  ,  qu'on  a  un  pouvoir  de 
grande  étendue  , quand  il  n'eft  point  limité.  Le  Roi  , 
en  étendant  les  limites  du  Royaume  ,  donne  eu 
même-temps  plus  é^etendue  à  fa  gloire.  M.  Scud. 

Je  \eux  la  braver  à  fa  vue  , 
Et  donner  à  ma  haine  une  libre  étendue  Rac. 

On  dit  encore  Vétendue  du  vers  en  termes  de  Poe- 
fie  ,  &  r  tendue  de  la  voix ,  Vétendue  du  chant ,  IV- 
tenduedu  mode  en  terme  de  Mufique. 

ifT  L'étendue  de  la  voix  n'eft  autre  chofe  que  fa 
portée  ,  c'eft-à-dire ,  le  plus  ou  moins  de  tons 
qu'elle  peut  parcourir.  P^oyei  Voix  &  les  autres 
mots. 

CiCTETEOBUTADES.  Terme  d'Antiquité.  C'eft  une 
famille  Sacerdotale  parmi  les  Athéniens,  confacrée 
à  Minerve.  Le  droit  de  porter  le  dais  dans  la  pro- 
ceftion  qu'on  faifoit  aux  Scirropheries  appartenoit 
aux  Eteobutades.  Tourreil.  Ces  Prêtres  tiroient 
leur  nom  de  Butes  J  fameux  Sacrificateur, 

ÉTEOCLE.  f  m.  Fils  aîné  d'Œdipe  &  de  Jocafte.  ^ 

Etéocle.  Roi  d'Orchomène  en  Béotie ,  fut  .nppelé  le 
père  des  Grâces,  parce  qu'il  fut  le  premier  ,  dit 
Paufanias,  qui  éleva  un  Temple  &  des  Autels  aux 
Grâces  ,  &  qui  régla  les  cérémo  lies  de  leur  culte. 

Éteocle.'fIs  d'Iphis  &  frère  d'Evadné ,  fut  un  des 
Chefs  de  l'armée  des  Argiens  contre  Thèbes. 

ETEOCLÉES.  U.  pi.  Surnom  des  Grâces ,  parce  qu'on 
difoit  qu'elles  étoient  filles  d'Etéode. 

ÉTERNAC.  Bourg  que  l'on  nomme  aulTi  Echter. 
Epternacum.  Il  eft  dans  le  Duché  de  Luxembourg  , 
fur  la  rivière  de  Saur ,  à  trois  lieues  au  couchant  de 


s  9^  ETE 

Trêves.  L'Abb.iys  SEternac  eft  fort  célèbre.  Elle  eft 
à-i  l'Ordre  de  S.  Benoît.  MM.  de  Sainte-Marthe  éùri- 
vent  Eternac.  Il  faut  les  fuivre,  &  non  Maty.qui 
•écrit  Etteniack  ,  ni  ceux  qui  écrivent  tjtemach. 
L'Abbaye  à!EtcrndC  fur  fondée  par  Pépin  le  Gros , 
Maire  du  Palais  en  69(5.  Sainte-Marthe. 

ÉTËRNALES.  f.  m.  pi.  Hérétiques  des  premiers  fiè- 
cles,  appelés  ainiî  j  parce  qu'Us  croyoïent  qu'il  n'y 
auroit  point  de  ckangeir.ent  après  la  rélurredion  , 
&  que  le  monda  deir.eureroK  dans  toute  l'éternué 
comme  il  eft  préfentemenr. 

ÉTEPN.NE.  Vieux  adj.  m.  &  f.  Eternel. ^"r^m,  a,  um. 
Marot  s'en  eft  fervi. 

ÉTERNEL,  f.  m.  Oui  n'a  ni  commencement  ni  fin. 
jEtcmus.  En  ce  f-Tns  il  ne  le  dic  proprement  que  de 
Dieu.  Prions  XEurneL  C'eft  \ tztcrnd  qui  com- 
mande, les  reçoit  comme  des  hôtes  que  \Etanel  \\.\\ 
envoie.  Pat.  \J Eternel  elî-il  donc  dilFemblable  à 
lui  même ,  loifqu'il  parle  par  l'organe  &  par  la  voix 
de  Jésus  ?  P.  Catrou.  Mes  yeux  ne  vous  verront 
pas  pins  long-temps  occuper  la  place  de  Dieu ,  & 
recevoir  un  culte  qui  n'appartient  qu'à  Xttcrnel.  Id. 
La  Veriîon  Françoife  de  la  Bible  appelée  Ve.-fion  de 
Genève  ,  traduit  ie  nom  propre  de  Dieu  fjin»  P-ir 
X'Eurnd.  Il  fignitie  proprement  Celui  qui  cil. 

Éternel,  elle.  adj.  On  le  dit  aufli  de  Dieu  &  de  fes 
attributs.  Le  P.  éternel ,  le  Verbe  éternel,  la  Sagelfc 
éternelle,  la  Providence  ^'rer/2d//e.  Les  Aritns  fai 
ioient  Dicu  le  Père  feul  éternel ,  à  i'exclufion  dt 
fon  Fils.  Herman.  C'a  été  une  grande  erreur  de 
croire  le  monde  éternel. 

§Cr  On  appelle  propofition  ^éternelle  vérité , 
celle  qui  a  toujours  été  vraie  &c  qui  le  fera  toujours. 
Les  axiomes  de  Géométrie  font  djs  propoiicions 
d'/rerae/Ze  vérité. 

Éternel  ,  fe  dit  auffi  de  ce  .qui  doit  durer  toujours, 
quoiqu'il  ait  eu  un  commencement.  Dieu  a  promis 
à  fes  Saints  une  gloire  éternelle  ,  une  béatitude  éter- 
nelle ;  &  a  deftinc  aux  réprouvés  une  peine  ,  une 
mort  éternelle.  La  feule  idée  des  biens  éternels  rend 
méprifable  la  polfeilion  de  tous  les  autres.  S.  EvR. 
Nous  devrions  être  bien  plus  prudcns ,  &  bien  plus 
circonfpeéts  que  nous  ne  Ibmmesdans  le  choix  du 
chemin  qui  aboutit  à  une  iïélicicé  ,  ou  à  une  miière 
éternelle.  Nie.  L'enfer  éîoit  appelé  par  les  payens 
\ ombre  éttrnelle. 

Éternel,  fe  du  aulfi  des  chofes  qui  durent  long- 
temps ,  &  plus  qu'il  ne  faut ,  dont  on  ne  voit  pas 
la  fin.  Je  vous  aurai  uns  éternelle  obligation.  Voilà 
un  homme  éternel ,  il  ne  meurt  point.  La  chicane 
rend  les  procès  éternels.  Votre  abfence  rigoureufe 
&  peut  ctre  éternelle ,  ne  diminue  en  rien  l'empor- 
tement de  mon  amour.  Une  éternelle  inquiétude 
agite  mon  ame.  Ovide  a  dit  que  la  Tragédie  étoit 
un  travail  éternel ,  un  ouvrage  dont  on  ne  voit  point 
la  fin;  au  lieu  qu'une  élégie  étoit  bientôt  faite  j  & 
ne  demandoit  pas  tant  de  contention. 

Tu  labar  aternus  ,  quoi  petit  illa  brève  eft. 

Éternel  ,  fignifie  auffi  Continuel  ,  qui  ne  change 
point.  Aux  Ides  Fortunées ,  il  y  a  un  éternel  pr'in- 
tcmps.  En  Efpagne  il  y  a  une  mode  éternelle  ôc 
conilante. 

Lepajfé  n'a  point  vu  ^/'éternelles  amours. 

Et  les  ft.  des  futurs  n'en  doivent  point  attendre. 

On  dit  aufîî,  Un  caufeur,  un  harangueur  éternel, 
pour  dire  ,  Un  homme  qui  parle  trop  ,  &  qui  ha- 
rangue trop  lons^-temps. 
ÉTERNELLE,  f  f.  Sorte  de  plante  qui  produit  <les 
fleurs  jaunes  ou  rougeâtres  en  forme  de  bouquet. 
Les  feuilles  &  la  tige  de  Véternelle  font  d'un  verr 
blanchâtre.  Au  haut  des  tiges  il  vient  de  petites 
fleurs  ramaffees  en  bouquets  jaunes  de  paille  ou 
rou'îeâfre  ;  &  comme  la  fleur  ,  quoique  coupée  de 
défais  le  pied,  fe  coûferve  fort  long-temps  fans 


ETE 

changer  de  couleur,  on  la  nomme  éttrnelle.  \\  ne 
hu  laut  que  la  culture  commune  &  ordinaire.  Mo- 
RiN.  Cuit.  desjieurs  j  11.  f.  Ch.  7.  Elle  vient  de 
graine  ou  de  bouture. 

ETERNELLEMENT,  adv.  ^rcrw^w. D'une  manière 
étemelle.  Dieu  a  été  &  lera  éternellement.  Les  julles 
leront  eterneUcmenta.^ec  lui  dans  lagloir». 

Eternellement,  fe  du  auili  d'un  long  temps. 

Moi  j  quand  j'aime  une  fois  3  j'aime  éternellement. 

Malherbe. 

Ce  que  Malherbe  écrit  dure  éternellement. 

C'eft  une  vanité  poétique  que  MalUerbe  a  imitée 
des  anciens  Poètes  Grecs  &  Latins. 
Eternellement  ,  iignihe  aulli ,  Sans  celfe  ,  toujours. 
Ferpetuù.CQi  importun  me  demande  eter/ietlement, 
il  parle  étemellement. 

Il  est  certain  qu'un  jeune  Amant 

Croit  aimer  d'un  amour  exttème  ; 

Il  jure  ç^^'éternellemenr 

Il  aimera  l'objet  qu'il  aime.  Rec.  du  P.  G. 

ETERNISER,  v.  a.  Prendre  éternel ,  ou  d'une  fort  lon- 
gue durée,  yî^ternarc  ;  orriare  immortali  ,  Aternl 
glorià  i  i&ternuati  commendare.  Les  conquérans  n'ont 
tait  tant  de  carnage  que  pour  éternijer  leur  nom. 
Les  Pyramides  ont  eternifé  la  grandeur  des  Rois 
d'Egypte.  Les  hommes  ne  pouvant  éternijer  leur  vie 
tâchent  à  eternifer  leur  réputation.  La  Roch. 

Déjà  marchoit  devant  les  étendards 

Bellone  les  cheveux  épars  j 
El  Je  flattuit  d'éiernilsz  les  guerres 
Que  fa  fureur  fouffloit  de  toutes  parts.  RacinE'» 

Quel  magnifique  fpeciacle 
Frappe  mes  yeux  éblouïs  ! 
Faut-il  encore  ce  miracle 
Pour  eternifer  LOUIS} 


Eternisé  ,  ée.  part. 

Envain  par  des  fermens  leur  haine  éternifée 
Sejaifott  de  la  France  une  conquête  afée. 

ÉTERNITÉ,  f.  f.  Durée  que  le  temps  ne  peut  mefu- 
rer ,  qui  n'a  ni  pafle,  ni  avenir,  ni  commence- 
ment, ni  fin:  qui  exiile  toute  enfemble  ,  fans  au- 
cun écoulement ,  &  fans  aucune  fucceflion  des  par- 
ties antérieures  &  poftérieures.  u¥,ternitas ,  £vum 
immortale  ,  tempUs J'empiternum .  Cetiforinus  ,  de  die 
Natal,  définit  {'Eternité  nns  Durée  infinie  ,  qui  efl: , 
qui  a  toujours  été,&  qui  fera  toujours.  Cette  éternité 
abfolue  ne  convient  proprement  qu'à  Dieu.  Le  temps 
n'eft  qu'une  partie  déterminée  de  {'éternité.  Maleb. 
Il  n'y  a  point  dcnéceffité  qui  ne  cède  au  danger  de  fe 
perdre  pour  l'éternité.  Nie.  L'efprit  en  étendant ,  &  en 
répétant  l'idée  de  la  durée  fans  jamais  arriver  au 
bout ,  fe  forme  à  lui-même  l'idée  de  {'éternité.  Locke. 
Les  hommes  vontécourdimenr  à  la  mort  &  à  {'éter- 
nité. C'ell  une  étrange  condition  que  celle  des  hom- 
mes ;  ils  marchent  fans  celle  vers  une  éternité  de  bon- 
heur ou  de  malheur.  Nie.  Je  ne  fai  pourquoi  ce  peu 
de  temps  qui  m'eft  donné  à  vivre  m'eft  alligné  à  ce 
point  plutôt  qu'à  un  autre  de  l'erÊr/z/r/ qui  m'a  pré- 
cédé ,  &z  de  toute  celle  qui  me  fuit.  Pasc.  La  nou- 
veauté des  Arts  défavoue  refcrar/ du  monde.  Nie. 
Les  hommes  pouflent  l'extravagance  jufqu'à  aller 
hafarder  étourdimenr  l'eVerwife  ,  fans  fonger  à  l'.a- 
byme  où  elle  les  va  précipiter.  De  Vill.  La  négli- 
gence des  hommes  pour  Xéternité  m'irrite  plus 
qu'elle  ne  m'attendrit  :  elle  m  "épouvante  ;  c'eft  un 
monftre  pour  moi.  Pasc.  En  comparant  Xctemité 
qui  fuit  la  mort  avec  quelques  momens  d'une  vie 
fragile  ,  il  ne  faudroit  fongec  qu'à  mourir.  Mo- 
rale DE  P. 

Éternité, 


ET  E 

ETERNfTH  ,  fe  die  hyperboliqiiement  d'une  longue  du- 
rée, ^vum.  Voilà  une  bonne  étotte,  elle  durera  une- 
éternité.  hQ%  Rois  bâulFenc  pour  Vécernlte  ^  c'elt-à- 
dire,  ils  font  des  bâcimens  bien  foUdes.  Nous  avons 
joui  de  ce  privilège  de  toute  ctcnuti  ,  de  temps  im- 
mémorial. 

Dans  les  ouvrages  de  piété  ,  en  profe ,  ou  en 
vers,  Eternicé  fe  prend  pour  la  durée  inlinie  qui 
fuit  la  mort  des  hommes,  &  pour  l'état  heureux  ou 
malheureux  où  ils  ieront  alors.  Il  tauc  penfer  fou- 
venc  à  ïécernké. 

PaJJant ,  qui  lis  mon  aventuré  ^ 
Reconnais  ta  fragilité , 
Et  puifquici  bas  rien  ne  dure  , 
Penfe  à  /'éternité.  Recueil  de  Vehs. 

^fT  Corneille  a  employé  ce  mot  au  pluriel  dans 
Héraclius.  On  n'a  jamais  du  ,  du  Voltaire  ,  mettre 
ce  mot  au  pluriel  ,  dans  aucune  langue ,  excepté 
dans  le  Dogmatique ,  quand  on  dilhngue  mal-à- 
propos  VEternité^iSée  îc  ['Eternité  k  venir. 

£ccr  C'ell  ainfi  que  Platon  dit  que  notre  vie  eft  un 
point  entre  deux  Eternités  ;  penfce  que  Palcal  a  ré- 
pétée ,  penfée  fublime ,  quoique  dans  la  rigueur 
méiapliylîque  elle  foit  faufïe. 
Éternité,  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 
Déeire  chez  les  Anciens.  uî,ternitas.]s\:{.ï\..  Capella  ^ 
L.  I.  dit  que  ['Eternité  étoit  fille  de  Jupiter.  Tril- 
mégirte  &  Platon  difent  que  le  temps  ell  l'image  de 
l'Eternité.  Claudien  j  dans  fon  fécond  Livre  De 
l.audibus  Stiliconis  ,  fur  la  fin  ,  vers  414.  nous  a 
donné  une  defcription  de  ['Eternité ,  ou  plutôt  de 
l'antre  de  ['Eternité.  Il  die  qu'il  eft  dans  un  lieu 
inconnu  ,  où  notre  efprit  ne  peut  pénétrer ,  &  où 
apeinelesDiEuxontacces.il  appelle  cette  caverne 
la  Mère  des  années ,  toute  hideufe  de  vieiileire  ,  une 
caverne  d'une  durée  infinie  j  qui  fait  partir  de  fon 
vafte  fein  tous  les  temps  ,  &  qui  les  y  rappelle  :  il 
dit  que  cet  antre  comprend  tout  ce  que  fignifie  un 
ferpent  recourbé  en  rond  ,  qui  mord  la  queue  fans 
jamais  la  ronger  ni  la  confumer>  &  toujours  au(lî 
vif  ik  audi  vert  que  jamais-  La  Nature  ,  cette 
vieille  ,  dont  le  vifage  eft  toujours  plein  de  grâces, 
fait  la  garde  à  l'entrée  du  vellibule.  De  tous  fes 
membres  il  pend  des  âmes ,  qui  voltigent  tout  au- 
tour d'elle.  Un  vieillard  vénérable  préhde  dans  l'an- 
tre ,  &C  Y  donne  des  lois  qui  durent  éternellement  : 
c'eft  lui  qui  régie  le  nombre,  le  cours  &  le  repos 
des  Aftres,  par  qui  tout  vit  &  tout  périt  félon  des 
lois  immuables.  C'eft  lui  qui  détermine  ce  que  la 
révolution  incertaine  de  l'alhe  de  Mats ,  &  h  ré- 
volution certaine  de  celui  de  Jupiter  doit  caufer  dans 
le  monde  ;  Se  les  effets  de  la  Lune  ,  qui  achève  fi 
vîte  fa  carrière ,  ou  du  parelfeux  Saturne  ,  h  lent  à 
fournir  la  fienne  ,ceux  que  produit  Vénus,  toujours 
fereinej  &  Mercure,  compagnon  du  Soleil.  Dans 
l'antre  font  tous  les  fiècles  diftingués  chacun  par 
fon  métal  j  Se  tous  en  différentes  places.  On  y  voit 
les  ficelés  d'airain  ramalfés  enfemble.  Les  fiècles  de 
fer  y  paroifTent  durs  Se  roidcs.  La  blancheur  de  ceux 
d'argent  y  jette  un  éclat  merveilleux  :  mis  ce  qui  y 
brille  le  plus,  c'eft  le  troupeau  des  iiècles  d'or  pla- 
cés dans  le  plus  bel  endroit  &  le  plus  diftingué  de  ce 
Palais  j&  qui  portent  un  caractère  qui  les  rend  d'un 
commerce  difficile  avec  la  terre.  Telle  eft  à-peu-près 
Ja  defcription  que  Claudien  fait  de  la  demeure  de 
l'Eternité.  Elle  a  dans  le  Latin  des  beautés  auxquel- 
les ,  fclon  le  favant  Barthius ,  dans  fes  Notes  fur 
Claudien,  Rome,  toute  féconde  qu'elle  eft  en  gé- 
nies éloquens ,  n'a  pu  rien  produire  d'égal  depuis  ce 
Poète. 

Les  Egyptiens  déhgnoient  ['Eternité  par  le  Soleil , 
dit  Horus  Apollon  dans  les  Hiéroglyphes ,  <?<:  par 
la  Lime. Tes  Grecs  &  les  Romains  en  ufoient  de 
mènie  ,  au  (entiment  de  quelques  Auteurs.  Il  y  a 
une  médaille  d'Antiochus  Epiphanès  ,  au  revers  de 
laquelle  j  pour  marquer  j  difent-ils  ,  ['Eternité  Se 
l'apothcofe  du  Prince  j  00  a  mis  une  figure  d'hom- 
Tome  III. 


ETE 


S97 


me  qui  tient  le  foleil  dans  fa  main  droite ,  &  qui  a 
la  Lune  lut  la  tète.  De  même  on  voit  fur  les  médail- 
les de  Vefpafien  ,  de  Domitien  ,  de  Trajan  ,  d'A- 
drien ,  &c.  La  DéelFe  Eternité  vêtue  d'une  robe  lon- 
gue ,  qui  tient  dans  fes  mains  les  têtes  rayonnai. tes 
du  Soled  &  de  la  Lune.  C'eft  le  type ,  ou  l'effigie 
ordinaire  lur  les  médailles  Latines.>o>Ê^  Tristan, 
T.  I.  p.  3ic).  381,  Une  inkription  rapportée  dans 
Gruter ,  p.  31.  joint  auffi  le  Soleil  &  la  Lune  avec 
['Eternité.  La  voici. 

^TERNIT  ATI 

SACRUM 

SOL  I   ET   L  UNtE 

P.    N  O  V  E  L  L  I  U  S     P.    F; 

PAL.   VERUS    DD. 

XVIII.  KAL.  IVL. 

SER    SCIPIONE    ORFITO  ET 

Q.  NONIO  PRISCO  COSS. 

Sur  une  médaille  d'Adrien  rapportée  par  Occo  j 
p.  237.  &  expliquée  par  Triftan  ,  T.  I.  p.  475.  ['E~ 
ter.iité  e(i  enlieimé^  dans  un  cercle  .  iS:  tient  un  glo- 
be fur  lequel  il  y  a  un  aigle  arrêté  :  la  légende  eft  , 
Pi\L  TR.  p.  COS.  III.  S/£C.  AVR.  On  la  repréfen- 
toit  aulli  portant  la  main  vers  le  ciel.  On  défignoit 
encore  ['Eternité  par  un  ferpent  qui  mord  fa  queue, 
&  lait  un  cercle  j  Se  on  l'adoroit  dans  un  Temple 
conftruit  en  dôme.  Une  Déelfe  debout    devant   un 
Autel  ,   qui  tient  en  une  main  l'effigie  du  Soleil , 
Se  en  l'autre  celle  de  la  Lune  ,  eft  le   type  ordinaire 
de  ['Eternité  fur  les  médailles  :  Tristan  j  T.  I.  p. 
319&  3S1.0Ù  il  n'y  a  point  d'autel.  Elle  eft  aulli  re- 
préfentée  dans  un  cercle  tenant  un  globe.  Id.  Mar- 
tianus  Capella  ,  L.  I.  dit  que  ['Eternité  efk   fille  de 
Jupiter  j  parce  que  Dieu  n'a  ni  commencement  ni 
fin.  Id.  T.I.p.  381.  Quelquefois  elle  eft  repréfen- 
tée  comme  une   jeune  Déeffe  debout  ,  tenant  un 
globe  fur  lequel  il  y  a  un  oifeau  arrêté  ,  &  de  l'autre 
main  fouleve  le  pan  de  fa  robe.  Id.  T.  III. p.  11^. 
Au  refte  ,  cette  Déelfe  fur  les  médailles  des  Empe- 
reurs ne  déhgne  louvent  que  la  perpétuité  de  l'Em- 
pire, &  non  en  effet  ['Éternité,   laquelle  ,  à  pro- 
prement parler ,  &  auflî  félon  le  fens  auquel  les  Em- 
pereurs l'ufurpèrent  en  leurs  titres  Se  qualités,n'étoic 
qu'une  longue  Se  heureufe  fuite  d'années.  Id.  T.  III. 
p.iiS. 
Eternité.    Titre  de  grandeur  que    l'on    donnoit  i. 
l'Empeteur  Conftantius ,  qui  fe  faifoit  auflî  appeler 
Eternel,  ^temitas.  Un  des  Officiers  de  l'Empereur 
Conftantius  demandant  à  Lucifer  de  Cagliari  j  fi  le 
livre  qu'on  avoir  envoyé  à  l'Empereur  étoit  de  lui , 
il  lui  dit ,  Vous  devez  donc  écrire  ce  qui  en  eft  ,  Sc 
nous  rsnvoyer  le  livre  ,  afin  qu'on  le  puiife  préfen- 
ter  à  fon*£rer«/r£.''^  c'eft  à-dire  ,  à  Conftantius.  Les 
Catholiques  tournoient  en  ridicule  les  Ariens ,  qui 
refufoient  de  donner  au  \'erbe  la  qualité  d'eVer^r/, 
Sc  qui  la  donnoient  à  Conftantius.  C'eft  peut-être  le 
fens  qu'a  le  mot  ^ternitas  ,  au  revers  de  quelques 
•médailles,  comme  Imp.  C/Es.  Vespasianvs  .Avg. 
Se  au  revers  ^ternitas.  diva  favstina,  au  revers 

^TERNITAS. 

En  François ,  éternité  fignifie  la  vie  future.  Il  ne 
fe  dit  pas  du  fouveriir  perpétuel  que  les  hommes 
confervent  de  la  gloire  &  de  la  vertu  des  grands 
hommes.  Il  faut  dire  Immortalité.  Pi^tendre  à  l'im- 
mortalité ,  afpirer  à  l'immortalité  ,  ^  non  pas  pré- 
tendre Se  afpirer  à  \ éternité.  Le  premier  fignifie  pré- 
tendre ou  aipirer  à  une  gloire  qui  ne  finira  point 
lur  la  terre  parmi  les  hommes  ;  le  fécond  veut  dire. 
Prétendre  j  afpirer  au  ciel  ,  à  la  gloire  des  bienheu- 
reux, k 
ÉTERNUER ,  v.  n.  Faire  un  éternument.  Sternutare. 
La  bétoine ,  le  tabac  en  poudre,  font  éternuer.  Les 
gens  enrhumés  font  fujets  à  éternuer.  La  coutume 
de  faluer  les  gens  quand  ils  éternuent,  fi  l'on  croit 
un  Profolfeur  de  Kiel ,  eft  un  refte  de  Paganifme. 
Le  P.  Strada  l'a  montré  av.Tnt  lui.  U  avoue  cepen- 
dant qu'elle  étoit  en  ufage  chez  les  Juifs  jaul-îi^ 
X  X  X  X  X 


^8  ETE  ET  H 

bien  que  chez  les  Grecs  &  les  Romains,  &  il  veut^     gnifie  anniverfaires.On  dit  auflî  vents étéfiens,  Voy. 

bien  même  faire  grâce  aux  Chrétiens  lur  cela  ,  &  j      Vent. 

avouer  que  cela  leur  eft  permis,  pourvu  qu'ils  n'y   ETETEMENT.  f.  m.  L'adion  d'étêter  un  arbre.  Dc- 


jmêlent  point  de  fuperftition.  Sur  ce  principe  on 
peut  s'alfurer  que  la  politeire  ne  fouftrira  point  de 
la  décilîon  de  ce  ProfelFeur  ;  car  je  ne  lais  qui  a  ja- 
mais penfé  à  fuperltition  ,  quand  il  a  falué  une  per- 
fonae  qui  éicrnuoït^.Qxx  qu'il  lui  a  fait  quelque  fou- 


cacuminatïo.  Un  arbre  étêté  qui  pouiïe  de  nouvelles 
branches  ,  où  les  prend-il  ? . . . .  Elles  dévoient  exii- 
ter  avant  Xcutemtnt ,  mais  en  petit ,  &:  renfermées 
dans  des  bourgeons  invifibles.  Acad.  1701.  Hljl. 
P\  75.  ^cjyeç  Arbre  ,  Branche  ,  Bourgeon. 


hait  honnête.  Par  l'onzième  Epigramme  du  XII^  t  ÈTÈTÈR.  v.  a.  Ôter  latête.  Z?ecaa^/«^«i7re.  Il  ne  fedic 


Chap.  du  II.  Liv.  de  l'Anthologie ,  il  paroît  que 
chez  les  Anciens  ,  celui  qui  turnuoit  faifoit  une 
courte  prière  aux  Dieux  j  par  exemple  ,  Z'S  «'*«?'"  j 
Jupiter^  fauve\-moi. 

Ce  mot  vient  du  'L^.ùn  fternuare  qui  fe  trouve 
dans  Plante.  Men. 
••ÉTERNUMENT.  f.  m.  Sternutaùo.  Mouvement  con- 
vullîf  des  mufcles  de  la  poitrine  qui  fervent  à  l'ex- 
piration. Dans  ce  mouvement ,  après  la  fufpenfion 
de  l'infpiration  commencée ,  l'air  eft  repoulfé  par 
le  nez  ,  &  par  la  bouche  avec  une  violence  fubite  j 
ou  momentanée.  La  caufe  de  ce  mouvement  con- 
■vuhif  eft  l'irritation  de  la  membrane  fupérieure  du 
îiez   qui  communique  avec  le  nerf  intercoftal ,  à 
caufe  des  rameaux  que  celui-ci  lui  fournit  par  fon 
principe.  Cette  irritation  fe  fait  ou  extérieurement 
par  des  odeurs  fortes  j  comme  par  celle  de  la  mar- 
jolaine &  des  rofes  ;  par  des  poudres  qui  volant  en 
l'air  font  reçues  par  l'infpiration,  ou  par  des  médi- 
camens  acres ,  comme  le  crelfon  &;   autres  fternu- 
tatoires ,  qui  picotent  la  membrane  du  nez ,  ou  in- 
térieurement par  l'acrimonie  de  la  lymphe  qui  hu- 
mede  naturellement  la   membrane  des  narines  ^ 
comme  le  coryza.  Cette  lymphe  devient  acre  par 
fa  chaleur  &  par  fon  acidité  ;  &  alors  elle  irrite  la 
membrane;  ce  qui  fait  éternuer.  Les  matières  qui  font 
rejetées  en  éternuant,  viennent  premièrement  du 
nez  &  de  la  gorge  ,  parceque  la  membrane  pitui- 
taire  y  exfude  continuellement  de  la  lymphe  ;  &  en 
fécond  lieu  de  la  poitrine  ,  de  la  trachée-artère  ,  & 
des  bronches  des  poumons.   Le  Père  Strada  a  fait 
un  Traité  de  Xétcrnument ,  où  il  découvre  la  raifon 
pourquoi  on  falue  ceux  qui  éternuent  :  ce  qui  eft 
une  coutume  venue  des  Payens.  Martin  Schookius , 
qui  a  écrit  de  ï éternument ^  prétend  qu'il  fe  fait  par 
l'irritation  de  la  membrane  inférieure  des  narines. 
Véternument  qui  vient  de  la  tête  étant  fans  blâme, 
nous  lui  faifons  un  honnête  accueil.  Ne  vous  mo- 
<juez  pas  de  cette  fubtilitéjelle  eft  d'Ariftote.  Mont. 
Uecernument  étoit  un  bon  prcfage  s'il  fe  faifoit 
après  dîné,  &  encore  meilleur   s'il  fe  faifoit  du 
côté  droit:  il  paftbit  pour  mauvais  lorfqu'il  fe  fai- 
foit le  matin.  Quand  quelqu'un  éternuoit,on  lui 
difoit  Jupiter  vous  conferve  ;  &  quand  c'étoit  le 
matin,    on  prioit  les  Dieux  de  détourner  le  mal 
que  {'éternument  devoir  préfager.  Les  érernumens 
croient  encore  d'un  bon  où  d'un  mauvais  augure 
fuivant  les  fignes  dans  lefquels  la  Lune  fe  trouvoit. 
Cette  fuperftition  a  cefte ,  même  parmi  le  peuple  , 
mais  on  a  continué  de  faluer  un   mouvement  con- 
viilfif ,  &  de  faire  de  cet  ufage  un  des  devoirs  de 
la  vie  civile. 
ÉTERODOXE.     \  j^         S  HÉTÉRODOXE. 
ÉTEROUSIEN.     5  ^''■>'^^-  IHETÉROUSIEN. 
ÉTgRSlLLON.  ou  arc-boutant  V^>y.  ETRESILLON. 
ETESIEN.  adj.  m.  Les  vents  Etéfiens.  M.  de  Tille- 
mont  parle  ainfi ,  au  lieit  de  dire  les  Etéfies ^  etes'û- 
venti ,  ou  Eté  fia.  Voyez  ÉTÉSIES. 
ETÉSIES.  f.  m.  pi.  Vents  anniverfaires  &  réguliers  , 
foufflans  chaque  année  en  même  faifon  ,  &  pen- 
dant certain  nombre  de  jours  Etefi&.  Ils  foufflent 
non  feulement  vers  l'Aquilon  ,  mais  auftî  vers  l'O- 
rient, le  Midi  &  le  Couchant ,  félon  Pline  &  Stra- 
bon .  Ils  foufflent  en  E,fpagne,en  Alîe,  &  vers  le 
Royaume    de   Pont  au    Levanr.   Le  Siroc  ,   félon 
Strabon  ,  eft  un  vent  étéfien  fonfflant  entre  l'Efpa- 
gne  &  la  Sardaigne.  Aquilons  Etéjlen%  ,  font  des 
vents  foufflans  quarante  Jours  de  fuite  vers  le  lever 
de  la  Canicule. 

Ce  mot  eft  Grec  j  &  vient  du  grec  tTims ^  qui  fi- 


que  des  arbres  &  des  chofes  artilicielles.  On  étète  les 
laules ,  marfaux ,  peupliers  &  autres  bois  blancs. 
Il  eft  défendu  d'JftJi^er  les  gr£.nds  arbres  desforêts.  On 
a  étêcé  ce  clou  ,  cette  épingle  ,  ils  ne  peuvent  plus 
fetvir. 

Étêté  ,  ée.  part.&  adj.  Dccacuminatus. 

Etêté  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fedit  d'une  aigle  ,  d'un 
poilfon  ,  ou  autre  animal  qui  n'a  point  de  tête  \  foit 
qu'on  Tait  coupée  ,  ou  arrachée. 

ÊTEUF.  f.  m.  Pila  luforia.  Balle  pour  jouer  &  pouffer 
avec  la  main.  L'éteufe&  renbourré  de  bourre  déten- 
deur ou  de  fon  j  couvert  de  cuir.  Pila.  On  ne  pro- 
nonce point  ry  du  mot  Eteuf ,  fi  ce  n'eften  Poëfie, 
quand  il  eft  fuivi  d'une  voyelle. 

§CF  II  y  a  une  autre  efpèce  à'éceufow  balle  dont 
on  fe  fert  pour  jouera  la  longue  paume.  Cette  balle 
èft  plus  petite  que  l'autre ,  plus  dure  j  ordinairement 
couverte  de  drap.  Le  peloton  eft  fait  de  rognures  fer- 
rées &  ficelées. 

Ménage  ,  après  Lipfe  ,  dérive  ce  mot  du  Latin 
tufa ,  qui  fignitioit  une  boule  qui  étoit  au  haut  des 
enfeignes. 

On  dit  proverbialement ,  Repouffer  ,  ou  ren- 
voyer ï'éteujf,  pour  dire  ,  répliquer  vertement  j  re- 
pouffer  une  injure  par  une  plus  forte.  On  dit  auffi  , 
qu'il  ne  faut  pas  courir  après  fon  éteuf  ;  pour 
dire  ,  relâcher  j  ou  quitter  les  sûretés ,  ou  nan- 
tillemens  qu'on  a  entre  les  mains ,  pour  n'avoir 
après  cela  qu'une  aétion  incertaine  pour  fe  faire 
payer. 

ÉTEUFFIER.  f.  m.  Faifeurd'éteufs,  ou  balles  à  jouer 
à  la  paume. 

ÉTEULE.  f.  f.  Stipula.  La  partie  du  tuyau  de  blé  qui 
eft comprife  entre  deux  de  fes  nœuds.  Internodium. 
L'épi  de  blé  naît  au  bout  de  la  troifîème  ou  qua- 
trième éteule. 

Il  vient  du  Lazin Jlipula ,  oxxjlibula  j  ou  bien  à 
tubis  &  calamis  frugum. 

On  appelle  aulîi  éteule  ,  ou  ejleuble  ,  le  chaum» 
qui  refte  fur  la  terre  ,  après  que  le  blé  eft  coupé.  En 
quelques  lieux  on  dit  étroubles. 

E  T  H. 

ÉTHAM.  Nom  de  lieu  dans  l'Ecriture.  Etham.  C'eft 
un  lieu  à  l'Orient  de  l'Egypte  fur  les  confins  de  l'A- 
rabie déferre ,  dans  l'Ifthme  que  forment  la  Médi- 
terranée &  la  Mer  rouge.  Ziégler  prétend  (\\.\  Etham 
étoit  où  eft  aujourd'hui  Sues  ;  mais  on  n'a  point  de 
raifon  de  croire  qu'il  fût  fur  la  mer.  Ce  fut  le  troi- 
fîème campement  des  Ifraclites  à  leur  forrie  d'Egyp- 
te. La  partiedu  défert  qui  y  répondoit  s'appelle  le 
àéÇeTK.à' Etham  ,  &  s'étend  au-delà  delà  Mer  rouge. 
Le  P.  Lubin  croit  que  le  défert  d' Etham  6c  celui  de 
Sur  font  la  même  chofe. 

ÉTHANIM.  f  m.  Nom  d'un  rnois  des  Hébreux.  Etha- 
nim.  C'étoit  le  mois  de  l'équinoxe  d'autom.ne.  On  le 
nomme  plus  communément  Tifri  ;  &  l'on  dit  aufli 
communément  que  c'étoit  le  premier  mois  de  l'an- 
née civile  des  Juifs. 

ÉTH-CATSIN.  Ville  de  la  Tribu  de  Zabulon  ,  dans 
la  partie  feptentrionalede  la  Terre-Sainre.  Eth-cat- 
Jin.  Cette  ville  étoit  à  l'extrémité  de  cette  Tribu  , 
du  côté  de  l'Orient.  La  Vulgare  l'appelle  Tacajîn  j 
&  l'Hébreu  y\)i^  nv  -,  Eth-Katfin. 

ÉTHEB.  Terme  de  Philofophie  hermerique  ^  qui 
veut  dire  parfait.  Converrir  en  Etheb,  c'eft,  conver- 
tir en  métal  parfair. 

ÉTHELBERT.  f  m.  Nom  d'homme.  Ethelbertus.  S. 
EthelberCy  Roi  de  Kent  en  Angleterre ,  avoit  pour 


ETH 

îrifateiii  Hengift  ,  chef  des  Saxons  quis'étoienc  éta- 
blis en  449  Cil  Angleterre  avec  les  Juttes  &  les  An- 
giois.  Il  parvint  à  la  couronne  vers  l  an  560  après  la 
mort  3e  Ion  père  Irminric  ,  &  mourut  lui-meme  le 
24  de  Février  616.  après  avoir  reçu  &  amphiîé  la 
Foi  dans  Ion  Royaume.  On  dit  aulii  Edilbert  ,  fé- 
lon Bailiec  au  14  Février. 

Le  nom  à'h'cnelhert  eA  formé  de  deux  mots  de  la 
langue  Anglo-Saxone  que  parloient  les  Juttes  ,  & 
qu'ils  portèrent  en  Angletetre  : -«^Ae/ j  noble  ^  UluJ- 
tre ,  £<.beorhc,  brillanc  ,  éclatant  \  ou  heriht  ^  pru- 
dent,  avifé.  /^oj  e^  Cambden  j  Se  Verf.  teg. 
ÉTHHLIA.  Terme  du  grand  Art.  Ce  mot  fignifie  ou 

laiton  ,  ou  terre  très-noire  qu  11  faut  blanchir. 
ÉTHER,  ou  ATHAR..  Ville  quifuiôtéeà  la  Tribu  de 
Juda  pour  être  donnée  à  celle  de  Siméon.  Athar  , 
Ether  j  Jof.  XIX.  7.  Eufébe  rapporte  que  de  fon 
temps  il  y  avoit  un  bourg  nomme  ttherru  ,  pro- 
che de  Malatha  ^  dans  la  terre  de  Daroma.  M. 
Reland  juge  que  cette  fuuation  convient  allez  à 
Et  lier. 
ÉTHE.v.  f.  m.  C'eftla  matière  fubtilequi  eft  au-de(Tus 
del'^tiiivjfphèrede  l'air  grollier.  M.  iJernoulli,  dans 
fa  Dillertacion  de  gravitate  ^theris  ,  n'y  traite  pas 
fealemdnc  de  la  pcl.inteur  de  l'air  fi  inconteitable  &: 
fi  leniible  pa^  le  B  irom^tre  ,  mais  principalement 
de  M^tker,  ou  d'une'  matière  beaucoup  plus  lubtile 
que  l'air  quj  nous  refpirons.  Fo.vrENELLE.  Le  Doc- 
teur rrein.l  rétuce  ceux  qui  prétendent  qu'on  doit 
chircKer  le  principe  agiUant  dans  Vcilicr  ,  ou  dans 
un  rtaide  très  fubcil.  Il  demande  ce  qui  remue  cet 
éther ,  &  qui  lui  conferve  le  mouvement  petpétutil 
qu'il  a.  Le  Clerc. 

Ce  injt  qui  eft  purement  Grec  ,  A'iôif  ,  n'ad'u- 
fage  que  dans  le  did  idiqiie  ,  &  on  sqw  fert  pour 
fignifi.-r  l'étendue  immente  d'une  fubltance  fubrilc 
&  duide  dans  laquelle  font  les  corps  célelces ,  &c. 
^c  ler. 
^fcTETHER,  en  Chimie  ,  ou  liqueur  éthérée.  C'eft 
le  nom  qu'on  donne  à  une  huile  très-fpiruueufe  & 
très  volatile  ,  que  l'on  tire  du  mélange  de  l'efprit  de 
vin  &  de  l'huile  de  vitriol.  C'ell  l'efprit  de  vin  dé- 
pouillé d'eau  autant  qu'il  elt  pollible. 

§Cr  Ce  nom  ell  nouveau  parmi  les  Chimifte;. 
L'extrême  légeretéde  cette  liqueur  lui  a  fait  donner 
le  nom  d'ef/zer  par  analogie  i  létker  des  Phyliciens. 
On  co.npte  trois  fortes  d'e'thersj  /'eVAer  vitriolique, 
l'eV/jer  nitreux  &  Vether  marin  :  dénominations  qui 
viennent  de  trois  fortes  de  mélanges  qui  peuvent  fe 
faire  avec  de  l'efprit  de  vin  ;  mélange  d  huile,  de 
vitriol,  mélange  d'efprit  de  nitre  ,  mélange  de  fel 
marin. 
ÉTriERE  ,  iE-O-d).  yEthereus.QniQCi  del'éther  ^  qui 
a  rapport  à  l'cther ,  qui  en  a  les  qualités ,  ce  qui  elt 
pur  ,  fubtil ,  pénétrant,  &c.  Ce  mot  pendant  long- 
temps ne  s'efl  dit  qu'au  féminin  ,  matière  ou  fub 
ûuncs éthe're'e  ;  mais  on  trouve  maintenant  des  exem 
pies  du  genre  mafcalin.  L'efpace  étkére  eft  celui  que 
l'éther  occupe.  La  matière  étherle  eft  cette  fubftance 
pure  qui  eft  au-deifus  de  l'atmpfphère  ,  qui  remplit 
tout  le  ciel  où  lesafttes  font  leur  cours.  Les  couleurs 
ne  font  que  des  feutimens  de  la  part  de  lame  \  de 
la  part  du  cot ps ,  ce  ne  font  que  des  vibrations  plus 
ou  moins  promptes  de  la  miticrj  éthérée.  IvÎaleb. 
Les  Poètes  appellent  le  ciel  la  voûte  éthérés  j  la  ré- 
gion etherée.  <^\\  d'stingue  dans  l'urine  deux  princi- 
pes ^  l'un  est  un  fel  volatil  &  urineux  femblable  à 
l'efprit  de  nitre  ,  &  l'autre  un  foutfre  éthéré  qui 
tient  de  la  nature  de  l'efprit  de  vin.  Dionis. 

Ce  mot  est  Grec  «'*ip ,  &  vi^nt  à  ce  qu'ont 
cru  quelques  Philofophes  &  Grammairiens  j  du 
verbe  à'^'-"  brûler  ,  enflammer ,  &  fignifie  in- 
flammation .,  fplendeur  ,  telle  qu'on  l'attribue  à  la 
fubftance  de  ces  petits  corps  qu'on  croit  être  enflam- 
més. 
ÉTHICOPROSCO:^TES.  Nom  de  fcéle.  Ethicopro- 
fcovtes  S.Jean  Damafcène^  dans  fon  Traité  des 
Héréfiesn.  9^.  dit  qu'on  appelle,  de. ce  nom  ceux 
qui  errent  dans  les  chofes  ds  morale  ,  &  pat  rap- 


ETH 


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port  à  ce  que  l'on  doit  faire ,  ou  éviter  ,  &  qui  blâ- 
ment des  chofes  qui  font  bonnes  .  ou  qui  en  louent 
&  en  pratiquent  qui  loht  mauvailes.  Ce  qui  montre 
que  ce  n'étoit  point  une  lecte  particulière. 

Ce  mot  vient  de  ^"«r,  les  mœurs ,  &  de  ■afoTx.û-Kra , 
offendo  ,  qui  erre  dans  les  mœurs. 
ETHIOPIE.  Nom  qui  a  été  commun  à  divers  pays  ^ 
tant  de  l'Alie  que  de  lAtiique,  quoique  dans  la 
Géographie  moderne  il  ne  le  donne  qu'aux  pays  de 
cette  dernière.  Les  Grecs  nommoient  Ethiopiens 
tous  les  peuples  qui  ont  la  peau  noite  ou  bafanée: 
lesColchesont  été  nommés  Ethiopiens,  &  la  Col- 
chide  a  été  apj^elee  ntniopie.  Le  nom  d'Ethiopien 
n'est  pas  un  nom  qu  aucune  nation  le  fou  donné  ; 
mais  une  cpitliéte  donnée  par  les  Grecs ,  tk.  qui  j. 
p.ilfé  dans  les  autres  langues  à  la  place  du  vrai  nom 
que  l'on  ignoroit  :  c  est  ainli  cjue  quelques  Géogra- 
phes ou  Defcripteurs  de  i'Ahique  y  mettent  le  rtz)\r 
des  Noirs  ,  qui  n'est  pas  un  nom  particulier  à  une 
Province  ,  mais  une  phrafe  qui  tient  lieu  du  nom 
propre. 
Ethiopie.  Grande  contrée  de  l'Afrique,  ^thiopia. 
Elle  ell  bornée  au  nord  par  l'Egypte  ,  &  par  le  dé- 
fert  de  Barca  ;  le  Zara  ,  la  Nigritie  ,  la  Guinée  la 
contînenr  aunord-oueft  ;  tout  le  relie  eft  entouré  de 
l'Océan  Ethiopien.  V Ethiopie  QÏi  ptelque  toute  en- 
lenuée  dans  la  zone  torride ,  entre  le  23^  degré  de 
latitude  nord  ,  &  le  5  ^'  de  latitude  fud.  Sa  longi- 
tude eft  du  Jji^au  8j^  degré.  L'au  y  eft  très-chaud, 
excepté  au  Cap  de  Bonne- Elpérance.  Elle  elt  pour- 
tant par-tout  habitée  ,  contre  le  fentiment  des  An- 
ciens. Les  deux  plus  grandes  rivières  de  l'AIrique  , 
le  Nil  &  le  Niger .  y  ont  leurs  fources.  On  la  di- 
vile  en  deux  grandes  parties ,  c^ui  lont  la  haute  Ethio- 
pie ,  Sclwbàiïn  Ethiopie. 

La  haute  Ethiopie ,  que  les  Ajiciens  appeloient 
{'Ethiopie  d'au-delfus  de  l'Egypte  ,  ou  ïtithiopie  in- 
térieure ,  ^thiopia  Jhperior  ,  ou  interior  ^  ou  fub 
jEaypto  ,  eft  la  partie  la  plus  fepcentrionale  ,  &  en 
même- temps  la  plus  orientale  de  V Ethiopie.  Elle 
renferme  la  Nubie  ,  l'Abyftinie  ,  les  Giaques  ,  on 
Galles ,  «Se  les  côtes  d'Abex  ,  d'Ajan  &:  de  Zangue- 
bar.  Quelques  Géographes  mettent  cette  dernière 
dans  la  balle  Ethiopie. 

La  balle  Ethiopie,  en  Lzùn  ^thiopia  inferior  , 
ou  exterior  ,  eft  la  partie  de  lEthiopie  la  plus  nfé- 
ridionale  ,  qui  en  même  temps  s'étend  le  plus  vers 
le  couchant.  Elle  renferme  les  Royaumes  de  Monoë- 
mugi  &  de  Monomotapa,  dans  les  terres  ;  &  fur  les 
côtes, 'les  grandes  régions  de  Biafara,  de  Congo  &c 
des  Cafres.  Les  Portugais  découvrirent ,  il  y  a  deux 
cens  ans  ou  environ  ,  la  balFe  tthiopie  ,  qui  étoit 
prelque  inconnue  aux  Anciens. 

L'Abyftinie  s'appelle  .encore    plus  proprement 
&  plus  communément  Etniopie.  Voyc^  ÂBYSSI- 
NIE. 
ÉrHtopiE  j  dans  l'Ecriture  ^  &  fur-tout  dans  l'Ancien 
Teftament  n'eft  point  la  contrée  à  laquelle  on  donne 
ce  nom  depuis  tant  delîècles.Elle  n'étoit  pas  même 
dans  l'Afrique,  mais  dans  ce  que  nous  appelons  Ara- 
bie heureufe  ,  dont  elle  laifoit  partie  ;  de-là  vient 
que   le   Paraphrafte  Chaldéen  Jonathan   l'appelle 
Arabie  :  le  Texte  Hébreu  la  nomme  Terre  de  Chus, 
parce  quedans  la  divihon  de  la  terre,  qui  fe  fit  après 
le  déluge  ,  ce  fut  la  portion  qui  é-hut  à  Chus ,  pre- 
mier fils  de  Cham.  Genéfe  X  7.  ^'bye^  CHUS.  Cette 
région  étoit  voifine  du  pays  des  Madianites  ;  car 
Moife  appelle  Ethiopienne  la  fille  du  Prêtre  des 
Madianites ,  qu'il  avoit  époufée.  Dans  le  Nouveau 
Tellamentil  n'y  eft  parlé  qu'une  fois  àEihiopie  ^ 
c'eft  dans  les  Aéles  des  Apôtres  ,  Vill.  17- où  l  Eu- 
nuque que  Saint  Philippe  baptifa  eft  appelé  Ethio- 
pien, &  la  Reine  Candace,  qu'il  fervoit ,  Reine 
des  Ethiopiens.  Rien  n'oblige  d'entendre  par-là  un 
autre  peuple,  ni  une  autre  contrée  .,  que  dans  l'An- 
cien Teftament. 

•    Les  Anciens  n'ont  point  ignoré  cette  premièrei"de- 
meure  des  Ethiopiens.  Homère,  au  commencement 
dul  Liv.  del'OdyiréejV.  2i.  ij.diftinguelesEthio- 
X  X  X  .X  X  ij 


€)oo  E  T  H 

piens  en  Orientaux  &  en  Occidentaux.  Il  eft  vrai 
que  quelques-uns,  au  rapport  du  Scholiaile  d'Ho- 
mère ,  diloient  que  ces  deux  peuples  n'écoient  fé- 
parés  que  par  le  NU  ;  mais  Homère  tait  entendre 
quelque  chofe  de  plus.  D'ailleurs ,  dans  le  IV^  Liv. 
de  rOdylFée  ,  v.  84.  il  nomme  les  Ethiopiens  parmi 
les  peuples  qui  habitoient  proche  des  côtes  que  Mé- 
nélas  avoit  courues  ,  l'Ille  de  Chypre  ,  la  Phénicie  j 
l'Egypte  ,  V Ethiopie  j  Sidon  ,  les  Erembes  &c  la  Li- 
bye ,  pays  qu'il  faut  trouver  près  des  côtes  ,  ou  fiir 
les  côtes  de  la  Méditerranée  ,  d'où  Ménélas  n'étoit 
pas  forti.  Denis  le  Géographe  ,  v.  177.  Se  Eufta- 
chius,  placent  aufli  les  Ethiopiens'Orientaux  pro- 
^che  de  l'Arabie  &  des  Erembes  ,  qui,  félon  Eufta- 
thius  ,  font  les  Sarralins ,  &  les  autres  j  v.  216. 
dans  le  milieu  de  l'Afrique,  au-delà  de  l'Egypte,  bien 
avant  dans  les  terres.  Enfin  les  Anciens  mettent  la 
Chaldée  &  la  Sufiane  dans  l'Ethiopie  :  &c  Memnon  , 
que  les  Poètes  nomment  fils  de  TAurorej  parce  qu'il 
étoit  des  régions  les  plus  Orientales  que  l'on  connût 
alors,&  qu'ils  font  venir  de  Sufe  à  la  guerre  deTroiej 
Memnon ,  dis-je ,  ell  appelé  Roi  des  Ethiopiens 
dans  la  Théogonie  d^Héfiode  ,  v.  984.  &c  dans  la  fé- 
conde des  Olympiques  de  Pmdare  ,  l'Ethiopien  fils 
de  l'/Uirore.  Selon  Pomponius  Mêla  ,  l'Ethiopie  efl 
entre  l'Arabie  &  l'Afrique  ^  L.  I.C.  z.  &  au  Liv.  II. 
C.  9.  il  met  encore  des  Ethiopiens  au-delà  de  l'E- 
gypte ,  vers  lafourcedu  Nil ,  &  dans  le  vafte  pays 
que  ce  fleuve  arrofe  au  commencement  de  fa  courfe. 
Ployez  encore  Strabon  dans  fon  premier  livre.  Il  y 
a  donc  eu  deux  Ethiopies  dans  l'antiquité  profane^ 
l'une  orientale  ,  qui  eit  une  partie  de  l'Arabie  heu- 
reufe,  «Se  celle  là  même  dont  parle  l'Ecriture^  & 
l'autre  occidentale  ,  qui  étoit  ce  que  nous  appelons 
aujourd'hui  Ethiopie  propre ,  ou  Abyflînie. 

Il  pleut  cinq  piois  de  l'année  en  Ethiopie.  Le  P. 
Kirker,dans  fon  (Edip.u¥.gyp.Synt.l.c.  7.  en  recher- 
chela  caufe  j&  l'attribue  aux  montagnes  de /'£rAio- 
pie  qui fontentre  l'Equateur  &  leTropiqueduCapri- 
rorne  ,  &  qui  font  une  triple  enceinte  à  l'Ethiopie. 
ÉTHIOPIEN, ENNE.f  m. &:f.Nomdepeuple.^rAzo/7j. 
Les  Ethiopiens  font  les  defcendans  de  Chus  fils  de 
Cham.  L'Ecriture  &  les  anciens  Auteurs  profanes, 
qui  nous  apprennent  que  les  Ethiopiens  ont  demeu- 
ré dans  l'Arabie  heureufe  ,  ne  nous  difent  point  en 
^uel  temps  ils  font  palfés  en  Afrique  :  il  efl:  cer- 
tain qu'ils  y  font  depuis  un  temps  injmémorial  , 
puifque  dès  le  temps  d'Homère  ils  y  étoient ,  ainfi 
qu'il  paroît  par  ce  que  nous  avons  dit  au  mot  Ethio- 
pie. Mais  quoi  qu'il  en  foit  du  temps  qu'ils  fe  font 
partagés ,  on  ne  peut  dcuJter  que  les  Ethiopiens  orien- 
taux ne  foient  les  premiers  &c  les  plus  anciens  j  & 
que  les  occidentaux  ne  foient  une  colonie  ,  ou  peut- 
être  plufieurs  colonies  de  ceux-ci  ,  qui  paiïerenc  la 
Mer  rouge ,  s'établirent  en  Afrique  ,  &  peuplèrent 
ce  que  nous  appelons  aujourd'hui  iï'r-^iopie,  ou  Abyf- 
finie.  Foyei  ABYSSIN.^ 

Quelques  Auteurs  prétendent  que  ces  peuples  re- 
çurent la  foi  de  S.  Philippe"Apôtre  ,  d'autres  difent 
de  S.  Matthieu  ,  ou  de  S.  Barthelemi;  &  d'autres  , 
de  l'Eunuque  de  la  Reine  Candace ,  baptifé  par  S. 
Philippe  ,  Acl.  FIL  Mais  l'Ethiopie  de  l'Ecriture 
n'eft  point  celle  dont  nous  patlons.  Baronius  en  l'an 
de  J.  C.  s 45.  &  Scaliger ,  foutiennent  qu'ils  ne  fu- 
rent convertis  que  la  1 5'  année  de  l'Empire  de  Juf- 
linien.  La  tradition  des  Ethiopiens  eft  qu'ils  n'ont 
reçu  la  Foi  que  du  temps  de  S.  Athanafe  ,  environ 
l'an  5  zo.  Et  de  vrai ,  Socrate  ,  Hijl.  Eccl.  L.  I.  c.  10. 
&c  Théodoret ,  HiJl.  Eccl.  L.  I.  c.  z  5  nous  appren- 
nent que  Frumantius  ayant  été  mené  par  un  Mar- 
chand Ethiopien  à  la  Cour  du  Roi  d'Ethiopie  ,  il  y 
annonça  J.  C,&  que  peu  après  ayant  eu  permif- 
fion  de  retournera  Alexandrie  pour  y  rendre  comp- 
te de  fa  prédication  ,  il  y  arriva  peu  de  temps  après 
l'ordination  de  S.  Athanafe  ,  qui  l'ordonna  Evêque 
du  paysoù  il  avoit  prêché  &  l'y  renvoya.  Foye^  au 
mot  Abyssin  ce  gui  regarde  leur  Religion.  Pline 
dit,  Liv.  VI.  c.  z9.'quelenom  de  Candace  fut  long- 
temps celui  des  Reines  d'Ethiopie. 


ETH 

Les  Ethiopiens  font  noirs  ,  ou  Maures.  On  dit 
qu'ils  naillent  blancs ,  avec  une  petite  tache  noire 
au  nombril ,  qui  s'étend  ,  peu  de  temps  après  leur 
nailTance  ,  par  tout  leur  corps.  Quand  ils  lônt  trans- 
plantés en  Europe,  ils  deviennent  blancs  comme  les 
autres  hommes  j  à  la  z^ou  à  la  3e  génération.  On 
dit ,  noir  comme  un  Ethiopien ,  &  on  appelle  Ethio- 
piens ceux  qui  ont  le  teint  noir.  Les  tthiopiens  en- 
fevelilfoient  leurs  morts  dans  du  verre.  Unt-thiopien. 
bien  noir  fous  un  beau  criltal  de  Venife  feroit  un 
bel  émail ,  &  encore  quelque  chofe  de  plus  beau , 
dans  une  enveloppe  d^ambre  jaune.  De  Vign. 
Marv. 

Ethiopien  J  ENNE.  adj.  Qui  appartient  à  l'Ethiopie, 
qui  y  a  rapport,  ui^ihiopicus.  Ludolfe  a  donné  une 
Grammaire  &  un  Didlionnaire  de  la  langue  Ethio- 
pienne. La  Langue  Ethiopienne  efl:  ime  efpèce  de 
Chaldéen  \  aufli ,  bien  des  Auteurs  l'appellent-ils 
langue  Chaldéenne,  Chaldea  /ingua.  Il  y  a  des  Re- 
ligieux Ethiopiens.  Foye^  le  P.  Hélyot ,  T.  Le.  11 
&  iz. 

L'Océan  Ethiopien ,  ou  la  met  Ethiopienne  ^  qu'on 
appelle  autrement  l'Océan  méridional  ,  Oceanus 
J^thiopicus ,  eft  une  partie  du  grand  Océan ,  laquelle 
a  au  nord  l'Océan  Atlantique  ,  au  couchant  la  mer 
du  Bréûl  j  au  midi  les  terres  Auftrales  ,  s'il  en  eft  ; 
&  au  levant  l'Océan  oriental ,  ou  Indien. Quelques 
Géogtaphes  avancent  l'Océan  Ethiopien  jufqu'aux 
embouchures  du  Niger  j  mais  d'autres  le  terminent 
à  la  ligne  équinoâiale  ,  &  n^y  comprennent  que 
les  mers  de  Congo  ,  des  Caffies  &  de  Zanguebar. 
Maty. 

L'Océan  Ethiopien  des  Anciens  différoit  du  nôtre. 
C'étoit  le  même  que  l'Océan  Indien  j  &  en  effet  on. 
lui  donnoit  indifféremment  ces  deux  noms.  C'elHa 
pattie  de  l'Océan  qui  eft  à  1  Orient  de  l'Afrique  ; 
&  tout  ce  qui  eft  à  l'Occident ,  ils  le  nommoienc 
Océan  Atlantique  ,  y  comprenant  tant  la  mer  a 
laquelle  nous  donnons  ce  nom  ,  que  celle  que 
nous  appelons  Océan  Ethiopien ,  &  qui  eft  plus 
méridionale.  Foye^  le  Commentaire  Grec  d'Euf- 
tachius  fur  le  z8  ,  29  ,  30^  vers  de  Dionyfius  Be- 
riegetes. 

Ce  mot  eft  Grec  ,  A'<«/l!^î/ ,  &  vient  du  verbe  <*'("  j 
uro  J  parce  qu'ils  font  brûlés  par  les  ardeurs  du  So- 
leil ,  ou  parce  qu'ils  font  noirs  comme  ce  qui  a  été 
brûlé. 

On  difoit  autrefois  en  proverbe  Lavare  ^thio- 
pem  ,  laver  un  irAio/j/ertj  pour  dire  ,  faire  quelque 
chofe  d'inutile  ,  ou  même  d'impoflible. 

ÉTHIOPIENNE,  f.  f.  ^thiopis.  Plante  ainfi  nom- 
mée ,  parce  qu'elle  nous  eft  venue  d'Ethiopie.  Pline 
l'appelle  Méroide,  parce  qu'elle  croît  en  abondance 
dans  l'Ifle  de  Méroé.  Elle  pouffe  de  grandes  feuilles, 
larges  ,  molles  ,  blanches  ,  lanugineufes  ,  fembla~ 
blés  à  celles  du  bouillon  blanc  ^  mais  plus  blanches 
&  plus  chargées  de  laine  ,  finueufes  &  dentelées  en 
leurs  bords  ,  couchées  la  plCipart  en  rond  par  terre. 
Les  feuilles  de  fa  tige  font  plus  petites.  Ses  fleurs  font 
alfez  femblables  à.  celles  du  lamium  ,  de  couleur 
blanche  ,  &c. 

ÉTHIOPIQUE.  adj.  m.  &  f.  C'eft  la  même  chofe  qu'E- 
thiopien ^  enne,  adj.  mais  il  ne  fe  dit  pas  fi  com- 
munément. JEthiopicus.  L'Océan  Ethiopique  ;  la 
msï  Ethiupique ,  h  langue  Ethiopique  ,  une  nation 
Ethiopique. 

fp-  ÉTHIOPS  minéral.  Foye^  ^thiops.  ^ 

ÉTHIQUE,  f.  f.  Ëthica.  C'eft  un  nom  tiré  du  Grec  ^ 

Î|u'on  donne  quelquefois  à  la  Morale  j  ou  à  la 
cience  des  mœurs.  L'Ethique  ,  ou  plutôt  les  Ethi- 
ques ,  les  livres  de  Morale  d'Ariftote  ,  i'""'*  ,  qui 
vient  de  «V ,  «*'»  j  les  mœurs.  Ce  mot  n'eft  plus 
ufité. 
ÉTHMOÏDALE.  adi.  &  f  f.  Terme  d'Anatomie.  Nom 
d'une  des  futures  du  crâne  de  l'homme.  £'^/''«0^^^- 
lis.  Les  futures  communes  font  celles  qui  fépareut 
les  os  du  crâne  d'avec  ceux  de  la  face  :  il  y  en  a 
quatre  ,  la  tranfverfale  ,  l'éthmoHale  ,  la  fphcmoï- 
dale  ,  &  la  zigomatique.  Vethmo'idale  prend  fon 


ETH 

nom  de  ce  qu'elle  tourne  au  tour  de  l'osethmoïde  : 
c'eft  celle  qui  le  fépare  des  os  qui  le  touchent.  Dio- 

NIS. 

ETHMOÏDE.  adj.  m.  Terme  de  Médecine.  Ethmoidcs. 
C'eft  un  os  (itué  au  milieu  de  la  baie  du  front ,  &  au 
haut  de  la  racine  du  nez  ,  emphlFant  prcfque  toute 
la  cavité  des  narines.  Ce  mot  vient  de  ce  qu'il  ed 
cribleux  &  fpongieux.  Par  fa  partie  cribleufe  il  ell 
joint  à  la  tête  ,  par  la  fpongieufe  ,  à  la  cavité  des 
narines ,  &  par  celle  qui  elt  pleine  ,  à  la  folle  des 
yeux.  Sa  partie  cribleufe  a  une  apophyfequi  avance 
en  pointe  dans  la  cavité  du  crâne  j  qu'on  appelle 
crête  de  coq:  à  caufe  qu'elle  en  a  la  figure.  L'odeur 
eft  portée  aux  éminences  mamillaires  ,  qui  font  des 
nerfs  fort  mous  ,  ilfus  des  ventricules  antérieurs  du 
cerveau,  qui  font  les  vrais  organes  de  l'odorat.  Jean 
Philippe  IngralTias ,  Sicilien  ,  qui  Heurllfoit  vers 
l'an  1 54.6  a  expofé  plus  parfaitement  qu'aucun  autre 
la  ftrudure  de  l'os  cthmcHc  j  ou  cribleux  ,  à  la  ra- 
cine du  nez. 

Ce  mot  eft  tiré  du  Grec  «^^^î  cribrum ,  colutn  ,  &c 
cï^ei  j  fpecies  j  forma  \  coli ,  cribri  injlar. 

ETHNARQUE.  f.  m.  Qui  commande  à  une  nation  , 
Gouverneur  d'une  nation.  Ethnarcha.  Il  y  a  des  mé- 
dailles d'Hcrode  I.  furnomméle  Grand,  fur  lefquel- 
les  on  lit  d'un  côté  HPi2AOï  ,  &  de  l'autte  e©napxoy 
c'eft-à-dire ,  monnoie  d'Hérode  Ethnarque.  Après 
la  bataille  de  Philippes  ,  Antoine  ayant  pafté  en 
Syrie  conftitua  Tétrarque,  Hérode  &  Phafacl  fon 
frère  ,  &  leur  confia  le  loin  des  affaires  de  Judée. 
Jof.  Ant.  L.  XIV.  c,  25.  Hérode  eut  donc  un  gou- 
vernement &  une  adminiftration  avant  l'entrée  des 
Parthes  en  Syrie  ,  &:  l'invafion  d'Antigonus ,  qui 
n'arriva  que  fix  ou  fept  ans  après  qu'il  eut  com- 
jnencé  de  commander  en  Galilée.  Jof.  XIV.  c.  24. 
<&  25.  Alors  Hérode  étoit  véritablement  Ethnarque  ; 
mais  il  n'étoit  encore  <\\îEthnarque  ,  &  on  ne  put 
l'appeler  q^x  Ethnarque.  C'eft  donc  pendant  cet  ef- 
pace  de  temps  qu'ont  dû  être  frappées  les  médailles 
qui  ne  lui  donnent  que  ce  titre  \  Se  ces  médailles 
font  la  preuve  de  ce  que  Thiftoire  nous  apprend  du 
Gouvernement  qu'eut  ce  Prince  avant  que  d'être 
élevé  à  la  Royauté.  P.  Souciet  ,  Dijfert  fur  ces  mé- 
dailles. Jofeph  donne  à  Hérode  le  titre  de  Tétrar- 
que ,  au  lieu  de  celui  ^Ethnarque  j  mais  ces  deux 
termes  étoient  fi  peu  différens,  qu'il  eft  aifé  qu'on  les 
ait  confondus.  Hérode  le  Grand  ayant  laifté  par 
fon  teftamcnt  à  Archélaiis  la  Judée  ,  la  Samarie  & 
l'Idumée ,  Jofeph  dit  qu^il  ne  fut  cependant  appelé 
q\iEthnarque. 

Ce  mot  eft  Grec  ,  &  vient  d'tS-'Of ,  nmon  ,  &  de 
àfxt ,  commandement ,  gouvernement. 

ETHNIQUE,  adj.  m.  &  f.  qui  s'eft  dit  autrefois  pour 
Gentil,  Payen  ,  Ethnicus  ,  a,  um.  Ce  mot  vient  du 
Grec  E-'>»«,  nation.  Et  parce  que  l'Ecriture  &'les  Juifs 
appellent  nations  tous  les  peuples  différens  des 
Juifs  ,  delà  les  premiers  Chrétiens  ont  nommés  Gen- 
tils ,  nations ,  Ethniques  j  tous  les  peuples  ido- 
lâtres. 

Ethnique  en  Grammaire.  On  appelle  un  mot  Ethni- 
que,  celui  qui  fignifie  l'habitant  d'un  cettain  pays, 
ou  d'une  certaine  ville.  François  j  Parifien  ,  font 
deux  termes  Ethniques  :  l'un  pour  exprimer  un 
homme  né  en  France  j  &  l'autre  un  homme  né  à 
Paris.  M.  Le  Clerc  en  parlant  d'Hyriens ,  père  d'O- 
rion  ,  dit  qu'il  a  la  même  terminaifon  que  les  mots 
appelés  Ethniques  par  les  Grammairiens ,  c'eft-à- 
dire  ^  les  noms  qui  fignifient  les  habitans  de  quel- 
que Province  ou  de  quelque  ville  ,  &  qu'Hy- 
riens  pouvoir  fignifier  un  habitant  de  Hur.  Voye^ 
GENTIL. 

ETHNOPHRÔNE.  Nom  de  fefte.  Ethnophron.  Les 
Ethnophrônes  ,  ou  Paganifans  ^  font  des  Héréti- 
ques du  VIF  fiècle ,  qui  faifoient  profelîion  du 
Chriftianifme  ,  &  y  joignoient  les  cérémonies  du 
Paganifme,  l'Aftrologie  judiciaire,  les  fortiléges, 
les  augures  &  autres  divinations  ;  &c  en  un  mot , 
toutes  les  impiétés  fabuleufes  &  ridicules  du  Paga- 
nifme. C'eft  ce  qui  leur  fit  donner  le  nom  d'Ethno- 


E  T  I  901 

phrônes  ,  compofé  d'^^or  ,  nation  ,  &  <pp»  ,penfee  , 
lencimcnt  5  de  forte  qu'il  fignifie  un  homme  qui  a 
les  penfees,  les  lentimens  des  Payons,  ou  des: 
Gentils.  Ils  pratiquoient  toutes  les  expiations  des 
Gentils ,  célébroient  toutes  les  fêtes ,  obfervoienc 
comme  eux  les  jours  j  les  mois,  les  temps  &  L's 
années ,  ainli  que  Saint  Jean  Damafccne  nous  l'ap- 
prend dans  fon  Livre  des  hcréfies.  N   04 

ETHOPEE  ,  ou  ETHOLOGIE.  f.  f.  Èthouea.  Figure 
de  Rhétorique  ,  qui  eft  une  defcription'des  mœurs 
&  des  paffions  de  quelque  perfonne  :  on  l'appelle 
aufti  Ethologic.  Elle  diftère  delà  Profopopée  en  ce 
que  dans  celle-ci  ce  font  des  perfonnes  feintes  qu'on 
fait  parler,  au  lieu  que  dans  ÏEthopee  on  décric  les 
mœurs  des  perfonnes  véritables. 

Ce  mot  eft  Grec ,  &c  fignifie  peinture  des  mœurs. 
Il  vient  du  Grec  t^^,  mos  ,  confuetudo  ,  Ss.  ■^"'m  facto 
fingo  ,  defcribo.  Quintilien,  1.  9.  c.  2.  appelle  cette 
figure  imitatio  morum  alienorum,8cen  Grec  ,«<^»V(f 
qui  fignifie  imitation.  Chez  nous  portrait ,  ou  ca- 

^  ratière. 

ETHRA.  f  f.  Fille  du  fage  Pitheus  ,  Roi  de  Thrczéne, 
fut  mariée   fecrétement    par    fon  père  à   Egée 
donc  elle  eut  Théfée. 


E    T     L 

ETIENNE,  f  m.  Nom  propre  d'homme.  Stephanusl 
Saint  Etienne  eft  un  des  fept  Diacres  choifis  par  les 
Apôtres  ,  &:  le  premier  des  fept  •  ce  qui  a  porté  Saine 
Irénée  ,  &c  quelques  Anciens  après  lui ,  à  lui  don- 
ner la  qualité  d'Archidiacre  ,  c'eft-à-dire,  chef  ou 
Prince  des  Diacres.  Sixnt Etienne ,  premier  Diacre, 
eft  auffi  le  premier  des  Martyrs  de  J.  C.  Il  fut  lapidé 
la  même  année  que  J.  C.  mourut  \  Se  ,  comme  l'on 
croit ,  fept  mois  après  l'Afcenfion  de  ce  Dieu  hom- 
me. L'hiftoire  de  ce  Saint  eft  décrite  aux  Ades  des 
Apôtres ,  c.  6.  7.  8.  Ils  élurent  Etienne  ,  homme 
plein  de  foi  &  du  S.  Efprit.  Port-R.  Or  htienne 
étant  plein  de  grâce  &  de  force  ,  faifoit  de  grands 
prodiges  &  de  grands  miracles  parmi  le  peuple.  Id. 

Une  grêle  de  pierres  vole  , 
Etienne  s'en  voit  accablé  : 
DeCinjuJie  arrêt  qui  l'immole 
Son  cœur  confiant  n'efl point  troublé. 

ifouv.  Ch.  di;  Vers. 

Saint  Etienne,  Fondateur  de  l'Ordre  de  Gram- 
mont  J  que  plufieurs  furnomment  de  Muret ,  vint 
au  monde  l'an  ioj^6.  dans  le  Château  de  Thiers 
Ville  de  la  Limagne  en  Auvergne,  appartenant  à  fa 
faniille  en  titre  de  Vicomte.  Baillet.  En  1076.  il  fe 
retira  fur  la  montagne  de  Muret  près  de  Limoges  j 
pour  y  vivre  dans  l'exercice  de  la  pénitence  ,  comme 
il  en  avoit  obtenu  la  permillion  de  Grégoire  VIL  II 
y  paffa  cinquante  années  dans  une  auftérité  toujoiurs 
égale  ,  quoiqu'en  apparence  au  -  delfus  des  forces 
naturelles  de  l'homme. 

Ce  mot  eft  formé  du  Latin  Stephanus  ,  qui  eft  un 
nom  Grec,  &  fignifie  couronne.  On  a  dit  Ejlephane  , 
Eflphane  ,  _  Efip'hene  ,  EJleerne  ,  Eflienne  ,  Etienne. 
On  écfivoit  autrefois  Efhenne  ,  quoiqu'on  ne  pro- 
nonçât pas  l'j  ;  mais  aujourd'hui  on  ne  l'écrit  plus 
ainfi. 
S.  Etienne.  L'Ordre  de  S.  Etienne.  Les  Chevaliers  de 
S.  Etienne ,  à   Florence.  Ordo ,  ou  Militia  Sancll 
Stephani.  Cofme  de  Médicis  ,  Grand  Duc  de  Tof- 
cane ,  pour  défendre  fes  côtes  des  defcentes  &  des 
incurfions  des  Turcs   &  des  Maures  de  Barbarie  , 
inftirua  un  Ordre  de  Chevalerie  ,  fous  la  règle  de 
Saint-Benoît,  l'an  1561.  &  lui  donna  le  nom  de 
S.Etienne,  en  mémoire  d'une  vidoire  remportée  a 
Marciano ,  l'an  1356.1e  15'.  d'Aoûr ,  jour  auquel 
on  fait  la  fête  de  S.  Etienne  Pape  5z  Martyr  ,  die 
Mirxus ,  Orig.  Ord.  Equejlr.  c.  7.  ou  plutôt,  félon 
l'Abbé  Juftiniani  ,ran  1454.  le  fécond  jour  d'Aoîit, 
que  l'on  fait  la  fête  de  S.  Etienne  ,  Pape  &  Martyr. 
Pie  IV.  confirma  cet  Ordre  par  une  Bulle  de  l'an 


9 


oz 


T 


I 


^ 


1 561.  le  premier  de  Février.  Cofme  deMédicis  s'at- 
tribua la  Grande-Maîcnfe  de  cet  Ordre  ,  à  lui  Se  à 
les  SuccelTèurs.  Confuitez  Mirsus  cité  ,  &  l  Abbé 
JulHniani ,  T.  II.  c.  80. 

Etienne.  Religieuies  de  l'Ordre' Militaire  de  Saint 
Btienne.  Après  que  Cofme  1.  Duc  de  Tofcane ,  eut 
inlVuué  l'Ordre  Militaiie  de  S.  tticnne  ,  l'an  1 561. 
pour  des  Chevaliers ,  des  Chapelains ,  &  des  Frères 
fervans ,  il  voulut  encore  y  joindre  des  Rehgieufes, 
pour  imiter  davantage  l'Ordre  de  Malte,  qui  lui 
avoir  fervi  de  modèle  pour  former  celui  de  Saint 
£'rie/2/je.  C'eft  pourquoi  lesReligieufes  Bénédictines 
qui  defTervoient  l'Abb-iye  de  Saint  Benoît  de  Pife  , 
qui  avoit  été  donnée  à  l'Ordre  de  Saint  Etienne  par 
le  Pape  Pie  l'V.  l'an  1565.  furent  incorporées  à  cet 
Ordre  ,  &  en  prirent  l'habit.  Le  fécond  Monaltère 
de  ces  Religieufesfut  fondé  à  Florence  en  1591.  Les 
Religieufes^de  cet  Ordre  doivent  faire  preuve  de 
noblelfe.  Elles  ont  pour  habillement  une  tunique  , 
ou  robe  de  laine  blanche  ,  avec  un_  fcapulaire  de 
même  é:ofe  ,  &  fur  le  côté  gauche  line  croix  rou^e 
comme  lesChevaliers.  Celles  de  Florence  y  ajoutent 
une  trelfedefoie  jaune  à  l'entour.  Au  Chœur  &  dans 
les  cérémonies  ,  elles  ont  une  coule  bLinche  avec  de 
grandes  manches  doublées  de  taffetas  incarnat.  Les 
AbbelFes  portent  la  croix  plus  grande  ,  de  velours 
rouge.  Les  Soeurs fervantes ,  ou  converles  la  porrent 
deferge  rouge ,  mais  plus  petite  que  celle  des  Sœurs 
de  Chœur.  Bonanni.  Le  P.Hélyot  ,  T.  FI.  C.  3  i. 
Le  5  Njvembre  1740.  le  Pape  Benoît  XIV.  ûi 
expédier  un  Bref  pour  rétablir  l'Ordre  de  Che- 
valerie de  Saint  Etienne  Roi  de  Hongrie ,  qui  étoit 
depuis  long- temps  enfeveli  dans  l'oubli.  Gaz.  1740. 
fug.  590.  , 

Saint  Etienne  de  Caën  eft  une  Abbaye  de  Bené 
diélins  j  fondée  par  Guillaume  le  Conquérant ,  & 
dont  le  premier  Abbé  fut  Lanfranc.  Foyez  le  P.  Da 
chery ,  dans  fes  Notes  fur  la  vie  ds  Lanfianc  ,  &:  les 
Saints-Marthe,  T.  IV.  p.  845.  &(uiv.  SainiEtknne 
de  Dijon  j  eft  une  autre  Abbaye  de  Bénédictins  , 
fondée  en  îii3.à  Dijon.  Sainte-Marthe. 

ÉTlENNETTE.f.  f.  Nom  de  femme.  Stephania.  Gar- 
das ,  Roi  de  Navarre ,  le  premier  des  Rois  d'Ef- 
pagne  ,  du  vivant  de  fon  père  ,  avoit  époufé  la  fille 
de  Rogier  ,  Comte  de  Carcallonne  &  de  Beziers , 
nommée  Eftevanette  ,  c'ell  Efiiennette ,  de  laquelle 
il  eut  quatre  fils  &  autant  de  filles.  Favyn.  HijL  de 
Nav.L.  III. p.  147.  Ceoftroy  ,  ou  Leoffroy,  VHP 
Comted'Arles  .commença  de  régner  feul  l'an  10^4. 
ii\:  il  régna  environ  neuf  ans  j,  étant  déjà  décédé  1  an 
1063.  comme  il  confte  par  une  donation  auMonaf- 
tère  de  Mont-Majour  que  font  cette  année  Estien- 
nette  fa  femme  &  Bertrand  fon  fils.  Bouche  ,  Eist. 
de  Prov.  T.  I.  p.  70.  Le  même  Auteur  ,  p.  91.  dit 
Estcpkanie,  ou  hstiennette.  Des  Auteurs  plus  an- 
ciens difent  Estephanette  j  mais  il  ne  feroit  plus 
permis  de  le  dire. 

ÉTIENS.  f.  m.  pi.  On  dit ,  &  l'on  doit  dire  Aériens  , 
comme  on  dit  Actius ,  en  parlant  du  Chef  de  ces 
Hérétiques.  Voye\  ce  mot. 

ÉTIER.  f.  m.  Termes  de  Gabelles.  C'eft  le  canal  ou 
conduit  qui  fert  à  recevoir  l'eau  de  la  mer  dans  les 
marais  falans.  Canalis  ,  aqu-iduclus  ,  alveus.  Les  Or 
donnances  fur  le  fait  des  Gabelles  ont  tait  plufieurs 
réglemens  touchant  les  ctiers  de  marais  ialans. 

|Cr  ETINCELANT  ,  ante.  adj.  Qui  jette  des  éclats 
de  lumière.  Scïnt'dlans. 

p?  Ce  mot  fe  dit  particulièrement  des  corps  qui 
jettent  des  échus  de  lumière  vive  &  tremblotante.  La 
Lumière  des  planètes  n'elt  pas  fi  éùncelante  que  celle 
des  étoiles.  Un  rubis  kmcelmt-  Des  yeux  ét'mc&laiis 
de  colère.  Vovex  Etinceler.  &  Etincellemen  r. 

Étincelamt  ,  fe  dit  en  termes  de  Blafon  ,  des  char- 
bons d  où  fortent  des  étincelles. 

fCTETlNCELER.  v.  n.- Jetter  une  lumière  vive, 
tremblotante  ,  &  qui  femble  avoir  descfpècesde  vi- 
brations. Les  étoiles  étïnrelenti^\w%  les  unes  que  les 
autres.  Les  planètes  nétincelent  point,  fi  ce  n'eftl 
vers  l'horifon ,  à  caufc  des  réfradions.  La  colère,! 


E  T  î 

l'amour,  font  etinceler  les    yeux.   Micare  ^  fcin-- 
tilure. 

|C?  On  dit  de  même  que  les  diamans  ,  les  pier- 
reries J  les  phofphores  ,  &cc.  étinceUnt ,  parcS 
qu'ils  brillent  &  jettent  des  étincelles. 
|f3"  Ce  mot  s'emploie  aulli  au  figuré.  Par-touc 
les  Egloguesde  Vitgde  étincetlent  àe  figures  brillan- 
tes. Boileau  a  dit  en  parlant  de  Juvénal  : 

Ses  ouvrages  tous  pleins  d'ûjffreufes  vérités , 
Etincelent/io«rM«r  defublimes  beautés. 

ÉtincelÉj  adj.  m.  Terme  de  Blafon  ,  qui  fe  dit  d'un 

écu  chargé  d'étincellgs. 
ÉTINCELETTE.  f.  f.  Diminutif  d'étincelle ,  petite 
étincelle.  Scintillula.  Ce  mot  n'eft  que  du  llyle 
badin. 
ETINCELLE,  f.  f.  Particule  de  feu  qui  fe  détache  de 
quelque  corps  où  il  eft  enfermé  ,  ou  d'un  corps  qui 
brûle.  i;Vi/2ce//e  de  feu.  .S'ci/2f/7A7.  Il  ne  faut  qu'une 
petite  étincelle  pour  caufer  un  grand  embrafement. 
Dans  l'obfcuritéil  fort  des  étincelles  an  bois  pourri, 
du  poiiron  corrompu  ,  des  chats  qu'on  flatte  à  con,* 
trepoil.  Les  vagues  ,  les  feuilles  du  laurier  agitées 
jettent  des  étincelles.  Quand  on  choque  des  cailloux 
les  uns  contre  les  autres ,  ou  avec  un  fufil ,  il  eu 
fort  des  étincelles. 

Ce  mot  vient  du  Laùnjcintil/a. 
Étincelle  ,  fe  dit  figurément  en  chofes  fpirituelles. 
En  tout  cet  Ouvrage  il  n'y  a  pas  une  étincelle  d'efpiic, 
il  n'y  a  rien  de  brillant.  Il  eft  û  ftupide ,  qu'il  n'a 
pas  une  étincelle  de  bon  fens ,  de  raifon.  S.  Athanale 
infpire  l'amour  de  la  vie  religieule ,  &  allum.eles 
premières  étincelles  de  ce  feu  célefte  dont  tant  de 
cœurs  furent  embrafés.  Herman.  Il  ne  faurpas  faire 
fejitir  aux  gens  par  des  termes  durs  &  humilians, 
qu'on  ne  leur  trouve  pas  la  moindre  étincelle  de  rai- 
Ion.  Nie. 
ETINCELLEMENT.  f.  m.  Eclat  de  ce  qui  étincelle. 
Scintillatio.  h'etincellement  de  la  pierre  de  Boulogne 
vient  de  ce  qu'elle  s'eft  imbibée  de  la  lumière ,  & 
qu'elle  la  rejette  dansl'obfcurité. 
Étincellement.  Radiatio.  On  apperçoitdans  les  étoi- 
les fixes  une  efpèce  à' étincellement ^  ou  vibration  de 
lumière  qui  eli  beaucoup  plus  grande  que  dans  les 
planètes  qui  font  les  plus  près  du  foieil ,  telles  que 
Mercure  &  Vénus ,  &  qu'on  ne  diltingue  point 
dans  Mars  ,  Jupiter  &  Saturne  ,  ni  même  dans  les 
comètes ,  dont  la  lumière  eft  pour  l'orduL^irc  plus 
foible  que  dans  les  planètes.  Cassini.  ^Jir,  L.  I. 
C.  3 1  L'ctincellement  des  étoiles  fixes  eft  une  efpèce 
de  radiation  &  de  pétillement  de  lumière  vive  Sc 
brillante  ,  qui  nous  les  fait  regarder  comme  ayant 
en  elk's  mêmes  le  principe  de  leur  lumière.  Id. 

fCF  On  peut  attribuer  cqz  étincellement Ui  grande 
quantité  de  rayons  lumineux  qu'elles  répandent, 
jointe  au  mouvement  de  l'air  ëc  des  vapeurs.  Cet 
air  toujours  agité  &  tremblotant  détourne  fans  celTe 
les  rayons  de  lumière  ,  &  nous  fait  paroîtrc  de  fem- 
blables  vibrations  dans  la  lumière  des  étoiles.  Dans 
les  pays  où  le  ciel  eft  toujours  très-ferein  ,  ï étincel- 
lement des  étoiles  n'eft  pas  fenfible-  Il  en  eft  de 
même  lofqa'on  les  regarde  avec  une  lunette,  parce 
que  les  rayons  arrivent  à  notre  œil  moins  troublés  èc 
plus  rafteniblés. 
'fT  ÉTIOLEMENT.  f.  m.  Terme  de  Jardinage  ,  qui 
fe  dit  des  plantes  qui  pouffent  beaucoup  en   hau- 
teur ,  &  peu  en  groifeur.  M.  Bonnet  penfe  que  1'/- 
tiolement  des   plantes  eft    principalement  produit 
par   la  privation  de  la  lumière.  Ne  pourroit-on  pas 
ajourer  ,  dit  M.  du  Hamel  ,  que  les  plantes  étiolées 
tranfpirant    moins    que    les   autres,  ce  défaut  de 
tranfpiration  doit  les  entretenir  plus  tendres,   plus 
herbacées  ,  plus  dudiles  \  ce  qui   fair  que  fe  prê- 
tant davantage  aii  mouvement  de  la  fève ,  elles  s'é- 
rendent  beaucoup    en  longueur ,  &  ne  prennent 
point  de  grolfeur.  GraciUtas. 
gcr  ÉTIOLER  ,  s'ETIOLER.  v.  récip.  Terme  de  Jar- 
dinage ,  qui  fe  dit  des  plantes  &:  des  branches,  qui 


ET  î 

pour  être  trop  ferrées  &  privées  d'air  ,  font  foibles 
ôc  menues,  6c  montent  plus  iaaut  qu'elles  ne  doi- 
vent, de  forte  qu'elles  s'élèvent  beaucoup,  fans 
prendre  de  grolfeur.  Les  feuilles  des  plantes  fort 
edolées  n'ont  pomt  la  couleur  verte  de  celles  qui 
fe  portent  bien.  Ces  plantes  s'edolenc  ,  ou  font  écio- 
lées.  Aldus  furgunt ,  diQunduncur ,  gracilefcunt. 

ÇCr  Toutes  les  plantes  qu'on  élève  dans  des  petits 
jatdins  ,  entourés  de  bâtimens  élevés  ,  poulfent 
beaucoup  en  hauteur ,  peu  en  grolfeur ,  &  périlftnt 
ordinairement  avant  que  d'avoir  produit  leur  fruit. 
C'ell  ce  qu'on  appelle  s'cdoler.  Il  en  elt  de  même 
des  plantes  qui  croillentà  Tombre  ,  qui  font  élevées 
entre  les  doubles  chaHis  d'un  appartement ,  celles 
qui  font  feniées  trop  dru  ,  trop  près  les  unes  des 
autres ,  Ôcc. 

^3"  EtLokment  8c  Edoler  pourroient  bien  venir 
du  Lznn  fiylus ,  pointe  aiguë  tk  menue.  Les  plantes 
deviennent  ainfi  quand  elles  sédolenc. 
fer  ÉTIOLOGIE.  Foyei  ^TIOLOGIE. 
ÉTIQUE.  adj.  de  tout  genre.  Quelques-uns  écrivent 
Ectique  i  mais  on  ne  doit  point  prononcer  le  c.  11 
fignifie  ,  qui  eft  atteint  d'une  maladie  qui  defféche. 
&  confume  toute  l'habitude  du  corps.  Eclicus  _,  ta- 
bidus.  Il  eft  devenu  édque.  Il  eft  mort  étique.  On  ex- 
prime des  amandes  douces  j  pilées  &  délayées  dans 
de  l'eau  ,  un  lait  d'amande  que  l'on  fait  boire  aux 
gens  maigres ,  aux  édques  ,  Sec.  Lémeri. 

Ce  mot  fe  dit  auHi  d'une  fièvre  qui  rend  les  per- 
fonnes  e/i^"ej,  en  les  delféchant  &c  en  les  confumant. 
Et  delà  vient  qn  édque  fe  prend  pour  maigre  ,  atté- 
nué ,  qui  n'a  que  les  os  Se  la  peau,  /•^/.v  ojfihus  haret. 
Corps  édque.  Vifage  edque.  Il  fe  dit  auilî  des  ani- 
maux :  cheval  édque ,  chapon  édque. 

Sur  un  lièvre  flanqué  dejix  poulets  étiques , 
S'élevaient  deux  lapins  ,  animaux  domeftiques . 

BoiL. 

On  voitjlx  mois  après  tout  ce  train  magnifique ^ 
Réduit  à  la  moitié  ,  revenir  faible  ,  étique  : 
On  voit  fur  les  chemins  Féquipage  en  lambeaux, 
'  Des  mulets  décharnés ,  des  ombres  de  chevaux. 


E  T  I  905 

cureurs  ,  &  la  qualité  d'une  affaire,  comme  fî 
c'eft  urie  caufe  ,  ou  une  produdion  fur  un  procès 
par  écrit. 

Il  y  en  a  qui  croient  que  ce  mot  vient  de  ce  qu'au- 
trefois on  écrivoit  les  procédures  en  Latin,  &  qu'on 
mettoit  pour  infcripcion  fur  le  fac ,  tfl  hic  quljlio 
interN.Ù-  N.  Et  comme  on  mettoit  quelquefois, 
par  abréviation  ^  EJl  hic  quaf.  des  Clercs  ou  des 
Praticiens  ignotans,  ont  du  par  corruption  étiquet , 
ou  caquettes. 

Etiquette  ,  fignifie  quelquefois  un  bulletin,  Sche- 
dula.  L'Ordonnance  de  Blois  défend  aux  Maréchaux 
de  Logis  &  Fourriers  j  de  bailler  des  édquettcs  Ytowi 
loger  des  Capitaines  &  Soldats  dans  les  habitations 
des  iiccléliartiques. 

Étiquette  j  fe  dit  au  Grand-Confeil  des  placets  ou 
mémoires  qu'on  donne  au  premier  Huilfier  pour 
appeler  lescaules  à  l'Audience.  Dans  plulleursCou- 
tumes  ,  comme  en  telle  de  Troyes ,  on  appelle  éti- 
quette j  le  billet  par  écrit  que  le  Sergent  qui  fait  des 
criées  met  à  la  porte  de  l'auditoire  &  de  la  maifoii 
faifie  :  ce  qu'on  appelle  ailleurs  t^^c/R".  On  a  dit  aulli 
autrefois  en  pratique  ,  ttiqueter  les  témoins ,  ^uand 
on  mettoit  entre  les  mains  du  Commilfaire- En- 
quêteur un  brevet  ou  mémoire  qui  contenoit  leurs 
noms ,  &:  les  articles  fur  lefquels  ils  dévoient  être 
enquis. 

Etiquette.  En  termes  de  Pêche,  eft  auffi  un  fîlet  carré 
qu'on  attache  au  bout  d'une  perche  pour  prendre  du 
poilTon. 

^fT  On  appelle  auffi  étiquette,  un  petit  couteau 
relFemblant  à  celui  des  ALarchandes  de  cerneaux, 
dont  les  Pêcheurs  fe  fervent  pour  cueillir  les 
moules. 

On  dit  proverbialement ,  Juger  un  procès  ou  une 
affaire  fur  X étiquette  ,ou  fur  \ étiquette  àw  fac  j  pour 
dire ,  Juger  une  aftaire  fans  l'approfondir ,  fans 
voir  les  moyens  &  les  pièces  qui  font  dans  le  fac.  Ec 
généralemenr  il  fe  dit  de  tout  jugement  téméraire  , 
qu'on  porte  fans  un  examen  fufnfant. 


Ce  mot  eft  Grec,  sKriKW  ,  &  parce  qu'il  a  un  ef- 
prit  âpre  j  il  faudroit  fuivant  les  règles  de  Téty- 
mologie  écrire  en  notre  langue  heélique  ,  ou  héti- 
que  par  un  h.  Voye\  Hectique.  Cependant  bien 
des  gens  écrivent  étique ,  &  il  y  a  même  longtemps 
quecetufage  s'eîHntroduit,  «Se  eft  devenu  (i  général, 
qu'il  eft  palfé  en  règle.  Ainfi  je  ne  voudrois  écrire  ni 
eclique  y  ni  hectique,  malgré  l'analogie  ^  &  je  fui- 
vrois  le  torrent  en  écrivant  étique. 

ÉTIQUETER,  v.  a.  Mettre  des  étiquettes  fur  des  facs 
d'argent ,  de  procès ,  fur  des  paquets ,  fur  des  mar- 
chandifes  ,  pour  diftinguer  les  chofes  qui  fans  cela 
pourroient  être  confondues  avec  d'autres.  S  ignare  , 
infcrihere.  Les  Apothicaires  fe  fervent  auftî  dece  mot, 
&  difent  étiqueter  une  fiole.  Edqueter  des  témoins  , 
c'eft  dans  le  vieux  ftyle  du  Palais ,  donner  à  un  Juge 
une  lifte  des  témoins.  Voye\  Etiquette. 

Etiqueté,  ée.  part.  &  adj.  Signatus  3  fcriptus.  Au 
figuré. 

Tous  les  jours  on  voit 

Du  nom  d' ef prit  fatuité  dotée  , 
Et  de  vertu  fottife  étiquetée.  R. 

ÉTIQUETTE,  f.  f.  Petit  écriteau  de  papier,  ou  de 
parchemin  ,  qu'on  met  fur  quelque  chofe  ,  pour 
faire  fouvenir  de  fon  prix  ,  ou  de  fa  qualité.  In- 
fcriptio.  C'eft  un  fac  de  mille  francs  ,  le  poids'&  la 
fomme  font  marqués  fur  fon  étiquette.  Aiercez  des 
étiquettes  fur  chacun  de  ces  paquets ,  afin  qu'on  les 
reconnoifte.  Les  Apothicaires  appellent  aulli  étiquet- 
tes \qs  écriteaux  ou  titres  qu'ils  mettent  fur  les  fioles. 

Étiquettes  ,  fe  dit  plus  particulièrement  de  ces  par- 
chemins qu'on  met  fur  les  facs  des  procès ,  où  l'on 
écrit  le  nom  des  Parties,  des  Rapporteurs ,  des  Pro- 


On  n'écouta  ni  les  fi  ni  les  mais  ; 

Sur  /étiquette  on  me  fit  mon  Procès.  P.  du  Cerc' 

Etiquette.  On  appelle  ainfi  à  la  Cour  de  Vienne  les 
Lois  du  Palais,  ou  le  cérémonial.  Mémoires  du  Ma- 
réchal de  Villars.  On  regarde  à  Vienne  Vétiquette 
comme  une  Loi  inviolable.  In.  Le  Roi  avoir  exigé 
des  chofes  qui  violoient  les  Lois  de  \ étiquette.  1d. 
Ce  voyage  fut  réglé  par  ^étiquette.  Id. 

Etiquette.  On  donne  encore  ce  nom  en  Efpagne  & 
en  d'autres  Cours  j  à  de  certains  formulaires  des 
règles  que  l'on  doit  obferver  à  la  Cour.  Il  y  a  des 
Etiquettes  pour  le  Roi ,  la  Reine  ,  les  Princes  ,  les 
Grands  &  les  autres  perfonnesdelaCour.  Il  y  a  plus 
de  cent  cinquante  ans  que  les  étiquettes  du  Palais 
ont  été  compofées  j  cependant  on  les  obferve  en- 
core régulièrement.  Il  y  a  une  des  Etiquettes  qui 
porte  que  les  Reines  d'Efpagne  fe  coucheront  à  dix 
heures  en  été,  &  à  neuf  en  hiver.  Quand  la  Reine 
n'y  prendroit  pas  garde  ,  fes  fdlnmes  l'en  ferôienc 
bientôt  reffouvenir  ;  car  à  l'heure  marquée  elles 
viendroient  la  décoëffer  ,  la  déchaulfer ,  ôi  en  un 
mot  la  mettre  au  lit.  Mad.  Daunoy. 

UÇF  Les  Efpagnols  font  un  peu  revenus  fous 
Philippe  V.  de  ces  ridicules  impertinences  qu'ils 
/ronfervoient  fous  le  nom  de  cérémonial  du  Palais. 

IJCF  Étiquette  ,  fe  dit  généralement  du  cérémonial 
établi  dans  la  fociété  ,  qui  règle  les  devoirs  exté- 
rieurs à  l'égard  des  perfonnes  conftituées  en  dignité. 
Précaution  bien  fage  pour  conferver  aux  places  la 
confidération  qui  doit  y  être  attachée ,  fur  lefquelles 
réjailliroit  fouvent  le  mépris  qu'on  a  pour  les  per- 
fonnes qui  les  occupent.  On  fuit  la  coutumedans  le 
cérémonial ,  comme  dans  la  façon  de  penfer. 
ÉTIRE,  f  f.  Inftrument  de  Corroyeur,  qui  eft  une 
mafte  de  fer  plate  &: carrée,  qu'on  tient  à  la  main 
en  guifed'un  cefte  ,  qui  fert  pour  épreindre  l'eau  du 
cuir  en  le  corroyant,  pour  les  étendre,  pour  en 


904         ETL     ETO 

abattre  le  grain  da  côté  du  poil.  Il  y  a  auffides  édres 
de  cuivre  pour  les  cuirs  de  couleur. 
ÉTIRER.  V.  a.  Explicare.  Terme  dont  fe  fervent  plu- 
iîeurs  Ouvriers  ;  pour  dire  ,  étendre  ,  alonger , 
comme  les  Serrutiers  font  er.  battant  le  ter  fur 
i'enclame  ,    &c. 

E  T  L. 

ETLINGEN ,  ou  OTLINGEN.  Petite  ville  de  Suabe. 
Edinga,  ou  Otllnga.  Elle  ell  dans  le  Marquifat  de 
Bade-Doarlac  ,à  une  lieue  de  Dourlac,  vers  le  midi. 
La  (îtuation  à'Edingen  au  confluent  du  Wirim  & 
de  l'Entz  eft  fort  agréable.  Maty.  Long.  27.  d.  6'. 
latitude  48.  d.  55'. 

E  T  M. 

ETMADAULET.  f.  m.  Nom  du  premiei;  Officier  du 
Royaume  de  Perfe.  C'eft  le  même  (\}ji  Achama- 
daulet.  Vo^e\  ce  nom. 

E  T  N. 

ETNA.  Foye^J^'Y^k.  On  écrit  cependant  commu- 
nément Etna  ,  comme  nous  l'avons  remarqué  au 
même  endroit. 

ETO. 

ÉTOC  Souche  morte.  Foyei  ESTOC. 
ÉTOFFE,  f.  f.  Ce  mot  fe  dit  généralement  des  draps 
&  autres  tilfus  de  fil ,  de  foie ,  de  laine ,  d'or ,  d'ar- 
gent, &c.  qui  fervent  à  faire  des  habits ,  des  meu- 
bles ,  5<:c.  Pannus ,  textum.  Ce  Marchand  a  toutes 
fortes  de  belles  étoffes  chez  lui.  Cette  femme  eft 
allée  levet  des  efo^^f.  Ce  Tailleur  a  fourni  i'etoffe  &c 
fes  façons.  L'Ordonnance  pour  les  ManufaÂures 
d'or ,  d'argent  &  de  foie  ,  eft  du  mois  de  Juillet 
i66y.  &  comprend  toutes  les  mefuresdes  longueurs 
8c  largeurs  que  doivent  avoir  les  étoffes  3  leurs  qua- 
lités &  leurs  façons.  Toutes  les  pièces  à'étofft  doi- 
vent être  marquées  d'un  plomb  qui  porte  la  marque 
à\i  Marchand  fabriquant.  On  die  familièrement , 
"Donner  àansl'd'to ffe  ;  pour  dire,  Dépenfer  beau- 
coup en  habits  Se  en  meubles.  Cet  homme  fe  pique 
de  magnificence,  il  donne  dans  l'eVo^è. 

^C?  Ce  mot  s'emploie  parmi  plulieurs  Ouvriers 
dans  les  Manutattures ,  pour  marquer  les  matières 
qui  doivent  entrer  dans  les  ouvrages.  Materia. 

IJCFCeft  ainfique  les  Chapeliers  appellent  étoffe 
les  différentes  matières  ;  les  poils  de  cartor  ,  de  liè- 
vre, de  lapin,  &  les  laines  qui  entrent  dans  les 
chapeaux. 

Les  Brodeurs  donnent  le  nom  d'étoffes  aux  foies 
letorfes  qui  font  entortillées  fur  la  broche  ,  avec 
,  laquelle  ils  travaillenr. 

Etoffe  ,  fe  dit  pareillement  chez  les  Fondeurs  de 
grands  ouvrages  ,  du  laiton  allié  avec  d'autres  mé- 
taux j  dont  ils  fe  fervent  pour  la  fonte  des  ftatues  ^ 
des  pièces  d'artUleries  &  des  cloches. 
Etoffe  ,'  fe  dit  circz  les  Raffineurs  de  fucre  y  des  fu- 
cres  bruts  qu'ils  mettent  au  raffinage.  Ménage  dit 
que  ce  mot  vient  de  l'Allemand  Stoffe. 
Etoffe  ,  chez  les  Ouvriers  qui  travaillent  en  fer  ,  fe 
dit  d'un  fer  qui  eft  préparé,  ferrum.  tanperatum, 
enforte  qu'il  eft  meilleur  que  le  fer  ordinaire ,  & 
moindre  que  l'acier.  On  en  fait  les  rappes  &  les 
fcies  ,  qui  font  moins  caftantes  que  l'acier  ,  &  plus 
dures  que  le  fer.  Qxy  en  faitauflî  les  bra vers. 

11:3"  Parmi  les  gens  de  rivière,  étoffe  fe  dit  de 
toutes  les  parties  de  bois  qui  entrent  dans  la  compo- 
fition  d'un  train. 

^  Parmi  les  Potiers  d'étain,  on  appelle  baffe 
étoffe^  ou  petite  eVo^è  ,  une  compofition  faite  de 
plomb  &  d'étain. 

fCT  M.  Pluche  s'eft  fervi  de  ce  mot  en  parlant  d?s 
feuilles  des  fleurs,  qui  ont  du  corps,  qui  font  épaif- 
fes.  Les  feuilles  de  la  tulipe  doivent  être  au  nombre 


ETO 

de  fix  ,  ni  plus  ni  moins  j  tou;es  bien  épaiftes ,  & 
de  bonne  étoQe  ,  pour  durer  plus  long-temps. 
Etoffe,  le  dn  non-feulement  dan^  les  arts  mécani- 
ques ,  mais  il  fe  dit  encore  au  figure  dans  les  arts 
libéraux,  &  des  ouvrages  d'elpiit  en  parlant  de  la 
matière  qui  lescompole.  Materia,  argumentum.  On. 
pourroit  taire  de  ce  livre  un  très  bon  ouvrage. 
h'etojj-e  en  eft  excellente  ,  mais  la  forme  pourroic 
être  meilleure.  Je  ne  fuis  occupée  que  de  cette  joie 
fenliblede  vous  voir,  de  vous  recevoir,  de  vous 
embralFerj  avec  des  fentimens  &  des  manières  d'ai- 
mer ,  qui  font  d'une  étoffe  au-deft^us  du  commun  , 
Se  même  de  ce  qu'on  eftime  le  plus.  Mad.  de  Sév. 
Cela  n'eft  bon  que  dans  le  ftyle  familier  &  en  con- 
verfation. 

On  dit  figurément  par  extenfion  ,  On  n'a  pas 
épargné  ,  on  n'a  pas  plaint  Yétoffe  ;  pour  dire  qu'où 
a  employé  une  grande  abondance  de  matière ,  ou 
qu'on  en  a  employé  plus  qu'il  n'en  falloir.  Voilà  de 
la  vaiflelle  d'argent  bien  pefante ,  on  n'y  a  pas  plamt 
{'étoffe. 

On  dit  d'un  jeune  homme  dont  les  difpofitions 
fontheureufes  ,  &  n'ont  befoin  que  d'être  cultivées. 
On  peut  faire  de  ce  jeune  homme  quelque  chofe  de 
bon  ,  il  y  a  de  Vétoffe.  M.  de  la  Rochefoucaultadic 
d'un  fot ,  qu'il  n'a  pas  alfez  d'étoffée  pour  être  bon. 
U^CT"  M.  le  Cardinal  Mazatindifoit  de  Louis  XIV. 
encore  jeune  ^  qu'il  avoir  de  l'étoffe  pour  faire  qua- 
tre Rois&  un  honnête  homme,  il  y  a  bien  des  gens  a 
qui  l'eVtJ^t' manque  ,&qui  voient  atout  moment  le 
bout  de  leut  efprit.  Mad.  dh  Sev.  Le  ciel  ne  m'a 
pas  fait  d'étoffe  aflez  fine  pour  faire  un  courtifan. 
Rousseau. 

Etoffe  j  fignifie  auflî  figurément.  Condition. C'eft  un 
homme  de  baffe  étoffe ,  de  petite  ^Vo^.  Ils  ne  valent 
pas  mieux  l'un  que  l'autre  ,  ce  font  des  gens  de 
même  étoffe.  On  ne  l'emploie  guère  que  pour  dé- 
primer ou  dénigrer ,  &  jamais  hors  du  difcours 
familier. 

0C?  ETOFFER,  v.  a.  Signifie  en  général  employer  de 
bonne  étofte ,  de  bonne  matière ,  &  n'épargner  ni 
la  qualité  m  la  quantiré.  Ce  Chapelier  a  bien  étoffé 
ce  chapeau.  Cuiralfe  bien  étoffée ,  bien  condition- 
née. 

Étoffer  ,  fignifie  aufll  garnir  de  tout  ce  qui  eft  né- 
certaire  ,  foit  pour  la  commodité,  foit  pour  l'orne- 
ment, iicbus  omnibus  iiijlruere  :  on  le  dit  particu- 
Uèremetit  d'un  carroûTe,  de  quelques  meubles.  Car- 
rofie  ,  lit  bien  étoffe. 

Etoffer  ,  fe  trouve  employé  dans  le  figuré.  De  biens  j 
d'honneurs,  l'Eternel  l'eVo^î.  Marot. 

ÉTOFFÉ,  ÉE.  pa'rt.  &  adj.  Ornatus  ,  imertcxtus,  d:f- 
tinclus.  Il  fe  dit  figurément  pour  Ornéj  embelli, 
chargé. 

Tel  un  arbre  chargé  de  fuperbes  trophées   . 

î)' armes,  d'or  &  d'azur  richement  éioSées.BKtB. 

Dans  la  Satyre  contre  la  Fabrique  &  les  Mar- 
guilliers  de on  dit  figurément , 

Si  vos  Bedeaux  dans  votre  Eglifc 
Ne  marchent  courbés  fous  le  Jais 
D'un  pain  bien  large  &  bien  épais , 
Bien  étoffé  de  beurre/rais  , 
Une  offrande  rieji pas  de  mife. 

Les  Corroyeurs  appellent  un  cuir  lilTé,  bieneVq^' 
de  fuif ,  de  chair  &  de  fleur ,  celui  où  le  fuif  a  été 
mis  bien  épais  des  deux  côtés. 

^fT  Parmi  les  Chapeliers ,  on  appelle  chapeau 
bien  étofféceXm  dans  lequel  il  enrre  fiiffifammcnt 
de  matière  ,  bonne  &bien  condirionnée. 
Etoffé  ,  ée.  Se  dit  errcore  en  matières  d'ouvrages 
d'efprit.  Les  ouvrages  de  cet  Auteur  font  tous  bien 
étoffés  \  c'eft  à-dire  ,  bien  pleins ,  contiennent  beau- 
coup de  matière,  beaucoup  de  chofes  &  de  bonnes 
chofes.  On  dit  anlîi  :  un  difcours  bien  eto^e  ,  pour 
dire.  Rempli  de  toute  la  matière  néceiraire  &con- 

venabl2^ 


E  T  O 

venable.  Cela  n'efl  bon  qu'en  converlation.  Je  ne 
voudrois  pas  i'éciire. 

On  dit.  Un  homme  bien  étoffe  ;  pour  dire  ,  Un 
homme  bien  vctii ,  bien  meublé  ,  qui  a  en  abon- 
dance coûtes  fes  ailes  di:  toutes  les  commodités.  Avec 
de  la  dorure  &C  un  air  écoffg  ,  comme  l'on  dit ,  un 
bel  elprit  parle  à  Ion  tour  dans  Ijs  compagnies  ,  il 
fe  fait  écouter.  De  Nesle.  Un  fot  jouit  fouvent 
du  même  avantage. 
ÉTOILE,  f.  t.  Globe  ou  corps  lumineux  qui  brille  la 
nuit  dans  les  cieux.  Scu'^u.  Il  n'y  avoit  pas  unnu:i;^e 
qui  dérobât  j  ou  qui  oblcurcit  les  tYtvVtj  j  elles  pa- 
roilïoient  toutes  d'un  or  pur  de  éclatant ,  &  qui 
étoit  encore  relevé  par  le  lond  bleu  où  elles  font  at- 
tachées. La  Font.  Il  femblequelestr'fji/ej  marchent 
avec  plus  de  lilence  que  le  foleil.  Id.  Il  fe  peut  cjue 
la  vue  des  ctoilcs  feméescont-Qlément,  &  difperlces 
en  mille  figures  ditlérentes,  favorife  la  rêverie.  Id. 
On  fixe  le  nombre  des  éroiUs  qui  font  apparentes. 
Le  moyen  de  compter  celles  qu'on  n'apperçoit  point  ? 
La  Bruy.  Les  Grecs  appellent  une  cfoi/c,  «fip,  & 
attribuent  ce  nom  tant  aux  l'ianètes,  qu'aux  étoiles 
du  Firmament.  En  François  il  fe  dit  plus  particuliè- 
rement des  étoiles  qui  font  attachées  au  Firmament, 
qui  ont  toujours  un  même  mouvement,  &  une 
même  diftance  entr'ellcs  \  d'où  vient  qu'on  les  ap- 
pelle étoiles  Jixes  :  au  lieu  que  les  autres  s'appellent 
étoiles  errantes  ,  ou  planètes.  Les  Anciens  ,  dit  Bou- 
guer  ,  ont  confédéré  les  étoiles  fixes  par  troupeaux  , 
&z  ils  les  ont  appelées  conllellations  ;  ils  ont  donné 
à  ces  conltell.icions  des  noms  d'animaux  ,  ou  de 
chofes  que  la  Fable  avoit  rendues  célèbres  ,  comme 
la  grande  Ourfe  ,  la  petite  Ourfe,  le  Dragon  j  le 
grand  Chien  ,  Andromède  ,  Perfée  ,  Pégafe  ,  la 
Balance,,  &c. 

Les  étoiles  femblent  être  autant  de  foleils ,  qui 
ont  une  fource  inépuifable  de  lumière.  M.  Huy- 
ghens  croit  même  que  ces  foleils  ont  des  Planètes 
qui  tournent  autour  d'eux  ,  &  donc  elles  emprutent 
la  clarté  ,  mais  que  nous  en  fommes  trop  éloignés 
pour  les  appercevoir. 

Les   Athonomes  diftinguent  deux  mouvemens 
dans  les  étoiles  fixes  :  l'un  avec  le  Firmament  au- 
quel elles  font  comme  clouées  j  &  attachées ,  le- 
quel fe  fait  de  l'Orient  à  l'Occident  dans  l'efpace  de 
vingt-quatre  heures  à  l'entour  des  pôles  du  monde  : 
l'autre  par  lequel  elles  rétrogradent  de  l'Occident  à 
l'Orient  à  l'entour  des  pôles  de  l'écliptique  avec  une 
lenteur  extrême,  n'avançant  que  d'un  degré  de  leur 
cercle  dans  l'efpace  de  71  ou  de  ji  ans.  Quelques- 
uns  fe  font   figuré  ,  je  ne  fai  fur  quel  fondement , 
que  lorfqu'elles  ferojic  revenues  au  même  point  j  la 
nature  aura  achevé  fa  courfe  ,    &  que  les  alîres 
ayant   rempli  leur  carrière  ,  le  ciel  demeurera  en 
repos  ,  fi  l'intelligence  qui  lui  a  donné  le  mouve- 
ment ne  luiordonnede  recommencer  fonceurs. Par 
ce  calcul-là  le  monde  dureroit  environ  30  mille  ans, 
félon  Ptolomée  ;   25811?,  félon  Tychobrahé  &  lt»s 
Tables  Rudolphines  ;   25910  ,  félon  le  P.  Riccioli  ; 
&   24800,  félon  M.  Cailini.  On  ne  fauroic  conce- 
voir dans  quel  éloignement  prodigieux  les  étoiles 
font  à  notre  égard.  Pour  en  donner  quelque  idée , 
il  fuffît  de  dire  ^  que  cet  éloignement  elt  tel  j  que 
la  diftance  de   la  terre  au  foleil  (  laquelle  eft  de 
12  mille  diamètres  de  la  terre  ,  &  beaucoup  plus 
même  j  félon  quelques  nouveaux  Allronomes  )  n'ell 
lien  par  rapport  à  celle  qui  eft  entre  les  étoiles  Se 
nous.  Elle  eft  (ï  peu  confidérable  ,  que  cer  efpace 
de  plus  ,   ou  de  moins ,  n'apporte  aucun  change- 
ment .1  nos  yeux.  A  quelque  point  que  foit  la  terre 
fur  l'orbe  qu'elle  décrit  autour  du  foleil ,  les  étoiles 
du  Pôle  paroilTent  également  grandes ,  ou  égale- 
ment dictantes  les  unes  des  autres  :  cet  interv.nlle  fi 
vafte  ,  &  cette  différence  fi  grande  ,  lorfqu'elle  eft 
au  point   le  plus  proche  ^  ou  le  plus  éloigné  des 
étoiles  poWires  ^  ne  lesgrolfic,  ni  ne  les  diminue  à 
notre  vue.  Huyghens. 

Les  étoiles  fe  divifent  en  fix  clalfes ,  qui  font  de 
la  première,  feccnd*  &  troifième  grandeur,  &:c. 
Tome  III. 


E  T  O  90J 

au-delà  defquelle,  on  ajoute  les  nébuhufes  ,   ciui  ne 
le  voient  que  coniulcinenc  j  &  qui  ne  paroilfeiit  en- 
lemble  que  comme  des  nuages  \  elles  ont  été  appe-' 
lées  de  laleptième  grandeur  :  c  etl  un  amas  nébu- 
leux d'étoiles  qui  compofenr  la  voie  de  lait ,  que  les 
Agronomes  nomment  Galaxie.  On  a  depuis'quel- 
ques  années  découvert  quelques-unes  de  ces  eioiks 
ncbulcufes.  Les  étoiles  font  efetlivement  en  nom- 
bre infini ,  fuivant  ce  que  Dieu  dit  à  Abraham  : 
Compte  les  étoiles  du  ciel  ,  ii  tu  peux.  Cependant 
les  anciens  Ailronomes  avoient  prétendu  en  fixer  le 
nombre.  Ilscioyoïent  qu'il  ne  poiivoit   rien   paroi- 
tre  de  nouveau  dans  le  ciel ,  puifqu'il  ne  s'y  fait  au- 
cune génération.  Et  en  effet  jufqu'au  temps  d'Arif- 
tote  ,  &  plus  de  deux  cens  ans  après ,  on  n'y  avoic 
apperçu  aucun  changement.  Mais  en  l'année  125 
avant  l'Incarnation  jriipparque  y  ayant  découvert 
une  nouvelle  étoile  ,  il  fit  un  dénombrement    des 
principales  étoiles  ,  avec  une  defcriprion  exadte  de 
leur  grandeur  &  de  leur  fituation  ,   afin  qu'on  pùc 
reconnoitre  s'il  y  arriveroir  dans  la  fuire  des  temps 
quelque  choie  de  nouveau.  Dans  le  feizième  ,'iècle  , 
en  1572,  Tychobrahé  obferva  dans  la  Confiellation 
de  Cafliopée  une  nouvelle  étoile.,  qui  parut  grolTe 
d'abord,  &:  diminuant  peu-à-peu  difparut  au  bout 
de  fix  mois.  David  Fabricius  en  a  découvert  une 
dans  le  col  de  la  Baleine  ,  qui  s'eft  montrée  &   ca- 
chée plufieurs  fois,   &  a  paru  en   1648  &  \GGi.. 
M.  Bouillaud  en  a  décrit  le  cours  &  le  mouvement. 
Simon  Marins  fut  le  premier  qui  en  découvrit  un;; 
dans  la  Ceinture  d'Andromède  ,  quoique  Bouillaud 
dife  qu'elle  eût  paru  dès  le  XV-"  fiècle.  Elle  s'cll 
montrée  en  1612  &  i<îij  ,  &  s'eft  cachée  jufqu'ea 
i(î(Î4.  Kepler  en  a  obfervé  une  autre  dans  le  Serpen- 
taire. En  l'année  1601,  il  en  a  paru  une  de  la  troi- 
lième  grandeur  dans  la  Conftellacion  du  Cygne  au- 
près du  bec,  qui  difparut  en  ic;2^,  &  hu  obfer- 
vée  de  nouveau  par  Hévéliusen  i<?59Jufqn'en  1661, 
&  on  a  commencé  à  la  revoir  en    i<j66.  Elle  a  été 
obfervée  au  mois  de  Juillet  11571  par  Dom  Anthel- 
me  ,  Chartreux  de  Dijon.  M.  Calfini  a  le  premier 
remarqué  une  autre  nouvelle  étoile  de  la  quati  lème 
grandeur  entre  laConllellation  de  l'Eridan  &  celle 
du  Lièvre  ,  au  premier  degré  de  Gemini  ,  &:  aa 
37'  degré  de  latitude  Auftrale.  Ptolomée  e!l  le  pre- 
mier des  Anciens  qui  air  réduit  Icis  étoiles  bien  vifi- 
bles  au  nombre  de  lozi.  Onen  compte  beaucoup 
davantage  ,  même  fans  le  fecours  du  Télefcope  \  de 
forte  qu'il  ell:  bien  furprcnant  que  Rohault ,  féconde 
partie  de  fa  Phyfique  ,  ch.  2.  n.  5.  alFure  qu'on  n'en 
compte  que  1022.  avec  le  fecours  des  feuls  yeux. 
Kepler  en  compte  H93  ,  Dayer  1709,  Griemberg 
122)  ,  Schickard  1692  ,  Riccioli  1457  ,  le  P.  Par- 
dies  149 1  j  Hévélius  i83S  ,  Royer  1S05  ,  M.  de  la 
Hire  157(1,  Flamftéed  ,  Anglois,  3000.  D'autres 
en  comptent  encore  davantage.  Il  n'y  en  a  que  i  j 
de  la  première  grandeur ,   62  de  la  féconde  ,    12S 
de  la  troifième ,  &:-c.  Les  anciens  Altronomes  ont 
foutenu  qu'il  n'y  en  a  que  1012  de  vifibles,  félonie 
catalogue  d'Hipparque,  qu'ils  ont  réduites   en  48 
Conftellations  ;  &  que  (\  en  hiver  on  en  voit  quel- 
quetois  davantage  ,  c'eft  que  la  vue  fe  trompe.  De 
ces  48  Conftellations,  ou  Aftérifmes  ,  il  y  en  a    11 
dans  le  Zodiaque  ,  21  dans  la  partie  feptentrionale, 
&  1 5  dans  la  méridionale.  Les  Modernes  en  comp- 
tent bien  davantage,  qu'on  découvre  avec  l'aide  un 
télefcope.  Ils  ont  découvert  douze  nouvelles  Conf- 
tellations vers  le  Pôle  Antarctique,  &  deux  vers  Is 
Pôle  Arârique,  fans  compter  quelques  autres  qui 
ont  été  formées  par  quelques  Aftronomes ,  &  qui  ne 
font  pas  encore  reçues  de  tout  le  monde  ,  comme 
la  fleur  de  lis  ,  le  Charles  I,&c.  Galilée  dir  en  avoir 
obfervé  avec  le  télefcope  dans  les  Pléiades  plus  de 
40,  &  dans  l'efpace  d'un  ou  de  deux  degrés  d'Orion 
plus  de  500;  ce  qui  le  détourna  ,  dit  il,  d'en  donner 
la  figure  &  le  nombre.  Le  P.  Rhéita  ,  Capucin  ,  die 
en   avoir  obfervé  près  de  2co  en  cette  feule  Conf- 
tellation  \  de  forte  que  Riccioli  dit  dans  fon  nouvel 
Almagefte ,  que  celui  qui  diroit  qu'il  y  a  plus  de 

Y  y  y  y  y 


oo^  £    i    O 

vingt  fols  cent  mille  ecoiUs ,  ne  dii'olt  rien  qui  ne 
pCu  êcre  véritable. 

M.  Caiiini  hls  croit  qu'elles  pourroient  bien 
tourner  fur  leur  centre  ,  puilque  le  loleil ,  qui  en 
elt  une  ,  rourne  lut  le  lien  \  que  quelques-unes  peu- 
vent avoir  de?  hémifphères  inégalement  lumineux 


ETO 

poudre  qui  prend  feu  fucceflîvemsnt.  Voilà  ce  qui 
nous  repréicnte  une  ecoiU  Tombante,  y  oye^  Exha- 
laison ,  Météore.  L'cYL\/i  des  Mages  étoit  un  mé- 
téore muacideux  ,  qui  ,  à  ce  qu'un  peut  croire  , 
n'étoit  pas  éloigné  de  la  terre  :  autrement, elle  n'au- 
loit  pu  les  conduire. 


Ces  raifonsdétruifent  lesdécouveices  que  quelques  Étoile,  eu  termes  de  Guerre,  fe  dit  d'un  petit  fort 


Aftronomes  ont  cru  faire  de  laparalla.xe  de  asecùi 
les.  Jcad.  Hijt.  1 6çç.  p.  è'i.     ^ 

§Cr  A  l'égard  de  l'aberration  des  étoiles  ,  leur 
-latitude  &  leur  déclinailon  ,  leur  longitude  &  leur 
afcenfion  droite ,  leur  amplitude  orientale  &  leur 
amplitude  occidentale,  ^oye^  tous  ces  articles  par- 
ticuliers fuivant  l'ordre  alphabétique- 

On  appelle  Vétnle  du  iicroer,  la  Planète  de  Vé- 
nus,  qui  paroît  la  plus  grande  des  étoiles,  quand 
elle  elt  proche  de  la  rerrc  ,  &  allez  dégagée  des 
rayons  du  foleil  pour  être  vifible.  On  l'appelle  Z.^^- 
dfcr,  Pkofphorc  ,  ou  l'Etoile  du  matin  ,  lorfqu'elle  le 
précède  ;  &  f^efpcr  ,  quand  elle  le  fuit  ^  &:  alors  on 
■la  voit  le  foir.  L'étoile  polaire  ,  autrement  ïétoiie 
du  nord ,  c'efi:  celle  qui  eft  la  plus  voifine  du  Pôle  , 
Ce  la  dernière  de  la  queue  de  la  petite  Ourfe.  Cette 
étoile  n'a  pas  toujours  été  polaire  j  &  ne  le  fera  pas 
toujours  ;  c'ell;  .iJire ,  qu'elle  n'a  pas  toujours  été 
Xétoile  la  plus  proche  du  Pôle  ,  &  qu'elle  ne  le  fera 
pas  toujours.  Elle  ne  fera  jamais  au  Pôle  ,  &  s'en 
•ccatcera  même  un  joar  ,  enforte  qu'à  la  tin  elle  en 
fera  éloignée  de  plus  de  40  degrés.  Cela  vient  de  ce 
que  le  cercle  qu'elle  décrit  par  fon  mouvement  pro- 
pre, eft  à  l'entour  du  Pôle  de  l'Ecliptique  ,  ou  du 
Zodiaque  ,  &  non  pas  à  l'entour  du  l'oie  du  monde. 
Sur  la  mer, quand  on  dit  V étoile,  caXx  s'entend  de  ïé- 
toiie du  Nord. 

Le  Chevalier  Marin  appelle  les  étoiles  les  lam- 
pes d'or  du  firmament  ,  les  flambeaux  des  funé- 
Tailles  du  jour  j  les  miroirs  du  monde  &  de  la  na- 
ture \  les  fleurs  immorcelles  des  campagnes  céleftes. 

BOUH. 

Étoile  ,  fe  dit  auflâ  en  parlant  des  influences  célefl;es , 
comme  fi  elles  avoienc  la  force  de  nous  entraîner 
avec  une  nécellité  fatale  ,  ou  du  moins  que  par  leurs 
influences   elles  enflent  quelque    pouvoir  fur  nos 
âmes.-  Cette  expreflion  métaphorique  eft  venue  de 
l'Aftrologie.  Mais  dans  l'ufage  elle  n'a  point  ce  fens 
qu'on  lui  donne  dans  cet  Art  :  elle  fert  feulement  à 
marquer  le  bonheur  ou  le  malheur ,  les  conjonétu- 
res  heureufes  ou  malheureules  ;  en  un  mot  des  cau- 
fes  inconnues  ,  ou  fuppofées  telles.  Fatum  ,  fors  _, 
natale  ajlrum.  Cet  homme  a  fait  une  grande  fortune, 
il  eft  né   fous  une  heureufe  étoile.  C'eft  l'étoile  de 
notre  nation  de  fe  lalfer  de  fon  bonheur.  La  Roch. 
Il  femble  que  nos  aftions  aient  des  étoiles  heureu- 
fes ,   ou  malheureufes  ,  à   qui  elles   doivent  une 
partie  de  la  louange  ,  ou  du  blâme  qu'on  leur  don- 
ne Id.  Ruiter  eft  le  Dieu  des  combats  :  Guittaut  ne 
lui  réfifte  point  ;    mais   en  vérité  l'étoile  du  Roi 
lui  réfifte  ;  jamais  il  n'en  fut  une  fi  fixe.  Mad.  de 
Sev. 
Etoile  ,  fe  dit  aulfi  figurément  des  perfonnes  dont 
les  lumières  éclairent  les  autres  ,  qui  ont  de  l'éclat. 
S.  Athanafe  parut  fur  le  trône  d'Alexandrie  comme 
une  étoile  brillance.  Herman  .  Horace  a  dit ,  Micat 
inter  ownes  Julium  Jidus  ,  velut  inter  ignés  luna  mi- 
nores. Régnier  a  dit  dans  fon  mauvais  ftyle  ,  d'un 
pot.ige  maigre  ,  qu'avec  un  Aftrobale  on  n'y  pou- 
voir trouver  une  étoile  de  grailfe. 
Étoile  ,  fe  dit  aufli  d'une  exhalaifon  graffe  &  enflam- 
mée ,  ou  mcccore  qui  paroîr  fouvent  dans  une  belle 
nuit  fous  la  forme  d'une  étoile  qui  tombe.  Stella  ca- 
dens.  Elle  lailfe  après  elle  une  longue  traînée  de  feu. 
Ce  n'eft  qu'une  exhilaifon  légère  ,  prefque  toute 
fulfureufe  ,  qui  s'enflamme    ,    ou  par  l'aétion   de 
quelque  matière  fubtile  ,  par  le  foufle  des  vents, 
ou  par  le  mélange  feul  des  parties  qui  la  compofenr. 
La  partie  fupérieure  de  l'exhalaifon  s'allume  d'a- 
bord ,  parce  qu'elle  eift  plus  légère,  &  par  conCc- 
quent  plus  inflammable.    L'inflammation  fe  com- 
munique à  la  partie  inférieure  :  c'eft  une  traînée  de 


hexagone,  ou  octogone  ,  qui  a  lix  pointes  en  an- 
gles entrans  &  laïUans ,  qui  fe  flanquent  les  uns 
les  autres  ,  &  ont  des  faces  de  15  à  zo  toiles, 
On  fait  des  étoiles  dans  les  lignes  de  circonvallatiou 
après  deux  ou  trois  redoures. 

On  appelle  auUl  étoile,  en  termes  de  Jardinage  , 
plufieurs  allées  d'un  jardin  ,  ou  d'un  parc  ,  qui 
viennent  aboutir  à  un  même  centre  ,  ou  à  un  mi- 
lieu, duquel  on  a  ditîérens  points  de  vue.  Voilà 
une  belle  étoile.  Cette  étoile  de  charmille  eft  fort 
agréable. 

On  appelle  étoile  ,  en  termes  d'Imprimerie ,  ces 
petites  marques  qu'on  met  dans  les  livres  imprimés, 
qui  ont  des  pointes  ,  &  qui  lervent  à  taire  des  ren- 
vois, ou  des  annotations,  ou  à  marquer   des  lacu- 
nes. C'eft  la  même  chofe  qu'Aftérifque.  AJterifeus. 
On  en  met  auiîi  dans  les  chants  d'Egiile. 
On  dit  aulTi  des  fufées  à  étoiles  &  à  lerpentaux.Lorf- 
quece  petit  artifice  eft  adhérant  à  un  taucillon  j  on 
l'appelle  étoile  à  pet. 
Etoile  ,  ou  Pelote  ,  en  termes  de  Manège  ,  eft  une 
marque  blanche  fur  le  tronc  d'un  cheval ,  dont  le 
corps  eft  d'une  autre  couleur. 
Étoile  j  en  matière  d'Horlogerie  :  il  y  en  a   de  plu- 
fieurs nombres  &  formes.  L'étoile  d'un  limaçon  de 
répétition  ,  eft  une  roue  plate  divifée  en  douze  ,dont 
les  dents  fe  terminent  en  pointes. 
Etoile  ,  eft  auifi  une  petite  fleur  blanche  ou  jaune  , 
qui  vient  en  Avril  &  en  Mai.  Efpèces  d'Ornitho- 
galum. 
Étoile  terrestre.  Nom  de  Plante.  Elle  croît  dans 
les   montagnes  du  Dauphiné  qui  regardent  la  Pro- 
vence. Elle  a  la  forme  d'un  champignon  en  naillant: 
peu-à-peu  elle  s'ouvre  ,   ôc  à  mefure  qu'on  la  voit 
éclore  ,  on  en  voit  fortir  cinq  petites  feuilles ,  Ci 
déliées   &   fi  peu  colorées  j  qu'il  femble  d'abord 
que  ce  n'eft  que  de  la  toile  d'araignée.  Elles  luifent 
la  nuit  comme  fi  c'écoienc  des  étoiles  ;  &  c'eft  de-là 
qu'on  les  a  appelées  Etoiles  terrefires.  Ce  n'eft  pas 
néanmoins  une  fimple  lueur:  elles  ont  une  vraie  lu- 
mière ,  à  la  faveur  de  laquelle  il  eft  même  aifé  de 
lire.  Chorier.  Hift.  de  Dauph.  L.  I.p.  61. 
Étoile  de  Bethléem  ,  plante,  f^oye-^  Ornithogale. 
Étoile  ,    fe   dit   encore  d'une  efpêce   d'infeéte  de 
mer  qui  a  la  figure  d'une  étoile  j  avec  cinq  bran- 
ches ,  au  milieu  defquelles  eft  la  bouche  qui  a  cinq 
dents. 

M.  Lonvillers  de  Poincy  ,  dans  fon  Hifl.  nat.  des 
Antilles  ,  Ch.  XIX.  ne  les  appelle  point  fimplement 
Etoiles  ,  mais  Etoiles  de  mer.  Elles  ont ,  dic-il,  cinq 
poinces  ,  ou  cinq  rayons,  tirant  fur  le  jaune  ^  & 
un  bon  pied  de  diamètre.  Leur  épaiffeur  eft  d'un 
pouce ,  leur  peau  aflez  dure  ,  &   relevée  par  de 
perires  bofles ,  qui  lui  donnent  meilleure  grâce.  Ce 
poilfon  ,  ajonte-t-il ,  fe   promène  pendant  le  cal- 
me \  mais  fi-tôr  qu'il  prévoit  quelque  or.age  ,  de 
crainte  d'être  poulfé  fur  la  terre  ,  il  jette  de  petites 
ancres  de  fon  corps  ,  avec  lefquelles  il  s'accroche 
fi  fortement  contre  les  rochers ,  que  toutes  -les  agi- 
tations des  ondes  irrirces  ne  l'en  peuvent  détacher. 
Sa  bouche  eft  juftemcnt  au  centre  de  fon  cotps  ; 
mais  il  ne  dit  pas  qu'il  ait  des  dents.  Les  Curieux 
font  féchet  ces  étoiles  ,  &  en  parent  leurs  cabinets. 
Étoile.  Nom  d'un  oifeau.  Stella  avis.  Cet  oifeau  eft 
tellement  diverfifié  par  tout  le  corps  de  blanc,  de 
jaune  &  de  noir ,  à  l'exception   du  ventre.,  de  la 
queue  ,  &  des  grandes  pennes  des  ailes  :,  qu'il  fe- 
roit  bien  difficile  de  dire  quelle  couleur  domine  de 
ces  trois.  Le  ventre  &i  les  cuifles  font  blanches «aufli- 
bien  que  la  queue  ,  qui  a  plufieurs  taches  noires  , 
entre  lefquelles  il  y  en  a  deux  qui  craverfent ,  qui 
font  très-remarquables  par  leur  grandeur.  Les  ailes 


È  T  O 

font  pareillement  blanches  à  l'endroit  où  elles  ap- 
prochent du  ventre.  Les  grandes  pennes  font  noires 
en  dehors ,  &  cendrées  en  dedans.  Ses  pieds  font 
jaunâtres,  il  a  trois  doigts  tort  gros.  Ses  ongles  font 
noirs  &  très-courts  :  Ion  bec  elt  allez  long  ,  courbé 
îk  noirâtre  à  l'excrêmité  j  le  dellous  en  elt  blan- 
châtre. Peut-être  que  le  nom  à'tcoile  lui  a  été  àon- 
né  i  caufe  de  ces  trois  couleurs  dont  il  eft  également 
,   diverfîfié. 

Etoile.  Sorte  de  pomme.  La  pomme  qui  eft  faite  en 
étoile ,  de  qui  en  porte  le  nom  ,  elt  jaune ,  &  le 
garde  jufqu'en  Avril  :  elle  a  la  chair  aigre,  dure  , 
&  de  mauvaife  qualité.  La  Qoint. 
Ordre  de  l'Etoile  ,  ou  Notre-Dame  de  l'Etoile. 
Ordre  de  Chevalerie  j  inltitué  par  le  Roi  Jean  en 
1 5  5  z.  Les  Chevaliers  portoient  une  chame  de  cinq 
chaînons  entrelacés ,  de  laquelle  pendoit  (ur  l'elto- 
mac  une  écoi/e  d'or  à  cinq  rais,  ils  portoient  aullî  fur 
leur  habit ,  vers  l'épaule  gauche  ,  une  étoile  d'or  en 
broderie.  Il  n'y  avoit  d'abord  que  trente  Chevaliers  : 
mais  il  fut  avili  par  la  multitude  de  ceux  qui  y  tu- 
rent admis  fans  diltinâiion ,  c'ell  pourquoi  Char- 
les VIL  le  quitta  &  le  donna  au  Chevalier  du  Guet 
de  Paris,  Si  à  fes  Archers  ,  qui  portoient  à  gauche 
une  étoile  fur  leurcafaque.  Voilà  ce  qu'on  dit  ordi- 
nairement. 

D'autres  difent  que  cet  Ordre  fut  inftitué  par  le 
Roi  Robert  l'an  102,2,  en  l'honneur  de  la  Sainte 
Vierge  j  qu'il  prit  pour  fa  protedlrice  ,  &c  qu'il  re- 
gardoit  comme  l'étoile  de  la  mer ,  &  fa  guide  dans 
le  gouvernement  de  fon  Royaume.  Cet  Ordre  étoit 
compofé  de  trente  Chevaliers  ,  en  y  comprenant 
le  Roi,  qui  en  étoit  Grand-Maître.  Le  collier  étoit 
d'or ,  à  trois  chaînes  entrelacées  de  rofes  d'or  , 
cmaillées  alternativement  de  blanc  &  de  rouge  :  au 
bout  de  ce  collier  pendoit  \xx\q  étoile  d'or  à  cinq  rais. 
Les  Chevaliers  portoient  le  manteau  de  damas 
blanc  t  le  mantelet  &  les  doublures  de  damas  incar- 
nat J  &  la  gonelle  ou  cotre  de  même  j  fur  le  de- 
vant de  laquelle  étoit  au  côté  gauche  une  étoile  bro- 
dée d'or.  L'Ordre  de  Vécoile  tomba  dans  l'oubli  pen- 
dant les  guerres  de  Philippe  de  Valois ,  &  Ton  en 
intorrompit  alors  les  cérémonies  &  les  pratiques  ^ 
mais  le  Roi  Jean  fon  fils  le  rétablit  en  1 3  51  ^  Se  en 
1 3  5(î,  il  choifit  le  palais  de  S.  Ouen  ,  dit  autrefois 
de  Clichî ,  qu'il  venoit  d'acquérir  du  Comte  d'A- 
lençon  ,  pour  en  faire  le  fiége  principal  de  l'Ordre 
dont  nous  parlons,  f^oyei  Favyn  dans  fon  Théâtre 
d'honneur. 

Quant  à  ce  que  l'on  dit  ,  que  cet  Ordre  s'étant 
avili ,  Charles  VII  le  donna  au  Chevalier  du  Guet , 
il  eft  des  Auteurs  qui  s'infcrivent  en  faux  contre  ce 
fait,  &àjufte  titre,  parce  que  Louis  de  France, 
Doc  d'Orléans  ,  tîls  de  Charles  V,  porte  le  collier 
de  cet  Ordre  aux  Céleftins  de  Paris  ;  que  Char- 
les VII  le  donna  en  1458  au  Prince  de  Navarre  , 
Gafton  de  Poix  j  fon  gendre  \  &  qu'en  1^61  que  ce 
Roi  mourut ,  &  que  fut  bâtie  la  porte  de  S.  Mar- 
ceau ,  on  y  mit  une  image  de  la  Sainte  Vierge  fur 
unpiédeftal,  chargé  d'un  écu  d'azur  à  une  étoile 
d'or. 

IJCFII  eft  plus  probable  que  Louis  XI  ayant  infti- 
tué l'Ordre  de  S.  Michel  j  les  Grands  du  Royaume 
afpirèrent  à  en  être  décorés ,  &  que  celui  de  ['étoile 
tomba  peu-à-peu  dans  l'oubli  &  dans  le  mépris. 

Il  y  a  encore  un  Ordre  de  l'Etoile  à  Medine  en  Si- 
cile ,  dit  Juftiniani  ,  Ch.  44.  appelé  Ordre  du 
Croiilant  en  France  &  en  Italie.  Il  fut  inftitué  l'an 
1  i6S,  à  Medine  en  Sicile  par  Charles  d'Anjou ,  frère 
de  S.  Louis ,  Roi  des  deux  Siciles ,  fous  le  nom  de 
l'Ordre  du  CroilTant  ,  ou  de  la  Lune  croiirante , 
parce  que  le  collier  de  cet  Ordre  étoit  compofé  d'é 
roi/cj  Sr  de  fleurs-de-lis ,  d'où  pendoit  par  une  tri- 
ple chaîne  un  croiftantjavec  ce  mot  pour  devife  , 
Donec  totum  impleat.  D'autres  prétendent  qu'il  ne  fut 
inftitué  qu'en  1464,  par  René  ,  Duc  d'Anjou  ,  qui 
prenoit  le  titre  de  Roi  de  Sicile.  On  trouve  dans 
des  armes  de  ce  Prince  ,  qu'il  avoir  au  moins  chan- 
gé en  «Quelque  chofe  le  collier  de  cet  Ordre;  car 


£  T  O  ^oj 

1  au  lieu  de  fleurs-de-lis  &  à'etoiles  j  ce  font  fimple- 
ment  deux  chaînes  ,  defquelles  pend  un  croilfant  ^ 
lur  lequel  eft  le  vieux  mot  François  loç  ,  fans  antre 
devife  j  ce  qui  tait,  en  (tyle'de  rébus  ,  Lo^  en 
croijjant.^  Cet  Ordre  s'étant  obfcurci ,  les  habitans 
de  Meltîne  le  relevèrent  fous  le  nom  de  la  Nohle 
Académie  des  Chevaliers  de  l'Etoile  ,  réduifant  l'an- 
cien collier  à  une  feule  étoile  pofée  fur  une  croix 
fourchue  qu^ils  portoient  dans  leur  enfeigne ,  &  le 
nombre  des  Chevaliers  à  loixante-deux.  Juftiniani, 
HijL  de  tutti  gl'  Ordini  Milit.  e  Caval.  C.  44.  Il  y 
donne  la  fuite  des  Grands-Maîtres ,  &:  le  nom  des 
Auteurs  qui  ont  parlé  de  cet  Ordre.  La  devife  de 
cet  Ordre  étoit  Monjlrant  Regihus  Aflra  viaw,  qu'on 
n'exprimoit  que  par  les  quatre  premières  lettres  de 

ces  mots ,  ainfi  difpofces  «  y  L'eroi/e  au  milieu  ayant 

une  queue  qui  pendoit  en  bas  ,  comme  les  comètes. 
Voye\  l'Abbé  Justiniani  ,  T.  IL  C.  5  5  ■  où  il  indi- 
que tous  les  Ecrivains  qui  ont  traité  de  cet  Ordre. 
Le  P.  Hélyot,  dans  fon  VIU"^  Tom.  ch.  70,  met  cet 
Ordre  parmi  ceux  qui  n'ont  jamais  exifté  ,  6c  pré- 
tend que  ce  qu'en  dit  l'Abbé  Juftiniani  eft  fup- 
pofé. 

Ordre  dv'  l'Etoile  de  Notre-Dame.  Cet  Ordre  fut 
inftitué  à  Paris  en  1701,  par  un  certain  Aniabaqui 
y  avoit  été  baptifé  ,  &  qui  fe  difoit  Roi  d'Eiszinie  , 
dans  la  Zone  torride.  Il  inftitua  cet  Ordre  ,  poun 
mettre ,  difoit-il  ,  fa  perfonne  &  fon  Royaume  fous 
la  proteilion  de  la  Sainte  Vierge.  La  marque  de  cec 
Ordre  étoit  une  croix  d'or  émaillée  de  blanc  en  for- 
me d'étoile ,  au  milieu  de  laquelle  il  y  avoir  l'image 
de  la  Sainte  Vierge  ;  &c  cette  étoile  étoit  attachée  à 
un  ruban  blanc  de  la  largeur  de  quatre  doigts.  Cet 
Aniaba  n'étoit  ni  Roi  ni  Prince  :  de  retour  en  foa 
pays  il  reprit  fon  ancienne  idolâtrie ,  &  cet  Ordre 
s'eft  évanoui. 
Étoile  ,  eft  aulïï  un  terme  fort  ufité  dans  le  Blafon  , 
comme  étant  un  meuble  dont  on  charge  fouvent  les 
Ecus  ,  &  leurs  pièces  honorables.  Elle  diffère  de  la 
molette  d'éperon ,  en  ce  qu'elle  n'eft  point  percée 
comme  la  molette.  Elle  eft  ordinairement  en  France 
de  cinq  rais.  Quand  elle  en  a  fix  ou  huit ,  comme 
chez  les  Allemands  &  les  Italiens  ,  il_en  faut  faire 
une  mention  particulière  en  blafonnant  TEcu.  P. 

MÉNÉTRIER. 

Sur  les  médailles  les  étoiles  font  la  marque  de 
la  confervation  ou  de  la  déification  ,  &  elles  étoienc 
prifes  pour  fimbole  de  l'éternité.  Tristan  ,  T.  1. 
page  348  &  349.  Les  étoiles  marquent  quelque- 
fois les  enfans  des  Princes  regnans  ;  quelquefois 
au  contraire  les  enfans  morts  ,  &  mis  dans  le  ciel 
au  rang  des  Dieux.  P.  Jobert.  Elles  étoient  auflî 
des  fymboles  de  félicité.  Tristan  j  Tome  II.  p. 
6^.  Uetoile  qu'on  voit  furies  médailles  de  Jules- 
Céfar ,  c'eft  l'étoile  de  Vénus  dont  il  fe  difoit  ilFu  j 
ou  bien  c'eft  le  fymbole  de  la  déification. 
Etoiles  ,  ou  Planètes  des  Phllofophcs  ,  fe  dit  en  ter^ 
mes  de Philofophie hermétique,  des  métaux  (jue  les 
Sages  confidèrent  comme  les  étoiles  de  leur  ciel  ter- 
reftre ,  ou  des  couleurs  qui  paroilfent  durant  l'ou- 
vrage de  la  pierre. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  eft 
logé  à  la  belle  étoile  ,  fub  dio  ,  fub  jove  frigido  ; 
qu'il  couche  à  la  belle  étoile  ,  pour  dire  j  qu'il  n'a 
point  de  logement,  qu'il  couche  dehors.  Quand 
on  donne  un  grand  coup  fur  la  tête  à  quelqu'un, 
on  dit ,  qu'on  lui  a  fait  voir  des  étoiles  en  plein 
midi. 

CtT  On  dit  figurément  &  familièrement  d'un 
homme  qui  en  impofe  aux  autres  (^  à  lui-même, 
qu'il  fait  voir  aux  autres  ,  qu'il  croit  voir  des  étoiles 
en  plein  midi. 

L'Abbaye  de  I'Etoile  ,  eft  une  Abbaye  de  l'Ordre 
de  Cîteaur  ,  fille  de  Ponrigny  ,  fondée  vers  le  com- 
mencement du  Xlle  fiècle ,  dans  le  Diocèfe  de  Poi- 
tiers ,  par  Ifambert  Sénebaut  de  la  Maifon  de  Lefi- 
I     gnac.  De  Sainte  Marthe. 

Yy  y  yyij 


5)oS 


ETO 


PORTE-ÉTOILE.  Foyc^  Bethléhémite  ,  &  à  la  let- 
tre P.  Porte-Etoile. 

£TOILE  ,  EE.  adj.  Brillant  d'étoiles,  femc  d'étoi- 
les. StcUatus  _,  JicUis  dijuncius.  Lorlqu'il  gelé  bien 
fort ,  ou  que  le  ciel  ell  fort  ferein  ,  û  paroi:  bien 
étoile. 

On  appelle  une  bouteille  étoilée  ,  une  bouteille 
ou  il  s'elt  fait  quelque  fêlure  en  forme  d'étoile. 

Etoile.  Terme  de  Chirurgie.  On  donne  ce  nom 
a  une  elpèce  de  bandage  qui  eft  de  deux  lortes  j 
le  (impie  &  le  double.  Le  limple  eft  pour  les  frac- 
tures des  omoplates,  ou  du  fternum.  Le  double 
s'applique  à  la  luxarion  des  deux  humérus  à  la 
fois,  &  à  la  fiacluie  des  deux  clavicules.  Col  de 

ViLLARS. 

En  Blafon  ,  on  dit  qu'un  Ecu  eft  étoile  ,  quand  il 
eft  femé  d'étoiles  fans  nombre. 

£TOILEë.  f.  f.  Terme  de  Fleurifte  3  nom  de  tulipe. 
\J étoilée  a  prefque  les  couleurs  de  la  Dorilée  ,  qui 
font  un  beau  violet  iSi  blanc.  Morin 

S'ETOILEK.  ,  fe  dit ,  en  termes  de  Monnoie  ,  lorf- 
que  les  Hancs  &  catreaux  s'ouvrent  pat  les  car- 
nes ,  quand  on  les  bat ,  faute  d'être  recuits.  L'Or- 
donnance veut  qu'on  tecuife  les  carreaux  à  toutes  les 
façons  qu'on  leur  donne  ,  de  peur  qu'Us  ne  s,'étoi- 
lent. 

Ce  terme  vient  de  ce  que  les  fentes  ,  qui  fe  font 
dans  les  pièces  de  Monnoies  ,  reiremblent  un  peu 
aux  rayons  des  étoiles. 

£TOLE.  f.  f.  Ornement  facerdotal  que  les  Curés  met- 
tent par  -  delfus  leurs  furplis  pour  marq^ue  de  fu- 
périorité  dans  leur  Ei^life.  Le  P"  Thomalîin  prétend 
que  Xétole  eft  plus  aftedlée  à  l'adminiftration  des  Sa- 
cremens&  aux  fondions  Eccléliaftiques,  qu'à  mar- 
quer la  jurisdiâion.  Stola.  Les  Prêtres  en  portent 
auffi  fur  leur  aube  pour  célébrer  la  Mefte  \  Si.  alors 
elle  eft  croifée  fur  leur  eftomac.  Les  Diacres  la  portent 
en  écharpe  fur  leur  épaule  gauche.  C'eft  une  grande 
bande  d'étoffe  chargée  de  trois  croix  ,  qui  pend  de- 
puis le  cou  jufqu'aux  pieds.  On  met  le  bout  de  Vé- 
iole  fur  la  tête,  quand  on  dit  an  Evangile  pour  quel- 
que perfonne.  Les  Evêques  ont  prétendu  que  les 
Curés  ne  dévoient  point  patoitrc  devant  eux  avec 
i'école.     ^ 

Ce  que  les  anciens  Romains  appeloient  Jlola  eft 
bien  différent  de  Vétole  d'aujourd'hui  :  c'étoit  une 
robe  plus  convenable  i  des  femmes  qu'à  des  hom- 
mes. C'étoit  pourtant  une  robe  d'honneur  chez  tou- 
tes les  nations.  Les  Rois  même  s'en  fervoient ,  & 
ladonnoient  qu.Ljuefois  pour  le  prix  de  la  vertu. 
"  Celle  des  Prêtres  d'aujourd'hui n'eft  autre  chofe  que 
les  extrémités  de  cette  longue  robe  que  portoit  le 
Grand  Ptêtre,  dont  elles  font  la  repréfentation.  L'u- 
fage  de  Vétole  a  commencé  dans  TEglife  avec  celui 
de  l'aube.  Les  Prêtres  la  portoient  toujours  autre- 
fois ,  même  en  prêchant  j  comme  le  dit  Alcuin  : 
d'où  vient  qu'on  Ta  appelée  auili  en  Latin  orarium  , 
de  orare  ,  parce  qu^ils  étoient  les  Orateurs  de  !'£- 
glife.  Koye^  le  Traité  qu'en  a  fait  le  Sieur  Thiers , 
Curé  de  Champrond.  Il  y  a  encore  des  pays,  comme 
en  Flandre  j  où  Ton  ne  prêche  jamais  qu'avec  IVro/e. 
On  le  fait  aulli  en  Italie, 

L'Ordre  de  l'Etole.  Ordre  de  Chevalerie  des  Rois 
d'Arragon.  OrdaftoU,  Equités  JloU.  On  ne  fait  quel 
eft  l'Auteur  de  cette  Ordre  militaire,  ni  en  quel 
temps  il  fut  inftitué.  Il  n'en  eft  point  patlé  avant  le 
règne  d'Alphonfe  V.  Roi  d'Arragon  ,  qui  monta 
fut  le  ttône  l'an  1415.  L'Abbé  Juftiniani  conjediire 
cependant,  qu'on  n'eft  point  obligé  de  fixer  là  l'é- 
poque de  la  nailLincs  de  cette  Milice  ;  car  en  1 587, 
Sigifmond  Roi  d'Hongrie  ,  ayant  fiit  alliance  avec 
le  Roi  d'Arragon  ,  une  des  conditions  du  traité  fut 
que  les  deux  Rois  pourroient  donner  mutuellement 
leurs  Ordres  de  V Etale  Se  du  Dragon.  Ainfi  il  croit 
que  cet  Ordre  fut  inftitué  en  Arragon  -,  en  même 
temps  que  celui  de  la  Bande  en  Efpagnc  ,  qui  le  fut 
vers  l'an  i  ?  5 1.  comme  nous  l'avons  dit  en  fa  place, 
^oye^  Juftiniani  ,  T.  II.  C.  ^6. 

Étole  d'or.  Ordre  de  Chevaleiie  à  'Venife,ainfî  nom- 


ETO 

mé  d'une  étole  d'ot  que  les  Chevaliers  portent  fut 
l'épaule  gauche  j  &  qui  eft  large  d'une  palme  &  de- 
mie ,  6c  delcend  par-devant  &  par  derrière  jufqu'au 
genou.  OrdoJioU  aurm.  On  n'élève  à  ce  rang  que 
les  Paciices ,  ou  Nobles  'Vénitiens.  Ils  portent  une 
robe  iouge  de  taffetas ,  ou  de  damas ,  lelon  la  fafr- 
fon.  Cette  robe  s'appelle  Ducale.  Ils  ont  \  étole  donc 
nous  avons  parlé,  bous  la  robe  ils  ont  un  habit  de 
rouge  cramoifi.  Quand  on  crée  quelqu'un  Chevalier 
il  paroît  pendant  huit  jours  au  Palais  dans  cet  équi- 
page. L'hiver  ils  portent  des  fourrures  d'hermine  3 
de  loup  cervier ,  de  marte  ,  ou  de  zibeline.  L'habic 
ordinaire  eft  un  habit  commun  ,  &  par-delTus  une 
robe  de  drap  noir  avec  une  étole  de  drap  noir, ayant 
une  orle  d'or.  La  robe  ell  différemment  fourrée  fé- 
lon les  faifons  ■,  l'été  elle  n'eft  point  fermée  \  l'hiver 
on  la  ceint  d'une  ceinture  de  velours  noir  avec  des 
franges  d'or.  L'ornement  de  tête  eft  un  bonnet  de 
laine  noiie  avec  des  franges  autour.  L'Abbé  Juftinia- 
ni dit  qu'on  ne  fait  quand  cet  Ordre  a  commencé. 
C'eft  dans  fon  premiet  Tome  ,  C.  XI  p.  1 19  &  fui- 
,   vantes  de  la  féconde  édition  qu'il  en  parle. 
ETOLUS.f.  m.  Troifième  fils  d'Endymion  &:de  Na'i's, 
qui  fe  retira  chez  les  Curetés ,  &  donna  à  leur  pays 
le  nom  d'Etolie. 
ÉTONNAMMENT,  adv.  D'une  manière  étonnante  , 
prodigieufement.  Mirabiliter.  Elle  çii  étonnamment 
laide.  C'eft  un  adverbe  de  nouvelle  création  ,  dont 
les  premiers  qui  s'en  font  fetvis  étoient  étonnamment 
infatués.  Il  eft  du  ftyle  familier, 
ÉTONNANT,  ante.    adj.  Mirabilis  ,   mirus.   Qui 
étonne  ,  qui  caufe  de  l'étonnement.  Comme  l'éton- 
nement  elf  quelquefois  mêlé  de  furptife  &  d'admi- 
ration ,  ou  bien  dégénère  en  crainte  &  en  délef- 
poir  ,  on  le  dit  fouvent  dans  le  difcours  ordinaire 
des  objets  qui  produifent  dans  l'ame  ces  différentes 
imprelfions.  On  le  dit  quelquefois  pour  extraordi- 
naire. l^ûye\  Etonnement.  La  bonté  ,  la  fageffe  de 
Dieu  font  étonnantes.  Il  y  a  une  infinité  de  fecrets 
dans  la  natute  qui  font  étonnons.  Les  Voyageurs 
nous  racontent  des  chofes  étonnantes  de*  mœurs  des 
diflérens  peuples.  Je  me  repréfente  à  toute  heure  ce 
^én\  étonnant ,   qui  commença  de  nous  offrir  aux 
regards  l'un  de  l'autre.  Mol.  Il  n'eft  pas  étonnant 
que  la  Poëfie  des  Idolâtres  ne  fût  pas  toujouts  fi  ré- 
guliete  ,  &  qu'ils  fe  permilTent  pour  le  théâtre  quel- 
ques libertés.  P.  de  Courbeville.  C'est  un  homme 
étonnant, 
ify  ETONNEMENT.  f.  m.  Forte  împrefllon  caufée 
dans  l'ame  par  un  événement  imprévu  ,  &  qui ,  fé- 
lon la  nature  de  l'événement,  dégénère  en  furprife; 
ou  est  mêlée  de  crainte  ,  de  défefpoir  ,  d'admira- 
tion. Stupor.  Tous  les  prodiges  caufen.t  de  Yétonne^ 
ment.  Ils  étoient  tous  interdits  de  crainte  &  d'e- 
tonnement.Donnev  de  l'étonnement^  jetet  dansl'iîVo/z- 
nement.  Un   bel  efprit  Allemand  n'apparoît  point 
fans  donner  de  Yétonnement.  Bouh. 
Etonnement  J  fe  prend  aufîî  pour  admiration.  Admi- 
ratio.  Cette  aétion  fera  Yétonnement  des  fièdes  fu- 
turs. On  dit  aulli  d'une  perfonne  exttaordinaire,  que 
c'est  Yétonnement  de  la  nature  ;  qu'on  est  ravi  à'éton- 
tnent  ;  qu'on  a  de  la  peine  à  revenir  de  fon  etonne- 
ment. 
^O"   Etonnement  ,  furpfife,  consternation,  confi- 
dérés  dans  une  fignifîcation  fynonyme.  Un  événe- 
ment imptévCi  J  fupétieur  aux  connoilf.inces  &aux 
forces  de  l'ame ,  lui  caufe  des  (ituations  humiliantes 
qu'expriment  ces  trois  mots, etonnement j  futptife, 
consternation.  Mais  Yétonnement  est  plus  dans  les 
fens ,  &  vient  des  chofes  blâmables  ou  peu  approu- 
vées. J'^oye:^  les  autres  mots.  Etonnement  ne  fe  die 
guère  en  bonne  part.  La   beauté  d'une  femme  ne 
caufe  point  A'étonnement,  &  fa  laideur  produitquel- 
quefois  cet  effet.  Vétonnement  fuppofe  dans   l'évé- 
nement qui  le  produit ,  une  idée  de  force  ;  il  peut 
frapper  jufqu'à  fufpendre  l'aéf  ion  des  fens  extérieurs. 
Les  cœurs  bien  placés  font  toujours  étonnés  des  per- 
fidies ,    quelque  fréquentes  qu'elles    foient.    P|us 
on  est  expérimenté  ,  moins,  on  efc  fufciptible  d'«- 


ETO 

tjrincmcnt ,  parce  que  les  chofes  réelles  donnent  l'i- 
dée Jes  p'jUibles.  SvN.  Fa. 
Étonnement  ,   le   dit  au    Phyfiqiie,    pour  fécouf- 
fe ,  comiiiotion  intestine,   iremor  ^  concujjio.  Les 
chariots  ont  c.iulé  un  (i   grand  étonnement  à   ces 
mciilons  ,   qu'elles   en  dureront  moins.  Le   grand 
bruit  a   caulc  à  ce  malade  un  étonnement  de  cer- 
veau. 
ÉTONNER.  V.  a.  Caufer  à  l'ame  de  l'émotion  ,  foit 
par  lurprife  ,  fou  par  admiration  ,  loit  par  crainte. 
On  le  du  généralement  de  tout  ce  qui  produit  cette 
imprelîion  dans  lame  par  quelque  choie  d'imprévu, 
d'inopiné.  Terrcre  ,  admlrationem  Jacere.  Cet  acci- 
dent imprévu  ,  cette  nouvelle  a  étonné  tout  le  mon 
«le.   Les  événemens  extraordinaires  étonnent  tous 
ceux  qui  n'en  connollFent  pas  les  cauies.  Les  Ty- 
rans n'ont  point  étonné  les  Martyrs  ,  ils  n'ont  pu 
vaincre  leur  constance.  Ce  Héros  j  au  bruit  de  l'es 
exploits  étonna  1  Univers.  Mén. 
§C? S'ETONNER,  v.  récip.  Être  étonné.  On  s  étonne 
de  tous  les  accidens  extraordinaires  qui   arrivent 
dans  le  monde.  Quand  on  fait  la  caufe  de  quelque 
effet ,  on  ne  s'en  étonne  plus. 
s'Etonner  ,  fe  dit  aulli  des  mouvemensde  l'ame  or 
dinaires,  &  peuconfidérables,  &  lignifie  la  même 
chofe  que  trouver  étrange  ,  extraordinaire.  Je  fuis 
étonné  defon  procédé  à  mon  égard.  Je  m  étonne  de 
ce  qu'il  est  iî  long-temps  fans  me  venir  voir ,  fans 
in'ccrire.  Miror. 

Le  P.  Bouhours  a  remarqué  qu'avec  le  verbe  éton- 
ner on  ne  met  jamais  l'indicatit  dans  les  phrafes  où 
le  que  fuit  immédiattement  le  verbe.  Ainii  on  ne 
dit  pas ,  je  métonne  qu'il  est  venu,  qu'il  va  à  la 
campagne  par  un  lî  mauvais  temps.  Il  faut  dire,  je 
ni'(;'w/2/2e  qu'il  foit  venu ,  qu'il  aille  à  la  campagne. 
L'indicatif  ne  fe  peut  mettre  qu'en   mettant  de  ce 
que  après  le  verbe  étonner  ^  au  heu  de  que ,  comme  , 
je  m'étonne  de  ce  qu'il  est  venu ,  de  ce  qu'il  va  à  la 
campagne. 
«'Etonner,  fe  dit  auflî  ^au  figuré,  pour  dir*»,  ébmn 
1er  par  quelque  commotion  violente.  Les  uemble- 
mens   de    terre    étonnent,    quaffunt ,    concutiunt , 
les  édifices  les  plus  folides.  Les  premiers  coups  de 
canon  n'abbattent  pas  une  muraille  ;  mais  ils  l'é 
tonnent.  Une  chute  étonne  le  cerveau  de  telle  for- 
te, qu'il  fe  fait  fouvent  un  abcès  par  un  contre- 
coup. 
Étonner  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On 
dit  qu'un  homme  est  étonné  commà  s'il  tomboit  des 
nues  \  comme  (i  les  cornes  lui  venoient  à  la  tête  ; 
qu'il  est  étonné  comme  un  fondeur  de  cloches.  On 
dit  aulïi  d'un  homme  ferme  ,  ou  opiniâtre ,  qu'il  est 
bon  cheval  de  trompette  ,  qu'il  ne  jVfo,7«jr  pas  du 
bruit 
Étonné  ,  ée.  part.  &  adj.  Terrhus ,  admirans.  Tous 

ces  mots  viennent  du  Latin  attonare  ,  attonitus. 
Étonné.  Terme  de  Lapidaire,  qui  fe  dit  d'un  morceau 
de  cristal  mis  au  feu  par  un  lapidaire ,  lorfque  par 
l'atlion  du  feu  il  perd  fa  couleur ,  &  commence  à 
prendre  celle  qu'il  fe  propofoit  de  lui  donner. 
ÉTOU.  f.  m.  Les  Bouchers  nomment  ainfi  une  efpèce 
de  table  à  claire  voie  ,  fur  laquelle  ils  attachent  les 
,  moutons  j  pour  les  tuer  Se  pour  les  habiller. 
ÉTOUBLE.  f.  m.  Chaume.  Ce  qui  refte  de  blé  fur  la 
terre  après  que  l'on  a  fait  la  moi  (Ton.  Il  y  a  quelques 
endroits  où  Ton  dit  éteule.  Ce  mot  vient  de  ftipuLa, 
o\xft'ibula.  Quelques-uns  le  dérivent  àtub'cs  &  calamis 
frugum. 
ÉTOUFFADE  ,  f.  f.  Terme  de  cuifine.  Vétouffade  eft 
une  fauce  ou  préparation    pour  manger  de   cer- 
tain gibier  j  &  principalement  la  perdrix.   Pour 
manger  les  perdrix  à  Vétouffude  ,   on  les  larde  de 
gros  lard  j  puis  on  les  paflè  à  la  calferole  avec  lard 
fondu  ,  &:  on  leur  fait  prendre  couleur.  Cela  fait , 
on  y  met  du  bouillon  ,  fel ,  poivre  ,  &  paquet 
de  fines  herbes.  On  laifTe  cuire  le  rout  \  on  y  ajou- 
te champignons ,  truffes    &  culs  d'artichaux.Lorf- 
qu'on  e(t  prêt  à  fervir,  on  y  ajoute  un  coulis  de 
bœuf. 


(G^ 


XL    JL     v^  y  ^  V 

ÉTOUFFANT ,  ante.  adj.  Suffoquant  ;  qui  f"iit  qu'on 
écoufte  ,  qu'on  relpue  mal.  Temps  etoujfant ,  cha- 
leur etoujjante.  Et  quelquefois  qui  a  de  la  peine  à 
refpirer,  qui  étouffe.  uE^rè  ducens  fph uuni.  Je  l'ai 
trouvé  tout  ecoujjunt. 

ETOUFFEMENT.  f.  m.  Difficulté  de  refpi.er.  Pr^fo- 
cjtio  ,  fu^ocatio.  Cet  homme  aunallhiiie  qui  lui 
caule  un  etou^ement  ,\xne  refpiration  difficile.  Mer- 
credi la  Reine  s'eff  encore  trouvée  incommodée 
de  les  étoujjcniens.  M.  Pelisson  ^  Lettres  Hijtori- 
ques. 

ETOUFFER,  v.  a.  Oter  la  refpiration  ,  fuffoquer ,  & 
généralement,  fupprimer  la  communication  avec 
l'air  libre.  Pr£fo':are,  interdudere  fpiruum.  Eiou^jer 
le  feu  dans  un  fourneau.  Cette  nourrice  a  étouffé 
ion  enfant  en  dormant.  On  étouffait  autrefois  ceux 
qui  avoient  la  rage.  Il  y  avoir  une  Ci  grande  preffs 
en  cette  cérémonie  ,  qu'on  a  penfé  m! étouffer.  L'a- 
poplexie étouffe  ,  parcequ'elle  bouche  les  conduits 
de  la  refpiration.  La  fumée  etouiffc. 

On  nuit  à  force  de  careffe  , 
Et  l'on  étouffe  en  emirajjant. 

P.  DU  Ce  P.C. 

J'embrajfe  mon  rival  j  mais  cefi  pour  /'étouffer. 

Rac. 

0^  ETOUFFER,  v.  n.  Avoir  la  refpiration  empêchée. 
Cette  chambre  eft  chaude  comme  une  écuve  ,  on  y 
étouffe.  Donnez  promptcment  de  l'air  à  ce  malade, 
il  étouffe. 

^3"  On  dit  figurément  étouffer  de  rire  j  rifucne- 
cari  ,  difrumpi ,  pour  dire,  rire  avec  excès  ,  quand 
un  ris  violentempêche  de  refpirer.  Cette  exprcffîon 
n'eft  quedudifcours  familier. 

Ce  mot  vient  de7?'{/^'e  ,  qu'on  a  fait  as  Jlufa, 
qui  fignifie  étuve.  Men. 
Étouffer,  fe  dit  fouvent  dans  un  fens  figuré  pour 
détruire  ,  faire  celTer  ,  &  généralement  empêcher 
qu'une  chofe  n'ait  des  fuitesen  éclatant.  Ovpnmere  ^ 
extineuere.  Il  faut  cacher  &trVoa^erfonreffentimenr. 
La  pénitence  étouffe  les  mouvemensde  l'amour  pro- 
pre. Souvent  on  eft  obligé  d'étouffer  {es  foupirs  _, 
l'es  pl.iintes ,  fes  penfées.  Ce  Prince  a  étouffa  l'hy- 
dre de  la  rébellion  ,  comme  Hercule  étouffu  des  fer- 
pens  dans  le  berceau.  Etouffer  les  femences  d'une 
guerrecivile.  AELANc.La  mifére  e'r.ja^l'cfprit,  Oé- 
tundit,  habetJt  ^ajfligit  humo  divins, particulam  au- 
r&.S.  EvR.  L'aéfion  &  la  vivacité  de  l'efprit  s  étouf- 
fent par  trop  d'étude.  Mont.  Puilfent  être  ou- 
bliés pour  jamais  ^  étouffes  fous  les  ténèbres  d'une 
nuit  éternelle  tant  de   funeftes  exemples.  Pelis- 

S  ON. 

Etouffe  promptcment  une  naiffante  flamme. 

CORM. 


Nous  étouffons  les  remords  de  notre  confcience  en 
nous  perfuadant  témérairement  que  nous  n'avons 
point  tott.Nic.  La  contrainte  des  préceptes  étouffe  de 
éteint  le  feu  de  l'imagination.  La  modération  que  le 
monde  affeéte  n'étouffe  pas  les  mouvemensde  la  va- 
nité .-elle  ne  fert  qu'à  les  cacher.  Bùss.On  étouffe  lis 
agrémens  naturels ,  quand  on  veut  en  avoir  d'em- 
pruntés. Bell.  Il  vaut  mieux  étouffer  un  bon  mot  qui 
eft  prêt  à  nous  échaper ,  que  de  chagriner  qui  que  ce 
foit.  Id.  Etouffer  une  affaire  j,  étouffer  une  querelle  , 
pour  dire,    Empêcher   qu'elles  n'éclatent,  Acad. 
Fr. 
Étouffer  ,  fe  dit  encore ,  en  termes  de  Jardinage  ,  en 
parlant  des  arbres  dont  les  branches  dérobent  l'air 
aux  autres  j  leur  ôtent  la  liberté  de  l'air.  P réméré , 
inumhrare  y   ohumbrdre  j    offfufcare.    Cet    arbre  eft 
étouffé  A:\r\s  le  milieu  ;  c'eft- à-dire  ,   qu'il  y  a  dans 
le  milieu  une  telle  confufion   de  branches,  qu'il 
eft  impolfible  qu'elles  puiifenr  avoir  de  l'air.  Ces 
plants  font  étouffes ,   il  leur  faut  donner  de  l'air 
L  t  G  E  R.  Les  pluies  ont  fait  croître  tant  de  iné- 


^io  ETO 

chantes  herbes  dans    les   champs  ,  qu'elles  étouf- 
fenc   tous  les   blés.  Cette   ente  eft  toute  écoutée  ' 
fous  ce  grand  arbre  j  comment  veut-on  qu'elle) 
poufTe  ?  8 

Étouffé  ,  ée,  part.  &  adj.  Opprejfus  j  pr<tfocacus.  On 
leditau  fimple  &  au  figuré. 

Des  dejjclns  étouffés  auffi-tôc  que  naijjans.  Rac. 

En  termes  de  l'Ecriture  ^  on  appelle  Viandes 
étouffées ,  la  chair  des  animaux  qu'on  avoir  tués 
fans  verfer  leur  fang. 

On  dit ,  un  air  ecouffé ,  pour  dire.  Etouffant. 

§CF  Un  arbre  étouffé  ,  en  termes  de  Jardinage  , 
eft  celui  qui  eft  entouré  d'autres  arbres  plus  élevés  , 
épais  &  touffus  ,  qui  lui  dérobent  l'air  j  &  l'em- 
pêchentde  profiter. 
ÉTOUFFOIR.  f.  m.  Inftrument  de  métal ,  haut  d'en- 
viron trois  pieds,  creux,  rond  ,  ouvert  par  le  bas j 
&couveuparlo  haut,  que  les  Boulangers  mettent 
fur  la  braiie  pour  l'éteindre  &  pour  l'étoufter.  Il  y 
a  une  aune  forte  d'étouffoir  dont  ont  fe  lert  fort  en 
Hollande.  Il  eft  aufti  de  métal  ou  de  terre  cuite  j 
mais  ouvert  par  le  haut.  Il  fert  à  éteindre  ou  à 
étouffer  des  tourbes  :  ce  qui  fe  lait  en  le  couvrant 
après  qu'on  y  a  mis  les  tourbes  qu'on  y  vouloir 
mettre. 
ÉTOUPADE.  f  f.  Stupa.  C'eft  une  certaine  quantité 
d'étoupe  préparée  ,  mife  enfemble,  &  deftinée  à  un 
certam  ufage  ,  comme  à  couvrir  une  plaie.  Pour 
panfer  le  malade  on  a  trois  petites  compreifes,  deux 
plumaceaux ,  une  étoupade  couverte  d'aftringens ,  &c. 

DiONIS. 

ÉTOQPAGE.  f.  m.LesChapeliers  appellent  étoupage, 
ce  qui  refte  de  l'étoffe  dont  ils  ont  fait  les  qua- 
tre capades  d'un  chapeau  j  &  qu'ils  conferventaprès 
l'avoir  feutré  avec  la  main  ,  pour  renfoncer  les 
endroits  foibles  de  ces  capades. 
ÉTOUPE.  f  f.  La  bourre ,  la  partie  le  plus  groffière  de 
Ja  filallè ,  du  chanvre  ,  ou  du  lin.  Stupa.  On  fait 
des  bouchons  de  bouteille  avec  de  Vétoupe.  On 
mêle  de  Vétoupe  avec  du  goudron  pour  calfater 
les  vaiffeaux.  On  la  fait  auffi  de  vieux  cables 
battus, 
Etoupe.  On  appelle  auffi  étoupe  ,  les  toiles  qui  font 

faites  avec  des  étoupes  de  chanvre,  ou  de  lin. 
Étoupe  à  étamer.  Les  Chaudronniers  nomment  ainfi 
une  efpèce  de  goupillon  ,  au  bout  duquel  il  y  a 
de  la  filaffe ,  dont  ils  fe  fervent  pour  étendre  l'é- 
tamure. 

Ce  mot  vient  du  'LMnJfupa.  Mén.  Ifidore  le  fait 
encore  venir  j  quod  ex  eâ  rim£  navium  ftipentur.  Il 
vient  plutôt  à^ftoup ,  mot  Celtique, ou  Bas-Bréton, 
qui  fignifie  la  même  chofe. 

On  dit  proverbialement  &  figurément ,  Mettre  le 
feu  aux  étoupes  j   pour  dire  ,  excirer  quelqu'un  à  la 
fédition  ,  à  quereller,  à  plaider,  à  faire  l'amour,  ou 
à  fatisfaire  quelque  paffion  emportée. 
ÉTOUPER.  v.  a.  Boucher  ,  fermer  avec  de  l'étoupe. 
Stupa  obturare,  Jiupare.  Etouper  une  bouteille  ,  un 
tonneau  qui  s'enfuit,  un  vaiffeau  qui  fait  eau,  Etou 
per  les  oreilles. 
ÉîouPER,  s'eft  dit  autrefois  pour  boucher,   barrer 
une  rivière.  Claudere.  Et  fut  advifé  que  le  Roi  fé- 
journeroit-là  un  jour ,  randis  qu'on   eftouperoit  le 
fleuve ,  afin  qu'on  ne  puft  paffer.  Et   fut   la  chofe 
faite  aftez  aifément  j  car  on  eftoupa  ledit  fleuve  ras 
à  ras  de  la  grant  rivière,  en  telle  façon  que  l'eau 
d'un  courte  &  d'autre  ne  fe  hauffa  point,  &  qu'on 
pouvoit  paffer  à  Ton  aife.  Joinville. 
Étouper.  "Terme  de  Chapelier.  C'eft  fortifier  les  en- 
droits foibles  d'un  chapeau,  avec  la  même  étoffe 
dont  on  fait  les  capades. 

On  dit  figurément ,  d'un  homme  qui  ne  veut  en- 
tendre ni  plaintes,  ni  remontrances,  qu'il  s'eft  eroupe 
les  oreilles ,  qu'il  les  a  fermées  à  la  pitié. 

Ce  mot  vient  Atftupare,  qui  fignifie /lOttcAer avec 
de  l'étoupe,  &  qui  a  été  (aitàtjlupa.  Les  Allemands 
difent7?o^^/z. 


ETO 

ÉtovpÉ  ,  il.  part.  &  adj.  Obturatus. 

ETOUPERIE.  f.  f.  Le  tarif  de  la  Douane  de  Lyon 
nomme  étoupenes  étrangères ,  les  toiles  d'étoupes 
qui  fe  fabriquent  hors  du  Royaume. 

ÉTOUPIÈRES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Cordier.  Femmes 
qui  charpiffent  les  vieux  cordages  ,  pour  en  faire  de 
l'étoupe  pour  calfater  les  vaiffeaux. 

ÉTOUPIl.LE.  f.  i.  Terme  d'Artificier.  C'eft  une  forte 
de  mèche,  non  d'étoupes,  comme  le  mot  femble 
l'indiquer ,  mais  de  coton  filé  ,  trempé  d'eau  fim- 
ple ,  ou  d'eau-de-vie  ,  ou  d'huile  d'afpic  j  &  roulé 
dans  de  la  poudre ,  pour  que  le  feu  fe  commu- 
nique d'un  bout  à  l'autre ,  avec  plus  ou  moins  de 
vîteffe. 

ETOUPILLER.  v.  a.  C'eft  garnir  les  artifices  desétou- 
pilles  nécellaires  pour  la  communication  du  feu  j 
&  l'attacher  avec  des  épingles  j  ou  de  la  pâte  d'a- 
morce. 

ÉTOUPIN.  f.  m.  Terme  de  Marine.  C'eft  un  pelotor» 
de  fil  decarret  fur  le  calibre  des  canons  ,  pour  bour- 
rer la  poudre  quand  on  les  charge.  Obtumamen- 
tum  y  epïfiomium,  Pomey  dit  ejioupillon  ,  d'autres 
eftoupiile. 

^  ÉTOURDERIE.  f.  f.  Ce  mot  défigne  également 
caradtcre  de  l'étourdi ,  c"eft-à-dire ,  de  celui  qui  agic 
fans  confidérer  ce  qu'il  fait  j  &c  fon  aâion.  inconji- 
deratio  ,  inconjiderantia  j  inconfiderate  j  inconfultè 
facium.  Il  y  a  des  gens  qu'on  ne  fauroit  corriger  de 
leur  étourderie.  Il  a  fait  une  étourderie.  Voilà  une  de 
vos  étourderies  ordinaires. 

ÉTOURDI ,  JE.  adj.  C'eft  proprement  celui  qui  agit  , 
qui  eft  dans  l'habitude  d'agir  fans  confidérer  les 
fuites  de  Ion  action.  Inconfultus  ,  inconjideravis. 
Jeune  homme  étourdi.  Femme  fort  étourdie.  Et  fubt 
tantivement,  jeune  étourdi.  Franc  étourdi.  Il  y  a  plus 
de  prudence  qu'on  ne  croit  à  être  un  peu  étourdi  j 
carquandon  approfondit  tantleschofeSj  on  n'a  pref- 
que  point  de  repos.  M.  Scub.  Il  ne  faur  pas  prendre 
garde  à  ce  qu'il  dit  :  c'eft  un  eVoar^i,  qui  fait  toutes 
les  chofes  en  ''taurdi.  Vous  êtes  une  étourdie  ,  je  ne 
me  fie  pas  à  vous.  Il  y  a  une  Comédie  de  Molière  j 
qui  s'appelle  l'frcjar^/.  Un  jeune  ewarc^i  eft  fouvenc 
le  plus  heureux  en  amour. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  Wx.zXxtnJloriito  ^  &  cite 
Fauchet ,  qui  croit  plus  vraifemblablement  qu'il 
vient  à'eflour  ;  ayant  appelé  efiourdis  _,  ceux  qui 
dans  \qs  ftours  étoient  afrbiblis  &  comme  endormis 
à  force  de  coups. 

Étourdi  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On 
dit  qu'un  homme  eft  étourdi  comme  un  haneton  , 
comme  le  premier  coup  de  Matines.  On  dit  auffi 
qu'un  homme  n'a  été  ni  fou  j  ni  étourdi  _,  lorfqu'il 
a  fu  profiter  d'un  défordre  ,  d'un  embarras  où  il  s'eft 
trouvé  J  qu'il  s'en  eft  fauve  ,  ou  en  a  tiré  quelque 
avantage. 

On  dit  auffi  adverbialemenr ,  faire  une  chofe  à 
l'étourdie  ^  pour  dire  j  brufquement  &  fans  ré- 
flexion. Ménage  prétend  qu'on  dit  plus  communé- 
ment à  i'étourdi.  Ablancourt  préfère  à  l'étourdie.  Je 
dirois  auflià  l'étourdie -^  notre  langue  aime  ces  façons 
de  parler  adverbiales  au  féminin.  Corn,  Les  Bar- 
bares coururent  fur  lui  à  l'étourdie.  Vaug, 

ÉTOURDIMENT.  adv.  A  l'étourdie.  Inconfiderate, 
inconfultè.  Il  a  entrepris  cette  affaire  forr  étourdi- 
ment-.,  fans  prendre  confeil ,  fans  l'examiner.  Il  eft 
furprenant  que  les  hommes  portent  l'extravagance 
jufqu'à  hafarder  étourdiment\ix.Qm\ik,  fans  fonger 
en  quel  abymeelle  les  va  précipiter.  Vill.  On  craint 
renfer,&:  cependant  on  y  court  étourdiment.  Morals 
deP.  Ladifcrétion  eft  l'amede  la  politeffe:  ellenous 
empêche  de  parler  étourdiment.  Bell. 

Clothon  ne  peut  vous  faire  d'autre  grâce 

Que  de  fier  vos  jours  très-lentement  : 

Mais  Clothon  va  toujours  étourdiment,  La  Font. 

ÉTOURDIR.  V.  a.  Qui  fignifie  au  phifiquecauferdans 
le  cerveau  un  ébranlement  affez  confidérable  pour 
faire  perdre  la  réflexion ,  &  fufpendre  pour  un  mo- 


ETO 

ment  les  fondions  des  fens.  Stupefacere.  Il  a  reçu  un 
coup  à  la  tête  qui  l'a  étourdi.  On  donna  un  coup  de 
malfueriu  la  tcte  d'an  bœuf  pour  \'ctJu:dir.L<i\\n  pris 
avec  excès  ccourdic.  Le  grantl  bruit  du  canon  étourdit, 
^fj"  Ou  le  dit  par  métaphore  ,  d'une  imptelîion 
fubite  j  qui  ôte  à  l'ame,  pour  un  moment ,  l'ufage 
de  fes  hicultés.  Cette  nouvelle  ,  ce  coup  imprévu 
les  a  tort  étourdis.  Une  bataille  perdue  djurd'u  bien 
un  parti  j  la  déconcerte  ,  rompt  les  melures. 

§Cr  Étourdir,  j  étourdir  les  oreilles,  lignifie  fatiguer 
par  fes  difcours  ,  importuner  à  force  de  répéter 
quelque  chofe  ,  ou  de  parler.  ' Obtunderc  aures. 
Cicéron  étourdijjoit  tout  le  monde  de  la  gloire  de 
fon  Confulat.  Nie.  Les  vieillards  étourdijfent  les 
oreilles  de  leurs  remontrances.  Vous  êtes  de  plai- 
fantes  gens  avec  vos  règles  dont  vous  nous  étourdi_(J'd~ 
tous  les  jours.  Mol. 

gCJ"  On  dit  figurément  ,  étourdir  la  douleur , 
l'endormir  ,  la  rendre  moins  fenfible. 

(fZT  On  le  dit  de  même  de  l'aftliclion  ,  pour  dilli 
per  la  douleur,  fe  diftraire.  Il  va  à  la  promenade  pour 
étourdir  fa  douleur.  Et  dans  le  mime  fens  ,  qu'im 
homme  cherche  à  sétourdir. 

.^CTÉTOtjRDiR  la  grolTe  faim  :  autre  exprellion  figurée, 
commencera  l'appaifer. 

(fT  On  le  dk  aulli  figurément ,  des  viandes  qui 
ne  font  qu'à  àcmi-cunas.  le\ /ter  aJJLire ,  coqucre. 
Cette  édanche  n'eft  ^n  étourdie.  Il  faut  étourdir  cette 
viande  ,  de  peur  qu'elle  ne  fe  gâte. 

s'hTOURDiR  ,  (ignifie  ,  S'ôterle  fentiment  d'une  chofe, 
fe  difttaire  de  quelque  chofe  ,  s'empêcher  d'y  pen- 
fer.  Les  efprits  déréglés ,  &  qu'on  appelle  elprirs 
forts  ,  cherchent  à  's'étourdir  fur  l'avenir.  S.  Êvr. 
Regardez  ce  faux  brave  (Sénéque)  vous  verrez  qu'en 
faifantde  beaux  raifonnemens  fur  l'immortalité  de 
l'ame  ,  il  cherche  à  sétourdir  fur  la  crainte  de  la 
inort.  PoRT-R.  Les  libertins  qui  ont  le  cœur  plus 
déréglé  que  l'efprit,  pour  jouir  plus  tranquillement 
des  plaints  de  la  vie  ,  ràchent  à  s  étourdir  Çu^  l'éter- 
nité. BouH.  Les  faulles  prudes  ,  par  leurs  maximes 
ds  fagelfe  ,  tâchent  de  s'étourdir  iiir  la  privation  des 
plaifirs  qu'elles  regrettent.  Bell.  Pourvu  qu'on  fe 
trompe  toujours  j  &c  qu'on  s'jtourdijje  bien  fur  tout 
ce  qui  fait  de  la  peine ,  c'eft  tout  ce  qu'on  peut 
fouhaiter.  S.  Evr.  L'arrogance  humaine  tâche  de 
sVfoara'ir  elle-même  par  de  grands  noms,  pour  ne 
pas  appercevoir  fon  néant.  Boss.  Il  n'appartient 
qu'à  un  homme  d'cfprit  de  s'étourdir  un  peu  fur  les 
malheurs.  Ch.  de  ^L  Cette  femme  ell  toujours  en 
mouvement  ;  c'eft  un  artifice  pour  s'étourdir  fur  la 
perte  de  fon  amant.  La  Bruy. 

fj^  s'Etourdir,  lignifie  encore  fe  préocuper  ,  s'en- 
têter de  quelque  chofe.  Il  s'étourdit  de  toutes  ces 
chimères.  Il  s'étourdit  de  vaincs  raifons. 

Etourdi  ,  ie.  part.  Stupefacius  II  alesfignifications  de 
fon  verbe  au  propre  &  au  figuré.  Il  tomba  tout 
étourdi  du  coup  qu'il  reçut.  Elle  parut  toute  étourdie 
de  ce  que  vous  lui  dites. 

Après  qu'une  grande  douleur  s'eft  palTce  ,  &  qu'il 
n'en  refte  qu'un  léger  relTentiment ,  on  dit  cjue  la 
partie  eft  encore  toute  étourdie. 

(fZ?  On  dit  pfoverbialement  &  figurément  d'un 
homme  qui  n'eft:  pas  encore  bien  remis  d  une  mé- 
chante atfaire  ,  bien  rétabli  d'une  maladie,  qu'il 
el^  encore  tout  étourdi  du  bateau. 

ÉTOURDISSANT  ,  ante.  adj.  Qui  fait  bien  du 
bruit  j  qui  étourdit.  Oôtundens  aures.  Bruit  étour- 
difjljnt. 

IJCr"  ÉTOURDISSEMENT.  f.  m.  Ebranlement  caufé 
dans  les  nerfs  &  dans  le  cerveau  ,  qui  furprend 
pour  un  moment  les  fondions  des  fen^.  Stupefaclin, 
Jlupor.  L'étourdilfement  efl  le  premier  degré  du 
vertige.  Voye-:^  ce  mot.  Ceux  qui  ont  des  étourdif- 
femeris  croient  voir  tourner  les  objets  qiii  les  en- 
vironnent. Il  lui  a  pris  un  étourdiiTement  -,  il  eft 
tombé.  Les  étourdijfemcns  fréquens  font  les  avant- 
coureurs  de  l'apoplexie. 

Etourdissement  ,  fe  di:  n^iiTi  au  figuré.  Dieu  a  ré- 
pandu fur  cet  Impoiteur  l'eiptit  à'étourdijjc  mène 


ETO  5)tî 

de  vertige.  Patru.   Il  n'eft  pas  encore  revenu  de 
^   Vet'jnra/Jfdmcnt  que  lui  a  cauié  cette  nouvelle. 
Etourdissement  ,  eft  aulîi   une  maladie  qui  arrive 
aux  brebis  6c  à  d'autres  animaux  j  fur-tout  pendant 
les  grandes  chaleurs, 
gcr  ETOURNEAU.  f.  m.  Sorte  d'oifeau  noirâtre, 
marqué  de  petites  taches  gnles.  Sturnus. 

L'etoumeùu  a  beaucoup  de  rapport  avec  le  merle. 
Il  eft  à- peu- près  de  même  grolleur-  ilfe  nourrit  des 
mêmes  alimens  ;  il  eft:  fort  docile  ;  le  plumage  de 
l'un  &  de  l'autre  de  ces  oifeaux  eft  noir  ^  enforte 
qu'on  auroit  peine  d  difcerner  un  jeune  ctoumeau 
d'un  jeune  merle:  mais  Xetourneau  qui  a  plus  d'un 
an  ,  a  iow  plumage  marqueté  de  pluli^urs  petits 
points  gris  blancs  J  qui  les  diftinguent.  Les  (f^ui^r- 
ncjux  ne  paroiilent  preique  jamais  qu'en  troupes 
nombreufes  ,  &  ne  vont  que  par  bandes.  Ils  s'af- 
lemblentainfi  pour  leur  propre  coniervation  contre 
les  oifeaux  de  proie.  L'étendue  qu'ils  occupent  en 
volant  les  fait  quelquefois  paroître  comme  une 
nuée.  C'eft  apparemment  pour  cela  qu'Homère 
compare  une  troupe  de  Troyens  envelopés  & 
battus  par  un  périt  nombre  des  Grecs  ,  à  une  nuée 
à'étourneau.x  ,  qui  évitent  pat  la  fuite  la  rencontre 
de  1  épervier. 

L'étourneau  vit  cinq  à  fix  ans.  Le  mâle  à  l'œil 
noir  ;  la  femelle  a  une  petite  maille  dans  le  blanc 
de  l'œd.  Le  mâle  a  la  langue  pointue,  la  femelle  l'a 
fourchue. 

{fT  Les  étourr.eaux  aiment  beaucoup  le  raifin. 
Ils  fe  nournlfent aulîi  de  baies  defureau  ,  de  millet, 
d'avoine ,  &  autres  fémences ,  de  fcarabées ,  de  pe- 
tits vers ,  &c.  Ils  apprennent  alFez  bien  à  parler. 

Pline  ,  L.  X.  c.  41.  dit  que  les  deux  jeunes  Prin- 
ces Drufus  (S:  Britannicus  ,  fils  de  Claude  ,  fous  le- 
quel il  écrivoit ,  avoient  un  étourneau  qui  parloic 
fort  bien  Grec  t^'  Latin  \  qu'il  étudioit  feul  les  leçons 
qu'on  lui  donnoit  \  que  tous  les  jours  on  lui  enten- 
doit  dire  quelque  chofe  de  nouveau  \  &  qu'il  répé- 
toit  quelquefois  des  difcours  entiers  &  fuivis.  Gef- 
ner ,  De  Avibus  L.  IV.  p.  715.  dit  avoir  vu  un 
étourneau  nourri  avec  des  roilignols ,  lequel  s'étanc 
déinis  un  pied,  prit  des  œufs  de  fourmis  dont  on 
nourrilfoit  les  roftîgnols  ,  les  écacha  avec  fon  bec, 
les  échaufa  fous  fes  ailes ,  &  en  fuite  s'en  frotta  le 
pied  malade  ,  qui  peu  de  jours  après  fe  trouva 
guéri. 

La  chair  des  eiourneaux  étoit  plus  efl:imce  des 
Anciens  qu'elle  ne  l'eftaujourd  hui:  ils  en  fervoienc 
fouvent  fur  leurs  meilleures  tables.  Galitn,  De 
fanit.  tuend.  L.Vl.  c.  \6.  les  met  au  nombre  des  ali- 
mens d'un  bon  fuc,  &  qui  nourrilfent  beaucoup.  Il 
en  confeille  l'ufage  à  ceux  qui  font  incommodés  de 
la  gravelle  J  ou  de  la  pierre.  Cela  ne  fe  peut  néan- 
moins entendre  que  des  jeunes  étourneaux,  tk  en 
automne,  lorfqu'ils  font  plus  grasj  plus  tendres, 
&  d'un  meilleur  goût ,  parce  qu'ils  mangent  beau- 
coup de  raifin  j  car  lorfqu'ils  font  vieux  ,  ou  qu'ils 
font  maigres  ,  leur  chair  eft  dure  ,  d'un  goîit  défa- 
gréable  ,  difficile  à  digérer.  De  la  Mar.  Ti-  de 
Pol.L.  F.  Tit.  XXIII.c.  i.  §.  25. 

V étourneau  commnn  eft  ^  comme  on  l'a  dit,  de 
la  gr.indenr  d'un  merle  ,  avec  cette  différence  qu'il 
eft  divetlifié  de  taches  blanches  &  rougcâtres  :  l'on 
en  voit  quelquefois  de  jaunes.  Son  pennage  ne  pa- 
ro!t  pas  entièrement  noir:  il  a  des  parties verdârres, 
principalement  aux  ailes  &  proche  des  yeux  ,  &: 
pareillement  au  bas  du  corps  fur  le  derrière.  Les 
plumes  de  fes  ailes  font  à  leurs  extrémités  ,  ainfi 
que  celles  de  la  queue  j  qui  eft  courte  &  noire.  Son 
bec  eft  alfez  robufte  ,  ci  approche  de  celui  des 
pies:  il  eft  jaunâtre,  &  brun  à  l'exrrcmité.  Ses 
pieds  font  quafi  jaunes ,  &  fes  ongles  noirs.  Il  eft 
alFjz  agréable  à  la  vue  ,  tant  d  caufede  la  diverfité 
de  fes  couleurs ,  que  •  pour  la  quanriré  des  taches 
defquelles  fon  corps  eft  tout  parfemé.  C'eft  peut- 
être  pour  cette  rai  fon  que  les  Poctes  donnent  à  \'c- 
tnurneau  l'épithète  de/'tv"-' ,  avis piaurati ,  comme 
fi  quelque  Peintre  avoii  mis  toute  fon  induftrie  à 


cfi%  E  T  O 

l'orner  &  l'embellii"  de  la  diverfité  de  fes  coulairs 
La  femelle  n'a  pas  cant  de  caches  :  le  j^nnc  ecjurncau 
n'en  a  aucune  :  il  ell  touc  brun  ,  excepté  le  cou  j 
la  ccte  &  le  ventre,  qu'il  a  cendrés. 

Il  y  a  encore  trois  autres  efpèces  différentes  d'/- 
iourneaux.  Lepreniierj  qui  ne  le  voie  que  rarement , 
eà  tout  blanc  ,  excepté  le  bec  ,  qui  ell  d'un  jaune 
rougeâtre  ,  &i  les  pieds  qui  font  d'une  couleur  de 
chair  pâle. 

Le  fécond  a  la  tète  ,  le  cou  &  le  bec  blancs  ,  hor- 
mis qu'il  a  au-delfus  des  yeux  ,  &  proche  du  bec 
deux  taches  contigues ,  qui  font  noires-  Son  ventre 
eft  blanc  j  ainfi  que  les  commencemensde  ks  ailes, 
avec  des  taches  divcriitices  de  bleu.  Les  grandes  pen- 
nes des  ailes  iSc  de  la  queue  font  femblables  à  celles 
de  l'ecoumeau  commun  ,  à  cela  près  que  les  deux 
dernières  font  blanches.  Ses  pieds  font  jaunes,  ik 
fes  ongles  noirs. 

La  troilième  &  dernière  efpècs  ell  entièrement 
d'un  cendré  tirant  fur  le  roux ,  ou  ,  pour  mieux 
dire  j  jaunâtre.  Il  a  quelques  points  à  la  poitrine. 
Ses  pieds  &  fon  bec  font  noirs.  Les  Oifeliers  d'Ita- 
lie le  difcnt  de  l'efpèce  des  éiourneaax.  Aldrovand 
elt  d'un  autre  fentiment  j  mais  ne  fâchant  rien  de 
particulier  de  Thumeur  &  des  façons  de  faire  de  cet 
étourncau  ,  il  a  fuivi  la  coutume  des  autres.  Il  dit  que 
cet  étourneau  eft  de  couleur  changeante  ,  comme  le 
cou  d'un  ramier ,  &  madré  de  marques  tannées  par 
roue  lecorps,  mêlées  de  gris  &:  de  cendré  ,  lefquel- 
les  font  feulement  fur  le  bout  des  plumes  ,  qui  font 
plus  longues  &  plus  étroites  que  celles  des  autres 
oifeaux.  Les  jeunes  ont  le  bec  de  couleur  de  corne  , 
un  peu  courbe  en  faux  comme  celui  du  guêpier.  Ce 
.  bec  devient  rouge  en  vieillilTant ,  de  même  qu'au 
merle.  Les  pennes  de  fes  ailes  font  brunes,  &  bor- 
dées de  tanné. 

Aldrovand  parle  encore  de  deux  autres  elpèces. 
Le  premier  eft  tout  blanc  ,  à  l'exception  du  bec  ,  qui 
eft  jaune  ,  rougeâtre;  &  des  pieds,  qui  font  d'une 
coulcurde  chair  pâle. 

Le  fécond  a  la  tête  ,  le  cou  &  le  bec  blancs  ;  il  a 
néanmoins  au-deifus  des  yeux  deux  caches  conti- 
gues qui  font  noires.  Sq-^  ventre  eft  blanc  ainfi  que 
le  commencement  des  côtés,  qui  font  couverts  de 
radies  bleuâtres.  Les  grandes  plumes  de  la  queue 
font  comme  celles  de  {ctourneau  commun  ,  à  la  ré- 
ferve  des  deux  dernières  qui  ionc  blanches.Ses pieds 
font  jauues  &  fes  ongles  noirs. 

On  dit  proverbialement ,  que  les  écourneaux  font 
maicrres  ,  parce  qu'ils  vont  en  troupe.  On  dit  aulli 
ironiquement  a  un  jeune  homme  de  peu  de  mente 
qui  fe  veut  mêler  dans  une  converlation  ,  Vous  êtes 
un  bel  étcurncau  pour  jafer. 

Ecjcmme  d'un  mari ,  qui  peut  pajf^r  pour  beau  , 
Fauc-ilquunmar/7ioujc:c,ijuunmaudi:étoiiïneau,^c. 

Mol. 

Le  nom  A'écourneau  vient  du  LMnJIurnus  ,  qui 
fignifie  la  même  chofe.  En  quelques  endroits  on 
appelle  un  étourneau  ,  \xn  fanfonnet. 

Étourmeau  Marin.  Les  Oifeleurs  d'Italie  appellent 
étourneau  marin  Sturnus  mjrinus  ,  une  efpèce  de 
merle  ,  que  d'autres  appellent  merle  couleur  de 
rofe.  Mcrula  rofea.  J^oye\  Merle. 

(CT  Etourmeau.  Cheval  étourneau.  On  appelle  ainfi , 
en  termes  de  Manège  ,  un  cheval  dont  la  couleur  du 
poil  relfemble  à  celle  du  plumage  de  ïetourneau\  un 
cheval  d'un  poil  gris-jaunâtre. 

Etourneau.  Terme  de  Mécanique.  Pièce  de  bois  qui 
fait  le  delFus  d'un  engin ,  dans  laquelle  font  deux 
poulies  pour  lever  un  fardeau.  On  l'appelle  autre- 
yaçwifautonneau. 

ETOUTEAU.  f.  m.  C'elt  le  nom  ,  en  termes  d'Horlo- 
gerie, d'une  cheville  qui  eft  attachée  perpendiculai- 
rement,ou  à  angles  droits.,  fur  le  plat  d'une  certaine 
roue  qui  s'appelle  ,  à  caufe  de  cela  ,  roue  d'étouteau. 
La  roue  d'étouteau  fert  à  régler  la  fonnerie  tant  des 
heures  que  des  quarts.  Communément  cecce  route 


£  T  R 

fait  un  tour  p-our  le  quart,  deux  pour  la  demie 
trois  pour  les  trois  cjuaus ,  6c  quatre  pour  l'heure  ' 
mais  ces  nombres  dépendent  de  l'ouvrier.  Si  l'étou- 
tcau  manquoit  de  faire  fon  devoir  ,  l'horloge  fon- 
neroit  toujours  fans  difcontinuacion  jufqu'à'^ce  que 
le  poids ,  ou  pefon ,  qui  donne  le  mouvement  à 
l'horloge,  fût  delcendu  jufqu'à  fon  repos. 
ETOUTEVILLE.Village  ds  France  en  Normandie.Ce 
lieu  eft  dans  le  pays_ de  Caux  au  Doyenné  de  Can- 
villej  èc  a  donné  Ion  nom  A  une  illuftre  famille  , 
fondue  dans  la  maifon  ds  Bourbon.  C'eft  en  Latin 
EjloidiviUa.  Etouteviiic  fut  érigé  en  1554.  en 
Bûché  non  Pairie  ,  donc  la  haute-Juftice  fut  établie 
au  Bourg.de  Valmonc.  Defcript.  Géogr.Ci'  Hijî.  delà 
Haute- JSorm.  Tom.l.p.  16 j  &  16^, 

E  T  R.  I 

ETIvAIN.  f.  m.  En  Picardie  ,  &  dans  les  pays  conquis, 
on  appelle  etram  ,  la  côce  de  la  mer  qui  eft  plate  Hc 
fablonneufe.  Ora  maris pLena  6"  arenoj'a, 

ÉTRANGE,  adj.  m.  &  f.  Qui  eft  éloigné  ,  lointain. 
Ce  voyageur  a  couru  dans  plufieurs  pays  &  nations 
étranges.  Ménage  remarque  liu'on  peut  dire  peuples 
étranges,  &  non  \)3.s  étranges  peuples,  à  caufe  de 
l'équivoque.  Mais  il  vaut  encore  mieux  dire  pays 
étrangers  que  pays  étranges  ;  &  ce  dernier  com- 
mence à  vieillir ,  &  n'eft  plus  bon  qu'en  vers.  "Voi- 
ture a  dit  à  M.  le  Prince  en  164  5  , 

Que  votre  les  fe  portera  , 

Dam  les  terres  les  plus  étranges. 

L'Académie  Françoife  remarque  dans  fon  Dic- 
tionnaire ,  qu'on  ne  dit  étrange  pour  étranger  que 
dans  les  phrales  fuivantes  j  Terres  étranges  ,  na- 
tions étranges  ,  il  eft  venu  d'étrange  pays  \  tout  cela 
eft  vieux  îk  hors  d  ufage. 

Ce  mot  vient  de  extraneus.  ' 

Etrange  ,  fignifie  auftî ,  Qui  n'eft  pas  connu  ,  ou 
fort  familier.  Les  chiens  aboient ,  quand  ils  voient 
venir  quelqu'un  d'étrange  dans  la  maifon.  Je  vous 
donnerai  à  manger  familièrement  J  il  n'y  aura  per- 
fonne  d'étrange  ;  perfonne  que  vous  ne  connoifliez. 
Expreffion  populaire. 

|J3"  Etrange  ,  le  dit  dans  un  fens  figuré  de  tout  ce 
qui  n'eft  pas  dans  l'ordre  &.  dans  l'ufage  commun  j 
de  tout  ce  qui  nous  paroît  conttaire  aux  idées,  vraies 
ou  faulFes ,  que  nous  nous  fommes  £iites  des  cho- 
fes  j  de  tout  ce  qui  réunit  des  circonftances  aux- 
quelles on  ne  s'attend  pas  ,  &  qui  ont  une  appa- 
rence de  contradidion.  Si  elles  n'étoient  que  rares  , 
elles  tormeroient  \ejingulier,\ejurprenant.  Extraor- 
dinarius  ,  injrequens  ,  injolens.  Il  eft  arrivé  un  étran- 
ge accident  à  ce  pauvre  homme.  Les  relations  des 
Voyageurs  nous  apprennent  des  coutumes  étranges 
&  extravagantes.  Ce  Poète  a  des  vilions  ,  despen- 
fécs  étranges.  L'honneur  eft  une  étrange  affaire.  La 
Font.  Le  pécheur  a  un  étrange  aveuglement.  Ces 
hommes  qui  ne  favenc  que  tuer  des  gens  ,  font 
d'étranges  gens.  M.  Scud.  L'amour  fait  faire  d'é- 
tranges chofss.  B.  Rab.  Nos  mœurs  plus  civilifées 
nous  font  trouver  fort  étranges  les  injures  féroces  Sc 
barbares  d'Achille  &d'Agamemnon  dans  Homère. 
S.  EvR.  Je  trouve  étrange  que  tous  les  grands  hom- 
mes étant  fatisfaits  de  vous ,  il  n'y  ait  que  vous  feul 
qui  ne  le  foyez  pas.  Voit.  Les  favoris  font  jouer 
d'étranges  relforts  pour  fe  maintenir  dans  leur 
pofte.  Bell.  On  fe  trouve  quelquefois  entre  la  fri- 
ponnerie &  l'indigence  :  étrange  fituation  !  Tous 
les  avisallèrenr  unanimement  j  à  ne  point  faire  de 
réponfe  au  Bref,  à  témoigner  que  le  Roi  trouvoit 
étrange  la  manière  dont  on  en  ufoit  à  Rome.  L'Ab. 


RÉGN. 


Les  Princes  font  d' étinn^es  gens 
Heureux  qui  ne  les  connaît  guère  , 


Plus  heureux 


qui  n 


en  a 


que /ail 


aire. 


Vi 


OIT 


iTRANGE  , 


E  T  R 

Étrange  ,  ou  Étranger,  fe  dic  par  les  Médecins  ou 
Chirurgiens  ,  quand  ils  parlcnc  de  touc  ce  qui  fur 
vient  au  corps  de  l'animal  contre  fa  nature  ,   loi 
qu'il  vienne  de  dehors,  loic  qu'il  s'engendre  de 
dans  :  on  le  dit  mieux  des  corps  qui  viennent  de  de 
hors  ,  comme  d  une  balle  de  moulquet ,  d'un  écl.u 
de  grenade ,  &c.  On  ne  peut  guérir  les  plaies  tandis 
qu'il  y  a  des  corps  ecranacs  dedans  ,  des  corps  itran- 
gers.  Alicnd  j  extranea  corpora.  On    met   dans  les 
commencemens  des  tentes  dans  les  plaies  pour  taire 
fortir  les  corps  ârdnges.  Dionis.  On  tient  par  leur 
moyen  une  plaie  dilatée ,  quand  il  s'agit  de  faire 
fortir  quelque  corps  étrange  j  ou  lUie  etqaille.  Id. 

^3"  En  Chirurgie ,  comme  ailleurs ,  on  doit  dire 
corps  étranger  ^  &  non  point  corps  étrange  ,  qui  ne 
fe  dit  plus. 

ÉTRANGEMENT,  adv.  D'une  manière  étrange ,  con- 
tre l'ordre  tk  l'ulage  commun  j  extraordinairemont. 
Miruni  in  moium  y  \'eh':menter.  Cet  homme  elt  etran- 
gementw\£ ,  étrangement  co\hïQ  ,  amoureux,  bour- 
ru. On  s'ennuie  err^i/î^ewe/îr,  quand  on  n'a  que  de 
i'indiiférence.  Ch.  de  M.  L'amour -propre  nous 
préoccupe  étrangement.  Nie. 

ÉTRANGER,  ère.  adj.  Qui  ell  d'une  autre  nation. 
Extraneus.  Coutumes'  ,  lois  ,  plantes  étrangères. 
Nous  voici  tranfportés  lut  un  bord  étranger.  La 
Font.  Ce  peuple  a  pallé  fous  une  domination  étran- 
gère. Cet  homme  enfeigne  les  langues  étrangères. 
La  plupart  des  plantes  étrangères  ne  s  accoutument 
point  chez  nous. 

Rome  j  par  une  loi  qui  ne  fe  peut  changer , 
N'admet  avec  fonfang  aucun  fang  étranger. 

Rac. 

§C?  Ce  mot  eft  très-fouvent  fubflantif ,  &  figni- 
fie  celui  qui  eft  né  fous  une  autre  domination  & 
dans  un  autre  pays  que  celui  où  il  fe  trouve.  Ho/pes^ 
alienigena ,  advena.  Voy.  Aubain.  Les  étrangers  ne 
peuvent  tenir  offices  ,  bénéfices  en  France.  Ils  peu- 
vent acquérir,  &  donner  entre  vifs;  mais  ils  ne 
peuvent  point  dilpofer  de  leurs  biens  par  teftament. 
Leuts  enfans  nés  dans  le  Royaume  leur  fuccédent. 
Les  étrangers  mourant  en  France  donnent  lieu  au 
droit  d'aubaine.  Les  lettres  de  naturalité  s'obtien- 
nent par  les  étrangers  pour  jouir  des  privilèges  des 
régnicolijs.  Les  Suilfes,  les  Savoyards,  en  France, 
lie  font  point  réputés  étrangers.  Les  François  trai- 
tent fort  humainement  les  étrangers.  Les  jaloufies 
fatales  au  mérite  des  étrangers  cédèrent  à  la  né- 
celîité  préfente.  S.  Evr.  Un  homme  de  bien  n'eft 
étranger  nulle  part.  Bouh.  Omne  folum  forti  patria 

^/?.         . 

On  dit ,  en  termes  de  Commerce  ,  Vétranger  au 
fingulier,  pour  dire,  l^sétrangers.W  faut  faire  palFer 
cela  à  l'étranger. 
Étranger  ,  fe  dit  aufli  de  ceux  qui  ne  font  pas  de  la 
mêmemaifon,  ou  famille.  Alienus.  Il  ne  faut  pas 
que  les  étrangers  foicnt  inftruits  de  nos  affaires , 
qu'ils  fâchent  les  fecrets  de  notre  famille.  Cet  hom- 
me a  deshérité  fes  parens  pourlailfer  (on  bien  à  des 
étrangers.  Les  Romains ,  par  l'adoption ,  mettoient 
des  étrangers  dans  leur  famille. 

On  dit  hguf émeut  qu'un  homme  eft  étranger  A:ins 
fa  famille,  en  fon  pays,  en  une  fcience,  quand  il 
ne  fait  point  les  aftaites  de  fa  inaifoii ,  les  nouvelles 
de  fon  pays  j  les  premiers  principes  d'une  fcience. 
HoJ'pes  &  peregrinus.  Touteft  en  défordre  dans  ce 
monde:  les  honnêtes  gens  y  font  comme  en  pays 
étranger.  S.  Evr.  Dieu  veut  que  nous  gémillions 
comme  étrangers  en  ce  monde.  Nrc. 
§3"Etranger  ,  fe  dit  encore  des  chofes  qui  font  hors 
de  nous ,  qui  ne  font  pas  narurelles ,  qui  ne  con- 
viennent point  à  l'état.  Aiïenus  ,  adjciticius ,  fugatus. 
La  dilîcrence  d'un  homme  qui  fe  revêt  d'un  carac- 
tère eVra/2D^er ,  à  lui-même  quand  il  rentre  dans  le 
fien  ,  el^  celle  d'un  mafque  à  un  vilage.  Les  oine- 
mens  font  Acsht^wiis  étrangères  ,  qui  tiennent  lieu 
des  narurelles  à  ceux  qui  ne  les  ont  pas.  S.  Evr. 
Tome  III. 


ETR  915 

Dans  la  plus  belle  amitié  ,  l'on  a  befoin  des  chofes 
étrangères  c[n\.Q\cntiu  le  goût  du  plaifir  &  le  fen- 
timent  de  la  joie.  Id.  Le  but  des  ambitieux  n'elt  que 
de  foutenir  leur  propre  foiblelfe  par  des  appuis 
étrangers.  Nic^  La  fcience  n'elt  point  le  partage  des 
femmes  j  c'ell  le  parer  de  beautés  étrangères.  Monti 
Autrefois  mon  imagmation  errante  &  vagabonde  fe 
portoit  à  toutes  les  choies  étrangères  :  aujourd'hui 
monefprit  me  ramène  à  moi  même.  S.  Eva.  Il  faut 
écartet  tout  cet  attirail  tfrrcz/2^er,  pour  aller  jufqu'à 
laperfonne.  La  Bruy.  Sénéque  le  bande  ,  &  s'ani- 
me à  la  vertu ,  comme  h  ce  lui  éccit  une  choie  étran' 
gère,  S.  Evr. 

La  prudence  la  plus  profonde 
Ne /aurait  fe  pajjer  de  rejjorts  étrangers. 
La  plus  grande  v.  leur  périt  dans  Les  dai^)a^ 

Si  perfùnne  ne  la  féconde. Des-Hovl. 

On  dit  qu'un  fait  eft  étranger  à  la  caufe  ,  pour  di- 
re ,  qu'il  n'y  a  aucun  rapport. 

On  du  aulli  en  Chirurgie  ,  qu'il  ne  faut  pas  laif- 
fer    dans    les    plaies    les  corps    étrangers,   f^oye:^ 
Etrange. 
ETRANGER,  vieux  v.  a»  Eloigner,  chaffer.  Amovere , 
fugare. 

Et  ha  defir  de  fuir  le  danger 

De  fon  malheur  pour  tel  /«u/ étranger.  Mar. 

Les  mauvais  traitemens,  la  mauvaife  chère,  étran- 
gent  les  honnêtes  gens  d'une  maifon.  LesécorniHeuis 
Ion:  bien  difficiles  ^étranger.  La  fouine  a  étrange 
les  pigeons  de  ce  colombier;  l'a  fait  déferrer  par  les 
pigeons. 

Etrange,  ée.  part.  paff.  &  adj.  Vieux  mot.  Éloigné, 
écarte.  Remotus  ^  amandatus ,  a  um  -^Jugatus. 

Etranger  (s*  ).  Se  retirer  de  quelque  lieu  ,  s'en  éloi- 
gner. Les  habiles  gens  sétrangent  d'une  alTemblée  , 
quand  ils  voient  que  les  fots  s'y  mêlent  ,  s'y  intro- 
duifent.  Le  gibier  s'efl;  étrange  àe  cette  plaine.  L'Aca- 
démie ne  lait  aucune  remarque  fur  ce  mor,  &C  obferve 
feulement  qu'on  le  dit  familièrement  des  perfonnes. 
Etranger  la  mauvaife  compagnie  de  la  maifon.  Je 
ne  le  crois  pas  même  du  ftyle  familier  parmi  les  hon- 
nêtes gens. 

Quelques-uns  dérivent  étranger  de  f  rages  ,  ou 
d'extraneare. 

ÉTRANGLEMENT,  f.  m.  Refferrement  exceffif.  Con- 
traclio.  Si  on  ne  tait  pas  l'opération  du  bubonocèie 
dans  un  étranglement  de  boyaux  ,  on  meurt  infailli- 
blement. Dionis.  Dans  les  exomphales  il  arrive 
quelquefois  des  étranglemcns  qui  caufent  la  mort. 
Id.  Etranglement  ne  fe  dit  point  dans  le  fens  propre^ 
en  parlant  d'une  fuffocation  qui  arrive, parce  que  les 
conduits  de  la  refpiration  font  bouchés. 

fer  Je  fuis  fâché  que  l'ufige  n'ait  pas  adopté  ce 
mot  dans  le  fens  propre  pour  l'aétion  d'étrangler; 
c'eft-à-dire  ,  d'ôtsi  la  vie  en  comprimant  le  canal 
de  la  refpiration.  Il  nous  faut  des  termes  pour  toutes 
les  idées  que  nous  avons  à  exprimer- 

Étranglement,  fe  dit  auffi  ,  en  termes  d'Hif- 
toire  Naturelle  ,  en  parlant  de  quelques  animaux  , 
tels  que  les  Abeilles  j  les  Guêpes ,  les  Frelons,  les 
Araignées  ,  &c.  dont  le  corps  eft  compofé  de  plu- 
fisurs  parties  unies  par  un  filet  très-délié,  qui  fe 
nomme  étranglement.  Pars  arclior ,  angullior  ,arcla- 
ta  ,  fauces.  Le  corps  de  l'Abeille  eft  divifé  par  deux 
étranglemcns  en  trois  portions  ,  la  tête,  la  poitrine 
&  le  ventre.  Pluche.  Ces  deux  parties  (  la  tête  &-  le 
ventre  des  Araignées  )  tiennent  enfemble  par  un 
étranglement  fort  petit.  Homb.  Mém.  de  tAcad.. 

.    1707-  .   . 

ETRANGLER,  v.  a.  Suffoquer,  ôrer  la  vie  en  bou- 
chant ou  en  comprimant  le  canal  de  la  refpiration. 
Strangulare ,  fuffocare.  On  condamne  certains  cri- 
minels à  être  pendus  &  étranglés  ,  tant  que  more 
s'enfuive.  Je  Vétranclerois  de  mes  mains  ,  fi  elle 
avoic  forfait  X  fon  honneur.  Mol.  Un  Empereur 

T.  LZZZ 


9i4  E  T  R 

s  étrangla  d'un  pépin.  Bens.  Le  Sénateur  Fabius  fut 
ccrangli:  à' an.  cheveu  en  buvant  du  lait.  Ce  morceau 
l'a  étranglé.  Une  apoplexie  l'a  étranglé. 

Ce  mot  vient  du  L3.unjlrangulare ,  qui  lignifie  le 

même. 

ÉTRANGLER,(s')fe  dit  fouvent  en  une  lignification  plus 

étendue;    pour  dire,  perdre  la  relpiiation  à  force 

de  crier.  C'ell  une  aacriâtre  qui  s'étrangle  à  force  de 


crier. 


On  dit  figurément  j  qu'on  étrangle  de  foif  j  quand 
on  a  le  gofier  fi  fec,  qu'on  a  de  la  peine  à  lelpirer. 
Et  dans  ce  fens  il  eil  neutre  ;  comme  il  l'eft  auffi  , 
quand  on  dit ,  fecourez-moi  j  ]' étrangle. 
Étrangler,  fignifie  aulli ,  Serrer  ,  prelfer  quelque 
partie  du  corps.  Comprïmere  ,  opprimere  ,  arclare. 
Voilà  un  col  de  chemife  qui  m  étrangle  \  qui  me 
ferHî  trop  ,  qui  m'empêche  de  refpirer  à  mon  aife. 
On  le  dit  aulli  des  habits.  Ces  manches  font  trop 
étranglées  y  font  trop  étroites. 
Étrangler  ,  Terme  d'Artificier,  C'eft  rétrécir  l'ori- 
fice d'un  cartouche  en  le  ferrant  d'une  ficelle ,  com- 
me le  cou  avec  une  cravate, 
Étrangler  les  baftions.  Terme  de  guerre  :  c'eft  en 
faifant  une  ronde  ne  pas  parcourir  un  baftion  tout 
entier  j  mais  palfer  feulement  fur  la  gorge  du  baf- 
tion. Compendium  faccre.  Il  faut  que  les  Officiers 
qui  font  la  ronde  ,  portent  du  teu  ,  ion  mèche 
allumée  j  ou  un  fallot ,  qu'ils  marchent  fur  la  ban- 
quette ,  dans  les  faulfes  braies  &  dans  tous  les  en- 
droits néceffaires ,  fans  étrangler  les  baftions ,  c'eft- 
à-dire  ,  fans  prendre  le  plus  court  par  la  gorge  ,  mais 
les  parcourir  le  long  des  faces  jufqu'aux  angles  fail 
lans  \  d'où  l'on  peut  mieux  écouter  le  bruit  &  dé- 
couvrir dans  les  dehors.  Bombelles. 

OnditaulTij  Etrangler  \xn(^c\  pour  dire,  Fer- 
mer fon  ouverture  en  la  liant  avec  une  corde  bien 
ferrée.  Ocdudere.  Etrangler  une  f  ufée  ;  pour  dire  , 
la  ferrer  fortement  du  côté  où  l'on  met  le  feu  ,  afin 
qu'elle  s'élève  &  monte  plus  haut.  On  dit  aufli  pat 
imprécation  ,  Que  la  pefte  vous  étrangle  y  pour  di- 
re ,  vous  faififie  -  vous  fafte  mourir. 

gcr  On  dit  figurément ,  étrangler  \ix\&  affaire, 
la  juger  à  la  hâte  ,  fans  l'avoir  fuffifamment  exa- 
minée. 

On  dit  aulîi ,  qu'un  bâtiment  eft  trop  étranglé , 
quand  il  a  peu  de  face  fur  la  rue  ,  quand  les  ailes 
en  font  trop  refterrées  ,  &  généralement  de  tout  ce 
qui  n'a  pas  une  largeur  convenable  Se  proportion- 
née. En  ce  fens  on  le  dit  des  habits  :  ces  manches 
font  trop  étranglées  ,  font  trop  étroites.  On  le  du 
aulH  des  difcours  qui  n'ont  pas  toute  l'étenduecon- 
venable.  Cetexorde^  ceraifonnementefttrop  étran- 
glé. Le  livreferoitbonh  les  matières  y  étoient  moins 
étranglées. 

On  dit  proverbialement ,  par  imprécation  ,  que 
ce  morceau  m'étrangle  ,  ou  me  piulfe  étrangler , 
■  fi  j'ai  fait  telle  chofe.  Cette  exprellion  vient  de  ce 
qu'autrefois  ,  quand  quelqu'un  étoit  .iccufé  de  vol, 
s'il  n'y  avoit  pas  de  preuves  contre  lui  j  on  lui  fai- 
foit  avaler  un  morceau  de  pain  d'orge  fans  levain  , 
&  un  morceau  de  fromage  de  brebis  fait  du  lait  du 
mois  de  Mai  :  ces  morceaux  pefoient  chacun  neuf 
deniers ,  &  étoient  bénis  pendant  la  Melfe  après 
l'oraifon  qu'on  appelle  fecrète.  Si  l'accufé  ne  pou- 
voir avaler  ces  morceaux  j  il  étoit  réputé  coupable  & 
convaincu  du  crime. 
Étranglé  ,  ke.  part. 

ÉTR.ANGU1LLON.  f  m.  Terme  de  Maréchalerie. 
Maladie  qui ,  dans  les  chevaux,  eft  précifément  la 
même  chofe  que  celle  que  nous  appelons  efquinan- 
cie  dans  l'homme. 

Ce  mot  vient  de  flranguillo  ,  qu'on  a  dit  dans  la 
bafte  Latinité  dans  le  même  fens. 

On  appelle  des  poires  A'étranguillon  ,  (îrangulan- 
tlapyra  _,  celles  qui  ont  un  goût  fort  acide  ,  &  re- 
vcche ,  qui  ofFenfe  la  gorge  ,  &  qui  femble  étran- 
gler ,  quand  on  les  avale.  On  y  eft  trompé  ,  parce 
qu'à  leur  couleur  on  les  croit  mûres  &  en  état  d'ê- 
tre mangées.  Qut  cum pulchrkudine  &  rubro  colore , 


ET  R 

&  luteo  ,  quafi  muturitatis  indice ,  prdcereuntes  in- 
vitent ad  carptum  ,  manfa  tarnen  tanta  difplicent  acer- 
bitate  _,  ut  deyorari  nequeant ,  fed  morfa  protinus 
refpuantur  ,  dit  Charles  Etienne  dans  fon  Semina- 
rium. 

ETRAPE.  f.  f.  Petit  inftrument  de  fer  qui  fert  à  cou- 
per i^c  fcier  le  chaume  ,  qu'on  appelle  autrement 
Jauciilon.  Secula.  On  dit  aufli  étraper  le  chaume  ; 
pour  dire,  le  fcier,  le  couper  avec  une  écrape.  Agrum 
Jicdire.  Pomey. 

ÉTRAQUE.  f.  f.  Tetmede  Marine.  C'eft  la  largeur  du 
bordage. 

ÉTRASSE.  f.  f.  Efpèce  de  bourre  de  foie,  que  l'on 
nomme  autrement  Cardafte. 

ETRAVE  ji:rj72re,  Etuhle  ,  Etablure,  Capion  de  proue. 
Rota  ,  prorte,  caput.  C'eft  une  courbe  de  charpente  , 
qui  s'ente  au  bout  delà  quille  d'un  vailfeau  ,  du  cô- 
té du  devant  ,  pour  faire  la  proue.  Elle  eft  élevée 
jufqu'audeilus  du  deuxième  pont.  Elle  le  fait  ordi- 
.nairement  de  deux  pièces  y  &  celle  qui  fert  d'allon- 
ge s'appelle  hriou. 

Contre-Etr.4ve.  Pièce  de  bois  courbe  qui  lie  par  le 
dedans  du  vaiffeau  Xétrave  avec  la  quille. 

ÊTRE.  f.  m.  Qui  exifte  réellement.^ jÈ«j.  Il  fe  dit  par 
excellence  de  Dieu  3  qui  ett  un  Etre  incréé  &  indé- 
pendant ,  qui  fubfifte  par  lui-même.  Ens  àfe.  L'E- 
criture dit  j  pour  le  définir  ,  qu'il  e/?  celui  qui  e(l. 
Les  plus  épurés  d'entre  les  payens  concevoient  un 
Etre  immatériel  qui  a  animé  toute  la  machine  du 
monde.  Les  hommes  éclairés  par  la  nature  ,  &  inf- 
rruits  par  le  fentiment  intérieur  de  leur  foiblelîèj 
font  d  accord  à  fe  foumettre  à  quelque  Être  fupé- 
rieur ,  &  difconviennent  fur  l'idée  qu'ils  s'en  for- 
ment. Epicure  trouvoit  que  ces  Dieux  oififs ,  ces 
êtres  impuilfans ,  dont  il  n'avoit  rien  à  craindre  ,  ni 
à  efperer  ,  ne  meritoient  pas  la  peine  de  fon  culte. 
S.  Evjr.. 

Comme  tu  ne  veux  pas  te  foumettre  à  fa  loi  ^ 
Tune  peux  te  réfoudre  à  croire  un  premier  Être. 

L'Ab.  Té  tu. 

Quel  bonheur  accompagne  une  vieillejfe  extrême  ! 
Toujours  à  charge  aux  jiens  ,  S^  fouvent  à  foi  même^ 
Comme  un  être  inutile  on  eji  mis  en  oubli. 

Ce  mot  vient  du  Latin  ens. 

Être  ,  fe  dit  aufti  par  participation ,  des  corps  &  des 
efprits  créés.  Vétre  en  général  eft  l'objet  de  la  Méta- 
phyfique.  Les  Anges  font  des  êtres  purs  &  incor- 
porels. L'objet  de  la  Phyfique  comprend  tous  les 
êtres  ôc  fubftances  corporelles.  Un  Chrétien  doit 
toujours  confidérer  fon  être  ,  fa  baftefte ,  fes  infir- 
mités. 

Êtrej  fe  dit  quelquefois  pour  exiftence.  C'eft  Dieu 
qui  nous  a  donné  l'être. 

Être  de  raifon  j  ens  rationis  _,  figmentum  mentis  ^  en 
termes  de  Logique  ,  eft  un  être  qui  ne  fubfifte  que 
dans  l'imagination  qui  le  forme  \  qui  eft  oppofé  à 
être  réel.  Les  Univerfaux  font  des  êtres  de  raifon  , 
Les  Pédans  multiplient  fort  les  êtres  de  raifon ,  Se 
forgent  mille  chimères  qui  font  de  purs  êtres  de 
raifon  ,  qui  ne  font  point  dans  l'être  des  chofes. 
Il  ne  faut  point  multiplier  les  êtres  fans  necef- 
fité. 

On  dit  ,  le  non  -  être  ;  pour  dire  ,  le  néanr. 

ÊTRE.  E(fe ,  fare.  Verbe  fubftantif  &  auxiliaire  , 
qui  fert  en  Grammaire  à  laconjugaifon  de  tous  les 
verbes  pallifs  ;  qui  exprime  ou  féparément ,  ou  con- 
jointement avec  eux  la  manière  d'exifter  &  de  pâ- 
tir ,  &c  qui  par  conféquent  a  une  infinité  de  fignifi- 
cations ,  &  plufieurs  inflexions  ou  manières  de  fe 
conjuger  j  dont  on  verra  les  principales  dans  les 
phrafes  fui  vantes.  Voici  comme  il  fe  conjuge  :  Je 
fuis ,  tu  es  J  il  eJi  jy  nous  fommes  ,  vous  êtes  ,  ils  font ^ 
J'étois  ,  je  fus  J  j'ai  été ,  je  ferai ,  que  je  fois  ,  que 
jefuffe,  je  ferois  ,  que  j'aie  été ,  j'aurai  été.  Il  faut 
remarquer  que  je  fus  fignifie  quelquefois  ]  allai  : 

,     mais  i'ufage  ne  l'a  admis  que  dans  la  converfation. 


E  T  R 

Dans  les  autres  langues  le  verbe  être  fert  de  verbe 
auxiliaire  à  lui-mênse.  Les  Italiens  à\ii:nt fo no, Jia- 
to:  il  n'y  a  que  les  Walons  qui  dilent  en  François /« 
fuis  été ,  au  lieu  de  j'ai  ctc  :  c'ell  une  traducbiun  du 
Flamand.   Le  verbe  auxiliaire  ctre.  prend  quelque- 
rois  la  place  du  verbe  avoir.  Ils  (ejbnc  connus  :  on 
ne  peut  point  rendre  raifort  de  cet  ufage  ;  car  les 
Allemands ,  qui  ont  introduit  les  verbes  auxiliaires 
ne  s'en  iervenc  point  en  cette  rencontre.  Gram. 
RAI.  Ceux  qui  s'attachent  à  la  pureté  de  la   langue 
ne  demeurent  point  d'accord  que  ces  mots  écanc , 
oa  ayant ,  puillent  être  quelquefois  parcicipes,  en 
ïortequ'ils  puillentrecevoirune^au  pluriel:  comme, 
les  foldats  écans  iur  le  point  :  il  ell  toujours  géron- 
dif,  &  il  faut  dire   les  ioldats   étant.  Puifqu'il  ne 
pourroit  pas  être  participe  adjedrii:  au    féminin, 
pour  dire ,  je  l'ai  trouvée  ayante  j  il  ne  doit  pas  l'f- 
tre  non  plus  au  pluriel  du  malculin.  Corn.  Il  hiut 
dire  ,   zt  font  eux  qui  ont  vaincu,   &  non  pas  ceft 
eux.  Mrs  de   l'Ac.  Mais  l'ufage  paroît  contraire  , 
puifque  l'on  trouve  dans  de  bons  Auteurs  c]ue  ce 
verbe  fe  conlhuit  au  finsiulier  quand  il  eft  précédé 
do  pronom  et; ,  quoiqu'il  fuive  un  pluriel.  C'^/ là 
lesraifons  qu'il  apportoit. 

Le  P.  Bùubours  a  remarqué  qu'on  die  également 
bien  en  François  j  ccji  i  vous  à  taire  cela  ,  &  ccji 
à  vous  de  lairecela. 

C'd'tou  là  les  motifs  dont  notre  Saint  animoit  fj 
mortilication  ik' fa  patience.  P.  Vhrj. 
Être,  fendit  premièrement  de  ce  qui  exifte  réelle- 
ment. Etre  en  vie  ,  en  fanté.  Il  y  a  eudes  Philofo- j 
piles  qui  ont  cru  que  le  monde  étoit  de  toute  éter- 
nité. Je  penfe ,  donc  je/uis ,  ell  une  conclufionbien 
froide  &  bien  languiflante.  S.  Evr. 

fCr  On  met  quelquefois  le  pronom  ce  devancée 
verbe  ,  pour  démontrer.  Ce/?  lui.  Quelquefois  après 
pour  interroger.  Q^aejl-  ce  ?  Et  pour  réfumer. W^ullî 
vfl-ce. 


Le  défefpoir  le  dévore  ; 
Contre  lui-mcme  irrité , 
Il  fe  maudit^  il  déplore 
Le  malheur  d'avoiï  été. 

Nouv.  CHOIX  DE  Vers. 

Ûefl-là  de  Mantjufer  F  héroïque  vifage  , 
C'efl  là  fon  air f  grand  ,  &  fi  noble  &fifage  j 
C'efi:  toutce  qu'il  nous  laiffe  après  avoir  été. 

Mlle  De  Scudery. 

Être  ,  fe  dit  auffi  de  ce  qui  marque  quelque  domina- 
tion )  ou  propriété.  Tout  efi  en  la  main  de  Dieu. 
Les  plus  hautes  montagnes  font  au  Seigneur. Port- 
R.  Tout  ce  que  je  polféde  efi  à  moi ,  &  rien  à  la  for- 
tune. S.  EvR.  Ce  Prince  eft  un  Roi  pulifant.  Un 
Stoique  doit  être  maître  de  fes  pallions.  Cet  homme 
efi  à  foi ,  pour  dire  ,  il  n'a  point  de  maître  ni  de 
femme.  On  dit  en  Fauconnerie,  qu'un  oifeau  efi  à 
foi  ;  pour  dire  ,  qu'il  efi  en  liberté  ^  qu'il  n'a  point 
été  pris  pat  des  Fauconniers.  Cette  maifon  va  être  à 
moi ,  j'en  aurai  la  propriété.  Ceft  un  malheur  d'être 
à  autrui  j  d'être  obligé  à  fervir.  Je  fuis  tout  à  vous. 
Cela  nefi  pas  de  votre  jurifdidion ,  de  votre  compé- 
tence. 

Être  j  embralTer  le  parti  de  quelqu'un  ,  le  défendre , 
le  protéger.  Si  tu  la  regardes ,  ta  feras  pour  elle. 
Voit.  Si  le  Seigneur  e/?  pour  moi,  je  ne  craindrai 
rien.  Si  Dieu  efi  pour  nous  ,  dit  Saint  Paul , 
qui  fera  contre  nous  ?  On  trouvera  mieux  fon 
compte  d'être  à  Dieu.  Abb.  de  la  Tr. 

Selon  les  âges  &les  temps 
Leur  crédit  tombe  ,  ou  bien  augmente. 
7'étois  pour  Ovide  à  quin-;^e  ans  \ 
Mais  je  Ç\x\spour  Horace  à  trente. 

P.  Du  Cerc. 

ÊrRE  ,  avec  la  particule  de  ^  fignifie  l'état ,  le  parti  ^ 
la  condition  dont  l'on  eft,  la  part  que  l'on  a  à  une 


E  T  R  91J 

afbire  à  une  adion  ,  &c.  Cefi  un  homme  du  grand 
monde  ,  un  homme  de  la  Cour ,  un  homme  d'é- 
pée,  un  homme  de  robe.  Cette  Damée// de  toutes 
les  compagnies ,  de  toutes  les  parties  de  divertilfe- 
mens.  Cette  jeune  perfonne  eft  fort  retirée  ,  elle  ne 
veut  êtredQ  rien  ^  c'cft-à-due,  d'aucun  divertilfe- 
ment.  Ce  Marchand  ejl  de  la  Compagnie  des  Indes. 
Il  ^y/ de  cette  affaire  j  de  ce  traité  ,  de  cet  embarque- 
rnent.  ïy  fuis ,oa]  enfuis '^omi  mille  écus.  J'ai  avan- 
cé ou  donné  mille  tcus  pour  cette  affaire.  J'y yiij, 
ou  j'en  Jiiis  pour  mon  argent ,  pour  ma  tabatière  , 
c'eft-à-dire ,  j'y  perds  mon  argent ,  ma   tabatière. 
Etre  de  tout ,  c'eft  avoir  part  à  tout  ce  qui  fe  fait. 
N'erre  de  rien ,  n'y  avoir  aucune  part.  Le  mieux 
qu'on  puiffe  faire  dans  un  temps  d'iniquité  eft  de 
n'erre  de  rien  j  &  de  faire  fon  principal  de  fe  ca- 
cher dans  le  fecret  de  la  face  de  Dieu  ,  pour  y  trou- 
ver cette  paix  fainte  j,  &:  ce  facré  repos  qui  ne  fe 
rencontre  point  dans  l'agitation  &  dans  les  affaires 
de  ce  monde.  Abb.  de  la  Tr. 
Être  ,  fe  dit  audià  l'égard  de  l'état  des  chofes ,  de 
la  manière  d'exifter.  On  le  dit  dans  tous  les  feus , 
le  phyfique  ,  le  moral ,  le  naturel,  le  figuré.  On  le 
dit  des  diipofitions  du  corps ,  de  celles  de  lame  , 
des  événemens  libres,  &  de  ceux  qui  ne  le  font  pas, 
des  biens ,  des  charges ,  de  la  fortune  ,  des  états 
de  la  vie  ,  &cc.  Etre  content.  Etre  heureux.  Etre  en 
échec.  Etre  en  faveur ,  en  fortune.  Etre  en  chance. 
Etre  en  pouvoir.  Etre  aux  abois.  Etre  bon  pour  une 
telle  lomme.£fre couché  fur  l'état.  Etre  en  pbfture. 
Etre  en  fentinelle.  Etre  à  couvert  de  l'orage.  Etre  en 
fanté,  en  bon  point.  Etre  furie  bon  pied.  Etre  en 
charge.  Etre  endormi.  £Vre  debout.  Il  eft  fi  naturel  &C 

fi  ordinaire  à d'être  dans  l'erreur.  Mad.  Da- 

cier. 

Vous  êtes  aujourd'hui  ce  qu'autrefois  je  fus. 

Corn. 


Je  fuis  ce  que  ]efuis.  Il  faut  prendre  les  gens  pour 
ce  qu'ils  font.  Ne  regardons  pas  tant   le  monde 
comme  il  devroit  être  ,  que  comme  il  efi.  S.  Evr, 
Dis-moi  qui  tu  vois  ,  &  je  te  dirai  qui  tu  es.  S.  Evr, 
L'Auteur  de  la  nature  n'a  pas  voulu  que  nous  puif- 
fions  bien  connoître  ce  que  nous  fomnies.  S.   Evr. 
On  fonge  plus  à  paroître  ce  que  l'on  n'e/?pas ,  qu'à 
être  ce  que  l'on  veut  paioître.  Id. 
Être ,  fe  dit  auflî  pour,  confifter.  Efie  j  fitum  efie.  La 
félicité  efi  dans  le  goût,  &c  non  pas  dans  les  chofes. 
Rochef. 
De?   Être  ,   fert  encore  à  comparer ,  à   marquer  la 
conformité  des  chofes.  Il  en  efi  des  peintres  com- 
me des  Poètes,  ils  ont  toujours  eu  la  liberté  de  fein- 
dre. Picloribus  atque  Poetis  femper  fuit  aqua  po- 
t  efi  as. 
Être,  fignifie  auflî ,  arriver,  s'enfuivre.  Sequi ,  con- 
tingere ,fieri.  Quand  il  l'auroitmal  traité,  qu'en/e- 
roit-il  ?  Il  l'a  étendu  prefque  mort  fur  la  place  ,   &c 
il  n'en  a  rien  été.  Il  en  fera  tout  ce  qu'il  plaira  à 
Dieu  j  mais  je  veux  me  fatisfaire. 
Être  ,   s'emploie  aufli  fort   fouvent  pour  marquer 
l'origine  d'une  chofe  ,  le  lieu  d'où  elle  part,  l'Au- 
teur qui  l'a  faite ,  de  quelle  profellion  on  eft.  Ce 
vin  efi  de  Bourgogne  ,  de  Champagne.  Ce  livre  efi 
delà  Bibliothèque  du  Roi.  Ce  tableau  e/?  du  Pouf- 
fin  ,  du  Titien.  Ces  vorsfont  de  Corneille ,  de  Raci- 
ne ,  de  Molière.  Ile/?d'Eglifej  ile/?d'épée,  iley?de 
robe. 
Être  ,  fe  dit  auili  en  parlant  de  la  matière  ,  des  par- 
ties intégrantes  d'un  tout  ,  ou  de  fa  nature  ,  ëc  des 
paitis  difïérens.  Cette  ftatue  c/?d'or,  d'argent,  de 
pierre,  de  bois.   Ce  tableau  efi  de  la  main  d'un 
grand  Maître.  Vous  êtes  des  nôtres.  Cette  terre  efi 
de  mbn  lot.  Le  corps  ik  \'':ime  font  les  parties  inté- 
grantes de  l'animal.  Il  efi  des  gens  de  toutes  fortes 
d'humeurs ,  de  génies.  Cela  efi  de  fes  manières, 
de  fon  ftyle.  Cette  perle  cfl  Orientale.  Il  efi  mon 
ami  J  mon  afibcié  ,  il  efi  en  part  dans  toutes  mes  af- 
faires. C'e/Z  un  homme  qui  eft  tout  en  Dieu,  qui 
Z  z  z  z  z  ij 


^i6  E  T  R 

^Ji  tout  fpirituel.  En  voulez- vous  ecref  On  fous- en-' 
tend  de  cette  atîaue.  11  pouiroi:  bien  ticre  complice 
de  ce  cnme.  ttre  d'un  corps ,  d'une  compagnie.  Il 
faut  tv/e  toujours  pour  la  raiion.  Ils  Jo/u  aux 
mains ,  aux  prifes.  Ils  Jie  font  ni  bien  ni  mal  en- 
^  femble. 

£tre  ,  fe  dit  auffi  à  l'égaiil  des  temps  &c  des  lieux. 
Etre  en  place.  i;rre  en  palle.  Il  va  bien;ôt  ccre  nuit. 
Cet  Otiicier  va  être  de  jour.  Il  ne  hmt  pas  <:tre  tout 
le  jour  à  s'habiller.  On  Juc  tout  le  jour  à  monter  & 
à  dcfcendre.  Ablanc.  N'cVre  ni  dehors  ,  ni  dedans. 
Etre  aux  écoutes.  Il  n'en  eji  pas  ou  il  croit  ccre.  Ce 
Courrier  ne  fauroit  <-crt  loin.  Ce  n'c'/V  plus  le 
temps  j  cela  croit"  bon  autretois.  Ce  fruity^rj  mur 
au  mois  d'Août.  Il  ell  au  logis,  il  cji  en  pèleri- 
nage. Js/irai  demain  à  voire  lever.  En  écts-vous 
là  logé  ?  Etes -vous  de  cette  opinion  ?  Vous  n'f- 
tds  pas  dans  fon  fencimenc  ,  vous  en  tces  à  cent  pi- 
ques. Où  en  eji-on  de  la  Comédie  ?  On  fait  tant  de 
bruit,  qu'on  ne  fait  où  Ton  en  4/?.  Après  avoir  bien 
chicané,  nous  enjbmmes  i  recommencer.  Il  «r  en 
■demeure  de  payer.  Il  c/r'enmain  pour  recevoir  la 
balle. 

§3"  On  s'en  fett  encore  pour  marquer  le  point , 
l'état  d'une  affaire.  Où  en  elt  votre  procèsPj'en  fuis  à 
faire  nommer  mon  Rapporteur 

|!3°  On  dit  d'un  homme  troublé  ,  qui  ne  fait  que 
faire  ,  qu'i/  ne  fait  où  il  en  efl.  Et  quand  0.1  ell  té 
moin  de  quelque  événement  malheureux ,  de  quel- 
que grand  déîbrdre  ;  he  où  enfommes-nous  ! 

-|tT  Le  bien  Être.  f.  m.  fignitîe  tigurément  les  aifes, 
les  commodités ,  les  plaifus  de  la  vie. 

||C?  On  dit  à  un  homme  qui  devine  ,  qui  com- 
prend ce  qu'on  lui  dit,  vous  y  êtes.  Rem  acu  tetigijti: 
&  dans  un  fens  contraire  ,  vous  n'y  c:es  pas. 

§Cr  Être  ,  dans  les  temps  où  ce  verbe  prend  l'auxi- 
liaire ,  eft  quelquefois  aulli  fynonyme  dialkr.  J'ai 
^té  à  Rome  j  pour  dire  qu'on  y  ell  allé  ,  &  qu'on 
en  eft'  revenu.  Il  eft  allé  à  Rome  ,  pour  marquer 
qu'il  n'eft  pas  encore  de  retour. 

tfT  Dans  la  converfation  ,  j'aurois  /re  vous  voir  , 
ou  je  ferois  allé  vous  voir.  Je  jus  ,  ou  j'allai  hier  à 
l'Opéra. 

§^7"  Être  d'une  AfiTemblée  ,  d'un  Concile.  Y  allîfter , 
s'y  trouver. 

Etre  ,  fe  dit  aufll  pour ,  affirmer  ,  ou  nier.  Cette  ma- 
jeure cjl  vraie  ,  ou  ç/?  faulle.  Il  efl  impofîible 
qu'une  chûfeyc>/>^&:  n&foic  pas.  L'Evangile,  en  dé- 
fendant de  jurer,  veut  qu'ondife  feulement ,  ceh 
e/?,  ou,  cela  n'e/?  pas  ;  tout  ce  qu'on  dit  au-delà 
e/?  vicieux  ,  Saint  Matthieu  ,  5.  37.  Cela  n'e// pas, 
ne.  fut  jamais.  Cela  ne  peut  pas  ttre.  Ce  mariage  eii 
rompu ,  il  n'en  fera  jamais  rien.  Il  Qnferu  ce  qu'il 
pourra.     ' 

Être  ,  fe  prend  auffi  quelquefois  pour  ,  il  faut  ,  on 
doit.  Il  esti  craindre  qu'il  n'autorife  les  maximes  du 
Cardinal.  LaRochef.  Cestz.  vousà  lairecela  j  pour 
dire  ,  vous  devez  faire  cela- 
On  dit  quelquefois,  ri  était  que,  pour_/7ce  n'étoit 
que.W  eft  vieux. 

Tourne^  fur  moi  les  yeux  ,  ces  yeux  tant  adorables. 
Ces  ^eux  que  l'on  pourrait  nommer  incomparables, 
N  étoit  que  l'un  à  l'autre  on  peut  les  comparer. 

POEME  DE  CaRT. 

fer  Etre,  le  ditauflîimperfonnellement.  Ile^r  jour,  il 
est  nuit.  Il  esc  à  prélumer  j  Sec.  On  peut  préfu- 
nier. 

UCr  II  nesc  pas  en  moi  de  fliire  cela  ,   il  n'eft  pas 
en  mon  pouvoir ,  ou  dans  mon  caradère. 

ffT  Dans  le  ftyle  foutenu  ,  il  fe  dit  pour  il  y  a. 
Il  eftttès-peude  gensqui  étudient  leurlang*ie. 

Être  rien.  Il  ne  m'e^rrien  ,  je  ne  \\x\fuis  tien.  Cela 
veut  dite:  Il  n'e/?  point  mon  parent  ;  je  ne  fuis  point 
fon  parent.  Quoi  ?  vous  croyiez  qu'un  tel  étoit  mon 
coulln  ?  'Vous  vous  trompiez  ,  il  ne  m'ecoit  rien  ,  il 
il  ne  me  fuc  jamais  rien. 


ETR 

Ex  te  clens  fier  j  &  louanges  retiens 

D'un  pciejeuu ,  qui  pour  yr^ù  ne  r'eft  rien. 

Marot, 

Être  à  quelqu'un.  C'eft  écre  vaincu  ,  être  pris  ,  ne 
pouvoir  lui  rcliller.  Vicium  e\je.  Un  Capitaine  dit 
a  ies  loldats,  en  avançant  contre  1  ennemi  :  coura- 
ge ,  camarades ,  ûifoncï  nous. 

Ils  font  à  nous  ,   die- il ,  le  Ciel  les  a  livres  , 
Ces  ennemis,  de  meurtre  ô' d'orgueil  enivrés, 

P.  LE  Moine. 

QZT  Être  ,  Exister  ,  Subsister  ,  confidérés  dans  une 
(îgnihcation  fynonyme.  ttre  j  dit  M.  l'Abbé  Gi- 
rard ,  convient  à  toutes  fortes  de  fujets  ,  fuhftan- 
ces  ou  modes  &  A  toutes  les  manières  d'à/e,  foit 
réelles  j  foit  qualihcatives  ou  relatives.  Exijler  ne 
fe  dit  que  des  fubftances ,  tk.  feulement  pour  en 
marquer  l'ctre  réel.  Subfijfer  s'applique  également 
aux  lubftances  &  aux  modes  \  mais  avec  un  rapport 
à  la  durée  de  leur  être  que  n'expriment  pas  les  deux 
autres  mots.  On  dit  des  qualités ,  des  formes  ,  des 
aélions ,  de  l'arrangement  ,  du  mouvement ,  &  de 
tous  les  différens  rapporrs  ,  c\\.\\\s  fonc.  De  tous  les 
êties  réels  qu'ils  exittent  :  des  états  ,  des  ouvrages, 
des  affaires ,  des  Lois  i?c  de  tous  les  établillemens  , 
c[\x  As  fubjijlent. 

fjcr  Le  verbe  être  fert  ordinairement  à  marquer 
l'événement  de  qu-^lque  modification  ou  propriété 
dans  le  fujet.  Celui  d'exi/ler  n'eft  d'uiage  que  pour 
exprimer  l'événement  de  k  hmple  exiftence  j  & 
l'on  emploie  celui  de  fubjîjlcr  ,  pout  défigner  un 
événement  de  durée  qui  répond  .à  cette  exiftence 
ou  à  cette  modification.  Aind  l'on  dit  que  l'homme 
e/3inconftant  \  que  le  phœnix  n'exijle  pas  j  que  touc 
ce  qui  eft  d'établiirement  \inn\3.\nnQ  fubjijie  qu'un 
temps. 

§fT  Soit,  troidème  perfonne  du  fubjonéfif  du 
verbe  être  ,  s'emploie  pour  accorder  _,  confentir. 
Vous  le  voulez,  hé  hicnjoit.  Per  me  licct.  Par  ma- 
nièie  de  fouhait  ,  on  dit  ainfiyjir-il.  ^/^t/z,  adv. 
Hébreu. 

^fT  C'eft  quelquefois  une  conjonction.  Sive.Voy, 
Soit. 
Être,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes  ,  Il  faut 
ttre  tout  un  ,  ou  tour  autre  ;  c'eft-à-dire  j  S'atta- 
cher fortement  à  un  parti.  Il  faut  être  Marchand  , 
ou  larron.  On  ne  peut  pas  i.'r/e  &  avoir  été:,  pouc 
A\ïQ,êcre  vieux  &  jeune  tout  enfemble. Ondit  auflî. 
Quand  on  ejl  bien  ,  il  faut  s'y  tenir.  Il  efi  de  tous 
bons  accords.  Entre  amis  tout  eft  commun.  Il  faut 
lailfer  le  monde  comme  il  ejî.  Vous  êces  bon  de 
vous  arrêter  à  ces  bagatelles  ,  &c.  Oi\  dit  en  com- 
mun proverbe  ,  quand  on  y  efl ,  on  y  e/?;  &  vous 
n'y  êtes  pas ,  à  celui  qui  ne  touche  pas  au  point  de 
la  difficulté. 
ETRECHI.  Nom  propre  de  différens  lieux  en  France. 
Stripiniacum.  Il  y  a  Etrechi  fur  la  Juine  j  entre  Bon- 
nes &  Etampes ,  fur  les  confins  du  Diocèfe  de 
Paris  &  celui  de  Sens.  Il  y  .^.Etrechi  en  Berri ,  à  cinq 
ou  lix  lieues  au  levant  de  Bourges. 

EJirechi  s'eft  fait  du  Latin  Stripiniacum  ,  par  cor- 
ruption &  abréviation  de  ce  mot  Latin  ,  &en  chan- 
geant le  p,  en  ch ,  de  même  que  dans  Ache  du 
Larin  Apium ,  Gamache  de  Gamapium  j  Attichi 
à' Attipidcum  ,  échine  àefpina.  De  plus  ,  aux  mots 
Latins  qui  commencent  par  un  s  ,  fuivie  d'une  autre 
confonne,  nous  avons  ajouté  une  au  commence- 
ment ,  Spiritus  ,  efprit ,  fpina  ,  efpine  ,  Strena  , 
eftrennes,ytT(5/ù/<«  J  efcrouelles  ,  fpada  ,  épée,  &c. 
j'jdr.  Valef.  Notij.  G  ail.  p.  ^51. 
ÈTRÉCIR,  V.  a.  Ôter  de  la  largeur ,  rendre  plus 
étroit.  Coarclare  ,  conflringere.  Il  eft  plus  aifé 
àétrécir  des  habits  que  de  les  élargir.  Etrécir  un 
chemin. 
Etrécir.  v.  récip.  Tenir  plus  étroit.  La  toile  rétrécit 
à  la  première  Ififlive.  Le  cuir  s'c'fr/aV,  feraccourcit 


ET  R 

paiîa  l'éciierefic.  La  rue  en  cet  endioic  va  en  s'd'cre- 
ajjant. 

êfT  Etrecir  un  cheval.  Terme  de  Mincge.  C'ell  en 
relFerrer  la  pille  ,  le  ramener  mlenliblemenc  lur  un 
terrein  moins  érendu  tjue  celui  qu'il  parcouroic. 

:^CT  s'ErREciR  ,  fe  dit  du  cheval  qui  ne  va  pas  allL-z 
large,  qui  en  le  rellerranc  lui-même  s  approche 
trop  près  du  centre  de  la  voke^  &  faulî'e  aiali  ks 
lignes  qu'il  devroic  décrire. 

EniEcia,  le  du  rigurémenc.  Si  on  ne  furmonce  cer 
cloignement  ,  &  ce  dcgou:  qu'il  eft  facile  à  tout  le 
monde  de  concevoir  de  routes  les  choies  qui  pa- 
roiirenc  un  peu  lubriles  cs:  Icolaltiques,  on  ecrtcu 
inienliblemenc  Ion  elpric ,  &  on  le  rend  incapable 
de  comprendre  ce  qui  ne  le  connoîc  que  par  l'en- 
chaînement de  pluheurs  propofirions.  Log.  11  fem- 
ble  que  ijs  tètes  des  plus  grands  hommes  s'cY/c- 
C{//t;«rlorrqu'elle3  fontairemblées  j&  que  là  oii  il  y  a 
plus  delages,  il  y  ait  monis  de  lagelie:  les  grands 
corps  s'attachent  toujours  li  fore  aux  minuties ,  que 
l'elientiel  ne  va  jamais  qu'après.  Monthsq. 

ÉTRECl ,  lE.  part,  .iv:  adj.  Ou  Gange  dit  que  dans  l.i 
balFe  Latinité  on  a  dit  cjlrcdacus  j  pour  dire,  arclu- 
ais  j  écréci. 

ÉTRECISSEMENT.  f.  m.  Action  par  laquelle  on  ctré- 
cir.  Coarclaùj  ,  coiitraclio.  Vàirccijjhnc.it  du  canal  de 
la  rivière  par  les  quais  laïc  remonter  l'eau  ,  peut 
caufer  des  inondations. 

ÉTRECiSSURE.  T.  F.  Action  par  laquelle  on  étrécic , 
ou  piutôr  état  de  ce  qui  ell  étréci.  Coarciacura.  L'é- 
tiectijure  de  cer  habir  e'.t  nécellaire.  /ùrcdffurc  de 
terre,  ferr^Jauccs  ,  imguj.  ,  angujlit.  Etrccijjurc  de 
cxur.  PoMEY.  Ce  mot  n  elt  plus  d'ufage. 

ÉEREIGNOIRS.  f.  m. Ce  font  den.x  morceaux  de  bois 
percés  de  plufieurs  trous  ,  joints  avec  des  chevilles. 
Ils  fervent  au  mjme  ulage  que  le  fergenc ,  peur 
emboîter  des  portes,  ou  autres  chofes. 

ÉTREIN.  f  m.  ^r-wKe/z.  Foarre  ou  paille  fourragée  , 
qu  oa  met  fous  le  ventre  des  chevaux  pour  leur  fei- 
vir  de  litière.  Il  n'ell  pas  d'ufage. 

Ce  mot  vient  du  L:ii.\nftramtii ,  lignifiant  la  même 
choie. 

ÉTREINDRE.  v.  a.  J'crnins ,  fétrclgnois ,  fécreignls , 
j'ai  étreinc,  fctrcinlrai ,  qm  j'ecreignc  ,  feCiiidro/s, 
quefécreignijfe.  Serrer  lorcemenr.  Conjbingcre,  flrin- 
gere.  Hercule  tua  Antée  en  ïcircignant  lortenient 
On  étreint ,  on  ferre  les  nœuds,  les  cordes  avec  un 
garrot.  On  le  dit  particulièrement  de  ce  qu'on  ferre 
en  \^dknx..Eireindrc  une  gerbe  ,  un  fagot. 
Ce  mot  vient  Aajhingere.  M  en. 

Etreindre  ,  fe  dirfigurément  en  Morale.  Con/un^cre , 
uriire.  Cette  double  alliance  a  étrdnt  l'amitié  de  ces 
deux  familles.  L'intérêt  commun  eVei«r  les  nœuds  de 
la  fociété.  Saint  Paul  du  que  la  charité  de  J.  C. 
nous  eVreiwf. 

On  dit  proverbialement,  qui  trop  enibralfe,  mil 
étreïnt\  pour  dire  ,  qu'il  ne  faut  pas  faire  plufieurs 
entrepriies  à  la  fois.  On  dit  auffi ,  Plus  il  gcle  ,  plus 
il  étreint  \  pour  dire.  Plus  un  mal  continue,  & 
plus  on  en  eft  accablé  ,  plus  il  eit  difficile  de  le 
lupporter. 

IP"  ÉTREINT  ,  tiNTE.  part. 

ÉTREINTE,  f.  f.  Action  par  laquelle  on  ferre,  on 
étreint.  Serrement.  ConJlncUo  ,  conlhiclura.  On  s'en 
ferttantau  propre  qu'au  hgmLVitreinte  de  ce  ballot 
croit  trop  lâ;he.  Vàreinte  des  Amans  eft  bien  plus 
forte  que  celle  des  amis  ;  mais  elle  dure  moins.  On 
lui  a  donné  deux  ou  trois  c'creintes  de  corde  ;  pour 
dire  ,  des  coups  de  fouet.  Etreinte  de  ceinture  ,  &c. 
Jffriclona  yfibula.  PoMEY.Ce  mot  eft  vieux  &  hors 
d'ufage. 

§a-ETRENNE.  f  f.  Préfens  que  l'on  fe  fait  le  pre- 
mier jour  de  l'année.  Xen}.2  ,  Jhena.  Dans  ce  fens  , 
on  fe  fert  ordinairement  'de  ce  mot  au  pluriel. 
Donner ,  recevoir  des  étrennes.  Les  Poètes  donnent 
des  vers  pour  étrennes, 

Cy  gît  dcjfous  ce  marbre  blanc 
Le  plus  avare  homme  de  Rennes , 


E  T  R  917 

Qui  mourut  tout  exprès  le  dernier  jour  de  C  an 
De  peur  de  donner  Us  étrennes. 

Après  tant  de  cruelle  %  peines  , 
Q«e  vos  rigueurs  m' ont  fait /ouvrir  , 
S'il  Jaut  vous  donner  des  éttewnes  j 
C'ejé  un  cœur  qui  s'en  vu  mourir. 

itr  Ce  mot  vient  du  Latin  Strenx  ,  qui  lignifie  la 
même  chofe,  &  qui  a  été  formé  du  \nox.Jaemus  j 
parce  que  ces  préfens  Strcnuis  vins  dabantur. 

Oi-i  rapporte  l'origine  des  étrennes  au  temps  de 
Romulus ,  &deTatius,  Roi  des  Sablas,  qui  ré- 
gnèrent enlemble  dans  la  ville  de  Rome ,  l'an  7.  de  la 
fondation.  On  dit  que  Tatius  ayant  reçu  comme  un 
bon  augure  j  des  branches  coupées  dans  un  bois 
conlacré  à  la  Déelfe  Sirenua,  Déelfe  de  la  Force  , 
&  qu'on  lui  prélenta  le  premier  jour  de  l'an  ,  au- 
torifa  cette  coutume  dans  la  fuite  ,  &.  donna  le  nom 
dsjiren^  à  ces  préfens ,  à  caule  de  cette  Déelfe  ,  qui 
prélida  depuis  à  la  cérémonie  des  tfr/e««e.f.  Les  Ro- 
mains firent  de  ce  jour-là  un  jour  de  Fête,  qu'ils 
dédièrent  au  Dieu  Janus  qu'on  repréfentoit  avec 
deux  vifages,  comme  regardant  l'année  palfée  ifc 
celle  oii  l'on  entroit.  Ce  jour-là  on  fe  fouhaitoit  une 
heureufe  année  les  uns  aux  autres.  Les  préfens  or- 
dinaires étoient  des  figues ,  des  dattes  de  palmier 
&  du  miel  ;  Se  chacun  envoyoït  ces  douceurs  à  les 
amis ,  pour  leur  témoigner  qu'on  leur  fouhaitoit 
une  vie  douce  (Se  agréable.  Les  figues  &  les  dattes 
étoient  ordinairement  couvertes  de  feuilles  dor  ;  ce 
qui  n  étou  pourtant  que  le  préfenr  des  perfonnes 
moins  riches.  Les  Ciiens  j  c'eft-à-diie ,  ceux  qui 
étoient  fous  la  proteCl:ion  des  grands  ,  portoienc 
ces  fortes  d' étrennes  à  leurs  patrons  ,  Se  y  joi- 
gnoient  quelque  pièce  d'argent.  Sous  Augulie  ,  le 
peuple,  les  Chevaliers  &  las  Sénareurs  lui  préfen- 
toient  des  étrennes  ,  Se  lorfqu'il  étoit  ablent ,  ils  les 
portoienc  dans  le  Capicole.  L'argent  des  écenr.es 
étoit  employé  à  acheter  des  ftatucs  de  quelques  Di- 
vinités. Tibère  défendit  par  unédit  \ss  étrennes  palFé 
le  premier  jour  de  l'an  ,  parce  que  le  peuple  s'occu- 
poic  de  cette  cérémonie  pendant  huit  jours.  Cali- 
gula  déclara  au  peuple  qu'il  accepteroic  celles  qu'on, 
lui  préfenteroir.  Claude  fon  fuccelleur,  détendit 
qu'on  rimportunât  de  ces  préfens.  Cette  coutume 
le  confervi  parmi  le  peuple.  Les  Grecs  empruncc- 
rent  cet  ulage  des  Romains. 

03"  Dans  les  premiers  fiècles  de  l'Eglifc  ,  la  cou- 
tume il'eiTvoyer  des  étrennes  aux  Migiltrats  Ik.  aux 
Empereurs  ne  lailla  pas  de  s'oblerver.  Les  Conciles 
&  les  Pères  déclamèrent  fort  contre  cet  abus.  Ils  Icj 
appclùienc  Calendes,  du  nom  général  qui  lignihoïc 
le  premier  jour  du  mois  j  mas  l'Eglife  n'a  pouu 
condamné  cette  coutume  depuis  que  ces  être/mes 
n'ont  plus  été  que  des  marques  d'amitié  &  de  fou- 
milfion  ,  Se  que  l'on  s'eft  abftenu  des  cérémonies 
payennes ,  comme  de  préfenter  de  la  verveine  oïl 
de  certaines  branches  d'arbres ,  de  chanter  ,  de 
danfer  dans  les  rues.  Sec.  Mor.  qui  cite  différens 
Auteurs. 
Ètrenme,  chez  les  Marchands ,  fe  dit  figurément  de 
la  première  marchantUie  qu'ils  vendent  chaque 
jour  ;  .5:  chez  les  mendians,  de  la  première  aumône 
qu'ils  reçoivent.  Un  Marchand  dit  qu'il  fait  bon 
marché,  àcaufe  que  c'eft  fon  étrenne.  Il  prend  pré- 
texte de  ne  point  faire  crédit ,  parce  que  c'eft  fon 
étrenne: 
Etrenne,  fedit  aulTi  des  chofes  neuves  dont  on  com- 
mence à  fe  fervir.  Vous  aurez  Xétrenne  de  ces  meu- 
bles ,  de  cette  chambre.  Il  a  bien  plu  fm'  cet  habit 
neuf  :  c'eft  fon  etrenne  \  il  a  été  tout  gâté  pour  fon 
étrenne. 

On  die  provcrbialemeet ,  A  bon  jour,  bonne 
étrenne  ,  quand  il  nous  arrive  queJque  chofe  d  heu- 
reux en  un  bon  jour. 
ÉTRENNER.  v.  a.  Donner  des  étrennes.  DareXenia. 
J'ai  été  étrenne  par  des  aubades.  Il  m'a  coûté  tant 
à  étrenner  tous  ceux  qui  fon  venus  me  voir. 


^1%  ETR 

On  doit  des  écrennes  aux  Dieux  : 
Dès  le  temps  des  Romains  ^  à  ce  que  dicl'hiftoire. 

D'être  étrennés  ils  j aifoient  gloire  , 

Et  par  confequent  c/'écrenner. 
Chei^  les  Dieux  recevoir  ne  va  point  fans  donner. 

Nouv.  CH.  DE  Vers. 

•Étrenner,  fighifie  auffi  ,  Etre  le  premier  qui  achecte 
quelque  chofe  d'un  Marchand.  Si  vous  voulez  me 
faire  bon  marché  ,  je  vous  étrennerai.  Je  ne  veux  pas 
vous  laiffer  aller  j  vous  métrennere\. 

€trenner  ,  le  dit  auffi  du  premier  ufage  que  l'on  fait 
d'une  chofe.  Cette  vaillelle  n'a  point  encore  fervi , 
vous  Vétrennere^.  Ce  linge  étoit  tout  neuf,  c'eft  vous 
qui  l'avez  etrenné. 

'Étrenner  ,  eft  auffi  quelquefois  neutre  ,  &  fe  dit  du 
premier  argent  que  reçoit  un  Marchand  de  fa  Mar- 
chandife,  dans  la  journée,  ou  dans  la  lemaine  ,  &c- 
Je  n'ai  pas  encore  men«c  d'aujourd'hui.  Un  Mar- 
chand eft  fort  chagrin  ,  quand  il  palfe  des  jours  en- 
tiers fans  étrenner. 

ÉTRENNE  ,  ÉE.  part. 

ÊTRES,  f.  m.  pi.  fe  dit  des  diverfes  parties  d'un  bâ- 
ment ,  des  degrés,  des  corridors  ,  des  détours  qui 
conduifent  à  tous  fes  membres ,  deleurdifpohtion  , 
&  de  leur  (ituation.  Domùs  partes  j  loca.  Il  faut 
enfeignec  aux  nouveaux  valets  tous  les  êtres  du 
logis  :  ce  qui  s'entend  auffi  des  lieux  où  fe  mettent 
les  uftenfiles  &  provifions. 

Quelques-uns  en  ce  fens  le  dérivent  âe  Jlrada, 
comme  qui  diroit  les  rues  &c  chemins  de  la  maifon. 
Mais  Du  Cange  prétend  qu'il  vient  par  corruption 
du  mot  d'aùres  ,  ou  âtres  j  qui  lîgniiioit  foyer , 
étant  dérivé  du  mot  Saxon  aftrum  ,  qui  fignifioit 
un  foyer ,  une  fournaife ,  &  toute  la  maifon  \  de 
forte  qu'en  favoir  les  aîtres  ,  c'eft  en  connoître  les 
chambres  &  les  foyers. 

ÉTRESILLON.  f.  m.  Terme  d'Architefture.  On  ap- 
pelle ainfi  les  pièces  de  bois  qu'on  met  entre  des 
ais  ,  ou  dolTes  j  qui  font  appliquées  contre  les  terres 
dont  on  craint  l'éboulement,  quand  on  creufe  les 
fondemens  d'une  maifon  ,  ou  dans  les  galeries  des 
mines.  On  le  dit  auffi  des  pièces  de  bois  qui  fe 
^mettent  entre  deux  murs,  &  qui  lesétayent  réci- 
proquement. Fulcimen  j  fulcrum. 

1)3^  ÉTRESILLONNER.  v.  a.  Mettre  des  étrefiUons, 
des  pièces  de  bois  qui  fervent  d'appui  ou  d'arc- 
boutant  pour  foutenirdes  murs  qui  déverfent  ,  des 
terres  qui  s'éboulent ,  &  en  général  3  tout  ce  qui 
a  befoin  d'être  contenu  de  même.  Voye\  Appui  , 
Arc-Boutant. 

ITF  ÉTRESILLONNE  ,  ée.  part. 

ETRIER.  f.  m.  Appui  pour  le  pied  du  Cavalier ,  qui 
le  tient  ferme  à  cheval  ,  &  qui  lui  aide  à  monter 
en  felle.  Scanfde  ,  (lapes  ,flapeda  ,  ou  flaphia.  Ce 
font  des  bandes  de  fer  rondes  par  en  haut ,  &  plates 
par  enbas  ,  qui  forment  une  ouverture  pour  y  paflTer 
le  pied  à  l'aife  ,  qui  font  fufpendues  à  la  felle  par 
une  longe  de  cuir ,  &  qui  font  une  partie  du  harnois 
du  cheval.  Il  faut  pefer  fur  les  êtriers  pour   arrêter 
un  cheval.  La  plus  grande  adreffe  d'un  Cavalier 
dans  un  tournoi ,  étoit  de  faire  perdre  les  e'triers  à 
fon  adverfaire.  En  combattant    on  doit  avoir  l'é- 
trier  droit     plus    court   d'un    demi   point   que   le 
gauche.  On  appelle  les  êtriers  détroulTés ,  quand  ils 
font   pendans.    Au    Manège  on  appelle  chapelet , 
une  paire  ^êtriers  attachés  à    des  êtrivières  ,   que 
porte   chaque  Cavalier  tout   ajuftés  à  fon  point. 
Mathio'.e  dit  que  les  Turcs  empoifonnent  les  êtriers 
d'un  venin  fi  lubtil  ,  qu'il  perce  les  bottes ,  &  fait 
mourir  le  Cavalier  ;    &  l'on  tient  qu'Amurat  II. 
Empereur  des  Turcs  fut  empoifonné  en  14S0,  par 
un  êtrier  d'uns  largeur  extraordinaire.  Les  Tartares 
font  à  cheval  les  jambes  doublées  &  les  êtriers  ex- 
trêmement courts.  P.  le  Comte. 

Ce  mot  vient  àejlriparium  ,o[x  {lrivarium,<\\xon  a 
fait  de  flrepa  ,  ou  plutôt  de  fireparia  ,  dont  la 
bafte  Latinité  s'eft  fervie  dans  la  mêmefignification. 


ETR 

Strepa  a  été  fait  de  l'AllemandyZre/,  ou  du  Grec 
«5-ç«oij ,  qu'on  trouve  dans  Suidas  &  dans  Héfi- 
chius  i  mais  il  lignifie  plutôt  l'arçon  de  la  felle  que 
ïêtrier.  Mén.  Les  êtriers  ont  été  appelés  autrefois 
fautoirs  j  &  la  plupart  des  Savans  tiennent  qu'ils 
font  d'invention  moderne. Ménage,  qui  cite  Voilius, 
dit  que  Saint  Jérôme  eft  le  premier  Auteur  qui  en 
ait  parlé. On  ne  voit  point  à'arier  dans  les  anciennes 
ftatues  j  ni  fur  les  médailles. 

§Cr  II  eft  étonnant  qu'une  invention  fi  utile  ,  & 
même  fi  nécelfaire  ,  &c  fi  lacile  à  imaginer  ,  ait  de- 
meuré fi  long-temps  inconnue.  On  fe  jetoit  agile- 
ment fur  le  corps  d'un  cheval  ;  quelquefois  on  ac- 
coutumoit  un  cheval  à  fe  baifler  fur  les  jambes  de 
devant.  Ceux  que  l'âge  ,  la  fcibleffie  ,  la  grolfeur 
rendoient  plus  pefans ,  fe  fervoient  d'un  valet  pour 
y  monter.  Depuis  on  fit  placer  des  pierres  dans  les 
chemins  pour  fervir  de  montoirs. 

§C?Onécrivoit  &  on  prononçoit  autrefois  étrieu. 
§3^  Sur  cette  importante  matière  ,  confultez  la 
très- longue  &  très-lavante  diffiertationqui  fe  trouve 
dans  le  Didionnaire  Encylopédique  au  motETRiER. 
L'Auteur,  tout  plein  de  fon  Art ,  ne  lailFe  certai- 
nement rien  à  défirer  fur  les  articles  qui  concernent 
l'hippiatrique  ,  &  les  traite  avec  toute  l'étendue  que 
M.  d'Alembert  pouvoir  donner  aux  queftions  de  la 
plus  fublime  Géométrie. 

On. dit  figurément  &  familiairement  ,  qu'on  a 
fait  perdre  les  êtriers  à  quelqu'un  ,  ou  qu'on  l'a  mis 
hors  d'arçon  ;  pour  due  ,  qu'on  Ta  mis  hors  de 
combat  j  qu'on  l'a  déconcerté  ,  qu'on  l'a  mis  en 
défordre.  On  dit  aufti ,  qu'on  lui  tient  \'êtrier^(\mr\à 
on  lui  aide  en  quelque  chofe  qu^il  a  entreprife.  On. 
dit  encore  ,  qu'un  homme  eft  ferme  fur  les  êtriers  ; 
pour  dire  ,  qu'il  n'eft  pas  aifé  à  ébranler  dans  fes 
réfolutions  ,  fes  opinions. 

On  appelle  le  pied  de  Y  écrier ,  le  pied  gauche  du 
devant,  celui  du  montoir. 

On  appelle  proverbialement  vin  de  Ve'tier ,  le  der- 
nier coup  qu'on  hoir,  quand  on  eft  prêt  de  monter 
à  cheval,  ou  à  cheval  même.  On  dit  qu'un  homme 
a  toujours  le  pied  à  Vêtrier  ■,  pour  dire ,  eft  tou- 
jours en  voyage  j  en  courfe ,  ou  prêt  à  fe  mettre  en 
chemin. 

Etrier.  Terme  d'Horlogerie.  C'eft  une  efpècedepont 
dont  les  pieds  font  parallèles. 

Etrier,  en  termes  de  Charpenterie  ,  eft  une  pièce  de 
fer  plate  qui  accole  &  embralfe  une  poutre  j  ou  un 
tirant ,  pour  l'attacher  plus  fermement  à  un  poin- 
çon. Il  fert  audi  à  airêter  les  folivcs  pofées  en  baf- 
cule ,  lorfqu'un  pan  de  bois  eft  en  faillie  fur  une 
roue  ,  ou  fur  une  cour.  C'eft  aufti  une  bande  de  fer 
en  forme  de  crampon  ,  qui  fert  à  lier  une  pièce  de 
bois  avec  une  autre. 

Etrier.  Terme  de  Charron.  Les  êtriers  d'une  charrue 
font  deux  efpèces  d'épars ,  auxquels  on  attache  les 
traits  des  chevaux  ou  des  bœufs  qui  tirent  la  charrue. 
Liger. 

Etrier,  en  termer  d'Anatomie  ,*  fe  dit  d'un  petit  os 
qui  eft  dans  l'oreille  intérieure  de  l'homme  auprès 
des  deux  autres  qu'on  appelle  Venclume  &  le  mar- 
teau •  &  il  a  été  ainfi  nommé  ,  à  caufe  de  fa  figure 
triangulaire  ,  qui  étoit  celle  des  êtriers  à  l'antique. 
Jean-Philippe  Ingrafiias,  Sicilien  ,  qui  fioriffoit  vers 
l'an  1546,  s'eft  acquis  quelque  réputation  pour 
avoir  trouvé  le  ttoifième  olfelet  de  l'oreille  appelé 
Yêtrier. 

Etriers,  en  termes  de  Marine,  ce  font  de  petites 
cordes  dont  on  a  joint  les  bouts  enfemblç  par  des 
épilfures ,  &  dont  on  fe  (ert  pour  faire  couler  quel- 
que chofe  au  haut  des  mâts  ,  comme  une  vergue, 
ou  une  voile  de  perroquet.  FunicuLi  nautici. 

Etrier,  eft  encore  un  des  chaînons  de  cadènes  de 
haubans ,  que  l'on  cheville  fur  une  fécond*  prpcinte 
pour  renfoncer  les  mêmes  cadènes. 

Etrier  ,  fe  dit  des  choies  qui  relfemblent  à  on  etrier , 
qui  en  ont  la  figure.  Ainfi  on  appelle  ,  Bas  à  etrier  ^ 
des  bas  qui  n'ont  point  de  pied  ,  Hc  qui  font  cou- 
pés en  etrier.  Daus  la  Chirurgie  on  dit  que  le  ban- 


ETR 

dage  rampant  j  lorfqu'on  le  pratique  à  la  jambe, 
commence  par  un  écrier ,  parce  qu'on  palTe  le  pie- 
niier  chef  par  delFus  la  plante  du  pied  ,  &  qu'on 
conduit  le  bandage  en  le  faifant  monter  au  long 
delà  cuilFe.  fmer,  c'eft  le  nom  d'un  bandage  qui 
a  la  forme  d'un  écrier,  &c  qu'on  fait  à  la  jambe. 
Avec  une    bande  on  fait  un    bandage   qu'on   ap- 
pelle  l'écrier,  parce  qu'il  en  a  la  figure.  Dionis. 
Scanes  ,  edis. 
ÉTRIÈRE.  f.f.C'efl:  une  petite  bande  de  cuir  pour  atta- 
cher les  étriers  à  la  felle,  quand  on  ne  veut  pas.qu'ils 
pendent.  Jambe  écrière.  yoy.  Jamee. 
ÉTRIF.  f.  f.  Vieux  mot.  Querelle  ,  débat  de  paroles. 
Ce  mot ,  dit  Nicot ,  efi  prins  par  niitaphore  de  ce  que 
les  Chevaliers  comhatcantrun  cancre  l' aucre  j  advan- 
tagencù  ajfermijfenc  /es  pies  dans  les  écrie rs  j    pour 
êcre  plus  r aides  à  cheval  ,     &  plus  mal  -  aifés  à 
ahaccre. 
ÉTRILLE,  f.  f.  Scrtgilis  ,  flrig'dlum.  Efpèce  de  peigne 
de  fer  qui  a  plulîeurs  rangs  de  dents  en  forme  de  fcie , 
avec  lequel  on  ôte  la  cralfe  ,  l'orduie  ,  la  poullière 
qui  s'eft  attachée  à  la  peau  &  au  poil  des  chevaux. 
On  dit ,  pour  méprifer  une  chofe ,   qu'elle  ne  vaut 
pas  le  manche  d'une  ecrïlle. 

ifT  Le  l'.  du  Cerceau  ,  dans  fon  dépit  contre  le 
jeu  de  Quadrille ,  dit  : 

Et  quand  j'aurais  à  moi  tout  l'argent  du  Pérou  j 
Je  n'y  rifquerois  pas  le  manche  d'une  étrille. 

On  dit  proverbialement ,  Être  logé  à  Xccrille  , 
pour  dire  ,  en  une  hôtellerie  où  l'on  rançonne  ,  où 
l'on  fait  payer  trop  cher. 

Ce  mot  vient  du  Latin7?ri^i//i. 

ÉTRILLER.v.a.Panferuncheval  avec  l'étrille, détacher 
avec  l'étrille ,  en  la  faifant  palfer  à  poil  >k  à  contre- 
poil,  toutes  les  malpropretés  qui  ternilfent  le  poil  du 
cheval  ,  &  nuifent  à  fa  fanté.  Scr/gUi  defricare. 

Étriller,  dans  un  fens  figuré,  fe  dit  familièrement 
pour  battre  bien  quelqu'un  ,  le  rolfet  comme  il 
faut,  le  fouetter.  Muicure  ,  malè  h<:berejplagis  one- 
rare.  On  a  pris  un  coupeur  de  bourfe  fur  le  fait  ,  il 
a  été  bien  écrillé  j  bien  battu  par  le  peuple.  Les 
ennemis  turent  bien  ecrihés  au  temps  de  cette  ba- 
taille. 

Je  vous  étrillerai  d'un  air,  &c.  Mol.  Ha  .'  je  tV- 
trillerai  fur  le  ventre  &  par-tout.  Scar.  Le  Marquis 
de  Grancey  entrant  au  Louvre  avec  un  habit  mal- 
propre ,  &  tout  couvert  depoudière,  deux  Officiers 
lui  dirent.  Comme  vous  voilà  fait ,  vous  êtes  fait 
comme  un  Palefrenier.  Oui ,  leur  répondit-il  bruf- 
quement ,  tout  prêt  <à  vous  bien  écriller. 

ÈTRiLLER,fe  dit  audi  lorfque  l'on  a  gagné  au  jeu  tout 
l'argent  de  quelqu'un.  Ces  filoux  l'ont  furieufement 
étrillé. 

Étrillé  ,  ée.  part. 

ÉTRIPPER.  V.  a.  Oter  les  trippes  d'un  animal  qu'on 
cventre  ,  qu'on  habille.  Evifcerare  ,  inteflina  dccra- 
here ,  exenterare.  Les  Arupifces  étrippoient  les  vic- 
times pour  en  confidérer  les  entrailles,  pour  fon- 
der leurs  divinations. 

Ce  mot  vient  de  e.vrir/'ar^. 

On  dit  adverbialement ,  Aller  à  étrippe  cheval  ; 
pour  dire.  Outrer  un  cheval,  le  pouller  à  toute 
bride  j  &  le  prelTer  tellement ,  qu'il  femble  qu'on 
le  veuille  étripper  avec  les  éperons. 

§3°  Ce  mot  eft  bas,  &  préfente  l'idée  d'une  cho- 
fe dégoûtante.  Comme  il  a  des  fynonymes ,  on  peut 
dans  le  difcours  lui  fubftituer  un  autre  terme. 

Étripper.  Terme  de  Cordier.  Sécripper  fe  dit  d'un 
cordage  dont  les  fîlamens  s'échappent  de  tous  côtés. 

Étripper,  eft  aufli  un  terme  de  Fleurifte.  C'eft,  Sé- 
parer les  feuilles  d'une  fleur  en  l'élargifTant.  Conca- 
minare  ,    difcerpere.  Il   ne  faut  point  étripper  les 

fleurs. 
ÉTRISTÈ.  adj.  Terme  de  Vénerie  ,    ou  de  Chafle. 
Qui  fe  dit  d'un  lévrier  qui  a  les  jarrets  bien  faits. 
Venacrus  efregiis  crurihus.  Ce  mot  fe  trouve  dans  le 
Didionnaire  des  Arts  de  l'Académie  Françoife. 


ETR  c>  I  p 

ETRIVIÈRE.  f.  f.  Courroie  par  laquelle  les  étriers 
font  iufpendus.  Lorumfcanjûis  ,  oa  Itapedis.  Avant 
que  de  monter  k  cheval,  il  faut  ajufter  les  étrivières, 
les  alonger ,  ou  les  accourcir. 

Ménage  dérive  ce  mot  Aq  aflrabarium ,  diminutif 
de  ajlraba  ,  iignitiant  etrier. 

Donner  les  écnvières  ,  c'eft  ,  Châtier ,  frapper 
avec  des  écnvières,  8c  ligmément  maltraiter  quel- 
qu'un d'iine  manière  humiliante.  On  du  aulli  qu'un 
homme  s'eft  lailfc  donner  li^s  écnvures  ,  quand  il  a 
foufterr quelque  .affront  ^ quelque  indignité,  lorfque 
par  fa  lâcheté  il  fe  foumet  .à  tout  ce  qu'on  veut.  En 
ce  fens  le  mot  d'écrivières  n'a  point  de  fingulier. 
0Cr  ETROIT,  oiTE.  adj.  Jrclus  ,  angujlus.  Qui  a  peti 
de  largeur.  Ce  terme  ne  fe  difant  que  par  oppofi- 
tion  à  large  ,  ne  lignifie  rien  d'abfolu ,  non  plus  que 
tous  les  autres  termes  relatifs.  Ainli  nous  difons 
qu'une  chofe  e'à.écroice,  lorfqu'elle  n'a  pas  la  lar- 
geur requife  pour  l'ufage  que  nous  en  voulons  fai- 
re, ou  lorfque  cette  dimenlion  n'eft  pas  audi  g^nde 
dans  cette  chofe  ,  que  dans  une  autre  à  laquelle 
nous  la  comparons.  Cette  rue  eft  fort  longue  ,  mais 
elle  eft  iio^g  étroite.  Tantôt  on  porte  du  ruban  large, 
&  tantôt  ecroic.  Les  fouliers  trop  étroits  font  venir 
des  cors  aux  pieds. 
Etroit  ,  oite.  Terme  de  Matrone.  Les  Matrones  di- 
fent  qu'une  fille  eft  étroite ,  pour  dire  ,  qu'elle  a  en- 
core fa  virginité.  Elles  difent  dans  leurs  procès- 
verbaux  de  vifite  qu'elles  ont  trouvé  la  perfonne 
ecroice  ,  &:  fans  aucune  divillon  des  caroncules  myr- 
tiformes. 

^fT  En  termes  d'Ecriture  Sainte  ,  on  dit  la  voie 
écroice  ,  le  chemin  étroit ,  en  parlant  du  chemin  du 
Ciel  j  par  oppoiition  à  la  voie  large,  qui  eft  le  che- 
min de  la  perdition.  Combien  eft  étroit  le  chemin 
qui  mène  à  la  vie  ! 
ifl"  Etroit,  fe  prend  encore  au  figuré  comme  fyno- 
nyme  d'intime.  On  dit  dans  ce  fens  union  ,  alliance  , 
liaifont'V/tî/re.  C'eft  une  c^ro/>e  union  que  celle  de 
Jefus-Chrift  &  de  fon  Eglife  ,  du  mari  &c  de  la 
femme.  La  vertu  lie  les  amis  d'une  amitié  plus 
étroite.  La  liaifon  de  l'ame  &  du  corps  eft  fi  ecroiie, 
qu'il  eft  difficile  de  féparer  leurs  plaifirs  &c  leurs 
fouffrances.  S.  Evr. 

%fT  On  le  dit  encore  par  oppofîtion  à  relâché. 
Il  y  a  des  Cordeliers,  des  13ernardins  de  ['étroite  ob- 
fervance  ,Jiriclce.  obfervantia, ,  qui  obfervent  la  règle 
dans  la  première  rigueur,,  dans  fa  première  pureté. 
On  permet  à  un  Religieux  de  pallerd'un  Ordre  dans 
un  autre  ,  pourvu  que  la  Règle  foit  plus  étroite.  Un 
Général  doit  faire  obferver  une  étroite  difcipline  à 
fes  Soldats. 
ifT  Étroit  ,  en  termes  de  Jurifprudence,  fe  dit  dans 
le  même  fens  de  ce  qu'on  doit  exécuter  à  la  rigueur  , 
&  avec  toutes  les  formalités.  Le  Droit  diftingue  en- 
tre les  adtions  de  Droit  Etroit ,  Juris  Jlricli ,  Se 
celles  de  bonne  foi.  Les  Retraits ,  les  Dévoliits ,  font 
desaéfions  de  Droit  Etroit ,  qui  ne  fouftrent  point 
d'extenlion.  Les  contrats  qui  peuvent  être  fujets  à 
interprétation  ,  donnent  lieu  aux  avions  de  bonne 
foi. 

ifT  On  dit  en  ftyle  didadique  ,  prendre  quelque 
chofe  dans  le  fens  étroit ,  c'eft-àdite  ,  dans  toute  la 
rigueur  de  la  lettre,  dans  le  fens  précis,  relTerré,  par 
oppoiition  à  un  fens  plus  étendu  ,  plus  général. 

On  dit ,  en  parlant  d'un  homme  ,  que  c'eft  un 
front  étroit ,  un  crâne  étroit^  pour  dire  ,  qu'ilnian- 
que  de  jugement.  On  appelle  ,  Génie  étroit ,  efpnt 
étroit  j  un  génie  ,  un  efprit  de  petite  étendue. 

On  dit  qu'un  homme  a  la  confcience  étroitecom- 
me  la  manche  d'un  Cordelier  ;  pour  dire  ,  qu'il  a 
la  confcience  large,  &  qu'il  n'eft  pas  fcrupuleux. 

^fT  Ce  mot  vient  de  (Iriclus ,  qui  iîgnifie  la  même 
chofe.  NicoT. 
Étroit,  en  termes  de  MaaègCj  fe  dir  d'un  cheval  qui 
a  les  côtes  plates ,  ferrées  ou  raccourcies ,  qui  a  le 
flanc  retrouiïe,  tel  que  celui  d'un  lévrier.  On  l'ap- 
pelle aufli  ejîrac  ou  étroit  de  boyau.  On  dit  aulli  , 
Conduire  un  cheval  étroit:,  pour  dire,  lui  donner 


910  E  T  R 

peu  de  terreih  ,  &  empêcher  qu'il  ne  nurclie  large  : 
quand  il  a  la  bouche  force,  il  tauc  le  conduire eVroi;. 
i^uand  l'Ecuyer  dic  eu  donnant  leçon  ,  li^rge  ,  alors 
l'iicolier  approche  le  caloiî  de  dedans  j  pour  em- 
pêcher que  le  cheval  ne  lerre  trop  ,  6c  ne  s'appro- 
che trop  du  cenne  de  la  volce  :  quand  il  du  ecroïc , 
alors  lEcolier  approche  le  talon  de  dehors  ,  pour 
empêcher  le  cheval  de  perdre  ion  cerrein. 
Ud"  A  l'Etroit,  adv.  Au  propre  ,  dans  un  efpace 
étroit.  Cette  maifon  ell  petite  \  nous  fommes  loges 
trop  à  l'étroit.  Au  figuré  :  être  à  l'étroit ,  vivre  à 
l'étroit ,  c'efl:  être  mal  à  fon  aile,  n'avoir  pas  toutes 
les  commodités  de  la  vie. 
Ip-  ETRC^ITEMENT ,  ou  A  l'étroit,  adv.  D'une  ma- 
nière étroite.  On  le  dit  dans  les  mêmes  fens  qu'étroit. 
Striclc ,  a/iguscè.  Logé  étroitement,  à  l'étroit ,  étroi- 
tement unis  ,  intimement.  11  eft  ecroitcment  déicndii. 
Il  obferve  étroitem.intli.  règle  ,  &c. 
ÉTROITESSE.  f.  t-  Angustia.  Dilpoluion  d'une  chofe , 
forme,  figure  qui  fait  qu'elle  eft  étroite.  Ce  mot 
fe  trouve  dans  M.  Dionis ,  qui  dit ,  en  parlant  de 
la  formation  des  pierres  dans  le  corps  de  l'homme  ^ 
la  matière  de  ces  tumeurs  eft  un  lue  cru  diftribué  aux 
glandes ,  où  il  s'embarralle  &  féjourne  à  raifon  de 
X'étroiteJJe  du  pallage. 

|P°  Ce  terme  ne  paroîc  pas  autorifé  par  l'ufage  j 
mais  il  eft  commode  j  &  même  nécellaire.  Il  n'a 
point  de  fynonyme  ni  d'équivalent.  Ce  n'eft  pas  la 
même  chofe  c\w'etrécilfement ,  qui  lignihe  l'adlion 
d'étrécir  ,  ou  l'état  de  ce  qu'on  ctrecit. 
ÉTRON.  f.  m.  Terme  populaire  j  que  la  politeife 
a  banni  de  la  converfition.  C'eft  l'excrément  folide 
&lié  qui  fort  par  la  partie  poftérieure  des  animaux, 
&  particulièrement  de  l'homme.  Stercus  Immanum. 
Nicot  dérive  ce  mot  du  Latin  stercus  ^  d'autres 
du  Grec ,  ÎV?»»  ou  iV^o» ,  dont  Hippocrate  fe  fert  pour 
fignifier  le  bas  ventre  ,  en  prenant  le  contenant  pour 
le  contenu.  Ménage  le  dérive  de  strunclus  ,  dont  les 
Latins  fe  font  fervis  en  cette  même  fignification. 
Les  Allemands  difent  aulîî  strunt,  &c  les  Flamands 
strunt ,  qui  iîgnihe  rond ,  parce  que  ce  mot  lignihe 
•  proprement  un  excrément  dur  &  rond. 
ÉTRONÇONNER.  v.  a.  C'eft  un  terme  de  Jardinier, 
qui  lignifie  ,  Couper  entièrement  la  tête  à  un  arbre, 
enforte  qu'il  ne  foie  plus  que  comme  un  tronçon. 
Decdcuminarc.  On  étronconne  les  arbres ,  lorlqu'on 
veut  les  enter  en  poupée  ,  ou  en  couronne,  y  oye\ 
ces  mots. 

0Cr  On  étronconne  aullî  les  arbres  dans  la  vue  de 
leur  faire  poulfer  de  nouvelles  branches ,  lorlque 
les  anciennes  font  trop  vieilles  £i  fe  portent  mal. 
L'arbre  ainfi  bailTé  en  devient  fou  vent  plus  beau. 
Cela  fe  pratique  à  l'égard  des  ormes  j  des  châtai- 
gniers ,  des  noyers ,  des  abricotiers  &  quelques  au- 
tres arbres  fruitiers. 
ÉTRONCONNE  ,  ée.  part.  adj.  Decacuminatus  j  de- 
truncatus.  Si  l'arbre  étronconne  eft  en  plein  air ,  i! 
pourra  être  difpofé  à  faire  un  beau  bulifon  \  &  s'il 
eft  près  de  quelques  murailles ,  il  pourra  être  dif- 
pofé à  faire  un  bel  efpalier.  La  QurNT.  Quand  les 
murailles  font  hautes ,  on  y  plante  des  arbres  de 
tiges  pour  garnir  cette  hauteur ,  &  on  contraint 
leurs  JDranches  tout  de  même  que  celle  des  arbres 
étronconnés.  Id. 

Ce  niot  eft  dérivé  de  tronçon ,  qui  vient  de  trun- 
cus  ,  tronc  ^  étronçonner ,  ôter  le  tronc  à  un  arbre  , 
n^en  lailTer  qu'un  petit  bout ,    qu'un  tronçon. 

fCr  M.  Du  Hamel  paroît  attacher  une  autre  idée 
à  ce  terme.  Etronçonner ,  dit-il ,  c'eft  couper  toutes 
les  branches  d'un  arbre  ,  &  ne  lui  conferver  que  le 
tronc. 
ÉTROPE,  ou  ESTROPE.  Erfe ,  ou  herfe  de  pouli. 
Terme  de  Marine.  C'eft  la  corde  qui  foutient  & 
ilifpend  un  moufle  de  poulie  dans  le  vailfeau.  Elle 
fert  aullî  à  bander  l'arcaffe  de  la  poulie  j  pour  em- 
pêcher qu'elle  n'éclate.  On  l'appelle  aufli  gerfeau. 
Etropes  ,  on  herjes  ,  font  encore  des  bouts  de  corde 
cpiccs  à  l'extrémité  defquels  ont  met  ordinairement 
une  cotfe  de  fer  pour  accrocher  quelque  chofe.  On 


ETR     ET  V 

appelle  kerfes,  ou  étropes  d'afût ,  des  herfes  avec 
des  colfes  qui  font  palTées  aubout  du  derrière  du  fond 
de  l'artut  du  canon  ,  où  l'on  accroche  les  palans. 

ifT  ETROPER,  ou  ESTROPER.  Mettre  les  cordes 
aux  poulies. 

ETROUSoE.  f.  f.  Terme  de  Pratique  ufité  dans  quel- 
ques Provinces.  Adjudication  de  quelques  biens  faite 
en  Juftice.  ^ttrihutio  mcliorem  conditionem  oQ'erenti. 
Il  fe  dit  particulièrement  des  fruits,  de  la  récolte 
d'une  année.  L'étroujj'e  d'un  bail  judiciaire.  On  dit 
auOî ,  Vétroujfe  des  réparations ,  ou  des  ouvrages 
qu'on  publie  au  rabais.  Il  eft  de  grand  ufagedans 
les  Provinces.  On  le  dit  moins  fonvent  à  Pans. 

Il  eft  parlé  dans  quelques  chartres  d'un  droit 
nommé  étroujje  &c  mal-étroujje ,  que  ceux  qui  ont 
recueilli  du  toin  dans  l'année  ,  ou  qui  ont  des 
bœufs  J  doivent  au  Seigneur  :  il  confifte  en  quinze 
deniers  tournois  pour  le  foin ,  &  douze  pour  les 
bœufs. 

ETROUSSER.  vieux  v.  a.  Adjuger  en  Juftice.  Attri- 
buere.  Il  s'eft  fait  etroiijjer  cette  maifon  ,  ce  loyer, 
ces  fruits  à  prix  raifonnable.  Nicot  dit  que  ce  mot 
fignilie  proprement  Défempaqueter ,  délier  ce  qui 
eftenfagoté. 

ETRUFFER.  vieux  v.  a.  Terme  de  ChafTe  ,  qui  (e  dit 
d'un  chien  boiteux  quiaunecuilTe  qui  ne  prend  plus 
de  nourriture.  Mutilare.  Ce  chien  eft  étruffe  ,  eft 
inutile. 

Etruffé  ,  Ée.  part.  &  adj.  Mijwc^j  j  mutilus ,  inutilis. 

ETRUFFURE.  f.  f.  Skcitas ,  impotentia  ,  débilitas , 
eft  un  mal  qui  vient  aux  cuilfes  des  chiens ,  lorfque 
l'une  fe  féche  &  ne  prend  plus  de  nourriture  :  ce 
qui  arrive  lorfque  le  nerf  a  été  foulé  par  quelque 
eltort  ,  ou  pour  avoir  été  trop  ferré  en  quelque 
palÏÏage. 

ETRUN.  Nom  de  lien.  Strum.  On  l'appeloit  autre- 
fois Stroms.  Il  eft  dans  l'.'^rtois  ,  &  il  y  a  une  Ab- 
baye de  Bénédidins.  Hddr.  Valef.  Notit.  GalU 
p.  5^4.  Elle  fut  fondée ,  ou  rétablie  en  iot)5j  par 
les  foins  de  l'Evêque  Gérard.  De  Sainte-Marthe. 
On  dir  que  ce  nom  à'EtrunwÏQnt  du  Lzùnjîruma , 
écrouelles,  parce  qu'autrefois  il  y  avoir  en  ce  lieu-là 
une  maifon  où  l'on  mettoit  ceux  qui  étoient  attaqués 
des  écrouelles. 

ÉTRURIE.  Foyei  HÉTRURIE. 

E  T  S. 

ETSCHLAND.  Petit  pays  d'Allemagne.  Athefinus 
ager.  Il  eft  dans  le  Tirol  :  on  l'appelle  autrement 
pays  de  l'Etlch  ou  de  l'Adige  ,  parce  qu'il  ^"étend  le 
long  de  l'Adige.  L'Etfchland  a  bien  dix  lieues  ou 
enviroh  de  long  ,  depuis  la  fourre  de  l'Adige  juf- 
qu'àBolzano  j  &  une  lieue  de  large.  La  petite  ville 
de  Méran  en  eftle  lieu  principal.  Davity,  Maty, 
Corn. 

ETSEM.  Ville  de  la  Tribu  de  Simeon,  dans  la  Fa- 
leftine.  Etfem.  Le  P.  Lubin  t<.  M.  Reland  croient 
que  c'eft  la  même  chofe  qu'Afem,  Foye^  Jof. 
XV.  içj.  XIX.  3.  I.  Par.  IV.  25^. 

E  T  T. 

ETTALCHE.  f.  m.  Arbre  étranger,  qui  s'appelle  au- 
trement Sangu.  Fo\e\  ce  mot. 

ETTINC.  Foye:;^  OTTINC. 

ETTRIC.  Petite  Rivière  d'Ecolfe.  Ettricus.  Elle  coule 
dans  la  Tv/edale,  baigne  Selkirk,  Se  peu  après 
fe  décharge  dans  la  Twede.  Maty. 

E  T  U. 

ÉTUDE,  f.  f.  Travail,  application  d'efprit ,  foit  à 
plufieurs  fciences  en  général ,  foit  d  quelqu'une  en 
particulier.  S tudium.  L'étude  de  l'Hiftoireeftnécef- 
faire  à  ceux  qui  gouvernent.  L'étude  da  la  Philofo- 
phie  demande  une  grande  méditation.  L'étude  de  la 
Géométrie.  L'étude  de  la  Langue  Latine  eft  une 
étude  ïeche,  longue  pénible  ôc  ennuyeufe.  Nie. 

I.'occcupation 


E  TU 

L'occupation  de  Xdtude  eft  un  peu  trop  fonibre.  Id. 
L'érudti  ell  la  nourrituie  la  plus  lolide  de  l'efprit. 
S.  EvR.  Il  y  a  des  jeux  ik  des  amufemcns  qui  fati- 
guent autant  qu'une  dcudc  Icneufe.  CcAn.  C'eit 
i' étude  qui  augmente  les  talens  de  la  natute  ,  c'elt 
la  conveifation-  qui  les  met  en  œuvre  ,  &  qui  les 
polit.S.  EvR.  L'écude  immodérée  engendre unecralle 
dans  l'eTprit  :  il  faut  que  la  converlation  1  épure  & 
le  redrelfe.  Id.  Pourvu  qu'en  étudiant  nous  cher- 
chions uniquement  Dieu ,  nos  études  font  de  bonnes 
dévotions.  Bouhours- 

On  dit  proverbialement ,  Etude  de  jeu  ,  étude  de 
feu,  études  de  fenêtre  ne  firent  jamais  un  lavant 
Prêtre.  C'eft-à-dire  ,  qu'on  n'avance  ou  qu'on  n'ap- 
prend guère ,  quand  on  étudie  en  jouant  j  ou  en 
compagnie  de  gens  qui  jouent,  en  fe  chauttant  au- 
près du  feuj  &  regardant  par  la  fenêtre  ce  qui  Te 
palft;  dehors,  parce  que  dans  toutes  ces  lituations 
on  eft  trop  diftrait  j  on  ne  peut  avoir  l'application 
nécelFaire  à  ïétudc. 
03°  Etudes  j  fe  dit  aulîi  des  différens  exercices  def 
tinés  '  à  l'inftrudion  de  la  jeunelfe.  Etudes  de 
droit,  de  Médecine. 

On  le  dit  auiH  des  connoilTances  acquifes  avec 
application  d'efprit.  Cet  homme  a  de  Xétude^  eft 
fans  étude  \  a  fait  de  bonnes  études. 

Quand  ce  mot  ie  prend  pour  les  exercices  pu- 
blics qui  fe  font  pour  apprendre  les  lettres,  il  n'a 
point  de  lîngulier.  Il  eft  allé  faire  les  études  à  Paris , 
il  a  fini  fes  études.  Studiorum  cunlculum. 

Étude  ,  fe  dit  dans  un  fens  figuré  de  l'application 
d'efprit  pour  parvenir  à  quelque  choie  que  ce  loit, 
&  le  dit  également  en  bonne  &  mauvaife  part. 
Les  méchans  mettent  toute  leur  érade  à  faire  du 
mal  ;  un  chicaneur  à  ruiner  les  parties. 

La  libre  vérité  fut  mon  unique  étude.  Boil. 

//  mît ,  à  tout  blâmer  ,fon  étude  &  Ja  gloire.  Id. 

La  loi  de  Jefus-  Chrijîfait  toute  mon  étude. 

L'Abbé  Tétu. 

On  appelle,  Etudes,  en  matière  de  Peinture  , 
différens  delfeins  de  figures  j  &  elfais  que  les  Pein- 
tres font  des  parties  qui  doivent  entrer  dans  quel- 
que ouvrage.  Etudes  de  Raphaël,  de  Michel  Ange. 
Recueil  d'études  des  plus  grands  Maîtres. 

Étude  j  fignific  aulli.  Artifice  j  je  ne  fai  quoi  de  con- 
traint &c  de  compofé.  ^rs  ,/ucus  ,  Jimulatio  ,  com- 
po/itio.  Je  hais  Xetude  des  actions  ;  &  un  extérieur 
compofé  eft  un  piège  où  les  âmes  délicates  ne  tom- 
bent point.  M.  ScuD.  L^n  ami  hncère  fe  montre 
fans  étude  à  fon  ami.  Vill.  Cet  homme  eft  naturel- 
lement raifonnable,  &  ridicule  par  étude.  S.Eyk. 
Dans  laconverfation  ordinaire,  comme  il  ne  faut 
rien  dire  avec  étude, \\ne  faut  rien  dire  aulfi  par 
hafard.  S.  Evr.  Je  crains  Vétude  des  aâiions  ,  beau- 
coup plus  que  la  froideur  du  tempérament.  La 
fimplicité  plaît  fans  étude,  &  fans  art.  Doil. 

Étude  ,  fe  dit  auftî  du  temps  &  du  lien  où  l'on  étu- 
die ,  foit  public  ,  foit  particulier.  On  a  mis  ce 
jeune  hohime  aux  études  ,  au  Collège.  Il  eft  en'core 
aux  études.  Il  eft  toujours  dans  fon  étude ,  in  muf<to  y 
dans  fon  cabinet,  où  il  étudie.  Pour  être  Gradué, 
il  faut  avoir  un  bon  ceitificat  de  fon  temps  à' étude ^ 
du  quinquennium. 

Étude  ,  fe  dit  abufivement  de  la  falle  où  un  Notaire 
travaille.  On  l'appeloît  ci-devant  boutique.  Se  on 
l'appelle  encore  ainfi  en  Quelques  Provinces  éloi- 
gnées. On  le  dit  auffi  de  celle  d'un  Procureur.  Il  y  a 
auftl  \'étude  du  Maître  ,  &  Vétude  des  Clercs. 

Étude  ,  fe  dit  auftî  de  la  pratique  des  Notaires  ?c  des 
Procureurs  ,  des  facs ,  des  papiers  ôc  des  minutes  qui 
y  font.  Ce  Notaire  a  une  bonne  étude  ,  il  a  bien  des 
minutes.  A  la  mort  de  ce  Procureur  on  a  donné 
dix  mille  francs  de  fon  étude.  Il  s'eft  défait  de  fon 
étude:  on  a  vendu  fon  étude ^  c'eft-à-dire,  fa 
pratique. 

Tome  m. 


ETU  9?.i 

ETUDIANT,  f.  m.  Qm  va  au  Collège  ,  qui  étudie. 
Qui  dut  operarn  iatcris.  Les  bourles  font  fondées 
dans  les  Collèges  pour  de  pauvies  etudians. 

^  Etudiant  en  Uroit  ,  en  Médecine  ,  celui  qui 
prend  les  leçons  d'un  Profeireur  lur  le  Droit  ou  fur 
la  Médecine.  On  le  dit  plus  Couvent  au  pluriel.  Il 

,  y  a  beaucoup  à'etudiuns  dans  1  Univerlitc. 

ETUDIE,  f.  f.  Vieux  mot.  Soin  ,  étude,  application. 
Studium ,  contentio. 

ETUDIER.  V.  n.  Studere ,  addifcere ,  navare  oycram 
litteris ,  eJJ'e  in  Utteris.  C'eft  uniquement  travailler 
à  devenir  favant.  Apprendre  ,  c'eft  y  travailler  avec 
fuccès.  On  étudie  pour  apprendre  j  &  l'on  apprend 
à  force  d'étudier.  Les  Içavans  ne  font  pas  ceux  qui 
ont  le  plus  étudié ,  mais  ceux  qui  ont  le  plus  appiis. 
M.  l'Abbé  Girard.  Syn.  Foyey^^  APPRENDRE  & 
,  S'INSTRUIRE. 

Etudier  J  v.  a.  tâcher  d'enrendre  j  de  comprendre 
une  Icience ,  un  auteur  ,  une  aftaire.  Il  a  fort  étudié 
fon  Platon,  fon  Ariftote.  Il  a  bien  étudié ceziQ  af- 
fliire.  Il  a  étudié  l'architeèfure.  Ac.  Fr. 

Il  fignifie  audi  tâcher  de  mettre  dans  fa  mémoire, 
d'apprendre  par  cœur.  Etudier  fa  leçon,  étudier  une 
harangue.  Ac.  Fr. 

Il  fignifie  encore  méditer ,  préparer,  cpmpofer. 
Il  fait  des  contes  plaifans,  mais  il  les  étudie. 
Etudier  un  compliment.  Ac.  Fr. 

Etudier  ,  fignifie  auOi  figurcment  faire  des  obferva- 
tions.  Obfervare,  attendere.  fm^/ier  l'humeur ,  l'ef- 
ptit  des  gens  à  qui  on  a  afFaite  j  étudier  le  monde. 

Je  les  vois  fur  mon  front  étudier  mon  cœur.  Rac. 

Des  flédes ,  des  pays  étudier  les  mœurs.  Boit, 

s'Etudier  fol-même,  fignifie  apprendre  à  feconnoître. 

Etudier,  avec  le  pronom  perfonnel  &  fuivi  dt;  la 
prépofition  à,  fignifie  s'appliquer,  s'exercer  à  faire 
quelque  chofe ,  méditer  de  quelle  manière  on  s'y 
peut  prendre.  Il  sécudie  à  faire  du  mal.  Je  m'étudie 
à  vous  plairq.  Ac.  Fr. 

Étudié  ,  ée.  Il  a  les  fignifications  de  fon  verbe  j  &  fi- 
gnifie encore  feint ,  afFeèlè,  préparé  avec  attention, 
avec  defiein.  Le  gefte  de  ce  prédicateur  eft  trop  étu- 
dié. Des  fentimens  étudiés  ne  touchent  point  :  ils 
marquent  un  efprit  tranquille  plutôt  que  de  la 
pallion. 

Le  cruel!  de  quel  œil  il  m'a  congédiée  ? 

Sans  pitié,  fans  douleur  y  au  moins  étudiée.  Rac. 

Il  fe  dit  aulli  de  ce  qui  regarde  les  arts  mécani- 
ques ,  &:  fignifie  ,  Fait  avec  foin  j  fait  exprès ,  fait 
par  art.  Tableau  fort  étudié.  Ces  fortes  de  fruits  de- 
mandent un  terroir  alfez  {tz  ,  ou  qu'au  moins  il 
foit  delféchc  par  des  pierres  &  des  pentes  étudiées ., 
fi  naturellement  il  eft  humide.  La  Quint.  Nos 
jardins  uriles  doivent  avoir  une  propreté  aifée, 
naturelle ,  &  non  pas  une  propreté  contrainte  & 
étudiée. 

ÉTUDIOLE.  f  f.  Scrinium.  C'eft  un  petit  buffet  pofé 
fur  une  table ,  qui  a  pjufieurs  tiroirs  j  &  qui  eft 
commode  aux  gens  d'étude,  pour  y  ferrer  leurs  pa- 
piers, ou  mémoires. 

ÉTUI.  f.  m.  Efpéce  de  boîte,  qui  fert  à  mettre,  à 
porter  J  à  conferver  quelque  chofe.  Theca.  On  Bit 
des  étuis  de  cuir  pour  les  calices,  &  pour  la  vaifielle 
d'argent  i  des  éiuis  de  carton  pour  des  chapeaux  , 
pour  des  manchons.  Un  étui  à  lunettes.  LTn  étui 
de  poche  pour  des  outils  de  Chirurgien.  Un  étui 
de  Fauconnier.  Un  étui  de  Damafquineur,  &c. 

Étui.  C'eft  auill  en  termes  de  commerce  de  poilfon 
d'eau  douce  ,  un  petit  baquet  couvert ,  de  forme  uo 
peu  longue  &  étroite  j  que  les  Pêcheurs  onr  dans 
leur  bateau  ,  pour  y  mettte  leur  poiflon ,  à  mefure 
qu'ils  en  prennent. 

Étui  ,  ou  Rouleau.  rûye:[  ABEILLÇS  ,  coupeufes  de 
l     feuilles. 

A  a  a  a  a  a 


^ii  ETU 

Ce  mot  vient,  félon  Nicot,  de  theoJ ,  qui  efl 
originairement  Grec  j  S-nV.». 

On  dit  proverbialement  d'un  homme  fort  laid  , 
que  c'elt  un  vilage  à  'icui  ;  pour  dire,  qu'il  le  faut 
cacher  ,  le  mettre  dans  un  ecui, 

ÉTUVE.  f.  f.  Poêle,  lieu  fermé  qu'on  échauffe,  afin 
d'y  faire  fuer ,  ou  d'y  faire  chauffer  quelque  chofe. 
Caldarlum.  Il  y  a  chez  les  Baigneurs  des  bains  & 
étuves.  Therm£,  balnearuim.  Dans  les  fucreries, 
chez  les  Chapeliers ,  il  y  a  des  étuves  pour  y  faire 
fécher  les  pains  de  fucre  ,  les  chapeaux.  Il  y  a  au(h 
chez  les  Confifeurs  ^  ailleurs  des  ttuves  pour  faire 
fécher  les  pâtes  &  les  confitures  féches.  Une  çiuve 
pour  ces  u(ages  eft  un  petit  cabinet  bien  fermé,  où 
il  y  a  par  étages  des  tablettes  de  fil  d'archal  fur  lef- 
quelles  l'on  merdes  ardoifes,  des  feuilles  de  fer 
blanc ,  des  planches  bien  unies  ,  des  tamis  pour  fou- 
renir  ce  qu'on  veur  faire  fécher  après  l'avoir  fait 
égoutter  :  en  bas,  au-delTous  des  tablettes  de  fil 
d'archal ,  on  met  un  réchaut  dont  on  augmente  ou 
on  diminue  le  feu  félon  le  befoin. 

Étuve.  En  termes  de  fucrerie,  c'eft  une  partie  de  bâ- 
timens  d'une  Manufadure  de  fucre.  Uctuvc  eft  une 
efpèce  de  pavillon  de  douze  pieds  en  carré  dans  œu- 
vre, fous  lequel  eft  un  fourneau ,  &  dont  l'intérieur 
eft  diftribué  en  fix  étages  fur  lefquels  on  range  les 
pains  de  fucre,  pour  les  faire  fécher.  L'étude  en 
peut  contenir  fix  à  fept  cens.  Fornax  faccharo 
ficcando. 

Étuve  de  Corderie,  c'eft  dans  un  Arcenal  de  Mari- 
ne j  le  lieu  où  font  les  fourneaux  &  chaudières 
po  ur  goudronner  les  cordages  des  vailïeaux 

Étuve,  fe  dit  hyperboliquement  d'une  chambre 
chaude  &  bien  fermée.  Vous  avez  une  bonne  cham- 
bre pour  l'hiver,  c'eft  une  etuve.  Les  Chinois  por- 
tent toujours  des  bottes  \  &  en  été  ,  dans  iin  pays 
où  les  chaleurs  font  extrêmes,  il  n'y  a  qu'eux  au 
monde ,  qui ,  pour  conferver  un  air  de  gravité  ^ 
puilfent  fe  réfoudre  d'être  ainfi  dans  une  efpèce 
^étuve  depuis  le  matin  jufqu'au  foir  P.  Le  Comte. 

Ce  mot  vient  de  stubâ.  y  ou  stuffa,  dont  on  s'eft 
fervi  dans  la  balfe  Latinité  en  la  même  lignifica- 
tion ;  lequel  mot  eft  dérivé  par  Lipfe  de  tubus  ,  ou 
tuyau  j  qui  porte  h  chaleur  ;  par  Saumaife  du  Grec 
riçtc ,  qui  i\s,mfie  échauffer -^  par  Voflius  de  l'Alle- 
mand stube ,  qui  fignifie  étuve  ^  ou  du  Latin  sjiuo. 
MÉN.  Il  vient  plutôt  de  flouff^a ,  mot  Celtique  ou 
Bas-Breton  ,  qui  fignifie  boucher ,  parce  qu'une  étu- 
ve doit  être  bien  bouchée.  On  les  a  nommées  aulli 
vaporarium  j  hypocaujium ,  &c  en  François  ,  hypo- 

caufte. 

|C?  Les  anciens  appeloient  hypocaustes ,  les  four- 
neaux fouterrains  qui  fervoient  à  échauffer  leurs 
bains. 

En  Médecine  on  diftingue  les  étuves  en  féches  & 
humides.  Les  féches  font  faites  avec  une  évapora- 
tion  d'air  chaud  &  fec ,  qui  en  échauffant  tout  le 
corps  en  ouvre  les  pores ,  &  provoque  les  fueurs  \  ce 
qui  fe  fait  par  des  grès  ou  briques  forr  échauffées. 
Les  étuves  humides  font  faites  par  une  décodion  & 
ébullition  d'herbes, dont  la  vapeur  eft  conduite  par 
des  canaux  de  fer  blanc  dans  une  cuve  à  deux  fonds, 
où  l'on  a  mis  le  malade  pout  lui  provoquer  la  fueur. 
^'ufage  d'entretenir  la  ftntc  par  le  moyen  des  étuves 
a  été  inventé  à  Lacédémone. 

ÉTUVÉE.  f.  f.  Sorte  de  cuilFon  Se  de  préparation  de 
viandes ,  qai  fe  fait  d'ordinaire  entre  deux  plats , 
enforte  que  la  faulfe  qui  bout  y  foit  comme  étouf- 
fée. Caro  ]uri  incocla.  Pfltinarium.  Mettre  du  veau  , 
une  cirpe  à  Xétuvée.  Ce  mot  fe  dit  aulIl  des  viandes 
mêmes  alfaifonnées  &i  cuites  de  la  forte.  Une  étuvée 
de  poulets  ,  une  étuvée  de  carpes. 

Ces  mots  étuve  &  étuvée  viennent  du  mot  Gothi- 
que &  Allemand  stoven  ,  qui  fignifie ,  Cuire  quel- 
que chofe  dans  un  plat  couvert,  ou,  comme  nous 
difons ,  entre  deux  plats  :  delà  le  mot  Allemand 
stuve,  Etuve;  en  Italien  stuva,  en  Efpagnol  estufa^ 
en  François  étuvée. 

ÉTUVEMENT!!  f.  m.  A6tion  par  laquelle  on  étuve. 


ET  Y 

F ûtus  ,  fûtnentum.  L'étuvement  d'une  plaie. 

ÉTUVER.  V.  a.  Ballîner  une  plaie  avec  quelque  li- 
queur préparée ,  tiède  ou  chaude  ,  comme  de  l'huile 
6c  du%in  J  ou  de  leau-de-vie,  l'en  humeâer  dou- 
cement ,  &  la  rafraîchir.  Fomentare  _,  jovere.  On 
étuve  les  plaies  pour  les  bien  nettoyer.  On  étuve. 
une  partie  malade.  Quelques  Auteurs  ,  comme  Ri- 
chelet ,  prétendent  que  le  mot  à^etuver  ne  fe  doic 
dire  que  des  plaies  des  animaux  ,  &  que  lorfqu'il 
s'agit  des  plaies  des  perfonnes  ,  il  faut  due,  BaJJi- 
ner.  On  ne  fait  point  cette  diftintVion. 

Etuvé  ,  ÉE.  part. 

ETUVISTE.  f.  m.' Baigneur ,  qui  rient  des  bains  & 
étuves.  Balnearius ,  balneator.  Les  Perruquiers  onc 
des  lettres  de  Baigneurs  &  Etuvistes.  On  les  ap- 
pelle fimplemenc  Baigneurs.  Etuvifte  fe  dit  peu  au- 
jourd'hui. 

ETUYER.  V.  a.  Vieux  mot.  Renfermer,  mettre  dans- 
un  étui.  Thecâ  indudere  j  in  thecam.  indcre. 

E  T  Y. 

ÈTYMOLOGIE.  f.  f.  Origine  d'un  mot  ;  dérivation 
d'un  mot  formé  d'un  feul  ou  de  plufieurs  autres.  Le 
mot  dont  un  autre  vient,  s'appelle  primitif  j  &  l'on 
donne  le  nom  de  dérivé  à  celui  qui  vient  du  primi- 
tif. Etymolegia,  etymon  j  verhorum  origo.  Varron  a 
écrit  de  Xétymologie  des  mots  Latins  ;  Ménage,  de 
celle  des  mots  François  &  Italiens ,  ce  qu^il  appelle 
Origines.  Henri  Eftienne  ,  Tripot,  Borel ,  &c.  onc 
travaillé  fur  les  Etymslogies  Françoifes,  Monfieur 
Guichard  &  le  Père  1  homallin  ont  prétendu  faire 
remonter  les  étymologies  de  la  langue  Françoifey 
l'origine  de  plufieurs  de  nos  mots,  jufqu'à  l  Hébreu. 
Poftei  avoir  cjtte  penféc  avant  eux.  Il  y  a  un  Ety^ 
mologicon  Grec  imprimé  in-folio  ^  dont  l'Auteuc 
s'apeloit  Nicas.  Il  y  en  a  aulli  un  Latin  de  Gérard 
Volfius,  un  autre  de  Martinius,  6cc,  le  Père  Labbe 
a  fait  un  Traité  des  Etymologies  Françoifes  :  il  y  a 
un  Recueil  des  mots  dérivés  du  GreCj  que  Dom 
Lancelot  a  mis  à  la  fin  de  fon  Jardin  des  Racines 
Grecques.  Oéfave  Ferrari  en  a  fait  un  de  la  langue 
Italienne.  Bernard  d'Aldrette  en  a  fait  un  de  la  lan- 
gue Caftillane.  L'attachement  à  rechercher  les  éty~ 
mologies  n'eft  point  un  delfein  frivole ,  ni  une  en- 
ireprife  fans  utilité.  Au  contraire,  les  peuples  qui 
fe  font  honneur  de  leur  antiquité  ont  cru  qu'il  n'y 
a  pas  de  meilleur  titre  que  l'ancienneté  de  leur  lan- 
gue :  car  \étymologie ,  qui  va  chercher  dans  les 
noms  la  raifon  véritable  &  originaire  des  notions  5c 
des  idées  attachées  à  chaque  terme  &  à  chaque  ex- 
preflion  ,  peut  fournir  une  preuve  d'antiquité  par 
les  vertiges  qui  s'y  confervent ,  &  par  les  indices 
qui  fubfiftenc  encore  dans  l'ufage  préfent,  en  le 
comparant  avec  l'ufage  des  fiècles  palfés.  D'ailleurs, 
les  étymologies  fonr  nécellaires  pour  bien  entendre 
la  langue  ;  car  pour  expliquer  les  termes  plus  préci- 
fément ,  il  faut  retourner  à  la  première  impofition , 
afin  de  parler  jufte ,  &  de  bien  entendre  ce  que  l'on 
dit.  On  comprend  mieux  la  force  &  la  fignification 
des  mots ,  quand  on  en  fait  l'origine  &  l'étymclo- 
gie.  Quelques-uns  prétendent  que  cette  fcience  eft 
arbitraire ,  &  qu'elle  fe  réduit  à  des  ccHijeâures  èc 
à  des  reffemblances  affez  incerraines.  On  fait  def- 
cendre  les  mots  d'où  l'on  veut.  Mais  cette  fcience 
eft  réelle ,  &  aulfi  régulière  que  les  autres  :  elle  a 
fes  principes  &  fa  méthode.  A  la  vérité ,  il  eft  diffi- 
cile de  retourner  dans  les  fiècles  Gaulois,  pour  fui- 
vre  enfuite ,  comme  à  la  pifte  ,  les  altérations  im- 
perceptibles qu'a  foutfertes  notre  langue  de  fiècle  en 
iiècle.  LTn  habile  Etymologifte  a  befoin  d'appeler  ï 
fon  fecours  toutes  les  lumières  qui  lui  peuvent  fer- 
vir  de  guides  pour  conduire  fûremenr  les  mots  qui 
fe  font  déguifés  fur  leur  route,  &  pour  marquer  les 
changemens  qui  y  font  arrivés.  Comme  ces  alréra- 
tions  font  quelquefois  arrivées  par  caprice  ou  par 
hafard ,  il  eft  aifé  de  prendre  une  conjedure  bifarre 
&c  imaginaire,  pour  une  analogie  régulier'?.  Ainfî 
il  faut  moins  s'étonner  de  la  préoccupation  du 


ET  Y 

monde  contre  une  fcience ,  qui  n'a  que  des  règles 
qui  paroiîlent  fi  chancelantes  ,  ik  indéterminces. 
On  a  beau  profiter  des  exemples  qui  lonc  hors  de 
doute  Se  de  controverfe  ^  6c  où  les  changemens  lont 
fi  lenfibles  qu^on  les  apperçoit  d'abord  ;  l'on  ne  s'ac- 
coutume ponat  au  concours  de  divers  changemens 
dans  un  même  mot.  Quoique  chaque  principe  pris 
féparément  foit  alFez  évident,  il  arrive  pourtant 
fouvent  que  tous  ces  principes  étant  réunis,  ils  s'ô- 
tent  leur  évidence  l'un  à  l'autre  ;  &  l'on  elt  tout  prêt 
à  nier  ce  que  l'on  avoir  accordé  ians  peine  ,  i5c  ians 
en  craindre  les  conféquences.  Le  P.  Besnier.  M.  Mé- 
nage fembloit  infpiré  pour  les  ccymologics.  Bal.  il 
faut  avouer  que  les  anciens  Auteurs  Grecs  &  Larins 
n'ont  pas  été  foit  heureux  pour  les  ccymologies.  11  y 
en  a  de  très-miférables  dans  quelques  Ecrivains , 
d'ailleurs  fort  favans  &  fort  polis.  Cicéron  appelle 
l'etymo/ogie ,  nocatio ,  &C  vtriloquium,  Quintilicn 
fenible  mieux  aimer  qu'on  l'appelle  o'^iginano  ,  1.  i. 
c.  6  :  c'ell  là  qu'il  fait  aulli  quelques  rctlexions  trés- 
fenfces  fur  les  écymologles. 

Les  citymologks  qui  ont  de  la  vraifemblance  font 
plaifir  ;  mais  celles  qui  n'en  ont  point  font  pitié.  M. 
Huet  a  bien  caraélérifé  fon  ami  M.  Ménage  ,  dans 
une  efpèce  d'Epître  dédicatoire  qu'il  lui  adrelïè  ,  & 
qui  ne  relfemble  pas  à  tant  d'autres  où  la  flatterie 
ell  outrée.  Si  vous  étiez  j  lui  écric-il,  moins  habile 
Etymologille  que  vous  n'êtes ,  vos  ctymologics  fe- 
roient  meilleures,  vous  feriez  plus  circonfpecl,  S>c 
vous  vous  alfujettitiez  .aux  règles  &  aux  principes. 
Mais  comme  vous  polTédez  fouverainement  la  ma- 
tière ,  que  vous  favez  partaitenient  les  permuta- 
tions des  lettres  ,  &  que  vous  avez  de  grandes  lu- 
mières dans  les  langues  originales  ,  &  dans  celles 
qui  ont  quelque  arhnité  avec  la  nôtre ,  vous  vous 
mettez  au-delfus  des  lois  ,  &  votre  confiance  vous 
fait  halarder  des  paradoxes  &  des  origines  incroya- 
bles &infoutenab!es,  en  vous  repofant  avec  une  en- 
tière fécurité  fur  l'éloge  que  vous  donna  la  Reine 
Chrirtine  ,  lorlqu'elle  dit  que  vous  faviez  non-feu- 
lement d'où  les  mots  viennent  ,  mais  encore  ou  ils 
vont.  Delà  font  venues  ces  étymologïes  monftrueu- 
fes  qui  vous  ont  attiré  tant  de  reproches  ,  &  qui  fe- 
ront tort  (Si  déroberont  la  créance  à  une  infinité  d'au- 
tres que  vous  avez  découvertes  heureufement  &  ha- 
bilement j  &  qui  méritent  l'applaudilfement  des 
cox\\\o\'X<i\ii%....Diffcnadons  recueiliies  par  M.  l'Abbe 
di  TiUadit. 
ÉTYMOLOGIQlFE.  adj.  Qui  appartient  à  l'étymolo- 
gie.  Etymologicus  ,  peninens  ad  or'tginem  vocum.  Un 
Diétionnaite  étymologique  ^  Is  gt:a.nd  étymologique, 

Étymologique,  f  m.  Il  ne  devroit  être  qu'adjeélif , 
mais  tous  les  jours,pour  abréger,on  fupprime  le  mot 
de  Diclionnaire ,  &  on  dit  limplement  l'Etymo- 
logique. La  plus  belle  édition  de  l'Etymologique  de 
la  Langue  Latine  de  Voilius  efl  celle  des  Élzévirs 
in.-fol.  i66i.  M.  Huet  a  fait  des  Additions  à  l'E- 
tymologique de  la  Langue  Françoife  de  M.  Mé- 
nage ,  qui  ont  été  imprimées  dans  le  fécond  Tome 
des  Diflertations  recueillies  par  M.  l'Abbé  de  Til- 
ladet. 

ÉTYMOLOGISER.  v.  a.  Donner  l'étymologie  d'un 
mot,  en  expliquer  l'origine. 


Maure  Martin  aura  mon  grand  manteau , 
Que  mante  à  fûtt/étymologifois. 

Test,  de  Goulu  de  Sar. 

Le  Didionnaire  comique  écrit  étimologifer.  Mon 
explication  eft  un  peu  différente  de  la  fîenne:car  il  eft 
bon  d'avertir  que  je  ne  le  fuis  pas  toujours  à  la  let- 
tre. Au  refte  l'étymologie  de  manteau  eft  dans  le 
goût  de  cell«  de  Cordonniers  ,  que  Voiture  ,  dans 
les  Entretiens  avec  Coftar  ,  dir  plaifamment  avoir 
été  ainfi  nommés  ,  parce  qu'ils  donnent  des  cors, 
^oyeç  l'Etymologique  de  Ménage,  au  mot  Cor- 
donnier. 
ÉTYMOLOGISTE.  f.  m.  Auteur  qui  a  écrit  des  éty- 


E     U  ^15 

moîogies.  Qui  de  vocum  origine  Jhihit  y  diipucat  j 
dnjerit.  Ménage.  Du  Cange  ,  Saumaifs  ,  'Volfms  , 
Ferrari ,  M.  deOaleneuveonc  été  des  grands  Ltymo- 
logijies.  U  n'eft  pas  vrai  que  le  méricv;  des  ttynioio- 
gisiesioK  bien  mince&bien  fupcihcicL  Le  IVBts- 

NIER. 

Le  R.  Père  Dom  Paul  Pezron  ,  ancien  Abbé  de  la 
Charmoye  _,  Docteur  de  Soi  bonne,  a  traité  dus  Ety- 
inologies  de  plulieurs  mots  Grecs  ,  Allemans  &  La- 
tms ,  qui  font  tirés  de  la  Langue  Celtique,  dont 
Platon  même,  Servius  j  Donat  _,  &  autrjs  \ut-.  irs 
Latins  n'ont  pas  vu  la  véritable  Êrymologie  ,  ni  l'o- 
rigine ,  faute  de  lavoir  les  Racines  de  la  lans^ue 
Celtique  j  dont  le  Grec ,  le  Latin ,  l'Allemand  tk  le 
François  ont  tité  un  grand  nombre  de  leurs  mots. 
Koyei  ion  Livre  De  l'origine  &  de  ta  Langue  des 
Celtes  ,  imprimé  à  Paris  ,  chez  Boudot  l'an  1703. 
in-ix.  Il  faut  cependunt  convenir  que  cet  Etymolo- 
gistezionwem  été  trop  loin ,  &:  que  plutieurs  de  fes 
ctymologies  n'ont  pas  la  moindre  apparence.  Nous 
en  donnons  fouvent  des  exemples  dans  ce  Didioii- 
naire. 

Ces  mots  viennent  à'""i^'s ,  verus  ,  &  de  >^iyu  , 
dico  ,  d'où  on  a  tonné  Aay/»  ^  difcours  ,  trai- 
té J  &c. 

E  U. 


EU.  Cette  diphthongue  fe  prononce  différemment  en 
François  ,  car  quelquefois  on  lui  donne  le  vrai  fon 
d'une  diphthongue,  qui  doit  avoir  un  fon  compolé 
de  celui  de  ces  deux  voyelles ,  &c  quelquefois  elle 
n'a  le  ion  que  de  Vu  ;  &c  dans  ce  dernier  cas  fouvent 
on  omet  l'e  ,  &  l'on  écrit  comme  on  prononce  ,  u 
au  lieu  à' eu  :  Ci  on  le  faifoit  toujours  ainli  :  les  Etran- 
gers ne  feroient  point  fi  embarralfés  pour  cette  pro- 
nonciation ;  mais  parce  que  bien  des  gens  y  man- 
quent ,  &  qu'il  y  a  même  fouvent  de  bonnes  rai- 
(ons  pour  conferver  les  deux  voyelles  eu  dans  l'écri- 
ture ,   quoiqu'on  ne  prononce  que  l'u  ,  il  feroit  bon 
de  donner  quelques  règles  là-delfus.  Voici  le  précis 
de  celles  que  donne  le  P.  Mourgues  ,  dans  fon  ex- 
cellent Traité  de  la  Poéjîe  Francoijé ,  i .  La  diphthon- 
gue eu  fe  prononce  en  vraie  diphthongue  ,  c'eft-à- 
dire  ,  on  lui  donne  un  fon  mitoyen  entre  l'e  &  l'u. 
Se  mêlé  des  deux  j  lorfque  l'eu  vient  de  l'o  Latin  , 
comme  odeur ,  Ûeur  ,  couleur ,  feu  ,  &c.  qui  vien- 
nent de  odor  jjios ,  color ,  jocus.  On  prononce  ce- 
pendant meuxQ ,  morum  ,  comme  s'il  y  avoir  mare , 
&CC.  Sarrafin  fait  rimer  meure  zwqc  hvwslure.  z.  Dans 
les  fubilantifs  en  eure  formés  des  participes  en  e  , 
l'eu  fe  prononce  comme  u  :  ainfi  gxtveure  ,  parewre, 
&c.  fe  prononcent  &  s'écrivent  même  à  préfenr  gra- 
vée ,  parère ,  &c.  3 .  Lorfque  l'eu  vient  de  deux  fyl- 
labes  Latines  ,  on  ne  le  ptononce  que  comme  « 
Ainfi  ieur  j  meur ,  de  fecurus  ,  maturus  ,  fe  pronon- 
ce &  même  s'écrit  comme  iur ,  mûr ,  &c.  Remar- 
quez cependant  qu'il  ne  faut  ni  prononcer  ,  ni  écri- 
re,jûne ,  jûner,  de  iejunus,Jejunare.Ondiz  }eûne,jeû- 
ner,&  point  autrement.4.  Eu  da.ns  le  participepaifé  , 
&  dans  le  prétérit  indéfini  des  verbes  en  oir^ie  pro- 
nonce Amplement  en  ea  j  veu,eu,peu,  émeu  .comme 
vu,u ,  pu,ému.  Eu  feprononce  encore  comme  un  W 
au  commencement  des  noms  propres.  Ainli  l'on 
dit  UCche  ,  f/fébiens ,   f/tichès ,  £/tichiens  ,  Utev- 
pe  J  Uzrope  ,  &:c.  quoiqu'on  écrive  Euféhe  ,  EuCé- 
biens  ,  fétiches  ,  Atttichiens  ,  Eutevpe ,  £'ttrrope  , 
Sec.  Ajoutez  encore  à  ceci  une  autre  remarque  du 
P.  Mourgues  :   c'eft  que  ,  comme  notre  langue  a 
beaucoup  de  mots   terminés  en  eu  ,  on  ne  fouffre 
point  dans  notte  verfification  la  rime  de  ieu  ,  avec 
eu  :  par  exemple  ,  feu  Sc  Dieu  ne  riment  point  dans 
une  Pocfie  exaéte  &  férieufe. 
EU  ,  Ville  de  France ,  dans  la  Normandie,  /iucia  ,  Au- 
ga,  Aucum,  Alga  caftrum  :  on  dit  maintenant //«- 
gum.  Adrien  de  Valois  croir  que  le  premier  nom  de 
cette  ville  ^'^  Aucia  ,  &  qu'elle  fut  ainfi  nommée 
de  la  petite  rivière  fur  laquelle  elle  eft  firuée.  Eu  eft 
ficué  aux  confins  de  la  Picardie  ,  fur  la  Btcle  ,  à  une 
A  a  a  a  a  a  ij 


^14 


E  V  A 


lieue  de  la  mer ,  &  à  cinq  de  Dieppe  du  côté  du 
Levant.  Elle  a  titre  diComté-Paine,  un  beau  cliâ- 
leau  ,  ane  Abbaye  célèbre  de  Chanoines  Réguliers 
4e  S.  Auguftin  ,  du  titre  de  S.  Laurent ,  &  un  Col- 
lège de  Jéluites.  Le  Comté  iXEu  appartenoic  à  M. 
le^bucdu  Maine,  à  qui  Mademoilelle  d'Orléans  , 
fille  de  Gallon  ,  Duc  d'Orléans ,  le  lailla  par  tella- 
ment  ^  &  le  fécond  fils  de  ce  Prince  porte  le  titre  de 
Comte  A' Eu.  Sur  la  ville  d'fa  ^  voyq  la-De/c.  Créo- 
gr.  &  HijL  de  la  Haute- Normandie.  T,  I.p.  54.  6-j.& 

il^-  /•  M   I      r  •         >       1 

La  brièveté  de  ce  nom  monolyllabe  f-aïc  quon  le 

dit  rarement  feul,  &c  que  communément  on  y 
ajoute  le  nom  de  ville.  Au  lieu  de  il  q^A'Eu  ,  il  de- 
meure à  Eu  ,  &CC.  on  dit ,  il  ell  de  la  ville  d'Eu  j  il 
demeure  à  la  ville  A'Eu  ,  vous  palferez  par  la  ville 
à: Eu.  Sur  quoi  l'Auteur  d'une  Géographie  Latine  en 
vers  a  dit. 

•Vrbs  ejl,/înefds ,  atquè  urhs  afnatilU  vocari. 

Mais  on  n'ajoute  rieil ,  quand  on  dit  le  Comte 
d'ftt  ,  tk.  le  Comté  à'Eu. 

Adrien  de  Valois,  dans  fa  Notice  des  Gaules ,  re- 
marque que  les  Auteurs  Anglois  appellent  cette 
ville  Ou  ^  &cOw  \  d'où  il  juge  que  c'elt-Ià  Ton  pre- 
mier nom  en  langue  vulgaire  ,  &  que  delà  s'eft  tait 
Eu,  de  même  que  de  auca  ,  qui  fe  trouve  dans  la 
bnlfe  Latinité  ,  on  a  fait  oye  ,  &  oue.  M,  Huet , 
Orig.  de  Caen ,  Ch.  z i ,  dit  que  Au ,  Aw  ,  Avre ,  &c 
Ou  en  Allemand,  figmhe  un  Pré  ,  de  l'Hébreu 
icrtl ,  comme  il  croit  que  la  ville  A'Eu  ,  fituée  dans 
des  prairies,  a  pris  delà  Ion  nom. 

Le  Comté  d'Eu  a  toujours  fait  partie  du  Du- 
ché de  Normandie.  Il  a  été  érigé  en  Pairie  en  fa- 
veur de  Charles  d'Artois  ,  par  le  Roi  Charles  Vil. 
en  1458. 

Les  habitans  A'Eu  s'appellent  les  Eufiois  \  &  le 
Comté  d'jc«  l'Eulîois:  mais  ces  noms  qui  fe  trouvent 
dans  quelques  Auteurs  ,  comme  on  le  peut  voir 
en  leur  place  ,  ne  s'emploient  jamais,  ou  prefque 
jamais.  .       .   .^ 

Eu  ,  eft  aufli  le  nom  d'une  petite  rtviere  de  France  en 
Normandie.  Aucia  ,  dans  Adrien  de  Valois.  Elle 
fépare  la  Normandie  de  la  Picardie  ,  &  après  avoir 
arrofé  Aumale  ^  Blangy  &  la  ville  A'Eu,  elle  tombe 
dans  la  mer.  Davity  ,  Corn.  Son  véritable  nom 
propre  ell  la  Brèle;  mais  parce  qu'elle  palle  à  la  ville 
d'Eu  on  la  nomme  Rivière  d'fw  ,  comme  quelques- 
uns  donnent  à  la  Sie  le  nom  d'Arqués  ,  parce  qu'elle 
palFe  à  Arques  près  de  Dieppe. 
Bu ,  Rivière  d'Efpagne  j  qu'on  nomme  autrement 
Miranda  ,  Nabius.  Elle  coule  fur  les  confins  de 
la  Galice  &  des  Afturies  ,  baigne  Ribadeo  ,  & 
fe  décharge  un  peu  au-delfous  dans  la  mer  de  Bif- 
caye. 

Ë  V  A. 


ÉVACUANT.  Foye^  ÉVACUATIF; 
ÏIVACUATIF,  iVE.  adj.  Evacuamïa  remédia.  Terme 
de  Médecine.  Ce  font  des  médicamens  qui  font 
propres  à  faire  fortir  les  mauvaifes  humeurs  du 
corps  par  les  voies  convenables.  Il  y  en  a  qui  agif- 
fent  par  les  felles ,  d'autres  par  les  urines  ,  &  d'au- 
tres par  l.icranfpiration.Ils  prennent  différens  noms 
félon  qu'ils  affedlenï  différens  couloirs.  Voye-{  pur- 
gatifs ,  Sudorifiques  ,  Diurétiques ,  Expeèlarans  , 
Salivans  &  Enhins.  C'ell  la  mèmechofe  qu'éva- 
cuant. 

Il  s'emploie  aulfi  fubftantivemenr.  Les  evacuatljs 
l'ont  fort  foulage, 
fô"  ÉVACUATION,  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Dé 
charge  d'humeurs  oud'excrémens  qui  fe  fait  derou 
le  corps  i  ou  feulement  de  quelque  partie.  Il  y  a  des 
maladiesoù  les  évacuations  copieufes  font  nécelTai- 
res  :  fouvent  aulTi  les  grandes  évacuations  font  dan- 
gereufes.  Le  malade  fe  trouva  mieux  après  une  lé- 
gère évacuation.  Pourquoi  les  femmes  ont- elles  leurs 


E  V  A 

évacuations  périodiques  par  l'utérus?  C'eft  ,  dit  M. 
Pitcarne ,  i"  Parce  que  cet  utérus  eft  fitué  enbas. 
x°.  Parce  que  les  vailleaux  qui  arrofent  cette  partie 
lont  parallèles  à  l'honlon  ,  &  que  leurs  parois  ten- 
dent enbas ,  iSc  ne  lont  appuyés  lur  rien.JouRN.  des 
Sav. 
ÇdT  Evacuation  ,  fe  dit  auflî  des  matières  évacuées, 
LeMédeciii  jugepar  les  évacuations  de  l'eut  du  ma- 
lade. Egerics  ,  egejiio  ,   egestus. 

En  termes  de  Guerre,  faire  l'évacuation  d'une 
place  ,  c'eft  en  faire  fortir  la  garnifon ,  par  un  traité, 
par  une  capitulation ,  pour  lailler  la  place   libre  à 
un  autre,  t^duciio  ex  arce. 
Evacuation  ,  eftauiîi  un  terme  de  l'art  de  Raymond 
Lulle ,  lequel  ne  conlifte   qu'en  {'évacuation   des 
cellules  ,    dans  lefqueiles   on  diftribue   toutes  les 
qualités  qu'on  peut  attribuer  à  quelque  être  que  ce 
foie. 
EVACUEP,..  V.  a.  Chafter ,  faire  fortir  les  mauvaifes 
humeurs  d'un  corps,  fou  par  les  voies  naturelles  , 
foit  par  les  remèdes.  Expellere  j  egerere ,  vacueja- 
cere.  Evacuer  la  bile.  Mol.  Ce   remède  eft  propre 
pour  évacuer  les  humeurs. 
|{Cr  EVACUER,  dans  l'Art  Militaire,  c'eft  faire  for- 
tir une  garnifon  d'une  place,  ordinairement  en  ver- 
tu d'un  traité  ,  ou  d'une  capitulation.  Pr^JUia  _,  mi- 
lites ex  arce  deducere  ,  educere.  La  garnifon  fur  obli- 
gée A' évacuer  \3.  place.  On  dit  de  même  évacuer  ua 
pays ,  une  province  ,  faire  retirer  les  troupes  qu'on 
y  avoir  établies ,  foit  qu'on  le  falfe   de  gté  ou  de 
force. 
tfT  Evacué  ,  ÉE.part.   Voye\  le  verbe. 
S'EVADER.  V.  n.  S'échapper  fecrctement  ;  fe  tirer 
d'un  péril  en  trouvant  moyen  de  fe  faUver.  Evade- 
re  ,   aujugere.  Il  nous  prit   envie  de  nous  évader. 
Ablanc.  On  a  fait  une  ouverrure  fécrère  aux  muts 
de  la  prifon  ,  tous  les  prifonniers  fe  font  évadts.HQ 
banqueroutier    s'eft  évadé  avanr  qu'on  allât  faific 
chez  lui. 
ÉVADNE.  f  f.  Fille  d'Iphis ,  &  femme  de  Capanée. 
Elle  ne  voulut  point  lurvivre  à  fon  mari ,  &:  le  jeta 
dans  le  bûcher  où  il  devoir  être  confumé. 
ÉVAGATION.  f.  f.  Evagatio.  C'eft  proprement  l'ac- 
tion de  marcher  au  halard ,  fans  route  certaine  ,  6c 
fans  terme  fixe.  On  ne  le  dit  guère  qu'en  termes  de 
dévotion  &  de  fpiritu.alicé  ,  pour  marquer  une  luire 
de  diftradlions ,  qui  empêchent  l'elpric  dé  s'appli- 
quer à  l'oraifon.  Il  y  a  des  répugnances,  des  triftef- 
fes  ,  des  abatemens ,  des  langueurs  ,  mille  évaga- 
tiorii  ,  mille  diftradlions  ,  mille  légèretés  d'une  ima- 
gination inconftante  &  volage  à  fupporter.  P.  Bour. 
Exh.I. p. sjs.Uns  attention  qui  recueille  l'efprit.... 
qui  le  rappelle  de  fes  égaremens  ,  &c  de  fes  évaga- 
lions ,  dos  qu'il  commence  à  s'en  apperçevoir.  Id.  II. 

Ce  mot  eft  tout  Latin.  Il  vient  de  vagari ,  qui  li- 
gnifie j  s'écarter,  aller  ça  &  là  ,  à  l'avenrure  ,  fans 
deftein  ,  fans  règle. 

ÉVAGRE ,  ou  ÉVAGRIUS.  f.  m.  Nom  dhomme. 
Evagrius.  On  dit  également  bien  l'un  &  l'autre. 
Evagre  ,  ou  Evagrius  ,  Patriarche  de  Conftantino- 
ple  ,  fut  élu  l'an  570.  par  les  Orthodoxes  ,  &  chaf- 
fc  enfuite  par  Valens.  Voye^  Bailler  au  6t  de 
Alars.  M.  de  Tillemont  &  d'autres  difent  toujours 
Evagre. 

S'ÉVALTONNER.  v.récip.  Prendre  des  airs,  des  ma- 
nières trop  libres.  Jeune  homme  j  vous  vous  éval- 
tonne-^.  Ce  mot  fe  dit  rarement ,  &  jamais  hors  du 
ftyle  lamilier. 

§3"  C'eft  quelquefois  abufer  de  fes  forces.  Vous 
vous  évaltonne-^  trop  pour  un  convalefcenc- 

^p°  Evaltonné  ,  ÉE.  parr. 

00"  ÉVALUATION,  f.  f.  Eftimation  ,  appréciation 
d'une  chofe.  Foye:^  ces  mots,  ^stimatio.  On  fait 
'l'évaluation  d'une  maichandife.  Les  ouvrages  font 
payés  fuivant  {'évaluationc^ai  en  eft  faite. On  a  nom- 
mé des  Experts  pour  faire  \évaluation  des   héritages 


dont  on  demande  la    licitation.  On  fait  à  la  Mon- 
noie  l'évaluation  des  efpèces  à  proportion  de  leuc 


E  VA 

poids  Se  de  leur  titre.  Les  évaluations  de  inonnoie 
fc  doivent  faire  de  fin  contre  fin  avec  {a  traite  ;  car 
cela  ell  fonde  en  raifon  de  nionnoie  :  c'etl  pourquoi 
les  monnoies  qui  doivent  être  rendues  ne  peuvent 
être  évaluées  avec  traite  contre  celles  qui  n'en  ont 
guère.  Cela  tourneroit  au  dommage  du  débiteur  & 
payeur  ,  qui  payeroit  plus  qu'il  n'auroit  reçu;  mais 
quand  Ics  eva/uadons  [•£  ton:  d'sipècQ  qui  n'ont  écc 
chargées  de  traite  excelîive  j  contre  d'autres  efpèces 
courantes,  qui  ne  font  femblablement  guèie  char- 
gc-s  ,  il  n'y  a  aucun  doute  qu'elles  ne  le  doivent 
taire  Je  fin  contre  tin  avec  leur  traite.  Le  Blanc.  Boi- 
2ard  traite  de  l'cvaluacion  des  Monnoies  dans  fa  i  p. 
c.  8. 

I'  y  a  dans  le  Roman  Bourgeois  un  tarif  ou  c'va- 
i'^'^ûùn  des  partis  fortables. 

On  appelle  j  en  Arithmétique,  M  évaluation  d'une 
ii^aelion  ,  la  rédudion  d'une  tratlion  Arithmétique 
à  fa  véritable  valeur  ,  comme  en  livres  ,  fous  & 
deniers,  s'il  s'agit  d'argent:  en  pieds  ,  pouces  & 
lignes  j  s'il  s'agit  d'une  mefure  ,  Sec.  Par  exem- 
ple ,  dévaluation  de  \.  d'Ecu  de  foixante  fous  j 
eft  de  quarante- cinq  fous,  ou  deux  livres  cinq 
lous ,  \ évaluation  de  \.  de  toife  ell  quatre  pieds 
&:  deiiii,6cc. 
^  EVALUER.  V,  a.  Fixer  le  prix  d'une  chofe  ,  l'ap- 
précier. jUstimare  ,  pretiumjacere  alicui  rei ,  arro- 
£'are,staruer€,  constituere^impomre.  Cette  terre,  cette 
charge  a  été  évaluée  à  cent  mille  francs.  Evaluer  un 
ouvrage  de  peinture,  de  menuiferie  à  tant  de  toi- 
fes.  Le  marc  d'argent  de  Paris  &:  le  marc  d'argent 
d'Allemagne  font  différemment  évalués.  On  e'vrf/^e 
les  arrérages  des  rentes  en  blés  lur  les  extraits  qu'on 
met  au  greffe  du  prix  du  blé  à  chaque  jour  de  mar- 
ché. 

(f3'  Quelquefois  ce  verbe  eft  employé  fans  la 
particule  à.  Cette   terre  à  été  évaluée  cent  pif- 
toles. 
Évalué  ,  ée.  part. 

EVAN.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  L'un  des  furnoms 
de  Bacchus.  Evan.  On  dit  que  ce  furnom  fut  donné 
à  Bacchus  du  cri  que  faifoient  fes  Prètrell'es  en  célé- 
brant fes  fêtes  &  fes  facrifices,  c'eft-à-dire  ,  les  Or- 
gies. Clément  Alexandrin  ,  dans  fon  exhortation 
aux  Grecs ,  trouve  dans  ce  nom  une  antiquité  plus 
tefpeclable  &  plus  grande.  Il  dit  que  ces  Prêtrelfes 
courent  couronnées  de  ferpens ,  hurlant   &  criant 
Evan  ,  qui  ert  le  nom  d'Eve  ,  qui  felailla  féduirepar 
le  fetpenr.  Ainlî  il  trouve  dans  cette  cérémonie  des 
veftiges  &  une  tradition  du  péché  de  la  première 
femme. 
É'V ANDRE,  f.  m.  Nom    d'homme.  Evander.   Ceft 
Evandre  qui  fut  le  chet  des  Arcadiens ,  qui  palle- 
rent  en  Italie ,  &  qui  s'y  vinrent  établir.  Evandre 
apporta  les  Letttes  &  l'Agriculture  en  Italie.  On  en 
fit  dans  la  fuite  honneur  à  Saturne.  'VoUîus  croit  que 
c'eft  parce  qu'on  \\or\otz.Evandre  dansSaturne,&que 
c'eft  ce  qui  donna  occafion  à  la  fable  de  la  venue 
de  Saturne  dans  l'Italie.  Aurefte^  le  même  Auteur 
ne  croit  pas  (\\i  Evandre  ,   mot  Grec  qui   fignifie 
Courageux  ,  brave  ,  fut  le  nom  propre  de  ce  chef 
des  Arcadiens,   mais  un  furnom  qu'ils  lui  donnè- 
rent pour  honorer  fa  valeur.  Foye^  De  Idol.  L.  I. 
C.  II. p.  48. 
ÉVANGELIAIRE  ,  ou  ÉVANGELISTAIRE.  f.  m. 
Terme  de  Liturgie.  On  appeloit  ainfi  autrefois,  non- 
feulement  dans  l'Eglife  Grecque  j  mais  auili  dans  la 
Latine  ,    un  Livre  qui  comprenoit  tous  les  Evan- 
giles de  l'année  ,  c'eft- à-rlire, tous  les  Evani^ilesqui 
fe  difent  à  la  Mefte  chaque  jour.  Evangeliarium  , 
Evanaelisiarium.  Honorius  d'Autun  dit  que  l'Evan- 
géliaire  fut  compofé  pat   S.  Jérôme.  J'ai  vu  un  bel 
Evangélistaire  de  l'Abbaye  de  Chelles. 
É"VANGELIDE.  L'Oracle  des  Evangelidcs.Evangeli- 
darum   Oraculum.  Il  y  avoir  à  Mdet,  aujourd'hui 
Mileto  ,  un  Oracle  qui  paiïoit  pour  le  meilleur  de 
toute  la  Grèce  après  celui  de  Delphes.  Le  Chef  &  le 
Préfidentdu  lieu  où  étoit  cet  Oracle  ayant  été  un 
certain  Branchus ,  on  appela  cet  Oracle  l'Oracle  des 


É  V  A  ^ij- 

Branchides.  Evangele  ou  Evangelus  ayant  fuccédé  i 
Branchus ,  il  pru  fon  nom,  &  fut  nommé  l'Oracle 
des  EvanccUdes.  Voye:^  Photius  ,  Bibiioth.  Cod. 
,  1S6.  &Volhus,  De  laol.L.Il.C  n.n  .s, 
EVANGELIQUE.  adj.  m.  &c  f.  Qui  eft  félon  1  Évan- 
gile ,  lelon  la  Docl:rine  de  Jes us-Christ.  Evange. 
licus.Lo.  pmvtezéévangc:llque,  ks  coniViU  évangé- 
l'faes.^  La  limplicitéeV^/7^6%:^t  ne  fouftre  point  que 
lEgliIe  loit  loutenue  pat  le  luxe  &  par  Téclat. 
Port  R.  Les  Ouvriers  Evangéliquis.  Cette  conftance 
avec  laquelle  le  Saint  fouft'roit  Iss  injures  &  les 
n-iauv.ais  traitemens  des  hommes, Recette  manière  fi 
évangelique  de  fe  venger  de  its  ennemis  ,  parue 
merveilleufe.  P.  'Verj.  Il  crut  que  fon  miniirère 
évangelique  deinandoit  de  lui  qu'il  achevât  de  con- 
vertir ces  Roy.iumes.  BouH.  Fie  de  Xav.  L.  III.  Ac- 
compagner les  Prêtres  dans  leurs  travaux  évangéli- 
ques.  BouRD.  Exhort.  T.  Lp.  1^7. 

^  Les  Proteftans  fe  donnent  pour  la  plupart  le  titre 
A'Evangcliques ,  parce  qu'ils  font  tous  profellion  de 
ne  s'attacher  qu'à  l'Evangile  ,  fans  avoir  égard  à  la 
tradition  des  Pères  de  l'Eglife  ,  ni  à  l'autorité  même 
de  leurs  Pafteurs;  ils  difent  qu'ils  ne  favcnt  que 
l'Evangile  ;  mais  l'Evangile  que  chacun  d'eux  en- 
tend ,  interprète  ,  explique  à  fa  manière  :  ainfi  cha- 
cun d'eux  a  fa  foi  &  fa  religion  particulière  ,  ou 
n'en  a  point  du  tout.  En  Suilfe  on  diftingue  les  Can- 
tons qu'on  appelle  Réformés  ,  ou  t^vangéliques  , 
d'avec  les  Cantons  Catholiques.  En  lyiz.  leCon- 
firtoire  Luthérien  de  l'Eleélorat  de  Saxe  ,  en  don- 
nant fa  réfolution  fur  le  projet  de  réunion  avec  les 
Proteftans  d'Allem.agne  ,  déclara  que  Ls  Réformés 
ne  pou  voient  pas  prétendre  au  ritre  d'rvangeliques  j, 
puifqu'ils  ne  font  pas  d'accord  entr'euxfur  les  points 
de  Dodrine  ,  d'autant  qu'ils  donnent  diverfes  ex- 
plications aux  paroles  les  plus  claires  de  la  fainte 
Ecriture. 

ÉVANGELIQUEMENT.  adv.  D'une  manière  évange- 
lique. Evangelico  more-^juxta  Evangelii  régulas,  dog- 
mata,  utdignum  est  fanclo  Evangelio.  Ce  Miftion- 
naire  prêche  fort  évangéliquemeht  ,  c'eft-à-dire, 
l'Evangile  tout  pur,  fans" pompe  &  fans  oftentation  , 
fans  affedation  de  tours ,  de  penfées  ^  d'exprelllons , 
fans  art ,  fans  étude. 

ÉVANGELISER.  v.  a.  Annoncer  ,  prêcher  l'Evangile. 
Nuntiare  ,  Evangelii  pr&cHnium  facers  ,  pr&conenz 
agere.  S.  Paul  évangélifa  les  Gentils.  Il  eft  aulîi  neu- 
tre. Jesus-Christ  envoya  fes  Apôtres  évangélifer 
par  toute  la  terre. 

^fT  On  difoit  autrefois  au  Palais  évangélifer  un 
fac  ;  pour  dire ,  vérifier  s'il  eft  complet,  fuivanc 
fon  inventaire   de    procédure.    Cette   vérification 

,   s'appeloitaufti Evangile,  ^oy.  encoreEvANCELisTE. 

E'VANGELISE  ,  ée.  part.  Gomme  pauvres  ,  ils  doi- 
vent être  eV^w^s/i/èj  ^  mais  il  eft  nécelfaire  à  leur 
égard  que  l'Evangile  fou  accompagné  d'amples  lar- 
geiTes  &  d'utiles  fecours.  Bourd.  Exk.  T.  Lp.  135. 

EVANGELISME.  f.  m.  Ancien  nom  d'une  fête  de  l'E- 
ghfe  Chrétienne.  Evangelifmus.  Dominique  Macri 
dit  que  XEvangélifnie  étoit  la  fête  de  l'Annonciation 
de  la  Sainte  "Vierge.  La  lignification  du  nom  ,  qui 
veut  dire  Bonne  nouvelle.,^ convient  fort.  Mais  Bal- 
farnon  éctir  que  c'étoit  le  Dimanche  des  Rameaux 
qu'on  appeloit  ainfi.  Cependant  Nicon  ,  dans  l'on 
Ouwïàgt  De  Religione  Armenorum  ,  témoigne  que 
les  Arméniens  célèbrent  la  fête  de  \Evangéltfme  le 
5*  de  Janvier.  Apparamment  que  ces  ces  deux  fêtes 
ont  eu  le  même  nom  en  diftérens  lieux. 

EVANGELISTE.  f.  m.  Auteur  Sacré  qui  a  écrit  l'Evan- 
gile, la  vie  ,  les  miracles  ,  la  doélrine  de  J.  C.  Eyan- 
gelista  ,  facri  Evangelii  Scripcor.  S.  Mathieu  , 
S.  Marc,  S.  Luc  &  S.  Jean  font  les  quatre  Evan- 
gélistcs. 

On  nommoitaufti  Evangélistes  ceux  qui  alloient 
prêcher  l'Evangile  de  côté  &  d'autre  ,  fans  être 
attachés  à  aucune  Eglife  particulière.  C'eft  en  ce 
fens,  àce  queprétendentquelques  Interprètes,  que 
Philipes  ,  qui  étoit  un  des  fept  Diacres  ,  eft  ap- 
pelé VEvangéliste  au  ch.  21.  des  Aétes  des  Apôtres , 


\ 


916  EVA 

V.  8,  Saint  Paul  dit  à  Timotliéf  au  IV*  Ch.  de  la 
2.  Ep.  qu'il  lui  écrivit ,  Faites  l'Ouvrage  d'un  Evan- 
gelistc.  Le  même  Apôtre,  Eph.  IV.  ii.  mec  les 
tivangêustes  après  les  Apôtres  &  les  Prophètes. 
M.  TiUemont  prend  ce  mot  en  ce  fens.  La  plupart 
de  ceux  qui  embralFoient  alors  la  foi  j  étant  remplis 
de  l'amour  d'une  laintephilofopkie  ,commençoient 
par  dillribuer  leurs  biens  aux  pauvres  \  &c  après 
cela  ils  alloient  en  divers  pays  faire  la  fondion 
d'Evangéiisces  ,  annoncer  JESOS-Cnaisràceux  qui 
n'en  avoient  point  encore  oui  parler ,  &  leur  don- 
ner les  Livres  Gicrès  de  l'Evangile  ,  T.  U.pag.  526. 
&  ^ij. 
ÉvANGÉLisTE  ,  fe  dit  dans  des  Chapitres  de  celui  qui 
à  laMeile  lolennelle  chante  l'Evangile,  i'wj^^e/ijff.z, 
cantor  Evangdii.  Ce  Chapitre  a  plufieurs  Chape- 
lains .à  fon  lervice  en  qualité  de  Chantres,  de  Vi- 
caires j  d'Epiltoliers,  iXEvangélistes. 

Cn  nomme  auffi  Evangeustcs  les  Prêtres  qui 
récitent  des  Evangiles  en  mettant  un  bout  de  l'étole 
fur  la  tête  des  perfonnes  qui  font  dire  ces  Evangiles: 
un  tel  ell  ['Evangéliste  de  Notre-Dame. 
ÉvANGÉLisTE.  Daus  l'aucien  ftyle  du  Palais ,  étoit 
celui  qui  vérifioit  un  fac  ou  un  procès  j  pour  s'af- 
furer  s'il  étoit  complet ,  fi  l'on  n'y  avoit  rien  .ijouié 
ou  retraHché. 

On  donne  encore  aujourd'hui  le  nom  à'Evar.gc- 
/wz-t'^  aux  Confeillers  qu'on  donne  pour  alliftans  au 
Rapporteur,  pour  vérifier  s'il  dit  vrai.  Quand  on 
rapporte  un  procès  dans  l'ordre  j  il  y  a  deux  Con- 
feillers  alîillans  aux  côtés  du  Rapporieur,  qu'on  lui 
donne  pour  Evangdistes ,  dont  l'un  tient  l'inven- 
taire ,  Se  l'autre  les  pièces  i  &  après  que  le  Rap- 
porteur a  expofé  le  fait  &  les  moyens  du  procès  , 
l'un  lit  les  claufes  des  pièces  produites  i  l'autre  ,  les 
induclions  qui  en  font  tirées. 

On  le  dit  aulli  à  la  Chambre  des  Comptes  de  celui 
qui  tient  les  acquits  du  Comptable  &  les  vérifie  , 
tandis  que  l'Auditeur  rapporte  au  Bureau. 

§3°  On  appelle  encore  Evangéiiste  dans  lesCom- 
pagnies  Litréraires ,  celui  qui  ell  nommé  pour  être 
témoin  &  infpeéleur  du  Scrutin.  Ac.  Fr. 

On  nomme  par  abus  dans  Paris  Evangélisies  ,  les 
revendeurs  qui  fe  tiennent  au  coin  des  rues  ,  aux- 
quels on  demande  les  adrelfes  des  perfonnes  que 
l'on  cherche  dans  leurs  quartiers  ,  Si  dont  on  ignore 
la  demeure. 
ÉVANGILE,  f.  m.  Livre  qui  contient  la  vie  &  la 
Dodrine  de  Jesus-Christ  ,  écrit  par  les  quatre 
Evangéliftes.  Evangelium. 

Il  y  a  aulfi  de  faux  Evangiles  ,  compofés  par  des 
Impofteurs  &  des  Hérétique  dès  les  premiers  fiècles 
de  l'Eglife.  Les  plus  célèbres  font  l'Evangile  félon 
les  Hébreux  ,  l'Evangile  félon  les  Egyptiens ,  &  le 
ProtévangiU  de  S.  Jacques  ,  l'Evangile  des  douze  , 
ou  des  Nazaréens,  qui  étoit  le  même  que  \  Evangile 
félon  les  Hébreux.  Ces  premiers  Schifmatiques  du 
Chriftianifme  avoient  même  inventé  trois  nouveaux 
Evangiles  \  l'un  qu'ils  appeloient  Evangile  de  per- 
feclion  ,  écrit  en  vers  \  l'autre  qu'ils  appeloient 
Evano/le  d'Eve  ,  &  le  troifième  qu'ils  attribuoient 
à  S.  Matthieu,  écrit  en  langue  Hébraïque,  dont 
parle  S.  Jérôme  ,  &c  que  l'on  appeloit  l'Evangile  des 
Nazaréens  ,  ou  l'Evangile  des  douze  j  ou  l'Evangile 
félon  les  Hébreux.  L'Evangile  de  Nicodême  ;  l'E- 
vangile de  S.  Pierre  ;  l'Evangile  de  S.  Thomas ,  celui 
de  S.  Mathias  ,  celui  de  S.  Barthelemi ,  celui  des 
douze  Apôtres  j  l'Evangile  de  S.  Philippe  fait  par 
les  Gnortiques,  au  rapport  de  S.  Epiphane ,  &  dont 
les  Ebionites ,  Bafilides  &  Appelles  fe  fervoient  ; 
l'Evangile  de  Judas ,  fuppofé  par  les  Caïanites  ; 
l'Evangile  de  S.  Thadée  ,  celui  de  S.  Barnabe,  & 
celui  de  S.  André. 
Évangile  éternel.  C'eft  le  titre  d'un  Ouvrage  que  les 
Moines  mendians  firent  paroître  vers  le  milieu  du 
treizème  fiècle  j  par  lequel  ils  prétendoient  que 
l'Evangile  de  J.  C.  ne  devoit  durer  qu'un  temps , 
&  que  ce  temps  étoit  expiré  ;  que  c'étoit  à  eux  qu'il 
étoit  réfetvé  de  prêcher  un  Evangile  qui  devoit 


EVA 

durer  jufqu'à  la  an  des  llècks  ;  que  comme  J.  C. 
par  Ion  uvangile  avoir  abiogé  la  Loi  de  Moyfe  , 
ainlîleleur,  cjui  devoir  être  éteincl  ,  abrogeroïc 
celui  de  J.  C.  que  la  Doélrme  qu'ils  enfeigneroienc 
feioïc  beaucoup  plus  parfaite  que  celle  de  l' uvangUe 
du  Fils  de  Dieu  ,  qui  ne  pouvoit  coiiduire  à  la  per- 
fcdion;  que  leur  tvanguc  leroit  celui  du  S.  Efprit  j 
que  julqu'à  prélent  l'Eglile  n'avoit  point  encore  eu 
de  véritables  enfans ,  &  que  J.  C.  lui-même  &  fcs 
Apôtres  l'avoient  pas  été  paifuts  dans  la  vie  con- 
tempLtive.Ces  propofuions  &  pluheurs autres fem- 
biablts  révoltèrent  toutes  les  perfonnes  raifonna- 
bles.  Guillaume  de  S.  Amour  écrivit  contre  ,  &  pu- 
blia Ion  Traité  Des  fenis  des  derniers  temps.  Le 
Livre  de  l'iiûWo-^/e  c7e//2e/ fut  condamné  à  Rome; 
&  Jean  de  Parme  ,  Général  de  l'Ordre  de  S.  Fran- 
çois, accufé  d'en  être  l'Auteur,  fut  obligé  de  fe 
défaire  de  fon  Généralat ,  afin  d'éviter  le  fcandale 
qui  auroit  tletri  fon  Ordre  ,  qu'on  cherchoit  à  mé- 
nager à  Rome ,  à  qui  il  étoit  utile.  Luc  Wading  , 
dans  les  Annales  de  l'Ordre  des  Francifcains ,  cher- 
che à  difculper  ce  Général  d'être  l'Auteur  de  l'E- 
vangile éurnel.  Il  y  foutient  que  c'étoit  un  autre 
Jean  de  Parme  j  qui  n'étoit  pas  le  Général  de 
l'Ordre.  Tamn  dans  Ion  Etat  de  l'Eglife  ^  &  plufieurs 
autres  Auteurs  parlent  amplement  de  cet  Evangile 
éternel. 

Quelqu'un  a  appelé  les  Offices  de  Cicéron  ,  VE~ 
vangile  de  la  loi  naturelle.  Les  fermens  les  plus  lolen- 
nels  fe  fonz  (u:  Y  Evangile.  Les  Miniftres  Proteftans 
fe  difert  Miniftres  du  S.  Evangile. 

Ce  mot  vient  du  Grec ,  Se  fignifie,  bonne  nouvelle , 
É»«yyfA(«» ,  de  l'abverbe  «ù,  bene  ,  &  «y^iXc; ^  nun 
tius. 
Évangile  ,  fe  prend  aufTi  pour  la  Loi  de  Jesus- 
Christ  ,  &  la  Doétrine  contenue  dans  l'Evangile. 
La  prédication  de  l'Evangile.  L'Evangile  n'annonce 
que  l'humilité  &  la  repentance  ,  &  ne  prêche  que 
le  renoncement  aux  plus  chers  atrachemens  du  mon- 
de. De  Vill.  Il  y  a  des  Prédicateurs  dans  l'extérieur 
àijfqacïs  l'Evangile  eft  prêché.-  c'eft -à -dire,  la 
limplicité  j  l'aullérité  &  la  mortification.  Ab.  du 
Jarry. 

Z'Evangile  à  l'efprit  n  offre  de  tous  côtés  j 

Que  pénitence  à  faire  ^  ù'  tourmcns  mérités.  Boit. 

Parle  ,fûns  te  flatter  :  fais-tu  bien  de  quel  style 
Aux  coupables  mortels  s'annonce  l'Evangile}  Vill. 

Évangile  j  lignifie  de  plus  chez  les  Grecs  le  livre  qui 
contient  les  Evangiles  qu'on  lit  pendant  tout  le 
cours  de  l'année  dans  la  célébration  de  la  Liturgie. 
Il  eft  diviié  en  plufieurs  leérions  ou  leçons  j  qui  ont 
été  accommodées  aux  ufages  des  jours  &  des  Fêtes, 
lis  le  portent  en  proceflîon  avec  beaucoup  de  folen- 
nité.  Le  Prêtre  ,  avant  que  de  célébrer  la  Liturgie , 
fortant  par  la  petite  entrée  j  qui  eft  celle  de  la  rable 
ou  autel  de  laprothèjh ,  porte  le  livre  des  Evangiles, 
&tous  feprofternentdevantce  livre  qu'il  tient  élevé: 
c'eft  Jesus-Christ  qu'ils  adorent,  &  non  pas  le 
livre  ,  comme  il  paroît  par  ces  paroles  que  le 
Chœur  chante  alors  :  f^ene\  ,  adorons  &  nous prof- 
ternons  devant  Jejiis-Chrijl  :  fauve^-nous  ,  ô  Fils  de 
Dieu. 

Petits  Evangiles  ,  nom  que  les  Grecs  don  noient 
à  de  certains  extraits  des  Evangiles ,  que  l'on  por- 
toit  comme  des  préfervatifs  contre  les  maladies. 
S.  Jérôme  ,  qui  en  a  parlé  dans  fon  Commentaire 
fur  S.  Matth.  fefert  aulli  du  mot  de  petits  Evangiles, 
parvula  Evangelia. 

fCJ"  Évangile  fe  dit  aulli  de  cette  partie  des  Evangiles 
que  le  Prêtre  dit  à  la  Melfe  ,  pendant  laquelle  tout 
le  monde  fe  tient  debout  par  rcfpeét.  Le  premier 
Evangile  eft  l'Evangile  du  jour.  Le  deuxième  eft 
le  commencement  du  livre  de  S.  Jean  qui  parle  de 
l'Incarnation.  La  MelFe  eft  bien  avancée  j  le  pre- 
mier Evangile  eft  dit. 

ifj"  Daps  cette  acception,  ce  mot  eft  mafculin  , 


'     EVA 

comme  dans  les  autres  ,  &  il  n'y  a  que  le  peuple 
,   qui  lefall'e  téminiii. 

Evangile, fe  duaulli  de  certains  extraits  des  Ev^z/z^i/^j 
qu'un  Prêtte  récite  en  mettant  fur  la  tête  d'une  per- 
fonne  le  bout  de  fon  étole.  Dites-moi  un  Evangile 
de  la  Vierge ,  un  Hvar.gile  de  S.  Jean ,  &c.  Il  y  a  de 
l'apparence,  du  Jérôme  Acofta  ,  hist.  des  revenus 
Ecdéfiastïq.  pag.  ii.  que  ces  Evangiles  qu'on  lu  au- 
jourd'hui dans  plulieurs  liewx ,  fur  tour  dans  ceux  où 
il  y  a  une  grande  dévotion  à  la  Saime  Viu-rge  ,  font 
des  reftes  de  ces  Melfes  qu'on  appeloi:  Meires  fé- 
ches.  C'eft  une  coutume  fort  générale  à  la  campagne, 
&  même  à  la  ville,  de  fe  faue  due  des  tvangdes. 
Evangile  j  fe   prend  quelquefois   pour  une  vérité  , 
pour  une  chofe  certaine  :  ce  que  je  Vousdis-là,  c'elt 
l'Evd/:gile,  ou  bien  c'ell  mor  d'tvangile.  Et  l'on  du 
d'une  perfonnedontl'onnecroir  pas  lesparoles  tou 
jours  bien  vraies  ,  nibienlûres ,  que  ce  qu'elle  du  , 
ou  tout  ce  qu'elle  die  n'eft   pas  mot  à'i:.vangile.  Je 
ne  crois  pas  que  tout  ce  que  du  Longin  fou  mot 
d'Evangiie.  BoiL. 
Evangile  j  fe  du  en  mauvaife  part  en  y  ajoutant 
quelque  épulièce   ;  Se  il  fignifie    alors  ,   Erreur  , 
Hérélie ,  Se6l:e.  Calvin  revenu  de  Bourges  ,  où  pen- 
dant (es  études  de  Droit  l'Allemand  Volmar  lui 
donna  les  premières  notions  du  nouvel  Evangile  , 
avoit  déjà  publié  la  Dodrine  de  Luther  &  celle  de 
Zuingle.  Bouh.  f^ie  d'ign.  L.  11. 

On  dit  figurément  &:  proverbialement  d'une  chofe 
nouvelle,  &  dont  tout  le  monde  s'entretient,  que 
c'eft  {'Evangile  du  jour  :  d'un  homme  qui  croit 
fermement  une  chofe  ,  qu'il  croit  cela  comme 
VEvang.le. 

On  du  proverbialement  :  Nous  fûmes  pendant 
.quelque  temps  comms  ï Evangile  du  jour,  c'eft-à- 
dire,  qu'on  ne  s'entretenoit  que  de  nous,  les  dil- 
cours  ordinaires  de  la   converfation  rouloient  fur 


nous. 

Le  s.  Evamgile.  La  Congrégation  du  S.  Evangile  j 
ou  du  Capuce  J  eft  une  Congrégation  de  l'Ordre  de 
S.  François  ,  ou  des  Frères-Mineurs.  Jules  IL  en 
1505.  ordonna  par  une  Bulle  que  cette  Congréga- 
tion &  lis  autres  qui  partageoient  rOrdie  des  Frè- 
res-Mineurs ,  fe  réunilfent  à  celle  des  Conventuels, 
ou  à  celle  des  Obfervans.  P.  Heliot.  F.  FUI.  C.6. 
En  Efpagne  ils  furent  appelés  aullî  de  l'Etroite  Ob 
fervance  ,  ou  les  Déchaulfés.  lu.  C  17. 

^  ÉVANOUIR  ,  S'EVANOUIR,  v.  récip.  Tomber 
en  défaillance  ,  éprouver  un  état  de  folbleife  ,  dans 
lequel  la  diminution  dis  forces  vitales  ell:  li  grande, 
qu'on  p^rd  av;c  le  mouvement,  l'ufage  &  les  fonc- 
tions des  fens.  An-mo  deficere.  yoye:^  Evanouisse- 
ment. En  apprenant  la  mort  de  fon  mari ,  elle  s't;- 
vanQu'ir.  On  lui  a  tiré  tant  de  fang  ,  qu'il  ell  tombé 
en  foiblelFe  ,  qu'il  s'eit  énanoul.  Votre  pauvre  Ma- 
riane  n'en  peut  plus,  elle  %  évanouit  en  finiiïant 
cette  lettre. 

^Cr  Évanouir  j  fe  dit  figurément  pour  difparoître  , 
fe  didiper  j  venir  à  rien.  Evanejcere.  Les  plailirs  , 
les  grandeurs  de  ce  monde  iévanouïj^nt ,  paifent 
bientôt.  Les  biens  du  monde  ne  font  que  de  faux- 
biens  ,  qu'on  fent  évanouir  ^  lorfqu'on  croit  les  pof- 
fèder.  Fléch- Sa  gloire  ell  évanouie.  Voit.  Tout  ce 
qui  fe  fait  au  monde  étoit  pour  vous  évanouir.  Id. 
La  difficulté  %  évanouit  dès  qu'on  en  pénétre  le  fond. 
Nie. 


omogcnes  ,  on  peut  commencer  par  faite 
évanouir  celui  que  l'on  voudra  ;  mais  la  régie  géné- 
rale ell  de  taire  évanouir  le  terme  négatif  pîutôt  que 
le  poluit ,  &  le  plus  petit  politif  plutôt  que  le  plus 
grand  négatif,  lorlqu'ils  ont  tous  deux  le  même 
ligne.  On  tau  évanouir  les  rennes  négatifs  en  ajou- 
tant de  part  &  d'autre  de  l'équation  leur  valeur  po- 
litive  ;  on  fait  au  contraire  évanouir  le  plus  petit 
des  termes  politih  en  l'ôtantde  part  &  d'autre  ^  que 
il  les  deux  termes  homogènes  étoient  égaux  avec  le 
même'ligne  ,  il  n'y  auroit  qu'à  les  effacer  de  parc 
<?c  d'autre.  Faire  évanouir  ,  faire  difparoître.  De 
Lagnv.  f^oye-^  dans  le  même  Auteur ,  les  Elcmens 
d'Arith.  &  d'Algéb.  P.II.C.i,^,  5  ,  &c.  la  ma- 
nière de  faire  évanouir  les  autres  termes ,  comme 
les  fradions  ,  les  ^inconnues ,  les  incommenfura- 
bles ,  &c. 

ÉVANOUI ,  ÏE.  parc.       . 

'3Cr  EVANOUISSEMENT,  f.  m.  FoiblelTe  qui  faific  la 
tête  ôc  le  coïur ,  lulpend  en  nous  tout  mouvement, 
avec  l'ufage  &  les  fondions  des  fens.  Ci-  r.'ell ,  à 
proprement  parler ,  ni  déiaiUance  ,*ni  fyncope.  C'eft 
un  état  moyen  entre  les  deux.  Il  du  plus  que  défail- 
lance ,  ik.  moins  que  lyncope  ,  qui  eu  le  dernier 
degré  de  la  diminution  des  foices  vitales.  Deli- 
quium  jdejeciio  animi.  Cette  femme  ell  tombée  dans 
un  évanouïjfement ,  en  apprenant  la  morr  de  fon 
mari.  A  peine  étoit-il  revenu  de  fon  e\3njuïffement^ 
qu'il  ell  tombé  dans  un  autre.  U évanoui Jementt^ 
caufé  par  tout  ce  qui  peut  altérer  j  corrompre  & 
dilliper  les  efprits  vitaux  j  comme  les  longue.? 
veilles,  les  grandes  douleurs,  les  grandes  &"fu- 
bites  évacuati  >ns ,  les  v.ip.-urs  putrides  forrant  de 
quelque  abcès  qui  ell  dans  les  parties  nobles  ,  &c. 
Èyanouïssement.  En  termes  d'Algèbre  ,  c'ell 


la  ma- 


Crois-tu  que  mes  1 


iigrins  doivent  /évanouir. 
Rac, 


^fT  On  le  dit  dans  ce  fens  de  toutes  les  chofes 
qui  fe  dilîipent  tellement  qu'il  n'en  refte  plus  aucun 


veftige. 


Évanouir.  En  termes  d'Algèbre  ,  Faire  évanouir  des 
termes  homogènes  ,  faire  évanouir  des  inconnues  , 
faire  évanouir  d^s  incommenfurables,  fii^ç  évanouir 
des  termes  moyens  ,  &  en  général  faire  évanouir  ^ 
c'eft  ajouter  ou  ôter  également  de  part  &:  d'autre 


nière ,  la  méthode  ,  ou  plutôt  l'opéiacion  par  la- 
quelle on  fait  évanouir,  c'cil-i-dire ,  on  délivre 
une  équation  de  certains  termes ,  pour  la  réfoudre. 
M,  De  Lagny,  dans  fes  Elém.  d'Arith.  &  d'Al.» 
P.  II.  C.  3  ,  4.  &c.  traite  de  Xéi'anouiffemenc  des 
fraclions ,  &  de  l'abfolu  de  la  haute  puilTance  j  de 
Vévanouijjement  des  inconnues,  du  l'évanouiffèment 
des  incommenfurables  ,  de  i'évanouïffemenc  des 
termes  moyens,  f^oyei  aufli  le  P.  Reynaud  dans  fa 
fcience  du  calcul. 

EVANTAIRE.  Foye:^  ÉVENTAIRE. 

ÉVANTE.  f  f  Terme  de  Mythologie.  Bacchante  , 
Prctrelfe  de  Bacchus.  Evan.  Les  Evanus  furent  ainù 
nommées ,  parce  qu'en  célébrant   les  Orgies  ,  & 
courant  comme  des  furieufes,  elles  crioient  Evan 
Evan.  Foyei  BACCHANTE.  "* 

ÈVANTILLER.  v.  a.  En  cas  de  retrait ,  de  rachat ,  de 
lods  &  ventes  ,  on  évantille  le  contrat ,  c'eft  à-dire. 
On  fait  voir  en  détail  la  valeur  de  l'héritage  ,  &  ce 
qui  relevé  de  chaque  Seigneur  ,  pour  en  payer  les 
droits  au  prorata.  Diil.  des  Arts.  Le  terme  ordi- 
naire de  Pratique,  eft  Ventiler  ,  v.  a.  Faire  l'efti- 
mation  des  biens  \  &  la  ventilation  ,  c'eft  i'eftima- 
tion  même. 

ÉVAPORATION.  f  f.  Adlon  par  laquelle  on  fait  ex- 
haler rhumidité  de  quelque  corps ,  par  le  moyen 
du  feu  ou  du  Soleil.  Evaporatio  ,  exhalatio  vapo- 
rum.  Le  fel  fe  forme  par  l'évaporation  de  l'humidité, 
foit  par  l'ardeur  du  Soleil ,  comme  dans  les  marais 
falans ,  foit  par  le  moyen  du  feu  ,  comme  aux  lieux 
où  il  y  a  des  puits  falés.  L'évaporation  fe  fait  en 
Chimie  pour  faire  la  dilTipation  de  l'humidité  fu-^ 
perdue  ,  Se  diffère  de  Vexhalation ,  en  ce  que  celle- 
ci  ne  fe  pratique  que  fur  des  marières  féches. 

ffS"  On  appelle  aulîî  en  Phyfique  évaporation  ^ 
l'élévation  dans  l'athmofphèrede  certaines  particules 
très-fubtiles  &  très-déliées ,  qui  fe  dét.ichent  des 
corps  liquides  &  de  la  plupart  des  corps  fol  ides. 
Foye:^  Exhalaisons  ,  Vapeurs  ,  Émanation  j 
Météore. 

Évaporation  ,  fe  dit  figutcment  pour  légèreté  d'ef- 
prit.  Vanitas  ,  levitas  animi j,  inconfiderantia.  Cettâ 
extravagance  vient  d'une  grande  évaporation  d'ef.- 


d'une  équation.  Abolere.  Pour  faire  évanouir  les  ter-      prit.  Dieu  fe  fert  des  plus  terribles  objets  pour  teti- 


928  EVA 

ïer  les  âmes  d'une  certaine  évaporaûon  que  leur  in- 
feiilibilué  produit ,  &c  pour  les  faire  lencrer  en 
•  elles-mêmes.  Poa.T-R.  Le  P.  Boulioius  met  en  qiiel- 
tion  fi  ce  terme  peut  être  tiré  de  la  Phyiique  &  de 
la  Chimie  j  pour  lui  donner  un  fens  moral  ,  i5c  h 
l'on  peut  dire  Vcvaporadon  de  l'elprit  j  comme  on  ; 
dit  un  elpru  évaporé, 
^pr  ÉVAPORER.  On  donne  rarement  une  fignifica- 
tion  adive  à  ce  verbe.  Alors  il  lignihe  dilîiper  j 
faire  çxhaler  en  vapeurs.  C'eft  un  fait  que  le  Soleil 
évdpore  plus  vite  une  eau  fupetlîcielle  qu'une  eau 
profonde.  MÉm.  de  Trév. 
fer  Evaporer  eft  plus  louvenc  neutre  ou  réciproque, 
&  fignifie  fe  réfoudre  &c  s'élever  en  vapeurs,  txha- 
lare  vapores  y  evancfcere  infumum.  Toutes  fortes  de 
liqueurs  iévaporait  à  la  longue.  Plus  les  liqueurs 
font  ipiritueufes  ,  plus  elles  'sevjporent.  Il  rélulte 
de  pluheurs  expérience^  qu'il  s'évapore  beaucoup 
plus  d'eau  d'une  terre  humide ,  que  d'une  eau  non 
mêlée  de  terre.  Mairan.  Lorfqu'on  tau  le  fel  des 
«aux  des  fontaines  ,  on  en  tait  évaporer  tout  l'hu- 
mide ,  <?>:  le  Câl  demeure  au  fond.  Pour  cuire  le  fal- 
pêtre  ,  il  en  faut  faire  évaporer  toute  la  lelîive  qui 
s'eft  empr^ignée  du  fel  de- la  terre. 
Evaporer,  fe  ditaullifigurément  en  Morale  &  avec  le 
pronom  perfonnel:  il  (ignifie,  fe  dilîiper,  fe  perdre. 
Perire^evanefcere,diJJipari.  Son  efprit  s'évapore.  Sa  râi- 
fon  j  fon  bon  Çenss' évaporent\  pour  dire,  fe  perdent  j 
il  extravague.  N'appréhendez  point  ceux  qui  vous 
•menacent  :  leur  pallion  s'évapore  par- là  \  Se  ils  con- 
fument  leur  vengeance  en  paroles.  Abl.  Les  efprits 
trop  r.-rffinés  s'évaporent  en  des  imaginations  vaines 
&  chimériques.  Bouh.  Il  ne  fiuc  point  fubtilifer  en 
matière  de  reconnoill'ance  :  elle  s'évapore  en  fubti- 
lifant.  Nie.  Au  milieu  des  objets  de  vanité  l'ame 
fe  dilîipe  &c  s'évapore.  Fl.  Les  Grecs  de  l'armée 
d'Alexandre  ,  animés  de  fon  efprit ,  s'evaporoienc 
en  fixions.  Huet. 

On  dit  figurément ,  fv^/^orer  fon  chagrin  ,  éva- 
porer fa  bile  ;  pour  dire,  foulager  fa  colère,  fon 
chagrin,  &c.  pardes  difcours  ,  des  plaintes,  &c. 
Et  dans  cette  acception  ,  Evaporer  elt  adtif. 
ÉVAPORÉ,  ÉE.part.  Dijjipacus ,  vanus,  /evis.Onle 
dit  au  propre  &  au  figuré.  Liqueur  évaporée.  Efprit 
évaporé.  Ce  n'eft  plus  le  temps  de  s'abandonner  à 
des  joies  évaporées  ,  quand  on  efl  vieux.  Bell.  Il 
eft  un  cœur  évaporé ,  qui  ne  peut  fe  renfermer  un 
moment  en  lui-même.  Bourd.  txh.  T.  I.p.  44. 

Il  eft  aulli  fubftantif ,  &  fignifie,  Etourdi,  ex- 
travagant. C'ell  nn  évaporé ,  qui  ne  fxit  ce  qu'il  dit , 
qui  ne  fait  rien  par  raifon.  Il  vaut  mieux  elfuyer 
les  railleries  d'un  jeune  évaporé ,    que  de  s'expofer 
à  la  cenlure  des  gens  fages.  M.  Scud.  Remarquez  le 
ridicule   de  cet  évaporé ,    qui  afteéte  une  gravité 
étudiée.  Bell. 
Ip-  EVASEMENT.  f.  m.  Voyei  ÉVASION. 
EVASER,  v.a.  Agrandir  l'ouverture  de  quelque chofe  , 
lui  taire  une  ouverture  un  peu  large.  Os  d'dacare  , 
aperire  j  laxare  y  diducere.  Il  ne  faut  pas  évafer  les 
matras    comme  on  fait  les  cruches  &   les   autres 
vailfeaux. 
1^  Evaser  un  arbre  ,  en  termes  de  Jardinage ,  c'eft 
lui  donner  plus  de  circonférence ,  empêcher  en  ou- 
vrant les  branches  ,  qu'il  ne  fe  relferre  &  fe  rappro- 
che trop.  On  évafe  aulli  le*  arbres  dont  le  milieu  ell: 
trop  ferré  :  c'eft  quelquefois  un  détaut  à  un  atbre 
d'être  évafé  ,  de  n'être  pas  afiez  ferré.  Les  Poiriers 
de  Beurré  s'évafent  trop  :  il  faut  avoir  loin  de  les 
relferrer  ,  ou  rapprocher.  Les  Poiriers  de  Bourdon 
fe  ferrent  trop  :  il  les  faut  ouvrir  &  évafer.  Ramos 
diffundere.  La  Quint. 
Evasé  ,  éé.  part.  &  adj.  Vaiflèau  donc  l'ouverture  eft 

large.  Patulus ,  laxus. 
fCF  Évasé  J  fe  dit  du  nez ,  dont  les  narines  font  trop 
ouvertes.  Furetière  prétend  qu'on  le  ditaufli  des  ha- 
bits qui  ont  de  trop  grandes  ouvertures,  comme  des 
manches. 
*  ^C?  Évasé.  Patens.  En  Botanique  fe  dit  de  ce  qui  fe 
dilate  vers  fon  ouverture  en  manière  de  vafe.  On 


EUB    ' 

emploie  ce  terme  dans  la  defcription  des  fleurs  & 
des  tiuits. 

On  ditaufiî  en  Jardinage,  qu'un  buifibn  doit  erre 
évaj'd  j  qu'un  bon  Jardinier  doit  évafer  les  arbres 
en  buiifon. 

ÉVASION,  f.  f.  Fuite  fcctète  :  adtion  par  laquelle  on 
s'évade.  Evafio  ,  juga.  L'evafion  d'un  prifonniec 
donne  une  grande  préfomption  qu'il  elt  coupable. 
Il  tut  irrite  de  (on  evajion.  Mauc. 

Évasion,  f.  f.  Ouverture  d'un  vailfeau  qui  eft  évafé. 
JJilatado  ,  lat'uudo  ,  ampluudo. 

ifT  Je  ne  crois  pas  que  ce  mot  foie  François  j  & 
je  ne  l'ai  vu  nulle  part  employé  dans  cette  acception. 
Il  elt  vrai  que  nous  n'avons  point  de  terme  qui  ex- 
prime l'état  d'une  chofe  dont  l'ouverture  eft  agran- 
die, enforte  que  fon  orifice  foit  plus  étendu  que 
fon  tond.  Je  préférerois  t'V({/e/«e/2^,  qui  me  patoît 
plus  analogue  Hc  moins  équivoque. 

ÉVAïE.  f  m.  Sorte  de  bois  noir  qui  reflemble  à  notre 
ébène  ,  &  qui  fe  trouve  dans  l'Abyrtinie  ,  où  il  eft 
fort  eftuné.  On  en  fait  des  plats  j  &  on  dit  que  par 
une  propriété  particulière  à  ce  bois ,  ces  plats  fe 
rompent  en  pièces  fitôt  que  Ton  met  du  poïfon 
dedans. 

ÉVATES.  ^ojqVATES,  EUB AYES ,  DRUIDES. 

EUB. 

EUBAGES.  f.  m.  Prêtres  ,  ou  Do6leurs  des  anciens 
Celtes  J  ou  Gaulois.  Eubages.  Chorier ,  dans  fon 
Uift.  du  Dauphiné ,  L.  II.  n.  3.  fuppofe  que  les  Eu- 
bages font  les  mêmes  que  les  Druides  &  que  les  Sa- 
ronides  de  Diodore.  Quelques-uns  croient  que  les 
Eubages  (onx.  CQ\\:i.  que  Strabon,  L.  IV.  p.  197.  de 
l'Edit.  de  Paris  1620.  appelle  û'ciaT-EÎ"?,  Vates.  Peut- 
être  même  s'eft-on  perluadé  qu'il  falloir  fire  O'ofeVf  j 
étant  aiféde  prendre  un  r  pour  un  t.  Quoiqu'il  en 
foit ,  il  paroît  que  les  Eubages  étoient  diflerens  des 
Druides.  Voye-:^  ce  que  nous  avons  dit  fur  cela  aii 
mot  Druide.  Ammien  Marcellin  parle  des  Eubages 
dans  fon  XV«  L.  C.  9.  &  parce  qu'il  ne  s'agit-là  que 
de  l'ifle  Britannique  ,  quelques  Auteurs  ont  cru 
que  les  Eubages  n'étoient  que  dans  cette  Ifle  ,  6c 
qu'ils  y  étoient  ce  qu'étoient  les  Druides  en  Gaule. 
Mais  encore  un  coup  les  Anciens  ,  &  fur  -  tout 
Strabon  &  Ammien  lui-même,  àcetendtoit,  ne 
lailfent  aucun  lieu  de  douter  que  les  Eubages  ne 
fulfenc  ditFérens  des  Druides  j  &  au  moins  une  ef- 
pèce  particulière  de  Druides ,  &  qu'il  n'y  en  eût 
dans  les  Gaules.  Ammien  fait  entendre  que  c'étoienc 
les  Philofophes  de  ces  nations  j  &  que  leur  occupa- 
tion principale  étoit  l'étude  de  la  nature.  Bouche  , 
_dan5  fon  Hifi.  de  Provence  ,  L.  IL  C.  II.  T.  I.  p.  68. 
diftingue  les  Vates  de  Strabon  des  Eubages  d'Am- 
mien.  Les  Vates ,  dit-il ,  étoient  ceux  qui  avoient 
foin  de  faire  des  facrificei  j  Eubages  j  ceux  qui 
s'occupoient  des  raifons  des  plus  haut  fecrets  de  la 
nature. 

EUI30ëE,^u  EUBÉE.  La  plus  grande  des  Ifles  de 
la  mer  Ej^e.  Euboea.  Elle  s^étendoit  le  long  des  côtes 
de  la  Béotie  depuis  le  Golfe  Pélafgique  julques  vers 
l'IIle  d'Andros.  Euboéc  ,  Ifle  de  la  mer  Egée  j  que 
l'Euripide  féparoit  de  la  Béotie.  Cette  Ifle  s'appela 
Euboée  à  caufede  fes  grands  &  beaux  pâturages  j  &: 
fe  nomme  aujourd'hui  Négrepont.  Tourreil. 
Quelques-uns  ont  dit  qu'elle  avoir  été  féparée  de  la 
Béotie  par  un  coup  de  mer.  f^oye:(  Lucain.Elle  s'ap- 
pela d'abord  Macridea^ft'eft- à-dire  ,  la  longue, 
parce  qu'elle  eft  fort  longue  en  comparaifon  de  fa 
Largeur  ;  Abanride  j  Chalcide  ^''c  Afapide;  &  fut 
nommée  Euboée  du  nom  d'une  Dame  j  ou  d'une 
Héroïne  qui  s'appeloic  Euboée.  Voye\  Pline,  L,  IV. 
C.  1 2.  Strabon ,  L.  IL  &  L.  X.  dit  qu'elle  fut  encore 
nommée  Oche,  &  Ellopie.  Les  Athéniens  eurent 
ï Euboée  fous  leur  domination  ,  &  ils  avoient  établi 
des  colonies  dans  fes  deux  principales  villes  Eré- 
thrye  &  Chalcide.  Th.ucydide  dit  que  dans  la  guerre 
du  Péloponéfe  ,  la  révolte  de  V Euboée  confterna  les 
Athéniens ,  parce  qu'ils  en  retiroien;  plus  que  de 

l'Attiquc 


E  U  C 

l'Attîque.  Après  quoi  VEuboée  fut  en  proie  aux  fac- 
tions. Tourreil.  Philippe  n'oublioïc  rien  pour  s'em- 
parer de  VEuboce  ,  qu'il  appcloic  les  entraves  de  la 
Grèce.  Id.  Ce  fur  la  troilieme  année  de  la  cent  cin- 
quième Olympiade  que  ['tubccc  fe  diviia  en  deux 
fadlions  ,  dont  l'une  réclama  le  lecours  de  Thèbes  , 
&  l'autre  celui  d'Athènes.  Id.  Meilleurs  Tourreil  & 
Corneille  ,  tous  deux  de  l'Académie  -  Françoife  , 
écrivent  Euboée  ,  &c  non  pas  Eubcc. 

EUBOEEN.  fubft.  mafc.  &  fém.  Qui  eO  de  l'Euboée. 
Eubocus  j   a. 

EUBOÏQUE.  adj.  m.  &  f.  Qui  appartient  à  l'Euboée. 
Eubcïcus,  a.  Là  mer  Eubùïqut ,  EubCicum  mare  , 
ctoit  la  partie  de  la  mer  Egée  qui  baignoit  l'Eu- 
boée. 

EUBOULIE.  f.  f.  ou  la  Déefle  du  bon  Confeil  ,  avoir 
un  Temple  à  Rome  ,  félon  Plutarque.  De  sî  ,  bien, 
&  ftuAi ,    confeil. 

EUBULEE.  f.  m.  Eubuleus.  Un  des  trois  Diofcures, 
dit  Cicéron,  de  ceux  qu'on  furnommoit  Anaces,  Hls 
de  l'ancien  Roi  Jupiter  &  de  Proferpine.  Ils  étoient 
nés  à  Athènes. 

Eue. 

EUCADE.  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Euchjidius. 
On  le  trouve  aulîi  nommé  Euchoiius  _,  &  Eochodius  \ 
ce  que  Ferrarius  &  autres  Modernes  ont  lu  Euglo- 
dius.  Chast.  au  25.  Janv.  p.  410.  Dans  la  Province 
de  Galloway  en  Ecolle  ,  S.  Eucude ^  Moine  fous 
S.  Colmkil.  It).  p.  401. 

EUCAIRE.  Voye-  EUCHAIR. 

EUCARISTIE.  f.  f.  Foyei  EUCHARISTIE. 

EUCHAIR.  f.  m.  Nom  d'homme.  Eucharius.  S.  Eu- 
tAi/jrou  Eucaire  ,  premier  Evêque  de  Trêves ,  vi- 
voit  au  nie  fiècle.  Bédé  en  parle  au  t)=  Décembre. 
Grégoire  de  Tours  dans  les  Vies  des  Pères,  C.  17. 
&  Pierre  de  Cluny  ,  L.  I.  Ep.  z.  en  tont  mention. 

EUCHARISTIE,  f.  f.  Eucharijha.  Quelques-uns  ôtent 
l'A  en  Françoi's ,  &  écrivent  Eucarïfiic ,  comme  on 
prononce.  Monlieur  de  Tillemont  en  ufe  toujours 
ainlî.  Cela  eft  contraire  à  l'ufage.  Le  très-Saint  Sa- 
crement de  l'Autel,  qui  contient  réellement  le  Corps 
&  le  Sang  de  Jesus-Ciirist  ,  fous  les  efpèces  du 
pain  &:  du  vin  :  le  myftère  de  ÏEuchariJlie  eft  in- 
compréhendblej  comme  les  autres  myftères  j  il  hu- 
milie l'efprit  du  Chrétien  ^  &  exerce  fa  foi.  L'Eu- 
charistlz  ell:  le  gage  le  plus  précieux  de  l'amour  de 
Jesus-Christ  pour  fon  Eglife,  &  une fourcc  abon- 
dante de  grâces  &  de  bénédictions.  Si  on  eft  en  état 
de  péché  mortel  j  on  ne  doi:  point  recevoir  le  Sa- 
crement de  YEuchariscie  qu'après  le  Sacrement  de 
Pénitence.  Calvin  n'a  pu  s'empêcher  de  dire  que  fur 
XEuchatistie  l'erreur  des  Luthériens  ell  encore  plus 
grodicre  que  celle  de  l'Eglife  Romaine.  Luther  de 
fon  côté  avoue  de  bonne  foi  ,  qu'il  a  fait  ce  qu'il  a 
pu  pour  nier  la  préfence  réelle,  voyant,  dit-il  , 
combien  cela  eût  incommodé  le  Pape  j  mais  qu'il 
n'a  pu  s'y  réfoudre  contre  les  paroles  précifes  de 
Jesus-Christ.  Pélisscn. 

L'Eucharistie  eft  tout  cnfemble  &  facrifice  &  facre- 
ment.  Le  l^icrifice  de  {'Eucharistie  eft  le  même  que 
celui  de  la  Croix.  La  viélime  eft  Jefus-Chrift  ;  la 
Confécration  eft  l'action  du  facrifice;  le  Miniftre 
eft  le  Prêtre  qui  confacre.  Ce  facrifice  eft  tout-à-la- 
fois  propitiatoire  ,  euchariftique  ou  de  remerci- 
ment ,  d'adion  de  grâces  j  impétratoire  &  facrifice 
d'adoration.  Le  peuple  ne  confacre  point  avec  le 
Prêtre;  c'eft  une  erreur  infoutenable.  Ondifpute 
fortement  en  Angleterre  ,  fi  \ Eucharistie  eft  Un  fa- 
crifice. M.  Johnfonaécrit  pour  le  prouver.  D'autres 
Miniftres  le  tiennent  aulli  après  le  fameux  Cud- 
■worth.  M.  Lewis  a  prétendu  les  combattre  ,  &  n'a 
rien  dit  de  raifonnable.  Le  favant  &  célèbre  Dodwel, 
dans  fon  Ouvrage  De  Cyciic.  Diffère.  IT.  paragr. 
^4.  p.  414.  reconnoît  des  facrifices  non  f.'.nglans  des 
Chrériens,  &  pour  rapporter  ces  termes  :  Sacrificia 
Cliristianorum  iialfutKn'.. 
En  tant  que  Sacrement  j  {'Eucharistie  eft  un  facre- 1 
Tome  m. 


E  U  C  c)^cf 

ment  de  la  nouvelle  Loi ,  inftitué  par  Jefus-Chrift 
la  veille  de  fa  Pallion  ,  après  la  Cène  éyale ,  &:  qui 
contient  réellement  &  fubltantiellement  le  Corps 
&c  le  Sang  de  Notre  Seigneur.  La  matière  de  ce 
ûcrement  font  le  pain  &  le  vin  ;  la  forme  font  les 
paroles  de  la  Confécration.  Le  Miniftre  eft  le  Prêtre 
qui  confacre. 

Le  Conciliabule  de  Sardique  tenu  en  547  ac- 
cufe  P.iul  de  Conft.intinople  d'avoir  fait  tirer  des 
Prêtres  par  force  dans  la  place  publique  ,  &  que  le 
Corps  confacre  de  Notre-Seigueur  qu'ils  portoienc 
pendu  à  leur  cou  ,  avoir  été  découvert  aux  yeux  du 
peuple  &  protané.  Cette  accufation  fait  voir  qu'il 
y  avoir  une  confécration  de  l'Eucharistie  dans  l'E- 
glife ancienne  ;  qu'elle  fe  gardoit  après  l'ufage  des 
Fidèles  ,  &  qu'elle  étoit  confidérée  comme  une 
chofe  très-fainte,  qu'on  ne  pouvoit  montrer  en  pu- 
blic fans  profanarion,  digne  en  un  Evêque  de  la  dé- 
polition  de  fon  liège.  Dodeau. 
ifT  Eucharistie  elt  un  mot  Grec  qui  fignifie  action 
de  grâces.  On  appelle  ainfi  le  facrifice  èc  le  facre- 
ment  du  Corps  &  du  Sang  de  J.  C.  parce  qu'en 
offrant  &  en  recevant  le  Corps  &  le  Sang  de  J.  C. 
fous  les  efpèces  du  pain  &  du  vin ,  on  rend  à  Dieu 
l'action  de  grâces  la  plus  agréable  qu'on  puifte  lui 
rendre. 
EUCHARISTIQUE,  adj.  Qui  appartient  à  l'Eucha- 
riftic.  Il  n'a  guère  d'ufage  que  dans  le  ftyle  dog- 
matique (Se  dans  ccue  phrafe:  Les  efpèces  Eucha- 
ristiques. 
EUCHECRATE.  f.  m.  Jeune  Theftalien  qui  enleva  la 

Pythie  J  qu'il  venoit  con(a\itz.  Euchecrates. 
EUCHER.  f.  m.  &  nom  propre  d'homme.  Eucherius. 
Saint  Eucher ,  Evêque  d'Orléans  au  VIII*  fiècle  , 
naquit  en  6)>-/.  fe  fit  Moine  à  Jumiége  en  714.  fut 
fait  Evêque  d'Orléans  par    Charles  >/Iartel  après 
Suavaric  fon  oncle  maternel,  en   721.  &  mourut 
en  743.  d'aurres  difent  dès  738.  Il  y  a  deux  Saints 
Euchers  Evêques  de  Lyon  j  le  fécond  s'appelle  Eu- 
cher le  jeune.  Le  nom  de  Saint  Eucher  d'Orléans  a 
été  ajouté  dans  l'Autographe  de  l'Ufuard  de  Saine 
Germain-des-Près,   le  17*  Mars;   &  il  paroît  Evê- 
que de  Toufs ,  fur  ce  qu'on  y  a  mis  Turonenjis  pour 
Trudonenjis.  La  même  chofe  eft  au  Martyrologe  de 
Cîteaux.  Sur  cela  BoUandus  &  Henfchenius  ,  fans 
s'avifer  de   Trudcnen/is  ,  ont  mis  aa  Prater/mJJJ  de 
ce  jour-là  les  noms  d'Euftochius ,  &  Euprhonius  , 
n'en  trouvant  point  parmi  ceux  des  Evêques  de  Tours 
qui  approchalfent  plus  de  celui  d'Eucherius.  Chas- 
tel.  Martyrol.  au  zo.  Fev.p.  69S. 
EUCHITES  ou  EUCHETES.  (  Prononcez   Ucjultes  , 
Uquetes.  )  Anciens  Hérétiques  qui  ont  été  ainfi  ap- 
pelés ,  parce  qu'ils  prioient  fans  celFe ,  &  qu'ils 
croyoient  que  la  feule  prière  fufîifoit  pour  être  fau- 
ve. EuchitiSL.  ï^x"  ,  en  Grec  fignifie  prière  ,  d'où  les 
Grecs  ont  formé  le  mot  i^;:!»-»*!  ,  qui  eft  la  même 
chofe  queprecdtores  en  Latin.  Ils  s'appuyoient  fur 
cesporoles  de  S.  Paul,Ep.i  aux  TheO-c.  5  v. 17. Priez 
fans  cefTe.  S.  Cyrille  d'Alexandrie  reprend  dans  une 
de  fes  lettres  de  certains  Moines  d'Egypte,qui,fous 
prétexte  de  ne  vaquer  qu'à  la  prière  ,  meiioient  une 
vie  oifivc.  Théodoret  parle  des  Euchites  dans  fon 
livre  4  des  hérédes.  /^oyejMetraliens.  On  les  ap- 
pelait aufîi  Enthoufiaft^s.  f'^oye^  Saint  Jean  Damaf- 
cène  ,  L.  des  hércfies ,  n.  50.   Les  Orientaux  di- 
fent que  \es  Euchites  ,  ou  Meffaliens ,  étoient  dans 
les  mêmes  fentimens  que  Célefte  &  Pelage.  Tille- 
mont. 
EUCHOLOGE.  (  Prononcez  Eukologe.  f.  m.)  tucho- 
logium.  Ce  mot  eft  purement  Grec  ,  &:  fignifie  litté-. 
ï3\Qm.Qnx.  difcours  de  prières  ,  deia^^i,  prière  ,  &'>'oy»£ 
difcours  :  c'eft  le  Rituel  des  Grecs ,  où  l'on  trouve 
tout  ce  qui  appartient  à  leurs  cérémonies  ;  foit  dans 
leurs  liturgies ,  foit  dans  l'adminiftration  des  Sa- 
cremens,  foit  dans  la  collation  des  Ordres.  Le  P. 
Goar  Dominicain,  a  fait  imprimer  VEuc'nologc  en 
Grec  &  en  Latin  à  Paris ,  avec  des  notes. 
EucHOLOGE,  (  Le  Didtionr.aire  de  l'Académie  écrit 
Eucolopc.  1  fedit  aulîi  d'un  Livre  imprimé  à  Paris' 
Bbbbbb 


^30  E  U  D 

par  l'ordre  de  M.  le  Cardinal  de  Noaillcs ,  où  fe 
trouve  tout  i'Oiiice  des  Dimanches  &  principales 
Fêtes  de  l'année  ,  félon  le  Miirel  &  Bréviaire  Pari- 
fîen. 

EUCINA.  Nom  d'un  Ordre  de  Chevalerie  qui  j 
félon  quelques  Auteurs  ,  hi:  établi  l'an  711  par  Gar- 
das Ximéiics  ,  Roi  de  Navarre.  On  dit  que  fa  dé- 
vifeécoit  une  Croix  rouge  fur  une  chaîne  ;  mais  un 
Ordre  de  Chevalerie  du  VilF  fiécle  eft  un  Ordre 
fuppofé. 

EUCLIDIEN  ,  ENNE.  adj.  Qui  appartient  à  Euciide. 
Plufieurs  nouveaux  Géomètres  ont  abandonné  la 
inéthode  Euc/Uienne.  La  Géométrie  accoutume  l'ef- 
prir  à  foutenir  long-temps  la  comparailon  ,  &  à  voir 
clairement  une  confcqu^nce  tirée  d'une  multitude 
d'autres  :  c'eft  ce  qui  dans  la  méthode  Euclidienne 
donne  l'habitude  de  la  contention  de  l'elprit.  Des 

FoNTAINfS. 

Plufieurs  de  nos  Modernes ,  en  s'éloignant  de 
cette  méthode  Euclidienne  ,  ont  fouvent  luppo- 
fé  ,  au  lieu  de  démontrer.  Id.  Depuis  l'invention 
de  ce  terme  j  on  en  a  même  étendu  l'ulage  jufqu'à 
lui  faire  ligniherce  qu'on  appelle  Géométrique.  Nos 
beaux  efprits ,  armés  d'argumens  philolophiques , 
s'élevèrent  cgntie  l'ancien  Lyrique  ,  &  lui  fubf- 
tiruerent  un  Lyrique  méthodique  <3c  Euclidien. 
Idem. 
EUCRASIE.  f.  f.  Terme  de  Médecine ,  qui  figni- 
fie  un  bon  tempérament ,  c'e(t-à-dire  ,  im  tem- 
pérament qui  convient  à  la  nature  ^  à  l'âge  &  au 
fexe  du  fujet.  Ce  mot  eft  Grec  ,  èuiças-i'a  ^  tempéra- 
ture du  corps  bonne  ,  égale  j  de  «ï  »  àien  &  de  x-fâtru^^ 
tempérament. 

E   U  D. 

EUpÉMONIE.  f.  f.  En  Grec  £.<^«,,«o»r« ,   DéelTc  de  la 

félicité. 
EUDES,  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Odo  ,  Eudo. 
EUDIQUE.  Terme  de  grand  Art.  Les  Sages  appelent 

ainfi  les  fcces  du  verre. 
EUDISTE.  f.  m.  Eudistd.  C'efl;  le  nom  qu'on  donne  à 
une  Congrégation  de  Prêtres  féculiers,  inftituéspar 
le  p.  Eudes ,  qui  étoit  Irère  de  Mezeray  ,  Hiftorio- 
graphe  de  France.  Le  P.  Eudes  avoir  été  Prêtre  de 
l'Oratoire  j  &  il  en  fortit  pour  établir  fa  Congréga- 
tion. Le  P.  Eudes  l'établit  d'abord  à  Caen  ,  éc  c'eft 
delà  qu'elle  s'eft  répandue  dans  la  France,  fui-tour 
€n  Normandie,  comme  à  Rouen  ,  à  Evreux,  àCou- 
tances.  Ces  Meilleurs  ont  aulîi  des  maifons  en  Bre- 
tagne. Leur  iniHtut  eft  de  former  à  l'Eglife  de  faints 
Prêtres  &  bons  Eccléliaftiques  j  dans  les  Séminaires 
^  dont  les  Evêques  veulent  bien  leur  confier  la  con- 
duite. Ils  prennent  le  nom  de  la  Congrégation  de  Je- 
fus&  de  Marie.  Le  P.  Eudes  faifoit  une  protellion  par- 
ticulière de  la  dévotion  à  la  Sainte  Vierge.  Les  Eu- 
distes  n'ont  point  d  habit  diftingué  des  Eccléfiafti- 
ques  Séculiers. 
EuDisTE.  f .  f .  Nom  de  Religieufes.  Eudista  monialis. 
L'Ordre  des  Religieufes  f^^cZ/jVtrj  fuit  la  règle  à>iS. 
Auguftin  ,!&  outre  les  trois  vœux  de  Religion  ,  elles 
en  font  un  quatrième,  de  s'employer  à  l'inftruftion 
des  femmes  &des  fiileslibertincs,  qui  veulent  chan- 
ger de  vie  &  fe  convertir.  Elles  furent  d'abord  éta- 
blies à  Caen  fous  le  titre  de  Notre-Dame  de  la  Cha- 
rité. Cet  établiiïement  fut  le  fruit  des  Prédications 
du  P.  Eudes,  Fondateur  d'une  Congrégation  d'hom- 
mes,  noinmcs  aulli  de  fon  nom  les  i-'i/^/jré'i'.  Elles 
fe  font  répandues  en  fuite  en  Normandie  &  en  Bre- 
tagne ,  &  il  y  en  a  à  Rennes. 
EUDORE.  f.  f.  Nom  d'une  Nvmphe  marine.  Eudora. 
La  Nymphe  Eudore  étoit  fille  de  Nérée  &  de  Doris, 
Héfiod  ,  Theog.  v.  244.  &  non  de  l'Océan  &  de 
Tcthys  jComme  a  ditHoffmnn.Le  même  Auteurdit 
encore  que  l'une  des  fept  Atlantides  s'appeloic  Eu- 
dore, 

Ce  mot  vient  de  £^» ,  bien  ,  Se  ^ù'^a, ,  préfent ,  5c 
fignifie  beau  préfent. 
EUDOXE.  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Eudoxius , 


EUD 

Euâoxus.  Les  Entretiens  de  Cléandre  &  à'Eudoxi 
font  une  réfutation  des  Lettres  Provinciales  ,  faite 
par  le  P.  Daniel  Jéi.  Nous  ne  mettons  point  de  dif- 
tcrence  en  notre  langue  entre  les  noms  de  ceux  que 
les  Latins  appelent  Eudoxius  &  tudoxus  ,  ëc  nous 
dilons  toujours  Eudoxe.  Eudoxe ,  hls  d'Efchine, 
elt  un  ancien  Grec  de  Cnido  .  Aftronome  ,  Mé- 
decin ,  Légiilateur  ôc  Géomètre  très-célèbre.  Eu- 
doxus.  Eudoxe  hérétique  Arien  ufurpa  le  (îège 
d'Antioche  l'an  356.  Eudoxius,  &  ainli  des  autres. 
Apparemment  l'on  a  voulu  éviter  l'équivoque  du 
nom  féminin  Eudoxie.  M.  Godeau  dit  quelquefois 
Eudoxius.  Par  exemple  ,  L.  IV  j  p.  475. 

Quelques-uns  difentaulîi  Eudoxe  tcminin  ,  pour 
Eudoxie.  t^oyt^  ce  nom. 

Cenom  J  aulli-bien  que  celui  d'Eudoxie,  eftGrec 
compofé  &c  formé  de  '",  bien  ,  beaucoup ,  très,  Sc 
iiia  ,  gloire ,  Se  fignifie  glorieux ,  &  Eudoxie ,  glo- 
rieujc. 
EUDOXIA.  Terme  de  Fleurifte.  C'eft  un  œillet  pi- 
queté très- fin  :  le  blanc  en  eft  beau  ,  il  fleurit  faci- 
lement :  fa  Heur  eft  médiocrement  large  ,  &  fa 
plante  fort  délicate  ,  &  fujette  à  la  pourriture.  Il 
porte  graine  :  quatre  boutons  lui   fuftilent.  Mo- 

RIN. 

EUDOXIE  ,  ou  EUDOXIA.  f.  f.  Nom  propre  de  fem- 
me, f^^t^o.via. L'Impératrice  Eudoxie,  temma  d'Ar- 
cadius  J  favorifa  Théophile  d'Alexandrie  contre  S. 
Jean  Chryfoftôme  qu'elle  fit  exiler  deux  fois ,  Se 
auquel  par  là  elle  caufa  la  mort.  Eudoxie  ,  femme 
du  jeune  Théodofe  ,  étoit  fille  de  Leontius ,  Sophit- 
te  d'Athènes  ,  qui  la  rendit  habile  dans  les  belles- 
lettres  :  la  Philofophie  &  les  Mathématiques.  Eu- 
doxie,  qui  s'appelle  auiîi  Eudocie  ,  Eudoxia,  fille 
de  Théodofe  lejêune^cpoufaValentinien  III.  Quel- 
ques Auteurs  difent  Eudoxe  féminin  ,  au  lieu  d'Eu- 
doxie. Eudoxe  ,  femme  d'Arcadius  ,  ne  pouvant 
plier  comme  les  autres  fous  le  joug  de  ce  favori 
(  Eutrope  )  il  fut  fi  hardi  que  de  la  menacer  que 
dans  peu  de  temps  il  la  feroit  répudier,  Godeau. 
Maxime  monte  fur  le  trône  par  ces  degrés  ,  &  con- 
traint l'Impératrice  Eudoxe  _,  fille  de  Théodofe 
le  jeune,  à  l'époufer.  Bossuet.  Et  de  même  Eudoxe 
femme  de  Théodofe  le  jeune.  Godeau  appelle  Eu- 
doxe ,  femme  de  Valentinien ,  Eudoxe  la  jeune. 
Mais  il  feroit  mieux  de  dire  Eudocie  ,  &  de  réferver 
Eudoxe  pour  le  mafculin  ,  Eudoxus.  C'eft  ainli 
que  ^Eugenius  nous  faifons  Eugène ,  &  non  pas 
tugenie  ,  qui  eft  toujours  le  féminin  Eugenia  , 
&:c. 

EUDOXIEN  ,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  Sefte.  Eu- 
doxianus  ,  a.  Ce  font  des  hérétiques  du  quattième 
fiècle,  dont  Saint  Epiphane  parle  ,  Haref.  yC.  Les 
E.udoxiens  prirent  leur  nom  A'Eudoxius ,  Patriarche 
d'Alexandrie  &  de  Conftantinople ,  grand  défen- 
feur  du  dogme  Arien  ,  dit  Nicéphore  ,  &  qui  fut 
leur  chef.  Les  Eudoxiens  fuivoient  les  erreurs  des 
fectes  Aériennes ,  &  Eunomiennes ,  foutenant  que 
le  fils  avoit  une  volonté  différente  du  Père  ,  &  qu'il 
avoir  été  fait  de  rien,  /^oyej  Saint  Epiphane,  Il£- 
réf.  76. 

EUDOXIOPLE  ,  ou  EUDOXIOPOLIS.  Ville  de 
Thrace  ,  dont  le  nom  eft  aujourd'hui  Selymbrie  , 
Eudoxiopolis  ,  Selymbria.  La  ville  de  Selymbrie 
en  Thrace  voulut  porter  à  caufe  d'elle  (  d'Eudoxie 
femme  d'Arcade  )  le  nom  d'Eudoxiople  que  l'hif- 
toire  lui  donne  quelquefois ,  Se  l'on  rapporte  à  cela 
la  loi  du  14  Juillet  cie  l'an  404  de  J.  C.  donnée  en 
faveur  de  la  ville  d'Eudoxiople.  Tillem.  T.  V.  p. 
471.  Souvent  nos  Auteurs  confervent  le  nom  des 
Villes  dont  le  nom  fe  termine  sn  polis  \  il  femble 
qu'il  feroit  mieux  ,  à  l'exemple  de  M.  de  Tille- 
mont,  de  fuivre  l'analogie  ,  &  de  leur  donner  une 
terminaifon  Françoife  en  ople  j  comme  l'ufage  le 
£iit  dans  Conftantinople  ,  Andrinople  ,  &c. 

EUDOXUS.  C'eft  le  nom  d'un  ancien  Mathémati- 
cien ,  qu'on  a  donné  à  une  des  taches  de  la  Lune. 
C'eft  le  nombre  iz  dans  la  Sélénographe  du  P.  Riç-r 
ciolL 


EVE 


E  U  E. 

EVE,  ou  A.IVE.  f.  f.  Aqitix  Vieux  mor  François,  qui 
ligiiihoic  l'eiu.  Les  plus  anciens  Romans ,  celui 
de  Guériu  le  Lorraiu  entre  autres  ,  qui  eit  en  ma- 
nufcrit  à  la  lîibliothéque  du  Roi  ,  écrivent  Eve , 
ôc  non  pas  ^ive.  Mais  dans  la  luite  on  a  mis  Aive. 
C'ell  de  là  qu'ell  venu  le  mot  d'aivicr  ,  ou  évier. 
&  d'éguière  ,  ou  aiguière.  Du  Bouchet  croit  que 
la  torèc  Evcli^ie  ,  appelée  aujourd'hui  des  Yve- 
lines  ,  eft  ainfi  nommée  à  caule  des  eaux  dont  elle 
dl  pleine.  Dans  le  Roman  de  Guérin  je  trouve. 

Del  bruit  de  l'éve  ornent  un  moulïncU 

EVE.  f.  R  Eva.  La  première  des  femmes  fut  ainfi 
nommée  par  (on  mari ,  le  premier  des  hommes. 
Dieu  la  torma  lui-même  d'une  des  cotes  d'Adam, 
&  la  lui  donna  pour  femme  «^  pour  aide  ,  en  les 
béniirant ,  &c  leur  ordonnant  de  multiplier  le  genre 
humain  iur  la  terre.  L'hiltoire  d'Eve  eil  allez 
connue. 

Les  Rabbins  ont  débité  je"  ne  fai  combien  de  fa- 
bles fur  le  fujct  d'Eve ,   qui  ne  mentent  pas  qu'on 
y  falle  artencion.  Ils  dilent  que  le  mot  hébreu  que 
nous  interprétons  par  côtes  ne  fignifie  pas  en  cet  en- 
droit (Gen.  II,  21.  )  côte  ,  mais  côté  ;  que  Dieu 
forma  Eve  d'un  des  côrés  d'Adam  ;  que  ce  premier 
homme  étoit  androgyne  ,  comme  parle  Abravanel, 
c'ell-à-dire  ,  que  le  corps  du  premier  homme  ,  tel 
qu'il  fut  d'abord  formé  de  Dieu  ,  étoit  compofé  de 
deux  corps  ,  l'un  d'homme  &  l'autre  de  temme  j 
que  ces  deux  corps  étoient  joints  &  fe  tenoient  par 
le  côté  _,  &  que  ,  quand  Dieu  voulut  tormer  Eve,i\ 
ne  Ht  que  féparer  le  corps  de  femme  du  corps  mâle. 
Voilà  les  imaginations  des  Rabbins.  Leur  grande 
preuve  eft  qu'il  ellditj  Gen.  V.  i.  que  quand  Dieu 
créa  l'homm.'  il  les  ht  homme  ôc  femme  ;  comme 
fi  cette  exprelîion  dans  l'Ecriture  fignitîoit  autre 
chofe,  finon  que  Dieu  créa  les  deux  fexes  ,  un  in- 
•  dit^idu  de  chaque  fexe  ,  Se  que  lorfque  Dieu  com- 
mande A  Noé  de  faire  entrer  dans  l'arche  des  ani^ 
maux  mâle  &  femelle  ,  fe  fervant  précifément  des 
mêmes  termes  qu'en  parlant  d'Adam  ,  il  eût  voulu 
que  ces  animaux  eulfent  été  un  compofé  de  deux 
corps  j  l'un  mâle  &  l'autre  femelle. 
Eve  ,  en  Hébreu  j  mn ,  lihavh  ,  fut  ainfî  appelée  par 
Adam  du  verbe  mn  j  ^Afl/a.^  ,  oumrt,  hhavuk,\i- 
vre  ,  parce  qu'elle  étoit  la  mère  de  tous  les  vivans  , 
Gen.  m.  lo.  C'eft  Adam  qui  lui  donna  ce  nom  , 
parce  qu'elle    donna   la    vie,  qu'elle   devoit  être 
la  mère  de  tous  les  hommes,  Gcnéfe  11.  i3.  ///. 
zc. 
Ev£,  a  fîgnifié  aufll  une  femme  adultère  y  péchîrelfe  j 
à  caufe  \'Eve  la  première  femme  &  la  première  pé- 
cherelTe  du  monde. 
Eve  a  encore  fignifîé  une  jument  ,  une  cavalle.  Equa. 
Voye-[  M.  Ménage. 

On  dit  populairement ,  je  ne  connois  cet  homme- 
là  ni  d'£  ve  ni  d'Adam  ,  pour  dire ,  je  ne  le  connois 
nullement. 
ÉVÊCHÉ.  f.  m.  Diocèfe  ,  territoire  qui  eft  fournis  à 
lajurifdiélion  fpiricuelied'un  Evêque.  Cette  abbaye 
eft  dans  un  tel  Evêché.  Il  y  a  en  France  dix-huit 
Archevêchés  &  cent  treize  Evcchés  qui  font  leurs 
fuffragans. 

Lqs  Evêchés  font  des  bénéfices  féculicrs  &  con- 
fiftoriaux.  Ils  étoient  autrefois  remplis  par  élec- 
tion. Aujourd'hui ,  en  France ,  c'eft  le  Roi  qui  y 
nomme. 

Ce  mor  étoit  autrefois  féminin.  Du  temps  de  Ron- 
fard  on  difoit  enccjre  une  Evêché. 

Voudro'u  avoir  le  dos  &  le  chef  empêché 
Dejfoui  la  pefancear d'ans  bonne  Evêché. 

Le  Concile  de  Sirdique  en  3^7,  condamna  le 


EVE  9  3  î 

changement  des  Evéchés ,  afin  de  borner  rin4uié- 
tude  &c  la  cupidité  des  Evêques.  Herm." 
EvÉciiE,  lignilie  aulii  la  PrcLuure,  la  dignité  d'Evê- 
que.  Munus  EpijcjpaU  ,  di^iuus  i.pijcopalis.  Ca 
Prédicateur  va  droit  à  VEvilcié  ,  afpiteà  L'Evccié^ 
On  dit  plus  ordinairement  épifcopat. 

Avec  moins  de  tdens  vingt  Abbis  ont  prêché  y 
Q^e  lu  chaire  a  portés  jufques  à  /'Evêché. 

ViLt. 

Evêché,  c'eft,  par  rapport  à  i^■\rchltea:ure,  la  de- 
meure d'un    Evêque  ,  le  Palais  Epil'copal.  Domiié 
tpifcopaiis .,  Paluuum  Epifcjpi ,  Epifcopium.  Il  eft 
logé  à  VEvcché. 
Evêché,  feditaulfi  pour  fîcge  épifcopal.  C'eft  ainfi 
qu'une  ville  a  été  érigée  en /l'vtcAt;  ,   &  qu'on   ap- 
pelle Evcche  une  ville  où  il  y  a  un  fiége  hpifcopal. 
Orléans  eft  un  Evêché. 
EVÈCHESSE.  f.  f.  Nom  que  l'on  donnoit  dans  la  pri- 
mitive Eglile  à  des  femmes  qui  avoient  certaines 
fonctions  dans  l'Eglife  ,  où  il  y  avoit  des  EvCcheiJes 
comme  il  y  avoir  des  Prètrelles  j  des  Diacouelles 
&desî^ous-Diaconeiles.  Epijcjpa.  Le  Doôleur  d'Ef- 
pence  ,  dans  fon  Commentaire  fur  la  première  Epî- 
tre  de  S.  Paul  à   Timothèe  ,  parle  des   EvèchcjJ'es, 
Il  n'oublie  pas  de  parler  des  tvcchejjes  ,  des  Dia- 
conelTès  &  des  Sous-Diaconelfes.  Du  Pin:  Une  an- 
cienne infcription  rapportée  par  les   Macri ,  dans 
leur  Hiérolexicon  j  parle  d'une  Dame  Théodora  , 
Evéchejje.  Dans  le  moyen  âge  on  a  dit  Epijcopifja  j 
&  il  fe  prenoit  pour  la  femme  d'un  Evêque ,  car 
cet  abus  s'étoit  introduit  en  quelques  endroits  , 
comme  en  Ibernie  ,  &  Saint  Bernard  ,  dans  la  vie 
de  S.  Malachie  ,  parle  de  quinze  Evêques  piédécef- 
feurs  de  ce  Saint ,  qui  avoient  été  mariés. 
\fT  EVEIL,  f  m.  Mot  qu'on  cherche  à  accréditer  de- 
puis que'que  temps  ,  mais  qui  ne  paroît  pas  allez 
établi  pour  erre  employé  hoisdu  difcours  famihen 
C'eft  un  avis  qu'on  donne  à  qujlqu'un  d'une  chofe 
qui  l'intérefte.  Si  à  laquelle  il  ne  penfoitpas.  C'eft 
lui  qui  m'en  adonné  ye^eil. 
EVEILLER.  V.  a.  Rompre  le  fommeil  de  quelqu'un. 
Sufcitare,  excitare ,  expergejacfe.  La  Tragédie  de 
Marianne  commence  par  un  longe  qui  évei.lu  Elé- 
rode  en    furfxur.  Eveille-^-  moi    demain   de    bo;i 
matin.  On  faifoit  un  bruit  capable  A'éveilUr  m\ 
mort.         •  '. 

t)Cr  Eveiller  &  reveiller  ont  à  peu-près  la  même  fi- 
gnifîcation.  On  peut  feulement  obferver  avec  M. 
l'Abbé  Girard,  que  le  premier  de  ces  mots  eft  d'un 
ufage  plus  fréquent  ila'is  le  fens  littéral  ,  au  lieu 
que  le  fécond  eft  plus  fouvent  e^nployédans  le  fens 
figuré. Le  moindre  bruit  éveille  ceux  qui  ont  le  fom- 
meil tendre.  Il  faut  peu  de  phofe  pour  réveiller 
une  paillon  qui  n'a  pas  été  parfaitement  déracinée 
du  cœur. 

^3"  Il  femble  aulTî  qu'on  éveille  fans  le  vou- 
loir y  ÔC  que  reveiller  marque  ordinairement  da 
delfein. 

Ce  mot  vient  de  evigilare. 
Eveiller  ,  fîgnifié  fîgarément ,  rendre  plus  gai  ,  plus 
vif,  plus  ardent.  Hilarare.  Cet  efpnt  eft  pefanr,  il 
le  faut  mettte  au  Collège  pour  Veveiller.  Il  elt  mé- 
lancolique ,  il  lui  faudioit  quelque  chofe  qui  Vé' 
veillât.  La  colère  éveille  le  courage  j  Se  l'excire  à  en- 
treprendre des  chofes  grandes  &  magnanimes.  M. 
Esp.  Le  zèle  trop  emporté  nen'uine  pas  moins  l'ami- 
tié que  la  froideur  qu'on  n'éveille  point.  S.  Evr.  La 
cl>air  du  pauvre  accablée  de  travaux  feroit-e'letf'vif//- 
lée  par  les  délices  qui  viennent  en  loule  accabler 
l'homme  fortuné  ?  Roy. 

On  dit  en  proverbe,  il  ne  faut  pas  évcillerlQ  chat 
qui  dorr. 
Ip-  S'EVEILLER,  v.  rccip.  CelTor  de  dormir.  Eperge- 
.  /leri ,  evigilare.  Il  s'éveille  tous  les  jours  de  bon  ma- 
tin J  au  chant  du  coq. 
Éveillé  ,  ée.  part.  &  adj-H  a  les  fignific.itions  de  (en 
vetbe  au  propre  &  au  figuré.  ExcitJtus  ,hilaris  ,10- 
Bbbbbbij 


932.  EVE  EVE      -    ^ 

cofus.  L'ame  éveillée  par  l'exemple  ,  on  par  le  dlf- 1     la  Tragédie  Angloife  un  aniàs  d'événè/nens  confus, 
cours ,  s  clance  au-deià  àt  1  ordinaire.  Mont.  Voi-  i      S.  EvR. 

là  une  morale  bien  éveiUée.ï\  Cou.  Cell-à-dire ,   Bon  Evénement.  Terme  de  Mycliologie. /^oje:j-  au 
en  ftyle  badin  ,   une  morale  un  peu  relâchée.  On        mot  Bon.  Eiiphranos  avoir  fait  la  itatue  du  Bun 


du  qu'une  femme  eit  fort  crcv/Zce ^  pour  une,  qu'elle 
eil  un  peu  coquette.  On  dit  provcrbialemi;nc  d'ua  ; 
jeune  eniant  gai  ;^  vif  ^  qu'il  elt  éveille  comme  une 
potée  de  louns. 
Éveillé,  le  prend  quelquefois  fub.lancivement  ,  & 
/îgniàe  ardent ,  foi^ncax.  Auenius ^  uidcer.  C'elt  un 
cW//d;'dont  il  fe  faut  garder.  Il  elt  bien  éveille  qaind  . 
il  s'agit  du  gain.  Ils  font  i;.uli.iids,eve:lles  ik.  gentils,  j 

Éveille-chien.  Surnom  que  l'on  donnoit  à  Herbert  | 
le  vieux.  Comte  du, Mans  ,    parce  qu'il  tailoit 
fouventdescourles  denuit  furies  Angevins. //cic- 
turnas  expcdulonss  crébro  ageb^zt ,  0'   Andegaven- 
fes ,  hortiines  &  cjnes  in-  ipsâ   urbe  ,   vel  in  muni- 
cioribus  oppi^!S  terrebar ^  à"  korrendis  ûjfulcibus  vigi- 
Iqrecjgebdt.  Orderic  Vital  ,  Liv.  4.  pag,  5  5i.Trin- 
cant,  '  Mémoires  des  Comtes  du  Maine .  ^ oye\  Mé- 
nage. 
ÉvÉïLLE-rou.  On  appeloit  ainfi  chez  les  Moines  li- 
bertins ,   la   cloche    qui   fonnoit  les  Matines.    Ils 
traitoienc  de  fous  ceux  qui  fe  levoient  de  bon  ma- 
tin pour  aller  chahrer  à  l'Eglife.  Dans  une  char- 
tre  de  l'Hèrel-Dieu  d'Angers   de  l'an     1183.    on 
Trouve   tintinmibiilum  ^  quod  evigd'^ns  Jiultum  di- 
ciur.  Au  contraire  ,  à  l'entoui:  du  timbre  ou  de  la 
doclie  qu'on  fonnoit  pour  .aller  au  rereétoire ,  quel- 
ques-uns avùiïUt  mis  ces  vers ,  en  ces  termes  ,  ou  à 
peu  près. 

Vox  mecL  vox  grataefl ,   quia  prandia  dico  parataA 


hvénemei.t.  Il  cenoit  de  la  main  droite  une  patère, 
de  la  main  gauche  un  épi  &c  un  pavot.  Pime ,  L. 
XX XL  y.  C.  '6.  On  trouve  lur  les  médailles  une  fi- 
gure debout ,  tenant  de  la  main  droite  une  patère 
au-dcllus  d'un  autel  ^  «ïc  de  la  main  gauche  d.s  épis 
de  blé,  avec  ces  mots,  Bon.  even.  Aug.  ou  Bonus 
EVENTUS  AuG.  Le  Père  Chamillart  en  a  décrit  6c 
fait  graver  deux  dans  les  dillertations  ,  p.  58. 
I ÉVENT.  f.  m.  Impredion  ou  adion  de  Tair  qui  chan- 
ge la  qualité  de  la  plupart  des  choies.  Aens  ,  vend 
motus  ^  aura.  Anh  on  dit,  mettre  .à  l'eve«f,pour 
dire  ,  mettre  à  l'air  &  fécher.  Les  Teinturiers  met- 
tent à  Xévent  leurs  foies  &  étoftes  fur  des  perches 
qu'il  leur  eft  permis,  de  mettre  lur  les  rues.  Cette 
viande  fent  ïevent.  Le  vin  prend  mauvais  goût  , 
quand  on  le  lailfe  à  l'air,  à  Xevent.  Cette  bouteille 
n'a  pas  été  bien  bouchée,  le  vin  fentl'tve/zr.  Evanï- 
dus  ,   vapidus. 

ÉvENT  ,  fe  dit  d'un  lieu  en  grand  air  ,  où  l'on  par- 
fume les  choies  qui  viennent  des  pays  attaqués  de 
pelle.  Dans  le  temps  de  contagion  il  doit  y  avoir  des 
évents,  ou  des  lieux  en  grand  air,  pour  parfumer 
tout  ce  qui  vient  des  pays  inteétés.  De  la  Mare  , 
I raité  de  Police. 

ÉvENT,  fe  ditauffi  d'un  trou  ou  ouverture  qu'on  lailTe 
en  quelques  vailfeaux  pour  donner  palfage  à  l'air  , 
pour  y  entrer ,  ou  en  fortir.  On  ne  lauroit  tirer  du 
vin  d  un  tonneau  ,  fi  on  ne  lui  donne  de  l'evewpar- 
deffiis.  Les  Fontainiers  lailFent  quelques  tuyaux  ou- 
verts pour  donner  de  Vévent  à  l'air  enfermé  dans  les 


conduits  de  leurs  fontaines. 
Il  y  a  encore  de  ces  timbres  dans  quelques  Monaf- s  ÉvENT  ,  en  termes   d'Artillerie  j  eft  l'aifiince  qu'on 


tères  de  Bénédidins ,  qui  lont  mamten.ant  trcs-re- 
glés  &  très -réformés. 
ÉVEMEillON.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Un  des 
Dieux  de  la  Médecine  chez  les  Sicyoniens  ,  qu'ils 
in  voquoient  tous  les  jours  après  le  loleil  couché.  Son  i 
nom  iignitie  celui  qui  vit  heureufement  j  mais  i' 


eft  Dris  ici  dans  une  lignification  adive  ,  &:  marque 
l'ailreur  mcmedu  bonheur,  celui  qui  porte  bonheur 
celui  qui  fait  vivre  lie ureufement.  De  tïj  ik-i^'-f^, 
jours  heureux. 

EVENEMENT,  f.  m.  IlTue  ,  fuccès ,'  bon  ou   mau- 
vais, de  quelque  cllbfe.  ii"ve«r;^j  ,  e.rvAj.  Perfonne 
ne  peut  répondre  dtisévénemens  :  ils  lont  en  la  main 
de  Dieu  La  Fortune  fe  conlerve  un  empire  plus  ab- 
folu  fur  les  événemens  que  la  prudence.  Cail.  Les 
Hilforiens ,  époufant  les  pallions  de  ceux  qui  les  re- 
■  componfent ,  déguifent  les  événemens  comme  il  leur 
plaît.  M.Sc.  Le  peuple  prend  les  événemens  pour  les 
interprètes  île  la  filouté  du  Ciel.  Fl.  C'eft  la  For- 
tune ,  cette  aveugle  Divinué,  qui  prélîde  aux  évé- 
nemens. BouH.  Le  Cardinal  de  Richelieu  étoit  éga- 1 
lement  capable  d'aiî~arer  les  bons  événemens ,  &z  de  j 
réparer  les  mauvais.  Disc.  d'El.  Les  plus  lagescon-, 
feils  font  fouvent  fuivis  de  mauvais  événemens,  Ua 
vendeur  eft  garant  de  l'événement  du  procès  d'é- 
viéèion  qu'on  fait  à  l'acheteur.  On  dit  aulîi  j  à  tout 
événement  ;  pour    dire  ,  en  tout 
aller; 

|(C?"  Evénement  ,  accident  ,  aventute  ,  confidérés 
dans  une  lignification  fynonyme.  Ce  terme  fe  dit 
en  général  (1j  out  ce  qui  arrive  dans  le  monde, 
fou  au  public  ,  foit  aux  particuliers ,  &  il  eft  le  mot 
convenable  pour  les  faits  qui  concernent  l'état.  Les 
révolutions  d'Etats  font  des  événemens.  Il  feinble 
audl ,  jit  M.  l'Abbé  Girard  ,  que  le  hafard  a  moins 
de  part  dans  l'idée  dl événement  que  dans  celle  d'ac- 
cide-it  &i  d\iventure.  La  vie  eft  'pÏQinQ  d' événemens 
que  la  prudence  ne  peut  prévoir. 

Événement  ,  fedir  aulTi  des  chofes  grandes,  furpre 
liantes  &    fingulières  qui  arrivent  dans   le  monde. 
C  :fus  fingularis.  M.  Le  Camus  Evcque  du  Bellay  ,  a 
£ilt  plulleurs  volumes  dlévénemens  finguliers  ,  d'hif- 
toires  remarquables  &  extraordinaires.  On  voit  dans 


donne  au  boulet  pour  rouler  dans  le  calibre  d'un 
canon;  la  différence  du  diamètre  d'un  boulet  à  celui 
du  calibre  de  la  pièce.  Ce  boulet  a  trois  pouces  de 
diamètre,  &  le  calibre  eft  de  deux  lignes  plus  grand 
pour  Vévent. 
Évent,  eft  encore  une  ouverture  ronde,  ou  longue^ 
*'*  qui  fe  trouve  dans  une  pièce  de  canon,  ou  autres 
armes  à  feu  ,  enforte  que  la  fumée  fort  par  cezévent. 
liimuLi.  On  rebute  ces  furtes.de  pièces,  comme  dé- 
feétueufes. 
Évent  ,  fe  dit  aufli  des  petits  tuyaux  que  lesF©ndeurs 
mettent  dans  les  moules  des  figures  ini'ils  veulent 
jeter  en  métal,  afin  que  l'air  puilfe  foitir  à  mefure 
que  le  moule  s'emplir.  Spiramentum, 

On  appelle  aulli  évent ,  cet  endroit  du  pollFon 
par  où  il  refpire.  On  l'appelle  auffi  ouie.On  appelle 
aufii  évent ,  les  ouvertures  que  les  baleines  ont  fur 
la  tète  ,  par  où  elles  jettent  une  grande  quantité 
d'eau. 
Évent  ,  fe  dit  aufii  dans  l'aunage  de  ce  qui  eft  donné 
par  les  auneurs  au-delà  de  la  mefure.  L'Ordonnance 
enjoint  aux  Auneurs  de  mefurer  les  étoffes  bords  à 
bois  Ik  fans  évent. 

"On  appelle  proverbialement  une  tète  à   Vévent^ 
un  efprit  léger,  étourdi ,  évaporé. //.'^e««/;2  levé  -^ 
pnceps. 
cas ,  ou  au   pis  î  ^  EVENTAIL,  f.  m.  Il  n'y  a  que  le  peuple  qui  fade 
ce  mot  féminin.  Flabellum.On  difoit  autrefois  éven- 
toir.  C'eft  un  inftrument  qui  fert  à  agiter  l'air ,  & 
à  le  porter  contre  le  vifage  j  pour  le  ratraichir.  C'eft 
une  peau  mince  j,  un  papier  ou  tafetas  taillé  en  de- 
mi-cercle ,  monté  fur  de  petits  bâtons  plats ,  qui  fe 
replient  les  uns  fur  les  autres,  dont  on  fe  fert  pour 
s''éventer.  En  Orient  ou  a  des  éventails  de  plumes 
pour  fe  garantir  du  chaud  Se  des  mouches.  En  Italie 
il  y  en  a  qui  lalfent  les  bras  de  quatre  valets  j  comme 
dit  Balzac.  Du  Bartas  a  appelle  les  vents  frais,  éven- 
taux  ds.  l'air.  On  dit  maintenant  éventails  1l\x  plu- 
riel ,  &Z  on  ne  dit  point  éventaux.  Qn   a  remarqué 
^le  l'agitation  de  l'air  par  un  éventail  m  fiit  aucun 
effet  fur  le  thermomètre  ,  &  qu'elle  n'eft  pas  capable 
de  le  refroidir. 

Chez  les  Grecs  on  donne  un  éventail  aux  Diacres 


EVE 

dans  !a  ccrémonie  de  leur  ordination  ,  parce  que 
dans  TEglile  Grecque  c  eil  une  tondbion  des  Diacres 
que  de  chairer  avec  un  éventud  les  mouches  qui  in- 
commodent le  Prêtre  durant  la  MeiG.  Koyc^  fur 
cela  le  P.  Roiweide  dans  l'Onomafticon  de  Ton  Kiu 
Patrum  ,   au  mot  tlabeilum. 

Wicquefort,  dans  fa  Traduction  de  rAmbalfade 
de  Ga'.cias  de  Fi^ueroa  j  appelle  éventails  certai- 
nes cheminées  que  les  Perians  praciqucnt  pour 
donner  de  l'air  &  du  vent  dans  leurs  apparteniens , 
fans  quoi  les  chaleurs  ne  feroient  pis  fupporta- 
bles.  /^oyej-en  la  defcription  dans  cet  Auteur  j 

,    pageji;. 

Eventail.  Terme  de  Conchyliologie.  Se  dit  d'une  ef- 
pèce  de  coquillage  de  mer,  qu'on  appelle  autrement 
la  Sole ,  parce  qu'elle  ell  brune  par-delfus  &  blanche 
par-dellous ,  comme  la  Sole,  poillon.  Flabdluni  , 
marina  concha  j  rhomhus  concha.  Un  cycntuil  d'une 
grandeur  énorme. 

Éventail,  chez  les  Emailleurs.  Les  Emaiilcurs  ap- 
pellent aufli  de  la  forte  une  pLuine  de  fer  blanc  , 
ou  de  cuivre.dont  ils  fefervent  pour  n'cne  point  in- 
commodés du  feu  de  la  lampe  à  laquelle  ils  travail- 
lent. 

|Cr  On  donne  aulTi  le  nom  dVv<;/2ri2//,dans  quel- 
ques pays ,  en  Italie  &  en  Efpagne  j  à  une  ma- 
chine qui  eft  faite  de  carte  j  &  fufpendue  au  plan- 
cher ;  laquelle  par  le  mouvement  qu'on  lui  donne 
&  qu'elle  conferve  long-temps ,  agite  l'air  j  donne 
du  venc  &  de  la  fraîcheur  j  tv'  chaile  les  mou- 
ches. 

En  termes  de  Jardinage  on  fe  fert  de  ce  mot  pour 
marquer  la  ligure  que  doit  avoir  un  efpalier.  Cet 
efpalier  pour  être  bien  formé  doit  avoir  la  forme 
d'un  évcmad.  Liger.  Les  Jardiniers  dilent  encore  , 
des  arbres  en  éventail ,  pour  dire  ,  des  arbres  dont 
on  ne  lailîe  point  venir  les  branches  en  rond  ,  mais 
que  l'on  conduit  de  bonne  heure  à  prendre  une  fi- 
gure plate  ,  comme  celle  d'un  efpalier.  J'ai  une  al- 
lée de  tilleuls  en  éventail.  Arbor fiahcUi  fïgurum  rc- 
ferens  ,    inflahcUi  morem  difpojita. 

ÉVENTAILLISTE.  f.  m.  Marchand  qui  tait  &  vend 
des  éventails,  hlahcllorum  propola. 
.  ÉVENTAIRE  ,  (  le  peuple  dit  INVENTAIRE  )  f.  m. 
Terme  de  Vanier.  C'ell  un  plateau  long  d'environ 
trois  pieds ,  large  de  deux  ,  &  fait  allez  groflière- 
inentd'ofier  \tn.l^annus.Lts  femmes  qui  vendent 
du  fruit  ,  des  herbes  ,  du  poilTiiii  fe  fervent  d'f- 
ventairesiiovn  porter  leurs  marchandifes  par  la  ville. 
Elles  les  portent  en  les  attachant  avec  deux  cordes 
qu'elles  fe  pafient  au  cou  ,  ou  fous  les  aifelles.  Id. 
,  J  Ou  plutôt  avec  une  fangle  attachée  par  un  bout  au 
côté  droit  de  Véventaire  ,  Se  par  l'autre  bout  à  fon 
côte  gauche  J  &  qu'elles  fe  paifent  derrière  le  dos , 
fur  les  reins. 

EVENTE,  f  f.  Les  Chandeliers  .appellent  ainfi  une  ef- 
pèce  de  calïètte  balfe  j  plate  &  fans  couvercle  ,  di- 
vifée  en  trois  ou  quatre  petits  carres ,  où  l'on  met 
de  la  chandelle  défilée.  Capsa  candelaria. 

ÉVENTE,  ÉE.  adj.  Se  dit  d'un  homme  qui  a  la  tête 
légère,. qui  ell  évaporé,  étourdi.  Prxceps  ,  levis. 
C'ell  un  homme  bien  éventé ,  une  femme  bien 
éventée. 

fC?  Il  fedit  auffi  fubft.antivemenr.  C'cft  un  éven- 
té. On  accufe  les  Trançois  d'être  des  éventes  ,  prin- 

_  cipalement  dans  leur  jeunefTe. 

ÈVENTEMENT.  VentÛaûo.  Eventement  de  vin  ,  va- 
pidi  vini  vitium.  Pomey.  On  ne  le  dit  pins. 

EVENTER.  V.  a.  Faire  du  vent  en  agitant  l'air.  J-^en- 

tilare  ,  ventulum  facere  j  rejrigerare  ,  auram  commo- 

vere.  Les  Indiens  ont  des  îjens  gagés  pour  les  éven- 

•  rerperpétuellement  avec  des  plumes.  Les  Dames  s'e' 

ventent  ici  en  été. 

Éventer  ,  fe  dit  auflâ  de  ce  qu'on  nettoie  ,  de  ce 
qu'on  rafraîchit  en  le  remuant,  en  le  mettant  à  l'sir. 
Si  on  n'évente  le  blé  avec  la  pelle,  il  fe  gâte  bientôt. 
Dans  les  temps  de  contagion  on  évente  fouvent  tous 
les  meubles  ,  on  les  met  à  l'évent. 

On  dit  aufli ,  éicntcr  la  veine  ,  pour  dire  ,  faits 


7  .  EVE  933 

une  légère  faignée  pour  donner  de  l'air  aux  hu- 
meurs ,  t<.  éviter  la  réplétion.  Aperire  ,  fiçarc   vc- 


nam. 


Ce?  Eventer,  donner  de  l'air  ,  déboucher.  £vd/2fer 
la  mine.  Les  ennemis  om  cventi  la  mine  ,  lui  ont 
donne  de  l'air  ,  ont  empêché  Ion  effet. 
jfT  On  le  du  dans  ce  fens  au  figuré  pour  décou- 

.  vrir  un  fecret  j  mettre  au  jour  une  chofe  qu'on 
vouloir  tenir  cachée.  Patefaccre ,  projerre.  Eventer 
un  lecret  J  un  complot.  Cette  affaire  ne  réuiîira  pas, 
on  a  évente  la  mine. 

Éventer,  v.  n.  Terme  de  Manège.  Il  fe  dit  d'un  che- 
val cpii  lève  trop  lenoz:c'élt  la  même  chofe  que 
porter  au  vent.  Lorfqu'un  cheval  évente  ,  on  lui 
donne  des  branches  hardies  pour  le  ramener. 

•uT  Eventer  la  voie.  Terme  de  Vénerie  ,  fe  dit  en 
parlant  d'un  chien  qui  rencontre  une  voie  Ç\  fraîche 
qu'il  l'a  fent  fans  mettre  le  nez  à  tetie  \  ou  quand 
après  un  long  déhiut  j  les  chiens  ont  le  vent  du 
cerf  qui  ell  lui  le  ventre  dans  une  enceinte.  Acad.' 
Franc. 

Eventer  les  voiles,  en  termes  de  Marine,  c'eff  , 
mertre  le  vent  dans  quelques  voiles  cocftées.  On  dit 
qu'un  vailTeau  ell  éventé,  lotfqu'après  avoir  eu  le 
vent  fur  les  voiles ,  il  l'a  dedans,  i^'^ela  dare  ventis. 
Ce  que  les  Marins  appellent,  mettre  lèvent  dans  les 
voiles. 

Eventer,  en  termes  de  Charpenterie&  deMaçon- 
nerie.  Sustinere.  inventer  une  pièce  de  bois ,  ou  une 
pierre  que  l'on  monte  ,  c^eff  la  tirer  avec  un  corda- 
ge ,  pour  empêcher  qu'elle  ne  heurte  contre  la  mu- 
raille &  qu'elle'ne  s'écorne. 

ifT  s'Eventer,  v.  recip.  Se  gâter,  s'altérer  par  le 
moyen  de  l'air.  Vitiari ,  corrompi.  Le  fil ,  la  foie  , 
la  laine  s'éventent  à  l'air.  Les  parfums  s'éventent  fa- 
cilement. Ce  vin  s  éventera ,  li  on  ne  bouche  la 
bouteille. 

tfT  On  dit  dans  le  même  fens  ,  en  termes  de  Jar- 
dinage :  Les  racines  d'un  arbre  font  fujettes  à  s'e- 
venter,  lorfqu'on  néglige  de  les  bien  garnir  de  terre 
en  les  planrant.  Liger-  Eventer  s'entend  alors  d'une 
altération  qui  arrive  aux  racines  quand  elles  ne  font 
pas  bien  couvertes  de  terre. 

Eventé  ,  ée.  part,  ôc  adj.  Du  vin  éventé.  Vinum  vapi' 
dum ,  evanidum ,  vappa.  Cependant  avec  fes  airs 
éventés  ,  fon  amour  pour  le  jeu  j  &  les  toiles  dé- 
penfes ,  &c.  M.  l'Her.  Voye\  plus  haut  Eventé. 

EVENTEUR.  f.  m.  Qui  évente  quelque  chofe  de  fc- 
cret ,  qui  le  publie  qui  le  fait  connoître.  f'ulgator. 
Ce  motfe  trouve  dans  Marot.  Il  n'eft  point  ufité. 

ifT  EVENTILER.  Terme  de  Jurisprudence,  f'oye-^ 
Ventiler. 

EVENTILLER. Terme  de  Fauconn-erie  ,  qui  fe  dit  de 
l'oifeau  ,  lorfqu'il  fe  fecoue  en  fe  foutenanten  l'air  , 
comme  s'il  faifoit  une  cabriole.  Cela  vient  de  venti- 
Lire, 

EVENTOIR.f.  m.  TermedeRôtilfeur  &  de  Cuifi- 
nier.  Gros  éventail  d'ofier  dont  on  fe  fert  pour  éven- 
rer  les  charbons  ,  quand  on  fliit  griller  ou  rôtir  quel- 
que choie.  FlabcLuni  excitandis  carbonibus.  On  le 
difoit  aulli  autrefois  dec'e  que  nous  appelons  main- 
tenant éventail.  Je  trouve  que  les  Dames  Romaines 
fe  fervoient  à'éventoirs  £iits  des  ailes  de  paon ,  pour 
fe  rafraîchir.  Tristan,  T.I.p.  60^. 

ÉVENTRER.  v.  a.  Ouvrir  le  ventre  pour  en  tirer  les 
inteftins.  Exenterare.  On  evenire  les  bœufs  j  les  co- 
chons ,  les  poilTons ,  &c.  Au  Japon  &  en  Angleterre 
on  éventre  les  criminels. 

On  dit  figurément  &  baffement ,  %éventrcr ,  pour 
dire  ,  ixne  les  derniers  efforts.  Il  s'évencreroit  pour 
votre  fervice. 

Éventré,  ée.  part. 

EVENTUEL,  elle.  .adj.  Terme  de  Droit  public, 
quieil  de  nouvelle  création.  Qui  peut  arriver.  Qui 
potest evenire.  Le  Pape  a  fait  faire  une  proteffarion 
entre  les  mains  des  Echevinsde  laviUe  de  Cambra/ 
contre l'inveft.iture  éventuelle  des  Etats  de  Parme  & 
de  Plaifance,  confcntie  par  la  Diète  de  l'Empire,  &: 
donnée  par  lEmpereur  à  l'Infant  d'Efpagne ,  Dom 


9H  E  V  E 

Carlos. Gaz.  1713. p.  208.  LeRoi dePriiffe  a.  déchré 
que  quoiqu'il  ait  leçulhommage  de  la  i^rulTe  fans 
la  participation  du  Roi  Ôi  de  la  République  de  Po- 
logne ,  il  n'a  eu  cependant  aucun  delfein  de  por- 
ter atteinte  au  droit  de  fucceliïon  eventuel/e ,  qu'il 
•  reconnoîc  leur  être  légitimement  acquis.  Ib.  1715. 

Eventuel,  fignifie,  qui  eft  fonde  fur  quelque  évé- 
nement incertain  j  qui  ne  dépend  point  des  parties 
contractantes.  Deux  couronnes  tont  un  traité  e'ven 
tucl  poiiv  régler  uns  fucceiîion  ,  en  cas  qu'un  tel 
événement  :ir:vive.  Investicure ,  fuccelfion  éventuelle. 
Suivant  les  Traités  de  1736  &  1737.  le  RoiStanillas 
a  fait  une  prife  de  pollefîion  attueile  des  Duchés  de 
Bar  &  de  Lorraine  ,  &  le  Roi  Louis  XV  a  fait  ur.e 
prife  de  polfellion  éventuelle  des  mêmes  Duchés  \ 

■  'c'eft-à-diie  qu'il  en  reliera  polfeircur  par  l'événement 
delà  mort  du  RoiStaniflas ,  après  laquelle  ces  Du- 
chés lui  appartiendront  en  pleine  propriété.  Merc. 
Mars  &  Avril  1737. 

ÉVENTUELLEMENT,  adv.  qui  ne  fe  trouve  point 
dans  les  Didionnaires  François ,  &  donc  on  peut 
dire  ce  que  l'Académie  a  dit  de  ['■iÀ\cù.i(  éventuel , 
qu'il  n'a  guère  d'ufage  qu'en  parlant  des  Traités 
faits  entre  Souverains ,  &  fondés  fur  quelque  évé- 
nement incertain  ,  qui  ne  dépend  point  des  parties 
conrradantes.  Le  paffage  fuivant  ell  tiré  du  procès- 
verbal  drelfé  le  11  de  Mars  1737  par  les  Commif 
faires  de  S.  A.  R.  le  Duc  de  Lorraine  pour  l'exécu- 
tion de  l'ade  de  ceflîon  de  ce  Duché.  Nous  avons 
déclaré  remettre  au  nomde  Son  Altelfe  Royale  à  Sa 
Majefté  Très-Chrétienne  éventuellement ^  &c  à  Sa 
Majefté  le  Roi  de  Pologne  Staniflas  1  actuelle- 
ment ,  le  Duché  de  Lorraine  &  fes  dépendances , 
ainfi  qu'il  étoit  polledéparS.  A.  R.  Msrc.  d'Avril 

1737-^ 

EVÊQUE.f.  m.  Prélat  du  premier  Ordre  de  l'Eglife  qui 
a  la  conduite  fpirituêlle  d'un  Diocèfe  ,  d'un  Evêché. 
Epifcopus  y  pra/ul,  antijtes.  Lqs  Eveques  (oni  pré- 
conifés  dans  le  Confiftoire  pour  avoir  des  Bulles. 
Quand  un  Evêque  ofticie  ,  il  a  la  mitre  Ik  h  croife. 
Les  Evêques  ayant  négligé  d'exercer  eux-  mêmes  la 
Juftice  contentieufe  j  elle  a  été  commife  à  leurs 
Officiaux.  En  France  il  y  a  trois  Ducs  &  trois  Com 
tes  Pairs  Eccléhaitiqucs.  L'Archevêque  de  Rheims 
eft  le  premier  Duc  &:  Pair.  VEvêque  de  Langres  eft 
le  z.  éc  VEvêque  de  Laon  le  3.  L' Evêque  de  Beau- 
vais  eft  le  premier  Comte  &  Pair.  VEvêque  de 
Noyon  le  2.  &  \' Evêque  àc  Châlons  fur  Marne  le  3. 
Tous  les  Evêques  de  France  prennent  la  qualité  de 
Confeillers  du  Roi  en  fes  Coiifeils  d'Etat  &  privé  , 
quoiqu'ils  n'y  aient  point  de  féance  ,  à  moins  qu'ils 
n'y  foient  appelés  par  une  commiftîon  exprelïe.  Ils 
prêtent  ferment  entre  les  mains  du  Roi. 

\jNÉviquz  in  partibus  Injîdelium  ,  eft  celui  qui  a  un 
titre  d'Evêché  j  dont  le  Diocèfe  eft  occupé  par  les 
Infidelles  ;  ce  qui  lui  ferc  pour  être  Coadjuteur 
d'un  antre.  On  a  commencé  à  nommer  des  Evê- 
ques in  partibus  Infidelium  ,  lorfque  tous  les  Evê- 
ques furent  chaiïés  par  les  Sarralîns  de  Jerufalem  j 
&  des  autres  terres  d'Orient  ;  de  forte  qu'ils  furent 
oblioés  de  fe  retirer  en  Italie ,  où  pour  les  faire 
lubnfter  on  leur  attribua-des  Coadjutoreries. 

De  tout  temps  on  a  diftingué  dans  l'Eglife  les 
Prêtres ,  &  les  Evêques.  Les  Evêques  font  au-delTus 
des  Prêtres  par  le  Droit  divin  ,  non-feulement  par 
Je  droit  Eccléfiaftique  ;  mais  par  l'inftitution  de 
Dieu  ,  &  non  par  l'inftitution  des  hommes.  Ce  qui 
fait  cependant  quelque  difficulté  dans  cette  matière  , 
c'eft  que  les  noms  de  Prêtre  &  à' Evêque  font  fou- 
vent  confondus  dans  le  Nouveau  Teftament  :  mais 
la  tradition  de  l'Eglife  eft  trop  formelle  Lt-delFus , 
pour  laifter  aucun  doute  à  ceux  qui  lifenr  les  Livres 
Sacrés  comme  il  faut  les  lire;  c'eft-à-dire,  avec 
fimplicité&foumifllonà  l'Eglife.  Les  Presbytériens, 
qui  font  des  Hérétiques  oppofés  au  gouvernement 
Epifcopal ,  font  obligés  de  reconnoître  qu'ils  ne 
trouvent  dans  les  Saints  Livres  aucune  trace  du  gou- 
vernement Presbytérien  ,  que  p-ir  la  tradition  :   ce 


EVE 

gouvernement  l'resbytérien  ,fans  fubordination  aux 
tvcques  ,  n'eft  prelque  point  connu  des  Anciens, 
qui  ne  parlent  que  de  l'Epifcopat.  L'égalité  des 
Prêtres  dans  le  gouvernement  de  l'Egliie  a  peu 
d'exemples  qui  ne  foient  contcftés;&  pour  l'Epilco- 
pac  j  les  Pères  le  fuppolent  prefque  rous  d'une  voix 
d'inftitution  divine.  Le  privilège  d'enfeigner  &  de 
prêcher  étoit  rélervé  à  VEvêque.  L'ordination  étoic 
la  principale  prérogative  des  Evêques  ,  &  ils  le  lé- 
lervent  cette  fonCtion  comme  une  marque  de  fou- 
veraineté  dans  leur  Diocèfe.  Cette  formule  ,  Evêque 
par  la  grâce  de  Dieu  &  du  Saint  Siège  Apollolique  , 
commence  à  s'abolir  en  certains  endroits.  Il  y  a 
quelque  temps  qu'elle  étoit  bien  plus  commune.  Le$ 
hvêques  jouilfant  tous  d'un  même  honneur ,  leur 
dignité  ne  fe  doit  pas  mefurer  par  la  grandeur  des 
villes.  Herman.  L'Evêque  doit  faire  ces  repréhen- 
iïons  en  père  qui  corrige  ,  &  non  en  ennemi  qui  {e 
venge.  Id.  Anciennement  on  qualihoit  les  tvcqi:cs 
de  très-faims ,  &  bienheureux.  Il  n'y  a  p.is  un  (îècle 
qu'on  a  celfé  d'a^^peler  un  Evêque  j  Révérend  Père 
en  Dieu,  MeftireN. 
Les  Evêques  lont  facrés  avec  beaucoup  de  cérémonies 
dans  l'Eglife  Grecque  j  &  diiis  l'Egliie  Latine  : 
fuivant  le  rit  de  chacune  de  cjs  Egliies ,  ii  laut  tiois 
Evêques  pour  en  facrer  un  autre  :  un  de  ces  trois 
Evêques  eft  le  Confécrateur  ,  les  deux  autres  font 
aftirtans.  Le  Pape  difpenfe  de  cette  règle  dans  les 
pays  infidelles,  où  il  eft  difficile  d'alfeuibler  trois 
Evêques. 

On  rrouve  dans  l'Euchologe  des  Grecs  les  céré- 
monies qui  fe  pratiquent  au  facre  des  Lvcques  dii 
rit  Grec.  Après  qu'on  a  chanté  le  Trifûgium  j  VEvê- 
que élu  ,  ou  nommé  ,    eft  préienté  à  V evêque  Con- 
fécrateur par  les  Evêques  Alîiftans  ;  &  le  Garde  des 
Chartres  ou  des  Archives  (XajroipiÎAa?)  met  entre  les 
mains  du  Confécrateur   l'inftrument  de  1  éleârion 
de  celui  cjui  elt  préienté  ;  après  quoi  le  Confécra- 
•    teur  &   les  afliftans   récitent  quelques  prières  :  la 
première  s'appelle  Dtaconique  :  puis  VEvêque   élu 
fait  profellîon  de  foi  après  avoir  demandé  au  Con- 
fécrateur qu'il  le  falfe  Evêque.  Dans  la  profellîon  de 
foi ,  d'abord  VEvêque  élû  récite  le  fymbole  de  Ni- 
cée  ,  &  à  la  fin  ,  il  reçoit  la  bénédiétion  du  Con- 
fécrateur ,  qui  lui  dit  5  La  grâce  du  Saint  Efpritjoit 
avec  vous.  Auffitôt  VEvêque  eft  interrogé  par  le  Con- 
fécrateur fur  .ce  qu'il  penfe  de  la  Sainte  Trinité,  à 
quoi  il  répond   par   une  longue  profelîion  de  foi , 
après   laquelle  il  reçoit  encore  la  bénédiction  du 
Confécrareur  ,  qui  l'interroge  enfuite  fur  ce  qu'il 
penfe  de  l'Incarnation  :  VEvêque  élû  répond  en  fai- 
fant  une  troifième  profellîon  de  foi ,  qui  eft  fuivie 
de  la  bénédiction  que  lui  donne  encore  le  Confé- 
crateur. Alors  le  Confécrateur  donne  à  VEvêque  cKi 
le  bâton  paftoral ,  en  récitant  des  prières  qui  ont  rap- 
port à  cette  cérémonie  :  on  fait  avancer  VEvêque  éîà 
vers   l'autel  •,  le  Confécrateur    prend  l'Evangile , 
(c'eft-à-dire,  la  Bible,  ou  le  Milfel  )  il  ouvre  ce 
livre,  le  met  furla  tête  de  r^vt^we  élû  j  &  tandis 
que  les  deux  Evêques  allîftans  le  foutiennent ,  il 
prononce  ce  qui  fuit  .•  Par  les  fuffrages  &  l'appro- 
bation des  Prêtres  très-cheris  de  Dieu  de  la  ville  de 
N.  la  grâce  divine  ,  qui  guérit  ce  qui  efî  infirme  ,  /jui 
donne   ce  qui  manque  ,  vous  établie  vous  N.  Prêtre 
très-cheri  de  Dieu  élu  Evêque  &  pfépofé  de  la  part 
de  Dieu  fur  la  ville  de  N.  Prions  donc  pour  lui  ,  afin 
que  la  grâce  de  Dieu  vienne   en  lui.  Les  Evêques 
Affiftansdifentalorstroisfois  ,  Ktîçie è/E^r:» ,  Seigneur ^ 
i7yc^jP,>/e';  puis  l'itie^ue  Confécrateur  fait  trois  croix 
fur  la  tête  de  celui  qu'on  facre  ,  &  dit ,  Au  nom  du. 
Père ,   &  du  Fils  &  du  Saint-Efprit ,  maintenant 
ù  toujours  J  dans  les  fiècles  desjiècles:  il  ajoute  une 
prière  qu'il  récite  en  tenant  la  main  étendue  fur  la 
tête  du  nouvel  Evêque .,   auquel  il  donne  enfuite  le 
pallium  ,  fi  c'eft  un  Patriarche  ,  ou  un  Archevêque. 
Le  nouvel  Evêque  reçoit  le  baifer  de  paix  de  fon 
Confécrateur  &:  des  5eux  Affiftans  ;   puis  il  s'affic 
le  premier  j  &  les  autres  après  lui  :  il  lit  quelque 
chofe  de  la  Sainre-Ecriture  ,  fait  une  prière  ,  puis 


EVE 

il  communie  ^  &  donne  la  communion  à  fon  Con- 
fccrateut  (î^c  aux  autres,  f^oye:^  Allatius  &  le  Père 
Goar ,  iSc  les  notes  de  ce  dernier  lur  1  Euchploge  des 
Crées. 

Dans  rEglife  Latine  on  fait  à- peu-près  les  mêmes 
chofes  :  mais  les  cérémonies  loin  un  peu  différentes. 
i".  LeplusanciendesdeuxfvJ^wdi  allillans préfente 
à  \Evcque  Confécrateur  celui  qui  elt  éiû,  ou  nommé, 
auquel  le  Confécrateur  fait  prêter  Ift.jfe'^nifinf-  i°-iOn 
vient  enfuite  à  l'examen:  c'ell  ainli  ^u'on  appelle  la 
profedion  de  foi  divifée  en  différentes  queltions  & 
différentes  réponfes  qu'on  fait  faire  à  celui  qui  eft 
élu.  j".  Après  quelques  prières  on  met  far  la  tête,  en 
tirant  vers  les  épaules ,  le  Livre  des  Evangiles  ou- 
vert. 4°.  On  lui  fait  avec  le  faint  Chrême  l'onétion 
à  la  tête.  5".  On  lui  donne  le  bâton  paftoral  j  l'an- 
neau ,  le  Livre  des  Evangiles ,  &C  après  la  commu- 
nion on  lui  met  la  mitre  lur  la  tcte  :  chacune  de 
ces  cérémonies  eft:  accompagnée  de  prières  ,  ou  de 
paroles  convenables.  6-'.  Vers  la  lin  de  la  Meffe  , 
un  peu  devant  que  de  dire  le  dernier  Evangile  j 
on  chante  le  Te  Dcum.  Voyc\\t  Pontitical  Romain , 
&  les  Rituels  rapportés,  ou  cites  par  le  P.  Materne, 
Bénédiélin ,  dans  fon  Ouvrage  des  anciens  rùs  de 
l'Eglife. 

Ce  mot  à!Evcque  vient  du  Grec  ,  l-aU^izaç ,  &  fi- 
gn'ifie  furve  m  an  t ,  ou  irifpccleur.  Les  Atiiéniens  appe- 
loient  aindceux  qu'ils  envoyoient  dans  les  Provinces 
qui  leur  étoienc  fujettes ,  pour  voir  fi  tout  fe  paffoit 
dans  l'ordre.  Les  Latins  ont  auffi  donné  ce  nom  à 
.ceux  qui  étoient  infpeéfeurs  &  vidteurs  du  pain 
Se  des  vivres.  Il  paroît  par  une  Epitre  de  Cicéron 
qu'il  avoir  eu  lui-même  cette  charge  ,  epifcopus  or£ 
Ciimpani&.  On  appeloit  auffi  Dloctje  ,  l'étendue 
d'un  gouvernement  \  &c  Cicéron  s'en  efl:  fervi  en  ce 
fens ,  ^ioUy,fii.  Ces  mots  ont  été  pris  des  Payens  , 
Si  depuis  confacrés  par  les  Chrétiens ,  comme  une 
infinité  d'autres.  Jesus-Chrit  ,  en  établillant  la 
fainte  Religion,  n'a  pas  prétendu  établir  une  nou- 
velle langue.  Les  premiers  Chrétiens  ont  pris 
dans  le  Grec  &  dans  le  Latin  les  mots  qui  avoient 
quelque  rapport  aux  chofes  qu'ils  vouloient  fignifier. 
Il  y  a  des  Eveques  immédiatement  fujets  au  faint 
Siège  ,  fans  reconnoître  d'autre  Métropolitain.  On 
les  appelle  Acéphales ,  Eveques  Acéphales,  f^oye^ 
Acéphale.  Quelques  Eveques  ont  le  Pallium  par 
privilège  j  comme  les  Archevêques.  On  dlllingue 
entre  Evêque  nommé  ,  Ev-êque  élu  j  &  Evcque 
confacré. 

Le  Roi  en  France  nomme  les  Eveques  :  ils  font 
nommés  éliis  dans  leurs  Bulle; ,  avant  leur  confé- 
cration. 

On  nomme  Eveques  députés  de  leurs  Provinces  , 
ceux  qui  alliftent  aux  ademblées  du  Clergé  ordi- 
naires ,  ou  extraordinaires. 

Il  y  a  à  Ro\ne  àcs  Eveques  qu  on  nomirie  afiif- 
tans  ,  qui  entrent  en  diverfes  Congrégations  du 
Saint  Office  ,  Sec. 
EviquE  dans  les  Monaftcres.  Le  Pape  Etienne  III. 
donna  à  l'Abbaye  de  Saint  Denis  en  France  le  pou- 
voir d'élire  un  Evêque  qui  fit  les  fondrions  épifco- 
pales  dans  ce  MonaP'ère  &  dans  les  autres  qui  en 
dépendoient.  Il  y  avoir  de  ces  fortes  d'Evèques  à 
Sairit  Martin  de  Tours  &  en  d'autres  Monaftères. 
Monfieur  l'Abbé  Fleury  dit  que  ce  n'ctoieiit  point 
des  Eveques  titulaires ,  comme  fi  ces  Monaftcres  & 
ceux  de  leur  dépendance  euftent  érc  des  Dioccfes  ; 
mais  qu'ils  étoient  de  ceux  qui  ayant  été  ordonnés  fans 
aucun  titre  ,  ou  qui ,  après  l'avoir  quitté,  fe  reti- 
roicnt  dans  cesMonaftères ,  &  y  faifoient  les  fonc- 
tions comme  en  des  lieux  exempts  de  la  jurifdiétion 
àcs  Ordinaires.  Quelquefois  c'écoient  des  Corévê- 
ques  ,  qui  avoient  leur  ficge  fixe  dans  des  Monaftè- 
res,  où  l'Abbé  qui  éroit  en  même-temps  Evêque  de 
£on  Monaftère  ;  &  d'autres  l'ois  c'étoient  de  fimples 
Prêtres  ^  à  qui  on  donnoit  le  titre  à' Eveques ,  parce 
qu'ils  avoient  milfion  pour  prêcher  l'Evangile  en 
certain  territoire.  P.  HÉlvot  ,  T.  l^.  C.  II. 
EvÉQUE,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On 


EVE  93; 

dit  qu  on  fe  débat  de  la  chappe  à  VEvéque , 
quand  deux  parties  conteftent  fur  quelque  chofe  qui 
n'appartient  ni  à  l'une  ni  .à  l'autre.  Cioffe  de  bois , 
Evêque  d'or  j  crolTe  d'or  ,  Evêque  de  bois.  On  dit 
devenir  à'Evêque  Meunier  ^  quand  on  quitte  une 
bonne  condition  pour  en  prendre  une  mauvaifc. 
Cotgrave  &  Catherinot  difent  que  ce  proverbe 
vient  par  corruption  <X Evêque  Aumônier  :  car  il  fe 
peut  faire  qu'un  Evêque ,  ravalant  fa  dignité ,  ferve 
d'Aumônier  à  un  Prélat  plus  grand  Seigneur  que 
lui  \  mais  il  n'y  a  point  d'apparence  qu'il  puiffe  ja- 
mais devenir  Meunier.  Quelques-uns  pourrant  di- 
fent qu'il  y  a  eu  un  nommé  Spifame ,  Evêque  de 
Nevers  ,  qui  étant  devenu  Huguenot ,  &  réfugié  à 
Genève  ,  fut  réduit  à  la  néceflité  de  fe  faire  Meunier 
pour  fubûfter  ,  Se  que  c'eft  de  là  qu'eft  venu  le 
proverbe.  On  dit  auîli  à  ceux  qui  fe  tâchent  de  ce 
qu'on  les  regarde  ,  qu'un  chien  regarde  bien  un 
Evêque}fin  appelle  Evêque  des  Champs  ,  un  pendu 
qui  donne  la  bénédiétion  avec  les  pieds.  Ce  pro- 
verbe eft  fort  ancien.  Dans  le  Roman  des  quatre 
Fils  Aymon  j  Ogier  dir  qu'il  avoir  fait  Ripus 
Archevêque  des  Champs-^  pour  dire ,  qu'il  l'avoit 
pendu. 

Il  y  a  à  Paris  le  Fort-l'iBVe^^^e  qui  eft  une  Prifon 
qui  appartenoit  anciennement  à  \ Evêque Àq  Paris: 
on  voit  la  ligure  élevée  de  l'un  de  ces  Eveques  fur 
la  porte  avec  fes  armoiries.  On  dérive  ce  nom  de 
Forum  Epifcopi  ^  d'autres  de  Furnus  Epijcopi ,  Four 
VEvéque  ,   comme  li  ç'avoit  été  un  four  banal. 

Arrien  donne  le  nom  d'E'wiV»ijar»f,  Epifcopus,  Eve' 
que ,  à  des  gens  qui  parmi  les  Indiens  étoient  char- 
gés de  paLCOurir  les  villes  t<<:  les  campagnes  j  &  de 
rapporter  au  Roi  dans  les  Monarchies  »  &  aux  Ma- 
giîtrats  dans  les  Républiques ,  rout  ce  qui  fe  paffoir. 
C'étoir  un  crime  pour  eux  de  ne  pas  dire  la  vérité  ," 
&  cet  Auteur  ailure  qu'il  ne  s'en  étoit  jamais  trouvé 
aucun  qui  la  trahir. 

Il  y  a  un  Poiffon  £'vt^^c ,  que  l'on  dir  avoir  la 
figure  humaine  avec  une  tête  mitrée.  La  grande 
Chronique  des  Pays  -  Bas  rapporte  que  vers  l'an 
1433.  de  J.  C.  on  pécha  au-delà  de  la  Pologne  un 
poilTôn  qui  avoir  la  forme  d'un  homme  ,  une  mitre 
en  tête  ,  une  croiTe  en  main  ,  &  tous  les  autres  or- 
nemens  Pontificaux  d'un  Evêque  qui  officie  ;  qu'il 
marchoit  fur  fes  pieds  j  qu'il  fe  lailîoir  volontiers 
toucher  ,  fur-tout  par  les  Eveques  ,  auxquels  ii 
marquoi:  beauccJup  de  refpeél  ;  qu'il  entendoit , 
mais  ne  parloir  pas  \  que  le  Roi  de  Pologne  l'ayant 
voulu  enlermer  dans  une  tour ,  il  marqua  beaucoup 
de  chagrin  \  ce  qui  fit  que  les  Eveques  demandèrent 
fa  liberté;  que  d'eux  d'cntr'eux  le  conduifirent  à  la 
mer  ,  lui  au  milieu  d'eux  s'appuyant  fur  leurs  épau- 
les :  il  falua  les  Eveques  &:  roue  le  peuple  qui  étoit 
préfent  à  ce  Ipeétacle  ,  fe  plongea  ,  &  ne  reparut 
plus.  Tout  cela  a  trop  l'air  d'une  fable  ,  pour  qu'on 
puiffe  s'y  méprendre.  Les  Hiftoriens  de  Pologne 
n'en  difent  pas  un  mot ,  comme  a  remarqué  Spond. 
Ann.Ecclej.  adan.  1433.  A^  XXXIII. 

Le  Cnp  de  l'Evêque.  Promontorium  Epifcopi  j  eft 
un  cap  de  l'Amérique  feptentrionale  ,  qui  fe  trouve 
dans  le  Canada  propre  ,  à  l'embouchure  de  la  ri- 
vière de  S.  Laurent ,  vis-à-vis  d'Anticofti. 
ÉVERARD.  f  m.  Nom  d'homme.  Eherhardus ,  Ebe- 
rardus ,  Everardus.  Un  Everard ,  Difciple  de  S.Har- 
wich,  Evêque  de  Salzbourg  ,  a  compofé  la  vie  de 
ce  Saint  ,  qui  a  été  imprimée  par  Canifius.  Ce 
nom  ne  fe  donne  point  ou  peu  en  France  ;  mais  plus 
en  Allemagne.  Il  y  a  un  Everard  Duc  de  Wirtem- 
berg  J  fils  de  Jean  Frédéric  ,  qui  naquir  en  1614. 
&  mourut  en  165  ^.  On  prononce  Evrard. 
EVERDUMER.  v.  a.  Terme  de  Cuifinier.  Tirer  une 
fauce  ,  une  liqueur  verte.  Everdumerde  la  poirce ,  des 
épinards ,  des  porreaux.  Viridejus  het£  exprimere  y 
decocium  pororum  exprimere.  Nicot. 
EvERDUMER  ,  eft  aufti  un  terme  de  Confifeur,  qui  fe 
dit  de  certains  fruits  j  comme  des  amandes  verres 
que  l'on  confit.  Everdumer ,  c'eft  ôter  le  duvçt  qui 
couvre  les  amandes ,  &  leur  donner  une  couleur 


3 


^  HV  E  E  UG 

veite.  Fl'occos  decucere^  viroremexdtare.  Pour  eWr-l     deux  loges  qui  contiennent  de  la  femence  menue 
■dumer  j  on  fait  une  leliive  avec  des  cendres  neuves  |      &  de  couleur  de  cendre. 

&deieau:  on  la  met  fur  le  feu ,  &  quand  elle  ellî  l'Eufraise  eft  eftimce  propre  à  éclaircir,  fortifier,  &: 
échauiiéejufqu'à  bouillir  ,  on  y  mec  les  amandiîs.  &        — <i-  -   5   _i.  lk     1       "      ^     i._    j_ 


on  empêche  en  les  remuant  qu'elles  ne  bouillent  j  & 
lorfque  le  iom  ou  la  bourre  le  détache  bien,  on  les 
retire  ,  on  les  met  daus  un  linge  ,  ou  étant  enve- 
lopées  on  les  agite  un  peu  ,  puis  on  les  jette  dans 
l'eau  hoide.  Pour  les  faire  reverdir  on  les  met  dans 
de  nouvelle  eau  fraîche,  &  on  les  fait  bouillir  à 
grands  bouillons  fur  le  teu.  Foye^  la  Nouvelle  Inf- 
trudion  pour  les  Confitures. 
ÉVERGETÈS,  ou  EVERGETE.  f.  m.  Ce  nom  eft  pu- 
rement Grec  ,  &  fignifie  Bienfaiteur  j  étant  formé 
de  iv  benè  ,  &  Éçy»' ,  Jaclum^opus.  Nous  retenons  ce 
nom  dans  notre  langue  pour  quelques  Princes  ou 
Rois  de  Syrie  &  d'Egypte  ,  fuccelfeurs  d'Alexandre, 
auxquels  on  le  donna.  Car  nous  difons  Ptoloméa 
Evcrgécès ,  Roi  d'Egypte.  h.niioc\\\i%  Evergécès  ,  Roi 
de  Syrie,  monta  fur  le  trône  159  ans  avant  J.  C 
Alexandre  Evcrgcccs. 
|p°  EVERRER.  V.  a.  Terme  de  ChafTe.  Everrer  un 
chien  ,  c'eft  couper ,  ôter  de  dellous  la  langue 
du  chien  un  nerf,  fans  lequel  il  ne  peut  mordre. 
Ce  nerf  fe  nomme  ver.  NervumprAcldere. 
ÉVERRE  ,  EE.  parr. 

Ip-EVERRIATEUR.  f.  m.  Terme   d'Hiaoire  An- 
cienne. On  donnoit  ce  nom  à  l'héritier  d'un  homme 
mort,  parce  cju'après  les  kméraïUes  il  étoic  obligé 
de  balayer  la   maifonj  s'il  ne  vouloir  pas  être  tour- 
menté par  les  Lemuics.  Du  Latin  verreie  j  balayer. 
ÉVERSION.  f.  f.  Ruine  ,  renverfement  d'une  ville^ 
d'un  Etat.  Ever/io  ,  claies  ,  ruina.  Le  ravilfement 
d^Hélène  fut  caufe  de  Vcverjion  de  Troye.  On  voit 
de  temps-en-temps  des  éverjions  de  grands  Empi- 
res &c  Républiques.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Nicot. 
On  le  trouve  aulli  dans  le  Did.  de  l'Ac.  Franc.  Je  ne 
le  crois  pas  fort  ufité. 
gCT  S'EVERTUER,  v.récip.  S'exciter  foi-mème  à  faire 
quelque  choie  de  louable  ,  de  convenable.  Conten- 
dere  j  audere.  Il  langullfoir  dans  la  mifère  ,  dans 
l'oifiveté  ;  il  s'eft  évertué  pour  en  forcir.  Il  eft  du 
ftvle  familier. 
ÉVÉSCHÉ.  Foye^^  EVÊCHÉ. 
EVESHAM.  Bourg  d'Angleterre  dans   le  Comté  de 
Worcefter ,  vers  les    Comtés  de  Glocefter  &  de 
Warwich.  Eveshamum.  Il  a  féance  au  Parlement 
Il  y  avoir  autrefois  une  riche  Abbaye  fondée  dans 
le  Vii^  fiécle  par  Ewgin  III.  Evêque  de  Worceftre. 
Mat  Y. 
ÉVESQUE.  Foyei  EVÊQUE. 
I^ÈVEUX.  adj.   vieux.  Terme  d'Agriculture,  qui 
vient  du  vieux  mot  Eve  ,  Eau.  Un  terrein  éveux  eft 
celui  qui  retient  l'eau  ,  Se  qui  devient  comme  de  la 
boue  quand  il  en  eft  pénétré. 
EUFISTIS.  f  m.  Suc  des  feuilles  de  Ciftus.  On  fe  fert 
à  fon  défaut  de  l'hypociftis  j  dont  on  double  la  dofe, 
&  qui  a  les  mêmes  qualités. 
EUFRAISE.  f.  f.  Euphrafia.  Petite  plante  annuelle  qui 
ne  paroît  qu'en  été  &  dans  l'automne.  Cette  plante , 
qui  ne  s'élève  tout  au  plus  qu'à  la  hauteur  de  fix  à 
fept  pouces,  a  fes  racines  menues ,  blanchâtres,  tor- 
tueufes  ,   &  rarement  branchues.  Sa    tige  &  fes 
branches  font  brunes ,  garnies  de  petites  feuilles  op- 
pofées  deux  à  deux ,  femblables  en  quelque  ma- 
nière à  celles  de  la  Germandrée ,  plus  courtes  cepen- 
dant, plus  pointues,  d'un  vert  très- foncé  ,   très- 
brun,  &  un  peu  luifant  en  delfus.  Ses  fleurs  naif- 
fent  des  ailîelles  des  feuilles ,  &  font  d'une  feule 
pièce  ,  percées  par  les  deux  bouts  ,  découpées  ordi- 
nairement en  deux  lèvres ,  qui  quelquefois  font  fi 
peu  diftinites  qu'on  diroit  que  cette  fleur  eft  cou- 
pée en  cinq  quartiers.  Elles  font  blanches ,  mar- 
quées d'une  tache  jaune  au  milieu ,  &  rayées  par 
quelques  lignes  purpurines  :  les  étamines  fe  trou- 
vent cachées  fous  la  lèvre  fupérieure.  Le  calice  qui 
foutient  la  fleur  eft  à  quatre  pointes:  il  renferme 
un  fruit  qui  a  fervi  de  piftil  à  la  fleur.  Ce  fruit  n'a 


même  à  rétablir  la  vue.  On  l'ordonne  en  poudre 
depuis  un  gros  jufqu'à  trois  dans  un  verre  d'eau  de 
fenouil ,  ou  de  verveine  :  il  faut  en  continuer  l'u- 
fage  pendanc  quelques  mois.  On  en  tire  l'eau  par 
la  diftillation ,  qu'on  donne ,  comme  les  autres  , 
à  cinq  ou  fIx  onces  intérieurement.  Le  vin  doux 
dans  lequel  on  fait  infufer  ïeujraife,  &c  qu'on 
fait  boire  lorfqu'il  eft  bien  éclairci  j  eft  un  remède 
vanté  par  Arnaud  de  Villeneuve ,  mais  que  Pena 
&  Lobel  n'eftiment  pas  tant  que  la  -poudre  d'eu- 
Jraife.  Cette  plante  eft  un  tondant  propre  à  débou- 
cher les  vifcères,  &  rétablit  la  fluidité  des  liqueurs. 
On  la  furne  comme  le  tabac  pour  les  fluxions  des 
yeux  :  cela  ne  réuflit  pas  fi  bien  que  la  poudre. 

Il  y  a  un  Traité  de  Jean  Franc ,  intitulé  :  Spic'de- 
gium  de  Eu\)hïa.Ci!i ,  /nedkina  polychresm  ,  verum  que 
oculorum  fclacium ,  &c.  impnmé  i  Leipfik  en  17 17. 
Matthieu  Sylvaticus  ,  célèbre  Médecin  de  Man- 
toiie,qui  florifloit  en  1520.  eft  un  des  premiers 
qui  ait  parlé  de  VEufraiJe  dans  fes  Pandedes  de 
Médecine  ,  dédiées  à  Roberr,  Roi  de  Sicile.  On  ap- 
pelle VEuJraife  en  Grec  Opchalmka  _,  Ophthamo- 
dulia  ;  en  Latin  Ocularis ,  ocularia  _,  herba  jacra  ,  lu- 
mïnella ,  l'herbe  aux  yeux. 

EUFRANOR  ,  f.  m.  Fameux  Sculpteur  Grec  ,  con- 
temporain de  Praxitèle  ,  dans  la  CIV*  Olympiade, 
environ  l'an  390  de  Rome.  Pline  en  parle  avec  élo- 
ge, &  décrit  fes  ouvrages,!.  34.  c.  t!. 

EUFRASQUE  ,f.  f.  Les  Fleuriftes  donnent  ce  nom  à 
une  rulipe  rouge  &  blanc  de  fatin.  Morin, 

EUFRATE  ,  f.  ,m.  Foye^  EUPHRATE. 

E  U  G. 

EUGENE,  f.  m.  Nom  d'homme.  Eugenius.  Le  Diacre 
Eugène  fut  un  des  Préfidens  du  Concile  d'Arles  tenu 
en  314.  contre  les  Donatiftes.  Arbogafte  ayant  faic 
mourir  Valentinien  éleva  Eugène^  Maître  de  Gram* 
maire,  à  l'Empire.  Il  y  a  quatre  Eugénes  Papes  ,  & 
huit  £tt^e7zej  Rois  d'EcolT;.  Les  Entretiens  d'Arifte 
&  àEugéne  ont  eu  grand  cours.  Les  fentimens  de 
Cléahte  font  une  critique  des  Entretiens  d'Arifte  6c 
à'Eugéne. 

Eugène.  Terme  de  Fleurifte.  Tulipe  rouge  brun  & 
blanc.  MoRiN. 

EUGÉNIE,  f.  f.  C'eft  le  nom  que  les  Grecs  don- 
noient  à  la  Noblelfe.  On  ne  trouve  pas  qu'ils  aienc 
jamais  déifié  la  Noblelfe  ,  non  plus  que  les  Ro- 
mains :  mais  il  eft  certain  par  les  Médailles ,  qu'ils  lui 
ont  donné  une  formé  humaine;  car  on  la  trouve 
défignée  d'une  manière  uniforme  fur  plufieurs  de 
ces  anciens  monumens.  C'eft  une  femme  debout  j 
qui  tient  de  la  main  gauche  une  pique,  &  qui  a 
fur  la  droite  une  petite  ftatue  de  Minerve.  Il  n'y 
a  point  de  fymbole  plus  propre  à  défigner  la  No- 
blefle  que  Minerve,  puifqu'elle  eft  née  du  cerveau 
de  Jupiter. 

Eugénie.  Nom  de  femme  ,  Eugénïa.  Sainte  Eugénie  , 
fille  de  Philippe  ,  Seigneur  Romain ,  Préfidenr  d'E- 
gypte fous  Commode  ,  laifla  ,  par  infpiration  di- 
vine, les  habits  de  fon  fexe-,  &  prit  ceux  du  nôtre, 
fous  lefquels  elle  vécur  long-temps  parmi  de  Saints 
Moines.  Godeau.  Eugénie  fut  martyrifée  à  Rome. 
On  appelle  la  Mère  Eugénie,  une  Religieufe  qui 
porte  le  nom  de  cette  Sainte. 

Eugène  &  Eugénie  font  des  noms  Grecs ,  qui  fi- 
gnifient  bien  né -^  bien  née:  de  '"j  bien  &  yi'»»/""  j 
fio  ,  nafcor.. 

EUGÉNIEN.  f.  m.  Nom  d'homme,  qui  s'eft  dit  pour 
Hégémoin.  Foye^  ce  mot. 

EUGERIE.  f.  f.  N'eft  point  le  nom  d'une  Déefte  qui 
préfidât  aux  accouchemens,  comme  a  dit  Hofl^iTian, 
c'eft  Egérie.  Feftus,  &  les  autres  qu'il  cite,difenc 
Égérie.  Foye:^  ce  mot. 


que  quelques  lignes  de  longueur ,  Se  eft  divifé  en  EUGUBIO.  Foye:(  GUBIO. 


EVL 


E  V  I 

E  V  I. 

BVIAN.  Petite  ville  du  Duché  de  Chablais ,  en  Sa- 
voye.  Aquianum.  Elle  ell  iur  le  lac  de  Genève  à  dix 
lieues  au  levant  de  la  ville  de  ce  nom.  long.  24.  d. 
15'.  lat.  Y^.  d.  13'. 
ÉVICE.  bvicc&c  /viai,  font  la  même  chofe.   /•'oye? 
YvicA.Les  Ifles  Evlces,  quelques-uns  écrivent  EviJ- 
fcs ,  ou  Evl\cs ,  font  deux  petites  Iles  de   la  Médi 
terranée ,  Yvica  &  Formentera,  auxquelles  la  pre- 
mière donne  ce  nom.  Les  Eviccs  font  entre  l'Ille  de 
Majorque  &  la  côce  du  Royaume  de  Valence. 
ÉVICTION ,  f.  f.  Terme  du  Palais.  Action  par  la- 
quelle on  dépolféde  quelqu'un  d'un  hérit.ige  qu'il 
avoit  acquis.  EricUo,  vindkatio.  Un  vendeur,  qui 
ert  garant  de  fa  vente  ,  doit  des  dommages  &   in- 
térêts à  l'acheteur ,  en  cas  à'éviclion.  Voyc^.  évin- 
cer. 
■ÉVIDEMMENT,  adv.  Manifeftement,  &  avec  évi- 
dence. Evidenter ^manijejlè.  Il  a  été  trompé  evUem 
mène.  Cette  pièce  eft  évidemment  iàw'iï'i ,  la  faulfeté 
faute  aux  yeux. 
ÉVIDENCE,  f.  f.  Certitude  manifefte ,  qualité  des  cho- 
fes,quiles  fait  voir  &  connoitre  clairement,  tant 
aux  yeux  du'corps ,  que  de  l'elprit.  Evidcntia  ,  da- 
ritas , perfpicu'uas.  En  métaphyfique  ce  terme^lîgni- 
fie  une  connoiiïance  fi  claire  &:  li  manifefte  par  elle 
même  ,  que  l'efpritne  peut  s'y  refuler,  c'eft  une  vut- 
claire  &  diftinéte  des  chofes  &  des  rapporrs  qui  lonc 
entr'elles.  Lévidencc  étant  le  caradere  eflentiel  de 
la  vérité ,   ou  la  convidiori  fùre  à  laquelle  on  ne 
petit  s'empêcher  de  la  reconnoître,  elle  produit  né 
teflairement  une  conviélion  intérieure  j  qui  fait  le 
plus  haut  degré  de  la  certirude  j  mais  tous  les  objets 
ne  s'offrent  pas  à  nous  avec  une  lumière  aulli  vive  , 
&  malgré  tous  les  foins  &i  toute  l'application  qu'on 
peut  y  apporter,  l'on  ne  peut  fouvent  fe  procurer 
que  des  lueurs ,  qui ,   félon  qu'elles  font  plus  ou 
moins  fortes,  produifent  diftérens  degrés  de  pro- 
babilité &  de  vraifemblance.  Il  y  a  une  forte  à\vi- 
i/e/îCd  attachée  à  la  vérité  à   laquelle  nulle   préven- 
tion ne  peut  réfifter.  S.  Real.  Pour  être  légitime- 
rnent  alfuré  qu'on  eft  parvenu  à  ïévldence  ,  il  faut 
avoir  examiné  une  thofe  par  rous  fes  différens  cô- 
tés, &  avoir  reconnu  qu'elle  ne  peut  être  autre- 
ment. Descartes.  Dieu  n'a  point  voulu  que  les 
vérités  de  la  toi  fuifent  propofées  avec  tant  à'evi- 
dence  qu'il  n'y  reftât  des  nuages  propres  à  aveugler 
des  efprits  fuperbes.  Nie.  L'évidence  eft  la  marque 
elFentielle  &  infaillible  de  la  vérité,  Si  fi  une  pro- 
pofition  évidemment  vraie  étoit  taullè  dans  le  fond. 
Dieu  feroit  lui-même  la  caufe  de  notre  erreur   Si 
Vévidence  peut  nous  tromper ,  il  n'y  a  plus  aucun 
caraélére  qui  diftingue  la  vérité  de  la  faufîeté.  Met 
tre  en  évidence  ,  c'eft  faire  connoître  clairement, 
manifeftement.  Au  jour  du  jugement  univeifel  Dieu 
mettta  en  évidence  jufqu'aux  chofes  les  plus  ca- 
chées. ReveLre  ,  patejacere. 

On  dit  j  cet  homme  n'a  point  de  bien  en  évi- 
dence, ou  qui  paroiffe  ,  cbmine  héritages,  offices, 
&c.  , 

ÉVIDENT,  ENTE.  adj.  Qui  eft  clair  &  manifefte.  Evi- 
dens  ,  muni/tstus.  Lesdémonftrations  de  la  Géomé- 
trie font  claires ,  évidentes.  La  preuve  qui  eft  au  pro- 
cès eft  évidente  ^  concluante.  Le  danger  eft  évident. 
Une  vérité  évidente  j  un  grief  évident:,  une  collufion 
évidente.  Si  l'on  ne  fe  dérerminoit  dans  le  monde 
que  par  des  raifons  évidentes,  on  feroit  fouvent  flot- 
tant, i!<^  dans  une  irréfolution  perpétuelle. 
|Cr  EVIDER  ou  EVUIDER.  v.  a.  Terme  employé 
parmi  plufieurs  ouvriers,  &  qui  fignifie  en  géné- 
ral ôtcr  ce  qu'il  y  a  de  trop  dans  une  chofe  ,  donner 
à  cerrains  ouvrages  des  formes  particulières,  pour 
les  rendre  plus  légers  ou  plus  agréables. 
ÈviDER  en  Architeéture.  C'eft,  Tailler  à  jour  quel- 
que ouvrage  de  pierre  ou  de  marbre,  comme  des 
entrelas  :  ou  de  menuiferie,  comme  des  panneaux 
de  clôture  de  chœur,  de  tribune,  &c.  autant  pour 
Tome  III, 


E  V I  957 

rendre  ces  panneaux  plus  légers,  que  pour  voir  au 
travers 
lier  EviDER,  fignifie  aufli  faire  une  certaine  cantie- 
1 


ure  a  un  ouvraiie 


ou 


pour  le  rendre   plus  léger 
plus  agréable,  tvider  un  canon  de  piftolet,  é\ider 
une  lame   d'épée  quand  on   la  creufe.  Paimi  la. 
plupart  des    ouvriers  qui   travaillent  en   fer ,  c'eft 
rendre  une  furface  concave  ,  la   crcufer  plus    ou 
moins. 
tJCTE VIDER.  Terme  de  Chaudronnier.  C'eft  mettre 
la  dernière  main  à  l'ouvrage  ,  dégager  les  contoursj 
&  leur  donner  plus  de  grâce. 
îfT  EviDER.  Terme  de  BlanchiiTeufe.  C'eft  ôter  ce 
qu'il  y  a  de  trop  d'empois  dans  le  linge  en  le  frot- 
tant. Ce  rabat  eft  trop  dur  ,  il  tant  Yévider. 
É  VIDER  ,  fe  du  aulH  par  les  Tailleurs  d'habits ,  pour 
couper  en  arrondilfant.  Evider  une  manche.  In  or- 
bcm  incidere.  Il  fe  du  aulîî  en  plulieuts  autres  arts, 
,  pour,  ôterceqti'il  y  a  de  fuperHu. 
E  VIDER  les  aiguilles.  Terme  d'Aiguillier.  C'eft  en 
limer  les  têtes  pour  les  arrondir  ,  Se   en  ôter  les 
quarres. 
EviDÉ  ,  ÉE.  part.  Unefcalierà  rampe  courbe  eVic/cpac 

le  milieu. 
fp=-  EVIDOIR.  f.  m.  Outil  dont  fe  fervent  les  fac- 
teurs d'inftrumens  à  vent,  pour  accroître  en  dedans 
les  trous  de  ces  inftrumens. 
ÉVIER,  f  m.  Canal  par  où  s'écbulsnt  les  eaux  fales 
d'une  maifon,  d'une  cuifine  ,  d'une  qcmÙq.  Emif- 
farium  aquarium.  Un   évier  bouché  ,  encombre. 

|Cr  On  donne  aulli  ce  nom  .1  une  pierre  creufée 
qu'on  place  dans  les  cuifines  pour  laver  lavailTelle, 
percée  d'un  trou  pour  l'écoulement  des  eaux.  Ce 
mot  vient  de  l'ancien  moteve  ou  aive,  qu'on  a  dit 
pour  eau. 
EVILASSE.  f.  m.  Efpèce  de  bois  d'ébène  ,  qui  fe  tire 
de  l'Ille  de  Madagafcar.  Ce  bois  a  peu  de  nœuds  ,  &c 
beaucoup  de  rapport  avec  le  bois  de  Sandraha. 
ÉVILIN.  n  m.  Nom  d'homme.  Aquilinus.  C'eft  Iç 
même  c\\\AquUin.  Chastelâin.  Àinfi  à' Aquilinus 
oii  a  fait  Aquilin  ,  Aiguilin ,  comme  aigle  à.'u~ 
quila  ;  Eguilin  j  Evilin  ,  comme  Villelmus  Se  Cuil- 
lelmus. 
EVINCER,  v.  a.  Terme  de  Palais.  DépolTéder  quel- 
qu'un d'un  héritage ,  le  dépouiller  juridiquement 
d'une  chofe  dont  il  étoit  en  poireflîon.  Evincere  ^ 
vindicare  j  rem  repetere  ,  deturbare  ,  dejicere  judicio. 
Il  a  éié  évincé  de  cette  terre  par  un  retrait  ligna- 
ger ,  ou  par  des  demandes  en  déclaration  d'hypo- 
thèque. 

Paris  esc  en  procès  avec  Sa  Majesté , 
Touchant  les  vieux  fojjés  ,   dus   de  Monjîeur  Is 
Prince  : 

Le  Peuple  craint  qu  on  ne  /'évince 

De  fa  longue  propriété  ^  Sid 

Evincé  ,  ée.  part. 

ÉVIRE  j  EE.adj.  Eviratus.  Eft  un  terme  de  Blafon,  qui 
fe  dit  du  lion ,  ou  d'un  animal  qui  n'a  point  la  mar- 
que du  fexe. 

ÉVITABLE ,  adj.  m.  &  i.  Qui  peut  être  évité.  H- 
tandus  j  qui  vitari  potest.  Il  y  a  des  maux  évi- 
tahles\  d'autres  inévitables.  Ce  mot  ne s'eft  point 
établi.  BouH.  L'Académie  l'a  mis  dans  fon  Dic- 
tionnaire, mais  en  avertiflant  qu'il  n'eft  guère  en 

^^^?>^-  .         /   •      I      >  n. 

§C?"  Mais  pourquoi ,  dit  Voltaire  ,  évitable  n'eft 

il  pas  en  ulage ,  puifqu'inévitable  eft  reçu.  C'eft 

une  grande  bifarrerie  des  langues ,  d'admettre  le 

mot  compofé  &  d'en  rejeter  la  racine. 

ÉVITÉE,  f  f.  Terme  de  Marine.  C'eft  la  largeur  que 

doit  avoir  une  rivière ,  ou  un  canal ,  pour  le  libre 

palTage  des  vaiffeaux.  Alveus  navlum  copax.  Cette 

rivière  en  fon  embouchure  n'eft  navigable  que  pour 

des  bateaux  parce  qu'elle  n'a  pas  alTez  à! évitée  pour 

les  grandsl^âtimens. 

Cf^-  C'eft  auili  un  efpace  dl  mêr  ou  le  vailîeau 

peut  tourner  tibrement  à  la  longueur  de  fes  amarres 

C  c  c  c  c.c 


93?  EVI 

EVITER.  V.  a.  Prendre  une  autre  route  pour  s'éloigner 
des  chofes  qu'on  ne  veut  pas  rencontrer,  &  des  per- 
fonnes  qu'on  ne  veut  pas  voir  ,  ou  dont  on  ne  veut 
pas  être  vu.  Vitare.  On  doit  éviter  les  gens  durs  & 
épineux,  fans  qu'ils  s'^ipperçoivent  qu'on  les  fuit. 
Bell.  Il  faut  éviter  dans  un  difcours  les  pointes ,  les 
alliiiions ,  les  cacophonies.  Quoique  la  morr  s^ap- 
proclie  à  pas  lents  ,  perfonne  ne  peut  \' éviter.  Cl. 
Il  faut  éviter  tout  ce  qui  relfent  la  balfelfe  &  la  lé- 
gèreté. Nie.  Ne  parlons  plus  de  querelles  ,  je  vous 
prie  ,  ou  fi  nous  en  parlons  ,  que  ce  loit  pour  les 
éviter.  Le  defir  de  sévucr  foi-iïiême  eft  la  fource de 
toutes  les  occupations  tumultuaires  des  hommes. 
Pasc.  Sous  le  prétexte  i^evlter  la  préfomption  ,  il 
ne  faut  pas  tomber  dans  le  découragement.  Nie. 
Loin  qu'Homère  airobfervé  cet  aitj  on  diroit  qu'il 
l'a  évité  à  delfein.  De  la  Motte. 

(C?  Pour  éviter  ,<^\x.  M.  l'Abbé  Girard, on  prend 
une  autre  rouce  ,  &  l'on  s'écarte  fubtilement  ,  afin 
de  n'être  point  apperçu  ,  ou  de  ne  pas  donner  dans 
le  panneau.  Nous  évitons  ceux  qui  nous  tont  peine. 
Nous  fuyons  ceuxquinouspourIuivent./''t>)e:{  Fuir 
&  Eluder. 

fCTOn  dit  fuir  &  éviter  le  danger  ;  mais  \efuir, 
c'elt  ne  s'y  pas  expofer.  XJévlter ,  c'eft  n'y  pas  Tom- 
ber. La  peur  fair/air  devant  l'ennemi:  La  prudence 
en  fait  quelquefois  éviter  la  préfence. 
^Zr  Éviter  régit  toujours  l'accufatif  :  Ce  n'efl:  que 
dans  le  ftyle  barbare  du  Palais  c]u'on  peut  dite  éviter 
aux  frais  ,  aux  procédures  ,  &c. 

Poffedé  d'un  ennui  qui/  ne /aurait  dompter , 
IL  craint  d'être  à  foi-même  ^  &  cherche  à  ^'éviter. 

BoiL. 

De  combien  defoupirs  interrompant  le  cours , 
Ai-jc  évité  vos  yeux  que  je  cherchais  toujours. 

Racine. 

Éviter.  ,  pour  faire  éviter,  épargner. 

Qùunfier  fangllerdansfa  rage , 
Des  chiens  ^  des  filets  je  dégage  \ 
JJ acier  tonne  ^  il  fait  l' arrêter. 
Tendre  Cyprls  !  O  que  de  larmes 
Autrefois  de  fi  sûres  armes , 
A  vos  yeux  pouvaient  éviter  ? 


Eviter  efl:  mis  là  pour  épargner ,  faire  éviter,  Celaeft 
extraordinaire  ^  &  ne  doit  pas  être  imité. 

§CF  Eviter.  Terme  de  Marine ,  fignitie  aoffi  pre- 
fenter  le  bout  au  vent  ou  au  courant. 

Évitera  marée,   fe  du  d'un  vaiffeau  qui  à  la  Ion 
gueuf  de  fon  cable  ,  préfente  l'avant  au  courant  de 
l'eau. 

Éviter  au  vent.,  fe  dit  d'un  vailfeau  qui  préfente  l'a 
vant  au  lieu  d'où  vient  le  vent. 

Évité  j  ée.  part. 

ÈVITERNE.  Terme  de  Mythologie.  Ce  n'eft  point  un 
fiibftannf ,  ni  le  nom  d'une  Divinité  ,  mais  un  ad- 
jedlif  &  un  épithète  qui  fe  donnoit  aux  grands 
Dieux,  &  qui  fignifie  Erernel,  dont  la  durée  n'a 
point  de  fin.  Eviternus.  Ennius  avoir  donné  cette 
épithète  à  Jupiter.  Scrvius  femble  dire  néanmoins 
qu'Ennius  fe  fervoit  non  pas  du  mot  d'Evlterne  , 
mais  du  mot  à'Evintégre  :  ou  plutôt  il  avoit  em- 
ployé l'un  &  l'autre.  Les  Dieux  évlternes  croient  j 
au  fentiment  d'Apulée  ,  &  félon  les  Platoniciens  j 
ceux  qui  n'avoient  rien  de  matctiel  ni  d'humain  , 
qui  étoient  placés  au  plus  haut  du  ciel  ,  qui  avoient 
toujours  été,  &  dévoient  toujours  être  Dieux.  Pline 
dir  que  l'on  facrifioit  des  bœufs  roux  aux  Dieux 
évlternes  ,  c'eft-à-dire ,  aux  Dieux  confidérés  &  ho- 
norés comme  évlternes  &  fous  cerre  qualité.  Foyer^ 
Lilius  Greg.  Gyraldus  ,  Hist.  Deor.  Synt.  I.  p.  ly 
de  l'édit.  de  Bafle  de  l'an  1 580.  Il  cite  une  ancienne 
infcription  qui  n'eft  point  dans  Gruter,.&  qui  porte 
D.  Pot.  etGen.  AfviT.  d"  que  Crinitus  &  Ccelius 
lifent  ainfi ,  Dels potentibus  &  Genia  &viterno  dica- 


EUL 

tum  ;  mais  Dec  potenti  feroit  peut-être  mieux. 

Cet  Auteur  écrit  au  même  endroit  que  les  Dieux 
furent  appelés  Evlternes  ,  qubd  &vo  fempitemo per- 
maneant  ;  p^r  où  il  lembloic  vouloit  iniinuer  que  ce 
mot  éviterne  vient  &â.vum  &  de  sternum  ,  durée 
éternelle  j  car  ,  s'ileft  vrai  j  comme  d'autres  le  di- 
fent ,  c^uernus  s'ell  fait  àLAvlternus  ,  on  ue  peut 
le  tirer  d'uvum  Aternum  ,q^\  paroîtroit  y  mieux  qua- 
drer. 
EVITERNITE.  f.  f.  Terme  dogmatique.  u¥.vum ,  tevi- 
ternltas.  C'eil  une  durée  qui  a  un  commencement  , 
mais  qui  n'a  point  de  fin. 

EUL. 

EUL.  Nos  Anciens  écfivoient  eul ,  5i  prononçoient 
euil.  Ilsécrivoient  de  même  dcul  ,orgueul ,  cercueul , 
qiioi  qu'ils  prononçalfent  deuil ,  orgueil ,  cercueil:  & 
c'ell  delà  que  le  fameux  Poëte  Latin  nommé  San- 
teull  j  fignoit  toujours  Santeul  j  parce  que  fa  famille 
n'ayant  jamais  ligné  autrement ,  il  ne  vouloit  pas 
changer.  Ses  armes  j  par  allufion  à  fon  nom  ,  étoient 
une  tête  d'Argus  ;  ce  qui  ctoitune  preuve  de  la  pro- 
nonciation contre  l'orthographe.  On  devroit  écrire 
a:^i/ comme  on  le  prononce  ,  &  non  pas  œil.  Glojf. 
Bourguignon  au  mot  Euille.  Il  y  a  un  jeton  frappé  à 
Paris  l'an  16)6  à  l'occafion  de  l'échevinage  de  Clau- 
de Santeul ,  qui  confirme  la  remarque  de  M.  de  la 
Monnoye. 

EULALE  ,.EULALIE,  ou  EULALIUS.  f  m.  Nom 
d'homme.  Eulallus.  Enrre  les  Prélars  qui  défendu  enc 
la  caufe  de  Symmaque,  dans  le  Synode  de  Rome  l'an 
501.  Laurenr  de  Milan,  Pierre  de  Ravenne  ,  ôc 
Eulalie  de  Syracufe  ,  furent  particulièrement  remar- 
quables. Godeau.  Eulalce  ,  Comre  d'Auvergne,  que 
l'on  acculok  d'avoir  fait  étrangler  fa  mère  ,  étoit  fi 
débauché  ,  que  méprifant  Tétradie  ,  qu'il  avoir 
époufée ,  il  entretenoit  un  commerce  déshonnête 
avec  toutes  fes  efclaves.  Id.  Le  même  dit  fouvent 
Eulalius.Eulalius  Antipape  j  au  commencement  du 
cinquième  fiècle.  Eulaitus  j  Evêquede  Bourges,  &c. 
Au  contraire  j  M.  Tillemonr  dit  Eulale.  Eulale  fvic- 
celfeur  de  Pierre  ,  Evêque  d'Icône  y  alîilla  au  Con- 
cile de  Nicée.  Tillem.  Philoftorge  compte,  entre 
les  fauteurs  d'Arius,  Eulale  de  Cappadoce  ,  qu'on 
ne  connoît  point.  Id.  pour  Eulalie  ;  comme  nous  le 
difons  au  féminin.  Il  eft  mieux  de  ne  le  point  dire 
au  mafculin ,  pour  éviter  la  confufion  ,  &  de  fe  fer- 
vir  plutôt  d'Eulale  ,  ou  û'Eulallus.  Eulalius ,  qui 
fut  élevé  fut  la  chaire  Patriarchale  d'Antioche  en 
351.  après  la  dépofition  d'Euftathe  ,  faite  en  330. 
par  les  Eufébiens  ,  croit  un  Ax'iqw.  Eulalius  ,  Anti- 
pape ,  fut  oppofé  à  Boniface  I.  l'an  418.  chaiïé  en- 
fuite  par  l'Empereur  Honorius  ,  malgré  la  protec- 
tion que  lui  donnoit  le  Préfer  Symmaque.  Il  y  a 
d.ins  le  VI^  fiècLs  un  Comte  d'Auvergne  nommé 
Eulalius. 

Ce  mot  eft  originairemeht  Grec,  compofé  de  ?» , 
bien  j  &  >JtMa  ,  Je  parle  ,  eûa«/(oî  ,  &  fignifie ,  Qui 
parle  bien  ,  Beau  parleur ,  dlfrt ,  élégant, 

Eulalie.  f.  f.  Nom  de  femme.  Eulalia.  Sainte  Eulalie 
de  Barcelone  ,  appelée  parmi  le  vulgaire  ,  Sainte 
Ouille,  Sainte  Olare ,  Sainte  Aulaire  j  &  Sainte 
Aulage  ,  vécut  au  Ille  &  IVe  fiècle ,  &  Prudence  en 
parle  dans  fon  Periftephanon  ,  hymnf^.  Voye\  les 
Bollandiftes  au  li  de  Février,  p.  176.  Ghaftelain  ^ 
Haglol.  Ruinart,  Acl,  Mart.p.  ^,^6.  Bailler,  11'=  Fé- 
vrier. Foyeç  encore  AULAIRE  ,  ouOLAILLE. 

Sainte  Eulalie.  Nom  d'un  bourg  de  Caftilleen  Ef- 
pagne  ,  fitué  près  de  Tolède.  Sancla  Eulalia  vicus 
ou  burgus.  Comes  de  Caftro  ,  né  dans  le  bourg  de 
Sainte  Eulalie  ,  près  de  Tolède ,  eft  le  principal 
Hiftorien  de  la  vie  du  Cardinal  de  Ximénès.  Flé- 


CHIER,. 


l'EULÉE.  Rivièred'AfiedanslaSufiane.  On  ne  doute 
point  que  ce  ne  foit  la  même  que  le  Fiai  nomme 
dans  la  Prophétie  de  Daniel  ,  c.  8.  v.  t  Pline  ,  l.  6. 
c.  zy.  dit  qu'il  baignoit  la  citadelle  de  Sufe  j  Héro- 
dote ,  /.  I.  c.    I8S.  nomme  ChoafpeU  fîeuve  qui 


E  U  M 

palTolc  à  Sufs.  C'eil  ce  qui  a  faic  naîa-e  une  difpute 
eiKie  les  Savaas;  flivoir»  fi  i'Euiée  ik.  le  Ckoafpc 
font  uae  mâne  nvière  ,ou  deux  iivièi-es  diit'érences. 
y^oye\  le  Dict.  de  la  Mairiiiiere. 

EULOGE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Euloglus.  En  59S. 
Luiogc  Ki:  élu  Patriarche  d'Abxandrie  :  il  bannit 
les  rléréciques  de  fon  Eglife.  M.  de  Tillemonc  dit 
toujours  Euloge.  yoye{  (oa  HijL  EccUf.  T.  VI.  pag. 
575.  (.V  fuiv.  5S1S.  îk  fuiv.  f^79  ,  680.  Ow  peu:  auHi 
dire  Euiogius  ;  mais  il  ne  faut  point  dive  Eulogue  , 
quoique  nous  dilions  Palcolo.^ue.  S.  Euloge  de  Cor- 
doue  ,  Martyr  du  IXc  iiècle  dans  la  perfécution  des 
Saraiîns ,  a  écrit  les  vies  des  Saints  (Jciorges  ,  Au- 
réle  ,  Félix  ,  &c.  rapportées  par  Suruis  le  17c  Août. 
Ce  nom  eft  Grec  j  &  vient  de  i'-» ,  bien  ,  &  X'.yu  , 
je  des. 

EULOGIE.  f.  f.  Nom  de  femme.  Eulogin.  La  fcsur 
aînée  de  l'Empereur  Michel  Paléologue  s'appeloit 
Euljgie.  f'^oyei  fur  cette  Pnncelle  Pachymcre  , 
L.  VI.  C.  I.  &  Maimbûurg  ,  H:j?.  du  Schifme  des 
Grecs  ,  L.  iV. 

SULOGIE.  f.  f.  Terme  de  Liturgie.  Bénédiétion. 
Chofe  bénite.  Pain  bénit,  fi^/oo^^tz.  On  ne  leditqu'au 
pkniel.  Les  EulogUs  étoienc  des  mets ,  des  viandes 
qu'on  envoyoit  pour  être  bénites.  Donner  ou  en- 
voyer à  quelqu'un  des  eulogies  après  la  Melle ,  c'é- 
toir  un  ligne  de  communion.  Rofweyd.  Onomasc. 
Après  que  les  Grecs  ont  coupé  d'un  pain  un  mor- 
ceau pour  le  confacrer ,  ils  mettent  le  rcfte  en  petits 
morceaux  ,  &  le  dillribuent  aux  alhftans  qui  n'ont 
pas  communié  ,  ou  l'envoient  à  des  perfonnes  ab- 
ïentes  :  ces  morceaux  du  relie  de  ce  pain  font  ce 
qu'on  appelle  eulogies.  L'Eglife  Latine  a  eu  quelque 
chofe  de  femblable  dès  les  premiers  temps  ;  &  c'eli: 
delà  que  vient  l'ulage  du  pain  béni:.  On  donnoit 
encore  le  nom  à'culogie  aux  pains  que  les  Fidelles 
apportoient  à  l'Eghfe  pour  les  taire  bénir.  On  l'a 
donné  auHi  aux  (impies  préfens  qu'on  fliifoitj  &  qui 
n'étoient  point  bénis.  F^oye:^  le  P.  Grerfet  ,  Jcfuite , 
dans  fon  Traité  De  benediclionibus  &  maledïclioni- 
bus  ,  i.  //.  C.  14 ,  1 5  ,  i(5 ,  2.7  ,  iS  ,  29  j  ^o ,  où 
il  traite  à  fond  des  eulogies.  BoUandus  au  C^  de 
Janv.  fur  la  vie  de  Sainte  Melanie  ,  C  4.  D.  Ma- 
biUon  en  die  aulU  quelque  chofe ,  Acla  Sancl.  Ee- 
nedicl.  Séic.  IH.  F.  I.  Pr.if.  p.  XLI.n.  di.  Au  relte, 
il  paroît  par  l'endroit  de  Bollandus  que  nous  avons 
cité  ,  &  par  la  vie  de  S.Sore  ,  Ermite  3  C.  i.  n.  6. 
dans  fes  Acl.  SS.  Fehr.  T.  I.  p.  200.  que  les  eulo- 
gies fc  faifoient  non-fenlement  de  pain  ,  mais  aulfi 
de  toute  autre  forte  de  viandes  ou  de  mets  que  l'on 
bénidoir. 

Tout  le  monde  béni(roit&  donnoit  les  eulogies. 
Les  Evêques  ,  les  Prêtres ,  les  Ermites  ,  tout  laïques 
qu'ils  étoient ,  le  faifoient  ;  &  l'on  en  voit  des 
exemples  dans  les  Auteurs  que  nous  avons  cités.  Les 
femmes  en  envoyoient  aulîi  j  comme  il  paroît  par  la 
viedeS.  Waulry,C.  III.  n.  14.  dans  lesBollandilles , 
Acla  Sancl.  April.  T.  I.  p.  zo.  Le  vin  que  Ton  en- 
voyoit en  préfent  étoit  aulîî  une  eulogie  _,  comme  on 
le  volt  dans  la  vie  de  S.  Waulry  j  Ch.  III.  n.  14. 
dans  lesBollandifteSj  Acia  Sanci.  April.  T.  I.p.  to. 
Bollandus  ,  Acl.  Sancl.  Janu.  T.  II. p.  \c)C).col.  t. 
remarque  que  l'Euchariftie  s'eft  aullî  appelée  Eu- 
logie, 

E  U  M. 

§C?  EUMECES.  Pierre  fabuleufe  à  laquelle  onattri- 
buoit  des  propriétés  merveilleufes.  On  la  trouvoit , 
difoit-on  ,  en  Badtriane.  Mife  fous  la  tête  pendant 
le  fommeil  j  elle  rendoitdes  or.acles.  Credut  Juduus. 

EUMÉE.  f.  f.  Serviteur  d'Ulylfe  ,  qui  rendit  de  grands 
fervices  à  fon  maître. 

EUMENE  ,  ou  EUMÉNÈS.  f  tp.  Nom  d'homme. 
Euménès.  Ce  mot  eft  Grec,  'î,  fignifie  bien,  & 
filnn  ,  qui  fignifie  ,/o«refiir  ,Jouffrir.  Euménès  j  bien 
constant ,  bien  patient. 

EUMÉNIDES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Nom 
que  les  Grecs  ont  donné  aux  Furies  d'Enfer.  Les  S a- 
vans  ne  conviennent  pas  fur  Torigine  de  ce  mot. 


£  U  M  939 

Euftathe  &:  Servius  ont  cru  qu'elles  ont  été  ainli 
nommées  par  un  fens  contraire  ,  &  par  antiplirafe  , 
comme  parlent  les  Grammairiens.  Car  s",«£»w  ^  eu- 
rnerics  en  Grec  ,  fignifie  doux  &c  benin ,  qui  font  À<i% 
qualités  contraires  à  celles  de  Furies.  Mais  pluiieurs 
Ecrivains  modernes  rejettent  cette  étyinologie  ,  ou 
origine.  Ils  prétendent  que  le  nom  ^Euininides  a 
été  impofé  aux  Furies  en  fon  vrai  fens ,  &  qu'elles 
furent  ainfi  appelées,  loirquOrefte  fut  abfous  du 
meurtre  qu'il  avoir  commis  en  la  perlbnne  de  fa 
mère.  Minerve  appaifa  les  Furies  ,  «Si  les  adoucit, 
enforte  qu'elles  celfèrent  de  poutfuivre  &  de  tour- 
menter Orefte.  Cette  opinion  eft  fondée  fur  la  Tra- 
gédie d'^-Eichyle  ,  intitulée  les  Euménides.  Ce  Pocre 
raconte  que  Minerve  s'employa  fortement  auprès 
des  Furies  pour  les  adoucir,  &  qu'elle  en  vint  à 
bout.  Les  Athéniens  prirent  delà  occalion  de  les  ap- 
peler Euménides.  Harpocration  a  rapporté  cette 
même  origine  après  /tfchile.  Le  SchoUalte  de  So- 
phocle fait  menrion  de  la  même  chofe  \  mais  il  ne 
cite  point  /Efchile.  Quoique  ce  fentiment  paroifie 
bien  appuyé  y  il  n'eit  cependant  point  vrai  :  car 
avant  le  jugement  d'Orelte  ^  les  Athéniens  appe- 
loient  Euménides  les  Furies  ,  comme  on  le  peuc 
prouver  par  l'autorité  de  Sophocle  dans  fa  Tragédie 
d'CEdipe  ,  où  il  dit ,  que  lorfqu'ÛEdipe  fe  rerira  au 
territoire  de  l'Attique,  les  Athéniens appeloient dès 
ce  temps-là  les  Furies  Euménides.  Or  le  jugement 
d'Orefte  arriva  long-temps  après  la  mort  d'CEdipe. 
Il  y  avoit  dans  Athènes ,  auprès  de  l'Aréopage ,  un 
Temple  dédié  aux  Euménides,  ow  Furies ,  auxquelles 
les  Athéniens  avoient  donné  la  qualité  de  vénéra- 
bles Dceilès.  Arirtide  &:  le  Scholialte  de  Thucydide 
parlent  de  ce  Temple  ,  qui  fut  érigé  en  mémoire  du 
jugement  d'Oreile. 

On  peignoir  les  Euménides  armées  de  fouets ,  de 
ferpens  &  de  torches  ardentes. 

J'ai  vu  ,  J'ai  vu  déjà  les  fières  Euménides 
Epancher  leur poifcn  fur  vos  armes  perfides , 
Et  de  leurs  noirs  brandons  distiller  dans  les  cœurs 
Des  troubles  effrayans  &  de  fomhres  terreurs. 

Brébeuf. 

EUMÉNIDIES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Fête 
que  l'on  célébroit  à  Athènes  en  l'honneur  des  Fu- 
ries ,  furnommées  Euménides . 

EUMOLE.  f  m.Eumolus.  Fils  d'Atrée  :  ies  deux  frères 
Aléon  &  Mélampus  font  appelés  par  Cicéron  Diof- 
cures. 

EUMOLPE.  f.  m.  Fils  d'Orphée,  félon  les  uns,  ou 
du  Poëte  Mufce  ,  félon  d'autres  j  fut  un  des  quatre 
perfonnages  que  Cérès  établit  pour  préfider  à  fes 
myftères. 

EUMOLPIDES.  f  m.  Nom  des  Prêtres  de  Cérès  dans 
la  ville  à'E\s\.\imQ.  Eumolpides.Les  Eumolpides  ï\i- 
rent  ainfi  appelés  d'Eumolpus ,  ou  Eumolpe ,  fils 
du  Pocte  Mufée  ,  qui  vivoir  avant  Homère  ;  ou , 
félon  d'autres ,  d'un  Eumolpe  fils  d'un  Roi  de 
Thrace ,  qui  ayant  été  établi  Pontife,  &  prépofé 
aux  myftères  de  Cérès ,  lailTa  fon  nom  à  ceux  qui 
eurent  part  après  lui  aux  mêmes  fon«5tions. 

EUMONT.  Village  en  Lorraine  ,  diftant  d'une  lieue 
&  demiede  Nanci.  Il  y  a  une  fontaine  minérale  froi- 
de j  d'une  eau  claire  ,  fans  odeur,  d'un  goût  un 
peu  piquant,  ferrée  &  imprégnée  de  parties  mar- 
tiales. Par  diverfes  opérations  Chymiques  on  y  a 
trouvé  beaucoup  de  fel  martial  naturel.  Cette  eaa 
convient  dans  les  chaleurs  d'entraillesj  intempérie 
au  foie  ,  maux  de  gorge  ,  Se  efquinancie.  Elle  em- 
porte la  jauniffe  ,  la  galle ,  &  excite  les  règles  des 
filles  qui  ont  les  pâles  couleurs.  Elle  foulage  les 
atrabilaires  ^  les  goûteux  j  fait  bien  dans  le  fcoibut , 
après  avoir  pris  les  remèdes  généraux. 

E  U  N. 

EUNAPE,  ou  plutôt  ElTNAPTUS.  Nom  d'homme. 

C  c  c  c  c  c  ij 


940  E  U  N 

Eunûpius.  Eutiapius  de  Sardes  en  Lydie  vivoit  au 
IVe  iiècle. 
EUN£.  i.  171.  Surnom  que  l'on  donna  à  un  Saint  nommé 
Clironion  ,  Marcyi  au  III*  fiècle!  S.  Chionion  j 
furnommé  Eune  ,  étoit  l'erviieur  de  S.  Julien  ,  Hc 
fouftiu  le  martyre  avec  lui  dans  la  perlécutuju  de 
Dèce.  Bailler  s'el>.  fervi  de  ce  mot.  il  lemble  qu'il 
eût  éié  mieux  de  le  rendre  par  un  mot  François  qui 
l'exprimât  j  car  itz/we  cil  Grec,  £'"»«>,  compolé  de 
ew,  6c  it'-c  ,  &c  lijJnihe  Bonne  ame ,  doux,  humain. 
EUNIC£.  f.  f-  Nom  d'une  Nymphe  de  la  mer.  Eunice. 
Héliode  ,  dans  fa  Théogonie  vers  247.  dit  c\\x  Eu- 
nice aux  bras  vermeiU  ( c'ell  lépithète  qu il  lui 
donne  ,  ç'^ivilxa)  étoit  fille  de  Nerée  &  de  Doride  , 
ou  Dons. 
Eunice  ,  eft  encore  une  Nymphe  du  fleuve  Afcanius  j 
qui  eft  aujourd'hui  l'Acfu  dans  l'Aile  mineure. 
Eunice  ,  Eumca.  Celle  ci ,  au  rapport  de  Théocrit-j, 
Idylle  1 5'  ,  ell  une  des  trois  Nymphes  qui  ravirent 
Hylas,  favori  d'Hercule,  qui  Tavoit  envoyé  puiler 
de  l'eau  au  Heiive  Atcanius.  Ce  qui  a  donné  occa- 
fion  à  cette  fable  j  c'eft  qu'Hercule  ,  en  allant  à 
l'expédition  de  la  toifon  d'or ,  ayant  rompu  la  ra- 
ine ,  mit  pied  à  terre  fur  les  côtes  d'AIîe  aux  envi- 
rons du  fleuve  Afcanius ,  pour  en  couper  une  autre 
dans  les  bois.  Prelfé  de  la  foif&  de  la  chaleur ,  il 
envoya  Hylas  puifet  de  l'eau  à  la  rivière  voiline  j 
dans  laquelle  le  jeune  homme  tomba,  &  fe  noya  : 
ou ,  comme  le  conte  Théocrite  ,  les  Argonautes  s'é- 
tant  arrêtés  dans  la  Propontide  fur  la  côte  d'AIîe  au 
port  de  Cyane  ,  &  s'étanc  mis  dans  des  prairies  fort 
agréables  pour  y  faire  un  repas  j  Hylas  prit  un 
vafe  d'airain,  &  alla  puiler  de  l'eau  pour  Hercule 
&  pourTélamon  ;  mais  le  poids  du  vale  l'emporta, 
&i  il  fenoya. 

Au  refte  ,  il  ne  faut  point  confondre  ces  deux 
Nymphes  ;  car  fans  parler  du  refte  ,  leurs  noms  tout 
femblables  en  notre  langue ,  font  fott  diftérens  en 
Grec.  La  première  s'appelle  'E-'«ntx>i ,  qui  eft  com- 
pofédet»,   bien,  &:  «sT^a; ,  querelle,  difpute  ,  dif- 
férend ,  débat;  de  forte  que  ce  nom  fignifie  que- 
relleufe  ,  opiniâtre  ;   &  pour  me  fervir  d'un   mot 
populaire  qui  l'exprime  fort  bien ,  hargneufe.  La 
faconde  fe  nomme E'i/h'xk  ,  ou,  comme  parle  Théo- 
crite dans  fon  Dialeéle  Dorique  E'u«jx«,    mot  com- 
pofé  de  e»  j  bien  ,  &  »"">  j  ou  ««'""s ,   Victoire. 
EUNOME  ,  ou  EUNOMIUS.  f.  m.  Nom  d'homme. 
Eunomius.  Nous  difons  prefque  toujours  Eunornius , 
quoiqu'on  trouve  Eun.onie  dans  quelques  Auteurs  , 
&  que  M.  de  Tillemoni  l'ait  toujours  dit.  Eunomius 
eft  un   Arien  du  IV^  fiècle  qui  fit  une  fede  à  part. 
Foye^EUNOMIEN. 
EUNJMIE.  f  f.  Nom  d'une  concubine  de  Jupiter 
qui  le  fit  père  des  Grâces.  Eunomie.  Béger  j  Tom.  I. 
pag.  A,6.  D'autres  appellent    la  mère  des   Grâces 
hurynome. 
EUNÔMIEN  ,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  Sede.  Euno- 
m/a/z:^^.  Eunomius ,  Evêque  de  Cyzique  ,  défendit 
les  erreurs  d'Arius  touchant  J.  C.  &  y  en  ajouta 
d'autres.  Il  foutenoif  qu'il  connoilFoit  Dieu  ,  aulfi- 
bien  que  Dieu  fe    connoilToit  lui  -  même.  Il  re- 
baptifoit  ceux  qui  avoient  été  baptifés  au  nom  de  la 
très  Sainte  Trinité.  C'étoit   un  homme  d'une  vie 
ttès  débauchée.  Il  difllmula  quelque  temps  fes  er- 
reurs \  mais  s'étant  fait  connoître  ,  il  fut  chaffé  de 
fon  fiège.  Les  Ariens  tâchèrent  de  le  placer  fur  celui 
de  Samofate  ;  ils  n'en  purent  venir  à  bout.  L'Em- 
pereur Valens  le  rétablit  à  Cyzique  \  mais  le  peuple 
l'en  ayant  chalfé  une  féconde  fois ,  ilvintàConf 
tantinople  trouvet  Eudoxe  dont  il  fe  fcpara  bientôt 
après.  Ses  di(ciples  s'appelèrent  Eunomiens  ,   &  fu- 
rent une  branche  de   l'hérélie  Arienne.   L'hiftoire 
Tri  partira  :,  L.  V.  C.   15.  &  C.  5  ^  L.  VIL  C.   18 
S.  Epipha.ie  ,  héréf.  75.   Théodoret  ,    hdtret.  fah. 
L.  IV.  C.  S-  Baronius  à  l'an  556.  traitent  de  cet  hé 
rcrique  &  de  fes  erreurs.  S.  Baille  &  S.  Grégoire  de 
Nazinnze  ont  écrit  contre  Eunomius. 
EUNOMIOEUPSYCHIEN,  enne.  f.  m.  &  f.  Nom 
d'une  Sede  du  IV*^  fiècle.  Eunomioeupfychianus.  Les 


E  U  N 

Eunomioeupfy chiens  j  font  dans  Nicéphore  ,  L.  XII. 
C.  30.  les  mêmes  que  ceux  que  Sozoméne  ,  L.  VIL 
C.    17.  z.^^fiÙ.Q  tuc) chiens  ,  ÔC  auxquels  il   donne 
pour  chet  un  Eunomien  j  nommé  nutychius  ,  &i  non 
pas  Eupjychius  ,  comme  du  Nicéphore.  Cet  Auteur 
néanmoms  ne  fait  prefque  que  copier  Sozoméne  en 
cet  endroit  ;   de  forte  qu'on  ne  peut  douter  qu'il  ne 
parle  de  la  même  Seéle.  Mais  de  fa  voir  dans  lequel 
des  deux  eft  l'erreur  ,  &  d'où  elle  vient  j  celt  ce 
qu'il  n'eft  pas  aifé  de  décider.  Henri  de  Valois  ne 
l'a  ofé  ,    &  s'eft  contenté  de  marquer  la  différence 
dans  fes  Notes  fur  Sozoméne  ,  comme  le  P.  Fronton 
Du  Duc  l'avoir  fait  fur  Nicéphore. 
EUNOMIOPHRONIEN  ,  enne.  f.  m.  &  f.  Nom  de 
Seéte  Hérétique.  Eunomiophronianus  ,  a.  Les  Euno- 
miophroniens  turent  une  branche  d'Agnoïtes  j  qui 
en   370.   eurent    pour  chef  Théophrône  de  Cap- 
padoce  ,  fous  l'Empire  de  Valens.  Socrate  ,  /.5. 
c.  24. 
EUNOSTE.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'un 
faux  Dieu.  Eunoftus.  C  étoit  le  Dieu  des  habitans 
deTanagra,  aujourd'hui  Anatoriadans  l'Achaie  fur 
la  rivière  d'Afopo.  Eunojle  y  avoir  un  temple  ,  dont 
l'entrée  étoit  fi  exprelfement défendue  aux  femmes, 
que  s'il  arrivoit  quelque  malheut  à  la  ville  j  on  fai- 
foit  aullitôt  des  recherches  très  exaéles  pour  décou- 
vrir s'il  ne  feroit  point  entré  dans  le  temple  quelque 
femme  ,  ou  expies,  ou  même  par  mégardet?c  fans  ~ 
attention ,   fans   delïein.   Alexand.  Dier.    Génial. 
L.  VI.  C.  2.  Ce  Dieu  fe  nommoit  auiîî  Nofte,  Nof~ 
tus.  Héfychius  dit  que  l'on  nommoit  ainfi  une  ftatue 
que  l'on   mettoit  dans  les  moulins  ,    &  que   l'on 
croyoit  veiller  fur  la  mefure  de  farine  appelée  NoVor, 
Nojlus  ,  d'où  venoit  le  nom  de  la  Divinité. 
EUNUQUE,  f.  m.  Eunuchus.  Ce  mot  fe  dit  en  général 
de  ceux  qui  n'ont  point  la  faculté  d'engendrer  j  par 
la  foiblelfe  ,  ou  par  la  froideur  de  la  nature  :  &C 
fpécialement  de  ceux  à  qui  on  a  retranché  les  parties 
propres  à  la  génération.  En  France  on  ne  fait  des 
eunuques  que  pour  caufe  de  maladie  qui  rend  cette 
opération  nécelfaire.  En  Italie  on  fait  des  eunuques 
pour  conferver  la  voix.  En  Orient  on  a  des  eunu- 
ques pour  garder  les  femmes.  Tavemier  dit  qu'au 
Royaume  de  Boutan  on  fait  tous  les  ans  vingt  mille 
eunuques  qu'on  envoie  vendre  en  divers  Royaumes. 
En  Perfe  &  dans  quelques  autres  pays  ,  les  eunuques 
riches  &  puiflans  ne  lailFent  pas  d'avoir  un  ferrai!. 
Cet  ufage  eft  fort  ancien.  Il  y  a  aulfi  dans  ces  pays 
des  manières  de  faire  ou  couper  les  eunuques  ,  dif- 
férenres  de  celles  dont  on  fe  fert  en  Europe.  Il  a  été 
jugé  par  arrêt  de  la  Grand  Chambre  du  8  Janvier 
166^.  qu'un  eunuque  ne  pouvoir  pas  fe  marier  ^  du 
confentementmême  des  parties.  Dans  le  Concile  de 
Nicée  on  condamna  ceux  qui  fe  fliifoient  eunuques 
eux-mêmes,  par  un  zèle  inconfidéré,  &   pour  fe 
délivrer  des  dellrs  fenfuels.  Herman.  Origène  ,  en 
interprétant  d'une  manière  trop  littérale  le  chap.  9. 
de  S.  Matth.  ou  il  eft  parlé  de  ceux  qui  le  font  eu- 
nuques pour  le  Royaume  des  Cieux ,  avoir   armé 
fes  propres  mains  contre  lui-même.  Id.  Ceux  qui 
s'étoient  ainfi  mutilés  ne  pouvoient  être  admis  aux 
Ordres  facrés.  Léonce  d  Antioche  fut  dépofé  pour 
avoir  exercé  cette  cruauté  fur  lui  ;  oc  l'Evêque  d'A- 
lexandrie   excommunia  deux  A-loines  qui  avoient 
imité  cet  exemple  .-^  fous  prérexte  de  fe  garantir  des 
mouvemens  impétueux   de  la  concupifcence.  Les 
Empereurs  ont  (ouvent  fait  des  défenfes  très  rigou- 
reuies  de  faire  des  eunuques  ,  ou  de  fe  couper  foi- 
même.  Voye^  le  Traite  du  P.  Théoph.  Raynaud. 

Il  étoit  de  mauvais  augure  de  rencontrer  un  Eu- 
nuque en  forrant  de  fa  maifon,  &  dès  qu'on  l'avoic 
apperçu  ,  on  retournoit  fur  fes  pas. 
Eunuque.  Eipèce  de  flûte  qui  n'a  que  trois  trous: 
celui  par  où  on  l'anime  ^  celui  de  la  lumière  &  ce- 
lui du  pavillon.  On  couvre  celui  par  où  on  l'embou- 
che d'une  peau  d'oignon  ,  ou  d'un  cannepin  de 
cuir  fort  délié.  On  chante  dans  V eunuque,  &  la  voix 
en  reçoit  de  l'agtément.  On  en  fait  même  des  con- 
certs ,  quand  on  en  a  plufieuis  de  différtntes  gran- 


EVO 

deiirs  proportionnées.  On  appelle  aufli  ces  flûtes 
des  Jombardes. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ^^fix"' ,  qui  fe  forme  de  hn^li 
ixti ,  Ucli  curam  geric.  C'étoieiu  les  eunuques  qui  gar- 
doient  les  temmes,  &  qui  avoient  loin  du  lu. 

Il  y  eut  dans  le  troilieme  fiècle  une  heda  d'Hc- 
rétiques  nommés  Eunuques  3  parce  qu'ils  avoient 
la  cruauté  ou  la  manie  de  faire  eunuques  ,  non-Ieu- 
lement  tous  ceux  de  leur  Secle ,  mais  tous  ceux 
qu'ils  rencontroient.  Ils  imitoient  Orij^cne,  qui, 
prenant  mal  les  paroles  de  J.  C.  en  S.  Matthieu  , 
XIX.  1 1.  s'étoit  tait  eunuque  ,  à  ce  que  l'on  du  ,  ou 
par  le  fer,  ou  par  des  ingrédiens  qu'il  prit,  félon 
S.  Epiphane,  heréf.  50.  On  nomma  aulÛ  ces  héré- 
tiques Valéliens  j  à  caufe  de  Valéluis ,  Arabe  ,  qui 
{■ut  leur  chef,  foyei^  S.  Epiphane  cité,  &  Baronius, 
an.  149.  n.  9.  Hc  160.  n.  69.  &c. 

EVO. 

ÉVOCABLE.  adj.  m.  &  f.  Terme  de  PaUis.  Qui  fe 
peut  évoquer.  Les  décrets  de  la  Province  de  Nor- 
mandie ne  font  pas  évocables.  Cette  affaire  ell  évo- 
cable. 

ÉVOCAT.  Foye^  EXEMPT,  milice  Romaine. 

ÇfJ-  EVOCATION,  f.  f.  C'elt  proprement  l'adion 
d'appeler  à  foi ,  de  faire  venir  à  foi.  Evocatio.  Mais 
on  ne  le  dit  en  ce  fens  que  dans  les  exemples  fui- 
vaps. 

§3"  Evocation.  Terme  d'antiquités  Romaines.  C'é- 
toit  l'ufage  des  Romains ,  avant  que  de  forcer  une 
ville,  de  faire  une  évocation  des  Dieux  tutélaires , 
c'eil-àdire,  de  les  inviter,  par  une  formule  reli- 
gieufe,à  abandonner  leurs  ennemis,  &  à  venir  s'é- 
tablir à  Rome,  où  ils  promettoient,  en  reconnoil- 
fance  ,  de  leur  bâtir  des  Temples ,  de  célébrer  des 
Sacrifices  &  des  Jeux  en  leur  honneur.  Foye:^  la 
formule  de  cette  evocacion  dans  Tite-Live. 

^fT  Ils  pratiquoient  la  même  cérémonie  lorf- 
qu'ils  portoient  la  guerre  dans  quelques  pays. 

§3°  Evocation  des  Mânes,  des  Ombres,  des  Spec- 
tres. Lorfque  Saiil  fait  évoquer  l'ame  de  Samuel 
par  la  Pythonilfe  ;  que  Vévocaùon  ait  été  réelle  ou 
jion  -,  que  l'ame  de  Samuel  ou  Ion  ombre  ,  ou  même 
que  rien  n'ait  apparu  à  la  PythonilFe ,  il  elt  toujours 
vrai  que  Saiil  &  les  gens ,  avec  le  commun  des 
hommes  ,  croyoient  la  choie  poilible.  D  Calmet. 

ifS'  On  le  dit  aufli  dj  la  pratique  des  Magiciens 
qui  fe  vantaient  de  tirer,  par  leurs  enciiantemens, 
ces  Speélres  ou  ces  Fantômes  de  leurs  demeures 
fombres.  Foye^  dans  les  Pocres  les  defcriptions  de 
cette  pratique  ,  aulîi  iuperftitieule  qu'extrava- 
gante. 

^fT  Evocation  ,  terme  de  Junfprudence  ,  fignifie  en 
général  un  jugement  ijui  tire  une  affaire  d'un  Tri- 
bunal pour  la  faire  juger  dans  un  autre,  (on  en 
vertu  d'un  privilège  particulier  ^  fou  pour  caufe  de 
parenté  ou  alliance  ,  foit  pour  raifoii  de  litifpen- 
dance  ,  foit  pour  caufe  d'incompétence,  foit  enfin 
qu'il  foit  à  propos  d'évoquer  le  principal ,  pour  le 
juger  à  l'audience  fur  le  champ  avec  l'incident , 
dont  l'appel  eft  dévolu  au  Juge  fupérieur.  Lias  ad 
alios  Judiccs  tranjlatio ,  evocatio.  C'efl:  ôterla  con- 
noiffance  d'une  conteftation  à  ceux  qui  dévoient  la 
juger ^  félon  l'ordre  commun,  en  donnant  à  d'autres 
le  pouvoir  d'en  décider. 

On  fait  des  évocations  d'un  Parlement  à  un  au- 
tre, à  caufe  des  parentés  &  alliances.  Au  Parlement 
de  Paris  il  faut  dix  parens  au  troificme  degré  ;  & 
huit  feulement  fi  l'une  des  parties  eft  memlDre  du 
Parlement.  A  l'égard  des  Parlemens  de  Touloufe  , 
Bourdeaux  &  Rouen  ,  il  en  faut  fix  \  Si  cinq  (î  lune 
des  parties  eft  du  Corps  du  Parlement.  Pour  les  au- 
tres Parlemens  il  en  faut  quatre;  Se  trois  feulement 
fî  l'une  des  parties  eft  du  Parlement.  L'évocation  fe 
fait  auili  d'une  Chambre  à  l'autre  dans  un  même 
Parlement ,  lorfqu'une  des  parties  eft  Préfîdent  ou 
Confciller  dans  la  Chambre  où  le  procès  eft  pen- 
dant. On  le  peut  encore  ,  lorfqu'une  des  parties  a 


EVO  941 

!  fon  père,  ou  fon  fils ,  ou  fon  gendre,  eu  fon  beau- 
frere,  ou  fon  oncle  ,  ou  fon  neveu  ,  ou  Ion  coiilin- 
germain  dans  une  Chambie.  Alors  on  peut  deman- 
der le  renvoi  dans  une  autre  Chambre.  /'o>e^  l'Or- 
donnance de  i6(5y.  Les  Juges  des  Requêtes  du  Pa- 
lais &  de  l'Hôtel  font  des  évocations  des  caulcs  pen- 
dantes devant  d'autres  Juges  ,  quand  elles  ont  de  la 
dépendance  avec  celles  qui  font  retenues  pardevant 
eux  :  en  ce  cas  ,  les  évocations  font  des  jugemens,  & 
,   non  pas  des  réculations. 

Evocation  du  principal,  eft  quand  une  partie  a  in- 
terjeté appel  d'une  fentence  qui  n'eft  rendue  que 
lur  un  incident,  en  ce  cas,  on  peut  préfenter  une 
requête,  par  laquelle  on  demande  que  le  prmcipal 
fuit  évoqué  ,  pour   être   jugé  conjointement  avec 
1  appel.  Les  Parlemens  ne  font  plus  d'évocations  du 
principal  en  juge.ant  l'appel ,  fi  ce  n'eft  du  conftfn- 
rement  des  parties. 
IJCT  Evocation   fe  dit  particulièrement  lorfque   le 
Roi  fe  réferve  d  lui  &  à  fon  Confeil  la  connoillancé 
d'une  caufe.  Comme  Ycvocation  eft  une  marque  de 
la  puilTlmce  &  de  l'autorité  Royale ,  le  Roi  peut 
évoquer  les  inftances,  toutes  les  fois  qu'il  y  eft  porte 
par  quelque  raifon  particulière  ,  &   l'on  préfume 
toujours  que  c'eft  pour  de  jurtes  confidérations  qu'il 
le  fait.  BoRNiER, 
ÉVOCATOIRE,  adj.  m.  &  f.  Qui  fert  de  fondement 
à  l'évocation.  On  tait  fignifier  .à  la  partie  une  cédule 
evocjtoiie  :,  c'eil-à  d'nc  ,   un  aôte  par  lequel  on  de- 
mande au  Confeil  du  Roi  qu'une  inftance  pendante 
dans  une  Cour  foit  évoquée  dans  une  autre,  à  cau- 
fe des  parentés  tk  alliances  qu'une  des  parties  a  avec 
un  certain  nombre  déjuges.  Les  parentés,  au  de- 
gré   de    l'Ordonnance  ,    font    des    caufes    évoca- 
toires, 
EVODE.  f.  m.  Nom  d'homme.   Il  v  a  des  Evodius  8c 
des  Evodus  en  Laiin  ,  que  nous  ne  faurions  appeler 
c\\ïEvode  en  notre  langue.  Foye:^  YVED. 
EVODIE.  f.  f.  Nom  de  temme.  Jbvodia.S.  Paul  conjure 
Evodie  de  Syntyche  de  s'unir  dans  les  mêmes  fenti- 
mens  en  J.  C.  Philipp.IF.  1. 
ÉVOHÉ.   Cri  d'acclamation   que  faifoient  les    Bac- 
chantes aux  têtes  de  Bacchus  j  aulli  bien  que  les 
Satyres,  les  Silènes,    compagnons    de    Bacchus, 
qui  tum  a/acres  pajjim  lymphatâ  mtnte  furebant  y 
evohe  Bacchantes  3  evohe  capica  infleclenies.    Ca- 
tulle. 
EVOLA,  ou  L'ÉVOLA.  Petite  rivière  de  la  Campa- 
gne de  Rome.  Ligula  _,  Amajcnus.  Elle  travérfe  les 
marais  Pontins,  &  fe  décharge  dans  la  mer  de  Tof- 
cane ,  à  la  Torre  de  \Evola  ,  à  deux  lieues  au  Le- 
vant du  Cap  Circelle.  Maty. 
EVOLAGE.  f.  m.  Dans  quelques  Provinces  ce  mot  fe 
an   pour   un    étang  plein   d'eau    &   empoillonné. 
Staanum  aquâ  & pijabus  refenum. 
EVOLE,  ÉE,  vieux  adj.  Étourdi,  inquiet.  Temerarius , 

pnceps  J  inconfidcratus. 
EVOLI.  Bourg  de  la  Principauté  citérieurCj  dans  le 
Royaume  de  Naples.  Ebulum  j  Etolum  _,  Eburi.  C'é- 
toit  autrefois  une  ville  des  Picentins.  £v'o/ia  titre  de 
Diiché. 
IjCT  EVOLUER.  Terme  de  marine.  Faire  exécuter 
des  mouvemens  .à  un  ou  à  plufieurs  vaifteaux,  à  une 
armée  navale.  Man. 
ÉVOLUTION,  f  f.  Terme  militaire,  qui  fe  dit  des 
différens  mouvemens  qu'on  fait  exécuter  aux  trou- 
pes ,  pour  prendre  une  nouvelle  difpofition  ,  foie 
qu'on  les  forme  en  bataille,  foit  qu'elles  combat- 
tent aétuellement,  ou  qu'on  leur  faffe  fai;e  l'exer- 
cice. Explicatio ,  evolutio.  C'eft  par  les  évolutions 
qu'on  change  la  forme  i?i  la  difpofition  d'un  batail- 
lon &  d'un  etcadron  ,  félon  la  difpofition  du  ter- 
rein  ,  foit  pour  attaquer,  foit  pour  fe  défendre.  Les 
évolutions  fe  font  par  converfions ,  contre-marches, 
doublemens  de  rangs  ou  de  files^  <?cc.  Le  P.  Hofte  , 
Jéfuite  ,  a  publié  en  1697.  ""  Traité  des  évolutions 
navales  in-jolio.  Il  appelle  évolutions  navales,  les 
mouvemens  que  font  les  armées  navales,  pour  f« 
mettre  dans  l'arrangement  Se  dans  la  fituation  qui 


942- 


E  UP 


convient,  afin  d'attaquer  l'ennemi ,  ou  de  fe  déten- 
dre avec  plus  d'avantage.  En  généial ,  la  fciencc  ou 
l'art  des  evolucions  ^  elt  l'art  de  conduire  &  de  faire 
agir  plufieurs  vallleaux  enfemble,  ce  qui  ell  la  troi- 
fième  partie  de  la  kience  de  la  Marine. 

Évolution.  Terme  de  Géométrie.  Ligne  à'ivolution. 
royei  DEVELOPPEE. 

ÉVONIMO.  Foye^  USTEGA  ,  ou  USTICA. 

EVOQUER.  V.  a.  Attirer  à  foi  la  connoulance  d'une 
aflùire.  Caufam  transferre ,  evocure  ,  avocare.  Le 
Roi  évoque  à  (oi  &  à  fon  Conleil  toutes  les  affaires 
de  finances.  Le  Roi  a  évoque  cette  affaire  d'un  tel 
Parlement  j  &  l'a  renvoyée  en  un  autre.  Cet  hom- 
me a  évoqué  du  chet  d'un  tel  pour  parentés  Se  al- 
liances. Il  fiiutdix  parens  au  degré  fixé  par  l'Or- 
donnance j  pour  <;vt></"t''- du  Parlement  de  Paris.  La 
Cour  a  évoqué  \e  principal ,  &  y  a  fait  droit.  Foye:^ 
ÉVOCATION. 

Ce  mot  vient  de  dvtxr^re.  NicoT. 

Évoquer,  fe  dit  auffi  des  fpeftres  que  font  paroître 
les  Sorciers  Se  Magiciens,  qui  font  crou-e  que  ce 
font  des  âmes  ou  des  démons  qu'ils  font  revenir  de 
l'autre  monde.  EUcere  animas.  La  Pytlionille  évo- 
qua l'ame  de  Samuel  pour  la  faire  voir  à  Saiil.  Evo- 
quer fignifie,  en  général,  appeler  à  foi.  Les  Ro- 
mains n'auroient  ofé  forcer  une.  ville  afliégée  , 
avant  que  d'avoir  évoque  les  Dieux  que  l'on  y  ado- 
roit. 

ÉvbQUK  ,  ÉE  ,  part. 

EVORA.  Nom  de  lieu.  Ebora.  Un  Bourg  de  l'Anda  • 
iouhe  fitué  à  l'embouchure  duGuadalquivir,  porte 
ce  nom.  Il  y  a  beaucoup  d'apparence  que  c'ell  l'an- 
cienne Ebora ,  ville  des  Turdules  ,  que  quelques 
Géographes  mettent  néanmoins  à  Rota  j  bourg 
fitué  fur  la  c'^-'te  ,  entre  f  embouchure  du  Guadalqui- 
vir  &  la  Baie  de  Cadix.  Maty.  La  Capitale  de 
l'Alentejo,  Province  de  Portugal  j  porte  aulli  ce 
nom.  Ebora  j  Eburia  ,  Libéria  Julia.  C'el^  une  ville 
Archiépifcopale,  &  la  principale  du  Royaume  après 
Lisbonne  ;  &  il  y  a  une  Univerfitc.  Evora  de  Alco- 
baca  j  qu'on  nomme  auffi  Amplement  Alcobacaj  & 
en  Latin  Akobacia  ,  Eberobricum  y  eft  un  bourg  de 
l'Eftramadoure  de  Portugal,  dans  lequel  il  y  a  un 
Monaftère  célèbre ,  fondé  par  Alfonfe  I.  Evora  alca , 
bourg  de  l'Alentejo,  en  Portugal ,  avec  un  château. 
Il  eil:  entre  les  villes  à.' Evora  &  d'Elkemos. 

E  U  P. 

EUP.A.TOIRE.  f.  f.  Eupatoria  y  eupatorium.  Plufieurs 
plantes  de  différens  genres  portoient  autretois  ce 
nom  ,  par  rapport  à  leur  ufige  pour  les  maladies  du 
foie.  On  croit  que  l'eupatoire  des  Grecs  eÙ.  la  plante 
que  nous  connoilfons  aujourd'hui  fous  le  nom  d'Ai- 
gremoine ,  Agrimonia  ;  que  le  Coq  des  Jardins , 
Cojrus  horienjis  y  efpèce  de  Tanaifie  ,  elt  VEupatoire 
de  Méfué  ,  Se  que  VEupatoire  d'Avicene  eft  la  plan- 
te que  nous  nommons  avec  C.  B.  Eupatorium  Can- 
nabinum.   Cette  dernière  vient  au  bord  des  eaux  : 
fa  racine  eft  vivace  ,  chargée  de  beaucoup  de  fibres 
blanchâtres  \  fa  tige  eft  droite ,  haute  de  trois  à 
quatre  pieds,  branchue  ,  arrondie  ,  velue.  Si.  rem- 
plie d'une  moelle  bl.anche:  fes  feuilles  font  longues 
comme  celles  du  chanvre,  étroites-,  dentelées  fur 
les  bords,  oppofées ,  Se  ordinairement  au  nombre 
de  trois  fur  une  même  queue.    Ses  fleurs  font  ra- 
maîTées  en  bouquets.  Ell-^s  font  compofées  de  fleu- 
rons lavés  d'un  peu  de  pourpre  ,  foutenus  par  des 
femènces  chargées  d'une  aigrette ,  &  renfermés  dans 
un  calice  alongé ,  grêle  &  écailleux.  On  dit  que  fa 
racine  eft  purgative,  qu'elle  fait  vomir:  toute  la 
plante  eft  bonne  dans  la  Cachexie  ;  extérieurement 
appliquée,  elle  eft  vulnéraire.  Si  l'on  en  croit  Pline, 
elle  a  pris  fon  nom  d'un  Roi ,  qui  s'appeloit  Eup.a- 
tor.  Les  Anciens  appeloient  Eupatoire  femelle  noire 
Bidens  ou  Cannabina  aquatiea. 

Il  y  en  a  qui  nomment  M  Eupatoire ,  hepatorium 
en  Latin,  quod  hepati  maxime  conveniat  &  medeatur. 
Morin  ,  d^  la  ettlture -des ft-eurs  y  rétient  en  François 


E  UP 

le  mot  Latin  eupatorium.  VEupatorium  de  Canada 
eft  en  fleur  au  mois  de  Septembre. 
EUPHEMIE.  f.  f.  Nom  de  temme.  Eupkemia.  Sainte 
Euphemie  ,  Vierge  de  Chalcédoine ,  fouffrit  le 
martyre  fous  Dioclétien ,  l'an  307  de  J.  C.  L'Im- 
pératrice Euphemie  y  tcmme  de  Juftin  I ,  fut 
très-zélée   pour  la  détenfe   de   la  foi   orthodoxe. 

MORERI. 

EUPHEMIE.  f.  f.  Terme  ufitc  en  Sorbonne.  C'eft 
une  diftribution  alTèz  confidérable  qui  fe  fait  aux 
Doébeurs  à  certain  jour ,  dans  une  alfemblée  qu'ils 
tiennent,  &  qu'on  ne  fait  qu'à  ceux  qui  font  prc- 
fens.  Euphemid.  Il  lemble  qu'on  ne  le  dife  qu'au 
pluriel.  La  Sorbonne  s'alîemble  pour  avoir  droit 
aux  Euphémies. 

Ce  mot  vient  du  Grec  '«a ,  benè ,  Se  <p>!.«î ,  dlco  ;  de 
forte  qu.' Euphemie,  dans  fon  origine  Se  grammati- 
calement ,  eft  la  même  chofe  que  bénéJiétion  ôc 
qu'eulogie,  qui  fignifie  la  même  chofe,  &  qui  s'eft 
dit  aulli  des  préfens  qu'on  faifoit,  ou  qu'on  en- 
voyoit,  comme  on  le  peut  voir  ci-deHus  à  ce 
mot. 

^-  EUPHEMISME,  f.  m.  Figure  par  laquelle,  au 
lieu  de  fe  fervir  d'expreffions  propres  qui  excite- 
roient  des  idées  déshonnêres  ou  défagréables ,  011 
emploie  d'autres  termes  qui  reveiilent  dire6temenc 
des  idées  plus  honnêtes  ou  moins  défagréables.  Loi 
diétée  par  la  pudeur  Se  par  les  égards  que  nous  nous 
devons  les  uns  aux  autres. 

EUPHÉMITE.  f.  m.  Se  f.  Nom  de  SeAe.  On  donnoit 
au'.tetois  ce  nom  aux  Hérétiques  Malfaliens,  X  cau- 
fe  des  louanges  &  des  cantiques  qu''ils  chantoienr. 
Eunhemita.  Les  Oratoires  des  Mafl^aliens  étoient 
des  bâtimens  vaftes ,  &  découverts  en  forme  de  pla- 
ces publiques.  Ils  s'y  aflembloient  le  foir  &  le  ma- 
tin -,  Se  à  la  lumière  de  plufieurs  lampes  ,  ils  chan- 
toienr certu'iins  Cantiques  à  la  louange  de  Dieu.  On 
les  appclla  auffi  en  Grec  Euphémites.  Fleuky. 

Ce  mot  vient  de  ffipW« ,  louange,  bénédiciion ,  quî 
vient  de  sïj  bien.  Se  (P'-f^''  ,je  dis. 

EUPHEMIUS,  Se  non  pas  Euphemie  ,  qui  eft  fémi- 
nin, ou  Euphême,  qui  n'eft  point  en  ufage.  f.  m. 
nom  d'homme-  Euphemius.  Euphemius  ,  Patriar- 
che   de  Conftantinople ,   fuccéda    à  Flavita ,  l'an 

o  , 

EUPHONIE.  (.  f.  Euphunia.  Facilité,  aifance,  agré- 
ment ,  élégance  de  la  prononciation. 

Ce  mot  eft  entièrement  Grec  :  il  vient  de  il,  benè ^ 
Se  de  <P'^'>i ,  vox.  On  ne  fe  fert  de  ce  terme  que  dans 
la  Grammaire.  L'euphonie  hait  quelquefois  fuppri- 
mer  une  lettre  trop  rude ,  la  fait  changer  en  une 
autre  plus  douce  ,  même  contre  les  régies  ordinai- 
res. Il  y  en  a  des  exemples  dans  toutes  les  Langues. 
Nous  difons  en  François  mon  amitié  ;  il  faudroit 
dire  régulièrement  ma  amitié  ;  {'euphonie  fait  dire 
mon  amitié.  L'euphonie  fait  qu'on  n'a  pas  toujours 
égard  à  l'étymologie  Latine  ou  Grecque ,  Sec.  Quin- 
tilien  appelle  l'euphonie  y  vocalitas  :  Scaliger  l'ap- 
pel! e/aa/i.?  pronunciatio. 

gCT  On  appelle  lettres  euphoniques ,  les  confonnes 
que  l'on  infère  entre  deux  voyelles  ,  dont  l'une  finit 
un  mot ,  Se  l'autre  commence  le  mot  fuivant ,  Sc 
ilont  la  rencontre  produiroit  un  hiatus  ou  bâille- 
ment j  parce  que  ces  lettres  fervent  à  faciliter  la 
prononciation.  Que  dira-t-onde  vous,  fi  l'on  vous 
entend  ?  Le  r  &  /  font  des  lettres  euphoniques. 

EUPHORBE,  f.  m.  Fils  de  Penchée  ou  Panthis,  étoit 
un  des  principaux  chefs  des  Troyens  au  fiége  de 
Troie. 

EUPHORBE,  f.  m.  Euphorbia  y  euphorbium.  C'eft  un 
arbre  femblable  au  férula.  Cette  plante  croît  dans 
la  Mauritanie.  M.  Paul  Hermans  excellent  Profef- 
feur  en  Botanique  dans  le  Jardin  de  Leyde,  l'.ap- 
^tiWe  tithv malus  Mauritanus ,  aphijios  angulofus  & 
fpinofus.'Hûrt.  Acad.  Lugd.  Batav.  598.  La  tige  de 
l'euphorbe  eft  carrée ,  Se  chaque  coin  s'avance  rant 
foit  peu  en  façon  d'une  aile  ondée  :  fur  le  dos  de 
chaque  onde  il  y  a  un  petit  écuffon  garai  de  deux 
petites  pointes  courbées  en  bas.  Cette  tige  ne  pouf- 


EU  P 

fe  point  de  feuilles,  mais  feulement  quelques  bran- 
ches de  même  nature  ts:  fans  aucune  feuille.  La 
couleur  de  toute  la  plante  ell  d'un  vert  brun  tirant 
fur  le  rouge.  Sa  iurface  eft  unie,  &  la  conhilance 
ell  charnue.  Quand  on  y  htit  des  incifions,  elle  jette 
un  lait ,  ou  gomme  jaunâtre ,  très  acre  j  ôc  c'clt  ce 
que  les  Dto-^n'ûlss  :ippi:hnt  euphorèium  qffïcinurum , 
dont  on  fe  fert  en  Médecine ,  &  qui  a  une  très- 
grande  vertu  cathartique.  Les  Heurs  de  cette  plante , 
lelon  ce  qui  eft  rapporté  dans  Hoitus  medicus  Amjh- 
iod.  c.  II.  p.  13.  lont  compolées  de  cinq  feuilles 
.  taillées  en  croilfant ,  vert-jaunes.  Elles  nailfcnt  fur 
les  mêmes  écullons  ,  d'où  lortent  les  épines,  &  pro- 
duifent  enfuite  un  truit  à  peu-près  comme  celui  de 
nos  tithymales,  c'eft-à-dire,  relevé  de  trois  coins, 
&  divifé  en  trois  cellules  remplies  chacune  d'une 
femence  ronde. 

Les  higos  de  Tuna  du  Pérou  lont  le  fruit  d'une 
efpèce  de  raquette ,  ou  à\upliorbe  ,  gros  comme  une 
noix  verte, couverte  de  piquans  prefque  aulfi  rudes 
que  celui  de  la  calate  de  châtaigne.  On  le  trouve  bon 
ic  bienfaifant.  Frezier. 

EtJPHORBE.  f.  L  Euphorbium  ou  Euphorbia,  Efpèce  de 
gomme-réfine,  qui  eft  en  petits  morceaux  arrondis  \ 
blanchâtre,  lorfqu'elle  ell  nouvelle  j  jaunâtre,  lorf- 
qu'elle  ell  vieille  j  très-acre  au  goût  ôc  de  nulle 
odeur.  Son  principal  ufage  ell  extétieur  j  elle  entre 
clans  quel  jues  emplâtres  télolutives ,  dans  des  tein- 
tures &  des  poudres  propres  pour  réliller  à  la  gan- 
grène ,  &  pour  confommer  la  carie  des  os.  Inté- 
rieurement elle  purge  très-violemment  à  la  dofe  de 
quelques  grains  \  fa  poudre  eft  un  des  puillàns  fter- 
nutatoires.  On  évite  même  de  s'en  fervic  dans  cette 
vue,  à  caufe  de  fa  trop  grande  adlivité. 

La  gomme  que  nous  appelons  euphorbe^  fe  forme 
du  fuc  de  l'arbre  doiat  on  vient  de  patler ,  &  qui  a 
le  même  nom  :  ce  lue  eft  un  jus  fort  fubtil  &  fort 
pénétrant,  jufques  là  qu'il  le  faut  tirer  en  le  per- 
çant de  loin  avec  une  pique ,  ou  une  lance.  Le  jus 
qui  en  fort  en  abondance  le  recueille  dans  une  peau 
de  mouron  ,  dont  on  environne  l'arbre  \  &c  c'eft  ce- 
lui qu'on  appelle  euphorbe  vitré.  Les  Apothicaires 
pe  veulent  pas  le  battre  eux-mêmes,  mais  le  font 
battre  par  des  Crocheteurs,  parce  que,  quelque 
précaution  que  l'on  prenne ,  il  monte  au  cerveau , 
oti  il  fait  de  dangereufes  indammations.  Pline  dit 
que  l'invention  de  \ euphorbe  eft  attribuée  à  Juba  , 
Roi  de  Libye ,  qui  lui  donna  le  nom  AEuphorbius , 
fon  Médecin,  frère  d'un  Mufa,  Médecin  d'Auguf- 
te.  \S Euphorbe  eft  un  médicament  purgatif  qui  eft 
fort  dangereux  j  car  c'eft  le  plus  ardent  &  le  plus 
violent  de  tous  les  remèdes ,  quand  même  il  feroit 
pris  en  petite  quantité.  Les  Botaniftes  modernes 
ont  découvert  plulîeurs  plantes  grades  étrangères , 
qui  donnent  un  fuc  laiteux  très-acre,  &  qui  ont 
leurs  fleurs  &:  leurs  fruits  femblables  à  ceux  de  nos 
tithymales  :  la  plupart  de  ces  efpèces  de  plantes 
font  anguleufes  &  épineufes.  Et  fi  l'on  a  égard  à 
la  defcription  di  Pline,  la  plante  appelée  Schadi- 
da  Calii  dans  VHorcus  Malabarkus ,  fera  la  véri- 
table euphorbe  des  Anciens.  M.  Jean  Commelin , 
Profeffeur  en  Botanique,  ScBourguemeftre d'Amfter- 
dam,  eft  le  premier  qui  ait  fait  cette  découverte, 
V.  $.  Amft.  pw  1. 

EUPHORIE,  f  f.  C'eft-à-dire ,  manière  ai  fée  ,•  avec 
laquelle  les  malades  fouffrent  des  évacuations  con- 
fidérables  fans  inconvénient.  Brigandage  de  la  Mé- 
decine. L'Auteur  donnera  ,  tant  qu'il  voudra  ,  des 
mots  inufités  ,  pourvu  qu'il  y  joigne  l'explication 
comme  il  a  fait  ici. 

EUPHRADE.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Génie ,  ou 
Dieu  domeftique, dont  les  Anciens mettoient  la  fta- 
tue  fur  leurs  râbles.  Euphrades.  Il  étoit  ainfi  appelé 
à!iypf'u»i>fi>ii ,  je  me  réjouis ,  d'où  fe  faifoit  luffunu^ 
un  Jejlin  ,  un  repas  :  ivÇifxiytftxi  vient  de  ï"  ,  bien  , 
&  ççi» ,  ame  ,  efprit  :  '^Çitcltiâ-ui  ,  eft  la  même  chofe 
enGfiec ,(\u.s genio indulgere  enLiùn. Euphrade ézoïz 
donc  le  Dieu  de  la  joie  &  des  plaifirs  ^  mais  des  plai- 
fîrsdelatable. 


E  U  P  943 

LUPHRAISE.  Euphrafia.  Quelques-uns  difent  EU- 
Pf  IRAGE.  Nicot  dit  euphrofine.  f.  f.  Plante  médici- 
nale. Foyei  EUFRAISE. 

EWPHRAISE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Euphrafius.  Une 
ancienne  Tradition  ,  marquée  dans  une  hymne  qui 
fe  voit  dans  un  ancien  Bréviaire  de  Burgos  ,  &  que 
les  Bollandiftes  ont  fait  imprimer.  Acl.  Sancl.  Malt 
T.  III.  p.  441.  dit  que  S.  Euphraife  fut  envoyé  de 
Rome  en  Efpagne  par  les  Apôtres  avec  lix  autres 
Evêques.  Grégoire  de  Tours  dit  aulfi  que  le  Xlf^ 
Evêque  de  la  Cité  d'Auvergne,  qui  n'eft  néanmoins 
que  le  XIIF  dans  Savaron  ,  fe  nommok Euphrai/è -, 
qu'il  fut  luccelfeur  de  S.  Apruncule  ,  luccelfeur  du 
célèbre  Sidoine  Apollinaire  ;  qu'il  vécut  quatre  ans 
après  Clovis  I.  &  qu'il  mourut  en  la  15'^  année  de 
fon  Epifcopat.  Ainli  nous  jugeons  qu'il  fut  élu  l'an 
490.  &  qu'il  mourut  en  515.  Baillet.  D'autres  di- 
fent Euphraje  j  ou  retiennent  le  nom  Latin  Euphra- 
fius.  Saint  Quiutien  s'étant  retiré  en  Auvergne,  Eu- 
phfafe  ,  Evêque  de  ce  pays  le  reçut  fort  humaine- 
ment, &  pourvut  libéralement  à  fon  entretien. Go- 
DEAu.  Paul ,  Patriarche  d'Antioche  ,  s'étant  dépofé 
lui-même  en  5ZI.  on  élut  le  Prêtre  Euphrafius  à  fa 
place.  Id. 

EUPHRASE,  ou  EUPHRASIUS.  f  m.  Nom  d'hom- 
me. /^o).£f  EUPHRAISE.  Ces  mots  viennent  de  t% 
bien  ,  &c  ipçâC*,  je  parle. 

EDPHRASIE.  (.  f.  Nom  de  femme,  qui  fignifie  la 
même  chofe  ,  &  a  la  même  origine  que  le  mafcu- 
lin  Euphraife.  Euphrafia.  Sainte  Euphrajie  ,  Vierge 
&  morte  martyre  à  Nicomédie.  Tillemont.  Hiit. 
Ecd.  T.  X.p.  5 1.  Sainte  Euphrajie  ,  ou  plutôt ,  Eu- 
praxie  ,  que  l'on  confond  quelquefois  avec  Sainte 
Euphrofine,  a  vécu  depuis  environ  l'an  334.011  un 
peu  plutôt  qu'elle  naquit ,  jufqu'en  5^4.  environ  , 
qu'elle   mourut  âgée  de  trente  ans.   Idem.  Ib.  p. 

hUl^HKATE.  Euphrates.  C'eft  une  rivière  d'Afie,  qui 
a  fa  fource  dans  les  montagnes  delà  grande  Arménie 
aftez  près  des  fources  du  Tigre  j  fi  bien  que  les  An- 
ciens ont  cru  qu'ils  avoient  la  même  fource.  L'Eu- 
phrate  coule  d'abord  d'Orient  en  Occident  ;  puis  , 
quand  il  eft  arrivé  aux  confins  de,  la  petite  Armé- 
nie^  il  tourne  au  Midi ,  féparant  l'Anatolie  de  la 
Turcomanie  ,  &c  la  Mélopotamie,  ou  le  Diarbek  , 
de  la  Syrie  &  de  l'Arabie  déferte  :  il  va  fe  joindre 
au  Tigre  à  Gorno  ,  n'a  plus  avec  lui  qu'un  même 
litqu'on  nonwxit  S  chat  el  A  rab  ,  c'eft-à-dire,  la  ri- 
vière des  Arabes ,  &  va  fe  décharger  dans  le  Golfe 
de  Balfora  ,  autrefois  appelé  le  Golfe  P.erlique.  Il 
eftdifHcile  de  déterminer  quels  étoient  autrefois  le 
lit  j  le  cours  &  les  différens  bras  de  ÏEuphrate  , 
depuis  les  confins  de  la  Méfopotamie  &  de  la  Chal- 
dée  jufqu'à  la  mer.  Ceux  qui  ont  le  mieux  débrouil- 
•  lé  cela  font  les  Auteurs  qui  ont  écrit  de  la  fitnation 
du  Paradis  terreftre  j  car  VEuphrate  étoit  un  des 
quatre  fleuves  de  ce  lieu  de  délices.  V^oye^  Bochart , 
Hopkinfon  ,  M.  Huet  &  Vantil  ,  dans  leurs  Dif- 
fertations  fur  le  Paradis  terreftre.  La  violence  du 
Golfe  Perfique  caufe  unreflux  à  XEuphrateâs  plus  de 
50  lieues  au-defllis  de  fon  embouchure.  Les  Arabes 
font  perfuadés  que  les  eaux  de  VEuphrate  font  très- 
falutaires ,  &  qu'elles  ont  la  propriété  de  guérir 
de  toutes  fortes  de  maux.  Saumaife  traite  au  long 
de  ce  fleuve  dans  fes  Notes  fur  Solin  ,  p.  60  &  fui- 
vantes. 

C'eft  une  erreur  de  croire  que  le  nom  de  VEu- 
phrate eft  compofé  de  fon  nom  Hébreu  jmg  ,  phe- 
rath  ,  &  du  pronom  Nin ,  hu  ,  qui  fe  trouvent  joints. 
Gen.II.  14.  ce  queplufieurs  habiles  gens  ont  pour- 
tant cru.  Les  Grecs  ont  changé  Perathen  Euphrate  , 
en  ajustant  ce  mot,  ainfi  que  tous  les  mots  étran- 
gers ,  au  gcniede  leur  langue  ,  comme  s'il  étoit  dé- 
rivé du  mot  fu?if ai'ïîiv ,  qui  fignifie  réjouir,  à  caufe 
de  l'agtément  que  porte  VEuphrate  dans  tous  les 
lieux  de  fon  paflage.  Cette  étymologie  a  été  reçue 
de  plufieurs  ,  comme  S.  Ambroife  l'a  rernarqué. 
Peut-être  aulfi  qu'ayant  lu  que  ce  fleuve  étoit  ainfi 
nommé  à  caufe  de  fa  fécondité,  ils  ont  rappotté  fon 


^^44  È  Û  ï* 

origine  au  mot  tu?iopW  ,  qui  (igiùfie/econd ,  fertile  j 
&  y  ont  accommodé  fon  nom.  Peut-être  fans  avoir 
en  vue  ces  étymologies ,  de  Pcrach  ,  ils  ont  tait 
Euphrate  ,  comme  de  Thabor  ils  ont  fait  ^ca- 
birlus ,  Se  de  Derceto,  Atergacis.  Anili  la  langue 
Françoife  ,  aulli-bien  que  le  dialedte  Eolien,  aime 
commencer  pludeurs  mots  par  dese,  qui  ne  le  trou- 
vent point  dans  leur  racine.  De  s-éy? ,  nous  faifons 
■  étage, ai  fpirltus ,  efpric.  Les  Hébreux  ont  mis  un  a  à 
la  tête  du  mot  de  Pa^  ,  qui  ell  le  nom  du  pays 
d'Ophir  ,  &c  l'ont  nommé  Vpha\.  Huet.  Sansavoir 
rien  ajoûté,il  eft  plus  vraifemblableque  lesGrecs  en- 
tendant nommer  ce  fleuve  /nan  ,  avec  le  ,-j,  he ,  ar- 
"ticle  j  haphplieruc ,  par  unpatahh  ,  c  ell-à-dire ,  un 
a  clair  ,  approchant  fort  d'un  e  ,  &  changeant , 
comme  il  eft  très  -  naturel  de  le  faire  &  qu'il  s'elt 
fouvent  fait  en  plulleurs  langues  ,  le  premier  ph  , 
ouyen  U  j  de  happhrat  ow  hephphrat ,  ils  ont  fait 
E'uipfki-^  S^avecla  terminaifon  Grecque  £'"'?/' «7w, £« 
phrate. 

Quoiqu'il  en  foit  j  le  mot  Hébreu  rr\Q^pherat , 
ou  pArat ,  comme  l'a  remarqué  M.  Huet  dans   fa 
Dijjen.fur  le  Paradis  terrestre  ,  C.  167.  &c  prefque 
tous  ceux  qui  en  ont  cherché  l'origine  ,  vient  du 
verbe  Hébreu  ni3  »  pharah  ,  qui  fignifie  s  augmen- 
ter, croître  :  (k  dans  la  conjugaifon  hiphil ^  rendre 
fécond ,  fertilifer  ,   parce  que  ce  fleuve  ,  en  s'aug 
mentant ,  porte  par  fes  inondations  la  fertilité  dans 
tous  les  lieux  qu'il  arrofe.  C'eft  le  fentiment  de  S. 
Jérôme  ,  de  la  plupart  des  Pères  ,  des  Intetprctes 
de  l'Ecriture  ,  &  des  Rabbins.  Jofeph  écri:  le  nom 
Hébreu  <?«!»  ,  le  prononçant  à  la  manière  des  Arabes 
&  il  l'explique  «-Kt^^ar^iv  H  àv^f\ç  ,DiJJîpationonJîeur, 
Ic'dérivant  du  verbe  ni3 ,  pur,  qui  fignifie  ,  entt'au- 
tres  chofes ,  dijfiper  \  à  caufe  de  l'écoulement ,  &c 
pour  ainfi  dire  ,  de  la  diiïïpation  des  eaux  de  V Eu- 
phrate :  ou  du  verbe  ma  ,  Parach  ,  fleura  .,  germer  \ 
parce  que  fes  eaux  font  fleurir ,  germer  les  terres 
qu'elles  baignent.  On  s'étonneroit  qu'un  Juif  allât 
chercher  des  origines  fi  éloignées ,  &  fi  forcées , 
ayant  celle  de  ma  j  fi  proche  &  fi  naturelle,  fi  on 
ne  favoit  d'ailleurs  qu'il  ne  raffinoit  pas  fur  la  lan 
gue Hébraïque.  Huet. 
EUPHRATÈSIE.  Province  ancienne  ,  ainfi  nommée 
parce  qu'elle  étoit  fituée  au  long  de    l'Euphrate. 
Euphratefia.   Voye\  Commagene  ,  c'eft  la  même 
chofe.On  dit  aufli  Euphratejienne ,  &  Augujîeuphra- 
téfienne. 
EUPHRATÊSIENNE.  Nom  de  Province  ,  c'eft  la 
CommzgéuQ.  Euphrateflana  j  Auaufta  Euphratefia- 
na.  Il  eft  certain  que  la  Commagene  fut  réduite  en 
Province  par  Velpafien  :  les  Romains  l'appelèrent 
Augufieaphratéfienne  ,    ou  Euphratéfienne  ,    parce 
qu'elle  éroit  le  long  de  l'Euphrate.  Tillhm.   T.  II. 
p.  30.  yoye\  Commagene.  On  trouve  7i.\x\Jîi  Euphra- 
téfie  ,  en  Latin  Euphratefia. 
EUPHRONE.  {.  m.  Nom  d'homme.  Euphronius.  Les 
foldats  de  Clotaire  ayant  brûlé  l'Eglife  de  S.  Mar- 
tin j  Euphrone  ,  Evêque  de  Tours  j  la  rebâtit  plus 
magnifique  qu'elle n'étoit  aupatavantj  parla  libéra- 
lité du  Roi.  GoDEAU. 

Ce  mot  eft  Grec  ,  compofé  de  eï  ,  &  !??"£*  ,   je 
penfe  ,  de  'Pc*»' ,  penfée. 
EuPHRoNE.l.f.Terme  deMythologie.C'eft  un  nom  que 
les  Poëtesdonnent  à  la  nuit,  dont  ils  font  une  Divi- 
nité.£ù^/îro/ie. Ils  lanommçntainfi,parcequela  nuit 
rend  fage ,  fait  penfer  mûrement  aux  chofes ,  & 
fait  prendre  de  bons  confeils  j  félon  le  proverbe 
qui  dit,quelaNuit  porte  confeil.iVci.v</<7/^irco«/?^z/OT. 
Euphrone  eft  un  mot  Grec  ,  qui  vient  de  tï  ,  bien, 
S<  Çfl' ,    efprit ,  penfée  ,  confeil ,  &  qui  fignifie 
bonne  penfée,  bon  confeil,  ou  qui  a  de  bonnes 
penfées. 
EUPHROSYNE.  f.  f  Terme  de  Mythologie.  L'une 
des  trois  Grâces.  Euphrofyne.  Les  deux  autres  font 
Aglaé  &  Thalie.  On  difoit  qa  Euphrofyne  &  Aglaé 
fe  regatdoient  mutuellement,  pour  marquer  que 
la  gaieté  &  la  bonne  grâce ,  ou  l'agrément  fe  pro- 
duifent  mutuellement  ;  car  Euphrofyne  eft  un  mot 


EUR 

Grec  ,  v:iif(arit^  ^  qui  CigmfiQhUaritas  ,  gaieté.  Fhy. 
Vaillant  j  Nummi  CoLoniar.  p.  170.  Berger,  T.  I. 
P-47'. 

EUPLOEE.  adj.  f.  Terme  de  Mythologie.  Surnom  de 
Vénus ,  lorfqu'on  l'invoquoit  pour  obtenir  une  hcu- 
reule  navigation.  Euploea.  Elle  avoit  un  Temple 
fous^  ce  nom  ,  fut  une  montagne  près  de  Naples  , 
ainfi  appelée  Euploée,  De  h  ,  bien ,  tk  sr^s*  ,  je 
navigue. 

EUPSYCHIEN,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Hoffman  ,  &  les 
Auceuts  du  Morérij  qui  le  copient  j  difent  que  les 
E upfy chiens  (om  des  hérétiques  du  IV*^  ficelé  ,  ainfi 
nommés  d'Eupfychius,  qui  étoit  Eunomien.  Il  eft 
vrai  qu'il  y  eut  au  IVe  fiècle  un  Eunomien  que  Ni- 
céphore  nomme  Eupfychius ,  &  Sozomene  Euty- 
chius ,  qui  fit  une  feéle  j  mais  fes  Sénateurs  ne  s'ap- 
pelèrent point  Eupfychiens  :  félon  Sozomene  ,  ils 
s'appelèrent  Euty chiens  j  &  félon  Niccphoremêmej 
ils  ne  s'appelèrent  point  Eupfychiens  ,  mais  Euno- 
mioeupfy chiens.  Hoftman  &  le  Motéri  citent  Sozo- 
mene ,  L.  VII.  C.  17.  A  la  vérité  il  y  parle  de  cette 
feéVe  i  mais  il  en  nomme  toujours  l'Auteur  Euty- 
chius  ,  &  il  dit  qu'il  lailfa  une  feéte  qui  porte  fort 
nom.  Elle  s'appela  donc  les  Eutychiens  j  &:  non  pas 
les  Eupfychiens.  Voye\  Eunomioeupsychien  ,  & 

EUTYCHIEN. 

È  U  R. 

EUR.  f.  m.  Vieux  mot.  Bonheur. 

EVRARD,  f  m'.  Nom  d'homme.  Eherhardus  ,  Ehe- 
rardus.  Ebcrhard ,  ou  plutôt  j  comme  nous  difons 
en  France  ,  Evrard ,  forti  de  l'une  des  premières  no- 
blelfes  de  Bavière  ,  naquit  vers  l'an  1085  de  parens 
qui  fe  diftinguoient  beaucoup  plus  par  leur  piété 
que  par  le  rang  qu'ils  tenoient  dans  le  monde.  Il  fuc 
d'abofd  Chanoine  de  Bamberg  ,  puis  il  prit  l'habic 
religieux  dans  le  Monaftère  de  S.  Michel.  Le  Cha- 
pitre de  Bamberg  l'en  ayant  faitfortir  ,  il  y  rentta 
vers  l'an  1 115.  âgé  de  quarante  ans.  Vers  l'an  1132. 
il  fut  fait  Abbé  d'un  nouveau  monaftère  qu'on  éta- 
blit à  Vibourg.  Il  le  gouverna  quatorze  ans ,  &  en 
_  1 146  il  fut  élevé  à  l'Evêché  de  Saltzbourg.  Il  mou- 
rut la  nuit  du  Dimanche  au  Lundi ,  22e  jour  de  Juin 
de  l'an  1165  après  79  ans  de  vie  ,  &  19  d'Epifco- 
pat.  j'icla  Sancl.  Jun.  T.  IV.p.  260.  &fuiy,  &  Bail- 

LET. 

ÉVRAU.  royex  ÉVROU. 

EURE,  ou  EURUS.  f.  m.  &  nom  d'un  vent  qui  fouffle 
entre  l'orient  &  le  midi  ,  Se  que  nous  appelons 
vent  duSud-eft.  Eurus.  Pline  dit ,  L.  II.  C  47  que 
ce  nom  eft  celui  que  les  Grecs  lui  donnoient  ;  que 
les  Latins  l'appeloient  Vulturne  j  Vulturnus.  Les 
Latins  confondent  fouvent  ces  deux  vents ,  parce 
qu'il  foufllent  tous  deux  du  côté  d'orient  ,  l'un  à 
dfoite  &  l'autte  à  gauche  de  l'orient  équinoxial. 
Andronique  de  Cyrre  avoit  bâti  à  Athènes  une  tour 
oétogoneoùleshuit  vents, que  l'on  diftinguoit  alors, 
étoient  marqués  :  elle  fubfifte  encore  à  ce  que  l'on 
dit  J  &  YEurus  s'y  voit  repréfenté  fous  la  forme 
d'un  jeune  homme.  Sur  l'Océan  nos  Pilotes  appel- 
lent ce  ventfud-eft  \  &c  firoco  fur  la  Méditerranée  : 


l'ufage  des  premiers  a  prévalu. 

EURE.  Rivière  de  France.  Owrtf  ,  Auturà  ,  Audura  ^ 
Adura  ,  Auclara.  Elle  a  fa  fource  dans  le  Perche  en- 
tre Nulli  &  la  Lende.  Elle  pafle  à  Bellomer ,  à  Char- 
tres ,  à  Jouy  ,  à  Maintenon  _,  à  Nogent-le-Roi  :  en- 
fuite  elle  fe  rencontre  avec  l'Aure  ,  vient  à  Chef- 
nebrun  ,  à  Verneuil ,  à  Tilliers ,  à  Nonancourt , 
coule  par  Anet,  Pacy ,  Louviersj  où  elle  reçoic 
l'Iton  ,  &c  par  le  Vaudreuil ,  d'où  elle  va  fe  rendre 
dans  la  Seine ,  à  une  lieue  au-delfus  du  Pont  de 
l'Arche,  h' Eure  eft  fort  poiflonneufe  ,  on  y  pêche 
beaucoup  de  truites  faumonées.  La  vallée  â' Eure  y 
eft  une  vallée  d.ins  laquelle  coule  cette  rivière  ,  & 
qui  s'étend  depuis  Maintenon  juiqu'au  POnt  de 
l'Arche.  Foyei  Hadriani  Vakfii  ,  Notit.  Gall. 
p.  71. 

Eure.  Autre  rivière  de  France,  qui  arrofe  le  Berry. 

Avcra^ 


E  VR 

Avéra  ,  Avarj.  j  Aura  ,  E\rj.  Elle  fort  des  étangs  ' 
tic  Folignt  &  di  Baui;y ,  delccnd  à  Savigny  &  à  j 
Omoy,  où  elle  le  jece  diiis  des  marais  larges  d'en-  j 
viron  une  lieue ,  ic  longs  de  crois  \  d'où  elle  lorc 
pour  lediviler  en  crois  branches ,  dont  l'une  entre 
dans  Bourges,  &  travt:rie  une  partie  de  la  ville  pour 
s'aller  rendre  dans  l'Auron  entre  la  porte  de  laint 
Sulpice  &  celle  d'Auron.  Ceiie-ci  s'appelle  l'Aurei- 
re  ,  ou  l'Eurette  ,  6<.  par  corrupcion  du  peuple  ,  la 
Levrette.  L'autre  branche  luit  les  toiles  de  la  ville  \ 
Se  latfoilièniej  nommée  la  grande  turt ,  palle  au- 
delFous  du  taux  bourg  vie  S.  Privé  j  &  après  s'être  en- 
core divilée  ,  toutes  ces  branches  vont  fe  rejoindre 
proche  la  porte  de  S.  Ambroife,  &  fe  jeter  peu 
de  temps  après  dans  l'Auron  à  côté  de  l'Abbaye  de 
S.  Sulpice.  De  Valois ,  Noc.  Gai/,  p.  86.  dit  Eure  j 
ou  lèvre. 
EVRE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Aper.  Apec  ^  vulgaire- 
ment appelé  S.  Evre  j  Evoque  deToul,  que  nous  ne 
croyons  pas  devoir  diltinguer  d  Aper  ami  de  Saint 
Paulin  de  Noie,  s'étoit  rendu  coiilidcrable  dans  le 
monde  dès  la  jeunelle.  Baillet  ,  au  ly  de  Sept. 
Il  hic  élevé  à  l'Hvêché  au  commencement  du  V' 
hècle.  Catherinot ,  dans  fes  Doublets  de  la  langue , 
écrit  que  l'on  dit  Apre  &  Evre-.^  mai^non  point  Aper. 
ÉVKECL  Bourg  de  France  ,  en  Normandie  ,  dans  le 

Bocage.  Il  a  titre  de  Vicomte. 
EVREMON  r.  f.  m.  Nom  d'homme.  Evtrmundus  , 
Ebieniundus.  Saint £vre/«o.'2(^  que  quelques-uns  ont 
fait  fans  raifon  frère  de  S.  Evroul ,  Abbé  d'Uuche 
au  pays  d'Hielmes  en  Normandie ,  étoit  né  à 
Bayeux  ,  d'une  famille  conlidérée  par  fa  nobleffe  & 
par  fes  grands  biens.  Baill.  Ses  parens  le  tirent  ve- 
nir tout  jeune  à  la  Cour.  Il  tut  dans  la  faveur'du 
Roi  Thierry  IIL  II  (e  maria  avantageufement  \  mais 
dégoûté  par  la  grâce  des  chofes  du  monde  ,  il  en 
dégoûta  fon  époufe  :  elle  entra  dans  un  Monaltère. 
EvreiriiTid  diltribua  fes  biens  aux  pauvres,  fe  re- 
tira dans  une  fohcude  du  Beilin  ,  bdtic  pluliours 
Monallères  ,  tut  Abbé  du  principal  que  l'on  prend 
pour  Fontenay- fur-Orne,  &  mourut  l'an  yio.  du 
remps  du  Roi  Chilperic  III.  Baillet  dixième 
Juin. 
EUREPA.  f  f.  Petit  pays  de  Finlande ,  dans  la  Carélie , 

le  long  du  Golte  de  Finlande. 
ÉVREULÉ  ,  ou  EBREQLE.  f  m.  Château  fur  laSiou- 
le  en  Auvergne,  i^borolacum  dxns  Sidoniiis  Apolli- 
naris ,  Evrogilum  dans  !a  vie  de  Louis  le  Débonnaire. 
Valef.  Not.Gall.p.  184. 
ÉVREUX.  Ville  de  France.  Eburo  ,  Eburovices  ,   Au- 
lerci,  Meliolanum  Eburovicum  ,  ouAulercorum  Ebroi- 
cum ,  Ebroicî.  Elle  eil  dans  la  haute  Normandie  , 
&  a  un  Evèché  l'utFragant  de  Rouen.  Evreux  ell  an- 
cien. S.  Taurin,  premier  Evèque  d'Evreux  ,  vivoit 
à  ce  que  l'on  prétend  l'an  160.  de  Jesus-Christ. 
Evreux  eft  fur  la  petite  rivière  d'Iton  ,  à  fept  ou 
huit  lieues  au  midi  de  Rouen,  fvrea.v  a  titre  de  Com- 
té j  &  a  eu  long- temps  des  Comtes  particuliers  de 
la  Maifon  des  Ducs  de  Normandie.  Le  Comté  d'£- 
vreux  eft  aujourd'hui  à  la  Maifon  de  Bouillon  ,  à 
qui  Louis  XIV   le  donna  en  1651.  en  échange  de  la 
Principauté  de  Sedan.  f^oye\  Du  Chefne  ,  Antiq. 
des  Filles  de  Fr.  P.  II  C.  4.  Hadrian.  Valef  Not. 
Gall.  page  6^.  les  Sainte  -  Marthe  ,    T.  II.  p.  571. 
EURIPE.  Détroit  de  mer  entre  îaBéotie  &  l'Ifle  d'Eu- 
boée  ,  ou  Négrepont  j  où  les  courans  font  fi  vio- 
'    lens  ,  qu'on  dit  que  la  mer  y  Hue  &  rellue  fept  fois 
par  jour.  Euripus.  On  a  voulu  faire  croire  qu'Arif- 
tote  s'étoit  noyé  volontairement  dans  X'Euripe,  parce 
qu'il  ne  pouvoit  comprendre  la  caufe  de  fon  mou- 
vement. 

Beauc'^up  de  perfonnes ,  &c  Mêla  entr'autres  ont 
rapporte  qu'  b  tlux  &  reflux  s'y  fait  fept  foislq  jour; 
mais  Tltc-Live  a  mieux  remarqué  :  il  ne  fe  fait  que 
quatre  fois  ,  de  fix  heures  en  fix  heures  ,  comme  à 
Venife  :  il  eft  vrai  qu'il  eft  fi  violent  ,  qu'il  fait 
moudre  des  moulins  de  part  &  d'autre.  Du  Loir, 
p.  ;oi.  f'oxe:;  iurïEuripe  &  fon  flux  &  reflux, 
Spon  dans  fes  Voyages  ,  P.  II.  p.  jiS.  Se  fuivantes. 
Tome  m» 


EUR  ^4, 

c«i  une  Lettie  du  P.  Jacciues-Paul  Babin  ,  Jéfuive  , 
quiavoit  demeuré  deux  ans  à  Négrepont,  Se  que 
Spon  rapporte. 

Oi\  a  depuis  attribué  ce  nom  à  tous  les  endroits 
où  l'eau  écoudans  un  grand  mouvement  ^  ou  une 
agitation  irrégulière.  Les  Cirques  anciens  avoient 
leurs  Euripes  ,  qui  étoient  des  foifés  fur  les  deux 
côtés ,  dans  lefquels  il  étou  dangeteux  de  tomber 
en  conduifant  les  chars  ,  fur  lefquels  fe  faifoient  les 
courfes.  Les  Romains  donnoient  en  particulier  ce 
nom  à  trois  canaux  ou  foliés  qui  ceignoient  le  cir- 
que de  ttois  côtés ,  &  que  l'on  remplilîoit  d'eau  , 
quand  on  vouloit  y  repréfenter  un  combat  naval. 
Ils  appeloient  aulîi  i!:'tt/-//)<;j  J  ces  aqueducs  qui  fer- 
vent à  conduire  l'eau  d'un  lieu  dans  un  autre.  Spar- 
tien  dit  qu'Héliogabale  remplit  par  magnificence 
des  Euripes  de  vin  ,  pour  donner  au  peuple  le  fpec- 
lacle  d'un  combat  naval. 

ify  On  appeloit  Nils  ,  ces  canaux  lorfqu'ils 
étoient  tort  larges. 


On  fe  fert  quelquefois  de  ce  mot  au  figuré  ,  pour 
fignifier  des  mouvemens  ii  réguliers.  Naudé  du  dans 
le  premier  chapitre  de  fon  Apologie  pour  les  grands 
hommes  accufés  de  magie  ,  qu'une  prudence  cri- 
tique des  Auteurs  nous  découvre  le  calme  ou  la 
tempête  de  leurs  pallions ,  Veuripe  de  leurs  mouve- 
mens ,  Se  l'admirable  diverfité  de  leurs  efprits.  Il 
s'eft  dit  quelquefois  en  ce  lens  des  violentes  agita- 
tions d'efprit.  Ainh  le  Poète  des  Vifionnaires  a  du  : 

Tantôt  dans  /'Euripe  amoureux  ^ 

Je  mefens  le  plus  malheureux  ^  * 

Des  individus fublunair es. 

Les  Poètes  Latins  ont  dit  par  une  femblable  mé- 
taphore ,  magnis  curarum  flucluat  undis.  Catul.  in 
Epiik.  Tliet. 

Ce  mot  vient  du  Grec  '"  ,  facile  _,  ç''ip««(  ^  prui- 
pitari. 
EURISTEE.  f.  m.  Terme  de  Fleurifte.  Tulipe  colom- 

bin  mêlé  de  blanc  Se  de  fin  panaché.  Morin. 
ÉVROLS.  f.  m.  Nom  d'homme.  Eberulfus  ,  Ebrulfus. 
Saint  Evrols  J  que  l'on  prononce  Saint  Evrou,  SC 
Saint  Evrau  ,  tiroir  fon  origine  de  la  ville  de  Beau- 
vaij.  Baillet,  i^  Juillet.  Saine  Z^vaû^  fut  reclus  & 
Abbé  près  de  la  même  ville  dans  le  Vli^  fiècle. 
M.  Baillet  ditaulîi  £i'rez///^5maiscen'eftpas  l'ufage. 

Ces  noms  le  font  formés  du  Latin  Eberulfus  j 
Ebrulfus  J  Ebruljs  ,  Ebroljs  _,  Ebrols  ,  Ebrou  ,  ou 
Ehrau  ,  changeant  la  lettre  l  en  u  ,  félon  l'ordinaire. 
Il  eft    mieux   d'écrire   Evrou  ,  ou  Evroul.   Foye^ 

EvROUL. 

ÉVP«.ON.  Bourg  de  France  avec  une  AhhAys.  Ebro-^ 
nium.  Il  eft  dans  le  Maine  fur  la  petite  rivièrs 
d'Erve  ,  à  neuf  lieues  du  Mans  au  couchant.  L'Ab- 
baye d'£rro«  de  l'Otdre  de  S.  Benoît ,  a  été  fondée 
au  VIl^  fiècle  par  Hardouïn  ,  Evêque  du  Mans. 
Foye\  les  Sainte-Matthe. 

EUROPE,  f.  f.  Nom  de  femme.  Termede  Mythologie. 
Europa.  L'Antiquité  a  connu  plufieurs  Europes.  Il 
y  en  a  trois  remarquables.  La  première  fut  fille  d'A- 
génotj  Roi  de  Pficnicie.  C'eft  elle  qui,  pendant 
qu'elle  fe  divertilfoic  fur  le  rivage  de  la  mer ,  fut 
enlevée,  difent  les  fables,  par  Jupiter  changé  en 
taureau.  Horace  décrit  cet  événement  dans  fon  III*  L. 
Ode  17  ,  qui  eft  très- belle. 

Dès  qu'on  voit  la  mer  tranquille  , 

On  brûle  de  s'tmbarquer. 

Telle  Europe  ,  trop  facile  j 

Croit  n  avoir  rien  à  rifquer.  Pellegrin. 

Licophron  appelle  ce  ravifletir  Aftérus  ;  Se  Dio- 
dore  ,  L.  V.  Aftérius;  S.  Auguftin  ,  L.  XVIII.  de  la 
Cité  de  Dieu  ,  Ch.  1 1.  Xanthus ,  ou  ,  comme  on  le 
nomme  encot^e  Xuthus.  Pourconfoler  Agénor  de  la 
perte  A'Europe  ,  on  mit  Artafte  fa  fille  au  nombre 
des  Divinités.  Quelques-uns  doutent  fi  Artafte  n'eft: 
pas  Europe  elle-même.  L'hiftoire  qui  a  donné  occa- 
Dddddd 


p4^ 


EUR 

fion  à  cette  fable  fe  rapporte  différemment.  Quel- 
ques-uns difent  qu'un  Jupiter,  Roi  de  Crète  ,  ayant 
fait  une  defcente  en  Pliénicie  ,  enleva  plufieurs  per- 
fonnes ,  &  entr'autres  ,  la  hlle  du  Roi  du  pays ,  nom- 
mée Europe  ,  &c  qu'il  k  tranlporta  en  Crète  lut  un 
vailfeau  nommé  le  Taureau.  D'autres  difent  que 
c'ert  Minos  qui  la  ravit.  PaLxphare  de  Patos  écrit 
qu'elle  fut  enlevée  par  un  Gnoilien  nommé  Taurus, 
dans  une  guerre  qu'il  eut  avec  les  Phéniciens.  Eu- 
fébe  ,  dans  la  Chronique ,  rapporte  ce  rapt  au  temps 
de  Jofué  ;  &  plus  bas  ,  en  fuivant  d'autres  Auteurs, 
il  le  place  à  la  quinzième  année  du  Juge  Othoniel. 
Quelque  fentiment  que  l'on  fuive  ,  lî  c'eft  un  Jupi- 
ter qui  fut  le  ravilfeur  j  ce  ne  peut  être  le  premier 
&  le  plus  ancien  ,  qui  étoit  Cretois  ^  &  qui  donna 
le  nom  à  fon  Ifle  j  car  il  étoit  contemporain  de  Ja- 
cob ,  ou  m.ême  d'iiaac  ;  mais  ce  tut  Jupiter  II.  dont 
le  fépiilchre  étoit  en  Crète, comme  témoigne  Evhe- 
nierus  &  Cicéron  dans  Laclance  ,  De  jalsâ  Reli- 
gione  ,  L.  l.C.  \\.  Les  noms  ditférens  que  les  An- 
ciens donnent  à  ce  ravilfeur  ne  font  point  une  raifon 
d'en  diftinguer  plufieurs  :  c'eft  le  même  homme 
appelé  différemment  par  différens  Auteurs.  Jupiter 
eut  d'fa^OyPe  plufieurs  enfans  que  l'on  rapporte  diffé- 
remment. Voye-[  Louis  Vives  fur  le  XIP  Ch.  du 
L.  XVIIF  de  la  Cité  de  Dieu  ;  Triflan  ,  T.  III. 
p.  226  &  217.  &:  Vollius ,  De  Idolol.  L.  l.  C.  14  & 
^2.C'e(\.j  dit-on  ,  cette  Europe  qui  a  donné  fon 
nom  à  la  partie  du  monde  que  nous  habitons. 

Europe  fut  honorée  par  les  Phéniciens  avec  Af- 
tarte ,  ou  Altharoth  ,  c'eft-à-dire ,  avec  la  Lune  j 
&  fous  fon  nom.  Lucien  ,  dans  fon  Traité  de  la 
Déelfe  Syrienne,  dit  qu'Aftarte  étoit  la  Lune  ,  &  il 
ajoute  que  les  Prêtres  Phéniciens  croyoient  qu'Af- 
tarte étoit  Europe,  8c  que  lui-même  il  le  leur 
avoir  ouï  dire  :  c'eft-à-dire  ,  reprend  Vollius ,  De 
Jdoiol.L.  VIL  C.  10.  qu'Aftarte  phyfiquement  par- 
lant ,  &  de  fait ,  étoit  la  Lune  ,que  c'étoit  à  elle  que 
ce  culte  fe  rendoit  dans  fon  origine  j  &  que  depuis 
d'Aflarte  ,  on  en  avoit  fait  Europe. 

Les  Sydoniens  mirent  Europe  au  revers  des  mé- 
dailles qu'ils  frappèrent  pour  Elagabale  ,  pour  An- 
nia  Faultina  j  Se  pour  Alexandre  Sévère.  Les  os 
à'Europe  éroient  chez  les  Thefpiens ,  &  ils  les  por- 
toient  en  cérém.onie  aux  Ellotiis.  yoye\  Elloties. 

On  trouve  fur  les  médailles  une  Europe  fur  un 
Taureau,  &  pour  infcription  ©EASniAiiNos.  Con- 
fultez  Ttill:an,  Tom.  III.  p.  2  2(î  &  227. 

Une  autre  Europe  efl  une  Nymphe,  fille  de  FO- 
céan  &  de  Téthvs,  comme  on  peut  le  voir  dans  la 
Théogonie  d'Héfiode  ,  v.  5  57.  Lambert  Barlée  j  qui 
prétend  que  les  noms  des  filles  de  l'Océan  qu'Hé- 
îiode  rapporte  en  cet  endroit  j  ne  font  que  des  qua- 
lités ou  des  propriétés  de  l'eau  ,  ou  de  la  mer  ,  écrit 
que  E'tigaïT!)  ,  Europe  ,  eftdit  pour  E'ufuaa-i},  Qui  voit 
fort  loin  ,  parce  que  la  vue  s'étend  fore  loin  fur  les 
eaux. 

En(i\:LEurope  eft  le  nom  de  la  XI*  des  Sybilles. 
EUROPE.  Terme  de  Géographie.  Nom  de  l'une  des 
parties  du  monde.  Europa.  Les  limites  de  l'Europe 
ont  toujours  été  les  mêmes  du  côté  du  Septentrion  , 
du  Couchant  &  du  midi  ;  car  c'eft  la  mer.  L'Europe , 
dit  Mêla  ,  L.  I.  C.  5.  a  au  Midi  une  partie  de  la  Mé- 
diterranée ,  à  rOccident  l'Océan  Atlantique ,  &  au 
Septentrion  l'Océan  Britannique.  Pline  dit  la 
même  chofe  ,  L.  III.  ProAm.  &  C.  1.  où  il  décrit 
l'Europe.  Du  côté  de  l'Orient,  Mêla  &  Pline  difent 
qu'elle  a  le  Pont,  le  Palus  Motide  &c  le  Tanaïs  , 
que  nous  nommons  le  Don.  Ils  ne  connoilïoient 
point  les  pays  plus  feptentrionaux.  Voici  les  bornes 
que  l'on  donne  aujourd'hui  à  cette  partie  du  monde. 
Elle  eft  baignée  au  Nord  par  l'Océan  feptentrional, 
au  Couchant  par  l'occidental,  au  Midi  par  la  mer 
Méditerranée  ,  qui  la  fépire  de  l'Afrique.  Elle  eft 
féparée  de  l'Afîe  au  levant  par  l'Archipel ,  le  détroit 
de  Gallipoli ,  la  mer  de  Marmara ,  le  détroit  de 
Conftantinople  ,  la  mer  Noire,  lé  détroit  de  Caffa, 
la  mer  deZabache,la  rivière  du  Don  jufqu'à  fa  cour- 
bure la  plus  orientale-,  où  eft  la  ville  de  Taya;  d'où 


ËiJR 

cette  borne  pafle  au  Volga ,  qu'elle  remonte  tant  que 
ce  fleuve  coule  du  nord  au  fud  .■  delà  elle  va  à  l'Oby 
qu'elle  fuit  jufqu'à  fon  embouchure  dans  l'Océaa 
Scytique  ic  Septentrional.  Ainli  l'Europe  elt  une 
grande  prefqu'lfle  htuée  entre  le  9^  &c  le  i)3e  degré 
de  longitude  ,  tk.  entre  le  34«  5c  le  73c  de  latitude 
feptentrionale.  Maty,Corn.  Voye:^  aulli  Cluvier, 
Introd.  in  Geogr.  L.  IL  C.  &  les  Anciens  que  j'ai 
cités  \  mais  principalement  Strabon  ,  Liv.  111.  &c 
L.  VII. 

l'Europe  J  dit-on  ,  s'appela  Celtique  dans  les  temps 
les  plus  anciens  :  enfuite  elle  prit  le  nom  d'Europe  , 
fur  l'origine  duquel  on  varie.  Les  Poëres  anciens  ont 
dit  que  Jupiter  ,  pour  faire  honneur  à  Europe  ,  fille 
d'Agénor ,  qu'il  enleva  ,  donna  fon  nom  à  une  des 
parties  du  monde  :  tuajeclus  orbis  nomina  ducet ,  lui 
dit  Vénus  dans  Horace,  L.  III.  Ode  2j.  Hérodote  , 
dans  fon  IV=  Livre  appelé  Melpomène,  avoue  qu'on 
ne  fait  ni  d'où  vient  ce  nom  ,  ni  qui  l'a  donné  à  la 
partie  du  monde  qui  le  porte.  Bochart ,  Phaieg. 
L.  IF.  C  33.  croit  que  ce  font  les  Phéniciens  qui 
l'ont  appelé  Nax-Tin ,  Ur-appa,  c'eft-à-direj  Blane 
de  vifage  ,  ou  Vifage  blanc  ,  parce  que  les  Euro- 
péens font  beaucoup  plus  blancs  que  les  Africains. 
D'autres  ctoient  que  l'Europe  a  été  ainfi  nommée 
d'une  Province  qui  étoit  autrefois  dans  fa  partie 
orientale  ,  proche  de  l'Alie  :  où  eft  aujourd'hui 
Conftantinople  ,  &:que  l'on  rencontroir  la  première 
en  venant  d'Alie.  Ce  fentiment  paroît  bien  proba- 
ble. Nous  avons  déjà  remarqué  ailleurs  que  ,  foit 
dans  l'Antiquité  ,  foit  dans  des  fiècles  poftérieurs. 
Se  jufques  à  nos  jours  ,  on  a  fouvent  donné  à  tout 
un  grand  &c  vafte  pays  le  non«  de  la  première  con- 
trée que  l'on  rencontroir  en  y  abordanr.  Les  deux 
autres  parties  du  monde  connues  dans  l'Antiquité  , 
l'A  fie  &:  l'Afrique  ,  doivent  leur  nom  à  cet  ufage.  Il 
en  eft  de  même  du  Canada  ,  de  l'Allemagne  j  &  de 
beaucoup  d'autres  régions.  Voyei  tous  ces  noms  à 
leurs  places.  Les  peuples  d'Afie  appellent  l'Europe 
Frankiftan.  Voyei  Européen. 

l'Europe  eft  la  plus  petite  des  quatre  parties  du  monde} 
mais  elle  a  fur  les  autres  beaucoup   d'autres  avan- 
tages :  le  principal  eft  la  véritable  Religion  ,  qu'elle 
a  mieux  confervée  ,  &c  qu'elle  répand  ,  principale- 
ment depuis  deux  fiècles ,  dans  les  autres  parties  de 
l'Univers.  L'Europe  eft  très-fertile  ,  &  parlant  en 
général  j  plus  peuplée  &  mieux  cultivée  que    les 
autres.  Les  parties  générales  de  l'Europe  font  l'Ef- 
pagne  j    la  France  ,  l'Italie  j  l'Allemagne  Haute  ôc 
Baffe  ,  Se  les  Etats  adjacens  ,  qui  en  dépendent ,   la 
Turquie  en  Europe ,  la  Mofcovie ,   la  Pologne  ,  la 
Suéde,  le  Dannemarck  &  lesIflesBriranniques.il 
n'y  eut  d'abord  qu'une  feule  langue  en  Europe,  la 
Celtique  -,  ou  la  Gomariquc  ;  enfuite  il  y  en  eue 
deux  J  la  Celtique  &  la  Grecque ,  qui  vint  de  Phé- 
nicie ,  ôc  qui  produifit  la  Latine.  Aujourd'hui  il  y  en 
a  trois.  La  Latine  ,  dont  l'Italienne  j  la  Françoife  Se 
l'Efpagnole  fonr  des  dialeétes  ,  mêlées  néanmoins, 
fur-tout  l'Efpagnol ,  de  l'ancien  Celtique  ,  &   des 
autres  langues  Barbares  qui  ont  inondé  l'Europe  en 
différens  temps  ;  la  Tudefque  ,  rejeton  ou  fille  de 
la  Celtique  ,  &  qu'on  parle  dans  l'Allemagne  ,  dans 
les  Ifles  Britanniques,  en  Suéde  &  en  Dannemarck; 
&  l'Efclavonne  ,  qui  eft  la  langue  de  Pologne  ,  de 
la  Mofcovie  ,  d'une  grande  partie  de  la  Turquie  , 
de  l'Efclavonie  ,  &  de  prefque  route  l'Illyrie.  Il  y  a 
encore  quelques  langues  moins  érendues ,  qui  font 
le  Grec  ,  l'Alb.anois  ,    l'Hongrois ,  le  Tarrare  ,   le 
Bafque,  le  Bas-Breton  ,  l'Irlandois  8c  le  Laponois. 
La  Capitale  de  ffi/zo/^e  eft  Rome.  Ses  plus  grandes 
villes  font  Paris  ,  Londres,  Conftantinople,  Rome, 
Mofcou  ,  Amfterdam.  Strabon  dit  que  l  Europe  a  la 
figure  d'un  dragon  :  il  y  a  des  Modernes  qui  lui 
do'ïinent  celle  d'une  femme  aftife.  L'Efpagne  en  eft 
la  tête  ;   le  cou  eft  la  partie  de  la  France  qui  touche 
aux  Pyrénées  ;  le  relie  de  la  France  eft  la  poitrine  ; 
l'Italie  &  llfle  de  la  Grande-Bretagne  font  fes  bras; 
l'Allemagne  eft  le  ventre  ;  Se  le  refle  de  l'Europe  , 
le  refte  du  corps  depuis  la  ceinture  jufqu'en  bas ,  Se 


EUR 

les  jupes  qui  renviionnent.  f^oy.  Cluvierà  l'endroit 


eue. 


t'IiuROPE  ,  (elon  nos  dernières  cartes  Se  obfervations , 
ell  environ  entre  le  j6=  .S:  le  56'^  degré  de  latitude 
feptentrionale  ,  &  entre  le  je  Se  le  6  5  =  degré  de  lon- 
gitude. Elle  eil  polfédce  par  piulieurs  Souve- 
rains diftcrens  ,  dont  les  principaux  lont  dsux  Em- 
pereurs ,  douze  Rois,  un  Czar ,  huit  Républiques, 
&  piulieurs  Princes ,  tant  Ecclélialtiques  que  Lai- 
cjues.  Les  Empereurs  iont  celui  d'Occident  ou  d'Al- 
lemagne ,  &c  celui  d'Orient  ou  de  Turquie.  Les  Rois 
loin  ceux  de  France  j  d'Elpagne  ,  de  Naples  lïc  de 
Sicile ,  ou  des  deux  Siciles,  de  Bohême,  d'Hongrie, 
de  Portugal,  de  Pologne  ,  de  PrulFe^  de  Suéde  , 
de  Dannemarck  ,  d'Angleterre  &  de  Sardaigne.  Le 
Czar  eft  le  Souverain  de  Molcovie  ,  qui  depuis  quel- 
ques années  prend  la  titre  d'Empereur  de  Ruilie. 
Les  Républiques  l'ont  celles  de  Venife ,  Gênes , 
Luques  j  Ragule  ,  Genève ,  S.  Marin  ,  les  SuilFes 
de  les  Grifons  ,  la  Hollande.  Les  Princes  Ecclélial- 
tiques font  le  Pape  ,  i'Ele*5teur  de  Cologne,  celui 
de  Trêves  &; celui  de  Mayence  ,  le  Prince  de  Liège, 
les  Evcques  de  Munfter  &  d'Olnabruck ,  celui  de 
Saltzboarg,&c.  Les  Princes  Laïques  font  les  Eledeurs 
de  Bavière,  du  Palatir.at  du  Rhin,  de  Saxe,  au- 
jourd'hui Roi  de  Pologne ,  de  Brandebourg  ou  Roi 
de  Prnlle  ,  &c.      _ 

Europe.  Ville  de  Syrie ,  fituée  fur  l'Euphrate  ',  un  peu 
r-u-delfous  de  Zeugma.  Europa. 

Europe.  Aticienne  Province  de  l'Illyrie.  iTaro^ca.  Elle 
faifoitla  patrie  orientale  de  la  Thrace,  &s'étendoit 
tout  le  long  de  la  côte  qui  regarde  l'Ahe  Mineure  j 
depuis  le  Pont-Euxin  jufqu'à  l'Archipel.  Ses  villes 
principales  étoient  Bizance  ,  ou  Conltantino- 
ple,  Sèlivrée,  Roditto  ^  Apri  &  Gallipoli  j  qui 
lubfirtent  encore  aujourd'hui.  Il  y  a  bien  de  l'appa- 
rence que  c'ell  de  cette  contrée  que  la  partie  du 
inonde  appelée  l'Europe  a  pris  fon  nom.  M  aty. 
Foye-^  l'article  qui  fuit.  Fellus  &  'Vopifcus  font 
mention  de  cette  Province  de  Thrace  ^  &  une  an- 
cienne infcription  porte  , 

PRAESIDI  PROVINCIAE  BYZACENAE 

CONSVLARI  PROVINCIAE  EVROPAE  ET 

THRACIAE. 

F'oyei  les  Notes  deSaumaife  fur  l'Aurelien  de 
'Vopifcus,  pag.  3  5  9.  colon,  i.  àQl'HiJIorU  Juaujln 
Scriptf.. 
EUROPEEN  ,  ENNE.  On  ne  dit  plus  Européan  ,  Eu- 
péanne.  f.  m.  &  f.  Qui  appartient  à  rEurope,qui  eft 
de  l'Europe.  Europuus  ,  a.  Les  Européens  fontiils  de 
Japhet  j  car  l'Europe  fut  peuplée  après  le  déluge 
par  les  enfans  de  ce  hls  de  Noé  ,  &  les  Payens  mê- 
me ne  l'ont  pas  ignoré.  Ils  le  nomment  Japet.  Bo- 
chart  prétend  que  des  fept  fils  de  ce  Patriarche  j  il 
n'y  en  eut  que  deux  qui  patlèrent  en  Europe  , 
Tiras  &  Javanj  d'où  font  venus  les  noms  de  Thraces 
&c  d'Ioniens,que  le  premier  eut  laThrace,  la  Myfîe&: 
tout  le  Nord  de  l'Eijrope  ;  &  le  fécond  les  parties 
méridionales  &  voiiînes  de  la  Méditerranée  ,  la 
Grèce,  l'Italie,  la^aule,  l'Efpagne  ;  que  les  cinq 
autres  reftèrent  en  Alie.  Le  grand  nombre  des  Au- 
teurs qui  ont  écrit  fur  ces  Antiquités  veulent  que 
tous  les  enfans  de  Japhet  aient  palfé  en  Europe  ,  & 
entr'autres,  Gomer ,  que  piulieurs  difent  avoir  peu- 
plé la  Gaule  :  c'eft  le  fentiment  de  Poflel  tk  tie 
beaucoup  d'autres  ,  qui  l'ont  pris  des  Anciens.  Jo- 
feph  ,  L.  I.  Jntiq.  C.  Eufébe  j  Zonaras,  Illdore  j  Cec. 
Les  Européens  font  les  peuples  de  la  terre  les  plus 
policés  J  les  plus  civilifés  &  Us  mieux  faits.  Ils  fur- 
palfenr  tous  ceux  des  autres  parties  du  Monde  dans 
les  Sciences  &:  les  Arts,  &  principalement  dans 
ceux  qu'on  nomme  libéraux  ,  dans  le  commerce  , 
dans  la  navigation  ,  dans  laguerrCj  dans  les  vertus 
militaires  &:  civiles.  Ils  font  plus  vaillans ,  plus  pru- 
dens ,  plus  généreux ,  plus  doux  ,  plus  fociables  &e 
plus  humains.  Les  peuples  d'Alîe  appellent  tous  les 


EUR  947 

Européens  Frankis  ^  parce  que  les  François  font  les 
peuples  qu'ils  ont  le  plus  connus  ,  à  caiiie  des  gran- 
des expéditions  de  ceux-ci  en  Afie  ,  &  àss  Empires 
qu'ils  y  ont  conquis.. . .  Le  plus  grand  de  fes  plailirs 
ctoit  d'entretenu-  les  Etrangers ,  de  s'informer  des 
mœurs  ,  des  coutumes  j  iSc  de  la  Religion  des  Eu- 


ropéens. P,  Catrou 


EUROPS.  f.  m.  Fils  d'Egialée  ,  régna  à  Sicyone  ,  &: 
donna  fon  nom  à  l'Europe  ,  félon  AppoUodore. 

EUROTAS.  Fleuve  de  la  Lacome,  qui  palfoit  à  Sparte 
ou  Lacédémone.  Eurotas.  Ce  Fleuve  avoir  été  fait 
de  main  d'homme.  Eurotas  ,  fils  de  Myles ,  petit- 
hls  de  Lelex  &  père  de  Sparte  ,  qui  époufa  Lacédc- 
mon  \  EurotLis,  dis-ja  ,  ralfembla  dans  un  canal  des 
eaux  qui  croupilloient  dans  la  Laconie  ,  Se  les  con- 
duilit  à  la  mer  :  ce  canal  où  cette  rivière  prit  fon 
nom;  c'eft  V Eurotas  dont  nous  pailons.  Il  commen- 
çoit  dans  l'Arcadie  proche  de  l'Alphée  ,  dans  un 
bourg  appelé  Afque  ,  proche  de  Mégalopolis.  On 
l'appela  Hymerus  j  Marathon  j  Neris  &  Eurotas. 
Baudrand  ,  Lloyd  ,  Hoffmand. 

Il  y  avoir  aulli  un  Eurotas  dans  la  ThelTalie.  Il 
tomboit  dans  le  Pénce,  auquel  il  ne  fe  mêloit  point; 
mais ,  fi  l'on  en  croit  Pline  ,  Liv.  IV.  C.  S.  fes 
eaux  furnageoient  comme  de  l'huile  fur  celles  de  ce 
fleuve. 

Leshabitans  du  paysle  nomment  aujourd'hui  Iris, 
à  ce  que  l'on  dit.  D'auttes  l'appellent  Hafilico-po- 
tamo  ,  c'eft-à-dite  ,  fleuve  royal.  Foyei  les  Tables 
Géogr.  du  P.  Lubin  ,  &  la  GuiUetiére  ,  Athènes 
ancienne  &  nouvelle  _,  L.  /. 

ÉVROU./'^ojqEVROLS. 

EVROUL.  f.  m.  Nom  d'homme.  Ebrulfus  ,  Eberulfus. 
Saint  Evroul  naquit  à  Bayeux  l'an  517.  de  parens 
nobles  &  qualifiés.  Il  fut  le  premier  Abbé  d'Ouche 
en  Hiefmois  ,  Utkenfis  in  pago  Oximenjî.  S.  Evroul 
mourut  le  29.  de  Décembre  de  l'an  556.  la  8oc  an- 
née de  fa  vie.BAiLL.On  ne  fait  point  fentirl'/ finale. 
Bailler  en  parlant  d'un  aiureSaint  Abbé  du  VII^  fiè- 
cle  écrit,  Evrols  ,  quoique  ce  foit  le  même  nom  ,  & 
que  de  fon  aveu  on  prononce  toujours  Evrou.  Voy. 
encore  Évrols. 

ÉvRouL.  St  Evroul.  Nom  d'une  Abbaye  de  France 
qui  donne  aulli  fon  nom  au  heu  où  elle  eft  fituée. 
^ancli  Ebrulfi  fanum  ,  ou  monafîerium.  Ce  lieu  eft 
dans  le  Diocèfe  de  Lifieux  en  Normandie  ,  dans  ia 
Forêt  d'Ouche,  proche  d'Hiefmes.  Hadr.  Valef.  No- 
tlt.  Gall.  p.  iC^.  L'Abbaye  de  S.  Evroul,  Abhatia 
Suncîi  Ebrulfi ,  eft  de  l'Ordre  de  S.  Benoît ,  daire  le 
Territoire  d'Hiefmes  en  Normandie,  du  Diocèfe  de 
Lifieux  J  fondée  au  VI'  fiècle  par  S.  Evroul ,  qui  en 
fut  premier  Abbé.  Ce  lieu  fe  nommoir  autrefois 
Vticum.'DE  Sainte-Marthe. 

EURYALE.  f.  f.  Nom  de  femme  ,  qu'il  faut  pronon- 
cer avec  un  é  aigu  à  la  fin  ,  Se  non  pas  avec  un  e 
muet  Euryale. 

EuRiALÉ.  f.  f.  Reine  des  Amazones  j  fecourut  /€tes. 
Roi  de  Colchide  ,  contre  Perfée. 

EuRYviLÉ.  Fille  de  Minos ,  fe  lailfa  féduire  par  Nep- 
tune, &  mit  au  monde  Ofion.  C'eft  aulIi  le  nom 
d'une  des  Gorgones  dont  parle  Héfiode ,  Theopon. 
vers  fj6.  il  dit  qu'elle  étoit  immortelle. 

EURYALE.  f  m.  Semblable  aux  Dieux  ,  dit  Homère, 
commandoit  les  Argiensau  fiègedeTroyCjavecDio- 
méde  Se  Sténéliis.  Il  étoit  filsdeMéciftée&petit  fils 
du  Roi  Talaiis. 

Euryale.  Ami  de  Nyfus  j  qui  fe  laifla  furprendre par- 
les troupes  de  Téomus. 

EURYALigUE.  adj.  Terme  de  VocC\e.Euryalicus.Us 
vers  Euryaliques  font  la  même  chofe  que  les  vers 
Rhophaliques ,  c'eft-à-dire  j  vers,  dont  les  niotsvon: 
en  augmentantcn  nombre  des  fyllabes.  f^oye^  Rho- 

PHALIQUE. 

Scaliger  prétend  que  les  vers  Euryaliques  ont  été 
ainfi  nommés,  parce  que  quelques-uns  ont  lu  Eu- 
ryalius  pour  Raphalycus  :  \'iner  a  lu  Eurypalicus  , 
6c  Defpautére  Eurvphallicus.  M.  Ménage  croit  qu'on 
peut  rerenir  cette  dernière  leçon,  &e  qu'elle  a  un  fort 
beau  fens.  ElpWj  &  (fa^^! ,  voulant  dire  large  ,  ex- 
D  d  d  d  d  d  ij 


94?  EUR 

jrcmité ,  le  mot  aT.uryphaUlque  ,  ou  plutôt  Eury- 
phalique ,  a  la  même  iignilication  que  celui  de  Ka~ 
phaiique. 

EURYB ATE.  f.  m.  Un  des  Argonautes ,  qui  fe  rendit 
célèbre  au  jeu  de  palet ,  aulli-bien  que  dans  l'art  de 
guérir  les  plaies. 

^  EURYCLÈS  ,  furnommé  l'Engartrimytlie,  parce 
que  l'on  croyou  qu'il  avoir  un  Démon  dans  les  en- 
trailles ,  qui  lui  reveloit  l'avenir.  Il  fut  fameux  à 
Athènes  ^,  &c  les  Devins  furent  appelés  de  ce  nom 
Eurydides, 

EURYDICE,  f.  f.  Femme  d'Orphée  ,  fuyant  les  pout- 
fuitesd'Ariftée,  le  long  d'uuHeuve,  fut  piquée  au 
talon  par  un  ferpenr.  Elle  en  perdit  la  vie  ^  peu  de 
jours  après  fon  mariage. 

EURYMEDON.  Rivière  de  l'ancienne  Phamphilie. 
Eurymédon.  Ce  fleuve  avoir  fa  iource  dans  le 
Mont  Taurus ,  &  fe  déchargeoit  dans  la  mer  de 
Pamphilie  :  il  coule  maintenant  dans  la  Caramanie, 
&:  porte,  dit-on  ,  le  nom  de  Zacuth.  Hoffman  , 
Maty. 

EURYMEDUSE  f.  f.  Nom  de  la  mère  des  Grâces. 
Euryinedufa. 

EURYNOME.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Euryno- 
mus.  C  étoit  un  Dieu  des  Enfers.  Pauianias  j  dans 
la  defcription  qu'U  fait  du  Temple  de  Delphes 
dans  fon  Xe  Livre  intitulé  <p«*ix«,  dit  que  ce  Dieu 
ctoit nommé  Eurynomc  par  les  Prêtres  de  Delphes, 
qui  difoient  qu'il  rongeoit  les  chairs  des  morts  ,  ne 
Jailfant  que  les  os  \  qu'au  furplus ,  m  Orelle ,  ni 
une  Pocïie  nommée  Mynias,  ni  aucun  autre  mo- 
nument fembiable  ,  ne  faifoit  mention  de  ce  Dieu  j 
qu'il  y  avoir  une  efHgie  à'Eurynome  dans  le  temple 
de  Delphes  ,  qui  le  repréfentoit  d'une  couleur  entre 
le  bleu  &  le  noir  j  telles  que  font  les  mouches  j  qui 
s'attachent  à  la  chair  \  qu'il  montroit  les  dents  ,  & 
qu'il  étoit  aflis  fur  un  ilège  couvert  d'une  peau  de 
vautour. 

EURYNOME  f.  f.  Terme  de^  Mythologie.  Déelfe. 
Eurynome,  Héfiode  dit  dans  fa  Théogonie  ,  v.  907. 
qa  Eurynomé  étoit  fille  de  l'Océan  ;  qu'elle  étoit 
d'une  gtande  beauté  j  qu'elle  fut  la  troihème  femme 
de  Jupiter  ;  &:  qu'elle  le  fit  père  des  trois  Grâces. 
Paufanias  ,  dans  fon  VIII=  Livre  qui  traite  de  l'Ar- 
cadie  ,  dit  qu'environ  à  11.  ftades  de  Phigalie,  au 
confluent  du  Limax  &  du  Neda  ,  il  y  avoir  un  tem- 
ple A'Eurynome  \  que  le  Peuple  de  Phigalie  croyoit 
c^\i  Eurynomé  nèioii  qu'un  lurnom  de  Diane  j  mais 
que  ceux  qui  avoient  étudié  les  monumens  de  l'An- 
tiquité favent  qu  elle  étoit  fille  de  l'Océan  j  qu'Ho- 
mère en  parle  dans  l'Iliade.  Paufanias  ajoute  qu'on 
n'ouvroit  ce  temple  qu'une  tois  l'an  à  un  certain 
jour  'y  que  ce  jour-là  on  y  faifoit  des  facrifices  pu- 
blics &  particuliers.  Comme  il  ne  fe  trouva  point 
à  Phigalie  en  ce  temps,  il  ne  put  voir  la  Ifatue  de 
cette  Déelfe  5  mais  il  fut  des  Phigaliens  qu'elle 
étoit  liée  de  chaînes  d'or;  qu'elle  avoir  la  figure 
de  femme  jufqu'au  bas  ventre;  que  depuis  le  haut 
des  cuilfes  jufqu'en  bas,  elle  reffembloit  à  un  poilfon: 
ce  qui ,  dit-il ,  ne  convient  point  à  Diane. 

On  parle  aufli  d'une  Eurynomé ,  fille  de  l'Océan 
&  de  "Thétys,  &  mère  de  Leucothoé:  c^efl  appa- 
remment la  même.  Il  y  en  a  une  autre  fille  d'Ap- 
pollon,  &  mère  d'Adrafte  j  Roi  d'Argos  ,  &d'E- 
riphile  femme  d'Amphiaraiis. 

EURYSTERNON.  f  m.  Terme  de  Mythologie.  Sta- 
tue de  la  Déeflè  Tellus ,  ainfi  appelée  à  caufe  de  fa 
large  poitrine.  Elle  avoir  un  temple  fous  ce  nom 
auprès  d'/Egé  ,  dans  l'Achaie  ,  un  des  plus  anciens 
de  la  Grèce.  Sa  Piêtrelfe  devoir  n'avoir  eu  qu'un 
mari ,  &  garder  le  célibat  tout  le  refte  de  fa  vie. 
Xyiùflç  j    large  ,  &  féf»»»  ,  poitrine. 

EURYTE.  f.  m.  Euryvus.  Un  des  Géans  qui  firent  la 
guerre  à  Jupiter.  Hercule  étant  venu  au  fecours  de 
fon  pète,  s'attacha  à  combattre  Eury[e,Sc  l'allomma 
avec  une  branche  de  chêne. 

EuRYTE.  On  honoroit  Euryte  dans  l'Oéchalie  de  la 
Meflénie,  aujourd'hui  le  Belvédère  dans  la  Morée, 
&  ce  fut  un  nommé  Sybotas  qui  inftitua  la  fête  que 


EUS 

l'on  y  faifoit  en  fa  mémoire.  Fojf.  De  Mol.  Z.  /. 
C.  II.  /;.  53. 

EURYTHION.  f  m.  Centaure  ,  qui  occafionna  U 
guerre  des  Centaures  contre  les  Lapithes. 

EURYTHMIE,  f.  f.  Termes  de  Sculpture  ^  d'Archi- 
tedute  ,  de  Peinture,  &c.  Eurythmia  ,  éUganda. 
C'eft;  une  apparence  majeftueule  ,  &  je  ne  lai  quoi 
d'.^.ilé  &  de  commode,  qui  paroît  dans  la  compofi- 
tion  de  tous  les  membres  d'un  corps,  d'un  bâtiment, 
d'un  tableau  ,  &c  qui  réfulte  de  leut  belle  propor- 
tion. Ce  mot  elt  Grec  j  &  fignifie  une  bonne  confo- 
nancej  un  bel  accord  j  &  pour  ainfi  dire  ,  l'har- 
monie de  toutes  les  parties.  Il  vient  de  eu  bien,  Se 
de  fSfi'f ,  qui  fignihe  la  cadence  ,  l'accord  des  fons, 
des  nombres,  tk  d'autres  chofes  femblables.  Vi- 
truve  met  l'-fc^'^^f/îw/t' parmi  les  efpèces  ou  parties 
clfentielles  de  l'Architecture.  Il  dit  que  ['Eurythmie 
elt  la  beauté  de  l'alfemblage  de  toutes  les  parties  de 
l'œuvre  j  qui  en  rend  l'afped  agréable  ,  lorfque  la 
hauteur  répond  à  la  largeur,  &;  la  largeur  à  la  lon- 
gueur ,  le  tout  ayant  fa  jufte  mefure. 

EUS. 

ËUSAN  J  ou  EUZAN.  E/ufices  ,  Pagus  Elufanus  , 
Eluj'enjis  j  territorium  UcLifanum  _,  Helajanum,  Pays 
d'Eaufe,  pattie  de  l'Aquitaine.  L'ancien  Eufan  étoic 
le  pays  qu'occupoient  les  Elufates.  l^oye-^cs  mox. 
Aujourd'hui  VEuJan  cft  une  petite  contrée  deGaf- 
cogne  J  dans  le  Comté  d'Armagnac  ,  qui  prend  fon 
nom  du  bourg  d'Eufe,  ou  d'Eaufe  j  fur  la  Gelife. 
Les  villes  &  Baronies  de  la  Baftide  ,  de  Cafaubon , 
Maucret  &  Bretagne  j  font  de  \' Eufan.  L' Eufan  3. 
fon  Gouvernement  particulier. 

EUSE  J  ou  EAUSE.  Bourg  de  Gafcogne  ,  en  France. 
Elufa.  Il  eftfur  la  Geliie  ,  entre  Bazas  &  Tarbe  \  ôC. 
ce  font  les  relies  de  l'ancienne  Elufe,  fiège  de  l'Arche- 
vêché ,  que  l'on  a  transféré  .à  Auch, 

EUSÉBE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Eufebiits.  Saint  Eufébe 
Pape,  fuccéda  à  Saint  VvdL'icû.  Eufcbe  de  Célarée 
&  Eufche  de  Nicomédie  furent  deux  grands  Ariens. 
Sainr  EufebeAz  Verceil  &  S^iini  Eufebe  de  Samolate 
furent  deux  grands  Evcqucs. 

Ce  mot  elt  dérivé  du  Grec  luTitii;  ^  qui  fignifie 
pieux  J  de  «ù  bien ,  viZtftut ,  j'honore.  Nous  ne  confer- 
vons  pomt  Vi  dans  ce  mot,  non  plus  que  dans  Po- 
lybe ,  Eugène  &  autres  femblables  en  <'?  \  mais  nous 
confervons  cette  Lettre  dans  leurs  féminins.  Com- 
munément on  prononce  Veu  dans  ces  mots  prefque 
comme  un  u  fimple.  Uféte  ,   Vgéne. 

Saint  Eufehe ,  Abbaye  de  Bénédictins  fondée  dans 
l'onzième  liècle  par  S.  Marcien  ,  qui  en  fut  premier 
khhk.Sancli  Eufehù  Monaficrium.  Voye\  les  Sainte-. 
Marthe. 

EusÉBE.  f  m.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  de  Tulipe  co- 
lombin,  rouge  &  chamois.  Morin. 

EUSEBIE.  f.  f.  Nom  de  femme.  Eufcbïa.  L'Impéra- 
trice Euféhie  ,  femme  de  l'Empereur  Conftantius  , 
étoit  aulli  entêtée  que  lui  de  l'Arianifme,  Son  érudi- 
tion extraordinaire  en  toutes  fottes  de  fcienccs  ,  & 
les  autres  qualités  de  fon  efprit,  la  rendoient  digne 
de  l'Empire  j  il  elle  ne  les  eût  pas  fouillées  par  l'A- 
rianifme. 

EusÊBîE.  C'ell  le  nom  que  les  Anciens  donnoient  à  la 
Piété  y  qu'ils  avoient  divinifé.  De  ivnZtitc^  piété. 

EusÉBiE.  f^oye^  YSOTE. 

EUSÉBIENS.  Nom  de  Seéke  Arienne.  Ariens  qui  fu- 
rent ainfi  nommés.  Eufebiani.  Les  premiers  Difciples 
d'Arius ,  condamnés  avec  lui  par  S.  Alexandre  j  font 
proprement  ceux  qu'on  a  appelés  Ariens.  Les  autres 
qui  ont  pu  enfuite  embrafler  la  même  Héréfie ,  ou  fe 
déclarer  les  protecteurs  d'Arius  ,  font  plutôt  nom- 
més Eufébiens ,  à  caufe  d'Eufébe  de  Nicomédie  , 
leur  chef.  On  communiquoit  prelque  fans  difficulté 
avec  ceux-ci ,  mais  non  pas  avec  les  premiers  ;  Sc 
quoique  les  Eujébiens  les  enflent  reçus  à  leur  com- 
munion dans  le  Concile  de  Jérufalem  en  555  ,  les 
Orthodoxes  ne  lailloient  pas  de  leur  en  faire  tou- 
jours un  crime  ,  lorfqu'ils  y  communiquoient  effec- 


EUS 

tîvement.  Cette  diftinclion  p.iioîr  avoir  duré  jiif- 
qii'en  l'an  5  5  5.011 5  57.  auquel  les  Eufchiens  s  etoienr 
déclares  ouvertement  pour  l'erreurd  Arius  j  ce  qu'Us 
n\'ivoient  ofé  faire  jufqu'alors  ;  cela  produilit  la 
dillindion  des  Ariens  &:  des  Seiniariens.  Tillem. 
Hijl.  Ecd.  Les  premiers  Ariens  diminuant  toujours 
parla  fuite  des  temps j  on  n'en  a  prefque  plus  parlé 
depuis  l'an  341.  hç^  Eufebiens  au  contraire  fe  dé- 
clarant peu-à-peu  plus  ouvertement  contre  la  foi  de 
l'Eglife  ,  &  quelques-uns  ayant  même  été  féparés 
de  i"a  Communion  par  le  Concile  de  Sardique , 
on  les  nomma  Ariens  ^  fur-tout  depuis  le  Concile 
•  de  Milan.  Jufques-là  ils  avoienr  toujours  paru  fort 
unis  enfemble  j  mais  depuis  557.  au  moins  il  fe 
forma  des  divilîons  entr'eux  lur  la  doétrine ,  qui 
caufèrent  de  grands  troubles,  &  féparèrent  entin 
cette  tour  de  Babel  en  diverfes  fedles.  Idem. 
EUSICE.  Foyei  YSIS. 

ELTSIOIS3  OISE.  f.  m.&  f.  Qui  eft  de  la  Ville  d'Eu, 
ou  du  Comté  d'Eu.  Aucenfis  ,  Augenfls.  yoye\ 
Adrien  de  Valois,  Not.  Gall.  p.  56.  Ce  mot  ne  s'em- 
ploie jamais  ,  ou  prefque  jamais- 

Le  Comté  d'Eu  s'appelle  auffi  VEuJîois,  Pagus 
&  Comitatus   Aucenfis  ,    dans    Adr.   Falef.   Not. 
Gall.  pag.  56. 
EUSOIE.  t-'oyei  YSOIE. 

EIJSSI.  Bourg  de  France  fur  la  Marne  ,  près  de  Meaux. 
La  plupart  de  nos  Auteurs  le  prennent  pour  l'an- 
cien  Vuldacus  j    ou   P^ulciacus.  Hudr,  Falef.  Not. 
Gall.  p.  6}i. 
EUST.  Foye^  VUST. 

EUSTACHE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Eufîachlus.  Le 
culte  de  Saint  Eufiacke  eft  très-ancien  dans  l'Eglife, 
&;  très-répandu.  Les  Latins  ,  les  Gtecs  ,  les  Mofco- 
vires  ,  tous  l'honorent  depuis  très-long  -  temps. 
S.  Euflache  ,  fi  l'on  en  croit  les  Aéles  de  fon  Mar- 
tyre ,  étoit  un  grand  Capitaine.  Baronius ,  à  l'an 
110.  de  J.  C.  dit  qu'il  fe  nommoit  Placide  avant  fon 
baptême  :  que  c'ell  lui  qui  dans  la  charge  de  Colo- 
nel-Général de  la  Cavalerie,  rendit  à  Vefpafien&à 
Tite  des  fervices  imporcans  dans  la  guerre  contre 
les  Juifs  ,  &  dont  Jofeph  parle  j  L.  III.  De  Bello  ^ 
C.  4.  L.  IF.  C.  2.  &  L.  F.  C.  j.  Il  commanda  l'ar- 
mée en  chef  fous  Trajan  dans  la  Guerre  contre  les 
Daces.  Ses  Actes  difent  qu'il  fut  jeté  fous  Adrien 
dans  un  taureau  d'airain  ardent ,  pour  la  foi ,  avec 
Thèopifte  fon  époufe  &  fes  enfans.  On  révoque  en 
doute  aujourd'hui  ces  Aétes  de  S.  Eufiacke. 

M.  Bailler  au  vingt  de  Septembre  croit  que  ce  nom 
fe  dit  pour  Euftathe. 
EUSTACHE.  Foye^  EUSTASE. 
EUSTAISE.  Foyc-  EUSTASE. 

EUSTASE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Eufiafms.  S.  Eufiafe, 
Abbé  de  Luxeu  en  Franche-Comté  ,  nommé  autre- 
fois Saint  Eufiacke  par  les  Parifiens,  Saint  Eufiaife 
par  les  Lorrains ,  vint  au  monde  fous  le  règne  de 
Clotaire  I.de  l'une  des  plus  nobles  familles  de  Bour- 
gogne ,  &  mourut  l'an  715.  Foyc^  les  BoUandiftes  j 
Mars  ,   T.  III.  p.  76«.  &  Baillet ,  au  ^9«  de  Mars. 
Les  Aéles  de  Saint  Donat  d'Arezzo  lui  font  relfufciter 
la  femme  (^Eufiafe,  Receveur  des  Tailles  en  Tof- 
cane,  pour  trouver  l'argent  du  fifc  qu'elle  avoit  ca- 
ché. Tillemont.' 
EUSTATHE,  ou  EUSTATHIUS.  f.  m.  Nom  d'hom- 
me. Euftathius.  Saint  Euflatke  étoit  de  la   ville  de 
Side  en  Pamphilie.  Il  fur  d'abotd  Evèque  de  Bérée 
en  Syrie  vers  l'an  317.  En  515.  il  fuccéda  à  Saint 
Phiiogone  dans  le   fiége   d'Antioche.  S.   Eufiiathe 
d'Aniioche  fut  grand  ennemi  des  Ariens,  qui  le  con- 
damnèrent J  &  le  dépofcrent  de  fon  fiège  ,  pour  un 
crime  qu'ils  lui  avoienr  fuppofé.  Mais  le  parti  Ca- 
tholique ne  reconnutpo  nt  les  Evèques  que  ces  Hé- 
rétiques mirent  à   fa  place  ,    &;  tintent    toujours 
Enflathe -ponr:  leur  Prélar  ;   ce  qui  les  fit  nommer 
Eufthatiens.  Blondel  a  raifon  de  croire  que  Socrate 
&  Sozoméne  confondent  le  grand  fi^/'i^iirAe  ,  ou  avec 
Euftathe  Prêtre  de  Conftantinople,   qui,  félon  la 
Chronique  de  S.  Jérôme  ,  eut  foin  fous  Conftantin 
du  bâtiment  de  l'Eglife  de  Jérufalem,  ou  avet  quel- 


E  U  S  <^^cf 

qu'antre  perfonne  du  même  nom.TiLLEMoKT.Outre 
ce  Saint  Eufiathe.  Patriarche  d'Antioche ,  dépolé  par 
les  Ariens,  il  y  a  un  Eufiathe  Prêtre  deConltantino- 
ple,  célèbre  pour  fa  piété^  que  Valens  relégua^  parce 
qu'Hdétendoit  la  divinité  de  Jesus-Christ.  Eufiathe^ 
Eyêque  de  Séballe  en  Arménie ,  &  Eufiathe  ,  Moine 
héréliarque  &  chef  des  hérétiques  Euftathiens. 
Foye:(  ce  mot. 

EUSTATHIENS.  Nom  que  l'on  donna  dans  le  IV« 
iiècle  aux  Catholiques  d'Antioche  qui  ne  voulurent 
point  reconnoître  d'autre  Evêque  que  Saint  Euftathe 
dépolé  par  les  Ariens.  Euftathiani.  Ce  nom  leur  fut 
donné  au  temps  de  l'intrufion  de  Paulin  ,  que  les 
Ariens  fubftituerent  à  S.  Euftathe  vers  l'an  530, 
lorfqu'ils  commencèrent  à  tenir  leurs  alfemblées  à 
part.  Ce  furent  les  Ariens  qui  les  nomnivjrent  ainfi 
d'abord.  Vers  l'an  350.  Léonce  de  Phrygie  ,  die 
lEunuque,  qui  étoit  Arien,  &:  qui  fut  mis  fur  b 
fiége  d'Antioche,  pria  les  £'«/?i2rA^e/2^  de  faire  leur 
fervice  dans  l'Eglife ,  &:  l'ayant  accepté ,  l'Eglife 
d'Antioche  fervit  également  aux  Catholiques  Se 
aux  Ariens  :  ce  qui  donna  occafion ,  à  ce  que  l'on 
prétend,  à  deux  inftitutions,  qui  depuis  ont  tou- 
jours fubfirté  dans  l'Eglife.  La  première  fur ,  dit- 
on  ,  la  pfalmodie  à  deux  chœurs  j  mais ,  comme  a 
remarqué  Baillet,  s'ils  inftituerent  alors  la  pfalmo' 
die  alternative  à  deux  chœurs,  ce  fut  plutôt  entre 
deux  chœurs  Catholiques  ,  que  pour  répondre  à  un 
chœur  Arien.  La  féconde  fut  la  doxologie ,  Gloire 
au  Père  ,&  au  Fils  j&  au  S aint-Efprit. 

Cette  conduite,  qui  fembloit  renfermer  une  for- 
te de  communion  avec  les  Ariens ,  déplut  fort  à 
plufieurs  Catholiques.  Ils  tinrent  leurs  alfemblées  x 
part,  &  commencèrent  à  former  le  fchifme  d'An- 
tioche. Les  autres  Catholiques  qui  continuèrent  de 
s'allembler  dans  l'Eglife  ,  cefterent  de  s'appeler 
Eufiathiens ,  &  ce  nom  refta  à  l'autre  parti.  Foyeiç_ 
Baillet  dans  la  vie  de  S.  Euftathe,  au  16"  Juillet ,  5C 
Tillemont ,  Afe/;?.  pour  l'Hifl.  Eccl.  T.  FIL  p.  i8. 
&  iç).T.  FUI.  p.  343.  344.  350.  355.  Saint  Flavien 
cln  Evêque  d'Antioche  en  381  ,  mais  reconnu  feule- 
ment de  l'Orient  d'abord  ,  fe  voyant  enfin  réuni  au 
bout  de  17  ans  à  ^  communion  de  tous  les  Evè- 
ques ,  appliqua  tous  (es  foins  à  réunir  auftî  les  Euf- 
tathiens au  corps  de  l'Eglife  d'Antioche  ;  &  il  y  réuf- 
fit  à  l'égard  de  la  pliipart.  Mais  cela  ne  fe  fit  que 
peu  à  peu,  &  ne  fut  entièrement  achevé  que  fous 
Alexandre ,  l'un  de  fes  fuccelfeurs ,  qui  fit  cette 
réunion  avec  la  folennité  que  décrit  Théodorer, 
Hiff.  Eccl.  L.  3.  c.  2.  8).  ans  depuis  l'an  331.  auquel 
les  Euftatkiens  s'étoient  féparés  des  autres  Chrétiens 
d'Antioche,  c'eft-à-dire,  vers  l'an  415.  Il  en  refta 
même  encore  quelques-uns  qui  perpétuèrent  cette 
divifion  jufqu'à  l'an  482.  auquel  ils  fe  réunirent  > 
lorfque  les  reliques  de  S.  Euftathe  furent  rappor- 
tées à  Antioche.  Tillem.  Hifl.  Ecd.  T.  X,  pag. 
540.  Alexandre,  Evêque  d'Antiocli£  ,  pacifia  les 
troubles  des  Mclétiens  ,  des  Eufiathiens  j  &  des 
Pauliniftes  ,  en  413  ou  environ.  Godeau  Fl^fiècle^ 
n.  XXI. 

EusTATHiEN  ,  cft  auftTi  le  nom  d'une  fedle  hérétique 
du  IV'  fiècle  ,  qui  a  pris  fon  nom  A'Eufiathe ,  fon 
Auteur.  C'étoit  un  Moine  fi  follement  amoureux  de 
fa  profeflion ,  qu'il  condamnoit  toutes  les  autres 
conditions.  Il  excluoit  les  perfonnes  mariées  du  fa- 
lut  ;  il  défendoit  à  fes  feétateurs  de  prier  dans  les 
maifons;  il  les  obligeoit.i  quitter  leurs  biens,  com- 
me incompatibles  avec  l'efpérance  du  paradis.  Il 
les  retiroit  des  alfemblées  des  autres  fidelles  pour 
en  tenir  de  fecrètes  avec  eux,  &  leur  faifoit  portée 
un  habillement  particulier.  Il  vouloit  qu'on  jeûnât 
les  Dimanches,  &  difoit  que  les  jeûnes  ordinaires 
de  l'Eglife  étoient  inutiles ,  après  qu'on  avoir  at- 
teint un  certain  degré  de  pureté  qu'il  imaginoit.  Il 
s'approprioit  les  oblations  des  fidelles  à  raifon  de 
fa  fainteté.  Il  avoit  en  hotreur  les  chapelles  bâties 
en  l'honneur  des  Martyrs,  Se  les  aiïemblées  qui  s'y 
fliifoient.  Plufieurs  femmes  féduites  par  fes  dif- 
cours ,  quittèrent  lem?  maris  j  &  beaucoup  d'efcla- 


4^jo  E  Ij  i 

VUS  s'enfuirent  de  la  maifon  de  leurs  maîties.  Ba- 
roniiis  croit  que  cet  héréliarque  eft  un  Eut.idus , 
donc  Saint  Epiphane  paiis  comme  d'un  impol- 
teur ,  qui  écoit  Moine  d'Arménie.  Il  fut  condam- 
né l'an  342.  au  Concile  de  Gangres  en  Paphlago- 
nie.  Saint  Epiphane  hxr.  40.  Socrate ,  L.  II.  C  23. 
Sozoméne,  L.  III.  C.  3.  Samt  B.Uile,  ép._74  Se  «z. 
Nicéphore,  L.  IX.  C.  16.  Baronius  ,  à  l'an  319  , 
parlent  de  cette  héréfie.  Les  Eujlathiens  font  Malla- 
liens  ou  Melfaliens.  Tillemont,  Hijl  hccl.  T. 
FUI.  P.  518. 

EUSTOCHIUS.  f.  m.  Nom  d'homme.  Euftochïus.  L'an 
584.  Eujlochius,  Patriarche  de  Jérufaiem,  fut  mis  à 
la  place  de  Macaire,  foupçonné  d'C^ngémfme. 

EÙSTOQUIE  ou  EUSTOCHIE ,  &  EUSTOCHIUM. 
f.  f.  Nom  de  femme.  Euliûckium.  Sainte  Eujlochic, 
que  d'autres  appellent  JB'«/?t)c-Ae,  écoit  iiUe  de  To- 
xoce,  l'un  des  plus  lUuftres  Romains  de  Ion  temps, 
dont  la  famille  faifoit  une  branche  de  l'ancienne 
maifon  des  Juksj&  de  la  célèbre  Samte  Paule  j 
qui  venoit  des  Scipions  &;  des  Paul-Emiles.  On  dit 
suffi  Sainte  Eujlochium  en  notre  langue.  Foye:(  ce 
que  Saint  Jérôme  a  écrit  de  cette  Sainte  dans  fon 
Ep.  XXVII^ ,  &  Baillet  au  28c  de  Sept.  TiUemont, 
mjl.  Ecd.  T.  XIL  p.  6i.  71.  85.  94.  &:  fuiv.  Les 
femmes  mêmes  ne  purent  s'exempter,  par  la  foi- 
blelfe  de  leur  fexe,  de  la  cruauté  de  Julien ,  s'il  eft 
vrai  qu'étant  à  Tarfe  ,  il  y  ait  fait  foutfrir  un  cruel 
martyre  à  la  Sainte  Vierge  Eujîoquie.  Tillem.  T. 
Fl.p-iSo. 

EUSTORGE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Euflofgus.  Théo- 
doric  donna  un  refccit  en  faveur  ^Euftorge,  Evèque 
de  Milan,  pour  les  biens  qui  lui  appartenoient  dans 
la  Sicile.  Godeau. 

Ce  mot  qui  eft  Grec ,  vient  de  h ,  bien ,  &  «-'f?*, 
j'aime. 

EUSTRACE.  f,  m.  Nom  d'homme.  Euftraûus.  Baio- 
ronius  parle  de  S.aint  Eufiracc  en  fes  Annales  à  l'an 
821.  mais  il  l'y  nomme  Euflrq/îus ,  quoique  dans  la 
vie  de  S.  Joanice  qu'il  cite  ,  &  qu'il  juge  très-au- 
thentiquej  il  foit  nommé  Eufirutius ,  &  dans  un 
Manufcritde  la  Bibliothèque  du  Roi  E'urfâriOf.  Chaf- 
telain,9  Janv. /7.  154.  ^ 

EUSTYLE.  f.  m.  Eujîylus.  Se  «d'un  édifice  ou  les 
colonnes  font  bien  placées ,  &  avec  une  telle  pro- 
portion ,  que  chaque  entrecolonnement  elt  de  qua- 
j;re  modules ,  &  un  quart.  Ce  mot  ell  Grec ,  &;  vient 
de  X»  i  bien,  &  de  ?"^»?  ,  colonne.  Vitruve,  1.  3.  ch. 
2.  dit  que  l'ordonnance  de  Xeujlyle  eft  la  plus  ap- 
prouvée, &  qu'elle  furpalfe  les  autres  en  commo- 
dité ,  en  beauté  &  en  force.  Elle  tient  le  milieu  en- 
tre le  picnoflyle  &  l'aréoftyle. 

EUSUGAGUEN.  Ville  d'Afrique,  dans  la  Province 
de  Héa ,  au  Royaume  de  Maroc. 

EUT. 

EUTERPÉ.  f.  f.  Terme  de  Mytholofzie.  L'une  des 
neuf  Mufes.  Euterpe.  C'eft  à  Euterpé  qu;  l'on  attri- 
bue l'invention  des  Mathématiques.  Aulon-  la  fait 
inventrice  de  la  Bâte,  Idill.  2.  v.  4.  C'eft  le  lenti- 
menc  le  plus  commun  ;  c'eft  pourquoi  on  la  peint 
tenant  une  flûte  traverficre  dont  elle  joue,  avec  des 
hautbois  à  fes  pieds  &  autour  d'elle. 

IP°  On  lui  attribue  aulli  l'invention  de  laTia- 
gé'lie  -y  c'eft  pourquoi  on  ajoute  un  mafque  à  les  at- 
tributs. 

^  EUTHANASIE.  L  f.  Mort  beureufe.  Mot  formé 
du  Grec  ëS ,  bien ,  &  de  ^mut  ;  ^  mort. 

EUTHÈRE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Eutherius.  Euthère 
de  Procia,  ou  Prochyla  j  &  Euthère  de  Pannonie  , 
allifterent  au  Concile  de  Sardique.  TiiLEMONTj 
Hifl.Eccl.  T.  Fil/,  p.  684.  Parmi  les  Ouvrages  de 
S.  Athanafe  il  y  a  dix-hnit  Traités  que  le  P.  Lnbbe 
vent  qui  foient  de  Théodoret  ;  &  il  femble  qu'il  n'y 
a  pas  lien  d'en  douter  ,  puifque  Phorius  y  eft  for- 
mel. Cependmt  d'iutres  croi-.^nr  qu'ils  font  d'Eu- 
t/tère  ,  Evêque  de  Tyanes,  grand  défenfeurde  Nef- 
torius.  Id. /».  728. 


EUT 

EUTHYME ,  ou  EUTHYMIUS.  f.  m.  Nom  d'hom- 
me.  Lutriymius. 

§CT  EuTHVMiE.  f.  f.  Terme  Grec,  qui  lignifie  repos 
de  l'ame.  Zenon  avoir  en  horreur  la  volupté  ;  Epi- 
cure  en  faifoir  ion  Dieu  :  mais  tous  deux  vouloienc 
arriver  également  à  l'ataraxie  ,  à  l'apathie  j  à  Veu- 
thymii,  à  l'aporie,  à  l'acataplexie,  c'eft-à-dire  ,  en 
François,  au  repos  de  lame.  Batteux. 

EUTRAPELIE.  f.  f.  Manières  gaies j  agréables,  ingé- 
nieufes ,  aiîables,  façon  d'agir  plaifante  ,  tacétieu- 
fe,  qui  plaît.  Eutrapelia.  Ce  mot  ne  le  dit  guère 
qu'enrre  les  Savans.  Il  eft  Giec,  &  vient  d'ïï ,  bien, 
ècrfi-aa^  je  tourne.  Veutrapclie  eft  une  qualité  qui 
fait  bien  tourner  ce  que  l'on  dit.  L'eutrapeiie  eft  une 
manière  de  plaifanter  agréablement.  Vtutrapéliey 
pour  être  parfaite ,  demande  un  elprit  délicat  &  fin. 
En  Grec  ce  mot  fe  prend  auffi  en  mauvaife  part , 
pour  Scurrilité  ,  dicacité.  Aullî  eft-il  vrai  que  ïeu- 
trapélie  dégénère  fouvenr  en  bouffonnerie.  Mais  en 
notre  langue  on  ne  lui  donne  point  ce  mauvais 
fens.  Comme  on  pourroit  faire  de  grands  recueils 
des  e«r;v;/7t7ie.f  des  Anciens  ,  on  pourroit  auffi  com- 
pofar  des  volumes  de  leurs  inepties.  Misson. 

EUTROPE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Eutropius.  L'Hif- 
torien  de  ce  nom  s'appelle  toujours  jEtt^ro^pe  ,  &  ja- 
mais Eutropius  en  François.  Eutrope  ,  dont  nous 
avons  un  Abrégé  de  1  Hiftoire  Romaine  ,  vivoic 
au  IV«  fiècle.  On  die  de  même  S.  Eutrope  ,  premier 
Evêque  de  Saintes  &  martyr ,  tk.  non  S.  Eutropius, 
Pour  les  autres  qui  portent  le  même  nom  j  mais 
qui  font  moins  connus  ^  on  peut  dire  Eutrope ,  &c 
Eutropius  J  même  en  François. 

EUTROPIE.  f.  m.  Nom  de  Femme.  Eutropia.  La  mère 
de  Népotien  fe  nommoic  Eutropie ,  &C  étoit  fcEur 
deConftantin. 

EUTYCHE  ,  ou  EUTYCHÈS.  Ce  dernier  fe  prononce 
Eutychès  jEutykès.  f.  m.  Nom  d'homme.  Eutyches, 
Eutyches.  Archimandrite ,  ou  Abbé  d'un  Monaf- 
tère  deConftantinople  ,  en  voulant  combattre  NeC- 
torius  J  ou  s'en  éloigner ,  tomba  dans  l'héréfie  op- 
pofce  ,  &  fut  auteur  de  rEutychianifme. 

Ce  nom  lignifie  heuteux ,  fortuné,  6i  vient  d'Jo  , 
bien  ,  &  rLx"^  ,  jortune. 

EUTYCHIANISME.  f.  m.  Dodrine ,  héréfie,  fede 
d'Eutychès  &  des  Eutychiens.  Eutychianifmus.  Pro- 
noncez tutychianijrne  ,  oa  Eutykiûnijrne,  Se  voye:( 
le  mot  qui  fuit  (  Eutychien  )  où  leserreurs  quifonc 
X'Eutychianifme  fonr  expliquées. 

EUTYCFIIENS.  Eutycniani.  Anciens  Hérétiques  qui 
ont  pris  leur  nom  d'Eutyche  Archimandrite  j  du 
Abbé  d'un  Monaftère  de  Conftaminop'e.  La  haine 
qu'Eutyche  avoir  contre  l'hérélie  deNcftorius  le  jeta 
dans  un  autre  excès  3  qui  n'étoit  pas  moins  dange- 
reux que  celui  qu'il  prétendoit  combattre  :  il  crut 
aulli  être  appuyé  fur  quelques  endroits  de  Saint 
Cyrille,  qui  relevoient  l'unité  de  la  peiTonne  de 
Jesus-Christ.  D'aboid  il  s'imagina  que  le  Vetbe 
avoit  apporté  fon  corps  du  Ciel  ;  ce  qui  approchoit 
de  riiéiéfie  d'Appollinaire  :  &  quoiqu'il  eût  témoi- 
gné le  contraire  dans  un  Synode  de  Conftantinople  , 
où  il  fut  condamné  J  il  ne  voulut  point  cependant 
reconnoître  que  le  corps  de  J.  C  fût  confubftantiel 
au  nôtre.  Il  ne  parut  pas  même  êtte  tout-à-fait 
conftant  dans  fes  lentimens  j  car  il  fembloit  mettre 
deux  natures  avant  l'union  ;  ce  qui  venoit  arpa- 
remmenc  des  principes  de  Philoiophie  ,  fuppofant 
la  préexillencedesames  ;&  ainfi  il  croyoit  que  l'ame 
de  J.  C.  avoit  été  unie  à  la  divinité  avant  l'incar- 
nation ;  mais  alors  il  ne  reconnoiffoit  point  de  dif- 
tinûion  de  nature  dans  J.  C.  depuis  fon  incarnntion. 
Foyei  la  Dllfertatinn  du  P.  Hardouin  ,  De  Sacra- 
mento  Altarh  ,  nu  fujet  de  la  Lettre  de  Sainr  Jean 
Chryfoftôme  t  Céfaire  ,  où  ce  Jéfuite  tâche  de  dé- 
veloper  to'i<;  hs  fentiroens  d'Eutychès  &  des  Euty- 
ch.ens.  C.  VI. 

Cette  héréfie,  qui  fut  d'abord  condamnée  dans 
un  Synode  tenu  à  Conftantinople  par  Flavien  en 
448.  fut  examinéî  de  nouveau  j  &  foudroyée  dans 
le  Concile  général  de  Chalcédoiaej  l'an  451.  Les 


EUT 

Légats  du  Pape  Léon  ,  qui  y  alllftèrent  ,  préreh- 
direnc  que  ce  n'étoïc  pas  alFez  de  déhnir  qu'il  y 
avoit  deux  natures  en  J.  C.  ils  inliltoienc  Fort  pour 
ôter  toute  équivoque  ^  qu'il  falloir  ajouter  ces  au- 
tres termes  J<-ins  être  changées  ,  ni  conjuj'cs  ,  ni  di- 
V'fies.  Mais  cette  dchnition  du  Concile  de  Chalcc- 
doine  oii  alliltèrent  6jû  Prélats,  narrera  point  le 
cours  de  l'hcrélie  Eutychienne.  Quelques  Êvêques 
d'Egypte  ,  qui  y  avoient  allillé,  publièrent  par-tout 
que  S.  Cyrille  y  avoit  été  condamné  j  &  Neltonus 
abfous  \  ce  qui  caula  de  grands  délordres  :  car  plu- 
sieurs ,  fous  prétexte  de  combattre  pour  les  fenti- 
mens  de  S.  Cyrille,  s'efforcèrent  d'aftoiblir  fauto 
rite  du  Concile  de  Chalcédoine. 

L'Hérélie  des  Euty chiens  ,  qui  fit  de  grands  pro- 
grès dans  l'Orient ,  fe  divifa  en  différentes  bran- 
ches. Nicéphore  fait  mention  de  douze.  Les  uns  ïw 
rent  appelés  Schématiques  ,  ou  Apparens  ,  qui  n'at 
tnbuoient  à  J.  C.  qu'une  image  de  chair  ,  &  non 
une  véritable  \  quelques-uns  de  ceux  ci  furent  ap- 
pelés Thcodojiens  ,  de  ThéoJole,  Evêque  d'Alex. in- 
drie  :  les  autres  furent  nommes  Jacobites  ,  d  un 
cettain  Jacques  de  Syrie,  dont  la  réputation  s'établit 
principalement  dans  l'Arménie  ,  qui  garde  aujour- 
d'hui fes  erreurs.  Il  y  en  eut  qu'on  appela  Acéphales^ 
ceil-i-àke  ,  fans  chef  ,  Se  Se'vériens  ,  d'un  Moine 
nommé  Sévère,  qui  occupa  par  force  le  liège  de 
i'Êglife  d'Antioche  en  515.  /^o>q  Acéphales  & 
Severiens.  Ces  derniers  fe  partagèrent  en  cinq 
faélionsi  d'Agnoiites, qui  atttibuoient  quelque  igno- 
rance à  J.  C.  de  feétateurs  de  Paul,  M£>.«f(W  c'ell-à- 
dire ,  noirs  ;  A'Ange'iitcs ,  qui  furent  ainfî  nommés  du 
lieu  où  ils  s'alfembloient  ;  ^Adritcs  ,  de  Conovitos. 
On  trouve  dans  les  Ecrivains  Grecs  divers  autres 
noms  des  branches  de  la  feéle  des  Euty  chiens  j  &c 
quoique  toutes  ces  branches  difïéralfent  en  quel- 
ques atticles  ,  elles  s'accordoient  toutes  entr'elles 
dans  l'héréfîe  d'Euryche  ,  qui  établiffoit  l'unité  des 
deux  natures. 

EuTYCHiEN.  Elf  auflâ  le  nom  d'une  feéte  Arienne  & 
Eunomienne  qui  s'éleva  à  ConftantinopleauIV  fié- 
cle.  Eutychianus.  Comme  on  agitoit  à  Conftantino- 
ple  entre  les  Eunomiens  la  quelHon  ;  favoir,  fi  le 
Fils  de  Dieu  connoilfoit  la  dernière  heure  du 
monde  ,  &  l'endroit  de  l'Evangile  de  Math.  XXIV. 
3(î.  ou  plutôt  Marc.  XIII.  31.  où  Jésus -Christ 
femble  dire  que  le  Fils  ne  l'a  point  \  que  cette  con- 
noilfance  elt  réfervée  au  feul  Père  \  Eutychius  fou- 
tint  J  même  par  écrit,  dit  Nicéphore  ,  que  le  Fils 
l'avoit  aulîi  j  &  comme  fon  fentiment  déplut  aux 
Chefs  du  parti  Eunomien  ,  il  s'en  fépara ,  &  alla 
trouver  Eunoraius ,  qui  éroit  alors  en  exil.  Cet  hé- 
rétique approuva  le  fentiment  d'EutychiuSj  qui 
difoit  que  le  Fils  n'ignoroit  rien  de  ce  que  le  Père 
favoit  ,  &  le  reçut  à  fa  communion.  Eunomius 
étant  mort  peu  après  j  le  chef  des  Eunomiens  à 
Conftantinople  ne  voulut  point  recevoir  Eutychius , 
qui  depuis  ce  temps-là  fit  une  feét;i  particulière  avec 
ceux  qui  fuivirent  fon  fentiment.  Cet  Eutychius,  & 
un  certain  Théophronius ,  à  ce  que  l'on  difoit  au 
temps  de  Sozoméne ,  furent  les  Auteurs  des  chan- 
gemens  que  les  Eunomiens  avoient  faits  dans  Tad- 
miniltration  du  Saint  Baptême  ,  &  qui  confiftoient, 
au  rapport  de  Nicéphore,  en  ce  que  l'on  ne  faifoit 
qu'une  immerfiouj  &  qu'on  ne  la  faifoit  point  au 
nom  de  la  Sainte  Trinité  ,  mais  en  la  mort  de 
Jescs-Christ.  Sozom.  L.  VII.  C.  17.  Nicéphore, 
L.  XII.  C.  30.  Nicéphore  appelle  le  chef  de  cette 
feéte  Eupfychiusj&  fes  fedtateurs  Eunomioeupsy- 
CHiENS.  yoye\  ce  mor. 

EuTYCHiEN  ,  eft  auffi  adjeétif  Eutychianus  ,  a,  La 
feéte  Eutychienne  ,  une  propofition  Eutychienne.  Le 
fylfème  Eutychicn  eft  extravagant  en  bonne  Philo- 
fophie. 

Demi-Eutvchien,  enne.  Eutychien  relâché,  qui  a 
adouci  la  doctrine  d'Eurvchès ,  pour  tâcher  de  pa- 
roître  Catholique.  S emi- Eutychianus.  Pendant  que 
les  Demi-Eutv chiens  s'oppofoient  au  Concile  de 
Chalcédoine,  fEmpereur  Zenon  publia  contre  le 


EUV     EX  9JI 

Concile  fon  Hénotique.  Rossuet. 

EUTYCHITE.  P''oye^  EUTYCHIEN.  Nom  d'une 
ledte  Arienne  &  Euromienne. 

EUTYN  ,  ou  OUTIN.  Nom  d'une  petite  ville  de  la 
Wagne  ,  dans  le  HoUlein.  O/'r.'/zaw,  ou  Oiinum.  Elle 
elt  entre  Lubetk  6c  Kiei.  tutyn  elt  capitale  du  do- 
maine de  l'Evèché  de  Lubcck.  Maty. 

EUTYQUE,ouEUTYCHE.f.  m.  Nom  d'homme.  E^<- 
tychius.  Saint  f'^rj'/^e,  Sous-Diacre  d'Alexandrie, 
fut  martyrifé  avec  plufieurs  autres  par  les  Ariensen 
356.Sainr  Eutyque,owEutyche,  Patriarche  deConf- 
ranrinople  au  IV<^  liècle.  Koyci  les  BoUandiftes , 
Avril,  Tom.  I.  p.  548,  &  fuiv.  Lorfque  Lucifer  de 
Cagliari  fut  banni  .à  Eleuthérople,  Lutyque  en  étoic 
Eveque.  TilliiM.  1 .  IV.  pag.  ///.  de  \^fiijï.  Lcct. 
Eut)che  Se  Vidtorin,  frères  de  S.  Placide  ,  &  Flavie 
fa  fœur ,  foulirirent  le  martyre  en  Sicile  vers  Tau 
241.  Godeau,  au  V^  liècle,  L.  I.  n.  CXXyiE 
M.  Chaftelain  dit  Eutychc.  A  Rome,  S.  Eutyche 
illullre  Martyr ,  cScc.  Voye^  au  4=  de  Fcyrier. 

EUV; 

EUVERTE.  f.  m.  'Hoxnà'Uomxne. Evortius ,Evurtius ^ 
Eortius.  Saint  Euverte  eft  un  Evèque  d'Orléans ,  qui 
fut  chargé  de  la  conduite  de  ce  (lège  après  Defignan  , 
vers  l'an  ^61.  qui  aiîifta  au  Concile  de  Valence  en 
374.  &  mourut  après  50  ans  d'Epifcopar.  Bailler  , 
au  j^  de  Sept.  Euvertius ,  ou  Euvortius  ,  Se  Euverte 
en  vulgaire,  commença  le  bâtiment  de  I'Eglife  de 
Sainte-Croix  ,  qui  fut  accrue  &  mife  en  fa  perfec- 
tion p.ir  fes  fuccelfeurs.  Godeau.  Saint  Euverte  eft 
une  Abbaye  de  Chanoines  Réguliers  de  l'Ordre  de 
S.  Auguftm  à  Orléans  fondée  en  1 163.  De  Sainte- 
Marthe. 

EVUiDER.  Foye-{  ÉVIDER. 

EVULSION.  f.  f.  Aétion  de  tirer.  On  applique  ce 
mor  aux  cheveux  ,  aux  dents  j  aux  fiagmens  d'os. 
Evuljio.  DicT.  DE  James. 

EUX. 

EUX.  ////.  Pronom  relatif  pluriel  de  la  troifième  per- 
fonne.  Son  lingulier  eft  lui.  C'eft  à  faire  à  eux.  Ils 
ont  partagé  cette  fuccelhon  entre  eux.  A  eux  le  dif- 
férend. Cela  eft  à  eux  feuls. . 

EUXIN.  adj.  m.  Qui  ne  fe  dit  qu'avec  le  mot  Pont. 
Le  Pont  -  Euxin.  Voyez  à  la  lettre  P.  Je  le  rrou- 
ve  néanmoins  tout  feul  dans  un  Ode  lur  le  Quin- 
quina. 

Et  du  Héros  ji  fier ,  qui  fit  trembler  /'Euxin  » 
On  verra  Les  armes  fameufes 
Se  cacher  devant  le  Dauphin. 

E   V   Y. 

ÈVY.  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Ceft  le  même 
que  Saint  Ignace  Martyr.  Chast.  en  fon  Marty- 
rologe. 

EUYLÉ.  1.  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  chez  les  Turcs 
l'heure  de  midi  à  laquelle  ils  font  otaifon.  Méridien 
Foye^l  DuLOiR  ,  p.  13S. 

E    U   Z. 

EUZAN.  Voyei  EUSAN. 

E     Xi 

EX.  Prépofition  latine  ,  qui  quelquefois  dans  notre 
langue,  étant  mife  devant  un  nom  de  charge  ou  de 
dignité  J  fignifie  une  perfonne  qui  a  été  dans  cette 
charge  ou  dignité  j  &  qui  n'y  eft  plus ,  comme 
Exrecleur  ,  pour  lignifier  un  homme  qui  a  été  Rec- 
teur J  Ex/yndic,  Exconful ,  &c.  Nous  avons  en 
François  plufieurs  mots  qui  commencent  pat  ex  , 
&onen  forme  rous  les  jours.  Ils  viennent  du  Latin, 
ou  ont  été  formés  par  analogie  fur  le  Latin  ,  ex  en 


9J1  E  X  A 

Latin  iignifie  ,  de ,  dehors  ,  hors.  Ces  fortes  de 
noms  ne  font  guère  en  ufage  que  dans  les  Commu- 
naïués ,  &  peu  dans  l'ulage  ordinaire  du  monde. 
Exj'uperieur  ,  Exgardien  ,  Exajjiftant  y  Exprovm- 
cïaL  j  c.xdijinuiur.  J'ai  dit,  quel.jii-.'fois,  parce  que 
cela  n'elt  en  ulage  nulle  part  pour  grand  nombre 
de  dignités  ou  de  charges  :  par  exemple  y  on  ne 
dira  point  Exevcque  ,  Exarchevêque  y  Excuré  _,  Ex- 
dovcn  ;  mais  Ancien  Evêque,  ancien  Curé  ,  &c.  On 
en  torme  quelquefois  par  raillerie  ,  &  dans  le  ftyle 
badin  &  bailclque ,  d.V(;j-«.«.j-,  exiuquMS  ,  &c.qui 
a  été  Co.iimis  ,  qui  a  été  Laquais  ,  &c.  Quoique 
ces  mots  là  foient  François  j  on  ne  doit  pas  s\.n 
fervir  dans  toute  iorte  de  iiyle -^  excommis  6c  exla- 
quais ne  font  que  du  ityle  lamilier  :  mais  il  y  a  d'au- 
tres mots  compolés  de  la  même  manière  ,  qui  font 
d'un  ulage  univcrlel  dans  tous  les  llyles ,  comme  ex- 
centrique., excd/uricicé,  excommunier ,  exclure  ,  exhu- 
mer y  &  leurs  dérivés ,   &c. 

Ex.  Ce  mot ,  qui  dans  la  langue  Grecque  ,  (  é'I  )  ligni- 
fie le  nombre  de  fix  ,  entre  dans  la  compolîtion  de 
quelques  mots  géographiques  ;  par  exemple  ,  Exa- 
milion  ,Exafchjc  ■  mais  il  tant  mettre  une  h  au  com- 
mencement ,  pour  tenir  lieu  de  l'efprit  rude  des 
Grecs.  Cependant  l'ufage  eft  contraire  à  cette  règle 
en  plufieurs  mots. 

Ex.  f.  m.  pi.  Vieux  mot.  Li  ex ,  les  yeux. 

EX.  Rivière  d'Angleterre.  Ifacdj  Ijca.  Elle  a  fi  fource 
dans  le  Comté  de  Sommetfet  près  du  Canal  de 
Briltol ,  traverfe  le  Comté  de  Dévon  ,  &  fe  décharge 
dans  la  mer  de  Bretagne  à  Exmouth.  MAXY.C'eltdu 
nom  de  cette  rivière  qu'ont  formé  le  leur  plufieurs 
lieux  fitucs  fur  cette  rivière  ,  comme  Exforde  ,  Ex- 
toriy  Exbridge  ,  Excejîer  j  Exmouth, 

E  X  A. 


EXACHORDE.  f  m.  Terme  de  Mufique.  C'eft  la  mê- 
me chofe  que  yè;c^e.  Les  anciens  Auteurs,  &  ceux 
qui  ont  écrir  de  la  théorie  de  la  Mufique  ,  fe  ferveur 
du  moiè.' exachorde.  LVvac/iLiri/eelUine  confonnante 
fimple  :  on  ladivife  en  exachorde  majeur  ,  &  en  exa- 
chorde  mineur  :  \exachorde  majeur  elt  compofé  de 
deux  tons  majeurs  ,  deux  mineurs ,  &  d'un  femi-  j 
ton  majeur,  c'eft-à-dire,  d'un  diatellaron  avec  un 
diton  :  fa  proportion  eft  de  5  à  3,  V exachorde  mi- 
neur comprend  deux  tons  majeurs  ,  un  mineur ,  & 
deux  femi-tons  majeurs  j  c'eft-à  dire  ,  un  diatef- 
faron  &  un  feim-diton.  Sa  proportion  eft  de 
8.  à    s- 

EXACiONITE.  f  m.  &  f.  Koyei  EXOCIONITE. 

EXACOUNTIENS.  Nom  de  Sede.  Exacounni.  Les 
Exacountiens  étoienr ,  comme  leur  nom  le  mar- 
que ,  les  mêmes  que  les  Amonéens  ,  ou  Aériens  , 
au  moins  pour  la  croyance.  Ainii  il  haut  peut-être  les 
diftinguer  de  fede,  aulîl-bien  que  de  nom  ,  de  ceux 
qu'on  a  appelés  Exacionites  ou  Exocionites.  Tille- 
mont. 

■^fT  EXACT  ,  ACTE.  adj.  Epithètequi  s'applique  à  ce- 
lui qui  n'omet  rien  ,  diftingué  en  cela  de  l'homme 
attentif  à  qui  rien  n'échappe  ,  &  du  vigilant  qui  ne 
néglige  rien.  Accuratus  j  diligens  y  fedulus.  Il  faut 
de  la  mémoire  pour  être  exacl.  Le  Commillionnaire, 
pour  bien  exécuter  ,  doit  être  exaci  dans  le  temps , 
comnie  dans  la  manière  de  faire  les  choies ,  afin  que 
toutioufait  à  propos&comme  on  lefouhaite.L'hom 
me  fage  eft  attentif  à  fa  conduite  ,  exacl  à  fes  de- 
voirs ,  &  vigiloatà  fes  intérêts.  Ce  mot  fe  conftruit 
toujours  avec  la  particule  à  quand  il  eft  fuivi  d'un 
verbe.  Il  faut  être  exacl  à  tenir  ce  qu'on  a  promis, 
/^fiyej  Exactitude. 

_  kpy  On  doit  prononcer  exacl  y  &  non  pas  exac 
ni  exat.  A.ini\  exaci  ne  peut  rimer  avec  delicac ,  quoi- 
qu'on trouve  cette  rime  dansunPocme  qui  a  eu 
quelque  fuccès. 

Exact  ,  fe  dit  auftî  des  chofes  qui  fe  font  avec  foin  , 

avec  exaditude.  Le  ftyle  pour  être  exacl,  ne  doit  ilîorumohfcuramdiligentl 
pasêtrefec,  ni  forcé -.autrement  il  relfemble  à  ces  E.XAËDRE.  f.  m.  Terme  d 
perfonnes  propres  &  trop  arrangées  qui  neplaifenci     X.AÈDRE 


EX  A 

point,  parce  qu'elles  font  droites  ôc  contraintes 
BouH.  Si  les  hommes  nous  traitoient  avec  une  exacte 
juftice,  ils  nous  feroient  infinnnent  moins  favora- 
bles. Nie.  La  civilité  eft  une  connoilfance  exacU 
des  bienféances.  Bell.  Les  libertés,  pour  plaire, 
doivent  être  préférées  à  des  règles  exacles  dont  un 
Auteur  ftérile  fe  fait  un  art  d'ennuyer.  S.  Evr. 

On  die  exacte  recherche  exacte  perquilition.  Re- 
lation exacte     compte  exacl.  Ac.  Fr. 

EXACTEMENT,  adv.  Avec  foin,  d'une  manière  exac- 
te. Diiigenter ,  exacte  ;  accuratc.  J'exécuterai  vos 
ordres  fort  exactement.  Ecvice  exactement-^  c'eftécri- 
re  ,  compofer  avec  juftelfe,  ou  avec  politelfe.  C'eft 
auili  orthographier  bien  les  mots  ,  en  prenant  écrire 
dans  cet  autre  fens. 

EXACTEUR,  f  m.  Celui  qui  exige.  Exaclor y  coaclor. 
Les  Commis  &  Exactcurs  dss  impôts  ,  des  droits  du 
Roi.  En  ce  fens  il  vieillit.  Chorier  s'en  eft  fervidans 
fon  Hiji.de  Dauphiné ,  L.  XI  p.  860  011  il  dit  que  le 
Vice-Châtelain  a  aulIi  la  qualité  à' Exacteur  descens  , 
des  ufages ,  &  autres  droits  Seigneuriaux  y  &c  qu'au 
XlVe  liècle  ces  deux  charges  étoient  toujours  in- 
léparables  ;  ce  qui  doit  s'entendre  des  Etats  des  Dau- 
phins. ^ 

Exacteur  ,  fe  dit  plus  ordinairement  en  mauvaife 
partj  de  celui  quife  fait  payer  des  droits  injuftes,  ou 
au-delà  de  ceux  qui  font  dus.  On  doit  faire  le  procès 
à  un  tel  Greffier  y  comme  à  un  Exadeur  qui  fe  fait 
payer  au  -  delà  de  fa  taxe.  Il  a  de  même  un  fens 
odieux  en  Latin. 

EXACTION.  1.  fj  Abus  que  commet  un  Officier  pu- 
blic ,  quand  il  le  fau  payer  des  droits  qui  ne  lui 
font  point  dûs ,  ou  qui  iont  au-delà  des  légitimes  : 
action  d'exiger  d'une  manière  injufte  ôc  violente. 
Exaclio.  Accufer  d'exaction.  Pat.  Les  Grands  Jours, 
les  Chambres  de  Juftice  font  établies  pour  faire  la 
recherche  des  exactions  àss  Officiers. 

|p°  EXACTITUDE,  f  f.  Soin  fcrupuleux  que  l'on  ap- 
porte pour  ne  rien  omettre  de  ce  qu'on  attend  de 
nous  pour  que  tout  foit  fait  à  propos  &  comme  on 
le  fouhaite.  Sedulitas,  accuratio.  Elle  conlifte  à  fe 
conformer  rigoureufement  à  des  régies  qu'on  nous 
a  prefcrites  ,  ou  à  des  conditions  acceptées.  L'exac- 
titude demande  de  la  mémoire.  Le  Magiftratdoit 
erre  attentif ,  l'Amballadeur  exad  j  le  Capitaine 
vigilant.  Les  difcours  des  autres  demandent  de  l'at- 
tention ;  le  maniement  des  a^ffaires  de  ['exactitude  ; 
l'approche  du  danger  ,  de  la  vigilance.  Il  faut  écou- 
ter avec  attention  ,  fatisfaire  à  fi  promelfe  avec 
exactitude  &  veiller  à  ce  qui  nous  eft  confié.  M. 
l'Abbé  Girard  Syn.  Ce  juge  voit  fes  procès  avec  une 
grande  exactitude.  Un  excès  de  prévention  vous  ôte 
toute  exactitude. 

îfT  Ce  mot  eft  nouveau.  Vaugelas  dit  qu'il  l'a 
vu  naître  comme  un  monftre  contre  lequel  tout  le 
monde  s'écrioit  ;  mais  enfin  on  s'y  eft  apprivoifé, 
parce  qu'on  en  avoir  befoin.  Quelques  uns  difoienc 
exadion,  qui  étoit  infupportable  ,  à  caufedel'é- 
quivoque.Exadecé  neréuiîit  pas  mieux  ,  parcequ'il 
vint  un  peu  tard  ,  dans  le  temps  que  le  mot  exacli- 
tiide  étoit  déjà  établi. 

ifT  Exactitude  ,  fe  dit  dans  le  même  fens  duraifon- 
nement ,  du  ftyle.  Il  eft  étrange  combien  c'eft  une 
qualité  rare  ,  que  ['exactitude  de  raifonnerrxent.  Il 
y  a  des  négligences  qui  valent  mieux  qu'une  féche 
&  ennuyeufe  exactitude.  Comme  elle  ne  tend  qai 
embellir  le  difcours  ,  elle  s'accorde  bien  avec  une 
certaine  négligence  ,  qui  en  eft  un  des  plus  grands 
afrnemens.  Une  exactitude  outrée  ^  &  un  foin  fcru- 
puleux des  paroles,  rend  les  ouvrages  fecs, &  fi  peii' 
naturels ,  qu'ils  ne  font  point  agréables  avec  touc 
ce  qu'ils  ont  de  corred  &  d'élégant.  C'eft  dans  ce 
fens  que  Térence  difoir  qu'il  aimoir  mieux  imiter 
la  négligence  des  bons  Auteurs  que  re.vac?/«</«  fé- 
che y  fcrupuleufe  8c  rampante  de  certains  écrivains. 
Quorum  smulari  exoptat  negllgentiam  y  potiàs  quàrrt 
ntiam. 
de  Géométrie.  J^oyei  HE- 


EXAGÉRATEUR. 


EX  A 

EXAGÉRATEUR.  f.  m.  Qui  exagère.  C'eft  un  grand 

Exag  érateur.  AmpLificaior. 
ÊXAGERATIF ,  ive.  adj.  Qui  exagère  ,  qui  amplifie. 
Amplijîcans  ,  exaggerans.  Alot-  némc  elt  un  teiine 
exageradj.  Les  rapports  des  nouveliiltes  font  ordi- 
nairement tort  exugerudjs. 
EXAGERATION,  f.  h  Figure  de  Rhétorique  par  la- 
quelle on  augmente,  on  amplifie  les  choies,  on 
dit  plus  qu'il  n'y  en  a  ,  foit  en  bien  ,  foit  en  mal. 
Exaggurado  j  atnplificado.  Il  faut  prendre  les  exa- 
gérations poétiques  à  leur  jiilte  rabais.  S.  Evr.  Les 
£xagéradons  doivent  être  plaifantes  pour  l'enjoue- 
ment. Bell.  Qui  voudroit  ôter  à  l'amour  les 
exagéradons ,  lui  ôteroit  une  partie  de  les  agré- 
mens.  Recueil  de  P.  G.  Trêve  d'hyperboles 
&  à' exagéradons.  Le  P.  Dan.  Voye^  HYPER- 
BOLE. 
Exagération.  Terme  de  Peinture.  Manière  de  reprc- 
fenter  les  chofes  en  les  marquant  trop  ,  ou  en  les 
chargeant  beaucoup.  Il  y  a  des  contours  chargés  qui 
plaifent ,  parce  qu'ils  font  éloignés  de  la  balFelfe  du 
naturel  ordinaire  &  qu'ils  portent ,  avec  un  air  de 
liberté  ,  une  certaine  idée  de  grand  goût ,  qui  im- 
pofe  à  la  plupart  des  Peintres ,  lefquels  appellent 
du  nom  de  grand  goût  ces  fortes  à' exagéradons.  De 
Piles.  Le  Peintre  eft  obligé  de  favoir  l'Anatomic  , 
&  les  exagéradons  piquantes  qui  en  dérivent.  1d. 
L'Anatomieeft  le  fondement  du  delfcin  :  &  les  exa- 
géradons peuvent  conduire  à  la  perIcClion  ceux  qui 
peuvent  en  prendre  ,  &  en  lailTer  autant ,  &c.  Îd. 
Ces  exagéradons  font  fupportables  ,  &  fouvent 
agréables  dans  les  delfeins  qui  ne  font  que  les  pen- 
fées  des  tableaux.  Id.V exagération  des  couleurs , 
à  laquelle  le  Peintre  eftobhgé  d'avoir  recours  à  cau- 
fede  la  fuperficie  de  fon  fond,  de  la  diftance  dj  fon 
ouvrage,  &  du  temps  qui  diminue  toutes  chofes  , 
doit  être  ménagée  de  manière  qu'elle  ne  falfepoinc 
fortir  1  objet  de  fon  caraélère.  Id. 
EXAGERER,  v.  a.  Augmenter,  amplifier  les  chofes  , 
en  les  faifant  paroître  plus  grandes  qu'elles  ne  font 
en  effet,  par  rapporta  leurs  qualités  bonnes  oumau- 
vaifes.  Ampdficare  ,  cxaggerare.  Les  Poètes  &  .les 
Orateurs  font  obligés  ^exagérer  les  chofes  pour  or- 
ner leurs  difcours.  Quand  nous  exagérons  la  ten- 
dreffe  que  nos  amis  ont  pour  nous ,  c'eft  pour  faire 
juger  que  nous  avons  du  mérite.  Roch.  L'imagina- 
tion quand  elle  eft  échiuftée  exagère  tout  ce  qu'elle 
reflent.  Fen. 

§3°  On  le  dit  auftî  neutralement.  C'eft  exagérer 
que  de  dire  telle  chofe.  ' 

Exagérer,  fe  dit  en  Peinture  des  chofes  qui  fontj 
trop  marquées  ou  beaucoup  marquées,  foit  à  caufel 
dudelfein  ,   foit  à  caufe  du  coloris.  11  eft  bon  d'exa- 
miner fi  les  Peintres  qui  ont  exagéré\ç.s  contours  de 
leurs  figures  pour  paroître  favans ,  n'ont  point  aban- 
donné le  vrai.  De  Piles.  Quant  aux  couleurs  arti- 
ficielles, le  Peintre  endoitconnoître  la  valeur,  la 
force ,  &  la  douceur  féparément ,  &  par  comparai- 
fon,  afin  d'<;.Vi2 ff/rer  par  les  unes  ^  &  d'affaiblir  par 
les  autres  ,  quand  lacompofition  du  fujet  le  deman- 
de. Id. 
Exagéré  ,  ée.  part. 

Ces  mots  viennent  du  Latin  exaggero  ,  qui  vient 
à'agger  ,  levée  de  terre. 
EXAGITATION.  f  f.  Exagitatio.  Ce  mot  eft  tout 
Latin ,  &  n'eft  guère  en  ufage  dans  notre  langue  j 
nous  difons  :  bien  agitation  ,  mais  non  pas  exagi- 
tation, 
EXAGONE.  roye:(  HEXAGONE. 
EXALTATION,  f.  f.  Elévation.  ExaUatio  ,  eveclio  , 
proveciio.  Il  eft  vieux  au  propre  ,  &  hors  d'ufage. 
Exaltation  ,  au  figuré,  fe  dit  de  l'élévation  d'une 
perfonne  en  quelque  dignité  Eccléfiaftique  ,  &  fur- 
tout  à  la  Papauté  :  le  terme  d'exaltation  eft  devenu 
propre  pour  le  Souverain  Pontife  ,  &  en  quelque 
façon  confacré  à  fignifier  le  couronnement  du  Pape, 
la  cérémonie  qu'on  fait  à  fon  couronnement  quand 
on  le  met  fur  l'Autel.  Après  \ exaltation  de  ce  Pape 
au  Pontificat,  l'Eglife  re(^at  une  nouvelle  fplendeur. 
Tome  m. 


E  X  A  1^5^ 

Les  jonrs  de  Con  exaltation  furent  les  jours  de  votre 
gloire.  Pat.  La  faveur  n'a  point  eu  de  part  à  fon 
exaltation  •  il  eft  lui-même  l'ouvrier  de  fa  fortune. 
Le  p.  Gaillard.  On  fait  aulll  des  prières  pour 
l'exaltation  de  la  Foi  ,  de  notre  Mère  Sainte  Eglife  , 
c'eft-à-dircj  fa  propagation  ,  fon  honneur  j  fa 
gloire. 
Exaltation  de  la  SAiNTE-CRoix,eft  uneFête  qui  fe 
célèbre  dans  l'Eglife  le  14 Septembre,  en  mémoire 
de  ce  qu'riéraclius ,  Empereur  d'Orient ,  rapporta 
la  vraie  Croix  de  J.  C.  iur  fes  épaules  au  lieu  du 
Calvaire,  d'où  elle  avoir  été  enlevée  quatorze  ans 
auparavant  patCofiocs  Roi  de  Perfe  ,  quand  il  prit 
Jcruialem  du  temps  de  Phocas.  Elle  fut  rendue  par 
un  Traité  de  paix  fait  avec  Sirocs  fils  de  Cofroës. 
Cette  fête  fut  marquée  par  un  grand  miracle  ^  car 
on  raconte  qu'Hérachus  ne  put  fortir  de  Jcrufaleni 
tant  qu'il  porta  la  Croix  furies  habits  royaux  char- 
gés d'or  &  de  pierreiies  j  mais  qu'il  maicha  &  porta 
très- facilement  la  Croix  ,  dès  qu'il  eut  pris ,  par  le 
conieil  du  Patriarche  Zacharie  ,  un  habit  plus  hm- 
ple  Se  plus  modefte. 

Vodà  ce  que  bien  des  Ecrivains  ont  penfé  de  l'o- 
rigine de  cette  tète  :  cependant  long-temps  avant 
Hcraclius  ,  l'E^^life  Grecque  &  Latine  célébroienc 
une  tète  de  i  Exaltation  de  la  Saince-Croix ,  à  caufe 
de  ce  que  Jesus-Christ  dit  en  Saint  Jean  XII  ,31. 
Lotj que  j'aurai  etj  exalté  /'attirerai  toutes  chofes  à 
moij&c  Chap.VIIIj  i^,.Quand  vous  aure\  exalté  le  fils 
de  l'homme  j  vous  connoure:^  alors  que  c'eft  moi.  Le 
P.  Du  Soliernous  aifure  ,  dans  fes  notes  fur  le  Mar- 
tyrologe d'Uluard  ,  que  teu  M.  Chaftelain  préten- 
doit  que  cette  fête  avoit  été  inftituée  ,  au  moins  à 
Jérulalem  ,  plus  de  deux  cens  quarante  ans  avant 
Héraciius.  Foye^  les  Nores  de  Baronius  ,  celles  de 
Flotennnius  fur  le  Martyrologe  Romain  ,  &  celles 
du  P.  Du  Solier  Jéfuite  fur  celui  d'Ufuard  au  qua- 
torzième de  Septembre,  &  Tillemont,  Mem.  pour 
rHift.Eccl.T.Yll.  p.S,  ôc  p.  13.  Adon  rapporte 
ce  qui  ariiva  fous  Héraciius  plus  au  long  que  les 
autre-;  MarryroiojJift-^s. 

La  fête  de  la  D.dicace  de  l'Eglife  de  Jcrufalem  3 
bâtie  p>ar  Conil.mtin,  fe  célcbroir  tous  les  ans  le 
quaiorzième  de  Septembre  ,  dit  Niccphore  ,  joue 
auquel  ce  Templi  avoir  été  confacré,  l'an  335  ;  &: 
cerre  fête  s'appt!o;t  Vtxaltadon  de  la  Croix  ,  à 
caule  qu'eucitemps-lii  Evêque  de  Jérufalemmon- 
toit  fur  un  lieu  élevé  que  Conftantin  avoit  fait  bâ- 
tir exprès  en  form^  d'une  chaire  ,  &  qui  s'appeloic 
en  Grec  ,  les  facrès  Myllèies  de  Dieu  ,  ou  la  Sain- 
teté de  Dieu  ,  &  que  là  il  élevoit  la  Croix  ,  afin  de 
la  faire  voir  au  peuple.  Godeau.  On  voit  la  même 
origine  de  ce  nomdans  la  vie  defainte  Marie  Egyp- 
tienne, dans  Boliandusau  zc  Avril,  p.  17. §  21. So- 
phronius  Evêque  de  Jérufaiem,  André  de  Crète, 
dans  leurs  Homélies  pour  cette  folennité  ,  &c  le  for- 
mulaire Grec  de  Sainr  Sabas  ,  en  décrivent  les  céré- 
monies. Il  paroît  par-là  que  ce  nom  &  cette  fête 
font  plus  anciens  qu'Hérachus.  La  vie  de  Saint  Pau- 
lin dit ,  Ep.  1 1  qu'on  montroit  la  Croix  tous  les 
ans  ,  mais  que  de  fon  temps  c'étoit  à  Pâques ..  au 
lieu  du  jour  de  l'Exaltation  de  la  .'.ainte  Croix  , 
&  que  l'Evêque  la  donnoit  à  adorer  au  peuple  après 
l'avoir  vénérée  le  premier.  Tillemont  cité-ci~ 
dejjus. 

L'Ancienne  Eglife  appeloit  exaltadon  ,1a  mort  des 
Martyrs;  c'eft-à  dire,  leur  élévation  au  ciel. 
Exaltation,  en  termes  d'Aftrologie,  eft  une  cer- 
taine dignité  qu'acquiert  une  Planète  en  certains 
degrés ,  ou  fignes  du  Zodiaque;  &  cette  dignité, 
comme  parlent  les  Aftrologues  j  lui  donne  plus 
defHcace  &  d'influence.  Le  figne  oppofé  fe  nomme 
déje&ion,  ou  chûre  de  la  Planète-  Comme  le  quin- 
zième degré  du  Cancer  eft  l'exaltation  de  Jupiter, 
félon  Albumnzar ,  parce  qu'il  croit  que  c'étoit  l'af- 
cendant  de  cette  Planète  lors  de  la  création  du  mon- 
de; celle  du  foleil  eft  au  dix-neuvième  d'Arics  j  6C 
fa  dcjeclion  au  fisne  de  la  Balance.  Celle  de  la  lune 
au  figne  du  Taureau,  &c.  Ptoloméc  en  reud  la  rai- 
E  e  e  e  e  e 


9;4  .^^^ 

fou  en  foiî  premier  livre  De  Qudinp,        _  ^    ' 

Exaltation.  Terme  de  l^hyfique-  C'ell  f'^i^^ion  ,  l'o- 
pération qui  exalte,  élevé  punhe,  liibcUilo  quelque 
corps  naturel ,  cni  Tes  principes ,  &  les  parties  :  c'eft 
aufli  la  qualité  &  ladiipolition  que  les  corps  naturels 
acquièrent  par  cette  opération.  C'eft  encore  cette 
exaltation  des  parties  iulfureufes  des  haifes  ,  qui 
les  rend  d'un  goût  vineux  &  agréable.  Lémery. 
Exaltation  a  encore  un  autre  lens  dans  la  Méde- 
cine, mais  qui  eft  peu  ulîté,  Exaltation  en  ce  fens 
fîgnitie  Elévation ,  mouvement  qui  porte  en  haut. 
Les  coins  font  eftimés  propres  pour  empccher  l'i- 
vreife  ^  en  précipitant  parleurs  parties  groiîlères , 
les  vapeurs  du  vin ,  ou  des  autres  liqueurs  fpiri- 
tueufes ,  en  s'oppofanc  à  leur  exaltation  au  cerveau 

LÉMERY. 

Exaltation,  en  termes  de  Chimie  ,  eft  une  Eléva- 
tion &  purificarion  des  métaux  à  un  certain  degré. 
Il  fe  dit  aufli  de  la  fpiritualifation  ,  ou  volatilifa- 
tion  de  quelques  autres  corps ,  comme  quand  on 
redihe  l'elprit  de  vin,ouquand  on  lépare  les  fels 
volatils  des  mixtes.  Ainlî  \éxaltation  des  fels  ,  des 
foufres  ,  des  métaux  eft  proprement  une  opéra- 
tion par  laquelle  on  les  épure  ,  on  les  purifie  au 
plus  haut  degré  dont  ils  font  capables. 

$3"  Exaltation  des  puiifances.  Terme  d'algèbre  au- 
quel on  a  fubftitué  celui  d'élévation  qui  eft  au- 
jourd'hui feuf  en  ufage.  Voy.  ce  mot.  Exaltation 
d'eau,  Q^  un  nom  que  les  Sages  donnent  à  leur 
pierre. 

EXALTER.  V.  a.  Louer  avec  excès.  Efferre  laudihus. 
Quand  il  parle  de  fon  xwxïX.xq ^xW! exalte  jufqù'au 
troiliéme  ciel.  Il  eft  temps  d'entendre  cet  incom- 
parable Avocat  (Ciceron)  foutenir  l'honneur  des 
Mufes ,  exalter  la  gloire  de  la  Pocfie,  &:  défen- 
dre en  la  caufe  d'Archias  fon  Précepteur  ,  la  cau- 
fe  commune  de  tous  les  gens  de  Lettres.  Pat.  Que 
fert  aux  Grands  d'avoir  été  exaltés  fur  la  tête  des  au- 
tres ,  puisqu'ils  fonr  la  proie  des  vers ,  comme  le  pau- 
vre dans  fa  folfe?  Le  P.  Gaillard.  M.  Perrault  trou 
ve  que  les  admirateurs  d'Homère  exaltent  trop  l'élé- 
gance de  fa  didtion.  Amplificare  dicendo. 

Je  pourrais  dans  quelque  Ode  injipidc, 
r'exalter  aux  dépens  &  de  Mars ,  &  d'Alcide.  Boil. 

EXALTER  Terme  de  Phyfique  Perficere ,  attenuare. 
Purifier  ,  élever ,  perfedionner  j  arténuer ,  rendre 
plus  fubtil ,  plus  délicat  ,  plus  pur.  Le  mot  à\xaltcr 
fe  dit  fort  bien  en  parlant  des  parties  des  corps  na- 
turels ,  &  des  principes  chymiques  qu'ils  contien- 
nent. Ce  mot  eft  fort  en  ufage  aujourd'hui  dans  la 
Phyfiûlogie  :  les  Phyficieus  &  les  Médc-cins  l'ont 
pris  des  Chymiftes,  qui  fe  font  fait  un  langage  par- 
ticulier, &  qui  emploient  de  grands  mots  pour  ex- 
prime'; même  les  chofes  les  plus  fimples  &  les  plus 
communes.  Cette  chaleur  douce  &  rempérée  exalte 
Se  dégage  infenfiblement  les  parties  les  plus  volati- 
les des  alimens.  Lémery. 

Exalter,  en  termes  de  Chymie  j  c'eft.  Elever  les 
métaux  &  les  autres  corps  naturels  à  un  degré  de 
perfeftion  &c  de  pureté  tel  qu'ils  font  capables  de  le 
fouifrir,  &  augmenter  parla  leur  a(5hion&  leur  éner- 
gie. Les  Chymiftes  Se  les  Fous,  qui  fe  difent  ama- 
teurs des  fciences  fecrètes  ,  aiment  fort  le  terme 
d'exalter,  parcequ'il  a  plus  d'emphafe  ,  &  ils  s'en 
fervent  à  tout  propos.  Celui  qui  a  imité  leur  lan- 
gage, dans  la  penfie  de  les  rendre  ridicules,  leur 
fait  dite  :  Si  l'on  veut  recouvrer  l'empire  fur  les  Sa- 
lamandres ,  il  faut  purifier  &  exalter  l'élément  du 
feu  qui  eft  en  nous,  &c.  En  Médecine  les  fels  du 
fang  font  dits  s'exalter,  lorfqu'ils  fe  féparent  des 
autres  principes ,  &  fur-tour  des  foufres. 

Exalté  ,  ée.  part.  &  adj.  Il  a  les  fignifications  de  fon 
verbe  dans  l'ufage  ordinaire ,  &  dans  les  Sciences  Se 
les  Arts.  Attenuatus yperfeclus ,elatus,eveclus ,  exal- 
tatus.  Les  alimens  mous  &  humides,  qui  ne  font  point 
vifqueux  ,  &  qui  contiennent  une  fuffifinte  quan- 
tité de  parties  volatiles  &  exaltées,  fe  digérenraifé- 
ment.  Lémery.  On  remarque  en  Chymie  que  la 


EX  A 

plupart  des  matières  fulfureufes  fort  exaltées  ont 
cette  couleur  rouge.  Id  Les  frailes  contiennent 
beaucoup  de  flagme  &  de  fcl  etlentitl ,  Se  vwi^  mé- 
diocre quantité  d  huile  exaltée.  Id.  Le  lue  des  vian- 
des fe  diftribue  plus  ou  moins  facilement ,  fuivant 
qu'il  eft  plus  ou  moins  chargé  de  particules,  ou 
flegmatiques  ,   ou    volatiles  Se  exaltéa.  Dans  les 

,  fruits  niLus  les  parties  huiieules  étant  plus  exal~ 
técs  fe  féparent  &  le  dégagent  plus  ailément  du 
refte  de  la  malfe.  Le  chyle  j  après  avoir  ét# 
confondu  avec  le  fang  reçoit  une  nouvelle  atté- 
nuation par  les  parties  volatiles  Se  exaltées  de  cette 
liqueur.  Dans  les  plantes  le  lue  le  plus  pur  Se  le 
plus  exalté i.<i\.\.  à  nourrir  les  Heurs  Se  les  fruits.  Les 
coins  font  compolés  de  quelques  principes  alTez 
volatils  &  exaltas.  Le  terroir  des  lieux  d'où  nous 
viennent  les  oranges  eft  chargé  de  beaucoup  de 
foufres  exaltés  Se  de  fels  volatils.  Lémery. 

EXAMEN,  f.  m.  Recherche  exade  Se  foigneufê,  pour 
tâcher  de  découvrir  la  vérité  d'une  chofe.  On  dit 
dans  le  Diél.  de  l'Acad.  que  I'n  finale  fe  fait  fentir 
comme  .dans  le  latin.  Cette  prononciation  eft  con- 
traire à  l'ufage.  Examen  3  perquijitio.  Si  les  hom- 
mes ne  fe  hâtoient  point  tant  de  décider  après  un 
examen  fuperficiel ,  ils  ne  fe  tromperoient  pas  fi 
fouvent.  S.  Evr.  Il  y  a  de  la  témérité  à  foumettre 
la  Religion  à  ïexamen  de  la  raifon.  Nie.  La  voie 
de  l'autorité  eft  fans  comparaifon  plus  focile ,  & 
plus  proportionnée  à  la  portée  des  lîmples  Se  des 
ignorans,  que  la  voie  de  difcuffion  Se  à' examen.  Id. 
Les  règles  de  conduite  que  fuivent  la  plupart  des 
hommes ,  n'ont  d'autre  principe  qu'une  coutume 
qu'ils  ont  embraffée  fans  examen.  Nie. 

Examen  de  conscience  ,  eft  le  compte  qu'un  bon 
Chrétien  doit  fe  rendre  à  foi- même  de  toutes  les 
aétions  de  la  jouri>ée ,  Se  s'il  s'agit  de  l'examen  qui 
eft  une  préparation  au  Sacrement  de  pénitence , 
c'eft  une  revue  exafte  cju'on  fait  de  fa  vie  palfée, 
afin  de  reconnoître  les  péchés  qu'on  a  commis  de- 
puis la  dernière  confellion  ,  Se  de  s'en  confelfer, 
S.  Ignace  le  réduit  à  cinq  points.  Dans  le  premier, 
on  remercie  Dieu  de  fes  bienfaits.  Dans  la  z*  ,  oa 
demande  la  grâce  Se  la  lumière  pour  connoître 
fes  péchés.  Dans  le  5*  ,  on  parcourt  fes  occupa- 
tions ,  fes  aillons  3  fes  penfées  Se  fes  paroles  (  â 
quoi  il  faut  ajouter  les  omiffions  )  pour  y  décou- 
vrir ce  qui  a  pu  déplaire  à  Dieu.  Dans  le  4^ ,  on  en 
demande  pardon  à  Dieu  ^  &  on  tâche  de  concevoir 
un  véritable  regret  de  l'avoir  oPrenfé.  Dans  le  5*^,  on 
prend  la  réfolution  ferme  de  ne  plus  oftenler  Dieu, 
Se  d'éviter  fur-tour  les  péchés  qui  font  les  plus 
griefs ,  ou  auxquels  on  eft  le  plus  fujet.  Saint  Ignace 
a  encore  établi  Vexamen  particulier  de  la  conf- 
cience ,  Se  il  en  a  donné  la  méthode  dans  fes  exer- 
cices. Cet  examen  particulier  conlifte  à  faire  la 
guerre  au  vice  qui  nous  domine  davantage,  en  l'at- 
taquant feul ,  &  le  combattant  fans  relâche  par  une 
attention  continuelle  fur  foi-même,  pour  n'y  pas 
tomber  \  par  un  retour  douloureux  vers  Dieu  toutes 
les  fois  qu'on  y  tombe  ;  par  une  fupputation  exaâe 
de  fes  chûtes ,  comme  Saint  Ignace  Tenfeigne  en 
détail. 

Examen  ,  fe  dit  auffi  de  l'épreuve,  de  la  capacité  de 
celui  qui  fe  préfente  pour  être  promu  aux  Ordres, 
pour  remplir  quelque  fondion  ,  qui  afpire  à  quel- 
que degré  dans  les  Ecoles ,  pour  fa  voir  s'il  eft  capable 
du  de;jré,  de  la  fondtion  ,  de  l'emploi  où  il  veut 
être  admis.  Il  finit  fubir  \^'\  rude  examen  quand  on 
veut  être  reçu  Doâieur.  L'examen  de%  Conleillers 
du  Grand  Confeil  fe  fiic  fur  le  Droit  Civil  Se  Ca- 
non. Les  Ecoliers  compofent  pour  \'ex.^men  qui  fe 
fair  au  bout  de  l'année,  pour  Juger  s'iis  font  capa- 
bles de  monter  d?ns  une  plus  haure  claÎK'. 

Examen,  fignifis  aufïï  quelquefois,  Cenfure,  criti- 
que. En  ce  fens  il  a  fervi  de  titre  à  plufieurs  Livres. 
L'examen  des  efprirs ,  Se  l'Examen  de  l'Examen 
des  efprirs.   ' 

En  termes  de  Palais  on  appeloir  autrefois  examen 
à  futur,  une  enquête  quife  faifoiten  vertu  de  let- 


E  X  A 

très  royaux,  pour  avoir  preuve  de  la  vcrité  d'an  fait 
par  la  dépoluion  des  témoins  qu'on  avoit  en  main, 
de  peur  qu'elle  ne  dépérît  par  leur  mort,  ou  par 
leur  abfence;  &  cela  avant  qu'on  eût  intente  le  pro- 
cès dans  lequel  cetre  enquête  devoit  être  produite. 
L'ufage  de  cette  preuve  par  examen  à  jutur  a  été 
abrogé  par  la  dernière  Ordonnance  de  l'an  \GG-;. 
Ucxamen  d'un  compte  ,  eft  la  dilcullion  de  tous  les 
articles  l'un  après  l'autre. 
EXAMILION.  r.  m.  Muraille  célèbre  que  l'Empe- 
reur Emmanuel  Ht  élever  fur  l'Ifthme  de  Corintiie, 
J'an  1413.  &  qui  fut  ainfi  nommée  de  i^ , /ix ,  tic 
ftiXnM y  qui  en  Grec  vulgaire  lignilie  un  mille,  du 
Latin  mille.  Cette  miiraiilc  avoit  lix  milles,  c'ell-à- 
dire ,  deux  lieues  de  long.  ExamUion.  VtixainiHon 
fut  bâti  pour  gaiancir  le'Péioponèle  de  l'incuilion 
des  Barbares  :  il  commençoi:  au  port  Léchée  à  16 
llades  de  Corinthe,  &  hniiloit  au  port  Cenchrée 
vers  le  Golfe  Saioniqne.  Amurar  II.  ayant  levé  le 
fiége  de  Conllantinople  en  1414.  iit  démolir  Vtxa- 
milion  ,  quoiqu'il  eût  conclu  la  paix  avec  l'Empe- 
reur Grec.  Les  Vénitiens  le  iîrent  létablir  l'an  1463. 
En  quinze  jours  de  temps  l'ouvrage  lut  achevé 
par  ttente  mille  ouvriers  ,  couverts  par  l'armée  com- 

''mandée  par  Bertoldo  d'Eft,  Général  des  troupes  de 
terre,  &  Louis  Lorédo,  Général  delà  mer.  Les  In- 
fidèles firent  des  efforrs  'pour  détruire  ce  rempart  ; 
mais  ils  furent  repoulîés,  &c  contraints  de  fe  retran- 
cher aux  environs:  mais  Bertoldo  ayant  été  tué  au 
fiége  de  Corinthe  qu'on  fir  enfuite,  Bertino  de  Cal 
cinato  .ayant  pris  le  commandement  de  l'armée  , 
abandonna  ,  à  l'approche  du  Beglerbey ,  le  iiége  & 
Ja  défenfe  de  la  muraille,  pour  laquelle  on  avoïc  tait 
tant  de  dépenfe.  Voyc^  le  P.  Coronelli  »  dans  fa 
Defcription  de  la  Moree. 

EXAMINATEUR,  f  m.  Celui  qui  examine.  Proha- 
lor  ,  explorator  ,judex.  Il  y  a  i.\\.\3.iïq  Examinaietas 
en  l'Univerfité  pour  éprouver  la  capacité  des  afpi- 
rans  à  erre  gradués.  On  a  des  fpeètateurs  &  des 
examinateurs  j  à  proportion  que  l'on  ell  élevé. 
S.  EvR. 

On  appelle  les  Commiflaires  du  Châtelet  de  P.a- 
ris ,  Commiifaires  -  Examinateurs ,  parcequ'une  des 
principales  fonéf  ions  de  leurs  charges  ,  c'eft  d'ouïr 
la  dépofuion  des  témoins  j  &  de  faire  des  informa- 
tions, &  qu'ils  examinent  les  comptes.  f.vt7/7z//?iz- 
tcur  des  Evêques ,  eft  un  Ofîiciet  en  Cour  de  Rome 
qui  fait  l'examen  des  Evêques.  Les  Evêques  ont 
aullî  des  Examinateurs  des  Ordinands  :  ce  lont  des 
Prêtres  vertueux  &  habiles  choifis  du  Clergé  fécu- 
lier,  ou  régulier  ,  &  prépofés  par  l'Evêque  pour 
examiner  ceux  qui  fe  prélentent  pour  être  promus 
aux  Ordres.  Il  y  a  auili  des  Examinateurs  de  Li- 
vres. 

L'Examinateur  croit  autrefois  un  titre  d'Office  t<. 
de  Charge  à  la  Cour  des  Lombards  ,  comme  on  le 
peut  voir  dans  Du  Cange.  C'en  eft  encore  un  dans 
la  Chancellerie  de  Rome  ,  où  les  Examinateurs 
font  chargés  du  foin  de  conférer  les  Bulles.  Foye^ 
les  Macri  au  inot  Abbreviator. 

EXAMINATION.  f.  f.  Examen.  Ce  mot  fe  trouve 
dans  Ablancourt  ;  mais  on  ne  croit  pas  qu'on  s'en 
pullfe  fervir.  Ainfi  au  lieu  de  dire  avec  cet  Auteut 
Vexamination  d'un  procès  ,  on  doit  dire  l'examen 
d'un  procès.  Il  femble  i\\\ex^mination  ait  quelque 
chofe  d'extraordinaire  &  de  choquant. 

EXAMINER.  V.  a.  Faire  une  exaéte  perquifition  ou 
recherche  de  quelque  chofe.  Examinare  ,  inqulrere  , 
difcutere.  Il  eft  du  devoir  d'un  Juge  de  bien  exami- 
ner les  témoins  ,  de  les  tourner  de  tous  côtés  ,  pour 
favoir  bien  la  vcriré  d'un  fait,  pout  informer  à 
charge  &  à  décharge.  J'ai  bien  examiné  ma  con- 
fcience  ,  je  me  trouve  net  de  tout  crime  ;  je  ne 
erains  que  la  calomnie. 

horftjue  je  /n'examine , 
Je  crois  de  ce  défordre  entrevoir  l'origine.  Rac. 

Examiner,  fignifie  aullî ,  Éprouver  la  fcience  i!s: 


fur  là  loi.  On  doit  dorénavant  examiner  fur   le 
Droit  François. 

ExA.MiNER  ,  lignifie  aufli ,  Regarder  attentivement. 
Injpiccre.  Il  y  a_  longremps  que  \cxaminc  cette  pei- 
fonne  j  il  me  fen)ble  que  je  connois  ce  vilage. 

Examiner, fe  dit  en  chofes  morales.  Eplucher  une 
queftion  ;  rechercher  toutes  les  beautés,  les  erreurs 
d'un  Livre  :  conlidérer  attentivement ,  pefer  mûre- 
ment. On  a  envoyé  ce  Livr'j  en  Sorbonne  pour  l 'ex.i- 
nnntr:  on  y  a  trouvé  bien  des  erreurs.  Mille  gens 
aiment  mieux  fuppofer  les  chofes  véritables  3  que 
d'avoir  la  peine  de  les  examiner.  I.og.  On  doit ,  non 
àlafaullecéde  certaines  opinions,  mais  au  mente  de 
ceux  qui  les  iouriennent,la  juftice  de  les  examiner; 
&  il  eft  raifonnable  d'acheter  par  la  peine  de  les 
apprendre,  le  droit  de  les  méprifer.  Id.  On  n'exa- 
mine d'ordinaire  les  opinions  des  autres  qu'avec 
une  fecréte  envie  de  trouver  qu'on  a  raifon  ioi- 
même.  Bay.  C'eft  un  mauvais  caractère  ,  que  à'exa- 
mJnerciwec  uns  curiofité  maligne  tout  ce  que  font 
les  autres,  pour  les  cenfurer.  Bell.  Quand  le  cœur 
rélifte  à  une  vérité,  l'efprir  l'examine,  ou  négligem- 
ment ,  ou  malignement.  Jaq.  Rien  n'ell  plus  or- 
dinaire que  la  parelFe  d'examiner  le  fond  des  affai- 
res ,  &  une  hâte  indifcrète  d'en  juger.  S.  Real.  Là 
pallion  de  tout  f.vfwi.Ter conduit  enfin  à  l'incrédu- 
lité.  Le  p.  Thom.  Il  y  a  plus  d'orgueil  que  de  lagef- 
fe  dans  la  prétention  d'examiner  avant  que  de 
croire.  Id.  Si  nous  nous  examinions  nous  mêmes 
avec  le  même  loin  que  nous  fxjminons  les  autres  , 
nous  n'aurions  pas  la  lote  vanité  de  nous  croire 
fi  accomplis.  Bull. 

§CF  Examiner  un  compte  dans  le  commerce,  c'eft  en 
difcuter  tous  les  articles ,  en  vérifier  le  calcul ,  pour 
en  découvrir  les  erreurs. 

s'Examiner,  v.  récip.  lignifie,  S'ufer ,  &  fe  dit  des 
étoffes.  Atterere ,  deterere  ,  Cet  habit  commence 
à  s  examiner  \  il  s'y  va  faire  des  trous  en  beaucoup 
d'endroits.  On  dit  auili ,  Mon  argent  eft  bien  exa- 
miné,  il  né  m'en  refte  plus  guère.  Il  eft  du  ftyle 
populaire. 

Examine  ,ée.  part. 

rp"  EXANTHEMATEUX,  euse.  adj.  Foyei  l'arti- 
cle fuivant. 

EXANTHÈME,  f  m.  Terme  de  Médecine,  qui  fignifie 
proprement  éruption  des  humeurs  qui  forment  fur 
la  peau  des  taches  qui  ne  s'élèvent  pas  au-dellus  de 
fon  niveau  ;  ou  de  petites  tumeurs  de  différentes  ef- 
pèces  Levis  humorum  eruptlo  pcr  cutem.On  voit  de  ces 
■fortes  d'éruptions  dans  plufieurs  fièvres  exanthéma- 
teufes  qui  prennent  différens  noms ,  félon  la  na- 
ture des  humeurs  viciées  qui  produifertt  les  exan- 
thèmes fur  la  peau:  fièvres  Icarlatines,  miliaires, 
pourprées ,  &c.  i!c  généralement  exanthème,  figni- 
fie toute  forte  d'éruption  à  la  peau  ,  foit  avec  folu- 
tion  de  continuité,  comme  les  pullules  de  la  petite 
vérole ,  de  la  gale  ,  les  tubercules ,  ulcères  &  autres 
femblables  ;  foit  fans  folurion  de  continuité  ,  com- 
me les  taches  cutanées,  hépatiques,  fcorbutiques, 
vénériennes  ,  les  roulTeurs,  les  pétéchies  ,  la  rou- 
geole ,  le  poupre  ,  &c.  Ce  mot  eft  Grec  ,  (1«»''!!^««, 
du  verbe  'tla^t\u  ,  efflorefco,  erumpo  ^  je  fleuris  ,  je 
m'épanouis ,  je  fors ,  je  m'élève. 

EXANTLATION',  f.  f  Terme  de  Phyfique.  C'eft 
l'adtion  de  faire  fortir  l'air  ou  l'eau  de  quelque  en- 
droit ,  par  le  moyen  de  la  pompe ,  ce  mot  fe  dit  peu. 

EXAPLES  ,  f  m.  pi-  Voyf{  HEXAPLES. 

EXARQUAT.  L'Académie  écrir  EXARCHAT;  d'au- 
rres  écrivent  EXARCAT ,  comme  on  prononce 
f.  m.  Charge  &  Gouvernement  de  l'Exarque.  F-xar- 
chatus.  V! Exarchat  contenoit  les  villes  de  Ravenne, 
de  Cézcnne  ,  de  Crème  ,  Imolc  ,  Boulogne  ,  Mo- 
déne,&:c.  Depuis,  le  Roi  Pépin  donna  an  Pape 
toutes  les  x&ïïçs  dQVExarcjuattn  y^C 
EXARQUE,  f.  m,  "Vicaire  de  l'Empereur  d'Orient, 
ou  Préfet  qu'il  envoyoit  en  Italie  j  pour  la  défen- 
dre contre  les  Lombards ,  qui  avoienr  conquis  route 
l'Italie,  à  la  réferve  de  Rome  &de  Ravenne.  L'e- 


capacité  de  quelqu'un.  Ce  Confeiller  a  été  éx-imlni  |     xatque  faifoit  fa  réfidence  ordinaire  dans  cette  der- 

Ee  e  e  e  eij 


9;/$  EXÂ 

nière  ville.  Exarchus.  Le  premier  Exarque  fut  iePa-i 
trice  Longin  ,  envoyé  par  Julrin  le  Jeune  en   568.  | 
Les  £Artfny^t'j  fubhrterenc  environ  185  ans,  jufqu'à 
ce  qu'Allulphe  j   Roi  des  Lombards ,  prit  Ravenne 
par  force  l'an  752-.  Eurychius  étoit  pour  lors  Exar- 
que de  Ravenne  ,  &  ce  fur  le  deni;er. 

Le  P.  l'apebroch  ,  dans  le  Fropyleum  ad,  Acîa 
Sancl.  Mail  ,  a  fait  une  Diirercation  fur  le  pouvoir 
&  les  fonctions  de  ^Exarque  d'Iralie  dans  l'élettion 
&  l'ordination  du  Pape.  C'eft  la  feizieme  Dilferta- 
tion  de  cet  ouvrage  ,  p.  1 1 6  &  fui v.  En  7  5  2.  Ailol- 
phe  ,  Roi  des  Lombards ,  Prince  plein  dambinon 
&  de  couia;^e  ,  voyant  que  l'Empereur  Conftantin 
Coprony me,  occupe  des  affaires  d'Orient ,  aban- 
donnoit  prefque  entièrement  celles  d'Icahe  ,  il  vint 
avec  une  grande  armée  aflicger  dans  Ravenne  l'i;'- 
X arque  Eutychius ,  qui ,  après  une  alfez  vigoureufe 
défenfe  fut  oblii;é  de  le  rendre  hmte  de  fecours  j  & 
en  lut  finit  cette  efpcce  de  gouvernement  j  qu'on 
appeloit  ÏExarcat ,  environ  185  ans  après  qu'il  eut 
été  établi.  P.  Dan.  Hijioire  de  France  ,  Tome  Epage 

397- 

L'Empereur  Frédéric  créa  Héracliiis,  Archevê- 
que de  Lyon,  de  l'illudre  Maifon  de  Montboiilîer, 
iile  créa  j  dis-je  ,  Exarque  dans  tout  le  Royaume  de 
Bourgogne.  Cette  dignité  n'avoitété  connue  julqua- 
lors  qu'en  Italie  dans  la  ville  de  Ravenne.  P.  Men. 
Hi/l.  de  Lyon  ,  p.  277. 
Exarque,  ctoi:  aulii  une  dignité  militaire.  Foye:i^D\x 
Cange. 

I^FCétoit  aulTi  un  titre  de  dignité  écc!é(iaftique 
dans  les  premiers  liècles  del'Eglilc.  L'Exarque  d'un 
Diocèfe  étoit  la  même  chofe  que  le  Primat  :  cette 
dignité  Eccléfiaftique  étoit  moindre  que  la  Patriar- 
■chale  ,  &  plus  grande  que  la  Métropolitaine,  com- 
me prouvent  Juftel ,  &  le  P-  Sirmond.   UExarque 
préfidoit  fur  plufieurs  Provinces.  Il  étoit  au-deHus 
du  Métropolitain. 
L'ExARQUb  aujourd'hui  chez  les  Grecs  eft  une  efpèce 
de  Léi^.it  à  lacère  du  Patriarche  ,  qui  fait  la  vifite 
izs  Provinces  qui  lui  font  foumiles ,  qui  s'informe 
des  mœurs  des  Clercs  ,    des  caufes  Eccléhaftiques  , 
de  la  manière  dont  le  fervice  divin  fe  fait,  des  ma- 
riages &c  des  divorces  ,  des  différends  entre  les  Pré- 
lats &  le  peuple,  de  l'obfervance  des   Canons ,  de 
l'adminirtration  desSacremens,  fur-tout  de  la  Con- 
feflion  ,  de  la  manière  dont  la  difcipline  Monalti- 
que  fe  garde  dans  les  Monaftères ,  des  lois  des  Egli- 
fes  exemptes  de  la  jurifdiétion  de  l'Ordinaire  ,  tkc. 
Se  qui,  pendant  le  temps  de  fa  vifîte  j  fait  des  Ré- 
glemcns  fur  tout  cela  ,   mais  fur-tout  qui  fe    fut 
rendre  compte  de  tous  les  revenus  que  le  Patriarche 
tire  de  ciiaque  EgHfe  ,  &  de  tout  cequi  les  concer- 
ne ,  qui  les  levé,  &  qui  fouvent ,  après  s'être  fort 
enrichi  dans  cette  charge  ,  parvient  lui-même  au 
Patriarchat.  l'^oye^  le  P.  Gretfer ,  Jefuite  ,  dans  fes 
Obfervations  fur  Codin  ,  C.   XH.  n,  4.  &  le  Père 
Goar  ,  dans  fes  Notes  fur  Codin,  p.  15.  not.  55. 
EXARQUE,  eft  aulli  dans  l'Antiquité  Ecclcfuftique 
d'Orient,   un  Supérieur  général  de  pluheurs  Mo- 
naftères. Exarchus.  Autrefois  dans  les  Ordres  Reli- 
gieux l'Zi'.vjr<;?^e  étoit  différent  de  l'Archimandrite. 
Celui-ci  étoit  le  Supérieur  d'une  feule  ^LaifonJ  ou 
d'un  feul  Monaftcre  j  &  {'Exarque   étoit  fupcrieur 
de  tout  l'Ordre  ,  ou  du  moins  d'une  partie  de  l'Or- 
dre i  c'eit-à-dire,  qu'il  étoit  ce  qu'ell  aujourd'hui 
un  Général  ou  un  Provincial.  Le  Supérieur  de  cha- 
que Monaftère  s'appeloit  Archimandrire  ,  ou  Hé- 
guméne  ,  &  tous  obéiffoient  .à  un  Supérieur  géné- 
ral ,  qu'on  appeloit  Exarque.  L'on  voit  dans  le  Pon- 
tificat de  l'Eglifc  Grecque  une  formule  de  l'inftitu- 
tion  des  Exarques  de  des  Héguménes.  Le  Patriarche 
leur  impofe  les  mains  ,  &  leur  donne  un  Mande- 
ment ou  lettres  teftimoniales  ^  qui  contiennent  l'o- 
bligation de  leurs  charges.  Par  celles  de  VExarque 
il  paroît  entre  autres  chofes  qu'on  lui  confie  le  foin 
des  Monaftères  patriarchaux  ,  qu'il  en  doit  faire  la 
vifite  ,  ^c.  P.  HÉLYOT  ,  T.  I.  Dijjert.prélim.  p.  65. 
En  493.  Sebas  fut  établi  Exarque ,  ou  Chef  de  tous 


EXC 

les  Anachorètes  du  territoire    de   Jérufalem.   Du 
Bois. 

Exarque  ,  dans  Codin  ,  L.  IV.  de  l'édition  du  Lou- 
vre ,  eft  encore  un  des  derniers  Officiers  de  l'EgU- 
fe ,  puifque  de 46  qu'il  nomme  il  n'eft  que  ie  qua- 
rante-unième. 

Ce  mot  vient  du  Grec  tU^x's  >  qui  fignifîoit 
ChcJ  ,  ou  Commandant ,  &  fur- tom  dans  les  fac- 
tions d'Italie.  Homère  ,  Philon  ,  &  d'autres  Au- 
teurs ,  donnent  le  nom  d'Exarque  au  Maître  des 
Chantres  d'un  chœur  ,  ou  à  celui  qui  chante  le 
premier.  Car  le  verbe  afxa,  ou  ùpx'i^»'  >  lignihe  éga- 
lement commencer  <k  commander. 

EXASSISTANT,  ante.  f.  m.  &  f.  Qui  a  été  Alîlf- 
tant,  ou  Siliiildnie.  JJH/iends  ojjicio  defuncius ,    a. 

_  /^'o).3EX.  -^ 

EXASTYLE.  f  m.  Terme  d'Architeéture.Portique  qui 
a  lix  colonnes  de  front.  Hexafiyius.  Il  eft  propre- 
ment adjeétif.  Portique  hexajiyle  y  qui  a  fix  colon- 
nes ou  lix  rangs  de  colonnes. 

Ce  mot  vient  de  îi/Aoî,  colonne  ,  &:  de  ïl ,  fix. 
Il  faudroit  écrire  hexajiyle. 

EXAUCEMENT,  f.  m.  Aétion  à'Q\mcQX.  Exaudiilo. 
Les  méchans  n'obtiennent  pas  louvent  V exaucement 
de  leurs  prières.  Ce  mot  n'cft  plus  en  ufage.  Voy. 
Exhaussement. 

EXAUCER,  v.  a.  Écouter  favorablement  une  prière  , 
&  accorder  ce  qu'on  demande.  Exaudïre.  Il  nefe  die 
guère  qu'en  marière  de  Religion.  Dieu  exauce  les 
prières  de  ceux  qui  les  font  avec  une  vive  foi.  Si 
mes  vœux  pou  voient  être  exaucés  ^  vous  reviendriez 
bientôt  en  ianté.  Dieu  exaucera  les  prières  des  gens 
de  bien.  On  leditauiîi  des  perfonnes.  Exauce\'Vc\6\. , 
ruon  Dieu  ,  lorfque  je  vous  invoque.  Port-R.  Dieu 
exauce  Ion  peuple. 


Que  le  Seigneur  tej..\ncQ  au  jour  de  la  tempête  ^ 
Que  {'ombre  de  fou  nom  mette  à.  couvert  ta  tête. 

Wi>  GOD. 

Exaucé  ,  ie.  part. 

EXAUDl.  Terme  de  Bréviaire  qui  eft  purement  La- 
tin ,  &  qu'on  donne  au  (ixième  Dimanche  d'après 
Pâques, qui  précède  celui  de  la  Pentecôte.  On  le  mar- 
que de  ce  nom  dans  les  Almanachs ,  &  on  le  lui 
donne  à  caufe  que  1  Introït  de  la  Melfe  de  ce  joue 
commence  par  ce  mot. 

EX  AUTORATION.  Ï.Ç.  Ce  mot^,  qui  vient  d'eAT^ea- 
torcr  ^  hgnihe  Dégradation.  Le  Roi  nomma  le  Com- 
te de  Ligny  pour  ôter  le  collier  de  l'Ordre  à  S.  Val- 
lier  j  ii>:  Arrêt  intervint  qui  ordonna  que  l's.Vi^wforiî- 
tion  feroit  faite  par  ce  Comte  en  prélence  d'unPré- 
fidenr ,  de  cinq  Confeillers  ,  du  Greffier  criminel , 
&  de  cinq  ou  fix  Gentilshommes.  Le  Comte  de  Li- 
gny ,  adiité  de  cette  compagnie  ,  prononça  à  S.  Val- 
lier  l'Arrêt  d'ex  autoration,  &  lui  demanda  le  collien 
de  l'Ordre. 

EXAUTORER.  V.  a.  &ExAUTORé.  part.  Vieux  mot 
qui  n'eft  plus  guère  en  ufage  ,  ik  qui  fignifioir  Caf- 
fer ,  dégrader.  Par  l'article  9  de  l'Ordonnance  de 
Henri  II  donnée  à  Amboife  le  26  Mars  1555.  il 
eft  fait  défenfes  à  toutes  perfonnes  de  changer  de 
nom  fans  permillion  ,  à  peine  de  mille  livres  d'a- 
mende ,  d'être  punis  comme  fauiTaires  ,  ic  d'être 
exautorés  &  privés  de  tout  degré  &  privilège  de 
Noblefte.  Ce  mot  vient  du  Latin  exauclorare ,  dé- 
grader. 

EXC. 

EXCALCÉATION.  f.  f.  Adion  de  déchaufTer  le  fou- 
lier.  Excalceatio.  Parmi  les  Hébreux  il  y  avoir  une 
loi ,  par  laquelle  une  veuve .  que  le  frère  de  fon 
mari  refufoit  d'époufer ,  avoir  droit  de  l'appeler  en 
Juftice  ;  &  fur  fon  refus ,  elle  lui  déchaufloit  un  de 
fes  fouliers  j  &  lui  crachoit  au  vifage.  Onappeloit 
la  maifon  de  celui  qui  avoit  refufé  ,  la  maifon  du 
dcchaulfé.  Cette  loi  de  \'excalceation  avoit  quelque 
chofe  d'ignominieux.  CQUE.TiN,y«r  Croiius^ 


EXC 

EX  CATHEDRA.  Termes  Latins  ufités  dans  le  (lyle 
dogmatique.  Les  Ultraaiontains  croient  que  le  Pape 
elt  uifailiiûle  quand  il  parie  ex  cuchcdru.  Le  Pape 
ell  cenlé  ^xd-a  ex  cathedra,  quand  il  parle  comme 
Souverain  Ponnte  ,  &  qu  il  enleigne  toute  l'Eglile, 
c'eft-à-dire  ,  lorfqu  il  porte  une  decilion  dogiiiati- 
que  3  de  l'avis  des  Cardinaux  ,  &  qu'il  l'adreire 
aux  tîdelles  comme  règle  de  toi  Hc  de  mœurs. 

1/3°  On  ie  tert  quelquefois  de  cette  exprellîon 
dans  le  dilcours  familier ,  pour  marquer  une  déter- 
mination tonnelle.  Venez  ,  venez  donc  ,  marille, 
puisque  le  bon  Archevêque  a  dccidje.v  cathedra  que  i 
votre  voyage  éioit  nécelfaire  pour  l'intérêt  de  votre 
maifon.  M  ad.  de  Sev. 

EXCAVATION,  f.  f.  L'adion  de  creufer ,  ou  le  creux 
qui  a  été  rait  dans  quelque  terrein.  Excavatio  j  ca- 
vatio.  L'excavation  des  fondemens  de  ce  bâtiment  a 
coiité  tant.  On  a  fait  de  protondes  excavations  dans 
les  mines  de  Hongrie  pour  en  tirer  le  métal.  Vex- 
cavation  des  puits.  Hijtoire  de  L'Académie  des  Se. 
1741./^.  9. 

EX^AVÈK.  V.  a.  Caver  j  creufer.  Excavare.  Pour  for- 
mer le  canal  de  Languedoc  on  a  excavé'p\\is  de  deux 
millions  de  toifes  cubes  de  terre  ,&  plus  de  cinq 
mille  de  rochers.  Les  Philofophes  font  en  grand  dé- 
bat fur  k  caufe  du  Buxde  I.1  mer.  Quelques-uns  pré- 
tendent que  la  Lune  en  palfant  directement  au-def- 
fus  de  nos  mers ,  les  foule  y  les  excave ,  &  en  fait 
remonter  les  eaux.  Pluche. 

EXCEDANT  ,  ante.  ad).  Souvent  employé  fubftan- 
tivement.  Ce  qui  refte  après  qu'on  a  levé  une  pe- 
tite ou  une  moindre  quantité  d'une  plus  grande. 
Excedensj  excejj'us.  Dans  la  fouftiaction  il  faut  qu'il 
y  ait  une  fomme  excédante  &:  plus  grande  que  l'au- 
tre. Payez  une  telle  fomme  fur  l'argent  que  vous 
avez  à  moi ,  &  m'envoyez  {'excédant. 

^ZF  Dans  le  commerce  on  appelle  excédant ,  ce 
quieft  au-de-li  de  la  mtimc.  Excédant  à' 3.\imgs  ^ 
bénéhce  d'aunaije,  bon  aunage  ,  termes  fynonymes. 

EXCÉDER,  v.  a.  Être  plus  grand  \  aller  au-delà  d'une 
certaine  chofe  qui  doit  être  réglée.  Excedere  ,  ju- 
perare.  Il  n'excède  pas  le  plus  haut  prix  des  étoffes 
de  cette  forte.  Pasc.  La  mefure  d'avoine  excède 
celle  de  blé.  La  pinte  de  S.  Denis  excède  celle  de 
Paris ,  eft  la  plus  grande.  La  taille  de  Saul  excédait 
celle  des  autres  hommes  de  toute  la  tête. 

Excéder  ,  fe  dit  aulîi  dans  le  difcours  familier ,  en 
parlant  de  certaines  chofes  portées  jufqu'.i  l'excès, 
au-delà  des  bornes  ordinaires.  Aind  des  gens  à  qui 
on  aura  fair  faire  (\  bonne  chère,  qu'ils  auront  man- 
gé plus  qu'il  ne  faut ,  diront ,  on  nous  a  excèdes. 
Celui  à  qui  on  fera  des  railleries  trop  fortes ,  dira  , 
vous  mexcedeif^. 

Excéder  j  fe  met  avec  le  pronom  perfonnel ,  comme 
les  verbes  qu'on  appelle  réciproques.  Un  jour  ils'e.v- 
céda  de  fatigue  pour  les  pauvres  qu'il  traitoit  Fon- 
TEN.  Excéder  dans  fes  occafions  fîgnifie  j  Aller  au- 
delà  de  fes  forces ,  faite  quelque  excès  de  travail. 
S'excéder  à  la  chalfe. 

Excéder,  fe  dit  en  Morale,  pour  dire  ,  aller  au-delà  , 
oiitrepafler.  Pratergredi  j  ex  ire.  Un  Procureur  qui 
excède  fon  pouvoir  eft  fujet  à  défaveu.  Les  précep- 
tes de  la  Loi  n'excèdent  point  nos  forces.  A  Rome, 
les  Maîtres  perdoient  le  droit  qu'ils  avoient  fur  leurs 
efclaves  ,  quand  ils  excédaient  la  modération  avec 
laquelle  ils  les  dévoient  corriger.  Du  Bois. 

Excéder,  en  termes  de  Palais,  fîgnifie,  battre,  ou- 
trager. Mulclare,indignis  modis afficere.  Il  n'eft  guè- 
re en  ufage  qu'au  prétérit,  &  fe  joint  prefque  tou- 
jours avec  iiattu.  Il  a  fait  informer  de  ce  qu'on  l'a- 
voit  battu  8c  excédé. 

Excédé  ,  ee.  participe.  Excédé  de  fatigue  ,  de  dé- 
bauche. 

EXCELLEMMENT,  adv.  D'une  manière  excellente. 
Eximiè. S.Thomtis  :i  nané  exceilemment de  la  Théo- 
logie Scholaftique.  S.  Paul  dit  que  la  gloire  que 
Dieu  deftine  à  fes  enfans  eft  excellemment  excel- 
lente. 

EXCELLENCE,  f.  f.  Qualité  extraordinaire  que  peut 


EXC  9/7 

avoir  une  chofe,  qui  lui  donne  de  l'avantage  &  la 
mer  au-delHis  de  tout  ce  qui  eft  de  la  même  efpece. 
Excellentid  ,  prdtjlantia.  L'excellence  de  ce  remède  , 
c'eft  qu'il  purge  doucement  &  fans  qu'on  s'en  apper- 
çoive.  Cequi  fait  délirer  aux  hommes  l'approbation 
d^s  aurresavec  tant  de  pallion  ,  c'eft  qu'elle  les  af- 
fermit &  les  fortifie  dans  l'idée  qu'ils  ont  de  leur  ex- 
cellence propre.  Nie.  j'admire  \  excellence  de  fon  ef- 
prit.AB.L'amour  de  notre  propre  excellence  doit  être 
fubordonné  à  notre  fin  principale ,  qui  eft  Dieu. 
Fenelon. 
Par  Excellence.  Façon  de  parler  adverbiale  &  da 
llyle  familier  ,  pour  dire  ,  excellemment.  Cela  eft 
beau  par  excellence. 

On  le  dit  auiîi  dans  une  acception  différente  ,  en 
parlant  de  ceux  qui  ont  tellement  excellé  dans  un 
certain  genre,  que  le  nom  appellatif ,  qui  eft  com- 
mun à  toutes  les  peifonnes  célèbres  dans  le  même 
genre  eft  devenu  pour  eux  comme  une  efpèce  de 
nom  propre  &  particulier.  Ainfien  parlant  de  Salo- 
mon  j  on  dit,  le  Sage  ;  &  en  parlant  de  S.  Paul , 
on  dit ,  l'Apôtre  :  &  cette  forte  de  dénomination 
abfolue  j  eft  ce  qu'on  appelle  communément ,  par 
excellence  ,  &c  ce  que  les  gens  de  Lettres  appellent, 
par   antonomafe. 

On  dit ,  que  Dieu  eft  l'Être^  par  excellence  \ 
pour  dire  ,  qu'il  eft  le  Souverain  Être  ,  &  que  tou- 
tes les  créatures  n'ont  l'être  que  par  participation. 
Excellence  ,  eftauili  un  titre  d'honneur  qu'on  donne 
particulièrement  au:;  AmbalFadeurs.ic  autres  perfon- 
nes  qu'on  ne  peut  pas  traiter  d'Altefte,  parce  qu'ils  ne 
font  pas  Princes, Ôcqu'onveutpourtanrélever  au-def- 
fusdes  autres  grandeurs.  On  le  marqueen  abrégé  par 
un  fimple£'.  S.  E,  Son  Excellence.V.  E.  votre  t,xcel- 
lence,ikc.On  ne  le  donne  en  France  qu'aux  Ambafta- 
deuts^mais  ilestcommun  en  Allemagne.  Ceux  à  qui 
leinred'Excellence  a  été  d'abord  atfecté,font  lesPrin- 
ces  du  fang  de  France,  &  des  autres  Maifons  Sou- 
veraines. Ils  le  quittèrent  pour  prendre  celui  d'AI- 
tefte  ,  parce  que  plufieurs  Grands  Seigneurs  j  qui 
n'étoient  pas  Princes  ,  prirent  celui  d'Excellence. 
Les  Ambairadeuis  de  France  à  Rome  donnoient  au- 
trefois de  l'Excellence  aux  parens  du  Pape  régnant , 
au  Connétable  Colonne  ,  au  Duc  de  Bracciano,  à 
tous  les  fils  aînés  de  ces  Seigneurs,  au  Prince  de  Car- 
bograno,  aux  DucsSavelliôs:  Céfarini,&  aux  Prin- 
ces des  Maifons  Papales  :  ils  ont  été  plus  réfervés 
depuis  ;  mais  ils  le  donnent  à  toutes  les  PrincelTes 
Romaines.  Les  Vicerois  de  Naples  ne  traitent  point 
d'E.vcellencc\es  Seigneurs  Romains  qui  ont  des  fiefs 
dans  ce  Royaume.  On  donna  l'Excellence  aux  nièces 
du  Pape  Clément  IX  pendant  qu'on  ne  traitoit 
leurs  maris  que  d'Illuftriirimes.  Après  fa  mort  on 
continua  de  donner  l'Excellence  à  fon  neveu ,  quoi- 
qu'il n'eût  ni  Duché,  ni  Principauté.  Les  Ducs  &C 
Pairs  de  France  ont  eu  à  Rome  le  titre  d'Excellence. 
L'Evêque  de  Laon  ayant  prétendu  le  même  titre ,  il 
l'eut  des  Seigneurs  Romains  \  mais  peu  de  Cardi- 
naux le  lui  donnèrent.  On  prétend  par  laque  ce  titre 
eft  féculier. 

Les  Ambaiïadeuis  ne  l'ont  eu  que  depuis  1595. 
qu'Henri  IV  envoya  au  Pape  le  Duc  de  Nevers ,  à. 
qui  on  le  donna  à  caufe  de  fa  qualité.  Depuis  il  a 
parte  à  tous  les  Ambaftadeurs ,  qui  s'y  font  mainte- 
nus. Ceux  de  Venife  ne  l'ont  que  depuis  1636  que 
l'Empereur  &  le  Roi  d'Efpagnc  y  confentirent.  Les 
AmbalTadeurs  des  Têtes  couronnées  difputent  ce 
titre  aux  AmbalTadeurs  des  Princes  d'Italie  ,  parce 
que  cet  ufage  n'y  eft  pas  établi.  La  Cour  de  Rome  ne 
veut  pas  non  plus  traiter  d'Excellence  les  Ambafla- 
deursEccléfiaftiques  ,  pour  la  raifon  qu'on  a  dite 
ci  defrus.LesCardinaux&:  les  Princes  Romains  don- 
nent le  titre  d'^Arcc/Ze/zce  au  Chancelier ,  aux  Mi- 
niftres&  Secrétaires  d'Etat,  aux  premiers  Préfidens 
des  Cours  Souveraines  de  France  j  aux  Préfidens  des 
Confeils  d'Efpagne  ,  au  Chancelier  de  Pologne,  &C 
à  ceux  qui  font  revêtus  des  premières  dignités  des 
Etats,  s'ils  ne  font  point  Eccléfiaftiques.  Les  Am- 
balTadeurs fe  traitent  réciproquement  d'Excellence  ; 


95 


EXC 


■ceux  de  l'Empereur  ne  donnent  pas  cette  qualité  in- 1 
différemment,  ils  la  donnent  aux  Ambalfadeurs  des 
-Eledeurs.  Ceux  de  France  l'ont  rehil'ée  aux  Ambaf- 
fadeurs  des  Provinces-Unies.  Wicq. 

Ce  mot  ^'Excellence  étoit  aucretois  un  titre  des 
Princes  &  des  Empereurs  \  Se  Anallafe  le  Bibliothé- 
caire ,  page  106.  a  appelé  Charlemagne  ,  Son  Ex- 
cellence. L' Achevêque  de  Rheims ,  en  qualité  de  pre- 
mier Duc  &  Pair  bccléfiartique  ,  fe  fait  donner  le 
titre  d'Excellence.  On  le  donne  aulîi  au  Sénat  de  Ve- 
nife,  où  après  avoir  falué  le  Doge  fous  le  titre  de 
Sérénidime  Prince ,  on  dit  aux  Sénateurs  vos  Ex- 
cellences. Le  Lil>er  Diurnus  Ponûficum  Rom.  donne 
le  titre  d'Excellence  aux  Patrices  &  aux  Exarques , 
C.  /.  Tit. }  <&  4. 
EXCELLENIi.ENTE.adj.Ceqm  a  le  plus  haut  degré  de 
bonté  poiFible  ,  qui  eft  au-deflTus  de  tout  ce  qui  eft 
de  la  même  efpèce.  Eximius^prajlans , excellens.  Ce 
remède  eft  excellent  contre  la  goutte.  Ariftote  eft  le 
plus  e.vcd//d/zr  des  Philofophes  des  Anciens  ,  E>efcar- 
tes  le  ^\as  excellent  des  Modernes.  Chacun  doit  s'ef- 
forcer d  être  eArce/Zc/zf  en  fon  genre.  La  malic3  des 
hommes  n  eft  jamais  plus  haïllable,  que  lorfqu'elle 
abuîe  des  choies  les  plus  excellentes.  S.  Real.  Le  bon 
fens  eft  la  faculté  la  plus  excellente  de  l'homme  ,  & 
par  conféquent  on  la  doit  principalement  cultiver. 
Locke. 
EXCELLENTE  BURY.  Terme  de  Fleuriste.  Nom 
d'un  œillet.C'eft  un  pourpre  noir  fur  un  fond  blanc , 
qui  n'eft  point  fort  détaché  :  fa  plante  eft  difficile  à 
élever ,  étant  fujette  à  la  pourriture.  Quatre  bou- 
tons lui  fuffifent.  Morin. 
EXCELLENTISSIME.  adj.  m,  &  f.  Terme  fuperlatif 
èïexcellent ,  qui  fert  à  exagérer  toutes  les  chofes. 
Supereminens  j  excellentijjimus.  Ce  pâté  eft  excel- 
lentijfime.  Il  eft  un  peu  burlefque ,  ou  du  moins  du 
ftyle  familier  dans  le  fens  propre. 

C'eft  auflî  un  titre  d'honneur  qu'on  donne  à  des 
perfonnes  de  très-grande  qualité.  Il  fe  donne  aux  Sé- 
nateurs de  Vénife  alfemblés  en  Collège  en  préfence 
du  Doge.  Séréniflime  Prince.  ExcellentiJJlmes  Sei- 
gneurs. 

On  donnolt  {QtivcQSExcellentlJfimeïnos  Rois  de  la 
première  &  de  la  féconde  race.  Charlemagne  & 
Alcuin  l'oHt  aufti  donné  au  Pape  Adrien;  Kérulphe , 
Roi  des  Merciens,  à  Léon  III.  &C  Yves  de  Chartres 
à  Pafchal  IL  Fulbert  de  Chartres  le  donne  à  Luthe- 
rie ,  Archevêque  de  Sens;  &  Saint   Bernard  à  Ri- 
cuin  ,   Evêque  de  Toul  \  le  Liber  Diurnus  Pontifi- 
cum ,   C.  I.  Tic.  3.  le  donne  à  un  Patrice  ,  &  à  l'Exar- 
que ,  C.  II.  T.  I.  Ce  qui  montre  que  ce  n'étoit 
point  un  titre  atfedé  à  aucune  dignité  ,  mais  une 
cpithète ,  que   l'on  donnoit  à  fon  gré  à  qui  l'on 
vouloir. 
|C?  EXCELLER,  v.  n.  Être  au-deftus  de  tout  ce  qui 
eft  de  la  même  efpèce.  Avoir  le  plus  haut  degré  de 
bonté  phyfique  ou  morale.  Excellere  ,fupereniinere. 
Pour  exceller  en  quelque  chofe  ,  il  ne  faut  pas  imi- 
ter. Le  Ch.  de  m.  La  plupart  de  ceux  qui  ont  excellé 
en  quelque  genre  j   n'y  ont  point  eu  de  Maître. 
FoNTEN.  Il  ne  faut  pas  afïedter  de  parler  des  chofes 
où  l'on  excelle  ;  il  femble  qu'on  cherche  à  fe  faire 
louer.  Le  Ch.  de.  M.  Sans  lefecoursdes  paftions  l'on 
ne  peut  exceller  en  rien  ;  &  s'il  eft  vrai  qu'on  puifte 
vivre  fans  peine ,  on  vit  aulTi  fans  gloire  &  fans 
plaifir.  M.  Scud.  Les  Modernes  ont  excellé  àzns  les 
Ouvrages  de  Théâtre.  S.  Evr.  Il  vaut  mieux  ex- 
celler en  un  art,  en  une  fcience  j  ou  une  profellîon  , 
quelle  qu'elle  foit  j  lorfqu'on  en  eft  capable  ,  que 
chercher  à  contenter  fa  curiofité  en  fâchant  un  peu 
de  tout  ,  ne  faifant  jamais  rien  de  parfait ,  &  ne 
fâchant  jamais  rien  à  fond.  C'eft  pour  cela  que  Pi- 
brac  vouloir  qu'on  ne  s'attachât  qu'à  une  chofe ,  afin 
de  pouvoir  plus  aifément  y  réuflir ,  Se  ■^  exceller. 

Car  exceller  nejl  pas  chofe  petite. 

On  le  dit  aufti  des  chofes  inanimées.  Le  diamant  ! 
excelle  fur  toutes  les  pierres.  La  Géométrie  excelle  [ 


EXC 

fur  toutes  les  autres  fciences  par  fes  démonftraiicns. 

§3"  Exceller  ,  être  Excellent,  conlidcréscomine 
fynonymes.  Voici  leurs  nuances  ,  d'après  M.  l'Abbé 
Girard.  Exceller  fuppofe  une  comparaifoii  ;  met 
au-dellusde  tout  ce  qui  eft  de  la  même  efpèce  \  ex- 
clud  les  pareils ,  ôc  s'applique  à  toutes  fortes  de  cho- 
fes. Etre  excellent  place  limplement  dans  le  plus 
haut  degré  fans  faire  de  comparailon  j  fouftie  des 
égaux  ,  &  ne  convient  bien  qu'aux  choies  de  goût, 
Ainfion  dit  que  le  Titien  a  excellé  dans  le  coloris, 
Michel-Ange  dans  le  delfein ,  &c  que  M.  Dumefnil  eft 
excellent  Artifte. 

§3°  Quelque  mécanique  que  foit  un  Art ,  les 
gens  qui  y  excellent  fe  font  un  nom.  Plus  un  mets  eft 
excellent,  plus  il  eft  quelquefois  dangereux  d'en 
trop  manger. 

EXCENTRICITÉ,  f  f.  La  diftance  qu'il  y  a  entre  les 
deux  centres  des  cercles ,  ou  fphères  qui  n'ont  pas 
le  même  centre.  Excentricitas.  Ce  qui  fait  qu'une 
Planète  n'eft  pas  toujours  également  éloignée  de  la 
terre  ,  c'eft  que  fon  mouvement  propre  fe  fait  dans 
itn  cercle  ,  qu'on  appelle  déférent ,  &  qui  n'eft  pas 
concentrique  à  la  terre.  Or  la  diftance  du  centre  de 
ce  cercle  au  centre  de  la  terre  eft  ce  qu'on  appelle 
excentricité. 

Excentricité  fimple  ,  c'eft  dans  la  nouvelle  Aftro- 
nomie ,  ou  dans  le  fyftême  des  ellipfes ,  la  diftance 
qu'il  y  a  entre  le  cercle  de  l'ellipfe  &  Xtfocus  ,  ou 
foyer  ;  ou  bien  entre  le  Soleil  &  le  centre  de  l'ex- 
centrique. Excentricité  double  ,  c'eft  la  diftance  qu'il 
y  a  entre  les  foyers  de  l'ellipfe  \  diftance  qui  eft 
égale  au  double  de  \' excentricité  ^ww^Xq. 

M.  Caflini  a  donné  la  méthode  de  trouver  I'ca:- 
centricité  des  Planètes ,  &  elle  a  été  inférée  dans  les 
Tranjactions  Philofophiques  ,  N.  57.  Dans  le  même 
Ouvrage,  N.  ii8.il  y  a  une  autre  méthode  géomé- 
trique de  trouver  les  aphélies,  les  excentricités  ,  Sc 
les  proportions  des  orbués  des  principales  planètes. 
Elle  eft  de  M.  Halley  ,  Ançlois. 

EXCENTRIQUE,  adj.  m.  &  f.  Excentricus.  Terme 
relatif,  qui  fe  dit  des  deux  cercles,  ou  corps  ronds 
qui  n'ont  pas  le  même  centre.  Au  lieu  de  cercle 
excentrique ,  les  Modernes  ont  inventé  un  cercle 
ovale,  ou  elliptique,  pour  expliquer  l'irrégularité 
apparente  des  Planètes,  &  leurs  diverfes  diftances  à 
l'égard  de  la  terre.  Le  cercle  excentrique  de  l'hypo- 
thèfe  de  Ptolomée  s'appelle  aufti  déférent ,  parce 
qu'il  femble  déférer  j  c'eft-à-dire ,  porter  ,  charier 
la  Planète  dans  fa  circonférence.  L'orbite  du  Soleil 
eft  excentrique  à  l'égard  du  globe  de  la  terre.  Mars 
eft  fort  excentrique  à  l'égard  du  Soleil ,  c'eft-à-dire  , 
fon  mouvement  ne  fe  fait  pas  autour  du  même 
centre.  L'oppofé  d'excentrique  eft  concentrique. 

Equation  excentrique  ,  c'eft  dans  l'ancienne  Af- 
tronomie  ,  l'angle  que  font  deux  lignes  tirées  ,  l'une 
du  centre  de  la  terre ,  &  l'autre  du  centre  excentri- 
que,  &c  aboutiftant  toutes  deux  au  corps,  ou  à  la 
place  d'une  Planète-  C'eft  la  même  chofe  que  la 
proftaphérèfe  ;  &  cet  angle  eft  égal  à  la  différence 
qu'il  y  a  dans  un  arc  de  l'excentrique  entre  le  lieu 
véritable  de  la  Planète  j  &  fon  lieu  apparent.  Har- 
kis. 

Le  lieu  excentrique  d'une  Planète  j  c'eft  le  vrai 
point  de  l'orbite  ,  fur  lequel  le  cercle  d'inclination, 
partant  du  lieu  de  la  Planète  dans  fon  orbite,  tombe 
à  angles  droirs;  Id. 

Encentrique.  Onfe  fert  de  cemoren  matière  d'Hor- 
logerie. On  fait  marquer  les  fécondes  fur  un  cadran 
excentrique ,  quand  on  parle  de  la  diftance  qu'il  y  a 
entre  les  deux  centres  qui  ne  font  point  concen- 
triques, 

EXCEPTÉ.  Sorte  de propofition.  Hormis,  à  la  réferve. 
Prêter ,  praterquam.  Il  faur  être  prêr  à  fervir  fe? 
amis  en  toutes  chofes ,  excepté  contre  fa  confcience. 
J'ai  rout  perdu ,  excepté  un  fils. 

EXCEPTER.  V.  a.  Mettre  hors  de  la  règle  ordinaire; 
de  la  loi  commune.  Excipere.  Les  cas  privilégiés 
font  exceptés  de  la  loi.  Les  verbes  anomaux  font  ex- 
ceptés de  la  règle  générale  de  la  Grammaire. 


EX  C 

Excepter  j  fîgnifieauilïdcriijnerune  chofe  pour  n'ècre 
poiiu  coinpt'iie  avec  d'.iuci"es.  Seponerc  ,  eximcre.  Il 


lui  a  donné  toiu  (ou  bien;  mais  il  eu  a  cxce.u 
une  celle  cerre  ;  il  en  a  cxccpce  Tulahuic ,  qu'il  s'cft 
rcfervé. 

On  die  aufli  au  Palais  ,  S'excepter.  Il  s  excepte  de 
la  nnaxime  qui  Jic  qiia J ruus  nc/.-nni patrocjiutur. 

On  du  proverbialement  j  Qui  du  tout ,  n  excepte 
rien. 
EXCEPTE,  ÉE.  parc.  Exceptas,  demptus. 
EXCEPTEUR.  ).  mafc.  Du  Lariu  hxceptor.  Scribe  , 
Clerc,  Greffier  ,  Notaire  ,  Secrétaire.  \J Exccpteui 
Hilarius  leur  dit.  Nous  avons  empli  nos  cibles  :  oi 
donnez  que  d'autres  Ecrivains  prennent  notre  pi» 
ce.  . . .  Ces  tables  étoienc  des  planches  cirées,  lue 
lefquelles  Us  écri voient  en  noces. . . .  Fleury  ,  Hijt. 
Ecdef. 
EXCEPTION,  f.  f.  Défignatioii  d'une  chofe ,   poui 
n'être  point  compriie  dans  l.i  loi  co  mmune,  dans  la 
rè^le  ordinaire,  txceptio.  Ce  cas  tombe  dans  1  t.v- 
cept'ion  de  la  Iji-  l^cxcept'ion  e;l  une  preuve  ik  une 
confirmation  de  la  règle.  Co.niue  il  ya  du  duiger  a 
fuivre  \ exception  prétérablement  à  la  règle,  il  taut 
être  jfévère  ,  &  contraire  à  Xexceition  :  cependant , 
parce  qu  il  cil  certain  qu'il  y  a  des  exceptiorn  de  la 
règle  ,  il  en  laut  juger  Icvéremei;t ,   mais  juileuîeiu 
Quand  il  y  a  le  moindre  doute  dans  les  aèbons  nio 
raies,    il  huit  toujours  luivrc  la  règle  ,    iSi  non  pas 
Xexccpt'uyn.  Nie.  Il  elt  rare  que  la  loi  du  ieciet  re- 
çoive des  exceptions. 
ExcEPriON  j  feditdesperfonnes,  pour  lignifier  qu'elles 
ne  font  point  co:npriles  dans  ce  qu'on  a  du  ,   iii.li 
que  ,   marqué  auparavant.  Racine  eft  ant  exceptun 
de  ce  que  j  ai  avancé  touchant  le  Théâcte  François 
P.  De  Courb. 
AL'hxcEPrio.-^  DE. Sorte  de  préporitioii.  Excepté,  hor- 
mis. l-'r£ter. 
ExcEPrioN.  Terme  de  Palais.  Ce  mot  comprend  gé- 
néralement toutes  forces  de  détentes  j  que  celui  qui 
eft  appelé  en  Jullice  peut  oppofer  à  faction  qui  ett 
intentée  contre  lui,  pour  en  empêcher  ,  ou  pour  en 
retarder  l  etfec.  Il  y  en  a  de  trois  fortes  :  les  excep- 
tions décUnatoires ,   les   dilatoires  &  les   péremp- 
toires.  Les  exceptions  décUnatoires  ,  font  celles  par 
lef4U"lles  le  défendeur  décline  la  Jurisdiétion  du 
Juge  ,  devant  lequel  il  a  été  appelé,  &  demande 
fon  renvoi  devant  fon  Juge  naturel ,  ou  devant  un 
Juge  de  privilège.   Les   Exceptions  dilatoires,  font 
celles  qui  ne  tendent  qu'à  éloigner  pour   vjuelque 
temps  le  jagement  cie  l'uiftance  ;  comme  lorlqu'un 
Procureur,   au  lieu  de  défendre,  y  fournit  feule- 
ment des  exceptions  ,   par  lefquelles  il    demande 
communication  des  pièces.   Les  exc'ptions  pc.remp- 
toires  font  des  défenîes  pertinentes,  fondéeslur  des 
fins  de  non-recevoir  ,  comme  fur  la  prefcription 
qu'on  oppofe  \  fur  le  défaut  de  qualité  en  la  per- 
fonne  qui  agir;   pour  dol  &  fraude:  ce  qui  peut 
faire  juger  l'affaire  fans  entrer  dans  la  difcullion  du 
droit  au  fond-  Être  reçu  dans  fes  exceptions.  Être 
débouté  de  fes  exceptions. 
^CF Exception  &  Défenses  fe  prennent  fouvent  dans 
le  même  fens  :  cependant  en  termes  de  Pratique  on 
entend   ordinairement   par   dîjenfes    les  exceptions 
péremptoires ,  enforte  que  toutes  dijenfes  font  ex- 
ceptiom  -,  mais  toutes  exceptions  ne  font  pas  dijenfes. 
Celui,  par  exemple  ,  qui  décline  li  jurifdiclion  du 
Juge  ,    pardevant  lequel   il  eft  alTigné  ,  ne  forme 
point  de  dijenfes  contre  les  conclu  fions  du  deman- 
deur; il  requiert  feulement  que  la  caufe  foit  ren- 
voyée pajdevant  un  autre  Juge. 
Exception  des  deniers  non  comptés,  n'efl:  pas  ad- 
mife  en  Frr-'ice.  Celui  qui  a  reconnu  pardevant  No- 
taires   ou  fous  feing-privé ,   qu'une  fomme  lui  a 
été  prêtée,  eft  réputé  l'avoir  reçue  ;  &  on  n'admet 
point  de  preuve  au  contraire. 

On  du  proverbialement,  qu'il  n'y  a  point  de 
règle  générale  qui  niit  fon  exception  \  pour  dire, 
qu'on  ne  peut  comprendre  cous  les  cas  particuliers 
lous  une  même  maxime. 


E  X  C  9  59 

EXCÈS,  f.  m.  La  pairie  par  laquelle  «ne  qunntité  cfi: 
plus  grande  qu'une  autre,  la  ditfcience  des  deux  quan- 
tités inégales.  .!^xcc;//^.«, Cette  ligne  elt  plus  grande  que 
celle  là  ;  mais  l'excès  n'en  eft  pas  confidérable. 

§Cr  Excès,  fe  dit  quelquefois  dans  le  commerce  pour 
ce  qui  eft  au  delà  dune  mefure  fixe  ,  delà  dimen- 
fion  ou  capacité  que  doit  avoir  une  choie.  Une  bar- 
rique de  vin  qui  contient  tant  de  pintes  ,  paye  tant 
d'entrée  fuivanc  le  tarif.  Si  elle  en  contient  davan- 
t.age  ,  les  Commis  font  payer  \'exc:s,  à  raifon  du 
droit  qui  ell  dû  pour  chaque  pinte. 

ffCF  Au  moral  ,  ce  mot  confcrve  à-pcu-près  la. 
même  lignification  qu'au  phyllque,  &  s'applique 
aux  adions  &  aux  qualités  qui  paftentau  delà  des 
bornes  &  des  mefures  prefcrites  à  chaque  chofe  ;  de 
même  qu'en  appliquant  une  ligne  (urime  autre  ,on 
connoît  le  rapport  qu'elles  ont  entr'ellcs  ;  de  même 
en  comparant  les  aéf  ions  &  les  qualités  avec  les  me- 
iures  que  Ion  fuppole  ,  on  juge  qu'elles  vont  au- 
de'  ' 


i ,  ou  qu  elles  ne  vont  pas  julque-là ,  c'eft-à.dirc  . 
(ju'il  y  a  ixcès  ow  dijaut.  txcc[\us ,  dejeclus.  Immo- 
deratio.  Quelquefois  ce  moc  s'emploie  fans  régime. 
L'ambition  ,  qui  n'a  point  de  bornes  ,  emporte 
les  hoilimes  à  des  exch  dangereux.  Nie.  Nos  excès 
'ne  viennent  point  de  la  nature  :  elle  ne  les  confeille 
point.  S.  EvR.  Pourquoi  faire  parade  de  vos  excès 
&  de  vos  débauches  ?  Boss.  Il  y  a  des  malheurs 
auxquels  les  hommes  approuvent  qu'on  foit  fenfible 
ju'qu'à  rtx.t.y.  Disc  d'Hl.  Quand  il  s'agit  de  faire 
du  bien,  le  procédé  héroïque  ^wwtWxces ,  &  nj 
cherche  ni  légle  ,  ni  mefure-  Cn.  de  M.  Clovis  fe 
jeta  dans  les  cx:is  où  l'ambition  &  la  bonne  for- 
tune précipitent  les  Conquérans.  Le.  P.  Dan.  Les 
hyperboles  font  d'ordinaires  faulles  ,  ou  trop  har- 
dies ,  à  moins  qu'on  n'y  mette  quelqu'adoucillemenc 
qui  eh  tempère  l'c.vcijj-.  Bouh. 

Fuyei  en  toute  chofe  un  ridicule  excès.  BoiL. 

Néron  ,  tant  détejlé , 
N'a  pointa  cet  exchs pouffé j'a  cruauté. 

ÇfT  Quelquefois  on  le  met  avec  nn  régime. 
■  h'exch  desdelirs  i.\\t  manquer  les  plaidts.  S.  Evr. 
Cecte  femme  fe  rendoit  illuftre  par  Vcxiès  de  fon 
afflidion.  Id.  Le  milieu  entre  \'exch  de  contrainte 
&  de  liberté  eft  difficile  à  trouver.  Les  excès  du  vin  , 
des  femmes  ,  du  travail  font  nuifibles  à  la  faute. 

llCTQuand  ce  mot  eft  pris  abfolument,  il  fignifie 
plus  particulièrement  débauche  ,  dérèglement.  Il 
fait  des  excès  préjudiciables  à  fa  fanté.  On  fe  relfent 
fouvent  dans  la  vieillelfedesextw  de  la  jeunelFe.  In- 
temperantia ,  incontinentia. 
Excès,  en  termes  de  Théologie  ,  fignifie  relâchement 
en  fait  de  Morale.  Plufieuts  gens  de  bien  fe  font 
écriés  contre  les  excès  de  qtielques  nouveaux  Ca- 
fuiftes. 
Excès,  en  termes  de  Palais  4  fignifie bleffures,  outra- 
ges ,  mauvais  traitemens.  Contumelii.  Il  a  eu  de 
grandes  réparations  pour  les  excès  commis  en  fa 
perfonne. 

Ce  mot  vient  de  <'.vcf//i(j  j  c'eft- à-dire  ,  outre  me- 
fure:, comme  par  la  même  raifon  on  a  dit  outrciae 
dans  le  même  fens. 
§cr  EXCESSIF  ,  ivE.Qui  excède  les  bornes,  la  me- 
fure ,  la  règle,  le  cours  ordinaire  des  chofes.  On 
le  dit  au  Phyfique  &:  au  Moral.  Immoderatus.  \^\\ 
froid  excejfij^  Un  homme  d'une  taille  cxcejfive.  Dé- 
penfe  excejjlve.  Sentimens  exccffifs.  On  le  du  égale- 
ment des  perfonnes.  C'eft  un  homme  e x cejff  Àzns 
tout  ce  qu'il  fait.  L'efprlt  humain  n'eft  jamais  plus 
exceffij \\\n<i  la  Ihuterie,  que  quand  il  eft  préoccupé 
par  la  terreur.  Ben.  Il  n'y  eut  que  Vexceffivc  grandeur 
de  Rome  qui  fut  caufe  de  fa  ruine.  Booh.  La  nation  , 
accoutumée  à  une  liberté  exceffJve  ,  ctoit  tom'ours 
prête  à  fe  révolter.  An.  de  V.  Alexandre  le  Grand 
étoite-YC<r//!/"en  tout  j  foit  pour  le  bien,  foit  pour 
le  mnl.  Àbl.  Tout  ce  qui  eft  excejfij  eft  vicieux, 
jufqu'à  la  vertu ,  qui  cerfe  d'être  vertu  des  qu'elle  va 


'^^O 


EX  C 


E  X  C 


auÀ'  extrémités.  Bouh.  f^oye^  MoDUS ,  Milieu.  La]     coiirager,  animer.  Accendercj  animas  addere^com- 

''    '  "'  o-^i'  i--; movd/c.  L'éloquence  e.vcv>f  les  pallicns.  Les  féditieux 

exc'ucnc  le  peuple  à  la  révolte.  L'émulation  excite 
à  1  étude,  au  combat.  Cet  homme  ell  lent  &  paref- 
feux ,  il  n'agit  point  li  on  ne  Vexcite.  Il  faut  s'exci- 
ter à  la  vue  de  la  perleétion ,  &  avoir  du  moms  la 
ferveur  des  delus ,  fi  l'on  ne  peut  avoir  la  j'.randeun 
des  œuvres.  Flech.  Qu'on  voie  tomber  des  larmes 
de  nos  yeux  ,  lorfque  l'excès  de  notre  douleur  nous 
les  fait  répandre  j  mais  ne  nous  excitons  jamais  a 
pleurer.  M.  Esp.  Rien  n'attire  tant  l'averlion  que 
l'amour  propre  :  il  ne  lauroit  le  montrer  fans  l'e^v- 
citer.  Nie.  Les  pallions  à  demi  touchées  nexcuenc 
en  nos  âmes  que  des  mouvemens  impartaits.  S. 
EvR.  Les  motifs  intérelTés  dans  l'amour  de  Dieu 
fervent  à  exciter\^  parelfe  des  hommes.  Fen.  Dieu 
a  répandu  des  ténèbres  dans  l'Ecriture ,  pour  eArci- 
rer  notre  diligence.  Nie.  Le  criminel,  tout  indigne 
qu''il  étoit  de  la  clémence  du  Roi ,  exckoit  encore  fa 


dépenfe  des  repas  d'Antoine  &  Cléopatte  étoit  ex 
ce[flve.  CiTRi. 

EXCESSIVEMENT,  adv.  D'une  manière  exceflîve. 
Jnteinpcranier ,  immoder.itè.  Cet  homme  a  été  battu 
excejjivement.  Les  flatteurs  louent  exccjjivement.  Cet 
homme  ed  fi  excejji\ement  complailant  j  qu'il  a 
fait  un  défaut  d'une  bonne  qualité.  M.  Scud. 

£XCESTER.  Ville  d'Angleterre  ,  qu'on  appelle  au- 
trement Exon  ,  Exonia,  Ificu  ,  ou  Ijcd  Damno- 
niorum.  Elle  eft  far  la  rivière  d'Ex,  à  trois  ou  quatre 
:lieues  de  fon  embouchure.  Excejler  Q,\i  capitale  du 
Comté  de  Dévon ,  &  il  y  a  un  Evêché  futfragant 
de  Cantorbery.  Mat  y.  Long.  14.  d.  10'.  lat.  50.  d. 

Si'- 
ExcESTER.  f  m.  Huile  à'ExceJler,  Excejlrenfe  oleum. 

Voyez-en  la  compofition  dans  le  Diélionnaire  de 

.lames. 

EXCIPER.  V.  n.  Termes  de  Palais.  Faire  une  excep- 

rion  ,  fournir  des  exceptions.  Excipere  .,  rcjïcere.  Ce 


tendrelle  &;  fa  compallion. 


Procureur  a  excipé  contre  ma  demande  par  un  dé-  Excité  ,  ee.  part.  &  adj.  Excitatus ^  ardens  j  commo- 

clinatoire,    par  une    dégénération   de  ma  qualité  tus. 

d'héritier ,  par  la  demande  d'un  délai  pour  délibc-  EXCLAMATION,  f.  f.  Élévation  de  la  voix,  qu'on 

^      -'.,1                  ? -_    ..   j_- £_^^^  p^^^^    témoigner  quelque   furprife  violente. 


rer.  On  n'ell  pas  reçu  à  exciper  ài\  droit  d'autrui 
On  le  joint  toujours  avec  la  particule  de.  A  fuivie 

l'induclion  que  N.  voudroit  tirer   de  ce   prétendu 

titre  j  de  quelle  nature  feroit  le  privilège  dont  ils 

excipent  ?   Norman't.  Ces  trois  exceptions  renfer- 
ment toutes  les  exemptions  j  dont  A' A^A^  font  en 

droit  èiexcipcr.  Id.  Il  ne  peut  avoir  à  autre  titre  les 

franchifes  dont  il  exc'pe.  Id.  C'eft-à-dire  ,  dont  il 

fait  des  exceptions  du  droit  commun.  Quelle  idée 

A'exciper  èi<i  la  forme  devant  la  propre  perlonne  du 

Roi ,  dans  une  affaire  majeure  !   Méin.  à' Artois. 
Ce  mot  vient  du  Latin  excipere.  Le  défendeur  eft: 

celui  qui  excipe,  &  qui  fournit  des  défenfes; 
lO"  EXCIPIENT,  f  m.  C'eft  ,  en  termes  de  Pharma- 
cie ,  une   fubflance  molle  ou  liquide  ,  qui  fert  à 

ralfembler  &C  à  lier  les  diffèrens  ingrédiens  d'une 

compofition  Pharmaceutique  ,  &  à  leur  donner  une 

forme   convenable  \    comme    les    éleèfuaires   des 

boutiques  j  les  conferves ,  les  confeèlions,  les  robs 

ou  le  miel.  Excipiens.  Dict,  de  James. 
IP"  EXCISE,  f  f.  Impôt  établi  fur  la  bière  ,   le  cidre 

&  autres  liqueurs  en  Angleterre.  C'eft:  auflî  le  nom 

du  Bureau  général  où  l'on  reçoit  le  produit  de  Vex- 

cife. 
EXCISION,  f  f  Je  ne  donne  pas  ce  mot  comme  bien 

établi  \   mais  Cardin  s'en  eft:  fi  heureufement  fervi 

pour  figniher  le  retranchement  qui  fe  fait  du  pré- 
puce aux  mâles ,  &  des  nyinphes  aux  femelles ,  dans 

l'opération  de  la  Circoncihon  ,  qu'il  mériteroit  être 

reçu.  La  Circoncifion  ,  dit  cet  Auteur  ,  fe  pratique 

en  Perfe  fur  les  deux  fexes ,  principalement  vers  le 

golfe  Perfique  ;  mais  on  ne  circoncit  les  femmes 

que  lorfqu'elles  ont  -palfé  la  jeunelfe  ,  parce  qu'au- 
paravant il  n'y  a  pas  d'excroilfances  pour  Xexcijion. 

Ce  mot ,  qui  vient  du  Latin  excijîo ,  qui   fignifie 

Echancrurej  eft:  ir.erveilleux  pour  fignifier  celle  qui 

fe  fait  dans  la  Circoncifion. 
EXCITATIF  ,  ivE.  adj.  Qui  excite.  Excitans  ,  excita- 

tivus.  Ce  remède  eft:  trop  violent ,  trop  excitatif.  Il 

excite  trop  les  humeurs.  Style  de  Médecine- 
EXCITATION,  f  f  Adion  de  ce  qui  excite.  Exclta- 

tio.  Cet  homme  agira  alTez  en  cette  affaire  par  fon 

propre  intérêt:  il  ne  lui  faut  point  d'autre  e.vcifa- 

îion.  Les  pl;is parfaits  fe  font  de  continuelles  excita- 
tions à  eux-mêmes  pour  ranimer  leur  piété.  Boss. 

Ce  terme  n'eft  pas  d'un  grand  ufage. 
-EXCITATRICE,  f.  f  Qui  dans  les  Communautés  de 

filles  fe  dit  de  celle  qui  éveille  les  Religieufes.  Ex- 

citatrix. 
EXCITER.  V.  a.  Provoquer  ,   caufer  quelque  effet. 

Incitare  ^  creare  ,  faccre.  Le  tabac  ,  la  bétoine  ,  ex- 
citent l'éternument.  Les  acides  excitent  la  toux.  Les 

vents  excitent  les  orages.  Un  peu  d'eau  fur  un  grand 

feu  Vexcite  davantage,  le  rend  plus  vif.  Les  chofes  Exclure,  fignifieaufll,  Excepter.  Le  Roi  a  accordé  un 

falées  excitent  la  foif ,  l'appétit.  j     pardon  aux  rebelles  d'un  tel  lieu  i  mais  les  chefs  ea 

Exciter,  fe  dit  en  Morale,  &  fignifie  allumer,  en-J     font  exclus  ôc  exceptés. 


foit  d'admiration  ,  foit  d'indignation  ,  foit  de  dou- 
leur,  de  peur,  de  defir,  Hcc.  Exclamatio.  Les  ex- 
clamations font  des  figures  qui  conviennent  bien  i 
un  Orateur.  A  l'arrivée  de  fon  ami  il  fit  de  grandes 
exclamations  de  joie.  Cette  femme  crut  voir  un 
fantôme  ,  elle  fit  une  grande  exclamation.  Il  ne  faut 
point  aller  jufqu'aux  exclamations  ,  quand  on  ne 
fait  qu'approuver  S.  Evr.  La  flatterie  a  un  langage 
qui  lui  elt  propre  :  elle  ne  loue  jamais  que  par  des 
exclamations.  M.  Scud.  Les  exclamations  concertées 
des  flatteurs  paroilTent  fades  aux  gens  de  bon  goût. 
Bell.  Ces  mauvais  dédamateurs  font  de  lugubres 
exclamations  aux  moindres  réflexions  douloureufes. 
S.  Evr.  L'Auteur  du  Dialogue  des  Orateurs  attri- 
bué à  Tacite,  parle,  paragraphe  51  ,  des  exclama- 
lions  honnêtes ,  ou ,  félon  d'autres ,  des  exclama- 
tions gracieufes  d'Epicnre  &:  de  Métrodore.  HoneJÏA 
exclamationes.  Cafaubon  fur  Diogène  Laërce ,  au 
commencement  de  la  vie  d'Epicure  ,  a  fajt  une  fa- 
vante  &  curieufe  remarque  fur  ces  exclamations  gra- 
cieufes. 

fCF  Exclamation  (l')  eft:  une  figure  de  Rhétorique, 
dans  laquelle  on  emploie  une  inrerjeétion  pour  faire 
paroître  un  mouvement  plus  vif,  comme  on  vient 
de  le  dire.  O  ciel!  ô  temps  !  ô  mœurs.  Prohfuperi! 
o  tempora  !  o  mores.  Quelquefois  auffi  cette  inter- 
jection eft  fous-entendue.  Dieux ,  qu'elle  eft  belle  !. 
Me  miferum. 

Exclamer,  v.  n.  vieux  mot,  qui  fignifioit  autre- 
fois s'écrier  ,  pouffer  des  cris  caufés  par  quelque 
émotion  extraordinaire  de  l'ame.  Exclamare. 

Exclure,  v.  ait.  j'exclus  ^  tu  exclus  ^  il  exclut  J  ou 
il  exclud  J  nous  excluons  j  j'ai  exclus  j  j'exclurai. 
Empêcher  que  quelqu'un  ne  foit  admis  dans  una 
compagnie,  dans  une  fociéré  ;  ne  parvienne  à  une 
place,  à  un  emploi  auquel  il  afpire  :  ou  le  retran- 
cher d'une  compagnie  où  il  avoir  été  admis,  le 
faire  décheoir  de  la  dignité ,  de  l'emploi ,  du  porte 
où  il  étoit  parvenu.  Excludere.  Il  briguoit  une  pla- 
ce dans  cette  compagnie;  ies  amis  l'ont  fait  exclu-- 
re.  Tel  Cardinal  a  été  exclus  du  Pontificat.  La  bi- 
gamie exclut  du  Sacerdoce.  Il  s'efl  Ci  mal  comporté 
dans  fa  compagnie ,  qu'à  la  fin  il  en  a  été  exclus. 
Ses  ennemis  ont  employé  tant  de  biais  qu'ils  l'ont 
fait  exclure  de  fon  emploi.  Les  mauvais  anges  furent 
exclus  du  paradis. 

Ce  mot  vient  du  Latin  excludere. 
On  le  dit  auilî  des  obftacles  naturels  on  légîtî^' 
mes.   La  loi  exclut  les  bâtards  des  fuccefllorjs ,  des 
bénéfices.   L'héritier  pur  &  fimple  exclut  le  béné- 
ficiaire. 


EXC 

On  dit  qu'un  homme  a.  été  exclus  d'une  fiiccef- 
fion,  pour  dire  qu'il  a  été  déshérité. 
Exclus  ,  use.  part,  &  ad/.  Exclafus. 
EXCLUSIF,  ivB.  adj.  Qui  a  la  force  d'exclure.  Exclu- 
dens  j  exclujivus.  Cette  loi  porte  une  détenle  exclu 
five.    Les  Souverains  ont  des  voix  exclusives  dans 
l'éleftion  des  Papes.  La  voix  exclujive  dans  les  élec- 
tions ,  efl  celle  qm  tend  à  empêcher  que  quelqu'un 
ne  fort  élu.  Privilège  exclujîj  ,  celui  qui  elt  accorde 
à  quelqu'un  pour  faire  une  chofe ,  avec  défenfe  à 
toute  autre  perfonne  de  faire  la  mcme  choie.  Ce 
tellament  a  une  claufe  exclufive.  Hotniis  eft  mi  mot 
exclujif. 
EXCLUSION,  f.  f.  Déclaration  par  laquelle  on  ex- 
clut de  quelque  chofe,  d'un  droit,  d'une  préten- 
tion ,  d'un  emploi ,  &c.  Exclujio.  La  loi  lui  donne 
\ cxclufion.   Cette  couronne  a  donné  Xcxclufion  de 
la  Papauté  à  un  tel  fujet.  Il  a  inftitué  un  tel  fon  hé- 
ritier, à  \' exclu/ion  de  fes  autres  parens. 
Exclusion,  fignifie  auffi.  Exception.  On  peutdifpo- 
fer  de  fon  bien ,  à  Vexclufion  des  quatre  quints  de  les 
propres. 
EXCLUSIVE,  f.  f.  Exclufion.  Rcpulfa.  Ceux  qui  ont 
écrit  des   Conclaves  fe    fervent   de    ce    mot.    Il 
faut  être  d'une  grande  léferve  pour  donner  l'e.v- 
clufive  à  un  Cardinal.    Pour  pouvoir  donner  l'e.v- 
ctujïve  à  un  Cardinal ,  il  faut  un  peu  plus  du  tiers 
des  voix. 
EXCLUSIVEMENT,  adv.  D'une  manière  qui  exclut, 
qui  excepte.  ExcluJivè.  Cette  loi  prononce  exclufive 
ment.  Les  noces  iont  permifes  juiqu'au  premier  jour 
as  Cs.'cç^mQ  exclufive  ment  :  c'elt-à-dire,  que  le  jour 
des  Cendres  n'eft  pas  compris  dans   la  permilfion. 
La  Cour  a  renvoyé  un  tel  prifonnier  pardevant  le 
Juge  ordinaire,  pour  lui  faire  ion  procès ,  jufqu'à 
fentence  définitive  exclufivement ;  pour  due,  qu'elle 
n'a  renvoyé  que  l'inftruétion,  qu'elle  s'eft  réfervé  le 
jugement. 

M3'  On  fe  fert  également  de  cet  adverbe  quand 
on  parle  d'une  certaine  étendue  de  lieu,  dans  la- 
quelle on  ne  comprend  point  le  dernier  terme.  Je 
lui  ai  donné  permiOion  de  chaiîe ,  depuis  tel 
canton  jufqu'à  tel  autre  ,  exclufivement  ^  pour  dire 
que  ce  dernier  canton  n'eft  pas  compris  dans  la  per 
million. 
EXCOMMUNICATION,  f.  f.  Peine,  ou  cenfure  Ec- 
cléfiaftiqucj  par  laquelle  on  retranche  les  Héréti- 
ques de  la  fociété  des  Fidelles ,  ou  les  pécheurs 
obftinés  ,  de  la  communion  de  l'Eglife  &  de  l'ufa- 
ge  des  Sacremens.  Excommunicatïo  j  anathema. 
\J excommunication  doit  être  précédée  de  trois  mo- 
nitions  publiées  au  moins  à.  deux  jours  d'intervalle 
l'une  de  l'autre.  Celui  qui  la  prononce  doit  avoir 
jurifdi6tion  contentieufe.  Cela  s'entend  des  excom- 
munications impofées  par  le  Juge.  Mais  celles  qui 
font  portées  par  la  loi  font  encourues  de  plein 
droit ,  dès  que  l'aélion  eft  commife.  Oii  les  appelle 
excommunications  du  canon  ,  ou  lat&ficntentlA.  Elles 
font  en  fi  grand  nombre,  qu'il  feroit  difficile ,  mê- 
me aux  plus  favans  Canoniftes ,  d'en  faire  un  dé- 
nombrement exa6t.  Il  y  en  a  50  dans  les  Clémen- 
tines ,  xo  dans  la  Bulle  In  cœna  Domlnl  ,  &c.  Ré- 
bufFe ,  fur  le  Concordar ,  rapporte  foixante  peines 
qui  fuivent  V excommunication. 

Il  y  a  dans  l'Eglife  deux  fortes  6i  excommunica- 
tions :  {'excommunication  majeure,  &  \ excommuni- 
cation mineure.  L'excommunication  majeure  eft  une 
peine,  ou  cenfure  Eccléiiaftique ,  qui  prive  celui 
qui  en  eft  frappé  de  la  fociéte  des  Fidelles ,  &  de 
tous  les  biens  communs  qui  dépendent  de  l'Eglife; 
fi  l'on  excepte  les  biens  communs  qui  viennent  im- 
médiatement de  Jefas-Chrift  ,  comme  la  foi ,  l'ef- 
pérance,  la  charité,  la  grâce  ,  &c.  C'eft  l'exciulion 
de  la  Communion  des  Saints.  Quand  on  parle  de 
l'excommunication  en  général ,  cela  s'enrend  dans  le 
Droit  de  V  excommunication  majeure.  Grégoire  IX. 
C.  Si  quem  de  fent.  excomm.  déclare  que  fi  quel- 
qu'un eft  excommunié  par  le  Juge ,  en  cette  manière 
&  fous  cette  fotmule  :  Je  vous  excommunie  ,  cela 
Tome  III. 


doit  s'entendre  de  l'excommunication  majeure  ;  mais 
dans  l'ufage  ordinaire  ,  6i  grammaticalement  par- 
lant, excommunication  eft  un  terme  générique  ,  qui 
comprend  toutes  les  efpèces  d'excommunications.  Le 
même  Grégoire  IX.  au  même  chapitre ,  diftinguc 
en  deux  mots  l'excommunication  majeure  de  la  mi- 
neure ,  en  ce  que  la  première  prive  l'excommunié 
de  la  fociété  des  Fidelles  ,  &  la  féconde ,  feulement 
de  la  participation  des  Sactemens.  En  particulier  , 
les  eflers  de  l'excommunication  majeure  font  de  pri- 
ver de  la  participation  adive  &  pallive  des  Sacre- 
mens ,  de  l'afliftance  au  Saint  Sacrifice  de  la  Méfie, 
&  aux  divins  Offices ,  de  la  participation  aux  priè- 
res publiques ,  aux  indulgences ,  aux  mérites  des 
bonnes  œuvres  des  juftcs  ,  &  de  la  fépultute  Ecclé- 
fialtique,  du  droit  de  pouvoir  obtenir  aucun  béné- 
fice ou  dignité  Eccléiiaftique,  de  l'exercice  de  la 
jurifdiition  Eccléiiaftique  ,  tant  au    for  extérieur 
qu'au  for  intérieur  ,  de  l'exercice  des  Ordres  ;  &  il 
elle  eft  dénoncée ,  elle  ptive  de  tout  commerce , 
même  civil,  avec  les  Fidelles,  hormis  en  certains 
cas.  Il  y  a  eu  des  temps  où  l'excommunication  ma- 
jeure n'avoir  pas  tous  ces  effets ,  au  moins  d'abord. 
Elle  n'eft  point  reçue  en  France.  Autrefois  les  ex- 
communiés étoient  obliges  d'impétrer  dans  l'année 
leur  abfolution   des  Evêques ,   ôc  de    fatisfaire  â 
l'Eglife  :  autrement  ils  y  étoient  contraints  par  les 
Juges  féculiers  ,  par  faifie  de  leurs  biens  j  &  em- 
pril'onnement  de  leur  perfonne,  fuivant  un  Edit 
de  Saint   Louis  de  l'an  121S.    En  Angleterre  ils 
n'avoient  que  quarante  jours.    Les  fujets  étoient 
difpenfés  du  ferment  de  fidélité  qu'ils  dévoient  à 
leurs  Seigneurs  dominnns ,  qui  étoient  privés  de 
la  polTelîion  de  leurs  fiefs,  jufqu'à  ce  qu'ils  euf- 
fent  obéi.  En  Efpagne,  celui  qui  ne  fe  fait  pas  ab- 
foudre  de  l'excommunication  dans  l'an ,  eft  tenu  pouc 
Hérétique. 
Excommunication  (l')  mineure  eft  une  cenfure  Ec- 
cléfiaftique ,  qui  prive  un  Fidelle  de  l'ufage  ou  par- 
ticipation des  Sacremens  ,  comme  nous  l'avons  dit 
ci-delTus  d'après  Grégoire  IX.  C.  Si  quem  j  dejent. 
excomm.   Le  même  Pape ,  C.  Si  célébrât ,  dit  que 
l'éleétion  qu'on  auroit  faite  d'un  excommunié  frap- 
pé d  une    exommunlcatlon   mineure ,  devroit  être 
annulée.  Les  Supérieurs  Eccléfiaftiques  pourroient 
prononcer  cette  excommunication  ■  mais  cela  n'eft 
point  en  ufage.   il  n'y  a  maintenant  d'excommuni- 
cation mineure  que  celle  qui  eft  portée  par  le  droit 
contre  ceux  qui  communiquent  d'une  manière  cri- 
minelle avec  un  excommunié  nommément  dénon- 
cé. C'eft  pour  cette  raifon  que  les  Canoniftes  difenc 
que  l'excommunication  mineure  eft  feulement  à  jure  y 
6c  non  point  ab  homlnc. 
Excommunication  (l')  à  jure  eft  celle  qui  eft  portée 
par  le  Droit  Canon.  U excommunication  ab  homlne 
eft  celle  qu'un  Juge  Eccléfiaftique  porte  contre  quel- 
qu'un.   \.' excommunication  ipfo  Jaclo  eft  celle  qui 
s'encourt  par  le  feul  fait ,  c'eft-à-dire  ,  en  commet- 
tant la  chofe  défendue  fous  peine  d'excommunica- 
tion ;  par  exemple,  en  lifant  un  livre  défendu  fous 
peine   d' excommunication  Ipfo  fiaclo.   \J excommuni- 
cation comminatoire  eft  celle  qui  ne  s'encourt  point 
par  le  feul  fait  :  ce  n'eft  qu'une  menace  d'excommu- 
nication. Il  faut  de  plus  une  fentence  pour  qu'on 
l'encoure. 

La  puiflance  d'excommunier  a  été  donnée  par 
J.  C.  aux  premiers  Pafteurs  feulement.  Le  peuple, 
ni  même  le  Clergé,  ne  l'a  point  re<;ue,  &  n'y  a 
point  de  part  :  en  un  mot,  ce  pouvoir  n'appartient 
point  à  l'Eglife  en  général.  Dire  le  contraire  ,  c'eft 
le  Richerifme  tout  pur.  Si  quelquefois ,  dans  l'an- 
cienne Eglifc,  les  Prélats,  av-rnt  que  de  frapper 
quelqu'un  de  l'afiathême ,  ont  confulté  leur  Clergé 
&  même  leur  peuple  ;  Çi  encore  aujourd'hui  les  Pré- 
lats _,  dans  les  Mandemens  par  lefquels  ils  condam- 
nent une  doétrine  fous  peine  d'excommunication , 
difent  qu'ils  le  font,  le  S.  Nom  de  Dieu  invoqué  , 
&  après  avoir  confulté  leur  Chapitre  &  d<is  Doc- 
teurs en  Théologie  ;  ce  n'eft  pas  que  le  pouvoir  d'ex- 

FffffF 


^6t  E  X  C 

communier  ne  réfide  en  eux  feiils,  &  que  le  peuple 
ou  le  Clergé  y  aie  part.  On  ne  l'a  jamais  cru.  Dans 
les  Conciles  on  confulce  aulîi  des  Docleurs  &  des 
Théologiens  :  les  E  vêques  n'y  font  pas  moins  les  feuls 
Juges. 

Tout  Fidelle,  tour  membre  de  TEglife,  peut  être 
excommunié  pour  de  juftes  raifons.  Ce  n'eft  point 
au  particulier  à  juger  de  la  juftice  de  l'excommunica- 
tion. La  dotlrine  contraire  eft  condamnée  par  l'Egli- 
{e.  Un  homme  excommunié  fe  doit  tenir  pour  tel , 
&  obéir  à  la  fentence  qui  l'excommunie,  y^oye^  fur 
l'excommunication  EveiUon,  les  Conférences  de  Pa- 
ris, d'Angers,  &c. 

Il  y  a  eu  un  temps  où  l'on  étoit  entêté  de  cette 
opinion  ,  que  les  corps  des  excommuniés,  s'ils  n'é- 
toient  abfous,  ne  pouvoient  pourrir,  mais  demeu- 
roient  entiers  pendant  plufieurs  fiècles ,  pour  fervir 
d'un  horrible  ipeélacle  à  la  poftérité,  comme  le  di- 
ient  Matthieu  Paris ,  &  d'autres  Auteurs.  Les  Grecs 
font  encore  dans  cette  opinion,  &c  difent  qu'ils 
en  ont  une  infinité  d'expériences ,  comme  prou- 
ve Du  Cange  par  le  témoignage  d'un  très-grand 
nombre  d'Auteurs. 

Dans  l'ancienne  Eglife  ,  l'excommunication  avoit 
•divers  degrés  :  ce  n'écoit  pas  toujours  un  retranche- 
■ment  des  Sacremens ,  mais  une  féparation  ,  &c  une 
efpèce  de  fchifme  entre  les  Eglifes ,  ou  de  fufpenfe 
de  commerce  fpirituel  entre  les  Evêques.  Depuis, 
les  caufes  d'excommunication  font  devenues  plus  fré- 
quentes. Se  on  en  a  ufé  avec  moins  de  circonfpec- 
tion.  Dans  le  neuvième  iîècle,  les  Eccléfiaftiques 
employèrent  fouvenc  ces  aimes  fpirituelles  pour  re- 
poulTer  les  violences  qu'on  leur  faifoit.  La  dureté 
crollFant  toujours,  on  palfa  à  des  rigueurs  peu  con- 
nues à  l'antiquité  ,  comme  d'excommunier  des  fa- 
milles entières,  ou  des  Provinces,  ou  d'y  interdire 
l'exercice  de  la  Religion  ,  &  d'accompagner  les  ex- 
■communications  de  cérémonies  terribles. 

Préfentement  on  n'a  ni  les  mêmes  frayeurs ,  ni 
les  mêmes  refpeébs  pour  ï excommunication  ,  &  on 
en  appelle  comme  d'abus ,  lorfqu'on  la  pratique 
mal-à-propos.  Par  exemple ,  l'Ofhcial  de  Touloufe 
ayant  excommunié  les  Officiers  de  la  Sénéchauffee 
de  Touloufe ,  fur  le  refus  de  lui  rendre  un  prifon- 
nier ,  l'Official  fut  condamné  à  lever  \ excommuni- 
cation &  à  la  révoquer.  Il  y  auroit  de  même  abus,  fi 
l'excommunication  étoit  fulminée  contre  le  Roi ,  ou 
le  Royaume,  ou  contre  les  Officiers  Royaux  dans 
les  chofes  qui  concernent  l'exercice  de  leur  charge. 
Tout  ceci  eft  de  Fevret.  On  n'en  doit  venir  que  ra- 
rement &  fobrement  au  remède  extrême  de  l'ex~ 
communication.  La  forme  de  V excommunication , 
c'eft  d'avoir  des  cierges  allumés  ,  de  les  jeter  avec 
des  malédiélions  &  des  anathêmes ,  de  les  étein- 
dre, &  les  fouler  aux  pieds  au  fon  des  cloches. 
Aux  excommunications  décernées  en  conléquence 
des  monitoires  publiés  pour  révélation  de  quelque 
choie ,  on  n'obferve  pas  les  cérémonies  extraordi- 
naires. 

On  craignoit  autrefois  autant  V excommunication 
de  S.  Martin  que  celle  du  Pape,  comme  on  voit 
dans  Sulpice  Sévère.  Pierre  de  Blois  témoigne 
qu'autrefois  en  Angleterre  on  fe  contentoit  d'ex- 
communier ceux  qui  avoient  tué  un  Eccléfiaftique; 
au  lieu  qu'on  punilToit  de  mort  ceux  qui  avoient 
tué  un  Laïque.  C'eft  qu'on  croyoit  alors  que  la  pei- 
ne à! excommunication  étoit  plus  grande  que  celle  de 
la  mort.  Il  y  a  eu  des  Evêques  qui  ont  prononcé 
des  excommunications  contre  des  chenilles  &  autres 
infedes,  après  une  procédure  juridique,  &  avoir 
donné  à  ces  animaux  un  Avocat  &  un  Procureur 
pour  fe  défendre.  Fevret  rapporte  divers  exemples 
de  pareilles  excommmunications  ,  ou  contre  des  rats 
qui  infeftoient  le  pays,  ou  contre  d'autres  animaux. 
^oyei  la  forme  de  ces  excommunications  dans  cet 
Auteur.  L' excommunication  eft  fondée  fur  un  droit 
naturel  qu'ont  toutes  les  fociétés  de  bannir  de  leur 
corps  ceux  qui  en  violent  les  lois. 

Dans  l'ancienne  Eglife  ou  diftinguoit  deux  fortes 


EXC 

^'excommunications  :  l'une  par  laquelle  ceux  qui 
ctoient  convaincus  de  leur  crime  par  leur  propre 
contellion  s'cloignoient  de  la  communion  ;  &  on 
l'appeloit  médicinale:  l'autre  fe  lançoit  contre  lest 
rebelles  qui  periilloient  opiniâtrement  dans  leurs 
erreurs  ;  &  on  l'appeloit  mortelle.  Le  pouvoir  d'ex- 
communier appartenoit  à  l'Eglife  en  général ,  c'eft- 
à-dire  ,  que  les  Evêques  &  les  Prêtres  en  avoient  le 
droit ,  du  confentement  du  peuple.  Cela  fe  prati- 
quoit  encore  du  temps  de  S.  Cyprien.  Depuis  on  ne 
confultaplus  le  peuple.  L'Evêque  &  le  Clergé  s'en 
attribuèrent  le  pouvoir.  Cette  excommunication  con- 
firtoit  à  être  banni  de  la  fociété  j  &  de  l'aiïemblée 
des  Fidelles.  On  pouvoit  avoir  recours  au  Synode 
delà  Province  ,  qui  jugeoitde  la  validité  de  l'^x- 
communication.  Il  eft  fouvent  arrivé  que  les  Eglifes 
s'excommunioient  mutuellement:  c'eft  -  à  -  dire  , 
qu'elles  rompoient  la  communion  qui  étoit  entre 
elles.  Il  y  a  divers  exemples  de  ces  fortes  à'excom- 
munications.  Alors  on  pouvoit  douter  lequel  des 
deux  partis  étoit  excommunié,  &  féparé  de  l'Eglife. 
Du  Pin.  Les  Papes  en  ufant  de  Vexcommun'xjtion 
trop  légèrement ,  &  fans  difcrétion  ,  l'ont  rendue 
indifférente ,  ou  moins  redoutable.  Pasq.  La  règle 
de  Saint  Benoît  nomme  excommunication  l'exclu- 
fion  de  l'Oratoire  ,  ou  de  la  table  commune.  C'é- 
toit  la  peine  des  Moines  qui  venoient  trop  tard. 
Fleuri. 

L'Excommunication  étoit  en  ufage  chez  les  Juifs 
&  ils  chaffoient  de  la  Synagogue  ceux  qui  avoienc 
commis  de  grands  crimes.  Foye^  l'Evangile  deSainc 
Jean  ,  IX.  zt.  L.  XVI.  2.  &  Jofeph ,  Antiq.  Jud. 
L.  IX.  C.  22.  L.  XVI.  C.  2.  Les  Efféniens  ,  quand 
ils  écoient  excommuniés  ,  n'ofoient  même  recevoir 
à  manger  de  perfonne  ,  pour  ne  pas  violer  leur  fer- 
ment ,  &  fe  contentoient  de  vivre  d'herbes  :  enforte 
que  quelquefois  on  les  lailToit  mourir  miférable- 
ment.  Foyei  Jofeph  ,  De  Bello  Jud.  L.  II.  C.  1 2. 
Thomas  Godwin ,  dans  fon  Mofcs  and  Aaron  ,  i.  /^. 
C.  2.  diftingue  trois  degrés,  ou  trois  efpèces 
d'excommunication  ,  chez  les  Juifs,  Il  trouve  la  pra- 
mière  dans  S.  Jean  j  IX.  la  féconde  dans  S.  Paul  , 
1.  Cor.  V.  5.  &la  troifième  dans  la  i.  aux  Cor 
XVI.  22. 

Excommunication  ,  ou  le  retranchement  de  la  par- 
ticipation aux  myftères  ,  étoit  aulli  en  ufage  dans  le 
Paganifme.  Ondéfendoit  à  ceux  que  l'onexcommu- 
nioitd'affifter  aux  facrificcs ,  d'entrer  dans  les  tem- 
ples ;  &  enfuite  on  les  livroitaux  Démons  &  aux 
Furies  des  Enfers  avec  de  certaines  imprécations  : 
c'eft  ce  qu'on  appeloit  facris  interdicere  j  execrari , 
diris  devovere.  Les  Druides  des  anciens  Gaulois  u- 
foient  aulli  de  V  excommunication  contre  les  rebelles 
&c  interdifoient  de  la  communion  de  leurs  myftè- 
res ceux  qui  refufoient  d'acquiefcer  à  leurs  juge- 
mens. 

Excommunication.  Quand  ce  mot  fe  dit  des  infeéles 
Ou  autres  animaux  ,  il  fe  prend  alors  métaphoti- 
quemenr&  improprenient ,  &  fignifiemaledidion, 
exécration  ^  imprécation.  Cette  excommunication 
confifte  en  des  prières  que  l'on  fait  à  Dieu  j  pour 
le  prier  de  détruire  ces  infeéles  ou  animaux  nuih- 
bles ,  &  d'en  délivrer  les  lieux  qui  en  font  infeftés  , 
&  dans  des  imprécations  que  l'on  fait  contre  ces  ani- 
maux. 

EXCOMMUNIE,  f.  f.  Vieux  mot.  Excommunication. 
Excommunicatio. 

Le  petit  Pierre  eut  du  Juge  option  j 
D'être  conjoint  avec  fa  Demoifellc 
Ou  de  fouffrir  la  condamnation 
D'excommunié  à  cenfure  éternelle  j 
Mais  mieux  aima  3  fans  dire  y  j'en  appelle  ^ 
Z'excommunie  &  la  cenfure  élire  , 
Que  d'époufer  une  telle  femelle  , 
Pire  trop  plus  qu'on  ne  pourrait  écrire. 

Marot. 

Ce  mot  fe  trouve  auffi  dans  Joinville. 


E  X  C 

EXCOMM'JNÏEMENT.  f.  m.  Terme  popalake^ 
t^ui  le  dic  des  menaces  d'excommunication  qui  fe 
tonr  au  prône,  cane  en  vercu  des  lettres  moni- 
toires  contre  ceux  qui  ne  viendront  pas  à  révé- 
lation j  que  de  celles  qui  font  contenues  dans  le 
Rituel  contre  les  Uluriers  ,  Devins  ,  Hcc.  On  a  je- 
té des  excommunienzens  pour  avoir  preuve  de  ce 
recelé. 

EXCOMMUNIER,  v.  a.  Rstr.ancher  quelqu'un  de  la 
communion  des  Fidelles.  Excjmmumcjre  ,  jcrlrc 
anathemate.  Il  y  a  de  grandes  cenlures  dans  le  Droit 
contre  ceux  qui  communiquent  avec  les  gens  qui 
font  excommuniés ,  qui  iont  toutctois  limitées  par  le 
Concordat.  Le  Roi  ne  peut  être  cxcommumc.  L'Or- 
dre de  Citeaux,  6c  quelques  autres  Ordres  Reli- 
gieux ,  ne  peuvent  être  excjmmuniJs  par  les  Evc- 
ques,  à  caufe  d'une  exemption  fpcciale  émanée  du 
Saint  Siège.  Fevret.  S.  Àthanale  excommunia  un 
Gouverneur  ou  Général  d'armée  dans  la  Lybie  , 
qui  y  commettoitbeaucoup  de  crimes  parfescruau- 
tés  &  par  fes  débauches  ,  &C  en  écrivit  à  S.  Baille  , 
ou  plutôt  à  toute  l'Eglife  pour  déplorer  le  malheur 
de  cet  Officier  ,  ^  demander  qu'on  n'eût  commu- 
nion avec  lui ,  ni  de  teUj  ni  d'eau  j  ni  de  couvert, 
comme  parle  S.  Balile.  Car  ce  Saint  ayant  reçu  la 
lettre  de  S.  Athanafe,  lui  écrivit,  &  lui  promit 
que  lui  &  tout  {on  peuple,  à  qui  U  avoir  montré 
cette  lettre ,  le  traiteroit  de  la  forte ,  pour  voir  h  cette 
condamnation  univerfeile  le  pourroit  faire  rentrer 
en  lui-même.  Tii.\..  HiJI.  EcdeJ.  T.  VI II.  p.  246 

Excommunié  ,  ée.  parc.  ,  adj.  &  f.  Anciennement  il 
étoit  défendu  do  boire  &  de  manger  avec  un  exc.vn 
munie ,  &  de  le  faluer.  1'a">q.  En  fuyant  tout  com- 
merce avec  ï excommunié ,  l'on  n'a  d'autre  but  que 
de  le  couvrir  d'une  falutaire  conhifion.  Fleuri.  Dans 
le  X«  &  XL=  liècle  ,  on  poulla  bien  loin  la  févérité 
contre  les  cxcom-nunlés.  Perfonne  ne  devoir  appro- 
cher d'eux,  non  pas  même  leurs  domelliques ,  leurs 
femmes  ,  ni  leurs  enbns.  Ils  ne  pouvoient  tefter  en 
jugement,  ni  ufer  de  leurs  droits  j  &  ils  étoient 
exclus  de  toutes  fortes  d'emplois  :  par  là  un  Roi 
excommunié  {^  voyoit  réduit  à  l'état  de  fimple  par- 
ticulier. Ainfi ,  à  force  d'étendre  la  puilfance  de  l'E- 
glife ,  on  la  rendit  méprifable.  Grégoire  VII.  ap- 
porta ce  tempérament  :  c'eft  qu'il  exempta  de  l'ex- 
communication les  femmes  &  les  enians  des  e.v- 
eommuniés  ,  &  leur  permit  d'avoir  commerce  avec 
eus.  Id.  Pour  rendre  les  excommuniés  plus  odieux, le 
Prêtre  écoit  obligé  de celfer, d'interrompre  le  fervice, 
fi  Mnexcommunie'iniïoli  dansl'Eglife.On  ne  remarque 
point  certe  averfionexceiîîvedans  laprimiriveEglife. 
Du  Bois.Celafe  pratique  encore  quand  X excommunie 
e(l  nommément  dénoncé  ,  ou  qu'il  eft  hérétique  pu 
bliquement  déclaré  ,  comme  les  Luthériens ,  les 
Calvinilfes,  &c.  &  il  n'y  a  pas  long-temps  qu'un 
Prince  Proteftanc  J  après  avoir  vifité  tous  les  lieux 
d'une  Communauté  Religieufe,  qui  purent  attirer 
fa  curiolité,  voulut  voir  l'Ejjlife  ,  on  le  pria  d'ar- 
tendre  que  la  Melfe  que  l'on  y  difoit  fût  finie  ;  ce 
cju'il  fit. 

Il  y  a  des  excommuniés  dénoncés  &  non  tolérés  , 
&  à^s  excommuniés  tolérés  &  non  dénoncés.  C'eft  la 
Bulle  de  Martin  V.  Ad  evlcanda  fcandala  ,  qui  a 
donné  lieu  à  cette  diftinétion ,  en  réglant  qu'on  n'é- 
toic  oblige  d'éviterque  les  excommunlésx\ow\\r\è.'Ci\tm. 
dténoncés ,  &  qu'on  n'encouroit  point  l'excommu- 
nication mineure  en  communiquant  avec  ceux  qui 
ne  l'étoient  pas,  quoiqu'on  fût  certainement  qu'ils 
écoienc  excommuniés.  Il  excepte  feulement  ceux 
qu'on  favoit  notoirement  avoir  frappé  un  Eccléfiaf- 
nque  ;  mais  cette  exception  n'a  pas  lieu  en  France. 
his  excommuniés  àtnovïcès  &C  non  tolérés  font  donc 
ceux  qui  après  avoir  été  déclarés  hérétlqu.s  par  une 
fentencedu  JugeEccléfiaftique  ,  ont  enuiite  érédé- 
noncés  publiquement  à  la  hice  de  l'Eglife.  Cette 
dénonciation  le  fait  par  la  leélure  de  la  f.-ntencedu 
Juge  ,  quife  fait  à  la  Melfe  paroiillile  ,  ou  en  l'af- 
fichant à  la  porte  de  l'Eglife.  Cette  dénonciation  fe 
fait  quelquefois  en  termes  généraux  fans  nommer 


E  X  C  963 

perfonne  ,  comme  cela  fe  pratique  dans  les  fenten* 
ces  qu'on  publie  en  exécution  des  monitoires ,  &C 
mêinelans  que  ceux  qu'on  excommunie  foitnccon- 
nus  :  &:  quelquefois  la  dénonciarion  fe  fait  en  ter- 
mes particuliers ,  iSc  nommément ,  en  exprimant  le 
nom  ix:  le  lurnom  de  quelques  perfonnes ,  ou  en  les 
delignaiit  par  des  caïadères  qui  les  fonr  connoîrre. 
Les  exconununlés  tolérés  .."k  non  dénoncés  font  ceux 
qui,  quoiqu'ils  aient  encouru  l'excommunication  , 
ik;  même  qu'ils  aient  été  déclaiés  excommunies  par 
fentence  ,  n'ont  pas  été  publiquement  dénoncés  de 
la  manière  dont  on  vient  de  le  dire.  Tous  ces  e.v- 
communlés  _,  tant  tolères  que  dénoncés  ,  font  fujetï 
aux  ertets  de  ï txcommunicadon,  que  nous  avons  rap- 
portés .à  ce  mol. 

fer  On  dit  familièrement  qu'un  homme  a  un 
vifage  d'excommunié  ,  qu'il  eft  tait  comme  un  ex- 
communié ,  tout  comme  on  dit  qu'il  a  un  vifags 
d'appelant  J  pour  dire,  un  vifage  pâle  &:  défait. 
On  dit  proverbialement ,  qu'un  fagot  eft  excom- 
munié ^  quand  on  ne  le  peut  brûler, 

EXCOMPTE.  Foyei  ESCOMPTE. 

EXCOMPIER.  Voye^  ESCOMPTER. 

iXCOIlIATION.f.  f.  Ecorchure  de  la  peau;  dépouil- 
lement de  la  peau  j  par  quelque  caufe  que  ce  foit. 
Excorlaclo.  Ce  Chirurgien  a  tait  fon  rapport ,  que 
les  blelFures  étoient  légères ,  qu'il  n'y  avoit  que  de 
limples  excoriations. 

EXCORIER,  v.  a.  Terme  de  Chirurgie.  Oter  la  peau, 
l'écorcher  j  ou  quelque  membrane.  Excorlare  ,  co- 
rlum  detrahere.  Le  malade  vomilîoit  un  mélange  de 
falive  (^  de  bile  qui  avoit  excorié  Se  enflammé  l'œ- 
fophage.  AcAo.  des  Se.  Kîyfj.  Hijl.  p.  .\-j.  La  pierre 
l'a  excorié  dans  le  palfage.  On  lui  a  excorié  la  veflie 
en  le  fondant. 

Excorié  j   ée.  part. 

EXCREMENT,  f.  m.  Excremenciim.  Les  Médecins 
comprennent  fous  ce  nom  général ,  toute  la  mx- 
tiére  fluide  ou  folide  ,  qui  ell  évacuée  du  corps  des 
animaux  ,  parce  qu'elle  eft  ou  fuperflue  ou  nuifible. 
Dans  cette  généralité  on  le  dit  non  feulement  des 
matières  fécales,  mais  encore  de  toutes  les  humeurs 
qui  fe  féparent  du  fiiig  par  le  moyen  des  ditférens 
couloirs  \  du  fang  menftruel  j  de  la  matière  de  la 
tranfplration  ,  des  mucofités  du  nez,  de  la  falive  , 
de  l'urine  ,  cn^n  de  toutes  les  humeurs  qui  ne  font 
plus   d'aucune  utilité  pour  l'économie  animale. 

^ZT  Dans  l'ufage  ordinaire  on  appelle  particuliè- 
rement e-vcrremewr ,  le  marc  des  alimens  digérés  ,  la 
parrie  la  plus  grolllère  qui  fort  par  le  fondement, 
&  même  l'urine.  Ainfi  l'on  dit  que  la  matière  fécale 
&  l'urine  font  les  gros  excrémens. 

|tT  En  Phylique  ,  on  applique  le  même  nwt  , 
mais  dans  une  acception  différente,  aux  ongles, 
aux  cheveux  &  aux  cornes  des  animaux.  Quelques- 
uns  prétendent  que  l'ambre  gris  eft  un  excrément  de 
baleine  ,  ou  un  excrémentài  la  mer. 

On  appelle  'ngmcmzntexcrément  de  la  tstTe,/un~ 
gus  ,  terra  Jîllus  ,  une  perfonne  vile  ,  ou  méchante  , 
qu'on  veut  mépriferou  injurier.  Balzac  blân>e  Mal- 
herbe qui  avoit  employé  cette  exprelîlon  ,  excrément 
de  la  terre  ,  en  parlant  d'un  favori ,  lequel  avoic 
abufé  de  fa  faveur  &  de  fon  crédit.  Ce  mot ,  dit-il  , 
me  femble  trop  bas  pour  un  fcélérat  illuftre  ,  plus 
haï  que  méprifé.  Le  mot  e.vcTdOTe/zr  eft  d'ailleurs 
trop  fale  &  d'alfez  mauvaife  odeur.  Dans  fa  plu» 
honnête  fignification  ,  il  ne  s'entend  que  des  vermif- 
feaux,&  autres  créatures  imparfaites ,  quife  for- 
menr  de  la  corruption  de  la  terre. 

En  termes  de  Philofophie  Hermétique  ,  on  ap- 
pelle le   tartre  ,  excrément  du  fuc  du  plan   de  Ja- 

nus. 
ip-EXCRÉMENTEUX,EusE,EXCREMENTICIEL 

&  EXCREMENTIEL  ,   elle.   adj.  Trois   termes 

fynonymesen  Médecine.  Qui  tient  de  la  nature  des 

excrémens  en  général ,  excrementitlus.  On  appelle 

fang  excrémenteux,  un  fang  trop  abondant  ou  fupcr- 

flu  ,  dont  la  nature  fe  décharge.  Tous  les  alimens 

ont  deux  parties ,  l'une  nutritive  ou  alimenteufe, 

^  Ffffffij 


^  ^4  E  X  C 

l'autre  excrémenteufe.  Les  fermens  fe  trouvant  mal 
conditionnés;,  la  leparation  de  la  Icrolité  e.xcré- 
menùadle  da  fang en  eft  interceptée.  DioNis.(,)uand 
'cet  oifeau  (  l'oie  )  elt  trop  jeune ,  fa  chair  elt  vil- 
queufe  ,  &:  propre  à  produire  des  humeurs  grofliè- 
■res  ècexcrdmenticielles.  Lemery. 

Ce  mot ,  &  les  deux  qui  précédent ,  font  dérivés 
du  mot  excrément. 

EXCRESCENCE.  U.Foye^  EXCROISSANCE. 

^  EXCRETEUR ,  trige.  adj.  Foyei  EXCRETOI- 
RE. C'eft  la  même  chofe. 

EXCRÉTION,  f.  f.  Terme  de  Médecine  ,  qui  fe  du 
de  l'adion  par  laquelle  la  nature  poulie  au  dehors 
les  mauvaiks  humeurs  qui  lui  nuifent.  Exaecio. 
La  plupart  des  crifes  fe  font  par  excrétion  ■  comme 
'  flux  de  fang  ,  d'urine ,  de  ventre  ,  fueurs  &  vomil- 
iemens. 

On  donne  aulTi  quelquefois  le  nom  d'excrétion  à 
■la  matière  évacuée. 

On  dit  excrétion  en  Chirurgie  j  en  parlant  des 
plaies  j  pour  exprimer  les  écoulemens  de  pus  &  au- 
tres matières  qui  fe  font  par  les  plaies.  Les  excré- 
tions (ont  des  m^irques  certaines  de  la  nature  de  la 
partie  bielfée.  Dionis. 

EXCRETOIRE ,  ou  EXCRETEUR,  adj.  m.  &  f. 
Terme  d'Anatomie.  Excretorius.  On  le  dit  des  glan- 
des ,  des  vailieaux  qui  fervent  à  filtrer ,  à  féparer 
les  Aies  ,  les  liqueurs  j  les  humeurs  dans  le  corps 
des  animaux  ,  &  à  pouller  au-dehors  les  humeurs 
qui  font  féparées  du  fang.  Quand  les  mufcles  de  ces 
deux  os  viennent  à  s'accourcir  ,  ils  prelfent  le  fac  , 
&  forcent  la  liqueur  à  en  fortir  par  deux  canaux 
excrétoires  qui  aboutiflent  dans  les  deux  gencives 
des  grandes  dents  de  la  vipère.  Lémery.  Ces  glan- 
des féparoient  &:  filtroient  une  partie  des  impu- 
retés du  fang ,  lefqufclles  étoient  verfées  par  les 
vaiflèaux  excrétoires  de  ces  filtres  dans  le  redum. 

DlONIS. 

Ce  mot  vient  du  Latin  excernere  j  féparer!  Excré- 
tion en  vient  auiîi. 

EXCROC  ,  EX  CROQUER  ,  EXCROQUERIE  , 
EXCROÔUEUR.  Foye-^  ESCROC,  ESCRO- 
QUER, ESCROQUERIE,  ESCROQUEUR. 

fO"  EXCROISSANCE  ,  &  non  pas  EXCRESCEN- 
CE ,  comme  quelques-uns  écrivent,  f.  f.  Les  Méde- 
cins défignent  par  ce  nom  général  une  tumeur  quel- 
conque qui  fe  forme  contre  nature  ,  fur  la  furface 
du  corps  humain.  Ainfi  les  loupes  ,  les  potreaux  , 
les  verrues  ,  les  polypes ,  6cc.  font  des  excroijfanccs. 
Caruncula  adnajcens  ,  excrefcens. 

Les  Médecins  appellent  apophyfes  ,  les  excroif- 
fances  naturelles ,  comme  celle  des  os.  Foye\  Apo- 

THYSES, 

Ce  mot  vient  de  croiiTance  ,  accroiffement.  Ainfi 
Ton  doit  dire  excroilfance ,  parce  que  ces  tumeurs 
fe  forment  parlemécanifmedel'accroiffemenrD'ail- 
leurs  les  bons  Auteurs  écrivent  tous  excroijfance. 

$Cr  Excroissance  ,  terme  de  Conchyliologie.  C'eft 
la  partie  qui  excède  la  fuperficie  d'une  coquille , 
laquelle  forme  comme  une  couture  ou  reprife  de  la 
matière. 

|3"  EXCRU.  Terme  de  Forêts.  Un  arbre  efcru  eft  ce- 
lui qui  a  pris  fa  croiflance  hors  de  la  foret  ou  des 
bois  ,  comme  dans  les  haies. 

EXCUBITEUR.  f.  m.  Du]  Latin  excubitor.iw^m,  de 
fimple  foldat  ,  devint  par  tous  les  degrés  de  la  Mi- 
lice ,  Comte  des  Excubiteurs  ;  c'eft-à-dire  ,  Capitai- 
ne des  Gardes  du  Palais Il  étoit  âgé  de  fwixante 

huit  ans,  quand  il  vintà  la  Couronne  j  ignorant  juf- 
qu'à  ne  savoir  pas  lire  ,  mais  bon  Catholique . . . 
Fleur  Y  ,   HiJh.EccL 

EXCURSION,  f.  f.  Courfe  ,  irruption  fur  le  pays  en- 
nemï.  Excurfus,  incurjîo. 

ifT  Excursions  ,  fe  dit  aufli  en  Aftronomie  pour 
déviations  des  Planètes  par  rapport  à  récliprique. 

EXCUSABLE,  adj.  m.  &  f.  Celui  ou  celle  qui  eft  digne 
d'excufe  ,  qui  peut  être  excufé,qui  adesrailonsluf- 
fifantes  pour  le  juftiher  de  quelque  crime  ,  ou  de 
quelque  faute  commife.  Dignus  excufatione ,  venid. 


EXC 

■Il  a  tué  ce  voleur  àfon  corps  dcfend.ant ,  il  eft  excu- 

fable  par  toutes  les  lois.  Sa  faute  n'eft  pas  excufable. 

Ablanc.  Celui  qui  pardonne  contre  la  juliice  ,  eft 

plus  excufable  que  celui  qui  condamneinjuftement. 

COURTIN. 

|Cr  Excusable  ,  fe  dit  des  perfonnes  &  des  chofes. 
Vous  n'êtes  pas  excufable.  Sa  faute  e[\  excufable.  Par- 
donnable ne  fe  dit  que  des  chofes.  Cela  ne  feroit 
pàs  pardonnable.  Mais  on  diroit  mal  :  je  ne  ferois 
pas  pardonnable. 

EXCUSATION.  f.  f.  Terme  de  Jurifprudence  ,  qui 
fe  dit  des  raiions  que  quelqu'un  allègue  pour  n'erre 
pas  chargé  d'une  tutelle,  ou  d'une  autre  charge.  Ex- 
cufatio ,  caufa  J  exceptio.  Il  y  a  des  titres  dans  le  Droit 
de  Vexcufation  des  Tuteurs. 

EXCUSE,  f.  f.  Raifon  ou  prétexte  qu'on  apporte  pour 
le  juftifier  auprès  de  celui  qu'on  a  oftcnfé  ,  ou  pour 
aftoiblir  la  tautc  qu'on  a  commife ,  ou  celle  d'un 
autre.  Excufuio  ,piirgatio.  Les  excufts  de  ce  crimi- 
nel ne  font  point  valables.  La  plupart  des  débiteurs 
donnent  des  cA-c/^yèj  en  payement.  N'alléguez  point, 
pour  vous  difpenfer  de  vos  devoirs ,  ces  vaines  e.v- 
cufes  dont  l'amour-propre  fe  fait  un  fragile  appui. 
PoRT-R.  Vos  excufes  partent  plutôt  de  votre  paref- 
fe ,  que  de  la  défiance  que  vous  avez  de  votre  efprit. 
Ablanc. 

Quand  l'amour  ejl  ardent ,  aifément  il  s'abufe  ; 
//  croit  ce  qu'il fouhaite  ,  &  prend  toutpourexciii'e. 

Corn. 

1^  Excuse  fe  dit  fou  vent  des  termes  de  civilité  dont 
on  fe  fert  envers  quelqu'un  ,  pour  le  porter  à  avoir 
de  l'indulgence  pour  une  faute  légère.  Je  vous  en 
fais  mille  excufes.  Je  vous  en  fais  excufe  pour  lui. 

ter  On  fait  excufe  ,  dit  M.  l'Abbé  Girard , 
d'une  faute  apparente.  On  demande  pardon  d'une 
faute  réelle.  L'un  eft  pour  fe  juftifier ,  &  part  d'un 
fond  de  politefte  :  l'autre  eft  pour  arrêter  la  ven- 
geance ,  ou  pour  empêcher  la  punition  j  ôc  défigne 
un  mouvement  de  repentir. 

On  a  mis  en  ufage  une  façon  de  parler  imperti- 
nente ,  je  vous  demande  excufe  j  on  n'a  plus  qu'à 
y  ajouter ,  je  vous  fais  pardon  :  au  lieu  qu'on  doit 
dire  ,   je  vous  demande  pardon  ,  je  vous  fais  mes 
excufes  ,  &c.  Demander  excufe,  eft  un  vrai  galima- 
tias ,  qui  choque  également  l'ufage  tk  la  raifon  :  il 
n'y  a  que  les  bourgeois  &  la  populace  qui  le  difenr. 
BouH.  Ceci  n'eft  point  arbitraire  ,  mais  eft  fondé 
fur  une  logique  naturelle  ,  fur  la  nature  même  de  la 
langue. On  ne  peut  en  effet  demanderque  ce  qui  peut 
être  accordé.   Demandez  excufe  à  un  homme  que 
vous  avez  oftenfé.  Peut-il  répondre  je  vous  accorde 
\excufe  que  vous  me  demandez  ?  Non  fans  doute  j 
parce  que  \ excufe  eft  un  ade  ,   une  prière  de  la  part 
de  celui  qui  a  offenfé  ,  pour  faire  trouver  bonnes  les 
raifons  qu'il  apporte  pour  fa  juftification.  Ainfi  de- 
mander excule  à  quelqu'un  qu'on  a  offenfé  ,  feroit, 
à  proptement  parler  j  lui  faire  une  nouvelle  offen- 
fé y  c'eft  demander  qu'il  s'excufe  j  qu'il  fe  juftifie 
de  l'injurequ'il  a  reçue  \  au  lieu  qu'on  dit  très-bien, 
je  vous  demande /'ar<i't)«  ,  parce  qu'on  peut  répon- 
dre ,  je  vous  accorde  le  pardon  que  vous  me  de- 
mandez. La  raifon  en  eft  évidente  :  c'eft  que  \q  par- 
don eft  une  grâce  de  la  part  de  l'offenfé ,  qui  veut 
bien  ne  conferver  aucun  reffentiment  d'une  offenfé 
qu'il  a  reçue.  En  un  mot ,  il  ne  faut  pas  demander  à 
un  autre  ce  que  l'on  doit  faire  foi-même.  Il  faut 
donc  dire  demander  pardon  ,  faire  excufe ,  faire  fes 
excufes ,  faire  mille  excufes. 

On  dit  proverbialement  :  il  n'y  a  fi  petites  ex- 
cufes qui  ne  vaillent  mieux  que  rien  ,  pour  dire ,  qu'il 
faut  toujours  donner  des  raifons  ,  quelles  qu'elles 
foient. 

EXCUSER.  V.  a.  &:s'EXCUSER,  Alléguer  des  rai- 
fons ou  des  prétextes  pour  juftifier  quelqu'un ,  ou 
pour  fe  juftifier  foi-même  auprès  d'un  autre  ,  pour 
aftoiblir  à  (es  yeux  une  faute  qu'on  a  commife.  Il  a 
excufe  fon  ami  auprès  du  Miniftre.  Il  s'eft  excufe  au- 


EX  C 

■  près  du  Roi.  Excufare ,  purgare.  Souvent  il  fignifie 
admettre,  trouver  bonnes  les  raifons  que  quelqu'un 
apporte  pour  fe  juftifier  ^  &  quelquefois  tolérer  une 
chofe  pardes  confidérations  particulières.  Les  exem- 
ples iuivans  font  pour  toutes  ces  acceptions.  On  ne 
peut  pas  e.vcù/èr  les  crimes  capitaux.  Il  faut  excujer 
cette  petite  incivilité  :  on  doit  excujer  la  jeunelfe.  La 
droiture  de  l'intention  n'^.vc^c  point  le  crime.  Port- 
Royal.  Par  le  dogme  de  la  probabilité  on  excujèroi: 
bien  des  péchés.  Pasc.  On  doit  pardonner  aux  pre- 
miers mouvemens  de  la  douleur,  quelque  violens 
qu'ils  foient ,  mais  on  ne  fauroit  les  excufer  lorf- 
qu'ils  continuent.  S.  Evr.  Quelles  excufes  ne  trou- 
verois-je  point  en  vous,  fi  le  crime  pouvoir  s'ex- 
cufcr  ?  Elles  envoyèrent  des  députés  pour  s' excufer  de 
ce  qu'elles  avoient  prêté  l'oreille  à  la  révolte.  Abl. 
Vous  cherchez  à  excujer  ce  que  vous  n'oferiez  ap- 
prouver. Boss. 

On  dit  communément  »  quand  on  eft  d'un  avis 
contraire  à  quelqu'un  ,  excuj'e^-moi ,  ii  je  vous  dis 
que  j  &c. 

On  dit,  S'exfufer  fur  quelqu'un  ,  rejkere  culpam, 
transferre  culparn  m  ,  pour  dire ,  Remettre  la  taute 
fur  lui.  Ce  Capitaine s'elt  excujh  fur  fon  Lieutenant, 
qui  a  mal  gardé  fon  pofte  avancé  où  il  l'avoit  mis. 
s'Excuser  ,  lignifie  aulli,  Refufer  honnêtement  , 
prendre  quelque  prétexte  pour  fe  difpenfer  de  faire 
une  chofe.  DeprecarL  On  m'a  prié  de  folliciter  con- 
tre VOUS',  je  m'en  fuis  excfe.  On  l'a  prié  de  cette 
noce ,  mais  il  s'eft  excufé  d'y  aller.  Il  sexcuje  fur  fa 
pauvreté.  Ablanc.  Elle  s'excuja  iur  ce  qu'elle  n'a- 
voit  jamais  vu  le  Roi.  Vaug. 

1^  On  dit  eATCi/yèr  envers  ou  auprès  de  quelqu'un. 
Excufer  à  quelqu'un  n'èlt  pas  François  ,  quoique 
Corneille  s'en  foit  fervi. 

Le  mot  excufare  ,  excufer ,  eft  tiré  du  Celtique 

Efcu^o  ,  qui  veut  dire  la  même  chofe.  Phzron,  ou 

plutôt  le  prétendu  Celtique  efcu^o  vient  du  Latin 

exaifare. 

EXCUSÉ  ,  ÉE.  part.  Excufatus.  Je  vous  prie  de  me 

tenir  pour  excufé. 
EXCUSEUR.  f  m.  Qui  ercufe.  Excufator.  Voiture  s'en 
eft  fervi  en  badinant  j  dans  une  lettre  à  Chapelain  : 
Quand  je  pcnfe  que  cette  lettre  s'adiefte  au  plus  in- 
dulgent de  tous  les  hommes ,  à  Xexcujeur  de  toutes 
les  fautes ,  au  loueur  de  tous  les  Ouvrages.  Je  nefai 
fi  on  le  trouve  autre  part. 
ËXCUSSION.  f  f.  C'eft  iln  terme  dont  fe  fert  Bon- 
net ,  Sepulchrec,  Anat.  Lïb.  H.  S.  ObJ]  ^r.  Excuffio. 
H  dit  en  parlant  de  la  palpitation  du  cœur ,  qu'elle 
provient  ou  d'oppreÛion ,  ou  à'excuJJîo/i.  Dans  le 
premier  cas ,  elle  provient  de  quelque  chofe  qui 
rélide  dans  le  cœur  même,  &  dans  le  fécond  ,  elle 
provient  de  quelqu'autre  partie.  Dict.  de  James. 
EXCUSTODE,  i.  m.  On  appelle  ainfi  dans  l'Ordre  de 
ois  j  un  Religieux  qui  a  exercé  l'office 


Saint-François . 
de  Cuftode. 


E  X  D. 


EXDÉFINITEUR.  f.  m.  Qui  a  été  Définiteur.  Exdefi- 
iiicor  y  Dejîn'uoris  munere  funclus.  Voyez  EX. 

Ë  X  E. 

ÈXEAT.  f.  m.  Terme  de  Difcipline  Eccléfiaftique  , 
qui  eft  purement  Latin  j  &  qui  fe  dit  de  la  permif- 
fion  que  donne  un  Evêque  à  un  Prêtre  pour  fortir 
de  fon  Diocèfe. 

|K?Sans  cette  permiffion  ,  un  Prêtre  ne  peut 
faire  aucune  fondion  de  fon  miniftère  dans  un  au- 
tre Diocèfe.  Un  Supérieur  régulier  donne  aulli  des 
exeacÀ  les  Religieux  pour  aller  d'un  Couvent  dans 
un  autte  ;  mais  ces  derniers  s'appellent  proprement 
obédiences.  Foye\  ce  mot. 

Ce  terme  s'emploie  audî  dans  les  Collèges  de 
Paris,  quand  on  donne  à  un  Ecolier  la  liberté  de 
fortir.  Son  Précepteur  lui  adonné  un  exeat.  Ce  mot 
eft  indéclinable.  Cet  Evêque  a  expédié  plulîeuts 
exeat. 


EXE  o6f 

EXECRABLE,  adj.  m.  &  f.  Qu'on  doit  avoir  en  hor- 

Deteflabdis  ,  execrandus.  <^'eft  un  blalphèmateuc 
exécrable,  qui  a  des  mœurs  &  des  fentimens  exé^ 
crables. 

Contraint  (Néron)  Je  s'arracher  une  exécrable  vie  : 
^a  lâche  main  cherchoic  une  main  plus  hardie. 

ViLL, 

IP*  On  le  dit  par  exagération  des  chofes  extrê- 
mement mauvaifcs.  Cette  pièce  eft  exccrable.  Les  ra- 
goûts de  ce  Cuilinier  font  exécrables 
EXECRABLEMENT.  adv.  Dune  manière  exécrable. 
Horribdem,    deteflabilem  ,   execrandum  in    niudani. 
Ces  Joueurs  jurent  &  renient  Dieu  exécrabUment. 
EXECRATION,  f.  f.  Horreur  de  ce  qui  eft  cxécr.ible, 
la  plus  grande  averfion  pollible.  Execratio.  Les  fenti- 
mens  de  ces  Hérétiques  font  dignes  d'une  perpé- 
tuelle exécrjcion.  Ton  nom  eft  en  exécration  à  ta  pa- 
trie. Ablanc. 
ExECRArioN  ,  fe  dit  aufli  d'un  ferment  horrible  ,  par 
lequel  on  appelle  fur  foi  ou  fur  les  autres  les  ven- 
gances  du  ciel.  Il  a  prouvé  fon  innocence  avec  tous 
les  fermens  &  exécrations  pofllbles.  Il  m'a  donné  fa 
foi  avec  tant  de  fermens  &  à" exécrations  j  qu'il  faut 
bien  qu'il  me  la  garde. 
Exécration,  f.  f.  En  termes  de  Théologie  morale  & 
de  Droit  Canon,  eft  contraire  à  la  Confécration  :_ 
c'eft  l'adion  ou  l'accident  par  lequel  une  chofe  con-* 
facrée  perd  fâ  confccration  &  eft  polluée.  Quand  la 
plus  grande  partie  des  murailles  d'une  Eglife  tombe, 
ou  que  toute  la  croûte  des  murs  fe  détache  ,  ou  du 
moins  la  plus  grande  partie  ,  il  y  a  exécration.  Il  faut 
de  nouveau  la  confacrer. 
EXECRATOIRE.  adj.  m.  &  f.Qui  appartient  à  l'exé- 
cration :   terme  de  Théologie  morafe.  Execr.itorius. 
La  chiite  du  toit  d'une  Eglife  n'eft  point  exécratoircy 
la  confécration    de  l'Eglife   n'eft  point  anéantie, 
parce  que  c'eft  fur  les  murailles  que  la  confécration 
fe  fait.  Ce  mot  fe  dit  des  fermens  horribles  que  l'on 
fait  pour  affirmer  ou  nier  quelque  chofe.  M.  Bayle 
dit  dans  fa  Critiaue  de  l'Hiftoire  du  Calvinifme  , 
que  le  P.  Maimbourg  renouvella  dans  un  fcrmon 
toutes  les  anciennes  calomnies    contre  l'Abbé  de 
S.  Cyran  ,  &  fit  des  fermens  horribles ,  même  celui 
que  les  Théologiens  appellent  exccratoire  ,  qu'il  n'y 
avoit  ni  erreur ,  ni   menfonge  j  ni  prévention  ,  ni 
pnllion  contre  les  perfonnes ,  dans  tout  ce  qu'il  avoic 
prêché,  ^oyq  Exécration. 
EXECRER.  V.  a.  Du  Latin  execrari.  Avoir  en  horreur, 
en  exécration.  Gotcrave.    Si  un   Pape,  comme 
Sixte  y.  fait  quelque  chofe  contre  vous  ,  il  vous  fera, 
permis  ,  UUJa   conj'cientiâ  de  \ exécrer  ^  maudire  j 
tonner ,  blalphémer  contre  lui ,   pourvu  que  d.ans 
votre  encre  il  y  ait  tant  foit  peu  de  Higuiéro.  La. 
vertu  du  Cacholicon  d'Efpagne  ,  art.  /4.  p.  7.    de  la 
Sut.  Ménip.  M.  D'Aubray  dans  fa  Harangue  pour  le 
Tiers-Etat,  par  Pierre  Pithou,  fait  de  juftes  reproches 
aux  Ligueurs  fur  leurs  mauvais  delfeins ,  &  dévoile 
bien  des  myftères  d'iniquité;  mais  leur  fureur  paroîc 
iur-toutdansleur  procédé  à  l'égard  du  Roi  Henri  IIL 
après  le  meurtre  du  Duc  &:  du  Cardinal  de  Guife 
aux  Etats  de  Blois.  «  Pour  nous  rendre,  dit-il ,  ir- 
»  réconciliables  avec  notre  Maître,  vous  nous  lui 
»  fites  faire  fon  procès,   vous  nous  fîtes  pendre  &: 
»  brûler  fon  effigie  j  vous  défendîtes  de  parler  de 
i>  lui  y  fînon  en  qualité  de  tyran  :  vous  le  fîtes  ex- 
»  communier,   vous  le   fîtes  ^x/crer,  détefter  & 
»  maudire  par  les  Curés ,  par  les  Prêcheurs ,  par 
»  les  enfans  en  leurs  prières.  <>  Sat.  Ménip.  tom.  r. 
p.  /40.  Les  preuves  de  ces  faits  inouïs  font  dans  les 
Remarques.  Le  verbe  exécrer  n'eft  plus  ufité. 
^fT  EXECUTFR.  V.  a.  Terme  général  qui  s'applique 
à  une  infinité  de  chofes  dans  le  fcns  propre,  ainlî 
que  dans  le  fens  figuré.  Exécuter  un  ouvrage  ,  une 
machine.  Exécuter  un  projet ,  un  deftein.  C'eft  en 
général  mettre  à  effet ,  réduire  en  aéle.  Exequi , 
perficere.  Ce  n'eft  pas  le  tout  que  d'avoir  conçu  un 


al}6  ii  -X.  il 

grand  deflcin  ^  'ûlefmt  exécuter ,  le  réduire  en  pra- 
tique. Henri  VIII.  encieprir  &  exécuta  de  grandes 
chofes.  De  Larrey.  Quand  on  donne  une  to\s  fa 
parole  ,  il  la  faut  exécuter,  il  la  faut  tenir.  Exécuter 
ponduellemenc  les  ordres.  Exécuter  un  Traité. 
AblanOtIIs  veulent  qu'on  exécute  le  teftament.  Le 
vMai.  Cette  madxinii  a.  cié  exécutée  en  grand  j  &  a 
réulîî.  Quand  on  confirme  une  fentence,  on  dit 
■qu'elle  fera  exécutée  félon  fr  forme  &c  teneur.  Les 
provihons  s'e.vc'cv/^tvzrnonobftant  l'appel. 

On  dir  que  ces  Muficiens  ont  bien  exécuté  une 
Mufiquei  pour  dire,  qu'ils  ont  bien  joué,  bien 
chanté  :  qu'un  Opéra  a  été  bien  exécuté ^  mal  exé- 
cute j  que  les  Danfcurs  on:  bien  ,  ou  mal  exécuté  le 
Ballit  i  pour  dire  ,  qu'Us  ont  bien  ou  mal  danfé  : 
que  les  Comédiens  ont  bien ,  ou  mal  exécuté  une 
Pièce  ;  pour  dire ,  qu'il  l'ont  bien  ou  mal  repré- 
fenrée. 
Exécuter  j  fe  ditauffi  des  a£bes  que  font  les  Sergens, 
quand  en  vertu  de  quelque  contrainte  ils  faililfent 
les  meubles  d'un  débiteur  pour  les  hure  vendre  ,  à 
moins  qu'il  ne  donne  un  gardien  folvable.  Aujerre 
pignora.  On  ne  peut  exécuter  des  meubles  que  pour 
des  fommes  liquides ,  en  vertu  d'obligations ,  ou  de 
ju^emenSj  ou  de  contraintes  décernées  par  ceux  qui 
ont  autorité  pour  le  faire. 

On  dir  figurément  en  ce  fens ,  qu'un  homme 
sexécute  lui-même  ,  quand  il  vend  une  partie  de 
fon  bien  pour  fatisfaire  fes  créanciers ,  &:  éviter  les 
fiais  de  Juilice.  On  le  dit  auili  ,  dans  un  fens  plus 
étendu  ,  de  celui  qui  fe  détermine  volontairement 
à  faire,  contre  fes  propres  intérêts,  ce  que  l'équité  , 
l'honneur  &  la  prudence  demandent. 

|p"  En  termes  de  Guerre  on  dit ,  exécuter  mili- 
tairement ,  foiten  parlant  des  Soldats  qu'on  punit 
de  mort  pour  quelque  délit  militaire  j  foit  en  par- 
lant du  malEicre  d'une  ville,  ou  du  ravage  d'un 
pays,  qui  ne  fe  foumettent  pas  aux  contributions 
d'une  armée  ,  d'une  garnifon. 
Exécuter  un  canon  j  c'eft  en  termes  d'Artillerie,  le 

fervjr. 
Exécuter,  fe  dit  auffi  des  fupplices  qu'on  fait  fouffrir 
par  ordre  de  Jullice.  Pleàere  j  ajficere  extrême Jup- 
plic'io  j  animadvertcre  pœnâ  capitis.  Il  y  a  eu  trois 
hommes  qui  ont  été  exécutés  aujourd'hui,  deux  pen- 
dus ,  &  un  brûlé. 
Exécuté  ,  te.  part.  &  adj.  Perfecius  ,  &c. 
|p=EXÉCUTELfR,TRicE. Celui  ou  celle  qui  exécute. 
Exécuteur  cïvmz  entreprife ,  executor  ^  adinuiifirator. 
Néron  trainou  après  lui  ceux  qui  lui  confeilloient 
fes  crimes ,  &'qui  en  étoient  les  exécuteurs.  S.  Evr. 
Ce  n'eft  point  aux  enhins  à  être  les  exécuteurs  de  la 
vengeance  du  ciçl  contre  leur  père.  Dac. 

§3*  On   appelle  auffi  exécuteur  ,    celui   qui  efl: 
chargé  de  faire  quelque  chofe ,  en  exécution  du 
mandement  de  celui  qui  a  droit  de  lui  en  donner  la 
commilîion.  Rei  jLicicndx.  pr&jeclus  ,  rei  exequendx 
curator.  Le  Pape  nomme  dans  fes  Bulles  trois  exécu- 
teurs pour  les  fulminer.  Les  Commilïïiires  déparris 
dans  les  Provinces  font  les  exécuteurs  des  ordres  de 
la  Cour. 
Exécuteur  ,  fe  dit  auffi  d'un   moindre  Officier  ou 
Sergent  qui  exécute  un  ordre  de  Juftice.  Accenfus  , 
liclor  y  pignerator.    Le  Sergent    porteur  &  exécu- 
teur de  cqxiq  contrainte,  a  fait  une  defcription  des 
meubles. 
Exécuteur  Testamentaire.  C'eft  la  perfonne  qui  efl 
nommée  par  un  teftateur  pour  avoir  loin  de  taire  exé- 
•^        cuter  fon  teftament.  Curator  exequenditejîamenti.  Un 
exécuteur  teftamentaire  doit    être  faifi  de  tous  les 
meubles  du  défunt  pendant  un  an  ,  au  bour  duquel 
il  eft  tenu  d'en  rendre  compte.  Pour  la  validité  d'un 
teftament ,  il  n'eft  point  nécelTaire  qu'il  y  ait  un 
exécuteur  teflamentaire.  DesTeftamens  faits  en  Latin 
au  XV'  fiècle  appellent  les  exe'care^^rj  tejiamentaires  j 
Provifores. 
^3"ExÉcuTEURde  la  Haute  Juftice.  C'eft  celui  qui  exé- 
cute les  Jugemens  qui  condamnent  les  criminels  à  une 
peine  affliAive  ,  qui  fouette  ,  pend  ,  roue  ,  brûle. 


EXE 

décolle  les  criminels  condamnés.  Carnlfex  ^  rcrtor> 
On  lui  donne  le  nom  àé exécuteur  de  La  Haute 
Juftice  ,  parce  qu'il  n'y  a  que  les  Hauts  Jufticiers  ô£ 
les  Juges  Royaux  qui  aient  Jus  glad'n  ,  le  droit  de 
mort.  hERR.  On  l'appelle  autrement  maure  des  hau- 
tes œuvres  ,  parce  que  la  plitpart  des  exécutions  fe 
font  fur  un  lieu  élevé  \  vulgairement  &  ordinaire- 
ment Bourreau. 
EXECUTION,  f.  f  Adion  par  laquelle  on  exécute  ,• 
achèvement ,  accompiilfement  a'une  chofe  qu'on 
^oit  iiiiiQ.Executio.  il  a  été  commis  pour  Xexécutioa 
des  ordres  de  Sa  Majefté.  Il  a  été  chargé  par  le  tef- 
tatcur  de  YexccutLon  de  ce  teftament ,  c'eft-à-dire  , 
des  dernières  volontés  portées  par  fon  teftament. 
Le  Roi  le  montra  fort  fevère  à  maintenir  Yexecution 
des  lois.  Ils  demandoient  ï exécution  du  Traité.  Abl. 
L'Architeélure  pratique  ,  eft  la  connoillance  qu'on  a 
acquile  par  \ exécution  &  la  conduite  des  bâtimens. 
Exécution.  En  Jurifprudence  ,  lignihe  aulli  une  faille 
&  enlèvement  de  meubles  j  faite  par  un  Sergent , 
&  par  autoriré  de  Juftice.  Pignorum  executio  ,  obia- 
tlo.  Il  a  été  ordonné  que  \ exécution  encommencée 
fera  parachevée  j  &  les  meubles  faifis  vendus.  Les 
exécutions  militaires  lont  celles  qui  fe  font  promp- 
tement  &  fans  formalités ,  où  l'on  vend  les  meu- 
bles au  même  temps  qu'on  les  failit ,  au  fon  du 
tambour. 
iJCT  Exécution  Militaire.  En  termes  de  Guerre  , 
C'eft  le  mallacre  d'une  ville  ou  le  ravage  d'un  pays  ; 
en  général  les  rigueurs  qu'on  exerce  contt'eux  , 
faute  d'avoir  payé  les  contributions.  On  a  demandé 
à  tel  pays  la  contribution,  fous  ^t\x\t  à' exécution 
militaire. 

On  le  dit  auffi  des  Soldats  qu'on  punit  de 
mort ,  pour  caufe  de  contravention  à  un  ban  publié 
dans  l'aniiée. 

On  appelle  au  Palais  ,  frais  &  miles  ^exécution  y 
les  dépens  qu'on  fait  en  exécutant  des  contrats  ,  ou 
des  jugemens. 
^fT  Execution  parée  ,parata  executio  j  c'eft-à-dire  ,' 
que  l'on  peut  faire  en  vertu  de  l'ade  ,  tel  qu'il  eft,  fans 
avoir  befoin  de  formalité  ni  d'antres  titres.  Un  ade 
portant  exécutionparéejeA  unaéte  qu'on  peut  mettre 
à  exécution  ,    commandement  préalablement  fait , 
comme  font  les  jugemens    &  les  obligations  en 
forme. 
03°  Exécution  provifoire  de  Sentence  ,   eft  l'exécu  •, 
tien  d'une  Sentence  par  provihon  ,  ordonnée  non- 
obftant  appel ,  &  fans  préjudice  d'icelui  ,  c'eft-à- 
dire  ,  que  l'appel  n'empêchera  pas  l'cxécution-y  mais 
que  certe  exécution  provifoire  ne  fera  pas  de  préjugé 
contre  l'appel. 
Exécution,  fe  dit  aufli  en  parlant  des  fupplices  qui 
fontfoulierts  par  les  condamnés  en  Juftice.  Animad- 
verfto.  Il  y  a  eu  une  exécution  as  deux  voleurs  roués 
à  la  Grève ,  de  deux  déferreurs  palîés  par  les  armes. 
Après  ^exécution   du  Duc  de  Nortumberland  ,   la 
Reine  fit  partir  Commendon  ,  avec  ordre  de  ren- 
dre un  compte  exad  au  Pape  de  toutes  les  affaires. 
Fléch. 
Exécution,  fe  dit  auffi  de  l'aélion  par  laquelle  on 
exécute  une    entreprife  hardie.  Ce  Général  eft  de 
bon  confeil,  &  il  a  un  tel  Brigadier,  qui  eft  un 
homme  d'exécution.  Les  périls  &  les  fatigues  font 
d'ordinaire   inféparables    de   \'exécution  des  grands 
delTeins.  Boun.  Cromwel  étoit  prudent  &  fige  dans 
le  confeil,  &  brave  dans  {'exécution.  As.  Rag. 
^  Execution  ,  fe  dir  en  parlant  de  Mufique  ,  pour 
exprimer  la   manière  dont  la    Mufique   vocale  & 
inftrumentale  font  rendues.  La  meilleure  compofî- 
tion  en  Mufique  eft  défagréable  avec  une  mauvaife 
exécution.  Pour  la  manière  de  chanter ,  qu'on  ap- 
pelle exécution  ,  aucune  nation   ne  fauroic  la  dif- 
puter  raifonnablement  aux  François.  S.  EvR.  Les 
François   trouvent   dans  le  fecret   de   ^exécution  ^ 
comme  un  charme  pour  norre  ame,  &  je  ne  lai 
quoi  de  touchant  qu'ils  favent  porter  jufquaucceur. 
Id.  Nous  avons  profité  du  commerce  des  Italiens 
pour  une  plus  grande  &  plus  hardie  conipofition  , 


EXE 

"comme  ils  ont  tiré  avantage  du  nôtre  pour  la  pro- 
preté d'une  exécution  polie.  Id. 

0Cr  Ce  mot  ert  unté  dans  plufieurs  arts.  On  dit 
d'un  Peintre ,  d'un  Graveur  ,  Sec.  que  fon  exécuûvn 
eft  tacUe  ,  légère  ,  foignée  ,  lourde  ,  &c.  pour 
marquer  la  manière  don:  fes  ouvrages  lonr  exécutés. 
EXECUTOIRE,  adj.  Terme  de  Palais.  Qui  a  droir, 
ou  autorité  fuffifante  pour  être  exécuté  ,  qui  donne 
pouvoir  de  procéder  à  une  exécution  judiciaire- 
yalidus  ,  autorlcj.ce pr^ditus.  Le  fcel  duChâtelet  de 
Paris  ell  exccucoire  par  tout  le  Royaume  de  France. 
Un  contrat  n'eft  exécucoire  que  quand  il  eft  en  forme 
&  Icellé. 
tkâcuToiRE,  eft  aulfi  fubft.  m.  &  fe  dit  d'une  con- 
trainte ,  en  vertu  de  laquelle  on  exécute.  Lhcera 
pigneracicrâ  autoritace.  C'eft  un  mandement  de  Juf- 
tice  délivré  en  forme  pour  faire  payer  une  fomme 
liquidée.  Un  t.ve'curci ire  de  dépens  j  ell  la  contrainte 
qu'on  donne  pour  la  fomme  à  laquelle  fe  montent 
des  dépens  taxés.  On.  délivre  des  execucoires  de  cer- 
taines fommes  contre  des  témoins  qui  ne  compa- 
roilfent  pas.  On  en  délivre  contre  les  Procureurs 
qui  ne  veulent  pas  rendre  les  facs  qu'on  leur  a  don- 
nés en  communication.  Les  Traitans  délivrent  des 
contraintes  &  exécutoires  contre  les  redevables  de 
droits  du  Roi. 
EXECUTRICE,  rbyeî  EXECUTEUR. 
EXEDRES.  C'étoient  chez  les  Anciens  des  lieux  où 
difputoientlesPhilofophes ,  les  Rlictoriciens  ,  «Sec. 
Exedrs,,  comme  aujourd'hui  lesclalîes ,  &  les  Col- 
lèges. M.  Perrault  dit  que  c'étoient  de  petites  Acadé- 
ixiies  où  les  gens  de  lettres  conféroient  eni'embie. 

Ce  mot  ett  tout  Grec  ,  lii^^n.  Budée  croit  que  ce 
que  les  Anciens  appeloient  cxédres  ,  convient  affez 
avec  ce  que  nous  appelons  chapitres ,  dans  les  Cloî- 
tres de  Moines,  ou  de  Chanoines,  /^oyeç  Vitruvej 
liv.  5.ch.  II.  &  ailleurs. 

Il  fe  fert  de  ce  moren  plufieurs  fignifications. 
EXÉGÈSE,  f.  f  Explication,  hxplicacio  ,exegejis.  C'eft 
l'explication  d'un  ou  plufieurs  mors  par  un  autre 
ou  plufieurs  autres  ,  qui  ,  lans  avoir  le  même  fon  , 
ont  le  même  fens.  Les  Savans  fe  fervent  quelquefois 
de  ce  mot.  M.  Chaftclain  l'emploie  dans  Ion  Marty- 
rologe. Plufieurs  Interprètes  de  l'Ecriture  préten- 
dent que  dans  les  trois  endroits  de  l'Ecriture  où  il  y 
a  Abba  ,  pacer  j  deux  mots ,  le  premier  Syriaque  , 
Se  le  fécond  Grec  ,  ou  Latin  j  qui  fignifie  la  même 
chofe  j  le  fécond  eft  une  exegèj'e  du  premier.  On 
appelle  aufii  exe'gèfe  un  difcours  entier  ,  fait  pour 
expliquer  quelque  chofe  j  un  Commentaire. 
^C?  Exégèse  Numérique,  ou  Linéaire.  Terme  de 
l'ancien  Algèbre ,  dont  s'eft   fervi    Viéce.    f^oyei 

ExÉGÉTIQtJE. 

EXEGÉTE.  f.  m.  Exegetes.  Ce  mot  fignifie  propre- 
ment,  qui  explique,  du  Grec  ^'liymç  ^  qui  vient 
d'tliiyÉ'^ai,  y  explique.  On  appeloit  txéaétes  à  Athè 
nés  des  gens  habiles  dans  les  Lois  ,  des  Jurifconful- 
tesque  les  Juges  .avoient  coutume  de  confultet  dans 
les  caufes  capitales,  comme  on  le  peut  voir  dans 
RolKïUS ,  Archcol.  Atcic.  L.  III.  C.  3.  J.  2.  Samuel 
Petit ,    Comm.  in  Leg.  L.  VU.  tic.  i .  de  Sicariis. 

Les  Exégétes  étoient  encore  cher  les  Athéniens 
des  Prêttes,  fous  l*>Hiérophante,  aulH-bien  que  ceux 
qu'ils  appeloient  Prophètes. 

EXEGÉTIQUE.  .adj.  m.  &  f.  Exegeticus.  Ce  terme  eft 
fcientifiquej  &  purement  Grecj  formé  du  verbe 
i%>iyifi»' ,  qui ,  entr'autres  chofes ,  fignifie  Raconter , 
expliquer ,  interpréter.  Exégetique  eft  donc  ce  qui 
fert  à  expliquer ,  ou  à  raconter  ;  ce  qui  y  a  rapport. 
Ainfi  on  dit  en  terme;  fcientifiqucsj  des  notes  exc- 

ff'fit/j^w,  un  commentaire  exégetique.  Viète,quieft 
Auteur  de  ce  qu'on  appelle  la  nouvelle  Algèbre  , 
la  Zététique  ,  YExégetique,  &c.  Et  en  ce  fens  Ve.vé- 
gétique  eft  un  fubftantif  féminin,  ou  Un  adjeélif , 
en  fous-entendant  partie,  la  partie  exégetique  de 
l'Algèbre.  Vexegétique  en  Algèbre  eft  la  manière  de 
trouver  ,  en  nombres ,  ou  en  lignes ,  les  racines  de 
l'Equation  du  problème ,  félon  qu'il  eft  d' Arithmé- 
tique ou  de  Géométrie. 


EXE  967 

EXEMPLAIRE,  adj.  m.  &  f  Qui  donne  e^cempie,  Jn 
exemplum  conjîicutus.  On  détend. i  cous  ceux  qui  font 
notés  en  juftice  de  récidiver  j  à  peine  de  punition 
corporelle  &  exenifUire.  Les  Saints  ont  mené  une 
vie  exemplaire.  Dieu  avoit  élevé  la  Reine  au  plus 
haut  faîte  des  grandeurs  j  pour  rendre  la  régularité 
de  fa  vie  plus  éclatante  &c  plus  exemplaire.  Boss. 

On  appelle  ,  en  termes  de  Droit ,  Subftitution 
exemplaire  ,  la  lubftitution  qui  eft  faite  par  les  pa- 
rens  à  leurs  enfans  tombes  en  démence.  On  Ta 
nommée  exemplaire  ,  parce  qu'elle  a  été  inven- 
tée à  l'exemple  de  la  pupilL\ire.  Domat  j  Lois 
Civiles. 

On  dit  dans  le  ftyle  Didadique  ,  Caufe  exem- 
plaire. Les  idées  de  Dieu  font  la  caufe  exemplaire  de 
toutes  chofes. 

Exemplaire,  f.  m.  Modèle,  otiginal  à  imiter.  £'.vem- 
plar ^  exemplum,  fpecimen.  Cette  temme  eft  un  exem- 
plaire Aq^qïhi.  Vieux  ftyle. 

Dans  le  ftyle  Didactique ,  Exemplaire  fe  dit  pour 
figniher  le  prototype ,  le  ptemier  modèle  de  chaque 
chofe.  Les  idées  de  Dieu  font  V exemplaire  de  toutes 
les  chofes  créées. 

Exemplaire,  fignifie  aufll  une  copie  d'un  livre  ,  ou 
écrit.  Les  Privilèges  des  livres  contiennent  la  daufe 
de  mettre  deux  eA-ew/i/a/rej  des  livres  qu'on  imprime 
en  la  Bibliothèque  du  Roi.  Les  Critiques  ont  rétabli 
les  Auteurs  anciens,  en  les  conférant  avec  plufieurs 
exemplaires  manufcrits. 

EXEMPLAIREMENT,  adv.  D'une  manière  exemplai- 
rCi  Ad  exemplum.  Les  crimes  fcandaleux  doivent 
être  punis  exemplairement. 

EXEMPLE,  f.  m.  En  Morale.  Mpdèle  de  conduite  ; 
aèlion  vicieufe  ,  ou  vertueufe  ,  qui  eft  propolée  à 
éviter  j  ou  à  imiter.  Exemplum.  L'exemple  ne  doit 
jamais  fervir  de  loi ,  ni  de  raifon.  Les  hommes  font 
trop  fujets  à  faillir.  S.  EvR^  Lesperfonnes  du  monde 
fur  qui  on  ne  prend  point  exemple,  ne  font  coupa- 
bles que  de  leurs  propres  péchés.  Nic.  Les  Poètes 
ont  fait  les  Dieux  vicieux  j  pour  faillir  avec  exem- 
ple. S.  EvR.  Combien  de  Chrétiens  qui  ne  le  font 
que  par  la  feule  impreffionàeVexemple.Nic.  L'exem- 
ple d'une  bonne  vie  eft  une  inftrudtion  pour  le  genre 
humain.  Boss.  Le  meilleur  moyen  d'élever  les  en- 
fans  à  avoir  de  l'horreur  pour  le  vice  ,  c'eft  de  leur 
rendre  le  vice    fenfible   par   des   exemples.    Dac. 
Les  vices  ont  coutume  de  s'autorifer  par  l'exemple. 
Il  n'y  a  rien  de  fi  éloquent  que  le  bon  exemple.  Le 
plus  puilfant  moyen  d'introduire  la  vertu  dans  un 
Empire,  c'eft  le  bon  cAreWjt'/e  du  Prince.  Les  hom- 
mes croient  plus  leurs  yeux  que  leurs  oreilles, &  par 
conféquenr  le  chemin  des  préceptes  eft   plus  long 
que  celui  des  exemples.  Port-R.  Il  eft  didicile  de 
diminuer  l'imprelîion  que  fait  la  force  de  [exemple. 
Boss.  Quoique  les  exemples  ne  foient  pas  des  rai- 
fons,  les  hommes  croient  pourtant   pouvoir  faire 
avec  juftice  ce  qui  n'eft  pas  ians  exemple.   Les  bons 
exemples  tont  voir  zoiit  enfcmhle  ,  &c  que  la  vertu 
eft  poiiible  ,    tic   qu'elle  eft  approuvée-  S.  Real. 
L'exemple  nous  conduir,  au  lieu  que  la  raifon  noua 
devroit  conduire  :  nous  taiions  ce  qu'on  fait ,  &  noa 
pas  ce  que  nous  devons  faite.  M.  Esp.  Je  veux  vous 
obliger  a  regarder  la  vertu  comme  dans  un  miroir 
dans  la  vie  des  autres  ,  &  à  apprendre  par  leurtf.vf/«- 
/'/f  à  faire  le  bien  ,  &  à  fuir  le  mal.  Dac.  L'exem- 
ple des  bons  écrivains  eft  plus  contagieux  que  celui 
des  autres  ,  &  on  ne  fauroit  trop  fe  ptéciutionner 
contre  certaines  locutions  ,  qui  ,  toutes  méchantes 
qu'elles  font  j  palTent  pour  bonnes,  parce  qu'elles  fe 
ttouvent  dans  d'excellens  livres;  Bouh. 

Z'exemple  bienfouvent  ri  eft  quun  miroir  trompeur  ; 
Et  l'ordre  du  deflin ,  qui  gêne  nos  penfées  , 
Keft  pas  toujours  écrit  dans  les  chofes  pajfées. 

CoRK* 

Ma  /eunejfe  nourrie  à  la  Cour  de  Néron 
S'égarait  ,  cher  Paulin  ,  /^ûr^exemple  abufée  y 
Et  juiyoit  du  plaifir  U  pent'e'trop  aifée.  Rac. 


5>68  EXE 

■^fT  Exemple  j  fe  dit  audl  d'une  chofe  pareîlle  à  celle 
donc  il  s'agit ,  Se  qui  fart  à  la  confirmer ,  à  l'autori- 
ier.  Vous  ne  Trouverez  pas  un  feul  exemple  dans 
l'Hiftoire  de  ce  que  vous  avancez.  Je  vous  citerai 
une  infinité  d'exemples.  Cela  eft  fans  exemple. 

Dans  ce  fens  ,  c'efl:  un  argument  alité  en 
Rhétorique  ,  par  lequel  on  montre  qu'une  chofe 
doit  être  de  telle  ou  telle  façon  ,  en  apportant  pour 
preuve  desévénemensfemblables  arrivés  en  pareille 
occadon. 

Cette  efpèce  d'argument  n'eft  concluant  qu'au- 
tant qu'il  y  a  une  exaâe  parité  entre  les  exem- 
ples qu'on  allègue  pour  preuve  ,  &  la  chofe  à  la- 
quelle on  les  applique.  Circonftance  très-rare. 

On  dit  j  Faire  un  exemple  fur  des  gens  de  néant , 
Exemplum  edere  in  anima  vili ,  pour  dire  ,  en  punir 
quelques-uns  des  moins  confidérables  ,  pour  donner 
exemple  aux  autres  ,  pour  leur  apprendre  les  peines 
auxquelles  ils  s'expoferoient,  s'ils  commettoient  les 
mêmes  fautes. 

Exemple  ,  en  termes  d'Ecriture ,  eft  une  ligne  ou  deux 
qu'écrit  un  Maître-Ecrivain  au  haut  d'une  page  , 
pour  donner  à  imiter  à  fes  Ecoliers.  C'eft  le  patron  , 
le  modèle  fur  lequel  l'Ecolier  apprend  à  tormer  fes 
caraètères.  Dans  ce  fens  il  eft  toujours  féminin. 

Exemple  j  fe  dit  aulH  des  caractères  formés  j  des  li- 
gnes écrites  par  l'Ecolier  fur  le  modèle  donné  par 
le  Maître  :  il  eft  encore  féminin.  Son  exemple  eft 
faite. 

PyiR  EXEMPLE.  Façon  de  parler  adverbiale,  dont  on 
fe  fert  pour  faire  une  comparaifon.  ï^erhi  gratiâ. 

EXEMPT  j  EMPTE.  adj.  Le  P.  ne  fe  prononce  point  : 
bien  des  Auteurs,  écrivent  même  exemt.  Ce  mot  fi- 
gnifieen  général  celui  qui  n'eft  point  obligé,  aftreint 
à  une  règle  j  une  loi  commune ,  foit  par  droit,  foit 
par  privilège  ,  &c.  Exemptas  ,  immunis.  Le  Procu- 
reur d'un  Monaftère  eft  exempt  d'affifter  au  fervice. 
Chez  les  Anciens  pas  un  n'étoit  exempt  d'aller  à 
la  guerre.  Les  Académiciens  font  exempts  de  guet  & 
de  garde. 

Exempt  ,  fe  dit  auftl  de  ceux  qui  font  délivrés  de  quel- 
ques peines ,  ou  douleurs.  Les  corps  glorieux ,  les 
Anges ,  font  exempts  de  nos  infirmités ,  de  la  mort. 
Celui  qui  vit  dans  le  célibat  eft  exempt  de  beaucoup 
defoucis,  &  d'importunités.  Un  feptuagénaire  eft 
exempt  àù\a.  conuiiiUQ  par  corps  dans  les  affaires 
civiles.  On  condame  avec  plus  de  chaleur  les  défauts 
dont  on  fe  croit  exe/;z/jr,  que  ceux  qu'on  reconnoît 
en  foi.  S.  Evr.  La  tranquillité  de  la  vie  confifte  à 
eue  exempt  des  foins  &  des  prévoyances  inquiètes  de 
la  prudence  humaine.  Fen.  L'ame  du  Sage  eft  exemp- 
te du  tumulte  &  de  l'agitation  des  paillons.  Bay.  En 
cenfurant  les  défauts  d'autrui ,  l'on  veut  faire  com- 
piendre  qu'on  en  eft  exempt  (oi-meme.  S.  Evr. 

On  appelle  ,  Exempts  j  les  Eccléfiaftiques  fécu- 
liersou  réguliers  qui  ne  font  point  foumis  à  la  ju- 
rifdiction  de  l'Ordinaire  ;  &  dans  cette  acception  , 
Exempts  eft  fubftantif.  Les  Exempts  prétendent  que 
l'Ordinaire  n'a  pas  droit  de  viiîce  chez  eux. 

Exempt,  f.  m.  eft  aulli  un  Officier  dans  certains  corps 
de  Cavalerie  ,  qui  commande  en  Tabfence  du  Ca- 
pitaine &  des  Lieutenans.  Ils  portent  un  petit  bâton 
de  commandement  j  fait  d'ébene, garni  d'ivoire  par 
les  deux  bouts  ,  qu'on  appelle  bâton  à'Exempt  , 
quoique  ce  terme  lignifie  auiîî  la  place  même 
d'Exempt. On  les  appelle  Exempts  ,  parce  qu'àcaufe 
de  leur  fupériorité  fur  les  fimples  Cavaliers ,  ils  font 
<lifpenfés  de  faire  le  même  fervice.  Il  y  a  quarante- 
huit  Exempts  dans  les  quatre  Compagnies  des  Gar- 
des-du-Corps  ,  douze  dans  chaque  Compagnie. 
Pr£torianus  immunis, 

^^  Exempts  de  la  Connécablie  ,  qui  font  chargés  de 
notifier  les  ordres  de  MM.  les  Maréchaux  de  France, 
pour  les  affaires  du  point  d'honneur  j  &  d'arrêter 
quelquefois  les  perfonnes. 

fer  Exempts  des  Gardes  de  la  Prévôté  de  l'Hôtel,  de 
Maréchauffée  ,  de  Robe-courte  ,  du  Guet  à  cheval. 
Se  même  à  pied.  Ils  font  chargés  de  notifier  les  or- 
tires  du  Roi,  &  de  faire  les  captures,  foit  en  exé- 


EXE 

cution  de  css  ordres ,  foit  en  rertu  de  quelque  cpr,- 
trainte  par  corps. 
EXEMPT,  f.  m.  Terme  d'Hiftoire  ancienne.  M.  de 
TiUemonc  a  donné  ce  nom  à  des  foldats  Romains  , 
qu'on  nommoit  Evocuti.  C'étoit,  dit-il  j  une  efpèce 
de  milice  ,  qu'on  peut  appeler  des  Exempts.  Elle 
étoit  compofée  (  il  falloir  dire,  Elle  fut  compofée 
d'abord)  de  ceux  qui  ayant  fervi  leur  temps  fous 
Jules-Céfar  ,  &  étant  exempts  de  fervir  davantage  , 
avoient  néanmoins  continué  de  fervir  fous  Augufte, 
qui  les  avoir  rappelés  ,  en  leurpromertant  une  plus 
ample  récompenle.  Il  en  fit  un  corps  particulier,  que 
l'on  conferva  toujours  depuis.  Tillem. 

Il  y  a  peu  d'exaditude  dans  ce  difcours.  i''.  Le 
nom  d'Evocatus  étoit  nouveau  fous  les  Empereurs  ; 
la  chofe  ne  l'étoit  point.  Ceux  qu'on  nomma  ainli 
étoient  les  mêmes  qu'on  appeloic  auparavant  Volo- 
nés,  onFoluntariijYo\omx\\ics,  T.  LIV.  L.  r. 
C.  7.  C'étoient  des  gens  qui  étant  exempts  de  fer- 
vir ,  ou  à  raifon  de  leur  âge^  ou  parce  que  leur 
temps  étoit  fini,  concinuoient  cependant  de  fer- 
vir. Tout  ce  qu'il  y  eut  de  particulier  fous  Augufte  , 
c'eft  qu'il  les  invita  à  reprendre  le  fervice,  en  leur 
promertant  une  plus  ample  lécompenfe.  Saumaife 


de  l'armée  ,  &  qu'ils  conduifoient  les  autres  corps  , 
allas  ordines.  2".  Il  y  eut  plus  d'une  forte  de  ces 
Evocati ,  ou  Exempts  ,  comme  il  a  plu  à  M.  de 
Tillemont  de  les  appeler.  Galba  donna  ce  nom  à  de 
jeunes  Chevaliers  Romains ,  qu'il  choifit  pour  faire 
à  la  place  des  foldats  la  garde  autour  de  fa  cham- 
bre ,  &c  leur  conferva  le  droit  de  porter  l'anneau 
d'or;  c'eft  à-dire  J  qu'il  voulur  que  cette  fonction 
ne  les  dégradât  point.  On  trouve  encore  fouvent 
dans  les  Infcripcions  anciennes  des  Évok.  A\jg. Evo- 
cati Augujti ,  que  Cafaubon  croit  être  les  mêmes 
que  ceux  qui  furent  inftitués  par  Galba.  On  voir 
par- là  que  le  rerme  d'Exempts  rend  alTez  mal  en 
général  le  nom  d'Evocati  j  qui  d'ailleurs  ne  peut 
guère  s'exprimer  convenablement  en  notre  langue. 
Ainfi  j'aimeiois  autant  dire  Evocats ,  les  Evocats  , 
comme  nous  faifons  de  tant  d'autres  mots  Latins  Se 
Grecs. 

Exempt.  L'Abbaye  de  S.Denis  ayant  été  donnée  à  la 
Congrégation  de  S.  Maur,  l'an  1533  ,  les  Monaftè- 
res  qui  compofoient  la  Congrégation  dont  elle 
étoit  le  chef,  &  qu'on  nommoit  la  Congrégation  de 
S.  Denis ,  choifirent  l'Abbaye  de  S.  Ouen  de  Roueii 
pour  leur  chet ,  &  prirenr  le  nom  d'Exempts.  Ainlî 
ce  ne  fut  plus  la  Congrégation  de  S.  Denis  ,  ni 
même  de  S.  Ouen  ,  mais  la  Congrégation  des 
Exempts  ,  ou  des  Bénédiélins  Exempts. 

On  dit  proverbialemenr  ,  &  en  raillerie  ,  d'un 
homme  qui  ne  fait  rien  pendant  que  fes  compagnons 
travaillent,  qu'il  ed  exempt  ds  bien  faire. 

Ud?  EXEMPTER.  V.  a.  Rendre  exempt  ,  affranchir 
quelqu'un  d'une  règle  j  d'une  loi  commune.  Exi- 
mere ,  ahfolvere.  Cet  Officier  a  été  exempte  du  fervi- 
ce j  à  caufe  de  fes  bleffures.  On  a  exempté  de  la  taille 
les  Officiers  Commençaux. 

On  le  dit  à-peu-près  dans^fe  même  fens,  pour 
difpenfer  quelqu'un  de  faire  une  chofe  ,  lui  en  épar- 
gner la  peine.  Levare  ,  Uberare.  Exempter  quelqu'un 
d'une  corvée.  Vous  ne  pouvez  vous  exempter  d'aller 
voir  votre  ami. 

Exempté  ,  ée.  part. 

EXEMPTION,  f.  f.  En  Jurifprudence.  Privilège  qui 
difpenfe  de  la  règle  générale.  Exemptio  ,  immunicas. 
Les  Elus  ne  jouiffent  plus  de  l'exemption  des  tailles. 
On  a  révoqué  toutes  les  exemptions.  _  • 

IJC?  Exemption  de  tailles.  C'eft  un  privilège  qui  dif- 
penfe de  payer  la  taille  ,&  généralement  en  matière 
de  Finances ,  de  fupporrer  fa  part  &  porrion  d'une 
impofition  ,  d'une  contribution  ,  d'une  charge  pu- 
blique &  pécuniaire. 

fer  Exemption  de  tutelle.  C'eft  la  décharge  de  la 
fondion  de  tuteur. 

Exemption 


EXE 

•|Cr  Exemption  d'hommage.  C'eft  iinafîranclùirement 
de  l'hommige  ,  lans  lubiogacion  d'aucune  rede- 
vance qui  repréfente  la  toi  6c  hommage.  Ainfi  les 
abonnemens  ,  ou  les  converlions  d'hommages  en 
droits  annuels ,  différent  beaucoup  des  exemptions 
ou  atîranchiiremens  d'hommages  qui  n'avililfoienc 
point  les  tiets  j  au  lieu  que,  non  eji  verumjeudum  , 
de  quo  cenjus  annuus  prajtdtur. 
i^C?  Exemption  &  Privilège  nefe  reffemblent  que  par 
l'idée  générale  ,  c'elt-à-ilire ,  qu'aurant  qu'ils  font 
l'un  &  l'autre  des  exceptions  à  la  règle  commune  : 
mais  le  mot  Privilège  a  une  lignification  plus  éten- 
due ,  &  renferme  dans  fon  idée  non-leSlement  la 
difpenle  d'une  obligation ,  mais  encore  l'addition 
de  certains  droits-  l^oyc^  Privilège. 
§CF  Exemption  ,  le  à\t  fouvent  dans  le  langage  ordi- 
naire, pour  l'ablence  ,  la  limple  privation  d'une 
cho(e.  Immu/iitas.  La  tranquillité  d'Epicure  n'étoit 
qu'une  exemption  de  trouble. S. Evr.  Ne  nous  fiattoiTs 
jamais  de  l'entière  exemption  d'aucun  vice,  ni  de 
i'amortiirement  total  d'aucune  pallion.  Nie. 
Exemption  ,  fe  dit  auQi  des  Eglifes  &  Monallères  qui 
ont  un  privilège  du  Pape  qui  les  exempte  de  la  ju- 
lifdicf  ion  de  leur  Evcque  Diocéfain.  S.  Bernard  di- 
foit  que  par  ces  exemptions  les  Papes  prouvent  bien 
qu'ils  ont  la  plénitude  de  puilfance  ;  mais  que  peut- 
être  ne  montrent-ils  pas  qu'ils  aient  la  plénitude 
de  la  juftice.  Le  Concile  de  Confiance  révoqua  tou- 
tes les  eexmpiions  ,  pour  redonner  à  la  loi  générale  , 
affaiblie  &  diminuée  par  le  relâchement  des  iièclesj 
fa  force  ,  &  fon  ancienne  vigueur ,  &  la  faire  va- 
loir en  tous  lieux  dans  toute  fon  étendue.  G.  G.  Les 
exemptions èi\\w\x\\xftx\x.  le  refped  que  les  intérieurs] 
doivent  à  leurs  fupérieurs  ,  &  renverfent  l'ordre  de 
la  Hiérarchie  Eccléliaftique.  Les  premières  exemp- 
tions qui  ont  été  accordées  aux  IVioines ,  n'ctoient 
que  pour  la  liberté  d'élire  leur  Abbé  ,  indépendam- 
ment de  l'Evêque  ,  &  non  pour  les  exempter  de  la 
juiifdi6tion  desEvêques. 

Le  prétexte  de  ces  exemptions  a  été  que  les  Evc- 
ques  abufoient  de  leur  autorité,  &  exigeoient  cer- 
tains droits  des  Monaftères  qui  étoient  dans  leur  dé- 
pendance. Il  ell  peut-être  plus  vrai  de  dire  que  les 
Monaftères  s'étant  relâchés  de  la  rigueur  de  leur  rè- 
gle ,  ils  ne  voulurent  point  d'infpecteurs  fi  proches, 
&  ils  folUcitèrent  ces  exemptions  pour  n'être  fournis 
qu'an  faint  Siège.  Comme  c'étoit  déroger  au  droit 
commun  ,  les  Papes  croient  fort  retenus  &  fort  ré- 
fervés  à  accorder  ces  pri/ilèges.  Ils  ne  le  faifoient 
même  d'ordinaire  que  du  confcntement  des  Evêques. 
Mais  peu-à-peu  les  Papes  fe  font  attribué  le  pouvoir 
d'accorder  ces  exemptions  ,  &  ont  profité  de  l'indul- 
gence des  Evêques  ,  qui  n'en  confidéroient  pas  tou- 
tes les  conféquences.  Ainfi  ils  ont  favorifé  du  pri- 
vilège ^exemption   des   Ordres  entiers  ,   comme 
Cîteaux  ,  Cluni ,  les  Dominicains ,  les  Chartreux  , 
les  Jéfuites  ,  &c.  Les  chofes  étoient  venues  à  un 
"  point ,  que  l'on  fut  obligé  de  reftreindre  ces  exemp- 
tions,  &  le  Concile  de  Trente  les  a  prohibées,  & 
déclarées  nulles  pour  l'avenir  ,  confirmant  celles  qui 
font  fondées  en  jufte  titre  ,  &  en  vertu  d'une  con- 
ceflion  en  forme  du  Saint  Siège.  Aujourd'hui  relies 
concelfions,  fans  le  confentement  du  Roi  j  &  de 
l'Evêque  Diocéfain,  quieft  le  Supérieur  naturel,  fe- 
loient  nulles  &  abudves.  Fevret. 

Avant  le  Pontificat  de  Saint  Grégoire  le  Grand  , 
les  Moines  étoient  fournis  à  la  jurifdi6hion  des  Evê- 
ques en  toutes  chofes.  Mais  ce  Saint  Pape ,  qui  avoit 
fondé  plufieurs  Monaftères,  &c  qui  en  avoir  gouver- 
né en  qualité  d'Abbé,  ayant  connu  par  fa  propre 
expérience  les  mauvais  traitemens  que  les  Moines 
recevoient  des  Evêques  Diocefains  ,  Se  voulant  y 
apporter  un  remède  efficace  pour  l'avenir,  alfembla 
un  Concile  à  Rome  en  (îoi.  En  ce  Concile  Saint 
Grégoire  fait  une  conftitution  en  faveur  des  Moines, 
qui  n'eft  prefque  qu'une  extenfion  du  privilège  ac- 
cordé trois  ans  auparavant  au  Monaftère  de  Clalfe  , 
qui  avoit  foufïert  beaucoup  de  vexations  des  Evê- 
ques Diocefains.  Saint  Grégoire,  dans  fon  Concile, 
Tomt  III, 


EXE  96^ 

dit  d'abord  qu'ayant  lui-même  gouverne  des  Monaf- 
tères ,  il  fait  combien  il  eft  nécelfaire  de  pourvoir 
a  leur  repos  ;  &  parce  que  ,  dit- il ,  nous  favons  que 
dans  plulieurs  Monaftères  les  Evêques  ont  commis 
beaucoup  d'injuftices  Si  de  vexations  contre  les  Moi- 
nes, il  faut  y  mettre  ordre  pour  l'avenir  par  un  rè- 
glement falutaire  :  c'eft  pourquoi ,  ajoute  til, nous 
défendons, au  nom  de  xNotre-Seigneur  Jelus-Chrift, 
&    par  l'autorité  du  bienheureux  Pierre  ,   Prince 
des  Apôtres  ,  à  aucun  Evêque,  de  rien  diminuer 
des  biens  ,  terres  Se  revenus ,  ou  titres  des  Monaf- 
tères. S'ils  ont  quelque  différend  pour  des  terres 
qu'ils  prétendent  appartenir  à  leurs  Eglifes ,  qu'ils 
choifillènt  des  Abbés,  ou  d'autres  atbitres  craignansi 
Dieu,  pour  le  terminer promptement,  en  préfence 
des  Saints  Evangiles.  On  ne  pourra  ôrer  à  l'Abbé  au- 
cun de  fes  Moines  malgré  lui ,  pour  gouverner  d'au- 
tres A4onaftères  ,  pour  l'élever  aux  Ordres  Sacrés  , 
ou  pour  entrer  dans  le  Clergé.  Nous  défendons  auffi 
à  TEvcque  de  célébrer  des  Melfes  publiques  dans  le 
Monaftère.  Que   l'Evêque  ne  prétende  pas  y  mettre 
fa  chaire  ,  ou  y  faire  le  moindre  Règlement.  Nous 
voulons  que  ce  Décret  foit  inviolablement  obfervé 
par  tous  les  Evêques ,  dans  tous   les  fiècles   à  ve- 
nir. Tous  les   Evêques  du  Concile   répondirent  : 
Nous  nous  conjouiltons  de  la  liberté  des  Moines ,  8c 
nous  confirmons  ce  que  Votre  Sainteté  vient  d'en 
ordonner.  M.  l'Abbé  Fleury ,  dans  fon  Hijîoire  Ec- 
clejtajiique  j  dit  que  ce  Concile  peut  être  regardé 
comme  le  modèle  des  premiers  privilèges  accordés 
aux  Monaftères.  Les  Papes  dans  la  fuite  ont  étendu 
&C  augmenté  ces  fortes  d'exemptions  ,  félon  qu''ils 
l'ont  jugé  à  propos  pour  la  gloire  de  Dieu  ,  &  le  bien 
de  l'Eglife.  On  ne  peut  point  oppofer  à  ces  exemp- 
tions \q  quatiième  Canon  du  Concile  de  Chalcé- 
doine,  parce  que  la  difciplinc  de  ce  Concile  dans 
ce  point ,  aufli-bien  que  dans  quelques  autres,  n'a 
pas  été  reçue  en  Occident.  Le  Concile  de  Trente 
n'eft  point  contraire  aux  exemptions  des  Réguliers  : 
il  eft  vrai  qu'il  y  apporte  quelque  modification  dans 
de  certains  points;  mais  il  ne  le  détruit  pas  ,  &  les 
Réguliers  font  demeurés  dans  leur  poneirion. 
Exemptions  en  termes  de   Coutumes.  En  quelques 
Coutumes  on  appelle  exemptions  les    terres  ,  qui 
étant  enclavées  dans  un  Bailliage  j  ou  Sénéchaulfee, 
font  pourtant  exemptes  de  la  Juftice  ,  &  n'en  relè- 
vent point  pour  la  Jurifdidion.  La  Coutume  de  Ni- 
vernois  eft  intitulée  ,   Coutume  du  Comté  de  Niver- 
nais ,  enclaves  j  &  exemptions  d'icelui. 
EXEQUATVR.  {.  m.  Terme  de  Jurifprudence  ,  qui  , 
tout  latin  qv\'û  eft ,  a  palTé  dans  notre  Langue  ,  com- 
me ceux  d'Exeat  j  de  Récépijfé ,  de  Pareatis  j  de 
/^{/d,  &c,  &  s'y  eft  confervé  long- temps.  Il  n'eft: 
plus  en  ufage.  C'étoit  une  foufcription  ou  ordon- 
nance qu'un  Juge  mettoit  au  bas  d'un  jugement  ou 
d'un  aéte  émané  d'un  autre  Tribunal  j  par  laquelle 
il  permettoit  de  le  mettre  à  exécution  dans  fon  ref- 
fort.  Ces  Magiftrats  n'ont  point  donné  leur  Exequa- 
tur  ou  lettres  d'attache ,  félon  l'ufage.  Cette  Bulle  fut 
publiée  fans  Exequatur.  Foye^  Pareatis. 
EXERCER,  v.  a.  Drelfer  ,   former  quelqu'un  à  une 
chofe  par  des  aétes  fréquens,  ou  en  la  lai  faifanc 
fouvent  pratiquer.  Exercitare  ,  affiiefacere.On  exerce 
les  chevaux  à  la  courfe  ;  les  hommes  à  l'efcrime  ,  à 
la  lutte  ,à  ladanfej&c.  Il  s  exerce  au  travail  ,  à  fouf- 
frir  le  froid  &  le  chaud ,  il  s'y  endurcit.  S'exercer  à  la 
chafte.  Ablanc. 

Le  mot  exercere ,  exercer ,  eft  pris  du  Celtique 
Eferci.  Pezron.  Mzn  eferci  eft- il  Celtique  ?  N'eft: 
il  point  plutôt  pris  du  Latin  par  lesCaulois  depuis 
qu'ils  furent  fujets  aux  Romains  ? 
j{f3"ExERCER  fedit  auftr  par  rapport  au  mouvement 
que  l'on  donne  au  corps  ou  à  quelqu'une  de  fes  par- 
ties pour  les  tenir  en  état  de  mieux  faire  certaines 
foncfions,  ou  dans  une  autre  vue.  Il  faut  exercermo- 
dcrément  fon  corps.  Exercer  fes  jambes.  Exercer  un 
cheval  dans  la  plaine.  Exercer  des  fold.ats  par  des 
marches ,  par  des  trav.iux.  Ce  maître  donne  afTez 
d'ouvrage  à  fes  compagnons  pour  exercerU\xxi\>ïi%, 
G  g  g  a  g  g 


97^  EXE 

me  fens,  en  parlant  d 


Ip-  ExERCERfeditau  moral ,  à-peu-ptès  dans  le  me- [ 
Je  la  mémoire,  de  l'efprit ,  £cc  , 


exercer  la  mémoire  ,  c'ell  travailler  à  la  fortifier  en 
apprenant  l'ouvent  par  cœur.  La  mémoire  fe  perd , 
ou  au  moins  s'affbiblit  ,  Ci  on  ne  l'exem:  fouvent. 
On  emploie  difiérens  moyens  pour  exercer  l'efprit 
<les  jeunes  gens.  On  n'étudie  la  Théologie  que  pour 
s'exercera,  la  difpute.  S.  Ev.  exercer  h  vertu,  la  pa- 
tience de  quelqu'un  ,  c'eft  la  mettre  à  l'épreuve.  Dieu 
permet  que  nous  fuyons  tentes,  pour  éprouver  &c 
pour  c.vercer  notre  vertu.  La  Bruy. 

Ip"  Exercer  fon  efprit  ,  fon  induftrie  ,  fa  plume  , 
c'eft  employer  fon  efprit,  fon  induftrie  ^  fa  plume. 
Il  a  exercé  fon  efprit  fur  un  beau  fujet. 

^C?  Exercer  feditencorepour  pratiquer,  faire  les  fonc- 
tions ,  remplir  les  devons.  Exercer  un  art ,  une  pro- 
fellion.CeMagiftrat  exerce  fort  noblement  fa  charge. 
Cet  om'ùev  exerce  honorablement  fon  métier.  On  le 
dit  auin  abfolument.  Il  a  la  furvivance  ;  mais  il 
n'exerce  pas  encore. 

On  dit  dans  ce  fens  exercer  fa  clémence ,  fa 
générofitéj  fa  cruauté,  &c,  faire  des  aébes  de  clé- 
mence ,  de  générofité  ,  de  cruauté,  &c. 

fer  Exercer  fe  dit  encore  pour  mettre  unechofe  en 
pratique,  en  faire  ufage.  i'Afe^^/i ,  ud.  Les  femmes 
exercent  iav  nous  un  pouvoir  tyrannique.  S.  Ev.  Le 
Roi  prêta  fon  autorité  à  fes  Miniftres  ,  pour  exercer 
des  conculîîons  violentes.  De  Larrey.  Henri  VIII 
exerça  le  pouvoir  arbitraire  dans  toute  fon  étendue. 
iD.Ce  févèrecenfeur  exerce  une  impitoyable  critique 
fur  tout  le  genre  humain.  Bay.  . 

La  force  tenant  lieu  de  droit  &  d'équité  ^ 
Le  meurtre  j'exerçoit  avec  impunité. 

ExBRCER.Terme  des  Aidcs.C'eftla  vifitequc  les  Com- 
mis aux  Aides  font  chez  les  Cabareciers  &  autres 
débitans  de  vin  ,  de  cidre  ,  d'eau-de-vie  &  autres  li- 
queurs ,  &  l'obfervation  qu'ils  font  de  l'état  où  ils 
trouvent  les  futailles^pourfavoir  combien  ils  en  ont 
vendu  d'un  jour  à  l'autre.  On  exerce  les  Cabaretiers 
&  autres  Débitans  au  moins  une  fois  par  jour  ,  afin 
d'empêcher  les  remplages  &  autres  fraudes.  Un  Ca- 
baretier  eft  en  contravention  lorfque  les  Commis 
trouvent  plus  de  liqueur  dans  le  tonneau  qu'il  n'y 
en  avoit  la  dernière  fois  qu'ils  l'ont  exercé. 
Exercer  ,  en  termes  de  Palais ,  fe  dit  des  aétions  & 
des  procédures  qu'on  fait  au  nom  d'autrui  j  lorf- 
qu'on  a  ccllion  de  fes  droits  ,  ou  qu'on  les  a  fai- 
fis ,  &  quand  on  eft  en  fa  place.  Fungi  vice  alicujus  , 
munere  ;  locum  ohtinere.  Il  a.^h  en  cette  affaire  com- 
me exerçant  les  noms  &C  adions  de  fon  débiteur. 
Il  exerce  ce  Greffe  par  commifiîon  ,  au  nom  du  pro- 
priétaire. 
Exercé  ,  ÉE,  part. 

EXERCICE,  f.  m.  Occupation  ,  travail  ordinaire. 
Exercitiumj  labor  ,  munus.  Le  feul  exercice  d'un  Of- 
ficier eft  de  bien  vaquer  aux  fondions  de  fa  charge. 
Le  principal  exercice  de  cet  Auteur  eft  l'étude.  Les 
gens  du  monde  font  dans  un  cA-erace continuel  de  ci- 
vilité. Nie.  La  Pocfie  a  fait  votre  amufement  ,  &c 
votre  exercice  le  plus  agréable  dès  vos  premières  an- 
nées. BOUH. 

En  ce  fens  on  dit  qu'un  OfKcier  eft  en  fon  an- 
née à'excrcice  ,  dans  le  temps  qu'il  exerce  efledive- 
ment  fa  charge  ,  fur-tout  lotfque  les  Officiers  font 
alternatifs  \  qu'on  a  commis  un  tel  à  l'exercice  d'un 
Greffe ,  ou  d'une  autre  charge  ;  pour  dire  qu'on  lui 
en  fait  faire  les  fondions. 
Exercice.  Terme  d'Aides.  On  nomme  ainfi  parmi  les 
Commis  aux  Aides ,  la  defcente  &  vifite  qui  fe  fait 
dans  les  caves  des  particuliers  vendans  vin. 
Exercice  j  fignifie  encore  l'adion  du  corps  à  Laquelle 
on  fe  livre  ,  pour  le  plaifir ,  ou  pour  la  fanté.  Exer- 
citatio.  Il  faut  prendre  un  peu  à' exercice  après  le  re- 
pas ,  agir  ,  fe  promener.  Il  furmontoit  les  incommo- 
dités par  la  tempérance  ,  &  par  {'exercice.  Sar.  Ve- 
xercice  du  corps  réveille  l'efprit.  Bouh.  Cet  homme 
«ft  fédentaire,  Sine  fait  point  d'exercice  :  c'eft  ce  qui 


EXE 

le  rend  fujet  aux  fluxions.  La  paume,  la  chafTe  font 
des  exercices  bien  violens. 
Exercice  ,  fignifie  au  figuré,  travailj  embarras ,  labor  y 
agritudo  i<ura.\Jn  chicaneur  donne  bien  de  )îexeicice 
à  fes  parties ,   il  les  fait  bien  courir.  Cet  homme  a 
des  enfans  débauchés  qui  lui  donnent  bien  de  l'e- 
xercice.  De  tant  d'heureux  jours  padés,  il  ne  merefte 
plus  que  le  pénible  exercice  d'en  effacer  de  mon  el- 
prit  la  trace  profonde. 
Exercice  fe  dit  anlli  en  matière  de  dévotion ,  &  figni- 
fie ,  Pratique.  Exercitium  ,  praxis  ,  vitdi.  quotidian£. 
institutum.  L'exercice  du  Chrétien  ,  c'eft  ce  que  doit 
faire  unChrétien  tous  les  jours.  Il  v.aque  à  tous  les 
exercices  de  piété.  La  contemplation  palliven^elf  que 
ïexercice  paifible   de   l'amour  pur   &  déimtérelfé. 
f  EN.  Quelque  charme  qu''on  trouve  dans  l'exercice 
de  la  vertu  ,  l'ambition  envifage  toujours  la  récom* 
penfe  qui  la  fuit.  S.  Evr. 
Exercice,  fe  dit  aulfi  des   études,    des  conférences 
qu'on  fait  pour  fe  pertedionner  dans  les  Lettres. 
Ces  jeunes  gens  font  tous  les  Jeudis  des  exercices 
académiques  ,  où  ils  profitent  beaucoup. 
Exercices  ,  au  pluriel,  fe  dit  plus  particulièrement 
des  chofes  que  la  jeune   noblelle  apprend  dans  les 
Académies  j  comme  monter  à  cheval ,  danfer ,  faire 
des  armes,  voltiger  j  tracer  des  fortifications  ,  &c. 
Ce  Seigneur  a  fort  bien  appris  tous  fes  exercices. 
Exercices  ,  fe  dit  aufli  de  l'occupation  d'une  com- 
pagnie ,  d'une  Académie.  Les  e.verac^j  ordinaires  de 
l'Académie  des  Sciences  ,  des  Belles-Lettres. 
Exercices,  en  matière  de  piété,  font  certains  jours 
de  retraite  que  l'on  piend  pour  méditer  &c  faire 
des  revues  fur  fa  conduite.  On  dir  faire  les  exercices 
fpirituelsdehuit,  de  dix  jours.  On  dit  fimplement, 
faire  les  exercices  ,  être  aux  exercices.  Saint  Ignace  , 
Fondateur  de  la  Compagnie  de  Jésus,  a  introduit 
l'ufage  de  ces  exercices.  Il  a  fait  un  ouvrage  de  Mé- 
ditations pour  un  mois  ^que  l'on  nomme  Exercices 
fpirituels:  ce  Livre  a  été  imprimé  en  Latin  de  l'im- 
preftîon  du  Louvre. 
Exercice  fe  dit  dans  les  Communautés  Religieufesde 
tous  les  points  de  la  règle.  Etre  fidelle  à  fes  eexrcices  ^ 
faire  tous  fes  exercices  avec  piété. 

On  a  fait  depuis  plufieurs  Livres  fur  l'idée  de 
celui-là  ,  que  l'on  a  intitulés  les  exercices  fpirituels 
de  S.  Ignace  ;  Rettaite  de  huit  jours  ,  &c.  Le  P.  Bar- 
toli ,  en  Italien  j  &  le  P.  Bouhours  en  François  ,  ont 
donné  dans  la  vie  de  S.  Ignace  le  plan  admirable  de 
fes  Exercices  fpirituels. Les  £.Ye/c/t«  fpirituels  de  S. 
Ignace  ne  font  pas  un  fimple  recueil  de  méditations 
ou  de  confidétations  chrétiennes;  c'eft  une  fuite  j  un 
enchaînement  de  méditations, une  méthode  sûre  pour 
la  réformation  des  mœurs.  S.  Ignace  y  a  réduit  comme 
en  art  la  converfion  d'un  pécheur  ;  il  y  a  établi  une 
voie  par  laquelle  l'homme ,  avec  le  fecours  de  la 
grâce,  fort  de  Ion  péché,  &  monte  jufqu'au  plus 
haut  point  de  perfedion.  Bouh.  Cet  Ouvrage  n'eft 
autre  chofe  qu'un  Recueil  d'enfeignemens  ou  d'e- 
xercices tirés  de  l'Ecriture  ,  &  des  expériences  de  la 
vie  fpitituelle  ,  &  réduits  en  un  ordre  qui  les  rend 
très  propres  à  exciter  les  cœurs  des  Fidelles  à  la  piété. 
P.  Verj. 
Exercice  J  en  termes  de  Guerre  ,  c'eft  tout  ce  qu'on 
fait  pratiquer  aux  Soldats  ,  pour  les  rendre  pkis  pro- 
pres au  fervice  miliraire  ,  le  maniemenrdes  armes, 
les  évolutions  militaires.  C'eft  ce  que  Végèce  &  les 
Auteurs  Latins  appellent  meditatio.  Le  Régiment  des 
Gardes  fait  toutes  les  Fêtes  l'e.vemce.  On  appelle 
de  même  fur  mer  \ exercice  de  la  manccuvre  ,  la  dé- 
monftration  ,  ou  la  repréfentation  ,de  tous  lesmoii- 
vemens  nécelfaires  pour  appareiller  un  vailfeau , 
&  de  tout  ce  que  chacun  doit  faire  dans  l'occa- 
fion. 
Exercice  pair  et  impair.  Ces  termes  font  en  ufage 
dans  les  Recettes  générales  des  Finances  ;  dans  l'ex- 
traordinaire des  guerres  ,  &c.  On  nomme  exercice 
pair,  celui  qu'on  fait  les  années  paires,  comme 
1744 J  i74<î  ;  &  exercice  impair,  celui  qu'on  rem- 
plit les  années  impaires ,  comme  174) ,  1747.  Lorf- 


EXF 

qu'une  charge  eft  divifée  en  plufieurs  corps  d'office  , 
on  diftingue  toujours  l'exercice  pair  d'avec  l'impair  , 
parceque  les  comptes  de  chaque  année  Te  rendent 
ordinairement  par  ditlérens  Officiers  donc  l'un 
compte  de  l'exercice  pair,&  l'autre  de  l'exercice  im- 
pair. 

EXERCITANT.  f.  m.  On  appelle  ainfi  celui  qui  fait 
l'exercice  de  la  retraite  à  S.  Lazare  ,  ou  en  d'autres 
Communautés. 

EXERCITATION.f.f.  Differtation  ,  Traité  fait  fur 
quelque  matière  pour  exercer  Ion  génie  ,  fa  criti- 
que. hxercicaCio.  Les  Auteurs  ont  intitulé  plulieuts 
de  leurs  ouvrages  ,  des  Exercications ,  comme  celle 
de  Scaliger  contre  Cardan.  On  a  dit  auffi  Exerclter 
pour  exercer,  parce  qu'on  dit  en  Latin  exercitare  ,  & 
exercere.  On  difoit  aulîi  autrefois  Exercice  pour  Ar- 
mée ,  du  Latin  exercitus.  Tout  cela  eft  vieux  ,  i^i  ne 
fe  dit  plus  du  tout. 

EXERCITE.  f.  m.  Mot  écorché  du  Latin  Exercitus  j 
Armée. 

Le  Nord  nous  a  rendu  vijîte  , 

Suivi  d'un  nombreux  exercite  , 

De  Lorrains  ,  Croates  j  &  Goths  j, 

Ainfi  que  Galette  débite.  Poésies  de  Chapelle 

C'eft  un  vieux  mot  entièrement  tombé ,  qui ,  comme 
on  voit ,  peut  encore  trouver  fa  place  dans  la  l'ocde 
badine. Vaugelas  s'eft  efforcé,  mais  envain  ,  de  le  re- 
mettre fur  pied.  Il  en  a  fait  un  long  Chapitre,  qui  ne 
lailfe  pas  d'avoir  fon  utilité  j  dans  les  nouvelles  Re- 
marques. 

EXERCITER.  vieux  v.  a.  Exercer ,  exercere. 

ExERciTÉ  ,  ÉE.  Part,  du  même  verbe. 

EXERESE,  f.  f.  Terme  de  Chirurgie.  Ex&rejls.  Vexe 
reje  elt  une  opération  par  laquelle  on  tire  du  corps 
humain  ce  qui  eft  étranger  ,  nuilible,  inutile.  Vexe- 
reje  fe  fait  en  deux  manières  ;  par  extradtion  ,  en 
étant  du  corps  ce  qui  s'y  eft  formé  \  par  détraétion  , 
en  ôtant  du  corps  ce  qui  a  été  introduit  du  de- 
hors. 

Le  nom  à^exerefe  vient  du  Grec  'iial^ni-is ,  qui  ligni- 
fie l'aélion. 

EXERGUE.  {.  f.Exergum  ,  fubfcripùo.  Terme  de  Mé- 
daillifte  ,  qui  fignihe  un  petit  efpace  hors  d  œuvre 
qui  fe  pratique  dans  la  médaille  pour  y  mettre  quel- 
que infcription  j  chiffre  ,  devife  ,  ou  date. 

Ce  mot  vient  de  (|  &  de  'fv»»  j  &  lignifie  hors 
d'œuvre. 

EXF. 

EXFOLIATIF  ,  ive.  adj.  Terme  de  Chirurgie.  Qui 
exfolie  ,  qui  eft  propre  à  exfolier.  Trépan  exfoliatij \ 
eft  un  trépan  qui  perce  l'os  en  le  ratilfant ,  &  en 
enlevant  plufieurs  feuilles  les  unes  après  les  au- 
tres. L'ufage  du  trépan  exfoliat'J c\k.  dangereux,  parce 
que  cet  inftrument  peut  beaucoup  ébranler  la  tête. 
En  Chirurgie  on  appelle  remèdes  exfoiiatifs  ,  ou 
exfoliacifs  fimplenient ,  ceux  qui  font  propres  à  faire 
exfolier  les  os  cariés  ,  c'eft-à-dire ,  à  faire  féparer  par 
feuilles  la  carie  de  la  partie  faine.  Tels  font  l'eu- 
phorbe, le  cautère  a6tuel  ou  potentiel ,  les  poudres 
de  fabine ,  d'iris  j  d'angélique  ,  la  teinture  de 
myrrhe  ,  d'aloës  &   d'ariftoloche  ,    &c.  Col.  de 

ViLLARS. 

EXFOLIATION,  f.  f.  Terme  de  Chirurgie.  £'.v/o//ario. 
Séparation  des  parties  d'un  os  qui  fe  détachent  par 
feuilles.  L'ufage  des  poudres  céphaliques  eft  inutile 
pour  avancer  l' exfoliation.  Dionis.  Ce  qui  a  été  dé- 
couvert de  lafurface  du  crâne  fouffre  l'exfoUation. 
Id. 

Ce  terme  qui  s'emploie  pour  les  os  des  animaux  , 
eft  aulîi  d'ufage  en  Botanique  ,  où  il  exprime  la  fé- 
paration  d'une  partie  morte  ,  &  defféchée  d'avec 
celle  qui  eft  vive.  On  l'emploie  pour  le  bois  &:  l'é- 
corce. 

EXFOLIER.  Terme  de  Chirurgie  ,  qni  fe  dit  feule- 
ment des  os  qui  fe  lèvent ,  ou  qui  le  détachent  par 


E  X  H  5,71 

feuilles,  par  lames  minces.  Exfoliare.  On  le  du  avec 
un  pronom  perfonnel  comme  un  verbe  réciproque, 
n  ne  laut  point  trop  tamponner  la  plaie  ,  laillant  à 
l'os  la  liberté  de  fe  recouvrir  ,  ce  qu'il  frit  quelque- 
fois fans  s'exjolier,  fur-tout  auxenfans.  Dionis. 

Exfolie  ,  ee.  part. 

EXFUMER,  ou  ESFUMER.  v.  a.  Terme  de  Peinture. 
C'eft  ,  Eteindre  une  partie  de  quelque  portrait ,  ou 
d'autre  ouvrage,  qui  paroît  trop.  Cb/orcj  eiuere.  Il 
but  exjumcr  cette  partie-là  ,  parce  qu'elle  paroîc 
trop  forte  en  couleur. 

•  E  X  G. 

EXGARDIEN,  f.  m.  Terme  en  ufage  dans  l'Ordre 
de  Saint  François.  Guardiani  ou  (Jujlodis  inunere 
dejunctus.  Dans  cet  Ordre  tous  ceux  qui  ont  été 
Gardiens  fc  donnent  &  confervent  le  titre  à' Exgar- 
diens, l^oye^  EX. 

EXGENERAL.  f.  f.  Qui  a  été  Générai.  Generalipra- 
pofiturujunclus,  Voye^  EX. 

E  X  H. 

EXHALAISON,  f.  f.  fumée  ,  vapeur  fubtile  qui  s'ex- 
hale ,  qui  fort  des  corps  &  qui  s'élève  dans  l'air.  Lx- 
halatio  j  vapor.  En  entrant  chez  un  Parfumeur ,  on 
fent  une  douce  exhalaifon  qui  frappe  l'odorat.  On 
relpire  dans  les  mines  des  exhalaifons  vitrioliques , 
&  arfénicales ,  qui  font  dangereufes. 

fCF  On  confond  louvent  les  vapeurs  avec  les  ex- 
halaifons. Cependant  on  ne  doit  appeler  vapeurs  c^\q 
les  particules  qui  fortent  du  fein  des  eaux  j  &  vol- 
tigent dans  l'air.  Ces  vapeurs  réunies  par  le  froid  for- 
ment une  efpece  de  fumée  fur  les  rivières,  les  étangs. 
}^oye\  Vapeurs.  Et  l'on  donne  le  nom  d'exkalal- 
yè«j  aux  particules  très-déliées  ,  aux  fumées  féchées 
qui  s'exhalent  des  corps  folides ,  comme  la  terre , 
les  minéraux  ,  les  foufres  ,  les  fels  ,  &c.  Sur  l'exif- 
tence  de  ces  fortes  d'écoulemens  voye'^  Écoule- 
ment ,  Emanation.  L'aélion  des  feux  foutcrains 
agite  les  eaux  &  les  corps  terreftres ,  divife  leurs  par- 
ties, les  fubtilife,  les  volarilife  ,  les  rend  plus  légè- 
res qu'un  pareil  volume  d'air  ,  Se  par  conféquenc 
propres  à  monter.  La  chaleur  du  foleil  détache  en- 
core &  foulcve  les  vapeurs  &  les  exhalaifons. Enfin, 
la  pefanteur  de  l'air  ^  le  foufie  des  vents  réfléchis 
font  autant  de  caufes  qui  concourent  à  l'élévation  de 
ces  écoulemens. 

Les  vapeurs  &  les  f.vAa/i?i/c)/2j  parvenues  à  une  cer- 
taine hauteur  j  fe  mêlent  enfemble  ,  «Se  forment  les 
diftérens  météores  aqueux,  f^oye^  Météores 
aqueux,  Rosée  ,  Brouillard  ,  Nuée  ,  Pluie  , 

Gresle  ,  Neige  ,  &c. 

Les  exhalaifons  lulfureufes  j  bitumineufes ,  ni- 
treufes,  vitrioliques,  &c  j  font  la  matière  des  mé- 
téores ignées.  Foy.  ce  mot  j  Tonnerre  j  Eclairs  , 
&c. 

EXHALATION,  f  f.  Terme  de  Chimie  ,  eft  une  opé- 
ration qui  ne  fe  pratique  que  fur  les  matières  fe- 
ches  ,  par  laquelle  on  fait  élever  &  diffiper  les  par- 
ties les  plus  volatiles  des  fubftances  ,  par  le  moyen 
de  la  chaleur.  Vaporatio ,  exfpiratio. 

^XHALER.  V.  a.  Poulfer  en  l'air  quelque  vapeur,  des 
parties  fubtiles,  i^nimenfes.  Exhalare  ,  fpirare.  Ce 
cloaque  exhale  une  mauvaife  odeur.  Les  rofes  cat- 
halent  une  odeur  agréable. 

S'Exhaler,  fignifie  ,  s'Evaporer,  s'éiever  en  l'air, 
Difperai  in  auras  ,  diffundi.  L'efprit  de  vin  ,  l'ef- 
prit  de  nitre  ,  s'exhalent  bientôt  ,  /i  les  vaijièaux  ne 
font  point  bouché-;.  L'efprit  d'urine  a  un  fel  fort  vo- 
latil qui  s  exhale  facilement- Hl  s'exhale  [des  va- 
peurs de  liqueurs  échauffées- 

Exhaler  ,  fe  dit  figurémenc  pour  diffiper  ^  foulager. 
Exhaler  (3.  colère  en  menaces ,  fa  douleur  en  plain- 
tes. On  le  dit  de  même  avec  le  pronom  perfon- 
nel. La  trifteffi; ,  la  douleur  s'exhalent  par  les  fou- 
pirs.  La  colère  ^'exhale  en  injures  ,  en  invectives. 
G  g  g  ii  g  g  ij 


S?7' 


EXH 

Dufelnd'un  Prêtre^  ému  d'une  divine  horreur  \ 
Apollon  par  des  y  ers  exhala  fa  Jureur, 


BûILEAU. 

Cène  belle  affligée 
Enfanglots  mal  formés  exhala  fa  douleur. 

Corneille. 

£xHALERSABiLE  ,  fe  dit  p®ur ,  palTct  fa  mauvaife  hu- 
meur ,  fon  chagrin  à  quelque  chofe  ,  en  faire  fon 
occupation  pour  fatisfaue  la  colère. 

L'Efpagnol  trifte  &  foihle ,  en  chicane  inutile  , 
En  Jrivûles  procjs  exhalera  fa  bile. 

Recueil  de  Vers. 

Horace  après  Lucile 
^xhûoitenbons  mots  les  vapeurs  de  fa  bile. 

BoiL. 

Exhalé  ^  ée.  part.  Diff'ufus ,  exkàlatus. 

EXHAUSSEMENT,  f.  m.  Terme  qui  n'a  d'ufage 
qu'en  ArchiteiSture  &  en  matière  de  bâtiment.  Elé- 
vation d'un  plancher  ,  d'une  voûte.  Jltitudo.  Les 
planchers  qui  ont  trop  à'exhdujjement  rendent  les 
chambres  trop  froides  en  hiver. 

Exhaussement  j  eft  auili  une  hauteur ,  ou  éléva- 
tion ajoutée  fur  la  dernière  plinthe  d'un  mur  de  face 
pour  rendre  l'étage  en  galetas  plus  logeable.  Super- 
■jlruclio. 

%fT  EXHAUSSER,  v.  a.  Terme  d'Archite6ture  feule- 
ment. Donner  plus  de  hauteur.  Effcrre  altiàs ,  ele-\ 
vare.  Exhaujfer  une  maifon  ,   un  plancher. 

"^ZT  Exhausser  ,  haulFer,  élever  ,  conhdérés  comme 
fynonymes.  On  eleve  en  plaçant  dans  un  lieu  ou  dans 
un  ordre  éminent.  f/fver  une  ftatue.  On  hauffe  en 
ajoutant  un  degté  fupérieur  ,  foit  de  fuuation  ,  foit 
de  force,  foit  d'étendue.  HaujferXts  épaules  &  la 
voix.  On  exhaujfc  en  augmentant  la  dimenfion  per- 
pendiculaire ,  c'eft-à-dire,  en  donnant  plus  de  hau- 
teur par  une  continuation  de  la  chofe  même.  Ex- 
haulfer  un  bâtiment.  Syn.  Fr. 

Exhaussé,  ee.  part.  Mur,  planché  eA'/2i7w//e. 

^  EXHAUSTION.  f  f.  Terme  de  Mathématiques. 
Méthode  d'exhauftion.  L'Auteur  déclare  qu'il  ne 
prétend  pas  att.iquer  la  méthode  des  indivilibles, 
qui  ne  feroit  peut-être  pas ,  fi  elle  étoit  bien  ana- 
lyfée ,  diftérente  de  la  méthode  de;  l'exhauftion. 
Miu.  de  Trév.  Cette  méthode  ,  pratiquée  fur-tout 
par  les  anciens  Géomètres  ,  eft  la  manière  de  prou- 
ver l'égalité  de  deux  grandeurs  ,  en  taifant  voir  par 
la  réduélion  à  l'abfurde,  que  leur  différence  eft 
plus  petite  qn^aucune  grandeur  alîîgnable,  qu'elle 
épuife  toute  grandeur  quelconque  ,  &  que  par  con- 
féquent  elle  s'évanouit.  Du  mot  Latin  cxhauftio , 
épuifement. 

fer  EXHÈRÉDATION.  f  f.  Terme  de  Jurifpru- 
dence.  Ceft  une  difpolîtion  par  laquelle  on  exclut , 
on  prive  de  fa  fucceftion  ,  en  tout  ou  en  partie  ,  ce- 
lui i  qui  elle  eft  due  &"  appartient  par  la  loi  ou  par 
la  coutume.  Exheredatïo.Sô.on  notre  Jurilprudence 
les  enfans  peuvent  être  exhérédés  pour  juftecaufe, 
&  fans  cxhérédation  &  fans  caufe  ,  ils  peuvent  être 
réduits  à  leur  légitime  ",  mais  fans  exhérédation ,  ils 
ne  peuvent  ttre  privés  de  leur  légitime.  Il  y  a  qua- 
torze cauiesd'eArAeVe'a'ario;?  portées  dans  la  Novelle 
ï  1 5.  de  Juftinien.  Il  a  voulu  que  Vexhérédation  fût 
nulle  ,  à  moins  que  l'une  des  caufcs  fixées  dans  cette 
Novelle  ne  fût  direétement  exprimée.  LIne  exhéré- 
dation fans  caufe  eft  nulle  :  on  fait  caffer  le  tefta- 
mentcomme  inofficieux,  Teflamentum  incfflciofum  : 
c'eft  ainfi  que  parlent  les  Jurifconfultes,  anciens  & 
modernes.  Vexhérédation  eft  le  foudre  de  la  puif- 
fance  paterneîlepour contenir  les  enfans  dansle  de- 
voir, ou  pour  châtier  leur  défobéilTance  &:  leur  in- 
gratitude. De  Laon.  La  caufe  AeVehérédation  doit 
être  véritable  :  autrement  Vexhérédation  eft  nulle. 
C.  B.  Par  l'ancien  droit  Romain  les  pères  avoienr 
le  pouvoir  de  prononcer  Vexhérédation  fans  caufe.  , 


EXH 

Leur  volonté  étoit  uns  loi  fouveraine  qu'il  falloit 
refpeder  ^  toute  rigoureufe  qu'elle  étoit.  Mais  la 
rigueur  de  cet  ancien  droit  a  été  corrigée  parJuf- 
tinien  ,  qui  a  voulu  que  les  enfans  fulTent  ou  com- 
pris dans  l'inftitutioUj  ou  exhérédés  avec  caufe  ,  à 
peine  de  nullité. 

EXHEREDER.  v.a.  Terme  de  Jurisprudence.  Deshé- 
riter un  filsi  le  priver  de  fa  fuccellion  pour  caufe 
légitime.  Exheredare.  Il  a  été  exiicrédi  pour  s  être 
marié  malgté  fon  père.  Mn  fils  doit  être  exheredé 
nommément  &  formellement.  Avant  la  Novelle 
1 1 5  de  Juftinien  j  le  père  pouvoit  exheréder  fon  fils 
par  un  jugement  ferme  &  réfolu  j  fans  en  rendre 
d'autre  raifon  que  fa  volonté.  Si  les  enfans  ne  font 
ni  inftitués ,  ni  exhérédés  exprellément,  le  tefta- 
ment  eft  nul  :  la  prétérition  des  enfans  le  rend  in- 
valide j  de  même  que  la  prétérition  des  petits  en- 
fans ,  lôrfque  le  fils  exheredé  meurt  avant  le  Tef- 
tateur, 

ExHERÉDÉ,  Ét.pa.Tt.HereditatedejecluSj  exclufus. 

EXHIBER,  v.  a.  Terme  de  Palais.  Montrer  les  pièces, 
les  repréfenter.  Exhihere  j  ojlendere  ,  pnbcre  j  pro- 
ferre ,  producere.  Les  parties  font  fouvent  condam- 
nées à  exhiber  leurs  titres.  Les  Notaites  font  obligés, 
en  vertu  decompulfoires,  d'exhiber  leurs  regiftrts  , 
pour  en  tirer  des  copies  coilationnées.  Il  y  a  un  titre 
au  Digefte  de  exhibendo. 

Exhibé  ,  ée.  part. 

EXHIBITION,  f.f  Montre  des  pièces,  repréfen ration 
de  papiers.  Exhibitio  ^productio  j  editio.  Ce  Greffier 
a  fait  Vexibition  de  fon  regiftre  fur  le  Bureau.  Les 
parties  ont  fait  exibition  devant  les  arbitres  de  leurs 
titres  Hc  ,.  capacités.  On  a  du  autrefois  exhibition 
d'une  tragédie,  d'une  comédie, &;  de  tout  autre  fem- 
blable  Ipeétacle.  On  diloit  aulfi  exhiber  des  jeux , 
ludos  edere  ;  mais  cela  ne  fe  dit  phis.Ces  exprellions 
font  encore  dans  les  anciens  Dictionnaires  de  Ni- 
cot ,  ce  Pomey. 

EXHORTATION,  f  f.  Difcours  qui  tend  à  perfuader 
quelqu'un  de  faire  Une  chofe  qu'il  eft  libre  de  faire 
ou  de  ne  pas  faire.  Adhortatio  ,  cohortatio.  Je  reçois 
de  tout  mon  cœur  les  exhortations  que  vous  me  fai- 
tes li-delfus.  Voit.  Un  homme  fage  doit  taire  fon 
devoir  fans  autre  exhortation.  Dès  que  les  peuples 
font  perfécutés,  de  fimples  exhortations  à  la  patience 
ne  fuffifent  plus  pour  les  contenir.  Bouh. 

Exhortation  ,  fignifie  aufli  un  petit  Sermon  qui  fe 
lait  avec  plus  de  familiarité  ^  &  plus  en  particu- 
lier que  ceux  qui  fe  font  dans  les  chaires.  Se  qui 
excite  à  pratiquer  les  vertus  chrétiennes,  les  exerci- 
ces de  piété. 

Exortation  j  eft  auffi  une  figure  de  Rhétorique, 
qui  confifte  à  prcfter  l'auditeur ,  &  à  exciter  j  par  des. 
figures  &  des  pen(ées  pathétiques,  les  mouvemens 
&  les  affections  qu'on  lui  veut  infpirer, 

EXHORTER,  v.  a. Tâcher  déporter  quelqu'un  à  quel- 
que chofe.  H  or  tari  y  impellere  ,  e-vaVare.Démosthène 
&  les  autres  Orateurs  haranguoient  le  peuple  pour 
\' exhorter  fxvïioi  à  la  guerre,  tantôt  à  la  p^ix.  Les 
Prédicateurs  exhortent  les  Chrétiens  à  bien  vivre  , 
à  être  fidelles  dans  la  foi,  à  faire  des  aumônes  ,  à 
bien  mourir  j  II  n'y  a  rien  qui  exhorte  tant  à  bien 
mourir  ,  que  de  n'avoir  point  de  plaifir  à  vivre. 
Voit.  Il  m'exhorta  à  me  faire  violence.  Pasc^.  De 
bons  Auteurs  conftruifent  aulli  ce  mot  avec  la  par- 
ticule de.  Oxortes  voyant  le  Satrape  étonné  j  Vex- 
Aorw  d'éprouver  plutôt  la  foi  des  Macédoniens  ,,- 
que  leurs  armes.  Vaug.  Il  l'cv/jorro/r d'entreprendre' 
quelque  chofe  digne  de  fa  naiiïance.  Id.  Quand  ce 
moteftjointà  quelque  fubftantif,  alors  il  ne  fe 
conftruit  jamais  qu'avec  la  particule  à.  Exhorter  à 
l'union  ,  à  la  patience  ,  à  fa  mort.  Le  P.  Bouhours 
a  remarqué  qu'on  dit  également  bien  en  François 
exhortera,  faire  quelque  chofe  ,  &  exhorter Aeiàiis: 
quelque  chofe.  Exhorter  à  eft  plus  ordinaire. 

Exhorté  ,  ée.  part. 

EXHUMATION,  f  f.  Aétion  par  laquelle  on  déterre 
un  cadavre  ,  par  Ordonnance  de  Juftice.  Exhumatio. 
On  ordonne  \' exhumationàé \x\\.  corps  enterré,  quand 


EXÎ 

en  prouve  qu'il  a  été  tué  en  duel.  Un  Cuié  a  droit 
de  demander  Vcxhumacion  du  corps  d'un  de  fes  pa- 
roifliens  enterré  hors  de  la  Paroiire  &  fans  fa  per- 
miflîon. 

EXHUMER.  V.  a.  Tirer  de  la  terre  un  corps  mort  en 
vertu  d'une  Ordonnance  de  Jultice.  Exhumarc. 
On  a  ordonné  que  ce  corps  feroit  exhumé  pour 
le  vifiter  ,  &  voir  s'il  n'est  point  mort  de  poiton. 

Par  l'Article  X.  de  l'Edit  de  \G\i.  contre  les 
duels  i  il  est  porté  que  les  corps  de  ceux  qui  ont 
été  tués  en  duel  &  enterrés  j,  ferorit  exhumes  &  je- 
tés à  la  voirie.  Après  la  mort  de  Charles-Quint  il 
fut  arrêté  à  l'Inquifition  en  piéfence  du  Roi  Philip- 
pe II  fonfils  ,  que  fou  corps  feroit  exhume^  brû- 
lé comme  hérétique  ,  pour  avoir  tenu  en  fon  vi- 
vant quelques  propos  légers  de  toi.  Brantôme.  Le 
Maréchal  d'Ancre  fut  exhumé  fie  ion  corps  fervitde 
jouet  au  peuple. Le  Prêtre MathurinPicarr, qui  avoit 
commis  tant  de  profanations  chez  les  Religieufes 
de  Louviers ,  &  accufé  d'être  la  c.iufe  de  leur  pré- 
tendue polfelfion  fut  exhumé  de  leurEglife  par  Sen- 
tence du  12  Mars  i<545.  rendue  par  M.  dePericard, 
Evêqued'Evreux. 

Exhumé  ,  ée.  part.   Exhumatus. 

Ce  mot  est  formé  de  la  prépofition  ex  j  de  ,  & 
du  mot  humus  ,  terre.  Tirer  de  terre. 

EXI. 

EXIDEUIL.  Petite  ville  de  France  dans  le  Périgord. 
E xidoIium.E xideuil est  fitué  fur  la  rivière  de  Loulour, 
à  8  lieues  de  la  ville  de  Périgueux  ,  vers  les  hon- 
tiéres  du  Limoufm.  Quelques  Géographes  écrivent 
Ejjideu'd-^  c'est  que  dans  la  prononciation  de  ce  nom 
on  adoucie  le  fon  de  l'.v. 
EX- JESUITE,  f.  m. Celui  qui  est  forti  de  chez  les  Jé- 

fuites.  C'est  un  Ex-Jéfulu. 
ÇO"  EXIGEANT,  ANTE..idj.  Qui  exige  trop  d'atten- 
tions, de  devoirs  ,  d'égards.  Cet  homme  est  bien 
exigeant ,  trop  exigeant.  Qui  coii ,  obfervari  cupit  à 
vult. 
EXIGENCE,  f.  f.Terme  de  Palais.  Ce  que  les  circonf- 
tances  demandent  que  l'on  falTe,  ce  qui  eft  conve- 
nable   par    rapport  aux   circonstances.  Exigenùa. 
On  a  renvoyé  ces  criminels  devant  leurs  Juges,! 
pour  être  punis  fuivanc  ïexigence  àes  cas.  I 

EXIGER,  v.  a.  Demander  une  chofe  à  laquelle  on  a 
droit.  Exigere,  repecere.  Il  est  temps  A'exiger  le  paye- 
ment de  cette  dette ,  de  cette  lettre  de  change  ;  le 
terme  est  échu.  Exiger  wn.  impôt.  N'e.vi^drque  clij3- 
fes  raifounables.  On  peut  exigeràe  tous  les  hommes 
qu'ils  foient  justes  &  équitables.  Nous  ne  pouvons 
exiger  des  autres  qu'ils  fe  rendent  d  nos  fentim.'ns. 
Nie. 
^fT  Exiger,  fignifie  quelquefois  faire  fournir  une 
chofe  par  une  efpèce  de  droit  foutenu  de  la  force. 
Alors  il  marque  autant  de  répugnance  dans  celui  qui 
accorde  ,  quededroit danscelui  qui  demande. fA-i- 
ger  des  contributions  dans  le  plat  pays. 
Exiger  ,  fe  prend  aulîi  en  mauvaife  part  ,  quand  on 
fait  payer  des  fommes  qui  ne  font  pas  dues,  ou  des 
droits  au-d«làde  ce  qui  est  du.  Il  est  défendu  d'exi- 
ger des  intérêts  des  obHgations,    des  purs  prêts. 
Les  Procureurs  exigent  b'-cn   des  droits  au-delà  de 
ceux  qui  leur  font  taxés.  Un  ufurier  exige  de  gros 
intérêts.  Bien  des  hommes  exigent  des  devoirs  qui  ne 
leur  font  pas  dûs. 
Exiger,  fe  dit  auffi  figurémenten  chofes  morales , 
Hc  fignifie  porter,  engager  à  des  chofes  convenables 
ou  de  devoir.  Pqflulwe.  L'honnêteté  e;c/^e  qu'il  fiilfe 
les  avances.  Son  devoir  exige  qu'il  fafTe  une  telle  fa- 
tisfad^ion.  Les  lois  de  la  fociétc  exigent  qu'on  fe  mé- 
n.age  obligeamment  ks  uns  ies  autres.  Bell. 
Exige  ,  ée.  part. 

EXIGIBLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  fe  peut  exiger,  dont  on 
peut  demander  le  payement.  Qui  potefl  exigi.  Ce 
Marchand  a  montré  pour  cinvjuante  mille  écus  d'ef- 
fets tous  bons  Se  exigibles.  La  dette  ell  créée ,  mais 


EXI  973 

elle  n'eft  pas  encore  exigible.  Pat.  Le  terme  neft 
pas  échu. 

EXIGU ,  UE.  adj.  Terme  du  ftyle  familier  &  de  plai- 
lanter:e,  qui  le  dit  des  chofes  qui  lont  en  petite 
quantité.  Ce  Pédant  avoit  des  auditeurs  en  nombre 
exigu.  La  fomme  elt  exiguë.  Il  eft  entièrement  La- 
tin. Exiguus  ,  &  on  ne  s'en  fett  guère  en  Fran- 
çois. 

IP^-  EXIGUË,  f.  f.  Terme  de  coutume.  AcT:e  par  le- 
quel celui  qui  a  donné  des  belhaux  à  cheptel  ou 
chepteil  ^  fe  départ  du  bail  &  demande  le  compte  &: 
partage  des  beltiaux. 

EXIGUER.  V.  a.  Terme  de  Coutumes,  qui  fignifie, 
faire  le  partage  des  bêtes  données  à  moitié  ou  d 
chepteil  ;  ou  ey  rélbudre  le  traité. 

Ce  mot  vient  du  Latin  exigere  ,  qui  fignifie /à/>e 
fortir  de  Cétable. 

^T  EXIL.  f.  m.  Bannllfement.  Exilium.  Vexil  chez 
les  Romains  étoit  proprement  l'interdiftion  du  feu 
ik  de  l'eau.  Cehii  qui  étoit  condamné  à  cette  peine 
étoit  obligé  d'aller  vivre  ailleurs.  Les  autres  peuples 
punilfoient  certains  crimes  pavlexi/  ou  bumiile- 
ment.  Les  Athéniens  envoyoient  fouvent  en  c\il 
leurs  Capitaines  j  par  l'envie  qu'ils  kur  po!  toient. 
^Vye^  Bannissement  j  Déportation,  Reléga- 
tion. 

§3"  Il  faut  remarquer  qu'il  y  a  différence  entra 
exi/  &  bannijj'ement,  Bannijj'emenc  ne  fe  dit  que  des 
condamnations  laites  en  julfice.  L't.v/7  n  eit  qu'un 
éloignement  cauié  par  quelque  difgrace,  une  peine 
impofée  par  l'autorité  fouveraine.  Le  premier  eft 
infamant ,  le  fécond  ne  l'elt  pas. 

ifT  Exil  ,  fe  dit  auffi  de  la  relégation  d'une  perfonne 
dans  quelque  lieu  qu'on  lui  alîigne,  d'où  il  ne  peut 
fortir  fins  congé.  Il  a  été  exilé  en  Bretagne, à  Saine 
Malo.  Un  homme  relégué  a  pour  domicile  nécef- 
faire,  pendant  fon  exil ,  le  lieu  où  il  elt  relègue': 
cependant  le  lieu  de  fon  exil  n'ell  point  réputé  Ion 
domicile  pour  les  effets  civils  de  fa  fuccelîîon  ,  par- 
ce que  pour  cela  il  faut  du  choix  &  de  \s.  deltina- 
tion  j  <5i  qu'au  contraire  ,  celui  qui  eft  en  exil  eft 
toujours  cenfé  avoir  l'efprit  de  retour.  C.  B  Ani~ 
mumrevcrccndi  y  comme  parle  le  droit  j  même  des 
bêtes  ,  qui  fortent  de  l'étable ,  de  la  maifon ,  &  qui 
reviennent  enluite. 

Ovide  ,  c'ejlà  tort  que  tu  veux  mettre  Augujie 

Au  rang  des  Immortels  : 
Ton  exil  nous  apprend  qu  il  étoit  trop  injujle 

Pour  avoir  des  Autels. 

De   Lingendes. 

Ce  mot  vient  du  Latin  exilium  ,  exil .,  qu'on  i 
kcixtexul,  dîextrafolum  y  hors  du  pays  natal. 

On  appelle ngurément  un  £'.v.7 honorable,  un  em-- 
ploi  qu'on  donne  à  quelqu'un  qui  1  oblige  à  tcfi- 
dence  dans  des  lieux  éloignés,  ou  peu. agréables-. 
Soude  règne  de  Tibère,  les  emplois  éioignés'étoienc 
des  exils  myilérieux.  S.  EvR.  Un  périt  bvêché  dans 
les  montagnes  eft  un  honnête  exil.  Une  rélidence  , 
une  Ambalfade  chez  les  peuples  barbares ,  eft  une 
efpèce  ai  exil.  Vexil  de  la  Cour  eft  l'enfer  des  Cour- 
tifans. 
Exil  _,  fe  dit  figurément  du  lieu  où  demeure  un  hom- 
me accoutumé  d'être  plus  agréablement  ailleurs.  Le 
lieu  où  il  eft  ,  eft  un  lieu  d'c.v//  pour  lui,  eft  un  vrai 
£xi/' pour  lui.  Ac.Fr. 

En  termes  de  dévotion  ,  on  appelle  la  terre  ,  le 
lieu  de  notre  exil  :  &  le  temps  de  notre  exil ,  ou  no- 
tre exil ,  le  temps  que  nous  vivons  fur  la  terre,  tout 
le  temps  de  notre  vie. 

Seigneur ,  dans  cet  exil  /e  Joupire  après  vous. 

Recueil  de  vers. 

On  a  donné  pour  devife  à  une  perfonne  de- 
venue célèbre  par  fon  exil ,  une  Lune  au  plein 
dans  fon  oppolition  au  Soleil  j  avec  ce  mot, 
Clara ,  potenfque  recejju  ,  ou  Clarius  elucet  longe  ; 


974  E  X  I 

ou  ce  mo:  Italien  j  Quanta più  s'allontana ,  plu  rif- 
plende. 
EXILER.  V.  a.  Envoyer  quelqu'un  en  exil  ,  ou 
le  reléguer  en  tertain  lieu  ,  où  on  l'oblige  de  de- 
meurer. Minere  in  exUiuin ,  patriâ  pellere.  On  a  exi- 
li  un  tel  Magilhat  pour  s'être  oppofé  aux  ordres  du 
Roi. 

Ce  mot  vient  du  Latin  exUium. 

On  dit  aulli  ,  que  les  mauvais  Anges  ont  été  exl 
Us  du  ciel ,  pour  dire ,  qu'on  les  en  a  chalTés  :  que 
nous  avons  été  exilés  de  notre  patrie  par  le  péché 
originel. On  dit  encore,  qu'un  homme  s'eft  e.vi/e  vo- 
lontairement du  monde  ,  pour  dire ,  qu'il  eft  allé  vi- 
vre en  retraite  ,  qu'il  s'elt  mis  dans  un  Monaftère. 
Sa  MaîtrelFe  l'a  exilé ,  pour  dire  ,  lui  a  défendu  de- 
là venir  voir. 
Exilé  ,  ée.  part.  Scadj.  Exul,  aclusin  exilium. 

Autrefois  Scipion  retrouva  dans  Lélie , 
Loin  de  Rome  exilé  j  fa  gloire  &fa  patrie. 

VlLL. 

Ma  raifon  loin  de  moi  fe   tenait  exilée. 

^Voiture. 

Exilé  j,ée,  eft  auflî  fubftantif.  On  fit  rappeller  les  exi- 
lés. Abl. 

EXILITE.  f.  f.  Du  Latin  e.rz7/Mj.  Petiteflè,  foiblefle. 
Quoique  la  parole  ne  veuille  point  être  chantée  elle 
demande  pourtant  d'être  cadencée  jmais  d'une  ma- 
nière douce  qui  varie  infenliblemcnt  les  tons  pour 
plaire  à  l'oreille  ,  en  frapant  avec  les  proportions 
mefurées  d'une  harmonie  fecrète  les  fabtes  du  tym- 
pan ;  au  lieu  que  l'aigreur  lesécorche  j  que  Vexiluc 
de  la  voix  ne  les  remue  point  j  &c  que  la  monotonie 
touchant  toujours  la  même  fibre  ,  produit  l'ennui  & 
le  dégoût.  Ecole  du  monde.  L'Auteur  n'a  pas  mis  cc 
mot  en  vogue. 

EXILEES.  Ville  du  Dauphinéen  France.  Ocelum.Cé- 
far  l'appelle  la  dernière  ville  de  la  Province  cité- 
rieure.  Èxiiles  eft  fur  la  Doiredans  le  Briançonnois, 
à  deux  lieues  au-delFus  de  la  ville  de  Suze  ,  vers 
les  confins  du  Piémont  ;  &  il  a  un  château  très- bien 
fortifié  .•  Vigenère  ,  Adrien  de  Valois  &  Audiftret , 
le  prennent  pour  l'ancien  Qcelum^  r/xtAo»  &  le  fé- 
cond traite  de  ridicule  l'opinion  de  Marlien,  qui 
met  Ocelun  à  Novalèfe  ,  Novalicium  ,  ou  ,  comme 
il  l'appelile  j  Novalejium.  Quelques-uns  écrivent 
EJJilles  j  &  d'autres  Eyjllles.  Long.  14  d.  35'.  latit. 
4(5  d.  5'. 

^3"  EXIMER.  v,  a.  Terme  ufité  en  Allemagne  pour 
marquer  l'adion  par  laquelle  un  État  ou  membre 
immédiat  de  l'Empire  eft  fouftrait  à  fa  jurididion  , 
&  privé  de  fon  fuffrage  à  la  Diète.  La  Suilfe  &  d'au 
très  États  qui  relevoient  de  l'Empire  ,  en  ont  été 
eximés. 

Ip-j  EXINANITION.  f.  f.  Terme  de  Médecine  , 
fynonyme  d'évacuation  ,  &  par  conféquent  alTez 
inutile. 

EXISTANT ,  ANTE.  Qui  eft  dans  l'être  des  chofes. 
■Ë'.vi/?e/zj.  On  a  fait  un  inventaire  exaét  de  tous  les 
meubles  exiftans  ,  qui  fe  font  trouvés  en  nature  dans 
cette  maifon.  On  ledit  aulîî  de  ce  qui  n'eft  plus  en 
la  podelTion  de  quelqu'un.  Vous  ne  fauriez  nen  fai- 
fir  fur  lui ,  il  n'a  aucuns  meubles  exijlans  ,  il  les  a 
tous  vendus. 

EXISTÈE.  {.  f.  Terme  de  Fleurifte.  C'eft  le  nom 
d'une  anémone  à  peluche.  h'ExiJléc  eft  une  perii- 
quine  nouvelle  &  très-belle.  Morin,  cuit,  des  fleurs, 
c.   7. 

^3"  EXISTENCE,  f.  f  C'eft  ici  un  de  ces  termes  que 
l'on  ne  devroic  point  définir ,  parce  qu'on  ne  peut 
rien  dire  de  plus  clair.  On  entend  en  Grammaire 
par  exiftence  f.  f.  l'état  d'une  choie  en  tant  qu'elle 
exifte.  Exifientia.  Vexijlcnce  de  Dieu  eft  nécelfaire. 
ISexiJlence  des  créatures  eft  accidentelle  &  paifa- 
gère.  Tout  ce  qui  eft  au  monde  tient  fon  exijlence  de 
Dieu.  Ces  meubles  ne  font  plus  en  exiftence  :  on  ne 
peut  plus  les  repréfenter.  Il  ne  faut  pas  confondre 


EXO 

exiftence  Se  fubjîllance.   L'exijlence  fe  donne  pat  la 
nailFance  ;  la  fubjijtance  ,  par  les  alimens.   y  oye:;^ 

ExibTER. 

EXISTER,  jv.  n.  Être  aûuellement.  Exi(lere.  Dieu 
exifte  par  lui-même,  par  Ion  infinité.  Il  y  a  eu  plu- 
lieurs  villes  autrelois  qui  nexijient^\i\s  à  préfent. 

§Cr  Exister  ,  Subsister  ,  Etre  ,  conddérés  dans  une 
lignification  lynonyme.  Le  mot  d't;ne,ditM.  l'Abbé 
Girard  ,  convient  à  toutes  fortes  de  lujets  ,  fubf- 
tances  ou  modes  j  &  à  toutes  les  manières  d'être  , 
foit  réelles  ,  loit  idéales ,  foit  qualificatives  ou 
relatives.  J^oye-i  ce  mot.  Celui  à'exijter  ne  fe  dit  que 
des  fubftances,  &  feulement  pour  en  marquer  l'être 
réel.  Subjiftcr  s'applique  également  aux  fubftances 
&  aux  modes  ,  mais  avec  un  rapport  à  la  durée  de 
leur  être,  que  n'expriment  pas  les  deux  autres  mots. 
On  du  de  la  matière  ,  de  l'elprit ,  des  corps  &  de 
tous  les  êtres  réels  qu'ils  exijient. 

%f3'  Le  verbe  être  fert  ordinairement  à  marquer 
l'événement  de  quelque  modification  ou  propriété 
dans  le  fujet  \  celui  <ïexifter  n'eft  d  ulage  que  pour 
exprimer  l'événement  de  la  limple  exiftence  ;  &c 
l'on  emploie  celui  àsfubfijier^onz  défigner  un  évé- 
nement de  durée  ,  qui  répond  à  cet  événement  de 
durée ,  ou  à  cette  modification.  L'homme  eji  in- 
conftant  :  le  phénix  nexijie  pas  \  tout  ce  qui  eft 
d'établillement  humain  ne  ful'jijh  qu'un  temps. 

Il  fe  dit  en  termes  de  Pratique,  &  en  parlant  des 
biens  &  des  effets  civils  qui  font  encore  en  nature. 
Il  s'eft  faifi  de  tous  les  effets  de  la  fucceflion  qui 
e.viftoient. 

On  dit  d'une  dette  déjà  éteinte,  qu'elle  n'exifte 
plus.  Ac.  Fr. 

EXISTIMATEUR.  f.  m.  Eflimator  ,  exijlimator.  Le 
P.  Pomey  dit  que  ce  mot  fe  trouve  dans  M.  Le  Maî- 
tre. Injuftes  Exijiimateurs ,^o\ix  connoifleurs,  appré- 
ciateurs. Il  arrive  fouvent  que  ceux  qui  font  accou- 
tumés à  la  leéture  des  Auteurs  Latins  hafardent 
ainii  quelques  termes  qui  font  purement  Latins  , 
&  que  certaines  circonftances  rendent  plus  toléra- 
bles.  Quoi  qu'il  en  foit  j  celui  ci  n'a  pas  fait  for- 
tune. 

Ip-  EXITIRIES.  f  f.  pi.  ou  plutôt  ad),  pris  fubft.  Fête 
dans  laquelle  on  failoit  chez  les  anciens  Grecs  des 
vœux  &  des  facrifices  pour  les  Généraux  ,  lorfqu'ils 
fe  mettoient  en  marche  contre  l'ennemi.  Les  parti- 
culiers qui  partoient  pour  quelque  voyage  avoient 
aulli|leats  exitirics.  Exitiria. 

EXL. 

EXLAQUAIS,  f.  m.  Qui  a  été  Laquais.  Nuperfervus. 
On  attribue  l'invention  de  ce  mot  à  M.  Mézeray. 
Il  ne  fe  dit  qu'en  badinant. 

Penfes-tu  que  mon  caur foit  Jl fort  au  rabais  , 
Que  de  borner  fon  vol  aux  vœux  d'un  Exlaquais. 

P.  CoM. 

EXLECTELTR.  f  m.  Quia  été  Leéleuren  Théologie j 
ou  en  Philofophie.  Exleclor,  qui  Theologiam  vel 
Philofophiam  docuit ,  &  legit. 

EXO. 

EXOCATACŒLE,  ou  EXOCATACÉLE.  f.  m.  Ter- 
me d'hiftoire.  Noin  générique  ,  que  l'on  donnoit 
autrefois,  à  Conftantinople,  au  Grand  (Econome, 
au  Grand  Sacellaire ,  ou  Grand  Maître  de  la  Cha- 
pelle, au  Grand  Skenophylax,  ou  Garde  des  Vafes  , 
dont  néanmoins  Codin  ne  parle  point,  C.  i.  p.  8. 
au  Grand  Carthophylax  ,  au  Maître  de  la  petite 
Chapelle  ,  &  au  Protecdique  ,  ou  premier  Défen- 
feur  de  l'Eglife.  Exocatacxlus.  Les  Exocatacœles 
avoient  une  grande  autorité.  Dans  les  AlFemblées 
publiques  ils  avoient  le  pas  fur  les  Evêqnes,  &  dans 
le  Patriarchat  de  Conftantinople  ils  faifoient  les 
fondions  de  Diacres.  Ils  font  nommés  Cardinaux  de 
Conftantinople  dans  la  lettre  de  Jean  IX.  à  l'Em- 


EXO 

pereur  Bafile  Léon.  Il  en  eft  parlé  dans  les  aftes  du 
Concile  de  Florence.  Les  Exocatacxles  avoient  été 
Prêtres  d'abord  ;  mais  je  ne  l'ai  quel  Patriarche  de 
Conllannnople,  que  C^odin  ne  nomme  point,  vou- 
lut qu'à  l'avenir  ils  ne  hillent  que  Diacres.  Laraifon 
tut  qu'étant  Frècres,  ils  avoient  tous  chacun  leurs 
Egliles,  où  ils  officioient  dans  toutes  les  grandes 
l'êtes  j  de  forte  que  jultement  aux  jours  les  plus 
célèbres,  le  Patriarche  fe  ttouvoit  ians  principaux 
Minirtres ,  ou  Officiers ,  &  qu'il  ne  paroillôit  ja- 
mais avec  moins  de  iuite  à  l'Autel.  Au  relte  ,  bien 
qu'ils  ne  fulfent  que  Diacres  ,  il  leur  permeciou  , 
en  les  ordonnant ,  de  porter  la  chafubie ,  que  les 
Grecs  ^p'psWeniphelone ,  mais  non  pas  1  étole ,  qu'ils 
nomment  EpuracheU ,  itriTfux.'M". 

On  ne  convient  point  de  la  raifon  qui  leur  fie 
donner  ce  nom  ,  ni  de  Ion    crymolo^ie.  Junuis , 
dansfon  édition  de  Codin  ,  p.  15  i.  &  i^^.  léparece 
mot  en  deux,  &  lu  4  K«râj«i(/«r,  lix  L'atucxUs  ;  mais 
cette  leçon  e(t  fautive  ,  quoiquelle  fe  trouve  dans 
les  Manufcrits  de  la  Bibliothèque  du   Roi  ,  îk   de 
celle  du  Duc  de  Bavière  :  tous  les  autres  Alanulctus 
n'en  font  qu'un  mot  ;  &c  ces  Officiers  lont  nommés 
Exocatacoiies^  lors  même  qu'ils  n'ctoient  que  cinq  , 
&c  par  Codin  qui  n'en  compte   que  quatre,  C   i. 
p.  S.  de  l'édition  du  Louvre.  Le  même  Junius  pré- 
tend que  le  mot  Cat^cele  vient  de  ce  que  ces  Offi 
ciers  demeutoient  dans  les  Vallées,  x<ir«rif  ,,(„xaiu;^ 
comme  (i  les  Cures  de  Conllantinople  avoieiu  tou- 
tes été  dans  les  Vallées  :  &  de  plus  on  n»  don  point 
Icparer  ce    mot ,    comme  nous   avens  dit.  Perius 
Gregorius  Tholofanas ,  L.  XI-'.  c.  ().Syntagm.  Uru- 
vcrfî juris  ,  croit  que  ce  mot  vient  de  K«r«x!,A£a;  _,  per- 
mulceo  \fuavitate  animumdeiano  :  en  etteton  trouve 
ce  mot  écrit  E'|«>!«r<t>:;);v«î  j  mais  Gretfer  répond  que 
cette  leçon  eft  vicieufe,  &  cette  étymologie  fans 
fondement.  Il  ptopofe  enfaite    une    conjcdlure  , 
qu'il  n'avance  que  timidement;  il  lit  ii.ixxceTây.ùtrisrj  au 
lieu  d'i|ax«ra)ta;Aïr  j  comme  s'ils  étoient  appelés  ain- 
fi,  parce  qu'ils  couchoient  ou    demeutoient  hors 
du  Palais  Patriarcal  II  avoue  cependant  qu'on  ne 
trouve  point  llmy.xTuy.nTiïy  en  ce  Cens  \  mais  ilaMiTùr 
Le  Père  Goar  rejette  un  peu  durement  cette  opinion 
pour  cette    raifon  ;    mais ,  dira-t-on  ,  avec  Léon 
l'Arménien  ,  les  Clercs  ne  demeutoient  point  dans 
le  Palais.  Il  eft  viai  ;  mais  depuis  ils  y  demeurè- 
rent :   il  n'y  auroit  donc  plus  d'Exoc.2Ucx/es  ,   ou 
Exocatacxles  ;  cependant  on  en  trouve  encore  après 
lui.  De  plus,  il  ne  s'agit  pas  du  Palais  de  l'Empe- 
reur, mais  de  celui  du  Patriarche.  Cet  Auteur  ai- 
meroit  mieux  que  l'on  dît  qu  ilfautlireE'|4i««T««;A>.!rf, 
&c  qu'ils  font  ainli  nommés  par  oppohtion  au  Syn- 
celle  ,  quicouchoit  dans  l'appartement  du  Patriar- 
che ,  au  lieu  qu'eux  n'y  couchoient  point  ;  mais  i! 
ne  croit  pas  que  des  Officiers  fi  diftingués  aient  pris 
leur  nom  d'une  chofe  qui  marque  le  défaut  d'un 
privilège  qu'ils  n'avoient  pas.  Ainfi  il  aimeroit  en- 
core mieux  due  que  tous  les  Clercs  inférieurs  s'ap- 
peloient  CacacéUs  ,  KaT«««iA«' ,   c'eft-à-dire,  Gens 
qui  font  dans  un  rang  bas  \  &  que  ceux-ci ,  qui  leur 
etoient  fupéricurs ,   fe  nommoient   Exocatacéies  , 
ceft-à-dire,  des  Gens  qui  font  hors  des  Catacéles , 
qui  font  au-delfus  d'eux  ,  qui  ne  font  point  de  leur 
nombre  ,  mais  dans  un  rang  plus  élevé.  Enfin  ,  il 
conclut  à  s^en  tenir  au  fentimentde  George  Coré- 
fius  ,  qui  dit  que  le  Palais  Patriarcal  &  les  appar- 
temensdu  SyncelleSc  de  tous  les  Moines  qui  étoient 
au  fervice  du  Patriarche ,  occupoient  un  endroit  de 
la  ville  fort  bas  ,  &  qui  par  rapport  au  relie  paroif 
foit  une  vallée  ic  comme   un  gouffre  ;  que  les 
Grands  Officiers  dont  nous  patlons  avoient  leurs 
hôtels,  ou  palais  particuliers  f|»  hors  de  cette  vallée  j 
&  en  d'auttes  quartiers ,  Se  que  ce  fut  la  raifon 
pourquoi  on  les  nomma  Exocatacéies.  C'eft  en  effet 
ce  qui  paroît  de  plus  raifonnahle. 

M.  Du  Cange  croit  que  ce  nom  vient  de  ce  que 
dans  les  Alfemblées  ils  étoient  hors  de  pair ,  hors 
du  rang  des  autres  Clercs  ,  mais  aflls  en  des  places 
plus  élevées  &  plus  honorables  ,  aux  cotés  du  Pa- 


E  X  O  c^-7j 

triarche.  Ces  deux  dernières  ctymologies  font  les 
plus  vraifemblables.  roye:(  furies  Exocatacéies, 
Gouin  c.  I.  les  Notes  de  Gretfer  fur  cet  Auteur  * 
L.  le.  1.  celles  du  P.  Goar  ;  le  P.  Morin  ,  De  Sa- 
cris  Ordmat.  P.  111.  Exerça,  lll.  c.  4.  n.  5.  Hnberr 
Archierat.  page  32.  le  Glolfaire  Grec  de  Du'c 
ge,  &c. 

EXOCHE.  f,  f.  Tubercule  ou  condylome  de  1', 
Exoche  ,  Si%ix-  >  j'avance.  Dict.  de  James. 


-au- 


lanus. 


ocne  ,  d'f|(;K-  >  ]  avance.  Dict.  de  James. 
EXOCIONITE.  f  m.  &  f  Exocionha.  Il  y  av^oit 
Conltantinople  un  lieu  nommé  Exocïomum.  C'etoic 
unMoiiallère,ditMeutfius  dans  fon  Glolfaire  •  &: 
les  premiers  qui  turent  appelés  tixocionites ,  furent 
les  Aioines  de  ce  Monallère.  Mais  il  s'eft  trompé  , 
comme  on  le  verra  dans  1  étymologie  de  ce  mot. 
Ce  font  les  Ariens  qui  furent  appelés  Exuàomces  , 
parce  que  ,  challés  par  Théodoie  le  Grand  ,  ils  fe 
retirèrent  dans  le  lieu  appelé /:'.voc:/o«////w  ,  &  qu'ils 
y  tenoient  leurs  Alfemblées.  C'eft  Théodotet  qui 
nous  l'apprend  ,  Hdiret.  Fah.  L.  IF.  La  Chronique 
d'Akxandriedit  la  mèmechofeà  la  première  année 
deliiéodoie.  Elle  appelle  encore  les  Ariens  Exocio\ 
nites  à  l'an  X.  de  Léon  le  Grand  ,  Se  à  l'an  onzième 
de  Zenon.  Jullinien  donna  aux  Orthodoxes  toutes 
les  Eglifes  des  Hérétiques ,  excepté  celles  des  Exocio- 
nites.  Theophane  ,  Chorenus.  Voye^  le  Glodaire 
Grec  de  Du  Cange  ,  &  fa  Conftantinople  Chié- 
tienne  ,  Meurfius  j  Suicerus. 

M.  Tillemont,  ///7?£Vc/.  T.  VI.  p.  510.  dit  Exa- 
cionites  ,  ou  Exocionices.  Il  faut  peut  être  diftinguer 
les  Exouconriens ,  de  fcde  aulh  bien  que  de  nom  , 
de  ceux  qu'on  a  appelés ExacioniteSj  owExocioniteSy 
&  qui  étoient ,  félon  Théodotet ,  les  mêmes  que 
les  Eudoxiens  ,  c'ell-à-due ,  l'ancienne  fede  des 
Ariens  j  dont  tous  les  autres  s'étoient  féparcs. 
Tillem. 

Ce  mot  vient  de  liant Inai ,  ou  î|<wx((j'ki»  ,  nom  du 
lieu  dont  nous  avons  parlé.  Codin  ,  dans  fes  Ori- 
gines de  Conftantinople,  p.  25.  de  l'édition  du 
Louvre  ,  dit  que  VExocionium  étoit  un  endroit  en- 
touré de  murailles,  bâti  &  doté  par  Conllantin  j 
qu'en  dehors  de  cette  enceinte  de  murailles  il  y 
avoir  une  colonne  avec  une  ftatue  de  cet  Empereur; 
&  que  c'eft  delà  que  vint  à  ce  lieu  le  nom  à'Exc^ 
cionium,  de  f?«  ,  dehors  ,  «Se  ''>'«» ,  colonne.  Ce 
n'étoit  donc  point  un  Monaftère.  Au  refte  ,  l'f.vo- 
c'mninm  ne  dura  que  cent  trente  deux  ans  ,  c'eftà- 
dire,  jufqu'à  Théodoie  le  jeune.  Il  y  avoit  un  "rand 
nombre  de  colonnes,  &  delfus  des  ftatues  apportées 
dte  Cyziques.  M.  Tillemont  dit  que  ce  lieu  étoit 
ainfi  nommé  ,  parce  qu'il  étoit  peut  être  orné  de  î\-i. 
colonnes.  Mais  que  feroit  dans  à^y-Unn^,  ou  '?««/:>(«, 
cet  «  ,  ou  cet  «  ,  entre  VJ  ,  fix ,  &  y-im  ,  colonne  :  de 
plus, s'il  venoitde  '%%,  fix,  il  feroit  afpiré.  Godefroy 
prétend  que  Théodoretfe  trompe,  lotfqu'il  dir  que 
les  Ariens  appelés  Exacionites ,  ou  Exocionhes  , 
avoient  tiré  ce  nom  du  lieu  où  ils  s'alfembloient  \  Sc 
il  veut  que  ce  nom  foit  le  même  que  celui  d'Exou- 
contiens,  donné  aufii  aux  Ariens,  parce  qu'ils  di- 
foient  que  le  fils  étoit  tiré  du  néant,  U  é*  oyTw,.  Go- 
defroy fonde  cette  cenfute  fur  fon  autorité  ,  qui  ne 
nous  paroît  pas  alfez  grande  pour  condamner  d'er- 
reur un  homme  aulli  habile  que  Théodore.  Tille- 
mont. T.  VI.  /.78S. 

EXODE,  f  m.  Le  fécond  des  cinq  Livres  de  Moyfe» 
Exûdus.  Ce  mot  fignifie  ,  Sortie  ou  voyage  ,  parce 
que  ce  Livre  contient  la  fortie  des  Ilraclites  hors 
d'Egypte.  L'Exode  contient,  outre  cela,  l'hiftoire 
de  ce  qui  fe  palTa  en  Egypte  depuis  la  nwrtdeJofeph 
jufqu'à  la  fortie  des  Ifraclites,  &  dans  le  défert , 
fur-tout  au  montSinaï,  jufqu'à  la  conftruétion  Se 
l'éredion  du  Tabernacle.  Les  Hébreux  l'appellenc 
Feelle  femoth  ,  parce  que  ce  Livre  commence  en 
Hébreu  par  ces  mots  V celle  femoth  ,  qui  fignifienc 
Et  hîc  nomina.  C'eft  par  la  même  raifon  que  les 
Hébreux  appellent  \zQix\h(tBercJît ,  ce  qui  fignifie 
In pnnc':pio  ,  parce  que  la  Genèfe  commence  par  czi 
mots.  C'écoit  la  coutume  des  Hébreux  de  défigner  le3 


97 


6 


EXO 


Livres  de  l'Ecriture  par  les  premiers  aiots  de  chacun 
de  ces  Livres.  tic 

Exode  ,  Exodium,  dans  les  Septante  ,  fignine  la  fin  j 
la.  conclufion  d'une  fête  ,  Théodoret  ^  m  Levit.  q.  3 1. 
&  Nonius.  C'étoit  le  8=  jour  de  la  Fête  des  Taberna- 
cles,  que  l'on  célébroitj  dit-on,  en  mémoire  de 
\ Exode ,  ou  la  fortie  de  l'Egypte  :  cela  néannioins 
n'eft  pas  marque  dans  l'Ecriture.  Le  texte  Hébreu 
appelle  ce  jour,m;;j;,  que  les  Septante  ont  tra- 
duit £|«'^<«». 
Exode  dans  l'ancienne  Tragédie,  f.  m.Cefl:  l'une  des 
quatre  parties  de  l'ancienne  Tragédie.  Exodium. 
iiriftote  dit ,  que  l'Exode  eft  ce  qu  on  difoit  après 
que  le  chœur  avoir  celFé  de  chanter  pour  ne  plus  re- 
prendre. Ainfi  Vexode  dans  la  Tragédie  Grecque,  &c 
félon  le  fenrimentd'Arillote,  ne  peut  être  pris  pour 
l'épilogue,  comme  bien  des  gens  l'ont  cru.  L'exoi/e 
eft  tout  ce  qui  renferme  le  dénouement  &  la  cataf- 
trophe  de  la  pièce  :  ce  dénouement ,  dans  les  pièces 
bien  compoiees  ,  commence  toujours  après  le  der- 
nier chant  du  chœur  j  &c  cela  répond  exactement  à 
notre  dernier  &  cinquième  adte.  Foyci-  M.  Dacier, 
pag.  166.  de  fon  Commentaire  fur  la  Puëtique  d'A- 
rilîote.  ParmilesLatins,  t'.voc/ea  été  pris  dans  un  autre 
fens.  C'étoit ,  parmi  eux,  à-peu-près  ce  que  la  Farce 
eft  parmi  nous.  Après  qu'on  avoir  joué  la  Tragédie  , 
on  faifoit  venir  le  Farceur  ,  qu'on  appeloit  Exo- 
■diaire  ,  qui  par  fes  grimaces  ,  fes  plailanteries  ,  fes 
bons  mots ,  divertilFoit  le  peuple  ,  eftuyoit  les  lar- 
mes que  le  fpeitacle  tragique  avoir  fair  verfer.  C'eft 
ce  que  dit  le  Scholiafte  de  Juvénal ,  utquidquid  la- 
crymarum  ac  trijlkid.  cœpiffent  ex  cragicis  affeclibus  , 
kujusfptclaculi  ri/us  decergerec. 
L'Exode  étoit  certains  vers  plaifans  que  la  jeuneiïe 
xécitoit  à  la  fin  des  Comédies  Atellanes  ,  &  qui  ré- 
pondoient  à  nos  ïz.ices.ViGZ^ÏK^  ,  furTite-Live  , 
p.  197.  Le  même  Auteur  du  ailleurs,  p.  1695.  les 
Exodes  croient  les  entremets  ,  qui  fe  repréfentoient 
es  pofes  d'entre  les  atles  ;  partie  de  fables  &  plai- 
fanteries ,  partie  de  mufique  ,  partie  de  feintes , 
comme  pour  faire  reprendre  haleine  aux  fpedateurs. 
Suétone  ,  dans  la  vie  de  Domitien  ,  C.  10.  Juvé- 
nal,  Sat.  VI.  v.  71.  &  Feftus  font  mention  de  ces 
Exodes. 

Le  mot  à'exode  eft  Grec  :  ël«c^0J,   Çigm^is  fortie , 
ou  bien  digreffion,  écan  du  chemin  ,  d'il;  &  ô^»r , 
chemin. 
Exode,  Exodium,  étoit  auflâ  le  nom  d'une  chanfon  , 
ou  d'une  hymne  ,  qui  fe  chantoit  à  la  fin  d'un  repas 
chez  les  Anciens. 
EXODIAIRE.  f.  m.  Terme  de  l'ancienne  Tragédie 
Latine.  Farceur  j  Adeur  qui  paroilîoit  après  la  Tra- 
gédie finie  ,  &c  faifoit  ce  que  l'on  appeloit  l'Exode  , 
ou  la  conclufion  du  fpedacle  ,  en  divertilTant  le 
fpedateur.  Exodiarius.  Voyei[  EXODE. 
EXOINE.  f.  f.  Terme  de  Palais.  Excufe  qu'on  préfente 
en  Juftice  ,   quand  on  eft  obligé  d'y  comparoître  en 
perfonne  j  &  quand  on  a  une  raifon  légitime  qui  en 
empêche.  Ejuratio  vadimonii ,  excufatio  caufaria.  Il 
faut  envoyer  un  homme  exprès  fondé  de  procura- 
tion fpéciale  ,  pour  préfenter  fon  exoine  en  Juftice  , 
avec  la  preuve  en  main  de  l'empêchement  qui  eft 
caufe  qu'on  n'y  peut    comparoître  en  perfonne  j 
<.omme  un  certificat  de  Médecins  j  fi  l'empêche- 
ment eft  caufé  par  maladie. 
Exoine  j  fe  dit  aullî  en  d'autres  cas,  comme  lorfque 
le  Seigneur    mande  fon  vaftal    pour   le  venir  ac- 
compagner à  la  guerre  ,  pour  lui  rendre  la  foi   Se 
hommage, ou  autres  devoirs  auxquels  il  eft  obligé. 
Ce  mot  fe  dit  differemmenr  dans  les  Coutumes,  où 
l'on  trouve  enjoigne  ^  eafoingne  j  enfonie,  enjoing , 
oa  enfongnie  ,  ou  ef'oine  ,  &  dans  fes  dérivés  j  exo- 
nier  ,  ejfonieur,  exoineur  &  exoiniaceur. 

Ce  mot  vient,  félon  Budée  ,  Périonius  &  Nicot , 
«îe  llcfuiuH-xi ,  jurer,  à  caufe  du  ferment  qu'on  étoit 
obligé  de  faire  pour  Vexoine  j  &  ce  mot  etoit  aufti 
en  ufage  chez  les  Grecs  dans  le  même  fens ,  comme 
le  prouve  Nicot.  Cujasle  dénve  de  exidoneare  ,  ou 
exonerare ,  parce  que  c'eft  en  effet  décharger  d'une 


EXO 

aflignation^  Saummaife  deyô/z/?/a  j  qu'on  a  dit  par 
corruption  àyônrd  ,  qui  fe  dit  en  Latin  pouv  empc- 
chement ,  ou  excufe.  'V^offius  dit  qu'il  vient  de  V k\- 
lemandyi/2/7ij  ,  quifignifie  empêchement  nécejjaire. 
D'autres  le  dèt'wQnià.Jontico morho  ,  qui  excufoit  de 
comparoître  en  Juftice.  Mén.  On  difoit  autrefois 
ejjoine  ,  pour  fignifier  abfence.  Du  Cange  condamne 
toutes  ces  étymologies ,  &  dit  qu'il  vient  de  effoniu:, 
exonia  ,  &  exonium  ,  qu'on  a  dit  dans  la  baffe  Lati- 
nité dans  le  même  fens.  L'étymologie  la  plus  na- 
turelle eft  celle  qui  fait  venir  ce  mot  èi  exonerare , 
décharger  ,   débarraffer. 

EXOINER.  V.  a.  Excufer  quelqu'un  de  ce  qu'il  ne 
comparoît  pas  en  perfonne  ,  être  porteur  de  fon 
exoine.  Jurejurando  aliquem  excufare  qui  vocatus  ju- 
dicio  non  adefi;  vadimonium  ejurare.  On  dit  auOi 
ejjoiner,  &  on  le  trouve  même  ainfi  écrit.  Foye^  ci- 
deffiis  efcondire. 

ExoiNER,  ou  Ex oNiER,  fignifieauffij  félon  Nicot  5 
dédommager. 

EXOINEUR.  f.  m.  Celui  qui  excufe  j  ou  qui  eft  por- 
teur de  l'excufe  d'un  autre  qui  ne  paroîr  pas  en  per- 
fonne en  Juftice.  Excufator.  C'eft  un  terme  qui  fa 
trouve  dans  les  Coutumes.  On  trouve  auffi  dans  le 
même  fens  exoniateur ,  &  exonier. 

EXOMIDE.  f.  f.  E'Ia^W.  Sorte  d'habillement  en  ufage 
parmi  les  anciens  Romains  ,  qui  le  laiffèrent  aux 
Efclaves  &  aux  Comédiens.  Il  étoit  taillé  de  façon 
qu'il  laiffbit  l'épaule  droite  découverte  ,  &  n'avoir 
qu'une  manche.  Comme  le  manteau  des  Philofo- 
phes  Cyniques  faifoit  le  même  effet  3  on  lui  donna 
aufti  le  nom  diexomis  j  ou  exomium  ,  &  celui  d'exo- 
TO/<«àceux  qui  le  portoient.  (Ferrarius  ,de  re  vejîiar.) 
Ce  mot  vient  de  ê»  ou  il ,  qui  en  compofition  figni- 
fiee|«  ,  dehors  ,  &  ofsw  épaule. 

EXOMOLOGÉSE.  f.  f.  Ce  mot  eft  peu  ufité;  mais  on 
le  dit  quelquefois  en  parlant  des  rits  anciens  de  la 
Pénitence,  dont  VExomologéfe  eft  une  partie.  Il 
fignifie  Confeffîon.  Exomolegejts  ,  du  mot  Grec 
î|o,«!iAf'y^j-j5- ,  qui  vient  d'Èlo.KoAoy:»  ,  Je  confejfe.  Saine 
Cyprien  le  prend  en  ce  fens  ,  L.  II.  ép.  14.  &  L,  L 
cp.  J.  D'autres  ,  comme  Tertullien  dans  fon  Traité 
delaPénitence,C.  ç.y  donnent  un  fens  plus  étendu, 
comme  nous  faifons  auffifouventaumotconfeflion  , 
&  le  prennent  en  général  pour  Pénirence.  L'fA-owo- 
iogéfe  publique  n'a  jamais  été  commandée,  ou  or- 
donnée par  l'Eglife  pour  des  péchés  cachés,  comme 
on  le  peut  voir  dans  les  Capitulaires  de  Charlema- 
gne  ,  dans  plufieurs  Conciles ,  &  dans  celui  de 
Trente,  Self.  XIV.  C.  5.  Saint  Pacien  prétendoit 
que  les  péchés  d'idolâtrie  ,  d'homicide  &  de  for- 
nication ne  pouvoienr  être  remis  que  par  1'£'.vooto/o- 
géfe.  Le  P.  Sirmond ,  dans  une  Dilfertation  qu'il 
publia  en  1631.  prouve  que  ÏExomologéfe  n'étoic 
ordonnée  que  pour  les  péchés  publics,  f'^oye^  ce 
qu'ont  dit  de  VExomologéfe  Meflieurs  Lochon  & 
Lengelet ,  dans  les  traités  qu'ils  ont  faits  du  fecret  de 
la  Confefllon. 

EXOMPHALE.fubft.  fém.  Terme  de  Médecine.£'AroOT- 
phalus ,  mot  générique  qui  comprend  toute  forte 
de  tumeur  ,  qui  arrive  contre  nature  à  l'ombilic. 
On  peurdiflinguer  trois  hvtesd' exomphales  :  la  pre- 
mière eft  des  tumeurs  qui  fe  forment  départies  :  ily 
en  a  trois  efpèces  ,  l'enteromphale ,  l'épiplomphale 
&  l'enrero  -  épiplomphale  :  la  féconde  forte  d'c- 
xhomphale  eft  des  rumeurs  qui  fe  forment]  par  des 
amas  d'humeurs  :  il  y  en  a  quatre  efpèces ,  qui  font 
l'hydromphale  ,  la  pneumatomphale  ,  la  fercom- 
phale  J  &  la  varicomphale  :  la  troifiéme  forre  d'c- 
xomphalts  eft  de  celles  qui  renferment  les  deux  au- 
tres fortes ,  qui  font  l'enrero -hydromphale  ,  &  l'é- 
piplofarcomphale.  Voye\  M.  Dionis  fur  toutes  ces 
maladies  ,  &  la  manière  de  les  guérir. 

^ÇT  Quelques  auteurs  font  ce  mot  mafculin  :  le 
Didionnnaire  de  l'Académie  Françoife  le  fait  fé- 
minin ou  mafculin.  Suivant  l'étymologie  il  devroit 
être  mafculin.  Mais  l'étymologie  n'eft  pas  toujours 
une  raifon  fuffifante.  Il  paroît  que  l'ufage  le  plus 
général  le  fait  féminin. 

EXOPTHALMIE. 


EXO 

EXOPHTHALMIE.  f.  f.  Sortie  de  l'œil  hors  de  fon 
orbite.  Ce  mot  eft  Grec  ,  i|a^.9-a!A«''«  j  avance  ,Jorue^ 
chute  d'œil ,  de  li  ,  &  de  içiixXfco;  ,  œil. 

EXORABLE.  adj.  m.  &  f  nxorabUis.  Qai  fe  lailfe 
vaincre  ,  fléchir  par  les  prières.  Ce  Prince  étoit  f^rc 
irrité  j  mais  enhn  il  s'eil  rendu  exorabte  ,  il  s'ell  ren- 
du aux  prières ,  il  s'ell  iallFé  fléchir. 

IJC? Corneille  s''eltfervi  de  ce  terme  dans  Cinna. 

Rende^  la  comme  vous  à  ities  vœux  exorable. 

Exorable  ne  fe  dit  point ,  &  devroit  fe  dire.  Volt. 
C'eft  un  terme  fonore,  intelligible,  néceflaire  en- 
fin. Il  ell  bien  étrange  qu'on  dile  implacable ,  Hc  non 
.  placable  ;  inaltérable  j  &c  non  pas  ame  altérable  j 
héros  indomptable ,  &i  non  héros  domptable  j  ine- 
xorable ,  &  non  pas  exorable. 
EX-ORATORIEN.  f.  m.  Celui  qui  â  quitté  la  Con- 
grégation des  Prêtres  de  TOratoire  j  qui  en  eft  forti 
ou  qui  en  a  été  congédié.  Dimijfus  ,  ou  Egrejfus  ex 
Oracorli  Conareganone.  M.  Du  Gué  ,  Auteur  du 
Traite  de  la  t'rière  publique  j  étoic  Ex-Oratorien. 
EXORBITAMMENT.  adv.  D'une  manière  exoibl- 
rante.  Ultra  modum  ^  ultra  vires  ,fortem.  Cet  hom- 
me a  été  taxé  exorbitamment ,  à  des  fommes  plus 
ferres  qu'il  ne  peut  payer. 
EXORBITANT  ,  ante.  adj.  Exceflif  :  qui  eft  aU-deli 
de  la  jufte  mefure-  Exfuperans  modum  ,  enormis,ab- 
horrens.  Il  a  lailfé  des  biens  exorbitans.  On  donne  à 
Xercès  une  armée  fi  nombreufe  que  cela  eft  exor- 
bitant &  pâlfe  toute  croyance.  Autorité  exorbitante , 
fomme  exorbitante. 

Ce  mot  vient  du  Latin  exorbitare ,  qu'on  adit  dans 
la  balfe  Latinité  ,  pour  dire  ,  recedere  ah  eo  quod 
rectum  eft  ,  quod  eft  extra  orbitam  ,  être  hors  du  droit 
chemin  ,  du  fentier  commun. 
EXORCISER.  V.  a.  Faire  des  conjurations  au  nom  de 
Dieucontrele  Démon  ,  pour  le  faire  lortir  du  corps 
d'un  polfédé  ,  ou  pour  purifier  des  créatures  im- 
mondes. Exorcifmos  ,  /acras  obtejlationes  adhibere. 
En  ce  fens  l'on  dit  exorcifer  les  Démons.  On  dit  aulli 
éxorcifer  un  polfédé  ,  employer  les  exorcifmes  de 
l'Eglife  pourchalfer  le  Démon  de  fon  corps.  Enfin 
Von d\z ^exorcifer  l'eau  ,  le  fel ,  &c,  prononcer  les 
Prières  del'Eglile  fur  Teau  ,  fur  le  fel  exorciio  te  j 
creatura  falis  ,  dcc. 

Ce  mot  vient  du  Grec,  èlop^/lsi» ,  adjurare. 
Exorciser  ,  fe  dit  aulîi  figurément  &  en  riant ,  pour  , 
Exhorter  fortement  ;  conjurer  quelqu'un  de  faire  ou 
de  ne  pas  faire  da  certaines  chofes.  Adhortari  etiam 
atque  etiam.  Il  y  a  quelques  heures  au  jour  où  le  bon 
Père  m'e.vorc//è.  Voit.  On  l'a  tant  eA'orc^e,  qu'en- 
fin il  s'eft  rendu. 
ExocisÉ  j  EE.  part. 

EXORCISME,  f.  m.  Oraifons,  prières  ,  ou  conjura- 
tions qu'on  fait  en  exorcifant  j  ou  pour  chalfer  le 
Démon  du  corps  des  perfonnes  qui  en  font  polfé- 
dées  ,  ou  pour  préferver  de  quelque  danger.  Exor- 
cifmus  j  obteftatio  facra  ,  rite  concepta.  Le  Démon  a 
réfifté  long-temps  aux  exorcifmes  ,  avant  que  de 
quitter  ce  polfédé.  On  fait  les  exorcifmes  en  faifant 
de  l'eau  bénite  &  autres  confécrations.  On  a  fait 
aullî  autrefois  des  exorcifmes  pour  tirer  la  preuve 
de  la  vérité  des  accufés.  C'étoit  une  elpèce  de 
pain  conjuré  &  exorcifé  \  car  on  croyoit  alors  qu'un 
coupable  ne  pouvoir  pas  avaler  un  morceau  de  fem- 
blable  pain.  Cela  fe  pratiquoit  du  temps  d'Edouard 
III  Roi  d'Ani^leterre  ,  &  c'eft  ce  qu'en  Anglois  on 
appeloit  co^eo'.  Lindenbrock  rapporte  un  exemple 
de  Xexorcijmeà'xm  pain  d'orge  ,  ou  d'un  fromage  , 
pour  avoir  preuve  de  la  vérité,  &  il  fe  peut  faire 
que  de  là  foit  venue  cette  imprécation  populaire  , 
Que  ce  morceau  de  pain  m'étrangle ,  fi  je  ne  dis 
vrai. 

On  ne  peut  difconvenirque  l'uTige  des  exorcijmes 
•ne  foit  aufll  ancien  que  l'Eglife.  On  s'en  fervoit  pour 
chafler  les  maladies  des  hommes  &  des  bêtes,  &i 
pour  chafler  les  animaux  qui  nuifent  aux  biensde 
la  terre.  M.Thiers,  Traité  des  Superftuions  ^  rap- 
Tomc  II L 


S>77 


E  XO 

porte  diverfes  formules  de  ces  exorcifmes  ;  &:  il  cite 
Icxemplf  de  S.  Grat ,  qui  avoit  obtenu  de  Dieu  là 
grâce  ,  qu'il  n'y  auroit  point  de  taupe  dans  le  pays 
d'Aoll^  m  trois  nulle  pas  à  l'entour.  On  peut,  le- 
lon  lui  j  ufer  encore  aujourd'hui  très-utilcment  de 
ces  exorcifmes.  Si  conjurer  les  rats  ^  les  fautcrelles, 
les  chenilles,  les  tempêtes  ,  i<c.  Mais  pour  cela  il 
faut  avoir  un  caradcre  ,  <Si  être  .approuvé  de  l'E- 
ghle;  6c  de  plus  il  tant  fe  fervir  des  Oraifons  & 
des  paroles  autorifées  par  l'Eglife  :  autrement  les 
exorcifmes  fom  àii  fuperftuions  très-condamnables. 
Dans  le  Didionnaire  de  Moreri  on  a  mis  hxor- 
cz/wei  ou  Conjurations  j  comme  deux  fynonymes  : 
mais  proprement  la  Conjuration  n'eft  qu'une  partie 
de  [ExorciJ'me;  Se  ÏExorcifme,  la  cérémonie  toute 
entière.  Je  ne  trouve  pas  même  que  nos  Rituels  Fran- 
çois le  lervent  jamais  du  mot  de  Conjuration  :  là 
partie  même  à  laquelle  on  pourroit  particulière- 
ment donner  ce  nom  ,  c'eft-à-dire  ,  la  formule  par 
laquelle  on  conjure  le  Démon  ,  on  lui  commande  de 
fortir ,  ils  lappellent  toujours  ^A-ofcv/me  ,  &  non 
point  Conjuration. 

^C?  Les  Exorcifmes  magiques  font  des  formules 
dont  fe  fervent  les  prétendus  Magiciens  Se  Soiciers  , 
pour  attirer  ou  chafler  les  efprits  avec  lefquels  ilà 
prétendent  avoir  commerce.  Agrippa  rapporte  plu- 
fieurs  manières  de  conjurer  ces  elprits. 
EXORCISTE.  1.  m.  C'eft  un  Clerc  tonfuré  à  qui  on  à 
confété  les  quatre  Ordteà  mineurs  ,run  desquels  eft 
celui  àExorcifk.  txorcfta.  On  ledit  aufli  du  Prélat 
qui  exorcifé  etretftivement  un  polfédé. 

Quelques  Auteurs  ont  cru  que  l'Eglife  Grecque 
n'a  point  eu  d'Exorciftes  \  mais  les  anciens  Auteurs 
Grecs  en  parlent  d'une  manière  qui  ne  lailfe  aucun 
doute  là-delfus.  S.  Denis,  ch.  d,  de  la  Hiérarchie  Ec- 
cléfiaftique,  S.  Ignace  Martyr,  dans  fon  épître  à 
ceux  d'Antioche.  Foy.  les  notes  du  P.  Goar  fur  l'Eu- 
cologe. 

L'oidination  des  Exorciftesk  fiiit  pendant  la  Mef- 
fe  ,  comme  les  autres ,  on  trouve  les  mêmes  céré- 
monies marquées  dans  prefque  tous  les  Pontificaux 
&  les  Rituels  :  s'il  y  a  quelque  diftérence  ,  elle  n  eft 
qu'accidentelle.  Comme  les  txorciftes  foht  deftinés 
à  challer  les  Démons,  le  IV^  Concile  de  Carthage  , 
can.  7.  a  réglé  que  dans  l'ordination  des  Exorciftes 
l'Evêque ,  en  leur  mettant  entre  les  mains  le  livre 
des  Exorcifmes ,  diroir  ces  paroles.  Receve\  &  con- 
ferve':^  dans  votre  mémoire  ,  &  ayc^  le  pouvoir  d'im- 
pofer  les  mains  aux  Energumenes  ,  foit  baptifés  ,  foit 
Cathécumcnes.  Et  c'eft  ainli  qu'on  ordonne  aujour- 
d'hui les  Exorciftes. 

Dans  le  Pontifical  imprimé  fous  Léon  X  il  eft 
marqué  qu'on  préfentera  le  Pontifical  à  ceux  qu'on 
fait  Exorcftes  j  Se  dans  le  Pontifical  revu  par  or- 
dre de  Clément  VIII.  il  eft  marqué  que  ce  fera  le 
Pontifical  ,  ou  le  Milfel  j  ce  qui  eft  indifférent  j 
parce  que  c'eft  un  fymbole  qui  fignifie  le  pou- 
voir qu'on  donne  aux  Exorciftes  :  8c  d'ailleurs  danS 
l'Evangile  on  voit  que  Jésus-Christ  a  donné  à 
fon  Eglife  &c  à  fes  Ivlmiftres  le  pouvoir  de  chalfer 
les  Démons,  ^ciye^  l'ouvrage  du  P.Martenne  des  an- 
ciens rits  de  l'Eglife  ,  Tome  II,  Se  le  Pontifical  Ro- 
main. 

Il  y  avoît  autrefois  parmi  les  Juifs  des  gens  qui 
couroient  le  monde  &  faifoient  proleflion  de  chaf- 
fer  les  Démons  par  des  invocations  j  qu'ils  préten- 
doient  avoir  été  enfeignées  parSalomon  :  on  les  nom- 
moit  Exorciftes.  Fleuri.  Voy.  Jofeph ,  Antiq.  Jud. 
L.  FUI.  C.  X  Origène  ,  tracl.XXXF.  in  Maith. 
XX  FI  1.61. 
EXORDE.  f  m.  Entrée,  préambule  ,  commencement 
d'un  difcours,  d'une  harangue  ,  pour  préparer  les 
auditeuts  à  ce  qu'on  va  dire.  Exordium.  C'eft  lepréam- 
bule  des  Orateurs ,  qui  doit  fervir  comme  d'in- 
trodudionà  la  matière  qu'ilsentreprennent  de  trai- 
ter. C'eft  un  défaut  où  les  Anciens  font  très  fouvenc 
tombés,  défaire  à<î%Exordes  a;}X\  n'avoient  riende 
commun  avec  leur  fujet,  Se  qui  fe  pouvoient  appli- 
•    quer  par-tout.  Parmi  les  ouvrages  de  Déinofthcne 

H  h  h  h  h  h 


*)1 


EXO 


nous  avons  un  lecueil  A'cxordcs ,  dont  quelques 
\\\\%  lai  ont  fci  VI  dans  les  harangues   qui  nous  rei 
tent  de  lui.  Cicécon  nous  a  appris  qu'il  en  avoit  un  j 
volume  de  icferve  :  enfoice  qu'ayant  envoyé   un 


EXP 

des  Orientales ,   &  qui  ne  ccoiflcnt  point  en  Eu- 
rope. Les  plantes  naturelles  font  dues  indigènes. 

Ce  mot  vient  du  Grec  t|à ,  t^iiS-^v ,  e.xcra.  Les  Grecs 
ont  dit  aulli  iluTtx'-.ç. 


raité  de  la  Gloire  à  Atticus  ,  où  il  avoit  mis  le  EXOUCONTIbN  ,   enne.   f.  m.  &  f.  Nom  'à.' 


une 


fedte  Arienne.  Exoucomius.  Les  txoucontiens  étoient 
une  lede  Arienne  qui  vouloir  que  l'on  dît  que  le 
Fils  de  Dieu  avoitétc  fait  II  cw.  'inm  ,  de  nulle  fubf- 
tance  ,  de  rien  qui  exiltâti  &c  c'ell  de  ces  trois  mots 
Grecs  que  leur  nom  fut  formé. 

E  X  P. 


îiicme  exorde  ,  &  la  mime  préface  qu'il  avoit  déjà 
employée  à  la  tête  du  troifième  Livre  de  les  quef- 
Eions  Académiques ,  il  le  prie  alfez  plaifamment  de 
le  couper ,  &  d'y  en  coller  une  autre  qu'il  lui  en- 
voie. Les  Grecs  étoient  encore  plus  licencieux  dans 
leurs  exordcs  qns  les  Latins:  au  lieu  de  defcendre 
doucement  &  comme  par  degrés  dans  leucs  matiè- 
res j  ils  s'y  précipitent ,  &  brifant  tout  d'un  coup  '  CtC7  EXPANSIBLE,  adj.  de  t.  g.  Terme  de  Pliyfiquej 
le  raifonnement  général  qui  leur  fert  d'exorde  ,  ils]     qui  fe  dit  des  chofes  capables  d'expanlion. 
entament  brufquem^nt  leur  fujet ,  au  lieu  d'y  con-î  ÇCÏ^  EXPANSIBILITE.  f  h  Propriété  par  Laquelle  cer 
duire  infenliblemenr  le  leitîur.  Si  l'on  ôtoic  à  Pia- 1     tains  fluides  ,  comme  l'eau  ,  l'air  ^  tendent ,  à  occu- 
ton  fes  longues  préfaces  j  &  fes importunes  digref- 
lions  ,  on  raccourcit  oit  de  moitié. 

Un  Orateur  dans  Ion  exords  doit  gagner  la  bien- 
veillance 5c  l'attention  de  fon  auditeur ,  fans  pro- 
mettre plus  qu'il  ne  peut  tenir.  Il  huit  que  Vixorde 
foit  fimple  ,  &  que  l'on  en  bannilfe  les  figures  5c 
les  métaphores  trop  hardies.  On  n'y  doit  pas  em 


ployer  un  rtyle  trop  élevé  j  ni  qui  aille  jufquM 
•l'enflure ,  parce  que  l'efprit  de  l'auditeut  étant 
encore  froide  &  dans  Ion  afliette  naturelle  ,  ne 
peut  pis  s'échautfer  d'abord.  Il  étoit  défendu  de 
faire  des  exordes  dans  l'Aréopage  ,  parce  que  c'eft 
une  manière  indiredte  &  imperceptible  de  l'jrpren- 
\dre  l'auditeur.  V exorde  eft  nécelHire  pour  ne  point 
entrer  brufquement  en  matière  fans  aucune  prépa- 
ration. 

Souvent  j  fis  de  trop  loin ,  an  exorde  bigarre  , 
Jette  hors  du  fujet  L'Orateur  qui  s'égare  ; 
Et  fouvent,  trop  pompeux  ,  il  dérobe  l'éclat 
Au  rejle  du  Sermon  ,   qu'il  fait  paroitre  plat. 

VlLL. 

^fs"  Le  mot  Latin  prologus  ,  prologue  ,  répond 
au  mot  exordium  exorde  ,  mais  ne  s'applique  qu'aux 
pièces  de  théâtre  ; /7rx///ai.v/72 ,  prélude,  à  la  mufi- 
que,  &  prxmium  ,  préface  ,  à  un  ouvrage  j  à  un 
traité. 

ffT  Ce  mot  eit  formé  du  Latin  ordiri  j  com- 
mencer. 

EXOSTOSE.f.  f.  Ojps  cminentia.  Tumeur  olTeufe con- 
tre-nature ,  qui  s'élève  fur  la  furtace  de  l'os.  Cette 
tumeur  occupe  quelquefois  toute  fa  longueur  j  ce 
qui  eft  ordinaire  au  rhachytis  dans  lequel  fouvent 
toute  la  fubftance  de  l'osfe  gonîîe.Les  exostojes  font 
£réquen-,ês  dans  les  maladies  vénériennes  &  dans  le 
fcorbut.  Dans  les  écrouelles  &  la  goutte  elles  atta- 
quent ordinairement  les  apophyfes  ,  les  épiphyfes  , 
Is  carpe  ,  letarfe,  les  jointures  des  doigts ,  &  les 
autres  articidations  des  extrémité';.  Ce  mot  eltGrec, 
f|orffl5-/5-  J  ofjis  cxtuberatio  ,  éminence  d'os ,  formé 
de  f| ,  hors,  &de  W(ai ,  oj.  Quand  l'e.\-o/?o/I' arrive 
aux  joues ,  on  l'appelle  fatyrihne  ;  par-tout  ailleurs 
c'eft  exoflofe.  Dans  la  plica  de  Pologne  il  vient  des 
£-'^oJïofes  ,  Scies  vertèbrsife  dérangent.  Brémond. 
Les  e.vq/?oyè,î  précédent  fouvent  de  quelque  mal  vé- 
nérien. Onles  appuie  autrement  nodus. 

EXOTÈRIQUE.  adj.  Vulgaire  ,  public  &  commun  à 
tout  le  monde.  Exotericus.  Les  anciens  Philofophes 
faifoient  des  ouvrages  exotériques  qui  étoient  à  la 
portée  ae  tout  le  monde  ,  tant  ils  etoient  raciles  a 
entendre  ',  mais  ils  en  faifoient  d'autres  qu'ils  appe- 
loient  exotériques  ou.  acroatiques  ,  qui  étoient  fi  obf- 
curs ,  qu'on  ne  pouvoir  les  entendre  j  fans  qu'ils 
en  donnaflent  eux-mêmes  l'explication  ;  comme  l'a 
remarqué  Aulu-Gelle,  liv.  zo  ,  ch.  5  de  fes  Nuits 
Attiques. 

EXOTIQUE,  adj.  m.  &  f  II  ne  fe  dit  guère  que  dans 
le  didaétiqua,  &  figaifiej  étranger.  Extransus ,  exo- 
ticus  ,  adventitius.  Il  ne  le  faut  pas  fervir  de  termes 
exotiques  &c  barbares.  Il  fe  dit  aulTi  en  Botanique  : 
une  plante  exotique  ,  efl:  une  plante  étrangère ,  tel- 
,  les  que  celles  qu'on  apporte  de  l'Amérique  ,  des  In- 


per  un  plus  grand  efpace ,  à  s'étendre  ,  à  fe  dila- 
ter,  fou  par  quelque  caufe externe,  comme  la  ra- 
refaCl:ion  ,  (oit  par  une  caufe  interne,  comme  l'élaf- 
ticité.  /^'oye^  ces  mots. 
EXPANSIF,  ivE.  adj.  Qui  a  la  force  de  s'étendre,  ou 
de  faire  étendre  un  autre  corps.  C'eft  un  terme  de 
Chimie.  Expandcndi  vim  hahcns  ,  expan/ivus.  L'é- 
vaporation  qu'on  fait  des  eaux  de  Bourbon  au  feu  de 
fable  J  ne  lailfeau  fond  du  vafe  que  quelques  grains 
d'un  fel  fixe  ,  mêlé  d  un  peu  de  terre  blanche  Se 
légère.  Il  faut  donc  que  l'autre  principe  qui  eft  com- 
me l'ame  de  cette  eau  ,  qui  la  rend  fi  animée ,  fi 
pénétrante ,  fi  expanfve  ,  foit  une  crème  de  foufre  , 
une  fleur  de  bitume  épurée ,  une  quinteflence  de 
baume  extrêmement  exaltée  ,  qui  cachée  dans  les 
pores  de  ce  fel  alcali ,  caufe  ,  en  fe  fermentant  avec 
lui ,  cette  chaleur  &c  ces  ébullitions  qu'on  remarque 
dans  les  pui:s.  MÉm.  de  Ta. 
lO"  EXPANSION,  f.  f.  Terme  de  Phyfique.  Aétion 
par  laquelle  certains  fluides  s'étendent  &  fe  dila- 
tent, occupent  un  plus  grand  efpace,   tomme  l'air, 
l'eau  ,  &:  tous  les  corps  dans  l'état  de  vapeur.  Ex- 
panfie  ,  dilatatio.  f^oyei  Air  &  Eau  ,  Chaleur  j 
Elasticité.  Un  demi-pouce  cubique  j  ou  environ- 
d'eau  forte  bouillonna  ,  &  fit  une  expanjion  confi- 
dérable  dans  la  dilfillation  ,  qui  s'acheva  en  très- 
peu  de  temps  :  en  réfroidiflànt,  Vexpanfion  diminua 
fort  vite.  De  Buffon. 
^3'  Expansion  ,  en  Anatomie  ,  fignifiela  même  cho- 
fe  que  prolongement  ,    continuation.    Expanfion 
membraneufe,  ligamenteufe  ,  mufculeufe.  Les  fi- 
bres du  cerveau  font  des  développemens  &  des  ex- 
panfions  des  vaiffeaux  fanguins  qui  y   aboutiilenr. 
La  moelle  de  l'épine  du  dos  eft  une  produélion  , 
une  expanfion  de  la  fubftance  du  cerveau.  Exvan- 
fio  ,  produciio.  Les  vaiifeaux  gonflés  qu'on  apper- 
çoit  dans  un  Cancer  reflemblent  à  des  expanjions 
de  pattes  d'écrevifles.  Dionis. 
EXPATRIATION,  f  h  Vieux  mot ,  qui  fignifie  ab- 
fence  ,  éloignement  de  fon  pays ,  fou  par  bannille- 
ment ,  foit  par  emprifonnement  j  foit  pour  le  bien 
public  ,  par  ordre  du  Prince  ,  &c.  Extra patriam 
commoratio. 
EXPATRIE,  ÉE.  adj.  Qui  eft  hors  de  fon  pays  ,  pour 
quelque  caufe  que  ce  foit ,  abfent.  Voye-{  ci-delfus 
Expatriation.  Un'y  a  qu'un  Citoyen  expatriépoar 
le  fait  d'une  Religion  rebelle  ,  qui  puiflè  penfer  en 
aufli  mauvais  Citoyen.  Mém.  deTr.Jenn  Bouthillier, 
Confciller au  Parlement  de  Paris ,  fousCharlesVI 
a  traité  au  long  des  expatriés,  &  des  différentes  for- 
tes d'expatriation  ,   dans  fa  Somme  rurale  ,  tit.  90. 
Expatrié  fe  trouve  aulîl  dans  la  Coutume  de  Cam- 
bray  ,  tit.  5  art.  9  &  dans  celle  de  Namur  ,   art.  1 1 
&  3  5.  comme  l'a  remarqué  Ragueau  en  fon  indice. 
EXPATR.IER  (  S' ).  V.  récip.   Quitter   fi  patrie  pour 
aller  dans  des  pays  étrangers.  Abandonner  fon  pays 
pour  s'établir  ailleurs.  Les  malheurs  du  Comte  de 
Rofamberc  me  revenoient   à  l'efprit  :  je    n'avois 
point  de  goût  pour  cette   inulritude  de  courfes  ôc 
d'aventures ,  bonnes  Se  mauvaifes ,  qui  font  inévi- 
tables à  une  perfonne  qui  s'expatrie....  Mémoires  & 
Aventures  d'un  Homme  de  qualité  j  qui  s'cjl  retiré  dif 
monde. 


E  X  P 

IJCJ"  On  dit  rarement  expatrier,  v.  a.  Obliger  quel- 
qu'un de  quitter  la  patrie. 

ÉXPECTANCE.  f.  i.  Un  article  du  dernier  Traité  de 
paix  conclu  entre  la  Reine  de  Hongtic  &  le  Roi  de 
Prulle,  porte  :  Que  les  expeclances  ôc  furvivances 
accordées  par  l'Empereur  Charles  VI  fur  des  tiers  j 
terres ,  &  autres  biens  (itués  en  Silélie ,  ne  pour- 
ront jamais  être  réclamées. 

EXPECTANT.  f.  m.  ou  plutôt  adj.  pris  fubft.  Terme 
de  Juriiprudence.  Qui  attend  l'accompliirenient 
d'une  grâce  ,  d'une  collation  qui  lui  eil  due  j  ou 
^ïomiiii.  îzxped.ans.  Il  y  a  às\.\'iiexpeciaris  fur  la  no- 
mination de  ce  Chapitre  ,  l'un  pour  l'induit,  l'au- 
tre pour  le  ferment  de  fidélité.  Si  le  ColLueur  aft'cc- 
te  de  frurtrer  \' Expeclanc  ,  par  des  provilions  don- 
nées itérativcmont  à  fon  préjudice  ,  dans  les  vacan- 
ces qui  font  arrivées  depuis  la  notihcation  des  lettres 
dénomination  ,  on  l'oblige  à  donner  à  V txpcclùiu 
par  chacun  an  le  revenu  d  une  prébende  de  fon 
Eglifcj  jufqu'à  ce  que  l'expectative  loit  remplie. 
FuEr. 

EXPECTATIF,  ive.  Il  n'eft  en  ufage  qu'au  fémi- 
nin y  &  même  il  ne  l'ell;  guèie  qu'en  cette  phrafe  ^ 
grâce  expcctdtive.  Voye:^  ExPEcrAnvE. 

EXPECTATION.  f.  f.  Attente,  tixveclado ,  fpes.  Ce 
mot  ne  le  dit  point  dans  le  langage  ordinaire. 

La  fèce  de  Mtxjeclaùon  àe  la  Sacrée  Vierge  eft 
une  fètc  c]ue  l'on  célèbre  en  Elpagneavec  beaucoup 
de  dévotion  le  l'i^  jour  de  Décembre,  fept  jouis 
avant  Noël.  Godeau  ,  RijKEcd.  ^W.  fiècle,  E.  i. 
n.CIII.  remarque  que  cette  lête  pourroit  bien  s'erre 
établie  &  confervée  en  conféquence  du  décietdu 
X'  Concile  de  Tolède,  tenu  l'an  (Î57  ,  par  lequel  il 
fut  ordonné  que  l'on  célébreroit  la  tête  de  l'Annon- 
ciation de  la  Mainte  Vierge  ,  huit  jours  avant  celle 
de  la  Nativité  de  N.  S.  parce  que  le  temps  auquel  ce 
myfièie  avoit  été  eftectivement  accompli  romboit 
dans  le  mois  de  Mars,  qui  elt  celui  de  Carême  ,  ou 
de  Li  Pâque  ,  deftiné  pas  l'Eglife  aux  exeicices  de  la 
pénitence  ,  ou  à  la  folennité  de  la  Réfurredion  de 
N.  S.  ce  qui  ne  fut  pas  obfervé  longtemps  \  mais 
qui  s'elt  peut-être  confervé  en  Efpagne  dans  cette 
fête  de  XExpeïl.iûon  de  la  Sainte  Vierge.  Exve:la- 
tion  ne  fe  dit  point  en  aucune  autre  phrafe  ;  encore 
en  celle  ci  eft-ce  un  mot  Elpagnol  ou  Latin,  plutôt 
que  François-  On  fait ,  je  crois ,  cette  fête  en  quel 
ques  mailons  Religieufes  en  France,  peutêtiede 

'  celles  qui  font  venues  d'Efpagne;  &c  on  l'.appelle 
l'Attente  des  Couches  de  la  Sainte  Vierge-  Il  feroit 
mieux  de  parler  ainfi  que  de  dire  en  François  Ex- 
pcclaiion. 

EXPECTATIVE  j ou  GRACE  EXPECTATIVE.  Ter- 
me de  Matière  Bénéficia  le.  adj.  &  fubiL  f.  Attente  , 
grâce  promife  ,  dont  on  attend  l'accomplilfemcnt. 
Spes  ,five  jusobtlnenis.  reï  quz  prima  vaca\erlt.  Les 
grâces  expeciadves  fe  donnoicnt  anciennement  par 
les  Papes,  pour  obtenir  les  Bénéfices  qui  viendroient 
à  vaquer.  AinI:  c'eft  l'ofpérance  ,  &  le  droit  au  pre- 
mier Bénéfice  vacant.  Les  grâces  expeciadves  déplai- 
foient  forr  aux  Evêques ,  parce  qu'elles  entrepre- 
noient  fur  leurs  droits.  Fl.  Elles  font  odieufes , 
parce  qu'elles  induifent  à  fouhaiter  la  mottd'iruttui. 
On  ne  reçoit  point  en  France  les  réferves,  mandats, 
&  autres  grâces  expeciadves  de  Cour  de  Rome.  L'u- 
fage  des  expeclatives  eft  fort  ancien  ,  quoiqu'il  ne 
fût  pas  (î  fréquent  dans  les  premiers  temps  qu'il 
l'eft  aujourd'hui.  Ce  ne  furent  d'abord  que  de  fim- 
ples  prières  de  la  part  des  Rois ,  que  les  Evêques 
acceptoient  avec  d'autant  plus  de  foumillion  ,  que 
les  Roii  ne  leur  préfentoient  que  des  Sujets  capables 
de  bien  fervir  l'Eglife  :  delà  vient  qu'on  nomme 
encore  aujourd'hui  le  droit  de  Vexpecladvc  ,  du  fer- 
ment de  fidélité,  ou  de  joyeux  avènement  à  la 
Couronne ,  7«j  primarum  precum.  Mais  l'exercice 
fréquent  de  ce  droit  l'ayant  fait  palTer  en  coutume  , 
on  le  regarda  infenfiblement  comme  un  droit  d'o- 
blioation&denécefllté.  En  1 5  99,  quelques-uns  ayant 
ofé  révoquer  en  doute  une  coutume  fi  ancienne  ,  le 
Roi  Henri  IV.  fit  expédier    fes  patentes  pour  les 


979 


E  XP 

confirmer  ,  &  'elles  furent  vérifiées  au  Confeil  fans 
refcricaon  ,  ni  modification.  Depuis  ce  temps -U 
elles  ont  toujours  été  obfetvées  inviolablement. 
Celt  un  privilège  que  l'Eglife  accorde  au  Roi  à  fon 
avènement  à  la  Couronne  j  ou  lorfqu'il  reçoit  le 
fermentdefidélitc  des  Evêques,  de  pouvoir  nom- 
mer à  deuxCanonicatsde  chaque  Eglife  Cathédrale. 
C.  B.  On  prétend  que  quand  la  nomination  au.t 
prébendes  appartient  au  Chapitre  conjointement 
avec  l'Evêque  ,  elles  ne  font  point  fujettes  à  l'e.v- 
pecladve  Royale  du  ferment  de  fidélité  j  parce  que 
cmiQ  expectative  eft  une  dette  petfonnelle  de  l'Evê^ 
que  ,  à  laquelle  le  Chapitre  ne  doit  pas  contribuer. 
Id. 

On  doit  mettre  an  nombre  des  grâces  expeclatives 
les  Induits  accordés  au  Chancelier  lie  France  j  aux 
Maîtres  des  Requêtes,  aux  Préfidens  &  aux  Con- 
feillers  du  Parlement  de  Paris,  &  à  quehjues  Ofti- 
ciers  de  ce  même  Pailement.  On  n'a  point  reçu  ert 
France  là-delTus  le  Concile  de  Trente  ,  qui  a  aboli 
toutes  fortes  ài'expecladves  :  au  contraire  le  Pape 
Clément  IX.  a  augmenté  les  privilèges  des  Indul- 
taites.  Il  y  a  une  autte  forte  de  grâce  expectative  en 
France  ;  favoir  ,  les  privilèges  accordés  à  ceux  qui 
ont  étudié  un  certain  nombre  d'années  dans  quel- 
cjue  Univerdtèfameufedu  Royaume,  qu'on  nomme 
Gradués.  Foyc-^  GRADUES. 

Expectative,  fe  dit  aulli  d'une  efpèce  de  droit  de 
furvivanceque  l'on  donne  en  certains  pays  ,  comme 
en  Efpagne.  Il  a  V expectative  de  la  première  Com- 
manderie  vacante. 

Expectative,  eft  quelquefois  un  droit  acquis,  & 
non  pas  une  grâce.  Droit  d'expectative  ,  ou  d'at- 
tente. La  République  de  Pologne  a  un  Droit  d'ex- 
pectative fur  la  Souveraineté  de  la  Priilfe  Ducale. 

Expectative,  f.  f.  Terme  en  ulage  dans  les  Univer- 
iités ,  où  l'on  donne  ce  nom  à  une  thêfe  qui  fe  fou- 
tient  la  veille  que  l'on  doit  palier  Doèteur ,  &  re- 
cevoir le  bonnet.  Celui  qui  doit  être  paifé  Doileur, 
prie  un  jeune  Etudiant  en  Théologie  de  vouloir 
bien  taire  cette  thèfe  &  la  foutenir.  Le  jeune  Théo- 
logien eft  libre  d'y  mettre  ce  qu'il  veut.  A  Paris, 
cette  thèfe  ne  lui  fett  de  rien  ,  par  rapport  à  fa  li- 
cence ;  à  Angers ,  quand  elle  eft  bien  fournie,  elle 
eft  comptée  pour  une  des  thèfesde  licence.  Les  Ba- 
cheliers qui  lont  en  licence  argumentent  contre  le 
jeune  Théologien,  qui  foutient  fa  thèfe  en  préfence 
de  celui  qui  le  lendemain  doit  recevoir  le  bonnet  de 
Docteur.  Après  que  le  jeune  Théologien  a  foutenu 
cette  thèfe  pendant  environ  deux  heures  j  celui  qui 
doit  être  pallè  Doèleur  le  lendemain  prend  fa  pla- 
ce ,  &  foutient  la  même  thèfe  pendant  autant  de 
temps  .à  peu-près.  On  la  nomme  ainli ,  parce  qu'elle 
fe  foutient  dans  l'attente  du  Doftorat,  5c  la  veille 
du  jour  qu'on  le  reçoit.  Expeclo,  j'attens. 

Expectorant^  amte.  .adj.  Terme  de  Médecine, 
louvent  employé  fubftantivemcnt.  Anacadiardcus. 
On  appelle  remèdes  expeclorans  j  ou  expeclnrans 
fimplement ,  les  médicamens  qui  font  fortir  par  les 
crachats  les  humeurs  grolhères  &  vifqueufes  atta- 
chées aux  parois  des  bronches  &  des  vèlicules  pul- 
monaires. Tels  font  l'éryfimum  ,  l'hyllope ,  le  lierre 
terreftrc,  &:c.  Ce  mot  vient  du  Latin  expeélorare,  il 
efl  ,  ejicere  è  peciore  ,  chalLer  de  la  poitrine. 

expectoration,  f.  f.  Aétion  de  cracher  &  de 
vitler  la  poitt ine  des  flegmes  qui  s'y  forment ,  &  qui 
engluent  les  Poumons.  Les  Médecins  fe  fervent 
communément  du  mot  d'expectoration  au  lieu  de 
crachement  J  excepté  lorfqu'il  s'agit  d'un  crache- 
ment de  fang  ,  &  encore  M.  de  l.i  Chapelle  dit-il 
d'après  M.  Blackmore  :  il  avoit  tous  les  fymptomes 
d'un  poumon  ulcéré  j  excepté  Vcxpecloration  de 
fang  qui  ne  fe  trouve  pas  dans  toutes  les  confomp- 
tioiis. 

§Cr  L'expectoration  eft  Bien  une  efpèce  de  cra- 
chement ;    mais  tout  crachement  n'eft  pas  expecto- 
ration :   le  mot  d'expectoration  étant  deftiné  .à  expri- 
mer l'évacuation  des  humeurs  muqueufes  de  U  poi- 
H  il  h  h  h  h  ij 


980  EXP 

trine  &  des  parties  qui  en  dépendent.  Foye^ 
CRACHAT. 

EXPECTORER,  v.  a.  Terme  en  ufage  parmi  les 
Médecins  &  Apotiiicaires.  Cracher  j  dégager  la 
poitrine  de  ce  qui  embarralle  les  poumons  j  des  ma- 
tières groiïîères  &  vilqueufes  qui  s'attachent  aux 
parois  des  bronches  &  des  véficuies  pulmonaires.  Il 
a  expecloré  fon  abfcès.  Les  Auteurs  Latins  ont  dit 
expeciorare  ,  mais  dans  un  fens  figuré  ,  bannir  de 
fon  efprit  ,  ôter  de  fa  mémoire. 

^  EXPECTORÉ  j  in.  part. 

EXPÉDIENT,  f  ai.  Moyen  ,  voie  qu'on  trouve  pour 

,  fortir  d'une  affaire  difficile.  Ratio  j  modus  expli- 
candut.  r«i ,  conjîcknddi  ,  expedienda.  Donner  des 
expédiens.  Les  habiles  négociateurs  trouvent  tou- 
jours quelque  expédlcm  pour  accommoder  les  cho- 
fesj  pour  terminer  une  affaire.  On  prit  l'e.v/^dt/iertr 
de  négocier  par  les  Députés.  De  la  Rochef. 

Expédient,  adj.  Signifie  quelquefois.  Utile.  H  eft 
expédient  pour  la  Republique  de  bannir  ce  fédi- 
ÛQUX.  ExpeditReipublicx. 

Expédient  ,  en  termes  de  Palais ,  fignifie  Un  arbi- 
trage fommaire,  auquel  on  renvoie  les  caufes  de 
légère  difcuffion  ,  fuivant  l'Ordonnance  ^  c'eft-à- 
dire  ,  qu'on  oblige  les  Avocats  à  en  paffer  par  l'avis 
d'un  ancien.  Les  déferrions  j  péremptions  d'inffan- 
ce  ,  &c.  font  des  caufes  qui  doivent  être  jugées  par 


exp. 


•dient. 


EXPÈDIEPv.  V.  a.  Ne  pas  quitter  une  affaire  j  &  la 
terminer  tout  de  fuite.  Conficcrf.  ,  expedire  ^  abjol- 
vere.  Ce  Confeillcr  expédie  h'isn  des  procès.  Cet 
Ouvrier  expédie  bien  de  la  befogne.  Je  mefouviens 
de  ce  que  je  fouff"ris  à  la  maladie  de  ma  pauvre 
tante,  &  comme  vous  me  fîtes  CAr/jet^itr  cette  dou- 
leur. 

^Zr  On  le  dit  dans  le  même  fens  des  perfonnes  :  c'eft 
terminer  promptement  les  affaires  qui  les  concer- 
nent. Expédiei-moi  promptement  Ce  Juge  ,  ce  Mi- 
niffre  a  expédié  bien  du  monde  ce  matin.  Plus  je  fe- 
rai en  Bretagne  ,  &  plus  j'aurai  befoin  de  votre 
confolation  :  ne  mcxpédiei  point  là-deffus  Mad. 

DE  SÉV. 

fer  Expédier,  dans  leCommerce.Fairepartirpromp- 
tement  des  marchandifes.  Expédier  un  ballot ,  un 
vallfeau  pour  quelque  endroir. 

§3"  On  dit  dans  le  même  fens ,  expédier  un  Cou- 
rier,  c'eft-à-dire,  le  dépêcher  promptement  ,  Ten- 
voyer  à  quelqu'un  avec  les  lettres  &  inftruétions 
fuffîfantes.  Abjblvere  .,  dimittere  tabellarium.  Il  ex- 
pédia aullîtôt  à  Rome  le  même  Courier.  L'Ab. 
Régn. 

Expédier  j  fignifie  auffî ,  Exécuter  à  mort.  Conficere  , 
perimere  ^  morte  mulclare.  Il  y  a  eu  aujourd'hui 
quarre  hommes  expédiés  à  la  Grève.  Il  fe  dit  fur- 
tout  pour  faire  mourir  vite.  Ce  parient  n'eut^  pas  à 
languir  long-temps,  il  fut  promptement  expédié. 

Redoutable  aux filoux  ,  terrible  aux  ajfafflns , 

Il  expédioit  plus  de  monde 
Que  Tiaur  oient  fait  .quatre  bons  Médecins. 

On  le  dit  dans  le  même  fens  des  maladies.  Il 
n'en  faut  pas  davantage  pour  expédier  un  homme. 
Ces  maladies  font  très- violentes,  &  elles  expédient 
leurs  malades  en  peu  de  temps.  Dionis. 

Expédier,  fignifie  encore^  Manger  goulûment.  On  eut 
beau  fervir  à  ces  afflimés  un  grand  repas  j  ils  l'eurent 
bientôt  expédié. 

Expédier  j  fignifie  auflTi  en  Jurisprudence  ,  Délivrer 
des  aétes  tirés  d'un  dépôt  public  jdéliver une grolfe  , 
une  expédition  ,  ou  copie  collationnée  d'un  aâe  au- 
thentique. Apographum  conficere^  exemplar  defcri- 
bere.  Il  effallé  faire  expédier  fon  brevet  chez  le  Se- 
crétaire d'Etar  ^  expédier  Çqx\  Arrêt  par  le  Greffier^ 
expédier  une  féconde  groffe  de  fon  contrat  par  le 
Notaire. 

On  dit  proverbialemenr  8c  en  raillerie  parmi  les 
Joueurs ,  expédier  un  homme  en  forme  commune  j 
pour  dire,  lui  gagner  tout  fon  argent. 


EXP 

Expédié  ,  ée.  part. 

EXPEDITEURS,  f.  m.  pi.  On  nomme  ainfi  à  Amf- 
terdnm  certains  Commilnonnaires  à  qui  les  Mat* 
chands  qui  font  le  commerce  par  terre  avec  les  pays 
étrangers,  ont  coutume  de  s'adreffer  pour  y  faire 
voiturer  leurs  marchandifes. 

EXPEDITIF  ,  iVE.  adj.  Qui  expédie,  qui  fait  beau- 
coup d'affaires  en  peu  de  temps.  Celer  in  agenda  ,  mi- 
nime cunclator.  Ce  Rapporteur  eft  fort  e-v^eV/r//,  il 
ne  fait  point  languir  fes  Parties.  Il  n'eft  pas  de  ces 
Médecins  qui  marchandent  les  malades ,  c'eft  un 
homme  cxpedltij ^  qui  aime  à  dépêcher  les  malades; 
&  quand  on  a  à  mourir ,  cela  fe  fait  avec  lui  le 
plus  vite  du  momie.  Mol.  D'autres  peignent  feu- 
lement de  pratique  par  une  habitude  expéditive  qu'ils 
ont  contractée.  De  Piles. 

'^fT  DiLiGENT,txpÉDiTiFj  Prompt, confidérés comme 
fynonymes.  Lorfqu'on  el\  expéditi/ ,  on  ne  remet  pas 
à  un  autre  temps  l'ouvrage  qui  fe  préfente  j  &  on 
le  finit  tout  de  fuite.  L'homme  expéditi/nc  quitte 
point  le  travail.  On  eft  expéditif  dans  les  affaires 
qu'on  doit  terminer.  Foye^  Promt  &  Diligent. 
Les  délais  font  le  défaut  oppofé  à  cette  qualité. 

IKTEXPÈDITION.  f.  f.  Vigilance  dans  les  affaires  qui 
fait  qu'on  ne  les  quitte  pas,  &  qu'on  les  finit  promp- 
tement. Agcndi  celeritas.  Prompte  expédition.  Ce 
Miniftre  eft  un  homme  èi  expédition. 

ÇCF  Expédition  ,  dans  le  Commerce,  fynonyme  à 
dépêches.  Foye~  ce  mot. 

§3*  On  le  dit  généralement  djs  dépêches  ,  foit 
lettres  particulières,  foir  ordres  j  inftrucliojis  ,  foie 
aétes  de  Juilice.  Ce  Courrier  attend  fes  expéditions. 

ifT  Expédition  en  Cour  de  Rome.  Foye^  Expédi- 
tionnaire. 

fier  Expédition  en  Jurifprudence.  C'eft  la  copie  d'un 
a(Ste  ,  ou  la  groffe  tirée  de  la  minute  ,  &c  fignée  par- 
un  Officier  public.  Exemplar  defcriptum.  La  copiée 
n'a  pas  la  forme  exécutoire  ,  comme  la  groffe.  Foy. 
ces  mots.  Il  y  a  auffî  des  expéditions  faites  fur  la 
grolfe.  Ce  font  proprement  des  copies  collationnées 
fur  la  gioffe. 

On  dit  auffî  au  Palais  qu'un  Procureur  figne 
fes  expéditions  ,  quand  il  figne  les  copies  des  adtes 
qu'il  fait  fignifier. 

|CT  Expédition  3  dans  l'Art  Militaire.  Entreprife 
Militaire  ,  marche  d'une  armée  qui  va  commettre 
des  hoftilités  dans  un  pays  éloigné.  Expeditio  Mili- 
taris.  On  le  dit  de  même  des  vaiffeaux  qui  fe  met- 
tent en  mer  pour  quelque  entreprife  particulière, 
pour  le  commerce  ,  pour  des  découvertes ,  &c. 

On  peut  fe  fervir  de  ce  terme  fans  y  ajouter  l'épi- 
thète  militaire  ,  comme  le  recommande  Vaugelas  , 
pourvu  que  la  matière  détermine  le  leéteur  à  une 
entreprife  de  guerre.  Il  ne  s'eft  jamais  vu  d'expédi- 
tions plus  hardies  ,  ni  plus  heureufes  j  que  celles 
d'Alexandre.  Bouh.  L'expédition  de  Cyrus  contre 
Artaxercès.  Ab.  L'expédition  de  Xercès  courte  la 
Grèce  fut  malheureufe.  S.  Louis  alla  en  perfonnc  à 
l'expédition  de  la  Terre-Sainte. Céfar  lui-même  ,  au 
milieu  de  fes  expéditions  dans  les  Gaules  ,  compofa 
deux  Livres  de  l'Analogie  des  mots.  L'Ab.  Rég. 

fpr  On  le  dit  ironiquement  des  entreprifes  ordi- 
naires. Voilà  une  belle  expédition. 

|p°  On  appelle  homme  d'expédition,  un  homme 
hardi ,  entreprenant,  qui  vient  promptement  à  bout 
de  ce  qu'il  entreprend. 

EXPÉDITIONNAIRE,  adj.  m.  Banquier  Expédition- 
naire en  Cour  de  Rome.  Qui  foit  expédier  des  lettres 
&  des  ades  en  Cour  de  Rome,  foit  en  Chancel- 
lerie ,  foit  en  Pénitencerie.  Expcditionarius.  On  a 
créé  en  titre  d'Office  des  Banquiers  Expéditionnai- 
res en  Cour  de  Rome  &  en  légation  d'Avignon.  Il 
eft  auffî  fubftantif  L'Expéditionnaire  en  Cour  de 
Rome. 

EXPELLER.  V.  a.  Vieux  mot  Latin  francifé.  Expel- 
lere.  Chaffer  ,  mettre  hors. 

Par  fa  fureur,  hélas  !  elle  m'expelle  (la  fortune) 
Du  bien  que  j'ai,  Marot  ,  Rond.  1 9. 


EX  P 

EXPELLÉ,  ÉE.  part. 

EXPERIENCE,  f.  f.  Obfervation  exacte  des  faits  & 
des  phénomènes  que  nous  préfente  la  riataie  ,  iSc 
de  ceux  que  nous  créons  noiis-memes,  pac  de  nou- 
velles combinaifons  des  corps,  pour  découvrir  la 
caufe  de  ces  différens  etrets.  Expeiimcntum  ,  cxpc- 
ricntia.  La  Phydque  moderne  elt  préférable  à  celle 
des  Anciens,  en  ce  que  celle  ci  coinmençoic  par 
raifonner  fur  lescaufes  ,  (Se  celle-là  ne  railonne  que 
fur  les  e.vpmV/2Cf^.  Defcartes  ilifoic  qu'il  faifoit  plus 
de  cas  dés  expériences  des  Artifans,  que  des  Ipécu- 
lationsde  tous  les  Dodes.  Il  y  a  un  curieux  R.ecueil 
fait  par  Sturmius,  des  découvertes  &  expérience 
qui  ont  été  faites  en  ce  liècle  ,  intitulé  ,  Collcgium 
expérimentale.  Les  expériences  font  devenues  ii  cé- 
lèbres ,  &  fi  communes  depuis  quelque  temps,  que 
le  mot  èa expérience  eft  devenu  comme  un  terme 
d'art  en  Phylîque ,  &  en  plulieurs  parties  des  Mathé- 
mathiques.  On  dit  d'un  railonnement  qui  paroît 
démonifratif ,  mais  qui  ne  s'accorde  pas  à  ce  que 
l'on  a  vu  :  ce  raifonnement  eft  bon  ,  mais  il  eil  con- 
traire à  l'cJ.v/'^Vie/ztrs.  ïlya  depuis  quelque  temps  des 
gens  curieux  &  oilîfs ,  qui  prennent  le  nom  de  Phi- 
lofophes  ,  &  dont  toute  la  Philofophie  confifte  à 
faire  des  expériences  fur  la  gravité  de  l'air ,  fur 
l'équilibre  des  liqueurs  ,  fur  l'aimant.  M.  Dacier , 
au  commencement  de  fou  difcours  fur  Platon  ,  qui 
eft  comme  la  préface  de  fa  tradudtion  de  Platon  , 
ell  inJigné  de  voir  que  ces  taifeurs  d'expériences 
s'attribuent  le  beau  nom  de  Philofophes. 

ffT  On  le  dit  en  Médecine  dans  le  même  fens, 
des  ditférens  moyens  que  les  Médecins  emploient  , 
pour  connoître  h  l'on  peut  faire  ufige  d  un  remède 
dans  telle  Maladie ,  sil  peut  produire  tel  ou  tel 
effet  \  en  l'appliquant ,  par  exemple  j  fur  le  corps 
des  animaux.  La  Phyfique  &  la  Médecine  ont  be- 
fûin  d'être  aidées  par  les  expériences  que  le  hafard 
feiil  fait  naître ,  ôc  qu'il  n'amène  pas  à  point  nommé. 

FOiNT. 

Expérience  j  eft  audî  uneconnoiiranceacquife  par  un 
long  ufage  ,  jointe  à  la  réflexion  fur  tout  ce  qu'on  a 
vu.  Ufas.  L'expérience  n'eff  autre  chofe  que  les 
idées  qu'on  a  de  tout  ce  qu'on  a  vu,  ou  lu,  fur 
lefquelles  le  jugement  rédéchit  pour  en  faire  un 
bon  ufage.  Sans  le  jugement  &c  fans  la  réflexion  , 
l'expérience  ns  fert  de  rien.  M.  Scud.  Iln'elt  rien  de 
plus  utile  à  l'inftrudion  des  hommes ,  que  de  join- 
dre aux  exemples  des  liècles  palfés  les  expériences 
qu'ils  font  tous  les  jours.  Boss.  La  plus  grande  par- 
tie de  la  capacité  des  homm.!s  n'ell  fondée  que  fur 
leur  expérience  ,  &  ils  raifonnent  rarement  jufte  fur 
la  première  affaire  qui  leur  palFe  par  les  mains. 
S.  REAL.  Il  faut  beaucoup  de  jugement  pour  appli- 
quer l'cv^mV/zce  du  palfé  au  prélent;  les  faits  va- 
rient beaucoup.  Mont.  Malheureufement  l'expé- 
rience ne  vient  qu'avec  l'âge.  S.  Evr.  La  fagelle  eft 
communément  le  fruit  de  l'expérience.  Id. 

UC?  On  le  dit  aufli  dans  le  même  fens  en  Méde- 
cine ,  de  la  connoiflance  acquife  par  dcsobferva- 
rions  fuivies  de  tout  ce  qui  peut  conferver  la  fanté 
ou  la  rétablir  quand  elle  elf  altérée. 

tpy  Expérience  y  Essai  ,  Epreuve  ,  conlîdérés  comme 
fynonymes.  L'expérience  regarde  proprement  la 
vérité  des  chofes  ;  elle  décide  de  ce  qui  ell  ou  de  ce 
qui  n'eftpas;  elle  éclaircit  le  doute,  &  dillipe  l'i- 
gnorance. Elle  confirme  nos  opinions  \  elle  eft  la 
nièrede  la  fcience.  ^oje^  Essai  &  Epreuve. 

On  appelle  homme  d'expérience ,  celui  qui  a  vécu 
&  raifonné  long-temps;  qui  a  vu  i^  lu  beaucoup 
de  cliofes  ;  quiconnoît  tout  le  monde  par  ù  propre 
expérience.  Il  eft  dangereux  d'avoir  à  foutenir  les  ob- 
fervations  d'un  Minilfre  lupérieur ,  par  l'avantage 
du  porte  j  &  par  celui  de  l'expérience.  S.  Evr. 

Expérience  ,  parmi  les  Artifans  &  les  corps  de  mé- 
tier ,  lignifie  un  demi-chef-d'œuvre.  Expcrimen- 
tum  j  tencamen.  Les  Compagnons  afpirans  à  la  Maî- 
trife  font  obligés  de  faire  un  chef-d'œuvre  :  les  fils 
de  Maître  ne  font  qu'une  fimple  expérience  ,  une  lé- 
gère expérience. 


E  X  P 


5?' 


EXPERIMENTAL,  ale.  ad<.  Experïmentdis.  Qui  eft 
fondé  fur   des    expériences.  La  Médecine  eft  une 
Icience  conjecturale  &  expérimentale.  Phyfique  ex- 
périmentale. 
EXPERIMENTER,  v.  a.  Chercher  à  connoître  par  d^i 
expériences  ;  taire  plufieurs  remarques  à:  obferva- 
tions  fur  les  divers  effets  de  la  nature.  Experiri  j 
tenture  -,  jacere  periculuin.  On  expérimente  les  remè- 
des fur  des  perfonnes  de  peu  d'importance. 
Expérimente  ,  ée.  part,  dont  on  fait   l'expérience^ 
Uju  probdtus.  Les  remèdes  les  plus  communs  font 
les  plus  sûrs  ,  parce  qu'ils  font  les  plus  expérimen- 
tés. 
CCT  II  eft  auffi  adj.  &  fignifie  qui  eft  inftruit  par  l'ex- 
périence. Edoélus  uju.  Il  ne  faut  pas  fe  flatter  \  les 
plus  expérimentés  font  des  fautes  capitales.  Il  faut 
s'en  rapporter  aux  gens  expérimentés. 
Expert,   erte.  adj.  Celui  cjui   eft  fort  verfé  daiis 
la  connoillance  d'un  art  qui  s'apprend  par    l'expé- 
rience jointe  à  la  théorie.  Ce  Chirurgien  eft  fore 
expert  en  {on  art.  Expertus.  Matrone  fort  experte. 
Expert,  eft  quelquefois  fubftantif  ,  &    lignifie    un 
homme  verfé  dans   la  connoilfance  d'une  chofe  , 
nommé  par  autorité  de  Juftice  ,  ou  choih  par  les 
parties  intéreffées  ,  pour  examiner  cette  chofe  ,  en 
faire  le  rapport,  &  donner  Ion  avis.  AiJlimatoT .  Il 
faudra  des  Experts  pour  favoir  ii  le  fondement  eft 
ruiné.  Pélisson.  Les  réparations  feront  vifitées  pat 
Expert  &  gens  à  ce  connoilfans.  On  paye  les  fruits 
du  rachat  d'un  relief  au  dire  des  Experts.   Il   faut 
deux  Experts  pour  la  validité  d  un  rapport.  Si  l'une 
des  parties  refufe  de  convenir  d'un  txperc ^  le  Juge 
le  nomme  d'office.  Par  Arrêt  du  Confeil  en    1690  , 
le  Roi  a  créé  un  certain  nombre  d'Experts    Jurés 
pour  chaque  ville  du  Royaume ,  &  50  pour  celle  de 
Paris;  c'eft  à-dire,   15  Architeétes,  &i  1^  Entre- 
preneurs, Maçons  &  Charpentiers,  qui  feuls  peu- 
vent être  nommés  d'office   pour  être   arbitres  des 
conteftations   entre    les   Bourgeois.    Ces    Experts^ 
dans  leurs  defcentes  &  vifiteSj  doivent  être  accom- 
pagnés d'un  Greffier  des  bâtimens  j  dit  de  l'Ecri- 
toire^pour  écrire  la  minute  de  leur  rapport;  & 
lorfqu'ils  ne  conviennent  pas  on  nomme  un  tiers 
pour  décider  la  conteftatior.. 
EXPIATION,  f  f.  Aétion  par  laquelle  on  fouffre  la 
peine  de  fes  crimes.  Expiatio  ,  piaculum.  Les  âmes 
palfent   par    le   Purgatoire  pour   l'expiation  de  la 
peine  diie  à  leurs  péchés. Il  a  été  condamné  à  la  mort 
pour  l'expiation  de  fes  crimes. 
Expiation,  fe  dit  aulli  des  ficrifices  qui  fe  font  à 
Dieu  pour  implorer  fa  miféricorde  ,  Se  la  remif- 
lion  des  péchés.  Sacrijîcia  piacularia. 

La  Fête  de  l'Expiation  ,  chez  les  Juifs  fe  célc- 
broit  le  dixième  jour  du  feptiéme  mois  de  l'année 
Juifve,  quicommençoit  à  l'équinoxedu  printemps  j 
ce  mois  s'appeloit  Tifri  j  &  répondoit  à  peu  près  à 
notre  mois  de  Septembre-  Dieu  ordonne  cette  Fcte 
dans  le  Lévitique  C.  XXIII.  v.  2.7.  jufqu'au  33'. 
En  ce  jour  le  Grand-Prêtre ,  figure  de  Jesus- 
Christ  j  confefloit  fes  péchés  ;  &  après  plufieurs 
cérémonies ,  il  faifoit  l'expiation  pour  tout  le  peu- 
ple ,  pour  les  laver  de  tous  leurs  péchés.  Les  Ifracli- 
tes  ,  félon  l'expreffion  de  l'Ecriture  ,  Lévitique 
XXIII.  xj.  affligeoient  leurs  âmes  ce  jour-là  ;  c'eft- 
à-dire  ,  entroient  dans  des  fentimens  de  compon- 
étion  &  de  pénitence  &  en  faifoient  des  aftes.  C'eft 
par  la  même  raifon  que  Jérémie  XXXVI.  6.  l'ap- 
pelle un  jour  de  jeûne  ,  aulîi  bien  que  Sainr  Paul, 
Aét.  XXVII.  9.  félon  l'interprétation  de  quelques 
Auteurs.  On  oftroit  un  holocaufte  ce  jour-là  &  l'on 
ne  faifoit  aucune  œuvre  fervile.  C'etoit  le  feul  jouf 
que  le  Grand-Prêtre  entrât  dans  le  Sancla  Sanclo- 
rum-y  c'eft-à-dire  dans  l'intérieur  du  Sanétuaira  , 
le  lieu  le  plus  faint  du  Templj.  Après  s'être  lavé, 
il  fe  revêtoit  de  fa  tunique  de  lin  ,  &'  de  fon  habil- 
lement intérieur  de  lin  au/îi,  d'un  ceinturon  & 
d'un  ornement  de  tête  de  fin  lin.  Enfuite  il  penoic 
un  jeune  taureau  roux  pour  l'offrir  en  expiation  dit 
péché  j  &  un  bélier  en  holocaufte.  L'allèmblée  du 


98l  EXP 

peuple  lui  préfentoit  deux  boucs  pour  le  pcchc , 
Hi  an  beliei'  pour  1  oifrir  en  holocaulte.  Il  condui- 
l'oir  les  deux  boucs  à  la  porte  du  tabernacle,  ^ 
jetoit  le  for:  fur  ces  deux  vittimes  en  mettant  deux 
billets  dans  l'urne,  l'un  pour  le  Seigneur,  în:  1  autre 
pour  Azazel ,  c'elt-à-dire,  pour  le  bouc  qui  dévoie 
être  conduit  hors  du  camp  ou  de  la  ville  ^  chargé 
des  péchés  du  peuple,  que  les  Grecs  appellent  izro- 
■atfccc'ic;  j  (k  les  Latins   bouc  émillaire.  Il  immoloit 
pour  le  péché  celui  qui  écoit  deltiné  par  le  fort  à 
être  ofrert  au  Seigneur  ;  &c  réfervoit  celui  fur  le- 
quel le  fort  du  bouc  émilFaire  écoit  tombé ,  &  l'of- 
froit  au  Seigneur.  Enfuite  prenant  l'encenfoir  plein 
du  feu  facré  des  holocauftes  &  d\m  encens  c^u'il 
jetoir  dell'us,  il  entioïc  dans  le  Sanduaire,  y  fai- 
foit  fept  afperfionsdu  bouc  qu'il  avoit  immolé. Il  en 
_fortoit  pour  immoler  à  l'autel  des  holocauftcs,  le 
bouc   fur  lequel  écoit  tombé  le  lort  du  Seigneur, 
portoic  de  fon  fang  dans  le  Sanctuaire,  Se  faifoit 
de  même  fept  afperiions  avec  ce  lang.  Il  revenoit 
enfuite  dans    le  tabernacle  ou   dans  le   Temple, 
y  faifoit  des  afperfions   de  ce  lang  !k  en  arrofoiti 
les  quatre  coins  de  l'autel  des  holocauftes.  Le  Sanc- 
tuaire ,  le  tabernacle  Sc-l'autel  étant  ainli  purifiés , 
le  Grand-i^rètre  le  laifoit  amener  le  bouc  émif- 
fairé,  mettoit  la  main  fur  la  tête  de  cet  animal, 
confelîoit  fes  péchés  &  ceux  du  peuple,  &  prioit 
Dieu  de  faire  retomber  fur  cet  animal   la  peine 
qu'ils  avoient  méritée.  Le  bouc  étoit  enfuite  con- 
duit dans  un  lieu  délert  ,  où  il  étoit  nns  en  liber- 
té, ou  précipité.  Le  Grand-Prêtre  quittant  enfuite 
fes  habits,  fe  lavoitdans  le  lieu  faint,  &  les  rcpre- 
noit  pour  oftrir  en   holocaufte  deux  béliers  j   l'un 
pour  le  peuple  ,  l'autie  pour  loi.  Il  mettoit  fut 
l'autel  la  giailFe  du  bouc  immolé  pour  le  péché, 
après  quoi  tout  le  telle  de  cette  viétime  étoit  porté 
hors  du  camp,  &  bridé  par  an  homme  qui   ne  ren- 
troit  dans  le  camp  qu'après  s'être  punhé  en  fe  lavant. 
Celui  qui  a  voit  conduit  le  bouc  émillaire  en  faifoit  au- 
tant.Telle  étoit  l'expiation  folennelle  pour  toutle  peu- 
ple parmi  les  Hébreux, rapportée  dans  le  Lévitiquc  ch. 
I  ij.  &  autres ,  Se  dans  les  Commentateurs  j  Cour,  de 
l'Hill.  des  Juifs  depuis  J.  C.  jufqu'àpréfent.  Mgr. 
Les  Juifs   aujourd'hui  n'oblervent    plus   ces  céré- 
monies ^  mais  pour  viétime,  ils  offrent  un  coq.  Ils 
jeûnent  depuis  le  premier  jour  du  mois  jufqu'au 
dixième;  ils  prient  beaucoup  j  ils  récitent  fouventi 
la  formule  de  la  confelîion  de  leurs  péchés,  Se  ne 
mangent  point  pendant  tout  ce  temps-là   de  pain 
hiit  par  les  Chrétien^;  j  ce  qui  eft  pour  eux  une  ob- 
fervance  d'une  grande  pureté.  Le  i)^  jour  ils  vont 
de  grand  matin  à  leuts  Ecoles  j  y  chantent  &  y 
prient  be.rucoup.  Enfuite  ils  reviennent  dans  leurs 
maifons.   Tous    les  mâles  prennent   un  coq   entre 
leurs  mains,  les  femmes,  une  poule;  &  celles  qui 
font  grolles ,  un  coq   &    une  poule.  Le  père  de 
famille  en  difant  quelques  mets  de  prières,  frap- 
pe  trois  lois  la  terre  de  la  tête  de  fon    coq ,  une 
lois  pour  loi ,   une  autre  pour  fes  enfans  ,   &  la 
troilième  pour  les  abfens.  Enfuite  mettant  les  mains 
Au  le  coq,  comme  le  prêtre  le  faifoit  fur  la  tête 
du  bouc,  il  le  facrificj  le  rôtit,  &  jette  les  intef- 
tins  fur  le  toit  de  la  maifon,afin  que  les  corbeaux 
les  emportent  dans  le  défert,  comme  on  y  chalfoit 
autrefois  le  bouc  émllfaire.  U'expiadon  faite ,  ils 
vont  prier  à  leur  cimetiète,  &  donnent  le  prix  du 
coq  aux  pauvres  ;  Se  Tayant  ainfi  racheté  de  Dieu  j  à 
qui   il  étoit  otFdrt,ils  le  font  cuire ,  bouillir ,  ou 
rôtir, i3ç  le  mangent,  f^oye^  Baxtozi,Synag.  Jud. 
C  15.  (S' iiS, 

Cet  ufage  des  expiations  pafTades  Hébreux  aux 
Grecs, des  Grecs  aux  Romains  &  autres  peuples. 
C'étoit  en  général  une  cérémonie  religieufe  pour 
purilier  les  coupables  &  les  lieux  qu'on  croyoit 
fouillés,  pour  appaifer  la  colère  des  Dieux,  pour 
purifier  les  fbldats  avant  Se  après  le  combat  :  ce 
iju'on  exprimoit  par  les  mots  ,  expiare  ,  luftrare  , 
puroare  ,  februare.  L'expiation  fe  faifoit  avec  di- 
verfes  cérémonies.  La  plus  ordinaire  étoit  l'ablu- 


EXP 

tion.  On  failoit  des  expiations  pour  les  villes  , 
auiîi-bien  que  pour  les  perfonnes  coupables.  Après 
que  le  jeune  Horace  eut  été  ablous  par  le  peuple 
du  meurtre  de  fa  fœur  ,  il  fut  encore  purifié  par 
toutes  les  expiations  que  les  lois  des  Pontifes 
avoient  prefciites  pour  les  meurtres  involontai- 
res. On  drclfa  deux  autels,  l'un  à  Junon ,  l'autre 
à  Janus  ;  on  y  oiîrit  des  facrifices  ,  &  on  fit  paifer 
le  jeune  Horace  fous  le  joug. 

ifT  Pour  les  Chrétiens  qui  font  lavés  du  fang 
de  r.igneau  fans  tache ,  ils  n'ont  point  eu  d'autres  cé- 
rémonies d'^A-^wrio«  particulière  ,  que  celle  de  l'ap- 
plication des  mérites  de  fon  fang,  laquelle  fe  fau 
par  les  facremens,  ou  feulement  quelques  céré- 
monies ,  comme  l'eau  bénite  ,  qui  ne  font  que 
des  fignes  extérieurs  de  la  purification  intérieure 
qui  fe  fait  en  eux  par  l'opération  du  St.  Efpnt. 

EXPIATOIRE,  adj.  m.  &  f.  Sacrifice  ,  offrande  qui 
fert  à  rendre  pur  Se  net  de  péché.  Piaculare.  Le 
grand  facnfice  expiatoire  a  été  fait  fur  l'arbre  de  la 
Croix  J  &  fe  renouvelle  tous  les  jours  fur  nos  Au- 
tels. Le  Pontife  n'entroit  dans  le  Saint  des 
Saints  qu'une  fois  l'année ,  le  jour  de  la  Fête  des 
Propitiations  ,  Se  précifément  à  l'heure  deftinée 
au  Sacrifice  expiatoire  Goerée. 

EXPIER  V.  a.  Efiacer  les  péchés ,  ou  foufFrir  la  peine 
qu'ils  ont  méritée.  Expiare  ,  piare.  La  mort  a  expid 
tous  f;s  crimes.  Le  Sauveur  en  mourant  a  expié 
tous  les  péchés  des  hommes.  Ma  repentance  doic 
expier  ma  faute.  La  Reine  faifam  un  rigoureux 
examen  de  fes  péchés  ,  les  fA'/'io/V  par  la  pénitence 
&  par  les  aumô'nes.  Boss.  J'ai  fait  le  crime  ,  &  je 
vais  {'expier.  Rac.  Il  a  expié  fon  crime  par  fa 
mort.  Abl. 

Expié  ,  ée.  part. 

EXPILATION.f.  f.  Terme  de  Jurifprudence.  Adion 
de  celui  qui  divertit  &  qui  fouilrair  les  biens  d'une 
fuccellion  avant  qu'aucun  fe  foit  déclaré  héritier. 
Expildtio  J  fubtraclio.  C'étoit  une  efpece  particu- 
lière de  larcin  ,  parcequ'il  ne  peut  y  avoir  de  larcin 
d'une  chofe  héréditaire  qui  n'étoit  polfédée  de 
perfonne  ,  avant  l'acceptation  d'hérédité.  Ainfi  le 
Droit  Romain  a  introduit  l'aétion  à'expilat.ion  d'hé- 
rédité ,  pour  punir  cette  efpèce  particulière  de 
crime. 

EXPIRANT,  f.  m.  Nom  d'une  efpèce  de  raifîn.  Des 
GennefinSjdes  ChalfdatSj  des  Expirans  ,  des  rai- 
fins  Grecs  ,  des  Malvoifies  ,  des  Corinrhes.  La 
Quint, 

1}^  Expirateur,  adj.  Se  f.  Terme  d'anatomie.  On 
appelle  mufcles  expiratcurs  j  ceux  qui  fervent  à 
l'expiration.  Quand  la  conttadion  des  mufcles  iris- 
pirateurs  celfe ,  celle  des  mufcles  expirateurs  com  ? 
mence  Se    produit  Texpiration.  Elem.  de  phyjiol. 

EXPIRATION. f.  f.  fin  du  terme  accordé  ,  jugé,  ou 
convenu.  Exitus  ,  finis  j  terminus.  Il  n'y  a  plus  que 
huit  jours  jufqu'à  ['expiration  du  terme  de  fon  ban- 
nilTement;  ]ai^qu' à.  l'expiration  de  fon  bail. 

Expiration.  Terme  de  Phyfique.  Expiraiio.  Mou- 
vement par  lequel  Tanimal  fait  fortir  Tair  qui 
étoit  entré  dans  les  poumons  par  l'infpiration.  Ex- 
piratio.  \J expiration  eft  la  moitié  de  la  refpiration, 
qui  a  deux  parties  \  favoir,  Vinfpiration ,  celle  par  la- 
quelle l'air  eft  attiré;  &;  l'expiration,  celle  par  laquelle 
il  eft  rejeté.  Dans  le  mouvement  alternatif  d'infpi- 
ration  Se  d'expiration  ,  l'air  fert  à  entretenir  la  cir- 
culation du  fang  dans  les  poumons.  Lémery.  Le 
poumon  ,  dans  fes  deux  mouvemens  alternatifs 
d'infpiration  Se  d'expiration ,  reçoit  l'air  au-de- 
dans,  &  le  rejette  enfuite  au-dehorsj  à  peu  près 
de  la  même  manière  qu'un  fouftlôt.  1d.  Parcequ'il 
y  a  de  l'apparence  que  c'eft  dans  l'inftant  que  l'ait 
eft  comprimé  dans  les  poumons  ,  qu'il  eft  obligé 
d'entrer  dans  Les  vailFeaux  fanguins ,  M.  Du  Ver- 
ney  conclut  que  quoique  Tair  entre  dans  nos  pou- 
mons au  moment  de  l'infpiration,  il  n'entre  dans 
le  fang  qu'au  moment  de  l'expiration, Se  lorfqu'un 
refte  fuperfla  fort  par  la  trachée.  Ainfi  la  véritable 
infpiration,  c'eft-à-dire,  l'entrée  de  l'air  dans  le 


EX  P 

.  fangjferoic  lexpiriicion.  FoîiTEn.  Je.  d.  Se.  lyrti. 
Hijt.f.  4S.  Gi:ï  ,  fi  l'on  appelou  inlpuation  l'en- 
crée tlii  l'air  dans  le  fang  ,  mais  c'c:t  i  entrée  de 
l'air  dans  les  poumons  ,  &  jamais  perloniie  n'a  en- 
tendu autre  choie  par  ce  mor.  i'our  vouloir  due 
du  nouveau  &i  furprendre  j  on  ne  du  louvenc  que 
du  faux.  (^oy.  Poitrine. 

§3- EXPIRATION ,  quand  on  y  joint  le  mot  der- 
nière ,  a  lignihé  la  mort,  v'uje,  terminus.  On  ne  le  du 
plus.  /^oy.  au  mot  morCj  comment  l'air  cil  ex- 
primé de  la  poitiine  pour  la  dernière  fois- 

Expiration.    Terme  de  Théologie.  Sorte  de  produ 
(Aion.  Expiratiû.  Arius  dans  la  lettre  à  Eufébe  de 
Nicomédie,  accufe  quelques  Catholiques  d'avoir 
dit  que  le  verbe  ell  une  cspirucion. 

En  Chymie,  expiration  Iignitie  toute  forte  d'é- 
vaporation  j  &  Icparacion  qui  fe  tau  de  ce  qui  cil 
de  plus  fubtil  dans  cous  les  corps  ,  61  qui  fe  mêle 
dans  l'air. 

|kJ"  expirer.  V.  a.  Faire  fortir  l'air  du  poumon  qui 
y  efl:  entré  pendant  l'infpiracion.  C  eit  le  contraire 
d'afpirer  ou  infpirer.  Exotrare.  On  ne  chante  point 
en  rej'pirant  l'air  ,  on  ne  chante  qu'en  ['expirant. 
DoDART.  Acad.  des  Sci.  1700.  C'elt  le  mo:  primi- 
tif. 

|!C?  Expirer.  V.  n.  Mourir,  rendre  le  dernier  foupir. 
Anim.vn  expirare  ,  edere  fpiritum.  J.  C.  expira  fur 
l'arbre  de  la  Croix.  Cet  homme  ell:  venu  expirer 
dans  fa  patrie  entre  les  bras  de  les  pareus.  Expirei 
de  douleur  6c  d'amour. 


Qu'il  n  aie  en  expiza.nt  que  mes  cris  pour  adieux  Rac 

f/df"  On  le  dit  figurément  des  chofes  morales.  La 
liberté  de  la  République  Romaine  expira  fous  Ti- 
bère. Dès  qu'elle  a  paru,  j'ai  oublié  tout  mon  cou 
rouXj&  mes  reproches  ont  expiré  dans  ma  bouche. 
Dès  que  ma  flamme  expire  jun  mot  la  tau  renaître 
Corn.  _    .< 

EXPIRER,  fignitîe  au iïi  au  figuré  ,  finir /t-cre  à  la 
lin  ,  au  bout  du  tetrae.  Le  terme  de  cette  obliga- 
tion expire  dans  deux  jours,  n  expirera  de  long- 
temps. On  veut  que  la  fubllitucion  foit  expirée  au 
premier  degré.  Pat. 
EXPLETIF,  VE  ,  adj  Terme  de  grammaire  j  qui  rem- 
plit, du  Latin  e-v^'/tre.  txpletivus,  mol  explétif  ,^1):- 
i\.c\i\Qexpletive.On  le  dit  de  certains  mots  qui  encrent 
dans  unephrafe,  fans  être  nécelfaires  pour  l'intel- 
ligence du  lens ,  qui  ne  fervent  qu'à  remplir   le 
difcours ,  donc   le  fens   ne  feroit  pas   moins   en- 
tendu quand  même  le  mot  expletij  n'y  ieroïc  pas 
énoncé.  Ces  mots  explétifs  font  fouvenc  employés 
dans  le  difcours  familier,  où  ils  fonc  purement  oilifs 
&  furabonJans.  Prenez-^oi  ce  flambeau.  Il  vous 
le  prend,  il  voa5  le  traite  comme  il  faut.  yVfo/,CN: 
vous  dans  ces  exemples  fonc  des  mots  explétifs  ,  qui 
n'ajoutent  rien  à  la  valeur   de   la  phrafe.  Notre 
même  ,  ainlî  que  le    met  des    Latins  ,  moi-même , 
egomet ,  font   de  mémz  explétifs.  Vous  êtes  venu 
vous-même  \  vidi  egomet.    Les    mots    explétifs   ne 
font  pas  toujours    oihfs  5    ils  fervent    dans    bien 
des  occalions  à    exprimer  plus  forcement  le  lenti- 
ment  dont  on  eft  affeété. 
EXPLICABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  fô  peut   expliquer. 
Explicacu  faeilis  j    qui  potefl  ejcplicari.  L'Apocaly- 
p(e  eft  explicable  en  plutieurs  fens.   Il  n'eft  pas  11 
■    ulîcé  que  fon  contraire  inexplicable.   Il  eft  même 
moins  en  ufage  dans  l'affirmative  ,  que  dans  la  né- 
gacive.  Ce  palTage  n'efl  pas  explicable 
EXPLICATIF  ,  iVE.  adj.  qui  fer':  à  exnliquer  le  fens 
d'une  chofe.  Commentaire  explicatif.  Aptus  ad  ex- 
plicandum. 
EXPLICATION,  f.  f.  Difcours  par  lequel  on  expli- 
.   que  un  fens  qui  efl  difficile  .à  entendre.  Exphcatio. 
Les  Dictionnaires  fervent  à  V explication  des  mors 
d'une  langue.  'L'Explication  d'une  énigme, d'un  ora- 
cle. Ce  paflage  peut  recevoir  deux  explications  dif- 
férentes. 
Explication  ,  fe  dit  aufli  des  difcours  que  font  les 


EXP  9S3 

Profeiieurs  après  leurs  didiées  ,  pour  en  faciluer 
l'intelligence  a  leurs  Ecoliers. 

On  le  dic  auih  des  gloles  &  commentaires 
qu'on  fau  iur  des  Auceuts  d'imporcance  ,  pour  en 
pénétrer  le  lens.  Les  Pères  onc  donné  plufieurs 
e.vplkations  des  palfages  de  l'Ecriture  ,  des  expaca- 
iions  morales  j  allégoriques,  &:c.  Parmi  les  Calvini- 
lles  chaque  Fidelle  ell  devenu  l'interpière  de  lEcri- 
ture ,  &  croie  que  le  Saine  Efptu  lui  en  dicte 
V explication,  Fl. 

On  appelle  aulli  en  terme  de  verfification  Fran- 
çoile  ,  explication  de  l'allégorie,  les  cinq    ou  fepc 
vers  qui  terminent  la  Ballade  &  le    Chanc    Royal. 
C'ell   ce  qu'on   appelou  autrefois  envoi.  On   m.et 
cecte  explication  après  les  crois  couplets  de  la  Ballade 
îk  les  cinq  couplets  du  Chant  Royal.  On  l'appelle  ex- 
plication de  1  ailcgorie  ,  parceque  le  lujet  de  la  Bal- 
lade ,  în:  fur-tout  du  Chant  Royal ,  elt  pris  ordinai- 
rement de  la  lable,des  mcraino.pholes,ou  de  quel-  t 
que  trait  écLitant  de  l'hittoire  des  Héros ,  d'où  l'on 
tire  à  la  rin  quelque  moralité.  P.  Mourgues. 
(fT  EXPLICATION  ,  fe  du  aulU  d'une  entrevue  dans 
laquelle  celui  qui  croit   avoir  été  offensé    par  un 
autre  ,  demande  qu'on  déclare  li  en   diiant  telle 
chofe  on  avoir  dellein  de  loftenser.  Ce   Cavalier 
eil  allé  demander  l'explication  des  propos  qu'on  a 
tenus  fur  fon  compte. 
Explication  ,  en  termes  de  Phyfique  ,  fe  dit  dans  le 
fens  propre  1^  naturel  defonétymolo;^ie,&  fe  prend 
pour  Etendue  ,  développement  de  quelque   thofe. 
Les  générations  des  plantes  qui  arrivent  dans  la  fuite 
des  temps  ne  font  que  des  explications  de  la  pro- 
duiftion  des  premiers  germes.  LEMtRV. 
EXPLICITE,  .adj  m.  &  f.  Terme  de  l'Ecole.  Clair , 
formel  jdiftinclj  dcvelopé.  Explicitus.  C'eft  le  con- 
traire d'implicite.  Il  y  a  une  volonté  explicite,  qui 
ell   claire  &i    bien  expliquée  par  les  paroles  j  &c 
une  implicite  ,  qui  ne  fe  connoît  que  par  les  fuites 
ne  les  conféquences.  Il  faur  prclerer  Dieu  à  toutes 
chofes;  mais  il  n'ell  pas  nécelfaire  que  cette  préfé- 
rence de  Dieu  à  nous,  &  à  nos  intérêts,  foie  rou- 
jous  explicite.  Fen.  Tous   les  Juifs  n'avoient  point 
•  une   connoilf^nce  expucite  de  Jésus  -  Christ   ; 
mais  ils  en  avoiencdu  moins  une  connoilfance  im- 
plicite. 
EXPLICITEMENT,  adv.  D'une  manière  explicite  ; 
en  termes  clairs  ,  formels  &  précis,  txplicuè.  Ce 
Teftateur  a  déclaré  fa  volonté  explicitement ,  en  ter- 
mes formels ,  il  ne  faut  point  recourir  aux  expli- 
cations. 
EXPLIQUER.  V.  a.  Donner  l'intelligence  d  une  chofe 
difficile  à  entendre,  donc  les  idées  ne    paroiflent 
pas    immédiatement    liées    les    unes    aux   autres. 
Exvlicare,  expliquer  un  ^^i^AgQ  as  l'Ecriture  Saine. 
Souvent  les    commentateurs    n'expliquent    pas  les 
plus  grandes  difficultés.  Le  Roi  a  donné  une  Dé- 
claration pour  expliquer  fon  dernier  Édir. 

On  le  du  aufli  avec  le  pronom  perfonnel  \  fai- 
re entendre  ,  rendre  clair  ce  qu'on  dit.  Cet  hoûi- 
me  n'a  pis  le  don  de  s'expliquer.  On  dic  fouvenc 
dans  le  difcours  familier.  Je  ne  fais  fi  je  m'f.v- 
plique.  Elle  s'expliqua  mieux  par  fes  larmes 
que  par  fes  foupirs.  On  le  du  à  peu  près  dans  le 
même  fens  pour  interpréter.  Cec  écolier  commen- 
ce à  bien  expliquer  fes  auteurs;  il  explique  le  latin 
à  Ifvre  ouvert.  Interprctari. 
Expliquer,  fe  dic  aufli  en  parlanc  des  divers  fens 
qu'on  donne  à  quelques  paroles,  in  varias  partes ,  in 
varios  fenfus  rrahere ,ducere.  Il  n'y  a  guère  de  chofes 
qu'on  ne  puilTe  e.xvUquer  en  bien  on  en  mal.  La 
haine  faic  mal  expliquer  tout  ce  qui  vient  des  gens 
dont  on  croit  avoir  fujec  de  fe  plaindre.  Le  C  h.  d6 
M.  On  explique  diverfement  les  fonges  &  les  éni- 
gmes, les  prophéties.  Un  brave  oblige  fa  partie  à 
s'expliquer  ,  quand  il  lui  demin'le  un  éclaircilfe- 
meiu.  Les  mors  équivoques  fonc  ceux  qui  s'expli^ 
q-uenten  plul;eurs  façons 

On  le  dit  n-ifli  d'iin  ahouchemenc,  d'une  confé- 
rence qu'on  fait  pour  confon>mer  une  affaire.  Ces 


:S^4  EXP 

Miniftres  fe  font  vus ,  &c  fe  font  expliques. 

Il  fe  dit  aufli  des  déclarations  que  l'on  fait  de 
fes  fentimens ,  de  fes  penfées.  lis  ne  s'en  exp/i- 
quent  pas  à  nous,  à  peine  s'en    expliquent- ils  à 

eux-mêmes.  Peliss. 

fCF  Ce  verbe  s'emploie  quelquefois  comme  fy- 
nonyme  d'enfeigner  ,  donner  des  leçons.  C'eft  en 
ce  fens  qu'on  dit  d'un  maître  qu'il  explique  la 
Sphère,  la  Géographie,  ôcc. 

Expliqué  ,  ée.  part. 

£XPLOIT.  f.  m.  A6lion  grande ,  fignaice ,  mémora- 
ble. Facinus  magnum  &  memorabiLe  ,  res  pr&clara  , 
pr&darè  gefta.  U  fe  dit  principalement  des  actions 
quefaitunCapitaine,uii  Général  d'armée.  Alexandre 
&  Céfar  ont  fait  de  grands  exploits  de  guerre.  Les 
Hiftoriens  ont  écrit  les  grands  exploits  des  Capitai- 
nes de  l'Antiquité. 

Grand  Roi ,  qui  par  toi-même  illujlfe  , 
De  ton  mérite  feul  emprunte  tout  ton  lujlre  y 
Et  parois  encore  plus  grand 
Partes  exploits  que  par  ton  rang. 

0«  s'ennuie  aux  exploits  d'un  Conquérant  vulgaire. 

BoiL. 

Bien  fouvent  il  m'éveille  au  bruit  de  fes  exploits. 

1d. 

Pourquoi  nous  vanter  lafageffe 
Des  Héros  de  F  Antiquité  ? 
Ceft  à  leur  jolie  vanné 
Qu'on  doit  tous  les  exploits  de  Rome  &  de  là  Grèce 

L'Ab.  Têtu. 

Pour  fe  railler  de  celui  qui  a  fait  quelque  chofe 
oial-à-propos  j  on  dit  figutément ,  Vous  avez  fait 
là  un  bel  exploit. 

^3"  Exploit,  en  Jutifptudence,eft  un  ade  par  lequel 
quelqu'un  eft  ajourné  ou  adignépardevant  un  Juge 
compétent  ,  pour  être  condamné  à  donner  ou  payer 
au  demandeur  ce  qu'il  lui  doit ,  ou  faire  &  exécuter 
ce  qu'il  lui  a  promis.  Denunciatio.  On  le  dit  généra- 
lement de  tous  les  ades  qui  fe  font  par  les  Sergens  j 
tant  judiciaires  ,  qu'extrajudiciaires  ,  fommations  , 
commandement,  failles,  évc.  mais  ce  mot  s'applique 
patticulièrement  aux  ades  qu'on  appelle  ajourne- 
ment,vj(^i/7zo«ittm.^.  Ajournement. Unex/7/oird'af- 
fîgnation.  Un  exploitas  demande  doit  êtte  libellé.  Un 
exploit  de  faille  &  d'exécution  ;  ex/^/o/rd'emprifon- 
nement ,  d'offres ,  de  fommation.  Les  exploits  doi- 
vent être  fignés  du  Sergent  &  de  deux  Records ,  & 
contrôlés.  On  dit  au  Palais,  qu'un  Avocat  viendra 
au  premier  jour  à  l'Audience  à  peine  d'exploit , 
dont  le  profit  fera  jugé  fur  le  champ.  Souffler  un 
exploit,  c'eft  ne  point  donner  à  la  Partie  de  copie  de 
l'exploit,  enforte  qu'elle  n'ait  aucune  connoilfance 
de  l'aÛîgnation.  Ce  terme  vient,  dit-on  ,  du  Latin 
explicare  j  quod  expedire  ,  conficere  ,  &  peragere  fig- 
nificat.  Ainh  exploiter  j  c'eft  faire  ,  agir  &  accom- 
plir. D'autres  le  font  venir  du  Latin  placitum  ,  par 
corruption  ,plaitum\  en  François  plet  pour  plaid. 

EXPLOITABLE,  adj.  m.  &  f.TermedeJurifprudence. 
Qui  peut  être  fai(î ,  exécuté  &  vendu  par  autorité 
de  Juftice.  On  oblige  par  les  baux  le  locataire  d'une 
maifon  de  la  garnir  de  meubles  exploitables ,  pour  la 
fîireté  des  loyers. 

|Cr  Exploitable  ,  en  termes  d'Eaux  &  Forêts  &  de 
Commerce  ,  fe  dit  des  bois  qui  ont  l'âge  requis, 
pour  être  coupes,  façonnés  &  débités- 

Exploitable  ,  fe  dit  aulïïdes  fermes  qui  font  en  bon 
état ,  qu'on  peut  faire  valoit.  Tous  les  bâtimens  de 
cette  Seigneurie  lont  en  ruine.  La  ferme  n'en  eft  pas 
exploitable  ,  Ç\   on  n'y  fait  beaucoup  de  réparations. 

EXPLOITANT,  adj.  m.  Qui  fait  des  exploits.  Capax 
obeundi  muneris  y  denunciandi  ,  conficiendi  acïa ,  &c. 
C'eft  la  qualité  qu'on  donne  ordinairement  auxSer-i 
gens.  Les  HuiiTiers  du  Confeil ,  les  Huilfiers  du .' 


E  X  P 

I  Châtelet  de  Paris  j  font  e.yploitans  pat  tout  le 
Royaume  de  France. 

C'ejl  un  des  Sergens  de  la  Mort  y 
Exploitant  jD^r  tout  ce  bas  monde  ^ 
Qui  jaifant dans  Paris  la  ronde , 
hnpajjant  eji  venu  m  avertir  de  mon  fort. 

Pavillon. 

'EXPLOITATION,  f  f  Terme  de  Jurifprudence. 
L'adion  d'exploiter  des  terres ,  des  bois  j  des  biens. 
Procuratio ,  adminijlratio.  Ceux  qui  autrefois  étoienc 
envoyés  pour  connoître  des  abus  qui  fe  commet- 
toientdans  l'ufage  j  ou  l'exploitation  des  bois  ,  fu- 
rent nommés  Inquifitores Joreflarum.  De  la  Mare. 

EXPLOITER.  V.  n.  Donner  des  exploits  j  des  aflîgna- 
tions.  Denunciare.  Les  Sergens  des  Juftices  ordinai- 
res ne  peuvent  exploiter  que  dans  leur  relïbrt.  Ce 
Sergent  exploite  ,  exécute  ,  verbalife  bien. 

On  dit  proverbialement  en  ce  fens ,  A  mal  ex^ 
ploiter ,  bien  écrire  \  pour  dire  ,  que  quand  les  Ser- 
gens ont  fait  des  fautes  dans  leuis  exécutions,  ils 
Iqs  couvrent  en  faifant  des  faux  exploits  auxquels  on 
ajoute  foi. 

Exploiter,  v.  a.  Se  dit  des  fermes  &  biens  de  campa- 
gne qu'on  fait  wa.\o\ï.  Prucurare,  Ce  Fermier  ne  peuc 
exploiter  par  fes  mains  qu'une  terre  à  deux  charrues, 
il  doit  donner  les  auttes  à  fetme.  On  dit  aulli ,  Ex- 
ploiter des  bois  ,  pour  dire ,  Abattre  ,  façonner,  & 
débiter  des  bois  dans  la  forêt.  Ce  Marchand  de  bois 
n'a  que  cinq  ans  pour  exploiter  toute  cette  fotêt. 

De?  Exploiter,  c'eft  faire,  agir  &  accomplir.  Ainlî 
exploiter  unQ  terre,  c'eft  la  cultiver  &  en  percevoir 
les  fruits. 

IJCF  Dans  ce  fens,  on  dit  en  Jutifptudence  Féodale  j 
exploiter  le  Fief  du  Vaflal  j  en  parlant  du  Seigneur, 
qui  jouit  par  fes  mains  du  Fief  de  fon  Vaffal ,  qu'il 
a  faifi,  faute  de  foi  &  hommage,  dont  il  recueille 
les  fiuirs  pendant  la  faille  ,  Jiucî'is  facitfuos.  Quel- 
ques-u.As  prétendent  qu'on  appeloit  en  vieux  Fran- 
çois expiées  ,  ou  exploits  ,  les  fruits  &  revenus 
d'une  tetre  ,  d'où  eft  venu  le  mot  d'exploiter  en 
ce  fens  :  &  les  Auteurs  de  la  baffe  Latinité  ont  die 
expletum  ,  expletium ,  &  expletare  en  la  même  ligni- 
fication. 

On  dit  aufli  de  ceux  qui  mangent  de  bon  appétit  i 
qu'ils  exploitent  J  qu'ils  officient  bien.  Conficere. On. 
le  dit  auill  en  d'autres  affaires.  Vous  avez  vraiment 
bien  exploité ,  vous  avez  fait  une  belle  befogne.  Il 
ne  fe  dit  en-ce  fens  que  parplaifanterie.  On  dit  des 
Voleurs  de  grand  chemin  ,  qu'ils  exploitent  les  paf- 
fans.  Nous  nous  mîmes  à  exploiter  {ut  les  grands 
chemins. 

Exploité,  ée.  part.  &  adj. 

EXPLOITEUR,  f.  m.  Celui  qui  exploite.  Denun- 
ciator. 

Ce  mot  d'exploiteur  fe  trouve  dans  quelques 
Coutumes. 

EXPLORATEUR,  f!  m.  Efpion  eft  le  terme  ordinaire; 
mais  il  y  a  des  mots  inufités  qui  ont  quelque  chofe 
de  noble  &  de  hardi  qui  plaît  d'abord:  il  femble 
que  l'ufage  ait  tort  de  ne  les  pas  recevoir.  Explora- 
teur paroîr  affez  de  ce  caradère.  Je  crois  qu'un  pea 
d'adrelfe  à  le  produire  lui  feroit  faire  aifément  for- 
tune, &  que  l'ufage,  tout  tyran  qu'il  eft,  felaifle* 
roit  fléchir  en  fa  faveur. 

tfT  On  peut  ajouter  que  le  mot  d'explorateur 
paroît  annoncer  des  fondions  plus  nobles  &c  plus 
diftinguées  que  celui  d'efpion.  Il  convient  à  celui 
qu'on  envoie  dans  les  Cours  Etrangères,  pour  en 
découvrir  les  fentimens,  la  manière  de  penfer,  les 
fecrets  du  Miniftéte,  &c.  Ce  Miniftre  a  employé 
d'habiles  explorateurs  tn  cette  Cour.  Il  femble  qu'on 
pourroit  encore  l'appliquer  à  celui  qu'on  envoie  à 
la  découverte  d'un  pays ,  pour  en  connoître  la  /îtua- 
tion ,  l'étendue ,  &c. 
Ip-EXPLORATION.  1.  f.  Terme  de  Médecine.  Ac- 
tion de  tâter  le  pouls ,  pour  connoître  fi  une  per- 
fonne  ade  lafièvrcj  &  à  queldegré.Les  Anciens  dé- 

finiiToienc 


EXP 

finiiroient  la  fièvre  par  l'augmentatiûri  de  la  cha- 
leur ,  &  ne  la  connoilîoienc  pas  jufqa'à  ce  figne , 
avant  que'  l'ufage  de  décermiiier  la  prétence  î^  fes 
degrés  par  Vexploration  du  pouls  fe  Ku  mcroduk 
daiis  l'air.  Venel. 

EXPLOSION,  f.  f.  Terme  de  Phyfique  ,  qui  le 
dit  du  bruit  que  fait  l'air  challé  &  dilaté  avec  vio- 
lence -y  de  l'air  qui  étant  rellerré ,  le  dilate  tout- 
d'un-coup  avec  force. 

On  le  ditauflidu  bruit, du  mouvementfubit  &:im- 
pétueu.x  que  fait  la  poudre  à  canon  ,  l'or  fulminant, 
&  les  autres  mélanges  de  falpctre  &  de  foufre  , 
quand  ils  s'enflamment,  /r'.v/i/o/i'o.  Col.  de  Vilars. 
Les  mouvemens  prompts  qui  fefont  dans  les  corps 
humains  ,  s'y  font  par  voie  à'explojion  ,  comme 
ceux  qui  fe  font  dans  les  armes  à  feu.  Journ.  des 
Sav.  \~iio.p.  643. 

Le  fcl  marin  n'a  pas  une  force  d'explojlon  ,  com- 
me celle  des  autres  quand  ils  font  enllammés.  De 
BuFFON  Trois  drachmes  d'efprit  de  fel  ammoniac  , 
fur  autant  d'efprit  de  nitre,  mifesdans  des  vailFeaiix 
léparés  fous  le  récipient  de  la  machine  pneumati- 
que,  ont  toutes  les  deux  fumé  tandis  que  l'on 
pompoit  ;  &.  après  que  l'on  eut  pompé  l'air,  aulli- 
tôt  que  l'on  verfoit  l'efprit  de  nitre  fur  celui  de  fel 
ammoniac  j  il  fe  faifoit  dans  l'inftant  une  explo- 
fion  qui  difpL-rfoit  une  partie  de  la  liqueur.  Id.  Ce 
mot  elfpiis  du  Latin  explofio  ,ç^\  vient  à'explodere^ 
Poulfer ,  cliaifer  avec  force. 

EXPOLITION.  f.  f.  Figure  de  Rhétorique  ,  qui  ex- 
plique une  même  cliofe  par  diliérentes  plirafes  & 
expredions ,  pour  la  faire  mieux  connouie.  txpo- 
licio  ,  exornaùo.  Vexpolicion  étoit  la  figure  favorite 
de  Balzac.  Pour  peu  qu'on  foit  fair  au  ftyle  de  l'E- 
criture, on  fait  que  ce  n'eft-là  qu'une  expoitnon  , 
pour  parler  avec  les  Maîtres  de  l'art  j  c'eft-à-dire, 
une  figure  par  laquelle  l'auteur  facré  explique  la 
même  chofe  en  difiérens  termes  fynonymes  :  l'Ecri- 
ture eft  pleme  de  ces  fortesde  figures ,  &  je  ne  penfe 
pas  qu'elle  en  ait  de  pliis  ordinaires.  P.  Souciet 
Disert,  p.  408. 

EXPONCE,  f.  f.  Terme  de  Jurifptudence.  C'eft  une 
efpèce  d'abandonnement  ou  déguerpiilement ,  & 
un  ade  par  lequel  le  détenteur  d'un  héritage  chargé 
de  rentes  ou  de  redevances  foncières  ,  l'abandonne  , 
&c  en  fait  remife  à  celui  à  qui  la  redevance  ,  ou  la 
rente  foncière  ell;  due  ,  pour  par-là  demeurer  quitte 
de  ladite  cedevance  ou  rente.  Le  mot  exponce  pa- 
roît  venir  à'expunclio  ,  ioïvnià'expuncere  ,  effacer. 
Par  V exponce  ,  on  fe  prive  foi- même  de  ce  qu'on 
polfédoit  avec  titre  ,  fondement  &  droit  j  auquel 
on  renonce  ,  parce  qu'il  devient  plus  onéreux 
qu'utile. 

EXPONENTIEL ,  elle.  adj.  Terme  d'Algèbre.  Ex- 
ponentialis  ,  e.  On  dit  une  courbe  exponentielle ,  une 
équation  exponentielle  ,  une  quantité  exponentielle. 
Une  courbe  exponentielle ,  eft  une  courbe  qui  fe 
détermine  par  une  équation  exponentielle  ^  &  une 
équation  exponentielle  eft  celle  où  il  entre  quelque 
quantité  exponentielle  \  &  une  quantité  exponen- 
tielle eft  celle  qui  a  un  expofant ,  ou  qui  eft  élevée 
à  une  puilfance  quelconque.  Aind  en  génétal  expo- 
nentiel eft  ce  qui  a  un  expofant  indéterminé  &  inva- 
riable ,  ce  qui  eft  élevé  à  une  puilfance  marquée 
par  un  expofant.  On  dit  aufli  calcul  exponentiel. 
C'eft  la  méthode  de  trouver  les  différences  des 
quantités  exponentielles  ,  Si  la  femme  de  ces  diffé- 
rences. La  quantité  exponentielle  eft  une  puilfance 
dont  l'expofantcft  variable. 

EXPORLE.  Ancien  terme  ,  déclaration  de  cens.  Droit 
d'expor/e  ,  droit  de  déclaration  dû  à  un  Seigneur 
par  un  cenfiraire.  Profeffîo. 

^  EXPORTATEUR,  f.  m.  Qui  s'occupe  de  l'expor- 
tation des  grains  ,  des  matchandifes.  L'Ami  des 
Hommes  s'en  eft  fervi  dans  ce  fens.  Les  Anglois 
gratifient,  aux  frais  de  l'Etat,  \e^  Exportateurs  des 
grains.  Je  trouverois  plus  raifonnable  de  gratifier 
Y  Importateur  qnn  l'Exportateur.  Ce  terme  paroît  né- 
cenaire.  . 

Tome  III, 


EXP  98J 

IP;  EXPORTATION,  f  f.  Terme  de  Commerce.  Ac- 
tion de  tranf porter  ou  d'envoyer  des,  marchandiiés 
d'un  Etat  dans  un  autre  ,  foit  que  ces  marchandiiés 
foient  du  cru  du  pays  ,  foit  qu  on  au  tiré  d'ailleurs 
les  matières  premières  pour  les  fabriquer  &  les 
mettre  en  œuvre,  txportatio. 

fC?  EXPORTER,  v.  a.  Tranfporter,  envoyer  des  mar- 
chandifes  dans  les  pays  étrangers.  Terme  nécclfaire 
pour  expruner  cette  branche  du  commerce.  Fxpor- 
tarc. 

Si  l'on  veut  favoir  comment  6c  jufqu'à  quel  point 
une  nation  s'cft  erarichie  depuis  un  ficelé  j  les  re- 
giftres  &  les  exportations ■çt\xst::m  l'apprendre.  Faire 
des  lois  contre  l'exportation  de  l'argent ,  défendre 
qu'on  ne  le  porte  hors  d'un  Etat ,  d'un  Royaume. 
Obf.  furies  ccr.  mod.  tom.  22. p.  2çS. 

1/3°  EXPOSANT,  ANTE.  Se  dit  généralement  ,  en 
termes  de  Pratique,  de  celui  qui  expofc  fcs  raifons 
&  fes  prétentions  dans  une  requête  ou  acie  fcm- 
blable. 

On  le  dit  de  même  en  ftyle  deChancelleiie  ,  de 
celui  qui  demande  des  Lettres  ,  &c  auquel  elles  font 
accordées.  Reus  ,  cujus  res  eft.  Le  Roi  veut  qu'on  re- 
mette ï expofant  en  1  état  où  il  étoit  j  fi  ce  qu'il  expofe 
eft  véritable. 

1^  Exposant,  f.  m.  Terme  d'Arithmétique.  C'eft 
ainfi  qu'on  appelle  un  nombre  qui  expofe  le  rapport 
de  deux  autres  nombres.  Ainfi  3  eft  Xexpofant  du 
rapport  de  1 1  à  4. 

En  Algèbre  j  on  appelle  expofant ,  le  nombre  q»i 
marque,  qui  exprime  le  degré  d'une  puiflànce.  Les 
produits  1  a  J  i2^  ,  dî  ,  û4  ,  is:c.  qui  viennent  de  la 
multiplicasjon  d'une  grandeur  ^par  l'unité  j  &  en- 
fuite  de  la  grandeur  a  par  elle-même  j  puis  du  pro- 
duitiz^  para,  &:  du  produit  tz  par  a  &  ainfi  de  fuite  à 
l'infinijs'appellent  lespuilLancesdecette  grandeur.  lû, 
que  l'on  peut  aufti  maiquer(r7,,eft  la  première  puilfan- 
ce ,  ou  la  puiffance  linéaire  as  a  :  a^  la  îeconde 
puilLince  j  qu'on  nomme  aulli  le  carré  de  û  :  a^  la 
troifième  puilfance >  qu'on  nomme  aufti  le  cube 
deû  :  a'^  la  quatrième  puilfince  :  a''  la  cinquième  j 
&    ainfi    de    fuite    jufqu'à    l'infini.  Les  nombres 

1  ,  2,5,4,  &c.  que  l'on  met  à  droite  àca  ,  un 
peu  au-deffus  j  s'appellent  les  expofans  des  puiffan- 
ces  :  ainfi  i  eft  Xexpofant  de  la  première  puilfance  , 

2  celui  de  la  féconde  puiffance  ,  j  eft  ïexpoJantAQ 
la  troifième  puiffance  ^  &  ainfi  des  autres.  On  die 
aufli  que  ctsexpofans  marquent  les  degrés  des  puif- 
fances:  ainfi  ai  eft  la  puilfance  de  a  du  premier 
degré;  a^  la  puiffance  de  a  du  fécond  degré,  &c. 
Reyneau-  Il  en  eft  de  même  dïs  nombres  détermi- 
nés :  c'eft-à-dire,  fi  au  lieu-de  a  nombre  déterminé, 
l'on  met  2  ,  ou  quelqu'autre  nombre  déterminé  que 
ce  foit.  Ainfi  2^  eft  la  féconde  puiffance  de  2,  &:  z 
fon  exposant -y  zî  eft  la  troifième  puiffance  de  2  , 
&  ?  en  eft  l'expofant ,  iS:  de  même  24  ,  z'  ,  2^  j  &cc. 
à  l'infini. 

Une  grandeur  linéaire  ou  d'une  fimple  dimen- 
fion ,  eft  toute  élevée  à  la  puiffance  que  marque 
l'expofant ,  lorfque  cet  expofant  cû.  écrit  au  haut  de 
cette  grandeur  à  la  droite.  Ainfi  2''  ou  a"^  eft  la 
grandeur  de  2  ou  a  ,  élevé  à  la  feptième  puiffmce. 
Maisquand  la  grandeur  eft  de  plufieurs  dimenfijns, 
comme  aè  ,  ahbc ,  ou  quand  elle  eft  complexe, 
comme  a-+-b  ,  a^  ^  hd  ,  &  que  fans  l'élever  à  une 
puilfance  ,  par  exemple  ,  à  la  troifième  ,  on  veut 
cependant  marquer  qu'elle  y  eft  élevée  ,  on  rire  fur 
cette  grandeur  une  ligne ,  qui  la  couvre ,  ëc  l'on 
écrira  l'extrémité  de  cette  ligne,  vers  la  droite, 
l'expofant  de  la  puiffance  à  laquelle  on  veut  mar- 
quer que  cette  grandeur  eft  élevée.  Ainfi  ab  —  '  ^ 
abtc  ,  =  '  a+  b  ,  a^  +  b  1^  expriment  que  l'on  con- 
çoit chacune  de  ces  grandeurs  élevées  à  la  troifième 
puiffance.  Id.  S.  de  Ca/c.n.  144. 
EXPOSÉ  ,  f.  m.  Se  dit  au  Palais ,  du  narré  d'un  fait 
contenu  dans  une  requête  ,  dans  les  lettres  de  Clian- 
ceWeùc.  Narrutio  ,  expofitlo.  Quand  l'f.v^o/è  d'un 
partie  ne  fe  trouve  pas  conforme  à  fes  titres,  au 

I i  i  i  ii 


ux 


9S 


G       .  E  X  P 

inrorinations  ,  on  la  déboute  de  fes  demandes.  Ceux 
qui  obtiennenc  des  difpenfes  fur  des  expofts  qui  ne 
loni  pas  llnceies ,  n'obtiennenc  lien  qui  les  mette 
à  couvert ,  ni  qui  les  délie  au  jugement  de  Dieu  , 
quoiqu'ils  paroiHent  libres  au  ju^cinenc  des  hom- 
mes. Abbé  DE  LA  Trape. 

EXPOSER.  V.  a.  Mettre  une  chofe  à  la  vue  du  public  -, 
faire  voir,  découvrir,  montrer.  Exponcrc  ^  propo- 
nere.  On  expofe  les  malfaiteurs  ou  banqueroutiers 
au  carcan  ,  au  pilori ,  à  la  rilce  publique.  Les  meu- 
bles qu'on  vend  à  l'encan  par  autorité  de  Jultice 
doivent  être  expofés  en  place  publique  &  à  l'heure 
du  marché. 

^CTDans  le  Commerce  ,  on  dit  expoferana  mar- 
chandife  en  vente,  c'eft  i'étaler  dans  la  boutique  , 
Vexpoftr  à  la  vue  du  public  ,  afin  qu'elle  puille  êirt 
vendue.  Expojir  des  tableaux  en  vente.  C'eit  aulîi 
annoncer  la  vente  de  quelque  choie  par  des  affiches 
publiques.  Expo/er  en  vente  une  mailon,  une  terre. 
Porter  des  marchandifes  dans  les  mailons  pour  les 
vendre  ,  c'eft  proprement  colporter. 

On  dit  aulîi ,  qu'on  expofe  le  S.  Sacremenr  j  quand 
on  le  fait  voir  au  public  &  qu'on  Vexpofe  à  la  véné- 
ration àes  fidèles.  On  dit  aufli ,  qu'on  expofe  un 
Prince  déhint  à  la  vue  du  peuple  dans  fon  lie  de  pa- 
rade. Expojer  l'état  de  fa  confcience  à  Ion  Confef- 
feur.  Expofer  le  fait  de  fa  caufe.  Le  Mait.  Expofer 
de  la  fauffe  monnoie,  c'eft  débiter  de  la  faulTe  mon- 
naie, répandre  de  la  fauffe  monnoie  dans  le  com- 
merce. Ac.Fr. 

§Cr  Exposer  ,  fc  dit  auftî  des  enfans  que  les  pères  & 
mères  abandonnent  &  laiflênt  dans  des  rues  &  dans 
quelqu'aurre  endroit,  foit  pour  fe  décharger  de  leur 
nourriture  ,  loit  pour  éviter  la  honte  que  pourroit 
leur  caufer  la  nailfance  de  cet  enfant,  s'il  n'eft  pas 
légitime.  Projicere.  Ce  crime  étoit  autre! ois  puni 
de  mort.  Mais  on  s'eft  un  peu  relâché  de  cette  ri- 
gueur ;  on  fe  contente  de  faire  fouetter  &  Hétrir 
ceux  qui  en  font  convaincus.  Ferr. 

le?  Du  temps  des  anciens  Payens  on  expofoit  les 
enfans  en  les  mettant  dans  un  lieu  fauvage  &  écarté 
pour  s'en  défaire. 

Exposer  ,  fe  die  encore  de  la  fituation  d'une  chofe,  & 
du  côté  vers  lequel  elle  eft  tournée.  Opponen.  Cette 
chambre  eft  exp-ofée  au  nord.  On  dit  figurémentd'un 
homme  qui  eft  dans  un  grand  pofte  ,  qu'il  eft  expofe 
au  grand  jour. 

Exposer,  feditaufli  de  ce  qui  eft  fans  défenfe.  Obji- 
ccre.  Cette  maifon  eft  fort  élevée,  &  en  belle  vue  j 
mais  elle  eft  expofée  aux  quatre  vents ,  ou  aux  gran- 
des chaleurs  du  foleil.  Cette  ville  eft  frontière  &  dé- 
mantelée ,  elle  eft  expofée  aux  infultes  de  tous  les 
gens  de  guerre  qui  palfent. 

§Cr Exposer,  mettre  en  danger,  mettre  au  hafard. 
In  periculum  adducere  ,  perkulo  objicere.  Expofer  fa 
vie  pour  le  bien  de  l'Etat.  Expofer  fon  honneur ,  fa 
réputation. 

s'Exposer  ,  Courir  le  danger ,  fe  mettre  au  hafard 
d'une  chofe.  Adiré  periculum  ^  offerre  fe  difcrimini. 
Ce  Prince  s  expofe  trop  ,  il  va  au  feu  comme  un  fol- 
dat.  Un  Auteur  s  expofe  beaucoup  ,  quand  il  donne 
quelque  chofe  au  public.  Ceux  qui  font  dans  les 
grands  emplois  font  expofés  à  la  haine  &  à  l'envie. 
Le  monde  eft  aujourd'hui  li  raffiné  ,  qu'on  y  eft 
fouvent  eAT^o/ê' à  être  pris  pour  dupe.  Bell.  Les  pé- 
rils à  quoi  les  braves  font  expofés  méritent  bien 
qu'on  leur  cède  le  pas.  S.  Evr.  Les  perfonnes  fages 
ie  favent  bon  gré  de  n'être  point  expofées  au  dé- 
goût &  au  repentir  ,  qui  fuivent  d'ordinaire  les 
plaifirs.  In.  La  vertu  eft  expofée  à  la  vanité  fur  le 
théâtre  du  monde.  Il  eft  bien  dangereux  d'être  ex- 
pofée àl'importunité  d'un  foupirant  qui  eft  aimable. 
Bell.  Ceux  qui  font  dans  une  place  élevée  ne  fau- 
roient  guère  fe  cacher  :  leurs  aftions  font  plus  ex- 
pofées à  la  cenfure.Io.  Il  y  a  de  la  folie  à  croire  que 
Dieu  nous  délivre  d'un  danger  où  nous  nous  expo- 
fons  volontairement.  Nie. 

Exposer,  fignifie  auffi  j  Interpréter.  ExpUcare ,  in- 
terpretari.  C«  Commentateur  expofe  fort  bien  fon 


E  X  P 

texte:  il  a  expofe  clairement  la  difficulté  de  ce  paf- 
fage.  Dans  ce  lens  il  eft  vieux. 

Exposer  j  fi'^nihe  encore.  Narrer ,  réciter ,  déduire 
un  fait.  Expojer  fa  penfées  ,  les  intentions  ^  le  lai- 
lons.  Expojer  l'état  de  l'atfaire.  Dans  les  requêtes 
pour  des  lettres  de  grâce ,  il  faute.v^cjyêrle  fait  con- 
tormément  aux  intormations.  Quand  on  c\x/7cyé  faux 
au  Pape,  l'iuipctration  eft  nulle  &  fubrepnce. 

ExpOiE  j  EE.  part.  &  adj.  Expoftus  ,  pro/eaus.  Profa- 
it^rn'eft  pas  un  de  ces  enfans  expufs,  dont  on  ne 
connoit  ni  le  père  ni  la  mère.  Bouii. 

On  dit  en  termes  de  Jardinier  j  Un  mur  bien  ex- 
pofe ,  un  mur  mal  expofe  ,  un  mur  exp-Je  au  midi, 
au  levant,  &c.  ^oye^  Exposition. 

nXPOilTEUR.  f.  m.  EXPDSITRICE.  f  f  Celui  ou 
celle  qui  diftribue  la  faulfe  monnoie  ,  &  qui  eft 
d'intelligence  avec  les  faux  Monnoyeurs.  Termes 
inufiiés. 

EXPOSITION,  f  f  Adion  d'expofer  ,  de  faire  voir 
en  public.  Expoftio.  Expoftion  de  marchandifes  , 
de  meubles  ,  &c.  Lexpo/ition  ,  le  débit  de  la  faulfe 
monnoie ,  eft  un  crime  capital.  V expoftion  au 
Saint- Sacrement  ne  fe  doit  point  faire  fans  permif- 
lion  de  l'Evêque. 

Exposition  ,  fe  dit  auffi  des  enfans  abandonnés.  Pro- 
jeclio.  Un  Commilfaire  fait  fon  procès- verbal  de 
{'expoftion  d'un  enfant  j  &  puis  il  le  fait  porter  aux 
Enfans  trouvés.  Les  expoftions  des  enfans  font 
cruelles  &  oïdinaires  parmi  les  Chrétiens.  Le  MaÎt. 
f^oje^  Exposer. 

Exposition  ,  fignifie  aufli ,  Interprétation.  Explicatio. 
Les  Saints  Pères  ont  fait  plulieurs  expoftions  de 
ce  palfage  de  la  Bible  ,  des  interprétations  diffé- 
rentes. 

Exposition,  fedit  aufli  d'un  narré  ,  d'un  récit.  Nar- 
ratio.  Ce  Rapporteur  nes'eft  pas  contenté  d'uns  fim- 
pie  expoftion  Se  déduction  du  tait  de  ce  procès  ,  il 
en  a  relevé  juiqu'aux  moindres  circonftances.  Ce 
Voyageur  nous  a  fait  une  expoftion  naïve  &  fincére 
de  (es  aventures.  Quelle  grandeur  Se  quelle  éléva- 
tion ne  faut  il  point  dans  le  Ityle  ,  quelle  netteté 
dans  re;;Cjt'ci/rr/C)/z, quelle  précifion  Ik.  quelle  brièveté 
dans  la  narration  !  Le  P.  Dan. 
*f3"  L'Exposition  ,  en  Rhétorique,  eft  une  figure 
par  laquelle  un  fait  voir  une  propofition  par  tous 
les  jours  &  routes  les  faces  différentes  dont  elle  eft 
fufceptible.  Le  P.  Euffier  s'étend  beaucoup  fur  l'e.v- 
poftion,di,(\  on  l'en  croit ,  c'eft  dans  cette  figure  que 
confifte  proprement  l'éloquence.  Goujet. 

Exposition  ,  en  termes  de  Jardinage  ,  eft  la  fituation 
d'un  endroit  par  rapport  aux  vues  &aux  divers  af- 
pects  du  Soleil ,  à  la  pluie  ,  au  vent ,  &c.  Ohjeclio , 
oppojîtio.  Le  plus  communémenton  emploie  ce  ter- 
me relativementau  foleil. 

Il  y  a  fégLilfèrement  quatre  fortes  à' expoftions  ; 
favoir ,  le  levant ,  le  couchant ,  le  midi  &  le  nord  : 
mais  chez  les  Jardiniers  ces  termes  fignifient  tout 
le  contraire  de  ce  qu'ils  lignifient  chez  les  Aftrono- 
mes  &  les  Géographes  ,  car  les  Jardiniers  ne  don- 
nent pas  ces  noms  de  levant  ,  de  couchant ,  &c.  aux 
endroits  où  eft  le  foleil ,  mais  à  ceux  fur  lefquels 
il  donne,  &  ils  regardent  de  quelle  manière  il  y 
donne  j  foit  à  l'égard  de  tout  le  j'âtdin  j  foit  à  l'é- 
gard de  quelqu'un  de  fes  côtés.  Si  les  Jardiniers 
voient  que  le  foleil  à  fon  lever  ,  &  pend.int  toute  la 
première  moitié  du  jour  continue  de  luire  fut  un 
côté  j  ils  appellent  ce  côté ,  le  côté  du  levant  \  Sc 
c'eft  en  effet ,  en  matière  de  jardins  ,  le  véritable 
levant  ;  enforte  que  fi  le  foleil  y  commence  plus 
tard  j  ou  s'il  finit  plutôt  ^  cela  ne  fe  doit  point  ap- 
peler levant  :  &c  par  la  même  raifon  ils  appellent 
couchant  le  côté  fur  lequel  le  foleil  luit  toute  la  fé- 
conde moitié  du  jour  ,  c'eft-à-dire ,  depuis  midi 
jufqu'.ui  foir  ;  &  félon  le  même  ufage  de  parler  ils 
appellent  midi ,  l'endroit  où  le  foleil  donne  depuis 
environ  neuf  heures  du  matin  jufqu'au  foir,  ou 
même  Tendroit  où  il  donne  le  plus  long-teinps  de 
toute  la  journée  ,  à  quelque  heure  qu'il  commence 
ou  qu'il  ccfte  d'y  donner,  Enfin,  ils  appellent  le 


E  X  P 

c6nc  du  nord  celui  qui  ell  le  moins  flivoiifc  des 
rayons  du  loieil  j  car  il  n'en  jouit  qu'une  ou  deux 
heures  du  matin  j  Se  autant  le  loir.  Voilà  ce  qu'on 
entend  par  expojùions  en  tait  de  Jardinage,  &:  par- 
riculièrement  en  fait  de  murailles  de  jardins, &  par- 
li  on  enten.d  ce  que  veut  dire  cette  manière  de  par- 
ler fi  ordinaire  parmi  les  Jardiniers.  Mes  fruits  du 
levant  font  meilleurs  que  ceux  du  couchant  :  mes 
efpaliers  du  levant  font  moins  fouvent  arroiées  des 
pluies,  que  ceux  du  couchant,  La  Quint.  Pan. 
Ch.  G.  ou  il  traite  des  Expojitions  de  jardin.  Vexpo- 
(ition  du  midi  &  celle  du  levant  font ,  du  confente- 
ment  de  tous  les  Jardiniers  ,  les  deux  principales  j 
&:  l'emportent  fur  les  deux  autres.  Id.  L'expofition 
du  couchant  n'clt  pas  mauvaife  ;  au  moins  elle  eft 
meilleure  que  celle  du  nord  ,  qui  ell  la  moins  bon- 
ne de  toutes.  Id.  au  même  endroit  où  il  décrit  tous 
\es  avantages  &  toutes  les  incommodités  de  chacune 
de  ces  cxpojhions. 

De  plus ,  ces  noms  à'expofiùons  marquent  encore 
quels  font  les  vents  qui  peuvent  le  plus  ou  le  moins 
donner  fur  les  jardins ,  &  par^conféquent  leur  faire 
plus  ou  moins  de  préjudice.  La  Quint,  au  même  Ch. 
\J cxpofition  du  midi  ,  généralement  parlant ,  eft 
fujette  à  de  grands  vents  depuis  la  mi- Août,  julqu'à 
la  mi-Oclobre.  Id.  Y! expojhïon  an  couchant  craint 
nonfeulement  au  printemps  le  vent  de  galerne , 
vent  fi  pernicieux  pour  les  arbres  en  fleur ,  &  en  au- 
tomne les  vents  de  la  failon  ,  ces  grands  abateurs 
de  huits  \  mais  auflî ,  &  cela  particulièrement  dans 
les  terres  troides  &  humides,  elle  craint  les  grandes 
pluies.  Id.L' expq/idon  du  levant,  quelque  merveil- 
leufe  qu'elle  foit,  ne  lailfe  pas  d'avoir  fes  incon- 
véniens  Au  printemps  j  elle  eft  fujette  à  des  vents 
de  nord  eft  ,  &c.  Id.  Vexpqfiûon  du  nord  en  tait 
d'efpallers ,  fi  d'un  côté  elle  eft  tolérable  pour  tous 
les  fruits  d'été  &  pour  quelques-uns  d'automne,  que 
n'at-elle  point  à  craindre  pour  la  beauté  &  le  bon 
goût  de  ceux  d'hiver  ?  ÎVlais  aufli  quels  avantages  n'a 
t-elle  point  pendant  les  grandes  ch.ileurs,  pour  les 
légumes  &  pour  les  fruits  rouges ,  qu'on  veut  faire 
durer  long-temps  j  favoir ,  les  fraifes ,  framboi- 
fes ,  ^grofeilles,  &c. 

EXPRÈS  ,  ESSE.  adj.  Qui  eft  précis  ,  en  termes  fi  for- 
mels ,  qu'il  ne  lailfe  aucun  lieu  de  douter.  Exprcf- 
fus  ,  dtjercus.  Je  lui  ai  dit  en  termes  exprès.  Je  lui 
ai  donné  commiftîon  exprefje.  Il  a  eu  un  ordre  ex- 
près de  faire  telle  chofe.  Il  faut  faire  mention  e.v- 
prejje  &  de  mot-à-mot,  dans  un  teftament ,  d'une 
claufe  dérogatoire.  Cicéron  ,  par  une  lettre  exprejje 
écrivit  des  nouvelles  à  Brutus.  On  dit  aulfi  au  fubf- 
tantif.  Envoyer  un  Exprès  \  pour  dire  j  un  courier , 
un  homme  envoyé  à  delfein  pour  un  objet  parti- 
culier. 

Exprès,  fe  dit  adverbialement.  ExprefTcment ,  à  def- 
{çin.  De  iidujlrlâ  J  data  operâ.W  eft  allé  exprès  en 
un  tel  endroit,  pour  une  tel  delTein.  Les  Payfans 
d'Athènes  difoient  qu'il  ne  falloit  pas  fe  fier  à  la 
mort  de  Phillippe,  Roi  de  Macédoine j  &  qu'il 
s'étoit  fait  tuer  tout  exprès  ,  pour  attraper  les  Athé 
niens.  Bal.  C'eft  une  de  mes  connoiftances  que  j'ai 
voulu  renouveller  exprès.  Un  fyftème  de  Religion 
fi  commode  femble  i?inexprès  pour  applanir  le  che- 
min du  ciel.  La  Br. 

EXPRESSÉ.MENT.  adv. Formellement  .pofitivement, 
en  termes  exprès.  Nominaùm.  C'eft  la  même  chofe 
(\\xexpres.  Je  lui  ai  recommandé  cela  exprejjement; 
pour  dire  j  en  termes  précis.  Il  a  dit  cela  exprejj'e- 
ment^ont  faire  parler  les  autres.  Les  hommes  n'en- 
vifagent  jamais  exprejfément  les  bornes  de  leur  vie  : 
ils  font  bien  aifes  de  les  oublier,  &  de  n'y  penfer 
jamais.  Nie. 

EXPRESSIF,  iVE.  ad).  Qui  explique  bien  la  penfée. 
Aptus  ad  fignïficandum.  Ces  termes  font  fort  ex- 
preffifs ,  expriment  bien  ce  qu'on  veur  dire.  La 
force  d'un  difcours  confifte  en  un  ftyle  ferré  &  ex- 

^  EXPRESSION,  f.  f.  Manière  de  faire  entendre  fa 
penfée  j  ce  qui  fefait  par  le  ton  de  la  voix  ,  par  le 


E  X  P  987 

gefte  &  par  la  parole  écrire  ou  prononcée.  Exprcjjio 
Souvent  le  tour  &;  ïexprejjion  fait  toute  la  beauté 
d  une  penlée,  qui  eft  toute  renfermée  dans  un  mot. 
L'e.rpA-e//Ft;/2  doit  être  accommodée  aux  matières  que 
l'on  tr.ute  ,  &  pc-indre  les  idées  que  l'on  veut  faire, 
palier  dans  l'efprit  des  autres. 

ifJ'  Dans  l'éloquence  ,  dans  la  Poëfie  on  entend 
par  exprcjjion  la  diction  ,  l'élocution  ,  le  choix  des 
mots  qu'on  fait  entrer  dans  un  dilcours ,  dans  un 
poëme.  Eloaido  ,  diciiû  ,  vcrborum  ekganûa  ,  delec- 
tus.  Il  ne  fuftit  pas  à  un  Orateur ,  à  un  Pocte  d'avoir 
de  belles  penfécs ,  il  faut  encore  qu'il  ait  une  heu- 
itn^eexprejjion.  lien  eft  des  e.v/.re//w/M  à  l'égard  des 
penfées  ,  comme  des  habits  à  l'égard  des  perfonncs  : 
ces  ornemens  extérieurs  attirent  du  refped.  Dans  un 
difcours  public ,  il  faut  des  penfées  brillantes  &  des 
exprejJ'ions\\2.ià\e%.  Dans  le  Poëme  épique  Vexpref- 
Jio/i  doit  être  noble  &  élevée  j  mais  les  grandes  cx- 
preffton-:  fans  de  grands  fentimens ,  font  comme  ces 
vailfeaux    trop  peu  chargés ,  qui  ne  voguent  pas 
sûrement.  La  noblclfe  de  i'exprejfflon  a  deux  parties; 
le  choix  des  mots  &  la  diction  élégante  &:  figurée. 
Il  y  a  une  fimplicité  d'expreliion  qui  note  tien  à  la 
grandeur  des  penlces.  La  plupart  des  beautés  des 
anciens  font  attachées  ,  ou  à  une  exprcjjion  particu- 
lière à  leur  langue  ,  ou  à  des  rapports  qui  ne  nous 
étant  pas  t;rmiliers ,  comme  à  eux  j  ne  fauroient  nous 
faire  le  même  plaidr. 
gCT  Expression  ,  fe  prend  auftî  fouvent  pour  un  feul 
mot ,  un  terme  :  c'eft  ainfi  que  l'on  dit ,  cette  ex- 
prejjion  eft  barbare  ,   n'eft  pas  françoife.   Les  ex- 
prejfwns  de  Montaigne  font  irrégulières  ,  mais  har- 
dies Se  agréables. 
%fT  Expression  ,  mot  ,  terme ,  confidérés  comme 
fynonymes.  Le  mot  eft  de  la  langue  j  l'ufage  en  dé- 
cide. Le  terme  eft  du  fujet  \  la  convenance  en  tait  la 
bonté.  Vexprejfion  eft  de  la  penfée  ,  le  tour  en  faic 
le  mérite.  La  pureté  du  langage  dépend  des  mots  ; 
fa  précifion  dépend  àes  termes  j  Se  fon  brillant  des 
exprejfions.  Afof  François  ,  terme  propre  j  exprejjïon 
noble.  Les  exprejjions  guindées  Se  trop  recherchées 
font  à  l'égard  du  difcours  ce  que  le  fard  fait  à  l'é- 
gard de  la  beauté  du  fexe  inemployées  pour  embel- 
lir ,  elles  enlaidilfent.  Syn.  Fr. 

|tT  II  faut  diftinguer  dans  le  corps  du  difcours 
trois  chofes  qui  en  font  comme  les  élémens ,  l'c^- 
prejfion  ,  le  tour ,  Se  le  ftyle.  Vexprejfion  qui  rend 
norre  penfée  \  le  tour  qui  lui  donne  une  certaine  for- 
me i  Se  le  ftyle  qui  la  développe  pour  la  mettre 
dans  lesditFérens  jours  qu'elle  demande  par  rapporc 
à  notre  deffein.  /'oye^TouR  &  Style.  Ces  trois  élé- 
mens du  difcours  y  doivent  avoir  chacun  fa  beauté 
propre. 

1^  On  ne  parle  que  pour  fe  faire  entendre.  La 
première  beauté  de  \expreJJion  doit  donc  être  la 
clarté.  C'eft  elle  qui  porre  nos  penfées  dans  l'efprit 
des  autres  avec  toute  la  fidélité  que  demande  le  com- 
merce de  la  parole.  Il!y  a  même  des  fciencesquin'exi 
gent  dans  les  termes  que  cette  feule  beauté.  Maisil  y  a 
des  fujetsoù  les  hommes  n'aimentpas  qu'on  leurparle 
d'une  manière  qui  ne  leur  laifte  rien  à  deviner.  Ils 
entendent  à  demi-mot  dans  un  difcours  de  morale  ou 
de  mœurs.  C'eft  donc  alors  une  efpècede  beauté  dans 
X'exprejfion  de  ne  leur  en  dire  qu'autant  qu'il  en  faut, 
pour  leur  donner  leplaifir  de  fuppléer  le  refte  \  fur- 
tout  quand  on  traite  cettaines  matières  délicates  où 
la  vérité  ne  doit  jamais  paroître  que  voilée.  Lagran- 
de  difficulté  eft  de  prendre  un  jufte  milieu  entre  un 
jour  trop  clair  ,  qui  n'attire  point  l'attention  ,  Se  un 
jour  trop  fombre  qui  la  rébute. 

^fT  II  eft  certain  en  général  que  le  beau  dans  les 
exprejjïons  confifte  dans  la  manière  lumineufe  donc 
elles  rendent  notre  penfée,  tantôt  fimplement  & 
en  termes  propres  ,  pourla  réprc-fenrer  avec  cette 
juftelTe  ineftimablequi  eft  lech.irme de  l'efprit  pur; 
tantôt  enfermes  figurés  j  pour  la  revêtir  de  ces  cou- 
leurs intérefiantes ,  qui  font  les  délices  de  l'imagi- 
nation ,  tantôt  en  termes  pathétiques,  forts  ou  ten- 
dres pour  lui  donner  ce  goût  de  fentiment  qui  en- 
I  i  i  i  i  i  ij 


,88  EXP  EXP 

levé  le  cœur.  Foyei  encore  image,  fentimetît ,  mou-      primer  facile  ôc  naturelle  ,  qui  va  droit  au  ctrtir  ,' 
yy[„eut.  j     parce  qu'il  fembie  que  la  nature  parle  elle  mcme. 

gCF  Ces  exprejjlons  tranfplantces  d'un  efprit  à       Bell. 
l'autre,    dégénèrent  le  plus  l'ouveut,  comme  les   fC?  Exprimer  ,  en  Peinture  &:  en  Pocfie. /^cy'e^  Ex- 
arbres, 
chacun 


nous  les  emp 
nous  les  approprier  ,  qu'on  y  apperçoive  toujours 
notre  tour  defprit  ;  mais  un  tour  qui  ne  les  dépare 
pas.  FoyeiTovK. 
Expression  ,  en  Peinture  ,  eft  la  reprcfentation  natu- 
relle de  ce  que  l'on  veut  faire  voir.  Elle  s  ccend  à  re- 
préfenter  un  corps  avec  toutes  ies  parties  dans  r.\c- 
tion  quiluielt  convenable  i  àfaire  voir  fur  le  vifage 
les  palfions  ncceifiires  aux  figures  que  l'on  peint , 
&.ibienobfervcries  mouvemens  qu'elles  impriment 
-dehors.  Fhl.  VcxpreJJion  vive  des  pallions  cil 


au- 


comme  l'ame  de  la  Peinture ,  &  cette  connoillance 
fuffic  à  ceux  qui  ne  veulent  apprendre  que  la  théorie 
de  cet  Art.  Id.  Raphaël  a  excellé  dans  CexpreJJion  , 
ôc  les  autres  Peintres  n'ont  fait  que  le  copier.  lu. 
Les  f^ens  d'efprit  non  contens  de  la  feule  imitation 
des  objets ,  veulent  que  le  choix  en  foit  jufte  pour 
VexpreJJion  du  fujet.  De  Piles.  Le  mot  à'cxprejjlon 
fe  confond  ordin.uTement ,  en  parlant  de  Peinture  , 
.avec  celui  de  palîion.  Ils  diffèrent  néanmoins ,  en  ce 
qu'exprejjîon  eft  un  terme  général ,  qui  fignifie  la 
repréfentation  d'un  objet  félon  le  caraftère  de  fa 
natiue ,  &  félon  le  tour  que  le  Peintre  a  delfein 
de  lui  donner  pour  la  convenance  de  fon  ouvrage: 
Si  la  pafiion  ,  en  Peinture  ,  eft  un  mouvement  du 
xorps  accompagné  de  certains  traits  fur  le  vifage  qui 
marquent  une  agitation  de  l'ame.  Ainh  toute  pallion 
eft  une  cxprejjion  j  mais  iquiq exprejfionn i^H  pas  une 
paillon.  Ip. 
Expression,  en  termes  de  Médecine  &  de  Chimie  , 
•  &c  même  dans  Tufage  ordinaire ,  fignifie  l'aétion 
par  laquelle  on  tire  le  fuc  des  fruits  &  des  plan- 
tes en  les  prelfanr.  Exprejfio.  Après  avoir  lailfé  in- 
fufer  ces  herbes  ,  il  faut  en  tirer  le  fuc  par  ex- 
prejjîon  avec  un  linge,  oupar  la  prelfe.  Quand  les 
railins  ont  acquis  une  parfa.ite  maturité  i  on  les 
cueille  &:  enfuite  l'on  en  tire  par  exprejjijn  un  fuc 
doux  &  agréable  au  goût,  qui  n'a  rien  de  fpiritueux. 

LÉMERY. 

EXPREST.Tabac  expreJi.On  nomme ainfi en  Guienne 
le  tabac  de  la  troillcme  forte  ,  qui  fe  fait  avec  les 
dernières  feuilles  de  la  tige  :  c'eft  un  des  plus  com- 
muns &  de  la  moindre  qualité. 

EXPRIMABLE,  adj.  Qui  fe  peut  exprimer  ,  dire  ,  dé- 
clarer. Qui  potejl  enunciari  j  exprimi. 

Une  douce  furprife ,  un  défordre  agréable  , 
Par  une  émotion  quin'efi point  exprimable  , 
Allume  unfeufecret  dans  le  fond  de  mon  cœur. 

LaSuze. 


-^e  mor  n'eft  guère  en  ufage  ,  &  notre  langue 
n'aime  point  la  plupart  de  ces  adjeftifs  en  ahle  for- 
més des  verbes  :  il  n'eft  guère  permis  d'en  former 
de  nouveaux.  Celui-ci  ne  fe  dit  guère  qu'avec  la  né- 
gative. 
EXPRIMER.  v.a.Repréfenter  les  penfées ,  les  rendre 
par  le  difcours,  peindre  fes  idées ,  &  les  faire  paf 
fer  dans  l'efpric  des  autres.  Exprimere ,  enunciare.  Il 
faut  fuppofer  que  quand  on  nous  averritde  nos  dé- 
fauts ,  on  ne  %  exprime  qu'à  demi.  Nie.  Les  Orateurs 
doivent  s  exprimer  en  termes  clairs ,  nets  &choifis. 
'Nous  penfons  plus  fortement  que  nous  ne  nous  ex- 
primons :  il  y  a  toujours  une  partie  de  norre  penfée 
qui  nous  demeure.  S.  EvR.  Quand  un  homme  s  ex- 
prime avec  peine  ,on  travaille  avec  lui ,   &  on  ref- 
fcnr  une  partie  de  fa  peine,  mais  il  s'exnrime  d'une 
manière  fi  naturelles:  fi  facile  qu'il  fembie  que  cha- 
que mot  foit  venu  prendre  fa  place  ,  cette  facilité 
plaît   infiniment.  Port-R.  Quand  on    n'a  que  de 
bons  Se  excellens  modclc; ,  il  faut  comme  par  né- 
ceHité    qu'on    s'exprime   d'une    manière  noble  & 
élevée.  Nie.  Il  y  a  une  certaine  manière  de  s'ex- 


peur  exprimer  d'une  manière  allez  forte. 
Ce  mot  vient  du  Latin  exprimere. 
Exprimer,  en  termes  de  Phyfique  ,  fignifie,  tirer  le 
fuc  ou  le  jus  de  quelque  iubltance  en  la  prelïànr. 
Exprimere  ,  elicerc.  Onexprime  tout  le  fuc  du  raifin 
avec  leprelfoir ,  tout  le  jus  désherbes  infufées  ,  ou 
bouillies,  dans  une  ferviette. 
Exprime  ,  ee.  part. 

EX-PROFESi)U.  Terme  Latin  dont  on  fefcrt  en  Fran- 
çois, comme  quand  on  dit  j  traiter  une  matière, 
une  queft ion  ex-projeljo  ,  c  eft-à  dire  exprés  ,  avec 
rour  le  détail  &  toute  l'exaélitude  pofiible. 
EXPROVINCIAL,  f  m.  Qui  a  fait  fon  temps  de  Su- 
périeur de  la   Province  dans  un    Monallère  ,  ou 
Communauté  Religieufe.  Exprovincialis.  Ce  Ré- 
vérend Père  a  pallé  par   les  charges  ,    il  eft    ex- 
provincial   de    Guyenne.  Il    fe  dit    dans   tous  les 
Ordres  de  Religieux  qui  ont  plufieurs  coavens  j  ou 
Maifons  dans  une  même  Province  ,  qui  font  fous  la 
diredion  d'un  même  Supérieur. 
EXPULSER»..  V.  a.  Chafler  avec  violence,  contraindre 
à  fortir.  Expellere  ,  exturbare  ,  extrudere.  Les  Sédi- 
tieux ont  expulfé  Aq  la  ville  les  meilleurs  Magiftrais. 
Les  créanciers  de  ce  Gentilhomme  l'ont  expuijé  de 
fon  bien  par  arrêt.  Ce  mot  n'eft  guère  en  ulage  que 
dans  la  Pratique  pour  fignifier  chalfer  avec  une  ef- 
pèce  de  violence  &  par  autorité  de  juftice  ;  dépof- 
féder  quelqu'un  d'un  lieu  dont  il  étoic  en  pollèf- 
fion. 

§3*  Onle  dit  auflù  en  Médecine  pour  faire  éva- 
cuer ,  poulfer  dehors  les  humeurs ,  les  chalfer  avec 
effort. 
Expulsé  ,  ée.  part. 

LXPULSIF,  iVE.  adj.  Terme  de  Chirurgie.  Quichafie 
8c  fait  fortir  dehors.  Expellens  ,  expuljorius.  On 
I  appelle  bandage  expuljif  (  fafciatio  expulforia  ) 
une  efpèce  de  bandage  dont  on  fe  ferr  pour  chaf- 
fer  au-dehors  le  fang  d'une  plaie  lineufe  j  ou 
le  pus  du  fond  d'une  ulcère  fiftuleux  ,  &  don- 
ner occafion  à  la  cavité  de  fe  remplir  de  nouvelles 
chairs. 

^3"  On  ledir  aufil  en  Médecine.  Remède  expul~ 
fij.  Voye^  Expulser  &  Expulsion.  Le  cœur  elt 
une  pompe  expulfive  fans  difficulté  ,  puifqu'elle 
chalTe  le  lang  avec  tant  de  force  julqu'aux  extrémi- 
tés du  corps  <à  travers  bien  des  détours  &  des  plis  qui 
feroient  en  ligne  droite  plufieur»  pieds  de  longueur. 
Hecquet.  ~ 
EXPULSION,  f  f  Adlion  d'expiilfer ,  par  laquelle 
on  challe  avec  violence  un  homme  d'une  ville  , 
d'une  compagnie  _,  de  fon  héritage.  Expulsio , 
extrufio.  Vexpuljlon  des  Maures  a  dépeuplé  i'£f- 
pagne. 

^3'  On  le  dit  aufll  en  termes  de  P.-jlais  ,   de  la 
force  qu'on  emploie  pour  faire  dcpolfeder  quel- 
qu'un d'un  bien  dont  il  écoit  en  polfelfion,  &  où  il 
n'a  plus  droit  de  refter. 
Expulsion  ,    eft  aulfi  un  terme  de  Médecine.  C'eft 
l'aétion  par  laquelle  une  chofe  eft  pouffée  avec  ef- 
fort du  lieu  où  elle  eft.  La  matrice  fait  Xexpulfion 
de  l'enfant.  Mauriceau.  Si  Vexpuifion  dufœrus  ar- 
rive entre  le  feprième  jour  de  la  conception  ,  on 
la  nomme  perte  de  fang  ,  ou  faux  germe.  Dégori. 
§C?  On  le  dit  aulfi  des  humeurs ,  de  quelque  ma- 
,   tièrerécrémentitielle  que  ce  foit.  Alors  ce  mot  eft 

fynonyme  d'évacuation  ,  excrétion. 
EXPULTRICE.  adj.  Qui  ne  fe  dit  qu'au  féminin.C'eft 
un  terme  de  Médecine  ,  qui  veut  dire  ,  qui  a  la 
force  d'expulfer.  Expuhrix.  Force  expultrice.  Facul- 
té expulirice.  La  faculté  expultrice  de  la  matrice  fe 
trouve  alors  incommodée  &  irritée.  Degori. 
EXPURGATION,  f.  f.  Exvurgaiio  ,emerfiû.  Il  y  a  des 


EX  G        E X S 

gens  qui  regardent  ce  terme  comme  un  terme  d'Af- 
tronoinie,  ÔC  qui  appellent  expurgation,  loifque  le 
loleil  après  avoir  été  éclipfc  ,  &  entièrement  caché 
par  l'interpofition  de  la  Lune ,  recommence  à  pa- 
roître ,  ou  quand  la  lune  commence  à  fortir  de  l'om- 
bre de  la  terie.  Les  bons  Aftronomes  appellent  cela 
cmerjijn  Se  non  pas  expurgation.  On  dit  aulH  récu- 
pération ,  recouvrement  de  lumière ,  &c.  Cepen- 
dant M.  Ozanam  ,  dans  (o:i  Diitionnaire  ,  appelle 
minutes  à'expurgdcion  ,  dans  une  éclipfe  partiale  de 
lune,  le  chemin  que  la  lune  fait  depuis  fa  vraie 
conjoniftion  avec  le  nadir  du  foleil ,  juiqu'à  ce  qu'el- 
le foit  tout  à-fait  hors  de  l'ombre  de  la  terre  \  & 
dans  une  éclipfe  de  foleil ,  le  chemin  que  la  lune 
fait  depuis  la  conjondion  apparente ,  julqu'à  ce  que 
le  foleil  paroilFe  tout  entier. 
EXPURGATOIRE,  adj.  m.  On  nomme  ainfi  à  Rome 
les  catalogues  des  livres  qui  ne  lont  défendus  que 
jufqu'à  ce  qu'ils  aient  été  purgés  &  corrigés  ,  à  la 
différence  des  autres  qui  font  abfolument  prohibé?. 
On  l'a  fupprimé  tant  quil  a  été  pollible  \  on  l'a  infé- 
ré dans  l'Indice  expurgatoire  du  Concile  de  Trente. 
Mission  ,  Lettre  tj.  Index  expurgacorius.  Daniel 
Francus  publia  en  1(584.  un  traité  latin  des  indices 
expurgatoires. 

E  X  Q. 

EXQUILIES.  Voye:{  ESQUILIES. 

EXQUIS,  isE.adj.  excellent  dans  fon  efpèce  ,  recher- 
ché. Exquijitus  j  eximius.  Il  a  un  cabinet  garni  de  ta- 
bleaux exquis.  Il  a  dans  fa  maifon  des  meubles 
ex^/uis.  Sa  table  elt  fervie  de  mets  exquis.  C'eft  une 
fille  à  laquelle  il  ne  faudra  ni  table  bien  fervie  ,  ni 
confomméseAr^i^/.y, ni  orges  mondés  perpétuels. Mol 

Exquis  ,  fe  dit  aulli  des  choies  fpirituelles  &  mora 
les.  Elegans ,  delicatus.  Tout  ce  Live  ell  plein  de 
penfées  exquifes  ,  de  fentimens  exquis  ,  d'obfer- 
vations ,  d'expériences  ex^z/i/cj  &  curieufes.  Ovide 
a  quelquefois  une  délicateile  de  fentimens  très-cA:- 
quifc.  BouH.  On  goûte  un  plaifir  exquis  &c  délicat 
dans  le  commerce  des  petlonnes  polies.  Bell.  La 
politede  demande  une  connoilTance  exquife  de  fes 
devoirs.  Id.  Son  adtion  fut  applaudie  par  un  audi- 
toire compofé  de.ce  qu'il  y  a  de  plus  exquis  dans  le 
monde  fpiritiiel.  Charp.  Ce  livre  contient  une  éru- 
dition fort  exquife.  Bay. 

EXQUISEMENT.  adv.  d'une  manière  exquife. -pA-^ai- 
Jîtè ,  eximiè.  Ce  mot  ne  fe  dit  point ,  quoiqu'on  le 
trouve  dansPomay  &  dans  quelques  autres  Auteurs. 


EXT  9^9 

exi/!ens.  On  ne  le  dit  guère  qu'au  Palais.  On  a  faifi 
tous  les  meubles  extans  de  cette  fucceOion  ,  fauf  à 
le  pourvoir  pour  ceux  qu'on  a  diilipés  &  détournés. 
L.e  mot  elt  tout  Latin. 

EXTASE.f.f.  Ravinement  de  l'efprit  hors  de  fon  afliet- 
re  naturelle.  Etat  d  un  homme  tranfporté  hors  de  lui- 
même  de  manière  que  les  fondions  des  fensfonc 
fufpendues:  fufpenfion  desfens,  caufée  par  une  for- 
te  contemplation  de  quelqu'objet  extraordinaire  ou 
lurnaturel.  txtafis  ,  raptus animi  extra  fenfus.  Phi- 
fieurs  Saints  ont  cte  ravis  en  e.vra/.  pendant  plu- 
lieurs  jouis.  Les  extafes  contemplatives  des  Mvfti- 
ques  Ladhon  interne  du  S.  Efpnt  n  crt  poinr  une 
extaje,  m  un  enthoufiafme  prophétique.  Boss. 
Tolîat  traite  des  difterentes  efpèces  de  révélations , 
&  de  1  extafe ,  fur  le  lU^  Liv.  des  Rois  C  IX 
queft  1.  &  Vollius  d'après  lui.  De  IdoLol  L  >  C 
10.  àlahn.  ...... 


E  X  R. 

EXRECTEUR,  f.  m.  Qui  a  été  RecTreur  d'une  Univer- 
lîté ,  ou  d'un  Collège  de  Jéfuites.  Recloris  defunclus 
munere.  VExrecleurde  l'Univerfué  a  alfez  bien  fait 
fes  affaires  pendant  fon  Redorât. 

E  X  S. 

EXSEQUIA.  Lac  queSanfon,  dans  fes  petites  Cartes, 
pi  ice  fur  les  confins  de  la  Turcomanie  &  de  la 
Géorgie  ,  entre  la  ville  de  Cars  &  celle  de  Derbent. 
ExechiA  lacus  ,  anciennement  ZycA«/fej  ,  ou  Lych- 
nitis  palus.  Sanfon  met  aufll  fut  le  bord  oriental  de 
ce  lac  une  ville  de  même  nom.  Il  femble  à  Mary 
que  ce  lac  eli:  le  même  que  celui  que  Vifcher ,  dans 
fa  Carte  de  la  Turquie ,  appelle  Gigaguni. 
EXSICCATION.  f  f.  On  fe  fertde  ce  mot  en  Chy- 
mie,  pour  dire  dejfechement.  Exficcatio.  Le  mot  La- 
tin a  fait  formet  le  mot  François. 

|Cr  EXSUCTION.  f.  f.Terme  de  Médecine  &  de  Phy- 
lîque.  Action  defucer.  Il  faut  admettre  dans  la  racine 
des  plantes  une  forte  iXexfuclion.  La  digeftion  fe 
fait  par  exfucliono\x extraction  des  fucs  des  alimens. 

QuESNAY. 

^EXSUDATION.  Foye^  EXUDATION. 
^EXSUDER  v.  EXUDER.  L'Académie  écrit  EX- 
SUDATION &:  EXSUDER. 

EXT. 
EXTANT,  ANTE.  adj.  Qui  ell  en  nature.  Extans , 


de 
r  .     .  ---  --«u  concert 

ravit  en  extaje  ceux  qui  aiment  la  mufique  II  eft 
dans  une  extafe  perpétuelle  auprès  de  cequ'ilaime- 
toujours  également  ravi  &  enchanté.  Le  Ch  d'h" 
Il  y  a  des  extafes  caufées  par  la  véhémence  des  paf- 
hons,  QUI  fervent  à  diltraire  l'ame  ,  &  àla  rendre 
moins  ienlible  a  la  douleur.  M.  Esp. 

Ainfi  mourant  j  ne  mourant  pas  ^ 

Je  mefens  ravir  en  extafe  , 

Entre  la  \ie  &  le  trépas.  Dem.  Vis. 

Extase.  Terme  de  Médecine.  Extafts.  C'efl  une  mala- 
die femblable  à  la  catalepfie  ,  &  qui  n'en  diffère 
qu'en  ce  que  les  véritables  caraleptiques  n'ont  aucun 
fentiment  extérieur ,  &  ne  fe  fouviennent  point  de 
ce  qui  s'cft  palTé  brs  du  proxifme  ,  au  lieu  que  les 
Extatiques  font  toujours  occupés  d'une  idée  très- 
vive  ,  dont  ils  fe  reffbuviennent  après  l'accident  ex- 
tatique. Dans  ['extafe  il  doit  nécclfairement  y  avoic 
une  trop  grande  tenfion  des  fibres  ,  comme  dans 
toutes  les  fortes  contenfions  d'efprit  &  la  plupart 
des  dé'"'"- 


en 


lelires. 
EXTASIER.  V.  n.  s'EXTASIER.  v.  récip.  Être  ravi  - 
extafe  parlaconfidération  de  quelque  objet  extraor 
dinaire.  Rapi  extra  fenfus  j  alienari ,  abripi  àfen- 
Jibus.  On  dit  aufli  Être  extasié.  Cet  homme  elt  eX" 
tasie' ,  quand  il  contemple  cet  objet.  Ce  fot  s'exta- 
sie fur  un  galimatias  dès  qu'on  parle.  Le  Ch.  d'Her. 
Ce  curieux  s'extasie  devant  les  tableaux  de  Ra- 
phaël. Un  fiatteur  groflîer  fe  récrie  fur  les  moindres 
bagatelles  ;  &  les  penfées  les  plus  communes  le  font 
extasier.  Bell. 

Chaque  vers  qu'il  entend  le  fait  extafier.  Boit. 

EXTASIÉ,  ée.  part. 

EXTATIQUE,  adj.  m.  &  f.  Qui  appartient  à  l'extafe. 
Extaticus.  Tranfport  extatique.  Les  tranfports  d'une 
ame  qui  fe  fent  élevée  à  la  plus  fubîimeoraifon  par 
un  amour  extatique  ,  ne  peuvent  ctre  compris  que 
par  l'expérience.  Boss.  La  contemplation  pallive 
n'ell  point  une  fufpenfion  extatique  ,  ou  une  liga- 
ture miraculeufe  de  l'ame  qui  la  conftitue  dans  une 
impullfance  aétuelle  de  rien  opérer.  Fen. 

EXTENSEUR,  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  On  donne 
ce  nom  aux  difFérens  mufcles  qui  fervent  à  étendre 
les  parties  auxquelles  ils  font  attachés.  Le  troi- 
fième  des  vingt-trois  mufcles  des  doiçcs  eft  le  grand 
extenfeur  commun  ,  ainli  nommé,  parce  qu'il  eft  le 
plus  grand  ,  &  qu'il  étend  les  quatre  doigts  j  il  prend 
fon  origine  de  la  partie  poftérieure  du  condile  ex- 
terne Se  inférieur  de  l'humérus  i  il  fe  divife  avant 
que  d'arriver  au  poignet ,  en  quatre  tendons  plats 
&  comme  membraneux ,  qui  paiTant  fous  le  liga- 
ment annulaire  ,  vont  à  la  deuxième  &  troifième 
phalange  des  doigts ,  qu'ils  rcdrelFent  &  étendent- 


X 


T 


990 

DioNis.  Les  tendons  de  ce  miifcle  font  plats  ,  afin 
qu'ils  p-iroilFent  moins  lut  le  dos  de  la  main  par  où 
ils  partent  ;  ce  qui  auroic  été  diliorme ,  s'ils  eulTent 
été  ronds.  Id.  Il  n'y  a  qu'un  exccnfcur  ,  parce  que  la 
force  de  la  maui  conhile  dans  la  flexion,  m.  Le 
petit  doigt  a  encore  un  e.v^e/j/è^r  propre  ;  il  prend 
ion  origine  de  la  partie  intérieure  du  condiie  ex- 
terne de  l'humérus ,  c*^  couché  entre  les  os  du  coude 
&  du  rayon ,  il  palfe  par-dedous  le  li^^ament  an- 
nulaire ,  &  s'infère  par  un  tendon  double  à  la  fe- 
confle  articulation  du  petit  doigt.  Id. 

Les  orteils ,  ou  les  doigts  du  pied  ,  ont  aufli  leurs 
extenfeurs.  Ils  ont  deux  excenfeurs  ,  dont  le  premier 
etl  appelé  exunfeur  commun  ,  parce  qu'il  étend  les 
quatre  doigts.  Il  prend  fon  origine  de  la  partie  fupé- 
rieure  Se  antérieure  du  tibia,  à  l'endroit  où  il  fe 
joint  au  péroné  ^^  puis  defcendant  le  long  du  péro- 
né ,  fe  divifant  en  quatre  tendons ,  &  pallant  fous 
le  ligament  annulaire,  va  s'inférer  aux  quatre  arti- 
culations des  quatre  orteils ,  qu'il  étend.  Id.  Le  fé- 
cond e.v«;7/c-«r  des  orteils  eft  le  pédieux.  f^oye^  ce 
mot.  Le  gros  orteil  a  encore  Ion  exunfeur  propre- 
Il  prend  ion  origine  de  la  partie  antérieure  &c  fu- 
pétieure  du  péroné  ,  entre  le  tibia  &  le  péroné  , 
ic  fe  traînant  par-delfus  le  pied  ,  va  s'inférer  à  la 

fartie  fupérieure  du  premier  os  du  pouce  ,  pour 
'étendre. 
^fT  Ce  mot  eft  aulîî  adjedif.  On  dit  les  mufcles 
excenfeurs  du  bras ,  des  doigts ,  comme  ori  dit  les 
extenfeurs.  C'eft  l'opofé  de  Fléchilfeur. 
EXTENSIBILITE,  f.  f.  Terme  de  Phyfiqtie.  Propriété 
que  certains  corps  on:  de  pouvoir  s  étendre.  On 
n'eût  jamais  cru  que  l'or  eût  été  capable  d'une  auffi 
grande  extensibllicé ,  que  celle  que  lui  ont  trouvée 
les  Batteurs  d'or.  Ils  étendent  un  écu  d'or  de  ma- 
nière qu'ils  en  tirent  plus  de  deux  mille  feuilles  \ 
mais  les  Doreurs  en  font  encore  mieux  voir  ïexten- 
sibUité.  M.  de  Reaumur ,  par  le  calcul  qu'il  a  tait  de 
cette  extensibiiué ,  dit  qu'un  cy-lindre  d'argent  de  4  5 
marcs  j  qui   n'a  que  iz  pouces  de  hauteur  j  vient 
par  la  filière  à  en  avoir  13963240  ou  1 153^10  pieds, 
c'eft-à-dire, qu'il  eft  devenu  IJ3469Z  fois  plus  grand 
qu'il  n'étoitj  &  qu'il  prévient  jufqu'à  cent  onze 
lieues  de  longueur  :  mais  fi  l'on  emploie  feulement 
une  once  d'or  à  dorer  ce  cylindre  de  4  \  marcs  d'argent, 
cette  once  d'or  s'étendra  julqu'à  la  même  longueur 
de  cent  onze  lieues.  L'humidité  de  la  nuit  fait  que 
de  certaines  fleurs ,  comme  celles  de  tous  les  con- 
volvuUis  y  &  d'une  efpèce  d'ornithogale  &:  autres , 
fe  ferment  \  &c  qu'au  contraire  celles  des  belles-de- 
nuit&  de  l'arbre  triftes'épanouilfent.  Pourexpliquer 
ces  phénomènes  contraires  ,  il  laut  avoir  recours  au 
ç\us  on  moins  dexcensibilke's  de  la  plante  d'un  côté 
ou  d'autre. 
EXTENSIBLE,  adj.  Terme  Didadlique.  Qui  eft  capa- 
ble d'extenfion  ,  qui  peut  être  étendu.  Extendi  ca- 
pax.  Une  embrocation  d'huile  d'amandes  douces  ai- 
dera la  réduction ,  en  rendant  les  fibres  de  cet  or- 
gane plus  molalfes  &  plus  extensibles.  Dionis.  L'u- 
iage  de  ce  mot  eft  rare  ;  &c  on  ne  doit   s'en  fer- 
v'ir  que  dans  les  matières  de  Phyfique.  Cela  eft  dé- 
fendu fous  des  peines  rrès-rigoureufes ,   &  exten- 
.  siblcs  même  jufqu'à  la  mort ,  fuivant  la  circonftance 

du  cas. 
UC?  EXTENSION,  f.  f.  Extensio.  Terme  ^  de  Phyfi- 
que. Par  rapport  aux  corps,  c'eft  la  même  chofe 
qu'étendue,  c'eft-à-dire  ,  dimenfion  d'un  corps  en 
longueur ,  largeur  &  profondeur.  Voye^  ETEN- 
DUE. 
§3"  Extension  ,  fynonyme  d'expanfion,   de  dilata- 
tion. f^oyt:{  ces  mots. 
^fj"  Extension  ,  fe  dit  aufiî  de  certains  métaux  ,  aux- 
quels on  donne  une  plus  grande  furface  ou  une  plus 
grande  longueur ,  en  les  tirant  ou  en  les  frappant. 
L'extension  de  l'or  fous  le  marteau.  Voye\  Extensi- 
^BiLiTÉ  &  Etendre. 

^T  Extension,  en  Médecine,  c'eft  l'alonqement  des 
membres,  quidépend  de  l'aâion  des  mufcles CA-ren- 
seurs.f^oyeiMvsctZy  Extenseur  &  Fjbre. 


EXT 

^fT  On  alonge  une  botte  par  \ extension  du  btas 
Lin  nerf  retiré  empêche  {'extension  delajamle 
Extension.  Terme  de  Chirurgie.  £'xrd«y?o.  A6lion  par 
laquelle  on  étend,  en  tirant  fortement  à  foi  ^  une 
partie  luxée  ou  haéluvée  j  pour  remettre  les  os  dans 
leur  fituation  naturelle.  Col  de  Villars. 

§Cr  On  appelle  exrd/iiio.'2  de  nerf,  le  relâchement 
qui  arrive  à  un  nerf  lorfque  j  par  quelque  eftort  ,il 
s'étend  plus  qu'il  ne  faut. 
IJCF  Extension  d'autotité  ,  d'un  privilège,  c'eft  la 
même  chofe  qu'augmentation.  Le  Roi  a  fait  de 
temps-en-temps  des  extensions  de  privilège. 
IJCT  Extension  d'une  loi,  d'une  claufe ,  &  dans  le 
figuré ,  c'eft  leur  interprétation  dans  un  fens  plus 
étendu.  On  ne  fauroit  appliquer  cette  loi  à  notte  ef- 
pèce ,  fans  une  trop  violente  extension.  Cette  claufe 
ne  peut  recevoir  A'entemion. 

i^fT  On  dit  dans  le  même  fens  ,  qu'un  mot  figni- 
,  fie  ,  par  extension,  telle  ou  telle  choie  ,  c''eftȉ-dire, 
qu'outre  fii  fignihcation  ordinaire  ,  il  s'applique  en- 
core à  telle  &  teile  chofe. 

fC?  Le  fens  par  extension ,  dit  M.  d' Alembert ,  tient 
le  milieu  entre  le  fens  propre  &  le  fens  figuré.  Quand 
je  dis,  l'éclat  de  la  lumière,  le  mot  ec/ureft  pris 
dans  le  fens  propre.  f^oye\  Sens-Ppopre.  Si  je  dis  j 
l'éclat  de  la  vertu  ,  éclat  eft  pris  dans  un  fens  figuré. 
/^oye;{  Sens-Figuré.  Mais  fi  je  à'xsïeddt  à\x  (on  y 
alors  le  mot  éclat  eft  tranfporté  par  extension  de  la 
lumière  au  fon  ,  du  fens  de  la  vue  auquel  il  eft  pro- 
pre ,  au  fens  de  l'ouïe  auquel  il  n'appartient  qu'im- 
proprement. Ainfi  l'on  ne  peut  pas  dire  que  le  m.oc 
éclat  dans  cette  phrafe  foit  pris  dans  le  Icns  propre. 
On  ne  peut  pas  dire  non  plus  qu'il  foit  pris  au  fi- 
guré ,  parce  que  les  expreflîons  figurées  ne  confiftenc 
que  dans  l'application  qu'on  fait  à  un  objet  intellec- 
tuel d'un  mot  deftiné  à  exprimer  un  objet  fenfible  , 
comme  quand  je  dis  \'éclat  de  la  vertu.  Ce  milieu 
entre  le  fens  propre  &  le  figuré  ,  eft  le  fens  par  <f.v- 
tension. 

Extension,  fe  dit  encore  de  cff  qui  eft  une  fuite 
&  une  dépendance  d'une  autre  choie.  La  commu- 
nion n'eft  autre  chofe  ,  félon  les  Pères  ,  qu'une  ex- 
tension ,  ou  une  fuite  de  l'incarnation.  Bourd. 
Exh.  2. 

EXTENUATION,  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Di- 
minution de  forces  ,  accompagnée  de  maigreur.  Ex- 
tenuatio.  Cette  fièvre  lente  lui  a  caufé  une  grande 
exténuation.  Cet  état,  qui  eft  ordinairement  la  fuite 
d'une  diflîpation  exceflîve  d'humeurs,  confifte  dans 
un  aftaifiement  général  des  vailTeaux  du  corps. 
Exténuation  ,  eft  aufli  une  figure  de  Rhétorique 
oppofée  à  l'hyperbole  ,  par  laquelle  on  diminue  j 
ou    amoindrit    les    chofes  :    les  Grecs  l'appellent 

On   dit  exténuation  d'un   crime ,    d'un  fait 
pour  affolbliffement ,  diminution. 

On  le  dit  quelquefois  en  Morale  ,  de  la  Dodrine 
&  de  la  Difcipline.  Ils  ont  voulu  faire  palfer  ce  fage 
retranchement  pour  une  exténuation  de  la  Dodrine 
de  TEglife  Romaine.  Arnauld. 
EXTÉNUER.  V.  a.  Caufet  de  la  maigreur  en  affoibif- 
fant  les  forces  Extenuare,deprimere.  La  fièvre  quarre 
a  fort  exténué CQ  malade  ,  l'a  fort  affoibli ,  amaigri. 
Elle  étoit  toute  exténuée  par  une  longue  abïlinence. 
S.  EvR. 
Exténuer  j  fe  dit  aufii  figurément  pour  Amoindrir,' 
diminuer.  Elevare ,  attenuare  j  dcprimere.  On  exténue 
les  chofes ,  quand  on  fe  fert  de  la  figure  de  Rhéto- 
que  appelée  exténuation.  Il  exténue  la  force  de  mes 
argumens.  La    mauvaife   conduite  des  Chrériens 
vient  des  doutes  quitraverfent  &  qui  exténuent  leur 
foi.  ViLL.  Un  Hiftorien  adroit  peut  exténuer  les  dé.- 
fauts ,  fans  les  dilïîmuler  abfolument.  S.EvR. 
EXTÉNUÉ ,  ÉE.  part.  &  adj.  Extenuatus.  'Vifage  exté- 
nué. La  Chamb.  Faciès  macilenta  ,  macie  deformis. 
EXTÉRIEUR,  EURE.  adj.  &  fubft.  Terme  relatif.  La 
partie  ,  ou  furface  du  corps  quiparoît  au-dehors,  à 
nos  yeux  ,    &  qui  eft  oppofée  à  l'intérieur  qui  eft 
cachée.  Exierior ,  externus.  La  face  extérieure  de  ce 


EXT 

bâtiment  ell  belle  ,  mais  l'intérieure  n'y  repond  pas. 
S'il  y  a  un  abcès  dans  ce  corps  ,  il  n'en  paroîc  rien  à 
Vexcérieur.  La  piiip.-^ic  des  hommes  ne  fe  détermi- 
nent point  à  un  icntimeiit  par  des  raitons  lolides  i!5c 
elTentielles ,  mais  par  certaines  marques  exicneures 
&  étrangères,  qu'ils  jugent  plus  convenables  à  la 
vérité.  La  raifon  eil  que  la  vérité  intérieure  des 
choies  ell  fouvent  allez  cachée  j  au  lieu  que  ces 
marques  excéneurts  font  claires  &c  fenlibles  :  de  lorte 

?[ue  les  hommes  le  portent  à  ce  qui  leur  elt  plus 
acile,  &  fe  rangent  prefque  toujours  du  côté  où  ils 
voient  les  marques  cxtcncurts  qu'ils  dilcernent  la- 
cilement.  Log.  L'homme  exïéncur ,  félon  le  langage 
de  l'Ecriture ,  le  prend  pour  le  corps ,  &  pour  les 
fens.  Quoique  dans  nous  l'homme  extérieur  fe  dé- 
truife  ,  néanmoins  l'homme  intérieur  fe  renouvelle 
de  jour  en  jour.  Un  homme  extérieur  peut  iigmher 
encore ,  un  homme  qui  n'ell  pas  folide  ,  qui  elt  lu- 
perficiel  :  ou  un  homme  un  peu  tourbe,  &c  quia 
une  apparence  crompeufe.  Bouh. 

On  dicauilî  dans  le  lor  intérieur  ,  ou  dans  le  for 
extérieur-^  pour  due ,  en  conlcience  ,  ou  devant  la 
juftice  des  hommes. 

En  termes  de  Ipiritualité  on  appelle  Chofes  exté- 
rieures ,  les  affaires ,  les  embarras  ,  les  objets  du 
monde  ^  &  tout  ce  qui  empêche  le  recueillement  j 
l'attention  à  Dieu ,  à  l'oraifon.  Quand  Dieu  voit 
une  ame  dégagée  des  choies  extérieures  ,  qui  ne 
font  propres  qu'à  la  remplir  d'embarras  &  de  nua- 
ges, il  fe  communique  à  elle.  Ab.  delaTr. 

Extérieur,  lîgnifieencorej  Dehors ,  apparence.  F^z- 
cies  j  vuitus  j  oris  &  totius  corporis  cjmpositio  ,  com- 
paratio ,  species.  Un  extérieur  poli  impofe  beaucoup. 
Bouh.  L'air  ,  &  l'extérieur  ,  doivent  être  une  ex- 
preffion  naturelle  de  ce  qui  le  palTe  au-dedans. 
S.  EvR.  La  douceur  fait  que  ['extérieur  demeure  tou- 
jours pailible.  M.  Esp.  Quoique  l'extérieur  ne  falle 
que  la  moindre  partie  du  mérite  d'un  honnête  hom- 
me, cependant  on  ne  peut  négliger  de  certains  de- 
hors fans  s'.ivilir  &c  fe  dégrader  foi-même.  Bell.  Il 
ne  fuffit  pas  à  une  femme  d'avoir  un  extérienr  mo- 
defte  &  compofé,  quand  elle  nourrit  dans.le  cœur  de 
véritables  attachemens.  Id.  L'atfedtation  d'un  grave 
extérieurQ^  unloupçon  d'hypocrifie.  S.  EvR.  \Jnex- 
térieur  ttop  lévère  ell  inutile  à  la  vertu  ;  il  ne  fert 
qu'à  en  rebuter.  M.  Scud.  Il  y  a  des  gens  qui  ont  de 
bonnes  qualités  fous  des  dehors  mal  compofés  ,  &c 
avec  un  extérieurnégVi^é  &  rebutant.  Bell.  L'exté- 
rieur des  hypocrites  ell  un  piège  groflier  ,  où  les 
gens  un  peu  pénétransne  fe  laillent  plus  furprendre. 
S.  EvR. 

§Cr  L'Extérieur  eft  ce  qui  fe  voie ,  ce  qui  paroît  & 
fe  préfente  aux  yeux  ou  au  toucher.  Il  fait  partie  de 
lachofe,  mais  la  partie  la  plus  éloignée  du  contre. 
Les  toits,  les  murs  ,  les  jours  &  les  entrées  fontl'e.v- 
térieur  d'un  château.  Il  ne  faut  pas  confondre  exté- 
rieur j  dehors  Se  apparence.  Foye^  ces  mots.  Syn. 
Franc. 

fjCT  Dans  le  fens  ^gmè^excérieur  Çq  dit  plus  fouvent 
de  l'air  &  de  la  phylionomie  des  perfonnes.  L'exté- 
rieur prévenant  n'ell  pas  toujours  accompagné  du 
vrai  mérite.  Foye\  Dehors  &  Apparence  au  li- 
gure, qui  ont  leur  idée  particulière. 

EXTÉRIEUREMENT,  adv.  Au-dehors.  Extra,  ex- 
rer/w.Toutes  les  manières  desCourtifans  font  belles 
extérieurement-^  mais  il  ne  faut  pas  trop  fe  fier  à  leurs 
promeireSjl'honnèteté  humaine  imite  extérieurement 
la  conduite  de  leur  charité.  Nie. 

EXTERMINATEUR,  adj.  m.  Qui  extermine,  qui 
détruit  pleinement.  Exterminator ,  dejlrucior ,  ever- 
sor,  deletor.  L'Ange  exterminateur  <^\\\  défit  l'armée 
de  Sennacherib.  Le  glaive  eATfer/ni/zarear. 

Un  chat  exterminateur, 

Et  redouté  des  rats  une  lieue  à  la  ronde. 

La  Fontaine. 

11  eftaulTifubftantif.  Hercule  a  été  \ exterminateur 
des  Monftresde  fon  temps. 


EXT  991 

EXTERMINATION,  f.  f.  Delhuûion  entière.  Ew- 
Jio  j  de(iruclio.  L'i:.xtermmation(its  hérélies.  L'exter- 
mination du  paganilme ,  des  vices. 

EXTERMINER,  v.  a.  Détruire  ablblument  une  na- 
tion ,  une  race ,  une  engeance.  Dclcrc  junditus  , 
extcrminare.  On  a  chalfé  ,  exterminé  k-s  Juifs  de 
Portugal  i  les  Maures  d'Efpagne  ;  les  Albigeois  de 
France.  On  a  extermine  la  race  de  ces  rebelles.  Il  ex- 
termina route  la  nation.  Ablanc.  Philippe  L  Bel  , 
Roi  de  France  3  pour  le  venger  des  Templiers  , 
prit  eni  507.  la  rélolution  de  les  exterminer  àz.n%  fon 
Royaume  ,  à  la  faveur  du  Pape  Clément.  Il  en  ex- 
termina la  plupart,  &  les  fit  cruellement  brûler.  Me- 
zeray.  On  ne  lauroit  exterminer  [3.  vermine,  les 
charençons d'un  grenier  à  blé,  les  fourmis  d'un  jar- 
din ,  &c. 

On  le  dit  figurément  des  chofes  morales.  Ce  Prin- 
ce a  extermine  les  hérélies ,  l'erreur ,  tous  les  vices 
de  fon  Etat,  de  fa  Cour.  La  politelîe  du  fiècle  a  e.c- 
terminé I3.  barbarie  de  celui  de  nos  pères. 

Exterminé  ,  ee.  participe.  Excermmatus  ,  deletus  j 
abolitus. 

EXTERNE,  adj.  m.  &:  f.  Terme  relatif.  Qui  paroît  au 
dehors;  il  ell  oppofé  à  interne  ,  qui  ell  caché  au  de- 
dans. Externus.  La  maladie  de  cet  homme  n'ell  pas 
externe  ,  il  n'en  paroît  rien  aux  yeux. 

03"  Externe  &  extérieur  font  abfolument  fynonymes. 
La  furface  d'un  corps ,  ce  qu'on  voit ,  ce  qu'on  tou- 
che ,  eft  fa  partie  externe  ou  extérieure.  Extérieur  eft 
plus  ufitc  dans  le  langage  ordinaire  :  externe  dans  le 
style  didaélique. 

Externe,  fignifie  aulTi  ce  qui  vient  du-dehors.  La 
fource  de  ce  mal  vient  d'une  caufe  externe.  Extra- 


neus. 


On  appelle  angles  externes  en  Géométrie ,  ceux 
qui  font  formés  par  les  côtés  d'une  figure  lediligne, 
prolongés  au  dehors. 

Externe  ,  en  termes  de  Collège  ,_  &  d'Académie ,  fe 
dit  au  fubllantif  des  Ecoliers  qui  ne  demeurent  pas 
dans  le  Collège  ,  qui  ne  font  pas  penlionnaircs  dans 
l'Académie  ,  mais  qui  y  viennent  prendre  leurs  le- 
çons ,  &c  y  faire  leurs  exercices  du  dehors. 

EXTINCTION,  f  f.  Aélion  par  laquelle  on  éteint 
une  chofe.  Extinclio.  Le  P.  Bouhours  a  remarqué 
fort  judicieufementque  ce  terme  nes'emploie  guère 
dans  le  propre  ,  &  qu'on  ne  dit  point  j  l'exu.:clicn 
d'un  grand  incendie  fefait  diiîicilementj  il  faut  dire 
un  grand  incendie  s'éteint  difficilement.  Les  fermes 
du  Roi  s'adjugent  à  l'extinclion  de  la  chandelle  j  & 
ondit  au  premier  feu  ,  au  fécond /eu  ,  quand  on  al- 
lume de  petites  bougies  pendant  la  durée  defquel- 
les  on  reçoit  les  enchères.  On  fulmine  aulîi  les  ex- 
communications à  l'extinction  de  la  chandelle.  C'eft 
en  ce  fens  un  mot  d'art  ;  car  on  ne  dit  point ,  j'ai  lu 
jufqu'à  l'extinclion  de  ma  chandelle  ,  ni  l'extinclion 
d'un  flambeau.  Bouh.  La  mort  d'un  vieillard  vienc 
de  l'extinclion  de  la  chaleur  naturelle.  Extinclion  de 


voix. 


On  dit  difputer  jufqu'à  extinclion  de  chaleur  natu- 
relle ,  &  fimplement  jufqu'à  extinclion.  AcAD.  Fr. 
c'eft-à-dire  ,  jufqu'à  l'entière  ceiïationd'adlion  des 
facultés  naturelles. 

On  dit  auffi  en  Morale  ,  &  dans  le  figuré  j  l'ex- 
tinclion d'une  penfion  ,  d'une  rente ,  lorfqu'elles  font 
amorties,ou  rachetées,  ou  qu'elles  ceiïent.  L'extinc- 
tion d'une  charge,d'un  droit ,  d'une  impofition,lorf- 
qu'onles  revoque.qu'on  les  fupprimCjqu'onles  éteint. 
L'extinclion  d'xmQ  famille,  l'extincliondsl'héïcCis. 
L'extinclion  d'un  crime,  la  rémilîion  ,  l'abolition,  la 
prefcription  d'un  crime.  Le  P.  Bouhours  approuve 
toutes  ces  phrafes  ;  mais  il  ne  croyoir  pas  qu'on  pût 
mettre  extinclion  à  tout  indifféremment  dans  le  fi- 
guré ,  quoique  de  très-bons  Auteurs  n'en  aient  point 
fait  de  fcrupule.  C'eft  une  extinclion  entière  de  rai- 
fon que  de  ne  fe  point  mettre  en  peine  de  ce  qui  ar- 
rivera à  la  fin  de  cette  vie.  S.  EvR.  Les  gens  du  mon- 
de fe  trouvent  dans  la  diftipation  ,  dans  la  fécheref- 
fe  ,  &  par  des  fuites  nécelfaires  dans  l'endurcilTc- 
metu  ,  dans  l'infenfibilité  du  cœur ,  &  dans  l\x~ 


c;  55  2,  EXT 

■cinciiondc  toute  piété.  Fl.  La  faiiire  indifFcrence  des] 
dévocs  conccinpUafs  n'eft  poiiu  une  exclulion  de 
tous  delîrs,  m  une  extincUon  de  toute  volonté.  Fen. 
Une  indiftcrence  (î  inleniée  tend  plutôt  à  ïextinc- 
ûon  du  Chnltianifme  ,  qu'à  la  pertedion  Hvani;é- 
•lique.  Id.  La  fagessedes  vieilbrds  n'eft  qu'une  ex- 
tinction des  l'entunens ,  &  une  incapacicé  de  fen- 
tir.  S.  EvR.  Une  telle  extinction  de  la  natute  épou- 
vante. Us  feront  plus  à  leur  aile  dans  le  Monaftère , 
qu'ilsn'étoient  dans  le  liécle-;  ce  quieft  prcciféi-nent 
la  ruine  du  deirein  de  leur  retraite,  &  ['extinction 
de  l'efprit  de  pénitence. 
Extinction  ,  le  die  aullien  Chimie  &en  Pharmacie, 
lorfqu'on  éteint  dans  quelque  liqueur  des  minéraux, 
■ou  chofes  fem'olableSjiougies  au  feu,  loit  pour  adou- 
cir leur  acrimonie,  comme  la  tutie  ,  qui  eft  faite 
de  perles  ;  foit  pour  communiquer  leur  qualité  à  la 
liqueur,  comme  celle  de  l'acier  à Tcau  ,  celle  des 
briques  à  l'huile  5  foit  pour  leur  donner  quelque 
trempe  ,  comme  à  l'acier  ,  qui  fe  tait  par  i'extinchon 
d'un  fer  chaud  dans  l'eau,  ou  dans  quelque  prépara- 
tion convenable. 
Extinction  ,  fe  dit  encore  j  quand  on  mêle  fi  bien 
du  vif  argent  dans  de  la  térébenihinej  ou  dans  de  la 
grailfe  ,  qu'il  eft  rendu  imperceptible. /^o}'.  Etein- 
dre. 
EXTIRPATEUR.  f.  m.  Qui  détruit ,  qui  déracine. 
Les  Rois  Trcs-Chrétiensont  été  lesplus  grands  ex- 
cirpjteurs  des  héréfies  \  ceux  qui  ont  fait  le  plus  la 
guerre  aux  Hérétiques.  On  ne  le  dit  point  au  pro- 
pre. 
EXTIRPATION,  f.  f.  Adion  d'extlrpçr ,  de  déraci- 
ner. Exnrpatio.  Il  n'eft  guère  d'ufage  au  propre 
qu'en  parlant  de  certaines  excroilîances  j  de  certai- 
nes tumeurs  qui  ont  comme  des  racines.  Vexcirpa- 
xion  d'un  cancer ,  d'une  loupe ,  d'un  polype. 
^Tl  fîgnifie  figurément,  Defttudtion  totale. Dans> 
les  prières  du  Jubilé  ^  on  en  met  une  pour  l'extir- 
pation des  héréfies.  Prier  Dieu  pour  {'extirpation  des 
héréfies.  Arn.  L'extirpation  des  vices. 
ifT  EXTIRPER.  V.  a.  Ce  verbe  n'eft  guère  employé 
au  propre  qu'en  parlant  des  mauvaifes  herbes  :  c'eft 
les  déraciner  ,  de  façon  qu'elles  ne  puillent  plus  re- 
venir. Ext'irpare  y  evellere.  On  a  bien  de  la  peine  à 
extirper  les  méchantes  herbes, 

l)-T  On  le  dit  aufti  en  Chirurgie.  Extirper  un  can- 
cer ,  une  loupe  ,  un  polype  j  &c.  C'eft  les  arracher , 
les  couper  entièrement. 

§CT  On  ledit  plus  fouvent  au  figuré  ,  en  parlant  de 
certaines  chofes  pernicieufesqu'on  détruit  entière- 
ment.f-vfirjper  les  héréfies, les  fedes,les  vices, les  paf- 
lions,nne  race.On  a  eA-rir^pt-'autrelois  lesAlbigeois,on 
lesadétruits  abfolument.Sous  prétexte  d'e.vn'r/'er  tous 
lesdefirs,&  de  dépouiller  l'homme  de  toute  volonté, 
il  eft  dangereux  de  le  conftituer  dans  l'indolence  ,  & 
dans  l'inadlion.  Boss.On  riexàrpe  guère  tout-à-fait 
les  vices  originels -.on  les  cache,  &on  les  couvre  feu- 
lement. Mont. 
Extirpé  ,  ée.  participe.  Stirpitus  evulfus  ,  ext'irpatus. 
I^Ces   mots  viennent  du   Lisxxn  fiir ps  ,  izonc^ 
fouche  ,  plante  qui  a  racine.  Extirper  ,  ôter  le  tronc 
jufqu  à  la  racine. 
EXTISPICE.  f.  m.  Celui  qui  confidére  les  entrailles 
des  .animaux  pour  en  tirer  des  préfages  de  l'avenir. 
Extifpex.  Cette  forte  de  divination  fut  fort  en  vo- 
gue dans  la  Grèce,  où  il  y  avoir  deux  familles  \  celle 
desJamides,  &  celle  des  Clytydes  ,  qui  y  étoient 
confacrées.En  Italie  où  cet  art  eut  aulfi  grand  cours, 
les  premiers  Extijpices  furent  les  Etruriens.  Lucain 
donne  une  image  d'une  de  ces  opérations  dans  fon 
premier  Livre.  Voici  comment  Brébeufl'a  rendue  : 
elle  fera  comprendre  en  quoi  confiftoit  cet  art ,  & 
combien  il  étoit  vain. 

La  victime  s'approche  ,  &  le  couteau  tout  prêt, 

Onfent  quelle  réfljie  à  ce  cruel  arrêt , 

Par  de  rudes  écarts  trouble  fon  facr'ifice  , 

Et  refufefon  fang  à  cejunefle  office  \ 

Quelle  ne  peut  fou^rir  Us  yeux  des  Immortels , 


EXT 

Et  qùunfccrct  uiftinci  l'arrache  des  Autels, 
Elle  tombe  pourtant  fous  le  coup  du  Mimftre  _, 
Mais  ,  o  prodige  ajfreux  !  Jpectacle  trop  Jinijlre  .' 
On  voit  en  mcnie  temps  dejon  gojier  ouvert 
Couler  à  gros  bouillons  un  poijjon  noir  à"  vert. 
Le  Prophète  arrachant  les  entrailles  vivantes 
Examine  le  joie  &  fes  fibres  mouvantes  : 
Ll  cherche, dans  le  cœur  &  dans  les  inieftins, 
La  colère  des  Dieux  ,  &  l'arrêt  des  jDefiins  ; 
D'unfang  noir  &  pourri  leurs  membranes  tachées , 
Les  poumons  altérés  ,  6'  leurs  fibres  cachées  , 
Le  cœur  fans  mouvement ,  les  veines  fans  couleur  3 
Portent  dans  fon  efprit  le  trouble  &  la  douleur. 
Au  côté  qu'il  a  fia  ne  à.  lajorce  ennemie 
La  couleur  efi  vermeille  ,  G'  la  cha'ir a^erm'ie  : 
L'autre  eft  tout  languijfant  &  tout  défiguré  \ 
Et  ce  qui  lui  prononce  un  malheur  a  (Juré  ^ 
A  la  tète  du  foie  une  autre  eft  attachée  : 
L'une  à  demi  pourrie  &  prefque  dejféchée  3 
L'autre  dans  fa  vigueur  à  dans  fon  mouvement 
E  xplique  les  progrès  d'un  cruel  changement. 

Ce  mot  vient  du  Latin  exta  ,  qui  fignlfie  Entrail- 
les j  Scy/j/c^re  ,y/'icio,  regarder,  conhdérer. 

EXTISPISCINE.  t'A.  L'art  des  Extifpices  ,  eft  l'art  de 
deviner  par  l'infpeûion  des  entrailles  des  vidimes 
ou  des  animaux.  Extifpicina. 

EXTOLLER.  vieux  v.  a.  Elever,  exh-auffer,  rehaulTer, 
louer ,  du  Latin  extollere. 

Extollé,  ee.  part.  Vieux  mot.  Élevé,  du  Latin  e.vfo/- 
lere.  Elatus  ,  fublatus  ,  a  ,  um. 


Vo'ici  pour  vrai  ,  l'été ,  dont  la  volée 
Par  Jà  vertu  a  la  France  extoUée. 


Marot. 


E  X  T  O  R  A  S.  f.  m.  On  nomme  aînfi  en  Provence 
cette  gomme  que  nos  Droguiltes  appellent  du  fto- 


rax. 


EXTORQUER,  v.  a.  Tirer  quelque  chofe  de  quel- 
qu'un par  force  ou  par  importunité  ,  par  carreftes 
ou  par  menaces  ,  par  fuggeftion  ou  par  toute  autre 
voie  qui  exclut  la  libetté  du  confentement  dans  ce- 
lui qui  accorde  cette  chofe.  Extorquere  ,  auferre  ptr 
vim ,  eripere.  On  Extorque  la  vérité  de  la  bouche 
des  criminels  par  les  tourmens  de  la  queftion.  On  a 
extorqué  le  confentemeni  de  cette  fille  par  menaces 
&  par  importunité.  Quand  on  prouve  qu'on  a  ex- 
torqué,  ou  fuggeré  un  teftament,  on  le  déclare  nul. 
Ce  font  des  grâces  que  les  prellantes  nécellités  de 
l'Etat  ont  extorquées.  Pat. 
Extorqué  ,  ée. part. 

EXTORSION,  f.  f.  Adion  par  laquelle  on  extorque- 
par  force  ,  par  menace  ,  par  autorité.  Extorfio  ,  abla- 
tio  v'iolenta.  Ce  Juge  n'eft  liche  que  des  extorfions 
qu'il  a  faites  fur  le  tiers  &  le  quart.  Les  Grands- 
Jours  font  établis  pour  faire  juftice  àz%.  extorfions. 
qu'on  a  faites  fur  le  peuple.  Antonius  jeune  Evêque 
Africain  ,  ayant  opprimé  le  peuple  d'un  cerrain  can- 
ton de  fon  Diocèfe  par  des  extorfions,  on  eut  foin- 
d'empêcher  qu'il  ne  gouvernât  à  l'avenir  les  habitant 
de  ces  lieux  là.  De  la  Roche. 

CG°  Ce  mot  dans  cette  acception  ne  fe  dit  guère 
que  desémoiumens  exceiîifs,  exigés  d'aurofité  par 
quelques  Officiers.  Alors  il  eft  fynonyme  du  mot 
concujfion  qui  eft  beaucoup  plus  en  ufage. 

IP"  On  le  dit  aufti  par  rapport  aux  ades  pour 
lefquels  on  a  tiré  un  confentement  forcé  de  quel- 
qu'un. 
^Xr/î-^.  f.  m.  Terme  de  Pa!ai«.  Jour  extraordinaire 
auquel  on  tient  l'audience.  Les  audiences  qui  fe  tien- 
nentpendantles  vacations  s'appellent  exrra,  &dans 
les  fenrences  on  dit ,  les  parties  ont  été  renvoyées  au 
prochain  extra. 

Ce  mot  vient  ou  du  mot  extraordinaire  ,  dont  il 
eft  un  abrégé  j  parce  que  les  audiences  appelées 
extrxL  font  extraordinaires  ;  ou  de  la  prépofition  La- 
tine extra. ,  qui  veut  dire  hors  ,  parce  que  ces  au- 
diences fe  tiennent  hors  du  temps  ordinaire. 

Extra 


EXT 

Extra,  adv.  ou  prcpofuion  latine.  Terme  de  Cano- 
nifte.  On  défigne  parce  mot  les  decrccales  quand  ou 
les  cite  par  écrit ,  comme  qui  diroit ,  iiors  du  dé- 
cret de  Gratien  ,  parce  que  ce  décret  compofoitfeul 
le  corps  du  droit  canon  ,  iorfque  cette  manière  de 
cirer  les  dccretaies  fut  introduite.  Extra  ,  id  elt ,  tx- 
zra  corpus  juris. 
EXTRACTION,  f.  f.  Terme  de  Chimie.  Opération 
Chimique  par  laquelle  on  extrait  les  ellcnces  ,  les 
teinturei  ,  &  les  autres  qualités  des  corps  naturels. 
Excr^clio.  C'elt  en  effet  une  léparation  des  parties 
les  plus  pures  i^  les  plus  eirentieiles  du  médicament 
d'avec  les  groiîières  &  ter'eltres  ,  par  le  moyen  de 
quelque  inenllrue  propre.  C'ell  par  fon  moyen  que 
le  font  les  extraits  de  rhubaibe,  defcné,  d'ellébo- 
re, &c 

En  termes  du  Grand  kn^Extraclionkàk  de  l'é- 
tat où  ell  l'ouvrage  lorfque  la  couleur  noue  paroît  j 
&  que  la  putréfaction  de  la  matière  fe  bit. 
^C?  Extraction  ,  en  Chirurgie.  C'eft  une  opération 
par  laquelle  on  tire  du  corps  une  matière  étrangère 
qui  s'y  ed  formée,  ou  qui  s'y  eft  introduite  contre 
nature;  comme  une  pierre  qui  le  forme  dans  la  vef- 
fîe ,  dans  les  reins.  L'extraàion  appartient  à  l'exé- 
réfe  ,  comme  l'efpèce  au  genre. 

On  le  dit  aullides  métaux  &  desmincraux.Quand 
une  mine  n'ellpas  riche,  Xextracllon  du  métal  coûte 
plus  qu'il  ne  vaut. 
Extraction  ,  fe  dit  figurément  en  Généalogie  ,de  la 
fouche  ,  de  la  famille  dont  on  ell  forti.  Stirps ,  ori- 
go  ,  genus.  Il  tant  prouver  la  nobleile  de  fon  extrac- 
tion ,  quand  on  veut  entrer  dans  les  ordres  de  Che- 
valerie j  ou  dans  certains  Chapitres.  C'elf  la  même 
cliofe  que  defcendance. 
Extraction.  Terme  d'Arithmétique  &  d'Algèbre. 
h'excraciion  des  racines  ell  l'opéiation  par  laquelle 
on  trouve  la  racine  d'une  puillance  donnée  ;  &  elle 
sappelleaulTilaréfolutiondespuiirances.  Reyneau, 
1.  excraclion  de  la  racine  carrée  j  delà  racine  cubi- 
que ,  &c.  On  forme  le  carré  ,  le  cube,  &les  autres 
pu;  (Tances  ,  en  multipliant  continuellement  le  nom- 
bre donné  par  lui- même.  Cette  multiplication  coin- 
pofe  lespuilfances  :  XextraciioriàQ  racine  les  décom- 
pole.  Vexcraclion  de  racine  efl  à  la  multiplication  de 
puilfances  ,  ce  que  l'an.ilyfe  ell  à  la  fynthèse.  Ainfi 
4,  par  4,  fait  i6  ,  qui  eft  le  carré  de  4,  ou  le  pro- 
duit de  4  ,  par  lui-même  3  &  iC  ,  par  4  j  fait  (Î4  j 
:  qui  eillecube  de  4,  ou  le  produit  de  4  ,  par  fon 
carré.  Voilà  la  compolîrion  des  puilfances.  La  racine 
carrée  de  1 5,  eft  4,  parce  que  4,  eft  le  quotient  de 
16,  divifépar4,  &  la  racine  cubique  de  (Î4,  eft 
aulTi  4  ,  parce  que  4  eft  le  quotienr  de  54  divifé 
par  le  carré  de  4.  Voilà  Xextraclion  de  la  racine. 
EXTRADOS,  f.  m.  Curvité  extérieure  d'une  voûte  , 
ou  côté  du  voutToir  qui  fait  le  delfus  ,  &  q^ui  for- 
me le  cintre  de  la  voûte.  Faciès  excerior  Jornicis. 
On  l'appelle  douelle  extérieure.  C'eft  l'oppofé  d'in- 
trados. 
EXTRADOSSÉ,  it.  adj.  On  ne  trouve  ce  mot  qu'au 
(èvnmm  ,  voûte  excradojjée ,  eft  une  voûte  dont  le 
dehors  n'eft  pas  brut  ;  c'eft-àdire ,  que  les  queues 
des  pierres  font  coupées  également,  en  forte  que 
le  parement  extétieur  eft  aulîî  uni  que  celui 
de  la  douelle.  Fornix  utraque  ex  parte  laboratus  j 
polltus. 
EXTRAIRE.  V.  a.  C'eft  en  général  tirer  quelque  chofe 
d'une  autre.  Extrahere.  Il  fe  conjuge  2\n(\.yextrais^ 
tu  extrais  3  il  extrait^  nous  extrayons ,  vous  extraye^y 
Us  extrayent.  Voyez  Traire. 
|Cr  Extraire  ,  en  Chimie  ,  c'eft  féparerd'un  mixte, 
d'un  compofé  un  de  leurs  principes,  par  le  moyen 
de  quelque  menfttue  propre.  Extrahere ,  exprimere. 
Il  y  a  plufieurs  moyens  è^extraire  les  principes  des 
végétaux  &  des  minéraux  ,  foit  par  la  prefllon  ,  in- 
fufion  ,  lotion  ,  calcination  ,  diftillation  ,  cohoba- 
tion  ,  ou  autres  opérations  qu'enfeignent  la  Phar- 
macie ou  la  Chimie. 
Extraire.  Terme  d'Arithmétique.  Extraire  les  ra- 
cines des  pui (Tances.  C'eû  faire  l'opération  pat  la- 
Tome  lll. 


EXT 


99  ^ 


quelle  onrroiivele  nombre  par  la  multiplication  da 
quel  la  puillance  a  été  produite  oulorn.éc;  par 
exemple,  extraire  la  racine  carrée  de  4,  puillancei*', 
c'eft  taire  l'opération  arithmétique  qui  donne  2.  pour 
racine  de  4  ;  &  de  même  de  la  racine  cubique  8 
&  de  la  quatrième  puilfance  16.  C„da  s'appelle 
auHi  réloudre  les  puilfances  ,  &  léfolutions  des 
puilîanccs. 

Pour  extraire  les  racines  ,  1°.  confidérant  la  ra- 
cine comme  un  binôme  a  + ,  où.  a  répréfente  le 
cluftre  ou  les  chiffres  trouvés  ,  &  b  lepréftnte  le 
chirtre  cherché.  2".  Appelant /j  l'exposant  de  la  ra- 
cine cherchée  ,  &  r/  le  nombre  des  chiffres,  qui  for- 
ment le  nombre  donné.  1".  Divifez  le  nombre  don- 
né en  autant  de  tranches  que  ^  contient  de  fois/;  , 
de  forre  que  chaque  tranche  ,  à  commencer  de 
droire  à  gauche  ,  contienne  autant  de  chiffres  que 
p  conrient  d'unités,  excepté  la  première  à  gauche  , 
qui  en  peut  contenir  moins  ;  c'eft- à-dire,  divifcz  le 
nombre  donné  en  tranches  de  deux  chiftres  en  deux 
chiffres ,  li  vous  en  voulez  tirer  la  racine  carrée. 
Divifez  ce  même  nombre  de  trois  en  trois ,  lî  vous 
voulez  en  tirer  la  racine  cubique  ^  &c. 

i".  Tirez  la  racine  de  la  première  tranche  à  gau- 
che :  cette  racine  fera  le  premier  chiffre  delà  racine 
cherchée. 

3  ".  Otez  la  puiffance  ap  de  cetre  première  tran- 
che j  &  écrivez  le  refte ,  s'il  y  en  a  un  ,  avec  la 
tranche  fuivante ,  comme  un  dividende. 

40.  Ecrivez  comme  divifeur  fous  ce  dividende  la 
fomme  de  toutes  les  autres  puilTanccs  d'à  qui  fe 
trouvent  dans  la  lormule  de  la  puillance  d'à  -f-3  qui 
a /7  pour  expofant;  c'ell-à-dire  ,  écrivez  z  a  pour  la 
racine  carrée  ;  écrivez  j  a^  plus  3  a  pour  la  racine 
cubique  ;  écrivez  4  «'-h  6^^4.4  a  pour  la 
racine  quatrième  ,  &c.  En  obfervanr  que  a  étanc 
des  dix.iines  par  rapport  à  1^,  il  s'enfuit  que  i?t?  font 
des  centaines  &  a'  des  milles  j  &c.  Le  quotient 
b  fera  le  fécond  chiffre  de  la  racine  cherchée  ,  &  il 
doit  être  pris  plus  petit  qu'on  ne  le  prendroit  dans 
la  divifion  ordinaire,  parce  qu'après  avoir  pris  i^ , 
il  faut  fermer  rout  le  refte  de  la  puilTance  d'^^.! 
élevée  à  l'expolanr /^ ,  &  l'ôter  du  dividende  ;  c'elt- 
à  -  dire ,  que  dans  la  racine  carrée  il  faut  ôter 
la  b  ^bb  ,  que  dans  la  racine  cubique  il  faut  ôrec 
3  aab^^  abb  ^  b'  ,  &c.  &  écrire  le  refte  ,  s'il  y 
en  a  un  ,  avec  la  troifième  tranche  ,  comme  un 
nouveau  dividende. 

5''.  Confidérezces  deux  premiers  chiffres  trouves 
comme  un  nombre  incomplexe  de  dixaines  ii ,  &  le 
troifième  chiffre  cherché  comme  des  unités  b  y  ëi 
opérez  pour  trouver  ce  troifième  chiffre,  comme 
vous  avez  fair  pour  trouver  le  fécond  ,  &  ainfi  juf- 
qu'au  dernier. 

S'il  ne  refte  rien  ,  la  racine  eft  exade  ;  s'il  refte 
quelque  chofe  ,  la  racine  eft  approchée.  Exemple. 
Il  faut  tirer  la  racine  carrée  de  131^9.  Je  le  divife  en 
deux  tranches  1 3  I  69.  &  je  dis  :  la  racine  carrée  de 
15  eft  3.  J'écris  3  :=  <z  pour  premier  chiffre  de  la 
racine  cherchée. 

2°.  J'ôte  9  de  13  ,  il  refte  4.  &:  j'ai  pour  divi- 
dende 469.  fous  lequel  j'écris  comme  divifeur  z 
a  =:  60  ;  &  je  dis  :  en  46  combien  de  fois  6}  il  y  eft 
7  fois  ;  mais  avant  que  d'écrire  7  ,  je  forme  le  reft 
du  quart  à^a^b ,  c'ell-à-dire  ,  i  ab  +  b  bz:: 420    6 

49  =  4<î9- 

3°.  J'ôte  4(^9  de  4(^9  j  il  ne  tefte  rien  :  la  ra- 
cine carrée  de  ii6^  eft  37.  nombre  cherché  D« 
Lagny. 

OriRATION       ABRÉGÉS. 
13  169.  (37. 


9 

4 

69 

000 

"Kkkkkk 

QQA.  £/  yL    i 

Le  Myftère  n'eft  pas  fi  grand.  Il  n'y  a  qu'à  ôcer 

rexpolanc,  &  l'on  a  la  racine  a^  b'  c^  &c.  Se  ôtez 

z.  3.  4.  &  a  j  b ,  c ,  font  les  racines. 

Extraire,  fe  dit  en  Morale,  de  la  fubftance  ,  de 

l'abrégé  qu'on  tire  de  tout  ce  qu'il  y  a  de  bon  dans 

tirer  d'un  livre ,  d'un  régiftre  j   &c 


un  livre 


es 


pa(ïages  ,  les  enfeignemens  dont  on  a  beioui.  /^.v- 
trahere  i  defcnbere  ,  exscnberc.  Cet  homme  a  fait' 
extraire  pluiieurs  titres  du  Tréfor  des  Chartres ,  des 
Manufcrits  de  la  Bibliothèque  du  Roi.  Il  a  extrait 
des  fentences  de  l'Ecriture  ,  des  Pères,  des  Auteurs 
profanes,  des  Pocies  ,  des  Hiftoriens ,  des  Philofo- 
phes  :  ce  qu'on  appelle  autrement  des  lieux  communs. 
Cela  a  été  extrait  des  Regiftres  du  Parlement, 

|13"  En  matière  de  Littérature  ,  c'eft  faire  ou  don- 
ner une  expofition  abrégée  d'un  livre,  d'un  ou- 
vrage. Redioere  in  compendium.  Voye\  Epitome. 
§3°  Extraire  un  Journal ,  dans  le  Commerce  ,  c'eft 
en  faire  le  dépouillement ,  le  relevé.   Voye^  ces 
mots. 
Extrait,  aite.  part.  &  adj.  Extraclus  ,  exfcripm. 
EXTRAIT,  f.  m.  En  terme  de    Pharmacie  ,  c'eft  la 
partie  la  plus  pure  des  végétaux ,  qu'on  a  féparée 
des  grolîières  j  Se  dilFoute  dans  quelque  menftrue 
propre,  par  le  moyen   de  la  digeftion  ,  &  léduite 
en  une  confiftance  épailFe  ôc  humide  par  la  dilHlIa- 
tion ,  ou  évaporation  de  l'humidité  du  menftrue. 
Extraclum.  La  Pharmacie  donne  l'art  de  préparer 
une  infinité  ^extraits  ,   tant  des  végétaux ,  que  des 
autres  corps  naturels.  On  a  trouvé  depuis  quelque 
temps  la  manière  de  faire  des  extraits  de  viandes 
bouillies  :  ces  extraits  font  en  tablettes  ,  &:  on  peut 
les  porter  commodément  fur  terre  &  fur  mer.  Ils  fc 
confervent  alfez  long-temps  ;  &  par  le  moyen  de 
ces  extraits  on  a  ,  quand  on  veut ,  de  bons  bouil- 
lons ,  des  confomméî.  Cette  invention  eft  due  à 
M.  Du  BuilPon.  Il  la  montra  à  TAcadémie  Royale 
des  Sciences  en  i6G^.  ^oye^  l'Hiftoire  de  M.  Du- 
hamel ,  p»  145-  Lss  extraits  diftèrent  des  principes 
chimiques  ,  en  ce  que  les  extraits  font  encore  joints 
fort  intimement  à  d'autres  principes  ;  &  que  chacun 
des  ptuicipes  chimiques  eft  féparé  des  aurres  prin- 
cipes j  ou  n'en  contient  pas  tant ,  quand  on  a  fait 
l'analyfe  entière  d'un  corps  n.aturel. 
Extrait  ,  fe  dit  aulfi  de  ce  qui  eft  tiré  d'un  livre  , 
d'un  regiftre  ,   d'une  expofuion  abrégée  d'un   ou- 
vrage. Sententia ,  compendium  ,  epitome.  Ce  Docteur 
a  fa1c  un  extrait  des  palfages  des  Pères  qui  confir- 
ment fon  opinion.  Cet  Ecolier  a  fait  un  extrait ,  un 
précis  de  tour  ce  qu'il  y  a  de  beau  dans  Cicéron  , 
dansTite  Live  :  il  a  fait  un  extrait,  un  abrégé  de 
fon  cours.  J'ai  fait  un  extraitdes  Coutumes  des  La  ■ 
cédcmoniens.  Abl.  La  Cour  eft ,  pour  ainfi  dire  ,  un 
extrait  de  tout  le  Royaume  :  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus 
fin  &  de  plus  pur  s'y  rencontre.  S.  Evr. 
Extrait  ,  fe  dit  aufii  au  Palais  des  copies  entières  des 
Arrêts,  ou  des  titres  enregiftrés  qu'on  tire  des  dé- 
pôts &  ades  publics.  Defcriptum  apagraphum.  Voilà 
un  extrait  d'un  tel  Arrêt ,  d'un  tel  Edit ,  qui  a  été 
véiifié  &  enregiftré.  Un  ex;rt;ir  baptiftaire ,  ori  un 
extrait  des  regiftres  mortuaires  d'une  telle  Paroifie, 
c'eft  une  expédition  tirée  fur  ces  regiftres.  Tu  portes 
fur  ton  front  ton  extrait  baptiftaire.  S.  Evr.  Un  Ar- 
rêt par  extrait  eft  celui  qui  n'eft  pas  exécutoire  fans 
une  commilîion  qui  y  doit  être  attachée ,   &  qui  eft 
intitulé.  Extrait  des  Regiftres  du  Parlement ,  du 
Confeil  -,  à  la  différence  de  ceux  qui  font  en  forme  , 
qui  portent  leur  commilTîon  ,  ôc  qui  commencent 
ainh  ,   Louis  ,  par  la  grâce  de  Dieu  ,  &c. 
Extrait  >  fe  dit  aulTi  de  l'abrégé  d'un  procès  que  doit 
faire  un  Rapporteur ,  qui  contient  la  date  &  la  lubf- 
tance  des  pièces ,  pour  foulager  fa  mémoire  j  lorf- 
qu'il  le  rapporte  fur  le  Bureau.  Summa  capita.  Les 
bons  Rapporteurs  devroient  faire  eux-mêmes  leurs 
extraits.  On  voit  dans  leftvle  des  Cours  j  des  Lettres 
Patentes  du  Roi  pour  difpenfer  un  Confeiller  de 
faire  lui-même  fes  extraits  ,  à  caufe  qu'il  avoir  la 
vue  balTe.  Elles  ne  font  que  de  Tannée  1625.  Quand 


EXT 

une  produèlion  a  été  perdue ,  on  ordonne  que  foi 
lera  ajoutée  à  ['extrait. 
Extrait  ,  dans  quelques  Coutumes  ,  fignifie  le  droit 
que  les  Seigneurs  ont  de  partager  les  biens  d'un  bâ- 
tard décédé  fans  enlans  ,  &  fans  teftament. 
ÇfT  EXTR AJUDICIAIRE.  adj.  de  t.  g.  Terme  de  Ju- 
rilprudence  ,  qui  s'applique  à  tous  les  adles  qui  font 
hors  jugement,  &  ne  font  point  partie  d'un  procès 
acluellement  pendant  en  Juftice  ,  quoiqu'ils  foient 
faits  par  le  miniftère  d'un  Huilîier.  Une  requête  qui 
n'a  pas  été  ordonnée  par  le  Juge,  eft  extrajudiciaire, 
&c  le  Juge  n'y  a  aucun  égard.  Tout  aéle  qui  n'a  pas 
été  fignifie  à  la  Partie  ,  quelque  déciiif  qu'il  puifle 
être  ,  eft  extrajudiciaire.  Foye\  Judiciaire  qui  eft 
fon  oppofé. 
EXTR  A  JUDICIAIREMENT.  Hors  de  la  forme  ordi- 
naire des  Jugemens. 
Ip- EXTRAORDINAIRE,  adj.de  t.  g.  quelquefois 
employé  fubftantivement.  Quelques-uns  prétendent 
avec  Richelet ,  qu'il  faut  prononcer  &  écrire  ex- 
trordinaire  de  cinq  fyllabes.  L'ufage  général  eft  d'é- 
crire &  de  prononcer  extraordinaire. 

fCF  Ce  terme  s'applique  aux  chofes  qui  n'arri- 
vent pas  ordinairement ,  qui  ne  font  pas  d^un  fré- 
quent ufage  j  &  lorfqu'il  eft  confidéré  dans  un  autre 
fens  que  dans  celui  du  fréquent  ulage  ,  il  le  dit  par 
rapport  au  mérite  des  chofes  \  alors  il  annonce  quel- 
que chofe  de  diftingué.  Il  eft  employé  dans  ces  deux 
acceptions  dans  les  exemples  fuivans.  Extraordina- 
rius  J  inufitatus  ,  infignis.  Il  naît  de  temps- en-temps 
de  grands  génies ,  des  hommes  extraordinaires.  Il 
arrive  bien  des  cas  ,  des  accidens  extraordinaires  3 
que  les  Lois  ne  peuvent  prévoir.  On  a  vu  dans  tous 
les  ficelés  des  fortunes  extraordinaires.  Les  Comètes 
n'ont  rien  êi  extraordinaire  que  pour  le  peuple.  Riea 
n'eft  fi  commun  ,  rien  ne  paroît  ù.  aifé  à  un  Philo- 
fophe  ,  que  de  faire  un  fyftême  fur  tout  ce  qui  pa- 
roît d'extraordinaire.  Le  peuple  fouffriroit  plutôt  un 
vice  commun ,  qu'une  vertu  extraordinaire.  'Voit. 
On  ne  s'accommode  des  hommes  extraordinaires  ^ 
qu'autant  qu'on  leur  relEemble.  S.  Réal.  L'impoffi- 
ble  ne  paroiiroit  c{\\  extraordinaire  à  Catilina,  &r^;c- 
traordinairc  lui  fembloit  commun  &  facile.  S.  Evr. 
Il  y  a  je  ne  fai  quelle  malignité  dans  le  cœur ,  qui 
fait  qu'on  ne  peut  fouffrir  dans  les  autres  un  mérite 
extraordinaire.  Bell. 

IJCF  Ce  tetme  pris  dans  le  premier  fens,  pourfi- 
gnifier  ce  qui  n'eft  pas  félon  l'ulage  ordinaire  ,  fe 
prend  quelquefois  en  mauvaife  part;  voilà  un  hom- 
me bien  extraordinaire.  Coiff^iire  extraordinaire. 
Manières  extraordinaires,  ici  fignifie  quelque  chofe 
de  ridicule  ,  de  choquant. 

On  appelle  un  Ambafladeur  ,  Envoyé  extraor- 
dinaire ,  celui  qu'on  envoie  ou  qu'on  reçoit  pour 
trairer  de  quelque  affaire  particulière  &  impor- 
tante ,  ou  pour  quelque  cérémonie ,  pour  un  ma- 
riage de  Prince  ,  ou  pour  des  complimeus  de  con- 
doléance. On  appelle  auffi  Couriers  extraordinaires, 
ceux  qu'on  envoie  exprès  Se  en  diligencCjpour  quel- 
que affaire  prelfée. 

En  termes  de  Palais  ,  on  appelle  une  procédure 
extraordinaire  _,  une  procédure  irrégulière  ,  nou- 
velle, défeétueufe.  Mais  plus  fouvent  procédure 
extraordinaire  s'entend  au  Palais  de  la  procédure 
criminelle ,  Procéder  à  l'extraordinaire.  Et  quand 
on  a  civilifé  une  affaire  ,  &  que  les  parties  font  re- 
çues en  procès  ordinaire  ,  on  ajoute  toujours  j  fauf 
à  reprendre  l'extraordinaire ,  s'il  y  a  lieu ,  c'eft-à- 
dire  ,  s'il  furvient  quelque  nouvelle  preuve. 

On  appelle  queftion  extraordinaire ,  la  torture  la 
plus  rude  que  l'on  donne  à  un  accufé  pour  lui  faire 
dire  la  vérité.  Voye-^  Question. 

§C?  Dans  leDig"  tir.  11.  liv.  ^-j.deextraordinariis 
criminibus  ,  le  mot  à' extraordinaire  eft  pris  dans  une 
fignification  particulière.  On  entend  dans  ce  rirre  , 
par  crimes  extraordinaires ,  ceux  qui  ne  font  point 
punis  par  des  peines  &  des  fupplices  marqués  & 
délîgnés  par  quelque  Loi  ,  ou  par  quelque  Ordon- 
nance ,  mais  dont  la  punition  dépend  uniquement 


EXT 

de  l'arbitrage  du  Juge  ,  eu  égai'd  aux  xiconftances 
dont  ils  font  accompagnés ,  au  lieu  que  la  peine 
d^s  crimes  oïdinaires  elt  détinie  pat  quelque  Loi. 

On  dit  aalli ,  quand  on  rend  des  jugemens  à  la 
charge  de  l'appel,  qu'on  juge  iVordinuire  -^  mais 
quand  c'eil  au  iouverain  ,  qu'on  juge  à  Vexcrjordi- 
naire  ,   comme  on  tau  aux  Requêtes  de  l'riôtel. 

On  appelle  Juges  excraorutnaires  ,  ceux  qui  ju- 
j^ent  en  vertu  d'une  commillion  extraordinaire  qui 
leur  en  a  donné  le  pouvoir  j  comme  les  Commil- 
fairesdu  Conleil,  les  Chambres  Royales  des  Francs- 
fiefs  ,  du  Domame,  de  la  Marine,  les  Requêtes 
du  Palais ,  à  la  didérence  des  Juges  oidinaires  du 
domicile  des  Parties. 

On  appelle  frais  extraordinaires  des  criées  ;  ceux 
qui  font  faits  pour  vider  les  oppofitions  ,  ou  pour 
faire  1  ordre  &c  les  collocacions  des  ciéanciers.  On 
appelle  lesrequètes  civdes,les  propofuionsd'erreur, 
des  remèdes  extraordinaires  de  droit 

On  qualilîjK  autretois  d'extraordinaires  toutes 
les  appedations  qui  fe  jugeoient  au  Parlement;  ik 
les  Procureurs  cotent  encore  les  dolliers  qu  ils  oni 
de  ces  caules  par  ce  mot  extraordinaire. 

On  appelle  encore  en  termes  de  Palais,  un  procès 
à  \ extraordinaire  ,  celui  qui  le  ju^e  par  les  Com 
nillfaires  j  c'elt-à  dire,  par  les  Prélulens  Se  anciens 
Confedlers.  Tous  les  Comptes ,  les  collocations  en 
tre  créanciers  ,  Hc  autres  aftaues  où  il  y  a  cinq 
chefs  ou  davantage  ,  le  jugent  à  1  extraordinaire. 
Pour  lors  il  faut  configner  les  épices  au  Greffe  de 
la  Cour  avant  qu'on  travaille  au  jugement  de  ces 
fortes  de  procès  ,  &:  la  Cour  fe  tait  payer  lur  le 
pied  de  tant  par  heute. 

(fCF  On  appelle  l'extraordinaire  des  Guerres,  ou 
de  la  Guerre,  un  fonddelliné  à  payer  la  dépenie  ex- 
traordinaire de  la  Guerre.  Trélorier  de  Vextraordi 
naire  des  Guerres,  ou  limplement  Tréforier  de  \'ex 
traordinaire.  Commis  à  \ extraordinaire. 
ExTRAORDiN'AiRE  ,  f.  m.  Se  dit  de  quelques  Officiers 
fubalternes  de  rArtillerie.  iuhjîdiarius  adjutor.  Le 
Général  d  Arnllerie  ,  les  Lieuteiians- Généraux  d'Ar- 
tillerie ont  leurs  Aid'iS  &i  leurs  Extraorsiinaues.  Le 
Commilfaire  Général  d'Artillerie  ,  ou  conduéteur 
des  machines ,  a  un  Extraordinaire  ,  auili-bien  que 
l'Ingénieur.  En  un  mot ,  tous  les  Officiers  d'Artil 
lerie  ont  un  ou  plulieurs  Extraordinaires,  ^'oye^  De 
la  Fontaine  ,  Devoirs  Militaires  des  Officiers  de 
l'Artillerie  ,  C.  III. 
Extraordinaire  ,  lignifie  quelquefois  ^  Cafuel. 
Caducus  j  jortuLtus  j  adventaius.  Les  qumrs  &  re- 
quints ,  lods  &  ventes  j  amendes,  conlîfcations , 
font  des  revenus  cafuels  ,  extraordinaires  d'une 
Seigneurie. 
Extraordinaire  ,  fe  dit  aulfi  de  ce  qui  fedépenfe 
dans  une  mailon  au-delà  de  l'ordinaire.  Il  faut 
mettre  mille  écus  tous  les  ans  pour  ce  qui  fe  dé- 
penfe  èi  extraordinaire  dans  cette  mailon  pour  les 
lurvenans  J'irai  bien  dîner  chez  vous  ;  mais  je 
veux  que  vous  ne  metriez  rien   d  extraordinaire. 

On  dit  aulli  abfolument ,  C'eft  un  extraordinaire 
pour  lui  de  fe  lever  matin  ,  de  faire  quarre  repas  , 
de  boire  du  vin  pur.  C'ell  un  extraordinaire  de  vous 
Voir  de  fi  belle  humeur. 
ExTRAORDiMAiRE,  fe  dit  aufTi  d'un  certaine   feuille 
volante  c^ui  contient  des  nouvelles  ,  &  qu'on  donne 
à  lire  comme  la  ^azette.  On  fait  un  extraordinaire 
après  les  grands  événemens  ,  pour  en  favoir  le  dé- 
tail   qu'on  ne  fouve   pas  dans  les    gazettes  ordi 
naires.   M.  de  Bautru  avoir  1  infpedioiT  fur  les  ga- 
zettes &  fur  les  exfaordinaires  de  France.  Ménage. 
Lite  l'Extraordinaire.  On  dit  auffl  nouvelle  extraor- 
dinaire ,  g.xzene  extraordinaire  ,  le  Mercure  galanr 
extraordinaire  ,    le    Journal  des   Savans  extraordi- 
naire ,  Sec. 
§fr  Extraordinaire,  f.  m.  Terme  d'Antiquité.  Les 
Romains  avoient  un  corps  de  troupes  ,  partie  Ca 
Valérie,  partie  Infanterie,  qu'on  appeloit  les  Ex- 
traordinaires. Ils  campoient  communément  près  de 
la  tente  du  Général ,  pour  être  plus  à  portée  d'exc- 


E  X  T  c^oj- 

cuter  fes  ordres.  On  les  nommoit  ainfi  ,  parce  qu  ils 
campoient  extra  ordinem  du  rclte  des  croupes.  Ci*  Il 
delà  que  vinrent  les  Ptétoriens. 

^fT  II  y  avoir  aulli  dans  le  camp  des  Romains 
une  porte  appelée  la  porte  extraordinaire,  Cn  cioit 
qu'elle  le  nommuit  ainh  j  parce  qu'elle  croit  près 
de  l'endroit  où  caaipoient  leS  jj.xtraord. naires  ,  ÔC 
qu'elle  etoit  la  même  que  li  Prétorienne  ,  ainh 
nommée  ,  parce  qu'elle  croit  voiline  du  Prétoire  , 
ou  de  la  rente  du  Général. 

EXTRAORDlNAIREMENr.  adv.  D'une  manière 
extraordinaire.  x:.xtraordtnc:riè  ,  miruin  in  mouum.  Il 
ell  extraordinairement  favant  ,  extraordinairement 
chicaneur  ,  affamé  ,  vilain  ,  extraordinairement  ma- 
lade. Ceux  qui  occupent  les  prcm\ères  places  de  la 
Cour  ,  ne  ionr  pas  toujours  d'un  mérite  à  ne  poinc 
craindre  ceux  qui  en  ont  extra^rd.  nuiremencS.  Real. 
Il  y  a  une  elpèce  délicate  de  colère  qvu  vient  d'une 
hamem  extraordinaireinent  diHiùle.  Ai.  Esp.  Les  dé- 
vots lonc  fufceptibles  d'un  certain  orgueil  fubcil  qui 
tend  à  (e  flatter ,  qu'Us  font  des  âmes  extraordinai~ 
re ment condwncs.  Fen. 

On  le  dit  aulîi  pour  Bizarrement ,  ridiculement. 
Elle  eff  coiffx'e  tort  exvaordinairen.ent. 

Il  lignifie  ,  en  termes  de  Palais ,  criminellement. 
On  a  ordonné  qu'il  leroit  procédé  contre  lui  e.v- 
traordinairement. 

IfT  EXTRAP'\SbÉ  ,  ÉE.  adj.  Terme  de  Peinture.  Ce 
qui  n'eff  point  contenu  dans  les  bornes  indiquées 
par  la  natuie. 

EfCTilA-lEMPORA.  f.  m.  Terme  de  Chancellerie 
Romaine.  C'eff  un  induit  ou  grâce  du  Pape  attor- 
dée  par  une  limple  lignature ,  par  laquelle  il  permet 
de  prendre  les  Ordres  faciès  hors  les  temps  portés 
par  les  Lois  canoniques. 

EXTRAVAGAMMENT.  adv.  D'une  manière  extra- 
vagante. Stiiltè  j  inj'anè  ,  inepte,  c'eff  le  propre  des 
fous  de  parler  extravagamment.  Il  elt  extravagam- 
ment  jaloux.  Pat. 

ffT  EXTRAVAfiANCE.  f.  f  Ce  terme  ne  fignifie 
point  lolie  ,  fottile ,  impertinence.  Tous  ces  mots 
ont  leur  caradtère  propre.  L'extraiiagance  elt  le  ca- 
raétère  d'un  homme  qui  manque  par  la  lègle^  & 
fuit  fon  caprice-  Infanitas  ,  injiinentia.  Les  enipor- 
temens  des  jeunes  gens  leur  font  faire  beaucoup 
d'extravagances.  Il  ne  faut  pas  prendre  pour  des  lail- 
lies  d'elprit  les  extravagances  d'une  imagination  dé- 
réglée. G.  G.  On  ne  fauroit  trop  fouvent  prélenter 
le  miroir  aux  hommes  ,  pour  les  fane  appeicevoir 
de  leurs  extravagances.  Bell.  Si  nous  n'avons  pas  le 
courage  cie  détromper  nos  amis  ,  n  applaudillons 
pasdu  moins  à  [enxsexfavagances.  Id.  Les  égaremens 
de  ce/Poëre  ne  vont  pas  loin  de  V extravagance  G.  G. 
La  Poèlie  doit  parler  le  langage  des  Dieux  lans 
s'égarer ,  &  fans  dire  des  extravagances.  S.  EvR.  La 
Comédie  étant  faite  pour  nous  divertir  ,  pourvu 
que  le  vraifemblable  foit  gardé  ,  &  que  {'extrava- 
gance foit  évitée  ,  c'eft  affez.  lo. 

Ip-  EXTRAVAGANT  ,  ante.  adj.  &  fub.  l^extra- 
vagant  ell  celui  qui  fait  &  qui  du  ce  qu'il  ne  fau- 
droic  pas  qu'il  dît  tk  qu'il  fît.  Mais  cela  ell  trop 
vague  &  ne  diltingue  rien.  L'extravagai.t  n'^i^  ^:\S 
non  plus  un  homme  fou  ,  bizarre,  fanraf  lue  ,  comme 
on  le  dit  dans  le  Did.  de  l'Acad.  Fr.  Le  fou  manque 
par  laraifon.  Foy.  Bizarre  &  Fantasque.  L'extra- 
vjgant ,  dit  M.  l'Abbé  Girard  ,  manque  par  la  rè- 
gle ,  Se  fuit  fes  caprices.  Les  extravafans  ont  les 
idées  finjjulières.  Infanus  .,infenjatus.  Il  tant  un  alFcz 
grand  amis  d'impertinences  pour  faire  un  extrava- 
gant. M.  ScuD.  Rien  n'eft  plus  extravagant  ^.ni  plus 
infenfé  ,  qu'un  vain  fon  de  paroles ,  qui  n'elt  point 
foutenu  par  le  bon  fens.  Bouh.  ^- 'amour  ell  moins 
extravagant  en  France  que  parmi  les  Efpagnols  j  qui 
s'y  abandonnenr  davantage.  S.  F.VR.  On  ne  met  plus 
guère  de  différence  entre  un  Poète  &  un  extrava.' 
g  mt.  G.  G. 

EXTRAVAGANTE.  f.f.Toime  de  Fleurifte.C'eff  une 
anémone  à  peluche,  ainli  nommée  ,  .à  caufe  que  fa 
peluche  eff  d'une  fi^'ire  .r^ute  extraordinaire  »  fa 
K  k  k  k  k  k  ij 


^^è  EXT 

couleur  éunt  blanche  ,  rouge  &  verte.MoB.iN ,  Culc. 

des  fleurs ,  C  7.  ^  ,        ,   v 

Extravagantes.  Nom  que  l'on  a  donne  a  certaines 
conltuutions  des  Papes,  qui  ont  été  publiées  depuis 
les  Clémentines  ,  extravagances-^  qujji  extra  corpus 
juris  Viî^awrej.Les premières  fonccciles  de  Jean XXII 
lucceireur  de  Clément  V.  Elles  furent  ainli  appelées, 
lorfque  n'étant  pas  encore  miles  en  ordre,  elles  lem- 
bloient  vaguer  hors  du  corps  du  Droit  Canon  ^  & 
ce  nom  leur  eft  demeuré  apiès  qu'elles  ont  été  inlé- 
rées  dans  le  corps  du  Droit.  On  a  cnluite  appelé  ex- 
travagantes communes  la  dernière  coUedlion  desde- 
crétalesjufqu'en  i48,',quoiqu'elles  foient  aulli  com- 
prifes  dans  le  corps  du  Droit  Canon.  Dûujat  ,  Hijl. 
du  Droit  canonique.  _   ^ 

|tC?  Ces  extravagantes  n'ont  d'autorité  en  France 
qu'autant  qu'elles  font  conlormes  à  nos  ufages ,  à  ce 
qu'on  appelle  libertés  de  lEglile  Gallicane ,  &  à 
notre  Droit  François. 
EXTRAVAGUER.  v.  n.  Dire  ou  faire  quelque  choie 
mal-à-propos ,  &c  contre  le  bon  fens  ,  ou  la  luite 
du  difcours,  ou  la  bienféance.  Infanire ,  inepti- 
re  ,  aberrare.  Il  y  a  des  fous  qui  difcourent  bien 
quelque  temps,  à  la  tin  on  connoît  qu'Us  extrava- 
guent. 

On  «'extravague  plus  en  vers  impunément, 

P.  MoURG. 

.EXTRAVASATION,ouEXTRAVASION.f.  f.  Erup- 
tto.  Terme  de  Médecine  &  de  Chirurgie.  Adiofï , 
mouvement  par  lequel  le  fang  ou  une  humeur  quel- 
conque ,  s'extravaie  ,  fort  de  les  vailfeaux  ordinai- 
res. L'extravafation  pouvant  être  arrêtée  par  le  hm- 
ple  affaiirement  des  vailfeaux  défemplis.  Joukn.  de 
1695. 
ExTRAVASATioN  ,  fe  dit  aufli  en  Botanique  des  fucs 
des  plantes  ,  qui  fortent  des  vailfeaux  où  ils  font 
connus.  On  trouve  quelquefois  fur  les  branches  des 
tamarins  une  efpèce  de  fel  elîentiel  femblable  à 
k  crème  de  tartre.  Ce  fel  eUentiel  s'y  amalfe  & 
s'y  durcit  après  ï'extravafation  du  lue  nourricier  j 
qui  dans  les  grandes  chaleurs  s'échape  au  travers 
de  fes  vailfeaux.  Tournefort.  Acad,  i6'^<).  Mém. 
p.ioi. 

§3"  Ce  mot  vient  du  Latin  extra  3  dehors ,  & 
vafa  i  vailfeaux.  Ainlî  l'extravafation  ou  l'extrava- 
fion  eft  propremenrune  eifufionj  un  épanchement 
hors  des  vailfeaux.  Extravafion  eft  plus  ulîté. 
|C?'EXTRAVASER,s'£XTRAVASER.  v.  récip.  Qui 
le  dit  en  Médecine  du  fang  &  des  humeurs  qui  for- 
tent de  leurs  vailfeaux  ordinaires  ,  &  fe  répandent 
entre  cuir  &  chair ,  ou  s'épanchent  dans  quelque 
cavité  du  corps.  Effundi  ^  diffundi.  Il   faut  faigner 
afin  d'empêcher  que  le  fang  trop  abondant  ne  s'e.v- 
travafe.  L'adion  qu'il  aura  faite,  aura  obligé  le  fang 
de  s'échapet  de  la  veine  ,  qui  n'ayant  pu  fortir  au- 
dehors,  à  caufe  du  bandage,  fe  fera  extrava/eenuQ 
la  veine  &  la  peau.  Dionis. 
EXTilAVASÉ  ,    ÉH.  part.  &c  adj.  Terme  de  Méde- 
cine ,  qui  ne  fe  dit  que  du  fang  qui  eft  forti  de  fes 
vaitfeaux  ordinaires ,  c'eft-à-dire  j  des  artères  &  des 
veines,  &  qui  demeure  dans  le  corps  :  car  le  fang 
qui  coule  hors  du  corps  j  ou  qu'on  en  rire  par  la  fai- 
gnée  ,  ne  s'appelle  point  extravafé.  Sanguis  efflifus 
extra  venas.Tont  (nng  extravafé  (e  coïvompt  &c  fe 
tourne  en  apofthème.  Il  faut  faigner  pour  empê- 
cher que  le  fang  qui  eft  trop  abondant  ne  s  extra- 
vafé. 
fer  EXTRAV\SÈ,  en  Botanique.  Le  fang  qui  fort 
de  fes  vailfeaux  ,  on  pour  remplir  les  vailfeaux  lym- 
pathiques ,  ou  pour  fe  répandre  dans  le  tillii  cellu- 
laire ,  eft  dit  exfavjfé.  C'eft  dans  le  même  fens 
qu'on  dit  que  le  fuc  propre  étant  extravafé  caufe  des 
maladies.  Mais  ce  fuc  s'extravafe  quelquefois  de  fa- 
çon qu'il  fort  entièrement  des  vailfeaux  ,  &  fe  mon- 
tre au  dehors  fous  la  forme  de  réfine,  comme  au 
pin  ,  à  l'épicia  ;  fous  celle  de  gomme  comme  au 
cerifier  j  fous  celle  du  fuc  épailfi ,  comme  aux  _or- 


EXT 

mes.  Ce  fuc  extravafé  qui  fort  ainfi  des  plaies  de 
plulieurs  arbres  ,  caule  moins  de  mal  aux  végétaux 
que  le  fuc  propre  qui  ie  répand  dans  les  vailleaux 
lymphatiques  6idans  le  tilfu  cellulaire. 
EXfRAVASION.  f.  f.  /-'ojcj  EXTRAVASATION. 
EXTREMADOURE.  /^o>q   ESTREMADOURE. 
EXTRÊME,  adj.  m.  &  f.  Ce  mot  qui  tient  heu  de  fu- 
perlatil  dans  notre  langue  ,  le  dit  de  ce  qui  eft  au 
dernier  point ,  au  plus  haut  degré.  Douleur  extrême. 
Avarice  extrême.  Une  chaleur  extrême.  Un  froid  ex- 
trême. Quand  f  amour  eft  extrême  ,   il  méprile  les 
bienféancesi  &c  1  on  n'aime  que  toiblemenr ,  quand 
les  perlécutions  font  encore  les  maîtrelfes  du  tranf- 
port.   ViLL.  Les  extrêmes  bienfaits  font  des  en- 
nemis. 

|J3"  On  dit  dans  ce  fens  qu'il  faut  avoir  recours  à 
des  remèdes  extrêmes,  quand  les  maux  font  extrê- 
mes. Immenfus  ,    vehemens  ,   ingens  ,  fummus. 

§3°  On  le  dit  aulfi  de  ce  qui  eft  excelîif.  Sallufte 
dit  que  Catilina  ne  fe  portoit  qu'à  des  chofes  extrê- 
mes ,  au-delfus  de  l'ambition  &  de  la  fortune  d'un 
particulier.BouH. Balzac  dit  d'un  ton  grave  des  c\vo- 
ïes  extrêmes  ,  &  où  il  n'y  a  nulle  apparence  de  vé- 
rité. 

1^  On  le  dit  de  même  des  perfonnesquine  gar- 
dent aucunes  mefures.  Henry  VIII  ,  Roi  d'Angle- 
terre étoit  extrême  en  tout.  De  Larrey.  Les  femmes 
font  extrêmes  en  tout. 

§C7"  Quoique  ce  terme  tienne  lieu  d'un  fuperla- 
tif,  il  eft  quelquefois  employé  comme  pofitif.  Souf- 
frir les  maux  les  plus  e.vr/V/Tzej.  Se  jeter  dans  les  plus 
extrêmes  périls. 
§3"  Extrême  ,  eft  quelquefois  fubftantif ,  &  fignifîe 
contraire  ,  oppofé  j  mais  alors  il  ne  s'emploie  qu^au 
pluriel  j  les  deux  extrêmes  ,  un  des  deux  extrêmes. 
Le  froid  &  le  chaud  font  les  deux  extrêmes. 

^fT  On  le  dit  dans  le  même  lens  dans  la  morale. 
La  prodigalité  &  l'avarice  font  les  deux  extrêmes. 
Il  eft  difficile  de  prendre  un  jufte  milieu  entre  deux 
extrêmes. 

IJCT  En  Géométrie  on  dit  qu'une  ligne  eft  divifée 
en  moyenne  &  extrême  raifon  ,  quand  elle  eft  divi- 
fée de  manière  que  la  ligne  entière  eft  à  une  de  fes 
parties  ,  comme  cette  même  partie  eft  à  l'autre. 

§Cr  Dans  une  proportion  on  appelle  extrêmes , 
le  premier  &  le  quatrième  terme.  Le  fécond  &  le 
troilième  font  les  moyens. 
EXTRÊMEMENT,  adv.  D'une  manière  extrême. /-^iî- 
hementer  3  maxime.  Il  eft  extrêmement  robufte.  Il  a 
plu  extrêmement,  c'eft  beaucoup.  Cela  eft  extrême- 
ment fubtil. 

§C7  Ménage  prétend  que  Vaugelas  s'eft  trompé 
en  décidant  qu'il  faut  éctn^  extrêmement ,  Se  qu'il 
eft  fans  doute  qu'il  faut  dire  extrêmement  avec  l'ac- 
cent aigu  au  lieu  du  circonflexe.  L'ufage  le  plus  gé- 
néral eft  pour  l'orthographe  de  Vaugelas.  Il  a  ex- 
trêmement de  fefprit,ou  il  a  extrêmement  d'efprir.ll  y 
a  de  il  grands  fuftrages  des  deux  côtés  que  je  n'ofe 
condamner  ni  l'un  m  l'autre.  Bouh.  L'ufage  paroît 
décidé  pour  la  dernière  façon  de  parler. 
EXTREMENAS.  Laines  extermenas  ;  ce  font  des  lai- 
nes d'Efpagne ,  qui  font  partie  du  commerce  des 
Marchands  de  Bayonne. 
EXTRÊME-ONCTION,  f.  f.  Extrema  unclio.  Eft  un 
Sacrement  de  l'Eglife ,  lecinquième  en  ordre ,  qu'on 
donne  à  ceux  qui  font  dangereufement  malades  , 
avec  des  huiles  facrées ,  &  en  faifant  pour  eux  plu- 
lieurs  prières. 

Caucus,  Archevêque  de  Corfou  ,  a  prétendu  que 
les  Grecs  ne  connoilloient  pas  le  Sacrement  àlextrê- 
me-oclion  ,en  quoi  il  s'eft  trompé  :  car  toute  l'Eglife 
Orientale  met  au  nombre  des  Sacremens  cette  onc- 
tion: mais  elle  ne  lui  donne  point  le  nom  à  extrême- 
onclion.  Aulîi  les  Orientaux  n'attendent-ils  pas  que 
leurs  malades  foient  à  l'extrémité  pour  les  oindre  : 
les  malades  vont  recevoir  ce  Sacrement  à  l'Eglife, 
quand  ils  peuvent  y  aller  commodément ,  ik  on  le 
leur  adminiftre  toutes  les  fois  qu'ils  font  malades  j 
parce    qu'ils  croient  que  Saint  Jacques  parle  des 


EXT 

malades   en  général  dans  fon  Epître.   Il    cil  vrai 
que  le  P.  Jérôme  Dandini ,  ch.  16  de  ion  Voyage 
du  mont  Liban  ,  diftir.gue  deux  fortes  d'ondions  des 
malades  chez  les  Maronites  j  dont  l'une  s'appelle 
ondtion  de  l'huile  de  la  lampe.  Ils  font ,    dit-il  ,  un 
petit  gâteau  un  peu  plus  grand  qu'une  Hostie  ,  où 
ils  drelfent  fept  mèches  entortillées  à  de  petites  pail- 
les, &  mettent  tout   cela  dans  un  balîin  avec    de 
l'huile  ;  puis  récitant  une   Epître  de  S.  Paul  ,   un 
Evangile  &  quelques  prières,  ils  allument  toutes  ces 
mèches  :  ce  qui  étant  rini ,  ils  oignent  de  cette  huile 
au  front  j  à  la  poitrine  &  au  bras  ,  tous  ceux  qui  s'y 
trouvent  prélens  ,  &  celui  qui  eft  malade  ,  disant , 
Que  Dieu  ,  par  cette  oriciion^  te  pardonne  tes  pèches, 
qu'il  taffermijje  &  fortifie  tes  membres ,  comme  il  aj- 
fermit  &  fortifia  ceux  du  paralytique.  Après  cela  ^  con- 
tinue le  P.  Jérôme  Dandini,  on  lailfe  brûler  la  lam- 
pe tant  qu'il  y  a  de  l'huile.  Ilell  bien  vrai  que  cette 
huile  n'eil  bénite  que  par  un  limple  Prccrejmais  aulli 
cette ondion  n'eft-elle  pas  l'oniition  du  Sacrement, 
qu'on  donne  ordinairement  à  ceux  qui  font  à  l'extré- 
miccjpuifqu'onla  donne  à  tous  ceux  qui  fontpréfens 
&  qui  fe  portent  fort  bien  ,  &au  Prêtre  même  qui 
donne  la  bénédiction.  Il  y  a  une  autre  ondfion  qui 
n'etf  que  pourles  malades  ;  &  celle-là  elt  un  Sacre- 
ment :  Elle  fefaitavec  de  l'huile  confacrée  le  jeudi- 
faint  par  le  feul  Evêque. 

Cette  ondion  de  1  huile  de  la  lampe  n'eftpas  feu- 
lement en  ufage  chez  les  Maronites  ;  mais  les  Grecs 
&  tous  les  autres  Chrétiens  d'Orient  l'obfervent  re- 
ligieufement.  Il  femble  même  qu'ils  n'aient  point 
d'autre  Sacrement  à' Extrême-onciion ,  que  celui-là  : 
quoiqu'elle  ne  foit  qu'une  cérémonie  à  l'égard  de 
ceux  qui  fe  portent  bien  ,  elle  eft  un  véritable  Sa- 
crement à  l'égard  du  malade.  Confultez  l'Eucologe 
du  P.  Goar ,  où  vous  trouverez  le  rit  de  cette  onc- 
tion de  la  manière  qu'il  s'obferve  parmi  les  Grecs. 
Ils  ont  dans  une  grande  Eglife  une  lampe  où  l'on 
conferve  cette  huile    des  malades  ;   &c  on  appelle 
cette  lampe  ,  Kairi^^Aa  t»  luxi^^tîn,  c'ell-à-diieja  lampe 
de  l'huile  jointe  à  la  prière-,  car  ce  que  nous  appelons 
Extrème-onclion,  les  Grecs  le  nomment  'mx^iXiim,  ayi» 
IxnUi,  c'eft-à-dirc  j  l'huile  avec  U  prière,  lafainte  hui 
le.  L'auteur  des  notes  fur  le  voyage  du  mont  Liban 
corrige  fur  cet  endroitle  P.  Dandini;  il  remarque  que 
danslescommencemenSjiln'y  a  eu  qu'une  forte  d'hui- 
le, qui  a  été  étendue  dans  la  luite  à  plulîeurs  ufages  : 
la  forme  même  dont  on  fe  fert  ,  ajoute-t-il  ,  dans 
l'onclion  de  l'huile  delà  lampe ,  eft  une  preuve  con- 
vaincante que  c'eft  fans  fondement  qu'on  diftingue 
ces  deux  huiles ,  comme  fi  l'une  n  étoit  qu'une  (im- 
pie céiémonie,  &  l'autre  un  vérirable  Sacrement. 
Il  eft  d'une  grande  importance  de  faire  cette  ré- 
flexion,parce  qu'autrement  toute  l'Eglife  Orientale 
n'auroit  point  le  Sacrement  A' excrême-onclion.  Or  il 
eftconftant  que  leurs  rituels  &  leurs  meilleurs  Ecri- 
vains reconnoilfent  ce  Sacrement.  Arcudius  n'a  pas 
rendu  juftice  aux  Grecs,  lorfqu'il  a  rejeté  avec  beau- 
coup d'aigreur  cette  onétion  de  l'huile  de  la  lampe- 
Aurefte,  la  bénédidion  de  cette  huile  n'eft  point 
refervée.i  l'Evêque  parmi  les  Orientaux  ;  &  le  Pape 
Clé.Tisnt  VIII.  a  ordonné  dans  une  de  fes  Bulles 
qu'on  n'obligeroit  point  les  Grecs  à  prendre  de  la 
main  des  Evêques  d'autres  huiles  ,  que  celles  de  la 
Contîrmacion  ;  &  il  fe  fonde  fur  ce  que  c'eft  une  an- 
cienne coutume  parmi  eux  ,  que  les  Prêtres  bénif- 
fent  les  autres  huiles  :  d'où  Ton  conclura  que  le  P. 
Dandini  auroit  pu  ne  pas  obliger  les  Maronites  dans 
un  Synode  à  ne  fe  fervir  d'autre  huile  pour  VEx- 
trême-onclion  ,  que  de  celle  qui  auroit  été  bénite  le 
Jeudi-faint  par  l'Evêque. 

Le  Sacrement  à' excrême-onclion  eft  marqué  bien 
clairement  dans  l'Epîttede  S.  Jacques  j  v.  14. 

Nous  avons  vu  une  Dame  parmi  eux  (  les  Calvi- 
niftes  (  fe  faire  donner  à  la  mort ,  par  fon  miniftre 
&  fes  Anciens  _,  une  Extrime-onclion  à  fa  manière  , 
ne  pouvant  défobéir  difoit-elle  ,  au  précepte  fi  for- 
mel de  S.  Jacques.  PÉlisson. 

On  le  nomme  extrême-onUion ,  parce  que  c'eft  le 


EXT 


997 


dernier  des  Sacremens  que  l'on  donne  communé- 
ment aux  malades.  Au  XlilMiccie  on  lappeloiten- 
COZQÏ  onclion  des  malaies,  &  non  point  r.-'trcme-- 
onction  Car  dans  les  premiers  temp.  on  la  d'onnoic 
avant  le  iaint  Viatique.  Ce  n'eft  que  dans  le  XIII= 
fieJe  que  cet  ulagc  a  changé ,  dit  le  P.  Mabillon  :  Sc 
voici  les  conjectuies  lur  cela.  Il  le  lép.mdu  en  ce  fiè- 
cle  là  des  opinions  que  nous  trouvons  maïquées  &C 
condamnées  dans  Ls  Conales  d'Angleterre.  On  fe 
perluada  que  ceux  qui  avoient  reçu\e  Sacrement  , 
s  ils  revenoient  en  lanté ,  ne  pouvoient  plus  uler 
du  mariage  ,  ni  manger  de  U  viande  ,  m  aller  nuds 
pieds.v^uoique  ces  idées  ludcnt  iansfondemenr  ,  oa 
aima  mieux  ,  pour  ne  pas  fcandalifer  les  fimples, 
attendre  à  l'exrrémité  pour  conférer  ce  Sacrement. 
Cet  uiage  s'elt  conlervé.  Foye:^  les  Conciles  de  Wor- 
cefter,  d  £xcester ,  de  l'an  1187.  deWinch«srer,de 
l'an  130b'.  &  le  Père  Mabillon,  AUa  Sancl.  Be- 
ncd.  Sxc.  in.  P.  I.  Pr^f§.  I.  n.  97.  page  47  & 
fuivantes. 

Saint  Jean  Chrifostôme  parle  de  ce  Sacrement  au 
L.  IILdu  Sacerdoce  ,  aulli-bien  que  le  i'apj  Inno- 
cent I.  Ep.  1.  ad  Decencium  Eugubiam  ,  &  S.  Au- 
gustin i«  jT^^dca/j.  Saint  Grégoire,  dans  fon  Sacra- 
mentaire,  prefcritla  manière  de  benir  lamanerede 
ce  Sacrement  ,  comme  on  le  fait  encore  à  piéfent. 
Théodore  de  Cantoiberi,  dans  fon  Livre  Péaiten- 
tiel ,  Chrodegand  de  Mets,  dans  fa  Régie  pour  les 
Chanoines,  C.  61.  dans  les  Capitulairesde  Chade- 
magne  ,  C.  75.  &  76.  dans  le  Concile  de  Châlons, 
en  Si3.Can.  4S.d'Aix-la  Chapelle,  en  836  Can. 
5.  de  Maycnce  ,  en  847.  Cap.  iG.  5cc.  Il  y  en  ades 
exemples  dans  BoUandus ,  au  1^  de  Février ,  vie  de 
S.Tréfan  Prêtre  ,  dans  la  vie  de  faince  Hunegonde , 
rapportée  par  Surius ,  C.  14.  dans  celle  de  Saint 
Olwad  ,&c.  De  Sainte  Beuve  ,  Dodeuren  Soi  bonne 
a  fait  un  Traité  latin  àt\'  Extrème-o/iclion-,  imprimé 
à  Paris  en  i6è6-  /«-4°.  Foye^  aufiî  Bellarmin  dans 
fes  Controverfes. 

La    matière  éloignée   de  l'Extrême-onclian    est 
l'huile  bénite  ,  la  matière  prochaine  font  les  onc- 
tions ;  une  feule  fuffit  pour  l'effet  du  Sacrement.  La 
forme  de  l'axtreme-onciion  est  aujourd  hui  dépré- 
cative  dans  l'Eglife  Latme  &  dans  l'Eglife  Grecque 
Autrefois  elle  étoit  abfolue^   &c  j   comme  parlent 
les  Théologiens  ,  indicative  ,  dans  l'Eglife  Latine, 
comme  il  paroîr  par  la  forme  Ambrofienne  ^en  ufa- 
ge au  IV^  liècle  dans  l'Eglife  de  Milan  j  par  les  an- 
ciens rituels  d'Allemagne,  6c  le   Sacramemule  de 
Venife  approuvé  par  Léon   X.    f^oye7[  A.rcudius , 
L;  V-  C.  5 .  Le  P.  Mabillon  ,  dans  fes  annales  des  lié- 
nédiétins  J  à  l'an  1044.  parle  d'un  Pontifical  manuf- 
critquiaplus  de  700  ans  j  où  la  forme  de  ce  Sacre- 
ment est  abfolue  &  indicative.  Elle  fut  enluire  dé- 
précative  Ôc  indicative  tout  enfemble.  Elle  est  celle, 
1°.  dans  un  manufcrit  fait  fous  Louis  leDébonnaire^ 
&  cité  par  Sérarius  ;  Sc  1".  dans  le  Sacramentaire  de 
S.  Grégoire. Depuispluheurs  fiècles  elle  n'est  quedé- 
précative  en  Occident. 
EXTREMITE,  f.  f.  Extremitas  j  extremum.  Terme  re- 
latif à  l'étendue  ,  &qui  défigne  la  dernière  des  par- 
ties d'une  chofe.  Ce  mot ,  dit  M.  TAbbé  Girard  , 
fuppofant  une  fituation  &  un  arrangement,  indique 
la  dernière    des  parries  qui  conftituenr  la  choie  , 
comme  celle  qui  eft  la  plus  reculée  dans  la  chofe. 
Au  lieu  que  le  mot  de  bout  fuppolant  une  longueur 
&  une  continuité  ,  repréfente  cette  dernière  partie 
comme  celle  jufqu'où  la  chofe  s'étend  ;  &  le  mot  de 
fin  ,  fuppofant  un  ordre  &  une  fuite ,  '-i  défigne  com- 
me celle  où  la  chofe  ceiïe. 

Le  bout  répond  à  un  autre  bou-  j  \ extrémité  au 
centre  ;  &  la  fin  au  commenceMcnt.  On  parcourt 
une  chofe  d'un  bout  à  l'autre.  On  pénétre  de  fes  ex- 
trénités  jufque  dans  fon  cenrre.  On  la  fuir  depuis 
fon  origine  jufqu'à  iifin.  Le  boutà'wnt  allée,  \ex- 
trcmité à\x  Royaume.  La  jf''  de  la  vie.  Comme  il  eft 
impollible  à  l'efprir  humain  de  marquer  oii  font  les 
extrémités  du  monde ,  il  eft  im||ollible  auili  de  favoir 
C\  la  terre  eft  dans  le  centre.  Bay. 


Qf)^ 


> 


EXT 


On  le  dit  auffi  figiuémenten  cliofes  morales,  de 
l'excès  ,  de  ce  qui  elt  outié  &  poulie  trop  loin.  La 
vertu  tient  le  nidieu,  les  vices  lont  aux  extrémités. 
Virtus  cji  mcdium  vhiorum  ,  &  utrlnque  reduclum.  \\ 
faut  fuir  toutes  les  extrémités .  Comment,  pendart , 
c'ell  toi  qui  t'abandonnes  à  ces  coupables  extrémités'^ 
AloL.Je  n  approuve  point  la  dévotion  précipitée 
de  ces  perfonnes,  qui  le  jettent  lans  prudence  dans 
des  extrémités  de  dévotion  &  de  piété ,  que  leur 
propre  violence  rallentit  bientôt.  Fl.  Les  extrémités 
font  tellement  vicieufes  en  toutes  chofes  ,  qu'il  y 
a  même  de  l'injiiftice  à  vouloir  être  trop  jufte. 
S-  EvR.  XJ extrémité  de  la  Philofophie  elt  dange- 
reufe  ;  &  celui  qui  palîe  le  but ,  le  manque  ,  aulli- 
bienqueceluiqui  n'y  arrive  pas.  Mont.  Voye^  mo- 
dus  j  milieu. 

La  parfaite  ralfon  fuit  toute  extrémité  , 
Et  veut  qui  l'on  folt  fage  avec  fobriété. 

Molière. 

Extrémité,  fignifie  encore,  violence  ,  emportement. 
La  jaloulie  lésa  portés  à  en  venir  à  de  grandes  extré- 
mitssi 

ffy  EXTRÉMITÉ,  fe  dit  quelquefois  pour  dernier 
moment.  N'attendez  pas  à  {'extrémité  pour  faire 
telle  chofe  ,  pour,  vous  en  occuper. 

ifj  On  le  dit  dans  ce  fens  des  derniers  momens  de 
la  vie.  On  dit  qu'un  homme  eft  k\ extrémité ,  in  ex- 

,  trew.is  pofitus\  pour  dire,  qu'il  elt  à  l'agonie  j  & 
qu'il  a  été  à  ïextrémité\  pour  dire  ,  qu'il  a  été  près 
de  la  mort. 

^3"  On  le  dit  encore  dans  un  fens  figuré.  Cette 

ville  elt  réduite  à  Vextrémité ,  est  prête  à  fe  rendre. 

4^3"  On  fait  iqnQWts  extrémités  le  bon  fens  j  dans 

les  lettres  ,  fut  réduit  par  le  débordement  des  Bar- 

I      bares.  Le  P.  Rap. 

IJCJ"  Extrémité  ,  fe  dit  encore  de  la  fituation  habi- 
tuelle 3  ou  d'une  polition  palfagère,  dans  laquelle 
on  manque  non-feulement  des  commodités  de  la 
vie ,  mais  même  des  chofes   nécelfaires.  Angujii& 
rei  familiaris.\\  ne  lui  reste  pas  de  quoi  vivre  :  les 
,      pertes  qu'il  a  faites  l'ont  réduit  à  la  dernière  extré- 
I      7;zire.  C'est  une  étrange  cAYr/OTire  que  de  fe  trouver 
,     dans  un  pays  étranger  fans  argent ,  fans  fecours  , 
fans  connoilHinces.  Ad  incitas  redaclus. 

'ifT  On  dit  adverbialement,  k  louiQ  extrémité \ 
pour  dire,  au  pis  aller.  A  toute  extrémité ,  j'en  ferai 
quitte  pour  cette  fomme. 

Extrémité  en  Peinture.  Les  extrémités  d'un  tableau 
font  les  parties  qui  le  terminent.  Ces  extrémités 
doivent  être  remarquables.  Les  extrémités  de  figures 
font  la  tête  ,  les  pieds ,  les  mains ,  les  épaules ,  les 
coudes ,  les  genoux  ,  &  les  autres  emmanchemens 
ûes  membres.  Ces  extrémités  doivent  être  plus  tra- 
vaillées &  plus  recherchées  que  tout  le  reite.  Les 
extrémités  des  jointures  doivent  être  rarement  ca- 
chées j  fi  elles  étoient  couvertes  d'une  draperie  j  il 
eft  de  la  fcience  de  les  marquer  par  des  plis  :  les 
pieds  doivent  être  toujours  vus.  Dicl.  de  Peint.  & 
d'Arch. 

ExTRï.MiTÉ  J  fe  dit  aulîi  en  Anatomie  des  bras  &  des 
jambes.  Extremitates  ,  ex  tréma.  On  appelle  les  bras , 
les  extrémités  fupérieures  j  &  les  jambes ,  les  extré- 
mités\niîtÙQ\xï&s. 

Les  extrémités  fupérieures  font  compof^es  de 
foixante  &  deux  os ,  dont  il  y  en  a  trente  &:  un  à 
chacune,  qui  fant  l'omoplate  j  fhumerus ,  le  cu- 
bitus ,  le  tî^dius ,  huit  au  carpe  j  quatre  au  méta- 
carpe ,  &  quinze  aux  doigts.  Les  extrémités  infé- 
rieures en  om  foixante  j  c'elt-à-dire  ,  qu'il  y  en  a 
trente  à  chacim^;  favoir ,  le  fémur  ^  la  rotule,  le 
tibia  J  le  péroné,  fept  au  tarfe ,  cinq  au  métatarfe  , 
-&  quatorze  aux  doigts.  Dionis 

ÈXTREMOS.  FovqESTRÉMOS. 

EXTRINSÈQUE,  adj.  m.  &  f  Qui  vient  de  dehors. 
Extnnfecus  ,  extraneus  _,  externus.  Il  y  a  des  mala- 
dies intrinféques  .  QU  cachées  ,  &  d'autres  extrin- 
Jéques ,  qui  paronfenc  au  dehors ,  qui  viennent  de 


EXU 

câufes  extrlnféques  j  &  non  de  la  eorruptioQ  dd 
dedans. 

On  appelle  Valeur  extrinféque  j  en  parlant  de 
monnoie,  la  valeur  que  le  Souverain  donne  aux 
monnoies  j  indépendamment  du  poids. 

EXTUBERANCE.  f  f  Foye^  PROTUBÉRANCE. 

EXTUCA.  Contrée  du  Biledulgerid,  en  Afrique.  Ex- 
tiica.  Elle  elt  dans  le  Royaume  de  Sus  ,  qui  fait  par- 
tie du  Thelfet.  L'Extuca  ell  fur  l'Océan  Atlantique  , 
entre  la  contrée  de  Nun  au  midi ,  &  celle  d'Idant- 
quérit  au  nord  :  c'ell  un  pays  de  pâturages.  Maty. 

EXU. 

EXUBA.  Foye^  ESTOMBAR. 

EXUBERANCE,  f  f.  Terme  de  Palais.  Surabon- 
dance. Abundantia.  Cet  Avocat  ne  s'elt  fervi  d'ua 
tel  moyen ,  n'a  produit  une  telle  pièce  j  que  pac 
exubérance  de  droit  :  il  pouvoir  bien  gagner  fa 
caufe  fans  cela.  Peu  ufité. 

1^  Exubérance  ,  en  parlant  du  ftyle  ,  fignifie  abon- 
dance inutile  ,  vice  du  difcours  dans  lequel  on 
tombe  quand  on  emploie  plus  de  paroles  qu'il  n'elt 
nécelfaire  pour  dire  ou  expliquer  quelque  chofe. 

EXUCONTIEN,  ENNE.  f  m.  Nom  de  kdcQ.Exu- 
contlaiius  ,  Exucontlus ,  a.  Les  Ariens  après  le  Con- 
cile de  Nicée  ,  s'étant  divifés  en  différentes  bran- 
ches ,  ceux  qui  continuèrent  de  dire  avec  Arius  que 
Jefus  Chrilt  avoir  été  fait  llix-oiTm,  de  rien,  por- 
tèrent ce  nom. 

1^  EXUDATION  J  ou  plutôt  EXSUDATION,  f  f. 
Aétion  de  fuer.  Foye^  ce  mot.  Certaines  pierres  5c 
cerrains  bois  ont  leurs  exsudations. 

EXUDER  ,  ou  EXSUDER  avec  l'Académie,  v.  n.  Ter^ 
me  de  Médecine  &  de  Phyfique.  Sortir  en  forme  de 
fueur.  txudare ,  exfudare.  Il  y  adesfueurs  de  fang 
particulières ,  ou  des  écoulemens  d'un  fang  qui 
exudc  par  les  pores  de  certaines  parties,  comme 
par  les  oreilles,  les  yeux,  les  gencives.  Bartholin 
parle  d'une  femme  dont  le  fang  dégoutoit  du  vifage 
ou  de  la  main  gauche  ,  dès  qu'on  les  lui  touchoit.  On 
raconte  de  Scanderberg,  Roi  d'Albanie  j  que  toutes 
les  fois  qu'il  marchoit  au  combat  contre  les  Turcs  y 
il  lui  fortoit  des  lèvres  une  efpèce  de  fueur  de  fang. 
Au  rapport  d'Henri  de  Hiers  ,  un  Flamand  le  ren- 
doit  par  les  ailfelles  lorfqu'il  buvoit  des  eaux  de 
Spa,&c.  Alliot,  Journ.  d.  S-  ijii.p.c).  Tout  cela 
s'appelle  exuder.  Dans  le  Diapédéfe ,  le  fang  fe  dif- 
fout  de  manière  ,  &  vient  à  une  ^\  grande  ténuité  , 
qu^ii  paffe  au  travers  des  pores.  Dans  la  Plica- 
Polonoife  on  voit  exuder  le  fang  par  l'extrémité  des 
cheveux" 

Ce  mot  eft  formé  du  Latin  exudare,  qui  fignifie  1.x 
même  choie,  &  elt  compote  de  la  prépofition  ex  , 
&  du  vethe/udare  ,  fuer. 

EXULCERATIF.  adj.  m.  EXULCÉRATIVE.f.  £'.V2^/- 
cerans  ,  exulceratorius.  Pc  me  y. 

EXOLCÉRATION.  f  f  Terme  de- Médecine.  L'ac- 
tion de  caufer  des  ulcères  ,  ou  les  érofions  des  par- 
ties qui  forment  des  ulcères.  Exulceratio.  Les  exulcc- 
rations  qui  fe  trouvent  dans  les  entrailles,  font  des 
marques  de  poifon. 

EXULCERER.  v.  a.  Caufer  des  ulcères.  Exulcerare  ; 
Exacerbare,  exafpcrnre.  L'arfénic  exulctreizs  intef-, 
tins.  Les  humeurs  corrofives  exulcerent  I.i  peau. 

EXULTATION,  f  f  Grande  joie.  Exuluitio.  Il  ne  fe 
dit  que  dans  le  dogmatique  ,   &  en  parlant  de  dévo- 
tion. L'Exultation  de  la  Vierge  ,  de  Saint  Jean-Bap- 
tifte,au  temps  delà  Vifitation.il  vaut  encore  mieux 
ne  le  point  dire. 
EXULTER.  V.  n.  Treifaillir  de  joie  ,    rellèntir  une 
grande  joie.  Exultare  ,  Udtiis  incedere  ,  triumphare 
gaudio  ,  mot  purement  Latin  ,   profcrit    de    tout 
Itvle. 
EX-VOTO,  f  m.  On  appelle  les  offrandes  promifes 
par  un  vœu,  des  ex-voto,  d'une  exprelîion  Latine 
que  l'ufage  a  fait  pafter  dans  la  Langue.  Ce  rableau 
eft  un  Ex-voto.  Ac.  Fr.  Les  Payens  ont  en  ce  point 
fervi  d'e-xcmple  :  ils  ornoient  leurs  Temples  de  ces 


EYM 

fortes  de  tableaux  ,    qu'ils  appeloient  j  TabelU  vo- 

àva Ces  tableaux  étoienc  appelés  e.v-voro ,  parce 

que  la  plupart  étoient  accompagnés  d'une  inlcnp- 
non  qui  h.iilïoit  par  ces  mots  ,  ex-vow ,  pour 
marquer  qus  l'Auteur  s'acquittoit  de  la  promelle 
qu'il  avoit  faite  à  quelque  Divinité  dans  un  ex- 
trême danger ,  ou  pour  rendre  public  un  bienfait 
reçu  de  la  bonté  des  Dieux  en  général ,  ou  en  par- 
ticulier  Jacques  Philippe  Thomallin  a   fait  un 

Traité,  De  Tabulis  vonvis.  lUckdet  de  ijzS. 

EXUPERE.  f.  f.  Nom  d'Homme.  Exuperius.  Il  y  a 

S.  Exupére  ,  Martyr.  E.xupere  Evêque  de  Cahors, 

&  S.    Exupére  Evêque  de  Touloule.   S.  Exupere  , 

Martyr ,  étoit  Enfeigne  de  la  Légion  des  Thébains. 

EXUPERIE.  f.  f.  nom  de  femme.  Exuperia.  Sainte 

Expéric  louffritle  martyre  fousGallien  ik  Valérien. 

E  Y  C. 

EYCHELSTEIN.  Refte  de  Pyramide  qui  fe  voit  dans 
la  Citadelle  de  Mayence  ,  &  qu'on  dit  être  le  tom 
beau  de  Drulus  ,  tondateur  de  cette  ville.  Eychels 
tenium  ,  Drufi  monumcmum.  M  AT  Y. 

EYCHSTAT,  AECHSTAT.  Petit  Etat  du  Cercle 
de  Franconis  en  Allemagne.  Aijladïcnfis  d'uio , 
Querccipothanus  Epifcopacus.  Cet  Etat  s'étend  d  O- 
rient  en  Occident  le  long  de  la  rivière  d'Altmuhl  j 
l'efpace  de  dix-huit  lieues.  Sa  largeur  n'eft  pas 
grande  :  il  a  environ  cinq  lieues  vers  le  couchant  5c 
trois  du  côté  du  Levant,  il  ell  environné  du  côté  du 
Couchant  par  le  Marquifat  d'Anlpach  ,  &  vers  le 
Levant  par  le  Duché  de  Neubourg  îic  le  Palatinat  de 
Bavière.  Ses  villes  principales  font  Gutzenhaufen  j 
Dolurtin  ,  &  Aichifit  ou  Eychjtat  qui  en  eft  capi- 
tale ,  &  lui  donne  fon  nom.  Weillembourg  y  eft 
enclavé  ,  mais  n'en  dépend  pas.  L'Evêché  à' Eychj- 
tat eft  fuftragant  de  Mayence.  Il  fut  fondé  par  un 
Archevêque  de  ce  liège  en  748.  Son  Evêque  eft 
Prince  de  l'Empire.  Mat  y. 

E  Y  D. 

EYDER.  Rivière  d'Allemagne.  Eydera  ,  Eydora.  Elle 
a  fa  fource  vers  la  mer  Baltique  ,  à  deux  lieues  de 
Kiel ,  coule  d'Orient  en  Occident ,  entre  les  Duchés 
d'Holftein  &  de  Slefwick  ,  baigne  Rendsbourg  , 
Fridericftat  &c  Tonningen  ,  &  fe  décharge  dans  la 
mer  d'Allemagne.  Maty. 

EYDERSTEDE.  Petit  pays  du  Duché  de  Sieswick  en 
Danemarck.  Eyderfiadij  ^  Eyderanus  ager.  Il  s'é- 
tend le  long  du  bord  Seprentrional  de  l'Eyder  , 
qui  lui  donne  fon  nom  \  &:  Tonningin  en  eft  la  ca- 
pitale. 

Le  Gouvernement  à'EydcrJléde  eft  une  prefqu'Ifle 
formée  par  l'Eyder  &  par  la  mer  d'Allemagne.  Il 
comprend  YEyderJléde ,  qui  lui  donne  fon  nom  , 
le  pays  d'Evershop  ,  ou  de  VEyderJléde ,  &  celui 
d'Utholm  ,  qui  eft  au  levant  des  deux  autres.  Ce 
pays  s'appeloit  autrefois  Petite-Frife  ,  Friflaminor, 
Cimbrique  Septentrionale,  Cimbrïca  Septentriona- 
lis  ,  &  Cimbrique  de  Leyderj  Cïmhrïca  Eyderenjis. 

E  Y  G. 

EYGUfes ,  ou  EIGUÉS ,  ou  AIGUËS.  Rivière  de 
France.  Icarus  ^  Eigarus,  Aigarus.  Elle  a  fa  fource 
dans  le  Dauphiné  :  elle  traverfe  une  petite  partie 
du  Comté  Venaiffm  &  de  la  Principauté  d  Orange, 
&:  fe  décharge  dans  le  Rhône  par  deux  embouchu- 
res ,  dont  l'une  palfe  à  Orange. 

E  Y   L. 

EYLE.   Voyei   HALY. 

EYM. 


E  2  E  ^^<) 

Grubenagen  ,  près  de  Lyne  ,  entre  Gottingen  & 
Hildesheim,  tymbeck  dépend  de  la  Mailon  de 
Eiunlwick  j  &  n'eft  plus  ville  Impériale  ,  &  libre 
comme  autrefois.  Maty. 
EYMOTIERS.  Antymonajlerium.  Bourg  de  France, 
dans  le  Limoufin ,  fur  la  "Vienne,"  à  fept  lieues  au 
levant  de  Limoges.  Il  y  a  un  Monaftère  ou  Ab- 
baye ,  d'où  Ion  nom  lui  eft  venu. 

E  Y  R. 

EYRIEU,  ou  plutôt  EIRIEU,  comme  d'autres  écri^ 
venr.^  Petite  ville  de  France  ,  qui  eft  dans  le  Dau- 
phiné. Enerum.  Elle  eft  à  quelques  lieues  de  Lyon, 
lur  le  chemin  de  Grenoble. 


EYMBECK.  Petite  ville  du  Duché  de  Btunfwick ,  en 
Bafle-Saxe.  Eymbeca.  Elle  eft  dans  le  Quartier  de 


E  Y  S. 

EYSACH,  ou  EYSOCH.  Rivière  d'Allemagne.  Eifci- 
chus ,  Ifochus.  Elle  palfe  .à  Brixen  dans  le  Tirol, 
&  à  Bolfano  dans  l'Evêché  de  Trente  ,  après  quoi 
elle  va  fe  décharger  dans  l'Adige.  Maty. 

EYSENACH.  Ville  du  Cercle  d'^e  la  Haute-Saxe  en 
Allemagne.  Eifaiacuni ,  Ifaiacum  C'eft  la  capirale 
du  Duché  à'Eyfcnach  ,  en  Thuringe.  Eyfenach  eft 
fitué  à  1  embouchure  de  l'Horfel  dans  la  Neffa. 

Le  Duché  à' Eyfenach,  EyJcnacenJis,Q\x  Ifonacen- 
fis  Ducatus  ,  eft  un  petit  Etat  de  la  Thuringe  ,  dans 
le  Cercle  de  la  Haute-Saxe.  Il  appartient  à  la  Mai- 
fon  de  Saxe-Weimar ,  &c  eft  fitué  entre  le  Duché 
de  Gotha  &  la  Helfe.  Eyfenach  en  eft  la  capitale; 
Marckful ,  château  fur  la  Verra ,  eft  la  rélîdence 
des  Ducs. 

EYSILLES.  Foyci  EXILEES. 

.  E  Z  A. 

ÉZAGEN.  Ville  d'Afrique  ,  dans  la  Province  de 
Habat ,  au  Royaume  de  Fez  ,  à  trois  lieues  de  la 
rivière  d'Erguile. 

EZAN.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Proclamation  de  la 
prière  chez  les  Turcs.  AvertilFement  de  Prier ,  que 
les  Muzzins  donnent  de  delfus  les  minarets  ou 
tours  des  Mofquées.  f^oye^  Ricaud  de  l'Empire 
Ottoman. 

Ce  mot  eft  Arabe ,  Îtk  ,  a-:^ana  qui  vient  de 
l'Hébreu  j;^,  oreille,  fignihe  Entendre,  écouter ^ 
&ZC.  &  à  la  leconde  conjugaifon  ,  appeler  ,  publier , 
ou  proclamer  à  haute  voix ,  appeler  à  la  prière  j  aver~ 
tir  d'v  venir 3  &  de-là  le  mot  fNTN^  &  avec  l'article 
\  NTn'7K  ,  a-:^an  ,  ou  o^rt;z  j  &  aU-^an  ,  -le  cri  qui  fe 
fait,  l'avertiftcment  qui  fe  donne  pour  faire  venir 
à  la  prière  ,   ou  pour  exciter  à  la  faire. 

E  Z  E. 

ÉZECH.  Voyei  ESSECK. 

EZECHIAS.  f.  m.  Nom  ^\^oxr\xt\t.E':{echias.E-3iechias . 
Pvoi  de  Juda,  fils  d'Achaz  ,  mauvais  Prince,  &; 
père  de  Manaftès  qui  ne  valut  pas  mieux  Jufqu'à  fa 
converfion  ,  hit  un  faint  Roi.  l!  gouverna  le  Royau- 
me de  Juda  depuis  l'année  de  la  période  Julienne 
3765.  avant  J.  C.  749.  jufqu'en  3995.  de  la  même 
période,  719.  avant  Jefus-Chrift. 

Quelques-uns  prononcent  le  ch  comme  nous  le 
prononçons  àzn%  chicaner.  D'autres  difent  E-^équias: 
le  premier  eft  mieux  ,  ^'  fe  dit  plus  ordinaire- 
ment. 

ÉZECHIEL.  f  m.  Nom  d'homme.  Prononcez  chi 
comme  dans  chien ,  Chine ,  chicane,  &c.  E-^echiel. 
E^echiel  eft  le  troifième  des  gr.mds  Prophètes.  Il 
prophérifa  à  Babyione  pendant  la  Captivité.  E^é- 
chiel  fe  dit  au  Livre  d'£';feV/'e/ ,  de  fa  Prophétie. 
£":fec^/<r/ eft  un  Livre  canonique.  E-^échiel  e^  dans 
tous  les  Canons  ,  dans  celui  des  Juifs ,  &  dans 
ceux  des  Chrétiens.  Vill.ilp.indus  ,  Jéfuite,  â  fait 
de  favans  Commentaires  fur  E-^échiel ,  dans  lef- 
quelson  trouve  quantité  de  rechercher  fur  les  An- 
tiquités Hébraïques ,  principalement  fur  le  temple. 


looo  E  Z  O 

fur  les  poids ,  les  mefures ,  les  monnoies  des  If- 
raélites. 
ÉZERO.  Ville  deThelTalie,  en  Grèce.  E:(erus ,  Boebe. 
Cétoit  autrefois  une  ville  Epifcopale.  Elle  eftfurun 
petit  lac  ,  qui  porte  fon  nom  ,  entre  le  Golfe  d'Ar- 
jniro  &  la  ville  de  Larilfe  ,  qui  étoit  fa  métropole. 

E  Z  I. 

ÉZIME.  Petite  ville  de  la  Grande  Tartarie  ,  au 
Royaume    de  Tangu. 

E  Z   L. 

EZLA.   Foyei   ESLA. 

E  Z  O. 

ÉZOTÉRIQUE.  adj.  Ce  qui  eft  obfcur  ,  caché  ,  & 
peu  commun.  Les  ouvrages  e:^otériques  des  Anciens 
ne  pouvoient  s'entendre ,  s'ils  n'en  donnoient  eux- 
mêmes  l'explication.  Ces  ouvrages  étoient  oppofés 
à  ceux  qu'ils  nommoient  exotériques  ,  qu'ils  expli- 
quoient  volontiers  publiquement  à  tout  le  monde. 
M.  Toland  dit  que  les  ouvrages  de  Platon  font  fi 
remplis  de  la  diftinâion  exotérique ,  &  eiotérique  , 
qu'il  en  feroit  bien  un  volume.  Ils  donnent  aurti  à 
cette doârineobfcure  &  cachée  X^nomà' Acroadque, 
Voye\  ce  mot ,  pour  ne  pas  répéter  ici  l'explication. 


EZZ 

E  z  R. 

EZRA.  f.  m.  Nom  d'homme,  que  nous  difons  des 
Rabins  qui  portent  le  même  nom  que  le  Prêtre  de 
l'Ecriture  que  nous  appelons  Efdras.  l  oye\zç.  nom. 
E^a.  Ainh  ,  quoiqu'on  dife  toujours  Eldras  en  par. 
lani  du  Prêtre  qui  ramena  les  Juifs  de  la  captivité 
de  Babylone,  parce  que  les  verlions  Grecques  &  La- 
rmes expriment  ainfi  ce  nom  \  on  dit  toujours  e^ra, 
comme  en  Hébreu  ,  en  parlant  des  Juifs  poftérieurs. 
Aben  f  çra  mourut  l'an  du  monde  5954  félon  la 
Chronologie  de  R.  David  Ganz,ou  l'an  1 174  de  l'è- 
re de  J.  C.  P.  SouciET.  Dijjert.  Criûq.p.  376, 

E  Z  T. 

EZTERLf  m.  Pierre  qui  femble  être  un^efpèce  de  faf- 
pe  vert  avec  certains  points  de  couleur  de  fang.  On. 
la  trouve  dans  la  Nouvelle  Efpagne;&  les  Mexi- 
cains aiïurent  qu'en  la  portant  liée  au  bras  ,  ou  au 
cou  ,  elle  arrête  toute  forte  de  flux  de  fang.  Cela  eft 
caufe  que  quand  ils  faignent  extraordinairement , 
il  fe  mettent  dans  les  narines  de  la  poudre  de  cette 
pierre. 

EZZ. 

EZZAL.  Province  d'Afrique  ,  au  Royaume  de  Tripoli: 
quelques-uns  la  mettent  entre  les  dépendances  du 
Biledulgérid. 


Fin  du   Tome   Troificme, 


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A  Paris,  de  l'Imprimerie  de  Michbi  LAMBERT ,  rue  de  la  Harpe ,  près  S.  Côme,  1771 


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